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(Dix-neuf heures dix minutes)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Nous allons débuter nos travaux. Vous me permettez. Alors, je
tiens à saluer les témoins qui se sont déplacés
encore une fois, ce soir. Je déclare maintenant que nous avons quorum,
avec le nombre de députés qui sont présents. Nous allons
continuer l'interrogatoire de Me Lemay.
Me Lemay, vous êtes toujours sur le même serment que la
semaine dernière. Celui qui avait la parole, qui vous interrogeait,
était M. le député de Gouin. Avant de céder la
parole, si vous me permettez, monsieur, M. le caméraman, si vous me
permettez. Nous avons commencé nos travaux et l'entente est à
l'effet que lorsque nous avons commencé nos travaux, il n'y a pas de
prise de son.
Alors, avant de céder la parole à M. le
député de Gouin, j'ai une demande. M. le leader de
l'Opposition...
M. Chevrette: Oui...
Le Président (M. Lorrain):... à quel sujet?
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Question de
règlement?
M. Chevrette: Oui. Je suis un petit peu mal à l'aise parce
que M. Lefebvre, qui est leader du gouvernement, m'avait laissé
entrevoir la possibilité d'un léger retard. Il m'avait
demandé, à ce moment-là, si j'y consentais, à
attendre un peu. vJe comprends que vous devez constater quorum, mais
vis-à-vis un peu l'engagement que j'ai pris face à lui, moi, je
suis un petit peu mal à l'aise de ne pas vous demander un ajournement
à moins que les ministériels disent qu'ils peuvent commencer.
Cela ne me dérange pas. Ce serait...
Le Président (M. Lorrain): Alors, je n'étais pas au
courant de cette entente.
M. Chevrette: C'est seulement... C'est les deux leaders qu'on
s'était parlé à ce moment-là. Et puis...
Le Président (M. Lorrain): Ron. Alors, on ne m'a pas mis
au courant de ça. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui a été
informé de la part de la formation ministérielle? M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Effectivement, M.
Lefebvre est pour être en retard, on ne sait pas trop. Il est 7 heures et
10, mais on n'a pas d'objection à ce que le député de
Gouin continue son interrogatoire...
Le Président (M. Lorrain): Commence.
M. Doyon:... et on va procéder normalement. M. Lefebvre va
se joindre à nous. Je remercie le leader de l'Opposition de nous offrir
de suspendre les travaux, mais on gardera ça pour une autre fois.
M. Paradis (Matapédia): C'était une délicate
attention, M. le leader de l'Opposition.
Témoignage de M. André Lemay
(suite)
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Gouin, vous avez la parole. Il vous reste exactement 9
minutes et 15 secondes d'interrogatoire et non pas de réponse, mais
d'interrogatoire en ce qui concerne le témoin, Me Lemay. Je vous
rappelle que j'aimerais que vous reposiez la dernière question,
peut-être différemment de celle que vous avez posée jeudi
soir dernier étant donné la décision et la
difficulté que j'avais à suivre peut-être la question. Mais
je vous demanderais de poser une nouvelle question à Me Lemay. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, merci, M. le Président. Ma
première question est la suivante: est-ce que, Me Lemay, vous
reconnaissez, dans votre premier mémo, que vous avez dicté le 19
décembre vers 18 h 30, nous avez-vous dit, que vous avez écrit
que le gouvernement ne donnerait pas son consentement à la
présentation de notre projet de loi tant que l'Opposition ne donnerait
pas le consentement pour le projet de loi sur le zonage agricole?
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous lui donner la cote,
s'il vous plaît, M. le député de Gouin, du premier
mémo'' II faut toujours procéder par cote et non pas premier,
deuxième...
M, Rochefort: D-20A, M. le Président. Le
Président (M. Lorrain): D?
M. Rochefort: 20A.
Le Président (M. Lorrain): D-20A, merci.
M. Lemay: C'est ce qui est écrit au dernier paragraphe de
la première page.
M, Rochefort: Est-ce que c'est ce que vous aviez
dicté?
M. Lemay: Écoutez, je ne sais pas si c'est ce que j'ai
dicté. Je reconnais que c'est ce qui est écrit.
M. Rochefort: Vous reconnaissez que le même mémo est
conclu par la phrase suivante: "représente fidèlement ce que je
me souviens en date du vendredi, le 19 décembre 1986, à 19
heures?
M. Lemay: Oui, monsieur.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Est-ce que, M.
Lemay, vous reconnaissez que, dans la pièce D-20B-1, mémo
dactylographié le 5 janvier et revu par vous après qu'il ait
été dactylographié, il est inscrit, à la page 4,
même chose: "M. Pagé (n'informant que le gouvernement ne donnerait
pas son consentement à la présentation de notre projet de loi
tant que l'Opposition ne donnerait pas le consentement pour le projet de loi
sur le zonage agricole. "
M. Lemay:... à la page 4, il n'y a pas eu de correction
entre le premier et le deuxième.
M. Rochefort: Vous reconnaissez que c'est ce même
mémo que vous concluez toujours: "Le présent texte
représente fidèlement ce dont je me souviens en date du vendredi,
le 19 décembre 1986, à 19 heures"?
M. Lemay: Mais c'est ce qui est écrit à ta
dernière page. Je vous ai expliqué que c'est un système de
traitement de texte déjà, en ce sens qu'il y a des paragraphes
qui sont reproduits sans modification. Quand j'indique une modification, je le
fais. Donc, le paragraphe qui dit: "Ça représente
fidèlement", c'est un paragraphe qui n'a jamais été
modifié.
M. Rochefort: Parce qu'il était toujours conforme.
M. Lemay: Écoutez, j'ai différents projets puis
j'ai un texte final. Le texte final, c'est mon texte final. Si je n'avais pas
eu besoin de faire des corrections, je n'en aurais pas fait; j'en ai fait des
corrections mineures et on y viendra, mais...
M. Rochefort: Puisqu'on retrouve au texte final la même
phrase, c'est donc que, quand on la retrouve sur la deuxième version,
c'est toujours conforme à ce que vous aviez dicté?
M. Lemay: Vous référez au texte final
là?
M. Rochefort: Mais, c'est parce que vous me dites: Sur mon texte
final, c'est ça qui est...
Le Président (M. Lorrain): Donnez la cote, s'il vous
plaît, du texte.
M. Rochefort: Le texte final, c'est D-20, M. le
Président.
Vous reconnaissez que le même mémo D-20B-1 est conclu de la
même façon: "Ceci représente... Le présent texte
représente fidèlement ce dont je me souviens en date du vendredi,
19 décembre 1986 à 19 heures?
M. Lemay: Je ne comprends pas le sens de votre question.
M. Rochefort: Je veux savoir si vous reconnaissez que le
document, tel que je viens d'en lire des extraits, est le document que vous
aviez dicté et revu.
M. Lemay: Les documents, vous les avez tous. Vous avez tous les
exemplaires, puis vous avez un texte final. L'objectif du mémo, c'est
d'avoir un mémo qui représente fidèlement ce dont je me
souviens, etc.
Dans les cas où j'ai corriqé un mot ou deux,
c'était pour que cela reflète fidèlement ce dont je me
souvenais. Mais la phrase elle-même, je me souviens, c'est l'objectif que
j'ai toujours eu à l'esprit et cette phrase a été
évidemment conservée dans chacun des mémos. C'est un
système de traitement de textes. Ce paragraphe-là, je n'avais pas
d'affaire à le changer.
M. Rochefort: C'est parce qu'il était toujours conforme
à ce que vous aviez écrit la première fois.
M. Lemay: Ce paragraphe-là, oui.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, je vous soumets que la
façon dont le député de Gouin dit: "Parce qu'il
était toujours conforme", ce n'est pas une façon de poser une
question au témoin. Si on a une question à lui poser, qu'on lui
pose une question, mais
qu'on n'arrive pas avec "parce que". Le témoin, il lui reste tout
simplement à abonder dans le sens du député de Gouin. Ce
n'est pas comme cela qu'on interroge un témoin.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, évidemment on a
plusieurs documents qui nous ont été remis et qui ont
précédé dans le temps l'exhibit D-20. Ces textes-là
ont été faits à différentes périodes. Je
pense que cela a été précisé la dernière
fois. Et ce qu'il y a de particulier dans l'ensemble des textes et ce sur quoi
le député de Gouin essaie d'obtenir des éclaircissements
du témoin, c'est que le dernier paragraphe dit toujours: "Le
présent texte représente fidèlement ce dont je me souviens
en date du vendredi, 19 décembre 1986, à 19 heures. J'ai
apporté des corrections pour compléter ce texte au retour du
congé des fêtes. " C'est ce qu'il y a de particulier.
M. Doyon: Question de règlement.
M. Filion: Non, non. C'est précisément
là-dessus qu'interroge le député de Gouin. C'est
là-dessus qu'interroge le député de Gouin. Il essaie de
savoir du témoin comment il se fait que tous les textes qui ont
été produits par le témoin représentent
fidèlement ce dont il se souvient en date du 19 décembre 1986
à 19 heures.
Le Président (M. Lorrain): Un intervention, s'il vous
plaît!
M. Filion: Je pense que c'est très clair. C'est ce que le
témoin devra expliquer à la suite des questions qui lui sont
formulées par le député de Gouin.
Le Président (M. Lorrain): Bon. C'est
terminé? Je suis prêt à rendre ma
décision. Il y a eu une intervention de chaque côté.
À plusieurs reprises, je suis intervenu. On n'a pas à conclure
pour le témoin; on n'a pas à porter de jugement pour le
témoin; on n'a qu'à poser des questions directes. Je pense que le
témoin, Me Lemay, vient de nous expliquer qu'il a déposé
toutes ces versions. Il s'est servi et à plusieurs reprises, il l'a dit
depuis quelques jours et il l'a répété très
clairement après le dépôt des versions jeudi soir -
appelons cela des copies - qu'il s'était servi de la version finale pour
rendre son témoignage depuis plusieurs jours ici devant la
commiseion.
On n'a pas à constater ou à porter des jugements pour le
témoin ou à lui faire penser... posez des questions directement,
toutes les pièces qui ont été déposées jeudi
font partie de la preuve, et le témoignage de Me Lemay fait partie de la
preuve. À la fin, quand on aura terminé avec tous tes
témoignages des témoins, on jugera, on portera vraiment un
jugement et on pondérera, s'il le faut, les témoignages ou les
documents en regard des documents qui ont été
déposés. Pour le moment, posez des questions directement et
limitez-vous à cela, s'il vous plaît, M. le député
de Gouin.
M. le député de Gouin, vous avez la parole.
M, Rochefort: M. le Président, est-ce que Me Lemay
reconnaît que dans la troisième version, cotée D-20B-2,
dactyloqraphiée dans la semaine du 6 au 9 janvier, on retrouve, à
la paqe 4, la phrase suivante: "J'ai reçu un appel de M. Pagé
m'informant que le gouvernement ne donnerait pas son consentement à la
présentation de notre projet de loi tant que l'Opposition ne donnerait
pas son consentement pour le projet de loi sur le zonage agricole. "
Mémoire qui est conclu de la même façon que les autres. "Le
présent texte représente fidèlement ce dont je me souviens
en date du vendredi 19 décembre 86, à 19 heures. "
M. Lemay: Vous me demandez si je reconnais que...
M. Rochefort: Que c'est ce qu'il y a là, que c'est ce que
vous avez dit.
M. Lemay: Le document D-20B-2, ce n'est pas exact, c'est
corrigé à la main, il y a une correction pour...
M. Rochefort: Non, excusez, on est à la troisième
version; on va y arriver aux corrections, après.
M. Lemay: II n'y a pas trois versions.
Le Président (M. Lorrain): La cote, s'il vous plaît!
Je ne voudrais pas qu'on se comprenne pas, donnez toujours la cote du document
que vous référez, tout le temps.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, sur une question de règlement.
M. Rochefort: Êtes-vous en train de me dire que je n'ai pas
donné la cote de ce document?
Le Président (M. Lorrain): Pardon?
M. Rochefort: Est-ce que vous êtes en train de me dire que
je ne l'ai pas donnée, la cote, quand je l'ai lu?
Le Président (M. Lorrain): Non, mais vous dites version,
vous dites toujours deuxième ou troisième version.
M. Rochefort: Non, non, non, non, j'ai nommé la cote, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais ne pariez pas de
version, donnez la cote. J'ai peut-être mal saisi, à l'avenir,
pour tous les...
M. Rochefort: J'ai toujours parlé des cotes, M. le
Président.
Le Président (M- Lorrain): Bon, alors, nommez la cote
clairement et répétez-la, s'il vous plaît, pour mon
bénéfice.
M. Rochefort: D-2OB-2, c'est sur mon temps, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Allez-y, allez.
M. Rochefort: Donc, vous reconnaissez, dans le document
tapé par votre secrétaire -on reviendra à vos corrections
- dans le troisième document, coté D-20B-2, it est inscrit: "Ne
donnera pas son consentement à la présentation de notre projet de
loi tant que l'Opposition ne donnerait pas son consentement pour le projet de
loi sur le zonage agricole. "
M. Lemay: C'est à la page 4, là? M.
Rochefort: Oui.
M. Lemay: Où il y a une correction manuscrite.
M. Rochefort: Oui, mais je vous parle d'avant la correction
manuscrite parce que le texte a été tapé par votre
secrétaire une troisième fois tel quel.
M. Lemay: II n'y a pas de troisième fois. Le document
D-20B-1 et le document D-20B-2 sont des documents identiques au niveau
dactylographie, c'est une photocopie un de l'autre. Mais sur le
deuxième, je vous l'ai expliqué, D-20B-2, la seule
différence qu'il y a par rapport à D-20B-1, c'est qu'il y a des
corrections manuscrites qui se reflètent dans un texte
dactylographié qui a été reproduit comme D-20C. C'est pas
une troisième copie, c'est une photocopie de l'autre avec des
corrections manuscrites.
M. Rochefort: M. le Président, si, entre D-20A, D-20B-1,
D-20B-2, D-20C, il y a des différences, c'est donc que, lorsqu'il n'y a
pas de différence, c'est que ça n'a pas été l'objet
de corrections de la part du témoin.
M. Lemay: Vous posez la question au président ou à
moi? Vous dites M. le Président.
M. Rochefort: C'est parce que la procédure veut qu'on
passe par le président pour vous adresser une question.
M- Lemay: Ah! Excusez.
Le Président (M. Lorrain): Allez, Me Lemay.
M. Lemay: Reprenez, je n'ai pas compris. Je n'ai pas porté
attention, je pensais que c'était une directive que vous demandiez.
Le Président (M. Lorrain): Je ne veux surtout pas
témoigner.
M. Lemay: Non, non, mais...
M. Rochefort: M. le Président - je réadresse ma
question à Me Lemay reconnaissez-vous qu'entre D-20A, D-20B-1, D-20B-2,
D-20C, lorsqu'il y a modifications, c'est parce qu'il y a eu corrections de
votre part et que, lorsqu'il n'y a pas corrections et pas de
différences, c'est donc que vous avez maintenu la version?
M. Lemay: Regardez, je pense que c'est le mécanisme de
rédaction de mes projets qui est peut-être mal compris. Je vais le
reprendre brièvement. Le document D-20A, ça concerne les
événements du 19; ça a été dicté le
19. O. K. ? Le document D-20B-1 -O. K. ? - ce que j'ai complété,
c'est que j'ai fait un rassemblaqe - si vous me permettez l'expression - j'ai
dicté une nouvelle partie en avant pour résumer le mandat que
j'avais eu, les démarches que j'avais faites, puis j'ai ajouté
à ça, sans apporter de corrections ou presque, le texte qui avait
déjà été dicté. Ensuite, j'ai fait une
correction d'ensemble qui apparaît de façon manuscrite sur
D-20B-2; c'est la première correction d'ensemble. J'ai dit, là,
faut que je l'écrive comme il faut, autrement dit, mettre des titres,
corriqer les fautes, etc., puis, ce document-là, D-20B-2, a
été... Le résultat de ça, c'est ce qui est
dactylographié comme D-20C. Ça, c'est le document qui, à
mon avis, reflétait ce qui était la réalité. Avant
de le mettre au propre de façon définitive pour le relier, j'ai
refait une lecture, puis j'ai fait deux petites corrections, je pense. Je vous
ai parlé de la question de l'après-midi, etc., _ avant de le
mettre "final", entre guillemets. Mais, entre le premier document puis le
dernier - je les ai revus, je les ai relus -substantiellement, c'est la
même chose. J'ai pu changer un mot de place ou non, mais,
substantiellement, c'est la même chose et la partie importante, la partie
que j'ai pris la
peine de mettre entre guillemets sur le premier memo, allez voir tous
les memos et ça ne change pas. En tout cas, je ne pense pas, à
moins qu'il y ait une virgule qui change. Substantiellement, il n'y a pas
trois, quatre versions différentes. C'est des ajustements parce que j'ai
mis ça au propre. Normalement, ces documents, c'est des brouillons qu'on
jette mais dans mon cas je les ai gardés au dossier et par
honnêteté je les ai tous amenés, tous mes brouillons. Si
vous me tirez des arguments au niveau du deuxième brouillon, c'est-tu
bien ce que vous vouliez? Le projet final qui, à mon avis, sans erreur
cléricale ou autres, reflète mon opinion, c'est le document que
j'ai déposé, c'est un document final. Je vous dis qu'à mon
avis ça correspond à 99 % aux idées qui apparaissent et au
texte qui apparaît dans le premier memo. Entre les deux, y a-t-il un mot
qui est là, qui n'est pas là? On peut en discuter, mais j'ai pris
la peine de faire un texte final. Si vous me dites: Bien là, vous auriez
pas dû. Écoutez! à mon avis c'est identique au niveau du
sens profond.
M. Rochefort: Pourquoi, à votre quatrième
révision du texte, avez-vous corrigé "tant que" par "parce
que"?
M. Lemay: Premièrement, monsieur, ce n'est pas une
quatrième révision du texte. Je viens juste de vous expliquer que
j'ai fait un recollage entre une première partie et une deuxième
partie et ensuite, j'ai fait une correction que vous avez de façon
manuscrite et que vous avez de façon dactylographiée. Il y a une
correction qui est faite en réalité, sauf la dernière
correction, la question de l'après-midi que je vous avais dit. Une
erreur cléricale. Là, vous me demandez: Pourquoi le "tant que",
"parce que"? Ce n'est pas compliqué. Premier point, si vous allez au
premier memo D-20A, quand on lit le texte que je dis être: "ce dernier
-en parlant de M. Pagé m'a tenu substantiellement les propos suivants"
j'indique que la loi ne passe pas parce que l'Opposition a refusé de
donner son consentement au motif de. J'ai déjà expliqué,
là. Bon! M. Garon ne suit pas la ligne du chef, etc.
Le Président (M. Lorrain): Si vous permettez, Me Lemay,
pour la bonne compréhension de tous, à quelle page sur votre
D-20A et quel paragraphe"?
M. Lemay: La page 1, M. le Président. Ce serait le
quatrième paragraphe qui commence par - entre guillemets - "
André, je veux t'informer que nous avons eu une réunion en
comité ce matin, etc. " Vous voyez, à la troisième ligne
de ce paragraphe-là, "parce que l'Opposition refusait". Ce
texte-là n'a pas changé. Quand j'ai eu à faire une
correction manuscrite que j'ai faite sur le document D-20B-2 qui a
été reproduite en dactylographie sur D-20C, j'ai dit: Est-ce que
les mots que j'emploie, ça reflète bien la situation? Puis, quand
j'ai vu "tant que", j'ai dit: C'est pas ça; c'est pas "tant que", parce
que... Je relis en haut, c'est "parce que". Autrement dit, il n'y a pas
d'élément conditionnel, puis je me souvenais très bien, au
moment de la correction, je me souvenais très bien qu'il y avait pas de
condition dans l'information que j'avais eue. La décision était
prise que la loi ne passait pas. C'est d'ailleurs ce que M. Garon a dit en
Chambre ici. Â l'Assemblée, il dit: Me Lemay m'a dit que
c'était définitif. Il y avait pas de "tant que". Le mot "tant",
ça ne reflétait pas ce que j'avais dit. Ça concordait pas
au restant du mémo. J'ai dit: Bien là, c'est un terme que j'ai
mal utilisé; je corrige le "tant" par un "parce que". C'est la seule
explication. Autrement dit, pour que ce soit logique avec le texte que j'avais,
pour que ce soit logique avec ce que j'avais dit, et là je constate que
c'est logique avec ce que M. Garon avait compris.
M. Rochefort: Vous nous dites: Parce que ça concordait pas
avec le reste du mémo, pour être logique avec le reste du
mémo. Mais reconnaissez-vous que la première fois que vous avez
dicté ce qui s'est passé dans la journée du 19, que vous
avez répété à quatre personnes, que vous concluez
comme étant, représentant fidèlement ce que je me souviens
en date du vendredi 19 décembre 86 à 19 heures, ce n'est pas
"parce que", mais "tant que".
M. Lemay:... dans le premier mémo, D-20A, si vous allez au
quatrième paragraphe...
M. Rochefort: Moi, je suis au sixième paragraphe, le
dernier en bas de la page 1. (19 h 30)
M. Lemay: Mais je vous dis que c'est ça qui est
écrit, puis je l'ai corrigé. Il me semble que c'est clair.
M. Rochefort: Qu'est-ce qui est intervenu entre les deux pour que
vous le corrigiez?
M. Lemay: II est intervenu un souci d'honnêteté, un
souci de franchise, puis je me suis dit: Ce que j'ai écrit là, il
y a un terme qui ne reflète pas la situation parce que la situation est
reflétée ailleurs dans le texte de façon non
équivoque, puis ça a été confirmé par M.
Garon dans son témoignage à l'effet que ça jamais
été conditionnel, une information que j'ai reçue, une
information que j'ai véhiculée, c'est que la décision, la
loi ne passait pas. Il y avait pas de "tant que" ou autre chose.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que Me Lemay avait
pris connaissance du Journal des débats, lorsqu'il a fait la
correction de "tant que" par "parce que"?
M* Lemay: Je me souviens pas. Le Journal des débats,
les vérifications que j'ai faites, c'est que, en fait on l'appelle
Journal des débats. Ce que j'ai comme texte en
réalité dans mon dossier, c'est que j'ai jamais eu le Journal
des débats. Ce que j'ai, c'est les galées, que vous
appelez...
M. Rochefort: Même chose.
M. Lemay:... même chose, mais le papier que j'ai, c'est les
galées. Puis le texte que j'ai des galées qui m'a
été, que j'ai reçu, c'est un texte sur lequel il y a des
corrections manuscrites par le service d'impression ou autres; je ne sais pas.
Ce n'est pas le texte final et c'est un texte que nous avons reçu au
bureau le 5 janvier.
Mais si vous me demandez si j'ai lu en entier puis j'ai essayé de
comparer et d'ajuster mon mémo par rapport au texte de ce qui s'est dit
en Chambre, d'aucune façon, d'aucune façon.
M. Rochefort: Mais vous reconnaissez qu'il est possible que vous
ayez corrigé votre texte après avoir pris connaissance du
Journal des débats.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur une question de règlement, M. le député
de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, on est en train d'interroger le
témoin sur des hypothèses et des possibilités. Vous
reconnaissez qu'il est possible que vous ayez fait ci. Si on veut... (panne
d'électricité)... du témoin, qu'on lui pose des questions
sur ce qu'il a fait, sur ce qui est arrivé, les gestes qu'il a
posés, pas sur il est possible que vous ayez fait telle chose. C'est pas
des questions qui sont acceptables, M. le Président, parce que, il est
possible que Me Lemay ait fait toutes sortes de choses. Ça, les
possibilités sont très vastes et l'évantail des
possibilités est énorme. Mais c'est pas çà qui
intéresse cette commission. Ce qui nous intéresse, c'est les
faits. Pas- des hypothèses, pas des peut-être, pas des
possibilités. Çà nous prend des questions qui vont nous
permettre de savoir ce qui s'est passé réellement. Moi, je
comprends pas que le député de Gouin qui reçoit des
réponses qui font pas son affaire...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon:... s'acharne, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Un instant, M. le Président.
M. Filion: Je vois que le député de
Louis-Hébert s'en va sur la question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert,
M. Doyon: Un instant, M. le Président. J'ai pas fini.
M. Filion: II est en train d'être le premier de la semaine
à passer outre...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement.
M. Filion: Sur la question de règlement, le
député de Louis-Hébert, là, vous voyez le
début de son intervention, ce à quoi il venait, il est en train
d'être le premier à manquer encore une fois à une de vos
directives, à savoir cesser d'interpréter, cesser de tirer des
conclusions et précisément la phrase qu'il allait dire, M. le
Président, allait dans le sens d'une des directives que vous avez
émises à plusieurs reprises. C'est pas la place pour conclure
ici. C'est pas la place pour argumenter. C'est pas la place pour dire vos
questions sont bonnes ou pas bonnes ou peu importe. C'est la place pour poser
des questions et avoir des réponses.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, M. le
député de Louis-Hébert, je vais vous reconnaître sur
la même question de règlement. Mais n'interprétez pas ce
que tente de faire un autre de nos collègues ici devant la commission de
l'Assemblée nationale. Faites votre point de droit sur la question. Si
la question qui était posée n'était pas fondée en
droit...
M. Doyon: Laissez-moi faire. Je vais la faire, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Limitez-vous à
ça, mais aucun commentaire. Finissez sur votre question de
règlement.
M. Doyon: Si vous me donnez la chance de la faire, M. le
Président, ça va me faire plaisir.
Le Président (M. Lorrain): Après, je vais
reconnaître sur votre question de règlement un membre de
l'Opposition officielle.
M. Doyon: M. le Président, moi, ce qui m'échappe
là-dedans, c'est que quelqu'un
pose des questions à un témoin sur des
possibilités. J'essaie de savoir en quoi ça peut
intéresser cette commission de savoir les possibilités de ci et
de ça. C'est pas moi qui pose les questions est-ce que c'est possible
que vous auriez fait ci, vous auriez fait ça? Que le
député de Gouin ne se mette pas dans une situation où on
puisse interpréter ses propos et on le fera pas. Qu'on pose des
questions directes, honnêtes, qui font appel à la franchise,
à l'honnêteté du témoin, on n'a aucun
problème avec ça. Mais qu'on essaie continuellement de le prendre
en défaut avec des supposées possibilités, M. le
Président...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon là, je vous
arrête.
M. Doyon:... c'est inacceptable. On ne laissera pas passer
ça, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, je vous arrête. Je vous arrête.
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon: D'aucune façon. Ç'a assez
duré.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, ça allait très bien sur votre question de
règlement, M. le député de Gouin, jusqu'à votre
dernier commentaire.
M. Rochefort: Bon.
Une voix: Louis-Hébert,
Le Président (M. Lorrain): Non, c'est terminé. M.
le député de Louis-Hébert. Je vais maintenant
reconnaître une intervention sur la question de règlement qui a
été soulevée par M. le député de
Louis-Hébert de la part de la formation de l'Opposition. Une
intervention par question de règlement.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion: Pour comprendre le sens de la dernière question
du député de Gouin vous devez vous référer, ce dont
est sûrement capable le député de Louis-Hébert,
à l'avant-dernière question qu'il a posée qui était
la suivante: Est-ce que vous avez pris connaissance du Journal des
débats ou des galées après ou avant la correction
manuscrite apportée à D-20B-2? Le témoin a dit quelque
chose qui ressemble à -' je me souviens pas de ses mots moi-même -
mais je me souviens pas ou... Je le sais pas ou... En tout cas, un mot comme
celui-là. Ou je me souviens pas ou je le sais pas... C'est clair
qu'à ce moment-là, n'importe quel député peut, je
ne dis pas par 48 questions, mais par 1 ou 2 ou 3 questions tenter de lui
rafraîchir sa mémoire, tenter de faire préciser un
témoignage qui, par ailleurs, demeure flou à cause de "je ne me
souviens pas" ou "je le sais pas". Or, donc, pour comprendre la question de
règlement du député de Louis-Hébert qui est hors
d'ordre, il faut se replacer non pas à la dernière
question...
Le Président (M, Lorrain): Je vais rendre ma
décision sur la question de règlement.
M. Filion:... mais à l'avant-dernière question.
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît, sur la question de règlement pour que je puisse rendre ma
décision.
M. Filion: C'est ça. Donc, vous devez interpréter
non pas uniquement la dernière question, mais l'ensemble, en
particulier, l'avant-dernière question du député de
Gouin,
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, je vous remercie.
Je suis prêt à rendre ma décision. La question
précédant... l'avant-dernière question de M. le
député de Gouin: Me Lemay, est-ce que vous avez pris connaissance
du Journal des débats entre le changement "tant que" et "parce
que"? La dernière question de M. le député de Gouin, c'est
s'il était possible que il soit arrivé quelque chose. Je vous
demande et je répète encore une fois, tout ce que dira Me Lemay
et tout ce que diront tous les autres témoins et tout ce que
déposeront tous les autres témoins, nous passerons nos
commentaires lors de l'argumentation. En attendant, posez des questions
directement. Il est là. Il va rester ici tant qu'on va avoir des
questions à lui poser. Posez des questions directement au témoin,
mais ne lui demandez pas des possibilités. Il peut y en avoir 40 000
possibilités.
M. Filion: Bien!
Le Président (M. Lorrain): S'il ne le sait pas, il ne le
sait pas. S'il a pris connaissance, il a pris connaissance. Posez-lui
directement. Il va vous dire oui ou non ou je ne m'en rappelle pas. Peu
importe, mais, posez des questions directement. Sinon, on n'en sortira pas. M.
le député de Gouin, votre question.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Est-ce que Me Lemay
pourrait nous dire quelle différence il fait entre "parce que
l'Opposition ne donnerait pas" et "tant que l'Opposition ne donnerait pas"?
M. Lemay: Vous soulevez une question d'opinion là. Je ne
sais pas, je ne voudrais pas me faire reprocher de donner des opinions. Ce
que... faut que je vous dise puis ce que je vous dis plusieurs fois, c'est
qu'au quatrième paragraphe du premier memo -O. K. - j'ai indiqué
clairement l'information que j'avais reçue et c'est l'information que
j'ai véhiculée et c'est l'information qui a été
comprise par M. Garon. Quand j'ai fait ma correction pour avoir de quoi
là, un propre, autrement dit, final, je n'ai jamais changé le
premier paragraphe parce que le paragraphe 4 du premier document correspondait
à ce que je me souvenais. Quand j'ai constaté qu'au paragraphe
auquel vous faites référence il y avait le mot "tant que", mais
j'ai dit: C'est pas ça. Il n'y avait pas de condition.
La différence c'est que le "tant", il y a une condition, "tant
que", il y a une condition, ça peut sembler conditionnel. Alors que le
"parce que", bien, c'est une affirmation. Autrement dit. C'est de même
que je le comprends.
M. Rochefort: Êtes-vous bien certain qu'à M.
Carrier, à M. Lessard, à Mme Lecours et à M, Garon, vous
avez répété et retransmis "parce que" plutôt que
"tant que"?
M. Lemay: À M. Garon, oui. Aucune hésitation. Aux
autres, écoutez, mon souvenir, j'ai rapporté ce que j'ai
écrit. Ce que j'ai écrit dans le message que j'ai pris la peine
de mettre entre guillemets.
M. Rochefort: Comment expliquez-vous alors que M. Carrier, lors
de son témoignage, nous dise et je cite: À cause de la pression
qui nous a été faite. Il parle de pression.
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Je vais entendre la
question et je vais vous reconnaître, question de règlement.
Voulez-vous compléter votre question, s'il vous plaît, M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Je vais la compléter. Le Président
(M. Lorrain): Oui, allez.
M. Rochefort: Alors, je répète ma question, M. le
Président, à Me Lemay. Comment expliquez-vous que M. Carrier,
lors de son témoignage, et je le cite au texte, nous parle de pression?
Il dit: À cause de la pression qui nous a été faite.
Comment expliquez-vous...
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je n'accepte pas la question.
Vous n'avez pas besoin de faire la question de règlement. Il n'a pas
à commenter le témoignage de M. Carrier...
M. Doyon: Ça parle tout seul.
M. Filion: Sur la question de règlement.
Le Président (M, Lorrain): Je m'excuse. Je m'excuse. Je
m'excuse.
M. Filion: Juste avant que vous rendiez...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse.
M. Filion:... votre décision.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse.
M. Chevrette: II n'y en a pas de question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Reformulez votre
question, M. le député de Gouin. Si vous demandez à
commenter, ou comment est-ce qu'il explique ce que M» Carrier a pu dire,
on n'a pas à savoir ce que M... Demandez à ce que M, Carrier,
lui, comment il a vu la chose et non pas les témoignages des autres ou
les preuves qui ont été apportées par les autres.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le leader de l'Opposition...
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Chevrette: Oui, je voudrais vous demander - c'est une
directive en même temps - c'est que le témoin se permet, lui,
depuis tantôt, de dire qu'il est sûr que Garon a bien compris.
Bien, Garon, il n'a pas plus à interpréter M. Garon dans ses
réponses, si on n'est pas capable de poser des questions sur comment,
quelle évaluation que M. Carrier peut avoir eu des paroles de M.
Lemay.
Il me semble que vous ne pouvez pas avoir deux poids, deux mesures,
à mon point de vue, M. le Président, et je ne dis pas ça
à la présidence. Est-ce qu'on doit, nous autres, à ce
moment-là, vous poser une question de règlement si le
témoin réutilise
l'interprétation d'un témoignage ou des autres ou si c'est
à la présidence de le faire? Je voudrais le savoir, parce que
ça fait trois fois que ça me tente de poser une question de
règlement. Le témoin affirme depuis tantôt, monsieur: Garon
a bien compris. Je suis bien sûr, dans le cas de Garon, qu'il a bien
compris. Je suis bien sûr que c'est ça qu'il dit. C'est bien
sûr que c'est ça que j'ai dit. Il m'apparaît, M. le
Président, que si vous ne le tolérez pas pour un membre, encore
bien moins le témoin. Il n'est pas là pour interpréter, il
est là pour répondre à des questions, et je pense bien
qu'il comprend le sens de mes propos.
M. Doyon: Sur la même question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président, le leader serait
justifié de faire cette question de règlement si le témoin
avait affirmé: Je suis sûr que M. Garon a bien compris, etc., etc.
Ce n'est pas ça qu'il dit. Il dit: Je suis sûr que c'est ça
que j'ai dit à M. Garon. II rapporte ce qu'il sait, ce qu'il se souvient
très bien d'avoir dit à M. Garon, C'est tellement vrai, M. le
Président, qu'il dit, en ce qui concerne M. Lessard et M. Carrier:
Ecoutez, il faut que je m'en réfère à mon mémo.
J'imagine et je crois que j'ai dit la même chose à M. Lessard et
à M. Carrier que j'ai dite à M. Garon, mais, une chose que je
sais, dit le témoin. II ne dit pas que je suis certain que M. Garon m'a
bien compris à ce sujet-là, il dit: Je suis certain que je lui ai
dit ça à M. Garon, parce que. C'est toute la différence du
monde, M. le Président.
Le témoin n'interprète aucunement, M. le Président,
aucunement, la façon dont ses propos ont été
interprétés ou compris par qui que ce soit. Tout ce que le
témoin dit, c'est, en ce qui concerne le député de
Lévis: Je sais que je lui ai dit ça. I! est honnête en
disant, en ce qui concerne M. Carrier et M. Lessard, il dit: Je ne vois pas
pourquoi je ne leur aurais pas dit la même chose, mais il est moins
affirmatif à ce sujet-là, et c'est toute ta différence du
monde. Le député de Gouin enchaîne en disant: Comment
expliquez-vous que M. Lessard nous dise, nous parle, de pression, ou M. Carrier
nous parle de pression, etc. ? C'est là-dessus, M. le Président,
que vous avez rendu votre décision en disant que le témoin n'a
pas, d'aucune façon, à interpréter ou à expliquer
les témoiqnages de d'autres témoins, et ça va de soi. Le
témoin ne l'a pas fait en ce qui concerne le député de
Lévis; il a tout simplement dit: Je sais ce que j'ai dit au
député de Lévis et ce que j'ai dit au député
de Lévis, c'est parce que. Ça, c'est ce que le témoin a
dit. En disant ça et en faisant ça, il n'interprète
aucunement, aucunement, M. le Président, les propos du
député de Lévis. Ça sera à la commission de
le faire en temps et lieu.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement qui a été soulevée par M. le leader de
l'Opposition, et sur laquelle vous êtes intervenu, M. le
député de Louis-Hébert, il est vrai que je n'ai pas permis
dans le passé et je ne permettrai pas non plus qu'aucun témoin
vienne porter des jugements sur des parties de témoignage ou des faits
qui ont pu être racontés ou qui ont pu être vécus par
d'autres témoins.
La même chose - et ça, ça fait plusieurs questions
de règlement sur lesquelles j'ai été obligé
d'intervenir et qui ont été soulevées de part et d'autre -
aucun des membres de cette commission ne peut porter des jugements sur des
parties de témoignage ou des faits qui ont été
recontés ici devant la commission.
Si ç'a échappé aux membres de cette commission et
si ça m'a échappé que Me Lemay ait pu porter un jugement,
ça ne compte pas, parce que, tout à l'heure, ceux qui vont lire
les qalées et qui vont décider de se faire une idée sur
tous les témoignages et les faits rapportés, ce sont les membres
de cette commission. Ça ne permet pas, parce qu'on fait un oubli une
fois... Mot, j'ai entendu à plusieurs reprises et c'est possible que Me
Lemay - ici, on ne se rappelle pas de tout et je pense que tous et chacun aussi
- ait dit à plusieurs reprises: M. Garon est venu dire. Mais si vous
avez dit dans le passé, dans les qalées, Me Lemay, que vous
pensez que M. Garon a porté un jugement, il pensait ou il voyait
ça comme ça, ça ne sera pas retenu et on n'acceptera pas.
Je n'accepterai pas qu'aucun membre de cette commission porte des jugements ou
un témoin.
Alors, posez votre question, M. le député de Gouin, sans
demander de jugement sur les parties de témoignage de M. Carrier ou d'un
autre témoin.
M. Rochefort: M. le Président, ma question à Me
Lemay est la suivante: Me Lemay, êtes-vous au courant que, suite à
vos communications téléphoniques postérieures à
l'appel de M. Pagé à votre endroit, M. Carrier, lui, a dit en
commission: à cause de la pression qui nous a été faite.
M. Lessard, lui, suite au téléphone qu'il a eu avec vous, dit, et
je cite: D'ailleurs, ça m'étonne un petit peu que M. Carrier
m'ait prêté la
capacité d'influencer notre député. Que Mme Lecours
aurait parlé de chantage ou vous, selon vos mémos, que M. Garon,
lui, a compris cela comme une pression, une tentative de menace et de pression
indue sur sa personne. (19 h 45)
Êtes-vous conscient qu'à la suite de toutes vos
communications téléphoniques, les personnes à qui vous
avez parlé ont considéré qu'il s'agissait de pression,
d'influence, de chantage ou de pression indue sur un député?
Alors, je vous repose ma question: Êtes-vous certain que vous avez dit
"parce que" et non "tant que" à toutes ces personnes.
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Oui, M. le député
de Saite-Anne, sur une question de règlement.
M. Polak; M. le Président, c'est la même question que tout
à l'heure. On demande au témoin de donner une opinion. On ne peut
pas faire indirectement ce qu'on a défendu de faire directement. C'est
exactement le même problème. Et le fait pas pour eux-mêmes
si tel et tel témoin a dit telle et telle chose, dans l'argumentation on
en parlera, mais ce n'est pas au témoin de donner de commentaires
là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, une dernière intervention, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, la question est assez
claire. S'il demande: Etes-vous certain que vous avez dit à ces quatre
témoins dont vous êtes l'origine à cause de votre premier
téléphone, êtes-vous certain que? Le
témoin va dire: Je suis certain, je suis pas certain ou je suis plus ou
moins certain ou je ne me rappelle pas. Vous allez dire: Voyons. La question
est très objective. Je ne vois pas du tout où s'en va le
député de Sainte-Anne avec la question de règlement
là-dessus, si ce n'est que... je ne le dirai pas parce que je n'ai pas
le droit.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que c'était
très clair. La question qui est posée. Oublions tout le
préambule. Il était peut-être long puis peut-être que
des fois il y avait des... L'important c'est: Êtes-vous certain que vous
avez dit "tant que" ou "parce que" et c'est monsieur qui l'a écrit et
c'est monsieur qui l'a dit. La question est acceptable, M. le
député de Gouin. Posez-la.
M. Rochefort: Elle est posée.
M. Lemay: Vous avez deux questions à votre question. Vous
avez dit: Les autres parlent de pression, d'influence, etc. Je ne sais pas
si... Avez-vous une question précise ou s'il faut que je réponde
aux deux aspects de la question?
M. Chevrette: M. te Président, s'il vous plaît, je
vais vous demander une question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous
répéter, s'il vous plaît, pour le bénéfice du
témoin votre question, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Sur une question de règlement?
Le Président (M. Lorrain): Non, non. La question. La
différence entre "tant que" et "parce que" s'il est certain...
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu de tout ce que
j'ai présenté comme réaction, les quatre personnes
à qui Me Lemay a parlé suite au téléphone de M.
Pagé, je lui redemande une nouvelle fois s'il est certain qu'il a dit
à chacune de ces quatre personnes: "parce que" plutôt que "tant
que".
M. Lemay: Dépendamment des réactions, parce que je
n'ai pas à juger les réactions qu'on m'a dit... des gens, mais je
vous dis que je suis d'avis que j'ai dit à tous les interlocuteurs
"parce que". C'était clair, à mon avis, que la décision...
J'étais informé que la loi ne passait pas parce que. Il n'y avait
pas de "tant que".
M. Rochefort: Puisque vous nous affirmez que dans votre esprit
cela a toujours été "parce que", pourquoi avez-vous fait des
suggestions à M. Garon à l'effet de vous et vos clients de venir
ici pour tenter de convaincre et je vous cite vous-même: "Je devais le
convaincre que la "game" politique qui se jouait entre deux parties, jouez-la
pas ou qu'il faudrait pas qu'elle se joue sur notre dos ou sur le dos de la loi
de la CITRSQ. Je voulais donner des arguments additionnels à M. Garon
pour qu'il explique à son leader ou au leader de l'autre
côté. Prenez pas cette loi-là; prenez-en une autre pour
vous chicaner. "
Alors, si c'était "parce que", pourquoi vouliez-vous venir au
parlement tenter de les convaincre de prendre une autre loi pour se chicaner
plutôt que la vôtre?
M. Lemay: Parce que j'avais espoir qu'il y avait moyen de trouver
une solution.
M. Rochefort: Donc, vous n'avez pas cru M.
Pagé?
M. Lemay: Ce n'est pas une question
de le croire ou de ne pas le croire. C'est que j'ai la position que M.
Pagé me donne un message... me donne une information. Moi je suis le
messager. Je m'en vais voir mon parrain puis je lui dis: Voici l'information
que j'ai. Qu'est-ce qu'on fait avec ça?Qu'est-ce que vous
voulez que je vous dise d'autre?
Dans le cas de Sorel, on ne passait pas et en fin de compte on a
passé. Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse?
M. Rochefort: Mais là on parle du cas de la CITRSQ.
M. Lemay: Mais vous me demandez comment j'ai réagi et
pourquoi j'ai réagi de même. J'ai réagi, parce que j'ai
déjà eu une expérience qui, à mon avis,
était semblable. Peut-être que je me trompe, mais, à mon
avis, c'était semblable. J'ai eu à peu près une demi-heure
pour réagir. Là ça fait trois mois que tout le monde pense
à ça. Moi j'ai eu une demi-heure pour réagir,
peut-être trois quarts d'heure. La réaction que j'ai eue, j'ai
dit: Je vais en parler au parrain. Il va dire qu'est-ce qu'on fait avec
ça. J'ai dit: Une des solutions, est-ce qu'on doit aller se
présenter et se promener d'un bureau à l'autre et essayer de
faire changer le monde d'idée? C'est un peu cela l'idée.
M. Rochefort: Donc, ce n'était pas plutôt "tant que"
que "parce que"?
M. Lemay: Je viens de vous dire que l'information que j'ai eue
puis que j'ai véhiculée, c'est "parce que".
M. Rochefort: Ce n'est pas ça que vous avez dit
tantôt, vous avez dit que M. Garon, vous étiez sûr, qu'aux
autres, vous n'étiez pas certain.
M. Lemay: Vous m'avez reposé la question puis j'ai dit: Je
suis d'avis qu'à chacun des interlocuteurs j'ai dit "parce que".
M. Rochefort: Vous êtes certain?
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse, je pense
qu'à plusieurs reprises, Me Lemay l'a répété. Il
faudrait...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): J'aimerais...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Taillon ou M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président.,.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je suis prêt à
suspendre, faire sortir le "transcrit" du Journal des débats. Me
Lemay n'a jamais affirmé formellement qu'il était certain d'avoir
dit à tout le monde "parce que". Il y a une personne à qui il dit
qu'il est certain d'avoir dît ça, c'est M. Garon; à tous
les autres, il nous a dit: J'en suis pas certain.
Une voix: C'est ça.
M. Rochefort: M. le Président, quand je viens demander une
nouvelle fois à Me Lemay: En êtes-vous bien certain, c'est de
faire appel à une recherche dans sa mémoire. Je pense, M. le
Président, qu'en écoutant attentivement, ma question est
très pertinente compte tenu des réponses qui ont
été fournies jusqu'à maintenant.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Qui, M. le Président. Le témoin a
répondu à de moult reprises à une question idendique. Il
vient de dire à au moins deux reprises: Je suis d'avis que j'ai dit la
même chose à MM. Lessard, Carrier ainsi qu'à Mme Lecours.
"Je suis d'avis que", c'est français et ça se comprend par du
monde. À moins de pas être satisfait de la réponse et
d'insister pour avoir une réponse qui va, finalement, faire notre
affaire, mais là, ça commence à être moins
drôle, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire, si vous
voulez terminer votre question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, le témoin -d'ailleurs
vous êtes intervenu spontanément -a répondu à cette
question-là. M. le Président, moi, je laissais aller les choses,
c'est vous qui êtes intervenu spontanément. Si le témoin
veut encore répéter qu'il est certain qu'il a dit la même
chose pour satisfaire le député de Gouin, bien, que le
député de Gouin repose la même question, il va avoir la
même réponse, je suis certain.
M. Filion: Question de directive.
M. Doyon: Cette commission n'aura rien appris, sauf de perdre du
temps. On n'aura rien appris de plus.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors sur la question de
règlement, je pense que j'ai soulevé moi-même... je suis
intervenu lors de l'interrogation, la dernière question de M. le
député de Gouin. Peu importent les nuances, les
différences qu'on pourra y... s'apercevoir les membres de la commission,
ça nous permet pas de poser une question quatre, cinq, six ou sept fois.
On ne peut pas revenir toujours sur le même sujet parce qu'il y a eu des
pièces qui ont été déposées par !e
témoin ou des réponses qui ont été données
qui sont nuancées. On appréciera a la fin, et je pense
qu'à plusieurs reprises, Me Lemay a répondu abondamment sur cette
question-là. Nous vérifierons les versions, nous
vérifierons son témoignage, et nous apprécierons à
la fin de cette commission la valeur du témoignage de Me Lemay. Mais en
attendant, c'est pas parce qu'il y a une nuance ou quoi que ce soit ou des
différences entre les témoignages qu'on peut revenir à
quatre ou cinq reprises sur la question.
Je vais reconnaître une nouvelle question de règlement,
celle-ci, ma décision est rendue. Vous pouvez reposer une question et la
reformuler à Me Lemay.
M. Rochefort: Non, mais M. le Président, j'ai une question
de règlement sur le contenu même de ce que vous venez de dire.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, on ne peut pas aller
en appel de mes décisions.
M, Rochefort: On ne va pas en appel, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je pense...
M. Rochefort: Comment faites-vous, vous, pour porter
aujourd'hui...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaîtl
M. Rochefort: M. le Président, vous venez de parler de
nuance.
Le Président (M. Lorrain): Posez une autre question de
règlement, si vous voulez.
M. Rochefort: Vous venez, vous, de qualifier le témoignage
en parlant de nuance. Moi, j'affirme que ce n'est pas une nuance entre "parce
que" et "tant que". J'apprécierais que vous non plus, vous ne concluiez
pas les travaux de la commission à ce moment-ci.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Rochefort: Pour moi, ce n'est pas une nuance, la
différence entre "parce que" et "tant que", c'est fondamentalement
différent.
Le Président (M. Lorrain): J'espère que...
M. Rochefort: Vous avez employé...
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rochefort:... les propos de nuances, vous avez dit, je vous
cite au texte: "Ce n'est pas parce qu'il y a des nuances dans le
témoignage de quelqu'un qu'on peut".
Le Président (M. Lorrain): Ron, alors...
M. Rochefort: C'est vous qui qualifiez le témoignage comme
étant un témoignage où il y a des nuances...
Le Président (M. Lorrain): Parfait.
M. Rochefort:... moi, je vous dis qu'il y a des
différences, si vous voulez qu'on conclue maintenant tous les deux.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, si vous pensez que je faisais allusion entre "tant que"...
M. Doyon: Sur la même question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: Rien oui, moi je veux répondre à la
question de règlement du député de Gouin, comme j'ai
parfaitement le droit de le faire, M. le Président. J'ai l'intention
d'utiliser ce droit-là.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, M. le
député de Louis-Hébert, sur la même question de
règlement, après ça, je vais rendre ma
décision.
M. Doyon: M. le Président, le député de
Gouin est en train de dire que vous avez qualifié de nuance la
différence qui existe entre "tant que" et "parce que". M. le
Président, ce que vous avez signifié au
député de Gouin, c'est que quand le témoin dit: Je suis
d'avis que MM. Lessard, Carrier et Mme Lecours ont eu de ma part le même
message à l'effet que c'était "parce que", et que le
député de Gouin essaie de savoir: Etes-vous certain que c'est
ça, que c'est une question de nuance entre "être d'avis que" et
"être certain que". M. le Président, vous n'avez jamais dit que
entre "tant que" et vous n'avez pas à le dire non plus, et je ne
permettrais pas, M. le Président, avec tout le respect que je dois
à la présidence, que vous vous érigiez en juge sur la
signification des mots du français. Cela nous appartient, M. le
Président, et on verra en temps et lieu ce que ça vaut.
M. le Président, ce n'est pas ça que vous avez dit, vous
avez dit que les réponses du témoin en ce qui concerne: Est-ce
qu'il est certain que, quand il nous répond: Je suis d'avis que j'ai
donné le même messaqe à MM. Carrier, Lessard et Mme Lecours
et que...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Doyon: Oui, M. le Président, et que le
député de Gouin voudrait revenir à la charge et lui
demander: Êtes-vous certain que vous êtes d'avis que, que
ça, c'est une question de nuance. M. le Président, il peut poser
des questions, vous êtes intervenu vous-même...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon:... à l'effet que ces questions-là avaient
déjà été posées. Vous pouvez pas revenir sur
vos propres décisions, M. le Président, et le
député de Gouin essaie de vous faire revenir sur votre propre
décision. 5i le député de Gouin veut encore demander la
même question au témoin Lemay, à savoir: Êtes-vous
certain que vous avez dit la même chose au député de
Lévis que vous avez dit à MM. Carrier, Lessard et Mme
Lecours...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Qu'il pose la question et je suis certain que le
témoin va donner le même genre de réponse et on sera pas
plus avancé. Je reviens là-dessus et je termine, M. le
Président, que ce qui compte, c'est que cette commission soit
éclairée par..., que cette commission obtienne un
éclairage supplémentaire par les réponses du témoin
et on n'est pas susceptible d'obtenir un éclairage supplémentaire
par le genre de questions que pose à répétition le
député de Gouin. C'est ça, le problème.
Le Président (M. Lorrain); Ron. Ça, c'était
ma première décision. Je voudrais pas qu'on recommence la
question de règlement sur laquelle j'ai décidé, il y a
quelques instants. Si j'ai été mal interprété... Je
ne veux pas... Depuis le début, je demande aux membres ici de collaborer
et de ne pas porter des jugements immédiatement. On aura à
argumenter plus tard. Je ne veux absolument pas et arrêtez-moi, je vous
le demande, si jamais c'est interprété de cette
façon-là quand je rends une décision, mais je ne veux pas
et je ne voulais pas interpréter le témoignage de Me Lemay, je
veux surtout pas, j'ai assez, je pense, à être président de
séance de cette commission. Mais, je vais vous donner un exemple bien
concret. Advenant le cas - et c'est peut-être possible ou peu importent
les réponses que Me Lemay va nous donner ou les autres témoins
nous donneront, si vous y voyez, qui que ce soit à cette commission, une
différence avec une réponse qu'il a pu dire une demi-heure ou une
heure après, ça ne permet pas de répéter dix ou
quinze fois la même question. On jugera à la fin de la commission
et on appréciera tout le témoignage, les différentes
versions et même les différentes choses qui ont été
changées par les différents témoins qui passeront devant
cette commission. C'est à nous à juger ça mais à la
fin, pas immédiatement et ça ne permet pas de
répéter une question dix, quinze ou vingt fois.
Maintenant, avant de vous permettre de continuer votre interrogatoire,
M. le député...
M. Filion: J'ai une question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur une question de
directive, M. le député de Taillon.
M. Filion: Sur une question de directive, je pense que c'est la
première fois, M. le Président, où c'est aussi clair et je
vous demande une directive. Le témoin, il y a quinze minutes, à
peu près, nous dit qu'il n'était pas certain d'avoir
employé "parce que" plutôt que "tant que" à trois
personnes. Quinze minutes ou douze minutes plus tard, c'est-à-dire juste
avant la question de règlement, il vient nous dire le contraire. Mot, je
vous pose la question de directive suivante; elle est importante. Qu'est-ce
qu'on doit faire dans un semblable cas? Qu'est-ce qu'on doit faire dans un cas
semblable? Est-ce que le député de Gouin, à ce
moment-là, n'est pas justifié de demander à ce qu'on sorte
les galées pour tenter d'éclaircir les membres de la commission
quant à savoir pourquoi le témoin, en dix minutes, sur une
question aussi fondamentale, emploie ou nous donne des réponses
différentes? C'est la dernière demande qui a été
faite, je pense,
par l'un ou l'autre de mes collègues. Je pense que c'est la
première fois que ça se présente. Bon. Je dois vous avouer
que, si on était dans un autre contexte, je saurais quoi faire. Mais,
dans cette commission parlementaire, ici, à l'Assemblée
nationale, je le sais pas. Je pose la question.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, je pense que j'ai
déjà rendu la décision sur ce point-là. Vous la
posez différemment. On n'a pas à immédiatement juger s'il
a donné une réponse différente ou pas. Et, si jamais,
à la fin de la commission, on trouve, on qualifie qu'il y a eu des
différences majeures dans le témoignage de Me Lemay, on
argumentera à la fin mais pas immédiatement. Et ça ne
donne pas ouverture à plusieurs questions répétitives
parce que vous percevez, ou un autre membre ici de la commission perçoit
des différences dans le témoignage de Me Lemay. C'est en preuve,
qu'est-ce qu'on veut de plus? Tout est en sténotypie, tout va
être consigné au Journal des débats, on va tout
apprécier les réponses de Me Lemay à la fin. Et ça
ne donne pas ouverture, même si Me Lemay s'était trompé
d'une date, on ne peut pas répéter à Me Lemay:
Êtes-vous certain, le 20? êtes-vous certain le 20 ou le 21? 25
fois.
M. Filion: Oui, mais...
Le Président (M. Lorrain): II le dit, c'est
consigné, on jugera à la fin.
M. Filion: Oui, mais...
Le Président (M. Lorrain): J'aimerais attirer l'attention
de tous les membres de cette commission depuis quelque temps qu'on interroge Me
Lemay. Le mandat de la commission s'est terminé et les faits pertinents
au mandat de la commission de l'Assemblée nationale se sont
terminés le 19 décembre 1986. Je comprends que le témoin
nous a apporté les documents, il y a des dates mais, essentiellement, le
témoin nous dit que ce sont les faits tels que lui les a vus.
Actuellement, l'interrogatoire de Me Lemay, ce n'est pas partie au mandat,
c'est pour qualifier plus tard le témoignage de Me Lemay. (20
heures)
J'aimerais que tout le monde prenne cette parenthèse-là
comme extrêmement importante. Le mandat de la commission, c'est la
conduite du député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation en regard des pressions indues qui
auraient été faites et non pas sur tout ce qui s'est produit
après. Je pense que Me Lemay a produit tous les documents, a
donné une version verbale et a donné des versions écrites
et il nous explique comment se fait-il qu'il y a de petites distinctions entre
chaque.
Je voudrais qu'on fasse attention là, sinon on va déborder
et tout ce qui s'est dit ou s'est fait ou les visites ou quoi que ce soit qui
s'est fait depuis le 19 décembre deviendrait pertinent, alors que j'ai
bien arrêté la question de privilèqe à
l'Assemblée nationale le 19 décembre 1986 et les faits qui sont
pertinents se résument à cette question de
privilège-là et la question de privilège, ce qui a
donné ouverture à la question de privilège, tous les faits
se sont terminés le 19 décembre 1986. Actuellement, je pense que
je viens de faire la nuance. Ce qu'on fait, ce que les députés
aussi à ma droite et à ma gauche ont le droit de faire, c'est de
tenter de qualifier le témoignage de Me Lemay mais il y a une limite
à tout, là. Les faits, sur la question de privilège, sont
dans la question de privilèqe qui a été lue au tout
début. il ne faudra pas répéter et répéter
toujours les mêmes questions. Je pense qu'il était en preuve, tout
est consigné par écrit et le témoignage aussi de Me Lemay.
A la fin de la commission, on... C'est à nous à juger, c'est
à nous, ici, les membres de la commission.
M. le député de Gouin.
M. Polak: Sur une autre question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Sur une autre question de
directive, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je suis intéressé
dans le bon déroulement de nos travaux depuis le début que je
suis ici et vraiment j'ai tenté d'aider le bon déroulement, par
exemple, en suggérant qu'il y ait une intervention de part et d'autre et
c'est déjà une amélioration.
J'ai une autre suqgestion. C'est qu'on pose une question. À un
moment donné, vous décidez que la question n'est pas pertinente,
ou pas permise ou illégale. Mais là, vous dites, en
réponse: M. le député, voulez-vous reformuler votre
question? En disant "voulez-vous reformuler votre question" le
député ne comprend pas que sa question n'est pas permise.
Pourquoi... Comment est-ce qu'on peut reformuler une question qui est
illégale? On devrait dire: Votre question est illégale, elle
n'est pas permise, posez une autre question.
Le Président (M. Lorrain): Mais il y a...
M. Polak: En disant: "Voulez-vous reformuler votre
question"...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non.
M. Polak:... ça crée l'impression qu'on peut
continuer. Mais, de part et d'autre, je
ne dis pas juste ici...
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais, M. le
député de Sainte-Anne, la dernière question, je l'ai
refusée, c'est moi-même qui l'ai refusée et ç'a fait
une question de règlement. Je n'ai pas dit de...
M. Polak: Non, mais plusieurs fois vous avez dit et
vis-à-vis les députés de l'Opposition et vis-à-vis
nous, parce que...
Le Président (M. Lorrain): Quand ça s'applique.
M. Polak:... je ne joue pas du tout la politique partisane
là-dedans: "reformulez votre question". On ne peut pas reformuler
quelque chose qui est illégal. Pourquoi pas dire: Question pas permise,
question suivante? Je pense que ça va aider le déroulement de nos
débats et, s'il vous plaît, M. le Président, prenez
ça dans le sens constructif.
Le Président (M. Lorrain): Positif.
M. Polak: J'aimerais aussi mercredi soir retourner à ma
femme au lieu de rester ici jeudi.
M. Rochefort: Quoi'' M. Filion: Excusez?
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas pertinent. Ce
n'est pas pertinent.
M. Rochefort: Je n'ai pas compris, M. le Président.
M. Chevrette: Moi je ne suis pas certain que ce n'est pas un
cadeau que vous lui faites. Ha! Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas pertinent. Ha! Ha!
Ha! Ha! Ce n'est pas pertinent.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
directive, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
directive...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
question de directive.
M. Chevrette: Je pense qu'étant donné qu'on n'est
pas tous des hommes de loi, M. le Président, je pense que c'est
important que vous puissiez dire à certains parlementaires: Votre
question n'est pas dans les formes. Mais ça, je pense qu'on se priverait
d'un service tout à fait normal ici en commission parlementaire et je
considère que c'est là le privilège... D'ailleurs, dans
les lois de l'Assemblée nationale, M. le Président, vous savez
très bien que le président a le droit de corriger lui-même
des textes à un moment donné pour les rendre conformes et de
reformuler des questions pour les rendre conformes. C'est textuel, je crois,
dans nos règlements et dans la Loi de l'Assemblée nationale....
dans nos règlements parce que j'ai vu déjà dans des
motions, le président, avec son équipe, reformuler une motion
pour qu'elle soit conforme. Ça s'est fait à quelques
reprises.
Ceci dit, M. le Président, moi j'ai une autre directive à
vous demander. Quand vous dites que la question a été
posée mais que le témoin apporte des variations dans son
témoignage et ça peut être des variations extrêmement
importantes, je vous donne un exemple, M. le Président, concret et
précis que l'on a vécu. Le témoin a dit dans son memo
qu'il avait appris, à 5 heures. Je vais prendre... d'un journaliste de
la PC, qu'il avait appris ça, qu'on parlait de lui à
l'Assemblée nationale. Par la suite, le témoin a parlé
qu'il l'avait possiblement appris d'une secrétaire chez eux sur l'heure
du lunch. Ca devient une variation extrêmement importante. Il y a quatre,
cinq heures entre les deux, là et il y a d'autres
téléphones qui se sont faits, M. le Président.
Si vous nous dites: "la question a déjà été
posée" on peut, comme parlementaires, vouloir aller chercher la
vérité ou aider le témoin à se rappeler exactement.
Est-ce une secrétaire, c'est-ce un gars de la PC, est-ce Mme Lecours
dans le téléphone, est-ce M. Pagé qui aurait pu retourner
un appel, est-ce M. Garon? Ça peut amener une foule de nouvelles
questions sur le même sujet. Et, à date, je pense que le
député de Gouin a fait, c'était précisément
parce qu'il y a une variation dans le témoianage du témoin qui a
commencé par affirmer qu'il se rappelait d'une chose certainement, c'est
qu'il l'avait dit à M. Garon mais que, dans un premier temps, pour les
autres, wow! il était moins sûr. À peu près dix
minutes après, le témoin a dit: Je suis sûr de l'avoir dit
à tout le monde. Donc, c'est un changement dans son témoignage.
Sa mémoire lui est revenue tout à coup dans dix minutes. C'est
donc important pour le député de Gouin de voir comment il se fait
que dans l'espace de dix minutes il y a de ces élans de mémoire
qui reviennent et puis qu'il y a des mémoires entre quinze jours,
à un moment donné, qui ne reviennent pas. Moi, je pense que c'est
fondamental une commission. Le témoin est un homme de loi
lui-même, M. le Président, il doit savoir ce que c'est que des
nuances dans un. témoignage. Puis, c'est drôlement important pour
les membres de la
commission de savoir exactement quelle est la version un peu finale de
tout ça. S'il y en a huit variantes, bien on veut connaître les
huit; puis s'il y en avait douze, bien on voudrait connaître les douze.
Vous le savez, M. le député de Sainte-Anne, que c'est important
d'aller voir, d'aller puiser au maximum de la mémoire d'un individu.
M. Doyon:...
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement.
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Le leader de l'Opposition est en train de faire tout un
plat avec des supposées contradictions ou incertitudes dans le
témoignage du témoin. Il nous fait état d'une
contradiction épouvantable qui se serait glissée quelque part
à l'effet que le témoin aurait...
Le Président (M. Lorrain):... Une voix: Hal Hal
Ha!
M. Doyon: M. le Président, je reprends les propos. Il dit:
C'est très important ce que le témoin nous a appris par rapport,
il y a plusieurs heures de différence, etc., etc. C'est le leader de
l'Opposition, M. le Président, qui a établi que c'était
important cette différence-là. Ce que je dis, M. le
Président, c'est qu'à ce niveau-là, M. le
Président, on est avec un témoin qui a eu deux conversations
téléphoniques importantes, une avec M. le député de
Lévis et une avec le député de Portneuf, ministre de
l'Agriculture, de quelques minutes chacune. On a un témoin qui est
devant nous depuis quatre jours maintenant et on tente par tous les moyens, M.
le Président, de le mettre en contradiction. Le témoin est
honnête. Le témoin est franc. Le témoin est ouvert. Il est
allé à son bureau et revenu avec les copies, les a
déposées à l'Assemblée nationale. Et, dans son
témoignage, il nous dit, entre autres choses: Écoutez, ça
se peut que, sur l'heure du lunch... Qui d'entre nous, M. le
Président... Je vais vous poser la question, M. le Président: De
quoi avez-vous parlé avec votre secrétaire le midi du lunch du 20
décembre? Je mets au défi qui que ce soit de nous dire de quoi il
a été question sur l'heure du midi quand on a lunché. Mai,
je le sais pas. Je le sais pas. Le témoin nous dit franchement que
"ça se peut que, sur l'heure du lunch, on m'ait parlé de
ça". Et là, toute la démarche, M. le Président,
vise à miner la crédibilité du témoin, qui a rien
à cacher, sur des niaiseries, sur des insignifiances, sur des
peccadilles... Des voix: Hé! Hé! Hé!
Le Président (M. Lorrain): Ne qualifiez pas...
M. Doyon:... M. le Président. Une voix: Voyons!
Voyons! Voyons!
M. Doyon: Des peccadilles, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... ne qualifiez pas, ne
qualifiez pas le témoignage, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je ne qualifie pas...
Le Président (M, Lorrain): On va recommencer un autre
débat.
M. Doyon: Je ne qualifie pas le témoignage, M. le
Président. Je dis que les différences qui sont invoquées
sont des peccadilles...
Des voix: Aie!
Le Président (M. Lorrain): Ah, là, non, non.
M. Doyon:... et que ça n'a pas, M. le Président,
aucune signification...
M. Rochefort:... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, je m'excuse. Bon, alors,
ça va, ça va.
M. Doyon:... et qu'on en fait tout un plat, M. le
Président...
M. Rochefort: Bon, mais arrêtez-le, arrêtez-le si
ça va.
M. Doyon:... et que, là...
Une voix: II respecte rien...
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous conclure, s'il vous
plaît?
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Une voix: Wo!
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous conclure, s'il vous
plaît?
Une voix: Ils crient comme des putois à un moment
donné à chaque fois. Wo!
Le Président (M- Lorrain): De part et d'autre, je vais
faire la mise en demeure.
M. Rochefort: C'est quoi, ça?
Le Président (M. Lorrain): Ç'a été
dit des deux côtés. En conclusion.
Une voix: Lui, puis lui...
M. Doyon: M. le Président...
Une voix:... discours...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
Une voix:...
M. Doyon: M. le Président, le témoin...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Laval-des-Rapides, s'il vous plaît!
M. Doyon:... le témoin doit savoir à un moment
donné et cette commission aussi doit savoir quand est-ce qu'une fois
qu'il a répondu à une question que ça va être une
réponse...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon:... qui va terminer, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je vous signale que le
leader de l'Opposition a fait sa question de règlement, M. le
Président, sans qu'à toutes les deux minutes vous lui disiez: En
conclusion, M. le leader. M. le Président, j'ai encore quelque chose
à dire et je vais continuer à le dire parce que...
Le Président (M. Lorrain): Mais ne répétez
pas tout ce que vous avez dit, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Non, M. le Président, mais je me dois à
avoir le même droit de parole pour faire valoir mon point de vue que vous
donnez avec raison à mon collègue de l'Opposition. Je demande
tout simplement le même traitement. Ça peut vous tomber sur les
nerfs, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez, allez!
M. Doyon:... mais je vais l'utiliser avec... Tant que ça
va vous tomber sur les nerfs, M. le Président, je vais être
obligé de répéter, parce que j'ai le droit de faire
ça et je vais le faire, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Votre question de
règlement, s'il vous plaît!
Une voix: Tant que ou parce que?
M. Doyon: Parce que ça vous tombe sur les nerfs, M. le
Président. Des voix: Ha! Ha!
M. Rochefort: Ah! Ah! C'est différent, là.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez!
M. Doyon:... le témoin est en train de répondre
à des questions précises. Il nous dit ce dont il se souvient. Il
le fait du mieux possible. Est-ce qu'on peut indéfiniment revenir
là-dessus? Moi, M. le Président, je vais tout simplement, et je
vous le dis, si le député de Gouin veut poser dix fois la
même question, je suis prêt à me croiser les bras et le
laisser aller. M. le Président, vous êtes président de
cette commission et vous êtes intervenu» vous, directement, et vous
le ferez vous -même parce que, moi, les mêmes questions, ça
amène le même qenre de réponse et je suis prêt encore
à écouter la question du député de Gouin qui va
demander: Êtes-vous certain que?, et puis le témoin va
répondre: Oui, je suis certain que. Mais allons-y! Vogue la
galère.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé...
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Ron. Alors, qu'il y ait des
différences, qu'on appelle ça des insiqnifiances ou des
différences on le jugera à la fin. Ce n'est pas parce qu'il y a
des changements ou des nuances qu'une partie, une partie des membres de cette
commission considère que d'autres disent non qu'on va se permettre de
qualifier immédiatement et porter des jugement et que ça nous
permet de poser des questions soit répétitives, soit affirmatives
ou soit suggestives au témoin. Et ça, depuis le début, je
pense que c'est clair, on ne peut poser ce genre de questions.
Maintenant, il y a une chose extrêmement importante. Je me dois de
protéger chacun des témoins qui viennent ici. Je pense qu'en tant
que président de séance, je me dois... On ne pourra pas
continuellement revenir et revenir et revenir et répéter ce qui a
déjà été demandé à chacun des
témoins. Moi, je prends pour acquis que chacun est de bonne foi et je ne
veux plus jamais entendre qu'un témoin ici dit la vérité
ou dit peut-être... Je prends pour acquis que tout le monde dit la
vérité quand ils viennent témoigner ici et on
appréciera à la fin.
Maintenant, advenant le cas où il y ait des nuances, advenant je
dis bien, des différences ou quoi que ce soit ou des contradictions,
bien, on le jugera à la fin.
Mais ça ne permet pas immédiatement à un
témoin ou plus tard, dans deux jours, dans trois jours, de revenir et de
répéter continuellement la même question. S'il y en a des
différences, bien, ceux qui voulaient chercher à voir des
différences sont satisfaits; s'il n'y en a pas, ceux qui ne voulaient
pas en voir sont aussi satisfaits.
Depuis le début, puis là je voudrais faire une mise au
point à tout le monde, on passe plus de temps, je pense, ici en
commission en questions de règlement actuellement que à vraiment
aller chercher la vérité ou encore les faits dans cette
affaire-là, tels qu'ils ont été faits, peu importe. Je
veux pas qu'on prenne ma décision ou les arguments que j'apporte
actuellement comme étant un jugement de quelque sorte que ce soit.
On est ici pour entendre des faits et, à la fin de la commission,
on va porter une décision sur ces faits-là. Mais, depuis le
début, on m'a demandé tout à l'heure, et M. le
député de Sainte-Anne, vous m'avez demandé de rendre des
décisions rapidement ou, encore, de ne pas entendre. Je veux bien mais
je veux aussi respecter le droit de parole de chacun des parlementaires puis,
à ce que je sache, il y a des fois où j'étais prêt
à rendre des décisions ou des questions de règlement et on
m'a demandé quand même d'intervenir.
Je demanderais la collaboration de chacun de faire vos questions de
règlement extrêmement brièvement et de permettre de
fonctionner pour aller chercher la preuve qu'on a de besoin, toujours en
considération du mandat qui a été donné par
l'Assemblée nationale le 19 décembre 1986. Alors, pour ça
je ne peux pas le faire seul. Je ne suis qu'un président de
séance. Je n'ai besoin... J'ai besoin ici absolument de la
collaboration, la bonne foi et la compétence de tous les parlementaires
qui composent la commission. Ce que je veux entendre et ce que tout le monde
veut entendre et ce que l'Assemblée va vouloir entendre dans quelques
semaines, c'est les faits relativement à cette question de
privilège.
Or, M. le député de Gouin, vous avez la parole.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. M. le
Président, est-ce que Me Lemay était au courant lorsqu'il a
appelé M. Garon pour la première fois, le 19 décembre, que
M. Garon était aussi le député qui s'opposait à la
loi 132?
M. Lemay: Quand je l'ai appelé le jour même? Mais
oui. Je vous l'ai dit, me semble, plusieurs fois. C'est le message... Dans le
message que j'ai eu de M. Pagé, il m'a expliqué que l'Opposition
bloquait une loi et que dans l'Opposition c'est M. Garon qui ne suivait pas la
ligne du chef.
M. Rochefort: Merci. Deuxièmement, la fin de l'appel
téléphonique avec Me Pagé se termine dans la phrase
suivante, et je cite votre mémo: "Dans ces circonstance, je veux
t'informer de cette situation et, si tu as des démarches à
effectuer pour remplir ton mandat avec ta cliente, c'est à toi de
décider des démarches à suivre. "
M. Lemay: Mais là vous me demandez ce que vous lisez
là ou quoi?
M. Rochefort: Je vous demande si ce que je viens de lire est la
conclusion de la communication téléphonique entre vous et M.
Pagé?
M. Lemay: Non.
M. Rochefort: Où est la conclusion?
M. Lemay: Rien, c'est marqué plus loin: "De plus, j'ai
profité de l'occasion pour demander à M. Pagé de
communiquer avec le ministre des Transports. " C'est pas parce que les
guillemets arrêtent là que dans le texte ça arrête
là.
M. Rochefort: Non, mais je parle là du projet de loi 132,
272. Je parle pas de vos relations avec M. Côté par M.
Pagé,
M. Lemay: Bien, plus loin...
M. Rochefort: Je parle quant à l'imbroglio là.
M. Lemay: Ouais, mais regardez...
M. Rochefort: Çà s'est terminé sur cette
phrase là.
M. Lemay: Non. Regardez. J'ai précisé au
député Pagé que je trouvais sa situation déplorable
tout en précisant que... Vous avez du texte encore. Techniquement, je
l'ai pas mis entre guillemets là mais... La conversation s'est
teminée par bonjour, merci beaucoup. (20 h 15)
M. Rochefort: Mais la conclusion de la présentation de M.
Pagé que M. Pagé vous a fait, ça se termine par, dans sa
présentation â lui et si tu as des démarches à
effectuer pour remplir ton mandat avec ta cliente, c'est à toi de
décider des démarches à suivre.
M. Lemay: Je vous ai expliqué au début de mon
témoignage là, je ne me souviens plus combien de jours, que j'ai
demandé à M. Pagé qui est-ce qui faut que je fasse, quelle
démarche qui faut que je fasse? Je vous ai dit. Il m'a répondu:
Ce n'est pas à moi à te dire quoi faire. À cette heure,
quand j'ai résumé, c'est un résumé cette
discussion-là,
bien, le résumé vous l'avez lu, il est devant vous et je
l'ai déposé, parce que je n'ai rien à cacher.
M. Rochefort: Ce que vous avez fait vous, vous avez appelé
M. Garon.
M. Lemay: Exactement. Avant j'ai parlé au client. Je vous
ai précisé que j'avais parlé à mon client. II m'a
demandé qu'est-ce qu'on faisait? On a convenu de
référer ça au parrain.
M. Rochefort: Qui était aussi celui qui s'opposait
à 132.
M. Lemay: C'est exact.
M. Rochefort; Étiez-vous conscient quand vous avez
parlé de venir faire les corridors, quand vous avez parlé qu'il
serait mieux de convaincre son leader ou le leader du gouvernement de prendre
une autre loi pour se chicaner...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! Allez, M. le député.
M. Rochefort:... que quand vous avez dit: Écoutez, s'il y
a des "game" politiques faites-les sur d'autres lois. Celle-là est trop
importante, que vous parliez à celui qui s'objectait à 132?
M. Lemay: Oui et je parlais à celui qui était
parrain de ma loi.
M. Rochefort: Mais qui aussi s'objectait à 132.
M. Lemay: Oui, mais 132, je vous l'ai dit, on n'en a pas
discuté de ça.
M. Rochefort: Mais êtes-vous conscient qu'en même
temps, en ce faisant, c'était une forme de pression...
M. Lemay: Non, d'aucune façon.
M. Rochefort:... sur quelqu'un qui s'opposait à 132.
M. Lemay: D'aucune façon, Écoutez, je vous ai dit
que j'ai eu une demi-heure peut-être pour me revirer de bord. J'avais une
situation dans les mains. J'avais un message qui m'était apporté
que notre loi ne passe pas. O. K? J'ai ce problème. J'ai une loi. Il
faut qu'elle passe ma loi, mon mandat c'est que j'ai une loi il faut qu'elle
passe. J'ai l'expérience de Sorel que j'assimile à tort ou
à raison, mais je l'ai assimilée à ce moment-là
exactement la même chose. J'ai dit: C'est une chicane de fin de session.
Dans Sorel, je suis allé voir le parrain. On s'est promené d'un
bureau à l'autre, ça s'est réglé. Dans la CITRSQ,
j'ai appelé M. Garon et je lui ai demandé: Qu'est-ce qu'on fait?
M. Garon dit: Je m'en occupe.
Je lui ai offert: Est-ce qu'il faut qu'on y aille, qu'on se
promène? Est-ce qu'il faut qu'on se déplace? II dit:
Non, je m'en occupe.
M. Rochefort: La seule démarche que vous avez
envisagée de faire, c'est de proposer à la personne qui
s'opposait à 132 de venir faire les corridors et de convaincre tout le
monde au parlement qu'il ne fallait pas utiliser 272 pour se chicaner sur
132.
M. Lemay: C'est une suggestion que vous voulez dire? La seule
démarche, c'est un téléphone. J'ai fait un
téléphone. Parce que je n'ai pas fait de démarche dans le
sens qu'il faut que...
M. Rochefort: Votre téléphone proposait une
démarche. C'est ce que vous nous avez dit.
M. Lemay: II proposait entre autres une démarche. On
demandait: Qu'est-ce qu'il faut faire? Je demandais des instructions
à M. Garon.
M. Rochefort: Mais en demandant des instructions à M.
Garon, vous lui avez proposé de venir faire les corridors. Vous avez et
je vous le cite...
M. Lemay: C'était une des démarches.
M. Rochefort:... et je vous recite: "Je devais le convaincre que
la "game" politique qui se jouait entre deux partis, jouez-la pas ou il
faudrait pas qu'elle se joue sur notre dos ou sur le dos de ta loi de la
CITRSQ". Je vous recite une deuxième fois: "Je voulais donner des
arguments additionnels à M. Garon pour qu'il explique à son
leader ou au leader de l'autre côté: Prenez pas cette loi,
prenez-en une autre pour vous chicaner.
M. Lemay: Non, mais...
M. Rochefort: Vous avez dit ça à la personne qui
s'objectait à 132. À personne d'autre.
M. Lemay: Non, non. Faites attention. Quand vous me citez et je
comprends que vous me citez, et c'est ce que j'ai dit effectivement, je n'ai
pas expliqué à M. Garon: II faut que vous fassiez ci ou il faut
que vous fassiez ça. J'ai dit à M. Garon: Notre loi est
importante. J'ai expliqué la question des intérêts entre
autres. Il y avait une compréhension. Mais je n'ai pas dit à M.
Garon: Allez parler à votre leader ou autre chose. Je lui demandais
qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse? J'ai dit: On a eu le cas de
Sorel. Qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse?
M. Rochefort: M. le Président, là, j'ai une
question de directive,
Le Président (M. Lorrain): Si vous me permettez. M. le
député de Gouin - qu'on arrête le temps, s'il vous
plaît - M. le député de Gouin, on m'avise qu'il vous reste
30 secondes en interrogatoire. Sur une question de directive, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: écoutez là, le témoin vient de
me dire: Je n'ai pas dit ça à M. Garon et moi j'ai le "transcrit"
du Journal des débats, 17 h 5, R-268-CAN, R-267-CAN, page 1, page
3, 87-04-07, 84-04-07 où le témoin dit, je cite au texte. M.
Lernay: Les guillemets "Je voulais donner des arguments additionnels à
M. Garon pour qu'il explique à son leader ou au leader de l'autre
côté: Prenez pas cette loi-là, prenez-en une autre pour
vous chicaner. Même citation et on est rendu à 17 heures. M.
Lemay: Je devais le convaincre que la "game" politique qui se jouait entre deux
partis, jouez-la pas ou qu'il faudrait pas qu'elle se joue sur notre dos, sur
le dos de la loi de la CITRSQ, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement.
M. le député de Gouin, oui.
M. Rochefort: Je suis sur une question de directive. Là
vous, M. le Président, je veux savoir à quelle étape du
témoignage je peux interroger le témoin. Sur ce qu'il m'a dit
qu'il me reste deux minutes ou pour si ce qu'il m'a dit il a dix minutes?
Le Président (M. Lorrain): À quelle
étape?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Sur les faits, sur les faits
qu'il a vécus.
M. Rochefort: C'est sur des faits. Donc, vous reconnaissez que le
Journal des débats...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je ne reconnais
rien.
M. Rochefort:... nous rapporte ses propos, c'est des faits.
Le Président (M. Lorrain): Et le Journal des
débats je ne l'ai pas en mémoire au total. Je n'ai rien
devant mot là ici.
M. Rochefort: Non, mais, M. le Président, je suis sur une
question de directive. Je questionne...
Le Président (M. Lorrain): Votre question de directive
clairement, s'il vous plaît.
M. Rochefort: C'est très clair. Je questionne le
témoin sur des propos rapportés par le Journal des
débats, en date du 4 avril 1987, 17 heures à 17 h 5.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors c'est en preuve.
S'il y a quelque chose que vous trouvez différemment à
l'argumentation...
M. Rochefort: Non, mais le témoin actuellement dit: Non,
j'ai pas dit cela, M. le Président. Qu'est-ce que je fais?
Le Président (M. Lorrain): Bien, écoutez, posez la
question pour voir s'il a dit ça.
M. Doyon:... sur la question de règlement.
M. Rochefort: Non, non, il vient juste de me le dire.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de directive,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui...
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas compris ça,
moi.
M. Doyon: M. le Président, les tentatives du
député...
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon: Oui, M. le Président, te député
nous fait valoir qu'est-ce que je fais dans telle situation. Vous avez, M. le
Président, vidé la question tout à l'heure. Le
témoin a témoigné et il doit vivre avec son
témoignage. Il a témoigné il y a deux jours, il a
témoigné il y a trois jours, il a témoigné il y a
une semaine, et il doit vivre avec ce témoignage-là.
Si le député de Gouin y voit des contradictions, il les
exploitera dans son argumentation, dans sa plaidoirie qu'il aura l'occasion de
faire en temps et lieu. Mais le moment n'est pas maintenant, M. le
Président, et vous l'avez déjà décidé,
ça. Vous avez déjà décidé que ce
n'était pas de cette façon dont ta commission se devait
d'être éclairée. 5i le témoin, pour une raison ou
pour une autre: inadvertance, manque de mémoire ou, en tout cas, je n'ai
pas à trouver les raisons, quelles qu'elles soient, a dit à un
moment donné telle chose et, telle autre, à un autre moment
donné, et qu'il y a
contradiction ou qu'il y a incompatibilité, on jugera, on
évaluera et on le fera valoir en temps et lieu.
Le député de Gouin devrait avoir appris ça, parce
que votre décision a été claire à ce
sujet-là. M. le Président, je suggère que vous mainteniez
- et vous n'avez pas le choix - cette décision-là et qu'on
continue de façon à ce que cette commission puisse, à un
moment donné, finir par finir, parce que là ça
s'étire dangereusement, sans aucune, sans aucun aucun avantage, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, ça
été fait, les deux. Une intervention de chaque côté.
Non, on ne reviendra pas à quatre interventions.
M. Doyon: Aucun avantage pour cette commission-là, M. Je
Président.
Le Président (M. Lorrain): Mais je vais rendre cette
décision avant. Après ça, je prendrai une autre question
de directive.
M. Doyon: Alors, M. le Président, si vous voulez, moi je
n'ai pas d'autre chose à dire là-dessus, mais ça me
paraît assez clair.
Le Président (M. Lorrain): Bon, Alors, sur la
première directive qui m'a été demandée pas M. le
député de Gouin, j'ai reconnu chacune des interventions. Je suis
maintenant prêt. On n'a pas - je le répète et je
n'accepterai jamais - on n'a pas à apprécier immédiatement
le témoignage de quelque témoin que ce soit durant son
témoignage.
Dans un deuxième temps, si un ou l'autre des membres de cette
commission y voit une différence, c'est donc qu'on porte un jugement
immédiatement. Que ça soit un jugement négatif, en faveur,
en défaveur du témoin ou pas, en faveur d'une formation ou en
défaveur de l'autre, ça ne permet pas d'être
répétitif. C'est en preuve. C'est écrit. À la fin,
on mettra tous les textes, on mettra toutes les pièces et on comparera
avec tous les témoignages et avec toutes îes versions, s'il y a
plusieurs versions ou s'il y en a seulement qu'une, et on appréciera
à la fin. Mais ça ne permettra pas, et je répondrai pas
à des questions de directives: comment je fais ci et est-ce que je peux
encore dans le futur, ou quoi que ce soit. Non, je jugerai à chaque fois
que ça se présentera et, je le répète, il n'y aura
pas de question répétitive. Il faudra aussi être pertinent
et, dans un deuxième temps, advenant * le cas où des
témoins se contredisent, ça ne permet pas la porte
indéfiniment à des questions. On appréciera et on dira: Ce
témoignage-là n'est pas acceptable et vous direz pourquoi ou
d'autres diront pourquoi il est acceptable. C'est tout. Alors, une autre
question de directive, M. le député de Taillon.
M. Filion: Oui, M. le Président, sur la question de
directive.
Le Président (M. Lorrain): Une autre question de
directive,
M. Filion: J'ai déjà attiré votre attention
là-dessus. C'est une autre question de directive, mais je voudrais
revenir sur ce que je vous avais déjà dit il y a
déjà un certain temps.
Nous sommes actuellement en train, avec un mandat reçu de
l'Assemblée nationale, d'enquêter sur des pressions indues,
question de privilège, suite à des pressions indues
exercées par le ministre de l'Agriculture sur le député de
Lévis. Ce n'est pas un accident d'automobile. Ce n'est pas une chute
dans un escalier et ce n'est pas un vol dans un dépanneur. L'essentiel
de la preuve, M. le Président, c'est des conversations
téléphoniques. Le seu! bon écrit qu'on a, c'est l'exhibit
D-3, la note de Mme Lecours, suite à l'appel qu'elle a eu avec le
témoin. Deuxièmement, c'est une question de directive...
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président,
Le Président (M. Lorrain): Non, non, c'est une
appréciation déjà.
M. Doyon: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaîtï
M. Doyon: Sur une question de règlement du
député de Taillon.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîti M. le député de Taillon, déjà vous
dites...
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je vais te lui faire
retirer et la question de règlement va être plus courte.
M. Doyon: Oui. Non, non, M. le Président, c'est trop
facile. C'est trop facile, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Elle va être plus courte.
Elle va être plus courte, la question de règlement.
M. Doyon: Non, non. Elle va être plus courte, mais, M. le
Président, vous ne
permettrez pas que le député de Taillon dise: Le seul bon
écrit que cette commission a en main.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert, mais
brièvement, s'il vous plaît!
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Brièvement.
M. Doyon: Bien, M. le Président, je n'ai pas
commencé. Vous allez me laissez commencer, peut-être?
Le Président (M. Lorrain): J'étais prêt
à faire retirer le bout de phrase.
M. Doyon: Bon. M. le Président, j'ai quelque chose
à dire et je vais le dire. Je regrette, M. te Président. C'est
aussi simple que ça.
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le
député de Louis-Hébert, sur la question de
règlement.
M. Doyon: M. le Président, je n'accepterai pas qu'on me
dise "brièvement" avant que j'aie commencé. Je vais parler, M. le
Président, et, après, si je parle trop longtemps, vous me direz
d'écourter, mais pas maintenant.
Le Président (M. Lorrain): Sur votre question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert, vous aviez
quelque chose à dire.
M. Doyon: M. le Président, le député de
Taillon dit que le seul bon écrit, et c'est ces termes, qu'on a entre
nos mains, c'est la note de Mme Lecours. C'est inacceptable, M. le
Président, et ça ne passera pas ici.
Cette commission, M. le Président, est ici pour accepter tous les
témoignages. Quant à moi, il n'y a pas de bons témoins, il
n'y a pas de mauvais témoins, il n'y a pas de mauvais écrits, il
n'y a pas de mauvais rapports, de mauvaises déclarations. La commission
appréciera et le député de Taillon, M. le
Président, ne se permettra pas de qualifier et on ne sera pas complice
de ça, M. le Président... de qualifier ce qui vient, ce qui est
favorable à la thèse péquiste, c'est bon, ce qui est
défavorable à la thèse péquiste est mauvais, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Doyon: Cela ne passera pas, M. le Président. Ce n'est
pas comme cela que ça va marcher dans cette commission-là parce
que ça n'a pas de sens, M. le Président. Cela n'a aucun sens.
Le Président (M. Lorrain): Alors, si j'ai bien
compris...
M. Filion: C'est le mot "bon".
Le Président (M. Lorrain): Alors, si j'ai bien compris
votre question de règlement, M. le député de
Louis-Hébert, c'est simplement parce que le député de
Taillon a qualifié... de seule pièce. Ce que je voulais
d'ailleurs intervenir, lui faire enlever. Vous n'avez pas à
qualifier...
M. Filion: Le mot va. D'accord.
M. Doyon:... écrit.
M. Filion: Le seul écrit...
Le Président (M. Lorrain): Vous qualifierez à la
fin, M. le député de Taillon, les pièces.
M. Filion: Les deux seuls écrits du 19
décembre...
Le Président (M. Lorrain): Alors, vous retirez que la
seule pièce qui a été déposée?Parfait.
M. Filion:... sont les exhibits D-3 et D-20A- Le reste, M. le
Président, on est en train de tenter de jeter la lumière sur des
conversations téléphoniques - c'est extrêmement difficile -
auxquelles évidemment on n'était pas, vous et moi, ni aucun
membre de cette commission, en ce qui concerne la conversation entre le
ministre de l'Agriculture et le témoin. On n'était pas là.
Si on avait été là, peut-être que toute la
commission aurait été inutile.
Alors, dans cette recherche de vérité d'une conversation
téléphonique et de ce qui s'en est suivi, il est
extrêmement important que vous laissiez aux députés membres
de cette commission le soin d'interroger à leur façon pour
arriver à faire la lumière sur, somme toute, des
événements qui sont relativement intangibles. Je parle de cette
conversation téléphonique-là qui n'a pas eu de suite
écrite, sauf le mémo écrit par le témoin et,
évidemment, tout le reste de l'exhibit D-3 et le reste de la preuve,
mais qui, encore là, est une preuve testimoniale, puis qui sont aussi
faits de conversations téléphoniques.
Or, en ce sens-là, M. le Président, ma question de
directive est la suivante: Est-ce que la nature de la vérité que
nous recherchons en vertu du mandat que nous a confié l'Assemblée
nationale n'oblige pas les députés justement à mettre en
lumière - je
vais faire comme vous, je vais employer tous les mots - "ces
différences ou ces nuances" fermez les guillemets; ce sont les mots que
vous avez employés tantôt... à mettre en lumière ces
différences et ces nuances dans le témoignage du témoin
qui est devant nous. Autrement, si on se contente de: quelle heure il
était et est-ce qu'il faisait beau ce jour-là, etc., je vais vous
dire: On n'arrivera à rien.
En vertu du mandat que nous a confié l'Assemblée
nationale, on est obligés dans ce cas-ci de poser les questions qui nous
semblent à propos pour arriver à mettre en lumière les
différences de témoignages, en différence aux nuances,
encore une fois du témoin. C'est là-dessus ma question de
directive, M. le Président, mais je vous l'avais déjà
souligné. Autrement, on n'en posera pas de question si on se fiait aux
sorties du député de Louis-Hébert. C'est probablement ce
qu'il voudrait d'ailleurs qu'on n'en pose pas de questions. On a un mandat et,
quant à nous, on va aller jusqu'au bout du mandat.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Vous avez terminé, M. le député de
Taillon?
M. Filion: Terminé.
Le Président (M- Lorrain): Sur la même question de
directive soulevée par M. le député de Taillon, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui. M. le Président. Je ne sais plus comment le
dire, M. le Président, parce que cette question-là a
déjà été soulevée, a déjà
été vidée, a déjà été
éclaircie. Vous avez rendu une décision et nous sommes
prêts à nous y conformer.
M. le Président, le député de Taillon fait valoir
que cette commission se doit de mettre en lumière les
différences, les nuances, etc., qu'il y a à l'intérieur
des témoignages des témoins.
M. le Président, c'est une question d'appréciation qui
sera faite en temps et lieu. Ce que je vous dis, M. le Président, et
vous avez déjà rendu une décision dans ce sens-là,
c'est que ça ne peut pas être fait au moyen de questions qui
reviennent sans cesse tant qu'on n'a pas soutiré et, M. le
Président, ni moi, ni vous, ni personne de cette commission ne pourrait
résister à un interrogatoire qui va se continuer pendant des
heures et des heures, des jours et des jours et des semaines, M. le
Président, sans qu'à un moment donné, alors qu'on est en
train de noircir des pages et des pages de galées, M. le
Président... (20 h 30)
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît.
M. Filion: Sur ça, M. le Président, vous m'avez
interrompu tantôt.
M. Doyon: M. le Président...
M. Filion: Question de règlement sur la question de
directive.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement sur la question de directive, M. le député de
Taillon.
M. Filion: Oui, ça, M. le Président, ce n'est pas
une question d'argumentation qu'il est en train de sortir''
Le Président (M. Lorrain): Cette partie-là, je vais
vous le dire, je parlais à un parlementaire qui est à votre
droite, on s'est interpellé tous les deux et j'ai peut-être mal
saisi. Voulez-vous faire allusion, et je vais décider
immédiatement. C'est quoi, l'allusion?
M. Filion: Le député de Louis-Hébert, M. le
Président... Tantôt...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! C'est vrai que je parlais avec un parlementaire. S'il y a quelque
chose qui n'est pas correct, je vais vous demander de le retirer, comme j'ai
demandé à d'autres membres de cette commission, M. le
député.
M- Doyon: À la condition que je l'aie dit.
Le Président (M. Lorrain): Attendez, je veux l'entendre,
je le demande.
M. Doyon: Bien oui, mais ce n'est pas lui qui va savoir ce que
j'ai dit, M. le Président. Il aura beau dire ce qu'il voudra.
Le Président (M. Lorrain): Je demande les mots, point, et
je déciderai après.
M. Doyon: Bien oui, mais c'est quoi, les mots?
M. Filion: Les mots exacts, M. le Président, je n'ai pas
une enregistreuse...
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors... M. Doyon:
Bon, c'est ça!
M. Filion:... à la place de la tête, mais le
député de Louis-Hébert est en train d'argumenter...
M. Doyon: Pas du tout!
Le Président (M. Lorrain): Alors continuez, M. le
député de Louis..,
M. Filion:... d'argumenter sur le fond. M. Doyon: Pas du
tout!
Le Président (M. Lorrain): S'il argumente...
M. Filion: II est en train de dire: II n'y a pas un témoin
qui serait capable...
M. Doyon: Pas du tout, pas du tout!
M. Filion:... de résister à un interrogatoire
semblable. II a dit: Ni vous, ni moi, M. le Président, serions
capables...
Le Président (M. Lorrain): Alors...
M. Filion:... de résister à un interrogatoire
semblable.
Le Président (M. Lorrain): Je vais surveiller ça,
M. le député de Taillon.
M. Filion: Je vous dis que c'est une argumentation qui est
déplacée, en plus de ça.
M. Doyon: Sur cette question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Continuez votre première
question de règlement.
M. Filion: Les mots exacts, je ne peux pas vous les dire.
M. Doyon: Non, sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Parfait. Sur une question de
règlement de la question de règlement.
M. Doyon: Sur cette question de règlement, le
député de Taillon prétend - c'est ça son
interruption - que je suis en train d'argumenter. Je n'argumente pas, M. le
Président, je dis tout simplement - c'est là-dessus que j'attire
votre attention - qu'il y a pas un témoin qui peut, en étant
interrogé, abstraction faite de Me Lemay, n'importe qui, qui peut
être interrogé pendant des heures et des heures, des semaines et
des semaines, sans qu'à un moment donné, on trouve des points sur
lesquels on va lui dire: Hier, ou avant-hier, ou il y a trois jours, vous avez
dit telle affaire. C'est impossible, il y a pas un homme qui est capable de
faire ça, ni une femme, c'est certain, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon!
M. Doyon: D'ailleurs, M. le Président, vous l'avez si bien
réalisé que vous avez dit: À un moment donné, il va
falloir qu'on arrête de poser les mêmes questions. M. le
Président, tantôt, vous souleviez le fait que depuis qu'on
siège, depuis 7 heures qu'on siège, que, finalement, on a eu peu
d'interrogatoire du témoin. Je voudrais vous souligner que les questions
de directive ont originé dans tous les cas du côté de
l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Ah non... M. Doyon: Bien, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain):... je ne voulais pas faire
allusion à ça et je ne voudrais pas...
M. Doyon: C'est un fait, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Chacun son droit. J'ai
demandé la collaboration de chacun, mais je ne voudrais pas qu'on
commence à compter les questions de règlement, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: II va falloir, à un moment donné, M. le
Président, qu'on réalise d'où viennent les interruptions,
qui empêche le témoin de témoigner et de dire ce qu'il a
à dire. Nous, nous sommes prêts à l'écouter, nous
sommes prêts à entendre ses réponses, nous sommes
prêts à croire ses réponses quand elles sont
crédibles...
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, je demande au
député de Gouin, s'il a des questions à poser au
témoin, qu'il les pose, mais qu'on en finisse à un moment
donné, c'est rendu ridicule, M. le Président. Ça tient
plus debout.
Le Président (M. Lorrain): Je vais rendre ma
décision. Je n'y peux rien si c'est une preuve testimoniale, je n'ai pas
choisi le qenre d'enquête et je n'ai pas choisi les faits, et tous les
membres qui sont ici n'ont pas choisi les faits qu'on devra entendre et qu'on a
entendus. Je reconnais, M. le député de Taillon - et j'en ai une
bonne connaissance juridique, je pense - qu'il est très difficile de
faire une preuve testimoniale. C'est beaucoup plus difficile que d'arriver avec
des écrits ou encore simplement avec des faits qui ont été
vus et constatés par témoin et vécus en
quantité.
Il y a une chose bien importante, c'est que je ne permettrai pas
à aucun des parlementaires ici de faire un interrogatoire à leur
façon ou d'une façon quelconque. J'ai a
décider de la bonne marche de ces travaux-là, et toujours
dans l'objectif que chacun reconnaît, quand c'est de faire la
lumière sur des faits et une question de privilège, ce qui peut
paraître complexe. C'est sûrement très complexe parce qu'on
serait pas encore ici si c'était si simple que ça. Mais je me
dois, en tant que président, d'encadrer ce débat et ces
interrogatoires.
Chose extrêmement importante. J'ai répété
tout à l'heure que je me devais, dans un cadre minimum de
règlement, protéger les témoignages et les témoins
qui viennent ici, à la barre. Si on n'y met pas un minimum de
règles et si je n'impose pas un minimum de règles, même si
on n'en a pas, il y a aucun témoin et personne qui va accepter, de bonne
foi, venir sous serment témoigner devant la commission de
l'Assemblée nationale. Cela, c'est extrêmement important.
Je vous demande encore une fois, qu'il y ait des différences, des
nuances ou des contradictions, on le jugera, on l'appréciera, mais
à la fin, mais pas immédiatement. Peu importe le genre de
qualification des témoignages, ce n'est pas permis, ni dans une
interrogation, ni en réponse, ni en remarque. On verra à la fin,
et chacun argumentera et on a beaucoup de temps prévu pour ça. Il
y a plus, il y a encore plus, en vertu de nos règlements,
l'enquête que nous faisons ici va se terminer devant l'Assemblée
nationale et on aura tout le temps qu'il faut, en plus de l'argumentation et de
la décision qui sera prise ici et de la lecture en séance de
travail de tous les textes, tous les témoignages, toutes les
pièces, on aura amplement le temps de se faire une décision.
Entre-temps, il n'est pas question de qualifier quelque partie minime que ce
soit, peu importe le témoignage de qui que ce soit, de
répéter une question en deux, trois, quatre, cinq ou six
exemplaires.
Alors, M. le député de Taillon, juste avant la question de
directive qui m'a été posée, je vous avais avisé
qu'il restait 30 secondes à votre interrogatoire. On vient tout juste de
m'en aviser, il y a déjà quelques minutes.
M. Chevrette: Où vous êtes rendu? M. Filion:
C'est Jacques qui interroge.
M. Chevrette: C'est le député de Gouin.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin? Est-ce que j'avais nommé... Excusez-moi.
M. Rochefort: Ah bon! Excusez. M. le Président, M. Lemay,
vous nous avez dit que ce que M. Pagé vous avait dit, c'était
ferme, c'était clair, la décision était prise.
Pourquoi, en conséquence, d'une décision prise fermement
et "parce que" plutôt que "tant que", avez-vous décidé de
proposer, pas seulement d'appeler votre parrain pour lui parler du
problème, de lui proposer de faire des démarches pour qu'on
n'utilise pas votre loi dans ce que vous appelez les "games" politiques ou dans
les chicanes politiques?
M. Lemay: Je vous l'ai dit tantôt, j'avais espoir qu'il y
avait moyen de trouver une solution à ça. Pas parce que la...
M. Rochefort: Donc, vous n'étiez pas certain que
c'était ferme.
M. Doyon: Donc, vous n'étiez pas certain... Laissons
répondre le témoin et on va apprendre ce qu'on a à
apprendre.
Le Président (M, Lorrain): Une question directe, M. le
député de Gouin.
M. Doyon: II l'a posée, sa question. M. Rochefort:
Dois-je comprendre...
M. Doyon: C'est fini, M. le Président. Question de
règlement, M. le Président. Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, sur une question de règlement.
M. Doyon: Oui, M. le Président, question de
règlement. Je voudrais savoir et j'ai regardé sur ma montre, le
30 secondes du député de Gouin est expiré depuis
maintenant 25 secondes.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Il y a des
fonctionnaires ici et je vais me fier sur les fonctionaires qui sont ici pour
nous dire s'il reste du temps ou pas.
M. Doyon: Alors, je vous demande, M. le Président, de vous
informer auprès des fonctionnaires si le temps est terminé.
Le Président (M. Lorrain): On va m'aviser.
M. Doyon: M. le Président, je vous demande de vous
informer immédiatement.
Le Président (M. Lorrain): C'est
terminé? Alors, M. le député de Gouin, on
m'avise que votre temps...
M. Doyon: Est terminé.
Le Président (M. Lorrain):... est terminé.
M. Doyon: Comme je disais. Merci
beaucoup.
M. Rochefort: Non, c'est pas terminé, M. le
Président. Je voudrais avoir une réponse à ma
question.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, à la
dernière question, mais votre temps... Me Lemay.
M. Rochefort: C'est pas le mien qui est pas terminé, c'est
le sien.
Le Président (M. Lorrain): Me Lemay, oui, Me Lemay.
M. Lemay: En tout cas, je sais pas s'il peut la
répéter, parce qu'avec les abjections... Vous demandez si... Je
sais pas s'il peut répéter la question. Je voudrais pas...
Le Président (M. Lorrain): Répétez votre
question. Bon, on va passer à un autre... Vous ne vous rappelez pas de
la question.
M. Rochefort: Oh! Non, non, non, M. le Président, j'ai le
droit d'avoir des réponses à mes questions.
Le Président (M. Lorrain): Alors, répétez,
pour mon bénéfice à moi, quelle était la question,
mais ne reposez pas une question de 15, 20 ou 30 secondes au témoin.
Quelle était la question, brièvement, directement?
M. Rochefort: Excusez, une question de règlement, M. le
Président. C'est pas vous qui me dites: J'ai pas compris la question,
c'est le témoin. Dites-moi pas: Posez-moi ça pour l'essentiel et
répétez-y pas votre question.
Le Président (M. Lorrain): II faudrait pas reprendre... En
d'autres termes...
M. Rochefort: C'est le témoin qui dit: J'ai pas compris la
question. Non, mais moi, je veux bien. Mais c'est pas vrai que je vais vous
poser une question pour la forme. Si je répète ma question, c'est
parce que je veux avoir une réponse et donc qu'il la comprenne.
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous avez
terminé votre intervention, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: Oui. C'est pas pour la forme.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Laval-des-Rapides, sur la même question de règlement.
M. Bélanger: Question de règlement, M. le
Président. C'est qu'il a toujours été entendu dans les
règles de cette Chambre que les questions se posent toujours au
président. Donc, j'appuie votre requête et le député
de Gouin devrait se conformer en vous posant la question à vous.
Le Président (M. Lorrain): Non, je vais lire les
galées et je vais poser moi-même... On va suspendre. Cela fait
déjà plus d'une heure et demie et on doit...
M. Chevrette: M. le Président, pourraîs-je vous
faire remarquer que ça fait deux questions de privilège
consécutives de la partie ministérielle alors qu'ils disent
depuis le début que c'est toujours nous autres qui arrêtent?
M. Doyon: D'ailleurs, ç'a été
confirmé, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: C'a été confirmé que le temps
était terminé comme je l'avais dit.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
Alors, nous allons... Me Lemay, je vais vous demander de rester à
la disposition... M. le député de Laval-des-Rapides,
l'interrogatoire est terminé de M. le député de Gouin. Je
vais vous reformuler en revenant la question, je vais vérifier la
galée et je vais la reposer en revenant et après, je
céderai la parole à un autre parlementaire.
Une voix:... les galées?
Le Président (M. Lorrain): Oui, on va le faire...
Les travaux de cette Assemblée sont suspendus pour quelques
minutes.
(Suspension de la séance à 20 h 40)
(Reprise à 21 h 6)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Si vous me permettez.
Suite à la dernière question de règlement qui soulevait
qu'il n'y avait plus de temps au député de Gouin, nous avons
relu, écouté, c'est-à-dire, nous avons
écouté l'original de l'enregistrement de cette commission. On
n'aura pas à répéter la question, il y avait
déjà réponse dans le brouhaha et toute les questions de
règlement.
Je reprends le texte jusqu'à ce qu'on entende "question de
règlement, plus de temps". À une question posée par M. le
député de Gouin: "Pourquoi, en conséquence d'une
décision prise fermement et "parce que" plutôt que "tant que"
avez-vous décidé de proposer pas seulement d'appeler votre
parrain pour lut parler du problème, de lui proposer de faire des
démarches pour qu'on n'utilise pas votre loi dans ce que vous appeliez
des guignes politiques ou des chicanes politiques?" Réponse de Me Lemay:
"Je vous l'ai dit tantôt, j'avais espoir qu'il y avait moyen de trouver
solution à ça." Question de M. Rochefort, excusez, M. le
député de Gouin: "Donc, parce que vous n'étiez pas certain
que c'était ferme." Question de règlement. Alors, ça finit
comme ça. La dernière question n'est pas recevable. La question
de règlement, c'est parce qu'il n'y avait plus de temps et donc, parce
que vous n'étiez pas certain que c'était ferme, c'est comme
depuis le début, c'est un jugement, c'est une appréciation d'une
réponse qui vient d'être donnée et la dernière
question je l'ai lue au complet et dans toutes les questions de
règlement qui ont été soulevées on n'avait pas
entendu la réponse textuelle de Me Lemay à votre dernière
question et Me Lemay le dit très clairement et ça va
apparaître dans exactement les mots. Tel que je viens de vous le dire, on
a lu à plusieurs reprises la bande originale dans le bureau à
l'arrière.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: ...comment expliquez-vous en conséquence que
le témoin m'ait demandé de reformuler la question et que vous
aussi vous m'ayez demandé de la reformuler?
Le Président (M. Lorrain): Dans tout le jeu de questions
de règlement, etc., etc. Même j'ai demandé et il a
répondu. On ne s'était pas aperçu... J'ai donné la
réponse de Me Lemay, ce que personne, je pense ici à la table
à ce moment-là... Parce que moi-même, je vous ai
demandé de répéter la question mais il y a eu une
réponse. Elle apparaît clairement sur le ruban. Ce que tout
à l'heure, dans toutes les interventions, je pense qu'il y en a
plusieurs... Tout va être bien consigné et je ne suis pas le seul
à avoir écouté. On est quatre qui ont écouté
la bande à quatre reprises et on l'a répétée et
dictée mot à mot. Alors, je vous remercie, M. le
député de Gouin.
Maintenant je vais reconnaître, tel que l'exige la règle de
l'alternance, un député de la formation ministérielle.
M. Doyon: Pas de question pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors il n'y a pas de question.
Je vais maintenant passer à un député de l'Opposition.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Me Lemay, vous avez
parlé très souvent de la fermeté de la décision
dont vous faisait part M. Pagé et je voudrais vous citer deux passages.
D'abord, à la page - aux galées -R-241, page 3, vous dites ceci:
"Donc, ta décision est prise, il n'est pas question de dire si oui ou
conditionnel il m'importe qu'il y a une décision qui est prise." Et
à la page 245, page 1: "Je me suis dit s'ils ont pris leur
décision là, que voulez-vous que je fasse? Quand bien même
que je parlerais deux, trois jours à M. Pagé..." Revenez
également à la page 258, page 1: "II - M. Pagé - m'a dit:
Nous ne consentons pas, il n'y a pas de "c'est possible que", nous ne
consentons pas à la présentation de votre loi. Vu la question,
l'Opposition avait donné son consentement, est bon, M. Garon ne voulait
pas le donner. Ce que j'ai expliqué ce matin-là, mais ce
n'était pas un conditionnel. Il n'était pas question de dire: Si
je change d'idée ou je change l'information que j'ai eue, c'est que la
décision était prise, que notre loi ne passerait pas." À
trois reprises, donc, vous revenez sur la notion de fermeté de M. le
député Pagé.
Ma première question est la suivante: La compréhension que
vous avez des choses, qu'est-ce qui était décidé
fermement? Est-ce que c'était le fait de lier la présentation de
votre projet de loi au consentement de M. Garon sur la loi du zonage ou bien si
c'était la seule décision de bloquer votre projet de loi?
M. Lemay: Ce que j'ai compris comme étant ferme, c'est que
notre loi de la CITRSQ, le gouvernement ne donnera pas son consentement.
M. Chevrette: Est-ce que vous trouvez ou ne trouvez-vous pas
qu'une telle fermeté, une telle absence de conditionnel, que c'est
compatible avec l'esprit de votre mémo du 19 décembre?
Le Président (M. Lorrain): Pardon. Pourrîez-vous
répéter...
M. Lemay: ...une opinion... Une voix: ...dans D...
M. Chevrette: Excusez. Je vais vous donner la cote.
Le Président (M. Lorrain): Si... Voulez-
vous répéter, s'il vous plaît, la question?
M. Chevrette: J'ai dit ceci: Trouvez-vous qu'une telle
fermeté sans absence de conditionnel, c'est compatible avec ce que M.
Lemay a dicté le 19 décembre au soir entre 6 heures et 7 heures
du soir, entre 18 et 19 heures, dans la cote D-20A?
Le Président (M. Lorrain):... et non pas ce qu'a dit
monsieur...
M. Chevrette: Non, non.
Le Président (M, Lorrain): O. K. Ça va.
M. Chevrette: J'ai pas dit. C'est lui.
M. Lemay: Vous demandez si c'est compatible? Bien, c'est une
question d'interprétation. Je vous dis que oui. J'ai compris que
c'était une décision, qu'il n'était pas question de dire
si votre loi ou autre chose. C'est que je vous informe que votre loi, on donne
pas notre consentement à ça. Il y a eu une réunion en
comité, etc. Je ne reviendrai pas sur le détail, là. Donc,
cette information-là, puis, évidemment, comme procureur au
dossier, je contacte mon client et, après ça, je contacte le
parrain et je regarde s'il n'y a pas moyen de faire quelque chose.
M. Chevrette: Mais, M. Lemay, vous dites que c'est un non ferme.
Il vous est pas venu à l'idée que si M. Garon donnait son
consentement à 132, votre problème était
réglé?
M. Lemay: Je me suis pas posé la question de cette
façon-là. La loi 132, ça m'intéressait pas.
M. Chevrette: Bon. La loi 132 ne vous intéressait pas. Ce
qui vous intéressait, c'était 272.
M. Lemay: C'est évident. J'étais mandaté par
la C1TRSQ.
M. Chevrette: Votre mandat était-il terminé le 18
au soir?
M. Lemay: Ah non. Il s'est même continué par la
suite. II a fallu que je fasse le règlement d'emprunt en janvier ou
février. Autrement dit, on avait présenté une loi
spéciale en vue de consolider une dette pour faire un emprunt à
long terme, mais, après ça, il a fallu que je fasse la
procédure d'emprunt à long terme, etc. Ça s'est
continué. Mon mandat s'est terminé probablement à
mi-février peut-être ou...
M. Chevrette: Vous avez dit à plusieurs reprises qu'il n'y
avait plus d'objection de fond sur votre loi 272, que c'était des
"deals", des "qames" de fin de session. Ce que je voudrais savoir, moi: Comment
il se fait, comment expliquez-vous que les deux belligérants, en
l'occurrence, MM. Pagé et Garon, parce que M. Garon s'objectait à
la loi 132 et M. Pagé vous annonçait qu'il s'objecterait à
la loi 272, il vous est pas venu à l'esprit d'essayer de convaincre M.
Pagé d'une façon, avec beaucoup de ténacité?
M. Lemay: Un, la compréhension que j'ai eue, c'est que
j'ai pas compris, moi, que c'était M. Pagé, individuellement,
personnellement et seul, qui bloquait ça. J'ai compris que c'est un
comité, autrement dit un groupe de libéraux ou des gens du
gouvernement qui s'opposaient. Donc, M. Pagé m'informait de ça.
Deuxième point, quand vous dites: C'était uniquement une question
politique ou d'échange de projets de loi, je vous ai
précisé que M. Pagé m'avait dit qu'il ne met pas la loi
pour la question rétroactive, mais je l'avais rassuré
là-dessus. À mon avis, je l'ai rassuré. Maintenant,
pourquoi pas avoir fait de démarche auprès de M. Pagé?
Parce que, pour essayer de le convaincre... C'est une question politique qui
était devant moi. Je n'ai pas à m'embarquer dans un débat
politique.
M. Chevrette: Mais, comment se fait-il que vous offrez, et je
vous la pose la question d'une façon très directe, qu'est-ce que
vous seriez venu faire dans les corridors du parlement si vous vouliez pas
être impliqué dans une bataille politique?
M. Lemay: Bien, j'aurais suivi M. Garon. Autrement dit, l'homme
politique, comme dans le cas de Sorel, dit: Rien on va aller voir le leader de
l'un puis on va aller voir le leader de l'autre, puis... J'aurais
été là comme personne-ressource, puis s'il y a des
questions pour dire quelle est l'importance et l'urgence de la Loi de la
CITRSQ, quelles sont les conséquences, je pense que je suis en meilleure
position de l'expliquer que M. Garon. J'ai été au dossier
technique, j'ai monté le dossier. J'allais là pour... En tout
cas, je pensais moi que je pouvais être utile là dans ce
sens-là.
M. Chevrette: Mais, M. Lemay, je vais reprendre ma question. Vous
avez affirmé à plusieurs reprises qu'y avait plus de
problème de fond sur 272. C'était une "game". Vous avez
utilisé le mot "deal", le mot "game", le mot "chicane politique". Vous
vous rappelez de ça? Ce que je vous pose comme question, si vous aviez
plus d'argumentation de fond pour convaincre personne, quel pouvait être
votre rôle entre deux belligérants politiques alors que vous leur
demandez de ne pas être au coeur des chicanes politiques?
M. Lemay: Je pense pas que quand je dis qu'il y a plus de
problème de fond c'est... À mon avis, il y avait plus de
problème de fond, sauf qu'il y a des arguments qu'il fallait soutenir
pour démontrer l'importance que la loi passe à cette session-ci
et non pas à une autre session. Ça, c'est autrement qu'une
question de fond çà. Quelles sont les conséquences de la
non-adoption de la loi de la CITRSQ?
M. Chevrette: Comment m'expliquez-vous, M. Lemay, parce que vous
avez témoigné assez longuement là-dessus mais il y a une
affaire que j'ai pas compris en relisant les galées de fin de semaine.
Comment ça se fait que vous sentez pas le besoin de dire à M.
Pagé les conséquences financières de la non-adoption de
272 puis que vous sentez le besoin de le dire à Mile Lecours qui est une
simple secrétaire de député? Pouvez-vous m'expliquer
ça en logique là?
M. Lemay: Oui, oui. C'est... Je vous ai exprimé qu'avec
face à M. Pagé pour moi c'est une question politique. Je discute
pas de questions politiques avec lui. Il me donne une information. À
cette heure, j'ai le ballon là. Je prends le ballon puis je
l'emmène à mon parrain. Sauf qu'avant de parler au parrain, y
faut que je parle à sa secrétaire. Lui est en période de
questions. Ça fait qu'il faut que je parle à sa secrétaire
puis que je lui explique l'urgence de la situation pour que M. Garon,
malgré la période de questions, se lève de la Chambre puis
vienne m'appeler pour que je lui explique la situation.
M. Chevrette: Oui.
M. Lemay: II faut que je lui donne un peu l'essence. Je suis pas
pour dire: Rappelez André Lemay, point à la ligne. Il faut que je
lui donne un peu l'histoire.
M. Chevrette: Oui, mais vous avez un ex-ministre et un
ministre.
M. Lemay: Mais j'ai pas vu ça de même,
monsieur...
M. Chevrette: Non. Je comprends mais je veux bien comprendre vos
réflexes parce qu'on a des réflexes naturels quand arrive un
événement. Le premier réflexe, merci à M.
Pagé de vous donner l'information.
M. Lemay: C'est exact.
M. Chevrette: Deuxième réflexe, Mme Lecours, une
simple secrétaire, les conséquences financières sont
désastreuses pour la C1TRSQ. Comment vous expliquez ça que vous
avez pas senti le besoin de dire à celui avec qui vous avez
plaidé sur un "bill" privé antérieurement puis, comme par
hasard, le 19 décembre 1981 où vous étiez procureur et M.
Pagé était lui-même parrain d'un "bill" privé
rétroactif pour Saint-Raymond de Portneuf? Comment ça se fait que
vous n'avez pas senti le besoin - expliquez-moi donc ça - de dire
à M. Pagé l'importance pour votre cliente de voir l'adoption de
ce projet de loi-là?
M. Lemay: Ron, premier point, Â ce moment-là, cette
journée-là, je n'ai pas fait de lien avec le "bill" que j'avais
déjà eu pour la ville de Sorel... la ville de Saint-Raymond
là.
M. Chevrette: Mais, vous en avez parlé à tous les
deux.
M. Lemay: Pardon?
M. Chevrette: L'expérience de Sorel, vous en avez
reparlé aux deux, et à M. Garon et à M.
Pagé?
M. Lemay: Oui, mais pas... Celte de Saint-Raymond, je n'ai pas
fait de lien. Vous me donnez l'exemple du cas de Saint-Raymond en 1961. Il n'y
avait pas eu de problème de fin de session là-dedans. En tout
cas, je m'en souviens pas là. Ce qui m'était venu à
l'idée, c'est le cas de Sorel. À cette heure, pourquoi pas en
parler à M. Paqé? M. Pagé, à mon avis, était
au fait du dossier. Je lui avais transmis le 14 novembre, il me semble que
c'est le 14 novembre, une lettre avec probablement de la documentation, une
copie du... Il était au courant du dossier. Je l'avais mis
moi-même au courant du dossier comme j'avais mis au courant d'autres
ministres de la situation.
M. Chevrette: Vous aviez mis au courant M. Pagé par une
lettre du 14 novembre. Aviez-vous reçu un accusé
réception?
M. Lemay: Non.
M. Chevrette: Aviez-vous reçu un retour
d'appel?
M. Lemay: Non.
M. Chevrette: Comment pouviez-vous être au courant qu'il
était au courant?
M. Lemay: Je l'ai pris pour acquis.
M. Chevrette: Vous l'avez pris pour acquis.
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: Comment il se fait que votre plus grande
préo..
M. Lemay: Ma lettre n'est pas revenue non plus.
M. Chevrette: Comment se fait-il que votre plus grande
préoccupation, lorsque vous appelez M. Pagé, c'est de lui
demander d'aller atténuer les propos que vous aviez tenus la veille au
ministre des Transports plutôt que de plaider sur les conséquences
néfastes sur le plan financier que pouvait avoir votre cliente? Comment
vous m'expliquez cela?
M. Lemay: D'abord, je n'ai pas voulu atténuer les propos.
C'est plutôt l'inverse. J'ai voulu diluer la mauvaise information, la
mauvaise perception que le ministre Côté pouvait avoir au niveau
de ce que j'ai parlé au début là, l'interprétation
légale erronée. Je vous avais expliqué qu'en commission
parlementaire, d'après les questions qui m'étaient posées
le 18 décembre, j'étais resté sur l'impression que le
ministre des Transports était d'opinion que si les règlements
n'avaient pas été approuvés, c'est parce qu'il y avait eu
une erreur commise à l'époque au niveau de
l'interprétation légale et que nous étions
nous-mêmes au dossier.
Or, nous n'étions pas au dossier d'aucune façon. Je
voulais enlever ce doute là dans l'esprit de M. Côté.
M. Chevrette: Mais votre mandat, Me. Lemay, n'était-il pas
de voir l'adoption de votre loi? N'est-il pas plus normal, à
ce moment-là, comme premier réflexe que vous plaidiez sur
l'importance...
Le Président (M. Lorrain): N'est-il pas normal? Posez la
question directement.
M. Chevrette: À lui? Selon lui?
Le Président (M. Lorrain):... sans porter de jugement
avant. N'est-il pas normal?Posez-lui directement s'il pense
que?Reprenez votre question, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que votre premier réflexe n'aurait
pas dû être celui de plaider sur le fond de votre loi plutôt
que de donner des explications à un ministre qui, la veille, aurait pu
avoir une mauvaise-perception?
M. Lemay: Mais mon premier réflexe... Vous parlez de
réflexe. Ça n'a pas été ça. Vous me demandez
mon réflexe. J'ai un téléphone, j'ai à peu
près une demi-heure, trois quarts d'heure pour réagir. J'ai
réagi de la façon X. À cette heure, si vous voulez me dire
comment j'aurais dû réagir, je vais prendre note de ça et
la prochaine fois je saurai quoi faire. J'ai agi au meilleur de ma
connaissance, de bonne foi. Aujourd'hui là, tout le monde fesse sur mot.
Que voulez- vous que je vous dise? J'ai fait ça pour bien faire moi et
aujourd'hui je suis le principal témoin ou presque, écoutez. Que
voulez-vous que je vous dise? Moi je suis un avocat, je ne suis pas
un politicien.
M. Chevrette: M. le Président, je ne demande pas au
témoin d'exposer son état d'âme actuel. Je lui ai
posé une question bien précise. C'est parce que c'est
lui-même... J'en fais une directive là parce que c'est lui qui
interprète mes propos là. C'est le témoin qui vient
d'interpréter. Je ne voudrais pas que ça compte sur mon
temps.
Je voudrais demander une directive. Le témoin vient de dire, M.
le Président, que lui a fait ça pour bien faire. Je ne lui ai pas
demandé s'il avait fait ça pour bien faire ou pas. Je lui ai dit
que son mandat, c'était 272 et que les conséquences
financières sont affreuses et son réflexe de demander à
celui qui l'informe, ce n'est pas de plaider sur l'urgence, sur l'importance,
c'est de plaider, c'est de dire de ne pas oublier d'informer que.
Je n'ai jamais prêté d'intention au témoin. Je lui
ai demandé: N'est-il pas plus... N'aurait-il pas eu comme réflexe
premier de plaider sur le fond? Je ne vous avais pas demandé d'autres
choses. Cela m'apparaît clair ça.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
veut intervenir sur cette directive là?
M. Doyon:... là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que le témoin
nous a répondu que c'est comme ça qu'il a senti ça et
c'est comme ça qu'il a vu ça. Maintenant il vient raconter un peu
sa réaction à ce moment-là. Mais vous pouvez la lui poser
d'une autre façon si vous pensez que ce n'est pas assez clair. Mais je
pense que Me Lemay nous a dit ce qu'il a ressenti à ce moment-là
et ce qu'il ressent encore aujourd'hui. Vous avez toujours la parole, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. M. Lemay, est-ce qu'il
vous est venu à l'esprit que si M. Garon donnait son consentement, la
Loi sur le zonage agricole, le blocage face à votre loi
disparaîtrait?
M. Lemay: Il me semble que je l'ai expliqué longuement
cette affaire-là. Je vous ai dît qu'au niveau de la loi sur la
CITRSQ, l'information que j'ai c'est que la loi, il n'y a pas de consentement
et on nous donne le motif. L'Opposition ne veut pas, etc., là, bon. J'ai
pas essayé, moi, d'aucune façon, j'ai pas pensé,
peut-être que j'aurais pu y penser, mais j'y ai pas pensé, qu'il
fallait que M. Garon change d'idée ou autre chose.
Écoutez, je n'étais môme pas au courant de la loi
agricole. Je n'étais pas au courant du fond de ça, qu'est-ce que
c'était au juste. Je l'ai su par la suite. C'est un problème
politique. Mot j'avais un mandat. Mon mandat c'est de faire en sorte que ma loi
passe. Je me suis référé aux politiciens pour
régler leurs problèmes politiques entre eux.
M. Chevrette: Mais vous dites à M. Pagé, dans votre
memo D-20A, dicté le 19 décembre au soir: J'ai
précisé au député, M. Pagé, que je trouvais
cette situation déplorable tout en précisant que c'est souvent ce
qui se passe en des fins de sessions pour avoir vécu un cas similaire ou
un cas semblable avec un projet de loi privé que j'avais
présenté pour la ville de Sorel il y a quelques années.
J'ai remercié M. Pagé de m'informer de cette décision.
Au cours de vos conversations téléphoniques, tant avec M.
Pagé qu'avec M, Garon, vous ne faites... vous avez senti le besoin
vous-même de donner le fruit de l'unique expérience de fin de
session que vous avez. J'aimerais comprendre ça.
M. Lernay: J'en n'ai pas d'autres. J'ai pas eu d'autres
expériences. Celle-là, c'était 13 deuxième.
M. Chevrette: Mais aviez-vous l'impression que M. Pagé que
ça fait quatorze ou quinze ans qu'il est dans le parlement, puis que M.
Garon, ça fait dix dans le même parlement, qu'ils ont vécu
bien d'autres choses?
M. Lemay: Mais vous leur demanderez. Je vous donne comment j'ai
perçu ça. J'ai un problème. J'ai dit: J'ai vécu le
même problème antérieurement; ce que j'ai fait, j'ai fait
telle chose puis le résultat a été bon. Je reprends le
même processus, puis le résultat a été bon cette
fois-là aussi.
M. Chevrette: Bon, mais ça fait une semaine que vous nous
dites ici que vous êtes au courant des échanges, des "deals" de
fin de session, puis vous nous dites en même temps que vous ne faites pas
le lien entre vos connaissances théoriques puis le cas particulier de
votre projet de Soi?
M. Lemay: Non, non, regardez.
M. Chevrette: Comment vous pouvez m'expliquer
ça?
M. Lemay: Ce que je vous dis, c'est que je sais, par les journaux
etc., que des fins de sessions, les choses ça va vite, hein?
II y a des échanges - ça se bouscule - des échanges
verbaux ou autre chose. Et je sais aussi, pour l'avoir vu, vécu dans te
cas de Sorel, qu'il y a des échanges de consente- ments qui se font
à différentes étapes de procédure. Ce n'est pns la
première fois qup, pour moi, je voyais ça; c'était la
deuxième fois, puis, écoutez, j'ai réaqi comme la
première fois.
M. Chevrette: Mais je vous repose la question. M. Paqé
vous a dit, à neuf heures et demie: M. Garon ne suit pas la ligne du
chef - si je suis votre témoignage - il ne veut pas donner son
consentement à 132, donc il y a un comité ou un caucus ou un
gouvernement, parce qu'on retrouve les trois mots dans vos témoiqnages,
"le gouvernement" dans deux ou trois papiers, pour ne pas dire des
mémos, puis "caucus" ou "comité" dans un de vos
témoignages ici.
Vous dites ceci: C'est à cause du refus de M. Garon de donner son
consentement à 132 que le comité, le caucus ou le gouvernement ne
veut plus donner son consentement à la loi 272. Moi, ce que jp me pose
comme question et que je vous pose, c'est: si vous avez reçu de M.
Paqé l'information à l'effet que votre projet est bloqué,
parce qu'il y a un refus de suivre la ligne du chef ou d'autres, il ne vous est
pas venu à l'idée de convaincre M. Garon que, s'il levait son...
s'il donnait son consentement à 132, que votre 272 était
adopté, puisqu'il n'y avait plus de question de fond?
M. Lemay: Écoutez, je pense que je l'ai déjà
dit, ça. Quand j'ai parlé à M. Garon, j'ai dit: Je ne veux
pas me mêler de la loi 132. Je ne connaissais même pas le fondement
de cette modification-là. Comment pouvais-je essayer de convaincre M.
Garon, de lui dire: Vous avez tort ou vous avez raison de vous objecter.
Peut-être bien qu'il avait raison aussi? Écoutez, je ne le sais
pas. Je n'ai pas voulu me mêler de cet aspect politique-là. Ce
n'était pas mon rôle.
M. Chevrette: Est-ce que M. Garon ne vous a pas expliqué
au téléphone quel était le fondement de l'accrochage sur
132?
M. Lemay: Quand j'ai demandé, j'ai parlé de la 132,
il m'a dit: C'est rien qu'une question sur un amendement. D'abord, je ne savais
pas si c'était un amendement à 132 qui voulait être inclus
sur M. Garon ou un amendement tout court à la loi agricole. Il dit:
C'est rien qu'une question d'amendement à la loi aqricole et on ne
s'oppose pas vraiment. En tout cas, moi, la façon que j'ai compris
ça, c'est que, gu niveau de l'Opposition ou de M. Garon, le
problème de la 132, il n'y en avait pns tant que ça, mais
ça revient exactement à ce que j'avais compris dans Sorel, c'est
quand un côté de la médaille dit: C'est notre faute...
C'est la faute de l'autre, puis, de l'autre côté: C'est la faute
de l'autre. Mais, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ce n'est pas a
moi
à évaluer ça. Puis, je n'ai pas voulu non plus
l'évaluer à ce moment-là. J'ai pas voulu évaluer
pour voir si les libéraux avaient raison ou si les péquistes
avaient raison. Mot, écoutez, c'est de la politique, puis qu'ils se
chicanent entre eux autres, mais qu'ils ne se chicanent pas avec ma loi.
M. Chevrette: Mais pourquoi le mot "chantage" a été
utilisé dans la conversation avec Mme Lecours, si vous ne vouliez pas
vous mêler des chicanes politiques?
M. Lemay: Bon. D'abord, je... dans mon mémo, j'ai
apporté une correction là-dessus, parce que je ne savais pas qui
avait parlé de chantage. La première fois, ça avait l'air
à dire: Je ne sais pas qui a dit le mot "chantage" ou non; en tout cas,
je ne sais pas si vous voulez que je réfère à chacun des
mémos, là, alors qu'après y avoir repensé comme il
faut en le corrigeant, en revenant des fêtes, je dis: Je crois que - Mme
Lecours a parlé de chantage - j'ai dit: Je crois, donc je n'ai pas la
certitude. Je n'avais pas la certitude à l'époque et je ne l'ai
pas plus aujourd'hui, et je me rappelle très bien d'avoir dit - appelez
ça comme vous voudrez - mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
On a un problème puis je veux parier à M. Garon. (21 h 30)
M. Chevrette: Je vais vous reposer une autre question sur la
fermeté, parce que ça m'apparaît encore très ambigu.
On est à la recherche de la vérité, donc je voudrais vous
demander si c'était ferme, si c'était décidé, s'il
n'y avait rien à faire pour faire changer d'idée, puis que vous
saviez de la bouche même de M. Pagé que c'était M. Garon
votre parrain qui était la cause même du lien entre 272 et 132,
qu'est-ce que vous espériez faire dans les corridors du parlement ou
dans les bureaux? Quel rôle pensiez-vous devoir jouer? Si vous vouliez
venir ici, vous vouliez faire quelque chose.
M. Lemay: Je pense que je pouvais servir de personne-ressource au
niveau du fond de la loi et au niveau de l'importance que la loi sera
adoptée cette session-ci, pendant qu'entre politiciens ils se chicanent
pour dire: J'ai ça. Tu me donnes ça. Je n'ai pas ton
consentement, puis je ne te donne pas mon consentement. Qu'est-ce que vous
voulez? Cet aspect-là de ta motivation politique des
échanges de consentement, je ne veux pas me mêler de ça,
mais je voulais amener des arguments pour dire: Voici l'enjeu» Voici
l'importance pour nous autres. À cette heure, la loi agricole qu'elle
passe ou qu'elle ne passe pas; cela ne me dérange pas. Que voulez-vous
que j'en fasse?
M- Chevrette: Mais vous venez de me dire que sur le fond de votre
loi, il n'y avait plus aucun problème. En quoi vos ressources auraient
été utiles sur le fond?
M. Lemay: Le fond même de la loi 272, je ne sais plus le
numéro, la loi de la CITRSQ... Le fondement même, c'est pour
permettre de faire un emprunt à long terme, puis on a une date limite
quant aux subventions pour les fins du calcul des intérêts. Tout
retard dans le financement est nécessairement préjudiciable
à la CITRSQ. C'est important de l'expliquer puis, c'est ce que j'ai
essayé d'expliquer, de dire: Écoutez, ne retardez pas ça.
Notre loi presse. II faut qu'on se finance, puis ça presse. Il faut
qu'on aille sur le marché des obligations au plus tôt, parce que
ce n'est qu'à compter de cette date qu'on a un service de la dette et ce
n'est qu'à compter du moment où on a un service de la dette que
le ministère des Transport subventionne.
M. Chevrette: Jeudi dernier, vous me dites ceci dans les
galées 347, page 1... Je vais vous citer et vous demander de m'expliquer
votre réponse que c'est loin d'être clair. "Quand je dis: Â
mon avis, c'est une décision ferme. C'est qu'il n'y avait pas
d'élément conditionnel. L'information que j'ai eu, ce n'est
pas... Le comité a décidé que si M. Garon fait telle
chose, on va faire telle chose. L'information que j'ai eue, puis je me
réfère à une note parce que c'est ce que je me rappelais
le jour même, c'est que nous avons décidé de ne pas donner
de consentement à la présentation du projet de loi de la CITRSQ,
parce que l'Opposition refuse son consentement, etc.. Là, ce que je vous
avais dit. Donc, c'est dans ce sens-là que je dis que c'est une
décision qui est ferme. C'est ce qu'on ne m'a pas dit. On va faire telle
chose s'il se passe telle chose. On m'a dit: On a décidé qu'on ne
consent pas. Donc, la décision, à mon avis, était prise. "
Ce sont vos paroles textuelles de jeudi soir dernier.
Est-ce que vous me dites que d'après vous la décision
était tellement ferme que quoi qu'il arrive à la loi 132, votre
loi était quand même bloquée?
M. Lemay: Écoutez. J'agis comme avocat ça fait dix
ans, puis j'ai bien l'habitude de jeter les gants, parce que j'ai une position.
Je dis: ça, c'est notre position à nous d'un côté.
J'ai dit: Je vais voir ce que j'ai à faire. Autrement dit, moi je n'ai
pas jeté le gant. Avoir jeté le gant, j'aurais raccroché
le téléphone, puis je me serais mis à pleurer en disant:
Ma loi ne passe plus. Non, j'ai vérifié avec le client ce qu'on
fait, puis le client a dit: Demande donc à M. Garon ce qu'on doit
faire.
M. Chevrette: Me Lemay, quand on ne jette pas le gant, on
continue à se battre, hein?
M. Lemay: Exact.
M. Chevrette: La bataille se faisait entre deux projets de loi
qui étaient en balance selon l'information que vous aviez eue.
M. Lemay: C'est exact.
M. Chevrette: À ce moment-là, Me Lemay, ou de deux
choses l'une, ou que vous convainquiez une partie ou l'autre de plier, ou que
vous convainquiez le comité ou le caucus de changer d'idée ou
vous convainquiez M. Garon de changer d'idée. Ce n'est pas ça la
logique quand vous savez l'objet même?
M. Lemay: Moi je n'ai pas à convaincre personne. Je vous
dis: C'est évidemment une question politique. J'ai un parrain. Des
problèmes politiques, à mon avis, cela relève des hommes
politiques. J'offre ma disponibilité comme je m'étais
assuré de celle de M. Carrier d'ailleurs pour si on peut vous aider,
autrement dit expliquer l'importance de notre affaire.
Je ne veux pas négocier l'aspect politique. Je n'ai jamais voulu
négocier l'aspect politique, puis je n'ai jamais négocié
l'aspect politique d'aucune façon, avec qui que ce soit.
M. Chevrette: Vous avez pas négocié... Vous dites
ne pas avoir à négocier l'aspect politique. Qu'est-ce que vous
vouliez venir faire au parlement, au moment où vous savez que c'est un
problème politique?
M. Lemay: J'ai dît tantôt que comme, à mon
avis, je connaissais mieux le fond et les conséquences de l'adoption de
la loi de la CITRSQ, à mon avis, je suis la personne la mieux
placée pour donner de l'information sur la loi. Ce que je m'attendais
à ce qui se passe, c'est comme ce qui s'est passé dans Sorel,
c'est que le député parrain appelle, d'un côté, M.
Bertrand, à l'époque, Jean-François Bertrand, si je ne me
trompe pas, puis on se fait dire: Bien non, ce n'est pas les péquistes
qui sont les méchants, c'est les libéraux, et après
ça, qu'on s'en aille au bureau de M. Gérard D. Levesque qui
était chef de l'Opposition par intérim à l'époque,
si je ne me trompe, puis dans son bureau, il y avait M. Lalonde, si je ne me
trompe pas, puis qu'ils nous ont dit le contraire. Puis là, on lui
disait: Les gars, arrêtez de nous étirer là-dedans, nous
autres, il faut que notre affaire passe, c'est important, puis tout ça.
Enfin, ça s'est réglé, et je n'ai jamais su
comment.-Écoutez, moi, j'étais là pour dire: Regardez les
conséquences de notre loi à nous autres.
M. Chevrette: M. le Président, je vais essayer de
clarifier ma question pour que le témoin la comprenne très bien.
11 affirme à plusieurs reprises ne pas vouloir se mêler de
chicanes politiques. Il a affirmé à peu près à dix
reprises qu'il n'avait plus de problème sur le fond de la loi 272...
Le Président (M. Lorrain): À ce stade-ci, M. le
leader de l'Opposition, vous ne pouvez pas porter de jugement sur...
M. Rochefort: II ne porte pas un jugement...
Le Président (M. Lorrain): Vous ne faites que citer et...
Il a demandé un éclaircissement direct. On ne peut pas dire: II a
assumé, il a apporté, il a pensé. Posez une question
directement et citez-le dans son texte, là. Je ne sais pas quel texte,
là.
M. Chevrette: Bien, on va prendre du temps, d'abord, entre chaque
question, je vais lire les galées.
Le Président (M. Lorrain): Si vous référez
à une partie de témoignage, si vous voulez un
éclaircissement sur une partie de témoignage, tout est
parfait.
M. Chevrette: On va suspendre et je vais relever tous les
galées, M. le Président, et je vais le citer.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je pense que...
M. Chevrette: Voyons! Il a seulement à me dire que ce
n'est pas ça qu'il a dit, si je fais une récapitulation, il me
semble qu'il est assez vieux pour comprendre cela, je n'essaie pas de le citer
hors contexte.
Le Président (M. Lorrain): Bien, c'est dangereux en
faisant des récapitulations. Ce qui arrive, c'est qu'on apprécie
ou on porte un jugement.
M. Chevrette: Je sais que c'est dangereux, M. le
Président,
Le Président (M. Lorrain): Ca, c'est très
dangereux.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président, c'est justement,
si vous ne nous laissez même pas établir les nuances, comment
voulez-vous qu'on les apprécie après, si vous m'empêchez de
les établir, les nuances?
Le Président (M. Lorrain): Non, non, ça, je suis
pour, et je voudrais avoir même des éclaircissements le plus
possible. Mais on ne peut pas répéter les questions et on ne peut
pas porter un jugement...
M. Chevrette: O. K., je vais y aller différemment,
ça va être plus court.
Le Président (M. Lorrain):... sur une situation
d'ensemble. Allez-y directement.
M. Chevrette: M. Lemay, avez-vous affirmé qu'il n'y avait
plus de problème sur le fond des choses, à plusieurs
reprises?
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: Avez-vous affirmé à plusieurs
reprises que vous ne vouliez pas vous mêler des chicanes politiques?
M. Lemay: Oui monsieur.
M. Chevrette: Comment se fait-il que vous veniez essayer de vous
mêler des chicanes politiques en demandant de venir au parlement essayer
de faire la navette entre les deux gros méchants?
M. Lemay: Dans ce cas-là, il y a un petit bout de paroles
que je n'ai pas dites, je n'ai pas parlé des deux gros
méchants.
M. Chevrette: Non, mais entre les deux belligérants,
appelez ça comme vous vaudrez.
M. Lemay: Ce que j'ai dit, c'est que la question de fond, c'est
le contenu du projet de loi. Ça, c'était réglé.
À cette heure, l'importance que ça passe à cette
session-ci, ça avait plus l'air réglé, là. Les
conséquences de la non-adoption, c'est plus une question de formulation
de l'article 2, puis de l'article 3, puis de l'article 5, c'est une question:
Quelles sont les conséquences si on ne passe pas tout de suite et on
passe rien qu'au mois de juin? Généralement, les "bills"
privés, ça passe en fin de session, ça passe soit en
décembre, soit en juin,
M. Chevrette: Comment expliquez-vous, M. Lemay, que vous avez
même pas senti le besoin, à la première occasion que vous
avez eue, à la toute première que vous avez eue, pourquoi
n'avez-vous pas senti le besoin de plaider sur l'importance de votre projet de
loi...
M. Lemay: À qui?
M. Chevrette:... de l'adoption, de son adoption, oublions le
contenu.
M. Lemay: À qui?
M. Chevrette: À M. Pagé.
M. Lemay: Je vous ai dit que M. Pagé m'informe d'une
décision d'ordre politique, puis il me dit: Là, c'est une
question politique.
M. Chevrette: Bien oui, mais M. le Président, M. Garon,
est-ce que c'est un homme politique, pour vous?
M. Lemay: M. Garon, c'est un homme politique.
M. Chevrette: Oui. Mlle Lecours est-elle un homme politique, ou
une femme politique?
M. Lemay: Ce n'est pas une femme politique, mais c'est la
personne à qui il fallait que je parle pour que l'homme politique vienne
me parler.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous expliquer qu'a la
première occasion que vous avez eue de parler de l'importance de votre
projet, vous n'en parlez pas et, au contraire, vous remerciez de l'information
alors que vous sentez le besoin, deux minutes après, vous avez dit...
N'avez-vous pas dit dans votre témoignage qu'il y avait une urgence que
vous deviez procéder très rapidement? Vous aviez rien qu'une
demi-heure devant vous.
M. Lemay: À quelle étape vous voulez dire,
là?
M. Chevrette: Après le téléphone de M.
Pagé.
M. Lemay: C'était urgent parce que c'était la
dernière journée de la session. Dans ce sens-là, oui.
M. Chevrette: Bon. N'avez-vous pas dit que vous aviez une couple
d'heures pour vous grouiller, là, dans votre témoignage?
M. Lemay: Bien, si on calcule le temps qui s'est
écoulé entre les différents téléphones,
c'est à peu près une heure et demie, là.
M. Chevrette: Bon. Comment m'expliquez-vous qu'à une des
deux parties vous ne choisissez pas, vous ne saisissez pas l'opportunité
de plaider sur l'importance de votre projet de loi, puis que, tout de suite
quand c'est l'autre partie, là, vous sentez le besoin de parler de
l'importance du projet de loi? La partie qui bloque votre projet de loi.
M. Lemay: L'information que j'ai de M. Pagé, c'est qu'il y
a une décision qui est en comité. Je sais pas qui il y avait dans
ce -comité-là. Je suis pas pour essayer de... J'ai pas voulu
convaincre... J'ai dit à M. Pagé: Je trouve ça
déplorable, etc., Mais c'est pas à moi à le convaincre de
l'aspect politique des choses. La question de l'importance du projet de loi, il
savait que c'était important, il avait de la documentation
là-dessus que
j'avais déjà envoyée. Le motif qu'il me donne,
c'est qu'on est pris dans une chicane politique. Qu'est-ce que vous voulez que
je vous dise d'autre que ça?
M. Chevrette; O. K. Le député de Portneuf, M.
Pagé, vous apprend la nouvelle que le gouvernement, le caucus ou un
comité a décidé de bloquer votre projet de loi. Est-ce que
M. Garon vous a dit qu'il était contre votre projet de loi?
M. Lemay: M. Garon était contre notre projet de loi?
M. Chevrette: Oui. M. Lemay: Bien non.
M. Chevrette: Comment se fait-il, comment vous pouvez m'expliquer
que vous ne plaidez pas auprès de celui qui vous annonce qu'il bloque
votre propre projet de loi mais que vous plaidez de l'importance et de
l'urgence auprès de celui qui est d'accord avec votre projet de loi?
Expliquez-moi ça.
M. Lemay: Écoutez, celui qui m'informe, j'ai une
information qui vient d'un politicien - O. K? - qui m'informe d'une
décision que je considère d'ordre politique, O. K? Qu'elle soit
bien fondée ou non sur le fond, je me prononce pas, j'étais pas
content de cette nouvelle-là d'aucune façon. J'ai un parrain qui
s'occupe de la loi, j'en ai un homme politique qui est élu pour faire de
la politique. Moi, je suis pas élu pour faire de la politique, je suis
là pour faire du droit. Je me réfère, comme je l'ai fait
à l'époque avec le député Martel, dans le cas de
Sorel, je vais voir le politicien et je dis: On a un problème politique.
Qu'est-ce qu'on fait?
M. Chevrette: Vous avez dit au cours de votre
témoignage... N'avez-vous pas dit au cours de votre témoignage
que vous pensiez que M. Garon allait appeler M. Pagé?
M. Lemay: J'ai émis ça comme une des
hypothèses, soit appeler M. Pagé, soit appeler M. le leader de
l'Opposition ou le leader de son parti ou le leader de l'autre
côté. Écoutez, je savais pas comment ça se
passerait.
M. Chevrette: Étant donné que...
M. Lemay: Mais c'est dans les hypothèses que je pensais.
Je m'attendais que ça se ferait un peu comme dans Sorel où on
avait vu les leaders sur les deux bords. On avait vu même le chef de
l'Opposition à l'époque qui était M....
M. Chevrette: Étant donné que M. Pagé est
celui qui vous annonce que votre projet de loi est bloqué et que la
raison, c'est l'entêtement de M. Garon à ne pas donner son
consentement sur la 132, est-ce qu'il vous est venu à l'idée ou
à l'esprit que M. Pagé aurait pu appeler M. Garon puisque
c'était sa propre loi qui était supposément en balance
contre la vôtre?
M. Lemay: Ça m'est pas venu à l'idée. M.
Chevrette: Pas du tout?
M. Lemay: Écoutez, moi, j'ai une information, j'appelle
ça un "scoop". II me dit ce qui se décide. Bon. Je suis
impliqué là-dedans. Qu'est-ce que je fais? Je parle à mon
client. Le client me dit: Écoute, chicane politique. Bon, appelons M.
Garon, on va lui demander qu'est-ce qu'il faut qu'on fasse.
M. Chevrette: Vous venez de nous dire, il y a à peine 30
secondes, que c'était un problème politique.
M. Lemay: Dans mon opinion.
M. Chevrette: Bon. À ce moment-là, vous avez pas
pensé de dire à deux hommes politiques la même chose,
l'importance de votre projet de loi et dire: Vous êtes deux politiciens,
entendez-vous pour que mon projet de loi passe, puisqu'il y en a un que vous
connaissiez depuis fort longtemps, en plus.
M. Lemay: Celui qu'il faut qu'il plaide, à mon avis,
l'aspect politique de mon projet de loi, c'est le politicien qui est parrain de
la loi. J'ai toujours compris ça de même. En Chambre, celui qui a
présenté le projet de loi, d'abord, en commission parlementaire,
c'est le politicien puis, moi, j'étais là pour répondre
à des questions comme personne ressource.
M. Chevrette: On va revenir 30 secondes au cas de Sorel. Est-ce
que M.
Martel vous accompagnait au bureau de Gérard D. Levesque?
M. Lemay: Je me souviens pas.
M. Chevrette: Est-ce qu'il vous accompagnait au bureau de
Saintonge?
M. Lemay: Je le sais pas si M. Saintonge on l'a pas vu dans un
corridor ou non. Il nous accompagnait au bureau de...
M. Chevrette: Est-ce que c'était...
M. Lemay:... M. Bertrand, par exemple, où on est
rentré cinq minutes.
M. Chevrette: Est-ce que c'était vous-même qui
allait dans le bureau adverse, de l'autre formation politique?
M. Lemay: Du côté libéral à
l'époque ou...
M. Chevrette: Pardon?
M. Lemay: À l'époque» vous demandez avec
qui?
M. Chevrette: Est-ce que vous y alliez seul dans le bureau de M.
Gérard D. Levesque?
M. Lemay: Non, non. C'est bien évident que non.
J'étais toujours été accompagné du maire des
municipalités...
M» Chevrette: Bon.
M. Lemay:... et du greffier, je pense.
M. Chevrette: Quand vous alliez voir M. Bertrand, vous y alliez
avec vos maires.
M. Lemay: On se promenait en délégation, si vous me
permettez l'expression. (21 h 45)
M. Chevrette: Bon. Donc, vous jouiez une certaine forme
d'arbitrage entre les deux formations politiques. Vous essayiez de les
convaincre de l'importance de l'adoption de votre projet de loi.
M. Lemay: Oui et toutes les démarches qu'on faisait
c'était au vu et au su de M. Martel parce que notre point de ralliement,
si vous me permettez l'expression, c'était le bureau de M. Martel.
M. Chevrette: Est-ce que M. Martel avait un projet de loi sur
lequel il ne donnait pas son consentement?
M. Lemay: Pas à ma connaissance. Une voix: II va
essayer d'en trouver un.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Je pense que les questions...
M. Chevrette: Ce n'est pas moi qui ai parlé de Sorel,
c'est lui, là.
Le Président (M. Lorrain): Oui. Je pense que...
M. Chevrette: Je veux regarder la similitude...
Le Président (M. Lorrain): C'est pour mieux comprendre.
Oui, oui.
M. Chevrette: M. le Président, j'essaie d'établir
la similitude entre les deux cas, s'ils veulent savoir où je m'en vais.
Je m'excuse mais c'est tout à fait dans l'ordre.
Le Président (M- Lorrain): Non. Elle est acceptée,
votre question.
M. Chevrette: Bon!
Le Président (M. Lorrain): Je pense que je ne suis pas
intervenu. Celui qui a expliqué comme il faut le cas de Sorel pour
pouvoir expliquer sa réaction dans le cas présent c'est M, le
témoin, Me Lemay. Alors, je comprends, M. le leader de l'Opposition, que
vous tentez de situer les décisions de Me Lemay ou les échanges
de Me Lemay en parlant de l'exemple qu'il a lui-même cité lors de
son interrogatoire, c'est-à-dire l'exemple de Sorel.
M- Chevrette: M. le Président, je reprends. Est-ce
qu'à votre connaissance le député Martel vous avait dit ou
si vous avez su que le député Martel avait un vote sur une autre
loi qui compromettait l'adoption de votre projet de loi?
M. Lemay: Je vais vous répondre dans deux temps. Le 19
décembre, là, moi, j'ai assimilé ces deux cas politiques,
je n'ai pas fait de nuance. O. K? C'était bien clair dans mon
idée, c'était une chicane politique et je ne me suis pas
posé la question: Y en a-t-il un qui est pour ou contre ou autre chose?
II y en a un qui dit une couleur et l'autre dit l'autre couleur. Si vous me
demandez maintenant, pour répondre à votre question
spécifique: Est-ce que M. Martel s'opposait?À mon
souvenir, il n'était pas question d'opposition de M. Martel.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez que quelqu'un qui
a un vote en suspens sur un projet de loi par rapport à celui qui n'en a
pas, est-ce que vous reconnaissez que c'est deux situations différentes
pour les individus en cause?
M. Lemay: Regardez, c'est une question d'appréciation.
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Lemay: La journée même je n'ai pas fait de
nuance. C'est une question d'appréciation après ça. J'ai
compris que M. Garon était contre la loi agricole et j'ai compris qu'il
a voté contre la loi agricole. Peu impartent les
téléphones qu'il a pu avoir, il a fait comme son idée
était, c'est de voter contre.
M. Chevrette: Quand vous avez demandé à M. Garon
d'organiser une
rencontre au parlement, qu'est-ce qu'il vous a répondu?
M. Lemay: J'ai suggéré qu'on se rencontre, qu'on y
aille, j'ai fait des suggestions mais substantiellement, le mot à mot je
ne peux pas vous le dire, substantiellement, ce que j'ai compris, c'est que M.
Garon s'occupait de la situation, que ce n'était pas utile de se rendre
aux choses: non, non, je m'en occupe.
M. Chevrette: Mais avez-vous demandé formellement à
M. Garon d'avoir une rencontre au parlement, oui ou non?
M. Lemay: C'est une des suggestions que j'ai faites mais je
n'avais pas à faire des demandes et à dire à M. Garon: On
va faire telle chose. Je l'appelais pour lui demander quoi faire. Je n'ai pas
d'ordre et je n'ai pas dit à M. Garon: vous allez faire telle chose. Je
lui disais: Regardez ce que j'ai comme situation, qu'est-ce qu'il faut qu'on
fasse? Et j'ai fait des suggestions et il m'a dit: Je m'en
occupe.
M. Chevrette: Dans votre désir d'obtenir au plus
rapidement possible une rencontre avec M. Garon, se peut-il que vous ayez dit
à Mme Lecours que si M. Garon continue à s'entêter,
à bloquer son projet de loi 132, à bloquer le projet de loi 132,
que le comité ou le caucus ministériel ou le gouvernement, peu
importe l'expression, qu'eux autres avaient décidé de bloquer la
loi 272? Se peut-il que vous lui ayez dit ça tel quel?
M. Lemay: Â Mme Lecours?
M. Chevrette: Oui.
M. Lemay: C'est possible.
M. Chevrette: À ce moment-là, Me Lemay, à
supposer que vous ayez pu dire ça à Mme Lecours tel quel, est-ce
que vous ne considérez pas que votre memo du 19 décembre est
beaucoup plus compatible que celui du 15 janvier avec l'interprétation
que pouvaient en faire les témoins?
M. Lemay: Non. Écoutez! Dans toute cette
journée-là, moi j'ai eu deux téléphones que je
considère importants et significatifs. Le téléphone de M.
Pagé - ça, j'appelle ça réception du message; je
reçois le ballon -et le deuxième téléphone
significatif, c'est parler à M. Garon et y retirer le ballon. Les autres
téléphones, moi je n'étais pas là pour essayer de
convaincre Mme Lecours, de dire: Faut-il que j'aille au parlement et faut-il
que je m'offre ou non? J'étais là pour lui dire: Aïe, la
situation est urgente; je veux, parler à M. Garon; c'est urgent; puis,
il est en période de questions, mais faites-le sortir et écrivez
ça en rouge s'il faut; ça va le faire relever de sa chaise.
Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise?
Une voix:...
M. Chevrette: Aie! S'il vous plaît!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Ça va très très bien. Ça va
très bien. Ça va très bien. Je demanderais qu'on respecte
le droit de parole de chacun et surtout je voudrais bien entendre les
réponses de Me Lemay. M. le leader de l'Opposition, vous avez la
parole.
M. Chevrette: On était bien avant qu'il arrive, hein.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez la parole.
Une voix: Ha!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Filion: II voulait qu'on lui dise, je pense, M. le
député de Frontenac.
Le Président (M. Lorrain): Ça va bien.
M. Chevrette: On va te noter au procès-verbal...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: II voulait qu'on lui dise.
M. Chevrette:... que le député de Frontenac est
arrivé et ça paraît.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... intervenir 25 fois...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! Ça va très bien.
M. Filion: II voulait absolument qu'on lui dise, M. le
Président.
Une voix: Continuez, continuez.
Le Président (M. Lorrain): Ça va bien. Ça va
bien. M. le leader de l'Opposition, s'il vous plaît, vous avez la
parole.
M. Chevrette:...
Une voix: Prends ton temps...
M. Chevrette: Me Lemay, d'après vous, qu'est-ce qui est le
plus fiable? Est-ce vos souvenirs spontanés de fin de journée ou
si c'est vos réminiscences de quinze jours après?
M. Lemay: Question d'opinion que vous demandez là.
Écoutezl Je vais vous donner rien qu'un exemple. O. K. ? Prenez le
mémo D-20A. Là, on prend le petit paragraphe à la page 3
qui dit: Représente fidèlement ce que je me souviens en date de
vendredi le 19. Quand j'ai dicté ça, le texte, je ne l'avais pas
devant moi. Je venais de le dicter. Est-ce que les mots qui sont écrits
là-dedans, je les avais lus et ça représentait
fidèlement? Je venais de les dicter. Les mots exacts. Écoutez, on
dicte ça sur une fin d'après-midi au meilleur de son souvenir, au
meilleur de sa connaissance et, après ça, on regarde ça et
on dit: Bon bien, écoute, est-ce correct ça? Y a-t-il des choses
que je me suis mal exprimé ou non? Puis, il y a des choses que j'ai
faites, des petites corrections mineures. À mon avis, elles sont
mineures, évidemment. Puis, comparer l'essentiel du premier et du
dernier, quant à moi, peut-être que je me trompe, il n'y a aucune
différence.
M. Chevrette: Sachant qu'un...
M. Lemay: Sur l'essentiel, il n'y a aucune différence.
M. Chevrette: Me Lemay, vous avez à discuter à
l'année longue de nuances en tant qu'avocat. Je vais vous en donner une,
moi. Je vais vous en demander une. Le 19 décembre, lorsque vous dictez
votre mémoire, dans votre version D-20A, vous indiquiez: L'information
qui m'a été transmise par Me Pagé et que j'avais
retransmise à M. Garon. Dans votre version B-2, les termes "retransmise
à M. Garon" deviennent "communiquée à M. Garon".
Une voix: Ah!
M. Chevrette: Quelle est la raison de ce changement, M. le
Président?
M. Lemay: Bien, parce que par souci de linguisme. "Transmise" et
"retransmise", je trouve que ça a l'air fou. J'ai écrit ça
un peu mieux. Ça veut dire la même chose, quant à moi.
M. Chevrette: M. le Président, ce n'est pas un cours de
littérature. C'est un témoignage et je demande au témoin
ceci, parce qu'il y a une nuance entre "communiquée" et "transmise". La
notion de transmission a une notion de commande. Je voudrais demander au
témoin à nouveau quels sont les motifs qui l'ont poussé
à changer le mot "communication", "communiquée" par
"retransmise", pour "retransmise".
M. Lemay: Question... M. Chevrette: L'inverse.
M. Lemay: Question linguistique seulement. Je voulais
l'écrire en bon français.
M. Chevrette: Donc, dans votre esprit, la transmission ou la
retransmission, c'est la même chose qu'une communication.
M. Lemay: Dans ce cas-là, oui.
M. Chevrette: Dans le langage normal, vous avez à plaider,
est-ce que vous voyez une nuance, vous, comme plaideur entre la notion de
"communiquée" et la question de "retransmission"?
M. Lemay: Regardezl Quand je dicte un mémo, le sens que je
donnais au mémo entre "transmission" et "communication", le sens que je
lui donnais était le même dans ce cas-là. À cette
heure, s'il y a des hypothèses où on peut, dans d'autres cas,
voir des significations différentes, c'est bien évident, mais,
dans mon cas à moi, ça voulait dire la même chose. Dans le
cas, quand j'ai changé de mot, parce que je voyais "transmis" et
"retransmis", j'ai dit "transmis" deux fois, on va enlever un mot,
"retransmis". J'essaie de faire du bon français.
Une voix: La notion de retransmission n'est pas celle de
messager.
M. Chevrette: Dans la notion de transmission, M. Lemay, n'y
a-t-il pas une notion de messager?
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: Merci. Je vais vous poser une question. À la
lecture de votre mémoire, de votre mémo, pourriez-vous
m'expliquer, parce que vous avez dit jeudi soir que vous pensiez pas vous
ramasser devant une commission parlementaire, comment se fait-il que vous
sentez le besoin d'interpréter les paroles que M. Pagé vous a
dites le matin?
M. Lemay: Je comprends pas la question des interprètes
là.
M. Chevrette: Je vais vous l'expliquer puis ce sera pas long.
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: Vous dites, jeudi soir, que vous pensiez jamais
vous ramasser devant une commission parlementaire. Le 19, le 4, le 8, le 15, je
sais plus lequel des jets
là, vous sentez le besoin d'expliquer que les propos que M.
Pagé vous a dits ça ne pouvait pas servir à du chantage ou
à quoi que ce soit. Pourquoi avez-vous senti ce besoin-là alors
que personne vous le demandait?
M. Lemay: Bien écoutez, je vous ai dit, puis ça
paraît dans le mémo, que, une heure et demie après avoir
parlé avec M. Garon, j'ai su qu'il y avait une question de
privilège qui avait été soulevée à la
Chambre. Ça paraît, ça, dans le mémo là, dans
le final, le D-20 là, à la page 5, dans le dernier paragraphe:
"Ce n'est qu'environ une heure et demie plus tard que j'ai appris avec
stupéfaction que M. Garon avait soulevé une question de
privilège en Chambre, etc. " Là, je constate qu'il y a quelque
chose qui sort puis, dans ma perception à moi, ça correspond pas
à ce qui s'est passé. Peut-être que je me trompe, mais dans
ma perception. J'ai vérifié pour voir ce qui se passait puis
là j'ai dit question de privilège, bon, on a pris de
l'information pour voir qu'est-ce qui se passait au juste. Çà
fait que là j'ai dit aie! c'est important que je mette sur papier ce que
j'ai comme souvenir là, au meilleur de ma connaissance. Puis, ensuite de
ça, un jour, parce qu'y faut pas oublier que j'ai appelé au
bureau des deux pour dire: Je veux que M. Garon me rappelle; à l'autre
j'ai dit je veux que M. Pagé m'aide pour m'expliquer. Il y a quelque
chose qui marche pas là.
M. Chevrette: Mais vous avez affirmé... N'avez-vous pas
affirmé qu'il n'y avait pas eu de retour d'appel?
M. Lemay: C'est exact.
M. Chevrette: Bon. Jeudi soir passé, avez-vous dit ou pas
dit en cette Chambre ici, en cette Assemblée, que vous ne pensiez pas
vous ramasser en commission parlementaire?
M. Lemay: Bien, à quelle époque vous voulez dire
là?
M. Chevrette: Au moment où vous avez dicté votre
mémo.
M. Lemay: Bien oui. Je pensais que ça pouvait se rendre
jusque-là parce qu'y avait une question de privilège qui avait
été soulevée, puis je m'étais informé des
conséquences au cours de la journée en attendant que le
président rende sa décision, il était rendu sur l'heure du
souper, je pense, le vendredi le...
M. Chevrette: Le 19 décembre au soir, M. Lemay...
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: Pourquoi avez-vous senti le besoin de qualifier les
propos de M. Pagé? C'est très sérieux comme question. Je
vous demanderais d'y penser avant de répondre. C'était à
la demande de qui?
M. Lemay: À la demande de personne.
M, Chevrette: Pourquoi avez-vous senti les besoins de nuancer les
propos ou d'interpréter les propos de M. Pagé?
M. Lemay: Je les ai pas nuancés puis je les ai pas
interprétés d'aucune façon. Même que je me suis fait
mettre en garde en disant il faut faire attention pour pas
interpréter.
M. Chevrette: On va...
Le Président (M. Lorrain): Oui, vous pouvez prendre
le...
M» Chevrette: "En aucun temps - page 5, M. le
Président - en aucun temps, je n'ai interprété la
conversation téléphonique que j'ai eue avec M. Pagé comme
étant des menaces que je force le député de Lévis
à consentir au projet de loi sur le zonage agricole. " Pourquoi
avez-vous senti le besoin d'écrire cette phrase si vous ne vous
attendiez pas à être à une commission parlementaire?
M. Lemay: Je vous ai dit que vers cinq heures j'avais eu un
téléphone entre autres d'un journaliste de la Presse canadienne
qui m'avait dit ce qui se passait en Chambre puis que là, il y en avait
un qui disait qu'il avait des menaces de l'autre, etc.
M. Chevrette: Mais, au-delà de l'appel du journaliste,
qu'est-ce qui vous a incité à nuancer ou à
interpréter les propos de M. Pagé puisque vous disiez que
c'était de l'information et que là vous vous permettez un
jugement de valeur sur lesdites informations? Expliquez-moi ça en toute
logique.
M. Lemay: Écoutez, l'information que j'ai c'est qu'en
Chambre M. Garon, lui, interprète ce que j'y ai dit comme étant
des menaces. Or - ce que je lui ai dit ou ce que M. Pagé m'a dit
là, je fais pas la nuance -or, mot je n'ai pas eu de menaces, je n'ai
pas eu l'impression d'avoir des menaces puis je n'ai pas eu l'impression d'en
fairp à M. Garon non plus parce que je sais qu'il y en a un qui pense
que c'est des menaces puis je me dis voyons donc, c'est pas de même que
j'ai vu ça d'aucune façon. (22 heures)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Vous
êtes toujours à l'interrogatoire. J'ai reconnu qu'un
parlementaire. M. le leader de l'Opposition pose ses questions. Je veux
entendre les réponses de Me Lemay.
M. Chevrette: Deux paragraphes plus loin, page 5, vous dites
ceci: "Au cours de la discussion que j'ai eue avec Mme Lecours, il me semble
que le mot chantage a été utilisé. Je ne me souviens pas
si c'est par moi ou par elle, mais je me souviens très bien de lui avoir
précisé que c'était toujours le même problème
de fin de session, etc. "
Le Président (M. Lorrain): Toujours D-20, M. le leader de
l'Opposition?
M. Chevrette: D-20, M. le Président. Deux paragraphes plus
loin. C'est D-20C que j'ai dans les mains moi là au moment où je
vous parle, page 5.
M. Lemay: C'est D-20... C'a été corrigé
cette partie-là.
M. Chevrette: Je le sais, mais ça change rien. J'ai D-20C
moi là.
M. Lemay: Cette partie-là a été
corrigée sur D-20. Je vous l'ai expliqué tantôt. J'avais
expliqué ça. J'avais corrigé ça parce qu'à
mon souvenir, ce n'est pas moi qui ai parlé de chantage. Donc, je dis:
Je crois que c'est Mme Lecours. Ça paraît au dernier paragraphe de
la page 6 du document D-20.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez que la correction
de D-20C et D-20 là-dessus c'était une question de forme?
M. Lemay: Non, j'ai dit que j'avais fait des corrections qui
correspondaient à la perception que j'avais eue. Quand j'ai fait mon
texte que j'appelle final, autrement dit, le mettre au propre final, je me suis
reposé la question sur chacun des items: Est-ce que c'est bien ça
que j'ai compris? Est-ce que c'est bien ça que j'ai retenu? J'ai fait
l'exercice au meilleur de ma connaissance, le plus fidèlement possible
de rapporter ça et quand j'ai vu cette partie-là, je me souviens
pas si c'est moi ou non qui ai employé le mot chantage, mais j'ai dit je
m'en souviens pas.
M. Chevrette: Dans la dernière version c'est devenu
elle.
M. Lemay: Pardon?
M. Chevrette: Dans la dernière version c'est devenu
elle.
M. Lemay: Dans la dernière version j'ai dit: Je crois
que.
Le Président (M. Lorrain): Si vous me permettez, M. le
leader, Il vous reste une minute en interrogatoire. Pour ne pas créer
exactement la même chose que tout à l'heure.
M. Chevrette: Je vais prendre mon temps. Me Lemay, vous avez dit
que vous aviez dit à M. Garon, dans son deuxième
téléphone: "Allez pas dire ça en Chambre. " Quels sont les
motifs qui vous amenaient à faire ce commentaire?
M. Lemay: Parce que je pense que j'ai déjà
répondu à ça. Je vais le reprendre. C'est que, à ce
moment-là, moi, j'ai vécu, de la façon que je percevais
ça, c'était une chicane de partis politiques en fin de session,
une chicane d'échange de projet de loi. Comme je pense que ça se
passait, en tout cas, ça s'est déjà passé dans
d'autres cas, ça ne me semblait pas une façon de régler le
problème en amenant ça en Chambre. Autrement dit... C'est de
même que je le percevais.
M. Chevrette: Est-ce que M. Garon vous avait indiqué qu'il
soulèverait ça en Chambre?
M. Lemay: Jamais, monsieur. D'aucune façon. S'il m'avait
dît ça, je vous dis que j'aurais réagi autrement.
M. Chevrette: Oui, mais pour que vous lui demandiez de ne pas
amener ça en Chambre, est-ce que les questions de M. Garon, ou les
termes que M. Garon a utilisés vous ont amené à penser
qu'il soulèverait ça en Chambre?
M. Lemay: Je ne savais pas où il voulait s'en aller avec
ça.
M. Chevrette: Mais c'est quoi qui vous a incité à
dire: Emmenez pas ça en Chambre. Ce n'est pas venu du ciel ça
là?
M. Lemay: Si mon souvenir est exact, moi je parlais d'un
comité qui avait décidé, etc., et M. Garon a dit: II n'a
pas le droit de faire ça. Pour moi, c'était le comité, le
gouvernement. Pour lui, en tout cas, il faut comprendre que c'était M.
Pagé, mais j'ai pas compris M. Pagé. Quand il a dit: II n'a pas
droit de faire ça, là j'ai dit: Qu'est-ce qu'il va faire avec
ça? Vous n'aller pas sortir ça en Chambre? Parce
qu'à mon avis c'était ce qui s'était déjà
passé et moi, écoutez, c'était de la négociation de
fin de session. Aller sortir ça en Chambre, je ne vois pas ce que
ça aurait donné.
M. Chevrette: Pourquoi aviez-vous peur
qu'il sorte ça en Chambre?
M. Lemay: Peur? Écoutez, je pense que c'était pas
la façon de régler ça.
M. Chevrette: Est-ce que c'était par expérience que
vous pensiez que c'était pas la façon?
M. Lemay: L'expérience que j'avais, c'est que ça
n'a pas été sorti en Chambre; ça s'était
réglé dans les passages d'un à l'autre, et je n'ai
même pas su comment ça s'était réglé, de
toute façon.
M. Chevrette: Me Pagé... Me Lemay -excusez le lapsus - y
a-t-il des propos précis qui vous ont indiqué que M. Garon
pouvait en parler en Chambre?
M. Lemay: Non.
M. Chevrette: Ça vous est venu tout seul de même,
ça?
M. Lemay: Oui.
M. Chevrette: C'est venu tout seul, tout seul?
M. Lemay: Je viens juste de vous expliquer que, de la
façon... Je me demandais comment il voulait régler ça
-c'est des questions genre pointé - puis je me demandais où...
qu'est-ce qu'il veut faire avec ça, comment qu'il veut régler
ça?
Le Président (M. Lorrain): Une dernière question,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Quand M. Garon vous a dit: II n'a pas le droit de
faire ça, de bloquer un projet de loi, à 272, parce que je
m'objecte à 132, il n'a pas le droit de faire ça, à ce
moment-là, vous avez dit... vous auriez dit: Amenez pas ça en
Chambre là, vous. Est-ce que c'était parce que vous saviez qu'il
était du droit le plus fondamental d'un parlementaire de voter pour une
loi sans intimidation d'aucune nature? Est-ce que vous le saviez?
M. Lemay: Écoutez, il y a trois ou quatre questions.
M. Chevrette: Est-ce qu'il le savait?
Le Président (M. Lorrain): Répondez, Me Lemay, s'il
vous plaît!
M. Lemay: Je veux bien essayer de répondre à trois
ou quatre questions. La question de voter, là, il n'a jamais
été question du vote... M. Garon a voté contre, de toute
façon, la loi. I! n'était pas d'accord et il a voté
contre. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autre?
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
votre temps d'interrogatoire est maintenant terminé. En respectant la
règle de l'alternance, je vais reconnaître un député
de la formation ministérielle.
M. Doyon: Pas de question.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais revenir à
la formation de l'Opposition quant à l'interrogatoire de Me Lemay.
Est-ce qu'il y a d'autres...
M. Brassard: II n'y a pas de...
Le Président (M. Lorrain): Non,
M. Brassard: Je suis... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais revenir sur la
notion de chantage. Je vous rappelle que, dans... Vous dites, dans votre
premier mémo: "Dans la discussion que j'ai eue avec Mme Lecours, il me
semble que le mot "chantage" a été utilisé, je ne me
souviens pas si c'est par moi ou par elle. " Et, dans votre dernière
version, comme on le rappelait tantôt, vous dites: "Au cours de la
discussion que j'ai eue avec Mme Lecours, je crois qu'elle a parlé de
chantage; je lui ai dit d'appeler cela comme elle voulait. "
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean, si vous me permettez, toujours nommer la cote de chacun des
documents.
M. Brassard: C'est la dernière version, D-20. Est-ce qu'il
faut comprendre qu'il s'agit là d'une erreur cléricale qui ne
change rien au fond de votre souvenir?
M. Lemay: Erreur cléricale, cela dépend...
M. Brassard: C'est quoi l'explication de ce changement?
M. Lemay: Parce que, quand j'ai fait mon propre, que j'appelle,
ma version propre, je me suis reposé la question: C'est qui qui a
parlé de ça? La première fois, je dis: Je ne
sais pas c'est qui, puis, la deuxième fois, bien, c'est pas moi, je
pense que c'est elle. J'ai essayé de mettre ce qui reflétait le
plus exactement et le plus honnêtement ce qui s'était
passé.
M. Brassard: D'après vous, Me Lemay, qu'est-ce qui est le
plus fiable? Est-ce que
c'est vos souvenirs spontanés en fin de journée le 19
décembre ou votre mémoire, plus de trois semaines après
les événements?
M. Lemay: II n'y a rien d'automatique là-dedans, parce
que, tant qu'à ça, prenez mon mémo qui est dicté,
puis posez-moi plus de questions. Je veux dire: vous me demandez maintenant,
trois mois après, d'essayer de me rappeler là. Je vous dis que je
l'ai fait honnêtement.
M. Brassard: Est-ce que vous pensez que les articles de journaux
et l'ampleur que prenait cette affaire dans les médias aient pu avoir
une influence sur vos souvenirs du 19 décembre?
M. Lemay: D'aucune façon.
M. Brassard: Est-ce qu'il est passible que, vous-même...
est-ce qu'il est possible que, vous-même, le 19 décembre, vous
ayez utilisé le mot "chantage"? Est-ce une possibilité?
M. Lemay: Je n'ai pas le souvenir de l'avoir utilisé.
M, Brassard: C'est une possibilité. Quand vous parliez
tantôt de la nuance à faire entre retransmission et communication,
vous avez admis que dans la "notion de retransmission, il y avait celle de
messager.
M. Lemay: Exact.
M. Brassard: Donc, est-ce que l'on doit comprendre que vous vous
considériez comme le messager des propos et des remarques de M.
Pagé auprès de M. Garon?
M. Lemay: C'est ce que j'ai toujours dit. J'ai reçu un
message, une information, puis je l'ai communiqué pour demander ce qu'il
fallait faire.
M. Brassard: II n'y a pas de nuance à faire, selon vous,
entre communiqué, communication, retransmission, communiqué
retransmis. Il n'y a pas de nuance à faire dans votre esprit?
M. Lemay: Pas dans mon texte.
M. Brassard: Me Lemay, qu'est-ce que vous pensez de cela, vous,
les échanges de consentements, les projets de loi en balance l'un contre
l'autre, les "deals" de fin de session, les "games" politiques du genre de
celles dont vous informait M. Pagé et dont vous avez parlé
à plusieurs reprises dans votre témoignage? Qu'est-ce que vous
pensez de cela?
Le Président (M. Lorrain): C'est juste une question
d'opinion, M. le député de Lac-Saint-Jean. On n'a pas à en
savoir l'opinion. Posez une question directement, pourquoi il a réagi de
telle et telle façon, il a pris une décision, mais son opinion,
pas l'opinion des témoins, le témoignage des faits seulement.
M. Brassard: Etes-vous d'accord avec ce genre de
procédé, projets de loi en balance, des "deals" de fin de
session, des "games" politiques?
Le Président (M. Lorrain): Non. Je n'accepte pas cette
question-là. On n'a pas... Cela importe peu. Toutes les façons de
procéder, de légiférer, chacun des Québécois
peut avoir une opinion différente. Il ne faut pas commencer à...
Non. Ce n'est pas la question.
M. Brassard: Est-ce que vous trouvez ces façons de
procéder déplorables?
Une voix: Aie! Écoutez donc.
M. Brassard: C'est ce qu'il a dit dans son mémo, M. le
Président.
M. Lemay: Je veux dire... Je l'ai dît.
M. Brassard: Vous trouviez cela déplorables, ces
façons de procéder?
M. Lemay: Non, non ce n'est pas cela. J'ai dit que je trouvais
déplorable que notre loi soit pris là-dedans.
M. Brassard: Que votre loi soit?
M. Lemay: Que notre loi de la CITRSQ soit prise dans ces
négociations de fin de session.
M. Brassard: C'est cela que vous trouviez déplorable. Ce
n'est pas les procédés en usage dans les fins de session?
Le Président (M. Lorrain): Que l'on se
réfère à un document tout le temps et à la ligne,
exactement les mots quand on se réfère à un document.
C'est très important, sinon on ne se comprendra plus.
Il faut quand même aussi situer le témoin. S'il y a des
versions, des phrases dans le contexte, il ne faut pas prendre un mot, juste
là... C'est pour cela que j'aimerais que l'on cite le document et la
phrase dans laquelle on... Cela va peut-être accélérer le
débat.
M. Brassard: C'est dans le mémo D-20, à la page 4
où on peut lire: "J'ai précisé au député, M.
Pagé, que je trouvais cette situation déplorable. " Alors ce que
je demande à Me Lemay c'est: Est-ce que c'est cette situation
précise seulement qu'il trouve
déplorable ou ce sont les procédés en usage en fin
de session?
M. Lemay: Ce que je trouvais déplorable, c'est
l'information que j'avais eue que notre loi ne passait pas.
M. Brassard: Et vous continuez en disant, tout en
précisant que c'est souvent ce qui se passe en fin de session, pour en
avoir vécu un cas semblable. Vous en avez parlé à
plusieurs reprises.
Est-ce que je dois comprendre que le qualificatif de "déplorable"
concerne également tout ce qui se passe en fin de session?
M. Lemay: Ce n'est pas dans ce sens-là que je l'ai dit.
J'ai dit: Que ma loi ne passe pas, je ne trouve pas ça drôle.
À cette heure, je sais qu'en fin de session il y a toujours des
négociations.
M. Brassard: Alors, ce que vous déploriez, c'est que votre
loi ne passe pas et non pas les procédés que l'on retrouve en fin
de session?
M. Lemay: C'est cela. Je n'ai pas à me prononcer sur les
procédés. Écoutez, je me présenterai à
l'Assemblée quand j'aurai de quoi à dire là-dessus. Je me
ferai élire ou j'essaierai.
M. Brassard: À votre avis, sur quoi devrait se baser tes
députés pour voter sur les projets de loi?(22 h
15)
Le Président (M. Lorrain): Non, ce n'est absolument pas
pertinent, puis peu importe ce que pense Me Lemay, je n'accepte pas ce genre de
question.
M. Brassard: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Ça ne change rien au
débat, ni au mandat de la commission, et l'opinion de Me Lemay sur la
façon de procéder ici, je pense pas que ça le
concerne.
M. Brassard: Quand vous avez...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort; M. le Président, ça fait quelques
fois que vous dites à des parlementaires que le jugement que Me Lemay
porte sur le fonctionnement de l'Assemblée ne nous intéresse pas
dans le présent mandat, que l'opinion que Me Lemay a sur la façon
que les parlementaires ont procédé et procèdent à
l'occasion, ça ne nous intéresse pas dans le cadre du mandat que
nous avons.
M. le Président, moi, je vous soumets respectueusement que je
pense que c'est très important parce que, en plein coeur d'un
problème de négociation, ou de "game" de fin de session, comme
les appelle Me Lemay, il a eu à agir, il a eu à intervenir, il a
eu à comprendre. Sa compréhension a orienté ses
agissements, ses communications téléphoniques, ses discussions
auprès de M. le député de Lévis. Il est très
important de bien comprendre comme - permettez-moi l'expression -
enquêteurs que nous sommes, quelle compréhension, quel jugement,
quelle analyse, quels sentiments Me Lemay a par rapport à ces
méthodes de fonctionnement, pour bien comprendre le sens des actions qui
ont découlé de la compréhension, de l'analyse, du jugement
qu'il portait sur ses actions.
Si, par exemple, M. le Président, Me Lemay nous avait dit: Moi,
ces affaires-là, je crois pas à ça que ça se fait,
c'est clair qu'il aurait pas pris le téléphone pour appeler M.
Carrier, M. Lessard, M. Garon, Mme Lecours, il n'aurait pas cru. Donc,
simplement le fait de savoir qu'il y croyait ou pas, ça orientait ce
qu'il a fait par la suite. Donc, le jugement qu'il portait sur les
procédés, la crédibilité qu'il a accordée au
fait que ça pouvait se dérouler ainsi, par exemple, est
importante. Et c'est pourtant un jugement, c'est pourtant un jugement profond,
suggestif qu'un être humain porte sur un fonctionnement de
l'Assemblée à un moment ou à un autre.
Je veux simplement soumettre respectueusement à votre attention,
M. le Président, que je comprends le sens de vos remarques, mais je
pense qu'il faut appliquer ça avec une certaine largeur d'esprit, avec
une certaine souplesse parce que je répète que c'est pleinement
pertinent la façon que la personne refait une situation, la comprend et
la juge, ça peut très bien orienter ses gestes et ses actions qui
en découlent.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député?
M. Rochefort: Oui, oui, j'ai terminé.
Le Président (M. Lorrain): Alors sur la même
question de règlement, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Simplement deux phrases, M. le Président. La
question du député était: Sur quoi pensez-vous que les
députés devraient se baser pour voter? C'est là-dessus que
vous êtes intervenu spontanément, et je vous laisse
décider. Je n'ai rien d'autre à dire.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez,
c'est vrai, tous les témoins qui vont passer ici ont certainement
des opinions différentes avec beaucoup de nuances sur le processus
législatif. Ce qui est important pour nous, relativement à la
question de privilège qui nous a été soumise, c'est
connaître des faits, et comment ont réagi ces gens-là dans
les faits, et non pas ce qu'ils peuvent penser de tout le processus
législatif. C'est à nous à apprécier, et on est
parti, pour arriver à cette question-là, d'une phrase qui s
été citée dans un texte qui fait partie des pièces.
Nous jugerons si le mot "déplorable" a été cité
dans tel contexte, et peu importe ce que peut penser Me Lernay ou tout autre
témoin du processus législatif, ce sera à nous d'examiner
et d'analyser les faits et la façon dont c'est arrivé.
Me Lemay a une expérience en tant qu'avocat. Un autre avocat
aurait réagi différemment. Ce qui est très important,
c'est comment, le 19 décembre ou le 18, a réagi Me Lemay. Mais
son opinion sur tout le processus - la question était très large
-sur le processus législatif, si on demande ça à chacun
des témoins, on n'en sortira jamais. Si je laisse Me Lemay
répondre à ça, il y a 45 autres questions qui s'en
viennent, minimum, à Me Lemay sur toutes sortes de nuances, de processus
ou quoi que ce soit.
La façon dont Me Lemay a saisi des téléphones et
des faits, il l'a expliqué en vertu d'une cause où il a
été lui-même impliqué. Il se situe en fin de
session. Il dit: Ça a été mon impression, et voici comment
j'ai réagi et ce que j'ai dit à certaines personnes. Maintenant,
son opinion sur tout le processus législatif québécois, on
ne veut pas le savoir ici, en tant que membres de la commission.
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une autre question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vois que, depuis ce soir, vous intervenez
beaucoup plus souvent et directement pour empêcher les questions
d'être posées, plus conforme à vos décisions. Mais,
depuis une semaine, c'est le témoin Lemay lui-même qui a
interprété les procédures de fin de session sans
arrêt. Il le marque même dans ses notes, son mémo qu'il a
lui-même demandé de vous déposer, M. le Président.
Le témoin a déposé un mémo où il parte
lui-même des jugements de valeur sur les appels
téléphoniques qu'il a reçus. Je voudrais savoir à
ce stade-ci si tout ce qui est contenu comme jugements de valeur sur les propos
de Me Pagé à M. Lemay doit être effacé du
mémo, des mémos, parce qu'il y a quatre versions, ou si
également tout ce que le témoin a dit sur les fins de session
quant au déroulement législatif, ça doit être
biffé également. Ç'a de l'importance, parce que si vous
empêchez un parlementaire de poser une question sur l'évaluation
du témoin d'une fin de session et vous le laissez écrire dans
trois ou quatre mémos différents des versions nuancées,
vous le laissez écrire, vous le laissez porter des jugements de valeur,
puis, dès qu'on pose un jugement de valeur, on dit: C'est pas correct,
on l'évaluera à la fin. Je m'excuse, M. le Président, mais
ça fait pas... Il faut qu'il y ait une cohérence dans nos
décisions ici et la cohérence... On ne peut pas empêcher un
parlementaire de questionner un témoin qui lui-même se permet de
poser des jugements de valeur et qui lui-même apporte des nuances
à la procédure et se permet de traiter de la procédure
législative. Je ne vois pas en quoi, M. le Président, vous pouvez
très honnêtement - je fais appel à votre jugement
là-dessus - je comprends pas que vous pouvez vous permettre
d'empêcher ou par quel droit, ou quel règlement vous pouvez
empêcher un parlementaire de questionner un témoin qui
lui-même s'est permis depuis cinq jours de porter à la fois des
jugements de valeur, en autant que c'est pertinent avec les jugements de valeur
qu'il porte. S'il parle du cafouillis des fins de session dans son mémo
et que c'est lui-même qui demande de le déposer, je vois pas en
quoi vous pouvez nous empêcher de questionner sur le cafouillis de fin de
session. Si lui-même dit: Je n'ai jamais senti de chantage dans les
propos de M. Pagé. Personne ne lui a demandé et il se permet de
l'écrire. Bien, on doit être en mesure de dire: Pourquoi vous avez
senti le besoin de faire ça? Parce que, M. le Président,
autrement, comment pouvons-nous établir les nuances? Un témoin
vient-il décider...
C'est pas un mémoire, ça ici, c'est une enquête.
C'est une enquête. Si on n'est pas capable de tester les motifs du
témoin - je suis très sérieux quand je vous demande cette
question de règlement - si on n'est pas capable de tester le pourquoi
des propos d'un témoin ou même des écrits d'un
témoin, parce que ça a été plus loin que des
propos. On l'a autorisé à déposer, vous avez
décidé -je ne conteste pas votre décision - on a
décidé, à la demande du témoin, d'accepter le
dépôt de mémos et de versions de mémos dans lequel
mémo le témoin a changé les termes - si on n'est pas
capable de connaître les motifs des changements de termes et les motifs
pourquoi il parle à des parlementaires de quinze ans et à un
autre de onze ans d'exérience ce que c'est qu'une fin de session et
c'est le témoin qui met ça en évidence, je m'excuse mais
c'est pas les Frères des écoles chrétiennes ici pour
écouter des mémoires. C'est véritablement une Commission
d'enquête qui nous permet à la fois de tester l'opportunité
du témoignage, la crédibilité du témoignage.
Ça rentre en
ligne de compte dans une commission d'enquête. Si on n'est pas
capable de faire ça... Ça veut dire que le témoin dirait
n'importe quoi, lui, il a le droit. Toi, questionne-le pas sur ce que t'as dit,
questionne-le pas sur ce qu'il a dit, parce que ça devient pas
pertinent. 5i ce n'est pas pertinent, je vais demander de retirer de tous les
mémoires, de tous les mémos, de toutes les quatre versions qu'on
a, les quatre textes, tout ce qu'il y a d'allusion aux fins de session, on va
demander au témoin de retirer toutes ses évaluations sur les
propos de M. Pagé? II n'est pas là pour plaider au nom de M.
Pagé, il est là pour apporter des faits. Vous les avez
acceptés dans les mémoires. Ça, c'est très
sérieux et je voudrais avoir, bien sûr, une réponse claire
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
leader de l'Opposition?
M. Chevrette: Oui, pour tout de suite.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, d'une façon très
concise, je vous dirai tout simplement -vous l'avez établi
déjà, c'est pour ça que je vais être très
très court, parce que je veux pas être répétitif -
que le témoin n'a pas à se substituer à qui que ce soit
dans ses opinions et c'est fondamental. Le témoin répond de ses
gestes, de ses actes, de ses écrits, mais it n'a pas à prendre la
place de qui que ce soit, d'aucun autre témoin, ni des parlementaires.
Il n'a pas à se substituer ni à vous, M. le Président. Il
est là pour répondre de ses faits et gestes, rien d'autre, M. le
Président et votre première décision allait dans ce
sens-là et je suis convaincu que vous allez être consistant.
Alors, je vous laisse décider.
Le Président (M. Lorrain): Alors, si par erreur, par
oubli, par fatigue, par temps, par usure, il arrive qu'un témoin vienne
porter des jugements ici, je vais vous conseiller une chose à tous ceux
qui composent la commission de l'Assemblée nationale, c'est de les
mettre de côté, ces jugements-là. Ceux qui vont porter un
jugement sur les faits, l'histoire telle que vécue relativement à
la question de privilège, ce sont les membres de la commission de
l'Assemblée nationale.
Dans un temps, s'il y a eu des jugements qui se sont infiltrés ou
qu'on peut peut-être "d'un côté ou de l'autre juger, ou
chacun individuellement, qu'il y a des jugements dans les textes, c'est nous
qui déciderons si Me Lemay a porté des commentaires de trop. Ce
qu'on veut savoir ici ce sont les faits.
Ce qui serait pertinent et j'en arrive précisément
à votre dernière question, c'est le processus globalement
législatif. On pourrait demander ça à tous les
témoins qui vont venir, même aux futurs témoins qui vont
venir ici. Il y a une chose qui a été mise en preuve, il y a une
perception qui a été mise en preuve par Me Lemay, c'est le
processus législatif de 272-132. Il a assisté à une
commission parlementaire, il lui a été expliqué par des
témoins qui sont déjà venus témoigner ici avant lui
qu'il avait tant d'heures et qu'il fallait sauter certaines étapes,
qu'il était devant une commission parlementaire.
Il y a plus que ça. Me Lemay vient de nous expliquer que dans le
cas de Sorel, il a vécu un processus de fin de session. Mais là
on ne prendra pas tout le processus législatif de l'Assemblée
nationale du Québec et le rendre pertinent. Moi je pense qu'il faut
ramener ça aux faits tels qu'on a vécus, au processus
peut-être précisément 272-132 situés dans leur
temps, c'est-à-dire le 18 décembre devant une commission.
L'autre, on n'a pas fait la preuve devant moi où c'était rendu et
qu'on lui demande comment il l'a perçu, lui.
Quant aux jugements, je n'en accepterai pas, aucun, ni d'un
témoin. Les jugements vont être rendus par nous ici, à la
fin. À la fin! Maintenant, si, par erreur, il y a des textes, c'est
à la demande du témoin et je pense que ces textes-là ont
servi abondamment depuis l'interrogatoire de Me Lemay pour l'interroger sur
toutes sortes de faits, sur ses dires, ses impressions. Si jamais, Me Lemay, il
y a des jugements et j'oublie de les retrancher quand on sera rendu à
l'argumentation, je vous demande, à tous les parlementaires qui sont
ici, de m'en aviser et d'appeler les collègues à l'ordre sur ce
point-là quand on sera rendu à apprécier. L'important,
c'est de connaître les faits concernant le mandat et surtout les faits
concernant le mandat, Sinon, si Me Lemay nous donne son opinion sur tout le
processus législatif de l'Assemblée, on n'est pas sorti
d'ici.
Alors je vais reconnaître une prochaine question à M. le
député de Lac-Saint-Jean. Non pas globalement sur tout le
processus législatif, s'il vous plaît, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Quand vous avez dit
à M. Pagé que vous trouviez la situation déplorable,
qu'est-ce qu'il vous a répondu? Quelle a été la
réaction de M. Pagé?
M. Lemay: Bien, il n'a pas eu de réaction. Autrement dit,
j'ai compris que c'est de même que la "game" se joue. Je n'ai pas dit
qu'il a employé ces mots-là, mais écoutez!
M. Brassard: II n'a pas eu de réaction.
M. Lemay: II me dit: II fait beau aujourd'hui; il fait beau.
Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse? II fait mauvais, il fait mauvais. Je
trouve ça déplorable qu'il fasse mauvais, mais qu'est-ce que vous
voulez qu'on...
M. Brassard: Vous avez compris que c'était comme ça
que la "game" se jouait. C'est ça que vous me ditez.
M. Lemay: II ne m'a pas dit ça, là.
M. Brassard: Non, mais vous, vous avez compris ça.
M. Lemay: Je vous demande... Quand j'ai dit: C'est
déplorable! Il. n'a pas fait de réaction spéciale.
Autrement dit, je te donne une information de fait. Je te donne ça. Moi,
je dis: C'est déplorable! Qu'est-ce que vous voulez, il n'a pas eu de
réaction.
M. Brassard; Vous avez parlé de "game" tantôt. Ce n'est pas
dans la conversation que vous avez parlé de "game".
M. Lemay: Non, c'est ma compréhension des choses, ma
perception à moi. C'est mon opinion qu'il ne faut pas que je donne.
M. Brassard: Votre perception, c'est comme ça que la
"game" se joue.
M. Lemay: Mais c'est l'évaluation que j'en ai faite.
M. Brassard: Et c'est ça que vous trouviez
déplorable.
M. Lemay: Non. J'ai dit que c'était déplorable que
notre loi soit impliquée dans cette "game"-là.
M. Brassard: Et Pagé, M. Pagé, c'est-à-dire,
n'a fait aucune réaction à votre... à l'expression de
votre sentiment.
M. Lemay: Non.
M. Brassard: Donc, c'était déplorable, mais
uniquement dans le cas de votre loi. Cette façon de procéder
était déplorable uniquement dans le cas de votre loi. (22 h
30)
M. Lemay: Je n'ai pas dit que la situation était
déplorable. J'ai dit: C'est déplorable que notre loi soit
impliquée là-dedans.
M. Brassard: Me Lemay, durant toute la semaine, vous avez
indiqué que vous n'étiez pas au courant des règles
spécifiques à l'adoption d'un projet de loi, mais que vous saviez
cependant que votre projet de loi avait besoin d'un consentement unanime de la
Chambre. Est-ce que c'est exact?
M. Lemay: Je suis au courant, en gros, des règles, parce
que évidemment, j'ai étudié le petit règlement sur
les bills privés avant de présenter ma toi. Mais sur les
technicalités, à quelle étape il y a besoin de
consentement, je ne le savais pas et je ne le sais pas encore. En tout cas,
là, je sais que ça en prend un avant la troisième
lecture.
M. Brassard: Dans votre premier mémo, comme dans les
autres d'ailleurs, vous avez parlé - et je vous cite, je cite votre
mémo, "du consentement unanime de la Chambre pour la
présentation... "
Le Président (M. Lorrain): Lequel? Lequel vous citez? Je
m'excuse...
M. Brassard: Dans tous les.,.
Une voix: D-20.
M, Brassard: D-20, D-20C.
Une voix: D-20 aussi.
M. Brassard: D-20.
Le Président (M, Lorrain): D-20? O. K.
M. Chevrette: Dans toutes les versions.
M. Brassard: Dans toutes les versions. Vous parlez du
consentement - je cite - "du consentement unanime de la Chambre pour la
présentation d'un projet de loi, lorsque le délai d'un jour franc
entre le rapport de la commission parlementaire et la troisième lecture
n'est pas respecté". Fin de la citation.
M, Lemay: Oui.
M. Brassard: Qui vous a expliqué ces modalités dans
les termes à peu près exacts du règlement?
M. Lemay: Ces vérifications que j'ai faites dans
l'après-midi du 19 ou en revenant des fêtes.
Une voix: Je pense que c'est le 19 au soir... dicté.
M. Brassard: Votre premier mémo a été
dicté quand?
M. Lemay: Le 19.
Une voix: Qui a dit ça?
M. Brassard: Qui vous a expliqué ces modalités,
puisque vous avez affirmé à plusieurs reprises au cours de la
semaine que, pour ce qui est des règles spécifiques, vous
n'étiez pas tellement au courant? Or, vous citez, dans votre mémo
- je viens de le citer - des règles très précises et
très spécifiques dans les termes à peu près qu'on
retrouve dans le règlement lui-même.
M, Lemay: Le souvenir que j'ai, c'est que j'ai déjà
indiqué que, quand la question de privilège a été
soulevée, on a communiqué avec quelqu'un du bureau du chef de
l'Opposition pour savoir ce qui se passait au Parlement, ce que c'était,
ce qu'ils discutaient vraiment. C'est peut-être cette personne-là
qui m'a expliqué le point, le problème technique, consentement en
troisième lecture, etc. Je n'ai pas de souvenir précis
précis de la personne. Peut-être cette personne-là.
M. Brassard: Vous vous souvenez pas qui et comment vous pouvez
citer...
M. Lemay: Je sais à qui j'ai parlé.
M. Brassard: ...de mémoire presque le texte exact du
règlement.
M. Lemay: Bien, c'est pas de mémoire. Je l'ai jamais vu le
texte du règlement,
M. Brassard: La citation que vous faites dans vos mémos,
c'est presque mot pour mot le texte du règlement.
M. Lemay: Bien, je l'ai même pas vu encore aujourd'hui.
Le Président (M. Lorrain): Quelle est la
citation? À quelle page? Je retrouve pas,
là.
M. Brassard: Consentement unanime de l'Assemblée.
Une voix: Dans celui du 19 décembre.
Une voix: Dans toutes les versions, à la page...
Une voix: Dans la dernière version. Une voix:
À la page 5.
M. Brassard: O.K. À la page 5, un, deux, trois,
quatrième paragraphe, à la fin du paragraphe.
Une voix: Page 5.
M. Brassard: D-20C.
Le Président (M. Lorrain): D-20.
M. Brassard: D-20.
Une voix: D-20C. D-20.
Une voix: Dans D-20, il est dans...
M. Brassard: Dans D-20, il est dans le troisième.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: D-20. D-2.
M. Brassard: Lorsque le délai d'un jour franc entre le
rapport de la commission parlementaire et la troisième lecture n'est pas
respecté, consentement unanime est requis. C'est le texte presque
intégral du règlement, mot à mot. Alors, vous vous
souvenez pas qui vous a expliqué ces modalités de nos
règles dans les termes à peu près exacts du
règlement.
M. Lemay: Bien, j'aimerais mieux que vous me
référiez au document D-20A, parce que c'est celui qui
était, c'est le seul texte que j'ai dicté le 19. Quand vous
parlez de D-20, ça comporte les ajouts et corrections grammaticales et
autres, les ajustements.
M. Brassard: D-20A.
M. Lemay: À D-20A, écoutezl
M. Brassard: D-20A, ce serait la dernière page.
Une voix: C'est-à-dire en haut.
M. Lemay: Page 3, O.K.
M. Brassard: En haut.
Une voix: Même chose...
M. Brassard: Lorsque le délai d'un jour franc. C'est la
même chose. Ça n'a pas changé d'un mémo à
l'autre.
M. Lemay: C'est ça. Ma réponse, c'est ça.
Écoutezl C'est dans les vérifications que j'ai faites dans
l'après-midi pour savoir ce qui se passe en Chambre et c'est quoi le
problème. Ce que je ne comprenais pas, c'est que M. Garon étant
dans l'Opposition, étant donc minoritaire dans le sens qu'il y a plus de
libéraux que de péquistes, je comprenais pas qu'ils pouvaient
bloquer une loi là en votant contre. La loi du nombre est là.
Sauf que, on m'a expliqué qu'il y avait une question de consentement
unanime à obtenir à cette étape-là.
M. Brassard: Je comprends. C'est pas là tellement ma
question, Me Lemay, c'est que
vous dites à plusieurs reprises au cours de votre
témoignage que vous n'êtes pas au courant des règles
spécifiques à l'adoption d'un projet de loi. Et dans vos
mémos, du premier au dernier, on y retrouve presque le mot à mot
du règlement, d'une règle bien spécifique en
matière d'adoption de la loi. Alors, J'essaie de comprendre là,
de relier çà à votre témoignage dans lequel vous
dites que vous n'êtes pas très au courant des règles
spécifiques et pourtant vous citez presque au texte le règlement
de la Chambre,
M. Lemay: Bien, jusqu'au 19 là, je savais pas que
ça prenait un consentement juste avant la troisième lecture. Puis
le 19, je l'ai su.
M. Brassard: Puis, qui vous l'a dit? Vous vous en souvenez
pas?
M. Lemay: Non, je m'en souviens pas.
M. Brassard: Je reviens à la phrase que vous avez dite
à M. Garon "Allez pas dire ça en Chambre" ou "Parlez pas de
ça en Chambre". Quand vous avez dit "Parlez pas de ça en Chambre"
est-ce que vous pensiez que s'il en avait parlé il aurait parlé
des événements d'une façon positive?
Le Président (M. Lorrain):... Oui, sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: Quand vous avez dit...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur une question de règlement.
M. Lefebvre: C'est très, très, très
hypothétique. Y a deux hypothèses dans la même
question.
M. Filion: Est-ce qu'on pourrait, M. le Président...
M. Lefebvre: Y a deux hypothèses dans la même
question. Mon Dieu!
M, Brassard: Peut-être que vous n'avez pas entendu la
question. Alors, je pense qu'on devrait demander au député de la
répéter...
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Président.
M. Filion:... sinon vous allez écouter nos questions de
règlement sans connaître la question sur laquelle porte la
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non. Je vais entendre la
question de règlement puis... Si c'est une question hypothétique,
je vais demander de la répéter. Je l'ai pas entendue
moi-même, je l'ai dit tout à l'heure.
M. Lefebvre: Je l'ai entendue. Y a deux hypothèses dans la
même question, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Voulez-vous
répéter votre question? Ça va peut-être mettre fin
indirectement à la question de règlement.
M. Brassard: Quand vous avez dit "Parlez pas de ça en
Chambre", vous avez dit ça à M. Garon, "Parlez pas de ça
en Chambre", est-ce que vous pensiez que s'il en avait parlé, même
si vous lui aviez dit "Parlez pas de ça en Chambre", est-ce que vous
pensez que s'il en avait parlé, que ses propos concernant ces
événements-là auraient été positifs ou
négatifs?
M. Lemay: Je sais pas c'est quoi ses propos. Écoutez, vous
me demandez de deviner quelle était son intention ou autre chose.
M. Brassard: Bien, quand vous ditez "Parlez pas de ça en
Chambre".
M. Lemay: Ce que j'ai dit là, j'ai souvenir, c'est allez
pas sortir ça ou allez pas parler de ça en Chambre.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: Mais, dans votre esprit, quand vous avez dit
ça à M. Garon, "Parlez pas de ça en Chambre", comment
pensiez-vous à ce moment-là qu'il en aurait parlé en
Chambre?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Lac-Saint-Jean est à interroger le témoin pour comprendre un fait
précis relaté par le témoin comme quoi il a dit au
député de Lévis "Ne parlez pas de ça en Chambre".
Les questions que le député de Lac-Saint-Jean adresse au
témoin ont pour but clair, net, de comprendre pourquoi il a dit au
député de Lévis "Ne parlez pas de ça en Chambre".
Les questions du député de Lac-Saint-Jean n'ont pas pour but
d'interpréter ou de soulever des hypothèses ou d'avoir des
réponses à des questions hypothétiques. Il s'agit de
savoir, M. le Président, pourquoi le témoin a dit ça au
député de Lévis. Et la question qu'il lui adresse sous
forme interro-
gative "pensez-vous que c'est parce qu'il en aurait parlé
positivement ou négativement?" C'est une question très objective,
M. le Président, qui a pour but de permettre au témoin de
préciser la raison pour laquelle il a dit ça au
député de Lévis, qui est un élément
très important dans le déroulement des événements
qui se sont déroulés dans l'avant-midi du 19 décembre
1986,
Et, M. le Président, je considère qu'il faut que vous
reconnaissiez le droit du député de Lac-Saint-Jean d'adresser une
telle question au témoin. Ça fait progresser l'enquête de
la commission de l'Assemblée nationale dans le sens de lui permettre de
mieux connaître, pas de mieux interpréter, de mieux
connaître le pourquoi des différents éléments qui
sont intervenus dans la conversation entre Me Lemay et M. le
député de Lévis au cours de la conversation
téléphonique qu'ils ont eue ensemble le 19 décembre 1986
en avant-midi.
M. le Président, refuser au député de
Lac-Saint-Jean la permission d'adresser une telle question, c'est priver les
membres de la commission d'un moyen, d'une possibilité de
connaître la raison pour laquelle le témoin, Me Lemay, a dit au
député de Lévis: Surtout ne parlez pas de ça en
Chambre. C'est un événement qui s'est produit, qui s'est
déroulé, hors de tout doute, et il faut que nous comprenions le
pourquoi de cet événement, le pourquoi de cette mise en garde de
Me Lemay à M. le député de Lévis.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député? Je vais reconnaître une intervention de la part de
la formation ministérielle. 5ur la même question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Lefebvre: M. le Président, si je ne connaissais pas le
député de Gouin...
Le Président (M. Lorrain): Excusez-moi, M. le
député de Frontenac.
M. Lefebvre: Si je ne connaissais pas le député de
Gouin depuis quinze mois, je penserais qu'il est sérieux dans son
argumentation. C'est tout. C'est tout ce que j'ai à dire.
M. Rochefort: M. le Président, en vertu de 35.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, sans commentaire.
Sans commentaire. Sans commentaire.
M. Lefebvre: C'est tout ce que j'ai à dire. Ça
dépasse... On tombe dans le ridicule le plus absolu.
Le Président (M. Lorrain): Alors, si j'ai bien compris, si
j'ai bien compris, M. le député de Frontenac, vous n'intervenez
pas sur la question de règlement.
M. Lefebvre: Une argumentation comme celle-là ne vaut
même pas une réplique.
Le Président (M. Lorrain): Je n'accepte pas le commentaire
de M. le député de Frontenac et M. le député de
Frontenac n'intervient pas. Je suis prêt à rendre ma
décision.
M. Rochefort: J'ai une question à vous poser.
Le Président (M. Lorrain): Autre que la question de
règlement. Autre que la question de règlement.
M. Rochefort: Pourquoi n'avez-vous pas interrompu le
député?
Le Président (M. Lorrain): Je l'ai interrompu. J'ai dit:
Vous n'avez pas de commentaire à faire sur la question de
règlement.
M. Rochefort: Après que j'ai soulevé ma question
sur 35.
Le Président (M. Lorrain): Je n'accepterai pas des
commentaires de part et d'autre comme ça des côtés de la
Chambre.
M. Rochefort: De la part d'un leader adjoint du gouvernement.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez une minute, il
est 11 heures moins 17 minutes...
M. Rochefort: Quel honneur, quelle éloquence de la
compétence et de la connaissance du respect du règlement.
Le Président (M. Lorrain): Ça va très
très bien. Je m'excuse, MM. les députés. MM. les
députés.
Une voix: Bravo.
Le Président (M. Lorrain): MM. les députés.
Il est 11 heures moins 17 minutes.
M. Lefebvre: Si le ridicule tuait.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Ça allait
extrêmement bien. Ça fait déjà presque quatre heures
qu'on est ici. J'aimerais que ça continue et que M. le
député de Lac-Saint-Jean puisse continuer son interrogatoire. A
la question, telle que la forme, que vous avez posée, M. le
député de Lac-Saint-Jean, seul et unique M. le
député de Lévis peut répondre. Mais je
reconnaîtrais, par exemple, si vous posez
directement à Me Lemay, pourquoi avez-vous dît: Parlez pas
de ça en Chambre?Demandez-lui directement, il va nous le
dire. C'est lui qui a répondu. Ça, c'est direct. C'est une
question acceptable, mais pas dans les termes, pas dans les termes et ça
va apparaître au galée à part ça.
M. Brassard: Alors, Me Lemay, voulez-vous bien me dire pourquoi
vous avez dit à M. Garon: Parlez pas de ça en Chambre?
M. Lemay: Ah, j'ai déjà répondu à
ça trois, quatre fois. Je vais vous le dire encore. C'est qu'à
mon avis ce n'était pas opportun d'expliquer en Chambre la question des
négociations de fin de session.
M. Brassard: Ce n'était pas opportun d'expliquer en
Chambre.
M. Lemay: La question des négociations de fin de session.
C'est de même que je percevais la situation. Que voulez-vous que je vous
dise d'autre? Je ne peux pas inventer.
M. Brassard: Dans votre esprit, ça n'avait aucun lien avec
une possible question de privilège.
M. Lemay: D'aucune façon.
M. Brassard: Pour quelle raison vous jugiez inopportun de parler
de cette situation et de la situation dans laquelle se trouvait votre projet de
loi? Pourquoi trouviez-vous ça inopportun de parler de cela à
l'Assemblée nationale?
M. Lemay: Parce que l'expérience que j'avais eue dans le
cas de Sorel, c'est qu'il y avait d'autres façons de régler
ça.
M. Brassard: II y avait d'autres façons de fégler
une situation semblable.
M. Lemay: C'est exact. Â mon avis...
M. Brassard: Dans vos mémos, vous dites que vous
étiez d'avis que M. Garon communiquerait avec M. Pagé. Est-ce que
je comprends que...
M. Lemay: À quel mémo vous référez,
là? À quelle pièce? C'est le même mémo avec
des petites corrections, mais... Je ne veux pas vous induire en erreur.
M. Brassard: Oui, dans... Bof, le premier, la première
version, si vous voulez.
Une voix: D-20A.
M. Brassard: Première version, D-20A, dernière
page, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sixième paragraphe: Pour ma
part - et je cite...
M. Lemay: Je comprends, O. K., oui.
M. Brassard: "Pour ma part, j'étais d'avis que M. Garon
communiquerait avec M. Pagé. " Donc, vous dîtes que vous
étiez d'avis que M. Garon communiquerait avec M. Pagé. Est-ce
que...
M. Lemay: Mais là, mettez un point, parce que la phrase,
il n'y a pas de point dans mon texte, à moins que...
M. Brassard: Oui, mais c'est cette partie-là de votre
témoignage qui m'intéresse.
M. Lemay: Ahï O. K. Le "ou", c'est pas important pour vous.
Correct.
M. Brassard: Je n'ai pas dit que c'était pas important. M.
le Président, question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez la question.
Non, Me Lemay, je sais que vous...
M. Brassard: M. le Président, le témoin me
prête des jugements.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui. Je suis
entièrement d'accord. Me Lemay, je comprends que vous êtes
probablement fatigué. Cela fait plusieurs heures et tout ça, mais
j'aimerais quand même que les députés puissent poser
entièrement leurs questions.
M. Lemay: O. K. M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Brassard: Alors, dans vos mémos, vous dites donc que
vous étiez d'avis que M. Garon communiquerait avec M, Pagé.
Est-ce que je comprends que ça vous apparaissait, à vous, comme
une bonne façon de trouver une solution?
M. Lemay: C'est l'une des alternatives. C'était l'une des
alternatives. Il y avait de parler au leader aussi que j'ai indiqué.
M. Brassard: Est-ce que c'était la meilleure, selon
vous?
M. Lemay: Je ne le sais pas, ça. J'ai demandé
à M. Garon de m'indiquer qu'est-ce qu'on devait faire.
M. Brassard: Est-ce que vous l'avez... Si c'était l'autre
alternative, que les deux leaders parlementaires régleraient ce
problème, si c'était l'autre alternative que vous
évoquez également dans votre mémo, est-ce que c'est avec
M. Garon que vous auriez communiqué également?
M. Lemay: Oui.
M. Brassard: Est-ce que vous avez suggéré à
M. Garon de communiquer avec M. Pagé?
M. Lemay: Je ne me souviens pas.
M. Brassard: C'est-à-dire que vous évoquez ici deux
alternatives, Dans votre mémo: j'étais d'avis que M. Garon
communiquerait avec M. Pagé et que les deux leaders parlementaires
régleraient ce problème. À votre avis, autrement dit,
c'est les deux possibilités pour trouver une solution à votre
problème. C'est les deux.
M. Lemay: C'est les solutions que j'entrevoyais.
M. Brassard: C'est les deux alternatives. Il n'y en a que deux
alternatives, et vous n'en parlez pas à M. Garon. Vous n'en
suggérez aucune à M. Garon.
M. Lemay: Bien, j'ai suggéré qu'on se
déplace au parlement pour aller rencontrer M. Garon. C'est à lui
à décider quelle démarche entreprendre, ce n'est pas
à moi à lui dire quoi faire au niveau politique.
M. Brassard: J'arrive pas à bien comprendre. Dans votre
mémo, dans tous vos mémos, vous indiquez que vous étiez
d'avis -c'était votre avis, là, bien exprimé dans vos
mémos - vous étiez d'avis que M. Garon communiquerait avec M.
Pagé et que les deux leaders parlementaires régleraient ce
problème, et malgré cet avis-là, cette conviction que vous
aviez, vous jugez bon de ne pas en parler avec M. Garon dans l'entretien que
vous avez avec lui.
M. Lemay: J'ai demandé à M. Garon: Qu'est-ce qu'il
faut qu'on fasse? On est disponibles; on peut aller vous voir. J'ai eu le
même cas dans Sorel puis j'ai dit dans le cas de Sorel: On s'est
promené d'un bureau à l'autre.
M. Brassard: Est-ce que vous avez suggéré à
M. Garon une rencontre avec, entre autres, M. Pagé?
M. Lemay: Je ne me souviens pas d'avoir suggéré une
rencontre avec M. Pagé le 19.
M. Brassard: Vous ne vous souvenez pas?
M. Lemay: C'est ce que je viens de répondre.
M. Brassard: Si vous ne vous souvenez pas, est-ce que ça
signifie que peut-être vous l'avez suggéré?
M. Lemay: Vous pouvez émettre toutes les
hypothèses. Écoutez, ce que je ne me souviens pas, je ne m'en
souviens pas. Je me souviens des choses qui, à mon avis, étaient
importantes, des choses significatives; celles qui ne l'étaient pas, je
n'ai pas porté attention.
M. Brassard: Alors, vous parlez à M. Garon, mais vous ne
lui suggérez aucune piste, aucune solution possible?
M. Lemay: Je lui ai suggéré de le rencontrer et je
lui ai donné l'exemple de Sorel.
M. Brassard: De venir au parlement ici sur place pour
l'accompagner?
M. Lemay: C'est cela.
M. Brassard: Est-ce que M. Pagé vous apparaissait comme la
personne la mieux placée du côté libéral pour
résoudre ce problème que vous affrontiez?
M. Lemay: Ce n'était pas à moi à
évaluer ça. Le problème que j'avais, j'avais une loi, puis
j'avais un parrain. J'ai référé a mon parrain,
c'était à lui à décider qui était le mieux
placé.
M. Brassard: Alors, même si M. Pagé vous avait
parlé, il ne vous apparassait pas comme la personne la mieux
placée au sein du gouvernement pour régler votre
problème?
M. Lemay: C'est exact.
M. Brassard: Me Lemay, vous avez dit à plusieurs reprises
que vous saviez que M. Pagé, évidemment, était ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mais que vous n'avez
pas fait le lien: M. Pagé, projet de loi sur le zonage agricole, projet
de loi 132. C'est exact?
M. Lemay: C'est ça. Ce n'était pas l'objet de ma
préoccupation.
M. Brassard: Ça ne vous apparassait pas particulier que M.
Pagé prenne une telle importance dans votre projet de loi, le projet de
loi 232 sur la CITRSQ? Cela ne vous apparassait pas curieux?
M. Lemay: Non.
M. " Brassard: Me Lemay, vous avez dit
dans votre témoignage que vous représentiez...
M. Chevrette: Je m'excuse de vous interrompre juste une minute.
Peut-on prendre une minute pour qu'on s'entende parce que, effectivement, il ne
resterait que sept minutes au questionnement possible de M, Brassard...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette:... et s'il y avait un consentement pour laisser
finir le témoignage, on libérerait M. Lemay ce soir.
Une voix: II y a consentement.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait se voir une minute, d'abord,
pour...
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette: À moins que nous arrêtions une
minute.
Le Président (M. Lorrain): Les travaux de cette
Assemblée sont suspendus pour une minute.
(Suspension de la séance à 22 h 53)
(Reprise à 22 h 55)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Oui, ça, Me Lachapelle, merci.
M. Chevrette: M. le Président, c'est peut-être pas
nécessaire d'attendre le retour du témoin. Nous avons
regardé l'ensemble des questions que nous avions, qui restaient et,
à ce moment-ci, nous serions prêts à interrompre en ce qui
nous concerne le questionnement du présent témoin...
Une voix: Sauf...
M. Chevrette:... sous réserve du droit de rappel...
Le Président (M. Lorrain): Du consensus intervenu.
M. Chevrette:... des consentements déjà intervenus
quant à la procédure.
M. Lefebvre: Pas interrompre, terminer. Vous dites bien terminer
pour le moment.
M. Chevrette: Terminer pour le moment, oui.
Le Président (M. Lorrain): Oui, terminer.
M. Chevrette: Et puis, demain matin, nous entendrions comme
premier témoin, à 10 heures, conformément à l'ordre
de l'Assemblée nationale, le témoin René Blouin, suivi du
témoin M. Pagé.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, si j'ai bien
compris, vous déclarez également, la formation gouvernementale,
ne plus avoir à interroger...
Une voix: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... et les cinq temps de parole
complets ont été employés également de la part de
l'Opposition pour Me Lemay. La seule façon de faire revenir Me Lemay,
c'est selon le consensus..
M. Chevrette: Le consentement des procédures.
Le Président (M. Lorrain):... en réassignation,
tout cela.
Alors, demain matin... Me Lemay, je vous remercie beaucoup de votre
collaboration et de votre patience. Je sais que, des fois, ç'a
peut-être été un peu difficile mais je vous remercie au nom
de tous les membres de la commission de l'Assemblée nationale. Vous
n'avez pas à vous représenter demain matin. Attendez une nouvelle
assignation advenant le cas où une des deux formations en décide.
Je vous remercie beaucoup.
Les travaux de cette Assemblée sont ajournés à
demain matin, 10 heures.
Une voix: Merci, Me Lemay et bonne chancel
(Fin de la séance à 22 h 57)