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Commission permanente des Affaires municipales
Examen du problème du logement et de la
construction
domiciliaire au Québec
Séance du mercredi 26 novembre 1969.
(Dix heures trente-six minutes)
M. SAUVAGEAU (président de la commission permanente des Affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! Au nom du comité, je veux vous
souhaiter la plus cordiale des bienvenues à cette assemblée et je
demanderai aux personnes qui ont l'intention d'adresser la parole de bien
vouloir s'identifier au micro et de nommer le groupement qu'elles
représentent.
M.AUBRY: Pierre Aubry, Comité d'habitation et de
rénovation urbaine de la région métropolitaine de
Montréal.
M. DAIGLE: Amédée Daigle, directeur général
des services à la CSN, du Comité du logement de la CSN.
M. LALONDE: Jean-Louis Lalonde, président de l'Association des
architectes.
M. ARCHAMBAULT: Raymond Archambault. Pour autant que mes
collègues arriveront de Montréal, j'espère qu'on aura
quelque chose à vous présenter. Je représente la
Corporation des Urbanistes.
M. SMITH: Ed Smith, de l'ACEF de Montréal.
M. LE PRESIDENT: M. Smith, des Associations coopérative
d'habitations de Montréal?
M. SMITH: Coopérative de l'économie familiale.
M. LE PRESIDENT: Maintenant, on a ici un mémoire qui a
été présenté par le Montreal Diet Dispensary, qui
nous demande il ne peut pas être représenté
si on peut le déposer pour qu'il soit inscrit au journal des
Débats. (Voir annexe A).
M. LUSSIER: Moi, je n'ai pas d'objection. M. CHOQUETTE: Aucune
objection.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que c'est un
mémoire dont nous avons déjà pris connaissance à la
Commission parlementaire de la Famille et du Bien-Etre social et qui est d'une
grande utilité.
M. LE PRESIDENT: Bon. Maintenant, M. Daigle. M. Daigle est de la
Confédération des syndicats nationaux?
M. DAIGLE: Oui.
M. le Président, M. le Ministre, messieurs les
députés, la CSN s'est occupée des questions de logement
depuis longtemps, elle travaille pour ses membres à l'intérieur
de ces problèmes, mais elle ne s'était jamais donné ce
qu'on pourrait appeler une politique de logement.
A son dernier conseil confédéral, le comité qui,
à l'intérieur du mouvement, avait étudié ces
questions pour et au nom du mouvement, a soumis son rapport qui a
été adopté unanimement, devenant ainsi la politique du
mouvement. Ce document, nous ne l'avons pas réimprimé nous
n'avons pas eu le temps d'abord et c'est celui qui a été
soumis au conseil qui vous est intégralement soumis ce matin. C'est pour
cela que son introduction commence par: "II est inconcevable de penser qu'en
1969 la CSN n'ait pas une politique de logement cohérente." Alors comme
elle a adopté cela, nous croyons qu'on pourrait maintenant transposer et
arriver à ce qu'il soit nécessaire que le gouvernement de la
province ait, lui aussi, une politique de logement.
Or je dirige évidemment la délégation, mais je vais
demander, avec votre permission, au confrère Jacques Archambault, qui
est du comité qui a préparé la rédaction du
document et fait les recherches pertinentes, de bien vouloir vous donner une
synthèse de la première partie et ensuite les recommandations qui
sont inscrites à la fin du document.
Pardon! Le confrère Trudel est arrivé de Montréal
malgré la neige. C'est lui qui devait le faire. Nous allons le lui
demander.
M. TRUDEL: Le document que vous avez effectivement est un document qui
se présente comme un document interne de la CSN. A ce titre-là,
il est difficile de le lire intégralement. Je vais essayer de vous en
résumer les parties et vous en lire des extraits, ainsi que les
recommandations qui ont été adoptées comme telles par le
conseil confédéral.
Je voudrais commencer par deux citations de l'éminent urbaniste
conseil, M. Hans Blumenfeld, consultant à Toronto et à
Montréal, qui dit: "Ce qu'on appelle le problème des taudis,
c'est l'aspect du problème de la pauvreté concernant le
logement". Et l'auteur ajoute: "Si des centaines de mille familles au Canada
sont mal logées, c'est parce qu'il y a un monde entre le coût du
logement convenable et ce que ces familles peuvent ou veulent payer".
Alors nous partons de ce principe-là que, derrière le
problème du logement, en particulier le problème du logement
inapproprié, le problème des taudis, il y a le problème de
la pauvreté. Et c'est, selon nous, une grave illusion
de tenter de résoudre le problème de la pauvreté en
s'attaquant isolément au problème du logement.
Pour nous, une politique sociale globale est nécessaire,
c'est-à-dire que c'est à l'inégalité sociale qu'il
faut s'attaquer. D'autre part, une politique d'habitation qui s'adresse
à toute la population, qui tient compte de l'ensemble des besoins est
nécessaire, doit s'inscrire dans le cadre d'une politique
d'aménagement du territoire et d'aménagement urbain.
Pour une telle politique d'habitation, il est nécessaire de
concentrer les moyens de l'Etat et c'est pourquoi notre première
recommandation, c'est que le gouvernement du Québec doit réclamer
vigoureusement et sans équivoque sa compétence exclusive en
matière d'habitat et d'urbanisme.
Dans notre rapport, nous avons d'abord essayé de définir
les besoins en logement; c'est l'objet du chapitre 1, à la page 7. Parmi
les besoins du logement, il y a tout d'abord l'aspect de la quantité.
Une certaine quantité de logements doivent être construits
nécessairement chaque année pour remplacer ceux qui sont
démolis et faire face à l'expansion démographique.
D'après la Société centrale d'hypothèques et
de logement, plus de 250,000 nouveaux logements par année seraient
nécessaires pour éliminer, en cinq ans, le surpeuplement et le
recours aux logements inappropriés au Canada.
L'évaluation des besoins en unités de logement à
construire par année varie, suivant les sources, toujours pour le
Canada, de 170,000 à 250,000. Le rapport Hellyer proposait 200,000.
Par comparaison, voici le nombre d'unités construites au cours
des dernières années: 135,000 en 1966 - 164,000 en 1967 -196,000
en 1968.
Or il ne faut pas oublier que la construction du logement est soumise
aux lois et aux aléas du marché. Les mécanismes du
marché font qu'évidemment la demande la plus rentable est la
mieux satisfaite. Si l'on considère non plus la demande mais les besoins
réels, il demeure qu'il y a manque de logements, puisque beaucoup de
gens habitent encore des logements insalubres ou des logements
surpeuplés. Pour résoudre ces problèmes, il faut augmenter
le nombre de logements, donc en construire de nouveaux.
Les autres aspects des besoins du logement je vais passer assez
rapidement ce sont d'abord l'espace nécessaire ou, à
l'inverse, le problème du surpeuplement. Ensuite, il y a le
problème de la salubrité comme tel, le problème de la
qualité du milieu, de l'environnement du logement et aussi les
qualités du logement, l'équipement, l'entretien et le
vieillissement.
En fonction des constations que nous avons faites au chapitre des
besoins du logement, nous énonçons les recommandations suivantes:
Nous estimons qu'il existe une situation de crise grave du logement au
Québec, aussi bien en ce qui concerne la quantité que la
qualité du logement. Le comité évalue également
à 75,000, soit 30 p.c. de la quantité jugée
nécessaire par la société centrale pour le Canada, la
quantité de logements qu'il serait socialement nécessaire de
construire chaque année au Québec, c'est-à-dire la
quantité qui permettrait de résoudre les problèmes du
logement dans une période de cinq ans.
Le comité estime urgente, en conséquence, la
définition par le gouvernement québécois d'une politique
complète de l'habitation; il préconise un vaste programme de
construction intensive de logements qui tienne compte de toutes les normes
définies dans le présent chapitre en ce qui concerne l'espace
nécessaire, le milieu et les qualités essentielles du logement,
et est d'avis que ce programme ne saurait être réalisé sans
la participation et la consultation systématique des futurs usagers de
ces logements.
Le deuxième chapitre porte sur les aspects économiques
d'une politique de logement. Sous cette rubrique fort générale se
greffe tout le problème de la fiscalité, des coûts sociaux
du logement et du financement de la construction de logements.
L'aspect économique du problème du logement constitue
l'élément clé et décisif d'une politique du
logement.
A partir de cette considération, nous avons étudié
les différents aspects du coût du logement au Québec. Et je
vais lire, en particulier, une partie de l'article portant sur le coût du
logement à la page 15: "La satisfaction du besoin de logement ne peut se
faire au détriment des autres besoins; il faut donc pouvoir se loger
à un prix abordable. "Or, justement, au Québec, nous payons
très cher pour nous loger. C'est là, sans doute, relativement au
logement, le problème le plus général, car il touche
pratiquement tout le monde.
Les Québécois paient plus cher que d'autres peuples pour
leur logement, comme le démontre le tableau suivant."
Et il y a ici un tableau tiré de la revue de l'OCDE qui compare,
pour une quinzaine de pays, le pourcentage des dépenses en consommation,
c'est-à-dire le pourcentage du budget des consommateurs, consacré
au logement. On voit qu'en 1963 le Canada est au premier rang,
c'est-à-dire que c'est le pays, parmi ces différents pays,
où il en coûte le plus cher pour se loger.
Et on a ici un pourcentage de 16.4 p.c, alors qu au Québec les
études démontrent qu'il s'agit de 18 p.c. ou 19 p.c. en moyenne
du budget familial consacré au logement. C'est donc un coût
très élevé. Si on le compare particulièrement avec
la Suède, 9.3 p.c, "la
comparaison est particulièrement significative puisque c'est un
pays comparable pour le climat et le niveau de vie et que les gens y sont
remarquablement bien logés. "Le coût du logement est tel que,
selon le Canadian Welfare Council, 50 p.c. des Canadiens auraient besoin
d'assistance pour se loger convenablement. Il n'y a que 1 p.c. de logements
publics à prix modique au Canada, la plupart en Ontario. "Le coût
du logement est l'une des principales causes des autres problèmes.
Ainsi, à Montréal, les 40 p.c. des moins fortunés parmi la
population habitent 80 p.c. des vieux logements et 53 p.c. des logements
surpeuplés. Le principal problème auquel ont à faire face
les gens défavorisés, c'est que la hausse des salaires ne suit
pas la hausse des loyers. Dans la ville de Montréal en particulier, la
hausse des loyers a été nettement plus forte que la hausse des
salaires depuis quelques années. "En particulier entre 1951 et 1961
les chiffres dont nous disposons la hausse des loyers a
été de 83 p.c. et la hausse des salaires de 66.9 p.c. "Ceci n'est
qu'un exemple pour illustrer la situation. On pourrait faire, sans nul doute,
les mêmes constatations si on appliquait ces données à
l'ensemble de la province. "Si le loyer augmente plus vite que les revenus, il
faut ou bien lui consacrer une plus grande part du revenu, ou bien accepter
d'être plus mal logé; ceux qui ont un budget limité sont
astreints à ce deuxième choix." C'est ce qui explique
l'accroissement en gravité du problème du logement durant ces
dernières années. Je pense que c'est un des facteurs
d'explication. "Mais il est important de le souligner, le problème ne se
limite pas aux personnes à faible revenu, pas plus que le
problème de la santé n'est uniquement un problème
d'assistance médicale. Le problème est général,
c'est un manque de logements économiques pour une bonne majorité
de la population. "Monsieur Hans Blumenfeld, que nous avons cité plus
haut, a calculé qu'il faudrait $300 millions par année pour le
Canada, on peut dire peut-être $100 millions au Québec, c'est un
fardeau considérable, et surtout c'est un fardeau qui lui-même
augmente avec le coût moyen du logement."
A partir de ces constatations, une question s'impose: Pourquoi le
logement coûte-t-il si cher? C'est ce que nous avons voulu étudier
en examinant les différents facteurs du coût du logement.
Le coût de construction est un des facteurs les plus importants,
évidemment, et à l'intérieur du coût de
construction, c'est le coût des matériaux qui est
l'élément le plus important, surtout avec la taxe de 11 p.c.
"L'abolition de la taxe de 11 p.c. sur les matériaux aurait pour effet
de diminuer d'environ 5 p.c. le coût d'un logement neuf. "On peut
très probablement rechercher une réduction substantielle dans
l'industrialisation plus poussée et une utilisation plus rationnelle de
la main-d'oeuvre. Actuellement, le morcellement des entreprises et les
méthodes artisanales employées augmentent les coûts. Tout
en procurant plus de sécurité d'emploi aux travailleurs, la
généralisation de la préfabrication et des méthodes
industrielles de production en série pourrait, selon les experts,
réduire le coût d'environ 15 p.c."
Un autre facteur important dans le coût du logement, c'est le
terrain. Alors je vais lire l'article touchant la question du coût du
terrain. "Le coût du terrain devient de plus en plus un facteur
très important du coût du logement urbain. C'est le facteur dont
l'accroissement rapide est le plus responsable de la hausse des
dernières années. Ainsi de 1965 à 1966, le coût
moyen du terrain résidentiel s'est accru de 12.4 p.c. au Canada, il
s'est accru de 5 p.c. en 1967 et de 6 p.c. en 1968. Ce coût
représente actuellement plus de 500 p.c. de ce qu'il était en
1949. "N'oublions pas que le coût du terrain existe pour les vieux
logements comme pour les neufs, car la spéculation foncière ne
s'arrête jamais. On paye toujours, dans son loyer, une rente
foncière qui représente la part de la valeur marchande du
terrain, dans la valeur de l'immeuble. "La spéculation commence avec
tout terrain agricole sur lequel un développement urbain est jugé
possible dans les 10 ou 15 ans à venir. La différence entre le
prix du terrain agricole 1/2 cent le pied, en moyenne et le prix
du terrain de la Place Ville Marie - $100 le pied, soit 20,000 fois
illustre le vaste domaine de la spéculation foncière. "Ce qu'il
faut bien comprendre, c'est qu'absolument aucune valeur n'est produite par ce
processus. Le propriétaire n'a qu'à attendre. C'est le
développement environnant et les services fournis par la
collectivité qui élèvent la valeur d'un terrain. Le
marché du terrain ne fait que jouer le rôle de régulateur
économique de l'utilisation du sol, mais exactement le même
rôle pourrait être joué par un marché de location de
terrain au profit de la collectivité, si celle-ci était
propriétaire du sol. "Le coût du terrain pourrait être
entièrement soustrait du coût du logement, dont il
représente une part appréciable: pour les maisons simples au
Canada en 1968, une moyenne de $3,827 sur $19,967, soit 19 p.c. Au
Québec, la proportion semble un peu moins forte: environ 12 p.c.
à Montréal et à Québec pour des bungalows, dont le
coût moyen s'établit à $16,500. "Les sommes
dépensées chaque année en pure perte sous forme de rente
foncière sont énormes: seulement le terrain consommé pour
l'urbanisation nouvelle coûte chaque année $65,000,000 aux
Montréalais, suivant le rapport du service d'urbanisme de
Montréal, et
ce chiffre laisse de côté la hausse du prix des terrains
déjà construits. "On pourrait réduire ce coût
sensiblement, simplement par une meilleure planification urbaine, en
contrôlant les prix et les périodes de thésaurisation. On
pourrait l'abolir complètement par l'abolition de la
propriété privée du sol urbain. 'C'est dire que seule la
nationalisation du sol urbain pourrait éliminer totalement la
spéculation. Or, cette importante mesure pourrait être
réalisée sans investissement trop coûteux, si l'on
procédait comme suit: Le droit de propriété serait
transféré au pouvoir public à partir d'une date à
déterminer. Les anciens propriétaires détiendraient en
échange un bail leur garantissant les mêmes droits d'occupation
qu'auparavant. Pour les terrains vacants, ce droit d'occupation serait
acquis des propriétaires moyennant une compensation basée sur les
prix actuels et financée par des obligations municipales; les terrains
seraient ensuite loués aux futurs utilisateurs. Ainsi toute la
plus-value serait entièrement récupérée par la
collectivité. Pour les terrains bâtis, le droit
d'occupation ne serait racheté qu'au moment du remplacement des
édifices qui s'y trouvent. La nationalisation du sol urbain
serait décrétée par une loi québécoise, mais
l'application en serait confiée aux gouvernements municipaux dans la
mesure de leur capacité de l'appliquer, ou à des organismes
régionaux conçus à cette fin."
Parmi les facteurs du coût du logement, l'un prend de plus en plus
d'importance, comme on le sait, c'est le taux d'intérêt. La
première conséquence de la hausse des taux d'intérêt
est que les différentes politiques d'accession à la
propriété deviennent inopérantes parce qu'elles
s'appliquent à un très petit nombre de gens.
D'ailleurs, en ce qui concerne les politiques d'accession à la
propriété, elles sont particulièrement
inappropriées pour le Québec où l'attitude des gens face
à la propriété du logement est nettement différente
de ce qu'elle est dans le reste du Canada, y compris les provinces les moins
riches: A titre d'exemple, il y a 67 p.c. de locataires dans la zone
métropolitaine de Montréal et 38 p.c. à Toronto. Nous
avons différents chiffres également pour les différentes
provinces du Canada.
Devant ce phénomène-là, nous sommes plutôt
portés à conclure à une différence d'attitude des
Québécois plutôt qu'à un problème strictement
économique et nous préférons tenir compte de ce choix des
Québécois plutôt que de favoriser systématiquement
l'accession à la propriété.
La situation déplorable et anormale dans le domaine des taux
d'intérêt relève en fait de la politique économique.
Pour le logement, faut-il bonifier les taux d'intérêt? Nous allons
citer là-dessus également l'urbaniste Hans Blumenfeld qui dit:
"Certains gouvernements européens font des prêts pour la
construction de logement à un taux d'intérêt bien
inférieur à celui qu'ils paient eux-mêmes,
c'est-à-dire qu'ils donnent des subsides à un nombre
d'habitations. L'expérience générale a été
qu'au cours du temps on trouve, parmi les bénéficiaires des
subsides, des gens qui disposent d'un revenu bien plus élevé que
la majorité des contribuables qui paient ces subsides. Ce n'est donc pas
une bonne politique de subventionner des logements spécifiques."
Nous avons adopté à peu près cette attitude
vis-à-vis de la bonification du taux d'intérêt.
Un autre facteur du coût du logement est la taxation
foncière. "Le logement est probablement le besoin fondamental le plus
taxé. Alors que d'autres sociétés s'efforcent de
réduire le coût du logement par des subventions
généralisées, il est assez paradoxal de voir qu'ici on
fait du logement une importante source de revenus fiscaux. "Etablissons au
départ le fait que les taxes foncières, municipales et scolaires,
et la taxe d'eau sont payées entièrement par l'occupant du
logement, qu'il soit locataire ou propriétaire. C'est, si l'on veut, une
taxe indirecte payée dans le loyer avec les frais
généraux. Elle représente généralement
environ 20 p.c. du montant du loyer, c'est une moyenne. Si on consacre 20 p.c.
de son revenu au logement, c'est l'équivalent d'un impôt sur le
revenu de 4 p.c. "Mais, contrairement à l'impôt, la taxe
foncière est une taxe régressive; elle frappe plus durement ceux
qui doivent dépenser le plus pour le logement, en particulier les
familles nombreuses."
Or des solutions telles que l'évacuation du champ de la taxe
foncière par le domaine scolaire sont des solutions qui sont à
examiner dans cette optique.
Enfin, un dernier facteur non négligeable dans le coût du
logement, les profits. A ce propos, mentionnons seulement ici le fait que dans
de nombreux pays on a éliminé le profit de la plus grande partie
du domaine du logement par le moyen d'un secteur public étendu ou par la
formule des coopératives. "L'une des premières
conséquences du coût élevé du logement est
l'embarras dans lequel se trouvent souvent les personnes délogées
d'un logement à loyer modique. Il faut donc de toute évidence,
même si nous renonçons au système de subventions
généralisées, prévoir les
cas où les transformations nécessaires du milieu obligent
les gens à se reloger à un coût qui dépasse leurs
moyens. "Pour ces cas, une allocation de relogement doit être
prévue afin de combler la différence entre le coût du
nouveau logement et le loyer conforme aux moyens des gens, calculée sur
la base des revenus des charges familiales. "Alors, c'est là un des
aspects importants de notre politique, c'est la subvention aux personnes
plutôt que la subvention attachée au logement. "En
conqéquence de ces constatations, le comité de la CSN affirme que
le coût du logement est scandaleusement élevé au
Québec en particulier et que ce coût pourrait être
réduit de 30 p.c. à 50 p.c. si l'on procédait aux
réformes suivantes, que par ailleurs nous recommandons. 1- Abolition de
la taxe de 11 p.c. sur les matériaux; 2- Généralisation de
la préfabrication et des méthodes industrielles de production qui
réduirait le coût de la construction d'environ 10 p.c. à 15
p.c; 3- Abolition de la spéculation foncière selon les
modalités suivantes; Que soit
décrétée la nationalisation progressive du sol urbain;
Que soient adoptées dans l'immédiat les mesures suivantes,
en vue de préparer la nationalisation: contrôle strict sur le prix
des terrains, les périodes de thésaurisation, et l'urbanisation
du terrain agricole; constitution par les municipalités de
réserves de terrains pour toutes fins; interdiction de revendre du
terrain devenu propriété publique; création de
sociétés publiques pour le développement de villes
nouvelles.
Ces mesures appliquées rigoureusement réduiraient
progressivement le coût d'un logement d'environ 10 p.c. à 20 p.c.
4Application d'un taux préférentiel de financement public
qui réduirait le coût de 10 p.c. ou plus. (Il s'agit d'un taux
préférentiel et non pas d'un taux bonifié,
c'est-à-dire le taux auquel les pouvoirs publics obtiennent
eux-mêmes l'argent). 5Mise en place d'un secteur public du logement
s'autofinançant ce qui, par conséquent, éliminerait le
profit. "Le comité recommande de plus: Que les personnes qui
doivent se reloger en payant un loyer supérieur à leurs moyens
reçoivent une allocation de relogement pour combler la
différence; -- Que cette allocation soit normalement applicable au
secteur public où les personnes délogées auront
priorité. Qu'elle soit dans certains cas, également applicable
à un logement du secteur privé, pourvu que le montant ne soit pas
supérieur et qu'un contrat spécial soit passé avec le
locateur. Qu'une prime couvrant les frais réels du
déménagement soit en outre payée par les
municipalités ou les exploitants suivant les cas.
Au chapitre 3, nous avons, au passage, mentionné un
problème relié au logement: c'est le problème de la
main-d'oeuvre face à l'évolution des techniques de la
construction.
Au chapitre 4, nous étudions une solution en particulier: c'est
la création d'un vaste secteur public du logement. Je vais lire ce
chapitre. "Nous avons étudié jusqu'à maintenant diverses
composantes du problème du logement. Nous examinons maintenant les
solutions qu'on pourrait y apporter et que le mouvement syndical appuierait.
"Il y a déjà longtemps que nous entendons parler de
"rénovation urbaine" et, depuis, cette notion a considérablement
évolué. Une première conception de la rénovation
urbaine a fort heureusement été dépassée: celle qui
mettait l'accent sur la démolition des taudis et qui provoquait
l'expulsion pure et simple des "pauvres", sous prétexte
d'opération sociale. "On se préoccupe maintenant davantage de
reloger les gens. On commence à respecter un peu plus le milieu social
et les besoins véritables de la population. On n'a pas encore appris
toutefois à faire une place suffisante à la participation des
citoyens et, surtout, on reste pris avec les contradictions du système
du logement subventionné pour " personnes à faible revenu". "La
structure actuelle des grandes villes donne naissance au
phénomène suivant: les quartiers centraux vieillis sont devenus
l'habitat de la population défavorisée et de la main-d'oeuvre
mobile; d'autre part, les appartements de luxe remplacent progressivement cette
ancienne occupation du sol afin de profiter des avantages de la
proximité du centre-ville. "La rénovation urbaine actuelle
cherche à éviter les conséquences directes et naturelles
de la structure de l'économie foncière urbaine: accroissement de
la valeur des terrains accompagnant la dégradation physique
accélérée des quartiers centraux, éviction de la
population défavorisée et rupture de son milieu social,
démolition de logements à loyer modique.
"En voulant éviter ces conséquences et reloger les gens
dans leur milieu, on aboutit au résultat suivant: L'obligation de
reloger les personnes à faible revenu dans un logement très cher:
logement familial neuf de qualité supérieure construit sur un
terrain cher du centre-ville. "C'est le cas des Ilôts Saint-Martin, dans
la Petite Bourgogne, à Montréal. Le coût de telles
opérations implique qu'on ne peut reloger qu'un petit nombre de familles
et qu'on ne peut s'attaquer à l'ensemble du problème des
quartiers détériorés. "L'illogisme de cette formule de
rénovation urbaine tient au fait qu'elle ne s'attaque pas aux causes.
L'inégalité sociale forte entraîne la
ségrégation dans l'habitation, quel que soit le contexte; la
propriété foncière augmente les coûts de la
rénovation et empêche la réalisation de plans
intégrés visant à une localisation sociale optimale de
l'habitat. ''Cela nous ramène aux options fondamentales dont nous avons
déjà parlé: politique sociale et nationalisation du sol,
lesquelles sont à la racine du problème du logement. "D'autre
part, il apparaît clairement que le marché privé
capitaliste ne peut satisfaire les besoins de la population en logement et
surtout assurer la rénovation urbaine. "Une action massive et
concertée de l'Etat est donc nécessaire. C'est dans cette
perspective, et non pas dans une perspective de subventions, que le secteur
public du logement prend pour nous toute son importance. "Le secteur public du
logement, tel que nous le concevons, devra en effet s'autofinancer et mettre
sur le marché des logements qui en principe seront accessibles à
tous. "Le premier objectif de ce secteur public sera de combler la
différence entre la quantité de logements nécessaires
socialement et ce que le marché privé nous fournit
présentement. Nous avons calculé qu'au moins et c'est un
strict minimum 15,000 logements supplémentaires par année
seraient nécessaires au Québec, pour éliminer avant 10 ans
le surpeuplement et le recours au logement inapproprié. Rappelons
qu'à Montréal seulement, au moins 100,000 logements au minimum ne
répondent pas à des normes reconnues d'habitabilité. "Le
secteur public permettra également de réaliser des
économies dans le coût du logement vieux ou neuf, par
l'utilisation d'un financement public au meilleur taux et à long terme,
par une production industrielle massive et par la suppression du profit. Le
secteur public aura de plus un rôle régulateur sur l'ensemble du
marché du logement. Enfin, un autre objectif de ce secteur sera
d'améliorer la qualité du logement par des recherches sur les
plans et les méthodes de construction. "En somme, nous recommandons la
création d'un vaste secteur public du logement qui construira des
logements neufs et restaurera des vieux logements (assumant 30 p.c. à 40
p.c. de la production annuelle) dans le cadre de programmes de
développement de quartiers nouveaux ou de rénovation de quartiers
anciens. "Ce secteur public sera le promoteur d'une véritable
rénovation urbaine, qui consistera à transformer et
améliorer l'ensemble des conditions de la vie urbaine en respectant le
milieu social, la vie communautaire et tous les droits des résidants, y
compris celui de participer à l'élaboration et à la
gestion des projets. "Les ensembles résidentiels du secteur public
comporteront de nombreux services communautaires et seront gérés
par les résidants eux-mêmes, de la même façon que des
coopératives. Ils pourront également donner naissance à
des formules de copropriété. "Parallèlement au secteur
public et en collaboration avec lui, le secteur coopératif du logement
sera, d'autre part, encouragé à se développer. Nous
croyons, en effet, que le mouvement coopératif pourrait jouer un
rôle bien plus important qu'il ne l'a fait jusqu'à maintenant dans
le domaine du logement, en investissant massivement dans de vastes projets
économiques permettant ainsi à un plus grand nombre l'accession
à la propriété coopérative."
Le chapitre 5 porte spécialement sur la loi de la
Société d'habitation. Ce chapitre a été soumis au
groupe de travail qui étudie la réforme de la loi. Je vais le
lire également parce qu'il résume assez bien certains aspects de
notre politique. "La loi de la Société d'habitation du
Québec pèche, selon nous, par sa conception
générale: elle crée un organisme dispensateur du
subventions qui doit s'employer exclusivement à contrôler et
réglementer l'usage des fonds publics dispensés, au lieu
d'être lui-même un agent de réalisation d'une
véritable politique générale de l'habitation. " A la
racine des difficultés que l'on rencontre déjà dans
l'application de la loi se trouve le principe désastreux du logement
subventionné, c'est-à-dire le "logement à loyer modique
pour personnes à faible revenu", qui accompagne la "rénovation
urbaine" nord-américaine et explique sa faillite presque totale. "Nous
sommes d'avis que le système de logements subventionnés n'est pas
une solution appropriée à la crise grave du logement qui
sévit d'une façon latente et permanente au Québec. "Il
faudrait reprendre ici, pour bien expliciter notre pensée, les
considérations essentielles du mémoire que la CSN avait
présenté en 1968 au Conseil Supérieur de la famille sur
les problèmes du bien-être social et de la santé. Dans ce
mémoire, la CSN avait dénoncé cette tendance
profondément enracinée dans nos moeurs à considérer
toute
politique sociale un peu comme une brigade mobile ou une unité
sanitaire qui distribue à droite et à gauche des subsides, des
allocations, des subventions. Au lieu d'aller au fond des choses, et de
s'attaquer aux racines du mal, on applique des remèdes superficiels, on
pratique à fond l'assistance sociale. En d'autres termes, on se
débarrasse des importuns, de ceux qui réclament, de ce qui fait
honte à la société prospère, spécialement
dans le domaine du logement qui est sans doute le plus voyant".
Alors encore une fois, ce que disait Blumenfeld s'applique: "Si des
centaines de mille familles sont mal logées au Canada, c'est parce qu'il
y a un monde entre le coût du logement convenable et ce que les familles
peuvent et veulent payer". "Or la solution à cette incapacité de
payer latente et constante ce n'est pas la subvention. Ce sont d'abord des
mesures qui constituent des réformes de structures et que le mouvement
syndical s'emploie à réclamer: 1- L'augmentation des revenus des
travailleurs, spécialement le relèvement du salaire minimum. 2-
L'application de réformes de l'impôt visant à
dégrever les moindres revenus en tenant compte des charges familiales,
tel que suggéré dans l'énoncé de la politique sur
la fiscalité adoptée par la CSN. 3- L'augmentation des
allocations familiales. 4- L'établissement graduel du revenu minimum
garanti, de façon que l'individu et la famille administrent
eux-mêmes leur revenu et fassent eux-mêmes les options en face des
besoins à satisfaire. "Ce que la CSN recommande fondamentalement, c'est
donc une politique sociale complète d'une part, et d'autre part, une
politique de l'habitation distincte et s'adressant à toute la
population. "Cette politique de l'habitation aurait pour éléments
essentiels un vaste secteur public du logement qui s'autofinancerait et serait
l'agent par excellence d'une politique générale de
rénovation et d'habitation s'adressant à tous; un système
d'allocations de relogement accordées aux personnes; et la
nationalisation du sol urbain. "Il est à noter que nous recommandons
également la reprise en main par le gouvernement québécois
de toute la juridiction en matière d'habitation, et en
conséquence de l'utilisation de tous fonds publics consacrés
à cette fin. "Une nouvelle loi serait de toute évidence
nécessaire pour changer aussi profondément l'orientation de la
politique québécoise de l'habitation. Mais puisqu'il ne s'agit
encore que d'amender la loi actuelle, voici les modifications qui nous
paraissent à la fois minimales et essentielles pour nous rapprocher de
la conception que nous avons décrite. "En ce qui concerne le logement
subventionné: "Nous recommandons principalement de supprimer les
dispositions de la loi qui limitent son application aux "logements à
loyer modique" et "aux personnes à faibles revenus".
"L'inconvénient majeur d'une politique de logements subventionnés
vient du fait qu'elle est une politique d'exception, dont la conséquence
inévitable est la création de ghettos. Mais il y a plus; le
système de la subvention incite à l'irresponsabilité
administrative et à l'irrationalité économique en
encourageant les organismes requérants à tenter de justifier les
demandes de subventions les plus élevées possibles; il rend
obligatoire toute la série de contrôles et de procédures
complexes qu'on trouve dans la loi et ses règlements, avec les
problèmes de délais, de gels, d'incertitude, de conflits
d'intérêt et de manque d'information qui s'ensuivent. "Enfin,
limitée à la construction de logements pour personnes à
faible revenu, l'intervention publique ne peut s'exercer avec assez de latitude
et de moyens pour réaliser une véritable rénovation
urbaine, soit la transformation et la restructuration des quartiers en vue de
l'amélioration générale des conditions de vie urbaine.
"C'est pourquoi, même si on maintient encore une politique de logements
subventionnés, il est de la plus haute importance que les
municipalités, les offices municipaux et la société
elle-même ne soient pas limités à ce genre
d'activité mais puissent construire tout genre de logements.
Rôle de la société. "Le rôle et les pouvoirs
de la société devraient être définis de façon
beaucoup plus large, afin d'en faire un organisme d'initiative dans le domaine
de l'habitation. Son mode de formation devrait refléter cette
orientation différente. "En conséquence, la société
devrait pouvoir se livrer à toutes les activités et entreprendre
la réalisation de tous projets visant à assurer aux citoyens du
Québec un meilleur logement à meilleur coût.
La société devrait aussi encourager les
municipalités à oeuvrer dans le même sens. "En particulier,
la société devrait pouvoir elle-même construire des
logements et faire de la rénovation là où les
municipalités ne peuvent ou ne veulent s'acquitter de cette
tâche.
Pouvoirs des municipalités "En concordance avec ce qui
précède, les municipalités devraient pouvoir prendre toute
initiatice d'acquisition foncière et de construction immobilière,
notamment construire des logements accessibles à tous et offerts sur le
marché. "Il serait utile, d'autre part, de distinguer différentes
catégories de municipalités, selon leurs capacités
d'effectuer des opérations de rénovation ou de construction de
logements. En fonction de cette distinction, les municipalités d'une
certaine importance devraient pouvoir
entreprendre des projets et obtenir des prêts, tout en
n'étant soumis qu'à un strict minimum de contrôle de la
part de la société. "Les municipalités obtiendraient ce
droit en démontrant, par exemple, qu'elles possèdent un personnel
compétent affecté à la préparation des projets
d'habitation.
Offices municipaux "La recommandation qui précède
s'appliquerait également aux offices municipaux des villes
concernées. Des offices municipaux ou intermunicipaux pourraient, dans
certaines conditions, être considérés comme agents de la
société. "Quant au fonctionnement de ces offices, nous
recommandons qu'ils soient cogérés par des représentants
des pouvoirs publics, des organisations populaires et des associations de
résidants. Par ailleurs, les ensembles résidentiels du secteur
public devraient être autogérés par les résidants
eux-mêmes réunis en conseil. "Ces conseils éliraient les
gérants et prendraient toutes décisions administratives à
l'intérieur d'un budget approuvé par l'office municipal.
Aliénation de terrain public "II serait sans doute
approprié d'inclure dans la loi le principe général
suivant lequel aucun organisme public ne devrait pouvoir céder la
propriété d'un terrain à un acquéreur
privé.
Organismes sans but lucratif "A notre avis, les fonds publics ne
devraient servir généralement qu'à des fins publiques.
Nous ne pouvons concevoir d'autre part que la société et les
offices municipaux ne puissent eux-mêmes réaliser la plupart des
projets socialement utiles avec plus de compétence, une meilleure
coordination et plus de participation des citoyens, que des organismes sans but
lucratif, dont les motifs ne sont pas toujours totalement
désintéressés. ' C'est pourquoi nous recommandons que
l'application de la loi aux organismes sans but lucratif soit limitée de
la manière suivante: Que la loi s'applique exclusivement à
des sociétés coopératives répondant à des
normes précises d'organisation et de gestion conformes aux principes
coopératifs; Que ces coopératives observent les
mêmes normes que les offices municipaux, qu'elles s'autofinancent et
offrent des logements accessibles à tous; Que l'aide
apportée par la société à ces organismes ne soit
jamais sous forme de subventions, mais sous forme de prêts aux taux
chargés aux organismes publics, et sous forme de coopération
technique.
Allocation de relogement "Etant donné que nous pensons qu'un
système d'allocation aux personnes doit prendre le relai du logement
subventionné, nous estimons nécessaire que soit mis sur pied un
service ou office central chargé de distribuer ces allocations, suivant
les mêmes barèmes que l'échelle des loyers
subventionnés. "Nous ne voyons pas pourquoi ces allocations ne seraient
pas alors financées par la société, dans la même
mesure que le logement subventionné, c'est-à-dire jusqu'à
concurrence de 75 p.c. du montant de l'allocation."
Le chapitre 6 traite particulièrement de la question des
échelles de loyers. C'est un problème particulier. Je voudrais
simplement souligner que, d'après nous, un système
d'échelles de loyers peut être transformé en un
système d'allocations aux personnes, avec les mêmes
barèmes. Et dans cette optique, nous pensons qu'un tel régime,
d'abord, doit être établi sur les principes suivants: "Le loyer
doit être établi sur la base de la capacité de payer
(revenus et charges familiales) pour un logement attribué suivant les
besoins (surface et nombre de chambres par personne). "Personne ne doit
être expulsé par suite de l'amélioration de sa situation
financière."
Le régime que nous proposons, en résumé, c'est un
régime sans minimum de loyer, avec des taux de loyer progressifs,
variant de 16 p.c. à 28 p.c, avec des rabais, également, pour
personnes à charge, des rabais qui seraient inversement proportionnels
aux revenus, de manière à aider au maximum les personnes les plus
défavorisées.
Le chapitre 7 traite maintenant des droits des locataires; alors, je
lirai les recommandations de la CSN à cet effet. "Nous recommandons:
L'application rigoureuse de "codes du logement" du type de celui de
Montréal pour obliger les propriétaires à entretenir
convenablement les logements; L'adoption par la loi d'un bail type
conforme au code civil et respectant les droits des locataires; Que ce
bail comporte une clause obligeant le propriétaire à assurer le
logement contre le feu et les responsabilités publiques; Que la
date d'expiration des baux soit fixée au 1er juillet; L'abolition
des taxes de locataires imposées par certaines municipalités;
L'adoption d'une législation rigoureuse contre toute forme de
discrimination; Que soit pleinement reconnu le droit du locataire
à conserver son logement et qu'à cette fin soit supprimé
le droit abusif du
propriétaire d'expulser un locataire pour se loger lui-même
ou loger sa famille. "Enfin, considérant les particularités du
marché du logement les possibilités nombreuses d'abus dans
l'établissement du loyer, nous croyons nécessaire que le
contrôle des loyers soit étendu et que la loi actuelle soit rendue
plus efficace. "C'est pourquoi nous recommandons: Que la juridiction de
la régie des loyers s'étende obligatoirement à tous les
logements dans toutes les municipalités, sans considération de la
date de construction ou du coût du loyer; Qu'il incombe
désormais au propriétaire de s'adresser à la régie
pour toute augmentation de loyer; Que la régie détermine
la valeur locative maximale des logements en tenant compte de l'entretien;
qu'elle définisse également l'augmentation exacte qui sera
permise pour chaque logement dans les cas de hausse de taxes."
En ce qui concerne le logement des personnes âgées, je lis
également les recommandations : Que dans tout projet de
construction ou d'aménagement urbain, l'on tienne compte des personnes
âgées et que l'on établisse, après consultation avec
les intéressés, leurs besoins de logements individuels et
collectifs; Que dans tout projet de construction pour personnes
âgées, l'on tienne compte des facteurs suivants:
Nécessité de conserver, autant que possible,
l'indépendance de ces personnes âgées;
Nécessité de ne pas déplacer ces personnes et de les
maintenir dans leur cadre familier; Nécessité d'aide
matérielle et médicale adéquate; Etablissement de
primes de déménagement, si nécessaire;
Généralisation de la formule dite des "foyers-résidences",
avec conditions optimale d'accueil, d'assistance matérielle et
médicale, de facilités récréatives, d'espace d'air,
de possibilités de jardinage, etc.,; Fixation du coût de la
pension ou de location qui permette aux personnes âgées qui n'ont
comme unique ressource que la pension de vieillesse de demeurer dans ces
"foyers-résidences", si elles le désirent.
Et finalement, une attention particulière est recommandée
à l'égard du problème du logement des imigrants.
En guise de conclusion, disons que l'ensemble de notre rapport est
orienté dans le sens d'une intervention massive, directe et
décisive de l'Etat dans le domaine du logement.
Les formes d'intervention que nous retenons ne sont pas toujours les
mêmes que celles proposées par d'autres organismes. En
particulier, nous avons des réticences vis-à-vis des subventions
attachées au logement et des organismes sans but lucratif. Nous
préférons les allocations aux personnes et nous favorisons les
secteurs publics et coopératifs avec le maximum de participation des
citoyens. Mais les objectifs que nous poursuivons sont ceux de la plupart des
organisations populaires, c'est de résoudre les problèmes de
logement des plus défavorisés, mais aussi de procurer à
toute la population un logement de meilleure qualité et à
meilleur coût.
M. DAIGLE: Alors, M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, voilà la synthèse de ce qui est notre
point de vue sur ce que devrait être une politique du logement. Nous vous
remercions de nous avoir entendus et demeurons à votre disposition, si
vous avez des questions.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre.
M. LUSSIER: Vous me permettrez sans doute quelques questions. Vous avez
parlé au tout début de la consultation avec les futurs usagers
des maisons construites. D'après votre conception, de quelle
façon cette consultation devrait-elle être faite? A quel stade de
la rénovation ou de la construction, et comment pensez-vous qu'elle
devrait être faite?
M.TRUDEL: Nous pensons que la consultation doit se faire à toutes
les étapes. D'abord, à l'étape de l'élaboration des
projets. Il serait relativement facile d'accorder aux personnes
concernées par des projets de rénovation, dans les services
publics de planification, soit municipaux, soit provinciaux, la même
attention qu'on accorde aux hommes d'affaires, aux constructeurs, ou aux
promoteurs qui s'intéressent à exploiter leurs terrains ou
à entreprendre des projets de construction.
Je pense qu'il s'agit d'ouvrir largement les portes aux gens, en
particulier aux comités de citoyens qui se forment pour
représenter les personnes concernées par des projets de
rénovation, de recevoir ces gens-là et de les faire
participer dès le début, dès la première
étape de l'élaboration des projets de rénovation
urbaine.
Ce serait d'autant plus facile si on éliminait les
problèmes reliés à la spéculation foncière
particulièrement, qui obligent, dans certains cas, à une certaine
discrétion et qui empêchent le public d'être informé
en temps opportun et de participer. Donc cette participation-là devrait
être appelée au tout début de l'élaboration d'un
projet de telle façon que les gens soient d'abord informés de ce
qui les attend, soient libérés de l'incertitude et puissent
également apporter leur contribution, leur opinion et la conception de
leurs besoins.
Ensuite, comme nous le mentionnons d'ailleurs, nous considérons
que dans la gestion des projets, les citoyens concernés, les
résidants doivent être représentés à tous les
niveaux. Ils doivent être représentés au sein des offices
municipaux, ils doivent choisir eux-mêmes leurs représentants et
d'autre part, au niveau des ensembles résidentiels, au niveau
strictement local, nous considérons que les résidants peuvent
eux-mêmes élire leur conseil d'administration et prendre les
décisions en ce qui concerne l'administration quotidienne des ensembles
résidentiels publics, à l'intérieur, évidemment, de
normes établies et de budgets établis par les offices municipaux
et les services publics concernés.
M. LUSSIER: On entend parler ou l'on emploie souvent le mot
"spéculation". Comment la définissez-vous? Quelle est votre
conception de la spéculation?
M. TRUDEL: Eh bien, je pense qu'il faudrait dissiper une confusion sur
la question de la spéculation. Pour nous, il y a deux choses à
distinguer. Il y a la fraude et la spéculation. Pour nous, la
spéculation ne veut pas dire la fraude. On emploie habituellement
spéculation en parlant de transactions frauduleuses qui ont lieu
à l'occasion d'échanges de terrains et qui donnent lieu, à
ce moment-là, à des profits absolument incroyables dans le
domaine foncier. Cela, nous considérons que c'est de la fraude.
La spéculation pour nous, c'est toute transaction foncière
et immobilière. Il y a de la spéculation dans toute transaction
foncière et immobilière. Pour nous la spéculation, c'est
la plus-value du terrain, un point c'est tout. Alors, c'est dans ce
sens-là que nous disons que la spéculation, étant la
plus-value du terrain, ne peut disparaître que par la
propriété publique des terrains. Nous estimons que tout profit
réalisé dans la vente dans les transactions foncières, est
illégitime du fait qu'il n'apporte rien, que ces revenus n'apportent
absolument rien à la société. Ils ne produisent rien et
sont simplement le résultat de l'augmentation automatique de la valeur
des terrains par le développement urbain environnant.
En conséquence, nous pensons qu'il s'agit là tout
simplement de ressources collectives qui passent dans des mains privées.
Et à ce titre, nous demandons l'abolition de la spéculation
foncière par la propriété publique du sol.
M. LUSSIER: Alors, si je comprends bien, il y a une spéculation
qui est frauduleuse où les profits sont astronomiques et se font dans un
laps de temps très court, et il y a aussi une spéculation qui
vient du fait de transactions de terrains où il y a un profit
raisonnable; et les deux sortes de transactions, de profits, vous les rejetez
catégoriquement.
M. TRUDEL: C'est très clairement cela, oui.
M. CHOQUETTE: M. Trudel, je pense qu'il faut féliciter d'abord la
CSN pour le travail qu'elle nous a présenté ce matin, et les
auteurs en particulier. Je pense que vous admettrez avec nous que le programme
que vous proposez au comité du logement de l'Assemblée nationale,
n'est-ce-pas, est un programme très ambitieux et qui va très
loin.
D'après vous, supposons que nous devions choisir dans vos
suggestions celles que vous considérez les plus urgentes, les plus
immédiates, les plus nécessaires, dans quel ordre d'idées
devrions-nous nous diriger?
M. TRUDEL: Je pense que nous avons établi nous-mêmes
certaines étapes. Nous avons proposé, par exemple, des
modifications à la loi de la Société d'habitation. Ce sont
les modifications qui pourraient intervenir immédiatement. Ensuite, je
pense que c'est une question de priorité; d'abord, il y a la question de
la politique sociale comme telle qui est autre chose que le logement, mais qui
doit recevoir une priorité plus importante, je pense, que celle qu'elle
a actuellement. C'est conforme à l'orientation générale de
la CSN, qui a toujours réclamé, dans ce domaine-là, une
priorité importante accordée à la politique sociale. Donc
il y a la question de la politique sociale.
Maintenant, dans le domaine du logement strictement, je pense que la
construction d'un plus grand nombre de logements par le secteur public, le
développement du secteur public du logement est, pour nous, quelque
chose de prioritaire, à la fois pour créer des logements, et
à la fois pour permettre au secteur public, au gouvernement et aux
pouvoirs publics de commencer à réaliser une véritable
rénovation urbaine.
Egalement, les premières mesures en vue de la nationalisation du
sol urbain, les premières mesures, que nous énonçons pour
préparer la nationalisation du sol urbain, sont des mesures qui sont
aussi importantes, parce que la question du sol urbain est une question qui
engage l'avenir. Je pense également que la mise sur pied d'un
système d'allocations aux
personnes délogées est une chose également
extrêmement importante, qui devrait être mise sur pied
rapidement.
M. CHOQUETTE: M. Trudel, j'ai noté que vous préconisez, je
pense à juste titre, tout au moins dans les limites des capacités
financières de l'Etat, une expansion de la fonction de l'Etat et des
municipalités, dans le domaine du logement et en particulier du logement
public. J'ai noté également que, dans votre rapport, vous
insistez et je crois que c'est à juste titre sur un
rôle beaucoup plus dynamique de la part de coopératives de
logements. Je ne vois absolument rien dans votre rapport qui nous parle du
rôle du syndicalisme dans le logement parce que je ne suis pas de ceux
qui pensent que le syndicalisme a un rôle purement revendicateur et
négatif dans la société. Je pense que le syndicalisme
pourrait jouer un rôle très concret et très immédiat
dans ce domaine-là, en suscitant la construction de logements pour leurs
propres membres, en utilisant les moyens financiers qui sont à leur
disposition, soit en vertu de la loi de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, soit en vertu de la législation
provinciale, si nous pouvions, évidemment, améliorer la
législation de la loi de la Société d'habitation du
Québec.
Alors, je me dis: Pourquoi le mouvement syndical semble-t-il
réfractaire à une action efficace et concrète dans le
domaine du logement pour ses membres? Cela réglerait au moins,
peut-être, une partie du problème.
M.TRUDEL: Je pense d'abord qu'on ne peut pas dire qu'il soit
négatif d'étudier et de proposer, comme nous le faisons, des
politiques dans le domaine du logement. C'est notre rôle, d'abord, de
représenter nos membres et de demander, au nom de nos membres, les
politiques, que le gouvernement à la responsabilité d'appliquer.
Ce que nous voulons éviter, entre autres choses c'est de donner au
gouvernement une bonne excuse pour se débarrasser, pour échapper
à certaines de ses responsabilités. Nous croyons que, dans le
domaine du logement, il y a des responsabilités considérables que
le gouvernement, actuellement, n'assume pas.
Maintenant, pour ce qui est des syndicats, je voudrais d'abord
mentionner que les syndicats ne sont pas des constructeurs; ce n'est pas notre
rôle de constuire des logements d'abord et avant tout. Mais, si certains
syndicats s'intéressent à cette question-là, la meilleure
formule, d'après nous, ce serait qu'ils forment des coopératives.
En fait, la question rejoint un peu notre position sur les organismes sans but
lucratif. Nous, nous favorisons une seule forme d'organismes sans but lucratif,
c'est la formule coopérative, parce que c'est la seule qui assure la
participation encore une fois, à la condition que les principes
de l'organisation coopérative soient respectés c'est la
seule formule qui assure la participation réelle des citoyens.
Pour ce qui est des organismes sans but lucratif en
général, nous croyons que ce n'est pas toujours... D'abord il est
assez rare de rencontrer un organisme qui n'ait vraiment aucun but lucratif, il
y a toujours un but lucratif quelconque, il y a toujours des gens qui retirent
des salaires, etc., c'est une occasion également de favoritisme et
parfois même de gaspillage. Ce n'est pas non plus une bonne garantie
d'administration nécessairement et ce n'est pas une bonne garantie non
plus que l'organisme sans but lucratif soit le plus qualifié pour
construire du logement, pour faire les recherches et appliquer les meilleures
techniques dans le domaine du logement. De plus, ça ne favorise pas
nécessairement la participation des résidants et des citoyens que
nous désirons voir s'établir à la fois dans le secteur
public et dans le secteur coopératif. Alors si un syndicat ou un
organisme veut oeuvrer dans le domaine du logement, je pense qu'encore une fois
la meilleure formule serait de fonder des coopératives qui soient
réellement telles que nous les recommandons, des coopératives qui
permettent la participation des citoyens, et à ce titre-là nous
encourageons cette formule, la formule coopérative.
M. CHOQUETTE: Est-ce que vous avez des expériences
précises à nous citer, dans le monde syndical, de syndicats qui
ont formé des coopératives et qui ont agi dans le domaine du
logement sous la forme coopérative? On a l'expérience des
pompiers et des policiers de Montréal qui, je crois, est très
bonne parce qu'enfin là ce n'est pas nécessairement le
système coopératif. Je pense qu'on a utilisé une caisse,
n'est-ce pas, pour faire des prêts aux policiers et pompiers; c'est une
formule de financement.
M. TRUDEL: Justement, c'est qu'on a eu des formules de financement, il
faut bien distinguer les choses là; si on parle de financement, rien ne
s'oppose à ce que des groupes offrent à leurs membres un
financement pour se procurer des maisons; ça, c'est dans le
système actuel et ça peut continuer, rien ne s'objecte à
ça. En fait, ce que nous recommandons justement, c'est que le mouvement
coopératif, entre autres, ou les caisses d'économie, etc.,
mettent à la disposition de leurs membres des sources de financement. Je
veux dire que cet aspect ne résout pas l'ensemble du problème du
logement.
M. CHOQUETTE: Maintenant vous avez mentionné et insisté,
je crois et également à juste titre sur la question
de la nationalisation du sol urbain, n'est-ce pas? Or je me souvient
d'un article qui avait été publié dans le Devoir et
qui reproduisait une conférence donnée je ne sais pas si
c'était M. Claude Ryan ou enfin peut-être lui ou quelqu'un d'autre
disant que la nationalisation du sol urbain dans la région de
Montréal représenterait un coût de $2 milliards. Si nous
adoptions la méthode de financement proposée, l'émission
d'obligations pour indemniser les propriétaires expropriés,
ça voudrait dire que ça représenterait, enfin dans
l'immédiat, l'émission d'obligations jusqu'à $2 milliards.
Le marché est évidemment totalement incapable d'absorber de
telles émissions, enfin du moins dans l'immédiat.
Alors, voyez-vous d'autres formules, d'autres étapes qu'on
pourrait suivre pour adopter votre politique de nationalisation du sol urbain?
On sait qu'en Europe, dans certaines municipalités, c'est une politique
qu'on a pratiquée avec beaucoup de succès. Vous avez
mentionné, je pense, la Suède; c'est la même chose en
Hollande. Mais ces villes le pratiquent en quelque sorte, je pense, depuis le
Moyen-Age. Aujourd'hui, évidemment, nous prenons la situation, enfin une
situation nouvelle et dramatique ici au Québec dans ce
domaine-là, parce qu'il n'y a rien de fait. Est-ce que vous voyez des
étapes possibles à suivre pour mettre en oeuvre une politique
comme celle-là, mais qui ne causeraient pas des problèmes
financiers absolument incalculables, comme celui de nationaliser
immédiatement le sol urbain autour de Montréal, au coût que
j'ai mentionné tout à l'heure?
M. TRUDEL: Oui. Sauf erreur, je pense que le coût de $2 milliards,
c'est l'ensemble des terrains de la région métropolitaine.
D'abord nous disons qu'il s'agirait d'une nationalisation progressive,
c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'acheter tout du jour au lendemain,
mais ça pourrait s'échelonner sur une période d'une
centaine d'années peut-être, c'est-à-dire au fur et
à mesure que les terrains deviennent vacants; évidemment la
priorité, ce sont les terrains vacants, les terrains disponibles.
Maintenant, il ne faut pas oublier une chose, je pense, en ce qui concerne les
sources de financement. Les spéculateurs trouvent un financement pour
leur opérations. Effectivement, ils achètent des terrains et ils
en revendent en utilisant, pour une très forte partie, des capitaux
empruntés.
Nous croyons que les mêmes sources de capitaux qui servent
à financer les spéculateurs privés pourraient servir,
seraient disponibles pour financer le secteur public qui emprunterait pour
acheter des terrains et qui tirerait, par la suite, des revenus de ces
terrains. Il ne faut pas oublier que le système s'autofinance largement
puisque effectivement, à l'heure actuelle, le système procure des
profits considérables aux spéculateurs.
A ce moment-ci, le secteur public aurait deux choix:
D'abord en entreprenant une politique de rachat massif du sol, il
pourrait maintenir la valeur marchande des terrains, continuer comme avant
à suivre le marché en ce qui concerne la valeur marchande des
terrains et, à ce moment-là, récupérer des sommes
d'argent qui lui permettraient d'autofinancer constamment le rachat progressif
de tout le terrain, à un coût donc qui serait pratiquement nul
pour l'ensemble de la société, sauf que la collectivité
rachèterait progressivement les terrains et éliminerait
progressivement la plus-value foncière.
L'autre système est évidemment de baisser le coût du
terrain. Si on baisse le coût du terrain, il y a un avantage
immédiat pour les personnes qui doivent se construire, etc., le
coût du terrain étant un facteur du coût du logement. Le
coût du logement, à ce moment-là, serait diminué.
Evidemment cela coûterait plus cher et cela rapporterait moins et
peut-être qu'on serait obligé de payer partiellement en taxes ce
qu'on récupérerait dans une première étape comme
baisse du coût du logement.
De toute façon, dans un cas comme dans l'autre, il est possible,
à un coût minime, par un mécanisme de financement, de
récupérer le sol au grand bénéfice surtout dans
l'avenir des générations futures qui pourront disposer du sol
sans avoir à payer la rente foncière ou la plus-value
foncière qui existe actuellement et qui va continuer de
s'accroître.
M. CHOQUETTE: Est-ce que votre groupe a étudié les
incidences de la politique fiscale sur le domaine immobilier? Je veux
préciser ma pensée sur ce point-là et vous donner un
exemple. Supposons, par exemple, que j'achète une maison aujourd'hui
à Montréal, disons un taudis, une maison très vieille de
75 ou 100 ans, et je paie $40,000 pour cette maison où j'ai six ou huit
logements que je loue. C'est possible. Les gens paient assez cher pour ces
choses-là. Je peux commencer à employer la
dépréciation sur cet immeuble-là, qui est très
ancien et à utiliser cette dépréciation pour diminuer mes
paiements d'impôt sur le revenu. Est-ce que votre comité a
étudié la possibilité ni plus ni moins de modifier les
lois de l'impôt de façon que la dépréciation ne soit
plus une question qui soit presque totalement suggestive, comme le prix qui est
payé à l'heure actuelle, mais objective par rapport à
l'immeuble même, de façon à inciter soit la construction de
nouveaux immeubles ou à faire en sorte que les acquéreurs
d'immeubles délaissent l'achat de la vieille propriété
qui, au fond, souvent mérite d'être démolie.
M. TRUDEL: Ce point que vous amenez, nous ne l'avons pas examiné;
réellement, je pense que je ne pourrais pas vous donner une opinion
là-dessus. Il demeure qu'il existe un problème du vieux logement
qui se pose
souvent dans les ternies suivants... Je ne sais pas si c'est de cela que
vous voulez parler, là. Il y a le phénomène, par exemple,
de la démolition prématurée de logements qui seraient
encore bons, de bonne qualité, et en particulier avec un meilleur
entretien, et qui sont démolis à cause des mécanismes de
l'augmentation de la valeur marchande, de la rentabilité plus
élevée des appartements de luxe, etc. Il faudrait, selon nous,
une politique qui préserve ces logements, assure leur entretien et
également empêche leur démolition prématurée
qui a pour effet de priver les citoyens de logements à loyer modique et
de détruire également le milieu social dans le quartier
urbain.
Je ne sais pas si cela touche le problème que vous
mentionnez.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LUSSIER: M. Trudel, il est souvent fait mention dans votre
mémoire des subventions accordées par le gouvernement aux offices
d'habitation et aux municipalités quant à la rénovation et
aussi à l'habitation. Vous suggérez plutôt que des
allocations-logements soient payées directement aux locataires de
certaines maisons, aux locataires de certaines catégories.
Vous savez sans doute qu'il existe une forme d'allocation de logement
pour les personnes qui sont déplacées, pendant le temps où
elles sont déplacées. Mais je sais fort bien que ce n'est pas
cette forme d'allocation de logement dont vous parlez.
Actuellement, des subventions sont payées à des organismes
publics. Vous suggérez plutôt qu'elles soient payées
comme je le disais tout à l'heure à des individus, qui ne
sont pas capables de payer le prix modique du loyer. Est-ce que vous êtes
bien convaincu que c'est la façon la plus économique, qu'il ne
serait pas mieux de payer cette subvention? En fait, si vous parlez
d'allocations de logement à des individus, ce sont encore des
subventions qui, au lieu d'être payées à un organisme
public, sont payées à des individus. Selon votre
expérience, dans votre animation sociale, de la façon dont ces
gens administrent leur budget, est-ce qu'il serait sage d'acquiescer à
une formule telle que celle-là?
M. TRUDEL: Je pense que le problème n'est pas dans la
façon dont les gens administrent leur budget. Parce qu'en fait, c'est la
même subvention, c'est la même allocation qui s'applique dans un
cas comme dans l'autre. Lorsqu'une personne habite dans un logement qu'on
appelle subventionné, elle bénéficie d'un rabais par
rapport au loyer économique, au loyer qu'elle devrait payer sur le
marché. Elle jouit donc d'un certain montant de subventions
individuellement, qu'on ne lui donne pas mais qu'on lui attribue par le rabais
de loyer, par l'échelle de loyer. Alors, c'est le même montant
d'argent qu'on attribuerait aux personnes et le contrôle serait simple.
Il suffirait, en fait, que la personne démontre qu'elle habite un
logement, tel logement correspondant à ses besoins et qu'elle doit payer
tel montant. A ce moment-là, on applique la même échelle
des loyers et on lui paye la différence. Le seul contrôle à
effectuer est celui portant sur le revenu et sur le fait que la personne habite
bien le logement et en défraie bien le coût. Alors, c'est
exactement le même montant d'argent, sauf que l'argent est donné
aux personnes. La raison en est qu'à ce moment-là on évite
deux choses: d'abord on évite l'obligation de créer des ensembles
de logements qui s'adressent exclusivement à des personnes à
faible revenu, créant donc des ghettos; on évite également
que les personnes...
M. LUSSIER: Je vous demande pardon, M. Trudel, je pense qu'il existe
d'autres moyens, beaucoup d'autres moyens que celui-là, d'éviter
de créer des ghettos.
M. TRUDEL: A ce moment-là, vous êtes obligés de
tenir compte de l'administration du loyer. C'est l'administration du projet qui
doit tenir compte des différents loyers que ses locataires paient en
fonction de leurs moyens. Et à ce moment-là, il y a une relation,
si vous voulez, entre les administrateurs du projet et la personne
identifiée comme une personne à faible revenu. Sur le plan
social, il y a peut-être des inconvénients à cette
formule-là, et nous pensons qu'il y a peut-être plus de souplesse
dans la formule qui consiste à donner des allocations aux personnes,
parce que les personnes, à ce moment-là, sont plus mobiles, elles
peuvent choisir peut-être plus facilement les logements qu'elles
désirent habiter. C'est un peu le but que nous préconisons.
Ensuite, il faut bien dire que, jusqu'à maintenant, les projets de
loyers subventionnés étaient quand même
réservés aux personnes à faible revenu. Si on arrive
à une solution de compromis où l'on aurait quand même des
logements où pourraient habiter des personnes de tous revenus, à
ce moment-là, nous nous estimerions en grande partie satisfaits. Je veux
dire que c'est le principal problème, que celui de la formation des
ghettos ou de la politique d'exception comme telle et probablement le
problème majeur auquel nous voulons apporter un remède.
M. LUSSIER: Est-ce que ces allocations seraient payées uniquement
à ceux qui habitent des logements publics ou également à
ceux qui habitent des logements du secteur privé?
M. TRUDEL: Bien, c'est justement une différence. Nous proposons
que les allocations de logement s'appliquent en priorité au secteur
public, mais qu'il puisse exister une possibilité suivant laquelle les
gens puissent employer leurs
subventions à des logements loués dans le secteur
privé. A ce moment-là, ça prendrait peut-être un
type spécial de contrat avec le propriétaire pour assurer un
certain contrôle. Mais il y aurait cette possibilité, que les gens
puissent employer leurs allocations à un logement loué dans le
secteur privé, qui leur conviendrait.
M. LUSSIER: Et dans votre politique, vous dites que ce sont les gens les
plus défavorisés dont nous devons nous occuper d'abord.
M. TRUDEL: Oui.
M. LUSSIER: Comment pouvez-vous concilier votre politique
d'élimination de ghettos et favoriser le relogement avec les sommes
d'argent dont l'Etat peut disposer? Parce qu'il y a plus d'un besoin
prioritaire et l'élimination des ghettos.
M.TRUDEL: Justement, c'est ça qui fait peut-être l'aspect
particulier de notre recommandation. C'est que nous distinguons la politique
sociale de la politique d'habitation. Dans le domaine de l'habitation, nous
pensons que le secteur public doit, d'une façon générale,
exercer des activités qui sont sinon rentables, au moins
économiquement valables, c'est-à-dire que les opérations
puissent s'autofinancer d'une part, et que d'autre part, quand on parle de
subventions, de politique sociale, alors là il faut, à notre
avis, s'attacher d'une façon très radicale à aider les
plus défavorisés.
Et nous le faisons, par exemple, en recommandant dans le système
des échelles de loyer ou dans un système de barème
d'allocation, par des taux progressifs qui auraient pour effet d'aider beaucoup
plus, d'une façon plus marquée, les personnes les plus
défavorisées.
Nous recommandons, par exemple, que dans les échelles de loyer,
il n'y ait pas de minimum et que les loyers payés par les personnes
à très faible revenu, soient encore plus bas que ce qu'on a
proposé jusqu'à maintenant.
Alors c'est dans ce sens-là que nous pensons que les plus
défavorisés doivent être aidés, ils doivent
être aidés en priorité, également par la politique
sociale en dehors de la question du logement. Mais d'autre part, dans le
domaine de l'habitation comme tel, à ce moment-là les fonds
publics doivent être utilisés de la manière la plus
rationnelle économiquement.
M. LUSSIER: Une dernière question, je ne veux pas allonger ce
questionnaire. Lorsque vous faites ces études-là, est-ce que vous
portez une attention spéciale ou un peu d'attention à
l'étude des coûts et aux sources de financement, ou si vous nous
laissez entièrement cette étude?
M. TRUDEL: C'est une bonne question, mais effectivement c'est votre
responsabilité de trouver le financement. Maintenant, il y a une chose
qu'il faudrait dire quand même. On n'a pas proposé absolument sans
distinction un système général de subventions à
tout le monde et en toutes circonstances. Nous avons plutôt
cherché à établir des priorités. Il faudrait
mentionner quand même un fait, c'est que les gouvernements ont toujours
eu des fonds, ont toujours mis des fonds publics assez considérables
à la disposition de l'habitation. On a longtemps eu au
fédéral une politique qui consistait à mettre des fonds
publics à la disposition des citoyens pour l'accession à la
propriété, et une certaine quantité d'argent s'est
donnée, s'est prêtée de cette façon-là.
Nous, ce que nous recommandons, c'est que l'argent soit utilisé
autrement; c'est essentiellement ça. Nous ne favorisons pas le
système de prêts pour l'accession à la
propriété de la maison unifamiliale. Nous considérons
qu'à l'heure actuelle ça ne correspond pas aux besoins. Nous
souhaiterions que les mêmes fonds publics soient utilisés pour
créer le secteur public du logement, sur une base d'autofinancement. Les
mêmes fonds publics permettraient déjà de réaliser
une assez grande quantité de logements, pourvu que les fonds publics
servent, justement, dans le secteur public.
M. LE PRESIDENT: Dr Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, un bref commentaire seulement. La
CSN, dans son mémoire qui est très intéressant, insiste
beaucoup sur la subvention à la personne plutôt que sur la
subvention au logement. Le ministre vient de poser quelques questions
là-dessus, et je pense que la réponse et c'est le
commentaire que je voudrais faire la réponse aux questions du
ministre est surtout celle-ci que, si l'on applique la subvention au logement,
quels que soient les autres mécanismes qu'on appliquerait pour
éviter la création de ghettos, on est obligé d'appliquer
des critères pour l'admissibilité des familles à ces
logements. On crée quand même une distinction entre ceux qui
peuvent entrer et ceux qui sont exclus.
Il est, je crois, dans l'intérêt de la
société que les gens de toutes les souches de la
société, de tous les niveaux économiques puissent se
fréquenter. Et si l'on applique la subvention à la personne, on
peut plus facilement intégrer cette aide à l'aide sociale que
nous sommes en train de créer ou d'améliorer et à une
politique de sécurité sociale comme telle, que nous sommes sur la
voie de créer mais qui est encore lointaine. Je crois que, si nous
faisons cela, nous pourrons même et c'est un commentaire que je
voudrais faire sur le mémoire lui-même améliorer
toute la situation des gens à faible revenu. Aujourd'hui, une
très forte proportion
de notre population peut être considérée comme
étant à faible revenu, sans aller nécessairement jusqu'au
point de créer un secteur public du logement comme tel. A
l'intérieur du système existant, on peut, par l'application des
subventions à la personne ou à la famille, améliorer
considérablement la situation en ce qui concerne le logement.
M. TRUDEL: Est-ce que c'est une question?
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres questions?
M. TRUDEL: Est-ce que c'était une question ou est-ce qu'on peut
ajouter un commentaire à ce qui vient d'être dit?
M. LE PRESIDENT: Oui, oui.
M. TRUDEL: En ce qui concerne le secteur public, je pense qu'il y a
quelque chose d'assez important. Nous ne voudrions pas que notre proposition
à l'effet de donner des allocations aux personnes soit un
prétexte pour ne pas développer le secteur public parce que
justement, nous, nous voyons un autre rôle au secteur public.
Nous pensons que le secteur public comme nous le disons dans
notre rapport peut remplir un certain nombre de rôles,
c'est-à-dire, par exemple, construire une certaine quantité de
logements qui manquent, à l'heure actuelle, et qui vont manquer si la
demande augmente rapidement dans ce domaine; également, pour faire des
études, faire des recherches pour améliorer le logement, tant au
point de vue de la qualité qu'au point de vue de l'économie du
logement.
Nous croyons également et c'est peut-être l'aspect
le plus important que le logement fait partie de l'aménagement
urbain. Lorsqu'on entreprend des opérations de rénovation
urbaines, il est nécessaire que les pouvoirs publics disposent du plus
grand nombre de moyens pour prendre toutes les initiatives nécessaires
et réaliser tous les projets qui permettent de transformer les
quartiers, de faire de la rénovation urbaine. Et en cela, je pense que
le marché privé n'a pas démontré, nulle part, la
possibilité d'effectuer réellement de la rénovation
urbaine qui soit véritablement planifiée, conforme à un
plan de réaménagement, etc.
C'est dans ce sens-là que nous voyons un rôle au secteur
public. C'est un rôle qui permet au pouvoir public de réaliser de
la rénovation urbaine d'une manière complète. Egalement,
c'est un secteur, jusqu'à un certain point, qui doit être à
l'avant-garde dans le domaine de la recherche du logement, des techniques et de
la qualité du logement, et aussi dans le domaine de
l'économie.
Je pense que ce secteur serait un stimulant à l'ensemble de
l'industrie de la construction et nécessaire dans cette
optique-là et non pas dans l'optique de construire des logements pour
des catégories défavorisées de la population
exclusivement.
M. LE PRESIDENT: Merci, M. Trudel. Maintenant, l'Association des
architectes de la province de Québec. M. Lalonde.
M. LALONDE: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
membres de l'assemblée, le mémoire de l'Association des
architectes est plutôt un aide-mémoire en comparaison de celui
très étoffé que vient de nous fournir la
Confédération des syndicats nationaux.
Il y a une explication à ceci, c'est comme vous allez le voir en
deuxième page, l'Association des architectes prépare actuellement
son congrès annuel pour janvier, et notre sujet sera l'habitation.
Alors, à ce moment-là, je pense que nous serons plus en
mesure d'avoir un document plus étoffé. Pour le moment, nous
avons jugé utile quand même de nous présenter ici et de
rappeler un fait assez bien connu, si vous voulez pour pouvoir apporter aussi
notre contribution pour, éventuellement, arriver à le mettre en
oeuvre. Alors, rapidement, nous considérons que l'objectif de la notre
société semble être de fournir un logis convenable à
chacun de ses citoyens et, en même temps, nous constatons que la
dégradation dans les villes, surtout dans le milieu urbain dans le
moment, est progressive et que les mesures que nous appliquons ne semblent pas
suffisantes.
Il y a sûrement à cet état de chose plusieurs
facteurs qui contribuent; quelques-uns échappent sûrement à
notre action directe ou à l'action directe du gouvernement même
québécois, et je me réfère à des questions,
par exemple, d'inflation, à la migration vers les centres urbains et aux
augmentations de population qui se constatent dans tout notre monde. Mais il y
a plusieurs autres causes de détérioration qui peuvent être
corrigées à notre avis. Il incombe sûrement aux
autorités gouvernementales, au gouvernement du Québec,
d'établir des structures pour y arriver.
Nous pensons qu'il faut établir des structures de
développement de l'habitat, et non pas simplement de l'habitation, et de
former des organismes dotés de moyens et de pouvoirs nécessaires
pour identifier les besoins, préparer les programmes et présider
à leur exécution.
La Société d'habitation du Québec qui existe
déjà depuis quelque deux ans, je crois, a déjà
manifesté son action, et nous croyons que, d'une façon
générale, c'est positif au chapitre de l'exécution.
Cependant, cet organisme, tout dynamique qu'il puisse être, ne peut
résoudre le problème que s'il est coiffé d'un office de
planification chargé d'analyser les besoins, de déterminer les
priorités et d'établir des
programmes en conséquence. L'ampleur du problème est telle
qu'une loi de l'habitation et un organisme chargé de la faire respecter
ne suffisent pas. Il faut un outil supplémentaire pour entreprendre une
analyse globale des problèmes urbains à l'échelle de la
province.
Nous constatons, en Europe et en Amérique, depuis le début
des années 1950, que la construction de logements isolément ne
répond pas au problème. Il faut encore que les logements
s'intègrent dans un milieu pourvu de tous les autres équipements.
Il faut, pour être logique et efficace, que toutes les décisions
relatives à l'habitation, à plus forte raison, si elle est
subventionnée, soient prises en fonction d'un plan global
d'équipements, répondant aux besoins d'une organisation sociale
et économique qui permette d'exploiter intelligemment et au maximum nos
ressources humaines et matérielles.
Nous croyons qu'il existe au Québec un réservoir
considérable de compétences et de talents qui ne demandent
qu'à contribuer à la tâche qui nous occupe. Il incombe
à l'Etat de mobiliser ces ressources pour mettre de l'ordre dans notre
environnement. Nous croyons que l'occasion s'offre présentement au
Québec d'ouvrir de nouveaux horizons en matière de
développement urbain et d'habitation; il s'agit de mettre en place les
structures et d'établir le cadre dans lequel les efforts individuels et
ceux d'organismes déjè dans l'action, comme la
Société d'habitation, pourront agir d'une manière positive
et efficace.
La Commission provinciale d'urbanisme a remis son rapport il y a
près de deux ansdéjà. Ses recommandations sont, à
notre avis, positives, et l'organisme provincial de planification qu'elle
préconise serait l'instrument tout indiqué pour établir
des programmes coordonnés. Nous recommandons donc qu'une décision
dans ce sens soit prise dans les plus courts délais pour enrayer la
détérioration rapide et progressive de nos actifs.
Alors, enfin, notre recommandation est, à ce moment-ci,
uniquement celle-ci: de créer le plus rapidement possible cet office de
planification qui pourra chapeauter la société d'habitation et
lui permettre d'agir d'une façon plus efficace sur des programmes qui
auront été déterminés, non pas simplement en
fonction de l'activité, ou de l'efficacité si vous voulez, des
différentes municipalités qui peuvent arriver rapidement à
développer un projet et pouvoir entrer dans les crédits dont le
ministère dispose avant telle date. Enfin, la politique actuelle, je
pense, à ce moment-là, risque, en ne s'attaquant qu'à un
problème, le problème du logement avec des capitaux
limités et du logement subventionné, de créer des
problèmes encore plus grands dont nous souffrirons plus tard.
A notre congrès annuel, donc, qui aura lieu en janvier, nous nous
proposons d'étudier l'habitation et l'habitation dans le contexte
québécois.
Notre but n'est pas réellement d'étudier les techniques,
ce qui est peut-être plus du ressort des architectes, mais nous croyons
que, d'une façon générale, les techniques d'habitation et
de construction d'habitations sont étudiées couramment un peu
partout dans le monde et que ce qui se fait ailleurs, les leçons qu'on
en tire ailleurs, peuvent être utilisées ici.
On a sûrement besoin dans notre milieu aussi d'avoir des groupes
de recherches qui continuent et qui collaborent à cette action dans les
recherches de méthodes de construction plus économiques et plus
efficaces, mais, à notre avis, le problème n'est pas
là.
Je n'ai pas les chiffres exacts en mémoire, mais me souvenant de
ce que la CSN nous rappelait tout à l'heure, en fait je pense que d'une
façon générale au Canada et au Québec la
variation peut être légère le coût de la
construction même entre pour moins de 50 p.c. dans le coût du
logement au Canada entier. Alors, pour réduire ces 50 p.c. de 10 p.c.
à 15 p.c, à notre avis, il faudrait arriver 3 faire des miracles
et à faire un chambardement extraordinaire dans notre industrie de la
construction.
Alors nous voulons donc nous consacrer plutôt à
étudier et à analyser les structures qui nous permettraient de
coordonner les efforts que nous avons. Et à titre, nous aurons
différents sujets qui seront traités, tels que, par exemple,
l'évolution de l'habitat dans le Québec en fonction du
lotissement, puisque nous vivons avec un patrimoine assez lourd de
conséquences en matière de lotissement, qui nous a amenés
3 avoir certaines formes de logement et certaines formes d'environnement dont
nous subissons les conséquences dans le moment. Je pense par exemple
à la plupart des taudis que l'on détruit à
Montréal, si vous voulez, qui sont des duplex ou des triplex qui ont
été redivisés en deux et en quatre quelquefois, sur une
bande de terrain de vingt pieds de large, avec une fenêtre à
l'avant, une fenêtre à l'arrière et puis évidemment,
l'insalubrité automatique.
On a aussi, dans les banlieues et un peu en province, des formes de
terrain de soixante, soixante-dix pieds de façade qui ça
d'ailleurs on rejoint tout le réseau d'Amérique nous
amènent à construire des longueurs absolument inefficaces et
inéconomiques de rues et de services. Tout cela, ça se paie,
ça vient aussi dans le coût total du logement, à notre
avis.
L'habitation, partie intégrante de l'environnement. Alors je ne
m'attarde pas plus longtemps puisque je pense que cela a déjà
été très bien souligné par la CSN. Quant aux
participants 3 la construction de l'habitation, je pense que ces messieurs
aussi en ont parlé. A notre avis, la motivation des participants est
peut-être logique dans le moment, dans notre genre d'économie,
mais cette motivation-là n'est pas faite pour satisfaire des besoins.
Elle a pour objet de satisfaire, d'obtenir un profit. Je
pense que nous serions prêts à endosser les propositions de
la CSN qui voudrait que la majorité de ce profit-là revienne
à l'Etat, puisque c'est un profit qui n'est pas productif en soi.
Le contrôle des terrains et leur financement. Je pense que nous
sommes tout à fait d'accord aussi qu'il y aurait lieu au moins, sinon de
nationaliser tout le secteur urbain tout le terrain, au moins de créer
des bandes de terrains détenues par les municipalités, comme
d'ailleurs cela a été proposé à plusieurs reprises,
je pense, dans les différents rapports, y compris dans le rapport de la
commission Hellyer. C'était là, je pense, un des aspects positifs
de ce rapport à notre avis.
Le coût réel du logement. Je pense que là aussi les
chiffres fournis par la CSN nous montrent que le loyer, dans le coût
réel du logement, n'est qu'un élément et que tous les
autres facteurs, la taxation évidemment, directe et indirecte, les
coûts de transport, enfin on n'a qu'à penser au métro de
Montréal, qui dans le moment, pour un nombre de milles donnés,
satisfait un territoire dont la densité est la moitié de ce
qu'elle est à Paris ou à Londres même. Alors c'est un
facteur qui vient aussi s'ajouter dans le coût de l'aménagement
urbain.
La responsabilité légale et morale de l'habitation
publique. Je pense que notre système économique nous oblige
à considérer que cette responsabilité-là est la
responsabilité de l'Etat. Elle ne peut pas être la
responsabilité de l'individu dans le moment. C'est peut-être
l'individu en tant que participant à l'Etat, mais ce n'est pas
l'individu directement.
La préservation et la rénovation. Je pense que
àâ-dessus aussi, nous sommes tous familiers avec les
problèmes. Souvent la réponse à un besoin de logement peut
être satisfaite plus facilement par la préservation et la
rénovation des habitations existantes, même si c'est plus
cher.
Parce que la rénovation d'une unité de logement peut
sembler coûteuse, mais ses répercussions sociales sont tellement
plus économiques, et je pense qu'il faudrait qu'on l'étudie d'une
façon plus précise.
En autre lieu, les normes d'aménagement et d'habitation.
Là-dessus nous faisons une étude beaucoup plus poussée,
nous en venons à la conclusion qu'il y a, dans notre province comme
partout dans notre pays, une limite à nos possibilités qui,
malheureusement, se confondent continuellement avec les demandes ou les
exigences d'individus qui vivent dans un contexte d' "affluent society", ou la
société d'affluence je ne sais pas exactement comment on a
pu la traduire de sorte que les exigences de l'individu en
matière de logement sont supérieures au Québec à ce
qu'elles sont en Europe, parce que nous sommes habitués au chrome. On
nous vend continuellement le chrome; alors on ne peut pas, dans le moment,
penser à un logement sans chrome.
Pour vous donner seulement un exemple, j'étais en Allemagne, il
n'y a pas tellement longtemps, et on continue à faire en Allemagne des
logements où la garde-robe de la chambre à coucher n'existe pas,
parce qu'on ne peut pas se le payer; on a l'armoire familiale qu'on transporte
avec nous, on a peut-être aussi moins de vêtements, qu'on en a ici
à loger, mais c'est un élément mineur si vous voulez, qui
fait quand même que, multiplié par le nombre de pieds
carrés qu'on intègre dans une unité de logement, cela
devient une chose assez considérable.
On a, aussi, je pense, beaucoup de normes d'équipement qu'on
fournit dans l'habitation, qu'on demande dans l'habitation, et beaucoup de pays
ont appris à vivre sans les avoir. Alors, c'est tout ça que je
considère comme des exigences de 1'"Affluent society".
M. CHOQUETTE: Une interruption, M. Lalonde; tout à l'heure, dans
le mémoire de la CSN, un tableau très intéressant,
à mon avis, s'y trouvait à l'effet que la part du budget qui va
dans le logement au Canada, au Québec en particulier, est
particulièrement importante par rapport à d'autres
économies dans le monde. Alors, est-ce que vous, comme architecte, vous
avez des explications à nous donner quant à cet état de
chose? Cela résulte de quoi d'après vous?
M. LALONDE: Je pense...
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'est parce que le Canadien veut être
mieux logé que le Français et que l'Allemand, et qu'il est, par
conséquent, prêt à consacrer plus à son logement?
Ou, est-ce que c'est parce que le coût est plus élevé ici?
Et, si le coût est plus élevé, quelles sont les parties du
coût qui contribuent à donner cette proportion à
l'importance du logement dans le budget familial?
M. LALONDE: M. Choquette, je pense que nous allons essayer, pour le
congrès, d'avoir des chiffres précis, mais, dans le moment,
déjà, je pense qu'on peut constater que le fait de cette demande
de chrome, si vous voulez, c'est une chose qui doit se payer. La
deuxième chose qui vient en ligne de compte, c'est que nous sommes quand
même un pays relativement éparpillé ou une province
relativement éparpillée. Alors on a, là aussi, des
coûts qui indirectement reviennent dans le loyer à cause de
tout notre système de taxation, peut-être qui sont plus
chers. Si à Paris, nous avons huit étages continus,
évidemment les coûts d'entretien du secteur public en se
répartissant sur les logements seront moindres. C'est sûrement
vrai en Suède. Je pense aussi qu'en Suède, surtout, ce coût
de 8 ou 9 p.c, dont on a parlé tout à l'heure, n'est pas tout
à fait juste. Il est juste comme coût direct de loyer; c'est ce
qu'on sort de sa poche une fois
par mois, pour donner, mais il y a une contribution de l'Etat au secteur
du logement, soit par les techniques employées pour la construction,
etc., qui font que l'investissement au départ, dans le logement,
étant moindre, on en demande un moins grand résultat. Il faudrait
faire l'analyse complète de la dépense du revenu d'un individu en
Suède et voir quelle partie est réellement imputable au logement.
A ce moment-là, je pense qu'on se rapprochera de nous, on n'arrivera
peut-être pas aux mêmes normes, au même pourcentage que nous
sommes au Québec ou au Canada, mais on se rapprochera
considérablement.
M. CHOQUETTE: Par exemple, je lisais un livre que vous connaissez
peut-être: "Peut-on loger tous les Français". C'est un livre assez
bref, mais très à point. C'est incontestable que les Canadiens et
les Québécois sont mieux logés que les Français, en
général. Je veux dire que, même si on essayait de comparer
la situation du Québec par rapport à celle de la France,
l'espace, les accommodations à l'intérieur de chaque logement
sont supérieurs ici à ce qu'ils sont en France. Alors, chaque
situation mérite d'être analysée à son mérite
et suivant l'historique des circonstances qui ont mené à cet
état de chose.
En France on sait qu'il y a eu démolition d'un grand nombre de
logements au cours de la guerre de 1914 et que l'économie
française n'a jamais rattrapé ce retard-là.
M. LALONDE: C'est tout à fait vrai. En France je ne connais pas
les chiffres exacts, mais je pense que l'Allemagne est encore un cas plus
patent puisqu'il y avait 60 p.c. des logements et de l'ensemble des
bâtiments à remplacer après la guerre et à remplacer
pour les besoins immédiat; de plus, en Allemagne de l'Ouest, 15 millions
d'immigrants sont venus s'ajouter et ont augmenté les besoins de 40 p.c.
En 15 ans on a réussi à loger tout le monde convenablement. Mais
quand on regarde les normes qu'on a prises comme minimum au départ et
qu'on les compare à ce qu'on appelle normes minimales ici, il y a tout
un monde. Convenablement, c'est toujours en fonction de normes et, à
notre avis, dans le Québec comme partout au Canada, on s'est
donné des normes qui sont supérieures à notre
potentiel...
M. CHOQUETTE: Supérieures à notre...
M. LALONDE: ... à notre potentiel économique. Est-ce qu'on
peut faire marche arrière? Ce n'est pas facile évidemment, je
pense qu'il s'agit de le réaliser.
M. CHOQUETTE: Que voulez-vous dire par des normes supérieures
à notre potentiel? Parce qu'on peut dire peut-être dans le domaine
de la maison unifamiliale, le bungalow à $15,000 je suis d'accord avec
vous qu'on s'est peut-être donné des normes
supérieures à notre potentiel économique. Mais quand on
arrive dans les classes défavorisées, dans les 15 p.c. ou 20 p.c.
de la population de Montréal qui vit dans des logements insatisfaisants
ou insalubres ou dans des taudis, on ne peut pas dire que nos normes
dépassent notre potentiel à ce moment-là.
M. LALONDE: Je pense que ces logements-là ne sont peut-être
pas conformes aux normes. Je vais vous donner un autre exemple. Je pense que,
d'une façon générale, en Europe, quand on construit une
chambre à coucher, on construit une chambre à coucher pour deux
personnes, alors qu'ici on a l'optique de la chambre à coucher pour deux
personnes, pour le père et la mère, et comme idéal, une
chambre par enfant, qu'on n'arrive pas évidemment à fournir dans
le logement subventionné. Mais très souvent on arrive à
des solutions comme celle-là, où la surface de la chambre
à coucher va être conçue pour deux personnes et
habitée par une. Ce sont de petits facteurs, peut-être, mais en
les additionnant tous, je pense qu'on arrive à pouvoir démontrer
cela. Il y a eu autre chose aussi qui a existé en Europe et qui continue
d'exister, je pense. Les villes européennes, qui ont été
construites 300 ou 400 ans avant nous peut-être, ont été
organisées autour de la vie publique, si vous voulez; alors on a la
place en Europe, qui est en réalité le living-room où
à Paris ce sont des terrasses en bordure des cafés. On vit sur
les terrasses le soir, la récréation est d'aller s'asseoir
là pour prendre une orangeade ou un demi, et le spectable est dans la
rue.
A cause de notre climat peut-être, et surtout à cause de la
jeunesse de notre pays, on n'a pas encore connu ça, de sorte que le
logement doit fournir l'équipement nécessaire à la
récréation. On voit qu'en Europe, encore, la plupart des
logements se font avec la salle de séjour, qui est en
réalité la salle à manger. Nous, nous avons besoin du
living-room, ce qui n'existe pas ailleurs. Là aussi il y a un facteur
à considérer. Je pense qu'on a tenté, à quelques
reprises de faire des places. Les places, ça nous sert à faire
des manifestations en ce moment mais, à part ça, elles ne
servent pas à grand-chose.
Je pense que, par contre, dans les programmes un peu plus
sophistiqués que nous voyons apparaître en ce moment, on
prévoit de l'équipement collectif qui permettrait de
reconsidérer les normes du logement lui-même, puisqu'on fournit
ailleurs la possibilité de la récréation, la petite maison
avec le sous-sol aménagé pour faire jouer les enfants de six et
sept ans; finalement avant six ans ils sont trop petits pour descendre et
après sept ans ils vont ailleurs. C'est aussi une chose qu'il faudrait
peut-être reconsidérer. Mais quand on parle de strictes normes du
logement public en ce
moment, on ne parle pas de sous-sol aménagé. Ce que nous
croyons, c'est que la société, d'une façon
générale, demande d'être le plus près possible des
normes qui sont fournies à ceux qui sont un peu mieux logés et on
a tendance à augmenter les normes du minimum, plutôt que de les
reconsidérer dans leur absolu.
Je pense que nous serons en mesure peut-être de coordonner tout
cela et puis de vous faire parvenir les rapports sur ces sujets-là.
Un dernier point, si vous me le permettez, que nous avons ajouté
en annexe à cet aide-mémoire, ce sont quelques commentaires sur
une formule qui, en ce moment, se fait jour au Québec, après
avoir été utilisée en Ontario et aux Etats-Unis depuis
trois ou quatre ans, et qui veut qu'on emploie le système de
propositions de développement. D'ailleurs je me souviens d'avoir lu dans
les journaux que M. le ministre avait, dans une conférence de presse ou
une conférence devant un groupement, s'était
félicité de cette nouvelle méthode que nous allions
essayer et qui allait répondre à tous nos problèmes.
Cela nous a chatouillés beaucoup, il faut le dire, puisque la
tradition veut que le client aille voir l'architecte, lui demande de mettre ses
besoins sur papier et qu'avec cela on aille voir dix entrepreneurs ou en
soumissions publiques pour obtenir le meilleur offrant... Ensuite nous
connaissons tous les vices de ce système.
M. LUSSIER: Si vous me permettez simplement de vous interrompre quelques
instants, c'est qu'on ne s'est pas félicité lorsqu'on l'a
proposée et je n'ai jamais pensé, j'espère bien que je
n'ai pas non plus laissé penser à des gens, que c'était
une formule magique pour régler tous les maux de l'habitation que nous
connaissons actuellement. Je m'excuse de vous interrompre, mais vous avez dit
cela d'un ton badin et dans le journal des Débats, nous ne retrouverons
pas votre ton.
M. LALONDE: Alors, je m'excuse, M. le ministre, mais mon intention
n'était pas malveillante du tout.
M. LUSSIER: D'accord.
M. LALONDE: En fait, je pense que ce petit rapport que nous avons
ajouté, si vous voulez, va clarifier la situation. Alors nous avons
considéré le système après avoir discuté
d'abord avec des membres de la Société d'habitation du
Québec, qui ont marché beaucoup dans notre sens, si vous voulez,
parce que pour le moment, je crois que la plupart des demandes de propositions
insistent pour que les plans soient fournis par les professionnels, les
architectes ou les ingénieurs si c'est le cas. Evidemment, dans ce
sens-là, nous ne pouvons que nous féliciter.
Par contre, nous croyons que la formule empêche et sur cela
nous rejoignons peut-être un peu le mémoire
précédent le dialogue direct entre le client et
l'architecte. Je ne qualifie pas le client, parce que le client est l'usager ou
quelqu'un d'autre, c'est quand même quelqu'un qui représente
l'usager s'il ne l'est pas directement. Alors, la formule de proposition de
développement donne un programme nécessairement aussi simple que
possible pour permettre des propositions aussi diversifiées et le tout
se passe dans l'isolement complet. Après, on va retenir un projet, sur
la base de ses coûts évidemment, et de sa qualité
peut-être, mais ce dialogue entre l'architecte ou l'équipe de
conception et le client n'existe plus par définition. Nous croyons que
cela risque d'amener des déboires.
Deuxième point, au point de vue légal et administratif,
évidemment, l'engagement de l'architecte par l'entrepreneur, se produit
à ce moment-là, crée, pour le premier, des liens
contractuels qui non seulement peuvent, mais entrent en conflit avec les
intérêts du client, puisque notre responsabilité reste
conjointe et solidaire; si nous avons des intérêts avec
l'entrepreneur, il est assez difficile, en même temps, de pouvoir
contrôler pour le client les faits et gestes de ce coparticipant avec
lequel nous avons directement des intérêts. Alors, il y a des
problèmes de code civil même là-dedans et je ne fais que
les soulever pour vous dire qu'ils existent, si vous voulez.
Le troisième point est le fait que de nombreuses équipes
d'architectes, d'ingénieurs, d'entrepreneurs et autres travaillent
concurremment au même projet. Cela conduit nécessairement à
un gaspillage de talents, de connaissances et de temps. Nous suggérons
qu'on cherche un moyen plus rentable d'utiliser ces ressources humaines en vue
du règlement du problème de l'habitation.
Quatrième point: la plupart des municipalités n'ont pas le
personnel compétent requis pour juger de la qualité d'un projet
ou du prix qu'on en demande. Heureusement, la Société
d'habitation du Québec a des services un peu mieux structurés et
peut contribuer beaucoup. Mais là aussi, la loi, je pense, met des
limites, si vous voulez.
L'association, en somme, reconnaît que la méthode de
proposition de développement offre des avantages, en permettant un
certain contrôle des coûts et une économie de temps, due
à l'introduction de l'entrepreneur dans le système dès le
début de la recherche d'une solution. Cependant, dans l'ensemble, nous
ne croyons pas que ce soit la façon la plus appropriée d'obtenir
les meilleurs résultats. L'association est d'avis que les objectifs de
la Société d'habitation du Québec seraient mieux servis si
celle-ci, après avoir établi des listes de compétence ou
avoir trouvé d'autres moyens, même sur une base
compétitive, de choisir les participants, choisissait avec soin les
meilleurs talents qu'elle puisse trouver dans le domaine
du "design", de l'administration et de la construction et formait des
équipes unifiées qui seraient directement responsables
vis-à-vis d'elles-mêmes et des municipalités pour
préparer l'exécution des projets.
Il faut ici souligner qu'environ 85 p.c, et quelquefois plus, du
coût de construction d'un projet se repartit en divers sous-contrats.
En somme l'entrepreneur général, dans le moment, n'est
qu'un "broker" à toutes fins pratiques. Alors ces 85 p.c, qui se
répartissent sur divers sous-contrats, restent toujours sujets à
la compétition même si l'entrepreneur général doit
être rémunéré sur une base d'honoraires ou une autre
base.
Alors cette façon d'utiliser les talents disponibles pour
attaquer globalement le problème de l'habitation, permettrait non
seulement d'obtenir l'excellence désirée mais assurerait que les
normes de la Société d'habitation du Québec seront
respectées. Elle encouragerait de ce fait la recherche en construction,
et on aurait la possibilité de favoriser au maximum l'exploitation des
ressources régionales qui risquent dans le moment d'y perdre beaucoup.
Nous savons tous que nos voisins, les Ontariens, ont deux ou trois ans d'avance
dans le domaine, je pense bien que nous allons voir apparaître, et
déjà c'est arrivé, des propositions qui viendront
d'ailleurs. Et à ce moment-là, nous avons des talents locaux qui
restent là à regarder. Dans ce sens, je pense que nous pourrions,
à l'intérieur de la province, organiser des équipes comme
cela. Il y a le problème toujours, qui est faux à notre avis, de
la concurrence au moment des offres. Mais, comme 85 p.c. du contenu restent
compétitifs, je pense que nous resterions quand même dans des
normes de moralité publique qui seraient acceptables.
Merci, messieurs.
M. LUSSIER: Si vous me permettez, d'abord c'est un mémoire et des
commentaires qui, à mon avis, sont bien pertinents, mais j'aimerais
quand même poser certaines questions à M. Lalonde pour expliciter
sa pensée. Tout d'abord, l'Office de planification. Est-ce que votre
conception de cet office-là s'apparente directement à l'Office de
planification et du développement qui existe actuellement au niveau
gouvernemental ou si cet office de planification serait une partie ou un
service de la Société d'habitation du Québec?
M. LALONDE: Non, je crois, M. le ministre, que le rapport de la
commission d'urbanisme, le rapport Lahaie, a assez bien posé le cas. Sur
la question de régionalisation et d'administration centrale, je laisse
aux législateurs le soin d'en décider. Mais le champ
d'activité, si vous voulez, de cet organisme-là, à notre
avis, va analyser les besoins dans le développement urbain. Et cela fait
peut-être partie, c'est peut-être un office qui dépendrait
ou qui aurait comme répondant, au gouvernement, le ministre des Affaires
municipales; mais ce n'est pas directement relié à l'Office
d'habitation qui a dans le moment, comme secteur propre, l'habitation.
Et ce que nous préconisons, c'est un office qui ait les pouvoirs
et les moyens d'établir un plan de développement urbain à
l'intérieur duquel le secteur de l'habitation pourra s'intégrer.
Parce que nous croyons, enfin peut-être pour répéter ce que
j'ai mal dit tout à l'heure, que s'attaquer seulement aux
problèmes du logement, ce n'est pas résoudre le problème.
Cela risque même de l'amplifier, puisque nous savons de plus en plus,
dans le moment, je pense, que, dans le secteur urbain, le logement ne peut pas
être considéré isolément. Seulement, comme exemple
pratique, nous voyons à Montréal des secteurs d'habitations avec
des surfaces de stationnement assez considérables, qui sont vides le
jour, vers le centre-ville la même surface de stationnement est vide la
nuit. Alors, dans le moment, on a à Montréal au moins deux
endroits de stationnement pour chaque voiture.
Déjà, on se rend compte qu'au point de vue
économique, il y aurait intérêt à pouvoir mettre ces
choses-là ensemble. De plus, je pense que la société,
d'une façon générale, se refuse de plus en plus à
vivre isolée la nuit et d'avoir à se déplacer d'un secteur
à l'autre; mais elle demande un secteur où elle puisse arriver
jour et nuit. Il ne s'agit pas de loger tout le monde sur la Place Ville-Marie
évidemment. Mais il s'agit de considérer que le
développement urbain ne doit pas prendre seulement en ligne de compte le
logement.
Je pense que cet office de planification va un peu plus loin, il
pourrait jusqu'à un certain point, permettre une coordination entre les
différents ministères pour éviter, par exemple, que le
ministère de l'Industrie et du Commerce puisse souhaiter ou obtenir
l'emplacement d'une industrie dans un certain secteur sans que le secteur de
l'habitation puisse en avoir entendu parler.
M. LUSSIER: M. Lalonde, je pense que ce n'est pas la première
fois que vous parlez de ceci. M. Lahaie en parle aussi dans son rapport. C'est
une des raisons pour lesquelles nous avons institué, au ministère
une direction générale de la Planification qui travaille dans ce
sens-là, qui doit évidemment progresser de plus en plus dans ce
sens-là. Nous sommes évidemment d'accord avec cette
recommandation comme avec d'autres qui existent dans votre mémoire.
Une autre précision. Lorsque vous parlez de planification de
l'habitation à réaliser, est-ce
que cette planification doit s'étendre d'une façon
très spécifique aussi au secteur de l'habitation privée?
Est-ce que, dans votre esprit, c'est uniquement la planification du secteur
public qu'on doit déterminer, par exemple, les besoins, les types de
logement, etc. et que ceci serait réalisé selon les
décisions gouvernementales, soit locales, régionales ou
provinciales, et que le secteur privé devrait réaliser ce que les
organismes publics ont décidé d'une façon assez claire et
catégorique?
M. LALONDE: Ce secteur de planification, je le répète, de
développement urbain et non simplement d'habitation qui pourrait
établir des plans aussi bien sur la base économique que sur le
développement physique, servira nécessairement de ligne de
conduite au secteur privé, sans nécessairement lui imposer le
domaine dans lequel il doit agir. Mais si on détermine que, dans un tel
quartier, il va se passer telle chose, à ce moment-là la
Société d'habitation pour sa part peut y implanter son apport,
mais le secteur public va aussi pouvoir le faire d'une façon
coordonnée.
Je pense que ça peut se faire sans entraver les droits de
l'individu ou du secteur privé. Je pense qu'au contraire le secteur
privé ne pourrait voir que d'un bon oeil qu'on arrive à pouvoir
déterminer d'une façon ordonnée comment développer
un coin.
M. CHOQUETTE: M. Lalonde, il ne faut quand même pas être
pratiquement naif pour croire que le secteur privé n'essaie pas
d'utiliser chaque parcelle de terrain qu'il peut s'approprier
légitimement, je n'emploie pas ce mot-là péjorativement,
mais qu'il peut acquérir de la façon la plus rentable et la plus
économique possible dans les circonstances.
Moi, je crois fort peu à des mesures qui soient purement d'ordre
général, qui n'aient pas de force légale dans ce
domaine-là.
M. LUSSIER : Pour employer une expression à la mode, c'est
plutôt incitatif que coercitif.
M. CHOQUETTE: Eh bien, je ne voulais pas tomber dans un autre
débat, mais en somme dans le domaine immobilier, et lorsque l'on touche
de près les intérêts économiques des gens, je crois
très peu à l'incitation, à la bonne volonté, enfin
à toutes ces choses-là. Je crois que le grand problème
auquel on est obligé de faire face enfin il y en a plusieurs
grands problèmes c'est de savoir quelle sorte d'économie
on veut avoir dans le domaine immobilier. Est-ce une économie
principalement libre, basée sur l'entreprise privée, sur
l'initiative individuelle, ou est-ce que l'on veut une réglementation et
une action étatique très très prononcée à
tel point que l'on soit presque dans une économie socialiste?
Au fond c'est un peu les deux choix qui existent et puis, à un
moment donné, il va falloir que les gens choisissent. Maintenant ceci ne
veut pas dire qu'on choisisse une politique ou l'autre, il est
particulièrement important à mon avis que les politiques soient
énoncées clairement et simplement et que les gens sachent
à quoi s'en tenir. Parce que tant qu'on nage dans le vague et dans les
considérations générales et ci et ça, c'est la
confusion, c'est la tour de Babel, personne ne sait exactement à qui se
fier ou quelle valeur ou règle de conduite adopter. Alors je crois que
c'est un très grand dilemme qui existe actuellement. Nous en avons eu un
exemple particulièrement patent ce matin: le mémoire de la CSN,
à mon avis, représente une optique que je décrirais comme
socialiste de la réalité dans ce domaine-là, tandis que si
vous prenez le rapport Hellyer qui a eu une certaine
célébrité avant de tomber dans l'oubli, peut-être
à cause de la disparition de M. Hellyer lui-même de la
scène politique, c'était une optique complètement libre,
capitaliste et totalement basée sur l'initiative privée.
M. LUSSIER: C'était une politique de consommation.
M. CHOQUETTE: Oui. Le ministre emploie le terme, je pense bien,
exact.
M. LUSSIER: Les maisons étaient comme des autos.
M. CHOQUETTE: Justement.
M. LUSSIER: II comparait toujours cela à des automobiles.
C'était la production, c'était pour lui, une
société de consommation, et cette société de
consommation des biens s'étendait jusqu'à la
propirété, à l'habitat.
M. CHOQUETTE: Exactement. Je ne me rappelle plus du terme
français, mais ce n'était pas le "fall-out", M. Dion? Les plus
riches passent leurs maisons au moins riches au fur et à mesure qu'elles
se déprécient.
M. LUSSIER: Filtering...
M. CHOQUETTE: Filtering down process.
Mais enfin, il y a peut-être aussi des solutions
intermédiaires, enfin, il y en a peut-être. Mais ce qui est
difficile, c'est de préciser quelles sont les politiques réelles
que l'Etat québécois ou la société
québécoise veut adopter dans ce do-domaine.
M. LALONDE: Oui. En fait, je suis tout à fait d'accord avec vous.
Je pense que, même je crois que la réponse est entre le rapport de
la CSN, vu dans l'optique que vous avez présentée et les vues de
M. Hellyer. Mais il existe dans le moment, dans notre société, un
système de contrôle qu'il ne s'agit pas nécessairement
de
démolir. Je pense que les urganistes seront peut-être plus
en mesure que moi de parler des problèmes de zonage, mais le zonage en
soi, c'est un contrôle.
M. CHOQUETTE: Oui.
M. LALONDE: Alors si on fait un plan d'aménagement d'un secteur
complet, est-ce que l'instrument de zonage ne peut pas être suffisant
comme contrôle des individus qui voudront profiter du système?
Peut-être d'autres mesures de ce genre-là peuvent permettre, quand
même, de garder un contrôle, tout en laissant aux individus,
"l'incentive" qui leur est requis.
Mais je pense que vous l'avez dit: On ne peut pas réellement
ordonner les choses si on ne connaît pas les problèmes d'abord, si
on ne les a pas déterminés et si on n'a pas programmé en
fonction de nos disponibilités.
Je pense que cet Office de planification, c'est surtout son rôle.
Le Conseil économique, ou l'équivalent, a eu aussi des intentions
dans ce genre-là, je pense. Il a peut-être entrepris un travail
positif. Et il nous semble, peut-être parce qu'on n'est pas
complètement en connaissance complète de cause, qu'il y a
beaucoup d'efforts qui se sont faits d'une façon un peu
éparpillée et que, dans le moment, au Québec, sans
être isolés, si vous voulez, on a quand même pris conscience
un peu plus de notre pouvoir et de notre dépendance directe de
nous-mêmes. Je pense qu'il s'agit qu'on coordonne tous ces
efforts-là, qu'on prenne tous ces talents qui existent, qu'on les mette
en production et qu'on fasse des grands pas en avant.
Je ne veux pas faire un discours politique ici...
M. CHOQUETTE: Non, vous avez absolument raison. C'est qu'il y a beaucoup
de gens qui s'intéressent à tout ce domaine, dans beaucoup de
milieux, mais il ne semble pas qu'on ait déjà
précisé les problèmes que nous avons à
résoudre. Il ne semble pas que des solutions claires aient
été proposées par les différents protagonistes des
écoles de pensée qui peuvent exister. Surtout dans un domaine
comme le logement, qui est tellement vaste, qui touche à la vie sous
tous ses aspects, que ce soit la vie économique, la psychologie humaine
qui dépend de l'histoire, etc., surtout dans un domaine comme cela, on a
de la difficulté à appréhender les problèmes et
à les situer dans leur contexte.
M. LALONDE: Je pense qu'on pourrait prendre comme exemple, pour ce qu'il
vaut, ce qu'on a fait, au Québec, en éducation, où on
avait aussi un fouillis extraordinaire, et, par des efforts concentrés,
on est arrivé quand même à mettre un certain ordre et
à pouvoir déterminer où les efforts devaient se faire.
Est-ce que le résultat en valait la chandelle? Cela aussi, je vous
laisse en débattre. Mais il y a quand même un exemple d'une action
coordonnée. Je pense qu'en logement, on doit, dans le moment,
entreprendre la même optique, si vous voulez. Pour cela, il faut,
sûrement, n'avoir pas simplement des organismes d'exécution mais
des organismes de recherche et de programmation. C'est en fait l'essentiel, si
vous voulez, de notre proposition.
M. CHOQUETTE: D'accord.
M LE PRESIDENT: Merci, M. Lalonde. Maintenant, M. Smith.
M. SMITH: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, avant de vous présenter mes deux confrères
de l'Association coopérative d'économie familiale de
Montréal, je voudrais seulement souligner un ou deux points au sujet du
mémoire que nous avons soumis ce matin.
Comme nous le disons dans l'avant-propos, il s'agit d'abord des
généralités préliminaires qui, nous
l'espérons, peuvent servir de base de discussion.
A l'heure actuelle, l'ACEF n'a pas eu les moyens et nous
commençons seulement maintenant à acquérir une certaine
expérience dans le domaine des logements. Mais nous voulions lancer une
discussion surtout au sujet de la possibilité qu'a le mouvement
coopératif de jouer un rôle de premier ordre dans la
résolution de la crise du logement au Québec.
Avec moi ce matin, je voudrais vous présenter M. Gérard
Marotte, qui est président de l'ACEF de Montréal, qui est ici
pour répondre à vos questions et, notre gérant, M. Pierre
Marois, avocat et gérant de l'ACEF de Montréal, qui va indiquer
les points principaux de notre mémoire.
M. MAROIS: Si vous permettez, je voudrais faire une lecture assez rapide
des principaux passages du mémoire. Je pense qu'au fond c'est
peut-être la formule la plus simple et la plus rapide. Comme le disait M.
Smith, nous tenons à souligner au départ que les ACEF,
évidemment, opèrent avec des moyens techniques et financiers
très modestes, si bien que ce que l'on a voulu surtout faire en
présentant le mémoire, c'est de retenir à partir de
l'expérience concrète qu'on a vécue quotidiennement avec
des milliers de consommateurs à travers le Québec, surtout
d'attirer votre attention sur un certain nombre d'éléments de
base d'une politique du logement social.
L'orientation générale du mémoire. La
responsabilité de l'Etat.
L'Etat se veut dans toute société l'ultime responsable du
bien commun de ses citoyens. Ceci devrait être aussi vrai dans le domaine
du
logement que dans d'autres domaines où il est plus habitué
à assumer des responsabilités.
Il est regrettable de constater qu'au Québec, comme ailleurs en
Amérique du Nord, l'Etat se préoccupe peu de répondre
à ce besoin social absolument fondamental. Nous sommes cependant
très heureux que, ces deux dernières années, le
gouvernement du Québec se doit donné dans la
Société d'habitation du Québec un instrument pour oeuvrer
dans ce secteur. Il est de bon augure que cette société
désire élaborer ses politiques avec les corps
intermédiaires ainsi que toute la population du Québec.
Il est de toute évidence que nous entendons voir l'Etat jouer un
rôle majeur dans la résolution de la crise du logement, surtout en
ce qui concerne les études, les expériences pilotes par les
nouvelles et moins coûteuses méthodes de construction et dans les
apports techniques. Plus encore, l'Etat devrait prévoir la
nationalisation du sol urbain pour fins d'aménagement rationel et
d'utilisation prioritaire à des fins sociales. Il devrait aussi se
porter responsable du financement, de sorte que les coopératives et
autres corporations à but non lucratif soient accessibles et
répondent aux besoins de tous les Québécois. Pourquoi pas
des habitations publiques?
Nous souhaiterions que le problème du logement soit confié
à des associations coopératives d'habitation et que l'Etat
contribue par le biais des taux d'intérêt
préférentiels, par l'absorption d'une forte partie des
intérêts et par une allocation-logement à tous ceux qui en
ont besoin. Ce que nous voulons éviter à tout prix, c'est l'Etat
propriétaire. Les expériences connues dans le logement public
à travers l'Amérique du Nord furent presque toutes malheureuses;
c'est ce qu'ont clairement démontré les audiences publiques et
les visites du "Task Force Hellyer" où, partout, les résidants de
ces complexes d'habitation se sont plaints d'une administration autoritaire et
insensible. La construction et l'entretien laissent à désirer,
ajoutons le peu d'équipement communautaire et la
ségréation sociale. Notre seule expérience au
Québec, les Habitations Jeanne-Mance, devrait être concluante en
la matière.
En faveur de petites communautés autogérées.
Nous accordons une importance primordiale à l'utilisation de la
formule coopérative dans le domaine du logement. Si l'Etat assume ses
responsabilités en rendant accessible à tous la participation
dans les coopératives, nous croyons que cette approche évitera
les plaintes ci-haut mentionnées. Mais nous souhaitons que les ensembles
de logements coopératifs soient plus que des dortoirs. Nous croyons que
de ces ensembles devrait émerger une vie collective susceptible de faire
renaître le sens communautaire dans les grandes agglomérations
urbaines.
Chapitre premier
Nationalisation du sol
Pour un programme d'habitation sociale d'envergure, il nous semble qu'il
faut prévoir la nationalisation du sol urbain afin que le coût
soit abordable pour la société.
A Montréal par exemple, le pourcentage du coût attribuable
à l'achat du terrain représente au moins 10 p.c. et peut aller
jusqu'à 25 p.c. du coût total selon le quartier et la
densité de la construction. Exemple, dans le projet "Cité
Concordia", projet de haute densité, l'achat du terrain
représente 10 p.c. du coût total du projet, soit approximativement
$15 millions sur un coût total de $150 millions. Le pourcentage du
coût total attribuable à l'achat du terrain est
nécessairement plus imposant dans la construction des maisons
unifamiliales et des maisons en série où la densité est
moindre.
La nationalisation du terrain permet également aux
autorités une utilisation rationnelle du sol urbain selon les
priorités sociales. Effectivement la nationalisation du sol
coûtera très peu aux municipalités parce que l'achat se
fera par voie d'émissions d'obligations municipales à long
terme.
En louant les terrains nationalisés pour fins commerciales, les
municipalités vont nécessairement plus que couvrir les
intérêts dus sur les obligations. Evidemment les autorités
ne devraient pas payer la valeur spéculative des terrains et ainsi
devenir partenaires des spéculateurs dans le vol du bien public, mais
devraient plutôt indemniser sur la base de la valeur foncière. Les
municipalités devraient mettre gratuitement ces terrains à la
disposition des sociétés à but non lucratif, telles que
les coopératives, puisque ces dernières détiennent une
grande part dans la résolution du problème du logement.
Chapitre deux
Coût de la construction et effets de la préfabrication sur
les ouvriers de la construction
En plus des épargnes que vont permettre d'accumuler la
nationalisation du sol, il faut que la Société d'habitation du
Québec expérimente dans le domaine des logements
préfabriqués et la construction en béton. Elle devrait
monter des dossiers à partir d'expériences faites ailleurs dans
ce domaine et mettre cette documentation à la portée de ceux qui
prévoient construire. Des reportages et des études
déjà parus sur la préfabrication indiquent une
possibilité d'épargne dans la construction allant jusqu'à
25 p.c. du coût total.
Il est évident que des unités en série
coûteront beaucoup moins cher que la construction de maisons
unifamiliales détachées (il est à regretter que plus de 80
p.c. des prêts consentis par la Société Centrale
d'Hypothèques et de Logement pour la région montréalaise
étaient pour des maisons unifamiliales détachées, ce qui
représente un
très mauvais emploi des fonds disponibles pour le logement). Bien
que nous souhaitions la construction d'unités en série pour
réduire les coûts de construction, il faut souligner qu'une grande
variété dans les types de logements demeure possible. En plus des
maisons de rapport, il est souhaitable qu'on construise aussi des maisons
unifamiliales ou duplex. Dans certaines parties du territoire urbain, il peut
être possible aussi de construire des quadruplex.
La préfabrication ou la fabrication en série va
nécessairement provoquer des changements radicaux dans la structure des
occupations dans le domaine de la construction, mais ils sont presque
inévitables. Il faut que les gouvernements aussi bien que les syndicats
se penchent sérieusement sur les problèmes des hommes de
métier pour éviter que les ouvriers, une fois encore, paient
seuls le coût social le coût social et économique
apporté par les changements techniques. Pour autant que les syndicats
sont organisés par "corps de métiers", il sera difficile pour eux
de résoudre ce problème. Beaucoup d'ouvriers pourraient
être réembauchés dans le travail de la construction
préfabriquée, mais ceci exige une réorganisation à
l'intérieur des syndicats mêmes. Il faut aussi prévoir des
programmes de recyclage avec salaire garanti et peut-être la retraite
à un plus jeune âge pour ceux qui ont un métier devenu
désuet. Tous ces changements dans les occupations devraient être
contrôlés avec la pleine participation des syndicats
intéressés.
Capitre trois
Taux d'intérêt
Des trois éléments qui entrent dans le coût total du
logement coût du terrain, coût de construction et taux
d'intérêt la taux d'intérêt est le plus
coûteux. Il est impensable qu'on puisse régler le problème
du logement sans s'attaquer au problème du prix de l'argent. Il faut, et
au plus tôt, que les gouvernements cherchent à résoudre le
problème des prêts à l'habitation. Aux taux
d'intérêt s'approchant à 10 p.c. par année pour la
location de l'argent, il est impossible pour les Québécois de se
loger ou avec leurs propres moyens ou avec une aide gouvernementale. Il fut
suggéré antérieurement par les partis politiques de
l'opposition à Ottawa que le gouvernement central consente des
prêts sans intérêt aux provinces et aux municipalités
pour des fins sociales ou que le gouvernement subventionne les taux
d'intérêt en les limitant à 3 ou 4 p.c. lorsqu'il s'agit de
particuliers ou de corporations à but non lucratif.
A l'heure actuelle, le taux préférentiel consenti par la
Société centrale est de 6 et 7/8 p.c, ce qui équivaut aux
taux commerciaux d'il y a 2 ou trois ans; ce n'est sûrement pas une
réponse adéquate à cet épineux problème.
Il nous paraît évident que les coopératives
d'habitation devraient être le moyen privilégié pour la
construction et l'administration des habitations, surtout dans les centres
urbains. Pour ce faire, il faut que la Société d'habitation du
Québec porte une attention particulière au problème de
leur financement. A titre d'exemple, nous croyons que la Société
d'habitation du Québec devrait étudier la possibilité de
se porter garante au-delà du remboursement des prêts consentis par
des coopératives d'épargne et de crédit ou d'autres
institutions financières, en assumant le paiement de 66.6 p.c. des
intérêts. Ceci équivaut à une subvention importante
aux coopératives et à d'autres corporations à but non
lucratif. Cette subvention que nous jugeons normale et nécessaire
pourrait être accordée par le biais de la Société
d'habitation du Québec - n'est-elle pas l'instrument principal que la
province s'est donné pour répondre sérieusement à
ce problème?
Cette aide financière aura un effet bénéfice direct
sur chaque coopérateur si, premièrement, la coopérative
bénéficie des taux d'intérêt
préférentiels et si, deuxièmement, la
Société d'habitation du Québec consent à absorber
66.6 p.c. du solde des intérêts. Le solde des
intérêts à être acquitté par le
coopérateur est ainsi réduit à 2 1/3 p.c. Voyons la
différence que cela fait dans le coût mensuel par
coopérateur: Présumant que les coopérateurs ont une part
de $20,000 à payer sur une période de vingt ans, à 9 p.c,
le coût mensuel sera de $180, et à 2 1/3 p.c. le coût
mensuel sera réduit à $101 (ceci, bien sûr, étant
une approximation).
Avec une subvention de l'Etat aux taux d'intérêts des
coopératives et d'autres corporations à but non lucratif, nous ne
croyons pas opportun d'étendre la période de remboursement des
prêts au-delà de la durée des édifices construits.
Des aménagistes urbains prétendent que dans les grandes
agglomérations urbaines il est plus rationel de prévoir une
durée de 25 ans pour la construction domiciliaire plutôt qu'une
période plus longue à cause de changements continuels et de
l'évolution des grands centres.
Chapitre quatre
Administration et entretien
Comme nous l'avons signalé plus haut, nous croyons en la formule
coopérative pour répondre aux exigences économiques et aux
aspirations humaines des Québécois. Il nous semble évident
que le mouvement coopératif devrait se donner un instrument pour
divulguer la formule coopérative dans ce domaine et que le gouvernement
devrait la rendre économiquement possible. Ceci dit, le seul type
d'administration possible est l'autogestion des complexes coopératifs de
logements par les sociétaires-résidants. Comme dans toute
coopérative, les sociétaires vont élire leur conseil
d'administration qui se charge d'engager le personnel administratif et autres.
Les frais
d'administration et d'entretien devraient être ajoutés aux
paiements mensuels faits par les coopérateurs sur l'hypothèque
collective.
Chapitre cinq
Service communautaire et équipements collectifs
Les autorités gouvernementales ont la responsabilité de
fournir aux résidants certains équipements de base, tels que
égoûts, aqueducs, chemins d'accès, etc. Nous croyons qu'en
plus, dans des complexes de logements, les autorités publiques devraient
aussi se charger de fournir des services communautaires et l'équipement
qu'ils exigent, tels que lieux de vie communautaire salles de
réunions, de jeux, de bricolage des garderies et centres de soins
de jours, cliniques et même des écoles primaires si le nombre
d'enfants l'exige. La façon la plus simple pour la coopérative
serait de fournir et d'administrer elle-même ces services. La
municipalité ou la province rembourserait les frais encourus selon le
principe de l'achat de services. Nous verrions là un pas vers une saine
décentralisation administrative. Cette autogestion communautaire
favorisera grandement l'apprentissage de la démocratie et la prise de
responsabilités de la part des citoyens.
Chapitre six
L'allocation-logement
A ce jour les coopératives d'habitations, par leur structure,
sont offertes à une couche de la population à peu près
semblable à celle qui peut emprunter individuellement de la
Société centrale d'hypothèques et de logement,
c'est-à-dire ceux ayant un revenu supérieur à $8,000. Avec
la répartition que nous suggérons dans les taux
d'intérêts payés par la coopérative, nous mettons la
coopérative à la disposition d'une partie plus importante de la
population.
Mais encore là, ce n'est pas la majorité de la population
québécoise qui sera capable d'en assumer le coût. C'est
pour ça que nous demandons à l'Etat du Québec d'instaurer
un programme d'allocation logement jusqu'à la venue du revenu
garanti.
Même si on peut réduire les coûts mensuels à
$100 avec la formule proposée dans le troisième chapitre, il
reste une partie importante de la population qui se verra interdire
l'accès aux associations coopératives si l'Etat du Québec
ne met pas sur pied un programme d'allocation-logement.
Emile Gosselin dans la "Troisième Solitude" souligne qu'à
Montréal, la région la plus prospère du Québec, 38
p.c. de la population gagne moins de $4,000 par année et seulement 26
p.c. gagne plus de $7,000 (Bureau fédéral de la statistique,
1961). On voit que seulement un quart de notre population est en mesure de se
procurer un logement neuf sur le marché privé ou de payer sa part
dans une coopérative d'habitation. Un programme étatique de la
construction ne peut jamais répondre à ce besoin. Il vaut mieux
se pencher sur l'allocation-logement pour permettre à nos citoyens de se
loger.
L'allocation-logement devrait être calculée de façon
à permettre à tous les Québécois d'accéder
aux associations coopératives d'habitation et d'assumer leur juste part
des coûts totaux d'opération. Elle est destinée à
combler la différence entre le paiement exigé par l'association
coopérative et le revenu disponible de l'éventuel
coopérateur pour se loger, compte tenu des principes
opérationnels ci-dessous cités: 1- L'allocation-logement devrait
être disponible à toute personne qui en a besoin pour s'associer
en coopérative et cela indépendamment de son revenu brut ou du
fait qu'elle reçoive ou non d'autres allocations sociales ou rentes du
gouvernement. 2- L'allocation-logement devrait être calculée en
fonction du budget de la famille, en tenant compte des dépenses normales
des charges familiales, des coûts spéciaux (médicaux ou
autres), la hausse du coût de la vie, du chômage occasionnel ou
prolongé, de la maladie ou de toute autre. Cette allocation doit
être revisée régulièrement selon les changements de
la situation de la famille; le récipiendaire devrait avoir le droit
d'aller devant la Commission des allocations à n'importe quel moment
pour rapporter tout changement dans sa situation qui peut affecter l'allocation
qu'il exige. 3- L'allocation devrait s'appliquer aussi bien aux citoyens
désireux de se chercher un logement convenable sur le marché
privé qu'à ceux qui veulent s'associer en coopératives,
mais il faut souligner cependant que l'Etat a tout intérêt
à ce que les citoyens s'associent en coopératives, parce que
l'allocation exigée ne sera pas gonflée par les profits
qu'exigera l'entrepreneur privé. 4- Le plafond permis par la
Société d'habitation du Québec en ce qui concerne le loyer
qu'elle est prête à subventionner devrait être basé
sur les moyens exigés par les associations coopératives dans une
région donnée. 5- Avec la promulgation de la loi-cadre d'aide
sociale et la réorganisation du ministère en fonction de cela,
nous croyons possible que les allocations aux logements puissent être
administrées par le ministère de la Famille et du Bien-Etre
social, mais en attendant et on attend
toujours la réorganisation des allocations sociales, nous
croyons piéférable qu'une commission d'allocation-logement soit
organisée au sein de la Société d'habitation du
Québec.
Chapitre 7
Rôle de la Société d'habitation du Québec
Le rôle de la Société d'habitation du Québec
devrait être de rencontrer tous les besoins des Québécois
dans le domaine de l'habitation, et c'est un rôle de première
importance. Elle devrait se charger de la recherche des besoins et des
méthodes les plus modernes et les moins coûteuses de construction
et voir à la coordination et au financement des projets dans ce
domaine.
Elle devrait aussi, avec les autorités municipales,
contrôler l'aménagement du sol urbain pour répondre
prioritairement aux besoins des citoyens dans le domaine du logement. Elle
aurait la responsabilité d'inventorier les logements existants et leur
condition dans tous les centres de la province et garderait continuellement cet
inventaire à jour comme instrument de planification. Un de ses
rôles principaux serait de financer des projets par
l'intermédiaire des coopératives et des corporations à but
non lucratif, incluant des subventions aux frais d'intérêt de ces
dernières. Comme nous l'avons déjà noté, la
Société d'habitation du Québec devrait s'orienter de plus
en plus vers le logement collectif et non pas, comme la Société
centrale d'hypothèques et de logement l'a fait dans le passé,
donner priorité aux maisons privées et unifamiliales. La
Société d'habitation du Québec devrait se constituer une
équipe de conseillers techniques dans le domaine d'aménagement de
la construction, du financement et de l'administration pour les mettre au
service des municipalités, des coopératives et d'autres
corporations à but non lucratif.
Les coopératives d'épargne et de crédit du
Québec constituent un énorme réservoir de fonds. Par
exemple, au cours de l'année 1968, ces institutions ont consenti
au-delà de $105 millions de prêts hypothécaires. Le terme
"institution" englobe également les compagnies d'assurance et la
Société de fiducie du mouvement Desjardins. Pour la plupart, ces
prêts ont été accordés pour des habitations à
caractère privé et unifamilial. Ces mêmes institutions ont
effectué des placements pour une somme de près de $69 millions.
L'an dernier, les Canadiens ont déposé $1.6 milliard dans des
caisses de retraite, ce qui constitue 25 p.c. de toutes les épargnes des
Canadiens. En additionnant ces différentes données, nous en
arrivons au montant de $1.7 milliard. Nous croyons qu'il est socialement
nécessaire qu'une partie importante de ces fonds soit mise à la
disposition des associations coopératives d'habitation. C'est pourquoi
nous estimons qu'il faudra que les mouvements populaires
coopératives, syndicats ou autres informent leurs membres des
avantages économiques et humains de la solution coopérative dans
le domaine du logement.
M. LE PRESIDENT: Merci, messieurs.
M. CHOQUETTE: Pourrais-je poser une question à M. Rodrigue?
M. LE PRESIDENT: M. Marois.
M. CHOQUETTE: M. Marois et M. Smith, je voudrais vous poser une
question. Pouvez-vous faire part au comité des expériences
concrètes que vous avez dans le domaine de la coopérative
d'habitation? Quels sont les projets que vous avez réalisés ou
êtes en voie de réaliser dans ce domaine-là?
M. MAROIS: L'ACEF n'est pas une coopérative d'habitation. Je
pense qu'il est bon de rappeler rapidement ce que sont les ACEF au
Québec. Ce sont des coopératives d'économie familiale qui
poursuivent un triple objectif.
D'abord, informer les citoyens sur le plan des problèmes de notre
système de consommation.
Deuxièmement, faire une éducation populaire de base en
matière de budget familial, d'économie familiale.
Troisièmement, agir comme un agent de changement social et
d'organisation des citoyens.
A partir de ces éléments-là, dus au fait que nous
travaillons sur la base des problèmes qui sont posés aux
citoyens, comme consommateurs, surtout dans les milieux
défavorisés du Québec, nous sommes à même...
Bien sûr, nous n'avons aucune expérience de réalisation de
coopérative d'habitation, ce n'est pas notre rôle de le faire
nous sommes une coopérative d'éducation populaire
l'expérience que nous avons, c'est l'expérience d'accumuler
quotidiennement à partir du réel, à partir du contact avec
des familles de consommateurs, des indices d'un certain nombre de
problèmes qui se posent, de l'état réel de facto
quotidien, de l'état du revenu disponible des citoyens du Québec,
de l'état et de la situation de l'endettement des citoyens
québécois, de l'état et de la situation si vous me
permettez l'expression véritablement d'exploitation à peu
près légalisée des citoyens au Québec, comme
consommateurs.
C'est notre champ de préoccupations premières. Et c'est
à partir de ces éléments-là, des faits que nous
constatons tous les jours, que nous avons été amenés
à réfléchir sur le problème de l'habitation et
à suggérer un certain nombre d'éléments de base
d'une politique du logement social.
M. CHOQUETTE: Je tiens à vous dire que j'aime beaucoup la
philosophie qui sous-tend votre mémoire. Mais est-ce que vous êtes
en mesure d'apporter à la commission des expériences
concrètes, non pas nécessairement vécues par votre propre
groupe, mais dans d'autres milieux de coopérative d'habitation?
M. MAROTTE: M. le Président, si vous permettez. M. Choquette, je
pense qu'il y aurait peut-être intérêt à ce que le
gouvernement se renseigne sur les réalisations offertes par certaines
coopératives d'habitation. Je pense entre autres à ce qui s'est
fait à Montréal au domaine de Saint-Sulpice, où il s'est
construit je ne pourrais dire combien d'habitations unifamiliales et de duplex
et de triplex. On a pu se rendre compte à ce moment-là que le
coût de la construction était beaucoup réduit. A moins que
je fasse erreur, cette coopérative d'habitation a eu l'avantage d'avoir
justement des terrains à bon compte parce que ces terrains-là
appartenaient à la ville de Montréal et que la ville de
Montréal a consenti à les vendre à un prix qui
n'était pas spéculatif, si vous voulez.
Il y a eu à Trois-Rivières, par exemple, une
coopérative d'habitation qui remonte à plusieurs années.
On parle souvent du curé Chamberland, je pense qu'encore là on
peut prouver le résultat et la valeur de la formule coopérative
dans le domaine de l'habitation. Il y a peut-être eu des
expériences malheureuses dans le domaine de l'habitation
coopérative, aussi il faudrait les mentionner, mais quand même je
pense que c'est peut-être dû au manque d'expérience de
certaines coopératives d'habitation, des dirigeants. Mais dans
l'ensemble je pense qu'il y a eu de grandes réalisations dans le domaine
de l'habitation, au niveau des coopératives.
M. CHOQUETTE: Je pense qu'à un moment donné la commission
devrait prendre la décision de se promener et voir ces
réalisations-là sur place.
M. LUSSIER: A un moment donné. Si nous avons des budgets pour
aller nous promener, nous pourrons aller nous promener.
M. LE PRESIDENT: M. Lévesque.
M. LEVESQUE (Laurier): Evidemment je pense bien que la façon dont
vous présentez le mémoire souligne à quel point il s'agit
simplement de jalons généraux. Je vais dire comme M. Choquette,
ils sont sous-tendus par une philosophie attrayante.
Il y a, au sixième chapitre, l'allocation-logement, dont vous
faites un des éléments centraux de la
"réalisabilité" de l'ensemble de votre mémoire. Moi,
ça m'intéresse beaucoup du côté des personnes
âgées, parce que c'est une des choses qui m'a frappé en ce
qui concerne les grandes villes. Vous généralisez cette
formule-là dans vos suggestions générales. Est-ce que vous
pourriez nous donner des exemples? Je n'ai pas de dossier là-dessus; je
ne crois pas que le comité connaisse des expériences faites
ailleurs. Il me semble que ça existe dans la politique de quelques pays
occidentaux; en tout cas, est-ce que vous en avez, peut-être même
dans l'expérience américaine?
M. MAROIS: Je connais moins bien l'expérience américaine.
M. Smith pourrait peut-être vous en parler. Les deux expériences
que je connais un peu mieux, enfin de façon générale, ce
sont des expériences française et suédoise où on a
établi des politiques d'allocation-logement. En France
particulièrement, il existe deux types d'habitation à loyer
modique, les fameux HLM; il existe les HLM publics qui sont les logements
construits directement par l'Etat et puis il existe les HLM coopératifs.
C'est frappant quant on voit ces expériences-là, à quel
point les deux types de réalisation sont carrément
différents.
D'abord, sur le plan de la qualité des édifices
construits, des logements; aussi sur le plan humain. Cela me semble plus
important, parce qu'on est quand même dans un domaine social. Sur le plan
humain, le gros avantage des coopératives, c'est qu'il n'y a aucune
forme de spéculation de quelque nature que ce soit. Spéculation
étant entendue et comprise dans le sens que lui donnait la CSN tout
à l'heure. On a nettement l'impression que les groupes humains y vivent
d'une façon beaucoup plus humaine que dans les HLM publics.
Là, ça serait assez complexe de décrire...
M. LEVESQUE (Laurier): Là, vous parlez évidemment de
projets de construction, les uns étant, à toutes fins pratiques,
étatiques, les autres étant plutôt sur une base
coopérative de gestion ou peut-être même de
propriété; mais comment entre l'allocation-logement
là-dedans?
M. MAROIS: L'allocation-logement, écoutez...
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce qu'elle est directement versée aux
familles?
M. MAROIS: En France, elle est directement versée aux familles,
et calculée à partir du revenu de la famille.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est plus ou moins en fonction de ce que vous
avez dans votre propre définition, je veux dire à partir des
besoins, des revenus...
M. MAROIS: Au niveau général, au niveau
de la conception de l'allocation-logement, ça se rejoint
passablement. Il y a l'expérience suédoise qui est aussi
intéressante. Je pense qu'elle est économiquement beaucoup plus
moderne que l'allocation-logement en France.
M. LE PRESIDENT: Merci, monsieur.
M. LEVESQUE (Laurier): Juste une chose. J'ai vu tout à l'heure
grimacer un peu du côté des architectes à propos d'un
passage de votre mémoire. C'est une question, je pense, sur laquelle
tous les profanes peuvent avoir des questions à poser parce que c'est
fascinant. C'est qu'on travaille encore de façon artisanale je crois;
enfin j'ai entendu dire cela souvent. Je serais curieux de voir la
réaction de M. Lalonde. A la page 4 de votre mémoire, vous dites:
"Des reportages déjà parus sur la préfabrication indiquent
une possibilité d'épargne dans la construction allant
jusqu'à 25 p.c. du coût total."
Je sais que comme beaucoup de profanes je ne suis pas allé
plus loin que le profane j'ai toujours eu cette impression, en lisant
des choses là-dessus, que pour toutes sortes de raisons qui sont
peut-être reliées aux corps de métiers, à l'habitude
des entrepreneurs, peut-être aussi à certains conditionnements des
architectes, qu'on travaille encore de façon artisanale du
côté de la construction, que c'est peut-être un des derniers
domaines où on ne se sert pas des méthodes industrielles
modernes. Parce que sans aller jusqu'à dire, nécessairement, que
c'est autant un produit de consommation que tout le reste, au point de vue
technologique, il n'y a pas de raison, il me semble, que cela ne puisse pas le
devenir. Quel est le point de résistance? En même temps, est-ce
que les architectes seraient d'accord sur le fait que peut-être il y
aurait moyen de réduire d'un cinquième ou d'un quart le
coût de construction actuellement basé sur des méthodes
que, je crois, l'on peut qualifier d'artisanales?
M. LALONDE: M. le Président, la question est très bien
posée et je vous avoue que même les architectes se sentent assez
profanes dans toute l'histoire. Par contre, les différentes
études que nous avons eu l'occasion de voir, nous font peut-être
douter des chiffres qui sont toujours mis de l'avant. Ces chiffres-là
sont habituellement mis de l'avant avec des propositions. Il y a assez peu de
réalisations de préfabrication qui donnent des résultats
économiques équivalant à ce qu'on a proposé au
départ.
Pourquoi? Il y a toujours cette différence entre l'étude
et la réalisation; cette différence que, en fait, on évite
habituellement, dans certains secteurs, en tout cas, dans les méthodes
traditionnelles.
En construction scolaire, par exemple, au
Québec, dans le moment, on a la norme de $14.31 qui est
fixée et tout le monde entre à l'intérieur avec des
variations de 1 p.c. ou 2 p.c. On a trouvé une façon de
maîtriser cela. Pourquoi ne peut-on y arriver en préfabrication?
Je pense que la préfabrication, probablement, impose une reconception du
produit. C'est cette gymnastique qu'on n'arrive pas à faire.
M. LEVESQUE (Laurier): Je vais peut-être vous dire quelque chose
de ridicule. Mais une chose qui m'a frappé, moi, j'ai lu quelque chose
lâ-dessus c'est loin un peu c'est que certains motels de
luxe, ou en tout cas, motels pour gens qui ont les moyens de payer je
prends la chaîne des Holiday Inn, par exemple sont faits en blocs
de ciment et en très grande partie préfabriqués. Ils ont
reconçu, parce qu'ils trouvaient cela plus rentable.
Les gens paient, au marché actuel de l'hôtellerie, des prix
plus que convenables pour un logis temporaire qui est plus que convenable lui
aussi.
Or, apparemment, d'après ce que j'ai lu, le coût unitaire
de ce genre de logement est incroyablement plus bas que le coût de la
fabrication courante. Est-ce que c'est vrai ou faux? Si c'est vrai, si des gens
comme cela ont pu reconcevoir, pourquoi est-ce que les autres ne s'en donnent
pas la peine?
M. LALONDE: II doit y avoir moyen de trouver des exemples comme celui
que vous notez, que je ne connais pas en particulier, qui, peut-être, ont
démontré qu'avec certaines mesures on arrivait à quelque
chose. Par contre, d'une façon générale, je pense qu'il y
a un secteur aux Etats-Unis, dans le moment, où on a réussi
à faire de la préfabrication et à la faire d'une
façon économique. C'est appelé le Mobile Home, la maison
mobile. Mais la maison mobile, elle n'est pas faite selon les normes de notre
habitation. Elle a gardé comme normes, si vous voules, la caravane, ou
simplement la bicoque qu'on traîne à l'arrière de sa
voiture; et on lui permet de s'installer quelque part. On n'a pas les
mêmes exigences de salubrité mais surtout d'incendie pour ce genre
de bâtiment-là. Alors, à ce moment-là,
évidemment, partant de différentes normes, on peut arriver
à faire des coûts réduits...
M. LEVESQUE: Vous ne prenez pas le cas de grandes chafnes de
motels...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous en avez pour longtemps?
M. LEVESQUE: Non, non, non. Non, mais vous ne connaissez pas...
M. LALONDE: Je connais un motel qui a été construit
à l'endroit où était l'Expo aux
Etats-Unis, l'année dernière, dans le Texas. Il
était préfabriqué et cela s'est avéré
intéressant, à cause de la limite de temps. Mais dans
l'économie, cela ne l'était pas. On a "Habitat", nous, mais cela
n'est peut-être pas le bon exemple.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, messieurs; c'est parce que nous avons un
autre mémoire. Est-ce qu'il y a des représentants du
comité des citoyens de Milton Park ici? Si vous n'avez pas d'objection,
on pourrait déposer au journal des Débats votre mémoire ou
bien, vous aurez à revenir le 17 décembre pour le
présenter?
M. GOLDBLOOM: Même si le ministre est obligé de s'absenter,
je crois...
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez résumer votre mémoire. Si
vous voulez venir en avant.
M. LUSSIER: Si vous voulez m'excuser, j'ai un rendez-vous important.
M. LE PRESIDENT: M. le ministre, on doit vous dire que la prochaine
réunion de la commission aura lieu le 17 décembre, à 10 h
30, à la salle 81-A. Bon, je dois dire que c'est le dernier
mémoire que nous entendrons ce matin et que les autres mémoires
devront être présentés le 17 décembre, ici à
la salle 81-A.
MME PAQUET: M. le Président, MM. les membres...
UNE VOIX: Voulez-vous vous identifier, madame.
MME PAQUET: Mme Jeanne Paquet de Montréal. M. le Président
et M. le ministre, les membres de la commission. Mlle Williamson ne peut pas
être ici, alors je vais la remplacer. Je m'appelle Mme Paquet, je l'ai
déjà dit. Est-ce que je peux lire? "Projet pour
l'élaboration d'une politique d'habitation du Québec" Par
le Comité des Citoyens du parc Milton, 3553 Saint-Urbain,
Montréal, Québec.
La pénurie sérieuse de logements à prix modique au
Québec requiert l'attention immédiate du gouvernement. Le "Star"
de Montréal dans sa livraison du 8 mars 1968 citait les taux
d'habitation à prix modique dans cinq villes canadiennes:
TORONTO: 8.6 logements par 1,000 de population
WINDSOR: 8.0 logements par 1,000 de population
HAMILTON: 8.6 logements par 1,000 de population
OTTAWA: 3.6 logements par 1,000 de population
MONTREAL: 3.0 logements par 1,000 de population
L'acuité de ce problème exige l'utilisation de toutes les
ressources. On ne peut prétendre le résoudre en bornant les
dépenses d'habitation publique à la construction de nouveaux
projets à coût élevé, comme l'a fait la Ville de
Montréal dans le projet de la Petite Bourgogne, dont les 1,100 logements
ont été construits au coût exhorbitant de $40,000 chacun,
excluant les frais de démolition, à même les fonds
publics.
Le Comité des citoyens du Parc Milton est d'avis que l'emploi le
plus efficace des fonds publics dans le secteur limité par les rues
Université, Sherbrooke, Saint-Laurent et l'Avenue des Pins est de
centrer les efforts sur les logements existants, et ce, de deux
façons:
I- L'achat et la rénovation des vieilles bâtisses par des
corporations sans but lucratif formées de citoyens (voir document
ci-attaché).
II-Subvention directe aux locataires à faible revenu afin
d'éviter la création de ghettos.
La gestion coopérative offre de nombreux avantages. La naissance
des comités de citoyens dans l'île de Montréal constitue un
signe prometteur du désir croissant de la population d'accepter une
telle responsabilité. Solliciter l'apport du public, permettre d'assurer
que ces projets conviendront aux besoins des citoyens du secteur.
Nous appuyons la législation éclairée du
gouvernement du Québec protégeant les droits des locataires. Nous
demandons la remise en vigueur de la loi de la Régie des loyers,
revisée de façon à inclure les habitations construites
depuis 1951. La création de baux uniformes (baux, baux, hein! )
constituerait une autre addition importante à cette loi. De plus, nous
recommandons de voir à encourager les propriétaires à
rénover leurs propriétés. De même, des
contrôles plus fermes doivent être établis de façon
à garantir des services satisfaisants aux locataires. Exemple:
Prélèvement des déchets, chauffage, eau chaude,
éclairage suffisant et autres services essentiels, absents dans
plusieurs secteurs de logements à prix modique.
Le Comité de citoyens du parc Milton a adressé un projet
détaillé visant à la meilleure utilisation possible des
blocs de logement existant dans notre secteur. Nous désirons soumettre
ce projet à ce comité comme un exemple d'une solution mieux
adaptée aux besoins des citoyens du Québec que les vieilles
méthodes traditionnelles.
A moins que les corporations de citoyens
sans but lucratif ne s'intéressent activement à ce genre
d'action avec l'appui d'une législation positive, les exploitants
commerciaux, qui manquent complètement de conscience sociale,
continueront d'occasionner à nos citoyens des difficultés
économiques et sociales; fardeau du déménagement,
déracienement de leur quartier, problèmes financiers, etc.
Afin d'éviter cette situation, les mesures suivantes doivent
être prises:
Premièrement. Le droit des citoyens d'un quartier de participer
à tout projet de développement dans ce quartier qu'il
s'agisse d'une entreprise relevant du secteur public ou du secteur privé
devrait être garanti par une loi.
Deuxièmement. Des avantages économiques et d'autres formes
d'encouragement devront être prévus pour les exploitants afin
qu'ils dirigent leurs projets vers les secteurs ouverts et non occupés
dans la ville, c'est-à-dire les droits aériens au-dessus des
bouches de métro, des terrains de stationnement, des autoroutes.
Troisièmement. Les exploitants devraient être tenus en loi
d'assurer que les personnes délogées puissent retourner dans leur
quartier, si elles le désirent, avec l'assistance du gouvernement si
nécessaire; assurer un logement de remplacement convenable à un
prix équitable particulièrement à ceux dont les revenus
sont au-dessous du minimum requis.
Cinquièmement. Assurer des logements aux étudiants par la
formation d'une corporation à but non lucratif en vertu de la Loi des
compagnies du Québec, et selon les politiques de la
Société d'habitation du Québec. Les membres qui
m'accompagnent ne parlent pas français complètement, peuvent-ils
s'adresser en anglais?
M. LE PRESIDENT: D'accord.
MRS. PAQUETTE: Identify yourselves each one of you.
MR. HIRSH: My name is Murray Hirsh and I am resident of the area.
MISS AWARD: My name is Suzan Award, and I am also a citizen in the
Milton Park area.
MR. LAMONOSOF: Alec Lamonosof of Milton Park area.
MISS AWARD: We are willing to answer questions, if you have questions.
We decided not to read over the economic feasibilities study that accompagnies
the paper.
M. LE PRESIDENT: Dr Goldbloom.
MR. GOLDBLOOM: When you ask that a law be passed to provide that the
citizens of an area be entitled to participate in the planning and the
development of any future housing programs in that area, to what extent this
can be undertaken by public or private authorities? To what extent do you
envisage that participation and to what extent do you envisage a control, by
the citizens, over the plans being drawn up and the eventual housing being
constructed?
MISS AWARD: We do not have an exact plan laid out, you know, an exact
knowledge of the law we would like to pass.
But the principal thing we would want behind it is that both citizens
and developers, whether they be public or private on a committee for
developing, that there should be more citizens than developers so that in
effect we can really participate in the decisions that are made for the
community in which we live.
MR. GOLDBLOOM: When you say you want to have a control, you want to be
in majority on the committee and so on, I can understand perhaps a little more
easily when you are relating to public authority that you would say: Public
authority is coming in and it is doing something for our benefit; public
authority is a non-profit organization; therefore we should have a very
particular role in relation to public authority. But when it comes to the
private developer who is putting in his own money and taking his risks, do you
really feel that you should have an authority over him to say to him what he
can and cannot do in your area?
MISS AWARD: Yes I think that this is very important because I think the
example of Concordia coming into our area is why we feel so strongly about
this. Concordia invited us to participate; but originally all we were asking
for was participation in the plan. But we realize, if it is a private
developer, if they go into an area, particularly if it is a low income area,
they are not going to be interested in really listening and really letting the
citizen have his say in the development of their area. All they are going to be
interested in is making a profit and it will be expensive to the citizens. That
is why we feel that even with a private corporation, because of the social
cost, the citizens should have at least a control in majority in the
committee.
MR. GOLDBLOOM: What about the government through the laws that you are
suggesting be passed, do you not feel that the government has a role to play in
establishing certain standards and so on which might override the local
considerations that may come up in citizens' minds?
MR. HIRSH: We do recognize that the core of the city is valuable and
must be considered on in relationship to the problems of the larger community.
But we do feel that in
development, with these considerations that Canada overlook, people who
are directly affected by that development and really whether it is this
majority control, we feel, is the only way... In a way it is showing
government's good faith in the citizens' intentions and certainly the area must
be developed considering these larger factors.
We do feel that Center-City land is as much a public resource as, for
instance, the Saint Lawrence River is, and that it cannot be treated as a
private land when development does effect the surrounding areas to the extent
that it does.
MR. GOLDBLOOM: In other words, you are supporting the views expressed by
two other groups that came before us this morning about the nationalization of
urban lands.
MR. HIRSH: Well, nationalization of land is just a means if they would
be an other equally effective means of seeing that development is in the public
interest on perhaps nationalization, perhaps that is not the only answer. But
it does seem to be the most workable one as it has worked in Scandinavian
countries.
MR. GLODBLOOM: Let me just come back for one moment to this question of
the distinction between the public initiative and the private initiative in
building housing. Where public initiative is concerned, there is no question
that we have not in the past involved the citizens of areas which have been
redeveloped in the planning and the redevelopment of their areas. I do not
think there is any question but the principle of citizens participation is a
valuable principle. I am not talking about the exact mechanism for that moment.
When we come to the exact mechanism and talk in terms of private development,
do you not consider that there would be a danger that the private developer
would simply no longer be interested in developing residential areas where he
would be subjected to the veto of a majority of citizens? And that he would
simply interest himself in commercial properties where he would not have this
particular problem? And then, if there were not and there is certainly
not at the present time a sufficient public sector to take the
initiative for developing residential areas, you would simply remain with
undeveloped residential areas, some of which, like the Milton Park area,
contain housing which, in the view of the citizens who live there, is housing
of value which should be retained and preserved and improved. But other areas
are not at all in the situation and would very much benefit from the renewal of
the housing which is there.
MISS AWARD: Yes, this is something that we consider a lot; but we feel
that the Government should take first the initiative in encouraging private
developers to go into unused land. I think the City of Montreal is a good city
for this to happen because we have talked to city planners into our
protect...
I think the City of Montreal is a good seat for this to happen. Because,
we have talked to city planners and to architects who have appointed out that
there is still lots of unused land in Montreal for private development.
In the areas where there is not need for urban renewal, I think it is
absolutely essential that housing be built first before it is renewed. So we do
not continue this terrible process of having people forced out of their homes
into an ever continuing shortage of low rental units.
MR. GOLDBLOOM: Well, I think that there is something very important in
what you say there and this you emphasize in one of your other recommendations.
There is available land which is undeveloped, mostly in the periphery of the
metropolitan area. In the center where you are particularly concerned, the
amount of open land which is undeveloped at the present time is extremely
small, so that the problems are very different. It is perfectly true that you
are taking people from the central areas of the city and in order to relocate
them, the only new housing, which is generally available, is out in the
periphery; so that you are pushing people out and they do not always come back
to the center of the city where transportation and facilities and services are
less of a problem for them. It is perfectly true, but these are different
aspects of a very complex problem.
M. LE PRESIDENT: Monsieur, si vous en avez encore pour longtemps, nous
allons être obligés de vous faire revenir le 17 décembre.
S'il y a plusieurs questions encore à poser, il est une heure et demie
et la Chambre... Pouvez- vous limiter ou répondre...
M. LAMONOSOF: Je peux répondre en une minute.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
MR. LAMONOSOF: What we are concerned about is the social difficulties
and other economic problems created by these private developers. Now, whether
these development plans are initiated by the public sector or the private
sector, really is of no great relevance to the citizens living there. They are
the people that are continuously being uprooted and subjected to all other
types of economic hardships.
MISS AWARD: The only thing I would like to add to this, is when we
talked to city planners and architects, we were told that there is still much
unused land or land that has very few residents, that they are not
communities,
they are such of warehouses and that sort of thing?. It is still
available to be used in the City of Montreal and the city of Montreal is
different than other cities in that respect.
M. LE PRESIDENT: Thank you. Maintenant, juste une seconde, une
minute.
M. Aubry, du Comité d'habitation et de rénovation urbaine
de la région métropolitaine de Montréal, a demandé
s'il pouvait faire inscrire au journal des Débats les 25
premières pages de son mémoire. Est-ce que la commission y
consent?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. AUBRY: C'est le résumé, en fait, de tout ce qu'il y a
dans les annexes qui suivent.
M. LE PRESIDENT: M. Aubry, nous avons le consentement de la commission
pour inscrire au journal des Débats les 25 premières pages de
votre mémoire. (Voir annexe B).
M. AUBRY: Le 17 décembre, nous nous proposons de revenir pour
répondre à des questions, parce que nous nous sommes rendu compte
que, en fait, dans nos mémoires, nous répondons à
plusieurs questions qui ont été posées ici ce matin.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Maintenant, merci mesdames, merci
messieurs. La commission siégera à nouveau le 17 décembre
à 10 h 30 de la matinée à la salle 81-A, ici.
(Fin de la séance: 13 h 26)
ANNEXE A
SUBMISSION to the Quebec National Assembly's Standing Parliamentary
Committee on Municipal Affairs concerning the public hearing on housing for
Wednesday, November 26, 1969 at 10.30 a.m. in the Parliament Buildings, Quebec
City, P.Q.
BY The Montreal Diet Dispensary 2182 Lincoln Avenue Montreal 108, P.Q.
Mrs. Agnes C. Higgins Executive Director
PURPOSE To recommend that the rental scales for subsidized housing be
related to the individual needs of families to ensure that sufficient income is
available after housing costs are deducted to meet the minimum basic
requirements to maintain health.
NEED FOR CHANGE IN THE METHOD FOR PREPARING RENTAL SCALES FOR SUBSIDIZED
HOUSING TO PROTECT HEALTH
The Montreal Diet Dispensary, a Red Feather Agency, gives nutrition and
budget counselling to low-income families. The purpose of our agency is to
improve the health of the individual by improving nutrition. In our work we
have found that each individual requires a minimum amount of goods and services
in order to maintain health and that when income is insufficient to meet these
minimum requirements, health cannot be maintained. Therefore, the Montreal Diet
Dispensary urges that the method for preparing the rental scales for subsidized
housing which are now determined by gross family income alone (Graduated rental
scale for fully serviced accommodation in public housing projects as used by
Jeanne Mance Housing Corporation Appendix I) should include as well
consideration of individual needs of the family relative to the size and age of
members.
ANNEXE Référer à la version PDF page 3941
ANNEXE Référer à la version PDF page 3942
ANNEXE Référer à la version PDF page 3943
ANNEXE Référer à la version PDF page 3944
ANNEXE Référer à la version PDF page 3945
APPENDIX IV
MONTREAL DIET DISPENSARY
1969 MINIMUM MONTHLY BUDGET FOR RETIRED COUPLE
This minimum budget for a retired couple provides the kinds and amounts
of goods and service needed to meet the bare necessities for the maintenance of
health. No provision is made for the following: medical nursing, dental care or
drugs, new furniture or furnishings, savings, insurance, or repayment of debts,
telephone, gifts or holidays.
BUDGET ITEMS MONTHLY ALLOWANCES --------------------- RETIRED COUPLE 1.
HOUSING ----------------------------------- Rent,The standard for
housing is a three-room cold $ 65.00 water, unheated, unfurnished flat not
providing refrigerator or stove. Water tax .This allowance covers
present water and 5.74 metro tax in Verdun for above rental.
Electricity & Gas£The standard for this allowance
is 7.36 taken from the Minimum Adequate Utility
Requirements prepared by the Montreal Diet
Dispensary and priced June 1969. The standard provides sufficient 1)
electrical power for lighting, operating small appliances and refrigerator and
2) gas for cooking and operating a side-arm water heater for casual water
heating for bathing and laundry. Fuel «The standard for this
allowance is taken from 7.33 the Minimum Adequate Fuel Requirements prepared by
the Montreal Diet Dispensary, providing fuel oil for apece heating for a 3-room
flat, priced June 1969. 2. FOOD The standard for food covers the cost for the
65.42 most economical kinds and amounts of foods which meet nutritional
requirements recommended by the Canadian Council on Nutrition in the "Canadian
Dietary Standard 1948". The allowances are taken from the "Individual Minimum
Adequate Food Costs" prepared by the Montreal Diet Dispensary, May 1969. It is
assumed for this budget that all meals are prepared at home. 3. CLOTHING The
standard for clothing includes the kinds 12.73 and amounts of clothing which
are required to meet minimum needs for health and self-respect prepared by the
Montreal Diet Dispensary in 1961. The allowance is based on the Individual
Minimum Adequate Clothing Costs of the Montreal Diet Dispensary brought up to
date April, 1969. 4. PERSONNAL INCIDENTALS The standard for personal 5.88
incidentals represents the minimun kinds and amounts of goods and services
necessary for the care of the teeth and hair, personal cleanliness, as well as
a minimum for dry-cleaning and shoe repair.
This standard was adopted by the Committee on Family Budgeting of
Montreal Council of Social Agencies using the New York State standard as a
guide in 1961, and repriced by the Montreal Diet Dispensary, June 1969.
BUDGET ITEMS MONTHLY ALLOWANCES -------------------- RETIRED
COUPLE 5. READING MATERIAL This item provides for one daily 2.82 newspaper
at current prices. 6. RELIGION This allowance is taken from "The Guide to 2.16
Family Spending in Toronto 1949" and provides 25 cents per person per week. 7.
RECREATION This allowance covers admissions and 4.12 membership dues, and is
taken from the same source as above and brought up to date, June 1969, by the
Montreal Diet Dispensary. 8. TRANSPORTATION The allowance of $2.50 was 6.00
suggested by the Family Service Association in 1956 and has been raised to meet
present fares. 9. ENTERTAINING This is an allowance toward food 1.35 costs for
entertaining family and friends taken from "The Guide to Family Spending in
Toronto 1949" and has been brought up to date, May 1969., by the Montreal Diet
Dispensary. 10.PERSONAL ALLOWANCE This allowance is taken 6.82 from the same
source as above and brought up to date by the Montreal Diet Dispensary, May
1969. It allows for spending money on such things as candy, tobacco, soft
drinks, postage and stationery. 11.HOUSEHOLD SUPPLIES This standard provides
for 2.36 minimum laundry and housecleaning supplies, home medicinal needs,
maintenance of clothing at home, and other household necessities. It was
adopted by the Committee on Family Budgeting of the Montreal Council of Social
Agencies, using the New York state standard as a guide and repriced by the
Montreal Diet Dispensary, June 1961. 12.REPLACEMENTS This allowance covers the
4.06 replacement of only minor and absolutely necessary items such as dishes,
utensils, or linen. The figure was supplied by the Family Service Association
in 1953 and brought up to date by the Montreal Diet Dispensary,
May 1969. _______
TOTAL: $199.14
Montreal Diet Dispensary 2182 Lincoln Avenue Montreal
June 1969
APPENDIX IVa
1969 MINIMUM MONTHLY BUDGET FOR RETIRED COUPLE
USING
MINIMUM RENT OF $32 FROM JEANNE MANCE RENTAL SCALE
&
ESTIMATES FOR ELECTRICITY COSTS SUPPLIED BY JEANNE
MANCE
Items of Expenditure
Rent $32.00
Electricity 4.00
Food 65.42
Clothing 12.73
Personal Care 5.88
Household Supplies 2.36
Replacements 4.05
Carfare 6.00
Newspaper 2.82
Religion 2.16
Recreation 4.12
Entertaining 1.35
Personal Allowances 6.82 $149.71
Income
Old Age Pension plus full supplement allowance for two $218.40Items not included in above :
Medical, nursing, dental care or drugs, new furniture or furnishings,
savings, insurance or payment of debts, telephone, gifts or holidays.
The Montreal Diet Dispensary 2182 Lincoln Avenue Montreal 108, P.Q.
June, 1969
ANNEXE B
MEMOIRE
Ce mémoire a été préparé par le
Comité sur l'Habitation et la Rénovation Urbaine de la
Région métropolitaine de Montréal en vue de la
présentation à la Commission permanente des Affaires municipales
de l'Assemblée nationale du Québec, tenue le 26 novembre
1969.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
Historique et objectifs.............................. 3951
PRINCIPES ET RECOMMANDATIONS 1. La rénovation urbaine a) Les
droits communautaires.................... 3951 b) Ressources
professionnelles................... 3952 c) Le dynamisme de la
rénovation urbaine........ 3953 d) Secteur privé
Milton-Parc................... 3954 e) Secteur public
Westmount.................. 3955 2. Logement adéquat pour tous les
niveaux de revenus et droits des locataires a) Logement adéquat
........................... 3956 b)
Abris........................................ 3957 c) Bill
12....................................... 3957 d)Publication des
règlements.................... 3957 e) Bail
modèle.................................. 3958
INTRODUCTION
Le Conseil des Oeuvres, maintenant connu sous le nom du Conseil de
Développement Social de Montréal, et le Montreal Council of
Social Agencies, ont chacun de leur côté, exprimé le
désir d'appuyer les efforts du Comité sur l'Habitation et la
rénovation urbaine.
Ce Comité existe depuis à peu près une
année, bien qu'il fonctionnait depuis plusieurs années sous
d'autres formes.
Le Comité groupe à peu près 50 membres
représentant un éventail varié d'intérêts.
Quelques-uns sont des professionnels en matière légale,
planification, architecture et travail social; d'autres représentent les
organismes de bien-être et de service social; tandis que d'autres
représentent le milieu ouvrier, les locataires, les groupements
religieux et les services d'habitation, des gouvernements municipal, provincial
et fédéral.
Le Comité sur l'Habitation et la rénovation urbaine est un
organisme bilingue qui a à sa tâche deux co-présidents dont
l'un est d'expression française et l'autre d'expression anglaise. Ce
Comité est le plus grand groupement privé, constitué de
divers organismes intéressés aux problèmes du logement et
de la rénovation urbaine au Québec.
Plusieurs sous-comités ont été formés pour
s'occuper d'aspects spécifiques du logement et de la rénovation
urbaine. Ce mémoire est le résultat des efforts de ces
sous-comités, dont les rapports ont été approuvés
par le Comité dans son ensemble.
Pour fin de présentation, les rapports et recommandations des
sous-comités sont regroupés dans les grandes catégories
suivantes rénovation urbaine, logement adéquat et droits
des locataires. La première partie du mémoire comprend un
résumé des exposés et des recommandations, tandis que la
deuxième partie donne les textes intégraux de divers documents
résumés dans la première partie.
DECLARATION DE PRINCIPE SUR LES DROITS
COMMUNAUTAIRES
Notre Déclaration de Principe sur les droits communautaires
comprend cinq recommandations portant sur les efforts privés et publics
de rénovation urbaine. Cette déclaration fut
rédigée par le Comité qui la ratifia en octobre 69. La
déclaration a par la suite été approuvée par le
Conseil de Développement Social du Montréal Métropolitain,
le 19 novembre 1969, et par le Montreal Council of Social Agencies le 17
novembre 1969.
Ces recommandations sont basées sur le fait selon lequel les gens
qui habitent un secteur déterminé ont droit à une
participation active au projet de rénovation urbaine de ce secteur,
étant donné que leurs vies seront affectées
intégralement par ce projet de rénovation. Avec la zonage, un
précédent a été créé par la loi,
selon lequel la communauté doit être protégée contre
des initiatives d'individus seuls ou regroupés susceptibles d'apporter
des changements qui pourraient s'avérer socialement indésirables
pour cette communauté. La rénovation urbaine devrait être
permise dans les districts résidentiels existants seulement à la
condition qu'elle rencontre les besoins réels des résidents du
district.
RECOMMANDATION 1.
Que le but principal de la rénovation urbaine soit
d'améliorer la condition de vie des résidents d'une
communauté existante et viable, sans pour autant les pénaliser
dans leur vie sociale ou économique. Les droits des résidents
d'imposer collectivement des modifications ou de rejeter tout plan qui mettrait
en jeu la continuité de la vie communautaire de leur quartier, ou qui
compromettrait leur droit d'y demeurer devraient être
protégés par la loi.
RECOMMANDATION 2.
Que le droit d'un locataire de rester dans sa demeure lui soit
assuré au même titre que celui d'un résident qui est
propriétaire de son logement, étant donné que ce droit est
déjà reconnu implicitement dans la loi de la Régie des
Loyers.
RECOMMANDATION 3.
Qu'on garantisse mieux les droits des citoyens, surtout dans la
région métropolitaine de Montréal où la
majorité des résidents sont locataires, les initiatives
gouvernementales devraient encourager et faciliter la propriété
collective dans la forme de corporations communautaires, de coopératives
domiciliaires ou par d'autres moyens.
RECOMMANDATION 4.
Que tout programme qui contribuerait à augmenter le nombre,
l'éventail de choix et la qualité d'unités de logements
à coût modique soit encouragé, pourvu qu'un tel programme
tienne compte, en même temps des besoins communautaires.
RECOMMANDATION 5.
Qu'étant donné la crise de logements à prix modique
qui sévit actuellement, le gouvernement s'oppose de toutes ses forces
à tout projet qui aura pour effet de réduire encore le stock
actuel de logements à coût modique habités ou habitables (y
compris ceux qui seront récupérables à un coût
raisonnable) nonobstant toutes justifications économiques. Les
autorités municipales devraient adopter comme politique la
libération des secteurs où vivent des gens à faible revenu
de toute spéculation foncière. Cette politique pourrait
s'appliquer par l'élaboration de règlements de zonage
appropriés et par la réorientation des initiatives privées
vers des secteurs non-résidentiels, vacants ou sous-utilisés.
RESSOURCES PROFESSIONNELLES
L'avenir des communautés à faible revenu, en face des
plans d'aménagement par l'entreprise publique ou privée, peut
dépendre en grande partie du fait selon lequel les résidents ont
la possibilité d'exprimer leurs opinions et de proposer des alternatives
viables. Placée en face de groupes d'intérêt très
puissants ou d'une bureaucratie très technique, la communauté
peut se montrer inconsistente, perdue et frustrée.
Le Comité croit que les ressources professionnelles
(planification, architecture, aspect social, aspect légal) devraient
être rendues disponibles aux communautés de sorte qu'elles
puissent participer à l'amélioration des services existants et
à la création de nouveaux.
RECOMMANDATION 1.
Qu'un programme de services professionnels communautaires soit
incorporé dans la législation actuelle.
RECOMMANDATION 2.
Que des consultants professionnels soient engagés et
rémunérés de la façon suivante: a) le gouvernement
au niveau provincial ou municipal ou b) les corps intermédiaires ou c)
les fondations privées ou d) les groupes de citoyens.
RECOMMANDATION 3.
Que le support financier pour ces services soit accessible dans des
termes similaires à ceux des hypothèques
préférentielles.
RECOMMANDATION 4.
Que dans les programmes de rénovation urbaine le rôle des
représentants de la communauté soit reconnu comme une partie
essentielle de la Loi d'Habitation du Québec (i.e. information publique,
relogement, auditions publiques) avec les facilités budgétaires
appropriées.
RECOMMANDATION 5.
Que les relations entre les représentants de la
communauté, de la corporation ou de la co-opérative et les
ressources professionnelles soient celles de consultant à patron. Le
professionnel agira comme conseiller plutôt que comme bienfaiteur et
agira seulement à la demande de la communauté.
LE DYNAMISME DE LA RENOVATION URBAINE
Le rapport complet sur le Dynamisme de la rénovation urbaine est
présenté en annexe. Etant donné que plusieurs aspects de
ce rapport ont déjà été commentés dans les
deux sections précédentes, nous insisterons seulement, ici, sur
l'animation sociale dans sa relation avec le dynamisme de la rénovation
urbaine.
Un type de travail bien spécifique s'est développé
dans ces dernières années, concernant précisément
les personnes impliquées dans le domaine de la rénovation
communautaire. Ces personnes impliquées sont reconnues comme des
"animateurs sociaux" et leur rôle est suffisamment important pour qu'il
soit défini clairement. Leur rôle n'est pas de vendre des plans
à la collectivité (ceci relève de l'élément
technique). Il s'agit plutôt pour eux de travailler au sein de la
collectivité et pour cette dernière. Leur but consiste en la
formation d'animateur bénévole, en la création d'une
structure qui sera viable pour la promotion d'un processus sociologique interne
de rénovation, lequel est nécessaire aux citoyens d'un territoire
désigné, afin qu'ils puissent s'intégrer par la suite aux
autres éléments impliqués dans la rénovation. a) Un
animateur social peut être à la solde d'un gouvernement à
quelque niveau que ce soit. Il peut accéder aux renseignements et aux
dossiers gouvernementaux. Son statut est alors légalement assuré.
Sans tenir compte de la provenance de ses honoraires, il est avant tout
imprégné de justice sociale et ses attributions correspondront
à ceux de "1'ombudsman" protecteur du peuple. Il peut cependant
être ouvert à des pressions de la part de son employeur. Il pourra
se retrouver un jour faisant partie d'un engrenage technocratique et
bureaucratique, lequel l'empêchera de prendre des décisions
adéquates au moment où les citoyens seront prêts à
l'action. b) Un animateur social d'autre part peut être employé
par une agence privée, tel une institution de bien-être, une
institution religieuse ou un centre récréatif communautaire. Bien
qu'il soit libéré des contraintes gouvernementales, il devra tout
de même subir les pressions de ses supérieurs, des conseils
d'administration ou des traditions de service social mises de l'avant
instinctivement par ces derniers. On peut lui conseiller par exemple
d'éviter la politique ou la pression des groupes du quartier. A
l'occasion ses projets peuvent être conctrecarrés par des
éléments conservateurs qui ne favorisent pas les prises de
position du public. c) Un animateur social peut être aussi employé
par des citoyens eux-mêmes, si ces derniers sont suffisamment
organisés pour une telle action. Certainement cet animateur recevra un
salaire minimal. Il peut lui arriver d'être mêlé dans de
petites querelles de quartier qui limiteront son action. Toutefois, il peut
aussi avoir la liberté d'influencer les résultats selon le bon
vouloir des citoyens. , d) En dernier, encore une alternative l'animateur
social peut travailler à son propre compte, tel un "free lance",
à cause de son intérêt pour la justice sociale. Ses motifs
peuvent être ou ne pas être d'ordre altruiste ou éthique,
mais cependant converger vers des buts politiques apparents. Il sera
sûrement libre d'agir à sa guise. Ce type d'animateur subira le
désavantage de ne s'identifier à aucun milieu en particulier et
il aura difficilement accès à l'information disponible pour
établir les communications requises.
RECOMMANDATION 1.
Que les divers types d'animation sociale soient reconnus comme
légitimes et essentiels à la rénovation communautaire.
RECOMMANDATION 2.
Que le gouvernement provincial prévoit des fonds pour
l'engagement d'animateurs sociaux comme partie intégrale de tout
programme de rénovation urbaine.
SECTEUR PRIVE MILTON-PARC
Cité Concordia est un exemple de rénovation urbaine par le
secteur privé dans une aire de Montréal formée de six
pâtés de maisons bornée par l'avenue des Pins, Milton,
Ste-Famille et Hutchison. Le projet remonte à 1961 lorsque ce terrain a
été acquis ayant comme objectif un développement
planifié dans quelques-uns de ces ilôts. Cependant, c'est la
vulnérabilité économique qui a déterminé le
redéveloppement de cette aire plutôt que les désirs ou les
besoins de la communauté existante, ce qui a suscité une
opposition des citoyens représentés par le Comité
Milton-Parc.
L'investissement initial encourru sur une large échelle
d'acquisition de terrain, implique que le développement qui s'ensuit
augmentera grandement la densité. Cela implique aussi que les
unités à prix modique offertes par des propriétés
dont le coût est amorti seront remplacées par des unités
à loyer élevé.
Le déplacement forcé des familles à revenu modique
du centre-ville les prive des avantages de la vie dans le centre de la ville,
ce sur quoi ils sont totalement dépendants un environnement bien
établi, les transports publics et l'accès au travail. Les
répercussions de ce développement sur une large échelle
sont de loin impliquées dans les conséquences sociales qui en
découlent et la manipulation de la communauté urbaine ne peut
être laissée à la seule discrétion des individus ou
des groupes intéressés.
L'administration municipale ne peut ignorer ses responsabilités
dans cette forme de rénovation urbaine. Par des règlements de
zonage, elle peut contrôler ou encourager des pressions ou actions
spéculatives. Les indices de superficie de plancher admis haussent les
valeurs des propriétés, ne stimulent pas à l'entretien et
amènent la détérioration. (L'I.S.P. dans Cité
Corcordia est 12).
Durant les six dernières années, Montréal a
été témoin de la destruction d'environ dix mille
unités d'habitations à loyer modique Radio Canada,
l'Autostade, l'élargissement de la rue Dorchester, la route
Trans-Canadienne et de beaucoup d'autres améliorations de routes. Des
plans de développement privés de l'importance de celui de
Concordia à l'intérieur de la Ville accentuera cette situation
choquante.
Etant d'abord responsable et redevable à une communauté
donnée plutôt qu'à ceux qui cherchent à
déplacer ces résidents, l'administration municipale a
l'obligation de conférer avec ses citoyens, locataire ou
propriétaire. La presque totalité de la possession de Cité
Concordia par une partie unique n'est pas une restriction à cette
obligation.
RECOMMANDATION 1.
Qu'un amendement de la loi réglementant l'indice de superficie de
plancher permis soit fait dans le but d'empêcher les achats
spéculatifs des propriétés résidentielles.
RECOMMANDATION 2.
Qu'une législation garantisse les droits des résidents en
tenant compte d'un plan de rénovation qui menace l'existence de leur
communauté.
RECOMMANDATION 3.
Que la municipalité continue et amplifie ses efforts actuels dans
la construction de nouvelles habitations sur les terrains déjà
vacants de la Ville (cf. Opération 300-Myriade).
RECOMMANDATION 4.
Que le gouvernement adopte des politiques pour assurer que les groupes
de citoyens jouent un rôle majeur dans l'instauration et le
contrôle des programmes de rénovation.
RECOMMANDATION 5.
Qu'on encourage les améliorations communautaires par des
prêts à bas taux d'intérêt soit à des
individus, soit à des coopératives, et en fournissant des
services professionnels (architecturaux, sociaux, légaux). Le
Comité appuie la proposition du Comité Milton-Parc qui demande
à la Société d'Habitation du Québec son assistance
dans le but d'acheter, d'améliorer et de louer des
propriétés existantes à l'intérieur et dans les
territoires adjacents à Cité Concordia.
RECOMMANDATION 6.
Qu'un programme soit élaboré par les autorités
provinciales et municipales pour acquérir, et lorsque nécessaire,
améliorer des unités existantes à travers toute la ville
de façon à préserver et augmenter la quantité
d'habitations abordables aux familles à revenu faible et moyen.
RECOMMANDATION 7,
Qu'on encourage les initiatives privées dans l'aménagement
des aires urbaines non-résidentielles, vacantes ou sous-
développées.
SECTEUR PUBLIC WESTMOUNT
Le programme de rénovation urbaine de la Cité de Westmount
couvre une superficie de 90 acres limitée à l'est par Atwater,
à l'ouest par Bethume, au nord par Ste-Catherine et au sud par la rue
St-Antoine. Après trois ans de préparation, le projet final de
rénovation urbaine de Westmount fut soumis à la
Société d'Habitation du Québec en avril 1969.
Le souci de reloger les citoyens déplacés par le passage
de la route trans-canadienne dans la partie sud de la municipalité fut
à l'origine de cette étude de rénovation urbaine. Pourtant
le rapport ne contient aucun plan définitif de relogement. En fait, le
rapport envisage la destruction de 120 autres unités de logement
actuellement occupées par des familles au revenu relativement peu
élevé de Westmount. Les résidents de cette zone
soupçonnèrent alors que l'objectif de la Cité de Westmount
est d'élargir la base de taxation en changeant l'utilisation du terrain
plutôt que de répondre aux besoins des citoyens
défavorisés.
Le rapport exprime l'intention de la Cité et de la
Société d'Habitation du Québec de subventionner pour leur
logement, les familles qui le désirent et y ont droit, au cours d'une
période initiale, mais ceci ne répond en rien aux besoins de
relogement de la communauté déplacée. Plusieurs familles
à bas revenu ne seraient pas éligibles pour ces subventions.
Elles ont pourtant habité dans cette zone pour des périodes
allant jusqu'à 30 ans.
Par suite de leur expulsion, ces familles auront de la difficulté
à se reloger dans une municipalité de plus en plus riche; elles
seront réduites à se loger dans des zones qui devront être
rénovées; elles souffriront de rupture dans leur vie, de perte
d'amis et de milieu.
Après avoir étudié la question au point de vue
physique, social et économique, le Comité a
présenté ses conclusions à l'audition publique tenue le 18
juin par la Société d'Habitation du Québec. Le
Comité rejette la remarque du Rapport Sunderland que cette zone serait
impropre à l'habitation humaine et divorcée du reste de la
communauté de Westmount. De plus, le Comité a
présenté une série de propositions visant à
améliorer les conditions du milieu par la réhabilitation des
incitations existantes à la propriété et l'entretien.
Après avoir présenté son mémoire, le
Comité n'a reçu aucune communication de la Société
d'Habitation du Québec et l'approbation du programme par la
législature fut la seule indication que ses soucis légitimes
avaient été écartés. Alors que les objectifs de la
Société d'Habitation du Québec sont le bien-être et
le logement convenable des citoyens défavorisés de la
société, le programme de rénovation urbaine de la
Cité de Westmount représente une demande de fonds publics pour le
redéveloppement commercial du sol occupé par des familles
à bas revenu.
RECOMMANDATION 1
Que les logements existants sur la rue St-Antoine soient
conservés. RECOMMANDATION 2
Que les sommes prévues pour l'expropriation dans la subvention
provinciale à la Cité de Westmount soient employées au
financement de l'amélioration des unités de logements existantes
et du territoire où elles sont situées.
RECOMMANDATION 3
Que les fonds de logement supposément disponibles pour le
"logement social" à Westmount, soient utilisés pour
réintégrer les anciens résidents de la rue Selby
déplacés par la route transcanadienne et pour accroître la
quantité de logements pour familles à bas ou moyen revenu
à Westmount.
RECOMMANDATION 4
Que l'anxiété indue imposée, par la
préparation à long terme et l'exécution des programmes de
rénovation, aux communautés touchées par ces programmes
soit considérée comme une pression pour l'amendement par
l'Assemblée nationale de la loi actuelle de rénovation
urbaine.
RECOMMANDATION 5
Que la municipalité et la Société d'Habitation du
Québec, reconnaissent les droits prépondérants des
résidents locaux par rapport à l'instauration et toutes les
autres étapes du processus de rénovation urbaine.
RECOMMANDATION 6
Que pour tous les programmes courants de rénovation urbaine,
après les auditions publiques statutaires, la Société
d'Habitation du Québec communique à tous les résidents et
objecteurs, ses décisions, par rapport aux mémoires reçus,
avant d'accepter tout amendement aux règlements de rénovation
urbaine soumis par une municipalité.
LOGEMENT ADEQUAT
Le logement subventionné s'adresse, à toute famille ou
personne qui, à cause de sa situation économico-sociale ne peut
satisfaire ses besoins de logement.
Le logement subventionné devra être conçu sous la
forme d'allocation-logement intégré à une politique
globale de bien-être social, et disponible à toute personne qui
pouvait faire la preuve d'un besoin quel que soit son revenu.
RECOMMANDATION 1.
Que l'Assemblée nationale du Québec établisse une
législation et fournisse les fonds nécessaires pour créer
une réserve d'habitations à prix modique, soit par la
construction ou la rénovation, réserve devant atteindre 40 p.c.
du total du stock d'habitations futures dans l'aire métropolitaine.
RECOMMANDATION 2.
Que l'Assemblée Nationale du Québec établisse une
législation et fournisse les fonds nécessaires pour permettre
à des groupes à faible revenu d'acheter et/ou de louer des
unités d'habitations. Plus bas serait le revenu, plus
élevée serait la subvention. Les sources de financement devraient
être: a) Les fonds de pensions des unions, en investissant 30p.c. de leur
actif dans des prêts hypothécaires à la condition expresse
que cet actif puisse retourner en fonds de pension sans perte, et b)
l'assistance gouvernementale soit par le rabattement de 3p.c., soit en
déduisant l'intérêt sur l'hypothèque, d'un revenu
imposable pour les groupes à faible revenu.
ABRI POUR HOMMES SEULS
Le Comité, après étude, recommande qu'un abri soit
mis sur pied sans délai à Montréal pour recevoir les
sans-foyer indigents de cette région et qu'un tel abri soit pourvu de
services adéquats d'assistance et d'orientation ou de
réhabilitation.
RECOMMANDATION.
Que la Société d'Habitation du Québec ainsi que le
Ministère de la Famille et du Bien-Etre Social accordent une allocation
suffisante pour rencontrer ces besoins.
BILL 12
Durant les deux dernières années, nos efforts furent de
convaincre l'administration municipale de Montréal de
légiférer adéquatement afin que la protection des
locataires stipulée par le Bill 12 soit également en vigueur
à Montréal.
Un programme d'information fut entrepris avec les agences sociales, les
clubs d'âge d'or, syndicats et autres groupes dans le but d'amener ces
organismes à supporter ce bill et à le faire savoir au conseil
municipal. Une déclaration conjointe fut préparée par le
Montreal Council of Social Agencies, le Conseil des Oeuvres de Montréal,
le Conseil du Travail de Montréal, le Conseil Central de Montréal
de la C.S.N. et l'Alliance des Professeurs de Montréal. Cette
déclaration fut envoyée au Maire, au Président du
Comité Exécutif et aux conseillers de la Ville de
Montréal. Plusieurs autres agences sociales et organismes leur ont fait
parvenir leur propre appui au Bill. Notre démarche ne porta pas fruits
mais une étude de la situation nous fut promise après six
mois.
Dans les six mois suivants, la Fédération des Travailleurs
du Québec et l'Association des Locataires de Montréal
procédèrent à une étude scientifique
démontrant qu'une population de 50,000 locataires était
touchée par des augmentations pour une moyenne de $23.00 par mois. Une
conférence de presse fut organisée à la fin d'avril 1968
avec la participation plus nombreuse d'organismes qu'auparavant,
c'est-à-dire l'A.C.E.F., la Ligue des Femmes du Québec et
plusieurs comités de citoyens. Malgré nos représentations
demandant la protection du Bill 12 et les appuis nombreux venant de tous les
milieux concernés, notre demande fut rejetée par une forte
majorité du Conseil municipal.
RECOMMANDATION.
Que l'Assemblée Nationale croyant en la nécessité
du Bill 12 assure à tous les locataires du Québec sa protection
nonobstant les obligations des autorités municipales à cet
égard.
PUBLICATION DES REGLEMENTS DE LA SOCIETE D'HABITATION
DU QUEBEC
Les règlements actuels de la Société d'Habitation
du Québec ne couvrent pas partiellement l'ensemble des décisions
que la Société doit prendre actuellement. Les critères des
certaines décisions impliquant l'approbation ou le rejet de divers
projets couverts par la Loi de la Société d'Habitation du
Québec semblent souvent être laissés à la
discrétion des individus à la Société. Cet
état de fait résulte en la possibilité d'inconsistance
dans l'application de la Loi.
RECOMMANDATION 1.
Que les règlements de la Société d'Habitation du
Québec soient amendés pour inclure en détail les
critères d'acceptation ou de rejet de tous les projets couverts par la
Loi de la Société d'Habitation du Québec; que ces
règlements soient rendus disponibles à tous les
intéressés par leur publication dans les journaux locaux aussi
bien que dans la Gazette Officielle et que des copies en soient disponibles au
public sur demande.
RECOMMANDATION 2.
Que dans toutes les décisions d'acceptation ou de rejet, la
Société indique par écrit à toutes les parties
soumettant un projet et à toutes les parties impliquées le
désirant les raisons de ces décisions en conformité avec
la Loi et les règlements de la Société d'Habitation du
Québec. Dans le cas de rejet, la Société devrait informer,
avec le rejet, les parties des mesures à prendre pour rendre les projets
conformes aux exigences de la Loi. (Ceci devrait aussi être fait par des
règlements sur la forme et l'organisation des projets, le format des
documents et l'échelle des plans).
RECOMMANDATION 3.
Que la Loi de la Société d'Habitation du Québec
prévoie une procédure d'appel qui permettrait la révision
par une autorité supérieure des cas de rejet, de projets ou
d'insatisfaction des décisions des représentants locaux de la
Société d'Habitation du Québec.
BAIL MODELE
Depuis quelques années, la plupart des baux en circulation sont
devenus progressivement axés sur les droits des propriétaires et
les obligations des locataires. La situation actuelle est telle que si le
locataire ne signait aucun bail, sauf un contrat stipulant l'endroit, le
montant et la durée de la location, il serait beaucoup mieux
protégé par les lois provinciales (Code Civil).
Ce bail modèle, qui est loin d'être utopique, est un effort
pour restaurer un équilibre dans les rapports entre le
propriétaire et le locataire. Cette esquisse de bail sera ensuite
présentée aux groupes intéressés tels que les
comités de citoyens et les associations de locataires pour leurs
commentaires et suggestions avant la rédaction finale.
RECOMMANDATION 1.
Que la version finale de ce bail soit déclarée par
l'Assemblée nationale, le seul bail modèle légal au
Québec.
RECOMMANDATION 2.
Que tous les autres baux soient retirés des étalages et
remplacés par ce document.
CONSEIL DE DEVELOPPEMENT SOCIAL
DU MONTREAL METROPOLITAIN 445 Saint-François-Xavier, Mtl