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(Dix heures vingt-et-une minutes)
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons maintenant recommencer nos travaux. Je souhaite le bonjour
à tous. Me Lemay, nous allons continuer votre interrogatoire. Vous
êtes toujours tenu au même serment que vous avez prêté
la première journée et je vais céder la parole.
Si ma mémoire est fidèle, c'était M, le
député de Roberval qui avait la parole. M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui. M. le Président, je vous remercie.
Bonjour Me Lemay. Nous nous sommes quittés hier soir sur une
série de questions de règlement. J'ose espérer que, ce
matin, nous pourrons terminer parce que j'achevais cet interrogatoire. J'ose
espérer que, ce matin, nous pourrons terminer sans heurts. Me Lemay,
lorsque nous nous sommes quittés, hier soir, on avait abordé la
question, le fait que vous aviez essayé d'éviter en quelque sorte
que M. Garon apporte à la connaissance de l'Assemblée nationale
les faits qu'on étudie ici, qui sont l'objet de la commission, dans le
sens que vous n'étiez pas intéressé, vous nous l'avez
expliqué clairement, à être pris dans une chicane politique
devant l'Assemblée nationale, en quelque sorte. C'est bien, je pense, le
contexte d'hier soir.
Témoignage de M. André Lemay
(suite)
M. Lemay: C'est ce que j'ai dît, mais il faut comprendre
que c'est dans le contexte de la compréhension des faits que j'en avais
à ce moment-là. La compréhension des faits, c'est qu'il y
avait une chicane entre partis politiques. Â ce moment-là, je
percevais pas une chicane entre deux hommes politiques. Ça fait que,
c'était une chicane entre partis politiques, à mon avis, comme
dans le cas de Sorel, les fins de session mouvementées, puis je ne
voyais pas, je ne pensais pas que ce serait une façon d'amener cela en
Chambre, de régler ce problème-là parce que, par
expérience, j'avais vu que ça pouvait se régler autrement.
C'était pas dans la même perception que M. Garon en avait, en tout
cas, d'après le témoignage qu'il a rendu. Si vous me permettez,
je vais essayer d'être très bref là-dessus, ça fait
quand même quatre, cinq jours qu'on discute de ce dossier.
Tout au long des discussions que j'ai eues avec M. Pagé et M.
Carrier, une petite discussion avec M. Lessard, avec Mme Lecours, avec M. Garon
à deux reprises, j'ai toujours compris, j'ai toujours traduit à
mon avis que c'était une décision au niveau gouvernemental, la
décision de ne pas consentir à notre loi. J'ai toujours cru que
c'était compris de cette façon-là. Dans le
témoignage de M. Garon, je ne doute d'aucune façon de la mauvaise
foi ou de la bonne foi de M. Garon, de la façon qu'il nous traduit cela,
c'est que, pour lui, il a compris dès le début, puis il nous
l'explique de bonne foi en disant: J'ai un mémo où c'est
marqué "il" - entre parenthèses, (M. Pagé) - il semble
avoir compris depuis le début que c'est M. Pagé qui bloquait la
loi. Ça fait que toutes nos discussions se faisaient un petit peu en
parallèle dans le sens que, quand je posais une question, dans ma
tête, c'était le gouvernement qui bloquait, quand M. Garon en
posait une, bien, c'était M. Paqé, peut-être qu'il peut
avoir eu de la confusion. Je vais vous donner un ou deux exemples
peut-être. Quand on dit, M. Garon dit: Je dis à Me Lemay: M.
Pagé peut pas faire ça. Hier, j'ai dit: M. Garon ne m'a pas dit
ça. Il m'a dit: Il ne peut pas faire ça. Évidemment, dans
l'esprit de M. Garon, c'était M. Paqé, mais, dans mon esprit,
c'était le gouvernement. Il m'a dit: II ne peut pas faire cela. À
cette heure, aujourd'hui, on dit... Pour moi, ça voulait dire ça,
puis pour lui, ça voulait dire autre chose. Donc, je comprends sa
version des choses et je veux pas dire qu'il ment d'aucune façon. I! l'a
compris de même sauf que j'ai l'impression qu'on s'est mal compris
quelque part.
Je vais vous donner un autre exemple. Quand on dit... M. Garon dit: J'ai
lu le mémo de ma secrétaire à M. Lemay, je ne savais pas
qu'il y avait un mémo comme tel, mais je me souviens qu'il m'ait dit
substantiellement: Comme ça, si je continue à m'entêter, M.
Paqé s'engaqe à bloquer la loi. Il m'a dit ça
textuellement. Puis, je lui ai dit: Non, c'est pas ça. C'est que M.
Pagé m'informe que le gouvernement s'engage pas, il bloque la loi. Or,
M. Garon interprète ça de bonne foi. Il dit: I! a mis ça
pire. Pagé faisait pas rien que s'engager, il bloquait alors que moi,
j'ai rectifié en disant: Non, non, c'est pas Pagé, c'est le
qouvernement. En fait, j'ai regardé différentes contradictions
dans ce sens-là. C'est
l'explication que je peux donner pour essayer de voir comment ça
se fait qu'on est arrivé aujourd'hui à des versions qui
paraissent contradictoires. Dans ma tête puis dans mon mémo que
j'ai dicté la journée même, ça toujours
été clair dans mon esprit que c'était une décision
de comité ou de caucus. La perception qu'en a eue M. Garon, selon son
témoignage, c'est que c'était une décision personnelle de
M, Pagé qui bloquait sa loi. Tout ça fait que quand il dit: II
peut pas faire ça, mais moi, c'est le gouvernement et lui, c'est M.
Pagé. Donc, on perçoit ça différemment. Quand je
dis: Sortez pas ça en Chambre, bien c'est pas de sortir en Chambre que
M. Pagé bloque sa loi, c'est de sortir en Chambre que le gouvernement
veut bloquer une loi parce que c'est des échanges de fin de session. On
était peut-être en parrallèle un peu là-dessus
là.
M. Gauthier: Si je comprends bien, Me Lemay, pour l'essentiel du
"deal" dont on a parlé, des deux projets de loi en présence,
etc., on est, en tout cas, tout le monde semble s'entendre pour dire qu'il y
avait à ce moment-là une situation de balance entre deux projets
de loi.
M. Lemay: C'est très clair. Le seul point sur lequel on ne
s'entend pas...
M. Gauthier: Sauf que vous...
M. Lemay:... si vous me permettez, ou sur lequel il y a eu une
mauvaise compréhension, c'est que dans mon esprit, c'est une
décision de parti, de caucus ou de gouvernement et c'est de même
que je l'ai véhiculé, puis dans l'esprit de M. Garon et de Mme
Lecours...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, je m'excuse. Selon
votre perception, peut-être que dans l'esprit de M. Garon, mais vous ne
pouvez pas décider ou prêter une idée arrêtée
à M. Garon. Il vous a semblé que d'après les commentaires
de M. Garon...
M. Lemay: Qui sont faits ici en commission, mais pas la
journée même.
Le Président (M. Lorrain): Bon parfait, très bien.
Très bien. C'est clair.
M- Lemay: Je veux distinguer que ta journée même, je n'ai
pas pensé qu'on se comprenait pas sauf que là, je constate qu'on
s'est pas compris.
M. Gauthier: D'accord. Est-ce que, Me Lemay, vous acceptez
aujourd'hui, à la lumière puisque vous aviez eu une
expérience de fin de session, c'était celle de Sorel... Est-ce
que vous en aviez eue d'autres antérieurement - je m'excuse, la question
a peut-être été posée - des expériences de
fin de session?
M. Lemay: Au niveau des échanges ou de projets de loi, si
vous me permettez. l'expression, le cas de Sorel est le seul. Le fait que je
sache qu'en fin de session, il y a tout le temps des avalanches de projets de
loi qui sont adoptés, un, dans les journaux, c'est facile à voir
si je lis les chroniques du lendemain du 1? décembre ou du 1? juin qu'on
le voie. Deux, comme avocat, on a tellement de lois à étudier en
revenant des Fêtes, qui ont été adoptées, que je
sais aussi qu'il y a beaucoup de lois en fin de session. Donc, je suis au
courant qu'en fin de session, il y a un sprint, si vous me permettez
l'expression, spécial en plus de ça, par le dossier de Sorel,
j'avais vu qu'il y a des échanges entre partis qui se font.
M. Gauthier: Est-ce que, Me Lemay, mes propos sont exacts si je
vous dis que vous étiez au courant de la mécanique
générale d'une fin de session, qu'il y avait justement cette
espèce de bousculade de fin de session, d'une part, sauf que votre
connaissance précise des mécanismes d'échanges et de
discussions n'était pas nécessairement basée sur une
expérience très large sinon celle de Sorel?
M. Lemay: Non, vous avez raison. Je comprenais l'essence du
phénomène de fin de session, mais la technicalité, comment
ça se réglait... Le plus bel exemple, c'est que dans notre cas,
je ne sais pas comment ça s'est réglé. Je sais que les
deux lois ont passé, mais de quelle façon ça s'est
discuté, puis qui en a discuté, j'en ai aucune idée. Je
l'ai jamais su. J'aimerais bien le savoir un jour là. Comme dans le cas
de Sorel, j'ai jamais su comment ça s'est réglé sauf que
ça s'est réglé.
M. Gauthier: D'accord. Vous avez en quelque sorte
interprété les événements correctement ou
incorrectement. Je ne porte pas de jugement de valeur là-dessus, mais
vous avez interprété les renseignements à la
lumière de la seule expérience que vous aviez. C'est qu'il y
avait des discussions et ça arrivait que ça se réqlait et,
d'autres fois, ça ne se réglait pas et là, vous aviez une
situation non réglée que vous vouliez bien qui se règle,
un peu comme si ç'avait été le cas antérieurement,
dans votre expérience antérieure. C'est cela?
M. Lemay: J'ai fait à tout le moins une
vérification. Quand j'ai eu l'appel de M. Pagé, j'ai
assimilé cela au cas de Sorel et je lui en ai parlé. Quand j'ai
parlé à M. Garon, je lui ai parlé du cas de Sorel et ni
l'un ni l'autre m'a dit: C'est ça ou c'est pas ça ou autre chose.
Autrement dit, j'ai dit: C'est
toujours pareil en fin de session. On se fait prendre dans le coin et il
y a des échanges de projets de loi. Il n'y a personne qui m'a
obstiné là-dessus. Je l'ai vérifié.
Évidemment, je n'ai pas expliqué Sorel en long et en large, que
c'est une question d'annexion et le fleuve Saint-Laurent, mais j'ai
donné la perception que j'avais aux deux politiciens, et il n'y en a pas
un qui m'a dit: Bien non, ce n'est pas ça, ou autre.
M. Gauthier: À quel moment, M. Lemay, vous êtes-vous
aperçu réellement que les deux cas n'étaient pas
nécessairement assimilables l'un à l'autre? À quel moment
vous-êtes vous aperçu que ça pouvait être
différent?
M. Lemay: Ah bien! Je pense encore que c'est identique.
M. Gauthier: Vous pensez encore que c'est identique.
M. Lemay: Dans mon esprit, j'ai toujours pensé - et je
n'ai pas de preuve du contraire - que la décision n'est pas une
décision de caucus ou de comité. À mon avis, c'est encore
ça. Je pense encore que c'est comme le cas de Sorel, sauf que ça
a pris une tournure différente.
M. Gauthier: Oui. Est-ce que, à l'analyse des faits, Me
Lemay, dans le dossier de Sorel - puisqu'on en a parlé abondamment, je
pense qu'on peut l'aborder un peu - est-ce qu'il vous a semblé, dans le
cas de Sorel, que M. Martel, à ce moment-là qui était le
parrain, était impliqué dans l'autre projet de loi? Est-ce que
c'était lui qui bloquait l'autre projet de loi qui était le
projet de loi 38, si je me rappelle bien?
M. Lemay: Non, mais j'avais compris que le projet de loi 38,
c'est une loi qui était pour le gouvernement du Parti
québécois, puis les libéraux ne voulaient probablement pas
que cette loi passe. Et il y avait la loi de Sorel qui est une loi dont le
parrain était un représentant du Parti québécois,
mais il n'y avait pas de lien direct entre les deux.
M. Gauthier: Mais, à sa face même, Me Lemay, parce
que vous venez de dire par la compréhension que vous en avez qui,
effectivement, est exacte, est-ce que ça vous semble encore deux cas
identiques? Vous venez de me dire tout à l'heure: Ça
m'apparaît encore identique. Est-ce que ça vous semble encore deux
cas identiques, parce qu'il y a quand même des éléments
différents?
M. Lemay: Pour moi, c'est deux cas politiques, deux cas à
problème politique.
Quand j'ai fait mon rapport à la ville de Sorel, après
avoir passé le projet de loi, j'écrivais - rien qu'un petit
extrait - je disais qu'il y avait un débat de principe qui se posait
entre le gouvernement et l'Opposition et la loi 38, etc. Puis, je dis: Vers
midi, - nous étions rendus dans l'incertitude et nous nous sommes rendus
au bureau du chef de l'Opposition, M, Gérard-D. Levesque, et nous avons
pu rencontrer également le leader de l'Opposition, M. Fernand Lalonde.
Nous avons obtenu ce qu'il est convenu d'appeler un côté de la
médaille. Par la suite, nous nous sommes rendus au bureau du
député de Richelieu, M. Maurice Martel, qui nous a livré,
pour employer l'expression, l'autre côté de la médaille.
Après ça, on parle de M. Saintonge, en tout cas, des autres
démarches qu'on a faites pour dire que, finalement, à 10 heures,
le soir, la commission a commencé. Pour moi, c'est...
Indépendamment des personnages en cause, pour moi, ce n'était
plus une question de fond du projet de loi, de la substance même du
projet de loi. C'est une question, j'appelle cela, de stratégie
politique ou autrement, avec laquelle je ne suis pas familier, mais je voyais
la même chose. Je comprends qu'au niveau des intervenants, ça
change, mais, pour moi, encore aujourd'hui et à ce moment-là,
cela fait partie des "deals" de fin de session.
M. Gauthier: Mais, au-delà de ça, Me Lemay,
à sa face même, vous avez indiqué vous-même que le
projet de loi privé était parrainé par un membre du
gouvernement, que l'autre projet de loi, c'est une loi du gouvernement qui
était également en cause, à sa face même, ne vous
semble-t-il pas, tandis que là, c'est la personne qui était
parrain de votre projet de loi, était celle qui bloquait l'autre projet
de loi, à sa face est-ce qu'il ne vous semble pas, maintenant, qu'il y a
une différence fondamentale entre les deux?
M. Lemay: Non, parce que, dans le cas de Sorel, ce que j'ai
compris - je ne suis pas ailé dans tous les détails - c'est que
j'ai une information, te premier, c'est M. Dean, il dit: Vous seriez mieux
d'aller voir le chef par intérim. Mais j'ai compris que le Parti
québécois, le gouvernement, ne pouvait pas nous embarquer en
commission parlementaire, parce que les libéraux s'opposaient à
une loi et ils retardaient et ils ne consentaient pas. Ça fait que
là on est allé voir les libéraux et ils ont dit: Non, non,
non, ce n'est pas nous autres, c'est l'autre bord. On est retourné voir
le Parti québécois, puis: Non, c'est l'autre bord. En tout cas,
évidemment, on a dit... Quand je parle d'un côté de la
médaille, on a vu les deux côtés de la médaille. En
fin de compte, j'ai jamais su qui avait tort et qui avait raison
là-dedans.
Comme d'ailleurs je ne sais pas encore qui a tort, qui a raison dans la
présente commission. Sauf, que quand on a un problème...
D'engager un problème comme ça, je me suis dit: ça c'est
une question politique. Je me mêle pas de ça, je vais demander aux
politiciens de s'en occuper.
M. Gauthier: Me Lemay, c'est ma dernière question. Je
réitère encore une fois ma question. Au-delà de la
dimension politique, que je comprends par ailleurs, comme avocat, est-ce que la
position des intervenants mêmes, celui qui bloque, celui qui veut
obtenir, est-ce que la position des intervenants et des partis politiques dans
les deux situations semble faire en sorte que ce sont des situations analogues
dans les deux cas? Je vous réitère la question, parce que je veux
que vous le regardiez, non pas de l'aspect politique, Me Lemay, mais l'aspect
de la situation.
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: On est à demander au témoin
d'évaluer les faits, de faire un parallèle entre les deux
situations. C'est carrément, quant à moi, M. le Président,
le rôle de la commission d'évaluer la situation dans son ensemble
et c'est sur quoi la commission aura à se prononcer en temps et lieu.
C'est pas au témoin, M. le Président, je pense, c'est pas le
rôle du témoin d'évaluer les faits, de donner des opinions
sur les faits. Il n'est là que pour - même s'il est avocat - il
n'est là quand même que pour raconter ce qu'il a vécu et
non pas interpréter, non pas donner des opinions.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Frontenac? M. le leader de l'Opposition, pour la
même question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, c'est le témoin
lui-même qui porte un jugement sur une situation. Il porte un jugement
d'ordre politique. Ce que le député de Roberval lui dit:
Au-delà de l'évalution politique que vous faites des situations,
où cela se ressemble étrangement comme situation, est-ce que la
nature même, les faits mêmes, en d'autres mots, M. le
Président, est-ce que le parrain du bill qui est M. Garon en
l'occurrence, versus l'autre projet de loi qui est un ministre du gouvernement,
est-ce que c'est la même situation dans le cas du parrain, par exemple,
de la loi sur Sorel, par rapport à un ministre, est-ce que c'est pas
plus factuel? Ça se pose très bien comme question. Au lieu de
dire: Ça se ressemble comme... C'est des confrontations politiques,
appelons ça, je ne sais pas si c'est le mot confrontation ou chicane
politique, je ne sais quel est le terme qu'il a utilisé, je veux pas
mettre des mots dans la bouche du témoin. II s'en remet toujours dans sa
réponse à dire: C'est des batailles entre partis politiques. Ce
que le député de Roberval s'évertue à vouloir faire
comprendre au témoin, c'est que la question ne porte pas sur les
batailles politiques. Est-ce que les belligérants ont les mêmes
raisons, est-ce que ce sont des faits identiques"? C'est ça
qu'est la question fondamentale et je sais jusqu'à quel point la
question a de l'importance, M. le Président. Parce que le témoin
qui a été dans les deux et qui se permet de donner une
évaluation sur le plan politique doit être capable de donner une
réponse sur le plan factuel. Je pense qu'elle est tout à fait
admissible la question. Elle est tout à fait admissible la question.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, une dernière
intervention de la formation ministérielle, M. le député
de Frontenac.
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition renchérit sur les
propos du député de Roberval. Il argumente dans le sens suivant.
C'est que le témoin peut évaluer les situations, peut porter
jugement, peut établir... Justement, si à l'occasion le
témoin porte des jugements ou qu'il inclut dans sa réponse une
évaluation, ça ne veut pas dire que c'est correct. Sauf que
lorsqu'on lui demande de le faire, on est, quant à moi, carrément
illégal. On peut pas, M. le Président, demander au témoin
d'établir un parallèle entre deux situations: celle qu'il a
vécue à Sorel et celle qu'il a vécue en décembre
1?86. C'est le rôle de la commission. Je soumets respectueusement, M. le
Président, que le témoin, encore une fois, n'est là que
pour répondre aux questions, raconter les faits et non pas
évaluer la situation.
Le Président (M, Lorrain): M. le député de
Roberval, une dernière intervention, sur la question de
règlement.
M. Gauthier: M. le Président, la question est tout
à fait acceptable dans le sens suivant. Le témoin, de bonne foi,
évalue la situation et a fait, tout au long de cette commission, un
parallèle entre deux situations pour expliquer sa compréhension
des choses en faisant un parallèle politique
entre les deux situations. C'est un jugement et nous n'avons pas
contesté cette chose-là. Le témoin plaçait les deux
éléments sur le plan politique. II vient de nous dire clairement
qu'il assimilait dans sa connaissance des choses les deux situations sur le
plan politique.
Ce que ma question essaie de faire, c'est de demander au témoin
de se placer, non pas de juger différemment, mais de se placer dans la
situation non pas politique, de laisser la scène politique ou la
compréhension qu'il a d'une fin de session pour analyser objectivement
les faits en cause et les personnes en cause dans les deux situations. Je ne
fais que lui demander si, à la lumière - c'est pour cela que j'ai
posé plusieurs questions - en ne regardant que cet aspect, est-ce que le
témoin considère que la place des personnes en cause est la
même dans les deux projets? En d'autres termes, est-ce que
dans le cas de Sorel, par exemple, le vote de Maurice Martel était en
balance, si vous voulez que je la pose différemment? C'est
rien que cela. C'est des faits objectifs. Je ne vous demande pas une question
de jugement.
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision.
Dans un premier temps, la question de règlement a
été fondée sur le fait qu'on demandait à Me Lemay
de porter un jugement, Je n'accepte pas qu'aucun témoin porte de
jugement. Les jugements vont être faits, ici, par les membres de la
commission. Ce qui est extrêmement important, par exemple, c'est la
perception que Me Lemay a de certains faits. Celui qui a décidé
de comparer le cas de 5orel avec le cas qui nous préoccupe, c'est le
témoin. Ce n'est jamais venu d'une question d'un des membres de la
commission de l'Assemblée nationale et c'est très impartant. Il y
a plus que cela, c'est qu'un des acteurs principaux de cette affaire, c'est Me
Lemay. Lui, il a dit: Quand j'ai reçu cet appel, cela m'a rappelé
Sorel. Depuis le début, sa perception, nous dit-il: C'est un
problème politique. Je voyais ça seulement comme un
problème politique. Il est extrêmement important.
Je vais accepter votre question, mais il faudrait faire attention. Il ne
faudrait pas faire des répétitions parce que je pense bien que le
témoin, à plusieurs reprises, a dit: Je perçois ça
comme étant un problème politique et il l'explique. Il ne peut
pas... Si c'est sa perception, si c'est comme ça qu'il a réagi
pendant quelques secondes, il ne peut pas changer trois mois après.
C'est à ce moment-là qu'il est important de savoir, comment comme
avocat, comment avec les discussions et les échanges
téléphoniques et peut-être avec les échanges directs
à la commission parlementaire il l'a vu.
Votre dernière question, c'était: S'il y a une
différence fondamentale entre les deux cas, c'est-à-dire - j'ai
bien compris là - le cas de Sorel et le cas qui préoccupe Me
Lemay? Maintenant, ne demandez pas qu'il porte un jugement. Il va
vous dire ce qu'il en a senti, si oui ou non.
M. Gauthier: Mais autrement que sur l'aspect politique.
Le Président (M. Lorrain): Ça va. Alors, on se
comprend bien. Il n'est pas question, ici, que des témoins portent des
jugements pour et au nom des membres de l'Assemblée. Il n'en est pas
question. Je n'accepterai pas cela.
Maintenant, on ne demande pas au témoin non plus
d'apprécier d'autres témoignages, mais comment ils ont
perçu, comment ils ont senti ce qu'ils ont vécu, c'est eux qui
peuvent nous le dire seulement. Je pense que c'est un peu dans ce
sens-là que j'accepte votre question, M. le député de
Roberval, mais pas plus.
M. Gauthier: Est-ce que je dois la reposer, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain): Oui. Je pense que oui parce que
cela fait quelques minutes qu'on est sur une question de règlement.
M. Gauthier: O.K., Me Lemay, je vous la repose pour se resituer.
Vous nous avez indiqué avoir une perception politique. Je voudrais que
vous la mettiez de côté temporairement pour ne pas que je porte de
jugement dessus, mais je veux simplement dire au niveau des faits, des
personnes en cause et de la position des joueurs sur l'échiquier, est-ce
qu'à la lumière objective de ces faits, les deux situations vous
semblent analogues ou en d'autres termes, dans le cas de 5orel, est-ce que M.
Martel, le parrain du projet de loi, était en cause dans le
blocage? Est-ce que le vote de M. Martel était en cause comme
c'est le cas dans la deuxième situation, le vote de M. Garon
était en cause? (10 h 45)
Me Lemay: O.K. Je vais vous répondre en deux temps. Quand
j'ai fait référence à Sorel, j'y ai fait
référence le 1? décembre quand j'ai parlé à
M. Pagé et j'ai parlé à M. Garon, à ce
moment-là, je n'ai pas fait et je ne me suis pas rappelé les
nuances qui s'étaient passées trois ans avant, d'aucune
façon. Ça fait que je ne peux pas vous dire... À mon avis,
à ce moment-là, j'ai vu cela pareil. C'était exactement
pareil, c'était la même "game" politique qui se jouait. Je n'ai vu
aucune autre nuance, je n'ai pas eu le temps. Écoutez, on a un
téléphone et j'en refais un quinze minutes plus tard à la
dernière journée de la session. Je n'ai pas
fait de nuance d'aucune façon. Pour mois, la perception que j'ai
eue à ce moment-là, c'était tout à fait
identique.
Maintenant, si vous me demandez dans un deuxième temps,
aujourd'hui, on se replace avec du recul, avec du temps pour y
réfléchir: est-ce que je peux comparer les deux situations? Je
vous dis oui et je vous dis non. Je vous dis oui, pour les raisons suivantes:
C'était un échange politique de deux projets de loi. Non, ce
n'était pas pareil parce que, à ce moment-là, je n'ai pas
perçu que le vote de M. Martel était en cause. Mais dans notre
cas, je n'ai pas perçu que le vote de M. Garon était en cause non
plus, c'était une question de consentement. J'ai compris que M. Garon a
voté contre la loi de toute façon.
Écoutez, j'ai un appel de quelqu'un qui est au gouvernement, un
gouvernement majoritaire. Il m'informe que son caucus ne consent pas à
telle chose parce que M. Garon s'objecte. Le premier réflexe que j'ai,
c'est de dire: Vous êtes majoritaires, vous avez rien qu'à voter
pour et la décision sera prise sur division. C'est le réflexe...
Je ne l'ai pas dit, mais j'ai pensé cela. Sauf que j'ai vu que
c'était une question de consentement unanime, donc autrement dit, le
seul fait qu'un député, quel qu'il soit, comme c'est sans doute
son droit, oppose son consentement à une étape
procédurale, cela pouvait bloquer la loi. Mais ce n'était pas une
question de vote, pas plus que dans le cas de Sorel; à Sorel, c'est une
question de consentement pour une commission parlementaire. Là, vous
dites: ce ne sont pas les mêmes intervenants. Je ne sais même pas
qui était parrain de la loi, c'est la loi 38 qui était en cause,
j'ai vérifié dans mes notes et c'est la loi 45 aussi qui
était en cause en 1?83. Il y avait deux lois, plus notre loi qui
était le 233 de Sorel. Je ne sais pas qui était parrain de cela
et, évidemment, notre parrain à ce moment-là était
du gouvernement, ce qui n'était pas le cas dans la présente loi
dans le cas de la CITRSQ. Il y a des distinctions, c'est évident.
Ce que je disais, M. le Président, c'est qu'une des distinctions
entre les deux cas, c'est que dans le cas de Sorel, le parrain était
membre du gouvernement alors que, dans notre cas, le parrain est membre de
l'Opposition, mais pour moi, c'est... Le 1?, c'est évident que je n'ai
fait aucune nuance, je peux en faire des nuances, mais mon opinion - je ne suis
pas un spécialiste là-dedans - c'est que c'était encore
une chicane politique. Peut-être que je me trompe et peut-être que
la commission va juger autre chose, mais...
Le Président (M. Lorrain): Cela va. M. Gauthier:
À regret.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval...
M. Chevrette: Le temps est-il fini?
Le Président (M. Lorrain):... je suis obligé de
vous annoncer que votre enveloppe de temps pour l'interrogatoire de Me Lernay
est épuisée. On vient tout juste de m'en aviser. Suivant la
règle de l'alternance, je vais maintenant reconnaître...
Oui...
M. Rochefort: Si vous permettez.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je respecte la
décision et nos responsables du chronométrage, mais pour avoir
assisté à toutes les interventions du député de
Roberval, M. le Président, je veux bien qu'on m'assure que les questions
de règlement qui ont été soulevées pendant que le
député de Roberval avait le droit de parole n'ont pas
été calculées dans cette période-là.
Le Président (M. Lorrain): II y a deux sortes de
règlement et c'est le consensus qui est intervenu. Lorsqu'il s'aqit de
l'interrogatoire d'une personne ou d'une formation, seuls les points de...
C'est vous-même, M. le député de Gouin, qui avez
apporté cette nuance le jeudi soir, les questions d'ordre et de
décorum ne sont pas comptabilisées. Si la question de
règlement est posée par votre formation politique, elle joue et
elle travaille sur le temps de celui qui...
M. Chevrette:... si on s'interrompt nous autres mêmes.
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est cela.
M- Chevrette: Si c'est l'autre...
Le Président (M. Lorrain):... par une question. Si c'est
l'autre parti, cela ne compte pas.
M. Chevrette:... parti, cela ne compte pas, même si on
répond.
Le Président (M. Lorrain): Mais cela ne compte jamais,
même si c'est votre formation, si c'est une question de
décorum...
Une voix: Oui.
Une voix:... ou d'ordre.
Le Président (M. Lorrain):... ou d'ordre. C'est vous qui
aviez apporté cette nuance
parce qu'il n'y en avait pas du tout. Toute question de règlement
était comptabilisée si elle avait été faite, vous
avez apporté cette nuance-là jeudi il y a deux semaines.
M. Gauthier: M. le Président, j'aurais une question
à vous poser.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, toujours sur une question de règlement?
M. Gauthier: Oui, oui, c'est une question de règlement.
Lorsque je... qui compte dans aucun...
Le Président (M. Lorrain): On n'a pas commencé un
interrogatoire.
M. Gauthier: Lorsque je suis à faire une...
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de...
M. Gauthier: Lorsque je suis à intervenir, M. le
Président, et que, de l'autre côté, on soulève une
question de règlement comme on l'a fait hier, le temps de
l'argumentation de la question de règlement n'est pas pris sur mon
temps.
Le Président (M. Lorrain): C'est cela, il n'est pas
comptabilisé. Si c'est eux autres..,
M. Gauthier: Si c'est eux autres qui l'on soulevée. Est-ce
que...
Le Président (M. Lorrain): Bien, je n'aimerais pas cela
parler comme cela pour le bénéfice du Journal des
débats...
M. Gauthier: Oui, si c'est...
Le Président (M. Lorrain): Si l'autre formation...
M. Gauthier: ...c'est l'autre formation politique.
Le Président (M. Lorrain): ...alors que vous êtes en
interrogatoire, vous, M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Est-ce que... Parce que hier, j'ai eu une
conversation avec le secrétaire de la commission justement sur ce sujet
et il me disait que le temps de l'argumentation sur la question de
règlement pris par notre formation était, lui,
comptabilisé, même si c'était l'autre formation politique
qui avait soulevé...
Le Président (M. Lorrain): Non, cela a été
corrigé.
M. Chevrette: Cela a corrigé en fin de soirée hier
soir.
M. Gauthier: Cela a été corrigé?
Le Président (M. Lorrain): Oui, cela a été
corrigé en fin de soirée.
M. Gauthier: Ahl Vous avez donc refait le calcul...
M. Chevrette: C'est parce qu'à un moment donné, il
vous restait 1 minute et 42 secondes et puis vous avez remonté à
4 et 35.
M. Gauthier: Ah boni Là, il n'y a aucun autre moyen...
M. Chevrette: Je m'en occupais.
Le Président (M. Lorrain): J'aurais bien aimé vous
donner une autre minute.
M. Gauthier: M. le Président, je suis certain que j'aurais
le consentement du député de Louis-Hébert qui, ce matin,
est bien sage et qui a l'aîr d'apprécier mes questions.
Le Président (M. Lorrain): Moi, je trouve que les
enveloppes sont très généreuses. Non, c'est dommage mais
c'est comme ça. Je pense que cela a été bien entendu entre
les deux formations politiques.
M. Chevrette: Oui, pas de problème. Des voix: Oui,
oui.
Le Président (M. Lorrain): En respectant la règle
de l'alternance, je vais reconnaître maintenant un député
de la formation ministérielle. Alors, je me dois de revenir à la
formation de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous n'avez pas votre témoin?
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition nous a volé toutes
nos questions, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, il n'y a pas de...
M. Lefebvre: Et on a eu d'excellentes réponses,
alors...
Le Président (M. Lorrain): II n'y a pas de témoins
qui sont propriétaires de qui que ce soit.
M. Chevrette: Le témoin de la commission.
Le Président (M. Lorrain): Je vais reconnaître M. le
député de Taillon, en interrogatoire.
M. Filion: Merci, M. le Président. Bonjour, M. Lemay. Mes
questions vont surtout porter sur la journée du 1? décembre 1?85.
Étant donné que vous avez dit que, le 16 décembre 1?85 -
j'emploie votre expression - vous avez dormi - 1?86, pardon - sur vos deux
oreilles. C'est bien ça. Je dois comprendre que votre nouveau-né,
à ce moment-là, ne vous a pas réveillé.
M. Lemay: Ma femme nourrissait notre nouveau-né, à
cette époque-là. Je ne pouvais pas être d'utilité
durant le "chiffre" de nuit.
M. Filion: Oui, donc, vous n'étiez pas sur le "chiffre" de
nuit dans la nuit du 18 au 1??
M. Lemay: C'est ça. Mais là, je suis maintenant
rendu au "chiffre" de nuit.
M. Filion: D'accord.
M. Lemay: Je suis au biberon là, puis...
M. Filion: Le 1? décembre 1?86, vous recevez le coup de
téléphone de M. Pagé, qui a duré combien de
temps?
M. Lemay: Peut-être trois, quatre minutes.
M. Filion: Trois, quatre minutes. Suite à quoi... Vous me
corrigerez. J'établis un petit peu la chronologie des appels et vous me
corrigerez. L'appel de M. Pagé vers ? h 30, c'est bien ça?
M. Lemay: Approximativement, là.
M. Filion: Approximativement. Alors, appel à M. Carrier.
Quand j'emploie à, c'est vous qui le logez.
M. Lemay: C'est exact.
M. Filion: Appel à M. Carrier. Appel à M. Garon
mais vous parlez à Mme Lecours.
M. Lemay: Non. J'ai parlé avant... Après avoir
parlé à M. Carrier, j'ai attendu un certain délai en
pensant que M. Lessard me rappellerait. Puis, là, O. K., c'est correct.
J'ai appelé Mme Lecours,
M. Filion: C'est ça.
M. Lemay: M. Garon, j'y ai parlé par la suite. O. K. C'est
correct.
M. Filion: Non, ce que je voulais dire, c'est que vous aviez
logé l'appel pour M.
Garon mais que vous aviez parlé à Mme Lecours.
M. Lemay: À Mme Lecours, c'est ça.
M. Filion: Appel à Mme Lecours. Alors, l'appel à
Mme Lecours se situe grosso modo combien de temps après l'appel à
M. Carrier?
M. Lemay: Je ne me souviens pas...
Le Président (M. Lorrain): Bon là, vous allez
m'excuser. Excusez-moi! J'ai manqué votre question.
M. Filion: Ma question était... Écoutez, on va
recommencer depuis le début...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, seulement cette
question.
M. Filion:... ne serait-ce que pour le bénéfice.,.
Non, mais alors combien de temps s'est écoulé entre l'appel de M.
Pagé et l'appel à M. Carrier? Environ?
M, Lemay: Probablement dans les minutes suivantes là.
Écoutez, je ne me souviens pas si j'ai dû appeler M. Carrier qui
était occupé et qu'il m'a rappelé. Je ne me souviens pas
des détails mais en tout cas, cela s'est fait... Disons que l'ensemble
des appels s'est fait dans l'espace d'environ une heure, une heure et quart
peut-être.
M. Filion: D'accord. O. K. Donc, appel à M. Carrier et
appel à M. Garon.
M, Lemay: Je n'ai pas fait d'autre travail pendant ce
temps-là.
M. Filion: D'accord. Appel à M. Garon mais vous parlez
à Mme Lecours. Appel à M. Lessard...
M. Lemay: C'est ça.
M. Filion: Appel de M. Garon?
M. Lemay: Exact.
M. Filion: Appel de M. Garon?
M. Lemay: Oui. Puis j'ai fait après ça un appel
dans l'après-midi au bureau de M. Garon - il en a parlé - qui n'a
jamais été retourné d'ailleurs.
M. Filion: Est-ce que vous avez fait d'autres appels, d'autres
communications durant la journée du 1? décembre, relativement
à ce pourquoi nous sommes ici aujourd'hui?
M. Lemay: Oui, j'ai parlé... Attendez
un petit peu là. J'ai parlé aux Affaires municipales.
Est-ce que j'ai parlé à Mme Robert, sous-ministre, ou non? Non,
je ne me souviens pas à qui là, pour savoir, une fois la question
de privilège soulevée ou bien avant la question de
privilège... Avant que la question de privilège soit
soulevée, je n'ai pas fait d'autres appels, c'est certain.
M. Filion: Après la question...
M. Lemay: Mais une fois, comme j'ai dit, que la question de
privilège avait été soulevée et qu'elle avait pris
la tournure que moi je ne m'attendais pas d'aucune façon, là,
j'ai essayé de parler à du monde du bureau du ministre des
Affaires municipales, je pense que c'est à la sous-ministre, Mme Robert.
Mais, honnêtement, je ne peux pas vous certifier ça. J'ai dit:
Qu'est-ce qui se passe? Qu'est-ce qu'on fait? Bien là, ils nous ont dit:
Écoutez, là, c'est au niveau politique. Nous autres, on est
fonctionnaires. Notre travail est fini, nous autres. Quand !a commission
parlementaire a été terminée, au niveau des fonctionnaires
autrement dit, là, ça tombe à l'Assemblée nationale
et ça ne regarde plus les fonctionnaires, sous-ministres ou autres.
Est-ce que j'ai fait d'autres appels que ça? Est-ce que j'ai
aussi appelé Mme Lecours dès que j'ai su que la commission de
privilège était sortie, en disant: Qu'est-ce qui se passe
là? J'ai demandé à M. Garon qu'il me rappelle.
Je veux avoir des explications, qu'est-ce qui se passe. J'étais surpris
de ça puis, là, Mme Lecours m'a dit: Ah! - elle dit - on en
reparlera en commission parlementaire. C'est là que j'ai dit: Woup!
Commission parlementaire; Puis j'ai pas eu de rappel après ça de
M. Garon. J'ai appelé aussi au bureau de M. Pagé, laissé
le message, après les questions de privilège, qu'il me rappelle
pour que j'explique, recevoir des explications, qu'est-ce qui se passe, puis
j'ai pas eu de rappel non plus du bureau de M. Pagé.
Avant la question de privilège, j'ai eu les appels dont on a
déjà parlé, donc, de M. Pagé; ensuite, j'ai
téléphoné à M. Carrier; j'ai
téléphoné à Mme Lecours pour qu'elle écrive
en rouge sur un papier en disant à M. Garon: Rappelez, c'est très
urgent. J'ai parlé très brièvement à M. Lessard,
puis, pendant cet appel-là, j'ai terminé l'appel en disant: Bien,
M. Garon est sur la ligne. J'ai parlé à M. Garon pour lui
expliquer la situation, puis j'ai eu un rappel où M, Garon m'a
rappelé brièvement pour me dire que c'était bien M.
Pagé, puis des questions précises, là. À ce
moment-là, j'ai dit: Sortez pas ça en Chambre, là. Puis,
après, au niveau de la question de privilège, c'est un
journaliste de la Presse canadienne qui m'a appelé, il me semble,
pour me dire, pour me demander si j'étais au courant de ce qui se
passait en
Chamhre, puis qu'un tel avait déclaré çi, l'autre
avait déclaré ça, puis il voulait avoir mes commentaires.
Bon. J'ai dit: Ecoutez, je suis pas en Chambre, je sais pas ce qui se passe en
Chambre puis j'ai pas de commentaires à faire, mais j'ai dit: Là,
je vois que je suis comme un "punching baq" entre politiciens. Le lendemain,
ça été le titre du journal. Mais, après, j'avais
des appels au bureau de M. Garon et M. Pagé pour avoir des explications,
qu'est-ce qui se passe, là, j'ai été vraiment surpris puis
j'ai eu aucun rappel de ces appels-là, ni cette
journée-là, ni jusqu'à aujourd'hui d'ailleurs.
M. Filion: L'appel que vous avez logé au bureau de M.
Pagé dans la journée du 1? décembre, vous l'avez
logé à quel endroit, d'abord?
M. Lemay: Je me demande si j'ai pas laissé le message
à une secrétaire seulement, écoutez, je peux pas me
souvenir.
M. Filion: Au cabinet de M. Pagé?
M. Lemay: Oui, oui. À son bureau, en tout cas, au
numéro que j'ai pour son cabinet.
M. Filion: Quelle heure était-il?
M. Lemay: Je ne peux pas vous dire. C'est une fois que la
question de privilège a été soulevée, ça; je
suis convaincu de ça.
M. Filion: Mais, approximativement?
M. Lemay: C'est avant le dîner. Il me semble que c'est
avant le dîner, là, mais je ne peux pas vous préciser
d'heure.
M, Filion: C'était avant le dîner?
M. Lemay: Bien, il me semble. Écoutez, peut-être
bien que je suis allé dîner à 1 heure, mais il me
semble.
M. Filion: À ce moment-là, pourquoi, M. Lemay,
avez-vous appelé M. Pagé à ce moment-là...
M. Lemay: Bien, je voulais savoir... M. Filion:... avant
l'heure du dîner?
M. Lemay: Je voulais savoir qu'est-ce qui s'était
passé en Chambre. Le journaliste m'a dit: Ils parlent de vous en
Chambre. Qu'est-ce qu'ils disent à mon sujet? Je veux le savoir, autant
je voulais le savoir de M. Garon que de M. Pagé, puis M. Garon aussi,
qu'est-ce qui se passe avec notre loi, puis j'ai su que notre cas a
passé sur l'heure du souper, que la loi est passée. Ça,
j'ai jamais su comment elle est passée, de quelle façon.
Mais je voulais être informé de la situation, en fait.
M. Filion: O. K.
M. Lemay: II y avait un développement que j'avais pas
prévu puis, là, je voulais savoir ce qui se passait, je semblais
être impliqué là-dedans. J'étais
intéressé à savoir ce qui se passait.
M. Filion: En deux mots, pour savoir ce qui se passait en
Chambre, vous hésitiez pas à appeler au bureau de M. Pagé,
mais pour savoir comment dénouer l'impasse de l'échange des
projets de loi 272 et 132, là, vous hésitiez à parler
à M. Pagé.
M. Lemay: C'est pas une question d'hésitation,
écoutez.
M. Filion: Ou vous l'avez pas fait.
M. Lemay: On m'informe qu'en Chambre M. Garon fait une question
de privilège, bon, puis il parle à M. Pagé, puis il parle
de moi. Moi, j'ai parlé aux deux dans la journée. Bien, mon
réflexe, c'est d'appeler les deux puis de leur dire: Aie! Qu'est-ce qui
se passe donc? On s'est compris ou on s'est pas compris? C'est le
réflexe que j'ai eu. J'ai commencé par appeler au bureau de M.
Pagé, il me semble, le bureau de M. Garon, je sais pas lequel des deux.
Ça devait être simultané, je pouvais pas parler à ni
un ni l'autre. J'avais le message que: II va rappeler. Je laissais mon nom, mon
numéro de téléphone, mais vous dire à quelle heure
exactement puis lequel j'ai parlé avant. C'est évident que quand
j'ai entendu parler de question de privilège puis de menaces puis de
pressions que j'aurais faites, là, je comprenais plus rien, là.
Les événements se sont précipités, je peux pas vous
dire lequel j'ai appelé en premier puis à quelle heure. Ça
s'est fait à peu près simultanément, là, ça
s'est fait assez vite. (11 heures)
M. Filion: M. Lemay, ma question était la suivante:
Pourquoi ne pas avoir appelé, ou parlé, ou échangé,
ou discuté avec M. Pagé sur le problème de
l'échange du projet de loi 272 avec le 132, alors que vous
n'hésitiez pas à l'appeler pour savoir ce qui se passait en
Chambre.
Vous vous sentiez suffisamment à l'aise de l'appeler pour obtenir
de bonnes informations, mais vous n'avez pas voulu discuter avec lui de
l'échange des projets de loi.
M. Lemay: J'ai répondu, hier, à la première
partie de votre question. La question de discuter sur les échanges de
projets de loi, à mon avis, c'est une question qui était d'ordre
politique, puis j'aimerais mieux me référer au parrain de la loi
qui m'indique quelle démarche je devais faire. Maintenant, de dire que
je me sentais à l'aise pour lui demander ce qui se passait en Chambre,
bien là...
M- Filion: M. Lemay, je sais que vous avez rédigé un
aide-mémoire que vous avez remis à différentes personnes
et qui n'a jamais été déposé a la commission. Vous
pouvez vous y référer.
M. Lemay: J'aimerais bien le déposer aussi le
mémoire qui a d'ailleurs déjà été lu en
entier par des gens de votre groupe à mon bureau.
M. Filion: M. Lemay.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: Je n'ai pas posé de question. Comment on
peut... ?
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de
règlement.
M. Doyon: Le député de Taillon vient de faire
allusion à un document et dans sa question il indique que ce document
n'a pas été déposé. I! semble en faire reproche au
témoin. Je vous ferai remarquer, M. le Président...
M. Filion: Non, je n'en fais pas reproche.
M. Doyon:... que le dépôt n'a été
demandé par personne et que s'il veut avoir ce document
déposé à la commission, il appartient au
député de Taillon d'en faire la demande. Je suis sûr que le
témoin se fera un plaisir de le déposer et cette partie de la
remarque était totalement inutile, M. le Président.
Le Président (M, Lorrain): C'est ce que vous aviez
demandé. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement,
M. Chevrette: Encore faudrait-il que le député de
Taillon soit maître de sa preuve le temps qu'il a la parole. D'accord? II
a le droit de relater des faits et de poser des questions.
Que je sache, il n'a fait aucun
reproche, contrairement à ce que le député de
Louis-Hébert a dit, M. le Président. Il a juste dit: Vous avez
rédigé un mémo. Vous en avez fait allusion à
plusieurs reprises, puis là il a été question de
règlement.
M. Doyon: Pas à cette commission.
M. Chevrette: Il n'est pas encore déposé à
cette commission.
M. Doyon: II n'y a pas eu de demande.
M. Chevrette: Ce n'est pas un reproche.
M. Doyon: II n'y a pas eu de demande.
M. Chevrette: C'est une situation de fait. Le mémoire
circule partout, mais on ne l'a pas encore.
M. Doyon: Vous ne l'avez pas demandé. Le Président
(M. Lorrain): Non, non.
M. Filion: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): Je veux reconnaître un...
Avez-vous d'autres interventions?
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, sur la question de règlement.
M. Doyon: Je dirai tout simplement que si on veut avoir un
document devant cette commission auquel le témoin s'est
référé, il est élémentaire qu'on demande le
dépôt et si on ne demande pas le dépôt, on n'a
qu'à s'en prendre à soi-même et non au témoin et
c'est ce que fait indirectement le député de Taillon. Il souligne
que vous avez distribué cela à tout le monde, à la presse,
nous on n'en a pas copie, cette commission n'en a pas été saisie.
Si on veut l'avoir, il appartient au député de Taillon, qui a la
parole, d'en demander le dépôt et c'est tout simplement ce que je
lui suggère de faire s'il veut l'avoir. S'il ne veut pas l'avoir, c'est
parce que cela ne l'intéresse pas, c'est parce qu'il a peur, c'est parce
qu'il ne veut pas que la commission en prenne connaissance. C'est la
raison.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. D'accord. Sur la
dernière intervention sur la question de règlement, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Sur la question de règlement, c'est important
de toujours mettre le témoin dans la situation et de ne pas poser des
questions qui sortent de nulle part. Je mets le témoin en situation
comme cela se fait très souvent.
Ce que j'ai dit ici qui précédait ma question, parce que
je n'ai pas posé de question, ce sont uniquement des faits qui sont
indiscutables, indiscutés et connus de tout le monde autour de la table.
Alors, à ce moment-là, c'est comme si je disais au témoin:
Vous avez témoigné hier. Pas besoin de lui poser une question:
Est-ce que vous avez témoigné hier?
Je le mets en situation en quelque sorte et en ce sens-là, il n'y
a pas aucune méprise, sauf du côté du député
de Louis-Hébert quant à ce qui vient d'être dit qui n'est
pas un élément de litige ou même d'interrogatoire, c'est
juste une mise en situation.
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision quant à la question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, deuxième
intervention.
Le Président (M. Lorrain): Non. Je ne reconnais que deux
interventions.
M. Filion: Cela fait déjà deux fois.
M. Doyon: Que la deuxième, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non. Vous aviez fait la
première intervention. C'est vous qui avez logé la question de
règlement et...
M. Doyon: Vous n'avez pas intervenu à ce
moment-là.
Le Président (M. Lorrain): Non. Ce sont deux
interventions. Alors, je vous donne raison, M. le député de
Louis-Hébert. On ne peut pas, non pas faire allusion, mais il y a un
consensus d'intervenu sur l'article 33 pour les dépôts de
documents. Il faut que ce soit par un membre ou par un témoin. Il n'y a
pas eu cette demande, ni par le témoin, ni par un membre, mais depuis
une journée et demie, Me Lemay réfère et très
ouvertement en prenant le cahier dans ses mains et dit: Ce sont des notes que
j'ai dictées la journée même et même, en voulant
dire: Je les ai données "at large" à tous ceux qui les veulent et
je réfère continuellement à ces notes-là pour mieux
me rappeler, ça fait trois mois. On peut l'interroger parce qu'à
plusieurs reprises, c'est sur ce document que s'est appuyé, un document
qui semble être en liasse et qui était accompagné de
d'autres copies de lettres qui ont déjà été
déposées, je pense, depuis quelques jours ici. Alors, je
vous permets de poser des questions sur le document. Et si jamais vous
demandez, M. le député de Taillon, de le déposer, il sera
obligé de le déposer et même plus que cela, si le
témoin décide dans quelques minutes de le déposer, je vais
le déclarer pertinent. Avec tout ce que vous avez dit Me Lemay, vous
vous êtes toujours servi de ce document-là pour répondre
aux questions depuis deux jours. Il est pertinent. Je n'hésiterai aucune
minute à déclarer la pertinence. Alors, M. le
député de Taillon.
M. Filion: D'accord. Alors...
Le Président (M. Lorrain): Des questions directes, M. le
député de Taillon. Excusez-moi, M. le député de
Taillon. Je pense que Me Lemay veut...
M. Filion:... consul...
M. Lemay: M. le Président, évidemment, comme je
vous l'ai déjà indiqué, je n'étais pas familier
avec les règles, avec les 38 points sur lesquels vous avez convenu. Il
me semble qu'à quelques reprises, j'avais dit: S'il faut le
déposer, je vais le déposer. C'était l'offre que je
faisais. Là, je l'offre. Je demande de le déposer. Même,
j'insiste pour le déposer. C'est le document qui était
demandé dans le duces tecum et je l'ai apporté la première
journée. Donc, j'aimerais qu'il soit déposé, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): II y a personne, Me Lemay, qui
vous fait le reproche de vouloir cacher ce document ou de... Il n'y a pas
personne qui a insinué que vous vouliez... Que vous travailliez de
façon...
M. Lemay: J'avais compris...
Le Président (M. Lorrain):... ouverte avec ce
document.
M. Lemay:... que ça prenait des consentements.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Lemay: J'ai dit: S'il faut qu'ils consentent, je vais attendre
qu'il y en ait un qui me le demande. Mais...
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais lire pour votre
bénéfice, Me Lemay, le paragraphe 33 qui est intervenu. C'est un
consensus entre les deux formations politiques. Dépôts de
documents: "Les témoins et les membres pourront déposer des
documents si ceux-ci sont jugés pertinents par le président. "
Alors, vous pouvez et les membres aussi peuvent. Le président seul peut
juger de la pertinence des documents, des demandes de documents qui sont
à être déposés.
Maintenant, dans ce document, Me Lemay, que vous demandez, si je
comprends bien, maintenant le dépôt - oui, je vais vous
reconnaître après - est-ce qu'il n'y a que vos notes personnelles
sur le témoignage que vous avez fait ou s'il y a encore de nouvelles
lettres qu'on ne connaît même pas...
M. Lemay: Non, non...
Le Président (M. Lorrain):... que personne... Il faudrait
se limiter aux notes sur lesquelles...
M. Lemay: Oui.
Le Président (M. Lorrain):... vous avez...
M. Lemay: Je vais...
Le Président (M. Lorrain): Monsieur le demande.
M. Lemay:... répondre à votre question, M.
le...
Le Président (M. Lorrain): Bon, avant de faire quoi que ce
soit, d'accepter le dépôt de votre document, je vais entendre sur
une question de règlement...
M. Filion: Question de règlement.
Le Président (M, Lorrain):... par M. le
député de Taillon.
M. Filion: II n'y a personne, il n'y a aucun membre de la
commission qui demande le dépôt. Â ce moment-là, je
vous soumets et mon collègue de Gouin me corrigera, mais il n'y a
personne autour de la table qui demande le dépôt du document.
À ce moment-là, vous n'avez pas à vous prononcer sur la
réception d'un document alors qu'il n'y a aucun membre qui en demande le
dépôt.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur cette question de règlement?
M. Doyon: Oui...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, sur la même question de règlement, M.
le Président. Je pense que vous venez de faire lecture sur le consensus
qui est intervenu. Jusqu'à maintenant, le document n'a pas
été déposé pour deux raisons. La première,
c'est qu'aucun des
membres de cette commission n'en ont demandé le
dépôt - ça, c'est véridique -même si le
témoin, à de nombreuses reprises, et vous l'avez noté
vous-même, a référé abondamment à ce document
qu'il a dicté le soir même du 19 décembre. Mais, aucun des
membres, enfin de notre côté, nous, on n'a pas interrogé le
témoin. Alors, on n'a pas eu l'occasion de demander te
dépôt parce qu'on n'a pas posé de questions au
témoin. Donc, le témoin, n'ayant pas répondu à des
questions posées par nous qui l'auraient obligé à
référer à ses notes, ne nous a pas permis, ne nous a pas
mis dans la situation d'être en mesure de demander au témoin de
déposer le document.
Maintenant, la deuxième raison, c'est que le témoin
lui-même, et il explique pourquoi, n'avait pas jusqu'à maintenant,
pour les raisons qu'il vient d'indiquer, demandé le dépôt
de ce document-là. Dans les circonstances et compte tenu du consensus,
il vient de dire qu'il était prêt à déposer, qu'il
voulait déposer et qu'il insistait pour déposer le document.
Cette commission n'a d'autre choix, M. le Président... Vous avez
déjà déclaré que le document était, d'une
façon très claire, pertinent. Dans les circonstances, M. le
Président, vous n'avez d'autre choix que d'accepter le
dépôt de ce document d'autant plus, M. le Président, qu'il
circule déjà publiquement et que la commission serait la
dernière à l'avoir en main. C'est quelque chose qui n'est pas
normal, c'est anormal. Dans les circonstances, M. le Président, vous
n'avez d'autre choix que d'accepter même si les membres ne l'ont pas
demandé parce que le témoin le demande, d'accepter le
dépôt du document. Nous sommes prêts à le recevoir
comme nous sommes prêts à recevoir tous les documents qui sont
pertinents, tous les documents qui sont de nature à éclairer la
commission. Nous n'avons rien à cacher. Nous ne jouons pas un jeu de
cache-cache. Nous essayons pas de mettre sous la couverture des documents qui
feraient pas notre affaire. Notre objectif premier là-dedans, c'est
d'éclairer le plus totalement et d'une façon la plus
évidente possible, limpide possible cette commission et si ce
document-là peut servir à éclairer la commission, nous
l'accueillons les bras ouverts, M. le Président. Nous vous demandons
d'appliquer le consensus qui est intervenu.
Le Président (M. Lorrain): Une dernière
intervention sur la question de règlement. M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je suis en train de me
demander si on va mettre un terme à la commission et demander à
tout le monde de nous rendre un témoignage par écrit à
partir de questions qu'ils auront imaginées eux-mêmes.
Je vais répéter, vous n'avez pas l'air à
saisir.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. La question de
règlement, c'est sur le dépôt de document.
M. Rochefort: Non, non, M. le Président. Bien oui, je suis
là-dessus, je vais recommencer. Je vais répéter, M. le
Président. J'imagine que vous allez m'écouter attentivement. Je
suis en train de me demander sur la question de règlement -c'est mon
intervention - si, M. le Président, nous ne mettrons pas fin à la
forme que la commission a connue jusqu'à maintenant pour demander aux
témoins de témoigner par écrit à partir de
questions qu'ils auront imaginées eux-mêmes, parce que tel est le
sens de la décision devant laquelle nous sommes placés.
M. le Président, le témoin nous dit: Pour bien me rappeler
tout cela sachant que je serais probablement un jour convoqué quelque
part, j'ai dicté tout ce dont je me rappelais de ce qui s'était
passé dans une note personnelle à laquelle je pourrais
référer éventuellement au cours d'un éventuel
témoignage. Ça, c'est une chose, c'est un document de
référence au même titre, M. le Président - je ne
compare pas, mais c'est dans le même ordre - qu'il a avec lui son
conseiller juridique, à qui il peut référer sur des
questions en cours de témoignage. Ça c'est une chose.
M. le Président, ce n'est pas un document pertinent au sens de ce
que nous avons demandé dans le subpoena et au sens des discussions qui
sont intervenues au cours des conversations. Un document pertinent, c'est une
lettre de M. Lemay à M. Pagé dans le cadre du projet de loi; un
document pertinent, c'est une copie du projet de loi; un document pertinent,
c'est le mémoire de présentation du projet de loi à
l'ensemble des hommes et des femmes politiques impliqués.
M. le Président, on est en train de nous dire qu'on va
déposer, ici, un document sans savoir vraiment ce qu'il y a dedans, qui
pourrait même, M. le Président, brimer les droits des
parlementaires de soulever des objections à certaines parties du
témoignage, qui pourrait brimer les droits des parlementaires, M. le
Président, de soulever des objections à ce qu'on fasse allusion
à des choses ou à ce qu'on présente les choses d'une
certaine façon alors, M. le Président, qu'on se retrouverait avec
un document qui, dans les faits, à partir même des propos du
témoin qui dit: C'est un aide-mémoire que je me suis fait. Donc,
M. le Président, l'aide-mémoire, oui, il l'utilise pour
répondre aux questions verbales qui lui sont adressées et qui
commandent des réponses verbales, mais au fur et à mesure, M. le
Président, de façon à ce que les droits des membres de
la
commission soient respectés tout au cours du processus.
Là, M. le Président, on est en train de déposer un
document qu'on n'a pas vu, qu'on ne sait pas ce qu'il y a dedans. On se fait
dire: C'est un aide-mémoire, mais on ne sait pas jusqu'à quel
point c'est un aide-mémoire qui est uniquement centré sur les
événements ou qui déborde un peu. M, le Président,
moi je maintiens qu'il ne s'agit pas là d'aucune façon d'un
document pertinent au sens du subpoena qui a été envoyé ou
au sens des discussions qui sont intervenues à la commission de
l'Assemblée nationale.
M. le Président, accepter ça comme dépôt, ce
serait au fond demander, M. le Président, de remplacer le
témoignage verbal par un témoignage écrit sur lequel nous
n'aurions aucune possibilité d'intervention quant à des
objections. Les seules objections que, maintenant, on pourrait faire valoir, M.
le Président, c'est auprès de vous comme président, mais
vous n'êtes même pas le juge, où on pourrrait dire:
Même si à la page 32, il y a telle affirmation, M. le
Président, on s'objecte à ce que la cour en prenne
considération. Mais, on n'est pas devant une cour, vous n'êtes pas
le juge. M, le Président, après cela on serait pris après
cela avec un document sur lequel on aura été brimé dans
nos droits de parlementaires. D'aucune façon, M. le Président,
d'aucune façon le témoin, lui, ne sera brimé par le
non-dépôt de son document puisqu'il nous dit que c'est un
aide-mémoire pour répondre convenablement et correctement aux
questions qui lui sont adressées. (11 h 15)
M. le Président, et j'imagine que le témoin ne
répondra pas et ce n'est pas sûrement l'orientation que vous avez
prise jusqu'à maintenant, à des questions qui ne lui sont pas
adressées. Donc il ne sera d'aucune façon brimé. Pour
chacune des questions qui lui seront adressées il pourra
référer à son document et y répondre à
partir d'aide-mémoire. Pour les questions qui ne lui seront pas
adressées, il n'aura pas de réponse à fournir et donc pas,
M. le Président, à insinuer une pertinence quelconque à un
document sur lequel il n'aura pas été questionné. M. le
Président, je répète: je veux attirer profondément
votre attention sur la notion de document pertinent, dans le subpoena, dans nos
règles, dans nos discussions.
Document pertinent, M. le Président, je vous rappelle
vous-même votre intervention il y a trois jours, quand j'ai
demandé personnellement le dépôt du mémoire qui
accompagnait les lettres que Me Lemay a fait parvenir à un certain
nombre de ministres pour les sensibiliser à son projet de loi. Vous avez
dit: C'est pas vrai qu'on va déposer ici un document dont on ne
connaît pas la teneur. Ça été même les propos
du député de Frontenac, leader adjoint du gouvernement, les deux,
M» le Président, les vôtres et ceux du député
de Frontenac: On ne déposera pas un document dont on ne connaît
pas la teneur. M, le Président, la technique que j'ai utilisée:
J'ai dit à ce moment-là au témoin - je pense que
c'était M. Carrier: Pouvez-nous nous lire le mémoire. Vous avez
dit: Arrêtez ça, ça pas de bons sens. J'ai dît: M, le
Président, s'ils veulent déposer au lieu de le lire, je suis
d'accord. Donc vous aviez une objection quant à la pertinence, parce
qu'on ne savait ce qu'il y avait dans le document. Mais là on le sait
pas ce qu'il y a dans ce document, M. le Président, et on n'a pas
à savoir ce qu'il y a dedans qui ne serait pas relatif à une
question adressée verbalement par un membre de la commission.
M. le Président, d'autre part, je veux rappeler une
décision que vous avez rendue aussi, où vous nous avez
formellement dit -même si ça m'agaçait, et on a
respecté votre décision jusqu'à ce jour, à partir
du moment où vous l'avez rendue - vous nous avez dit: Je ne prendrai en
considération aucun élément ou événement
postérieur à la journée du 19 intervention en Chambre
où était soulevée une question de privilège. M. le
Président, au dire même du témoin, ce document était
produit après que ta question de privilège soit soulevée
à l'Assemblée nationale. Parce qu'avant, il ne savait pas que
ça se produirait, il ne savait donc pas qu'il y aurait peut-être
une commission parlementaire à laquelle il serait peut-être
convoqué, et pour laquelle il pensait, à raison, d'avoir
peut-être besoin d'un aide-mémoire. M. le Président, ce
qu'on est en train de vous demander, si je comprends bien, c'est de changer une
décision que vous avez rendue comme quoi en aucun moment, pour aucune
considération, dans aucune circonstance, nous avez-vous bien dit, vous
n'accepteriez qu'on...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rochefort:... fasse référence à un
événement...
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
sur la question de règlement,
M. Lefebvre: À l'intérieur même de
l'argumentation du député de Gouin, il y a des choses avec
lesquelles je serais absolument en désaccord. Il fait
référence à une décision que vous auriez rendue qui
n'est pas du tout ce que vous avez rendu.
Le Président (M. Lorrain): À la
décision.
M. Lefebvre: Le député de Gouin est
en train de reprendre une de vos décisions. Sauf qu'il la modifie
carrément et essentiellement. On ne peut pas, M. le Président,
accepter une interprétation du député de Gouin, face
à une de vos décisions qui est aussi erronée.
Le Président (M. Lorrain): J'ai pris bonne note. Et on a
le cahier de toutes les décisions ici. Je voudrais que vous arriviez
à votre conclusion. Je pense que je vous ai donné beaucoup de
temps sur la question de règlement. Votre dernière
intervention.
M. Rochefort: C'est une question, M. le Président,
fondamentale pour le déroulement des travaux de notre commission et pour
le sens à donner à notre commission.
Le Président (M. Lorrain): Alors je vais...
M. Rochefort: Je répète: Vous avez rendu une
décision. J'étais ici. Ça m'a particulièrement
agacé, parce que je vous ai même soulevé une question de
règlement sur votre décision.
Le Président (M. Lorrain): Je vais faire le lien.
M. Rochefort: Je l'ai respecté, M. le Président,
comme quoi des éléments postérieurs...
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision.
M. Rochefort:... ne pouvaient être pris en
considération. Qu'est-ce que vous pouvez me donner, vous, M. le
Président, comme assurance qu'il y a dans ce document rien qui concerne
un événement postérieur à la question
soulevée par le député de Lévis à
l'Assemblée nationale? Vous ne l'avez pas lu le document,
vous ne pouvez pas me dire qu'il y a rien dans ça. Donc, vous ne pouvez
accepter le dépôt du document, parce que vous pourriez,
vous-même, mettre en jeu une décision que vous avez
déjà rendue.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais
délibérer pour quelques minutes. La décision naturellement
sera rendue en vertu du 32 du consensus qui est intervenu, l'article 33,
l'autre consensus qui est intervenu, en vertu également de l'article 51
qui parle de la Loi de l'Assemblée nationale sur les témoins,
également en vertu du duces tecum qui accompagnait le subpoena dont a
reçu Me Lemay et dont j'ai le texte ici, signé par le
secrétaire de ta commission. C'est en vertu de ces principes et
également, il va de soi, j'ai pris bonne note des deux interventions de
M. Hébert. Je prends très bonne note de vos interventions. Pour
que je puisse juger de la pertinence, il faut... Comme hier soir j'ai
demandé à M. le leader de l'Opposition de prendre connaissance
d'un document; si je veux juger de la pertinence, je vais faire la même
chose dans ce cas-là. Je vais demander à Me Lemay. Je vais
être le seul qui vais en prendre connaissance et je vais rendre ma
décision en vertu des deux consensus de la loi de l'Assemblée, du
duces tecum et du grand principe de la pertinence.
M. Chevrette:... de la commission parlementaire, M. le
Président. Je m'excuse là.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): C'est pas un
procès....
M. Filion:... c'est des décisions que vous êtes en
train...
M, Chevrette: Non, mais vous êtes en train de fixer un
cadre à votre décision.
Le Président (M. Lorrain): Bien, je m'en vais
délibérer là.
M. Chevrette: Vous me permettez sur la question de
règlement. Vous êtes en train de fixer un cadre à votre
propre délibération et à votre propre sentence à
rendre. Je m'excuse, M. le Président, on n'est pas dans des auditions de
mémoires. On est dans une commission d'enquête. La loi des
commissions d'enquête, M. le Président, je vous
référerai aux articles ]3 de la loi des commissions
d'enquête et vous verrez que c'est pas des témoignages
écrits pour figer et enlever le droit des parlementaires.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président, parce qu'on argumente trop de choses.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je suis estomaqué d'entendre le leader faire
référence à la loi des commissions d'enquête, alors
qu'on s'est battu du côté de l'Opposition pour, justement, que la
commission ne se fixe pas de règles. C'est fort probablement dû
à ça qu'on se retrouve à tout bout de champ dans toutes
sortes de confusions. C'est qu'il n'y en a pas de règles. C'est
carrément faux de dire qu'on est régi par la loi des commissions
d'enquête. Il n'y en a pas de règles depuis cinq, six, sept jours.
On est pris avec ça, M. le Président.
Je voudrais également, M. le Président, parce que le
député de Gouin a soulevé un fait qui donne ouverture
à un autre débat, à savoir que vous auriez
décidé qu'il n'y a aucun fait survenu après le 19
décembre qui serait pertinent. Vous avez jamais dit ça. Ce serait
carrément ridicule qu'on ne puisse pas invoquer des
événements survenus après le 19 décembre pour
évaluer ce qui s'est passé le 19 décembre. D'ailleurs, on
en a parlé d'événements, M. le Président, qui se
sont passés après le 19 décembre. Je me souviens
très bien que le témoin Lemay a fait référence
à une rencontre qui aurait pu se faire entre et M. Pagé et M.
Garon, après le 19 décembre. C'est un fait à ce
moment-là qui a été admis en preuve, qui était
considéré comme étant pertinent à l'époque.
Alors, M. le Président, il ne faut quand même pas
mêler...
M. Chevrette: Sur la question...
M. Lefebvre:... il ne faut pas quand même mêler les
pommes et les oranges. On débat présentement la question
suivante: Est-ce que la déclaration préparée par le
témoin Lemay, qui est un aide-mémoire, peut être
déposée? Est-ce que ce document-là peut
être considéré comme étant un document
pertinent? C'est ça la question à laquelle vous devez
répondre et rien d'autre, M. le Président.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Une dernière
intervention...
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... sur votre question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vous ferai remarquer, M. le Président,
que le témoin a admis qu'il avait un aide-mémoire qui avait
été dicté vers les sept heures du soir, le 19, et
corrigé le 5 janvier, qui aurait pu être corrigé aussi,
entre vous et moi, à la veille d'entrer ici en Chambre. Si on veut
donner un traitement particulier pour un aide-mémoire à un
témoin, on va permettre à tous les témoins qui vont
circuler ici de vous préparer un aide-mémoire sur l'ensemble de
leur témoignage alors qu'eux, on ne leur a pas dit qu'ils avaient ce
privilège à ce moment-là, je m'excuse, et aux membres de
la commission. Donc, ça marche pas ça. Moi, je vous
demanderais...
M. Lefebvre: M. le Président, sur la même
question.
M. Chevrette:... de rendre au plus vite votre décision,
parce que c'est important pour les débats et je pense que c'est
important pour les droits des parlementaires de questionner un témoin et
non pas à partir d'un mémoire qui circule depuis hier, M. le
Président, qui a été lu effectivement par des membres, de
nos employés. Je pense que le témoin a dit ça tantôt
et, effectivement, on le sait, et que ç'a été
distribué a la presse, parce que j'ai vu Bédard de Radio-Canada
avoir une copie. Je sais qu'il y a d'autres journalistes et la copie a
été remise par Me Lachapelle au vu et au su de tout le monde. Et
puis, il y a eu également d'autres personnes qui l'ont lu, d'autres
journalistes qui l'ont lu. À ce moment-ci, M. le Président, il me
paraît que l'on doit, comme parlementaires, avoir le privilège de
questionner un témoin, non pas à partir de textes figés
mais à partir des événements qu'on connaît ou qu'on
a essayé de connaître.
Deuxièmement, c'est pas parce qu'un témoin a
distribué à gauche et à droite des mémos ou des
aide-mémoire pour des fins qui lui sont propres à lui, que
ça a un intérêt pour la commission d'enquête ici.
Le Président (M. Lorrain): Donc, j'ai reconnu les deux
interventions...
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... sur la question de
règlement.
M. Filion: Sur la question soulevée par le
député de Frontenac...
Le Président (M. Lorrain): Non, c'est sur la question de
règlement de M. le leader de l'Opposition - avant que j'aille
délibérer -qu'il a soulevée. Cela fait deux interventions.
Je reconnais la dernière maintenant de la formation ministérielle
sur la question.
M. Doyon: M. le Président, on a eu, au cours des
témoignages qui durent là depuis, on est à notre
deuxième journée avec le même témoin devant nous.
Les références ont été abondantes à ce
document-là. En aucun moment, M. le Président, il est ressorti
que les références qui étaient faites à même
le document n'aidaient pas la commission à éclaircir certains
points et à obtenir des renseignements que nous n'aurions pas obtenus
autrement.
Nous, M. le Président, et je suis surpris de voir la bataille
d'arrière-garde que fait l'Opposition à ce sujet-là. Cela
me surprend beaucoup. On a déjà des indications très
claires que c'est un mémoire qui a été
préparé à la première occasion quand le
témoin s'est aperçu que, possiblement, son témoignage
serait important. Nous, ce que nous disons de ce côté-ci, M. le
Président,
c'est que la commission doit disposer de tous les éléments
de preuve qui sont de nature à l'éclairer. L'Opposition est en
"train de nous dire: II y a des choses qui doivent rester cachées et
vont rester cachées parce qu'on ne juge pas bon de poser des questions
sur ces éléments-là parce qu'on risque, et ils viennent de
le dire en toutes lettres, c'est qu'on a pris connaissance... Nous n'en avons
pas pris connaissance alors je suis bien à l'aise, moi, d'en parler, M.
le Président, je ne le sais pas ce qu'il y a dans ce
mémoire-là, je ne sais pas ce qu'il y a dans cette
note-là, mais je suis bien à l'aise d'en parler. Sauf que
l'Opposition semble le savoir et l'Opposition sait probablement qu'il y a des
éléments là-dedans qui ne font pas son affaire.
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon:... alors à ce moment-là, M. le
Président...
M. Filion: Sur la question de règlement.
M. Doyon:... à ce moment-là. M. le
Président, je n'ai pas terminé.
M. Filion: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, M. le député de Louis-Hébert, il y a
une question de règlement sur ce que...
M. Filion: Sur la question de règlement.
M. Doyon: Bien oui, mais on a laissé parler nos...
Le Président (M. Lorrain): Non, mais sur un des
commentaires que vous venez de porter...
M. Lefebvre: M. le Président, sur la même question
de règlement. Le député de Gouin, M. le Président,
a pu parler à l'aise pendant au moins dix à douze minutes tout
à l'heure.
M. Filion: Non, non, mais...
M. Lefebvre: Qu'on laisse aller M. le député de
Louis-Hébert, cela va très bien.
Le Président (M. Lorrain): Je vais l'entendre.
M. Filion: Dans le dernier...
Le Président (M. Lorrain): Brièvement, s'il vous
plaît. M. le député de Taillon.
M. Filion:... 30 secondes de sa question...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Dans le dernier 30 secondes de sa question de
règlement, de son exposé ou de son argumentation sur la question
de règlement, le député de Louis-Hébert est en
train de bâtir un scénario imaginaire dans lequel il prête
des intentions, des objectifs à l'Opposition, ce qu'il n'a pas le droit
de faire, M. le Président. Qu'il veuille argumenter sur la question de
règlement, malheureusement, moi, je n'y aurai pas droit, apparemment,
c'est très bien, mais qu'il vienne nous prêter des intentions, des
objectifs ou quoi que ce soit, c'est carrément à l'encontre de
notre règlement.
Une voix: C'est beau, cela.
Le Président (M. Lorrain): Non, ne prêtez pas... Je
pense qu'il est important qu'on n'essaie pas de tenter de découvrir ou
de dire que peut-être l'une des deux formations va faire quelque chose
dans les heures qui vont suivre, ne discutez que sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, conformément à
vos instructions, notre formation politique tient, contrairement à ce
qui peut se passer ailleurs, et cela, je n'identifie personne, mais je peux
vous dire ce- qu'on veut nous autres par exemple*, ce qu'on veut, c'est toute
la vérité avec tous les moyens dont on dispose, que ce soit par
témoignage verbal, que ce soit par documents, que ce soit par tous les
moyens qui sont possibles. Si le témoin avait un vidéo à
nous présenter, M. le Président, on l'accepterait ce
vidéo-là. Il a un document en main, c'est le document qu'on veut.
On est prêt à prendre tous les moyens qui sont nécessaires
pour savoir et pour faire la preuve de ce qui s'est passé le 19
décembre ou pas. Dans les circonstances, M. le Président, on a
pris des précautions pour cela; on s'est servi de l'article 51 de loi et
le témoin a été assiqné avec un duces tecum en
vertu de cet article-là et je vais en donner lecture pour montrer qu'on
sait où on s'en va et qu'on n'a pas peur de ce qui va arriver. L'article
51 se lit comme suit, M. le Président, et je le porte à votre
attention: "L'Assemblée ou une commission peut assigner et contraindre
toute personne à comparaître devant elle, soit pour
répondre aux questions - ce qu'il est en train de faire - qui lui seront
posées soit pour y produire toute pièce qu'elle juge
nécessaire à ses actes, enquêtes et
délibérations. " Nous avons donc, M. le Président,
prévu l'éventualité qui arrive aujourd'hui parce que nous
n'avons pas voulu nous faire reprocher d'aucune façon
que des éléments resteraient cachés et que le
témoin ne serait pas en mesure de faire tout l'éclairage dont il
est capable et pour lequel il est ici.
Dans les circonstances, M. le Président - et vous aviez
cadré votre délibéré - je vous invite à
tenir compte des arguments que nous avons soulevés, de tenir compte de
la loi, de tenir compte du duces tecum, de tenir compte d'une remarque que,
spontanément, vous avez faite tout à l'heure quand j'ai
soulevé la première question de règlement, alors que vous
avez cru saisir que le député de Taillon - et on relèvera
les galées - faisait un reproche déguisé au témoin
de ne pas avoir produit.
À ce moment-là, M. le Président, ce que vous avez
dit, c'est que: si demande m'était faite - oui, M. le
Président... (11 h 30)
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon: Oui, M. le Président, si demande m'était
faite de produire ce document-là, que je n'aurais aucune
hésitation, et je vous cite verbatim, M. le Président: je
n'aurais aucune hésitation, disiez-vous, à le déclarer
pertinent et a en accepter la production. C'est ce que vous disiez. Alors, M.
le Président, nous attendons votre décision, mais nous pensons
que nous avons toute raison de croire que vous permettrez, pour la bonne marche
de cette commission, la production de ce document-là, compte tenu de
tout ce que je vous ai dit.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais le prendre en
délibéré.
M. Chevrette: J'ai une question à vous poser, moi.
Le Président (M. Lorrain): Pas une question de
règlement sur la même question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, avant que vous quittiez. Le
témoin a affirmé, depuis le début de son
témoignage, qu'il n'a pas parlé à personne depuis le 19
décembre. Comment il se fait que, dans le duces tecum, il savait qu'il
avait rédigé un mémoire? Prenez-le en note, le duces
tecum.
M. Lefebvre: M. le Président, sur la même...
Le Président (M. Lorrain): Je ne saisis pas.
M. Lefebvre:... question par le...
Le Président (M. Lorrain): Je veux comprendre comme il
faut.
M. Lefebvre: C'est un fait nouveau.
Le Président (M. Lorrain): Oui, je vais vous
reconnaître après.
M. Doyon: D'accord.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas saisi.
M. Chevrette: Bon, je vais vous l'expliquer. Dans le duces tecum,
qui est le supboena avec duces tecum de la partie ministérielle, le
témoin a été convoqué pour apporter avec lui les
notes et sa déclaration qu'il aurait signée suite au
témoiqnage. Vous ne vouliez même pas le savoir qu'il y avait une
note, un mémo, un aide-mémoire. C'est quasiment textuel à
ce qu'il a fait. Il y a toujours des limites. Il y a des choses qui paraissent
drôles ici, puis je veux au moins les soulever quand elles sautent, que
c'est d'une évidence totale. Il y a du monde qui va falloir qui crache
tantôt un peu la vérité.
Le Président (M. Lorrain); J'ai le subpoena, M. le leader
de l'Opposition, j'ai tous les documents, j'ai la copie du consensus et j'ai la
copie du subpoena avec le duces tecum au complet ici signé par le
huissier.
M. Chevrette: Correct.
M. Filion: M. le Président...
M. Lefebvre: M. le Président, sur la même
question.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur la même question
là.
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition a, à deux reprises,
et il vient de récidiver, remis en question l'intégrité du
témoin Lemay et, tout à l'heure, il a fait
référence au fait que le témoin aurait pu aussi bien
rédiger le document auquel on fait référence à une
autre date que le 19 décembre ou le 5 janvier. Autrement dit, le leader
de l'Opposition est à prétendre que le témoin Lemay ne dit
pas la vérité sous serment. Ça commence à
être sérieux comme attaque de la part du leader de l'Opposition
vis-à-vis le témoin Lemay, M. le Président, et je vous
inviterais à rappeler au leader que des assertions de cet
ordre-là, ça devient un peu danqereux. Il faudrait quand
même être assez prudent.
Si on prétend que le témoin Lemay ne dit pas la
vérité sous serment, qu'on ait le courage de le dire
carrément, mais qu'on arrête de tourner autour du pot.
Le Président (M. Lorrain): Bon, en
délibéré...
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas le
témoin... Je m'excuse, sur la question de règlement... Le
député de. Louis-Hébert vient de faire une longue tirade,
une longue sortie sur l'éventualité ou la possibilité de
déposer. Il s'est même basé sur un article de
règlement. Et je vous ai dit qu'il y avait de ces hasards. C'est que
dans le duces tecum de la partie ministérielle, comme par hasard, il
demande une déclaration. Le témoin dit ne pas avoir parlé
à personne depuis ce temps-là. J'ai dit qu'il y a des hasards qui
nous obligent à forcer la vérité, oui. C'est clair et je
le maintiens ici.
M- Lefebvre: M. le Président, je veux savoir si le leader
de l'Opposition - et c'est très important - considère,
prétend que le témoin Lemay ne dit pas la vérité
sous serment. Est-ce que c'est cela que le leader de l'Opposition
prétend?
Le Président (M. Lorrain): Je ne pense pas...
M. Lefebvre: Dites-le clairement, oui ou non?
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Lefebvre: C'est ça la question, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez une minute. Je
ne pense pas, M. le leader, que vous vouliez dire ça...
M. Lefebvre: Et le leader de l'Opposition a fait
référence au fait que te témoin Lemay aurait pu
rédiger le document à une autre date que le 19 décembre ou
le 5 janvier, alors que c'est ce que le témoin nous dit sous serment, M.
le Président, c'est ça la question.
Le Président (M. Lorrain): Je m'adresse à tous les
députés de cette commission...
M. Lefebvre: Alors, si vous avez le courage de vos opinions,
dites-le clairement qu'il ne dit pas la vérité sous serment.
M. Chevrette: J'ai aucune leçon de courage à
recevoir du député de Frontenac. Quand j'aurai quelque chose
à dire, je vais le dire.
M. Lefebvre: Alors, soyez clair, soyez clairl
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Je ne pense pas qu'on ait à porter un jugement
immédiatement sur le contenu des témoignages. Je le
répète, il y a une enveloppe de temps prévue à la
fin de cette commission et chacun des côtés de la Chambre pourra
argumenter. Vous pourrez aussi argumenter à l'Assemblée nationale
lors d'un débat. À ce que je sache, chacun des
députés ici et tous les témoins qui viennent ici ont
l'immunité, et la déclaration que j'ai lue au tout début
s'applique à tous les témoins et à tous les membres de
cette commission qui sont députés.
Maintenant, il va de soi que, si on commence à insinuer quoi que
ce soit ou qu'on tente d'obtenir des réponses, et qu'un
côté, pendant une demi-heure, fait son affaire et un autre
côté... Écoutez, on n'aura jamais le vrai portrait de ce
qui est arrivé en décembre dernier...
M. Lefebvre: Sauf qu'on... ce qui arrive lorsqu'on est juge et
partie...
Le Président (M. Lorrain): ...J'aimerais rendre ma
décision...
M. Lefebvre: Lorsqu'on est juge et partie, M. le
Président, on s'expose...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je n'accepte pas ce
commentaire-là...
M. Lefebvre: ...à faire des sorties auxquelles on vient
d'assister depuis une demi-heure...
Le Président (M- Lorrain): ...Je n'accepte pas... M. le
député de Frontenac, cette décision...
M. Lefebvre: On peut pas être juge et partie.
Le Président (M. Lorrain): Cette décision, elle est
rendue, M. le député de Frontenac, et je veux pas qu'on revienne
là-dessus. Il y a une décision qui a été rendue le
premier après-midi.
M. Lefebvre: Je reviens sur la situation inconfortable du leader
de l'Opposition.
M. Filion: Le député de Frontenac devrait
s'exprimer ailleurs, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): J'ai décidé
là-dessus. Alors, je suspends, je suspends et je vais rendre ma
décision. Les travaux sont suspendus.
(Suspension de la séance à 11 h 36)
(Reprise à 12 h 25)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Suite à la question de règlement et surtout suite à
la demande, c'est de cette
façon que la question de règlement a été
introduite il y a à peu près 35 à 40 minutes. Il y a eu
une demande de la part du témoin, Me Lemay, de déposer des
mémos de son dossier d'avocat dont j'ai pris connaissance et dont nous
avons plusieurs pris connaissance il y a quelques minutes.
Je vais situer la question de règlement qui m'a été
posée et pour qu'on se comprenne tous, il y a deux consensus qui
étaient intervenus: un c'est l'article 32 de la production de
pièce par les témoins qui réfère à l'article
51 de la Loi sur l'Assemblée nationale. Je lis cet article qui a
été lu par un des intervenants tout à l'heure:
"L'Assemblée ou une commission peut assigner et contraindre toute
personne à comparaître devant elle, soit pour répondre aux
questions qui lui seront posées, soit pour y produire toute pièce
qu'elle juge - qu'elle juge, c'est-à-dire le témoin -
nécessaire à ses actes, enquêtes ou
délibérations". L'article 32 de notre consensus dit: "La
commission respectera l'article 51 de la Loi sur l'Assemblée nationale".
Le deuxième consensus intervenu entre les députés avant le
début de cette commission: dépôt de documents. Les
témoins et les membres pourront déposer des documents si ceux-ci
sont jugés pertinents par le président.
Dans un premier temps, je suis obligé de faire la mise au point.
Ce n'est pas parce qu'un député, ici, ou une formation politique
va assigner un témoin avec duces tecum, avec une liste peut-être
même exhaustive de certains documents qui devront ou qui sont à la
demande, à être déposés, qui font que ces documents
sont automatiquement pertinents parce qu'ils font partie d'un duces tecum. Peu
importe les documents, et je pourrai donner l'exemple, j'ai examiné tous
les duces tecum relativement à Me Lemay, Aucun des membres de cette
commission n'a demandé à Me Lemay de produire son compte
d'honoraires dans le dossier de la loi qui nous préoccupe concernant la
question de privilège de M. le député de Lévis. Et
pourtant, ce serait un document qui pourrait être pertinent. Cela
décrit très bien toutes les démarches, toutes les heures
que Me Lemay a décrites. Ce n'est pas parce que ce n'est pas dans le
duces tecum ou parce qu'on demande à un avocat ou à un
témoin de produire une pièce que cela devient pertinent. C'est
l'article 33, le consensus sur lequel vous êtes intervenus. Je me dois de
décider s'il y a pertinence ou pas aux documents qui vont être
déposés pour apporter toujours, et c'est l'objectif premier, je
pense, de tous les membres ici, un éclairage le plus complet possible de
la commission et de ses membres.
Je répète un peu ce que j'ai dit le premier
après-midi lorsque nous avons commencé nos travaux. Ce n'est pas
un procès, ce n'est pas une enquête préliminaire. On n'est
pas devant un tribunal administratif. Nous ne sommes pas encadrés devant
une commission statutaire avec quelques articles du règlement et nous ne
sommes pas également à la période de questions à
l'Assemblée nationale.
L'attitude que j'ai prise depuis le début, c'est de tenter autant
que possible et je vais tenter encore durant toutes les heures et les jours que
ça durera... Je pense pas que personne ici et ce n'est pas mon
rôle en tant que président de séance de cette commission de
tenter de jouer à la cachette, essayer de mettre des embûches ou
des clôtures entre des parties, des totalités de preuve qui
devraient être présentées pour que les 12
députés, les 15 députés puissent se faire une
idée précise avant de porter un jugement sur ce qui est
arrivé le 19 ou avant le 19 décembre 1986,
II y a un argument extrêmement important qui a été
apporté par M. le député de Gouin. J'ai
révisé deux décisions quant è la pertinence des
faits et les questions qui... posé la preuve admissible ici. Je n'aurais
pas pu répondre à un de vos points de droit lorsque vous avez
fait la question de règlement tors de votre intervention si je n'avais
pas pris connaissance, et je m'y dois pour juger de la pertinence, à
savoir ce qu'il y a dans les documents.
Je vous dis tout de suite, jamais, tel que je l'ai mentionné dans
les deux décisions précédentes, des faits
postérieurs - je dis bien postérieurs - à la question de
privilège du 19 décembre et la passation de la loi du 19
décembre, les lois en question qui nous concernent, ne seront
admissibles en preuve. Je m'empresse aussi d'ajouter que dans le mémo,
les notes personnelles de l'avocat, il ne relate que des choses
antérieures ou du 19 décembre. II n'y a pas, il n'y a aucun fait
postérieur ou quoi que ce soit au 19 décembre. Cela concerne...
C'est ni plus ni moins des notes personnelles dont Me Lemay s'est servies pour
se préparer et comme on fait dans chacun des dossiers quand on a un
mandat à justifier, un compte d'honoraires, ou peu importe. Ce sont des
notes personnelles qui racontent en gros ce qu'il est venu dire.
Mais il y a quelque chose qui est extrêmement important et dont je
dois apporter l'attention. À date, j'ai averti une ou deux ou trois
reprises, depuis une journée et demie, à Me Lemay de ne pas
porter de jugements sur des comportements, soit de M. le député
de Lévis ou de M. le ministre Pagé, à quelques
reprises.
Et j'ai aussi dit ça, je pense, une fois, à M. Carrier et
je n'accepterai qu'aucun témoin, que ce soit M. Carrier ou un autre qui
va venir, porte des jugements sur des réactions de... Ils peuvent
décrire leur situation à eux, leur réaction à eux,
leur appréciation, en tant qu'avocat.
Si c'était Me Lachapelle qui avait eu ce dossier-là, il
aurait peut-être réagi différemment. Mais c'est Me Lemay;
il nous décrit son appréciation. Alors, il y a des jugements qui
ont été portés par Me Lemay depuis le début de son
témoignage et je pense que, tous et chacun, vous allez les mettre de
côté, puisque les seuls qui vont juger, les seuls qui vont
apprécier, les seuls qui vont arriver à une conclusion, c'est
vous, ici, les membres de la commission.
Et dans le document, il n'a pas de jugement postérieur ou global
ou quoi que ce... Pas dans le jugement, dans le document personnel - excusez -
de Me Lemay, il n'y a pas de jugement global ou quoi que ce soit et s'il y en
a, c'est une allusion à un passage dans lequel Me Lemay a
témoigné à plusieurs reprises là-dessus très
ouvertement et vous direz: On l'accepte ou on ne l'accepte pas. C'est vous qui
allez décider de la pertinence de la preuve et vous allez
pondérer cette preuve-là et vous allez argumenter tout à
l'heure.
Il y a plus que ça. Il y a un débat qui va se transposer
à l'Assemblée nationale après l'avoir fait ici. Et c'est
là que chacun appréciera la preuve qui est
démontrée ici.
Mon rôle, c'est un rôle d'ouverture. Moi, ce que je dois
tenter, c'est de faciliter les choses pour qu'on ait une preuve la plus
complète possible et la vérité la plus complète
possible. Mais les faits antérieurs, je ne veux pas revenir
là-dessus, il n'y en a pas - postérieurs, c'est-à-dire. Il
y n'y en aura jamais qui seront acceptés ici.
Alors, il est très, très, très important que, peu
importe l'événement, je n'accepterai jamais et je n'aurais pas
accepté, comme hier soir j'ai accepté, le dépôt de
deux documents à votre demande, M. le leader de l'Opposition. Mais j'ai
bien mentionné que les projets de loi dont je ne me rappelle pas le
numéro - peut-être... 102, 101, 22 - que ce n'était pas
pertinent, mais je ne pouvais pas défaire le document, puis effacer,
puis seulement garder ce qui avait lien à la loi que parrainait M. le
député de Lévis.
En vertu des deux consensus, en vertu de l'article 51 de la Loi sur
l'Assemblée nationale et après avoir pris connaissance du
mémo personnel de Me Lemay et en faisant la réserve suivante...
Et je la fais pour tous les membres de l'Assemblée nationale et
également pour Me Lemay. Votre document, Me Lemay, ne vient corroborer
en rien votre témoignage.
Votre document servait pour vous... C'est votre document personnel qui
vous a servi pour vous rafraîchir la mémoire et venir dire... En
aucun temps, ce document ne peut venir ou être considéré...
et je n'accepterai pas qu'aucun membre de cette commission vienne dire ou
insinuer que ce document vient corroborer une partie, la totalité ou
quoi que ce soit du témoignage de Me Lemay.
Mais il y a aussi une autre chose que je suis obligé de vous
avertir. À partir du moment... et je vais l'accepter... le
dépôt de ce document, vous pouvez être contraignable sur ce
document. On peut vous contredire des parties du témoignage que vous
avez rendu verbalement, étant donné que ce sont vos notes
personnelles à vous et non pas de M. Pagé, de M. le
député de Lévis ou de qui que ce soit.
Alors, je voudrais que ça soit extrê-ment clair entre tous
les membres de la commission de l'Assemblée et suite à une
lecture très attentive avec mes conseillers, après avoir
examiné les deux consensus intervenus, examiné l'article 51 de la
loi et entendu Me Lemay et pris des notes pendant plus d'une journée et
demie, je considère que le document qui est demandé par Me Lemay
est pertinent.
Maintenant, avant de continuer l'interrogatoire, j'ai une remarque
à faire, M. le leader de l'Opposition, suite à, des fois, des
insinuations, pas nécessairement de vous, des insinuations qu'on peut
porter, que peut-être, moi, par erreur, je vais porter aussi, par oubli,
par fatigue ou peu importe le membre, ici, de cette commission...
Advenant le cas - et là, je m'adresse aux deux côtés
de cette Chambre - qu'il y a un témoignage de qui que ce soit, de
quelque témoin que ce soit qui va venir témoigner, qui n'a pas
témoigné ou qui a déjà témoigné ou
qui va revenir témoigner, parce qu'il y en a déjà qui sont
annoncés, et qu'il ne fait pas l'affaire d'une formation politique, je
vous dis tout de suite que le règlement de l'Assemblée nationale,
l'article de la loi que je lis peut toujours s'appliquer.
Et ce n'est pas durant notre recherche de la vérité qu'on
va porter des jugements sur les témoins qui vont venir ici. Â la
fin, tout notre règlement prévoit s'il y a quelqu'un qui se
parjure et tout cela, cela ne fait pas partie de notre commission, ce sera une
autre question de privilège ou encore une poursuite devant les tribunaux
pénaux s'il y a lieu, mais ce n'est pas ici, durant la recherche de la
vérité et l'audition des témoins, qu'on va commencer
à porter, soit à qualifier disons seulement les
témoignages des gens. Je suis certain, et je n'ai pas à statuer
là-dessus, je suis président de séance, qu'il y a
certainement des parties de témoignages à date qu'on a entendus
qui ne font pas l'affaire du gouvernement et il y a certainement des parties de
témoignages qui ne font pas l'affaire de l'Opposition et ce n'est pas
terminé, on en a encore pour plusieurs heures et plusieurs jours et
d'autres témoins.
Alors, on appréciera cela aux argumentations et vous aurez
l'occasion dans d'autres lieux et devant la télévision et devant
l'Assemblée nationale d'apprécier
toute cette preuve globalement une fois que tous les témoins
auront été entendus. J'accepte, à votre demande Me Lemay,
tel que le consensus nous le permet et avec tous les arguments que j'ai dits,
le dépôt de votre... Je m'excuse, juste une seconde. Oui, j'ai
peut-être oublié un élément important de ma
décision, un élément très important de ma
décision, ce document qui va être déposé, à
la demande de M. Lemay, qui est des notes personnelles, ne limite en aucune
façon l'interrogatoire des députés membres de la
commission de l'Assemblée nationale. Ce n'est pas le jardin, ce n'est
pas les paramètres, ce n'est pas le périmètre, ce n'est
pas l'encadrement. Votre preuve, c'est vous qui la décidez, c'est
vous... S'il y a des choses qui n'apparaissent même pas dans cela, vous
pouvez, je ne le sais pas moi Me Lemay a peut-être oublié de nous
dire... D'ailleurs, depuis que vous l'interrogez, M. le député de
Taillon et les dernières questions de M. le député de
Roberval, il y a des choses qu'on a entendues ce matin sur lesquelles personne
n'avait interrogé depuis une journée et quelque chose. Cela ne
limite pas... Ce ne sont que des notes personnelles qui ne sont peut-être
pas complètes, qui sont peut-être partielles, mais j'accepte
qu'elles soient déposées parce qu'elles sont vraiment pertinentes
et ne portent pas sur des faits postérieurs. Oui. Fin de ma
décision. M. le député de Gouin,
M. Rochefort: Oui, M. le Président, juste avant...
Le Président (M. Lorrain): D-20.
M. Rochefort: ...qu'on donne une cote.
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Premièrement, M. le Président, je
voudrais demander à M. Lemay s'il souhaite toujours que ce document soit
déposé compte tenu de ce que vous venez de présenter. Il y
a un élément qui pourrait l'inciter à ne pas demander.
Le Président (M. Lorrain): Je viens de rendre une
décision extrêmement détaillée. Me Lemay, est-ce que
vous demandez toujours...? C'est vous qui avez fait la requête.
M. Lemay: Oui, mais regardez, selon ce que j'ai compris de
l'article que vous avez cité pour les subpoenas, c'est quand un
témoin peut déposer un document qui est utile, je vous dis que ce
document m'a été utile et m'est utile dans mon témoignage.
Maintenant, si cela fait tout un plat et que les gens ne veulent pas que je le
produise, c'est bien évident que...
Le Président (M. Lorrain): Non» j'ai rendu une
décision, je vous demande si vous demandez toujours, sinon ma
décision va valoir quand même pour d'autres...
M. Lemay: Non, j'accepte votre décision avec les limites
et contraintes que vous avez posées à l'effet que je pourrais
être interrogé sur le mémo.
Le Président (M. Lorrain): Parfait.
M. Lemay: Je suis bien conscient de cela.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: J'aimerais savoir si vous avez pris connaissance de
précédents de décisions de même nature qui auraient
été rendues, par exemple à l'occasion de la commission sur
la Raie James.
Le Président (M. Lorrain): Nous avons pris
connaissance...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Un instant. Je veux juste
répondre à cela parce que...
M. Rochefort: Rien oui mais, M, le Président, cela
n'infirme pas votre décision, je la respecte comme chaque fois, je vous
pose une question: est-ce qu'on a pris en considération des
précédents sur la même question qui se sont
déroulés à la commission de la Baie James?
Le Président (M. Lorrain): Nous avons lu et j'ai lu avant
et lors de la période des négociations avec les deux leaders,
c'est de cette façon qu'on est arrivé à des consensus,
mais des consensus qui diffèrent beaucoup aussi de ceux de la Raie
James. Je ne peux jamais en aucun temps prendre la Baie James comme telle,
parce que c'était une commission - laissez-moi finir - statutaire que
j'ai dit au tout début de cette commission, complètement
différente de la commission de l'Assemblée nationale, avec des
règles et des normes complètement différentes,
composée différemment, avec un objectif bien différent.
J'ai consulté, oui, il y a trois semaines, j'ai même... Je me suis
tapé - permettez-moi l'expression - les lectures épouvantables
de.- longues parce qu'il fallait que je fasse cela pour pouvoir négocier
avec les deux leaders. Mais ce matin, je n'ai pas à répondre
là-dessus, c'est une question hypothétique. J'ai pris le cas
comme tel, pour rendre ma décision.
M. Rochefort: Je vous demande... M. le Président,
j'ai...
Le Président (M. Lorrain): II y a trois semaines, oui.
M. Rochefort: Ce n'est pas une question hypothétique, je
vous demande s'il y a des décisions qui ont été rendues
dans le cadre de la commission de la Baie James sur des demandes de
témoins ou de membres de la commission de déposer des
aide-mémoire.
Le Président (M. Lorrain): Oui. M. Rochefort: Oui
ou non?
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais j'ai un consensus que
je n'avais pas et à la Baie James, ce n'était pas ce
règlement-là,
M. Rochefort: Donc, vous n'avez pas vérifié
cela?
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, oui. M. Rochefort:
Bien les avez-vous... ?
Le Président (M, Lorrain): Avant, il y a trois semaines,
j'ai tout lu.
M. Rochefort: Bon, alors est-ce qu'il y en a des
précédents?
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... qui ne se comparent pas.
Chaque cas est un cas d'espèce.
M. Rochefort: Correct.
Le Président (M. Lorrain): Je répète, M. le
député de Gouin, la Baie James s'est faite dans une commission
statutaire sous l'ancien règlement. Ici, c'est une question de
privilège avec un nouveau règlement et devant la commission de
l'Assemblée nationale, avec une sanction et une possibilité de
débat avant la commission et une possibilité de débat en
assemblée. Tout cela n'existait pas sur la question. D'abord la question
de... Je ne veux pas revenir là-dessus, sur la Baie James, il n'y avait
pas de sanction, il n'y avait pas de reproche, il n'y avait rien, ça
finit là, c'est comme ça. M. le leader de l'Opposition. D-20, si
vous me permettez.
M. Chevrette: M. le Président, je considère votre
décision comme un précédent dont les autres témoins
pourront se servir.
Le Président (M. Lorrain): D-20, la cote. M. le
député de Taillon, c'est vous qui aviez la parole.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Vous êtes toujours en
interrogatoire de Me Lemay.
M. Filion: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, vous voulez ajouter
quelque chose avant de...
M. Lemay: Je voulais simplement préciser que le document,
que j'ai remis tantôt à l'assistante qui a pris la copie, c'est
que j'ai remis une copie du mémo comme tel. Le mémo
réfère à des pièces qui, dans la majorité
des cas, ont déjà été produites. C'est pour
ça que j'ai pas donné le document relié.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay...
M. Lemay: Je vous indique que si jamais il y a des pièces
qu'ils veulent avoir, comme il y a des copies d'avis dans les journaux, je suis
disponible là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, les
députés décideront de leur preuve et de la façon de
la faire...
M. Lemay: O. K.
Le Président (M. Lorrain):... et décideront ce
qu'ils veulent bien avoir. Me Lemay, on va laisser aller les
députés, les membres de cette commission vous interroger.
M. Lemay: O. K. Le deuxième point, M. le Président,
avec votre permission, pour la continuation des travaux, évidemment, on
n'est pas maîtres de la procédure mais on a des difficultés
avec Me Lachapelle pour demain matin. Je ne sais pas mais est-ce que je vous
soumets le problème que demain matin, on ne serait pas disponibles. Je
ne sais pas là, si d'ici l'ajournement, vous pourrez trouver une
solution.
Le Président (M. Lorrain): Non, j'aimerais vous voir
après avec les deux leaders. Je voudrais pas discuter ça en
pleine commission.
M. Lemay: O. K.
Le Président (M. Lorrain): Me Lachapelle, Me Lemay avec
les deux leaders de chaque formation, après mais pas durant les
travaux.
M. Lemay: Ça va.
M. Rochefort:... pour tous les membres de la commission.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui. Mais les deux
leaders, je pense, vont nous dire ce qui en est, si c'est possible ou pas. Je
commencerai pas à négocier à savoir si un avocat viendra
pas ou...
M. Rochefort:... de la disponibilité d'un
témoin.
Le Président (M. Lorrain): Avec les deux leaders, oui,
mais hors travaux.
M. Rochefort:... la disponibilité des témoins.
Le Président (M. Lorrain): Hors commission. Là, il
est à notre disponibilité et il voudrait prendre 20 minutes pour
interroger Me Lemay.
M. Rochefort:... de la disponibilité des
témoins.
Le Président (M. Lorrain): De la part de M. le
député de Taillon. Écoutez, M. le député de
Gouin, si vous faites une motion, que cela soit discuté
immédiatement. Je vais demander à votre leader, qui est
porte-parole pour l'interrogatoire et à M. le député de
Frontenac, si vous êtes d'accord. Moi, je suis ouvert à tout. Moi,
ce que je veux, c'est que ça fonctionne. Moi, je viens d'offrir de pas
répondre à Me Lemay tout de suite et commencer une discussion
avec un témoin qui n'en est pas un, Me Lachapelle. Le problème,
c'est Me Lachapelle... Je veux discuter ça en dehors des travaux. Si
vous me dites que votre formation, vous voulez en discuter tout de suite. Je
vais discuter tout de suite. Moi, je suis ouvert. Écoutez, c'est...
Une voix: D'un autre côté, M. le
Président...
M. Rochefort: Moi, je vous le dis honnêtement, je ne
souhaite pas que la discussion se fasse, même pas. Je ne vois pas en quoi
il y aurait discussion sur une disponibilité de témoin.
Le Président (M. Lorrain): Ah! Bien sûr. Mais les
deux leaders ont dit et moi aussi je ne me gênerai pas pour le dire, mais
après. Je voudrais pas faire ça tout de suite. Je pense bien que
M. le leader de l'Opposition et M. le député de Frontenac vont me
rappeler... Je peux pas composer... On verra là. Je ne sais même
pas pourquoi mais je vous dis que je vais en discuter par exemple avec les deux
leaders. Ça va? Pardon?
M. Rochefort: Je vous ai donné ma position.
Le Président (M. Lorrain): Je l'ai bien notée et je
pense que les deux leaders aussi. M. le député de Taillon, vous
avez la parole.
M. Filion: Merci, M. le Président. A few hours later. On
faisait la chronologie des appels téléphoniques qui avaient
été reçus, que vous aviez faits et que vous aviez
reçus. Vous nous disiez et je voudrais revenir sur les trois derniers
appels téléphoniques. Celui aux Affaires municipales, celui
à M. Garon, celui à M. Pagé.
M. Lemay:... où la question de privilège a
été soulevée, vous voulez dire?
M. Filion: C'est ça. Après que la question de
privilège a été soulevée. La question de
privilège, là, est venue, à votre connaissance, par, comme
vous avez signalé tantôt, une communication avec un
journaliste.
M. Lemay: Me semble que c'est ça. La première fois
que j'en ai entendu parler là... En tout cas, c'est peut-être au
début de l'après-midi... Écoutez... Je peux pas vous
préciser. Je me souviens qu'un journaliste m'a appelé de la
Presse canadienne. Est-ce que c'était la première fois que j'en
entendais parler ou non? En tout cas, j'en ai entendu parler avant de rappeler
M. Garon parce que quand j'ai rappelé la secrétaire de M. Garon,
dans l'après-midi, j'étais au courant. Je voulais savoir ce qui
s'était passé. Ça fait que là, au niveau des
heures, honnêtement, je peux pas, j'ai pas de note pour préciser
ça.
M. Filion: Le dernier coup de téléphone que vous
avez adressé... D'abord le seul coup de téléphone que vous
avez adressé à M. Pagé, dans la journée du 19,
ç'a été un coup de téléphone, dites-vous?...
D'abord, est-ce que vous êtes bien sûr qu'il y en a eu seulement
un?
M. Lemay: J'ai appelé rien qu'une fois au bureau de M.
Pagé?
M. Filion: Oui. M. Lemay: Oui.
M. Filion: Vous n'avez appelé qu'une seule fois au bureau
de M. Pagé.
M. Lemay: Oui, puis il n'était pas là. J'ai pas pu
lui parler.
M. Filion: Et le bureau de M. Pagé ne vous a appelé
qu'une seule fois, le 19 décembre?
M. Lemay: Oui. Le premier téléphone, le matin.
M. Filion: D'accord. Vous n'avez pas eu d'autres communications
téléphoniques avec le personnel de M. Pagé durant la
journée du 19 décembre?
M. Lemay: Non.
(12 h 45)
M. Filion: Bon. Donc, le premier coup de téléphone,
il était 9 h 30, c'était un appel de M. Pagé. Le
deuxième téléphone, vous m'avez dit plus tôt, ce
matin, a eu lieu dans l'avant-midi. C'était un coup de
téléphone à M. Pagé pour savoir ce qui se passait
en Chambre.
M. Lemay: Au bureau de M. Pagé. Je n'ai pas parlé
à M. Pagé.
M. Filion: À la fin de l'avant-midi, à l'heure du
dîner, écoutez... D'accord.
M. Lemay: Dans le milieu de la journée, disons. Je n'ai
pas d'heure précise à donner. Je n'ai pas de souvenir d'heure
précise, mais c'est une fois que j'ai eu des nouvelles qu'une question
de privilège avait été soulevée en Chambre.
M. Filion: Ces nouvelles, M. Lemay, vous sont venues par un
journaliste qui vous a appelé.
M. Lemay: Je vous ai dit tantôt qu'un journaliste m'en a
parlé. Est-ce que je l'ai su autrement avant? Je ne m'en souviens pas.
En tout cas, je l'ai su à tout le moins...
M. Filion: Oui, mais M. Lemay, vous allez faire un petit effort.
Vous n'avez pas vécu beaucoup de questions de privilège dans
votre vie. Je voudrais savoir s'il est exact que vous m'avez dit ce matin que
vous avez su qu'il y avait une question de privilège par le journaliste
qui vous a appelé.
C'est ce que vous m'avez dit ce matin. Si vous voulez modifier votre
réponse...
M. Lemay: J'ai dit cela ce matin. Vous pouvez relire les notes.
J'ai dit cela ce matin. Vous me le reposez et est-ce que c'est la
première fois que j'en ai entendu parler à ce moment-là?
Je ne me souviens pas de l'heure exacte que cela s'est fait, mais je sais que
quand j'ai appelé au bureau de M. Garon - je ne sais pas à quelle
heure. Sa secrétaire a peut-être cela en note - la fois que j'ai
appelé pour laisser le message, je le savais. Est-ce que je le savais
par M. Garon ou. non... c'est-à-dire par le journaliste. Le journaliste
m'en a parlé. Est-ce le deuxième ou le premier?
M. Filion: Oui, mais M. Lemay, qui vous a parlé le premier
du fait qu'il y avait une question de privilège en Chambre? II
m'apparaît que c'est suffisamment important pour que cela frappe la
mémoire de n'importe quel individu, y compris les députés
eux-mêmes.
M. Lemay: Ecoutez, je ne peux pas vous le dire, je ne le sais
pas. Le premier là?
M. Filion: M. Lemay, vous m'avez dit ce matin: C'est le
journaliste qui me l'a appris. Dans la note D-20, vous dites que te journaliste
vous a appelé vers 17 heures. Or, vous m'avez également dit ce
matin que vous aviez parlé, que vous avez appelé au bureau de M.
Pagé l'avant-midi.
M. Lemay: Sur la fin de l'avant-midi. Donc, ce n'est pas le
journaliste qui me l'a appris le premier, si je conclus.
M. Filion: Donc, il y a une de vos réponses qui ne marche
pas quelque part.
M. Lemay: Bien, qui ne marche pas...
M. Filion: Prenez votre temps. Cela ne compte pas sur mon temps.
Je vous repose la question: Qui vous a appris qu'il y avait une question de
privilège en Chambre? Ce n'est pas un détail.
M. Lemay: Je suis embêté de vous le dire. Je ne me
souviens pas. Dans les communications que j'avais eues, je vous avais dit que
j'avais eu des communications avec le bureau du ministre des Affaires
municipales où on m'a dit: C'est une question politique. J'avais aussi
parlé avec quelqu'un du bureau du leader ou du chef de l'Opposition pour
savoir ce qui se passait. Est-ce que c'est cette personne qui m'a dit qu'il y
avait une question de privilège ou non?
M. Filion: Alors donc, dans la liste des appels que vous avez
faits et logés ce jour-là, si je vous ai bien compris, il y en a
un nouveau qui vient de s'ajouter.
M. Lemay: Un nouveau. Je ne l'ai peut-être pas dit
tantôt. J'ai eu au moins un appel téléphonique d'une
personne du bureau de M. Johnson.
M. Filion: Bon, Vous avez logé un appel ou vous avez
reçu un appel?
M. Lemay: Je pense que j'ai logé un appel.
M. Filion: Non, mais le chef de l'Opposition vous ne l'appelez
pas tous les jours. Alors, est-ce que, oui ou non, vous avez reçu, vous
avez logé un appel au
bureau du chef de l'Opposition sur la teneur de votre témoignage,
la journée du 19 décembre?
M. Lemay: Je ne me souviens pas si j'ai logé ou si j'ai
reçu un appel, mais j'ai parlé à quelqu'un du bureau de M.
Johnson ou du chef de l'Opposition le 19 décembre.
M. Filion: M, Lemay, vous êtes à votre bureau le 19
décembre 1986. J'ai dénoté dix appels
téléphoniques que vous avez faits ou reçus. Le 19
décembre c'est une journée relativement importante. D'accord? Et
là vous nous apprenez que vous avez logé un appel ou vous avez
reçu un appel au chef de l'Opposition. Le chef de l'Opposition, vous
n'avez pas son numéro de téléphone à
côté. Vous avez dû le chercher.
M. Lemay: Je ne dis pas que j'ai parlé au chef de
l'Opposition, j'ai dit que j'ai eu une communication avec une personne qui
travaille au bureau du chef de l'Opposition.
M. Filion: Qu'est-ce que vous lui avez demandé?
M. Lemay: Je lui ai demandé ce qui se passait, ce qu'il
fallait faire. Je lui ai demandé des instructions.
M. Filion: Quand avez-vous eu cette communication?
M. Lemay: Je pense que c'est au début de
l'après-midi ou sur l'heure du dîner. Cette
journée-là de toute façon, je pense que j'ai mangé
un sandwich au bureau.
M. Filion: Avez-vous appris quelque chose de cette
personne-là?
M. Lemay: J'ai appris qu'il y avait une question de
privilège qui avait été soulevée, que le
président avait pris cela en délibéré et qu'il
devait rendre une décision au début de l'après-midi et qui
était reportée un peu plus tard en fin de journée.
M. Filion: Pourquoi ce matin m'avez-vous dit que vous avez appris
qu'il y avait une question de privilège par un journaliste?
M. Lemay: Écoutez...
M. Filion: Cela ne fait pas longtemps, c'est ce matin.
M. Lemay: Oui, je le sais que je vous ai dit cela ce matin.
M. Filion: Excusez, oui c'est ce matin.
M. Lemay: Ce que je vous dis - vous revenez sur les questions
longtemps - c'est que ce matin je vous ai indiqué que j'avais eu une
question, un téléphone d'un journaliste qui m'a parlé: II
se dit telle chose, telle chose en Chambre. Je n'avais pas voulu faire de
commentaires, etc. Quand vous me demandez de repréciser, je vous dis:
Est-ce que c'est lui le premier? Probablement pas, étant donné
que je prends une note qu'il m'a appelé à 5 heures. Je l'ai su
avant cela, puisque j'ai appelé Mme Lecours la deuxième fois en
laissant le message à M. Garon, peut-être à 2 heures, je ne
le sais pas. Je n'ai pas pris en note l'heure des téléphones que
j'ai faits, mais je vous dis que j'ai parlé à quelqu'un du bureau
de M. Johnson dans la journée, puis est-ce à 11 h 30, à
midi, à 2 heures? Je ne le sais pas.
M. Filion: Pour vous rafraîchir la mémoire, à
10 h 55 ce matin, vous disiez: Puis après au niveau de la question de
privilège, c'est un journaliste de la Presse canadienne qui m'a
appelé pour me demander si j'étais au courant de ce qui se
passait en Chambre, puis qu'un tel avait déclaré ci et l'autre
avait déclaré cela, puis il voulait avoir mes commentaires:
à 10 h 55.
M. Lemay: Je viens de vous répondre.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac,
M. Lefebvre: Si on veut tenter de mettre le témoin en
contradiction, il faudrait quand même être honnête avec lui
puis lui rapporter les déclarations qu'il a faites, mais le faire
textuellement et en respectant la vérité. Le témoin n'a
jamais dit que c'était le premier appel qu'il avait eu à 11
heures lorsque le journaliste de la presse l'a appelé relativement
à la question de privilège. Ce qu'il a dit c'est que le
journaliste lui a parlé d'un débat à l'Assemblée
nationale le concernant. Alors, sa réponse a été: Je n'ai
pas de commentaire à vous faire. C'est ce que le témoin a dit
à date, M. le Président. Il ne faudrait pas inventer des
contradictions lorsqu'il n'y en a pas.
Le Président (M. Lorrain): Non» non, pas de
commentaires.
M. Filion: M. le Président. Une voix: Un
instant!
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement qui a été soulevée par M. le
député de Frontenac, il y a une première intervention de
la part du leader de l'Opposition. Après, vous voulez intervenir,
j'imagine.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, mais le
député de Taillon a cité au texte le témoignage de
Me Lemay. C'est lui-même qui a dit qu'il avait appris d'un journaliste,
M. le Président. Il faut suivre les débats ici. Ce n'est
peut-être plus les journalistes; c'est rendu à 5 heures. Je
m'excuse, mais vous savez jusqu'à quel point c'est important. On a fait
relater au témoin l'ensemble des appels téléphoniques
qu'il avait reçus et lui-même disait: J'ai reçu un
téléphone de M. Pagé. Je suis allé à
Carrier. Je suis allé à Lessard et je suis allé à
Garon deux fois, à Mme Lecours d'abord, Garon... Lui-même a
été très libre dans ses questions. Il n'a pas
été bousculé quand le député de Taillon lui
a demandé ce matin à 11 h 55: Comment vous avez appris qu'il y
avait une question de privilège? C'est lui-même qui dit que c'est
d'un journaliste de la Presse canadienne. Dans sa note, on découvre
même, vous l'avez déposée, on vit avec les notes, on vit
avec notre mémoire, M. le Président. C'est le propre d'une
commission de regarder si la mémoire est bonne et fidèle tout le
temps vis-à-vis les témoignages. Je ne fais pas de
privilège dans cela, absolument pas.
Le député de Taillon a posé ses questions dans
l'ordre, puis il demande au témoin de faire des efforts de
mémoire pour voir si sa mémoire écrite correspond à
sa mémoire concrète, réelle et vécue dans les
faits. M. le Président, c'est tout à fait hors d'ordre la
question de règlement du député de Frontenac et à
mon point de vue on ne devrait pas arrêter le témoignage au moment
où le député de Taillon est en train de permettre au
témoin de rétablir les faits, mais dans leur vraie perspective,
dans leur vrai contexte et conformes à la réalité. Il me
semble que la question est tout à fait correcte, parce que le
témoin lui-même a demandé de déposer le fruit de ses
mémoires à cette commission. Ce n'est pas un membre de la
commission qui l'a demandé, c'est le témoin lui-même qui a
fait une requête. Vous avez dû délibérer pendant une
heure, M. le Président, et avec un plaidoyer de dix minutes pour nous
dire qu'il n'y avait rien de non conforme dans le mémo de Me Lemay.
 partir de là, vous avez dit qu'on pouvait continuer à
questionner, même en dehors du mémo.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Pas de non
conforme, je n'ai pas le droit de porter... de non pertinent.
M. Chevrette: C'est correct. On ne s'enfargera pas dans les mots.
Je ne veux pas prendre les cinq minutes qui restent, je veux qu'il parle
pendant cinq minutes avec des questions précises.
Le Président (M. Lorrain): O. K. vous avez terminé,
M. le leader de l'Opposition, sur votre question?
M. Chevrette: Bien oui!
Le Président (M. Lorrain): Alors, une dernière
intervention de la part de la formation ministérielle sur la question de
règlement. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. Les questions du député de Taillon
sont en train d'induire le témoin en erreur; je vais vous dire pourquoi,
M. le Président. C'est que le témoin, M. le Président,
répond aux...
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse!
M. Chevrette; S'il vous plaît! Question de
règlement, sur la question de règlement. On va clarifier une
chose ici.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la question de
règlement, sur la question de règlement.
M. Chevrette: Vous nous dites depuis ce matin que vous avez rendu
des décisions, vous n'accepteriez pas qu'on prête des intentions
à quelque parlementaire que ce soit, à quelque témoin que
ce soit. J'en appelle au règlement. Vous me dites: Bien, on va
écouter. C'est votre propre décision de ne pas laisser induire
les témoins, de quelque façon, en erreur. C'est votre propre
décision à vous, M. le Président, et j'insiste fortement
sur ça, de ne pas se prêter des intentions réciproques ici,
en cette Chambre, en cette commission et vous êtes le premier à me
dire, M. le Président, puis je le prends pas, vous êtes le premier
à me dire: Laissons-le aller, contrairement à votre propre
décision. M. le Président, mais, de grâce, mettez vos
pantalons puis imposez-vous à vos propres décisions. Ça
n'a pas de bons sens, ce qu'on fait ici présentement. Je ne peux pas
accepter un tel raisonnement par rapport à vos propres décisions.
Si vous ne mettez pas vos pantalons, M. le Président, la commission, ce
sera un gâchis. Faites respecter vos propres décisions formelles
vous-même si vous voulez qu'on se comporte comme du monde dans cette
Chambre. Si vous voulez qu'on les respecte, vos décisions, commencez par
être le gardien de vos propres décisions. Ça n'a pas de bon
sens. Le député de Louis-Hébert, hier, est allé
dans le même sens que je vais présentement, M. le
Président. On vous demande d'être rigoureux. Quand vous prenez une
décision, appliquez-la s'il vous plaît, sinon ça va virer
en "party" ça, ici. C'est après-midi, le "party" dans ce
salon-là; c'est pas avant-
midi, là. Il me semble que moi, j'en ai plein mon dos de
ça. C'est vraiment sérieux, ce que je fais comme appel au
règlement, M, le Président, c'est vraiment très
sérieux. Vous êtes le gardien de la conduite de cette
enquête puis, quand un député questionne correctement,
conformément et à l'intérieur des règles
édictées et des consensus édictés et qu'un
député demande une règle de procédure, une question
de règlement et qu'il va à l'encontre de votre propre
décision que vous venez à peine de prendre il y a quelques
minutes puis vous dites: Bien, laissez-le aller. M. le Président, on
peut pas tolérer ça, ça n'a aucun bon sens.
M. Doyon: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, un instant! Non, non, non,
j'ai quelque chose à dire avant de vous reconnaître sur la
question de règlement, M. le député de
Louis-Hébert. Je pense pas qu'en tant que président des
débats ici, et je pense pas qu'en tant que président de
l'Assemblée nationale, je puisse laisser passer des remarques semblables
alors que moi, depuis le début, et je le dis devant tous les gens qui
ont assisté ici, et je pense que le Journal des débats est
là comme témoin, si vous percevez différemment, M. le
leader de l'Opposition, mon attitude, je tente le plus sérieusement
possible, avec la compétence que je peux y mettre le plus possible, avec
les conseillers que j'ai, et de la façon, je le dis, la plus
complète, et avec le plus de rigueur possible, de tenter de faire
fonctionner cette commission de l'Assemblée nationale pour laquelle il
n'existe pas de règle. Je comprends très bien qu'on me demande de
me rappeler à peu près tout ce qui s'est dit depuis une semaine
et demie, je comprends très bien que je me dois de suivre
extrêmement à la lettre, et je pense que c'est ce que je fais
depuis le début. Maintenant, si vraiment vous pensez...
M. Chevrette: II y a à peine cinq minutes, M. le
Président, avez-vous dit qu'on n'avait pas le droit de se prêter
des...
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais je n'ai pas...
M. Chevrette: ...intentions?
Le Président (M. Lorrain): ...rendu ma décision. Je
suis après écouter une question de règlement. Je suis
d'accord, M. le leader, il vous reste une intervention. M. le
député de Taillon doit intervenir sur la même question de
règlement. Maintenant, M. le député de Louis-Hébert
a pas dit que le député induisait, il tentait, mais, je vais vous
dire une chose, s'il ne fait que dire qu'il tente d'induire, puis il porte un
commentaire, puis il supporte pas sa question de règlement, je vais
être le premier à l'arrêter. Maintenant, ma décision,
M. le leader de l'Opposition, quant à la question de règlement
qui a été soulevée par M. le député de
Frontenac, elle n'est pas rendue. J'ai pris bonne note de l'interrogatoire, ce
matin, de MM. de Taillon et Roberval; je vais rendre ma décision tout
à l'heure. Mais, avant de céder la parole à M. le
député de Louîs-Hébert, c'est vrai, à
plusieurs reprises, j'ai mentionné qu'il ne fallait pas prêter
d'intentions aux témoins; on les appréciera, les intentions,
à la fin. Mais, j'ai demandé aussi, et je pense que c'est une
règle de décorum et de respect entre nous autres, de se respecter
mutuellement l'autre côté. Hier soir, à quelques reprises,
j'ai mentionné que quand vous faites, que ce soit d'un côté
ou de l'autre, des questions de règlement, limitez-vous à la
question de règlement et ne pas commenter des attitudes de
parlementaires, et ça, je vous donne raison là-dessus, mais je
demande la collaboration de chacun. Ce n'est pas moi qui argumente chacune des
questions de règlement, M. le leader de l'Opposition. Je tente de faire
mon possible pour que ça fonctionne; c'est simplement ce que je tente de
faire ici, ce matin, hier et dans les jours qui vont venir. Maintenant...
Une voix: ...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse! Je tente de, c'est
impossible, je sais, puis je me dois, c'est le principe que je dois
établir, c'est d'être rigoureux. Je le suis en tant qu'homme et je
vais l'être en tant que président actuel, comme les
présidents passés et comme les présidents futurs. Vous
pouvez vous attendre aussi que peut-être des décisions vont
être très bien fondées, et il y en a peut-être
d'autres aussi. On ne peut pas tous atteindre la perfection, je ne le pense
pas.
Ce que je cherche à faire, avec votre collaboration, c'est de
bien faire fonctionner cette assemblée, cette commission, et surtout
d'obtenir la vérité de la part des personnes qui ont vécu
une question de fait. Je vous demanderais... Je vais vous céder à
nouveau la parole, M, le député de Louis-Hébert, mais ne
prêtez pas des intentions dans la façon de procéder. Je
vais décider moi-même si la façon de procéder de M.
le député de Taillon est correcte ou pas, ou répond ou ne
répond pas aux normes qu'on s'est impliquées." Mais ne portez pas
de commentaires avant que j'aie rendu ma décision. Je vous cède
!a parole sur la question de règlement.
M. Doyon: M. ie Président, les questions du
député de Taillon sont à l'effet de mettre le
témoin en contradiction avec
lui-même en lui disant: Vous nous avez dit que vous avez appris
telle chose par les journalistes et voici, c'est pas ça que vous avez
fait. Alors que, en lisant le verbatim du témoignage de Me Lemay, on
s'aperçoit que dans le témoignage de Me Lemay - et c'est
là que c'est insidieux et dangereux, M. le Président, et c'est
là-dessus que je veux porter l'attention de la présidence - dans
le verbatim que Me Lemay n'a pas entre les mains, il ne dit pas nulle part
qu'il l'a appris, à ce moment-là, pour la première fois.
Ce qu'il dit, c'est que le journaliste l'a appelé et lui a dit: On parle
de vous à l'Assemblée nationale. Avez-vous quelque chose à
me dire là-dessus? Ça, c'est totalement
différent, M. le Président, que de dire: J'ai appris pour la
première fois de la part du journaliste, à 5 heures.
Ce que Me Lemay nous a relaté, c'est la teneur de sa conversation
avec le journaliste qui lui a dit: II y a eu une question de privilège
de soulevée, etc., et, en aucun moment - et c'est ça qui est
dangereux, c'est que dans la question du député de Taillon, la
question est posée de telle façon, qu'il dit à Me Lemay:
Vous nous avez dit dans votre témoignage que vous avez appris que, alors
que, M. le Président, la question n'est pas à cet
effet-là. Il nous a tout simplement dit: J'ai parlé à un
journaliste qui m'a dit telle chose. Il n'a pas dit: C'est le journaliste qui
m'a appris ça pour la première fois. Et tout s'explique de cette
façon-là, M. le Président.
Il ne faudrait pas mettre le témoin dans une situation. Ce n'est
peut-être pas l'induire en erreur, mais c'est l'amener à se
tromper et à tromper la commission sans le faire exprès, disons.
C'est ça mon inquiétude, M. le Président, et je voulais
tout simplement vous la faire partager. C'est aussi simple que cela.
Le Président (M. Lorrain): Je vous remercie, M. le
député de Louis-Hébert. Est-ce qu'il y a consentement
qu'on continue deux ou trois minutes étant donné que je veux
entendre la dernière intervention sur la question de
règlement?
M. Lefebvre: Strictement sur la question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, il y a consentement
qu'on continue deux minutes au moins, pour qu'on puisse entendre la
dernière intervention sur cette question de règlement,
c'est-à-dire M. le député de Taillon. Après, nous
suspendrons les travaux.
M. Filion: M. le Président, je ne qualifierai pas la
question de règlement et la manoeuvre du parti ministériel pour
la simple raison que je ne prêterai pas...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement.
M. Doyon: Question de règlement, M. te Président.
Vous venez de dire qu'il ne fallait pas prêter d'intention à qui
que ce soit et que...
Le Président (M. Lorrain): C'est ce qu'il dit qu'il ne
fera pas.
M. Doyon: M. le Président, qualifier l'intervention que je
viens de faire de manoeuvre, M. le Président, ce n'est pas une
manoeuvre. Ce n'est pas une manoeuvre, parce que c'est péjoratif, une
manoeuvre, M. le Président. Le député de Joliette l'a
très bien dit tout à l'heure, il va falloir... vous n'avez pas
permis, avec raison, que j'interprète les interventions de l'Opposition
comme étant des tentatives d'induire en erreur. Ce que j'ai fait, c'est
pas une manoeuvre, M. le Président, c'est une intervention en bonne et
due forme et elle n'a pas à être qualifiée.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Intervention. Il y a une
manoeuvre pour arrêter le débat.
M. Filion: M. le Président, je ne qualifierai pas les
gestes et les paroles des représentants du parti ministériel. Je"
pense que c'est extrêmement important, lorsque le témoin nous dit
quelque chose qui ne remonte pas à il y a trois mois, qui remonte
à il y a une heure ou deux, et qu'il nous dit, un petit peu plus tard,
confronté aux notes qu'il a lui-même demandé à
déposer, le contraire,
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je veux qu'il termine
sa question de règlement. On ne terminera jamais.
M. Lefebvre: Non, M. le Président, je m'excuse. Question
de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Juste une seconde. Question de
règlement sur quelle question de règlement?
M. Lefebvre: On ne peut pas à l'intérieur d'une
argumentation, supporter des choses qui sont erronées. C'est
ça...
Des voix: ...
Le Président (M- Lorrain): Je m'excuse.
M. Lefebvre: ...que le député de Taillon fait.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, ce n'est pas une vraie question de règlement. Je vais finir
la question de règlement... 1
M. Lefebvre; Le témoin a dit le contraire. C'est faux, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je déciderai des
arguments. Je déciderai en fonction des quatre arguments,
c'est-à-dire des quatre interventions.
M. Filion: À ce moment-là, il est
parfaitement...
Le Président (M, Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...légitime pour moi, comme membre de cette
commission parlementaire appelée à enquêter sur des
états de faits, de demander au témoin d'expliquer des
témoignages différents d'une heure à l'autre. Et de
vouloir faire une question de règlement là-dessus... Encore une
fois, je ne prêterai pas d'intention, mais je m'interroge sur les buts
visés alors que nous sommes à quelques minutes d'un ajournement.
Mais ceci étant dit, M. le Président, j'aurai l'occasion... Vous
allez rendre votre jugement. J'aurai l'occasion d'y revenir.
M. Lefebvre: M. le Président, je soulève une
question de règlement au moment où la question se pose. On ne
choisit pas l'heure.
Le Président (M, Lorrain): Bon alors, c'est
terminé.
M. Lefebvre: On ne choisit pas l'heure.
Le Président (M. Lorrain): J'ai entendu les quatre
intervenants.
M. Lefebvre: Ça s'est soulevé à une heure
moins dix.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre: On ne peut la soulever à...
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision à 10 heures...
M. Lefebvre: ...12 h 25.
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision demain matin à 10 heures. Les travaux de cette
assemblée, tel que consenti par les deux formations, sont
ajournés à demain matin 10 heures. Me Lemay, Me Lachapelle, si
vous voulez rester à notre disposition, je veux rencontrer les deux
leaders des formations. Je vous remercie tous de votre collaboration.
(Fin de la séance à 13 h 7)