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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Baril): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je vous souhaite la bienvenue, Ce matin, nous avons le projet de loi
147, Loi modifiant la Loi sur la délimitation des circonscriptions
électorales. Le mandat, c'est d'entendre te Directeur
général des élections sur le projet de loi 147, Loi
modifiant la Loi sur la délimitation des circonscriptions
électorales. Ce qu'on me dit, c'est que M. le ministre va faire ses
remarques et l'Opposition répondra. Ensuite, M. le président, on
vous écoutera. M. le ministre.
M. Gratton: Je ne sais s'il y a des remplacements à
inscrire quant aux membres de la commission. Non? Le député de
Gouin est membre aussi'?
M. Brassard: II l'est à titre de président de la
commission.
Remarques préliminaires M. Michel
Grattan
M. Gratton: Je suis très heureux de l'apprendre. Je
voudrais d'abord souhaiter la bienvenue au Directeur général des
élections et aux membres de son personnel et les remercier d'avoir
accepté à si brève échéance de venir nous
rencontrer ce matin. C'est seulement hier, en consultation avec l'Opposition,
que nous avons indiqué au Directeur général des
élections notre souhait de l'entendre. Je le remercie de s'être
prêté de bonne grâce à notre demande qui est survenue
à la toute dernière minute.
Je pense que ce n'est pas inutile de rappeler très
brièvement les différentes étapes qui nous amènent,
au moment où on se parle, à proposer l'adoption du projet de loi
147, projet de loi qui vise essentiellement à reporter le début
des travaux de la Commission de la représentation électorale qui
devraient commencer le 2 décembre, de reporter le début de ces
travaux au 1er mai prochain. On se rappellera qu'en mars 1986, très
exactement le 18 mars, il y avait eu à l'Assemblée nationale le
dépôt du projet de loi 23 qui visait à suspendre les
travaux dont je viens de parler, qui normalement auraient dû commencer
immédiatement après l'élection générale du 2
décembre 1985, et de reporter cela à la date du 2 décembre
1986.
La raison était que nous avions constaté, comme le
Directeur général des élections, que le recensement
électoral de 1985 faisait en sorte qu'il y avait quelque onze ou douze
comtés qui faisaient exception aux normes dans la loi actuelle, que
j'avais indiqué que le gouvernement entendait revoir toute la question
de la délimitation des circonscriptions électorales et qu'en
conséquence il apparaissait souhaitable que nous ne laissions pas la
commission aborder ces travaux, qui auraient pu se révéler
complètement inutiles advenant des changements à apporter
à la Loi sur la représentation électorale.
Ce projet de loi 23 a été adopté à
l'unanimité et ce, après avoir entendu le Directeur
général des élections. On l'avait rencontré en
commission parlementaire et il nous avait fourni à ce moment-là
un échéancier qui satisfaisait les membres de la commission. II
ne résultait aucun problème majeur du report des travaux du 2
décembre 1985 au 2 décembre 1986. Le 27 mars 1986, le projet de
loi 23 était adopté à l'unanimité.
À la suite de l'adoption de ce projet de loi, je confiais au
Secrétariat à la réforme électorale le mandat de
préparer des hypothèses de travail et un rapport me fut remis
à la fin d'août 1986, lequel comportait un certain nombre
d'éléments. Ce rapport fut transmis à l'Opposition au
début de septembre et rendu public le 11 septembre 1986, en même
temps que copie en était envoyée au Directeur
général des élections lui demandant de nous fournir ses
commentaires sur son contenu. Cela faisait suite à l'engagement que
j'avais pris en commission parlementaire en mars de consulter l'Opposition
avant même le dépôt d'un projet de loi. C'est ainsi que,
plutôt que de déposer ou de préparer un projet de loi ou
même un avant-projet de loi, j'ai préféré
plutôt procéder ainsi: un document de consultation, qui a
été le rapport du secrétariat, sur lequel j'invitais tant
l'Opposition que le public, finalement, et de façon
privilégiée le Directeur général des
élections, à nous fournir leurs commentaires.
Je dirai, M. le Président, qu'outre le Directeur
général des élections qui nous a fourni, je pense que
c'était le 13 septembre... Non, c'était plus tard que cela. Le 14
octobre 1986, le Directeur général des élections me
soumettait ses commentaires,
commentaires que je transmettais immédiatement à
l'Opposition et à l'ensemble des membres de l'Assemblée
nationale, de même qu'aux membres de la Tribune de la presse. D'ailleurs,
les seuls commentaires que j'aie reçus jusqu'à maintenant de
façon officielle, ce sont ceux du Directeur général des
élections, à part quelques représentations d'individus. Je
dis bien quelques car je pense qu'il y en a peut-être un ou deux qui ont
communiqué avec moi. Je n'ai eu aucun autre commentaire.
Au moment de la transmission du rapport du secrétariat, nous
avions entamé des discussions avec l'Opposition, notamment avec le
leader de l'Opposition. Le premier ministre avait d'ailleurs communiqué
avec le chef de l'Opposition pour établir une façon de
procéder. L'Opposition avait indiqué par la voix du leader de
l'Opposition qu'elle serait prête à collaborer avec le
gouvernement si un report additionnel était requis pour en venir
à faire un consensus le plus large possible autour des modifications
à apporter à la Loi sur la représentation
électorale, que ce soient des modifications proposées par le
secrétariat dans son rapport ou toute autre modification qui pourrait
être faite par un membre de l'Assemblée nationale ou toute autre
personne, incluant le Directeur général des élections.
D'ailleurs, je pourrais me référer à des coupures de
presse où le député de Joliette, leader de l'Opposition,
offrait sa collaboration et celle de l'Opposition pour un délai
additionnel à la commission de refonte de la carte qui normalement
devait reprendre ses travaux le 2 décembre 1986.
Alors, voilà! À défaut d'avoir pu procéder
à des consultations officielles formelles... J'avais d'ailleurs offert
à l'Opposition de procéder soit par commission parlementaire ou
autrement. Je ne blâme aucunement l'Opposition. Je dis simplement qu'il
n'y a pas eu de discussions officielles entre nous et c'est ce qui nous a
amenés, à ce moment-ci, à devoir constater que, n'ayant
pas encore dégagé de consensus sur les modifications qui,
forcément, sont nécessaires à la loi actuelle sur la
représentation électorale, qu'il ne s'agisse que des
critères qui servent à la délimitation, compte tenu que ce
consensus n'a pas été dégagé jusqu'à
maintenant, nous avons cru opportun de présenter le projet de loi 147
pour faire en sorte que les travaux de la commission ne commencent pas le 2
décembre, tel que prévu, mais ne commencent que le 1er mai
prochain à partir d'un scénario que je voudrais maintenant
évoquer.
Le mandat de la commission, ce matin, est d'entendre le Directeur
général des élections sur les conséquences que
pourrait avoir l'adoption du projet de loi 147. Nous y viendrons
immédiatement, M. le Président, mais avant d'y venir je voudrais
proposer un scénario de travail à l'Opposition et à
l'ensemble des membres de la commission quant aux suites à donner au
projet de loi 147 si l'Assemblée nationale devait l'adopter.
Si, comme je le crois, nous concluons ce matin, après avoir
questionné le Directeur général des élections, que
le report au 1er mai du début des travaux de la commission ne
soulève aucun problème insurmontable, je propose à la
commission le scénario suivant: premièrement, qu'une commission
parlementaire soit convoquée au plus tard au début de
février. On pourrait confier le mandat suivant à cette
commission: D'examiner là où il existe un consensus sur les
éléments du rapport du Secrétariat à la
réforme électorale ou sur tout autre point qui pourrait
être soulevé par un membre de la commission. Dans un
deuxième temps, à partir des consensus qui seraient ou auraient
été dégagés à la commission parlementaire,
de rédiger un projet de loi et de le soumettre à
l'Assemblée nationale pour adoption avant le 1er mai.
Si ce scénario était acceptable à l'Opposition, je
serais prêt ce matin à prendre un engagement formel à cet
effet, à titre de leader du gouvernement, pour faire en sorte que nous
en arrivions, avant l'échéance du 1er mai, qui est la date
prévue pour le début des travaux de la Commission de la
représentation électorale dans le projet de loi 147, à
adopter à l'Assemblée nationale les nouvelles règles du
jeu, si de nouvelles règles du jeu il doit y avoir. On est conscient
que, sur certains éléments, il faut nécessairement adopter
de nouvelles règles du jeu.
Si l'Opposition est prête à réagir à cette
proposition que je fais, si cela lui inspire des questions ou des demandes de
précision, je suis prêt à écouter le
député de Gouin.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Nous
allons céder la parole à l'Opposition. M. le député
de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, merci, M. le Président. Je voudrais moi
aussi, au moment de l'introduction de mon intervention, souhaiter la bienvenue
à M. Pierre-F. Côté ainsi qu'à l'ensemble de ses
collaborateurs.
M. le Président, avant d'aborder le mandat précis de ta
commission qui est de discuter avec M. Côté des
conséquences de l'adoption du projet de loi 147, je voudrais, moi aussi,
dans un premier temps, faire état de l'évolution qu'a connue ce
dossier au cours des derniers mois.
On se rappellera qu'après l'élection du 2 décembre
dernier le gouvernement a déposé le projet de loi 23 proposant
de
suspendre le processus d'amorce de délimitation d'une nouvelle
carte électorale et que ce qui était prévu initialement au
projet de loi, c'était de faire en sorte que ce processus soit suspendu
jusqu'au moment où le gouvernement, et non pas l'Assemblée
nationale du Québec, en décide autrement. La position de
l'Opposition était la suivante: d'une part, il ne s'agit pas d'un
pouvoir du gouvernement, mais bien d'un pouvoir de l'Assemblée
nationale, compte tenu que, depuis environ une dizaine d'années, il y a
eu unanimité non seulement des formations politiques, non seulement des
hommes et des femmes qui siégeaient à l'Assemblée
nationale, mais dans la société québécoise pour que
tout le processus de délimitation des circonscriptions
électorales n'implique d'aucune façon, au niveau
décisionnel, des hommes, des femmes et des formations politiques.
L'expérience que nous avons vécue depuis dix ans
amène tout le monde à conclure qu'il ne faut absolument pas
revenir en arrière et remettre entre les mains des formations politiques
ou des gens qui font de ta politique au plan partisan le processus de
délimitation des circonscriptions électorales. En ce sens, quant
à nous, il n'était pas admissible, au nom de ces principes, de
ces pratiques, de ces traditions, que l'initiative de procéder à
une nouvelle délimitation des circonscriptions électorales soit
retirée à l'Assemblée nationale pour être
confiée au gouvernement qui, comme on le sait, est formé d'un
seul parti politique. Sur cette question, le ministre
délégué à la Réforme électorale a
accepté de modifier son projet de loi 23.
Le deuxième objectif de ma formation politique était de
faire en sorte que nous nous mettions, tous ensemble, une certaine pression sur
les épaules pour qu'on ne reporte pas aux calendes grecques le processus
de révision de la carte électorale. En ce sens, nous avons
demandé et obtenu de bon gré du leader du gouvernement et
ministre délégué à la Réforme
électorale qu'il y ait une date limite pour que le processus de
délimitation de la carte électorale puisse se réenclencher
automatiquement sans l'intervention de qui que ce soit par la loi 23. La date
qui a été retenue était celle du 2 décembre
1986.
Depuis ce temps, que s'est-il passé? Un document nous
a été fourni et a été rendu public par le ministre
délégué à la Réforme électorale,
document qui émane non pas de son ministère, non pas du
gouvernement, mais du Secrétariat à la réforme
électorale. Il nous a été présenté comme un
document de réflexion qui nous propose, reconnaissons-le, de chambarder
radicalement le processus de délimitation des circonscriptions
électorales au Québec. (10 h 30)
Par la suite, nous avons reçu les commentaires du Directeur
général des élections sur ce document et il ne s'est plus
passé quoi que ce soit, il ne s'est rien passé. En ce sens,
lorsque l'Opposition, par la voix du leader de l'Opposition, a commenté
le rapport Rémillard, en disant que nous souhaitions que ce travail se
fasse par consensus, tel que s'y était engagé le leader du
gouvernement, et que nous souhaitions être en mesure de travailler sur
des données claires, oui, nous avons dit que nous étions
prêts à reporter la date du 2 décembre 1986, dans la mesure
où c'était nécessaire pour permettre au dossier
d'évoluer.
Mais reconnaissons qu'implicitement et explicitement, dans le
communiqué de presse que nous avons rendu public à ce
moment-là, nous exigions aussi que le dossier évolue, que des
prises de position soient connues, qu'un document gouvernemental soit
présenté de façon qu'on sache quelle était
l'orientation non pas du secrétariat, qui a présenté un
document de réflexion, mais du gouvernement en matière de
délimitation de la carte électorale.
Nous attendons toujours ce document. C'est ce qui explique
qu'aujourd'hui nous nous retrouvions presque à l'échéance
limite du 2 décembre 1986, alors que tout ce qui existe, c'est un
document présenté par le ministre lui-même comme document
de réflexion, un document de commentaires présenté par le
Directeur général des élections, et aucune suite n'a
été donnée à cela. L'Opposition est toujours
prête à collaborer pleinement à des discussions entourant
la délimitation des circonscriptions électorales, mais nous
voulons partir d'un document qui annoncera des intentions gouvernementales. Je
pense que ce n'est pas à l'Opposition de commenter les documents de
réflexion d'un secrétariat gouvernemental.
En ce sens, M. le Président, nous considérons que, d'une
certaine façon, on n'a pas mis toutes les énergies
nécessaires pour faire en sorte que le 2 décembre 1986, date pour
repartir le processus de délimitation des circonscriptions
électorales, soit respecté. Nous croyons que des efforts auraient
dû être faits quant à la présentation d'une
proposition gouvernementale sur les nouvelles procédures que voulait
suggérer le gouvernement à l'Assemblée nationale
concernant la délimitation des circonscriptions électorales. Nous
aurions pu, par la suite, entreprendre des discussions sous une forme ou sous
une autre, en commission parlementaire, en sous-commission, en séance de
travail, entre les deux formations politiques représentées
à l'Assemblée nationale, pour tenter de déqaqer des
consensus et légiférer sur la base des consensus obtenus. Ce
qu'on nous présente plutôt ce matin, finalement, c'est que le
travail qui aurait dû être fait cet automne, on nous propose de le
faire au printemps
prochain.
Il est clair, M. le Président, que nous avons toujours la
même attitude, la même ouverture d'esprit, la même
volonté de collaboration et de saisir l'offre
réitérée une fois de plus ce matin par le ministre
délégué à la Réforme électorale d'en
arriver à un consensus des formations politiques quant au processus de
délimitation des circonscriptions électorales. Je veux être
très clair en ce qui nous concerne, en ce qui concerne la formation
politique que je représente ici ce matin. Tout cela doit se faire
à l'intérieur d'un calendrier qui permettra effectivement qu'il y
ait réforme de la carte électorale avant la prochaine
élection générale. En ce sens-là, je dois avouer
que nous sommes un peu inquiets qu'on ait finalement, pour l'essentiel, perdu
l'automne et qu'on reporte tout cela au printemps prochain.
Nous aurons des questions que nous voudrons aborder avec le Directeur
général des élections précisément quant aux
effets du report au 1er mai 1987 du processus de révision de la carte
électorale pour nous assurer, comme je viens de le dire, qu'une
réforme de la carte soit possible avant la prochaine élection
générale. Mais ce n'est qu'une fois que nous aurons obtenu des
garanties formelles des gens responsables d'effectuer cette réforme de
la carte, dont le directeur général à titre de
président de la Commission de la représentation
électorale, et aussi des garanties formelles de la part du ministre
délégué à la Réforme électorale quant
au calendrier qui devra être respecté et quant à ce qu'il
vient de nous dire, à savoir qu'on ne légiférera que sur
les consensus qui seront intervenus entre les formations politiques...
En ce sens, je prends bonne note du processus que nous a décrit
tantôt le ministre délégué à la
Réforme électorale qui nous disait que, dans la mesure où
le projet de loi 147 serait adopté, donc dans la mesure où on
s'entendrait pour reporter au 1er mai prochain l'enclenchement du processus de
délimitation des circonscriptions électorales, l'étape qui
suivrait, quant à lui, donc quant au gouvernement, serait la tenue d'une
commission parlementaire qui se tiendrait au plus tard au début de
février, dont Je mandat pour l'essentiel, disait-il, serait d'examiner
les possibilités d'en arriver à des consensus autour d'une
éventuelle réforme de la Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales. À partir des consensus obtenus par
cette commission parlementaire, on en arriverait au dépôt d'un
projet de loi sur les consensus intervenus, qui serait soumis à
l'Assemblée nationale pour adoption avant le 1er mai 1987.
M. le Président, je dis que nous prenons note des propos que nous
tient le leader du gouvernement. Nous souhaiterions qu'on trouve un moyen de
formaliser un tel engagement de sa part quant au processus que devra suivre la
prochaine étape de réflexion autour de cette question. La
première question formelle que je voudrais lui adresser, c'est:
Qu'est-ce qu'il entend par un consensus des formations politiques?
M. Michel Gratton (réplique)
M. Gratton: M. le Président, avant de passer à la
question précise que le député me pose, j'aimerais
simplement dire que je ne sais pas ce qui peut être plus formel que
d'affirmer, comme je l'ai fait en mars dernier, que dans toute matière
qui touche la réforme électorale j'entends procéder par
consensus des partis représentés à l'Assemblée
nationale. Ce sont les deux partis: celui de l'Opposition et le parti
ministériel. Si cela prend quelque chose de plus formel que mon
engagement devant la commission, je vais prendre l'engagement devant
l'Assemblée nationale, peut-être à l'occasion du
débat de deuxième lecture, de l'adoption du principe du projet de
loi 147. Comme je le faisais remarquer au député de Gouin hier,
mes engagements sont toujours les mêmes, en privé comme en public-
Cela fait quatorze ans que je suis ici, à l'Assemblée nationale,
et je ne me rappelle pas avoir jamais pris un engagement que je n'ai pas
respecté.
À la question précise qu'il me pose à savoir ce que
j'entends par un consensus, bien, j'entends ce que la définition du mot
consensus veut dire. Je dis que si l'Opposition s'oppose
catégoriquement, à la commission parlementaire qu'on
prévoit convoquer pour janvier ou début de février au plus
tard, à une mesure quelconque qui est proposée par le
gouvernement ou par un membre de la commission ou qui est contenue dans le
rapport du Secrétariat à la réforme électorale,
cela ne fera pas l'objet du projet de loi qui devrait être adopté
avant le 1er mai. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
J'aimerais cependant reprendre certaines affirmations du
député de Gouin qui dit qu'après le moment où j'ai
transmis à l'Opposition les commentaires du Directeur
général des élections sur le rapport du secrétariat
il ne s'est rien passé. Je regrette, M. le Président, il s'est
passé un tas de choses. Il s'est passé des discussions. Je
conviens que c'est peut-être a cause de mon ouverture proverbiale, et
j'en parle avec d'autant plus d'aise qu'il y a eu des témoins aux
rencontres que j'ai eues avec le leader de l'Opposition.
Situons comment cela s'est passé. Le premier ministre a
communiqué avec le chef de l'Opposition pour lui faire part que nous
avions reçu du Secrétariat à la réforme
électorale un document de réflexion qui proposait certaines
modifications très importantes, j'en conviens, à l'actuelle
Loi
sur la représentation électorale, et a demandé au
chef de l'Opposition, à qui je devais, à titre de ministre
délégué de la Réforme électorale... Je
devais les communiquer à l'Opposition. On nous a répondu que je
pourrais entamer les discussions avec mon vis-à-vis, le leader de
l'Opposition, en ce qui touchait à la réforme électorale
provinciale, avec le député de Gouin et, en ce qui touchait
à la partie sur les élections municipales, avec le
député de Jonquière.
J'ai donc communiqué avec le leader de l'Opposition et
sollicité une rencontre en lui faisant part... Je présume que le
chef de l'Opposition avait dû informer son leader de l'Opposition du
contenu de sa conversation avec le premier ministre. C'est ainsi qu'on s'est
retrouvé, à mon invitation, à une rencontre où le
leader de l'Opposition n'était accompagné ni du
député de Gouin, ni du député de Jonquière.
Ce n'est pas à moi qu'il faut le reprocher, M. le Président. J'ai
remis au député de Joliette, le leader de l'Opposition, le
document en question, en le prévenant que j'entendais rendre public ce
document par le biais de la Tribune de la presse et d'en faire parvenir copie
à chacun des membres de l'Assemblée nationale, ce qui fut fait
deux jours plus tard.
À la suite de cela, j'ai communiqué à nouveau,
quelques semaines plus tard, avec le leader de l'Opposition pour lui demander
quelles étaient ses réactions. J'avais lu, comme tout le monde,
les réactions préliminaires qui étaient contenues dans un
communiqué de presse où l'Opposition faisait part de certaines
appréhensions quant à certaines orientations et se disait
prête à collaborer avec le gouvernement dans la mesure où
le gouvernement respecterait l'engagement que j'avais pris de procéder
par consensus. On m'a fait part que l'Opposition, avant de se prononcer de
façon plus détaillée, souhaitait connaître les
commentaires du Directeur général des élections. C'est
donc ce qui a fait qu'entre août, au moment où le rapport a
été remis à l'Opposition, au début de septembre, et
le 16 octobre, qui est le moment où nous avons reçu le document
du Directeur général des élections, il ne s'est
forcément rien passé, à la demande de l'Opposition.
Sur réception du document du Directeur général des
élections - en fait, je l'ai reçu le 14 octobre du Directeur
général des élections - je l'ai transmis à
l'Opposition le 16 octobre, deux jours plus tard, histoire d'en prendre
connaissance et de préparer une lettre de transmission. J'ai fait de
même à l'égard des membres de l'Assemblée nationale
et des membres de la Tribune de la presse. Depuis ce temps, j'ai
consulté à nouveau le leader de l'Opposition pour savoir si
l'Opposition avait une réaction. J'ai cru comprendre qu'il y avait une
réaction, mais qui ne s'articulait pas sur des points précis ou
sur l'ensemble, en tout cas, des points précis. C'est ce qui m'a
amené tout dernièrement, compte tenu de l'échéance
du 2 décembre à laquelle devaient reprendre les travaux de
façon automatique, à me poser la question avec l'Opposition:
Comment pouvions-nous en arriver à quelque chose de concret?
J'ai fait part - ce n'est pas ce matin que je fais part è
l'Opposition du scénario que j'ai évoqué tantôt.
J'en ai fait part hier au député de Gouin, mais avant-hier au
leader de l'Opposition. Je dirai que ce n'est que jeudi dernier, au moment
où le député de Gouin est venu me rencontrer, que j'ai
appris de sa bouche qu'il était dorénavant le porte-parole pour
l'ensemble de la démarche. Je suis fort aise de le constater, M. le
Président. Il n'y a rien que je demande mieux que de faire affaires avec
une seule personne dans l'Opposition plutôt que trois. Dieu sait que
c'est assez difficile de faire affaires avec l'Opposition sans multiplier les
intervenants, quant à moi.
Cela étant dit, M. le Président, je réitère
l'engagement, que je réitérerai à nouveau à
l'Assemblée nationale si cela peut rassurer les membres de l'Opposition,
qu'une commission parlementaire sera convoquée au plus tard au
début de février, tout cela évidemment à la
condition que ce matin nous convenions ensemble - qu'il y ait consensus
là-dessus aussi - qu'il n'y a pas péril en la demeure si nous
adoptons le projet de loi 147 pour reporter le début des travaux. Je
n'essaie pas de me disculper. Je ne me sens coupable d'absolument rien.
Quand le député de Gouin me reproche en quelque sorte de
ne pas avoir saisi l'Opposition de propositions concrètes, d'intentions
concrètes du gouvernement, je voudrais savoir si on veut vraiment
procéder par consensus ou si on veut démolir les intentions du
gouvernement. Je l'ai d'ailleurs indiqué très clairement, tant au
leader de l'Opposition qu'au député de Gouin, quant à
nous, au gouvernement, nous serions prêts à endosser la plupart
des recommandations du rapport du Secrétariat à la réforme
électorale. Je dis la plupart, parce qu'il y a des exceptions. J'ai fait
part, par exemple, qu'il y avait des réserves sur l'abolition des
secteurs électoraux et même sur l'abolition possible du
débat de cinq heures à l'Assemblée nationale. Le
député de Gouin le soulignait, et je le répète, les
propositions du secrétariat appartiennent au secrétariat. Mais
j'ai indiqué clairement dans des rencontres, tant avec le
député de Gouin qu'avec le leader de l'Opposition, que quant
à nous nous serions prêts, sur les grandes orientations du rapport
du secrétariat, à procéder dans ce sens. Mais je sais
d'avance que l'Opposition est réfractaire à certains
éléments très importants.
(10 h 45)
Donc, je reviens devant l'Opposition ce matin et je lui dis: Compte tenu
de ce que je sais maintenant, parce que je sais également que
l'Opposition est d'accord avec certaines des recommandations du rapport, il ne
sera pas inutile que nous nous rencontrions à nouveau, que nous
dégagions là où il y a des consensus, là où
il n'y en a pas et, dans un deuxième temps, je m'engage formellement
à proposer ensuite un projet de loi. Je désire que cela soit
clair aussi. Le Conseil des ministres n'a pas été saisi d'un
mémoire ou d'un projet de loi. J'ai évité de le faire
parce que je voulais respecter, non seulement dans les mots mais dans les
faits, les engagements que j'avais pris de procéder par consensus. Le
gouvernement comme tel n'a pas pris de décision.
Si le député de Gouin m'invite à ce moment-ci
à en arriver à des positions gouvernementales avant qu'on
procède à la discussion, là, c'est une autre paire de
manches. Mais il me semble qu'il n'est pas souhaitable de procéder
ainsi. Donc, je répète ma proposition: une commission
parlementaire au début de février; identification des points qui
font l'objet d'un consensus et préparation pour adoption avant le 1er
mai prochain d'un projet de loi qui s'appuierait sur les points qui auraient
fait consensus.
M. Rochefort: M. le Président, sur l'historique - je veux
qu'on se comprenne bien - quant aux relations que vient de décrire le
leader du gouvernement avec l'Opposition, je dois dire, qu'à ma
connaissance ce qu'il vient de dire est juste. Il n'y a pas de problème.
Ce que je dis c'est que, depuis les commentaires du Directeur
général des élections sur le document de réflexion
en question, je répète qu'il ne s'est rien passé; si telle
est toujours la volonté du leader du gouvernement, ce qu'il nous
réaffirme ce matin et ce qui nous satisfait en partie, qu'il est
toujours prêt à fonctionner sur la base d'un consensus, je pense
qu'on aurait pu sûrement, dès ce moment, créer un groupe de
travail ou une commission parlementaire qui aurait eu pour mandat d'en arriver
à des consensus à partir du document de réflexion et des
remarques du directeur général et de toute autre idée qui
pourrait venir de parlementaires ou de spécialistes dans le domaine qui
auraient pu communiquer avec le ministre et avec les membres de la commission.
Ce que je dis, c'est qu'on n'a pas utilisé cette période de temps
soit pour connaître des propositions gouvernementales, soit pour en
arriver à des consensus entre les formations politiques.
M. Gratton: Est-ce que le député me permettrait, M.
le Président?
M. Rochefort: Sûrement.
M. Gratton: Les travaux de l'Assemblée nationale ont
repris le...
M. Rochefort: ...le 13 octobre. Une voix: Le 21
octobre.
M. Gratton: J'ai reçu les commentaires du Directeur
général des élections le 14 octobre. Je les ai transmis
à l'Opposition. Je ne pouvais pas les transmettre avant. Le leader de
l'Opposition m'avait formellement communiqué qu'il n'y aurait pas de
réaction de l'Opposition avant d'en prendre connaissance. C'est le 16
octobre que j'ai transmis le tout au leader de l'Opposition. Du 16 octobre
à aujourd'hui, j'ai eu au moins une ou deux conversations avec le leader
de l'Opposition. Conscient de l'engagement de l'Opposition à collaborer
à reporter les échéanciers et parce que je trouvais tout
à fait impensable qu'on puisse, dans un premier temps, réunir une
commission parlementaire après le 16 octobre et suffisamment longtemps
après pour que l'Opposition ait eu le temps d'analyser tant le rapport
que les commentaires du Directeur général des élections,
conscient qu'à la suite d'une commission parlementaire ou de tout autres
travaux, il fallait rédiger un projet de loi, le soumettre au Conseil
des ministres, le faire examiner par le comité de législation et
le déposer à l'Assemblée nationale et que tout cela aurait
dû être fait avant le 13 novembre, date limite pour l'adoption d'un
projet de loi, M. le Président, sachant tout cela j'ai tout simplement
de bonne foi, en m'appuyant sur la bonne foi présumée de
l'Opposition, décidé de procéder de la façon que je
propose présentement. Le projet de loi 147 a été
déposé, si je ne m'abuse, le ]3 ou dans les jours
précédents immédiatement. Donc, on voit bien qu'il y a eu
un délai d'à peine un mois. Si j'avais eu une indication claire
de la part de l'Opposition que oui, nous pouvions procéder tout de suite
avec tel ou tel article dans un projet de loi, j'aurais tenté de
franchir ces étapes avant le 13 ou même avec le consentement
après. Mais il m'est apparu qu'on ne devait pas procéder
n'importe comment à la sauvette, compte tenu de l'enqaqement que j'avais
pris de procéder par consensus. Il me semble que la démarche que
je propose ce matin est beaucoup plus rassurante - elle devrait l'être -
non seulement pour l'Opposition mais pour l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale et pour les personnes qui s'intéressent
à ces choses.
D'ailleurs, M. le Président, j'ai même proposé la
tenue d'une commission parlementaire, sachant fort bien qu'il n'y aurait pas
beaucoup de gens et qu'on ne se battrait pas dans les autobus pour venir
témoigner devant la commission. En discutant avec le
député de Joliette ainsi qu'avec le député de
Gouin, on s'est rendu compte qu'on tenait effectivement une commission
parlementaire pour consulter, et on s'est demandé: Qui consulterons-nous
à part le Directeur général des élections qui, lui,
a une connaissance très particulière du dossier? On en est venu
à la conclusion qu'effectivement il n'y aurait pas utilité de
tenir une commission parlementaire autre que celle qui pourrait entendre le
Directeur général des élections. Voilà où
nous en sommes.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, je
répète qu'à partir de ma préoccupation de mettre
toutes les chances de notre côté comme Assemblée nationale,
comme représentants de l'ensemble des Québécois et des
Québécoises, il faut en arriver à une réforme
nécessaire de la carte électorale. Le leader du gouvernement l'a
affirmé lui aussi tantôt. Il faut procéder rapidement, sans
bousculer qui que ce soit et sans brûler les étapes, mais il faut
procéder rapidement parce qu'on voit, dans le document qu'on va discuter
dans les prochaines minutes avec le Directeur général des
élections, qu'on commence à être près de certains
échéanciers qui peuvent devenir des dates charnières
importantes et donc mettre, quant à moi, en danger la possibilité
réelle d'une réforme de la carte électorale avant la tenue
du prochain scrutin général.
C'est dans ce sens-là que je dis: Vu que le leader du
gouvernement veut légiférer sur la base des consensus intervenus
entre les formations politiques... Lorsqu'on dit consensus intervenus, je vais
dire comment je vois cela pour être bien certain qu'on se comprenne.
C'est de la même façon qu'on en est arrivé, au cours des
deux ou trois dernières années, à faire des amendements
à la Loi régissant le financement des partis politiques, à
la Loi sur les listes électorales et à la Loi électorale.
Formellement, cela se passait entre l'actuel ministre des Transports et
moi-même, en présence du Directeur général des
élections et d'un certain nombre de spécialistes des
technicités de mise en vigueur des lois électorales. Lorsqu'il y
avait consensus entre les deux formations politiques, c'est-à-dire
accord, nous retenions les amendements, et lorsqu'il n'y avait pas accord entre
les deux formations politiques, nous mettions de côté les
propositions d'amendement qui avaient été envisagées.
Dans la mesure où le leader du gouvernement nous dit que c'est
comme cela qu'il entend fonctionner avec la proposition d'amendement à
la Loi sur la délimitation des circonscriptions électorales, nous
disons: Oui, c'est une formule qui nous va comme un gant, c'est la formule que
nous avons privilégiée à chaque fois que nous avons
apporté des amendements aux lois dans les dernières
années. Nous sommes heureux de voir que le leader du gouvernement veut
procéder de la même façon que nous avons
procédé, lorsque nous étions au gouvernement. Ce que je
dis, c'est qu'une fois qu'on a réglé cette étape
importante de bien s'entendre formellement sur la façon d'y arriver,
vous savez, maintenant, il reste la question des calendriers qui vont nous
permettre de respecter les objectifs que j'évoque au nom de ma formation
politique. Sans vouloir appuyer le leader du gouvernement, oui, il faut qu'on
en arrive à une réforme de la carte électorale avant le
prochain scrutin général, donc applicable à l'occasion du
prochain scrutin général.
M. le Président, pour conclure sur le scénario que nous
propose ce matin le leader du gouvernement, je lui dirai que, d'une part, je
ferai rapport à mon caucus parlementaire de la proposition qui nous a
été faite et que, d'autre part, nous serons
intéressés à l'entendre réitérer cette
proposition à l'occasion de son discours en deuxième lecture sur
le projet de loi 147 et, par la suite, nous serons en mesure de réaqir
rapidement et de donner notre pleine collaboration au leader du gouvernement.
Mais je répète que nous souhaitons maintenant avoir des
discussions quant aux conséquences sur les
échéanciers.
Deuxièmement, nous voulons que non seulement l'engagement formel
qui est pris ce matin par le ministre soit respecté quant à
l'idée de ne légiférer que sur les ententes intervenues
entre les deux formations politiques quant aux amendements apportés,
mais il faudra qu'implicitement, concernant ce sur quoi il n'y a pas entente,
on maintienne la loi actuelle - j'imagine que c'est implicite - et que,
troisièmement, on le fasse dans des délais qui nous permettent de
satisfaire à l'objectif que j'énonce une nouvelle fois qui est
d'en arriver à une refonte de la carte électorale qui sera
opérationnelle pour la prochaine élection
générale.
M. Gratton: M. le Président, si on me le permet, parce que
je veux que cela soit clair, je vais réagir immédiatement.
Premièrement, le député de Gouin nous dit: Dans la mesure
où les choses se feront comme cela s'est fait dans le passé,
c'est-à-dire par consensus entre les deux partis... En fait, on peut
parler d'unanimité. Je dis qu'il n'y a pas de problème, que cela
sera fait de la même façon, avec une amélioration. Au lieu
d'en arriver à des consensus ailleurs qu'à l'Assemblée
nationale, ce sera ici à la commission parlementaire, en public, au vu
et au su de tout le monde que les discussions se feront. Cela ne se fera pas
dans des réunions privées, dans des comités ou des
sous-comités. Cela se fera devant la commission parlementaire et
à l'Assemblée nationale. Donc, on ne pourra pas se
méprendre sur les intentions de quiconque.
Quant à l'échéance, à condition que cela se
fasse également avant la prochaine élection
générale, j'en donne la garantie. Même avant que nous
entendions le Directeur général des élections, je dis
qu'effectivement, si nous n'adoptions pas le projet de loi 147 avant
l'ajournement des fêtes, cela risquerait de nous amener à
connaître la nouvelle carte plus tard que si nous l'adoptions. Oui, on va
donner des détails tout à l'heure, mais les
échéanciers qui sont prévus dans la loi actuelle et qui,
automatiquement, commencent à courir à compter du 2
décembre sont plus longs que ceux qui sont prévus dans le projet
de loi 23 et qui seraient reconduits par le projet de loi 147. On va
examiner cela ensemble avec le Directeur général des
élections. C'est pour cela que j'ai dit au début que je suis
personnellement convaincu qu'il n'y a pas de problème insurmontable
à adopter le projet de loi 147 et à retarder au 1er mai, parce
que, effectivement on se retrouvera avec une carte électorale
terminée dans les délais déjà prévus au
projet de loi 23 plus tôt en adoptant le projet de loi 147 qu'en ne
l'adoptant pas. Là - dessus, je suis prêt à entendre et
à questionner le Directeur général des élections
sur les échéanciers.
M, Rochefort: M. le Président, un seul commentaire sur ce
que vient de dire le ministre délégué à la
Réforme électorale. Je suis heureux, moi aussi, qu'il veuille
faire ce processus de réflexion, de discussion qui mène à
des consensus en public, en commission parlementaire, sauf qu'il faut qu'on
soit conscients, lui comme moi, vous comme nous, qu'il faudra qu'il s'agisse
d'une commission parlementaire qui a un mandat arrêté dans le
temps si on veut que cela respecte les échéanciers. On sait qu'un
comité comme celui du conseil consultatif permet justement de
fonctionner un peu plus rondement que ce n'est le cas
généralement en commission parlementaire. Je pense qu'il faudra
allier la dimension publique, donc formelle des travaux avec aussi un peu le
genre de dynamique et de rythme qu'on réussit à avoir dans le cas
d'un comité où, finalement, on se limite à l'essentiel
pour en arriver aux échéanciers.. C'est le seul commentaire que
je voulais faire. Quant à nous, nous sommes prêts à passer
aux discussions avec le Directeur général des
élections.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Gouin.
Je cède la parole à M. Côté, Directeur
général des élections. J'aimerais, M. Côté,
que vous nous présentiez vos invités, s'il vous plaît. (11
heures)
Exposé du Directeur général des
élections
M. Côté (Pierre-F. ): D'accord, M. le
Président. À ma droite, M. Jean-Luc Lemieux, directeur adjoint
à la représentation; immédiatement à ma gauche, Me
François Casgrain, membre du contentieux; je suis le Directeur
généra! des élections et il y a Me Eddy Giguère,
que vous connaissez bien, je pense, qui est conseiller-cadre, et Me Claude
Fournier qui est secrétaire exécutif. 11 y a également
d'autres personnes qui sont avec moi, qui m'accompagnent, au cas où on
aurait besoin d'autres informations.
M. le Président, je voudrais, au départ, situer le sens de
mon intervention - je pense que c'est ce qui vient d'être
mentionné - et de quelle façon j'ai réagi à partir
de la demande qu'on m'a faite hier matin. J'ai adressé une lettre au
ministre délégué è la Réforme
électorale le 17 novembre, lettre qui a été
communiquée à l'Opposition. Il y a un paragraphe, dans cette
lettre, que je me permets de lire et qui est très court, qui explique le
sens de l'intervention qui va suivre.
Je dis, à la page 3 de cette lettre: "Pour remédier
à la difficulté qui découlerait de la tenue d'un
recensement des électeurs au début de mai 1989, il serait
peut-être utile d'envisager certaines modifications législatives
qui pourraient être à l'avantaqe des électeurs, des
parlementaires et des partis politiques. J'aurais, à cet éqard,
des propositions à formuler. " C'est ce que je voudrais faire
effectivement ce matin.
Pour faciliter les travaux de la commission, avec votre permission, M.
le Président, je demanderais que l'on distribue le texte de mon
intervention qui est accompagné d'un calendrier des
échéanciers, ce qui permettra à tout le monde de bien
comprendre - parce qu'il y a des points qui sont assez techniques - et de bien
suivre mon exposé.
Le Président (M. Baril): Nous acceptons, M. le directeur.
Y a-t-il consentement?
M. Chevrette: Oui.
M. Côté (Pierre-F-): Entre-temps, pendant que l'on
distribue les documents, M. le Président, je voudrais redire ce que tout
le monde sait déjà, ne serait-ce que pour les fins du Journal
des débats. Mon intervention ici, évidemment, c'est en tant
que Directeur général des élections bien plus, je dirais,
que comme président de la Commission de la représentation
électorale, même si je cumule les deux rôles. J'ai fait
cette distinction lors de l'adoption du projet de loi 23 et elle me semble
impartante parce que la commission comme telle, il va de soi, ne peut pas
se
prononcer sur un projet de loi comme celui-là. Je le fais en tant
que Directeur général des élections et surtout en vertu
des dispositions de l'article 5 de la Loi électorale.
Si vous avez tous en main ce document, je vais vous signaler d'abord
comment il est composé. La première partie est un texte que je
voudrais vous lire; il est accompagné d'une photocopie du projet de loi
23, au cas où vous ne l'auriez pas en main, parce que je m'y
réfère de façon précise. Il y a ensuite deux grands
tableaux, des échéanciers. L'un porte le titre
"Échéancier" et donne les échéanciers en vertu du
projet de loi 23 et échéanciers en vertu du projet de loi 147.
L'autre tableau, dans lequel vous retrouvez des couleurs et qui se
réfère au texte que je vais vous lire, donne
l'échéancier en vertu du projet de loi 147 et j'y soumets deux
propositions de solution qui, sur ce calendrier, sont appelées
"Alternative 1" et "Alternative 2". On aurait dû dire "Solution 1" et
"Solution 2", mais peu importe le terme.
Si vous le voulez, je me servirai maintenant du texte écrit qui
va se référer constamment, en particulier, au deuxième
calendrier, celui qui a des couleurs, celui qui a des chiffres en rouge. Je
pense que vous avez les mêmes couleurs que celles qui sont sur le mien.
Oui, c'est cela, ce sont les couleurs verte et rouge. Pour se retrouver dans le
texte que je vais vous lire, c'est ce calendrier dont on a besoin en premier
lieu.
En mars dernier, l'Assemblée nationale adoptait la Loi sur la
délimitation des circonscriptions électorales. Cette loi
suspendait les opérations se rapportant à la délimitation
des circonscriptions électorales prévue par la Loi sur la
représentation électorale jusqu'au 2 décembre 1986.
Le projet de loi actuellement à l'étude vise
essentiellement à reporter à nouveau le début des travaux
de la Commission de la représentation électorale du 2
décembre 1986 au 1er mai 1987. Lors de l'étude en commission
parlementaire, le printemps dernier, de la Loi sur la délimitation des
circonscriptions électorales, j'avais fait part aux membres de cette
commission d'un échéancier de réalisation de la carte
électorale qu'entraînerait le report des travaux à
l'automne 1986. Copie de cet échéancier de travail du 27 mars
1986 avait été remise aux membres de la commission parlementaire.
Cet échéancier tenait compte autant de la date fixée pour
la reprise des travaux de la commission que des autres opérations devant
être effectuées en vertu de la Loi sur la représentation
électorale.
L'évaluation du temps requis pour parcourir toutes les
étapes nécessaires à l'adoption d'une nouvelle carte
électorale avait été faite en fonction des dispositions
existantes de la Loi électorale et des responsabilités
dévolues à la Commission de la représentation
électorale par la Loi sur la représentation électorale
alors en vigueur. J'avais estimé à l'époque que
l'économie générale de la loi pourrait être
respectée en compressant les délais d'environ six mois sur
l'échéancier normal prévu par la loi. Cette compression
impliquait évidemment une charge de travail plus considérable de
la part de la Commission de la représentation électorale pendant
cette période. J'avais également mentionné que cette
compression de six mois était possible pour autant qu'il n'y ait pas de
changement en profondeur de la Loi sur la représentation
électorale, ce qui obligerait probablement à revoir
l'échéancier et la compression de six mois envisagée.
Cet échéancier des travaux de la commission offrait
quelques avantages. Ainsi, les travaux se terminant au printemps 1988, cela
nous permettait de tenir le recensement que nous oblige à tenir
l'article 36 de la Loi sur la représentation électorale dans les
six mois de la publication, à la Gazette officielle, d'une
nouvelle liste des circonscriptions électorales à l'automne 1988,
soit pendant la période habituelle à laquelle se déroule
normalement le recensement annuel.
Les conséquences du projet de loi 147. Je crois donc que le
même exercice doit être fait en reqard du nouveau report des
travaux de la commission proposé par le projet de loi 147. Comme dans le
cas de la Loi sur la délimitation des circonscriptions
électorales, le projet de loi 23, cet exercice doit être fait,
à mon avis, en fonction des dispositions actuelles de la Loi sur la
représentation électorale puisque, évidemment, je ne suis
pas en mesure de connaître la suite qui sera donnée au rapport sur
la délimitation des circonscriptions électorales
préparé par le Secrétariat à la réforme
électorale et rendu public le ]1 septembre dernier. Tel que je l'ai
souligné dans la lettre que je faisais parvenir au ministre
délégué à la Réforme électorale, M.
Michel Gratton, le 17 novembre dernier, les principales conséquences du
projet de loi 147, tel que rédigé selon les dispositions
actuelles de la Loi sur la représentation électorale, sont les
suivantes. Les chiffres que vous allez retrouver dans le texte qui suit sont
des chiffres qui se réfèrent au calendrier. Par exemple, les
chiffres 1, 2, 3 ou 4, vous retrouvez les mêmes chiffres dans le
calendrier en couleur, je dirais, ou les échéanciers en
couleur.
Advenant l'adoption du projet de loi 147 tel que rédigé et
compte tenu du deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi sur la
délimitation des circonscriptions électorales, projet de loi 23,
adoptée le printemps dernier, le dépôt du rapport final de
la Commission de la représentation électorale prévu
à l'article 31 de la Loi sur
la représentation électorale aurait lieu au plus tard le
15 septembre 1988 - je vous réfère au calendrier où vous
retrouvez le chiffre 2, dans la première colonne de gauche,
Dépôt du rapport final à l'Assemblée nationale; cela
nous mène au 15 septembre 1988; dans le calendrier, le 15 septembre
n'est pas indiqué, mais c'est le mois de septembre qui est
indiqué - c'est-à-dire dans les sept mois suivant la remise du
rapport préliminaire - le rapport préliminaire qu'on retrouve
dans le calendrier, toujours dans la colonne de gauche, le chiffre 1 en rouge
-de la commission qui devrait être déposé au plus tard le
15 février 1988.
Compte tenu de l'article 19 des Règles de procédure de
l'Assemblée nationale, le rapport final de la Commission de la
représentation électorale ne pourrait faire l'objet du
débat de cinq heures - on le retrouve au chiffre 3, toujours dans la
colonne de gauche, au mois d'octobre - à l'Assemblée,
prévu à l'article 51 de la Loi sur la représentation
électorale, qu'à partir du troisième mardi d'octobre,
c'est-à-dire à partir du 18 octobre 1988.
L'article 32 de la Loi sur la représentation électorale
mentionne qu'au plus tard le dixième jour suivant la tenue de la fin du
débat à l'Assemblée nationale, la commission
établit la délimitation définitive des circonscriptions
électorales - le chiffre 4, c'est-à-dire au mois d'octobre - et
leur attribue un nom. Donc, dans le même mois, un débat de cinq
heures et décision finale de la commission. Cela nous mène au
début de novembre 1988.
En vertu de ce même article 32, la commission publie ensuite
à la Gazette officielle du Québec la liste des
circonscriptions - le chiffre 5, publication à la Gazette officielle
- en indiquant le nom et la délimitation de chacune d'elles. En
raison de l'importance des documents reliés à la
délimitation, cette publication ne pourrait avoir lieu avant la fin de
novembre 1988.
En vertu de l'article 36 de la Loi sur la représentation
électorale, le Directeur général des élections doit
procéder à la délimitation des sections de vote - le
chiffre 6, début de janvier 1989 - et tenir un recensement - le chiffre
7; vous retrouvez le recensement au mois de mai 1989 - en tenant compte des
nouvelles circonscriptions électorales dans les six mois suivant la
publication à la Gazette officielle du Québec. Cela
signifie donc que je devrai avoir terminé la délimitation des
sections de vote et le recensement au plus tard à la fin de mai 1989. Ce
recensement aurait toutefois lieu avant le 1er juillet, habituellement date des
déménagements au Québec avec toutes les
conséquences que cela implique, sans compter un possible conflit entre
les dispositions de l'article 64 de la Loi électorale et celles de
l'article 37 de la
Loi sur la représentation électorale. Je vais
peut-être revenir tout à l'heure sur les difficultés que
peuvent présenter ces deux articles. C'est une hypothèse qui est
plausible. Évidemment, la principale difficulté - je tiens
à le souliqner - avant d'arriver aux solutions, c'est la tenue d'un
recensement au mois de mai 1989; donc, au printemps 1989. C'est la principale
difficulté que présente, à mon avis, le projet de loi
147.
Pour remédier à la difficulté que nous poserait la
tenue d'un recensement des électeurs au début de mai 1989, il
serait possible d'envisager deux solutions.
Première solution: Ne pas obliger la tenue d'un recensement post
délimitation. Donc, pour suivre le texte, c'est dans le calendrier,
l'échéancier "Alternative 1"; c'est ce qu'on retrouve sous le nom
"Alternative 1" dont il va être question.
La première solution serait d'abolir l'obligation faite au
Directeur général des élections par l'article 36 de la Loi
sur la représentation électorale de tenir un recensement dans les
six mois qui suivent la publication à la Gazette officielle du
Québec de la liste des nouvelles circonscriptions
électorales.
Cette solution aurait l'avantage, en plus d'éviter qu'un
recensement doive être tenu au printemps 1989, de réduire de trois
mois environ le délai d'entrée en vigueur de la nouvelle carte
électorale après la publication à la Gazette
officielle. Cette réduction ne serait en effet pas de six mois,
puisque le Directeur général des élections doit tout de
même jouir d'une certaine période pour faire des assignations des
directeurs de scrutin, pour procéder à la formation de ces
derniers, le cas échéant, établir la délimitation
des sections de vote en fonction des nouvelles circonscriptions
électorales et effectuer les adaptations nécessaires à la
tenue d'une élection générale.
Cette solution obligerait cependant certaines modifications
législatives, notamment aux articles 34 et suivants de la Loi sur la
représentation électorale. Ainsi, toutes les dispositions se
référant au recensement prévu à l'article 36
devraient être modifiées pour tenir compte de cette nouvelle
réalité. Dans le cas où cette solution serait retenue, il
faudrait introduire une disposition prévoyant qu'advenant le cas
où un décret ordonnant la tenue d'élections
générales est pris avant le recensement annuel de l'automne, donc
de l'automne 1989, un recensement a lieu pendant la période
électorale en tenant compte de la nouvelle carte électorale.
Deuxième solution. La deuxième solution se
réfère à ce qui est intitulé "Alternative 2" dans
le calendrier que vous avez en main: Supprimer le deuxième alinéa
de l'article 1 de la Loi sur la délimitation
des circonscriptions électorales. La deuxième solution
serait de supprimer le deuxième alinéa de l'article 1 de la Loi
sur la délimitation des circonscriptions électorales qui se lit
comme suit: "Malgré l'article 27 de cette loi, la commission de la
représentation entend les représentations des
députés, des citoyens et des organismes intéressés
dans les sept mois suivant la remise du rapport prévu au premier
alinéa. "
Il s'agirait en fait de laisser la Loi sur la représentation
électorale avoir son plein effet après le dépôt du
rapport préliminaire de la commission en rétablissant le
délai de consultation de douze mois prévu à l'article 27,
au lieu des sept mois. Ainsi la commission, après avoir entendu les
représentations des députés, des citoyens et des
organismes intéressés, remettrait son rapport final au plus tard
le 15 février 1989, soit dans les douze mois suivant le
dépôt du rapport préliminaire que le projet de loi 147
reporte au 15 février 1988.
Compte tenu que le débat de cinq heures à
l'Assemblée nationale, prévu à l'article 31, ne pourrait
avoir lieu avant la reprise de la session à la mi-mars, la publication
à la Gazette officielle pourrait avoir lieu à la fin avril
ou au début mai 19B9. Le Directeur généra! des
élections tiendra alors, en vertu de l'article 36 de la loi sur la
représentation, un recensement dans les six mois de sa publication, ce
qui nous mènerait à l'automne 1989. Je tiens à
préciser que ce rencensement n'entraînerait pas de coûts
supplémentaires puisqu'il coïnciderait alors avec le recensement
annuel.
Le principal avantage de cette solution, en outre de ne pas être
obligé de tenir de recensement au printemps 1989, est de n'impliquer
qu'une seule petite modification législative. Un des désavantages
de cette solution est cependant de faire en sorte que la nouvelle carte
électorale ne puisse entrer en vigueur avant l'automne 1989.
Pour bien illustrer ces deux hypothèses de solution, je vous ai
transmis un échéancier de celles-ci.
Évidemment, certaines variantes pourraient être
apportées aux deux solutions que je viens de vous présenter. Par
exemple, afin de pallier l'inconvénient de l'entrée en vigueur
tardive à la fin de septembre 1989 de la nouvelle carte
électorale, l'on pourrait introduire une disposition prévoyant la
tenue d'un recensement en période électorale advenant la prise
d'un décret ordonnant la tenue d'élections
générales à partir du début d'août, soit
après le délai de trois mois strictement nécessaire, comme
je l'ai précédemment mentionné, pour se préparer
è la tenue d'une élection en fonction de la nouvelle carte, qui
remplacerait le recensement à la fin de l'année 1989. Cela
permettrait de sauver quelques semaines, mais impliquerait cependant une
modification législative également.
Voilà, M. le Président, les commentaires que je voulais
vous soumettre en regard du projet de loi 147. Si c'est nécessaire, je
vous ai également transmis en comparaison le calendrier de la loi 23 et
le projet de loi 147.
Le Président (M. Baril): Merci, M. Côté. Je
vais maintenant remettre la parole à M. le ministre.
Discussion générale
M, Gratton: M. le Président, j'aimerais tout d'abord qu'on
se comprenne sur un point qui avait été soulevé par le
Directeur général des élections dans ses commentaires du
17 novembre 1986 sur le projet de loi 147 où il fait remarquer qu'il y a
une erreur dans le projet de loi, effectivement une erreur de date. Il s'agit
d'une erreur de frappe strictement. Il est bon de mentionner ici que là
où on lisait le 15 novembre 1987, il faudrait lire le 15 septembre parce
qu'en vertu de la loi 23 adoptée en mars, c'était le 15 septembre
que l'échéancier prévoyait... Il s'agissait du rapport...
Je m'excuse... Lorsqu'on parle de remplacer le 15 novembre par le 15
février 1988, il faudrait lire le 15 septembre 1987 plutôt que le
15 novembre. (11 h 15)
Cela étant dit, j'aurais une question à adresser au
Directeur général des élections immédiatement.
Quand, dans votre déclaration de ce matin autant que dans votre lettre
du 17 novembre, vous faites allusion au débat de cinq heures à
l'Assemblée nationale qui est prévu en vertu de l'article 31,
vous indiquez que ce débat ne pourrait avoir lieu avant le 18 octobre,
compte tenu que l'Assemblée nationale ne siégera pas avant cette
date. Est-ce que l'article 31 ne prévoit pas justement un débat
qui doit avoir lieu dans les dix jours de ce dépôt, lorsque
l'Assemblée nationale ne siège pas, à la commission
permanente de l'Assemblée nationale? Si on regarde l'article 31 - je
pense qu'il est peut-être bon de le lire au complet pour bien situer le
sens de ma remarque - on y lit: "Après avoir étudié les
représentations des députés, des citoyens et des
organismes, la commission dépose à l'Assemblée nationale
un rapport indiquant la délimitation des circonscriptions
électorales. Dans les cinq jours suivant ce dépôt, ce
rapport fait l'objet d'un débat limité à cinq heures et
qui doit se tenir dans la même séance ou dans deux séances
consécutives à l'Assemblée nationale; si celle-ci n'est
pas alors en session - ce qui est le cas qui nous préoccupe ce matin -
ce débat, sujet aux mêmes limites de temps, a lieu à la
commission permanente de l'Assemblée nationale dans les dix jours
suivant le dépôt
du rapport visé dans le premier alinéa et tous les
députés sont membres de la commission pour les fins de ce
débat. Aucune motion sauf celle d'ajournement et de suspension ne peut
être présentée pendant ce débat. "
M. le Président, est-ce que je me trompe en disant que le
débat prévu à l'Assemblée nationale, en vertu de la
loi actuelle, ne pourrait pas avoir lieu à compter du 18 octobre puisque
nous avons, à l'article 31, la disposition qui nous impose de tenir ce
débat dans les dix jours à la commission de l'Assemblée
nationale plutôt qu'à l'Assemblée nationale
elle-même?
M. Côté (Pierre-F. ): M. le ministre, vous avez tout
à fait raison sur les dispositions de l'article 31. Avec votre
permission, comme c'est Me Casgrain qui a travaillé, fort tard hier
soir, au calendrier, je lui demanderais de prendre la parole pour vous
expliquer ce que cela peut amener comme conséquences si ce débat
est tenu en commission parlementaire.
M. Casgrain (François): Oui. Tout simplement ce que je
mentionnais à M. Côté, c'est que vous avez tout à
fait raison. D'après l'article 31, lorsqu'on le lit au complet, le
débat se ferait à ce moment en commission permanente. Seulement,
si le débat se fait au mois de septembre au lieu d'être à
la fin octobre, cela va devancer évidemment le calendrier d'environ un
mois, ce qui signifierait que le recensement dans les six mois ne se
terminerait plus à la fin de mai, mais à la fin d'avril. On
aurait un recensement au début d'avril au lieu d'avoir un recensement au
début de mai ce qui ne serait pas nécessairement la meilleure
solution non plus.
M. Gratton: Je suis content que vous soyez d'accord avec moi. La
question spécifique que je pose est - parce que je ne suis ni juriste ni
avocat - à savoir si je me trompe en disant que nous ne pourrions pas,
même si nous le voulions, tenir ce débat à compter du 18
octobre seulement à l'Assemblée nationale, qu'obligatoirement il
faudrait le tenir à la commission de l'Assemblée nationale dans
les dix jours.
M. Casgrain: La loi mentionne vraiment que cela doit se faire
dans les dix jours à la commission permanente de l'Assemblée
nationale pour éviter justement qu'il y ait un report trop long entre le
dépôt du rapport final et éventuellement une
décision finale de la commission. Ce qu'il faut peut-être
mentionner, c'est que cet article avait été ajouté
à la dernière minute lors de l'adoption du projet de loi en 1979
et on était face à un délai très juste, à ce
moment, compte tenu que la commission partait du rapport 5 de la commission
permanente de la réforme des districts électoraux. On faisait une
consultation rapide et on devait déposer avant la fin de mars le rapport
final de la commission et, ensuite, on voulait avoir une décision pour
s'assurer que la nouvelle carte puisse entrer en vigueur à l'automne
1980 parce qu'on arrivait à la fin de la quatrième année
du mandat du gouvernement. Je pense que c'est la raison qui avait motivé
cette rédaction de l'article 31, mais compte tenu que l'article 31
demeure le débat devrait avoir lieu obligatoirement dans les dix jours,
devant la commission permanente de l'Assemblée nationale.
M. Gratton: Je vous ferais remarquer que, quelles que soient les
raisons qui ont pu motiver l'inclusion de cette disposition dans l'article 31
au moment où cela a été inclus, je pense que c'est une
excellente disposition qu'il faudrait avoir, de toute façon. On ne peut
pas faire une loi à partir d'un cas d'espèce d'une
délimitation, mais pour l'ensemble. Je pense qu'il pourra survenir
à plus d'une occasion des circonstances qui feront que nous
préférerons aller à l'Assemblée nationale.
Je conclus qu'on a donc épargné quelques semaines. Est-ce
qu'on pourrait corriger immédiatement l'échéancier que
vous nous soumettez, ce matin, en fonction de cette disposition pour qu'on
puisse savoir maintenant à quel moment on pourra commencer la confection
des sections de vote. Votre échéancier prévoit
présentement le dépôt du rapport final à
l'Assemblée nationale en septembre, avec la loi 147 toujours. On va le
retrouver à quel endroit maintenant que le débat n'aura pas lieu
à l'Assemblée nationale, mais à la commission permanente
de l'Assemblée nationale?
M. Côté (Pierre-F. ): Si on se réfère
toujours au calendrier à la colonne de gauche, projet de loi 147, au
chiffre 3 pour être plus précis, il faudrait remplacer le mot
"octobre" par le mot "septembre" et décaler les mois. Au lieu d'octobre,
on aurait au mois de septembre le débat devant la commission
parlementaire. Après cela, le chiffre 5, ce serait au mois d'octobre,
ensuite au mois de novembre au lieu de décembre. C'est un
décalage qui nous amènerait, au lieu du mois de mai à la
fin, plutôt au mois d'avril.
M. Gratton: Pour le moment, M. le président, on pourra
aller aussi dans le détail des autres échéanciers ou des
autres délais prévus, parce que j'ai remarqué que dans le
calendrier que vous nous présentez ce matin il y a des délais qui
sont un peu plus longs que ceux que vous nous aviez présentés au
moment de l'adoption du projet de loi 23 dans les étapes qui doivent
être franchies
après ce débat. Mais on y reviendra plus tard.
Je voudrais tout simplement réagir tout de suite et très
brièvement à la proposition que vous faites quant à la
solution à trouver concernant la difficulté qui
découlerait de la tenue d'un recensement des électeurs
postdélimitation. Je trouve votre première solution
extrêmement intéressante. Celle de ne pas obliger la tenue d'un
recensement postdélimitation. Compte tenu de l'échéancier
particulier dont on parle... Je ne voudrais pas qu'on décide cela ce
matin. Cela fait partie du débat de fond. On pourra en discuter à
la commission parlementaire. Mais je souligne que la première solution
que vous proposez permettrait de ne pas tenir de recensement au printemps ]989
avec les difficultés que vous avez vous-même soulignées,
soit que ce recensement par la loi actuelle aurait lieu en septembre 1989. Cela
pourrait possiblement être un recensement électoral en supposant
qu'il y aurait élection générale déclenchée
dans les délais prévus dans la loi et où on n'aurait pas
à reprendre ce recensement. Bref, il me semble que d'emblée,
j'opterais d'ores et déjà pour la première solution que
vous proposez plutôt que la deuxième.
Je constate ceci, M. le Président. Peut-être que la
question se pose au Directeur général des élections
à ce moment-ci. Je conclus de votre présentation ce matin, du
fait qu'en devançant d'un mois, compte tenu du débat qui aura
lieu à la commission plutôt qu'à l'Assemblée
nationale, qu'en retenant votre première solution quant au recensement
postdélimitation, la nouvelle carte électorale pourrait vraiment
être prête à temps et avec amplement de temps avant une
prochaine élection générale, à condition bien
entendu que celle-ci ne soit pas déclenchée avant la fin du
mandat normal quij jusqu'à récemment, était de quatre ans
et qui peut maintenant aller jusqu'à cinq ans. Bref, il n'y a pas de
problème insurmontable à adopter le projet de loi 147.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Vous m'excuserez, M. le Président.
Peut-être que cela est dû aux fonctions respectives que nous
occupons, mais, moi, je ne suis pas assez près du premier ministre pour
pouvoir affirmer que nous avons les garanties qu'il faut pour fonctionner.
M. Gratton: Posez la question au Directeur général
des élections, si le Directeur général des
élections veut y réagir. C'est pour cela que je posais la
question, d'ailleurs.
Le Président (M. Baril): M. le Directeur
général des élections, est-ce que vous aviez un
commentaire?
M. Côté (Pierre-F.): Non. Je trouve que la remarque
de M. le ministre effectivement a comme conséquence, avec la
première solution, de raccourcir le délai et de faire en sorte
que la carte électorale soit en vigueur au début de 1989 si ce
n'est pas suivi de l'obligation d'un recensement dans les six mois comme
l'exige l'article 36. C'est bien certain.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. La première
remarque que je veux faire sur le débat, c'est que nous sommes
conscients que cela nous donne à peine un mois. Deuxièmement, il
faut être conscient de l'intérêt que ce débat se
fasse plutôt à l'Assemblée nationale qu'en commission
parlementaire vient du fait que cela permet qu'il soit retransmis par le
réseau de télédiffusion des débats, qui n'est pas
un élément a négliger sur ce genre de question, en
fonction justement de la préoccupation de permettre un débat
vraiment public qui doit être évalué par les membres de
l'Assemblée nationale en temps et lieu.
Troisièmement, je vais faire des calculs, M. le Président.
En décembre 1988, le gouvernement aura trois ans. En décembre
1989, le gouvernement aura quatre ans. Nous savons que la pratique, au cours
des 26 dernières années, a fait en sorte que la moyenne de
durée des mandats gouvernementaux est sûrement beaucoup plus
près de trois ans ou de trois ans et quart que de quatre ans ou de cinq
ans. En cette matière, évidemment, on ne peut ignorer que
l'actuel premier ministre avait même une moyenne de trois ans. Il faut
être conscient, lorsqu'on fait ce genre de débats ou ce genre de
discussions, que nous avons... Depuis quelques minutes, reconnaissons -
l'impression que j'ai lorsqu'on parle comme nous venons de le faire et comme
nous allons probablement continuer à le faire - que nous discutons comme
si nous fonctionnions dans un système électoral où les
scrutins sont à date fixe. Alors, nous nous disons qu'il n'y a pas de
problème, que cela va permettre d'y arriver et boni Sauf que nous ne
vivons pas dans un système électoral à date fixe et, en
conséquence, personne ne peut donner quelque garantie que ce soit,
d'aucune nature, quant au moment prévu pour la prochaine élection
générale. C'est une donnée importante avec laquelle nous
devons vivre, en premier lieu.
Une deuxième donnée, c'est celle à laquelle j'ai
fait allusion tantôt. Il n'y a rien comme voir dans les faits comment les
choses se sont déroulées depuis 1960.
Ecoutez, je n'ai pas fait de calculs sur ordinateur, mais voici à
l'oeil: en 1960, cela a duré deux ans; en 1962, cela a duré
quatre ans; en 1966, cela a duré quatre ans; en 1970, cela a duré
trois ans; en 1973, cela a duré trois ans; en 1976, cela a duré
quatre ans; en 1981, cela a duré quatre ans et quelques mois. Cela doit
faire une moyenne qui tourne bien plus près de trois ans, trois ans et
quart et, au maximum, trois ans et demi que de quatre ans et demi ou cinq ans.
C'est une donnée importante qui fait que, si la moyenne observée
depuis 26 ans devait être le cas pour l'actuel mandat non pas du
gouvernement, mais de la présente Législature, nous devrions
normalement nous retrouver en élections au printemps de 1989. C'est
comme par hasard, M. le Président, le moment où interviendrait
l'entrée en vigueur. Le premier ministre est en train de me confirmer la
date. Nous pouvons régler cela s'il veut faire un amendement au projet
de loi 147 pour nous doter d'un scrutin à date fixe. Peut-être que
cela éliminerait toutes mes inquiétudes. (11 h 30)
Donc, on se retrouve quelque part au printemps de 1989. Comprenons-nous
bien, ce n'est pas l'entrée en vigueur dans les faits et sur le terrain
è la fois pour les citoyens, pour les formations politiques, pour les
membres de l'Assemblée nationale, pour les candidats et pour le
Directeur général des élections, c'est le moment d'un
décret dans la Gazette officielle des délimitations des nouvelles
circonscriptions électorales du Québec. On ne se racontera pas
d'histoire, ce n'est pas l'entrée en vigueur concrète, effective,
mais l'entrée en vigueur légale d'une carte
électorale.
Dans la mesure où on retiendrait la première solution du
Directeur général des élections, qui est de reporter le
recensement à l'automne 1989, je vous dis qu'on est rendu à
quatre ans complets de mandat de Législature de l'Assemblée
nationale. Deuxièmement, on se retrouve reconnaissons-le aussi - dans
une situation où, toujours compte tenu du fait qu'on n'a pas de scrutin
à date fixe, au printemps de 1989, il y a officialisation d'une nouvelle
carte électorale au Québec, tout le monde commence à
réorganiser ses affaires sur cette base d'une nouvelle carte
électorale: les membres de l'Assemblée nationale, les formations
politiques, le Directeur général des élections et, quelque
part au mois de mai ou juin, il y aurait le déclenchement d'une
élection générale qui se tiendrait sur la base de la carte
électorale actuelle.
Il faut s'imaginer dans quelles circonstances on se retrouverait tous et
toutes, l'ensemble de ceux et de celles qui ont à gérer
l'administration des lois électorales du Québec, les formations
politiques représentées ici et, encore plus, imaginez-vous, les
formations qui ne sont pas représentées ici et tout cela. Ce
serait vraiment un brouhaha total duquel pourrait sortir n'importe quoi et qui
ne serait sûrement pas un progrès quant à la
démocratisation de nos institutions. En ce sens, il va falloir qu'on
trouve une procédure qui sera plus large que celle qui est
évoquée dans le document du Directeur général des
élections quant è la période de temps au cours de laquelle
un scrutin ne pourrait être déclenché sur la base de
l'ancienne carte, période au cours de laquelle, a partir du moment
où le scrutin est déclenché, il doit obligatoirement y
avoir recensement pour être sûr qu'on n'a pas commencé
à se réorganiser sur des bases sur lesquelles on ne tiendra pas
et on ne vivra pas un scrutin général. C'est une donnée
fondamentale qui, quant à moi, à partir d'expériences
vécues sur le terrain doit être beaucoup plus large que celle dont
il est fait état dans le document.
D'autre part, reconnaissons-le aussi -expérience vécue -
le meilleur moyen pour permettre à la fois aux citoyens, aux formations
politiques, au Directeur général des élections et à
tous ses collaborateurs, aux centrales comme dans les circonscriptions
électorales de bien commencer à s'adapter aux nouvelles
délimitations des circonscriptions électorales, c'est la tenue
d'un recensement annuel. Dans la mesure où le premier recensement annuel
à se tenir sur la base de la nouvelle carte qui - reconnaissons-le tous
ensemble - est le meilleur moyen de permettre à tout le monde de se
remettre les deux pieds, non plus dans la vieille carte, mais dans la nouvelle
carte... À partir du moment où ce recensement a lieu en pleine
campagne électorale, reconnaissons là aussi qu'on risque d'avoir
des problèmes, ou le directeur général va avoir des
problèmes avec ses équipes, les partis politiques aussi et on
pourrait se retrouver dans une situation où le porte-à-porte des
candidats va se faire essentiellement autour de: Bonjour monsieur, bonjour
madame, je vous apprends que vous êtes maintenant dans la circonscription
électorale de... plutôt que: Je viens vous dire quel est mon
programme.
Je vous avoue immédiatement que je suis préoccupé
par les échéanciers qui nous sont présentés. Non
pas qu'ils ne soient pas bien présentés, ils sont le reflet de
lois qui existent et de solutions pour éviter des situations
problématiques qui nous sont présentées, mais je vous dis
que cela ne donne pas les garanties que je souhaitais, qu'on peut y arriver
véritablement et dans un esprit de simplification pour les citoyens,
pour les gens qui gèrent la Loi électorale et pour les formations
politiques, pour les candidats et les candidates pour bien vivre une nouvelle
carte électorale. Cela
impliquera sûrement qu'on se penche sur cette dimension
très importante qui est celle que je viens de souligner.
En conséquence, mon sentiment est beaucoup plus qu'il faut
absolument tenir un recensement dans les mois qui suivent l'entrée en
vigueur officielle de la nouvelle carte, même si cela se fait avant la
période annuelle de déménagement, quitte à
prévoir une période, peut-être un peu plus longue
qu'à l'habitude, pour la révision des listes électorales
dans la période électorale qui suivrait, si cette période
électorale devait suivre avant qu'un nouveau recensement annuel soit
tenu sur la base de la nouvelle carte.
Deuxièmement, il faudra revoir de façon beaucoup plus
serrée les possibilités de déclenchement et de tenue
d'élections générales, une fois que seront publiées
à la Gazette officielle du Québec les délimitations
des nouvelles circonscriptions électorales pour faire en sorte, je le
répète, qu'on ne tienne pas une élection sur la base d'une
carte qui est celle que nous connaissons actuellement, après que tout le
monde aura commencé à se réorganiser sur la base d'une
nouvelle carte électorale, toujours pour être en mesure de
simplifier au maximum le processus électoral pour ceux qui le vivent,
notamment et particulièrement pour les citoyens.
Ce sont des remarques générales d'introduction mais qui,
quant à moi, campent bien les conséquences des délais dont
on parle, les conséquences démocratiques du report de la refonte
de la carte électorale à partir des nouveaux délais dont
on parle. Sauf erreur, j'ajoute qu'il faut prendre aussi en
considération ce qui me semble être rigoureux de la part du
Directeur général des élections, son affirmation que tout
cela est possible sur la base de la loi actuelle, c'est-à-dire des
mécanismes actuels, des critères actuels, des processus actuels
de délimitation des circonscriptions électorales et que, dans la
mesure où ceux-ci seraient modifiés, on se retrouve, encore une
fois, avec un nouveau calendrier qui pourrait, selon l'ampleur des changements
apportés, être différent de celui qui nous est
présenté. Personnellement, j'imagine que différent ne veut
pas dire moins long, mais rien de moins que peut-être aussi long et
peut-être plus long.
L'autre chose que je veux rappeler, c'est que, dans le document de
réflexion que nous avait présenté le Directeur
général des élections en avril 1986 sur les
hypothèses de modification de la carte électorale, il faut se
rappeler que ce dernier nous avait dit que le calendrier qu'il nous avait
présenté la dernière fois, duquel s'inspire le nouveau,
était en fonction des hypothèses 1, 2 ou 3, c'est-à-dire
hypothèses d'ajout -ou de suppression éventuelle de
circonscriptions électorales, du qel du nombre des circonscriptions
à 122 en gardant les mêmes critères ou du ge! du nombre des
circonscriptions à 122 en modifiant les critères
numériques et non pas en fonction de l'hypothèse 4 qui, elle,
suggérait des changements plus larges et dont l'ampleur était
plus grande. Je pense que c'est aussi une donnée importante qu'il faut
prendre en considération et dont on doit s'inspirer lorsqu'on parle de
ces questions, si on veut vraiment être responsable jusqu'à
l'ultime limite.
Je conclurai cette première partie de mon intervention en disant
qu'il faudrait peut-être envisager rapidement, dans la mesure où
on retiendrait la proposition de scénario que nous faisait ce matin le
ministre délégué à la Réforme
électorale, une session de travail pour prévoir l'organisation
des travaux de cette commission parlementaire qui se tiendrait en janvier ou en
février prochain. Deuxièmement, il faudrait peut-être
même envisaqer qu'à partir du moment où on décide,
tel que s'y est engagé le ministre, de légiférer sur la
base des consensus, une fois ces consensus obtenus dès la commission
parlementaire de janvier ou février, puisque la loi ne comportera que
les consensus, on puisse donner un genre de mandat à la commission de la
représentation au moins d'amorcer son travail préparatoire sur la
base des consensus obtenus formellement, officiellement, publiquement des
formations politiques, même avant qu'on ait légiféré
formellement à l'Assemblée nationale autour de ces consensus.
Ceci nous permettrait de gagner quelque cinq mois sur les
échéanciers dont on parle et, par une ou deux petites
compressions - je ne veux pas faire sursauter le Directeur
général des élections - nous permettrait peut-être
de viser l'automne 1988 pour le recensement annuel sur la base de la nouvelle
carte électorale. Je réfléchis à haute voix. Je
n'ai pas eu le temps... Je prends connaissance de ces documents pour la
première fois et j'essaie de voir.
Je vous répète qu'il faut prendre en considération
l'ensemble des remarques que je viens de faire qui sont vraiment
sincères, de bonne foi et animées d'une seule volonté,
qu'une refonte de la carte électorale puisse avoir lieu avant la
prochaine élection parce que déjà, à l'heure
où on se parle, on a des situations qui ont fait qu'un jour on a
dû se doter de lois pour formaliser l'obligation et la fréquence
des refontes de la carte électorale. On a des circonscriptions
électorales où il y a deux fois plus d'électeurs que dans
d'autres circonscriptions, à l'heure actuelle. C'est ce qu'on voulait
éviter, et c'est pour cela qu'il existe des lois sur la
délimitation des circonscriptions électorales. Donc, je pense
qu'il faut qu'il y ait une refonte de la carte avant les
prochaines élections, pour ne pas que l'on retombe dans les
anciennes situations néfastes pour la démocratie et pour,
ultimement, je le répète, que cette refonte de la carte puisse
être complétée suffisamment tût pour permettre que
l'élection se tienne en bonne et due forme et de façon normale
pour les citoyens, pour les gestionnaires de nos lois électorales et
pour les formations politiques représentées ou pas actuellement
à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le
député, M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je ne peux pas être
plus d'accord avec le député de Gouin. Il mentionnait
lui-même tantôt que l'échéancier que nous
présente le Directeur général des élections, qui
veut que l'on ait une carte remaniée quelque part avant ou au plus tard
en avril 1989, est basé sur la loi actuelle. Le député de
Gouin dit: II faudra examiner les possibilités d'amendement qui,
éventuellement, pourront allonger les échéances
plutôt que les écourter. Mais lui-même vient de faire une
excellente suggestion, en réfléchissant tout haut, et j'y
réponds, moi aussi, en réfléchissant tout haut. Il
évoque lui-même ta possibilité d'autoriser le Directeur
général des élections à commencer dès
après la commission parlementaire, au début de février,
à faire certains travaux qui pourraient écourter ces
échéanciers.
Dans la mesure où, tous, nous recherchons l'objectif d'avoir une
carte électorale remaniée le plus tôt possible, avec un
recensement qui se situe au meilleur moment possible, le plus tôt
possible, je suis convaincu qu'on va trouver, avec le concours du Directeur
général des élections, qui, lui, peut nous apporter
l'expertise, les éléments de solution qui nous permettront
d'atteindre le grand objectif qui est de remanier la carte avant les prochaines
élections générales.
Je fais une remarque en passant sur ce que disait le
député de Gouin au sujet des partis politiques et des citoyens
qui doivent, le plus tôt possible aussi, connaître la
délimitation des circonscriptions électorales. Ce n'est pas
seulement en 1989 qu'ils les connaîtront, puisque dans
l'échéancier corrigé du Directeur général
des élections qu'il nous présente ce matin, dès octobre
1988, il y aura publication à la Gazette officielle.
Encore là, c'est le même genre de réflexion que
faisait le député de Gouin, cela permet quand même aux
partis politiques de faire un certain déblayage. Je ne m'étendrai
pas là-dessus, M. le Président, parce qu'il me semble que ce
n'est pas le moment ici d'essayer de trouver des solutions. Ce qui nous importe
ce matin, selon moi, c'est de constater avec le Directeur général
des élections que reporter le début des travaux, le début
prévu dans la loi, de délimitation au 1er mai, selon le
scénario que j'ai évoqué, ne comporte pas de danger ou de
problème inévitable, à condition, bien sûr, que
chacun y mette les efforts voulus pour permettre au Directeur
général des élections ou à la Commission de la
représentation électorale de faire un travail sérieux et
valable tout en examinant quels sont les moyens d'écourter là
où c'est possible.
Je dis donc, M. le Président, que nous sommes en
communauté d'esprit là-dessus. Je ne voudrais surtout pas qu'on
nous prête quelque intention que ce soit. Le gouvernement n'a pas
d'intention parce que le gouvernement n'est saisi de rien présentement.
Mais à titre de ministre responsable de la Réforme
électorale, je n'ai pas l'intention de vouloir tenir une élection
générale à partir de la carte actuelle. On peut
peut-être le soupçonner, compte tenu du résultat de la
dernière élection, M. le Président, mais il n'en est pas
question. Ce que nous souhaitons, c'est de permettre d'atteindre les objectifs
de la Loi sur la représentation électorale, mais en apportant les
changements, les modifications qui, de l'avis même de l'Opposition,
s'imposent. Afin d'y arriver, cela exige que nous prenions un peu plus de temps
et que nous remettions le début des travaux de la commission au 1er mai
prochain. (11 h 45)
Quand je me dis satisfait de ne pas voir ce matin de problème
majeur à cela, je le dis sans aucune arrière-pensée, sans
parti pris, sans aucune intention ou décision prise d'avance. Je le dis
sur la base des engagements que j'ai pris en mars et que j'ai
réitérés ce matin; c'est de procéder par consensus.
Si le député de Gouin, l'Opposition et l'ensemble des membres de
la commission sont prêts à me suivre dans cette démarche,
je pense qu'on pourra bonifier la loi actuelle, non seulement dans le but de
nous plaire à nous-mêmes en tant que législateurs, mais
surtout dans le but d'atteindre les objectifs qui sont inhérents
à la Loi sur la représentation électorale.
Le Président (M. Baril): M. Saintonqe.
M. Saintonge: M. le Président, je veux simplement noter
que la date qui m'apparaît la plus importante, c'est la date à
laquelle on pourra connaître les nouvelles délimitations
électorales. Suivant le calendrier, comme le ministre le notait
tantôt, c'est octobre 3988. Ce n'est pas le recensement qui est le plus
important. Le recensement, c'est une mécanique qui confirme sur les
listes électorales l'endroit où les gens se retrouvent pour
s'assurer de l'exercice de leur droit de vote. Savoir un an ou deux ans avant
l'élection que son nom
apparaît sur la liste cela ne m'apparaît pas primordial pour
un citoyen. Ce qui est primordial pour un citoyen c'est vraiment de savoir
à quel endroit il se retrouve, dans quelle délimitation
électorale, dans quel district il va exercer son droit de vote,
où il se situe exactement. Pour le reste, je comprends que la
mécanique soit importante. Je ne sous-estime pas le travail du Directeur
général des élections et de son équipe pour mettre
en place des modalités afin d'assurer l'exercice démocratique du
droit de vote. Je suis convaincu que, pour le citoyen, c'est de savoir
exactement dans quelle circonscription, dans quelle délimitation
électorale il va se retrouver pour planifier son comportement
électoral, si on veut, avec les partis politiques de même qu'avec
tout ce qui peut s'ensuivre dans ces circonstances. Je pense que le calendrier
actuel qui nous mène à octobre 1988 nous assure quand même
d'un délai qui nous mènerait presque à la fin de la
troisième année d'un mandat électoral. Cela nous donne
donc, en conclusion, un certain temps avant l'obligation formelle de la loi
d'appeler une élection qui peut être après un maximum de
cinq ans.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Laprairie.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, voici une distinction par
rapport à l'affirmation du ministre et du député de
Laprairie. Contrairement à eux, je ne pense pas que l'étape
importante pour les citoyens soit la date du décret à la
Gazette officielle. Sauf erreur, il y a peu de citoyens du Québec
qui lisent cela, et tant mieux. Je vous répète, selon une
expérience vécue à trois, quatre, sinon à cinq
reprises, que c'est à partir du moment où il y a un recensement.
D'abord, c'est une première occasion de dire à tous les citoyens
qu'ils sont dans une nouvelle circonscription électorale.
Deuxièmement, cela permet aux directeurs de scrutin des circonscriptions
électorales de roder leur équipe sur la base des nouvelles
sections de vote, des nouvelles réalités auxquelles ils sont
confrontés et du nouveau personnel avec lequel ils doivent faire
affaires pour procéder au recensement et, éventuellement, pour
être scrutateur, secrétaire de bureau de scrutin, etc., et aussi
pour les formations politiques, quelles qu'elles soient, de refondre leur
organisation sur la base de ce nouveau territoire électoral que le
Québec connaît.
Je répète que c'est la date du recensement qui est la date
importante, parce que c'est vraiment à ce moment-là que cela se
passe. Deuxièmement, je répète ce que j'ai dit et ce
à quoi je tiens tout autant et ce sur quoi le ministre n'est pas
intervenu même si je croyais qu'il hochait la tête positivement
lorsque j'en ai fait part. C'est qu'il faut prévoir une période
au cours de laquelle le décret électoral qui peut intervenir, une
fois la publication à la Gazette officielle des nouvelles
délimitations de circonscriptions électorales, prévoit
très clairement la tenue de cette élection sur la base de
l'ancienne ou de la nouvelle carte de façon qu'il n'y ait pas de
confusion d'aucune façon, que l'ensemble des formations politiques et
l'équipe du directeur général soient en train
d'opérationnaliser... Par exemple, on le voit, deux mois après la
publication à la Gazette officielle, il y a la confection des
nouvelles sections de vote. Il ne faudrait quand même pas qu'on soit en
train de confectionner des nouvelles sections de vote sur la base de la
nouvelle carte et qu'on soit dans une situation où est
décrétée une élection générale qui se
déroule d'après l'ancienne carte.
C'est pour cela que je vous dis qu'il va falloir prévoir des
dispositions législatives très claires et très larges
là-dessus pour, je le répète, éviter la confusion.
Moi, le résultat de la prochaine campagne électorale, je vais le
respecter pleinement et entièrement, comme je l'ai fait chaque fois.
Sauf qu'il faut s'assurer que le processus électoral se fasse sans
aucune confusion, dans une clarté totale et dans une
préoccupation absolue, qui est presque une fixation, des parlementaires
de faciliter le processus électoral et donc l'expression du droit de
vote.
Cela implique donc qu'on élimine toutes les confusions, toutes
les incertitudes, tout ce qui peut mêler le monde dans le cadre d'une
campagne électorale. Cela va impliquer des dispositions très
précises dans la Loi électorale une fois qu'on se sera entendu
sur des nouvelles délimitations pour faire en sorte que ces
préoccupations soient bien respectées. On ne fait pas une loi sur
la délimitation des circonscriptions électorales, on ne
délimite pas des circonscriptions électorales, on n'adopte pas
une loi sur le financement des partis politiques ou une' loi sur les listes
électorales ou une loi électorale en fonction des
préoccupations des partis politiques ou des membres de
l'Assemblée nationale, mais on le fait ultimement en fonction de
l'intérêt de l'ensemble des Québécois et des
Québécoises. C'est cela qui doit primer dans nos discussions et,
je vous le répète, cela implique donc qu'un recensement ait lieu
pour que vraiment on établisse une nouvelle carte et,
deuxièmement, une période très large et très claire
au cours de laquelle il ne peut pas se passer n'importe quoi. Cela me semble
important.
M. Saintonge: Je ne veux pas allonqer le débat. Je vais
donner un exemple au député de Gouin là-dessus, M. le
Président. Je vous donne l'exemple qu'en 1981 j'ai connu dans le
district de Laprairie; il s'agit
justement d'une modification de la carte électorale. Les gens
sentent leur appartenance au district de Laprairie, Je vous le dis, quand cela
est bien délimité. Â partir du moment où on a su que
Laprairie» maintenant, c'était Brossard, Laprairie, Candiac,
Saint-Philippe et non plus Laprairie, Brossard, Greenfield Park, Lemoyne,
Saint-Lambert, les gens se sont sentis plutôt regroupés de cette
façon-là. Le recensement n'a rien changé à cela. Il
est venu confirmer des choses. À tel point que je vous dirai que les
gens vont regarder quoi? Même pour le recensement qui s'est
tenu un an avant l'élection - précédant celle de 1985 -
les gens ne se sont pas préoccupés de savoir s'ils étaient
sur la liste ou non, s'ils pouvaient exercer leur droit de vote au moment du
recensement qui s'est tenu un an avant l'élection. Quand on dit qu'on
arrive en élections, les gens vont vérifier exactement si, oui ou
non, ils sont sur la liste et s'ils vont pouvoir exercer leur droit de vote
dans le district et dans le comté où ils sont situés.
L'important pour eux, à mon point de vue, c'est de savoir où
exactement ils vont être sur la carte électorale et à
quelle circonscription ils vont appartenir. En tout cas, l'expérience
que j'ai vécue pour les deux dernières campagnes quant au
recensement, d'une part, et quant à la délimitation, dans un
deuxième temps, m'a permis de constater cela. Je l'indique
respectueusement à l'attention de la commision.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Laprairie. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Peut-être une ou deux questions au Directeur
général des élections, M. le Président.
Une fois qu'un recensement est tenu sur la base d'une nouvelle carte
électorale, cela vous prend combien de temps pour être en mesure
de tenir correctement une élection sur la base de la nouvelle
carte?Est-ce que c'est instantané? Dès que le
recensement a lieu, vous considérez que vos services fonctionnent
partout, sur la base de la nouvelle carte et vous êtes en mesure...
M. Côté (Pierre-F. ): Ce qui est absolument requis,
la période de temps qui est essentielle pour nous, le minimum, ce sont
les trois mois suivant la publication à la Gazette officielle.
Cela veut dire que...
M. Rochefort: Confection de sections de vote, préparation
du recensement, etc. Alors, une fois que vous avez ces trois mois après
la publication à la Gazette officielle, vous êtes en mesure
de fonctionner sur la base de la nouvelle carte?
M. Côté (Pierre-F. ): Oui.
M. Rochefort: Partout au Québec.
M. Côté (Pierre-F. ): C'est ce qu'on espère
être capable de réaliser. C'est toujours dans des périodes
plus comprimées que cela ne l'est en vertu de certaines dispositions
actuelles.
M. Rochefort: La fois où cela s'est fait dans le plus
court délai, combien de temps cela avait-il pris?
M. Côté (Pierre-F. ): Le plus court délai
pour la carte - je pourrais retrouver ce que j'avais apporté au mois de
mars - c'est en 1981 où on avait fait un véritable marathon,
à ce moment, de la confection de la nouvelle carte
électorale.
M. Rochefort: Depuis combien de temps?
M. Côté (Pierre-F. ): Si je peux retrouver les
périodes de temps.
M. Rochefort: Essentiellement, entre le moment de la publication
de l'avis à la Gazette officielle et...
M. Côté (Pierre-F. ): Je m'excuse, je n'ai pas saisi
le dernier point.
M. Rochefort: Essentiellement, je ne veux pas que vous me
refassiez tout le calendrier que vous avez dû vivre en 1981, mais une
fois que l'avis a été publié à la Gazette
officielle en 1981, combien de temps après avez-vous
été en mesure de procéder, de tenir le recensement et tout
le reste?
M. Côté (Pierre-F. ): Je consulte. Ce qui s'est
passé à ce moment, c'est que les travaux avaient commencé
en janvier 1980 et ils se sont terminés en avril 1980, de sorte que la
publication avait eu lieu à la Gazette officielle au mois de mai
1980.
M. Rochefort: Mai?
M. Côté (Pierre-F. ): 1980.
M. Rochefort: 1980.
M. Côté (Pierre-F. ): Le recensement annuel a eu
lieu en septembre ou octobre 1980 et l'élection a eu lieu en avril
1981.
M. Rochefort: Et l'élection en avril 1981.
M. Saintonge: Vous auriez été prêts a tenir
une élection à l'automne 1980, a ce moment. Après le
recensement, disons la période de trois mois. Tout était
prêt dans le fond pour les élections qui ont suivi au mois d'avril
1981. Il y a eu une révision
simplement électorale. C'est bien cela?M.
Côté (Pierre-F. ): Oui.
M. Rochefort: Puisqu'on parle toujours de 1981 et qu'avec raison
le député de Laprairie semble y tenir un peu, combien y a-t-il eu
de changements importants, combien , de circonscriptions électorales ont
été touchées par des changements importants en 1981 ou en
1980?
M. Côté (Pierre-F. ): II y a eu douze nouvelles
circonscriptions électorales. On passait de 110 à 122. Il y a eu
des modifications à 92 circonscriptions électorales.
M. Rochefort: Je parle de modifications importantes. Je me
rappelle beaucoup d'exemples où c'étaient seulement des cantons
qui changeaient.
M. Côté (Pierre-F. ): À l'oeil, je dirais une
trentaine de circonscriptions.
M. Gratton: Quand on parle de douze nouvelles circonscriptions,
je pense qu'il n'y a pas de changement plus fondamental que cela.
M. Rochefort: Reconnaissons que, lorsqu'on parle de 30
circonscriptions touchées de façon importante, cela permet de
concentrer les efforts dans ces 30 circonscriptions au niveau de la
réorganisation et de permettre à l'équipe du directeur
général - excusez l'expression - de retomber sur de nouvelles
pattes dans un nouveau carré. II faut reconnaître qu'à
partir du consensus sur lequel nous nous sommes entendus, vous et moi, au nom
de nos formations politiques, il fallait maintenir à 122 le nombre de
circonscriptions électorales, aiors que maintenant on va se retrouver
avec des changements qui risquent d'être plus importants que cela. Il
faut le reconnaître. Plus il y a de changements, plus je pense que cela
nécessitera de temps à tout le monde, au directeur
général comme aux formations politiques, pour réorganiser
les choses.
Je pense qu'il faut bien voir qu'on ne s'en va pas dans quelque chose de
comparable à 1980 ou 1981, mais à quelque chose normalement de
plus large. Je pense qu'il faut en convenir.
M. Gratton: Pas tout à fait, M. le Président.
M. Rochefort: Non?
M. Gratton: Je pense que l'expérience vécue en 1981
et l'expérience personnelle que j'ai vécue dans l'Outaouais,
où justement c'est une des régions où on a ajouté
une circonscription électorale...
M. Rochefort: Chapleau.
M. Gratton:... cela a eu des répercussions extraordinaires
sur le plan de l'organisation de l'élection évidemment, bien
sûr, mais aussi sur l'organisation des partis, des candidats.
Moi-même, j'ai dû trouver une solution au dilemme que j'avais de
choisir entre trois circonscriptions.
M. Rochefort: Vous avez pris la bonne décision,
semble-t-il.
Conclusions
M. Gratton: Je prends toujours des bonnes décisions, en
tout cas depuis quatorze ans. Je voudrais simplement, d'abord, abonder dans le
même sens que le député de Gouin: faire en sorte qu'au
moment où on se réunira en commission parlementaire, au moment
où on travaillera dans des comités de travail si on juge
nécessaire de les former, au moment où on associera le Directeur
général des élections de façon assidue et constante
à nos travaux pour en arriver à atteindre l'objectif auquel je
souscris de bien informer la population le plus tôt possible des
changements à la carte électorale, à tout cela, on va
souscrire et concourir. (12 heures)
Je constate cependant que, lorsque le Directeur général
des élections nous dit qu'il est en mesure d'organiser une
élection trois mois après la publication à la Gazette
officielle, compte tenu que l'échéancier révisé
porte cette publication à la Gazette officielle à octobre
1988, on peut donc en conclure que, théoriquement, à partir de la
loi actuelle qu'on peut quand même modifier pour l'améliorer on
pourrait tenir une élection générale en janvier 1989, ce
qui est à peine trois ans et un mois.
Je pense qu'on peut conclure qu'avec la collaboration de tout le
monde... Je ne pose même pas la question au Directeur
qénérat des élections, je tiens pour acquis que nous
pourrons jouir comme toujours de sa pleine collaboration et du bon état
d'esprit tant de l'Opposition que du gouvernement. Ainsi, nous pourrons, sauf
erreur - corrigez-moi si je me trompe - aborder l'adoption du projet de loi 147
avant l'ajournement des fêtes, dans les meilleurs délais, en
respectant les échéanciers, quitte à ce que les
engagements dont on a parlé tantôt soient
réitérés à l'Assemblée nationale et
même ailleurs, si cela peut rassurer le député de
Gouin.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le ministre. Est-ce
qu'on a d'autres commentaires?
M. Rochefort: Oui, M, le Président. Je dois dire que je
suis satisfait des discussions que nous avons eues ce matin en commission
parlementaire, le ministre et nous, d'une part et, d'autre part, des
renseignements que nous ont fournis le Directeur général des
élections et ses collaborateurs. Je pense que maintenant tous et chacun
d'entre nous savent beaucoup mieux ce dont on parle, les conséquences de
l'adoption du projet de loi 147 et les implications éventuelles de toute
modification au processus de délimitation des circonscriptions
électorales.
Je veux répéter, M. le Président, qu'on vit dans
une situation donnée; on n'est pas des institutions politiques où
les élections ont lieu à date fixe. Deuxièmement, il est
important et même essentiel qu'on ne se retrouve pas dans une situation
où une élection serait tenue selon l'ancienne carte, alors que
tout le monde est en train de préparer la nouvelle carte.
Troisièmement, pour nous, la meilleure façon de faire entrer en
vigueur dans les faits une nouvelle carte, c'est lorsqu'un recensement
électoral est tenu. C'est autour de ces considérations que nous
allons aborder la prochaine étape de l'étude du projet de loi 147
en fonction, M. le Président, je le répète, d'une refonte
de la carte électorale avant les prochaines élections
générales et suffisamment avant les prochaines élections
générales pour que cela puisse être raisonnable de tenir
une élection sur la base de cette nouvelle carte, en tenant compte des
contraintes avec lesquelles nous vivons.
Je veux être bien précis. À quelques reprises le
ministre délégué à la Réforme
électorale nous a dit: Et je sais que l'Opposition aussi, comme nous,
souhaite apporter des modifications à l'actuelle Loi sur la
délimitation des circonscriptions électorales. Je vous dis qu'il
faut être très précis, très clair là-dessus:
Il y a une modification qu'on a évoquée publiquement à
haute voix et c'est celle du nombre de circonscriptions, des ajustements qui
doivent être faits en conséquence. Jusqu'à ce jour, nous
n'avons jamais évoqué le souhait qu'on apporte des modifications
à la loi, outre cette donnée de base qui est de limiter le nombre
de circonscriptions électorales à 122 avec les ajustements
directement nécessaires par une telle décision.
Quant au reste, M. le Président, je veux qu'on soit très
clair par rapport aux documents qui ont circulé, par rapport aux
réflexions qui ont déjà eu lieu au Québec autour de
ces questions. Nous, on considère que la loi actuelle est une bonne loi,
que les mécanismes actuels ont donné des résultats
satisfaisants pour tout le monde. La preuve: je n'ai jamais entendu qui que ce
soit se plaindre des mécanismes qui sont actuellement en place quant
à la délimitation des circonscriptions électorales. Tous
recon- naissent que cela se fait dans un cadre parfaitement impartial, que
c'est un progrès pour notre société que des hommes et des
femmes politiques ne s'impliquent plus d'aucune façon, ni directement,
ni indirectement, dans le processus de délimitation des circonscriptions
électorales. Nous nous sommes donc dotés, au fil des
années, d'un modèle qui est bien en avance en cette
matière sur ce que connaissent bien d'autres sociétés, y
compris les sociétés qui nous entourent. Pour nous, si jamais on
décidait d'aller plus loin que les modifications auxquelles j'ai fait
allusion tantôt, il faudrait que ce soit en fonction d'une
préoccupation d'ajouter à la démocratisation de nos
institutions. C'est dans ces cadres que nous serons prêts à
envisager certaines réflexions et certaines discussions autour de la loi
actuelle et des modifications que nous pourrions y apporter.
M. le Président, je conclus en disant que j'aurai à faire
rapport à ma formation politique des échanges qui sont intervenus
ce matin. Je communiquerai les résultats de ces échanges de vues
au ministre délégué à la Réforme
électorale avant que nous entreprenions la deuxième lecture, afin
qu'il sache comment planifier les travaux parlementaires eu égard
à la deuxième lecture. Je lui dis immédiatement que, si
jamais nous devions concourir au scénario qu'il nous a
présenté ce matin, nous souhaiterions sûrement que soient
organisés les travaux de la commission parlementaire avant l'ajournement
de Noël pour être bien sûrs que non seulement nous respections
les délais que nous nous sommes fixés mais que, dans la mesure du
possible et compte tenu des engagements formels du ministre, nous puissions
dès le sortir de cette commission parlementaire puisque les consensus
auront été identifiés formellement, que nous puissions
prévoir, dès ce moment, donner un mandat à la commission
de la représentation de commencer son travail sur la base des consensus
obtenus puisque la loi ne sera en aucune façon différente des
consensus qui interviendraient dès janvier ou février prochain.
Je pense qu'il faudrait peut-être -je le répète, dans la
mesure où nous donnerons notre consentement à ce scénario
- prévoir aussi un amendement au projet de loi 147, ce qui permettrait
à la commission parlementaire, une fois ses travaux
complétés, d'autoriser le Directeur général des
élections à commencer le travail préparatoire de
réflexion pour les gagner, ces quatre ou cinq mois auxquels j'ai fait
allusion tantôt.
M. le Président, voilà un peu les conclusions que je tire
des entretiens de ce matin avec le ministre et avec le Directeur
général des élections et son équipe. Je le
répète, je ferai rapport à ma formation politique et, par
la suite, je donnerai le
compte-rendu au ministre avant l'étude en deuxième lecture
du projet de loi.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Gouin. M. le ministre.
M. Gratton: M. le Président, je remercie le
député de Gouin de sa participation et de l'engagement, en
quelque sorte, qu'il prend de faire rapport dans les meilleurs délais,
il va sans dire, de ses discussions avec le caucus de son parti politique. Je
note au passage qu'automatiquement la loi, dans l'état actuel des
choses, ordonne au Directeur général des élections de
procéder au début des travaux de délimitation à
partir de la loi actuelle à compter du 2 décembre, ce qui est -
si je ne m'abuse - lundi prochain.
Le Président (M. Baril): Mardi.
M. Gratton: Je prévois donc - à moins que le
député de Gouin ne m'indique le contraire - que je n'aurai pas de
réponse officielle de sa part avant le 2 décembre. Je tiens donc
pour acquis que le Directeur général des élections pourra
surseoir à tout travail qui pourrait normalement commencer le 2
décembre jusqu'à ce que nous lui communiquions le résultat
de nos consultations respectives. Je présume que je peux tenir pour
acquis que ce sera au cours de la semaine prochaine. S'il devait se
révéler que l'Opposition accepte la proposition que j'ai faite ce
matin, quant à moi, je prends un autre engagement à titre de
ministre délégué à la Réforme
électorale, c'est celui de convaincre le leader du gouvernement de faire
en sorte que le projet de loi soit adopté sans trop de délai.
Une voix: Bonne chance!
M. Rochefort: M. le Président, je pourrais peut-être
ajouter que, compte tenu des éléments de la déclaration du
ministre, d'une part, oui, je m'engage à lui donner le compte rendu de
nos discussions et des conclusions auxquelles nous en serons arrivés au
cours de la semaine prochaine.
Deuxièmement, je souscris évidemment à ce qu'il a
dit. Quant à moi, le processus qui devait être enclenché
par la loi 23 à compter du 2 décembre 1986 doit être
suspendu pour l'instant. De deux choses l'une: ou il y aura l'adoption de la
loi 147 avant l'ajournement de Noël avec les implications que cela aura
pour la Commission de la représentation électorale du
Québec, ou il n'y aura pas adoption et, en conséquence, tout le
monde avisera et fera en sorte que, s'il n'y a pas adoption, la loi 23
s'appliquera. Mais j'ai bien l'impression qu'à 99 contre 23, ce ne sera
pas la loi 23 qui s'appliquera.
Le Président (M. Baril): Merci, M. le député
de Gouin.
M. Gratton: En terminant, M. le Président, je voudrais
remercier le Directeur général des élections et son
personnel de l'éclairage qu'ils ont bien voulu nous fournir, ce matin,
et les saisir tout de suite de notre intention de les mettre à
contribution à nouveau dans les meilleurs délais.
Le Président (M. Baril): Je vous remercie. M. le directeur
et votre groupe, on vous remercie de vous être
déplacés.
M. Côté (Pierre-F. ): Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Baril): On ajourne sine die.
(Fin de la séance à 12 h 11)