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Etude du projet de loi no 107
(Dix heures vingt et une minutes)
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des affaires municipales, qui a comme mandat
d'étudier le projet de loi no 107, Loi instituant la Régie du
logement et modifiant le Code civil et d'autres dispositions
législatives, reprend ses travaux où elle les a laissés
hier.
Les membres de cette commission pour la séance du 6 septembre
1979 sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Caron (Verdun), M. Cordeau
(Saint-Hyacinthe), M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes) remplacé par M.
Beauséjour (Iberville), M. Gratton (Gatineau) remplacé par M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce), M. Guay (Taschereau), M. Mercier
(Berthier), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Shaw (Pointe-Claire), M. Tardif
(Crémazie).
M. Clair: M. le Président, accepteriez-vous que je
remplace mon collègue du Lac-Saint-Jean qui, je crois, est dans une
mission culturelle à Toronto?
Le Président (M. Laberge): Je ne pense pas qu'il y ait de
problèmes. Nous dirons que M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est
remplacé par M. Clair (Drummond).
Peuvent intervenir à la commission: M. Alfred (Papineau), M.
Charbonneau (Verchères), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Goldbloom
(D'Arcy McGee), M. Lacoste (Sainte-Anne), M. Léonard
(Laurentides-Labelle), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce) remplacé par M. Raynauld (Outremont) et M.
Vaugeois (Trois-Rivières). Le rapporteur déjà
désigné est M. Beauséjour (Iberville).
Démolition d'un logement (suite)
Quand nous avons suspendu les travaux hier, nous en étions
à l'article 37, qui avait été adopté avec un
amendement. J'appelle donc l'article 38 du projet de loi no 107.
M. Tardif: M. le Président, pour l'article 38, j'ai un
papillon. Je ne sais pas s'il a été distribué.
Le Président (M. Laberge): L'article 38 serait
modifié par l'insertion, dans la troisième ligne, après le
mot "raisonnables" au pluriel des mots "pourvu que ces conditions
ne soient pas incompatibles avec les règlements municipaux". On place un
point, et l'article se continuerait: "Elle peut notamment déterminer les
conditions de relogement d'un locataire." Est-ce que tout le monde a pris
connaissance de ce papillon? Discussion, si vous le voulez bien.
M. Tardif: M. le Président, d'abord sur le petit papillon
qu'on vient d'ajouter. De l'avis des légis- tes du ministère, il
ne faudrait pas qu'un propriétaire qui se voit accorder par la
régie la permission de démolir l'immeuble s'imagine qu'à
ce moment-là c'est ce permis qui prévaut et qu'il n'a pas besoin
d'avoir quand même un permis municipal, qu'il n'a pas besoin quand
même d'obtempérer aux règlements municipaux
régissant les démolitions, si, par exemple, il y a un
règlement qui prévoit que si on démolit sur une rue il
faut avoir des abris pour protéger les passants, il faut avoir ci, il
faut avoir ça, donc, que tous ces règlements s'appliquent quand
même et ne pas penser que, parce qu'il y a une régie provinciale
qui a donné son "placet", les règlements municipaux ne
s'appliquent pas. D'accord? C'est le sens du papillon.
M. Raynauld: Papillon...
Le Président (M. Laberge): L'article 38 est-il
adopté?
M. Scowen: De mon côté...
Le Président (M. Laberge): La modification sera-t-elle
adoptée?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): La modification à
l'article 38 est adoptée et nous revenons à l'article 38
modifié.
M. Scowen: M. le Président, nous avons une proposition
d'amendement à l'article 38 qu'on peut comprendre seulement dans le
contexte de l'article 39. En effet, c'est un amendement à l'article 39.
Si on peut suspendre l'article 38 jusqu'à ce qu'on ait discuté de
l'article 39, je pourrais mieux expliquer nos idées quant à
l'article 38.
M. Tardif: Je suis d'accord, M. le Président, qu'on puisse
momentanément suspendre la discussion de l'article 38 pour prendre
l'article 39, quitte à revenir après, mais je souhaiterais
personnellement qu'on soit plus productif qu'hier après-midi où,
dans un après-midi, nous avons adopté exactement deux articles
à 17 h 55. Permettez au ministre titulaire de cette loi d'exprimer un
voeu qui ferait que notre journée aujourd'hui qui doit aller de 10
heures à 22 heures soit productive.
M. Scowen: Permettez-moi de souhaiter que vos voeux soient
réalisés.
Le Président (M. Laberge): Sur ces bons voeux, nous
suspendons l'étude de l'article 38. J'appelle l'article 39 pour
discussion immédiate. Y a-t-il un papillon à l'article 39? Oui,
j'avais un papillon.
M. Tardif: II y avait un papillon, M. le Président, mais
les légistes du ministère qui ont jonglé
avec cette formulation l'ont modifiée et on vient de me donner
à l'instant même un texte manuscrit qui dit exactement la
même chose, mais formulé autrement, si bien que je propose que le
député de Notre-Dame-de-Grâce, s'il n'y voit pas
d'objection, nous fasse part de ses suggestions sur ce plan, en rapport avec
cet article, avant qu'on aille plus lofn. Je veux d'abord prendre connaissance
du nouveau libellé qu'on vient de me donner. Si vous voulez...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, il faut que j'admette qu'on
avait un peu de difficulté à comprendre la philosophie, le sens
qui est derrière cet article. On est à la recherche d'un
équilibre entre les droits des locataires et des locateurs. Nous sommes
parfaitement d'accord avec le principe que dans le cas d'une démolition,
un locataire doit avoir le droit à un avertissement raisonnable,
même important, et le droit à certaines
rémunérations financières qui sont liées aux
dommages qu'il est obligé de subir à cause de cette
démolition. Je pense que ces articles sont parmi les plus importants
pour nous. G'est le plus important des articles dans le groupe qui touche
à la démolition et c'est pourquoi je veux prendre deux ou trois
minutes pour expliquer notre point de vue. Si nous comprenons bien, le
propriétaire qui veut démolir est obligé de donner un avis
au moins, je pense, six mois avant que la démolition puisse se
poursuivre. Deuxièmement, le locataire a le droit de rester dans les
lieux, même si la démolition est approuvée, jusqu'à
la fin de son bail. Si le bail se termine dans une période de trois mois
ou moins de trois mois, il a le droit de rester quand même trois mois,
même si le bail est terminé. (10 h 30)
Une Voix: Article 44.
M. Scowen: L'article 44, on n'est pas encore arrivé mais
c'est quand même le cas proposé. Alors, d'accord. Je pense qu'on
peut prévoir que, pendant cette période, le locataire aura
l'occasion de chercher une autre résidence, de négocier avec un
ou plusieurs propriétaires potentiels et de s'arranger pour commencer
une vie dans un autre appartement. On comprend de plus que c'est possible de
dire: Ecoutez, c'est possible que ce monsieur n'aura pas à
déménager et, si on peut développer une formule
raisonnable, on doit obliger la personne qui veut faire la démolition
d'inclure dans ses coûts de démolition un montant pour les frais
de déménagement.
Mais on comprend mal comment il est possible de dire que, en plus de
tous ces avantages et ces avertissements, le locataire a le droit à une
indemnité de trois mois? Pour nous, nous ne comprenons pas le
raisonnement. S'il y a des dommages subis par un locataire, bien sûr, on
est d'accord que c'est au cours d'une démolition et qu'on peut
rembourser ces dommages. Mais don- ner l'obligation à tous les
propriétaires du Québec de payer ces trois mois en plus de tout
ce qui est prévu ici en terme d'avertissement, nous ne comprenons pas le
sens. Et pour cette raison, notre proposition est de rayer l'article 39 et
d'ajouter, à l'article 38, une phrase qui dit: "Elle peut notamment
déterminer les conditions de logement d'un locataire et fixer une
indemnité pour les dommages qu'il subit". En effet, la régie
peut, dans certains cas, accorder une indemnité qui dépasse
même l'équivalent de trois mois si le cas semble approprié.
Mais en grande majorité on prévoit que dans le cours normal des
événements, les locataires vont prendre avantage de la longue
période qui est prévue par la loi pour faire des arrangements de
vie ailleurs et, bien sûr, déménager avec le moins de
coûts et le plus vite possible.
Pour nous, c'est une façon de régler un problème
qu'on connaît sans donner l'impression et je pense que c'est une
impression qui est justifiée qu'on veut pénaliser une
personne qui ose démolir un logement au Québec. C'est l'apparence
qu'on donne et j'aimerais que le ministre, avant que je propose un amendement
officiel, nous éclaircisse un peu.
M. Tardif: M. le Président, en effet, il est bien
évident que l'obligation pour le propriétaire de débourser
une indemnité au moins égale à trois mois de loyer et aux
frais de déménagement veut avoir un effet dissuassif sur les
démolitions, c'est évident. C'est évident que le
gouvernement a pris le parti de conserver le stock du logement; c'est aussi une
donnée. Quant au quantum qui pourrait être laissé si
on suivait le raisonnement du député de Notre-Dame-de-Grâce
à la discrétion de la commission, en amendant l'article
38, eh! bien, là-dessus, M. le Président, je ne peux suivre le
député de Notre-Dame-de-Grâce puisque son propre parti, en
1972, dans la Loi de l'expropriation, spécifiquement ajouté
à l'article 66 et je lis: "Dans le cas du locataire ou occupant qui
occupe..."
M. Goldbloom n'était sûrement pas là en commission,
à ce moment. Il n'aurait jamais laissé passer un pléonasme
semblable. "Dans le cas du locataire ou occupant qui occupe une
résidence, l'indemnité est forfaitairement fixée à
une somme égale à trois mois de loyer et aux frais de
déménagement à moins que le locataire ou l'occupant ne
démontre que les dommages qu'il subit s'élèvent à
une somme supérieure". C'est donc, M. le Président,
substantiellement le même article que ce qu'on retrouve dans la Loi de
l'expropriation, mais je l'espère en meilleur français.
Deuxième élément, M. le Président, dans ce
cas, ce qu'on semble oublier c'est que le gros démolisseur au
Québec, ce n'est pas le petit propriétaire privé,
individuel, ce sont les gouvernements. C'est le gouvernement du Québec.
C'est le gouvernement du Canada. Ce sont les municipalités. Le
gouvernement du Canada qui a démoli tout le quartier du village-aux-oies
pour faire place à Radio-Canada, à Montréal, a
été un très gros démolisseur. Le gouvernement du
Québec qui a
démoli pour faire l'autoroute est-ouest a été un
très gros démolisseur. De sorte que finalement, la très
grande majorité des indemnités prévues ici seront
payées par le gouvernement.
Une Voix: Par les contribuables.
M. Tardif: Oui, je veux bien.
Exactement comme ils le sont aux propriétaires dont l'immeuble
est exproprié. D'accord? Il y a donc là, si vous voulez, avec la
Loi de l'expropriation et la Loi de démolition, une concordance qui
explique, si vous voulez, à la fois les délais, à la fois
le quantum fixé et la possibilité de faire valoir devant la
régie des montants plus élevés que ceux prévus, au
minimum, par le... et après tout, si je reprends l'exemple du
député d'Outremont, hier, qu'un duplex valant $40 000 pourrait,
s'il était démoli, apporter à son propriétaire un
million, qu'est-ce que trois mois de loyer?
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'il faut dans
chacun des cas de ces articles distinguer des positions de principe qu'on peut
prendre et des applications qu'on peut faire de ces principes. Le ministre nous
dit: Le gouvernement a pris partie, a décidé qu'il allait
conserver le stock de logements. Ce n'est pas parce qu'il a
décidé qu'il allait conserver le stock de logements que cela en
fait une raison. C'est une affirmation pure et simple et c'est une affirmation
qui peut certainement représenter la volonté du gouvernement,
mais cela ne nous avance pas beaucoup. On le savait cela que c'était
cela étant donné le projet de loi qu'on a devant les yeux, mais
on est ici pour essayer de voir, même si on peut ne pas être
d'accord. En ce qui me concerne, c'est clair. Je suis absolument en
désaccord avec le principe de ce projet de loi. Ce n'est pas cela qu'on
discute ici en commission parlementaire. On essaie de discuter des articles et
voir les conditions d'application.
Quand on examine un article comme celui-ci, comme l'article 39, et que
le ministre nous dit: C'est la même chose que l'expropriation. C'est vous
le Parti libéral qui l'avez adopté. Je m'excuse. Si c'est
déjà prévu pour les expropriations, c'est quoi cela? Cela
ne s'applique pas aux expropriations. C'est prévu par une autre loi.
Ici, cela s'applique donc à autre chose. Cela s'applique,
premièrement, à des démolitions et les démolitions,
si elles sont faites par expropriation, c'est couvert par l'autre loi. Donc, ce
que le ministre vient de dire ne s'applique pas à ce que nous avons
à examiner ce matin. S'il ne s'agit pas d'une expropriation qui, elle,
par définition est censée être dans l'intérêt
public, à ce moment, il s'agit d'autre chose. Il s'agit ici d'une
démolition dont la régie a jugé qu'elle était dans
l'intérêt public. Il y a une grosse différence avec
l'expropriation. Ce n'est plus du tout la même chose. C'est la
démolition qui est dans l'intérêt public ici. Là on
dit: On va appliquer le même principe que quand ce n'est pas dans
l'intérêt public. On va appliquer la même chose que quand
c'est une expropriation. La logique n'est pas là du tout. Dans le cas
d'une expropriation, on dit: C'est dans l'intérêt public de le
faire. On va rembourser le propriétaire. On va rembourser. On va donner
une indemnité au locataire. Dans ce cas-ci, la régie a dit, elle
s'est prononcée: C'est dans l'intérêt public de laisser cet
édifice se voir démolir et on dit, à ce moment, on va
forcer le propriétaire, et là ce n'est plus la même chose,
non plus que l'expropriation, on va forcer le propriétaire à
donner une indemnité.
Personnellement, je serais puisqu'on parle de conditions
d'application d'accord pour qu'on indemnise vraiment,
c'est-à-dire pour des dommages réellement subis, mais, lorsque
les dommages ne sont pas subis, je ne vois pas pourquoi on ajouterait encore
aux coûts de l'habitation. Somme toute, cela revient toujours à
cela, que ce soit le gouvernement qui paie ou que ce soit un
propriétaire ou un locataire, cela revient toujours à cela.
Est-ce qu'on veut augmenter les coûts de l'habitation au Québec?
Si on lit les articles les uns après les autres, on peut pratiquement
les additionner, rendu à la fin, pour montrer que cela peut devenir un
coût complètement prohibitif. Les objectifs que le gouvernement
voulait poursuivre, en introduisant un projet de loi comme celui-là, ne
sont pas du tout remplis parce que, en même temps qu'on a voulu
protéger celui-ci ou celui-là, on a augmenté les
coûts de façon tellement considérable qu'on nie, si on
veut, l'effet qu'on voulait avoir au départ.
Encore une fois, je ne veux pas seulement me prononcer sur le principe,
quoique je trouve que ce principe doit quand même être
rappelé de façon assez répétée. Il peut
être dans l'intérêt public de démolir un logement. Il
n'y a absolument aucune évidence qui puisse nous donner l'assurance que,
dans tous les cas, ce ne serait pas que de maintenir le stock qui serait
toujours dans l'intérêt public. Je pense qu'on n'est pas capable
de prouver cela. Il y a bien des cas où on démolit pour,
justement, avoir un stock de logements plus abondant. Ce n'est pas pour
réduire le stock de logements, c'est pour l'augmenter. Au niveau des
principes, je pense que cela est fort discutable.
Ceci dit, lorsqu'on arrive à l'application, à ce
moment-là, je dis: Pourquoi encore augmenter les coûts de
démolition dans des cas, encore une fois, où la démolition
a été jugée dans l'intérêt public, puisqu'il
faut l'assentiment de la régie dans ces cas-là? C'est dans
l'intérêt public et je dis: Ne pourrait-on pas trouver une formule
qui nous permettrait simplement de dire qu'on va rembourser des frais
réellement encourus, qu'on va donner une indemnité pour des
dommages réellement subis? A ce moment-là, comme condition
d'application, je trouve que cela serait plus acceptable que cet article
39.
Ensuite, je voudrais rappeler ce que mon collègue a dit tout
à l'heure, très brièvement. Si le bail est expiré
lorsqu'on demande à quelqu'un de s'en aller, à ce
moment-là, en vertu de quelle logique peut-on dire qu'on va appliquer
les mêmes
principes que si le bail n'était pas expiré? Je comprends
qu'on donne des indemnités de trois mois quand on brise un contrat, mais
quand le contrat n'est pas brisé, le bail est expiré et qu'on dit
qu'on va aller au-delà des dommages réellement subis et on va
verser trois mois de plus, je ne comprends pas très bien la logique de
l'application des principes dont nous discutons le bien-fondé.
M. Tardif: Pas de commentaires, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. J'aurais quelques
questions à poser pour éclaircir la portée de ces
articles. Les trois mois de loyer, est-ce que ce sera basé sur le prix
payé pour le logis qu'il occupe actuellement ou sur le logis qu'il
occupera?
M. Tardif: Une indemnité équivalente à trois
mois de loyer payé dans l'immeuble où il est.
M. Cordeau: Dans l'immeuble où il est.
M. Tardif: Oui. A ce moment-là, le locataire pourrait
décider quand même d'aller louer un immeuble au Samuel-Holland
à Québec ou ailleurs dans des immeubles...
M. Cordeau: Je pense que les gens se demandaient aussi de quelle
façon... J'ai d'autres observations. Est-ce qu'on doit parler
simplement, M. le Président, sur l'article 39 ou sur l'article 38?
Le Président (M. Laberge): Actuellement, on parle de
l'article 39.
M. Tardif: On a le consentement unanime.
Le Président (M. Laberge): C'est cela. On a suspendu
l'article 38 pour éclaircissement. (10 h 45)
M. Cordeau: II est dit dans l'article: "Le locataire
évincé a droit à une indemnité de trois mois de
loyer et à ses frais de déménagement, à moins que
les dommages subis ne s'élèvent à une somme
supérieure..." Qu'entendez-vous par "dommages subis" dans cet
article?
M. Tardif: Les dommages subis dans le cas qui nous
intéresse pourraient être reliés, par exemple, à des
travaux que le locataire aurait pu faire dans l'immeuble en question à
un moment donné et sur lesquels il pourrait peut-être y avoir
entente ou pas avec le propriétaire, quant à la
récupération de ces biens ou ces travaux qui ont
été faits dans l'immeuble. J'imagine que le locataire pourrait
faire valoir des frais de représentation devant la commission. Il s'agit
uniquement de faire le pendant de ce qui a été dans la Loi de
l'expropriation et un des points j'imagine pourrait être,
vu la contraction du marché, l'impossibilité de se reloger dans
un immeuble de cinq pièces aujourd'hui à un loyer comparable
quand on sait que les logements neufs sont passablement plus chers et plus
exigus. Imaginons de vieux immeubles de la rue Saint-Denis à
Montréal comportant sept pièces sont démolis et que vous
avez une famille de cinq ou six personnes vivant dans ces logements, le
relogement, la valeur de remplacement de cela, du point de vue logement, peut
poser bien des problèmes. A ce moment-là, ces personnes
pourraient faire valoir devant la régie ces autres prétentions:
C'est vraiment le pouvoir de la régie d'apprécier au-delà
d'une certaine limite, au-delà d'un certain montant les
prétentions que la personne lésée,
déplacée... Quand même, imaginons le cas d'un locataire
c'est ce que je comprends mal des remarques du député
d'Outremont vivant dans un immeuble depuis je pense que c'est la
moyenne dans bon nombre d'endroits au Québec à peu
près cinq et même au-delà de cinq ans, de dix ans et bon
nombre de gens ont demeuré 20 ans à la même place. Il a
littéralement payé l'immeuble à la place du
propriétaire et on décide à un moment donné...
Dehors! Cela nous apparaît difficilement acceptable. Si,
évidemment, le propriétaire croit qu'il y va de son avantage de
démolir, il va calculer cela dans ses calculs et il va faire une analyse
de coûts et bénéfices, de ce qui est bon, de ce qui n'est
pas bon. Il en fera l'évaluation et il dira: Je suis peut-être
mieux de rénover et de garder mes logements. Mais il connaît les
règles du jeu. D'ailleurs, si c'était laissé
entièrement au pouvoir discrétionnaire de la régie, il ne
connaîtrait pas les règles du jeu. Il ne sait pas si la
régie pourrait accorder un très gros montant ou aucune
indemnité, mais il les connaît. Il sait maintenant que ce sont
trois mois de loyer et il peut calculer d'avance ce que va lui coûter sa
décision de démolir. Si j'étais un propriétaire, un
homme d'affaires, je préférerais de beaucoup connaître
d'avance les coûts que de laisser cela à l'arbitraire d'un
tribunal ou d'ailleurs. Je pense que les règles du jeu étant
connues, c'est drôle comme les hommes d'affaires s'adaptent assez vite
aux règles du jeu. Ce qui leur cause des problèmes, ce sont des
situations floues, inconnues. Les règles du jeu connues, les gens
s'adaptent à cela.
M. Cordeau: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: ... concernant les dommages subis, bien sûr que
pour les trois mois, le propriétaire le sait, mais les dommages subis
qui vont être évalués par la régie, le
propriétaire ne sait pas cela. C'est le locataire qui va faire valoir
devant la régie...
M. Tardif: Les dommages quoi?
M. Cordeau: ... les dommages subis.
M. Tardif: Oui.
M. Cordeau: Vous dites dans l'article "les dommages subis". C'est
à la discrétion de la régie qui va évaluer les
dommages subis. Est-ce à dire que si actuellement un locataire paie $100
et s'il doit se reloger dans un logement de $175, la régie pourra
prendre en considération l'augmentation du loyer que devra
défrayer le locataire pour se reloger, soit $75 pendant X période
de temps?
M. Tardif: Le locataire pourrait très certainement faire
valoir, entre autres, ce point-là devant la régie qui en tiendra
compte.
M. Cordeau: Mais cela peut être astronomique.
M. Tardif: Non, mais qui en tiendra compte ou qui n'en tiendra
pas compte. A partir du moment où le législateur, justement pour
éviter ce genre d'abus, a dit: II y a une indemnité de trois mois
de loyer qui est versée...
M. Cordeau: D'accord.
M. Tardif: ... cela donne un peu l'ordre de grandeur. C'est un
peu l'analogie du député de Saint-Hyacinthe de la Loi de
l'impôt sur le revenu qui donne une déduction standard de $100
à tout le monde pour les dons de charité. Si vous en donnez plus,
produisez des reçus; jusqu'à $100, vous n'en avez pas besoin.
Ici, on dit: Jusqu'à trois mois, vous n'aurez pas besoin d'aller plaider
devant la régie que vous avez subi des dommages.
M. Cordeau: Les trois mois, c'est clair comme de l'eau de
roche.
M. Tardif: Au-delà de trois mois, faites la preuve,
démontrez-le. Le fardeau de la preuve vous incombera de démontrer
que... D'accord?
M. Cordeau: Mais il n'y a pas de limite, à ce
moment-là, des dommages subis.
M. Tardif: C'est bien sûr qu'une personne pourrait faire
valoir des prétentions...
M. Cordeau: Sa vie durant. Je voudrais des précisions de
la part du ministre parce que, quand c'est dit et que c'est écrit noir
sur blanc, bien...
M. Raynauld: Je ne vois pas pourquoi, on paie une rente à
vie pour les accidents d'automobile. On paie des rentes à vie pour
l'amiantose; les gars ne sont pas malades, mais cela ne fait rien, on paie
quand même. On pourrait payer des rentes à vie là-dedans
aussi. On a facilement...
M. Cordeau: C'est mon inquiétude. Jusqu'où cela
peut-il aller?
M. Tardif: Ce sont les règles usuelles du droit. C'est ce
qui existe dans la Loi de l'expropriation. La Loi de l'expropriation dit
exactement la même chose: c'est trois mois, plus les frais de
déména- gement, à moins que le locataire ou l'occupant ne
démontre que les dommages qu'il a subis s'élèvent à
une somme supérieure. Le fardeau de la preuve lui incombe de
démontrer que... Et cela fonctionne.
M. Fontaine: Vous parlez comme si les locataires avaient
quasiment un droit illimité de demeurer là.
M. Tardif: Le droit au maintien dans les lieux, c'est ce qu'il
faudrait que l'Opposition comprenne, oui.
M. Raynauld: On n'accepte pas. On comprend très bien, mais
on n'est pas d'accord.
M. Tardif: C'est votre droit, vous avez voté contre en
deuxième lecture.
M. Raynauld: C'est là le problème.
M. Tardif: Pour cela, bon.
M. Raynauld: On comprend très bien.
M. Tardif: Vos couleurs sont affichées, sont connues.
M. Raynauld: Certainement.
M. Tardif: Vous êtes opposés au droit au maintien
dans les lieux. Nous, on dit que le gouvernement est favorable au...
M. Raynauld: On est pour le droit au logement, mais pas au
maintien dans les lieux. C'est bien différent.
M. Tardif: Le gouvernement prône le droit au maintien dans
les lieux. Il faudrait que le député d'Outremont fasse attention
parce que son prédécesseur, l'autre député
d'Outremont, ex-ministre de la Justice, Jérôme Choquette...
M. Raynauld: Oui, oui.
M. Tardif: J'inviterais l'actuel député d'Outremont
à relire les travaux de la commission parlementaire.
M. Raynauld: II a changé de parti depuis ce temps.
M. Tardif: Ce n'est pas gentil, quand même, les gens ont le
droit de faire cela. Il reste qu'il a dit des choses très sensées
en commission parlementaire.
M. Raynauld: C'était mon adversaire. M. Tardif:
Pardon?
M. Raynauld: C'était mon adversaire dans Outremont aux
dernières élections.
M. Tardif: C'est vrai? Bien oui, mais cela ne lui enlève
rien.
M. Raynauld: Non, non, je ne veux pas lui enlever ses
qualités pour cela.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Scowen: On n'est pas pressé ce matin.
M. Tardif: II ne faudrait quand même pas trop le minimiser
parce qu'à vaincre sans péril ou sans gloire, je ne sais pas
quoi...
M. Raynauld: C'est cela, on triomphe sans gloire.
M. Tardif: ... on triomphe sans gloire.
M. Cordeau: Est-ce qu'un propriétaire qui est
obligé par la cour de démolir un édifice, parce que c'est
vétuste et dangereux, même s'il y a encore des personnes qui y
habitent parce qu'elles aiment ce milieu ou qu'elles ne peuvent pas payer
davantage... Le propriétaire reçoit un ordre de la cour de
démolir une propriété pour quelque raison que ce soit,
est-il obligé lui aussi de payer trois mois de loyer dans ce cas?
Le Président (M. Laberge): Je transmets votre question au
ministre.
M. Tardif: M. le Président, la démolition ne peut
survenir que pour trois raisons. La première, c'est qu'une instance
publique a exercé son droit d'expropriation pour des fins publiques.
Première raison, c'est prévu dans la Loi d'expropriation.
Deuxième raison, c'est que le propriétaire considère qu'il
y va de son profit, de son intérêt de démolir; auquel cas,
il doit payer les indemnités prévues. La troisième
circonstance, c'est lorsque, pour des raisons d'insécurité,
d'immeuble rendu dangereux parce que la structure, la charpente font qu'il doit
être déclaré inhabitable il peut l'être, de
toute façon, par un bon nombre de règlements municipaux, le Code
du bâtiment et autres choses semblables ceci m'apparaît,
sauf preuve de négligence manifeste par le propriétaire, et, dans
ce cas, il y a des tribunaux réguliers pour régler cela...
Un ordre rendant un logement inhabitable et condamné n'implique
pas le paiement de ces indemnités. C'est une autre raison. Un incendie
se déclare dans un immeuble et en brûle la moitié, par
exemple, les gens doivent déguerpir, évidemment. Les autres
logements peuvent avoir été endommagés par l'eau. S'il
faut raser l'immeuble, il n'est pas question d'indemnité. Il y a des
recours normaux prévus pour les assurances et tout cela. Ce n'est pas
cela du tout. Là, on parle de la démolition par le
propriétaire qui pense de cette façon maximiser son rendement.
D'acord?
Une Voix: Cela répond à ma question.
M. Fontaine: Le ministre disait tantôt que le
propriétaire veut démolir à son profit. Mais ce serait
plutôt dans son intérêt parce qu'il peut arriver des cas
où le propriétaire veut démolir parce que, par exemple,
cela lui coûte trop cher de réparations et il veut construire un
nouvel immeuble. A ce moment, cela ne veut pas dire qu'il fait du profit avec
l'immeuble en le démolissant, mais il va reconstruire quelque chose de
meilleur.
M. Tardif: Le résultat de l'opération, c'est un
profit. S'il n'y en a pas, il n'a aucun intérêt à
démolir. C'est cela. Le résultat, c'est un profit.
M. Fontaine: Eventuellement, oui.
M. Tardif: Escompté, je veux bien. C'est un profit. On ne
démolit pas pour le plaisir de démolir.
M. Fontaine: C'est lui qui prend le risque.
M. Raynauld: Est-ce que je pourrais poser une question? Est-ce
que vous admettez qu'il peut y avoir des cas où il est dans
l'intérêt public de démolir un logement?
M. Tardif: Oui, généralement, les gouvernements
exproprient quand ils décident cela.
M. Raynauld: Pas pour des fins publiques. C'est un logement
insalubre, inhabitable. A ce moment, vous dites que c'est le profit du
propriétaire. Pourquoi allez-vous imposer des pénalités
à celui qui en fait démolit un logement et c'est dans
l'intérêt public de le démolir? Il n'est plus
habitable.
M. Tardif: Ecoutez, il peut y avoir coïncidence de
l'intérêt public et de l'intérêt privé. La
décision d'un propriétaire de raser son immeuble, ce n'est
généralement pas pour le plus grand bien de la communauté.
C'est pour son bien à lui et c'est légitime. D'accord? J'en
conviens. Il ne faudrait quand même pas charrier en disant que c'est par
sentiment humanitaire que monsieur démolit.
M. Fontaine: II va attendre l'avis de la ville l'obligeant
à démolir et, à ce moment, il n'aura pas
d'indemnité à payer.
M. Raynauld: II va démolir moins qu'avant, quand cela sera
nécessaire. C'est cela. Ces gens vont laisser les logements comme cela
et ils vont dire: Arrangez-vous avec. La Société d'habitation du
Québec les achètera.
M. Tardif: Je serais curieux quand même de voir qu'est-ce
que produiraient comme réaction des demandes en masse de
démolition dans certaines rues d'Outremont, Bloomfield, Charnpa-gnard et
autres, de ces belles maisons en brique de deux étages, et qu'on
raserait pour faire place à des tours de béton. Je serais curieux
de voir la
réaction. Ou, dans Notre-Dame-de-Grâce, certains beaux
quartiers, vieux, mais très bien, que certains voudraient raser. Je me
demande si le député d'Outremont ne serait pas fort heureux qu'il
y ait une loi pour interdire cela; il devrait y avoir une loi pour interdire
cela, alors qu'il n'y en a pas justement. Remarquez qu'elle n'interdit pas la
démolition. Mais il y a des arbitrages qui devront se faire localement
et c'est cela, le but de la loi. C'est de permettre à la
municipalité d'adopter une réglementation et que ces arbitrages,
ces décisions, le type de milieu dans lequel les gens veulent vivre, ils
puissent le décider collectivement.
M. Raynauld: On est d'accord, M. le ministre. Je ne voudrais pas
que vous donniez l'impression que, parce qu'on peut être opposé au
paiement d'une indemnité de trois mois et encore, on vous propose une
formule et qu'à partir de là, on dise: L'autre extrême,
c'est le "free for all". Dans la ville d'Outremont, il y a un règlement
de zonage, par exemple. J'étais bien en faveur du règlement de
zonage. Je suis en faveur d'un aménagement rationnel de tous les
espaces. J'ai toujours été favorable à cela. Il ne faut
pas laisser penser que, parce qu'on s'oppose à quelque chose comme le
maintien dans les lieux du logement, par conséquent, à ce moment,
on est en faveur de toutes les démolitions, qu'on pourrait
démolir n'importe où, n'importe quoi, comme on pourrait
construire aussi n'importe où, n'importe quoi, ce qui est encore plus
important, à mon avis, à l'heure actuelle. On a laissé
construire n'importe quoi et c'est pour cela que, personnellement, je me dis:
II y a des cas où ce serait peut-être dans l'intérêt
public de démolir parce qu'on a laissé c'est à
cause de notre négligence passée construire des choses
n'importe où, n'importe comment. A ce moment, peut-être, si on
veut refaire des choses qu'on n'a pas eu la sagesse de faire la première
fois, il faudrait peut-être avoir un peu de souplesse. C'est cela que je
demande tout simplement. (11 heures)
M. Tardif: Là-dessus, M. le Président, avec votre
permission, c'est pour cela que j'espère que les municipalités
vont adopter un règlement. J'espère que les municipalités
vont décider ce qui est dans l'intérêt, non pas du bien
commun, avec un grand B et un grand C, à l'échelle du
Québec, mais dans leur milieu de vie, chacune d'elles, ce qu'elles
veulent voir comme trame urbaine et comme milieu ambiant. Je suis tout à
fait d'accord que, si on décide collectivement que tel pâté
de maisons, on ne veut plus le voir dans le paysage, on va peut-être
trouver cela regrettable, mais la décision aura été prise
par les gens qui vivent là. D'accord? C'est ce que je souhaite.
M. Raynauld: Je suis d'accord là-dessus.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, à moins que
vous n'ayez de nouveau un commentaire sur la portée
générale de l'article 39, parce qu'on m'avait souligné
j'avais un papillon ici pour remplacer le premier alinéa
qu'il y aurait une nouvelle rédaction. Je n'en ai pas eu connaissance
jusqu'à présent.
M. Scowen: De l'article 39?
Le Président (M. Laberge): Oui, à l'article 39, on
a parlé d'un papillon qui remplacerait celui que j'avais en main.
M. Tardif: Est-ce que vous voulez que je lise maintenant le
papillon à l'article 39? C'est en termes de formulation, M. le
Président. Je vais le lire et je vais vous le donner, M. le
Président, avec votre permission...
Le Président (M. Laberge): Parfait.
M. Tardif: ... à moins que vous ne vouliez en faire
lecture.
Le Président (M. Laberge): Très bien. Allez.
M. Tardif: L'article 39 se lirait maintenant comme suit: "Le
locateur doit payer au locataire évincé une indemnité de
trois mois de loyer et ses frais de déménagement. Si les dommages
que le locataire subit s'élèvent à une somme
supérieure, il peut s'adresser à la régie pour en faire
fixer le montant. " Le deuxième paragraphe de l'article 39 demeure comme
tel. C'est donc le premier paragraphe qui est remplacé par le papillon
que je viens de lire. C'est uniquement un manuscrit, mais cela ne change
vraiment rien à ce qui est présentement à l'article
39.
M. Fontaine: Ce que vous dites, c'est que, si les dommages
s'élèvent à une somme supérieure, il pourra
s'adresser à la régie.
M. Tardif: C'est cela.
M. Fontaine: D'après moi, ce n'est pas "si les dommages
s'élèvent à une somme supérieure", c'est "s'il y a
d'autres dommages que ceux énumérés".
M. Tardif: Est-ce que je peux, M. le Président? Je
m'excuse.
Le Président (M. Laberge): D'ailleurs, j'apprécie
personnellement cette modification qu'on m'apporte parce que j'allais souligner
justement dans le papillon qu'on m'avait apporté qu'il y avait un
problème, à savoir qui s'adressait à la régie. De
la façon qu'il était rédigé, c'était le
locateur qui s'y adressait au lieu de la rédaction originale.
Personnellement, je considère cette modification comme acceptable et
discutable, acceptable dans sa rédaction, donc recevable.
Je le répète pour tout le monde, étant donné
que vous ne l'avez pas. L'article 39 se lirait dorénavant comme suit:
"Le locateur doit payer au locataire évincé une indemnité
de trois mois de loyer et ses frais de déménagement. Si les
dom-
mages que le locataire subit s'élèvent à une somme
supérieure, il peut s'adresser à la régie pour en faire
fixer le montant. L'indemnité est payable à l'expiration du bail
et les frais de déménagement, sur présentation des
pièces justificatives."
M. Fontaine: M. le Président, on dit que le locateur doit
payer trois mois de loyer plus les frais de déménagement. On ne
connaît pas le montant des trois mois de loyer et des frais de
déménagement.
M. Tardif: Les trois mois de loyer, oui, il le sait.
M. Fontaine: C'est-à-dire qu'il le sait...
M. Tardif: Si vous louez un immeuble au coût de $200 par
mois et que votre propriétaire démolit, il sait qu'il aura... Ou
il ne réclame pas le loyer pour les trois derniers mois c'est
probablement ce qui va se produire, de sorte qu'il ne déboursera pas un
sou directement, d'accord... Les trois derniers mois, oublie-les, je vais te
donner une quittance pour ces trois mois-là, un reçu. Maintenant,
pour ton déménagement, ce sera sur production des pièces
justificatives, reçus, etc.
M. Fontaine: Juste pour les frais de
déménagement.
M. Tardif: Oui.
M. Fontaine: Si le gars décide de déménager
en Ontario, est-ce que le propriétaire va être obligé de
payer ces frais-là, quel que soit le montant?
M. Tardif: Ecoutez! Non.
M. Fontaine: Ensuite, on dit que, si les dommages
s'élèvent à une somme supérieure, on devra
s'adresser à la régie. Ce n'est pas "si les dommages
s'élèvent à une somme supérieure", c'est "s'il y a
d'autres dommages que ceux des trois mois de loyer et des frais de
déménagement". A ce moment-là, il pourra s'adresser
à la régie pour en faire fixer le montant.
M. Tardif: Ce n'est pas "s'il y a d'autres dommages". Je
m'excuse, M. le Président, mais, si je continue...
M. Cordeau: C'est une bonne idée.
M. Tardif: Est-ce que cela pourrait accélérer les
travaux de cette commission si j'offrais du café, une tournée
générale? On va me taxer de... Dans les faits, si tout le monde
en veut.
M. Scowen: Une indemnité de trois mois de salaire.
M. Tardif: On ne pourra pas dire au moins que c'est un
pot-de-vin, alors que c'est un pot de café.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre! M. Tardif:
Ecoutez!
Le Président (M. Laberge): Revenons à l'ordre!
M. Tardif: On fait une analogie avec la Loi de l'impôt sur
le revenu en disant: Vous avez droit, tout le monde a droit à une
exemption de $100 pour les dons de charité. On considère donc que
vous avez donné au moins cette somme durant l'année à des
oeuvres de bienfaisance et autres. Si vous avez donné plus, produisez
des reçus. Ici, on dit qu'on considère que vous avez au moins des
dommages équivalant à trois mois, plus les indemnités de
déménagement et si vous en avez plus, adressez-vous à la
régie. C'est un peu cela. Ce n'est pas nécessairement d'autres
dommages.
M. Fontaine: Vous avez dit tantôt, par exemple, que si le
gars est obligé de payer un loyer plus cher ailleurs, il pourra demander
une indemnité. Ce ne sont pas des frais de déménagement et
ce ne sont pas des frais de trois mois de loyer. Ce sont d'autres dommages. De
la façon dont cela est formulé, je pense qu'on voudrait dire
qu'on va être obligé de s'adresser à la régie si on
veut réclamer des dommages plus élevés.
M. Tardif: Là-dessus, encore une fois, je m'excuse,
mais... Ce n'est pas tout à fait ce que les légistes disent. En
cela, ils s'appuient sur la Loi d'évaluation que je pourrais relire pour
le bénéfice des membres de la commission: "Dans le cas du
locataire ou occupant qui occupe sauf cette partie qui est vraiment
malheureuse une résidence, l'indemnité est forfaitairement
fixée à une somme égale à trois mois de loyer et
aux frais de déménagement à moins que le locataire ou
occupant ne démontre que les dommages qu'il a subis
s'élèvent à une somme supérieure."
C'est exactement la même notion qui est impliquée ici.
M. Cordeau: Vous nous avez dit tantôt que le
français dans cette loi n'était pas parfait.
M. Tardif: Je l'ai dit à propos de "l'occupant qui
occupe".
M. Fontaine: Vous dites qu'on fixe les dommages à trois
mois de loyer et aux frais de déménagement. Ensuite, vous dites
que si c'est une somme supérieure, il faut s'adresser à la
régie. C'est là que je trouve une petite ambiguïté.
S'il y a d'autres dommages que ceux énumérés dans
l'article, là on pourra s'adresser à la régie pour en
faire fixer le montant.
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Ce n'est pas cela qui va être prévu. Quant
aux frais de déménagement d'abord, je dirai un mot
là-dessus je serais d'accord avec le député de
Nicolet-Yamaska pour qu'on regarde la possibilité d'ajouter à la
fin le mot "raisonnable".
Une Voix: Oui.
M. Clair: Je pense que cela ne serait pas mauvais.
Une Voix: ...
M. Clair: Quant aux frais de déménagement, je pense
qu'il ne serait pas mauvais qu'on ajoute le mot "raisonnable" pour
éviter le cas que soulevait le député de Nicolet-Yamaska
tantôt, ce qui pourrait amener un certain abus. Je pense que cela
pourrait être...
Une Voix: Quant au...
M. Tardif: Non, c'est prévu.
M. Fontaine: Dans le comté de Nicolet-Yamaska.
M. Clair: Des frais de déménagement raisonnable.
Mais quant à l'autre question du député de
Nicolet-Yamaska, à savoir formuler cela en disant "si d'autres
dommages", je pense que le raisonnement que le député fait n'est
pas le bon. Les frais de déménagement, on dit que ce sont les
frais de déménagement et on les rembourse. Maintenant, pour les
dommages, il y a une indemnité minimale d'établie qui est trois
mois de loyer. Mais si ces dommages sont supérieurs à la somme de
$600 représentant les trois mois de loyer à $200 par mois,
là il pourra s'adresser au tribunal et demander davantage.
M. Tardif: Pour le faire diminuer.
M. Clair: Ce ne sont pas d'autres dommages qu'il peut subir. Si
les dommages subis, autrement dit, sont évalués, dès le
départ, à un minimum de trois mois de loyer... Si les dommages
subis sont supérieurs, là i| pourra s'adresser à la
régie. Est-ce que c'est cela, M. le député?
M. Fontaine: Oui, mais ce n'est pas cela que l'article dit.
M. Tardif: C'est exactement cela. Il n'y a pas un dommage qui
soit évalué à trois mois et un autre dommage qui pourrait
être réclamé. Il y a un seul dommage qui résulte de
l'avis d'expulsion.
Ce dommage, le législateur l'évalue ou le compense par une
indemnité minimale de trois mois de loyer et de frais de
déménagement. Il n'y a qu'un seul dommage, il y a une
indemnité standard. Toute personne qui veut aller au-delà de
cela, doit en faire la preuve devant la régie qu'elle aurait droit
à une indemnité supérieure pour le dommage qu'elle a subi.
Non pas pour d'autres dommages.
M. Fontaine: Ce que le ministre exprime actuellement, c'est ce
qu'il veut mettre dans la loi. D'après l'article tel que libellé,
ce n'est pas cela qu'il veut dire. L'article dit: Le locateur va payer au
locataire évincé une indemnité de trois mois de loyer et
ses frais de déménagement.
M. Tardif: Oui.
M. Fontaine: II n'a pas d'affaire à lui payer autre chose.
Après cela, on dit: Si les dommages que le locataire subit
s'élèvent à une somme supérieure...
M. Tardif: A une somme supérieure à trois mois de
loyer et les frais de déménagement, dans ce cas: Vieux, va en
faire la preuve devant la régie. C'est ce que dit la loi.
M. Fontaine: Au lieu d'indemnité on va mettre dommage,
d'abord.
M. Clair: C'est peut-être là qu'on pourrait dire: Le
locateur doit payer au locataire évincé, à titre de
dommages liquidés, une indemnité de trois mois de loyer et ses
frais de déménagement. Si les dommages que le locataire subit...
cela ferait peut-être plaisir au député de Nicolet-Yamaska,
je ne sais pas si les légistes seraient d'accord.
M. Cordeau: Si autour de la table, on ne comprend pas exactement
le sens de l'article, un grand nombre de gens ne comprendront pas ailleurs.
M. Tardif: M. le Président...
M. Fontaine: Si c'est une indemnité, c'est tant et,
après cela, c'est fini. Ou bien si ce sont les dommages, il y a un
minimum de trois mois de loyer.
M. Tardif: Cela m'apparaît clair et cela m'apparaît
vouloir enfiler des mots et des mots de sorte que finalement, vraiment cela va
prendre un avocat pour se retrouver là-dedans, ou un homme de loi. C'est
cela, malheureusement, que je reprochais quand j'étais à
l'université, en criminologie, savoir que les lois n'étaient pas
lisibles. Elles ne sont pas abordables. Là, on a un langage simple. Le
locateur doit payer au locataire évincé une indemnité de
trois mois de loyer et ses frais de déménagement. Si les dommages
que le locataire subit s'élèvent à une somme
supérieure à trois mois de loyer et des frais de
déménagement, il peut s'adresser à la régie pour en
faire fixer le montant. Cela m'apparaît simple en français.
M. Fontaine: Au début, vous parlez d'une indemnité
et après cela, vous parlez de dommages. Soyez logique. Parlez de dommage
partout ou bien d'indemnité partout.
M. Tardif: C'est un mauvais usage du français que l'on
fait lorsqu'on parle de payer des dommages aux gens. Le dommage, c'est le tort
subi.
L'indemnité, c'est le montant qu'on reçoit pour compenser
le dommage ou le tort subi. Lorsqu'on poursuit quelqu'un en dommages, on pense
que les dommages, c'est le montant qu'on va recevoir. Ce qu'on reçoit,
c'est une indemnité pour compenser un dommage et c'est un abus qu'on
fait du mot "dommage", en français. Je le dis respectueusement, sans
être linguiste.
M. Raynauld: Je pensais qu'il y avait un problème, au
début. Je relis cela et franchement je n'en vois plus. On dit: On doit
verser une indemnité et les frais de déménagement. On n'a
pas besoin de se poser la question à savoir si c'est des' dommages ou
non. Ils doivent payer trois mois de loyer et des frais de
déménagement. Après cela, on dit: Si les dommages
de n'importe quelle nature s'élèvent à une somme
supérieure à cette somme, on s'adresse à la régie.
Cela me paraît parfaitement clair.
M. Fontaine: Parce qu'on dit: On doit payer une indemnité
et, après cela, on dit: S'il y a des dommages... Dites-le donc: Le
locateur va devoir payer des dommages.
M. Tardif: On ne paie pas des dommages à des gens. On
cause des dommages, on cause un tort. On ne paie pas des dommages. En
français, c'est inadmissible. On ne paie pas des dommages. On compense.
On indemnise pour des dommages.
M. Fontaine: II faudrait changer le Code civil. L'article
1053.
M. Tardif: II faudrait changer quoi?
M. Fontaine: Le Code civil, à l'article 1053.
M. Tardif: Nos légistes prétendent que non, mais je
serais bien d'accord qu'il devrait y avoir un certain
dépoussiérage dans un paquet de nos lois. On paie des dommages,
on dit qui est responsable du dommage. A l'article 1053 du Code civil: Toute
personne capable de discerner le bien du mal est responsable du dommage
causé par sa faute à autrui, etc. Etre responsable du dommage,
cela implique qu'on peut être amené à payer une
indemnité pour les dommages subis. Mais on ne paie pas...
M. Fontaine: On a toujours payé les dommages et
intérêts. (11 h 15)
M. Tardif: Dommages et intérêts, c'est le mot qu'on
emploie. En tout cas.
M. Fontaine: Si vous pensez qu'il n'y a pas de difficulté
d'interprétation.
M. Tardif: Je m'en remets aux légistes là-dessus
qui n'en voient pas. Pour une fois que les légistes s'appliquent
à faire des lois simples au point de vue écriture!
M. Fontaine: Tout en étant simple, il faut quand
même être clair. Il faut toujours avoir la même
pensée.
M. Tardif: II semble que ce le soit.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, j'ai devant moi
cette modification au premier alinéa de l'article 39. Est-ce que cette
modification est acceptée, adoptée si vous voulez?
M. Scowen: Simplement pour que je comprenne. On est contre
l'article, on trouve qu'il n'y a rien dans l'amendement qui est pire que
l'article. Est-ce que si on est contre l'article 39 comme écrit dans le
texte et qu'on n'a pas d'objection à l'amendement comme tel parce que
cela ne change pas le sens de quelque chose sur lequel on est contre, est-ce
qu'on vote pour ou contre?
M. Tardif: Adopté sur division.
Le Président (M. Laberge): Là, c'est votre
décision.
M. Tardif: Vous êtes contre l'article principal et non pas
l'amendement. L'amendement étant, donc... On est pour l'amendement, mais
contre l'article principal, si je comprends bien.
Le Président (M. Laberge): C'est ce que nous comprendrons
après le vote, s'il y a lieu. Est-ce que l'amendement apporté
à l'article 39 est adopté?
Une Voix: Non.
Le Président (M. Laberge): Alors, j'enregistre,
adopté sur division et je reviens à l'article 39, amendé
que j'ai déjà lu, d'ailleurs. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires sur l'article 39 ou si celui-ci est adopté?
M. Tardif: Je pense, adopté sur division.
M. Scowen: Non. Je vous ai demandé la parole il y a
longtemps.
Le Président (M. Laberge): Je reconnais maintenant que
vous m'aviez demandé la parole tout à l'heure.
M. Scowen: Merci. Les objections que nous avons posées, il
y a une heure, à cet article...
M. Tardif: ... le souhait du député de
Notre-Dame-de-Grâce que mon voeu se réalise.
M. Scowen: Ce sont des objections sérieuses et vous avez
en réponse donné en effet trois raisons. Vous avez dit,
premièrement, parce qu'on pose la question: Pourquoi donner un cadeau au
locataire; Je dis cadeau dans le sens qu'on ne voit rien qui corresponde
à quelque chose qu'il a fait
pour le recevoir. Vous avez dit, premièrement, notre objectif
clairement et nettement c'est la conservation des logements et cela doit
empêcher... Deuxièmement, cela se fait ailleurs. Cela se fait dans
le cas de l'expropriation. Troisièmement, vous avez mentionné:
Cela va rendre les affaires plus claires pour les hommes d'affaires parce
qu'ils vont savoir exactement ce qu'il faut faire.
Alors, je vais retourner à ces trois objections.
Premièrement, je veux rappeler au ministre qu'un des objectifs de la
régie n'est pas de favoriser la conservation des logements. On a
discuté cela mardi et il a accepté de rayer de ses fonctions cet
aspect du mandat de la régie et avec l'idée... parce qu'on
était d'accord que nous avons une régie et une série
d'articles qui vont régler la question de démolition. Ce n'est
pas pour favoriser ou maintenir des logements ou la destruction.
M. Tardif: Je comprends l'argumentation.
M. Scowen: Deuxième aspect de conservation, c'est aussi
possible de faire l'argument que ce gain-ci de l'indemnité qui
dépasse un cadeau, si vous voulez, peut en effet favoriser la
démolition parce que c'est possible, si vous voulez aller dans ce sens,
d'argumenter qu'il y a plusieurs locataires qui étaient autrefois non
favorables à un déplacement et à une permission de
démolir et qui seront maintenant en faveur parce qu'on va leur donner un
cadeau. Sur le deuxième point, l'expropriation, je sais très bien
qu'il est possible de trouver un article dans une autre loi du Québec,
ou dans une autre loi de l'Ontario, qui indique que la même chose se fait
ailleurs. Mais pour moi, ce n'est pas du tout, à mon avis, une personne
qui est obligée de décider si un article est bon ou non, un
argument, à moins que vous puissiez démontrer que c'est bon
ici.
Si on allait plus loin, je suis persuadé que si on faisait de la
recherche, on pourrait trouver des cas d'expropriation dans d'autres lois
où cet élément de trois mois n'existe pas. En ce qui
concerne le troisième argument selon lequel les hommes d'affaires
auraient plus de certitude, premièrement, les hommes d'affaires
s'adaptent aux règles du jeu je suis d'accord et ils
s'adaptent assez bien aux mauvaises règles du jeu et aux bonnes
règles du jeu, non seulement les hommes d'affaires, mais toute la
population. De plus, cela n'est pas un argument ici parce que notre objectif,
c'est de faire des bonnes lois et pas de dire qu'on peut faire n'importe quoi
et que les gens vont s'y adapter. Est-ce bon ou non? C'est la question que je
pose.
Pour ma part, il faut essayer, dans ces lois, de justifier ce que nous
faisons. Nous ne sommes ni pour, ni contre les démolitions, comme l'a
constaté le député. Nous sommes pour que la régie
décide. Ensuite, nous sommes parfaitement d'accord que les personnes qui
ont subi un préjudice doivent être compensées pour le
préjudice qu'elles ont subi, les dommages qu'elles ont encourus. C'est
normal, c'est parfait, c'est la justice. D'après moi, c'est une
déformation de donner un cadeau pour des raisons qui ne sont pas
justifiables dans le sens de la justice.
Je propose un amendement à l'article 39 qui peut rendre notre
point de vue plus clair là-dessus. Je peux le lire: "Le locateur doit
verser une indemnité égale aux dommages que le locataire subit.
Ces dommages sont fixés par la régie et sont payables dans les 30
jours de la décision finale à intervenir." D'après moi, il
y a autant d'incertitude pour les propriétaires dans cet article qu'il
en existe dans celui que vous proposez, parce qu'il y a toujours la
possibilité pour les locataires d'aller à la régie. Cela
est basé sur un concept de justice que je trouve équilibré
et je propose qu'on discute sérieusement la possibilité d'amender
l'article 39 dans ce sens.
Le Président (M. Laberge): Je voudrais que vous me
transmettiez ce papillon ou cet amendement que je relis: "Le locateur doit
verser une indemnité égale aux dommages que le locataire subit.
Ces dommages sont fixés par la régie et sont payables dans les 30
jours de la décision finale à intervenir."
Est-ce que c'est en remplacement c'est une question que je vous
pose de l'article 39 au total, incluant le premier et le deuxième
paragraphes?
M. Scowen: Oui.
Une Voix: M. le Président, est-ce qu'on peut avoir une
copie de l'amendement?
Le Président (M. Laberge): Oui.
Une Voix: Est-ce que vous l'avez accepté?
Le Président (M. Laberge): Je le livre à votre
discussion. Je ne prends pas de décision sur sa formulation.
M. Tardif: M. le Président, je maintiens que cet article
change fondamentalement l'économie générale de la loi dont
le principe a été voté en deuxième lecture. La
conservation des logements, je veux bien croire l'argument du
député de Notre-Dame-de-Grâce que ce n'est peut-être
plus la préoccupation de la régie, si on ne le fait plus
apparaître à l'article 5, mais cela doit être et cela
demeure la préoccupation du législateur et du gouvernement. A ce
titre, sans en faire une préoccupation de la régie comme telle
pour ces fins-là, le législateur entend à ce point la
favoriser qu'il donne plus loin de par la loi aux municipalités le
pouvoir de réglementer.
Donc, le législateur est préoccupé par cela. Le
législateur dit: II faut maintenir cette protection du stock de
logements et nous fixons des règles du jeu, des indemnités. Le
propriétaire qui décide de démolir le fait pour ce qu'il
espère être son plus grand bien, son plus grand profit à
lui. Il y a des gens qui seront déplacés, qui seront
bousculés. Il y a une indemnité qui est prévue. Je crois,
M. le Président, qu'on peut donc argumenter sur le fait
que cela devrait être formulé de telle façon ou de
telle autre, mais ne pas demander qu'on l'enlève
systématiquement, en disant: Cela constitue un cadeau. Je pense que,
là-dessus, le député de Notre-Dame-de-Grâce a fait
sa présentation, ainsi que les autres; ce sera consigné au
journal des Débats. On saura que vous considérez une
indemnité à un locataire évincé comme étant
un cadeau.
M. Scowen: Aux fins des dommages qu'il a subis.
M. Tardif: On saura que cela constitue un cadeau.
M. Scowen: A la suite des dommages subis.
M. Tardif: Nous, on dit: On les établit de façon,
si vous voulez, minimale à l'équivalent de trois mois de loyer,
plus les frais de déménagement qui sont produits sur
pièces justificatives. Trois mois de loyer, cela s'évalue aussi.
C'est très facile. C'est connu des gens. C'est dans le bail. Donc, on
dit: Au-delà de cela, là cela ira à la régie.
D'ailleurs, beaucoup d'affaires peuvent se régler sans l'intervention de
la régie, puisque les gens s'entendent là-dessus. Le
député de Notre-Dame-de-Grâce, j'en suis sûr, est
favorable à ce que les gens s'entendent entre eux et n'aient pas recours
à la régie. Mais, si les règles sont
déterminées et qu'on sait que c'est cela, c'est acceptable.
Cela fait une heure et demie qu'on discute sur ce seul article de cinq
lignes, M. le Président. Si on fait cela pour chacun des articles, on
sera peut-être encore ici le 22 décembre, à la veille de
Noël. Je comprends qu'on puisse avoir un point de vue tout à fait
opposé au gouvernement là-dessus, qu'on fait valoir et avec une
argumentation serrée, soutenue, parce qu'on y croit. C'est
consigné au journal des Débats, mais, à un moment
donné, on dit: "Coudon", adopté sur division tel article. Si on
n'est pas d'accord, on enregistre sa dissidence. Mais là, si on commence
à faire amendement, sous-amendement, etc., je pense qu'on ne fera pas
tellement évoluer l'étude de cette loi.
J'aimerais, M. le Président je vous le soumets
respectueusement que l'on juge cet amendement. Enfin, il vous appartient
de juger de la recevabilité de l'amendement. Ce que je voudrais, c'est
peut-être faire appel au député de
Notre-Dame-de-Grâce pour que, le principe de la loi ayant
été voté en deuxième lecture, on ne cherche pas par
des amendements à en réduire la portée. Je suis d'accord,
on a voté contre dans l'Opposition. Maintenant, qu'on s'attache
plutôt à bonifier les articles, le principe ayant quand même
été voté par le gouvernement. Le gouvernement ayant
décidé de voter cette loi, il en supportera, effectivement, les
conséquences politiques. Je suis bien d'accord là-desus. On a
fait des choix.
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Je voudrais souligner qu'en
acceptant qu'on m'informe sur la rece- vabilité de cet amendement je
voulais simplement quelques informations. Maintenant, je vous laisse faire
valoir votre opinion, M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, sur la recevabilité
de l'amendement, je pense que c'est fortement exagéré de penser
que l'amendement qui est proposé puisse modifier en quoi que ce soit le
principe du projet de loi et même le principe de l'article 39, puisque ce
que l'on modifie avec cet amendement, c'est simplement l'indemnité de
trois mois de loyer. Nous voulons simplement relier davantage les
indemnités aux dommages réellement subis. C'est une question
purement d'application et d'interprétation. Je pense que l'article est
parfaitement recevable.
En ce qui concerne les procédures, je voudrais rappeler, M. le
Président, que l'Opposition a quand même tous les droits de
proposer des amendements aux articles. C'est pour cela qu'on est en commission
parlementaire. (11 h 30)
Je pense que le ministre ne devrait pas penser que, lorsqu'on
présente un amendement, chaque fois c'est pour remettre en cause le
principe de base du projet de loi. Je pense que c'est aller beaucoup trop loin.
Il se peut qu'on prenne beaucoup plus de temps sur un article et qu'ensuite on
en adopte plusieurs très rapidement qui nous paraissent beaucoup moins
importants. Je pense qu'il ne faudrait pas juger chaque amendement qui est
apporté comme étant, si vous voulez, une attaque sur le fond ou
la volonté de reprendre un débat sur le fond. Je pense que cela
n'était pas notre intention. D'ailleurs, l'article 39 reconnaît
également le principe de dommages, puisqu'on dit dans l'article: Si les
dommages excèdent la somme qui a été prévue, plus
ou moins forfaitaire, à ce moment-là, on s'en va devant la
régie. Nous pensons qu'il devrait y avoir une liaison plus
étroite entre les indemnités qui sont versées en cas de
démolition et les dommages subis. C'est simplement cela qu'exige
l'amendement qui est proposé. Pour cette raison, je pense que
l'amendement est parfaitement recevable, M. le Président.
M. Tardif: Je peux, en réaction si vous me le
permettez, M. le Président dire au député
que...
Le Président (M. Laberge): Vous pourriez m'informer d'un
détail additionnel?
M. Tardif: ... ce n'est pas tellement l'amendement du
député de Notre-Dame-de-Grâce qui a suscité mes
commentaires que ce qu'il a dit. Il a dit que ce n'est plus à la
régie maintenant, si on a amendé l'article 5 hier, de favoriser
la conservation du stock de logements. Or c'est un des objectifs de la loi.
C'est dans les notes d'introduction de la loi, la préservation du stock
de logements. Si on remet en cause le principe même de la conservation du
stock de logements, je pense qu'on touche à quelque chose de
fondamental, plus que
par la teneur de l'amendement, j'en conviens. Dire que la régie
n'a plus cette préoccupation de conserver le stock de logements parce
qu'on aurait rayé, hier, l'alinéa 3 de l'article 5, cela
n'enlève pas à la loi comment dirais-je? cet
objectif, puisqu'on retrouve la section II ici et les pouvoirs aux
municipalités plus loin. La loi a toujours le même objectif,
même si la régie, elle, ne l'a que de façon très
parcellaire, très limitative, très supplétive uniquement
lorsque les municipalités ne l'exercent pas. La loi a toujours cet
objectif en tête et c'est peut-être plus les remarques sur cet
aspect que l'amendement comme tel qui m'ont amené à parler du
principe de la loi.
M. Scowen: Permettez-moi de revenir à ce sujet très
vite et je vous promets de ne pas prendre plus de trois minutes.
Premièrement, M. le Président, lorsqu'on a discuté
l'article 5.3, j'ai apporté l'argument que la régie ne doit pas
avoir le rôle de "favoriser je cite la conservation des
logements". C'est inscrit comme une juridiction, un objectif très clair.
On l'a débattu, on l'a accepté. On a admis tous ensemble que ce
n'était pas un objectif de la régie et on l'a rayé
à l'unanimité. Il n'y a rien de mauvais à
répéter deux jours après que les clauses dans l'article
qui ne sont pas conséquentes avec cette décision unanime ne
doivent pas rester dans la loi. Je pense que c'est inimaginable que vous
puissiez me dire aujourd'hui que, parce qu'on n'a pas rayé cette affaire
des notes explicatives, cela existe encore comme un objectif de la
régie.
M. Tardif: Pas de la régie, de la loi.
M. Scowen: Deuxièmement je vais utiliser mes trois
minutes vous avez un peu parlé de la nature globale de notre
progrès. J'accepte que c'est lent et même quelques-uns de mes
collègues sont aussi d'accord. Je n'ai pas monopolisé la
conversation ni vous-même, mais la seule façon dont je peux
procéder, c'est de vous écouter attentivement quand vous vous
expliquez, c'est de vous poser les questions sur votre raisonnement. Si le
raisonnement me semble correct, je vais dire: Oui, cela marche, adopté.
Si cela ne marche pas, je vais continuer mes arguments jusqu'à
épuisement du temps, sauf dans les cas où je trouve que c'est
mauvais, mais pas important. Dans ces cas-là, on va laisser tomber les
choses qui sont mauvaises, mais pas importantes; sinon, on sera ici, comme vous
l'avez dit jusqu'au 22 décembre.
Nous trouvons que l'artice 39 est important. Nous sommes tous d'accord
pour dire que c'est un article important; nous cherchons un équilibre,
etc. Je ne veux pas répéter les arguments.
Avec tout le respect et sans avoir aucunement le désir de
retarder indûment les travaux, nous croyons que cet équilibre doit
demeurer si vous voulez décourager la démolition du stock de
logements et vous voulez que les indemnités payées par les
propriétaires qui démolissent soient payées à la
collectivité comme impôt, comme quelque chose qui sera recevable
par la collectivité qui va subir les pertes et pas à trois,
à quatre, à cinq ou à dix individus qui habitent le
logement et qui reçoivent un plus gros montant que les pertes et les
dommages qu'ils ont subis.
M. Tardif: Je retiens la suggestion du député de
Notre-Dame-de-Grâce sur les indemnités qui pourraient être
remises à la collectivité lors d'une démolition ou
autrement, puisque après tout, la plus-value de certains immeubles vient
de travaux publics, de travaux qui ont été complètement
supportés, payés par la municipalité ou la
collectivité. Je retiens cela.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, un instant. J'ai
demandé qu'on m'informe pour que je puisse rendre jugement sur la
recevabilité et je crois, après avoir relu trois fois le texte,
être suffisamment informé. Dans sa rédaction comme
telle...
M. Fontaine: Si vous me dites immédiatement que vous
êtes prêt à l'accepter, je vais me fermer, mais je pense que
j'ai des arguments à vous apporter pour vous convaincre si votre
décision était dans le sens contraire.
Le Président (M. Laberge): Si elle était dans le
sens contraire je ne veux pas que vous le présumiez vous
pourrez toujours faire valoir autre chose. L'amendement tel qu'il est
rédigé ici, d'après les informations que j'ai eues, vient
en contradiction avec certains principes du projet de loi, à savoir que
le gouvernement, si vous voulez, ou l'économie de la loi veut confier
aux municipalités...
M. Fontaine: Je m'excuse, M. le Président. Question de
règlement. Je vois dans quel sens vous vous en allez et vous ne m'avez
pas permis de m'exprimer sur la recevabilité.
Le Président (M. Laberge): Pourriez-vous attendre que je
me sois exprimé clairement? Vous pourrez mettre en doute ma
décision, si vous voulez.
M. Fontaine: M. le Président, vous allez me permettre, si
vous rendez votre décision sans m'avoir entendu...
M. Tardif: M. le Président...
M. Clair: M. le Président, j'invoque le
règlement.
Le Président (M. Laberge): Allez, M. le
député de Drummond.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Oui, M. le député
de Drummond.
M. Clair: ... je voudrais, par votre entremise, dire au
député de Nicolet-Yamaska qu'à titre de président
de commission vous avez tout à fait le
pouvoir de vous déclarer suffisamment informé avant de
rendre une décision à quelque montant que ce soit et il n'y a
rien, ni personne dans le règlement qui vous oblige à entendre le
député de Nicolet-Yamaska...
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
M. Clair: ... même si cela peut être
désagréable pour lui.
Le Président (M. Laberge): Ce n'est pas dans le but
d'être désagréable, justement. C'est dans le but
d'aider.
M. Fontaine: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Nicolet-Yamaska, vous avez une question de règlement.
M. Fontaine: M. le Président, même si le
député de Drummond a raison de dire que, dans le
règlement, il n'y a rien qui vous empêche de procéder de
cette façon, je pense qu'il y a une coutume bien établie en
commission parlementaire et même à l'Assemblée nationale
que le président, avant de rendre une décision, prenne l'avis de
tous les partis en Chambre. Que je sache, l'Union Nationale est encore un parti
reconnu à l'Assemblée nationale. J'aimerais que vous me
permettiez, si jamais votre décision allait dans le sens contraire
à ce que le député...
Le Président (M. Laberge): Si cela peut vous aider, M. le
député de Nicolet-Yamaska, j'accepte immédiatement que
vous vous fassiez entendre sur la recevabilité. Je ne reviens pas sur
une décision de façon irrévocable, mais j'accepte vos
lumières sur la recevabilité pour quelques moments, malgré
que je vous ai déjà dit que je croyais avoir certains
éléments d'information qui me permettaient de rendre un jugement,
mais je veux vous entendre.
M. Fontaine: Merci, M. le Président. J'essaierai
d'être assez bref et concis.
Le ministre des Affaires municipales disait tantôt que le principe
qu'on veut respecter dans cette loi, c'est la conservation des logements.
M. Tardif: Un des principes.
M. Fontaine: C'est un des principes. Mais nous sommes en train
d'étudier la section II de la loi, dispositions particulières
à la conservation des logements, titre 1, démolition du logement.
A l'article 33, on établit un principe, à savoir que "le locateur
peut évincer le locataire pour démolir un logement". Donc, on
donne un droit au propriétaire à la démolition. On en a
discuté hier pendant quelques heures. C'est incontestable. Quand on
donne un droit à quelqu'un, on dit dans les articles qui suivent: Oui,
vous avez un droit, mais vous allez être obligé de payer des
dommages, une indemnité au locataire évincé.
L'article 39 que nous sommes à étudier dit: "Le locataire
évincé a droit à une indemnité". Je pense que le
principe que nous sommes en train d'étudier dans cet article, c'est le
droit au propriétaire d'évincer et le droit au locataire de
recevoir une indemnité. Il s'agit ici de qualifier les dommages, de dire
quelle est l'indemnité que le locateur devra payer au locataire.
L'amendement proposé par le député de
Notre-Dame-de-Grâce fait tout simplement qualifier l'indemnité. A
mon avis, c'est tout à fait compatible avec le principe de l'article 39
et le principe de l'article 33. Je ne pense pas qu'il y ait de problème
dans ce sens-là.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, je vous
écoute.
M. Tardif: ... sur la recevabilité. Je croyais avoir fait
amende honorable et avoir dit que, finalement, ce n'était pas tellement
l'amendement déposé par le député de
Notre-Dame-de-Grâce comme ses propos qui, à un moment
donné, pouvaient me laisser croire qu'on remettait en question un des
objectifs de la loi qui est de conserver le stock de logements puisque, sous
couvert ou sous prétexte qu'hier, à l'article 5, paragraphe 3,
nous avons enlevé cette préoccupation comme telle à la
régie, je ne voulais pas qu'on infère de cela je ne pense
pas que c'est ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce a
fait: c'est peut-être ce que j'ai interprété que le
souci, le motif ou l'objectif de conservation du stock n'était plus
présent, ne devait plus être présent dans la loi. Or, il
s'est expliqué et ce n'est pas cela qu'il a dit et ce n'est pas cela que
j'aurais dû comprendre. Personnellement, M. le Président, je
soumets respectueusement qu'en conséquence comme j'ai dit que mes
réserves portaient sur les propos, sur ce que j'avais cru conclure de
ses propos, l'amendement prêt à être étudié et
débattu je vous dis immédiatement, M. le Président,
que je préfère l'ancienne formulation. A ce moment-là, si
tout a été dit sur cet article, je vous demanderais qu'on appelle
le vote.
M. Scowen: Est-ce que l'affaire de trois mois sera une
espèce d'incitation, un "bribe", à quitter les lieux sans faire
de bruit? Est-ce que cela aura l'effet contraire que vous prévoyez?
M. Tardif: Une incitation à quitter les lieux sans faire
de bruit.
M. Scowen: Oui.
M. Clair: Cela peut sûrement, en tout cas, être une
incitation. La formulation actuelle...
M. Scowen: Cela peut encourager les démolitions.
M. Clair: ... va sûrement, à tout le moins,
être une incitation à ne pas se présenter à la
régie indéfiniment, à continuer à régler
entre nous, comme vous le souhaitez.
M. Tardif: Chacun connaît les règles du jeu. Le
locataire dit: D'accord, j'ai trois mois de loyer gratis. Le
propriétaire dit: C'est cela, j'ai le déménagement. On
s'entend et c'est tout.
M. Scowen: Cela peut stimuler les démolitions, en
effet.
M. Fontaine: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): Sur la question de
règlement.
M. Fontaine: Je pense que vous avez demandé d'être
informé sur la recevabilité de l'amendement.
Le Président (M. Laberge): Je suis tout à...
M. Fontaine: Avant qu'on entende d'autres discussions, il y
aurait peut-être lieu que vous vous prononciez maintenant.
Le Président (M. Laberge): J'accepte votre suggestion
d'emblée. Tenant compte de tous les propos qui ont été
prononcés, j'accepte qu'on discute de cette proposition, de cet
amendement sans, pour ma part, qualifier plus loin mon jugement. Je le juge
recevable et je ne le qualifie pas; il est discutable.
M. Tardif: Voulez-vous lire l'amendement, M. le Président,
afin qu'on vote?
Le Président (M. Laberge): Je le rappelle: "Le locateur
doit verser une indemnité égale aux dommages que le locataire
subit. Ces dommages sont fixés par la régie et sont payables dans
les 30 jours de la décision finale à intervenir". Cet amendement
est un remplacement de l'article 39 au total. M. le député de
Nicolet-Yamaska.
M. Fontaine: J'aimerais proposer un sous-amendement à cet
amendement, pour essayer de tenir compte des propos du ministre qui dit qu'on
va aller devant la régie pour décider à chaque fois. (11 h
45)
Je pense qu'en conservant l'esprit dans lequel le député
de Notre-Dame-de-Grâce fait son amendement, si on ajoutait, à la
deuxième phrase, avant les mots "ces dommages sont fixés par la
régie": à défaut d'entente entre le locateur et le
locataire, ces dommages sont fixés par la régie et sont payables
dans les 30 jours de la décision finale à intervenir."
M. Clair: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Drummond.
M. Clair: Sur la proposition de sous-amendement du
député de Nicolet-Yamaska, cela m'apparaît, sans parler de
la responsabilité, mais à première vue je soumets
cela à mon collègue la loi dit trois mois ou on dit "des
dommages sont fixés par la régie et sont payables dans les 30
jours, etc." Ils sont fixés par la régie, mais on sait
très bien tous les deux que si on se présente devant la
régie et on dit: Nous nous sommes entendus pour $10, même si dans
la loi, c'était écrit trois mois ou c'était écrit
n'importe quoi. Si on s'entend tous les deux. Je comprends le but poursuivi par
le député de Nicolet-Yamaska, mais il ne m'apparaît pas
nécessaire d'inclure cela dans la loi. C'est tellement un principe
reconnu qu'on peut s'entendre pour moins. Il n'y a pas d'amende
d'imposée à l'une ou l'autre des parties si elles n'acceptent
pas...
M. Fontaine: Non, je comprends. Le ministre disait tantôt:
Tout le monde va aller devant la régie. Je ne pense pas que ce soit ce
qu'il faut faire.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'il y a des
problèmes de distorsion...
M. Fontaine: Je m'excuse, mais vous avez peut-être mal
saisi.
M. Tardif: ... dans les communications. Il y a des parasites
quelque part ou je ne sais pas quoi. J'ai l'impression que j'ai dit le
contraire. Au contraire, lorsque les règles du jeu sont connues, les
gens n'ont pas à se référer à un tiers pour aller
arbitrer, alors que s'il n'y avait pas les trois mois de prévus et si on
faisait ce que propose le député de Notre-Dame-de-Grâce,
tout devrait aller à la régie.
M. Fontaine: Sauf s'il y a une entente entre les deux
parties.
M. Tardif: Oui.
M. Scowen: S'il y a des dommages.
M. Tardif: Mais si cela est fixé automatiquement et
qu'à ce moment-là, les gens connaissant les règles du jeu,
le propriétaire peut évaluer et faire une analyse
coûts/bénéfices de la démolition, le locataire voit
ce que cela implique, on dit: II n'est pas question d'aller à la
régie; on s'entend entre nous et c'est réglé. Au
contraire, je pense que déterminer ainsi un quantum, encore une fois,
selon une formule qui est identique...
M. Fontaine: De base.
M. Tardif: Pardon? De base.
M. Fontaine: Vous ne déterminez qu'un quantum de
base...
M. Tardif: Oui, c'est cela.
M. Fontaine: ... qui pourrait être plus
élevé.
M. Tardif: Oui, mais c'est comme les $100 de déduction
pour les frais de charité. Combien autour de cette table ont
réclamé plus que cela l'année dernière?
M. Fontaine: M. le Président, je retire mon.
sous-amendement.
Le Président (M. Laberge): Vous retirez votre
sous-amendement. L'ayant retiré, nous n'aurons pas à le discuter.
Merci.
L'amendement du député de Notre-Dame-de-Grâce, que
nous avons lu trois fois, est-il accepté?
M. Tardif: Rejeté, M. le Président. Une Voix:
Vote. Une Voix: Rejeté.
Le Président (M. Laberge): Si le vote est demandé,
je prends le vote. Je fais l'appel nominal. M. Clair, Drummond?
M. Clair: Contre l'amendement, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. Caron, Verdun?
M. Caron: Pour l'amendement.
Le Président (M. Laberge): M. Cordeau, Sai nt-Hyacinthe
?
M. Cordeau: Pour l'amendement.
Le Président (M. Laberge): M. Beauséjour,
Iberville?
M. Beauséjour: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Scowen,
Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Je trouve que c'est bien, oui.
Le Président (M. Laberge): M. Guay, Taschereau? M.
Mercier, Berthier?
M. Mercier: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Ouellette, Beauce-Nord?
M. Ouellette: Contre.
Le Président (M. Laberge): M. Shaw, Pointe-Claire? M.
Tardif, Crémazie?
M. Tardif: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est rejeté,
cinq voix contre trois.
M. Ouellette: M. le Président, le député
Beau-séjour a dit contre et le député Scowen a dit: C'est
bien.
Le Président (M. Laberge): S'il vous plaît! Ne
soulevez pas une question de règlement pour que je rende un nouveau
jugement là-dessus.
M. Ouellette: C'est pour la clarté simplement. M.
Tardif: L'article 39, M. le Président.
M. Scowen: Une dernière question seulement. Les
pièces justificatives, normalement si une personne est obligée de
payer, elle a le droit d'exercer un certain contrôle sur les
dépenses. Sur le plan pratique, est-ce que c'est nécessaire
d'obliger le locataire, avant de s'engager dans des coûts possiblement
excessifs, à parler avec le propriétaire? Si je travaillais pour
une compagnie qui me permettait de déménager à Toronto, il
va alors s'exercer un certain contrôle. Est-ce que cela s'impose ou
non?
M. Tardif: Je présume, M. le Président, que c'est
le genre d'ententes dont les parties pourront justement convenir, cette
histoire de frais de déménagement et autres. Il ne s'aait pas,
encore une fois, pour l'Etat de tout prévoir dans le moindre
détail. Il n'est pas exclu que les parties, bien au contraire, puissent
se rencontrer et négocier. Il y a un montant minimum prévu et on
dit: Les frais de déménagement sur pièces justificatives.
On n'est pas allé jusqu'à dire: II devra obtenir trois
soumissions de prix de trois déménageurs différents.
M. Scowen: D'accord.
Le Président (M. Laberge): Article 39, adopté?
M. Cordeau: Concernant les frais de déménagement,
il y a des déménageurs qui font l'empaquetage et tout, qui vont
presque laver le nouveau logement avant que les gens arrivent et ainsi de
suite, et ils vont tout remettre en place. A un moment donné, cela peut
s'élever passablement. Cela devrait être des frais raisonnables de
déménagement, comme le député de Drummond le
suggérait tantôt.
M. Clair: Oui, mais, M. le Président, après avoir
regardé la Loi de l'expropriation où on ne parle que de frais de
déménagement, je pense que, pour ne pas créer deux
jurisprudences qui risqueraient d'être contradictoires et qui, en fait,
visent essentiellement le même but, soit de compenser des frais de
déménagement, il vaut mieux garder la formulation telle qu'elle
est là actuellement. Le téméraire qui, profitant de
l'occasion d'une démolition, va se trouver un emploi à Calgary et
essaie de faire payer cela par son propriétaire, j'ai assez confiance
à la régie pour que...
M. Cordeau: Je ne fais pas allusion à cela, mais aux frais
raisonnables de déménagement parce qu'il y a différentes
compagnies de déménageurs et on peut demander beaucoup à
une compagnie de déménagement.
M. Clair: On est supposé préjuger du bon sens des
tribunaux.
M. Tardif: C'est cela, mais...
M. Fontaine: Si c'est inscrit dans la loi, ils sont
obligés de le respecter.
M. Tardif: La décision de déménager à
Toronto n'est pas liée comme telle... C'est une autre
décision.
M. Cordeau: Non, je ne parle pas des frais de
déménagement à Toronto ou à Calgary. Il s'agit
seulement de déménagement dans la même ville, mais tout
dépend, si quelqu'un ne touche à rien dans sa maison ou s'il veut
avoir sa maison replacée telle qu'elle était auparavant.
Là, c'est différent.
M. Clair: Le fameux article 1053 qui dit qu'on est responsable du
dommage causé ne dit pas des dommages "raisonnables". Finalement, cela
se présume en quelque sorte, la raisonnabilité de frais à
rembourser.
M. Fontaine: M. le Président...
M. Clair: La Loi de l'expropriation, comme je vous le dis,
fonctionne déjà depuis sept ans avec cette notion de frais de
déménagement. Il ne semble pas qu'il y ait eu de problèmes
avec cela.
M. Fontaine: ... il y a une énorme différence entre
l'article 1053 et ce qui se produit ici. Selon l'article 1053, c'est le juge
qui fixe le montant de l'indemnité à payer, tandis qu'ici la loi
doit: On est obligé de payer les frais de dédommagement. Si le
gars arrive avec une facture de $1000, on est obligé de payer $1000,
s'il a des pièces justificatives pour le prouver. S'il arrive avec une
facture de $300, on va payer $300. On l'indique ou on ne l'indique pas. Si la
loi dit: On va payer les frais de déménagement, on va payer les
frais de déménagement.
M. Cordeau: Une pièce justificative, c'est un reçu
comme quoi l'individu a payé ou qu'il va payer, s'il ne l'a pas
fait.
M. Fontaine: Le gars peut prendre une compagnie, comme le dit le
député de Saint-Hyacinthe et il ne touche à rien; il
demande à la compagnie de venir chercher ses meubles, de les emballer,
de les transporter, de les déballer, de les placer dans le nouveau
logement. Le gars va avoir une facture à présenter!
M. Tardif: Oui, mais comme il y a, par exemple, des locataires
qui décident de s'en aller chez un locateur de camions, qui se ramassent
deux ou trois beaux-frères et cinq caisses de bière et ils font
le déménagement.
M. Fontaine: Mais là, s'ils savent que c'est payé
par le locateur, automatiquement, ils vont en profiter.
M. Tardif: Oui, mais cela fait sept ans que la Loi de
l'expropriation est comme cela. A-t-on connu vous qui êtes avocat
et les autres membres de cette commission qui le sont beaucoup de cas
d'abus semblables de locataires ou de personnes évincées qui
auraient réclamé des choses semblables? Je pose honnêtement
la question.
M. Fontaine: Je m'excuse, mais il y a une énorme
différence avec la Loi de l'expropriation. En vertu de la Loi de
l'expropriation, il y a un évaluateur qui vient chez vous et il vous
dit: Monsieur, cela vous coûte combien...
M. Tardif: Pas pour les frais de déménagement.
M. Fontaine: Oui, oui.
M. Tardif: Non, non, pour les meubles, pas pour les frais de
déménagement.
M. Fontaine: Oui, oui. Il y a une entente au préalable.
Cela va coûter tant pour les frais de déménagement et
l'acceptez-vous, oui ou non?
M. Clair: Pas pour les frais de déménagement.
M. Tardif: Ce n'est pas dans la loi.
M. Clair: De toute façon, les tribunaux ne sont pas
là pour récompenser les gens qui abusent. On sait tous que, pour
n'importe quelle sorte de demande devant un tribunal je ne me souviens
plus comment on appelle ce principe mais il y a en droit un principe
fondamental qui veut que celui qui est téméraire, celui qui
cherche à abuser d'une situation n'est jamais récompensé.
Ce n'est pas écrit là que les frais de déménagement
sont payés ad vitam aeternam, il y a une notion de
"raisonnabilité" en soi qui fait partie de toute loi et qui se retrouve
dans celle-là comme dans les autres. La meilleure preuve est que sous la
Loi de l'expropriation, cela n'a jamais causé de problèmes.
M. Cordeau: Je ne veux pas critiquer les tribunaux mais
peut-être pour à peu près les mêmes fautes, vous
savez qu'il y en a qui reçoivent des sentences tout à fait
disproportionnées à un moment donné. Cela dépend
des chances.
Le Président (M. Laberge): Messieurs, l'article 39 dont le
premier...
M. Cordeau: C'est à la discrétion du tribunal.
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît! L'article 39 dont le premier paragraphe a été
amendé sur division est-il adopté dans sa totalité?
M. Fontaine: M. le Président, lorsqu'il y aura un locateur
qui ne voudra pas payer l'indemnité de déménagement, le
locataire va devoir s'adresser aux tribunaux ordinaires pour...
M. Tardif: Non, à la régie qui a pleine
compétence et juridiction pour toutes les matières qui touchent
au logement jusqu'à concurrence de $6000.
M. Fontaine: Je m'excuse mais quel est l'article qui nous dit
cela?
M. Tardif: L'article 28: Toute matière qui auparavant
était de juridiction de la Cour provinciale et de la Cour des petites
créances est maintenant de la juridiction de la régie.
D'accord?
M. Fontaine: D'accord.
Le Président (M. Laberge): C'est le troisième
alinéa de l'article 28.
M. Tardif: Vous avez demandé le vote et il a
été adopté sur division à ce moment-là, M.
le Président?
Le Président (M. Laberge): Cet article est-il
adopté? Adopté sur division. Je reviens donc à l'article
38 qui a subi une modification, laquelle modification a été
adoptée et je demande si l'article 38 sera adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): J'appelle l'article 40.
M. Tardif: Les articles 40, 41, 42 et 43, M. le Président,
ont trait à des délais. Il m'apparaît que ces articles sont
étroitement interreliés, les délais pour entreprendre et
terminer la démolition, pour modifier les délais
déjà accordés, etc. A moins de commentaires
là-dessus... L'article 40 est adopté si je comprends bien et
l'article 41 aussi.
Le Président (M. Laberge): On me dit que l'article 40 est
adopté, que l'article 41 est adopté. L'article 42.
M. Scowen: J'ai une modification à proposer.
Le Président (M. Laberge): On me transmet une modification
à l'article 42 qui remplace tout l'article, si je comprends bien.
M. Scowen: En effet, on a refait l'article au complet mais...
Le Président (M. Laberge): En faisant lecture de l'article
42, il serait remplacé par le suivant: Si les travaux de
démolition ne sont pas entrepris dans les délais fixés par
la régie pour les terminer, l'autorisation de démolir est sans
effet à moins que le retard dans les travaux ne soit causé par
force majeure ou par un autre événement hors du contrôle du
locateur, auquel cas le locateur peut s'adresser à la régie pour
obtenir des extensions aux délais préalablement fixés. Si
après un délai de cinq jours, de la dernière date
fixée par la régie, le locataire continue d'occuper le logement,
le bail est prolongé de plein droit et le locateur peut, dans les 30
jours, s'adresser à la régie pour faire fixer le loyer.
M. Tardif: II me semble que l'article 41 permet de faire
cela.
Le Président (M. Laberge): D'abord, je vais accepter cette
modification proposée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce comme discutable.
M. Scowen: Je sais très bien que l'article 41 permet dans
un sens ce que nous proposons à l'article 42 mais si c'est le cas
l'article 42 tel qu'écrit ne nous semble pas en concordance avec
l'article 41.
M. Tardif: Alors, dans le délais fixés ou
modifiés par la régie? (12 heures)
M. Scowen: Est-ce que vous voulez que j'explique un peu? Ou
est-ce que vous préférez vous renseigner vous-même?
M. Tardif: Allez, allez, comme vous voulez.
M. Scowen: C'est simplement le fait qu'on arrive devant la
régie et qu'on dise: Vous avez donné six mois, on a besoin de
trois mois de plus.
Une Voix: C'est possible par l'article 41.
M. Scowen: C'est possible par l'article 41 et ce prolongement est
donné.
M. Clair: Oui.
M. Scowen: C'est fixé par la régie et, après
que ce délai est donné, on arrive avec le prolongement de trois
mois et à ce moment de notre avis, l'article 42 est en vigueur.
M. Clair: Dans une deuxième demande de prolongation de
délai.
M. Scowen: Oui, et ces demandes de prolongation pour nous sont
assez importantes parce que tenant compte des grèves et des conditions
qui peuvent jouer dans la construction et de la part des entrepreneurs, etc.,
nous prévoyons qu'avec toute la bonne volonté du monde, on peut
prévoir plusieurs délais si la régie décide
d'être plus stricte sur le délai fixé qu'elle le fait par
l'article 40.
Nous voulons simplement qu'il y ait une certaine souplesse dans
l'affaire. C'est notre proposition pour expliquer le sens, que ce soit souple
et qu'en effet la régie soit obligée de respecter un
problème de démolition qui est hors du contrôle
du propriétaire, tenant compte du fait que nous croyons avec vous
qu'on doit avoir quelque chose dans la loi pour obliger que la
démolition prévue ait lieu. On n'est pas du tout contre le
principe.
M. Tardif: Un jour, c'est que les gens ne sauront jamais sur quel
pied danser.
M. le Président, en relisant l'article 41 avec nos juristes, la
régie peut, pour un motif raisonnable, modifier le délai
fixé pour entreprendre ou terminer les travaux. Ce que le
député de Notre-Dame-de-Grâce demande par son amendement,
c'est qu'une fois le délai expiré, on puisse demander de fixer un
nouveau délai. Il y a un principe général qui veut que le
délai commence à une date et se termine à une autre. Il
suffit que la personne se présente la veille de l'expiration et demande
une prolongation, mais si des délais qui ont été
fixés une première fois peuvent l'être une seconde fois, on
va en venir aux mesures dilatoires contre lesquelles s'insurgeait le
député hier.
Le Président (M. Laberge): Cet amendement sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Un instant, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): C'est la question que j'ai
à poser.
M. Clair: La veille du jour où le délai expire,
l'individu sait qu'il n'est pas en mesure de commencer le lendemain; il peut
cette journée encore, puisqu'il est encore dans le délai, se
présenter et demander la prolongation du délai. Ce serait
encourager l'insouciance.
M. Scowen: D'accord, je pense que votre raisonnement est bon
là.
Je suis prêt. On ne va pas proposer l'amendement, on va adopter
l'article.
Le Président (M. Laberge): Vous retirez votre proposition
d'amendement. Alors il est retiré. L'article 42, tel qu'il se lit dans
le projet de loi est-il adopté?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
43.
M. Scowen: A première vue, l'article 43, on est contre.
J'aimerais que le ministre nous explique un peu qu'est-ce que cela veut dire.
Nous présumons que la régie fixe le délai tenant compte de
la réalité, de l'obligation de démolition et, s'il y a des
motifs raisonnables, que cela puisse être prolongé. Quel est
l'objectif de cela?
M. Tardif: C'est d'ordonner que les travaux, une fois
commencés, puissent être terminés. Il faut quand même
penser que des immeubles en démolition peuvent constituer une menace
sérieuse aux passants, aux gens qui sont là, aux voisins
même. A ce moment c'est de dire: Vous avez commencé une
opération, il faut nettoyer le terrain, il faut le dégager et
c'est tout, lorsque les travaux ne sont pas terminés. D'accord?
M. Scowen: Oui.
M. Tardif: On peut exiger qu'effectivement ils se terminent dans
le délai qui a été fixé.
M. Scowen: Si vous avez dans l'article 40 que la
démolition doit être entreprise et terminée dans les
délais fixés par la décision de la régie, c'est
clair...
M. Clair: II peut toujours se présenter que les anciens
locataires ne soient plus dans le paysage et que le propriétaire voisin,
par exemple, ait un intérêt à ce que la démolition
se termine. Si une personne intéressée ne peut pas s'adresser
à la régie pour avoir une ordonnance et faire finir les travaux,
le pauvre propriétaire voisin risque d'être pris et d'attendre de
courir après un ancien locataire pour qu'il vienne demander, lui, de
s'occuper de faire finir la démolition.
M. Scowen: Mais il ne peut pas faire plus que ce qui est
déjà prévu à l'article 40.
M. Tardif: A l'article 40, il n'y a aucun recours. On dit qu'elle
doit être...
M. Raynauld: Ce que je lis là-dedans, c'est que ça
ajoute l'ordonnance.
M. Tardif: L'article 40 dit: Vous devez le faire, mais cela reste
là. Si vous ne le faites pas, qu'est-ce qui se passe? Si,
théoriquement, vous ne le faites pas et si personne ne se plaint, cela
reste là, mais si quelqu'un dit: Vous avez émis une ordonnance,
et moi, j'ai un immeuble à moitié démoli à
côté de chez moi et j'aimerais qu'il soit complètement
rasé; on a commencé...
M. Scowen: Mais à l'article 55, la régie a le droit
d'émettre une ordonnance.
M. Tardif: D'une façon générale, oui. M.
Scowen: D'une façon très particulière. M. Raynauld:
L'article 55 prévoit l'article 43.
M. Tardif: L'article 55 c'est quand on va contrevenir ou qu'on
contrevient à une décision de la régie. Alors, est-ce
qu'à l'article 40, on agit à l'encontre d'une décision
lorsqu'on n'agit pas?
M. Raynauld: C'est vraiment subtil. M. Tardif: Ce sont les
hommes de loi.
M. Raynauld: Mais si on dit: Vous devez le terminer à la
fin du mois et que la personne ne le fait pas, elle contrevient à
certaine décision, elle con-
trevient à la décision. Ensuite, ce qui est embarrassant
un petit peu à l'article 43, c'est qu'on a ajouté que "toute
personne intéressée peut s'adresser à la régie".
Dans le fond, c'est à la régie à faire respecter ses
décisions. Pourquoi fait-on encore intervenir d'autres personnes
intéressées, définies de je ne sais quelle façon?
Il me semble que la régie a déjà tous les pouvoirs
possibles et imaginables pour être capable de faire respecter ses
décisions. Pourquoi ajoute-t-on un...
M. Tardif: A cet égard, la régie est un tribunal.
La Cour supérieure émet des ordonnances, mais ne prend pas sur
elle de vérifier qu'elles sont respectées. Il faut que quelqu'un
lui demande de faire respecter telle chose. Elle ne se saisit pas d'office
de...
M. Raynauld: L'article 55 dit: " - la régie peut, d'office
ou à la demande d'un intéressé," c'est
déjà là ... émettre une ordonnance
enjoignant à cette personne de se conformer à la
décision", de se conformer à une décision. Je comprends
qu'on dit...
M. Scowen: M. le Président, d'après vous, à
l'article 40, la régie a le droit de fixer les délais. A l'artile
55, elle a le droit de faire des ordonnances pour qu'ils soient
respectés. C'est assez clair. Je peux vous dire maintenant qu'on a
l'intention de voter pour l'article 55, sans débat. Alors, avec ces deux
articles, on ne comprenait et on ne comprend toujours pas pourquoi l'article 43
doit exister.
M. Tardif: II peut y avoir une certaine redondance entre
l'article 43 et l'article 55. Remarquez que ce qu'on a voulu pour les fins de
la présentation, c'est d'avoir ensemble ce qui était relié
à la démolition. L'article 40 dit: "La démolition doit
être entreprise et terminée dans le délai fixé..."
L'article 41 dit que la régie peut prolonger le délai. L'article
42 dit si les travaux ne sont pas entrepris, ce qui se passe. L'article 43 dit,
si les travaux ne sont pas terminés, ce qui se passe ou peut se
passer?
C'était uniquement pour prévoir, en un seul bloc, au
même endroit, les diverses situations possibles. Je conçois que 43
peut être redondant, à certains égards, avec 55, quoiqu'on
peut poser la question comme tantôt, à savoir si le fait de ne pas
agir, c'est-à-dire de ne pas démolir alors qu'il y a eu une
demande, un permis et des délais de fixés...
M. Scowen: II y a un autre élément qui est
introduit, là, et je pense...
M. Tardif: Oui.
M. Scowen: ... que ce n'est peut-être pas important, mais
c'est quand même quelque chose qui saute aux yeux. Si vous aviez dit
à 43: Si les travaux ne sont pas terminés dans le délai
fixé, la régie peut émettre une ordonnance enjoignant le
contrevenant de les terminer la régie peut le faire
j'aurais dit: Bon, c'est correct. Vous avez simplement
répété ce qui est dans l'article 55 et ils peuvent le
faire pour n'importe quelle raison. Mais, à ce moment, ça devient
totalement...
M. Clair: Ma façon à moi de voir ça, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Tardif: On me dit que l'article 55, sur ce sujet, ordonne de
ne pas faire quelque chose, alors que l'article 43 ordonne de faire quelque
chose dans des délais X.
M. Raynauld: "Une ordonnance enjoignant à cette personne
de se conformer à la décision". Tout est prévu dans
55.
M. Clair: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Drummond, vous voulez éclairer la
commission?
M. Clair:... par l'article 40 et toute la partie qui porte sur la
démolition, la régie permet la démolition dans un
délai X, Y, Z. Elle ne l'ordonne pas. Elle permet la démolition.
Il n'y a donc personne qui, simplement, sans créer une disposition,
pourrait venir demander une ordonnance pour finir la démolition, si on
ne met pas une disposition législative qui va le permettre. Comme le
député d'Outremont le disait tantôt, à l'article 43,
ce qu'on fait, on ajoute la possibilité d'une ordonnance. Ce n'est plus
une permission. L'individu est venu faire une demande de permis de
démolition. Il l'a obtenu et, tout à coup, il change d'opinion.
La démolition est à moitié complétée et il
laisse ça en plan, comme ça. Si on ne crée pas pour toute
personne intéressée, qui peut être un propriétaire
voisin, par exemple, la possibilité de venir demander une ordonnance,
cette possibilité, à mon humble avis, n'existerait pas dans la
partie sur la démolition et je suis loin d'être certain que
l'article 55 serait suffisant pour permettre à toute personne
intéressée d'obtenir une ordonnance précise sur ce
sujet.
M. Scowen: C'est la régie qui est maîtresse de sa
propre décision sur les ordonnances.
M. Clair: Non, mais la régie...
M. Scowen: Je sous-entends une virgule. Je vais terminer, si vous
me le permettez ma phrase et peut-être une deuxième ensuite avant
que vous retourniez à la charge, s'il vous plaît. Il me semble, et
je vous avais écouté attentivement, que jusqu'à la
dernière partie de votre argumentation, ce n'était pas mal, mais,
pour moi, c'est clair que, si la régie, pour n'importe quelle raison, a
raison de croire que ces travaux ne seront pas terminés dans les
délais fixés, soit à cause d'un appel
téléphonique d'une personne à côté, elle peut
très bien émettre une ordonnance. Elle ne peut pas
émettre une ordonnance qui va à rencontre de l'article 40;
elle ne peut pas insister pour que les travaux soient...
Excusez, je vais terminer, là. Très souvent, au cours des
débats ici, je me trouve avec le désir profond d'interrompre,
mais je ne le fais pas à moins qu'on ne me l'ait permis. Elle ne peut
pas réduire les délais fixés. Elle a le droit de
répondre à n'importe quel appel téléphonique. Elle
n'est pas obligée de faire suite à une demande d'une tierce
partie. Même si vous insérez le 43, tous les droits qui sont
prévus dans 43 existent, à mon avis, dans 55 et, jusqu'ici, je
n'ai pas entendu un seul argument contraire
M. Clair: J'aimerais en donner un au député de
Notre-Dame-de-Grâce. Lisons ensemble l'article 55: "Si une personne
contrevient ou est sur le point de contrevenir à la présente
section"... C'est là que sont les mots les plus importants de 55. (12 h
15)
Est-ce que le député de Notre-Dame-de-Grâce peut me
dire, s'il n'y avait pas d'article 43, que celui qui aurait demandé la
permission de démolir et ne persisterait pas dans sa demande
contreviendrait ou serait sur le point de contrevenir à la
présente section? Non, parce qu'il a demandé un permis, il n'y a
pas eu d'ordonnance de la part de la régie. A ce moment-là, on ne
peut pas, à partir de l'article 55, alléguer que quelqu'un
contrevient à la présente section pour le simple motif qu'il a
demandé un permis dont il ne se prévaut pas complètement.
Cela, c'est la première chose.
Mon deuxième point, c'est que le député de
Notre-Dame-de-Grâce semble souhaiter que la régie puisse agir,
dans ce cas en particulier, d'office, pour surveiller l'application de ses
propres décisions. Cela peut être un choix qu'on pourrait faire,
mais dans le cas, il n'y a même pas de décision, il n'y a pas eu
d'ordonnance, il n'y a eu qu'une permission accordée.
M. Raynauld: C'est faux. Il donne un permis, il stipule les
conditions...
M. Clair: Un délai.
M. Raynauld: II stipule les conditions qui devront être
appliquées lorsque le permis est accordé. Là-dedans, on
dit: Parmi ces conditions, il y a une démolition qui doit être
faite suivant le délai fixé suivant l'article 40. Donc, c'est
beaucoup plus qu'un permis. Quand on donne un permis, on donne les conditions
en même temps; on l'a vu à l'article 35, partout. A ce
moment-là, je pense que le problème n'est pas là. Le
problème est: Est-ce que l'article 35 s'applique à cette section
ou s'il ne s'applique pas? Le député a lu simplement la
première ligne, mais lisez la deuxième: "Si une personne
contrevient à la présente section ou agit ou est sur le point
d'agir à l'encontre d'une décision rendue la
décision a été rendue, à ce moment-là, en
vertu de l'article 40 la régie peut, d'office ou à la
demande d'un intéressé, émettre une ordonnance enjoignant
à cette personne de se con- former à la décision." Je
trouve que tout est couvert, ce n'est pas seulement lorsque ça
contrevient à quelque chose, on le dit en toutes lettres. Elle ne se
conforme pas à la décision qui a été rendue, pas
conséquent, elle intervient à ce propos.
M. Clair: Sans fendre les cheveux en quatre, on dit à
l'article 55, encore une fois: "... agit ou est sur le point d'agir". Ce n'est
justement pas notre cas du gars qui a obtenu l'autorisation de démolir;
il n'agit pas.
M. Raynauld: Quiconque va à l'encontre d'une
décision. En n'agissant pas, il agit à l'encontre. Il ne respecte
pas la décision.
M. Tardif: Si j'ai un permis de démolir qui doit
être normalement... si je me prévaux des dispositions de ce
permis, à savoir démolir un immeuble entre telle et telle date et
si je n'exerce pas ce privilège qu'on m'a accordé au moyen d'un
permis et d'une décision, je ne commets pas une infraction en ne
démolissant pas.
M. Raynauld: L'article 38, M. le ministre: "Lorsque la
régie autorise la démolition d'un logement, elle peut imposer les
conditions qu'elle estime justes et raisonnables." A ce moment-là, elle
pourrait donc imposer des conditions de délai dans la démolition.
Elle n'est pas obligée, mais elle le peut.
M. Tardif: Même si la régie a accordé
à une personne l'autorisation de démolir un immeuble, elle a dit:
Monsieur, cet immeuble devra être démoli entre telle date et telle
date après les délais d'appel expirés et de relogement du
locataire, etc., et si vous n'exercez pas ce droit que vous avez eu de
démolir, vous ne commettez pas une infraction. C'est ce à quoi on
en vient. A ce moment-là, imaginons qu'il s'agisse d'un immeuble
décrépi, partiellement abîmé, ou menaçant de
ruine, ou de tomber sur les gens, et que des mesures doivent être
entreprises pour remédier à cela, on dit...
M. Raynauld: M. le ministre, je m'excuse, mais ça, c'est
prévu par l'article 42: "Si les travaux de démolition ne sont pas
entrepris dans les délais fixés par la régie pour les
terminer..."
M. Tardif: Cela pourrait théoriquement... être
entrepris, cela peut vouloir dire arracher une planche. Je peux dire: J'ai
commencé les travaux de démolition, j'ai arraché deux
planches.
M. Raynauld: Mais à ce moment-là l'autorisation de
démolir est sans effet. Donc, la régie revient au point de
départ. Il n'y a plus d'autorisation.
M. Clair: On devrait peut-être à l'article 42
changer les mots "l'autorisation de démolir" par les mots "l'ordonnance
de démolir est sans effet"... Mais ce n'est pas une ordonnance
jusqu'à maintenant.
M. Raynauld: Je suggérerais, M. le Président, qu'on
y pense un peu et que là encore, ce n'est pas la fin du monde...
M. Cordeau: Si on changeait à l'article 55 le mot
"section" par le mot "chapitre" "dans le présent chapitre".
M. Clair: Non, ce n'est pas le problème.
M. Tardif: Ce n'est pas le problème, ce n'est pas
ça.
M. Cordeau: Mais si on dit que l'article 43 est redondant avec
l'article 55.
M. Scowen: M. le Président, l'avis de mon conseiller, est
que ceci est un des cas que j'ai mentionnés où c'est un article
mauvais mais, qui n'est pas important. Nous sommes prêts, suivant mes
commentaires plus tôt, parce qu'on voit que le temps passe et qu'il
faudrait s'occuper des choses importantes même si vous êtes
mal conseillé de votre côté à notre avis, il
faudrait laisser passer cela et se concentrer sur les choses...
Le Président (M. Laberge): L'article...
M. Tardif: Je proposerais que les conseillers de part et d'autre
se parlent à un moment donné pour régler ces
problèmes-là, au lieu de le faire par députés ou
ministres interposés.
Le Président (M. Laberge): Ceci n'étant pas de mon
ressort, je demande si l'article 43 est adopté.
M. Tardif: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 43 est adopté.
J'appelle l'article 44.
M. Tardif: Adopté. Une Voix: Adopté.
Aliénation d'un immeuble situé dans un
ensemble immobilier
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 45. Y a-t-il une modification? Non, la prochaine modification est
suggérée plus loin. L'article 45 est-il adopté?
M. Tardif: C'est...
M. Cordeau: A l'article 32 on dit: "la présente
sous-section" et à l'article 45 on dit: "la présente
section"...
M. Tardif: Oui?
M. Cordeau: Est-ce que ce sont des sous-sections sur la
démolition d'un logement et...
M. Tardif: Non. La partie sur la démolition des logements
c'est la sous-section. On retrouve deux autres sous-sections, celle qui
commence à l'article 45 qui a trait à l'aliénation d'un
immeuble situé dans un ensemble immobilier et un peu plus loin on
devrait trouver celle relative à la copropriété.
M. Cordeau: Ce sont des sous-sections. M. Tardif: Oui.
M. Cordeau: Mais dans votre texte c'est écrit: "dans la
présente section".
M. Tardif: Où ça?
M. Clair: A l'article 55.
M. Cordeau: A l'article 45.
Le Président (M. Laberge): Le début de l'article 45
se lit: "Dans la présente section". Est-ce que l'on devrait dire
sous-section parce que cela s'adresse seulement à l'aliénation
d'un immeuble situé dans un ensemble immobilier ou si ça
s'adresse à toute la section II?
M. Tardif: Sous-section. M. Cordeau: Sous-section.
Le Président (M. Laberge): Alors nous faisons...
M. Tardif: Merci au député de Saint-Hyacinthe
d'avoir trouvé cette...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe nous propose un amendement, afin d'inscrire le mot "sous-"
après le mot "présente" dans l'article 45, première
ligne.
M. Tardif: L'article 45, au lieu de "dans la présente
section" ce serait "dans la présente sous-section".
Le Président (M. Laberge): J'accepte l'amendement tout de
suite. On met le mot "sous-" après le mot "présente". L'article
45 amendé sera-t-il adopté?
M. Cordeau: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 46.
M. Cordeau: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 47.
M. Tardif: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté! J'appelle
l'article 48.
Une Voix: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. A l'article 49
on m'avait soumis un papillon dont je prends connaissance.
M. Tardif: II est toujours là.
Le Président (M. Laberge): II est toujours là?
L'amendement proposé à l'article 49 remplace totalement cet
article par le suivant: "Article 49. Avant d'accorder son autorisation, la
régie doit considérer l'effet qu'aurait l'aliénation sur
les locataires, le nombre de locataires qui pourraient être
évincés à la suite de cette aliénation,
l'individualisation des services, accessoires et dépendances du logement
ou de l'immeuble, l'état du logement, les conditions de financement, le
fait que cet immeuble a été construit ou restauré dans le
cadre d'un programme gouvernemental, tout autre critère prescrit par la
loi". Est-ce qu'il manque un mot après le mot "gouvernemental"? C'est
"et/ou ou une virgule.
M. Tardif: Et/ou ce n'est pas français.
Le Président (M. Laberge): II n'y a rien sur mon
texte.
M. Tardif: And/or... Il manque le mot "et".
Le Président (M. Laberge): "Et". Alors j'ajoute les mots
"et tout autre critère"...
M. Tardif: Ce n'est pas très élégant...
Le Président (M. Laberge): ... prescrit par la loi". Ce
pourrait être un "ou" aussi, c'est pour cela que... "et tout autre
critère prescrit par règlement". Alors...
M. Tardif: M. le Président, le papillon ajoute, en
réalité, l'état du logement. C'est qu'il peut arriver que
le logement soit en mauvais état, ait besoin de réparation avant
d'être vendu et, puisqu'on dit que le régisseur, avant d'autoriser
le morcellement, en quelque sorte, peut imposer des conditions, une d'elles
pourrait être de remettre en état ou, par exemple, ce qui est
très souvent le cas, il s'agit de l'individualisation des services,
c'est-à-dire, par exemple, qu'il n'y ait qu'une seule entrée
d'eau pour les différents immeubles, etc., donc ce genre de
situation.
M. Cordeau: Sur le même article, j'aimerais poser une
question au ministre.
M. Tardif: Oui, M. Cordeau.
M. Cordeau: Ici, vous dites: "... tout autre critère
prescrit par règlement", tandis qu'à l'article 35, vous aviez
dit, à un moment donné: "... et tout autre critère
pertinent". Pouvez-vous nous expliquer pourquoi, un moment donné, on dit
"tout autre critère pertinent", à l'article 35 et, à
l'article 49, que c'est prescrit par règlement?
M. Tardif: Dans le cas, M. le Président, de l'article 35,
ce n'est pas un règlement qui va régir la décision de la
régie de permettre ou non la démolition. C'est en sus des
facteurs reliés au préjudice causé au locataire, etc., et
d'autres reliés à la qualité de vie du voisinage. Mais on
sait que ces articles sont en suspens, présentement, pour ces
fins-là. Alors que, dans le cas de cet article-ci, il y a des
règlements régissant... Par exemple, s'il s'agit d'un programme
gouvernemental de restauration d'immeubles qui prévaut, ou si, encore,
il s'agit d'un programme, comme cela a été le cas à
Val-Martin, de projets à dividendes limités, où il y a des
règlements précis qui régissent les loyers que doivent
payer les locataires qui les habitent, il y a des programmes gouvernementaux de
construction qui ont servi à l'élaboration de ces projets, alors
que, dans l'autre cas, il n'y en a pas.
On me souligne également, M. le Président, que dans le cas
de l'article 35, en réalité, ce sont les municipalités qui
vont adopter un règlement, ce n'est pas le gouvernement. Le gouvernement
ne fera pas de règlement en matière de démolition. Et,
dans ce cas, on dit qu'il n'y aura pas de règlement, que ce sont les
critères pertinents que la régie pourra apprécier. Dans le
cas de la vente des immeubles situés dans un ensemble immobilier, qui
peuvent avoir entre eux des liens structuraux financiers et autres de diverses
natures, les municipalités n'ont pas juridiction en cette
matière. C'est le gouvernement qui, lui, peut faire des
règlements. D'ailleurs, on ne veut pas faire de règlement en
matière de démolition. Les municipalités les font.
D'accord?
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 49, qui a subi
un ajout par les mots "l'état du logement", entre les mots "immeuble" et
"les conditions", est-il adopté?
M. Tardif: Adopté.
M. Scowen: Non, M. le Président, nous avons
également un amendement à proposer à l'article 49. C'est
en effet de réduire le nombre de critères que vous avez
augmentés, notamment avec votre amendement. Nous, nous proposons de les
réduire. Cela va me prendre, comme d'habitude, cinq minutes pour
l'expliquer. Tenant compte de l'heure, je propose qu'on attende.
Le Président (M. Laberge): A l'article 49.
M. Scowen: A l'article 49 et à l'article 50, nous avons de
petites modifications à proposer.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 49 est
laissé en suspens, pour le moment. La Commission suspend ses travaux
jusqu'à quatorze heures. Je sais que cela a été la
coutume. Cela vous va?
M. Tardif: Oui.
Le Président (M. Laberge): Alors, la commission suspend
ses travaux jusqu'à quatorze heures.
Suspension de la séance à 12 h 30
Reprise de la séance à 14 h 36
Le Président (M. Laberge): A l'ordre s'il vous
plaît!
La commission parlementaire des Affaires municipales reprend ses travaux
où elle les a laissés en suspens à 12 h 30.
Nous avions discuté de l'article 49 et le ministre a
proposé un ajout à l'article original. Je demande si cet article
49 sera adopté, tout en soulignant que le député de
Notre-Dame-de-Grâce m'a fait part qu'il avait un commentaire.
M. Scowen: J'arrive, M. le Président, excusez-moi. Si nous
comprenons l'essentiel, le sens de la série des articles qui touchent
à l'aliénation d'un immeuble dans un ensemble immobilier, c'est
que nous voulons protéger les locataires contre la vente d'un immeuble
situé dans un ensemble dans le cas où un service, qui faisait, en
effet partie du bail original, sera perdu pour le locataire. C'est l'essentiel
de l'idée.
A titre d'exemple, une piscine qui faisait partie de l'ensemble
immobilier et qui, à la date de location, était compris dans la
liste des services disponibles au locataire selon le bail; dans le cas de la
vente d'un édifice, dans lequel le locataire se trouvait, il sera
dépourvu de ce service commun. Est-ce l'essentiel? Non, pas du tout.
M. Tardif: C'est un des éléments, mais très
marginal et très secondaire, M. le Président. Je pense qu'il
convient peut-être pour le bénéfice des membres de la
commission de resituer cet article dans son véritable sens et cette
série d'articles.
C'est par le chapitre 84 des lois de 1975 que le gouvernement
antérieur imposait un gel absolu sur les ventes d'immeubles dans des
ensembles immobiliers de plus de 100 logements.
C'est reproduit à l'article 16, paragraphe 7 du chapitre 84 des
lois de 1975 que je peux lire rapidement comme ceci: "A compter du 26 novembre
1975 et sous réserve du paragraphe 4, nul ne peut, directement ou
indirectement, dans un ensemble immobilier comprenant au moins cent locaux
d'habitation, construire, utiliser principalement à des fins de location
résidentielle, vendre, promettre de vendre et offrir en vente un local
d'habitation occupé par un locataire, ni conférer sur ce local un
droit d'occupation ou d'usage ou autre droit semblable... A compter de la
même date, nul ne peut directement ou indirectement, relativement
à un tel ensemble, aviser un locataire que le local qu'il occupe fait
l'objet d'une convention visée dans l'alinéa
précédent. Nul locataire ne peut être évincé,
etc."
Tout ceci était venu, même si le législateur
à l'époque ne le disait pas, d'un cas et d'une série
d'autres qui commençaient à émerger dans le paysage, de
ventes d'ensembles immobiliers, le cas Val-Martin plus
précisément, la vente d'un ensemble immobilier bâti dans le
cas d'un programme à dividendes limités, donc à 3%
d'intérêt à l'époque, financé par l'Etat, nos
deniers à tous, que finalement la Société centrale
d'hypothèques et de logement, après une interdiction absolue de
vingt ans de vente, avait permis à certaines conditions. Parmi ces
conditions, il y avait évidemment un certain lotissement qui devait
être fait, lotissement qui donnait lieu à des situations tout
à fait bizarres pour que chacun des terrains ait accès sur la rue
à cause de la configuration, de la façon dont les immeubles
étaient implantés sur le terrain, des terrains de 200 pieds de
longueur, de 10 pieds de large qui s'élargissaient, qui se
rétrécissaient, où des parties communes étaient
vendues en propriétés indivises, où chaque nouvel
acquéreur était propriétaire de 1/44 indivis de tel lopin,
où des immeubles en rangée, quatre immeubles, deux, quatre, six,
huit, ainsi des multiples avaient, par exemple, une toiture commune sans
coupe-feu, ce qui évidemment posait des problèmes dans le cas de
toitures qui coulaient ou d'incendie, où des entrées
électriques communes, des entrées d'eau, des services communs, un
escalier, etc. Bref, dans ce cas-là on vendait non pas le bloc de
quatre, six, huit, mais là on vendait comme si c'était un duplex,
une unité. Le législateur avait, à l'époque,
interdit ceci. Il y a eu toutes sortes de ventes quand même, des actions
ont été prises en cour et, vraisemblablement, le message n'a pas
été compris. Le législateur est revenu à la charge
au mois de novembre 1976, cette fois-là désignant ou interdisant
cela là. Il y avait d'autres immeubles, je pense... Aylmer's Dairy,
c'est dans le comté de Notre-Dame-de-Grâce?
M. Scowen: Pas loin.
M. Tardif: Pas bien loin. Il y avait aussi d'autres
problèmes de même nature qui commençaient à
émerger. Cette fois-là, le gel a été fait de
façon plus précise et, à la suite de diverses expertises,
il avait été établi que ces ensembles immobiliers
évidemment, non pas en raison de la piscine tellement la piscine
peut être évidemment une donnée mais même sur
le plan architectural, sur le plan structurel, certains de ces immeubles ne
pouvaient pas tenir individuellement les quatre ensemble; si l'un des
unités passait au feu, la poutre maîtresse qui soutenait, qui
passait à travers plusieurs immeubles pouvait faire en sorte que les
autres s'effondrent. Pour un toit coulant, n'ayant pas de coupe-feu de
séparation, qui payait les réclamations? Bref, c'était un
fouillis juridique qui avait amené l'ancien gouvernement à
décréter un gel absolu.
II y a eu toutes sortes de problèmes. Oublions le cas particulier
pour l'instant de Val-Martin sur lequel je ne veux pas revenir. Qu'est-ce que
la loi actuelle fait? La loi actuelle dit: On ne peut pas lever de façon
absolue de moratoire et replonger les gens dans ces fouillis inextricables de
poursuites, de contre-poursuites. Nous allons permettre la vente d'ensembles
immobiliers, d'immeubles dans des ensembles immobiliers sous réserve de
l'approbation de la régie. C'est donc une levée partielle sujette
à étude cas par cas de ce gel imposé en 1975 par le
gouvernement antérieur pour des raisons qui m'apparaissaient
justifiées et qui sont toujours présentes dans certains
dossiers.
Voilà le sens général, si vous me permettez, qui
inclut... Cela n'exclut pas évidemment les cas soulevés par le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Merci, M. le ministre. (14 h 45)
Le Président (M. Laberge): L'article 49.
M. Scowen: Un instant, s'il vous plaît.
M. Raynauld: ... juste un problème très
particulier. Je trouve surprenant qu'après une longue liste de
critères que la régie doit suivre pour m'ac-corder son
autorisation, on ajoute tout à coup, "tout autre critère prescrit
par règlement".
Je déteste ce genre de législation où on dit: Voici
les critères et au cas où on aurait oublié oup là!
on ne fait plus cela par règlement. Je sais bien que ce n'est pas le
point principal de l'article, mais tout autre critère... Est-ce
qu'effectivement, on a besoin d'une chose comme celle-là lorsqu'on
présente une longue liste qui semble en tout cas, si la
préparation du projet de loi a été faite correctement
superflue ou me paraît, si ce n'est pas superflue, abusive, parce
qu'à ce moment, on peut détourner complètement par
règlement l'intention qui était manifestée par toutes les
conditions qui étaient indiquées auparavant?
M. Tardif: M. le Président, je comprends le point du
député d'Outremont. Dans ce domaine, il n'existe pas de
réglementation présentement. Je pense que ce n'est pas facile. Je
pourrais vous avouer qu'après avoir regardé les expertises et les
contre-expertises qui avaient été faites sur la
divisibilité ou l'indivisibilité de certains projets
d'habitation, là aussi, on aurait pu imaginer une querelle entre
ingénieurs et architectes sur le sujet aussi soutenue, sans doute, que
celle que les juristes auraient pu avoir sur d'autres articles ici.
M. le Président, là-dedans, encore une fois, le
gouvernement antérieur avait, vu l'urgence de la situation,
décrété un gel. On ne s'est pas cassé la tête
pour dire: II y aura des critères dans la loi et on fera une
réglementation. On a dit: Non, il y a une situation d'urgence. Il y a
588 locataires impliqués. On gèle la situation. On s'est
cassé la tête pour essayer de trouver des critères, pour
ouvrir un peu la porte.
Mais je dois vous avouer qu'on ne les a pas toutes trouvées. On
fait face à du presque cas par cas. Ce qu'on fait ici, c'est se donner
la possibilité d'avoir une réglementation qui sera
peut-être mieux que, disons, l'arbitraire de la commission. La
réglementation pourrait établir, je ne sais pas, par exemple, la
liste des services individualisés en termes d'entrées d'eau,
d'égouts, d'aqueduc et de je ne sais pas quoi, qui doivent, etc.
Alors, on se laisse la possibilité de faire une
réglementation publiée dans la Gazette et tout, que des gens
pourront contester, mais qui, une fois connue, pourra guider la régie
dans ses décisions.
Alors, on part d'une situation d'abord de liberté absolue, parce
que chacun vendait ce qu'il voulait à peu près, ce qui avait
résulté de la levée du moratoire sur les transformations
en copropriété ou enfin, la permission de vendre en
copropriété. Donc, liberté absolue, gel absolu et
là, on cherche quelque chose là-dedans qui ne se situe pas
à ces deux extrêmes. Que ce ne soit pas la formule parfaite, j'en
conviens et c'est peut-être pour cela qu'on se laisse la porte ouverte
à une réglementation possible sur le sujet, mais que je n'ai pas
dans le moment.
Le Président (M. Laberge): L'article 49... M. Scowen:
Vous êtes sûr qu'on adopte...
Le Président (M. Laberge): ... remplacé sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Le problème que j'ai, c'est qu'on dit,
vous-même, M. le ministre, vous dites: On va publier les
règlements dans la Gazette officielle et ils pourront être
contestés. Justement, j'ai l'impression qu'ils ne pourront pas
être contestés avec une formulation comme celle-ci. Si, au moins,
il y avait une réserve, tout autre critère je n'ai pas la
formulation à l'esprit mais un critère, je ne sais pas,
qui irait dans la logique de l'article ou quelque chose comme ça. A ce
moment-là, on pourrait peut-être dire... Cela contredit tout ce
que dit l'article, mais "tout autre critère", ça veut dire qu'on
est complètement libre et j'ai peur, personnellement, que ce ne soit pas
contestable, une fois qu'on a une formulation comme celle-là.
M. Tardif: M. le Président, je pense qu'aucun
règlement ne peut être fait qui aille à l'encontre de la
loi qui l'autorise. Si on dit, par exemple je prends ça
l'individualisation des services accessoires, un règlement pourrait
spécifier, par exemple, lesquels des services devraient être
individualisés et lesquels pourraient être en commun. On pourrait
imaginer ceci: les conditions de financement... Je me souviens, dans le cas de
Val-Martin, selon les avis que nous avions, que chacun des acquéreurs
des projets était conjointement et solidairement responsable de
l'ensemble de l'hypothèque qui grevait le projet domiciliaire. Il peut y
avoir une réglementation qui stipule, qui règle les conditions
financières. Ce n'est pas plus que ça, M. le Président,
et, de toute façon, je pense qu'en aucun cas, une réglementation
peut aller plus loin
que ce que permet la loi. Ce que la réglementation peut faire,
c'est de mieux définir, de mieux préciser ce que le
législateur a laissé en termes généraux.
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Verdun.
M. Caron: ... le ministre dit que, dans la Gazette officielle...
Mais, pour les locataires, ce n'est pas la meilleure façon de les
rejoindre, parce que la Gazette officielle, entre vous et moi, ce n'est pas
tout le monde qui la reçoit et en prend connaissance. Je me demande s'il
n'y a pas...
M. Tardif: C'est une lecture des plus passionnantes...
M. Caron: ... un autre moyen de rejoindre les gens. Je vous dis
ça... Je n'en ferai pas un débat, mais je ne veux pas.
M. Tardif: Nous devons, sur le plan strictement... Une loi ou une
réglementation n'a d'effet que lorsqu'elle est promulguée, nous
devons le faire, mais ça n'exclut pas, évidemment, que le service
des communications de la régie puisse diffuser des feuillets
publicitaires. Hier, j'en ai montré quelques-uns qui ont
été faits par la régie. Cela m'apparaît
évident que ce n'est pas suffisant.
M. Caron: Merci.
Le Président (M. Laberge): En attendant, le nouvel article
49, amendant le premier, est-il adopté?
M. Scowen: En effet, si nous n'ajoutons pas v/otre
"critère additionnel" aujourd'hui, vous avez l'intention quand
même de l'ajouter par règlement demain. Il vaut mieux que...
M. Tardif: Je ne pourrais pas, je pense, ajouter ce
critère, parce que ce serait quelque chose de nouveau.
M. Scowen: Ah bon! De toute façon... M. Tardif:
Mais... Adopté. M. Scowen: ... adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté? Adopté.
J'appelle l'article 50.
M. Scowen: Très bien. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté? L'article 50 est
adopté.
Copropriété
L'article 51 est appelé.
M. Tardif: M. le Président, c'est la même situation
puisque, là aussi, le même article qui imposait, dans le chapitre
84 des lois de 1975, un gel sur la vente d'immeubles situés dans des
ensembles immobiliers, cet article avait eu aussi pour effet d'annuler la
transformation d'immeubles en copropriétés et non pas la
construction d'immeubles neufs à ces fins. Les immeubles neufs
conçus, dès le départ, pour ça, c'est permis et
ça n'a jamais été empêché. Mais le ministre
responsable de la loi à l'époque avait plaidé et fait des
représentations selon lesquelles les transformations en
copropriété posaient des problèmes sérieux et le
fait est, aujourd'hui, que la plupart des ventes qui se sont produites font
l'objet présentement de contestations devant les tribunaux de
juridiction civile, pour régler cette période où cela a
été permis, entre 1974 et 1975. Présentement, presque tous
sont devant les tribunaux.
Ce que nous faisons ici, M. le Président, c'est un peu la
même chose que pour les ventes d'immeubles dans les ensembles
immobiliers, c'est permettre les transformations appropriées sous
réserve de l'approbation de la régie. J'ai dit, dans mon discours
de deuxième lecture, que cette approbation ne viendra pas tant qu'il n'y
aura pas un règlement promulgué pour définir les
règles du jeu de façon plus claire et, deuxièmement, tant
que l'Office de révision du Code civil n'aura pas produit son rapport
sur cette partie du Code civil. D'accord?
Donc, le principe est acquis, mais son application est sujette à
ces deux choses: la réglementation et la révision du Code civil
par l'Office de révision.
M. Scowen: J'aimerais savoir du ministre si, d'après son
gouvernement, la copropriété est quelque chose à
encourager, à décourager ou si on doit maintenir, en principe,
une neutralité.
M. Tardif: On doit maintenir une...? M. Scowen: Un
neutralité.
M. Tardif: Je pense que, dans le contexte actuel, le gouvernement
maintient plutôt une approche neutre et prudente à la
lumière, encore une fois, de la courte période pendant laquelle
cela a été permis; cela a donné lieu à toutes
sortes de difficultés; prudente aussi du fait que, finalement, des
immeubles qui peuvent loger présentement des gens qui peuvent payer un
loyer moyen de $150, $175 par mois, dès lors qu'ils sont vendus en
pièces détachées, peuvent entraîner des men-
sualités du double sans que la qualité de "l'habitat" ait
été augmentée d'un Iota. C'est une attitude prudente,
réservée et qui sera fortement balisée, d'une part, par ce
que l'Office de révision du Code civil nous dira sur le sujet, et sur la
réglementation qui y donnera cours. En gros, c'est cela.
M. Scowen: II y a une question qui a été
soulevée d'une façon soutenue pendant les auditions publiques.
Les personnes sont arrivées devant nous en disant: 80% des personnes de
Montréal, si je me rappelle bien, sont des locataires. Cela prouve que
nous devons mieux protéger cette grande majorité de la
population, donner plus de protection et aider davantage ce groupe important.
D'autres personnes sont arrivées en disant: 80% des gens à
Montréal sont locataires, il faut décourager cette tendance et
les encourager à devenir propriétaires. J'ai été
fasciné, de plus, par un article du Montreal Gazette d'un
éditorialiste, M. Pierre Bourgault, qui disait...
M. Guay: Je ne pense pas que M. Bourgault définisse la
politique éditoriale de la Gazette.
M. Scowen: En effet, c'est un journaliste qui écrit,
chaque semaine, un article en son propre nom; je le sais parce que Bourgault,
semble-t-il, est un anglophone et il écrit en anglais: "In Montreal, 80%
of the people rent a house or an apartment against 20% who own one. The
situation is scandalous, but no one does anything about it. Make it possible
for the tenants to become owners, and you change the face of Montreal in most
than ten years." Le titre de l'article était: "Houses should be owned by
occupants". Nous sommes pour les changements que vous visez dans le domaine de
la copropriété, notamment que ce sera maintenant permis si la
régie, après une étude, accorde la permission, mais la
contrainte, avec M. Bourgault, nous croyons que cette question du Code civil
peut traîner. Quand prévoyez-vous... (15 heures)
M. Tardif:... Cette commission a été
créée par l'ancien gouvernement en quelle année? En 1947?
Et où en est-on rendu? Le rapport a été
déposé l'an dernier. Il y a eu pas mal de travail de fait.
M. Scowen: Quand prévoyez-vous que ces règlements
pourraient être mis en vigueur? Nous suggérons, nous essayons
d'établir quelque chose d'intérim aujourd'hui qui puisse
permettre le processus... Cet éditorialiste et nous, nous croyons que
c'est quelque chose qu'on doit stimuler pour amorcer...
M. Guay: Je me permets de faire remarquer au député
de Notre-Dame-de-Grâce et sans intervenir sur le fond; j'ai
l'intention de le faire tantôt que, lorsque M. Bourgault dit que
les "tenants should become owners", il ne parle pas nécessairement de la
formule de copropriété qui est énoncée ici; il y a
la formule coopérative, il y a la formule de copropriété
indivise. M. Bourgault ne s'est pas fait l'apôtre du condominium. Ce
serait peut-être déformer sa pensée que d'y trouver un
appui à la thèse que semble défendre le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Tout ce que je peux vous dire... Dans l'article que je
peux déposer, si vous voulez, il n'a mentionné ni les
coopératives ni les condominiums; il a dit: En général, on
doit trouver tous les moyens possibles d'encourager les gens à devenir
propriétaires. Et il a cité les raisons que vous connaissez
déjà. Normalement, on s'intéresse beaucoup plus à
la condition, à l'entretien et à la beauté de ce que l'on
possède. Je pense que tout le monde peut partager cette opinion
générale et la question qu'on pose est celle-ci: Est-ce qu'il y a
une façon aujourd'hui d'accélérer le processus pour que
ça commence...
M. Tardif: Je peux vous donner un exemple. D'abord, on me dit
qu'il y a un comité spécial au ministère de la Justice qui
étudie cette question de transformation d'immeubles en
copropriété, à la suite notamment des litiges qui sont
présentement pendants devant les tribunaux sur la question. Je voulais
également dire au député de Notre-Dame-de-Grâce
qu'il existe un programme à la Société d'habitation, qui
est le programme Logipop, qui permet à des groupes d'individus de se
former en coopérative et de se porter acquéreurs d'un projet
d'habitation, auquel cas ils bénéficiaient, jusqu'à tout
récemment, de modalités particulières de financement de la
Société centrale d'hypothèques et de logement, de taux
d'intérêt à 8% l'an, par exemple, étalés sur
50 ans, avec remise gracieuse de 10%, et auxquels la SHQ ajoutait $1500 par
unité de logement au bénéfice des coopératives.
J'ai parlé à l'imparfait parce que le programme
fédéral vient d'être modifié. Les
coopératives ne sont d'ailleurs pas toutes heureuses de ces
modifications. Il y a des tractations présentement entre le Mouvement
coopératif, la Société centrale d'hypothèques et de
logement et la Société d'habitation. Il existe donc un programme
d'incitation, mais, malgré ces programmes, malgré tout cela, il
demeure un fait, c'est que des études menées par
l'INRS-Urbanisation ont démontré qu'il y a 100 ans, à
Montréal, le ratio des locataires était de 75% et aujourd'hui il
est de 80%. Malgré tous les programmes d'accès à la
propriété qui ont été préconisés au
cours des années par la Société centrale
d'hypothèques et de logement, bon an mal an, le ratio des locataires
dans la région de Montréal a toujours été, pendant
100 ans, du même ordre de grandeur. On peut se poser des questions sur
ces raisons-là. Comment se fait-il que ce soit particulier au
Québec et qu'ailleurs au Canada, les taux soient inférieurs? En
province, c'est inférieur, c'est à peu près 50%-50%. Dans
la ville de Québec, c'est de l'ordre de 75%. Il peut y avoir toutes
sortes de raisons sur lesquelles les sociologues ou les économistes
voudront se pencher, mais on constate.
M. Scowen: Le gouvernement conservateur a, semble-t-il, une autre
manière de solutionner le problème. Mais je pense que la question
qu'on
pose aujourd'hui, c'est: Vous avez décidé de permettre la
copropriété, mais pas tout de suite. Alors, quand?
M. Tardif: Aussitôt que les difficultés
rencontrées et que les leçons d'histoire parce qu'il y a
eu une période où cela a été permis auront
été tirées. J'espère que cela pourra se faire le
plus vite possible, mais...
M. Scowen: Est-ce que vous pouvez prévoir que, d'ici la
fin de l'année, par exemple ça va prendre encore du temps
on puisse créer des règlements par intérim pour
permettre ce processus?
M. Tardif: Je ne peux pas m'engager à promulguer des
règlements tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas eu au moins le
rapport du comité de travail au ministère de la Justice.
Là-dessus, nous sommes vraiment tributaires du ministère de la
Justice.
M. Raynauld: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'un
sujet important sur lequel je voudrais exprimer quand même quelques
réflexions. Je crois que la situation au Québec, et en
particulier dans les grands centres ubains, en ce qui concerne la proportion de
locataires et de propriétaires, est une situation regrettable et qu'il
faudrait encourager bien davantage la propriété des maisons
d'habitation.
La copropriété est une formule parmi d'autres, mais une
formule qui permet de concilier des objectifs qui sont contradictoires
autrement. En effet, on ne veut plus aujourd'hui, je pense, avec raison, que
dans les centres urbains, on construise des maisons individuelles. Je pense que
c'est reconnu par à peu près tout le monde, c'est un type
d'aménagement et d'utilisation du sol qui est inefficace, à cause
des services qui coûtent énormément cher et à cause
de toutes sortes de conséquences qui concernent la distribution spatiale
des équipements collectifs.
Par conséquent, il ne faut pas s'attendre qu'on va corriger ce
problème, simplement en recourant à la méthode
traditionnelle de propriété individuelle ou indivise, si on
utilise les termes juridiques. C'est donc par la copropriété
qu'il sera possible de corriger cette situation, tout en respectant les autres
exigences que l'on a quant à l'aménagement urbain. Je ne
comprends pas, personnellement, pourquoi il semble que ce soit aussi difficile,
au Québec, de favoriser la copropriété, alors que dans
d'autres pays, c'est un régime qui est très répandu. En
France, en particulier, en général en Europe, je ne connais pas
la situation de l'Angleterre à cet égard, mais c'est une formule
de propriété très répandue qui a fait ses preuves.
Il semble que là-bas, on a résolu les problèmes qui
paraissent difficiles à résoudre ici, de services communs, de
partage d'un certain nombre d'obligations entre ces propriétaires
d'immeuble unique. Il semble qu'on ait résolu ça ailleurs.
Comment se fait-il qu'ici, on n'est pas capable de chercher et d'en
arriver à des solutions satisfaisantes? Je me demande si le gouvernement
s'est penché sur ce problème. Outre un rapport qui viendrait du
ministère de la Justice sur les problèmes purement juridiques,
qui doivent avoir affaire à des stipulations du Code civil que j'ignore,
y a-t-il d'autres initiatives que le gouvernement a prises à cet
égard? Est-ce qu'on essaie de trouver des solutions, parce qu'il n'y a
pas seulement des problèmes juridiques, pour favoriser ce genre de
propriété?
Il me paraît que ce serait une tâche prioritaire au
Québec que d'essayer de sortir de cette tendance séculaire, parce
qu'on connaît aujourd'hui les impacts de ces choses. On sait, c'est bien
établi, que les logements sont de moins bonne qualité, sont moins
bien entretenus au Québec, principalement à cause du fait qu'on a
une plus forte proportion de locataires. Je pense que toutes les études
indiquent qu'entre propriétaires et locataires, il v a une
différence de vingt points dans la proportion de logements qui sont bien
entretenus.
Ensuite, il me semble qu'il y a tout un ensemble de
considérations sociales qui nous amènent également
à favoriser des investissements de ce genre de la part de la
population.
On devrait être un peu plus volontaire dans ce domaine que semble
l'être le gouvernement actuel. Je reconnais qu'il y a des
problèmes de court terme, des problèmes de transition à
résoudre. Peut-être. Je ne veux pas presser le gouvernement
au-delà de ce qu'il est raisonnable de faire. Mais on ne le sent pas non
plus dans ce projet de loi qui vise à peu près partout à
protéger les locataires, justement. Ce n'est probablement pas un hasard
si les locataires se sentent bien dans leur peau, avec les législations
de ce genre. Je ne pense pas que l'ensemble du projet de loi favorise la
propriété. Bien au contraire, il va favoriser la
dépendance encore davantage.
Tout à coup, on arrive sur un cas particulier qui est la
propriété où on dit: De toute façon, on attend. On
ne fait rien. Je suis déçu de cette approche. Et le cas de la
propriété est un beau cas. Il me semble que rendu où on en
est cela fait quand même trois ans que ce gouvernement est au
pouvoir s'il avait été préoccupé par ce
problème, il aurait essayé de mettre en marche un certain nombre
d'initiatives, de façon qu'on finisse par faire quelques pas au moins
dans cette direction que je trouve souhaitable pour la collectivité,
mais que le gouvernement ne juge pas aussi souhaitable que moi.
Cela dit, quant à cette section, en ce qui me concerne, je ne
vois pas vraiment comment on peut s'y opposer. Si le ministre nous dit qu'il y
a des obstacles techniques à l'heure actuelle, on ne peut pas aller plus
loin. Mais je veux quand même exprimer ici ma déception devant cet
amoncellement d'obstacles qui semblent nous empêcher de cheminer dans une
certaine direction que je trouverais fort souhaitable pour l'avenir du
Québec.
Le Président (M. Laberge): L'article 51 sera-t-il
adopté? M. le député de Taschereau.
M. Guay: Si le député de Notre-Dame-de-Grâce
le permet. Contrairement au député d'Outremont et au
député de Notre-Dame-de-Grâce, je ne partage pas
l'enthousiasme qu'ils manifestent à l'endroit de la
copropriété au sens des articles 51 à 54 qui traitent de
la transformation en condomimium.
Je n'ai aucune espèce d'objection à ce qui existe à
l'heure actuelle, bien sûr. Si des gens veulent habiter un condominium,
ils peuvent fort bien s'en construire un. A ce point de vue, il n'y a aucun
problème.
M. Raynauld: II y a beaucoup de terrains.
M. Guay: II y a beaucoup de terrains. Il y a des terrains dans la
ville de Québec et dans la région de Québec.
M. le Président, je pense qu'il va falloir amener le
député d'Outremont faire une visite de Québec et de sa
banlieue. Il va s'apercevoir que dans la zone urbaine non régie par la
Commission de protection des territoires agricoles, il y a beaucoup de terrains
encore disponibles. Mais c'est accessoire. Si les gens veulent habiter un
condominium, rien ne les empêche d'en construire un.
Ce que visent les articles 51 à 54 je ne surprendrai pas
le ministre, il le sait déjà, c'est pourquoi je voterai contre
ces articles c'est la possibilité de transformer des logements
existants en condominium, possibilité qui est accordée
théoriquement et qui est repoussée pratiquement au jour où
l'Office de révision du Code civil aura réglé les
questions qui, à mon avis, ne sont pas réglables lorsqu'il s'agit
de la transformation en condominium, mais qui sont réglables à un
coût social et économique tel qu'il est préférable
de ne pas autoriser la transformation d'immeubles en condominiums.
Partout où cela s'est fait, et plus récemment, dans
plusieurs villes américaines, le stock de logements locatifs a
diminué de manière dramatique, au détriment de ceux qui
n'ont les moyens que de louer un logement, qui n'ont pas les moyens d'acheter
un appartement, ou encore moins qui n'ont pas les moyens d'acheter une
maison.
En d'autres mots, l'autorisation de transformer les immeubles locatifs
en condominiums, dans la plupart des villes américaines, puisque ce sont
les exemples les plus récents et c'est une des raisons pour
lesquelles l'ancien gouvernement avait mis un frein rapide à la
permission qu'il avait accordée, c'est qu'en fait on se trouve à
nuire considérablement à ceux, parmi les Québécois,
qui n'ont justement pas les moyens d'acheter ni un appartement, ni une maison.
(15 h 15)
La raison en est au fond bien simple tant qu'on n'aura pas
réglé cela, je ne vois pas très bien comment, que ce soit
l'Office de révision ou un règlement, la régie pourrait
autoriser la transformation en condominium, à moins de provoquer des
bouleversements sociaux considérables en ce sens que, finalement,
il y a deux parties qui tirent avantage de la transformation en condominium: le
propriétaire qui vend son immeuble et qui fait une joyeuse passe
financière, règle générale, et la
municipalité dans laquelle se trouve cet immeuble-là, puisque,
dorénavant, au lieu de taxer un seul immeuble j'entends
l'impôt foncier elle peut taxer autant d'appartements étant
considérés chacun comme un immeuble. C'est très lucratif
pour les municipalités, mais ce n'est pas nécessairement aussi
lucratif pour les citoyens qui habitent la municipalité.
La raison en est simple. Quand le député d'Outremont
parlait des problèmes juridiques, cela en est un qui finalement est de
nature juridique, la question du "cadastrage". L'impôt foncier est fait
en fonction de cadastres, puisqu'on a divisé le territoire d'une ville,
d'une municipalité en autant de cadastres et de sous-divisions de
cadastres. Donc tel cadastre horizontal, tel morceau de terrain est imposable
à tel taux des $100 d'évaluation. Un beau jour, quelqu'un a eu la
brillante idée de dire: On peut faire du "cadastrage" horizontal, on
pourrait aussi faire du "cadastrage" vertical, c'est-à-dire qu'au lieu
que ce soit à plat, c'est debout, mais c'est tout autant
cadastré, ce qui veut dire que la sous-section untel du cadastre
numéro un-tel est taxée comme si c'était un immeuble
horizontal. Les résultats nets, c'est bien évident, c'est que des
loyers qui sont encore abordables aujourd'hui, lorsqu'il y a une transformation
en condominium, qu'est-ce qui se produit? Il se produit qu'on paie à peu
près très souvent le coût du loyer actuel en termes de
frais de participation du condominium et de frais d'entretien de l'immeuble et
en plus de cela, il faut payer les frais de l'immeuble comme tel et en
particulier l'impôt foncier.
Il y a une réforme de la fiscalité municipale qui est en
cours, qui entrera en vigueur le 1er janvier prochain et qui va permettre aux
municipalités de disposer davantage de fonds publics pour le plus grand
bien, mais l'impôt municipal demeure un impôt à base
foncière. A moins que le ministre me dise que la prochaine étape
et très prochaine, c'est d'abolir l'impôt foncier, ce que je
doute, je ne vois pas très bien comment on peut possiblement
prévoir la transformation en condominium en réglant les
problèmes qui sont justement créés par la transformation
en condominium, parce que le principal problème de la transformation en
condominium vient précisément de cet impôt foncier, du
"cadastrage" vertical en quelque sorte. C'est cela qui encourt, qui crée
des frais si énormes que les locataires qui n'ont pas les moyens de
devenir propriétaires sont en fait évincés et
chassés ailleurs et ils se logent là où ils peuvent.
Il y a eu depuis un an, aux Etats-Unis, que ce soit dans le New York
Times, que ce soit dans Time Magazine, des articles qui ont fait état
dans tous les Etats-Unis de ce genre de problème des centre-ville
américains précisément à cause des autorisations
qui ont été faites de transformer les immeubles locatifs en
condominium. Le stock de
logements locatifs a diminué de manière dramatique.
Une Voix: ...
M. Guay: Oui, c'est une "totologie", mais il y a quelqu'un qui en
souffre au bout du compte.
Une Voix: ...
M. Guay: Bien oui, bien oui. Là, évidemment, cela
préoccupe peut-être moins le Parti libéral que ceux qui
vont en souffrir, mais cela me préoccupe davantage, peut-être
parce que je suis dans un comté où il y a des gens qui risquent
d'en souffrir. Cela a provoqué tellement de problèmes aux
Etats-Unis que dans bien des Etats, ce que l'ancien gouvernement a fait,
après avoir permis très brièvement la transformation en
condominium, il l'a arrêté, parce que cela n'avait ni queue, ni
tête. A moins qu'on puisse résoudre la quadrature du cercle qui
est la question d'impôt foncier sur les cadastres verticaux que sont les
condominiums, je ne vois pas très bien comment l'Office de
révision du Code civil va pouvoir arriver avec quelque chose d'original
autre que d'abolir l'impôt foncier et je ne vois pas comment un
règlement pourrait possiblement régler cela à l'avantage
des gens qui habitent l'immeuble, qui ont quand même un droit au logement
et qui n'ont pas nécessairement les moyens d'habiter ailleurs ou
d'habiter dans le même immeuble, si l'immeuble est transformé en
condominium. A mon avis, je trouve les dispositions des articles 51 et 54
inacceptables, pour ce qui me concerne pour ma part, j'ai l'intention de
voter contre et j'invite le ministre à réfléchir
sérieusement à l'hypothèse peut-être hautement
improbable, mais, néanmoins, s'il devait se produire un jour que nos
amis d'en face se retrouvent de ce côté-ci de la table, j'ai
l'impression qu'ils auraient moins de scrupule à adopter un
règlement assez rapidement pour justement permettre concrètement
la transformation en condominium. On se trouverait concrètement avec
tous ces problèmes que beaucoup de grandes villes américaines ont
à l'heure actuelle et cela se ferait au détriment de ceux qui,
parmi les Québécois, n'ont justement pas les moyens de payer ce
genre de transformation en condominium. Quant à faire faire des passes
financières par des propriétaires et à faire faire plus
d'argent par les municipalités qui vont en faire de l'argent par
d'autres méthodes, par une réforme fiscale qui va entrer en
vigueur le 1er janvier prochain, moi je préfère qu'on continue
à interdire carrément la transformation en condominium.
Il y a d'autres moyens de copropriété qui existent, qui
n'ont pas les désavantages fiscaux du condominium, que ce soit la
coopérative des gens qui se constituent en compagnie après
s'être portés acquéreurs d'un immeuble et avoir
utilisé du droit de possession, sans former une société ou
une compagnie la copropriété indivise, mais qui n'est pas
un condominium. Tous ces moyens sont à la disposition des citoyens
québécois qui peuvent de la sorte arriver au but que Pierre
Bourgault mentionnait et qu'a cité le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est-à-dire propriétaires de leurs
immeubles, mais sans qu'il ne s'ensuive un coût économique et
social qui serait catastrophique pour ceux qui n'ont pas les moyens de le
payer.
Pour ces raisons, je m'oppose à ces articles.
M. Scowen: Toujours en dehors de cette longue commission
parlementaire, j'aimerais demander au député de Taschereau de me
faire une liste des actes privés et individuels qu'il permettra dans sa
société idéale. J'ai l'impression que ce sera très
court.
M. Guay: Oui, je conçois qu'après avoir entendu
à plusieurs reprises les députés libéraux et le
chef du Parti libéral nous faire l'énoncé de ce qu'ils
concevaient de la société québécoise,
c'est-à-dire un amalgame d'intérêts individuels qui forment
un tout relativement incohérent, qu'on ne partage pas, de toute
évidence, le même point de vue. Je dis que des actes individuels
qui sont faits au détriment manifeste d'une grande partie de la
population, sont des actes qui doivent être sérieusement
contrôlés. C'est -précisément ce qu'on a fait dans
d'autres chapitres de cette loi qui ont été acceptés
ou enfin, en principe, si je ne m'abuse par les gens d'en
face.
On a traité hier des démolitions. Il y a le droit
individuel à démolir, mais il y a aussi le droit collectif,
c'est-à-dire, un instant, il y a peut-être un intérêt
collectif qui est en cause en plus de l'intérêt individuel de tout
faire. La liberté absolue de faire n'importe quoi, n'importe quand,
n'importe où, cela donne une société de "cowboys" et de
"Far West".
Si le député d'Argenteuil veut se coiffer d'un chapeau de
"cowboy", c'est son problème.
M. Raynauld: La gauche est une société de
prison.
M. Guay: De quoi?
M. Raynauld: De prison.
M. Guay: Venant d'un député du Parti
libéral, ce parti qui en octobre 1970 a trouvé le moyen de mettre
des gens en prison sans mandat d'arrestation, avec les événements
d'octobre, vraiment c'est de l'indécence érigée en
système.
Le Président (M. Laberge):... à la pertinence. M.
le député de Saint-Hyacinthe a demandé la parole.
M. Cordeau: J'aimerais bien connaître quelques statistiques
pour faire suite aux paroles du député de Taschereau. Je crois
que la copropriété, selon les agences d'immeubles, comprend des
logis dont le prix de location est habituellement assez élevé. Je
crois que lors de l'audition des mémoires... Les loyers d'un certain
coût sont disponibles, il n'en manque pas. Je crois que dans les
grandes villes, il y a des loyers de $300 et $400 qui sont disponibles.
Ce n'est pas un coût de loyer que le commun des mortels peut payer. Je
pense que ce ne sont pas des logis de $100 ou de $125 qui sont vendus en
condominium. Ce sont des loyers assez dispendieux.
Je ne sais pas si M. le ministre a des statistiques concernant le stock
de logements...
M. Tardif: Concernant les taux de vacance.
M. Cordeau: Oui, les différentes catégories de
logements.
M. Tardif: J'ai des données diverses quant aux taux de
vacance par type de logement, attendu, évidemment, que ces taux de
vacance proviennent de la Société centrale d'hypothèques
et de logement et ne sont que pour des immeubles de plus de six logements. Je
peux les donner par âge de construction, par type de bâtiment, par
taille de logement, etc. Je pourrais en faire part... je ne sais pas si on les
a ici. Vous avez ces tableaux de statistiques quant aux taux de vacance? Est-ce
que je peux les avoir, s'il vous plaît?
Mais je voudrais ajouter un élément. Dans ce
problème, il y a évidemment le problème, sans doute,
auquel a été sensible l'Opposition au temps où elle avait
imposé un gel complet sur les transformations de
copropriété, qui est le souci de protéger les
acquéreurs à cause des définitions des parties communes,
des parties individuelles, les documents explicatifs, les inspections
techniques et tout ça. Donc, souci de protéger les futurs
acquéreurs des complications qui pourraient résulter de
l'acquisition de semblables immeubles.
Deuxièmement, j'imagine qu'il devrait y avoir aussi, de leur
part, l'intention de protéger les locataires contre les
évictions, puisque l'expérience, pendant la période
où des transformations ont été permises, ailleurs aux
Etats-Unis, a été que ce sont rarement les gens qui habitent ces
immeubles qui s'en portent acquéreurs. Il suffit de se souvenir, je
pense, du cas des appartements de la rue Gatineau ou de la rue Lacombe, dans le
comté d'Outremont, pour savoir que des logements familiaux fort
convenables, à loyer raisonnable, étaient acquis en
copropriété par des professeurs d'université, disons,
moyennement bien payés, plus que le salaire industriel moyen. Il ne faut
rien exagérer de ce côté, mais, finalement, la
transformation provoquait l'éviction des habitants de ces logements en
faveur d'autres couches de la société un petit peu plus à
l'aise ou avec des revenus un peu plus élevés.
L'autre élément important, aussi, dont il nous faut tenir
compte dans une éventuelle réglementation, sera évidemment
les taux de vacance dans des logements comparables, en taille, en loyer, en
qualité, dans les environs. Ces balises, moi, en tout cas,
m'apparaissent présenter un certain nombre de garanties, mais elles
doivent être précisées. Je suis sensible aux arguments du
député de Taschereau, qui m'a fait part, bien avant aujourd'hui
de ses réserves sur cette question. Je dis que le principe de permettre
les transformations est acquis, mais pas à n'importe quelles conditions
et pas à n'importe quel coût. Je pense que si les transformations
devaient avoir pour effet d'amener systématiquement l'éviction
des gens qui habitent les lieux; si elles devaient avoir comme effet d'exposer
à des poursuites judiciaires les parties en présence, et donc de
s'exercer dans un marché vraiment de contradiction du marché
immobilier, il faudrait que ces mesures soient interdites.
Quant au taux de vacance par types de logements, je dispose des
dernières données qui ont été publiées en
avril 1979 par la Société centrale d'hypothèques et de
logement pour ce qu'elle appelle le Montréal métropolitain. Pour
les studios, il est de l'ordre de 9,1%; pour les logements d'une chambre
à coucher, de 6%; pour les deux chambres à coucher, de 3,6% et
pour les trois chambres à coucher, de 1,6%. C'est donc une relation
inversement proportionnelle à la taille des logements. J'ai des
données également selon le nombre de logements dans les
immeubles. On constate que dans les immeubles comprenant de six à neuf
logements parce qu'en bas de six, on n'a aucune idée le
taux de vacance était, en avril 1979, de 1,9%; dans les immeubles de dix
à dix-neuf logements, de 4%; dans ceux de 20 à 29 logements, de
7,9%; dans ceux de 30 à 49 logements, de 8,1%; la même chose dans
ceux de 50 à 99 logements, et de 7,9% dans les immeubles de 100 à
199 logements. C'est donc dire, encore là, qu'il y a une relation, cette
fois, directement proportionnelle entre la taille des immeubles et le taux de
vacance. J'ai aussi des données quant au taux de vacance selon
l'âge des immeubles et, là également, ces taux sont
nettement plus élevés dans les immeubles de construction plus
récente que dans les immeubles anciens. (15 h 30)
Donc, si on fait le portrait global de cela, on retrouve quoi? Des taux
de vacance élevés dans des logements de faible dimension, donc
studios et logements avec une chambre à coucher, de construction
récente, et dans des ensembles immobiliers ou dans des maisons
d'appartements de forte taille. Je n'ai pas de données parce que la SCHL
n'en publie pas, mais, si on mettait aussi le loyer payé, on verrait
qu'il y a une relation directement proportionnelle entre le taux de vacance et
le montant du loyer. Voilà en gros le portrait des taux de vacance.
M. Grégoire: Est-ce que je peux demander au ministre si
cela a fait baisser le taux des loyers à Montréal?
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, s'il vous
plaît! Un article du règlement dit que tout député
peut se faire entendre en commission à condition que la commission lui
accorde la parole, s'il n'en est pas membre ou intervenant. Je soumets à
la commission que vous demandez le droit de parole.
M. Grégoire: C'est la seule question que je voulais
poser.
M. Tardif: Je peux y répondre de la façon...
M. Guay: On peut prendre la demande en
délibéré.
M. Grégoire: Je voulais seulement savoir si cela avait
fait baisser le taux des loyers à Montréal. Lorsqu'il y a 8% de
taux de vacance, quand un propriétaire fait 8% de profit, il a perdu
tous ses profits et il les a même mangés.
M. Tardif: Dans les studios, cela peut être vrai. M. le
Président, je veux répondre de la façon suivante. Comme je
l'ai dit, la SCHL ne compile pas de données selon le taux de loyers, en
tous cas dans sa publication trimestrielle. Mais, si on se fie aux annonces
dans les journaux où on offre trois mois de loyer gratuits ou des
télé-couleur, j'imagine que c'est une façon indirecte de
baisser le loyer pour ces logements.
M. Grégoire: J'ai une question supplémentaire.
Est-ce que le ministre accepterait, alors, que ce n'est pas la Régie des
loyers qui fait maintenir les loyers bas, mais la quantité de logements
disponibles?
M. Tardif: Je n'ai jamais maintenu que la régie
était responsable des hausses et des baisses des loyers. Tous les
investisseurs dans le domaine vous diront que les abris fiscaux leur
suppression, en 1971, par le gouvernement fédéral et leur
rétablissement, en 1974, pour certains types d'immeubles ont eu
un impact nettement significatif sur le nombre de mises en chantier. C'est de
loin le principal facteur qui a amené une contraction des mises en
chantier.
M. Grégoire: Alors, pour répéter ma
question, c'est donc la quantité de logements disponibles qui va
déterminer la baisse des loyers, plutôt que la Régie des
loyers.
M. Guay: Qu'est-ce que cela a à voir avec l'article
51?
M. Raynauld: C'est une question importante.
M. Guay: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue de Frontenac, mais on est quand même en train de
débattre un article bien précis du projet de loi et il est
absolument dans une autre partie du projet de loi.
M. Grégoire: Je retire ma question, M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): La question étant
retirée et l'autorisation à prendre la parole que j'avais
présumée on revient à la pertinence de l'article 51 et je
demande s'il est adopté.
M. Raynauld: M. le Président, je voudrais poser une
question au député de Taschereau. Je n'ai pas compris tout
à l'heure son raisonnement à propos de l'impôt foncier.
J'aimerais qu'il précise un peu. Il a dit que les municipalités
retiraient des bénéfices des transformations. Par
conséquent, cela laisse entendre que l'impôt foncier retiré
serait plus élevé dans le cas d'un condominium que dans le cas
d'appartements en location. Je voudrais savoir pourquoi, parce que l'impression
que j'ai toujours eue, c'est que l'impôt foncier était
fondé sur la valeur locative ou la valeur de l'immeuble en fonction
d'une certaine capacité à générer des revenus. En
quoi un changement en condominium aurait-il pour effet plus ou moins
automatique, si je comprends bien, de faire augmenter les impôts
fonciers?
M. Guay: Ce n'est pas une affirmation hypothétique que je
fais; c'est comme cela que ça se produit chaque fois qu'il y a une
transformation à cause du simple fait que normalement, si vous prenez un
édifice à appartements X qui est loué en logements
locatifs, c'est un immeuble qui est imposé une fois pour la
totalité de l'immeuble. En condominium, chaque appartement est
considéré comme un immeuble distinct et la totalité de
l'imposition foncière pour chaque immeuble est grandement
supérieure à celle de l'immeuble locatif imposé une seule
fois.
M. Raynauld: Je ne comprends pas pourquoi parce que...
M. Clair: ... la règle de la valeur. J'imagine que la loi
de l'évaluation foncière a toujours comme critère la
valeur marchande? Bon! La valeur marchande totale de chacun des immeubles
composant un condominium est plus grande que la valeur marchande de l'immeuble
avec des logements locatifs. Là s'établit selon la valeur
marchande et il se trouve que la valeur marchande, si on totalise la valeur
marchande de chacun des immeubles, et ce n'est pas une valeur qu'on
décrit à tout jamais, la valeur marchande, le
député sait bien mieux que moi précisément ce que
ça veut dire. C'est simplement ça. Le total de la valeur
marchande de chacun des nouveaux immeubles créés par une
copropriété est beaucoup plus grande que la valeur marchande d'un
seul et même immeuble.
M. Raynauld: Je vous avouerai que c'est la première fois
que j'entends dire ça. Vous avez peut-être raison...
M. Tardif: Laquelle est attribuable essentiellement à un
gain de capital lors de la vente des immeubles.
M. Raynauld: Le gain de capital ne s'applique qu'aux
résidences non principales.
M. Tardif: On parle de la taxation, on ne parle pas de la
taxation pour fins d'impôt sur le revenu. On parle de la taxe
foncière.
M. Raynauld: Ah bon! La valeur en capital...
M. Tardif: Mais oui.
M. Raynauld: ... elle serait plus élevée.
M. Tardif: Je vais prendre l'exemple de Val-Martin qui
était de la fausse copropriété puisqu'on ne vendait pas le
rez-de-chaussée et l'étage, on vendait... Cet ensemble immobilier
dont la valeur, si on prenait l'ensemble du projet divisé par le nombre
de logements, pouvait être établie à peu près de $15
000, était vendue en moyenne à $28 000 pièce. Alors, la
municipalité voyait donc à peu près sa valeur
foncière basée, disons, sur la valeur marchande du prix de vente,
passer du simple au double.
M. Guay: C'est en cela que c'est extrêmement dangereux
parce que, finalement, les charges afférentes à l'immeuble,
à chaque immeuble, à chaque appartement, et non pas à
l'immeuble dans son ensemble, deviennent beaucoup plus lourdes. Ce qui a pour
résultat que certaines personnes ont la possibilité
financière d'acheter l'appartement et de payer ces charges-là,
mais beaucoup ne l'ont pas. Et s'ils ne l'ont pas et que l'immeuble est
transformé en condominium, qu'est-ce qui leur arrive? Surtout si on
transforme des immeubles qui actuellement sont des immeubles locatifs en
condominium, ça fait qu'on manque de logements locatifs tôt ou
tard dans le centre des villes. C'est ce qui s'est passé aux Etats-Unis,
qui n'est pourtant pas exactement un pays de prison ou un pays qui brime les
gestes privés si chers au député de
Notre-Dame-de-Grâce, où on est intervenu ici et là pour
mettre fin à ce genre de transformations.
M. Raynauld: Le problème d'éviction de locataires
est un problème distinct pour moi et c'est fort possible que ce soit
accentué par ce phénomène-là, mais je vous avoue
que je ne comprends pas encore la logique de cette augmentation de valeur qui
serait due simplement à la transformation dans le statut de
propriété. J'accepte vos affirmations comme étant vraies
mais je vais regarder cette histoire-là parce que je n'ai jamais entendu
parler de ça. Jamais.
M. Tardif: Remarquez que dans un système d'impôt
foncier...
M. Raynauld: Parce que ça n'a pas de bon sens.
M. Tardif: ... où l'impôt foncier serait
essentiellement sur votre terrain et non pas sur les améliorations
apportées...
M. Raynauld: Ah oui!
M. Tardif: ... là la situation pourrait être
totalement différente. Mais on conçoit que ça va bien
partir un système comme ça, de novo, mais le transformer à
partir de ce que nous avons, c'est...
Le Président (M. Laberge): Ces explications étant
reçues, l'article 51 sera-t-il adopté?
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 52. Sera-t-il adopté?
Une Voix: Adopté.
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 53.
M. Tardif: Adopté.
Une Voix: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 54.
M. Tardif: Adopté.
M. Scowen: Est-ce qu'on doit...
Le Président (M. Laberge): Vous avez dit: Est-ce que je
dois? Je dis non. Vous n'êtes pas obligé, vous avez le droit, mais
vous n'êtes pas obligé.
M. Scowen: On est à l'article 54?
Le Président (M. Laberge): L'article 54 sera-t-il
adopté?
Une Voix: Sur division. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle l'article 55. Sera-t-il adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
article 56.
Procédure devant la régie
M. Tardif: Avec ce chapitre IV traitant de questions de
procédure devant la régie, nous entamons un tout autre domaine.
L'article 56, quant à lui, reproduit en substance l'article 203 des
règles de pratique de l'actuelle Commission des loyers.
M. Raynauld: A l'article 56, il n'y a pas de problème, il
me semble que non.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 56 est adopté.
Article 57.
M. Tardif: Cet article reproduit en substance les articles 270 et
271 du Code de procédure civile.
M. Scowen: C'est ici qu'il est permis qu'un propriétaire
puisse présenter plusieurs demandes à la fois pour régler,
et vous avez parlé avec admiration de mémoires
présentées par les propriétaires...
M. Tardif: De l'île des Soeurs.
M. Scowen: ... de l'île des Soeurs... Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 57. Adopté.
Article 58.
M. Scowen: A l'article 58, une question. Parce que les appels
sont permis à la Cour provinciale, est-ce que c'est une idée
d'ajouter, "lorsque la Cour provinciale et la régie sont saisies" ou
non.
M. Tardif: Je ne comprends pas la question du
député.
Le Président (M. Laberge): J'ai cru comprendre qu'il se
demandait si on devait ajouter les mots "la Cour provinciale".
M. Scowen: Je vais me poser la question avant que je vous la
pose. Excusez, ce n'est pas là un point. Adopté.
Le Président (M. Laberge): La question est oubliée,
l'article 58 est adopté. Article 59.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 60.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 61.
M. Scowen: Question.
Le Président (M. Laberge): Une question, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Plusieurs conseillers juridiques nous ont donné
l'opinion que c'est un voeu pieux et personnellement je pense que mes
collègues sont d'accord nous trouvons que cet article est un voeu
pieux important et nous sommes très contents que vous l'ayez
ajouté à votre liste d'articles. Nous sommes en faveur et
espérons que cela puisse aider davantage, le fait de créer un
tribunal au service des citoyens plutôt que le contraire.
Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 61, adopté.
Article 62.
M. Scowen: Adopté.
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 63.
M. Tardif: Adopté.
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 64.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 65.
M. Scowen: Adopté.
M. Guay: Si vous permettez, cela va à l'encontre du
règlement, mais c'est concernant le débat qu'on avait
tantôt. J'ai un chiffre précis pour un immeuble qui a
été transformé ici à Québec. La charge
foncière de l'immeuble était de $600 000 avant sa transformation
et elle est montée à $1 600 000, l'addition des immeubles, de
chaque appartement, après transformation en
copropriété.
M. Raynauld: Merci de l'information.
Le Président (M. Laberge): Conformément à
l'habitude d'un ministre qui donne toujours les réponses au cours de la
même séance, j'accepte votre réponse. L'article 65 est
adopté. Article 66.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 67.
M. Scowen: Si une partie dûment avisée ne se
présente pas ou refuse de se faire entendre, le régisseur doit,
néanmoins, procéder à l'instruction de l'affaire et rendre
une décision.
M. Tardif: L'obligation de procéder ex parte nous
apparaît dangereuse ici, parce qu'il pourrait y avoir des raisons
majeures qui feraient qu'une personne ne puisse être présente au
moment, même si elle a été dûment convoquée.
Imaginons qu'elle a été victime d'un accident, qu'elle ne puisse
se manifester, qu'elle n'est pas là et que quelqu'un en fasse part
à la régie, il nous semble que le mot "peut" est
préférable aux mots, "doit procéder ex parte".
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Article 67, adopté.
Article 68. (15 h 45)
M. Scowen: J'aimerais que le ministre explique un peu l'article
68. Est-ce que c'est différent de ce qui existe aujourd'hui? Cette
question des inspecteurs me semble importante. Actuellement, est-ce qu'il y a
des inspecteurs de la commission? Sur quelle base doit-on permettre à un
inspecteur d'entrer dans les lieux des propriétaires et des
locataires?
M. Tardif: M. le Président, à l'heure actuelle,
cette fonction d'inspection peut être remplie par
des agents d'information et l'est, à l'occasion, à la
régie, mais c'est une procédure d'exception.
Ce que nous faisons ici, nous reproduisons en substance l'article 979 du
Code de procédure civile qui s'applique aux petites créances,
notamment. On y dit que "le juge peut, de sa propre initiative, s'il est d'avis
que les fins de la justice peuvent être ainsi mieux servies, visiter les
lieux et ordonner une expertise par personne qualifiée qu'il
désigne pour l'examen et l'appréciation des faits relatifs au
litige".
Il nous semble que c'est le pendant de cette mesure qui existe à
la Cour des petites créances. Etant donné que la nouvelle
régie aura, en matière de logement, la juridiction des petites
créances, un administrateur, actuellement, ou un régisseur,
éventuellement, pourrait très bien, dans les cas où les
parties maintiennent des versions tout à fait contradictoires quant
à l'étendue des travaux, des réparations et des
améliorations qui auraient été faits, demander à
quelqu'un d'aller sur les lieux. Alors qu'à l'heure actuelle, à
la régie, c'est du personnel d'agents d'information, il pourrait
très bien être concevable d'avoir des gens qualifiés pour
faire ceci, sur demande du tribunal. Ce n'est pas d'office qu'on va se promener
dans les rues et qu'on va pénétrer chez les gens pour aller voir
l'état des logements. Mais s'il y a une cause, un litige, le tribunal
pourrait demander d'envoyer quelqu'un vérifier sur les lieux.
M. Scowen: Si je comprends bien, cet article est un peu comme
l'article 31, dans le sens qu'ici nous créons une nouvelle
catégorie de fonctionnaires, des inspecteurs de la Régie des
loyers, qui n'existent pas dans le moment et qui auront certains droits,
certaines responsabilités.
M. Raynauld: Comme pour la viande avariée.
M. Tardif: A l'heure actuelle, il y a déjà des gens
à la régie qui font cela. Et à Montréal, il y en a
qui ne font que cela. Je vous rappellerai que 60% des causes de la régie
sont dans la région de Montréal. Il y a des gens qui ne font que
cela. Ils le font sans expertise spéciale. Je rappellerai que ce n'est
qu'en 1977 que ces gens-là ont acquis un statut de fonctionnaires de la
fonction publique, avec emploi classifié. Avant cela, ils étaient
engagés selon le bon plaisir. On peut présumer que c'était
selon des critères qui pouvaient être leur aptitude à
remplir la fonction, mais qui pouvaient aussi ne pas l'être. On ne se
fera pas de dessin. Il y a des gens qui remplissent la fonction. On va
présumer qu'ils le font bien. La fonction d'inspecteur existe dans
divers ministères; au ministère du Travail, pour l'application du
Code du bâtiment, on a des gens qui font de tels travaux.
Nous, on dit: Sans créer un corps d'emploi distinct, il y a des
gens à la Commission des loyers, actuellement, qui ont, à tort ou
à raison, le titre d'inspecteurs qui peuvent aller sur les lieux. Cela
existe. On ne crée pas quelque chose de neuf tellement.
M. Scowen: Mais cette catégorie de personnes comme telle
n'existe pas à titre permanent?
M. Tardif: Oui, il y a des gens qui font ce travail à
temps plein à Montréal.
M. Scowen: Combien?
M. Tardif: II y a deux personnes à Montréal.
M. Scowen: II y en a deux. Est-ce qu'une des parties en cause
peut demander...?
M. Tardif: Oui, monsieur, l'article 78 prévoit qu'un tel
rapport de tel inspecteur tient lieu de témoignage ou que tel inspecteur
peut être con-tre-interrogé. Je ne sais pas si c'était cela
le sens de la question, j'ai peut-être répondu trop vite.
Le Président (M. Laberge): Est-ce la réponse
à votre question?
M. Scowen: Non, pas tout à fait. Je n'ai pas suivi
exactement. Je pense que l'article 78 est celui qui permet à une partie
en cause de demander la présence d'un inspecteur. Mais la question que
j'ai posée, c'est: Est-ce qu'une partie en cause peut demander une
inspection?
M. Tardif: C'est vraiment de la décision du
régisseur. J'imagine qu'une des parties en présence pourrait
très bien dire au régisseur ou à l'administrateur de la
régie: Vous devriez venir voir sur les lieux l'état
véritable du bâtiment. L'autre personne pourra... C'est vraiment
la décision du juge ou du régisseur d'accueillir cette
requête d'une des parties et de juger si effectivement on va y
répondre.
M. Scowen: Si un locataire insiste, par exemple, sur le fait que
l'appartement est dans un mauvais état, que la régie accepte
d'envoyer un inspecteur et qu'il revient disant que c'est dans un état
acceptable, le locataire aura-t-il le droit de demander son propre inspecteur?
Peut-on avoir un inspecteur, si vous voulez, pour l'une ou de l'autre des
parties en cause? Qui a la permission d'entrer?
M. Tardif: Non, chaque partie peut produire ses
témoins.
M. Scowen: Mais...
M. Tardif: Le propriétaire pourra produire ses
témoins pour prouver qu'il a fait faire des travaux, amener
l'entrepreneur, etc. Chaque partie peut produire ses témoins, comme cela
existe devant tous les tribunaux.
M. Scowen: Je parle maintenant surtout de l'accès aux
lieux.
M. Tardif: Oui. Pour l'accès aux lieux, c'est
l'accès aux lieux des personnes désignées, des inspecteurs
désignés par le régisseur.
M. Scowen: Si la réponse, l'opinion de l'inspecteur ne
convient pas à l'une ou l'autre des deux parties, c'est tant pis pour
l'autre partie?
M. Tardif: Les parties pourront, évidemment, produire
leurs témoins pour contester le rapport, pour contre-interroger
l'inspecteur et l'appréciation de la preuve sera laissée au
tribunal.
Le Président (M. Laberge): Avez-vous d'autres questions
sur l'article 68?
M. Raynauld: C'est la régie qui paie les frais de ces
visites-là?
M. Tardif: II n'y a aucun frais...
M. Raynauld: Ce ne sont pas les parties?
M. Tardif: ... de prévus dans la loi, quoique l'article
sur la réglementation prévoie qu'il pourrait y avoir je
dis bien qu'il pourrait y avoir un règlement
décrétant des frais modérateurs quant à
l'usage...
M. Raynauld: Mais la règle générale,
actuellement, c'est que ce serait la régie qui paierait?
M. Tardif: C'est cela, comme c'est actuellement.
M. Raynauld: Ah bon!
Le Président (M. Laberge): L'article 68 sera-t-il
adopté?
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 69?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 70?
M. Scowen: Une minute, s'il vous plaît!
Le Président (M. Laberge): La minute est
accordée.
M. Scowen: L'article 70... Une Voix: Ah oui!
L'affichage.
M. Scowen: Je veux comprendre cet article en tenant compte des
autres articles, parce que nous sommes, en effet, dans une autre condition de
démolition, si vous voulez.
M. Tardif: Pas seulement de démolition, M. le
Président; démolition, vente dans des ensembles immobiliers et
transformation en copropriété.
M. Scowen: Oui, les trois. Voilà, tout ce qui est dans la
section II. Dans l'article 33 je suis maintenant dans la
démolition le locateur était obligé de donner un
avis d'éviction qui est, en effet, un avis de démolition
parce que c'est un avis d'éviction qui sera rendu à la suite de
votre amendement, conformément à des règlements qui
gouvernent cet avis qui est conforme à un règlement que le
gouvernement va écrire.
Vous avez cet avis qui sera donné par le locateur. De plus, je ne
sais pas si ce sera avant, après ou au même moment, la
régie elle-même doit afficher l'immeuble pour confirmer que sa
démolition est prévue.
Cet avis ne sera pas pour le bénéfice des locataires dans
l'édifice, parce que, bien sûr, ils seront avisés
conformément au règlement de l'article 33. C'est en effet pour
aviser les tierces parties qui peuvent avoir un intérêt.
M. Raynauld: Qui peuvent avoir un intérêt; ce n'est
pas mentionné et c'est justement un problème.
M. Scowen: "... toute personne qui veut s'opposer à la
demande...", cela comprend le propriétaire et les locataires qui sont
déjà avisés, mais cela comprend toute personne qui veut
s'opposer. N'importe qui au moment qu'il voit l'avis, a le droit de s'opposer.
Cette opposition sera faite, j'imagine, par écrit... ce n'est pas
précisément défini... ah oui, par écrit, son
opposition et les motifs de celle-ci.
En effet, on ajoute aux articles qui sont compris dans la section qui
touche les démolitions et également les autres, le droit pour
n'importe qui même les personnes qui ne sont pas
intéressées dans le sens juridique du mot
"intéressé" de demander une audition, une enquête
devant la régie.
Alors, dans le débat sur les articles 32 à 44, vous avez
insisté un peu sur le fait que la démolition est un droit et que
même si un locataire seulement s'oppose, la régie est
obligée d'agir. Mais est-ce que je comprends mal, parce que j'ai
l'impression qu'à cause de l'article 70, vous donnez le droit à
n'importe qui... vous pouvez envisager même une politique gouvernementale
afin de systématiquement obliger la régie à faire des
auditions sur toutes les démolitions qui se poursuivent, non?
M. Tardif: Lorsqu'il y a eu une demande d'un locataire pour
s'objecter à la démolition d'un immeuble, s'il n'y a pas eu de
demande d'un locataire, il n'y a aucun problème. Lorsqu'il y a eu une
demande d'un locataire pour s'objecter et que la régie doit entendre la
demande, elle doit afficher sur les lieux un placard ou un avis, en disant aux
gens qui veulent se faire entendre, qu'ils pourront le faire. C'est ce que cela
dit. Ces gens, ces tiers, s'il n'y a pas déjà les locataires qui
se sont manifestés, ils n'ont aucun recours.
M. Scowen: Ah bon.
M. Tardif: D'accord? Il faut que le processus ait
déjà été mis en branle par une personne qui a
l'intérêt suffisant, dans ce cas, un locataire.
M. Scowen: Est-ce que c'est écrit à l'article 70?
Le premier paragraphe?
M. Tardif: Oui: "Dès que la régie est saisie d'une
demande visée dans la section II". S'il n'y a pas eu de demande...
M. Scowen: Ah bon, d'accord, je comprends maintenant.
Le Président (M. Laberge): L'avis public est
postérieur. (16 heures)
M. Raynauld: M. le Président, à mon avis, cela ne
change rien. Le problème qui est posé par cela, c'est que c'est
vraiment un encouragement aux complications, aux contestations et aux conflits.
Il me semble que le minimum, ce serait que dans le deuxième paragraphe,
on dise: Toute personne... Je ne sais pas quel est le terme juridique pour
ça, mais une personne qui a un intérêt dans la cause. Cela
pourrait être un voisin, cela pourrait être quelqu'un d'autre, mais
ce n'est pas parce qu'il y a eu une personne, un locataire au départ
qui, lui, a dû présenter une demande que ça résout
le problème du fait qu'on affiche sur un édifice et qu'on mette
dessus: II y a une proposition pour transformer ça en
propriété, il y a quelqu'un qui s'y oppose; venez en foule vous
opposer, vous aussi, devant la Régie des loyers ou la Régie du
logement. Il me semble que c'est vraiment une porte ouverte pour se
créer des ennuis pour rien, puisque les personnes directement
intéressées, il est déjà prévu qu'elles
doivent recevoir un avis. Il y a des procédures de prévues et,
là, tout à coup, on ouvre ça en fait, à n'importe
qui, sauf si, on dit: peut-être que toute personne qui veut s'opposer
devra, je ne sais pas, avoir... Là, tout ce qu'on dit c'est: Elle doit
aviser, par écrit, la régie de son opposition et les motifs de
celle-ci. Cela pourrait être... Je ne sais pas, moi, un type qui est en
voyage, qui passe devant et qui se dit: Tiens, je vais m'opposer à
ça, moi; il semble y avoir des problèmes ici. Il va aviser la
régie et va dire que les motifs, c'est que, lui, il n'aime pas ça
les démolitions. Cela lui fait mal aux oreilles.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Tardif: ... je ne sais pas si le député
d'Outremont a terminé son intervention, je ne voulais pas l'interrompre.
Je pensais qu'il avait terminé...
M. Raynauld: J'aurais répété ce que je
venais de dire. Veuillez continuer.
M. Tardif: ... mais ce qui est visé ici... Là, je
voudrais que le député d'Outremont se situe dans le contexte de
la législation municipale. Par exemple, dès lors qu'un
règlement de zonage est déposé le
député-maire de Verdun en sait quelque chose dès
lors qu'il est question d'amender un règlement de zonage, les citoyens
peuvent faire signer le registre, demander la tenue d'un
référendum sur la question et non seulement les parties
intéressées au sens du propriétaire du terrain, par
exemple, ou des promoteurs. Je pense que... C'est une donnée du Code
municipal, la Loi des cités et villes... Moi, la limite pour
faire droit à ce que je croyais être l'intervention du
député d'Outremont et je vais peut-être aller au-devant de
ses désirs en faisant ça c'est qu'au lieu de parler de
personnes intéressées parce que "personnes
intéressées" au sens de la loi, c'est le propriétaire et
le locataire, et, comme ça se situe dans l'économie du droit
municipal et que ces articles sont des articles supplétifs, c'est
uniquement s'il n'y a pas de règlements municipaux, s'il y a un
règlement municipal, on ne s'embarque pas là-dedans, d'accord?
c'est la procédure municipale qui a cours. Je dirais, dans le
deuxième paragraphe: L'avis visé dans le premier alinéa
doit indiquer que toute personne qui veut, au lieu de s'opposer à la
demande, faire des représentations sur la demande... Alors, à ce
moment-là, ceux qui seraient favorables à la disparition de tel
immeuble pourraient se faire entendre et non pas uniquement ceux qui veulent
s'y opposer. A ce moment-là, il y aurait peut-être cette recherche
d'équilibre que, je présume, recherche le député
d'Outremont. Toute personne qui veut faire des représentations en
rapport avec la demande, quitte à... Il faudrait, dans le paragraphe
suivant, faire la concordance: La régie peut, si elle l'estime opportun,
tenir une audition publique où elle peut entendre toute personne qui l'a
avisée de son intention de faire des représentations en rapport
avec la demande. Donc, tant ceux qui sont pour la démolition que ceux
qui sont contre. Est-ce que ça...
M. Raynauld: Oui, ce serait beaucoup mieux que ce qui est
là. Sur le fond, vous nous dites: Cela s'inscrit dans un ensemble plus
vaste où on permet déjà ces choses dans d'autres cas, je
suis prêt à accepter ça. Mais j'aurais pensé que,
dans le Code municipal, ce n'était quand même pas sur n'importe
quelle question et il me semble que ce doit être sur une question... Je
ne sais pas... Par exemple, je sais qu'en vertu du Code municipal ou des lois
municipales, quelqu'un peut s'opposer et peut imposer un
référendum sur une question qu'un conseil municipal veut faire
adopter, mais, encore faut-il qu'il y ait un certain nombre de signatures.
Le type ne peut pas se lever le matin et dire: Je vais essayer de
bloquer cela. Il y a des conditions, et ici il n'y en a pas. Est-ce que, dans
les lois municipales, cela s'applique à n'importe quoi? Il peut s'agir
ici, encore une fois, d'un duplex. Est-ce que cela met en cause des choses plus
générales? Je voudrais limiter les possibilités
qu'à chaque fois qu'on veut faire le moindre changement
évidemment, dans les trois catégories prévues cela
donne lieu presque automatiquement à des auditions, à des
histoires très longues.
Une Voix: ... problèmes.
M. Raynauld: Je comprends cela, mais c'est la régie qui
est prise avec.
M. Tardif: M. le Président, en matière de droit
municipal, les consultations peuvent se tenir sur des questions de zonage et,
par exemple, sur des questions de règlement d'emprunt. Dans ce cas-ci,
je dois dire que c'est balisé par le fait qu'il faut d'abord qu'il y ait
eu une objection d'une des personnes intéressées: premier
élément. Le deuxième élément, c'est que
là on ne provoque pas de nouvelles audiences. La régie est
déjà en état de siège, si vous me permettez
l'expression, elle est "siégeant" en anglais cela se dirait mieux
avec la forme progressive elle est en état de siéger, elle
siège, bref. Le présent de l'indicatif, en français, cela
suffit. Donc, des gens se manifestent. La régie dit: II y a une personne
dans tout le quartier qui a manifesté le désir de se faire
entendre, ce n'est pas sérieux, l'opposition à cela. L'ensemble
des citoyens du quartier est d'accord et il n'y aura pas d'audiences
publiques.
Si, effectivement, il y a une pétition, un groupe de pression qui
se manifeste, etc., la régie pourra décider de les entendre.
Encore une fois, je vous l'ai dit hier, je souhaite que ce ne soit pas la
régie, des fonctionnaires ou des gens nommés par l'Etat qui
fassent cela, mais que ce soit au niveau local que ces arbitrages se fassent.
Finalement, la décision de démolir ou pas un pâté de
maisons ou un immeuble, c'est une décision politique dont les
élus auront à supporter le poids. Ce n'est pas correct de faire
supporter cela à des administrateurs, à des fonctionnaires. Ils
auront à le défendre sur la place publique en disant: C'est une
bonne chose, la venue de tel projet d'habitation dans nos murs, c'est une bonne
affaire et nous allons le défendre. Il y a des municipalités qui
ont proposé des règlements, à un moment donné, pour
toutes sortes de projets; il y a eu une opposition, elles ont regardé
cela et ont retiré leur projet. Cela fait partie de la dynamique
municipale et c'est pour cela que je souhaite que ça se règle
à ce niveau.
M. Caron: Souvent des gens signent pour faire plaisir à
quelqu'un qui a signé, c'est tout.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe m'avait demandé la parole.
M. Cordeau: M. le Président, dans les explications,
tantôt, M. le ministre a dit que la ou les personnes auxquelles il a fait
allusion, c'était les personnes intéressées, le locateur
ou le locataire. Par contre, il peut y avoir une tierce personne, celle qui
veut acheter l'immeuble; elle peut intervenir, à ce
moment-là.
M. Tardif: C'est prévu ailleurs.
M. Cordeau: Oui, mais tantôt vous avez dit que les seules
personnes prévues à cet article étaient le locataire ou le
propriétaire.
M. Tardif: Seules les personnes intéressées ont
l'intérêt suffisant, au sens de la loi, pour de- mander à
la régie de se saisir du cas, de se mettre en branle.
M. Cordeau: Oui.
M. Tardif: Une fois qu'elle est saisie du cas, un
acquéreur peut demander d'être entendu.
M. Cordeau: Oui, alors c'est...
M. Tardif: Cela, c'est prévu ailleurs, on l'a vu hier.
M. Cordeau: Mais la personne peut être visée aussi
du deuxième paragraphe: "Tout avis visé dans le premier
alinéa..." Le locataire a fait valoir son point de vue, et il est contre
la démolition. Là, il y a un avis qui est apposé sur
l'édifice, si je comprends bien le texte de la loi. A ce
moment-là, le deuxième paragraphe entre en ligne de compte: "Tout
avis visé dans le premier alinéa doit indiquer que toute personne
qui veut s'opposer à la demande...". C'est là qu'un type,
constatant que cette bâtisse va être démolie, s'il veut
l'acquérir apprend qu'il doit faire parvenir à la régie
l'intention de l'acquérir. "Tout avis visé dans le premier
alinéa", c'est un avis disant que quelqu'un s'est opposé à
la démolition de la maison. Sur cet avis on doit indiquer que toute
personne qui veut s'opposer à la demande de démolition... Parce
qu'une autre personne veut l'acquérir, elle s'oppose implicitement
à la demande de démolition...
M. Tardif: II faut distinguer les choses. La personne qui veut
l'acquérir, qui veut sauver l'immeuble du pic des démolisseurs,
le fait parce que cela peut lui paraître une proposition
financière intéressante.
M. Cordeau: Oui.
M. Tardif: Pas nécessairement dans le but de sauver le
patrimoine.
M. Cordeau: Non. Cela pourrait arriver aussi.
M. Tardif: Oui. Alors que des gens vivant dans un quartier
peuvent vouloir sensibiliser la commission à certains arguments, pour ou
contre si on élargit au sens que vous indiquez la
démolition, pas dans un but d'acquérir l'immeuble. D'accord?
Celui qui veut intervenir dans le but d'acquérir l'immeuble ne le fait
pas nécessairement pour sauver l'immeuble. Il peut le faire parce que
c'est une bonne proposition financière et que cela semble
intéressant. Il peut y avoir toutes sortes de raisons. Cela peut
être un futur candidat à une élection municipale dans la
municipalité, où il aura passé pour le sauveur de ce
pâté de maisons. Chacun peut avoir des mobiles différents
d'agir. Bon! Ceci dit, ceci fait, c'est une chose, et il y a des gens du
quartier qui voudraient s'y opposer sans, pourtant, vouloir se porter
acquéreurs. Hier, on a vu celui qui voulait se porter acquéreur;
il y a une procédure prévue pour ça. Un délai peut
être accordé,
mais ça n'implique pas nécessairement des audiences
publiques: Oyez, oyez, bonnes gens, venez vous faire entendre! C'est ce qui est
prévu à l'article 70.
M. Cordeau: Si j'appuie les dires de mes
prédécesseurs, lorsqu'on dit qu'une personne... On devrait
peut-être qualifier la personne qui pourrait intervenir, soit par le mot
"intéressée" ou quelque chose dans ce sens... Qui a un
intérêt quelconque dans... Il me semble que ce serait plus
précis. Actuellement vous savez qu'il y en a qui ont le nez
fourré partout dans certains endroits? On en connaît...
M. Tardif: II y en a qui quoi?
M. Cordeau: Qui ont le nez fourré partout. Excusez
l'expression, c'est une expression courante... Qui s'immiscent dans tous les
problèmes d'une municipalité et qui sont les premiers à
contester.
M. Caron: .. dans le secteur, dans la ville...
M. Cordeau: Je crois que le député maire de Verdun
est au courant de ça.
M. Caron: II y a des gens qui ne travaillent pas dans la ville et
qui viennent aux assemblées et ce sont...
M. Cordeau: II faudrait mettre certaines balises...
M. Caron: M. le ministre, pour renchérir, je dois vous
dire que certaines fois, des gens viennent aux assemblées du conseil et
ils ne demeurent même pas dans la ville. Ils viennent dans le but de nous
embêter. C'est rare, mais ça se fait. J'ai vu, après les
assemblées, demander où demeurait la personne et elle demeurait
dans une autre municipalité.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce a demandé la parole. A moins que vous
n'attendiez une réponse du ministre à votre question?
M. Cordeau: Non, peut-être que la réponse va venir
tantôt.
M. Scowen:... poser la réponse si vous n'avez pas de
réponse.
Une Voix: Un moment de consultation.
M. Cordeau: C'est bon de consulter. (16 h 15)
M. Tardif: ... la pause syndicale.
Le Président (M. Laberge): La commission suspend ses
travaux pour trois ou quatre minutes.
Suspension à 16 h 16
Reprise à 16 h 25
Le Président (M. Laberge): A l'ordre, messieurs!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'article 70. Je demande si cet article 70 sera adopté.
M. Raynauld: Je crois que j'avais demandé au ministre
si...
Le Président (M. Laberge): Vous aviez la parole à
ce moment-là.
M. Scowen: J'attendais que le ministre...
Le Président (M. Laberge): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce m'avait demandé la parole et le
député de Saint-Hyacinthe n'avait pas eu réponse à
sa question, mais se disait qu'elle viendrait probablement. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Pour notre part, M. le Président, nous sommes
prêts à adopter l'article 70, mais je veux attirer l'attention du
ministre sur une chose qu'il a dite tantôt, et que je trouve
importante.
Il disait que, finalement, la décision de démolir ou de ne
pas démolir est une décision politique. Je veux simplement faire
référence à l'article 35 qui est en suspens. En effet,
d'après moi, quand nous créons une régie, quand nous
créons un tribunal à l'intérieur d'une régie, quand
nous créons une loi pour permettre à ce tribunal de prendre des
décisions sur des questions juridiques, ce que nous essayons de faire,
c'est de dépolitiser les décisions. Si c'est une décision
politique, cela doit se faire par les instances politiques. Si c'est une
décision de justice, on doit écrire une loi.
Je soulève cette question, parce que le ministre a accepté
de repenser le contenu des critères dans l'article 35. C'est simplement
pour dépolitiser la prise de décision d'un tribunal que j'ai
suggéré d'enlever les critères subjectifs et qualitatifs
et qui sont finalement rendus sur une base politique, pour les remplacer par
des critères plutôt de nature quantitative comme l'état du
logement, les besoins de logement dans les environs, le coût de la
restauration, les préjudices causés aux deux parties, etc.
J'espère que dans l'article 35, nous n'obligerons pas les
tribunaux à prendre des décisions hautement politiques, à
cause d'un certain manque des critères qu'on peut qualifier de
juridiques.
M. Tardif: M. le Président, j'ai noté les
représentations du député de Notre-Dame-de-Grâce
hier. J'ai mis entre parenthèses, au crayon, à l'article 35, la
partie qui lui semble être des critères peut-être
importants, mais qu'il ne considère pas du ressort de la régie,
critères qui pourraient être importants dans la prise de
décision, s'il s'agissait d'un règlement municipal, puisqu'on
pourrait comprendre que les élus locaux, le conseil, puissent avoir des
préoccupations sur le plan
de l'urbanisme, de l'architecture, etc., mais qui ne sont pas
nécessairement les préoccupations de la régie.
Je l'ai noté. Lorsqu'on reprendra l'article 35, j'aurai
peut-être des éléments de réponse.
M. Scowen: C'est important, dans la mesure du possible, d'aider
les tribunaux à ne pas devenir politisés. Pour moi, c'est un
point très important. La question de la démolition est un
exemple. Avec ce commentaire, nous sommes prêts à adopter
l'article 70. A moins que...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Verdun.
M. Caron: La régie va faire afficher. M. Tardif:
Oui.
M. Caron: Est-ce que c'est le propriétaire qui aura la
responsabilité d'afficher?
M. Tardif: Non, c'est la régie. C'est elle qui affiche.
Elle doit afficher.
M. Caron: C'est la régie?
M. Tardif: Elle doit afficher. Elle doit faire afficher, demander
au propriétaire... Cela fait partie de...
M. Raynauld: Qu'est-ce qu'on conclut sur les personnes qui sont
habilitées à faire ces représentations?
M. Tardif: Je ne sais pas. Je n'avais pas noté
l'enthousiasme délirant du député d'Outremont à ma
suggestion que je pensais être une perche...
M. Scowen: Je pense que ce changement s'impose.
M. Raynauld: Je pense avoir dit que je trouvais que
c'était là un progrès significatif par rapport à la
formulation actuelle. (16 h 30)
M. Tardif: C'étaient les cas...
M. Cordeau: M. le Président, peut-être qu'il a
trouvé que la demande du député d'Outremont était
sérieuse, mais la mienne l'est. J'ai appuyé la demande du
député d'Outremont à ce moment-là.
M. Tardif: M. le Président, si l'Opposition est d'accord,
j'ai ici un projet de texte manuscrit que je vais lire et que je vais vous
remettre après, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Si vous voulez me le remettre
tout de suite, on n'en fera qu'une lecture.
M. Tardif: C'est parce qu'il y a des renvois et des...
Le Président (M. Laberge): Parfait.
M. Tardif: A l'article 70, le premier alinéa reste le
même. Je vais le lire en entier pour m'assurer que... "Dès que la
Régie est saisie d'une demande visée dans la section II du
chapitre III, elle doit faire afficher, sur l'immeuble visé dans la
demande, un avis facilement visible pour les passants. De plus, elle peut faire
publier un avis public de la demande en la manière prévue par les
règlements de procédure." Le paragraphe suivant serait
modifié pour se lire comme suit: "Tout avis visé dans le premier
alinéa doit indiquer que toute personne peut faire des
représentations écrites sur la demande il n'est donc plus
question de s'opposer dans les dix jours de la publication de l'avis
public ou, à défaut, dans les dix jours qui suivent l'affichage
de l'avis sur l'immeuble concerné." On enlèverait: "et aviser par
écrit la Régie de son opposition". Là, on ne parle plus
d'opposition. Le paragraphe suivant se lirait: "La Régie peut, si elle
l'estime opportun, tenir une audition publique où elle peut entendre
toute personne qui a fait des représentations." Ce sont les deux
parties, tant celle qui est pour que celle qui est contre. "Lors d'une telle
audition le dernier paragraphe reste là le
régisseur peut limiter la durée d'une intervention ou, s'il est
d'avis qu'elle n'est pas pertinente, la refuser." D'accord?
M. Raynauld: D'accord. Une Voix: D'accord.
M. Tardif: M. le Président, l'article 70 avec son dernier
paragraphe tel quel et les deux autres étant modifiés, selon
que...
Le Président (M. Laberge): Conformément à
votre papillon. Conformément à la lecture qui m'a
été faite ici, cet article 70 modifié... On devrait
d'abord lire: Les modifications aux deuxième et troisième
paragraphes sont-elles adoptées?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 70 tel
que modifié est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): C'est parfait. L'article 71 est
appelé. Est-il adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 72 est
appelé.
M. Scowen: Questions.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je pense que le ministre peut même
prévoir la portée de ma question, parce que c'est une question
qui a été soulevée dans plusieurs mémoires. En
bref, nous avons un système d'aide juridique. D'après la grande
majorité des juristes, il est hautement préférable, pour
toutes sortes de raisons que je ne vais pas répéter parce que le
ministre en est conscient, qu'une personne soit représentée
devant un tribunal par un avocat et je me demande si on ne peut pas rayer le
deuxième paragraphe de l'article 72.
M. Tardif: M. le Président, j'avais effectivement
présumé de la nature de l'intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce sur cette question-là. Nous avons, en tout cas
pour ma part, j'ai pris bonne note des représentations du Barreau sur la
question. Je me souviens, lorsque le bâtonnier est venu ici, qu'il nous a
fait ses représentations en disant qu'évidemment, seul un avocat
pourrait, devrait normalement représenter les personnes devant les
tribunaux.
Actuellement, 97% des affaires qu'entend la régie se font sans
avocat. Cependant, pour donner suite aux représentations du Barreau, je
suis à peu près convaincu je pense que le
député de Notre-Dame-de-Grâce en conviendra que,
même s'il demandait la représentation par avocat dans les deux
cas, c'est-à-dire en première instance et en appel, finalement,
ce qui importait surtout, c'est qu'en appel, devant la Cour provinciale, ce
soit obligatoire alors que, devant la régie, il aurait bien mieux
aimé que cela le soit, mais, finalement... C'est ce qu'on a fait
finalement.
La représentation est permise par l'avocat en première
instance, elle n'est pas obligatoire et, en appel, elle est obligatoire. C'est
une formule qui nous semblait un compromis honorable et acceptable et, quant
à la représentation par un non-avocat en première
instance, elle s'apparente à peu de choses près à ce qui
est prévu dans le chapitre 8 du Code de procédure civile,
c'est-à-dire la Cour des petites créances.
M. Scowen: L'amitié est une qualité rare. Tout le
monde a trop peu d'amis. Si vous permettez à un ami de
représenter une personne qui ne peut pas se présenter et si la
cause est perdue par cet ami, c'est très probable que l'amitié
sera en cause dès le lendemain. Je le cite à titre d'exemple
simplement, parce que je suis persuadé qu'une personne qui perd dans une
telle affaire, même s'il lui reste le droit d'aller à une Cour
supérieure, ne sera pas enchantée. Comme nous avons le programme
d'aide juridique qui est accessible à tout le monde il y a des
bureaux régionaux partout je pense que, dans
l'intérêt de l'amitié et je suis persuadé que
tous les partis conviennent que c'est une qualité qu'on doit encourager
vous devez diriger ces malades vers l'aide juridique.
M. Tardif: Si une personne est malade?
M. Scowen: Oui, si une personne est malade, etc. On
présume que la personne est malade.
M. Tardif: On va avoir l'Ordre des médecins sur le dos,
cette fois, si on dirige les malades vers l'aide juridique.
M. Scowen: Excusez-moi, les personnes qui ne peuvent pas se
présenter pour cause de maladie, d'éloignement ou toute autre
cause. J'ai pris seulement la première raison. La personne est malade.
Elle sera plus malade et sera très fâchée. Elle dira: Tu
n'as pas d'expertise avec qui que ce soit. Tu n'as pas bien fait ton affaire.
Pourquoi t'ai-je demandé de le faire? J'ai perdu. Maintenant, il faut
reprendre l'affaire.
Je pense qu'il y a quelque chose dans ce que je dis. Les tribunaux sont
compliqués, spécialement devant cette loi et tous les
règlements qui y seront rattachés.
M. Tardif: Je ne doute pas qu'il puisse y avoir des circonstances
qui mettent en danger l'amitié entre des personnes, pour toutes sortes
de raisons dans lesquelles je ne veux pas entrer. Mais je voudrais dire tout
simplement que l'article 955 du Code de procédure civile énonce
ceci: "Qu'une personne physique ou un tuteur, un curateur agissant en sa
qualité officielle, qui ne peut, par maladie ou éloignement ou
pour toute autre cause jugée suffisante par le greffier, se
présenter elle-même devant le tribunal, comme créancier ou
débiteur d'une petite créance, ne peut confier le mandat ou de le
représenter qu'à un parent, à un allié, ou,
à défaut d'un parent ou d'allié dans le district
judiciaire, à un ami." C'est déjà là. Cela fait
huit ans que cela existe à la Cour des petites créances. Je ne
sache pas que les gens se soient transformés en ennemis jurés
à cause de cela.
Il y a une espèce de ce qu'on appelle en anglais "balance of
inconvenience". Je ne sais pas comment on pourrait l'appeler en
français.
M. Scowen: C'est cela. C'est très bien en anglais.
M. Tardif: Une espèce de jugement et d'opportunité
offerts pour l'équilibre entre l'accessibilité à la
justice, les recours qui peuvent être permis et le fait, encore une fois,
que 97% des affaires qui vont devant la régie se règlent sans
l'intervention d'un avocat, alors que, pour nous ici, il n'en est pas
question.
A certains égards, M. le Président je tiens
à le souligner nous élargissons le rôle des avocats,
parce qu'à l'heure actuelle, les avocats sont interdits devant la Cour
des petites créances. Ils n'ont pas le droit.
Comme, dorénavant, toute matière qui auparavant
était de la juridiction de la Cour des petites créances s'en va
à la régie et que les avocats sont permis à la
régie, en réalité, on étend un petit peu le champ
d'exercice de la profession, alors qu'il n'y en avait pas auparavant.
M. Scowen: Le champ d'exercice de la profession, ce n'est pas ma
préoccupation du tout. Le champ d'action des avocats, on n'y touche
pas.
M. Tardif: ... le statu quo. Je m'excuse de ce que je viens de
dire. Je corrige, M. le Président, parce qu'en vertu de 73, on a
maintenu ce qui aurait été une extension de la compétence
dans ce domaine. J'efface ce que j'ai dit pour l'extension. C'est le statu quo.
On n'en enlève pas et on n'en donne pas.
M. Raynauld: Je voudrais dire qu'on n'est pas des avocats
ici...
M. Tardif: Vous défendez bien votre cause.
M. Raynauld: Oui, mais le problème...
M. Cordeau: On n'est pas toujours entendu.
M. Raynauld: ... qu'on se pose, ce n'est pas celui...
M. Tardif: ... pas toujours entendu et pas toujours
écouté...
M. Raynauld: Le problème qu'on se pose, ce n'est pas celui
de savoir si les avocats vont avoir une pratique plus étendue ou moins
étendue. Le problème est...
M. Cordeau: D'aucuns n'en ont pas...
M. Raynauld: ... est-ce qu'on rédige une loi qui va
permettre justement aux gens qui sont impliqués dans ces cas
d'être aussi bien défendus que possible et est-ce que là,
il n'y a pas le danger également que, parce qu'on peut être
obsédé par le fait qu'il y a souvent les frais juridiques
très élevés, est-ce qu'on ne permet pas une extension
tellement grande quant à la représentation que, finalement, on
peut se retrouver dans une situation, en fait, inverse où, là, il
y aurait vraiment des gens qui défendraient très mal leur cause.
Ensuite, je ne sais pas s'il y a... Dans le Code de procédure civile que
vous avez lu tout à l'heure, M. le ministre, vous avez dit...
M. Tardif: Oui.
M. Raynauld:... qu'on avait déjà cette formule
où on pouvait se faire représenter même par des amis. Moi,
je le veux bien, mais le problème que je me pose, c'est que,
étant donné qu'il existe maintenant l'aide juridique,
étant donné, donc, qu'on ne devrait pas s'attendre à ce
qu'on prive les gens d'une représentation adéquate pour des
questions financières, pour des raisons financières, est-ce que
ça ne permettrait pas, à ce moment-là, de dire: on va
quand même essayer de s'assurer que les services disponibles soient
utilisés, de façon que les gens puissent se défendre le
mieux possible? Moi, je n'ai pas de solution. C'est un problème de
représentation. Ce sont des problèmes qui débordent
largement ma compétence, mais le fond du problème, c'est
celui-là, il me semble, moi.
M. Scowen: Est-ce que je peux ajouter juste un mot qui rejoint
ceux du député? Il me semble, dans votre comparaison avec la Loi
des petites créances, qu'il faut tenir compte du fait qu'un bail pour un
logement, un logement même, c'est normalement quelque chose qui a non
seulement une valeur qui dépasse la juridiction de la Loi des petites
créances, mais c'est aussi quelque chose qui a, en soi, une valeur, si
vous voulez, fondamentale et émotionnelle, psychologique même,
votre domicile. Je pense que les erreurs qui sont permises par un ami dans le
cas d'une dette de $200, $300, $400, ne sont peut-être pas de la
même envergure que celles qui sont permises quand il s'agit de ton loyer,
de ton domicile. Je pense qu'il faut tenir compte de ça.
M. Tardif: M. le Président, remarquez qu'il serait
peut-être bon qu'on fasse des distinctions ici. Si on lit 72
attentivement, on dit: "Une personne physique peut être
représentée par son conjoint ou par un avocat." Donc, il n'est
pas question d'interdire l'avocat. L'avocat est permis, point. Evidemment,
toute personne a droit de se défendre en tout temps; ça,
ça vaut même pour les cas de meurtre.
Ici, dans le cas du conjoint aussi, on ne fait pas de distinction. Il
n'y a pas de raison à donner, si c'est le conjoint qui y va dans ce
cas-là.
Dans le deuxième paragraphe, là, si la personne ne peut se
présenter elle-même pour cause de maladie, d'éloignement ou
toute autre cause jugée suffisante par un régisseur, il faut
qu'il y ait une raison dans ce cas-là, et cette raison,
évidemment, ce sera un certificat médical. On va présumer
que ces certificats ne sont pas décernés comme des
médailles. On espère et, enfin, un certificat de complaisance ne
doit sûrement pas exister ou courir les rues donc qu'il y a une raison
fondamentale. Dans ce cas-là, un allié ou un ami, selon les
circonstances, peut aller là. (16 h 45)
Je tiens à souligner une chose aussi, c'est qu'il n'est pas
question de nier aussi le recours à l'aide juridique, sauf que l'aide
juridique et les services d'un avocat, finalement, dans notre
société c'est peut-être malheureux c'est
disponible aux très riches et aux très pauvres; aux très
pauvres par le biais de l'aide juridique et aux gens riches qui ont le moyen de
se le payer, et la classe moyenne n'y a pas droit. Si la classe moyenne veut se
faire représenter par un allié, un parent, un ami, son fils, si
la vieille madame de 65 ans, qui a de la misère à se
déplacer, demande à son garçon d'aller la
représenter à la régie, je m'excuse, mais ça
m'apparaît tout à fait dans l'ordre. Cela n'empêche pas le
recours à l'aide juridique pour ceux qui en ont besoin. Cela
n'empêche pas de retenir les services d'un avocat pour ceux qui en ont
les moyens. Cela permet, quand même, aux gens de se défendre ou de
faire leurs représentations devant l'organisme. D'accord?
M. Caron: Je pense que c'est mieux. Si vous allez devant la
commission parce que vous êtes
évalué trop cher, vous êtes obligé d'y aller
vous-même; vous ne pouvez pas en envoyer un autre. Au moins, c'est plus
large. Comme vous le dites, l'avocat aux petites créances ne peut pas y
aller et là il va pouvoir y aller. Je pense que l'article est bon. C'est
mon opinion.
M. Tardif: En appel, seulement.
Le Président (M. Laberge): La motion de retrait du
deuxième paragraphe, présentée par le député
de Notre-Dame-de-Grâce, est-elle maintenue?
M. Scowen: C'est retiré et on est prêt à
adopter l'article 72.
Le Président (M. Laberge): La motion de retrait est
retirée par le député qui l'a présentée.
L'article 72 est-il adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
73?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 73 est adopté.
L'article 74?
M. Caron: C'est adopté? M. Scowen:
Adopté.
M. Raynauld: Là, on fait une exception à la Charte
des droits et libertés de la personne; on n'aime pas cela, ces
choses-là.
M. Tardif: C'est l'affaire des petites créances. M.
Raynauld: OK. Cela va.
M. Tardif: Cela existait même quand la loi a
été adoptée par vous autres. C'est extraordinaire, ce
qu'ils ont fait!
Le Président (M. Laberge): L'article 74 est appelé
et il est adopté?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'article 74 est adopté.
L'article 75?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'article 75 est adopté.
L'article 76.
M. Scowen: Aux articles 76 et 77, si je comprends bien, nous
sommes devant les exceptions à la règle. Si je me le rappelle
bien, cette question de preuve a été soulevée par
plusieurs mémoires et le ministre a accepté de changer d'une
façon assez substantielle les articles touchant la preuve. Est-ce que le
ministre croit qu'avec les changements incorporés aux articles 76 et 77
vous avez une série d'exceptions qui seront acceptables, en gros, par
nos maîtres du Barreau et par les personnes qui sont impliquées
d'une façon directe? J'aurais aimé poser la question au
député de Drummond qui a une certaine expertise afin de
connaître son opinion là-dessus, mais, malheureusement, il n'est
pas ici. Nous sommes prêts à adopter ces articles si le ministre
peut nous assurer que...
M. Tardif: Là-dessus, M. le Président, nous avons
copié le mot à mot du rapport sur le Code civil du Québec
présenté par l'Office de révision, volume 1, page 554. Je
veux le lire ici: "Doivent se prouver par la production de l'original
c'est l'article 71 qui est proposé par eux ou d'une copie qui
légalement en tient lieu: 1) tout acte juridique constaté dans un
écrit; 2) le contenu d'un écrit."
L'article 72 dit: "Toutefois, la preuve peut être faite par tout
moyen lorsqu'une partie établit que de bonne foi, dont la preuve lui
incombe, elle ne peut produire l'original de l'écrit, non plus que toute
copie qui en tient lieu." On a donc pris la recommandation de l'Office de
révision du Code civil qui va éventuellement modifier le Code
civil, on l'espère, et on l'a transcrite intégralement.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 76 est adopté.
L'article 77?
M. Tardif: Quant à l'article 77, M. le Président,
il codifie la jurisprudence en la matière.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 77 est adopté.
L'article 78?
M. Scowen: J'aurais simplement une question, si je peux attendre
ici... Adopté.
M. Cordeau: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 79.
M. Cordeau: M. le Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Etant donné que le député de
Nicolet-Yamaska n'est pas ici, est-ce que, s'il a quelques questions à
poser au ministre mardi, sur les articles que nous adoptons, le ministre
acceptera de répondre aux questions?
M. Tardif: J'accepterai de répondre aux questions, s'il y
en avait.
M. Cordeau: Oui, des fois, pour demander des précisions.
Il a été obligé de s'absenter cet après-midi.
M. Tardif: En tout cas, si je ne le fais pas en commission, je
pourrai le faire privément; certainement.
M. Cordeau: Merci.
Le Président (M. Laberge): Théoriquement, le
règlement dit qu'on ne revient pas sur une décision
déjà prise, mais les questions pourront se poser. J'appelle
l'article 79. Est-il adopté?
M. Cordeau: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 80.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 81.
M. Scowen: Une décision est exécutoire à
l'expiration du délai d'appel, sauf si la régie en décide
autrement. Est-ce que c'est une clause qui...
M. Tardif: Certains articles prévoient des délais.
A ce moment-là, il est prévu que les décisions sont
exécutoires immédiatement ou à l'expiration des
délais qui peuvent être différents des délais
d'appel comme tels.
M. Scowen: D'accord. Adopté. M. Cordeau: Est-ce
l'article 80? Le Président (M. Laberge): 81.
M. Cordeau: A l'article 80 vous dites dans le texte: "Lorsque
plus d'un régisseur a entendu une affaire..." partout on dit: "une
demande"; est-ce la même chose? Il n'y a pas de problème.
M. Tardif: Ce n'est pas nécessairement une demande qui
peut... Les tribunaux sont saisis d'affaires. Les affaires sont pendantes ou
pas, selon le cas.
Le Président (M. Laberge): L'article 80 a
été adopté. L'article 81 est adopté. J'appelle
l'article 82.
M. Tardif: Adopté. M. Cordeau: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 83.
M. Scowen: Dans le cas de l'article 83...
Le Président (M. Laberge): On a un papillon justement ici
à l'article 83.
M. Cordeau: J'ai une question à poser au sujet de
l'article 82. On dit:"...au greffe de la cour dul ieu".De quelle cour
s'agit-il?
M. Tardif: La Cour provinciale. M. Cordeau: La Cour
provinciale.
M. Tardif: Oui. C'est au greffe de la Cour provinciale qui est
mentionnée à la ligne précédente. "Une
décision de la régie peut être exécutée comme
s'il s'agissait d'un jugement de la Cour provinciale si elle est
signifiée à la partie adverse et enregistrée au greffe de
la Cour du lieu..." La Cour provinciale.
Le Président (M. Laberge): De cette même cour. A
l'article 83, on m'avait présenté un papillon qui se lit comme
suit: L'amendement proposé à l'article 83 demande que le
deuxième alinéa soit remplacé par le suivant: "Ils peuvent
aussi par règlement, déterminer la forme ou la teneur des
formules nécessaires à l'application de la présente loi et
des articles 1650 à 1665-6 du Code civil et en rendre l'utilisation
obligatoire."
M. Scowen: Un seul mot... Une Voix: Quel mot? M.
Scowen: "Ou"...
M. Tardif: "Ou" plutôt que "et". C'est que la régie,
au lieu de dessiner une formule, pourrait dire: Chacun utilisera sa papeterie
personnelle, mais la teneur de cet avis devra contenir cela. Au lieu
d'être sur un formulaire imprimé.
M. Scowen: Bon!
Le Président (M. Laberge): L'article 83 demeure le
même, mais à la première ligne du deuxième
alinéa, après le mot "forme" on enlève le mot "et" pour le
remplacer par le mot "ou". Est-ce que cet amendement est accepté
après l'explication qui a été donnée?
M. Scowen: Oui.
Le Président (M. Laberge): L'amendement est adopté.
Est-ce que l'article 83 sera adopté tel qu'amendé?
M. Scowen: Je pense qu'il faut qu'on explique un peu la question
qu'on veut poser en profondeur dès le débat sur le contrôle
des loyers. Pour l'expliquer d'une façon très simple et
très vite, j'espère que le député d'Outremont va
ajouter quelques mots.
Si vous créez un organisme avec le droit d'avoir une formule
suivant un système de réglementation de loyer et de rendre cette
utilisation obligatoire, en effet, à toutes les personnes qui veulent
augmenter un loyer au Québec, ce droit de
rendre obligatoire un formulaire, avec une formule j'ai un peu de
difficulté avec ces deux mots, "a formula and a form" d'en rendre
obligatoire l'utilisation pour toutes les personnes qui veulent augmenter un
loyer, aura pour effet de créer un système universel et
obligatoire du contrôle des loyers au Québec.
C'est surtout sur cette question de rendre l'utilisation obligatoire que
nous voulons parler pendant une journée, si nécessaire, pour
avoir un éclaircissement, parce qu'il nous semble qu'avec ces cinq mots,
liés avec les autres articles qui suivent, vous créez la
condition de la lutte contre l'inflation en permanence.
C'est le sens de...
M. Tardif: M. le Président, il est bien évident que
par l'amendement que nous venons d'apporter, l'univers des formules
prévues peut être réduit, puisque dorénavant, il ne
s'agit plus de spécifier qu'il y aura nécessairement un
formulaire type rédigé par la régie, mais bien qu'en
utilisant sa papeterie personnelle, ou une feuille de papier ordinaire
le propriétaire les avis prévus dans la loi pourront
être envoyés, sans pour autant qu'ils le soient sur un formulaire
précis, à condition qu'ils contiennent les renseignements
prévus.
C'est déjà un départ vers la standardisation ou la
normalisation des formulaires. D'autre part, M. le Président, je
conçois l'objection du député de Notre-Dame-de-Grâce
qui s'interroge, pas tellement sur les formulaires à ce stade-ci, mais
sur ce que ça implique, en ce qui concerne l'établissement d'un
contrôle des loyers. Là-dessus, je dirai simplement, je pense que
c'était le député de D'Arcy McGee qui nous faisait part de
certains avis d'augmentation de loyer envoyés à des personnes, je
ne sais pas si c'était de sa circonscription ou d'ailleurs, du style
suivant: Veuillez être avisé, monsieur, que j'ai l'intention de
majorer votre loyer d'une augmentation de pas moins de 8%.
La personne, s'imaginant qu'elle allait avoir une augmentation de 8%
était relativement satisfaite, ne se plaint pas, ne va pas à la
régie, n'exerce pas son droit de recours à la régie
pendant les trente jours prescrits, reçoit finalement le montant total
d'augmentation quelque temps plus tard et se rend compte que l'augmentation est
de 12%, de 15% ou plus. Alors, là, elle se rend compte qu'elle a
été bernée par cette petite phrase "pas moins de 8%"
qu'elle a pris comme un maximum, alors que c'était un minimum.
Je pense que personne ne veut que semblable chose ou ne prétend
que semblable pratique soit érigée en système, mais il
nous semble qu'il y a lieu de prescrire la teneur minimale des avis. Je serais
prêt à faire droit à la requête du
député de Notre-Dame-de-Grâce et suspendre cet article
jusqu'à ce que nous ayons réglé les autres questions de
fond quitte à y revenir par la suite. Il y a des avis qui ne posent pas
de problèmes majeurs, alors que d'autres sont plus liés à
la formule de loyer, alors j'accepte de suspendre cet article, tant qu'on
n'aura pas réglé les questions de fond.
M. Scowen: Je ne sais pas si mon collègue veut ajouter un
mot simplement pour vous donner plus de renseignements, pour vos pensées
ou si vous voulez attendre jusqu'à ce qu'on reprenne. (17 heures)
M. Raynauld: Je voudrais simplement ajouter très
brièvement la réflexion suivante. Je crois que l'utilisation
obligatoire d'une formule d'augmentation des loyers mérite
réflexion, mérite une discussion. Avant d'adopter un article
comme celui-ci qui dit que la régie peut en rendre l'utilisation
obligatoire, j'aimerais qu'on puisse voir cela dans un contexte un peu plus
large et qu'on ait l'occasion d'échanger des vues là-dessus.
Le Président (M. Laberge): L'article 83 est suspendu.
M. Tardif: Tel que modifié.
Le Président (M. Laberge): Tel que modifié, puisque
la modification a été adoptée. J'appelle l'article 84.
M. Scowen: Adopté.
M. Tardif: A l'article 84, M. le Président, avec votre
permission, il y aurait une correction de français à apporter
à la dernière ligne. C'est "avec la présente loi ou les
règlements de procédure". Il manque le mot "les".
Le Président (M. Laberge): Je l'ajoute
immédiatement. Après le mot "ou", j'ajoute le mot "les".
L'article 84 ainsi modifié est-il adopté?
M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté avec
modification. Article 85.
M. Scowen: Cela me rappelle simplement qu'on avait l'intention,
dans un article qui est passé hier ou avant-hier, de vous proposer de
changer les mots "soixante jours" ou "trente jours". Est-ce qu'on a
oublié de le faire? Est-ce que c'est une bonne idée de changer
ces expressions, pour "un mois" ou "deux mois", "dans le mois"?
M. Tardif: II semble que les légistes se soient
penchés sur cette question, que l'usage se répand de parler d'un
mois et que cela ne cause pas de difficulté majeure dans ce
cas-là.
M. Scowen: D'accord.
M. Raynauld: Je pense qu'ils ne sont pas tous d'accord
là-dessus. On a eu des avis juridiques et chaque fois que c'est
mentionné "un mois", ils nous disent: II faut que vous insistiez pour
mettre "trente jours". Cela n'a pas l'air d'être une évidence.
M. Tardif: On peut l'adopter, quitte à...
Le Président (M. Laberge): L'article 85 est-il
adopté?
M. Tardif: Adopté.
Procédures particulières
Le Président (M. Laberge): L'article 85 est adopté.
L'article 86 est appelé.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article 86 est
adopté. Article 87.
M. Scowen: Adopté.
M. Raynauld: C'est étrange, une nouvelle section qui
commence, à l'article 86 par: "Le régisseur qui l'a rendue peut
rectifier une décision..." C'est une inversion poétique.
M. Tardif: On pourrait dire: Le régisseur qui a rendu une
décision peut la rectifier. Mais le régisseur qui l'a rendue
peut... Le mot "décision" est qualifié après, sans cela on
dirait: "Le régisseur qui a rendu une décision peut..."
M. Raynauld: ... rectifier celle-ci.
Le Président (M. Laberge): II faudra qualifier la
décision.
L'article 86 est adopté. Il n'est pas utile non plus d'ajouter
une virgule après le mot "rendue"? On n'en ajoute pas. On le laisse tel
quel. Article 87? Excusez-moi.
M. Raynauld: Est-ce que le régisseur pourrait rectifier
une décision si ce n'est pas lui qui l'avait rendue? Si on disait juste
"le régisseur peut rectifier une décision".
M. Cordeau: S'il décède et que quelqu'un demande de
rouvrir le dossier.
M. Raynauld: II va y avoir des procédures là...
M. Tardif: M. le Président, l'article 86 vise à
permettre au régisseur qui a commis l'erreur de la corriger. Mais les
règles de procédure que la régie va se donner
collectivement, collégialement, vont prévoir ce qui peut se
produire si un régisseur est malade, ou je ne sais quoi, qui peut
entendre la cause et continuer les...
Le Président (M. Laberge): L'article 87 est
appelé.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. Article 88.
M. Scowen: II a été suggéré dans le
cas de l'article 88 que ce ne soit pas normal, si vous voulez, qu'un même
niveau de juridiction puisse renverser les décisions rendues par un
collègue. Ces décisions doivent être portées en
appel. Je sais très bien que, dans l'article 89, les cas de fixation de
loyers ne sont pas permis en appel, toutefois l'appel est rendu par la
même juridiction, la même cour qui a rendu la décision. Ce
n'est pas tout à fait normal et peut-être, une explication
s'impose sur cette anomalie.
M. Tardif: Oui. Dans le cas des fixations de loyers comme tels,
qui font appel à l'application d'une méthode qui fera l'objet de
débats ultérieurement, il nous a semblé que l'expertise
pour l'application de cette méthode de fixation se trouvait à la
régie plutôt que devant les tribunaux ordinaires. Dans ce
cas-là, la révision se fait par un banc de régisseurs qui
sont désignés par le président, qui sont évidemment
différents de ceux qui ont siégé en première
instance.
Je vous rappellerai qu'à l'heure actuelle c'est quand même
la régie qui entend les deux, la Commission des loyers a des
administrateurs qui entendent en première instance et des commissaires
en deuxième. C'est le même organisme, de sorte que, de ce
côté-là, ce n'est pas nouveau. Cela reste à
l'intérieur de la même juridiction, mais ce qui est nouveau ici,
c'est que, dans le cas de l'appel, il sera entendu par un banc de plus d'une
personne. Il y en aura un qui aura entendu en première instance et un
banc de deux ou trois qui siégeront en appel. Cela nous semblait une
garantie suffisante par rapport à ce qui existait.
Une Voix: C'est inhabituel.
M. Cordeau: Le banc d'appel peut être composé de
plus d'un, soit deux ou trois. Pourquoi en placer deux? Au cas où ils ne
s'entendraient pas, ce serait le président qui aurait un vote
prépondérant. C'est toujours l'opinion du président qui va
prévaloir dans ce cas-là. A ce moment-là, cela ne sert
à rien d'en nommer deux pour entendre une cause en appel. Il faudrait
qu'ils soient au moins trois.
M. Tardif: On ne précise pas de nombre. On a un article
qu'on a vu avant cela qui dit que le président peut en nommer
jusqu'à cinq.
M. Cordeau: Oui, mais s'ils sont deux, le président du
tribunal a un vote prépondérant.
M. Tardif: Cela n'est pas dit nulle part, un vote
prépondérant.
M. Cordeau: C'est-à-dire qu'à un moment
donné, il est mentionné... Oui, il a un vote
prépondérant.
M. Tardif: Ah! le président du banc, non pas le
président de la régie.
M. Cordeau: Non, le président du banc a un vote
prépondérant. Cela ne sert à rien de faire siéger
un tribunal d'appel à deux. A ce moment-là,
c'est la décision du président qui va prévaloir,
parce que, s'il diffère de l'autre, il a un vote
prépondérant. Un tribunal d'appel ne devrait jamais être
constitué de deux personnes, au moins de trois.
M. Tardif: A l'heure actuelle, c'est la façon de
procéder à la commission, donc deux commissaires entendent
l'affaire et ce vote prépondérant existe.
M. Cordeau: Pourquoi deux?
M. Tardif: Durant la période où cela a
fonctionné, le désaccord entre les deux qui ont entendu la cause,
il y en a eu un dans X temps. Il se pourrait finalement, dans
l'établissement des règles de pratique, la régie juge
préférable de composer un banc de trois dans les frais
d'appel.
M. Cordeau: II me semble que c'est plus logique...
M. Tardif: Mais ça...
M. Cordeau: ... parce que, autrement, vous donnez à une
personne le droit de voter deux fois. L'autre n'a jamais raison.
M. Tardif: C'est permis par l'article actuel et par l'autre que
nous avons voté antérieurement, où on dit que le banc peut
être composé de cinq régisseurs.
M. Cordeau: C'est prévu à cinq, trois, quatre, il
va falloir qu'il y ait un vote prépondérant, pour trancher la
question.
M. Tardif: Cela remplace bien la formule actuelle et ça
n'a pas posé de problème de fonctionnement jusqu'à
maintenant, de l'avis de ceux qui sont dans la boîte même.
M. Cordeau: J'avais remarqué cette... pas une anomalie,
mais ce détail. Cela ne sert à rien de faire siéger deux
régisseurs pour une même cause, s'il y en a un qui peut voter deux
fois, si son vote compte pour deux.
Le Président (M. Laberge): L'article 88 sera-t-il
adopté?
M. Scowen: II y a une autre question à l'article 88 qui
est plus importante. J'avais l'intention de la soulever à l'article 89,
parce que c'est lié aux deux, je vais la soulever ici. Nous avons
prévu un appel pour les cas de fixation de loyer et, en fait, pour
toutes les autres décisions de la régie, sauf celle de la
démolition. J'imagine que nous pouvons avoir des cas de
démolition très contestés des deux côtés. Je
sais très bien que le perdant peut être la personne qui voulait la
démolition ou celle qui ne la voulait pas. Mais il me semble un peu
injuste de laisser ce seul aspect de notre loi, qui est très important,
sans recours à un appel à n'importe qui.
M. Tardif: Le député de Notre-Dame-de-Grâce a
raison de dire que c'est vraiment à l'article 89 qu'on trouve cette
situation.
M. Scowen: C'est simplement qu'une exception de l'article 89 se
trouve à l'article 88, en fait, parce que l'article 89.1, c'est
l'article qui empêche un appel dans le cas de fixation de loyer et
à l'article 88, on prévoit un autre système d'appel.
Alors, je ne savais pas si une solution serait de créer un
deuxième tribunal à l'intérieur de la régie
même pour les démolitions, comme on a décidé de le
faire pour la fixation du loyer. C'est pourquoi j'ai soulevé la question
pendant le débat sur cet article.
M. Tardif: Là, M. le Président, je reviens à
la question de démolition, ce que je disais tantôt; l'objectif est
que les municipalités adoptent une réglementation et
décident localement de ces choses. La décision de démolir
est une question d'abord d'opportunité, sur laquelle il y a une marge
d'appréciation des faits qui ne sont peut-être pas de nature
à justifier habituellement un appel, l'appel pouvant beaucoup plus
porter sur des questions de droit que sur des questions de fait. Ici, je ne
sais pas si, effectivement, il y a lieu de prévoir un appel dans ces
cas-là, attendu que les auditions en matière de
démolition, enfin les affaires traitant de démolition peuvent
comporter l'intervention d'une personne qui peut se porter acquéreur,
peuvent comporter une demande d'audition publique. (17 h 15)
Est-ce qu'on va recommencer tout ce processus au niveau de l'appel, en
quelque sorte, avec de nouvelles tenues d'audiences, etc.? Il nous semblait que
la décision de la régie, dans ces cas, en première
instance, devrait être finale et que, somme toute, l'idéal serait,
encore une fois, que les municipalités adoptent les règlements.
Ce sera peut-être une incitation pour elles à le faire, à
partir du moment où il serait peut-être plus opportun que ces
causes soient entendues à ce niveau.
Je n'ai pas d'autres commentaires à fournir.
M. Scowen: Je veux rappeler au ministre que c'est une
décision finale pour l'une des parties en cause, seulement. Si le
bâtiment n'est pas démoli, le propriétaire peut revenir
à la charge, un mois, une année plus tard avec une autre demande.
Si le bâtiment est démoli, c'est la fin de l'histoire.
Alors, si le ministre est tout à fait satisfait de sa
réponse, je ne veux pas trop insister, mais je veux simplement souligner
cet aspect de la situation.
M. Tardif: Evidemment, il y a toujours la possibilité de
brefs d'évocation devant la Cour supérieure, s'il y avait des
erreurs grossières de droit, de non-application de règles de
justice, etc. Ces recours sont toujours possibles.
Le Président (M. Laberge): L'article 88 sera-t-il
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Appel
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
89.
M. Raynauld: Adopté.
M. Scowen: J'ai posé la question.
Le Président (M. Laberge): Adopté, l'article
90.
M. Scowen: L'article 90, adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 90 est adopté.
L'article 91.
M. Scowen: Si je peux vous demander un moment...
M. Cordeau: M. le Président, à l'article 90, est-ce
que c'est la Cour provinciale du lieu ou du district? Est-ce que c'est la Cour
provinciale de chaque district ou de chaque lieu?
M. Tardif: A quel article?
Le Président (M. Laberge): L'article 90.
M. Tardif: Qu'est-ce qu'il y a?
M. Cordeau: Est-ce qu'on devrait plutôt dire le district ou
le lieu où est situé le logement?
M. Tardif: "Cet appel est formé par le dépôt,
au greffe de la Cour provinciale, du lieu où est situé le
logement"...
M. Cordeau: Est-ce que les Cours provinciales sont situées
dans des districts judiciaires?
Le Président (M. Laberge): Le logement est situé
dans un lieu.
M. Cordeau: Oui, mais.
Le Président (M. Laberge): Je lis le texte, sans prendre
partie.
M. Cordeau: Du lieu où est situé le logement, il
n'y a pas de problème?
M. Tardif: Du lieu où est situé le logement. Alors,
si le greffe est situé à Saint-Hyacinthe, cela se passe à
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: D'accord, mais il y a des lieux qui n'ont pas de Cour
provinciale.
M. Tardif: L'appel est formé par le dépôt au
greffe de la Cour provinciale du lieu où est situé le logement.
Si le logement est situé à Sainte-Rosalie, mais la Cour
provinciale, le greffe est situé à Saint-Hyacinthe l'appel doit
être fait par dépôt au greffe de la Cour provinciale de
Saint-Hyacinthe qui dessert le lieu où est situé le logement.
M. Cordeau: C'était une question que j'avais...
d'accord.
Le Président (M. Laberge): C'était
déjà adopté. L'article 91 est appelé.
M. Scowen: M. le Président, la question qui s'impose, je
vois que le ministre a changé cet article, si je me rappelle bien, parce
que la forme originale c'est la date de l'envoi de la décision. Je me
rappelle bien que les personnes disaient: Le courrier du fédéral
n'est pas assez rapide, cela peut prendre deux ou trois semaines. Je constate
que vous avez changé je me trompe? le texte dans la
réimpression.
M. Tardif: Un changement qui a été fait dans
quoi?
M. Scowen: Par vous, dans la réimpression, l'article
91.
M. Tardif: L'ancien article disait: "L'appel doit être
formé dans les trente jours de la réception de la
décision, mais une partie peut, pour un motif raisonnable, demander au
tribunal l'autorisation d'inscrire une cause en appel après l'expiration
du délai si l'autre partie n'en subit aucun préjudice grave."
M. Scowen: C'est la même chose, en effet.
M. Tardif: C'est la même chose, je ne vois pas de...
M. Scowen: Je me trompe. Il y a des conseillers qui nous ont dit
qu'il existait une possibilité d'abus, parce que la personne peut
simplement refuser une lettre enregistrée pendant une période.
Est-ce que c'est un problème potentiel? Non.
M. Tardif: II semble que le Code de procédure civile
prévoit que même si une personne refuse de recevoir une lettre
enregistrée, celle-ci est présumée reçue.
M. Scowen: Un refus de réception équivaut à
une réponse.
M. Tardif: C'est cela. M. Scowen: Allez-y.
Le Président (M. Laberge): L'article 91 est-il
adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
92?
Une Voix: Si le gars est absent? S'il est en Floride pour
l'hiver?
Le Président (M. Laberge): Je reviens à l'article
91 qui reste ouvert.
M. Tardif: Oui, c'est l'article 91, évidemment: "L'appel
doit être formé dans le mois de la réception de la
décision, mais une partie peut, pour un motif raisonnable, demander au
tribunal l'autorisation d'inscrire une cause en appel après l'expiration
du délai si l'autre partie n'en subit aucun préjudice grave." Un
motif raisonnable, c'est absent, malade, à l'hôpital ou en
voyage.
Le Président (M. Laberge): L'article 91 est
adopté.
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 92?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. L'article
93?
M. Scowen: Attendez, s'il vous plaît.
M. Raynauld: Là aussi, c'est une question que je ne
comprends pas. On a reçu un avis également là-dessus qui
dit que... L'article 92: "L'appel suspend l'exécution de la
décision, à moins d'une décision contraire du tribunal."
Ce que j'ai ici comme avis, on dit... c'est une question, en fait: La
décision contraire du tribunal à laquelle on fait
référence devrait-elle être rendue dans le jugement
original ou pourrait-elle être fixée par le biais d'une
requête interlocutoire? On ne sait pas ce que ça veut dire.
M. Tardif: M. le Président, encore là, je m'en
remets aux légistes du gouvernement qui nous disent que cet article
reprend substantiellement et est conforme au premier alinéa de l'article
497 du Code de procédure civile qui se lit comme suit: "Sauf les cas
où l'exécution provisoire est ordonnée, l'appel
régulièrement formé suspend l'exécution du
jugement." A moins d'une décision contraire du tribunal, j'imagine que
le tribunal...
M. Raynauld: La préoccupation du juriste qui a
préparé des notes là-dessus pour nous, c'est clair dans
l'ensemble de ces choses, il veut éviter qu'il y ait des périodes
d'indécision. Ici, on dit: Cela suspend l'exécution, mais
à moins d'une décision contraire. A ce moment-là, on n'a
pas suspendu la décision. A plusieurs reprises, il y a des commentaires
à cet effet, il ne faut pas rester dans les limbes, il faut que les
parties sachent... Je trouvais que cette préoccupation avait du
sens.
M. Tardif: Finalement, j'imagine qu'un appel est formé,
l'exécution de la décision est suspendue. Maintenant, quelqu'un
prend une injonction ou demande que la décision soit
exécutée, même si l'appel a cours présentement.
J'essaie de demander à nos gens de donner des exemples. Il faudrait
qu'il y ait une demande particulière à cet effet-là...
M. Raynauld: C'est le tribunal...
M. Tardif:... aille outre à la règle qui veut que
pendant qu'il y a un appel...
M. Raynauld: Qu'on suspende. M. Tardif: ... tout est
gelé.
M. Raynauld: Je comprends. Je n'ai pas d'objection à
ça.
Le Président (M. Laberge): L'article 92 est-il
adopté?
M. Tardif: Adopté. Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 93.
M. Scowen: Adopté. M. Tardif: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 94.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 95.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 96.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 97.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 98.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 99.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 100.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 101.
M. Tardif: ...
Le Président (M. Laberge): Vous revenez sur l'article 100?
Alors je laisse l'article 100 ouvert.
M. Tardif: C'est déjà le jugement de l'instance
d'appel.
M. Raynauld: De l'instance d'appel?
M. Tardif: Oui.
M. Raynauld: Ah bon!
M. Tardif: Oui, ce n'est pas le jugement de la première
instance.
M. Raynauld: Ah bon! M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): L'article 100 est
adopté. J'appelle l'article 101.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 102.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 103.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 104.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 105.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté. J'appelle
l'article 106.
M. Tardif: Si vous permettez, M. le Président. Le
Président (M. Laberge): Sur l'article 105? M. Tardif: Sur
l'article 106.
Le Président (M. Laberge): Sur l'article 106, parfait!
M. Scowen: Sur l'article 106. Le Président (M.
Laberge): Oui.
M. Scowen: Vous êtes à l'article 106 ou 105?
Le Président (M. Laberge): J'ai appelé l'article
106.
M. Cordeau: M. le Président, à l'article 104,
j'avais une question à poser. Je vais la lire. Selon l'avis de la
Commission des services juridiques, il serait plus apprécié de
prévoir une requête pour rejet d'appel au motif que celui-ci est
futile et dilatoire. A l'article 104. La Commission des services juridiques
disait dans son mémoire: "II serait plus apprécié de
prévoir une requête pour rejet d'appel au motif que celui-ci est
futile et dilatoire".
M. Tardif: Voulez-vous répéter le sens de
votre...
M. Cordeau: C'est le conseiller juridique qui a fait ça,
ça me met dans la même position.
M. Tardif: En répétant...
M. Cordeau: De l'avis de la Commission des services juridiques,
dans son mémoire, on disait: "II serait plus apprécié de
prévoir une requête pour rejet d'appel au motif que celui-ci est
futile et dilatoire". Si le motif est futile et dilatoire, probablement de
rejeter l'appel. (17 h 30)
M. Tardif: On m'informe que ce que souhaite en un sens la
Commission des services juridiques peut être établi par les
règles de pratique que la régie va se donner en la matière
ou que la Cour provinciale va se donner sur le sujet. Ce n'est donc pas en...
La loi n'a pas pour effet d'empêcher ce genre de situation-là.
Mais on dit: Le tribunal se donnera des règles de pratique, en ce
qui concerne les appels, les requêtes, les procès de novo et ces
procédures-là. Ce n'est pas interdit de le faire, la loi ne
l'interdit pas, elle le permet et les règles de pratique pourront
l'expliciter.
M. Cordeau: Alors, la préoccupation de la Commission des
services juridiques pourrait être corrigée ou prévue dans
les règles de pratique.
Le Président (M. Laberge): Alors, l'article 104
était adopté et la question a reçu une réponse.
J'appelle l'article 106.
M. Scowen: Avant que vous appeliez l'article 106, M. le
Président, puis-je simplement retourner à l'article 91? Je veux
simplement demander au ministre s'il est encore satisfait de cette fixation de
date, basée sur la réception. Je pense qu'il y avait des
questions qui étaient soulevées et je ne sais pas...
M. Tardif: II y a eu des échanges... M. Scowen:
Semble-t-il.
M. Tardif: On convient que dans les cas d'absence, il pourrait y
avoir des questions d'interprétation qui puissent se poser. Evidemment,
il y a une jurisprudence qui existe, en la matière, mais nos
légistes sont réticents à préciser ici, à
codifier la jurisprudence, à cause des effets d'entraînement que
ceci pourrait avoir sur un paquet d'autres lois. Alors, on
préfère laisser porter et laisser avoir recours à la
jurisprudence existante en la matière, plutôt que de provoquer
cette série de...
M. Scowen: D'accord.
Réglementation
Le Président (M. Laberge): La question a reçu une
réponse, je reviens à la pertinence et à l'article
106.
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je puis faire une
demande au ministre? Il a proposé qu'on travaille aujourd'hui
jusqu'à la fin de l'article 109...
Le Président (M. Laberge): Est-ce que vous avez dit
à la fin de... parce que cela comprend...
M. Scowen: Oui, au début de l'article 109. Mais, dans
l'article 106, il existe des questions un peu fondamentales. Il y a aussi le
fait que le ministre, dans un geste qui jusqu'ici est assez rare, nous a fourni
des projets de règlements pour deux ou trois de ces sous-paragraphes.
Dans le cas du sous-paragraphe 3, nous sommes devant un sous-article qui est
une partie intégrante de ce système de contrôle de loyer,
sur lequel nous avons une certaine réserve. Puisque, cette semaine, la
première semaine, nous en sommes arrivés à étudier
105 articles, en tenant compte du fait qu'il y en a quelques-uns en suspens,
puis-je proposer qu'on arrête ici, aujourd'hui? Cela va nous donner
l'occasion de mieux étudier les propositions de réglementation et
cela va aussi éviter qu'on se lance assez tard, au cours de cette
semaine, dans un débat sur des questions de fond qui sont d'une certaine
importance.
M. Tardif: M. le Président, j'avais proposé qu'on
ne se rende qu'aux articles de la série seize cent, justement, pour
arrêter là, pour ce soir, compte tenu que chacun de nous va avoir
un bout de route à faire. Je comprends que, par exemple, en ce qui
concerne le paragraphe 3 de l'article 106, étant donné le
désir de l'Opposition de faire des représentations sur la
méthode de fixation, on puisse le suspendre, mais, par ailleurs,
j'aimerais, si c'était possible, qu'on approuve les paragraphes qui ne
posent pas de problème. Si, par exemple, on dit: 106.1, établir
des exigences minimales concernant l'entretien, la sécurité et la
salubrité, cela ne pose pas de problème, on l'adopte et
peut-être laisser en suspens le point 3 qui est relié directement
à la méthode de fixation.
Est-ce que c'est concevable, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Théoriquement, c'est
concevable, puisqu'à l'article...
M. Tardif: Si on morcèle l'article 106 en paragraphes.
Le Président (M. Laberge): Puisque l'article 5...
M. Tardif: D'autant plus qu'il est 17 h 30, on peut aller
jusqu'à 18 heures.
Le Président (M. Laberge): Puisqu'à l'article 5, il
y a eu deux paragraphes suspendus et que les autres ont été
adoptés, on pourrait faire la même chose, sans adopter l'article
globalement, par après. Mais on peut adopter des parties de
l'article.
M. Scowen: Est-ce qu'on peut suspendre, ici, pour trois
minutes?
Le Président (M. Laplante): La suspension est
accordée pour deux ou trois minutes.
Suspension de la séance à 17 h 39
Reprise de la séance à 17 h 40
Le Président (M. Laberge): La commission reprend ses
travaux. J'appelle l'article 106.
M. Scowen: Est-ce que je peux proposer, M. le Président,
qu'on suspende les sous-paragraphes 1 et 3 et qu'on commence avec le
sous-paragraphe 2?
Le Président (M. Laberge): Est-ce que cette proposition
sera acceptée du côté du ministre?
M. Tardif: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): Je suspends donc l'étude
du paragraphe 1 et du paragraphe 3 et j'appelle le paragraphe 2. Est-ce que ce
paragraphe 2, qui se lit comme suit: "Déterminer ce qui constitue un
logement impropre à l'habitation" sera adopté?
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: ... à moins que le ministre ne veuille...
Essentiellement sur ce paragraphe 2, j'ai une question: C'est la relation qui
existe ou qui n'existe pas entre le projet de règlement qui nous est
présenté et des règlements qui peuvent exister au niveau
des municipalités. A cet égard, je voudrais savoir si, dans la
mesure où il en existe déjà
dans certaines municipalités, ce que j'ignore, est-ce que ce
projet de règlement est compatible avec ceux qui existent? Est-ce que
ça va soulever des difficultés d'interprétation?
Deuxièmement, s'il en existe déjà, lesquels vont avoir
préséance dans la mesure où ils sont
différents?
M. Tardif: D'accord! Je dois dire d'abord qu'il existe
quantité de codes d'habitation ou de logement. Il y a le Code national
du bâtiment, de la SCHL, qui ne lie finalement que les personnes qui
empruntent de la SCHL ou pour lesquelles la SCHL garantit des emprunts. Il y a
le Code québécois du bâtiment qui s'applique
obligatoirement dans tous les immeubles de plus de deux étages si
ma mémoire est bonne et comportant plus de huit logements. Donc,
obligatoirement il y a un code qui régit ça dans tout le
Québec. Et il y a des municipalités qui ont des codes... Je passe
rapidement sur les codes spéciaux, comme le Code de plomberie, le Code
d'électricité et autres. Il y a aussi des codes du logement
municipaux. La ville de Montréal en a un par exemple. Je pense que la
ville de Verdun en a un, mais sur les 1656 municipalités que nous avons
au Québec, je pense que nous pouvons compter sur les doigts des deux
mains, à peine dix municipalités, qui ont de tels codes. Dans les
autres, il n'y en a pas. C'est donc dire que la possibilité de faire
double emploi pour ces matières-là, surtout en ce qui concerne
les logements impropres à l'habitation, est à peu près
inexistante, c'est-à-dire que les plages de recoupement sont très
minimes.
Il faut convenir cependant qu'il y en a dans le cas des
municipalités qui ont de tels règlements ou qui pourraient en
adopter. Là-dessus, je suis d'autant plus d'accord pour acquiescer
à la suspension de l'article 106, au moins quant à ses
paragraphes 1 et 2, qu'actuellement nous sommes en train d'examiner, avec les
légistes du gouvernement, les concordances à faire dans les cas
où il y aurait des règlements, lequel s'appliquera, lequel a
préséance sur l'autre.
Mais ce dont il faut bien se rendre compte, c'est qu'il y a beaucoup de
règlements municipaux qui ne sont pas des règlements que
j'appellerais minimaux, des standards de base, mais vont bien au-delà de
cela. En d'autres termes, il pourrait être souhaitable que dans... Il y
en a dans beaucoup de règlements municipaux, il y a beaucoup de normes,
mais est-ce que ces normes sont... Est-ce que leur absence rend le logement
impropre à l'habitation? C'est là qu'est toute la question. La
régie, elle, a comme souci de s'assurer que les logements offerts en
location sont propres à l'habitation. La municipalité peut avoir
des exigences d'un niveau supérieur. On peut voir des
municipalités... Je ne dis pas approuver nécessairement tel
règlement qui va exiger qu'il n'y ait aucune maison construite dans la
municipalité, qui n'ait pas trois chambres de bain et qui ne coûte
pas au bas mot $75 000.
Je caricature un peu, mais il y a des cas pas tellement voisins de cela.
Il y a une marge entre les deux, il y a un problème le
député d'Outremont a raison de le soulever et nous sommes
en train de travailler là-dessus et nous apporterons, je
l'espère, au cours de la semaine prochaine lorsque nous reprendrons cet
article, un paragraphe pour proposer des éléments de solution
à ce problème de concordance entre les deux.
M. Raynauld: Donc, si je comprends bien, ce qui est
proposé pour le paragraphe 2 en ce qui concerne les logements qui
peuvent être... les exigences pour qu'un logement soit propre à
l'habitation, c'est en quelque sorte un code minimal.
M. Tardif: C'est vraiment dans le genre très minimal.
M. Raynauld: C'est ce que j'ai constaté à la
lecture du règlement. En ce qui concerne la liaison avec les
règlements municipaux, la semaine prochaine vous proposerez
peut-être un amendement ou une précision qui permettra de
clarifier ce point.
M. Tardif: Pas au paragraphe 2, mais à l'ensemble des
conflits qui pourraient exister pour les règlements faits en vertu de
l'article 106. D'accord?
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 2 sera-t-il
adopté?
M. Raynauld: Je voudrais simplement ajouter une impression que
j'ai. A la lecture du projet de règlement, je ne vois pas en quoi un
règlement comme celui-ci pourrait vraiment poser des difficultés.
Si d'ici la semaine prochaine, après des consultations additionnelles,
le ministre confirme que ça ne pose pas de difficulté à la
lecture du règlement en tant que tel, je n'ai pas d'objection; au
règlement tel qu'il est rédigé, je n'ai pas
d'objection.
M. Tardif: Remarquez, M. le Président, qu'on ne demande
pas aujourd'hui à la commission d'approuver le règlement. Ce
qu'on demande, c'est d'approuver, dans la loi, le pouvoir de faire un
règlement, et je l'avais distribué dès la deuxième
lecture pour donner une idée de ce que ça pourrait comprendre.
D'accord?
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 2 est
adopté. J'appelle le paragraphe 4.
M. Scowen: Je demande que le ministre nous donne une idée
de l'objectif de ce paragraphe.
M. Tardif: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le ministre, comme il est de
coutume que les commissions suspendent leurs travaux à 18 heures et que
je sais qu'il y a eu entente pour que nous continuions nos travaux pendant
quelques minutes pour discuter jusqu'à l'article 109 exclusivement,
je prononce que les travaux sont prolongés. Je vous redonne la
parole.
M. Tardif: M. le Président, cette possibilité
prévue à l'article 4: "Exempter en totalité ou en partie,
de l'application des articles 1658.15 à 1658.17 du Code civil, une
catégorie de personnes, de baux ou de logements, ou leur rendre
applicables des critères différents", par exemple, on dit
maintenant: Les chambres vont être régies par la loi; elles
l'étaient avant, mais elles peuvent l'être, et des critères
différents pourraient s'appliquer dans le cas de la fixation des prix
des chambres. On pourrait concevoir que des méthodes semblables à
celles utilisées à l'occasion par Loge-expo, ou des jeux
olympiques, au moyen d'un formulaire ou semblable à ce qui peut
être déterminé pour le prix des hôtels, qu'on
procède à une méthode différente pour certains
types de logements, mais logements au sens étendu de cette loi.
C'est la même chose pour les terrains de maisons mobiles, par
exemple. Cela peut être des critères différents qui
s'appliquent à ces cas que ceux des logements présentement.
Egalement, nous pourrions envisager que les méthodes de fixation soient
différentes dans le cas des restaurations majeures que pourraient subir
des logements, ou encore dans le cadre de programmes québécois ou
à frais partagés, fédéral-provincial-municipal, de
restauration. Je pense au programme PAREL, présentement, où des
ententes peuvent être prévues entre propriétaire et
locataire quant au taux de loyer à la suite d'une restauration ayant
fait l'objet d'une subvention de l'Etat à quelque niveau que ce soit. On
dit ici qu'il peut exister des catégories de personnes, de baux ou de
logements qui pourraient faire l'objet de critères différents.
(18 heures)
M. Scowen: En effet, vous pouvez rendre non opérant
l'article 3 qui dit que le gouvernement, etc., est lié par cette
loi.
M. Tardif: Ou faire un règlement différent.
M. Scowen: Oui, ou ne pas réglementer du tout.
M. Tardif: Ou ne pas les réglementer du tout. Par exemple,
on pourrait, à un moment donné, décider que des logements
de luxe à Outremont sont exemptés du contrôle des
loyers.
M. Scowen: Je pense que c'est un autre...
M. Guay: Le logement du député d'Outremont
peut-être.
M. Raynauld: C'est parce qu'il y a beaucoup de ministres dans le
gouvernement qui sont là!
M. Tardif: Ce n'est qu'une méthode différente de
fixation. Je reprends ce que j'ai dit. Pour certaines catégories de
logements, une méthode différente de fixation pourra être
appliquée.
M. Scowen: Ou aucune fixation.
M. Tardif: A la limite. Enfin, disons, une méthode qui
ferait appel essentiellement à la négociation des parties.
M. Scowen: Je pense que c'est une question qui est souvent
soulevée dans les projets de loi. J'ai constaté les mêmes
problèmes dans le cas de l'avant-projet de Code de la route où le
gouvernement se donne le droit de changer la définition de termes dans
plusieurs cas. Je me demande si c'est une idée acceptable de nous
obliger à travailler ici deux ou trois semaines à
développer une loi qui est bien fondée et justifiable et,
après, avec un seul article, de donner au Conseil des ministres le droit
de faire des changements.
Il y a un autre aspect que je veux soulever, M. le ministre, et c'est
pour moi une autre indication de l'intention du gouvernement d'appliquer un
contrôle des loyers assez universel. Vous êtes obligé, en
effet, de dire: Ecoutez, notre nouveau système de contrôle
universel des loyers est si compréhensif qu'il faut donner au moins au
gouvernement le droit de ne pas être lié par ce système.
Les règlements sont prévus comme étant universels; alors,
les implications sont assez sérieuses. J'aimerais avoir l'opinion de mes
collègues là-dessus, parce qu'ils ont plus d'expérience
que moi dans cette sorte d'article.
Quant à moi, j'ai des réserves importantes pour ce qui est
de donner au Conseil des ministres le droit de refaire la loi.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais soumettre
respectueusement que l'actuelle loi de conciliation allait très loin
dans la mesure où elle permettait au lieutenant-gouverneur en conseil,
donc au gouvernement, à toutes fins utiles, de modifier la loi de
conciliation. C'étaient des dispositions qui n'avaient pas
été utilisées tellement souvent, à ma connaissance,
mais qui existaient, ce qui était assez exceptionnel.
Dans ce cas, ce n'est pas ce qui est prévu. Il y a un pouvoir de
réglementation pour déterminer dans un règlement une
méthode de fixation. Je vous fais remarquer que la régie en
utilise une présentement qui n'a jamais fait l'objet d'un
règlement. Donc, nous allons faire un règlement. On va essayer
d'en faire un. On vous dit également qu'il y a des types de logements,
tels que définis pour les fins de cette loi, par exemple, les chambres,
les terrains pour maisons mobiles, qui posent des problèmes
particuliers.
Nous avons l'exception qui est déjà prévue pour les
HLM dans la loi où on dit: Ce n'est pas en fonction de ces
critères, mais en fonction du revenu des gens. Il y a eu diverses
représentations qui ont été faites à un moment
donné en commission parlementaire pour nous suggérer que, selon
le cas, en fonction des taux de vacance, de la taille des logements, du taux de
loyer payé quand je dis la taille des logements, on faisait la
distinction entre les logements à appartements multiples par rapport au
duplex qui est à la fois un immeuble que le propriétaire occupe
lui-
même et dans lequel il y a un seul logement, différents
groupes nous faisaient la suggestion parfois, en commission, d'avoir des
méthodes de fixation différentes. Ce qu'on dit ici, c'est que
nous avons pensé qu'il était souhaitable d'introduire dans la loi
de toute façon, il était nécessaire de le faire
pour les chambres et les terrains pour maisons mobiles cette marge de
manoeuvre non pas pour éliminer la méthode de fixation qui sera
discutée ultérieurement, mais d'en faire les adaptations requises
selon les groupes de baux, de personnes, de logements. Le règlement,
évidemment, est un règlement qui devra être connu,
promulgué et...
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: J'ai déjà vu à plusieurs
reprises, depuis que je suis député, des articles de projet de
loi qui donnent une très grande latitude au gouvernement.
Invariablement, je crois qu'il est absolument essentiel de faire remarquer que
ce n'est plus de la législation, c'est une démission devant la
complexité des choses, mais vraiment une démission où des
parlementaires, en fait, renoncent à légiférer et
admettent que les décisions seront prises par des règlements, par
le gouvernement plutôt que par le Parlement. Je trouve très
regrettable qu'on en vienne chaque fois à des méthodes où
on peut comme l'a dit mon collègue essentiellement voter
une loi et ensuite dire: La loi ne s'appliquera pas à telle ou telle
catégorie. Ce sont des choses qui, ici, s'appliquent vraiment à
l'essentiel du projet de loi qui est, en fait, la fixation des loyers. Je
comprends qu'il y a des parties accessoires d'un projet de loi qui ne sont pas
touchées par ces exemptions, mais je les appelle des parties
accessoires. Ce n'est pas pour cela que le projet de loi a été
présenté, a été conçu. Il a
été conçu pour régler le problème de la
fixation des loyers.
Tout à coup, on arrive ici avec un paragraphe où on dit:
On pourra exempter en totalité ou en partie de l'application de la loi,
des catégories de personnes, des baux, des logements ou à rendre
applicables des critères différents. Il me semble qu'à ce
moment-là, c'est aussi bien de dire: Le gouvernement fera les
règlements qu'il voudra. Il se donne, par un article comme
celui-là, les pouvoirs, en réalité, d'appliquer ce qu'il
pensera être la meilleure façon de le faire, plutôt que de
forcer le gouvernement à revenir devant la Chambre, devant
l'Assemblée nationale et proposer des amendements lorsque c'est
nécessaire. Si chaque fois qu'il y a des difficultés on
sait qu'il y en a, et je le reconnais d'emblée on dit que l'on ne
changera pas la loi, que l'on ne reviendra pas devant l'Assemblée pour
déterminer quelle sera au moins l'orientation des décisions qui
seront prises, mais l'on dit plutôt au gouvernement: Vous changerez les
règlements...!
Je ne peux pas ne pas relier cet alinéa 4 à
l'alinéa 7 sur lequel on reviendra un peu plus loin, où on dit
aussi que le gouvernement pourra prescrire ce qui doit être prescrit.
C'est extraordinaire comme formule. Il prescrira, autrement dit, ce qu'il
voudra prescrire et cet alinéa 4, je trouve que c'est un abus de la
réglementation et un abus auquel je veux m'opposer parce que je trouve
que ce n'est pas conforme aux règles parlementaires qu'on a suivies et
qu'on suit. Je regrette beaucoup qu'on retrouve ce genre d'articles,
maintenant, de plus en plus. Mais je pense qu'on doit résister à
cette tentation de la facilité. S'il y a des problèmes pour les
maisons mobiles, pourquoi n'écrit-on pas des articles sur les maisons
mobiles? Qu'on dise, dans le cas des maisons mobiles, on appliquera autre chose
ou bien on prévoit des mesures d'exception pour les maisons mobiles.
Qu'on mette un article disant que ce sont des terrains non construits,
je suppose, lorsqu'on parle de terrains ici, lorsque M. le ministre a dit que
cela pouvait s'appliquer à des terrains dans le cas des terrains,
ce ne sera pas nécessairement ce qui est prévu à l'heure
actuelle qui s'appliquera, mais ce sera autre chose. Si on veut établir
des catégories différentes de personnes, de baux ou de logements,
qu'on se donne la peine de rendre ces choses-là spécifiques,
qu'on le dise d'une façon spécifique. Qu'on ne se voie pas
placé devant la situation où on s'imagine, visiblement à
tort, qu'on a vraiment déterminé au moins de grandes orientations
par voie législative, qu'on a pensé prévoir au moins tous
les cas importants et qu'on n'ait pas à s'en remettre à un
alinéa comme celui-ci qui, en fait, peut annuler l'essentiel de tout ce
qui est présenté dans le projet de loi.
Je ne prête aucune intention au gouvernement en disant cela, cela
peut jouer d'un côté ou d'un autre, suivant les idées qu'on
peut avoir sur le projet de loi, mais ce n'est pas pour cela que je fais cette
réflexion. Je me dis que c'est vraiment un alinéa qui viole
sérieusement la philosophie qui a présidé jusqu'à
maintenant à un régime parlementaire comme le nôtre et
à un régime où des parlementaires décident des
grandes orientations qui seront appliquées par la suite.
Il me semble, encore une fois, que cet alinéa est vraiment une
solution de facilité et je vais, comme je l'ai fait d'ailleurs dans
d'autres cas dans le passé, à propos d'autres projets de loi, non
seulement exprimer mon désaccord sur cela, mais l'exprimer de
façon formelle par un vote, si on peut voter sur cet article-là
par paragraphe.
Il me semble que c'est vraiment une clause "grand-père", qui
permet en fait de faire à peu près n'importe quoi et qui peut
aller à l'encontre des orientations du projet de loi lui-même.
M. Tardif: M. le Président, il est évident qu'en
vertu de l'article 4... Là, je voudrais essayer de comprendre
l'Opposition. Je comprends la répugnance naturelle que le
législateur, en tant que législateur, peut avoir à toute
délégation de pouvoirs à l'Exécutif. (18 h 15)
Par ailleurs, l'Opposition nous dit: Nous vous demandons de retirer
l'article 3 ou de le suspendre, d'en suspendre l'étude, parce qu'il nous
semble que vous vous acheminez vers une méthode universelle de
contrôle des loyers.
Alors, si telle est la conviction de l'Opposition et son
appréhension, il me semble que, nonobstant le problème de
l'inflation réglementaire, elle devrait voir d'un bon oeil que, par le
paragraphe 4, on vienne restreindre ce qui pourrait
dégénérer, selon sa prétention, en un
contrôle universel.
Ce que le paragraphe 4 vient faire, cela pourrait être à la
limite de prévoir, par voie de réglementation, que certains types
de logement je l'ai mentionné tantôt pourraient
être exemptés ou à tout le moins que des méthodes
différentes pourraient s'appliquer.
Imaginons qu'un programme d'allocation au logement ou de
supplément de loyer ou autre soit généralisé
il existe de façon très parcellaire présentement
à ce moment, on pourrait parler de catégories de personnes.
Imaginons à la limite des logements offerts à bail
à des membres d'une même famille et dont les loyers, en
conséquence, ont été maintenus artificiellement bas
pendant des années, parce que c'était quelqu'un de la famille,
à la limite le règlement je ne dis pas que c'est dans la
loi pourrait prévoir que, pour certaines catégories de
personnes ou de baux, une méthode de fixation différente de celle
de la méthode générale pourrait s'appliquer, ce qui
pourrait impliquer, à la limite, une révision possible du prix de
base de ce loyer.
Il me semble que, précisément en raison du souci de
l'Opposition de ne pas voir la généralisation, la standardisation
à l'échelle du Québec d'une méthode unique de
fixation, cet article 4 permet des adaptations. On ne peut pas avoir son
gâteau et le manger.
M. Scowen: II existe d'autres moyens de réaliser
l'objectif que nous désirons.
M. Raynauld: M. le Président, j'aurais une question de
procédure parlementaire au point de départ, mais, si le ministre
veut m'amener sur le fond, je pourrais lui dire que, bien sûr, vous
pourrez peut-être exempter en tout ou en partie, mais, lorsque vous dites
que vous pouvez également rendre applicables des critères
différents, on pourrait imaginer également que, pour une certaine
catégorie de personnes, les augmentations de loyer vont être de
zéro pendant dix ans. Alors, rendu là, on est livré
à l'arbitraire, ce que des règlements représentent par
rapport à ce que les parlementaires peuvent faire.
Vous pouvez prendre des exemples qui iraient dans le sens que nous
voudrions voir. Mais on pourrait imaginer également des exemples qui
iraient dans un sens contraire. Je ne voulais pas placer le débat sur ce
plan. Je voulais simplement dire: Est-ce que ce sont des procédures
conformes à nos pratiques parlementaires? Je trouve que ce paragraphe va
très loin dans la négation des choses. Sur d'autres projets de
loi, on peut passer des heures pour dire: II faut qu'il y ait des
critères dans la loi pour que ce ne soit pas laissé
complètement à la discrétion soit des régies, soit
du gouvernement en tant que tel, par son pouvoir de réglementation. On
insiste continuellement sur des choses comme celles-là. On l'a fait
aussi dans ce cas et là, tout à coup, on voit un paragraphe qui
annule en grande partie toutes ces précautions qu'on voulait se donner.
C'est beaucoup plus dans ce sens que je dis cela.
Encore une fois, je ne sais pas si je serais heureux qu'il y ait des
exemptions, comme le ministre l'a dit, parce qu'à ce moment, cela
devient très arbitraire et l'arbitraire n'est pas meilleur qu'une
mauvaise décision systématique. Mais je ne sais pas laquelle des
deux je prendrais, si j'avais à choisir.
Si, à ce moment, on dit: On va décider qu'à
Outremont, les loyers ne montent pas, mais que, dans le comté d'un autre
député, ils vont monter...
Une Voix: ... eu une mauvaise décision.
M. Raynauld: Les deux, à ce moment-là, bien
sûr. L'arbitraire n'est jamais un très bon principe.
M. Guay: Est-ceque je peux suggérer, au
député d'Outremont... Je lui dis tout de suite que je suis
sensible à cette argumentation. Je n'aime pas plus que lui ou que
d'autres députés en cette Chambre, de quelque côté
de la Chambre que ce soit, voir le pouvoir réglementaire de
l'Exécutif et en particulier, pas tellement le Conseil des ministres
autant que l'administration publique qui la sous-tend, voir ce pouvoir
réglementaire s'accroître presque comme un mal nécessaire
au cours des années. Que ce soit ici ou sous d'autres gouvernements,
ailleurs au Canada, aux Etats-Unis ou en Europe, mais c'est peut-être
vouloir... Il y a des choses qu'on ne peut pas faire autrement que de vouloir
prévoir par réglementation, parce qu'on ne peut pas tout
prévoir. Au fond, ce que dit le député d'Outremont, ce
n'est pas tellement qu'il existe des règlements autant qu'il n'y a pas
de contrôle parlementaire de la législation
déléguée et, en ce sens, si le but de son propos est de
souhaiter, non pas qu'il n'y ait pas de règlement dans les lois, mais
que les règlements soient soumis à l'attention des
députés, d'une manière ou d'une autre, comme il y eu une
tentative timide qui s'est faite à Ottawa il y a quelques
années...
D'ailleurs, l'ancien leader du gouvernement et ancien
député de Maisonneuve s'était déjà
déclaré ouvertement favorable à une telle initiative alors
qu'il siégeait à l'Assemblée nationale, avant même
que le député de Saint-Laurent fasse cette proposition plus
concrète. C'est une idée qui circule depuis déjà un
bon moment et qu'il y aurait peut-être lieu de réactualiser. Je
suis sûr que, pour une idée comme celle-là, on va trouver
une certaine unanimité, en tout cas, qui va transcender les lignes de
partis. Je ne sais pas si tout le monde sera d'accord, mais je dis qu'on va
trouver des gens d'accord dans tous les partis et que c'est peut-être
davantage de ce côté-là que devraient porter les efforts,
plutôt que de chercher à dire: II y a trop de pouvoirs
réglementaires dans cette loi-
là ou dans cette loi-là ou dans cette loi-là et,
finalement, on prétend que ça fait trop de règlements.
C'est peut-être davantage s'assurerque, bien sûr, il y a des
règlements, parce qu'on ne peut pas faire autrement, mais ces
règlements sont soumis à l'attention ou à l'approbation
il y a une distinction très importante entre les deux des
députés.
M. Goldbloom: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: ... je trouve que ce dont nous discutons ici va
plus loin et plus profondément que la question, que nous
débattons depuis bien des années, de l'opportunité
d'accorder à l'Exécutif un certain pouvoir de
réglementation, dont l'exercice exempte du processus de débats
parlementaires certaines décisions d'ordre législatif. Le
paragraphe 4 permettrait qu'un règlement mette de côté
trois articles du Code civil et, si nous avons un Code civil, c'est pour que
l'application de ce code soit uniforme à travers la province. Pour tous
les citoyens du Québec, il y a un Code civil. C'est le Code civil du
Québec et, quand on voit que les trois articles en question commencent
chacun par les mots "un tribunal", à mon sens, la chose devient encore
plus grave. Chaque article porte sur le comportement juridique d'un tribunal
saisi d'une demande de fixation, de révision de loyer, etc.
Dans le deuxième cas, c'est un tribunal saisi d'une demande de
modification d'une condition du bail et, dans le troisième cas, c'est un
tribunal saisi d'une demande de réajustement du loyer. M. le
Président, il me semble donc que la loi que nous nous apprêtons
à adopter, nous le présumons, établit un nouveau Code
civil en ce qui concerne ces articles-là et dit: Voici le régime
qui doit s'appliquer à la fixation des baux, à la
détermination des loyers, etc.
Voilà, on dit: Mais, quand même, si le ministre trouve que
c'est un peu compliqué pour une catégorie de personnes, une
catégorie de baux ou une catégorie de logements, il peut mettre
de côté des articles du Code civil. Pour ce faire, il ne serait
pas obligé de proposer un projet de loi qui définirait les
catégories de personnes, de baux ou de logements et qui
établirait les différences qui existeraient. Mais il dirait tout
simplement: Nous adoptons la loi, nous accordons dans le Code civil des
pouvoirs aux tribunaux, mais le gouvernement peut, par règlement, mettre
tout cela de côté et dire aux tribunaux, pas par une loi, mais par
des règlements: C'est différent pour telle ou telle personne.
Je trouve qu'il y a quelque chose de boiteux dans cela comme
procédure législative. Cela m'embête, surtout quand on dit
que le gouvernement pourrait rendre applicables à des catégories
de personnes, de baux ou de logements des critères différents. Il
me semble, M. le Président, que le moins que nous puissions demander, ce
serait que le tout fasse partie d'une étude unique par cette commission
parlementaire, c'est-à-dire que, si nous sommes pour avoir des
règlements, des critères qui seront fournis aux tribunaux
concernés, nous devrions pouvoir connaître les catégories
qui feraient l'objet d'exemptions et les critères différents qui
leur seraient appliqués.
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Mes deux collègues ont soulevé chacun
une objection quant à ce sous-paragraphe basée sur deux arguments
différents, et moi j'en avais un troisième. Je pense que ce sont
trois arguments qui ont chacun un fondement. Je me demande si le ministre ne
peut pas accepter de repenser un peu les implications de ce paragraphe.
M. Tardif: M. le Président, je suis également
sensible aux arguments de l'Opposition en ce qui concerne le paragraphe 4. Il y
a peut-être là, d'une part, une porte un peu trop grande ouverte
à la réglementation, qui a peut-être été
inspirée des dispositions de la loi actuelle parce qu'à toutes
fins utiles la loi actuelle permet au gouvernement, par règlement,
d'abroger la loi de conciliation. Si on lit les choses: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut à l'article 31 faire
adopter des règlements pour décréter toute disposition
supplétive, interprétative ou accessoire ayant trait à
l'application de la présente loi ou ayant l'effet de la modifier ou d'en
abroger des dispositions." Adopter des règlements ayant l'effet de
modifier ou d'abroger les dispositions de la loi, c'est en toutes lettres, "b)
déterminer sous réserve des dispositions des articles 2 à
9 les devoirs, attributions et conditions d'engagement ou de nomination des
commissaires, des administrateurs ou de leurs employés; "c) modifier les
formalités et délais de procédure prescrits par la
présente loi lorsqu'il le juge à propos pour la protection des
droits respectifs des intéressés; donc, il y a des
délais dans la loi et on veut modifier tout cela; "d) édicter des
peines pour violation des prescriptions de la présente loi; "e)
établir une méthode de fixation du loyer d'un local d'habitation
tenant compte de... il y a différentes variables; "f) adopter
toute autre mesure propre à atteindre les buts visés par la
présente loi."
Evidemment, cet article qui date de 1950 ou 1951, qui a
été modifié subséquemment en 1951-1952, 1968, oui.
1973, 1975, deux fois. Donc, sous les gouvernements... (18 h 30)
M. Raynauld: Sous une autre ère...
M. Tardif: Je conviens que...
M. Raynauld: L'ère de Duplessis en 1951.
Une Voix: Oui, mais ce sont des purs qui sont au pouvoir
maintenant.
M. Tardif: M. le Président... Une Voix: ...
M. Tardif: ... je ne veux pas... Je pense que c'est vraiment une
disposition exorbitante qui était dans cette loi; en toutes lettres,
où on donne le pouvoir par règlement, de modifier une loi. Je
pense qu'il n'est pas question de faire ça et je suis bien d'accord pour
suspendre le paragraphe 4 à ce sujet-là. D'accord? Et qu'on y
revienne en même temps que 3.
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 4 de l'article
106 est suspendu. J'appelle le paragraphe 5.
M. Scowen: Si je comprends bien, M. le ministre, ce
sous-paragraphe n'était pas dans le projet de loi que vous avez
présenté je ne sais pas quand, le premier et je
vous demande de nous expliquer un peu pourquoi vous avez décidé
de l'ajouter à la réimpression.
M. Tardif: II nous a semblé qu'actuellement les affaires
soumises à la régie, qui sont donc entendues et traitées
par elle, sans aucun frais, sans aucun déboursé pour les parties,
contrairement, par exemple, à ce qui existe à la Cour des petites
créances où il y a des frais modérateurs de $5 pour les
litiges de moins de $100 et de $10 pour ceux au-dessus de $100.
Ce que nous avons voulu prévoir par cet article, c'est la
possibilité d'introduire, le cas échéant, des frais
modérateurs également, comme ça se passe à la Cour
des petites créances sur ces matières.
M. Scowen: II est impossible de ne pas imaginer que
l'introduction de cet article est liée en quelque sorte à une
autre modification importante qui était introduite dans la
réimpression, notamment le fardeau, le changement de la demande de la
part du locataire au propriétaire. Si on peut imaginer que maintenant
c'est le propriétaire, très souvent un propriétaire qui
n'a pas beaucoup de moyens, parce qu'il en existe 200 000 au Québec,
dont plusieurs sont aussi des locataires, on peut imaginer, avec fondement je
pense, que cela peut devenir un obstacle additionnel aux personnes qui veulent
vraiment augmenter un loyer de façon justifiée et elles se
trouveront devant un obstacle financier.
Même si je suis absolument pour l'idée en
général que les services doivent être remboursés,
payés par les personnes qui en bénéficient, je trouve
quand même que, tenant compte du fait qu'on veuille favoriser la
conciliation, ce serait plus équilibré si on laissait le projet
de loi comme il était initialement, en donnant le droit à
n'importe qui de faire la présentation et donnant le droit à la
régie de rendre justice dans un tribunal, sans qu'on soit obligé
de payer les frais. Je pense que c'est très rare qu'on voit un tribunal
qui impose des frais pour les personnes qui veulent présenter une cause
devant ce tribunal...
M. Tardif: Non, c'est le contraire, M. le Président. J'ai
mentionné qu'à la Cour des petites créances, et je
rappellerai au député de Notre-Dame-de-Grâce que
dorénavant la Régie du logement aura compétence pour
entendre ces matières qui, jusqu'à l'adoption de la loi, allaient
devant la Cour des petites créances dès qu'elles touchaient le
logement et qui, dorénavant iront devant la régie.
Si ceci restait en d'autres termes à la Cour des petites
créances, il y aurait des frais modérateurs de $5 pour les
matières en bas de $100 et des frais de $10 pour celles au-delà
de $100.
Par ailleurs, à la Cour provinciale la Régie du
logement va exercer une partie de la juridiction ou de la compétence qui
relevait de la Cour provinciale là aussi il y a des frais
judiciaires qui sont imposés.
Alors, ceci peut être considéré non pas comme des
frais nouveaux, mais comme un transfert dans ce cas. C'est vrai que le nouveau
partage du fardeau de la démarche peut ou a été
considéré dans l'introduction du paragraphe 5, mais ce n'est pas
correct de dire qu'à ce moment seuls les propriétaires, parce
qu'ils feraient une demande de fixation à la régie, seraient
soumis à des frais, puisque je l'ai mentionné les
causes de fixation, somme toute, n'ont représenté que 40%
à 45%, au cours de la dernière année, des affaires
traitées devant la régie, les autres étant introduites par
les locataires qui pourraient aussi faire l'objet de ces frais
modérateurs. C'est donc dire, M. le Président, qu'il y a des
choses qui présentement vont soit à la Cour provinciale, soit
à la Cour des petites créances, pour lesquelles les frais sont
prévus. Dès lors qu'elles viennent à la régie, il
n'y en a plus.
M. Scowen: Est-ce que c'est vrai que dans les tribunaux, c'est la
personne ou la partie qui perd la cause qui a l'obligation de payer les frais,
normalement?
M. Tardif: Normalement, sauf qu'ici il n'y en a pas du tout.
M. Scowen: II n'y en a pas.
M. Tardif: Actuellement, à la régie, il n'y en a
pas du tout.
M. Scowen: Mais il faut payer une somme pour présenter une
demande. Alors, ce sont des frais. On va essayer de couvrir les coûts de
cet appel, de cette cause et on n'oblige pas la personne qui finalement se
trouve injustifiée, mais on oblige la personne qui fait la demande, qui
est en effet, dans la grande majorité des cas, le propriétaire,
à en faire les frais.
M. Guay: M. le Président, à la Cour des petites
créances, si le député me le permet, les $5 ou les $10, si
c'est en bas de $100, sont payables par la partie qui perd. Alors, si vous
perdez votre cause, cela vous coûte $10, si vous la gagnez, cela ne vous
coûte rien. Dans la mesure où c'est ce qui est prévu
ici...
M. Raynauld: Ce n'est pas ce qui est... M. Guay: Ce n'est
pas dit, mais...
M. Scowen: Si un propriétaire présente une demande
qui est justifiée, qui n'est pas la régie, est-ce qu'il sera
obligé de payer une somme pour la présenter?
M. Tardif: Le règlement n'est pas là, n'est pas
fait. Il n'est pas sûr qu'il y en aura un. Ce qu'on vous dit, c'est que
la possibilité est prévue dans la loi d'adopter un
règlement qui comporterait des frais modérateurs. La question qui
a été posée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce tantôt, c'est: Qu'est-ce qui existe à la
Cour des petites créances? Selon la règle, c'est la partie qui
perd qui assume les frais ou les frais modérateurs.
M. Raynauld: Ce qu'il y a de plus paradoxal, si mon
collègue me le permet, c'est que...
M. Scowen: Absolument.
M. Raynauld: ... dans ce cas-ci, si j'ai bien compris, le
propriétaire demande une augmentation de loyer, le locataire s'y oppose
et c'est le propriétaire qui doit aller devant la régie. Par
conséquent, ce n'est pas le propriétaire qui est à
l'origine de la demande, dans un sens, c'est l'opposition.
M. Tardif: Cela dépend où on se situe dans le
processus de la poule et de l'oeuf. Finalement, on peut aussi
considérer...
M. Raynauld: Oui, mais qu'on le mette d'un côté...
c'est quand même...
M. Tardif: ... que le propriétaire veut changer les
conditions d'un contrat qu'il a signé avec son locataire à un
moment x...
M. Raynauld: Non, il ne veut pas changer les termes d'un contrat.
Il veut signer un nouveau contrat et c'est important. C'est un nouveau bail
qu'il veut changer. Ce n'est pas un bail existant. Il veut changer les
conditions d'un nouveau bail. Donc, c'est un nouveau contrat et, là, il
y a quelqu'un qui s'y oppose.
M. Guay: Le bail est reconduit tacitement.
M. Tardif: II y a un droit à la prolongation du
bail...
M. Grégoire: ... est reconduit tacitement...
M. Tardif: II y a un droit à la reconduction du bail,
reconduction qui est là depuis des années, non pas dans
l'actuelle loi...
Or, à ce moment-là, ce qui est modifié, c'est qu'il
y a une demande du propriétaire de modifier les clauses de ce contrat
qui est à signer. A tout événement, je pense que ce qui,
encore une fois, peut...
M. Raynauld: Je ne me trompe pas en pensant que toutes les
demandes vont être introduites par les propriétaires,
dorénavant? C'est bien cela?
M. Tardif: En matière de fixation de loyer, pas
toutes.
M. Scowen: Ou de...
M. Tardif: Pas toutes, pour la plupart, non, il y a plus que
cela. Par exemple, dans le cas du nouveau locataire, c'est lui qui introduit la
demande. Un nouveau locataire se présente dans un immeuble et se rend
compte, quelque temps après, qu'il paie un loyer passablement
supérieur à celui du locataire antérieur. A ce
moment-là, c'est à lui d'introduire la demande devant la
régie. Il y a d'autres cas également, les cas de sous-locations
notamment, où c'est aussi le locataire ou le sous-locataire qui
introduit la demande. Donc, ce n'est pas uniquement le propriétaire.
M. Scowen: Je pense que l'esprit de ce sous-paragraphe n'est pas
tout à fait conséquent avec le désir souvent
répété du gouvernement de créer un tribunal de
conciliation. En effet, on est encore dans le domaine de la conciliation. On
veut que les gens qui ne peuvent pas s'entendre viennent ensemble. Ce n'est pas
le fait que quelqu'un est coupable ou non coupable, c'est un processus de
conciliation. Il me semble que, dans l'esprit d'un processus de conciliation,
les frais des conciliateurs, si vous acceptez cet esprit, doivent être
portés par les contribuables, en général. Je pense que
c'est beaucoup plus consistant ainsi; qu'ils soient les locataires ou les
propriétaires, c'est le même principe. Vous avez dit que ce ne
seraient pas toujours les propriétaires, je suis bien d'accord et je
pense que ce ne doit pas s'appliquer non plus aux locataires. On veut
encourager la conciliation.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Est-ce qu'actuellement il y a des frais de
chargés à la Régie des loyers?
M. Tardif: Tout est gratuit.
M. Cordeau: Ce serait un précédent, dans ce
cas-là.
M. Guay: Dans le cas de l'article 5, cela peut s'appliquer
uniquement dans le cas des demandes abusives et frivoles, qui, à ce
moment-là, seraient chargées.
M. Cordeau: Le gars qui prend cette propriété et
qui n'a pas les moyens...
M. Guay: Est-ce qu'il serait raisonnable de ne pas prévoir
du tout la possibilité de le faire et d'avoir à amender la loi un
bon jour où, pour une raison ou pour une autre, il faudrait introduire
des frais? Cela ne veut pas dire qu'il va y en avoir.
M. Cordeau: Vous pouvez être certain que cette loi sera
amendée un de ces jours.
M. Tardif: On espère que ce sera le moins souvent
possible.
M. Cordeau: Tantôt vous avez dit, M. le ministre, que vous
ne prévoyiez pas de cas bien précis ou que vous n'aviez pas des
cas en tête où vous imposeriez des coûts.
M. Raynauid: Si on disait, M. le Président...
M. Tardif: M. le Président, si vous me permettez une
remarque importante. Par exemple, nous avons "dépénalisé"
plusieurs comportements; alors que des peines d'amendes étaient
prévues pour plusieurs choses, nous les avons fait sauter. A la place,
nous avons eu recours à une mesure qui s'appelle le dépôt
du loyer. Je pense que, finalement, ce qui intéresse le locataire dont
le chauffage ne fonctionne pas, ce n'est pas que son propriétaire paie
l'amende mais que le chauffage fonctionne et un des moyens de pression, cela
peut être qu'il dépose son loyer. Sauf que cela peut aussi
être une mesure qui pourrait être assortie de frais
modérateurs et que, finalement, le locataire qui décide de
déposer son loyer à la régie, qui le dépose pour
des motifs sérieux, ait à débourser pour cela, même
si c'est un montant minime. (18 h 45)
II me semble que... évidemment la décision d'adopter un
règlement en ces matières devrait être
évaluée soigneusement et compte tenu des modifications qu'il aura
apportées dans les habitudes, dans les recours à la régie.
Je m'étais engagé, à la demande du député de
Notre-Dame-de-Grâce, à fournir un certain nombre de statistiques.
J'ai eu ces rapports tantôt, d'ailleurs, on peut les distribuer, M. le
Président, avec votre permission.
C'est un règlement sur les normes régionales qui nous
indique la fluctuation du volume de travail ou de causes dont a
été saisie la régie au cours des dernières
années. On constate que ces causes... si on voit le point 5, M. le
Président, nombre de demandes en première instance, en 1975-1976,
63 537; en 1976-1977, 64 270; en 1977-1978, 57 696 et en 1979-1980, 56 704. Par
ailleurs, le volume de demandes en appel est là, on le voit. Evidemment,
on ne parle pas des informations données au comptoir, par écrit,
etc.
M. le Président, l'impact de l'addition d'abord de
matières qui auparavant allaient à la Cour provinciale ou
à la Cour des petites créances, qui vont maintenant aller
à la régie, l'extension de la juridiction, la compétence
aux chambres, terrains pour maisons mobiles, HLM, le nouveau partage quant au
fardeau de la démarche, les possibilités de déposer le
loyer pour non-exécution d'une obligation incombant au
propriétaire sont autant de modifications qui peuvent amener un recours
plus substantiel à la régie.
Alors, de la même manière qu'un paquet d'autres mesures,
lorsque adoptées précédem- ment, ont pu amener certaines
surconsommations de services, la possibilité de prévoir un frais
modérateur nous apparaît une mesure de prudence et de
prévision, après une évaluation du volume d'affaires qui
parviendra à la régie après un certain temps.
Au départ, il n'est pas prévu d'en adopter, mais en
évaluant ce qui arrivera comme volume d'affaires.
M. Scowen: La régie est en effet le conciliateur dans le
bureau de quartier; la régie, c'est en effet la demande par le courrier
que l'ordinateur vérifie, ce sont des demandes devant la régie
qui pourraient être assujettis à des frais.
M. Tardif: II est prévu ici, M. le Président, quand
on parle d'introduction d'une demande devant la régie, non pas d'une
demande de renseignement ou d'aide à compléter un formulaire,
mais c'est d'aider à déposer, je ne dirais pas une plainte dans
ce cas-là, parce qu'il n'y a pas de plainte ou de plaignant, une affaire
devant la régie pour demander un jugement et non pas une demande de
renseignement.
M. Scowen: Si vous voulez que votre demande passe...
M. Tardif: ... devant la régie...
M. Scowen: Non. Passe dans l'ordinateur, votre deuxième
étape, vous prévoyez envoyer votre demande à la
régie...
M. Tardif: Non, cela aussi, au départ, s'il y avait des
services d'aide à la compilation des données, que ce soit sur le
coin de la table avec un crayon ou avec un mini-ordinateur programmé
spécialement à cette fin ou avec un terminal branché sur
le grand ordinateur, je n'ai pas l'impression...
M. Scowen: Mais c'est quand même permis.
M. Tardif: ... on ne parle pas d'introduction d'une demande.
L'introduction d'une demande, c'est lorsqu'une affaire est portée devant
la régie et qu'on lui demande de rendre jugement, et non pas une demande
de renseignement, d'aide à compléter un formulaire ou même
de calculer...
M. Scowen: J'imagine que vous n'auriez aucune objection à
ajouter que si la demande est justifiée par la régie, les frais
prévus seront remboursables.
M. Tardif: Cela pourrait faire l'objet de la
réglementation.
M. Scowen: Cela pourrait faire l'objet d'un amendement à
une loi, pour rendre plus clair et plus consistant avec la pratique qu'on
retrouve dans les autres tribunaux. Si une personne se trouve incapable d'avoir
la justice sans qu'elle n'aille devant les tribunaux, elle ne doit pas, si
son
cas est décidé d'une façon positive, avoir la
responsabilité de subir les coûts.
M. Tardif: Je voudrais juste ajouter un mot. Si un
propriétaire demande une augmentation de 15%, le locataire voudrait une
augmentation de 0% et la régie donne une augmentation de 7%, qui est
perdant et qui est gagnant là-dedans?
M. Scowen: Exactement, c'est la conciliation. Pour moi, ce n'est
pas très consistant de proposer...
M. Guay: II me semble que ce n'est pas un sujet d'une importance
vitale. Je pense que cela coûte plus cher d'en débattre, depuis le
temps qu'on en débat autour de cette table à cette heure-ci, que
cela peut possiblement coûter ou rapporter à la régie,
à supposer qu'on ait des frais analogues à ceux de la Cour des
petites créances.
Je pense qu'il faut faire un minimum de confiance; si jamais cela est
introduit, cela va l'être dans l'optique générale des
petites créances et en faisant des ajustements nécessaires, et
cela pourra ne pas être introduit du tout. Et, si jamais cela l'est, cela
peut ne porter que sur des causes frivoles et la conciliation pourra ne pas du
tout faire l'objet de frais.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que le paragraphe 5 sera
adopté?
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Laberge): Adopté sur division.
J'appelle le paragraphe 6.
M. Scowen: Je pense que le ministre peut expliquer un peu le sens
de ce paragraphe.
Le Président (M. Laberge): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, un petit moment.
Je m'excuse, M. le Président, je vais revenir en
arrière.'C'est que nous avons suspendu les articles qui traitaient des
formules et la teneur des formules utilisées, pour les augmentations de
loyer.
Mais il reste que la loi prévoit un bail type. Et ce bail qui est
présentement défini au Code civil, ce qu'on dit, c'est qu'on va
continuer à le définir et il faudra pouvoir prévoir dans
ce bail les inclusions obligatoires. Il ne s'agit pas de quelque chose de
nouveau dans ce domaine. Si on modifie le bail, ce qu'on aura modifié
aura force de règlement.
Dans le cas de l'écrit ou l'avis visé dans les articles
1651.1, 1651.2, mais alors là, par exemple, il y a des avis qui ont
trait au nouveau locataire; le propriétaire doit informer le nouveau
locataire de ce que l'autre payait avant.
L'article 1658-21, ce sont les avis d'exemption pour les immeubles
neufs, c'est-à-dire qu'un locataire qui entre dans un immeuble sache
qu'il n'y a pas de contrôle sur cet immeuble-là. Il le sait en
entrant là. C'est pour cinq ans.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 6 est
adopté. J'appelle le paragraphe 7.
M. Tardif: Au paragraphe 7, M. le Président, on dit "sous
réserve de l'article 83"... L'article 83, c'est le pouvoir de la
régie d'adopter des règles de pratique pour elle-même.
Contrairement à ce qu'une première lecture de cet article
pourrait laisser croire, ce n'est pas un pouvoir de réglementation pour
tout ce qui n'est pas prévu ailleurs, mais c'est uniquement le pouvoir
de faire les règlements. On a dit, en cours de route, un peu partout: Le
gouvernement peut faire des règlements pour, etc. Ici on
répète en quelque sorte; cela peut être jugé
redondant à certains égards on habilite le gouvernement
à faire, justement, ou à prescrire dans les
règlements...
M. Scowen: Je comprends, d'accord.
M. Tardif: ... ce que les autres articles l'enjoignaient de faire
en quelque sorte.
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Raynauld: Je considère tout de même qu'il est
effectivement redondant, puisque, quand on dit que le gouvernement peut adopter
un règlement, il peut adopter un règlement. Tout à coup,
on arrive ici et il doit prescrire ce qui doit être prescrit par
règlement. On l'a dit dans les autres articles. Cela ressemble beaucoup
à l'occupant qui occupe.
M. Tardif: Le bureau de la législation
déléguée ne semble pas de cet avis-là. On dit qu'il
a le pouvoir de le faire, mais il faut aussi l'habiliter et dire: Tu dois le
faire.
Le Président (M. Laberge): Le paragraphe 7 est
adopté. Il y a maintenant les paragraphes 1, 3 et 4 qui ont
été suspendus. Est-ce qu'on maintient pour le moment la
suspension?
M. Tardif: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laberge): On n'adoptera donc pas
l'article comme tel.
M. Tardif: II y a le dernier paragraphe en bas évidemment
qui dit: "Ces règlements entrent en vigueur à compter de leur
publication." Vous avez vu cela aussi, M. le Président?
Le Président (M. Laberge): Oui, le haut de la page 22,
cela pourrait être adopté, c'est-à-dire le paragraphe qui
se lit ainsi: "Ces règlements entrent en vigueur à compter de
leur publication à la Gazette officielle du Québec ou à
une date ultérieure qui est fixée." Est-ce adopté?
M. Scowen: Adopté.
Le Président (M. Laberge): Adopté.
M. Cordeau: M. le Président, avant qu'on passe à un
autre article, j'aimerais revenir au paragraphe 2 de l'article 106:
définir un logement impropre à l'habitation. Je crois que dans la
loi sur l'environnement aux articles 87, 88, 89, on fait mention de cela et que
cette loi-là prévaut sur toute autre loi. Ce serait
peut-être bon que quelqu'un vérifie.
M. Tardif: Les articles 87, 88, 89 de...
M. Cordeau: Les articles 87, 88, 89 de la loi 69 sur
l'environnement.
M. Tardif: D'accord. M. le Président, tantôt, j'ai
mentionné, à la suite de la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce ou du député. d'Outremont je ne
me souviens plus qu'un article serait proposé à l'article
106 pour faire la jonction entre la réglementation ici et la
réglementation municipale. J'aurais dû dire à ce
moment-là: Et toute autre réglementation pouvant exister. C'est
bien sûr.
M. Cordeau: Je voulais attirer votre attention sur cette
loi-là, la loi 69.
M. Tardif: Merci.
Le Président (M. Laberge): L'article 106 reste ouvert
à cause des paragraphes qui sont en suspens.
Dispositions modifiant le Code civil
J'appelle l'article 107.
M. Scowen: Est-ce que vous voulez entrer dans le titre II? En ce
qui concerne les articles 107 et 108, si vous voulez les adopter ce soir, ils
sont adoptés.
M. Tardif: Les articles 107 et 108 sont adoptés. On
recommencera avec l'article 1650.
Le Président (M. Laberge): L'article 107 est
adopté. L'article 108 est adopté. Les travaux de la commission
sont ajournés à mardi, 10 heures, dans la même salle.
Fin de la séance à 19 heures