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(Dix-sept heures neuf minutes)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! ... de débuter les travaux de la commission de
l'Assemblée nationale.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Avant de recommencer les travaux, M. le
Président, je voudrais vous faire part d'une entente intervenue entre
les deux partis. La commission siégera ce soir jusqu'à 19 heures
possiblement, pas plus tard que 19 heures. La reconvocation du
député Blouin ne sera possible que par les
ministériels.
Il y a une également une entente, sauf que vous comprendrez qu'il
y a nécessité d'une certaine souplesse, que les questions seront
adressées au témoin Blouin à partir de maintenant
jusqu'à 19 heures par les ministériels, sauf - on s'est entendu -
sur une ou deux questions qui pourraient être posées par les
membres de l'Opposition. Le témoin Blouin, M. le Président, en
principe, sera libéré à la fin de son interrogatoire de ce
soir, sauf que les ministériels se gardent la possibilité de le
reconvoquer pour lundi, le 27 avril, de la façon suivante, par
assignation à un membre du personnel du cabinet du leader de
l'Opposition. Autrement dit, l'assignation pourra être faite à une
personne du bureau et non pas nécessairement au témoin, M. Blouin
lui-même.
Le Président (M. Lorrain): Je veux bien être certain
là. L'assignation, dans un premier temps, va être commandée
par le leader du gouvernement...
M. Lefebvre: On peut assigner... Pour effacer le sourire du
député de Roberval, on peut assigner une personne en remettant,
en signifiant un subpoena à une personne raisonnable du domicile. On
s'entend, en l'occurence, pour que l'assignation puisse être faite au
bureau du témoin, M. Blouin, en remettant le subpoena à une
personne raisonnable...
Le Président (M. Lorrain): Toujours en commandant
l'assignation au secrétaire de la commission de l'Assemblée
nationale qui va le faire signifier au cabinet du leader de l'Opposition. Cela
va.
M. Lefebvre: Toujours, M. le Président. Même
mécanique.
M. Polak: Juste une question.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Si on dit le 27, est-ce que cela veut dire le 27 ou la
journée qui pourra suivre?
M. Lefebvre: Non, l'assignation pourra être faite
théoriquement vendredi prochain.
M. Polak: Non, je veux dire est-ce qu'on va l'examiner le 27?
Peut-être qu'ils ont décidé de siéger, pas le 27,
mais le 28. À partir du 27?
M. Lefebvre: À partir du 27; la date de convocation du
témoin Blouin apparaîtra sur le subpoena.
M. Polak: O. K.
M. Lefebvre: On pourra le convoquer à compter du 27.
M. Polak: O. K.
M. Lefebvre:... et à toute autre date qui suivra le
27.
M. Polak: C'est cela.
Le Président (M. Lorrain): Qu'est-ce que vous faites...
Est-ce qu'il y a eu une entente quant au délai de 48 heures, quant
à cette réassiqnation-là?
M. Lefebvre: Lorsque je parle, M. le Président, d'une
assignation qui pourrait être vendredi prochain, c'est justement pour
respecter le délai de 48 heures.
Le Président (M. Lorrain): Ça va? M. Brassard:
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je confirme l'entente que vient d'énoncer le
leader adjoint du gouvernement tout en précisant que quand il dit que en
principe le témoin sera libéré avant 19 heures il faut
comprendre que effectivement, non seulement en principe, mais en pratique le
témoin sera libéré avant 19 heures.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président, ça va.
Le Président (M. Lorrain): Alors vous en faites une
motion, si je comprends bien, qui est adoptée. C'est un ordre de cette
commission. Il y a une autre chose que je voudrais mentionner avant de
commencer immédiatement l'interrogatoire de M. René Blouin. Nous
allons suspendre les travaux de la commission de l'Assemblée nationale
à 17 h 45 pour que vous puissiez aller procéder au vote sur une
motion, on m'a averti de chaque côté de la Chambre, à
l'Assemblée nationale. On reprendra immédiatement après
s'il y a lieu.
Témoignage de M. René Blouin
(suite)
Nous allons reprendre le témoignage de M. René Blouin. M.
Blouin, vous témoignez toujours sous le même serment qu'hier et
celui qui était à interroger et qui a toujours le droit de parole
pour vous interroger est un député de la formation
ministérielle, M. te député de Sainte-Anne.
M. Polak: Non, je n'ai pas de question.
Le Président (M. Lorrain): Excusez-moi. M. le
député de Frontenac et leader adjoint du gouvernement.
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que, à votre connaissance,
d'autres personnes que vous-même ont suivi avec à peu près
la même attention que vous la conversation qu'a eue le
député de Lévis avec un interlocuteur dont on a
parlé abondamment hier?
M. Blouin: II y avait...
M. Lefebvre: Je parle de la première conversation.
M. Blouin: Oui, la première conversation. Il y avait le
préposé aux appels téléphoniques, dans le
vestibule, qui était assis à proximité. À part de
ça il n'y avait que moi et M. Garon.
M.. Lefebvre: À quelle distance le préposé
en question était-il assis au moment où M. Garon parlait au
téléphone, à peu près?
M. Blouin: À peu près trois pieds, quatre pieds.
C'est sur la table, il était assis derrière, à peu
près à trois pieds de distance.
M. Lefebvre: M. Blouin, la conversation, selon vous, a
duré environ trois, quatre minutes. Est-ce que M. le
député de Lévis a pendant la durée de cette
conversation-là discuté avec vous?
M. Blouin: Avec moi? Non.
M. Lefebvre: Interrompre la conversation qu'il avait avec
l'interlocuteur pour vous parler, vous?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Est-ce que M. le député de
Lévis a parlé à quelqu'un d'autre qu'à
vous-même, des gens qui auraient circulé?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: M. le leader de l'Opposition, le
député de Joliette, est-ce que, à un moment ou l'autre, le
leader de l'Opposition a été présent près de vous
deux, près du député de Lévis et près de
vous, lors de cette première conversation-là?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Est-ce qu'il s'est rendu...
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre:... sur place?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Vous avez dit... Pourriez-vous me dire pour quelle
raison, M. Blouin, vous avez décidé, là, vous, d'assister
à cette conversation téléphonique là? Pour quelle
raison?
M. Blouin: Oui. Comme je l'ai dit précédemment, M.
Garon est venu vers moi, il m'a montré la note, alors nous avons
échangé quelques propos et, ensuite, il m'a demandé de
l'accompagner, il a dit: Viens avec moi, je vais téléphoner pour
vérifier.
M. Lefebvre: Pour quelle raison jugiez-vous nécessaire
d'être là?
M. Blouin: Ben, j'ai compris que M. Garon voulait que quelqu'un
soit témoin de son appel puisqu'il allait vérifier.
M. Lefebvre: Témoin d'un appel qu'il jugeait, j'imagine,
important dans les circonstances. Est-ce qu'il vous a mentionné, avant
de composer l'appel en question, pour
quelle raison, dans son esprit, c'était important?
Est-ce qu'il vous a dit qu'est-ce qu'il avait à l'esprit à ce
moment-là?
M. Blouin: II m'avait dit qu'il allait téléphoner
pour vérifier les faits qui étaient allégués dans
la note.
M. Lefebvre: Le deuxième téléphone, à
votre connaissance, s'est fait combien de temps après le
premier?
M. Blouin: Je dirais peut-être encore trois, quatre
minutes.
M. Lefebvre: Non. Combien de temps s'est-il écoulé
entre les deux appels?
M. Blouin: Oui, c'est cela, trois, quatre minutes, le temps que
moi, j'entre. M. Chevrette est venu me rejoindre. On a peut-être
parlé ensemble deux, trots minutes. M. Garon est venu nous rejoindre, il
est peut-être resté deux, trois minutes encore. Enfin, c'est
autour de trois, plutôt cinq, six minutes, dans ce bout-là.
M. Lefebvre: Et au moment où M. le député de
Lévis a à nouveau composé le numéro pour rejoindre
l'interlocuteur en question, est-ce que vous étiez là, au
début du deuxième appel?
M. Blouin: Le deuxième appel? Au
début?
M. Lefebvre: Étiez-vous là?
M. Blouin: Je suis sorti, alors il a commencé à
composer le numéro, mais je suis tout de suite entré à
l'Assemblée.
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que vous n'avez pas jugé
important d'être présent lors du deuxième
appel?
M. BJouin: Je jugeais plus important que nous ne rations pas la
première occasion qui, dans mon esprit, était la fin de la
période des questions pour intervenir à l'Assemblée sur
cette question.
M. Lefebvre: Qu'est-ce que vous deviez faire? Quelle
démarche deviez-vous faire pour ne pas rater cette première
occasion-là?
M. Blouin: Bien, je suis simplement entré sur !e parquet
pour pouvoir intervenir et demander à M. Garon d'entrer tout de suite si
la période des questions se terminait pendant ce temps-là.
M. Lefebvre: Je comprends que vous... Vous faisiez quoi, vous,
pendant que M. Garon était au téléphone? Vous faisiez
quoi, vous?
M. Blouin: J'étais derrière le siège de M.
le président et j'observais la période des questions. Et si ta
période des questions s'était terminée à ce
moment-là, j'aurais tout de suite prévenu M. Garon d'entrer en
toute vitesse pour poser le geste parlementaire auquel nous avions
pensé.
M. Lefebvre: Connaissiez-vous avant ces
événements-là l'avocat André Lemay?
M. Blouin: Pas du tout.
M. Lefebvre: Saviez-vous, M. Blouin, que Me Lemay était
l'avocat au dossier concernant le projet de loi 272, avant les
événements?
M. Blouîn: Pas du tout. Non.
M. Lefebvre: Est-ce que ça vous est déjà
arrivé depuis décembre 1985 de discuter avec des procureurs qui
représentent des municipalités ou d'autres "citoyens", entre
guillemets, qui présentent des "bills" privés?
M. Blouin: Pas du tout. Ce qu'il faut comprendre, c'est que nous
avons un service qui est dirigé par Me Charles Grenier qui lui se charge
d'approfondir le contenu, le contenu de ce qui se discute à
l'Assemblée. S'il y en a qui ont des contacts sur le plan du contenu,
ils les ont avec Me Grenier et son équipe.
M. Lefebvre: Oui, oui.
M. Bîouin, M» le député de Lévis vous
avait informé qu'il communiquait avec Me André Lemay,
hein? Votre réponse est oui?
M. Blouin: II dit: Je vais aller... Alors, j'avais lu le
mémo. Alors, j'ai compris qu'il voulait puisque le mémo,
c'était un mémo de Me André Lemay à Jean Garon,
j'ai compris qu'il voulait aller rappeler Me Lemay.
M. Lefebvre: Vous êtes et vous étiez à
l'époque le directeur du cabinet du leader de l'Opposition. Vous avez
une connaissance de la procédure qu'allait enclencher le
député de Lévis. Vous en avez même discuté
avec lui et avec le leader. Vous n'avez pas pensé que ça aurait
été saqe d'appeler vous-même Me Lemay pour vérifier
ce que Me Lemay aurait dit à M. Garon?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: M. le député de Lévis
était, comme il le dit lui-même, estomaqué et abasourdi.
Est-ce qu'il ne vous est pas venu à l'esprit qu'il aurait pu mal
comprendre ce que l'interlocuteur lui disait?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Vous n'avez pas jugé bon de vérifier
tout ça vous?
M. Blouin: C'est-à-dire que j'ai assisté, comme je
l'ai dit, à cet appel téléphonique et...
M. Lefebvre: Non, mais vous n'avez jamais entendu
l'interlocuteur?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Qui, en l'occurrence, pouvait être,
effectivement, Me Lemay; vous ne l'avez jamais entendu?
M. Blouin: Non, mais quand M. Garon a composé...
Écoutez, il avait la note devant lui, il a composé, alors il
appelait Me Lemay.
M. Lefebvre: II n'y a personne qui vous a suggéré
ou vous-même vous n'avez pas pensé de rappeler l'avocat Lemay
avant de déposer la motion en Chambre?
M. Blouin: Non. Moi-même, non.
M. Lefebvre: M. Blouin, pourriez-vous me dire qui au cabinet du
leader de l'Opposition a préparé, a fait des recherches à
la demande du député de Lévis concernant la motion de
privilège en question?
M. Blouin: C'est Me Hubert Thibault.
M. Lefebvre: Vous-même est-ce que vous avez pris
connaissance de l'opinion de Me Thibault?
M. Blouin: Que voulez-vous dire?
M. Lefebvre: Est-ce que vous avez lu un rapport, des notes?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Avez-vous fait vous-même une recherche
partielle dans le but de seconder Me Thibault? Avez-vous
travaillé d'une façon ou de l'autre dans le dossier après
les événements du 19?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Avez-vous discuté avec des gens du cabinet
chez vous du dossier?
M. Blouin: Non, le seul moment où j'en ai discuté,
c'est quand il a été question des règlements qui allaient
être appliqués au cours de cette commission, de la
procédure; à ce moment-là, on m'a consulté; Me
Thibault m'a demandé ce que je pensais de tel, tel et tel
élément et là je lui ai donné mon avis.
M. Lefebvre: Êtes-vous en train de me dire, M. Blouin, que
jamais, en aucun moment, vous n'avez discuté des
événements du 19 décembre avant votre témoignage
qui dure depuis hier?
M* Blouin: Non.
Le Président (M. Lorrain): Non. Je m'excuse.
M. Lefebvre: Vous me dites non?
Le Président (M. Lorrain): Avant le 19 décembre ou
aller jusqu'au 19 décembre au soir, mais pas après. Après,
il y a des milliers et des milliers de personnes qui en ont sûrement
discuté et ce n'est pas pertinent sur le mandat que nous avons devant
nous.
M. Lefebvre: M. le Président, le député de
Lévis, lui-même, lors de son intervention en Chambre, le 11 mars
1987 à 12 h 25, dit: Depuis cette date, - pour bien respecter ce qui a
été convenu hier, je vais lire textuellement la
déclaration du député de Lévis, à la page 2,
R-7438 - j'ai demandé au bureau du leader de l'Opposition de
vérifier autant que faire se peut l'essentiel des faits pertinents. Les
rapports que j'ai eus me confirment que j'avais raison de soulever la question
de privilège et de présenter une motion visant à mettre en
cause la conduite du député rie Portneuf.
Je pense, M. le Président, que j'ai le droit, et c'est pertinent,
d'interroger le directeur de cabinet, qui est le personnaqe le plus important,
quant à moi, au bureau du leader de l'Opposition, sur les demandes qui
ont été faites par le député de Lévis,
confirmées par le député de Lévis, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a quelqu'un qui
veut intervenir sur la question de règlement de M. le
député de...
M. Lefebvre: Et on est en plein coeur de ce qu'on appelle la
crédibilité du témoin, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a quelqu'un
d'autre qui veut intervenir? M. le député de Robervat, sur la
question de règlement de M. le député de Frontenac.
M. Gauthier: M. le Président, mon intervention ne sera pas
très longue, vous avez clairement indiqué, comme ç'a
été le cas précédemment dans la commission,
à savoir que nous nous intéressions aux événements
et non pas à ce qui s'est passé
après. Alors, ce n'est pas la première fois que vous
rendez cette décision et, d'ailleurs, je peux même vous indiquer.
"Alors, tes faits qui vont être rapportés dont M. Blouin -c'est
vous qui parlez - a été témoin se rapportent au 19
décembre. Après cela, tout ce qu'il a pu discuter avec son patron
ou avec d'autres, ce n'est pas pertinent.
Alors, c'est une décision claire. Je la respecte et je pense que
mon collègue d'en face devrait faire de même.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je suis prêt
à prendre ma décision quant à la dernière question
qui a été posée par M. le député de
Frontenac. C'est extrêmement important de limiter la pertinence de tout,
pas le débat, de la preuve qui est à faire ici pour arriver
à nous aider à se faire une idée à la fin des
travaux de la commission de l'Assemblée nationale, à limiter
notre recherche et nos interrogatoires aux faits que les différents
témoins ont vécus ou ont entendus le 19 décembre ou la
veille du 19 décembre 1986.
Si j'acceptais la dernière question, M. le député
de Frontenac, toute personne qui a entendu parler, ou avec qui quelqu'un a pu
parler de l'affaire de la question de privilège de M. le
député de Lévis, depuis le 19 décembre à ce
jour, et, même ceux qui en parleront la semaine prochaine ici ou qui en
discuteront ici la semaine prochaine pour préparer les travaux de la
commission pourraient être entendus comme témoins et seraient
contraîgnables; il y a plus que cela, ça deviendrait pertinent.
Vous pouvez mettre en contradiction avec lui-même le témoin, quant
à son témoignage, quant aux faits qu'il a vécus ou
entendus ou qu'il a rapportés mais pas le rendre contraignable
vis-à-vis d'autres... d'autres témoignages. Les autres
témoignages, on les analysera, on les examinera à la fin et on
décidera si la partie du témoignage de M. René Blouin est
plausible ou si elle est... ou, si on veut la qualifier de quelque chose
d'autre, on décidera à la fin; on rejettera peut-être
complètement le témoignage ou on acceptera complètement le
témoignage de M. Blouin et on en rejettera peut-être d'autres.
Mais, pour le moment, posez-lui des questions directes sur les faits qu'il a
vécus, qu'il a entendus et qu'il a lui-même participé
jusqu'à ce que l'Assemblée nationale décide de recevoir
une question de privilège de M. le député de Lévis.
M. le député de Frontenac, vous avez la parole.
M. Lefebvre: J'ai posé une question au
député... à l'ex-député, M. Blouin, à
savoir s'il a discuté de son... de la motion de privilège avec
qui que ce soit depuis le 19. Il m'a répondu: Non.
M. Gauthier: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Avant de vous
reconnaître, M. le député de Roberval...
M. Lefebvre: Je considère, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... est-ce qu'on reprend la
question de règlement, parce que j'ai rendu ma décision...
M. Lefebvre: M. le Président, avant...
Le Président (M. Lorrain):... M, le député
de Frontenac, ou si vous faites une nouvelle question de règlement?
M. Lefebvre: Avant même, je veux juste qu'on se situe.
Avant même que quiconque soulève une question de règlement,
le témoin Blouin avait considéré que ma question
était pertinente puisqu'il y a répondu.
M. Gauthier: La question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, ce n'est pas à
lui, il ne décidera jamais, je ne laisserai jamais aucun témoin
décider de la pertinence d'une question ou pas. C'est le problème
de la présidence, c'est un gros problème. Je reconnais...
M. Gauthier: Question de règlement. Une voix: Votre
décision a été rendue.
Le Président (M. Lorrain):... qu'il n'est pas facile des
fois, mais c'est moi-même qui t'a soulevée et je vous ai
interrompu.
M. Brassard: Décision rendue, décision
respectée.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je n'accepte pas que ce
soient les témoins.
M. Gauthier: M. le Président, est-ce que je peux soulever
une question de règlement?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, sur une nouvelle question de règlement.
M. Gauthier: Oui. M. le Président, d'abord on ne saurait,
quelque parlementaire que ce soit ne saurait mettre en cause une de vos
décisions. Elle a été rendue, elle est claire et de plus,
si des paroles auraient pu être enregistrées au préalable,
elles devraient être évidemment effacées du.... du
procès-verbal. De plus, je ne pense pas que ce soit normal que le
député utilise le stratagème de répéter la
question pour je ne sais trop quoi faire concernant votre
décision. Je vous demanderais donc de ta faire respecter et on
pourrait continuer l'interrogatoire comme c'était
commencé.
Le Président (M. Lorrain): 5ur la nouvelle question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, vous vous souviendrez que
lors de l'interrogatoire du témoin Lemay, vous avez permis
exceptionnellement que on interroge le témoin sur des
événements subséquents au 19 décembre en regard des
différents mémos qu'il a rédigés. On a longuement
interrogé le témoin sur les événements du 19
décembre évidemment, un texte rédigé le 19
décembre, un autre texte corrigé te 5 ou 6 janvier -laissez-moi
faire, M. le député de Roberval...
M. Gauthier: Je m'excuse, j'ai pas rien fait, que je sache.
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez, M. le
député de Frontenac, ...ma décision. (17 h 30)
M. Lefebvre: Et on a même, M. le Président, sauf
erreur, reculé jusqu'au 15 janvier, tout ça parce que
c'était relié à un premier mémo
rédigé le jour même des événements. Alors, M.
le Président, si c'était pertinent et permis au moment où
on interrogeait le témoin Lemay, je vous demande d'appliquer les
mêmes critères et de rendre la même décision
concernant le témoin Blouin, sur la même question ou le même
genre de question, M, le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision. Non, j'accepte seulement une intervention par
question de règlement de chaque côté.
M. Gauthier: Bien oui, mais je ne suis pas intervenu.
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est vous qui avez
logé la dernière question de règlement, je m'excuse, M. le
député de Roberval, et j'ai reconnu...
M. Gauthier: Ah! c'était... Ah! mon doux!
Le Président (M. Lorrain): Oui, j'avais rendu
déjà une décision et je vais rendre ma
deuxième.
Vous me soulevez le point suivant, M. le député de
Frontenac: en vous basant sur le témoignage et la permission
accordée à Me Lemay qui est venu témoigner ici pendant
quelques jours, vous avancez le fait que j'ai permis qu'on fasse une preuve
après le 19 décembre. La seule preuve - et c'est bien clair dans
les notes - qui a été permise à Me Lemay de faire ici
étant donné qu'il était l'un des témoins les plus
importants, peut-être l'acteur le plus important - peut-être, je
dis bien - il a déposé des documents signés de sa main
relatant... Le contenu de ces documents relatait des faits antérieurs au
19 au soir 1986. Parce qu'il ne savait pas ce qui était pour arriver
dans les jours futurs et, à cause des vacances, ses vacances - il est
venu expliquer cela ici - il a rédigé, en revenant en janvier,
différentes versions de son document. C'est lui-même, comme
témoin, qui a demandé de les déposer parce que cela lui
servait d'aide-mémoire et de rafraîchissement pour venir
témoigner ici. Ce sont les seuls points postérieurs au 19
décembre qu'on a permis à Me Lemay de témoigner,
c'est-à-dire sur la rédaction des faits antérieurs au 19
au soir 1986-
Mais il y a eu quelques questions qui ont été
posées à Me Lemay sur des faits postérieurs et j'ai
défendu... Il y a plus que cela. Votre argument que vous avez
mentionné tout à l'heure, M. le député de Roberval,
je ne l'accepte pas. Je ne rayerai pas et je ne demanderai pas d'effacer - cela
deviendrait trop complexe - des choses qui ne sont pas pertinentes ou qui ne
sont pas légales ou qui ne sont pas acceptables d'être
prouvées. Ce qu'on fera, c'est, lors de l'argumentation, lors de
l'examen de la preuve, chacun dira ce qu'il pense de la preuve et la mettra de
côté dans son argumentation. Mais c'est certain qu'au fur et
à mesure des débats c'est possible qu'il se glisse des fois,
comme je l'ai dit à quelques reprises, par oubli, par erreur, par
fatigue ou encore par inattention, quelques ouvertures. Maïs je ne veux
pas revenir sur toute l'orientation donnée à cette commission,
sinon on n'en finira jamais.
M. le député de Frontenac, vous avez toujours la parole.
C'est ma deuxième décision.
M. Lefebvre: M. le Président, je me plie à votre
décision, mais je ne suis pas d'accord.
Le Président (M. Lorrain): Je ne demande à personne
de les partager.
M. Lefebvre: J'ai le respect de la présidence, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, cela va. Très bien.
Je ne demande jamais aux gens d'être d'accord.
M. Lefebvre: Non, non.
M. Blouin, est-ce que vous avez, le 19 décembre, le jour
même, rédigé un mémo quelconque relatant les
événements que vous veniez de vivre?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: À votre connaissance, est-
ce qu'il y a quelqu'un dans votre équipe, au bureau du leader de
l'Opposition, qui a rédigé un mémo quelconque relatant les
événements du 19 décembre?
M. Blouin: À ma connaissance, non.
M. Lefebvre: Avez-vous vérifié auprès du
conseiller juridique du bureau du leader si un mémo a été
rédigé, si des notes ont été prises?
M. Blouin: Je me suis.,, peut-être une façon de
m'exprimer sur ce point, j'ai rencontré - et là je peux
peut-être répondre rapidement - j'ai rencontré Me Thibault
avec qui j'ai discuté brièvement de ces événements
au mois de janvier...
M, Lefebvre: Vous m'avez dit que vous ne l'aviez pas fait tout
à l'heure.
M. Blouin: Non, c'est parce que je n'ai pas pu compléter
ma réponse. C'est pour cela que j'y reviens très rapidement.
Maintenant, pour ce qui est du 19 janvier...
M. Lefebvre: 19 décembre.
M. Blouin:... 19 décembre, oui, il n'y a pas eu de
rédaction de mémo à ce moment-là. Ce qui s'est
passé, c'est que nous avons demandé à Me Thibault, une
fois que la question eut été présentée à
l'Assemblée, de rédiger une motion en bonne et due forme que M.
Garon présenterait l'après-midi même si la question
était acceptée par M. le président de l'Assemblée
et c'est Me Thibault qui a travaillé sur cette motion.
M. Lefebvre: Avez-vous revu le député de
Lévis dans l'après-midi, vous, M. Blouin? Quand je dis revu,
évidemment M. le député de Lévis était en
Chambre, je pense?
M. Blouin: Oui, l'après-midi, oui.
M. Lefebvre: Est-ce que vous avez rediscuté avec le
député de Lévis...
M. Blouin: Au cours de la journée?
M. Lefebvre: Au cours de l'après-midi du 19
décembre, évidemment des événements, on ne parle
pas de la température.
M. Blouin: À partir du moment où la question a
été soulevée à l'Assemblée et que M. le
président l'a prise en délibérée c'est davantage Me
Thibault qui a été chargé de procéder dans cette
affaire puisque, pour ma part, j'avais déjà à assumer
l'ensemble des travaux parlementaires qui sont très serrés cette
journée. Je sais qu'au cours du dîner de cette journée, au
salon des députés de l'Opposition, il y a eu une discussion
à ce sujet a laquelle j'ai brièvement participé, mais je
n'ai pas été vraiment mêlé à la suite des
choses, parce que je devais davantage m'occuper de la séquence des
travaux parlementaires qui est active au cours de cette journée.
M. Lefebvre: Pas d'autres questions pour le moment.
Le Président (M. Lorrain): Je vais maintenant respecter la
règle de l'alternance et donner la parole à M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, M. le Président, tel qu'entendu ce sera
très bref. M. Blouin, vous êtes, à titre de chef de cabinet
du leader, vous êtes au coeur des discussions concernant les projets de
loi. Dites-moi, avant de prendre connaissance du mémo que vous a
montré M. Garon, est-ce que vous aviez avant, à quelque occasion,
entendu parler d'un blocage passible ou de problèmes possibles sur le
projet de loi 272?
M. Blouin: Non,
M. Gauthier: Merci, M. le Président, je n'ai plus d'autres
questions.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Roberval. Je vais maintenant également respecter
la règle de l'alternance et offrir la parole à un
député ministériel, M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président.
J'aimerais demander au témoin Blouin s'il entendait d'une façon
ou d'une autre les propos de l'interlocuteur de M. Garon?
M. Blouin: Pendant évidemment l'appel
téléphonique?
M. Paradis (Matapédia): Exact.
M. Blouin: Non, je ne les entendais pas.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que M. Garon vous a
facilité ou vous a-t-il donné l'opportunité
d'écouter la conversation?
M. Blouin: Non.
M. Paradis (Matapédia): Alors tout ce que vous entendiez
c'était les paroles qui semblaient être reprises par M. Garon?
M. Blouin: Qui étaient reprises par M. Garon.
M. Paradis (Matapédia): Mais sans avoir
l'assurance véritable que c'était les paroles de
l'interlocuteur?
M. Blouin: Écoutez, la façon dont il le disait,
c'était pour que l'interlocuteur et que moi comprenions bien qu'il
répétait ce que l'autre venait de dire, comme je l'ai dit
à quelques reprises.
M. Paradis (Matapédia): Mais vous ne pouvez pas avoir
l'assurance que ce sont bien les paroles de l'interlocuteur?
M. Gauthier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je ne crois pas, je respecte
le député de Matapédia, et ces questions là ont
déjà été posées. S'il veut les reposer nous
manifestons beaucoup de largesse à ce niveau, sauf que, M. le
Président, je ne pense pas que le député de
Matapédia peut reprendre constamment les réponses de M. Blouin
pour ramener et lui suggérer en quelque sorte une interprétation
à ses réponses. Je pense que le député de
Matapédia peut poser les questions directes sur les faits et qu'il doit
s'en tenir à cette façon de procéder.
M. Paradis (Matapédia): Oui, sur la question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de règlement,
M. le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Je pense c'est essentiel de savoir
le sens des propos du député de Lévis au moment où
il avait une conversation avec son interlocuteur, à savoir si ce
n'était pas une interprétation qu'il faisait des paroles. Parce
que ça arrive souvent dans un appel téléphonique, on
dit... on écoute quelqu'un et par la suite on peut dire à haute
voix une interprétation des choses, sans que ce soit
véritablement les mots dits par notre interlocuteur. C'est essentiel de
savoir si le député Blouin a bien entendu ce que le
député Garon... M. Blouin, dis-je, entendait ce que M. Garon
interprétait de la conversation de son interlocuteur. Alors, c'est
important, ça m'apparaît essentiel d'avoir véritablement
cette assurance.
Le Président (M. Lorrain): Alors, posez votre question
directement, M. le député de Matapédia. Elle est
acceptable en autant que vous demandiez directement à M. René
Blouin, le témoin, s'il pouvait identifier lui-même, s'il a
l'assurance que c'était telle personne qui parlait au
téléphone. Il va nous dire oui ou non, c'est lui qui était
là.
M. Paradis (Matapédia): Alors, je répète ma
question. Est-ce que, M. Blouin, vous êtes... les paroles que vous
entendiez étaient bien celles de M. Garon?
M. Bloutn: Je l'ai dit, je croîs, à plusieurs
reprises, j'entendais M. Garon, je l'entendais. Je peux répéter
aussi, si vous te voulez, les paroles, les propos qui ont été
tenus au cours de cette conversation téléphonique et, à
titre d'exemple, quand M. Garon disait: Bon, c'est bien Michel Pagé qui
vous a téléphoné? Là il disait: Bon, alors vous me
dites que c'est bien Michel Pagé qui vous a
téléphoné, bon. Alors, là, il passait à un
autre sujet et c'est de cette façon-là que ça s'est
passé.
M. Paradis (Matapédia): Tout ça pour dire que vous
n'avez jamais entendu véritablement l'interlocuteur de M. Garon...
M. Blouin: Non, jamais.
M. Paradis (Matapédia):... ni de près, ni de
loin.
M. Blouin: Ni de près, ni de loin.
M. Paradis (Matapédia): Bon, et vous n'êtes pas en
mesure de dire non plus si le député de Lévis
interprétait, à ce moment-là, ou rapportait
véritablement les propos de son interlocuteur.
M. Blouin: Je vous laisse, je crois que je dois vous laisser
juger à partir des réponses que j'ai données à
plusieurs reprises.
M. Paradis (Matapédia): C'est ce qu'on va faire, M.
Blouin. Est-ce que c'est vous qui avez suggéré à M. Garon
de faire une motion de privilège?
M. Blouin: Lorsque j'ai été saisi de cette note,
j'ai moi-même effectivement dit à M. Garon qu'il s'agissait d'un
geste illégal et que ce n'était pas correct, que c'était
illégal, que, selon ce que je lisais dans la note, le comportement du
ministre Pagé, selon moi, était illégal parce qu'il
contrevenait à l'article 55 de la loi.
M. Paradis (Matapédia): Alors, c'est vous qui avez dit
à M. Garon: La note que Mlle Lecours a prise selon un appel
téléphonique, qui était devenue dans les mains de M.
Garon, que vous avez à votre tour interprétée, vous jugiez
que c'était illégal selon notre règlement.
M. Blouin: Oui.
M. Paradis (Matapédia): Ne trouvez-vous pas qu'il y avait
beaucoup d'intermédiaires sur l'interprétation?
M. Blouin: En fait, il n'y avait pas d'intermédiaires
parce que j'ai lu la note et j'ai donné l'avis qui m'est venu en
tête à ce moment-là.
M. Paradis (Matapédia): Mais vous comprenez aussi que
plusieurs personnes peuvent lire un texte et, finalement, en avoir une
interprétation différente.
Le Président (M. Lorrain): Demandez-lui son
interprétation à lui. Seulement son interprétation.
M. Paradis {Matapédia): Ben, ce n'était pas une
question.
Le Président (M. Lorrain): Sa réaction.
M. Paradis (Matapédia): C'était un préambule
à ma question, M. le député du Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lorrain): Posez votre question, M. le
député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Alors, est-ce que, d'après
votre interprétation de la note que Mme Lecours a prise, vous jugiez,
à ce moment-là, qu'il y avait illégalité?
M. Blouin: Oui.
M. Paradis (Matapédia): Et c'est à ce
moment-là que vous avez suggéré à M. Garon de faire
une motion, immédiatement, sur le champ.
M. Blouin: Moi, je lut ai dit que c'était illégal
et il en avait discuté avec M. Chevrette préalablement. Donc,
quand M. Chevrette est revenu, nous avons parlé de cette
illégalité, des articles qui étaient en cause et de ia
possibilité de - non pas de la possibilité - mais que la voie
à suivre, c'était de soulever une question à la
première occasion.
M. Paradis (Matapédia): Mais vous n'avez jamais
été en contact de près ou de loin avec la personne en
cause, qui est accusée finalement, M. le ministre de l'Agriculture.
M. Blouin: Non.
M. Paradis (Matapédia): C'est toujours par personne
interposée.
M. Blouin: C'est à partir de ce que je lisais sur la
note.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que vous êtes
conseiller en droit parlementaire?
M. Blouin: Non, je suis directeur de cabinet. Je m'occupe
principalement de l'organisation des travaux, en contact avec M. Pitre, et nous
avons un conseiller en droit parlementaire, qui travaille dans notre
équipe, qui est Me Thibault.
M. Paradis (Matapédia): Qui vous a conseillé
après.
M. Blouin: Qui, après, a été chargé
de continuer le travail. Ce que j'ai dit, peut-être n'y étiez-vous
pas préalablement, c'est que j'ai réagi rapidement parce que,
effectivement, cet article de loi, je le connaissais très bien pour
l'avoir déjà utilisé moi-même à
l'Assemblée, dans des circonstances très particulières;
d'ailleurs, peut-être que le député de Hatineau s'en
rappelle, et c'est un article que je connais très bien.
M. Paradis (Matapédia): Donc, votre conseiller en droit
parlementaire vous a conseillé après la décision de faire
une motion.
M. Blouin: Non, nous avions... Je vous ai expliqué que,
lorsque j'en ai discuté avec M. Chevrette, nous avions
convenu-d'intervenir, de soulever une question de privilège à la
première occasion.
M. Paradis (Matapédia): C'est ce que je dis. Cela veut
dire que le conseiller, que votre conseiller en droit parlementaire...
M. Gauthier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Je n'écoutais pas. Je
parlais du vote, moi là.
M. Gauthier: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur une question de
règlement, M. le député de Roberval. Mais situez-moi comme
il faut parce que je...
M. Gauthier: Bien sûr. C'est que le député de
Matapédia a posé la question de la façon suivante et
ça fait quelques fois que ça arrive: donc, vous avez fait telle
chose. Je pense qu'il n'a pas le droit de conclure lui-même et il devrait
le faire sous forme interrogative. C'est simplement pour rappeler
ça.
Le Président (M. Lorrain): Ne portez pas de jugement, M.
le député de Matapédia. Vous pouvez poser tout le nombre
de questions que vous voulez, directement, sans
jamais porter de jugement sur les actions. On va les porter à la
fin sur la globale de la preuve. Vous avez toujours la parole, M. le
député de Matapédia. Mais je vais suspendre bientôt
à cause de l'appel du vote. Vous pouvez poser encore deux ou trois
questions.
M. Paradis (Matapédia): Oui, d'accord. Merci, M. le
Président.
M. Blouin, vous nous dites... Est-ce que votre conseiller en droit
parlementaire a été consulté après la
décision de faire motion?
M. Blouin: Après, il a été consulté
effectivement. C'est lui qui a préparé la motion qui a
été lue par le député de Lévis au cours de
l'après-midi. C'est lui qui a été chargé de
préparer ce travail.
M. Paradis (Matapédia): C'est vous qui lui aviez
suggéré de faire cette motion?
M. Blouin: Je vous répète que M. Chevrette et moi
avons tout de suite convenu qu'il était approprié de soulever une
question de privilège à la première occasion.
M. Paradis (Matapédia): Et cette motion, d'après
vous...
M. Brassard: Question de règlement, M, le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: C'est parce que je... Je ne veux pas interrompre
indûment le député de Matapédia, mais il me semble
qu'il confond soulever une question de privilège, puis présenter
une motion sur une question de privilège. Ce que le témoin est en
train de vous dire, c'est qu'il a conseillé de soulever une question de
privilège et le député revient toujours avec l'idée
de motion. C'est deux choses bien distinctes dans le règlement en
plus.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, nous allons
immédiatement suspendre les travaux étant donné que
l'appel est terminé pour le vote. Nous allons reprendre les travaux de
la commission de l'Assemblée nationale. Je vais vous demander, M.
Blouin, d'être de retour à 18 h 15. Nous allons reprendre les
travaux.
(Suspension de la séance à 17 h 49)
(Reprise à 18 h 6)
Le Président (M. Lorrain): Je pense qu'il y a consentement
pour reprendre les travaux de cette commission.
Je vais céder à nouveau la parole à M. le
député de Matapédîa, et, M. René Blouin, vous
êtes toujours sous le même serment.
M. Paradis (Matapédia): Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): M. Blouin, est-ce que vous avez
fait une vérification quelconque auprès de Me Lemay, avant de
prendre votre décision de faire une motion...
M. Blouin: Non.
M. Paradis (Matapédia):... c'est-à-dire une
question de privilège?
M. Blouin: Non.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que vous avez
consulté le leader du gouvernement?
M. Blouin: J'en ai discuté avec M. Chevrette, en effet,
oui.
M. Paradis (Matapédia): Avec le leader du gouvernement,
j'ai dit.
M. Blouin: Ah! du gouvernement! Je m'excuse. Non.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que vous avez tenté
de vérifier auprès de M. Pagé?
M. Blouin: Non.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que vous avez tenté
de vérifier auprès d'un attaché politique de M.
Pagé?
M. Blouin: J'ai expliqué à quelques reprises que le
contenu de la note que nous avions devant les yeux nous semblait assez
significatif pour, après les vérifications que M. Garon eut
faites, enclencher la procédure que nous avions choisie.
M. Paradis (Matapédia): Mais votre note avait
été prise par Mme Lecours...
M. Blouin: C'est cela.
M. Paradis (Matapédîa):... qui l'avait
interprétée... qu'elle avait dactylographiée et, par la
suite, remise à M. Garon, qui l'a interprétée et qui vous
l'a remise, que, vous, vous avez interprétée pour par la suite
préparer votre question de privilège.
M. Blouin: Enfin, nous l'avons lue...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement que je veux entendre,
M. le député de Roberval ou de Lac-Saint-Jean, je ne sais
pas lequel des deux.
Une voix: Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, vous avez la parole.
M. Gauthier: Oui.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
député. Demandez-lui de reprendre sa question, il ne sera pas
capable.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que c'est bien
compris. Vous reprenez d'une façon très brève, M. le
député, et clairement.
M- Gauthier: M. le Président, je pense que vous devriez -
et c'est utile pour tous les membres de la commission - rappeler au
député de Matapédia qu'il a à poser des questions
directes, les plus concises possible, pour que les informations soient les plus
claires possible. D'ailleurs, je m'aperçois que son leader lui donne les
instructions pertinentes, alors je pense que peut-être ce rappel sera
inutile de votre part.
M. Paradis (Matapédia): Bien oui, mon leader me dit de
répéter ma question.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Sur la question de
règlement? Non, pas vraiment, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Alors, posez des
questions, s'il vous plaît, M. le député de
Matapédia!
M. Paradis (Matapédia): Alors, si je reprends bien ma
question, je disais tout simplement: Est-ce que vous avez décidé
de faire une question de privilège d'après
l'interprétation des personnes que j'ai nommées tout à
l'heure?
M. Blouin: C'est-à-dire que je l'avais lu moi-même;
alors, après la lecture que j'en avais faite et la discussion que j'ai
eue avec M. Chevrette.
M. Paradis (Matapédia): Est-ce que... Mme Lecours, en
dactylographiant sa note, l'interprétait, évidemment.
Le Président (M. Lorrain): Vous ne pouvez pas poser ce
genre de questions, M. le député de Matapédia. Il ne peut
que répondre à ce qu'il sait, a vu, a entendu ou a dit
lui-même, mais il ne peut pas répondre pour Mme Lecours. Alors, M.
le député de Matapédia, vous avez toujours la parole.
M. Paradis (Matapédia): Je n'ai plus de question, M. ie
Président.
Le Président (M, Lorrain): Excusez-moi. Merci, M. le
député de Matapédia.
Maintenant, je vais respecter la règle de l'alternance. Est-ce
qu'il... M. le député de Fabre, vous avez la parole.
M. Joly: Merci, M. le Président. M. Blouin, j'aimerais
quand même qu'on se retrempe dans les faits que vous connaissez
déjà et sur lesquels vous avez déjà quand
même commenté à date. Si on se reporte au moment où
le député de Lévis, M. Garon, a reçu la note de sa
secrétaire et puis que, dans votre déclaration, vous faites
mention que, suite à ça, il en a jasé de son sièqe
avec le leader de l'Opposition, M. Chevrette, cette discussion-là,
d'après vous, a duré combien de temps?
M. Blouin: Ce que j'ai exprimé à quelques reprises,
c'est que j'ai remarqué que M. Chevrette et M. Garon avaient un
échange de leur siège et combien de temps l'échange a-t-il
duré? Je ne peux pas vous assurer non plus que j'ai assisté
à tout cet échange-là parce qu'il arrive, lorsqu'on est
derrière le sièqe du président, que, tantôt, nous
regardions les parlementaires, mais, tantôt, nous avons des discussions
avec d'autres personnes qui sont derrière. Mais, au moment où je
m'en suis aperçu, l'échange était déjà
commencé et ç'a peut-être duré 15-20 secondes. Mais
il était déjà commencé quand j'ai
regardé.
M. Joly: Donc, d'après votre estimation à vous,
15-20 secondes. Est-ce que ç'a aurait pu être davantage?
M. Blouin: Oui, c'est ce que j'explique. Moi, quand j'ai
regardé M. Chevrette à ce moment-là, il était
déjà en échange avec M. Garon. Alors, je ne sais pas
combien de temps avant il avait pu échanger.
M. Joly: Est-ce que ça vous semblait une conversation
amicale?
M. Blouin: ils étaient chacun à leur siège.
Alors, ça me semblait un échange comme quand on ne discute pas au
côté de quelqu'un, on essaie d'être le plus attentif
possible pour se comprendre. Mais je ne pourrais pas vous qualifier
l'échange en termes de ce que vous souhaitez.
M. Joly: Si on se situe à l'endroit, au temps où le
chef de l'Opposition peut être placé, d'après ma
souvenance, là, il serait placé entre les deux. Est-ce que c'est
ça?
M. Blouin: II y a d'autres députés aussi, si j'ai
bonne souvenance, entre le leader et le député de
Lévis.
M. Joly: Est-ce que vous pouviez comprendre la teneur de la
conversation?
M. Biouin: Non.
M. Joly: Vous ne pouviez pas comprendre la conversation.
Par après, toujours selon ce qui a été
déclaré, M. Garon...
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous appeler les
députés par le nom de leur circonscription, s'il vous
plaît?
M- Joly: Oui, le député de Lévis se serait
levé et serait allé à l'arrière du trône.
C'est là que vous l'auriez rencontré.
M. Blouin: Oui, c'est ça.
M. Joly: Et vous avez eu une conversation avec le
député de Lévis à ce
moment-là?
M. Blouin: C'est ça. Il m'a remis la note de Mme Lecours.
J'en ai pris connaissance. Et je lui ai signifié que je trouvais que
ça contrevenait à l'article 55 de la loi, que c'était
illégal, que le geste, que ce qui était relaté et
attribué à M. Pagé était illégal.
M. Joly: La conversation que vous avez eue avec le
député de Lévis, d'après vous, ç'a
duré combien de temps, ça?
M. Blouin: Ça n'a pas été très long,
deux minutes peut-être, une minute, deux minutes.
M. Joly: Sur quoi que vous vous basez pour dire
ça?
M. Blouin: Parce qu'on...
M. Joly: C'est important.
M. Gauthier: Question de règlement.
M, Joly: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Roberval. Je vais vous entendre sur la question
de règlement, M. le député de Fabre, après.
M. Gauthier: Oui. M. le Président, loin de moi
l'idée de manquer de respect envers mon collègue, sauf que je
pense qu'il faut bien constater qu'il demande une approximation au
témoin, approximation que le témoin fait au mieux, et,
après ça, il lui demande sur quoi il se base pour dire ça.
Il lui demande une évaluation des choses. On tolère ça. Ce
n'est pas un fait, c'est une estimation, mais il ne faudrait pas après
ça qu'il "transquestionne" le témoin à partir d'une
réponse qui est très approximative, et le témoin l'a dit.
Alors, je pense qu'il faudrait peut-être ramener ça un petit peu
plus sur les faits.
Le Président (M- Lorrain): Voulez-vous intervenir sur la
question de règlement, M. le député de
Fabre?
M. Joly: M. le Président, ce qui est important...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Fabre.
M. Joly:... ce qu'il est important de savoir, c'est
nécessairement la période de temps qui s'est
écoulée entre le début de l'événement
à aller jusqu'au moment, disons, du téléphone, et ainsi de
suite. Alors, si on peut difficilement statuer sur le nombre de secondes ou de
minutes que ç'a pu prendre... Une fois, on me dit 15-20 secondes, une
autre fois, on me dit une ou deux minutes. Bien, ça, dans la
période de temps...
M. Gauthier: M. le Président...
M. Joly:... où l'action s'est
déroulée...
M. Gauthier:... question de règlement.
M. Joly:... il faut quand même se situer. Ce qui
m'amène à poser une autre question, M. le Président, au
député de... à M. Blouin...
Le Président (M. Lorrain): Je vais vous demander une
chose. Sur la question de règlement qui m'a été
soulevée par M. le député de Roberval, posez des questions
très précises, M. le député - vous pouvez en poser,
vous allez avoir tout le temps...
M. Joly: Parfait!
Le Président (M. Lorrain):... je vais vous le permettre -
précises et directes au témoin.
M. Joly: Parfait! (1 8 h 15)
M. Gauthier: M. le Président, j'ai soulevé une
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que l'argument qui a
été donné... Quand vous dîtes: Le témoin a
dit une seconde puis, après, une minute...
M. Joly: Non, il a dît: quinze, vingt
secondes,
M. Gauthier: M. le Président, me permettriez-vous de la
soulever''
Le Président (M. Lorrain): Alors, il ne faut pas
interpréter du tout. Alors, sur la question de règlement, M. le
député de Roberval, relativement à cette partie-là
dont vous avez mentionné.
M. Gauthier: Très brièvement, M. le
Président. On a tiré les mêmes conclusions, c'est que le
député n'a pas le droit, je pense, de laisser croire que les
réponses ne sont pas les mêmes d'une fois à l'autre. S'il
fait confusion dans deux durées différentes de deux
événements, c'est une chose, mais en aucun temps, que je sache,
depuis le début de ce témoignage, nous n'avons été
à même de constater que le témoin, René Blouin,
s'est contredit sur le temps. C'est une approximation, c'est toujours à
peu près les mêmes choses, mais, évaluer entre deux minutes
et une minute et trois quarts, c'est difficile.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous intervenir, M. le
député de Fabre, sur la deuxième question?
M. Joly: Non, non. Je respecte votre point de vue.
Le Président (M. Lorrain): C'est pourquoi je demande...
Bon, alors, je voudrais que vous postez des questions très directes et
très précises et sans éviter de porter, là... sans
porter de jugement. C'est très, très important. À la fin,
on va avoir tous la chance... Vous avez encore la parole.
M. Joly: Merci, M. le Président. M. Blouin, entre le
moment où vous avez constaté que le député de
Lévis et le député de Joliette échangeaient et le
moment où vous avez rencontré en arrière du trône le
député de Lévis, il s'est passé combien de
temps?
M. Blouin: Je pense que j'ai répondu à cette
question. Je vous ai dit que, mot, au moment où j'ai regardé en
direction de M. Chevrette, j'ai aperçu qu'ils procédaient
déjà à un échange au moment où j'ai
commencé à regarder et mon regard a duré, peut-être,
vingt secondes, quinze à vingt secondes. Je les ai observés,
là, M. Garon est venu me rejoindre.
M. Joly: Du moment où M. Garon s'est levé de son
siège, ou le député de Lévis s'est levé de
son siège, est-ce qu'il vous a fait signe de l'attendre? Ou son regard
vous a-t-il commandé de l'attendre?
M. Blouin: Non, il est venu me rejoindre simplement.
M. Joly: II est allé vous rejoindre?M.
Blouin: C'est ça.
M. Joly: De mémoire, M. Blouin, est-ce que M. Garon a
posé une question à l'Assemblée nationale cette
journée-là?
M. Blouin: Je ne me rappelle pas.
M. Joly: Vous ne pouvez pas vous souvenir?
M. Blouin: Je ne me rappelle pas. C'est possible, je ne me
rappelle pas.
M. Joly: De mémoire, est-ce que le député de
Portneuf était présent à l'Assemblée nationale
cette journée-là?
M. Blouin: Présent au cours de la journée, oui;
présent particulièrement à ce moment-là, je n'ai
pas vérifié.
M. Joly: Vous ne pouvez pas certifier s'il y était ou s'il
n'y était pas?
M. Blouin: À ce moment-là précis,
là?
M. Joly: Oui.
M. Blouin: Non, j'ai déjà répondu à
cette question et j'ai exprimé que je n'avais pas vérifié
si M. Pagé était là à ce moment-là.
M. Joly: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je vous remercie, M. le
député de Fabre. Est-ce qu'il y a un membre de l'Opposition qui
veut procéder à l'interrogatoire de M. René Blouin?
M. Gauthier: Pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Frontenac, vous avez la parole.
M. Lefebvre: M. Blouin, avez-vous travaillé, vous, sur le
projet de loi 272? Quand je dis avez-vous travaillé, avez-vous
vérifié la teneur du projet dans sa forme, dans son fond, son
contenu?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: D'aucune façon?
M. Blouin: D'aucune façon.
M. Lefebvre: Avez-vous eu l'occasion de discuter du projet de loi
272, soit le 19 ou avant le 19, avec le député de Lévis,
le 19 décembre?
M. Blouint Avec le député de Lévis, non.
Peut-être pour bien saisir, M. le député, si vous
permettez. Je vous explique un peu comment ça procède. La liste
m'a été transmise par M. Pitre. J'en ai fait analyser le contenu
par notre service qui s'occupe du contenu des travaux parlementaires et,
ensuite, j'ai reçu leur évaluation sur le plan du contenu que
j'ai transmise à Mme Cannon, du bureau du leader du gouvernement, tel
que nous en avions convenu, et c'est sur les projets de loi privés sur
lesquels à la fois le parti ministériel et le parti d'Opposition
s'entendaient; il était convenu que c'étaient ces projets de loi
qui étaient adoptés.
M. Lefebvre: Quand, M. Blouin, avez-vous su qu'il y avait un
amendement déposé au projet de loi 272? Je parle d'un
amendement, là; souvenez-vous de l'amendement auquel a fait
référence le témoin Lemay, là. Dans les quelques
jours qui ont précédé la commission parlementaire du 18
décembre en soirée.
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Quand l'avez-vous su qu'il y avait un amendement,
vous?
M. Blouin: Je n'ai pas su qu'il y avait un amendement.
M. Lefebvre: Vous ne l'avez pas su?M. Blouin:
Non.
M. Lefebvre: Est-ce que le lendemain, le 19, on vous en a
informé qu'il y avait eu un amendement...
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre:... déposé au projet de loi 272?
M. Blouin: On m'informe des modifications qui peuvent apporter
des problèmes sur le plan de notre attitude parlementaire, mais,
généralement, lorsqu'il s'agit de modifications qui n'ont pas
d'impact sur notre attitude parlementaire, je n'en suis pas informé.
M. Lefebvre: Je vous parle pas de ce qui se passe en
général, je vous parle de ce qui s'est passé en regard du
projet de loi 272 précisément et d'un amendement qui a
été déposé, si je me souviens bien, le 15
décembre. Vous n'avez jamais entendu parler de ça.
M. Blouin: Je ne me rappelle pas de ça, non.
M. Lefebvre: Vous ne vous en souvenez pas ou vous n'en avez pas
entendu parler, le 19, la veille?
M. Blouin: Je ne me rappelle pas l'avoir entendu parler de
ça.
M. Lefebvre: Et le jour même du 19 décembre, M.
Blouin, est-ce qu'on vous a informé qu'un amendement d'ordre, de
conséquence financière avait été
déposé?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Et, si vous n'en avez pas parlé, je dois
comprendre que le député de Lévis ne vous en a pas
parlé.
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Le député de Lévis vous a-t-il
dit que le témoin Lemay lui aurait dit que M. Pagé avait des
réserves, n'était pas d'accord sur le projet de loi
lui-même, le projet de loi 272? Est-ce que le député de
Lévis vous a dit ça?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: II ne vous a pas parlé de ça.
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Est-ce que vous le saviez, vous, dans la
journée du 19 décembre, au moment où se débattait
la motion, c'est-à-dire pas au moment où la motion a
été présentée, mais avant la motion, est-ce qu'on
vous a informé que M. te ministre de l'Agriculture, selon le
témoin Pagé, selon le témoin Lemay, je m'excuse, avait des
réserves sur le fond de la loi, que ça corrigeait une
illégalité et qu'il n'était pas d'accord? Est-ce qu'on
vous a parlé de ça?
M. Blouin: Au moment de... Vous voulez dire...
M. Lefebvre: Dans l'avant-midi du 19.
M. Blouin:... avant que nous ne présentions la...
M. Lefebvre: Oui, dans l'avant-midi du 19.
M. Blouin:... question de privilège?M.
Lefebvre: Oui.
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Après que la motion ait été
présentée, dans la journée du 19.
M. Blouin: Je me rappelle clairement que M. le
député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation en a parlé dans son intervention,
mais je ne me rappelle pas avoir eu d'autres conversations à ce
sujet.
M. Lefebvre: Est-ce que c'est possible que quelqu'un d'autre que
le ministre Pagé lui-même en ait parlé devant vous?
M. Blouin: Je n'ai pas de souvenir de ça.
M. Lefebvre: Est-ce que c'est possible? Je ne vous demande pas si
vous avez des souvenirs, je vous demande si c'est possible.
Une voix: M. le Président. M. Blouin:
Écoutez, au cours... M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, le...
Le Président (M. Lorrain): Une question de
règlement?
M. Gauthier: Oui. Le député de Frontenac pose une
question au témoin, le témoin dit: Je ne me souviens pas ou je
n'ai pas de souvenir, pour reprendre ses propos, et il lui dit: Je ne vous
demande pas si vous avez des souvenirs, est-ce possible? Moi, je pense que le
témoin est ici pour relater les faits, M. le Président, dont il a
eu connaissance. Il n'est pas ici pour interpréter ou pour
spéculer: y a-t-il eu ou pourrait-il y avoir eu telle chose? II est ici
pour nous dire: J'ai vu ou je n'ai pas vu, j'ai entendu ou je n'ai pas entendu.
Alors, je vous demanderais de faire respecter le règlement, M. le
Président.
M. Lefebvre: M. le Président, sur la question de
règlement soulevée.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur la question de règlement.
M. Lefebvre: La question que j'ai posée: Est-ce que c'est
possible que quelqu'un d'autre que le ministre ait parlé devant vous de
la réserve du ministre sur le projet de loi comme tel? C'est une
question, à mon sens, parfaitement légale. Le témoin
Blouin peut répondre: Non, non, ou peut-être.
Le Président (M. Lorrain): Si c'était... M.
Lefebvre: Non ou peut-être.
Le Président (M. Lorrain): D'accord. Si c'était
la...
M. Lefebvre: Peut-être, et non, et oui, ce n'est pas
pareil, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Si c'était la question,
elle est recevable. Continuez.
M. Blouin: Je ne m'en rappelle pas.
M. Lefebvre: Si vous me dites: Je ne m'en rappelle pas, est-ce
que je peux conclure que c'est possible?
Le Président (M. Lorrain): Non, non, là, vous ne
pouvez pas, non. Posez d'autres questions directes au témoin, mais on ne
peut pas porter de jugement immédiatement.
M. Lefebvre: Ça veut dire quoi: "Je ne m'en rappelle pas",
M. Blouin?
M. Blouin: Ça veut dire que, en fouillant dans ma
mémoire, ce que vous relatez ne me revient pas, à ma
connaissance.
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que, indépendamment et en
dehors de l'intervention du ministre Pagé en Chambre, est-ce que
quelqu'un devant vous, le matin du 19 décembre, a discuté de la
réserve du ministre sur le fond de la loi 272, oui ou
non?
M. Blouin: Je ne crois pas. Je ne me rappelle pas de ça.
Je ne crois pas.
M. Lefebvre: Vous ne pouvez pas répondre ni par oui ni par
non?
M. Blouin: Écoutez, je ne crois pas, je ne me rappelle pas
de ça. Est-ce que quelqu'un a dit une phrase à côté
de moi à ce sujet, à un moment donné, je ne pense pas.
Ça ne me revient pas du tout.
M. Lefebvre: M. le député de Lévis,
après qu'il ait terminé ses propos qu'il tenait au
téléphone, ne vous aurait pas dit: Pagé n'est pas d'accord
sur la loi 272, n'est pas d'accord sur la loi, selon Lemay? II ne vous a pas
dit ça?
M. Blouin: Écoutez, le...
M. Gauthier: M. le Président.
M. Blouin: Le contenu de la note lui-même l'indiquait,
alors c'était clair.
M. Lefebvre: II ne vous a pas dit: Le ministre Pagé, ou
Pagé, n'aime pas la loi parce que ça règle une
illégalité? Il ne vous a pas dit ça?
M. Blouin: Pardon? Voulez-vous répéter?II ne m'a pas dit quoi?
M. Lefebvre: M. le député de Lévis vous
a-t-il fait des commentaires sur les propos qu'aurait tenus M. Lemay, à
savoir: Le ministre n'est pas d'accord sur le fond de la loi?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: II n'a pas parlé de ça, M. le
député de Lévis?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Est-ce que le député de Lévis,
si vous me dîtes non, en finissant cette conversation
téléphonique auquelle vous faites référence, est-ce
que le député de Lévis n'en a pas parlé plus tard,
dans l'avant-midi?
M- Blouin: Au cours de l'avant-midi, une fois que la question eut
été posée à l'Assemblée, c'est Me Thibault
qui a été chargé de poursuivre le travail et de
préparer la motion qui pouvait intervenir en après-midi. Quant
à moi, je me suis affairé à voir à ce que les
décisions qui avaient été prises puissent effectivement
avoir cours.
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que vous êtes en train de me
dire que, en aucun moment, après avoir été témoin
des propos que tenait le député de Lévis au
téléphone, est-ce que vous êtes en train de me dire que
vous n'avez jamais reparlé au député de Lévis dans
toute la journée du 19 décembre?
M. Blouin: Non, ce n'est pas ça que je vous dis.
M. Lefebvre: C'est ce que je veux savoir.
M. Blouin: Non, non. Alors, on a... Il y a eu, au cours de la
période du dîner, dans le salon des députés de
l'Opposition, une rencontre à laquelle j'ai très
brièvement assisté.
M. Lefebvre: Combien de temps avez-vous été
là?
M. Blouin: Mon Dieu, peut-être... Ç'a
été très bref parce qu'au cours de la dernière
journée de session c'est toujours un rythme infernal, alors je n'ai pas
le temps de m'arrêter pour dîner pendant une demi-heure, trois
quarts d'heure. Je me suis peut- être arrêté à cette
conversation-la peut-être une minute ou deux, puis je suis reparti, mais
il en était question à ce moment-là,
M. Lefebvre: Entre vous et le député de
Lévis, il n'y a pas eu de conversation?
M. Blouin: Particulièrement, non.
M. Lefebvre: En aucun moment dans la journée, sauf
cette... Ce n'était pas une conversation entre vous et le
député de Lévis.
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: C'était une rencontre de groupe.
M. Blouin: Oui, oui, c'est ça.
M. Lefebvre: En aucun moment, vous et le député de
Lévis, vous n'avez parlé du sujet...
M. Blouin: Non, je n'ai pas eu de rencontre avec le
député de Lévis à ce sujet.
M. Lefebvre: Même pas dans les corridors du parlement?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Même pas en arrière du
trône?
M. Gauthier: Question de rèqlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, ça fait quatorze fois
qu'il pose la même question. Y aurait-il moyen, M. le Président,
qu'il s'enligne sur d'autres choses? S'il n'a plus de questions, on peut
arrêter.
M. Lefebvre: Non, non. Vous allez rester jusqu'à 7 heures,
M. le député de Roberval. Calmez-vous, là!
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Frontenac.
M. Gauthier: M. le Président, je regrette.
M. Lefebvre: C'est une question qui n'a jamais été
posée.
Le Président (M. Lorrain): Ca s'en vient. Est-ce que vous
voulez intervenir sur la question de règlement, M. le
député de
Frontenac? M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Oui, M. le Président. Je veux savoir si, au
cours de toute la journée du 19 décembre - et la journée
du 19 décembre, ça se termine à minuit, le 19
décembre - je veux savoir, M. le Président, et c'est très
pertinent, si, entre le député de Lévis et le
témoin Blouin, il y a eu des conversations relativement à
l'affaire qui nous occupe.
M. Gauthier: II a répondu, ça fait trois fois que
tu lui demandes.
Le Président (M. Lorrain): Faudrait éviter les
questions répétitives. Quant au temps, on n'a pas de durée
fixe pour chacun des témoins. Il y a des témoins qui ont
témoigné longuement, il y en a d'autres de façon beaucoup
plus brièvement. Alors, je voudrais que vous posiez toutes les questions
- vous avez encore une enveloppe de temps très importante. M. le
député de Frontenac -mais pas répétitives.
M. Lefebvre: M. le Président, ce n'est pas parce qu'on a
hâte que ça se termine qu'on va modifier les règles. (18 h
30)
Le Président (M. Lorrain): Non, absolument.
M. Lefebvre: Avec le témoin Lemay, M. le Président,
vous avez permis aux cinq députés de l'Opposition de revenir
à tour de bras sur des questions qui avaient été amplement
couvertes, et on a été excessivement tolérants de notre
côté.
Le Président (M. Lorrain): Non, en aucun temps je ne vais
tolérer ce genre d'interrogatoire-là. Quand il y a des nuances,
qu'on veut faire apporter des précisions ou qu'encore un témoin
apporte de nouvelles précisions, on peut continuer sur les nouveaux
faits à interroger. Alors, je fais mon possible pour ne pas accepter de
questions répétitives en ce qui concerne les témoins, que
ce soit d'un côté ou de l'autre, et j'aimerais qu'on continue dans
ce sens-là. Vous avez toujours la parole, M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: M. Blouin, avez-vous discuté de la question
qui avait été soulevée, la motion de privilège, et
les raisons pour lesquelles ç'avait été soulevé
avec le député de Lévis après la rencontre à
laquelle vous avez fait référence, à laquelle vous avez
assisté et qui a duré une minute ou deux?
M. Blouin: Ma participation?
M. Lefebvre: Oui. Oui, oui, votre participation à
vous.
M. Blouin: Oui, oui, d'accord.
M. Lefebvre: Je comprends que ç'a pu durer plus longtemps,
vous n'étiez pas là.
M. Blouin: Oui, c'est ça. Écoutez, que, dans le
corridor, j'aie croisé quelqu'un et qu'on ait échangé une
phrase, je ne me rappelle pas de ça. Ça demeure possible, mais je
n'ai pas eu de rencontre avec M. Garon sur ce sujet-là.
M. Lefebvre: Ça demeure possible que vous ayez
échangé une phrase?
M. Blouin: En marchant dans le corridor, écoutez, je ne
peux pas vous dire que quelqu'un ne m'a pas dit... Je ne me rappelle pas de
ça, mais ça demeure passible que quelqu'un, en marchant dans le
corridor, m'ait dit je sais pas quoi sur ce sujet-là, que je lui aie
répondu en marchant et que j'aie continué; c'est possible.
M. Lefebvre:... le député de Lévis.
M. Blouin: Le député de Lévis, je ne pense
pas, même pas. Je ne pense même pas ça, mais...
M. Lefebvre: Mais je ne pense pas, ce n'est pas une
réponse. C'est oui ou c'est non?
M. Gauthier: M. le Président.
M. Lefebvre: C'est oui ou c'est non?
M. Blouin: Bien, écoutez...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non. M. le
député de Frontenac, c'est le témoin qui répond. Il
faut laisser témoigner M. Blouin. S'il dit non, c'est non. S'il dit oui,
s'il dit autre chose, c'est lui qui l'a vécu, on ne peut pas l'obliger
à répondre quelque chose. Posez votre question et il va
répondre.
M. Lefebvre: Vous avez été pas mal moins
généreux avec le témoin Lemay.
Est-ce que vous avez parlé avec M. Garon ou non?
Le Président (M. Lorrain): Non, non, M. le
député de Frontenac, je n'accepterai pas ces remarques-là.
Je comprends que...
M. Blouin: Est-ce que vous avez parlé... Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Permettez-moi, s'il vous
plaît! Je comprends que l'importance du témoignage de chacun peut
varier selon les actions et selon l'intensité, ou encore l'importance
qui a pu jouer dans
l'affaire de la question de privilège qui nous est soumise. Il
n'y a pas personne, je pense, qui a participé à cette
affaire-là ou qui est présumé avoir participé
à cette affaire-là de la même façon, avec le
même rôle. Alors, chacun vient raconter, ou décrire, ou
témoigner sur ce qu'il a fait, mais pas sur ce qu'il n'a pas fait, et je
ne pense pas qu'on peut quantifier le rôle de chacun tant qu'on n'aura
pas entendu toute la preuve devant cette commission. Pour le moment, M. Blouin
nous raconte certains faits et je ne veux même pas présumer si Me
Lemay a été un participant plus important que M. Blouin. On verra
à la fin, quand on aura entendu tous les témoignages,
M, Lefebvre: M. le Président, quant à moi, tous les
témoignages sont importants et tous les témoins sont soumis aux
mêmes règles.
Le Président (M. Lorrain): Absolument!
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que...
Le Président (M. Lorrain): Mais selon ce qu'ils ont fait
et non pas... Allez!
M. Lefebvre: M. Blouin, est-ce que vous avez discuté avec
M. Garon dans l'après-midi de la question qui nous occupe?
M. Blouin: Je n'ai pas eu de rencontre significative avec M.
Garon. Est-ce que je l'ai croisé dans le corridor à un moment
donné? Je ne me rappelle pas, mais ça se peut. Mais on
n'a pas eu d'échange à ce sujet.
M. Lefebvre: Pourquoi vous me dites: Je n'ai pas eu de rencontre
significative, est-ce que je l'ai croisé dans le corridor? Ça
veut dire quoi ça?
M. Blouin: Ça veut dire que, très clairement, vous
voulez savoir si j'ai parlé à M. Garon au cours...
M. Lefebvre: Oui.
M. Blouin:... de cette journée.
M. Lefebvre; C'est ça que je veux savoir.
M. Blouin: Je l'ai peut-être croisé dans un
corridor...
M. Lefebvre: Bon.
M. Blouin:... je lui ai peut-être dit bonjour, je lui ai
peut-être... mais je n'ai pas eu de discussion avec lui à ce
sujet-là.
M. Lefebvre: Ça fait cinq minutes que je vous le demande.
Vous venez de me dire qu'il n'y en a pas eu de discussion avec le
témoin, avec le député de Lévis. Il n'y en a pas
eu?
M. Blouin: C'est ce que je vous ai dit.
M. Lefebvre: Bon. Vous auriez pu le dire il y a cinq et
même un peu plus, dix minutes, M. Blouin.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaires. Sans
commentaires, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je retire mon commentaire, M. le
Président.
Alors, il n'y a pas eu de discussion avec M. Garon dans
l'après-midi. Est-ce qu'il y en a eu en soirée?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: Jusqu'à minuit le 19 décembre,
puisqu'on ne peut pas dépasser le 19 décembre, est-ce qu'il y a
eu des discussions avec M. le député de Lévis?
M. Blouin: Non.
M. Lefebvre: M. Blouin, pourriez-vous me dire si, dans les propos
du député de Lévis qu'il tenait au
téléphone, vous avez compris ce qu'il allait faire après
avoir terminé la conversation téléphonique? Est-ce qu'il a
dit des choses à son interlocuteur: Je vais faire ci, je vais faire
ça, ou je ne ferai pas ci ou je ne ferai pas ça?
M. Blouin: Bien, comme je l'ai évoqué à
quelques reprises, M. Garon a dit qu'il ne participerait pas à une
rencontre. Il a également dit, l'élément que j'ai
relaté à quelques reprises, qu'il ne négociait pas ses
votes.
M. Lefebvre: Moi, je vous... Oui. La question que je vous pose:
Est-ce que vous avez compris des propos de M. Garon ce qu'il allait faire tout
de suite après la conversation téléphonique?
M. Blouin: Je viens de vous relater les éléments
qui peuvent peut-être se rapprocher à la question que vous me
demandez. Il a dit qu'il ne négociait pas son vote, qu'il ne
négociait pas ses votes. Il a refusé une rencontre.
M. Lefebvre: Est-ce que le député de Lévis,
à son interlocuteur, a dit de ne pas faire telle chose ou de faire telle
chose? Je ne veux pas être suggestif, là. Vous avez,
à plusieurs reprises, M. Blouin, énuméré les quatre
éléments essentiels, selon vous, de la conversation. Quant
à moi, vous en avez oublié un encore plus important, mais...
M. Gauthier: M. le Président. M. le Président, je
regrette, là.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question...
M. Gauthier: M. le Président, le leader...
Une voix: Ça va faire.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement...
M. Gauthier: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: Oui, M. le Président. On va la clarifier une
fois pour toutes, la situation. Le leader de l'Opposition, qui devrait
connaître les règles mieux que quiconque...
Une voix: Du gouvernement.
M. Gauthier: Du gouvernement, je m'excuse, qui devrait
connaître les règles mieux que quiconque, M. le Président,
est celui qui ne cesse d'interpréter, d'orienter, de reprendre les
questions quatorze fois et, en plus, de faire ses commentaires. Bien, je
regrette! S'il ne sait pas quoi dire, M. le Président, qu'il se taise
et, s'il sait quoi dire, qu'il le fasse, qu'il le dise.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je n'ai rien à dire, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): En n'appréciez pas
immédiatement, M. le député, le témoin...
M. Lefebvre: Je n'ai rien à dire, sauf que je trouve que
le député de Robervaî s'enflamme inutilement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, continuez votre
interrogatoire, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Avez-vous entendu le député Garon
demander au témoin de faire ou de ne pas faire telle ou telle chose,
qu'il a donné des ordres?
M. Blouin: II lui a dit qu'il ne participerait pas à une
rencontre et qu'il ne négocierait pas ses votes. C'est ça qu'il
lui a dit.
M. Lefebvre: Est-ce que le député Garon lui a dit
de s'occuper de ses affaires?
M. Blouin: Je ne me rappelle pas de ça.
M. Lefebvre: Vous ne vous souvenez pas de ça. Est-ce que
le député Garon lui a dit: Occupez-vous pas de ci ou de
ça?
M. Blouin: C'est possible que ç'a été dit,
mais je ne me rappelle pas de ça.
M. Lefebvre: Vous ne vous souvenez pas de ça.
M. Blouin: Je l'ai dit à quelques reprises qu'il
était possible que d'autres paroles aient été dites que
celles que je relate, mais que je ne me rappelle pas des autres paroles...
M. Lefebvre: M. Blouin, lorsqu'on répond...
M. Blouin:... qui auraient pu être dites.
M. Lefebvre:... c'est possible que, vous savez qu'on peut
prétendre n'importe quoi. Je voudrais de vous, et j'insiste pour que
vous vous forciez un petit peu, à une question aussi précise que
la suivante: Est-ce que le député Garon a dit à son
interlocuteur: Occupez-vous pas de ça, est-ce qu'il a dit...
M. Gauthier: Question de règlement.
M. Lefebvre: Avez-vous entendu cette phrase-là, oui ou
non?
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement...
M. Gauthier: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, premièrement,
ça fait plusieurs fois que le témoin Blouin répond
à cette question. Deuxièmement, en aucun temps un membre de cette
commission n'a le droit d'exiger d'un témoin qu'il se souvienne d'une
chose qu'il ne se souvient pas. Vous n'avez jamais accepté de question
visant à faire dire: Est-ce oui ou est-ce non? Vous n'avez
jamais accepté ça, M. le Président. Vous avez toujours
dit: Le témoin est libre de sa réponse et, si sa mémoire
fait défaut... Et M. Blouin n'a pas enregistré toute la
conversation et s'il dit: Je ne me souviens pas de cela, c'est possible que
cela ait arrivé, c'est une réponse qui a toujours
été acceptée jusqu'à présent et il faudrait
bien que le député de Frontenac le
comprenne. Voulez-vous, s'il vous plaît, lui
expliquer?
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M, le député de
Frontenac, sur la même question de règlement.
M. Lefebvre: M. le Président, dans un premier temps, le
député de Roberval était je ne sais pas où. Depuis
hier matin, c'est la première fois que la question lui est posée:
Est-ce que vous avez entendu le député de Lévis dire:
Occupez-vous pas de ça? Dans un deuxième temps, M. le
Président, j'ai le droit de demander au témoin de répondre
par un oui ou par un non, et, s'il ne peut pas répondre par un oui ou
par un non, M. le Président, qu'il explique pour quelle raison. À
une question aussi précise, il ne peut pas dire ni oui ni non, M. le
Président. C'est une question de fait très précise. Il
était présent du début à la fin de cette
conversation téléphonique. Il a, selon son propre
témoignage, entendu tout ce que le député de Lévis
a dit et si, sur des parties de conversation du député de
Lévis, le témoin, M. le Président, est évasif, il
peut expliquer pourquoi. Il peut expliquer: J'ai été
dérangé, il a passé des gens, j'ai été
distrait. Mais, à une question aussi précise: Avez-vous entendu
le député de Lévis dire ceci, qu'on me réponde: Je
ne m'en souviens pas, ce n'est pas une réponse, M. le Président.
C'est oui ou c'est non. Je pense que j'ai le droit de demander ça au
témoin, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, je suis prêt à rendre ma décision. La
question, telle que vous l'avez posée et telle que vous venez de !a
répéter, est acceptable, mais n'appréciez pas, je le
répète encore une fois, les réponses du témoin. Le
témoin peut les nuancer. Lui seul l'a vécu et il est le seul
à nuancer une réponse. Ce que vous pouvez faire, si une
réponse ne vous satisfait pas, vous pouvez poser d'autres questions pour
avoir des précisions additionnelles, mais vous ne pouvez pas
apprécier les réponses du témoin. Alors, il est le seul
qui peut nuancer ses réponses, il est le seul qui a vécu cette,
expérience.
Posez votre question, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Je comprends, M. Rlouin, que vous ne pouvez pas dire
avoir entendu le député de Lévis dire à son
interlocuteur: Occupez-vous pas de ça. Vous ne l'avez pas entendu dire
ça.
M. Blouin: Je vous ai relaté à plusieurs reprises
les éléments que j'avais retenus de cet appel
téléphonique. Je vous ai dit aussi, à un certain nombre de
reprises, qu'il était possible que d'autres paroles aient pu être
prononcées, mais que je ne m'en souvenais pas et, ce dont je me souviens
précisément, je l'ai dit à plusieurs reprises.
M. Lefebvre: M. Blouin, je vais vous ramener aux propos du
député de Lévis, à la page - pour permettre
à mes collègues d'en face de bien vouloir me suivre - R-98, page
2, 11 h 5, 1er avril 1987: M. Garon: "Je dois dire que j'ai insisté pour
dire à M. Pagé, pas à M. Pagé, à M. Lemay
aussi, j'ai dit: Occupe-toi pas, occupez-vous pas de ça, quand il
insistait pour organiser une rencontre. J'y ai dit ça à plusieurs
reprises: Occupez-vous pas de ça. J'aimerais que ça soit clair
ça, parce qu'il insistait pour organiser cette rencontre-là qui
lui semblait, dans son esprit, la façon de dénouer un
problème qui lui avait été apporté par M.
Pagé."
M. Blouin: Alors, je...
M. Lefebvre: Où étiez-vous lorsque le
député de Lévis a dit ça à plusieurs
reprises?
M. Lefebvre: Alors, ce que je vous dis, c'est que je me rappelle
bien que M. Garon a dit qu'il refusait la rencontre à laquelle vous
faites allusion. Quant aux autres paroles que vous relatez
précisément du témoignage de M. Garon, il est passible
qu'elles aient été prononcées, mais je ne me rappelle
pas.
M. Lefebvre: Où éttez-vous lorsque le
député de Lévis a dit à plusieurs reprises:
Occupez-vous pas de ça? Où
étiez-vous?
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse, M. le
député de Frontenac. Vous pouvez lui demander s'il a entendu
ça, mais ça ne veut pas dire que ce qui a été dit,
que vous...
M. Lefebvre: Pour satisfaire la présidence, avez-vous
entendu à plusieurs reprises le député de Lévis
dire: Occupez-vous pas de ça?
M. Blouin: M. le Président, je ne peux que
répéter que je me rappelle que le député de
Lévis ait refusé une rencontre.
M. Lefebvre: Ce n'est pas ça, ma question.
M. Blouin: Qu'il est possible qu'il y ait d'autres paroles qui
aient été prononcées, comme je l'ai dit depuis le
début, mais que les paroles auxquelles fait allusion M. le
député de Frontenac, je ne me rappelle pas que...
M. Lefebvre: Vous ne vous souvenez pas de ça.
M. Blouin:... ces paroles-là aient été
prononcées, mais il est possible qu'elles l'aient été.
M. Lefebvre: Est-ce que c'est possible que les paroles aient
été prononcées à plusieurs reprises - c'est le
témoin Garon lui-même qui le dit - et que vous ne vous en
souveniez pas?
M. Blouin: Je vous ai dit à plusieurs occasions que j'ai
retenu...
M. Lefebvre: Avez-vous des problèmes de mémoire, M.
Blouin, vous?
Le Président (M. Lorrain): Pas de commentaires. Ça
allait bien, là. Ça allait bien.
M- Brassard: Aïe! Un instant, là! Ça va
faire!
M. Gauthier: M. le Président, M. le Président. (18
h 45)
Le Président (M. Lorrain): La question est recevable, mais
pas de commentaires. Pas de commentaires sur le témoignage de M. Blouin,
s'il vous plaît, M. le député de Frontenac!
M. Lefebvre: Est-ce que c'est possible que les paroles:
"Occupez-vous pas de ça", aient été prononcées
à plusieurs reprises, comme te dit lui-même le
député de Lévis, et que vous ne vous en souveniez
pas...
M. Blouin: Je vous répète...
M. Lefebvre:... alors que vous avez été là
tout le temps?
M. Blouin: Je vous répète que j'ai retenu ce qui
m'est apparu comme étant les éléments essentiels de cet
appel, notamment le refus de participer à une rencontre, que d'autres
paroles précises ont été prononcées et qu'il est
possible que les paroles que vous relatez aient été
prononcées, mais que, en fouillant dans ma mémoire, je ne me
rappelle pas de ça, mais c'est bien passible qu'elles aient
été prononcées.
M. Lefebvre: Mais je considère, M. Blouin... Vos
éléments essentiels, là...
Le Président (M. Lorrain): Ne portez pas de jugement, M.
le député.
M. Lefebvre:... sont les éléments incriminants,
selon vous. Comment se fait-il que vous n'ayez pas retenu d'autres choses?
À chaque fois qu'on parle d'un élément qui n'est pas
considéré comme essentiel, vous ne vous en souvenez pas.
Le Président (M. Lorrain):... des questions...
M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, question de règlement. M. le
Président, je ne sais pas si c'est parce que le député de
Frontenac, qui se trouve bien drôle parce qu'on est en question de
règlement... C'est parce qu'il veut tenir jusqu'à sept heures,
puis il n'a pas de questions.
Le Président (M. Lorrain): Question de
règlement.
M. Lefebvre: Elle est fatigante, hein?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: C'en est une autre fatigante, ça.
Le Président (M, Lorrain): Avant de vous entendre, M. le
député de Roberval, à plusieurs reprises, j'ai
rappelé tous les députés qui intervenaient depuis deux
semaines sur une question de règlement de ne pas porter de jugement ou
de commentaires sur la forme d'interrogatoire des autres. Ne parlez que du
droit, ne parlez que de votre question de règlement...
M. Gauthier: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... mais ne portez pas de
jugement sur la façon de procéder de M. le député
de Frontenac. Cela amène un autre débat puis une autre question
de règlement.
M. Gauthier; Vous avez raison parce que ça ne serait pas beau, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): D'accord. M. Lefebvre:
C'est fatigant, hein?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval.
M. Lefebvre: C'est fatigant, Roberval, hein?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: II n'y a rien de fatigant dans ça.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, sur votre question de rèqlernent, je vais vous
reconnaître après M. le député de Frontenac.
M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Gauthier: M. le Président, le député de
Frontenac, manifestement, porte des jugements et lui-même fait
l'évaluation des propos du témoin Blouin et lui retourne en
question, comme ç'a été depuis le tout début la
règle» Pourriez-vous, s'il vous plaît, M. le
Président, le surveiller de plus près, le rappeler à
l'ordre, puis que ce rappel à l'ordre, de grâce! tienne plus que
30 secondes, M. le Président, pour ne pas qu'on le fasse à toutes
les questions, à moins que ce sait pour écouler du temps.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur la même question de règlement.
M. Lefebvre: On reconnaît encore une fois la franchise et
l'honnêteté de l'Opposition, avec qui on s'est entendus, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain):... commentaires, M. le
député de Frontenac.
M. Lefebvre: Vous vous souviendrez, M. le Président, de ce
qui avait été convenu en début des travaux, que tes
questions de règlement ne seraient soulevées qu'à
condition que ça soit des questions de règlement sérieuses
et, M. le Président, lorsque je demande textuellement au témoin?
Avez-vous entendu M. Garon dire: "Occupez-vous pas de ça", comme le dit
lui-même le député de Lévis, et ce, à
plusieurs reprises, puis que je me fais répondre, M. le
Président: Je ne m'en souviens pas, vous me permettrez de douter de la
crédibilité du témoin.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Si
c'était...
M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, si c'était...
M. Lefebvre: Et partant de ça, M. le Président,
vous devez me donner le droit d'aller plus loin.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordrel À l'ordrel À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaîtl Ah non! Non, non.
M. Lefebvre:... même s'il est sept heures moins dix, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Lefebvre: Même si ça dérange le
député de Roberval.
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Lefebvre: Ça, c'est le dernier de mes soucis, en
passant.
Le Président (M. Lorrain): Non. Mais ça me
dérange, moi. Non.
M. Lefebvre: C'est le dernier de mes soucis, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Je n'accepterai pas qu'on mette en contradiction avec un
autre...
M. Gauthier: Imagine bien que c'est partagé....
partagé, espèce de frustré.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre, s'il vous plaîtl II reste à peine
dix minutes. À l'ordre, s'il vous plaîtl Sur la question de
règlement telle que présentée...
M. Lefebvre: Si on est rendu, M. !e Président, à
des attaques personnelles, c'est que ça ne va pas bien.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement...
M. Lefebvre:...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, je voudrais rendre ma décision.
M. Lefebvre:... en frustré, on pourra en reparler de
ça.
Le Président (M. Lorrain): Je veux rendre ma
décision, M. le député de Frontenac. Alors, sur la
question de règlement, il n'est pas question, il n'est pas question
qu'on se mette à douter ou à porter un jugement quelconque durant
l'interrogatoire des témoins de cette commission.
Il y a une heure et demie. C'est une enveloppe qui est
arrêtée de chaque côté de la Chambre pour pouvoir
porter les jugements et apprécier tous les témoignages à
la fin. Alors, je n'accepterai pas ça. Je vais accepter des questions
directes, mais je n'accepterai pas que les questions deviennent
répétitives parce que peut-être la réponse ne
satisfait pas qui que ce soit. Je parle des deux côtés de la
Chambre ici. Alors, je voudrais qu'on la pose une fois. Une fois qu'elle est
posée, on peut demander des
précisions, mais on ne la répétera pas 20 fois. Et
je voudrais bien aussi qu'on ne porte pas de jugements, peu importent les
réponses des témoins. Je suis ici, moi, pour protéger les
témoins, et tous les témoins, et même les
députés qui ont témoigné déjà et qui
vont témoigner. M. le député de Frontenac, vous avez
toujours la parole.
M. Lefebvre: Vous n'avez pas entendu dire ça? Je suis
tellement surpris, M. le Président, moi.
M. Blouin: Pardon?
M, Lefebvre: Je suis décontenancé. Je suis
estomaqué, comme le député de Lévis...
Le Président (M. Lorrain): Pas de jugement, pas de
jugementl
Une voix: Qu'est-ce qu'il fait là, lui?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, je pense que je l'ai répété à plusieurs
reprises. Je pense qu'on n'est pas à la... À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Je pensais que tu en étais un dans le groupe
qui avait un peu de classe.
Le Président (M, Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Bon. Alors, si je comprends bien, M. le député de
Frontenac, vous avez terminé?
M. Lefebvre: Pour le moment, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a un membre de
l'Opposition...
Une voix: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais passer...
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Fabre, vous demandez la parole à
nouvea? M. le député de Fabre, s'il vous plaît!
M. Joly: Merci, M. le Président.
M. Blouin, vous assistez au déroulement des travaux de
l'Assemblée nationale sur une base régulière, à
tous les jours. La journée du 19, vous avez assisté aux travaux
jusqu'à quelle heure à peu près? Pour bien vous situer,
est-ce que vous êtes parti avant le dépôt de la motion du
député de Lévis ou après?
M. Blouin: Après.
M. Joly: Vous êtes parti après?
M. Blouin: Oui.
M. Joly: Est-ce que c'est possible qu'entre le moment où
vous avez aperçu le député de Lévis et le
député de Joliette s'entretenir et le moment où la motion
a été déposée, est-ce que c'est possible
qu'à ce moment-là, entre cette période-là, que le
député de Lévis ait pu poser une question à
l'Assemblée nationale?
M- Blouin: Entre le moment où il est venu me
rencontrer...
M. Joly: Entre le moment où il discutait avec son
collègue, le député de
Joliette, et le moment du dépôt de la motion ou de la
question de privilège.
M. Blouin: Ecoutez, selon la séquence des
événements que j'ai faîte, c'est impossible.
M. Joly: C'est impossible qu'il ait posé une question?
M- Blouin: Entre le moment où je l'ai vu, il est venu me
rencontrer, il est allé téléphoner, il est revenu nous
voir, il est retourné téJéphoner, ensuite il est venu
poser sa question de privilège.
M. Joly: Est-ce que c'est possible qu'une telle question aurait
pu être posée avant la séquence qu'on a
élaborée tantôt, avant l'entretien entre le
député de Lévis et le député de
Joliette?
M. Blouin: Bien, nous avons - c'est une question de jugement sur
le plan parlementaire - nous avons considéré que le moment le
plus approprié pour soulever cette question, que la première
occasion était la fin de !a période des questions, pour ne pas
interrompre la période des questions à laquelle il restait une
quinzaine de minutes.
M. Joly: Vous avez décidé ça quand? M.
Blouin: Ah! spontanément.
M. Joly: Spontanément. Vous faites mention que c'est vous
qui avez suggéré au député de Lévis d'en
faire une question de privilège.
M. Blouin: Ce que je vous ai dit, c'est que j'avais
indiqué au député de Lévis qu'il s'agissait d'un
geste posé par le M. le ministre de l'Agriculture qui était
illégal et que M. Pagé n'avait pas le droit de faire ça,
et j'en ai discuté par la suite avec M. Chevrette, qui est venu me
rencontrer, qui est venu me rejoindre, et nous avons convenu qu'effectivement
il fallait soulever une question de privilège.
M. Joly: Vous avez aussi déclaré dans
votre témoignage, M, Blouin, que vous vous étiez
basé sur l'article 55 du règlement pour donner, en fait, votre
appréciation sur la loi 55 et aussi en faire vos recommandations. C'est
bien ça?
M. Blouin: C'est l'article 55 de la loi de
l'Assemblée.
M. Joly; L'article 55 de la loi de l'Assemblée
nationale.
M. Blouin: Oui, c'est ça. Oui.
M. Joly: Vous le connaissez bien, cet article-là?
M. Blouin: Oui, je le connais bien, cet article-là.
M. Joly: Ça vous est venu comme ça,
spontanément, à la mémoire?
M. Blouin: Oui.
M. Joly: Quand vous dites que vous connaissez bien, j'imagine que
c'est parce que vous avez expérimenté dans le passé.
M. Blouin: C'est ça.
M. Joly: Est-ce que c'est ça?
M. Blouin: Oui.
M. Joly: Combien de fois avez-vous expérimenté
l'usage de l'article 55?
M. Blouin: C'est un article que je connaissais bien, d'abord,
parce que, en ayant été leader adjoint du gouvernement, j'ai
dû faire un effort pour me mettre au fait de la procédure
parlementaire et l'article 55 est un article très important dans la loi
de l'Assemblée nationale, qu'il faut connaître et qu'il faut avoir
en tête, au moins dans ses grandes lignes. Et, d'ailleurs, lorsque
j'avais utilisé cet article à l'Assemblée, il
m'était venu en tête très rapidement parce que c'est un des
articles fondamentaux pour celui qui est chargé de...
M. Joly: Vous vous en êtes servi...
M. Blouin:... d'aider ses collègues sur le plan de la
procédure parlementaire.
M. Joly: Vous vous en êtes servi quand la dernière
fois?
M, Blouin: J'ai relevé ça. Je m'en étais
servi le 11 avril 1984.
M. Joly: Merci. M. le Président, je pense que notre
témoin, il semble avoir une meilleure mémoire pour les choses des
années passées que pour les...
Le Président (M. Lorrain): Excusez-moi. M. Gauthier:
M. le Président.
M. Joly:... les choses qui étaient arrivées...
Le Président (M- Lorrain): Non, non, sans commentaires,
sans commentaires...
M. Joly:... dans la journée même.
M. Gauthier: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Fabre.
M. Brassard: Vos commentaires, vous les ferez plus tard.
Le Président (M. Lorrain): M. le député,
posez toutes les questions que vous voulez...
M. Joly:... plus de questions, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, est-ce qu'il y a des
questions de la part de la formation de l'Opposition?
M. Gauthier: Non, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. te
député de Frontenac, toujours en interrogatoire.
M. Lefebvre: M. Blouin, avez-vous une bonne mémoire,
vous?
M. Blouin: M. le Président, j'ai dit que j'avais fait une
recherche et que j'avais relevé le Journal des débats et
que j'avais constaté, en faisant une recherche... Ça ne m'est pas
venu spontanément que c'était le 11 avril 1984. J'ai fait une
recherche et j'ai retrouvé, je savais sur quel sujet ça
s'était passé, j'ai fait une recherche dans le Journal des
débats et j'ai réalisé que c'était le 11 avril
1984. Je ne m'en rappelais pas de cette date-là.
M. Lefebvre: M. Blouin, la question que je vous pose, moi:
Est-ce que vous considérez que vous avez une bonne mémoire?
M, Brassard:...
M. Lefebvre: Non, non, mais vous allez voir pourquoi je pose
ça. Si vous aviez suivi les débats, vous comprendriez, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lorrain): Les questions, s'il vous
plaît!
M. Brassard: Je les ai suivis...
Le Président (M. Lorrain): Les questions, s'il vous
plaît!
M. Brassard:... plus que vous pensez. M. Lefebvre:
Hum?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Vous en avez perdu des bouts.
M. Brassard: I! y a des perroquets dans les bureaux.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Allez, M. le témoin!
M. Blouin: Je considère avoir une bonne
mémoire.
M. Lefebvre: Oui.
M. Blouin: Je n'ai jamais été traité pour
des problèmes de mémoire. Je considère avoir une
mémoire...
M. Lefebvre:... a déjà dit que vous aviez une bonne
mémoire?
M. Blouin:... probablement normale. Pardon?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît!
M- Lefebvre: Vous souvenez-vous d'avoir parlé de votre
mémoire?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, M. le député de Frontenac!
M. Lefebvre: Bien, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Soyons respectueux des
témoins.
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Présidentl
C'est vous-même, M. le Président, page 3, R-490: Le
Président (M. Lorrain): "Une question directe, sans jugement, sans
opinion et sans demander un commentaire ou quoi que ce soit. Demandez une
question directe. " M. Blouin répond ceci: "Parce que j'estimais
être... Je ne me suis pas posé cette question. J'estimais
être capable de me rappeler des éléments essentiels. Comme
ma mémoire fonctionne plus facilement que ma sténo, j'ai
pensé que c'était préférable d'y aller avec ma
mémoire. " C'est lui-même...
Le Président (M. Lorrain): Parfait.
M. Lefebvre:... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): C'est parfait.
M. Lefebvre: Mais c'est drôle que ce n'est plus le cas
aujourd'hui.
Le Président (M. Lorrain): Non, II ne faudrait pas porter
des jugements.
Une voix: Oui.
Le Président (M. Lorrain): On comparera et on
pondérera.
M. Lefebvre: Je retire mon commentaire, M. le
Président.
M. Blouin: M. le député de Frontenac, vous
constaterez tout simplement que je ne connais pas la sténo. Alors, ma
mémoire est supérieure à ma sténo. C'est ça
que je voulais dire...
M. Lefebvre: Monsieur...
M. Blouin:.. quand je suis intervenu comme ça.
M. Lefebvre: D'accord. M. Blouin, on va parler de mémoire.
Vous souvenez-vous de commentaires qu'aurait faits te député de
Lévis quant à des négociations? Est-ce qu'il a
employé le mot "négocier", "négociation", dans ses
propos?
M. Blouin: Au moment de l'appel téléphonique...
M. Lefebvre: Oui.
M. Blouin:... je vous rappelle le quatrième
élément que j'ai relevé...
M. Lefebvre: Qui est?
M. Blouin:... où M. Garon disait qu'il ne négociait
pas ses votes.
M. Lefebvre: Et c'est le seul moment où !e
député de Lévis a employé le mot "négocier"
lorsqu'il a dit: Je ne négocierai pas mon vote ou mes
votes?
M. Blouin: Je vous répète encore une fois que
l'élément qui faisait en sorte que M. Garon affirmait qu'il ne
négociait pas ses votes est un des éléments importants que
j'ai relevé à plusieurs reprises de cet appel
téléphonique. Est-ce qu'au cours de cette conversation de deux ou
de trois minutes, à un autre moment au cours de la conversation, M.
Garon a pu employer le mot "négocier", c'est possible.
M. Lefebvre:... de quoi? Négocier quoi?
M. Blouin: Non. Vous me demandez si M. Garon, au cours de cette
conversation, aurait pu utiliser le mot "négocier" à un autre
moment donné, je vous dis que je ne m'en rappelle pas, mais que c'est
possible.
M. Lefebvre: Pas "aurait pu", "a" utilisé. "A", en votre
présence, vous étiez là.
M. Blouin: Je vous rappelle que, ce dont je me rappelle
clairement, c'est qu'il l'a utilisé pour qualifier la situation à
l'égard de ses votes.
M. Lefebvre: M. Blouin, vous aviez compris qu'il était
question de la loi 272 en parallèle avec la loi 132. Oui ou non?
M. Blouin: Bien, évidemment.
M. Lefebvre: Vous ne vous souvenez pas que le
député de Lévis ait dit, et je cite le
député de Lévis, la page R-107, page 1, 11 h 55, 1er avril
1987: M. Garon: "Je dirai tout d'abord que je n'ai pas discuté te 132
avec l'avocat Lemay, parce que le leader adjoint du gouvernement vient
d'affirmer cela. Je lui ai dit, au contraire, que je ne voulais pas en discuter
avec lui. Je veux être bien clair là-dessus, on n'a pas
discuté du fond de 132. J'ai dit: Je regrette, je ne négocierai
pas mes votes et je n'ai pas d'affaire à négocier avec vous et
discuter avec vous de 132. "
M. Blouin: Mais je crois que ça correspond à ce que
je vous ai dit. Relisez ce que vous venez de me lire.
M. Lefebvre: Je vous ai posé la question suivante tout
à l'heure: Est-ce que le député de Lévis...
Dernière question, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): La dernière question,
oui, étant donné l'heure.
M. Lefebvre:... a utilisé le terme "négocier" pour
autre chose que négocier ses votes?
M- Blouin: Ce que vous venez de relater, c'est exactement ce que
j'ai dit.
M. Lefebvre: Négocier avec vous de 132. Ce n'est pas la
même chose, ça.
M. Blouin: Relisez le paragraphe au complet.
M. Lefebvre: Ah! C'est ça, votre réponse?
M. Blouin: Je vous dis... Le paragraphe...
Le Président (M. Lorrain): Le témoin demande, pour
pouvoir répondre...
M. Blouin: Je vous dis que le...
M. Lefebvre: "J'ai dit: Je regrette, je ne négocierai pas
mes votes... " Ça, je suis d'accord, ça, vous l'avez
répété.
M. Blouin: C'est ça. Bon!
M. Lefebvre: "... et je n'ai pas d'affaire à
négocier avec vous et discuter avec vous de 132. " Ce n'est pas pareil,
ça.
M. Blouin: Quand on dit: "et discuter avec vous de 132", vous
attribuez le "négocier" à 132, alors qu'on peut très bien
l'attribuer aux votes, à ce qui précède.
M. Lefebvre: Vous faites de l'interprétation.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que j'avais permis une
dernière question. M. Blouin, vous êtes maintenant
libéré. Vous n'avez plus à vous représenter si vous
n'êtes pas assigné à nouveau, selon l'entente qui est
intervenue, et je n'en dis pas plus parce que l'entente est consignée au
Journal des débats d'une façon très précise
au début de l'après-midi. Alors, je vous remercie beaucoup de
votre collaboration.
Alors, les travaux de la commission de l'Assemblée nationale sont
ajournés au 21 avril, à 10 heures A. M. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 19 h 2)