Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures quatorze minutes)
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, Me Lachapelle. Avant
de débuter les travaux, j'avais pris en délibéré
une question de règlement présentée par M. le
député de Frontenac et de Louis-Hébert quant à la
dernière question présentée par M. le député
de Taillon. Je vais rendre en gros ma décision, mais il me manque la
galée textuelle qu'on m'apporte sur la question telle que
rapportée dans la galée posée par M. le
député de Taillon.
La question de règlement soulevée hier par le
député de Frontenac concerne l'irrecevabilité d'une
question posée par le député de Taillon au témoin
Me Lemay. La question posée par vous, M. le député de
Taillon, qui fait l'objet de la présente décision, est
rapportée à la page R-321 -qu'on va m'apporter dans quelques
minutes -des galées du 7 avril et se lit comme suit: "Pourquoi ce matin
- et c'est là, je pense, que vient tout le problème et la
question de règlement, vous vous adressiez à Me Lemay -
m'avez-vous dit que vous avez appris qu'il y avait une question de
privilège par un journaliste?"
Un peu plus loin, dans cette même page, le député de
Taillon justifie le bien-fondé de sa question comme suit, et je cite:
"Pour vous rafraîchir la mémoire, à 10 h 55 ce matin, vous
disiez: Puis après - c'est vous qui parlez, M. Taillon, et vous donnez
lecture des galées, M. le député de Taillon -puis
après au niveau de la question... c'est un journaliste de la Presse
canadienne qui m'a appelé pour me demander si j'étais au courant
de ce qui se passait en Chambre, puis qu'un tel avait déclaré ci
et l'autre avait déclaré cela, puis il voulait avoir mes
commentaires: à 10 h 55. " Vous répétez cette partie dans
votre question.
Quand on réfère à la page R-307 des galées
du 7 avril, alors que Me Lemay témoignait, voici le texte tel que
répondu et pris en minutes par le Journal des débats, de
Me Lemay. Puis, après, au niveau de la question de privilège,
c'est un journaliste de la Presse canadienne qui m'a appelé, il me
semble, pour me dire, pour me demander si j'étais au courant de ce qui
se passait en Chambre puis qu'un tel avait déclaré ci et l'autre
avait déclaré ça, puis il voulait avoir mes commentaires.
" Il y a une nuance extrêmement importante dans les galées lors de
la réponse de Me Lemay. C'est: "II me semble, pour me dire" et non pas
"qui m'a appelé pour me demander" tel que cité dans la
question.
Ce qui est bien important, c'est que dans l'argumentation les
députés de Frontenac et Louis-Hébert soutiennent que pour
mettre un témoin en contradiction il faut rapporter textuellement les
déclarations que le témoin a faites pour éviter d'induire
le témoin en erreur. À cet égard, te leader de
l'Opposition et M. le député de Taillon prétendent, d'une
part, qu'il est légitime pour un membre de cette commission de demander
au témoin d'expliquer des témoignages différents et,
d'autre part, que le témoignage de Me Lemay a été
cité au texte.
Tel qu'il a été établi à plusieurs reprises
depuis le début des travaux de cette commission, il est interdit de
prêter au témoin une affirmation catégorique lorsque ses
propos sont plus nuancés. Les questions doivent être claires et
porter sur des faits précis et sur des réponses
antérieures des témoins visant à faire préciser un
aspect qui n'a pas été abordé. Comme je l'ai
déjà mentionné lors de décisions
antérieures, les conclusions sont tirées de l'ensemble de la
preuve recueillie par les membres de la commission, et ce, à la fin des
travaux et non lors de l'interrogatoire des témoins, et ça, c'est
pour !es deux côtés de la Chambre, je l'ai
répété à plusieurs reprises depuis le début
de la commission.
Par ailleurs, il est permis d'interroger un témoin sur ses
réponses antérieures. Toutefois, il est important de rapporter
textuellement la déclaration du témoin afin de bien situer ce
dernier quant au témoignage mis en question. C'est une règle
fondamentale que les membres de cette commission doivent respecter afin
d'assurer la protection des témoins et l'authenticité des
témoignages.
Par conséquent, pour les motifs que je viens de vous mentionner,
M. le député de Taillon, votre question, telle que
formulée hier matin, était irrecevable. Je vous demande
simplement de la reformuler et de la situer dans le contexte du témoin,
dans les dires du témoin, Me Lemay, avant de poser votre question, et
ce, de façon directe.
Témoignage de M. André Lemay
(suite)
M. Filion: Me Lemay, hier, on tentait de déterminer qui
vous avait appris qu'il y
avait une question de privilège en Chambre. Or, vous avez eu
l'occasion, dans ces douze heures, j'en suis convaincu, d'y
réfléchir de nouveau. Alors, est-ce que vous pourriez me dire qui
vous a appris, comment et à quelle heure, qu'il y avait une question de
privilège en Chambre ou, en d'autres mots, qui vous a appris qu'on
parlait de vous en Chambre ou qu'on parlait de ça en Chambre?
M. Lemay: O.K. J'ai effectivement discuté avec des gens au
bureau, les secrétaires, j'étais là pour savoir qu'est-ce
qu'ils avaient comme souvenir parce qu'évidemment ça remonte
à un peu plus de trois mois et j'ai aussi référé au
mémo que j'avais fait la journée même; puis, là,
j'ai essayé de resituer un petit peu les appels de façon
chronologique, puis j'ai un ordre qui correspond à ce que j'avais
dicté le jour même, puis ce qui correspond à ce que j'avais
dit également antérieurement à ta commission. Je peux
peut-être faire l'historique, puis, ensuite, je vais vous...
M. Filion: Non, monsieur. Me Lemay, je voudrais savoir qui vous a
appris qu'il y avait une question de privilège, de quelle façon
et à quelle heure.
M. Lemay: M. le Président, je comprends que je ne peux pas
répondre de la façon que je pense que je dois
répandre.
M. Filion: Altez-y de la façon dont vous pensez.
M. Lemay: Je demande au président une directive, M. le
député.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Taillon adresse une question très précise au témoin. Le
témoin nous dit: Si vous permettez, on va faire la recension de ce qui
s'est passé. Le député de Taillon n'a jamais
demandé au témoin de lui faire la recension de tous les
événements de la journée du 19 ou des
événements intervenus entre telle heure et telle heure la
journée du 19. Il lui a adressé une question précise. Qui,
quand, et comment? Ce n'est pas du tout, M. le Président, de
refuser au témoin la possibilité de répondre comme il
veut, mais c'est de respecter une décision intervenue par consensus et
à laquelle vous avez référé souvent et qui dit: Le
témoin répond aux questions qui lui sont adressées, pas
à autre chose.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a une autre
intervention?
M. le député de Louis-Hébert, sur la question de
rèqlement. Après, je vais reconnaître M. le leader de
l'Opposition sur la même question de règlement. M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, sur l'intervention du
député de Gouin, ce dont vous êtes saisi initialement, et
c'est là-dessus que la présidence aura à se prononcer,
c'est que le témoin vous demande la permission d'obtenir de votre part
une directive. C'est la première fois que cette situation se
présente et je pense que le témoin a parfaitement droit, comme
les membres, ici, de cette commission, de s'adresser à la
présidence pour obtenir de la part de la présidence, comme nous
le faisons de temps à autre, une directive. C'est ce qu'il fait, M. le
Président.
En tout cas, de notre côté, on ne s'objecte pas à
cela, de notre côté on considère que c'est parfaitement
légitime et, au-delà de cela, on vous dit, M. le
Président, que de notre côté on souhaite que vous vous
rendiez à la demande du témoin qui, probablement, ne sait pas
trop comment s'y prendre et veut que vous l'aidiez au niveau d'une
directive.
M. le Président, l'intervention du député de Gouin,
je ne la comprends pas. Je la comprendrais si le témoin, après
avoir obtenu la directive de votre part, ne s'y conformait pas ou
répondait d'une façon qui n'est pas conforme à ce que vous
lui auriez demandé. Mais dans le moment, pour ne pas se tromper, il dit:
M. le Président, j'aurais besoin d'une directive de votre part. Je
souhaite tout simplement, M. le Président, que vous accédiez
à cette demande-là. Merci.
Le Président (M. Lorrain): Avez-vous terminé, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
sur la même question de règlement, une dernière
intervention.
M. Chevrette: M. le Président, le témoin est
là pour répondre et, en vertu des règles que vous avez
édictées, il ne peut pas refuser de répondre. La question
était tellement claire. C'est pas trop trop compliqué: Qui vous
l'a appris?
Le témoin a commencé par dire qu'hier il avait
discuté. 5'il fallait arrêter à chaque question pour qu'il
prenne le temps d'aller discuter avec les gens de son bureau, je m'excuse, ce
n'est pas de même que ça marche. C'est un témoignage. II
aurait pu ne pas y avoir d'arrêt hier. Il n'aurait pas eu le
temps de faire sa discussion chez eux.
La mémoire n'est pas recensée. On ne recense pas notre
mémoire à toutes les cinq minutes ici là. La question
précise, c'est qui».. Cela ne demande pas une sortie de la salle
ici pour aller vérifier. Cela ne demande de directive au
président. La question est tellement précise. On a même
conseillé à mon confrère de reprendre ses questions en
trois: Qui? La deuxième c'est: Â quelle heure? La
troisième: Comment ça s'est produit? En trois questions de
même, M. le Président, ça va être très
légal. À ce que je sache les directives de fonctionnement,
ça ça relève des parlementaires avec la présidence
et le témoin est là pour répondre à des questions,
pas plus et pas moins. On n'ajournera pas aux dix minutes. On est même
chanceux... il y a peut-être du monde qui sont chanceux, des questions de
règlement leur permettent de se rafraîchir la mémoire mais
ce n'est pas l'objectif.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Pour le moment.
Le Président (M. Lorrain): On n'a pas ajourné
souvent, M. le leader de l'Opposition, sur des questions de
décisions.
M. Chevrette: On a délibéré longtemps.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question..,
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le... M. le
député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je comprends que ça agace l'Opposition qu'on
soulève des questions de règlement mais à peu près
à chaque fois nos questions de règlement sont maintenues et
particulièrement celle...
M. Chevrette: On verra après!
M. Lefebvre: Laissez-moi parler là!
M. Filion: Ça, M. le député de Frontenac,
vous ferez le compte.
M. Lefebvre: Particulièrement celle qu'on a
soulevée hier à une heure moins dix et qu'on a qualifiée
de dilatoire. Elle a été maintenue ce matin. On a rappelé
au député de Taillon qu'il devait citer textuellement les
textes.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, ce n'est pas la question. Je n'ai moi-même pas fait
l'inventaire des questions...
M. Lefebvre:... trafiquer l'information.
M. Filion: M. le Président, je n'admettrai pas du
député de Frontenac...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, je voudrais vous entendre...
M. Filion:... je lui demande de retirer ses mots
immédiatement s'il veut dire quoi que ce soit au sujet de la question.
Je me suis conformé aux directives, M. le Président. Je
demanderais à ce que le député de Frontenac cesse ses
allusions malveillantes à l'égard de qui que ce soit autour de la
table.
Le Président (M. Lorrain): Non. J'ai mentionné hier
à quelques reprises que, lorsqu'il y avait des interventions sur des
questions de règlement, j'aimerais bien qu'on s'en tienne qu'aux
questions de règlement. Tout ce qui s'est pu passer
antérieurement, les inventaires ou les succès ou les
insuccès de chaque formation politique ne m'intéressent pas;
c'est déjà assez difficile, c'est déjà assez
difficile de rendre des décisions au jour le jour dans une commission
où il n'existe aucune règle et aucun paramètre. De
grâce, s'il vous plaît, je vous demanderais votre collaboration et
vous en tenir, à chaque fois, à la question de règlement.
Je veux vous entendre sur la question de règlement suite à la
question de M. le député de Taillon et à la demande de je
ne sais pas quoi encore de Me Lemay, qui a tout simplement levé son
doigt. Et une dernière intervention de la part de la formation du
qouvernement et de la part de la formation ministérielle sur cette
question de règlement, et sans aucun commentaire sur les attitudes des
autres parlementaires ici même qui sont présents.
M. Lefebvre: Quant à mon confrère, mon
collègue de Taillon, M. le Président, je dirai que vous l'avez
invité à être plus rigoureux dans ses questions, lorsqu'il
cite des textes, lorsqu'il cite des témoignages antérieurs,
d'être plus rigoureux.
La question qu'on débat présentement, M. le
Président, tient à la façon de répondre et non pas
à la façon d'interroger. L'article 51 de la loi établit de
quelle façon on doit se comporter vis-à-vis un témoin,
à savoir qu'il n'est là que pour répondre aux questions et
non pas pour donner des opinions, non pas pour argumenter, et cela rejoint
évidemment aussi l'article 79 de nos règlements qui dit, et c'est
un corollaire à l'article 77, que ni la question ni la réponse ne
doit contenir une expression d'opinion ou argumentation.
Ce que le -témoin fait ce matin, M. le
Président, c'est qu'il veut répondre en faisant un court
historique de sa journée du 19 décembre dans le but justement
d'éclairer la commission, dans le but de bien nous faire comprendre la
confusion qu'il a lui-même... Cela j'en conviens avec le
député de Taillon, il y a une confusion à savoir est-ce
que c'est avec un journaliste que vous avez appris qu'il y avait une question
de privilège . ou autrement? Et parce qu'il veut nous indiquer vraiment
ce qui s'est passé, parce qu'il veut être franc, il veut relater
un peu les événements ce jour-là. Alors, en deux mots, M.
le Président, il n'y a pas là-dedans, que je sache, d'expression
d'opinion, il n'y a pas non plus d'argumentation; ce que le témoin veut
faire, c'est strictement rappeler les faits qu'il a lui-même
vécus. Alors je soutiens, M. le Président, que c'est une
façon correcte, conforme à nos règlements de
répondre à une question.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, j'ai accordé
deux...
M. Chevrette: Non, je m'excuse, ce va être une question
de...
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision sur cette...
M. Chevrette: Non, c'est sur une question, de règlement
sur ce que M. le député vient de faire.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement
sur la dernière...
M. Chevrette: Je vais vous expliquer pourquoi.
Le Président (M. Lorrain): Mais on ne reprend pas une
troisième intervention sur la question de règlement, n'est-ce
pas?
M. Chevrette: Non, non.
Le Président (M. Lorrain): Je voudrais bien qu'on
s'entende. Depuis le début de cette commission, j'ai toujours reconnu
deux interventions sur chacune; je ne voudrais pas que ce soit une façon
d'arriver à une troisième intervention par formation.
M. Chevrette: Je voudrais l'exprimer, vous allez pouvoir en
juger.
Le Président (M. Lorrain): Bon. C'est une question de
règlement sur la question de règlement. Est-ce que c'est bien
cela?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je voudrais demander au député de
Frontenac d'être rigoureux quand il cite des textes. On va lire l'article
51.
M. Lefebvre: M, le Président, question de
règlement.
M. Chevrette: Non, non, c'est lui-même qui a fait la
remarque.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais là...
M. Lefebvre: L'argumentation est terminée.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais, si on revient
à la même question de règlement, ma décision est
prête. Alors, sinon, à chaque fois qu'il y en a un qui va...
M. Chevrette: Vous ne savez même pas, au moment où
je parle, M. le Président, qu'est-ce que je veux dire.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais vous voulez reprendre
l'article...
M. Chevrette: Puis vous m'empêchez même de m'exprimer
avant de juger. Vous avez un jugement a priori.
Le Président {M. Lorrain): Alors, je vous pose une
question, M. le leader de l'Opposition. Est-ce que vous voulez reprendre la
lecture de l'article 51 qui a été mentionné par M. le
leader adjoint du gouvernement parce qu'il ne l'a pas lu textuellement en
exposant son point de question de règlement? Est-ce que c'est
ça?
M. Chevrette: Ce n'est pas là l'objet principal de ma
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Alors, c'est une autre question
de règlement.
M. Chevrette: Merci. Je vais aller tout de suite au point
principal et je finirai par l'article 51.
Le député de Frontenac est en train de vous expliquer, M.
le Président, quelles sont les intentions d'un témoin qui a
levé la main, puis qui n'a pas parlé encore. Je m'excuse, mais
c'est inadmissible! Comment le député de Frontenac...
Le Président (M. Lorrain): Bon, c'est... (9 h 30)
M. Lefebvre: Question de rèqlement.
M. Chevrette: Est-ce que je peux m'exprimer...
Le Président (M. Lorrain): Mais, non, c'est la même
question de règlement qui a été plaidée des deux
côtés.
M. Chevrette: Non, non, M. le Président...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Chevrette;... c'est parce que vous ne comprenez pas le sens.
Vous ne me laissez même pas finir ma question.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre!
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Alors, finissez-la,
votre question de règlement sur une question de règlement. Mais
je ne voudrais pas les entendre en triple et en quadruple sur le même
point.
M. Lefebvre: Vous avez établi, M. le Président, le
principe qu'il y a deux interventions de chaque côté sur nos
questions de règlement. Les deux interventions de l'Opposition sont
déjà connues; les deux nôtres sont connues. Vous devez
rendre votre décision. C'est aussi simple que ça.
Le Président (M. Lorrain): Si c'est une question de
règlement sur une question de règlement, suite aux derniers... la
dernière intervention de M. le député de Frontenac, je
voudrais que vous me la campiez. Je voudrais que vous me la citiez comme il
faut, M. le leader de l'Opposition. Sinon, je ne voudrais pas commencer et
briser la coutume et l'usage qu'on a établis ici d'accorder deux
interventions par formation sur une question de règlement.
Il me semble que toute la question de règlement -
arrêtez-moi - puis je demande aux deux formations ici présentes -
arrêtez-moi - j'ai compris que toute la question de règlement est
venue du fait que M. Lemay a levé sa main, suite à une question
très directe de M. le député de Taillon, et a
semblé vouloir en dire plus et avancer plus que la réponse qui
était demandée par M. le député de Taillon.
Je pense que les deux côtés de la Chambre se sont
très, très bien exprimés et si c'est là-dessus que
vous voulez intervenir à nouveau, M. le leader de l'Opposition, je vais
être obligé de vous dire que c'est une troisième
intervention. Si c'est un autre point, j'airnerais pouvoir le comprendre, et
très rapidement, pour pouvoir accepter votre question de
règlement sur une question de règlement. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je vais vous demander une directive; pour ne pas
vous emmerder sur les questions de règlement, bien, je vais vous en
demander une directive.
Le Président (M. Lorrain): Allez.
M, Chevrette: Est-ce que la procédure appartient aux
parlementaires, oui ou non?Un. La deuxième question que je
veux vous poser est très directe. Est-ce qu'un témoin est ici
pour répondre à des questions, oui ou non? Est-ce que
c'est lui qui va décider de l'encadrement des questions et des
réponses, oui ou non? Est-ce qu'une formation politique -
troisième question - peut se permettre d'interpréter un geste
d'un témoin, en prêtant des intentions de vouloir expliquer
à sa façon ou d'une façon plus globale? C'est pas à
vous à décider cette question de règlement-là.
C'est à nous à dire: Le témoin est dans la boîte
pour répondre à des questions précises. Ce n'est pas lui
qui va faire les choix de questions. Ce n'est pas le témoin qui va
décider de présenter ses scénarios.
Avec le témoin Lemay, M. le Président, depuis hier matin,
le témoin Lemay a décidé que c'est lui qui demandait ces
dépôts de mémos. C'est lui qui va décider maintenant
comment on va le questionner? Non, M. le Président. On n'acceptera pas
ça. Le témoin Lemay, même s'il est avocat, n'est pas plus
témoin important qu'un autre témoin dans cette histoire. Il doit
se plier à la façon dont les parlementaires veulent lui adresser
les questions. Pour le moment, c'est notre témoin, M. le
Président. Je croyais que c'était le leur. Ils le questionneront
quand ils y arriveront. Ils n'ont pas senti le besoin de le questionner une
fois encore depuis le début. Si ça ne vous dérange pas, M.
le Président, on va le questionner à notre façon.
Le Président (M. Lorrain): Voici, je suis prêt
à rendre ma décision et relativement à toutes les
interventions et même sur la question de règlement soulevée
sur l'autre question de règlement par M. le leader de l'Opposition, qui
revenait à peu près à la même chose que
l'intervention première qui a été faite suite à la
question de M. le député de Taillon.
M. le député de Taillon, vous avez posé la question
suivante: M. Lemay, est-ce que vous avez appris la question de
privilège? De quelle façon? À quelle heure? À quel
moment? En gros, c'est ce que vous avez demandé sous trois formes, trois
questions extrêmement précises.
Je dois, étant donné que vous avez levé la main, Me
Lemay, il est exact, ce qui a été mentionné, et je pense
que je l'ai répété à plusieurs reprises ici depuis
le début, et c'est ce que je dis quand je lis le texte à
chacun des témoins avant d'être assermenté, vous
vous devez et vous êtes obligé de répondre à toutes
les questions. Maintenant, à plusieurs reprises, j'ai eu à rendre
des décisions ici, alors que vous étiez à
témoigner, sur les questions répétitives qui pouvaient
être apportées par un, deux ou trois membres de cette commission;
il ne faudrait pas permettre au témoin de répondre et de
répéter les réponses qui ont été abondamment
fournies alors qu'un membre de cette commission pose, dans le but d'avoir des
précisions nouvelles, dans le but d'avoir des précisions avec
peut-être une justesse ou une heure ou une date un peu plus exacte que le
témoignage antérieur que, peu importe, le témoin a rendu,
vous ne pouvez tout résumer un téléphone ou encore toute
une partie de journée simplement pour répondre à une
question très directe d'un membre de cette commission.
Je veux vous demander, Me Lemay, de répondre à la question
qui vous est posée par M. le député de Taillon et de ne
pas reprendre toute ta panoplie et la liste des téléphones et des
contenus des différents téléphones pour pouvoir
répondre à la question: À quel moment? De quelle
façon? A quelle heure et à quelle date vous avez appris la
question de privilège?
Si vous pouvez répondre, vous le dites. Si vous ne pouvez pas,
vous le dites également. C'est vous qui l'avez vécu, Me
Lemay.
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, j'ai l'impression que dans
l'échange qui s'est produit...
M. Filion: Question de règlement. On est sur quoi?
M. Doyon: Oui, c'est une question de règlement... de
directive, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement de...
M. Doyon: M. le Président, dans l'échange qu'il y a
eu entre les parlementaires, on a perdu le fil du début de la question
de règlement...
Le Président (M. Lorrain):... demandé de la
répéter.
M. Doyon: Un instant, M. le Président. Non. Le fil de la
question de règlement a originé quand le témoin a
demandé - il n'a pas simplement fait signe, et les galées sont
là pour le prouver: J'aimerais, M. le Président, vous demander
une directive. Un instant, M. le Président. J'aimerais, M. le
Président, vous demander une directive. Et la question se posait,
à savoir si un témoin pouvait demander une directive au
président.
J'ai argumenté, et je ne la reprends pas, M. le Président,
que la chose était faisable. Il y a eu des collègues
vis-à-vis qui ont dit que ce n'était pas aux témoins
à demander des directives, mais dans le moment, dans la décision
que vous nous rendez, M. le Président - je suis prêt à
respecter le témoin aussi - vous ne répondez pas à la
question fondamentale qui était celle qui a donné origine
à toute cette question. Le témoin a demandé... Il n'a pas
fait seulement lever la main. Il a demandé: M. le Président,
est-ce que vous me permettriez de vous demander une directive? Et vous n'avez
pas répondu à cela.
Est-ce qu'un témoin a ou n'a pas le droit de demander une
directive au président? J'aimerais bien le savoir, parce que là
on ne le sait pas plus que tout à l'heure.
Le Président (M. Lorrain): Oui. Je suis ici en tant que
président de séance, tel que je l'ai dit depuis le début,
pour protéger aussi les témoins, qu'ils soient parlementaires ou
non parlementaires, je l'ai répété à plusieurs
reprises. Il y a une décision très claire et mon texte
introductif avant de commencer les travaux de cette commission était
très clair. Si Me Lemay a l'intention de demander une directive suite
à la question que j'ai demandée à M. le
député de Taillon de répéter pour que ce soit plus
clair, parce que j'ai accepté cette question, il me le demandera.
M. Doyon: II l'a fait, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Posez votre question
très clairement et, si Me Lemay, avant de répondre, veut me poser
une question de directive, j'y répondrai.
M. le député de Taillon, posez votre question.
M. Filion: La troisième fois, M. le
Président...
M. Chevrette: Avez-vous compris la question?
M. Filion: Avez-vous compris ma question?
M. Lemay: J'ai compris. Cela fait trois fois que vous la
posez.
M. Filion: C'est cela que j'allais dire. Alors, est-ce que vous
pouvez y répondre?
M. Lemay: M. le Président, effectivement, je vous
demandais une question de directive. Je pensais que c'était une
façon d'accélérer les débats. Je me rends compte
que ce n'est pas le cas. En conséquence, je vais répondre
directement au député, puis il
reviendra avec d'autres questions.
On met en doute ma crédibilité depuis que je
témoigne ici. On dit des choses tout à fait inacceptables. Quand
mon intégrité personnelle est mise en cause...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: Question de règlement. Le Président
(M. Lorrain): Non, non.
M. Rochefort: Question de règlement, M. te
Président.
Le Président (M. Lorrain): J'ai bien mentionné, Me
Lemay, hier qu'en aucun cas un membre de cette commission ne peut mettre en
doute l'intégrité, en partie ou en totalité, du
témoignage des gens qui sont assermentés et veulent bien, avec
toute bonne foi, venir témoigner devant cette commission.
Si des allusions ou quoi que ce soit sont faites, Me Lemay, j'en suis
extrêmement navré et j'ai demandé la collaboration à
plusieurs reprises des deux côtés de cette Chambre et jamais un
témoignage... une partie de témoignage ou quoi que ce soit qui
est mentionné ici ne peut être retenu contre vous et cela je l'ai
mentionné aussi.
Maintenant, quant à l'intégrité de votre
témoignage ou encore à l'appréciation j'aimerais mieux le
mot "appréciation" -qualification de votre témoignage, celle-ci
sera faite à la fin. J'ai arrêté plusieurs
députés, plusieurs membres de cette commission depuis le
début de cette commission et je leur ai mentionné qu'il
n'était pas question, et vous n'avez pas droit de mettre en doute ou
encore d'apprécier les témoignages avant la fin des travaux de
cette commission.
Il y a même un temps d'argumentation qui est prévu, une
enveloppe de temps prévue pour les deux formations politiques pour
argumenter et dire ce qu'ils pensent et apprécier, de façon bien
précise, chacun des témoins en regard et en comparaison des
autres témoignages qui ont été rendus ici. Mais, tout au
long de l'interrogatoire, je n'accepterai pas, et c'est vrai que c'est
arrivé à quelques reprises, mais j'ai toujours aussi averti les
députés qu'ils ne pouvaient mettre en doute, Me Lemay, votre
intégrité.
Maintenant, ils peuvent vous confronter, ils peuvent vous
contre-interroqer, ils peuvent vous poser des questions sur un
témoignage déjà rendu pour vous demander des
précisions ou vous ajouter des faits que peut-être vous avez
oubliés, peut-être vous avez omis.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay veut me
demander...
M. Rochefort: J'ai une question de règlement, M. le
Président, soulevée.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: D'ailleurs je l'ai soulevée, M. le
Président, avant que vous commenciez à intervenir. J'ai
respecté...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, sur une question de rèqlement.
M. Rochefort:... votre privilège d'intervenir le
premier.
M. le Président, j'ai écouté avec attention votre
intervention, j'aurais apprécié la pareille à l'endroit du
témoin. C'est juste qu'un membre de la commission - ce qui n'a
pas été fait - ne peut mettre en doute la
crédibilité ou l'intéqrité d'un témoignage.
Mais, M. le Président, je me serais attendu, de votre part, compte tenu
des propos de Me Lemay, que vous rappeliez le témoin à l'ordre
qui, lui, prétend que des membres de la commission mettent en doute
l'intégrité de son témoignage. Cela aussi, M. le
Président, ça va à l'encontre de notre règlement.
Si Me Lemay a des commentaires à faire sur le déroulement de la
commission, il y a des dispositions dans notre règlement qui lui
permettront de le faire en temps et lieu. D'ici ce temps-là, qu'il
réponde aux questions et cela va peut-être mettre fin à ce
qui l'agace.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur une question de règlement? La dernière question
de règlement. La dernière.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon:... je pense que ce qui est important ici, c'est le
respect des témoins, M. le Président.
M. Rochefort: Et des parlementaires.
M. Doyon: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
député de Gouin d'aucune façon quand il a fait sa
sortie.
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez!
M. Doyon: Je voudrais avoir droit au même traitement. Et il
est important que le témoin, quel qu'il soit, en l'occurence c'est Me
Lemay, ne se sente pas brimé ou ne se
sente pas remis en question d'aucune façon. Et avec des sorties
comme celle qu'on entend, M. le Président, moi je comprends certaines
craintes qu'il exprime.
C'est évident, et je fais appel à la présidence
là-dessus, que le témoin a be... Parce qu'il est sans
défense ici le témoin. Il n'a pas les droits que nous nous avons,
les parlementaires. Nous pouvons nous permettre d'invoquer le règlement,
nous pouvons nous permettre de demander des directives, nous pouvons nous
permettre de nous adresser à vous, M. le Président. Le
témoin est à notre merci. Et c'est un témoin qu'on a
devant nous, il ne faut pas que cela devienne une victime. Cette personne a le
droit au respect de tout le monde, M. le Président, et le seul qui peut
lui assurer ce respect-là, c'est la présidence, donc
vous-même, M. le Président.
Je pense que c'est extrêmement important, vous en avez fait une
préoccupation première depuis le début des travaux. Et je
souhaiterais que vous continuiez dans ce sens de façon à ce que
le témoin se sente complètement à l'aise de rendre
témoignage, d'éclairer la commission. Et ce qu'on lui demande
comme effort, des procès, M. le Président, de cette nature, je
sais que ce n'en est pas un, mais un procès qui se passerait dans un
tribunal de cette nature, avec des témoignages aussi longs et autant
d'interruptions, je vous assure que ce serait drôlement éprouvant
pour n'importe qui. Et ce n'est pas tous les jours que ce genre de
procédure se passe ici dans l'Assemblée nationale. Et Me Lemay a
le droit à notre respect. Quant à moi, il a droit à de
l'admiration, en plus, pour la patience dont il fait part et je l'invite
à continuer... Quoi, M. le Président!
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Doyon: M. le Président, je dis au témoin qu'il a
droit à mon admiration parce qu'il s'est comporté en gentleman
jusqu'à maintenant et il a subi des attaques auxquelles, très
souvent, il n'était pas en mesure de répondre et je le
félicite.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, Me Lemay.
M. Filion: M. le Président» sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une dernière
intervention.
M. Filion: C'est quand même incroyablel
Le Président (M. Lorrain): Question de
règlement.
M. Filion: Puisque vous me permettrez d'intervenir, c'est moi qui
est à l'origine. Je demande au témoin: Qui vous a appris ceci?
Quand l'avez-vous appris? Comment l'avez-vous appris? C'est quand même
incroyable, incroyable que le député de Louis-Hébert
profite de ma question pour faire une longue litanie...
M. Chevrette: Congratuler le témoin.
M. Filion:... qu'on aurait peut-être aimé entendre
en 1980 quoi...
M- Chevrette: 42, tout de suite après la guerre.
M. Filion:... en 1983, alors que le député de
Louis-Hébert était toujours membre de cette Législature,
de ce Parlement, et alors qu'on assistait à une commission parlementaire
qui avait duré plus de cent heures...
M. Chevrette: Ouais, il était là.
M. Filion:... et portant... Il était là? Ah
bon!
M. Chevrette: Et vous lirez ses questions...
M. Filion: Alors, je sais pas si la même litanie...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Taillon.
M. Filion:... du député de Louis-Hébert
avait été dite au moment de la commission parlementaire sur le
saccaqe de la Baie James qui avait duré plus de cent heures et
pendant...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion:... lesquelles on avait torturé,
torturé...
M. Lefebvre: Quand même!
M. Filion:... torturé et insulté...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion:... des témoins...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Taillon. Ça n'a rien à voir.
M. Filion:... ce qui n'a jamais été fait
durant cette commission-ci.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: C'est ça qui est la réalité. (9 h
45)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je n'ai pas... J'ai bien mentionné au tout début de
cette commission... Non! Écoutez, écoutez! Â l'ordre, s'il
vous plaît! J'ai bien mentionné que la question de
privilège qui est étudiée actuellement par la commission
de l'Assemblée nationale et celle de la commission statutaire sur la
Baie James qui était la commission de l'énergie, et les
règles des commissions qui ont été appliquées
à ce moment-là n'ont rien à voir avec la question de
privilège et la commission que nous entendons, mais, j'entends bien, et
peu importe ce qui a pu être fait dans le passé, j'entends bien
à ce qu'on ait le respect de chacun des témoins et que les
témoins, eux, répondent bien aux questions demandées par
les députés, tel que je lis avant chaque assermentation.
Je vous demanderais, Me Lemay, autant que possible, peu importent tes
allusions, s'il y a eu allusions directes ou indirectes, j'ai rappelé
à l'ordre quand c'est le temps et j'ai rendu une décision
très importante sur la protection des témoins, la deuxième
journée ou troisième journée, alors que c'était un
autre témoin qui témoignait devant cette commission, quant
à la protection des témoins, mais je vous demanderais aussi de
collaborer et de répondre uniquement aux questions qui vous sont
posées. Alors, M. le député de Taillon, à votre
question.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président, je
soulève une question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort:... et vous n'en parlez même pas dans votre
directive, dans votre réponse à ma question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Laquelle?
M. Rochefort: Vous vous rappelez pas? Vous me demandez
laquelle?
Le Président (M. Lorrain): Je viens de mentionner à
M. le témoin, Me Lemay, qu'il ne peut porter de commentaires sur les
allusions ou quoi que ce soit et, s'il y a un commentaire quant à son
intégrité, je verrai à rappeler les députés
à l'ordre, comme je l'ai fait dans le passé et comme j'ai rendu
une décision très détaillée sur la protection des
témoins il y a déjà quelques jours. Alors, ce que
j'aimerais, c'est que Me Lemay réponde à la question de M. le
député de Taillon. M. le député de Taillon, vous
avez la parole.
Une voix: Ça ne sert à rien.
M. Filion: Bien, là, je... Est-ce que vous aimeriez que je
la répète, Me Lemay? Soyez à l'aise.
M. Lemay: J'ai encore la question en mémoire.
Le Président (M. Lorrain): Je pense qu'il serait
préférable, cela fait une demi-heure qu'on a...
M. Lemay: Cela va aller.
M. Filion: On va y aller par bloc.
M. Lemay: C'est peut-être ma formation d'avocat qui fait
que je veux me défendre des fois quand je me sens attaqué, mais
les gens ne veulent pas ici.
M. Filion: Qui vous a...
M. Rochefort: Ah non!
M. Lemay: Mais, je ne peux pas...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, Me Lemay, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Pauvre petit martyre.
Une voix: C'est quoi ton problème, toi, Rochefort?
Le Président (M. Lorrain): Aie, un instant!
M. le député de Laval-des-Rapides.
M, Chevrette: Aïe, Aïe, Aïe. M. Rochefort:
Là, ça va faire.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, à
l'ordre s'il vous plaît! Me Lemay, je vous demande de répondre aux
questions uniquement, aux questions uniquement, aux questions uniquement, s'il
vous plaît.
M. Chevrette: Non, non, mais oui... ?
Le Président (M. Lorrain): M. le député
Filion.
M. Rochefort: M. le Président... ?
Le Président (M. Lorrain): C'est fait. La mise en garde
est faite.
M. Rochefort: Cela fait deux fois,
après une décision de la présidence.
Le Président (M. Lorrain): La mise en garde est faite.
Vous ne vous attendez pas à ce que je vais exclure le témoin, qui
est un des témoins principaux de cette commission.
M. Rochefort: Je ne vous demande pas de l'exclure, M. le
Président, je vous demande de faire en sorte qu'il respecte vos
décisions.
Une voix: Wo! Wo!
Le Président (M. Lorrain): Alors, je pense que c'est bien
compris.
Me Lemay, Me Lemay, aux questions seulement, aux questions seulement,
s'il vous plaît, et sans commentaire, Me Lemay.
M. Lemay: Ça va.
Une voix: Vous avez l'air d'une gang de...
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Un instantl M.
Filion.
M. Filion: Écoutez, est-ce que ma question vous
attaque?
M. Lemay: Si elle m'attaque? Non, non.
M. Filion: Ma question ne vous attaque pas. Alors, je la
répète: Qui vous a appris qu'il y avait une question de
privilège en Chambre, quand l'avez-vous appris et comment l'avez-vous
appris?
M. Lemay: Hier, je vous ai indiqué que je ne m'en
souvenais pas...
M. Filion: Vous ne vous en souveniez pas.
M. Lemay: ...qui me l'avait appris. Quand je réfère
à mes notes, je constate que dans mes notes je ne le mentionne pas non
plus.
M. Filion: D'accord.
M. Lemay: Vous le verrez à la page 5 de mes notes;
après la discussion de confirmation que j'ai avec M. Garon, j'indique:
Quelque temps plus tard, M. Garon m'a appelé, etc. Bon. Une conversation
très brève qui a duré une ou deux minutes. Au dernier
paragraphe de la page 5, j'indiquet Ce n'est qu'environ une heure, une heure
trente, une heure et demie plus tard que j'ai appris avec stupéfaction
que M. Garon avait soulevé une question de privilège en Chambre
et j'ai alors fait différentes conversations téléphoniques
pour savoir exactement ce qui s'était passé. Différents
téléphones. J'en ai parlé un petit peu hier.
Mais qui exactement qui m'en a parlé? D'abord, ce qui
est important comme information à ce moment-là dans le
mémo, j'ai indiqué les éléments qui étaient
significatifs. Pour moi, c'est ce qui est important a retenir. La personne qui
m'a informé qu'il y avait une question de privilège, à ce
moment-là, ce n'était pas pour moi une question significative.
Donc, je ne l'ai pas pris en note. Là, je n'ai pas de note pour
référer à cela. J'ai vérifié avec ma
secrétaire et d'autres personnes du bureau. Vous souvenez-vous comment
que c'est venu sur la table, cette affaire-!!? Je ne peux pas vous
répondre d'une façon affirmative.
M. Filion: D'accord.
M. Lemay: Ce que je peux vous donner c'est des hypothèses.
Si vous les voulez, je peux vous les donner. Il y en a trois
hypothèses.
M. Filion: D'accord. Alors, en deux mots, vous ne vous en
souvenez pas.
M. Lefebvre: M. le Président, est-ce qu'on pourrait le
laisser répondre?
M. Lemay: Je m'en souviens. Je veux vous donner les
hypothèses.
Le Président (M. Lorrain): Ça va, continuez.
M. Lemay: Ce que j'ai comme souvenir, ce que j'ai comme souvenir
c'est que sur l'heure du dîner, il devait être peut-être une
heure moins quart, midi et demi, une heure moins quart, j'étais au
bureau, je me souviens qu'au niveau du secrétariat - on a un bureau de
30 avocats avec 35 secrétaires - au niveau du secrétariat, an a
une petite cuisine en bas. Il y a des secrétaires, je ne peux pas vous
dire lesquelles, je ne m'en souviens pas, qui ont dit: M. Lemay, ils parient de
vous au Parlement. Ils parlent de votre loi au Parlement. Bon. Quand j'ai su
ça, je suis monté au bureau du senior, M. Tremblay qui est avocat
chez nous, parce que là on parlait du bureau, on ne parlait plus de la
loi, c'était notre bureau qui était impliqué au Parlement.
C'est pas à tous les jours qu'on est impliqué dans des choses
comme ça. Cela fait que j'ai demandé à M. Tremblay, j'ai
exposé le problème et je lui ai dit: Qu'est-ce qu'il faut que je
fasse? Qu'est-ce qui se passe? À ce
moment-là...
M. Filion: Ça va, ça va.
M. Lemay: Vous ne voulez pas en savoir plus que
ça?
M. Filion: Non, mais écoutez, ça va, Me Lemay. Vous
avez dit que vous avez été à la cafétéria,
ensuite vous avez discuté avec vos associés. J'en suis
plutôt sur les...
M. Lemay: C'est une petite cuisine. Une cafétéria
c'est...
M. Filion: D'accord, disons la petite cuisine. Alors ça
va. Donc, que de façon précise...
M. Lemay: Informelle.
M. Filion:... et certaine, vous ne pouvez pas me dire qui vous
l'a appris, parce que c'était ça ma question.
M. Lemay: Mon souvenir, c'est que c'est les secrétaires.
À cette heure, est-ce qu'elles ont entendu cela à la radio?
Est-ce que c'est quelqu'un d'autre qui leur a dit? Est-ce qu'il y a des
secrétaires au bureau qui ont des enfants, des amis qui travaillent au
parlement? Est-ce qu'ils ont eu le message disant: Aie, maman, ils
parlent de votre bureau au Parlement.
Précisément, j'ai tenté de vérifier hier et
les gens disent: II me semble que oui, il me semble que non. Des "il me
semble", ça ne vaut pas grand-chose.
M. Filion: Puis tout ça s'est déroulé autour
de l'heure du midi?
M. Lemay: Vers midi et demi, une heure parce que...
M. Filion: Vers midi et demi, une heure.
M. Lemay:... quand j'ai rencontré M. Tremblay, on a
convenu, on a dit: On va appeler au Parlement pour savoir ce qui se passe, pour
voir quelqu'un qui est sur place pour savoir qu'est-ce qui se passe. Et on a
appelé au bureau; M. Tremblay avait un ami de la famille qui travaillait
au bureau du chef de l'Opposition. On a appelé, on a dit: Qu'est-ce qui
se passe? À mon souvenir, on a laissé le message à ce
moment-là peut-être vers une heure moins quart, une heure, on est
allé manger à la cafétéria en bas avec M. Tremblay
en laissant le message à la téléphoniste: Si M. Grenier
nous appelle, avertissez-nous en bas parce que c'est urgent, on veut savoir ce
qui se passe. J'ai eu des communications dans l'après-midi avec...
M. Filion: La conversation que vous... M. Lemay: C'est
ça.
M. Filion:... c'est-à-dire l'appel dont on a fait
état hier.
M. Lemay: Dans toute l'après-midi les appels
c'étaient de la cueillette d'informations pour savoir qu'est-ce qui se
passait en Chambre parce qu'on n'était pas là.
M. Filion: Hormis... Puis vous m'aviez bien dit hier qu'il n'y a
pas eu de communication réussie, ça entend des communications qui
ont été enclenchées, non pas des messages, là, avec
le cabinet de M, Pagé.
M. Lemay: J'ai eu un appel du...
M. Lefebvre: Excusez, maître, je n'ai pas compris la
question, je m'excuse.
M. Filion: En deux mots, vous avez tenté de rejoindre M.
Pagé à son cabinet.
M. Lemay: Oui.
M. Filion: Mais je dois comprendre que vous ne l'avez pas
rejoint.
M. Lemay: Je n'ai pas rejoint M. Pagé, d'aucune
façon.
M. Filion: Le 19 décembre?
M. Lemay: Non. J'ai laissé le message même en disant
- d'ailleurs, même message à M. Garon; Je veux vous parler, je
veux avoir des explications sur qu'est-ce qui se passe. Ça
apparaît d'ailleurs dans mon mémo où j'indique que j'ai
laissé un message aux deux pour avoir des explications et ni un ni
l'autre ne m'a rappelé.
M. Filion: Est-ce que vous avez parlé avec des adjoints,
des représentants ou des intermédiaires de M. Pagé le 19
décembre entre onze heures le matin et environ cinq heures
l'après-midi?
M. Lemay: Quand j'ai laissé le message d'abord à M.
Pagé, je ne me souviens pas si j'ai parlé à sa
secrétaire, à la réceptionniste ou à un
attaché du cabinet là, quand j'ai laissé le message. Dans
mon mémo, je ne me souviens pas si j'indique l'heure. En fin de
journée, j'ai communiqué avec le bureau de M. Garon et celui de
M. Pagé en disant que je voulais leur parler pour clarifier la situation
- c'est à la page 7 - aucun d'eux ne m'a rappelé. Je ne me
souviens pas si j'ai parlé à une téléphoniste, une
secrétaire, ou un attaché de cabinet ou autrement à ce
moment. Je ne peux pas vous dire, j'ai parlé, j'ai-tu parlé
à quelqu'un du cabinet ou la réceptionniste ou une
secrétaire ou la secrétaire de M. Pagé personnelle
là, mais je n'ai pas parlé à M. Pagé, ça
c'est bien certain ça.
M. Filion: Et puis c'était quoi le contenu de la
conversation que vous avez eue avec à ce moment-là la personne
qui - vous a répondu?
M. Lemay: C'était dans exactement le même sens que
j'avais avec Mme Lecours quand j'avais laissé le message pour le
deuxième appel à Mme Lecours dans l'après-midi à M.
Garon: Qu'est-ce qui se passe là?Je ne comprends pas, je
veux avoir des explications, je veux que votre député me
rappelle. C'est urgent. Ça me fatiguait moi, je ne trouvais pas
ça drôle de faire la manchette devant le Parlement, là.
C'était une situation tout à fait inattendue pour moi. Je ne
m'attendais pas à ça.
M. Filion: Qu'est-ce que cette personne-là, qu'on ne
connaît pas mais qui travaillait au bureau de M. Pagé, vous a
répondu''
M. Lemay: Votre nom, votre numéro de
téléphone. Qu'est-ce que vouiez qu'on me dise? Et puis dans le
cas de Mme Lecours, elle a dit: Écoutez, bien ça, on en
reparlera*, elle m'a parlé de commission parlementaire mais elle a dit:
Je prends le message que M. Garon vous rappelle. Je n'ai pas
discuté.
M. Filion: C'était juste de laisser le message. Il n'y a
pas eu d'autres conversations, à d'autres moments, à ce
moment-là, avec...
M. Lemay: Je leur ai peut-être dit que je n'étais
pas heureux de ce qui se passait en Chambre là. Je ne vous dis pas que
je n'ai pas dit que j'étais pas heureux de ce qui se passait en Chambre.
Quand j'ai vu qu'il y avait, une question de privilège, je
n'étais pas de bonne humeur parce que je ne m'attendais pas que
ça prendrait cette tournure-là.
M. Filion: Pourquoi vous étiez de mauvaise humeur?
M. Lemay: Bien, écoutez. À mon avis, là,
vous me demandez mon opinion; là, il faudrait que je demande une
directive au président. Quand je donne une opinion...
Le Président (M. Lorrain): Non, allez, allez, la question
est recevable.
M. Lemay: Mais ça va être une opinion, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Dites, c'est vous qui l'avez
vécu.
M. Lemay: C'est correct. Je l'ai expliqué hier encore
assez clairement, il me semble, c'est qu'il y a eu une difficulté de
compréhension quelque part, difficulté d'explication et de
compréhension, cela va dépendre de quel côté on se
place; je suis d'avis qu'il y a eu une difficulté de
compréhension, c'est que, tout au long de la discussion que j'ai eue
avec M. Pagé, il a toujours été clair et évident
pour moi que c'est une décision de parti, de comité ou de caucus,
la décision de bloquer la loi de la CITRSQ. Il a toujours
été également clair que le motif, c'est que l'Opposition
ne consentait plus à la loi 132 et c'est parce que M. Garon ne
respecterait pas, soi-disant, la ligne du chef. Cela a toujours
été clair dans mon esprit que c'était une décision
du gouvernement, du caucus ou du comité. Je ne me suis pas posé
la question pour dire: Est-ce qu'il y en a rien qu'un, deux ou trois qui
pensent cela? J'ai pris pour acquis que le gouvernement ne passait plus ma
loi.
Quand j'ai communiqué avec M. Garon, j'ai pris soin de
préciser cela, mais je me rends compte aujourd'hui et je me rends compte
dans l'intervention qu'a faite M. Garon que, pour lui, et je ne vous dis pas
que cela peut changer de quoi sur la question de privilège qui est
devant la commission, je ne le sais pas, moi, si cela change de quoi, si c'est
le gouvernement ou le député ou... Je ne me prononce pas
là-dessus, O. K? Sauf que, de la façon que les faits sont
rapportés par M. Garon, et je ne doute pas de sa bonne foi, c'est que,
dans son cas, il a compris que c'est M. Pagé personnellement qui
s'engageait à bloquer la loi. Donc, il a vu cela comme un conflit
personnel. Est-ce qu'il en a des conflits personnels sur d'autres sujets? Je ne
le sais pas et je ne veux pas le savoir. Sauf que quand M. Garon... il y a des
éléments, on dit: Me Lemay contredit M. Garon. Il faut voir c'est
quoi les contradictions. Je vous ai donné des exemples hier, cela
apparaît... J'ai relevé les notes hier et j'ai pris la peine de le
préciser hier matin, je ne sais pas comment votre système de
pages fonctionne, mais en tout cas j'étais à R-300 dans les
minutes, à 10 h 20, de 10 h 20 à 10 h 25 hier, j'ai
exposé, il me semble, la situation assez clairement, j'ai donné
des exemples où l'imbroglio, si vous me permettez l'expression,
résulte d'une incompréhension ou d'une mauvaise communication
entre le fait que c'est-tu M. Pagé qui bloquait ou c'est le
gouvernement? Dans mon esprit, cela a toujours été
clair que c'était le gouvernement. Dans l'esprit de M. Garon, il semble
que cela a toujours été clair que c'était M. Pagé,
ce qui a motivé sa réaction, et je ne dis pas qu'elle est bonne
ou qu'elle n'est pas bonne, je ne fais pas de commentaire là-dessus.
Une voix: D'accord.
M. Lemay: Ce que je veux vous dire,
c'est que j'ai donné des exemples hier où on dit: Me Lemay
contredit M. Garon. Et je regarde et je dis: II n'y a pas de contradiction.
Quand je dis...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay... M. Filion:
Alors, oui, si...
Le Président (M. Lorrain):... on ne vous a pas posé
la question. Si on vous pose !a question, vous répondrez.
M. Filion: J'avais posé une question au témoin,
c'est.,.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion:... pourquoi il se sentait irrité de voir qu'une
partie des conversations étaient rapportées en
Chambre? Là, on est rendu très loin, j'aimerais cela
ramener le témoin, M. le Président, avec votre permission, un
petit peu sur la ligne de mon interrogatoire étant donné qu'on a
peu de temps, chacun des parlementaires, pour interroger, alors...
Le Président (M. Lorrain): D'accord.
M. Lemay: Mon temps de réponse ne vous nuit pas dans votre
temps, mais en tout cas, de toute façon... Je faisais une blague en
passant.
M. Filion: Non, mais c'est parce que... D'un autre
côté...
M. Lemay: J'étais irrité, M. le...
M. Filion: Comme vous savez, quand je pose une question, cela a
l'air que ça prend une séance.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Me Lemay peut attendre la
prochaine question de M. le député de Taillon.
M. Lemay: Je l'agaçais, je l'agaçais. Je suis en
train de prendre les habitudes des parlementaires, peut-être.
M. Filion: Donc, je voudrais vous ramener à ce
moment-là à...
M. Lemay: O. K. J'étais irrité parce que...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay... M. Lemay:...
j'étais, j'étais...
Le Président (M. Lorrain):... j'ai reconnu une question
à M. le député de Taillon, vous pourrez
répondre.
M. Lemay: Mais j'ai compris la question.
M. Filion: Oui, bien j'ai compris votre réponse
également.
M. Lemay: J'étais irrité parce que les
propos...
M. Filion:... parce que vous croyiez que tout cela,
c'était un imbroglio.
M. Lemay: Oui, et que les propos qui étaient
rapportés en Chambre ne correspondaient pas à ce que, moi,
j'avais compris.
M. Filion: D'accord.
M. Lemay: J'ai peut-être mal compris, mais ce n'est pas
cela que j'ai compris et ce n'est pas cela que j'ai véhiculé.
M, Filion: D'accord. M. Lemay; au cours de la deuxième
conversation téléphonique avec M. Garon, vous avez dit à
M. Garon: Ne parlez pas de cela en Chambre. Cela est arrivé... Alors, M.
Garon... C'est-à-dire, vous, vous avez dit cela à M. Garon, suite
à quelles paroles de M. Garon?
M. Lemay: La deuxième conversation, quand j'en ai
parlé, et je pense...
M. Filion: Non, mais écoutez ma question.
M. Lemay: Oui.
M. Filion: Vous avez dit: Ne parlez pas de cela en Chambre. Ma
question était... Vous n'avez pas dit cela comme cela, vous avez dit
cela suite à une parole de M. Garon. La parole, est-ce que ce
n'était pas: "II n'a pas le droit de faire cela. "
M. Lemay: C'était: "II n'a pas le droit de faire cela.
"
M. Filion: "II n'a pas le droit de faire cela. " Ron. Quand lui a
dit: "II n'a pas le droit de faire cela"...
M. Lemay: Oui, monsieur.
M. Filion:... c'était suite à ce que vous veniez de
lui dire?
M. Lemay: Exact.
M. Filion: Qu'est-ce que vous veniez de lui dire?
M. Lemay: Je venais de lui dire que M. Pagé avait dit que
le comité s'était réuni et
qu'il bloquait la loi si M. Garon ne bloquait pas l'autre,
c'est-à-dire ne consentait pas à l'autre loi. (10 heures)
M. Filion: Dans la note D-3 qui était lue par M. Garon au
cours du deuxième téléphone avec vous, il n'est pas
question de comité là-dedans.
M. Lemay: "II". Il est question de "il" et le mot
Pagé est entre parenthèses.
M. Filion: D'accord. Voulez-vous, je vais... Avez-vous une copie
de D-3? Voulez-vous vous y référer?
M. Lemay: J'en ai une copie. Je vais y référer.
M. Filion: D-3.
Une voix:...
M. Filion: Aïe, M. le Président! M. Lemay: Je
l'ai, M. le député.
Le Président (M. Lorrain): Je ne comprends pas...
M. Filion: Vous avez une copie de D-3. M. Lemay: Oui,
monsieur.
M. Filion: Parce que vous... Le téléphone avec
monsieur... entre M. Pagé et vous-même a été suivi
immédiatement - on le sait; je reprends ça uniquement pour vous
situer - d'un téléphone à M. Carrier et, ensuite de
ça, d'un téléphone adressé à M. Garon, mais
reçu par Mme Lecours. C'est bien ça?
M. Lemay: Oui.
M. Filion: Donc, les événements
immédiatement postérieurs au coup de téléphone de
M. Pagé sont le coup de téléphone à M. Carrier et
la conversation avec Mme Lecours.
M. Lemay: Bien, il y a eu un décalage, comme je vous l'ai
dit. J'ai attendu pour savoir si M. Lessard me rappellerait.
M. Filion: Bon. Or, M. Lemay, vous conviendrez avec moi que, lors
de votre conversation téléphonique avec M. Carrier et lors de
votre conversation téléphonique avec Mme Lecours,
l'événement de la conversation que vous avez eue avec M.
Pagé était toute fraîche à votre mémoire.
Cela venait juste de se passer.
M. Lemay: Oui, oui. M. Filion: Hein?
M. Lemay: Oui, oui.
M. Filion: On ne peut pas dire: Ça fait trois mois,
ça fait dix jours, ça fait deux jours. Ça venait juste de
se passer.
M. Lemay: Exact.
M. Filion: Bon. Or, donc, je vous reréfère à
D-3. Vous avez entendu le témoignage de Mme Lecours? Elle prenait des
notes sténographiques. Est-ce que... M. Lemay vient tout juste de
recevoir un appel téléphonique de Michel Pagé qui disait
ceci: Si M. Garon continue de 9'entêter à bloquer le projet de loi
132, il s'engaqe à bloquer le projet de loi de la CITRSQ. Il n'est pas
question de comité là-dedans, M. Lemay.
M. Lemay: Non, ce n'est pas moi qui l'ai rédigé, le
mémo.
M. Filion: Est-ce que...
M. Lemay: Puis, ce que je vous réponds à ça,
M. le député, c'est que, quand M. Garon... Il ne m'a pas dit: Je
lis un mémo. Mais il a employé les paroles: Comme ça,
Pagé, il a dit: Si Garon continue de s'entêter à bloquer le
projet de loi 132...
M. Filion:... la conversation avec M. Garon. Ma question porte
sur la conversation avec Mme Lecours.
M. Lemay: Mais je vous dis que ce n'est pas moi qui ai
dicté ça dans le sens que ce n'est pas moi qui l'ai
rédigé. Maintenant, quand j'ai parlé à Mme Lecours,
je n'ai pas donné autant de détails à Mme Lecours
qu'à M. Garon. Ecoutez, l'important, c'est de convaincre M. Garon, ce
n'est pas de convaincre Mme Lecours. Mme Lecours, il faut que je la convainque.
Je dis: C'est important, notre projet de loi est bloqué. J'ai eu un
téléphone de M. Pagé, dites-lui qu'il s'en vienne. Le
détail exact de ce que je lui ai dit, je ne l'ai pas retenu.
Ce que j'ai retenu, c'est ce que je disais à celui que je voulais
qui soit mon porte-parole au niveau politique, M. Garon. Quand j'ai dit, par
exemple: Écrivez le message en rouge, en "joke", bien,
évidemment, je n'ai pas dit ça à M. Garon. Peut-être
bien qu'il ne l'aurait pas trouvé drôle, je ne le sais pas,
là.
M. Filion: D'accord. Avez-vous dit juste en rouge à Mme
Lecours ou vous avez dit: En bleu, vert, rouge, etc. ?
M. Lernay: Bien, j'ai dit: Écrivez la couleur que vous
voulez. J'ai dit: Ah! puis, mettez-le donc en rouge, ça va attirer son
attention. Il me semble que j'ai dit quelque chose comme ça.
M, Filion: Bon, on s'entend, parce que c'est essentiellement le
témoignage de Mme Lecours aussi.
M. Lemay: Oui, oui, it n'y a pas de problème.
M. Filion: Maintenant, donc, avec Mme Lecours, il est fort
possible qu'il n'ait pas été question de comité ou de
caucus. Vous avez dit l'essentiel à Mme Lecours.
M. Lemay: Je ne me souviens pas s'il en a été
question ou non avec Mme Lecours. Avec M. Garon, je m'en souviens, parce que je
l'ai rectifié même.
M. Filion: Comment se fait-il que vous êtes si sûr de
ça, qu'il n'en a pas été question avec madame...
c'est-à-dire que vous êtes aussi peu sûr qu'il en ait
été question avec Mme Lecours, alors que c'est là
l'événement, le deuxième événement
postérieur à votre conversation avec M. Pagé?
M. Lemay: Écoutez, l'important, pour moi... À ce
moment-là, il y a des événements qui sont significatifs,
d'autres qui ne le sont pas, Le fait que je téléphone à
Mme Lecours pour lui dire: Hé! Faites venir votre "boss", ça
presse, ça c'est important. La façon puis les détails que
j'y donne, c'est à M. Garon qu'il faut que je les donne. Ce qui fait que
je n'ai pas retenu ce que j'ai dit exactement à Mme Chose. J'ai dit...
J'ai fait un message en lui disant: Substantiellement, c'est ce qui se passe et
dites à votre patron de me rappeler, c'est très urgent. Puis,
à M. Garon, j'ai parlé plus longtemps, c'est bien
évident.
M. Filion: Donc, je vous réfère à D-3...
reréfère à D-3.
M. Lemay: Oui, monsieur.
M. Filion: La note D-3. Rien que vous dites: Je n'en suis pas
sûr, puis c'est possible, etc., correspond...
M. Lemay: Voulez-vous...
M. Filion:... à l'essentiel de la conversation
téléphonique que vous avez eue avec Mme Lecours.
M. Lemay: Bien, regardez. Vous dites que je ne suis pas
sûr, puis tout ça. Ce que...
M. Filion: C'est vous qui dites: Je ne suis pas sûr qu'il
ait été question d'un comité...
M. Lemay: Oui, mais regardez. Moi, je ne l'ai pas dicté ce
mémo-là. Je l'ai vu pour la première fois quand il a
été déposé voilà trois ou quatre jours, je
ne sais pas trop quoi. Puis, je vous dis que, quand je relis ça, j'ai
dit: Ça, j'ai entendu ça à quelque part. C'est quand M.
Garon m'a appelé et m'a dit: Comme ça, si Paqé a dit: 5i
Garon continue de s'entêter à bloquer la loi 132, Pagé
s'engage à bloquer ma loi.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Louis-Hébert et M. le
député de Frontenac, s'il vous plaît! C'est
extrêmement important.
M. Lemay: Ça fait que M. Garon, sans me dire qu'il me
lisait un mémo, je me souviens qu'il m'a dit ces mots-là: Si M.
Garon continue de s'entêter à bloquer la loi... Il a dit: Si je
continue - évidemment, il ne s'est pas appelé M. Garon - continue
de s'entêter à bloquer le projet de loi 132, Pagé
s'engage... Il n'a pas dit: Il - entre parenthèses, M. Pagé - il
a dit: Paqé s'engage à bloquer le projet de loi sur la CITRSO.
Puis là, j'ai dit: Non, c'est pas ça. Pagé m'informe que
le gouvernement bloque la loi. Puis pour M. Garon, lui, de la façon
qu'il a témoigné, il dit: II ne s'engage pas, il bloque.
Pagé bloque... Bien oui, mais moi j'ai corrigé à deux
places. J'ai corrigé sur le messager, le preneur de décision et
j'ai corrigé sur le message. J'ai dit: C'est pas un engagement à
bloquer, c'est bloqué. Puis, j'ai dit: C'est pas Pagé qui bloque,
c'est Pagé qui me dit qu'il y a un comité qui bloque. C'est ce
que j'ai dit. J'ai pris la peine de le corriger, ça. Mais ça,
ç'as-tu des conséquences ou non sur la question, vous le
débattrez vous autres. Mais c'est bien certain que le message a
été véhiculé et corrigé correctement
à M. Garon. Est-ce qu'il l'a compris à cette heure, puis tout
ça? Je ne le sais pas là, écoutezl Moi, je suis
responsable des paroles que je dis, pas de ce que le monde comprend. Je pense
que c'est bon pour tout le monde.
M. Filion: Dans la note D-3, M. Lemay, il n'est aucunement
question d'un comité.
M. Lemay: Ça va de soi, ce n'est pas écrit.
M. Filion: D'accord. Parlons-en un petit peu de ce
comité-là, si vous voulez. Qui en faisait partie?
M. Lemay: J'ai déjà répondu à cette
question-là. Je vous ai indiqué que M. Pagé m'a
indiqué: On s'est réunis ce matin en comité et nous avons
décidé de ne pas donner notre consentement, etc. Bon. Puis, on
m'a demandé: Qui, est-ce qu'il y a Untel?J'ai dit: Je ne le
sais pas qui était là-dedans. Je devine que M. Pagé devait
être
sur ce comité, quand il dit: On s'est réunis en
comité... Il devait être là-dessus. Étaient-ils 2,
25, 32 ou 52? Je ne le sais pas. Je ne m'en suis pas informé, d'aucune
façon.
M. Filion: M. Lemay, avant l'appel de M. Pagé, avez-vous
entendu parler de l'existence d'un comité?
M. Lemay: Bien, des comités, caucus, écoutez! Moi,
j'ai dit un comité ou un caucus, d'abord, quand j'ai
témoigné.
M. Filion: Oui.
M- Lemay: Un comité, est-ce que c'est le comité
régional? le comité des priorités?le
comité des services essentiels...
M. Filion: Non, non, mais aviez-vous entendu parler, en ce qui
concerne votre projet de loi, d'un comité?
M. Lemay: D'aucune façon.
M. Filion: Bon. Avez-vous pensé à demander à
M. Pagé si le ministre des Transports ou le ministre des Affaires
municipales faisaient partie de ce comité-là?
M. Lemay: J'ai dit que je n'y ai pas, rien que pas pensé,
je ne lui ai pas demandé. Je me suis fié à lui. Il me dit
qu'il y a un comité. Je ne suis pas pour commencer à lui demander
qui était là, puis à quelle heure ils se sont
réunis. J'ai pris pour acquis ce qui m'a été
donné.
M. Filion: M. Lemay, ça faisait un mois que vous
travailliez pour faire passer un projet de loi. Vous êtes avocat. Votre
métier, c'est de réussir. C'est de prendre tous les moyens
raisonnables pour réussir.
M. Lemay: En tout cas, là, vous faites des
commentaires.
M. Filion: Ça fait un mois que vous investissez...
M. Lemay: Vous faites des commentaires...
M. Filion: En tout cas, ça fait un mois que vous
travaillez pour faire passer un projet de loi pour le bénéfice de
votre cliente. Vous avez fait moult démarches à droite et
à gauche. Vous étiez en commission parlementaire le 18
décembre, jusqu'à 10 heures. Vous partez chez vous. Vous dormez
sur vos deux oreilles. À 9 h 30, le lendemain matin, vous entendez dire
qu'il y a un comité quelque part qui décide des choses qui
affectent votre projet de loi et vous ne posez strictement aucune question
à la personne qui vous informe qu'un comité quelque part touche
à votre projet de loi.
M. Lemay: Je vous ai expliqué que, quand j'ai eu cette
information-là, moi, j'ai pris ça comme un tuyau. On m'informe
qu'il y a une "game" politique qui va se jouer, puis dans la "game", notre
projet de loi est là-dedans. Ça fait que moi je me dis...
Même que dans mon mémo je l'indique: À la fin de la
conversation avec M. Pagé, je l'ai remercié. J'ai dit: Je trouve
ça bien plate qu'on soit "squeezé" là-dedans. C'est pareil
comme le cas de Sorel, mais, en tout cas, je vous remercie de me l'avoir dit.
Qu'est-ce que tu veux? Un homme averti en vaut deux. Mais on m'informe que
c'est une "game" politique qui part là, puis qu'ils vont se chicaner.
Moi, je ne me mêle pas de politique.
M. Filion: M. Lemay, ce qu'on vous informe et ce que vous dites
depuis le début de votre témoignage, c'est qu'il y a un
comité ou un caucus, peu importe, c'est qu'il y a un comité
quelque part...
M. Lemay:... le matin même.
M. Filion:... qui s'est réuni le matin...
M. Lemay: C'est ça.
M. Filion: Donc, entre... Bien, le matin, ça le dit, c'est
pas la veille au soir. Puis vous, à 10 heures, la veille, tout
était parfait. Vous l'aviez vécue la commission parlementaire
à part ça. Là, le lendemain matin...
M. Lemay: Parfait... Là, je n'étais pas encore
content des intérêts, mais disons que c'était
réglé, là.
M. Filion: Ron. C'était réglé. Le lendemain
matin, vous apprenez qu'il y a un comité qui s'est réuni le
matin, donc qui s'est réuni avant 9 h 30 le matin. C'est ça,
hein?
M. Lemay: C'est ça. Bien, à moins... M. Filion:
M. Lemay...
M. Lemay: J'ai eu le téléphone vers 8 h 30, 9 h 45,
ça fait que, évidemment, je conclus la même chose.
M. Filion: M. Lemay, il ne vous est pas venu à l'esprit
que le comité, c'était M. Pagé lui-même, seul?
M. Lemay: Non. Ça ne m'est pas venu à
l'esprit...
M. Filion: Ca ne vous est pas venu à l'esprit.
M. Lemay:... mais je sais que c'est venu à l'esprit de
plusieurs personnes, par exemple.
M. Filion: Pardon?
M. Lemay: Je sais que c'est venu à l'esprit de plusieurs
personnes.
M. Filion: Que ça pourrait être M. Pagé tout
seul?
M. Lemay: Pas cette journée-là, mais, quand j'ai
rencontré des gens de votre parti, qui sont venus à mon bureau le
19 février et qui ont lu au complet le mémo, au complet,
mémo qu'on a dit hier: II l'a peut-être bien sorti... C'est facile
d'écrire un mémo, on l'a sorti hier. Ce mémo-là
existe depuis le début et on tente de dire que je l'ai fait pour la
commission. Je vais finir.
M. Filion: Revenez à ma question. Revenons à ma
question.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Vous l'interrogerez.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je suis parfaitement d'accord que l'Opposition est
maître de ses questions en autant que cela respecte les
règlements, mais le témoin est également maître de
ses réponses, tant et aussi longtemps que cela n'exprime pas d'opinion,
sauf - il faut être relativement large - qu'il faut lui laisser la
possibilité de s'exprimer sur les questions qu'on lui pose. C'est ce
qu'on a fait avec le témoin, le député de Lévis, M.
le Président. La même règle s'applique à Me Lemay.
Qu'on le laisse répondre aux questions qu'on lui pose! Même si
c'est agaçant les réponses qu'il donne, il faut les
écouter.
M. Filion: M. le Président.
M. Chevrette: II n'y a rien d'agaçant.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Taillon.
M. Chevrette: Moi aussi, je veux intervenir sur la question.
M. Filion: M. le Président.
M. Chevrette: II n'y a pas grand-chose d'agaçant... Qui y
va?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, sur la même question de règlement.
M. Filion: M. le Président, j'ai pratiqué le
métier d'avocat. On est habitués de plaider, d'argumenter, de
tirer des conclusions. Le témoin est avocat. C'est tentant pour lui et
c'est correct pour moi, sauf qu'il est ici comme témoin, donc pour
répondre à des questions qu'on lui pose. En ce sens-là,
j'apprécierais, profitant de la question de règlement
invoquée de l'autre côté, que vous invitiez le
témoin, que vous rappeliez au témoin qu'il est ici pour
répondre à des questions et non pas pour tirer des
argumentations, ou des bouts d'argumentation, ou des tentatives
d'argumentation, mais qu'il se contente de répondre aux questions et,
donc, de dire exactement ce qu'il a vu, constaté, etc.
Alors, ma question au témoin, Me Lemay, était: Est-ce
qu'il ne vous est pas venu à l'esprit que le comité pouvait
être M. Pagé seul? Là, il m'a répondu: Non, cela ne
m'est pas venu... Oui, c'est venu à l'esprit de certaines personnes. Ce
n'était pas ma question du tout, puis là il relate autre chose.
Je lui ai demandé; Est-ce que le 19 décembre, cela vous est venu
à l'esprit que le comité pouvait être M. Pagé seul?
Alors...
M. Lemay: M. le Président, pour vous éviter
de...
M. Filion: Non, non.
M. Chevrette: Un instant, là! On est sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non, la question de
règlement n'est pas terminée encore. Excusez-moi, Me Lemay.
M. Filion: Donc, j'apprécierais que vous puissiez rappeler
au témoin...
Le Président (M. Lorrain): Vous avez toujours la
parole.
M. Filion: J'avoue que c'est tentant, mais peut-être qu'il
fait juste... Quand ce sera son tour de plaider, bien, mon Dieu, il
plaidera.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez la parole sur la
question de règlement. Avez-vous terminé, M. le
député de Taillon?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Louis-Hébert. Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. M. le Président, le témoin est en
train de nous dire des choses qui éclairent la commission et qui nous
permettent de savoir ce qui s'est passé. Entre autres choses, avant
d'être interrompu, il était en train de dire que le mémo
dont on fait amplement état, c'est un mémo qui existe depuis la
date où il l'a dicté et que des gens de l'Opposition sont
allés le vérifier te 19 février, en ont pris connaissance,
ils l'ont lu et, à ce moment-là, cela explique bien des choses.
Cela explique le duces tecum, cela explique tout. On n'a pas d'information
privilégiée là-dessus, Le témoin est en train de
nous expliquer que ce mémo-là, il l'a dicté et que ceux
qui voulaient en prendre connaissance en prenaient connaissance. Il nous
informe que le ]9 février, il a eu de ia visite et que ce n'était
pas de la visite de chez nous.
M. Filion: II recommence, là!
Des voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Question de règlementl Question de
règlement!
M. Doyon: Et, M. le Président, cela...
Une voix: Cela explique qu'on l'ait su, nous autres.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: C'est comme cela qu'on l'a appris...
M. Filion: Question de règlement!
M. Doyon:... M. le Président, c'est cela qui explique que
le duces tecum a suivi et...
M. Filion: Il dit n'importe quoi.
Le Président (M. Lorrain): II va terminer, là. M,
le député de...
M. Chevrette: S'il est hors d'ordre, on ne le laisse pas
continuer, on l'arrête!
Le Président (M. Lorrain): Non. M. le
député...
M. Doyon: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
sur la question de règlement relativement à un document, cela a
été mentionné. Il peut répéter ce que le
témoin...
M. Chevrette: Ce n'est pas du tout une question de
règlement, M. le Président. Je vais vous dire la question qui a
été posée par le député.
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Chevrette: La question qui a été
déposée...
Le Président (M. Lorrain): Mais ce n'est pas la question.
C'est la question de règlement qui a été soulevée
par M. le député de Frontenac que j'entends. Après, je
vais revenir sur la question de M. le député de Taillon et situer
le tout,
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président. Ou bien il y a
du monde absent dans cette Chambre. Le député de Taillon a
posé la question suivante: Ne vous est-il pas venu à
l'idée, M. le témoin, que M. Pagé aurait pu constituer le
comité lui-même? II dit: Pas moi, mais d'autres. Ce n'est pas
cela. On ne lui a pas demandé: Y aurait-il d'autre monde qui aurait pu
penser que Pagé était tout seul? II témoigne en son nom,
ce gars-là.
Le Président (M. Lorrain): Alors, exactement.
J'entends...
M. Chevrette:Il ne témoigne pas pour les autres. Qu'il
dise ce qu'il pense! Il devrait le savoir beaucoup plus comme avocat, lui, que,
quand on lui pose la question...
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais...
M. Chevrette:... êtes-vous au courant, vous? Cela vous est-il
venu à l'idée, vous? S'il se met à dire: C'est Garon,
c'est Grenier, c'est Thibault, ce n'est pas ce que l'on veut savoir. On lui
pose une question précise. S'il veut faire des conférences de
presse après, il en fera...
Le Président (M. Lorrain): Je vais tout...
M. Chevrette:... mais ce n'est pas son rôle ici comme
témoin. C'est cela la question de règlement, puis vous laissez
placater tout le monde sur n'importe quoi, M. le Président. (10 h
15)
Le Président (M. Lorrain): Non non, je n'ai pas rendu ma
décision sur la question de règlement. Je suis à
entendre...
M. Chevrette: Bien voyonsl C'est de fondement même, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Je ne vous ai même pas
reconnu encore. Vous pourrez le dire, M. le leader de l'Opposition. Il me reste
trois interventions sur la question de règlement. Je n'ai pas dit un mot
encore sur cette question de règlement. Je n'ai pas dit un mot sur la
réplique ou la réponse partielle, ou totale, ou illégale,
ou légale de Me Lemay qui est témoin.
J'entends actuellement, simplement, les quatre questions de
règlement, c'est-à-dire les quatre interventions et,
après, je vais rendre une décision relativement à la
réponse de Me Lemay en fonction de la question de M. le
député de Taillon. Mats, en attendant, je veux bien entendre les
points de droit soulevés et les impressions que cela a pu soulever, le
genre de réponse de Me Lemay, des deux côtés. Et,
après, si c'est légal, je vais le reconnaître. Sinon, je
vais dire et avertir, comme je l'ai fait dans le passé, Me Lemay qu'il
ne doit répondre qu'aux questions des parlementaires. Mais avant...
Qu'on me reproche quoi que ce soit, je voudrais bien finir par entendre les
questions de règlement, et les quatre questions de règlement.
Actuellement, je suis à entendre M. le député de
Louis-Hébert et, si M. le député de Louis-Hébert
dit des choses qui sont non pertinentes à la question de
règlement soulevée par M. le député de Frontenac,
je ne les reconnaîtrai pas. Je vais mettre de côté son
argumentation et je vais prendre l'argumentation qui va me servir et qui, je
pense, a été suivie depuis le début et, j'espère,
nous servira pour les jours à venir, pour dire oui ou non à Me
Lemay, à sa réponse et à la question de M. le
député de Taillon.
Tout ce que je veux faire, c'est qu'avant de rendre une décision
- je pense que c'a toujours été comme ça - je voudrais
bien informer des deux côtés de la Chambre. Et depuis le
début il y a une entente qui est intervenue, j'ai reconnu deux
interventions de chaque côté pour chacune des questions de
règlement.
Alors, je suis à entendre la troisième. M. le leader de
l'Opposition, je vais vous entendre après M. le député de
Louis-Hébert et vous pourrez dire tout sur cette question de
règlement, et je rendrai ma décision après sur la
réponse qu'a tenté ou qu'a commencé à nous donner
Me Lemay suite à une question bien précise de M. le
député de Taillon, En attendant, je veux les arguments des deux
côtés avant de rendre ma décision.
En conclusion, M. le député de Louis-Hébert, sur
votre question de règlement.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je ne sais pas trop
comment le dire, M. le Président, parce que j'ai été
interrompu alors que j'étais en train d'expliquer. On n'en sortira
jamais. M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur votre question de
règlement.
M. Doyon: ...le témoin est en train de nous donner une
réponse qui éclaire cette commission et qui est pertinente aux
travaux de cette commission. Il est en train de dire: Moi, j'ai écrit un
mémo, je l'ai dicté. Je ne m'en suis jamais caché, ce
mémo n'est pas secret, la preuve en est que le 19 février des
gens de l'Opposition sont venus le vérifier. C'est là-dessus
qu'on l'interrompt. Ils sont venus vérifier et ça explique, M. le
Président, que, nous autres, on l'ait appris après qu'on a
envoyé un duces tecum, alors qu'il y a eu des gens dans la presse qui se
sont étonnés: Comment se fait-il que les ministériels
avaient une assignation avec un duces tecum''
L'explication est dans la bouche du témoin Lemay. Ça,
ça intéresse tout le monde, ça intéresse cette
commission parce qu'il y a des gens qui pensent, M. le Président... Et,
si on n'a pas les réponses, on va continuer de penser qu'il y a des
"deals" qui se sont faits sous la table et qu'il y a des documents qui sont
passés de façon préférentielle et
privilégiée à certains intervenants et à certains
parlementaires. Ce n'est pas le cas, M. le Président, le témoin
Lemay, qui est le mieux placé pour cela, tient à nous le dire,
est en train de nous le dire. C'est la première fois qu'il en parle. Le
19 février, des gens de l'Opposition sont venus et je leur ai
donné mon document et ils l'ont tu, puis nous autres on l'a appris par
après. C'est pour ça qu'on a envoyé un duces tecum, et
ça c'est pertinent, M. le Président. Si cette commission ne peut
pas s'éclairer complètement par le témoignage du
témoin, je ne sais pas ce qu'on va faire, où on s'en va...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon: C'est extrêmement important, M. le
Président. Et si, chaque fois qu'on a une partie de réponse qui
ne fait pas notre affaire ou qu'on aimerait mieux, dans le temps,
décaler ou, en tout cas, je ne sais pas quelles sont les raisons, on
interrompt le témoin et on dit: Bon, bien là, revenez à
d'autres choses, ce n'est pas ça qu'on veut savoir, ce n'est pas
ça qu'on veut savoir, ce n'est pas ça qu'on veut savoir. Reprenez
votre témoignage et on va vous...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Je vous signale, M. le
Président, que, du côté des ministériels, ce
n'est pas nous, certain, qui avons trituré le témoin et qui avons
cuisiné le témoin. On ne lui a pas encore posé une
question. Mais ce qu'on veut bien, par exemple, c'est que les questions
auxquelles est soumis le témoin par l'Opposition, qu'il puisse y
répondre...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon: ...complètement; autrement, cette commission ne
pourra pas faire son travail, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Chevrette: Si le ridicule...
Le Président (M. Lorrain): Une dernière
intervention sur cette question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: ...tuait, M. le Président, il y en aurait
une couple de morts parce qu'ils ont pas pris un tour de questions pour
interroger le témoin, puis ils veulent que ce témoin-là
fasse la lumière, M. le Président.
M. Lefebvre: Vous faites notre preuve.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Lefebvre: Vous faites notre preuve. Le Président (M.
Lorrain): À l'ordre! M. Chevrette: C'est votre
témoin'' M. Lefebvre: Vous faites notre preuve. M. Chevrette:
C'est votre témoin? M. Filion: Qui interrompt?
M. Lefebvre: C'est vous qui l'avez mis dans la boîte, c'est
pas nous autres.
M. Chevrette: C'est votre témoin?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Filion: Question de règlement!
M. Chevrette: On le sait que c'est votre témoin, bien,
questionnez-le!
M. Lefebvre: C'est pas nous autres qui l'avons mis là.
M. Filion: M. le Président, question de
règlement!
M. Lefebvre: Vous faites notre preuve.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Filion: Question de règlement.
M. Lefebvre: Des imbéciles! On va aller intervenir. Vous
faites notre preuve.
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
M. Chevrette: Si c'est votre témoin, questionnez-le!
M. Filion: Qui interrompt le leader de l'Opposition sinon...
M. Lefebvre: C'est ça, se servir de notre tête. Vous
faites notre preuve.
M. Filion: Pourriez-vous le rappeler à l'ordre une
première fois, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: C'est pas nous autres qui l'avons mis la avec le
député de Lévis.
Le Président (M, Lorrain): M, le député de
Frontenac.
M, Chevrette: Vous le prenez comme un martyr, puis vous ne le
questionnez même pas. Gang de stupides!
M. Lefebvre: Voyons donc! Vous faites notre preuve!
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaîtl M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, non, non.
Le Président (M. Lorrain): Laissez-moi finir sur une
question d'ordre et de décorum.
M. Lefebvre: Bien, qu'on ne nous attaque pas sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Lefebvre: Si le leader de l'Opposition, M. le
Président..,
Le Président (M. Lorrain): Je pense que, si on n'est pas
capable ici de se dire en face qu'on ne partage pas la même opinion ou
qu'on ne tire pas les mêmes conclusions, ou qu'on ne va pas au même
endroit, je pense qu'on ne pourra jamais accepter aucune question, aucune
réponse. Pendant que le député de Louis-Hébert est
intervenu sur
sa question de règlement, personne, à ma gauche, n'est
intervenu. Actuellement, M. le leader de l'Opposition commence sa question de
règlement. Qu'il constate le fait qu'il n'y a pas eu de questions de
posées depuis trois jours à Me Lemay, c'est un fait.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Un instant! C'est
un fait, point. Que ça le regarde, que ça ne le regarde pas, il
peut le dire en commençant sa question de règlement, mais je vous
demanderais aussi, M. le leader de l'Opposition, tel qu'on l'a
répété à plusieurs reprises, tel qu'on l'a dit
à plusieurs reprises, de ne pas porter des intentions aux autres
parlementaires ou à des témoins quand on fait une question de
règlement, et vous me l'avez quelquefois rappelé. Alors, je vous
demanderais de faire votre question de règlement et, de grâce,
c'est au nom des règlements de l'Assemblée nationale quand je
parle d'ordre et de décorum, j'aimerais que ça soit
respecté lorsque j'accorde à la parole à un
parlementaire.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, la dernière
intervention, M. le...
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... leader de l'Opposition.
M. Lefebvre: M. le Président... M. Chevrette: M. le
Président... M. Lefebvre: Un instant!
Le Président (M. Lorrain): Une seconde, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition...
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... avez-vous quelque...
M. Lefebvre: M. le Président, à deux ou trois
reprises, et peut-être même plus, le leader de l'Opposition...
Le Président (M. Lorrain): C'est quoi? Une question de
règlement sur une question de règlement ou...
M. Lefebvre: Sur le commentaire soulevé par le leader de
l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Ah non! C'est
réglé.
M. Lefebvre: J'ai fait une question, j'ai soulevé une
question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je viens d'y répondre,
je viens d'y répondre.
M. Lefebvreî Avant même que j'aie
argumenté?
Le Président (M. Lorrain): Non. Je viens d'y
répondre. Je ne tolérerai pas aucun commentaire sur les attitudes
des députés de part et d'autre et je viens de dire à M. le
leader que je ne tolérerai pas de porter des commentaires. Je vais
accepter, par exemple, qu'il constate un fait, c'est qu'il n'y a pas eu de
question au témoin à date, mais je pense qu'il est clair et net,
et je l'ai rappelé à l'ordre à plusieurs reprises et
plusieurs députés ici, je ne le tolérerai pas. Alors,
ça met fin...
M. Lefebvre: Je m'excuse!
Le Président (M. Lorrain):... à cette question de
règlement.
M. Lefebvre: Je m'excuse, M. le Président! Je m'excuse
avec tout le...
Le Président (M. Lorrain): Alors, il faudrait que ce soit
une autre question de règlement...
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Lorrain):... sur la question de
règlement.
M. Lefebvre: M. le Président, c'est que vous semblez
considérer que c'est une question de fait que les ministériels,
à date, n'aient pas posé de questions au témoin Lemay.
C'est pas une question de fait, c'est purement une question de comportement
qu'on a choisi, à date, d'adopter.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Peu importe.
M. Lefebvre: Ce n'est pas une question de fait, puis cela n'a
rien à voir avec les événements du 19 décembre.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, vous avez fait
votre point, là.
M. Lefebvre: Moi, je ne commente pas la stratégie du
leader de l'Opposition et de ses collègues, puis je ne crois pas
qu'il
puisse faire de même avec nous.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je suis
entièrement d'accord, mais je ne pense pas que c'est ça que je
voulais dire.
M. Chevrette: J'ai signalé une question de fait, M. le
Président, parce que j'ai le droit, je pense, d'argumenter ou de
contre-argumenter sur les arguments qu'ils ont en faveur d'une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, ce que
j'aimerais...
M- Chevrette: Le député de Louis-Hébert a
soutenu...
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous êtes sur
votre question de règlement, là?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le leader de
l'Opposition, dans l'intervention.
M. Chevrette: Le député de Louis-Hébert a
soutenu avec force que le témoin était sur le point
d'éclairer la commission, puis que c'était important de le
laisser aller. Bien, qu'ils rouvrent la trappe quand c'est leur tour, monsieur,
puis qu'ils le questionnent. Mais la question du député de
Taillon que vous avez à trancher, M. le Président, et j'aimerais
que le témoin écoute, M. le Président, parce que ça
s'adresse autant à lui qu'à vous.
Des voix: Oh! Oh!
M. Chevrette: La question qui a été posée
par le député de Taillon, ç'a été:
Avez-vous, vous, personnellement, là, est-ce qu'il ne vous est pas venu
à l'idée que M. Pagé pouvait constituer à lui seul
le comité?Le témoin répond ceci, M. le
Président, ou à peu près ceci: Non, pas moi, mais il y en
a d'autres qui ont pensé ça. Ce n'est pas la question, ça,
M. le Président. Il ne plaide pas lui, il témoigne devant nous,
puis je voudrais que vous le rameniez à l'ordre là-dessus autant
que vous ramenez un membre du Parlement, des parlementaires. Il n'a pas
d'affaire à s'improviser petit avocat ou plaideur ici. Il est
témoin, M. le Président, et il doit témoigner en toute
logique, puis en réponse aux questions qu'on lui pose. Sinon, M. le
Président, on risquera, nous autres aussi, non seulement dans notre
évaluation, mais on devra lever des questions de règlement contre
le témoin parce que c'est dangereux. Si le témoin ne veut pas, M.
le Président, et il y va de sa crédibilité lui-même,
si le témoin ne veut pas entacher sa crédibilité devant la
commission, qu'il s'en tienne aux questions qu'on lui pose. S'il déborde
trop, il risque que les parlementaires se demandent pour et au nom de qui il
veut témoigner. Là, vous risquez d'avoir des
interprétations et vous ne voulez pas qu'on prête d'intention.
Vous n'aimeriez sans doute pas qu'on lui dise: Votre jupon dépasse, Me
Lemay. Vous me feriez retirer mes paroles. Donc, je ne le dirai pas, mais qu'il
s'en tienne donc aux questions qu'on lui pose, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, je suis prêt
à rendre ma décision.
Dans un premier temps, je n'aimerais pas, lors d'une question de
règlement, qu'on qualifie en quoi que ce soit les témoins, qu'on
insinue qu'on va peut-être dans deux heures ou dans deux jours qualifier
les témoins. Je pense qu'on se doit d'avoir le respect. Je parle
à des parlementaires et je demande à tous les parlementaires de
respecter- Même si, parfois, à gauche, à droite, les
réponses des témoins ne feront pas leur affaire, ces
gens-là sont venus pour nous raconter des faits, sont venus pour nous
dire ce qu'ils ont dit il y a des mois. Ils sont venus pour nous dire ce qu'ils
ont entendu il y a des mois. Nous n'avons pas participé à ces
faits, nous n'avons pas à les qualifier.
Maintenant, quant à votre question, M. le député de
Taillon... Me Lemay, Me Lemay, et ce n'est pas seulement pour vous, je l'ai
répété à quelques reprises à M. Carrier et
peut-être à M. Lessard à quelques reprises, ce serait
beaucoup plus facile pour mener les travaux ici de l'Assemblée si vous
vous limitiez, vous vous limitiez aux questions posées par les membres
de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire les
"députés. Si jamais il y avait autre chose, il y a plusieurs
députés qui sont ici, ils sont maîtres de cette preuve,
c'est eux qui vont chercher la preuve qu'ils ont besoin selon ce dont ils ont
approuvé. Ils poseront d'autres questions additionnelles ou
complémentaires, mais, pour la bonne marche de tous les travaux et pour
que les choses soient claires, limitez-vous aux questions posées. Il y
en a d'autres qui vont venir. II y a des enveloppes de temps qui sont
très larqes, qui sont intervenues, très très larges, qui
sont intervenues entre les deux côtés de la Chambre: vingt minutes
de questions par parlementaire sans compter le temps de réponse et de
règlements...
M. Chevrette: Une heure et...
Le Président (M. Lorrain):... c'est très long,
multiplié par cinq, plus une heure pour les porte-parole. Ils vont avoir
le temps.
M. Chevrette:...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, Me Lemay, s'il vous
plaît...
M. Lemay: Ça va, M, le Président. O. K.
Le Président (M. Lorrain):... ne répondez qu'aux
questions et cela va peut-être accélérer nos travaux. Je
vais pouvoir vous libérer beaucoup plus tôt. Je vous remercie de
votre collaboration.
M. Filion:... M. le député de Taillon.
M. Filion: Vous vous souvenez de la question, Me Lemay, j'en suis
convaincu.
M. Lemay: La réponse, c'est que d'aucune façon
cette journée-là, j'ai pensé moi-même que
c'était un comité fantôme, si vous me permettez
l'expression.
M. Filion: Un comité formé d'une personne.
M. Lemay: Non, je n'ai pas pensé ça.
M. Filion: Vous n'avez pas pensé ça. O. K. Et vous
n'avez posé aucune question non plus à qui que ce soit sur la
formation de ce comité-là...
M. Lemay: Non.
M. Filion:... sur la composition de ce
comité-là,
M. Lemay: D'aucune façon.
M. Filion: Non plus qu'à l'heure où ils se sont
réunis.
M. Lemay: On m'a dit que c'était le matin et j'ai
présumé que c'était avant l'appel de M. Pagé, mais
je n'ai pas vérifié si c'était 6 heures le matin ou
à 9 heures le matin,
M. Filion: M. Lemay...
Le Président (M. Lorrain): Je vais être
obligé de vous arrêter, M, le député de Taillon. Le
temps qui avait été consenti entre les deux formations et entendu
avec Me Lemay et Me Lachapelle est maintenant terminé. Je vais vous
demander Me Lemay, de revenir à 15 h 30 cet après-midi, pour 15 h
30, oui, après les affaires courantes. Ça va?
Les travaux de cette assemblée sont maintenant ajournés
à 15 h 30 cet après-midi.
(Suspension de la séance à 10 h 29)
(Reprise à 15 h 39)
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons maintenant quorum. M. le député de Fabre,
vous restez avec nous?
M. Joly: Oui, sûrement.
Le Président (M. Lorrain): Oui? Nous avons maintenant
quorum. Nous allons recommencer nos travaux. Je vais céder la parole
à M. le député de Taillon, toujours dans l'interrogatoire
de Me Lemay.
M. Filion: Merci, M. le Président.
M. Lefebvre: M. le Président... Je m'excuse, M. le
député de Taillon.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Avant de passer à la reprise de nos travaux,
si vous permettez, M. le Président, j'aurais une suggestion à
faire à la présidence, comme à la commission en
général, relativement à une modification à nos
règles, à savoir sur les questions de règlement.
Du côté des ministériels, M. le Président, je
suggère, au nom de notre formation, de disposer des questions de
règlement sur une seule intervention de chaque côté dans le
but tout cela de nous permettre d'accélérer les travaux et,
peut-être même, dans certaines circonstances, d'éviter des
empoignades inutiles. De notre côté, on souscrirait à la
règle suivante: à partir de maintenant, que les questions de
règlement soient débattues par un seul intervenant de chaque
côté.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, j'accorde mon consentement
à cette nouvelle procédure qui, à mon point de vue, va
probablement, oui, accélérer, premièrement, mais,
deuxièmement, aussi éviter, peut-être, plus de confusion
parce que c'est toujours... Ordinairement, j'ai pu observer, depuis le
début, que c'est à la deuxième question de
règlement qu'il y a des questions de règlement sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Vous voulez intervenir sur le
même sujet?
M. Bélanger: S'il vous plaît, M. le
Président!
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Bélanger: Je souhaiterais aussi qu'il n'y ait pas, tel
que le dit finalement le
règlement, de questions de règlement sur les questions de
règlement, comme on a vu depuis le début.
Le Président (M. Lorrain): Si je n'ai pas le consensuSj
cela peut arriver.
M. Bélanger: Quand il y a une question de règlement
en marche, tu disposes d'une, tu fais l'autre après, mais pas...
M. Chevrette: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
qu'on ne peut pas enlever un droit à un parlementaire.
Le Président (M. Lorrain): Vous verrez à en
terminer une.
M. Joly: C'est dans la procédure peut-être...
M. Chevrette: Ce que le président dit...
M- Joly: ...qu'on peut être plus tolérant.
M. Chevrette: ..c'est qu'il peut être
éclairé après deux interventions au lieu de quatre, par
exemple.
M. Bélanger: Ce qui arrivait, c'est que des gens
faisaient.., On a eu des questions de règlement sur une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Bélanger: Là, ça devenait au
carré. On dit: Une à la fois. On dispose d'une, tu feras ton
intervention après.
Le Président (M. Lorrain): Si vous me permettez, M. le
député de Laval-des-Rapides, je reviendrai è la fin. Je
vais entendre M. le député de Taillon.
M. Filion: Tout simplement, M. le Président, pour
souligner ma joie - le mot n'est pas trop fort - de voir que, en
rétrécissant les questions de règlement, on puisse activer
les interrogatoires. J'ai l'impression, dans certains cas, que cela prend
l'allure de marathon, d'une séance à l'autre, et que c'est
très long. Nul doute qu'en limitant à deux interventions les
questions de règlement, on permettra aux interrogatoires de possiblement
se faire à l'intérieur d'une durée normale,
compréhensible et préhensible aussi pour ceux qui nous
écoutent. En ce sens-là, je voudrais joindre ma voix à
celle du leader adjoint du gouvernement et du leader de l'Opposition pour
souligner qu'il s'agit-là d'une modification souhaitable à notre
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je vous remercie beaucoup. Dans
l'intérêt de tous les membres de la commission, avant de reprendre
les travaux et de vous céder la parole, M. le député de
Taillon, et pour la bonne compréhension des interventions qui viennent
d'être faites, cela ne change en rien aucun des trente quelque consensus
qui sont intervenus, sauf que, depuis deux semaines, il avait été
reconnu que je reconnaisse sur une même question de règlement deux
droits de parole. À l'avenir, ce ne sera qu'un seul et unique droit de
parole.
Il y a une autre suggestion - il n'y a pas de consensus là-dessus
- mais il y a une autre suggestion qui est faite par M. le député
de Laval-des-Rapides, c'est qu'autant que possible, quand le Président
entend une question de règlement, de la terminer et de rendre la
décision avant d'en soulever une autre ou une autre question de
règlement.
Je pense qu'avant-midi j'ai rendu une décision, peut-être
pas aussi directe que cela, mais j'ai amené les membres à me
laisser saisir une première question de règlement avant d'en
appeler une autre pour que je puisse rendre des décisions par
étape.
Je vous remercie tous. Je ne ferme pas cette porte-là.
M. Chevrette: Non, j'espère, parce que je vais vous
expliquer pourquoi. Je suppose, un, qu'en plaidant sur la seule question de
règlement, mais un intervenant de chaque côté - je suppose
que le député de Louis-Hébert va me permettre un exemple -
le député de Louis-Hébert se met à vouloir mettre
des paroles dans la bouche du témoin, habilement, comme il peut le
faire. Là, si je n'ai pas le pouvoir de l'arrêter par le
règlement, cela devient une question de rèqlement sur la question
de règlement. Mais vous comprendrez qu'on ne peut pas laisser bafouer
des règlements par la simple habilité d'un membre du
Parlement.
Le Président (M. Lorrain): En d'autres mots, il y a une
autre chose aussi. Lorsque je rends une décision, tous les arguments,
qu'ils soient fondés ou non fondés, je suis obliqé d'en
tenir compte. Habituellement, lorsque je rends une décision sur une
question de règlement, je réfute les arguments que je n'accepte
pas et j'en prends un, deux ou trois et je rends la décision en
fonction. Il va de soi que vous avez des opinions partaqées, je suis
certain, sur toutes les questions de règlement et vous ne pouvez pas
plaider les mêmes arguments sur toutes les questions de règlement.
Il y en a sûrement à chaque fois, soit à ma gauche, soit
à ma droite, qui ne sont pas fondées et je les mets de
côté. Si je comprends bien, à l'avenir, on se limitera
à une intervention sur une question de règlement de chaque
côté de cette Chambre. Je vous remercie
beaucoup de votre collaboration. M. le député de
Taillon.
M. Filion: Pourriez-vous m'indiquer...
Le Président (M. Lorrain): Woups! M. le
député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je m'excuse encore une fois. Je voudrais, M. le
Président, connaître les intentions du leader de l'Opposition
quant à l'assignation des témoins qu'il entend faire entendre au
cours des prochains jours ou en dehors.
Le Président (M. Lorrain): M. le...
M. Lefebvre: À moins que le leader me dise qu'on pourra en
discuter tout à l'heure.
M. Chevrette: On va s'en parler à l'ajournement ce
soir.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais, M. le
député de Frontenac...
M. Lefebvre: D'accord, d'accord, M. le Président.
M. Chevrette: Mais il a été convenu
déjà... Je peux dire au leader du gouvernement qu'avec un des
collaborateurs de M. Gratton, leader du gouvernement, on s'est entendus sur le
fait que le ministre Pagé serait libre pour la soirée, parce
qu'il doit se rendre au sommet économique de l'Abitibi.
Le Président (M. Lorrain): D'accord. Puis, ne vous
gênez pas, les deux représentants des deux formations, notre
consensus 1, c'est de nous réunir à trois pour pouvoir planifier
un petit peu à l'avance nos séances. Alors, n'ayez pas peur; je
vais toujours être disponible pour planifier les séances.
M. Chevrette: Une collaboration incommensurable.
Le Président (M. Lorrain): J'en suis très
indisposé. M. te député de Taillon, vous avez la
parole.
M. Filion: J'ai un point d'ordre avant, M. le Président.
Je voudrais savoir combien de temps il me reste. Puis, je ne voudrais pas que
la question que je pose soit calculée dans mon temps.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Chevrette: II te reste sept minutes.
M. Filion: Six?
Le Président (M. Lorrain): Non, c'est quand vous commencez
l'interrogatoire.
M. Filion: D'accord. Sept minutes. Bon, parfait. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M, Lorrain): O. K. À l'ordre, s'il
vous plaît! M. le député de Taillon.
M. Filion: M. Lemay, nous en étions ce matin au
comité. Vous avez aussi mentionné comité, caucus,
gouvernement. Je suppose que vous connaissez la différence entre ces
trois termes-là?
M. Lemay: Bien, le gouvernement, c'est l'ensemble... Il y a le
parti ministériel. Le gouvernement... On peut prendre le sens en disant
que le gouvernement d'un pays, c'est les ministériels. Donc, c'est le
parti qui est au pouvoir. On peut aussi, quand on parle du gouvernement, parler
du Conseil des ministres qui a un pouvoir réglementaire. Quand on dit
"par règlement du gouvernement", c'est des règlements qui sont
passés par le Conseil des ministres.
L'expression qui m'a été donnée par M. Pagé,
l'expression que j'ai utilisée, là, c'était caucus ou
comité. Je ne me souviens pas si c'était l'un ou l'autre, puis,
moi, j'ai assimilé Ça au parti politique qu'est le Parti
libéral. A cette heure, est-ce que c'était le caucus des
députés qui regroupe probablement - écoutez, je ne suis
pas familier - l'ensemble des députés du Parti libéral?
Est-ce que c'était un caucus régional, caucus des... ou
comité de priorité, là? II y a des subtilités que
je ne peux pas vous donner, parce que je ne suis pas familier avec
l'organigramme, ni du Parti libéral, ni du Parti québécois
d'ailleurs.
M. Filion: En page 5 de vos notes, deuxième paragraphe,
quatrième ligne, quand vous dites que vous avez dit à Mme Lecours
que le gouvernement ne donnerait pas son consentement, etc., pour vous, cette
expression-là que vous avez utilisée dans vos notes, en
réalité, voulait dire comité ou caucus.
M. Lemay: C'est ça. Autrement dit, un organisme qui parle
au nom du Parti libéral; en tout cas, c'est au niveau politique. Si le
comité se prononce d'une façon, moi, je prends pour acquis que
ceux qui sont rouqes parlent de cette façon. Vous me permettez la
comparaison, là?
M. Chevrette: Elle n'est pas pire comme comparaison. Le mot
"rouge", je ne le haïs pas. Excusez, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Filion: Mais, à Mme Lecours, est-ce qu'il a
été question d'un comité ou caucus?
M. Lemay: J'ai dit ce matin que je ne peux pas me souvenir si,
à Mme Lecours, j'ai précisé la notion de comité ou
de caucus. Je suis convaincu de l'avoir précisé à M.
Garon; à Mme Lecours, honnêtement, je ne me souviens pas si j'ai
fait cette distinction.
M. Filion: II est fort possible que vous n'ayez pas parlé,
ni de comité, ni de caucus, ni de gouvernement.
M. Lemay: Comme il est fort possible que j'en aie parlé
aussi. Écoutez, je ne me souviens pas.
M. Filion: Me Lemay, M. Pagé vous apprend une
décision, un comité. Vous avez aussi dit dans votre
témoignage, qui dure depuis déjà quelques jours, que
c'était une décision qui était ferme, que c'était
quelque chose de déjà décidé.
M. Lemay: C'est exact.
M. Filion: C'était une décision qui était
ferme. En quels termes M. Pagé... le ministre de l'Agriculture, pardon,
vous a-t-il entretenu du caractère de fermeté de cette
décision?
M. Lemay: Quand je dis que, à mon avis, c'est une
décision ferme, c'est qu'il n'y avait pas d'élément
conditionnel.
L'information que j'ai eue, c'est pas: Le comité a
décidé que, si M. Garon fait telle chose, on va faire telle
chose. L'information que j'ai eue, puis je réfère encore à
mes notes parce que c'est ce que je me rappelais le jour même, c'est que
nous avons décidé de ne pas donner notre consentement à la
présentation du projet de loi de la CITRSQ parce que l'Opposition refuse
son consentement, bon, etc., là, ce que je vous avais dit. Donc, c'est
dans ce sens-là que je dis que c'est une décision qui est ferme.
C'est qu'on ne m'a pas dit: On va faire telle chose s'il se passe telle chose.
On m'a dit: On a décidé qu'on ne consent pas. Donc, la
décision, à mon avis, était prise.
M. Filion: Est-ce que M. Pagé a utilisé des termes
quelconques pour vous faire part de la fermeté de la
décision?
M. Lemay: Bien, c'est les termes que je viens de vous
réciter.
M. Filion: Écoutez, à partir du moment, M. Lemay -
on va se comprendre - où M. Pagé vous dit: Votre projet de loi
272 ne passe pas parce que l'Opposition ne consent pas à 132, il n'y a
rien là-dedans qui est ferme. Il y a, au contraire, comme vous l'avez
souligné durant tout votre témoignage, un échange, une
balance de projets de loi, un échange de consentements. Il y a un lien
entre deux projets de loi qui est manifestement fait et que vous n'avez jamais
cherché durant tout votre témoignage à réfuter.
J'aimerais comprendre où réside le caractère de
fermeté de la décision qui vous est communiquée?
M. Lemay; La décision qui m'est communiquée, c'est
la décision d'un côté, que je qualifie d'un
côté de la médaille. Le côté de la
médaille me dit: Nous autres, on ne consent pas à votre loi,
parce que l'autre bord ne consent pas à telle autre loi.
M. Filion: O. K. Alors, il n'y a rien d'autre, dans les paroles
de M. Pagé, qui pouvait laisser croire qu'il s'agissait là d'une
décision ferme?
M. Lemay: À mon avis, c'était suffisant.
M. Filion: D'accord. Vous, vous l'avez interprété
comme cela, mais il n'y a pas de mots, de paroles, qui ont été
dites par M. Pagé à cet effet-là?
M. Lemay: Bien là, je vous dis ce que M. Pagé m'a
dit. Je ne peux pas vous dire ce qu'il ne m'a pas dit. Je vous dis ce qu'il m'a
dit.
M. Filion: A-t-il déjà employé le mot
"fermeté"?
M. Lemay: Non. La façon dont je vous le dis, c'est que
c'était clair dans mon esprit qu'il y avait une décision qui
avait été prise en comité ou caucus le matin par des gens
du Parti libéral pour dire: On ne consent pas à la loi sur la
CITRSQ.
M. Filion: Parce que?
M. Lemay: Là, j'ai demandé pourquoi et on a dit
parce que l'Opposition devait consentir à la loi agricole, on avait
l'engagement du chef, etc. C'est le témoignage que j'ai
déjà rendu en ce sens-là, et que M. Garon n'avait pas
à suivre la ligne du chef. Je me souviens de l'expression "ligne du
chef" particulièrement.
M. Filion: Donc, il n'y a aucun autre élément qui
appuie le caractère de fermeté que, vous, vous avez vu dans les
propos du ministre de l'Agriculture?
M. Lemay: Bien, je n'en aï pas d'autre que ça. Ce
dont je me suis informé, c'est: Qu'est-ce qu'il faut que je fasse?
M. Filion: M. Lemay, M. Lemay, à
partir du moment où le ministre vous dit, comme vous dites dans
vos notes et comme vous avez dit: S'il y a des démarches à faire,
fais-les toi-même... C'est bien cela? S'il y a des choses...
M- Lemay: En tout cas, dans mes notes... Je veux voir ce à
quoi vous référez dans mes notes, O.K.?
M. Filion: Écoutez, laissons faire les notes. Prenons
votre témoignage plutôt.
M. Lemay: H ne m'a pas dit: Fais-le toi-même, il a dit:
C'est à toi de décider des démarches à faire. Ce
que j'ai demandé, j'ai dit...
M. Filion: D'accord, c'est à toi à décider
des démarches à faire. Mais, à partir du...
M. Lemay: Oui, oui, c'est cela, parce que j'ai demandé
quelles démarches faire. Je me suis informé, j'ai dit: Qu'est-ce
qu'il faut que je fasse? Puis, il me dit: Ce n'est pas à moi à te
dire qu'est-ce que tu as à faire. Là, j'ai insisté pour
dire: Qu'est-ce qu'il faut que je fasse? Bien, il dit: Écoute, t'es
avocat. Appelle ton client et discutes-en avec lui. C'est pour cela que j'ai
parlé à M. Carrier, etc.
M. Filion: Â partir du moment, M. Lemay, où il y a
des démarches qui peuvent être faites, ne croyez-vous pas
qu'essentiellement ça vient dire justement que la décision de
bloquer 272 était loin d'être ferme, puisque le ministre prend la
peine de vous dire: S'il y a des démarches à décider,
bien, décides-en toi-même de la teneur de ces
démarches-là?
M. Lemay: M. Pagé ne me dit pas: II y a des
démarches à faire. Je lui demande quelles démarches je
dois faire. Il dit: Si tu as des démarches à faire, ce n'est pas
à moi à te dire quoi faire. Il ne m'a pas dit qu'il y en avait
à faire. Il a dit: Arrange-toi avec ça. Or, moi, j'ai conclu que
les démarches qu'il fallait que je fasse, ce sont des démarches
du même sens que celles que j'avais faites à Sorel. C'est de
référer au parrain de la loi et de me promener d'un bureau
à l'autre.
M. Filion: Quand le ministre de l'Agriculture vous appelle un
mois après que vous travaillez sur votre projet de loi et après
qu'il ait subi avec succès, plein succès, c'est-à-dire en
pleine unanimité l'étape de la commission parlementaire,
après que vous ayez parlé à X personnes pour arriver
à faire avancer ce projet de loi, dont c'est votre mandat et votre
responsabilité, le ministre vous dit: S'il y a des démarches
à faire - je cite vos notes - si tu as des démarches à
effectuer pour remplir ton mandat avec ta cliente, c'est à toi de
décider des démarches. Donc, il y avait des démarches
possibles.
M. Lemay: Moi, j'ai pensé qu'il y en avait.
M. Filion: Bon.
M. Lemay: C'est pour ça que je l'ai demandé.
M. Filion: Des démarches possibles pour modifier - M.
Lemay, vous me corrigerez -la balance d'échanges de consentements,
d'échanges de projets de loi.
M. Lemay: Des démarches à faire pour que l'issue
dans laquelle je me trouvais se règle.
M. Filion: Bon, bien l'issue...
M. Lemay: Moi, ma démarche, c'est que j'ai une loi et je
souhaite que ma loi passe. De quelle façon je peux régler
ça? J'ai déjà eu ce problème-là
dans le cas de Sorel et ça s'est réglé en se parlant d'un
bureau à l'autre, etc., mais j'avais référé au
parrain de ma loi parce que c'est une question qui est strictement politique,
à mon avis. Je ne suis pas un spécialiste en politique. Donc, je
dis au client: Qu'est-ce qu'on fait? Je lui raconte le cas de Sorel
et je réfère au parrain de la loi parce que c'est l'homme
politique qui connaît ça. Je ne connais pas ça comment
ça fonctionne. J'en ai une connaissance comme tout citoyen, mais les
mécanismes politiques, les négociations dans les détails,
je ne connais pas ça.
M. Filion: Or, donc, est-ce qu'on se comprend? Des
démarches à faire pour modifier l'état de la balance dans
lequel se trouvait les deux projets de loi 272 et 132. C'est pas des
démarches à faire quand même pour un camp
d'été. C'est des démarches à faire pour modifier ce
qui était le noeud du problème, c'est-à-dire 272 et
132.
M. Lemay: Est-ce qu'il y avait d'autre chose?
Écoutez, ce que je vais vous expliquer, c'est que je voulais savoir
quant à ma loi à mot, ta loi agricole ne m'a jamais
intéressé et elle ne m'intéresse pas plus -quant à
ma loi à moi, quelle est la façon de régler le
problème. J'ai même dit: Si vous voulez vous chicaner sur d'autres
projets de loi - c'est ce que j'ai dit quand je parlais de l'exemple de Sorel -
ils n'ont rien qu'à en prendre un autre et qu'ils se chicanent.
Ça ne me dérange pas qu'ils fassent des échanges de
projets de loi, mais je ne
voulais pas que le mien soit dans cette balance-là.
M- Filion: Mais il était dedans après l'appel de M.
Pagé.
M. Lemay: C'est l'information que j'ai eue de M. Pagé.
M. Filion: Puis, votre rôle consistait, en tout cas, de la
façon dont vous l'avez compris, à faire modifier cette
balance-là.
M. Lemay: D'aucune façon. Mon rôle, c'était:
je reçois une information, comme si j'avais une information, j'appelte
ça, privilégiée; on m'informe d'une chose qui s'est
passée dans un comité où je n'étais pas partie,
puis on dit: Dans ce comité-là, on a parlé de votre loi,
puis voici le sort qui va se passer pour votre loi: elle ne passera pas. J'ai
un "scoop", si vous me permettez l'expression, puis là, bien, j'en parle
à mon client, puis je dis: Maintenant qu'on sait ça, que notre
loi est en difficulté, qu'est-ce qu'on fait? On a convenu de contacter
M. Garon.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lemay: C'est dans ce sens-là quand je disais que
j'avais remercié M. Pagé. J'ai tout le temps dit que
j'étais très déçu de l'information que M.
Pagé m'avait véhiculée; c'est bien évident, mais le
fait que lui me le dise, bien, j'étais bien content dans le sens qu'un
homme averti en vaut deux. Je n'étais pas content du message, mais le
messager, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je n'étais pas
pour tirer le messager parce que le message était mauvais.
M. Filion: M. Lemay, on a employé quelquefois le mot
balance, on va employer un autre mot que vous avez employé, le mot
sandwich.
M. Lemay: Le mot sandwich.
M. Filion: Ouaisî Puis, dans la sandwich, je vais vous dire
ce qu'il y avait, vous me corrigerez. Il y avait la 272, votre loi, puis il y
avait la 132. Puis, de chaque bord de la sandwich, comme dans une bonne
sandwich, il y a deux tranches de pain: d'un bord, il y a le
député de Lévis qui est à la fois parrain du projet
de loi... Vous me corrigerez, gênez-vous pas là, c'est vous qui
avez employé le mot sandwich. D'une part, il y avait le
député de Lévis qui est parrain de votre projet de loi et,
en plus de ça, qui est critique de l'Opposition en matière
agricole. D'accord? Puis, de l'autre côté, il y a le
député de Portneuf qui est ministre de l'Agriculture, donc, qui
parraine le projet de loi 132 et, en plus de ça, qui vous appelle pour
le 272 alors qu'il ne vous a jamais parlé depuis le dépôt
du projet de loi.
Le Président (M, Lorrain): Votre question, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Ma question...
Une voix: Qui a mangé la sandwich?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Ma question, M, Lemay.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Ma question. Ce que je viens de vous décrire,
c'est ça que vous avez senti le 19 décembre au matin?
M. Lemay: Non, monsieur.
M. Filion: Ce n'est pas ça que vous avez senti?
M. Lemay: Non. Le 19 décembre, écoutez, j'ai un
téléphone, puis les événements, il se fait quatre,
cinq téléphones dans l'espace d'une heure trente. O. K. ?
M. Filion: Douze téléphones, à peu
près. (16 heures)
M. Lemay: Avant que je parle à.., ?Bien non!
J'ai eu le téléphone de M. Pagé; après ça,
je fais un téléphone à M. Carrier; j'attends un rappel de
M. Lessard qui ne vient pas; j'appelle Mme Lecours pour laisser le message,
elle prend le message; je parle à M. Lessard, puis je dis: Bien,
grouillez pas, M. Garon est sur l'autre ligne; Je parle à M. Garon qui
me rappelle. Il y a six téléphones, sept téléphones
en l'espace d'une heure trente à peu près. Bon. Les
rapprochements que vous faites en disant: M. Garon, c'est le critique du Parti
québécois pour l'Agriculture, je ne l'ai pas fait, puis je n'ai
pas plus pensé que M. Garon... Même si je le savais, je n'ai pas
fait de rapprochement en disant: M. Garon, c'est l'ancien ministre de
l'Agriculture, puis M. Pagé, c'est le nouveau ministre de l'Agriculture;
ils ne doivent pas s'aimer ou autre chose. Quand M. Pagé m'appelle,
moi... Les gens disent que je fais du jésuitisme en faisant la
différence entre le ministre et le député de Portneuf. Eh
bien! Le ministre de l'Agriculture comme tel, je ne le connais pas. Je n'ai
jamais eu de contacts avec lui comme ministre de l'Agriculture. Je le connais
comme député de Portneuf où je représente des
municipalités,
comme j'en représente ailleurs, aussi. On pense que j'agis rien
que dans le comté de Portneuf; j'agis à travers tout l'Est du
Québec. Il n'y a pas la moitié de mes clients qui sont dans le
comté de Portneuf.
Moi, je ne fais pas de lien entre M. Pagé, M. Garon, ils s'aiment
ou ils ne s'aiment pas, c'est le critique de l'un, c'est le parrain de l'autre,
etc. J'ai une information d'un représentant du Parti libéral, du
gouvernement, qui me dit: Me Lemay, je vous informe que votre loi ne passe pas.
Il me donne le motif pour lequel elle ne passe pas, deux motifs que j'ai
expliqués: un, il n'aimait pas l'aspect rétroactivité des
dépenses et j'ai dit que je l'ai rassuré, à mon avis,
là-dessus en disant que tout était correct et qu'il n'y avait pas
de fltgne-flagne, puis, deuxième point, c'est qu'il me donne un motif en
disant: M. Garon bloque la loi. Bon. Quand j'appelle M. Garon, je ne l'ai pas
appelé comme le critique de l'Opposition en matière
d'agriculture, je l'ai appelé parce que c'est le parrain de notre loi,
puis, peu importe le député qui aurait bloqué la loi
agricole ou n'importe quelle autre loi, j'aurais appelé mon parrain
comme j'ai fait dans Sorel. On a référé à M. Martel
qui ne bloquait aucune loi à l'époque et je ne me souviens pas
s'il y avait un député qui bloquait la loi 45 ou la loi 38,
etc.
M. Filion: Me Lemay.
M. Lemay: Ce que je veux expliquer, M. le député,
si vous le permettez, c'est que ces rapprochements-là que vous pouvez
faire et que je pourrais éventuellement faire après coup, avec le
recul du temps et avec de la froideur, et en disant: Peut-être que et
cela voulait peut-être dire telle chose, ce que je vous dis:
Peut-être par naïveté politique, à ce
moment-ià, je ne les ai pas faits, d'aucune façon.
M. Filion: Donc, vous êtes en train de me dire que le 19
décembre au matin, quand le ministre de l'Agriculture vous a
appelé, pour vous, ce n'était pas le ministre de l'Agriculture
qui vous appelait. Non, non, non, mais c'est cela, ma question. C'était
le député de Portneuf.
M. Lemay: Oui, monsieur.
M. Filion: Quand le ministre de l'Agriculture vous a
parlé, dans sa conversation, de la Loi sur la protection du territoire
agricole du Québec, il ne vous est pas venu à l'esprit de faire
le rapprochement entre la Loi sur la protection du territoire agricole -du
Québec, le ministre de l'Agriculture et le député de
Portneuf?
M. Lemay: Non, monsieur.
M. Filion: Le 19 décembre, vous n'avez aucunement, selon
ce que vous me dites, fait le rapprochement entre le fait... Est-ce que vous
avez fait le rapprochement que le député de Lévis
était critique et porte-parole de l'Opposition en matière
agricole?
M. Lemay: Non, monsieur. J'ai vu une guerre politique entre deux
partis politiques et j'ai dit: On est pris en fin de session comme dans le cas
de Sorel. Indépendamment des belligérants et des porte-drapeau
là, c'est une guerre politique de fin de session. Je ne veux pas
être embarqué là-dedans et je ne veux surtout pas me
mêler de ça. Je vais demander à celui qui est parrain de la
loi, je vais lui dire: Voici l'information privilégiée que j'ai.
Qu'est-ce qu'on fait avec ça? Que voulez-vous que je vous dise d'autre
que ça? À cette heure, avoir eu de l'expérience politique,
j'aurais pu penser 56 choses, peut-être, mais moi, je suis un avocat; je
fais du droit; je ne fais pas de politique. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise?
M. Filion: Oui, mais vous êtes un avocat intelligent qui
avez piloté des projets de loi privés, qui vivez à
Québec.
M. Lemay: Oui, monsieur. Merci du compliment. Mais ce que je vous
dis, c'est que je sais pertinemment que la compétence que j'ai, c'est
pour mener à bien des projets de loi au niveau juridique. Quand l'aspect
politique entre en ligne de compte, je l'ai vécu une fois; là, la
deuxième fois, j'ai dit: Je sais comment ça marche. C'est le cas
de Sorel et la preuve, c'est que j'en ai parlé à M. Pagé,
à M. Carrier et à M. Garon. C'est la première chose qui
m'est venue à l'esprit. Je n'ai même pas fait les distinctions en
disant: Sorel, est-ce que c'était au niveau de la commission
parlementaire et est-ce que c'était un député d'un bord ou
de l'autre? Je savais qu'en fin de session les projets de loi
ça passe serré des fois puis là on était dans la
"game". Puis ça ne m'intéressait pas d'être dans la
"game".
M. Filion: M. Lemay, si ce que vous dites est exact, M.
Pagé quand il vous a appelé, d'après vous, il
s'intéressait à quoi?
M. Lemay: Vous lui demanderez à M. Pagé;
écoutez je ne peux pas répondre autre chose que ce qu'il m'a dit.
Son état d'âme à lui, ce qu'il pensait là...
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Je ne peux pas...
M. Filion: Pourquoi il a pris le téléphone et il
vous a appelé?
M. Lemay: Bien oui, mais vous lui demanderez.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. Lemay, répondez,
M- Lernay: On me demande, d'après moi, il va falloir que je donne
mon opinion.
Une voix: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): C'est à vous à
répondre.
M. Lemay: Bien oui, mais parce que des fois on me reproche de
donner des opinions ou des jugements. D'après moi, M. Pagé m'a
appelé parce qu'il me connaissait, il savait... c'est le seul gars dans
le gouvernement qui savait que André Lemay c'est qui ce gars-là.
Et puis, moi, j'ai pris pour acquis, je me suis dit là, j'ai
pensé, donc, c'est peut-êre... Je n'ai pas eu d'informations dans
ce sens-là, mais j'ai pensé, je me suis dit: II y a eu une
réunion des libéraux - je ne sais pas qui, là - et ils se
sont dit: A matin, là, qu'est-ce qu'on fait? Bon, bien, il y a une loi
qu'on ne passe pas et l'autre ne nous en passe pas et on fait une chicane
là-dessus. Puis, M. Pagé dit: Bien ça, cette
loi-là, je suis informé que c'est Lemay qui est dans le dossier
parce qu'il m'a envoyé une lettre déjà; je vais l'appeler
et je vais lui dire: Hé! André, à matin, on a
décidé que t'embarques sur la glace', autrement dit, ta loi est
dans la "game". J'ai pris cela de même, qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise? À cette heure...
M. Filion: Comment pouviez-vous deviner ou être d'avis que
M. Pagé avait lu la lettre que vous lui avez adressée le 14
novembre alors que 1) il ne vous a jamais donné aucune nouvelle entre le
14 novembre et le 19 décembre au matin; 2) il n'est pas
mêlé à votre connaissance directement ou indirectement
à ce projet de loi-là?
M. Lemay: Écoutez, vous me demandez à mon avis
pourquoi il a fait cela, je vous le donne. Peut-être que je me trompe:
Qu'est-ce que vous voulez? Je vous donne mon avis à moi. À mon
avis, c'est pour cela qu'il m'a appelé parce qu'il a dit: Lemay, je le
connais. C'est le seul gars dans le Parlement qui pouvait dire: Lemay,
ça me dit de quoi, ce gars-là.
M. Filion: Vous n'avez jamais reçu d'accusé de
réception de la lettre, vous avez déjà dit?
M. Lemay: J'ai répondu non à cette
question-là. La seule communication, je vous avais dit que la
journée même ou la veille j'avais appelé à son
cabinet, je dis: Je transmets une lettre de M. Pagé pour un projet de
loi, je veux qu'il m'appuie là-dedans, mais je n'ai pas parlé
à lui directement.
M. Filion: Vous avez entendu le témoignage de M.
Carrier?
M. Lemay: Oui.
M. Filion: Lorsque M. Carrier parle des pressions qui nous ont
été faites page 159, M. le Président, R-159, page 3...
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous citer, s'il vous
plaît?
M. Filion: En longueur, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): Bien, peut-être pas en
longueur, mais les paroles exactes auxquelles vous référez pour
situer le témoin avant de poser votre question.
M. Filion: Alors, avec conversation entre... c'est-à-dire
échange entre M. Carrier et moi: "Oui, que votre projet de loi serait
refusé. "Refusé ou... "Ou, en tout cas, peu importent les mots.
"M. Carrier: Oui, oui. Vous savez, je l'ai dit tantôt, je
répète mes choses, là. "M. Filion: Oui, O. K. Alors, que
votre projet de loi serait refusé? "M. Carrier: Pourrait être
refusé. "M. Filion: Pourquoi? "M. Carrier: À cause de la pression
qui nous a été faite. Enfin, j'ai répété la
discussion que j'ai eue avec Me Lemay. "M. Filion: D'accord, je vous suis bien,
M. Carrier. La pression qui vous a été faite. "M. Carrier: Oui.
"M. Filion: Quelle pression? "M. Carrier: Bien, l'information, le message qu'on
nous avait donné. "M. Filion: Celui provenant de M.
Pagé? "C'est ça. "
M. Lemay, vous avez parlé à M. Carrier, c'est la
première personne à qui vous avez parlé après avoir
parlé à M. Pagé. M. Carrier parle de pression...
M. Lemay: Bien oui, c'est ce qu'il a dit; ça paraît
dans les notes, d'ailleurs.
M- Filion: Bon, d'accord. Est-ce que le fait, M. Lemay, que le
ministre Pagé vous présente dans le milieu d'une sandwich, si on
veut, une balance dans laquelle on échange des projets de loi l'un pour
l'autre... Il vous dit selon vos propres notes: Si tu as des démarches
à effectuer pour remplir ton mandat avec ta cliente, fais-les. Est-ce
que, M. Lemay, vous n'avez pas reçu le 19 décembre
carrément ce message-là de M. Pagé qui constituait une
pression?
M. Lemay: Là, vous me demandez de porter un jugement sur
le message de
monsieur...
M. Filion: Non, je vous demande de porter un jugement sur ce que
vous avez ressenti le 19 décembre 1986, après avoir laissé
le téléphone avec M. Pagé.
M. Lemay: M. le Président, je vous indique que je devrais
encore émettre une opinion, parce qu'on me demande de donner
l'impression... une impression de ce que j'ai reçu. Si je vous... Parce
que je ne veux pas me faire reprocher plus tard: Me Lemay, vous émettez
des jugements. Je peux bien en donner, des jugements...
Le Président (M. Lorrain): Non, je m'excuse, Me Lemay, je
pense que la question que M. le député de Taillon vous pose,
c'est de savoir qu'est-ce que vous avez ressenti vous personnellement suite
à la conversation téléphonique de M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et non pas
d'interpréter comment pouvait se sentir et ce que pouvait penser ou
deviner le ministre de l'Agriculture. Seulement vous, qu'est-ce que vous avez
perçu...
M. Lemay: J'ai... J'ai... Je vais répondre en deux
temps.
M. Filion: Oui, juste pour aider le témoin à ce
moment-là, M. le Président, dans la même ligne. Vous avez
sûrement, en tout cas, reçu une pression pour agir parce que dans
l'heure et demie qui a suivi, comme vous avez dit, vous avez posé sept
ou huit appels téléphoniques. Or, cette pression d'agir
là...
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement. M. le député de Frontenac, sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: Avec toute la politesse requise, avec tout le calme
requis, M. le Président, on a posé une question au témoin
et le député de Taillon, avant même que le témoin
ait répondu puisqu'il y a eu une discussion sur la question, il reprend
avec une autre question. Faudrait permettre au témoin de répondre
à la première question et s'il y a lieu de poser une question
addi-tionnnelle; le député de Taillon aura tout le loisir de le
faire, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Taillon, j'ai un avis à vous faire. On vient de
me communiquer, le secrétariat de la commission de l'Assemblée,
c'était votre dernière question. Alors, posez... Vous
étiez au milieu, on me dit que votre temps est épuisé;
alors, vous étiez à poser votre question, je ne vous interromprai
pas au milieu d'une question, je vais vous laisser poser une dernière
question, M. le député de Taillon.
M. Filion: Point d'ordre.
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le député
de Taillon.
M, Filion: Je ne doute pas de l'excellent travail qu'ont
effectué les chronométreurs...
Le Président (M, Lorrain): C'est avant la question de
règlement.
M. Filion:... les chronométreurs en arrière parce
que ça ressemble au Grand Prix: des fois il y en a un qui part et il
faut arrêter le temps et l'autre repart... C'est un métier
difficile, mais... J'ai l'impression que je n'ai pas...
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, voici. M. le
député de Taillon.
M. Filion: Êtes-vous sûr que les questions de
règlement en deux mots n'ont pas rentré sur mon
temps'?
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, avant.
M. Filion: Pas aujourd'hui, pas aujourd'hui, mais hier.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, non, je me
fie beaucoup... M. le député de Taillon, j'ai reçu le
message écrit suivant: Avant la question de règlement de M. le
député de Frontenac. Mais jamais je n'interromprai un
député parce qu'il lui manque 15, 20 ou 30 secondes à
compléter sa question. Et je vous permets de poser une dernière
question, M. le député de Taillon.
M. Filion: Je vais qarder ma dernière question, mais j'en
ai déjà posé une. Alors, peut-être que je peux
attendre la réponse à ce moment-là pour poser l'autre.
Le Président (M. Lorrain): Alors, Me Lemay, une
dernière question brève, très brève, s'il vous
plaît. M. le député de Taillon. Me Lemay.
M. Lemay: Parce que vous me demandez là si
j'interprète ce que j'ai reçu comme des pressions. Je comprends
que votre question, c'est ça?
M. Filion: Non, ce que vous avez vécu?M.
Lemay: Ce que j'ai vécu?
M- Filion: Oui. De 9 heures et demi à 9 heures 34...
M. Lemay: Regardez.
M. Filion: Le 19 décembre 1986 et que M. Carrier appelle
une pression.
M. Lemay: O. K. Bon, M. Carrier, il a qualifié ça
dans ses termes, puis je n'ai pas à commenter son témoignage.
Dans mon cas, ce que je vous dis, c'est que de la part de M. Pagé,
venant de M. Pagé, comme Pagé personnellement, moi, je n'ai pas
senti de pression, je l'ai remercié à la fin de me donner
l'information. De la part de la décision du comité ou du caucus,
on m'informe que ma loi est bloquée. Bien! moi, je regarde comment je
peux réagir à ça. C'est une question... Vous, vous
demandez: Est-ce que le messager vous a fait des pressions? Le
messager ne m'a pas fait de pression. Est-ce que le message avait pour effet
que vous deviez faire quelque chose? Oui, parce que j'ai fait de
quoi.
Le Président (M. Lorrain): Ceci met fin...
M. Filion: Vous m'aviez reconnu une dernière question, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Elle avait déjà
été posée?
M. Filion: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): Alors, une très
brève... la dernière. Très brève, monsieur. Sans
aucun préambule, le temps est épuisé.
M. Filion: Vous voyez le désavantage. En cour, on n'a pas
ces limites.
Le Président (M. Lorrain): C'est une entente.
M. Filion: Non, je dis cela pour le témoin qui a
trouvé cela long, etc. Ma dernière question, j'ai te choix entre
deux, je vais poser celle-là: Pourriez-vous me dire exactement et avec
les mots, sur quels termes, avec quelles paroles s'est terminée la
conversation, la deuxième conversation avec M. Garon?
M, Lemay: Écoutez un peu. Il me semble que les derniers
mots que je lui ai dit, c'est de ne pas sortir ça en Chambre, puis il a
dit: Fais-toi-z'en pas, je m'en occupe.
M. Filion:... occupe-toi pas de ça?
Le Président (M. Lorrain): C'était votre
dernière question. Vous pourrez toujours, soit par
l'intermédiaire d'un autre de votre formation, M. le
député de Taillon... Alors, je remercie M. le
député de Taillon et je vais, en respectant la règle de
l'alternance, je vais maintenant céder la parole à un
député de la formation ministérielle. Vous avez
demandé la parole, M. le député de Frontenac?
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac. En tant que porte-parole, je crois, de votre formation.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Me Lemay, le 18
décembre ou dans les jours qui ont suivi, si je me souviens bien, je
pense que c'est le 15 décembre 1986, des amendements ont
été apportés au projet de loi 272, amendements qui
touchaient, je pense, l'aspect financier, c'est-à-dire les
intérêts, les sommes d'argent comme telles. Pourriez-vous
très rapidement nous indiquer de quelle nature étaient tes
amendements apportés quelque part autour du 15 décembre? (16 h
15)
M. Lemay: C'était tout le problème du calcul des
intérêts et à quelle date on computait la subvention pour
les fins des intérêts temporaires. Autrement dit, on se posait la
question: Est-ce qu'on fait un règlement d'emprunt régulier? Un
règlement d'emprunt régulier, ça comprend les
dépenses d'immobilisation, ce qui a été
dépensé pour l'achat des autobus et la construction du garage,
etc. et ça comprend ce qu'on appelle des frais contingents, les frais
incidents qui sont les frais d'ingénieurs, professionnels, comptables,
arpenteurs, etc. et les frais de financements temporaires. Autrement dît,
il faut payer; en attendant que les travaux soient finis., il y a des paiements
progressifs. Le problème qu'on avait, c'était: Toutes les
dépenses étaient effectuées, les ingénieurs
payés, les architectes, les autobus payés, etc., on était
sur une "marge de crédit", entre guillemets. On marchait sur un
financement temporaire. Or, quand on fait un règlement d'emprunt
à long terme, on consolide. On dit: À telle date, par exemple le
1er janvier, on calcule toutes nos dépenses y inclus les
intérêts qu'on a payés sur la "marge de crédit" -
entre guillemets -jusqu'au 31 janvier et là, an finance. On fait un
règlement d'emprunt qui couvre tout ça. Or, le problème
qui se posait, c'est qu'il était bien accepté par le
ministère des Affaires municipales qui est responsable de la loi que
notre règlement d'emprunt devrait couvrir toutes les dépenses,
incluant tous les intérêts temporaires. Autrement dit, si tu as un
règlement d'emprunt régulier, il n'y a pas de difficulté
là. La seule difficulté, c'est au niveau des subventions. C'est
que le
ministère des Transports nous disait: Nous autres, on ne vous
subventionnera pas sur l'ensemble de vos dépenses, parce qu'on est
d'avis que vous êtes allés sur le financement trop tard. Vous avez
fait une erreur. Vous pensiez que vos règlements ne devaient pas
être approuvés et ils devaient l'être. Donc, on va
arrêter à une certaine date pour le calcul des
intérêts temporaires, du financement temporaire. Autrement dit, on
paie toutes vos dépenses, mais comme si vous aviez fait votre
financement à long terme au niveau final, c'est le 15 septembre 1987,
1986, je m'excuse.
M. Lefebvre: À quelle date, Me Lemay, l'amendement en
question a-t-il été soumis?
M. Lemay: II y a eu plusieurs formulations d'utilisées. Je
vous dirai que je cherchais toujours une façon pour en tirer le maximum
du gouvernement.
M. Lefebvre: Le texte final de l'amendement, à quelle date
a-t-il été soumis?
M. Lemay: Le 18 au soir.
M- Lefebvre: Le 18 décembre.
M. Lemay: J'ai soumis un texte que j'ai déjà
déposé en preuve par lettre du 15 décembre 1986 qui est
adressée à Mme Louise Robert. Je ne sais pas si M. le
secrétaire a le numéro de cote en mémoire, là. On a
déjà coté ça.
Une voix: AP-11.
M. Lemay: Dans leur cote, je pense que ça ne marche pas
comme ça. J'ai une lettre que j'ai écrite à Mme Robert,
que j'ai produite de toute façon, où je disais... Je n'ai pas les
mêmes cotes que vous, M. le secrétaire.
Le Président (M. Lorrain): Nous allons retracer
immédiatement la cote. M. le secrétaire.
M. Lemay: C'est le 15 décembre 1986, une lettre
adressée à Mme Robert, Louise Robert, sous-ministre
adjointe...
Le Président (M. Lorrain): Louise Robert. D-17. Alors,
c'est le document D-17.
M. Lemay: O. K.
M. Lefebvre: Je peux le voir, D-17, s'il vous plaît, M. le
secrétaire? Je peux le voir, M. le Président,
D-17?
Le Président (M. Lorrain): On va vous donner une copie, on
va garder l'original.
C'est D-17.
M. Lefebvre: Ça va, M. le Président.
M. Lemay: Donc, ce que je vous dis, c'est que c'est une lettre
que j'ai dictée durant la fin de semaine parce que durant la semaine,
j'étais dans le comté du député de Roberval.
J'étais en procès à Roberval justement pour la ville de
Dolbeau.
Une voix:...
M. Lemay: On attend le jugement encore. Tout le monde attend.
Même je pense que M. le député attend le jugement lui avec.
Mais...
Une voix:...
M. Chevrette: Très pertinente. On ne peut pas, je ne le
ferai pas.
Une voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, à
l'ordrel À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Ce n'a pas été pris sur mon temps, M.
le Président, cette question-là?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui.
Une voix: J'imagine que c'est comptabilisé sur le temps du
député de Roberval.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Lemay: C'est épuisé. Donc...
Le Président (M. Lorrain): Allez-y, Me Lemay.
M- Lemay:... je vous disais: Comme il y avait une discussion
là-dessus et j'essayais de rencontrer le ministre M. Côté
et je n'étais pas capable à cause des délais pour lui
expliquer qu'il devait nous en donner le plus possible, j'avais
suggéré un texte à Mme Robert où le projet aurait
indiqué, le texte de loi aurait indiqué que les
intérêts, c'étaient ceux courus jusqu'à une date
qu'aurait déterminée le ministre après l'adoption de la
loi. En tout cas, quand je suis arrivé le 18 au soir parce que je suis
arrivé rien que le 18 au soir en commission, c'est là que j'ai
appris que le ministre avait déjà décidé la date.
Il l'a décidée le jour même, je suppose. Ils disent: C'est
dans la
loi qu'on va le mettre. On n'en rediscutera pas plus tard. Or, c'est
là qu'il y a eu un papillon d'ajouté pour modifier l'article 4 ou
5 du projet de loi...
Une voix: L'article 5.
M. Lemay: ...î'article 5 - et c'est à ce
moment-là qu'on nous a remis... On était ici dans la commission
ici, j'avais la même place. La commission s'est réunie dans cette
salle-ci. Je me souviens que, quand on m'a remis le papillon pour cet
article-là, j'ai demandé une suspension au président qui
était M. Rochefort, si je ne me trompe pas, à ce
moment-là. Et j'ai dit: On va prendre connaissance de cet
amendement-là, je viens de l'apprendre. Puis là, on a eu le 15
septembre. Puis là, j'en ai parlé à M. Carrier et j'ai
dit: Écoutez, qu'est-ce que vous voulez que je fasse? Est-ce
qu'on le prend ou on le prend pas? On ne peut pas avoir autre chose. Bon, on a
dit qu'on acceptait l'amendement quoiqu'on aurait aimé que le ministre
des Transports soit plus généreux en cette période des
Fêtes. C'est ce qu'on avait dit en commission parlementaire.
M. Lefebvre: De quel ordre était la somme d'argent
additionnelle suggérée dans un premier temps par votre amendement
à vous, votre papillon? À peu près, Me
Lemay? À quelques cent mille près.
M. Lemay: Oui. Le papillon, en fin de compte... En fait, l'effet
des intérêts temporaires, on peut l'évaluer à 60 000
$ par mois. Si on parle d'une subvention à 75 %, faites le calcul,
ça fait quoi? 45 000 $ par mois de différence.
M. Lefebvre: Sur une période de combien de
temps?
M. Lemay: Au niveau initial, quand les gens du ministère
nous proposaient des dates, ils parlaient du mois de juin. Cela fait que
ça veut dire que, s'ils nous ont donné juin, juillet, août,
jusqu'au 15 septembre, donc, quatre mois et demi, 45 000 $, faisons le calcul,
ça fait 200 000 $ peut-être, puis, nous autres, on aurait
aîmé que ça se rende jusqu'à la fin de
l'année, donc, ajouter mi-septembre, octobre, donc une couple de 100 000
$ encore qu'on aurait aimé ajouter parce que, effectivement, le
financement s'est fait au début de février, le financement
à long terme, à un taux, d'ailleurs, qui est intéressant
comparé au taux qu'on avait l'année dernière.
M. Lefebvre: Alors, ce que vous suggériez,
c'étaient des sommes additionnelles consécutives à votre
amendement, des sommes additionnelles tournant autour de 450 000 $ à 500
000 $. C'est avec ça que vous êtes arrivé le 18.
M. Lemay: Au total, c'est à peu près ça,
oui.
M. Lefebvre: C'est avec cet amendement-là que vous
êtes arrivé le 18 décembre.
M. Lemay: Le 15 décembre.
M. Lefebvre: Le 15 décembre et le 18...
M. Lemay: Et puis, la réponse que j'en ai eue, c'est un
moyen terme peut-être, en tout cas, pas assez fort à mon
qoût, mais ça...
M. Lefebvre: Environ la moitié du montant que vous
souhaitiez.
M. Lemay: Approximativement.
M. Lefebvre: 250 000 $, à peu près.
M. Lemay: Remarquez que je trouve qu'on aurait dû avoir
encore plus, mais ça, on n'est jamais content quand on n'a pas tout.
M. Lefebvre: Me Lemay, vous avez entendu le témoignage de
M. le député de Lévis concernant cette
discussion-là qu'on a sur les amendements, la conséquence de
l'amendement, les intérêts qui variaient et, conséquemment,
l'importance que ça avait au niveau de la subvention,
dépendamment de la date, à partir de quelle date ça
courait ou pas. Vous avez entendu le témoignage de M. le
député de Lévis. Est-ce que, rapidement, .vous pouvez nous
dire si vous êtes d'accord avec ce que le député de
Lévis a dit? Je ne veux pas entrer dans le détail, je
vous laisse aller là-dessus parce que c'est technique. Vous avez
entendu, vous étiez !à lorsque le député de
Lévis a témoiqné. Est-ce que vous êtes d'accord ou
pas?
Une voix: C'est une opinion, cela.
M. Lefebvre: Bien, c'est technique, c'est très technique.
Vous êtes en mesure de dire si vous approuvez ce que le
député de Lévis a dit là-dessus ou pas.
M. Rochefort: Bien, question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Rochefort: Je pense qu'il faut, au minimum, reformuler la
question. Êtes-vous d'accord ou pas? Approuvez-vous ou
pas? Si ce n'est pas une opinion, M. le Président...
M. Lefebvre: II peut être d'accord avec une partie du
témoignage.
M. Rochefort: Non, mais, là, c'est encore pire. Plus vous
parlez, plus vous enterrez votre cause. Il dit: II peut être d'accord
avec une partie du témoignage. Est-ce que le témoin est ici pour
nous dire si les témoignages sont bons ou pas?
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, soyez plus précis.
M. Rochefort: C'est quoi, cette affaire-là?
Le Président (M. Lorrain): Posez la question directement,
sous quels termes...
Une voix: C'est irrecevable, ça.
Le Président (M. Lorrain): Son opinion à lui, Me
Lemay, et non pas l'opinion de...
M. Lefebvre: Vous avez entendu le témoin, M. le
député de Lévis, expliquer très longuement - sauf
erreur, je pense que c'est jeudi soir dernier, et vous étiez
présent -expliquer toute la plomberie, toute la technique du financement
qu'on retrouvait dans le 272 et, entre autres choses, le député
de Lévis a fait référence aux intérêts...
M. Filion: Question de règlement
M. Lefebvre:... lesquelles sommes avaient même... Bien,
écoutez!
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: Je suis assez précis, je parle des
intérêts.
M. Filion: Oui, mais...
M. Lefebvre: De l'amendement.
Le Président (M. Lorrain): Non. Attendez, M. le
député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je vais demander une suspension, je vais faire
sortir les notes.
M. Rochefort: C'est ça.
M. Filion: Non, mais écoutez, vous avez...
Le Président (M. Lorrain): Non, je pense qu'il arrivait au
tout début...
M. Lefebvre: Oui, je vais le faire.
M, Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Juste une seconde! Juste une
seconde! Sur !a question de règlement, je veux vous entendre, M. le
député de Frontenac, M. le député de Taillon.
M. Filion: Moi, je suis...
M. Lefebvre: En toute honnêteté, M. le
Président, je dois vous dire que je ne peux pas, effectivement...
M. Filion: Est-ce que je peux intervenir?
M. Lefebvre:... je m'excuse, M. le député de
Taillon, citer de mémoire la question précise qui a
été débattue, mais s'il faut qu'on sorte le Journal des
débats, on le fera.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais, là je
pense... Faites votre question de règlement, M. le député
de Taillon. Je vais vous entendre après, monsieur le...
M. Filion: Bien, écoutez, c'est plutôt une question
d'ordre. Vous avez été, ce matin, très
sévère lorsqu'on parle des témoignages d'autres personnes.
Et là, évidemment, le député de Frontenac est en
train de parler du témoignage d'autres témoins.
M. Lefebvre: On va le trouver.
M. Filion: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'appliquer le
même critère, aussi sévère soit-il, au
député de Frontenac? Je pose la question, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député, sur
la même question de règlement.
M. Lefebvre: Sur l'argumentation du député de
Taillon, je suis d'accord avec le principe, à savoir que si je veux
ramener le témoin à un témoignage d'une autre personne, en
principe, je devrais être précis, et c'est moi-même qui l'ai
soulevé, cet argument-là, sauf que je vous souligne que la
question que je pose présentement couvre une très longue partie
du témoignage du député de Lévis sur un aspect qui
n'est pas factuel. Je ne lui parle pas de dates, je ne lui parle pas de
conversations téléphoniques, je lui parle strictement de
l'opinion du député de Lévis par rapport au financement
qu'on retrouvait dans le bill 272, aux dates auxquelles le député
de Lévis a fait référence comme ayant des
conséquences dans un sens ou dans l'autre sur les subventions à
être versées par le gouverne-
ment. C'est à ça que je fais référence, M.
le Président, mais je peux être plus précis.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Je suis prêt
à rendre ma décision. J'aimerais mieux que vous alliez
directement avec les termes employés par M. le député de
Lévis pour ne pas qu'il y ait de mélange et pour ne pas qu'on
interprète mal ou que le témoin ne sache pas exactement à
quel sujet et à quel terme M. le député de Lévis a
répondu ici devant la commission.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je reconnais que ça peut
devenir très difficile des fois si on résume trop un passage ou
un témoignage qui a duré trop longtemps ou qui comprend plusieurs
minutes de témoignage. J'aimerais mieux que vous fassiez allusion
directement à un passage.
M. Chevrette: Je suis d'accord avec vous et j'aimerais que
l'attaché politique de M. Pagé lui indique le texte comme il
faut.
Le Président (M. Lorrain): Non, à l'ordre, s'il
vous plaît! N'importe qui peut venir intervenir.
M. Lefebvre: Votre attaché politique a fait la même
chose et je ne lui en ai pas fait de reproche.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, non. M. le leader de l'Opposition, il y a plusieurs attachés,
je pense, et plusieurs recherchistes ou attachés ou des directeurs de
cabinet - et je ne veux pas qu'ils soient nommés ici - depuis plusieurs
jours, qui vous aident, et c'est leur travail, je pense, de vous aider à
procéder à l'interrogatoire des témoins. Je ne vaudrais
pas qu'on commence ce jeu-là de part et d'autre. Alors, je vais attendre
que M. le député de Frontenac soit prêt. Êtes-vous
prêt? M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, à une question du
député de Lac-Saint-Jean, M. Brassard, M. Garon a répondu
ceci: "Bon, il était facile de voir que, uniquement pour les frais
d'intérêts - et cette réponse-là est du 1er avril
1987, à 16 h 55, uniquement pour les frais d'intérêt -
entre autres, ce n'est peut-être pas - je vous demanderais
d'écouter attentivement, Me Lemay, ce n'est peut-être pas - la
seule raison, mais une raison importante, les frais d'intérêt
entre le 15 septembre et le 15 janvier 1987, il s'agit, à ce
moment-là, il avait été mentionné en commission
parlementaire, je n'ai pas fait le calcul moi-même, si je m'en tiens aux
chiffres qui ont été mentionnés en commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements, on a
parlé de 60 000 $ par mois. Alors, 15 septembre au 15 janvier, il s'agit
de 240 000 $, mais si on regarde les tarifs qui ont augmenté au mois de
janvier, qui ont augmenté plus que d'habitude... - C'est la
réponse du député de Lévis, je m'excuse ai c'est
long. - En janvier, il y a eu des augmentations de tarifs dont les gens qui
vont témoigner de la corporation pourront vous indiquer les ampleurs. -
Là, on parle de la conséquence sur les tarifs, vous prendrez
ça en note parce que je veux que vous nous éclairiez
là-dessus également. - Si on regarde les tarifs qui ont
augmenté alors qu'il s'agissait seulement d'intérêts de 240
000 $, on s'imagine si les 4 500 000 $ étaient mis en cause... " Est-ce
que vous êtes d'accord avec ce que je viens de lire?
M. Filion:... question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de...
M. Lefebvre: Bien voyons donc!
M. Filion: Non, mais c'est bien évident...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M, Lefebvre: C'est technique. C'est des faits.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Filion: Non, mais, sur ma question de règlement, c'est
bien évident que, si...
M- Lefebvre: II peut être d'accord. Peut-être qu'il
Test.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Taillon.
M. Filion: M. le député de Frontenac, je pourrais
peut-être exprimer ma question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, sur une question de règlement, s'il vous plaît!
M. Filion: Si elle n'est pas bonne, vous le direz. Le
président va s'exprimer. C'est juste pour le bon ordre de nos
travaux.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, oui.
M. Filion: On peut interroger un témoin à partir
d'une déclaration d'un autre témoin. On Ta admis ce matin. Vous
avez établi des règles. C'est bien évident, par exemple,
que si Ton cite deux pages, il faudrait être
précis dans la question. Il faudrait être précis
dans la question. On ne peut pas prendre deux pages d'un témoignage et
dire: Êtes-vous d'accord avec ça? II faut, à la
suite de ça, poser, comme je l'ai fait, d'ailleurs, au
témoin...
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! La question de
règlement n'est pas terminée.
M- Filion: Peut-être, peut-être,
peut-être...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je vais entendre une intervention tout à l'heure de la part
de la formation ministérielle.
M. Lefebvre: On ne se chicanait pas là.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, vous avez toujours la parole.
M. Filion: On était bien là.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez toujours la
parole.
M. Filion:... référé à une question
précise, sinon le témoin qui lit, lui aussi, pendant deux pages,
là, il peut dire n'importe quoi sur n'importe quoi. À ce
moment-là, c'est bon que ce soit suivi, comme a tenté de le faire
le député de Frontenac, mais d'une question précise. C'est
tout.
M. Lefebvre: M. le Président, je ne cherche pas...
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon, sur la question de règlement?
M. Filion: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Lorrain): Alors, l'intervention de la
formation ministérielle sur la question de règlement.
M. Lefebvre: Je ne cherche pas, M. le Président, ni un oui
ni un non. Je cherche à éclairer les membres de la commission et,
en cette matière, ce à quoi je fais référence, je
pense qu'il y a le député de Lévis qui est le critique
financier de l'Opposition, il y a le témoin principal quant à la
structure du bill 272. Je veux savoir si, sur l'essentiel quant aux
amendements, quant aux dates, les deux experts sont d'accord. C'est ça
que je veux savoir, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Là, c'est
différent. Posez une question très précise. Posez une
question très précise et non pas... S'il y a quatre ou
cinq...
M. Lefebvre: C'est ça, ma question. (16 h 30)
Le Président (M. Lorrain): Je rends ma décision
maintenant. M. le député de Frontenac, s'il y a quatre ou cinq
idées ou s'il y a un passage qui est extrêmement long et si on
demande une impression sur tout un témoignage, j'aimerais - vous avez
beaucoup de temps et je vais vous l'accorder et vous pouvez poser plusieurs
questions - j'aimerais qu'elles soient plus précises pour ne pas que
cela porte le témoin à porter un jugement global, encore une
fois, qui va nous répéter ce qu'il nous répète
depuis près de trois jours.
M- Lefebvre: Me Lemay...
Le Président (M. Lorrain): II y a eu beaucoup
d'interrogatoires vis-à-vis de Me Lemay. J'aimerais qu'on arrive
à des précisions et qu'on arrive à lui faire dire des
précisions, soit sur des termes, des échanges, qui n'ont pas
été encore dites.
M. Lefebvre: Me Lemay, vous avez... Je vous ai parlé tout
à l'heure des tarifs aux usagers. Est-ce que l'adoption de la loi 272,
en décembre plutôt qu'au printemps, aurait eu ou n'aurait pas eu
de conséquence sur les tarifs aux usagers?
M. Lemay: Je ne peux pas répondre à cette
question-là parce que, écoutez, c'est une question de
l'administration de la CITRSQ. M. Carrier en a parlé un peu, je pense,
mais je ne suis pas conseiller juridique à temps plein pour la CITRSQ,
Ils m'ont consulté pour une loi privée. À cette heure,
comment ils auraient pu régler le problème si la loi avait
été retardée, c'est une hypothèse...
M. Lefebvre:... évaluer, vous.
M. Lemay: Je ne l'ai pas évalué et ce
n'était pas mon mandat non plus.
M. Lefebvre: Quand !e député de Lévis dit:
Moi, je pense que ça aurait pu avoir des conséquences très
graves sur la tarification, mais aussi sur la corporation elle-même,
est-ce que vous avez évalué cette situation-là?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): La question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le témoin vient de
répondre à cette question-là.
Le Président (M. Lorrain): Alors, expliquez. Prenez les
termes. Voulez-vous citer la page, s'il vous plaît, pour que M. le
député de Gouin...
M. Rochefort: Mais, M. le Président... M. le
Président, je vais être précis puisque vous ne me
permettrez probablement pas de revenir sur fa question de règlement. Je
vais le faire tout d'un coup.
M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez.
M. Rochefort:... le député nous cite huit
paragraphes d'un extrait de témoignage de M. le député de
Lévis. Il demande au témoin: Êtes-vous d'accord avec
ça? Avez-vous évalué ça? Le témoin nous
répond: Je ne suis pas conseiller juridique à plein temps. Je
n'ai pas évalué ça. Il revient et dit: Oui, mais dans ce
que je vous ai lu tantôt -parce qu'il nous a relu le même passage
en partie - il dit: Le député de Lévis nous dit: Ça
aura une influence directe sur la tarification qui a d'ailleurs
déjà été changée au mois de janvier et en
plus, sur l'ensemble des finances de la corporation intermunicipale de
transport. Avez-vous évalué ça? Dites-moi
où est la différence, M. le Président. Moi, je la
cherche.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, voulez-vous intervenir sur la question de règlement?
M. Lefebvre: La question que j'ai posée tout à
l'heure, M. le Président, portait sur la conséquence quant aux
usagers. Là, on parle de la corporation. Ce n'est pas pareil
nécessairement. Il va nous répondre.
M. Rochefort: Les tarifs, c'est qui, ça? M. Lefebvre:
II va nous répondre.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, dans votre première question, l'avant-dernière
question...
M. Lefebvre: Oui, oui.
Le Président (M. Lorrain):... vous aviez demandé
à Me Lemay s'il y avait des conséquences sur la tarification
advenant le cas... Sur la tarification quant aux usagers. Maintenant, si vous
reposez exactement la même question, je ne vais pas l'accepter. Donnez
l'essence de votre deuxième question. Est-ce qu'elle est
différente de la tarification ou pas? Répéter les dires de
M. le député de Lévis... Si c'est la même chose, je
ne l'accepte pas.
M. Lefebvre: M. le Président, écoutez, je vais
devoir vous demander une question de directives parce que j'ai l'intention - et
je ne suis pas le seul, mes collègues également - j'ai
l'intention de mettre en évidence les témoignages du
député de Lévis dans certaines parties de son
témoignage en regard du témoignaqe de M. Lemay jusqu'à
date. La seule façon de le faire, c'est de citer au texte, contrairement
à ce que nos collègues d'en face ont fait à date, de citer
au texte. C'est ce qu'on m'a demandé de faire tout à l'heure. Le
témoignage rendu par le député de Lévis est de
demander au témoin s'il est d'accord ou pas, lorsque ça le
concerne, évidemment, s'il est d'accord ou pas avec ce que le
témoin qui l'a précédé, à savoir le
député de Lévis, a dit. C'est, quant à moi, M. le
Président, la façon la plus honnête, la moins suggestive de
procéder. Alors, j'en fais une question de directives. Je veux savoir si
vous considérez que cette façon de faire est correcte. Est-ce que
cette façon de faire respecte les articles 72 et suivants de nos
règlements? Je considère que c'est la façon la plus
correcte de procéder.
Le Président (M. Lorrain): C'est une nouvelle question de
règlement que M. le député de Frontenac... C'est la seule
intervention. Je vais reconnaître sur la formation... Maintenant, je vais
vous reconnaître une intervention sur la dernière question de
règlement parce qu'on a abandonné l'autre. On reviendra
après sur la forme de question qui a été posée et
la lecture de la phrase. Sur cette intervention, question de règlement
soulevée par M, le député de Frontenac.
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le leader de
l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: La première chose, vous nous avez dit depuis
deux semaines, vous-même de votre siège, que le témoin ou
les témoins n'étaient pas là pour évaluer ou juger
du témoignage des autres qui avaient passé avant. Vous avez dit
ça d'une façon et d'une clarté, M. le Président,
incontestable.
Deuxièmement, vous avez dit que les témoins ne sont pas
là pour donner des opinions quant aux témoignages ou des
remarques à faire sur le comportement de qui que ce soit. Il est
là pour répondre à des questions très
précises. Si le député de Frontenac voulait obtenir de son
témoin des clarifications... Par exemple, il veut savoir, s'il veut
vérifier la véracité des faits qui auraient
été donnés par un autre témoin, il peut citer un
texte et dire: Vous, M. le témoin, avez-vous fait des expertises
personnelles? Mais aller demander au témoin: Qu'est-ce que vous pensez
du rapport de M. Garon? Pensez-vous que ç'a de l'allure, le
témoignage de M. Garon? Cela, c'est à nous
à l'apprécier après, la valeur des
témoignages ici devant cette Assemblée, mais s'il veut savoir si
le -témoin a de l'expertise sur la tarification des employés, des
citoyens de Lévis, qu'il demande carrément au témoin:
Avez-vous fait une expertise sur la tarification des citoyens de Lévis?
Ce n'est pas cela. Lui qui est avocat, le député de Frontenac, il
arrive et dit: M. Garon a dit ça, qu'est-ce que vous en pensez, vous?
Voulez-vous le contredire? Vous êtes bien parti, on vous a défendu
de plaider, ce matin, au témoin. Vous voyez bien que ce serait un
non-sens par rapport à toutes les décisions antérieures
que vous avez prises, M. le Président.
Le député de Frontenac qui s'objectait à chaque
fois, à chaque fois que de ce côté-ci de la table on avait
tendance à aller vers les opinions vers les témoignages
antérieurs... Il s'objectait et il essayait de donner du temps ià
et, même, ils sont allés plus loin que cela, dans les faits
là, le député de Louis-Hébert lui-même
explicitait avec beaucoup de verve, M. le Président, et d'emphase, son
point de vue et vous avez toujours eu une très grande cohérence
de ce côté-là. Le témoin n'est pas là pour
évaluer les témoignages des autres, il n'est pas là pour
donner des opinions à gauche et à droite, il est là pour
donner des faits. Les faits, si le député de Lévis s'est
prononcé sur la tarification, lui, a-t-il une expertise sur la
vérification? Oui, non. S'il n'en a pas, il n'en a pas, s'il en a, il en
a. S'il est capable de tut faire dire par des questions sur la tarification de
nuancer les propos du député de Lévis qu'il n'y aille pas
en faisant une lecture et dire: Qu'est-ce que tu penses de cela? Ce n'est pas
cela, vous mettriez le témoin dans la même situation qu'on lui a
reprochée ce matin et vous avez remarqué ce que le témoin
a fait depuis cet après-midi, M. le Président, et c'est
lui-même qui vous met en garde sur ce genre de questions. Il dit:
Là, si je répands à cela, je risque de faire exactement ce
que vous ne vouliez pas que je fasse avant-midi.
On n'attendra toujours pas comme parlementaires que ce soit le
témoin qui nous rapporte vas propres décisions et notre propre
cohérence. C'est à vous, lors de cette période-là,
de dire au député de Frontenac: Bien, écoute, prends ton
dossier, demande au témoin, s'il y a une expertise sur la tarification,
est-ce qu'il sait que cela a de l'influence sur la tarification? Et,
est-ce que si je vous disais que telle phrase, par exemple... Il sort la phrase
exacte et il dit: Est-ce que vous êtes au courant des fondements
mêmes d'une affirmation du genre? Avez-vous l'expertise pour contredire
ou bien, avez-vous fait des chiffres là-dessus? Ce n'est pas ça.
C'est rendu que le député... Non seulement c'est la
première fois qu'il questionne, mais c'est rendu que c'est la seule
question que vous avez, c'est d'essayer de faire argumenter le témoin
sur un témoignage du député de Lévis. De
grâce! Préparez-vous, le recherchiste va vous donner des textes et
préparez vos questions.
Le Président (M. Lorrain): J'ai accepté une
intervention de chaque côté, c'est le consentement des deux
côtés. M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: II ne faut pas, lorsqu'on argumente.
Le Président (M. Lorrain): C'est un consentement qui est
intervenu il y a à peine une heure.
M. Lefebvre: Bien oui, on a parlé d'un intervenant.
Le Président (M. Lorrain): Oui, un intervenant et vous
avez fait une question de règlement, c'est vous qui l'avez logée,
la dernière.
M. Lefebvre: Là, on va revenir à vous tout de
suite.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac. Je suis prêt à rendre ma décision à mains
que vous retiriez le consentement qui a été demandé, qui
est intervenu au tout début de cette séance. Alors, voici, Me
Lemay. cela fait sa quatrième journée qu'il témoigne ici.
Je ne compte pas les heures, je ne veux pas les compter et ce n'est pas
terminé et cela n'est pas moi qui vais décider quand est-ce que
ça termine.
M. Lefebvre: J'en ai fait une question de directive tout à
l'heure. N'oubliez pas la question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui. La question de
règlement; je reviens, ta première question de règlement,
je n'ai pas entendu tout le monde là-dessus. C'est sur la question de
règlement, la dernière, là, ou appelez-la directive, mais
c'est règlement que je prends. Me Lemay est ici depuis près de
quatre jours. Il a commencé jeudi dans l'autre semaine, si ma
mémoire est fidèle.
Il reste encore amplement de temps à la deputation de
l'Opposition. L'enveloppe du temps de la formation ministérielle vient
à peine d'être entamée sur les deux heures et vingt
minutes, qui peut durer encore plusieurs heures et plusieurs jours. Il y a
à peine quatre minutes, je pense - même pas -
de prises sur l'enveloppe de la formation ministérielle.
À la longue - et je pense que c'est la même chose en
Assemblée et c'est peut-être encore plus complexe ici - plus une
question est longue, plus une question est complexe, moins ça devient
clair et moins on avance, je pense, dans nos travaux, II est extrêmement
important... Et, cela, j'ai rendu plus qu'une décision depuis le
début, pas durant le témoignage nécessairement de Me Lemay
là, mais il y en a plusieurs qui sont rendues et qui sont en note ici.
Jamais, jamais je n'ai employé ces mots-là. Jamais je
n'accepterai que le témoin, peu importe si c'est un avocat, un
député ou un témoin indépendant de
l'Assemblée nationale dans cette affaire, va porter des jugements, des
appréciations ou encore mentionner s'il a entendu dire que, puis s'il
est d'accord. Les témoins qui sont ici sont pour nous raconter et nous
décrire leur participation active à un fait, et les mots qu'ils
ont employés, et non pas pour être consentants ou pas consentants.
Ça, c'est les députés ici de l'Assemblée nationale
qui décideront, une fois tout le bagage des témoignages
accumulés, quel est le jugement que nous allons porter.
Il est très important... Et vous pouvez poser beaucoup, beaucoup
de questions, M. le député, je ne veux pas vous limiter, mats
posez des questions directement aux témoins et il ne faudrait pas...
Parce que là, si on reprend des témoignages et si on reprend
d'autres témoignages pour lui demander son opinion, je n'accepterai pas.
Ce n'est pas... Ça ne doit pas nous influencer, puis on ne veut pas
savoir s'il est d'accord ou pas d'accord avec M. Carrier, monsieur le... Lui
avait un mandat d'avocat, il a vécu une expérience d'avocat, il a
réagi comme...
Une voix: ...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse, je m'excuse, je
n'ai pas terminé, j'arrive à ma décision finale. Et je
voudrais que vous posiez des questions qui vont venir compléter toutes
les heures du témoignage de Me Lemay. Et je n'accepterai pas que les
députés de la formation de l'Opposition qu'il reste à
interroger recommencent tout l'interrogatoire qui a été fait
depuis des jours et je n'accepterai pas - puis je pense que c'est un consensus
des deux côtés et j'ai rendu des décisions là-dessus
- que même si vous avez pris que quelques minutes seulement sur
l'enveloppe que je vous reconnais et que je suis prêt à vous
reconnaître de deux heures et vingt minutes, la formation
ministérielle, on ne recommencera pas et il faudra arriver avec du
complémentaire pour être plus précis, pour connaître
s'il y a des choses que M. Lemay ne nous a pas dites depuis trois jours,
connaître et faire préciser certaines actions, certains termes ou
certains dires. Alors, c'est ma décision sur la question de
règlement, votre deuxième question au règlement. Quant
à la première, quant à la première avant de
reconnaître et que vous puissiez compléter votre question de
règlement et reconnaître un député de la formation
de l'Opposition, voulez-vous me répéter la phrase, M. le
député de Frontenac, que vous avez prise dans le texte, la
réponse de M. Garon'' M. le député, excusez-moi, M. le
député de Lévis. Parce que ça fait
déjà un bon moment, là, la phrase exacte ou la
réponse exacte avant de poser votre question qui a été
citée ou dite ici à cette assemblée par monsieur...
M. Lefebvre: J'ai tout a l'heure demandé au témoin,
Me Lemay, si la date d'adoption du projet de loi aurait des conséquences
dépendamment que le projet serait adapté, en décembre ou
au printemps. Est-ce que ça aurait des conséquences sur le tarif
des usagers'' C'a été la question que j'ai posée.
Le Président (M. Lorrain): Si je comprends bien, vous
retirez la question, la phrase...
M. Lefebvre: Je ne retire pas, M. le Président, je
réponds à votre question...
Le Président (M. Lorrain): Ça va.
M. Lefebvre: ...et j'ai par la suite repris au texte le
témoignage de M. le député de Lévis...
Une voix: ...
M. Lefebvre: Bien, écoutez.
Le Président (M. Lorrain): ...je vais vous
reconnaître après sur cette question de règlement. C'est
moi là, parce que ça fait un moment, je veux savoir
exactement...
M. Lefebvre: II dit ceci à 17 heures le 1er avril, excusez
le 4 avril, le 1er avril effectivement; Moi, je pense que ça aurait pu
avoir des conséquences très graves sur la tarification, mais
aussi sur la corporation elle-même. C'est ce qu'il y a de nouveau dans ma
question, Me Lemay, la corporation elle-même. Je veux vous entendre
là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Bon, là, là, je
pense que...
M. Lefebvre: Bien oui, et c'est ce que j'ai dit au
député de Gouin, qu'il n'avait pas bien
écouté...
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que ça a une
influence sur...
M. Lefebvre:... ma réponse, ma question, parce que c'est
le texte même.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que... M. le
député.
M- Lefebvre: Non, j'ai lu la réponse du témoin
Garon.
Le Président (M. Lorrain): M. le député, je
pense que la question, telle que reformulée là, ça faisait
déjà un bon moment, elle est très très pertinente
et Me Lemay peut nous le dire. Il va nous dire si oui ou non comme
avocat...
M. Lefebvre: Mais avant que Me Lernay réponde, M. le
Président, j'aimerais vous entendre sur ma question de directive,
à savoir - et parce que ça a de l'importance sur d'autres
questions qui viendront - je considère qu'on peut mettre en
contradiction, en citant le texte, un témoin, en l'occurrence le
témoin de Lévis, avec le témoignage de Me Lemay en lui
citant textuellement ce que le témoin, le député de
Lévis, a dit. Et est-ce que vous êtes d'accord là-dessus?
Avez-vous des commentaires? Non, non, c'est une question de directive que je
vous demande, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, puis je vais
reconnaître quelqu'un chez vous avant de rendre la décision.
M. Lefebvre: Et vous vous souviendrez que j'ai dit que c'est,
quant à moi, la façon la plus honnête de procéder,
que je considère que ce n'est pas suggestif. C'est de dire: Me Lemay, le
témoin député de Lévis a dit ceci, je le cite,
êtes-vous d'accord'' Avez-vous des commentaires? Non, non, c'est une
question de directive»
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, laissez-le finir, je
vais vous entendre... (16 h 45)
M. Lefebvre: Et je soumets, M. le Président, qu'il ne
s'agit pas là de demander au témoin d'évaluer le
témoignage du député de Lévis, de rendre jugement,
c'est de lui dire: Est-ce que, parce que vous avez vécu le même
événement, est-ce que vous avez reçu l'appel - je prends
un exemple - à 5 heures du matin, comme le dit le député
de Lévis, ou si c'est plutôt à 6 heures? Je ne lui demande
pas de qualifier, on parle de faits précis, M. le Président, de
faits précis.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Frontenac? M. le député de Taillon.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président.
M. Filion: Je vous le dis franchement, c'est du jamais vu. On ne
met pas un témoin, surtout à une enquête dans laquelle on
est déjà engagé depuis une semaine ou une semaine et
demie, on ne met pas un témoin en contradiction avec un autre
témoin. On pose des questions à un témoin dont les
réponses peuvent devenir contradictoires avec celles d'un autre
témoin. Puis, ça, on en conclut, on plaide à ce
moment-là. Vous le direz en Chambre lorsque ça va être le
tour de conclure et de faire nos observations sur nos travaux. Vous-même,
M. le Président, vous l'avez établi à plusieurs reprises
depuis six jours. Sinon... Puis, je vous avais dit à l'époque sur
la première question de règlement: S'il fallait commencer
ça, on ne finirait plus, ça pourrait prendre vingt ans avant
qu'on termine notre commission d'enquête. On ne peut pas arriver et citer
quelqu'un et demander à un autre témoin: Etes-vous d'accord avec
ça ou pas? Si le témoin dit: J'ai passé sur un feu rouge.
On demande au témoin: Vous, la voiture est passée sur quel
témoin? Sur quelle lumière, je m'excuse.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Filion: C'est comme ça qu'on établit, qu'on fait
une preuve, même ici, si on n'est pas devant un tribunal. On n'est pas
pour commencer à refaire nos devoirs à partir de zéro.
Imaginez-vous ce que ça serait pour le dernier témoin qui, lui,
pourrait être interrogé sur tout ce que les autres témoins
ont dit avant lui. Ça serait un joli...
M. Lefebvre: Ce n'est pas ça, M. le Président; il
faut faire attention. C'est important.
M. Filion: Non, laissez-moi terminer, je vous ai
écouté.
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision, une intervention de chaque côté.
M. Filion: Donc, toute la procédure du
député de Frontenac est irrégulière, est longue,
ardue, inutile. Il peut, s'il le veut, vous l'avez établi, lire un
passage d'un autre témoin, mais ensuite il doit revenir avec une
question précise, sur des faits précis, pas lui demander s'il est
d'accord ou pas d'accord, etc. Ça ne marche pas comme ça. Ce
n'est pas au témoin à dire s'il est d'accord avec le
député de Lévis ou s'il n'est pas d'accord avec le
député de Lévis. Cela ne marche pas comme ça. M. le
Président, une fois pour toutes, pourriez-vous expliquer ça au
député de Frontenac?
Le Président (M. Lorrain): Non. Je suis prêt
à rendre ma décision là-dessus et je vais être
très bref. On peut toujours mettre un témoin en contradiction
avec son propre témoignage, mais il y a une chose extrêmement
importante, je l'ai répétée à plusieurs reprises.
Ça apparaît dans mes décisions depuis une semaine et demie.
On ne pourra pas faire non plus indirectement ce qu'on n'a pas le droit de
faire directement. Il y a plus que ça. On n'a pas à mettre en
contradiction les témoignages d'un ou l'autre des témoins. C'est
nous, quand on va relire ou prendre connaissance de la somme totale des
témoignages, qui jugerons s'il y a contradiction ou pas et qui poserons
un jugement sur la valeur de ces témoignages et lesquels sont les plus
prépondérants. On n'a pas... Ça ne devrait pas nous
intéresser de savoir que M. Carrier pense d'un ministre ou d'un autre
député qui va témoigner... Ce que Me Lemay est
obligé de nous dire, il est obligé de nous dire ce qu'il a
vécu. Mais s'il est d'accord ou pas ou... Du tout. Je n'accepterais
jamais ça, sinon, vous allez prendre...
M. Lefebvre: Ce n'est pas ça, la question. Vous passez
à côté de la question.
Le Président (M. Lorrain): Non, vous avez...
M. Lefebvre: Avec tout le respect que j'ai pour la
présidence, M. le Président, ce n'est pas ça, la
question.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez bien, là.
Un instant, j'ai perçu ceci et vous poserez une question et je rendrai
une autre décision si elle n'est pas conforme à ma
décision de celle-là. Pour le moment je dis que vous ne pouvez
pas... Et vous avez énuméré ça dans votre
exposé, M. le député de Frontenac, vous avez dit: On peut
mettre en contradiction un témoin avec le témoignage d'un autre
témoin. Je réponds à cette question de règlement
que vous venez de loger en disant: Non, je n'accepterai jamais ça. Et on
ne mettra pas en contradiction le témoignage de Mme Lecours, de M.
Garon. On appréciera leur témoignage et vous avez toute latitude
de leur faire dire ce que vous voulez, mais vous ne pouvez pas mettre en
contradiction deux témoignages de témoins pour leur demander ce
qu'ils pensent ou quoi que ce soit. Maintenant, sur votre prochaine question...
C'est vous qui avez demandé. Je vous ai reconnu sur la corporation. Ce
que Me Lemay pense en tant qu'avocat vis-à-vis la corporation, je l'ai
reconnue, celle-là, et elle est pertinente. Mais c'est vous qui avez
relogé une deuxième question de règlement pour me demander
si on pouvait mettre en contradiction les témoins dans leur
témoignage. Je viens de rendre ma décision. Votre première
question sur la corporation, je l'avais déjà
déclarée recevable et je vous permets de la poser à Me
Lemay.
M. Lefebvre: M. le Président, avec tout le respect que
j'ai pour la présidence, ce n'est pas la question de directive que je
vous ai soumise. Il ne s'agit pas de mettre en contradiction deux
témoins. Je vous ai posé la question de directive suivante:
Quelle façon considérez-vous être la façon, la
manière la plus correcte, la moins suggestive lorsqu'on veut demander
à un témoin: Vous avez entendu pendant une journée et
demie le député de Lévis témoigner sur des faits
que vous avez vécus, vous, en même temps que lui...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je ne rendrai pas de directive
générale comme ça et je ne me mettrai pas à
écrire...
M. Lefebvre: Et ce n'est pas mettre en contradiction deux
témoins.
Le Président (M. Lorrain): Non. M. le député
de Frontenac, j'ai rendu ma décision...
M. Lefebvre: C'est ça, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): ...et à chacune de vos
questions, je l'accepterai ou la refuserai, mais je n'ai pas l'intention, sur
un cas hypothétique, de rendre une directive qui va englober toutes les
méthodes d'interrogatoire alors qu'on n'a pas de règles
d'établies. Non, ma décision, elle est rendue.
M. Rochefort: Non. Vous avez accepté.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas accepté, je
n'ai pas accepté.
M. Rochefort: Bien, il a parlé.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je ne l'ai pas
acceptée. Je ne l'ai pas acceptée. J'ai dit: Cas par cas, je
rendrai ma décision. Je ne l'ai pas acceptée, je l'ai même
arrêté.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): J'ai reconnu une question et
elle est pertinente, sur la corporation.
M. Rochefort: M. le Président,
Le Président (M. Lorrain): Sur une
question de règlement?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Mais pas sur ce qu'il vient de
dire, la décision est rendue.
M. Rochefort: Est-ce que je peux m'exprimer, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le député
de Gouin, sur une question de règlement.
M. Rochefort: M. le Président, je soulève une
question de règlement quant à l'application que vous faites d'une
décision que vous avez rendue. Vous avez rendu tantôt une
décision à l'effet que, suite à des consultations, il y
aurait maintenant un intervenant de chaque côté sur une question
de règlement. Vous avez rendu une décision, par la suite, le
député a soulevé une question de règlement sur
votre décision et vous refusez que quelqu'un de l'Opposition intervienne
sur le contenu de son argumentation que vous n'avez pas arrêtée et
qu'il a réussi à faire au complet. Vous avez beau me dire que
vous l'avez refusée, tout le monde l'a entendu autour de la table.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais, M. le
député de Gouin! M. le député de Gouin, j'ai
même expliqué, j'ai arrêté immédiatement M. le
député de Frontenac, puis je lui ai dit: Je vous ai reconnu votre
question comme pertinente, mais j'ai rendu ma décision et je ne rendrai
pas, je ne rendrai pas de décision hypothétique
générale, en limitant ou traçant une voie; c'est ce que je
viens de dire et je ne l'accepte pas.
M. Rochefort: Non, mais là, vous rendez une
décision sur la nouvelle question de règlement qui est
soulevée et sur laquelle on n'est pas intervenu.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Rochefort: Bien oui! Vous dites: Je ne rendrai pas de
décision sur une question aussi large et hypothétique. Donc, vous
rendez une décision en disant: Je ne la rends pas sur...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort:... quelque chose d'aussi large et
hypothétique. Mais il y a seulement un député, autour de
la table, qui a pu s'exprimer...
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai rendu...
M. Rochefort:... sur ce qui a fait que vous avez pris la
décision que vous venez d'évoquer.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non. Le
deuxième député, c'est M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Non, non, non. La décision que vous venez
d'évoquer sur son...
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas une
décision, j'ai refusé sa deuxième question de
règlement.
M. Rochefort: Le fait de ne pas rendre une décision, ce
n'est pas une décision.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas rendu de... Je n'ai
rendu qu'une décision sur la plaidoirie, sur l'argumentation de M. le
député de Frontenac et sur celle de M. le député de
Taillon. La deuxième, je ne l'ai même pas acceptée, je n'ai
pas rendu de décision, j'ai dit: Vous avez une question pertinente,
posez-la. C'est tout ce que je demande et posez votre question pertinente qui
avait été reconnue, mais je jugerai de chacune de vos questions
à savoir si elles sont acceptables ou pas, M. le député de
Frontenac, et ça, pas seulement pour vous, pour tous les membres de la
commission.
M. Lefebvre: M. Lemay, est-ce que vous avez eu l'occasion, vous,
de discuter avec M. le député de Lévis... Excusez!
Répondez à ma question, s'il vous plaît, avant là,
parce que, dans tout ce brouhaha-là, j'ai oublié que vous n'aviez
pas répondu à la question sur la conséquence quant
à la corporation.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, sur une question de règlement?
M. Rochefort: Je ne veux surtout pas vous déranger dans la
lecture...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Simplement et très honnêtement,
j'aimerais que le député reprenne sa question.
Le Président (M. Lorrain): Oui, cela fait...
M. Rochefort: Cela fait au moins dix minutes. Moi, le premier,
j'avoue que je sais le thème, mais je ne me rappelle pas du
sens de la question.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, voulez-vous reprendre votre question1?
M. Lefebvre: M. Garon, M. le député de Lévis
a, le 1er avril, à 17 heures, répondu ceci: Moi, je pense que
ça aurait pu avoir des conséquences très graves sur la
tarification - vous avez répandu tout à l'heure là-dessus
que vous n'aviez pas, vous, évalué cette question-là -
mais aussi sur la corporation elle-même. Est-ce que ç'aurait eu
des conséquences sur la corporation elle-même que le "bill" soit
adopté en décembre plutôt qu'au printemps ou vice
versa?
M. Lemay: Bien, ça dépend ce que l'on entend par
conséquence. Si c'est une question de vie ou de mort pour la CITRSQ, si
la CITRSQ était disparue parce que la loi aurait été
adoptée en juin, éventuellement, au lieu de décembre,
à mon avis, je ne le pense pas. Le problème qui se posait, c'est
que, comme le ministre des Transports ne voulait pas subventionner
au-delà du 15 septembre, bien, tout retard était
désavantageux parce que les intérêts, pendant ce
temps-là, on les payait tout seul. Au lieu de les payer à 25 %,
dans la mesure où ils sont payables à 75 %, on les payait tout
seul.
M. Lefebvre: Et vous, Me Lemay, vous aviez évidemment
compris ça dans les quelques jours qui ont précédé
le 19 décembre.
M- Lemay: C'est pour ça que je forçais pour
étirer le plus loin possible au niveau des intérêts, puis
qu'on force encore, remarquez.
M. Lefebvre: Est-ce que tout ça, vous l'avez
expliqué au député de Lévis, ce que vous êtes
en train de dire, lorsque vous l'avez appelé, d'abord, en passant par sa
secrétaire, lorsque vous lui avez parlé, est-ce que vous lui avez
expliqué ça?
M. Lemay: Quand je lui ai parlé la première fois -
et je pense que, évidemment, je n'ai pas les notes du témoignage
que j'ai rendu mardi probablement mais quand je lui ai parlé pour la
première fois, en tout cas, je me souviens d'avoir insisté pour
lui réexpliquer la question des intérêts temporaires, parce
que je croyais à ce moment-là qu'il s'était fait une
mauvaise opinion quant à l'effet du taux d'intérêt. M.
Garon - en tout cas, j'interprète de la façon que je le pense -
c'est que M. Garon était d'avis que le taux d'intérêt sur
le financement temporaire étant moins élevé -prenons un
exemple, je pense qu'il était alentour de 9 % à l'époque -
que le taux d'intérêt sur le financement à long terme qui
était à l'époque d'environ 10 %.
M. Garon, en tout cas dans les discussions que j'avais eues, surtout
à la fin de la commission parlementaire !e 18, avait l'air à
comprendre, d'après moi - peut-être que je me trompe - que
c'était avantageux, même si ça se finançait plus
tard parce que le taux d'intérêt à court terme était
plus bas que le taux d'intérêt à long terme. Or, dans ma
discussion que j'ai eue avec lui, j'insistais en disant: Écoutez, c'est
important qu'on finance à long terme au plus vite, parce qu'on n'a pas
de subvention tant qu'on ne finance pas à long terme.
C'est cette nuance-là qui, pour moi, est importante, mais je vous
dirai que, dans cette loi-là, il y a plusieurs points juridiques
municipaux qui se posaient, on l'a vu en commission parlementaire. Je ne suis
pas sûr que tous les parlementaires comprenaient les subtilités
juridiques municipales - et je ne leur reproche pas parce que ce n'est pas leur
spécialité, comme j'espère qu'on ne me reproche pas de ne
pas connaître vos subtilités politiques - mais c'était fort
complexe et je me souviens très bien, d'ailleurs, que le
député de Jonquière se demandait si les
intérêts n'étaient pas des intérêts parce que
la subvention était payée en retard, non ce n'était pas
ça, on disait: C'est les intérêts sur le financement. Il y
a eu une question posée par M. Dufour au ministre des Affaires
municipales sur une question de financement et M. Bourbeau avait un peu de
difficulté à répondre parce qu'il ne s'était pas
préparé en fonction de ça et il n'attendait
peut-être pas la question. Je me rappelle qu'il a dit: On va demander au
spécialiste de répondre. J'étais fier de me faire traiter
de spécialiste.
Autrement dit, c'était vraiment complexe, les conséquences
juridiques du financement à court terme versus long terme, de la
validation des dépenses, de la responsabilité des administrateurs
pour des dépenses faites techniquement illégalement.
Évidemment, pour quelqu'un qui est familier avec le droit municipal -
c'est notre travail à nous autres - mais pour des gens qui ne sont pas
familiers, d'un côté et de l'autre, je comprends... En tout cas,
au niveau juridique ou au niveau opinion juridique, je peux vous dire que je ne
partageais pas la même opinion juridique sur les conséquences que
certains parlementaires, d'un côté et de l'autre de
l'Assemblée, et notamment de M. Garon, sur cette
question-là...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Quand le ministre de l'Agriculture vous a
exprimé ses réserves sur l'aspect rétroactif de la loi
272, il vous a
dit qu'il n'aimait pas quoi dans la loi? Quelle partie de la
loi? Quelle conséquence de la loi 272 n'aimait pas le ministre de
l'Agriculture? Qu'est-ce qu'il vous a dit là-dessus?
M. Lemay: Écoutez, le souvenir que j'en ai, pour moi,
c'est une partie très courte de la discussion parce que je pense l'avoir
réglée en rassurant le ministre, c'est qu'il n'aimait pas bien
bien ça de payer des dépenses faites illégalement - payer
par en arrière, autrement dit, parce que, évidemment, payer,
comme le gouvernement subventionne - qu'il n'aimait pas ça payer des
choses qui ont déjà été dépensées,
rétroactives ou non, mais... Il y a même une contribution... Dans
la mesure... Si le gouvernement n'avait pas contribué
financièrement à ces dépenses-là,
évidemment, il n'aurait pas eu un mot à dire sur l'aspect
financier, mais... Il m'a dit ça, mais j'ai dit: Faites-vous-en pas, les
dépenses, il n'y a pas eu rien de malhonnête ou de contrat sans
soumission ou autre chose. Tout a été fait strictement dans les
formes, sauf la technicalité, on n'avait pas l'estampe du ministre et il
y avait une question de plan triennal aussi, mais c'est une autre
technicalité qu'ils ont insérée dans les lois pour
compliquer ça plus qu'autre chose, à mon avis. Mais ça
fait longtemps que c'est là. Cela fait de l'ouvrage pour les avocats,
plus c'est compliqué, remarquez.
M. Lefebvre: Quand vous a-t-on expliqué, Me Lemay, que le
lendemain, le 19, il y avait des consentements qui étaient
nécessaires pour l'adoption de la loi en troisième lecture?
M. Lemay: Quand on m'a expliqué ça? M. Lefebvre:
Oui.
M. Lemay: Je vous dirai que je ne l'ai pas su avant que M.
Pagé m'appelle pour me dire que le gouvernement ne consentait pas. Je ne
savais... le nombre de consentements et les étapes, là.
M. Lefebvre: Connaissiez-vous cette plomberie-là, cette
technique-là? (17 heures)
M. Lemay: Je savais qu'il était nécessaire d'avoir
des consentements, mais je ne connaissais pas à quelles étapes et
je ne connaissais pas le nombre. D'ailleurs, dans les documents que j'ai
déposés, que j'écrivais aux différents
députés, qui ont été produits en liasse, en tout
cas, un en arrière de l'autre, je disais: Comme on est en dehors des
délais, ça va nous prendre des consentements. Mais je ne savais
pas si c'était un, deux, trois et à quelle étape.
Honnêtement, je ne le savais pas. Je savais que ça en prenait.
M. Lefebvre: Oui.
M. Lemay: Mais est-ce que ça en prenait à plusieurs
étapes? On était hors délai. Ça, je le
savais. Donc, ça prenait des consentements. Remarquez que, par
après, je me suis informé. Je suis un peu plus instruit de ce
côté-là, mais à cette date-là...
M. Lefebvre: M. Garon prétend vous avoir dit - cela
apparaît dans son témoignage le 1er avril, à 11 h 5 - que
"j'avais jamais négocié mes votes jusqu'à maintenant, que
j'avais pas l'intention de commencer. Est-ce qu'il vous a dit ça, M.
Garon?
M. Lemay: Dans les deux discussions que j'ai eues avec lui, j'ai
pas entendu ça, d'aucune façon. Je le dis en insistant parce
qu'il me semble que ça aurait cliqué. Moi, je ne voyais pas une
question de négocier un vote là-dedans là. Je lui
demandais quoi faire, quelles instructions il me donnait.
M. Lefebvre: Alors, vous pouvez voir que ma méthode, c'est
la bonne, vous ne vous êtes pas objecté.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, vous avez la parole.
M. Lefebvre: Me Lemay, M. Garon a dit dans son témoignage,
à 12 h 20, le 1er avril, que vous auriez dit ceci, vous là: II
faut que vous réalisiez les conséquences que ça va avoir
pour la CITRSQ, pour les gens de votre comté. C'est vous qui parlez,
selon M. le député de Lévis. Il m'a dit: Les gens de votre
comté éventuellement vont apprendre ça et ça va
être épouvantable pour vous. Avez-vous dit ça à M.
Garon, vous, au député de Lévis?
M. Lemay: J'ai sûrement parlé des
conséquences que notre loi ne passe pas et que c'était important
qu'elle passe. Mais qu'on ait parlé que les gens ou les électeurs
de Lévis, ça va être épouvantable, je ne m'en
souviens d'aucune façon.
M. Lefebvre: Vous avez, je pense, Me Lemay, mentionné que
dans le... Parce que vous avez, à maintes reprises, fait un
parallèle avec le projet de loi de Sorel. Dans le projet de loi de
Sorel, il n'y avait pas d'objection au projet de loi privé comme tel,
alors que dans le projet de loi 272, vous avez fait référence au
fait que le ministre de l'Agriculture avait des réserves sur la
rétroactivité de gestes illégaux, entre guillemets,
"illégal". Sorel, est-ce qu'il y avait des objections?
M. Lemay: Dans Sorel, je n'ai jamais su quels étaient les
motifs pour lesquels il y avait une opposition, sauf les chicanes de fin de
session, autrement dit.
M. Lefebvre: C'est ça. C'est tout pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Frontenac. En respectant la règle de
l'alternance, je vais reconnaître M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez la parole.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. M. le
Président, la première question que je voudrais adresser à
Me Lemay porte sur la dernière phrase qu'on retrouve dans son
mémo et je cite la fin de la phrase: "Et j'ai apporté des
corrections pour compléter ce texte au retour du congé des
fêtes. " Est-ce que M. Lemay pourrait nous dire combien de fois il a
apporté des corrections à son aide-mémoire?
M. Lemay: Je n'ai pas eu le temps de l'expliquer, quand on l'a
déposé. L'aide-mémoire s'est fait en deux étapes
distinctes. Une première étape qui commence, je dirais, à
la page 4 ou à la page 3, plutôt, qui traite de la commission
parlementaire.
M. Rochefort: De quelle commission parlementaire?
M. Lemay: De celle du 18 là. Autrement dit, les trois
premières pages... Commençons au début, d'abord, et je
vais vous expliquer l'ordre dans lequel ç'a été fait
là.
Le Président (M. Lorrain): II s'agit de D-20, la
pièce qui a été déposée comme D-20.
M. Lemay: Bon, à partir du numéro 1, le mandat, O.
K., jusqu'au numéro 3, commission parlementaire exclusivement, cette
section-là, je l'ai faite en revenant du congé des fêtes.
Ça, j'ai repris mon dossier, puis j'ai fait un historique du travail que
j'avais effectué dans le dossier. Quant à la section qui traite
de commission parlementaire et du 19 décembre, je l'ai dictée le
vendredi là, sur l'heure du souper, au bureau après les
événements du 19. Ça a été
dactylographié... Écoutez, je me demande si ça a
été dactylographié avant le temps des fêtes parce
que ma secrétaire était en vacances, en tout cas. Mais, ça
a été dicté à ce moment-là le 19, puis j'ai
apporté des corrections, français, etc., pour mettre les
idées en ordre parce que, quand j'ai dicté le 19, c'était
ce qu'on appelle un "brain-storming" ou l'expression on met nos idées
sur papier, là. Mais le 5, autrement dit, le lundi après les
fêtes, je dictais au propre mon mémo, la date qui a
été dactylographiée comme telle là dans les jours
suivants. Mais j'avais un projet qui est sorti, autrement dit, parce que c'est
un système de traitement de texte là, que j'ai dicté le
19. Puis le 19 avec ce projet-là, bien j'ai... te 5 c'est-à-dire,
j'ai ajouté la première partie qui était plus factuelle,
qui était la réalisation de mon mandat, etc., donc, les
événements antérieurs au 18 décembre, puis
après ça, bien, c'est le mémo comme tel. Donc, il y a eu
deux étapes de rédaction.
M. Rochefort: M. le Président, je ne veux pas
être...
Le Président (M, Lorrain): Posez des questions, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. Est-ce qu'on peut recommencer ça, plus
ramassé? Qu'est-ce qui a été fait telle date, qu'est-ce
qui a été fait telle date?
M. Lachapeile (Séverin): Bien, il l'a dit, là,
écoutez.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez quelque chose à dire,
M. Lachapeile?
M. Lachapeile: Oh, j'aurais de grosses tendances à dire
des choses.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, 'non. S'il vous
plaît! S'il vous plaîtl
M. Rochefort: Est-ce que vous êtes autorisé? Est-ce
que...
M. Lachapeile: Si vous écoutiez pendant qu'il
répond, ce serait plus facile-
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît, Me
Lachapelle!
M. Rochefort: Ah, mais, M. le Président, je m'excuse! Si
Me Lachapelle...
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît!
M. Rochefort:... va à l'encontre des consensus intervenus,
je vais vous demander de lui demander de se retirer d'ici.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Alors, M. le
député de Gouin, posez des questions à Me Lemay. Me
Lachapeile, il n'est pas permis, il n'est pas permis. Vous pouvez
conseiller, par exemple, et ça, ça a été
accepté par tous et soyez bien à l'aise. Vous pouvez continuer
à conseiller Me Lemay, mais en aucun temps vous ne pouvez argumenter
avec peu importe le parlementaire qui interrogera Me Lemay. Ça, je ne
peux pas; sinon, je pense qu'on... Alors, M. le député de Gouin,
c'est... l'avis a été fait, vous pouvez poser des questions pour
que ça soit...
M. Rochefort: C'est correct. Je veux bien que Me Lemay comprenne
là, c'est juste parce que... Je comprends, il essaie de ramasser
ça, mais je veux essayer de prendre ça point par point par date.
C'est juste ça, le sens de ma question là.
M. Lemay: Le même a été fait en deux
étapes, une première étape qui est les
événements là du 18 et du 19 décembre; donc,
ça commence à la page 3. Ça, ça a été
dicté le 19 décembre là entre 6 heures et 7 heures. Je me
souviens, c'était le "party" de bureau et j'étais en
pénitence en bas en train de dicter pendant que les autres avaient
commencé à festoyer. Et la première partie a
été rédigée ou dictée en revenant des
fêtes. Cela fait qu'en revenant des fêtes, autrement dit, j'avais
dactylographié ce que j'avais dicté le 19, cela va? Puis, j'ai
complété en mettant un commencement; autrement dit, j'avais
commencé un peu par la queue au niveau... C'est un genre
d'aide-mémoire pour dire: Dans ce dossier-là, voici le rapport
complet de ce qui s'est passé à partir du mandat, le 6 novembre,
quand que j'ai eu un appel, jusqu'à la date où la loi, en fin de
compte, passe, le vendredi soir. Ça fait qu'il a eu deux étapes
de rédaction.
M. Rochefort: Plus des corrections.
M. Lemay: Oui, mais des corrections grammaticales, etc. Je veux
dire, il n'y a pas eu de... Je n'ai pas changé le sens d'aucune
façon du texte.
M. Rochefort: Avec qui avez-vous préparé cet
aide-mémoire?
M. Lemay: Seul.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez consulté qui que ce
soit ou montré votre mémoire, votre projet d'aide-mémoire
à qui que ce soit, mise à part votre secrétaire?
M. Lemay: Au niveau de la rédaction là?
M. Rochefort: Au niveau du contenu.
M. Lemay: D'abord, je vous disais tantôt, quand j'avais
été informé au niveau du secrétariat, qu'ils
parlaient de nous autres en Chambre le 19 au midi, j'étais allé
voir un "senior" pour lui dire: Qu'est-ce qu'on fait? On va essayer de
s'informer de ce qui passe. C'est là que le "senior" du bureau m'a dit:
Écoute, rédige un mémo, c'est important. Rédige un
mémo pour te rappeler ce qui s'est passé, parce que plus tard...
pour que tu aies ça à la mémoire fraîche. C'est ce
que j'ai fait en fin de journée. À cette heure, à qui je
l'ai montré? Je pense bien qu'il y a plusieurs avocats de mon bureau qui
en ont pris connaissance, Écoutez, on a fait les manchettes des journaux
avec ça. Tout le monde voulait savoir ce qui se passe et je trouvais
moins long de leur montrer le mémo que de leur conter l'histoire au
complet.
M. Rochefort: Avant ou après que les corrections aient
été apportées?
M. Lemay: Je vous dirai qu'il n'y a aucune correction de fond qui
a été apportée. Le mémo, c'est exactement le sens
que je lui ai donné quand je l'ai dicté. Il y a des gens qui
disaient: Ça, si tu marques ça de même, ça va
être compris de telle façon. Bien oui, mais c'est de même
que je l'ai pensé, je l'expliquerai en temps et lieu, mais je n'ai voulu
d'aucune façon me laisser influencer sur la formulation. Parce qu'il y
en a qui disaient: Ça, ça peut être
interprété du côté des libéraux et ça
du côté des péquistes. Mais j'ai dit: Ils s'arrangeront
avec leurs problèmes. Moi, je suis ici pour dire la vérité
et je ta comprends comme ça. S'il y a des éléments qui ne
sont pas clairs là-dedans, je repondrai à toutes les questions
qui me seront posées. Donc je n'ai pas trituré, d'aucune
façon, le mémoire. En le relisant, si j'ai vu que... Je vais vous
donner un exemple. En le montrant à quelqu'un du bureau, à la
page 4, dans le milieu - je ne sais si vous avez la page A du document, M. le
député de Gouin - on marquait: Au milieu de l'après-midi,
j'ai reçu un appel de M. Pagé. C'est évident une faute...
C'est quelqu'un qui me l'a fait remarquer. Effectivement, j'ai changé
ça. J'ai mis avant-midi parce que c'était l'avant-midi. Mais
c'est une erreur de frappe qui s'est faite. C'est le genre d'erreur, autrement
dit, de ce style là que j'ai pu corriger subséquemment.
M. Rochefort: M. le Président, je repose ma question.
Est-ce que Me Lemay l'a montré à quelqu'un d'autre que sa
secrétaire après ou avant les corrections qui ont
été apportées?
M. Lemay: Je pense que je vous ai répondu.
M. Lefebvre: Je m'excuse, Me Lemay. M. le Président, je ne
veux pas en faire un plat, je veux juste rappeler la décision que
vous avez rendue, et là-dessus il va falloir aussi qu'on se
comprenne, à savoir que tous les événements qui suivent le
19 décembre ne sont pas pertinents. Moi pour un, j'ai trouvé que
cette décision-là était plus ou moins correcte. Mais il
faut vivre avec; elle est rendue, cette décision. Je veux juste qu'on
s'entende là-dessus.
M. Filion: D'accord. Je ne veux pas faire un plat, non plus,
là-dessus, M. le Président, mais comme je vous avais dit à
l'époque...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Filion:... vous aviez gardé la porte ouverte. Si vous
vous souvenez bien de votre décision, vous avez gardé la porte
ouverte. Dans certains cas, les événements subséquents au
19 décembre peuvent éclairer ce qui s'est produit. Là je
pense que le député de Gouin est en train d'interroger sur
quelque chose d'assez fondamental parce que le témoin a fait
référence à l'exhibit D-20 à de multiples reprises.
C'est un document de la commission et le député interroge sur ce
document.
Le Président (M. Lorrain): C'est très
délicat, M. le député de Gouin. On a toujours reconnu...
C'est vrai qu'il y a une porte, tel que M. le député de
Taillon... C'est très important, la décision que je vais rendre
si vous me permettez. Il n'est pas question de venir jusqu'à demain ou
à hier et d'admettre... Parce que la question de privilège qui a,
ni plus ni moins, arrêté les faits pour lesquels on fait une
enquête s'est terminée le 19 décembre. Je comprends qu'il y
a un document qui a été déposé à la demande
de Me Lemay, à la demande, je dis bien, de Me Lemay. J'ai rendu ma
décision et le dernier paragraphe... Je vais permettre votre question.
C'est bien important, M. le député de Frontenac. Je ne
crée pas de précédent et je ne créerai pas de
précédent. Il n'est pas question... sur des faits
postérieurs au 19 décembre. Mais à cause de la
rédaction du document, Me Lemay, que vous avez demandé
vous-même de déposer, il y a une dernière phrase et je veux
la lire au bénéfice de tous et chacun, si vous n'avez pas copie:
"Le présent texte représente fidèlement ce dont je me
souviens en date du vendredi, le 19 décembre. " C'est là que les
faits s'arrêtent, à 19 heures. "J'ai apporté... " Et c'est
là que je permets simplement votre question, mais je ne permettrai pas
d'autres questions postérieures au 19. Et c'est le terme que Me Lemay
emploie dans son document qu'il a demandé de déposer: "Et j'ai
apporté des corrections pour compléter ce texte au retour du
congé des fêtes. "
(17 h 15)
Alors, je ne voudrais pas que devienne pertinent, entre le 19 et le
retour, tout ce qui s'est passé, seulement cette correction et j'ai bien
compris...
M. Rochefort: Ce qui concerne les événements du 19
et avant.
Le Président (M. Lorrain): Oui. C'est ça. Et votre
dernière question était à l'effet... Et je la
répète, vous m'arrêtez si ce n'est pas exact. Me Lemay, on
vient de vous demander si, avant d'apporter la correction de forme que vous
nous avez toute expliquée, frappe, vous nous avez donné un
exemple... La question de M. le député de Gouin: Est-ce que vous
l'avez montré à quelqu'un d'autre que votre secrétaire?
Est-ce c'est ça, M, le député de Gouin?
M. Rochefort: Mot à mot, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay. Alors, je ne voudrais
pas qu'on prenne cette décision comme permettant de faire la preuve de
faits postérieurs au 19 décembre.
M. Rochefort: Absolument.
Une voix: C'est une question pertinente.
M. Lemay: Ma réponse, c'est oui.
M. Rochefort: À qui?
M. Lemay: À des gens de mon bureau.
M. Rochefort: Qui?
M. Lemay: Bien, voulez-vous que je vous nomme tous les avocats
qui l'ont vu...
M. Rochefort: Oui.
M. Lemay:... ou que je pense qu'ils l'ont vu? En tout cas, je
sais que M. Tremblay doit l'avoir vu parce que c'est avec lui que j'avais fait
des vérifications dans l'après-midi pour savoir comment on doit
communiquer pour savoir ce qui se passait à l'Assemblée
nationale. Ceux qui ont travaillé avec moi sur le projet de loi comme
tel, la présentation, Alain Tremblay, peut-être qu'il l'a vu aussi
là, mais je ne peux pas... Je ne me suis pas organisé pour
diffuser ça dans tout le bureau là. En tout cas, ceux qui
étaient au courant de Sa chose, ils avaient le mémo. Mais au
niveau des corrections, parce que vous me posez la question, avant que les
corrections soient finies, une fois les corrections finies, est-ce qu'il y en a
d'autres qui en ont pris... C'est un dossier public au bureau, dans le sens
que
dans le bureau on est 30 avocats. Mais avant? Je sais que M. Tremblay en
a eu une copie. Est-ce qu'il l'a lue, à cette heure? Je ne le sais pas
là. Je lui en ai donné une copie parce qu'il m'avait dit
lui-même; Prépare-toi un mémo. Puis, quand je l'ai
dicté le 19, bien, j'ai dicté: Bien, donnez-en une copie à
M. Tremblay. À cette heure, est-ce qu'il l'a lu ou non? Ça, je ne
le sais pas.
M. Rochefort: Donc, vous reconnaissez qu'avant d'avoir
apporté des corrections vous l'avez montré à un certain
nombre de personnes?
M. Lemay: En tout cas, au moins à une, certain.
M. Rochefort: Deuxièmement, vous nous dites: Je n'ai pas
apporté de corrections de fond, que des corrections de forme...
M. Lemay: C'est exact.
M. Rochefort:... du genre changer "après-midi" par
"avant-midi",
M. Lemay: Bien, des corrections comme ça. Mettons qu'il y
a un terme qui ne reflète pas ma pensée, quand je le relis, je
dis: Ce n'est pas ça que je veux dire. Bien, j'ai repris, autrement dit,
le plus fidèlement possible. Quand j'ai dicté ça, le
vendredi, après avoir passé une semaine à plaider au
Lac-Saint-Jean, je peux avoir sauté une ligne, je peux avoir
ajouté un paragraphe aussi, en disant: Bien là, dans mon
cheminement là, il faut que j'ajoute telle chose. Mais je n'ai rien
changé dans ce qu'il me semblait essentiel de rapporter là,
à ce moment-là. Par exemple, je vais vous donner un exemple: je
n'ai pas parlé de la discussion que j'ai eue avec M. Lessard parce que
qu'est-ce que vous voulez que ça donne? Je lui ai parlé, puis il
m'a dit qu'il ne voulait pas intervenir. Quand même j'aurais écrit
ça dans le mémo, ça ne me semblait pas utile, ce
n'était pas un fait marquant ou un fait significatif. Mais, sauf que,
quand vous me le demandez, oui, j'ai parlé à M. Lessard, mais ce
n'était pas quelque chose qui était important pour moi.
M. Rochefort: Mais, je répète, vous n'avez pas
apporté de corrections de fond à ce document, à
l'original, c'est ça?
M. Lemay: Je n'ai pas chan... Autrement dit...
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous
répéter, s'il vous plaît?
M. Rochefort: Vous n'avez pas apporté de corrections de
fond au document.
M. Lemay: Non. Ma compréhension des faits que j'avais
à ce moment-là, que j'ai traduite dans un texte n'a pas
changé depuis ce temps-là. Est-ce que ça répond
à votre question?
M. Rochefort: Est-ce que, quand vous nous dites que vous n'avez
pas apporté de corrections de fond, ça implique que vous n'avez
donc pas ajouté de paragraphes ou d'allusions à des
événements au moment de faire des corrections, donc après
le 5 janvier?
M. Lemay: Ce n'est pas ça que je vous dis.
M. Rochefort: C'est une question que je vous pose.
M. Lemay: Ah! O. K. Ce que je vous dis, je ne le sais pas si j'ai
ajouté des paragraphes ou non. La difficulté, c'est que, comme on
est sur un système de traitement de texte, les copies, on rechanqe sur
l'original, hein, on n'a pas 56 copies. Ce que je vous dis, c'est que j'ai
peut-être ajouté des paraqraphes ou j'ai peut-être
précisé des points en revenant du congé des fêtes,
en voyant mon projet, mais ce que je vous dis, c'est que ce que j'ai
rajouté, c'est des faits qui correspondent exactement à la
perception que j'ai eue des choses le 19 décembre parce qu'entre les
deux je suis allé en vacances à mon chalet, je vous dirai que
j'ai pensé à autre chose que ce projet de loi là.
M. Rochefort: M. Lemay, à la page 5, dernier paragraphe,
vous dites, en conclusion de phrase: "Ce que je n'ai pas réellement su
avant d'avoir pris connaissance de la transcription du Journal des
débats au retour des vacances des fêtes. " Comment pouvez-vous
avoir rédigé ça le 19 décembre?
M. Lemay: Je vous dis que j'ai justement apporté...
M. Lefebvre: Excusez, je ne me retrouve pas dans le document.
Vous dites à quelle paqe, M. le député de...
Une voix: Page 5.
M. Rochefort: Là, c'est une question de règlement
qui ne compte pas sur mon temps, M. le Président?
M. Lefebvre: Non, non, non, ce n'est même pas une question
de règlement.
M. Rochefort: Page 5.
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Est-ce qu'il y a
une question de règlement, M. le député de Frontenac?
M. Lefebvre: Non, je veux savoir où cela apparaît
sur le texte. Le temps ne court pas, le temps ne court pas.
M. Rochefort: Page 5, dernier paragraphe.
Le Président (M. Lorrain): À la page 5, les deux
dernières lignes.
M. Rochefort: Les trois dernières lignes.
M. Lefebvre: Je n'avais pas entendu. Allez-y, allez-y.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Lemay: Cela fait qu'effectivement c'est une des corrections ou
des compléments que j'ai faits en revenant du congé des
fêtes lorsque j'ai vu le Journal des débats. Tout ce
problème-là, le 19, j'avais eu une compréhension par
informations diverses. J'avais appelé les deux députés, M.
Garon et M. Pagé, pour demander de me rappeler. Je voulais savoir ce qui
se passait. Personne ne m'a rappelé. Le gars de la Presse canadienne
m'appelle et il dit: Qu'est-ce que vous pensez de cela? Là, je ne fais
pas de commentaire, puis le lendemain dans le journal...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est très important.
M. Lemay:... bon, on a un article qui parle de ça. Mais
qu'est-ce qui s'est dit exactement en Chambre» précisément,
je l'ai su en revenant des fêtes, en lisant le Journal des
débats. À cette heure, à quelle date exactement, je ne
peux pas vous le préciser.
M. Rochefort: À quelle date avez-vous lu le Journal des
débats, justement?
M- Lemay: Bien, je viens de vous dire que je ne peux pas vous le
préciser. C'est en revenant des fêtes.
M. Rochefort: Ah! C'est à ça que vous faisiez
allusion?
M. Lemay: Oui, oui. Je ne peux pas vous préciser la
date.
M. Rochefort: Donc, vous ne pouvez pas me confirmer que c'est
avant ou au plus tard le 5 janvier?
M. Lemay: Cela me surprendrait que ce soit avant le 5 janvier;
j'étais en vacances avant cela.
M. Rochefort: Est-ce que ça peut être
après?
M. Lemay: Oui, oui.
M. Rochefort: Quelle est la dernière date à
laquelle vous avez apporté des corrections à votre document?
M. Lemay: Écoutez, cela va être très
approximatif. Généralement, on a, les avocats, un système
de charges. Cela fait qu'on inscrit chaque jour ce qu'on fait. Mais là
le dossier était techniquement fermé pour la CITRSQ, je ne
pouvais plus leur charger mes charges. Quand je faisais une correction, je ne
pouvais pas inscrire ça. Mais je dirais, peut-être, à la
mi-janvier. Écoutez, ça s'est fait une fois que j'ai eu les
notes. Après ça, j'ai dit: II faut finaliser ça pour
fermer ce dossier-là au plus tût.
M. Rochefort: Combien de personnes ont vu votre projet de texte
entre le premier jet et le dernier jet à la mi-janvier?
M. Lemay: Je vous dis que c'est un dossier au bureau là,
nos voûtes ne sont pas barrées.
M. Rochefort: Â votre connaissance.
M. Lemay: Peut-être deux ou trots avocats là,
écoutez. En tout cas, M. Tremblay, à tout le moins, je me suis
assuré qu'il en ait une copie, parce que notre bureau est sur deux
étages. On a une succursale, qu'on appelle, au rez-de-chaussée.
Est-ce que les collègues d'en bas en ont pris connaissance?
Le mémo était sur mon bureau; il n'était pas à la
cachette là. Peut-être que les avocats du même étaqe
ont feuilleté ça sur mon bureau, je ne sais pas. Mais je n'ai pas
caché le mémo à personne, je ne t'ai pas, non plus,
affiché.
M. Rochefort: Est-ce que vous pourriez déposer l'original,
puisque vous fonctionnez par traitement de texte, de votre
aide-mémoire?
M. Lemay: Mais je n'ai pas d'original parce que, justement, c'est
sur disquette. Autrement dit, quand je fais une correction, par exemple, je
vais vous donner l'exemple de la page 4 où je changeais "l'avant-midi"
pour "l'après-midi" là; bien, cela a été
changé sur la disquette. C'est une nouvelle page qui sort.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez ce sont vos
questions.
M. Rochefort: Oui, je m'adresse à vous maintenant, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Ah! Excusez-moi. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je demande comme membre de
la commission qu'on demande au témoin de produire le document original
qu'il a produit et non pas la disquette qui, je le reconnais, est
corrigée au fur et à mesure. Mais pour avoir montré un
document à Me Tremblay dans les heures qui ont suivi sa
rédaction, c'est donc qu'il y a un document, premier jet, sur papier,
noir sur blanc, qui existe. Je demande à ce qu'on le dépose
à la commission.
Le Président (M. Lorrain): Je pense qu'au lieu de dire
original.. Vous m'arrêterez là, M. le député de
Gouin, la perception que j'en ai...
M. Rochefort: La première version écrite qui en est
sortie.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, posez votre
question.
M. Rochefort: Ah! non, M. le Président, je vous demande de
faire déposer le document.
Le Président (M. Lorrain): II faudrait savoir s'il y en a
une première version là.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, on est toujours sur ma
question de règlement. Elle existe, le témoin dit: J'ai
montré une copie de mon document à Me Tremblay. Celle-là
ferait notre affaire.
Le Président (M. Lorrain): Bon, est-ce que vous
avez...
M. Lefebvre: M. le Président, j'aimerais savoir où
on en est là?
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement que vous avez demandée, M. le député de
Gouin. M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Sur la suggestion ou la demande faite par le
député de Gouin, j'aimerais savoir où est-ce qu'on veux en
venir avec ça pour, évidemment, évaluer la pertinence de
la demande du député de Gouin. On veut en venir où avec
ça? On l'a, la déclaration du témoin là, noir sur
blanc? Où est-ce qu'on veut en venir avec ça, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain): Sur ta question... Vous avez
terminé, M. le député de Frontenac?
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, une intervention de
chaque côté sur la pertinence de la question de M. le
député de Gouin. Je vais reconnaître une intervention de la
part de l'Opposition sur la question de règlement de M. le
député de Frontenac. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais plaider sur la
pertinence. Vous venez de poser une question.
M. Lefebvre: Cela a été dit, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): C'est sur la pertinence. Il y a
deux questions de règlement.
M. Chevrette: C'est toi qui as soulevé la pertinence.
Le Président (M. Lorrain): Attendez. Avant, pour que ce
soit bien dans l'ordre, il y a deux questions. La première n'est pas
vidée. C'est le député de Gouin qui l'a demandée
pour déposer une version originale ou une première version d'un
document. Je n'ai pas répondu encore parce que je ne sais même pas
s'il y en a une.
Vous avez soulevé une question de règlement, M. le
député de Frontenac, sur la pertinence en disant: On a
déjà un document, ce n'est pas pertinent, la question. Alors, je
vous ai reconnu sur votre question de règlement. Sur cette même
question... O. K. Là, je reconnais sur la question de règlement
de M.... une intervention, M. le député.
M. Chevrette: Oui, oui. Je voudrais juste dire au
député de Frontenac et à vous, M. le Président, que
la question du député de Gouin est tout à fait pertinente,
parce qu'hier soir, personnellement, j'ai questionné le témoin
sur - pas hier soir, parce qu'on ne siégeait pas hier soir, avant-hier
soir - j'ai questionné le témoin, et vous vous rappellerez, M. le
Président, sur les différentes versions, sur les
différentes corrections. J'ai même affirmé ici: Document
dicté le 19 et corrigé le 5. Le député de Frontenac
lui-même s'est trouvé tout offusqué que je parle de
correctifs, en disant que je laissais planer des doutes.
Le témoin lui-même vient de parler du 15 maintenant,
d'autres correctifs. On avait le 19, le 5 janvier et là on vient
d'apprendre qu'il y a eu d'autres correctifs le 15. Le député de
Gouin dit: M. le Président, s'il y a eu une pièce prouvée
qui a été montrée à Me Tremblay le 5, il existe
donc la version. Ce n'est pas sur la cassette, ça. Il y a eu un papier
qui est sorti de la cassette, puisqu'on a remis une copie à Me Tremblay
qui constitue la première version. Le témoin affirme qu'il n'y a
pas eu de changements de
fond, c'est rien que de la forme. Donc, il n'a sûrement pas
d'objection à déposer la version du 5 janvier pour qu'on puisse
véritablement confronter le 5 et le 15 qui, lui, vient de sortir comme
nouvelle date.
Le Président (M. Lorrain): 3e vais vous reconnaître,
M. le député de Frontenac, une deuxième fois tout à
l'heure. Je vais commencer par rendre ma décision sur la
deuxième, c'est-à-dire la question de règlement de M. le
député de Frontenac. La pertinence, elle est là; je l'ai
déjà reconnue il y a à peine dix minutes et ce sont les
termes mêmes de Me Lemay et c'est même la dernière phrase du
texte que lui-même a demandé de déposer. À ce
compte-là, c'est pertinent. Vous avez même mentionné que
vous aviez apporté des corrections à une première version,
appelez-la comme ça, ou premier texte ou les premières feuilles
que vous aviez. Ce n'est pas personne ici, c'est vous qui l'avez
amené.
Dans un deuxième temps, la deuxième question: Avez-vous
terminé votre demande quant à votre première
demande? Après cela, je vais reconnaître quelqu'un de
la formation ministérielle sur votre première demande,
c'est-à-dire vous vous êtes adressé à moi et vous
m'avez demandé, M. le député de Gouin: Je veux une
directive ou une question de règlement: Est-ce que vous pouvez
demander...
M. Rochefort: Non, non, non, je n'ai pas dit une directive.
Le Président (M. Lorrain): Ah oui! C'est ça. , M.
Rochefort: Ce n'est pas une question que j'adressais au témoin, puisque
je veux un dépôt de document, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Vous voulez un
dépôt...
M. Rochefort: Je demande formellement que vous fassiez en sorte
qu'il y ait dépôt de document.
Le Président (M. Lorrain): Vous le demandez
formellement.
Une voix: Consensus.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, sur cette
demande-là, je vais... Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut intervenir
pour sa formation avant que je.., ?
M, Doyon: Oui, très rapidement, M. le Président.
C'est qu'il faudrait s'assurer... Avant de mettre le témoin dans une
situation où il aura à déposer un document, il faudra nous
assurer que ce document-là existe véritablement. Je comprends que
le témoin a dit qu'il en avait montré une copie à un de
ses collègues, à un de ses associés, mais ce n'est pas son
associé qu'on a devant nous. Et il en a perdu le contrôle de ce
document-là. Il l'a montré et, s'il existe encore,
peut-être qu'il peut être déposé. S'il n'existe plus,
on ne peut pas... à l'impossible, personne n'est tenu.
On a déjà, M. le Président, un document qui a
été déposé. Là, on essaie d'avoir des
documents préliminaires qui ont amené ce document-là et...
Je ne vois pas, M. le Président, comment la commission va se retrouver
là-dedans avec des documents différents relatant de façon
différente, on ne le sait pas finalement, les événements.
On n'en sortira pas. On va avoir... Après cela, on va demander aux
secrétaires s'ils ont fait des carbones et s'il n'y a pas eu... s'il y a
d'autres choses qui peuvent être déposées.
La commission, et M. le Président, vous avez là-dessus
statué qu'on avait le droit d'avoir le document final et c'est le
document final, comme dans n'importe quelle chose, qui fait foi de tout. On
arrive à un document final et c'est parce qu'on a fait des correctifs
qui s'imposaient, mais c'est le document final qui fait notre affaire et c'est
le document final qu'on signe, c'est le document final qu'on approuve, c'est le
document final sur lequel on se fie. On ne se fie pas sur les premiers
brouillons, les premiers jets, les premiers projets de lettres. C'est les
documents finaux qui font foi de tout. Et là-dessus, M. le
Président, il faudrait faire preuve de prudence. Je ne vois pas en quoi
ça va nous avancer de dire à M. Lemay: Possiblement, tel
paragraphe n'est pas pareil à l'autre. {17 h 30)
Le Président (M. Lorrain): Non, je...
M. Filion: M. le Président, c'est parce que je...
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision et vous n'avez pas à intervenir.
M. Lefebvre: M. le Président, il y aura lieu, à ce
moment-là, de vérifier les notes auxquelles le
député...
Le Président (M. Lorrain): Un instant!
M- Lefebvre:... de Lévis a fait allusion. On va faire
produire tout ce qui peut être produit: le "pad" de sténo de la
secrétaire qui disait prendre des..., la tablette de sténo de la
secrétaire qui devait prendre des notes qui lui servaient à la
transcription et à la remise... Alors, on fera tout ça. Mais ce
qui nous intéressait finalement, c'est le produit fini et on l'a eu, le
produit fini qui a été produit comme D - je ne sais pas quoi.
On
l'a, le produit fini. C'est là-dessus qu'on travaille.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement autre que celle-ci?
M. Chevrette: Non, non. Il y a eu une demande de
dépôt de document et il n'y a eu aucune plaidoirie de notre
côté sur l'importance du dépôt de document.
Là, je m'excuse, mais vous avez dit que votre décision
était prête à se rendre. Vous allez permettre au moins
à notre côté de plaider également sur l'importance
de ce document qui fait suite à des affirmations du témoin
lui-même.
Le Président (M. Lorrain): Très brièvement,
M. le député de Taillon.
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Je ne veux pas changer... M. le
leader de l'Opposition, sur votre question de règlement, c'est que,
parfois, il ne m'est pas nécessaire... Et je vais de plus en plus le
faire: aviser, peu importent les deux côtés de la Chambre, qu'il
n'est pas nécessaire d'entendre un parti. Je pense que je devine
beaucoup ce que va dire M. le député de Taillon. J'ai des
documents ici. J'ai rendu partiellement une décision tout à
l'heure et je suis prêt à rendre la deuxième qui vient
d'être logée.
M. Filion: Je vaudrais que vous m'entendiez avant.
Le Président (M. Lorrain): Si vous... Vous pouvez quand
même... C'est pour...
M. Chevrette: Me permettez-vous une remarque, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui.
M. Chevrette: De consentement tantôt, les deux
partis,,.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, oui. Je reconnais
ça.
M. Chevrette:... on a accepté que c'est, de part et
d'autre, un un pour réduire.
Le Président (M. Lorrain): Mais pour gagner du
temps...
M. Chevrette: Vous êtes rendu que vous ne réduisez
pas...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Chevrette: Vous réduisez unilatéralement...
Le Président (M. Lorrain): Alors, on n'a pas saisi
l'intervention. Alors, M. le député de Taillon...
M. Filion: Oui. M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Je vais toujours respecter ces
deux droits de parole là même si c'est...
M. Filion: M. le Président, je vous réfère
à l'exhibit D-20. Je pense que c'est extrêmement impartant. La
dernière phrase de cet exhibit-Ià dit ceci: "Le présent
texte représente fidèlement ce dont je me souviens en date de
vendredi, le 19 décembre 1986, â 19 heures et j'ai apporté
des corrections pour compléter ce texte au retour du congé des
fêtes. " Et c'est écrit à la dactylo: "André Lemay".
Il y a une barre, c'est écrit "GA" et c'est écrit "le 5 janvier
1987. "
Le député de Gouin a déjà fait
établir non seulement ce que le témoin admet lui-même,
qu'il y a eu des corrections entre le 19 décembre et le 5 janvier 1987,
mais que ce document-là, dans sa forme tel qu'il nous est
présenté comme exhibit D-20, n'était manifestement pas le
document qui existait le 5 janvier 1987 et ce, le témoin lui-même
a eu l'occasion de dire: Écoutez, il y en a eu d'autres après
jusqu'à la mi-janvier, je n'ai pas retenu la date.
La demande qui vous est adressée par le député de
Gouin est d'une importance capitale et vise à faire produire - ça
peut faire sourire le député de Frontenac; moi, ça ne me
fait pas sourire, ça fait une semaine et demie qu'on essaie de faire la
lumière -l'original qui a existé à un moment donné,
la première version, je m'excuse, la première version du document
qui a été soumis à une machine de traitement de texte au
bureau de Me Lemay. Cette première version-là, ayant, au dire du
témoin lui-même, existé puisque déjà soumise
à un associé de Me Lemay, nous a-t-il dit, Me Tremblay.
Or, je pense qu'on est ici sur une affaire, sur un point, M. le
Président, qui est très important. Vous nous avez dit que votre
décision était prête à être rendue. Je voulais
juste m'assurer par mon intervention qu'elle serait rendue dans le sens
d'éclairer les travaux de notre commission.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon?
M. Filion: Oui.
Le Président (M. Lorrain): II y a eu une intervention de
chaque côté sur cette question-là. C'est l'entente, c'est
le consensus qui est intervenu de chaque côté.
J'ai déjà rendu une décision quant à la
pertinence des questions qui ont été posées
antérieurement sur les documents. C'est le témoin qui nous a
appris, il vient tout juste de nous l'apprendre cet après-midi, qu'il a
rédigé à une date et probablement corrigé un texte
que nous avons en notre possession, qu'il a lui-même demandé de
déposer, il y a quelques jours, entre le 19 décembre et le 15
janvier 1987.
Alors, la question est très pertinente, d'autant plus que j'ai le
duces tecum ici qui a été demandé et qui se lit comme
suit, qui est un ordre... C'est l'équivalent d'un ordre à Me
Lemay. "Les documents à apporter et à produire. Tout document
ayant trait à la question de privilège soulevée par M. le
député de Lévis et particulièrement toute
déclaration rédigée ou dictée par le témoin,
c'est-à-dire Me Lemay, ou par toute autre personne pour lui relativement
à ladite question de privilège. "
Alors, ma décision, c'est la suivante: Posez votre question
à Me Lemay, S'il est en possession de plus qu'une copie actuellement,
où on se parle, d'un original, d'une première, deuxième,
troisième, demandez-lui de les déposer, c'est très
pertinent et je respecte dans ce sens-là 32 et 33 du consensus qui est
intervenu entre les deux formations qui dit: "Le président décide
de la pertinence des documents. " C'est déjà décidé
que c'est pertinent et celui qui a apporté ça en preuve, c'est Me
Lemay, le témoin assigné par la commission de l'Assemblée
nationale à l'aide d'un duces tecum extrêmement explicite. Posez
la question et faites votre demande au témoin.
M. Rochefort: Alors, M. le Président, je demanderais
à Me Lemay de déposer toutes les copies distinctes les unes des
autres du document dont il est question depuis quelques minutes.
M. Lemay: J'ai pas d'objection à en déposer, mais
dans mon dossier je n'en ai pas parce que généralement c'est des
brouillons, en fin de compte, et, quand notre brouillon est fait, on le
détruit, À cette heure, est-ce qu'à mon bureau il y en a
des exemplaires? Je peux vérifier, mais dans mon dossier, j'ai
vérifié ici, ce que j'ai de dossiers avec mai là, et
puis... En tout cas, généralement, quand j'ai un brouillon, je
m'en sers pour faire mon propre, puis, après ça, je mets
ça dans la poubelle. Mais je vais vérifier pour voir si j'en ai
des exemplaires là, ma secrétaire ou un autre avocat du
bureau.
M. Rochefort: M. le Président, je suis d'accord avec le
député de Matapédia. On va suspendre et on va permettre au
témoin de faire des recherches, le bureau n'est pas loin d'ici.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, un instant, juste
un instantl II y a une demande qui est faite actuellement. Écoutez, il
est déjà 18 heures moins 20; il nous reste 20 minutes
d'interrogatoire. On pourrait suspendre...
Des voix:...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, juste une seconde, je
fais une suggestion pour ne pas perdre de temps du tout là. Je ne veux
pas faire perdre de temps à la commission, vous allez voir. Je fais une
suggestion. Si je n'ai pas le consentement, nous continuons et, à
l'heure du souper... Mais voici la suggestion que je fais: Ça fait
déjà deux heures et demie qu'on siège cet
après-midi; nous allons ajourner nos débats, si vous voulez bien,
à 7 heures et 45 minutes. On ne perd aucune minute d'interrogatoire et
on terminera à 10 heures. C'est simplement pour permettre... Le
témoin ne peut pas répondre, il n'a pas son dossier, puis il n'a
pas... Il ne l'a pas.
M. Rochefort: Moi, -je ne peux pas poursuivre, je n'ai pas les
documents.
Le Président (M. Lorrain): Pardon?
M. Rochefort: Puis, moi, je ne peux pas poursuivre, j'ai besoin
des autres.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, il y a une demande.
Sinon, nous allons continuer. Vous interrogerez sur autre chose et, à 18
heures, on suspendra, puis, à 20 heures, vous reviendrez avec ces
questions-là.
M. Rochefort: Mais mon 20 minutes?Le
Président (M. Lorrain): Pardon?
M. Rochefort: J'ai juste 20 minutes, je ne peux pas...
Le Président (M. Lorrain): Mais vous aurez peut-être
d'autres questions à poser, vous avez peut-être...
M. Rochefort: Je pense que c'est là-dessus que ça
va porter.
Le Président (M- Lorrain): Bon, alors, je... Est-ce qu'il
y a consentement ?
M. Lefebvre: M. le Président, c'est irrégulier
qu'on interrompe le témoignage pour demander au témoin d'aller
à son bureau fouiller dans son dossier. Il reviendra à 20 heures.
Il nous dira: J'ai trouvé, je n'ai pas trouvé, voici ce que j'ai,
ce que je n'ai pas. On peut passer à autre chose, l'interroger sur un
autre volet de la question,
M, le Président, mais interrompre à 6 heures moins 20,
alors qu'il reste encore 20 minutes, de notre côté, on n'est pas
d'accord, M, le Président.
M. Doyon: M. le Président, pour accommoder l'Opposition,
moi, je serais prêt à... J'ai quelques questions, quelques courtes
questions qui permettraient, selon la règle de l'alternance... Et le
député de Gouin pourrait revenir après.
Le Président (M. Lorrain): Je ne peux pas... Je viens de
m'informer. J'ai peut-être parlé un peu trop tout à
l'heure. Je ne peux pas moi-même ordonner d'ajourner les débats
à 7 heures 45, à moins qu'il n'y ait un consentement, parce que
les heures de l'Assemblée, c'est 20 heures. Mais il ne semble pas...
Mais là on vient d'avoir une... Est-ce qu'il y a consentement des deux
côtés pour...
M. Rochefort: Juste sur l'offre du député de
Louis-Hébert, en autant qu'on s'entende que moi je ne reviendrai
qu'à 20 heures.
Une voix: On recommence avec vous.
M. Rochefort: Non, non. S'il n'a pas terminé, ça ne
me fait rien, mais je ne voudrais pas, par exemple, si le député
de Louis-Hébert n'en a que pour 10 minutes, que mon
problème...
Le Président (M. Lorrain): Alors, ce que...
M. Rochefort:... passe de 6 heures moins 20 à 6 heures
moins 10.
M. Doyon: Je vais... Je vais me rendre... On va se rendre
à...
M. Rochefort: Bon, O. K. Là, on est toujours sur la
question de règlement et on s'entend qu'à l'heure du repas Me
Lemay doit faire les recherches.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez posé une
question. Il va aller, il va aller...
M. Rochefort: Non, non, non, c'est ça; non, mais je
m'entends sur le fonctionnement.
Le Président (M- Lorrain): Ah, oui, oui. Alors, si je
comprends bien, si... Je veux que ça soit clair: si, M. le
député de Louis-Hébert, vous terminez avant 16 heures, on
ajourne quand même à 20 heures. Et celui qui va reprendre à
20 heures, c'est M. le député de Gouin.
Une voix: De Gouin.
M. Doyon: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): Gouin. Même si vous a...
Et tout ce que ça fera, M. le député de
Louis-Hébert, c'est que vous ne perdez pas aucun tour, vous prenez
seulement le temps que vous aurez utilisé d'ici 18 heures ou d'ici 18
heures moins 5. C'est ça?
M, Doyon: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député... Je vais reconnaître M. le député de
Louis-Hébert en interrogatoire.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Alors, à Me Lemay,
pourriez-vous nous expliciter, au-delà du rôle de parrain,
c'est-à-dire au-delà du rôle qui a fait que M. Garon avait
son nom sur le projet de loi, a probablement écrit une lettre à
Me Bibiane Reny, en tout cas, la procédure normale pour être
parrain d'un projet de loi... Est-ce que, sur le fond du projet de loi, M.
Garon vous a été d'une utilité quelconque, vous
suggérant des solutions au problème auquel vous aviez à
faire face?
Le Président (M. Lorrain): Allez, monsieur.
M. Lemay: Les démarches qui ont été faites
par M. Garon face à d'autres, la seule que je suis au courant, c'est la
démarche auprès de Mme Reny. Je ne sais pas s'il a parlé
à d'autres personnes que cela. Quant à la rédaction etc.,
la question technique du projet de loi, on a assumé cette
responsabilité-là. C'est notre bureau qui s'est occupé de
cela avec les gens de la CITRSQ. M. Garon nous a recommandé, lui, la
validation des règlements et non pas une consolidation de
déficit. Mais sur la technicalité, c'est vraiment le bureau
d'avocats qui s'est occupé de ça.
M. Doyon: Les rencontres que vous avez eues dans le courant du
mois de novembre plus particulièrement et même avant,
premièrement au ministère des Affaires municipales, est-ce que M.
Garon est intervenu de quelque façon à ce niveau-là?
M, Lemay: Des rencontres avec les fonctionnaires?
M. Doyon: Avec les fonctionnaires du ministère des
Affaires municipales?
M. Lemay: À ma connaissance, non. M. Doyon: Â
votre connaissance?
M. Lemay: Non, il n'était pas présent lors de ces
rencontres-là.
M. Doyon: Est-ce que M. Garon vous a fait état qu'il
était intervenu hors de votre connaissance auprès des
fonctionnaires du ministère des Affaires municipales?
M. Lemay: Non.
M. Doyon: II ne vous en a pas parlé?
M. Lemay: Non.
M. Doyon: Maintenant, auprès du ministère des
Transports, vous avez eu des rencontres aussi avec les fonctionnaires du
ministère des Transports?
M. Lemay: Oui, mais quand on les rencontrait, je pense qu'on les
rencontrait aux Affaires municipales. Techniquement, c'était des
rencontres avec les deux ministères et cela se faisait au
ministère des Affaires municipales.
M. Doyon: II y a eu un délai. Est-ce que vous avez
été mis au courant des difficultés qui ont... Enfin je
pense que vous avez entendu le témoignage de M. Carrier et de M. Lessard
à l'effet qu'il s'était écoulé un laps de temps
assez long entre le moment où le problème a été
identifié et le moment où la rencontre a eu lieu avec le ministre
des Affaires municipales, M. Bourbeau. Vous étiez au courant de cette
période de temps qui s'écoulait sans que la rencontre se
produise, finalement?
M. Lemay: Non, j'ai eu le mandat mot, le... La première
fois que j'en ai entendu parler, c'est le 5 ou le 6 novembre, la journée
où j'ai eu le mandat. Évidemment, j'ai su, par après,
qu'il y avait eu des délais, mais je n'étais pas au dossier
à l'époque. Quand je suis embarqué au dossier, il
était déjà tard; on s'est dépêché pour
déposer la loi, la rédiger, etc.
M. Doyon: Vous avez mentionné, en réponse à
certaines questions... On vous demandait: Est-ce que vous avez vu, à la
commission parlementaire du 18, des attachés politiques du ministre de
l'Agriculture? Votre réponse que j'ai notée ici - vous me direz
si elle est correcte - c'est: Je n'en ai pas vu. Est-ce que vous pouvez nous
dire si vous connaissez les attachés politiques ou tous les
attachés politiques du cabinet du ministre de
l'Agriculture?
M. Lemay: J'aurais dit que je n'ai pas vu d'attachés
politiques, moi? Je n'ai pas vu M. Pagé.
M. Doyon: Â la commission...
M. Lemay: Je ne me souviens pas de la question des
attachés politiques. Je m'excuse, peut-être que j'ai... Ça
m'a été posé aussi?
M. Doyon: Effectivement, oui, vous avez dit: Je n'ai pas vu
d'attachés politiques. Mais ce que je vous demande...
M. Lemay: Je n'en ai pas vu. Â ma connaissance, il n'y en
avait pas. Écoutez, ta salle...
M. Doyon: Ce que je vous demande: Est-ce que vous en connaissez?
Est-ce que vous en auriez reconnu si vous en aviez vu?Comment les
auriez-vous reconnus?
M. Lemay: II y a une personne du bureau de M. Pagé que je
connais, c'est M. Beauchamp.
M. Doyon: C'est la seule personne que vous connaissez?
M. Lemay: Oui. Je n'en connais pas d'autres. Je pense, son
secrétaire de comté aussi à M. Pagé, je l'ai
déjà rencontré. J'oublie son nom là, mais je pense
que j'ai déjà vu son secrétaire de comté aussi. Je
ne sais pas le nom.
M. Doyon: M. Garon, à la commission parlementaire. Cette
commission parlementaire sur le projet de loi 272 a duré combien de
temps spécifiquement?
M. Lemay: Pour la période de temps qui était
allouée pour la CITRSQ ou... En tout cas, d'après le Journal
des débats, c'est 45 minutes. Moi, ça m'a paru environ une
heure. En tout cas, écoutez, je n'ai pas chronométré
l'intervention.
M. Doyon: Oui, oui. Est-ce que c'est M. Garon qui a fait la
présentation du projet de loi, à votre souvenance?(17
h 45)
M. Lemay: Je ne me souviens pas. Je sais que M. Garon est
intervenu, puis le ministre des Affaires municipales également
là. Il faudrait référer aux notes. Écoutez,
ça c'est... Les deux ont parlé, en tout cas. Qui a
présenté, comme tel, le premier? Je ne peux pas vous dire.
M. Doyon: Pour revenir à votre conversation du 19
décembre avec M. Garon, vous nous avez dit, dans votre
témoignage, M. Lemay, que vous avez mentionné à M. Garon
qu'il ne voulait pas suivre la ligne du chef. Je pense que vous êtes
revenu à plusieurs reprises là-dessus. Est-ce que M. Garon a
nié cette affirmation-là que vous lui faisiez quand vous lui avez
dit: Vous ne suivez pas la ligne de votre chef ou du chef du Parti
québécois? Est-ce qu'il a eu,.,
M. Lemay: D'abord...
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Taillon.
M. Filion; Le témoin, depuis quatre jours qu'il est ici,
n'a jamais dit à M. Garon: Vous ne suivez pas la ligne de parti. Je me
demande pourquoi le député de Louis-Hébert, dans sa
question, cherche à faire dire au témoin quelque chose qu'il n'a
pas dit, mais, plutôt, qui faisait partie d'une conversation...
Une voix: Avec Pagé.
M. Filion:... soi-disant, etc., avec des guillemets partout
là, que le témoin aurait eue, selon son témoignage, avec
le ministre de l'Agriculture.
Une voix: C'est ça.
M, Filion: Je pense que le député de
Louis-Hébert voit la différence entre les deux, quand
même.
M. Doyon: M. le Président, j'ai demandé
à...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, simplement sur la question de règlement, M.
le Président, on ne perdra pas de temps. J'ai...
Le Président (M. Lorrain): En étant plus...
M. Doyon:... tout simplement demandé à Me Lemay:
Est-ce que vous avez fait mention à M. Garon, quand vous lui avez
parlé, qu'il ne suivait pas la ligne du chef?
M. Lemay: J'ai fait mention que c'est la discussion que j'avais
eue avec M. Pagé. Je n'ai pas dit à M. Garon: Vous ne suivez pas
la ligne du chef. J'ai dit: On me dit que le chef de l'Opposition aurait
consenti, bon, puis que vous, vous ne suivriez pas la ligne du chef.
M. Doyon: Est-ce que, devant cette affirmation-là que vous
faisiez, cette information plutôt que vous transmettiez à M.
Garon, M. Garon a nié cette information que vous lui transmettiez?
Est-ce qu'il a eu une réaction quelconque?
M. Filion: Une question de règlement. Pour ne pas que la
question soit suggestive, il faudrait demander au témoin: Comment..,
M. Doyon: Bien, voyons! Ahl Ah!
M. Filion: Rien, la question est suggestive!
M, Doyon: M. le Président! Oui, j'espère!
M. Filion: Question de règlement.
M. Doyon: Quand même!
Une voix: Ce n'est pas suggestif, ça.
M. Filion: Question de règlement. Il faudrait demander au
témoin...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, question de règlement.
M. Filion:... comment M. Garon a-t-il réagi?
M. Doyon: Mais c'est ça que j'ai demandé.
M. Filion: Non, vous avez demandé s'il a nié.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de
règlement et on va relever les galées, il y a quand même
des limites! J'ai demandé: Quelle a été la réaction
de M, Garon devant l'information que vous lui transmettiez?
Le Président (M. Lorrain): Votre question...
M- Doyon: C'est exactement ça que je lui ai posé
comme question.
Le Président (M. Lorrain):... est acceptable, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: II y a quand même des limites!
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui. C'est lui qui l'a
vécu. Elle est acceptable. Allez. Me Lemay.
M. Doyon: Oui. Je comprends. Alors, je voudrais savoir de la
part...
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay.
M. Doyon: Oui, mais Me Lemay, pourriez-vous répondre
à la question, s'il vous plaît?
M. Lemay: Le souvenir que j'en ai, c'est que, quand il a
été question de cette question d'opposition à la loi
agricole, puis du fait que M. Garon ne consentait pas, même si le chef
voulait, en tout cas, ce que
je me rappelle, c'est que M. Garon m'a dit: II n'y a pas de
problème réel au niveau de la loi agricole; c'est rien qu'une
question d'amendement, il y a pas de problème réel. Puis, on n'a
pas discuté plus longtemps parce que la loi 132, d'abord, je ne savais
pas le numéro, puis ensuite on ne voulait pas s'en mêler, puis M.
Garon aussi l'a dit qu'on n'en a pas discuté, sauf l'évoquer. II
m'a parlé que c'était une question d'amendement. Alors, je ne
savais plus si c'était un amendement à un amendement ou si la
loi, c'était un amendement lui-même. Je ne connaissais pas assez
la loi pour comprendre le sens de cette chose-là.
M. Doyon: Donc, je comprends de votre réponse que la
réaction de M. Garon n'a pas été de nier ce dont vous lui
faisiez part.
M. Lemay: Bien, ii ne m'a pas nié ça, puis il n'a
pas confirmé, non plus. Je lui ai dit ça, puis lui, il dit: Pour
la loi agricole -il dit - il n'y a pas de problème réel; c'est
une question... On ne s'entend pas, on n'est pas contre la loi, c'est une
question d'amendement. Là, écoutez, je ne savais même pas,
moi, que la... Je savais, évidemment, que c'était un amendement
à cette loi-là, mais je ne savais pas si c'était un
amendement à l'amendement qui était proposé par un ou
l'autre. À ce moment-là, je ne comprenais pas, je me suis dit: II
n'y a pas de problème là, en tout cas, ils se comprennent entre
eux autres là.
M. Doyon: Dans la conversation que vous avez eue et qui est
à l'origine de tout ce qui a été vécu par
après et de ce qui se passe à cette commission parlementaire, la
conversation que vous avez eue avec M. Pagé à 9 h 30, est-ce que
M. Pagé a utilisé des propos menaçants ou des propos qui
étaient de nature à intimider ou à servir de base à
du chantage de quelque façon la conversation que vous nous avez
relatée de M. Pagé, à 9 h 30?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Lorrain): J'aimerais mieux que vous
demandiez si M. Pagé a utilisé des propos qui ont intimidé
Me Lemay, mais pas si c'était intimidant. S'ils ont intimidé Me
Lemay. C'est lui qui a parlé à M. Pagé. S'il vous
plaît!
M. Doyon: Non, ce n'est pas ça que je veux savoir. Ma
question n'est pas à cet effet-là.
Le Président (M. Lorrain): Alors, répétez,
j'ai peut-être mal saisi.
M. Doyon: Ce que je veux savoir de Me Lemay, est-ce que les
propos utilisés par M. Pagé étaient de nature à
servir à intimider qui que ce soit?
M. Filion: Question de règlement.
M. Doyon: Bien...
M. Filion: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): 5ur la question de
règlement.
M. Filion: Oui, question de règlement. C'est
précisément tout l'objet...
M. Chevrette: C'est l'objet de ta commission.
M. Filion: C'est précisément tout l'objet... C'est
ce pourquoi, M. le Président, on est ici.
M. Chevrette: C'est ça. C'est pour ça qu'on est
ici.
M. Filion: Si on avait été présent à
la conversation téléphonique entre M. Pagé et le
témoin, on saurait tout.
M. Lemay: Peut-être que je ne serais pas ici.
M. Filion: Peut-être que vous ne seriez pas ici. En tout
cas, peut-être que ce serait quelqu'un d'autre, je ne le sais pas. Mais
on est là pour ça précisément. Alors, on ne peut
pas demander au témoin... On peut demander au témoin quels ont
été les propos, quelles ont été les paroles, comme
on a tenté, nous, de reconstruire la conversation entre le ministre de
l'Agriculture et le témoin. On l'a fait, cet exercice-là. On va
vous le présenter, d'ailleurs, l'exercice de l'ensemble de ce qui a
été dit, selon les témoignages, selon le témoin.
Mais de là à dire, M. le Président: Est-ce qu'il y a
quelque chose d'intimidant qui aurait pu être dit là-dessus?
Franchement, je pense que c'est vraiment poser au témoin une question
d'opinion, à moins que, comme vous le suggériez: Est-ce qu'il y a
quelque chose qui vous a intimidé, là? C'est sa réaction
à lui, mais pas...
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon, sur la question de règlement?
M. Filion: Oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Louis-Hébert, je vais vous entendre sur la
question de règlement.
M. Doyon: Oui, sur la question de règlement. Ma question,
M. le Président, n'est pas de nous donner une opinion qui va remplacer
celle que nous allons être appelés à nous former. Ce que je
veux savoir, parce que c'est la personne la mieux placée à cet
effet-là, s'il s'est dégagé des propos de M. Pagé
une impression de sa part qui est de nature à lui avoir fait croire que
M. Pagé se servait de menaces, d'intimidation ou de chantage. Et
ça, ça se sent, M. le Président, dans le ton de la voix,
dans les termes utilisés, dans la façon de s'exprimer. Et il est
à l'autre bout du fil, ne l'oubliez pas.
Il y a bien des façons de transmettre ce qui peut être
interprété comme des menaces, du chantage ou de l'intimidation et
ce que je demande à Me Lemay - c'est là-dessus que je veux que
vous me permettiez la question - Est-ce que vous avez senti, dans les propos de
Michel Pagé, dans le ton de sa voix ou dans d'autres indices que vous
avez pu déceler, que ce qu'il vous disait était de nature
à intimider, à menacer ou à faire chanter ou à
exercer quoi que ce soit de pressions indues sur qui que ce soit? Parce que
c'est lui qui va nous dire cela, M. le Président.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! Excusez. Non,
non.
M. Doyon: Non, non, c'est très important.
Le Président (M. Lorrain): Avez-vous terminé?
M. Doyon: Oui, M. le Président, et si on était...
D'ailleurs, le document qui a été produit comme D-20, M. le
Président, qui, à la page 6, est explicite à ce
sujet-là, et je vais en citer un extrait, M. le Président...
M. Filion: Non. M. le Président...
M. Doyon: Je suis sur la question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Laissez le député
finir sa question de règlement. Je vais rendre ma décision
après.
M. Doyon: "En aucun moment, M. le Président, dit Me Lemay,
dans son document à la page 6, je n'ai interprété la
conversation téléphonique que j'ai eue avec M. Pagé comme
étant des menaces ou du chantage pour que je force le
député de Lévis à consentir au projet de loi de
zonage agricole".
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: C'est là-dessus que je vous pose une question,
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert. C'est une question de règlement sur une forme de
question. Ce n'est pas parce que monsieur... Là, je n'accepte pas votre
dernière partie du tout, du tout. Ce n'est pas parce que monsieur a dit
des choses qu'on peut poser une forme de question qui ne serait pas acceptable.
Alors, je vais vous permettre... D'abord, je ne vous permets pas... Vous avez
employé les mots "chanter", "menacer" ou "des pressions indues" ou
"à qui que ce soit".
La seule question qui pourrait être acceptable étant
donné qu'on n'a pas à demander - je le répète et je
pense que tout te monde est d'accord; il y a eu des questions sur les deux
côtés de la Chambre -on n'a pas à demander un jugement
à Me Lemay ou à quoi que ce soit. C'est nous qui allons
décider si les conversations qu'il a eues ont été des
pressions sur lui. Ce que j'accepterais... Votre première question, M.
le député de Louis-Hébert, était impeccable et je
la déclare pertinente. Vous avez demandé à Me Lemay s'il
s'est senti, lui, intimidé à l'écoute des propos de
monsieur. Mais "à qui que ce soft" ou "intimidant pour qui que ce soit"
ou "menaçant", non, je ne l'accepte pas. Alors, j'accepte cette
première question. J'accepte votre première forme de question, M.
le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors, je vais tout simplement me conformer, comme je
te fais régulièrement, M. le Président, à vos
instructions et demander à Me Lemay: Vous êtes-vous senti par les
propos de Michel Pagé, ministre de l'Agriculture, intimidé? Par
le ton ou par les mots utilisés, vous êtes-vous senti
intimidé de quelque façon?
M. Lemay: Non, non, d'aucune façon. C'était une
discussion cordiale. Je ne me suis senti menacé d'aucune
façon.
M. Doyon: Est-ce qu'il était intimidant?
M. Lemay: Non, non. Il n'était pas intimidant. Je veux
dire, c'était sur un ton cordial.
M. Doyon: Une autre question, pour faire du coq à
l'âne, parce que nos collègues ont tellement couvert tout le
sujet, M. le Président. Est-ce que, Me Lemay, vous êtes au courant
que les députés à l'Assemblée nationale, de
l'Opposition et les ministériels, ça leur arrive
régulièrement de communiquer les uns avec les autres, de se
parler sur toutes sortes de choses, projets de loi, motions, cas de
comté, en tout cas, toutes sortes de choses? Est-ce que vous êtes
au courant que c'est une pratique qui existe?
M. Lemay: Écoutez, je...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de règlement,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le député
affirme qu'une telle chose existe et, après cela, il dit:
Êtes-vous au courant que ça existe?
M. Doyon: Je ne peux pas lui dire que je ne suis pas au
courant.
M. Rochefort: M. le Président, là... M. Doyon: Ce
n'est pas ça.
M. Rochefort: Moi, je pense que c'est une forme suggestive, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur la question de
règlement. Je vais vous reconnaître après M. le
député de Louis-Hébert.
M. Rochefort: Je soumets respectueusement à la
présidence qu'il s'agit là d'une question d'une forme suggestive.
Si le député veut questionner le témoin à savoir
s'il est au courant de la nature des relations que peuvent avoir des
parlementaires entre eux, qu'il lui demande s'il sait que les parlementaires
ont des relations entre eux, quel type de relations ils ont entre eux, sur quoi
peuvent-ils s'aborder, mais non pas dire: Voici, d'après moi, c'est quoi
et vous, êtes-vous au courant que ce que je viens de dire, cela se passe?
C'est suggérer des réponses, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
M. Doyon: M, le Président, mon seul souci...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon:... c'est de demander à Me Lemay ce qu'il sait
à ce sujet-là. S'il me dit: Je ne suis pas au courant que
ça se fait, on ne lui en tiendra pas rigueur, c'est un avocat. Il est
familier avec les us et coutumes des tribunaux, j'en suis certain, mais les us
et coutumes de ce qui se passe à l'Assemblée nationale, il ne le
sait pas nécessairement. Mais, par contre, il peut le savoir et je lui
pose la question tout simplement pour savoir son degré de connaissance
à ce sujet-là. Il peut en avoir ou ne pas en avoir. Je le lui
demande tout bonnement sans arrière-pensée.
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision et ça va être votre dernière
réponse d'ici l'heure du dîner, Me Lemay. J'accepte comme
étant très recevable votre question. Elle est directe. Vous avez
demandé s'il est au courant, Me Lemay, qu'il y a des échanges
entre les parlementaires. C'est une question très directe. S'il n'est
pas au courant, it dira non ou quel genre. Vous le direz. C'est tout ce que...
Il a témoigné amplement là-dessus, mais la question est
directe. Répondez, Me Lemay.
M. Lemay: Comme expérience...
Le Président (M. Lorrain): Elle est pertinente.
M. Lemay:... personnelle, moi, je crois que les parlementaires,
ils se parlent en Chambre et ils se partent en dehors de la Chambre.
Une voix: Comme les avocats.
M. Lemay: Autrement dit, ils ont chacun leur position...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lemay:... "officielle", entre guillemets, mais quand ils se
parlent au niveau social ou autre chose. En tout cas, ils peuvent se parler.
Autrement dit, je ne pense pas que les gens ont des murs ou sont dans des
corridors séparés.
M. Doyon: On continuera tout à l'heure.
Le Président (M. Lorrain): Si vous me le permettez, Me
Lemay, je vais vous demander d'être de retour ici à 20 heures avec
la demande qui vous a été faite. Maintenant, avant d'ajourner, M.
le leader de l'Opposition, il y a une demande qui m'a été faite,
il y a une quinzaine de minutes, par M. le député de Gouin. Je
suis obligé de la rendre et d'informer tous les membres de cette
commission. M. le député de Gouin, advenant le cas où Me
Lemay trouve un document, une première version, a demandé
à ce que les deux formations puissent lire le document à 20
heures avant de commencer l'interrogatoire. Mais j'ai bien insisté et
j'insiste: Me Lemay, vous viendrez me voir et je demanderai aux deux
responsables des deux formations pour communiquer en même temps les
documents.
Les travaux sont ajournés à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 36)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous allons maintenant recommencer les travaux, très
brièvement, dans le but de permettre à tous et chacun de prendre
connaissance de trois documents, un qui est en double, qu'on me dit, à
tous et chacun des membres de cette commission et, pour permettre de
légaliser cette production, étant donné que cela a
déjà été décidé après-midi et
que Me Lemay a apporté ces documents-là, je vous demanderai
immédiatement, Me Lemay, de déposer ces documents-là, sauf
le dernier que vous considériez comme un original, qui a
été accepté déjà par tous les parlementaires
comme déposé sous la cote D-20 il y a deux jours. Voulez-vous,
s'il vous plaît, déposer chacun et expliquer très
brièvement, Me Lemay, très brièvement?
M. Lemay: M. le Président, effectivement, j'ai
reviré le dossier à l'envers au bureau et j'ai amené tous
les exemplaires qu'il y avait dans les dossiers, dans le dossier, du
mémo ou de ce qui a servi à finaliser le mémo qui a
déjà été déposé devant la commission
sous la cote D-20. Donc, j'avais emmené entre autres le papier original,
qui sort du traitement de texte et qui correspond exactement à ce qui a
déjà été déposé. Je comprends que les
deux partis l'ont accepté comme étant valable.
Le Président (M, Lorrain): Comme D-20.
M. Lernay: O. K. Ensuite de ça, je constate que le
greffier ici a coté D-20A un document de couleur rose, qui est le
mémo original, le premier texte qui est sorti; c'est ce que j'ai
dicté textuellement le 19, en fin de journée, le 19
décembre.
Le Président (M. Lorrain): Le 19 décembre.
M. Lemay: C'est sorti probablement au début de janvier
parce que dans le temps des fêtes je pense qu'il n'y avait pas de
secrétaire.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous
répéter la cote, Me Lemay?
M. Lemay: D-20-A.
Le Président (M. Lorrain): Parfait.
M. Lemay: Ça, c'est l'initial, le premier de tout.
Le Président (M. Lorrain): D-20A,
déposé.
M. Lemay: O. K. Ça fait que là je le donne
à... ? Je peux m'en garder une copie, si je comprends?
Le Président (M. Lorrain): Au secrétaire. Oui, oui,
les coptes sont déjà faites.
M. Lemay: Le deuxième document que je dépose, M. le
Président, est coté par le greffier comme étant D-Bl.
Une voix: D-20.
Le Président (M. Lorrain): D-20...
M. Lemay: D-208-1, c'est ça? D-20?
Une voix: D-20B-1.
Le Président (M. Lorrain): On va laisser
témoiqner.
M. Lemay: O. K.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que la cote est
marquée sur le document. Voulez-vous la répéter, Me
Lemay?
M. Lemay: O. K. La cote que je lis, là, c'est D-20B-1.
Le Président (M. Lorrain): D-20B-1. Voulez-vous
décrire ce document, Me Lemay
M. Lemay: Ça, c'est le deuxième, en fin de compte,
la deuxième épreuve, si vous me permettez l'expression, mais qui
comprend une partie additionnelle au début, qui est l'explication du
mandat, etc., donc l'équivalent des deux, trois premières pages
du nouveau mandat. Autrement dit, on commence cette deuxième
épreuve sur des événements qui précèdent le
19 décembre, alors que la première épreuve, qui a
été D-20A, c'était uniquement le 19 décembre. Donc,
ça c'est les documents sous D-20B-1.
Le Président (M. Lorrain): Déposé.
M. Lemay: Puis, j'ai le papier original en trop. Sous la cote
D-20B-2, c'est exactement au niveau dactylographie la même chose que le
document précédent, qui était le D-20B-1, sauf qu'il y a
des corrections manuscrites qui apparaissent sur le document, des corrections
manuscrites que j'ai faites moi-même.
Le Président (M. Lorrain): C'est exactement comme D-20B-1,
vous dites, sauf des corrections manuscrites?
M. Lemay: C'est ça.
Le Président (M. Lorrain): Alors, D-20B-2
est identique à D-20B-1, sauf en y ajoutant quelques corrections
manuscrites. Alors, documents déposés. Maintenant, tel
qu'entendu...
M. Lemay: J'en ai encore un autre, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Excusez-moi.
M. Lemay:... excuse. En fait, là, si on suit l'historique,
j'ai un premier document qui contient des renseignements sur la
réunion... la journée du 19, je m'excuse. En revenant des
fêtes, j'ai ajouté des choses pour tenir compte de l'ensemble du
dossier, le début du mandat, et j'ai fait des corrections manuscrites
pour compléter, mettre des titres de chapitre, ce qui fait que la
correction, autrement dit, ce qui a été dactylographié
suite aux corrections manuscrites, c'est le document D-20C.
Le Président (M. Lorrain): Alors, D-20C est maintenant
également déposé. C'est tout, Me Lemay?
M. Lemay: Puis, pour fins de précision, M. le
Président, vous remarquerez que, dans la pièce D-20C, qui est
substantiellement au même effet que le document final, il y a l'erreur
cléricale que j'avais mentionnée à la page 3, à
l'item 4, où l'on a: au milieu de l'après-midi, et j'ai dit que
j'ai fait la correction pour mettre: avant-midi. Je pense que c'est la seule
différence par rapport au texte final.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vous...
M. Lefebvre:... différence, M. le Président...
M. Lemay: La seule différence que, en tout cas,..
M. Lefebvre:... entre D-20C et D-20B-2?
M. Lemay: Ah! bien, D-B...
Le Président (M. Lorrain): D-20C, D-B-2.
M. Lefebvre: D-20B-2.
Le Président (M. Lorrain): D-20B-2, excusez.
M. Lemay: Bien, je pense... Ecoutez, là...
M. Lefebvre: Je veux juste... Oui, je sais, mais...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lemay: Je pense que le dernier, le D-20C, c'est la
dactylographie de celui qui a des corrections manuscrites dedans. il y a
peut-être d'autres changements, mais je pense que c'est la seule
différence.
Le Président (M. Lorrain): Merci beaucoup, Me Lemay. Tel
qu'entendu entre les deux formations politiques... M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Je veux bien suivre. Si je comprends bien, les
documents qui nous sont déposés portent les cotes suivantes: un
premier qui porte une cote D-20A; un deuxième - arrêtez-moi, M. le
Président, si je me trompe - qui porte la cote...
Le Président (M. Lorrain): Le secrétaire de la
commission me surveille.
M. Rochefort: Un deuxième qui porte la cote...
Une voix: M, le député de Gouin, vous ne vous
trompez jamais.
M. Rochefort: Non, au contraire, ça m'arrive. Je suis" un
homme humble, humain. Deuxième cote: D-20-1; troisième document
côté D-20B-2; quatrième document coté D-20C, plus
l'original qu'on a reconnu être D-20, qu'on a reconnu être
conforme.
Le Président (M. Lorrain): D-20, qui est
déjà déposé depuis hier, je pense. Tel qu'entendu
entre les deux formations, nous allons suspendre 15 minutes pour permettre aux
parlementaires de prendre connaissance et l'interrogatoire va
immédiatement commencer avec M. le député de Gouin.
M. Doyon: Je me demande si on s'était compris. J'avais
compris, enfin, je n'y tiens pas plus que ça, mais que le
député de Gouin était d'accord pour que je termine mes
questions. Je n'en avais pas beaucoup, mais c'est ce que j'avais cru
comprendre. Je reviendrai après, de toute façon.
Une voix: Garde ça en réserve.
Le Président (M. Lorrain): On suspend. Suspension des
travaux de la commission de l'Assemblée nationale.
(Suspension de la séance à 20 h 44)
(Reprise à 21 h 10)
Le Président (M. Lorrain): Reprise des travaux de la
commission de l'Assemblée
nationale. Me Lemay, tous les documents que vous avez demandés
sont maintenant déposés. Les deux formations politiques, les
parlementaires ont pris connaissance de ces documents et je vais céder
la parole, tel qu'entendu, avant la suspension pour le dîner, à M.
le député de Gouin, toujours en interrogatoire.
M. Rochefort: M. le Président, la première question
que je voudrais adresser à Me Lemay: Â quelle date a-t-il pris
connaissance du Journal des débats de la fameuse journée
du 19?
M. Lemay: Je ne m'en souviens pas. M. Rochefort: Faites un
petit effort.
M. Lemay: En revenant des fêtes; à mon souvenir,
c'est en revenant des fêtes, mais, écoutez, la date exacte, je ne
m'en "souviens pas.
M. Rochefort: Avant ou après le 15 janvier?
M. Lemay: Je viens de vous dire que je ne m'en souviens pas.
M. Rochefort: Vous ne vous en souvenez pas.
M. Lemay: C'est fa réponse que j'ai donnée, je ne
m'en souviens pas. J'ai dit: en revenant des fêtes; la date exacte, je ne
m'en souviens pas.
M. Rochefort: Mais vous ne savez pas, au-delà du fait de
la date exacte, vous ne savez pas si c'est avant ou après le 15
janvier?
M. Lemay: Écoutez, c'est peut-être à la
mi-janvier, mais ce n'est pas un élément qui a attiré mon
attention, là, je n'ai pas lu ça 52 fois. J'en ai pris
connaissance brièvement, mais je ne peux pas vous donner la date.
M. Rochefort: Donc, vous n'êtes pas certain si c'est avant
ou après le 15.
M. Lemay: C'est exact.
M. Rochefort: Qui vous l'a transmis ou par quel moyen en
avez-vous pris connaissance?
M. Lemay: On en a demandé une copie. Je pense que c'est
notre bureau ou la secrétaire ou autrement qui a demandé d'en
avoir une copie, mais, écoutez, je n,e sais pas. Moi, je ne suis pas
venu les chercher ou...
M. Rochefort: Me Lemay, vous m'avez dit avant l'ajournement du
souper que la dernière version datait du 15 janvier.
M. Lemay: Bien, j'ai dit environ le 15 janvier. Vous voulez que
je mette cela approximatif.
M. Rochefort: Non, mais je vous repose une question: Â
quelle date, donc, date la dernière version?
M. Lemay: Je ne peux pas vous donner de réponse
précise.
M. Rochefort: Environ"?
M. Lemay: Oui, mais écoutez. Je vous donne une date
environ et vous me reprochez de l'avoir donnée. J'ai dît: à
la mi-janvier, peut-être, là. Vous les avez les corrections,
là, de toute façon, le premier texte...
M. Rochefort: Non, mais, M. le Président, je ne suis pas
là-dessus, là.
Le Président (M. Lorrain): Seulement la question, Me
Lemay. Le ou alentour du 15 janvier.
M. Rochefort: Est-ce que lorsque vous avez fait votre
dernière version, vous étiez au courant du Journal des
débats?
M. Lemay: Oui, parce que j'ai pris la peine de corriger la
dernière copie en disant: Je n'ai su exactement ce qui s'est
passé qu'en prenant connaissance du Journal des débats et,
dans une des premières versions, j'ai dit: Je ne saurai ce qui s'est
vraiment passé que lorsque j'aurai vu le Journal des débats.
Une fois que je t'ai vu, là, j'ai corrigé en disant: Je le
sais maintenant.
M. Rochefort: M. le Président, on va revenir sur les dates
des documents, à ce moment-là.
Le Président (M. Lorrain): Ça va, ça va.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que M, Lemay...
Le Président (M. Lorrain): Un instant, s'il vous
plaît! Je pense que Me Lachapelle veut consulter Me Lemay.
M. Lemay: Question de précision. Tantôt, j'ai
indiqué qu'on fonctionnait avec un système de traitement de texte
et, dans les derniers exemplaires, il y a des paragraphes, évidemment,
qui reviennent textuellement dans le sens qu'on dit à la
secrétaire: Ajoutez un paragraphe là, mettez un titre
à telle place, etc. Mais la date, le document qui a été
dactylographié, qui se trouve être celui que j'ai dicté en
revenant des fêtes pour le compléter, en fin de compte, D-20B-1,
est daté du 5 janvier 87, qui est la première journée, je
pense, du retour des vacances des fêtes. Mais, quand les autres copies
ont eu des corrections qui apparaissent, là, que vous avez, la date n'a
pas été changée parce qu'on corrigeait un texte qui
était, en fin de compte, initial, mais je n'ai pas de note ou de
référence pour dire: Le deuxième exemplaire a
été corrigé telle date ou telle date. Remarquez
qu'à l'avenir, je me rends compte que ce serait important de faire
ça, mais, le 5 janvier, j'avais fini de dire ce que j'avais à
dire où à compléter, sauf la question que j'avais... Je
pense qu'à cette date-là, je n'avais pas lu le Journal des
débats, ce que j'ai complété par la suite. Vous donnez
exactement à quelle date telle version a été faite, il y a
une chose qui est certaine, c'est que !e document D-20A a été
dicté en "draft", que j'appelle, ou en brouillon le 19 décembre
entre 7 heures, alentour de 7 heures, là, 6 h 30, 7 heures.
M. Lefebvre: Sur votre serment?
M. Lemay: Ah! sur mon serment, c'est..,
M. Lefebvre: Non, non. Qu'on arrête de... Qu'on lui demande
donc!
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non. S'il vous
plaît!
M. Lefebvre: II est sous serment, là. Oubliez pas
ça qu'il est sous serment.
Le Président (M. Lorrain): Non, non; oui, oui, mais
ça ne fait rien.
M. Lefebvre: II est sous serment, lui!
Le Président (M. Lorrain): Je pense... Il a...
M. Lefebvre: Si vous pensez qu'il a menti, dites-lui donc!
Le Président (M. Lorrain): M» le
député de Fron...
M. Lefebvre: On va arrêter de tourner autour du pot.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, je n'accepte pas
ces remarques-là. Ça allait très très bien. Tous
les témoins, à date, il y en a quatre qui ont
témoigné...
M. Lefebvre: On va être ici encore le lendemain de
Pâques, puis...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. M. Lefebvre:
Écoutez!
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay est après
donner des explications extrêmement importantes sur de nouveaux documents
qui ont été déposés et Me Lemay, je n'ai pas
demandé à Me Lemay de reprêter serment et ça fait
déjà quelques jours qu'il est ici. Tous et chacun qui
témoignent, témoignent sur le même serment, et, moi, je
prends pour acquis et je prendrai toujours pour acquis parce que ce n'est pas
de l'essor, ici, de la commission de statuer si... Peu importe le
témoin, vous l'apprécierez à la fin...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Il a prêté serment
et je prends pour acquis qu'il dit la vérité et qu'il est de
bonne foi.
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M, le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Cela a été établi de
façon très claire, depuis trois ou quatre jours, qu'on ne peut
pas revenir sur des faits qui ont été couverts. Le
député de Gouin a longuement, cet après-midi,
interrogé le témoin sur les dates où il a fait sa
première déclaration. Il a éqalement insisté sur la
date du 5 janvier. C'a été couvert amplement cet
après-midi M. le Président.
Qu'on interroge en partant de d'autres documents qui ont
été déposés, cela pourrait justifier des questions
qui n'ont pas été couvertes relativement à des faits qui
n'ont pas été couverts. Mais je vous soumets, M. le
Président, qu'on revient sur du couvert, des faits couverts amplement et
particulièrement cet après-midi par le député de
Gouin. C'est la règle que vous avez établie, M. le
Président, qu'on ne revenait pas sur ce qui était couvert.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Lefebvre: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je vous remercie, M. le
député de Frontenac. Je vais maintenant reconnaître une
intervention. M. le député de Taillon, sur la même question
de règlement de M. le député de Frontenac.
M. Filion: Oui, M. le Président. La question de
règlement intempestive du député de Frontenac...
Le Président (M. Lorrain): Non, écoutez...
M. Filion: Non, mais il faut que... C'a commencé par "sous
votre serment". Il a interrompu un...
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais ne qualifiez
pas...
M. Lefebvre: Je n'étais pas encore sur une question de
règlement à ce moment-là.
M. Filion: Bon. Sur la question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): Non. J'ai rendu... Si vous me
permettez, M. le député de Taillon, pour ne pas que ça
s'envenime -ça allait très bien - jamais de qualification sur les
questions de règlement de chacun. Je pense que, il y a deux jours...
M. Filion: O.K., d'accord, je n'en parlerai plus. Bon. Alors, le
député de Frontenac a interrompu avec "sous votre serment",
ça, c'est réglé. Sur sa question de règlement, le
député de Gouin est tranquillement en train d'échanger,
selon nos règles, avec le témoin, alors qu'il est interrompu; on
dit qu'il a déjà dit ces choses-là. Mais ce qu'il y a de
tout à fait nouveau, M. le Président, c'est qu'on a quatre
documents devant nous, plus D-20, donc ça veut dire qu'on a cinq
documents comme étant les notes ayant servi au témoin et non pas
un, comme c'était le cas avant. Je pense qu'il est extrêmement
important de voir l'évolution qui peut exister entre la première
version où la mémoire du témoin peut être plus
fraîche, les autres versions, voir les changements qui ont
été effectués, pourquoi ils ont été
effectués, est-ce qu'il y a des faits qui ont amené le
témoin à changer son opinion sur certains faits qu'il relate dans
son témoignage, etc.
Bref, M. le Président, vous conviendrez avec moi aisément
que l'échange de questions et réponses entre le
député de Gouin et le témoin est tout à fait dans
nos règlements et que nous avons matière à fait nouveau.
Ce serait amplement pour reconvoquer probablement le témoin. Mais, comme
il est déjà devant nous, bien, on n'est pas pour, surtout que
c'est suffisamment long son témoignage, on le garde devant nous. Mais
qu'on laisse, par exemple, les députés faire leur travail autour
de la table! Qu'on arrête, M. le Président, de vouloir à
tout bout de champ, pour des questions de règlement comme
celle-là, interrompre le processus de vérité qui est en
train de s'installer par le fil de l'ensemble de nos questions.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision sur la première...
M. Filion: II a déjà intervenu
là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): ...question de
règlement.
M. Lefebvre: Le processus de vérité qui est en
train de s'installer...
Le Président (M. Lorrain): Et, si vous voulez en soulever
une deuxième, je vais vous reconnaître...
M. Filion: Bien, qui s'est toujours installé.
Le Président (M. Lorrain): ...M. le député
de Frontenac. Non, non, non, pas d'argumentation d'un côté et de
l'autre.
M. Lefebvre: ...M. le Président, qui s'est toujours
installé.
Le Président (M. Lorrain): Non, non...
M. Lefebvre: Le député de Taillon s'est
corrigé lui-même.
Le Président (M. Lorrain): ...non. M. le
député de Frontenac...
M. Lefebvre: C'est important.
M, Chevrette: Non, non. Tu es hors d'ordre.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, il y a une entente que vous avez suggérée cet
après-midi...
M. Filion: ...qui vient de nos travaux.
M. Chevrette: C'est vous-même qui l'avez faite.
Le Président (M. Lorrain): ...c'est: une intervention de
chaque côté de cette table. Je l'ai accepté, même si
j'avais établi depuis quatre, cinq jours deux interventions dans le but
de donner beaucoup plus de latitude aux formations. Je suis prêt à
rendre ma décision. Ce n'est pas parce qu'il y a des enveloppes de temps
de deux heures et vingt minutes qui ont été entendues de chaque
côté qu'il va falloir remplir entièrement l'enveloppe.
C'est certain que je ne permettrai jamais qu'on revienne sur des questions
répétitives ou qu'on recommence en
deux, trois ou quatre ou cinq exemplaires. J'ai maintenu cette
décision-là depuis quatre ou cinq jours. Mais, ce soir, il y a
trois nouveaux documents dont un qui présente deux copies. Il y a une
date d'un document connu qui s'appelle D-20, qui est déposé ici
depuis deux jours, qui porte la date du 5 janvier, et j'ai bien compris qu'on
essaie de situer la rédaction ou les corrections de quatre autres
nouveaux documents qui ont été déposés ce soir par
Me Lemay pour savoir à quel moment, entre le 15 et une date qui
n'apparaît pas sur les documents, aurait pu apporter certaines
corrections. Maintenant, M. le député de Gouin...
M. Rochefort: Oui, je vous écoute attentivement. Vous avez
dit: Maintenant, M. le député de Gouin.
Le Président (M. Lorrain): Ce sont des faits nouveaux et
ce sont des choses nouvelles que j'aimerais entendre et que tous les
parlementaires ici... Je ne voudrais pas qu'on reprenne tout parce qu'il y a
des documents nouveaux. Alors, c'est sur les nouveaux documents et sur des
éléments nouveaux sur lesquels Me Lemay n'a pas
témoigné à date.
Alors, M. le député de Gouin, je vous entends
attentivement.
M. Rochefort: Ah! M. le Président, je suis content, et
vous allez voir dans quelle mesure et jusqu'à quel point je respecte
pleinement vos décisions et notre règlement.
Or donc, M. le Président, si je comprends bien, Me Lemay ne peut
pas nous donner la date définitive de la rédaction de la
dernière version.
M. Lemay: C'est exact.
M. Rochefort: Quand vous nous avez déposé la
pièce D-20, ne nous avez-vous pas dit qu'il s'agissait d'une note, pour
l'essentiel, rédigée le 19 décembre, dictée le 19
décembre, avec quelques corrections de forme le 5 janvier, un point,
c'est tout?
M. Lemay: Ce n'est pas ce que j'ai indiqué. J'ai
indiqué qu'il y avait deux parties dans mon mémo. J'ai dit: une
partie qui traite des événements du 19 décembre et qui
commence, si on va au document D-20, à la page 4. C'a été
dicté le 19 alors qu'en revenant des fêtes, j'ai
complété en mettant une première section au mémo
pour tenir compte du mandat. Mais...
M. Rochefort: O.K. Je reprends ma question...
M. Lemay: ...c'est quand même trois pages
supplémentaires pour dire...
M. Rochefort: Je reprends ma question, M. le Président. Je
ne parle pas des trois pages que Me Lemay a qualifiées un peu de la note
pour son client. On s'entend un peu sur l'expression. Les trois
premières pages, là, c'est un peu le mandat que vous aviez eu. On
s'entend là-dessus.
M. Lemay: C'est un rapport sur ce que j'avais fait au
dossier.
M. Rochefort: C'est ça, on se comprend bien. Je parle
à partir, M. le Président, de la page 4, à partir de
l'élément 4, 19 décembre et suivants. Quand vous nous avez
présenté votre document, et je pense que vous venez de nous le
redire, vous nous dites bien que cela a été rédigé,
dicté le 19 décembre et tapé dès le retour des
fêtes.
M. Lemay: J'ai dit que cela a été dicté le
19, tapé... Je ne sais pas si c'est durant les fêtes ou non,
mais...
M. Rochefort: Non, j'ai dit dès le retour.
M. Lemay: Ouais, peut-être le 5. En tout cas, le document
D-20B-1 correspond au mémo je dirai intégral qui comprenait les
deux parties et cela a été fait, dicté, cette
partie-là, avec les corrections de la première partie, le 5
janvier. Le 5 janvier, là, cela correspondait substantiellement à
mon mémo. Les corrections subséquentes, en tout cas à mon
avis, ne sont que des questions cléricales ou autres. Ce que je me
souviens. Normalement, les copies on les jette. Une fois que le projet est
fini, on s'en sert pour corriger et après cela la secrétaire en
sort un nouveau. Sauf que là je constate... j'ai vu qu'ils
étaient au dossier. Cela fait que je les ai amenés.
M. Rochefort: Mais, en aucun temps, ce document daté du 5
janvier qui a été revu et corrigé par la suite, ni pour
vous, ni pour votre secrétaire, ni pour les personnes avec qui vous en
avez discuté, cela ne vous a semblé important de changer la date
du 5 janvier pour la date réelle. Vous ne considérez pas, cela,
que c'était comme les autres fautes auxquelles vous avez fait allusion,
corrections auxquelles vous avez fait allusion, qu'il s'aqissait là
d'une correction de forme importante, la date?
M. Lemay: Non, mais, regardez, le document n'était pas un
document pour fins de distribution ou autres, en ce sens que c'était un
document pour mon dossier. La date... Peut-être que je n'aurais
même pas pu mettre de date. L'important ce n'était pas la date
dans ce document-là.
M. Rochefort: Â partir du moment où
vous le déposez à la commission, cela ne vous semblait pas
important d'attirer l'attention des membres de la commission que la date du 5
janvier n'avait pas été corrigée et qu'elle ne constituait
pas la dernière version du document, la date de la dernière
version du document?
M. Lemay: Bien, écoutez, je ne comprends pas votre
question. Je ne sais pas ce que... Je ne comprends pas le sens de votre
question.
M. Rochefort: Je vais répéter ma question, M. le
Président. À partir du moment où vous avez, vous,
décidé de demander à le déposer, vous n'avez pas
jugé cela important et utile pour l'information des membres de la
commission d'attirer notre attention sur le fait que la date inscrite sur le
document, c'est-à-dire 5 janvier, n'était pas la date de la
dernière version du document? Cela ne vous a pas semblé utile et
nécessaire, une fois que vous décidiez de rendre public ce
document, de le sortir de votre dossier à d'autres fins que des fins
internes, d'attirer notre attention sur le fait que cette date n'était
pas la date réelle de dernière version du document?
M. Lemay: Écoutez, je n'ai pas lu les notes. Il me semble
que j'ai précisé en commisison qu'il y avait eu des corrections
cléricales qui avaient suivi cela. Il me semble que j'ai
précisé cela.
M. Rochefort: Vous souvenez-vous d'avoir mentionné que ce
document avait connu sa dernière version le 5 janvier lors du
dépôt?
M. Lemay: Dans l'essentiel, à mon avis c'est la
dernière version. Il y a eu des corrections cléricales, comme je
vous dis, à mon avis cléricales; maintenant, qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise La date, je ne l'ai pas changée. J'aurais
peut-être dû la changer, mais... Quand j'ai dicté cela, je
ne pensais pas venir en commission parlementaire au mois de mars et, quand j'ai
reçu un subpoena disant qu'il faut amener un mémo qui a
été fait au dossier, toute déclaration dictée, je
l'ai amené, je l'ai eu disponible avec moi tout le temps, je pensais
même que c'était la première chose que je déposerais
sauf que je ne connaissais pas les règles, que cela prend des
consentements ou non, en fin de compte je me suis ramassé au bout de la
ligne où j'ai dit: Je fais quoi avec mon mémo? Je le
dépose ou non? Et, là, on a dit: Si vous voulez le
déposer, déposez-le. J'ai dit: Je l'ai, je vais le
déposer. Je n'ai rien à cacher dans ce dossier-là. Mon
dossier est ouvert complètement. Je vous montre même des
brouillons. Je suis un peu gêné de vous montrer des brouillons
parce que c'est corrigé à la main, mais qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise? Je vous montre tout. Normalement c'est des documents qu'on ne
sort pas, c'est griffonné à main sur ces documents-là.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre!
M. Lemay: Je suis un peu gêné comme professionnel de
vous donner des documents où y a des annotations manuscrites que j'ai
faites dessus mais je vous donne tout mon dossier, tout ce que j'ai.
M. Rochefort: M. le Président, le témoin nous dit
bien qu'après la première version qu'il a dictée et qui a
été tapée autour du 5 janvier il n'y a eu que des
corrections de forme.
M. Lemay: À mon avis c'est ça. Je ne les ai pas
toutes relues, écoutez, je les ai sortis à soir, les
mémos. Je n'ai même pas eu le temps de tout les relire.
M. Rochefort: Est-ce que ce document a connu des corrections de
forme ou d'autre nature après que vous ayez reçu le subpoena?
M. Lemay: D'aucune façon.
M. Rochefort: Alors, essayons donc de remonter dans le temps
tranquillement, là. Là, on sait qu'à partir du subpoena,
il n'y en a pas eu là, remontons donc jusque...
M. Lemay: 19 de février, par exemple. M. Rochefort:
Oui.
M. Lemay: Le 19 février j'ai rencontré deux
représentants de l'Opposition à mon bureau. Ils ont pris
connaissance du mémo.
M. Rochefort: Duquel?
M. Lemay: Du mémo qui a été
déposé, l'original qui a été
déposé...
M. Rochefort: Sous la cote D-20.
M. Lemay: Ils l'on lu au complet, puis j'ai eu l'occasion de
répondre à de nombreuses questions pendant une heure trente;
c'est exactement le même mémo, il n'y a eu aucune correction.
M. Rochefort: II n'y a pas eu de correction depuis ce
temps-là? Est-ce qu'il y en a eu entre le 15 janvier et le 19
février?
M. Lemay: Bien, je vous ai dit que je me souviens pas si la...
la... ma finale c'est avant ou après le 15, c'est dans les jours
alentour de ça mais...
M. Rochefort: Ce n'est pas beaucoup plus tard que le 15?
M. Lemay: Â mon avis, non. Ce que je peux vous dire, c'est
que d'aucune façon, O. K., par l'intervention de n'importe qui je n'ai
modifié le mémo pour autre chose qui correspondait à ce
que moi je pensais être la réalité. Puis je vous ai dit ce
matin qu'il y en a qui disaient: Bien, ça ça peut être pris
de tel sens ou tel autre sens mais, écoutez, c'est de même que moi
je l'ai vu; si ce n'est pas clair je répondrai aux questions, mais je ne
commencerai pas à changer des mots dans un mémo pour le plaisir
d'une personne qui a telle compréhension, puis l'autre en aura une
autre. J'en ai une version avec les petites corrections que j'ai
apportées selon moi-même, pas influencé par personne, puis
j'ai toujours marché avec ça. Qu'est-ce que vous voulez que je
vous dise d'autre que ça?
M. Rochefort: Vous avez dit ce matin que vous avez discuté
du contenu...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est très important.
M. Rochefort: Vous avez dit ce matin que vous avez discuté
du contenu avec Me Tremblay, probablement avec son fils, avec un ou deux autres
avocats du bureau, donc à peu près quatre personnes.
M. Lemay: Je ne pense pas avoir dit que j'avais discuté,
je pense que j'ai dit qu'ils en ont eu un exemplaire.
M. Rochefort: Personne en aucun moment ne vous a
suggéré, ne vous a conseillé, ne vous a incité
à faire quelque modification que ce soit au document?
M. Lemay: Non. Monsieur... Je sais que M. Tremblay l'a tu le
mémo, puis il a dit: Il faut faire attention pour pas porter des
jugements. Dans le mémo, il y a peut-être des places où
ça peut être interprété comme étant un
jugement. J'ai dit: Écoutez, c'est mon mémo; c'est mon
mémo, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? C'est ma perception
à moi des choses.
M. Rochefort: Est-ce qu'il y a d'autres personnes que Me Tremblay
qui ont fait des commentaires comme celui par exemple que vous venez de nous
décrire ou d'autres?
M. Lemay: À quelle époque vous vous situez,
là?
M. Rochefort: Entre la première et la dernière
version.
M. Lemay: O. K. Jusqu'au 15 janvier ou à peu près
le 15, je ne me souviens pas, je ne pense pas. Je disais même, je dois
même corriger, quand je disais que le fils de M. Tremblay en avait eu une
copie; je lui ai parlé sur l'heure du souper et il a dit: Je ne l'ai
jamais lu ton mémo. Il t'a tu là pour venir en commission mais il
l'avait pas lu à l'époque. (21 h 30)
M. Rochefort: Par exemple, le document coté D-20A, ou le
document coté D-20B-2 qui comporte quelques notes manuscrites, est-ce
que c'est votre écriture et seulement votre écriture qu'on
retrouve sur ces deux documents? Je parle de l'écriture
manuscrite. Il y a des numéros, des astérisques, des
soulignés, des corrections.
M. Lemay: Sur D-20A, la seule chose qui n'est pas mon
écriture, je pense, c'est la date qui apparaît à la fin, 19
décembre 1986; c'est probablement la secrétaire qui a inscrit
ça à la main. Ce n'est pas mon écriture. Vous parlez de
D-20B-2?
M. Rochefort: D-20B-2.
M. Lemay: C'est mon écriture. C'est illisible, donc c'est
mon écriture.
M. Rochefort: Uniquement?M. Lemay: Oui.
M. Rochefort: Est-ce que c'est... D'abord sur D-20A, est-ce que
c'est coutume que votre secrétaire ajoute la date à la main
plutôt qu'au dactylo sur un document?
M. Lemay: Ce n'est pas ma secrétaire
régulière qui l'a dactylographié, d'après les
initiales. Peut-être que la secrétaire avait...
M. Rochefort: C'est la secrétaire de qui, ssg?
M. Lemay: Je vais vous démontrer à quel point ce
n'est pas ma secrétaire. Vous verrez, dans ce premier document on parle
de la CTRSQ...
M. Rochefort: Oui, j'ai remarqué.
M. Lemay: Alors que ma secrétaire sait très
bien...
M. Rochefort: ssg c'est la secrétaire de qui?
M. Lemay: C'est la question que je me suis posée sur
l'heure du souper en voyant le mémo. On a trente-cinq secrétaires
au bureau, c'est peut-être une jeune qui n'avait pas d'ouvrage et elle a
pris cette cassette, dans le temps des fêtes.
M, Rochefort: Est-ce que c'est des
pratiques courantes dans votre bureau qu'on inscrive la date d'un
document à ia main plutôt qu'au dactylo?
M. Lemay: Je ne m'occupe pas de ce qui se passe au niveau des
trente-cinq secrétaires. Ma secrétaire à moi,
régulière, elle ne fait pas ça manuscrit. Celle-là,
je vous dirais honnêtement, je cherche le nom de cette secrétaire,
peut-être Sylvie, mais le nom ne me revient pas, je n'ai pas la liste, il
y en a trente-cinq dans le bureau.
M. Rochefort: Voulez-vous nous dire maintenant, entre D-20A et
D-20B-1, combien de temps peut-il s'être écoulé?
Le Président (M. Lorrain): Pouvez-vous
répéter, M. le député? D-20A et D... ?
M. Rochefort: D-20B-1.
M. Lemay: C'est bien simple. Le 5 janvier quand je reviens des
fêtes, ça s'est dactylographié, le premier, D-20A, s'est
dactylographié soit dans la journée ou dans le temps des
fêtes, mais je fais immédiatement, je dicte immédiatement
le complément qui est la partie avant qui traite du mandat, etc. Donc,
D-20B-1, je suis certain qu'il a été dicté le 5 janvier
avec probablement... j'avais sûrement...
M. Rochefort: Dicté.
M. Lemay: Oui, je n'ai pas travaillé dans le temps des
fêtes.
M. Rochefort: Vous dites dicté.
M. Lemay: Oui, c'est probablement dactylographié la
même journée. Je ne sais pas, quand on revient des
fêtes...
M. Rochefort: Dicté et dactylographié probablement
le 5 janvier.
M. Lemay: C'est mon opinion.
M. Rochefort: D'accord. On poursuit. D-20B-2. Le délai
entre D-20B-1 et D-20B-2.
M. Lemay: Je dirais qu'il y a peut-être trois, quatre
jours. C'est une question de mise en forme surtout.
M. Rochefort: On est rendu quoi, au 8, 9 janvier?
M. Lemay: C'est cela, deux, trois jours plus tard.
M. Rochefort: Dans la même semaine?
M. Lemay: Ce n'était pas le principal de mon travail. On
ne chargeait plus. Je changeais de dossier. Sauf que j'ai dit: II faudra que je
mette ça au propre, finaliser ce mémo.
M. Rochefort: Dans la semaine du 5 au 9 janvier.
M. Lemay: D'après moi, c'était durant la même
semaine.
M. Rochefort: Quant à D-20C?
M. Lemay: D-20C, ça n'a pas été
redicté dans le sens que D-20B-2... C'est le document qui correspond
à l'ancien, qui correspond au D-20B-1, c'est le même document,
sauf que j'ai fait des corrections manuscrites et j'ai dicté ça
et le produit de ce travail qui s'est fait dans la première semaine de
janvier, c'est D-20C. D-20C, ce n'est pas de quoi de nouveau, c'est le
résultat du travail que j'ai fait sur D-20B-?.
Le Président (M. Lorrain): Je veux bien comprendre... Si
vous me permettez, ça ne compte pas sur votre temps, M. le
député de Gouin. Je veux bien comprendre, pour ne pas qu'on
revienne à quatre, cinq exemplaires. D-20B-2, avec votre écriture
manuscrite, je pense que vous avez dit: C'est l'équivalent de D-20C au
propre. Est-ce que c'est ça que vous venez de dire?
M. Lemay: C'est exact.
Le Président (M. Lorrain): Une fois fini, le produit
fini.
M. Lemay: Exact.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin. Vous avez la parole.
M. Lemay: Ce n'est pas qu'il n'y ait pas un mot de
différence, mais substantiellement ça devrait être
ça. Je n'ai pas... Je me suis fié au produit fini, c'est
ça qui est important quand on dépose un document.
M. Rochefort: Et entre D-20C et D-20, on parle de combien de
temps à peu près?
M. Lemay: J'ai l'impression que c'est une journée ou deux.
La seule correction, même si je suis mal placé pour parler de.
temps, ta seule correction, à mon avis, de souvenir, elle apparaît
à la page 3, dans D-20C, la seule correction, c'est qu'on dit, à
l'avant-dernier paragraphe...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! Une question de
règlement par M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: On peut prendre pour
acquis que le député de Gouin va arriver à quelque
chose avec tout ça, mais, moi, j'aimerais bien savoir en quoi c'est
pertinent, tout ça. Non, écoutez! Parce qu'à ce
rythme-là on va se rendre loin, puis tard, puis au mois de juin. En quoi
c'est pertinent, M. le Président? Et le député
pourrait nous l'indiquer, ce qu'il entend démontrer avec tout ça
et vous pourriez, à ce moment-là, décider effectivement si
c'est pertinent ou si ça ne l'est pas, cette preuve-là. Je pense,
M. le Président, que cette question-là se pose, doit être
évaluée au moment où on se parle. Peut-être que
c'est pertinent, peut-être que ça ne l'est pas. Moi, je vous
demande, M. le Président, de faire préciser au
député de Gouin où est-ce qu'il veut arriver avec tout
ça et ça vous permettra de décider de ma question de
règlement à savoir que, quant à moi, au moment où
on se parle, ce n'est pas pertinent.
Le Président (M. Lorrain): Alors, vous avez
terminé, M. le député de Frontenac?
M. Lefebvre: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la même
question de règlement, je vais reconnaître une intervention de la
part de l'Opposition. M. le député de Taillon.
M. Filion: Où est-ce que le député de
Gouîn veut aller? c'est de ses affaires à lui. Il
s'agit de savoir si la question est légale en vertu de nos
règles, premièrement. Deuxièmement, le témoin, vous
l'avez souligné à plusieurs reprises, M. le Président,
nous rend un témoignage important. 11 y a juste lui qui a parlé
avec M. Pagé le 19 décembre 86. I! n'y a personne d'autre qui va
pouvoir témoigner de cette conversation-là, sauf les
témoins qui ont déjà été entendus. Il nous
dit, il nous a dit depuis quatre, cinq jours qu'évidemment la note qui
est "Mémo au dossier", qui est D-20C, il s'y réfère assez
souvent pour répondre aux questions. Effectivement, c'est un petit peu,
quant à lui, une base de référence importante pour son
témoignage. Or, encore une fois, nous venons de découvrir
aujourd'hui que ce document-là a subi des altérations, des
modifications et le député de Gouin est tout à fait
justifié de questionner sur l'évolution de ce document-là
qui, encore une fois, est la base même de son témoignage. Or,
sinon, si on ne peut pas interroger sur ce document-là, je vous soumets
que c'est priver la commission d'une lumière extrêmement
importante. En ce sens-là, où est-ce qu'il veut arriver - pour
reprendre le "ou est-ce que" - où est-ce qu'il veut arriver?
c'est le député de Gouin qui est maître de ses questions,
le témoin répond conformément à nos règles
et puis la commission apprécie. On aurait pu demander, cet
après-midi, pendant le questionnaire du député de
Louis-Hébert: Où est-ce que le député de
Louis-Hébert veut arriver en essayant d'interroger le témoin sur
les déclarations du député de Lévis relativement
aux conséquences sur la tarification et la corporation, du fait que...
Mais on n'a pas demandé où est-ce que le député de
Louis-Hébert s'en allait, parce que le député de
Louis-Hébert est assez grand pour poser ses questions puis de nous
emmener, comme membres de la commission, à l'endroit où il veut
nous emmener. En ce sens-là...
M. Lefebvre: M. le Président... la pertinence.
Le Président (M. Lorrain): J'arrive, j'arrive, je vais
rendre ma décision.
M. Filion:... sur la pertinence, c'est très pertinent,
tous les documents sont très pertinents à notre enquête,
à notre mandat que nous avons reçu de l'Assemblée
nationale, au mandat que le règlement nous oblige à tenir et, en
ce sens-là, je vous demanderais de bien vouloir laisser le
député de Gouin continuer.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors je vais rendre ma
décision sur la question de pertinence qui a été
soulevée par M. le député de Frontenac et qui a
été débattue par M. le député de Taillon.
J'en profite, j'avais toléré depuis une demi-heure et il y a
quatre nouveaux documents aussi qui ont été déposés
ce soir, mais ça ne fait pas parce que, et je pense que Me Lemay nous
l'explique assez bien depuis une demi-heure, ça appert même
à la face même, puis j'ai donné le temps à tout le
monde, je pense, de lire les documents, on pourra continuer aussi les
interrogatoires la semaine prochaine, mais ça ne fait pas et ça
ne rend pas pertinents d'autres faits en trop ce soir, hier... Et le 19
décembre... Le mandat de la commission de l'Assemblée nationale,
c'est sur un acte qui s'est passé et qui s'est terminé le 19
décembre. Ce que les quatre documents qui viennent d'être
déposés ce soir, ça apporte un contenu sur les faits
d'avant le 19 décembre.
J'ai permis actuellement des questions par M. le député de
Gouîn sur les dates et sur quand et à quelle période, mais
je ne permettrai pas à savoir comment tout... Je ne permettrai pas tout
ce que Me Lemay a pu faire depuis, où, comment, quel est le processus?
Ce qui est important pour la commission de l'Assemblée nationale, c'est
ce qui s'est fait avant le 19 et le 19... s'il vous plaît! pour savoir
s'il y a une question de privilège et si le mandat, c'est-à-dire
la commission de l'Assemblée nationale va pouvoir statuer sur la
conduite du député de Portneuf telle que décrite dans
notre
mandat.
Alors, M. le député de Gouin, je vais vous permettre de
faire un lien entre les dates et certaines corrections, mais pas plus que
ça. Tout ce qui s'est fait après le 19 décembre n'est pas
pertinent et je vais maintenir les décisions que j'ai rendues. On ne
pourra pas, au nom de la supposée, peu importe,
crédibilité de quelque témoin, passer toute une vie ou
encore tous les mois qui ont suivi. Je vous demande simplement de vous limiter
sur à quel moment a été rédigé... Il ne
faudra pas oublier que toutes les versions qui viennent d'être
déposées sont sur des faits qui sont arrivés avant le 19
ou à la fin du 19 décembre...
M. Rochefort:... décembre.
Le Président (M. Lorrain): Pardon?
M. Rochefort: Avant le 20 décembre.
Le Président (M. Lorrain): Oui, avant le 20 - merci -
1986. Alors, je vais vous demander... Je n'étais pas intervenu parce que
ça fait à peine quelques minutes qu'on a déposé les
documents, mais, à un moment donné, il va falloir arrêter
après le 19 et revenir au mandat tel quel. J'ai permis parce qu'il y a
de nouveaux documents qui ont été déposés par M. le
témoin et qu'il nous avait annoncés. Alors, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, il n'y a pas de
problème. Je pense que le témoin a eu, par mes questions,
l'occasion d'être très clair au vu et au su de tous que, pour les
événements du 19 décembre, sa première version
dictée le 19 décembre est, pour lui, la bonne version à
laquelle il a fait des corrections de forme par la suite. On s'entend bien
là-dessus.
M. Lemay: Est-ce une question que vous posez?
M. Rochefort: Oui.
M. Lemay: Ce que j'ai dit - et on va essayer d'être clair
là-dessus - le 19 décembre, j'ai dicté un mémo,
c'est un "draft" qu'on appelle, O. K? Le papier comme tel, je l'ai vu le 5
janvier, OK? J'ai apporté des corrections...
Une voix: De forme.
M. Lemay:... pour voir est-ce que ça reflète bien
ce que je pensais à cette date-là. Donc, il n'y a pas rien que
des corrections de frappe ou de grammaire. Ce que je vous dis, c'est que j'ai
fait des corrections substantiellement - d'après moi, il n'y a rien de
changé - mais je ne veux pas que vous me disiez: Ah bien! Il y a un
paragraphe que vous n'aviez pas mis et que vous avez rajouté. J'ai
révisé et j'ai dit: Est-ce que c'est complet? Est-ce que le
mémo que j'ai dicté !e jour même, est-ce que c'est complet
ou s'il y a des choses dont je me souviens et que je devrais compléter
pour la suite logique? Je ne veux pas me limiter en disant qu'il n'y a eu que
des corrections cléricales.
M. Rochefort: Mais, sur l'essentiel, ça
reflète...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: Sur l'essentiel, ça reflète votre
pensée des événements du jour?
M. Lemay: Oui, monsieur.
M. Rochefort: M. le Président, comment se fait-il qu'on
retrouve, dans la version du 19 décembre, dictée vers 18 h 30
nous dit-on, cotée sous D-20A, qu'on retrouve dans la version D-20B-1,
dictée et dactylographiée le 5 janvier dans son
entièreté", nous a dit le témoin, et j'ai noté, et
qu'on retrouve dans la version tapée dans la semaine du 5 au 9 janvier,
aux dires de ce que le témoin nous a dit tantôt...
Une voix: D-20B-2.
M. Rochefort: D-20B-2, excusez-moi, la phrase suivante - et
là, je lis D-20A, à la page ], dernier paragraphe: J'ai alors
communiqué avec le bureau de M. Garon et j'ai discuté avec la
secrétaire de ce dernier, Mme Louise Lecours. Je l'ai informée
que j'avais reçu un appel de M. Pagé m'informant que Je
gouvernement ne donnerait pas son consentement à la présentation
de notre projet de loi tant que l'Opposition ne donnerait pas - et le reste n'a
pas d'importance.
Le 19 décembre, M. le Président, première
mémoire du témoin, c'est "tant que l'Opposition ne donnerait pas
son consentement". Deuxième version, dictée et
dactyloqraphiée le 5 janvier, c'est "tant que l'Opposition ne donnerait
pas son consentement". Troisième version dactylographiée dans la
semaine du 5 au 9 janvier, ce qu'on retrouve, c'est "tant que l'Opposition ne
donnerait pas son consentement pour le projet de loi". Ce n'est qu'une fois
révisé par le témoin, selon son écriture, nous
a-t-il dit, après qu'il ait été dactylographié pour
une troisième fois dans la semaine du 5 au 9 janvier cette
fois-là, que là le témoin fait une correction, non pas de
forme, mais fondamentale dans sa mémoire...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, là vous
qualifiez...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député.
M. Rochefort: Je retire le "fondamentale", M. le
Président.
M. Filion: II retire le "fondamentale".
M. Rochefort: M. le Président, je retire le
"fondamentale". (21 h 45)
M. Doyon: Non, non, mais au-delà de ça, M. le
Président, au-delà de ça.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Nous venons d'avoir, M. le Président, une longue
tirade du député de Gouin. Comment se fait-il, et là, il
nous déroule le rouleau, etc., etc. Et là, il demande, on ne sait
pas ce qu'il veut demander et il prétend que c'est une correction
fondamentale, etc. Un instant, là!
M. Rochefort: J'ai retiré le "fondamentale".
Le Président (M. Lorrain): Je vais vous reconnaître,
je vais vous reconnaître.
M. Roehefort: J'ai retiré le "fondamentale", M. le
Président,
Le Président (M. Lorrain):... retiré le
"fondamentale", monsieur.
M. Rochefort: II est retiré.
Le Président (M. Lorrain): II l'a retiré.
M. Rochefort: II ne se passe rien là.
Le Président (M. Lorrain): Continuez votre question de
règlement. Après, je vais vous reconnaître.
M. Doyon: Oui, M. le Président, on est ici pour poser des
questions au témoin, on n'est pas ici pour plaider. Le temps des
plaidoiries viendra à un autre moment. On n'est pas rendu là. Si
le député de Gouin a à faire valoir, sur des documents qui
sont déposés, des conclusions, des considérations, ce
qu'il pense ce qui ressort de cela, il le fera valoir en temps et lieu. Ce
n'est pas le moment de faire cette tirade-là et les qaleries, ce n'est
pas le temps de tenter de les impressionner avec cela et de monter en
épingle ce qui est, finalement, des détails, des insignifiances
et là, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Pas de commentaire, pas de
commentaire.
M. Doyon: M. le Président, comment, pas de commentaire? Je
dis, M. le Président, que le moment n'est pas venu de faire ce genre de
plaidoierie là et que, essayer de prendre le témoin sur des
questions de détail comme il fait là, ce n'est pas ça qui
est le but de l'interrogatoire du témoin. On n'est pas rendu là,
M. le Président, et, M. le Président, vous ne pouvez pas laisser
continuer les choses de cette façon-là. C'est rendu, M. le
Président... Qu'est-ce qu'il se passe, actuellement, dans cette
commission-là, depuis qu'on a recommencé à
siéger?C'est qu'on fait l'exégèse des
documents. On part de comment un document vient au monde dans sa forme finale.
On le voit naître, on le voit sous la forme de brouillon, on le voit
corriger avec des écritures manuscrites et là on est en train de
faire le procès...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, vous avez fait une question de règlement parce que
M. le député de Gouin qualifiait certaines choses. Alors, je
voudrais vous entendre sur cette question. Si vous avez d'autres questions de
règlement, je voudrais que vous concluiez là-dessus.
M. Doyon: Ma question de règlement, M. le
Président, était sur la forme de question, bon, que faisait le
député de Gouin.
Le Président (M. Lorrain): Parfait!
M. Doyon: Et, là-dessus, la forme de question, et je
reviens à mon argumentation, c'est de l'exégèse de texte,
M. le Président, c'est de l'exégèse de texte et ce n'est
pas ça qu'est le but de la commission, ce n'est pas ça qu'est le
mandat de la commission. Ce n'est pas ça qu'est le mandat de la
commission.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, M. le
député de Louis-Hébert, le mandat a déjà
été déterminé par une question...
M. Doyon: M. le Président, le mandat de la commission
c'est d'examiner les gestes et on doit s'en tenir à ça, on n'en
sortira jamais.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, le mandat a déjà été
déterminé par une question...
M. Doyon: Alors, suivons-le.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je m'excuse, je
m'excuse. Je vais me charger de rappeler tout le monde à l'ordre si
quelqu'un sort du mandat» comme je l'ai fait tout à l'heure pour
M. le député de Gouin. Le mandat de la commission a
été déterminé par l'Assemblée nationale le
19 décembre dans le salon bleu et le mandat est écrit et tout le
monde ont copie de ce mandat. Il fait partie des minutes. On ne recommencera
pas à discuter du mandat. On va entendre une preuve sur le mandat.
Alors, maintenant, une dernière intervention sur la question de
règlement à l'effet que M. le député de Gouin a
porté des commentaires dans une question alors qu'il s'adressait
à Me Lemay. M. le député de Taillon,
M. Filion: Sur la question de règlement, le mot
"fondamentale" était de trop, vous avez raison.
Une voix: II a été retiré.
M. Filion: Le député devrait le retirer, ce qu'il
fait actuellement. Vas-y.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors. Non, j'ai d'autres
choses en tant que président à ajouter, par exemple. J'ai eu
beaucoup de difficulté...
M. Chevrette: Le mot "fondamentale" a été
retiré.
Le Président (M. Lorrain): Oui, là-dessus,
parfait.
M. Chevrette: Cela ne dispose pas de l'argumentation du
député de Louis-Hébert qui plaide pour dire que c'est
irrecevable parce que le député de Gouin a cité trois
textes qui est le mot "tant que", "tant que", "tant que", alors que, M, le
Président, dans la version finale qui est supposée être des
questions de forme, on ne retrouve plus "tant que", on retrouve "parce que".
C'est très différent et lui essaie de qualifier cela de
détail.
Le Président (M. Lorrain): Je m'en viens là, je
m'en viens là, je n'ai pas rendu ma décision.
M. Chevrette: Si lui n'a pas le droit de dire "fondamentale",
cela ne doit pas être un détail non plus.
Le Président (M. Lorrain): Permettez-moi de rendre ma
décision, je ne l'ai pas rendue et j'ai reconnu une intervention de
chaque côté. Je voudrais rendre ma décision sur la question
de règlement de M. le député de Louis-Hébert et je
ne l'ai pas encore rendue et je veux la rendre.
Dans un premier temps, M. le député de Gouin, vous ne
pouvez pas qualifier ou prêter quoi que ce soit, des intentions, à
monsieur. C'est retiré, c'est simplement une mise au point.
Quant à la question totale et, suite à la question que
vous avez posée, en tant que président de séance de cette
commission, j'ai eu, et je le fais remarquer à tout le monde, vous avez
tout le temps et vous pouvez en poser tant que vous voulez des questions, mais
j'ai eu beaucoup de difficultés, on était deux ici...
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, mais vous pouvez le
poser à quatre ou cinq étapes, quatre questions. Mais vous avez
nommé presque trois documents, je n'ai jamais été capable
de suivre. Et je ne pense pas que le témoin avait quatre ou cinq
documents et des paragraphes ou un bout de phrase ou tel que... C'était
extrêmement difficile. On est ici pour que Me Lemay nous éclaire
et adéquatement, mais moi-même je ne pouvais pas suivre. Je ne
peux pas qualifier les questions si je ne suis pas capable de suivre ces cinq
documents. Alors...
M. Lefebvre: Mais là, M. le Président, dans le
paragraphe, il y a plus qu'un mot qui a été modifié...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je n'accepte
aucune...
M, Lefebvre: Ah, bien oui!
Le Président (M. Lorrain):... autre intervention.
M. Lefebvre: Ah, bien ouii Vous le lirez. Vous les lirez, M. le
député de Gouin, vous les lirez comme il faut.
Le Président (M. Lorrain): Nous allons ajourner les
travaux, tel qu'entendu, à 19 heures lundi. J'espère qu'on a pris
bonne note des deux côtés des deux mentions que je viens de
mentionner quant aux questions, sinon on ne se comprendra plus. Je vous
remercie beaucoup.
Me Lemay, on reprend lundi - c'est une entente qui est intervenue -
à 19 heures seulement à la salle du Conseil législatif,
tel qu'on siégait cette semaine. Alors, je vous remercie beaucoup de
votre collaboration. Mais je suis obligé de vous demander, Me Lemay, de
revenir tel que demandé, il reste encore du temps d'interrogatoire,
à 19 heures lundi prochain.
Les travaux de cette assemblée sont ajournés à 19
heures lundi prochain. Je vous remercie.
(Fin de la séance a 23 h 51)