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Commission des affaires municipales
Bills 13 et 14
Séance du 13 mai 1969
(Neuf heures quarante minutes)
M. SAUVAGEAU (président de la commission des affaires
municipales): M. le Ministre, messieurs les membres de la commission,
messieurs.
La commission parlementaire permanente des affaires municipales se
réunit pour prendre en considération les amendements
ci-an-nexés du bill 13: Loi modifiant la loi des cités et villes
et du bill 14: Loi modifiant le code municipal et pour entendre les
représentations des particuliers et des organismes
intéressés. Si des personnes désirent prendre la parole,
elles voudront bien s'approcher près des micros, en avant.
M. le Ministre.
M. LAPORTE: Si vous permettez, M. le Ministre, je suggérerais
qu'on demande aux personnes qui veulent s'exprimer de s'identifier.
M. LUSSIER: C'est ce que M. le président vient d'exprimer.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a des personnes qui veulent prendre la
parole, ici?
M. POITRAS: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous nommer, s'il vous plaît?
M. POITRAS: M. le Président, je m'appelle Lawrence Poitras. Je
suis avocat à Montréal et je représente une
municipalité du nom de Barkmere, près de Saint-Jovite, dans la
province.
J'aimerais tout simplement vous faire part...
M. BELLEMARE: Je crois que la procédure est que chacun
s'identifie; après nous faisons la liste et ensuite nous les passons un
par un.
M. POITRAS: Parfait, M. le Ministre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes ou groupements qui
sont intéressés à se faire entendre?
M. BELLEMARE: Donnez donc votre nom.
M. LANGLOIS: Romain Langlois, représentant de l'Union des
municipalités du Québec.
M. SOUTIERE: Notaire Soutière de Granby, je m'occupe de plages
dans le canton de Magog depuis 24 ans.
M. MAYRAND: Maurice Mayrand, maire de Saint-Paulin village, comté
de Maskinongé.
M. AUGER: Onésime Auger, représentant de Pointe-Calumet,
comté de Deux-Montagnes.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous parler au micro, s'il vous plaît.
M. MUNICH: Adélard-Gaston Munich, maire de la municipalité
du canton de Montcalm, comté d'Argenteuil. C'est voisin de la ville de
Barkmere.-
M. LAPORTE: Canton de Montcalm.
M. MUNICH: Dans le comté d'Argenteuil, voisin de la ville de
Barkmere, opposant à la ville de Barkmere...
M. LAPORTE: Opposant à quoi?
M. LESSARD: Mon nom est Edouard Lessard...
M. LE PRESIDENT: M. Lessard.
M. LESSARD: ... conseiller de la municipalité du
Lac-des-Seize-Iles.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes?
M. LAPORTE: Y a-t-il des gens de l'Association des propriétaires
et des locataires du Lac-au-Corbeau ou de l'Association des
propriétaires du Lac-Simon?
M. BELLEMARE: Saint-Jean-des-Piles. M. LE PRESIDENT: Me Poitras.
M. POITRAS: Merci, M. le Président. Messieurs les Ministres, le
but de...
M. LE PRESIDENT: On va discuter les deux projets de loi en même
temps.
M. POITRAS: Si vous voulez.
M. le Ministre, mes remarques ont trait non pas tellement à la
substance du projet de loi,
mais peut-être un peu à la forme du projet de loi en
question. Si vous voulez, parce que je le connais un peu mieux, mes remarques
auront trait, plutôt, à l'article 122, dont l'amendement est
envisagé.
A la quatrième ligne, on parle de domicile, c'est dire la
quatrième ligne du premier paragraphe et à la sixième
ligne du deuxième paragraphe, il est question de résidence. C'est
dire que, si je comprends bien, le législateur a l'intention de faire
une différence entre domicile et résidence.
M. PAUL: Elle existe en droit.
M. POITRAS: Le problème est celui-ci, du moins tel que Je le
vois. Il se fait qu'il y a une différence assez marquée entre ce
que veut dire le législateur dans l'article 122 et au domicile, tel
qu'on l'entend en droit. A titre d'exemple, si vous aviez un ingénieur
minier qui aurait habité dans le Nord-Ouest de la province, après
avoir quitté lui et sa famille, la ville de Québec pour y rester
sept ou huit ans, pour la durée de certains travaux, bien qu'habitant
là-bas il aurait son domicile à Québec alors qu'il aurait
feu et lieu au Nord-Ouest du Québec.
Je pense que c'est l'intention du législateur de permettre
à une telle personne, qui n'a qu'une résidence permanente, qui
n'a qu'un feu et lieu, de se présenter à la mairie ou encore
à titre de conseiller de cette municipalité.
Ce que j'aurais aimé vous suggérer, c'est que l'expression
« domicile » qui apparaît à la quatrième ligne
du premier alinéa, soit changée de façon qu'on lise
« si elle a feu et lieu » et non pas « si elle est
domiciliée ». Et à ce moment-là, cela pourrait
couvrir cet ingénieur minier qui se verrait dans l'obligation, lui et sa
famille, d'aller habiter ailleurs pendant un certain nombre
d'années.
Ceci dit, si par hasard vous voyez la chose d'un bon oeil, il faudrait
de même changer l'expression « domicilier », à la
première ligne du deuxième alinéa. Cependant, le nombre
des électeurs domiciliés, il faudrait à ce moment lire
« ayant feu et lieu ». La raison M. le Président, MM. les
Ministres, pour laquelle je vous fais part de ceci, c'est que l'expression
« résidence » que l'on voit à la sixième ligne
du deuxième alinéa a donné lieu à des
interprétations différentes par la cour d'Appel, à savoir
si l'expression « résidence » voulait dire résidence
permanente ou encore résidence à caractère saisonnier. Je
comprends qu'en y ajoutant le mot « une » le législateur a
voulu assez clairement dire que ceci visait le villégiateur ou d'autres
qui avaient non seulement une résidence, mais deux ou trois
résidences. Mais, d'autre part, de façon que la distinction soit
claire que, dans le premier paragraphe, on parle de gens qui ont une
résidence permanente dans un endroit; à ce moment-là, cet
alinéa fait allusion clairement à eux. Et, que le deuxième
alinéa fasse clairement allusion aux gens qui, bien qu'ayant feu et lieu
ailleurs, ont quand même une résidence dans une plus petite
municipalité, par exemple pour l'été ou autrement.
Dans le cas particulier de la municipalité de Barkmere que je
représente, il y a à peu près dix familles qui y
résident de façon permanente.
Par-dessus cela, vous avez à peu près 150 familles qui
sont des villégiateurs qui contribuent, si vous voulez, aux
dépenses de cette municipalité. Je pense qu'en enlevant ces
villégiateurs, la municipalité disparaîtrait.
Alors, pour autant que l'on permette aux villégiateurs provenant
de Montréal et d'autres endroits de se présenter, ils sont en
mesure de gérer la municipalité avec l'éducation qu'ils
ont.
M. BELLEMARE: Me permettez-vous, M. Poitras, est-ce que les 60%
prévus dans le projet de loi ne couvrent pas un cas comme le vôtre
quand on dit; 60% inférieur?
M. POITRAS: Quant à moi, il le couvre de façon très
claire sauf la distinction que f ai faite tout à l'heure au sujet des
domiciles et...
M. BELLEMARE: Oui, mais vous n'êtes pas capable de donner plus de
latitude, en fin de compte à la loi électorale que nous avons,
nous, dans la province quand on définit le domicile.
M. POITRAS: Non, M. le Ministre. Je pense que l'expression «
domicile » peut porter à confusion parce qu'un domicile, dans
l'exemple que j'ai donné tout à l'heure, pourrait empêcher
l'ingénieur minier en question qui loge quelque part, disons six ou sept
ans, de se présenter alors que ce n'est sûrement pas l'intention
du législateur. C'est la seule raison pour laquelle j'ai fait part de
ces commentaires.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, dans l'article 226, M. Poitras, je pense bien
que vous avez lu ce qui existait autrefois quand ils disent moins de 50:
« qui ont domicile est inférieur à 50 ».
M. POITRAS: Je sais.
M. BELLEMARE: C'est rapporté à l'article 226, n'est-ce
pas? L'obligation d'avoir domicile dans la municipalité est
remplacée par l'obligation d'y avoir résidence durant le
même laps de temps lorsque le nombre des personnes qui ont domicile est
inférieur à 50.
M. POITRAS: Mais ce que veux dire l'expression « domicile »
je ne le sais pas, M. le Ministre.
M. BELLEMARE: Je pense bien que le code civil l'explique, c'est assez
clair.
M. POITRAS: C'est justement. Et l'explication du code civil dit bien,
tel qu'interprété par la jurisprudence, c'est qu'on peut avoir
domicile dans un endroit bien qu'on se trouve à habiter un autre endroit
de façon assez permanente 10, 15 ou 20 ans.
M. BELLEMARE: S'il faut faire une distinction dans chacun des cas
spéciaux qui existent pour caractériser ce qu'est le domicile,
vous n'aurez pas fini d'avoir de la jurisprudence.
M. LAPORTE: M. Poitras, si vous êtes capable de nous trouver une
définition...
M. POITRAS: Oui.
M. LAPORTE: ... claire, qui couvrira tous les cas, qui ne prêtera
à aucune interprétation, vous aurez rendu à votre province
un service signalé.
M. BELLEMARE: Surtout dans le domaine électoral.
M. LAPORTE: Lorsque nous avons préparé la loi
électorale, nous avons convié quelques personnes que nous jugions
très compétentes en droit pour tenter de trouver une
définition...
M. BELLEMARE: C'est cela.
M. LAPORTE: ... qui puisse tenir compte, justement, des gens qui sont
appelés soit a cause de leur emploi à se déplacer; pensez
aux forces armées ou au citoyen du Manitoba qui est
transféré à Saint-Hubert dans la province de
Québec, ou à celui de Saint-François-de-Salle qui est en
service au Nouveau-Brunswick, imaginez dans les grandes constructions
comme...
M. BELLEMARE: La Manic.
M. LAPORTE: ... la Bersimis ou la Manic, les ingénieurs.
Alors, nous n'avons malheureusement pas pu trouver une définition
qui puisse couvrir tous les cas. Avec les gens de l'Opposition de
l'époque, nous avons étudié ce texte, eux-mêmes ont
fait des suggestions, des recommandations et finalement, nous avons
résolu de nous en remettre à la définition du code civil
qui prête à interprétation, malheureusement, parce que cela
implique deux choses: cela implique d'abord une question de fait et
deuxièmement une intention.
M. POITRAS: C'est justement.
M. LAPORTE: La question de fait est assez facile à circonscrire.
L'intention, évidemment, doit découler et je ne doute pas que la
cour d'Appel ait, sur cette question, donné des interprétations
qui peuvent être divergentes.
M. POITRAS: Oui.
M. LAPORTE: Mais, nous avons finalement conclu que définir le
domicile, quant aux élections, c'est déterminer l'endroit
où une personne doit voter. C'est là, qu'est, par son intention
et par les faits, sa principale résidence, ou ce que nous pourrions
appeler sa résidence permanente cela pose des problèmes
inouïs. Alors, nous disons à nos présidents
d'élections, qui reçoivent des instructions du président
général, d'interpréter la loi dans le sens de faire voter
les gens et non pas de les empêcher de voter. Nous reprenons ici une
discussion qui, à l'époque, était fort
intéressante. Nous n'avons pas trouvé de solution.
M. POITRAS: Ma seule observation était que si vous vous servez de
l'expression « avoir feu et lieu », à ce moment-là,
je pense que l'appréciation de la résidence permanente d'un
individu est beaucoup plus facile à apprécier, parce que
l'appréciation d'un domicile nécessite, dans bien des cas, une
appréciation juridique du contribuable.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que c'est avoir feu et lieu, au sens de la
loi?
M. POITRAS: Avoir feu et lieu, au sens de la loi, c'est simplement avoir
son domicile à titre permanent dans un endroit.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que c'est que son domicile?
M. POITRAS: Pardon?
M. BELLE MARE: Qu'est-ce que c'est que son domicile?
M. LAPORTE: Oui, quel est son domicile?
M. DE MERS: C'est l'endroit où un gars va faire pipi.
M. BELLE MARE: M. l'avocat, vous avez un cas comme le mien c'est
toujours mauvais de citer son cas mais j'ai sûrement un domicile
au Cap-de-la-Madeleine...
M. POITRAS: Oui.
M. BELLEMARE: ... où je demeure avec ma famille. Le 1er mai, je
déménage à Saint-Jean-des-Piles où je suis
maire...
M. POITRAS: Oui.
M. BELLEMARE: Je reviens le 1er novembre. Où est mon
domicile?
M. DEMERS: C'est 6 mois-6 mois. M. BELLEMARE: Ah, oui!
M. POITRAS: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. BELLEMARE: Pardon?
M. POITRAS: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. DEMERS: Il chauffe les deux maisons.
M. BELLEMARE: Ah, oui, il chauffe les deux maisons. Il est certainement
pris partout. J'y vais même l'hiver pour faire du ski.
M. LAPORTE: Je favoriserais votre définition, M. Poitras, «
avoir feu et lieu », parce qu'à ce moment-là, cela
contribuerait probablement à donner un sens de la loi. Cela pourrait
être une interprétation, mais cela ne correspond certainement pas
à ce qu'on nous propose aujourd'hui où on veut limiter le cens de
l'éligibilité à ceux qui représentent 60% au moins
des électeurs, parce qu'ils ne sont en somme que des estivants.
M. POITRAS: C'est ça.
M. LAPORTE: Des villégiateurs.
M. POITRAS: C'est ça.
M. LAPORTE: Des villégiateurs, douze mois par année
maintenant, c'est la distinction. ... Tandis qu'avoir feu et lieu, je suis
convaincu que celui qui passe quatre ou cinq mois par année à
Sainte-Marguerite du lac Masson a feu et lieu.
M. POITRAS: Oui.
M. LAPORTE: Autrement, il trouvera cela assez humide et assez «
venteux » parfois!
M. DE MERS: Assez humide.
M. LAPORTE: Et je pense que cela ne correspondrait pas à ce que
le gouvernement propose par sa loi.
M. LUSSIER: M. le Président, je pense qu'il n'est pas tout
à fait exact de dire que nous voulons limiter le cens
d'éligibilité. Au contraire! La loi telle qu'elle avait
été adoptée en décembre 1968, uniquement ceux qui
avaient un domicile pouvaient se présenter, c'est-à-dire
domiciliés depuis 24 mois. Il y avait une exception et l'exception
était évidemment très minime. Il fallait que le nombre de
personnes domiciliées soit inférieur à 50 pour que les
résidants aient le cens d'éligibilité dans ces
municipalités. Au contraire, avec le texte que nous proposons
actuellement, c'est que nous élargissons de beaucoup cette exception
qu'on faisait en décembre 1968. Alors, je pense bien qu'il est faux de
prétendre que nous voulons limiter le cens d'éligibilité,
au contraire, nous voulons l'augmenter de telle façon que, dans une
municipalité qui serait vraisemblablement une municipalité de
villégiature, ces gens puissent avoir un mot à dire dans les
décisions qui sont prises au niveau du conseil municipal.
M. LAPORTE: En somme, M. le Président, le ministre nous explique
qu'il a procédé en deux temps, l'an dernier, il a enlevé
le droit de vote et le droit de se présenter à peu près
à tout le monde et, comme cette année il le redonne à
quelques-uns, il affirme que c'est une grosse amélioration! Si vous
l'aviez réduit à zéro l'an dernier, ce serait encore une
plus grosse amélioration.
M. LUSSIER: L'an passé, lorsque nous avons discuté en
comité, nous avons apporté certains changements. Il y a eu une
erreur de copiste qui s'est glissée. Ce n'était nullement dans
l'intention du législateur d'enlever le vote aux ré-
sidants. C'était complètement contre les principes que
nous défendions. Nous proposions d'élargir et le cens
électoral et le cens d'éligibilité. Il y a eu une erreur
de copiste, et vous le savez fort bien, qui s'est glissée. Lorsque nous
avons fait le recollage des textes, une secrétaire a coupé trois
lignes trop haut et, par le fait, dans la loi ceci n'apparaissait pas.
Lorsqu'on a relu, c'est passé inaperçu pour tout le monde,
même les textes que nous vous avions proposés. Alors, ce
n'était pas dans l'intention du législateur, absolument pas,
d'enlever le droit de vote à qui que ce soit, mais ça
été une erreur de copiste que nous nous sommes empressés
de corriger. Nous l'avons fait. Là vous rentrez complètement dans
une autre question, actuellement à l'ordre du jour c'est le cens
d'éligibilité et le cens électoral.
M. LAPORTE: Je vous offrais simplement ma collaboration pour corriger
vos erreurs.
M. LUSSIER: Je sais que vous aimez...
M. BELLEMARE: D'ailleurs personne n'a été
lésé, les élections ont été reportées
au mois de novembre.
M. LAPORTE: Bon, je crois que nous pouvons perdre bien du temps sur
cela, je pense que c'est ce qu'on appelle « flâser la
théière ». Ce n'est pas nécessaire.
Me Poitras, selon votre intention.
M. BELLEMARE: Je ne sais pas ce que penserait M. Pisanl...
M. LAPORTE : Cessez donc de parler de M. Pisani, M. le Ministre. Parce
que nous l'avons payé pour qu'il vienne ici. Autrement je devrai
réclamer à l'Union Nationale la moitié d'un journée
car votre ministre de l'Agriculture l'a convoqué pour le consulter!
M. BELLEMARE: Ah oui, c'est vrai?
M. LAPORTE: Alors payez-nous ou taisez-vous!
M. PAUL: Ce serait un pis-aller.
M. LAPORTE: Me Poitras, vous venez...
M. POITRAS: Oui, Monsieur.
M. LAPORTE: ... ici, en somme, ce matin, et je l'apprécie,
défendre le principe du cens de l'éligibilité.
M. POITRAS: C'est ça.
M. LAPORTE: Le contribuable devrait, théoriquement, avoir le
droit d'exercer toutes les fonctions municipales, pas seulement celle de payer
ses taxes, n'importe où dans la province de Québec. Est-ce que le
fait que la municipalité que vous représentez, vous, est couverte
par la loi...
M. POITRAS: Oui, elle l'est, sauf la question que j'ai soulevée,
non pas tant à la substance de l'article qui vient protéger ma
municipalité, mais simplement au sujet de la forme de l'article...
M. LAPORTE: Oui, d'accord.
M. POITRAS: ... au sujet de feu et lieu. Je voulais simplement vous en
faire part. Je ne sais pas si la chose est importante mais c'est que
ç'aurait pu prêter à confusion dans l'appréciation,
de savoir ce qu'est le domicile, ce qu'est le feu et lieu d'une personne?
M. LAPORTE: Votre municipalité je vais poser la question
autrement votre cliente est-elle protégée, est
couverte?
M. POITRAS: Elle est couverte par l'article tel qu'il se lit.
M. LAPORTE: Bon. Est-ce que le fait que votre municipalité soit
couverte modifie chez vous le désir de défendre le principe du
droit d'être candidat?
M. POITRAS: Non, pas le moindrement.
M. LAPORTE: Si votre municipalité n'avait pas été
protégée par la loi, est-ce que vous seriez venu ici
défendre le droit des villégia-teurs d'être candidats?
M. POITRAS: Non, monsieur, si je peux m'exprimer ainsi, c'est que
l'article proposé, tel que je le vois aujourd'hui, nous permet
clairement de faire ce que nous avons fait dans le passé, mais seulement
l'expression « a une résidence » n'existait pas dans
l'article 122, tel que modifié par le bill 285. On parlait de
résidence sans avoir « une » devant. C'est ça qui a
prêté confusion dans le passé pour ce qui est de
l'appréciation du vocable « résidence » par la cour
d'Appel. Maintenant, je n'avais pas ce texte avant de venir aujourd'hui et je
remarque avec beaucoup de bonheur qu'on a glissé
l'article « une » devant le mot « résidence
» qui vient, je pense clarifier mon problème.
M. DOZOIS: Un problème autrement... M. POITRAS: Sûrement,
M. le Ministre.
M. DOZOIS: Est-ce que c'est la législation adoptée, ce
texte de l'article 122, est-ce qu'il y a des gens qui sont domiciliés ou
qui résident dans la municipalité de Barkmere qui seraient
défranchisés?
M. POITRAS: Absolument pas.
M. LAPORTE: Alors si les résidants d'été de
Markmere ou les villégiateurs, en vertu de cette loi qui serait
rédigée autrement, n'avaient pas le droit d'être candidats,
est-ce que vous trouveriez cela juste?
M. POITRAS: Sûrement pas sur le principe d'aucune taxation sans
représentation. Je pense que cela remonte déjà à
quelques siècles. Je crois que si mes gens s'étaient
défranchisés de par l'article de la loi, je serais très
offusqué aujourd'hui et je vous en ferais part. De fait, au point de vue
égoïste, étant donné que sur 160 familles, 10
seulement y sont de nature permanente, je ne suis pas visé par la
question que vous me posez.
M. LAPORTE: Très bien.
M. POITRAS: L'a contrario de votre question et de ma réponse
serait tout simplement oui, si par hasard mes gens s'étaient
défranchisés, je vous en ferais part.
M. LAPORTE: Je vous remercie. M. POITRAS: Merci, M. le Ministre. M. LE
PRESIDENT: M. Langlois.
M. LANGLOIS: Avec votre permission, j'aimerais vous lire deux pages d'un
mémoire présenté par le secrétariat de l'union des
municipalités, mais avant d'en commencer la lecture, je demande à
M. Blier, notre secrétaire, de bien vouloir faire la distribution des
quelques exemplaires qu'il a en sa possession.
Je vous réfère à la page 5, concernant le cens
d'éligibilité, le domicile. On dit depuis longtemps et on
répète le plus souvent possible que le gouvernement local est le
gouvernement le plus près du peuple, qu'il connaît beaucoup mieux
les besoins des citoyens et qu'il s'occupe plus que tout autre gouvernement de
leur confort. Si l'on admet ce principe, il faut admettre aussi que le maire et
les conseillers doivent être près du peuple et que l'obligation
d'avoir domicile tente à renforcer ce principe. Etant présent
journellement dans la municipalité où il exerce son mandat,
vivant près de ses électeurs dont il connaît bien les
besoins, l'administrateur qui a son domicile dans la municipalité
où il exerce son mandat met l'autorité à la portée
de l'administré. On vient à tout instant, on communique aux
heures où on est à peu près sûr de le trouver chez
lui, même aux heures des repas. Telle est la situation actuelle de la
majorité de nos maires et de nos conseillers.
Le danger de l'inaccessibilité, de la non-disponibilité de
l'élu qui aurait son domicile dans une autre municipalité,
parfois éloignée, mérite certainement d'être
souligné. Il importe aussi pour l'élu qu'il soit
sensibilisé aux problèmes quotidien des citoyens. Qui donc
connaîtrait les besoins de la commune que ceux qui y vivent?
De plus, à mesure que se développe l'administration de la
municipalité, à mesure que s'accroissent sa population et ses
services, le temps requis de l'élu pour la gestion des affaires de sa
municipalité augmente. Son rôle d'animateur au milieu des
administrés aussi bien que sa présence aux nombreuses
réunions du conseil, des électeurs et autres ne lui laissent que
très peu de temps libre.
Par contre, comme toute démocratie s'inspire des droits et
privilèges de la majorité, si la majorité des
propriétaires n'ont pas leur domicile dans la municipalité ou
même si un trop grand nombre de ceux-ci n'ont pas leur domicile dans la
municipalité tout en y ayant leur résidence, le cens
d'éligibilité pourra être rendu audit
propriétaire.
D'ailleurs, le législateur avait déjà admis le
principe en décrétant que l'obligation d'avoir domicile dans la
municipalité est remplacée par l'obligation d'y avoir
résidence, durant le même laps de temps, lorsque le nombre de
personnes qui y ont domicile est inférieur.
Et voici la position de l'Union des municipalités du
Québec. L'Union des municipalités du Québec ne s'oppose
pas à ce qu'il soit établi que l'obligation d'avoir domicile dans
la municipalité est remplacée par l'obligation d'y avoir
résidence, lorsque le nombre de propriétaires y ayant
résidence est inférieur à 50% du nombre de
propriétaires y ayant domicile. Une telle politique n'aurait d'ailleurs
d'effet que dans les municipalités rurales ou les petites
municipalités urbaines ayant une vocation touristique reconnue et
où le nombre de villégiateurs est très
élevé.
M. LAPORTE: Si j'ai bien compris votre raisonnement, quand il y a un
trop grand nombre de personnes qui ne sont pas domiciliées dans la
municipalité, c'est un danger. C'est-à-dire que si des gens sont
membres du conseil municipal et ne sont pas domiciliés à cet
endroit, ils sont plus loin du peuple; ce sont tous les arguments que j'ai lus
dans votre mémoire. C'est là le point de vue de l'Union des
municipalités de la province de Québec. Ce danger commence quand
et quel est-il?
M. LANGLOIS: Prenons un exemple. Dans une municipalité, il y a
100 propriétaires y ayant leur résidence.
M. BELLEMARE: Leur résidence, vous voulez dire leur domicile?
M. LANGLOIS: Je veux dire leur résidence, c'est-à-dire
qu'on peut avoir dans notre esprit plusieurs résidences, mais seulement
un domicile.
M. LAPORTE: Oui, c'est cela. Pour ne pas se mêler dans les mots,
il y a ceux qui restent là tout le temps et ceux qui ne restent pas
là tout le temps.
M. LANGLOIS: D'accord.
M. LAPORTE: Parce que résidence et domicile, cela, il arrive que
la langue nous fourche et nous nous trompons. Alors qu'est-ce que vous voulez
dire?
M. LANGLOIS: Nous voulons dire que, s'il y a cent personnes qui restent
là tout le temps pour employer votre terme et s'il y a 50%
et plus de villégiateurs qui viennent passer l'été
là, nous leur donnons le cens de l'éligibilité pour se
présenter, que ce soit à la charge de maire ou de conseiller.
M. LAPORTE: C'est cela. Supposons qu'il y ait 300 personnes restent
là en permanence et 50 résidants d'été, exact?
M. LANGLOIS: Oui.
M. LAPORTE: Alors le danger que les résidants d'été
soient élus au conseil municipal n'est pas très grand, 300 contre
50. Mais à ce moment-là, le bill leur refuse le droit de se
présenter.
M. LANGLOIS: C'est cela.
M. LAPORTE: Supposons le contraire. Le danger est toujours là,
les estivants sont absents, ils sont « loin du peuple ». Il y a 300
résidants d'été et 50 permanents. Les 300 résidants
d'été ont une forte chance d'être élus et, à
ce moment-là, le gouvernement leur donne le droit de vote et le droit de
se présenter.
M. LANGLOIS: Oui.
M. LAPORTE: Alors, quand il y a danger qu'ils soient élus, plus
on leur donne le droit de se présenter. Expliquez-moi cela.
M. LANGLOIS: Mais pourquoi ne leur donnerait-on pas le droit de se
présenter? Plus ils sont nombreux, plus ils paient de taxes et plus ils
auront à supporter le fardeau...
M. LAPORTE: D'accord, je m'en remets seulement à votre
argumentation. Je vais lire: « Lorsque le nombre de contribuables non
résidants permanents est trop grand être présent
journellement, ce doit être le gars qui reste là tout le temps
dans la municipalité où il exerce son mandat, vivant
près de ses électeurs dont il connaît les besoins,
l'administrateur qui a son domicile dans la municipalité où il
exerce son mandat met l'autorité à la portée des
administrés. »
Bon, vous voyez comme c'est déjà beaucoup. « On
vient à tout instant je cite toujours on communique aux
heures où on est à peu près sûr de le trouver chez
lui, même aux heures des repas. Telle est la situation actuelle de la
majorité de nos maires et de nos conseillers. »
Alors vous tenez, vous de l'Union des municipalités de la
province de Québec, à ce qu'autant que possible, pour toutes ces
raisons-là, ce soit un résidant permanent qui soit maire et des
résidants qui soient conseillers municipaux.
Je pense qu'on peut extraire cette théorie-là de votre
texte.
M. LANGLOIS: Je ne pense pas qu'on puisse en déduire
ça.
M. LAPORTE: Non.
M. LANGLOIS: On dit que ce sont des principes qui sont admis...
M. LAPORTE: Bien oui,...
M, LANGLOIS: ... et l'on dit aussi que, par contre...
M. LAPORTE: ... nous nous avons été à la maison
Montmorency pendant quatre jours et l'on
nous a dit: Là, vous êtes allés chercher bien des
principes, il faudra maintenant les mettre en pratique.
M. BELLEMARE: Pas de publicité.
M. LAPORTE: Oui, à toutes les heures, nous avons droit à
un petit commercial.
M. BELLEMARE: Vous nous avez dit que vous aviez payé, M. Pisani.
Seulement il a dit aussi qu'il ne voulait pas faire partie de votre parti.
M. LAPORTE. Il n'a pas dit ça, M. le Président.
M. BELLEMARE. Il a dit que vous ne l'aviez pas payé assez
cher.
M. LAPORTE. Il n'a pas dit.
M. BELLEMARE: M. Langlois,...
M. LAPORTE: Je n'ai pas fini!
M. BELLEMARE: Faites comme moi tout à l'heure.
M. Langlois, il ne faudrait pas oublier non plus, que d'après
le...
M. LE PRESIDENT: Pouvez-vous parler un peu moins fort.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord, M. le Président.
Il ne faudrait pas oublier non plus que les domiciliés,
lorsqu'ils sont appelés à voter, leur conjoint et les membres de
leur famille votent.
M. LANGLOIS: Oui.
M. BELLEMARE: Tandis que le résidant, qui est l'estivant, n'a
seulement qu'un vote. Exemple; Dans ma municipalité, nous sommes 95
résidants domiciliés. Cela représente 350 ou 351 votes ou
électeurs, pour les 95 domiciliés. Il y a chez nous 243
estivants, résidants qui, eux, représentent seulement un vote. Si
j'additionne mes 350 électeurs pour les 95 domiciliés plus mes
243 estivants résidants, j'arrive à un total de 593. C'est une
petite, petite municipalité. Je ne peux pas trouver plus petit que chez
nous. C'est une municipalité très simple et très petite.
Avec les 60%, vous, vous parlez de 50%,...
M. LANGLOIS: C'est-à-dire que nous parlons...
M. BELLEMARE: Une minute. C'est 50% dans votre mémoire.
M. LANGLOIS: Supérieur, 50% supérieur.
M. BELLEMARE: Oui, regardez. Moi je dis qu'à 60% chez nous, les
estivants sont couverts, à 60%. Pas beaucoup, mais ils sont couverts.
Cela a sûrement l'avantage, comme vous le dites dans votre
mémoire, de mettre le maire bien près de ses problèmes et
de ceux qui sont domiciliés. Mais n'oubliez pas une chose, c'est que les
estivants qui restent là seulement six mois par année, sont
appelés à payer à 100% pour tous les services de la
municipalité.
M. LANGLOIS: C'est ça.
M. BELLEMARE: Même s'ils ne demeurent que six mois.
M. LANGLOIS: Je suis bien d'accord, M. le Ministre.
M. BELLEMARE: Et c'est le contraire qui peut se présenter. Les
estivants peuvent, à un moment donné, prendre la majorité
au conseil et imposer un hôtel de ville, des égouts et toutes
sortes d'autres choses que seront obligés de payer les 95 estivants qui
sont là,
M. LANGLOIS: Oui.
M. BELLEMARE: Cela joue des deux côtés. Alors, je pense...
Je respecte bien l'opinion de l'avocat Poitras...
UNE VOIX: Langlois.
M. BELLEMARE: Non, non, M. Poitras qui disait tout à l'heure:
Celui qui paie doit avoir le droit de représenter quelque chose. Faisons
attention aussi de ne pas tomber dans une erreur qui serait assez
coûteuse pour des gens qui sont établis depuis longtemps, qui sont
contents de recevoir les touristes, les estivants, mais qui, à un moment
donné, si vous élargissez trop le cens
d'éligibilité, vous allez avoir un autre problème sur le
dos qui va être sûrement différent. Je vous cite mon cas
parce que chez nous c'est patent. Il ne me reste plus que cinq électeurs
avant de donner ma démission comme maire. Je ne voudrais pas
débarquer, cela me paie comme le diable, ça!
M. LAPORTE: M. Langlois, au moment où nous avons
été interrompu...
M. BELLEMARE: Excusez-moi, vous n'aviez pas fini!
M. LAPORTE: J'ai eu le temps de revenir de la maison Montmorency.
M. BELLEMARE: C'est vrai de dire que ce sont les chutes.
M. LAPORTE: Vous étiez en train de me dire que vous avez
énoncé des principes clairs. Comment traduisez-vous ces
principes, en pratique? Autrement dit, vous dites que l'administration
municipale est la plus près du citoyen.
Il faudrait, comme je l'ai dit en fin de semaine, qu'on dise un jour
pourquoi cela doit être si proche du citoyenl Vous dites que celui qui
est là en permanence est en mesure de donner un service plus grand
à ses électeurs, même à l'heure des repas.
Voulez-vous me dire quelle est l'opinion de l'Union des municipalités de
la province de Québec sur deux plans?
Premièrement, sur le droit de celui qui paie des taxes,
d'être candidat; pourquoi, en vertu de quel principe
enlèverions-nous ce droit à une partie des contribuables?
Deuxièmement, quelle différence cela fait-il au point de vue de
ce droit, qu'ils soient 50% ou 35% ou 75%?
M. LANGLOIS: Nous avons, dans les principes que nous avons émis
vous en avez retenu plusieurs mais je pense qu'il y a un autre
principe dont j'ai fait la lecture et qu'il ne faudrait pas oublier. A la page
6, on dit par contre que, comme toute démocratie s'inspire des droits et
privilèges de la majorité, la majorité des
propriétaires; si la majorité des propriétaires n'ont pas
leur domicile dans la municipalité... On présume, comme le disait
M. Bellemare tout à l'heure, que tous les propriétaires ont
à acquitter leurs comptes de taxes, on tient compte de la
majorité des propriétaires aussi. Donc s'ils n'ont pas domicile
dans la municipalité ou encore si un trop grand nombre de ceux-ci n'ont
pas leur domicile dans la municipalité tout en y ayant leur
résidence, le cens d'éligibilité pourrait être rendu
aux dits propriétaires. D'ailleurs le législateur avait
déjà admis le principe en décrétant que
l'obligation d'avoir domicile dans une municipalité est remplacée
par l'obligation d'y avoir résidence dans le même laps de
temps.
M. LAPORTE: Mais si les villégiateurs représentent plus
que 50% des électeurs, que devient l'obligation ou l'avantage
d'être présent journellement dans la municipalité? Que
devient l'avantage de communiquer facilement à toutes les heures et
même aux heures des repas? Que devient le danger
d'inaccessibilité, de non-disponibilité de l'élu? Que
devient l'obligation d'être sensibilisé aux problèmes
quotidiens des citoyens?
M. LANGLOIS: Je présume qu'advenant le cas où ce serait un
estivant qui serait élu maire ou conseiller et qu'il ne remplit pas
adéquatement sa charge, les propriétaires que ce soient des
résidants permanents ou des résidants temporaires, à
l'élection qui suivra, prendront leurs responsabilités et ils
éliront un autre maire ou un autre conseiller qu'il soit résident
permanent ou...
M. LAPORTE: Cela est très bien. Je partage votre avis. Vous
croyez que s'ils sont plus de 50% Ils vont voir ï leur affaire, mais si
les estivants sont seulement 35% et qu'ils administrent mal, est-ce que vous
pensez que les résidants permanents n'ont pas encore plus de chance de
les remplacer ceux-là? Et pourquoi alors ne leur donne-t-on pas le droit
de se présenter à ce moment-là?
M. LANGLOIS: Je pense que l'Union des municipalités
n'empêche pas personne de se présenter. Elle donne un droit
à des gens de se présenter, je pense que le cens de
l'éligibilité...
M. LAPORTE: Si le gouvernement modifiait la loi ce matin pour dire que
tout le monde, du moment qu'on est contribuable, a le droit de se
présenter à tous les postes, les gens de la municipalité
sont capables de remplacer ceux qui ne seront pas bons administrateurs. Est-ce
que vous accepteriez cela?
M. LANGLOIS: Je présume que les administrés, peu importe
la ville dans laquelle ils se trouvent, sont capables de prendre leurs
responsabilités et de juger la personne qui est la plus apte à
remplir son mandat.
M. LAPORTE: Merci, monsieur.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci, monsieur.
M. Soutière.
M. SOUTIERE: M. le Président, il y a seulement deux points qui
m'intéressent. Je fais partie du canton de Magog, où il y a 2,045
contribuables. Il y a 324 propriétaires à l'année et donc
environ 1,700 estivants, 85%. Je représente tout près de 20% en
évaluation et en propriétés par les plages que j'ai
développées depuis 24 ans. Il y a deux points qui
m'intéressaient, le premier, Je m'aperçois qu'il est
réglé par votre amendement. Parce que nous sommes
administrés dans le moment par un conseil dont
le maire et les échevins sont des estivants qui demeurent dans la
ville de Magog, et nous en sommes très satisfaits. Nous aimerions que
cela continue et cela nous aurait bien déçu, mais avec
l'amendement nous en sommes satisfaits avec votre question de 60%.
Le deuxième point, cependant vous donnez le droit de vote et tout
cela, mais ce qui nous déçoit, c'est la question du premier
dimanche de novembre. Les gens de plage, depuis 24 ans que je m'occupe de cette
histoire-là, ils arrivent au mois de juin et partent au mois de
septembre...
M. LE PRESIDENT: C'est hors d'ordrel
M. SOUTIERE: Je veux dire que c'était seulement cela qui
m'intéressait: on a le droit de vote, mais on ne peut pas être
présent.
M. LUSSIER: Alors, vous seriez satisfait de l'amendement, M. le
notaire?
M. SOUTIERE: L'amendement, pour la question d'élection, 60%.
M. LUSSIER: Cela fait votre bonheur?
M. SOUTIERE : Oui, cela fait mon bonheur. C'est juste l'autre, parce que
nous ne serons pas là et nous ne pourrons pas en
bénéficier.
M. LAPORTE: M. le notaire, l'amendement que l'on nous propose couvre
bien le cas de votre municipalité?
M. SOUTIERE: Je suis satisfait. M. LAPORTE: Vous êtes satisfait?
M. SOUTIERE: Oui, monsieur.
M. LAPORTE: Vous êtes satisfait de cet amendement parce que cela
couvre votre cas?
M. SOUTIERE: Oui, monsieur.
M. LAPORTE: Bon. Si le gouvernement décidait d'accorder le
même droit de se présenter à tous les contribuables, qu'ils
aient résidence ou qu'ils aient domicile, étant donné que
cela couvre votre cas à vous, est-ce que vous l'accepteriez?
M. SOUTIERE: Oui, monsieur.
M. LAPORTE: Merci, monsieur.
M. PAUL: A ce compte-là, il n'y aurait plus
nécessité de faire de distinction dans la loi entre
résidence et domicile?
M. LAPORTE: C'est exactement ce que je voudrais, que tout le monde, du
moment qu'on...
M. DOZOIS: A ce compte-là, par exemple, quelqu'un qui aurait une
résidence à trois endroits différents...
M. DEMERS: Voterait...
M. DOZOIS: ... disons, par exemple, qu'il a une résidence
à Pierrefonds,...
M. LAPORTE: Enfin, je comprends bien...
M. DOZOIS: ... une autre pour l'hiver, une autre pour
l'été, il voterait avec toute sa famille, si les enfants ont 18
ans et plus, à trois endroits différents.
M. LAPORTE: C'est-à-dire qu'actuellement, reprenez le même
exemple...
M. DOZOIS: Le même locataire, à ce compte là.
M. LAPORTE: Cela, la loi le prévoit. Evidemment, on ne peut pas
être maire à deux endroits.
Mais prenez le même cas, actuellement, où il y a
résidence dans trois municipalités où il y a 60%
d'estivants votre article on a le droit de se présenter,
d'être maire et d'être échevin aux trois places. Alors, il
faudrait que la loi prévoie qu'on ne puisse pas exercer des fonctions
à deux endroits. Qu'on puisse être ministre et maire, c'est un
maximum, n'est-ce pas?
M. DEMERS: Cela dépend du gars!
M. BELLEMARE : Quand je me suis présenté au
Cap-de-la-Madeleine, j'ai démissionné, mon cher monsieur.
M. LAPORTE: Je ne suis pas loin de penser que votre mairie,
c'était un peu de la conscription.
M. BELLEMARE: Je comprends. A ce moment-là, j'avais eu un
scripteur contre moi.
M. LAPORTE: Oui?
M. BELLEMARE: Oui. Un dénommé Laporte.
M. DOZOIS: Monsieur, le vote universel, à ce niveau-là,
inclut également les locataires?
M. LAPORTE: Je ne parle pas du vote universel. Je parle du cens de
l'éligibilité, que tout contribuable puisse se
présenter.
M. PAUL: C'est plus large que le cens électoral.
M. LUSSIER: Il deviendrait plus large que le cens électoral?
UNE VOIX: Oui.
M. SAINDON: M. le Président...
M. LUSSIER: Parce que, pour voter, il faut que vous soyez
domicilié depuis 12 mois.
M. SAINDON: Dans mon comté, nous avons des douzaines de lacs
où la très grande majorité des propriétaires sont
résidants estivants, pendant la saison d'été ou l'automne.
Mais si vous concevez, par exemple, l'évaluation, ce sont justement ces
gens qui détiennent l'évaluation.
Ces gens ne sont pas prêts à se faire administrer par des
gens qui...
M. LUSSIER: Le pourcentage, dans le revenu, qui provient de la taxe
foncière est de combien?
M. LAPORTE: Pourquoi faire cela?
M. LUSSIER: Je pose une question. Vous en avez posé des
questions, je vous ai laissé faire.
M. LAPORTE: Je retire ma question! M. LUSSIER: Bon, c'est cela.
M. SAINDON: Le pourcentage, je ne peux pas vous le donner. Une chose est
certaine si la valeur de la propriété, il n'y a pas de doute
que...
M. LUSSIER: Répondez à ma question. Vous ne le savez
pas?
M. SAINDON: Non, je ne le sais pas. Une chose est certaine, c'est que je
peux vous nommer une foule de lacs où, si vous prenez le nombre de la
population propement dite, le gros pourcentage de population, ce sont justement
des gens qui demeurent là, ce sont des saisonniers. Mais quand
même, ils y vont parfois l'hiver, les fins de semaine, tout cela; ils
détiennent l'évaluation et le nombre aussi.
Il y a d'autres places où ils ne détiennent
peut-être pas le nombre, mais, quand même, ils détiennent
l'évaluation.
M. PAUL: A Saint-Damien-de-Brandon, c'est l'inverse qui se produit.
M. SAINDON: Peut-être, mais il faudrait que la loi soit quand
même agencée de façon à donner justice à ces
gens.
M. LUSSIER: De quelle façon?
M. DE MERS: Pour sauver l'évaluation.
M. LUSSIER: De quelle façon la loi...
M. SAINDON: Leur donner le droit de voter et de choisir le
représentant qu'ils veulent avoir.
M. LUSSIER: A qui?
M. SAINDON: Alors dans ce cas, il y a seulement une façon de le
faire; c'est donner le droit de vote à tous les
propriétaires.
M. LUSSIER: A tous les propriétaires. Lesquels?
M. SAINDON: Pardon? Le droit de vote et le droit de se présenter
aussi. Les deux.
M. BELLEMARE: Ce serait dangereux.
M. LAPORTE: Quand nous allons argumenter tout à l'heure, je
voudrais qu'on me le prouve. Quand nous étions à
l'Assemblée nationale, j'ai demandé au ministre de me
l'expliquer. Je suis disposé à me rendre à des arguments
établissant qu'il y a danger, mais il n'y a personne encore qui a...
M. DE MERS: Cela fait peur.
M. LAPORTE: ...réussi... à me faire peur, oui. Il n'y a
personne qui a réussi à expliquer quel danger il y avait. S'il y
a un danger, nous pourrons en discuter tout à l'heure; pour l'instant,
je vois bien un danger pour la démocratie.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LAPORTE: Pour qu'on viole le principe voulant que tout le monde ait
le droit de se présenter, il faut avoir des raisons très
sérieuses. Mais on ne nous les a pas encore données ces raisons.
On pourrait peut-être y venir...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que nous pourrions entendre les personnes et
ensuite discuter sur les principes?
UNE VOIX: Oui.
M. MAYRAND: Maurice Mayrand, maire du village Saint-Paulin. Je crois que
mon cas est un peu typique. Si on considère qu'on a enlevé du
code municipal le mot « contigu », moi, je suis maire du village et
je me suis construit une résidence sept terrains plus loin que la borne
du village. Alors, à ce moment est-ce que cela veut dire que je me
trouve complètement exclu de la fonction de maire?
M. BELLEMARE: C'est un cas qui ne nous regarde pas.
M. LAPORTE: Vous vous êtes construit juste à
côté...
M. MAYRAND: J'étais propriétaire dans le village...
M. LAPORTE: Oui.
M. MAYRAND: ... au moment où j'ai été élu
maire. J'ai vendu ma propriété et je me suis reconstruit une
propriété neuve sept terrains plus loin que la borne du
village.
M. LAPORTE: En vertu de la loi, vous êtes obligé de
démissionner quand la loi sera sanctionnée.
M. BELLEMARE: C'est ça. M. PAUL: Le 1er novembre.
M. LAPORTE: Si vous croyez que c'est de la démocratie...
M. BELLEMARE: C'est bien dommage! M. PAUL: Voici, monsieur...
M. LAPORTE: II demeure à sept terrains de la municipalité.
Ils peuvent même aller le voir à l'heure des repas.
M. BELLEMARE: C'est une question de topographie, ce que nous appelons de
délimitation. Si, par exemple, j'avais droit de me présenter dans
le comté de mon ami, mais mon comté n'est pas là.
M. LAPORTE: Vous pourriez mettre 60% et 60 milles, cela compliquerait
encore les choses.
M. BELLEMARE: M. le maire sait qu'en allant se construire sept terrains
plus loin, il est dans une autre municipalité.
M. LAPORTE: C'est ça. M. BELLEMARE: Oui.
M. MAYRAND: Au moment où je me suis construit, je ne le savais
pas.
M. LAPORTE: Mais vous êtes un bon maire?
M. BELLEMARE: Non, mais comment... Il a eu un certificat d'honneur du
ministre.
M. BELLEMARE: Vous êtes allé vous construire sept terrains
plus loin...
M. MAYRAND: Avant que la loi soit sanctionnée, parce que j'ai
fait bien attention, j'ai hésité à me construire entre
Saint-Paulin et Louiseville.
M. PAUL: M. le maire, messieurs les membres de la commission, est-ce
qu'il n'y aurait pas avantage, est-ce qu'il y aurait des inconvénients
si, à l'article 226, nous ajoutions à la cinquième ligne:
« dans la municipalité ou contigu à cette
municipalité ». Cela règlerait le cas de plusieurs maires
ou officiers municipaux qui sont placés dans la même
situation.
M. LUSSIER: Je n'ai pas d'objection. Cela existait déjà
dans le code disparu, c'était uniquement dans le code municipal. Ce
n'était pas dans la loi des cités et villes. Je pense bien qu'il
n'y a pas d'objection à remettre ceci dans le code municipal; dans la
loi des cités et villes, cela n'existait pas, je ne vois pas pourquoi
nous aurions à le mettre.
M. LAPORTE: Est-ce que vous argumentez sur l'article 122 du code
municipal?
M. MAYRAND: Oui.
M. LAPORTE: Bien, on le mettrait dans les deux.
M. LUSSIER: Non, pas dans la Loi des cités et villes.
M. PAUL: Oui. oui.
M. LUSSIER: Cela n'existait pas, nous n'en avons pas besoin.
M. MAYRAND: Je demeure avec des biens-fonds d'une valeur de $300 et plus
dans la municipalité où je suis maire; mais ma résidence
est contiguë au village où je suis maire. Et je
ne pouvais pas me bâtir ailleurs que dans la paroisse parce qu'il
n'y a plus de terrains dans le village de Saint-Paulin.
M. LAPORTE: M. le maire, si au lieu d'être résident dans la
municipalité contlgue, vous étiez domicilié dans la
municipalité à douze milles plus loin, est-ce que cela vous
empêcherait de bien administrer la municipalité de Saint-Paulin,
ou est-ce que cela poserait quelque inconvénient? Qu'est-ce que cela
ajoute d'être contigu?
M. MAYRAND: Si c'est trop loin...
M. LAPORTE: C'est ça. Que veut dire loin? Dans mon comté,
il y a quatorze municipalités et les plus grandes distances sont de 7 ou
8 milles. Alors, être domicilié à Chambly et être
maire à Saint-Lambert, ce n'est pas possible?
M. MAYRAND: Mol, je parle de municipalité, comme dans le cas de
Saint-Paulin, où pour une population de 2,000, nous avons trois
municipalités, trois municipalités contiguës.
M. LAPORTE: Vous n'avez jamais pensé au regroupement
municipal?
M. MAYRAND: Plusieurs fois, c'est impossible.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, je réside
à Beauport, est-ce que je pourrais me présenter à la
mairie à Québec?
M. LAPORTE: Nous allons en parler à M. Lamontagne.
M. BELLEMARE: II y a peut-être une chance si vous changez de parti
en cours de route.
M. PAUL: Une charte spéciale pour la ville de Québec.
M. BELLEMARE: Voyez-vous, messieurs, n'est-ce pas triste de voir
ça?
M. LAPORTE: Au contraire, nous, nous sommes allés nous
réconcilier à la maison Montmorency; et pour vous la chicane
commence.
M. BELLEMARE: Ah oui, on a vu ça dans le
Montréal-Matin.
M. LAPORTE: Ah bien oui. On ne parle jamais de rien de bien dans le
Montréal-Matin. M. le Président, rappelez-nous à
l'ordre!
M. BELLEMARE: C'est ça, à l'ordre! UNE VOIX: A
l'ordre!
M. BELLEMARE: C'est pour cela que je dis ça, ça va
être la réponse...
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que vous répondez à mes
questions?
M. LAPORTE: Dans quelques mois je répondrai à vos
questions, M. le député, pas tout de suite.
M. PAUL: M. le Ministre...
M. LUSSIER: A qui avez-vous posé la question? Au
président?
M. TREMBLAY (Montmorency): Au président.
M. LUSSIER: Dans la loi c'est: Domicilié pendant 24 mois pour
avoir le cens d'éligibilité.
M. BELLEMARE: II veut se présenter maire à
Québec.
M. LAPORTE: Dans Québec? M. PAUL: Non, non, non. M.LUSSIER: La
loi générale.
M. LAPORTE: Pour être candidat à la mairie c'est «
résidant »?
M. BELLEMARE: Résidant, c'est domicilié...
M. LAPORTE: C'est son domicile. M.LUSSIER: Domicilié.
M. MAYRAND: M. le Ministre, pour un homme qui a été
élu démocratiquement par le peuple, un article de la loi vient
tout simplement le foutre dehors en enlevant le mot « contigu
».
M.LAPORTE: Apparemment, monsieur,... M. LUSSIER: Non, le mot «
contigu )> ici... M. PAUL: Non, non, s'il y a quelqu'un qui
sait comment vous êtes un bon maire, M. Mayrand, c'est bien
moi.
M. MAYRAND: Merci, monsieur.
M. PAUL: Vous cherchiez? J'attends que vous parliez pour travailler.
M. LUSSIER: Cela existait au code municipal et nous avons dit que nous
n'avions pas d'objection à le remettre dans le code municipal.
UNE VOIX: D'accord.
M. LAPORTE: M. le Maire, nous, nous allons, Je pense bien que, de ce
côté-ci nous accepterons ça, parce que d'amendement en
amendement on laisse faire, et à un moment donné tout le monde
aura le droit de se présenter. Voyez-vous, là ils font une
exception parce qu'ils s'aperçoivent que la loi va trop loin. Je suis
très heureux que ça couvre votre cas, mais il y a d'autres
maires, dans d'autres endroits qui sont comme vous des propriétaires,
comme vous des contribuables qui n'auront pas le droit de se
présenter.
M. LUSSIER: II n'y a pas de règle qui ne souffre pas
d'exception.
M. LAPORTE: Alors celle-ci en souffre beaucoup.
M. LUSSIER: De toute façon...
M. LAPORTE: Elle est en pleine souffrance.
M. LUSSIER: Ah, oui! mais il n'y a pas rien que ça qui...
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Maire.
M. LAPORTE: C'est la première fois qu'on voit un médecin
provoquer des souffrances.
M. LE PRESIDENT: M. Auger.
M. LAPORTE: Puis-je poser une dernière question à M.
Mayrand, étant donné que je n'ai pas eu le loisir de le faire
tout à l'heure? Si la loi est modifiée de façon à
permettre à tous les contribuables d'être candidats, n'importe
où dans la province de Québec pourvu qu'ils aient une
résidence et qu'ils soient contribuables, seriez-vous alors en faveur
que tout le monde soit traité sur le même pied et pas seulement le
maire de Saint-Paulin?
M. MAYRAND: Eh bien, moi, je m'en tiens à mon cas, pour autant
que c'est une municipalité qui est contiguë.
M. LAPORTE: Une fois votre cas réglé, ne penseriez-vous
pas aux autres propriétaires? Auriez-vous objection, vous, à ce
que, dans la province de Québec, tous les contribuables soient sur le
même pied, qu'ils aient le droit d'être candidats à la
mairie, à l'éche-vinage et à ce que, si les citoyens ne
sont pas satisfaits de l'administration, ils aient le choix de changer à
tous les trois ou quatre ans?
M. MAYRAND: En démocratie, quand un conseil ou un maire ne fait
pas l'affaire ils se font mettre dehors.
M. LAPORTE: Merci, M. Mayrand. M. LE PRESIDENT: M. Auger.
M. AUGER: M. le Président, M. le Ministre, je suis le
représentant du village de Pointe-Calumet, comté de
Deux-Montagnes. Chez nous comme nous sommes 1,500 familles, ce nombre tombe
à environ 450 après la fête du Travail. Donc les
propriétaires sont au nombre de 1,200 et il y a de 70% à 75% de
propriétaires de résidences d'été. Par
conséquent, ils ne demeurent pas à l'année longue et ne
peuvent dire qu'ils ont domicile à Pointe-Calumet. Donc, M. le
Président, Je tiendrais à retirer ma demande pour la raison que
en débutant par Me Poitras ainsi que tous ceux qui m'ont
précédé cela a répondu à beaucoup de
questions que j'avais à poser. Cela m'a éclairé beaucoup
de façon que je pourrai rendre un verdict à l'association des
propriétaires de Pointe-Calumet sur ce que je viens de voir ici en
commission.
Alors, pour moi, il me semble que même si je revenais sur des
points, ce sont des points qui viennent d'être discutés. Alors, si
vous me le permettez, M. le Président, Je vais me retirer, et je vous
remercie de votre bonne attention.
M. LAPORTE: M. Auger, encore une fois, la loi couvre à 60% le cas
de Pointe-Calumet où des propriétaires, résidants ou non,
auront le droit de vote et le droit de se présenter, le cens de
l'éligibilité. Est-ce que vous seriez favorable ou est-ce que
vous avez quelque objection à ce que ce droit, qui va maintenant
être reconnu dans votre municipalité à vous, soit
étendu aux autres municipalités de la province de Québec,
c'est-à-dire que tout propriétaire ait le droit d'être
candidat?
M. AUGER: Oui.
M. LAPORTE: Vous seriez en faveur de cela? Merci, M. Auger.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Auger. M. Munich.
M. MUNICH: M. le Président, les membres du comité, j'ai eu
l'occasion, tantôt, de dire que j'étais maire de la
municipalité du canton de Montcalm qui se trouve dans le comté
d'Argenteuil. Le canton de Montcalm couvre une superficie d'environ 50 milles
carrés. Ce canton, malheureusement, dans le passé, a
été divisé en trois parties par l'érection de deux
autres municipalités que j'appellerais des municipalités de
privilèges ce n'est plus que cela Elles ont
été érigées contrairement aux dispositions du code
municipal et contrairement aux dispositions de la Loi des cités et
villes.
A ce propos, je sais que je serai un peu hors d'ordre, mais, je dois
dire ici que, sous le régime de l'ancien gouvernement comme sous le
régime du gouvernement actuel, nous avons produit un projet de
réunification de la municipalité qui, malheureusement, n'a pas
attiré beaucoup d'attention.
Notre municipalité est plutôt une municipalité de
villégiature. Je dois dire cela. Le nombre d'électeurs...
M. BELLE MARE: Dans quelle proportion, M. le maire?
M. MUNICH: J'y arrive. Le nombre d'électeurs se chiffre par
environ 88% ou 89% de non-résidants contre 10% ou 11% de
résidants. A la dernière évaluation en 1968, la valeur des
propriétés possédées par les non-résidants
se chiffre par environ $1,600,000 contre à peu près $500,000 pour
les résidants.
Je suis d'accord avec ceci, mais ce qui m'inquiète un peu, c'est
la question de domicile. Encore la même question. Je suis d'accord aussi
qu'autant que possible il faut s'assurer que ceux qui recherchent les fonctions
de maire et de conseillers soient en mesure de remplir ces fonctions de
manière satisfaisante. Mais, dans le contexte du monde d'aujourd'hui, il
faut toujours se rappeler que le déplacement de la population, par les
voies de communication qui sont disponibles, se fait beaucoup plus facilement
qu'autrefois. Anciennement, il y a cinquante ans, on voyageait en
traîneau et à cheval, avec des chevaux en hiver, en « buggy
», comme ils disaient, en été. C'était très
difficile de se déplacer. Mais, aujourd'hui, les gens de la ville vont
en campagne et ce n'est peut-être pas mauvais de le dire
les gens de la campagne viennent en ville pour chercher une meilleure vie... Ce
n'est pas toujours le cas. Les gens de la ville vont en campagne pour chercher
du bon air.
Avec cela, je crois que ce n'est pas dans l'intérêt des
municipalités rurales de défranchiser complètement, comme
on dit, les non-résidants ou les touristes. Je crois qu'il faut
plutôt essayer de les amener à prendre une part active dans le
développement de nos municipalités rurales.
Souvent, il arrive, par le déplacement des ruraux de la
municipalité, qui habitaient là autrefois, qui sont allé
ailleurs pour gagner plus d'argent ou pour d'autres raisons, qu'il ne reste
plus la population nécessaire et qu'il faut trouver d'autres sources
pour avoir les personnes qualifiées ayant une certaine expérience
pour administrer la municipalité et tenir les affaires en ordre.
Maintenant, dans cette mesure, il faut assurer une certaine
continuité des fonctions. Je crois que le mot « domicile »
est trop restreint. On a reçu à la fin de février, je
crois, du ministère des Affaires municipales, un questionnaire dont j'ai
reçu une copie; et nous l'avons rempli et nous y avons ajouté nos
remarques et nos suggestions. Naturellement, sur la question du droit de vote,
notre opinion en général était absolument contre
l'amendement tel qu'apporté par le bill 286, parce que cela
défranchisait tout le monde.
Sur la question de l'article 226, nous n'étions pas beaucoup
d'accord non plus avec le mot « domicile ». Nous avons
suggéré dans notre mémoire de laisser le mot «
domicile » mais aussi de mentionner les mots « résidence
permanente » et les définir. Nous avons suggéré la
définition suivante: « résidence permanente » devrait
signifier une résidence chauffée à l'année
où le propriétaire va et vient à toutes les saisons de
l'année. Cela permettrait à un non-résidant d'occuper la
charge de maire ou de conseiller s'il le désire.
Maintenant, je crois qu'en général...
M. LAPORTE: M. Munich, excusez-moi, vous soutenez le principe, en fait,
que tous les contribuables propriétaires de biens-fonds devraient avoir
le droit de se présenter.
M. MUNICH: Oui.
M. LAPORTE: II est en train de dire oui. Maintenant, M. Bellemare va
vous dire ce que vous vouliez dire!
M. BELLEMARE: Vous avez essayé de lui faire dire ce que vous
vouliez.
M. MUNICH: Non.
M. LAPORTE: Mais toute sa thèse...
M. BELLEMARE: Je commence à vous connaître, vous.
M. LAPORTE: Si j'ai bien compris vous pouvez me corriger
selon la thèse de M. Munich, s'ils modifiaient la loi pour ajouter ce
que vous dites: Ayant feu et lieu, une maison chauffée à
l'année, etc., si c'était modifié comme cela, cela
donnerait le droit à tous les propriétaires de se
présenter. C'est cela?
M. MUNICH: C'est cela.
M. LAPORTE: J'ai bien compris, n'est-ce pas en disant que votre avis est
que tous les propriétaires devraient avoir le droit de se
présenter?
M. MUNICH: Sans question de pourcentage.
M. BELLEMARE: Vous avez bien dit tout à l'heure que ceux qui
avaient des maisons permanentes auraient le droit.
M. MUNICH: Oui, mais avec définition de ce qu'est «
permanente ».
M. BELLEMARE: Non, mais il dit des résidences...
M. MUNICH: Non, mais j'ai dit qu'il fallait du moins
j'étais d'accord avec le principe s'assurer que celui qui serait
maire ou conseiller soit en mesure de remplir ses fonctions de façon
satisfaisante. Je suis d'accord avec cela. Je suis aussi d'avis que celui qui
possède une résidence d'été où il vient pour
deux ou trois mois ne devrait pas être qualifié, parce qu'il n'est
pas sérieux.
M. BELLEMARE: Ah, bon!
M. MUNICH: Mais là je suis revenu à la question de
résidence permanente et je veux...
M. LAPORTE: Mais dans votre municipalité, chez vous, où
vous avez plus de « gens d'été », que de
résidants, vous suggérez que les gens d'été n'aient
pas le droit de se présenter.
M. MUNICH: Non. Je ne suggère pas cela. Ce n'est pas exactement
ce que j'ai suggéré.
M. BELLEMARE: Vous êtes en train de le mêler.
M. LAPORTE: Je ne suis pas en train de le mêler... mais moi je
suis mêlé.
M. MUNICH: Faisons la distinction. Dans le contexte de la
résidence permanente, telle que je l'ai définie, oui ils ont le
droit de se présenter. Mais je suis d'accord aussi pour que celui qui
demeure seulement deux ou trois mois ne puisse pas en avoir le droit parce
qu'il n'est pas une personne qui, à mon avis, est en mesure de remplir
les fonctions de manière satisfaisante.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il ne remplit pas...
M. MUNICH: Rechercher la fonction pour l'honneur, ce n'est pas ça
que nous voulons dans nos municipalités rurales, dans n'importe quelle
municipalité si vous voulez, mais surtout dans les municipalités
rurales...
M. LAPORTE: Mais en vertu de quel principe lui demandez-vous de payer
des taxes sans jamais avoir le droit d'aller, comme membre du conseil
municipal, défendre son droit d'en payer plus ou d'en payer moins?
M. MUNICH: D'accord, mais je crois que nous devons essayer d'avoir une
certaine stabilité. Celui qui veut comme ça s'est produit,
d'ailleurs occuper un poste seulement pour l'honneur, assister à
une assemblée à tous les trois mois, il n'est bon à rien
pour la municipalité. Mais celui qui est sérieux, comme mol
disons,... Non, écoutez, ce n'est pas pour prendre mon cas en
particulier, mais je dois dire que, peut-être, c'est un accident que je
ne sois pas né dans le canton de Montcalm, parce que ma famille
possède des propriétés dans le canton de Montcalm depuis
1890. Alors, nous avons une résidence justement, c'est mon cas
qui est une résidence de ville, qui est chauffée, ouverte
à l'année et où je vais et viens à tout
instant.
M. LAPORTE: Et où est-ce que vous avez votre domicile?
M. MUNICH: A Montréal, évidemment. M. LAPORTE: Ah!
M. MUNICH: J'étais avocat et je ne suis plus membre du Barreau,
parce que je suis retiré aujourd'hui. Mais si j'avais voulufaire une
car-
rière d'avocat, Je n'aurais pas pu le faire dans le canton de
Montcalm, c'est certain.
M. LAPORTE: Je comprends votre cas précis, mais votre maison est
à Montréal. Vous êtes un résident
d'été ou à l'année, villégiateur là
où vous êtes maire.
M. MUNICH: Oui, oui.
M. LAPORTE: Et vous dites que vous êtes un bon maire.
M. MUNICH: Oui, mais je me considère plus que...
M. BELLEMARE: C'est une maison qui est chauffée en
permanence.
M. LAPORTE : II ne chauffe pas, en été quand
même.
M. MUNICH: Oui, mais j'ai...
M. BELLEMARE: Vous ne savez pas que c'est froid le soir, de temps en
temps! Vous attrapez des rhumes.
M. MUNICH: Moi, dans mon cas, j'ai une maison que je tiens ouverte
à l'année, je la chauffe à l'année, tous les
services sont à l'année, quoi. Je n'ai jamais fermé pour
dire que je ferme le chalet à l'automne et que je m'en vais.
M. BELLEMARE: Vous êtes bien né! M. LAPORTE: M.
Munich...
M. MUNICH: Dans ces cas-là, une personne comme moi devrait
être eligible, parce que je crois que je puis rapporter à la
municipalité certains bénéfices.
Et sur notre conseil...
M. LAPORTE: Mais, M. Munich...
M. MUNICH: ... je suis le seul non-résidant...
M. LAPORTE: D'accord.
M. MUNICH: ... qui est membre.
M. LAPORTE: Si vous n'aviez pas chez vous un si grand nombre
d'estivants, de villégiateurs, s'il y en avait moins de 60%...
M. MUNICH: Oui.
M. LAPORTE: ... vous n'auriez pas le droit de vous présenter.
Trouveriez-vous ça juste?
M. MUNICH: Non.
M. LAPORTE: Bon, d'accord.
M. MUNICH: Non, mais je ne trouverais pas cela juste dans un cas comme
moi qui ai une résidence permanente 13. Mais dans le cas de quelqu'un
qui a juste un petit chalet d'été, qui n'est pas même bon
pour l'hiver, il y va simplement à partir du 24 juin à la
fête du Travail...
M. LAPORTE: Je comprends bien. M. le Maire, est-ce que c'est parce que
vous avez une résidence d'été que vous êtes un bon
maire ou bien parce que vous vous occupez de votre affaire?
M. MUNICH: Je m'occupe de mon affaire.
M. LAPORTE: Et si vous ne vous occupiez pas de votre affaire, que vous
restiez à Montréal ou que vous restiez à Québec,
les électeurs vous battraient-ils?
M. MUNICH: Moi, personnellement, M. Laporte, je ne me
présenterais pas...
M.LAPORTE: Bon.
M. MUNICH: ... et je crois que, dans la majorité des cas, les
estivants, à moins qu'ils ne soient dévoués, ne sont pas
intéressés...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. MUNICH: ... à se présenter, parce que ça prend
du temps.
M. LAPORTE: La fonction de maire, ça ne tient pas une maison,
ça tient un homme. Vous êtes un bon maire, parce que vous
êtes dévoué. Ce n'est pas parce que vous avez une maison
à Montréal que vous êtes dévoué.
M.MUNICH: Non, non.
M. LAPORTE: C'est parce que vous vous occupez de votre affaire.
M.MUNICH: Oui, oui.
M. LAPORTE: Si vous ne vous en occupiez pas...
M. MUNICH: J'ai intérêt à m'en occuper.
M. LAPORTE: Oui, vous êtes contribuable, comme tous les
autres.
M. MUNICH: Plus que ça, monsieur.
M. LAPORTE: Pourquoi plus que les autres?
M. MUNICH: Parce que je me sens comme un résidant de la place,
puisque nous possédons des terres, là, depuis environ 1890. Cela
me donne un peu plus d'intérêt. Je l'avoue. Si j'étais
simplement résidant d'été, comme d'autres, je ne serais
peut-être pas intéressé.
M. PAUL: Vous dites que c'est parce que vous avez plus
d'intérêts?
M.MUNICH: C'est parce que je connais tout le monde, je connais tous les
gens de la place, je les connais personnellement, alors je me sens
intéressé.
M. BELLEMARE: Dans votre cas, M. le Maire, est-ce que vous êtes
couvert par la loi, 50 résidants...
M.MUNICH: Non.
M. BELLEMARE: ... 60%?
M. MUNICH: 60%, oui, pour le moment.
M. BELLEMARE: Quand vous parlez de 11% et de 89%, 88%, c'est quoi
à peu près dans les chiffres?
M. MUNICH: Bien,...
M. BELLEMARE: 80% de résidants d'été, c'est quoi
à peu près, en chiffres, 300, 350?
M. MUNICH: Au dernier recensement fédéral, nous avions une
population de 234.
M. LAPORTE: C'est combien d'électeurs?
M. MUNICH: D'après le dernier rôle d'évaluation de
1968: nous avons 541 contribuables, là-dessus il doit y avoir 100
résidants.
M. BELLEMARE: Des domiciliés? M. MUNICH: Des
domiciliés.
M. BELLEMARE: II y en a 100 domiciliés et il y en a 400 qui sont
des estivants.
M. MUNICH: Pour les domiciliés, il faut toujours s'entendre
là-dessus. Quand vous parlez de domiciliés, c'est
différent selon les municipalités, je comprends. Mais, parmi les
domiciliés, il faut toujours comprendre qu'il y a beaucoup de gens qui,
à leur retraite, sont allés à la campagne pour bien des
raisons, généralement parce que cela coûte moins cher, du
moins à ce qu'ils prétendent. Ce n'est pas nécessairement
des gens qui sont de la place même, qui sont nés là et ont
fait leur vie là, mais ils se sont retirés là. Il y a
beaucoup de gens partout et ce sont des gens d'en dehors qui sont venus
s'établir là, parce que c'est une place qui permet la
retraite...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. SAINDON: M. Munich, supposons que, chez vous, vous avez un
propriétaire qui a une maison d'été d'assez grande valeur,
mais qui d'habitude passe l'été chez vous, pendant deux mois. A
un moment donné, il survient une élection et il veut se
présenter. Qu'est-ce qui vous dit qu'au lieu de rester deux mois chez
vous, qu'il n'en resterait pas huit ou dix? Pourquoi lui nier le droit de se
présenter dans ce cas-là?
M. MUNICH: J'essayais de trouver une solution parce qu'apparemment,
d'après la rédaction du bill 286, et cette loi actuelle, il
paraît y avoir un penchant contre une loi restrictive et négative.
La loi telle qu'elle est, même si vous mettez un pourcentage, c'est une
loi restrictive et négative.
M. SAINDON: Dans ce cas-là, vous ne voulez pas de loi
restrictive?
M. MUNICH: Non, mais j'essayais toujours d'un autre côté,
pour être juste, de trouver une solution pour éviter que des gens
se présentent seulement pour l'honneur. Je comprends que parmi les
domiciliés, cela peut arriver.
M. LAPORTE. Il y a déjà un maire qui s'est
présenté, il y a une quarantaine d'années à
Montréal, il a dit aux électeurs clairement: Je vous
préviens que, si vous m'élisez, je ne ferai rien. Il s'est
présenté pour l'honneur, il a été battu. Comment
allez-vous déterminer cela. Il n'y a qu'une façon de mesurer
l'intérêt d'un contribuable, c'est la taxe qu'il paie. L'argument
qu'apportait tantôt M. le Secrétaire de la province, c'est que
vous avez plus d'intérêt parce que vous y allez. Si l'on prend
cette me-
sure-là, les estivants représentent $1 million
d'évaluation et les autres $500,000, ils ont plus
d'intérêt; ce sont eux qui devraient être candidats.
M. MUNICH: Je serais en faveur d'éliminer toute affaire de
restriction et de laisser cela ouvert comme cela était avant.
C'était ma première chose. Etant donné qu'apparemment il y
avait une certaine pensée dans certain milieu, qu'il fallait limiter,
qu'il fallait restreindre, j'ai dit: Nous allons essayer d'élargir un
peu le cadre.
M. BELLEMARE: Vous seriez en faveur, M. le Maire, que celui qui a un
chalet ouvert du 24 juin au 1er septembre, que ce propriétaire-là
soit maire de votre municipalité?
M. MUNICH: Je ne voterai pas pour lui. Je dirais qu'il devrait avoir le
droit de se présenter s'il le veut.
M. LAPORTE: D'accord.
M. MUNICH: Le droit de se présenter, c'est une affaire;
être élu, c'est une autre.
M. BELLEMARE: S'il était élu, supposons par
hypothèse?
M. MUNICH: Je dirais: Les électeurs ont parlé, mais
malheureusement pour eux.
M. LAPORTE: Le droit de se présenter inclut le droit de se faire
battre.
M. MUNICH: Si vous voulez en venir, je ne vois pas pourquoi vous avez
modifié l'article même avec ces amendements-là. Si vous
gardez l'opinion qu'il ne devrait y avoir aucune autre restriction que
d'être contribuable, je ne vois pas pourquoi vous avez apporté ces
amendements.
Ces amendements auront peut-être un mauvais effet. Vous savez les
non-résidants ont intérêt à la place malgré
qu'ils semblent ne pas en avoir.
Ils ont intérêt à voir que cela progresse, parce
qu'ils ont une propriété. S'ils ont une belle
propriété, ils voudraient que le voisin ait une belle
propriété aussi.
Mais, si vous leur dites qu'ils n'ont pas de droit de
représentation et, comme c'était avant le dernier amendement,
qu'ils n'ont pas le droit de vote, vous pourrez avoir une réaction. Ils
diront: Pourquoi, nous, devrions-nous venir ici favoriser les magasins?
Pourquoi ne pas tout acheter à Montréal où peut-être
nous pourrons avoir de meilleurs prix? Pourquoi favoriser les magasins? Vous
allez créer une division. Pourquoi? Pour rien. Pour satisfaire un
orgueil quelconque peut-être? Mais, en somme, pourquoi?
Vous savez, ce ne sont pas tous les estivants qui sont malvenus. Presque
tous ont bien à coeur de voir que la municipalité progresse. Mais
dans le contexte de leur vie, ils ne sont pas capables de participer. Leur
ouvrage les éloigne, les obligations, ainsi de suite.
Alors, le danger que les non-résidants prennent le contrôle
règle générale est très minime
à mon avis.
M. LAPORTE: Très minime?
M. MUNICH: Mais oui. Les gens voteront plutôt pour quelqu'un qui
est sur place et non pas pour un autre qui sera loin.
UNE VOIX: On le sait.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le Maire.
M. MUNICH: Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Lessard.
M. LESSARD: M. le Président, messieurs. J'ai écouté
avec beaucoup d'intérêt tout ce qui vient de se passer. Comme je
l'ai déjà dit, je viens du Lac-des-Seize-Iles où la
plupart des résidants sont des résidants d'été.
Je suis très chagriné, malgré que j'apprécie
les efforts du gouvernement pour améliorer notre code civil et notre
code municipal, il me fait beaucoup de peine de voir qu'on fait de la division
entre les citoyens de notre belle province.
La nature a déjà fait des divisions. Regardez parmi les
gens qui sont ici aujourd'hui. Quelques-uns de nous sont grands, d'autres sont
petits, d'autres sont plus pesants que les autres. Je constate que la nature a
déjà fait beaucoup et que nous, comme bons
Québécois, devons essayer de faire tout ce que nous pouvons pour
empêcher la division entre nos bons citoyens québécois.
Les honneurs dans les conseils, je crois, sont peu nombreux. Peu de
personnes prennent cette charge pour les honneurs. Il y a toujours beaucoup de
travail à faire d'année en année. Et comme conseiller
d'une municipalité, je demanderais au gouvernement actuel, si possible,
de ne pas faire de division entre les citoyens, lors-
qu'il est question d'occuper des places dans le conseil ou dans la
municipalité.
Les divisions sont assez difficiles, sont assez faites par la nature
déjà; nous devrions toujours essayer d'améliorer nos
conditions.
Alors, M. le Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Lessard. M. Jean-Guy Dépot. M. Glen
Magee. M. Jean-Guy Belisle. M. Yves Foisy. M. Hébert. M. Cloutier.
Est-ce qu'il y a d'autres personnes?
UNE VOIX: M. Lucien Perron.
M. LE PRESIDENT: M. Lucien Perron.
UNE VOIX: M. Ghyslain Bouchard.
M. LE PRESIDENT: M. Ghyslain Bouchard.
M. DEPOT: M. le Président, MM. les Ministres, messieurs. Je suis
président de l'Association des propriétaires du Lac d'Orford qui
fait partie du canton d'Orford dans les Cantons de l'Est.
L'évaluation totale de la municipalité est de $2,196,000.
De ce montant, $1,246,000, c'est-à-dire 60% de l'évaluation
totale va aux résidants d'été, les gens qui ont des
chalets. Il y a 103 résidences dites permanentes pour un total de 360
votants, tandis que, dans toute la municipalité, il y a 1,050 votants,
donc vous avez un rapport de 1 à 3. Il y a trois fois plus de touristes
que de résidants permanents.
Il arrive, à la municipalité que je représente, un
problème: avec les 60% dont on parle dans l'article, indirectement on
voudrait protéger, dans un sens, les résidants. Mais dans notre
cas, il se produit quelque chose d'assez baroque, c'est que certains
résidants sont contre cela parce que cela les défavorise. Notre
municipalité s'étend sur la longueur, et la grande
majorité des touristes, la grande majorité de la population
demeure dans la partie nord. Le conseil que nous avons présentement est
élu par la partie sud. Donc, c'est la partie nord qui fait vivre la
municipalité, c'est la partie sud qui l'administre. A ce moment, les
cultivateurs qui sont dans la partie nord ne sont pas tellement
intéressés à ce que nous n'ayons pas le droit de vote en
tant qu'estivants, parce qu'à ce moment-là ils n'ont pas la juste
part qui leur revient dans la partie nord.
A ce moment, il y a un fait baroque qui se produit à cause des
60%. C'est un point. Maintenant, M. le maire disait tout à l'heure, que
les gens qui sont dans la municipalité depuis longtemps attachent plus
d'importance et ont plus d'intérêt. Je ne suis pas tellement de
cet avis. Si je me prends comme exemple je dirai comme M. Bellemare tout
à l'heure, notre exemple est toujours un peu boiteux mes parents
sont nés dans le comté de Shefford, ils sont venus à
Montréal pour les raisons que l'on connaît tous la vie est
peut-être plus agréable et plus facile, sur certains aspects,
à Montréal mais maintenant, ils retournent dans la
municipalité et on ne leur donnera pas le droit..,, Donc, c'est un peu
boiteux, j'aimerais souligner ce point.
Maintenant, comme la majorité des résidences sont
chauffées, donc je suggérerais le vote universel, à tout
le monde, pas aux 60%.
M. PAUL: Le vote existe.
M. DEPOT: Oui, l'électeur a le droit de se présenter, les
deux. Je trouve que c'est compliquer les choses; pour les avocats et les hommes
de loi, il n'y a pas de difficulté à interpréter ces lois,
mais du moment que vous arrivez dans la population, pourquoi mettre ces 60%. Je
dis: Un compte de taxe: un vote, et le type a le droit de se
présenter.
M. LUSSIER: Actuellement, pour voter, il faut que les personnes soient
domiciliées depuis douze mois.
M. DEPOT: D'accord.
M. LUSSIER: Le domicile existe aussi pour voter...
M. DEPOT: D'accord.
M. LUSSIER: ... comme actuellement dans la loi le mot «
domicilié » existe pour se présenter.
M. DEPOT: Oui, M. le Ministre, si quelqu'un est propriétaire
depuis 24 mois dans la municipalité, il devrait avoir le droit de vote
et le droit de se présenter...
M. LUSSIER: Il a le droit de vote...
M. DEPOT: Oui, et le droit de se présenter.
M. LUSSIER: Mais, est-ce quelqu'un qui resterait un mois, deux mois ou
trois mois, à votre opinion, ou quelqu'un qui resterait ordi-
nairement dans la localité, lui, en général ou en
principe, aurait le droit de se présenter?
M. DEPOT: Je n'attache pas d'importance au fait que le type demeure
là deux mois, trois mois; s'il paie un compte de taxe, il a le droit de
se présenter et de dire son mot dans l'administration de la
municipalité, surtout dans notre cas. J'ai cité des chiffres au
début. Nous payons les deux tiers des taxes et nous représentons,
si on considère tous les votants, les deux tiers des votants à ce
moment, je considère que c'est mettre des bâtons dans les roues
que d'établir des restrictions. Il serait beaucoup plus facile à
mon point de vue de mettre le vote universel. Un compte de taxe: le type a le
droit de se présenter et il a le droit de vote. Pourquoi les 60%?
M. DE MERS: Dans votre cas, 60% règleraient le
problème.
M. DEPOT: Oui, monsieur, mais j'aimerais par exemple...
M. DE MERS: Avez-vous envie d'aller ouvrir une autre
municipalité?
M. DEPOT: Non, non, je me demande pourquoi les 60%. Pourquoi mettez-vous
60%?
M. DE MERS: C'est pour les cas qui ne sont pas comme le vôtre.
M. LUSSIER: Cela s'explique facilement. Dans la loi il y a eu un
principe d'établi et de voté par tout le monde. C'est que, pour
pouvoir se présenter, il fallait avoir domicile depuis 24 mois, qu'on
soit locataire ou propriétaire, qu'on y demeure. Actuellement se pose un
certain problème dans des villes, surtout des villes de
villégiature. Il existe souvent peu de domiciliés, peu de gens
qui restent tout le temps dans la municipalité, et beaucoup de gens qui
sont propriétaires d'un chalet. Dans ces cas, nous croyons qu'il faut
faire une exception. C'est évident que l'exception contredit toujours la
règle générale c'est une vérité de la
Palice . Nous croyons que dans certains cas il existe des exceptions, et
il faut adopter dans le pratique, dans la rédaction d'une loi, une
certaine formule pour caractériser ces exceptions. Je crois bien que
tout le monde admet que, si on est à discuter ça ici, c'est parce
que ce n'est pas facile de trouver une solution. Si, d'un autre
côté, vous dites: L'exception devrait être la règle
générale, est-ce que, pour vous, si tout le monde avait le droit
de se présenter, c'est-à-dire dans une ville, com- me dans une
campagne, quelqu'un qui a un chalet, une bâtisse, qu'il y vienne 1 ou 2
fois par année, y aurait-il des inconvénients à ce que ces
gens puissent se présenter?
M. DEPOT: Pas du tout. Du moment que quelqu'un paie un compte de taxe,
quel qu'en soit le montant que ce soit pour un chalet, une maison ou un
château il devrait avoir le droit de vote, devrait avoir le droit
de se présenter. Il ne devrait pas y avoir la question de 60%. Je n'en
vois pas l'utilité.
M. SAINDON: Un propriétaire, qu'il soit américain ou
canadien, il est propriétaire d'une propriété.
UNE VOIX. Il lui faut sa citoyenneté de canadien.
M. SAINDON: Si la loi générale ne le permet pas alors,
là, c'est une autre paire de manches.
M. LUSSIER: C'est une exception et la loi générale... On
disait que tout le monde qui paie un compte de taxes dans une
municipalité devrait avoir le droit de se présenter. Il y a
d'autres exceptions qui existent en dehors du fait qu'il faut être
domicilié actuellement depuis 24 mois. Quand vous n'êtes pas
citoyen canadien, vous pouvez être américain, vous aurez à
payer. Même si on mettait le mot « résidant »,
c'est-à-dire qu'il faut qu'il ait une bâtisse et qu'il habite
là, tandis que le type qui est propriétaire de terrain, il va
payer des taxes à la municipalité. Même en mettant le mot
« résidant » au lieu de « domicilié », le
propriétaire du terrain n'aura pas le droit de se présenter,
même en le modifiant et en mettant « résidant ».
M. SAINDON: Oui, mais il n'est pas citoyen canadien.
M. LUSSIER: Non, mais je vous dis qu'il y a des exceptions à
cette règle qu'on veut établir, de dire: Que tout le monde qui
paie des taxes devra avoir le droit de se présenter. Il y a d'autres
exceptions et je mentionnais, entres autres j'en mentionnais deux
d'abord l'Américain qui a une propriété, qui paie des
taxes ou un encore celui qui est propriétaire de vastes terrains, qui
paierait de grosses taxes mais, parce qu'il n'est pas résidant il
y en a qui ont des terrains et qui ne sont pas résidants ce
type-là paierait des taxes et il n'aurait même pas le droit de se
présen-
ter même si c'était modifié en enlevant le mot
« domicilié » pour le remplacer par le mot «
résidant » de 24 mois. Je voulais noter qu'ily a des
exceptions même à cette règle de...
M. LAPORTE: M. le Président, quand nous parlons des exceptions,
des citoyens non Canadiens, disons que c'est une règle admise à
tous les échelons de la loi électorale, qu'elle soit
fédérale ou provinciale ou municipale que les
étrangers...
M. LUSSIER: Mais elle existe quand même cette exception.
M. LAPORTE: Oui, je comprends. Je trouverais assez curieux que vous
preniez l'exception admise universellement, dans le monde entier, où
l'on dirait que seuls ont le droit de vote et le cens
d'éligibilité que les citoyens du pays. Vous prenez un exemple
que tout le monde accepte pour justifier quelque chose que personne ce matin,
aucun des témoins qui ont été convoqués, n'a
reconnu valable. Dans le code il y a d'autres acceptions évidemment.
M. LUSSIER: Oui, oui.
M. LAPORTE: Les mineurs il y a des exceptions - ne peuvent pas se
présenter. Vous avez les ministres du culte qui ont été
assermentés, les membres du conseil privé, les juges et
magistrats. Je pense que le rôle d'un gouvernement démocratique,
en 1969, n'est pas d'augmenter les exceptions mais de les diminuer le plus
possible. Effectivement, l'an dernier, vous avez fait disparaître
l'exception quant aux membres des ordres sacrés, ils peuvent se
présenter maintenant, je pense.
M. LUSSIER: Oui, oui.
M. LAPORTE : Alors, on est engagé dans le processus de
disparition des exceptions et non dans celui de leur multiplication.
M. LUSSIER: Mais c'est simplement pour noter que toute règle
générale, même si c'est un médecin qui parle, peut
souffrir des exceptions. Vous admettez que cela soit justifié qu'il y
ait des exceptions. Alors là nous discutons et, quand monsieur a
affirmé que tous ceux qui paient des taxes devraient pouvoir avoir le
droit de se présenter, quand même il faut noter que, si l'on admet
ce grand principe général, il peut exister certains cas où
cela ne peut pas s'appliquer, où cela ne doit pas s'appliquer.
M. LAPORTE: Est-ce un principe que vous acceptez que ceux qui paient des
taxes devraient avoir les mêmes droits que tout le monde.
M. LUSSIER: Ce matin, nous avons réuni la commission des Affaires
municipales pour entendre des témoins et ce n'était dans
l'intention, au début, de partir avec une conclusion. Je veux bien
entendre tous les gens et, lorsque les gens auront été entendus,
je délibérerai avec la commission et avec le gouvernement et nous
prendrons, après cela, une décision.
M. LAPORTE: Serait-il exagéré de noter votre
hésitation à accepter le principe. Serait-ce
exagéré?
M. LUSSIER: Actuellement, nous sommes à l'audition des
témoins et je pense bien qu'il ne s'agit pas de commencer à
discuter entre nous de choses qui ne doivent pas être discutées
à ce moment-ci et qui sont tout à fait hors d'ordre. Nous sommes
ici beaucoup plus pour entendre ce que les gens ont à dire, nous faire
une opinion et, après cela, prendre une décision. La
décision, nous ne la prendrons pas avant...
M. LAPORTE: Est-ce que les opinions exprimées ce matin par les
gens devraient avoir une influence majeure sur la décision du
gouvernement?
M. LUSSIER: Si nous avons réuni ces gens-là, c'est que
l'opinion de ces gens devrait avoir certainement... Nous sommes sérieux
comme dans beaucoup de choses, et dans toutes les choses que nous faisons
en passant...
M. LAPORTE: Ah, beaucoup... !
M. LUSSIER: Beaucoup, cela veut dire presque la totalité...
M. LEDUC (Taillon) Il y a exception, mais cela ne fait rien...
M. LUSSIER: Bon, on était bien avant que vous arriviez,
vous...
M. LAPORTE: Oui, vous m'avez dit cela à moi aussi. Nous allons
tous partir pour que vous ayez la paix...
M. LUSSIER: Je ne vous ai pas dit cela à vous. De toute
façon, on pourra toujours vous le dire à un moment
donné...
M. MURRAY: Je représente un comté où il y a
énormément d'estivants de Montréal, dans Terrebonne, et il
y a deux philosophies, deux façons de penser. Il y a des gens qui sont
favorables, d'autres qui ne le sont pas. Alors, je comprends que l'attitude du
ministre est convenable, celle d'entendre les revendications et de prendre des
décisions ensuite.
J'ai rencontré plusieurs résidants dans plusieurs
municipalités dans le comté, et certains sont favorables,
d'autres ne le sont pas. Alors, il y a de la controverse.
M. LE PRESIDENT: M. Dépôt...
M. DEPOT: Pour terminer mon petit commentaire, disons que nous sommes
satisfaits et nous vous remercions de proposer l'amendement que vous voulez
faire adopter. Cela nous satisfait. Mais disons que l'idéal serait le
vote universel. C'est seulement cela que je voulais vous souligner...
M. LUSSIER: Le vote existe...
M. DEPOT: Je veux dire le cens d'éligibilité universel. Ce
serait l'idéal; mais nous sommes satisfaits des 60%.
M. LUSSIER: Merci.
M. SAINDON: Si tous les propriétaires, disons, ceux qui ne
demeurent pas à l'année longue dans une municipalité
donnée, n'avaient pas droit de vote, est-ce que vous seriez
satisfait?
M. DEPOT: Non, il faut qu'ils aient le droit de vote.
M. SAINDON: Bon, alors c'est ça.
M. DEPOT: C'est ce que j'ai dit aussi.
M. SAINDON: Vous ne seriez pas satisfait s'ils ne l'avaient pas?
M. DEPOT; Bien non.
M. LAPORTE: Autrement dit, je ne voudrais pas forcer votre
pensée. Si le gouvernement décidait de reconnaître à
tous les contribuables le droit de se présenter à tous les postes
des municipalités, c'est ça qui serait l'Idéal, à
votre avis?
M. DEPOT: C'est ça.
M. LE PRESIDENT; Merci, M. Depot. M. McGee.
M. McGEE: M. le Président, MM. les Ministres, je suis, comme M.
Bellemare, maire d'une petite municipalité. Nous sommes environ 500
personnes durant l'année.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous nommer votre municipalité?
M. McGEE: Lac-des-Seize-Hes. Notre évaluation totale est
d'environ $1,500,000. De ce total, nous avons $250,000 qui représentent
l'évaluation des résidants à l'année.
D'après moi, la question de l'évaluation devrait
être plus considérée que la question du pourcentage de la
population; ce n'est pas une question de pourcentage. Si vous avez le
privilège de payer des taxes, vous avez le droit de voter et vous avez
le droit de vous présenter comme conseiller ou maire.
Une autre question: Aujourd'hui, au Lac-des-Seize-Iles, avec le
pourcentage de 60%, nous sommes en règle. Mais, qu'arrivera-t-il d'ici
un, deux ou trois ans si le pourcentage change? Ce sont là des questions
que je vous pose.
Autre question: Pourquoi avoir deux votes pour un résidant
permanent et seulement un vote pour un résidant non-permanent? Ce sont
là des questions que je vous présente. A 60%, aujourd'hui au
Lac-des-Selze-Hes, nous serions en règle. Si vous payez des taxes,
d'après moi, vous êtes capable de vous présenter. La
question de pourcentage ne devrait pas entrer en considération.
M. LAPORTE: Je n'ai pas de question à poser.
M. LUSSIER: Vous êtes un résidant, c'est-à-dire que
vous ne demeurez pas à l'année dans une municipalité.
M. McGEE: Non, je demeure à Montréal une partie de
l'année et...
M. LUSSIER: Combien de temps allez-vous dans votre municipalité
de villégiature, par année?
M. McGEE: Ma famille monte pour l'été, deux mois et demi.
De plus, nous montons toutes les fins de semaine de l'ouverture du lac et
jusqu'à sa fermeture. Je monte aussi les fins de semaine durant
l'hiver.
M. LUSSIER: Quand vous êtes dans la municipalité durant la
fin de semaine, qu'est-ce que vous faites? Est-ce que vous rencontrez beaucoup
de gens ou si vous pratiquez un sport
en particulier? La municipalité où vous allez en
villégiature vous intéresse à quel point de vue?
M. McGEE: Comme une place où je peux me reposer et rencontrer des
gens. Nous ne sommes, en ce moment, peut-être pas populaires, parce que
nous avons fait venir M. Le Sauteur de votre service de santé. Nous
avions fait un test de l'eau de nos lacs. Il y avait des gens du village qui ne
voulaient pas laisser entrer vos inspecteurs dans leur maison pour faire faire
le test de l'eau. On avait fait une photo aérienne.
M. LUSSIER: Pourquoi les gens ne sont-ils pas contents? Parce qu'ils ont
peur que les taxes augmentent?
M. McGEE: Les taxes, ce n'est pas la question.
M. LUSSIER: Vous avez dit que les gens ne semblaient pas
satisfaits...
M. McGEE: Ce n'est pas nécessairement qu'ils ne soient pas
satisfaits, mais ils ont peut-être peur. Si le lac devient pollué,
il ne sera plus bon pour personne.
M. LUSSIER: D'accord. Si le lac est pollué, il est bien
évident que ce n'est pas bon pour personne. Mais, vous avez dit que les
citoyens avaient peur ou qu'ils ne vous aimaient pas? Est-ce que vous avez dit
cela?
M. McGEE: Peut-être pas tous, mais, comme d'habitude, il y a
toujours deux ou trois personnes dans un endroit qui ne vous sont pas
favorables. Mais cela ne prend que deux ou trois personnes comme cela qui
parlent pour faire peur à tout le monde; la roue qui fait le plus de
bruit est la roue qui veut avoir la graisse.
M. LUSSIER: C'est pas pire, cela.
M. SAINDON: M. le Président, je pense que je pourrais
répondre au ministre des Affaires municipales.
M. LUSSIER: Ce n'est pas à vous que je pose la question.
M. SAINDON: Non, non, mais je demande la parole. Je pourrais
répondre pour... je ne me rappelle pas son nom.
M. LUSSIER: II se débrouille bien tout seul.
M. SAINDON: Je pourrais l'aider. C'est une paroisse dans mon
comté.
M. LUSSIER: Vous pourriez l'aider, mais je pense qu'il aime mieux tout
seul...
M. SAINDON: Je peux l'aider le mieux. M. LUSSIER: ... qu'avec vous.
M. SAINDON: C'est possible, en tout cas, vous pourriez peut-être
dire la différence après que j'aurai parlé, pas avant.
Il y a une chose certaine, c'est que la grande majorité des
propriétaires de chalets ou de maisons d'été
appelez-les comme vous voudrez la grande majorité de ces
gens-là passent au moins les fins de semaine, à leur chalet
à l'année longue: l'automne, l'hiver et le printemps.
Ce qui arrive je le sais en connaissance de cause car je les ai
vus bien des fois c'est qu'en fin de semaine ces gens-là se
réunissent. Il n'y a personne de ces gens-là qui vont «
s'en-cabaner » dans leur « huit par quatre » ou «
ving-cinq par cinquante », toute la fin de semaine. Alors, ils se
réunissent et ce sont presque des petites réunions municipales en
fin de semaine. Alors, il n'est pas question, pour ces gens-là, de ne
pas se rencontrer, de ne pas discuter des affaires de la
municipalité.
D'autre part, il y a 501 lacs dans le comté d'Argenteuil. Les
lacs ne sont pas dans Brownsburg, ni Lachute, ni Saint-André. Alors, ce
sont ces gens-là qui développent ces lacs, les entretiennent et
les améliorent. Il est une chose certaine c'est que depuis deux ou trois
ans, les municipalités du nord du comté où il y a des lacs
s'occupent activement de prévention de pollution des lacs.
Si ce n'étaient pas des résidants à temps partiel,
il n'y aurait absolument personne pour protéger ces lacs et il y en
aurait une bonne partie qui seraient, aujourd'hui, contaminés presque
à jamais. Ils ont des associations de prévention monsieur
peut vous le dire qui ont été formées il y a deux
ou trois ans, qui s'en occupent très activement. Tôt ou tard, le
gouvernement provincial aurait un problème plus que majeur sur les bras.
D'ailleurs, il y a quelques bons gros lacs, dans le comté, qui sont
aujourd'hui pollués et si ces municipalités-là avaient eu
l'apport des gens de la ville ou des résidants à temps partiel
pour s'en occuper, on n'aurait peut-être pas ce problème sur les
bras.
D'autre part, parlons du canton de Gore. La chicane est prise parmi les
résidants du canton de Gore avec ceux des autres petites
municipalités des alentours. Ils ont des chemins... D'à-
bord, les chemins ne sont pratiquement pas ca-rossables. Vous avez le
canton de Gore qui est ici et une route à côté. Vous avez
une route qui part de 1 à 31 et qui s'en va là et l'autre
là. C'est beaucoup plus facile pour les gens du canton de Gore, par
exemple, de traverser ici où il y a déjà eu des chemins et
qui ne coûteraient pratiquement rien pour les aménager. Gore ne
veut pas parce que l'autre ne veut pas en payer et ce sont seulement les
résidants, jusqu'à la dernière loi, qui avaient le pouvoir
de décision.
Le résultat, c'est qu'ils empêchent le développement
de ces lacs-là. Ils empêchent des propriétés qui ont
quelque valeur, d'augmenter de valeur. Ils nuisent au développement
local et ils nuisent à la protection locale, de toute façon.
Les locaux, d'abord, disparaissent de plus en plus. Leurs
propriétés, dans la majorité des cas, n'ont pas la valeur
de celles des gens qui ont des propriétés d'été.
Ils ne sont tout simplement pas intéressés à faire de
dépenses ni à améliorer ni même à
préserver.
M. LUSSIER: M. le Maire, pourriez-vous me dire ce que vous pensez de
l'objection qu'on entend souvent de la part des gens qui demeurent dans une
paroisse? Il s'agit toujours d'une paroisse rurale. Ils disent que des gens qui
viennent, des touristes, gagnent plus cher, qu'ils ont un revenu
supérieur à ce que eux gagnent, que ces touristes sont
portés à dépenser ou à passer des règlements
d'emprunt qui, pour eux, lorsqu'ils viennent pour être cotisés,
qu'ils sont taxés, que ce sont des sommes d'argent, par rapport aux
revenus qu'eux ont, sont énormes. Cela les met peut-être dans la
gêne pour vivre parce que les taxes, comme je le disais, qu'il paient ou
qu'ils paieraient, seraient, selon leurs revenus, exorbitantes.
Qu'est-ce que vous pensez d'un argument...
M. McGEE: Bien peut-être...
M. LUSSIER: Peut-être que ça se produit facilement dans les
municipalités où ce sont, disons, les villégiateurs qui
ont les rênes au conseil ou qui sont en nombre supérieur au
conseil.
M. McGEE: Bien, c'est possible. Excepté, il y a l'autre
côté de l'histoire aussi, que les gens de la campagne, pensent que
nous, à Montréal, nous faisons beaucoup d'argent et que nous
dépensons beaucoup aussi.
Nous ne pouvons pas dire que ce sont les conseils qui sont en faveur
aujourd'hui d'augmenter les taxes. Parce que dans notre cas les taxes ne sont
pas hautes.
M. LAPORTE: M. le Maire, pour vous montrer la logique de cela,
j'accepte, pour fins de discussion, l'argument du ministre à l'effet que
les villégiateurs...
M. LUSSIER: Je lui ai demandé ce qu'il en pense.
M. LAPORTE: Oui, j'admets pour fins de discussion non pas son argument
mais la question qu'a posée le ministre. Tenons pour acquis que les
villégiateurs font bien plus d'argent et qu'ils sont bien plus
prêts à faire des dépense s, et c'est un danger pour la
municipalité et les résidants. Si ce danger-là existe, il
ne faut pas qu'ils s'emparent du conseil, les villégiateurs, ils vont
causer des problèmes, s'il y a un danger. Le gouvernement dit: S'ils
sont 60%, s'ils sont certains d'être capables de s'emparer du conseil,
qu'ils se présentent. Mais s'ils sont seulement 39%, si le danger n'est
pas trop grand qu'ils s'emparent du conseil, ils ne pourront pas se
présenter. Cela ne devrait-il pas, pensez-vous, être en sens
inverse? Si le danger existe. C'est cela qui est absolument illogique.
M.LUSSIER: Non, non.
M. LAPORTE: Quand ils sont sûrs d'avoir le contrôle du
conseil, vous le leur donnez.
M. LUSSIER: Ecoutez bien. Vous dites que le gouvernement suit cela. Il a
été établi, comme je l'ai dit tout à l'heure, en
décembre, et voté à l'unanimité que, pour se
présenter et aussi pour voter il fallait être domicilié:
pour voter, 12 mois, pour se présenter 24 mois. Nous avons admis qu'il
existait des exceptions dans la loi votée en décembre, il y a eu
des exceptions qui ont été admises. C'est évident que
l'exception va toujours à l'encontre de la loi générale ou
du principe général. Quand il y a une exception, je pense que
c'est une vérité de La Palice... L'argument que vous tenez, M. le
député, c'est que c'est évident lorsque vous dites:
Ils admettent cela au point de vue général et ils admettent cela
au point d'exception que l'exception n'est pas la même chose que
la règle générale.
M. LAPORTE: Cela fait deux ou trois fois que vous tenez cet
argument-là, mais répondez donc: Si le danger que vous avez
évoqué existe, pourquoi donner le droit de se présenter
à ceux qui sont 60%? Le danger est encore bien plus grand.
M. LUSSIER: Actuellement nous discutons
pour savoir si cela causerait plus de mal d'étendre l'exception
et d'en faire une loi générale ou de garder une certaine forme
d'exceptions. C'est-à-dire qu'on nous a fait valoir lorsqu'on a
présenté cet amendement au cens électoral et au cens
d'éligibilité, que c'était nous l'Union Nationale qui
avions élargi de beaucoup...
M. LAPORTE: C'est vous qui aviez resserré.
M. LUSSIER: Je ne pense pas, c'est nous qui avions...
M. LAPORTE: Vous l'avez enlevé à tout le monde l'an
passé et vous le redonnez.
M. LUSSIER: Arrêtez donc!
M. LEDUC (Taillon): Corrigez votre erreur.
M. PAUL: C'est parti d'une erreur de copiste.
M. LAPORTE: C'est quand même vous qui avez fait l'erreur.
M. PAUL: L'honorable député était membre de cette
commission, presque tous ceux qui sont ici, et cela a échappé
à notre attention.
M. LAPORTE. Il n'y a pas lieu de se chicaner pour cela. Mais je
n'accepte pas que le ministre en tire un argument: il dit que nous sommes
très généreux; je vous crois! C'est par une erreur que
vous l'avez resserré l'an passé.
M. LUSSIER: Actuellement, nous vous réunissons, pour
connaître votre avis. C'est un problème qui est extrêmement
complexe et, qu'il y ait une exception d'un côté, cela cause
certains préjudices à d'autres. Mais par contre, ce que nous
aimerions savoir c'est si cette exception qui est faite à ce que les
résidants puissent se présenter, si elle était
élargie partout, si elle était élargie dans tous les cas,
est-ce que cela pourrait prêter à des abus? Et est-ce que ces
abus-là seraient plus graves que les abus que vous pouvez noter
actuellement? C'est la question en fait à laquelle il faut
répondre. Quand on vous demande: Est-ce que vous êtes prêts
à élargir le droit de se présenter à tout le monde,
pas simplement aux domiciliés? Est-ce que vous, dans votre optique, vous
voyez certains méfaits possibles? Est-ce que cela pourrait, dans
certaines villes, être néfaste à une administration
municipale ou à des administrés? C'est la question à
laquelle il faut répondre, pour que nous ayons le portrait complet, pour
que nous puissions prendre la meilleure décision quand nous aurons fini
de vous entendre tous et chacun.
M. McGEE: Comme j'avais dit, la question du pourcentage ne devrait pas
entrer dans la question. Si vous êtes capables de payer des taxes, vous
êtes capables de voter, vous êtes capables de vous
présenter.
M. LE PRESIDENT: Docteur.
M. DEMERS: A quel jour siège votre conseil municipal? Le conseil
municipal tient sa séance à quel jour?
M. McGEE: Le samedi matin.
M. DEMERS: Le samedi matin.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. McGEE: Si je peux dire seulement un autre mot, une question que vous
allez me poser à savoir si les gens de la ville ont beaucoup d'argent et
si les gens de la campagne ont peur que l'on augmente les taxes.
Actuellement, nous essayons de ne pas augmenter les taxes. Nous avions
passé un règlement de zonage et de construction. Ils avaient peur
de cela, parce qu'ils ne sont plus capables de vendre des lots de 50 pieds
carrés. Votre M. LeSauteur, c'est encore à cause de la pollution
et des lots de 50 pieds carrés. Ce n'est pas bon, parce que vous
avez...
M. LE PRESIDENT: Je crois que vous êtes hors d'ordre.
M. McGEE: Pardon?
M. LE PRESIDENT: C'est le cens d'éligibilité dont nous
parlons. Sur les articles, vous êtes hors d'ordre. Vu que nous avons
beaucoup de témoins à entendre, je crois que vous devriez vous
limiter à l'étude de...
M. McGEE: C'est juste pour vous donner une idée de ce que nous
avons fait.
M. ROY: M. le Maire.
M. McGEE: Oui.
M. ROY: Vous demeurez, vous êtes un villégiateur au
Lac-des-Seize-Iles?
M. McGEE: C'est cela.
M. ROY: La municipalité que vous représentez...
M. McGEE: Oui.
M. ROY: ... occupe quoi comme territoire? Quelle est la dimension de
votre territoire?
M. McGEE: Complètement autour du lac.
M. ROY: La municipalité est bornée...
L'intérêt de la municipalité...
M. McGEE: Au lac! Nous n'avons aucun chemin autour du lac. Il faut
traverser le lac en chaloupe ou en bateau.
M. ROY: Les résidants permanents demeurent autour du lac
également?
M. McGEE: Au bout du lac, c'est cela, où le chemin passe.
M. ROY: Le réseau routier serait quoi chez vous?
M. McGEE: Le quoi?
M. ROY: Le réseau routier?
M. McGEE: Où va le chemin?
M. ROY: Combien avez-vous de milles?
M. McGEE: De chemin? Nous n'en avons pas. Il y a peut-être 1 mille
dans le village, pas plus.
M. LAPORTE: II n'y a pas de routes? M. McGEE: Il n'y a pas de
routes.
M. ROY: Et vous avez une municipalité exclusivement pour le
Lac-des-Seize-Iles?
M. McGEE: C'est cela. M. ROY: Merci.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. le Maire.
M. Jean-Guy Belisle.
M. BELISLE : M. le Président, honorable ministre Lussier,
messieurs.
Je suis conseiller villégiateur dans la municipalité du
canton de Chelsea. J'ai été extrêmement
désappointé lorsque j'ai lu le bill 286, au début de
Janvier. Par contre, Je me suis consolé un peu en voyant les
récents amendements possibles au chapitre de la
représentation.
On dit que le sujet de discussion consiste à savoir si nous
accepterions que 60% des gens qui sont des villégiateurs aient le droit
de vote et que ceux qui, dans les municipalités où il y aurait
40% et moins, n'aient pas le droit de vote.
Eh bien, Je crois que si l'on se replace dans le champ de la taxation
où, d'ailleurs, les villégiateurs tout comme les résidants
nous les appelons ainsi, communément paient des taxes
égales de même qu'on dit toujours « travail
égal, salaire égal » je crois bien que la
représentation devrait être égale pour les taxes
égales.
J'avancerais même un point, tel que M. Glen McGee le mentionnait.
Il mentionnait le fait qu'il est de coutume, d'ailleurs, tel qu'au code
municipal l'article 226, si ma mémoire est bonne que les
épouses des résidants aient aussi le droit de vote et que toute
personne majeure qui demeure là et qui y est domiciliée
maintenant, plus exactement, le vrai terme ait aussi le droit de vote.
J'irai plus loin; dans l'hypothèse où il y aurait, par exemple,
un seul villégiateur dans la municipalité, si les gens de la
place veulent l'élire, eh bien, Je ne verrais pas pourquoi cette
personne ne pourrait pas être élue.
Parce qu'après tout, c'est la démocratie qui juge à
ce moment. Je crois bien que si on s'attache au point de 60% de
villégiateurs, en toute démocratie, on peut à ce moment
créer un certain froid. Il y a déjà une certaine division
entre les villégiateurs et les résidants, c'est
indéniable, cela existe depuis nombre d'années. De plus en plus
les résidants semblent mieux comprendre les villégiateurs et les
villégiateurs aussi semblent mieux les comprendre. Je crois que si nous
faisons une division, en insistant sur le fait qu'il faut absolument 60% de la
population des villégiateurs, je crois que nous faisons des
divisions...
Indéniablement, d'un autre côté, si nous nous en
reportons au villégiateur lui-même en tant que
représentant, qui de fait connaît mieux les problèmes du
villégiateur que le villégiateur lui-même. C'est
lui-même qui est dans ses bottes. Il est indéniable que, dans
quelques municipalités, il y a déjà eu des
problèmes, mais je crois bien que l'inverse a aussi été
extrêmement vrai à plusieurs occasions. Les rési-
dants ont aussi causé des problèmes aux
villéglateurs. Mais toutes ces guerres ou tous ces points sont
déjà oubliés depuis longtemps, mais qu'un résidant
ou qu'un villégiateur se présente là-bas, je n'y vois
aucun inconvénient, toujours assumant le fait qu'il voit au
bien-être de la municipalité.
C'est grosso modo ce que j'avais à dire là-dessus. On sait
une chose de toute façon, le villégiateur, dans les
régions de tourisme, indéniablement sert de joint entre le
résidant et les autres villégiateurs, et c'est probablement un
des seuls qui peut expliquer correctement les différentes sortes de
règlements, etc. Je crois qu'il est nécessaire que les
villégiateurs participent à la fonction publique dans les
municipalités et qu'ils ont ce droit.
M. LUSSIER: Pour les villégiateurs, vous maintenez votre
argumentation, vous tenez aux villégiateurs. Mais pourriez-vous aussi
argumenter si le mot « domicilié » est enlevé et
remplacé par « résidant », c'est-à-dire qu'au
niveau de toute ville...
M. BELISLE: D'accord.
M. LUSSIER: ... les gens, pour se présenter, n'auront pas besoin
d'être domiciliés? Est-ce que vous entrevoyez qu'il pourrait y
avoir des abus, que cela pourrait être néfaste pour les
municipalités que, dans n'importe quelle ville, un simple
résidant dans le sens qu'un type pourrait avoir une maison et y aller
une ou deux fois par année, et être élu, est-ce que cela
pourrait être une mauvaise chose dans des cas, ou si vous n'entrevoyez
pas cette possibilité?
M. BELISLE: M. Lussier, à cet argument, je répondrai que,
tout d'abord, quelqu'un qui se présente aux élections, qui en a
le droit à ce moment, s'il est élu, et s'il ne s'occupe pas de
son affaire, s'il n'assiste pas aux assemblées du conseil parce
que la loi prévoit une certaine période de temps ou s'il
semble peu s'en soucier je pense bien qu'après son terme, il sera
remplacé.
Je crois que ce sont les gens qui doivent juger à ce moment. Et
je rappelle l'exemple que je donnais tout à l'heure. Même s'il y
avait un seul villégiateur dans une population de résidants, ou
de domiciliés, je crois qu'à ce moment, M. Lussier, cette
personne a le droit d'être élue, et si elle est élue c'est
l'ensemble de la population qui l'a élue.
Que voulez-vous? Je ne crois pas au principe que s'il y a tant de
population résidante, il y aura un résidant là. Je ne
crois pas à cela. Je crois que ce sont les électeurs qui votent
pour eux. Ce sont eux qui décident. Et si le gars en vaut la peine: tant
mieux! on vote pour. Si cela ne marche pas, on le remplacera. Je crois que
c'est la seule façon à mon opinion même s'il
n'y a qu'un seul villégiateur, il devrait avoir la permission
d'être élu.
Maintenant, il y avait aussi un autre petit point, c'est probablement
hors d'ordre, c'est sûrement hors d'ordre, j'aimerais, si vous me le
permettez, juste l'énoncer rapidement.
M. LAPORTE: Ne nous prévenez pas! On ne s'en apercevra
peut-être pas!
M. BELISLE : Ne vous bouchez pas les oreilles.
M. ROY: Faites attention de nous aviser!
M. BELISLE: J'aimerais souligner le fait que les élections
à l'automne ne permettent pas non plus aux villégiateurs de
descendre et venir voter.
M. LE PRESIDENT: Cela est hors d'ordre, nous avons refusé de le
discuter tout à l'heure.
M. BELISLE: D'accord. Y aurait-il lieu de faire d'autres
représentations à cet effet, M. Lussier?
M. LUSSIER: Pour le moment, la commission des Affaires municipales ne
siège pas pour entendre ça. Il y aura peut-être d'autres
occasions parce qu'il y a le comité Drouin qui va déposer un
projet de refonte de toute la toi électorale municipale. Il
déposera ça pour que les gens en prennent connaissance.
Après ça il y aura certainement, je penne bien je ne peux
pas me prononcer seul et j'ai bien l'impression que la commission des
affaires municipales de l'Assemblée nationale siégera pour
entendre aussi des représentations comme on le fait ce matin. A cette
occasion, parce que c'est la refonte complète de toute la loi
électorale municipale, cette question et toutes les questions, à
cette époque, seront à l'ordre du jour.
M. BELISLE: En résumé, M. le Ministre...
M. LUSSIER: Je ne veux pas arriver et vous certifier ça d'une
façon absolue, mais nous siégerons très probablement dans
un avenir assez rapproché pour entendre tous les
gens sur tous les points se rapportant à l'élection
municipale.
M. BELISLE: En résumé, si vous me le permettez bien, je
favorise que tous les villégiateurs aient le droit de vote à
condition, évidemment, qu'ils aient une résidence, ou un chalet
et ainsi de suite, et qu'ils habitent la municipalité, ou enfin qu'ils
soient résidants de la municipalité depuis 24 mois. Je suis
d'accord avec cela. Je ne suis pas d'accord je parle au point de vue de
la représentation d'un autre côté que quelqu'un qui
aurait strictement une partie de terrain, dans une municipalité, ait le
droit de représentation.
Je vous remercie, messieurs.
M. SAINDON: M. le Président, d'après le bill 286, est-ce
que celui qui n'a pas le droit de vote a le droit de contribuer aux $0.30 du
maire et aux $0.10 de chacun des conseillers?
M. LUSSIER: Voulez-vous reposer votre question?
M. SAINDON: Un propriétaire, par exemple, qui ne demeure pas
là, qui n'a pas ses $300...
M. LUSSIER: Votre question, posez-la moi plus clairement que
ça.
M. SAINDON: Bien, s'il est propriétaire et qu'il pale une taxe,
la municipalité pale quand même sur la population. Il compte parmi
la population de la municipalité, il n'est pas éligible au droit
de vote, il va quand même payer $0.30...
M. PAUL. Il ne fait pas partie de la population à ce
moment-là. Il n'est pas dénombré comme faisant partie de
la population.
M. SAINDON: C'est une question qui m'a été posée.
Eux prétendent que si un contribuable est sur le rôle
d'évaluation... Le salaire du maire est calculé d'après le
rôle d'évaluation.
M. DEMERS: De la population.
M. ROY: De la population.
M. LUSSIER: Posez clairement la question.
M. SAINDON: C'est ce que je dis, d'après un type qui va demeurer
dans une municipalité, qu'il soit propriétaire ou non, il va
quand même payer des taxes; qu'il soit résidant ou non, il paie
des taxes quand même. A ce moment-là, s'il n'est pas
résidant, est-ce qu'il a le droit de vote ou s'il ne l'a pas?
M. LUSSIER: Qui est résidant et qui ne l'est pas?
M. SAINDON: Pardon?
M. LUSSIER: Propriétaire résidant?
M. SAINDON: Propriétaire non-résidant.
M. LUSSIER: Le propriétaire non-résidant.
M. SAINDON: Le propriétaire non-résidant.
M. LUSSIER: Le propriétaire d'un terrain...
M. SAINDON: Oui.
M. LUSSIER: Quelle est la question?
M. SAINDON: Est-ce qu'il va être cotisé?
M. LUSSIER: Pourquoi?
M. SAINDON: Au tarif de $0.30 par tête pour le salaire du maire et
de $0.10 par tête...
M. LUSSIER: Le salaire du maire est pris à même le fonds
général. Le propriétaire d'un terrain ou d'un
bâtiment, s'il y a une taxe foncière dans la municipalité,
est appelé à contribuer au fonds général...
M. SAINDON: Oui. M. LUSSIER: C'est ça.
M. LAPORTE: Autrement dit, il a le privilège de contribuer
à tous les impôts, mais pas celui de se présenter...
M. PAUL: C'est un cas d'exception, ça.
UNE VOIX: Qu'est-ce qu'il y a d'exceptionnel?
M. LUSSIER: Comme vous avez tout à l'heure...
M. PAUL: C'est le cas de celui qui n'est pas qualifié...
M. LAPORTE: Non, mais prenez maintenant le cas du résidant qui
n'est pas domicilié; il n'a pas le droit de se présenter...
M. PAUL: L'honorable député change la portée de la
question.
M. LAPORTE: Je la complète.
M. LUSSIER: Disons qu'il la complète...
M. SAINDON: J'ai lu la lettre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. BELISLE: Je crois que l'important c'est qu'il soit bien
mentionné au texte que la personne qui a le droit de
représentation ait « une résidence » et non pas,
« soit résidant ». Je crois que la confusion qui pourrait
exister...
M. LAPORTE: Mais si vous donniez le droit de se présenter
à tous les propriétaires de bien-fonds, vous réglez votre
cas?
M. BELISLE: Oui, mais par contre, je crois aussi...
M. LAPORTE: Est-ce que la petite municipalité de X, c'est
tellement plus grave que la ville de Montréal où les
échevins ont le droit de résider en dehors de la ville?
M. BELISLE: Oui, c'est aussi ça.
M. LAPORTE: Je connais au moins un membre de l'exécutif et qui
est un excellent membre de l'exécutif, c'est un échevin
compétent; et il ne demeure pas dans la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: II faut qu'il demeure dans une des municipalités
du Montréal métropolitain, avec des valeurs dans la ville de
Montréal...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. PAUL: C'est avec une charte spéciale.
M. LAPORTE: Oui, mais le même principe pourrait peut-être
s'appliquer aujourd'hui aux municipalités.
M. MURRAY: Dans les Laurentides, il y a des entrepreneurs qui vont
prendre une étendue X de terrain, la diviser en lots et en vendre tant
par semaine, tant par mois; je pense que c'est ce à quoi M. Belisle veut
en venir. Si tous ces gens là ont le droit de se présenter... ils
ont une valeur de $100 ou $200 et même peut-être pas tant. Je crois
que c'est le point où il veut en venir.
M. LUSSIER: C'est ça.
M. MURRAY: La personne aurait une propriété, un chalet et
non pas simplement un terrain 50 sur 100. Il y en a des centaines et des
milliers...
M. LAPORTE: La loi actuelle est qu'il faut avoir une résidence et
résider dans...
M. LUSSIER: Vous avez parlé de bien-fonds... Le
propriétaire d'un terrain c'est d'un bien-fonds qu'il s'agit.
M. SAINDON: Oui, mais ils ne peuvent pas vendre des terrains avec une
superficie moindre que 50 pieds.
M. BELISLE: Parce « qu'avoir résidence » et «
avoir une résidence », disons que cela peut être
interprété...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions? Merci, M. Belisle,
de votre exposé. Maintemant, M. Yves Foisy, Saint-Damien-de-Brandon.
M. FOISY: Yves Foisy, conseiller municipal, Saint-Damien-de-Brandon, M.
le Président, M. le Ministre, et les membres de la commission. Un
premier point que f aimerais soulever au sujet du projet de loi, c'est que l'on
dit; 60% des électeurs. Qu'est-ce que cela veut dire 60% des
électeurs? Il va arriver, par exemple, dans notre municipalité
que la population permanente domiciliée peut représenter
près de 50% de la population parce que l'époux ou
l'épouse, les enfants majeurs ont droit de vote. Alors que pour les
résidants, seuls les propriétaires ont le droit de vote. Je
considère que l'expression « 60% des électeurs »
n'est pas au point, à mon avis. Parce qu'à ce moment-là,
« électeurs », nous aurons des municipalités
où il peut y avoir...
M. LUSSIER: D'après vous, qu'est-ce qui serait au point?
M. FOISY: Je ne vois pas pourquoi on refuserait d'accepter le rôle
de prendre « propriétaires » au lieu d'«
électeurs ». Avec « électeurs, » les
villégiateurs peuvent être noyés par les domiciliés
permanents.
M. LUSSIER: Etes-vous domicilié permanent ou non permanent.
M. FOISY: Je suis résidant, j'y vais à l'an-
née longue, je passe autant de temps là qu'à
Montréal. Je crois que je me consacre aux activités municipales
comme mes autres confrères de Montréal s'y consacrent activement
et de bonne foi.
M. le président, je ne comprends pas pourquoi on veut faire une
distinction entre les mots « électeur » et
propriétaire ». Pourquoi refuser le mot «
propriétaire »?
M. PAUL: M. Foisy, êtes-vous maire ou conseiller à
Saint-Damien?
M. FOISY: Conseiller municipal.
M. PAUL: Conseiller municipal. Pouvez-vous nous dire quel serait le
nombre de domiciliés et le nombre de résidants ou d'estivants
dans Saint-Damien?
M. FOISY: Au dernier recensement de 1966, d'après une lettre que
j'ai reçue du ministre Johnston parce que je suis conseiller des
finances il m'a donné les statistiques suivantes: 931
domiciliés, cela comprend les bébés au berceau.
M. LUSSIER: D'après les statistiques du Revenu, domicilié
n'a pas le même sens que...
M. FOISY: C'est le ministre du Revenu qui m'a écrit une lettre
dans laquelle il me donne les statistiques du Bureau fédéral de
la statistique, me donnant la population au dernier recensement de 1966. Alors
931 de population domiciliée.
M. LUSSIER: Ce ne sont pas des électeurs.
M. FOISY: Non, ce ne sont pas des électeurs. Je dirais qu'il y a
peut-être 500 électeurs au maximum parce qu'il faut toujours
enlever les mineurs. J'admets qu'à la campagne on accorde le droit de
vote à l'épouse et même aux enfants qui demeurent plus
souvent à Montréal que chez eux, mais ils ont le droit de vote
parce qu'ils sont domiciliés là, ce que le touriste n'a pas.
Alors, actuellement la population touristique parce qu'on nous
appelle les touristes est certainement de 4,500 au minimum.
M. LUSSIER: Touristique.
M. FOISY: Parce que seulement dans trois lacs, il y a au-delà de
400 propriétés. 85% de l'évaluation municipale chez nous
provient des touristes. Alors, nous ne pouvons pas dire que les dépenses
que nous encourons, que le conseil municipal peut encourir, sont pour les fins
touristiques parce qu'actuellement nous avons un service d'incendie que nous
venons d'instituer. Qui va en profiter? C'est la population permanente, la
population domiciliée.
M. PAUL: N'avez-vous pas aussi dépensé pour acheter un
système d'équipement de machinerie pour l'ouverture des
chemins?
M. FOISY: Pour l'entretien des chemins.
M. PAUL: N'avez-vous pas aussi bâti un hôtel de ville?
M. FOISY: Oui, monsieur.
M. PAUL: Est-ce qu'il n'y avait pas deux salles qui pouvaient convenir
pour la réunion des conseils municipaux? Est-ce qu'il n'y a pas une
école qui disposait de deux salles? Est-ce qu'il n'y a pas le sous-sol
de l'église qui contient une salle?
M. FOISY: Le sous-sol de l'église, d'accord.
M. PAUL: Alors, vous avez emprunté $105,000.
M. FOISY: Nous avons emprunté $105,000 sans augmenter le taux de
la taxe, monsieur.
M. PAUL: Et il y a des réguliers domiciliés qui ont des
terres évaluées à $25,000?
M. FOISY: Pardon.
M. PAUL: Des terres évaluées à $25,000 à
Saint-Damien-de-Brandon.
M. FOISY: Bien, monsieur, le secrétaire-trésorier pourrait
peut-être répondre à cela.
M. PAUL: Les cultivateurs.
M. FOISY: Je ne pourrais pas vous répondre là-dessus, je
regrette.
M. PAUL: Est-ce qu'il y a beaucoup de chalets qui sont
évalués à $25,000?
M. FOISY. Il y en a peut-être quelques-uns.
M. PAUL: Est-ce que vous pourriez nous dire si, dans l'ensemble, les
terres de Saint-Damien représentent une valeur importante au point de
vue commercial?
M. FOISY: Une partie de la municipalité a de bonnes terres. Une
partie, mais le reste est très pauvre. La preuve, c'est que la
population va continuellement en décroissant. En 1961, la population
était de 1,561 et elle est tombée en l'espace de cinq ans
à 931. Ce qui montre que ce n'est pas tellement riche. D'autre part, il
faut bien admettre vous parliez tantôt d'emprunt que 85% des
taxes sont payées par les résidants et 15% seulement par les
domiciliés.
M. LUSSIER: Depuis quand les taxes n'ont-elles pas augmenté?
M. FOISY: L'an dernier. Il n'y aura pas d'augmentation cette
année ni l'an prochain.
M. PAUL: L'an dernier, est-ce que la taxe foncière a
été augmentée?
M. FOISY: Elle a été augmentée de $0.35. M. PAUL:
Elle a été portée à $0.65...
M. FOISY: De $0.35 à $0.65, mais il n'y avait aucun service
municipal...
M. PAUL: En 1967, de $0.35 à $0.65 les cent dollars.
M. FOISY: A ce moment-là, je dois vous dire qu'en 1967
c'étaient des domiciliés seulement qui étaient membres du
conseil.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné que cet
interrogatoire me paraît absolument hors d'ordre je n'ai pas
d'objection...
M. FOISY: Oui.
M. LAPORTE: ... à ce qu'on le continue à la condition
qu'on nous dise pourquoi. Cela conduit à quelle conclusion, cet
interrogatoire?
M. FOISY: Oui.
M. LAPORTE: M. le maire ne vient pas ici discuter...
M. FOISY: Conseiller seulement M. Laporte.
M. LAPORTE: M. le conseiller vient-il étudier avec nous les
articles 122 et 226 ou s'il s'en vient défendre sa municipalité?
On lui demande pourquoi.
M. PAUL: Voici, c'est pour permettre aux membres de la commission de
connaître quelles peuvent être les conséquences de
l'influence dans l'administration publique du contrôle par les
résidants plutôt que les domiciliés.
M. LAPORTE: C'est ça que je voulais vous faire dire et, en vertu
de votre bill, vous leur abandonnez le contrôle quand ils sont plus que
60%. Vous ne changez absolument rien.
M. PAUL: On en discutera plus tard.
M. LAPORTE: C'est ça, la logique du bill.
M. PAUL: On en discutera plus tard.
M. LAPORTE: La situation après et avant la passation de cet
amendement n'est absolument pas changée. Vous êtes en train
d'établir ou de tenter d'établir que ce contrôle est
dangereux et vous le leur laissez.
M. LUSSIER: On veut en connaître toutes les facettes. Vous voulez
en connaître seulement une.
M. LAPORTE: C'est une facette qui est assez nettoyée pour
briller, celle-là.
M. LUSSIER: Non, écoutez bien. C'est que pour bien juger de
l'affaire, il faut essayer de connaître le problème dans son
ensemble.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. LUSSIER: Et vous, vous limitiez à un seul secteur votre
questionnaire. Là, c'est pour que les membres de la commission puissent,
à un moment donné, voir le problème dans son ampleur.
M. LAPORTE: J'aurais aimé, M. le Ministre, que vous
demandiez...
M. LUSSIER: Nous ne partons pas avec des idées fixes, nous.
M. LAPORTE: Non, ça, il faut partir avec des idées pour
ça!
M. LUSSIER: Nous avons des idées, nous aussi.
M. LAPORTE: Cela change l'affaire.
M. LUSSIER: On vous l'a prouvé, parce que
les amendements à la Loi des cités et villes, l'an
passé, et au code municipal, c'est l'Union Nationale, c'est nous qui les
avons faits.
M. LAPORTE: Ah, oui!
M. LUSSIER: Oui, monsieur. Alors, ce sont des idées...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, ou vous déclarez que c'est
hors d'ordre...
M. LUSSIER: ... qu'on a proposées et qu'on a
exécutées.
M. LAPORTE: ... ou on va engager un débat. Et que je suis donc
prêt!
M. LUSSIER: On n'est pas à court dans les idées.
M. LAPORTE: Je suis donc prêt, M. le Président. Tout ce
qu'il a fait, il a trouvé dans nos cahiers quand il est arrivé,
et ça lui a pris deux ans à part ça.
M. LUSSIER: Quand vous avez été là, qu'est-ce que
vous avez fait au point de vue des amendements à la Loi des cités
et villes?
M. LAPORTE: J'ai fait tout ce que vous avez passé en Chambre.
M.PAUL: A l'ordre!
M. LAPORTE: Vous voyez, M. le Président, le danger de nous
laisser aller hors d'ordre. Je comprends que vous ayez besoin de vous vanter un
peu, mais pas ici.
M. LUSSIER: Et vous aussi. Vous ne manquez pas votre chance non
plus.
M. LAPORTE: Quand me suis-je vanté ce matin?
M. DEMERS: A chacun ses besoins!
M. LAPORTE: Si vous me permettez, je vais vous suggérer des
questions comme celles de tout à l'heure: Si vous aviez demandé
à chacun des témoins, comme vous l'avez fait au premier, quels
étalent, à son avis, les inconvénients majeurs du fait
d'accorder à tout le monde le droit de se présenter...
J'aimerais qu'on demande à chacun des témoins; Est-ce
qu'à votre avis le fait de donner le cens...
M. LUSSIER: En fait, c'est ce qu'on lui demande.
M. LAPORTE: ... d'éligibilité à tout le monde,
est-ce qu'à votre avis c'est susceptible de causer des problèmes
majeurs?
M. LUSSIER: M. Paul n'avait pas fini de questionner non plus.
M. FOISY: Je ne crois pas que ça pose des problèmes
majeurs, au contraire, je ne vois pas pourquoi on ferait de nous des citoyens
de seconde zone.
M. PAUL: M. le Président, j'ai laissé mon collègue
poser sa question. Alors, s'il le permet, je pourrais peut-être en poser
une ou deux.
M. LAPORTE: M. le Ministre, vous avez toutes les questions...
M. PAUL: Je vous remercie.
M. LAPORTE: Surtout que nous sommes en minorité.
M. PAUL: Alors, voici, M. Voisy. M. FOISY: Foisy, F-O-I-S-Y.
M. PAUL: Si je comprends bien, votre conseil municipal est mixte, dans
ce sens qu'il est composé de citoyens domiciliés et
d'estivants.
M. FOISY: Exactement.
M. PAUL: Quelle est la proportion ou pourcentage?
M. FOISY: De représentation? M.PAUL: Oui.
M. FOISY: Le maire est de la place; deux conseilleurs sont
domiciliés aussi. Nous-mêmes, nous avons fait pression pour qu'ils
se présentent. Il n'y a pas eu d'élections, ils ont
été élus par acclamation, nous sommes allés les
chercher. Nous avons voulu en avoir d'autres. Nous ne voulions pas avoir la
majorité précisément parce qu'ils se considèrent
comme... Ils prennent cela comme un droit acquis.
C'est à eux la place. D'accord, nous ne ferons pas de train. Ils
n'ont pas voulu se présenter. Certains nous ont répondu: On n'est
plus capable de vous suivre.
M. LUSSIER: Dans quel sens?
M. FOISY; Bien, à certains moments, nous avons parlé, si
vous voulez, de toponymie...
M.LUSSIER: De?
M. FOISY: De toponymie, les gens ne suivaient pas, ils n'ont pas compris
où cela allait. Il y a eu toutes sortes de problèmes. De toute
façon, ce n'est pas grave.
M. PAUL: Parlez-vous des résidants ou des domiciliés?
M. FOISY: Des domiciliés, parce qu'ils disaient que cela devenait
trop compliqué. Ils s'aperçoivent qu'aujourd'hui cela tourne trop
vite. Vous parlez de population, vous parlez de zonage, d'urbanisme, ils sont
dépassés; vous parlez de pollution des eaux, il n'y a rien
à faire. Tout de même, j'aimerais répondre à M.
Belle-mare. Tantôt, il posait des questions au point de vue
financier.
M. LAPORTE: Ce M. Bellemare, c'était M. Paul.
M. FOISY: Excusez-moi. Tantôt vous posiez une question au point de
vue financier. Je dois vous dire, tout de même, que grâce à
notre administration... N'oubliez pas qu'après tout cela ne fait qu'un
an que nous sommes là, parce que l'élection a eut lieu en
juillet; c'est pour cela que le budget était voté, en somme. Nous
pouvons dire que notre premier budget commence l'année suivante. Dans la
première année, nous avons réussi à obtenir un
surplus de $15,000, ce qui n'est pas si mal. Nous avons réduit le
déficit antérieur...
M. PAUL: Combien payez-vous votre
secrétaire-trésorier?
M. FOISY: Est-ce que la question est pertinente, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Cela va avec l'exposé que vous êtes en
train de faire; ce n'est pas à l'article 122, ni dans l'article 226.
M. PAUL: Quel salaire payez-vous à votre
secrétaire-trésorier?
M. FOISY: $6,800, monsieur. Seulement je dois ajouter une chose. Vous
avez des municipalités où le secrétaire-trésorier a
un salaire moindre, mais il va percevoir certains droits. Lorsque les
estimateurs arrivent, ils visitent et ils chargent tant par maison. Il va
charger tant pour telle sorte de correspondance, tant pour si et tant pour
cela. Chez nous, il n'est pas question de cela. Nous avons besoin de lui, il
faut qu'il soit là.
M. PAUL: Est-ce que pour compenser ces services...
M. FOISY: De plus, il faut tout de même connaître les
capacités des secrétaires-trésoriers.
M. PAUL: Pour compenser tous ces services-là, est-ce que dans
certaines municipalités je ne dis pas que c'est le cas chez vous
on donne $500 d'augmentation par année au
secrétaire-trésorier pour une période de trois ou quatre
ans, est-ce que cela s'est produit chez vous?
M. FOISY: C'est-à-dire que moi-même, étant
conseiller des finances, j'ai refusé d'accorder cette
chose-là.
M. PAUL: Vous avez refusé mes conseils afin d'accepter.
M. FOISY: Ce n'est pas final, nous attendons à la fin de
l'année, parce que j'ai dit: Nous verrons les finances. Tout de
même, je ne vois pas où la question mène en ce qui concerne
le cens d'éligibilité.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, est-ce que les
résidants permanents de la localité ne peuvent pas vous suivre
à cause de la taxation ou...?
M. FOISY: Nous n'aimons pas personne payer des taxes. On ne se
gêne pas cependant; vous parlez de notre augmentation de taxes, nous ne
nous sommes pas gênés. Nous avons une taxe scolaire, je crois que
c'est $2.18 ou $2.21, ce qui est ridicule. On ne nous demande pas notre avis.
On dépense sans nous demander.
M. LE PRESIDENT: Dr Gauthier.
M. GAUTHIER (Berthier): Je connais les membres actuels de la Corporation
municipale de Saint-Damien M. Foisy vient de l'expliquer ils sont
quatre; il y a des touristes, comme il l'explique. Je dois dire que je
coopérais avec les membres actuels de la corpora-
tion municipale. Dans ce que M. Foisy vient de dire, c'est
évident que les natifs de l'endroit ne les suivent pas toujours. On leur
reproche à tort ou à raison de dépenser trop. M. Foisy dit
que les taxes n'ont pas augmenté. Je pose la question: Le rôle
lui-même a-t-il été changé?
M. FOISY: Le nouveau rôle deviendra en vigueur, seulement à
l'automne 1969 et sera appliqué seulement en 1970.
M. GAUTHIER (Berthier): Vous contrôlez en majorité et en
valeur.
M. FOISY: Oui.
M. GAUTHIER (Berthier): A l'heure actuelle, les touristes, pour bien
trancher la question, pour ne pas se mêler entre résidants et
domiciliés, est-ce qu'ils sont localisés dans le village ou
ailleurs?
M. FOISY: En dehors du village. M. FOISY: En dehors du village.
M. GAUTHIER (Berthier): Est-ce que, hypothétiquement, si les
touristes voulaient refuser, par exemple, un règlement d'emprunt pour
une construction d'aqueduc dans le village, ils pourraient le faire? Ou vice
versa?
M. FOISY: Est-ce qu'ils pourraient...?
M. GAUTHIER (Berthier): Empêcher. Supposons que les
domiciliés, les gens de l'endroit, vous voulez avoir un système
d'aqueduc pour lequel vous seriez appelés à contribuer, est-ce
que, théoriquement, vous pourriez vous opposer S. cela?
M. FOISY: Nous pourrions nous opposer.
M. GAUTHIER (Berthier): Est-ce que, théoriquement, vous pourriez
les forcer à en construire un même si eux n'en veulent pas?
M. FOISY: Nous le pourrions. UNE VOIX: Oui.
M. FOISY: Cependant, le problème s'est posé. Encore, nous
avons essayé et ce n'était pas du tout à l'avantage des
touristes. Nous avons tenté de leur fournir un service d'aqueduc et
d'égouts, dans le village même. Il n'y a rien à faire. Le
ministère a envoyé des représentants pour expliquer, en
fin de compte, ce qu'on exi- geait, ce n'était pas énorme, mais
on considérait cela trop fort pour eux.
M. GAUTHIER (Berthier): Je pense bien que les membres de la commission
devraient réaliser une chose, c'est qu'il y a deux optiques
différentes. C'est évident que, théoriquement, tout le
monde devrait être pour la démocratie de rendre universel le droit
de vote et le cens d'éligibilité. Il faut se mettre dans la peau
des gens. C'est que les gens n'administreront pas sous la même optique
que s'ils vivaient là. Nous avons la preuve par la question
hypothétique d'un réseau d'aqueduc.
Il reste aussi que si nous le donnons général et
universel, pourquoi, lors de l'approbation d'un règlement d'emprunt, la
raison d'un référendum, où l'on demande l'approbation en
nombre et en valeur?
Pour illustrer mapensée, je prendrai l'exemple d'un lac
situé à Saint-Michel-des-Saints dans ma municipalité. Il y
a 45 constructions autour du lac. C'est en dehors de la municipalité.
Ils ont une évaluation moyenne de $1,500. Cela voudrait dire qu'advenant
une élection, adevenant la mise sur pied d'un projet quelconque, il y a
45 votes, hypothétiquement, qui peuvent venir annuler le mien et celui
d'un autre qui a une plus grande valeur pour la municipalité et qui
serait peut-être intéressé, pour prendre l'exemple de la
construction d'un système d'aqueduc. Le gars qui est sur le bord de son
lac, il n'est pas intéressé à cela ou vice versa. Si les
touristes sont en nombre fortement majoritaire autour des lacs ils peuvent
demander, à un moment donné, la construction d'aqueduc et
d'égouts, service sanitaire et autres...
M. LAPORTE : Qu'en pensez-vous, docteur? Est-ce que le problème
ne peut pas se poser, j'imagine, autour du lac; 45 résidants
évalués à $1,500 chacun? Ils ne représentent pas
60% en vertu de notre amendement. Les permanents refusent
systématiquement de leur donner des services et ils n'ont même pas
le droit de se faire représenter au conseil municipal pour
réclamer leur part. Cela peut jouer dans les deux sens.
M. GAUTHIER (Berthier): Oui justement, à l'heure actuelle, cela
joue exactement dans les deux sens.
M. LAPORTE: Oui.
M. GAUTHIER (Berthier): Eux sont plus que 60%, mais il reste que,
malgré tout, les résidants sont un peu contre et ils le disent un
peu
à mot couvert. Mais ils trouvent qu'eux vont trop vite par
rapport à ce qu'ils pourraient aller.
M. LAPORTE: Oui, mais le bill actuel ne règle pas ce cas.
M. GAUTHIER (Berthier): Non.
M. LAPORTE: Le bill actuel ne règle pas ce cas.
M. GAUTHIER (Berthier): Non, absolument pas.
M. LAPORTE : Et cela ne règle pas l'autre cas non plus. S'ils
sont 60%, ils peuvent faire la pluie et le beau temps. S'ils sont 40%, ils
peuvent être privés complètement de leurs droits par les
60% de permanents et ils n'ont aucun recours parce qu'à ce
moment-là ils n'ont même pas le droit de se présenter au
poste de maire ou d'échevin.
Leur seul recours c'est qu'il puisse s'établir un «
bargaining » terrible entre le conseil et les estivants: Etant
donné que notre évaluation est assez forte pour vous battre, nous
ne passerons pas vos règlements d'emprunt si vous ne nous donnez pas
telle chose. A ce moment-là, vous créez un climat
irrespirable.
M. GAUTHIER (Berthier): C'est justement le cas.
M. LAPORTE: C'est cela.
M. GAUTHIER (Berthier): C'est justement le cas. C'est une arme à
deux tranchants.
M. LAPORTE: Oui.
M. GAUTHIER (Berthier): Pour la question de référendum,
par exemple, pourquoi ne pas l'abolir?
M. LAPORTE: Ah là, je pense qu'on pourrait s'entendre.
Mais encore une fois, le principal argument, je n'ai jamais
imaginé ou je n'ai jamais cru que c'était fait pour
déplaire à des gens. Je ne crois pas qu'il y ait un seul
gouvernement qui administre comme cela c'est d'éviter de
créer des problèmes. Il y a même de nos
députés qui affirmaient, tout à l'heure, que les
résidants permanents et les touristes n'ont pas nécessairement la
même mentalité. Je suis d'accord. C'est un problème
québécois qui se règle tranquillement à mesure que
les gens vont de plus en plus souvent à la campagne.
Mais, le bill actuel ne règle rien. En les privant de leur droit
d'être candidats, vous ne pouvez pas les obliger à être de
bonne humeur. Et alors, ils se serviront d'autres choses pour faire valoir leur
point de vue, pour exprimer leur mauvaise humeur. Ce moyen sera peut-être
être de se donner le mot pour voter systématiquement contre les
règlements d'emprunt qui favoriseraient le village.
Cela ne règle pas le cas des querelles locales. Ce n'est pas par
une législation à 60%, 80%, 90% ou 25% qu'on va rétablir
les liens avec l'estivant. Je me souviens que, quand j'étais jeune,
j'allais passer l'été à Saint-Donat. Nous étions
strictement des « étrangers », aussi étrangers que
l'immigrant qui arrivait de France ou d'Angleterre. Cela s'est beaucoup
amélioré, car, les communications sont certainement le moyen le
plus facile de régler cela. Les gens vont régulièrement
à leur chalet, presque toutes les fins de semaine, les gens se
voisinent, les « permanents » votent parfois pour des touristes.
Ils font un heureux mélange des deux. Avec le temps cela se
réglera, mais cette loi ne règle pas le problème.
M. GAUTHIER (Berthier): Vous admettez que la loi ne réglera pas
le problème, mais vous admettez qu'il y a un conflit.
M. LAPORTE: C'est clair. On recherche le moyen de régler le
conflit. Mon opinion qui n'est que la mienne et qui peut être
infirmée par les faits, c'est que le bill ne règle rien et
défranchise les gens qui normalement devraient avoir le droit de se
présenter.
M. GAUTHIER (Berthier): Par contre ça part de
prémisses basées sur pas grand-chose, mais tout de même
il y a le fait qui n'est pas discutable ni démontrable. Ce qu'on
peut présumer, c'est que le cultivateur qui est sur sa terre... et qui a
déjà de la misère à vivre à cause des
problèmes qu'on connaît et qui sont complètement en dehors
de l'objet du bill en question...
M.LAPORTE: Oui.
M. GAUTHIER (Berthier): ... pour être obligé de suivre, il
faut emboîter le pas. Ce n'est pas encore démontrable; mais la
personne qui a les moyens d'avoir un chalet dans une municipalité, il a
peut-être plus le moyen de payer des taxes que l'autre qui est
là.
M. LAPORTE: Oui, d'accord, mais où est la logique de ce
système? Votre cultivateur qui a besoin de protection, s'il est
majoritaire dans sa municipalité...
M. GAUTHIER (Berthier): S'il ne l'estpas?
M. LAPORTE: Oui, s'il est majoritaire dans sa municipalité, s'il
y a 60% de cultivateurs et 40% de touristes, on dit aux touristes: Vous ne
pouvez pas vous présenter.
M. GAUTHIER (Berthier): Ah, non! Moi, je ne suis pas d'accord de les
empêcher tout à fait de se présenter.
M. LAPORTE: Ecoutez, si votre cultivateur qui a besoin de protection est
à quatre contre six, on dit aux six; Présentez-vous. C'est cela
que je ne peux pas... Dans la municipalité de Brandon, où les
touristes sont en majorité absolue, est-ce que votre cultivateur a
besoin de protection?
M. GAUTHIER (Berthier): Absolument.
M. LAPORTE : Bon, mais on ne la lui donne pas par le bill. Ce n'est pas
logique. Lorsque le cultivateur est écrasé par des estivants, on
dit; Présentez-vous aux estivants. Lorsque les cultivateurs sont en
majorité ou n'ont pas de crainte, on dit aux estivants: Vous ne vous
présenterez pas. Je regrette, mais je ne peux pas comprendre la logique
de ce système.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. FOISY: Oui, est-ce qu'il est dans le but du législateur de
maintenir le mot « électeur » plutôt que «
propriétaire »? Lorsque l'on dit 60% des électeurs et non
des propriétaires...
M. LUSSIER: Quelle est votre suggestion?
M. FOISY: Quelqu'un s'est présenté ici tout à
l'heure et a dit: Je devrais avoir une résidence. Je dirais:
Propriétaire possédant une résidence. Parce que le mot
« électeur », en raison du fait que le domicilié
à cause du vote de son épouse et de ses enfants majeurs qui sont
domiciliés chez lui, il peut à ce moment dépasser les 60%,
de sorte qu'à ce moment, cela veut dire que le résidant, le
touriste ou le vlllégiateur, n'aura plus le droit de se
présenter. Je ne sais pas si je m'exprime clairement.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que si vous voulez...
M. FOISY: Si l'on dit 60% des électeurs, il peut arriver des cas
où la population domi- ciliée soit supérieure, parce que
l'épouse et les enfants ont droit de vote.
M. LUSSIER: C'est ça, on dit 60% des électeurs.
M. FOISY: S'ils étaient propriétaires, pourquoi le
législateur.
M. LUSSIER: Tandis que le domicilié peut en avoir trois, quatre
ou cinq.
M. FOISY: L'estivant n'ayant qu'un vote, pourquoi le législateur
refuserait-il le droit au...
M. LUSSIER: Cela est le droit de vote; ce n'est pas à l'ordre du
jour, actuellement. C'est le droit de vote que vous voulez élargir.
M. FOISY: Non, c'est le cens électoral et le cens
d'éligibilité. C'est le cens d'éligibilité. Si on
dit le mot « électeur » à ce moment-là, je
suis certain que vous...
M. LAPORTE: C'est un point qui est connexe et puis encore, ça
aggrave le cas. Si la personne est domiciliée, il peut y avoir plus d'un
vote dans la maison. Tandis que si elle est un résidant, il ne peut
avoir qu'un vote.
M. DEMERS: Avec la même famille, il peut y avoir trois votes.
UNE VOIX: C'est ça.
M. FOISY: 3, 4, 5, 6 votes. C'est pour ça que, quand on dit 60%
des électeurs, c'est à peu près 60% des
propriétaires.
M. LAPORTE: Cela augmente le degré de défavorisation du
tourisme. Cela amoindrit l'argument que vous teniez tout à l'heure.
M. LUSSIER: Lequel?
M. LAPORTE: Les résidants. On en discutera tout à l'heure,
ça ne sert à rien...
M. FOBY: 60%, le mot ne convient pas ici. Suis-je hors d'ordre en
disant, parce que je m'en réfère justement au document
concerné, dans le projet, c'est 60% des électeurs. Pourquoi cela
ne serait-il pas 60% des propriétaires ayant une résidence? S'il
le faut, ajouter ça ce mot-là.
M. LE PRESIDENT: M. Foisy, on vous remercie.
M. LUSSIER: Nous prenons note de vos observations.
M. LE PRESIDENT: Nous prenons note de vos observations. Je demanderais
à M. Hébert et à M. Cloutier...
M. PAUL: M. le Président, étant un peu plus orienté
quant aux travaux de la Chambre, je me demande si nous ne pourrions pas
suspendre le travail de la commission pour reprendre cet après-midi
à 3 h 30, parce que la commission de la permanence du conseil va
également siéger, alors qu'en haut on complétera
l'étude des crédits du ministère de l'Agriculture?
M. LAPORTE: Moi, je serais d'accord. A 3 h 30?
M. PAUL: A 3 h 30, après la période des questions.
M. LE PRESIDENT; La commission suspend ses travaux jusque vers 3 h
30.
Reprise de la séance à 16 h 10
M. SAUVAGEAU (président de la commission des affaires
municipales): Nous étions à entendre Me Hébert.
M. HEBERT: M. le Président, je dois d'abord vous dire que, comme
avocat, j'avais représenté trois candidats du Lac-Simon et
qu'à la suite d'un jugement ces candidats se sont
présentés à nouveau et ont été élus.
A ce titre, je me déclare, évidemment, satisfait du projet
d'amendement qui est proposé et qui est le sujet de la discussion
d'aujourd'hui.
En effet, mes clients, à cause d'un jeu de population, reprennent
le cens d'éligibilité qu'ils avaient perdu.
Quant à ce projet d'amendement lui-même, je l'ai
regardé et je l'interprète du point de vue du résidant.
S'il n'y a pas 60% au moins de personnes domiciliées, de
résidants permanents, si on veut, à ce moment-là, il y a
40% et plus de personnes résidantes, ou si vous voulez, d'estivants.
Etant donné, à ce moment-là, qu'il n'y a que 40%, ou
moins, d'estivants, je ne vois pas, personnellement, le danger qu'il y aurait
de la part des domiciliés de laisser se présenter une de ces
personnes. En effet, la majorité des électeurs possibles sont des
gens qui sont domiciliés et s'ils n'acceptent pas la candidature d'un
résidant, d'un estivant, cette personne ne pourrait pas être
élue.
Sur cette question qui pose un problème social assez
sérieux, je vous référerai très brièvement
à un jugement rendu par le juge Fre-nette le 12 novembre, dans lequel il
disait: « Selon nous, cette interprétation, c'est-à-dire
l'interprétation du mot « résidence ». Cette
interprétation cadre mieux avec les moeurs de notre époque
où un individu peut posséder plusieurs résidences et peut
se déplacer rapidement d'une à l'autre. Il est disponible et peut
s'occuper des affaires de la municipalité avec diligence, même
s'il n'habite pas à cet endroit de manière continue. »
Le juge, évidemment, fait Ici une référence
à l'amendement du 1er novembre 1916, au code municipal alors qu'à
l'époque on exigeait le domicile. Depuis 1916, on exige la
résidence pour être éligible à une élection.
Je prétends, bien respectueusement, que l'amendement proposé ne
pourrait, en aucune façon, résoudre le problème qui
existe. Et ceci, évidemment, est une opinion personnelle. Si la
Législature conserve le mot « résidence », il serait
peut-être appréciable, afin d'éviter des litiges, qu'elle
conserve également l'article « une » avec résidence,
car nous pouvons en avoir plusieurs,
tandis que le domicile est une question de droit et nous n'en avons
qu'un seul.
En terminant, je vous prierais d'écouter M. Cloutier qui me
succédera et qui pourra sûrement vous parler de ses
expériences qu'il vit au Lac-Simon, depuis le mois de
décembre.
M. LAPORTE: Me Hébert, personnellement, et compte tenu de
l'expérience que vous avez dans les affaires municipales, quelle serait
votre opinion sur l'opportunité d'étendre à tous les
contribuables résidants ou domiciliés le cens de
l'éligibilité?
M. HEBERT: Si on respecte le principe de la taxation avec
représentation, il faudrait, à mon avis, l'étendre, le
rendre universel.
M. PAUL: Mais en pratique, est-ce que vous seriez pour ça?
M. HEBERT: Oui. Et j'Irais même plus loin. J'enlèverais le
mot « résidant » pour y ajouter celui de «
propriétaire », ou si vous voulez, partant du rôle
d'évaluation.
M. PAUL: Alors, en Interprétant la dernière partie de vos
remarques, il s'agirait pour quelqu'un de se qualifier
foncièrement...
M. HEBERT: Voilà!
M. PAUL: ... dans une municipalité. Qu'il ait une
résidence ou pas, domicile ou pas, il pourrait se présenter.
M. HEBERT: Voilà. C'est, à mon avis, l'idéal,
quoique cela puisse apporter de nouveaux problèmes. Mais, de toute
façon, nous avons le problème. Et je ne crois pas que ce
problème soit résolu par les proportions de 60% - 40%.
M. LUSSIER: Si on va jusque là, ne craignez-vous pas que des gens
pourraient faire subdiviser des lots? Il y aurait une multitude de
propriétaires de bien-fonds et ces gens pourraient composer, à un
moment donné, la majorité au conseil et ces gens ne
posséderaient qu'un lopin de terre peu dispendieux, ils
pourraient...
M. HEBERT: Bien, évidemment...
M. LUSSIER: ... rendre néfaste l'administration municipale.
M. HEBERT: En toute équité...
M. LUSSIER: Oui.
M. HEBERT: ... il faudrait ajouter le concept de résidence
à celui de propriétaire. Il faudrait qu'une personne y
hatlte...
M. LAPORTE: Ah bon!
M. HEBERT: ... temporairement ou continuellement.
M. LAPORTE: Autrement dit, vous ne seriez pas en faveur qu'un
propriétaire d'un lot, non construit qui n'est pas résidant,
puisse être candidat à la mairie en aucune sorte.
M. HEBERT: En aucune façon.
M. SEGUIN: M. le Président, je m'excuse, je n'y étais pas
ce matin. Je reviens un peu à la charge sur cette question qui se
répète toujours, qu'on entend continuellement. On l'a entendue en
Chambre, Me Hébert l'a mentionnée il y a quelques instants. On
parlait de 60%, de 40%; que ce soit 30% ou 70%, peu importe, on parle d'un
danger. On dit: On éviterait le danger, on éviterait le
problème ou les problèmes. Est-ce que ce serait néfaste?
Est-ce que ce serait dangereux? Est-ce qu'on pourrait, s'il vous plaît,
me décrire ce danger dont tout le monde parle, mais qu'on ne nomme
jamais, qu'on ne mentionne pas. Quel est le danger?
M. PAUL: Voici, M. Séguin, ce matin il a été
convenu...
M. SEGUIN: On n'en parlera plus du danger?
M. PAUL: ... que nous entendrions différents corps, associations
ou individus intéressés à présenter un
mémoire ou à faire des remarques.
M. SEGUIN: Oui.
M. PAUL: Et subséquemment, la commission pourrait s'entendre sur
une formule de discussion pour permettre à ceux-là qui, dans la
commission, voient des dangers ou n'en voient pas, de faire part de leur
opinion.
M. SEGUIN: Non, mais écoutez! Qu'il y en ait ou qu'il n'y en ait
pas, je voudrais bien qu'on me décrive carrément et clairement ce
qu'est ce mot « danger ».
M. PAUL: Disons que...
M. SEGUIN: Qu'est-ce qu'on prête à ces individus qui sont
censés...
M. PAUL: ... votre demande pourrait être retardée pour
garder la chronologie que nous avons établie dans notre travail.
M. SEGUIN: Ah! Est-ce que je pourrais...
M. MURRAY: Est-ce que je pourrais, M. le Président,...
M. SEGUIN: ... avoir quand même une opinion de la part de Me
Hébert sur ce qu'il voulait dire lorsqu'il a mentionné «
danger » ou « problème ».
M. HEBERT: Avec votre permission, M. le Président, ce danger
semblerait être des conflits d'Intérêt existant entre des
personnes qu'on appelle « domiciliées » et des estivants ou
des résidants. Ces conflits...
M. SEGUIN: Bien.
M. HEBERT: ... évidemment, il faut les résoudre d'une
façon ou d'une autre, et il faut rédiger un texte de loi, ici. Il
ne faut pas non plus enlever au résidant, qui peut être
propriétaire et qui, souvent, n'a qu'une seule propriété,
les droits que lui accordent les jeux de la démocratie. Cela crée
un problème.
M. SEGUIN: J'accepte le raisonnement qu'on vient de me donner. On
reviendra à l'ordre chronologique du Secrétaire de la
province.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Hébert. M. HEBERT: Merci, monsieur. M.
LE PRESIDENT: M. Cloutier.
M. CLOUTIER: M. le Président, M. le Ministre, messieurs. A titre
de conseiller de la municipalité du Lac-Simon, je vais d'abord vous
apporter quelques chiffres concernant l'évaluation.
Notre évaluation totale est de $1,126,000. De ce montant, les
domiciliés détiennent $241,200, soit 22%; les résidants,
$884,800, soit 78%. De propriétaires domiciliés, le nombre est de
83, soit 12%; de résidants, 606, soit 88%. Des 83 domiciliés, le
nombre de votants est de 195, soit 24% et, pour les 606 résidants,
76%.
Je voulais profiter de l'occasion qui m'est donnée de vous
adresser la parole. Ce matin, M. Langlois, de l'Union des municipalités,
a apporté l'argument qu'il pouvait y avoir un certain
désavantage, vis-à-vis des domiciliés, à ce que les
résidants viennent siéger au conseil municipal, à l'effet
qu'ils pouvaient engager la municipalité dans des emprunts et des
réalisations parfois coûteuses. Je voudrais, en quelques mots,
faire le pendant de cette remarque qui a été faite ce matin, en
référant aux événements qui nous ont
concernés, nous, propriétaires du Lac-Simon, depuis quelque
temps.
Brièvement, si vous me le permettez, nous allons voir dans quel
état nous avons été placés, nous, les
résidants, par les domiciliés. D'abord, depuis 1965, il y a eu
représentation multiple de l'association au conseil pour pouvoir
reporter les élections de mai à juillet. A ce moment-là,
c'était permis par le code municipal. Alors, à chaque fois, nos
demandes ont été rejetées. En avril 1967, nous avons eu
une délégation au ministère des Affaires municipales
où nous avons rencontré Me Beaulieu. Nous avons parlé do
représentation au conseil. Me Beaulieu nous a suggéré de
recourir à la vota-tion comme procédure normale et
démocratique.
En avril 1967 et en mal 1968, nous avons présenté trois
candidats villégiateurs au poste de conseiller. Ces candidats ont
été disqualifiés par le président d'élection
parce qu'il interprétait le mot « résidant » à
sa façon: donc, comme domicilié.
Le 4 septembre: mémoire au ministère des Affaires
municipales pour solliciter son appui. Le 12 novembre, nous avons eu une
sentence dans la première cause de contestation de l'élection du
10 mai 1967, le juge a annulé l'élection et a ordonné une
nouvelle élection, nos candidats étant éligibles au sens
de la loi. Le 9 décembre 1968: nouvelle élection, nous les trois
candidats, nous avons été élus. Le 18 décembre,
malheureusement, le bill 286 est venu tout remettre en question. Alors, c'est
donc dire que ce qu'on nous reprochait, que ce que nous craignions voir se
produire dans un sens, malheureusement, dans notre municipalité, cela
s'est produit exactement dans le sens contraire. Chaque fois que les estivants,
les résidants ont fait des demandes répétées
demandant des services pour leurs taxes que ce soient des règlements
concernant la pollution de l'eau, ou de la collecte des ordures
ménagères, nous n'avons jamais été capables
d'obtenir quoi que ce soit du conseil.
A la suite de cette élection, je puis vous dire que mon
expérience est très profitable et, contrairement à ce que
tout le monde s'attendait: un duel entre les domiciliés et les
résidants, c'est exactement le contraire qui s'est passé.
Je dois vous dire que tout se passe normalement, nous avons même
fait quatre voyages dans le même mois 110 milles chaque fois
pour aller siéger au Lac-Simon à trois assemblées
spéciales pour régler des problèmes locaux dont certains
ne nous regardaient pas du tout, mais nous tenions à être
présents. Je crois que si les gens prennent la peine de se
présenter au poste de conseiller et acceptent la charge, ils le font
certainement de façon démocratique et sans aucun
intérêt personnel. Voilà ce que j'avais à vous
dire.
M. LAPORTE: Je n'ai pas de questions à vous poser.
M. LE PRESIDENT: M. Perron.
M. PERRON: Comme représentant de l'Union des conseils de
comté, nous avons consulté quelques directeurs et
l'exécutif est en faveur d'adopter l'amendement tel que
suggéré.
M. LAPORTE: Pourriez-vous nous dire pourquoi, s'il vous plaît?
M. PERRON: C'est assez difficile parce qu'en réalité
toutes les objections qui ont été mentionnées ici
aujourd'hui n'ont pas été étudiées. Donc, pour vous
donner une réponse définitive, j'aurai probablement à
reconsidérer et à rencontrer les directeurs, ensuite nous
pourrons vous présenter un mémoire.
M. LAPORTE. Il est possible qu'à la lumière des objections
qui ont été apportées ce matin, vous reconsidériez
votre décision. Merci beaucoup.
M. LE PRESIDENT: Un instant, M. Perron.
M. SEGUIN: M. Perron, parmi les directeurs que vous avez
consultés, est-ce qu'il y avait parmi eux des gens qui étaient
des estivants seulement, dans le groupe ou si c'étaient des
résidants permanents à l'année?
M. PERRON: Certainement, Je vais vous parler du maire de Saint-Anicet,
Lucien Perron, moi-même. Actuellement, dans notre municipalité
nous avons 250 familles résidant à l'année et nous avons
800 propriétaires de résidences d'été. Quant
à mol je suis né à Montréal mais je suis
résidant de Saint-Anicet depuis 20 ans. Quand je suis arrivé
àSaint-Anicet, on ne s'accordait pas trop bien et on peut dire que les
résidants d"été se faisaient très rares.
Maintenant, j'ai été élu maire il y a quatorze ans par les
gens de Saint-Anicet et, depuis, nous avons plusieurs résidants
d'été qui sont venus s'installer, comme je vous dis actuellement,
c'est un nombre de 800. Nous avons deux représentants des
résidants d'été, nous avons un représentant pour
les Anglais de la municipalité, ce sont tous des gens de la
paroisse.
M. SEGUIN: Est-ce que ces représentants font partie d'une
association locale?
M. PERRON: Non, Ils ne font partie d'aucune association.
M. LAPORTE: M. Perron, est-ce que par la répartition des
propriétaires dans votre municipalité, vous êtes couverts
par les 60%?
M. PERRON: Oui, au-dessus.
M. LAPORTE: Si, par hasard vu les bonnes relations et
l'évolution que vous avez remarquées chez vous les
propriétaires-touristes ne représentaient que 40% au lieu de 60%,
seriez-vous disposé, vous, à leur donner le droit de se
présenter à la mairie et à l'échevinage?
M. PERRON: Dans ma municipalité, oui. M. LAPORTE: Dans votre
municipalité? M. PERRON: Oui. M. LAPORTE: Merci, monsieur.
M. LUSSIER: M. Perron, on entend souvent dire, dans des conseils ruraux,
qu'avec des gens qui ne sont pas des domiciliés, s'ils étaient
élus conseillers ou maires, on craindrait beaucoup qu'il se fasse des
dépenses que les gens qui demeurent d'une façon assez permanente
dans la municipalité auraient plus ou moins ou assez de
difficulté à honorer.
Est-ce que vous entendez souvent cette remarque et pensez-vous qu'elle
est fondée?
M. PERRON: Oui, je crois que c'est fondé, et on entend souvent la
remarque des maires des municipalités. Cela répond justement
à la question. On demandait si c'était un danger. C'est
considéré, d'après plusieurs maires, comme un danger que
les résidants d'été puissent s'accaparer, ni plus ni
moins, d'un conseil. L'animosité règnerait, en
réalité, entre les gens résidants de la même place
et les gens de chalets d'été.
M. LUSSIER: Avec ce que vous connaissez
actuellement des municipalités rurales, il existe des conseils
qui actuellement ont une majorité de ce que l'on appelle des touristes
ou des villégiateurs. Est-ce que des abus se produisent en
réalité ou est-ce que simplement les gens craignent cela?
M. PERRON: Si cela se produit en réalité? Je ne peux pas
vous donner d'exemple actuellement. Je sais qu'on craint beaucoup. Mais, si
cela se produit, je ne peux pas vous donner d'exemple.
M. SEGUIN: Vous dites que cela ne se produit pas chez vous où
vous avez cette représentation?
M. PERRON: C'est cela.
M. LUSSIER: Est-ce que les résidants sont en majorité dans
le conseil?
M. PERRON: Oui. Ce sont tous des résidants.
M. LUSSIER: C'est-à-dire quand on parle... Disons, pour se
comprendre...
UNE VOIX: Des touristes.
M. PERRON: Ce ne sont pas des touristes.
M. LUSSIER: Les conseillers et le maire, est-ce que ce sont des gens qui
restent là à l'année longue en majorité?
M. PERRON: A l'année longue. M. LAPORTE: En majorité? M.
PERRON: Oui, monsieur.
M. LAPORTE: S'il y a danger je n'en disconviens pas
d'animosité entre les touristes et les permanents, est-ce que vous
croyez, avec l'expérience que vous avez, que l'adoption de cette clause
défranchisant, à un moment donné, des gens qui normalement
auraient le droit d'être candidats est de nature à faire
disparaître l'animosité?
M. PERRON: Je ne crois pas. Je ne sais pas. Ma solution n'est
peut-être pas bonne du tout, mais je proposerais en
réalité, si vous vouliez le mettre à 100% que, dans
une municipalité, il y ait trois représentants, ni plus ni moins,
de la municipalité et trois représentants des chalets
d'été, si vous voulez appeler cela comme cela. Le maire pourrait
être choisi par la population.
M. LAPORTE: L'ensemble? M. PERRON: L'ensemble.
M. LUSSIER: Vous iriez selon un pourcentage de représentants par
rapport au pourcentage de la population?
M. PERRON: Oui. C'est mon idée personnelle.
M. LAPORTE: Croyez-vous que cela créerait, à ce
moment-là le ministre est peut-être d'accord
d'autres problèmes? J'imagine que les principes n'ont pas
été modifiés. Il y avait crainte au ministère quant
à l'élection par quartiers.
A ce moment-là, surtout que les gens n'étaient pas
élus tous ensemble, d'année en année, les échevins
se disaient: Donne ceci, donne-moi cela cette année, parce que je suis
en élection. L'an prochain je te donnerai ta piscine. Alors, cela
crée d'autres problèmes, évidemment, quand on dit...
M. PERRON: Par quartiers,
M. LAPORTE: ... les estivants viendraient...
M. PERRON: Par quartiers. Cela existe à certaines places.
M. LAPORTE: ... quand les estivants viendraient à
l'élection ou les autres, il y aurait, il y avait un vieux terme
qui existait quand il y avait encore des chevaux du maquignonnage, entre
les deux groupes. Alors, cela crée d'autres inquiétudes, mais il
faudrait étudier le problème très sérieusement.
M, LUSSIER. Il y a un autre argument que j'ai entendu...
UNE VOIX: M. le Président...
M, LUSSIER: Pardon, si vous me permettez, j'aimerais avoir vos
commentaires là-dessus.
Lorsque cela a été discuté, les expressions «
domiciliés » et « 24 mois ou pas », quelque chose
avait été dit par des gens, c'est que la personne qui se
présente et qui peut être élue, il faut que la population
la connaisse le mieux possible.
Or, c'était aussi pour cette raison que des gens insistaient pour
que la personne soit domiciliée depuis 24 mois, pour qu'ils aient le
temps de la connaître. Est-ce que c'est un argument valable
d'après vous?
M. PERRON: Oui, M. le Ministre. Je crois que oui.
M. LUSSIER: Très valable ou...?
M. PERRON: Oui. Surtout les 24 mois.
M» LAPORTE: J'imagine que, si cet argument est valable, M. le
ministre s'empressera d'intervenir auprès de ses collègues pour
faire modifier la Loi électorale de la province de Québec.
Actuellement, n'importe qui peut se présenter n'importe où.
Le monsieur de l'Abitibi peut aller se présenter en
Gaspésie; celui de Montréal peut se présenter...
M. PERRON: Oui, mais il doit demeurer pendant 24 mois.
M. LUSSIER: J'essaie de voir toutes les facettes du problème, les
deux côtés de la médaille, pour prendre une
décision.
M. LAPORTE: Cela ne me paraît pas un argument. Cela ne me
crée pas d'inquiétude chez moi.
M. LUSSIER: C'est assez intéressant de savoir ce que les gens
pensent.
M. BEAUPRE: J'aurais une question à poser, moi aussi. Est-ce
qu'au cours des trois, quatre, cinq dernières années, les
estivants que vous avez dans votre paroisse, ne se sont pas transformés
en estivants et hivernants? Est-ce que vous avez connu ce
phénomène de maison de campagne qui, il y a dix ans, cinq ans
était utilisée deux mois par année, et qui, à cause
de la facilité d'accès par nos routes entretenues, l'usage
répandu des autos-neige, est-ce que vous n'avez pas connu chez vous ce
retour à l'hiver de tous les estivants qui utilisent à toutes
fins pratiques leur maison d'été, dix mois par année, au
moins, à toutes les fins de semaine de l'année?
M. PERRON: Je crois bien que oui, mais 5% de la population à peu
près.
M. BE AUPRE: 5% seulement chez vous. Est-ce que vous êtes loin
d'un grand centre?
M. PERRON: Nous sommes à environ 20 milles de Valleyfield, et
environ 25 milles de M alone.
M. LAPORTE: Par votre expérience, étant donné que
vous représentez l'Union des conseils de comté, est-ce que vous
êtes d'avis que la maison de campagne a tendance à être de
plus en plus utilisée à l'année? Ou si c'est le
contraire?
M. PERRON: Non, ce n'est pas le contraire, loin de là.
M. SEGUIN: M. le Président, je m'excuse encore, je ne voudrais
pas soumettre M. Perron à une sorte d'inquisition, ce n'est pas
tellement cela...
M. PERRON: Allez-y.
M. SEGUIN: ... il faut s'éclairer. Est-ce que dans votre
municipalité à côté de la loi, si vous voulez
y a-t-il une différence, au point de l'évaluation d'une
propriété que vous faites entre les résidants
d'été ou leur chalet et les résidences des gens qui
résident en permanence?
M. PERRON: Aucune différence.
M. SEGUIN: C'est la même évaluation.
M. PERRON: La même évaluation.
M. SEGUIN: Le même taux?
M. PERRON: Oui, monsieur.
M. SEGUIN: Même valeur d'évaluation?
M. PERRON: Oui, monsieur.
M. SEGUIN: C'est dire que...
M. PERRON: Les êvaluateurs ont des cartes...
M. SEGUIN: En tant que contribuables, ils sont équivalents sous
toute forme et dans la mesure du possible.
M. PERRON: Parce que je peux vous dire que nous avons des
résidants qui sont évalués dans les $1,200 et qui paient
$0.75 les $100.
M. SEGUIN: Alors, on prévoit ou on voit encore cette
différence entre un individu qui paie à pleine mesure ici et
l'autre qui paie à pleine mesure là; voit-on une
différence au point de vue de l'administration des affaires de tout le
monde? C'est ce qu'on dit si on accepte l'amendement ou si on refuse à
un individu qui a plein
droit, plein gré, qui occupe et qui possède dans une
municipalité la totalité de même que l'autre, on lui refuse
ce droit.
M. PERRON: Oui, mais le droit... Vous arrivez, vous avez quelqu'un qui
vient demeurer dans une municipalité, qui paiera à la
municipalité une taxe municipale d'environ $7 à $10, $20; si vous
avez un cultivateur qui paiera $200, $300 et $400 en taxe pour son
évaluation, alors il y a une différence entre les deux.
M. SEGUIN: Dans une municipalité, je suis d'accord qu'il y a
certains résidants qui paieront 10 fois moins que leurs voisins à
cause de la valeur de leur propriété?
M. PERRON: Oui, oui.
M. SEGUIN: Le barème ou la valeur immobilière est
établie, la mesure est la même pour tout le monde...
M. PERRON: Oui, mais actuellement dans notre municipalité, les
gens qui ont des chalets d'une valeur de $10,000 ou $12,000 sont rares.
M. SEGUIN: Avez-vous des chalets dans votre municipalité qui sont
supérieurs au point de vue de la construction et de l'habitation que
d'autres qui sont reconnus comme permanents? Avez-vous des gens qui passent
l'été là, qui paient plus de taxes que ceux qui y sont en
permanence?
M. PERRON: A part les hôteliers.
M. SEGUIN. Il y en a?
M. PERRON: A part les hôteliers.
M. SEGUIN: A part les hôteliers. Très bien.
M. LE PRESIDENT: M. Bouchard, s'il vous plaît.
M. BOUCHARD: Ghlslain Bouchard, avocat. Je vous transmets un message de
Me Ross McAlister de Montréal qui est aussi contribuable et ex-maire de
la municipalité des Mille-Iles. Le message qu'il veut transmettre est
qu'il est en faveur de cens d'éligibilité pour tous et chacun des
résidants d'une municipalité. Et l'argumentation qu'il me demande
de développer est qu'effectivement, même s'il n'y a dans une
municipalité qu'un seul contribuable qui est un estivant si les autres
contribuables de cette municipalité jugent qu'il serait le plus apte
à de- venir maire ou conseiller de cette municipalité, il ne voit
pas pourquoi il ne pourrait pas le devenir, si c'est le désir de la
majorité des autres contribuables.
Nous croyons donc que la proportion de 60% devrait être
enlevée et que toute personne possédant une résidence dans
une municipalité devrait avoir la possibilité d'être
élu maire et conseiller de cette municipalité.
M. PAUL: Quand vous dites « possédant une résidence
» est-ce que vous vous ne feriez pas une distinction entre
posséder une résidence et le fait de résider ou être
domicilié?
M.BOUCHARD: J'entends par posséder, nécessairement, pas
simplement avoir une maison. Posséder une résidence pour moi
signifierait y aller, au moins, durant une certaine période de
l'année, que ce soit un mois ou deux durant l'été. Vu que
les taxes que cette personne paie sont imposées durant douze mois sur sa
propriété, il devrait avoir le cens
d'éligibilité.
M. LUSSIER: Vous avez donné un minimum de jours que cette
personne doit passer dans cette municipalité pour...
M. BOUCHARD: Je n'incluerais pas dans la loi, une période de
jours. Je pense qu'il faut laisser aux contribuables le soin de
déterminer cela. Nécessairement, si la personne qui
possède une résidence, dans une municipalité, n'y va
jamais, je ne crois pas que les contribuables, à ce moment-là,
soient très intéressés à voter pour cette personne
qu'ils ne connaissent pas et qu'ils ne rencontrent jamais. Je pense
qu'automatiquement lorsque l'électeur va aller voter, il va
résoudre ce problème-là. Je ne pense pas qu'il soit
nécessaire d'inclure dans la loi un minimum de temps où la
personne doit résider dans la municipalité.
M. LAPORTE: Le problème que vous soulevez est intéressant.
Est-ce que vous insisteriez sur la présence physique de la personne
pen-dans un temps X? Mais supposons un propriétaire de camps qu'il loue.
Il représente, dans la municipalité, une évaluation assez
considérable, il paie des taxes. Mais il arrive qu'il n'y va pas,
à celui-là, on ne donnerait pas le droit de...
M. BOUCHARD: Non, Je ne dis pas ça. Je dis que je ne suis pas en
faveur de mentionner une période d'occupation de sa résidence. Je
dis que, d'après les faits, si la personne n'y va jamais...
M. LAPORTE: C'est ce que je dis. On s'entend...
M. BOUCHARD: ... les électeurs, je pense ne vont pas voter pour
lui.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il serait juste de dire que le cens de
l'éligibilité serait attaché au fait de payer des
impôts fonciers? Si la personne n'y va jamais, vous pouvez imaginer
encore une fois...
M. BOUCHARD: ... que le contribuable ne l'élira pas... Je suis
d'accord avec vous.
M. LAPORTE: Cela ne me paraît pas un danger qu'à un moment
donné des gens qui ne sont jamais là... Et à part cela, la
personne n'est pas intéressée, j'imagine, à être
candidate.
M. BOUCHARD: Exactement.
M. SEGUIN: II faut faire attention, parce qu'avec la longueur des
sessions que le gouvernement veut nous faire endurer, vous pouvez disqualifier
chaque membre de l'Assemblée en ce qui concerne le temps
nécessaire qu'il doit passer dans sa propre municipalité. C'est
dangereux.
M. LAPORTE: Prenez Repentigny. Il y avait un excellent maire...
M. LUSSIER: Ils s'en plaignent beaucoup... Il me semblait.
UNE VOIX: Avec vos conditions...
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Bouchard...
M. LUSSIER: II faut se faire consoler une fois de temps en temps.
M. PAUL: II a reconnu sa compétence. Vous avez reconnu sa
compétence.
M. LE PRESIDENT: M. Boisvert.
M. LAPORTE: Vous voulez dire que cela m'a pris du temps?
M. LUSSIER. Il n'est pas vite. M. LE PRESIDENT: M. Boisvert.
M. BOISVERT: Fabien Boisvert, vice-président de l'Association des
propriétaires du
Lac-Simon. J'aimerais vous faire remarquer les points que
déjà les domiciliés ont en leur faveur. Le premier point
est que le domicilié doit payer une taxe et il va avoir droit à
plusieurs votes lorsqu'ils voudront élire un candidat. Le
deuxième point que je vois, c'est que comme résidant, il est
très difficile, au moment de la votation, d'amener tous les gens dans la
municipalité pour voter pour nos candidats comme résidants. Eux,
ils sont sur place. Il est très facile pour eux de se rendre à la
votation, tandis que pour nous, nous sommes éparpillés partout
dans la province. Alors, il faut réunir tout ce monde. Cela demande
beaucoup d'énergie et on réussit rarement à rejoindre tout
le monde pour voter pour un candidat. C'est une des grosses difficultés.
Si vous mettez à part cela 60%, à ce moment-là, vous
réduisez encore notre droit de représentation.
Le point suivant est que le choix que nous avons présentement
parmi les domiciliés est très restreint. Souvent vous avez des
conseillers qui sont au poste de conseiller et de maire, pendant parfois six
ans, sept ans ou huit ans, parce qu'il n'y a personne qui veuille les remplacer
présentement.
En permettant aux résidants d'être candidats, nous
pourrions avoir un meilleur choix et je crois qu'ils pourraient apporter une
meilleure administration des taxes.
Maintenant, M. le ministre Lussier avait demandé au cours de la
matinée quelle bonne raison aurait un résidant pour bien
administrer sa municipalité. Il y a plusieurs bonnes raisons, mais,
entre autres, je ne vois pas pourquoi quelqu'un irait là dans le but de
mal administrer la municipalité, mais j'en vois par exemple...
M. LUSSIER: Je m'excuse, mais je n'ai pas posé cette
question-là.
M. BOISVERT. Il me semble qu'il y a quelqu'un qui avait posé
cette question-là. Ce n'est peut-être pas vous.
M. LUSSIER: Je n'ai pas demandé pour quelles raisons...
M. BOISVERT: Vous avez demandé quelles raisons aurait un
résidant...
M. LUSSIER: Je pense que personne n'a posé cette
question-là.
M. PAUL: Ce n'est pas M. Laporte?
M. BOISVERT: Ce n'est peut-être pas vous,
M. Lussier, mais j'ai entendu la question posée.
M. LUSSIER: Ce n'est pas ce que j'ai demandé. Pour essayer
d'avoir l'autre coté de la médaille, j'ai demandé:
Quelqu'un qui réside deux! trois mois par année dans la
municipalité est surtout intéressé aux problèmes
municipaux qui se posent pendant le temps qu'il est là. Est-ce qu'un
conseiller, qui est conseiller pendant douze mois, ou un maire, s'il est
uniquement résidant pour deux ou trois mois, cela peut-il comporter des
désavantages ou si cela peut être d'une certaine façon
néfaste à la municipalité? Là, je ne parle pas
seulement pour les endroits de villégiature, parce que la discussion
semble vouloir porter sur cela, sur le cens d'éligibilité aux
villégiateurs, mais c'est beaucoup plus général que cela
la question posée devant cette commission.
Ce que j'essaie de savoir le plus, parce que les autres questions
concernant les villégiateurs, la villégiature ou les touristes,
nous en avons beaucoup parlé; mais d'un autre côté, est-ce
que les gens qui demeurent trois mois par année dans une
municipalité peuvent rendre le même service qu'un domicilié
qui est là douze mois par année? Quels sont vos commentaires
à ce sujet-là? C'est ce que j'aimerais savoir.
M. BOISVERT: Si quelqu'un accepte la charge de conseiller ou de maire
dans une municipalité, c'est qu'il a intérêt à bien
administrer. S'il n'est pas intéressé plus que cela à la
municipalité, il n'acceptera pas cette charge-là, parce que ce
n'est pas assez rentable, je pense, pour y aller juste pour nuire si vous
voulez.
M. BEAUPRE : Parmi ces résidants-là, vous voulez
peut-être dire qu'il y a des gens qui ont beaucoup plus de loisirs, des
gens à leur retraite qui ont une belle expérience dans le domaine
de l'administration et qui sont très heureux de remplir leurs loisirs au
bénéfice d'une communauté dont ils ne font partie que
quelques mois pendant l'année.
M. BOISVERT: Oui.
M. BEAUPRE: J'en connais de ces exemples-là de gens qui
consacrent leurs loisirs, après 60 ans, ils ont accepté de
résider pendant quelques mois à un endroit et ils y consacrent
douze mois de leur temps, parce que cela remplit un vide dans leur vie et ils
n'ont rien à faire. J'imagine que c'est peut-être le cas de
quelques-uns de nos conseillers.
M. BOISVERT: C'est exact. Ce qui arrive, la plupart de ceux qui sont
résidants présentement, c'est qu'ils ont investi des montants au
cours de plusieurs années ; toutes leurs économies s'en vont
là dans le but d'y élire domicile plus tard. Ils ont
intérêt à bien administrer la municipalité.
M. SEGUIN: M. le Ministre, dans votre question, pourriez-vous dire
l'avantage qu'il y aurait à une présence physique
continuelle?
M. LUSSIER: Voici ce que je veux dire, c'est qu'il faut avoir de
l'intérêt dans ce que nous faisons. D'accord il va payer un
chalet, des taxes foncières et s'il reste deux ou huit mois, il va payer
la même taxe foncière; mais il n'y a pas que la taxe
foncière que quelqu'un est appelé à payer, il y a d'autres
fonctions qu'un citoyen peut exercer dans une municipalité. Quelqu'un
qui y va pour trois mois, disons uniquement pour les mois d'été,
alors il est intéressé pendant qu'il est là d'avoir les
meilleurs services possibles. Mais les neuf autres mois de l'année,
est-il aussi intéressé à administrer la ville qu'il l'est
pendant les trois mois qu'il est là? C'est la question que je me
pose.
M. SEGUIN: Eh bien, je pense que la réponse est oui.
M. LUSSIER: En général.
M. LE PRESIDENT: Pourriez-vous vous identifier, s'il vous
plaît.
M. DEPOT: Jean-Guy Dépot, du lac Boker, canton d'Orford.
Disons qu'au lieu d'investir $3,000 pour bâtir un chalet, comme
vous le dites, qui serait utilisé seulement trois mois par année,
un type va investir $5,000 ou $6,000, et, à ce moment-là, il
pourra se servir de son chalet pendant toute l'année et pourra profiter
d'une moto-neige. A ce moment-là il sera beaucoup plus
intéressé, à l'année longue à
l'administration de la municipalité. Je prends, comme exemple, mon cas
personnel. Je vais à mon chalet...
M. LUSSIER: En général?
M. DEPOT: En général les gens vont à leur
chalet...
M. LUSSIER: L'hiver ou bien l'été?
M. DEPOT: Cela tend vers ça. Auparavant c'était un petit
chalet bien ordinaire. Maintenant les gens tendent à bâtir un
chalet de plus
grande valeur, ce qui amène justement plus de valeur
foncière dans une municipalité. Par la suite les gens iront
à leur chalet durant l'hiver et, à ce moment-là, ils
demanderont à avoir plus de service comme, par exemple, un chemin ouvert
l'hiver. Ils seront plus intéressés à l'administration,
à l'année longue, de la municipalité.
M. LAPORTE: On peut peut-être se demander aussi, M. le Ministre,
si c'est à la Législature de mesurer l'Intérêt que
peut avoir le gars à administrer sa municipalité.
M. LUSSIER: Non mais Je pense, M. le député...
M. LAPORTE: S'il se présente, c'est parce qu'il veut s'occuper
des affaires publiques, je ne sais pas si c'est notre rôle do dire...
M. LUSSIER: En partie je le crois bien, parce que je pense qu'il faut
exercer un certain contrôle et voir à ce que nos
municipalités soient administrées le mieux possible. Il y a
peut-être des gens aussi qui sont économiquement plus faibles ou
pour d'autres raisons plus faibles que d'autres. Je crois que c'est notre
devoir de les protéger autant qu'on doit le faire. Mais jusqu'où
doit-on les protéger?
M. LAPORTE: D'accord.
M. LUSSIER: C'est comme l'existence de la police, c'est pour
protéger, mais il peut y avoir surprotection...
M. LAPORTE: Comment peut-on en principe établir ici que le
domicilié portera intérêt à l'administration de sa
municipalité et que le touriste ne le fera pas? Cela peut être en
sens inverse, le Montréalais qui est un estivant à Terrebonne
prendra un intérêt très grand à l'administration
alors qu'un domicilié n'y portera pas l'intérêt qu'il faut,
cela est une question personnelle pour chaque individu.
M. BEAUPRE: M. le Président, puis-je faire une suggestion...
M. LUSSIER: Je voudrais ajouter quelque chose à ce que vous
dites. Je crois bien qu'on ne peut pas le mesurer d'une façon
très stricte mais, comme les gens qui résident dans ces
municipalités rurales, je regrette mais j'aimerais bien l'avoir cette
expérience des milieux ruraux et de ces municipalités rurales que
je n'ai pas actuellement dans mon comté et que je n'ai pas pu
connaître.
M. LAPORTE: D'accord.
M. LUSSIER: Ces gens-là, qui voyagent, qui restent dans certaines
municipalités, connaissent la mentalité qui se développe
dans ce milieu rural, et il est intéressant pour tout le monde, à
la commission ici, de connaître avant de pouvoir discuter plus à
fond ces propositions que nous avons devant nous.
M. LAPORTE: Je vais en tirer un autre argument. Il serait probablement
dangereux de créer une autre mesure de l'intérêt que peut
avoir le citoyen dans l'administration de sa municipalité. La loi
actuellement, ne reconnaît qu'une mesure de l'intérêt et
c'est l'impôt foncier. Nous pourrions normalement nous en tenir à
celle-ci, à celle que la loi reconnaît actuellement.
M. BOISVERT; Ils sont déjà protégés par le
nombre de votes que vous leur donnez, ils sont protégés par le
fait que, lors des élections, ils sont tout près du bureau de
scrutin parce que l'élection a lieu dans la municipalité
même et que nous, nous devons parcourir une certaine distance et ce n'est
pas toujours facile pour nous. Eux, il leur faudra une dizaine de minutes pour
arriver au bureau de scrutin alors que nous, il nous faudra cinq heures
peut-être...
Il nous faut consacrer cinq heures la journée des
élections.
M. LUSSIER: Les gens de cet endroit-là sont près, bien
sûr, des bureaux de scrutin. Pour vous, il est difficile de vous y
rendre, mais pour administrer aussi, vous y allez plus difficilement au cours
de toute l'année.
M. BOISVERT: Pas nécessairement parce que moi-même je suis
les assemblées du conseil depuis près de deux ans. Je ne suis pas
conseiller, je suis simple contribuable, mais j'ai intérêt
à avoir une route pour desservir mon chalet.
Il y a près de cinq ans que mon chalet est construit. Dans notre
municipalité, nous n'avons pas encore réussi à obtenir la
route. Dans l'autre municipalité, le développement s'est
effectué en même temps et ils ont déjà la route
parce que le conseil actuel ne sait pas comment s'y prendre pour exproprier un
domicilié qui n'est pas en faveur que la route passe sur son
terrain.
M, SEGUIN: Ils acceptent vos taxes...
M. BOISVERT: Ils acceptent très volontiers nos taxes.
M. BEAUPRE: M. le Président, je crois qu'au cours du débat
on a restreint beaucoup, en faisant cela, nous nous sommes
éloignés de la réalité la notion de
résidant comparée à domicilié.
Si vous prenez la région de Québec que je connais bien,
vous avez le lac Beauport, le lac Saint-Charles, le lac Saint-Augustin,
Cap-Rouge, l'île d'Orléans, qui étaient autrefois des
endroits où les gens de Québec allaient passer un mois ou deux
mois. Si maintenant, vous faites enquête, vous vous rendrez compte que
toutes ces résidences d'été ont été pour la
plupart transformées, qu'elles sont habitées ou elles sont
occupées douze mois par année dans la plupart des cas. Par
exemple, au lac Saint-Charles où j'ai une maison, nous sommes environ
400 qui allons là presque tous les dimanches, quand ce n'est pas les
jours de la semaine, et cela douze mois par année. Nous constituons
sûrement un tiers de la population.
La même chose au lac Saint-Augustin, la même chose à
Cap-Rouge. Les gens ont transformé leur maison de campagne, se sont
incorporés à la communauté. Parce qu'ils ne seraient pas
60%, ils n'auraient pas le droit de participer demain à l'administration
municipale, alors que, dans bien des cas, ils paient des taxes plus lourdes que
les résidants permanents et ne reçoivent pas les services que les
résidants permanents reçoivent. Justement en utilisant les
arguments qui ont été présentés ici à
l'effet qu'ils ne sont pas supposés être là longtemps
enfin ils y sont, mais il ne sont pas supposés y être
on ne leur donne pas les services pour lesquels ils paient. Ils n'ont
pas de réduction d'impôt, ils paient la même chose que les
autres. Dans bien des cas, ces gens ont constitué eux-mêmes leur
investissement. Ils ont creusé leur puit, ils ont fait leur fosse
sep-tique. Ils ont travaillé pour avoir les rues, ils fournissent
eux-mêmes les services en plus de payer les taxes. Ils n'ont pas
d'enfants aux écoles, ils paient les mêmes taxes scolaires que les
autres, et on voudrait les défranchiser.
Je crois qu'il faut élargir cette notion de résidant pour
bien montrer qu'autour de Québec, de Montréal, de Sherbrooke, de
Trois-Rivières, de tous les centres régionaux,
présentement, il y a une classe d'estivants qui devient une classe de
résidants à l'année. Il faut en tenir compte. Il ne faut
pas que notre loi aille s'accrocher à un phénomène qui
était celui d'il y a dix ans, alors que nous nous dirigeons vers un
autre phénomène et qu'on arrive avec une loi qui ne soit pas
encore réaliste.
M. LUSSIER: Les résidants à l'année qui sont
domiciliés...
M. BEAUPRE: Par résidants à l'année, j'entends ceux
qui utilisent une résidence à l'année. C'est en ce sens
que je le prends.
M. LAPORTE: ... il y a beaucoup de gens qui vont... La maison est
ouverte à l'année.
M. BEAUPRE: Au lac Beauport...
M. LAPORTE: Ils y vont en fin de semaine...
M. PAUL: En fait, ils ont deux domiciles.
M. BEAUPRE: Par exemple le lac Beauport, c'est formidable le nombre de
gens qui ont une magnifique maison. Ils y vont presque toutes les fins de
semaine.
M. LUSSIER: II ne faut pas se quereller sur les mots.
M. BOISVERT: Les abus que vous craignez de la part des résidants,
nous les subissons déjà de la part des résidants
permanents. Pourquoi est-ce que la mesure ne serait pas bonne pour tout le
monde?
M. LUSSIER: C'est ce que nous étudions actuellement.
M. BOISVERT: Pourquoi ne serait-elle pas bonne? Vous avez peur que nous
ambitionnions sur eux ou cela ne vous fait rien qu'ils ambitionnent sur
nous?
M. LUSSIER: S'ils ambitionnent sur nous, évidemment que cela nous
ferait quelque chose.
M. BOISVERT: Cela vous ferait quelque chose? Alors, donnez-nous le droit
de représentation et laissez aux gens définir, par leur
vote...
M. LUSSIER: D'une façon objective, il ne s'agit pas de tourner
cela de n'importe quelle façon. Est-ce que, d'après ce que vous
connaissez, les résidants ont abusé souvent des touristes ou des
autres personnes qui y ont des résidences?
M. BOISVERT: La preuve en est là: cela fait cinq ans que nous
payons des taxes et nous n'avons absolument aucun service, pas de route, pas
d'électricité, pas de service pour les vidanges, rien du
tout.
M. LUSSIER: Si je comprends bien, c'est que vous avez besoin d'un chemin
pour aller à votre chalet.
M. BOISVERT: Exactement.
M. LUSSIER: Si vous pouviez avoir la majorité au conseil, vous
présenteriez un règlement...
M. BOISVERT: Présentement...
M. LUSSIER: ... pour faire passer un chemin pour aller à votre
chalet. Et cela, ce serait tout le monde qui le paierait? Tous les gens de la
municipalité?
M. BOISVERT: Présentement, cela fait cinq ans que nous payons des
taxes, et ils n'ont rien fait pour notre route, et ils n'ont pas l'intention de
faire quelque chose...
M. LUSSIER: Que feriez-vous si vous étiez élu et en
majorité? Passer un règlement pour faire un chemin chez vous?
M. BOISVERT: Peut-être, mais je verrais aussi une autre solution.
Comme vous voyez dans la plupart des villes, vous répartissez le
coût de la route entre les terrains desservis et vous l'attachez au
terrain en taxes spéciales.
M. LAPORTE: Ceci vous apparaîtrait abusif, comme contribuable, de
vous payer une route pour aller chez vous.
M. BOISVERT: Cela nous coûte déjà $50 ou $60
seulement pour nous servir du bateau et de l'auto.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il vous paraît juste actuellement que vous
payiez des taxes comme tout le monde, et que ce soient les autres qui aient les
routes?
M. BOISVERT: Nous sommes prêts même a en payer, mais ils ne
veulent pas. Ils ne savent pas comment administrer la municipalité, ils
ne savent comment on fait pour exproprier, et ils sont embêtés
devant la moindre chose qui arrive. Et certains sont au conseil depuis neuf
ans. Nous ne pouvons pas les changer, nous n'avons pas le choix.
M. SEGUIN: Vous avez mentionné à l'instant c'est
juste pour êclaircir un point un chemin qui conduirait à
votre chalet.
M. BOISVERT: Oui.
M. SEGUIN: Combien y aurait-il d'autres personnes qui se serviraient du
même chemin dans la municipalité? A peu près? Dix,
cinq?
M. BOISVERT: II pourrait servir à l'autre municipalité,
cela serait un chemin de ceinture.
M. SEGUIN: II desservirait combien de personnes?
M. BOISVERT: Présentement, environ 40 personnes se sont
construites. Il y a une possibilité de 70 personnes.
M. SEGUIN: Quarante?
M. BOISVERT: Quarante construits environ et 70 terrains possibles.
M. SEGUIN: Je ne comprends plus rien si vous dites que si vous
étiez au conseil vous essaieriez ce créer cette
amélioration-là pour les 60 personnes...
M. BOISVERT: Ce serait normal.
M. SEGUIN: Je n'aurais pas voulu laisser l'impression que vous vouliez
un chemin à vous seul qui irait chez vous.
M. BOISVERT: Merci.
M. LE PRESIDENT: M. Pranno.
M. PRANNO: M. le Président, M. le Ministre Lussier, Je suis le
président de l'Association des propriétaires du Lac-Simon et je
remplace le docteur Mignault, qui a été assez gentil de s'occuper
de toutes ces démarches depuis plus de trois ans. Le nom du docteur
Mignault vous est familier, mais, depuis le mois dernier, j'ai
été élu à la présidence de l'Association des
propriétaires du Lac-Simon.
Vous avez entendu aujourd'hui l'opinion de notre conseiller juridique,
d'un de nos propriétaires, M. Cloutier, qui est en même temps
conseiller depuis le 9 décembre et M. Bois-vert. Je me permettrais tout
simplement de vous demander de remarquer un seul principe. Dans une province
comme la nôtre, je pense qu'il est absolument juste que le sens
démocratique de la représentation doive être
nécessairement rattaché au principe de taxation; il n'y a pas un
sans l'autre. Cela est un principe de base équitable en
démocratie. Je n'expliquerai pas non plus tous les autres arguments qui
ont été avancés ici, mais j'apprécierais, si jamais
l'occasion s'en présente, que M. Lussier demande à M.
Théorêt, le député de Papineau qui nous
représente à la Législature, de faire part à
l'Assemblée de tous les avantages qui, depuis cinq ans ou six ans, se
sont manifestés dans ce comté à la vallée de la
Petite-Nation et au Lac-Simon, en particulier.
On vous a cité des chiffres, l'évaluation, le pourcentage.
Nous représentons donc plus de 80% des gens. Nous avons eu l'occasion
d'envoyer, en date du 10 avril, à M. le ministre des Affaires
municipales, le docteur Lussier, un mémoire signé du docteur
Mignault qui, à ce moment-là, était le président de
l'association. Vous avez les chiffres en main et je pense que vous avez eu
l'occasion de les étudier.
Pour illustrer la chose, j'ai ici une lettre datée du 17 avril
adressée à M. le docteur Robert Lussier, qui n'a pas eu
l'occasion de la recevoir je pense. Elle se lit comme suit: « Honorable
ministre, il me fait plaisir de signaler le beau travail effectué par
les trois conseillers élus en décembre dernier au conseil
municipal de Lac-Simon et qui sont des résidants d'été. Je
demeure bien vôtre. Yvon Pilon, maire de la municipalité de
Lac-Simon, comté de Papineau. » C'est un domicilié.
Cela n'a pas pris vingt ans, cela n'a pas pris dix ans, cela n'a pas
pris cinq ans, cela a pris six mois. Les gens ne se connaissant pas au
début, naturellement, avaient des craintes, etc. Nos gens sont
dévoués au point où non seulement... la séance a
lieu le lundi soir, mais il y a eu plusieurs séances de
convoquées, séances spéciales pour beaucoup de choses. Nos
conseillers ont toujours fait acte de présence et une coopération
extraordinaire s'est établie en dedans de six mois. Je pense que cela
répond bien à ce danger, à cette crainte qu'on a
mentionnés à cette commission.
Nous avons prouvé de façon satisfaisante que la
coopération est possible. La société
québécoise change et on a illustré suffisamment le fait
que nous allons de plus en plus rapidement vers des résidences
établies dans deux endroits différents dans la même
province. Je vais illustrer le cas. M. Fabien Boisvert fait mention, par
exemple, d'une soixantaine de propriétaires qui, depuis plus de cinq
ans, paient des taxes, c'est un fait. Je vais aller plus loin même. Je
suis président de l'association, je vais me dévouer dans ce
sens-là aussi. Je suis propriétaire dans la municipalité
de Lac-Simon d'une propriété qui est située en plein
milieu du lac, à cinq milles du bord, sur une île.
Depuis cinq ou six ans, grâce aux avantages du ministère
des Terres et Forêts, les deux tiers du lac Simon se sont
développés de cette façon. Cela a été
construit en bateau, et dès le début, nous avons
été taxés. J'ai une propriété qui a
actuellement une évaluation de $1,100 par année. Je n'ai pas de
possibilité de route comme 60 autres propriétaires. Malgré
cela, nous sommes coopératifs, nous voulons continuer à avoir du
progrès. En fin de compte, le principe de base, pourquoi les gens
vont-ils si loin, à 110 milles de Montréal? Pourquoi vont-ils
s'établir si loin? Pensez-vous que c'est pour faire du tort aux
domiciliés? Au contraire, aucune des constructions là-bas, aucun
travail effectué n'a pas été fait par les gens de la
place. Et plus on se connaît, plus s'améliorent les relations
entre les domiciliés et les résidants. Alors, depuis plus de six
ans, d'autres voisins et moi sommes taxés. Nous payons avec diligence
des taxes scolaires et municipales et nous avons établi récemment
que notre fle, faisant partie de la municipalité, donne à la
commission scolaire régionale et à la municipalité plus de
$10,000 par année pour lesquels nous n'avons pas une once de
service.
Malgré tout, il est possible de coopérer. Parce qu'avec
une route de ceinture, nous pourrions avoir un accès plus facile par
bateau, protection policière, des tas de choses dont nous pourrions
bénéficier de près ou de loin quand même.
Alors, je pense que la lettre de notre maire au docteur Lussier
j'aimerais peut-être avoir la possibilité de la lui remettre pour
qu'il inclue cela dans le dossier que nous lui avons envoyé
précédemment est une attestation, hors de tout doute,
qu'il est possible d'avoir une coopération entre des résidants
qui viennent d'un grand centre et des domicilié:] locaux.
Je veux vous dire aussi que des cultivateurs, dans le sens du mot, il y
en a de moins en moins dans ce coin. Ce sont tous des gens, aujourd'hui, qui se
sont transformés en constructeurs, menuisiers, bâtisseurs de
foyers etc... Qui paie tous ces gens? C'est notre labeur dans les grands
centres qui est investi dans ces centres de villégiature, de loisirs qui
de plus en plus, dans cinq ou dix ans, deviendront des centres de
résidences secondaires tel que M. Paul l'a mentionné tout
à l'heure.
C'est ce qui arrivera dans cinq ou dix ans. Nous progressons
énormément. Vous êtes en mesure de savoir, messieurs,
à l'Assemblée nationale, tous les problèmes que le
développement extrêmement rapide et allant en
accélérant que la province a à faire face actuellement.
Cela se présente dans le même comté ou dans chacune des
municipalités que vous avez, jusqu'à maintenant, voulu
protéger.
M. LUSSIER: Au maximum, cela fait six mois qu'il y a des
résidants qui occupent des postes publics.
M. PRANNO: C'est cela. Et en six mois, nous avons eu l'occasion
d'établir des relations extrêmement constructives au point qu'il
s'est abattu énormément de travail. Le fait que M. Boisvert
a mentionné tout à l'heure est exact. Il n'y a pas
beaucoup de gens, même dans les domiciliés, qui sont 83, qui
veulent se présenter aux charges. C'est toujours les mêmes gens
qui reviennent.
Alors naturellement, avec du sang neuf, qui veut coopérer, je
pense que vous avez là la preuve irréfutable, par écrit,
adressée par M. le ministre des Affaires municipales, du maire qui s'est
bien rendu compte au point où il vient à Montréal,
à nos assemblées de propriétaires et nous nous
déplaçons pour aller aux assemblées municipales de
Lac-Simon: 110 milles pour aller, 110 milles pour revenir.
M. PAUL: M. Pranno, vous avez mentionné tout à l'heure le
nom de M. Théorêt, votre député. Lorsque le bill est
venu en Chambre en comité plénier, disons qu'il y a eu de fortes
représentations qui ont été faites pour trouver un moyen
de porter à l'attention du public ce problème que nous
étudions depuis le matin.
M. Laporte, de même que M. Séguin, ont été
les deux porte-paroles assez, je ne dirai pas, vigoureux de la part de
l'Opposition comme du côté ministériel, il y avait les voix
de M. Belle-mare et de M. Théorêt. Et c'est à la suite de
la logique de ces argumentations que nous sommes venus ici rencontrer les
différents corps intéressés à nous soumettre un
mémoire.
Si M. Théorêt n'y est pas, c'est parce qu'il ne fait pas
partie de cette commission des Affaires municipales.
M. PRANNO: J'ai mentionné le nom de M. Théorêt, M.
Paul, tout simplement pour peut-être lui demander de vous faire part,
même dans le particulier, du progrès énorme depuis cinq ou
six ans que le touriste, comme nous sommes communément appelés, a
apporté...
M. PAUL: Même plus que cela, M. Théorêt nous a dit,
à M. le ministre et à moi, qu'il était prêt à
citer le cas de Lac-Simon en exemple dans toute la province.
M. PRANNO: Cela nous plaît beaucoup que vous puissiez l'avoir
noté.
Alors, sur ce point, nous aimerions que cette commission
considère ces choses et que M. le ministre dont les craintes bien
justifiées et, qui veut protéger des intérêts
naturels de citoyens de la province, pense à tous les citoyens de la
province, nous inclus.
Je veux dire ceci. C'est un peu enfantin, peut-être, do vous
mentionner cela de cette façon, mais nous ne nous métarmorphosons
pas en monstres a 110 milles du lieu de notre domicile permanent. Si nous
sommes gentils ou citoyens honnêtes à Montréal, nous sommes
les mêmes personnes à 110 milles plus loin. Cela ne change
pas.
M. LUSSIER: Est-ce que vous préconisez aussi qu'à
Montréal les résidants aient le droit de se présenter,
c'est-à-dire qu'ils acquièrent le cens de
l'éligibilité?
M. PRANNO: Je ne suis pas un expert dans ces questions-là, M. le
Ministre, n'étant pas résidant ou propriétaire à
Montréal, mais dans une banlieue de la ville de Montréal. Je
pense que j'aurais droit aux charges de cette municipalité-là, si
je voulais m'y présenter.
M. LUSSIER: Même si vous n'êtes pas un expert, vous serez
peut-être heureux d'apprendre que tous les échevins de la ville de
Montréal ont actuellement le droit de résider ailleurs que dans
Montréal, du moment que c'est une ville administrée par la
Commission métropolitaine de Montréal.
M. PRANNO: Pour vous répondre, M. le Ministre, je pense qu'en
termes généraux sans entrer dans les exceptions multiples
qui peuvent se présenter si quelqu'un rencontrait, à
Lac-Simon comme ailleurs dans la province, les conditions
élémentaires: citoyens canadiens en bonne et due forme,
contribuables reconnus, etc, je ne sais pas. Il y a beaucoup d'exceptions que
nous pouvons mentionner, mais disons que si les gens entrent dans les cadres
normaux que la loi prévoit pour des postes comme ceux-là, ils
devraient avoir la possibilité de s'y présenter sans aucune
restriction.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur. Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. DEPOT: J'aurais une question.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Je crois que nous devrions entendre le
docteur Perras. Si vous voulez parler, nous pourrions vous redonner la parole
à la fin, si nous avons le temps.
M. PERRAS: Docteur Perras, je suis le président de la Ligue des
propriétaires de Montréal et trésorier de l'Union des
ligues des propriétaires de la province de Québec.
Vous allez me dire que, comme président de la Ligue des
propriétaires de Montréal, je ne suis peut-être pas
à l'ordre du jour; vous pouvez dire: Qu'est-ce qu'il vient faire ici,
quand on parle d'estivants? C'est parce que j'estime qu'il y a 40% de la
population de Montréal qui a des chalets en dehors de la ville de
Montréal.
Mon opinion personnelle, l'opinion du conseil de la Ligue des
propriétaires de Montréal et celle de l'Union des ligues des
propriétaires sont à l'effet qu'à taxation égale on
devrait avoir les mêmes privilèges. Si on impose un
domicilié au même taux qu'un résidant, si le
résidant n'habite que deux mois, on pourrait évaluer le terrain
au même taux que les autres, mais le taxer sur le temps qu'il occupe sa
bâtisse. Alors, s'il est là pendant deux mois, eh bien, il aurait
à payer le sixième des taxes municipales pour l'évaluation
de sa bâtisse. Ce serait une solution. Autrement, s'il habite là
à l'année, je ne vois pas pourquoi il n'aurait pas le même
privilège de se présenter, de représenter la population
estivante ou autrement, et le privilège de voter. C'est une opinion. Le
temps d'occupation d'une maison, nous avons mentionné cela tout à
l'heure. Un homme peut être malade et il peut laisser sa maison
inoccupée pendant un an. Cela ne l'empêche pas d'être
résidant quand même, pendant un ou deux ans. Je crois que la
période d'occupation n'a rien à faire avec cela, que ce soit 15
jours, que ce soit un mois, que ce soit six mois.
La question a été étudiée presque sous tous
les angles depuis que je suis ici ce matin. Je ne voudrais pas allonger la
discussion davantage. Si vous avez des questions à poser, cela me ferait
plaisir d'y répondre. Les taxes scolaires...
M. LAPORTE: II y en a quelques-uns qui vont peut-être être
surpris, mais je suis d'accord avec la ligue des propriétaires.
M. PERRAS: Je vous remercie. M. LE PRESIDENT: M. Thibault.
M. LAPORTE: N'avez-vous pas déjà été
député?
M. THIBAULT: Quelques années. C'était plus fort que moi,
j'aurais aimé être de l'autre côté tantôt pour
participer à la discussion. Mais, tout de même, cela me fait
toujours plaisir de saluer des remplaçants qui, nécessairement,
doivent améliorer ce que nous leur avons légué.
Je vais commencer par probablement la fin de mon discours pour
répondre à une remarque de l'honorable M. Lussier, tantôt.
Je cite en exemple sa propre ville. J'ai passé une partie de ma vie,
à partir de 1922, à Saint-Paul-L'Ermite. A ce moment-là,
nous étions des estivants et on nous regardait de loin. Je fais de
l'histoire pour illustrer exactement le cas et en venir aux conclusions de
celui qui a parlé tantôt et dont j'ignore le nom, l'avocat
d'Orford.
En 1922, le petit groupe d'estivants qui étaient là, nous
étions regardés comme des chiens de faience. Ceux qui avaient de
l'argent s'en allaient à Repentigny-les-Bains. Ce sont ces estivants
-là...
M. LAPORTE: Ah! On veut savoir tout.
M. THIBAULT: Non, non, ils sont à l'origine de Repentigny
aujourd'hui. Si Repentigny est une ville prospère et belle aujourd'hui,
c'est parce que, dans le temps, les estivants de la ville de Montréal y
ont laissé une bonne semence.
Partant de ce principe que les estivants collaborent avec le groupe qui
nous reçoit d'une façon, il faut tout de même constater des
faits. Je suis propriétaire au lac Noir, dans le comté de
Joliette, à Saint-Jean-de-Matha, d'un endroit qui me coûte $133 de
taxes scolaires par année. Si je ne paie pas les taxes scolaires, on va
vendre ma propriété. Je paie $56 de taxes municipales par
année, et le service des vidanges est additionnel.
Pour les $56 de taxes que je paie par année, je n'ai comme
avantage qu'une seule lumière électrique qui éclaire le
chemin qui me permet d'aller chez nous. Hyena quelques-unes, mais j'en
bénéficie d'une. A part cela, absolument aucun service.
Saint-Jean-de-Matha, au point de vue évaluation foncière, 50% des
propriétés sont aux estivants et 50% sont aux gens de la
place.
Il n'y a jamais eu, à ma connaissance, de personne qui, d'une
façon ou de l'autre, puisse intervenir dans l'administration locale pour
que nous ayons des avantages. Le maire actuel, qui est un charmant
garçon, a eu pour la première fois cette année
l'idée de convoquer un groupe d'estivants pour demander nos suggestions.
Il y a là six conseillers municipaux et un maire. On nous a
demandé d'accepter certaines présidences parce que ceux qui
s'occupaient d'administrer la chose publique, voulaient se décharger de
leurs responsabilités sur le dos des estivants.
Je veux en venir à ceci: C'est qu'il y a quatre ans et il y a 2
ans, lorsqu'on a voulu présenter comme candidat un ancien pompier
à sa retraite, un homme parfaitement disponible mais qui,
malheureusement, ne répondait pas à une des conditions, celle
d'être domicilié, on n'a pas élu cet individu et à
la deuxième élection, on avait trouvé un moyen possible de
le présenter, on l'a battu.
Ce qui veut dire que, sur les sept administrateurs qui détiennent
50% d'évaluation foncière, ces sept administrateurs s'occupent
d'adminis-
trer les autres 50% qui sont la totalité des taxes payées
par les estivants. Quand on veut avoir des améliorations avec la
meilleure volonté du monde, ce n'est pas que les gens sont malvenus, au
contraire; mais c'est tout un problème parce qu'au conseil municipal,
nos voix ne se font pas entendre.
Un autre argument, qui a été apporté tantôt
auquel je veux encore ajouter, au lac Noir où je demeure, autrefois il y
avait peut-être 15 ou 20 familles qui y venaient. L'an dernier, il en est
venu 44 et cette année 89. Ils y ont passé tout l'hiver pour se
servir de leur auto-neige au lac Noir. Ce qui veut dire que, de plus en plus,
l'orientation des citadins d'aller passer dix mois par année à
leur camp, c'est la ville qui devient un pied à terre et la campagne
devient, ni plus ni moins, qu'un domicile où l'on demeure en
permanence.
Pour ma part, je passe huit mois par année à mon camp,
toutes les fois que j'en ai l'occasion. Est-ce que je suis un citoyen de la
ville de Montréal ou un résidant ou un domicilié de Saint-
Jean-de- Matha?
On s'en va vers cette tendance. Qu'on le veuille ou non, les
facilités de communication, les autoroutes que nous avons, en fin de
compte toutes les améliorations, les automobiles plus rapides, on s'en
va à la campagne pour jouir du grand air. Savez-vous ce que l'on se fait
répondre : Si on veut jouir du grand air et de la beauté de la
nature, eh bien, c'est l'avantage des gens de la place et qu'on paie pour
ça.
On paie exactement pour jouir des beautés que la nature nous a
données et, à part ça, dans une très grande
proportion, tous les estivants du lac Noir, comme moi, on fait vivre la grande
majorité de la population. Le boucher nous vend de la viande. Le
boulanger vous vend du pain. Le quincaillier nous vend tous les
matériaux. Lui, il a un gros vote et nous, nous n'avons absolument rien
à dire et on ne peut rien faire.
Je me demande si l'argument que je vous apporte, d'un citoyen qui a une
expérience politique, est valable et peut être accepté.
M. LE PRESIDENT: Merci M. Thibault. Maintenant, on avait M.
Bélisle qui avait demandé à reparler et aussi...
M. DEPOT: M. Dépot.
M. LE PRESIDENT: M. Dépot, est-ce que vous aimez mieux parler en
dernier? M. Bélisle avait demandé de parler en dernier. M.
Dépot.
M. DEPOT: Je voudrais seulement, M. le Ministre, souligner un point.
Tantôt, on a parlé de construction de routes. Il faudrait
souligner que lorsqu'une municipalité, disons dans le canton de Orford,
construit un chemin qui va être utilisé majoritairement par les
estivants, nous chargeons une taxe spéciale additionnelle pour la
construction de ce chemin-là.
M. LUSSIER: A qui, aux propriétaires? M. DEPOT: A nous, oui. M.
LUSSIER: Aux usagers. M. DEPOT: Aux usagers.
M. LUSSIER: Vous pourriez ne pas faire cela aussi.
M. DEPOT: Mais, on nous oblige à payer. Si nous n'acceptons pas
de payer la taxe supplémentaire, nous n'avons pas notre chemin. Ils ne
nous feront pas le chemin.
M. LUSSIER: Au lac Simon, vous êtes trois à trois.
M. DEPOT: Non, mol je suis au lac Boker dans le canton d'Orford.
UNE VOIX: Est-ce que vous habitez les Cantons de l'Est?
M. DEPOT: Moi, je suis dans les Cantons de l'Est. Cela est un point.
Donc, à ce moment-là, c'est une injustice que nous subissons. Ce
n'est pas nous qui faisons subir l'injustice aux résidants. Cela est un
point.
Maintenant, on ne veut pas entretenir ces mêmes chemins qui
appartiennent à la municipalité. Il y a un chemin qui va à
mon chalet. Il mesure un quart de mille. Ce chemin appartient à la
municipalité. Je paie même une taxe supplémentaire de $10
par année depuis cinq ans pour la construction de ce chemin-là
mais, quand arrive l'hiver, si je veux aller faire de l'auto-neige, je suis
obligé de payer l'entretien, engager un cultivateur pour faire ouvrir le
chemin l'hiver. Trouvez-vous que c'est raisonnable?
M. LUSSIER: Pour revenir à la question de M. Séguin, le
député de Baldwin, combien êtes-vous de
propriétaires, de résidants sur ce chemin-là que vous
êtes obligés d'ouvrir? Etes-vous seul?
M. DEPOT: Vous voulez dire l'hiver.
M. LUSSIER: Oui, c'est de cela que vous venez de parler.
M. DEPOT: Disons qu'il y a quinze chalets dont dix sont
fréquentés l'hiver.
M. LUSSIER: Alors ce que vous voulez dire, c'est que vous êtes
obligés de vous cotiser vous-mêmes, les dix, pour ouvrir ce
chemin-là.
M. DEPOT: Oui, c'est cela. Ce qui arrive, M. le Ministre, comme vous le
savez...
M. LUSSIER: Combien cela vous coûte-t-il?
M. DEPOT: Cela ne coûte pas tellement cher. Cela fait trois ans
que je le fais ouvrir et cela m'a coûté $300 au total.
M. LUSSIER: Par année?
M. DEPOT: Une moyenne de $100 par année. Ce qui est difficile, M.
le Ministre, c'est que, quand vient le temps de se cotiser pour payer le compte
qui nous est amené, il y en a un qui dit: Je suis venu plus souvent que
toi, je suis venu moins souvent que toi. Mais si cela était payé
par la municipalité, ce ne serait pas un montant si élevé
et ce serait un service...
M. LUSSIER: Dans votre cas, combien y a-t-il de chemins comme cela que
la municipalité devrait ouvrir?
M. DEPOT: II y a 24 milles qui appartiennent à la
municipalité et il y a 4 1/2 milles qui appartiennent aux villageois.
Sur le total des 24 milles qui appartiennent à la municipalité,
20 milles sont utilisés par les cultivateurs.
M. LUSSIER: Ils sont déjà entretenus.
M. DEPOT: Oui, ils sont utilisés par les cultivateurs.
M. LUSSIER: Seulement 4 1/2 milles qui ne sont pas entretenus par la
municipalité.
M. DEPOT: Qui ne sont pas entretenus par la municipalité et dont
nous pourrions jouir. Nous sommes des clients de seconde zone.
M. GAUTHIER (Berthier): Pour répondre pas tellement pour
répondre à l'objection de Me Dépot, mais pour faire
état d'objection je vais citer de nouveau le cas que je citais ce
matin à Saint-Michel-des-Saints. Vous avez autour d'un lac, le lac
à la Truite, une quarantaine de chalets construits. Les gens voudraient,
à bon droit, avoir une route et qu'elle soit entretenue. Il y a une
question de rentabilité aussi. Si on remonte dans l'histoire des milieux
ruraux, des campagnes, je pense qu'on retomberait assez loin en arrière
avant de trouver où une municipalité rurale a investi pour
construire un chemin. Cela s'est toujours construit par le ministère de
la Voirie ou le ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, etc.
Mais les municipalités rurales comme telles, je pense qu'elles n'ont
jamais investi. Ce n'est pas par mauvaise volonté, mais parce qu'elles
n'avaient pas les moyens.
Je cite le cas de ces 40 propriétaires de chalets. Je comprends
qu'ils paient des taxes scolaires et je suis aussi d'accord pour dire qu'ils ne
devraient pas en payer, mais le problème n'est pas là à
l'heure actuelle, ça ne rapporte pas à la municipalité.
Mais, tout de même ce qu'ils paient en taxes municipales, cela revient
à environ $200 par année environ. Comment voulez-vous qu'une
municipalité parvienne...
M. LAPORTE: Chaque année?
M. GAUTHIER (Berthier): Oui, pour l'ensemble, par année. Alors
comment voulez-vous qu'une municipalité puisse entreprendre la
construction d'une route? Et cela est un cas. Il y en a tout le tour de la
municipalité.
M. BOISVERT: Ils n'ont qu'à hausser l'évaluation des
chalets.
M. LAPORTE: Ils n'ont qu'à hausser l'évaluation, mais
là l'évaluation est la même...
M. PAUL: En vertu de la loi, vous ne pouvez pas.
M. BOISVERT: Nous avons la même évaluation.
M. PAUL: Quel que soit le genre de bâtisse.
M. BOISVERT: C'est fait selon la surface du plancher. 26 x 36 c'est
tant.
M. GAUTHIER (Berthier): Je pourrais ajouter à cela un cas
particulier vu que nous sommes assez loin dans le nord. Souvent on taxe le
chalet qui est bâti là, mais souvent le type n'est même pas
propriétaire, il est sur un billet de
location et n'est pas propriétaire de tonds de terre.
M. SEGUIN: C'est là une des grandes maladies dans la province au
point de vue municipal.
M. GAUTHIER (Berthier): Je suis d'accord avec vous, mais je peux dire
que ce n'est pas de la mauvaise volonté de la part des
municipalités.
M. DEPOT: Est-ce que Je peux vous donner un autre exemple? Dans notre
municipalité, nous avons un ancien chemin, qui conduit vers une mine. Il
y a un cultivateur qui reste tout près de la mine au fond du chemin. Le
chemin a trois milles et demi en longueur. Ce cultivateur est un genre d'ermite
c'est un type qui sort peut-être une ou deux fols pendant l'hiver
son chemin est entretenu, c'est la municipalité qui paie pour
cela.
M. GAUTHIER (Berthier): Je vols répondre par un cas cocasse. A
Sain-Jean-de-Matha, cet hiver, il y avait un cultivateur qui demeurait au bout
d'un rang et il a demandé à la corporation municipale de lui
entretenir son chemin l'hiver. Avec l'hiver que nous avons eu, l'entrepreneur
s'est retrouvé je ne dirai pas exactement le mot qui me vient
à l'esprit mais il a résolu le problème en lui
disant au cultivateur: Va t'acheter une auto-neige, et laisse faire l'entretien
du chemin.
M. DEPOT: C'est ce que vous nous suggérez.
M. GAUTHIER (Berthier): Non, c'est l'entrepreneur qui l'a
payé.
M. DEPOT: Quand vous avez des enfants à l'arriére de
l'auto-neige...
M. THIBAULT: Dans le bout de Saint-Jean-de-Matha, un groupe de
propriétaires a acheté le terrain pour élargir le chemin,
et ils l'ont donné à la municipalité. Il faudrait
répondre aux exigences. Cela leur a coûté $30 par
tête pour se débarasser d'un problème permanent.
M. DEPOT: C'est cela.
M. THIBAULT: Ils peuvent faire la même chose. Les gens sont
prêts, ce qu'ils veulent avoir, ce sont des oreilles pour comprendre et
entendre. Entendre d'abord, et comprendre par la suite.
M. LE PRESIDENT: M. Belisle.
M. BELISLE: M. le Président, honorable ministre Lussier,
messieurs. J'en reviendrai encore une fois au problème de 60% des
villégiateurs qu'on exigerait. On avait amené quelques objections
à l'effet que, dans ces endroits où il y avait 60% et moins
d'estivants, nous pouvons dire une chose, c'est qu'il est prouvé dans
les municipalités que le villégiateur, quand il vote, nous
obtenons à peu près 15% ou 20% des votes. Je pense bien que, dans
ces régions, il n'y aurait absolument aucun inconvénient à
donner le droit de représentation à ces villégiateur s.
S'ils se font élire soit par l'acceptation du résidant permanent
et du villégiateur, eh bien, tant mieux!
Mais, nous pouvons dire, quand nous regardons les résultats
électoraux, c'est une population prenez comme Chelsea où
nous avons 2,900 votants, alors qu'on retrouve 500 à 600 votants en tout
et partout, et là-dessus 400 ou 350 sur 400 de la paroisse qui votent.
Je pense bien qu'il ne devrait pas y avoir tellement de problèmes en
raison du très petit nombre de villégiateurs qui se
dérangent pour venir voter. Cela, c'était le premier point.
Deuxième point: je ne sais pas d'où peut venir ces fameux
60%. Si nous nous en reportons au rôle d'évaluation, nous savons
qu'au rôle d'évaluation les terres en culture sont
évaluées à environ $100 l'arpent.
M. LAPORTE: Maximum.
M. BELISLE: Maximum. Au décompte, dans tout cela, si nous
comparons quant à la valeur d'évaluation, si nous arrivons
à 60% de villégiateurs, je puis vous assurer une chose, c'est
qu'au rôle d'évaluation, nous atteindrons tout près de 75%
ou de 80% du montant total de l'évaluation. Ce qui est encore, à
mon opinion, une injustice, si nous prenons des chiffres comparatifs. Est-ce
que vous comprenez bien? Bon.
Il y a aussi d'autres considérations. En nous en tenant à
60% du nombre d'électeurs pour avoir droit de représentation,
j'ai peur que, dans les régions où le nombre des électeurs
villégiateurs est moindres que 60%, le développement
économique en souffre. Parce que, tout d'abord, ces gens ne pouvant
avoir de représentation à ce moment, c'est normal qu'ils
aient des représentants auront pour seul recours d'aller faire
leur représentation devant un conseil municipal; et si le conseil
municipal ne semble pas vouloir les accueillir favorablement, cela pourrait
devenir un dialogue de sourds.
Une autre solution possible, c'est que ces gens peuvent très
bien, dans un mouvement quelconque, accepter en principe « no taxation
without any representation »: aucune représentation, donc pas de
taxes. Ou bien le boycottage des commerces locaux. Ce sont des choses
possibles.
Je crois qu'il faut aussi éviter ces frictions afin que les
villégiateurs, les résidants, les domiciliés puissent
continuer à vivre la main dans la main.
Le danger qui existe actuellement, concernant les membres des conseils
municipaux, à l'effet qu'ils prennent le contrôle, eh bien, je
crois que déjà il a été répondu à
ça tout à l'heure; cela existe d'ailleurs de toute façon.
Cela s'est vu même à Chelsea. Si je vous disais, messieurs, qu'on
nous a bloqué les chemins en plein hiver en fin de semaine, avec trois
pieds de neige. Cela s'est fait. Après ça, pourquoi les gens
étaient-ils « en maudit »? Pourquoi y a-t-il eu 150 gars qui
se sont décidés à aller au conseil municipal, se disant:
On va les régler nos problèmes. Cela s'est passé en plein
hiver et les chemins étaient déjà ouverts auparavant. Je
crois bien que s'il y a des gens sensés qui sont élus, des gens
qui connaissent réellement leur devoir, qui sont réellement de
bons citoyens, qu'ils soient résidants ou qu'ils soient
villégiateurs, on ne devrait pas faire de différence. On devrait
permettre à tous ceux-là d'être élus suivant le mode
démocratique, parce qu'après tout ce sont les gens qui les
élisent.
Il faut mentionner aussi, par contre, que tout de même le
conseiller municipal villégiateur a probablement moins
d'intérêts particuliers qu'un domicilié qui serait aussi
conseiller municipal. Cela arrive d'ailleurs. Quelques-uns sont
commerçants, ils ne veulent pas appliquer la loi, ils disent: Un tel je
le connais, il est de ma clientèle. D'ailleurs, on s'aperçoit
qu'à quelques occasions on ne veut pas déplaire. J'avoue que,
quelquefois, cela mène à la bonne vieille grosse franquette et,
à un moment donné, on se retrouve je ne sais pas comment. Je
pense bien que les conseillers municipaux qui sont des villégiateurs
n'ont bien souvent aucun parti-pris. La plupart du temps nous y allons pour
administrer nos affaires. Nous nous en occupons et nous n'avons pas à
prendre en considération qu'un tel est un client, que l'autre est un
beau-frère, et ainsi de suite. D'ailleurs, vous savez que ces
choses-là se produisent régulièrement. « Domicile 24
mois pour mieux se faire connaître » ! Eh bien, je connais des
résidants qui, même s'ils sont très bien connus, ne
connaissent rien ou peu à la chose municipale. Je crois qu'ils devraient
être indiqués les « 24 mois » con- cernant le
villégiateur, mais je ne crois pas que ce devrait être une raison
pour être mieux connu. Je crois plutôt que ce devrait être
une certaine période de temps donnée pour s'initier à la
chose municipale. Je verrais ça sous cet angle, de
préférence « être mieux connu des gens ». Si la
personne, durant ces 24 mois, s'intéresse à la chose
municipale... Oui, M. Lussier?
M. LUSSIER: De quelle façon?
M. BELISLE: Lorsque vous aviez dit tout à l'heure que la
période de 24 mois... que les gens devaient avoir...
M. PAUL: La justification pour les 24 mois.
M. BELISLE : Les 24 mois ne devraient pas être pris en
considération pour permettre à la personne de se faire mieux
connaître, mais plutôt en considération de l'initiation de
cette personne qui veut se présenter et prendre les renseignements
nécessaires avant d'aller occuper une charge publique. Remarquez que
c'est aussi une autre opinion.
Il est prouvé aussi du moins c'est un fait qu'on
remarque que le conseiller villégiateur, dans plusieurs places, est
mieux renseigné au point de vue légal, au point de vue des
procédures que le résidant lui-même. C'est une des raisons
qui pourraient justifier sa représentation, indépendamment du
nombre de villégiateurs.
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire. C'est le
principal de mon argumentation à part le temps propice qui serait
favorable...
M. THIBAULT: J'aurais une petite remarque avant de finir. Les gens du
conseil municipal de Saint-Jean-de-Matha, lorsqu'ils rencontrent un estivant
qui peut leur rendre service, ils demandent à l'ancien
député de faire la commission aussi; ça doit être
bon pour se faire élire également»
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. La commission remercie toutes les
personnes qui ont bien voulu se faire entendre. Nous prenons bonne note de vos
recommandations.
M. LAPORTE: M. le Président, si vous le permettez, nous allons
tâcher de faire un très bref tour d'horizon.
Je voudrais d'abord ce qui n'étonnera pas beaucoup quand
on connaît ma façon de mener les débats à
l'Assemblée nationale remercier le ministre et le gouvernement
d'avoir
accordé à cette question une attention très
considérable.
Ce n'est pas un problème nécessairement facile et il peut
bien arriver qu'au cours d'une discussion on se crêpe un peu le chignon
la politique a de ces faiblesses mais nous admettons tous que
c'est un problème qui n'est pas facile, rendu moins facile encore par le
simple fait qu'il traîne depuis presque toujours dans nos lois
municipales.
Si je me permets d'insister de nouveau auprès du ministre,
auprès du gouvernement pour qu'il décide de régler une
fois pour toutes ce problème et dans le sens de la démocratie, je
lui rappellerai les propos de ceux qui ont comparu devant nous aujourd'hui,
nous devons les remercier. J'ai été agréablement surpris
de constater qu'une quinzaine, une vingtaine de personnes ont jugé bon
d'accepter notre invitation. Cela me plaît considérablement. Je
pense que cela contribue à revaloriser le sens de ce que nous faisons
ici. Toutes ces personnes sans exception, sans exception aucune, ont
exprimé l'avis qu'elles trouveraient plus acceptable que le cens de
l'éligibilité soit étendu à tout le monde. Il y a
eu des réticences. Les deux groupes les plus représentatifs comme
corps publics, l'Union des municipalités de la province de Québec
et l'Union des conseils de comité étaient
représentés. L'union des municipalités est prête
à aller Jusqu'à 50%. Pendant que nous interrogions M. Langlois,
il a personnellement exprimé l'avis que tout le monde devrait avoir le
droit de se présenter. Quant à l'Union des conseils de
comtés, elle a été apparamment suffisamment
impressionnée par les arguments qui ont été
apportés de part et d'autre, qu'elle a demandé la permission de
repenser le problème, avec la possibilité d'exprimer un avis
contraire à celui qu'elle a exprimé ici. Tous les autres, M.
Poitras, M. Langlois, M. Soutière, M. Mayrand vous les avez tous
entendus ont tous exprimé le même avis. Si la commission
doit tenir compte et je pense qu'elle le veut des opinions de
ceux qui comparaissent devant nous, nous avons, je pense dans une seule
direction, une opinion à peu près unanime.
Premièrement, je suis d'accord pour qu'il faille protéger
le domicilié, le campagnard, particulièrement le cultivateur.
Mais, jusqu'à quel point doit-on le protéger et jusqu'à
quel point doit-on le protéger en défavorisant l'autre? Quand on
dit aux cultivateurs en vertu de la Loi des cités et villes qui
est devant nous, je ne pense pas que ce soit dans le code municipal, cependant
leurs terres doivent être évaluées à un
maximum de $100 l'arpent. Ce n'est pas pour protéger la terre, mais bien
pour protéger le cultivateur. Tout le monde est d'avis que c'est normal
que l'augmentation de valeur apportée justement par l'immigration des
estivants, que le cultivateur n'en soit pas victime, c'est normal. C'est son
gagne-pain, c'est son outil. On a dit que c'était son « coffre
d'outils ». Il est déjà protégé.
Deuxièmement, dans le droit de vote, on défavorise
déjà l'estivant. L'estivant n'a qu'un vote, tandis que
ayant étendu comme nous le souhaitions tous le droit de vote le
propriétaire domicilié, son conjoint et tout enfant de 18 ans et
plus, votent. On pouvait avoir dans la maison au moins deux votes, parfois
trois, parfois quatre. Vous défavorisez une deuxième fois
l'estivant au profit du résidant permanent. Est-ce que la
Législature ne pourrait pas conclure que ces deux protections sont
déjà suffisantes et qu'il faut maintenant songer à la
justice tout simplement? Est-ce qu'il y a lieu d'imposer une troisième
« défaveur » à l'estivant en lui disant: Tu paies tes
taxes sur une évaluation de 100%, tu n'as qu'un vote, alors qu'ailleurs,
il y en a deux et au-delà de cela, tu ne pourras pas te
présenter, sauf si tu représentes 60% des citoyens de la
municipalité. Je ne crois pas qu'il y ait lieu d'aller aussi loin que
cela.
Troisièmement, on n'a pas encore répondu à mon
objection ou à ma question: Quelle crainte entretient-on? Je vais les
dire, les craintes. Je crois qu'on craint, quelquefois avec raison, que si les
estivants prennent la majorité, ils exploiteront le domicilié en
lui imposant des dépenses que normalement lui-même ne se serait
pas imposées. D'accord. C'est un risque qui existe. Mais comment
mesure-t-on le risque, en sens inverse, que les domiciliés, pour des
raisons que je veux bien juger toujours des plus nobles, refusent absolument de
donner à l'autre partie, c'est-à-dire à ceux qui sont des
contribuables estivants, des services minimaux auxquels ils auraient droit?
Cela aussi, c'est un danger.
Alors, est-ce que la présence de ces deux dangers n'a pas pour
effet de les annuler l'un et l'autre et ne doit-on pas faire jouer le
rôle normal: un citoyen se présente, donne une bonne
administration ou une mauvaise administration, une administration qui est
comprise ou qui n'est pas comprise'et qui est soumise, périodiquement,
au verdict des électeurs?
L'objectif recherché par le ministère, je l'ai
souligné ce matin, c'est évidemment de mettre fin à cette
tension qui peut exister parce que, si vous enlevez l'élément de
tension, il n'y a plus de raison de faire cela. Si tout le monde s'entend bien,
si nous étions des chrétiens au sens biblique du mot, le
problème ne
se poserait plus. Parce qu'à ce moment, on jugerait simplement un
peu de façon angélique: Vous avez droit à cela, vous payez
cela, nous allons vous donner votre juste part. Le bill a pour but
d'éviter l'animosité entre les estivants et les
domiciliés.
Or, voudrait-on me dire ou m'expliquer comment ce projet de loi
contribue à mettre fin à cette tension? La seule façon d'y
mettre fin, si on le pouvait ce serait de passer une loi disant: A compter de
ce soir, à minuit, il sera interdit de provoquer des tensions, des
frictions entre les estivants et les non-estivants. Je voterais en faveur de
cela. Nous aurions l'impression, encore une fois, d'avoir réglé
quelque chose et nous n'aurions rien réglé!
Alors, je ne pense pas que ce projet de loi règle le
problème. Il se réglera par les communications. Les estivants
vont à leurs chalets de plus en plus souvent. Nous avons eu plusieurs
témoignages ce matin. Celui-là, particulièrement
éloquent, de gens qui ont été dé-franchisés,
où le juge a annulé l'élection; où ils ont
été élus lors d'une deuxième élection
après que le juge eut reconnu leurs droits, leur cens de
l'éligibilité. Ils siègent maintenant trois à trois
et ils s'entendent admirablement bien. Je pense que la «
fréquentation » dans ce domaine, est une bonne chose. Nous n'avons
pas intérêt, pour faire disparaître ces frictions que nous
regrettons tous, de maintenir la ségrégation entre les estivants
et les domiciliés. Je ne pense pas que ce soit une bonne
méthode.
Enfin, Je ne répéterai pas, pour éviter d'utiliser
un temps qui est précieux, les arguments que j'ai apportés
à l'Assemblée nationale sur la nécessité de s'en
tenir aux droits des contribuables, pour que tout le monde soit sur le
même pied dans la province de Québec.
Actuellement, l'estivant a le privilège de payer toutes les
taxes, mais il n'a pas le privilège d'être candidat.
Alors je pense que, dans les arguments que j'apporte au ministre, il n'y
a absolument aucun argument partisan. Il n'y a absolument aucun argument qui
soit démagogique. Je crois que, de part et d'autre, on peut utiliser de
bons arguments pour défendre ou pour condamner la thèse qui nous
est soumise par le ministre. Il a déjà accepté à
deux reprises de surseoir à l'adoption de son projet de loi. Cela
dénote déjà chez lui une inquiétude, et il est
salutaire en politique de s'interroger. Je ne doute pas, devant la quasi
unanimité des témoignages aujourd'hui, devant les arguments qui
ont été apportés, qu'il acceptera de donner à tout
le monde le cens de l'éligibilité avec les quelques
inconvénients que cela pourra supposer et que je suis prêt
à admettre personnellement.
M. LUSSIER: M. le Président, messieurs. Evidemment, moi aussi, Je
dois vous remercier et évidemment, au nom de mes collègues, il me
fait plaisir de vous remercier d'avoir participé à cette
première expérience de la réunion de la commission des
affaires municipales.
Il est intéressant, à plusieurs points de vue, de
s'être réunis. Pour ne pas allonger le débat, citons tout
simplement le fait que nous avons pu échanger des propos qui nous
aiderons à prendre, je crois bien, des décisions réalistes
et plus à point.
II y a, par exemple, une chose que je regrette dans cette
expérience d'aujourd'hui. C'est que, du côté de ce qu'on
peut appeler, les ruraux, c'est-à-dire les gens domiciliés, qui
demeurent à l'année longue dans des municipalités rurales,
nous n'avons pas eu le son de cloche équivalent à celui que les
citadins résidants ont fait sonner ou tinter aujourd'hui.
Quoi qu'il en soit, M. le Président de l'Union des conseils de
comtés nous a promis d'écrire dans un laps de temps très
court, un nouveau mémoire pour nous dire plus exactement ce que son
conseil peut penser, actuellement, surtout après avoir
écouté les différentes personnes commenter ces articles de
la loi.
Pour notre part, nous allons consulter les juristes et les conseillers
que nous avons au ministère. Nous allons évidemment relire le
texte qui nous sera imprimé par le journal des Débats. Nous
rédigerons un nouveau texte que nous soumettrons à la commission
municipale. Nous nous réunirons de nouveau. Je pense qu'il ne serait pas
bon, actuellement, sur le coin de la table, de rédiger un article ou
deux articles de loi qui pourraient, comme cela s'est passé lorsque nous
avons accepté certains amendements, oublier ou...
M. LAPORTE: Je suis tout à fait d'accord.
M. LUSSIER: Je pense que nous sommes mieux de prendre le temps qu'il
faut, de consulter des juristes et des conseillers de rédiger un texte
de loi, de nous réunir de nouveau, de le présenter à la
commission et là, après, s'il est accepté unanimement, de
le référer à l'Assemblée nationale. Cela donnera le
temps aussi à M. Perron, le président, comme je le disais tout
à l'heure, de l'Union des conseils de comté, de nous faire
parvenir ces nouveaux commentaires et ainsi, je pense bien, nous
réglerons ce cas. Il y en aura, évidemment, d'autres. Vous nous
avez souligné d'autres problèmes, d'autres cas à
régler. Très tôt, nous déposerons en Chambre le
résultat du travail du comité Drouin, c'est-à-dire la
refonte complè-
te de la loi électorale municipale. A cette occasion, sans doute,
que la commission se réunira de nouveau et nous discuterons d'autres
points que vous avez soulevés et dont nous vous avons aimablement dit,
aujourd'hui, qu'ils étaient hors d'ordre.
De toute façon, c'est une expérience qui est
extrêmement valable. Il est extrêmement intéressant aussi de
vous rencontrer. Mon cher collègue d'en face a été parmi,
quelques moments, parfois, irascible.
M. LAPORTE: Moi, irascible?
M. LUSSIER: II ne s'est pas emporté tellement longtemps et disons
que nous nous apprécions bien mutuellement et cela nous a fait
plaisir...
M. LAPORTE: Vous préparez vos crédits, là!
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs. La commission suspend ses
travaux.
(Fin de la séance: 17 h 43)