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Commission permanente des affaires municipales
Avant -projet no 200
Loi de la Communauté urbaine de
Québec
Séance du 19 août 1969
(Dix heures trente-sept minutes)
M. SAUVAGEAU (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! M. le ministre, messieurs les membres de la
commission, en ma qualité de président de la commission
parlementaire permanente des Affaires municipales, j'ai l'honneur et le plaisir
de vous souhaiter la plus cordiale des bienvenues.
Il s'agit de la première réunion de la commission. Nul
doute que le concept de communauté urbaine et les possibilités
d'application à quelques grandes agglomérations de notre province
feront naître un intérêt grandissant tant auprès de
la population que des administrateurs municipaux.
Le concept de communauté urbaine est donc matière à
sérieuse réflexion, alors que la vie de nos gens se trouve avant
tout en fonction d'activités urbaines de plus en plus complexes. Or, je
crois bien que toutes les discussions qui auront pour centre
d'intérêt ce concept de communauté urbaine doivent se
dérouler dans un contexte absolument démocratique, empreintes de
la plus grande objectivité et du grand réalisme possible.
C'est dans cette ambiance favorable que le ministre des Affaires
municipales entend procéder par la voie de la présente
commission. C'est également en considération des
nécessités du Québec de demain que le gouvernement entend
acheminer, vers des solutions efficaces et humaines, les problèmes
communautaires urbains qui nous affectent de façon réelle et
permanente. La préoccupation première de notre commission est
donc d'ouvrir et d'entretenir un dialogue large et cordial avec tous les
intéressés dans le but d'assurer à une grande partie de
notre population des structures qui conviennent à ses désirs et
à son mieux-être. Si ce double objectif est atteint, je crois que
cette commission aura accompli une oeuvre à la fois utile et de longue
portée.
Notre reconnaissance, donc, à tous ceux qui voudront bien nous
rendre le service de leur collaboration et de leur bonne volonté.
Mais ce matin, la commission s'est réunie dans le but de prendre
en considération l'avant- projet de loi de la communauté urbaine
de Québec.
Maintenant, j'aimerais que l'on remplace le nom de M. Bourassa par celui
de M. Laporte, si c'est le désir de la commission... Il n'est pas membre
de la commission. Celui de M. Cliche par celui de M. Guy Leduc et si c'est le
consentement de la commission... Est-ce le consentement de la commission?
M. LUSSIER: Un instant. Est-ce que cette procédure qui avait
été établie je ne me souviens pas exactement ce
qu'elle était est admise par tous?
M. LE PRESIDENT: C'était d'accord. Maintenant, je laisse la
parole au ministre des Affaires municipales.
M. LUSSIER: Merci, M. le Président. M. le chef de l'Opposition,
chers collègues, messieurs les maires...
M. LESAGE: Je ne suis pas membre de la commission, je suis ici comme
québécois.
M. LUSSIER: Cela me fait plaisir. De toute façon, à
n'importe quel titre, il me fait toujours plaisir de vous voir.
Alors, messieurs, ceci continue les séries de conférences
des maires et aussi des consultations que nous avons eues avec les corps
intermédiaires de la grande région de Québec. La
dernière réunion, comme vous vous souvenez, avait eu lieu aux
Caisses Desjardins à Lévis. Nous avions accepté des
principes de base pour que nous puissions rédiger un avant-projet. Il
avait été bien entendu entre nous qu'avant de procéder
à l'adoption de cette loi vous seriez consultés en bonne et due
forme. Nous avons choisi la façon que vous constatez aujourd'hui,
c'est-à-dire un avant-projet à discuter, afin de recevoir vos
commentaires, de bien les eonnaf-tre et aussi afin de vous donner sur certains
articles, si vous en avez besoin, certaines explications.
Il me fait plaisir de recevoir autant de gens ici, ce matin, et comme M.
le Président, je vous souhaite, moi aussi, la plus cordiale des
bienvenues.
M. LE PRESIDENT: Les personnes qui désirent être entendues
auraient-elles l'obligeance de s'identifier au micro, s'il vous
plaît?
M. Lamontagne, maire de Québec.
M. Pinsonnault, avocat, au nom de huit ou dix municipalités que
je vous nommerai tout à l'heure.
Louis Vézina, avocat. Je nommerai tantôt les
municipalités que je représente.
Gilles Marois, maire de Notre-Dame-des-Laurentides.
Paul Beaudry, avocat, représentant certains contribuables.
M. Tapin, président du Conseil central des Syndicats nationaux,
CSN, Québec.
Gérard Fecteau, vice-président, Chambre de commerce de
Québec.
Jean-Paul Arsenault, vice-président de la Chambre de commerce de
Sainte-Foy.
Magella Perron, président du Conseil du travail de
Québec.
M. BEAUPRE: Gérard Beaupré, président de
l'Association des propriétaires de Québec.
M. HEBERT: Raymond Hébert, Association des gérants
municipaux.
M. BEAUDIN: Roland Beaudin, maire de Sainte-Foy.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte.
M. LAPORTE: M. le Président, on a discuté
brièvement, tout à l'heure, de procédure. Est-ce que nous
pourrions suggérer, étant donné l'intérêt
manifesté par les représentants des corps intermédiaires
et des municipalités, que l'on puisse d'abord se prononcer sur le
principe? Je sais, parce qu'on m'en a parlé à diverses reprises
depuis quelques semaines, que des personnes voudraient parler d'une
façon générale du projet de loi, quitte, s'il y a lieu,
à passer ensuite à l'étude des divers articles de ce
projet. C'est cette procédure que nous voudrions suggérer
à M. le ministre et à la commission qui siège ce
matin.
M. LUSSIER: M. le Président, en soi, il est évident que
nous devons discuter en totalité de l'avant-projet de la
communauté urbaine de Québec. Je n'ai pas d'objection à ce
qu'il y ait un court exposé de principe des différentes personnes
qui veulent se faire entendre. Cependant, je pense bien que ce n'est pas
là le principal sujet qui doit être à l'ordre du jour. Pour
avoir un tableau complet de ce que les gens pensent, je crois bien qu'il serait
dans l'ordre d'entendre un exposé de principe assez bref.
M. LAPORTE: M. le Président, je crois que l'on doit d'abord
permettre à ceux qui sont ici, délégués de
municipalités ou de corps intermédiaires, de faire un
exposé de principe aussi bref que possible et aussi long que
nécessaire pour exprimer tous leurs points de vue sur ce texte. C'est ce
que je ferai au nom des membres de l'Opposition, analysant le principe du
document de travail numéro 200; Avant-projet de loi de la
communauté urbaine de Québec.
D'abord, certains faits doivent être connus.
Le gouvernement libéral d'avant 1966 et le parti libéral
du Québec de 1969 sont en faveur du principe d'un gouvernement
régional ou d'un palier de gouvernement régional pour la province
de Québec. Non seulement nous en avons étudié le principe
avant 1966, mais en collaboration avec les exécutifs des deux grands
corps intermédiaires municipaux, l'Union des municipalités de la
province de Québec et l'Union des conseils de comtés, nous avions
élaboré presque en détail un projet de
réorganisation des conseils de comtés de la province de
Québec en en diminuant le nombre, en y incluant toutes les cités,
toutes les villes et toutes les municipalités régies par le code
municipal du Québec et en donnant à ces conseils de comtés
des pouvoirs nouveaux, conformes aux besoins de l'époque. Nous avions
étudié le principe et les modalités de ce nouvel organisme
et nous avions obtenu l'accord des deux exécutifs, celui de l'Union des
conseils de comtés, et celui de l'Union des municipalités de la
province de Québec.
En proposant ce nouveau palier de gouvernement, nous avions
principalement trois objectifs: Premièrement, nécessité de
donner dans toute la mesure du possible a l'impossible nul n'est tenu
à tous les citoyens de la province de Québec des services
municipaux d'une qualité égale. Inclue dans ce même
principe premier se trouve la nécessité de répartir de
façon équitable entre tous les citoyens du Québec le
coût de ces services municipaux.
Deuxième principe: Efficacité. Tous les administrateurs
municipaux de la province de Québec se rendent compte actuellement
qu'ils font face à des problèmes plus nombreux, plus importants
qu'il y a 25 ou 50 ans, et que les gouvernements provinciaux ne leur ont pas
donné jusqu'ici les pouvoirs dont ils avaient besoin pour s'acquitter de
leurs nouvelles responsabilités.
Troisième principe: Administration démocratique. Que les
conseils de comtés soient composés de représentants
élus, messieurs les maires, par exemple, ou que les nouveaux conseils de
comtés soient formés par des gens élus directement, les
deux formules peuvent s'étudier. Vous avez à Toronto un
gouvernement métropolitain où par le simple fait d'être
élu dans une des municipalités, on est éligible
au conseil métropolitain ou membre de ce conseil. Vous avez
Winnipeg, où les membres du conseil métropolitain sont
élus directement par les citoyens. On dit que les deux formules ont des
avantages et des désavantages. Les deux conseils sont
démocratiques parce qu'ils sont formés de représentants
élus par les citoyens municipaux.
A la lumière de ces trois principes, que peut-on penser du projet
que nous soumet aujourd'hui le gouvernement actuel?
D'abord, c'est un projet antidémocratique.
Antidémocratique parce qu'il est possible que tous les membres de
l'éxécutif soient nommés sans Jamais avoir
été élus par les citoyens.
Il est possible que les membres de l'exécutif soient des
élus, mais dès qu'ils sont nommés, ils perdent la fonction
d'élus qu'ils avaient au moment de leur nomination. C'est
antidémocratique, parce que c'est le gouvernement lui-même, par la
nomination du président du comité exécutif et par cette
sorte de technocratie que l'on installe au sommet, qui met la main sur
l'administration municipale. L'une des choses qui nous frappent le plus
tragiquement dans votre projet de loi, M. le ministre, c'est que cela aboutit,
en fait, à la mise en tutelle de toutes les municipalités du
grand Québec.
Vous avez, l'an dernier, avec notre approbation, modifié la loi
qui permet la mise en tutelle de municipalités pour d'autres raisons que
la déconfiture financière. Nous avons approuvé cela. Ces
nouvelles dispositions de la loi viennent d'être utilisées pour
une municipalité de la région de Montréal. D'accord. Mais,
actuellement, sans l'intervention des élus, sans l'intervention de la
Commission municipale de Québec et parfois, par un simple
arrêté ministériel, en dépit de la volonté
des élus des citoyens, des gestes, des actes pourront être
posés par les représentants du gouvernement. C'est ce qui nous
amène à dire que c'est antidémocratique et que c'est la
mise en tutelle, à toutes fins pratiques.
Deuxièmement, c'est extrêmement localisé. On est en
train, une fois de plus et on me permettra de le souligner selon
la bonne vieille formule de l'Union Nationale, de régler les
problèmes petit à petit, à la pièce, là
où, autant que possible, cela fera le moins mal, sans s'occuper des
répercussions sur l'ensemble du territoire de la province de
Québec. Pourquoi, une fois de plus, en 1969, créer dans la ville
ou dans la région de Québec des citoyens d'une certaine zone qui,
eux, auront à leur disposition un bon ou un mauvais gouvernement
régional, mais un gouvernement régional, alors qu'ailleurs, cela
n'existera pas?
Nous avions prévu les études étaient faites
l'instauration dans toute la province de Québec d'un gouvernement
supramunicipal qui se serait appelé les conseils de comtés
revalorisés. Nous nous opposons à cette localisation du
problème, quand il eût été possible, à la
suite des études nombreuses qui ont été faites depuis
quelques années, d'apporter une fois pour toutes une solution d'ensemble
pour le territoire du Québec.
Troisièmement, en lisant le document, vous constaterez
qu'à dix, douze, quinze, vingt endroits, particulièrement aux
articles 20 et suivants, on dit que le comité exécutif «
pourra », le conseil municipal « peut ». Mais qu'est-ce
qu'on attend, après toutes les études qui ont été
faites, pour établir une politique municipale nouvelle dans la province
de Québec? On pourra faire des évaluations
uniformisées, on pourra s'occuper d'urbanisme, on pourra s'occuper de
planification. Mais qu'est-ce qu'on attend pour dire que ce gouvernement
régional nouveau, élu démocratiquement par les citoyens,
« devra » s'occuper de certaines tâches prioritaires dans la
province de Québec? Quand va-t-on commencer a s'occuper vraiment
d'évaluation uniformisée? Toutes les administrations municipales
vont se cogner le nez quotidiennement sur ce problème. Quand va-t-on
s'occuper, avec la collaboration financière du gouvernement, de
résoudre le problème de la pollution des eaux et de l'air dans la
province de Québec? Est-ce qu'on va continuer à dire encore
pendant longtemps: Vous pourrez, si vous n'avez pas autre chose à faire,
vous occuper de ces problèmes dont tout le monde parle dans le
Québec et que personne ne semble vouloir régler? Je dis que tout
l'aspect facultatif, toutes les fois où l'on dit, « peut »,
je dis que c'est une preuve nouvelle de l'incapacité permanente du
gouvernement actuel de prendre la moindre décision.
Vous n'aurez qu'à vous référer à
l'enquête de la commission Blier sur le territoire de l'Ile de
Montréal. Vous verrez là la mise sur pied d'un véritable
gouvernement régional avec des pouvoirs précis, parce que, et le
gouvernement et les citoyens pourront faire porter un jour de façon
précise des responsabilités à certaines gens.
Ces gens qui devront assumer ces responsabilités pourront aussi
se dire: Nous avons les pouvoirs nécessaires pour administrer les choses
que l'on nous confie.
Quatrièmement, les pouvoirs prévus sont incomplets, se
contredisent les uns les autres et aboutissent I des situations absurdes. Vous
verrez en lisant le texte qu'on décrète des amendes pour la
non-exécution de certaines
tâches, mais que l'exécutif pourra diminuer ces amendes.
Vous verrez, à certains endroits, que la Régie des eaux conserve
seulement une partie de sa juridiction qui est cédée, en partie,
à l'avant-projet, à la" Communauté urbaine de
Québec.
Tous ceux qui connaissent le problème de l'eau dans la province
de Québec savent que l'un des plus importants obstacles à sa
solution est que l'autorité sur l'eau est divisée entre sept ou
huit ministères. Non seulement on ne fait aucun effort pour en diminuer
le nombre, mais on crée un nouvel organisme. On dit en effet à un
certain article, que la Régie des eaux verra son autorité
limitée à telle chose et que tout le reste relèvera de
l'exécutif de la Communauté urbaine de Québec.
Cinquièmement, on multiplie les organismes cela est
censé simplifier l'administration qui ont une juridiction
conjointe ou concurrente sur les mêmes sujets.
Sixièmement, l'ensemble de tout cela va constituer un organisme
infiniment lourd où les uns et ça, c'est un des
défauts majeurs le comité exécutif, par exemple,
vont dépenser alors que les autres, les élus des administrations
municipales, devront imposer les taxes.
Mon Dieu, ce n'est pourtant pas un principe qui date d'hier qui dit
qu'il est toujours mauvais qu'une administration perçoive les taxes
alors qu'une autre a la mission de dépenser!
M. le Président, je dis au ministre que si c'est là le
fruit des interminables études des experts des comités de
travail, des groupes d'animation, des bureaux de ceci et de cela qu'on a
créés depuis que l'actuel ministre occupe ses fonctions, c'est
bien pauvre. Si c'est cela, il est grand temps que nous revenions au
ministère des Affaires municipales et j'en prends à
témoin ceux qui ont connu les deux époques et à
l'efficacité qui a existé il y a quelques années, à
la coopération qui s'était établie entre le
ministère et les corps intermédiaires municipaux.
C'est tellement vrai que, pour donner l'impression d'une
coopération qui va s'établir, on annonce à grand renfort
de publicité la création d'organismes qui existent
déjà depuis des années. Exemple, on vient d'annoncer la
création d'un comité de consultation intermunicipale... qui
existe depuis sept ans. C'est moi qui l'ai créé et il a
siégé pendant deux ans. On vient d'annoncer ce matin que des
cours vont être donnés à l'Université du
Québec aux administrateurs municipaux afin de les aider dans leurs
tâches nouvelles. Les cours ont été institués il y a
cinq ou six ans à l'Université de Sherbrooke et à
l'Université de Montréal.
Il est temps qu'on cesse de faire de la pu- blicité et qu'on
coopère véritablement avec les administrations municipales.
Ce qu'on propose actuellement à la région de Québec
et bientôt à la région de Montréal et
à celle de Hull ce n'est pas un gouvernement régional,
mais la mainmise du gouvernement et des technocrates sur l'administration
municipale de territoires immenses.
L'Union Nationale, on s'en souviendra, aura prêché la
démocratie municipale. Souvenez-vous de: « Pierre Laporte, le
grand destructeur des municipalités! »Il fallait absolument
changer surtout ce ministre-là! La première déclaration du
ministre actuel interviewé par un journaliste de La Presse
a été: « La grande différence entre Laporte et moi,
c'est que moi je les aime, les municipalités ». Rappelons-nous ces
choses aujourd'hui!
L'Union Nationale se sera servie de cela comme elle s'est servie du
« Jet à Lesage », comme elle s'est servie de
l'éducation pour gagner ses élections, de l'autonomie, de la
démocratie municipale, mais en pratique elle a mis en action une
politique tout à fait à l'opposé, voisine de la
décision unilatérale.
Je rappelle ce que le ministre actuel a déjà
déclaré parce que cela m'avait je le rappelle encore une
fois aujourd'hui particulièrement affecté: La
différence entre lui et Pierre Laporte, c'était que, lui, il les
aimait les municipalités. La réponse, M. le ministre, vous l'avez
aujourd'hui, vous allez l'avoir dans quelques minutes, devant le tollé
très compréhensible que soulève le document de travail que
vous proposez sur la communauté urbaine de Québec.
M. LUSSIER: M. le Président, vous allez me permettre de
répondre brièvement à ces remarques
hétéroclites...
M. LE SAGE: Pardon?
M. LUSSIER: Bien oui.
M. LAPORTE: Est-ce parlementaire?
M. LESAGE: II faudrait s'entendre sur le sens des mots. Qu'est-ce que
cela veut dire « hétéroclites »? Est-ce que vous le
savez?
M. LUSSIER: M. le chef de l'Opposition, je n'ai pas interrompu, j'aurais
pu interrompre le député de Chambly à maintes
reprises...
M. LAPORTE: Vous auriez dû, parce que cela m'aide!
M. LUSSIER: Oui, je le sais, c'est pour cela que je ne vous ai pas
interrompu. Je connais vos points faibles.
Ces remarques allaient à hue et à dia, sans fondement. Il
a surtout appuyé, je pense bien, pour dire que ce projet est
antidémocratique. Nous avons tout simplement à nous souvenir de
toutes les conférences que nous avons eues avec les maires, les corps
intermédiaires. Notre façon de procéder est de
présenter de nouvelles structures, non pas à la sauvette à
la fin d'une session, mais publiquement en invitant les gens à venir
contester en partie ce que nous proposons comme canevas de travail.
Je veux encore une fois souligner que c'est un document de travail, un
avant-projet; ce n'est pas un projet de loi comme tel. C'est évident
qu'après les commentaires et connaissant vos opinions et aussi
sachant mieux ce dont la région de Québec a besoin
après ces auditions, ceci sera amendé. Nous ouvrons grande la
porte à tous ces commentaires; et je pense bien que, simplement de ce
fait-là, nous ne pouvons pas être accusés de ne pas
être démocratique. Bien au contraire, c'est la participation
active, qui est peut-être un pléonasme quand on parle de
démocratie, c'est la participation des citoyens. Nous le faisons sur une
grande échelle.
Lorsqu'on veut prouver que nous sommes antidémocratiques parce
que les représentants au sein du comité exécutif ne sont
pas nécessairement des élus... c'est parce que nous avons
pensé et c'est discutable qu'il faudrait de la
flexibilité, qu'un conseil de ville qui n'aurait pas dans ses rangs,
à son avis... parce qu'ex-officio c'est le maire qui est
représenté au conseil et c'est le conseil de ville ou les
conseils de ville réunis qui vont élire les membres de
l'exécutif.
Si la municipalité ou les municipalités ne pensent pas
trouver dans leurs rangs l'homme ou l'individu pour bien remplir cette
fonction, il y a cette faculté ou le loisir de le faire, mais il n'est
pas obligatoire de le faire. Alors, on voit qu'il n'y a rien
d'antidémocratique là-dedans.
M. LEDUC (Taillon): C'est un peu choquant.
UNE VOIX: Cela pourrait s'appliquer au niveau municipal.
M. LUSSIER: Voici, d'après les expériences aussi, la
nomination du président du comité exécutif: dans
l'avant-projet de loi, il est mentionné qu'il pourrait être
nommé directement par le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est la
formule qu'on emploie on a évoqué tout à l'heure ce
qui se passait dans le Toronto métropolitain et c'est aussi la
formule qu'on emploie dans Ottawa Carleton; et, au deuxième terme, cet
individu peut être élu. Encore là, c'est une proposition de
travail; nous sommes, évidemment, très ouverts à tous les
commentaires et l'argumentation pour et contre avant de présenter notre
projet de loi définitif.
M. Laporte, leader de l'Opposition, je m'excuse de vous avoir
traumatisé psychologiquement lorsque j'ai dit que j'aimais les
municipalités et que, peut-être, vous les aimiez moins.
M. LAPORTE: Ce n'est pas cela qui m'a traumatisé, c'est que ce
n'était pas vrai.
M. LUSSIER: Je me basais surtout... parce que quand on aime quelqu'un on
n'a pas peur...
M. LAPORTE: On l'étouffe.
M. LUSSIER: ... de le fréquenter et on le fréquente
souvent.
M. LEDUC (Taillon): Qui aime bien châtie bien!
M. LESAGE: Fort comme vous êtes!
M. LAPORTE: Vous les pressez sur votre coeur pour mieux les
étouffer.
M. LUSSIER: Prouvez-le que je les étouffe. Je les
réchauffe, voyez-vous c'est de la chaleur.
M. LESAGE: On va voir ce matin jusqu'à quel point elles sont
réchauffées.
M. LUSSIER: Une des caractéristiques de la vie, c'est lorsqu'il y
a de la chaleur.
M. LESAGE: On va voir ça ce matin. M. LAPORTE: ... d'accord.
M. LACROIX: Vivant c'est chaud, mais mort c'est froid.
M. LUSSIER: Les homards ont parlé.
M. LACROIX: C'est votre meilleure depuis que vous avez été
élu.
M. LE PRESIDENT: M. Lamontagne, maire de la ville de Québec. Un
instant.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Pré-
sident, à la suite de ce que vient de dire le ministre, je me
demande s'il n'y a pas un peu de contradiction dans ce qu'il nous rapporte.
J'ai participé à toutes les études et il y en a eu,
Dieu le sait et Dieu sait aussi si nous étions confus à la
suite de toutes ces études parce que nous ne savions jamais où
nous allions. C'est un peu ce sur quoi je voudrais insister ce matin.
On nous présente ce document sessionnel no 200 et après en
avoir fait l'étude il faut bien se rendre compte qu'il est
antidémocratique. Je ne reviendrai pas sur les arguments de M. Laporte
en ce qui concerne l'aspect démocratique puisqu'on enlève au
peuple le pouvoir d'élire ses représentants et le droit
d'être responsable des deniers qui sont mis à leur
disposition.
Je me souviens des six déclarations de principes faites par le
ministre à Lévis le 1er mars.
Il disait ceci, par exemple: « Nous voulons créer dans le
Québec métropolitain un organisme de gestion de certains services
essentiellement inter municipaux. »
Deuxième principe: « Un organisme qui puisse être
doué d'une autonomie certaine. Cet organisme devra être autonome
en face du gouvernement provincial et devra respecter l'autonomie des
municipalités constituantes. »
Troisième principe; « Cet organisme devra être
représentatif des forces du milieu. Il ne doit pas être une
émanation du gouvernement provincial à la façon d'un
service, d'un ministère ou à la façon de régies ou
de commissions municipales. »
C'est ce qu'est actuellement le bill qu'on voudra bien nous
présenter ou tout au moins le document sessionnel.
Un quatrième principe important porte sur le caractère
évolutif que devra avoir un tel organisme: « Il ne peut être
question de créer d'un coup un corps administratif lourd qui souffrira
d'asphyxie au départ. »
C'est en fait que qu'est le document sessionnel: un document très
lourd qui amènera une asphyxie administrative.
Cinquième principe: « L'organisme devra être
équitable avec un minimum de justice distributive. »
Sixième principe: « Cet organisme nouveau devra
développer des mécanismes pour être très près
des citoyens et de leurs besoins. »
Je ne pense pas que ce soit le cas de ce document sessionnel que nous
aurons l'occasion d'étudier tout à l'heure.
A l'aide de tous ces principes qui ont été
élaborés, j'ai constaté que dans ce document sessionnel,
on enlève d'un coup de trait, on enlève, au moyen de quelques
articles, 18, 19 et 20, les responsabilités sacrées qui
appartiennent aux élus du peuple: celle d'avoir la responsabilité
des deniers qu'ils prélèvent chez ce même peuple.
Dans la loi que vous voulez créer, nous avons aussi une telle
confusion des pouvoirs que le peuple ne saura jamais à qui il a affaire
et qui est le véritable responsable. Le pouvoir sera entre les mains
d'un petit groupe qui va être soumis, en définitive, au
lieutenant-gouverneur en conseil, les dépenses des deniers publics
seront sans contrôle par les représentants élus du peuple
dans les municipalités.
Où se dirige-t-on? C'est la négation même d'un des
principes les plus fondamentaux, surtout en droit britannique. C'est la
négation de ce principe tout simplement. Le peuple ne pourra plus
désavouer des gens dont il ne sera pas satisfait. Ces
personnes-là seront nommées ou élues par un petit
collège d'électeurs, en définitive. Je pense que c'est
tout à fait désuet. Vous avez entendu parler des bourgs pourris
qui existaient en Angleterre. Un lord se faisait élire par quelques
centaines d'électeurs et il pouvait profiter d'avantages et
contrôler une partie de la nation britannique.
Ici, c'est le Québec métroplitain qui revient à ces
formules désuètes de l'élection d'un exécutif par
un petit groupe d'électeurs qui sont les maires. Le principe de
l'élection générale par tous les citoyens n'est pas
respecté.
C'est aussi la porte ouverte je me demande si vous l'avez
étudié à fond, ce document sessionnel, ou si simplement
vos technocrates ne vous en ont pas un peu trop mis à toutes les
exactions d'une bureaucratie qui sera en fait irresponsable et qui se sentira
omnipotente. C'est une dictature socialiste parce qu'elle fait
disparaître le principe de l'élection. C'est une dictature
socialiste sur les possédants et sur le peuple. Cela amènera
comme conséquence et répercussion la disparition de la
propriété privée.
En effet, cette loi-là, si elle était adoptée telle
quelle, serait inique. Elle aura comme conséquences la
dépersonnalisation de l'individu, la mort de l'Initiative personnelle,
la dépendance totale et l'impuissance des corps intermédiaires et
des contribuables qui ne pourront plus faire valoir leurs droits. Ils n'auront
plus aucun recours. Le document sessionnel le dit: « II n'y a plus aucun
recours... » même pas dans l'opinion publique.
OÙ vont aller les municipalités? Il n'y a plus de
prévisions budgétaires possibles. Tous les organismes
touchés par ce document sessionnel, par cette Loi de la
communauté urbaine, pourront faire des dépenses à leur
goût. En par-
ticulier, la Commission de transport, comme pour les commissions
scolaires régionales pourront envoyer, deux ou trois fois par
année, des comptes supplémentaires de taxes. En effet, ce
document sessionnel, actuellement, se trouve à consacrer et à
légaliser les déficits. Les déficits deviennent une
règle établie. Ce sera encore le pauvre peuple qui aura à
payer et il ne pourra même pas s'adresser aux élus, parce qu'ils
n'ont aucune responsabilité dans les dépenses de ces
deniers-là.
Nous pouvons également constater qu'il y a un manque total de
planification et une absence de prévisions au point de vue des
priorités. Dans le Québec métropolitain, vous savez qu'il
y a des priorités; tel secteur du Québec métropolitain, au
point de vue de la voirie, n'a pas assez de voies d'accès; tel autre a
des problèmes au point de vue de l'urbanisme. On ne tient pas du tout
compte de ces priorités-là dans un document sessionnel comme
celui-là. C'est une multiplication des services, inutile dans les
circonstances.
Nous le savons, les maires des municipalités ont affaire au
ministère. Ils ont affaire aux différents, aux multiples et aux
nombreux organismes du ministère et des différents autres
ministères. Combien faut-il de temps avant d'avoir des réponses?
Combien faut-il de temps pour régler des problèmes qui sont
parfois urgents et prioritaires dans nos municipalités? Cela ne se
règle pas parce que l'appareil administratif est trop lourd. On s'en
vient l'alourdir encore davantage. On crée une nouvelle classe de
fonctionnaires, de technocrates qui n'ont à répondre devant
personne.
Je pense que, si ce document n'est pas totalement changé et
modifié parce que ce n'est pas du tout ce que nous attendions,
après ce qu'on nous avait dit, lors de ces études cela va
entraîner de la confusion, du gaspillage et de l'inefficacité. Ce
qui est encore plus grave, ça va faire naître des nids de
patronage légalisés et à grande échelle.
Les maires des différentes municipalités et j'y ai
participé ont étudié; ils sont au courant des
problèmes. Ce sont des hommes d'affaires qui suivent l'évolution
de la vie, qui ne sont pas retardataires et qui n'ont pas l'esprit de clocher
qu'on veut bien leur prêter. Ils en sont arrivés à une
conclusion. Ils ont dit : Le gouvernement, en définitive, ne sait pas
où il va. Nous, nous savons où nous allons. A la suite d'une
journée d'étude à Charlesbourg, dont on n'a absolument pas
tenu compte dans ce projet, unanimement, sans aucune protestation et sans que
personne ne s'objecte, ils ont conclu: « II est unanimement résolu
qu'il serait opportun que le gouvernement du Québec permette aux munici-
palités de créer elles-mêmes un organisme de coordination
avec des pouvoirs à être déterminés par
l'assemblée majoritaire des municipalités du Québec
métropolitain. » Cela c'est démocratique, mais pas ce que
nous avons ici. Merci.
M. LE PRESIDENT (M. Sauvageau): Y a-t-il d'autres membres de la
commission qui aimeraient parler? M. Lamontagne, maire de la ville de
Québec.
M. LAMONTAGNE: M. le Président, M. le ministre, MM. de la
commission, mes chers amis, dans les quelques remarques que je ferai
très brièvement d'ailleurs, je ne voudrais pas que vous pensiez
que la ville de Québec vous présente une analyse
détaillée de l'étude que nous avons faite jusqu'ici de
l'avant-projet. Ce sont quelques remarques que je tiens à laisser
à la commission. J'ai ici des copies, si quelqu'un veut les
distribuer.
Messieurs, nous avons pris connaissance à Québec de
l'avant-projet de loi de la communauté urbaine de Québec, tel que
présenté dans le document sessionnel numéro 200 de
l'Assemblée nationale du Québec. Nous tenons ici à
féliciter et à remercier le ministre des Affaires municipales,
l'honorable Robert Lussier, d'avoir choisi cette méthode pour faire
connaître les intentions du gouvernement relativement aux
problèmes urgents qui se posent dans certaines régions urbaines
du Québec et, en particulier, dans la région
métropolitaine de Québec.
La présentation de cet avant-projet doit permettre à tous
ceux qui sont directement ou indirectement intéressés à
ces questions d'apporter une contribution positive aux recherches entreprises
en vue de leur trouver une solution constructive et réaliste.
Voilà pourquoi nous voulons voir, dans cet avant-projet, un
document de travail et non le texte quasi définitif d'un projet de loi
auquel il ne serait possible d'apporter que de légères
modifications de détail sur des points superficiels. Nous devons donc,
au point de départ, établir clairement notre position par rapport
à cet avant-projet, position qui peut être énoncée
de la façon suivante, en deux points:
Premièrement: La ville de Québec est en faveur de la
création d'un organisme métropolitain. Nous croyons qu'un tel
organisme, doté d'une autorité suffisante, peut apporter les
solutions les plus valables aux problèmes communs aux diverses
municipalités de la région. Cette autorité doit être
basée sur une collaboration systématique et structurée
entre ces diverses municipalités.
Deuxièmement: La ville de Québec croit qu'il
y aurait avantage à ce que les diverses clauses et
modalités de l'avant-projet de loi soient étudiées par les
autorités des municipalités concernées, en collaboration
avec les fonctionnaires du ministère des Affaires municipales, avant la
rédaction du texte définitif du projet de loi devant être
soumis à l'Assemblée nationale.
Nous croyons, en effet, qu'il y va de l'intérêt de chacune
des municipalités du territoire d'être pleinement informée
de toutes et chacune des modalités de ce projet fort complexe. Il nous
apparafi qu'une telle information ne peut être adéquatement
acquise qu'à la suite d'une ou de plusieurs rencontres avec les
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales qui ont
conçu cet avant-projet et qui ont participé à sa
rédaction. Lorsque nous aurons été, à la suite de
telles rencontres, pleinement informés de la philosophie
inhérente à ce projet de loi, des buts ultimes et objectifs
concrets qu'il poursuit, des raisons qui ont inspiré telle ou telle
clause et des implications possibles de chaque article, selon la conception de
leurs auteurs, il nous sera possible de tirer nos propres conclusions et de
vous présenter, à une rencontre subséquente, des
considérations plus précises, bien fondées et objectives,
sur les différents aspects de cet avant-projet.
Cest cette attitude qui a inspiré la proposition que je
présentais lors d'une assemblée des maires et conseillers de la
région métropolitaine de Québec, convoquée par un
comité de l'Union des municipalités du Québec, jeudi
dernier à Québec. Dans cette proposition, adoptée à
la quasi unanimité de l'assemblée, je demandais que des
dispositions soient prises pour faciliter une ou des rencontres entre les
maires et conseillers de la région métropolitaine et les
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales afin que nous, les
principaux intéressés par ce projet, puissions en être
pleinement informés. Nous nous posons actuellement de nombreuses
questions sur cet avant-projet, et selon les réponses que seuls peuvent
nous fournir les fonctionnaires du ministère des Affaires municipales,
nous pourrons adopter une attitude que nous voulons être positive et
constructive face à ce projet.
Ainsi, nous nous demandons s'il ne serait pas opportun, avant d'adopter
le projet de loi tel que rédigé, de procéder à un
certain regroupement des municipalités existantes sur le territoire afin
de favoriser un meilleur équilibre de la représentation. Il
existe, dans la région métropolitaine, des municipalités
à très faible population moins de 5,000 habitants
qu'il pourrait être avantageux de regrouper ou de fusionner avec des
municipalités voisines plus po- puleuses. Ceci nous amène
à nous demander si le projet de loi ne devrait pas prévoir des
modalités de regroupement des municipalités à
l'intérieur du territoire, soit par fusion, annexion ou autrement, avant
ou après sa mise en vigueur.
Nous nous demandons également s'il ne serait pas
préférable que les membres du comité exécutif de la
communauté urbaine soient des maires ou conseillers municipaux dans
l'exercice de leurs fonctions. Etant donné qu'ils n'ont pas à
consacrer tout leur temps exclusivement à l'administration de la
communauté urbaine et qu'ils sont déjà
rémunérés comme maires et conseillers municipaux, la
rémunération additionnelle qui pourrait leur être
accordée à titre de membres de l'exécutif de la
Communauté urbaine pourrait être moindre. Mais le facteur
important à considérer, c'est qu'alors, la communauté
urbaine serait assurée d'être administrée par des hommes
avisés et possédant une expérience pratique en affaires
municipales, sans, pour autant, priver de leurs services les
municipalités d'où ils viennent.
Nous nous préoccupons aussi de l'élection
éventuelle du président de la commission au suffrage universel.
Une telle élection, par une population de plus de 437,000 personnes
ce qui représente près de 200,000 électeurs
implique des dépenses considérables, tant de la part de la
communauté urbaine que des candidats éventuels. Nous nous
demandons s'il ne serait pas préférable que le président
de la communauté soit élu par un collège électoral.
Ce dernier pourrait être constitué soit par les membres du conseil
de la communauté, soit par un certain nombre de conseillers municipaux
ou de maires des municipalités du territoire, au prorata de la
population, soit d'une autre façon.
Nous tenons aussi à souligner que la ville de Québec
occupe, à l'intérieur de la communauté, une position
stratégique particulière qui devrait lui valoir une
représentation proportionnelle à son importance sociale,
politique et économique. Il faudrait tenir compte de cette situation de
fait dans l'élaboration des structures administratives de la
communauté urbaine. Enfin, nous croyons qu'il importe de créer,
de toute urgence, la commission de transport prévue au titre 3 de
l'avant-projet, quitte à prévoir son intégration future
dans les structures métropolitaines qui seront créées par
la suite pour administrer la communauté urbaine de Québec.
Je voudrais qu'il soit clairement compris que nous ne contestons
aucunement le pouvoir ni l'autorité du gouvernement du Québec de
prendre des mesures appropriées pour régler un problème
que nous avons depuis longtemps dé-
noncé, celui de la multiplication excessive des gouvernements
municipaux dans la région de Québec, situation qui nuit à
la croissance ordonnée de cette région et à son
progrès économique, social et humain.
Nous croyons qu'il faut féliciter le gouvernement de son
initiative dans ce domaine, mais nous croyons également que
l'organisation de cette communauté urbaine ne doit pas se faire à
la hâte. Bien qu'il soit urgent de régler ce problème, nous
sommes d'avis que toutes les dispositions nécessaires doivent être
prises pour que des solutions définitives soient non seulement
démocratiquement atteintes, mais également acceptables et
acceptées par la majorité de la population du territoire.
Pour toutes ces raisons, messieurs, nous vous prions de prévoir
une nouvelle rencontre avec les municipalités intéressées,
après que celles-ci auront pu consulter les officiers du
ministère des Affaires municipales et préparer en pleine
connaissance de cause leurs commentaires sur les divers aspects de ce
projet.
Pour notre part, nous avons demandé à nos chefs de
services d'étudier ces questions, ce qu'ils ont fait avec diligence et
sérieux, mais il manque plusieurs facteurs à leurs études
et ce n'est qu'au cours de rencontres avec les officiers du ministère
des Affaires municipales qu'ils pourront trouver réponses à leurs
questions.
Nous avons été très heureux, messieurs, de vous
faire nos commentaires sur cet avant-projet, commentaires que je puis
résumer par ces mots: Nous sommes d'accord avec le principe d'un
organisme métropolitain. Nous désirons de plus amples
explications sur ce projet, avant de nous prononcer sur les modalités et
les structures de cette communauté.
En terminant, M. le Président, je dirais que nous ne voulons pas
sembler temporiser, si vous voulez, sur ce projet de loi, mais je pense que
c'est un projet de loi qui décidera de l'avenir économique et, de
bien d'autres façons, de la région de Québec et je pense
qu'un peu plus de temps ne serait pas nécessairement une perte de temps.
Merci.
M. LUSSIER: M. le Président, je tiens d'abord à remercier
monsieur le maire de Québec pour son exposé très objectif
et très constructif. Je n'ai et nous n'avons pas évidemment
d'objection, au contraire, à ce que nos officiers municipaux et ceux qui
ont participé à la rédaction de cet avant-projet puissent
tenir des séances d'information avec la totalité des maires ou en
groupe.
Il faudrait peut-être nous rencontrer et discuter de la
façon que nous devons tenir ces séan- ces d'information pour que
vous posiez toutes les questions que vous avez à poser, pour
connaître le projet dans tous ses détails.
C'est une proposition que nous acceptons d'emblée. Pour les
autres remarques contenues dans votre mémoire, nous en prenons bonne
note et, à l'occasion de nouvelles rencontres, je pense bien qu'en
acceptant des séances d'information ce qui veut dire que nous
acceptons de nouvelles rencontres après eh bien, ça fera
partie intégrante, je pense bien de votre nouveau mémoire.
M. LES AGE: Je vous remercie infiniment, monsieur le maire, comme le
ministre l'a dit, vous avez présenté un document objectif. Je
comprends parfaitement que vous désiriez avoir des renseignements
supplémentaires de ceux qui ont rédigé le document.
Malgré que ce n'est pas tout ce que ses rédacteurs avaient
dans la tête qui compte que ce qui est écrit, comme
législateurs, il est de notre devoir d'interpréter ce qu'ils ont
écrit, non pas en nous référant à ce qu'ils ont
dans la tête, mais au texte.
Je voudrais attirer votre attention sur une chose, monsieur le maire,
c'est le premier paragraphe à la page 4. Vous dites que vous ne
contestez aucunement le pouvoir ni l'autorité du gouvernement du
Québec de prendre les mesures appropriées pour régler un
problème. Je voudrais vous souligner que le gouvernement n'a pas ce
pouvoir, que c'est le Parlement.
M. TREMBLAY (Montmorency): Est-ce que je pourrais poser quelques
questions? M. le maire, dans le document que vous produisez, vous parlez
très peu en fait des 38 articles qui concernent les fonctions de la
future communauté urbaine. Est-ce que c'est parce que vous les acceptez
globalement ou si c'est parce que vous attendez un traitement
privilégié de la part du Parlement, enfin, en ce qui concerne la
future communauté urbaine?
M. LAMONTAGNE: Vous savez, M. Tremblay, ça fait longtemps que la
ville de Québec n'a pas été privilégiée.
Je répète un peu ce que j'ai dit tantôt, c'est un
document extrêmement complexe. Et je ne pense pas que même moi,
comme maire, ou d'autres puissent avoir la compétence de se prononcer
tout de suite sur les conséquences ou sur... enfin, ce que je voulais
dire tantôt, lorsque M. Lesage a relevé ce passage de mon texte,
ce n'est pas nécessairement l'esprit. Mais, lorsque l'on questionne
quelqu'un qui a rédigé un texte, bien je pense qu'il peut nous
donner, à ce
moment-là, énormément d'indications, qu'est-ce
qu'il avait dans la tête, etc. Peut-être qu'à ce
moment-là il l'a mal rédigé, cela peut arriver. Même
les avocats, il paraît que quelquefois ils font des erreurs. Alors, je
pense que c'est bon d'avoir avec eux...
UNE VOIX: Jamais!
M. LAMONTAGNE: ... ces séances d'informations que j'ai
demandées afin que vous soyez là, vous aussi, que nous soyons
là et que nous puissions discuter avec eux le pour et le contre.
Peut-être pourra-t-on les convaincre d'une autre formule, d'une autre
façon de procéder, lorsque nous ne les approuvons pas
entièrement comme vous avez pu voir dans mon mémoire. Nous sommes
excessivement, je le répète, réticents au sujet de
l'adoption en bloc d'un projet de loi comme celui-là. Je pense que nous
ne pouvons pas l'accepter nous-mêmes. Comme je vous le dis, les
fonctionnaires qui sont chez nous, dans le moment de très bons
fonctionnaires je ne sais pas ce que vous en pensez, vous, M. Tremblay,
mais je parle pour la ville de Québec sont compétents.
Nous nous y fions énormément, ils nous rendent de grands
services.
Je pense qu'il faut se fier à eux pour étudier la loi et
en voir les conséquences. Parce que nous, les maires, passerons, mais
eux demeureront. Ce sont eux qui seront obligés de faire appliquer la
loi ou de continuer d'administrer la ville de Québec, même si vous
et moi disparaissons. Alors, je pense que j'aime bien avoir leur opinion avant
de me prononcer. Nous avons l'avantage, à Québec, d'avoir un
fonctionnarisme assez nombreux et capable, alors je m'en sers de cette
façon-là. C'est pour cela que je vous ai dit que c'était
assez difficile pour moi de me prononcer, aujourd'hui, catégoriquement
sur chacun des articles.
M. TREMBLAY (Montmorency): L'article 170 concernant la commission
d'aménagement de Québec, qu'en pensez-vous?
M. LAMONTAGNE: Ecoutez, je pense que ce n'est pas le mandat de la
commission ou du maire, ici, de discuter...
M. LUSSIER: M. le Président, je m'objecte à ce que l'on
passe article par article. On s'embarque...
M. TREMBLAY (Montmorency): C'est une question importante, vous faites
disparaître...
M. TETLEY: Vos principes...
M. LUSSIER: On a convenu...
M. TREMBLAY (Montmorency): Vous niez le rôle du maire de
Québec, vous le faites disparaître de la commission
d'aménagement de Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. LUSSIER: ...qu'on discuterait brièvement le principe de la
loi.
M. LE PRESIDENT: Me Guy Pinsonnault.
M. PINSONNAULT: M. le Président, M. le Ministre, M. le chef de
l'Opposition. Je ne voudrais pas, au nom de plusieurs municipalités que
je représente et que je mentionne en bref: Vanier,
Saint-Jean-Chrysostome, Saint-Emile, Saint-David, Cap-Rouge, Lac Saint-Charles,
Bel-Air, Saint-Louis-de-Pintendre, etc., je ne voudrais pas...
M. LESAGE: Voulez-vous répéter le nom des
municipalités que vous représentez, Me Pinsonnault?
M. PINSONNAULT: Est-ce que... M. LESAGE: Vous avez dit « etc.
».
M. PINSONNAULT: Bien oui, J'ai dit« etc » parce que...
M. LESAGE: J'aimerais savoir le nom des municipalités que vous
représentez.
M. PINSONNAULT: D'accord, disons que pour ce matin c'est le nombre de
municipalités de qui je tiens le mandat de déposer un document
devant la commission.
M. LESAGE: Très bien.
M. PINSONNAULT: Alors, vous avez...
M. LESAGE: Vous avez nommé déjà... Si vous voulez
répéter parce que vous l'avez fait très rapidement.
M. PINSONNAULT: Vanier, Saint-Jean-Chrysostome, Cap-Rouge, Saint-Emile,
Saint-David, Lac Saint-Charles, Bel-Air, Saint-Louis-de-Pintendre. Elles sont
toutes, remarquez bien, dans le petit territoire qui est prévu à
l'annexe A du projet 200.
Evidemment, ce n'est peut-être pas le lieu, mais il me venait
à l'esprit une phrase en lisant ce bill et cette phrase a
persisté dans
mon esprit depuis ce temps-là. Il y a un proverbe qui dit: Le
mieux est souvent l'ennemi du bien. J'ai justement l'impression que le
gouvernement, en voulant d'un seul coup régler de façon assez
draconienne les problèmes urbains et surtout du régionalisme
urbain, a cette fois péché, peut-être, par l'excès
contraire. Je demanderais, évidemment, à l'honorable ministre des
Affaires municipales, étant donné la position et les relations
que nous avons continuellement avec le ministère des Affaires
municipales, en tant que procureur, de bien...
M. LE PRESIDENT: Me Pinsonnault, est-ce que vous avez un mémoire
S. présenter?
M. PINSONNAULT: J'ai un document à déposer, à la
fin, et J'ai des représentations à faire...
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. PINSONNAULT: ... verbalement. Alors, si vous me permettez, je voulais
simplement demander au ministère des Affaires municipales de ne pas trop
nous tenir rigueur des termes que nous emploierons, etc., concernant
l'étude du bill.
En bref, nous voudrions, premièrement, que la commission
parlementaire accorde un délai beaucoup plus considérable
tel que l'a demandé d'ailleurs M. le maire de la ville de Québec
pour une étude en profondeur de ce document parce que, dans ce
document, il n'y a pas seulement les aspects juridiques, cela c'est encore
moins important, mais il y a l'aspect administratif, l'aspect financier.
Pour cela, les maires et les conseils municipaux doivent
l'étudier eux-mêmes. C'est leur responsabilité et, s'ils ne
le font pas ou s'ils n'ont pas le temps de le faire, ils ne seront pas en
mesure d'exercer véritablement leur mandat comme maires ou comme
conseillers municipaux.
Une chose assez étonnante, comme première remarque, c'est
que l'ensemble du bill nous donne l'impression suivante. Alors qu'en fait, dans
presque tous les pays du monde où il y a une forte industrialisation, on
va vers une décentralisation ou une déconcentration en vue
d'obtenir un maximum d'efficacité, on fait exactement l'inverse dans ce
bill. Nous allons tout concentrer entre les mains d'une seule personne ou d'un
seul comité qu'on appelle le comité exécutif.
Evidemment, ces remarques que je fais s'adressent à la
communauté urbaine. Il s'agit de la partie qui concerne la
communauté; je ne touche pas à la question de la Commission de
transport, mais je parle d'aménagement urbain. Nous croyons que cette
concentration de pouvoirs par le mécanisme prévu dans le bill est
antidémocratique. Ce qu'il y a de plus important, en fait, c'est que
l'on crée un organisme qui, dans le concret, quand il fonctionnera,
deviendra totalement ou, du moins, en grande partie inefficace.
Nous basons l'efficacité sur le principe suivant
évidemment, ceci est discutable, selon l'optique que nous avons
nous croyons qu'en administration publique, dans une démocratie, les
corporations municipales ou les corps publics sont efficaces quand ils
remplissent deux fonctions: premièrement, quand ils exécutent
exactement la fonction matérielle, si vous voulez, qu'ils doivent
exécuter; deuxièmement, la démocratie fait partie
également de l'efficacité. Il est bien évident qu'il peut
y avoir des organismes qui vont exécuter très rapidement des
fonctions, mais de façon totalement antidémocratique. Nous
croyons que ceci ne constitue pas une exécution efficace d'un corps
public.
Cest toute la distinction, en fait, qu'il y a à faire entre les
corps publics qui administrent les affaires publiques et l'administration de
compagnies privées, comme les compagnies de transport ou des compagnies
quelconques dans l'entreprise privée. Ici, il s'agit de fonctions
publiques. Nous croyons que l'aspect démocratique fait partie de
l'efficacité. Il vaut mieux, peut-être, agir un peu moins vite,
mais de façon démocratique qu'agir plus rapidement, mais de
façon antidémocratique.
Comme cela est prévu actuellement, nous croyons que cet
organisme, qui va devenir un véritable géant, mènerait
certainement au désintéressement de la population, beaucoup plus
que nous l'avons présentement. Cela peut, de toute façon,
conduire à une certaine corruption parce qu'il y a trop de pouvoirs
discrétionnaires. Cela peut mener à du patronage
également. Cela mènerait sûrement à de
l'administration arbitraire. Ce qu'il y a d'extrêmement dangereux, c'est
qu'en procédant de cette façon-là on détruit chez
les contribuables, chez les citoyens, l'esprit de responsabilité. Une
chose est assez étonnante, c'est qu'à l'heure actuelle tout le
monde parle de démocratie de participation, alors que, dans ce bill, on
fait exactement l'inverse. Au lieu d'amener la population à participer,
on enlève la participation des citoyens. Ceci est prévu dans le
bill comme tel.
A toutes fins pratiques, nous croyons que les auteurs du bill on
probablement confondu peut-être intentionnellement ou non, peut
importe; de bonne foi certainement deux objec-
tifs à atteindre: la coordination des services et
l'administration des services. Ce bill ne prévoit pas la coordination
des services, mais aboutit à l'administration des services. Cela inclut,
évidemment, la coordination, mais cela va beaucoup plus loin que la
coordination.
A toutes fins pratiques, en somme, nous aboutissons à une
municipalité qui irait de Beaupré à
Saint-Antoine-de-Tilly, de Sainte-Brigitte-de-Laval à Saint-Henri de
Lauzon.Sauf tous les pouvoirs qui sont enlevés aux corporations
municipales, aux conseils municipaux, ou à peu près, il suffit de
lire les termes tels qu'ils sont écrits dans le bill en employant
constamment aux articles 20, 21 et 22 les mots « juridiction exclusive
». Et, comme si on avait voulu qu'il soit encore mieux compris que ces
fonctions sont détachées totalement des municipalités, on
a mis un article spécial pour dire qu'effectivement les mots «
juridiction exclusive » veulent dire qu'à partir de
l'entrée en vigueur de cette loi, les municipalités n'ont plus
les fonctions qui sont énumérées. Or, vous n'avez
qu'à regarder les articles 20, 21 et 22 et vous ne verrez que des
fonctions extrêmement étendues.
Il y a en plus des principes qui sont tout à fait inacceptables.
D'un côté et c'est peut-être la principale
caractéristique du bill on enlève aux corporations
municipales, aux conseils municipaux qui, eux, sont élus, à peu
près tous pouvoirs sauf un, celui de taxer, qui est peut-être le
plus odieux de tous les pouvoirs que les corporations municipales doivent
exercer.
Par contre, on enlève à l'organisme qui,
dorénavant, est chargé d'administrer toutes ces fonctions, tous
les moyens de contrôle que la loi a prévus, même pour les
tribunaux. Prenez, par exemple, les articles 143, 144 et 145. C'est
peut-être un réflexe d'avocat, mais je trouve un peu incroyable
qu'au moyen d'une loi, l'on enlève, par l'article 145, notamment, le
pouvoir, fondamental en démocratie, du contrôle de l'article 33 du
code de procédure civile.
L'article 33 du code de procédure civile prévoit
justement, pour protéger le citoyen, le contrôle même des
tribunaux. Et ici, on enlève ce contrôle. Ce qui veut dire que
l'exécutif de la communauté pourra prendre toutes les
décisions, que le conseil le veuille ou non. En vertu de l'article 139,
si le conseil ne veut pas, il suffira de demander l'assentiment du
lieutenant-gouverneur en conseil, et effectivement on passera outre à
l'avis du conseil. Il aura ce pouvoir absolument arbitraire et extraordinaire
sans aucun contrôle. On enlève tous les contrôles normaux
prévus par la loi, y compris la base même du régime
démocratique et du pouvoir judiciaire, l'article 33 qui est le pouvoir
de contrôle, même des tribunaux; et on l'enlève ici en plus
d'enlever évidemment tous les brefs de prérogative, etc.
Remarquez à quoi cela mène: dans le concret, les
municipalités prendront des décisions concernant la taxation,
elles prendront l'odieux chez les contribuables de ces décisions. Les
municipalités seront régies par des mécanismes
légaux de contrôle qui existent dans la Loi des cités et
villes et dans le code municipal; cet argent recueilli ira à la
communauté urbaine qui, elle, peut décider si vous
regardez bien la formation de l'exécutif avec un quorum de quatre
membres dont le président. Cela veut dire que le président seul
avec un autre membre peut, puisqu'il a deux votes, son vote personnel et un
vote prépondérant, prendre toutes les décisions et passer
outre, même avec l'assentiment du lieutenant-gouverneur en conseil, aux
désirs de toutes les municipalités.
Malgré tous ces pouvoirs discrétionnaires, il n'y aura
aucun pouvoir de contrôle. Personnellement, je me demande et je
l'étudierai un peu plus tard pour rédiger un mémoire
complet là-dessus si, effectivement il n'est pas
anticonstitutionnel d'enlever ce pouvoir de l'article 33 comme on a
enlevé certains pouvoirs. C'est analogue à certains pouvoirs
qu'on a enlevés: pouvoir de contestation devant les régies,
pouvoir de bref de prohibition, etc. Et, malgré tout, les avocats savent
très bien que la cour Suprême n'a pas voulu accepter cette
façon de procéder, parce qu'elle trouve que c'est absolument
antidémocratique, et qu'il est fondamental qu'il y ait, au moins, ce
contrôle.
Malgré tout cela, les municipalités devront payer tous les
frais et, en plus, nous croyons et ceci nous paraît encore plus
grave que, dans le concret, au point de vue administratif, ce sera
inefficace. On ne pourra pas l'administrer. Ce sera un vaste organisme qui
gèlera l'administration.
Si vous recoupez les différents articles du bill, vous vous
apercevez qu'on va arriver à la situation suivante: Dès
l'approbation du bill, toute la réglementation municipale qui existe
présentement dans les différentes municipalités est
gelée. Donc, on gèle par le bas et, ensuite, même la
Régie des eaux se trouve dépendante et son fonctionnement est
gelé en certaines parties par ce bureau d'aménagement.
A ce moment-là, cette personne on prévoit, je
pense, $30,000 par année pendant quatre ans et ensuite une pension
à vie de $12,000 par année, toute sa vie durant, et une
demi-pension pour sa veuve cette personne qui détiendra
ce pouvoir entre les mains, £ moins d'être Dieu en personne,
il est inévitable que cela crée dans l'opinion publique un remous
tel qu'on se sentira absolument frustré.
A mon sens et je termine par ceci ce n'est pas cela la
solution. D'ailleurs, on dit qu'on s'est inspiré de l'Ontario. Le
comité de l'Union des municipalités a examiné de quelle
façon cela fonctionne en Ontario. Cela ne fonctionne pas comme cela en
Ontario! C'est de la coordination qu'on y fait. Ce n'est pas en tris
grande partie du moins de l'administration, et les maires qui en font
partie demeurent maires. Ici, ils sont automatiquement déchus comme
maires. Au point de vue du phénomène démocratique, c'est
assez étrange.
En plus, il n'y a même pas droit d'appel, alors que, dans les
corporations municipales, pour les petites affaires, vous avez un droit
d'appel, alors que vous, messieurs les membres de la commission, lorsque
quelqu'un vous lèse dans vos droits, lorsque vous avez un accident
d'automobile, $1,000, $2,000, vous avez droit d'appel aux tribunaux. Si vous,
on vous privait de votre droit d'appel aux tribunaux, qu'en diriez-vous? Vous
n'aimeriez pas cela, n'est-ce pas? Eh bien, les citoyens n'aimeront pas mieux
se faire conduire de cette façon.
Je crois que l'intention du gouvernement et je désire, de
ce côté-là, le féliciter d'avoir, comme on dit, pris
le boeuf par les cornes mais cette fois, c'est le taureau qui conduit
cela devient vraiment une chose qui, en plus d'être
antidémocratique, sera inefficace.
Je voudrais déposer devant la commission, avec l'autorisation de
M. le Président, s'il le permet, les principes que l'honorable John
Robarts, que quelques-uns d'entre vous connaissent, le premier ministre de
l'Ontario, a émis en date du 28 novembre 1968 concernant justement les
gouvernements métropolitains, l'administration municipale, etc...
Là, vous avez des principes de base qui respectent, en fait, la
démocratie.
Je voudrais également déposer le mémo pour
qu'il n'y ait pas de confusion, à cause de la dernière
réunion qui a eu lieu au Palais Montcalm et sur le sens de laquelle il
ne faudrait pas se méprendre non plus je dépose, dis-je,
au nom des municipalités que j'ai mentionnées tout à
l'heure, le mémoire préparé par le comité un
comité spécial de l'Union des municipalités,
mémoire qui analyse le bill article par article, mais sans toutefois
toucher la question des pouvoirs judiciaires.
Je vous remercie, M. le Président, ainsi que l'honorable ministre
des Affaires municipales.
M. LUSSIER: Est-ce que vous avez lu com- plètement la
déclaration du premier ministre Robarts ainsi que la déclaration
de son ministre des Affaires municipales?
M. PINSONNAULT: Laquelle? Ce n'est pas la seule déclaration qu'il
a faite. Celle que je dépose, c'est celle du 28 novembre 1968.
M. LUSSIER: Cest cela. D'accord. Nous l'avons ici.
M. PINSONNAULT: La voici ici.
M. LUSSIER: Me Pinsonnault, est-ce que vous avez des propositions
précises? Evidemment, sur cet avant-projet, je ne répondrai pas
à toutes les objections, je ne ferai pas de commentaires, parce que ce
n'est pas dans cet esprit que la commission des Affaires municipales a
été convoquée. C'est pour entendre les commentaires des
gens et leur opinion. Mais je pense bien que si vous avez un côté
de votre exposé qui en commente certains articles, il faut, en
contrepartie, avoir vos suggestions si vous voulez que ces séances
d'information soient les plus positives possibles.
Tout simplement, une remarque en passant. M. le maire avait bien raison,
en disant qu'il faudrait des séances d'information pour les élus
du peuple. Ce serait une bonne chose également que les conseillers
juridiques des municipalités assistent à ces séances
d'information.
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre, M. le Président,
devant la déclaration du ministre, que cela n'a pas encore eu lieu?
M. LUSSIER: Il y en a eu, oui.
M. LAPORTE: Que sont toutes ces séances qui ont eu lieu? Vous
avez convoqué tout le monde vingt-cinq fois et là, M. le maire de
Québec dit: Bien, il faudrait peut-être consulter les
intéressés. Le ministre dit: Oui, nous allons les consulter.
M. BOUDREAU: Le projet n'était pas prêt.
M. LEDUC (Taillon): Vous n'avez pas l'air plus prêts
là.
M. LUSSIER: Non, voici, c'est que...
M. LEDUC (Taillon): Vous avez besoin d'aller à la pêche
pour faire étudier votre projet de loi...
M. LUSSIER: M. le leader de l'Opposition m'a posé une question
très pertinente. Je pense
bien que Je dois y apporter une réponse. Nous avons tout d'abord
tenu des conférences avec les maires et nous avons voulu publier des
cahiers et les étudier pour qu'ensemble, nous constations les situations
qui existaient au point de vue municipal dans la région de
Québec.
A Lévis, la dernière fois, nous avons fait une
réunion-synthèse et nous avons exposé les grands principes
qui nous guideraient pour rédiger un avant-projet. Cet avant-projet,
nous l'avons rédigé et nous l'avons rendu public, comme vous le
savez, au début du mois de juin. Nous avions l'impression qu'en le
donnant aux municipalités, aux conseillers juridiques et aussi aux corps
intermédiaires... Pardon?
M. PINSONNAULT: Je m'excuse...
M. LUSSIER: Oui, mais c'est rendu public et nous en avons fait parvenir
à tous ceux qui en voulaient. Nous en avons fait parvenir aux
municipalités et villes. Les gens qui se penchent sur l'étude de
ce document constatent qu'il y aurait peut-être avantage avant de se
prononcer définitivement... C'est aujourd'hui qu'ils nous demandent,
à nous des Affaires municipales, d'envoyer des gens pour leur expliquer
certaines choses ou pour leur expliquer certaines parties du document. Je ne
sais pas exactement toutes les questions que l'on veut nous poser ou ce qu'on
veut connaître en détail. Moi, je n'ai aucune objection à
cela. Si on nous l'avait demandé plus tôt, nous n'aurions pas
refusé d'envoyer des gens pour expliquer...
M. LAPORTE: Si on ne vous l'avait pas demandé du tout, y
auriez-vous pensé?
M. LUSSIER: Non, écoutez bien. Si on ne le demandait pas, cela
voulait dire qu'on n'en avait pas besoin. C'est toujours bien écrit en
français, ce document!
M. LAPORTE: Tout ce que Je voudrais demander au ministre comme question
additionnelle...
M. LUSSIER: Nous n'avons pas d'objection à...
M. LAPORTE: Ce document a été préparé par le
ministère des Affaires municipales...
M. LUSSIER: D'accord.
M. LAPORTE: Bon. Le ministre est évidemment très au
courant des principes qui sont contenus dans ce projet de loi. Est-ce que Je
dois comprendre que, même sur les principes essentiels que contient ce
projet de loi et sur les modalités les plus importantes, le ministre
n'est pas prêt à s'engager à les défendreàI
mort? Ou si, selon les opinions qui vont être exprimées ici, ceci
peut être complètement modifié?
M. LUSSIER: C'est-à-dire qu'au point de vue des principes, que
l'on ait besoin d'un organisme régional...
M. LAPORTE: Ah oui...
M. LUSSIER: ... avec des pouvoirs exécutifs... Bien oui, c'est
l'essence même...
M. LAPORTE: Mais sur tout le reste, vous êtes prêt
à...
M. LUSSIER: Après cela, il y a les modalités.
D'après nos études et les consultations que nous avons faites
avec les gens les plus intéressés, c'est une proposition
très sérieuse de travail. Nous ne disons pas que c'est la
vérité et que cela ne peut subir aucun changement. Ce n'est pas
cela. Absolument pas.
M. LAPORTE: Est-ce que le leadership doit venir du ministère ou
des municipalités? En somme, l'impression que nous avons, pourparler
sérieusement...
M. LUSSIER: Actuellement...
M. LAPORTE: ... c'est que vous demandez aux municipalités de
rédiger le projet de loi pour vous. Je trouve cela inadmissible.
M. LUSSIER: Absolument pas. Vous ne comprenez pas. Dans le
mémoire de M. le maire et aussi de certaines personnes si vous
les lisez attentivement en définitive, on dit que cette nouvelle
structure est extrêmement importante pour la région de
Québec. Même si c'est extrêmement nécessaire et
urgent, ceci ne doit pas être fait à la hâte et nous devons
avoir la meilleure formule possible...
M. LAPORTE: Jusqu'ici, ça va. C'est le restant qui nous
intéresse. « Pas à la hâte », ça va.
Cela a pris du temps...
M. LEDUC (Taillon): Et ça va prendre encore du temps...
M. LUSSIER: M. le Président, au début on a tenté de
politiser le débat. Je n'ai pas voulu m'embarquer dans cette
affaire...
M. LAPORTE: Ce n'est pas le politiser que de parler de vous, vous
êtes le ministre...
M. LUSSIER: Je pense bien qu'avec des remarques semblables, je pourrais
bien lui répondre et lui citer encore...
M. LAPORTE: Non, mais c'est fort sérieux. Je dis qu'après
tout ce temps-là, nous étions en mesure...
M. LUSSIER: Mais je ne voudrais pas citer les remarques que vous avez
faites...
M. LAPORTE: Ce que je veux dire au ministre c'est qu'après tout
ce temps, nous étions en droit d'attendre, comme ce fut le cas pour
l'Ile Jésus... Sur l'Ile Jésus, vous aviez plus de monde qu'ici,
dans la salle... Mais le ministre...
UNE VOIX: C'est facile de répondre à ça...
M. LAPORTE: ... mais le ministre avait pris des décisions. Il a
laissé chacun s'exprimer a fond, il a ensuite donné son opinion,
disant: « Sur certains principes, sur certaines choses, nous n'allons pas
bouger, parce que c'est la politique du gouvernement et le gouvernement a fait
son lit ». Ce qui nous apparaît désappointant, c'est que le
ministre, actuellement, après beaucoup de temps je ne le
chicanerai pas sur le temps, disons que c'est long ne nous arrive pas
aujourd'hui, devant tous les représentants de municipalités de
Québec, pour dire: « Messieurs, voici notre position. Si vous
apportez contre notre position des arguments suffisamment forts pour nous faire
changer d'idée, d'accord. » Mais ce qui nous inquiète,
c'est que le ministre dit: « Si vous n'êtes pas d'accord, on va
changer ».
M. LUSSIER: Ecoutez...
M. LAPORTE: II nie la politique du ministère des Affaires
municipales...
M. LUSSIER: ... par votre argument même, vous avez la
réponse à votre question. Vous dites: Après que les gens
nous auront fait connaître tout ce qu'ils ont à nous faire
connaître, il y aura une position que le gouvernement prendra.
M. LESAGE: Le gouvernement n'a pas pris position.
M. LUSSIER: C'est un avant-projet.
M. LAPORTE: C'est un avant-projet de qui?
M. LESAGE: II y a des principes là-dedans...
M. LAPORTE: C'est un avant-projet de qui?
M. LESAGE: ... sur lesquels le gouvernement est prêt à se
prononcer.
M. LUSSIER: Je le répète encore, c'est qu'il y a besoin
d'un organisme métropolitain, un organisme régional, parce
qu'il...
M. LESAGE: Mais oui, ça, nous sommes d'accord.
M. LUSSIER: ... y a des services qui ont maintenant passe du stade local
au stade régional et qu'il y a certains services qui acquièrent
plus facilement la nature de services régionaux. Nous en avons fait une
liste. Pour que ce soit administré dans le pratique, dans le concret,
dans le quotidien, nous avons élaboré un avant-projet de loi.
Nous ne croyons pas que nous avons la science infuse. C'est pour ça que
nous aimons à consulter la population, spécialement les
élus et les corps intermédiaires. Si ces derniers croient voir
dans le projet certaines dispositions qui pourraient être
améliorées sensiblement ou qui devraient disparaître, nous
sommes prêts à écouter leurs arguments et, après
cela, à en peser la valeur. Nous ferons connaître
définitivement la position du gouvernement après, aussitôt
que la séance des commentaires sera terminée.
M. LESAGE: II y a par exemple des questions de principe
extrêmement sérieuses. Plusieurs articles, plusieurs dispositions
constituent des brèches aux principes les plus
élémentaires de la démocratie. Le gouvernement se
réserve, en définitive, les décisions finales, même
a l'encontre des volontés exprimées par le conseil, en certains
cas.
M. LUSSIER: De quelle façon?
M. LESAGE: C'est l'article 139, que vient d'ailleurs de mentionner M.
Pinsonnault. Est-ce que le gouvernement tient absolument à ce principe?
Je pense que ce sont des questions pertinentes, que nous devons poser au
gouvernement. Il y a des principes là-dedans. Est-ce que le gouvernement
y attache son sort?
M. LUSSIER: Si nous avons mis cet article-
là dans la loi, c'est parce que, pour avoir de
l'efficacité, pour que les décisions puissent se prendre et
s'exécuter, s'il arrive, comme on dit, un « dead-lock »,
c'est-à-dire que, par des procédures, cette décision ne
peut être prise au comité exécutif, il faut que quelqu'un
puisse défaire ce noeud. Il faut que l'administration puisse se faire,
que cette communauté urbaine ne soit pas paralysée. C'est ce que
nous désirons obtenir par cet article-là.
M. LESAGE: Oui, vous formez trois corporations.
M. LUSSIER: Lesquelles trois?
M. LESAGE: Mais oui, le Bureau d'assainissement des eaux du
Québec.
M. LUSSIER: II existe déjà, celui-là.
M. LESAGE: Evidemment, mais simplement, vous lui donnez des
pouvoirs.
M. LUSSIER: On le rattache pour qu'il ne soit pas toujours
attaché.
M. LESAGE: Oui. Il y a l'entreprise de transport en commun et la
Commission d'aménagement de Québec. Ce sont les trois
corporations qui sont reconnues sous le nom de « corporations »
dans le projet.
M. LUSSIER: Une n'existait pas...
M. LESAGE: Vous dites que chaque corporation peut passer outre à
un avis défavorable du conseil de la communauté qui la lie, avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil. Je vous demande si le
gouvernement a fait cette proposition qui est incluse, bien décrite,
à l'article 139, en toute connaissance de cause. C'est un exemple que je
prends.
M. LUSSIER: Ce sont des articles qui peuvent être discutés.
Nous sommes prêts à entendre les commentaires favorables et
défavorables.
M. LESAGE : C'est un principe extrêmement important, M. le
ministre, vous l'admettez?
M. LUSSIER: C'est un principe important.
M. LESAGE: Clairement, parce que le lieutenant-gouverneur en conseil met
la main complètement sur l'organisme métropolitain qu'il veut
créer.
M. LUSSIER: Ce matin, nous avons admis que cet avant-projet comportait
l'établissement de principes et aussi des modalités.
M. LESAGE: Ce n'est pas une modalité, c'est un principe,
cela.
M. LUSSIER: D'accord, on prend les deux, excepté que tous les
deux sont ouverts aux commentaires, à la discussion et aux arguments en
faveur comme aux arguments contre.
M. LESAGE: Comment le ministre a-t-il pu consentir à ce qu'un
article c'est un exemple comme l'article 139 soit inclus dans
l'avant-projet à moins qu'il soit convaincu du bien-fondé du
principe?
M. LUSSIER: Nous recherchons le principe, nous le trouvons, à
moins qu'onnous prouve que c'est le contraire. Comme je vous le dis, nous
sommes ici ce matin pour discuter d'un avant-projet et connaître les
commentaires favorables et défavorables. C'est ce que nous entendons
faire ce matin.
M. LESAGE: Le gouvernement, en conséquence, continue sa valse
hésitation coutumière et ne sait pas où il va.
M. LUSSIER: C'est cela, vous...
M. LESAGE: Il demande aux municipalités comme le ministre l'a
demandé à M. Pinsonnault tantôt: Qu'est-ce que vous voulez
voir dans le projet? Par conséquent, il vous demande, messieurs, de le
rédiger pour lui.
M. LUSSIER: Non, non, M. Pinsonnault ou d'autres arrivent avec certains
commentaires au sujet de certains articles ou de certains principes. Alors, si
certaines choses sont enlevées, il faut les remplacer par d'autres
choses. Connaissant, comme il les connaît, les affaires municipales, il
peut aider la population à trouver la meilleure formule.
M. PINSONNAULT: Je voudrais simplement répondre à la
question que M. le ministre m'a posée tout à l'heure, sans plus.
Il m'a demandé si en dehors des aspects que j'ai donnés et
qui peuvent paraître négatifs mais qui, pour ceux qui connaissent
très bien, qui vivent journellement l'administration municipale, ne sont
pas négatifs du tout, au contraire, ils sont en fonction d'une
véritable et d'une bonne administration municipale s'il y avait
d'autres aspects qu'on voudrait présenter. C'est exact.
C'est dans un esprit constructs que nous avons présenté ce
premier schéma, ces premières remarques, parce que nous n'avons
pas eu le temps de faire une étude complète et finale en
ce qui nous concerne en tout cas de cette partie de la loi qui concerne
la communauté.
Soyez sûr, M. le ministre, que tout cela est fait dans un esprit
constructif. Vous pouvez en être sûr. Je pense bien que tout le
monde est d'accord sur la régionalisation, mais, dans le concret,
régionalisation et administration d'un service ou contrôle d'un
service dans l'administration concrète, ce n'est pas du tout la
même chose. Et là, il y a confusion complète dans le public
sur les mots: fusion, coordination de services, annexion de
municipalités et gouvernement métropolitain.
Ce que nous voudrions, M. le Ministre, c'est d'avoir l'occasion de
compléter le tout. Soyez certain, quant au principe de coordination, que
nous sommes entièrement d'accord. Mais, la modalité, l'exercice,
le fonctionnement de cette coordination, de cet organisme qui va coordonner
cela, cela doit respecter, selon nous en tout cas, certaines normes pour
être efficace, et ce sont les deux que je donnais au tout début.
Premièrement, exécuter les fonctions, mais, deuxièmement,
les exécuter démocratiquement. Vaut mieux une fonction moins bien
exécutée qu'une fonction exécutée de meilleure
façon peut-être, mais antidémocratiquement. A moins que
nous voulions aller dans un régime de dictature. Là, nous
touchons le fond du problème, Je pense bien. C'est là qu'il se
trouve. Les mécanismes de contrôles légaux doivent
être conservés. Si vous les enlevez, la population est
entièrement privée de ses droits.
Nous présenterons un projet complet, y inclus également un
projet de gouvernement métropolitain sur lequel nous avons
déjà eu l'occasion de travailler. Nous croyons que ce serait une
formule plus souple, plus démocratique et partant, plus efficace.
En plus de ça, juste un mot. M. le ministre, ne faudrait-il pas
penser, comme première étape de la réorganisation de
l'administration municipale dans le Québec, à faire
disparaître 400 municipalités qui, elles, n'ont pas raison
d'être ni au point de vue territorial, ni au point de vue de la
population, ni au point de vue géographique, ni au point de vue
financier? Cela en ferait disparaître d'abord 400. Après ou en
même temps, il pourrait y avoir une formule souple, une loi-cadre pour
créer des gouvernements régionaux qu'on les appelle
métropolitains ou autrement, peu importe tout en respectant la
démocratie.
Je voudrais déposer ces deux documents, s'il vous
plaît.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Pinsonnault. Maintenant, Me Louis
Vézina.
M. VEZINA: M. le Président, je représente les
municipalités suivantes: Charlesbourg, Courville, Montmorency, Giffard,
Villeneuve, Orsainville, Sainte-Thérèse-de-Lisieux et
Val-Saint-Michel.
M. le Président, Je veux éviter les redondances. J'avais
préparé un travail qui était plus long que ce que je vais
vous présenter. Je veux vous dire, d'abord, que les municipalités
que je représente, dès le dépôt de l'avant-projet,
se sont mises à l'ouvrage pour étudier le document.
J'énoncerai tout à l'heure nos neuf principaux griefs dont, pas
plus tard qu'hier soir, j'ai fait approuver le texte par 40 à 50
personnes qui sont les représentants de ces municipalités.
J'abonde dans le sens de mon confrère, Me Pinsonnault, à
savoir qu'il y a confusion, dans le public et ailleurs, entre la coordination
et l'administration. Vous remarquerez, M. le ministre, que les principaux
griefs de notre région, depuis environ cinq à dix ans, ne
reposent pas sur la qualité administrative des services, mais bien sur
leur coordination entre eux.
Nos griefs sont les suivants: premièrement, votre document nie
catégoriquement le principe de l'autonomie des municipalités et
met en tutelle, à toutes fins pratiques, 40 municipalités de la
région de Québec. Pour mes clients, les conseils, c'est un vote
de non-confiance à leur endroit, purement et simplement.
Deuxièmement, vous niez un principe fondamental en
démocratie: c'est que, dans les gouvernements, à quelque palier
qu'ils soient, régionaux, inter municipaux, locaux ou provinciaux, il
faut que ce soit des gens élus qui décident et non des gens
nommés qui n'ont à répondre à personne.
M. LUSSIER: Pardon? Voulez-vous dire qu'il faut nécessairement
que le président et tous les gens qui font partie du conseil
exécutif et du grand conseil soient des élus du peuple?
M. VEZINA: Oui, M. le ministre. Je ne dis pas qu'ils doivent être
élus à ce poste comme tels, mais je dis que les gens qui doivent
remplir ce poste doivent être élus quelque part dans le territoire
de la communauté urbaine de Québec.
Troisièmement, il faut respecter le principe qui veut que
l'élu du peuple qui perçoit des taxes, à quelque niveau
que ce soit ait la responsabilité de la dépense de ces
taxes-là. Les provinces du Canada se battent pour leur autonomie. Les
municipalités se battent pour que les deniers
qu'elles perçoivent soient dépensés par elles. Si
les provinces ont raison, les municipalités ont raison. Les unes et les
autres sont élues et répondent directement aux contribuables.
Quatrièmement, vous excluez d'une façon draconienne toute
forme de consultation auprès des contribuables pour quelque
décision que ce soit, alors que la Loi des cités et villes
prévoit que, pour les principales décisions que ce soit
dans le domaine des emprunts, dans le domaine du zonage ou dans certains autres
domaines les électeurs, propriétaires ounon, ont le droit,
s'ils sont contre, de demander qu'on tienne un référendum. Vous
donnez au comité exécutif et à la communauté
urbaine des pouvoirs extraordinaires.
Je dirais même des pouvoirs que le Parlement
québécois n'a pas, parce qu'au moins, dans la province de
Québec, s'il est vrai que le gouvernement peut décider de ses
emprunts et de la façon de les faire, il existe au moins cette noble
tradition qu'il en rend compte journellement à tous les électeurs
de la province de Québec et qu'il y a moyen de critiquer, d'approuver,
de suggérer ou, enfin, de faire quelque chose comme groupe
québécois que nous sommes.
Or, dans ce projet, parce que vos gens ne sont par élus, ils vont
se fouter, comme de l'an quarante, des médiums d'informations. Par
exemple, nous allons apprendre les choses quand elles seront faites. Alors les
groupes intermédiaires il y en a de représentés ici
ne pourront avoir d'aucune façon la possibilité de
s'exprimer sur le bon ou le mauvais côté des décisions qui
seront prises.
M. LUSSIER: Simplement une question, pour m'éclairer. Pour les
commissions, commission de transport, commission d'aménagement, bureau
d'assainissement, est-ce que, là aussi, vous préconisez
vigoureusement comme vous le faites que des élus forment ces
commissions?
M. VEZINA: Non, M. le Ministre.
M. LUSSIER: Cela ne va pas jusque là?
M. VEZINA: C'est la commission des transports. J'aurais une vingtaine de
pages à vous lire à ce sujet, je vais vous en dispenser, mais
c'est pour la communauté, qui est le gouvernement intermunicipal ou
régional, comme on veut l'appeler.
Septièmement, vous niez et c'est la première fois
que je vois ça, depuis quatorze ans que je suis dans le domaine du
droit, depuis le début de mes études qu'une loi exclut
tout recours devant les tribunaux, de quelque façon que ce soit.
M. le ministre, je puis vous dire ceci, qu'après huit ans
d'exercice du droit municipal, si les municipalités perdaient, demain
matin, leur recours devant les tribunaux, ou si les contribuables perdaient
leurs recours, on causerait, de bonne foi, des dizaines et des dizaines
d'injustices, et de bonne foi, j'insiste. Il est normal qu'à un moment
donné, un individu puisse s'adresser au tribunal pour faire redresser un
tort qu'on commet envers lui.
Vous niez ce droit qui, à mon sens, est fondamental dans toute
démocratie, d'avoir le droit de s'adresser aux tribunaux.
Huitièmement, l'organisation que vous proposez du territoire
municipal ne tient compte que de la géographie. Vous ne tenez pas compte
des problèmes démographiques, vous ne tenez pas compte des
problèmes économiques. Un exemple concret. Vous avez des villes
dont le problème de rénovation urbaine est mineur, des villes
plus jeunes, des villes qui, pour toutes sortes de raisons, ont des
problèmes mineurs. Vous en avez d'autres qui ont des problèmes
criants. Dans les municipalités que je représente, il y a des
secteurs qui ont besoin d'être rénovés. Les maires
s'arrachent les cheveux actuellement pour savoir comment ils vont traverser la
difficulté. C'est la coordination qui manque, ce n'est pas la
qualité de l'administration, et là vous ne tenez compte que de la
géographie. Vous prenez un troupeau de 400 âmes et un de 400,000
personnes, et vous dites: Nous vous organisons comme ça. Vos recours,
c'est fini, vos droits de contrôle, c'est fini. A ce moment-là,
les clients que je représente veulent s'insurger contre cette
façon que je ne veux pas qualifier de dictatoriale.
Neuvièmement ceci m'apparaît important, hier soir,
les personnes qui ont travaillé avec moi l'ont souligné
nous sommes déçus de voir que la conclusion de la fameuse
résolution de Charlesbourg c'est un document de base, parce
qu'elle a été adoptée unanimement par toutes les
municipalités présentes, ce document, je l'ai ici
où étalent représentées, en chiffre rond, 25 villes
du territoire, conclut essentiellement au principe suivant, que tout
gouvernement régional, quelque forme qu'il prenne, voit ses pouvoirs,
son contrôle partir des municipalités pour monter à ce
nouveau palier, et non pas partir d'en haut pour arrêter à ce
nouveau gouvernement régional et laisser au bas de la pyramide les
municipalités démunies.
Ainsi, quand vous dites dans votre loi je ne veux pas
étudier ça article par article à l'article 20, par
exemple...
M. LUSSIER: Vous devriez dire avant-projet, ce serait plus juste.
M. VEZINA: Je m'excuse, M. le ministre. L'avant-projet.
M. LAPORTE: Il ne faudrait surtout pas lui en donner la
paternité.
M. VEZINA: Non.
M. LUSSIER: Ne vous inquiétez pas, nous serons pères quand
nous le voudrons.
M. LAPORTE: Ce n'est pas trop vrai, ça. UNE VOIX: Vous n'avez pas
l'air pressés.
UNE VOIX: Cela serait plus vrai avec la pilule...
M. VEZINA: Dans l'avant-projet qui sera d'ailleurs
peut-être toujours connu comme avant-projet M. le ministre, vous
dites: « Certains pouvoirs pourront être exécutés
vous les nommez à l'article 20 avec l'assentiment du
lieutenant-gouverneur en conseil... » parce qu'il faut que le
règlement qui décrète l'exercice du pouvoir soit
approuvé.
Or, qu'est-ce que cela veut dire? Ceci: quelle que soit la
volonté des municipalités qu'il y en ait cinq, quinze,
vingt ou trente, cela n'a pas d'importance ce corps régional n'a
pas à consulter des gens élus pour représenter les
contribuables, justement dans ces objets-là.
Lorsque j'élis un conseiller de mon quartier, je ne m'attends pas
qu'il règle le problème des postes ou de l'assistance sociale. Il
travaillera à l'intérieur de ses pouvoirs. Mais si j'ai un
problème de trottoirs ou d'éclairage des rues, je vais aller le
voir, nous allons discuter et régler ce problème ensemble. Or,
vous dites : Ne consultez pas le corps régional. Quand vous
déciderez que c'est le temps d'exercer un pouvoir, adoptez un
règlement, vous le soumettrez au lieutenant-gouverneur en conseil, qui
l'approuvera ou non évidemment, mais qui peut l'approuver. Or, dans ce
sens-là je dis que l'organisation que vous faites du territoire est
absolument, à notre avis, inadmissible parce qu'il n'y a pas de nuance
ni de distinction fondamentale qui sont établies.
Enfin, M. le ministre, mes clients et moi avons étudié,
hier soir, votre déclaration faite à Lévis. C'est avec une
vive satisfaction intellectuelle que nous lisions les principes que vous
considérez des principes de base, mais c'est avec insatisfaction que
nous n'avons pas trou- vé, à l'avant-projet, les principes que
vous aviez si brillamment énoncés. Je ne vous cache pas, quand
vous avez dit tantôt et j'en parlais avec les représentants
que ce n'était qu'un avant-projet, que vous étiez ici pour
écouter les représentations des municipalités, que
j'éprouve une certaine anxiété et je me demande, ainsi que
mes clients, dans quelle mesure nos propos peuvent influencer l'esprit
parce que je parle toujours de l'esprit de l'avant-projet no 200.
Dans ce sens-là, je vous prie instamment, comme l'ont fait M. le
maire Lamontagne et mon savant ami Pinsonnault, de nous donner le temps, vu que
nous ne pouvons pas faire de jonction entre toutes les études et les
déclarations et le document no 200, de vous préparer quelque
chose qui émanera des conseils de nos municipalités.
Avant de terminer, vous me permettrez de dire ceci. Il ne faut pas
croire que nous avons puisé dans le chauvinisme ou le conservatisme
éhonté pour dire que nous sommes contre. Au contraire. Nous
sommes pour beaucoup de choses. Mes clients se sont prononcés hier en
faveur d'un paquet de choses. Les conseils municipaux ont commencé
à étudier des choses. Comme exemple, j'ai ici un document
émanant du conseil de la ville de Charlesbourg qui propose
déjà une solution. Je ne prétends pas que ce soit la
meilleure et je ne la défends pas ici. Je dis qu'il y a
déjà une solution présentée par un conseil qui,
avec ses fonctionnaires, s'est penché sur ce problème pour pondre
quelque chose.
Sur le réaménagement du territoire, il vous offre
déjà quelque chose. Je peux vous dire c'est quasiment une
primeur que Me Pinsonnault et moi discutions tantôt de la
possibilité d'organiser, pour nos clients, une journée
d'étude complète, dans l'immédiat, pour vous montrer
justement que nous voulons construire. Nous voulons absolument construire. Nous
savons qu'il y a des problèmes et nous avons hâte de les
régler. Nous avons hâte de voir un meilleur
réaménagement du territoire et des pouvoirs. C'est important.
Soyez convaincu que vous avez, de la part de mes clients, toute leur
collaboration franche, honnête et dévouée. Mais, par
contre, je vous avoue qu'hier soir c'était un peu jour de deuil. Nous
étions tristes et nous nous demandions dans quelle mesure nous finirions
par obtenir... Vous savez, nous avions des doutes.
Ce matin, c'est pour cela que je prends ce ton-là. C'est pour que
vous tentiez de palper ces doutes que nous éprouvons actuellement, pour
vous assurer que la loi que vous présen-
terez sera conforme aux voeux de la population.
Quant aux énoncés pratiques, vous venez d'amender la Loi
des cités et villes, le bill 285 et le code municipal, le bill 286. Vous
venez de nous donner des instruments de travail. On commence seulement à
s'en servir et déjà vous voulez tout anéantir. On a
dépensé de l'argent déjà. La ville de Charlesbourg
et monsieur le maire Renaud, d'Orsainville, qui est ici, ont des demandes
d'étude de possibilité de fusion. C'est cons-tructif, ça
veut dire quelque chose. Comment se fait-il qu'un bon matin, on nous arrive
avec le document 200 qui met absolument tout de côté un peu comme
si c'est peut-être une journée pour ça le
déluge était passé et que l'arche de Noé s'en
allait tout seul avec son bill 200.
M. le Président, je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Vézina. M. Marois, s'il vous
plaît.
M. MAROIS: M. le Président, M. le ministre, M. le chef de
l'Opposition. Par cette lettre, Je veux refléter les idées de
Notre-Dame-des-Laurentides et les miennes aussi en partie.
Nous revenons une fois de plus vous présenter nos commentaires
concernant le document sessionnel no 200. Nous demeurons d'accord pour
reconnaître qu'il doit exister une coordination des administrations
municipales pour permettre la planification économique et l'installation
de services adéquats favorables à la région de
Québec, au Québec métropolitain. Il est assuré que
les membres de notre conseil croient à la nécessité
absolue du conseil de la communauté urbaine, lequel serait
composé de représentants élus et responsables
vis-à-vis d'un électorat dont les besoins seraient facilement
connus.
Cependant, ce conseil devrait être législatif et aucune
réglementation ne devrait devenir exécutoire sans avoir
préalablement reçu l'approbation. Nous croyons que l'avis du
conseil de la communauté doit être interprété comme
une simple procédure d'information. Notre ville en parlant du
comité exécutif possède ses officiers
exécutifs, elle aussi. Nous sommes conscients de leur importance.
Cependant, nous concevons mal que ces officiers puissent décider sans
autorisation préalablement approuvée par le conseil.
Le comité exécutif devrait être composé
d'officiers qui exécuteraient les décisions telles quelles
auraient été préalablement approuvées par la
majorité du conseil de la communauté. Nous croyons que ce
comité exécutif devrait soumettre des projets en vue de la
normalisation des services à caractère régional. Mais de
là à réaliser sans avoir préalablement reçu
l'approbation de ceux qui sont mandatés pour représenter les
citoyens qui devront en acquitter la note... Nous constatons que plusieurs
services viendraient doubler ceux déjà existants au ministre des
Affaires municipales. Il nous semble que ces procédures d'approbation
paralyseraient l'administration des villes.
Honorable ministre, nous résumons notre pensée à
l'effet que, tout en respectant l'obligation de coordination dans le
Québec métropolitain, on permette l'expression de la
volonté de ceux qui en défraieront les déboursés.
Nous croyons que, pour atteindre ce but, la loi devra laisser les
responsabilités de décision aux représentants élus
de la communauté.
Nous demeurons S votre entière disposition et vous assurons de la
collaboration de notre ville, en espérant que comme membres élus,
nous demeurerons responsables de l'administration vis-à-vis des
citoyens.
Et maintenant, je continue comme homme public à exposer des
choses que Je préconise.
C'est une opinion personnelle, mais qui est partagée par quelques
citoyens de ma ville.
Lors de la réunion de Lévis, je me suis levé et
j'ai été personnellement contre et je l'ai dit à ce
moment-là les pouvoirs absolus qui nous retournent dans la
jungle, aux mains d'un seul homme non mandaté par le peuple.
Si vous voulez, ça ouvre un peu mon appétit
je vais vous citer un exemple d'une dépense qui, étant
donné que ce sont les citoyens qui paieront la note, deviendrait
excessivement onéreuse.
J'ai 35 ans et Je postule le poste qui va être ouvert.
Après quatre ans, J'aurai gagné $120,000 et, si je vis
jusqu'à 70 ans, j'aurai 35 ans de pension à $12,000 par
année, ce qui me donnera $420,000, plus $120,000, donc $540,000, un
demi-million. Moi, je veux la place.
M. LUSSIER: M. le maire, c'est une erreur qui s'est glissée dans
la rédaction. Cette affaire-là n'avait pas été
discutée et approuvée telle quelle lors des conférences de
presse et toutes les fois qu'on en a parlé. Il n'était pas dans
notre intention d'inclure cela dans l'avant-projet.
M. MAROIS: Mais, c'est resté.
M. LESAGE: Cela s'est glissé comment?
M. LAPORTE: Subrepticement.
M. LESAGE: Oui, mais, avant de déposer en
Chambre le document sessionnel numéro 200,1e ministre n'avait-il
pas lu les épreuves?
M. LUSSIER: Ecoutez, il peut se glisser des erreurs comme
celle-là.
M. LESAGE: C'est pire qu'une erreur.
M. LAPORTE: Quand il y a seulement des erreurs?
M. LACROIX: II n'a pas décelé celle-là, parce qu'il
n'y a que des erreurs.
M. LUSSIER: Evidemment, celle-là, non. J'aimais simplement
à refaire cette mise au point.
M. LAPORTE: Si vous passez aux aveux, cela va être moins long.
M. MAROIS: M. le ministre, quand J'ai fait l'étude du document
avec notre conseil de ville, j'avais cela en main. Alors, c'est pour cela que
j'ai fait un petit travail de recherche. Cependant, je crois qu'il y a des gens
plus aptes que moi, qui, à l'aide de mots plus longs, pourront faire
comprendre qu'il faut s'asseoir et l'étudier davantage.
Si j'ai $540,000 dans mes poches, je suis intéressé, tel
que je le disais, à avoir le poste. De plus, je n'ai pas calculé
que, si ma femme me survit, elle aura touché une certaine partie de la
pension.
Voyez-vous, cela va ouvrir des appétits. Moi, je l'approuverais
si c'était moi qui était là; pour un autre, je ne
l'approuve pas. Parmi les citoyens à qui j'ai parlé
étant donné que M. Pinsonnault et cet autre monsieur ont fait des
allocutions qui exposent très bien les points juridiques et ainsi de
suite il y en a un qui me faisait remarquer que, si Catherine de Russie
avait pu lire ce document, elle aurait eu honte du peu de pouvoirs qu'elle
possédait. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Me Beaudry, s'il vous plaît.
M. BEAUDRY: M. le Président, il est certain que nombre de corps
publics et privés produiront des mémoires concernant le document
sessionnel numéro 199, à savoir l'avant-projet de la Loi de la
communauté urbaine de Montréal, ainsi que le document sessionnel
numéro 200 (avant-projet de Loi de la communauté urbaine de
Québec), vous permettant ainsi d'avoir leurs vues sur les lois
projetées.
Il en est un qui rarement fait parvenir ses vues, et c'est le
contribuable.
Certains contribuables étant propriétaires d'immeubles
tant dans la communauté urbaine de Montréal que dans la
communauté urbaine de Québec, ainsi que celle de l'Outaouais,
sont inquiets quant à l'évaluation foncière de leurs
immeubles.
L'article 18, en ce qui a trait aux évaluations municipales, se
lit comme suit: « Sous réserve de l'article suivant, à
compter de l'entrée en vigueur de la présente loi, la
communauté a juridiction, à l'exclusion des municipalités,
de la manière prévue par la présente loi, sur les
fonctions municipales suivantes: « a) L'uniformisation des rôles
d'évaluation foncière des municipalités de son territoire,
de telle sorte que ces évaluations totales, après avoir
été ajustées, paraissent avoir été
établies suivant les mêmes normes et principes et selon la
même base; « b) La coordination et la normalisation des
évaluations municipales dans son territoire, la nomination d'un
coordonnateur et la mise en vigueur d'un système uniforme pour
recueillir les données servant à la préparation des
rôles d'évaluation par les municipalités de son territoire.
»
Quant au paragraphe a) de l'article 18, nous y voyons certaines
dispositions de la loi concernant la corporation de Montréal
métropolitain (7-8 Elizabeth E, chapitre 52 et ses amendements), surtout
le paragraphe 2 de l'article 19, qui se lit comme suit: « la.
corporation, par résolution, pourra modifier les évaluations
totales apparaissant au certificat déposé par toute
municipalité autre que la ville de Montréal suivant qu'elle le
juge nécessaire ou utile, de façon qu'après avoir
apporté ces modifications, lesdites évaluations totales
paraissent avoir été établies suivant les normes et
principes employés pour la préparation du rôle de la ville
de Montréal en vigueur le premier mai de la même année.
»
Soit dit en passant, le document sessionnel numéro 199
(avant-projet de la Loi de la communauté urbaine de Montréal)
annule ceci et le remplace de la façon suivante: « Article 22:
Sous réserve de l'article 23, à compter de l'entrée en
vigueur de la présente loi, la communauté a juridiction, à
l'exclusion des municipalités, de la manière prévue par la
présente loi, sur les fonctions municipales suivantes: « a)
L'évaluation des biens imposables dans chacune des municipalités
de son territoire. »
L'article 25: « Le comité exécutif peut, par
règlement, pourvoir à l'organisation d'un service
d'évaluation pour l'ensemble de son terri-
toire et pourvoir à la nomination d'un estimateur. « Cet
estimateur est responsable de la confection pour chacune des
municipalités du territoire de la communauté, dans le cadre des
lois qui leur sont applicables, des rôles d'évaluation et des
rôles de valeur locative, s'il en est, de ces municipalités.
Chacune des municipalités rembourse à la communauté, sur
présentation d'un compte, le coût du service qui lui a
été ainsi rendu. « Cet estimateur, ou toute personne
désignée à cet effet sur sa recommandation par le
comité exécutif peut faire faire toutes les études
requises à l'établissement des normes pour la préparation
des rôles d'évaluation dans le territoire de la communauté.
»
Nous comprenons fort bien la raison du changement pour la
communauté urbaine de Montréal, mais comprenons fort mal la
raison d'appliquer à la communauté urbaine de Québec le
système actuel « d'égalisation » de la corporation de
Montréal métropolitain.
Les mots importants du paragraphe 2 de l'article 19 de la loi concernant
la corporation de Montréal métropolitain sont: « de
façon qu'après avoir apporté ces modifications, lesdites
évaluations totales paraissent avoir été établies
suivant les normes et principes employés pour la préparation du
rôle de la ville Montréal...»
De quelle façon prévoit-on obtenir cette «
uniformisation » dans le document sessionnel numéro 200?
Comme je vous l'ai lu: « La communauté peut modifier les
évaluations totales... de façon... qu'elles paraissent avoir
été établies suivant les mêmes normes et principes
et selon la même base ».
Comme vous pouvez le constater, il n'existe, pour la communauté
urbaine de Québec, aucun point de référence, soit pour
Montréal, le rôle de la ville de Montréal, et ceci peut non
seulement rendre l'application de ladite loi très difficile, mais
également produire une situation des plus confuses.
A ce stade, nous croyons, qu'il y a lieu d'étudier et de
clarifier la question de sémantique qui existe.
On prévoit: a) l'uniformisation; b) la coordination; c) la
normalisation.
M. LAPORTE: M. Beaudry, je m'excuse. Etant donné que j'ai
déjà eu l'occasion de lire votre texte et de la part des
membres de la commission, il est fort bien fait est-ce que vous auriez
objection j'ai consulté un certain nombre de membres de la
commission sans vous obliger à le lire en entier, que nous
l'inscrivions au complet dans le procès-verbal de notre réunion
de ce matin. Et cela vous éviterait d'avoir à le lire en entier,
et les membres de la commission en prendront certainement connaissance. Vous
faites des recommandations précises sur un certain nombre d'articles et
cela nous intéresse beaucoup. Alors, si vous n'y voyez pas
d'inconvénient,...
M. BEAUDRY: D'accord.
M. LAPORTE: ... nous n'avons pas d'objection à ne pas vous
obliger à lire votre mémoire.
M. BEAUDRY: Si tel est le désir de la commission.
M. LUSSIER: Si vous le préférez, nous n'avons pas
d'objection de fonds à ce qu'il soit annexé au journal des
Débats. Si vous tenez à le lire pour que les gens dans
l'assistance puissent connaître le point de vue des gens que vous
représentez, nous l'avons accepté pour d'autres, nous n'avons pas
d'objection a une formule ou l'autre.
M. BEAUDRY: Si vous me permettez, sans le lire...
M. LUSSIER: Me Beaudry, nous aimerions savoir qui vous
représentez.
M. BEAUDRY: Je m'attendais à cette question. Je peux dire que je
représente deux sociétés qui ont des immeubles, non
seulement dans la communauté urbaine de Québec, de l'Outaouais et
de Montréal, mais à travers la province. Est-ce que vous voulez
que je les nomme?
M. LAPORTE: Là, cela devient un peu équivoque, parce
qu'à lire le deuxième paragraphe de votre mémoire, je
pensais que vous vous représentiez vous-mêmes.
M. BE AUDRY: Je ne suis pas propriétaire.
M. LAPORTE: Il en est un quifait rarement parvenir ses vues et c'est le
contribuable. Et c'est M. Beaudry qui nous a fait parvenir ses vues.
M. BEAUDRY: Bien, c'est au nom de certains contribuables, comme je l'ai
corrigé. La seule chose sur laquelle j'aimerais attirerl'at-tention,
c'est que, comme vous le savez, je crois que tous les membres de la commission
sont au courant des études qui ont été faites, des
mémoires, etc. Sans nous référer à toutes les
lois,
nous soumettons respectueusement à la commission parlementaire
les suggestions suivantes: 1- Une loi de l'évaluation urbaine pour la
province de Québec. Dans mon mémoire, je différencie
l'évaluation rurale de l'évaluation urbaine.
Le problème est surtout du côté urbain. La formation
d'une commission d'évaluation urbaine, la préparation et la mise
en vigueur d'un manuel d'évaluation foncière et surtout, si vous
me le permettez, j'attire votre attention en tant qu'avocat ayant
plaidé non seulement devant les conseils municipaux et les bureaux de
revision, mais devant la cour Provinciale et la cour d'Appel j'attire,
dis-je, l'attention de la commission parlementaire sur l'opportunité de
prévoir, si tel est votre désir, la formation, à
même la Commission municipale de Québec, d'un tribunal d'appel
spécialisé ayant juridiction exclusive dans tous les cas
où la cour Provinciale a présentement juridiction en
matière d'évaluation, soit municipale ou scolaire, et dont les
décisions seront finales, incontestables et sans appel.
Nous soumettons ceci parce que nous disons que la chose municipale et
scolaire étant exclusivement du domaine provincial, nous croyons qu'il y
aurait lieu d'avoir un tribunal provincial qui s'occuperait de cette chose.
Je vous remercie de votre bonne attention.
M. LE PRESIDENT: Merci, Me Beaudry. Votre mémoire sera
consigné au journal des Débats. (Voir Annexe I) M. Tapin.
M. TAPIN: M. le Président, messieurs les membres de la
commission, monsieur le ministre. Nous n'avons pas de document à vous
soumettre...
M. LE PRESIDENT: Vous représentez la...
M. TAPIN: La CSN de la région de Québec.
Nous n'avons pas de document à vous présenter, mais je
voudrais vous faire remarquer que quand vous avez demandé, M. le
Président, aux personnes qui voulaient se faire entendre de se nommer,
en tant que président du conseil central des syndicats nationaux de
Québec, j'ai donné mon nom. Il reste que certains
confrères qui sont avec moi ce matin auront, dans le courant de la
journée, à se faire entendre. Dans le secteur professionnel, par
exemple à la commission des Transports, M. le ministre, il y a des
employés qui seront touchés et aussi chez les employés
municipaux.
Nous ne voulons pas dire que le projet de loi est excellent, très
bon. Nous voulons dire qu'il est bon. A partir de la convocation que nous avons
reçue du ministre des Affaires municipales et du temps où vous
nous avez convoqués, il est évident que le conseil central des
syndicats nationaux que je représente n'a pas été capable
de faire une étude sage, article par article, et de vous
présenter un document qui serait complet.
C'est la raison pour laquelle je suis très heureux de vous avoir
entendu dire, quand le maire de Québec vous a demandé d'avoir
d'autres rencontres, que ce serait la même chose pour les corps
intermédiaires.
Nous espérons nous faire entendre avec une étude
approfondie en vous présentant un mémoire. Mais, M. le ministre,
je voudrais vous souligner que l'organisme que je représente n'a pas
l'intention d'attendre encore bien des années. Un des articles du projet
de loi sur lequel nous sommes d'accord avec le gouvernement est l'article 18d)
qui parle de « l'établissement de fonds industriels, la promotion
industrielle et les parcs industriels ».
Je pense que le chômage, ce sont les travailleurs que je
représente qui en souffrent et que la pauvreté, c'est nous. Nous
sommes aussi des contribuables à l'intérieur des
municipalités et nous n'entendons pas attendre encore bien des
années avant d'avoir une structure à l'intérieur du
Québec métropolitain pour qu'on cesse de construire encore de la
pauvreté et du chômage.
C'est la raison pour laquelle nous voulons nous faire entendre. Nous
sommes très heureux, M. le ministre, d'avoir entendu dire que
c'était une erreur qui s'était glissée quand vous parliez
de la pension de ceux qui auront à être présidents de la
Communauté urbaine de Québec.
Parce qu'aucun travailleur que je représente n'aura une pension
de $12,000 par année après quatre ans. Et on sait comment on peut
se battre à l'intérieur des conventions collectives pour avoir un
fonds de pension minime.
Je suis très heureux de vous entendre dire que c'est une erreur.
Nous espérons que le délai que vous nous donnerez... nous pouvons
accepter jusqu'à la fin de septembre pour vous rencontrer pour que vous
ayez le temps de préparer le vrai projet de loi qui donnera à la
Communauté urbaine de Québec une structure qui puisse
fonctionner.
Merci, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Tapin. Me Gérard Fecteau.
M. FECTEAU: Pas « maître »...
M. LE PRESIDENT: M. Gérard Fecteau.
M. FECTEAU: Je représente la Chambre de commerce du district de
Québec. Vous avez le mémoire en main. On en a distribué 60
copies. Voulez-vous que je le lise ou voulez-vous le déposer aux
dossiers?
M. LE PRESIDENT: On peut le déposer aux dossiers. Mais si vous
voulez faire quelques commentaires, M. Fecteau.
M. FECTEAU: Est-ce que vous avez...
M. LUSSIER: Si vous voulez le lire, nous n'avons pas d'objection, vous
savez. Mais cela peut être déposé aussi sans que vous le
lisiez.
UNE VOIX: Est-ce qu'on peut avoir un sommaire?
M. FECTEAU: II n'est pas long. M. LAPORTE: Lisez-le donc.
M. FECTEAU: La Chambre de commerce du district de Québec tient
d'abord à réaffirmer l'appui du monde des affaires au principe de
la création d'une autorité métropolitaine. Elle veut enfin
profiter de cette première séance pour reconnaître le
travail considérable accompli au cours des derniers mois par le service
du plan du ministère des Affaires municipales.
Avant la publication de l'avant-projet de loi, le ministre avait tenu
des séances publiques pour expliquer les principes
généraux. Nous souhaiterions que ces séances d'information
reprennent, mais, cette fois, sur les diverses modalités qui demandent
des explications. Pour le moment, vous nous permettez quelques commentaires
généraux sur les points essentiels suivants: les fonctions, le
transfert des juridictions, la représentation et les structures. La
fonction: II est évident que la mise sur pied d'une véritable
autorité régionale serait simplifiée, s'il n'y avait au
départ que quelques municipalités d'importance comparable. Mais
en raison de circonstances historiques, le morcellement est ici beaucoup plus
poussé et irrationel que n'importe où ailleurs au Canada.
Dans les circonstances actuelles, il nous ap-paraît,
premièrement, que les champs d'activité devraient être
restreints au départ. Que le gouvernement devrait donner l'assurance que
la loi qui sera adoptée cette année, nous
l'espérons fera l'objet d'une réévaluation
méthodique d'ici quatre ans au plus tard. Que le nouvel organisme
devrait être formellement mandaté pour pro- poser, avec l'aide de
spécialistes, un plan de regroupement rationel des municipalités
d'ici deux ans au plus tard.
Au départ, le nouvel organisme pourrait, en priorité,
exercer les juridictions suivantes: le transport en commun, l'assainissement
des égouts, déjà amorcé d'ailleurs, la disposition
des ordures ménagères, l'uniformisation des rôles
d'évaluation et l'élaboration d'un plan directeur de
développement qui peut être fait, à partir du document
comme le rapport Vandry, Jobin, sans pour cela paralyser les initiatives en
cours.
Enfin, au départ, il nous apparaît impératif que la
communauté urbaine assume la fonction de la promotion touristique ainsi
que celle de la promotion industrielle.
Dès que la communauté urbaine disposera de
l'autorité requise pour agir dans ces domaines si essentiels pour le
progrès de notre région, la Chambre soumettra un mémoire
sur les modalités. Aujourd'hui, nous bornons notre intervention à
attirer l'attention du législateur sur l'importance que le mot «
exclusivement » ne signifie pas que l'entreprise privée ne pourra
pas acquérir et aménager des parcs industriels comme cela se
fait, avec un très vif succès, ailleurs. Le transfert de
juridiction.
La mise en marche du nouvel organisme exigera un certain temps. Aussi
faudra-t-il prévoir que le transfert de juridiction n'aura lieu que
lorsque le nouvel organisme, par règlement, manifestera qu'il est
prêt effectivement à l'assumer. A titre d'exemple, tant et aussi
longtemps que la majorité n'aura pas été
arrêtée en ce qui concerne la promotion touristique, il ne faudra
pas que la loi interdise aux municipalités de supporter
financièrement l'office du tourisme et des congrès qui oeuvrent
déjà depuis quelques mois dans ce champ d'action. Structures
et représentations.
Au chapitre des structures et des modes de représentation, la
Chambre de commerce du district de Québec est d'opinion que:
Premièrement, le vote de chaque membre au sein du collège
électoral devrait être proportionnel à la population du
territoire qu'il représente, sinon, au mépris de
l'équité et de la démocratie, on risque que les petites
municipalités emportent tous les sièges à l'exclusion de
ceux du secteur centre.
Deuxièmement, le conseil devrait jouir d'une autorité
réelle, notamment en ce qui concerne l'élargissement des
responsabilités du nouvel organisme et en ce qui concerne les
implications financières.
Troisièmement, à défaut de doter le conseil
d'une autorité réelle, il serait alors
préférable de l'abolir et de laisser sans équivoque toute
l'autorité au comité exécutif.
Quatrièmement, tout vote au comité exécutif et au
conseil devrait être proportionnel à la population du territoire
que le membre représente. Pour des raisons d'économie et
d'efficacité, le bureau d'assainissement des eaux et la commission
d'aménagement devraient être pleinement intégrés au
nouvel organisme. Eu égard au grand intérêt que les membres
portent à cette question, la Chambre manifeste son intention de suivre
de près l'étude de la loi et, à l'occasion, d'exposer son
point de vue sur des points particuliers.
P. S. La Chambre de commerce régionale de Montmorency appuie
cette déclaration de la Chambre de commerce du district de
Québec.
Merci, M. le ministre.
M. LE PRESIDENT: Merci beaucoup, M. Fecteau.
M. Arsenault, s'il vous plaît.
M. ARSENAULT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous vous identifier, s'il vous plaît?
M. ARSENAULT: Jean-Paul Arsenault, de la Chambre de commerce de
Sainte-Foy.
M. le Président, M. le Ministre, MM. les membres de la
commission, la Chambre de commerce de Sainte- Foy est en faveur du principe
d'une autorité métropolitaine.
Cependant, elle regrette le peu de temps qu'ont eu les
intéressés pour étudier un problème aussi
sérieux. Cette restriction étant faite, la Chambre de commerce de
Sainte- Foy soumet les remarques suivantes qui entre parenthèses, seront
très brèves à l'attention de la commission.
Première remarque: le financement des municipalités ne
semble pas devoir être centralisé. Nous soumettons qu'il devrait
l'être au moins pour deux bonnes raisons, à savoir le pouvoir
d'emprunt plus considérable qui en découlerait et l'obtention
d'un meilleur taux d'intérêt.
Deuxième remarque: on a prévu au texte de cet avant-projet
la centralisation de la majorité des services, tels que
l'évaluation municipale, l'urbanisme, la police et l'incendie, la
promotion industrielle, le tourisme et d'autres. Cependant, la centralisation
des services de financement et de la dette, de même que de la voirie
municipale, n'est pas prévue précisément.
Nous avons déjà fait une suggestion, à la remarque
un, en ce qui a trait au financement. Reste la voirie municipale. Existe-t-il
une raison spéciale pour ne pas avoir inclus la voirie municipale aux
articles 18, 19 et 20? Comme il nous apparaît que c'est le dernier
service important à centraliser, son exclusion demeurera peut-être
le seul obstacle à une fusion totale des 38 municipalités.
Troisième remarque: si nous nous référons aux
articles 8 et 9 du texte, nous croyons que la nomination des membres du
comité exécutif dans les secteurs autres que le secteur central
forcera une élection partielle en dedans de 60 jours d'abord, puis de 30
jours ensuite, après l'élection générale des
conseillers et maire.
Nous suggérons que les membres du comité exécutif
soient élus au suffrage universel et nous n'excluons pas la
possibilité de double mandat.
Quatrième remarque: nous aimerions clarifier les deux points
suivants: Qui peut se présenter comme président de la
communauté urbaine? Deuxièmement, est-ce que les membres des
commissions métropolitaines, commission du transport, bureau
d'assainissement, commission d'aménagement, peuvent être membres
du conseil ou de l'exécutif de la communauté?
Enfin, dernière remarque qui concerne la modalité de la
représentation au comité exécutif. Etant membre de la
Chambre de commerce de Sainte-Foy, je me dois de citer Sainte-Foy comme
exemple. Dans le texte de la loi, par exemple, Sainte-Foy représente
environ 70% de la population du secteur ouest. Cependant, elle n'a qu'une voix
sur quatre, c'est-à-dire 25% en ce qui a trait à la nomination
d'un membre au comité exécutif.
Nous croyons que Sainte-Foy, une des villes assez progesssives, devrait
avoir une meilleure opportunité pour être
représentée au dit comité exécutif. Ces remarques
sont faites de bonne foi dans un sens positif, et c'est dans cet esprit que
nous les soumettons à l'attention de la commission. Je vous
remercie.
M. LUSSIER: Alors, je vous remercie. M. le Président, simplement
à la remarque 4, je voudrais poser deux questions. Le reste du
mémoire, je n'en ferai pas de commentaires, pas plus que je n'en ai fait
sur les autres mémoires.
Qui peut se présenter comme président de la
communauté urbaine? Tous ceux qui ont le cens
d'éligibilité tel que décrit dans la Loi des cités
et villes actuellement.
Quant à la deuxième question: Est-ce que les
membres de la commission métropolitaine... c'est non.
Aussitôt qu'il y a un conflit d'intérêt, ils n'ont pas le
cens d'éligibilité.
M. LESAGE: Les délégués des corporations ne
siégeront pas sans droit de vote?
M. LUSSIER: Oui, comme conseillers. Ils siègent comme
conseillers.
M. LESAGE: Mais sans droit de vote. M. LUSSIER: Sans droit de vote. M.
LESAGE: C'est votre proposition. M. LUSSIER: C'est la proposition.
M. LESAGE: Vous ne voulez pas qu'on dise « votre ».
M. LAPORTE: Mais ça peut changer.
M. LESAGE: Je dis: C'est votre proposition. Il me répond: Non,
c'est la proposition.
M. LUSSIER: C'est très démocratique. M. LESAGE: Oui,
surtout...
M. LUSSIER: C'est un pas et une étape de franchis. Y a-t-il
d'autres mémoires?
M. LE PRESIDENT: Avez-vous un mémoire? M. Tremblay.
M. TREMBLAY: Je représente l'Association des propriétaires
de Québec, M. le Président. Un peu comme M. Tapin, je
représente aussi des pauvres et des futurs pauvres suivant
l'avènement de votre communauté urbaine.
Nous abondons dans le même sens, dans l'esprit de
l'assemblée générale au sujet de la
démocratisation. Nous sommes fermement pour une démocratisation
et pour que tous les personnages qu'on enverra là-bas, à la
communauté urbaine, soient élus d'une façon très
démocratique par suffrage universel.
Après avoir fouillé votre texte, j'ai remarqué
qu'il manque un règlement ou un mécanisme qui pourrait faire
naître une subvention statutaire suivant les possibilités de payer
des contribuables, propriétaires, locataires, etc. Il est entendu, pour
nous de la ville de Québec, une des villes les plus imposées en
Amérique, qu'actuellement beaucoup de propriétaires sont en voie
de perdre leur propriété. Il y a donc un barème, un point
d'arrêt à un moment donné. Je répète les
paroles de M. Dozois: Nous sommes saturés de taxes actuellement.
M. LAPORTE: C'est exact. On va en imposer d'autres.
M. TREMBLAY: De toute façon, sans vouloir me mêler des
affaires qui ne me regardent pas trop, je vais continuer dans le sens où
j'abondais tout à l'heure.
Il devrait justement y avoir un règlement de façon que,
lorsqu'on voit une saturation de taxes chez les contribuables d'une ville, le
gouvernement provincial qui veut créer un bébé, un gros
bébé, un genre d'éléphant, devrait au moins,
à mon sens, le nourrir.
Or, pour un mécanisme de subventions statutaires, un genre de
normalisation comme M. Beaudry le disait tout à l'heure, il est
important que, lorsqu'on crée quelque chose, on en prenne les
responsabilités. Le gouvernement, à mon sens, devrait faire un
règlement automatique qui permettrait aux propriétaires ainsi
qu'aux locataires de continuer à respirer. C'est une des pensées
que nous suggérons.
Deuxièmement, M. Johnson, lorsqu'il était vivant, parlait
souvent de l'abolition de la Commission d'aménagement de Québec.
Cette commission, à Québec, nous a fait perdre plusieurs millions
de dollars par son immobilisme et aussi par sa façon maladroite de
marcher. Par exemple, elle a laissé construire la Banque Royale au
centre du Carré d'Youville. C'était une circonstance où
cela n'aurait pas coûté trop cher, parce que nous avions
dépensé au delà de $400,000 pour enlever l'hôtel
Montcalm. Je pense que c'est très maladroit de reprendre cette
commission-là et d'en créer une autre identique.
Nous avons maintenant un peu l'expérience d'un comité
exécutif en miniature à Québec. Je tiens à vous
dire ceci, M. Lussier, aménagez donc une petite « job » pour
M. le maire, pour le mois de novembre, parce qu'il va être
remplacé.
UNE VOIX: Chou! Chou! Chou! M. LE PRESIDENT; M. Perron.
M. LEDUC (Taillon): Très gentil! Très gentil!
M. PERRON: M. le Président, M. le ministre, M. le chef de
l'Opposition...
M. LE PRESIDENT: Pourriez-vous vous identifier?
M. PERRON: En tant que président du Conseil du travail de
Québec, FTQ, et en l'absence de notre conseiller qui devait être
notre porte-parole, je vais vous donner mes impressions sur cet avant-projet
numéro 200.
Pour nous, le conseil du travail, dans les quelques mois de 1968, nous
avons eu l'occasion de préciser nos positions. Ce matin, je suis encore
en mesure de vous dire qu'en principe, nous approuvons la création d'un
gouvernement régional. Toutefois, nous tenons à ce que ce
gouvernement régional ait des structures démocratiques. Selon
moi, présentement, dans l'avant projet, je crois que les principes
démocratiques ont été complètement niés.
Je vois très bien un gouvernement supra-municipal ou un
gouvernement régional avec la structure suivante: Un conseil élu
par le peuple qui nomme un comité exécutif sous sa juridiction.
En un mot, ceci permettrait à tous les citoyens de cette
communauté d'être plus près de ce gouvernement
régional et de vivre une vie plus démocratique. Pour ce qui a
trait aux fonctions de ce gouvernement, je crois que ceci n'est pas
précisé dans le document Tel qu'il a été
mentionné précédemment, on parle de « pourra »
alors qu'on devrait dire « devra », ce qui serait mieux.
Ici, je rejoins les réflexions de MM. Lesage et Laporte à
l'effet que le gouvernement, après avoir tâté le pouls des
différents corps socio-économiques et des municipalités,
devrait préparer un projet de loi qui serait la position du
gouvernement. A ce moment-là, les corps socio-économiques et les
municipalités pourraient se présenter devant la commission des
bills privés ce serait probablement un bill privé
et faire valoir leurs opinions. Je ne vois pas l'utilité de commencer
à convoquer encore les municipalités pour étudier
l'avant-projet. Je préférerais que le gouvernement prépare
un projet de loi qui serait sa position à lui. A ce moment-là,
nous le défendrons ou nous le critiquerons selon le cas. C'est la
position présente du Conseil du travail de Québec.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Perron. M. Hébert.
M. HEBERT: Raymond Hébert, président de l'Association des
gérants municipaux du Québec.
M. le Président, messieurs les membres de la commission des
Affaires municipales de l'Assemblée nationale.
En publiant le document sessionnel no 200, intitulé Avant-projet
de loi de la Communauté urbaine du Québec, l'Assemblée
nationale donne suite au voeu formulé lors de la réunion de
synthèse tenue le 1er mars dernier par l'honorable Robert Lussier avec
les maires et les conseillers de la région.
Lors de cette assemblée, les maires et les conseillers de la
région reconnaissaient que la création d'un organisme
métropolitain était essentielle et que son efficacité
dépendrait des pouvoirs qu'on lui accorderait.
L'examen du document indique que le gouvernement du Québec, bien
que se rendant aux désirs des municipalités du Québec
métropolitain, va créer une structure régionale dont les
principales fonctions tomberont sous la juridiction directe d'un comité
exécutif. Les membres de ce comité ne feront partie d'aucun
conseil municipal et, de plus, ils ne seront pas liés à la vie de
la communauté urbaine.
L'Association des gérants municipaux du Québec
déplore ce fait. En effet, on accordera à un groupe de personnes,
qui après leur nomination au comité exécutif ne
représenteront plus la population, des pouvoirs que présentement
on refuse aux municipalités dont la population se situe entre 45,000 et
70,000 âmes, sous prétexte que la formule des comités
exécutifs, bien qu'étant efficace administrativement, est
considérée faussement par plusieurs comme
antidémocratique. Notre association recommande que la communauté
urbaine soit dotée d'un comité exécutif dont les membres
puissent demeurer élus du peuple en conservant le poste de maire ou de
conseiller.
Il en est de même pour le président qui, pour le premier
mandat, pourrait être choisi par le lieutenant-gouverneur en conseil au
sein des maires et des conseillers du Québec métropolitain et,
par la suite, être élu par les membres du conseil de la
communauté ou à un collège électoral.
Pour aider le conseil de la communauté et son comité
exécutif, un poste de directeur général ou de directeur
exécutif devrait être prévu par la loi. Il verrait à
coordonner des services qui devront être mis sur pied ou à
rapatrier des municipalités en vertu des fonctions qui sont
confiées à la juridiction de la communauté.
Enfin, l'Association des gérants municipaux, ne connaissant pas
l'esprit qui a présidé à la rédaction du texte de
loi proposé, se doit de protester fortement contre l'exclusion
automatique des fonctionnaires et employés municipaux, car nous savons
que, présentement, certains employés municipaux font d'excellents
conseillers municipaux.
Cet article de la loi risque, un jour, de priver la communauté
urbaine des services de per-
sonnes qui, par leur formation et par l'expérience acquise dans
le domaine municipal, sont parmi les gens les mieux préparés
à jouer le rôle de membres d'un comité exécutif.
Nous faisons nôtre le voeu exprimé lors de l'assemblée
jeudi dernier par les maires de la région pour qu'une réunion
d'information soit tenue avec les fonctionnaires du ministère des
Affaires municipales dans le but d'expliquer la philosophie qui a
présidé à la rédaction des textes. Ceci afin de
pouvoir clarifier plusieurs points qui ont soulevé des protestations ce
matin, faute de renseignements requis. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci. M. Beaudin, s'il vous plaît.
M. BEAUDIN: Roland Beaudin, maire de Sainte-Foy. M. le Président,
M. le ministre, messieurs de la commission, vu l'heure, je me dois d'être
très bref.
Les revendications que voulait présenter la ville de Sainte-Foy
se sont retrouvées dans la bouche d'autres, qui ont dit un peu ce que
nous pensions, à l'exclusion de deux points.
Le premier, c'est la formation d'un organisme métropolitain. On a
accusé celui qui nous est proposé de manquer de
démocratie. Depuis trois ans, j'ai étudié celui de
Toronto, parce qu'il est le plus près, et il semble bien fonctionner. Il
est organisé de la façon suivante: La loi prévoit que les
membres de l'organisme métropolitain sont les maires, les
contrôleurs des municipalités membres, parce que chez eux, on
élit celui qui détient le poste de contrôleur.
Ces gens-là agissent, une semaine, auniveau métropolitain
et, l'autre semaine, au niveau municipal. Vous avez dans ça et
cela vient de la bouche des maires qui en font partie l'organisme de
contrôle qui manque au bill qui nous est présenté, à
l'avant-projet. Imaginez-vous le maire qui pose des gestes contraires à
la communauté urbaine, la critique qu'il recevra lorsqu'il viendra agir,
la semaine suivante, au niveau municipal. Je pense que cette
représentation-là, cette formation administrative est valable
pour Toronto. Elle existe probablement dans d'autres municipalités qui
ont des gouvernements métropolitains mais que je n'ai pas
étudiés. J'ai étudié celui de Toronto, parce qu'il
est très près.
Dans le mémoire des maires que nous avons présenté
au ministère, l'essentiel du problème a été
exposé, très brièvement. On a parlé de
représentation, et nous avons insisté, tout de même,
à ce niveau-là. Quand je parle du comité des maires, il
faut penser que les maires ont consulté leurs conseilleurs, ont
consulté leurs officiers de ville et, à l'occasion, ont aussi
consulté les corps intermédiaires qui oeuvrent à
l'intérieur de chacune des municipalités. Là aussi, nous
avions insisté pour que les gens du gouvernement métropolitain
soient des gens déjà élus et en fonction au niveau
municipal. En agissant aux deux paliers, il n'y a pas de conflit, c'est
évident, mais il y a certainement un élément de
contrôle, parce qu'ils sont obligés de taxer les gens qui les ont
élus au niveau municipal. Ils seront obligés de rendre compte de
l'administration et de la dépense des fonds qu'ils ont votés au
niveau métropolitain.
Je termine par ceci. Je pense que le mémoire de la ville de
Québec est bien fait. Pour éviter à la ville de Sainte-Foy
de présenter le sien, j'endosse au nom de la municipalité de
Sainte-Foy, le mémoire de la ville de Québec. Merci,
messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire. M. Paquet. M. Paquet a
demandé d'être entendu, si c'est le consentement de la commission,
parce qu'il est arrivé en retard lorsqu'on a pris les noms tout à
l'heure.
M. LAPORTE: Oui.
M. LES AGE: Certainement.
M. LUSSIER: Certainement.
M. PAQUET: Merci, messieurs. Jean-Guy Paquet, avocat,
représentant de la cité de Saint-Romuald d'Etchemin. M. le
Président, nous appuyons les remarques de nos collègues sur la
possibilité de rencontres et d'études sur le document sessionnel.
Nous déposons le mémoire de l'Union des municipalités que
nous faisons nôtre en y ajoutant certaines remarques. Nous attirons votre
attention sur le problème des parcs industriels. Saint-Romuald ne veut
pas, par une loi, perdre ce qu'elle a construit avec effort et qui commence
aujourd'hui à porter des fruits. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Paquet. Maintenant, est-ce qu'il y a des
représentants de la cité de Loretteville?
M. PARENT: M. Parent, maire de Loretteville. Nous avons
préparé un mémoire. Il y a une cinquantaine d'exemplaires
à votre disposition, en arrière. Notre intention était que
vous le mettiez dans les dossiers pour l'étudier. Je vous remercie de
m'avoir donné la chance de dire quelques mots. Nous ne sommes pas contre
le
projet mais nous apportons quelques réserves que vous pourrez
lire dans le mémoire. Merci, messieurs.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. le maire. Le mémoire sera inscrit au
journal des Débats, (voir Annexe II)
M. LAPORTE: Cela va bien.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. LUSSIER: M. le Président, je crois bien qu'après les
remarques de messieurs les maires et les représentants des corps
intermédiaires, nous allons tenir des réunions d'information pour
les différents corps publics. Et ensuite, lorsque nous aurons
dûment informé la population, nous reviendrons tenir d'autres
séances de la commission des Affaires municipales au sujet de la
communauté urbaine de Québec. La semaine prochaine, mardi
prochain, nous pouvons siéger de nouveau, à 10 h 30, mais cette
fois pour étudier les problèmes du logement et de la construction
domiciliaire au Québec Nous nous sommes entendus avec Me Choquette et Me
Laporte. La semaine prochaine, la commission municipale siégerait
à ce sujet. Mardi prochain, même heure, même poste.
M. LE PRESIDENT: Le 26 août prochain, 10 h 30 à la salle 81
A.
M. LESAGE: Est-ce que c'est l'intention du ministre de donner suite
rapidement à la suggestion faite par le maire de Québec?
M. LUSSIER: Très rapidement. Comme d'habitude, d'ailleurs.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre pourrait, lors de la séance de
la semaine prochaine, nous faire rapport des convocations qui auront
été faites, ou des entrevues qui auront eu lieu?
M. LUSSIER: Cela me fera plaisir, M. le chef de l'Opposition, de vous
faire rapport.
M. LESAGE: Très bien.
M. LUSSIER: Très humblement.
M. LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux au mardi le 26
août, 10 h 30.
(Fin de la séance : 13 h 4)
ANNEXE I
MEMOIRE
A
LA COMMISSION PARLEMENTAIRE PERMANENTE DES AFFAIRES
MUNICIPALES
Ref: Document Sessionnel no 200,
avant-projet de Loi de la communauté urbaine de
Québec
Il est certain que nombre de corps publics et privés produiront
des mémoires concernant le « Document Sessionnel no 199
(avant-projet de Loi de la communauté urbaine de Montréal) ainsi
que le « Document Sessionnel no 200 (avant-projet de Loi de la
communauté urbaine de Québec), vous permettant ainsi d'avoir
leurs vues sur les lois projetées.
Il en est un qui rarement fait parvenir ses vues et c'est le
contribuable.
Certains contribuables étant propriétaires d'immeubles
tant dans la « communauté urbaine de Montréal » que
dans la « communauté urbaine de Québec » sont
inquiets quant à l'évaluation foncière de leurs
immeubles.
L'article 18 en ce qui a trait aux évaluations municipales se lit
comme suit: 18. « Sous réserve de l'article suivant, à
compter de l'entrée en vigueur de la présente loi, la
communauté a Juridiction, 3. l'exclusion des municipalités, de la
manière prévue par la présente loi, sur les fonctions
municipales suivantes: a) l'uniformisation des rôles d'évaluation
foncière des municipalités de son territoire, de telle sorte que
ces évaluations totales, après avoir été
ajustées, paraissent avoir été établies suivant les
mêmes normes et principes et selon la même base; b) la coordination
et la normalisation des évaluations municipales dans son territoire, la
nomination d'un coordonnateur et la mise en vigueur d'un système
uniforme pour recueillir les données servant à la
préparation des rôles d'évaluation par les
municipalités de son territoire; »
Quant au paragraphe a) de l'article 18, nous y voyons certaines
dispositions de la loi concernant la corporation de Montréal
Métropolitain (7-8 Elizabeth Il, chapitre 52 et ses amendements) surtout
le paragraphe 2 de l'article 19 qui se lit comme suit: « La corporation,
par résolution, pourra modifier les évaluations totales
apparaissant au certificat déposé par toute municipalité
autre que la ville de Montréal suivant qu'elle le Juge nécessaire
ou utile, de façon qu'après avoir apporté ces
modifications, les dites évaluations totales paraissent avoir
été établies suivant les normes et principes
employés pour la préparation du rôle de la Ville de
Montréal en vigueur le premier mai de la même année.
»
Soit-dit en passant que le « Document Sessionnel no 199
(avant-projet de Loi de la communauté urbaine de Montréal) annule
ceci et le remplace de la façon suivante:
22. « Sous réserve de l'article 23,à compter de
l'entrée en vigueur de la présente loi, la communauté a
juridiction, à l'exclusion des municipalités, de la
manière prévue par la présente loi, sur les fonctions
municipales suivantes: a) l'évaluation des biens imposables dans chacune
des municipalités de son territoire; » 25. « le
comité exécutif peut, par règlement, pourvoir à
l'organisation d'un service d'évaluation pour l'ensemble de son
territoire et pourvoir la nomination d'un estimateur.
Cet estimateur est responsable de la confection pour chacune des
municipalités du territoire de la communauté, dans le cadre des
lois qui leur sont applicables, des rôles d'évaluation et des
rôles de valeur locative, s'il en est, de ces municipalités.
Chacune des municipalités rembourse à la communauté, sur
présentation d'un compte, le coût du service qui lui a
été ainsi rendu.
Cet estimateur ou toute personne désignée à cet
effet sur sa recommandation par le comité exécutif peut faire
toutes les études requises à l'établissement des normes
pour la préparation des rôles d'évaluation dans le
territoire de la communauté. »
Nous comprenons fort bien la raison du changement pour la
communauté urbaine de Montréal mais comprenons fort mal la raison
d'appliquer à la communauté urbaine de Québec le
système actuel « d'égalisation » de la corporation de
Montréal Métropolitain.
Les mots importants du paragraphe 2 de l'article 19 de la loi concernant
la corporation de Montréal Métropolitain sont: « de
façon qu'après avoir apporté ces modifications, les dites
évaluations totales paraissent avoir été établies
suivant les normes et principes employés pour la préparation du
rôle de la Ville de Montréal en vigueur le premier mai de la
même année. »
De quelle façon prévoit-on obtenir cette «
uniformisation » dans le « document sessionnel no 200 »?
Lisons, si vous le voulez bien, le premier paragraphe de l'article 22 du
dit « Document » 3 savoir: 22. « La communauté peut
modifier les évaluations totales apparaissant au certificat transmis par
les municipalités, suivant qu'elle le Juge nécessaire ou utile,
de façon qu'après avoir apporté ces modifications, les
dites évaluations totales paraissent avoir été
établies suivant les mêmes normes et principes et selon la
même base. »
Comme vous pouvez le constater, il n'existe aucun point de
référence et ceci peut non seulement rendre l'application de la
dite loi très difficile mais également produire une situation des
plus confuses.
A ce stade, nous croyons, qu'il y a lieu d'étudier et de
clarifier la question de sémantique qui existe.
On prévoit a) l'uniformisation b) la coordination c) la
normalisation
« L'uniformisation de l'évaluation consiste à
ramener à une même valeur, selon des indices pertinents, soit
à l'étendue de tout le territoire soit à l'étendue
d'une région, les biens-fonds qui n'auraient pas été
évalués à leur valeur réelle. Quant à la
normalisation, elle consiste à évaluer, selon des normes
uniformes, tous et chacun des immeubles. » (Rapport de la commission
royale d'enquête sur la fiscalité, décembre 1965, page
297). « The principal of uniformity is not to be confused with that of
equalization. The former is concerned with individuals in the same taxing area.
The latter is concerned with the distribution of tax burdens between different
municipalities answerable for taxes to a common superior municipality or
authority. » (Manning, « Assessment and Rating (4e ed. 1962) p.
161). « Par normalisation de l'évaluation foncière, nous
entendons, ici et dans les paragraphes qui suivent, la
réévaluation de tous les biens-fonds dans toutes les
municipalités à 100% de la valeur réelle.
Cette uniformisation consisterait à ramener tous ces rôles
à une valeur provisoirement comparable et aussi voisine que possible de
la valeur réelle, en appliquant à chacun d'eux le coefficient
nécessaire pour corriger l'écart relevé entre la valeur
réelle et la valeur d'évaluation de l'ensemble des biens-fonds
qui s'y trouvent portés. » (Tome III, section 494, Rapport de la
Commission Royale d'Enquête sur l'Enseignement dans la Province de
Québec, 1966).
L'Association des Estimateurs Municipaux du Québec, dans son
mémoire sur l'uniformisation et la normalisation des évaluations
foncières dans cette province, présenté au Ministre des
Affaires Municipales le 25 janvier 1964, disait: « Il importe tout
d'abord de préciser ce qu'il faut entendre par uniformisation en
matière d'évaluation. Nous dirons que l'uniformisation consiste
i. ajuster plusieurs évaluations, après qu'elles ont
été établies, à un même niveau selon un
dénominateur commun représentant l'indice des prix moyens des
ventes récentes, consenties librement. Elle peut être
opérée sur les évaluations individuelles d'une même
municipalité. Elle peut aussi être faite sur l'évaluation
globale de chacune des municipalités formant un comté ou une
région et, par la suite, être étendue à tous les
comtés ou régions de la province. Par ailleurs, la normalisation
consiste, selon nous, à procéder à l'évaluation de
tous et chacun des immeubles selon les mêmes normes, règles et
techniques. En somme, l'uniformisation se présente comme un moyen
d'équilibrer des résultats plus ou moins justes alors que la
normalisation a pour but d'assurer, par l'identité des moyens, la
justice et l'équité des évaluations. »
Qu'elle est cette méthode « rapport évaluation-vente
» pour fins d'uniformisation?
Le coordonnateur des évaluations de la corporation de
Montréal Métropolitain, dans son rapport en date du 2 juillet
1968, l'explique comme suit: « II existe deux méthodes reconnues
et utilisées tout particulièrement aux Etats-Unis en vue de
déterminer les faits servant à uniformiser les rôles de
différents districts, comtés ou municipalités. L'une est
une méthode d'échantillonage « representative sample
», et l'autre appelée « sales ratio » est basé
sur les ventes récentes. Chacune de ces méthodes doit, de toute
nécessité, être appréciée d'abord et surtout
selon l'exactitude des résultats obtenus et aussi selon la
facilité avec laquelle elle permet de justifier ces résultats. De
plus, il est important de considérer le coût de l'application de
chacune de ces méthodes.
La première méthode qui a été
utilisée par la corporation, il y a huit ans, et qui
a permis d'établir les facteurs d'uniformisation de 1959,
consiste à choisir, dans chaque municipalité, des
échantillons de propriétés de types aussi variées
que possible et à évaluer chacune de ces propriétés
à sa valeur marchande. Il suffit alors de calculer le pourcentage de
l'évaluation municipale de chaque échantillon à la valeur
marchande estimée et de grouper ces résultats pour
déterminer le niveau de l'évaluation municipale pour les
différentes catégories de propriétés. Sur la base
des résultats obtenus et considérant, s'il y à lieu,
l'importance relative de la valeur des terrains vacants, des industries, etc.,
la valeur marchande totale des biens imposables de chaque territoire est
estimée et comparée au total du rôle d'évaluation
pour obtenir le pourcentage cherché.
Il est évident que cette méthode donnera de très
bons résultats à condition que les échantillons choisis
soient représentatifs et que le nombre d'échantillons soit
suffisant. C'est ce dernier point qu'ont soulevé, avant 1960, plusieurs
municipalités qui étaient d'avis que le nombre
d'échantillons choisis dans leur municipalité était
totalement insuffisant. Il est évident que plus on augmente le nombre
d'échantillons plus on augmente le coût de l'expertise. C'est
pourquoi, plusieurs états américains ont Jugé qu'il
était trop coûteux d'exiger que des techniques aussi
élaborées soient appliquées aux expertises
d'uniformisation annuelle qu'ils dirigent.
Depuis 1960, j'ai donc préféré employer la seconde
méthode qui est couramment en usage aux Etats-Unis et qui a donné
d'excellents résultats à la corporation de Montréal
Métropolitain depuis sept ans.
Cette méthode consiste à relever les montants des ventes
de toutes les propriétés qui ont été vendues durant
une certaine période de temps. Le montant de l'évaluation
municipale apparaissant au rôle est ensuite comparé au montant de
la vente et le rapport évaluation/vente est alors établi pour
chaque propriété vendue.
Après avoir éliminé les ventes qui, par le
pourcentage trouvé, semblent exagérées ou insuffisantes et
qui ne représentent pas une transaction « bona fide », la
moyenne générale de ces pourcentages est alors calculée
pour chaque catégorie de bâtiments, s'il y a lieu.
Les résultats ainsi trouvés, étudiés et
analysés selon leur importance relative, nous permettent d'estimer le
niveau général d'évaluation par rapport aux ventes
récentes.
Alors que certains prétendent, comme je l'ai déjà
mentionné, que la première méthode n'est pas exacte parce
qu'elle est souvent basée sur un nombre insuffisant
d'échantillons, d'autres affirment que la seconde méthode n'est
pas recom-mandable parce que, tout en ayant cette fois un nombre beaucoup plus
élevé d'échantillons, elle comprend des ventes qui
devraient être rejetées ou modifiées si elles
étaient plus approfondies. Or, je suis d'opinion que cette
dernière méthode est très juste et équitable, si
elle est appliquée avec jugement et si elle comprend un nombre suffisant
de ventes. Les quelques ventes anormales qui peuvent se glisser dans l'analyse
se compensent habituellement parce qu'elles ne peuvent être toutes
supérieures ou inférieures à la vente normale. »
A notre avis, il semble que l'on a traduit « equalization »
par « uniformisation » et « uniformity » par «
normalisation ».
Il nous a été impossible, malgré nos recherches, de
trouver soit une définition soit une méthode d'application en ce
qui concerne « la coordination des évaluations municipales »
mentionnée au paragraphe b) de l'article 18 du document sessionnel no
200.
Nous croyons que les dispositions ci-dessus mentionnées ne feront
qu'aggraver la situation confuse qui existe présentement en ce qui a
trait aux évaluations foncières pour fins municipales, scolaires
ou régionales dans les limites de la communauté urbaine de
Québec.
En principe, nous sommes d'accord avec les dispositions des articles 26
et 27 qui se lisent comme suit: 26. « Le comité exécutif
peut, par règlement, organiser un service de coordination des
évaluations dans son territoire et pourvoir à la nomination d'un
coordonna-teur. » 27. « Le comité exécutif peut, par
résolution, autoriser le coordonnateur des évaluations ou tout
autre personne ou corporation qu'il désigne à procéder
à des études aux fins de recueillir les données
nécessaires ou utiles pour en arriver 8. la normalisation de
l'évaluation foncière de son territoire.
Le comité exécutif peut, par règlement,
établir les principes et les modalités qui doivent être
suivis par les évaluateurs dans la préparation des rôles
d'évaluation pour les municipalités de son territoire de
façon à normaliser cette évaluation foncière et
à en assurer la qualité. »
Dans le document sessionnel no 199 (avant-projet de Loi de la
communauté urbaine de Montréal), au troisième paragraphe
de l'article 25, il est dit: « Cet estimateur ou toute personne
désignée î cet effet sur sa recommandation par le
comité exécutif peut faire toutes études requises à
l'établissement des normes pour la préparation des rôles
d'évaluations dans le territoire de la communauté ».
Dans le cas présent, les mots « principes et
modalités » employés pour Québec comportent-ils le
même sens que le mot « normes » employé pour
Montréal et vice-versa. Ou pour être plus explicite seraient-ils
synonymes les uns des autres?
Présentement dans la province de Québec en matière
d'évaluation foncière il existe le problème de la
communauté urbaine et celui de la communauté rurale.
L'évaluation foncière rurale se fait présentement,
comme vous le savez, par voie d'exception et nous croyons qu'il ne serait pas
opportun pour le moment d'y apporter des changements, car il ne semble pas y
avoir de problèmes majeurs en procédant de cette
façon.
En ce qui concerne l'évaluation foncière urbaine, non
seulement des problèmes majeurs existent-ils, mais ils s'accentuent de
jour en jour produisant ainsi déséquilibre et
iniquité.
Pour remédier à la situation présente, nous vous
proposons les suggestions suivantes: 1. une loi d'évaluation urbaine
pour la province de Québec comprenant a) la formation d'une commission
d'évaluation urbaine. b) la préparation et mise en force d'un
manuel d'évaluation foncière. c) prévoir la formation
à même la commission municipale de Québec d'un tribunal
d'appel spécialisé ayant juridiction exclusive dans tous les cas
où la cour provinciale a présentement juridiction en
matière d'évaluation soit municipale ou scolaire et dont les
décisions seront finales, Incontestables et sans appel.
Les avantages d'une telle législation seraient: a) unité
de pensée b) unité d'action c) unité de revision ayant
pour effet de rendre l'évaluation foncière urbaine juste et
équitable tant pour les corporations que pour les contribuables.
Le tout humblement soumis, Montréal, le 13 août, 1969.
(Signé): Paul Beaudry, Avocat.
ANNEXE II
Mémoire de la Cité de
Loretteville
Document sesslonnel numéro 200
Avant-Projet de Loi de la Communauté urbaine de
Québec
Messieurs les Membres de la Commission des Affaires Municipales
Nous voulons dès le début de ce court exposé,
remercier L'Honorable Ministre des Affaires Municipales, pour
l'intérêt qu'il porte à la Région de Québec,
ainsi que pour nous avoir soumis copie du document sesslonnel numéro 200
soit: L'Avant-projet de Loi de la Communauté urbaine de
Québec.
Nos remerciements s'adressent également à la Commission
des Affaires Municipales, qui veut bien nous entendre.
La Cité de Loretteville ne s'oppose pas à la
création d'une Communauté urbaine pour la Région de
Québec, d'ailleurs elle l'a prouvé en faisant parvenir une
résolution en ce sens à l'Honorable Ministre des Affaires
Municipales à la suite de la Réunion des Maires et Conseillers de
la banlieue, tenue à Charlesbourg, le 22 février 1969 et dont
copie est annexée au présent mémoire pour votre
information.
Toutefois, nous aurions préféré que le Gouvernement
choisisse le mode mentionné dans la dite résolution plutôt
que de voir imposer celui contenu dans l'avant-projet cité comme
document sessionnel numéro 200. Il nous semble que la cause de la
démocratie serait de beaucoup mieux servie.
Ceci dit, nous vous soumettons donc ci-après les observations les
plus importantes que nous vous demandons humblement d'étudier avant de
recommander l'approbation d'un tel projet.
TITRE Il
LA COMMUNAUTE URBAINE
Article 9:
Une allocation raisonnable pour les dépenses d'élection
calculée au prorata par électeur inscrit, devrait être
accordée à chacun des candidats.
Afin d'obtenir des candidats compétents et sérieux, ainsi
que pour en éviter la multiplicité, chaque personne
intéressée devrait faire savoir son intention au Conseil de la
Communauté, au moins cinquante (50) jours avant la date prévue
pour l'élection.
Entre le cinquantième (50ième) et le trentième
(30iême) Jour avant la date prévue pour l'élection, le
Conseil devrait procéder à un scrutin de la façon
suivante:
Les Membres présents à l'assemblée du scrutin
devraient voter pour au plus trois (3) candidats et seuls les trois (3)
candidats ayant obtenu le plus de votes pourraient s'Inscrire en nomination et
Jouir de l'allocation des dépenses accordées. Article
10:
Il faudrait tenir compte de la population des villes impliquées
pour établir le choix des membres exécutifs en vue de conserver
le droit d'expression aux villes les plus importantes de chaque secteur.
Article 12:
Le système de pension devrait tenir compte du nombre
d'années de service et devrait être contributoire. Article
13:
Le maire-suppléant ou un substitut pourrait à l'occasion
remplacer le maire en cas d'absence de ce dernier avec le même
pouvoir.
Une rémunération devrait être accordée aux
membres du conseil. Article 14:
Une assemblée mensuelle à Jour fixe devrait être
statutaire.
TITRE III
LA COMMISSION DE TRANSPORT
Article 57:
Toutes décisions de la Commission devraient être
approuvées par le Conseil de la Communauté. Article
61;
La nomination du conseil ainsi que leur rénumération
devraient relever d'un règlement du Conseil de la Communauté
étant donné que les décisions de la Commission seraient
prises par les municipalités concernées.
Le nombre des Commissaires devrait être de six (6) en plus du
Président Directeur Général et choisi comme suit:
Deux (2) membres seraientdélégués pour le secteur
central. Un (1) pour chacun des secteurs ouest, nord, est et rive-sud.
Article 65:
Les personnes qui seraient au moment de leur nomination ou auraient
été à quelque moment durant les trois (3) dernières
années membres du conseil d'une municipalité devraient être
éllgibles au poste de commissaire. Article 85:
La Commission devrait suivre l'avis du Conseil de la Communauté
en ce qui concerne les circuits à desservir.
TITRE IV
LE BUREAU D'ASSAINISSEMENT DES EAUX
Article 107:
Le nombre des Commissaires devrait être de six (6) en plus du
Président et choisi comme suit:
Deux (2) membres seraient délégués pour le secteur
central. Un (1) pour chacun des secteurs, ouest, nord, est et rive-sud.
Article 109:
Le terme des six (6) membres devrait être de quatre (4) ans au
lieu de trois (3) ans.
TITRE VI
LA COMMISSION D'AMENAGEMENT DE QUEBEC
Article
170:
Le nombre des Commissaires devrait être de huit (8) en plus du
Président et choisi comme suit:
Le Président de la Communauté.
Le Président de la Chambre de Commerce de Québec.
Deux (2) membres pour le secteur central.
Un (1) pour chacun des secteurs ouest, est, nord et rive-sud.
Veuillez agréer, messieurs, l'expression de nos sentiments les
meilleurs,
LA CITE DE LORE TTEVILLE Par; M. Johnny Parent, Maire
CANADA,
PROVINCE DE QUEBEC,
CITE DE LORETTEVILLE.
EXTRAIT DU LIVRE DES DELIBERATIONS DU CONSEIL
MUNICIPAL DE LA CITE DE LORETTEVILLE
Séance du 24 février 1969.
A laquelle étalent présents monsieur le maire Johnny
Parent, messieurs les conseillers Hector Durand, Charles E. Boutet,
Roméo Vézina, Jean-Roger Durand et Joseph
Légaré.
Gilles Martel agissait à titre de Secrétaire de
l'assemblée.
ATTENDU que le 22 février 1969 une assemblée
générale des Maires et Conseillers Municipaux a
procédé à l'étude du cahier no 7, traitant de la
régionalisation du Service de Protection-Incendie dans le Québec
Métropolitain;
ATTENDU que vingt et une (21) municipalités étaient
dûment représentées lors de cette assemblée;
ATTENDU qu'un mémoire de résolutions a été
adopté lors de cette assemblée et qu'il y a lieu pour ce Conseil
d'adopter une résolution ayant pour but d'endosser le dit
mémoire;
EN CONSEQUENCE, il est proposé par monsieur le conseiller Joseph
Légaré et résolu I l'unanimité des membres
présents: 1- Que le Conseil Municipal de la Cité de Loretteville
appuie et endosse le mémoire de résolutions adopté le 22
février 1969 lors de l'assemblée générale des
Maires et Conseillers Municipaux, tenue en la Cité de Charlesbourg,
lequel mémoire fait partie intégrante de la présente
résolution pour valoir comme si ici au long récité; 2- Que
copie du mémoire ainsi que la présente résolution soit
transmise à l'assemblée nationale du Québec, au Ministre
des Affaires Municipales ainsi qu'à toutes les municipalités
comprises dans le projet visé au cahier no 7; 3- Que le Conseil de la
Cité de Loretteville demande à toutes les municipalités du
Québec Métropolitain de bien vouloir adopter une
résolution dans les mêmes termes.
VRAIE COPIE CERTIFIEE, CITE DE LORETTEVILLE,
Ce 27iême jour de février 1969.
(Signé): Gilles Martel, Secrétaire-Trésorier
27-2-69: copie transmise à l'Assemblée Nationale du
Québec; 27-2-69: copie transmise au Ministre des Affaires Municipales;
27-2-69: copie transmise à la Municipalité de l'Ancienne-Lorette
(Ville)
CANADA,
PROVINCE DE QUEBEC,
CITE DE LORETTEVILLE.
Présents: Monsieur le Maire Johnny Parent, messieurs les
conseillers Hector Durand, Charles E. Boutet, Roméo Vézina,
Jean-Roger Durand et Joseph Légaré.
Gilles Martel agissait 3 titre de Secrétaire de
l'assemblée. 27-2-69: copie transmise à la Municipalité de
l'Ancienne-Lorette (Paroisse); 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de Beauport; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de Sillery; 27-2-69; copie transmise à la
Municipalité de Lauzon; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité d'Orsainville; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de Duberger; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de St-Félix de Cap-Rouge; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de St-Emile; 27-2-69: copie transmise à
la Municipalité de St-David; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de Montmorency; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité du Lac St-Charles; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de Notre-Dame des Laurentides; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Courville; 27-2-69: copie transmise à
la Municipalité de Ste-Thérèse de Lisieux; 27-2-69: copie
transmise à la Municipalité de Giffard; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Ville Vanier; 27-2-69; copie transmise
à la Municipalité de Charlesbourg; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Charlesbourg-Ouest; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Charlesbourg-Est; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Villeneuve; 27-2-69: copie transmise
à la Municipalité de Ste-Foy; 27-2-69: copie transmise à
la Municipalité de Ville Les Saules; 27-2-69: copie transmise à
la Municipalité de Neufchâtel; 27-2-69: copie transmise à
la Municipalité de Lévis; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de St-Etienne; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de St-Nicolas; 27-2-69: copie transmise à la
Municipalité de St-Romuald;
VRAIE COPIE CERTIFIEE, CITE DE LORETTE VILLE,
Ce 27ième jour de février 1969.
(Signé): Gilles Martel, Secrétaire-Trésorier
EXTRAIT DES MINUTES DE L'ASSEMBLEE DES MAIRES ET DES
CONSEILLERS MUNICIPAUX
REUNIS EN ASSEMBLEE PLENIERE A CHARLESBOURG, LE 22
FEVRIER 1969.
RESOLUTION
CONSIDERANT que le Ministère des Affaires Municipales
prépare une Loi concernant un nouveau palier d'administration, soit un
Gouvernement Supramunlclpal pour le Québec Métropolitain;
CONSIDERANT que ce Ministère a tenu plusieurs séances
d'information sur différents problèmes métropolitains avec
les Maires et/ou leurs représentants;
CONSIDERANT que les Maires n'étaient pas mandatés pour se
prononcer sur des sujets d'une telle importance;
CONSIDERANT le manque total d'informations préalables sur l'ordre
du jour à discuter;
CONSIDERANT que les Maires devaient faire trop rapidement l'étude
de ces différents projets basés sur des données souvent
imprécises et parfois inexactes;
CONSIDERANT que les Conseils Municipaux ont été
élus pour des responsabilités précises auxquelles ils ne
peuvent déroger: EN CONSEQUENCE, il est proposé par
Monsieur Jules Beaulieu, Maire de Sillery et appuyé par Monsieur Robert
Guay, Maire de Lauzon, et résolu à l'unanimité par les
Maires et les Conseillers du Québec Métropolitain réunis
en assemblée plénière à Charlesbourg le 22
février 1969, ce qui suit:
I- de s'opposer, et ils s'opposent à la création d'un
nouveau palier administratif au niveau municipal, et ce pour les raisons
suivantes :
A- Une centralisation excessive diminue l'efficacité
administrative. B- Augmente de façon prohibitive le coût
d'administration. C- Apporte des retards considérables à toute
réalisation.
D- Impose des contrôles inutiles qui viennent s'ajouter à
la lourdeur et à la carence des organismes existants tels: a) La
Commission Municipale de Québec. b) La Régie des Eaux. c) La
Régie des Services Publics. d) La Commission d'Aménagement de
Québec. e) La Régie des Transports. f) Le Conseil d'Orientation
Economique. g) La Commission des Monuments Historiques. h) La Régie des
Loyers. i) La Commission de Police. j) Le Commissariat des Incendies.
II- De modifier ou d'abolir: a- La Commission d'Aménagement de
Québec, b- La Commission des Monuments Historiques, c- Le Conseil
d'Orientation Economique.
III- D'utiliser au maximum: a- La Commission Municipale de Québec
b- La Régie des Eaux. c- La Régie des Services Publics. d- La
Régie des Transports. e- La Commission de Police. f- Le Commissariat des
Incendies. PAR CONSEQUENT, l'assemblée n'accepte pas le principe
d'un gouvernement supramunicipal qui n'a pas à répondre
directement de ses responsabilités devant le peuple et
l'électorat.
L'assemblée s'objecte à toute structure comparable ou
analogue à celle établie par le Ministère de
l'Education.
CONSIDERANT que tout progrès social ou économique doit
être réalisé dans l'ordre, la compréhension, la
coopération et non dans la contrainte à quelque niveau de
Gouvernement que ce soit;
CONSIDERANT que le principe démocratique veut que les élus
du peuple conservent la responsabilité et l'entier contrôle de la
dépense des deniers prélevés dans la Municipalité
sous leur juridiction;
CONSIDERANT qu'il y a lieu d'établir des priorités dans
les problèmes métropolitains et des améliorations
basées sur la capacité de payer des contribuables soit: a) Le
transport en commun. b) La protection publique. c) La rénovation
urbaine. d) La santé et le bien-être.
CONSIDERANT qu'il existe entre municipalités des ententes qui
permettent l'utilisation au maximum de l'équipement existant;
CONSIDERANT que les problèmes de fiscalité doivent
être sérieusement étudiés avec les autorités
compétentes de façon à éviter: a) L'injustice. b)
Des taux de taxe normalisés pour les secteurs
défavorisés.
CONSIDERANT que la Loi des Cités et Villes et le Code Municipal
respectivement amendés par les bills 285 et 286 apportent aux
Municipalités les pouvoirs nécessaires à la coordination
ou à la fusion de services ou à l'annexion de territoire.
IL EST UNANIMEMENT RESOLU qu'il serait opportun que le Gouvernement du
Québec permette aux Municipalités de créer
elles-mêmes un organisme de coordination avec des pouvoirs à
être déterminés par l'assemblée majoritaire des
municipalités du Québec Métropolitain.
ADOPTE
Cette résolution est adoptée par les Municipalités
suivantes:
ANCIENNE-LORETTE (ville) MONTMORENCY
ANCIENNE-LORETTE (paroisse) LAC ST-CHARLES
BEAUPORT NOTRE-DAME DES LAURENTIDES
LORETTEVILLE COURVILLE
SILLERY STE-THERESE DE LISIEUX
LAUZON GIFFARD
ORSAINVILLE VANIER
DUBERGER CHARLESBOURG-OUEST
ST-FELIX DE CAP-ROUGE CHARLESBOURG-EST
ST-EMILE CHARLESBOURG
ST-DAVID
Que copie de cette résolution soit transmise à tous les
membres de l'Assemblée Nationale du Québec ainsi qu'à
l'Union des Municipalités.