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(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Chevrette: ...vous avez quorum. Le leader adjoint
n'étant pas arrivé, est-ce qu'on commence pareil.
M. Polak: On commence. On a confiance en notre équipe.
M. Chevrette: Je n'en doute pas, mais c'est parce que, par
condescendance, je pose la question.
Le Président (M. Lorrain): Cela va. Alors, nous allons
commencer les travaux. Je tiens à souhaiter la bienvenue à M. le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Et, tel
que je l'ai fait avec tous les autres témoins
précédemment, je vais vous faire lecture d'une déclaration
que je répète à tous ceux qui comparaissent pour la
première fois devant la commission de l'Assemblée nationale. Je
vous souhaite à tous une très bonne semaine, oui, une très
bonne semaine.
Suite à l'adoption d'une motion, en Chambre, le 26 mars 87, vous
avez été assigné à comparaître devant cette
commission conformément à l'article 51 de la lai de
l'Assemblée nationale. L'article 51 se lisait comme suit et se lit
toujours comme suit: "L'Assemblée ou une commission peut assigner et
contraindre toute personne à comparaître devant elle, soit pour
répondre aux questions qui lui seront posées, soit pour y
produire toute pièce qu'elle juge nécessaire a ses actes,
enquêtes ou délibérations."
La commission de l'Assemblée nationale a pour mandat
d'enquêter relativement à la conduite du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et ce, dans le but de
vérifier si le reproche formulé à son endroit par le
député de Lévis constitue une atteinte aux droits et
privilèges de l'Assemblée nationale ou de l'un de ses membres.
Votre témoignage devant cette commission est requis afin
d'éclairer ses membres relativement au reproche formulé par M. le
député de Lévis. Je vous informe que vous ne pouvez
refuser de répondre aux questions qui vous seront adressées par
les membres de cette commission. Les témoignages rendus devant cette
commission sont néanmoins protégés et ne peuvent
être retenus contre les témoins devant les tribunaux. En effet,
conformément à l'article 53 de notre Loi sur l'Assemblée
nationale, "le témoignage d'une personne devant l'Assemblée, une
commission ou une sous-commission ne peut être retenu contre elle devant
un tribunal, sauf si elle est poursuivie pour parjure."
Et je constate que vous n'êtes pas représenté par
avocat; alors, je vais passer le paragraphe relativement à la
représentation par procureur.
Avant de procéder à l'interrogatoire, nous allons
procéder à votre assermentation, M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries.
Témoignage de M. Michel Pagé
M. Pagé: Je, Michel Pagé, jure que je dirai toute
la vérité et rien que la vérité. Je le jure.
Le Président (M. Lorrain): Tel qu'entendu, selon le
consensus, je vais demander quel est le porte-parole officiel de l'Opposition
pour interroger M. le ministre.
M. Chevrette: Moi-même.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le leader de
l'Opposition. M. le leader adjoint du gouvernement, quel est le porte-parole
officiel de votre formation?
M. Lefebvre: Je suis le porte-parole, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Frontenac, leader adjoint du gouvernement, est le
porte-parole de la formation ministérielle. Je vais vous céder la
parole immédiatement, M. le leader de l'Opposition, étant
donné que c'est le témoin que vous avez assigné.
M. Chevrette: Merci, M. le Président. Bonjour, M. le
ministre. Ma première question est relative aux deux exposés que
vous avez faits suite à la question de privilège, à savoir
le 19 décembre et le 11 mars. Dans les deux cas, vous soutenez, avec
assez de vigueur, que vous êtes contre les
projets de loi privés à caractère rétroactif
ou ratifiant des illégalités.
Je voudrais vous demander, comme première question, si vous vous
souvenez d'avoir été vous-même parrain d'une loi
privée à caractère rétroactif, ratifiant des
illégalités, en juin 1976.
M. Pagé: J'ai déjà eu, M. le
Président, l'opportunité de présenter un projet de loi
privé à l'Assemblée nationale en deux circonstances. Comme
on le sait, la procédure de projets de loi privé est une
procédure qui est exceptionnelle, est une procédure qui,
généralement...
Le Président (M. Lorrain): Nous avons commencé nos
travaux maintenant, monsieur. Je m'excuse, M. le ministre, nous avons
maintenant commencé nos travaux. M. le cameraman, tel que le consensus
est intervenu entre les deux formations politiques, aussitôt que le
témoignage d'une personne débute, nous devons cesser les prises
de vue. Allez.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'étais
à dire au député qu'effectivement je me rappelle avoir eu
l'opportunité de présenter des projets de loi ici, à
l'Assemblée nationale, dans le cadre de la procédure de projets
de loi privés.
M. Chevrette: Est-ce que vous vous souvenez
précisément qu'en 1976, le 22 juin, vous présentiez un
projet de loi à caractère rétroactif jusqu'à 3902
qui ratifiait des taxes perçues illégalement?
M. Pagé: Vous référez au projet de loi
privé concernant les...
M. Chevrette: Projet de loi privé...
M. Pagé: ...municipalités de Saint-Raymond'?
M. Chevrette: Projet de loi privé 215 que vous avez
vous-même parrainé, qui est de Notre-Dame-de...
M. Pagé: ...Montauban.
M. Chevrette: ...Montambo.
M. Pagé: Montauban.
M. Chevrette: ...Montauban, de Saint-Ubalde et de la paroisse de
Saint-Alban.
M. Pagé: C'est cela.
M. Chevrette: Ça touchait trois paroisses. Vous vous
souvenez de ce projet de loi?
M. Pagé: Je me souviens qu'un projet de loi privé a
été déposé par moi à l'Assemblée
nationale concernant la redistribution ou l'affectation en termes de
juridiction de chacune de ces trois municipalités sur le territoire
auquel vous référez.
M. Chevrette: Et c'est vous-même qui parliez et qui disait
que le projet de loi avait deux volets, à savoir une de ratification des
taxes... Le 10 décembre 1902, avaient été adoptées
des résolutions illégales ratifiées en juin 1976.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que c'était toujours contre votre
principe énoncé le 11 mars et le 19 décembre?
M. Pagé: Ah, je m'excuse, M. le député. Je
m'excuse. J'ai indiqué en décembre dernier et en mars dernier,
comme j'ai eu l'opportunité de le faire souventefoîs, qu'il
fallait être très judicieux, très rigoureux dans l'analyse
des projets de loi privés étudiés ici à
l'Assemblée nationale pour deux motifs. Le premier motif: un projet de
loi privé vient presque tout le temps réqulariser des situations
de droit. Et l'autre élément pour lequel j'ai toujours cru, comme
parlementaire qui siège ici à l'Assemblée nationale depuis
bientôt quatorze ans, il faut être prudent, parce que
l'étude de ces projets de loi se fait généralement dans
les dernières heures ou dans la dernière journée d'une
session.
Et vous avez suffisamment d'expérience pour avoir constaté
une situation qui prévaut généralement ici lorsque de tels
projets de loi sont étudiés. La commission siège avec
comme mandat d'étudier plusieurs projets de loi dans une même
journée. Généralement, les travaux sont convoqués
pour 11 heures en matinée. Comme on le sait, ils s'amorcent
généralement vers ]] h 30, 11 h 40, pour se terminer tard dans la
nuit.
J'ai toujours fait valoir auprès de mes collègues, au
caucus du temps, lorsque j'étais, lorsque nous formions le pouvoir, le
gouvernement, entre 1973 et 1976, notamment, la prudence qui devait nous animer
dans de tels projets de loi et aussi -et, là, je parle comme
parlementaire, évidemment - dans le cas de projets de loi qu'on appelait
les "bills omnibus" où i! arrivait régulièrement que le
législateur ne voyait pas certaines choses passer. C'est ce à
quoi je référais, M. le député.
M. Chevrette: On reviendra sur cette dernière partie que
vous venez d'affirmer. Vous vous souvenez, le 19 décembre 81, le 19
décembre, comme par hasard, vous pilotiez un autre projet de loi
privé à
caractère rétroactif, cette fois-ci de Saint-Raymond de
Portneuf, avec comme procureur Me Lemay. Est-ce que vous considérez que
ce projet de loi est très différent de celui adopté pour
la CITRSQ quant au caractère rétroactif?
M. Pagé: Ce projet de loi ne venait pas ratifier une
irrégularité impliquant des millions de dollars, comme
c'était le cas dans la CITRSQ, M. le député.
M. Chevrette: Est-ce qu'il ne venait pas ratifier des perceptions
de taxes rétroactivement pour les rendre légales?
M. Pagé: II venait régulariser une situation de
droit en vertu de laquelle, de fait, une municipalité avait perçu
des taxes pendant un certain nombre d'années sans que le titre, la
juridiction lui soit accordée sur ce territoire, malgré une
entente entre les deux municipalités.
M. Chevrette: Donc, vous reconnaissez que les deux lois, 215 et -
je ne me souviens plus de l'autre numéro, peu importe - Saint-Raymond de
Portneuf, également, le 19 décembre 81, avaient un
caractère rétroactif?
M. Pagé: Oui, et c'est l'essence, c'est la presque
totalité, sinon la totalité des projets de loi privés qui
viennent régulariser des situations, M. le député.
M. Chevrette: Mais le 19 décembre, vous ne parlez pas de
danger d'omnibus ou de danger pour le législateur. Vous dites:
"Dès le moment où j'ai été saisi du contenu du
projet de loi, j'en ai été fort surpris, compte tenu que le
législateur, par l'adoption qu'il fait de ce projet de loi, vient
ratifier, vient confirmer sur une base rétroactive, une décision
prise par des administrateurs publics sans l'obtention nécessaire des
consentements requis en semblable matière."
M. Pagé: C'est ça.
M. Lefebvre: M. le Président, est-ce que je pourrais
savoir...
M. Chevrette: C'est le procès-verbal...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader adjoint.
M. Lefebvre: Journal des débats, M. le...
M. Chevrette: Journal des débats du 19 décembre,
page 5891.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Paqe 5891? M. Chevrette:
Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président, on réfère
à un texte du Journal des débats du 19 décembre,
dont cette commission n'est pas saisie. J'aimerais, M. le Président, que
vous nous indiquiez quel est le statut de ce document-là
vis-à-vis la commission. Ce que je voudrais vous signaler, M. le
Président, c'est que le député n'a pas
témoigné à ce sujet-là, il n'a pas
été assermenté, il n'a pas fait état devant cette
commission des propos qu'on lui prête et qui sont consignés au
Journal des débats, et cette commission doit porter un jugement,
doit s'acquitter de sa tâche, doit tenir compte des témoignages
qui sont rendus devant elle et non d'autres écrits, d'autres propos qui
émaneraient d'un autre forum dans d'autres lieux.
Je pense que la présidence se doit de nous indiquer s'il est
acceptable et s'il est conforme aux règles de la preuve qui doivent
guider cette commission pour savoir si on peut référer à
des textes qui n'ont pas fait l'objet d'un témoignage ici. C'est
extrêmement important, M. le Président. Je pense qu'il faut
procéder par ordre. Si on veut établir un certain nombre de
choses, il faut le faire par les témoins au moyen d'un témoignage
qu'ils rendent, dont nous sommes saisis et qu'ils rendent selon les
règles coutumières, c'est-à-dire que vous avez, au
début du témoignage, comme d'habitude, fait lecture d'un certain
nombre d'exigences, d'un certain nombre de points qui indiquent la situation
des témoins en ce qui concerne les réponses qu'ils vont donner
aux questions qui vont leur être posées. Dans le moment, M. le
Président, on interroge le témoin à partir d'un texte qui
n'a pas fait l'objet d'un témoignage de la part du témoin et,
donc, qui n'a pas été rendu par lui. Même si ces
paroles-là sont consignées au Journal des débats,
je pense que, à sa face même, ça m'apparaît
irrégulier, M. le Président, et j'aimerais que vous nous
indiquiez ce que vous entendez faire à ce sujet.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Lnuis-Héberf? Sur la même question de
règlement, je vais reconnaître une intervention de la part de
l'Opposition. M. le député de Taillon.
M. Filion: Je ne sais pas, M. le Président, si c'est
nécessaire que vous nous entendiez sur une question comme
celle-là. Nous siégeons actuellement en commission de
l'Assemblée nationale avec un mandat qui nous vient de
l'Assemblée nationale. Â cette
Assemblée nationale, le témoin, le 19 décembre
1985, a prononcé des...
Une voix: 1986.
M. Filion: ...1986, pardon, a prononcé des paroles qui
font partie du Journal des débats, qui sont un document on ne
peut pas plus public. Ces paroles ont été prononcées
à l'occasion précisément de l'étude du projet de
loi 272 qui, on le sait, est un des deux morceaux de la sandwich ou, si l'on
veut, un des deux côtés de la balance dans l'enquête que
nous menons relativement aux agissements du témoin lui-même, aux
agissements présumés ou possibles du témoin
lui-même, eu égard précisément au projet de loi 272,
ainsi qu'au projet de loi 132, comme le dit, d'ailleurs, fort bien le texte
même de la motion. Or, il s'agit donc, 1, de déclaration faite par
le témoin; 2, de déclaration on ne peut pas plus contemporaine
à la période qui fait l'objet de notre enquête; 3, des
paroles portant sur une matière éminemment partie à
l'objet de notre litige. Qu'elles aient été, que ces
déclarations aient été faites sous serment ou pas, elles
sont tout à fait... De toute façon, tout ça permet
d'apprécier la crédibilité. Nous ne sommes pas dans un
procès de nature judiciaire et même dans des procès de
nature judiciaire, que ce soit au civil ou au criminel, un témoin peut
être mis en contradiction avec ses déclarations
antérieures, même si ces déclarations antérieures
là ont été faites en dehors du cadre du tribunal. Or, a
fortiori, dans le cadre de notre enquête, le témoin peut
être mis en contradiction, peut être interrogé sur ces
déclarations-là qui, encore une fois, sont des plus pertinentes
à notre débat.
Il m'apparaît, M. le Président, que la question de
règlement soulevée par le député de
Louis-Hébert est, doit être réglée dans le sens
plutôt d'admettre, bien sûr, la question posée par le leader
de l'Opposition. Je pense que, en tout cas, c'est clair... Je ne sais pas si
vous avez besoin d'éclairage additionnel dépendant du point de
vue qui pourrait vous frapper, mais, à mon avis, il s'agit là de
documents extrêmement publics. II ne faudrait pas que mon argumentation,
par exemple, M. le Président, soit utilisée pour nous
empêcher de mettre le témoin en contradiction avec des
déclarations qu'il aurait faites en dehors du Parlement et qui ne sont
pas rapportées dans le Journal des débats. On pourrait
interroger le témoin sur n'importe laquelle des déclarations
qu'il a faites, mais, a fortiori, encore une fois, sur les déclarations
qu'il a faites en Chambre, qui ont été évoquées,
ai-je besoin de le rappeler, par le témoin Lemay lui-même qui a
fait allusion à ces déclarations-là.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
privilège, excusez, de règlement soulevée par M. !e
député de Louis-Hébert, dont j'ai entendu la
réponse par M. le député de Taillon, je suis prêt
à rendre la décision. Ce que j'ai relevé des
argumentations - il y a deux principaux points que j'ai relevés des deux
argumentations - dans un premier temps, c'est la valeur d'un Journal des
débats. Je ne pense pas que, tout au long de la commission, nous
ayons à prouver et à déposer quoi que ce soit concernant
le Journal des débats, sauf qu'il est très important, et
ça a été soulevé par deux députés
à ma droite: il faudra toujours situer quel est le Journal des
débats, la page, le paragraphe, la question et la réponse qui
est "située". Ce qui ressort le plus des deux argumentations qui
viennent d'être faites, c'est la pertinence des faits. Ce n'est pas parce
que c'est dans le Journal des débats, ce n'est pas parce que
ça parle ou que ça touche à 272 ou à 132 que c'est
nécessairement pertinent. Toute la réglementation
postérieure dans les mois qui ont suivi l'adoption du 272 n'a rien
à voir avec la question de privilège du 19 décembre 3986,
mais la pertinence, par exempte, relativement aux projets de loi 272 et 132
devra toujours être d'abord considérée avant d'accepter de
recevoir une question comme étant pertinente ou pas. (10 h 30)
Ce que j'en ai conclu de la lecture partielle qu'en a faite le leader de
l'Opposition avant sa question, il s'agit plus de faits qui sont
postérieurs à la question de privilège, mais directement
reliés à la journée même, c'est-à-dire
à l'adoption du 272 et 132 qui est le fond même du mandat de la
commission, à savoir: Est-ce qu'il y a eu pressions pour
empêcher?
C'est plus une mise en situation que des preuves
d'éléments postérieures à la question de
privilège. Tout ce qui concerne l'adoption, tout le processus, tout ce
qui a précédé l'adoption du projet de loi 272 et ]32 sont
pertinents, tel que je l'ai reconnu à plusieurs reprises dans le
passé. C'est ce pourquoi je vais permettre la question, mais tout en
étant extrêmement prudent. Vous êtes à la limite de
la pertinence concernant le projet de loi 272. On ne pourra pas retourner
à des faits qui sont postérieurs à l'adoption de ces deux
projets de loi, à des faits qui sont postérieurs au 19
décembre 1986, tel que je l'ai rendu dans plusieurs décisions
antérieures.
Vous avez toujours la parole, M. le leader de l'Opposition.
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président,
simplement pour... C'est une question de directive simplement pour bien
comprendre votre décision et pas pour la contester d'aucune
façon. La question que je posais tout simplement, M. le Président
- et je ne vois pas la réponse à ça dans votre
décision et c'est pour ça que je cherche encore et que je reviens
à la charge - c'est que je vous demandais, M. le Président - et
je voudrais tout simplement que vous statuiez là-dessus; on va vivre
avec, mais je voudrais que vous répondiez à ça, vous ne
nous avez pas répondu: Est-ce que le Journal des débats
constitue, devant cette commission, un témoignage comme si le
témoin l'avait rendu?
C'est ça que je veux savoir et qu'on puisse l'interroger à
partir de ça comme s'il avait témoigné là-dessus et
avait prononcé ces paroles-ïà en commission. C'est ça
que je veux savoir, M. le Président, et l'argumentation de mon
collègue... Je n'argumente pas. Je pose tout simplement la question et
vous n'avez pas répondu à ma question. C'est pour ça que
je reviens, M. le Président. Je veux savoir si le Journal des
débats qui est cité par le leader de l'Opposition constitue
l'équivalent d'un témoignage qui aurait été rendu
devant cette commission et qu'on puisse, à partir de ce
moment-là... Et je vous expliquais des raisons pour lesquelles on devait
en arriver à telle conclusion. Je ne les reprends pas, mais je voudrais
savoir de vous, M. le Président,.. 11 ne s'agit pas de vous retrancher
derrière la pertinence et dire: Vous êtes sur le bord de la
pertinence, il s'agit de rester pertinent, c'est un petit peu
postérieur, mais pas beaucoup postérieur, puis on est dans les
environs, puis tout ça. Ce n'est pas ça que je veux savoir. Je
veux savoir, moi, si devant cette commission des paroles prononcées
à l'Assemblée nationale, consignées dans le Journal
des débats, constituent l'équivalent d'un
témoignage qui aurait été rendu par un témoin
devant cette commission. Je veux que vous répondiez à
ça.
Le Président (M. Lorrain): Non. Je m'excuse si j'ai pas
saisi ce point-là, là. Non, ça, c'est très clair et
je pense que j'ai rendu plusieurs décisions là-dessus.
Seulement... Ahl Vous voulez intervenir sur le même point? M. !e
député de Taillon.
M. Filion: Oui. J'aimerais ça être entendu.
M. Doyon: Je n'ai pas argumenté là. J'ai tout
simplement reposé la question de règlement.
M. Filion: Ouais. Mais j'aimerais ça être entendu,
M. le Président. Je pense que c'est important...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion: ...que je vous rappelle...
M. Doyon: M. le Président, si le député de
Taillon est pour être entendu, moi, je n'ai pas voulu argumenter, M. le
Président. J'ai tout simplement reposé la question de
règlement sans argumenter. Si vous êtes... Si le
député de Taillon, il le dit, est pour argumenter, je vais
reprendre mon argumentation pour bien me faire comprendre.
Le Président (M. Lorrain): Je vais vous laisser terminer
dans un premier temps, M. le député de Louis-Hébert, et je
vais reconnaître, après, une intervention.
M- Filion: D'accord. Allez-y.
Le Président (M, Lorrain): Alors, M. le
député de Louis-Hébert, terminez votre argumentation.
M. Ooyon: Oui. Mon argumentation que j'avais et sur laquelle je
voudrais... ^eut-être que je me suis fait mal comprendre, c'est que le
témoin qui est devant nous a été assermenté, donne
un témoignage. On part d'un écrit qui est le Journal des
débats pour dire: Oui, mais vous avez dit ça à tel
moment à l'Assemblée nationale. Ce que je vous signale, M. le
Président, c'est que le témoin à l'Assemblée
nationale n'était pas sous serment. Le témoin à
l'Assemblée nationale a dit des choses qui ne sont pas à la
connaissance personnelle de cette commission parce que la commission n'en a pas
été saisie d'aucune façon. À moins que vous
arriviez et que vous nous disiez: Tout ce qui a été dit à
l'Assemblée nationale, cette commission parlementaire de
l'Assemblée nationale en est saisie d'office. Là, on saura
à quoi s'en tenir et vous nous direz, vous nous expliquerez pourquoi,
par exemple, pourquoi quelqu'un qui n'est pas sous serment peut être mis
en contradiction à partir de ce qu'il a dit à l'Assemblée
nationale alors qu'il n'était pas sous serment et qu'il pourrait avoir
des nuances, il pourrait avoir toutes sortes de raisons. Je n'ai pas à
les juger. Il pourrait nous expliquer qu'il y a bien des choses qu'il a... Il
était limité par le temps, il avait un dix, quinze, vingt minutes
pour s'expliquer et il n'a pas pu faire le tour complètement des choses
et... Si on veut savoir ce qui s'est passé à tel moment et
pourquoi il a fait telle chose, moi, j'argumente, M. le Président, et je
soutiens fermement qu'il faut poser la question au témoin, voir quelle
explication il va nous donner. Il ne faut pas tenter de prendre le
témoin à partir d'un témoignage qu'il n'a pas rendu
finalement parce que cette commission
parlementaire ne t'a pas entendu là-dessus.
Ce qu'il a dit en Chambre, c'est dit en Chambre et si le témoin,
si l'Opposition veut réentendre le député de Portneuf,
ministre de l'Agriculture là-dessus, qu'on lui pose les questions et il
répétera ce qu'il a à répéter et à ce
moment-là il sera sous serment. On en tiendra compte en
conséquence. Cette commission-là établira, jugera sur la
base de ce qu'elle aura entendu. On ne peut pas juger sur la base d'un
témoignage qui, finalement, n'a pas été entendu.
Je résume parce que c'est rien que ça ma question de
règlement et j'en finis là, M. le Président, mais je
voudrais que, ce coup-là, vous y répondiez, par exemple. C'est:
Est-ce que, pour que cette commission puisse tenir compte d'un
témoignage, il faut que ce témoignage ait été rendu
par un témoin sous serment ici ou si des paroles qui ont
été prononcées ailleurs, dans d'autres circonstances,
peuvent être, pour des raisons que vous m'expliquerez,
considérées comme un témoignage rendu, équivalant
à un témoignage rendu sous serment ici? C'est ça que je
veux savoir, M. le Président, et je n'avais pas été bien
compris, d'après ce que je peux voir tout à l'heure, parce que
vous m'avez parlé de pertinence.
Le Président (M. Lorrain): Et je vais en parler encore. M.
le député de Taillon.
M. Filion: M. le Président, deux points et le premier
point se divise en deux. D'abord, les déclarations faites par un
témoin en Chambre. Le député de Louis-Hébert nous
dit: II n'est pas assermenté, ce n'était pas au moment de la
commission. Je pense qu'il a été établi que, d'abord, le
témoin, à ce moment-là, prenait parole ou tenait des
paroles sur les sujets qui nous concernent. À ce que je sache, on ne dit
pas n'importe quoi en Chambre. Et si on dit quelque chose, on doit être
capable de vivre avec ce qu'on a dit. Autrement, c'est tout le principe... Je
ne sache pas qu'on peut mentir en Chambre. D'ailleurs, le mot est
antiparlementaire. À ce moment-là, les paroles qui ont
été dites en Chambre doivent sûrement servir de base pour
les travaux de cette commission. La même chose, M. le Président,
pour les paroles qui n'auraient pas été dites en Chambre. Encore
une fais, tout le sujet de notre enquête, ce pour quoi nous sommes
réunis depuis dix, douze jours, porte précisément sur des
paroles. Or, je ne sais pas quelle sorte de distinction sibylline on voudrait
vous faire établir, M. le Président.
Mais, encore une fois, si un témoin est mis en contradiction avec
des paroles qu'il aurait prononcées en Chambre ou en dehors de la
Chambre, cela a un poids d'importance pour permettre aux membres de cette
commission d'évaluer la crédibilité du témoin.
Deuxièmement, encore une fois, tout le sujet de notre enquête, ce
sont des paroles qui ont été dites. Je ne comprends... Encore une
fois, je ne verrais pas pourquoi, parce qu'on commence une nouvelle semaine
après Pâques, on commencerait une résurrection de nouvelles
règles, M. le Président. Depuis qu'on est ensemble en commission,
on interroge les gens sur des paroles qu'ils ont dites ou qu'ils auraient dites
à des périodes antérieures, puis là, le
député de Louis-Hébert voudrait vous faire créer
des distinctions entre, imaginez-vous, ce qui a été dit le 19
décembre. Encore une fois, je ne voudrais pas que mon argumentation soit
interprétée comme limitant la portée de nos questions sur
toutes les paroles qu'a pu prononcer le témoin en n'importe quelle
circonstance en Chambre et en dehors de la Chambre. Ça, je calcule que
c'est important.
Premièrement, deuxième point: il est extrêmement
important, M. le Président, que vous saisissiez: 1, que le témoin
Lemay, dans sa conversation téléphonique qu'il a décrite
avec le témoin ministre, qui est devant nous, a parlé des
réticences du témoin ministre à l'égard du projet
de loi 272 quant à son caractère rétroactif. 2, le
témoin lui-même, en Chambre, le 19 décembre, à
l'occasion de son discours sur le 272, et le 11 mars également, a
parlé de ces mêmes réticences-là.
Les questions du député de Joliette visent
précisément à aller au coeur de ces réticences,
présumées réticences ou, en somme, supposées
réticences du témoin. De vouloir limiter, M. le Président,
l'interrogatoire du leader de l'Opposition à ce sujet-là, c'est
empêcher d'interroger sur une des artères de notre mandat, une des
artères importantes de notre mandat. Encore "une fois, c'est hautement
pertinent, M. le Président, hautement pertinent. C'est ça que je
vous soumets. Hautement pertinent.
Deuxièmement, il n'y a pas de distinction à créer
entre des déclarations et encore moins, bien sûr, une
déclaration qui aurait pu être dite en Chambre. Encore une fois,
en Chambre ou en dehors de la Chambre, il n'y a pas de distinction pour nos
travaux. Â moins qu'on veuille sortir du congé pascal avec des
nouvelles règles. Mais ce serait faire fi de tout ce qu'on a
établi, de tout ce que vous avez établi, pardon, comme
jurisprudence, si on peut utiliser ce terme-là, avant l'ajournement de
Pâques.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon? Alors, sur la question de règlement, je
vous remercie, M. le député de Louis-Hébert, d'être
revenu sur la question. Ce qui est bien bien important et ce qui devrait
être considéré ici à la fin des études de la
commission, c'est la preuve qui va être faite ici devant la commission et
seulement et uniquement la
preuve qui va être faite ici devant la commission, que ce soit
sous forme de dépôt de documents ou sous forme de
témoignage, c'est tout ce qui sera considéré à la
fin. Point. Ce qui a pu être dit ailleurs, si ce n'est pas
répété ici, ce qui a pu être fait ailleurs, si
ça n'a pas été démontré ici, et s'il y a des
pièces qui vont avoir été oubliées une fois que la
preuve sera close, elles ne seront pas considérées. Nous allons
considérer pour se faire une idée et pour décider si la
question de privilège de M. le député de Lévis est
bien fondée ou pas seulement la preuve qui va être faite ici. Que
ce soit au Journal des débats, que ce soit en commission, en
sous-commission, que ce soit ailleurs, à l'extérieur du
Parlement, à l'intérieur du Parlement, ça ne fait pas
partie de la preuve à être entendue sur la question de
privilège si ça n'a pas été prouvé ici.
Maintenant, quant à l'utilisation d'un Journal des
débats, d'un témoignage d'une personne ou d'une partie de
témoignage d'une autre personne avec un témoin, il suffit, puis
il est nécessaire que la règle de pertinence s'applique; sinon,
on va pouvoir interroger et contre-interroger sur n'importe quel fait plus ou
moins pertinent ou non pertinent un témoin, et ce que je n'accepterai
pas. Depuis le début, j'ai accepté toujours la règle de la
pertinence et les faits en gros, je dis bien, dans l'ensemble, se terminent le
19 décembre 1986, à la fin du processus législatif de 132
et de 272. Alors, j'aimerais qu'on s'en tienne à cette règle de
pertinence et que l'on prenne pas pour acquis que, même si c'est
consigné au Journal des débats, ça fait partie et preuve
de l'audition que nous avons à entendre ici, devant cette commission.
C'est extrêmement important. Seulement les fait qui sont prouvés
ici seront acceptés pour argumenter à la fin, des faits
prouvés.
M. Filion: Une question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Une "direction" de directive de
règlement, de règlement, M. le député de
Taillon.
M. Filion: De règlement. Ce qui a été dit
par... Je prends ce cas-là bien précis, là, ce qui a
été dit en Chambre, est-ce que je dois comprendre de ce que vous
venez de dire, M. le Président, que vous aimeriez qu'on dépose le
Journal des débats, ici, à cette commission-là,
alors que nous sommes une commission de l'Assemblée nationale, que le
Journal des débats est l'organe officiel de l'Assemblée
nationale?
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas ça que je
viens de dire du tout.
M. Filion: Bon, bien, je ne comprends pas.
Le Président (M. Lorrain): Si vous voulez... J'ai
même mentionné que, si vous vouliez contre-interroger quelqu'un ou
interroger quelqu'un à l'aide d'une partie d'un Journal des
débats, en autant qu'il soit pertinent, vous pouvez l'utiliser comme
instrument d'interrogatoire d'un témoin, mais le Journal des
débats comme tel et tout ce qui a pu considérer ne fait pas
partie de la preuve. La preuve a commencé le premier jour ici avec
Mme...
Une voix: Lecours.
Le Président (M. Lorrain): Mme
Lecours. La preuve sur la question de privilège a commencé
à ce moment-là et tout ce qui a pu s'être dit avant ou
auparavant ne fait pas partie de la question de privilège. Exemple: la
décision sur la recevabilité et les arguments employés par
le président de l'Assemblée nationale sur la recevabilité
n'ont rien à voir sur l'étude de fond de la question de
privilège. La preuve sur la question de privilège par les quinze
membres qui composent la commission est commencée ici le... en avril
là, la première journée d'avril avec le premier
témoin, Mme "Valcourt". Alors, c'est ce que vous allez prouver à
partir de ce moment-là qui va servir de preuve à savoir si la
question de privilèqe de M. le député de Lévis est
fondée ou non fondée.
Alors, M. le leader de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: Je voudrais déposer, M. le Président,
les débats de l'Assemblée nationale du 19 décembre 86, les
extraits des discours de M. Pagé. Je voudrais déposer
également les débats de l'Assemblée nationale de
décembre fié toujours, mais sur la loi 272. Je voudrais
déposer les projets de loi rétroactifs concernant certains lots
du cadastre de la paroisse Saint-Raymond, à la ville de Saint-Raymond.
Je voudrais déposer l'Assemblée nationale, mardi le 22 juin 76,
les débats concernant le premier projet de loi dont je parlais avec le
témoin tantôt, ainsi que le 19, le 15 décembre 81, les
débats de l'Assemblée nationale traitant éqalement d'un
projet de loi rétroactif parrainé par le ministre Pagé,
alors député de Portneuf, et comme procureur Me Lemay. S'il faut
déposer, on va tout déposer à mesure.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'il y a des choses...
Est-ce que ça concerne que les deux projets de loi dans lequel nous
procédons actuellement...
M. Chevrette: Non, c'est pertinent à...
Le Président (M. Lorrain):... 272 et 132?
M. Chevrette: C'est pertinent à la preuve et aux propos
qu'a tenus le ministre concernant le caractère rétroactif des
projets de loi, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Caractère
rétroactif des projets de loi 132 et 272.
M. Chevrette: Ses propres énoncés. Pas 132,
naturellement.
Le Président (M. Lorrain): 272.
M. Chevrette: Donc, ce n'est pas sur mon temps, ça,
j'espère, là? (10 h 45)
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, c'est une question de
règlement.
M. Lefebvre: M. le Président...
M. Chevrette: O. K. Donc, je vais vous l'expliquer.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac. Attendez une minute, il y a une demande de dépôt.
M. Lefebvre: M. le Président, je soumets très
respectueusement qu'on ne peut pas déposer en liasse des documents
après qu'on les ait évalués soi-même et seulement
soi-même. Je vous soumets que la seule personne qui a
évalué la pertinence des documents à date, c'est le leader
de l'Opposition.
Si on veut reculer aussi loin que 76, en principe, je n'ai pas
nécessairement d'objection, sauf qu'il faudra, évidemment,
démontrer que c'est pertinent. Dans un deuxième temps, on devra,
pour établir la pertinence, situer la partie des textes, M. le
Président, que ce soit le Journal des débats ou tout autre
document, qui, de façon très précise, est pertinent au
mandat que la commission de l'Assemblée nationale a reçu,
à savoir évaluer la question de privilège du
député de Lévis. On ne peut pas déposer en liasse,
M. le Président, c'est strictement une question de "fair-play" avec le
témoin et, dans un deuxième temps également, c'est une
question d'éthique. On ne peut pas déposer en liasse des
documents comme on est à le faire présentement. D'ailleurs, vous
avez rendu des décisions à peu près dans ce sens-là
à plusieurs reprises à date. Il faut très bien identifier
le document dans un premier temps et la partie du document qui est pertinente,
avec laquelle on peut établir un parallèle avec le mandat de la
commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé. M. le
leader de l'Opposition sur la même question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, ne sachant pas si vous
acceptez que des procès-verbaux soient considérés dans la
preuve, je suis bien obligé de les déposer. J'ai posé des
questions au témoin tantôt, s'il reconnaissait avoir
parrainé deux projets de loi - il a dit oui - qui avaient un
caractère rétroactif. Il a fait une distinction entre un "bill
omnibus" et un caractère d'une loi privée. C'est lui-même
qui parlait, ce n'est pas moi. Je dépose donc les lois privées,
M. le Président, qui ont été parrainés par le
témoin lui-même, lois privées à caractère
rétroactif, alors que le même témoin, le 19
décembre, disait que ses réticences étaient
précisément sur le caractère rétroactif, M. le
Président.
Donc, écoutez une minute, si on ne peut pas faire de preuve a
l'aide des documents officiels de cette Assemblée nationale dont nous en
sommes une commission issue directement, la CAN, la commission de
l'Assemblée nationale, je m'excuse, c'est quoi qu'on fait ici? On se
sert des paroles du témoin lui-même, faites de son siège de
député à l'Assemblée nationale, pour avancer des
faits. Ce n'est pas des paroles en l'air, ce n'est pas quelque chose qu'on a
inventé, ce n'est pas des témoins qui viennent le dire, c'est le
député lui-même qui parlait dans dans des projets de loi
privés à caractère rétroactif, M. le
Président. Il les a reconnus lui-même tantôt. Si on ne veut
pas que je les dépose parce que ce sont des documents publics, je m'en
fous, mais on va au moins me permettre d'y référer. Sinon, on va
faire quoi comme preuve?
Plus que cela - je n'ai pas fini, M. le Président - plus que
cela, le témoin Lemay lui-même a rapporté une conversation
avec Me Michel Pagé et il rapportait les paroles de Me Pagé,
disant qu'il s'en prenait lui-même au caractère rétroactif
des lois. Et vous ne voudriez pas que je dépose les projets de loi
parrainés par le témoin lui-même, è caractère
rétroactif? Mais c'est quoi qu'on fait ici? Je dis: C'est
cela la preuve à faire, M. le Président. On a une preuve a faire
sur le fondement même de la motion, mais on a aussi une preuve à
faire par rapport aux propos tenus par le témoin lui-même et des
échanges de propos qu'il y a eu avec d'autres témoins.
M. le Président, avez-vous déjà vu une
enquête où on ne pourrait pas se servir des documents publics?
Avez-vous déjà vu cela, une commission d'enquête publique,
la commission de l'Assemblée nationale, où on ne pourrait pas se
servir des documents publics?
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas
ce que j'ai dit, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je m'excuse, mais on vient d'argumenter et je
contre-argumente. C'est correct, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): Parfait. M. Chevrette:
Merci.
Le Président (M. Lorrain): Mais ce n'est pas ce que j'ai
dit tout à l'heure et ma décision n'était pas à cet
effet, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, vous avez dit
vous-même dans vos propos: Vous êtes à la frontière
de la pertinence. C'est vos propres paroles. Je pars donc de vos propres
paroles pour dire que, si je suis à la frontière de la
pertinence, tes documents qui prouvent les propos mêmes du témoin
sur des caractères similaires ou des ressemblances dans les
législations, ces propos qu'il a tenus le 19 décembre par rapport
aux propos qu'il tenait en 1981, en 1975, en 1976, en 1981-1983, en 1984-1985
et en 1986, je dois avoir le droit de démontrer la pertinence des propos
du témoin, M. le Président, et la véracité et le
bien-fondé des propos qu'il tenait le 19 par rapport aux propos qu'il a
déjà tenus antérieurement, par rapport aux propos qu'il a
tenus dans la conversation avec Me Lemay. Je m'excuse, mais ce sont tous des
documents publics, on ne les a pas inventés; on est allé dans
l'histoire, M. le Président. On a remonté l'histoire avec le
député de Portneuf et on va lui en donner d'autres. Et je pense
que c'est très pertinent à la cause. Il s'est objecté
lui-même à la loi 272 sous prétexte du caractère
rétroactif de la législation. Bien, écoutez, il y a une
cohérence à prouver, puis on va voir, si c'est cohérent.
11 peut avoir d'excellentes réponses si vous lui donnez une chance de
partir. Il n'est pas encore parti.
Le Président (M. Lorrain): Je pense qu'il y a eu
mésentente là. Quant au Journal des débats, j'ai
dit très clairement tout à l'heure qu'on n'avait pas" à
prouver le Journal des débats. C'est un document public qui est
ici. La question que M. le député de Louis-Hébert posait,
ce n'est pas à savoir si le Journal des débats, on peut
l'utiliser ou pas, si le Journal des débats... S'il y a une
partie du Journal des débats qui peut être pertinent
à notre enquête au pas. C'est à savoir quelle est la preuve
qui sera admissible ici, à la fin de tout, quand les travaux seront
terminés. Ce sera la preuve qui aura été fait devant nous
- c'est ce que j'ai répété - et non pas une partie du
Journal des débats si ça n'a pas été
complété.
M. Chevrette: Question de règlement,
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Mais j'en arrive à votre
point à l'effet, M. le leader de l'Opposition... Je m'excuse. Je
voudrais répondre à deux affirmations que vous avez fait, M. le
leader de l'Opposition. Je n'ai jamais dit, dans ma décision, que vous
ne pouviez pas utiliser le Journal des débats. J'ai même
dit que c'était un instrument qui pouvait servir, si c'était
pertinent, à poser des questions, à interroger un témoin.
C'est ce que j'ai dit lorsque j'ai rendu ma décision. Vous pouvez
l'utiliser. Je pense qu'il y a eu mésentente là.
M. Chevrette: Ne m'avez-vous pas dit, M. le Président, que
j'étais à la frontière de la pertinence, alors que je
citais les propos du ministre Pagé lui-même en Chambre, le19?
Le Président (M. Lorrain): Oui, si on
dépasse...
M. Chevrette: II y a toujours des limites! On n'a pas
inventé ces paroles-là. C'est vous qui les avez dites.
Le Président (M. Lorrain): Non. Bien oui. Mais j'ai dit le
19 et jusqu'à la fin du processus et j'ai ajouté: Jusqu'à
la fin du processus législatif concernant 132 et 272, pour éviter
qu'on aille postérieurement. Maintenant, j'ai permis, lors de ma
question de règlement, que vous puissiez interroger concernant 272...
concernant 272 d'utiliser certaines paroles du témoin qui est ici pour
pouvoir l'interroger. C'est ce que j'ai mentionné.
Mais pour que ça soit bien clair, le Journal des
débats, comme tel, ne fait pas partie de la preuve de cette
commission. C'est la question qui m'était posée par M. le
député de Louis-Hébert. Et, vous, vous avez dit: C'est
pertinent; ça fait partie d'un processus rétroactif. J'ai dit
oui. II y a plus que ça. Ça fait partie de la pertinence de la
preuve.
Vous pouvez interroger en vertu de ça. Mais de déposer en
liasse comme ça, ça va prendre des heures, juste savoir s'il y a
une partie pertinente, non pertinente et tout ça. Je vous avais permis
tout à l'heure... C'est là que je pense qu'il y a eu
mésentente, M. le leader de l'Opposition. Je ne me suis pas
opposé, monsieur... J'ai permis à ce que vous contre-interrogiez
en vous servant de textes pertinents dont, entre autres, le Journal des
débats. Ça peut être le Journal des débats
du 19 décembre comme du 18 en commission, mais pas plus que
ça. C'est ce que j'avais mentionné.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Vous m'assermentez. Je suis au bout de la
table.
Le Président (M. Lorrain): Oui,
M. Chevrette: Et je dis: Moi, je n'ai jamais dit ça. Je
vous sors dix documents comme quoi vous avez l'avez dit dix fois avant. Ce
n'est pas pertinent à l'enquête, ça?
Le Président (M. Lorrain): Ça, on verra,
là.
M. Chevrette: Bon, bien, voyons!
Le Président (M. Lorrain): Posez vos questions et...
M. Chevrette: Bien, c'est aussi clair que ça; c'est aussi
brutal que ça comme question.
Le Président (M. Lorrain): Alors... Non, vous n'avez pas
à déposer. Contre-interrogez-le sur la phrase qu'il a dite sur le
même sujet. Demandez, par exemple: M. le ministre, le 19 décembre,
vous avez dit.,. Et citez-le, page etc., etc. Est-ce que maintenant vous
contredisez ces... vous n'êtes plus d'accord avec cette opinion? On est
obligé d'y aller en preuve directe et directement. On n'est pas pour
déposer 50 pages plus ou moins pertinentes. Peut-être qu'il y a
seulement un paragraphe qui est pertinent.
M. Lefebvre: D'ailleurs, M. le Président, c'est ce qui a
été exigé comme règle lorsqu'on a interrogé
Lemay.
M. Filion: M. le Président, j'ai deux questions
directes.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors...
M. Filion: Un, vous avez dit que le leader de l'Opposition
était sur le bord de la pertinence ou aux frontières de la
pertinence. Je voudrais savoir... je voudrais commprendre, là, vraiment
et comprendre -c'est une question de directive - pourquoi vous avez dit
ça, alors qu'on est, comme je l'ai dit tantôt, dans une des
artères qui mènent au coeur du sujet.
Le Président (M. Lorrain): Je réponds une
troisième fois à cette question. C'était pertinent, mais
c'était pertinent à la frontière, parce qu'il s'agit de
faits limites au 19 décembre 1986. Postérieurs à
ça, il n'en est pas question.
M. Filion: Mais, en ce qui concerne le 11 mars, M. le
Président...
M. Chevrette:... même motion.
Le Président (M. Lorrain): Le 11 mars.
M. Filion: Le 11 mars... En tout cas, c'est de connaissance
publique, là; on en parle. Le 11 mars, le témoin...
Le Président (M. Lorrain): II y a deux interventions sur
la question de privilège.
M. Filion:... a pris position...
Le Président (M, Lorrain): Bien oui, mais c'est le
processus.
M. Filion:... a pris position en Chambre.
Le Président (M. Lorrain): Ça va. C'est le
processus de la question de privilège qui est prévue dans notre
règlement. C'est pertinent; c'est même encadré, vingt
minutes, vingt minutes, puis il y a seulement deux personnes dans
l'Assemblée qui pouvaient parler, M. le député de
Lévis...
M. Chevrette: Mais on doit avoir le droit de se servir de ce
texte-là.
M. Lefebvre: C'est ça qu'il dît.
Le Président (M. Lorrain): Absolument.
M. Filion: Bon, d'accord. Donc, on a...
Le Président (M. Lorrain): Ça va. C'est le
processus même de la question de privilège. Je n'ai pas dit
ça tout à l'heure.
M. Filion: Alors, donc, à la frontière à la
pertinence, vous dites ça...
Le Président (M. Lorrain): Non, non non. Là, il
faut faire extrêmement attention.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Filion: Non, mais je veux comprendre.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que... Non, je vais
vider ça une fois pour toutes, là, la pertinence.
M. Lefebvre: Bien non... Bien non, mais... M. le
Président.
M. Filion: M. le député de Frontenac, je veux
comprendre.
M. Doyon: C'est rendu... Ce n'est pas comme ça que
ça se passe.
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est ça.
M. Lefebvre: M. le Président, vous n'avez pas
à...
Le Président (M. Lorrain): Un côté, un
côté.
M. Lefebvre:... vous n'avez pas à expliquer...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre:... vos décisions à deux ou trois
reprises.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, M. le député de Frontenac, M. le député
de Frontenac.
M. Lefebvre: Vous avez rendu une décision. II faut vivre
avec.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, à chaque cas, je jugerai. Je ne rendrai pas une
décision hypothétique sur la... M. le député de
Taillon, c'est très important. À chaque fois que j'ai eu à
rendre une décision sur la pertinence, je l'ai décidé en
fonction de faits qui m'étaient soumis. Je ne rendrai pas de question
hypothétique sur la pertinence, ne sachant pas ce que vous allez me
demander dans deux jours relativement à la pertinence. À date, ce
que j'ai devant moi, j'ai dit que c'était pertinent, ce que M. le leader
de l'Opposition faisait et se servait quant au 19 décembre.
Mais si vous revenez au processus des deux personnes quant à la
question de privilège qui est prévue dans nos règlements,
c'est certain que les deux 20 minutes, qui ont duré à peu
près quinze minutes en Chambre, c'est pertinent. Cela fait partie
même, c'est la justification de la question de priviège que M. le
député de Lévis et M. le ministre de l'Agriculture ont
fait. Je n'irai jamais.,. Je ne pensais pas d'être obligé d'aller
jusque-là pour dire que ça faisait partie de la pertinence. C'est
prévu dans le code. Il y avait un 20 minutes, puis, à part de
ça, c'était prioritaire. Le premier jour, î! a fallu
s'entendre entre les deux formations pour trouver l'heure. Les travaux ne
pouvaient commencer sans ça.
M. Filion: Deuxième question de directive. Vous avez dit: Le
Journal des débats n'est pas partie de la preuve de cette
commission. Je dois vous dire que je suis extrêmement surpris de cette
décision. Le Journal des débats est l'organe officiel de
notre mandataire, l'Assemblée nationale. C'est la transcription des
délibérations de l'organisme qui fait en sorte que nous sommes
ici. J'ai toujours cru, M. le Président, que ça faisait partie de
la preuve. À ce moment-là, ma question de directive, c'est la
suivante: Comment ça va faire partie de la preuve si on ne le
dépose pas? À ce moment-là, c'est ce qu'a compris
également le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: C'est pour ça que je l'ai
déposé.
M. Filion: C'est pour ça qu'on demande de le
déposer. Vous me dites: Ça ne fait partie de la preuve. Moi, j'ai
toujours cru que, même si on le déposait pas, ça faisait
partie de notre preuve et qu'en n'importe quel temps le député de
Frontenac pouvait s'en servir pour argumenter, ou le député de
Roberval pouvait s'en servir pour argumenter, même si on n'y a pas fait
allusion durant nos travaux. Parce qu'encore une fois, comment je dirais, c'est
presque... c'est le procès-verbal des délibérations de
notre mandataire. La pertinence, M. le Président, au niveau de
l'argumentation, ce sera apprécié ou pas, mais j'ai toujours cru
que tout le Journal des débats dans son entier faisait partie,
pouvait faire partie de la preuve. Maintenant, est-ce que c'est un
élément qui est complètement impertinent? Bien, à
ce moment-là, on n'aurait pas le droit d'interroger un témoin si
c'était impertinent. Vous allez arrêter la question, à ce
moment-là. Sur l'argumentation qu'on pourrait se servir lorsque viendra
te temps d'argumenter, si quelqu'un veut dire des choses impertinentes pendant
20 minutes ou une demi-heure - je ne connais pas nos règles - il le
dira, ça finit là. Mais ça fait partie de la preuve. C'est
ce que je vous soumets, mais là vous me dites: Ça ne fait pas
partie de la preuve. À ce moment-là, je vous demande comment
procéder pour faire en sorte que ça fasse partie de la preuve,
sinon par le dépôt.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, sur la même question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, la question est... C'est pour
ça qu'on est en train de s'embourber dans le moment. Cette commission,
M. le Président, pour porter jugement sur les événements,
a décidé de procéder de la façon suivante. C'est
clair comme de l'eau de roche, mais je pense qu'il faut retourner au fondement
même de pourquoi on est réunis ici. On a décidé de
pas se fier sur ce que le député de Lévis avait dit en
Chambre. On dit: Ça ne constitue pas un élément de preuve
pour l'Assemblée nationale, ça constitue une accusation. 11 y a
eu réponse à ça, M. le Président.
L'Assemblée nationale a dit: On
va aller voir le fond des choses et on va faire venir les acteurs devant
nous. On ne demandera pas aux acteurs de venir répéter
l'accusation et puis le plaidoyer de non-culpabilité. Ça,
ça ne nous avance pas à ce niveau-là. Je procède
par comparaison. On a dit: On va faire une enquête, on va faire venir les
acteurs devant nous. Les acteurs, c'est les témoins qu'on a entendus:
Lecours, le député de Lévis, Lemay, le
député de Portneuf. Et on dit: On va les entendre parce qu'on va
leur poser des questions et on va leur demander qu'est-ce qui s'est
passé. (11 heures)
Tout ce que ne semble pas comprendre le député de Taillon,
c'est que tant qu'un témoin n'a pas rendu témoignage ici sur les
éléments qui constituent sa version des faits, cette commission
n'en est pas saisie. Pour une raison bien simple, M. le Président, c'est
que cette commission est en train de faire enquête et de retourner au
fondement même et de l'accusation et de la défense. Parce que les
témoins qui ont parlé de cette chose-là, que ce soit
à l'Assemblée nationale, que ce soit dans un restaurant de la
Grande-Allée ou que ce soit ailleurs, ne l'ont pas fait à la
connaissance juridique de cette commission, ne l'ont pas fait après que
les témoins se soient engagés sous serment ou par affirmation
solennelle à dire la vérité, rien que la
vérité, et c'est ça qui intéresse cette
commission.
Il arrive que, parce que des choses se sont dites à
l'Assemblée nationale, elles sont consignées mot à mot.
Bon. Mais, est-ce que ça change véritablement le fait que des
gens qui se seraient parlé ailleurs et dont les conversations n'auraient
pas été consignées, les propos n'auraient pas
été consignés... La seule différence qu'il y a,
c'est parce qu'à l'Assemblée nationale les propos ont
été consignés par écrit. Mais, au niveau de leur
valeur pour cette commission, ils sont au même niveau que d'autres propos
ou d'autres conversations qui se déroulent alors que les témoins
ne sont pas sous serment.
Ce qu'il faut éviter de faire, M. le Président, et on n'en
sortira jamais, c'est mélanger plaidoirie et preuve. Il est entendu que
les projets de loi qui existent et qui sont devenus des lois, il est entendu
que les débats de l'Assemblée nationale qui sont
consignés, qui sont imprimés et qui sont reliés sont
là - on n'a pas l'intention, personne d'entre nous, en tout cas...
-d'évidence même. Si on veut en sortir des arguments en disant:
Ça, c'est rétroactif, puis l'autre est rétroactif, faire
des liens, ça, c'est au niveau de la plaidoirie, M. le Président.
Ce n'est pas le moment de faire des plaidoiries, ce n'est pas le moment de
dire: Oui, mais vous avez déjà... On va déposer les
projets de loi ici, on va faire la démonstration que vous êtes en
contradiction.
Les projets de loi qui existent qui concernent Montauban, qui concernent
Saint-Raymond de Portneuf sont là. On en tirera, du côté de
l'Opposition comme de notre côté, les arguments qu'on voudra au
moment de la plaidoirie, mais le moment n'est pas venu pour ça. Et il
pourrait y avoir, on pourrait discuter longtemps du caractère
rétroactif des projets de loi, du degré de
rétroactivité, des circonstances qui ont entouré ces
projets de loi, etc., etc. Mais les projets de loi sont là, M. le
Président, et ils devront être considérés en temps
et lieu. On n'a pas, bien sûr, à en faire la preuve. Ils n'ont
pas, non plus, à être déposés comme tels.
Mais ce qu'il faut éviter de faire, M. le Président,
à tout prix, c'est que cette commission parte d'éléments
de preuve dont elle n'est pas saisie régulièrement et la
présidence doit être extrêmement vigilante à ce
sujet-là, parce qu'il va de soi que les témoins qui n'ont pas
devant cette commission prononcé des paroles, rendu témoignage en
bonne et due forme, il ne peut pas leur en être tenu rigueur, il ne peut
pas, non plus, en être tiré des conclusions, parce que cette
commission n'en est pas saisie purement et simplement. Et les projets de loi,
M. le Président, doivent être considérés en
conséquence, comme des projets de loi qui sont consignés, qui
sont là, de même que le Journal des débats, ce qu'il
y a dedans. Mais le témoignage n'est pas pour autant rendu par une
personne qui ne l'a pas encore rendu. Si on veut savoir du député
de Portneuf quelque chose qui concerne des propos qu'il a tenus à
l'Assemblée nationale, qu'on lui dise: Est-ce que vous reconnaissez
avoir dit telle chose à l'Assemblée nationale, etc., etc?
Le Président (M. Lorrain): En conclusion.
M. Doyon: Et, M. le Président, lui demander: Est-ce que
vous êtes d'accord ou dans quel... quel était votre...
Une voix: Êtes-vous d'accord avec vous-même?
Des voix:Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Est-ce que vous êtes capable de nous expliquer
pourquoi vous avez dit ça? Alors, à ce moment-là, on saura
à quoi s'en tenir, M. le Président, mais pas prendre en partant
un témoignage qu'il n'a pas encore rendu. C'est ça qui est
important, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je le
répète, je suis prêt à rendre ma décision
relativement aux différentes questions de règlement et je
voudrais que ça soit bien compris. II n'est pas question pour moi de
rendre une question de règlement et de donner une définition de
la pertinence concernant des faits que je ne connais même pas encore. On
a encore quelques jours, je pense, à entendre ce témoin et
peut-être d'autres témoins. Alors, je rendrai des questions de
règlement et des décisions sur la pertinence selon les faits qui
me seront soumis et au fur et à mesure.
Ce qui est bien important, par exemple, c'est que je vais permettre, et
j'ai permis tout à l'heure - on a peut-être mal saisi -j'ai permis
des questions en se servant du Journal des débats ou des
débats qui ont pu avoir, qu'ont pu dire M. le député de
Lévis ou M. le député, M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, en Chambre. Mais ce n'est pas parce
que c'est consigné au Journal des débats que ça
fait partie, preuve intégrante de cette commission. Que ça ait
été dit en commission, je le répète, en
sous-commission, au salon bleu ou à l'Assemblée nationale,
ça ne fait pas partie de la preuve ici de cette commission.
Ici, c'est une commission d'enquête qui est commencée
où chacun des témoins, dont la plupart, la très grande
majorité ne sont pas députés, m'ont apporté des
faits qui n'ont pas été vécus nécessairement
à l'intérieur de l'Assemblée nationale ou même
partiellement à l'Assemblée nationale. Et même s'ils
avaient été vécus totalement au salon bleu, il aurait
fallu en faire la preuve ici totalement devant cette commission, parce que ce
sont seulement les quinze membres composant cette commission qui doivent
décider.
Maintenant, quant au dépôt d'un document, ça n'en
fait pas preuve parce qu'on le dépose. Il faut aussi en faire la preuve.
On peut faire déposer 30, 40 ou 50 documents ici, mais faire la preuve
du contenu de ces documents-là. Maintenant, les documents en
général qui vont être déposés -et je pense
que j'ai rendu quelques décisions là-dessus - ils se doivent
d'être pertinents. On ne peut pas déposer tout le Journal des
débats à partir de 1900 je ne sais pas combien ou encore
à venir jusqu'à aujourd'hui. Ça ne serait pas pertinent.
Ce que j'ai permis tout à l'heure à M. le leader de l'Opposition,
c'est de pouvoir interroger directement sur des faits pertinents, et j'avais
reconnu que c'était des faits pertinents, M. le ministre de
l'Agriculture, en se basant sur le Journal des débats ou de la
commission; si ma mémoire est fidèle, c'est le Journal des
débats du 19 décembre, sur le projet de loi 272. Ça,
j'ai permis ça, mais ce n'est pas parce que ça a
été dit en Chambre que ça fait partie ici de la
preuve.
Maintenant, à une autre de vos questions, lors de votre
argumentation tout à l'heure, M. le député de Taillon,
vous avez mentionné aussi: Est-ce que les déclarations des deux
députés, M. le député de Lévis et M. le
ministre de l'Agriculture, en mars, sont pertinentes? J'ai dit: Absolument,
Ça fait partie du processus judiciaire de la question de
privilège, mais ce n'est pas en preuve. Si vous ne déposez pas ou
si vous n'argumentez pas ou si vous n'interrogez pas ou vous ne faites pas la
preuve de ces propos-là en Chambre, bien, ça ne fera pas partie
de la preuve de la commission, que la commission doit se saisir. Ce que la
commission doit décider ici, c'est ce qu'elle aura entendu seulement ici
et ce qu'elle aura accepté comme dépôt, certains documents
ici même. Un point, c'est tout. Alors, je vais permettre la question
à M. le leader. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, comme vous venez de dire...
C'est sur une question de règlement. Comme vous venez de dire que, si
ça n'a pas été déposé ou mis en preuve ou si
on n'a pas...
Le Président (M. Lorrain): ...mis en preuve. Ce n'est pas
parce que c'est déposé que c'est prouvé. C'est ce que j'ai
dit.
Une voix: Le contenu.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, le contenu.
M. Chevrette: Donc, pour être certain de ne pas
l'échapper, je voudrais déposer l'exposé du ministre
Pagé du 19 décembre sur la loi 272, l'exposé du ministre
Pagé du 11 mars sur la motion de privilège et l'exposé du
ministre Pagé du 19 décembre suite à la question de
privilège où il y a eu entente pour que les deux intervenants
interviennent.
Le Président (M. Lorrain): 19 décembre. Bon. Est-ce
que je peux avoir copie de ces deux textes-là?
M. Chevrette: Oui, monsieur.
Le Président (M. Lorrain): Nous allons examiner la
pertinence au complet.
M. Chevrette: On va les faire donner.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que ça...
M. Chevrette: Ce n'est pas fini. Et comme le procès-verbal
du 19 décembre cite que le ministre Pagé est contre des projets
de loi à caractère rétroactif, je voudrais
déposer... .
M. Lefebvre: Une question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Il ne faudrait pas
porter de jugement,
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Ne portez pas de jugement.
M. Lefebvre: Question règlement. M. Chevrette:
Bon!
Le Président (M. Lorrain): Ne portez pas de jugement.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. Question de règlement.
M. Chevrette: Je voudrais déposer dans ce cas...
M. Lefebvre: Question de règlement. Le Président
(M. Lorrain): Brièvement. M. Chevrette: Je retire. Le
Président (M. Lorrain): II le retire. M. Chevrette: Je retire mon
mot.
M. Lefebvre: C'est parce que ce n'est pas la première fois
que le leader de l'Opposition met dans la bouche du ministre des
décisions, des jugements relativement au caractère
rétroactif des lois privées. Il faudra, M. le Président,
être très prudent là-dessus. Qu'on demande au ministre son
opinion par rapport au caractère rétroactif...
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaires et sans
porter de jugement.
M. Lefebvre:... et on s'en tiendra à son propre
témoignage.
M. Chevrette: Je voudrais donc déposer, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Chevrette:... suite à l'exposé du ministre du 19
décembre, du 11 mars et sur son discours également...
Le Président (M. Lorrain): Du 19.
M. Chevrette:... sur 272 !e 19 décembre, les projets de
loi permettant aux parlementaires d'établir un corollaire entre son
discours du 19, à la fois sur 272 et sur la motion de privilège
du 11 mars, déposer le projet de loi concernant l'annexion de certains
lots des cadastres de Saint-Raymond à la ville de Saint-Raymond,
sanctionné le 19 décembre 1982. Je voudrais également
déposer.,.
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Une question de
règlement, M. le député...
M. Filion: Mais laissez-le terminer.
M. Lefebvre: Non, non. M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Chevrette: O. K., on finira.
M. Lefebvre: Qu'on veuille déposer les propos du ministre
et du député de Lévis concernant les interventions de ces
deux députés le 19 décembre et en mars..
Une voix: Le 11 mars.
M. Lefebvre:... le 11 mars, propos relativement aux débats
de la commission de l'Assemblée nationale, je pense que, jusqu'à
un certain point, ça peut être permis parce que dans l'ensemble ce
sont des propos qui sont pertinents au mandat de la commission. Que l'on
veuille déposer maintenant le Journal des débats
relativement à des interventions de 1982, M. le Président, il
faudra, au préalable, que le leader de l'Opposition établisse la
pertinence d'une partie du contenu du Journal des débats en
question en regard du présent sujet, à savoir les réserves
que pourrait avoir le ministre de l'Agriculture sur le caractère
rétroactif des lois privées. On ne peut pas déposer en
liasse - ça a été l'objet de mon intervention tout
à l'heure, M. le Président - on ne peut pas déposer en
liasse le Journal des débats de 1975, 76, 81, à moins
qu'on n'établisse au préalable la partie du Journal des
débats qui serait pertinente au mandat qui a été
confié à la commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lorrain): Sur la pertinence, sur cette
question de règlement-là concernant...
M. Lefebvre: Et, je m'excuse, M. le Président. La partie
du contenu, le contenu du Journal des débats, qui serait
pertinente en regard de l'opinion du ministre de l'Agriculture sur un sujet
précis, sur un sujet précis. Alors il y a une règle qui a
été établie à plusieurs reprises. Lorsqu'on veut
contre-interroger, lorsqu'on veut mettre un témoin en contradiction avec
des paroles qu'il aurait déjà au préalable
prononcées, il faut commencer par l'interroger aujourd'hui
et faire la preuve, théoriquement, qu'il aurait dît le
contraire antérieurement. Alors, il y a un processus à suivre, Mr
le Président, et te leader de l'Opposition est sujet à cette
règle-là comme tous les autres parlementaires: on ne peut pas
déposer en liasse, il faut établir le caractère pertinent
du contenu du Journal des débats qu'on veut utiliser aujourd'hui
pour mettre le ministre en contradiction possiblement.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Taillon, concernant la
pertinence du dépôt, des derniers dépôts concernant
le Journal des débats.
M. Filion: M. le Président, je comprends que ça
fait à peu près peut-être 40 minutes qu'on est sur des
questions de règlement, mais il ne faudrait pas oublier les dix
premières minutes lorsque le leader de l'Opposition a interrogé
le témoin sur les prises de position du témoin lors du projet de
loi no 215 en juin 76, ainsi que sur le projet de loi concernant l'annexion de
certains lots, etc., de la paroisse Saint-Raymond à la ville de
Saint-Raymond - ça a même été mentionné par
le témoin - et ça, c'est le 19 décembre 81. Je comprends
que ça fait déjà un bout de temps qu'on est sur des
questions de règlement, mais vous vous souviendrez fort bien du peu
d'échanges qu'on a eu l'occasion d'avoir, qu'a eu l'occasion d'avoir le
leader de l'Opposition avec le témoin, mais ils portaient
précisément là-dessus: le caractère
rétroactif des lois sur lequel le témoin a dit - je ne ferai pas
encore une fois relation à la conversation que Me Lemay nous a
relatée -sur lequel le témoin, en Chambre, le 19 décembre
86, a fait part de son opinion, pour ne pas appeler ça autrement.
Alors, donc, je vous soumets... Et, encore une fois, je vous l'ai dit
tantôt, ce n'était peut-être pas pour rien que je le
mentionnais, mais on est au coeur du sujet... Sans que j'aie besoin de vous
décrire dans quelle situation on se trouve suite à la preuve qui
a été faite depuis quinze jours ici, vous comprendrez qu'on est
précisément dans le coeur du sujet. Et pourquoi, et qu'est-ce qui
s'est passé entre le témoin ministre et le témoin Lemay le
19 décembre 86? C'est ça, le coeur du sujet et ce que le
témoin Lemay nous en a relaté traite des questions, des
réticences du témoin ministre - je l'appelle comme ça,
là, avec tout égard parce que je ne veux pas l'appeler
autrement...
Le Président (M. Lorrain):... un argument des deux
côtés. (11 h 15)
M. Filion:... du témoin ministre, donc, les conversations
qu'ils ont eues ensemble.
Alors, donc, c'est hautement pertinent. Et ne serait-ce que... Si le
leader adjoint du gouvernement trouve que c'est peu pertinent, bien, il dira
lorsqu'il argumentera que, pour lui, c'est peu pertinent. C'est tout. Mais,
chose certaine, ça touche un des axes importants qui fait que nous
sommes ici et empêcher le dépôt de ces documents-là
empêchera le leader de l'Opposition d'interroger là-dessus. C'est
ça qu'il faut comprendre. Ce n'est quand même pas... Le leader de
l'Opposition n'est pas pour lire pendant huit pages. On le dépose, puis
c'est... En plus de ça... Le Journal des débats, premier
argument.
Deuxième argument, M. le Président. D'abord un projet de
loi - là, il faut se comprendre - un projet de loi, à mon sens,
fait partie de nos documents officiels, il va sans dire. Il fait partie des
documents officiels pour l'ensemble de la population, a fortiori pour les
parlementaires. De déposer une copie d'un projet de loi
sanctionné le 19 décembre 81 d'un document officiel.
Deuxièmement, le Journal des débats aussi... Je respecte
votre décision à l'effet que ça ne fait pas partie
intégrante de nos débats, de la preuve, c'est-à-dire.
M. Polak: II n'y a pas de preuve.
M. Filion: À ce moment-là, il faut quand
même, nous, en faire la preuve non pas, M. le Président, faire la
preuve que ce qui a été dit est exact, mais le Journal des
débats fait la preuve que ce qui a été dit, bien c'est
le témoin qui l'a dit. C'est ça qui est la nuance importante
là-dedans, puis vous l'avez souligné tantôt. Alors, il ne
s'agit pas de reposer la question encore une fois, comme voudraient que tes
membres du groupe ministériel on le fasse, de reposer la question:
Écoutez, avez-vous dit ça, avez-vous dit ça, quelle est
votre opinion alors qu'il l'a dit? Ça ne fonctionne pas comme
ça, mais comme base c'est bien sûr qu'il faut d'abord
établir ça; sinon, on s'embarque dans une procédure qui
n'aurait aucun sens.
Je vous soumets donc que ces documents-là peuvent être
déposés et si, M. le Président, vous considérez,
à un moment donné, que ça n'a pas, que ça a
très peu d'importance ou très peu de pertinence, bien, c'est
tout, ça finira là. Mais vous ne pouvez pas laisser des
parlementaires, les empêcher de mener leur "cause", entre guillemets, ou
leur interrogatoire ou leur point de vue comme bon leur semble, quand
même; sinon, on s'embarquerait dans une procédure qui n'aurait
aucun sens.
Pour ces deux raisons-là prises isolément, pour chacune
des deux prise isolément, vous devriez admettre le dépôt
par le leader de l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas à
décider si c'est très peu ou beaucoup pertinent. C'est
pertinent ou ça ne l'est pas. L'appréciation des documents, c'est
à la fin, c'est vous autres. Moi, je n'apprécie pas. Je
n'apprécie absolument rien. Je mène seulement les débats.
Alors, à la fin, vous apprécierez la preuve, la valeur de la
preuve, la véracité des faits et certains documents.
Alors, je vais continuer. Si vous avez d'autres listes de documents
à déposer, je vais examiner la pertinence avant de tous les
accepter en bloc, là, mais je veux pas suspendre trois ou quatre fois.
Est-ce qu'il a d'autres... À part la municipalité de
Saint-Raymond, est-ce qu'il y en a d'autres?
M. Chevrette: Toujours sur ma question de règlement parce
que je pensais que vous aviez décidé... Oui, je voudrais
déposer l'extrait du Journal des débats B-3366 de juin
1976 qui parle précisément des interventions...
Le Président (M. Lorrain): Je vais l'examiner. Non, ils ne
sont pas déposés là.
M. Lefebvre: M. le Président, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain): II n'y a aucun document
déposé, M. le député de Frontenac
M. Lefebvre: Oui, sauf...
Le Président (M. Lorrain): Je vais suspendre pour
vérifier la pertinence et, s'ils ne le sont pas, je vais les
rejeter.
M. Lefebvre: Sauf, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): J'ai compris les deux arguments
des deux côtés sur la pertinence des dépôts.
M. Lefebvre: Sauf que j'aimerais qu'on nous soumette, à
nous également...
Le Président (M. Lorrain): Vous allez avoir une copie.
M. Lefebvre:... quelle est la partie du document...
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Lefebvre: J'aimerais que le leader de l'Opposition...
Le Président (M. Lorrain): II n'est pas question...
M. Lefebvre:... nous indique immédiatement quelle est la
partie du document qui serait pertinente, selon lui, pour qu'on puisse se
comprendre. J'imagine que le leader de l'Opposition ne considère pas que
les sept, huit ou dix pages qu'il a en main sont pertinentes. Et, M. le
Président...
M. Chevrette: M. le Président...
M. Lefebvre:... je soumets que la partie pertinente, selon le
leader de l'Opposition, doit nous être indiquée et à vous
également, évidemment.
Le Président (M. Lorrain): Lequel veut intervenir sur la
question de règlement soulevée par M. le député de
Frontenac? M, le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. Justement, M. le Président, je suis
assez à l'aise avec les derniers propos du député de
Frontenac. À vous, pas au député de Frontenac. Je dois
vous rappeler, M. le Président, la procédure que vous-même
vous avez utilisée pour le premier document de Me Lemay.
Le Président (M. Lorrain): Je la connais.
M. Rochefort: Pour les quatre versions additionnelles de Me
Lemay...
Le Président (M- Lorrain): Ne répétez pas
tout. Je le sais.
M. Rochefort:... les documents n'ont pas été
transmis à tous les membres de la commission... Est-ce que je peux
terminer, M. le député de Frontenac? Non, les
documents n'ont pas été transmis à tous les membres de la
commission pour que les membres de la commission en évaluent la
pertinence et plaident sur la pertinence. Les documents ont été
remis au président de la commission qui, par surcroît, est
président de l'Assemblée. Il a décidé de la
pertinence des documents. Par la suite, ayant décidé de la
pertinence des documents, il les a distribués aux membres de la
commission pour leur permettre d'en prendre connaissance et de les
intégrer dans leurs réflexions, dans leurs débats et dans
leur interrogatoire avec Me Lemay. Je ne vois pas, en aucune façon, M.
te Président, en quoi la procédure devait être
modifiée à ce moment-ci de la commission, d'autant plus qu'il
s'agit de documents qui sont des documents du Journal des débats
de l'Assemblée nationale, donc, des documents officiels de
l'Assemblée, et des projets de loi qui sont donc partie
intégrante des statuts du Québec.
Le Président (M. Lorrain): Je le répète: Je
vais suspendre tout à l'heure...
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... pour juger de la pertinence
et en vertu de 33.... M. le député de Frontenac, en vertu de 33,
le consensus.
M. Lefebvre: La situation n'est pas du tout la même, M. le
Président. Il avait été établi au préalable,
avec le témoin Lemay, qu'il avait des brouillons de son fameux
mémo et ça a été admis par le témoin
lui-même que c'était en grosse partie à peu près le
même texte que le mémo. Alors, la pertinence du document dans son
ensemble était admise. Les réserves que j'ai sur...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, si vous recommencez une autre argumentation, moi, je vais être
obligé d'en laisser une deuxième...
M. Lefebvre: Non, non, M. le Président, c'est qu'on a
établi un parallèle entre les documents Lemay et les documents
Journal des débats du leader de l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Non. Ce que j'entends, c'est
une décision de pertinence. Point.
M. Lefebvre: Ce n'est pas du tout la même chose.
Le Président (M. Lorrain): Je m'en tiens au 33,
dépôt de documents.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse. Je m'excuse,
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): II y a un consensus qui est
intervenu à 33. C'est: "Les témoins et les membres pourront
déposer des documents si ceux-ci sont jugés pertinents par le
président. "
M. Lefebvre: Sauf erreur, M. le Président, vous nous avez
permis à date d'argumenter sur la pertinence.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur le principe de la
pertinence et je pense que vous l'avez très bien fait à plusieurs
reprises et vous l'avez refait encore tout à l'heure. Mais pas en
prenant à la pièce et en déchiquetant à la
pièce. Sinon, les questions de règlement vont durer dix heures
seulement sur une pièce. M. le leader de l'Opposition va dire qu'une
phrase est pertinente. Vous, vous allez dire que non. Ça a toujours
été la présidence. C'est un consensus qui est intervenu
entre les deux formations politiques et je veux décider de la
pertinence. Mais je veux toujours laisser les deux formations plaider sur la
pertinence selon les faits qui sont rapportés.
À date, j'ai deux choses sur lesquelles on accroche et je vais
décider de la pertinence. C'est une partie du Journal des
débats de juin 1976 et une autre concernant un projet de loi
d'intérêt privé, 215, je pense, sur la municipalité
de Saint-Raymond. C'est bien ça? C'est les deux documents. Les autres,
il semble y avoir consensus...
M. Chevrette: C'est-à-dire que les deux documents...
Le Président (M. Lorrain):... mais je vais quand
même les vérifier pour voir s'ils sont pertinents, les autres
aussi.
M. Chevrette: Je vais les reprendre, les dépôts des
deux documents. C'est l'extrait du Journal des débats de
l'Assemblée nationale du 15 décembre 1981 où M.
Pagé lui-même explique et c'est là-dessus qu'il a reconnu
qu'il avait été parrain tantôt... et mardi, le 22 juin
1976, où le président de l'Assemblée nationale dit:
J'invite le parrain du "bill", M. Pagé, député de
Portneuf, à nous faire ses commentaires. Et M. Pagé parle. Dans
les débats de, dans ce débat-là, on se rend compte qu'il y
a un caractère rétroactif au 10 décembre 1982. Donc, il y
a une pertinence sur la rétroactivité.
Le Président (M, Lorrain): La pertinence... Alors, je vais
examiner la pertinence de ces deux documents avant d'accepter le
dépôt, ainsi que les autres. Est-ce qu'il y a d'autres documents,
M. le leader de l'Opposition''
M. Chevrette: Pour tout de suite, ce serait pas pire.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Nous allons suspendre
quelques minutes, à peine dix minutes. Je vais rendre ma décision
sur les documents.
M. Chevrette: Vous avez les documents, c'est bien ça?
Le Président (M. Lorrain): Un, deux, trois, quatre,
cinq.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 50)
Le Président (M. Lorrain): Quelques secondes. Je pensais
qu'on était pour les avoir beaucoup plus rapidement. Si vous me
permettez, avant de permettre à M. le leader de l'Opposition de
continuer l'interrogatoire du témoin, M. le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, je vais rendre ma décision
quant à la pertinence des documents.
Je pense, quant aux documents du 11 mars 1987 et du 19 décembre
1986
concernant l'intervention des deux députés en Chambre et
également celle du 19 décembre 1986, il y avait consentement
à l'effet... Et nous avons vérifié. C'est des documents
très pertinents qui concernent le processus réglementaire de la
question de privilège.
Quant à 272, bien, il s'agit du projet de loi qui est inclus dans
notre mandat. Il n'y a que deux autres interventions que M. le ministre
Pagé, M. le ministre de l'Agriculture, a fait en Chambre, une sur le
projet de loi privé sur la municipalité de Saint-Raymond et
l'autre datant de juin 1976 sur un autre projet de loi d'intérêt
privé.
Je déclare ces documents tous pertinents, mais tous pertinents,
non pas dans son contenu. Ils ne font pas preuve intégrale, tel que je
l'ai dit auparavant. Il y a des parties de ces documents-là qui n'ont
rien à voir... Il n'y a aucune pertinence avec le débat actuel.
J'ai compris de l'intervention et de la première question qui a
été posée par M. le leader de l'Opposition que vous
vouliez faire un lien entre la rétroactivité qui a
été mentionnée par Me Lemay au sujet d'un
téléphone qui aurait pu être fait par Me Lemay à M.
le ministre de l'Agriculture et non pas à autre chose.
Il n'est pas question ici que je permette qu'on refasse tout le
processus du projet de loi de la municipalité de Saint-Raymond et de
l'autre projet de loi, dont je n'ai pas mémoire, de juin 1976. Ça
n'a aucune pertinence avec le projet... c'est-à-dire la question de
privilège que nous entendons actuellement.
Par contre, il y a lien qui a été fait et ce
lien-là, c'est sur la rétroactivité et l'opinion de M. le
ministre sur la rétroactivité de certains projets de loi
d'intérêt privé. Et ça, c'est suite à la
lecture.
Quant aux autres documents - je le répète - ce n'est pas
parce que M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, ni parce que M. le député de Lévis ont dit
des choses en Chambre et que c'est consigné au Journal des
débats que ça en fait preuve. C'est par des questions, c'est
par le processus de la commission ici que vous ferez preuve et qu'après
ça on décidera. On appréciera le témoignage de
chacun.
Vous pouvez même vérifier le témoignage avec ces
textes-là des témoins ou les apprécier. Mais tout
ça se fait par le processus de la question. Alors, je le
répète. Le fait que j'accepte le dépôt de ces
documents-là n'élargit pas la définition du mot
"pertinence". Et tout ça sera décidé à chaque
question ou chaque question de fait à la fois.
M. le leader de l'Opposition, vous pouvez commencer votre
interrogatoire.
M. Chevrette: Je peux la continuer?
Le Président (M. Lorrain): Continuer...
On a commencé à 10 h 10 et les périodes de
questions à M. le ministre ont duré à peine sept minutes,
je pense. La balance, on a fait du règlement. Et j'ai un relevé
ici de la semaine passée et des semaines précédentes sur
le nombre d'heures de règlement et le nombre d'heures où on a
interrogé les témoins. Et je demande à tous je ne le
reproche à personne - la collaboration de tous et chacun. En deux
heures, on a à peine travaillé sept minutes ce matin.
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que, M. Pagé, vous reconnaissez avoir
été parrain du projet de loi 215 pour Saint-Raymond de Portneuf,
qui avait un caractère rétroactif
M. Pagé: Oui, tel que je vous le disais tout à
l'heure.
M. Chevrette: Est-ce que, vous reconnaissez d'avoir
été parrain, le 22 juin 1976, du projet de loi... Excusez. 215,
c'était le projet de loi sur les trois municipalités que j'ai
mentionnées et, en 1981, c'était le projet de loi Saint-Raymond
de Portneuf, deux projets de loi à caractère rétroactif
dont vous étiez parrain.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous vous souvenez d'être
intervenu en 1975 sur te projet de loi 111 concernant la ville de
Fossambault-sur-le-Lac, projet de loi à caractère
rétroactif?
M. Pagé: C'est possible, la municipalité de Fossambault
étant contiguë au territoire de Porneuf que je représente.
Cependant, M. le Président, j'apprécierais si on pouvait
déposer de tels documents et me les rendre disponibles, à moi,
non pas que je ne me fie pas aux propos du député de Joliette,
mais je me fie davantage au Journal des débats.
Le Président (M. Lorrain): On va vous en avoir copie.
M. Pagé: M. le Président, parce que c'est important,
compte tenu que, tout à l'heure, on a... Et ça, c'est bien... On
pourra vérifier au Journal des débats. Dans le dossier du
projet de loi concernant la ville de Saint-Raymond, on a
référé au 19 décembre 1981 et aussi au 19
décembre 1982.
M. Chevrette: 80...
M. Pagé: 82. Alors, j'aimerais bien avoir le texte.
M. Chevrette: Saint-Raymond, c'est 81 et 83, si ma mémoire
est fidèle. Ce n'est pas pour contredire...
M. Pagé: Raison de plus pour avoir le texte.
M. Chevrette: La référence, c'est B-1208-10 du
relevé des commissions parlementaires.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous pouvez passer
à d'autres questions en attendant?
M. Chevrette: C'est fait par la bibliothèque de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M- Lorrain): M. le leader adjoint, est-ce
que vous pouvez passer à d'autres questions en attendant que M. le
ministre reçoive les documents?
M. Chevrette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): On est allé faire
photocopier pour tous chacun des documents; on ne les a pas reçus
encore.
M. Chevrette: Est-ce que vous vous souvenez d'être
intervenu sur le projet de loi 225 concernant la charte de la ville de Black
Lake-?
M. Pagé: C'est possible.
M. Chevrette: Projet de loi privé.
M. Pagé: C'est passible. Vous savez, en quatorze ans de
vie parlementaire, j'ai eu l'occasion d'intervenir assez
régulièrement et c'est normal. J'ai eu aussi l'occasion
d'intervenir régulièrement en commission parlementaire pour
étudier des projets de loi privés, compte tenu que j'ai toujours
eu à l'esprit qu'on se devait d'être prudent à
l'égard de ces législations adoptées
généralement en fin de session.
M. Chevrette: Dans votre exposé du 19 décembre 1986
- un instant, si je peux retrouver mes papiers parce qu'ils sont partis avec -
page 5891 du Journal des débats: "Dès le moment où
j'ai été saisi du contenu de ce projet de loi - en parlant de 272
-j'en ai été fort surpris, compte tenu que le législateur,
par l'adoption qu'il fait de ce projet de loi, vient ratifier, vient confirmer,
sur une base rétroactive, une décision prise par des
administrateurs publics sans l'obtention nécessaire des consentements
requis en. semblable matière. " Vous vous souvenez d'avoir dit cela?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: À quel moment... Quand vous dites:
"Dès le moment où j'ai été saisi, " à quel
moment vous avez été saisi de ce projet de loi?
M. Pagé: J'ai été saisi de ce projet de loi
comme suite d'une démarche de Me André Lemay auprès de moi
à la mi-novembre 1986, dans une lettre qu'il me faisait parvenir, que je
n'ai pas avec moi, mais que je pourrai déposer si le voeu est
formulé par les membres de la commission. À ce moment-là,
Me Lemay m'indiquait qu'il fallait un consentement, parce que le projet de loi
n'avait pas été déposé, selon les règles,
dans la semaine ou dans les jours suivant l'ouverture de la session. Il faut
bien avoir à l'esprit aussi que Me Lemay a eu à plusieurs
reprises à communiquer avec moi comme député pour des
projets, pour des questions relevant de municipalités de mon
comté.
M. Chevrette: Vous dites avoir été saisi à
la mi-novembre et vous avez été fort surpris. Qu'est-ce que vous
avez fait en recevant la lettre de Me Lemay?
M. Pagé: Je l'ai lue.
M. Chevrette: Est-ce que vous en avez accusé
réception?
M. Pagé: Je ne peux vous dire si l'accusé de
réception a été fait par écrit ou par
téléphone. Cependant, j'ai été à même
de constater que c'était: un, un projet de loi privé; deux, que
cela concernait la Commission intermunicipale de transport de la rive sud de
Québec; trois, que cela venait régulariser une situation de
droit.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez communiqué avec Me
Lemay suite à la lettre ou dans les jours qui ont suivi la lettre?
M. Pagé: Personnellement, non.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez mandaté quelqu'un de
votre cabinet pour communiquer avec Me Lemay?
M. Pagé: Je ne peux vous dire. Je ne me rappelle pas.
M. Chevrette: Vous ne vous rappelez pas?
M. Pagé: Je ne me rappelle pas.
M. Chevrette: O. K. Vous dites également dans
l'exposé du 19 décembre que vous avez "dès hier soir".
Cela veut dire la veille, je suppose, puisque c'est le 19, donc dès la
veille. Oui, c'est cela. Comme député, vous avez
sensibilisé votre collègue, le ministre
des Transports, et député de Charlesbourg, M.
Côté, à l'inquiétude qui vous animait quant à
l'adoption d'un tel projet de loi. Vous vous rappelez d'avoir
déclaré cela?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Me Lemay est venu ici nous dire que vous lui aviez
parlé de comité ou de caucus qui se serait tenu le 19 bu matin.
Est-ce que vous lui avez dit que vous aviez eu une réunion de
comité ou de caucus?
M. Pagé: Â quel moment vous
référez-vous?
M. Chevrette: Au moment où l'appel
téléphonique a été logé par vous-même
à M. Lemay. (12 heures)
M. Pagé: J'ai référé... Dans
l'échange que j'ai eu, qui a été très bref, avec Me
Lemay, je lui ai fait part que je sortais d'une réunion du COMPADR, le
comité ministériel permanent du développement
régional.
M. Chevrette: Vous avez appelé Me Lemay à quelle
heure?
M. Pagé: Le comité ministériel se
réunit à 8 heures, te matin. Ce matin-là, la séance
s'est terminée, si ma mémoire est fidèle, le plus
exactement possible, vers 9 h 15, 9 h 20 environ. La conversation
téléphonique que j'ai eue avec Me Lemay se serait fait entre ce
moment et l'ouverture de la Chambre, mais plus probablement vers 9 h 30.
M. Lefebvre: Je n'ai pas compris, M. le Président.
Voulez-vous répéter? Avant l'ouverture de la Chambre?
M. Pagé: Oui, oui. Entre l'ajournement de nos travaux au
comité ministériel permanent du développement
régional et l'ouverture de la Chambre, à 10 heures,
M. Chevrette: Est-ce que vous lui avez dit que c'était au
COMPADR que la décision avait été prise?
M. Pagé: Non. Je lui ai indiqué que je sortais
d'une réunion, et c'est le cas. J'ai échangé sur le sujet
avec le ministre responsable de la région de Québec et qui, par
surcroît, est ministre des Transports, qui était directement
concerné par le projet de loi et je lui ai fait part de ma
décision.
M. Chevrette: On ne comprend pas. Il faudrait... Je sais pas si
c'est le son, on saisit mal les réponses.
Le Président (M. Lorrain): C'est peut-être...
M. Pagé: Ça ne s'approche pas, ça, M. le
Président.
M. Chevrette: Non, c'est pris après la table, ça.
Vous avez fait part de votre décision au ministre Côté.
Est-ce que c'est ça qu'on a compris?
M. Pagé: À Me Lemay.
M. Chevrette: À Me Lemay.
M. Pagé: Comme suite des échanges que j'ai eus avec
le ministre des Transports, Marc-Yvan Côté.
M. Chevrette: Les discussions que vous avez eues avec le ministre
des Transports étaient-elles à l'effet de l'informer de votre
décision?
M. Pagé: J'ai eu une.,. Vous savez, d'abord, il faut bien
avoir à l'esprit que le ministre des Transports et moi communiquons
régulièrement ensemble sur de nombreux dossiers. Il est le
ministre responsable de la région de Québec. Nous sommes en
politique depuis le 29 octobre 1973, tous les deux, et on peut convenir que
nous sommes très étroitement liés, lui et moi. Entre le
moment où Me Lemay a communiqué avec mot concernant ce projet de
loi et la dernière semaine de la session, je me rappelle avoir
référé de ce projet de loi avec le ministre des
Transports. Je ne sais pas si c'était au téléphone, je ne
sais pas si c'était lors de caucus que nous avons au niveau de la
région, je ne me rappelle pas, non plus, si c'était au
comité ministériel ou avant ou après une séance du
comité ministériel ou à un Conseil des ministres.
Cependant, j'ai eu un très bref échange avec lui qui m'a fait
part, bien, que c'était un projet de loi privé qui
prévoyait la ratification de décisions de la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud et qui allait impliquer le
versement d'une subvention importante par son ministère. Ca, c'est tout
ce qui s'est passé, là, disons, jusqu'à la dernière
semaine de la session, vers le 14 ou le 15 décembre. Et le 14 et te 15
décembre, dans cette dernière semaine, bien, évidemment,
nous étions en fin de session - comme vous le savez, c'est une
période qui est vraiment intensive - et on a eu d'autres
échanges, le ministre des Transports et moi, cette semaine-là
concernant ce projet de loi privé.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez parlé au ministre des
Transports avant qu'il aille à la commission parlementaire ou
après, la veille? Parce que vous dites, dans votre
exposé, là: "Dès hier soir, comme
député et comme ministre de la région de Québec",
que vous avez parlé au ministre des Transparts.
M. Pagé: Après la commission, si ma mémoire
est fidèle.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre des...
M. Pagé: Ou sur l'heure du souper, je ne pourrais vous
dire exactement. Vous save2 qu'en fin de session on commence nos séances
assez tôt, on les termine assez tard; cependant, c'était le 18
décembre.
M. Chevrette: Après la commission parlementaire.
M. Pagé: Possiblement, oui.
M. Chevrette: Possiblement après la commission
parlementaire. Est-ce qu'il vous a dit.,. Est-ce que le ministre des Transports
vous a dit qu'il venait de la commission, puis qu'il y avait eu des
amendements, puis que le projet de loi était
adopté?
M. Pagé: Je savais que ce projet de loi était
étudié en commission cette journée-là,
évidemment, il y avait eu un avis donné à la Chambre et
c'était prévu pour cette journée-là.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre vous a dit qu'il avait
participé à la commission?
M. Pagé: Je savais qu'il allait être présent
parce qu'il était directement concerné, c'est normal.
M. Chevrette: Est-ce que vous lui aviez dit avant que vous seriez
contre le projet de loi?
M. Pagé: Je lui en ai fait part et le 18 et le 19.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez dit à d'autres
personnes, la veille du 19, à savoir le 18, que vous étiez contre
ce projet de loi là?
M. Pagé: J'ai exprimé à mon collègue
les réserves. Vous savez, il ne faudrait pas croire que je suis contre
tous les projets de loi privés. Il faut bien avoir à l'esprit que
j'ai toujours eu des réserves. J'ai toujours cru qu'on se devait
d'être des plus prudents à l'égard des projets de lai
privés. Vous savez, l'expérience m'enseigne que ce ne sont pas
tous les projets de loi privés qui ont été adoptés
par l'Assemblée nationale. L'expérience m'enseigne aussi que,
souventefois, des projets de loi privés qui sont présentés
ici sont modifiés par le législateur. Tout comme il faut bien
retenir que souvent on ne peut qu'Être surpris devant la teneur de
certains projets de loi privés qui viennent, exemple, modifier des
testaments, qui viennent modifier des contrats. Et pour moi, c'était
normal d'avoir des réserves. Vous savez, c'était venir ratifier
par l'Assemblée nationale une dépense de 7 000 000 $. Ce n'est
pas des "pinottes", ça, monsieur.
M. Chevrette: Je reprends ma question, M. le Président.
Est-ce que vous avez parlé à d'autres personnes que le ministre
des Transports de votre décision ou de vos réticences, la veille
du 19 décembre?
M. Pagé: La personne tout indiquée à qui je
me devais d'en parler, c'était la personne qui payait une bonne partie
de la facture par voie de subvention, évidemment, le ministre des
Transports.
M. Chevrette: Est-ce que vous soutenez que vous n'avez pas
parlé à d'autres personnes avant le 19 de cette loi
272?
M. Pagé: Vous savez, je veux être très
précis, je veux être le plus précis possible. Cependant, je
ne peux vous dire à qui j'en aurais parlé. J'ai peut-être
référé au leader, je ne sais pas.
M. Chevrette: Le leader du gouvernement?
M. Pagé: Oui, évidemment. Pas au leader de
l'Opposition, M. le député.
M. Chevrette: Pourriez-vous nous rapporter à peu
près les mots que vous avez utilisés lors de votre conversation
avec Me Lemay après la réunion du COMPADR?
M. Pagé: Vous savez, il faut bien situer dans sa juste
perspective cette communication-là, parce qu'elle est importante. C'est,
d'ailleurs, ce pourquoi nous sommes ici. J'ai communiqué avec Me Lemay
le matin du 19 décembre 86 parce qu'il avait communiqué avec moi
concernant ce projet de loi bien particulier et aussi parce que je le connais
personnellement depuis plusieurs années. Me Lemay représente
plusieurs municipalités de mon comté; j'ai eu fréquemment
à le rencontrer et a échanger avec lui non seulement dans le cas
du projet de loi privé de 5aint-Raymond, mais dans d'autres cas, entre
autres un dossier qui a été très long à traiter,
qui a été un dossier d'aqueduc à 5aint-Casimir de
Portneuf, et qui s'est réglé en début de 86.
Parce que je le connaissais personnellement, parce qu'il avait
communiqué avec
moi, j'ai communiqué avec lui le 19 décembre au matin pour
lui faire part de ma décision de refuser mon consentement comme
député à l'adoption en troisième lecture du projet
de loi de la Commission intermunicipale de transport de la rive sud.
M. Chevrette: Me Lemay nous a dit ici que vous lui auriez dit que
vous refusiez votre consentement parce que le député de
Lévis...
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Si vous voulez citer Me Lemay, j'aimerais en toute
objectivité et en toute justice pour le témoin qu'on cite le mot
à mot.
Le Président (M. Lorrain): Une suspension?
Quelques secondes. Les travaux sont suspendus pour permettre à M. le
député de...
M, Chevrette: J'en ai fait sortir plusieurs; je vais citer les
suivantes...
Le Président (M. Lorrain): Les travaux de cette commission
reprennent. M. le leader de l'Opposition, toujours en interrogatoire.
M. Chevrette: R-246-CAN, page 1, qui est à 11 h 46, le 7
du quatrième mois 87. "M. le Président - c'est votre serviteur
qui questionne - Me Lemay a dit qu'il avait appelé le bureau de M. Garon
et que sa secrétaire avait répondu. Est-ce que M. Lemay se
rappelle les paroles exactes qu'il a dites à Mme Lecours qui est
secrétaire, sténodactylo?" Me Lemay répond: "Les paroles
exactes, non, mais j'ai pris connaissance de la note qui a été
déposée à la commission. J'ai été un petit
peu surpris. C'était bien clair que le message que j'avais eu de M.
Pagé, c'est que le caucus, comité, gouvernement ou je ne sais
trop quoi, mais, en tout cas, un groupe avait pris la décision de ne pas
consentir à notre loi, la loi de la CITRSQ, au motif que M. Garon ne
voulait pas consentir à la loi -sur le zonage agricole. " Mais de la
façon qu'on lit le mémo, il y avait une nuance avec le
mémo, mais essentiellement ses propos, c'est que les motifs
étaient que M. Garon, député de Lévis, ne donnait
pas le consentement à votre loi 132 que vous parrainiez comme ministre
de l'Agriculture. La question est la suivante: Est-ce que vous reconnaissez
l'exactitude dans l'esprit de ces propos?
M. Pagé: M. le député, je n'ai ni entendu le
témoignage de Me Lemay, ni lu son intervention. Ce que je peux vous
dire, c'est ceci: Comme je vous l'indiquais tout à l'heure, j'ai
communiqué avec Me André Lemay parce que je le connaissais et je
le connais personnellement depuis plusieurs années. Je peux vous dire,
d'ailleurs, que si la Commission intermunicipale de transport de la rive sud de
Québec avait été représentée par un autre
avocat que Me Lemay, je n'aurais pas communiqué, vous savez. Vous avez
déjà été ministre, vous savez ce que c'est. C'est
parce que je le connaissais et je le connais personnellement. J'ai
référé aux réserves à l'égard du
projet de loi, que c'était venir ratifier une irrégularité
qui avait impliqué des déboursés de 7 000 000 $,
premièrement; deuxièmement, que ça impliquait une
subvention du gouvernement pour laquelle, d'ailleurs, la commission
intermunicipale de transport demandait le paiement des intérêts
couvrant la période des emprunts temporaires. Et, autre
élément, je lui ai très clairement indiqué que je
n'avais aucun service à rendre à Jean Garon.
M. Chevrette: Vous n'avez pas fait référence au
consentement qu'il vous refusait sur 132?
M. Pagé: J'ai référé à la
situation qui a prévalu dans la dernière semaine de la session,
avant l'ajournement de nos travaux, où le projet de loi 132 avait
reçu un accord des deux groupes parlementaires pour fins d'adoption et
que plus rien ne tenait, que j'en avais fait mon deuil. Et c'est le cas, le 18
décembre 1986, j'avais fait mon deuil de l'adoption du projet de loi 132
avant l'ajournement de nos travaux. J'avais personnellement
décidé, comme ministre, de ne pas céder devant les
propositions d'amendements qui m'étaient faites par le
député de Lévis. J'en avais fait mon deuil, pourquoi?
Parce que j'étais convaincu en début de semaine que le projet de
loi 132 allait être adopté. Vous savez... Vous êtes leader
de l'Opposition, vous savez qu'il y a des échanges entre les leaders,
vous savez que les leaders établissent leurs priorités. On
m'avait donné l'assurance, en ce qui me concerne comme ministre, que le
projet de loi 132 allait être adopté. J'en ai donc fait mon deuil
parce que j'ai décidé que je ne céderais pas.
M. Chevrette: Qui vous a informé'? Qui vous a
informé? C'est très important. Qui vous a...
M. Pagé: Et si vous me permettez... Je m'excuse, M. le
député, je n'ai pas terminé. Je n'ai pas terminé de
répondre à votre question précédente et
j'apprécierais pouvoir terminer.
M. Chevrette: Pas de problème.
M. Pagé: D'accord. Partant de là, la
démarche ne visait pas ce qu'on pourrait appeler un "bargaining power"
et le but de ma démarche n'était pas de faire pression
auprès du député de Lévis pour qu'il accepte mon
projet de loi 132. Dans mon esprit, c'était décidé,
c'était réglé. J'en faisais mon deuil. Cependant...
M. Chevrette: Question. Je m'excuse, M. le Président.
M. Pagé: Cependant...
M. Chevrette: Je ne voudrais pas être exigeant parce que je
comprends que M. Pagé est parlementaire, mais la question est la
suivante: Avez-vous dit ou non à Me Lemay que vous mettiez dans la
balance votre consentement sur 272 parce que M. Garon refusait 132? C'est aussi
clair que ça comme question. La fin de session, je la vis
moi-même. Ce n'est pas ça que je veux savoir. Je veux savoir si
vous l'avez dit.
M. Pagé: Je vous l'ai dit tout à l'heure et je le
répète.
Le Président (M. Lorrain): Le témoin est
après l'expliquer.
M. Lefebvre: La question, M. le Président, M. le leader,
s'il vous plaît! Je m'excuse.
M. Chevrette: Je ne prendrai pas...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette:... les reprises de questions sur mon temps, M. le
Président.
M. Lefebvre: Non, non.
(12 h 15)
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M- Chevrette: Vous avez seulement qu'à suivre.
M. Lefebvre: Coupez le temps, coupez le temps du leader. Il n'y a
pas de...
M. Chevrette: Correct.
M. Lefebvre: Je veux juste entendre la question.
Le Président (M. Lorrain): Pour le bénéfice
de tous les députés, M. le leader de l'Opposition.
M. Lefebvre: II me semble que c'est normal, M. le
Président.
M. Chevrette: O. K. J'ai demandé... J'ai lu un bout de
phrase tantôt, M. le Président, au ministre dans laquelle Me Lemay
vous fait dire...
M. Pagé: Je m'excuse. Pourriez-vous le
répéter? Je ne l'ai pas devant moi.
M. Chevrette: Oui, je vais le répéter. Ce n'est pas
grave. M. Lemay répond: "Les paroles exactes, non, mais j'ai pris
connaissance de la note qui a été déposée à
la commission. " En l'occurrence, pour vous indiquer, c'était la note de
Mme Lecours. "J'ai été un petit peu surpris. C'était bien
clair que le message que j'avais eu de M. Pagé, c'est que le caucus,
comité, gouvernement ou je ne sais trop quoi, mais, en tout cas, un
groupe avait pris la décision de ne pas consentir à notre loi, la
loi de la CITRSQ, au motif que M. Garon ne voulait pas consentir à la
loi sur le zonage agricole. " Est-ce que ces propos sont exacts?
M. Pagé: II réfère à une rencontre
qui s'est tenue. C'est le cas. Cependant, je dois vous dire que ce
n'était pas un sujet inscrit à l'ordre du jour du COMPADR. Je
vous ai indiqué tout à l'heure, et je le répète,
que c'est comme suite de cette rencontre que j'ai eu mon échange avec le
ministre des Transports et c'est ce à quoi j'ai
référé quand j'ai communiqué avec lui.
M. Chevrette: Mais, M. le Président, je reprends ma
question. Qu'avez-vous dit à M. Lemay pour que M. Lemay vous
interprète comme 1p grand responsable de votre refus à 272,
c'était le député Garon qui vous refusait le consentement
à 132?
M. Pagé: Vous savez, M. le député, ne me
demandez pas, et ce ne serait pas normal, que j'interprète ou que je
porte des jugements sur l'interprétation de Me Lemay à mes
propos. Cependant, je sais à quelle heure je l'ai appelé,
pourquoi je l'ai appelé, dans quelle perspective je l'ai appelé
et presque au mot près ce que je lui ai dit. Je lui ai
indiqué...
M. Chevrette: Pourriez-vous me les répéter, les
mots presque...
M. Pagé: De?
M. Chevrette:.. que vous avez dits à Me Lemay?
C'est ça que je veux savoir.
M. Pagé: Je lui ai indiqué que, suite à la
rencontre du matin au COMPADR et de mon échange avec le ministre des
Transports, j'avais personnellement pris la décision de refuser mon
consentement à l'adoption du projet de loi cette
journée-là et que ça pouvait aller à la session
suivante. Et que
j'avais des réserves parce que ça venait
régulariser une situation qui avait impliqué des
déboursés de près de 7 000 000 $ sans que toutes les
étapes aient été faites. Que, par surcroît, la
commission intermunicipale de transport demandait le paiement des
intérêts mensuels pour les emprunts temporaires jusqu'au
financement permanent ou régulier de ces emprunts. Et, autre
élément, je lui ai très clairement indiqué que je
n'avais aucun service à rendre au député de Lévis
compte tenu de l'attitude qu'il adoptait à l'Assemblée
nationale.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez fait référence
à la loi 132 avec Me Lemay?
M. Pagé: J'ai fait référence au fait que le
projet de loi 132 n'allait pas être adopté malgré l'entente
intervenue entre les deux formations parlementaires. Et c'est ce qui m'a
justifié de dire que je n'avais aucun service à rendre au
député de Lévis.
M. Chevrette: Me Lemay nous a dit qu'il ne savait même pas
que la loi 132 existait, qu'il ne savait pas que c'était la loi du
zonage agricole et que c'est vous qui lui auriez dit...
M, Lefebvre: Question de règlement, M. te
Président. Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement.
Sur une question de règlement, M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Le témoignage du ministre peut durer
longtemps. Â chaque occasion que le leader voudra rapporter les paroles
du témoin Lemay ou de tout autre témoin, on devra citer le texte.
C'est la règle qu'on a appliquée pour nous et je pense que c'est
juste, raisonnable, normal, M. le Président. C'est la décision
également que vous avez rendue.
Le Président (M. Lorrain): Bon! Alors, posez des questions
directement, M. le leader de l'Opposition. Vous ne pouvez pas, non plus,
interpréter des témoignages d'un autre témoin qui sont
venus ici et demander une opinion.
Une voix: D'autant plus que c'est de la plaidoirie et de
l'argumentation.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse.
M. Chevrette: Avez-vous parlé à Me Lemay du projet
de loi 132 nommément?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Avez-vous dit à Me
Lemay que M. le député de Lévis refusait son
consentement à la loi 132?
M. Pagé: Non. J'ai bien situé la conversation;
d'ailleurs, elle a été très très brève. J'ai
indiqué qu'on exigeait que je cède aux amendements
proposés par le député de Lévis pour fins
d'adoption du projet de loi 132 et qu'en ce qui me concerne je ne
céderais pas, malgré une entente qui était intervenue
entre les groupes parlementaires. Et c'est ce pourquoi je n'avais aucun service
à lui rendre. Le but de la démarche, ce n'était pas de
faire pression sur le député de Lévis, vous savez;
c'était pour informer cet avocat que je connais personnellement depuis
un bon nombre d'années, avec qui je travaille
régulièrement. Et le but de la démarche, c'était
pour lui dire, en tout "fair-play"...
M. Chevrette: M. le Président, je ne demande pas au
témoin de plaider; je lui demande de répondre aux questions.
M. Pagé: Je ne plaide pas, M. le Président...
M. Chevrette: Question de règlement.
M. Pagé:... je réponds aux questions du
député.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question... Juste une
seconde, M. le ministre. Sur une question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Oui, je suis obligé d'en faire une, M. le
Président, parce que, quand je demande au témoin: Qu'est-ce que
vous avez dit à Me Lemay concernant le ' consentement de M. Garon et que
le témoin répond: Je ne voulais pas faire pression. On est ici
pour l'établir, s'il a fait pression ou pas. Il n'a pas a plaider
là-dessus du tout, M. le Président. Il a à répondre
strictement aux questions quand on lui demande d'une façon aussi
précise: Avez-vous parlé à Me Lemay que M. Garon refusait
son consentement? C'est aussi clair que ça. Ce n'est pas une
question de demander s'il avait fait pression ou l'interprétation de la
pression ou pas. La question était d'une clarté et d'une
précision. Avez-vous dit a Me Lemay que vous, que M. Garon refusait son
consentement à 132? Ça ne demande pas un plaidoyer.
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre:... c'est une règle élémentaire,
lorsqu'on interroge un témoin, de lui permettre de répondre aux
questions. Si
on n'est pas satisfait de la réponse, on doit vivre avec et il
n'y a rien qui empêche celui qui interroge de reprendre le processus, de
poser une autre question, de demander au témoin de clarifier, mais on
doit vivre avec les réponses qu'on donne aux questions qu'on pose.
Le Président (M. Lorrain): Alors, tel que je l'ai
mentionné antérieurement à plusieurs reprises, je suis ici
pour protéger les témoins. Ce sont les témoins qui ont
vécu certains faits. Ces sont les témoins qui ont eu à
échanger avec d'autres personnes relativement à cette question de
privilège. Je n'accepterai pas que les témoins viennent
argumenter ou plaider, mais les témoins ont à répondre et
à avoir tout le temps qu'il faut, nécessaire, pour pouvoir
répondre aux questions. Posez votre question, M. le leader de
l'Opposition, et vous avez toute permission de répondre, M. le ministre
de l'Agriculture.
M. Chevrette: Avez-vous demandé, avez-vous dit à Me
Lemay que M. Garon refusait son consentement à votre loi 132?
M. Pagé: Peut-être pas au texte là, mais on a
discuté, évidemment, de ça parce qu'il m'a demandé
qu'est-ce qu'il devait faire dans les circonstances et je lui ai dit: Fais ce
que tu voudras.
M. Chevrette: Est-ce que vous lui auriez conseillé de
communiquer avec sa cliente?
M. Pagé: Me Lemay m'a demandé... D'abord, Me Lemay
a été surpris. Il m'a semblé nerveux. Il a insisté
sur... brièvement, évidemment, mais il a
référé à l'importance du projet de loi. Il a
tenté de me sécuriser en ce qui concerne l'aspect
irrégulier de la démarche en disant: Bien, il n'y a rien
d'illégal, il n'y a pas de "scheme", il n'y a pas de problème,
bon, etc. J'ai référé au financement des
intérêts et, à ce moment-là, il m'a demandé:
Qu'est-ce qu'on peut faire? Qu'est-ce que je peux faire? J'ai dit:
Écoute, je ne t'appelle pas dans le but que tu fasses quoi que ce soit.
Je t'appelle pour t'aviser... Ne cherche pas, ne cherche pas qui, ça va
être moi qui l'aurai bloqué, ton projet de loi. il m'a dit:
Qu'est-ce que je vais faire? J'ai dit: Fais ce que tu voudras. Et je me
rappelle très bien qu'il m'ait demandé s'il devait communiquer
avec le député de Lévis, soit par téléphone
ou autrement, je ne peux vous dire, mais je me rappelle cette partie de la
conversation, c'était à la toute fin. Et je me rappelle lui avoir
dit: Écoute, je ne t'appelle pas pour ça là. Je t'appelle
pour te dire que ton projet de loi, je vais refuser mon consentement, c'est une
décision personnelle. Et je veux être très clair avec vous,
M. le député.
M, Chevrette: Cette décision que vous communiquiez
à Me Lemay était très ferme?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que la décision que vous avez
communiquée à Me Lemay, c'était une décision bien
arrêtée et définitive?
M. Pagé: Pour moi, oui.
M. Chevrette: C'était ferme?
M» Pagé: Oui.
M. Chevrette: Comment se fait-il que vous avez changé
d'idée dans l'après-midi?
Le Président (M. Lorrain): Ah, ça, c'est
intéressant, cette question-là!
M. Chevrette: Ça, vous n'avez pas à porter de
jugement sur l'intérêt ou non de mes questions. Vous avez à
répondre aux questions.
M. Pagé: Je dois dire...
Le Président (M. Lorrain): Aux questions seulement, M. le
ministre. Aux questions seulement.
M. Chevrette: Là, c'en est un bel exemple.
Une voix: II a déjà assez de problèmes
à répandre.
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président, vous allez
comprendre avec moi. Ça fait un mois que je suis en attente.
Le Président (M. Lorrain): À la question, M. le
ministre.
Une voix: Cela ne veut pas dire que les autres n'étaient
pas intéressantes.
M. Chevrette: Non, mais elles peuvent avoir de
l'intérêt pour d'autres.
M. Pagé: Je dois dire, M. le député, que
c'est intéressant.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! Allez.
M. Pagé: Je dois dire qu'après la conversation
téléphonique que j'ai eue avec lui, je suis entré à
l'Assemblée. J'ai assisté à la période de
questions. J'ai été très surpris, vraiment très
surpris, de prendre connaissance et de voir qu'à la fin de la
période de questions mon collègue de Lévis se
lève pour soulever une question de privilège comme quoi j'aurais
fait, j'aurais eu une conversation téléphonique dans le but de
créer une pression indue, bon, etc. J'ai été vraiment
très surpris parce que le but de l'appel, ce n'était pas
ça.
Là, on a eu la question de privilège soulevée par
le député de Lévis, l'avis, en fait, la prise en
délibéré par le président de l'Assemblée
nationale. Je suis revenu a mon bureau. J'avais des rencontres sur l'heure du
lunch. J'ai réfléchi, évidemment, et je me suis
aperçu que cette situation prenait une allure que je qualifie
d'exceptionnelle. La preuve, nous y sommes ici aujourd'hui. J'ai -et je vais
vous répondre très brièvement -j'ai trouvé la
situation loufoque, loufoque qu'une conversation téléphonique que
je peux qualifier de personnelle, qui n'a pas pour but de faire pression sur un
député, mais bien d'informer un avocat avec qui je travaille
régulièrement résulte sur le parquet de la Chambre
à une procédure aussi exceptionnelle que celle-là. C'est
ce pourquoi je me suis dit: Bahi Parce qu'à partir du moment où
la question de privilège était soulevée la pression
était maintenant sur moi. Vous allez en convenir.
Devant l'aspect loufoque de la situation, même l'aspect ridicule,
en ce qui me concerne, j'ai dit: On va laisser passer le projet de loi.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, aux
questions.
M. Pagé: C'est pour ça que je l'ai laissé
passer, M. le député. Vous me demander pourquoi. Je vous le
dis.
M. Chevrette: Votre question de principe était toujours
maintenue?
M. Pagé: À quoi vous référez, M. le
député? Je m'excuse.
M. Chevrette: Votre question de... Vous en faisiez une question
de principe contre 272. Est-ce que vous en faisiez une question de principe, le
matin, quand votre décision était ferme et que vous avez
parlé à Me Lemay?
M. Pagé: Je vous ai indiqué, en début de
témoignage, les réserves que j'ai personnellement eues et que
j'ai, comme député, à l'égard de cette
procédure d'adoption en fin de session, en fin de session, rapidement,
parfois à des heures indues, de législations qui sont
susceptibles de créer des précédents.
Et mon expérience m'enseigne qu'entre autres, dans le milieu
municipal, on se doit d'être prudent, M. le député. Vous
avez de l'expérience, vous aussi. Je ne vous tiens pas grief de ne pas
être au fait de l'évolution de la jurisprudence ou des
décisions ou des poursuites qui ont eu cours dans le monde municipal.
Mais combien de fois a-t-on vu des situations conflictuelles qui se
retrouvaient devant les tribunaux parce que, exemple, un maire ou un conseil
municipal avait décidé de procéder à l'achat de tel
bien ou de tel service sans se pourvoir aux procédures
appropriées? On connaît...
M. Chevrette: En quatorze ans, vous êtes...
M. Pagé: On sait tout l'encadrement qui vient régir
les décisions d'une municipalité. Dans ce cas-là, ce sont
des décisions qui n'avaient pas reçu l'approbation prévue
et qui impliquaient un déboursé de 7 000 000 $. C'est pas des
"pinottes", ça!
M- Chevrette: Combien êtes-vous intervenu de fois en
quatorze ans sur des "bills" privés à caractère
rétroactif?
M. Pagé: Je ne pourrais vous dire.
Peut-être pourriez-vous me le dire, M. le député"?
Vous semblez avoir la liste ce matin.
M. Chevrette: Au moins six fois.
M. Pagé: Mais je dois dire que je suis intervenu
régulièrement dans mes caucus et on pourrait
référer à des projets de loi qui ont été
étudiés ici et qui commandaient de la prudence.
M. Chevrette: On continuera après-midi.
Le Président (M. Lorrain): Alors, les travaux de cette
commission sont maintenant suspendus à 14 heures et, M. le ministre, je
vous demanderais d'être présent ici, à 14 heures, pour
continuer l'interrogatoire.
Les travaux de cette commission sont maintenant suspendus à ]4
heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise à 14 h 8)
Le Président (M. Lorrain): Nous allons reprendre les
travaux de la commission de l'Assemblée nationale et je vais demander au
porte-parole de l'Opposition de continuer l'interrogatoire de M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. M. le ministre,
toujours sous le même serment que ce matin. Alors, M. le leader de
l'Opposition, vous avez maintenant la parole.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, je
voudrais demander tout d'abord à M. Pagé... M.
Polak:...
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît!
M. Chevrette: Prenez M. Polak, il va vous laisser faire.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): Le consensus qui est... On va
attendre une seconde pour donner une chance aux cameramen.
(Suspension de la séance à 14 h 9)
(Reprise à 14 h 10)
Le Président (M. Lorrain): Nous allons maintenant
reprendre nos travaux. Alors, M. le leader de l'Opposition. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ma première question
au ministre: À quelle heure environ a eu lieu la conversation avec Me
Lemay?
M. Pagé: À ma connaissance, je vous ai
indiqué ce matin entre 9 h 15 et 10 heures, mais plus probablement vers
9 h 30, 9 h 35.
M. Chevrette: Cette conversation... Vous avez appelé
d'où?
M. Pagé: De mon auto.
M. Chevrette: De votre auto. Vous avez dit ce matin avoir
assisté au CQMPADR.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Quelles sont les personnes présentes au
COMPADR?
M. Pagé: C'était une réunion spéciale
du COMPADR parce que le COMPADR ne se réunit pas le vendredi.
Normalement, le COMPADR se réunit le mercredi. Nous avions des sujets
à épuiser à l'agenda et une réunion a
été convoquée ce matin-là. Je croyais qu'elle se
terminerait vers 10 heures, mais elle s'est terminée plus tôt. Les
membres exacts, je ne pourrais vous dire... Je sais que le COMPADR est
présidé par le ministre des Transports et ministre responsable du
Développement régional.
M. Chevrette: Au COMPADR, qui étaient présents?
M. Pagé: Le ministre de l'Environnement, à ma
connaissance, et... Ce n'est pas compliqué, les membres du COMPADR; il y
a le ministre de l'Environnement, le ministre des Affaires municipales, le
ministre de l'Agriculture, le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche qui vient régulièrement, le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Je ne pourrais vous dire la liste exacte
des membres qui étaient présents ce matin-là. Nous avions
quorum, c'est définitif et c'était présidé...
M. Chevrette: Est-ce que le ministre des Affaires municipales y
était?
M. Pagé: Je ne peux vous dire.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez parlé avec le ministre
des Affaires municipales de l'adoption de la loi 272?
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: En aucun moment?
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: Ni avant la commission ni après la
commission?
M. Pagé: Non, ce n'est pas lui qui payait, c'est le
ministre des Transports qui payait.
M. Chevrette: Avez-vous discuté avec le ministre des
Affaires municipales du fait que vous alliez vous objecter?
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: Puisque c'était lui qui était
ministre responsable.
M. Pagé: Non, je vous l'ai indiqué.
M. Chevrette: Est-ce que vous saviez que le ministre des Affaires
municipales avait voté pour le projet de loi en commission
parlementaire?
M. Pagé: Je savais que la commission parlementaire
était terminée depuis la veille au soir. Cependant, cela ne
m'empêchait pas de refuser mon consentement.
M. Chevrette: Vous m'avez dit que votre décision
était ferme, bien arrêtée et que vous aviez changé
d'idée au cours de l'après-midi. Est-ce que vous avez
changé d'idée après la question de privilège
soulevée en Chambre, si vous le situez dans le temps?
M. Pagé: Je vous ai fait part ce matin de ma très
grande surprise de voir et de constater le député de Lévis
se lever sur une question de privilège immédiatement après
la période de questions et porter cette chose à
la connaissance de l'Assemblée nationale. Il devait être -
on pourra vérifier - autour de, je ne sais pas, moi, au moins 11 heures;
il est très rare que la période de questions se termine avant 11
heures. La question de privilège a été autorisée
par le président en milieu d'après-midi, si ma mémoire est
fidèle. C'est définitif que la surprise engendrée par la
procédure enclenchée, ou la déclaration du
député de Lévis m'a amené à
réfléchir; je vous l'ai indiqué tout à l'heure.
M. Chevrette: Vous souvenez-vous que le 19 décembre, vous
ayez dit, à la page 5891, dans le document D-23, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain): D-23, quelle page, M. le
leader?
M. Chevrette: D-23, page 5891.
Le Président (M. Lorrain): 58...
M. Chevrette: 91.
Le Président (M. Lorrain): 91?
M. Chevrette: Oui.
Le Président (M. Lorrain): À peu près
où?
M. Chevrette: Vous dites ceci: "Malgré toutes les
réserves, toutes les velléités que je peux avoir contre le
député de Lévis, je ne ferai pas payer, nous ne ferons pas
payer, comme députés, un prix énorme à la
communauté de nos honorables concitoyens et concitoyennes, les gens de
Charny, les gens de Saint-Romuald, les gens de Lévis, les gens de
Saint-David, en fait, du comté de Lévis, on ne leur fera pas
payer un prix exorbitant, un prix indu à cause de l'opposition
menée par le député qui les représente à
l'Assemblée nationale du Québec. "
Quels sont donc les motifs qui vous ont amené à changer
d'idée, de votre décision ferme du matin à votre
décision et à votre discours, même, sur le projet de loi
272?
M* Pagé: Je vous ai indiqué ce matin que la
conversation téléphonique que j'ai eue avec Me André Lemay
n'avait pas - mais pas - pour but de faire quelque pression ou d'engendrer
quelque pression que ce soit sur le député de Lévis. Je
l'ai très clairement indiqué ce matin, et je vous le
répète, M. le député. D'où ma surprise quand
j'ai constaté la question de privilège soulevée par
celui-ci. Il faut bien avoir à l'esprit que cette procédure est
la plus exceptionnelle qui peut être dirigée par un
député contre un autre parlementaire. J'ai été
à même de voir toute la propension que pouvait prendre une telle
procédure et, dans les faits, je le vis depuis un mois et sur la foi de
tout ça, concernant le caractère tout à fait - je vous
l'ai dit ce matin - tout à fait loufoque en ce qui me concerne, je me
suis ravisé. Autant ma décision avait été prise
personnellement, autant je me suis ravisé et j'ai indiqué
à mon leader, à un moment donné dans le temps, dans
l'après-midi - on sait que ces journées-là sont
très intensives et vous le savez - j'ai indiqué mon intention de
laisser passer purement et simplement le projet de loi malgré les
réserves que j'y avais. Vous savez, 7 000 000 $, ce n'est pas des
pinottes. Et vous savez comme moi qu'il faut être prudent. Une
municipalité ne peut pas faire ce qu'elle veut, son processus d'action
est encadré. Dans ce cas-là, des étapes ou des
approbations n'avaient pas été données. Alors, je me suis
ravisé et, essentiellement, je me suis dit: Bien, coudon, ils
s'arrangeront avec leurs troubles.
M. Chevrette: Est-ce devant les propensions que ça a pris
que vous avez été amené à changer
d'idée?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: De qui aviez-vous appris... Ce matin, vous avez dit
que vous aviez appris que votre loi 132 serait acceptée. De qui
aviez-vous appris ça?
M. Pagé: Qui?
M. Chevrette:... serait acceptée?
M. Pagé: Je l'ai appris en après-midi
seulement.
M. Chevrette: Non, mais vous avez dit... Je m'excuse, je n'ai pas
les galées parce qu'on a essayé d'aller les chercher, M. le
Président, pour 2 heures et, malheureusement, ils n'étaient pas
sortis; ils viennent d'arriver. Mais, en substance, en tout cas, dans l'esprit,
vous avez dit ce matin: Ça faisait quatre ou cinq jours que je savais
que 132 devait être accepté. De qui avez-vous appris
ça?
M. Pagé: Vous êtes leader de l'Opposition, M. le
député. Vous savez qu'en période de session et
particulièrement en période de session intensive, il y a ce qu'on
appelle des conférences de leaders où on établit nos
priorités et où... O. K, je n'ai jamais été leader
du gouvernement ni de l'Opposition, mais je sais pertinemment qu'il y a des
échanges entre les leaders sur les projets de loi qui sont plus
contentieux que d'autres, bon, etc. Ma première priorité comme
législation à la session d'automne et d'hiver 86 était le
projet de loi 132, compte tenu que ça reconduisait pour une
période donnée un privilège détenu par un nombre
donné de
personnes au Québec à l'égard de la Loi sur la
protection du territoire agricole. On m'a indiqué - je ne pourrais vous
dire quelle date - mais on m'a indiqué en cours de processus et
même en cours d'étude du projet de loi que mon projet de loi 132
serait adopté. En commission parlementaire, on a présenté,
du côté de l'Opposition, motion par-dessus motion. C'était
ce qu'on qualifie dans le jargon parlementaire, pour moi, un "filibuster".
Ça a duré un certain temps, "filibuster" ou opposition conduite
par le député de Lévis, le député de
Laviolette, le député de Duplessis, le député de
Dubuc. Et plus le temps s'effritait, plus je me disais: Bien, coudon, ça
va se terminer par une adoption. On avait même, on a même
présenté, ici même dans cette salle, des motions pour faire
venir - et ça, c'était le député de Terrebonne, je
m'excuse, aussi... Le député de Terrebonne avait
présenté une motion pour faire venir un psychiatre de musicologie
animale, qui avait conduit à un débat pendant presque une
demi-journée, pour venir voir l'effet du projet de loi 132 et de la
disposition de l'article 31, bon, etc. Toutes les motions ou presque ont
été présentées. Mais j'étais confiant, je me
disais: II y a eu une entente entre les leaders et ça va se
régler, mon projet de loi va être adopté. Or...
M. Chevrette: Qui vous avait dit ça?
Parce que ma question était assez simple.
Qui vous a dit qu'il y avait une entente entre les leaders?
M. Pagé: Mon leader m'a indiqué que, comme suite
aux échanges avec l'Opposition, le projet de loi 132 serait
adopté et ça plus tôt, évidemment, dans le mois de
décembre. C'est normal. Mon leader ou ses... mon leader ou ses
représentants. Vous savez que... Vous êtes leader, vous avez des
communications par la voix de votre personnel avec vas
députés.
M. Chevrette: À quelle date environ aviez-vous appris
ça?
M. Pagé: Je ne pourrais vous dire. C'est dans,
c'était dans la semaine où le projet de loi a été
étudié en commission parlementaire, de ne pas m'en faire que
j'aurais...
M. Chevrette: Est-ce que c'est la semaine...
M. Pagé:... j'aurais mon bill...
M. Chevrette:... précédant la dernière
semaine?
M. Pagé: À ma connaissance, - à ma
connaissance, oui.
M. Chevrette: La semaine avant la dernière semaine.
M. Pagé: À ma connaissance, oui.
M. Chevrette: Et vous êtes certain - je voudrais vous
demander de bien y penser -vous êtes certain que c'est votre leader qui
vous a dit que le projet de loi, il y avait entente entre les deux formations
politiques?
M. Pagé: Vous avez, vous savez qu'il y a des rencontres
entre leaders régulièrement et, si ma mémoire est
fidèle - je vous dis que je n'ai jamais été leader, ni de
l'Opposition ni du gouvernement - ça commence dès le début
de la session intensive. Dès ce moment-là, on m'a indiqué
qu'il n'y aurait pas de problème avec 132, que ça devrait
peut-être durer un certain temps en commission parlementaire et que
ça allait passer. Or, dans la dernière semaine, on m'a
indiqué - et ça, des deux côtés - on m'a
indiqué que je devrais céder à la demande de l'Opposition
concernant certains amendements pour voir mon projet de loi adopté.
Parce que je voyais quand même le temps fuir, là. On était
rendu au lundi, mardi, etc., et je m'inquiétais. Tant et si bien,
même, que des députés de l'Opposition m'ont dit: Vous
devriez accepter tel amendement - en privé, évidemment - vous
devriez accepter l'amendement du député de Lévis. Et moi,
j'ai été très clair, très ferme. D'ailleurs, il
n'était pas question pour moi d'accepter cet amendement-là. C'est
ce pourquoi, dans mon livre à moi, rendu au 18, 17, 18, 19, là,
j'avais fait mon deuil de 132.
M. Chevrette: Êtes-vous certain que c'est votre leader qui
vous a dit ça? Je reprends ma question
précisément.
M. Pagé: Comme je vous ai indiqué, les informations
nous parviennent toujours du bureau du leader. C'est le leader ou son
personnel. Il n'y avait pas de problème avec 132 au début de la
session intensive, sauf que ça allait prendre un certain temps,
ça a pris un certain temps. Mais, en fin de course, on m'a dit:
Là, ça ne tient plus. II n'y a plus rien qui tient.
M. Chevrette:... une suspension de deux minutes pour trouver un
document que j'ai déposé.
Le Président (M. Lorrain): Quelques secondes. On suspend
les travaux quelques secondes.
M. Chevrette: D-18, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): On reprend. M. le leader de
l'Opposition. D-18?
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été mis au
courant ou on vous a remis copie d'un document dans lequel l'évaluation
nécessitant de très longs débats que l'article, de votre
loi du territoire agricole figurait?
M. Pagé: On ne m'a pas remis de tel document.
M. Chevrette: Document qui a été remis à la
presse dans la semaine du 15, 16 décembre. Ça a été
remis à la presse soit le 16 ou soit le 17.
M. Pagé: Vous référez à ce
document-ci?
Une voix: D-...
M. Chevrette: D-18.
M. Pagé: C'est la première fois que je prends
connaissance de ce document, M. le député. C'est la
première fois que je prends connaissance de ce document.
M. Chevrette: O. K. Est-ce que l'amendement
présenté par le député de Lévis en
commission parlementaire sur votre loi 132 avait pour effet de reconduire les
droits acquis au moins pour six mois?
M. Pagé: Le projet de loi, l'amendement
déposé par le député prévoyait supprimer la
clause prévue au projet de loi de s'inscrire en déclaration avant
d'utiliser le privilège et les arguments invoqués par le
député de Lévis étaient que tel que libellé
ça pourrait causer inconvénient dans le cadre de la... compte
tenu de la renégociation des zones aqricoles et urbaines avec les
MRC.
J'ai très clairement dit qu'il n'était pas question pour
moi et pour nous du gouvernement...
M. Chevrette:... question d'abord, M. le Président, parce
qu'elle est précise. Est-ce que l'amendement du député de
Lévis avait pour effet de prolonger la période des droits
acquis?
M. Pagé: L'amendement avait pour effet de prolonger cette
période mais en enlevant la condition de s'inscrire en
déclaration. C'est ce avec quoi j'étais en désaccord.
M. Chevrette: Vis-à-vis l'individu... M. Pagé:
Oui.
M. Chevrette:... de la personne qui avait un droit acquis, est-ce
que l'amendement du député de Lévis lui conservait ce
droit acquis?
M. Pagé: Oui, mais pas selon les modalités
prévues au projet de loi.
M. Chevrette: Non, non. J'ai demandé le droit pour la
personne.
Le Président (M, Lorrain):... des explications, M. le
ministre. Vous avez le droit de donner des explications aux questions qu'on
vous demande. C'est vous seul qui pouvez répondre.
M. Chevrette: Me Lemay a déposé ici un mémo
- c'est lui-même qui l'a demandé -mémo qu'il aurait
dicté à différentes étapes, corrigé à
différentes étapes et je vous lis un extrait, et il vous fait
parler dans sa note. C'est la cote D-20, page A: André, je veux
t'informer que nous avons eu une réunion en comité ce matin et
que nous avons décidé de ne pas donner notre consentement
à la présentation du projet de loi de la CITRSQ parce que
l'Opposition refuse de donner son consentement à la présentation
de notre projet de loi pour modifier la Loi sur la protection du territoire
agricole du Québec. Nous avions obtenu l'engagement du chef de
l'Opposition qu'il consentirait à ce que le projet de loi soit
présenté mais le député de Lévis, M. Garon,
s'opposerait.
Est-ce que vous avez pris connaissance de ce document?
M. Pagé: J'en prends connaissance. Il vient de
m'être déposé pour le bénéfice du Journal
des débats par madame.
M. Chevrette: O. K. Vous avez affirmé ce matin, à
moins que je me trompe, je n'ai pas pu faire revoir les galées, que vous
n'aviez pas...
M. Lefebvre:... question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Est-ce qu'on pourrait permettre au témoin de
prendre connaissance, à moins que ce ne soit pas nécessaire
là, mais on pourrait lui permettre de prendre connaissance du
mémo en question?
Le Président (M. Lorrain): Pardon?
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: On veut sûrement consentir à une
telle demande mais, puisque le témoin ne nous en a pas fait la demande,
on...
M. Lefebvre; J'ai le droit de faire des suggestions, moi.
M. Rochefort: Ah! C'est une suggestion du député de
Frontenac au témoin.
M. Lefebvre: Oui, c'est une suggestion.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense qu'on vient de remettre il y a quelques secondes un
document à M. le ministre. Il a répondu quand même puis il
a dit que c'est la première fois qu'il le voyait. Si jamais il est
nécessaire à l'avenir, M. le ministre, vous pouvez demander le
temps de prendre connaissance des documents mais, à date, je pense que
vous n'aviez pas besoin parce que vous avez dit...
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Il n'y a pas de
problème. On va toujours permettre. On a donné toutes les
pièces et je vais toujours permettre qu'on remette toutes les
pièces au témoin et qu'il puisse en prendre connaissance. Il a
dit que c'est la première fois qu'il le voyait. Allez.
M. Chevrette: Bon. Avant de vous questionner là-dessus, je
vous ai demandé:
Avez-vous entendu les témoins de Mme Lecours et de M. Lemay?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Les témoignages de Mme Lecours?
M. Pagé: Du tout.
M. Chevrette: Avez-vous lu"?
M. Pagé: Non plus.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous a renseigné?
M. Pagé: On m'a tenu au courant que ça
évoluait de jour en jour parce que j'étais en "stand-by". On me
disait: Là tu n'auras pas à témoigner demain, c'est
certain. Pas ce soir, t'es libéré.
M. Chevrette: N'aviez-vous pas un employé à temps
plein qui surveillait les débats ici pour vous renseigner?
M. Pagé: J'ai un employé qui est ici, mais vous
avez été ministre, M. le député, je le suis, * vous
savez que nos agendas sont assez chargés et, par surcroît, j'ai
dû déplacer plusieurs rendez-vous. Alors, je n'ai pas
écouté ces débats, je ne les ai pas lus non plus.
M. Chevrette: O. K. À la page 4 que vous avez devant
vous...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... Me Lemay vous fait dire des paroles. Entre
autres, il vous fait dire que vous aviez eu l'engagement du chef de
l'Opposition. Est-ce exact?
M. Pagé: J'ai indiqué à Me Lemay, et c'est
le cas, que je sortais d'une réunion du COMPADR. Je n'ai pas à
juger l'interprétation qu'il a fait de mon propos. Je lui ai
indiqué que je sortais d'une réunion du COMPADR, que j'avais
discuté avec mes collègues et mon collègue le ministre des
Transports, c'est-à-dire, et que personnellement je refusais de donner
mon consentement. J'ai référé, évidemment, à
la problématique qu'on a vécue comme gouvernement, que j'ai
vécue comme ministre au mois de décembre 1986, à savoir
que systématiquement mes lois, comme celles, d'ailleurs, du ministre des
Finances, étaient bloquées par le député de
Lévis et que c'est dans cet esprit que je lui ai indiqué que je
n'avais aucun service à lui rendre. C'est à la lumière de
cet échange qu'on a échangé et discuté du projet de
loi 132, qui me tenait, évidemment, plus particulièrement
à coeur compte tenu que les dispositions de l'article devenaient
caduques le 31 décembre. (14 h 30)
M. Chevrette: Vous n'avez jamais parlé du chef de
l'Opposition?
M. Pagé: C'est possible qu'en cours de conversation je lui
aie indiqué... D'abord, je n'ai très certainement pas
référé à des ententes entre chefs parce que ces
ententes-là se négocient entre leaders. J'ai assez
d'expérience pour ça, M. le député. C'est possible
que je lui aie indiqué qu'il était très difficile pour
quiconque et même le chef de l'Opposition de faire entendre raison
à M. Garon parfois.
M. Chevrette: Est-ce que vous lui avez parlé de
comité?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Avez-vous parlé de comité ou de
caucus?
M. Pagé: J'ai référé au fait que je
venais de sortir d'une réunion du Comité ministériel
permanent du développement régional où j'avais
discuté avec le ministre des Transports. C'est à partir de
là que j'ai abordé plus particulièrement la question des
intérêts parce que la commission intermunicipale demandait que la
totalité des intérêts des emprunts a court terme soient
défrayés par le ministère des Transports.
M. Chevrette: II vous fait dire un peu plus loin, le
témoin Lemay: Dans ces circonstances, je veux t'informer de cette
situation et, si tu as des démarches à effectuer pour remplir ton
mandat avec ta cliente, c'est à toi de décider des
démarches à suivre. Est-ce que vous auriez tenu de tels
propos?
M. Pagé: Je me rappelle que Me Lemay était
très surpris de constater que son projet de loi ne traverserait pas
l'étape qu'il souhaitait voir franchir avant l'ajournement des
fêtes. Il a référé - je ne peux vous le dire au
texte, c'est une conversation qui a été très brève,
et au-delà de quatre mois , déjà - il a
référé à des démarches à faire, il a
référé à une communication à établir
avec M. Garon. Et, d'ailleurs, je vous l'ai dit très clairement ce matin
et je vous le répète, M. le député, je lui ai dit:
N'appelle pas Garon. Il m'a dit: Qu'est-ce que je vais faire? Fais ce que tu
voudras.
M. Chevrette:... s'il vous plaît.
M. Pagé: Je lui ai dit: N'appelle pas Garon, parce qu'il a
évoqué la possibilité, soit d'une conversation, d'une
rencontre ou de communications à établir. Je lui dis non. En
fait, le but de ma démarche n'était pas -je vous l'ai dit et je
vous le répète - de faire pression sur le député de
Lévis. C'était pour qu'il sache très clairement que c'est
moi qui bloquais son projet de loi.
Le connaissant personnellement, je me sentais... et compte tenu qu'il
avait communiqué avec moi sur ce projet de loi le 14 novembre, compte
tenu que je suis en rapport régulier avec lui, parce qu'il
représente des municipalités de mon comté... Et vous me
connaissez. J'ai toujours été assez direct. Je l'ai appelé
personnellement pour lui dire que c'était moi en voulant dire: Cherche
pas, ça va être moi, point final à la ligne.
M, Chevrette: M. Lemay vous fait dire que c'est un groupe qui avait
décidé.
M. Pagé: II a possiblement interprété mon
propos comme ça, mais je n'ai pas à juger de ses
interprétations. Moi, je vous dis la manière que ça s'est
passé et ce que j'ai dit.
M. Chevrette: Non, mais j'ai dit ce qu'il vous fait dire et ce
qu'il écrit, ce n'est pas nous qui l'inventons là.
M. Pagé: Bien non, je le sais. Je ne vous le dis pas... Ce
n'est pas ce que je vous dis, M. le député. Moi, je vous dis ce
que je lui ai dit puis pourquoi je l'ai appelé, dans quelle perspective
s'inscrivait ma communication.
M. Chevrette: M. Lemay nous rapporte que c'est à cause du
fait que le député de Lévis s'objecte au projet de loi 132
que la loi...
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: J'aimerais bien, encore une fois, si on veut
rapporter les propos du témoin Lemay, qu'on les cite au texte. Les
Interpréter, les juger, les évaluer, c'est dangereux, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): O. K. Voulez-vous citer, s'il
vous plaît, la pièce ou la question et la réponse qui a
été posée, à laquelle vous référez,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: D-20, M. le Président: André, je veux
t'informer que nous avons eu une réunion au comité ce matin et
nous avons décidé de ne pas donner notre consentement à la
présentation du projet de loi de la CITRSQ parce que l'Opposition refuse
de donner son consentement à la présentation du projet de
loi.
Est-ce que c'était le motif qui vous animait pour refuser votre
consentement à la loi 272?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que c'est réellement le motif qui
vous animait de ne pas donner votre consentement à la loi 272?
M. Pagé: Quand je !'ai appelé?
M. Chevrette: Oui.
M. Pagé: Oui, monsieur. Pour le but de... La communication
- et je vous l'ai dit, je vous le répète, M. le
député - la communication avait pour but de lui faire part de ma
décision, compte tenu qu'il m'avait écrit sur le sujet, compte
tenu qu'on se connaît personnellement, parce qu'il représente
plusieurs municipalités de mon comté.
M. Chevrette: Donc, l'esprit de ce texte, mises à part les
interprétations quant au comité et au chef de l'Opposition,
l'esprit de ce paragraphe que je vous ai lu à trois reprises, est-ce que
ça reflète le véritable motif de votre opposition à
272?
M. Pagé: Je lui ai fait part des
irrégularités, mon inquiétude à l'égard du
fond du projet de loi, le problème d'une
dépense de 7 000 000 % et, par surcroît, une demande au
gouvernement à même nos taxes et nos impôts de payer les
intérêts pendant cette période-là,
premièrement, et, deuxièmement, que je n'avais aucun service
à rendre à M. le député de Lévis, lui qui
n'en rend pas... qui n'en a jamais rendu au gouvernement et, par
surcroît, dans la dernière session, monsieur. C'était
clair.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. Allez. Je suis
obligé de... Sur une question et réponse, et c'est très
important, je pense, on fait une question de règlement, je veux
être bien certain de ce qu'on a demandé, étant donné
que je ne peux pas avoir les galées, ça prend, des fois, une
heure avant de les avoir. Alors, M. le leader de l'Opposition, je demande la
collaboration de tous.
M. Chevrette: Â la page R-240 de la CAN, page 2, à
11 h 15, le 7-04-87.
M. Pagé: Quel document, M. le Président?
M. Chevrette: Procès-verbal de la commission.
M. Pagé: Je n'ai pas cela.
Le Président (M. Lorrain): Vous parlez de la commission de
l'Assemblée nationale?
M. Chevrette: Vous m'avez dit qu'à chaque fois que je me
servais d'un document, de bien l'identifier, je viens de le faire.
Le Président (M. Lorrain): O. K, parfait, alors
citez-le.
M. Chevrette: Je n'ai pas été assez précis:
11 h 15, le 7-04-87?
Le Président (M. Lorrain): Non, je n'avais pas saisi.
Allez. C'est la commission de l'Assemblée nationale...
M. Chevrette: Je vais le lire.
Le Président (M. Lorrain): Une partie de la transcription
des débats de cette commission...
M. Chevrette: C'est cela.
Le Président (M. Lorrain):... sur la question de
privilège, telle date, telle heure; à une question...
M. Pagé: Copie, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'on peut donner copie?
Quelle est la page exactement?
M. Chevrette: Bien, là je...
Le Président (M. Lorrain): 240. M. Chevrette:...
hors mon temps.
Le Président (M. Lorrain): 240?
M. Chevrette: Page 240.
Le Président (M. Lorrain): Donnez la page, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: CAN, page 2, 11 h 15, le 7-04-87.
Le Président (M. Lorrain): Avez-vous une copie?
M. Chevrette: Je n'en ai pas.
Le Président (M. Lorrain): On va suspendre quelques
secondes. On va faire venir copie des galées complètes, une copie
complète des galées pour pouvoir en utiliser. O. K, cela va.
Allez.
M. Chevrette: C'est l'avant-dernier paragraphe, pour situer le
ministre. Vous l'avez lu? Est-ce que vous auriez tenu ces propos: "Ce que M.
Pagé me dit, c'est qu'il avait obtenu l'engagement du chef de
l'Opposition à ce que la toi soit adoptée et M. Garon ne voudrait
pas suivre la liqne du chef et s'opposait au projet de loi. Donc, il me dit: Je
t'informe de cette situation-là. Moi, dans les circonstances, je lui
demande: Qu'est-ce qu'il faut que je fasse?" Est-ce que vous avez tenu ces
propos?
M. Pagé: J'ai indiqué à Me Lemay que,
malgré le fait qu'on m'ait indiqué que mon projet de loi allait
être adopté... Je n'ai certainement pas
référé à une entente entre les deux chefs. Ce n'est
pas négocié, ces choses-là, au niveau des chefs, c'est
négocié au niveau des leaders. Comme je vous l'ai indiqué
tout à l'heure, M. le député, si j'ai
référé au chef de l'Opposition dans ma conversation avec
Me Lemay, c'est pour mettre en relief le fait que même le chef de
l'Opposition ne pouvait pas s'entendre avec le député de
Lévis.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaîtl C'était une question différente posée par M.
le leader de l'Opposition, le témoin peut répondre ce qu'il a
vécu, ce qu'il a fait, mais c'est une question complètement
différente par rapport à toutes les autres qui ont
été posées. La réponse peut revenir identique, mais
la question a été complètement différente.
Allez.
M. Chevrette: Depuis le début de la
commission... Question de règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le leader.
M. Chevrette: Depuis le début de la commission, on a eu
bien des faits connus avec bien des nuances.
Le Président (M. Lorrain): Cela est un jugement qu'on
devra...
M. Chevrette: Correct?
Le Président (M. Lorrain):... porter à la fin de la
commission. Continuez votre interrogatoire. Continuez votre interrogatoire, M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Avant, pendant, après, on en a vu des
changements...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Continuez votre interrogatoire. S'il vous plaît! Votre
interrogatoire, s'il vous plaît, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez pris connaissance de la note,
ou la pièce D-3, qui est le mémo de Mme Lecours?
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait en donner une au...
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que c'est possible de
donner une série de pièces complète qui ont
été déposées au témoin, s'il vous
plaît, immédiatement, qu'on puisse y référer, lui
donner une liste des pièces complète, en ordre, s'il vous
plaît, au témoin, pour qu'il puisse référer
rapidement à cette liste de pièces là?
M. Chevrette: Pour situer le témoin, M. le
Président, je dirai que c'est le mémo transmis de Mme Lecours
à M. Garon, suite à l'appel de Me Lemay, immédiatement
après l'appel de Me Pagé. Est-ce que vous en avez pris
connaissance?
M. Pagé: Oui, je viens, à l'instant.
M. Chevrette: Est-ce que ces propos sont exacts, où Mme
Lecours dit que, si le député de Lévis continue à
s'entêter sur le projet de loi 132, la loi 272 ne passera pas?
M. Pagé: Ils sont inexacts en ce qui me concerne. Je n'ai
pas, vous savez, à porter de jugement sur l'interprétation, comme
je vous disais tantôt, de Me Lemay.
M. Chevrette: Je vous demande si les propos sont exacts.
M. Pagé: En aucun temps je n'ai établi une
condition, c'est-à-dire que 272 serait adopté à la
condition que 132 soit adopté. Je vous l'ai dit ce matin, 132, j'en
avais fait mon deuil.
M. Chevrette; Vous aviez fait votre deuil de 132 vers quelle
date?
M. Pagé: La veille ou l'avant-veille, je ne pourrais vous
préciser, du 19.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez tenté de
négocier la veille?
M. Pagé: Avec qui?
M. Chevrette: Négocier avec quelqu'un, avec votre leader,
pour essayer de faire passer votre loi 132?
M. Pagé: C'est définitif que je me tenais au
courant de l'évolution de mon projet de loi parce qu'il me tenait
à coeur.
M. Chevrette: Je vous ai demandé si vous aviez
négocié.
M. Pagé: II me tenait à coeur. Mais à
quelques reprises, au moins, des députés m'ont dit, ou le bureau
du leader m'a dit: Ton projet de loi serait accepté si tu cédais
devant le député de Lévis, et même des
députés des deux côtés de la Chambre y ont
référé, M. le député.
M. Chevrette: Avez-vous tenté de négocier la
veille?
M- Pagé: Pour moi, je vous dis que, la veille ou l'avant-veille,
c'était devenu définitif que, si je ne cédais pas au
député de Lévis en ce qui concerne le contenu du projet de
loi 132, mon projet de loi n'était pas adopté. J'en ai donc fait
mon deuil, purement et simplement, en me disant, et en disant à ceux qui
y référaient: II y a des milliers de personnes au Québec
qui vont perdre leurs privilèges, et ce sera de la responsabilité
de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Est-ce que vous maintenez que l'amendement du
député de Lévis, qui était de prolonqer de six mois
les droits acquis, ne faisait pas perdre le privilège?
M. Pagé: Pour cette période-là.
M. Chevrette: D'accord. Maintenant, vous dites que vous avez eu
des réticences...
M. Pagé: Oui, si vous permettez, M. le
député, vous semblez attacher beaucoup d'importance
à ça. Il faut se rappeler le contenu du projet de loi 132. Le
contenu prévoyait...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Taillon.
M- Filion: Non pas parce que c'est... Je pense que la question du
leader de l'Opposition était claire. On pourrait évidemment
entendre le ministre de l'Agriculture parler longtemps de son projet de loi, et
il a eu l'occasion de le faire en Chambre et en commission, maïs je
voudrais simplement vous rappeler notre mandat qui porte sur des
événements qui sont survenus le 19 décembre. En ce
sens-là, d'entendre les explications du ministre sur le contenu de
l'ensemble de son projet de loi, j'ai l'impression que ça pourrait
être long et est-ce que ça pourrait nous apporter un
éclairage véritable?(14 h 45)
Le Président (M, Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur la même question de règlement.
M. Lefebvre: Si le député de Taillon a raison,
c'est d'en venir à la conclusion que tes questions de son propre leader
ne sont pas pertinentes. Le député ministre ne fait que
répondre aux questions qui, fort probablemnt, comme le
député de Taillon le dit, ne sont pas pertinentes, à
savoir: Est-ce que l'amendement à 132 n'avait pas pour
conséquence de... ? Le ministre répond aux questions. Si le
ministre n'est pas pertinent, c'est les questions du leader, à ce
moment-là, qui ne le sont pas, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Je pense que M. le
ministre doit avoir tout le temps... Je suis ici pour protéger tous les
témoins, tous ceux qui ont témoigné avant... M. le
député de Lévis, à des questions sur 132 et 272,
s'est expliqué très longuement sur le contenu des deux projets de
loi. il y a plus que ça: M. le ministre qui est devant nous était
le parrain d'une des deux lois qui fait l'objet du mandat qui est ici et on lui
a demandé son opinion, à savoir si un amendement avait pour effet
vis-à-vis... Il veut donner certaines explications. Moi, je permets
à M. le ministre de donner les explications nécessaires.
Allez.
M. Pagé: Alors, M. le Président, j'étais
à dire au député de Joliette que j'avais prévu au
projet de loi 132 une disposition en vertu de laquelle toute personne
possédant un privilège de se construire et désirant le
faire doive divulguer son intention. Pourquoi?Parce que personne au
Québec ne peut établir le nombre exact de citoyens qui
détiennent un tel privilège et, pour moi, il était
primordial d'établir une condition de divulgation. Et l'amendement du
député de Lévis ne prévoyait pas une telle
divulgation. C'est ce pourquoi on a eu des débats très longs en
commission parlementaire, des motions et il n'était pas question pour
moi de céder sur ce sujet. Et je l'ai dit très clairement
à ceux qui m'ont soumis la possibilité d'accepter son amendement,
bon, etc.
M. Chevrette: M. le Président, M. Pagé dit dans son
discours du 19 décembre: Dès le moment où j'ai
été saisi du contenu du projet de loi privé, j'en ai
été fort surpris. Vous avez lu ce projet, vous avez
été saisi de ce projet de loi à quel moment
précis?
M. Pagé: Je vous l'ai indiqué ce matin, M. le
député, et je le répète: Entre le 14 novembre et,
évidemment, décembre, comme suite, dans un premier temps de la
communication que Me Lemay a eue avec moi par écrit et de
l'échange, quoique bref, avec le député de Charlesbourg et
ministre des Transports qui m'a indiqué: C'est un projet de loi qui vise
à régulariser une situation, bon, etc. Et, pour moi, je dois vous
dire que la ratification d'une dépense qui a été faite
pour une somme de 7 000 000 $ sans que toutes les approbations
nécessaires aient été données, ça
mérite d'être bien analysé.
M. Chevrette: O. K. Vous avez dit également que vous aviez
fait le deuil quant à la loi 132 l'avant-veille ou la veille. Comment
expliquez-vous que vous avez été saisi du projet de loi 272 en
recevant une lettre vers la mi-novembre, que vous avez dit ce matin, et que
vous en faites part à Me Lemay exclusivement la journée de
l'adoption de 272?
M. Pagé: Je ne comprends pas votre question.
M. Chevrette: Vous dites avoir été saisi par une
lettre de Me Lemay à la mi-novembre...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: D'autre part, vous avez admis que c'était
relié à 132, que vous n'aviez pas de cadeau à faire, pour
utiliser vos mots textuellement, que vous n'aviez pas de cadeau à faire
à M. Garon. Comment il se fait que vous n'ayez pas averti Me Lemay avant
le 19 au matin puisque la 132, c'était réglé, vous en
aviez fait votre deuil deux jours avant?
M. Pagé: Parce que c'est le 19 au matin, je vous l'ai dit
ce matin et je vous le répète, c'est le 19 au matin, à la
lumière d'une discussion avec le ministre des Transports, que j'ai pris
ma décision, quand je lui a demandé si le refus ou le blocage de
ce projet de loi, c'est-à-dire qu'il ne soit pas adopté avant le
31 décembre mais plutôt à la reprise de la session en mars,
je lui ai demandé si c'était susceptible de porter
préjudice, et c'est à partir de ce moment-là que j'ai pris
ma décision. Je ne pouvais pas...
M. Chevrette: Qu'est-ce que le...
M. Pagé: ...je ne pouvais pas informer Me Lemay avant que
le projet de loi soit étudié et, par surcroît, avant que
j'aie pris ma décision.
Une voix: ...conversation avec Côté.
M. Pagé: Et ma décision, je l'ai prise, je vous
l'ai dit, le 19 décembre au matin.
M- Chevrette: Qu'est-ce que M. Côté vous a
répondu quant au préjudice de l'adoption plus tard de 272?
M. Pagé: M. Côté m'a indiqué - il faut
convenir que la conversation a été brève; on n'a pas
passé une heure à discuter de ça - il m'a indiqué
que non seulement la commission intermunicipale de transport demandait le
versement de la subvention auquel elle avait droit - et ça, c'est normal
- non seulement elle acceptait le fait que le ministère des Transports
avait accepté de couvrir une partie des intérêts, mais elle
demandait encore plus, et le ministre m'a dit: Ce ne serait pas susceptible de
causer beaucoup de préjudice si c'était adopté en
mars.
M- Chevrette: Est-ce que le ministre vous avait dit...
M. Pagé: C'est tout. C'est comme ça que ça
s'est passé.
M. Chevrette: ...qu'il y avait eu, le soir, un consentement de
tous les participants ainsi que la CITRSQ sur une date qui était le 15
septembre?
M. Pagé: II m'a Indiqué que ça avait
été négocié.
M. Chevrette: ...vous lui aviez...
M. Pagé: Ça s'était négocié ou
il y avait, eu des échanges sur le sujet ici en commission
parlementaire, la veille.
M. Chevrette: Vous dites que vous aviez parlé au ministre
responsable de la région de Québec avant ça. Vous aviez
parlé de quoi avant ça...
M, Pagé: Je vous ai indiqué ce matin... M.
Chevrette: ...puisque vous...
M. Pagé: ...que je ne me rappelais ni la date ni
l'endroit, mais je vous ai fait part, et je vous le répète, que
le ministre des Transports et moi sommes en communication presque quotidienne,
sinon régulièrement, et parfois plusieurs fois dans une
même journée. Nous sommes arrivés ici en 1973. Nous sommes
des amis que je peux qualifier de personnels. Et, après le 15 au le 16
ou le 17 novembre évidemment, après que cette lettre-là
ait été portée à mon attention, la lettre de Me
Lemay me demandant le consentement du gouvernement et mon aide pour faire
adopter son projet de loi, j'ai strictement ' demandé au ministre des
Transports ou référé à ce projet de loi et le
ministre des Transports m'a dit: Ah bien, ça, c'est un projet de loi sur
la Commission intermunicipale des transports de la rive sud; ils ont
acheté des autobus; ils ont bâti des...; ils ont fait des
dépenses et il manquait des approbations. Ça a été
juste ça, seulement ça.
M. Chevrette: Ça, c'est avant le 19.
M. Pagé: Ah oui, oui.
Une voix: C'est quand?
M. Chevrette: Environ quelle date?
M. Pagé: Je ne peux pas vous dire la date exacte. C'est
entre le moment de la ■réception de la lettre et très
probablement le début de décembre, probablement.
M. Chevrette: Est-ce que vous avez discuté avec le
ministre sur les quantums?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Sur les quantums...
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: ...que représentait ce projet de loi
là?
M. Pagé: À ce moment-là? À
la première conversation avec le ministre des Transports ou celle du
19?
M. Chevrette: Pardon?
M. Pagé: À laquelle des conversations avec le
ministre des...
M. Chevrette: A la première...
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: ...que vous avez eue sur ce projet de loi
là.
M. Pagé: II m'a strictement informé du fait que
c'était une dépense qui avait été faite sans
recevoir l'approbation. C'était ça le contenu de son projet de
loi finalement.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y voyait des inconvénients
à l'adoption à ce moment-là?
M. Pagé: Je vous ai dit que c'est une discussion qui a
été très brève, et pas à ma
connaissance.
M. Chevrette: Avez-vous senti le besoin comme membre du
gouvernement de parler au ministre responsable, M. Bourbeau?
M. Pagé: Non. Je vous !'ai dit tout à l'heure. Ce
n'est pas le ministre des Affaires municipales qui payait. C'est le ministre
des Transports.
M, Chevrette: Est-ce que le projet de loi 272 n'allait pas
ratifier un manque d'autorisations du ministre des Affaires municipales?
M. Pagé: C'est le cas.
M. Chevrette: Ces autorisations à ce moment-là,
est-ce que, si les autorisations du ministre avaient été
données, il n'aurait pas eu besoin de loi?
M. Pagé: II n'aurait pas eu besoin de projet de loi...
M. Chevrette: À ce moment-là...
M. Pagé: ...mais, si elles avaient été
demandées, je présume.
M. Chevrette: Â ce moment-là, en quoi le ministre
des Transports venait jouer un rôle si important si c'était
l'autorisation du ministre des Affaires municipales qui, lui-même,
était ministre responsable du projet de loi?
M. Pagé: C'est lui qui paye.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez que c'est le ministre des
Affaires municipales qui a apporté les amendements au projet de loi
privé?
M. Pagé: C'est passible.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez que c'est lui qui a
piloté les amendements le soir?
M. Pagé: C'est possible.
M, Chevrette: Est-ce que vous savez que...
M, Pagé: Mais ça, ça...
M. Chevrette: ...le ministre Côté était
présent?
M. Pagé: Oui, mais, M. le député, je
voudrais bien comprendre le sens de vos questions, là.
M. Chevrette: Le sens, c'est: Est-ce que vous êtes au
courant que c'est le ministre des Affaires municipales qui a piloté le
projet de loi en commission parlementaire?
M. Pagé: Bien, à ce que je sache, le projet de loi
est un projet de loi privé. Il a dû être
présenté par le député de Lévis.
M. Chevrette: Vous dites avoir de l'expérience.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez à ce moment-là
que c'est le ministre de tutelle qui conduit les amendements sur le plan, sur
une loi privée?
M. Pagé: Qui intervient. Je comprends, il est directement
concerné.
M. Chevrette: Ron. Est-ce qu'il y a...
M. Pagé: Parce que l'approbation aurait dû
être émise par son, par le bureau du ministre des Affaires
municipales à quelque part dans le temps et elle ne l'a pas
été.
M, Chevrette: Est-ce que vous savez, est-ce que vous avez
été mis au courant que le ministre des Affaires municipales a
apporté des amendements à la loi 272?
M. Pagé: Je vous dis que c'est possible mais ce
n'était pas là le sens de l'échange que j'ai eu avec le
ministre des Transports.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, quand le
député de Joliette demande au témoin ministre: Saviez-vous
que telle chose s'est produite? et que le ministre nous répond: C'est
possible, ça change la nature de la question. La question, ça n'a
pas pour but de savoir s'il est vraisemblable que tel événement
puisse s'être produit. C'est s'il est au
courant que telle chose s'est produite ou pas. Il peut ne pas s'en
souvenir et répondre: Non, je ne suis pas au courant. Mais lorsqu'il
nous dit: C'est possible, c'est possible, quoi? C'est possible que ça se
soit produit ou c'est possible qu'il sait au courant? Je pense, M. le
Président, que la question précise nécessite une
réponse précise. Il est au courant que le ministre des Affaires
municipales représentait le gouvernement à cette commission ou
pas. Il est au courant que le ministre des Affaires municipales a donné
son accord au nom du gouvernement ou pas. Il est au courant que le ministre des
Affaires municipales a déposé des amendements ou pas. Il est au
courant que le ministre des Affaires municipales a fait adopter des amendements
ou pas mais pas c'est possible qu'il l'ait fait.
Le Président (M. Lorrain): Ça va? Sur la même
question de règlement. Bon! Je pense qu'on ne peut pas... C'est à
nous à apprécier, c'est h nous à juger, c'est à
nous à conclure...
M. Rochefort: Ce n'est pas de l'appréciation,
çal
Le Président (M. Lorrain): ...sur les témoignages
et, si le témoignage ou les réponses du témoin actuel ne
font pas l'affaire, la commission le dira en temps et lieu. Pour le moment, il
dit que c'est passible. Et la question est a savoir...
M. Rochefort: Quoi"?
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse.
M. Rochefort: Dites-moi donc qu'est-ce que vous comprenez de
sa...
Le Président (M. Lorrain): Ouais. La question...
M. Rochefort: ...réponse. C'est possible,
quoi?
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je n'ai pas... Non,
non, non, non, je n'ai pas à...
M. Rochefort: Je ne comprends pas, moi.
Le Président (M. Lorrain): Je n'interpréterai pas
les questions ou les réponses. Je n'obligerai pas le...
M. Rochefort: On ne comprend pas.
Le Président (M. Lorrain): Allez-y directement, M. le
député, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Savez-vous... Le savez- vous?
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas à nous
à décider des réponses du tout des témoins.
M. Chevrette: Savez-vous que M. Bourbeau...
Le Président (M. Lorrain): On va les apprécier, par
exemple.
M. Chevrette: Bon! Je peux y aller? Le Président (M.
Lorrain): Oui.
M- Chevrette: Savez-vous que M. Bourbeau a déposé
des amendements? Est-ce que vous le...
M. Pagé: Je sais que le projet de loi a fait l'objet d'une
discussion, a fait l'objet même d'échanges ou de
négociations entre autres où le ministre des Transports
était directement concerné à partir du nombre de mois et
de la date jusqu'à laquelle les intérêts étaient
payés. Je sais par expérience qu'un projet de loi comme
celui-là concernant l'approbation d'un geste posé par une
entité municipale implique la présence du ministre des Affaires
municipales, ça je le sais.
M. Chevrette: Savez-vous qu'il y a eu des amendements, oui ou
non?
M. Pagé: Non. Je savais qu'il y avait eu des
modifications, mais pas nécessairement comme venant du ministre des
Affaires municipales.
M. Chevrette: Savez-vous que le ministre des Affaires municipales
a déposé une modification précisément quant au
quantum devant le ministre des Transports qui était
présent?
M. Pagé: Non. Je sais que le ministre des Transports
payait, par exemple.
M. Chevrette: Est-ce que le ministre des Transports vous a fait
part, au matin du 19, des amendements qu'il y avait eu la veille?
M. Pagé: Le ministre des Transports m'a indiqué que
la commission parlementaire s'était terminée et que
c'était réglé malgré que la CITRSQ demandait
davantage au niveau des intérêts. C'est à ce
moment-là que je lui ai demandé si c'était grave, si
ça causait des préjudices, le fait que je refuse mon consentement
à l'adoption du projet de loi.
M. Chevrette: Que vous a répondu le
ministre des Transports?
M. Pagé: II m'a indiqué que ça pouvait
attendre jusqu'au mois de mars et que ça ne causerait pas des
préjudices énormes, quoique je suis bien conscient, comme
député, que quand on présente un projet de loi pour
régulariser une situation qui traîne depuis un certain temps, on
souhaite que ça soit adopté le plus rapidement possible, tout
comme je suis conscient que la CITRSQ souhaitait voir son projet de loi
adopté le plus rapidement possible.
M. Chevrette: Donc, vous avez une discussion avec M. le ministre
Côté le matin. Il vous dit que ça ne causerait pas des
préjudices...
M. Pagé: Énormes.
M. Chevrette:... énormes et vous décidez d'appeler
pour dire que vous ne donneriez pas votre consentement à Me Lemay. Ma
question est donc la suivante et je vous lis un petit bout: "Malgré
toutes...
Une voix:...
M. Chevrette: Pardon? Ah oui! je vais vous donner la
référence. C'est votre discours du 19 décembre sur la loi
272.
M. Pagé: C'est quoi, ça?
M. Chevrette: D-23: "Malgré toutes les
réserves...
M. Lefebvre: Quelle page, monsieur?
M. Chevrette: 5891. "Malgré toutes les réserves de
la loi 272 ici... Excusez. "Malgré toutes les réserves, toutes
les velléités que je peux avoir contre le député de
Lévis, je ne ferai pas payer, nous ne ferons pas payer - vous utilisez
le mot "nous" ici, là - comme députés, un prix
énorme à la communauté de nos honorables concitoyens et
concitoyennes, les gens de Charny, les gens de Saint-Romuald, les gens de
Lévis, les gens de Saint-David. " (15 heures)
Comment pouvez-vous concilier ceci avec le fait que M. le ministre
Côté vous ait dit qu'il n'y avait pas de grave préjudice et
vous dites, à peine deux heures après, ou trois heures
après, je ne sais pas quel délai après, que vous ne voulez
pas faire payer les gens de Lévis? Comment conciliez-vous les
deux?
M. Pagé: Vous savez, M. le député, je vous
l'ai indiqué tout à l'heure, le fait de ne pas adopter ce projet
de loi avant les fêtes, selon le ministre des Transports, ne causait pas
de préjudice énorme mais c'est définitif que ça
porte inconvénient. Ça porte inconvénient de voir un
projet de loi qui vient régulariser une situation ne pas être
adopté et ça impliquait des déboursés de
financement temporaire parce que le projet de loi venait autoriser ou paver la
voie au financement permanent de ces dépenses qui ont été
faites. Et c'est dans ce sens-là que j'ai indiqué les propos que
j'ai tenus à la page 5891 et 92 du document du 19 décembre dans
ma déclaration, purement et simplement.
Et je vous ai indiqué très clairement ce matin, et je vous
le répète, j'ai été surpris quand j'ai vu la
question de privilège soulevée par le député de
Lévis qui a amené une procédure exceptionnelle et je
conviens avec vous que j'en ai été secoué et, partant de
là, bien, je me suis ravisé parce que je me disais ça n'a
pas de bon sens, pas de bon sens que le refus de donner mon consentement, puis
remarquez ce n'est pas un mal en soi de refuser de donner son consentement.
Est-ce que tout député est obligé de donner son
consentement à toute procédure, que tout ça et qu'une
conversation personnelle avec l'avocat que je connais depuis plusieurs
années entraîne cette procédure exeptionnelle?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président. M. le Président, question de règlement
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il faut revenir
à des interventions qu'on a fait auprès de vous à quelques
reprises depuis ce matin. Je pense que le témoin doit répondre
aux questions qui lui sont adressées. Il n'y a pas de questions qui lui
ont été adressées sur quelle avait été sa
réaction suite au fait qu'une question de privilège ait
été soulevée à l'Assemblée nationale. Je
comprends que le témoin a le goût de nous expliquer quelle a
été sa réaction mais j'imagine qu'un jour il va avoir une
question qui va lui permettre de le faire mais jusqu'à maintenant, M. le
Président, je ne l'ai pas entendue, cette question et je pense qu'il
serait sage de permettre au témoin de répondre à toutes
les questions qui lui sont posées mais seulement aux questions qui lui
sont posées.
Le Président (M, Lorrain): Est-ce qu'il y a une autre
intervention? M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Le député de
Portneuf est en train de... en répondant à la question, de faire
le lien avec ce qui s'est passé et les réponses qu'il a
données s'expliquent par son attitude et par la réaction
qu'il a vécue. Et il ressort de ses propos, M. le Président, que,
contrairement à ce qu'on pourrait croire, c'est que le
député de Portneuf s'est vu dans une situation où il a
dû donner son consentement alors que, spontanément, il ne l'aurait
pas donné. Et s'il y a eu quelqu'un qui a subi des pressions indues, M.
le Président, c'est plus le député de Portneuf. Et, dans
les circonstances, il a le droit d'expliquer sa situation, pourquoi il a
réagi de telle façon et la question du leader de l'Opposition
donne ouverture à cette réponse-là qui reprend d'ailleurs
des propos qu'il a déjà eu l'occasion de prononcer ce matin, des
explications qu'ils nous a données. Et je pense que c'est important que
le témoin, en toute liberté, puisse, en répondant aux
questions, donner la totalité de la réponse qu'il entend donner,
surtout quand il s'agit d'établir que finalement le député
de Lévis, qui joue à la victime là-dedans, a
été finalement la personne, M. le Président, qui...
Le Président (M. Lorrain): Sans aucun... Ne portez pas de
jugement, on va commencer un autre débat. Ne portez pas de jugement, M.
le député de Louis-Hébert. C'est toujours sur la
même question de règlement.
M. Doyon: Oui. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Doyon: Qu'est-ce que c'est ces réflexions-là, M.
le Président?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît! A l'ordre, s'il vous plaît! Ça allait
très bien. Sur la question de règlement, s'il vous plaît.
Allez. M. le député de Louis-Hébert, vous avez la
parole.
M. Doyon: Et, M. le Président, le député de
Portneuf, ministre de l'Agriculture, nous établit que sa position
était finalement beaucoup plus inconfortable que celle du
député de Lévis. Il nous explique pourquoi, qu'est-ce
qu'il a vécu et pourquoi, M. le Président, il a donné un
consentement à un projet de loi, lequel il s'opposait initialement, M.
le Président.
Une voix: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: C'est extrêmement intéressant pour cette
commission.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, vous êtes après analyser... vous étiez
après analyser deux parties de témoignage, celle du témoin
actuel qu'on fera à un moment donné, et très longuement,
et le témoignage de M. te député de Lévis. Je vous
demanderais de ne pas porter de commentaires et ne pas apprécier
immédiatement tes témoignages qui nous sont faits.
Alors, sur la question de règlement, je pense qu'il est
très important qu'on permette la question de règlement qui a
été soulevée par M. le député de Gouin. La
question est très nuancée et très importante et demande...
Oui, elle est très importante. M. le leader de l'Opposition a lu tout un
passage de D-23, page 5891. M. le leader a relié sa question à
d'autres réponses et des échanges que M. le ministre a eus avec
M. le ministre Côté et lui demande de faire la différence
entre savoir si c'est un privilège grave ou pas ou simplement un
inconvénient tel qu'il a demandé. Je pense qu'il faut absolument
comprendre pourquoi M. le témoin actuel, M. le ministre de
l'Agriculture, a agi, a dit telle chose dans telle situation, surtout en regard
- et je pense que le témoin, l'interrogateur le fait très
très bien - des dires qui ont été avancés le 19
décembre et de certains échanges qui ont eu lieu soit au
comité ou soit entre certains ministres.
C'est important d'entendre totalement et complètement les
réponses. Maintenant, M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, je vous demanderais aussi d'être le
plus bref possible et le plus concis possible pour tout le monde. Vous avez vu,
depuis ce matin, des fois ça s'allonge. Mais je demanderais la
collaboration de tous tel que je l'ai demandé pour les autres
témoins qui vous ont précédé à sa
demande.
M. Pagé: M. le Président, si vous permettez, vous
allez convenir avec moi que je suis non seulement témoin, mais je suis
visé par cette procédure qui est devant l'Assemblée
nationale depuis au-delà d'un mois.
Le Président (M. Lorrain): Répondez aux questions,
s'il vous plaît, M. le ministre.
M. Chevrette: M. Pagé, vous dites sur une base assez
régulière que vous êtes contre les projets de loi à
caractère rétroactif qui légalisent des choses. Vous avez
des fortes réticences. Est-ce que vous vous êtes
intéressé à d'autres projets de loi privés, le ou
vers te 17, 18, 19 décembre?
M. Pagé: Non et je vais vous dire pourquoi.
M. Chevrette: Non, je vous demande si
vous vous êtes intéressé, Je vous demanderai...
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: ...pourquoi si ça me tente de vous le
demander. Correct'
M. Pagé: Je m'excuse, M, le Président, je demande
votre protection.
M. Chevrette: Non, non. J'ai raison. M. Pagé: J'ai
le droit de répondre.
Le Président (M. Lorrain): ...aux questions, questions,
s'il vous plaît. M. le ministre, allez.
M. Pagé: Non, parce que, dans les autres cas, on ne m'a
pas écrit.
M. Chevrette: Saviez-vous que le 19 décembre il y avait la
loi 221, Loi instituant la Corporation des électriciens du
Québec? C'est un bill privé. Saviez-vous qu'il y avait
la Loi sur Aylmer Park Development Corporation, qu'il y avait la Loi modifiant
la Loi concernant la Confédération des Caisses populaires
d'économie Desjardins, qu'il y avait une vingtaine de projets de loi
privés dont plusieurs à l'intérieur de ça
étaient à caractère rétroactif? Est-ce
que ça a été è votre connaissance?
M. Pagé: Je savais, M. le Président, que l'agenda
de nos travaux prévoyait l'étude de plusieurs projets de loi
privés. Je n'ai jamais indiqué que j'étais contre tout
projet de loi privé qui prévoyait une mesure rétroactive.
Ce que je vous ai indiqué, ce que j'ai indiqué à plusieurs
reprises ici à cette Assemblée, c'est les réserves et la
prudence qui doit entourer l'étude d'un projet de loi privé qui
contient des dispositions rétroactives par surcroît lorsqu'un tel
projet de loi privé, et c'est presque toujours le cas, est
étudié en fin de session è la course alors que les
députés ont siégé des nuits entières bien
souvent. C'est la réserve que j'ai et que j'ai formulée depuis
longtemps. Et si, et si je ne me suis pas intéressé, vous savez
ce qu'implique l'agenda d'un ministre, M. le député, et vous
l'avez été, vous savez c'est définitif que comme ministre
de l'Agriculture en décembre dernier mes préoccupations
étaient beaucoup plus à mes projets de loi qu'aux projets de loi
privés. Cependant, dans le cas des autres projets de loi privés,
M. le député, leurs procureurs ne m'ont pas écrit alors
que, dans le cas du projet de loi 272, le procureur m'a bien écrit, a
communiqué avec moi, c'est ce pourquoi je me suis
intéressé.
M. Chevrette: Est-ce que si vous avez senti le besoin de parler
au ministre Côté comme la vieille vous n'aviez pu, vous aviez fait
le deuil de la 132, comment se fait-il que vous ne vous êtes pas
présenté en commission parlementaire la veille...
M. Pagé: Parce que j'avais d'autres...
M. Chevrette: ...pour donner vos réticences?
M. Pagé: Parce que j'avais d'autres activités, M.
le Président, purement et simplement.
M. Chevrette: Le 18 au soir?
M. Pagé: Oui, je suis entré ici et j'ai
été à l'Assemblée en disponibilité pendant
un certain temps de la journée. Il faudrait que je revoie mon agenda,
mais je dois dire que cette fin de session était assez intensive et, par
surcroît, on était susceptible d'être appelé en tout
temps et comme vous le savez, en fin de session, les agendas sont
bousculés, par surcroît, non seulement les agendas des
députés, mais des ministres aussi. Et je n'étais pas
membre de cette commission.
M. Chevrette: Êtes-vous intervenu auprès du ministre
des Affaires municipales pour dire: J'ai des réticences comme ministre,
comme député, comme politicien, j'ai toujours eu des
réticences contre les lois privées à caractère
rétroactif? Avez-vous fait cette intervention de
portée générale?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que je n'ai pas eu
d'échanges avec le ministre des Affaires municipales.
M. Chevrette: C'est seulement ce projet de loi là qui vous
intéressait dans les bills privés à caractère
rétroactif.
M. Pagé: Parce que c'est seulement le procureur, c'est le
procureur, Me André Lemay, qui a communiqué avec moi concernant
ce projet de loi là. C'est ce pourquoi je me suis
intéressé, M. le député.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous que c'est le 19 au matin que
vous décidez de lui communiquer vos craintes, alors que, la veille,
votre collègue des Transports et ami personnel de tous les jours et le
ministre des Affaires municipales discutent du projet de loi pour amendement et
tout le "kit" et que ce n'est que le 19 au matin que vous sentez le besoin
d'appeler Me Lemay? Comment expliquez-vous ça
concrètement?
M. Pagé: On était à la dernière
journée de la session et c'était la dernière
journée de la session. C'était la journée où le
projet
de loi allait ou pas être adopté. Et comme je vous l'ai
indiqué plus tôt, en matinée, si j'ai communiqué
avec Me André Lemay, c'est parce que je le connais personnellement
depuis un bon moment et parce qu'il avait communiqué avec moi sur ce
projet de loi. Et, connaissant Me Lemay, je suis persuadé, là,
qu'il m'aurait cherché tout le temps des fêtes.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous les termes: Je n'ai pas de
cadeau à faire à Garon?
M. Pagé: Parce que je pense que c'est assez clair. Je
pense que ces paroles parlent par elles-mêmes. Je n'ai pas de cadeau
à faire au député de Lévis et, par surcroît,
je n'en avais pas le 19 décembre au matin. Il venait de bloquer toutes
mes lois... Passé des heures et des heures en commission parlementaire
sur des motions purement dilatoires.
Et le 132, pour lequel j'avais la conviction personnelle qu'il allait
être adopté dès les premiers échanges...
Demandez-moi pas quelle date, M. le député, je ne le sais pas.
Mais les échanges entre leaders m'avaient indiqué que 132 allait
passer après un certain temps, après un certain - entre
guillemets - "purgatoire" en commission parlementaire qui est effectivement
arrivé, motion par-dessus motion par les honorables collègues.
Ils ont le droit de le faire, ça. Moi, je ne leur en tiens pas grief; je
l'ai déjà fait lorsque j'étais dans l'Opposition.
Cependant, on m'avait indiqué que mon projet de loi passerait.
Puis, on me dit, en fin de course, quelque part dans la dernière
semaine: II n'y a plus d'entente; il n'y a plus rien qui tient; ton projet de
loi ne passera pas. Mais j'ai dit non; je ne céderai à la demande
de l'Opposition de modifier et que ce soient eux qui écrivent mon projet
de loi. Il n'en est pas question. Je tiens à la divulgation pour les
privilèges et, sinon, il ne passera pas; c'est tout; j'en ai fait mon
deuil.
M. Chevrette: Étîez-vous en Chambre au moment du
vote sur 272?
M. Pagé: À quelle étape?
M. Chevrette: Troisième lecture. Quelques minutes
après votre discours.
M. Pagé: Je ne peux vous dire, M. le député,
à quelle heure j'ai quitté exactement. C'est une question de
minutes, là. Je ne peux vous...
M. Chevrette: Avez-vous voté contre le projet de loi
272?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Avez-vous voté contre te projet de loi
272?
M. Pagé: Non, parce... Non, comme je vous l'ai dit - et je
vous le répète encore une fois, M. le député - j'ai
été très surpris de la procédure enclenchée
par mon collègue de Lévis. Vous savez que c'est une
procédure qui est exceptionnelle. Les commissions comme celles-là
ne se tiennent pas à toutes les semaines et je...
M. Chevrette: M. le Président, je voudrais... Juste un
instant, monsieur, une directive...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Quand je voudrai demander pourquoi, M. le
Président, je le demanderai. Quand je pose une question, et je pense que
c'est une question de directive que je vous demande... Aux autres
témoins, vous les avez ramenés à l'ordre de
vous-même quand on leur demandait: Avez-vous fait ça? Oui. 5i on
ne demandait pas parce que ou pourquoi, les autres témoins
s'arrêtaient là et, vous-même, de votre propre chef, vous
les arrêtiez.
Dans le cas du présent témoin, il explique le pourquoi, le
comment, le parce que, avant même qu'on lui demande. Je pense qu'on peut
conduire notre preuve comme on veut bien la conduire. C'est ce que vous nous
avez dit à moult reprises, M. le Président, dans vos propres
décisions, à vous, personnelles et fermes que vous prenez et
j'aimerais vous voir appliquer.
Le Président (M. Lorrain): Oui, sur la ' même
question de règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, la question du leader de
l'Opposition, c'est: Avez-vous voté pour ou contre la loi 272? Je
soumets respectueusement, M. le Président, que c'est une réponse
qui peut être qualifiée par le témoin et c'est ce que vous
avez permis. On se souviendra des réponses très longues du
député de Lévis et jamais, jamais, M. le Président,
on n'a interrompu le député de Lévis. On l'a laissé
aller ad nauseam. Alors, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sans qualifier le
témoignage des gens qui sont venus témoigner ici. (15 h 15)
M. Lefebvre: M. le Président, je pense que le
témoin a le droit de qualifier ses réponses et c'est à
vous d'intervenir et non pas encore une fois au leader de l'Opposition,
à celui qui interroge. Il doit vivre avec les questions qu'il pose,
c'est-à-dire il doit
vivre avec les réponses qui suivent les questions qu'il pose, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, depuis le début,
toutes les décisions que j'ai rendues concernant les témoignages
des témoins, ça a été pour protéger les
témoins qui viennent ici. Depuis le début, que ça soit un
député -je l'ai répété dans toutes mes
décisions -que ça soit un député, que ça
soit un avocat, que ça soit du personnel politique, j'ai toujours
protégé les réponses et les interrogatoires des
témoins. Je vais continuer à protéger tous les
témoins et tous les autres députés et tous les autres
témoins indépendants qui viendront témoigner devant cette
commission, et je permets la réponse.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à dire au député de Joliette... M. le Président,
j'apprécierais bien qu'il m'écoute, c'est lui qui m'a posé
la question.
M. Chevrette: Un instant, s'il vous plaît!
M. Pagé: D'accord.
M. Chevrette:... m'a tellement énervé.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Â l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: La question du député
réfère au vote. Je vous ai indiqué ce matin, et je vous le
répète cet après-midi, j'ai été très
surpris de voir la question de privilège soulevée par le
député de Lévis, parce que ma communication avec Me Lemay
n'avait pas pour but de faire quelque pression que ce soit sur mon
collègue du Lévis. J'ai été très surpris
qu'il soit informé de cette communication que je qualifierais de
personnelle avec Me Lemay. J'ai été d'autant plus surpris de
constater la procédure à laquelle référait le
député de Lévis parce que c'est une procédure
exceptionnelle qui n'arrive pas souvent dans la vie de notre parlementarisme.
Sur l'ajournement... Non pas sur l'ajournement, mais à l'heure du lunch,
j'avais une rencontre et des rencontres à mon bureau, je dois dire que
j'ai réfléchi pendant cette période-là en disant:
Ç'a-tu du bon sens? Ç'a-tu du bon sens qu'on me formule une
accusation comme celle-là avec tout ce que cela implique comme
procédure - et je pense qu'on l'a vécu depuis quelques semaines
à l'Assemblée - pour une communication qui était
personnelle, qui était reliée au fait que l'avocat avait
communiqué avec moi et, par surcroît, je n'avais pas du tout, mais
pas du tout l'intention d'influencer le député de Lévis.
D'ailleurs, entre vous et moi, il n'y en a pas beaucoup qui sont capables de
l'influencer, vous savez. Partant de là, je me suis dis:
Ç'a-tu de l'allure? Ç'a-tu du bon sens? Et je qualifie la
situation de ridicule et de loufoque et mes propos ne sont pas
exagérés, M. le député. C'est là que je me
suis dit: Bien, qu'il passe le projet de loi et que...
M. Chevrette: Même si vous en faisiez une question de
principe?
M. Pagé: Oui. Vous savez, la pression était dans
mon camp à partir de là, M. le député. Et, à
savoir s'il y a eu un vote, je dois dire que, si ma mémoire est
fidèle, 272 a été adopté unanimement et je ne me
suis pas objecté, comme suite de la décision que j'ai prise sur
l'heure du lunch, comme je vous l'ai dit tout à l'heure.
M. Chevrette: Votre réponse, c'est que vous avez
voté pour.
M. Pagé: Oui, oui, j'ai donné mon consentement
ultimement.
M. Chevrette: Non, mais c'est parce qu'il y avait deux votes,
monsieur... Avec votre expérience, vous savez, il y avait le
consentement à la présentation pour la troisième
étape...
M. Pagé:... et il y avait l'approbation.
M. Chevrette: Le rapport, c'est-à-dire le rapport et
l'adoption.
M. Pagé: Le rapport...
M. Chevrette:... et l'adoption.
M. Pagé:... le consentement à la troisième
lecture et l'approbation en troisième lecture.
M. Chevrette: C'est cela. M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Donc, il y a eu oui à toutes les
étapes de votre part.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Vous avez donc voté pour le projet de
loi?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Caractère rétroactif. Me Lemay est
venu devant nous, i! a dit ceci, à la page R-237 de la CAN, à 11
heures, le 7-04-87...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, j'ai toute
une liasse de documents devant moi qui vient de m'être remise.
M. Chevrette: C'est page 3. M. Pagé: Quel document?
D?
M. Chevrette: II n'y a pas de D, ce sont les galées de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lorrain): Journal des débats. Non,
vous ne... M. le ministre, vous ne retracerez pas, on va vous remettre copie de
la page en question.
M. Pagé: O. K.
Le Président (M. Lorrain): Vous n'aurez pas cela dans la
liste de pièces, il s'agit de la transcription de tous les travaux de la
commission de l'Assemblée nationale.
Est-ce que vous voulez...
M. Chevrette: Au bas de la page, M. Lemay dit ceci: "O. K. dans
D-6... Non c'est le D-6. La lettre D-6, c'est... O. K. " On parlait de cote
à ce moment-là. "Nous savons que vous avez déjà
été sensibilisé à l'importance de cette affaire.
J'avais dit, j'avais appelé quelqu'un du cabinet en disant: J'ai un
projet de loi pour une commission de transport et tout cela. J'aimerais
ça que M. Pagé nous appuie là-dedans. Je transmets la
documentation, donc, il devait y avoir la lettre, le mémoire qu'on a
déposé à l'Assemblée nationale, le projet de loi
lui-même. En fait, on constituait un petit dossier, en fin de compte.
C'est le seul appel que j'ai eu du cabinet,.. " Je n'ai pas ta suite.
Le 14 novembre, avec la lettre, on vous envoyait une série de
documents, dans laquelle on parlait du caractère rétroactif. Ce
matin, vous, nous avez dit avoir lu ça. Ce matin, à une question,
vous avez dit: Oui, j'ai lu la lettre du 14 novembre dans les journées
qui ont suivi.
M. Pagé: Qui ont suivi.
M, Chevrette: Est-ce que vous saviez donc, depuis le 14, qu'il y
avait un caractère rétroactif
M. Pagé: Je dois dire que Me Lemay a communiqué,
à quelque part dans le temps, avec mon cabinet. La lettre serait
entrée quelques jours après le 14. C'est définitif, j'en
ai pris connaissance, je l'ai lue. Je suis conscient que, dans la très
grande majorité des projets de loi privés, on vient
régulariser des situations.
M. Chevrette: Vous aviez lu le mémoire?
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: Est-ce que vous aviez lu le mémoire
accompagnant la lettre?
M. Pagé: Je ne l'ai pas lu.
M. Chevrette: Est-ce que vous l'avez fait lire par quelqu'un de
votre cabinet?
M. Pagé: Je sais que le dossier a été
traité à mon cabinet, je ne pourrais vous dire...
M. Chevrette: Est-ce que quelqu'un de votre cabinet vous a dit ce
qu'il y avait dans le mémoire?
M. Pagé: La principale référence au projet
de loi, c'est avec le ministre Côté, quelque part autour de la fin
de novembre. Ayant reçu cette lettre-là, ayant reçu une
demande d'accélérer ou d'autoriser, j'en ai discuté avec
le ministre Côté qui, lui, a évoqué le fait que
ça venait régulariser une situation. Je ne suis pas surpris qu'un
projet de loi privé vienne régulariser une situation, la
quasi-totalité, sinon la totalité des projets de loi
privés viennent régulariser des situations.
M. Chevrette: Après la lecture de la lettre, vous aviez
une idée de ce qu'était le projet de loi ou pas?
M- Pagé: Après la lecture de la lettre?
M. Chevrette: Quand vous avez reçu la lettre de Me
Lemay?
M. Pagé: Je savais que le projet concernait la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud de Québec.
M. Chevrette: Est-ce que la lettre vous indiquait un peu les
lacunes qui étaient à légaliser?
M, Pagé: La lettre indiquait le consentement à
donner pour que le projet de loi puisse être adopté avant les
fêtes.
M. Chevrette: Est-ce que la lettre parlait du caractère
rétroactif?
M. Pagé: Je ne pourrais vous dire.
M. Chevrette: Vous avez été mis au courant du
caractère rétroactif précisément quand,
d'abord?
M. Pagé: Comme je vous l'ai dit ce matin, M. le
député, ou cet après-midi, au cours de la conversation que
j'ai eue avec le ministre des Transports, qui m'a indiqué sommairement
le projet de loi. C'était que la commission intermunicipale de transport
avait acheté les autobus, fait construire les
équipements, etc., et qu'il manquait une approbation quelque
part, et que ça coûtait 7 000 000 $, cette affaire-là, puis
c'était en suspens.
M. Chevrette: Vous me dites que c'est M, Côté qui
vous a appris le caractère rétroactif?
M. Pagé: Le caractère spécifiquement
rétroactif? A ma connaissance, oui. Je viens de vous indiquer
que j'ai pris connaissance de la lettre, mais je n'ai pas fouillé ces
documents-là pendant des heures et des heures, vous savez, j'ai un
agenda très chargé comme tous les ministres, M. le
député. D'ailleurs, la quasi-totalité des projets de loi
privés viennent régulariser des situations.
M. Chevrette: Je vous cite une phrase de M. Lemay, et je vous
référerai au mémo après. Tout d'abord, M. Lemay
dit...
Une voix: ...
M. Chevrette: Me Lemay, c'est à la page 238 de la CAN, 11
h 5, c'est toujours... 11 en a dit beaucoup entre 11 heures et 11 h 15 cette
journée-là.
M. Pagé: Pardon?
M. Chevrette: 11 h 5, page 1, 238-CAN, toujours le 4 du 7.
On lui demandait, à la page 238 de la CAN, page 3: "Est-ce que
vous aviez souligné le caractère rétroactif du projet de
loi à l'attaché politique à qui vous avez
parlé?" M. Lemay me répond: "Je ne me souviens pas,
mais, dans les documents que je transmettais, ça me semblait assez
évident que c'était rétroactif. Je ne pense pas avoir
discuté beaucoup. Le mémo qui a déjà
été déposé ici, en commission, est assez clair sur
la situation. Je pense qu'il y a 6, 7 pages et, pour quelqu'un qui le lit,
ça résume bien la situation, il fallait valider des choses qui
étaient déjà passées." Pour vous, est-ce que vous
soutenez toujours que vous l'avez appris de M.
Côté?
M. Pagé: Oui. Ce que je vous indique, c'est que j'ai
reçu la lettre, j'ai lu la lettre mais je n'ai pas passé des
heures à analyser le contenu des documents et du projet de loi. Par
contre, j'ai très clairement gardé à l'esprit le fait que
Me Lemay communiquait avec moi pour un projet de loi privé concernant la
Commission intermunicipale de transport de la rive sud, dans le comté de
Lévis, me demandant que ce projet de loi soit adopté avant les
fêtes. J'ai eu l'opportunité d'en discuter à un moment
donné dans le temps avec le ministre des Transports qui m'a
indiqué que c'étaient des dépenses pour des achats
d'autobus et de garages, bon, etc.
M. Chevrette: Quand avez-vous appris que c'était le
député de Lévis qui était parrain?
M. Pagé: Si ma mémoire est fidèle, c'est au
moment de la lettre ou peu de temps avant, parce qu'il avait communiqué
avec mon cabinet pour indiquer qu'il y avait un envoi de documents. C'est tout,
c'est ça.
M. Chevrette: Est-ce que vous l'avez appris de votre
attaché politique que le député de Lévis
était parrain?
M. Pagé: C'est possible, je ne peux vous dire. C'est
possible.
M. Chevrette: Est-ce que votre attaché politique, par la
même occasion, ne vous aurait pas parlé du caractère
rétroactif de la législation?
M. Pagé: Pas à ma connaissance, M. le
député. Je regrette. Pas à ma connaissance.
Une voix: Arrête. Demande une suspension.
M. Chevrette: Oui, j'ai 30 minutes. On peut demander une
suspension de 5 minutes, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): Bon. Étant donné
que ça fait plus d'une heure et demie, on va suspendre 70 minutes. On va
suspendre 20 minutes, ça fait déjà une heure et demie.
Alors, les travaux de cette Assemblée sont suspendus pour une vingtaine
de minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 28)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Lorrain): Nous allons maintenant
continuer l'interrogatoire de M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, toujours sous le même serment. M.
le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Oui. M. Pagé, le 19 décembre,
à la page 5891..,
Le Président (M. Lorrain): Juste une seconde. Je m'excuse.
Voulez-vous prendre d'autres... Avez-vous d'autres photos à
prendre? On va attendre. On va attendre un peu parce que je vous ai
fait attendre 30 minutes tout à l'heure pour vos photos.
M. Chevrette: On peut te donner un "break".
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, allezl Allez quelques
minutes encorel Je m'excuse.
M. Chevrette: Tu prendras Lefebvre. Il est tout seul qui
paraît bien, de ce bord-là.
M. Lefebvre: Oui, mais j'ai enlevé mon veston.
Des voix: Hal Hal Ha!
Le Président (M. Lorrain): Ça va? M. le leader de
l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: À la page 5891 de votre témoignage,
de votre discours en décembre, vous dites: "Dès le moment
où j'en ai été saisi, saisi du contenu du projet de loi,
j'en ai été fort surpris, compte tenu que le législateur,
par l'adoption... ", etc. Je pense que je vous l'ai cité à trois
ou quatre reprises ce texte-là depuis le matin. Je voudrais savoir,
quand vous m'avez répondu cet avant-midi, à ma mémoire -
vous me corrigerez si j'ai tort - vous avez été saisi du projet
de loi le ou vers la mi-novembre.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Bon. Et, tantôt, à une question
précise - on n'a sûrement pas les galées, M. le
Président; cela fait sept, huit minutes; cela fait 20 minutes
peut-être -vous avez dit que vous aviez appris la teneur du projet de loi
par M. Côté à la fin novembre. Est-ce que vous maintenez
toujours ça?
M. Pagé: Oui, il n'y a pas de contradiction, M. le
Président. Ce que j'ai indiqué, j'ai indiqué que Me Lemay
a communiqué avec moi dans une lettre à la mi-novembre qui, je
pense... Je ne l'ai pas avec moi ici, mais elle est à mon bureau. Je
pourrais la déposer; d'ailleurs, je vous ai offert ce matin de la
déposer- Si ma mémoire est fidèle, la date était du
14 novembre, par lequel on me demandait mon consentement à ce que le
projet de loi traverse les étapes, bon, etc., parce qu'il n'avait pas
été déposé dans les délais requis
après l'ouverture de nos travaux à la mi-octobre. J'ai
été à même "de constater que c'est un projet de loi
privé, qu'on m'acheminait des documents. Je vous ai indiqué tout
à l'heure qu'en ce qui concerne... Vous avez fait des commentaires,
c'est-à-dire, et des questions sur l'aspect rétroactif, ou
régularisation d'une situation de fait ou d'une situation de droit qui
prévalait. Je vous ai indiqué que l'expérience m'enseigne
que la quasi, sinon la totalité des projets de loi privés
viennent soit régulariser des situations ou modifier des contrats, des
actes, bon, etc. Et la portée du projet de loi, exemple concret, le fait
que c'était venir régulariser un achat d'équipement et
d'autobus, bon, etc., je vous ai indiqué que c'est par la suite, au
cours d'une conversation avec le ministre des Transports. C'est tout. Ce n'est
pas plus compliqué que ça.
M. Chevrette: Vous avez admis ou dit... Il ne faut pas mettre le
terme "admettre". Je vais reprendre ma question. Vous avez dit tantôt, il
y a à peine quelques minutes, que vous aviez parlé au ministre
des Transports vers la fin novembre.
M. Pagé: Je vous ai dit... Non. Je vous ai dit, M. le
député, que c'était... Évidemment, entre le moment
où j'ai reçu cette lettre et la fin novembre, je ne pourrais vous
dire à quelle date. Je vous l'ai indiqué à plusieurs
reprises, je ne sais ni la date, je ne sais si c'était comme suite d'un
caucus de la région, si c'était suite à une réunion
du COMPADR, du Conseil des ministres. Je ne me rappelle pas
précisément, mais je me rappelle très bien lui avoir
indiqué - on a discuté à un moment donné -que
j'avais reçu des représentations de Me Lemay pour l'adoption de
ce projet de loi et c'est là qu'il m'a indiqué ce qui en
était.
M. Chevrette: Donc, vous avez parlé à M.
Côté entre le 14 novembre et la fin novembre.
M. Pagé: Le 14 novembre et le début
décembre, évidemment.
M. Chevrette: Et ensuite vous dites avoir parlé à
M. Côté une deuxième fois. Quand?
M. Pagé: Je vous ai indiqué, si ma mémoire
est fidèle, c'est le 18 au soir et le 19 au matin par la suite.
M. Chevrette: Donc, vous avez parlé à M.
Côté à trois reprises de ce projet de loi.
M. Pagé: Au moins et toujours brièvement. On n'a
pas passé des heures là-dessus. On est assez occupé l'un
et l'autre.
M. Chevrette: Étiez-vous en Chambre quand le leader du
gouvernement, M. Gratton, a annoncé la tenue d'une commission
parlementaire sur ce projet de loi privé?
M. Pagé: Probablement que j'y étais. Cependant,
vous savez que les avis à la Chambre sont donnés après la
période de questions, à un moment où plusieurs
députés quittent, soit pour se rendre à leur bureau, soit
pour se rendre faire des téléphones, etc. C'est probable que j'y
aie été, oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous vous rappelez que M. Gratton,
leader du gouvernement, a bien dit que le ministre des Affaires municipales
fasse partie de cette commission lorsqu'il a donné avis de la tenue de
cette commission parlementaire?
M. Pagé: Je ne me rappelle pas. Cependant, je
présume que si le projet de loi... Lorsqu'un projet de loi concerne
directement le ministre des Affaires municipales, entre autres, je
présume qu'il doit y être. Mais, ça, je ne me rappelle
pas.
M. Chevrette: Est-ce que vous considérez, M. Pagé,
que, comme ministre faisant partie d'une équipe gouvernementale, formant
même le gouvernement - en ce qui vous concerne, vous faites partie du
gouvernement comme tel - est-ce que vous ne convenez pas que le fait de vous
dissocier du ministre des Affaires municipales le matin du 19, ça allait
à l'encontre de la solidarité ministérielle habituellement
connue?
M. Pagé: C'est une interprétation que vous donnez.
Vous référez à la discipline d'un parti.
M. Chevrette:... j'ai dit: Avez-vous déjà vu... Je
vais vous la poser autrement: Avez-vous déjà vu un ministre aller
à l'encontre d'un autre ministre?
M. Pagé: À l'encontre d'un autre ministre?
M. Chevrette: Officiellement, oui, dans un vote, dans ses
intentions de vote? Dans quatorze ans de vie politique, avez-vous vu
ça?
M. Pagé: En quatorze ans de vie politique, j'ai vu souvent
des oppositions entre ministres, et plus particulièrement entre 76 et
85, oui.
M. Chevrette: Non...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: En Chambre, sur un vote...
Le Président (M. Lorrain): Je voudrais qu'on revienne
à la pertinence.
M. Chevrette: Là, il ne faudrait pas jouer au fin fin,
là.
M. Pagé: Non, non, écoutez! M. le
député...
M. Chevrette: Je vous demande si vous avez déjà vu
un ministre annoncer qu'il allait voter contre une loi, alors que son
collègue a été pour la veille.
M. Pagé: La décision que j'avais prise impliquait
que le projet de loi...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de règlement,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, le député de
Joliette adresse une question au témoin sur le passé, donc, avant
les événements qui nous occupent, et le témoin est en
train de nous expliquer la décision qu'il avait à prendre. Je
m'excuse, je passe du passé au futur, j'ai de la misère à
saisir le lien qu'il y a entre la question et la réponse, M. le
Président. La question du député de Joliette est
très précise: Est-ce que vous, en quatorze années de vie
politique, vous avez déjà observé le fait qu'un ministre
vote contre une loi, une décision d'un autre ministre membre du
même gouvernement? Ce n'est pas: Oui, mais la décision
que j'avais à prendre en ce qui me concerne était relative
à ceci ou à cela, la réponse. C'est oui ou non, ou je ne
le sais pas.
Le Président (M. Lorrain): Allez! Allez-y! Je vous
écoute.
M. Rochefort: Ça se complète là, M. le
Président. Je vous répète: On veut des réponses aux
questions qu'on pose. Quant aux autres, j'imagine qu'un jour elles viendront
pour permettre les réponses.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la même question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Si vous considérez la question comme
étant pertinente, ce qui me surprend un peu, bien, laissons aller le
ministre, il est capable de s'expliquer. Si la question est pertinente
lorsqu'on veut savoir ce qu'il a vécu, ce qu'il a constaté au
cours des quatorze dernières années de sa vie parlementaire, on
lui permettra au moins de s'expliquer et de commencer par: Ce que j'avais
à l'esprit au moment de. Et c'est là que s'est objecté
l'honorable député de Gouin avant même de comprendre ce
qu'allait dire le ministre. Dans un premier temps, vous comprendrez, M. le
Président, que moi je qualifie la question de règlement de
très prématurée. Dans un deuxième temps, à
une question comme celle-là, il faudra peut-être s'attendre
à avoir une réponse légèrement
élaborée.
M. Chevrette: Tu as vu ou tu n'as pas vu. Ça ne prend pas
un...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'étais déjà... J'avais déjà
commencé à intervenir quant à la dernière question,
étant donné la pertinence. C'est certain, M. le
député de Gouin, que tout le passé n'est pas
nécessairement pertinent à l'affaire que nous entendons,
c'est-à-dire à la question de privilège. C'est vrai que ce
sont les faits. La pertinence est reliée à des faits bien
précis, aller jusqu'au 19 décembre, et qu'il y a peut-être
certaines choses très limitées dont les témoins ont
vécu qui ont affaire directement à la question de
privilège, mais tout le passé n'est pas nécessairement
pertinent.
Par contre, je vous demanderais, M. le ministre, de collaborer tel que
je l'ai demandé à tous les autres témoins et d'être
le plus bref et le plus précis possible. Par contre, je ne peux pas, et
jamais je ne demanderais à aucun témoin qui va témoigner
ici de répondre par des oui ou des non. Ceux qui l'ont vécue, la
chose, ceux qui ont participé aux faits que nous devons mieux comprendre
et admettre en preuve, ce ne sont pas ceux qui composent cette commission de
l'Assemblée nationale. Alors, si un témoin a plus que oui ou non
à répondre à une question, on se doit de l'entendre et,
après, on appréciera si son témoignage, on
appréciera le contenu, la totalité de son témoignage, on
essaiera également de comparer et d'apprécier son
témoignage avec d'autres témoignages et d'essayer de voir le plus
possible et d'étudier le plus possible, à savoir la
véracité de ces témoignages-là. Mais, pour le
moment, je vais entendre M. le ministre. Je vous demande de... Le plus
brièvement possible, s'il vous plaît! M. le ministre.
M. Pagé: D'accord. Très brièvement, M. le
Président, pour répondre à la question du
député de Joliette, c'est certain que, si un ministre, dans notre
système parlementaire, vote contre le projet de loi d'un autre ministre,
c'est une brèche à la solidarité ministérielle.
Cependant, je ne vois pas en quoi un ministre qui vote contre un projet de loi
privé, présenté par surcroît par un
député de l'Opposition, serait une atteinte à la
solidarité ministérielle.
M. Chevrette: Avez-vous déjà vu ça -la
question que je vous ai posée - en quatorze ans de vie
parlementaire?
M. Pagé: En quatorze ans de vie parlementaire, j'ai vu
à plusieurs, à quelques reprises des ministres ne pas être
complètement d'accord et, en ce qui concerne des votes sur un projet de
loi privé, je ne saurais dire. Il faudrait que je vérifie, M. le
député.
M. Chevrette: Avez-vous informé votre leader de votre
décision de bloquer 272?
M. Pagé: Le leader du gouvernement? M. Chevrette: Votre
leader.
M. Pagé: Ou un de ses adjoints ou son bureau? À mon
arrivée, je crois, le matin du 19.
M. Chevrette: Vers quelle heure? Vers quelle heure?
M. Pagé: En début de matinée, là,
avant la période de questions.
M. Chevrette: Mais votre souvenir, c'est qui? À qui
l'avez-vous dit?
M. Pagé: Je ne saurais dire si c'est au leader ou à
un de ses adjoints ou à un de ses employés, entre le moment
où je suis arrivé ici, vers dix heures moins quart, et vers dix
heures et cinq, dix heures et dix.
M. Chevrette: Mais il me semble... Vous devez savoir à qui
vous avez dit que vous aviez pris une décision ferme.
M. Pagé: J'ai dit que c'était à quelqu'un du
bureau du leader, sinon le leader lui-même.
M. Chevrette: Ordinairement, vous communiquez avec qui du bureau
du leader, quand ce n'est pas le leader lui-même?
M. Pagé: Tantôt avec le leader, tantôt 'avec
son chef de cabinet.
M. Chevrette: C'est qui?
M. Pagé: Comment, c'est qui?
M. Chevrette: C'est qui, son chef de cabinet?
M. Pagé: Le responsable des travaux parlementaires, c'est
M. Pitre.
M, Chevrette: Ordinairement. Est-ce que ce matin-là
ç'a été ordinairement ou si ç'a été
extraordinaire?
M. Pagé: Je vous dis...
M. Chevrette: Parce qu'ordinairement quand c'est extraordinaire,
on s'en rappelle plus que quand c'est ordinaire.
M. Pagé: Je vous ai dit et je répète que je
ne me rappelle pas si c'est avec le leader lui-même ou son adjoint ou
son
responsable aux affaires parlementaires, je vous le dis.
M. Chevrette: Et ce, avant la période de
questions?
M. Pagé: À ma connaissance, dès mon
arrivée ici.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous, M. Pagé, que vous
avez senti plus urgent et plus important d'appeler d'abord M. Lemay que votre
leader?
M. Pagé: Parce que Me Lemay, je vous l'ai dit tout
à l'heure et je vous le répète, Me Lemay avait
communiqué avec moi pour ce projet de loi spécifique. Je connais
Me Lemay depuis un certain nombre d'années. Il représente des
municipalités de mon comté, II a été
fréquemment en contact avec moi. J'ai été
fréquemment en contact avec lui. Et la nature de cette relation
commandait, cette relation professionnelle, commandait que je l'avise de ma
décision.
M. Chevrette: Vous dites... Ce que je voudrais savoir, c'est le
véritable motif qui vous a porté d'abord à aviser Me Lemay
plutôt que votre leader qui conduit tous les travaux de la Chambre, qui a
à négocier avec l'Opposition pour l'agencement des travaux, pour
l'agencement de l'appel des projets de loi, pour savoir quels sont les contenus
des projets de loi sur lesquels l'Opposition a des réserves et tout.
Comment il se fait que votre premier réflexe, comment expliquez-vous
qu'un premier réflexe, c'est d'abord M. Lemay et non pas votre
leader?
M. Pagé: Vous référez, M. le
député, et vous dites et je vous cite, vous dites dans votre
question: J'aimerais connaître le véritable motif. Je vous l'ai
indiqué le véritable motif à plusieurs reprises depuis que
je témoigne ce matin. Le but de ma démarche n'avait pas comme
objectif de faire des pressions de quelque nature que ce soit sur le
député de Lévis, premièrement. Deuxièmement,
si j'ai communiqué... Le motif pour lequel j'ai appelé Me Lemay,
c'est que je le connais, il avait communiqué avec moi pour ce projet de
loi et, essentiellement, c'était de lui donner l'heure juste, de lui
dire, pas passer par quatre chemins, par d'autres. Vous me connaissez assez, je
pense, pour savoir que je suis assez direct. Je l'ai appelé. Et
c'était dans la perspective qu'il, non seulement qu'il le sache, mais
qu'il ne l'apprenne pas le lendemain. et me courir tout le temps des
fêtes après.
M. Chevrette: Mais vous avez dit que vous saviez la teneur du
projet de loi de M.
Côté à la fin de novembre, ou vers la fin de
novembre, ou entre le 14 et le...
M. Pagé: Je vous ai dit, M. te député, que
c'est entre le moment où j'ai reçu la lettre et le mois de
décembre, évidemment.
M. Chevrette: Entre le 14, qui est la date de la lettre, et le
mois de décembre.
M. Pagé: C'est ça. Quelque part en
décembre.
M. Chevrette: Vous saviez à ce moment-là vos
réticences. Vous saviez à ce moment-là, pour avoir
parlé à M. Côté, quel était le
caractère rétroactif. Vous saviez que les leaders se
réunissaient depuis un bon bout de temps et c'est le 19 au matin que
vous apprenez à M. Lemay que vous êtes contre son projet de loi,
alors que vous dites: Dès que j'en ai été mis au courant,
j'ai été très sensible parce que je n'aime pas trop trop,
j'ai des réticences à tous les projets de loi
rétroactifs.
Comment expliquez-vous - ma question est la suivante - comment
expliquez-vous qu'entre le 14 et le 30 novembre vous êtes au courant de
la teneur du projet de loi, vous savez exactement ce à quoi il en arrive
de ce projet de loi, c'est pour légaliser quoi, etc., et que vous
attendez au 19 au matin pour appeler d'abord M. Lemay et ensuite votre
leader?
M. Pagé: Parce que je n'ai pas eu le temps de m'occuper de
ça avant, mon cher ami. Vous savez, entre novembre et décembre,
je n'ai pas fait que de regarder le projet de loi privé de la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud. J'ai eu plusieurs projets de loi
qui ont été étudiés ici et j'ai d'autres
activités ministérielles, et c'est normal. Et c'est dans cette
période de fin de session, de session dite intensive, qui se pose avec
beaucoup plus d'intensité, si je peux utiliser le terme, «Bans la
dernière semaine, dans les dernières semaines... C'est à
la lumière, c'est à la lumière d'échanges avec le
ministre des Transports où, entre autres, celui-ci m'indiquait qu'on
demandait même au gouvernement, c'est-à-dire à l'ensemble
des contribuables de payer la totalité des intérêts sur les
emprunts temporaires parce qu'une commission intermunicipale, peu importe pour
quel motif, n'avait pas été chercher les approbations requises
avant de dépenser, pas 70 $, 7 000 000 $. C'est ça qui s'est
passé. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. Chevrette: Comment expliquez-vous que, dans une période
aussi intensive qu'une fin de session...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... vous preniez le temps d'appeler M. Lemay pour
l'informer alors que vous avez parlé à M. Côté
à trois reprises dans une période moins intensive sur le projet
de loi et que vous connaissiez les tenants et aboutissants de ce projet de
loi?
M. Pagé: Je m'excuse. Les dernières discussions sur
le sujet avec le ministre des Transports étaient le 18 et le 19
décembre, dont, notamment, le 19 décembre au matin.
M. Chevrette: N'avez-vous pas dit tantôt, et vous me
reprendrez, je n'ai pas les galées, n'avez-vous pas dit tantôt que
c'est à la fin de novembre..
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... peut-être au début de
décembre, que vous avez appris la teneur du projet de
loi"?
M. Pagé: Oui, je vous l'ai dit. Cependant, le projet de
loi n'avait pas été étudié ici, en commission
parlementaire, et c'est à la lumière de la conversation que j'ai
eue avec le ministre des Transports que c'est devenu définitif. Et c'est
seulement une fois que j'eus décidé de refuser mon consentement
que j'ai appelé Me Lemay.
M. Chevrette: Vous dites avoir été mis au courant
par M. Côté de la teneur du projet de loi. Est-ce que, selon vous,
ce projet de loi était bonifiable? Est-ce qu'on pouvait y apporter des
amendements pour le rendre plus conforme aux réserves que vous
aviez?
M. Pagé: Vous savez, les réserves... Il est
définitif dans mon esprit que le projet de loi visait à
régulariser une situation. Cette situation était de permettre un
emprunt à long terme pour financer des dépenses qui ont
été faites. C'est définitif, dans mon livre à moi,
que ces emprunts à long terme devaient être faits. Ce qui restait
à savoir, c'est: Est-ce que ce projet de loi devait être
adopté avant les fêtes, pouvait être adopté avant les
fêtes, ou, encore, pouvait voir son adoption reçue au mois de mars
ou au mois d'avril, à la reprise de la session? C'est seulement
ça.
M. Chevrette: Mais la question que je vous ai posée:
Est-ce que vous pensez qu'il aurait pu y avoir des amendements pour le rendre
conforme aux réserves que vous aviez? Quand vous avez appris
la teneur, le 19 ou le 20 ou le 31 novembre, est-ce que vous pensiez qu'on
pouvait le rendre conforme par rapport aux réserves que vous aviez?
M. Pagé: M. le député, toute
procédure parlementaire est susceptible de bonifier des actions;
ça, il n'y a pas d'objection à ça. La seule chose - puis,
ça, je veux être bien clair; d'ailleurs, j'avais commencé
à intervenir là-dessus ce matin - vous savez, la jurisprudence,
en droit municipal ou en affaires municipales, est constante. Les actions
posées par un conseil, par un maire, par des échevins, par une
administration ou des administrateurs dans une municipalité, c'est bien
encadré. Il y a eu, évidemment, de nombreuses procédures
enclenchées contre un maire qui, tantôt, a pris telle
décision de dépenses, bon, etc., sans autorisation, et ça,
je pense que c'est su, c'est connu, c'est visible, ça fait partie de la
jurisprudence, puis, souvent, pour des sommes modestes. Or, pour une
dépense de 7 000 000 $, ça commandait des réserves et une
prudence minimale. On ne passe pas ça comme une...
M. Chevrette: Mais ma question ne porte pas...
M. Pagé:... lettre à la poste.
M. Chevrette:... sur l'évaluation de votre réserve.
Ma question porte sur le fait suivant: Si vous aviez appelé, ou ne
pensez-vous pas que vous auriez dû appeler M. Lemay bien avant ça
pour qu'il puisse connaître vos réserves afin d'éviter que
le matin du 19 vous soyez contre?
M. Pagé: Je lui en ai parlé le matin du 19 et,
d'ailleurs, lui aussi m'en a parlé. Il m'a dit: Écoutez, il n'y a
pas de "scheme", il n'y a pas de problème, ne sois pas inquiet, bon,
etc.
M. Chevrette: Oui, mais vous visiez à lui faire part, sur
un plan professionnel, dites-vous, de vos réticences. Est-ce que...
M. Pagé: Le 19 au matin? M. Chevrette:
Oui.
M. Pagé: Ah non! Je lui ai dit que je votais contre, je
n'ai pas dit que j'avais des réticences. Je lui ai dit que je l'appelais
pour lui signifier que son projet de loi, je voterais contre et puis que son
adoption n'était pas conditionnelle à un autre projet de loi.
C'était une démarche qui visait essentiellement à lui
dire: Écoute, t'as communiqué avec moi, on se connaît bien,
t'as un projet de loi qui est ici devant l'Assemblée nationale, ton
projet de loi, je refuse mon consentement, salut!
M. Chevrette: Parce que j'ai pas de cadeau à faire
à Jean Garon.
M. Pagé: Parce que j'ai des réserves
sur le fond du projet de loi et aussi parce que j'ai pas de cadeau
à faire au député de Lévis. Ça, je l'ai dit
ce matin et puis...
M. Chevrette: Si vous êtes amis tant que ça...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... s'il traite avec vous aussi souvent, ne
pensez-vous pas, ne croyez-vous pas que vous auriez dû communiquer avant
pour qu'il puisse peut-être lever ses réserves avant son
adoption?
M. Pagé: On ne traite pas toutes les semaines, M. le
député, quand même! Je vous dis que je vous ai dit que Me
Lemay représente plusieurs municipalités de mon comté et,
selon l'évolution des projets dans ces municipalités, selon le
contact, la quantité ou la qualité de contacts qu'ils ont avec
l'appareil gouvernemental, Me Lemay a déjà communiqué avec
moi sur de tels sujets.
M. Chevrette: Mais sur le strict plan humain, M. Pagé,
oublions qu'on peut avoir des connaissances en quoi que ce soit, j'ai un
"chum", moi, j'ai un problème à vivre avec son affaire, puis je
veux l'aider, j'attends-tu que tout soit fait ou je lui dis après? Vous
ne trouvez pas que ça a l'air drôle? (16 h 15)
M. Pagé: Ça, vous savez, je m'excuse, M. le...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. On
s'éloigne, je pense, du fond, de la pertinence du débat.
M. Chevrette: Non, non, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, je comprends, mais il ne
faudrait pas demander des opinions sur toutes sortes de sujets et j'aimerais
qu'on entende les faits exacts qui font qu'on a une question de
privilège à étudier et non pas des opinions sur M. le
ministre, sur toutes sortes de situations.
M. Chevrette: Â votre souvenance, M. le
député, vous avez voté contre combien de projets de loi
privés dans votre carrière?
Une voix: C'est pertinent, ça?
M. Chevrette: Oui, c'est pertinent, et on pourrait le savoir.
M. Pagé: Je ne me rappelle pas exactement. Cependant, je
me rappelle très bien, M. le député, d'avoir, à
plusieurs reprises, exprimé des réserves à mes
collègues en caucus, parce qu'on en voit, vous savez, en quatorze ans.
Dans les projets de loi, on en voit de toutes les couleurs. On a vu... J'ai vu
un projet de loi visant à redonner un contrat dans un hôpital, de
nombreux projets de loi venant modifier des successions, des testaments, des
titres, et à plusieurs reprises, autant pour les projets de loi
privés que pour les fameux bills omnibus. Puis, le dernier que je me
rappelle des bills omnibus, c'est le projet de loi qui a été
adopté ici à l'Assemblée nationale, qu'à peu
près personne n'avait vu, la fameuse question du vin dans les
épiceries. Vous vous rappelez de ça?
M. Chevrette: Ce n'était pas un bill privé.
M. Pagé: Ça, c'était un bill omnibus. M.
Chevrette: On parle des bills privés.
M. Pagé: Bien oui, je parle des bills privés et des
bills omnibus. Les deux viennent...
M. Chevrette: Oui, mais je vous pose une question précise
sur les bills privés, ce qui est complètement différent
d'un bill omnibus qui amende des lois de portée publique. Ma question
est la suivante: Combien de consentements avez-vous refusés dans votre
carrière de quatorze ans pour l'adoption d'une loi privée
à la fin d'une session? Combien de fois?
M. Pagé: Je ne peux pas vous dire exactement. Vous semblez
avoir fait une revue plus systématique de mes interventions que moi, M.
le député.
M. Chevrette: Est-ce que je me trompe en disant que vous n'en
avez refusé aucun?
M. Pagé: Ça démontre que non seulement j'ai
exprimé des réserves - dans certains cas, elles ont
été attendues - et que, parfois, je me suis permis de rendre
service à d'autres.
M. Chevrette: Est-ce que vous vous souvenez du nombre de fois que
vous êtes intervenu, soit en commission parlementaire ou en
Assemblée nationale, sur les lois privées?
M. Pagé: Je ne saurais vous dire non plus, M. le
député.
M, Chevrette: Si on vous disait six fois, est-ce qu'on se
tromperait?
M. Pagé: Je ne saurais vous dire.
M. Chevrette: Et si on vous disait que vous n'avez jamais
refusé un consentement et jamais refusé un vote, sauf le 272,
est-ce
qu'on se tromperait?
M. Pagé: Je ne... Écoutez, M. le Président,
le député de Joliette semble avoir fait, par cette commission,
une revue systématique de mes interventions. Cependant, il conviendra
avec moi qu'il ne peut totaliser le nombre d'interventions que j'ai faites en
semblable matière au caucus de mon parti.
M. Chevrette: Est-ce qu'il est de coutume que les bills
privés fassent partie de discussions dans les caucus?
M. Pagé; Pas de coutume, mais ça arrive et c'est
arrivé dans notre caucus déjà. C'est arrivé dans
notre caucus.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Mêle-toi pas de ça. Mêle-toi pas
de ça.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le leader de
l'Opposition! Allez!
M. Chevrette: Moi, je vais m'arrêter temporairement, M. le
Président, pour donner la chance au parti ministériel
d'intervenir.
Le Président (M. Lorrain): Je remercie M. le leader de
l'Opposition. Tout en respectant la règle de l'alternance, est-ce qu'il
y a...
Une voîx: Le député de Taillon.
Le Président (M. Lorrain): Alors, si je comprends bien, la
formation ministérielle n'a pas...
Une voix: On n'a pas d'intervention pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Ça va. Est-ce que...
M. Filion: Oui, je vais en avoir quelques-unes.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Taillon, en interrogatoire.
M. Filion: M. le ministre, vous avez dit tantôt avoir dit
à Me Lemay durant votre conversation téléphonique:
N'appelle pas Garon. Vous souvenez-vous de ça?
M. Pagé: Vous me demandez si je me souviens de vous
l'avoir dit ici ou...
M, Filion: Oui. M. Pagé: Oui.
M. Filion: Vous souvenez-vous de lui avoir dit?
M. Pagé: Oui.
M- Filion: Dans quel cadre lui avez-vous dit ça? À
quelles paroles de Me Lemay lui avez-vous dit: N'appelle pas Garon?
M. Pagé: Bien, écoutez. On réfère
à une conversation qui a été limitée dans le temps,
quelques minutes, il y a plus de quatre mois. Cependant, j'ai clairement senti
chez Me Lemay un certain énervement quand je lui ai fait part de ma
décision de ne pas consentir à l'adoption du projet de loi en
troisième lecture cette journée.
Immédiatement, il a tenté de me rassurer en me disant:
écoute, il n'y a rien d'illégal, il n'y a pas de "scheme", c'est
strictement une question de procédure, il manquait une approbation,
ça a impliqué telles dépenses, ça implique tant
d'intérêt par mois, bon, etc., et je lui ai fait part à ce
moment-là, tel que je l'ai indiqué au député de
Joliette, pourquoi je l'appelais, pourquoi ma décision était
prise de ne pas donner mon consentement. Là, j'ai senti chez lui une
volonté de faire quelque chose, de provoquer quelque chose qui serait
susceptible de me faire changer d'opinion. Je ne me rappelle pas exactement
s'il m'a dit: On pourra organiser une rencontre, ou encore s'il m'a dit: Je
vais communiquer avec le député de Lévis, je ne peux vous
le dire exactement. Mais je me rappelle très clairement lui avoir dit:
Appelle pas Garon.
M. Filion: Pourquoi avez-vous dit à Me Lemay de ne pas
appeler Garon?
M. Pagé: Parce que le but de la démarche ne visait
pas à faire des pressions sur le député de
Lévis.
M. Filion: Vous saviez que le député de
Lévis était parrain du projet de loi privé.
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Puis vous saviez qu'un parrain d'un projet de loi
privé a intérêt de savoir ce qui se passe sur son projet de
loi, si vous n'avez rien à cacher?
M. Pagé: Je n'avais rien à cacher, mais
je n'avais pas de service à lui rendre.
M. Filion: Alors, pourquoi ne pas appeler le député
de Lévis pour l'informer?
M. Pagé: Moi-même?
M- Filion: Non. Pourquoi Me Lemay n'appellerait-il pas le
député de Lévis pour l'informer?
M. Pagé: Effectivement, j'ai cru comprendre qu'il l'avait
appelé.
M. Filion: Oui, c'est ça.
M. Pagé: Je vais être bien clair avec vous, M. le
député. Si le but de ma démarche avait été
de faire une pression sur le député de Lévis...
M. Filion: Je ne vous parle pas de pression, c'est vous qui en
parlez, M. le ministre.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Je m'excuse, M. le...
M. Filion: Non, mais je n'ai pas parlé de pression, M. le
Président.
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Sur une question de règlement, M. le député
de Frontenac.
M. Lefebvre: Tout le monde a compris, M. le Président,
que, lorsqu'on pose une question, il faut attendre très sagement la
réponse. C'est tout.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Voulez-vous intervenir sur la question de règlement, M. le
député de Frontenac...
M. Filion: Moi, je vais intervenir.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Taillon, sur la question de règlement du député de
Frontenac.
M. Filion: Le député de Taillon, c'est ça.
Écoutez...
M. Lefebvre: On pose une question, on écoute la
réponse.
M. Filion: Je pose des questions très précises au
témoin et je pense que c'est important de bien se comprendre dans ces
affaires-là. Les échanges qu'on vient d'avoir il y a quelques
minutes, c'est: Pourquoi avez-vous dit à Me Lemay de ne pas appeler le
parrain du projet de loi, qui est le député de Lévis?
Le Président (M. Lorrain): C'est une question très
pertinente, acceptable dans sa forme, tout ça, mais je voudrais aussi...
Elle est très correcte, votre question...
M. Filion: Bon.
Le Président (M. Lorrain):... directe, puis...
M. Pagé: Est-ce que je peux répondre, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Pagé:... parce que le but de ma démarche
n'était pas de faire des pressions sur le député de
Lévis.
M. Filion: À ce moment-là, est-ce que vous
admettez, M. le ministre, que...
M. Pagé: Si vous me laissez compléter... Vous
dites, dans votre commentaire: Je n'ai pas parlé de pression. Je vous
dirai, M. le député, que celui qui vous parle est accusé
par un collègue depuis plusieurs semaines d'avoir fait des pressions, et
je n'en ai pas fait de pressions, M. le député.
M. Filion: Si M. Lemay avait appelé M. Garon, pour vous,
ç'aurait été une pression indue.
M. Pagé: Non. Je n'ai pas à interpréter ou
à juger les gestes posés par Me Lemay. Mais je vous dis
très clairement ce que je me rappelle de la conversation, ce que j'ai
indiqué à mon collègue: 1, ma décision était
prise, n'était pas conditionnelle à l'adoption de 132, j'en avais
fait mon deuil, M. le député. Le but de la démarche
était pour l'informer, compte tenu que je le connaissais, et non pas
qu'il fasse des pressions sur le député de Lévis. Je
savais pertinemment... D'ailleurs, qui peut influencer le député
de Lévis, entre vous et moi? Vous le savez, pas grand monde.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire, s'il vous
plaîtl
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire. M. le
député de Taillon.
M. Filion: Où étiez-vous au moment où vous
avez fait l'appel à Me Lemay?
M. Pagé: Je l'ai indiqué à M. le
député
de Joliette tout à l'heure, dans mon auto. M. Filion: Dans
votre automobile. M. Pagé: Oui. M. Filion: Entre où
et où?
M. Pagé: Entre un appartement que j'ai ici à
Québec, parce qu'après le COMPADR je suis passé à
mon appartement quelques minutes et je suis revenu ici, ne serait-ce que... Je
suis rentré à mon appartement quelques minutes seulement. En
embarquant dans mon auto, à la porte de mon appartement, j'ai
communiqué avec Me Lemay.
M. Filion: Vous aviez son numéro de
téléphone avec vous?
M. Pagé: Non, non, non, je me suis informé à
la téléphoniste, comme tout le monde.
M. Filion: Vous l'avez rejoint à son bureau.
M. Pagé: Oui, ç'a pris quelques minutes.
M. Filion: À ce moment-là, lorsque vous lui avez
dit... Dans votre esprit, dans la voiture - vous étiez dans la voiture?
-lorsque vous avez dit expressément à Me Lemay: N'appelle pas M.
Garon... C'est ça, vos mots?
M. Pagé: Oui, il faut bien les situer dans leur juste
contexte, M. le député. J'ai senti un énervement de sa
part, une volonté soit de provoquer des rencontres, des échanges,
ou quoi que ce soit. Moi, ce n'était pas ça le but de la
démarche; c'était réglé, dans mon esprit à
moi. C'est là que je lui ai dit: Écoute, appelle pas Garon, je
n'étais pas intéressé à avoir des rencontres cette
journée-là.
M. Filion: Appelle pas Garon, mais si tu as des démarches
à faire, fais-les, par exemple.
M. Pagé: Non, mais, là, il m'a dit: Qu'est-ce que
je vais faire? J'ai dit: Fais ce que tu voudras.
M. Filion: Avez-vous dit: Si t'as des démarches à
faire, fais-le?
M. Pagé: Je ne peux citer au texte, mais je me rappelle
très clairement lui avoir dit de faire ce qu'il... Écoutez, je
l'appelais pas pour lui dire quoi faire, je l'appelais pour l'aviser. Puis, je
le répète depuis le matin, je l'appelais pour l'aviser de ma
décision de ne pas donner mon consentement à l'adoption en
troisième lecture de son projet de loi.
M. Filion: Et vous...
M. Pagé: Et, connaissant Me Lemay, connaissant sa
ténacité à défendre ses clients, je suis
persuadé que le lendemain il aurait téléphoné, il
m'aurait couru après dans le temps des fêtes pour provoquer la
réouverture de la Chambre pour l'adopter le projet de loi. Je le
connais, Me Lemay.
M. Filion: Vous connaissez la ténacité de Me Lemay
à défendre ses dossiers.
M- Pagé: C'est-à-dire que j'ai été
à même de la constater dans le dossier, notamment, de
Saint-Casimir et je me suis senti l'obligation de l'appeler pour lui
signifier... qu'il le sache de moi et de nul autre que moi, qu'il ne l'apprenne
pas dans le journal le lendemain.
M. Filion: Vous connaissez son acharnement à faire valoir
ses dossiers et à les réussir?
M. Pagé: Dans d'autres cas, oui. Dans ce cas-Sà, il
a évoqué des possibilités de rencontres ou
d'échanges, puis je lui ai dit que non, ce n'était pas
opportun.
M. Filion: Au moment où vous avez appelé M. Lemay,
vous n'aviez pas contacté aucune personne du bureau du leader.
M. Pagé: Non, c'est en arrivant ici, je vous l'ai
indiqué tout à l'heure.
M. Filion: Vous n'aviez pas parlé non plus à votre
collègue, le ministre des Transports.
M. Pagé: Oui, je lui avais parlé avant.
M. Filion: Est-ce que, au ministre du transport, vous lui aviez
dit que vous alliez vous objecter?
M. Pagé: Bien oui, avant, parce qu'on a eu une
réunion - écoutez, je veux que ce soit bien clair - on a eu une
réunion le matin, à 8 heures, au COMPADR. Je m'y suis rendu.
Cette réunion, comme je vous l'ai dit précédemment, s'est
terminée plus tôt que prévu. J'ai eu un échange de
quelques minutes avec le ministre des Transports sur la portée d'un vote
négatif et, à ce moment-là, le ministre des Transports a
échangé avec moi sur la volonté de la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud de voir les intérêts
payés pour la totalité des mois où le financement
temporaire a été assumé. J'ai quitté cette
rencontre, je me suis rendu à un petit appartement que j'ai
ici, je suis ressorti et, en embarquant dans mon auto, un peu plus loin,
en route vers ici, j'ai téléphoné puis j'ai eu la
conversation... Mais, à ce moment-là, j'avais parlé au
ministre des Transports, M. le député.
M. Filion: Dans votre conversation avec votre collègue, M.
Côté, le matin du 19 décembre, vous avez informé M.
Côté du fait que vous alliez vous objecter au projet de loi
privé?
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Bon. Qu'est-ce qu'il vous a dît, M.
Côté, à ce moment-là?
M. Pagé: Je me suis informé de la portée, M.
Côté m'a indiqué que c'est définitif, ça
ferait pas l'affaire de la commission intermunicipale de transport de devoir
prolonger de quelques mois le financement à long terme de ses
investissements, mais que ça n'avait pas de conséquences
excessivement graves.
M. Filion: Est-ce qu'il vous a suggéré de
communiquer avec votre collègue, le ministre des Affaires
municipales?
M. Pagé: Non.
M. Filion: Est-ce qu'il vous a suggéré de
communiquer avec votre leader?
M. Pagé: Non, ça va de soi que, lorsqu'on a un
refus de consentement à donner, on communique avec le leader.
M. Filion: Est-ce qu'il vous a suggéré de
communiquer avec Me Lemay?
M. Pagé: Non, pas à ma connaissance.
M. Filion: Alors, en somme, vous annoncez à votre
collègue, le ministre des Transports, qui a siégé la
veille - vous le saviez à ce moment-là qu'il avait
siégé la veille...
M. Pagé: Oui,
M. Filion:... en commission parlementaire, qui avait
apporté des amendements, qui avait participé aux
délibérations, vous lui annoncez que tout le travail fait la
veille en commission parlementaire, bien, il restait là, mais, vous,
vous alliez voter contre le projet de loi et lui vous dit: Écoute, c'est
pas trop grave, ça peut être reporté possiblement à
mars ou avril. C'est ça...
M. Pagé: C'est ça.
M. Filion:... le sens de votre témoignage en ce qui
concerne M. Côté?
M. Pagé: De votre... ?
M. Filion: Le sens de votre témoignage.
M. Pagé: Je me suis enquis de la portée d'une telle
décision, et on a échangé sur le sujet et j'ai
décidé de refuser mon consentement.
M. Filion: Mais, moi, je m'enquiers des réactions de votre
collègue, M. Côté.
M. Pagé: Pardon?
M. Filion: Les réactions de votre collègue, le
ministre des Transports.
M. Pagé: Les réactions ont été
à l'effet que non seulement on demandait la subvention, mais on
demandait de payer à même nos impôts, les impôts des
Québécois, les coûts de financement temporaire dudit
projet.
Une voix: Demande-lui donc s'il lui a dit ça le 19 au
matin.
M. Filion: C'est le 19 au matin qu'il vous a dit ça?
M. Pagé: Bien oui!
M. Filion: Et est-ce qu'il a eu d'autres réactions, M.
Côté, que celle de... Finalement, est-ce qu'il trouvait que
c'était une bonne idée que vous vous objectiez?
M. Pagé: Je n'ai pas de commentaire à faire sur sa
réaction autrement que celle de me dire que le projet pouvait être
adopté en mars.
M. Filion: En deux mots, le ministre pouvait vivre avec
ça...
M. Pagé: C'est ça.
M. Filion:... le fait que vous vous objectiez. Ça ne le
dérangeait pas plus qu'il fallait. (16 h 30)
M. Pagé: II a confirmé que ça
dérangerait très certainement la Commission intermunicipale de
transport de la rive sud, mais que lui pouvait vivre avec ça.
M. Filion: Est-ce que le ministre des Affaires municipales
était au COMPADR ce matin-là?
M. Pagé: Je vous ai indiqué tout à l'heure
que je ne me rappelais pas s'il y était et, de toute façon, je
n'ai pas discuté
de ce sujet-là avec lui parce que, pour moi, ce n'est pas lui qui
payait. C'est le ministre des Transports.
M. Filion: Le déficit des municipalités. M.
Pagé: Pardon?
M. Filion: Le déficit des municipalités, ça
n'intéresse pas le ministre des Affaires municipales?
Une voix: Objection.
Le Président (M. Lorrain): Objection. On demandera au
ministre des Affaires municipales. Ce n'est pas... Peut-être que
l'opinion du ministre des Affaires municipales relativement à ça
et relativement au projet de loi qui nous concerne est bien différente.
Il n'a peut-être jamais été au courant de la chose, mais je
ne pense pas...
Une voix: On va le faire venir, on va le savoir.
Une voix: Bien, voyons donc!
Le Président (M. Lorrain): Peu importe. On posera la
question... Non, c'est parce que... Je m'excuse. Je ne voudrais pas qu'on
demande au témoin des opinions sur ce que peuvent penser d'autres
personnes sur des sujets. Je pense que ç'a été clairement
établi depuis le début de la commission et je ne voudrais pas
qu'on s'étende. Ça ne devient plus des questions directes,
ça devient des questions d'appréciation de d'autres personnes sur
des sujets. Mais M. le ministre est ici pour nous répondre, lui, son
appréciation sur les choses.
M. Filion: Quand, dans votre discours du 19 décembre, vous
faites allusion aux citoyens du comté de Lévis, M. le ministre,
vous faites allusion à la facture qui pourrait être payée
par les citoyens d'une municipalité. Oui ou non?
M. Pagé: Oui ou non quoi?
M. Filion: Bien, oui ou non, faites-vous référence
lorsque, dans votre discours du 19 décembre...
M. Pagé: Bien oui, c'était... J'ai répondu,
M. le député.
M. Filion:... vous parlez des...
M. Pagé: Je m'excuse. Je ne sais pas si vous avez
été absent, mais j'ai répondu à plusieurs reprises
ou à quelques reprises à cette question et je vais y
répondre une autre fois. Vous référez à mon
intervention. Pour moi, je conviens que je n'avais pas participé
à la commission parlementaire qui a étudié le projet de
loi article par article, mais, pour moi, une dépense effectuée,
une dépense aussi importante que 7 000 000 $ sans que toutes les
approbations... Vous m'écoutez, oui?
M. Filion: Oui. Allez-y, M. le ministre, on...
M. Pagé:... sans que toutes les approbations
nécessaires aient été accordées, était
susceptible, à un moment donné dans le temps, d'être
contestée par quelqu'un, et c'était susceptible de créer
une problématique. Et tout ça, je suis bien conscient que le
projet de loi, en n'étant pas adopté, même si, dans mon
esprit, il ne causait pas des préjudices extrêmement graves
à la communauté, il créait quand même une situation
d'embarras pour la Commission intermunicipale de transport de la rive sud et
ses représentants, et, par conséquent, évidemment, les
citoyens, tout comme, dans mon livre à moi, une situation comme
celle-là était susceptible d'être contestée et
d'engendrer des problèmes dans une communauté. C'est ce à
quoi j'ai référé, tel que je l'ai indiqué
précédemment ici.
M. Filion: Je répète ma question. Quand vous avez
fait référence, dans votre discours du 19 décembre, aux
citoyens des municipalités, est-ce que vous saviez que le déficit
possible, éventuel, de 7 000 000 $ serait finalement partagé
entre des municipalités et, donc, des citoyens de
municipalités?
M. Pagé: Bien, c'est définitif que la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud reçoit une subvention qui ne
représente pas la totalité des dépenses effectuées
et qu'il y avait une, il y avait encore... À la fin de la commission, la
veille, le ministre des Transports avait accepté de verser un certain
nombre de mois les intérêts sur les financements temporaires, mais
pas tous les mois, et que ça impliquait le fait que le financement
à long terme allait être retardé si je ne donnais pas mon
consentement. Ça, j'en suis bien conscient.
M. Filion: Quand vous avez rencontré M. Côté
le 18 décembre, d'abord, est-ce que vous vous souvenez un peu plus de
l'heure maintenant?
M. Pagé: Non, je vous l'ai dit. Si ma mémoire est
fidèle, c'était dans l'antichambre, de l'autre côté.
Alors, ça devait être pendant les travaux parlementaires,
évidemment, parce qu'en dehors des travaux parlementaires, on n'est pas
ici. Ç'a été très bref.
M. Filion: À la commission parlementaire...
M. Pagé: À ma connaissance, c'est après.
C'est après... Écoutez!
M. Filion: Donc, c'est dans la soirée ou
l'après-midi'?
M. Pagé: Probablement dans la soirée.
M. Filion: Probablement dans la soirée. Est-ce que c'est
vous ou lui qui avez abordé le sujet du projet de loi 272?
M. Pagé: À ma connaissance, c'est moi. M.
Filion: C'est vous. M. Pagé: Oui.
M. Filion: Pourquoi avez-vous abordé le projet, la
question du projet de loi 272 avec M. Côté le 18
décembre?
M. Pagé: Parce que c'est lui qui payait.
M. Filion: Non. Pourquoi, vous, aviez-vous ce sujet-là
à discuter avec M. Côté le 18 décembre?
M. Pagé: Bien, je vous l'ai dit et je l'ai dit à
plusieurs reprises ici. Je vous l'ai dit à plusieurs reprises ici. Pour
moi, une disposition législative en vertu de laquelle on vient
régulariser une dépense de 7 000 000 $ sans les approbations
nécessaires, il faut que ce soit regardé.
M. Filion: M. le ministre, votre préoccupation, vous,
durant les mois de novembre et décembre, c'étaient les projets de
loi et votre ministère. Exact?
M. Pagé: Oui, oui.
M. Filion: 132 et d'autres. Quels étaient les autres, en
passant, qui vous préoccupaient, dont vous étiez le parrain
à titre de ministre responsable?
M. Pagé: J'ai mon projet de loi sur la Régie des
grains, mon projet de loi sur la Société du Parc des expositions,
mon projet de loi sur le comité de surveillance des étalons, le
projet de loi sur les produits laitiers et leurs succédanés, et
le projet de loi sur les aliments.
M. Filion: D'accord. Or, ces cinq projets de loi
étaient... Pardon?
M. Pagé: Et l'autre projet de loi, évidemment, sur
la protection du territoire agricole...
M. Filion: Six, évidemment,
M. Pagé:... lequel avait été fixé en
priorité par moi auprès de mon leader.
M. Filion: D'accord. Avez-vous dit que tous vos projets de loi
étaient bloqués le 19 décembre au matin, là?
M. Pagé: Tous ceux dont l'étude était
commencée étaient bloqués.
M. Filion: Quand vous avez embarqué dans votre voiture le
matin du 19 décembre, les cinq projets de loi dont vous aviez
commencé l'étude étaient bloqués?
M. Pagé: C'est-à-dire que, pour être
adoptés, il fallait Je consentement et, dans mon livre à moi,
selon les informations que j'avais recueillies du leader en cours de semaine
où, là, le bureau du leader m'a dit qu'il n'y avait plus
d'entente, rien n'allait, rien ne marchait, mes projets de loi étaient
bloqués, M. le député. Ce n'est pas plus compliqué
que ça.
M. Filion: Donc, votre préoccupation était
là. Je reviens à ma question de tantôt. Pourquoi, le 18
décembre, avez-vous abordé la question du projet de loi 272 avec
votre collègue, le ministre des Transports?
M. Pagé: Parce que le procureur de la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud a communiqué avec moi
spécifiquement sur ce projet de loi.
M. Filion: Oui, mais vous n'aviez pas parlé...
M. Pagé: Et j'ai d'ailleurs répondu à la
question de votre collègue tout à l'heure qui me demandait
pourquoi est-ce que je ne me suis pas intéressé aux autres
projets de loi privés. Ce n'est pas compliqué, c'est parce qu'ils
n'ont pas communiqué avec moi-
M. Filion: Avez-vous reçu d'autres lettres de personnages
qui présentaient des projets de loi privés?
M. Pagé: Non.
M. Filion: Êtes-vous sûr que la corporation des
maîtres tuyauteurs, maîtres électriciens n'a pas
envoyé une lettre à tous les députés?
M. Pagé: C'est possible mais, auquel cas, ça n'a
pas été porté à mon attention.
M. Filion: Ça n'a pas été porté
à votre attention. Je reviens à ma question, M. le ministre.
Entre, grosso modo, et le 1er... Entre le 14 novembre et le 18
décembre,
vous parlez à une personne du projet de loi privé 272,
à une occasion. Exact?
M. Pagé: J'ai très certainement parlé
à mes adjoints quand j'ai reçu la lettre, etc., mais j'ai
parlé è la personne qui est assez importante au dossier, c'est la
personne qui payait, c'est le ministre des Transports.
M. Filion: Alors, je ne parle pas du cabinet, là, mais
à l'extérieur...
M. Pagé: Le ministre des Transports.
M. Filion: Vous avez parlé à une personne, à
une occasion, entre le 14 novembre et le 18 décembre au soir.
M. Pagé: J'en ai parlé au ministre des Transports,
je n'en ai pas parlé au ministre des Affaires municipales, je me
rappelle très bien, pour les motifs que je vous ai indiqués tout
à l'heure, à savoir que c'est le ministre des Transports qui
payait la facture.
M. Filion: Puis le 18 décembre au soir, vous aviez, comme
vous avez dit, un agenda qui ne vous permettait pas, en tout cas... Est-ce que
vous aviez l'intention d'aller en commission parlementaire*?
M. Pagé: Je me fiais à mes collègues et
particulièrement à ceux qui sont ici pour étudier ces
projets de loi.
M. Filion: M. le ministre, ma question est la suivante: Pendant
un mois et une semaine, en pleine fin de session, alors que vous avez cinq
projets de loi qui vous concernent comme ministre de l'Agriculture, comme jeune
ministre de l'Agriculture - si vous me permettez l'expression; en tout cas,
vous êtes en poste depuis un an à ce moment-là - vous avez
cinq projets de loi qui sont bloqués, dont un qui vous tient
extrêmement à coeur concernant les modifications au zonage
agricole. Vous parlez à une personne durant cinq semaines, votre
collègue, conversation très brève, le ministre des
Transports. Pourquoi, le 18... Quel événement le 18
décembre au soir vous a fait penser, un, à l'existence du projet
de loi 272 et, deuxièmement, vous a fait en parler à votre
collègue, le ministre des Transports? Quel événement?
Ça ne vous est pas venu spontanément.
M. Pagé: Ce n'est pas arrivé des limbes, non.
M. Filion: Pardon?
M. Pagé: Ce n'est pas arrivé des limbes et du ciel,
je vous l'ai dit à quelques reprises pourquoi mon opposition au projet
de loi.
M. Filion: Pas votre opposition, M. le ministre, pourquoi en
avoir parlé le 18 décembre au soir à votre
collègue?
M. Pagé: Parce que ma décision concernait son
adoption ou non. C'est à ce moment-là qu'il était opportun
de lui en parler.
M. Filion: Aviez-vous ça... Oui, mais, le 18
décembre au soir, la question de l'adoption du projet de loi 272 se
posait pour vous.
M. Pagé: Vous savez... M. Filion: La
décision.
M. Pagé: Vous savez, M. le député, on s'en
venait en période d'adoption de plusieurs projets de loi la
dernière journée. C'était le moment de donner suite
à la décision que j'avais adoptée pour les deux motifs que
je vous ai indiqués tantôt, puis que j'ai indiqués à
plusieurs reprises, des réserves que j'avais sur ce projet de loi pour
lequel on avait communiqué avec moi et l'autre fait que je n'avais pas
dans ce contexte de service à rendre au député de
Lévis. C'est clair. Ça fait plusieurs fois que je vous le
répète.
M. Filion: Ce matin, vous aviez dit que ce n'était pas
sûr si c'était avant ou après la commission. Là,
vous me dites, cet après-midi, que c'est après la commission que
vous avez parlé au ministre.
M. Pagé: Je m'excuse. Je m'excuse. Je vous ai dit...
écoutez, là, je veux être bien clair avec vous. Je
comprends que vous vous sentiez le droit d'interpréter mes
questions.
M. Filion: M. le Président, j'aimerais que vous
rappeliez...
M. Pagé: Je vous dis ceci...
M. Filion: Je pose des questions très pertinentes et
très correctes au ministre.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Filion: Quand va venir le temps d'interpréter ce qu'il
nous dit, je le ferai.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Pagé: Je vous ai dit...
Le Président (M. Lorrain): Posez des questions
directes.
M. Pagé: Je vous ai dit que, exactement...
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, M. le
ministre.
M. Chevrette: Je m'excuse, M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): J'ai pas terminé. Je
veux m'adresser au ministre également.
M. Chevrette: Bien, vous dites de poser des questions directes.
Ce n'est toujours pas le témoin qui va commencer à
questionner.
Le Président (M. Lorrain): Je commence à rendre ma
décision sur l'interpellation qui se faisait entre M. le ministre et M.
le député de Taillon. M. le député de Taillon,
posez des questions directes et M. le ministre, sans aucun commentaire, vous
devez répondre, tel que je l'ai dit dans l'adresse que je vous ai lue ce
matin, aux questions qui vous sont posées, mais sans commentaire. M. le
député de Taillon, des questions directes. On a du temps
amplement chacun pour poser toutes les questions qu'il faut au
témoin,
M. Pagé: Voulez-vous répéter votre question,
M. le député?
M. Filion: Pas sur mon temps.
M. Pagé: Bien, posez-la sur le mien.
M. Filion: Oui, mais pas sur mon temps, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sans préambule,
la question seulement. Elle ne comptera pas sur votre temps.
M. Filion:... le temps va vite.
Le Président (M. Lorrain): Pour éclairer tout le
monde.
M. Filion: Est-ce qu'il y a un événement, M. le
ministre, un événement, le 18 décembre, qui vous fait
subitement agir, parler à un collègue d'un projet de loi
privé qui est très loin de faire partie de vos
préoccupations primordiales?
M. Pagé: Je vous ai indiqué et je
répète, M, le député, les deux motifs sur lesquels
j'ai appuyé ma décision: un, l'aspect irrégulier de la
démarche à ratifier, deux, le fait que je n'avais aucun service
à rendre au député de Lévis. Et je vous ai
indiqué plus tôt, à une question: la conversation que j'ai
eue le 18 avec mon collègue des Transports, je ne peux établir
avec précision à quel moment, mais je vous dis que probablement
que c'est en fin de journée ou en soirée. Je vous le dis sous
toute réserve. Écoutez, ça s'est passé il y a
quatre mois.
M. Filion: Donc, je dois comprendre qu'il n'y a aucun
événement en particulier qui vous a fait traiter de ce
sujet-là avec votre collègue.
M. Pagé: Bien oui, mais, M. le député,
lorsqu'on est contre un projet de loi, qu'on a des réserves, qu'on prend
une décision, on se prononce quand vient le temps de se prononcer. Je
n'étais pas pour me lever en Chambre, je ne sais pas quelle date, puis
nous sommes dans le carrefour de fin de session, puis tout arrive, puis tout
était bloqué.
M. Filion: M. le ministre. M. Pagé: Oui.
M- Filion: Vous avez une longue expérience parlementaire,
beaucoup plus que celui qui vous interroge. Vous avez dit vous-même, avec
raison, je pense, que la plupart des projets de loi privés, en tout cas,
une certaine partie, contiennent des éléments de
rétroaction. D'accord? Vous n'êtes pas contre tous les projets de
loi privés qui contiennent des éléments de
rétroaction. Vous avez dit: II faut être prudent.
M. Pagé: Ah bien!
M. Filion: Dans celui-là, comme dans les autres, vous
invitiez à une certaine prudence, mais votre prudence, sans que vous
étudiiez le projet de loi, sans que vous vous informiez du contenu des
amendements qui ont été apportés en commission
parlementaire, s'est transformée en volonté de voter contre. Mot,
je voudrais savoir...
M. Pagé: De voter contre le consentement à donner
pour son adoption immédiate.
M. Filion: Oui, oui. Oui, oui. C'est ça, de voter
contre.
M. Pagé: Ç'aurait retardé d'une couple de
mois.
M. Filion: De refuser le consentement. M. Pagé: C'est
ça.
M. Filion: Uniquement parce qu'il fallait être prudent.
M. Pagé: Parce que ça impliquait des
déboursés appréciables et, aussi, je vous l'ai dit et
ça je m'en cache pas, je vous le dis ouvertement, je n'avais aucun
service à
rendre au parrain du projet de loi.
M. Filion; Quand vous avez appelé Me Lemay le matin du 19
décembre, vous saviez que M. Garon était le parrain du projet de
loi privé que Me Lemay avait pour mandat d'exécuter?
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Est-ce que vous l'avez mentionné à Me
Lemay que vous le saviez que c'était le député de
Lévis qui était parrain de son projet de loi?
M. Pagé: Je ne pense pas. Il devait le savoir.
M. Filion: Oui, je sais qu'il devait le savoir, mais, vous, lui
avez-vous dit que vous le saviez?
M. Pagé: Moi aussi je le savais. Moi aussi je le
savais.
M. Filion: Mais le lui avez-vous dit que vous le saviez?
M. Pagé: Je ne me rappelle pas qu'on ait discuté du
fait que c'est le député de Lévis qui avait
présenté le projet de loi. Un, le projet de loi avait
été déposé, deux, l'avocat, je présume, a
communiqué a quelque part dans le temps avec le parrain pour le faire
déposer, donc, il devait le savoir, et moi aussi je le savais.
M. Filion: Vous ne connaissez pas le parrainage de tous les
projets de loi privés de l'Assemblée nationale.
M. Pagé: Non. Sauf que, dans ce cas là, comme je
vous l'ai dit ce matin, et je vous le répète, Me Lemay a
communiqué avec moi pour ce projet de loi spécifique.
M. Filion: Est-ce qu'il n'était pas normal que Me Lemay
communique avec le parrain de son projet de loi?
M. Pagé: À quel moment?
M. Filion: Après votre coup de
téléphone?
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, on a laissé passer
beaucoup de questions, mais là est-ce qu'il était normal que?
Question d'opinion, question d'évaluation, question
d'interprétation, est-ce qu'il était normal que le procureur de
la commission...
Une voix: De dire la question.
M. Ooyon:... s'adresse au parrain, M. le Président, je
vous soumets que le témoin n'est pas en position de donner son opinion
là-dessus et il n'a pas à le faire non plus.
Une voix:... à retirer.
M. Doyon: Je m'étonne d'ailleurs que le
député de Taillon, qui devrait connaître mieux, pose de
semblables questions. C'est étonnant.
M, Filion: Les étonnements du député de
Louis-Hébert...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Un à la fois, un à la fois.
M, Doyon: Allez, allez, allez!
M. Filion:... sont hors d'ordre. Sont hors d'ordre. Les
détonnements...
Le Président (M. Lorrain): Cela allait bien, là. Il
est 5 heures moins 10. Est-ce que vous avez terminé, M. le
député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Cela va pour le moment.
Le Président (M. Lorrain): Avez-vous terminé, M. le
député de Louis-Hébert? Sur la question de
règlement.
M. Chevrette: Sur la question de règlement. Il a dit: Dans
votre esprit, est-ce qu'il est normal qu'un avocat communique avec le parrain
de son projet de loi? Vous l'avez permis à peu près à 40
reprises avec le témoin Lemay et avec d'autres témoins.
Le Président (M- Lorrain): Ce n'est pas...
M. Chevrette: Dans votre esprit, est-il normal...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: C'est tout à fait recevable, M. le
Président. Les...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Â l'ordre, s'il vous plaît!
M- Chevrette: Non, non, c'est justement intervenir.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre,
s'il vous plaît!
Une voix:...
M. Chevrette: Oui, mais c'est moi qui va intervenir, pareil.
Le Président (M- Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
continuez votre point de règlement.
M. Chevrette: Tout était dans les carottes.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: M. le Président, la question est tout
à fait logique, normale, admissible, elle fut posée à
maintes reprises, sauf que chaque fois, chaque fois, M. le Président,
qu'on est en train de questionner, il y a des étonnements, on se
promène de Bolivar au dictionnaire, de l'autre cûté...
M. Doyon:... d'Anticosti et on se reparlera, toi. Parle
d'Anticosti et on se reparlera.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre, s'il vous plaîtl À l'ordre, s'il
vous plaîtï À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Envoie ta facture et la pertinence... Pauvre
gorlot.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que vous avez terminé, M. le leader de
l'Opposition?
M. Chevrette:... statue de Bolivar...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, est-ce que vous avez terminé?
M. Chevrette:...
Le Président (M. Lorrain): On va suspendre pendant, on va
suspendre les travaux pendant une dizaine de minutes, s'il vous
plaîtï On va suspendre.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 17 h 1)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre» s'il
vous plaîtl
Nous allons recommencer les travaux de la commission de
l'Assemblée nationale. Â l'ordre, s'il vous plaît!
Suite à la question de règlement qui a été
soulevée sur la forme de question, je vous demanderais à tous
votre collaboration et pour le futur aussi. Posez des questions directement au
témoin et demandez au témoin ce qu'il en pense, lui, et non pas
d'autres personnes, d'autres tierces personnes. M. le député de
Taillon, M. le député de Taillon, pour revenir à votre
question, elle est très recevable si vous lui demandez, à lui -
à vous, M. le témoin - si c'est normal de communiquer avec le
parrain d'un projet de loi privé, mais pas, en général, si
c'est normal de communiquer... Alors, posez des questions directement, on a
tout le temps qu'il faut...
M. Filion: Le 19...
Le Président (M. Lorrain):... nécessaire.
M. Filion: Le 19 décembre, dans votre voiture, quand vous
avez décidé d'appeler M. Lemay et vous lui auriez dit: N'appelle
pas M. Garon, est-ce qu'il n'est pas normal, dans votre esprit, à ce
moment-là, que n'importe quel avocat qui pilote un projet de loi appelle
son parrain?
M. Polak: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Une question de
règlement.
M. Polak: M. le Président, peut-être, vous n'avez
pas bien expliqué votre décision, votre jugement. Moi-même,
je suis un peu surpris. Je n'ai pas compris exactement parce que je pensais que
vous aviez dit que la question, telle qu'elle était posée
auparavant, était illégale et pas recevable et ce n'est pas, je
pense, à nous de suggérer de quelle manière le
député va revenir sur cette même question. Maintenant, il
repose la même question presque dans des mots identiques. Je pense que
vous devrez formuler votre décision d'une manière
concrète, qu'il comprenne une fois pour toutes qu'il n'a pas le droit de
poser des questions dans la formule telle quelle; elle est trop vague,
ça ne se tient pas.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Sainte-Anne, la question qui avait été posée était
vraiment vague, par M. le député de Taillon, mais là il
demande au témoin s'il est normal de communiquer avec son parrain, au
témoin, relativement à des faits et à un
téléphone qu'il a fait et à une remarque qu'il a
posée dans le contexte actuel, tandis que la question
précédente, avant la suspension, si ma mémoire est
fidèle, était très générale, comme si
c'était une opinion, une coutume et un usage. Il faut s'adresser au
témoin et le témoin ne peut répondre que
pour lui. Il ne peut répondre pour personne d'autre et il ne peut
pas donner d'opinion aussi de ce que tous les parlementaires, par exemple,
trouveraient normal; il ne peut pas, sauf lui, dans un contexte particulier,
avec des faits particuliers et un téléphone aussi très
spécial qui a été très bien expliqué depuis
ce matin.
M. Polak: M. le Président, excusez-moi...
Le Président (M. Lorrain): C'est au témoin à
répondre.
M. Polak:... si j'ai bien compris la question, telle qu'elle a
été formulée, la deuxième question, on demande au
témoin: Est-ce qu'il n'est pas normal qu'un avocat, une tierce partie
fait telle et telle chose? Ça, ce n'est pas au témoin
de donner des commentaires là-dessus, sur une autre personne. Il faut
poser une question directement au témoin, quelque chose qu'il
connaît lui-même, pas de donner une opinion sur ce qu'une tierce
partie devrait faire ou ne pas faire.
Une voix: C'est ça.
Une voix: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Lorrain): C'est sûr. Demandez des
questions directement au témoin qui est ici pour lui demander son
opinion à lui et non pas sur d'autres personnes ou qui que ce soit.
Posez votre question, M. le...
M, Filion: Ça fait trois fois que je la pose.
Le Président (M. Lorrain):... député de
Taillon.
Une voix:... il y a un problème.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais
répondre au député de Taillon que le but de ma
démarche - je vous l'ai dit et je le répète -
n'était pas que l'avocat... Je n'avais pas, mais pas du tout l'intention
de faire quelque pression que ce soit. Et si j'ai référé
au député de Lévis, c'est comme suite à un
commentaire de Me Lemay que je ne peux vous citer au texte.
Évidemment, c'est une conversation de quelques minutes qui s'est
tenue il y a presque quatre mois. C'est que j'ai senti que Me Lemay devenait
nerveux et qu'il souhaitait une rencontre, des échanges ou quoi que ce
soit dans la journée. Et vous me demandez s'il est normal qu'un avocat
communique avec son parrain. Je n'ai pas à interpréter les gestes
qu'a posés Me Lemay ni à juger de la portée des gestes
qu'il a posés. C'est tout.
M. Filion: Le 19 décembre au matin, vous... ou le 18
décembre au soir quand vous avez rencontré M. Côté,
est-ce que la commission parlementaire avait eu lieu, a votre connaissance?
M. Pagé: Je vous ai... Oui, oui, la commission
parlementaire a siégé le 18. Cependant, je vous ai dit et je vous
répète, encore une fois, j'ai parlé à M.
Côté, le ministre des Transports, dans la journée et
très probablement dans la soirée du 18. C'est possible que ce
soit après la commission parlementaire. Je ne peux vous dire avec
exactitude.
M- Filion: Vous ne savez pas lorsque vous avez parlé
à M. Côté si la commission parlementaire avait eu lieu.
M. Pagé: Je ne peux vous dire. Je sais que la commission
parlementaire s'est tenue dans la journée du 18. Je sais qu'on y a
référé, le ministre des Transports et moi. Mais je ne peux
vous dire si on y a référé exclusivement le matin du 19 ou
si on y a aussi référé le soir du 18 lorsqu'on s'en est
parlé. Je vous réponds au meilleur de ma connaissance, M. le
député.
M. Filion: Mais, le 19 décembre, vous saviez qu'il y avait
eu une commission parlementaire.
M. Pagé: Bien oui. Je comprends que je le savais! On a
échangé sur le sujet, le ministre des Transports et moi.
M. Filion: M. Côté vous a dit qu'il avait
participé à une commission parlementaire.
M. Pagé: Oui, puis il m'a fait part de la... des
représentations - je vous l'ai dit, je vous le répète - de
la Commission intermunicipale de transport de la rive sud, à l'effet que
le gouvernement... Il voulait que le gouvernement paie non seulement sa part,
mais aussi le coût du financement temporaire pour une telle
dépense.
M. Filion: M. Côté vous a dit qu'il était
d'accord avec le projet de loi, lui?
M. Pagé: Je présume que le ministre des Transports
était d'accord avec le projet de loi. Il a participé à son
étude.
M. Filion: Monsieur, est-ce que le ministre des Transports vous a
dit le 19 décembre que lui était d'accord avec le projet de loi
272?
M. Pagé: Je crois que oui. Cependant,
je suis certain qu'il m'a dit que, pour lui, ça ne causait pas de
préjudice extraordinaire ou extrêmement grave que l'adoption soit
retardée de quelques mois par l'ajournement de nos travaux.
M. Filion: Mais, pour employer votre expression, le ministre
payeur vous a dit que, quant à lui, il n'avait pas d'objection à
ce que le projet de loi 272 soit adopté.
M. Pagé: Je vous dis... Je vais vous répéter
ce que je vous ai dit. Je comprends, M. le député, que les
questions souventefois répétées sont importantes dans la
perspective des plaidoiries.
Cependant, je dois vous dire ceci...
M. Chevrette: La même rigueur pour les,..
Le Président (M. Lorrain): Seulement aux questions, s'il
vous plaît, M. le ministre. Seulement aux questions. Sans
commentaire.
M. Pagé: D'accord. Pourriez-vous répéter
votre question?
M. Filion: Non.
M. Pagé: Bien, je ne répondrai pas. Pourriez-vous
la répéter sur mon temps, M. le député?
M. Filion: Bien, vous, vous n'avez pas de temps. J'aimerais mieux
sur le temps de l'autre côté.
M. Pagé: Ha! Ha! Ha! Mais j'en ai pris pas mal
jusqu'à date!
Une voix: Sur le temps du député de
5ainte-Anne.
M. Filion: Sur le temps, donc... Une voix: Oui, oui.
M. Filion: Non pas sur mon temps. Le ministre des Transports,
votre ami et collègue, le 19 décembre, lorsque vous lui avez
parlé pour la troisième fois du projet de loi 272, est-ce qu'il
vous a dit qu'il était d'accord comme ministre payeur, pour employer
votre expression, pour payer le 7 000 000 $, soit la facture du...
inhérente à l'adoption du projet de loi 272 et est-ce qu'il vous
a dit également, puisque j'en profite, est-ce qu'il vous a dit
également -une question à deux volets, M. le Président
-que le projet de loi 272 n'avait pas de "fligne-flagne", que tout avait
été ficelé, qu'il avait été amendé et
que le projet de loi était correct pour adoption le 19 décembre
au matin?
M. Pagé: II y a deux questions du député, M.
le Président. La première, le député me demande si
le ministre des Transports m'a indiqué s'il était d'accord avec
le projet de loi 272; je vous répète ce que je vous ai dit il y a
quelques minutes, il est possible qu'il m'en ait fait part. Il est certain
qu'il m'a indiqué, cependant, que pour lui le fait que le projet de loi
soit retardé dans son adoption de quelques mois ne causait pas de
préjudice extrêmement grave à la commission intermunicipale
de transport de la rive sud. La deuxième question, maintenant, c'est
quoi?
M. Filion: Vous l'avez notée pendant que je parlais.
M. Pagé: Non, non, je ne l'ai pas notée.
M. Filion: C'est parce que j'ai remarqué que vous aviez
pris des notes, tantôt.
M. Pagé: Non, non, j'ai noté seulement la
première: ministre d'accord.
M. Filion: Alors, il vous a dit qu'il n'y avait pas de
"fliqne-flagne" dans le projet de loi, que tout avait été
ficelé en commission parlementaire, que lui était d'accord et que
son collègue, le ministre des Affaires municipales, était
d'accord.
M. Pagé: Je ne me rappelle pas qu'on ait abordé la
question de "fligne-flaqne" ou quoi que ce soit. Lorsqu'on a... La personne
qui, le matin du 19, a évoqué l'aspect régulier du projet
de loi, c'est Me Lemay, dans la conversation que j'ai eue avec lui, lorsqu'il
m'a indiqué: II n'y a rien d'illégal, c'est strictement une
question de formalité, vous vous inquiétez, M. le
député, pour rien, etc.
M. Filion: Le ministre des Transports, le 19 décembre,
est-ce qu'il vous a dit que son collègue, le ministre des Affaires
municipales, était à la commission parlementaire?
M. Pagé: Je ne me rappelle pas qu'on en ait
discuté. Cependant, je vous ai dit, et je répète qu'il est
normal, lorsqu'un projet de loi concerne l'approbation d'un règlement,
que le ministre des Affaires municipales y soit. Cependant, je vous ai
indiqué que mes inquiétudes ont été portées
à l'attention du ministre des Transports, purement et simplement parce
que c'est lui qui payait.
M. Filion: Donc, le matin du 19 décembre, vous saviez que
deux de vos collègues avaient siégé en commission
parlementaire sur le projet de loi 272 et, quant à
eux, considéraient, quant au contenu, qu'il était
correct.
M. Pagé: M. te député, je m'excuse...
M. Filion: Est-ce que vous le saviez, oui ou non?
M. Pagé: C'est une "leading question", comme on dit.
M. Filion: Non, pas du tout.
M. Pagé: C'est une "leading question" parce que j'ai
répondu...
M. Filion: M. le Président, pourriez-vous rappeler le
témoin à l'ordre?
Le Président (M. Lorrain): Aux réponses, s'il vous
plaît. Répondez aux questions seulement, monsieur...
M. Pagé: Oui, je vais y répondre, M. le
Président. Je vous ai répondu tout à l'heure, au
deuxième volet de votre question précédente concernant
l'aspect de régularité d'une situation, que l'aspect, pour
utiliser votre terme, de "fligne-flagne", à ma connaissance n'avait pas
été abordé avec le ministre des Transports, mais bien, le
matin du 19, avec Me Lemay. Vous me demandez: Donc, le matin du 19, vous saviez
que deux ministres, bon, etc. Je n'ai pas dit ça, M. le
député, je m'excuse.
M. Filion: Vous le saviez, oui au non?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que je présumais
de la présence du ministre des Affaires municipales, mais je n'ai pas
échangé avec le ministre des Affaires municipales, je l'ai dit
à quelques reprises, sinon à plusieurs reprises ici
aujourd'hui.
M. Filion: À la réunion du COMPADR, ce
matin-là, il n'a pas été question du projet de loi
272?
M. Pagé: À la réunion sur l'agenda de nos
travaux?
M. Filion: Sur l'agenda ou autrement?
M. Pagé: Non. C'est après, je vous l'ai
indiqué.
M. Filion: Est-ce qu'il a été question du projet de
loi 132?
M. Pagé: Non plus, non plus. Je vous ai indiqué ce
matin ou cet après-midi que la conversation avec le ministre des
Transports s'était tenue après la réunion du COMPADR.
M. Filion: Pas à la réunion?
M. Pagé: Non. (17 h 15)
Une voix: Comment a duré de temps votre entrevue avec M.
Lemay?
M. Filion: Est-ce que je dois comprendre qu'il n'y a aucun
événement extérieur qui vous a fait appeler Me Lemay le
matin du 19 décembre dans votre voiture? Extérieur à
vous?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que c'est une
décision personnelle que j'ai prise, que j'ai appelé Me Lemay
parce qu'il avait communiqué avec moi et, par surcroît, je le
connaissais personnellement. C'est ce pourquoi je l'ai appelé. C'est
aussi simple que ça, ce n'est pas plus compliqué que
ça.
M. Filion: Vous connaissiez son acharnement à
défendre vos dossiers - ses dossiers?
M. Pagé: Oui, ça, je savais, je présumais
que le lendemain, sinon le surlendemain, il serait en contact avec moi pour me
demander ce qui s'était passé. En fait, je ne voulais pas qu'il
l'apprenne dans les journaux, je voulais qu'il l'apprenne de moi purement et
simplement. C'est tout, ce n'est pas plus grave que ça.
M. Filion: Pourquoi ne l'avez-vous pas appelé plus tard
dans la journée?
M. Pagé: Parce que je m'en venais en Chambre ici. Je ne
savais pas si ma présence allait être requise. Je savais que
j'avais des rendez-vous en matinée - sur l'heure du lunch,
c'est-à-dire - et on sait pertinemment que, souvent, les avocats sont
à leur bureau entre 9 et 10 et après ça, ils vaquent
à des occupations, soit au palais de justice, soit ailleurs, dans les
ministères ou autres. Ça, c'est normal dans la pratique du
droit.
M. Filion: M. le ministre, puisque vous ne vouliez pas que M.
Lemay fasse rien, pourquoi l'avoir appelé le matin, à 9 h 30, de
votre voiture, le 19 décembre?
M. Pagé: Parce qu'il m'apparaissait comme étant le
seul moment où je pouvais communiquer avec lui.
M. Filion: Vous connaissiez - c'est vous-même qui l'avez
mentionné - son acharnement à défendre ses dossiers, vous
saviez qu'il n'était pas pour faire un deuil, lui, de son projet de
loi.
M. Pagé: Ce n'était pas faire un deuil, je
m'excuse, M. le Président, ce n'était pas faire un deuil,
c'était que son adoption intervienne au printemps.
M. Filion: Faire un... Bien, 132, pour vous, faire votre deuil,
dans votre esprit, c'était jusqu'au printemps.
M. Pagé: Non, c'est que 132, je m'excuse...
Une voix: C'est 272.
M. Filion: Non, non, mais...
M. Pagé: Je présume que vous l'avez vu, 132, c'est
que les droits ou le privilège consentis par la loi 90 devenaient caducs
le 31 décembre.
M. Filion: O.K. Alors, quand vous l'avez appelé, le
matin...
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Quand vous l'avez appelé le matin, Me Lemay,
que vous connaissez bien, vous saviez qu'il n'était pas pour laisser
tomber l'adoption de son projet de loi avant l'ajournement des fêtes.
M. Pagé: Vous savez, je n'avais pas... je n'ai pas
préjugé ni présumé des gestes qu'il allait
poser.
M. Filion: M. le ministre.
M. Pagé: D'ailleurs, il m'a demandé, il a
évoqué la possibilité de rencontre et tout ça et je
me suis objecté, parce que, pour moi, le but de la démarche - et
ça, je tiens à vous le dire, M. le député, je veux
que ce soit très clair dans votre esprit - le but de la démarche
n'était pas de faire une pression susceptible de faire changer l'opinion
du député de Lévis. Puis, je n'ai pas voulu me
prêter à des rencontres ou quoi que ce soit, tel que c'a
été évoqué sommairement par Me Lemay. Ce n'est pas
plus grave que ça.
M. Filion: Mais pourquoi lui dites-vous: Si t'as des
démarches à faire, faites-le?
M. Pagé: Non, non, je lui ai dit: Fais ce que tu voudras.
Écoutez...
M. Filion: Fais ce que tu voudras, mais n'appelle pas Garon.
M. Pagé: Non, non. Vous savez...
M. Filion: Non, non, mais on se comprend là.
M. Pagé: Écoutez, M. le député,
là, je m'excuse...
M. Filion: C'est ça que vous lui avez dit: Fais ce que tu
voudras, mais n'appelle pas Garon.
M. Pagé: Vous interprétez mes propos, M. le
député, et je ne vous empêcherai pas de plaider. Cependant,
j'ai quand même le droit fondamental, ici, comme témoin, de situer
dans leur juste contexte les déclarations et les témoignages que
je rends devant cette honorable commission. Me Lemay a évoqué la
possibilité d'échanges, de rencontre ou de visite au parlement ou
de rencontre avec le député de Lévis. Je lui ai
très clairement indiqué de ne pas communiquer avec le
député de Lévis. Pourquoi'? Parce que ce
n'était pas le but de ma démarche, M. le
député.
M. Filion: Oui, mais est-ce qu'il y a quelque chose qui
l'empêchait, même si ce n'était pas le but de votre
démarche*?
M. Pagé: Bien oui, mais je ne peux me porter garant, moi,
de l'interprétation à donner par une tierce personne ou encore
des gestes posés par un avocat. Vous savez...
M. Filion: M. le ministre, qu'est-ce qu'il y avait de mal
à ce que M. Lemay appelle M. Garon?
M. Pagé: En soi, il n'y avait pas de mal, mais ce
n'était pas le but de ma démarche.
M. Filion: Oui, alors, pourquoi pas le laisser
faire*?
M. Pagé: Bien, parce que, je vous t'ai dit, Me Lemay a
considéré à un moment donné dans la conversation
que tout ça pouvait être négociable, compte tenu
très probablement, dû au fait que j'ai référé
au blocage systématique de plusieurs de nos lois et, notamment, de mes
lois. En aucun moment, l'adoption de 272 n'est apparue comme étant
conditionnelle à l'adoption de 132, premièrement.
Deuxièmement, lorsque Me Lemay a évoqué la
possibilité d'échange ou de rencontre, je lui ai dit que non, et
pourquoi*? Ce n'est pas compliqué. Ce n'était pas
ça le but de ma démarche, M. le député. Je vous le
répète pour la Xième fois depuis quelques minutes.
M. Filion: ...M. le ministre, lorsqu'il a reçu votre
appel, je vous l'informe, Me Lemay a fait une dizaine, au moins, de
communications téléphoniques dans la matinée.
Deuxièmement, il vous a semblé nerveux. Troisièmement,
vous lui dites: Si t'as quelque chose à faire, fais-le. C'est
exact*?
M. Pagé: J'ai dit: Fais ce que tu voudras. Écoutezl
Je ne peux pas, moi, me porter garant de ce qu'un avocat de Québec
va faire dans un dossier qui l'occupe. Cependant, la quantité et
la qualité de contacts que j'ai eus avec ce professionnel commandaient
au minimum que je l'avise avant qu'il l'apprenne dans les journaux. Ce n'est
pas plus compliqué que ça; à visière
levée.
M. Filion: À visière levée, mais n'appelle
pas Garon.
M. Pagé: Non. Me Lemay a évoqué la
possibilité soit d'échanges, ou de rencontre et ce n'était
pas ça, et compte tenu que ce n'était pas ça, mais pas du
tout le but de ma démarche, j'ai dit: N'appelle pas Garon. C'est simple,
monsieur. Ce n'est pas compliqué. C'est ça qui s'est
passé.
M. Filion: Ça, on jugera. Oui, c'est simple. Vous avez
raison, c'est simple, ce qui s'est passé.
M. Pagé: La communication n'avait pas pour but de faire de
pressions sur le député de Lévis.
M. Filion: En dehors de mon temps, juste pour la prochaine
question, est-ce qu'on pourrait remettre au témoin R-246-CAN page
Le Président (M, Lorrain): R-2...
M. Filion:... 46-CAN page 1, 7 avril 87, 11 h 46, R-246 page 1,
R-267 page 4,..
Une voix: R-246 page 4.
M. Filion: R-267 page 4. O. K. ? R-300 page 1, puis R-339 page 1,
entre autres.
Le Président (M. Lorrain): On va attendre quelques
secondes qu'on remette au témoin les trois documents cités.
Pourriez-vous répéter les trois? M. le député de
Taillon, voulez-vous répéter vos trois documents, s'il vous
plaît, les pages?
M. Filion: R-246 page 1, R-267 page 4, R-300 page 1, R-339 page
1.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de la remise
des documents, est-ce que...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je comprends que les gens
qui sont ici sont prêts à rendre service, mais est-ce que ce n'est
pas aux personnes de la commission de remettre au témoin les documents
dont il a besoin?
Le Président (M. Lorrain): Je suis parfaitement d'accord,
M. le député de Louis-Hébert. Je l'ai mentionné cet
après-midi.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): On va voir ce soir à ce
qu'on ait une copie complète toujours, soit une liste additionnelle de
pièces, comme cet après-midi j'ai demandé après
deux pièces de remettre une copie complète à M. le
ministre, et également il est tout à fait normal que le personnel
de la commission ait en possession une copie du "galée" à date,
avec la réserve suivante. C'est que des fois ça prend deux
heures, trois heures avant de l'avoir. Mais pour des pages comme ça,
passées, il est tout è fait normal... Je suis entièrement
d'accord. Et ce soir, on va voir à avoir à 20 heures...
M. Rochefort:... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, Excusez, j'avais une question de règlement.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je voudrais juste
inviter le député de Louis-Hébert à ne pas
exagérer quand i! dit: On demande aux gens à rendre service. Les
gens rendent service et l'attaché politique du ministre de
l'Agriculture, j'imagine que ce n'est pas un gros service qu'il rend à
son patron.
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Rochefort: On n'exagérera pas trop les affaires.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Non, je pense que,
là... Je n'accepte pas les commentaires des deux côtés. Je
prends le reproche. Le reproche, c'est nous et, en tant que président de
la commission, j'aurais dû prévoir avoir une copie totale et
complète des galées régulièrement pour y
référer. Alors, ce soir, à 20 heures, je vous promets
qu'on aura une copie complète et totale de tous les "galées"
disponibles et nous l'utiliserons et nous gagnerons probablement du temps aussi
au lieu de chercher. Est-ce que, actuellement...
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Taillon et faire lecture du texte. Peut-être qu'il y a une ou deux
questions. M. le ministre pourra répondre immédiatement.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'avenir,
pour faciliter les choses aussi, s'il y a des questions... Je m'excuse,
là. C'est très important. Je ne voudrais pas qu'on prenne une
demi-heure dans à peu près... Parce que maintenant les
galées de la commission de l'Assemblée nationale, et un peu plus,
je pense, en tout cas, c'est à peu près ça d'épais.
Je ne voudrais pas qu'à chaque question on soit obligé de prendre
une demi-heure. Si passible de prévoir en questions et peut-être
nous demander une copie à l'avant ou quoi que ce soit au
secrétaire seulement de l'Assemblée. Ça évitera de
perdre peut-être un sept ou huit minutes à chaque question,
trouver la feuille, aller remettre une copie au témoin, on n'en finira
plus. On n'en finira plus. Alors, si vous pouvez avoir... Il y a même
plus que ça. Vous pouvez demander à faire des copies ici à
l'Assemblée, ça ne coûtera rien. Vous aurez en double les
copies, vous pourrez les remettre immédiatement au témoin. C'est
pour éviter... C'est simplement pour gagner du temps. On ne vous demande
pas de télégraphier vos questions au personnel de la commission,
mais si on pouvait avoir en double ou en triple les pages en question on
pourrait peut-être aller plus rapidement.
M. Filion: Sur la question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement.
M. Filion:... parce que vous vous adressez à moi. Je vous
ferai remarquer que, précisément, cette façon-là de
procéder que j'inaugure moi-même... Au lieu de poser des
questions, d'attendre, etc, je vous ai demandé: Est-ce qu'on pourrait
remettre au témoin copies de ces quatre pages?
Le Président (M. Lorrain):... simplement
d'améliorer la méthode, gagner du temps.
M. Chevrette: Je pense que le député de Taillon a
initié.
Le Président (M. Lorrain); Ha! Ha!
Allez, votre question! Vous avez les copies, M. le ministre, des
documents?
M. Pagé: Oui, de certains documents.
Le Président (M. Lorrain): Parfait! Si vous voulez situer
le témoin.
M. Filion: R-246, page 1. M. Pagé: Oui.
M. Filion: L'intervention de M. Lemay dans son grand paragraphe.
Je vous le lis: "C'était bien clair que le message que j'avais eu de M.
Pagé, c'est que le caucus, comité, gouvernement ou je ne saurais
trop quoi, mais, en tout cas, un groupe avait pris la décision de ne pas
consentir à notre loi, la loi de la CITRSQ, au motif que M. Garon ne
voulait pas consentir à la loi sur le zonage agricole. "
R-267, page 4, en haut, M. Lemay qui parle: "Bien, je vous ai
expliqué ce matin que la compréhension que j'ai eue des choses,
c'est que la décision venait pas de M. Pagé...
M. Pagé:... 67?
M. Filion: Page 4.
M. Pagé: Oui.
M. Filion: "Bien, je vous ai expliqué ce matin que la
compréhension que j'ai eue des choses, c'est que la décision
venait pas de M. Pagé. La décision, elle vient d'un comité
ou d'un caucus. " R-300, page 1, en bas...
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Ne bougez pas, je retrace le bout, "Tout au long - en
bas, dernier paragraphe - des discussions que j'ai eues avec M. Pagé et
M. Carrier, une petite discussion avec M. Lessard, avec Mme Lecours, avec M.
Garon à deux reprises, j'ai toujours compris, j'ai toujours traduit
à mon avis que c'était une décision au niveau
gouvernemental, la décision de ne pas consentir à notre loi.
"
R-339, page 1, l'intervention centrale, Lemay qui parle toujours: "II a
pas dit il, M. Pagé, il a dit: Pagé s'engage à bloquer le
projet de loi de la CITRSQ. Pis là, j'ai dit: Non, c'est pas ça.
Pagé m'informe que le gouvernement bloque la loi. "
M. Pagé, M. le ministre, pardon, M. Lemay, pendant plusieurs
journées nous a répété que vous aviez dit que
c'était un comité, un caucus, le parti ou le gouvernement - je
vais employer les quatre expressions qu'il emploie - qui bloquait le projet de
loi et que dans votre conversation du 19 décembre vous l'informiez que
c'était le comité, le caucus, le parti ou le gouvernement qui
bloquait le projet de loi. Ce matin vous nous avez dit... Ouais, il vous a dit
que vous étiez le messager d'une décision gouvernementale. Ce
matin vous nous avez dit et j'emploie exactement...
M. Lefebvre:... le messager d'une décision
gouvernementale...
M. Filion: Oui, oui.
M. Chevrette: Oui, oui, ça a été
dit.
M. Lefebvre: Non, non. Sortez la galée,
là...
M. Filion: Ouais? O. K. (17 h 30)
Le Président (M. Lorrain): II arrive avec. Il va Le donner
là. Il va la lire.
M. Chevrette; On va le sortir. Suspension. On va le sortir.
Suspension.
M. Filion: Vous ne vous en souvenez pas.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que vous vouliez citer
directement, M. le député de Taillon.
M. Lefebvre: Vous avez cité le reste. Çà
allait là.
M. Filion: Non, non. Je voulais citer autre chose.
Une voix: Suspension, M. le Président. M. Filion:
Suspendu.
M. Lefebvre: S'il y a d'autres citations, M. le Président,
qu'on les étale toutes, puis après ça on se
comprendra.
M. Filion: Vous ne vous en souvenez pas.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! Est-ce que vous maintenez toujours le commentaire ou si vous
voulez citer au texte? C'est très important. Il ne faut pas porter de
jugement là. Voulez-vous citer? Avez-vous... Ou vous voulez
changer votre question?
M. Filion: Je n'ai pas besoin de le citer au texte. Je n'ai pas
besoin. Je n'ai pas besoin de le citer au texte.
Le Président (M. Lorrain): Parfait. Alors, posez votre
question pour qu'on saisisse tous là.
M. Filion: Ce matin, vous nous avez dit, et j'emploie vos mots:
C'est moi personnellement qui bloque le projet de loi 272. D'accord?
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Bon. Pourriez-vous m'expliquer si vous êtes bien
sûr d'avoir employé cette expression "c'est moi
personnellement?
M. Pagé: J'ai indiqué à Me Lemay ma
décision de bloquer le projet de loi 272 pour les motifs sur lesquels
j'ai longuement énuméré aujourd'hui. Cependant, je n'ai
pas à porter de jugement sur l'interprétation que Me Lemay a pu
donner à mes propos. Cependant, il faut convenir que je lui ai fait part
que je sortais d'une réunion du COMPADR et que j'avais discuté
avec le ministre des Transports.
M. Filion: Non. Ma question portait sur vous, ce que vous avez
dit, M. le ministre.
M. Pagé: Je lui ai...
M. Filion: Est-ce que vous êtes certain d'avoir dit que
vous, personnellement...
M. Pagé: Je suis certain. Je ne peux vous donner le
libellé exact, le nombre de mots, bon, etc., mais je suis certain de lui
avoir indiqué le contenu de ma décision comme suite de la
réunion du COMPADR.
M. Filion: Comme suite.
M. Pagé: Bien oui. Je sortais de ma réunion du
COMPADR.
M. Filion: Ouais. Dans le temps, ça. Mais...
M. Pagé: Dans le temps, je sortais. M. Filion: Oui,
oui. Dans le temps.
M. Pagé: Que lui l'ait interprété comme une
décision. D'ailleurs, il le dit. Je viens de le lire là: "... je
ne sais trop quoi... "
M, Filion: M. le Président, je ne pose pas de questions
d'interprétation.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: C'est le caucus, comité, gouvernement ou
je ne sais trop quoi.
M. Filion: Je ne pose pas de questions d'interprétation au
témoin.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît, M. le ministre. Aux questions seulement.
M. Filion: J'aimerais ça que vous le rameniez à
l'ordre.
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais une question à
la fois. Allez, M. le député de Taillon. Ne répondez
qu'aux questions, qu'aux questions.
M. Filion: En quels termes, vous, avez-vous dit à M. Lemay
que c'était une décision personnelle de votre part?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que je lui
ai fait part que cette décision était une décision
personnelle, qu'il l'ait interprété...
M. Filion: Ah non! Voulez-vous rappeler le témoin à
l'ordre, M. le Président, sans qu'il soit nécessaire pour moi de
le faire à toutes les fois?
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Président,
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, on est à tenter de
mettre le témoin en contradiction avec un autre témoin. Dans un
contexte comme celui-là, M- le Président, il est tout à
fait normal que le témoin explique la façon que Me Lemay a pu
interpréter ses propos. C'est carrément pertinent, M. le
Président, et c'est une réponse à mon sens très
légale. On doit laisser le témoin donner ses propres
explications. C'est lui qui l'a vécue, la conversation avec Me Lemay. Ce
n'est pas le député de Taillon, M. le Président.
M. Chevrette: La question est assez...
Le Président (M. Lorrain): Ça va, M. le
député de Frontenac?
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la même
question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: La question est assez simple, M. le
Président. C'est dans... La question est très simple. C'est dans
quels mots vous avez dit à Me Lemay, dans quels mots? Il n'a pas
demandé: Me Lemay peut-il avoir interprété vos propos? Il
demande quels sont vos propres mots que vous avez dits à Me Lemay. On
jugera par la suite si Me Lemay a interprété ses propos. Mais
qu'il donne en quels mots. C'est ça, le sens de la question du
député de Taillon. C'est tout à fait clair, puis il n'y a
pas de question de règlement là-dessus. Le député
n'est pas là pour interpréter. Il est là pour
répondre aux questions et la question est claire. C'est dans quels mots
vous avez parlé à Me Lemay? On jugera bien, nous autres, si Me
Lemay a interprété.
Le Président (M. Lorrain): À la question, M, le
ministre. À la question qui avait été posée.
M. Pagé: On me demande les mots exacts, M. le
Président. J'ai indiqué à trois reprises qu'à ma
connaissance j'avais fait part à Me Lemay que c'était une
décision personnelle et je ne peux vous donner le libellé exact,
les quatre, les cinq, ou les trois ou les deux ou les quatre mots, M. le
député. Vous allez comprendre. C'est une conversation de quelques
minutes qui s'est tenue il y a quatre mois.
M. Filion: M. Lemay a témoigné ici longuement.
Jamais il ne nous a mentionné que vous lui auriez dit: N'appelle pas
Garon. Vous l'avez répété à plusieurs reprises,
notamment cet après-midi. En quels termes exacts avez-vous dit à
M. Lemay: N'appelle pas Garon? Est-ce que c'est les termes que
j'emploie?
M. Pagé: M. le Président, j'ai bien situé
dans son contexte cette partie de l'échange avec Me Lemay. Je vous ai
dit, je vous répète donc, que Me Lemay...
Une voix:... à la question.
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. Je crois
avoir le droit de répondre.
Le Président (M. Lorrain): Oui, allez, allez.
M. Pagé: Je suis à répondre. J'en
étais à vous dire, M. le député, que Me Lemay a
évoqué ta possibilité de rencontre, d'échanges et
je lui ai indiqué: N'appelle pas Garon. Et pourquoi? Parce
que le but de ma démarche n'était pas de faire pression sur le
député de Lévis. Ça fait peut-être cinq ou
six fois que je le répète.
M. Chevrette: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de règlement,
M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, la question est assez
claire. En quels termes? II n'a pas demandé le contexte. Il a
demandé: En quels termes? C'est précis, ça, M. le
Président. Depuis le début... Je veux bien croire que vous
êtes là pour défendre, c'est-à-dire protéger,
pour utiliser les mêmes termes que vous avez, défendre serait
peut-être péjoratif à ce moment-ci.
M. Pagé:... souvent.
M. Chevrette: J'ai dit: À ce moment-ci, M. le
Président. J'ai toujours eu une réserve. Il me semble que c'est
clair. Quand tu demandes à un témoin, M- le Présidente En
quels termes vous avez dit à M. Lemay:
N'appelle pas Jean Garon... Le député a ajouté:
Est-ce en ces termes là: N'appelle pas Jean Garon? Le témoin part
à expliquer pourquoi il a dit ça, dans quel contexte il a dit
ça. S'il se rappelle. Il le dit carré: J'ai dit très
clairement: N'appelle pas Jean Garon. S'il ne s'en rappelle pas, il dit: Je ne
m'en rappelle pas. Ce n'est peut-être pas ces termes précis
là, mais ça voulait dire ça. Il me semble, M. le
Président... C'est très sérieux. Vous avez dit que vous
protégiez, mais protéger ce n'est pas laisser tout faire.
Protéger ce n'est pas laisser plaider. Ça, c'est clair.
J'espère que vous allez le faire respecter avec autant d'énergie
que vous avez manifesté tantôt pour dire: Je protège les
témoins. Bien là, protégez les parlementaires, s'il vous
plaîtL
Une voix: Une seconde.
Le Président (M, Lorrain): Est-ce que vous avez
terminé, M. le leader de l'Opposition?
M. Chevrette: C'est un début. J'aurais le goût de
continuer, mais je m'arrête.
M. Lefebvre; M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: Protéger le témoin, c'est lui
permettre de répandre aux questions et c'est d'autant plus important, M.
le Président, qu'on est à interroger le témoin pour la
sixième ou la septième fois sur les mêmes
événements et c'est toujours, c'est toujours, quant à
l'essentiel, les mêmes réponses, M. le Président, que le
témoin a données. Alors, qu'on ne reproche pas au témoin
de qualifier, comme je le mentionnais tout à l'heure, ses
réponses. On se place dans un contexte où il ne peut pas
répondre autrement. C'est ça, protéger le témoin.
C'est de tut permettre de répondre aux questions, M. le
Président. C'est ça, protéger le témoin et rien
d'autre.
M. Chevrette: ...
Une voix: Répondre à la question.
Le Président (M. Lorrain): ...Est-ce que vous avez...
Une voix: Passez la parole à votre collègue de
gauche et on va passer à autre chose.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plattî À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: II y a une autre règle, M. le
Président, que vous avez à date, de façon très
claire, établie, c'est que le sujet couvert, on passe à autre
chose. Ca a été clairement décidé par vous et
à plusieurs reprises. Je soumets respectueusement que ça fait,
comme je le mentionnais tout à l'heure, six ou sept fois qu'on revient
là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Ce qui est bien important - et
je voudrais bien être saisi - et mal interprété là,
je ne suis pas ici pour défendre qui que ce soit. Je suis ici pour
représenter et protéger les témoins.
M. Chevrette: Bien interprété, j'espère, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M, Chevrette: Vous avez dît: et mal
interprété.
Le Président (M. Lorrain): Oui. Ce qu'il y a... Tous les
genres de témoins et peu importe d'où ils viennent, leur
profession, je pense avoir agi de la même façon depuis le
début et je voudrais bien être capable aussi de continuer à
agir de cette façon-là. Je n'ai pas à répondre en
tant que président pour les témoins qui sont ici et je n'ai pas
è choisir le genre de réponse ou quoi que ce soit. Sauf que, si
un témoin ou des témoins ne répondent pas aux questions ou
répondent trop aux questions, ou répondent d'une façon qui
ne satisfait pas un côté ou l'autre de la Chambre, nous allons
l'apprécier à la fin. Nous allons juger à la fin et nous
allons argumenter aussi à la fin pour mettre de côté ce
témoignage, en partie, en totalité, peu importe, la
crédibilité, peu importe. Mais ce n'est pas au milieu d'un
témoignage ou au milieu d'un interrogatoire qu'on va déjà
porter aux conclusions relativement aux réponses ou aux questions qui
sont posées par qui que ce soit.
Maintenant, je n'ai pas à, je n'ai pas à protéger,
je n'ai pas à protéger les parlementaires. Ici, c'est la
commission de l'Assemblée nationale qui interroge des témoins qui
viennent de l'extérieur ou de l'intérieur de l'Assemblée
et je suis ici simplement pour présider, puis faire appliquer des
règles qui n'existent pas. Alors, je demande la collaboration des deux
côtés de cette Chambre. On a six articles, dans notre
règlement, qui créent une commission semblable et qui ne disent
pas comment procéder. Je fais mon possible et je fais mon possible avec
les gens qui sont ici. Maintenant, M. le député de Taillon, pour
revenir à la question de règlement telle que posée...
M. Chevrette: C'est moi qui l'a posée. Le
Président (M. Lorrain): ...telle que
posée par M. le leader de l'Opposition, on a tout le temps et je
pense que les enveloppes de temps qui ont été entendues par
consensus des deux côtés nous permettent de poser des questions
directement à tous les témoins qui viennent ici, Maintenant, M.
le ministre, tel que je vous ai lu, dans la déclaration, au
début, ce matin, vous êtes obligé de répondre aux
questions et répondez aux questions.
M, Polak:... M. le député de Taillon, M. le
Président?
M. Chevrette: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Juste une seconde. Alors, ma
décision est rendue sur ce point.
M. Chevrette: Oui, mais c'était une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
sur une autre...
Une voix: Trois minutes.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le leader de l'Opposition. On va vous donner le temps.
M. Chevrette: M. le Président, vous venez de dire au
député de Taillon... Puis, moi, je m'excuse, mais je ne le prends
pas, M. le Président, puis je vais vous expliquer pourquoi. Ce n'est pas
votre décision, je vais vous montrer, votre décision, elle ne
répond pas du tout, puis je vais essayer de vous comprendre une fois de
temps en temps, en tout cas. Le député de Taillon dit: En quels
mots avez-vous dît au témoin Lemay: N'appelle pas Garon? Est-ce
que ça peut être plus direct comme question, ça? Vous vous
retournez de bord et vous dites: M. le député de Taillon,
pourriez-vous aller avec des questions directes, on a beaucoup de temps? Elle
était toute courte, elle était très directe.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas dit qu'elle
n'était pas...
M. Chevrette: Non, non, je m'excuse, je n'ai pas fini, M. le
Président. Je veux bien vous suivre, puis je veux bien, M. le
Président, très honnêtement comprendre que vous
ménagez peut-être le chou puis la chèvre...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, ce n'est pas mon
rôle, je ne pense pas, depuis le début avec les commentaires, des
fois...
M. Chevrette: Bien, oui, mais, comment vous...
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Chevrette:... comment vous pouvez juger...
Le Président (M. Lorrain): J'essaie de statuer le
plus...
M. Chevrette:... de cette question dans ce cas-là? Comment
vous pouvez juger que cette question n'est pas directe, n'est pas conforme
à nos règles, n'est pas... Vous avez dit dans vos... Bien, vous
allez prendre les galées, on va ajourner s'il faut. M. le
député de Taillon a posé une question très directe:
Dans quels mots avez-vous dit à monsieur... Il y a toujours des limitesl
On se fait faire un sermon à chaque fois...
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Chevrette:... sur une question, puis, souvent, ça tombe
sur la question la plus courte, la plus directe. Si on utilisait des
périphrases à n'en plus finir, mais la question était
d'une clarté, d'une limpidité et d'une recevabilité
incontestables.
Le Président (M. Lorrain): Si, dans ma décision,
tout à l'heure, j'ai qualifié la question de M. le
député de Taillon d'indirecte, de non conforme ou quoi que ce
soit, je le regrette, mais je ne pense pas d'avoir rendu une décision
dans ce sens-là, du tout. J'ai simplement demandé: Maintenant,
après ma décision, on est prêt à poser des
questions, posez des questions directes, point. Mais je n'ai pas
qualifié, je n'ai même pas repris, dans les termes, la question de
M. le député de Taillon et il y a plus que ça, la question
de M. le député de Taillon, c'est: En quels termes exacts
avez-vous dit: N'appelle pas M. Garon? Point. Et ça a
été demandé à quelques reprises, et ça a
été demandé au tout début de l'interrogatoire de M.
le député de Taillon, avec la seule nuance: les termes, mais une
question, directement, à propos de: N'appelle pas, expressément,
"Dans votre esprit, expressément", ce sont les mots employés par
M. le député de Taillon au début de l'après-midi,
au début de son interrogatoire, au tout début, je pense que
ça faisait à peine trois minutes. Alors, je ne dis pas que la
question là, puis j'espère... Je vois, j'ai mal été
interprété, je ne voulais pas dire qu'elle n'était pas
conforme; elle est conforme. Sauf que j'ai demandé la collaboration de
chacun et, je le répète, il faut faire également attention
aux questions répétitives, mais parce qu'il a dit: "En quels
termes exacts", et que j'y trouvais une nuance avec la première
question, au tout début, qui disait: "Dans votre esprit,
expressément", puis là, M. le député de
Taillon a dit: "N'appelle pas M. Garon", a demandé une question un peu
semblable à M. le témoin, M. le ministre, qui est là
actuellement. Alors, je m'excuse, M. le leader de l'Opposition, je ne voulais
pas... J'ai été mal interprété si j'ai dit
ça. La question est recevable telle qu'elle a été
posée, puis elle est très directe, sauf qu'il faut simplement
éviter, peut-être, d'être répétitif. C'est
là-dessus que j'ai fait une intervention, puis j'insiste.
Alors, M. le député de Taillon.
M. Filion: J'ai posé ma question. Pas sur mon temps: En
quels termes...
Le Président (M. Lorrain): Alors, en quels termes exacts
avez-vous mentionné...
M. Bélanger:... ton temps...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bélanger: À un moment donné, il va
falloir que tu parles à quelque part.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette; Bien oui, mais il va-t-il falloir poser cinq fois
la même question sur notre temps pour avoir une réponse''
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il reste quinze minutes; ça allait très bien,
là.
M. Chevrette: Voyons!
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, la question qui
vous a été posée... En quels termes exacts avez-vous
mentionné: N'appelle pas M. Garon, à Me Lemay? Point.
M. Pagé: N'appelle pas Jean Garon.
Le Président (M- Lorrain): N'appelle pas... Oui. (17 h
45)
M. Filion: Est-ce que vous avez dît à Me Lemay
pourquoi il ne devait pas appeler M. Garon?
M. Pagé: Me Lemay a évoqué la
possibilité d'échanges et de rencontre et c'est sur la foi de
cette évocation que je lui ai indiqué de ne pas appeler Jean
Garon, parce que ce n'était pas ça, le but de ma démarche,
M. le député. Je vous l'ai dit et je vous l'ai
répété à plusieurs reprises et je me vois dans
l'obligation, encore une fois, de vous le répéter.
M. Filion: Est-ce que M. Lemay vous a demandé pourquoi il
ne devait pas appeler M. Garon?
M. Pagé: Pas à ma connaissance, là. H a
évoqué la question suivante ou -le sujet suivant qui a
été évoqué, c'est: Qu'est-ce que je vais faire"?
J'ai dît: Fais ce que tu voudras. Je ne l'appelais pas pour lui dire quoi
faire. Je l'appelais pour lui dire que son projet de loi, je m'y objectais.
M. Filion: En quels termes exacts avez-vous dit à M. Lemay
qui n'en parle pas nulle part dans son témoignage, que vous n'aviez
aucun service à rendre à M. Garon?
M. Pagé: C'est...
M. Lefebvre:... que de prétendre que...
Le Président (M. Lorrain): Une question de
règlement, M. le député de...
M. Lefebvre:... à nulle part dans le témoignage de
Lemay, on ne parle...
Une voix;... on l'appréciera plus...
M. Lefebvre: Ça, ce n'est pas au député de
Taillon à décider ça. Le témoin Lemay a
passé quatre jours ici.
Une voix: Cinq jours.
M. Lefebvre: J'imagine qu'il n'a pas relu ça en fin de
semaine, là. Alors, on ne peut pas qualifier le témoignage de
Lemay. C'est carrément ce que le député de Taillon est en
train de faire, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire sur les autres
témoignages.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): II y a question de
règlement. M. le leader de l'Opposition. Oui...
M. Chevrette: Si vous avez décidé, ça ne
vaudrait pas la peine de plaider.
Le Président (M. Lorrain):... quand même!
M. Chevrette: Ça fait deux fois que ça m'arrive;
c'est toujours à moi.
Le Président (M. Lorrain): La semaine passée...
M. Chevrette: Non, c'est à mot.
Le Président (M. Lorrain): Allez-y, le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, si la question avait
été: Trouvez-vous surprenant que Me Lemay n'ait jamais
utilisé l'expression ou n'ait jamais dit ça? Il y a une question
de fait, c'est que Me Lemay n'a jamais utilisé la... l'expression...
M. Filion: II ne l'a jamais utilisée.
M. Chevrette: Comment dirai-je? Le mot ne me vient pas.
L'expression...
M. Filion: Aucun service à rendre.
M. Chevrette: O. K. Je n'ai aucun service à rendre
à Garon, c'est tout nouveau dans tous les témoignages. C'est tout
du neuf. Il demande: En quels termes exacts il a dit ce tout neuf-là? Je
pense que c'est tellement clair... En quels termes, puisque c'est lui qui l'a
dit, ça. On dit: Dans quels termes...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre!
M. Chevrette:... exacts vous avez dit ça? Ce n'est pas une
opinion. C'est loin d'être une opinion, M. le Président, et je
suis content que le député de Sainte-Anne, à part de
ça, utilise le terme "opinion". Ce n'est pas une opinion. Il demande
dans quels termes précis il aurait dit à Me Lemay, parce que
c'est M. Pagé qui nous a dit: J'ai dit à Me Lemay: Je n'ai pas de
cadeau à faire à Jean Garon. Mais c'est en quels termes
exacts?
La question est tout à fait acceptable, M. le Président.
Vous devriez trancher ça tout de suite, comme vous étiez
prêt à le faire, avant que je parle.
Le Président (M. Lorrain): Ha! Ha! Ha! Je dois entendre,
quand même, non, une intervention de chaque côté sur les
questions de règlement. L'absence d'une réponse ou la
réponse ne peut pas être commentée à
l'intérieur d'une question. On ne peut pas faire des
références à une absence dans une question et demander ce
qu'en pense, par exemple, le témoin actuel. On sait tous qu'on peut
réassigner les témoins. S'il y a des choses qu'on a oublié
de demander, on pourra toujours les réassigner.
Je répète encore une fois: M. le député de
Taillon, vous pouvez poser une question directe et même citer le texte
d'une autre personne qui est venue témoigner ici sans commenter en quoi
que ce soit l'absence, la réponse ou encore le jugement à
être porté sur le témoignage d'un témoin.
M. Filion: En quels termes avez-vous dit à M. Lemay: Je
n'ai aucun service à rendre à M. Garon?
M. Pagé: Ce que je lui ai dit voulait bien dire cela. Je
n'ai aucun service à lui rendre, je n'ai pas de cadeau à faire
à Jean Garon.
M. Filion: Combien de temps a duré votre conversation avec
M. Lemay?
M. Pagé: Je vous l'ai indiqué à plusieurs
reprises aujourd'hui, trois, quatre minutes, cinq minutes maximum, quelques
minutes seulement.
M. Filion: Comment expliquez-vous les cinq, six, sept
différences, contradictions entre son témoignage et le
vôtre?
M, Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Louis-Hébert.
M. Chevrette: II n'y en a pas, de contradictions!
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, je pense que...
Une voix: Dans un premier temps, il n'y en a même pas, de
contradictions.
Le Président (M. Lorrain): Elle est retirée
totalement.
M. Doyon: Oui, mais le mal est fait, M. le Président.
Comment expliquez-vous les contradictions, les six, sept contradictions entre
votre témoignage, etc? II n'y en a pas, de contradictions. On
établira ça, M. le Président, en temps et lieu: il y a
concordance sur les points importants à l'effet que ça s'est
passé comme le député de Portneuf nous le raconte et c'est
concordant avec la grande partie du témoignage de Me Lemay, M. le
Président. On y viendra plus tard, de toute façon.
M. Filion: Question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, c'est plus brillant,
ça, hein?
M, Doyon: M. le Président, simplement...
Le Président (M, Lorrain): M. le
député de Louis-Hébert, sans commentaire.
M. Chevrette: M. le Président, vous avez demandé au
député de Taillon d'arrêter, il est parti sur la
concordance.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire, M. le...
M. Doyon: La porte était ouverte, M. le Président
et, dans ce temps-là, on est Invité à entrer.
M. Filion: Ç'aurait été une question
intéressante.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, sur la question de règlement.
M. Filion: J'aurais aimé avoir l'avis du ministre
là-dessus, pour expliquer cela...
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Filion:... mais j'avoue que ma question n'est pas conforme aux
règles, parce qu'il y a matière à interprétation et
à ce moment-là...
Le Président (M. Lorrain): À la fin, oui, on va
avoir tout le loisir d'interpréter tous les témoignages...
M. Filion:... je consens à la retirer, mais je
conserve...
Une voix: Comment expliquer, ça a t'y du bon sens de poser
une question de même!
M. Filion: Non, non, c'est sur la question de règlement
que j'interviens, là; ça ne compte pas sur mon temps.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, c'est sur la question
de règlement.
M. Filion: À ce moment-là, je vais conserver le
reste du temps qu'il me reste...
Le Président (M. Lorrain): O. K. Alors, vous retirez votre
question...
M. Filion:... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... au bénéfice de
tous les parlementaires. M. le député de Taillon.
M. Filion: Je conserve mon temps.
Le Président (M. Lorrain): Tout en respectant la
règle de l'alternance, je comprends bien que vous avez terminé
pour le moment votre interrogatoire, M. le député de Taillon.
Alors, je vais demander s'il y a un député de la formation
ministérielle qui est prêt à interroger.
M. Doyon: Je passe un tour.
Le Président (M- Lorrain): Bon, alors, je reviens à
l'Opposition. M. le député de Roberval, vous m'aviez
demandé la parole. Alors, M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Oui, M. le Président, j'aimerais savoir du
ministre de l'Agriculture... Vous avez indiqué un peu plus tôt cet
après-midi - sauf erreur, j'ai cru comprendre des choses comme ça
- que vous aviez d'abord, l'objectif de votre téléphone à
Me Lemay avait deux objectifs: le premier, vous vouliez exprimer vos
réserves quant à la rétroactivité concernée
dans le projet de loi; le deuxième, c'était de lui indiquer que
vous n'étiez pas intéressé à faire de cadeau
à Jean Garon, je pense, quelque chose comme ça. C'est à
peu près ce que vous avez dit? Si ce n'est pas exact, vous pouvez me
corriger, là, je fais juste une vérification.
M. Pagé: C'est une interprétation des propos tenus
comme suite à de nombreuses questions.
M. Gauthier: Voulez-vous me les donner exactement si c'est une
interprétation?J'aimerais savoir clairement ce que vous
aviez dît. Je ne voudrais pas vous interpréter.
M. Pagé: J'ai indiqué à plusieurs reprises
depuis le matin que, si j'ai communiqué avec Me Lemay, c'est que je le
connais personnellement. C'est aussi parce qu'il avait communiqué avec
moi par lettre à la mi-novembre, en date du 14 novembre, concernant ce
projet de loi 272 et que ma démarche visait à l'informer d'une
décision que j'avais prise concernant mon refus à donner en
termes de consentement pour l'adoption du projet de loi en troisième
lecture. Et ce refus ou cette décision s'appuyait sur deux
éléments: un premier élément, mes réserves
concernant le caractère expéditif de l'adoption d'une
législation comme celle-là venant régulariser une
situation où la Commission intermunicipale de transport de la rive sud
de Québec a déboursé, a engagé des sommes allant
jusqu'à près de 7 000 000 % sans l'approbation nécessaire
du ministre des Affaires municipales. Et, comme je l'ai indiqué ce matin
- je crois que vous étiez ici - pour moi, ça implique
sérieuse analyse, ça peut pas passer nécessairement tout
le temps comme une lettre à la poste dans le cadre d'une fin de session,
avec tout le brouhaha que vous connaissez, d'ailleurs, des fins de session.
L'autre élément, j'ai indiqué
que l'autre motif, c'est que je n'avais pas de service à rendre
à M. Garon, compte tenu de l'attitude, que vous connaissez, d'ailleurs
très bien, qu'il a adoptée et qu'il adopte toujours devant le
gouvernement.
M. Gauthier: Compte tenu...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire sur aucun des
parlementaires, M. le ministre.
M. Chevrette: II faut pas juger de l'attitude des autres.
M. Gauthier: Compte tenu de ces deux raisons-là que vous
avez indiquées à Me Lemay, et c'est à peu près ce
que j'avais indiqué tout à l'heure, est-ce que Me Lemay a
essayé de vous convaincre, et en quels termes, si c'est le cas, que
l'aspect de la rétroactivité dans le projet de loi était
quelque chose de souhaitable, de normal dans les circonstances? Est-ce qu'il a
essayé de vous convaincre de cela?
M. Pagé: Ayant évoqué les réserves
que j'avais, il y a, évidemment, référé en me
disant que: 1, il était avocat au dossier depuis peu de temps,
même si cette situation référait à des modifications
à une loi en 1984 ou 1985, et que c'étaient essentiellement des
dépenses qui avaient été faites sans qu'une approbation
nécessaire ait été approuvée ou acceptée,
celle du ministre ou du ministère des Affaires municipales. Et je me
rappelle très bien plus précisément qu'il m'a dit:
Écoute, il n'y a pas de "scheme", il n'y a pas de problème
là-dedans; tu me connais; je te le dis; bon, etc. Et c'est ce à
quoi il a référé. Il a tenté de me convaincre.
M. Gauthier: Est-ce que les arguments de Me Lemay ont
effectivement ébranlé votre détermination à bloquer
le projet de loi 272?
M. Pagé: Non, je lui ai dit que, je lui ai fait part que
le projet de loi pourrait facilement être étudié au mois de
mars et que ma décision était prise. Et, comme je l'ai
indiqué ce matin, la démarche n'avait pas pour but d'influencer
le député de Lévis sur la décision qu'il avait
à prendre au nom de l'Opposition ou avec d'autres dans l'Opposition sur
le projet de loi 132. À preuve, la surprise, comme je l'ai dit ce matin
- parce que c'est probablement votre question suivante - à preuve, ma
grande surprise quand j'ai vu que le député de Lévis
soulevait cette procédure aussi exceptionnelle à
l'Assemblée.
M. Gauthier: Quand vous avez évoqué la
possibilité de l'adoption de 272 au mois de mars ou au mois d'avril ou
quelque chose comme ça, quelles ont été les paroles ou
quelle a été la réaction, le plus fidèlement
possible - si vous pouvez fouiller dans votre mémoire - nous indiquer
quelle a été la réaction ou les propos qu'a tenus Me Lemay
face à cela?
M. Pagé: O. K. Je vous ai indiqué, j'ai
indiqué aujourd'hui ici une réaction de nervosité et c'est
là qu'il a évoqué la possibilité de rencontre. Je
ne peux vous le dire à un iota près, mais il a
évoqué la possibilité de rencontre, d'échanges
pour, comme si c'était négociable, cette affaire-là. Et je
lui ai dit, je lui ai dit non, tel que je référais en
réponse aux questions du député de Taillon tout à
l'heure.
M. Gauthier: Je voudrais faire référence, M. le
Président, à la pièce D-20-C qui est
l'aide-mémoire...
Le Président (M. Lorrain): D-26? M. Gauthier:
D-20-C.
Le Président (M. Lorrain): Ah, excusez-moi. D-20-C.
M. Gauthier: L'aide-mémoire de Me Lemay, à la page
4.
M. Pagé: D-20-C, je ne l'ai pas, bien, pas à ma
connaissance.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce qu'on veut remettre
D-20...
M. Pagé: C'est une... C'est quoi, là? C'est un
témoignage ou si c'est...
M. Gauthier: C'est le témoignage écrit de Me Lemay.
C'est son aide-mémoire. C'est la dernière, sauf erreur, c'est la
transcription dactylographiée de D-20-B-2 qui était
lui-même...
M. Pagé: M. le Président, j'ai D-25 ici. J'ai D-27.
J'ai D-24. J'ai D-23. J'ai R-238. C'est quoi ça?
Une voix: D-20-C.
M. Pagé: D-20-C. La voilà. Merci, monsieur.
M. Gauthier: Ah, bon! Alors, à la page 4, deuxième
paragraphe, Me Lemay - et je cite ce qu'il a écrit - "J'ai
précisé au. député, M. Pagé, que je trouvais
cette
situation déplorable... "
M. Pagé: M. le député.
M. Gauthier: Oui. D-20-C, page 4, M. le ministre.
M. Pagé: Si je comprends bien, c'est un mémo qui a
été déposé ici devant l'Assemblée. Page 4?
O. K.
M. Gauthier: Page 4, c'est le deuxième paragraphe, M. le
ministre. Alors: "J'ai précisé au député, M.
Pagé, que je trouvais cette situation déplorable, tout en
précisant que c'est souvent ce qui se passe en fin de session pour avoir
vécu un cas semblable avec un projet de loi privé que j'avais
présenté pour la ville de Sorel il y a quelques années. Et
j'ai remercié M. Pagé de m'informer de sa décision. "
M. le Président, j'aimerais que le ministre nous indique: Ne vous
a-t-il pas semblé curieux, vous qui aviez deux raisons à
évoquer à Me Lemay, soit vos réserves personnelles sur la
rétroactivité et, deuxièmement, le fait que vous n'aviez
pas de cadeau à faire à M. Garon, que Me Lemay vous arrive avec
une réflexion comme celle des fins de session qu'il a déjà
vécues? Est-ce que ça ne vous a pas semblé curieux comme
réponse à ce que vous veniez de lui avancer comme
argumentation?
M. Pagé: Au meilleur de ma connaissance, M. le
député, la référence qu'il a faite aux - entre
guillemets - "fins de session" et les remerciements qu'il m'a faits de lui
avoir signifié ma décision, c'est à la toute fin de la
conversation.
M. Gauthier: Oui, mais sauf erreur vous avez dit que la
conversation a été très brève.
M. Pagé: On s'en dit beaucoup de choses en quatre, trois,
quatre, cinq minutes, vous savez.
M. Gauthier: Oui, d'accord. Alors, elle a duré trois,
quatre, cinq minutes, admettons. Vous aviez un message à passer, celui
que vous, personnellement, bloquiez 272 pour deux raisons: premièrement,
vous aviez des réserves sur la rétroactivité et,
deuxièmement, vous n'aviez pas de cadeau à faire à Garon.
Or, Me Lemay, dans la même conversation de trois, quatre cinq minutes,
là - ce n'est pas très long, vous l'avez vous-même
mentionné à plusieurs reprises vous indique qu'il a
déjà connu des fins de session comme ça, puis que c'est un
moyen paquet de problèmes. Ça ne vous a pas étonné
qu'il vous réponde de cette manière-là, qu'il
réponde de cette manière-là à un ministre qui
l'appelle pour dire: Je, personnellement, bloque ton projet de loi.
M. Pagé: Non. Comme je vous ai indiqué, M. le
député, je l'ai indiqué à plusieurs reprises ici
aujourd'hui, les moments, appelons-les les moments forts de cette
conversation... Ma perception, c'est qu'il a référé
à une expérience comme celle-là qu'il avait
déjà vécue un peu par dépit à la fin de la
conversation.
Le Président (M. Lorrain): Dernière question, s'il
vous plaît, M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Je peux attendre après souper, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Les travaux de cette commission
sont suspendus jusqu'à 20 heures. M. le ministre, je vais vous demander
d'être de retour à 20 heures, s'il vous plaît!
M. Pagé: On va y être. (Suspension de la
séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 15)
Le Président (M. Lorrain):... va reprendre ses travaux. Je
vais céder à nouveau la parole à M. le
député de Roberval qui interrogeait M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, toujours sous le
même serment, M. le ministre. M. le député.
M. Gauthier: Oui. Nous nous sommes quittés, M. le
Président, je demandais au ministre de l'Agriculture, étant
donné que son objectif qui était double, qui était celui
d'abord de se montrer en désaccord avec l'aspect de la
rétroactivité du projet de loi et ensuite d'indiquer à Me
Lemay qu'il n'entendait pas faire de cadeau à M. Garon et j'interrogeais
le ministre à l'effet est-ce que le ministre pourrait m'expliquer, avec
un objectif aussi clair, est-ce que le ministre n'a pas été
étonné du fait que Me Lemay qui a travaillé depuis
plusieurs mois sur le projet de loi puis qui a mis, je pense, beaucoup de temps
et d'énergie, comme il nous l'a expliqué, à faire adopter
le projet de loi, à le préparer et à le faire adopter,
est-ce que le ministre n'a pas été étonné de voir
que Me Lemay le remerciait de l'informer du fait que le projet de loi 272
était compromis?
M. Pagé: Non.
M. Gauthier: Est-ce que le ministre peut nous dire s'il... est-ce
que le ministre peut nous dire pourquoi, à son avis, Me
Lemay l'a remercié? De façon habituelle, j'ai
l'impression que le ministre ayant indiqué clairement à Me Lemay
qu'il était celui qui bloquait le projet de loi, le ministre peut-il
m'expliquer comment il peut nous expliquer que Me Lemay l'a remercié de
bloquer le projet de loi auquel Me Lemay tenait depuis
longtemps?
Le Président (M. Lorrain): Je pense que Me Lemay serait la
meilleure personne pour me répondre à cette
question-là.
Une voix: Mais là, c'est Me Pagé qui est devant
nous.
Une voix: II demande s'il n'est pas étonné. Il va
dire oui ou non.
Le Président (M. Lorrain): Oui.
M. Gauthier: M. le Président, je... d'accord, je peux
formuler autrement. Je veux simplement savoir si M. Pagé, M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, n'a pas
été très étonné de constater que Me Lemay le
remerciait de lui dire qu'il était celui qui empêchait son projet
de loi de passer.
M. Pagé: Je dais vous dire, j'ai interprété
ces remerciements comme s'appuyant sur les civilités d'usage.
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais savoir du
ministre est-ce que vous connaissez Me Lemay depuis longtemps?
M. Pagé: Depuis sept, huit ans au moins.
M. Gauthier: Est-ce que Me Lemay... Me Lemay représente un
certain nombre de municipalités de votre comté, je crois.
M. Pagé: Circonscription, oui.
M. Gauthier: Est-ce que vous êtes au courant du nombre de
municipalités qui est représenté par Me
Lemay?
M. Pagé: Peut-être pas exactement mais je sais qu'il
représente Saint-Raymond, Notre-Dame-de-Montauban, 5aint-Casimir. Ce
sont les municipalités avec qui j'ai eu à traiter.
M. Gauthier: Avez-vous eu effectivement, puisque vous abordez le
sujet, avez-vous eu à traiter plusieurs dossiers avec Me Lemay et des
municipalités de votre comté? Est-ce que vous pouvez
les quantifier de mémoire?
M. Pagé: Je ne pourrais les quantifier mais je dois dire
que sur une base assez régulière Me Lemay, de par ses fonctions
d'avocat pour une ou des municipalités de mon comté, était
en contact avec le député dont je suis.
M. Gauthier: Est-ce que c'est la première fois, M. le
ministre, que vous vous retrouvez dans une situation telle, avec Me Lemay,
concernant un projet de loi privé?
M. Pagé: À quelle situation
référez-vous?
M. Gauthier: Une situation où vous êtes celui qui
bloquez le projet de loi sur lequel M. Lemay travaille comme procureur depuis
un certain temps?
M. Pagé: Oui.
M. Gauthier: C'est la première fois. Est-ce que, M, le
ministre, vous pouvez nous indiquer si le niveau de familiarité que vous
avez avec Me Lemay vous autorise le tutoiement?
M. Pagé: Peut-être à l'occasion. Cependant,
M. le député, si vous me connaissiez personnellement, si nous
avions des relations plus étroites, vous seriez à même de
constater que régulièrement je vouvoie les gens.
M. Gauthier: Je n'ai pas ce privilège, M. le ministre.
M. Pagé: Moi non plus.
M. Gauthier: Simplement vous demander, au moment où vous
avez appelé Me...
M. Pagé: Ca n'exclut pas cependant que Me Lemay et moi,
à certains moments, on se soit tutoyé.
M. Gauthier: D'accord. Pouvez-vous m'indiquer, M. le ministre, au
moment où vous avez appelé Me Lemay, c'est de votre voiture comme
vous nous l'avez indiqué?
M. Pagé: Oui.
M. Gauthier: Pouvez-vous nous indiquer en quels termes vous avez
abordé Me Lemay? Est-ce que vous vous êtes
identifié comme Michel Pagé, ministre de
l'Agriculture? J'imagine.
M. Pagé: Oui, à la réceptionniste ou
à sa secrétaire, la jeune dame, ou la dame qui m'a répondu
quand j'ai placé l'appel, oui.
M. Gauthier: D'accord. Est-ce que, M. le ministre, vous vous
êtes, vous ne vous êtes pas identifié comme
député de Portneuf,
vous vous êtes identifié comme ministre de l'Agriculture,
si j'ai bien compris.
M. Pagé: Ben, l'un ne va pas sans l'autre. Je ne serais
pas ministre si je n'étais pas député. Je ne pourrais vous
dire.
M. Gauthier: Êtes-vous capable de me dire, M. le ministre,
Me Lemay que vous connaissez relativement bien, avec qui vous avez
collaboré dans le passé ou travaillé, en tout cas, sur des
projets de loi sur lesquels lui-même, auxquels lui-même
s'intéressait, M. Lemay, Me Lemay vous écrit pour vous demander
votre appui sur la loi 272. Non seulement vous n'étudiez pas !e projet
de loi au moment où on vous demande de le faire, mais vous lui indiquez
que vous avez l'intention de bloquer le projet de loi. Est-ce que sa
réaction n'a pas été - je ne veux pas évidemment
vous suggérer une réponse, mais ce que je voudrais savoir, est-ce
que... Ça m'étonne un peu que sa réaction puisse
être du domaine du remerciement. Est-ce que vous pouvez nous expliquer
cette relation que vous avez avec Me Lemay et qui fait qu'après lui
avoir indiqué que vous n'avez pas étudié le projet de loi,
qu'après vérification le 19 décembre vous décidez
d'apposer une forme de veto en quelque sorte sur l'acceptation de
l'étude en troisième lecture du projet de loi en Chambre?
Êtes-vous capable de m'expliquer comment se fait-il que Me Lemay
n'a pas eu de réaction autre que celle de vous remercier?
M. Pagé: Je crois que le témoignage que j'ai rendu
aujourd'hui démontre très clairement les réactions ou
évoque les réactions de Me Lemay à la conversation
téléphonique que j'ai eue avec lui. Dans un premier temps, et
là vous me permettrez, M. le député, de corriger votre
question, vous dites que je n'aurais pas étudié le projet de loi.
J'ai exprimé des réserves à Me Lemay sur le fond de la
question.
M. Gauthier: Mais le 19 décembre.
M. Pagé: Ben oui, c'est le 19 décembre que je lui
ai parié, ce n'est pas avant.
M. Gauthier: Est-ce que...
M. Pagé: Et les remerciements, vous savez, j'ai
évoqué ici, à plusieurs reprises aujourd'hui, la
réaction de Me Lemay qui m'a semblé devenir nerveux,
s'inquiéter d'une telle situation, formulant les possibilités ou
l'hypothèse de rencontres, d'échanges, etc. Vous savez, il ne m'a
pas remercié tout de suite. Il m'a remercié à la fin de la
conversation pour l'avoir appelé et c'est tout à fait normal
qu'il en soit ainsi chez les bonnes gens qui savent vivre.
M. Gauthier: Dites-moi, M. le ministre, compte tenu de la
relation qui existe avec Me Lemay, le fait que vous le connaissez depuis un
certain temps, compte tenu aussi du fait que vous connaissiez, à ce que
vous nous avez dit, les implications du fait que vous vous opposiez à
l'adoption du projet de loi, vous vous attendiez à quoi exactement en
appelant Me Lemay? C'était quoi, votre objectif, finalement?
M. Pagé: Qu'il ne me court pas après tout le temps
des fêtes, après l'avoir appris dans le journal du 20.
M. Gauthier: Vous avez appelé Me Lemay pour avoir la paix
dans le temps des fêtes, c'est ça?
M. Pagé: Je vous ai indiqué cet après-midi,
le connaissant personnellement, il aurait fait certainement des contacts
nombreux avec moi pour savoir pourquoi son projet de loi n'avait pas
reçu l'étape de la troisième lecture» Je le
connaissais personnellement, il avait communiqué avec moi pour ce projet
de loi, c'est ce qui m'habilitait à communiquer avec lui pour lui faire
part de ma décision.
M. Gauthier: Mais, M. le ministre, est-ce qu'il ne vous est pas
venu à l'esprit que les gens de la société de transport de
la rive sud pourraient être ceux qui courent après vous durant le
temps des fêtes puisque vous vous avouiez vous-même comme
étant celui qui bloquait ce projet de loi, donc qui partait d'une
certaine façon un préjudice financier aux citoyens qui sont
représentés par ces maires, par ces élus municipaux qui
siègent sur la commission de transport de la rive sud? Est-ce que le
fait de vouloir - je ne sais pas moi - clarifier la situation avec Me Lemay ne
vous exposait pas à recevoir des représentations, disons, pour le
moins fort actives durant le temps des fêtes de la part des gens de la
rive sud?
M. Pagé: Vous savez, le fait de déposer un projet
de loi privé par un député n'implique pas
nécessairement et obligatoirement que ce projet de loi doive être
accepté, vous savez. C'est une dépense de 7 000 000 $ qui n'a pas
reçu toutes les approbations nécessaires. C'est important et non
seulement c'était une ratification de dépenses qui n'avaient pas
reçu toutes !es approbations, mais c'était aussi une situation
où la Commission intermunicipale de transport de la rive sud demandait
au ministère des Transports, non seulement de verser les 4 000 000 $ que
représentait la partie subventionnable de leurs acquisitions, mais aussi
la commission demandait au
gouvernement de payer à même les taxes et les impôts
de ceux qui nous représentent les intérêts sur le
financement temporaire d'un tel investissement. Ce qui représentait
quelques centaines de milliers de dollars.
Vous êtes député comme moi; vous avez
été membre de l'équipe ministérielle comme je le
suis du côté de la majorité; vous savez tous les efforts
qu'il faut déployer dans certains cas pour aller chercher une subvention
de 100 000 $ ou de 200 000 $ pour un projet communautaire ou une entreprise
locale ou pour aider un groupe dans une municipalité. On ne peut pas se
permettre de laisser passer les millions comme cela, les intérêts,
payez donc, parce que quelqu'un a omis de se convier aux approbations requises
et présente un projet de loi privé. Le but de ma démarche
était de faire en sorte qu'on prenne un peu plus de temps puis qu'on
regarde ça sérieusement.
M. Gauthier: Mais votre poste de ministre, votre situation dans
le gouvernement, M. le ministre, ne vous autorisait-elle pas d'abord et avant
tout à expliquer cette chose à votre collègue, ministre
des Affaires municipales, qui en quelque sorte entérinait, et à
votre collègue, ministre des Transports, qui est celui, comme vous le
disiez si bien cet après-midi, est celui qui paye et qui acceptait le
principe du projet de loi? Est-ce que ce n'est pas d'abord là
que vous auriez dû faire ce genre de représentation plutôt
qu'auprès de Me Lemay, qui, finalement, n'est que le procureur de la
CITRSQ?
M. Pagé: J'ai échangé avec le ministre des
Transports. Pourquoi? Parce que, comme vous le dites, c'est lui qui paie. Cet
après-midi on m'a posé des questions référant
à la solidarité ministérielle. Vous savez, ce
n'était pas un projet de toi public, c'était un projet de loi
privé. Ce n'était pas un projet de loi qui a été
présenté par le ministre des Affaires municipales. Il l'a
été par le député de Lévis. C'est bien
différent. Et, si j'ai appelé Me Lemay, ce n'est pas
compliqué -je l'ai dit à plusieurs reprises aujourd'hui -c'est
parce que je le connais personnellement depuis un bon bout de temps. C'est
aussi clair et aussi simple que cela.
M. Gauthier: Oui, mais, M. le ministre, vous avez fait à
maintes occasions des commissions parlementaires, vous avez participé
à des commissions parlementaires, que ce soit comme député
d'Opposition ou encore comme ministre. Vous savez, vous connaissiez à ce
moment-là, au moment où vous avez appelé Me Lemay, vous
connaissiez la position de vos collègues du Conseil des ministres, par
ailleurs, plus concernés encore que vous ne pouviez l'être par ce
projet de loi puisque le ministre des Affaires municipales est en quelque sorte
le parrain gouvernemental, si vous me prêtez l'expression, du projet de
loi. Ne vous aurait-il pas semblé plus logique et plus normal de
discuter avec ces gens-là plutôt qu'avec un simple procureur d'une
commission de transport?
M. Pagé: C'est votre interprétation, M. te
député.
M. Gauthier: Est-ce qu'en appelant Me Lemay, est-ce que vous
aviez espoir de changer quoi que ce soit dans la démarche qui avait
commencé avec les premières étapes du projet de loi? Quand
vous avez appelé Me Lemay, est-ce qu'il ne vous semblait pas, comment
dire, inhabituel qu'un ministre puisse contacter un procureur pour lut indiquer
son intention de bloquer le projet de loi plutôt que de le faire
auprès de son leader et auprès de ses collègues ministres
qui semblent appuyer te projet de loi?
M. Pagé: Ça avait été fait
auprès du ministre des Transports. Je comprends le caractère
particulier d'une démarche de la part d'un ministre auprès d'un
procureur, je l'ai dit très clairement ce matin. Si je n'avais pas connu
Me Lemay, je n'aurais pas jugé opportun de communiquer avec lui, c'est
parce que je le connais personnellement.
M. Gauthier: Connaissant Me Lemay suffisamment bien, est-ce que
le fait de souligner la résistance du député de
Lévis au projet de loi 123...
Une voix: ] 32.
M. Gauthier: 132, je m'excuse. Est-ce que le fait de souligner sa
résistance au projet de loi 132, vous ne saviez pas que Me Lemay
tenterait des démarches quelconques?
M. Pagé: J'ai très clairement indiqué
à plusieurs reprises que le but de la démarche n'était pas
d'établir comme conditionnelle l'adoption du 272 par rapport à
132. Je l'ai dit à plusieurs reprises et je vous le
répète, M. le député. J'ai indiqué à
ce moment-là les motifs à l'appui de ma décision, et je
n'ai pas, évidemment, à juger de l'interprétation ou
encore des suites données à ma conversation par Me Lemay. C'est
Me Lemay qui est plus indiqué que moi d'y répondre. La
démarche ne visait pas, mais pas du tout à engendrer quelque
pression que ce soit sur le député de Lévis; d'ailleurs,
je l'ai dit aujourd'hui. (20 h 30)
M. Gauthier: Mais, sans être initialement le but de votre
démarche, est-ce que, M. le ministre, un homme de votre
expérience ne pouvait pas prévoir que les conséquences
d'une démarche comme celle que vous' faisiez indiquant à Me Lemay
que
vous n'aviez pas de cadeau à faire à Jean Garon, compte
tenu du fait que 123 et d'autres projets de loi étaient bloqués -
132, je m'excuse - est-ce que vous ne pouviez pas prévoir comme
conséquences que des pressions seraient exercées par Me Lemay ou
par des gens de la CITRSQ pour tâcher de débloquer le projet de
loi 272, puisqu'un des deux éléments importants de votre
communication, au-delà de l'élément de
rétroactivité, était celui de la résistance du
député de Lévis?
M. Pagé: C'est vrai que je lui ai dit que je n'avais pas
de cadeau à faire à Jean Garon et c'est vrai que je n'avais pas
et que je n'ai pas de cadeau à faire à M. Garon, compte tenu que
M. Garon avait décidé, comme c'est son droit, comme
c'était son droit, de bloquer systématiquement mes lois et celles
du ministre des Finances.
M. Gauthier: Mais, connaissant le système parlementaire
comme vous le connaissez, M. le ministre, depuis plusieurs années,
connaissant également Me Lemay relativement bien, est-ce que cela ne
semblait pas là incitatif auprès de Me Lemay ou, à tout le
moins, imprudent de votre part que de l'appeler pour lui indiquer que, le
projet de loi sur le zonage agricole ne passant pas, vous n'aviez pas de cadeau
à faire à Jean Garon puis que son projet de loi chez eux ne
passerait pas, d'autant plus que vous avez des résistances? Est-ce que
ça vous semblait pas...
M. Pagé: J'en avais fait mon deuil, M. le
député, de 132. C'était réglé, moi, je ne
cédais pas aux pressions de l'Opposition demandant qu'eux
écrivent le projet de loi; c'était réglé dans mon
esprit.
M. Gauthier: Mais est-ce que la conséquence de votre
téléphone, M. le ministre, à Me Lemay, le fait que Me
Lemay présente cela dans la conversation comme étant que le
projet de loi 272 était mal pris dans un "deal" de fin de session,
est-ce que vous ne vous êtes pas aperçu à ce
moment-là que votre message avait été pour le moins
interprété? Est-ce que ça ne vous a pas
étonné?
M. Pagé: J'ai été très surpris de
voir, comme je J'ai dit ce matin, j'ai été très surpris de
voir le député de Lévis se lever sur une question de
privilège à la fin de la période de questions et mettre en
relief cette conversation que je jugeais personnelle avec l'avocat Lemay le
matin du 19 décembre.
M. Gauthier: Mais...
M. Pagé: J'en ai été très très
surpris, parce que ce n'était pas du tout l'objet de la
démarche,
M. Gauthier: Mais est-ce que...
M. Pagé: Et ce n'était pas, je veux bien être
clair avec vous...
M. Gauthier: Oui.
M. Pagé: Ce n'était pas l'objectif principal ni
incident ni accessoire ni quoi que ce sait. J'ai communiqué avec Me
Lemay parce que je le connais personnellement depuis un bon nombre
d'années et qu'il avait communiqué avec moi dans le cadre de ce
projet de loi spécifique.
M. Gauthier: Mais est-ce que ce n'est pas exact, M. le ministre,
que Me Lemay a évoqué dans la conversation le problème
d'un "deal" de fin de session, c'est-à-dire d'une balance de projets de
loi l'un versus l'autre?
M. Pagé: Me Lemay a référé à
cette situation qu'il avait vécue ou qu'il aurait vécue dans un
autre projet de loi, à Sorel. J'ai vu qu'il semblait inquiet, nerveux,
mais pas plus. Ça a été très clair.
M. Gauthier: Mais comme vous ne vouliez pas mettre en balance 132
et 272, M. le ministre, puisque vous aviez fait votre deuil de 132, comme vous
nous l'avez dit tout à l'heure, est-ce qu'il ne vous est pas apparu
étonnant que Me Lemay vous dise dans la conversation: Je suis
désolé d'être pris dans un "deal" de fin de session, quand
on sait bien ce que cette expression pouvait revêtir, à tout le
moins pour un parlementaire d'expérience qui pouvait interpréter
ces paroles-là de certaine façon? Est-ce que, puisque
et ce n'était pas de votre intention de mettre 132 dans la balance avec
272, pourquoi n'avez-vous pas corrigé Me Lemay
immédiatement...
M. Pagé: À l'égard de quoi?
M. Gauthier:... alors qu'il vous disait qu'il était pris
dans un "deal" de fin de session et il trouvait ça un peu, un peu
tannant ou un peu - je n'ai pas ses paroles exactes - un peu déplaisant
qu'il en soit ainsi?
M. Pagé: II a déploré la situation, mais il
n'a pas évoqué cette balance-là, comme vous
référez. À ma connaissance, non.
M. Gauthier: Et, pour vous, ça ne vous est pas venu
à l'esprit que cette expression qu'il utilise lui-même, de "deal"
de fin de session, puisse revêtir cet aspect de balance de projets de
loi?
M. Pagé: II n'y en avait pas de "deal". Pour moi, il n'y
en avait pas de "deal". J'ai fait et j'avais fait mon deuil de 132 et le but de
ma démarche ne visait pas, mais pas du tout, à faire en sorte que
lui ou quiconque puisse faire des pressions sur le député de
Lévis. Tout le monde sait que le député de Lévis,
il y a très peu de gens qui peuvent l'influencer.
M. Gauthier: Dans votre... Oui, évidemment, ses
électeurs sont sa plus, sa fidélité est vouée
à ses électeurs...
M. Pagé: Je parle de ses collègues. En tout
cas.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre! À
l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît! On revient, on revient, on
revient.
M. Gauthier: D'accord,
Le Président (M. Lorrain): On revient, on revient...
M. Gauthier: Sa fidélité est vouée à
ses électeurs, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):... on revient. On revient
à nos travaux. On revient à nos travaux.
Une voix: Peut-être le leader.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gauthier: J'aimerais, M. le ministre...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! Vous avez la
parole, M. le député de Roberval. Vous avez la parole.
Une voix: Des fois, des fois.
M. Gauthier: J'aimerais, M. le ministre, que vous nous expliquiez
de façon un peu plus précise pour quelle raison vous avez
fait...
Une voix:... M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: II se réveille, là. Qu'est-ce qui arrive,
là?
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, vous avez la parole.
M. Gauthier: M. le Président, pour les
bénéfices du Journal des débats/ le
député de 5aînte-Anne est présent.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Une voix: C'est sa femme qui va être fière.
M- Gauthier: Sa femme va être fière. Des voix:
Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M, Gauthier: M. le Président, j'aimerais que le ministre
nous dise pourquoi, dans la conversation, avoir fait référence au
projet de loi 132 puisque vous en aviez fait votre deuil, M. le ministre.
Pourquoi en parler si vous en aviez fait votre deuil?
M. Pagé: Quand j'ai indiqué à Me Lemay que
je n'avais pas de cadeau ou de service à rendre au député
de Lévis...
M. Gauthier: Est-ce que vous...
M. Pagé:... qui venait de bloquer systématiquement
plusieurs de mes lois. Même chose pour le ministre des Finances,
malgré un énoncé à l'effet que l'Opposition
consentait à l'adoption de ce projet de loi après certains
discours, certaines procédures en commission parlementaire, etc. C'est
aussi simple que ça.
M. Gauthier: Est-ce que ces propos: "Je n'ai pas de cadeau
à faire au député de Lévis puisqu'il a
bloqué systématiquement plusieurs de mes projets de loi" est-ce
que vous ne pensez pas que ces paroles-là, ces paroles imprudentes
seraient de nature à faire réagir Me Lemay dans le sens où
il a réagi à savoir qu'il trouvait ça malheureux
d'être pris dans un "deal" de fin de session?Vous avez
vous-même, que vous nous dites...
M. Pagé: Vous qualifiez vous-même, M. le
député, ces propos d'imprudents. Pour moi ils étaient
francs, directs et ouverts. Il faut bien avoir à l'esprit que lorsque
j'eus exprimé mes réserves il a tenté de me convaincre que
le projet de loi était bien fondé, qu'il n'y avait pas de
"scheme", etc., et j'ai ajouté que je n'avais pas de cadeau à
faire au député de Lévis, purement et simplement.
M. Chevrette: M. le Président, voulez-vous ramener le
député de Sainte-Anne à l'ordre?
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît!
M. Polak: M. le Président, question de règlement.
Je viens de rentrer et je vois que le député de Joliette...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Sainte-Anne.
M. Polak:... a devant lui une tonne de papiers. Ça me fait
peur.
Le Président (M. Lorrain): Je vais donner toute
l'explication à !a tonne de papiers comme vous dites, M. le
député de Sainte-Anne. C'est mot qui ai demandé la tonne
de papiers après-midi...
M. Polak: Ça ne vous fait pas peur, M. le
Président?
Le Président (M. Lorrain):... pour pouvoir prêter
les documents.
M. Polak: Si ça ne vous fait pas peur, je suis
d'accord.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, ce n'est pas
fini, il en manque aussi.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. On continue, s'il
vous plaît! C'est moi qui ai demandé ces documents.
M. le député de Roberval, vous avez toujours la
parole.
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais que le ministre
nous dise de façon très claire est-ce que dans sa conversation
avec Me Lemay est-ce qu'il a fait référence au projet de loi 132
ou s'il a fait référence à un ensemble de projets de
loi?
M. Pagé: J'ai fait référence aux projets de
loi qui étaient bloqués et plus particulièrement à
132 parce que c'était ma première priorité
législative.
M. Gauthier: Est-ce que le ministre peut nous dire est-ce que Me
Lemay vous a demandé d'intervenir et de discuter et d'échanger
avec votre collègue, le ministre , des Transports, concernant la
question de la rétroactivité? Est-ce que Me Lemay vous a
demandé d'en parler avec votre collègue responsable de la
région de Québec?
M. Pagé: Me Lemay, à ma connaissance, a
évoqué l'aspect du nombre de mois où les
intérêts sur les emprunts temporaires étaient payés
par le gouvernement.
M. Gauthier: En tout cas, une question, M. le Président.
Il me reste... Mon temps s'écoule trop rapidement. Peut-être une
question au ministre.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gauthier: Est-ce que le ministre a l'habitude d'appeler comme
ça les procureurs ou les gens qui présentent des projets de loi
pour leur indiquer que lui-même personnellement bloque le projet de loi?
Est-ce que le ministre a l'habitude de faire ça?
M. Pagé: J'ai indiqué que si j'avais placé
un tel appel téléphonique c'est parce que je connaissais
personnellement Me Lemay. Si je ne l'avais pas connu je ne l'aurais pas
appelé. Et c'est aussi parce qu'il avait, et ça c'est bien
important, parce qu'il m'avait écrit concernant ce projet de loi,
M. Gauthier: Mais vous semblez faire grand souci, M. le ministre,
du fait que Me Lemay vous a écrit. Est-ce que c'est votre habitude de ne
pas envoyer d'accusé réception aux gens qui vous écrivent
et pour des sujets qui vous intéressent?
M. Pagé: Je m'excuse. Je vous ai indiqué cet
après-midi qu'à ma connaissance je n'avais pas signé
d'accusé réception. Cependant, je retiens que mon cabinet est en
communication avec lui.
M. Gauthier: Est-ce que... Quand vous retenez que votre cabinet
est en communication avec Me Lemay, est-ce qu'on peut savoir...
M. Pagé: II avait logé un appel, si ma
mémoire est fidèle, et je l'ai dit cet après-midi. il
avait logé un appel. II ne m'avait pas parlé à moi avant
de me faire parvenir la lettre mais il faut avoir... il faut retenir que Me
Lemay et moi avons eu à communiquer dans plusieurs dossiers et
l'important c'était la communication. Le dossier de Saint-Casimir,
exemple, ça été des semaines et des semaines a s'envoyer
des documents, des avis, etc.
M. Gauthier: Ah! Dans vos communications avec Me Lemay c'est
habituel que vous ne lui accusez pas réception, vous l'appelez.
M, Pagé: À tout le moins, j'ai accusé
réception le 19 décembre parce que j'ai... Si Me Lemay n'avait
pas communiqué avec moi, M. le député, je n'aurais pas
été saisi de ce projet de loi et si je ne l'avais pas connu je ne
l'aurais pas appelé. Vous le savez pertinemment. -
M. Gauthier: Et la communication de Me Lemay s'est faite bien
avant le 18 décembre. Pouvez-vous nous indiquer à quel moment
avant cette date-là vous vous êtes intéressé au
projet de loi?
M. Pagé: Je l'ai indiqué à plusieurs
reprises aujourd'hui. J'ai reçu la lettre de Me Lemay qui demandait
à ce que consentement soit donné pour que le projet de loi puisse
être déposé malgré que l'avis ou les
procédures relatives au projet de loi privé n'aient pas
été suivies. J'ai eu un échange avec le ministre des
Transports, quoique bref, mais quand même sur le sujet par la suite.
Le Président (M. Lorrain):... s'il vous plaît!
M. Pagé: Et, par la suite...
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le ministre.
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Et, par la suite,
j'ai évoqué ce qui est arrivé le 18 et le 19
décembre. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. Gauthier: Entre la conversation que vous avez eue avec Me
Lemay le 18 décembre au matin... C'est le 19, le 19 décembre la
conversation''
M. Pagé: Oui.
M. Gauthier: Entre la conversation que vous avez eue avec Me
Lemay le matin du 19 décembre et un peu plus tard dans la journée
où vous avez voté pour le projet de loi, il s'est passé
quoi?
M. Pagé:... matin? J'ai été très
surpris de voir cette procédure exceptionnelle enclenchée par le
député de Lévis, très surpris. Parce que ma
démarche ne visait pas à influencer ou tenter d'influencer ou
tenter de créer une pression quelconque sur le député de
Lévis. Je l'ai dit et je le répète. Très surpris
qu'il enclenche cette procédure exceptionnelle par surcroît qui
nous réunit ici ce soir et qui vous réunit depuis un bon moment.
Et, comme je l'ai indiqué ce matin, j'ai réfléchi. Pour
moi, je trouvais ça tellement ridicule qu'une procédure aussi
exceptionnelle soit enclenchée comme suite d'une démarche qui se
voulait personnelle et qui ne visait pas à influencer quiconque que je
me suis dit bien coudon, on va laisser passer le projet de loi puis "that's it,
that's all". Et je suis revenu sur la décision personnelle que j'avais
prise. C'est tout.
M. Gauthier: Pouvez-vous m'indiquer, M. le ministre, ce que vous
avez fait de façon précise entre le moment concernant ce projet
de loi ou des informations que vous auriez pu prendre, entre le moment
où la question de privilège s'est soulevée et le moment
où vous avez changé d'idée et vous avez accepté
d'appuyer le projet de loi? (20 h 45)
M. Pagé: Je l'ai indiqué ce matin. Je suis
demeuré à l'Assemblée nationale pendant la période
de questions. J'étais ici, c'est-à-dire. Le député
de Lévis a soulevé sa question de privilège. Je suis
demeuré ici très probablement jusqu'aux environs de midi trente.
J'avais des rencontres à mon cabinet sur l'heure du lunch. J'ai tenu de
telles rencontres. Je suis revenu ici pour écouter la décision de
M. le président. C'est comme ça que ça s'est passé.
Ç'a été ma journée et je dois vous dire que ma
décision, je l'ai prise personnellement là aussi.
M. Gauthier: Est-ce que vous-même, M. le ministre, ou
est-ce que des qens de votre cabinet ont travaillé sur ce dossier,
nouveau pour vous? Est-ce que des gens ont eu des contacts
téléphoniques soit avec Me Lemay, avec la CITRSQ, avec le bureau
du leader concernant l'objet qui nous préoccupe, c'est-à-dire la
question de privilège du député de Lévis durant
cette journée, entre le moment où vous avez appris qu'il y avait
une question de privilège et le moment où vous avez
décidé d'appuyer le projet de loi à l'Assemblée
nationale?
M. Pagé: Non, M. le Président.
M. Gauthier: M. le ministre, pouvez-vous me dire, finalement, si
c'est la question de privilège du député de Lévis
qui vous a amené à changer votre décision concernant les
quelques millions de dollars qui étaient en jeu dans le dossier pour les
citoyens de la rive sud?
M. Pagé: Quelle est.,.
Une voix: C'est quoi la question?
M. Pagé: Oui.
Une voix: M. le Président, je n'ai pas compris la
question.
M. Gauthier: Oui, j'ai demandé au ministre si, finalement,
c'était la question de privilège, qui l'a étonné,
de ses propres mots, qui a été à l'origine de son
changement d'attitude face au projet de loi et face à toute la notion de
la rétroactivité, qui a des implications financières
importantes pour les gens de la rive sud?
M. Paqé: Oui, parce que, comme je vous l'ai dit, le
député de Lévis, en ce faisant, engendrait ou enclenchait
une procédure extraordinaire et tout a fait
exceptionnelle. C'est ce pourquoi j'en ai été fort surpris
et la présentation de cette motion dans l'après-midi, comme suite
de la décision du président, m'a fait décider de revoir
mon intention et ma décision première.
Une voix: M. le ministre...
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! On
m'informe très très bien. On va m'aviser avant. " Je me suis fait
avoir une fois, mais, maintenant...
M. Gauthier: C'est terminé pour l'instant.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Roberval? Je vais maintenant reconnaître un
député de la formation ministérielle. M. le
député de Sainte-Anne''
M. Polak: Silence.
Le Président (M. Lorrain): Excusez-moi. Alors, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette: J'aimerais bien mieux que vous parliez quand c'est
le temps que de le faire quand ce n'est pas le temps.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Relativement au
projet de loi 132 sur le zonage agricole, vous avez répété
à plusieurs reprises qu'à un moment donné vous en aviez
fait votre deuil. Quand précisément en avez-vous fait votre
deuil? À quelle date précisément vous en avez fait votre
deuil?
M. Pagé: Comme je l'ai indiqué ce matin, la veille
de l'ajournement de nos travaux ou l'avant-veille, le 17 ou le 18.
M. Brassard: 17 ou le 18 décembre.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Pourquoi en avez-vous fait votre deuil?
M. Pagé: Pourquoi?
M. Brassard: Pourquoi en avez-vous fait votre deuil?
M. Pagé: Parce qu'il m'est apparu en cours de semaine que
mon projet de loi ne passerait pas si je n'acceptais pas les amendements
proposés par le député de Lévis. Et, comme je l'ai
indiqué ce matin, il était hors de question en ce qui me concerne
que je cède au député de Lévis sur cette
question.
M. Brassard: Avant d'en faire votre deuil, est-ce que vous avez
fait des démarches, des interventions dans le but d'aplanir les
difficultés conduisant à son adoption?
M. Pagé: Ç'a a été, M. le
député, plusieurs heures en commission parlementaire. Ç'a
été l'évocation, par moi, à quelques
collègues des deux côtés de la Chambre - à titre
privé, j'entends - que, pour moi, il était primordial
d'établir une condition de divulgation pour le maintien du
privilège consenti dans la loi 90 et qui allait devenir caduc le 31
décembre, alors que l'amendement proposé par le
député de Lévis en commission et auquel il tenait,
semble-t-il, mordicus, cet amendement prévoyait d'enlever la clause de
divulgation et je ne pouvais l'accepter.
M. Brassard: Ce qui signifie que vous n'avez fait aucune
proposition de compromis.
M. Pagé: II n'y avait pas de compromis de part et d'autre,
M. le député, et, d'ailleurs, en commission parlementaire, il
était très clairement démontré que c'était
leur amendement ou rien, et ça a pris des heures et des heures. Mais,
cependant, à ce moment-là, j'étais confiant; je me disais:
Le projet de loi va être adopté malgré le filibuster, puis
malgré les procédures parce que, pour moi, je me
référais à ce que mon leader m'avait indiqué. Mais,
au milieu de la semaine, là, plus rien n'allait, plus rien ne tenait, en
termes d'entente. Il fallait absolument le consentement de l'Opposition parce
que, comme on le sait, il y avait ■plusieurs interventions possibles sur
la prise en considération, en troisième lecture, bon, etc. Alors,
j'en ai fait mon deuil.
M. Brassard: Est-ce qu'on vous avait avisé, et qui? Est-ce
qu'on vous avait avisé que, du côté de l'Opposition, il n'y
avait rien à faire, que tout était bloqué et qu'il n'y
avait pas de possiblité d'aboutir à l'adoption du projet de loi
132?
M. Pagé: Vous me demandez si j'ai avisé qui, M. le
député?
M. Brassard: Est-ce qu'on vous avait avisé, est-ce que
quelqu'un vous avait avisé que l'Opposition maintiendrait farouchement
son opposition à l'adoption du projet de loi 132?
M. Pagé: On m'a indiqué, du côté de
mon leader, qu'un déblocage sur 132 passait par l'acceptation des
amendements ou des modifications proposées par le député
de Lévis.
M. Brassard: Est-ce que vous vous souvenez qui, du
côté des leaders?
M. Pagé: Bien, ça, c'est dans le cadre des
communications. C'est soit le leader ou son représentant aux affaires
parlementaires, et aussi d'autres députés m'ont
sensibilisé au fait que, pour maintenir ce privilège, je me
devais de modifier le texte du projet de loi dans le sens des
représentations ou des propositions du député de
Lévis.
M. Brassard: Est-ce que c'est le leader du gouvernement
lui-même qui vous en a avisé?
M. Pagé: Je vous l'ai dit tout à l'heure, M. le
député, c'est soit le leader ou un de ses représentants
aux affaires parlementaires.
M. Brassard: Vous ne vous en souvenez plus.
M. Pagé: Vous savez, dans les fins de session, il y a
tellement de communications entre le bureau du leader et un ministre; quand,
par surcroît, on a plusieurs projets de loi sur la table, je ne peux vous
dire.
M. Brassard: Comme vous en aviez fait votre deuil du projet de
loi 132 et compte tenu des conséquences qui en résulteraient,
vous avez prévu quoi, au sein de votre ministère, face à
ces conséquences?
M. Pagé: Je n'avais rien à prévoir, M. le
député. L'article 31 de ta loi devenait caduc le 31
décembre. Des milliers de personnes que je ne peux pas quantifier, parce
que ce n'est pas quantifiable le nombre de personnes qui détiennent un
tel privilège, auraient ainsi perdu le privilège de se construire
une résidence sur un lot d'un demi-hectare, etc. Pour moi, quand je dis
que j'en ai fait mon deuil, c'était "that's it, that's all".
M. Brassard: O. K. Donc, le 17 ou le 18, vous faites votre deuil
du projet de loi 132 et vous ne faites plus, par après, aucune
démarche pour tenter de débloquer le processus et d'en arriver
à changer la situation.
M. Pagé: Les seules - si on peut qualifier -
démarches, c'est des échanges que j'ai eus avec des
députés individuellement, qui m'ont indiqué leur
inquiétude de voir que le projet de loi ou ce privilège n'allait
pas être reconduit. Dans certains cas, on a mis en relief l'amendement
proposé par le député de Lévis et j'ai
indiqué qu'il n'en était pas question en ce qui me concerne; ce
n'est pas plus compliqué que ça.
M. Brassard: Pour ce qui est de votre décision de refuser
votre consentement à l'adoption du projet de loi 272, quand l'avez-vous
prise cette décision? À quel moment, précisément,
vous l'avez prise?
M. Pagé: A la lumière de la conversation que j'ai
eue avec le ministre des Transports.
M. Brassard: Donc, le 19 décembre. M. Pagé:
Le 19 au matin.
M. Brassard: Vous avez donc pris votre décision de refuser
le consentement à l'adoption du projet de loi 272 après avoir
fait votre deuil du projet de loi 132.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Cette décision-le se situe après.
Est-ce que ç'a été le fruit d'une longue réflexion
ou si c'est une décision que vous avez prise le 19, tout simplement, ou
est-ce que vous y songiez avant, compte tenu que vous étiez... Vous nous
avez affirmé que vous étiez au courant du projet de loi 272
depuis la mi-novembre.
M. Pagé: Je peux vous dire que j'y ai songé
à partir du 18, au moment où j'ai eu une conversation avec le
ministre des Transports, mais ma décision s'est arrêtée le
19 au matin.
M. Brassard: Donc, lors du premier échange avec M.
Côté, vers la fin novembre, vous avez eu un premier échange
sur le projet de loi 272. Lors de ce premier échange, vous vous
êtes borné a vous enquérir de la nature du projet de
loi.
M. Pagé: Je me suis limité à voir avec
lui...
M. Brassard: Est-ce que c'est à ce moment-là que
vous avez connu ou pris connaissance de l'implication financière et des
sommes concernées?
M. Pagé: Oui, entre autres, l'achat des autobus, la
construction d'un garage, etc.
M. Brassard: Les 7 000 000 $...
M. Pagé: Cela tournait autour de cela. Cela impliquait des
déboursés d'environ 4 800 000 $, ou quelque chose comme cela, du
ministère des Transports.
M. Brassard: C'est à ce moment-là que vous avez
pris connaissance de l'implication financière de l'ordre de 7 000 000
$
M. Pagé: Ouais.
M. Brassard: Mais, à ce moment-là, vous ne songiez
pas à refuser votre consentement?
M. Pagé: J'avais à l'esprit, et ça, je vous
le répète, M. le député, vous savez, j'ai assez vu
de cas où les municipalités ou encore des conseils municipaux, ou
les maires se retrouvaient dans une situation délicate juridiquement,
compte tenu d'une décision prise, dans certains cas, impliquant
seulement quelques centaines ou quelques milliers de dollars.
Je répète ce que je vous ai déjà dit,
à savoir que tout projet de loi privé et, par surcroît, un
projet de loi privé qui venait ratifier des procédures ayant
impliqué des déboursés de près de 7 000 000 $
commandait la prudence, la circonspection et l'analyse la plus rigoureuse.
M. Brassard: Oui, sans doute, vous l'avez déjà dit
à maintes reprises, mais ma question était...
M. Pagé: C'est important. C'est pourquoi je le
répète.
M. Brassard: Oui, d'accord, mais ma question était: Est-ce
que vous avez songé, à ce moment-là, à refuser
votre consentement?
M. Pagé: Bien non! Écoutez, M. le
député, je me suis dit: On va voir ça. Entre le 18
novembre et la fin d'une session d'hiver, il se passe beaucoup de choses, tout
comme entre le 18 mai et la fin d'une session d'été. Comme on le
sait, les projets de loi privés sont toujours appelés à la
fin de la session, dans le "rush" ou le brouhaha, si je peux utiliser le
terme.
M. Brassard: Je comprends, mais j'aimerais bien comprendre votre
cheminement, moi aussi. Vous dites: Prenant connaissance du projet de loi, vous
avez manifesté des réserves ou des réticences... Bon. Mais
vous n'avez pas songé à refuser votre consentement. Votre
réponse, c'est: On va voir ça. Cela veut dire quoi, on va voir
ça?
M. Pagé: Vous savez, mon consentement n'était pas
requis le 18 novembre, M. le député, ou le 25 novembre ou le 26
novembre. La commission a siégé à la fin décembre
seulement. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. Brassard: Vous n'étiez donc pas au courant du fait que
ce projet de loi étant déposé à la date qu'on
connaît, ça exigeait forcément le consentement unanime
dès le dépôt même du projet de loi.
M. Pagé: Oui, j'en étais bien conscient.
D'ailleurs, c'est ce pourquoi Me Lemay m'avait écrit.
M. Brassard: Pardon?
M. Pagé: J'en étais bien conscient.
M. Brassard: Dès le départ?
M. Pagé: Qu'il fallait un consentement pour le
dépôt d'un projet de loi, mais l'acceptation du dépôt
d'un projet de loi, et l'Opposition, je pense, le vit tous les jours quand elle
accepte qu'un projet de loi soit déposé en première
lecture, n'implique pas pour autant qu'on vote pour en deuxième et en
troisième. Vous le vivez tous les jours. (21 heures)
M. Brassard: Le 18 décembre, à l'occasion de votre
deuxième entretien avec M. Côté sur le projet de loi 272,
là, vous évoquez avec lui la possibilité de votre refus de
consentir. Vous l'évoquez ou votre décision était prise
à ce moment-là? Vous l'évoquez?
M. Pagé: C'est évoqué, je vous ai
indiqué tout à l'heure que la décision a été
prise par moi le 19 au matin.
M. Brassard: Mais vous l'avez évoquée le 18, avec
M. Côté.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Le 19, vous décidez de refuser votre
consentement, après un troisième entretien avec M.
Côté, le ministre des Transports. Vous lui avez demandé son
avis sur les conséquences ou les inconvénients de la
non-adoption. C'est ce que j'ai compris lors de votre témoignage.
M. Pagé: J'ai évoqué la question des
intérêts payés par le gouvernement pour couvrir les frais
d'emprunt temporaire et j'ai évoqué avec lui l'impact d'un refus
pour l'adoption en troisième lecture du projet de loi, tel que je l'ai
indiqué cet après-midi.
M. Brassard: Quand vous lui avez annoncé ou indiqué
votre intention de refuser votre consentement pour l'adoption du projet de loi
272, est-ce que vous lui avez demandé son avis sur cette
décision?
M. Lefebvre: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: C'est un sujet qui a été couvert, M.
le Président. On a laissé aller à date, mais cette
question-là, précisément, a été posée
à date, à M. le ministre, à au moins deux reprises.
M. Brassard: Je veux changer ma question, M. le
Président.
M. Lefebvre: La réaction du ministre des Transports,
ça a été couvert.
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette: Vous lui avez demandé son opinion, ce n'est
pas...
M. Lefebvre: Sa réaction puis son opinion, ce n'est pas
pareil.
M. Chevrette: Ce n'est pas une réaction.
M. Filion: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement.
Avez-vous terminé, M. le député''
M. Lefebvre: Oui, oui, M. le Président.
M. Filion: Sans en faire un plat, aussi attentif que j'ai pu
l'être - je pense n'avoir raté rien du témoignage du
témoin - ce n'est pas la même question qui a été
posée.
M. Lefebvre: Je vous le soumets respecteusement, M. le
Président.
M. Filion: Je vous soumets respectueusement le contraire, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez, tout ce que je
vais demander...
M. Filion: Deuxièmement, je dois vous souligner qu'en cas
de doute...
Le Président (M. Lorrain): Je comprends que ce n'est
peut-être pas...
M. Filion:... lorsqu'une question est clairement
répétitive, mais, dans ce cas-ci...
Le Président (M. Lorrain): Je vais vous demander... M. le
député de Lac-Saint-Jean, vous avez toujours la parole. Je sais
que ce n'est pas facile d'interroger quatrième ou cinquième,
après que tous les autres... Il faut faire attention aux questions
répétitives, s'il vous plaîti
M. Brassard: Oui, d'accord.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M, Brassard: Est-ce que le ministre Côté a
approuvé ou désapprouvé votre décision?
M. Pagé: Si le ministre a approuvé ou
désapprouvé ma décision? Le ministre et mon
collègue, M. Côté, m'a fait part que, pour lui, ça
n'avait pas, ça ne causait pas de préjudice extraordinaire
à la Commission intermunicipale de transport de la rive sud, et je lui
ai indiqué mon intention, sur la foi de cette information et de cet
échange, ma décision de bloquer le projet de loi, et je n'ai pas
senti chez lui d'opposition à cet égard.
M. Brassard: Je sais que vous lui avez demandé des
informations sur les conséquences de la non-adoption du projet de loi.
Ce n'était pas ça ma question, c'est: Est-ce qu'il a
approuvé ou désapprouvé votre décision de refuser
votre consentement'' C'était ça, ma question.
M. Pagé: Comme je viens de vous le dire, M. le
député, je n'ai pas senti de désaccord avec ma
décision.
M. Brassard: Vous avez dit à maintes reprises que vous en
aviez discuté à trois reprises, d'ailleurs, avec M.
Côté - vous me corrigerez si je me trompe - parce que vous aviez
des liens, une certaine intimité et même amitié avec M.
Côté, que vous étiez dans la vie politique depuis plusieurs
années avec lui, depuis 1973, et que vous avez donc noué des
relations, je dirais, étroites avec lui. C'est pour cette raison que
vous lui en avez parlé. J'ai bien compris?
M. Pagé:... que j'ai indiqué, M. le
député. Je n'ai pas parlé... Je ne parle pas trois fois
d'un sujet seulement avec les ministres que je connais intimement. Voyons, M.
le député! J'ai indiqué que le ministre Côté
et moi sommes régulièrement en contact, pour ne pas dire
quotidiennement ou presque, et que, dans le cadre de ces échanges,
à un moment donné, dans le temps, on a discuté pour une
première fois du projet de loi 272 comme suite de la lettre de Me Lemay.
Et c'est ce à quoi je référais, parce que...
M. Brassard: C'est parce que je veux...
M, Pagé:... M. Côté est ministre responsable
de la région de Québec.
M. Brassard: Oui, d'accord.
M. Pagé: M. Côté est aussi ministre du
ministère des Transports qui était le "payeur", entre guillemets,
de ce dossier et c'est ce pour quoi je lui en ai parlé.
M. Brassard: Pourquoi n'en avez-vous pas parlé avec M.
Gratton?
M. Pagé: J'ai indiqué à plusieurs
reprises ici que je me suis adressé à celui qui payait.
C'est ce pour quoi je n'en ai pas échangé avec le ministre des
Affaires municipales et je vous ai indiqué ici que j'en ai fait part
à M. Gratton à la première opportunité que j'ai eue
au parlement, c'est-à-dire en arrivant. Je ne pouvais pas faire part
à M. Gratton d'une décision prise avant que je la prenne et j'en
ai fait part au bureau du leader, soit à M. Gratton ou à un de
ses adjoints aux affaires parlementaires.
M. Brassard: Quand?
M. Pagé: Je l'ai indiqué cet après-midi, M.
le député. Je l'ai indiqué: le matin, à mon
arrivée ici...
M. Brassard: Et c'est à M. Gratton que vous avez
parlé.
M. Pagé:... au bureau du leader, je vous
répète ce que j'ai dit. Je ne peux confirmer si c'est au leader
lui-même ou à un de ses adjoints aux affaires parlementaires,
mais, pour moi, c'est le bureau du leader, entre guillemets.
M. Brassard: Vous les avez avisés que vous alliez refuser
votre consentement sur l'adoption du projet de loi 272.
Dans vos réponses, entre autres, au député de
Taillon et au député de Roberval, vous affirmez que votre refus
de consentir était fondé sur deux motifs: les réserves que
vous aviez quant à la rétroactivité, d'une part, et,
d'autre part, que vous n'aviez aucun service, pas de cadeau à faire
à M. Garon. De ces deux motifs, lequel, pour vous, était
prioritaire?
M. Pagé: Lequel était prioritaire?
M. Brassard: Lequel était le plus important?
M. Pagé: L'un va avec l'autre, selon moi, M. le
député. Vous me demandez une question d'appréciation,
alors je vais apprécier. En mettant de côté mes
réserves à l'égard de ce projet de loi qui venait ratifier
une dépense de 7 000 000 $ sans les approbations nécessaires, je
rendais un service ou je faisais un cadeau au parrain du bill. Et, en ne
faisant pas de cadeau au parrain du bill, je donnais suite à mes
réserves. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Vous me
demandez une appréciation, je vous la donne.
M. Brassard: Vous placez les deux motifs sur le même
pied.
M. Pagé:...
M. Brassard: Dans... C'est ça? Vous placez les deux motifs
sur un pied d'égalité?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que l'un allait avec
l'autre.
M. Brassard: Oui, ça, c'est sûr, deux motifs...
M. Pagé: Je n'ai pas passé la nuit è penser
à ça, vous savez, hein?
M, Brassard:... peuvent aller ensemble, mais l'un peut être
plus important que l'autre.
M. Pagé: C'est votre interprétation, M. le
député.
M. Brassard: Dans une réponse que vous avez faite cet
après-midi au député de Roberval, toujours relativement
à ces deux motifs, vous répondez, et je vous cite: "L'autre
élément, j'ai indiqué que l'autre motif, c'est que je
n'avais pas de service à rendre à M. Garon, compte tenu de
l'attitude, que vous connaissez d'ailleurs très bien, qu'il a
adoptée et qu'il adopte toujours devant le gouvernement. " Est-ce que
vous pourriez expliciter davantage cette déclaration: "compte tenu de
l'attitude, que vous connaissez d'ailleurs très bien, qu'il a
adoptée et qu'il adopte toujours devant le gouvernement", relativement
à M. Garon?
M. Pagé: M. le Président, non pas que je mette en
doute la parole de mon honorable collègue. Il me cite au texte,
j'aimerais bien avoir une copie de la galée, si c'était
possible.
M. Brassard: R-591-CAN, page 1. Le Président (M.
Lorrain): 591. M. Brassard: R-591. Une voix: Page 1. M.
Brassard: Page 1.
Le Président (M. Lorrain): Page 1, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Page 1. C'est à la fin de votre
déclaration, suite à une question de M. Gauthier. À la
toute fin, vous dites: "L'autre élément, j'ai indiqué que
l'autre motif, c'est que je n'avais pas de service à rendre à M,
Garon, compte. tenu de l'attitude, que vous connaissez d'ailleurs très
bien, qu'il a adoptée et qu'il adopte toujours devant le gouvernement. "
J'aimerais que vous m'explicitiez davantage cette déclaration: "compte
tenu de l'attitude, que vous connaissez d'ailleurs très bien, qu'il a
adoptée", étant donné que vous en faites la
justification du fait que vous n'avez pas de service à rendre
à M. Garon. Ça veut dire quoi?
M. Pagé: Je vais être très bref, M. le
Président, et très clair. Le député de Lévis
ne ménage aucun effort ni aucune procédure pour retarder
l'adoption de projets de loi. J'ai référé cet
après-midi aux longues séances en commission parlementaire, entre
autres, sur le projet de loi 132. Je pourrais référer au projet
de loi sur le Comité de surveillance des étalons où
ç'a été d'une longueur très, même lancinante
à certains égards, puisque c'étaient des
répétitions systématiques. Dans le cadre du projet de loi
132, on a fait motions par-dessus motions. Exemple: pour interroger les
vétérinaires à l'égard de l'impact du projet de loi
132 et de l'article 31 de la loi. On a fait des motions pour entendre les
agronomes. On a fait des motions pour entendre les représentants
d'université. On a fait une motion pour entendre un psychiatre en
musicologie animale et que ça venait de la Californie. Vous savez, M. le
député, qu'au moment - je présume que vous savez, compte
tenu que vous êtes whip et que vous avez des responsabilités
particulières dans l'organisation des travaux - vous savez que, si le
député de Lévis a un droit de parole d'une heure sur un
sujet donné, même si c'est un projet de loi très succinct,
il va prendre toute son heure. Même chose au niveau de la prise en
considération de rapports, etc. En fait, le député de
Lévis ne rend pas service à quiconque.
Le Président (M. Lorrain): Aucun commentaire, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Président, on a
demandé au témoin...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. M.
Lefebvre:... son opinion... M. Pagé: Je la donne.
M. Lefebvre:... sur ce que ça veut dire, sur ce que
ça veut dire...
Le Président (M. Lorrain): Parfait, et non pas sur...
M. Lefebvre:... qu'il n'avait pas de cadeau à faire au
député de Lévis.
Le Président (M. Lorrain): Parfait!
M. Lefebvre: On va lui permettre, M. le Président,
d'élaborer là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Non, pas sur un
commentaire.
M. Lefebvre: C'est une question qui pourrait permettre au
témoin de parler pendant une heure, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Lefebvre:... et d'autant plus que c'est de commune
renommée ce qu'il dit.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, non, non,
non, non. Je n'accepte...
M. Lefebvre: Tout le monde le sait et il invite le whip...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... à réfléchir sur ce qu'il a
vécu avec le député de Lévis depuis des
années.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac!
M. Lefebvre: C'est connu de tout le monde, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. te député de
Frontenac!
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
M. Lefebvre: Voyons, M. le Président!
Le Président (M. Lorrain): Question... À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Qu'on laisse répondre le témoinl C'est
une question...
M- Filion: Voulez-vous rappeler à l'ordre...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de règlement,
M. le député...
M. Lefebvre: C'est une question qui commande une réponse
très très longue.
M. Filion:... le leader adjoint qui donne un fort mauvais
exemple?
Une voix: Wow! Wow!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: Très très longue.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Question de règlement par M. le député de
Taillon. Question de règlement.
M. Filion: Lui qui dit... En tout cas,
vous pourriez demander au leader adjoint, on avait...
M. Lefebvre: L'Opposition le sait mieux que nous, d'ailleurs.
M. Filion:... on avait, M. le Président, des travaux
très sereins, très productifs, très efficaces, propres
à augmenter notre moyenne. Lorsque le leader adjoint intervient encore
une fois d'une façon cavalière, un petit peu, lui, il en
conviendra avec moi...
Une voix: C'est antiparlementaire...
M. Filion:... alors, pourriez-vous le rappeler à l'ordre?
Deuxièmement, en profiter pour rappeler au député de
Laval-des-Rapides, quand il a quelque chose à dire, il a juste à
demander la parole.
M. Bélanger: C'est juste pour que vous baissiez le son.
Tout le reste, ça me convient.
M. Filion: Demandez-la donc, la parole! (21 h 15)
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, s'il vous plaît, en répondant aux
questions seulement, sans apporter de commentaires désobligeants sur qui
que ce soit. Maintenant, il y a un argument qui me désarçonne,
c'est quand vous dites qu'on augmente notre moyenne. Alors, ça,
ça me désarçonne. C'est un très bon argument. C'est
vrai que ça allait très bien et je voudrais qu'on continue dans
le même sens.
M. le député de Lac-Saint-Jean, votre question.
M. Pagé: M. le Président, dois-je comprendre que,
selon vous...
M. Rochefort: Tiensl Un nouveau député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, vous
n'aviez pas terminé. Excusez-moi.
M. Rochefort: Tiens! II va le laisser finir.
Le Président (M. Lorrain): Terminez, M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Le
député de Lac-Saint-Jean...
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire.
M. Pagé:... en était à me demander... M.
Rochefort: M. le Président, j'aimerais ça vous
entendre...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort:... plus fort conclure votre directive au ministre.
Est-ce que j'ai entendu...
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre me dit qu'il n'a
pas terminé.
M. Rochefort: Oui, mais est-ce que j'ai entendu: Sans
commentaire, un peu plus bas?
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Rochefort: Non? Or, donc, vous allez le laisser poursuivre
dans la voie qu'il avait commencée?
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, non, non.
J'ai rendu ma décision et c'est moi qui est intervenu le premier...
M. Rochefort: Oui, oui, je sais.
Le Président (M. Lorrain):... à la réponse
du ministre.
M. Rochefort: Je sais, ça m'a frappé.
Le Président (M. Lorrain): Et je vais intervenir aussi
à l'avenir pour n'importe quel témoin advenant le cas où
ce n'est pas correct. Je suis le premier qui est intervenu là-dessus,
qui a dit: Sans commentaire.
M. Rochefort: Oui, je sais, je l'ai noté cette
fois-là.
Une voix: Bravo!
Le Président (M. Lorrain): Allez!
M. Pagé: Merci, M. le Président. Alors, le
député du Lac-Saint-Jean me demande de définir pourquoi je
n'avais pas de service à rendre à M. Garon, compte tenu de
l'attitude que vous connaissez d'ailleurs. Il me demande d'expliciter sur cette
attitude. J'y réponds de la façon que je juge la plus
complète, à savoir que M. Garon utilise de façon
systématique tout le temps prévu à chacun des
éléments du règlement concernant l'adoption d'un projet de
loi. Ça, c'est systématique à l'Assemblée
nationale, en commission. Ajoutez à ça le fait qu'au mois de...
à la session d'automne, ça a été des heures et des
heures et des heures et des heures sur tous les projets de loi que j'ai eu
à discuter ici. Tant et si bien qu'ils ne sont pas passés,
d'ailleurs. C'est ce que j'explique, son attitude de blocage
systématique ou d'utilisation optimale du temps qui lui est
alloué fait en sorte que je n'ai pas de
service à lui rendre. Ce n'est pas plus compliqué que
ça, c'est très clair.
M. Brassard: Bon! M. le Président, donc, quand vous
référez à l'attitude du député de
Lévis, vous référez aux difficultés que vous avez
éprouvées pour faire adopter vos projets de loi.
M. Pagé: Je réfère aux difficultés
que le député de Lévis engendre dans le cadre du processus
des travaux parlementaires et il n'en fait pas juste au gouvernement vous
savez, des difficultés. Vous le savez.
M. Brassard: Difficultés éprouvées en
particulier par le projet de loi 132 sur le zonage agricole, entre autres.
M. Pagé: Sur toutes les lois.
M. Brassard: Mais particulièrement sur le projet de loi
132, compte tenu que c'était votre priorité
législative.
M. Pagé: Sur toutes mes lois, M. le député.
Le Comité de surveillance des étalons, c'est un projet de loi qui
aurait pu être étudié en une heure à
l'Assemblée, une heure en commission maximum. Ç'a pris quelques
jours et des heures et des heures. Vous le savez.
M. Rochefort: C'est à lui de faire de meilleures lois.
M. Brassard: Quand vous dites, par conséquent...
M. Rochefort: Qu'il fasse de meilleures lois.
M. Chevrette: Êtes-vous après dire...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre!
M. Chevrette: Oh! Excusez, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Brassard: Quand vous dites...
Le Président (M. Lorrain): Vous allez avoir tous la
chance...
M. Brassard:... par conséquent que vous n'avez pas de
service à rendre à M. Garon...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Brassard: Quand vous dites que vous n'avez pas de service
è rendre à M. Garon, compte tenu de son attitude face à
vos projets de loi, est-ce que votre refus de consentir à l'adoption du
projet de loi 272, parrainé par le député de Lévis,
ne traduit pas chez vous une volonté de punir le député de
Lévis?
M. Pagé: Je n'avais pas l'intention... Une
voix:...
M. Pagé: Vous savez, j'ai indiqué à
plusieurs reprises aujourd'hui...
Une voix: S'il vous plaîtï
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Chevrette: M. le Président, je vais me choquer.
M. Pagé: Ça m'oblige à me
répéter, M. le Président. J'ai indiqué à
plusieurs reprises mes réserves de laisser passer un projet de loi qui
impliquait des sommes aussi importantes.
M. Brassard: C'est le premier motif.
M. Pagé: C'est le premier motif, mais oui.
M. Brassard: Oui.
M. Pagé: Vous comprenez que je doive y
référer.
M. Brassard: Je vous interroge sur le deuxième.
M. Pagé: Ah! Sur le deuxième motif, vous
interprétez cette attitude... Vous me posez la question, à savoir
si c'était dans l'intention de le punir ou de me venger, ou de je ne
sais pas trop quoi.
M. Brassard: Oui, bien, venger, c'est un terme...
M. Pagé: Je n'ai pas à juger de votre
interprétation, de votre inquiétude, mais, moi, ce que je vous
dis, compte tenu de son attitude, qui n'est certainement pas contributoire ou
contributive à l'évolution de nos travaux parlementaires, je
n'avais pas de service à lui rendre, puis je ne lui dois rien.
M. Brassard: Et accorder à ce moment-là votre
consentement pour l'adoption du projet 272, vous considériez que
c'était un service à rendre au député de
Lévis.
M. Pagé: Oui, compte tenu des réserves que j'avais
sur le fond du projet de loi.
M. Brassard: Ça va, M. !e Président.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Je vais maintenant reconnaître un
député de la formation ministérielle. Alors, je vais
reconnaître M. le député de Gouin en interrogatoire. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je suggère à tous
peut-être d'arrêter dix minutes, puis reprendre à neuf
heures trente. Dix minutes.
M. Rochefort: Après cette intervention magistrale de ma
part, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Oui. Et je vous assure que vous
n'étiez pas hors d'ordre. Vous étiez... Alors, les travaux de
cette commission...
Une voix;...
Le Président (M. Lorrain): Non... sont maintenant
suspendus pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 23)
(Reprise a 21 h 35)
Le Président (M. Lorrain): Les travaux de la commission
vont reprendre. Celui qui avait la parole, c'est M. le député de
Gouin. En interrogatoire, M. le député de Gouin. M. te ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation toujours sous le
même serment.
M. Pagé:... M. le Président.
M. Rochefort: Je n'avais pas beaucoup utilisé mon temps de parole
pour reprendre les mêmes propos, les seuls que j'ai eu le temps de tenir,
M, le Président. Page 5892 du Journal des débats, 19
décembre 1986, intervention du ministre de l'Agriculture sur le projet
de loi 272. L'avant-dernier paragraphe de sa conclusion se lit comme suit: "Les
gens de Saint-David, en fait, du comté de Lévis, on ne leur fera
pas payer un prix exorbitant, un prix indu à cause de l'oppposition
menée par le député qui les représente à
l'Assemblée nationale du Québec. " De quelle opposition est-il
question ici dans le discours du ministre?
M. Pagé: Je me réfère, M. le
Président, à la réponse que j'ai indiquée au
député de Lac-Saint-Jean tout à l'heure.
M. Rochefort:C'est-à-dire...
M. Pagé: Pardon''
M. Rochefort: C'est-à-dire...
M. Pagé: C'est-à-dire que le député
de Lac-Saint-Jean m'a posé une question relative à pourquoi je
n'avais pas de service à rendre au député de Lévis.
J'ai référé à son opposition systématique
à tous les projets de loi qui étaient présentés
ici.
M. Rochefort: M. le Président, je reviens non pas à
la question du député de Lac-Saint-Jean, mais au discours du
ministre de l'Agriculture, le 19 décembre 1986, sur le projet de loi 272
où il conclut, en avant-dernier paragraphe, son intervention en
disant...
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît, pour que
tout le monde se retrouve, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Ce n'est pas coté.
Le Président (M. Lorrain): Oui, ça a
été déposé ce matin.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président, j'avais le
document avant qu'on l'ait coté.
Le Président (M. Lorrain): Oui. On l'a
déposé ce matin. C'est un des cinq documents.
M. Rochefort: Je ne l'ai pas pris dans mes cotes en dehors de mon
temps.
M. Lefebvre: M. le Président, le temps court, le temps
court. Si on cite un document et qu'on ne l'a pas en main, qu'on ne le trouve
pas, le temps court. Ce n'est pas le problème des membres de la
commission, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaîtl
M. Filion:... D-23, page...
M. Rochefort: Je ne cite pas un document que je n'ai pas en
main.
M. Filion:... 5892.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, è
l'ordre, s'il vous plaît! Alors c'est D-23, M. le député de
Gouin, page 5892.
M. Lefebvre: En haut de la page,
M. Rochefort: Alors je répète: "... en fait, du
comté de Lévis, on ne leur fera pas payer un prix exorbitant, un
prix indu à cause de l'opposition - au singulier, d'ailleurs -
menée par le député qui les représente à
l'Assemblée nationale du Québec. " Je veux
que le ministre sait précis. À quelle opposition du
député de Lévis réfère-t-il?
M. Pagé: Je m'en remets, M. le Président, à
mon témoignage d'aujourd'hui. À plusieurs reprises j'ai
référé, comme suite aux questions qui m'ont
été posées, à l'attitude adoptée par le
député de Lévis qui s'oppose littéralement et
systématiquement à tout ce qui est déposé par le
gouvernement et qui le concerne comme porte-parole,
M. Rochefort: Et au projet de loi 132. M. Pagé:
Oui.
M. Rochefort: Qui est votre priorité parlementaire.
M. Pagé: Qui était ma priorité
parlementaire, oui. Compte tenu que des privilèges appartenant à
des citoyennes et des citoyens devenaient caducs le 31 décembre
1986.
M. Rochefort: Jusqu'au 17, 18 décembre, il n'est pas
question de 272 pour vous, mise à part la lettre du 14 novembre.
M. Pagé: Jusqu'au 17, 18 décembre, 272 n'a pas
été appelé. Les projets de loi privés n'ont pas
été appelés à ma connaissance ni le projet de loi
272 avant cette date.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président. Il a
été déposé le projet de loi?
M. Pagé: Bien oui.
M. Rochefort: Avec nécessité de consentement
unanime des membres de l'Assemblée pour dépôt?
M. Pagé: Je vous ai indiqué tout à l'heure,
et vous avez cette expérience, M. le député, que le fait
de consentir au dépôt d'un projet de loi n'implique pas pour
autant approbation du principe ou encore en troisième lecture, vous le
savez pertinemment comme député de l'Opposition, notamment.
M. Rochefort: Mais vous savez comme moi que refuser de consentir
au dépôt aurait réglé les problèmes que vous
aviez par rapport au projet de loi quant à l'effet de la
rétroactivité, par exemple.
M. Pagé: Ça n'aurait même pas permis aux
intervenants ou à ceux qui demandaient à l'Assemblée
nationale d'adopter ce projet de loi de se faire entendre.
M. Rochefort: Mais l'effet que vous visiez, semble-t-il, aurait
été le même, il aurait été
étudié en mars, avril.
M. Pagé: II aurait dû être
redéposé en mars.
M. Rochefort: En mars, avril. Alors, donc, jusqu'à ce que
vous ayiez fait deuil de 132, il n'est pas question de 272.
M. Pagé: 272 n'a pas été appelé avant
le 17 ou le 18.
M. Rochefort: Mais vous nous avez dit aussi que vous aviez fait
deuil, à peu près autour du 17, 18 décembre, de 132.
M. Pagé: Oui, lorsqu'on m'a indiqué que rien
n'allait plus, puis qu'il n'y avait plus d'entente qui tenait.
M. Rochefort: C'est ça. Donc, jusqu'à ce que vous
ayiez fait deuil de 132, il est pas question de 272.
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement. C'est quoi, la question'' "... il est pas question de
272"...
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: J'aimerais que le député de Gouin
précise sa question.
Une voix: Qu'il pose des questions. M. Rochefort: M.
le...
M. Lefebvre: Et d'autant plus que ce n'est pas effectivement une
question, c'est une affirmation. Alors, moi, j'aimerais bien, M. le
Président, qu'on pose des questions au témoin et qu'on pose des
questions précises, de sorte qu'on puisse comprendre non seulement le
témoin, mais également les membres de la commission, M. le
Président, et, quant à moi, je ne la comprends pas, la
question.
Une voix: Ah! Ce n'est pas un critère.
M. Lefebvre: Non, non, mais moi, je ne la comprends pas, M. le
Président, et...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaîtl
M. Lefebvre:... partant du moment où un membre de la
commission ne comprend pas la question, M. le Président, je soumets
respectueusement que j'ai le droit de demander des précisions.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous intervenir sur la
question de règlement, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, sur la question de règlement.
M. Rochefort: Je serais plutôt à l'aise avec ce que
suggérait...
M. Polak: Pas d'accord!
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Je serais plutôt à l'aise avec ce que
suggérait le député de Louis-Hébert qui dit: Qu'il
pose des questions. J'étais à en formuler une. Je comprends que
le député n'ait pas compris ma question, je ne l'avais pas
complétée...
M. Doyon: Le député de Louis-Hébert n'a pas
encore parlé sur ça, M. le Président.
M. Rochefort:... lorsqu'il est intervenu...
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît!
M. Rochefort:... sur une question de règlement.
M. Lefebvre:... je m'excuse, M. le député.
Le Président (M. Lorrain): M. le député, si
je comprends bien, on est tous fatigués. Posez des questions
précises.
M. Rochefort: Vous êtes fatigué?
Le Président (M. Lorrain): Je vais accepter toutes les
questions précises, claires. M. le député de Gouin, vous
avez la parole. Posez des questions au ministre.
M. Rochefort: Ma question, M. le Président, au ministre:
Si je comprends bien, jusqu'à ce que vous ayez eu fait deuil de 132, il
a pas été question de 272, mais c'est à peu près au
même moment que vous êtes intervenu une première fois dans
le dossier de 272 auprès du ministre des Transports.
M. Doyon: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: M. le Président, "si je comprends bien", avant
132, après 272, "il a pas été, " etc., c'est de
l'argumentation, M. le Président. Qu'on établisse les faits,
qu'on établisse des dates où il y a eu telle chose qui s'est
passée, tel geste qui a été posé et on argumentera
et on plaidera après. Le député de Gouin n'a pas à
conclure à partir d'éléments de réponse qu'il a
obtenus à d'autres moments. À un moment donné, M. le
Président, il va falloir qu'on tire la ligne quelque part parce qu'on va
être ici jusqu'à la semaine des trois jeudis, M. le
Président. Et je commence, M.le Président, et j'en fait une
question de règlement.
M. Polak: C'est quand, les trois jeudis?
M. Doyon: M. le Président, il va falloir, à un
moment donné, que vous interveniez pour que cette commission puisse
s'enquérir des faits et savoir ce qui se passe. Ce n'est pas la place,
M. le Président, pour faire les plaidoiries, on n'en finira jamais.
Cette commission, M. le Président, elle est sous votre garde.
Moi, M. le Président, je suis député d'un
comté, du comté de Louis-Hébert, et j'entreprends ma
quatrième semaine ici. Pendant ce temps-là mes électeurs
sont laissés pour compte. M. le Président, il faut que cette
commission fasse sa "job", qu'elle la fasse honnêtement et que ça
finisse à un moment donné. Il faut...
M. Polak: Rapidement.
M. Doyon:... qu'à un moment donné, M. le
Président, on apprenne des choses de neuf.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: II va falloir que ça finisse, M. le
Président, et les témoins sont ici pour informer cette
commission...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon:... et non pas pour servir de faire-valoir aux membres
de l'Opposition qui n'ont pas d'autre chose à dire, M. le
Président, que de revenir...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre, s'il vous
plaîtî
M. Doyon: M. le Président, je fais appel...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Doyon: M. le Président, il va falloir que vous
interveniez, parce que cela a assez duré. La comédie... Ê
finita la comedia.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaîti
M. Chevrette: II a appris l'italien dans un de ses
dictionnaires.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: C'est fini.
Une voix: Ce n'est pas ça qu'on veut dire.
Une voix: Chèque visé.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement. (21 h 45)
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M, le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Les états d'âme du
député de Louis-Hébert qui a voulu absolument
siéger cette semaine, parce qu'il voulait absolument - je ne sais pas -
se faire valoir...
M. Doyon: M. le Président, question de règlement
sur la question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Doyon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît;
Une voix: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Je vais commencer par entendre
complètement les arguments du leader de l'Opposition. Je vous ai
laissé argumenter et vous êtes allé même
au-delà de la question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement de la question... Mais là vous êtes...
M. Doyon: C'est totalement faux, M. le Président, que le
député...
Le Président (M, Lorrain): Ah non!
M. Doyon: Mais, M. le Président, on ne peut pas dire des
choses qui sont fausses. Ce n'est pas vrai. C'est totalement faux. C'est faux,
M. le Président. C'est totalement faux.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! II reste quinze minutes. J'aimerais finir cette journée de
plus de huit heures, s'il vous plaît!
M. Doyon: Nous aussi, M. le Président.
Il va falloir que cette commission se termine, M. le Président,
et qu'on...
Le Président (M. Lorrain): Écoutez, je ne l'ai pas
choisie puis je vais !a présider. Bon, alors... Non, non. On va entendre
la preuve et on va continuer à faire ce qu'on fait depuis le
début et ça me prend la collaboration des deux côtés
si on veut finir, tel que vous le dites. J'aimerais bien qu'on puisse continuer
l'interrogatoire qui allait très bien depuis plusieurs heures et
j'aimerais bien qu'on en finisse. Il nous reste quinze minutes. Ça fait
plus de huit heures qu'on est ici, je le répète à tout le
monde.
M. Polak: On n'a pas avancé beaucoup.
Le Président (M. Lorrain): Ne m'en voulez pas à
moi. Moi, ce serait fini cela ferait longtemps, mais...
M. Filion: La remarque du député de Sainte-Anne est
hors d'ordre.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le
député de Gouin, vous avez toujours la parole.
Une voix: Pose des questions, Max, si tu penses que...
M. Chevrette: Entre vous puis moi là...
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la question de
règlement. Je m'excuse, monsieur, je pensais que c'était
terminé à cause des arguments que j'avais donnés. Alors,
M. le leader de l'Opposition, sur la question de règlement.
M. Chevrette: M. le Président, ça devient de
l'argumentation ayant porté un jugement sur la commission. Il y a des
témoins à entendre. On apprend du nouveau à toutes les
heures, à tous les jours, même à toutes les minutes. Je
pense que c'est ça le rôle d'une commission d'enquête et je
suis surpris que le député de Louis-Hébert, lui qui a
contribué à faire durer une commission parlementaire, M. le
Président, au-delà de deux mois à la Baie-James...
M. Doyon: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
ça n'a rien à voir...
M. Doyon: M. le Président, ça n'a aucun rapport
avec nos travaux.
Le Président (M. Lorrain): Cela va.
M. Doyon: M. le leader de l'Opposition le sait très
bien.
M- Filion: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non. J'ai deux questions de
règlement, puis j'ai une question sur la question de règlement.
M. le leader de l'Opposition n'a pas fini. Là je vais en avoir quatre et
quatre questions de règlement sur les questions de règlement.
Je vais en entendre une et la question de règlement sur la
question de règlement, M. le leader de l'Opposition, sinon je n'en
finirai pas.
M. Chevrette: Mais comment vous vous branchez pour...
Le Président (M. Lorrain): Je vous écoute, M. le
leader de l'Opposition. Je vous ai dit que votre dernier argument
n'était pas acceptable.
M. Chevrette: M. le Président, je suis prêt à
retirer, si vous dites que ce n'est pas acceptable, cette partie-là. Je
vais continuer.
Le Président (M. Lorrain): Alors, vous continuez. Cela
va.
M. Chevrette: Je suis obéissant envers la
présidence. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Votre question de
règlement, s'il vous plaît!
M. Polak:...
M. Chevrette: Oui'' Le président ou moi?
Une voix: Ce n'est pas nous qui avons dit ça, M. le
Président.
M. Chevrette: Très sérieusement, je voudrais vous
poser la question suivante. Est-ce que ça vous apparaît dans
l'ordre qu'un parlementaire veuille à tout prix voir finir la commission
d'enquête au moment où on interroge un témoin ou au moment
où on a encore des questions, au moment où on a d'autres
témoins de convoqués, au moment où l'Assemblée
nationale nous a donné mandat de faire l'ensemble de la lumière?
Cela m'apparaît, M. le Président... C'est inadmissible comme
question de règlement à sa face même. C'est pour ça
que j'aurais voulu que vous réussissiez à arrêter le
député de Louis-Hébert, qui a crié au-delà
de votre voix sans que vous le coupiez. Il n'y a pas un moyen de couper les
micros, dans ce temps-là?
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est ce que je demande,
d'ailleurs, et c'est ce que monsieur fait à l'autre bout. À
chaque fois que je dis "à l'ordre, à l'ordre", on se regarde, et
c'est bien fait, à part ça. Vous regarderez ma lumière,
elle est très rouge, à ce moment-là, et les autres
s'éteignent.
M. Doyon:... l'Opposition...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! C'est arrivé
souvent aujourd'hui. Alors, nous allons maintenant... Je suis
entièrement d'accord avec vos arguments, je pense que j'ai rendu ma
décision sur la question de règlement, et à l'heure qu'il
est là, je vais céder la parole à M. le
député de Gouin, en interrogatoire. Questions directes,
précises, vous avez tout le temps, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'adresse ma question au
ministre.
Des voix:...
Le Président (M. Lorrain): Ça va, ça val
Allez, M. le député de Gouin.
M. Polak:...
Le Président (M. Lorrain): C'est bien entendu, je vais
être avisé par les fonctionnaires, M. le député de
Sainte-Anne, c'est certain qu'ils vont m'aviser. Une fois c'est arrivé
qu'ils soient en retard de quelques secondes.
M. Chevrette: C'est la priorité des priorités du
député de Sainte-Anne de connaître les minutes qui
s'égrènent?
Le Président (M. Lorrain): II reste dix minutes, et
j'aimerais ça que le député de Gouin puisse poser
quelques questions avant qu'on quitte à 10 heures. M. le
député de Gouin, vous avez la parole. M. le député,
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, donc, au ministre.
Jusqu'à ce que vous ayez eu fait deuil de 132, vous n'avez pas
abordé 272 avec le ministre des Transports.
M- Pagé: Non, j'ai abordé ce sujet avec le ministre des
Transports au mois de novembre, comme je l'ai indiqué, entre la
réception de la lettre par Me Lemay et le mois de décembre.
Alors, votre question est non fondée, d'autant plus que vous dites
"donc". Vous arrivez à une conclusion avant de la poser, alors je vous
dis non. Je vous dis: Ce n'est pas le cas. Je l'ai abordé avec le
ministre des Transports à un moment donné dans le temps,
après la réception de la lettre et, évidemment, avant
l'étude du projet de loi.
M. Rochefort: Mais la première fois
que vous l'avez abordé avec le ministre, c'était pour vous
faire expliquer un petit peu les tenants et les aboutissants du projet de
loi.
M. Pagé: Je m'en réfère à mon
témoignage d'aujourd'hui où je suis intervenu à plusieurs
reprises pour répondre à ces questions.
M. Rochefort: Non, mais dans votre témoignage aujourd'hui,
vous nous avez dit que vous étiez intervenu trois fois.
M. Pagé: C'est ça.
M. Rochefort: Ce n'est pas plusieurs reprises. La première
fois, c'était pour vous faire expliquer...
M. Pagé: Trois fois, c'est plus qu'une.
M. Rochefort: Oui, mais plusieurs, ça fait appel à
plusieurs.
M. Pagé: Ça dépend de
l'interprétation qu'on y donne. On pourrait référer au
dictionnaire.
M. Rochefort: Mais puisqu'on n'a pas d'interprétation
à faire, ni vous ni moi, ici...
M. Pagé: Non.
M. Rochefort: Donc, la première fois, c'est pour vous
faire expliquer les tenants et les aboutissants du projet de loi. C'est le
cas?
M. Pagé: Les tenants.
M. Rochefort: Qu'est-ce qu'il y avait dans ça, les
autobus, tout ça? C'est ça?
M. Pagé: Ce que ça impliquait pour nous comme
gouvernement, parce qu'on administre l'impôt des Québécois,
vous savez.
M. Rochefort: Non, vous n'administrez pas les
Québécois, vous administrez les biens des
Québécois.
M. Pagé: On administre l'impôt des
Québécois, ai-je dit.
M. Rochefort: Mais, la première fois où vous faites
part au ministre des Transports de votre intention de peut-être vous
opposer au projet de loi, c'est le 18 décembre.
M. Pagé: C'est ça, c'est ce que j'ai indiqué
aujourd'hui.
M. Rochefort: Donc, une fois que vous avez fait deuil de 132.
M, Pagé: J'ai indiqué aujourd'hui que j'avais fait mon
deuil de 132 le 17 ou le 18, la veille ou l'avant-veille. Je m'en tiens
à mon témoignage.
M. Rochefort: Parfait! Et, malgré ça, le ministre
des Transports, après votre conversation, s'en va en commission
parlementaire de l'aménagement et des équipements et participe
pleinement...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, j'ai
indiqué aujourd'hui que je ne pouvais établir avec exactitude
à quel moment de la journée j'avais échangé avec le
ministre des Transports le jour du 18. J'ai indiqué que c'était
probablement le soir après la séance et ça, je vous
inviterais à référer au Journal des débats.
M, Rochefort: M. le Président, on va être
précis un petit peu là. On va demander au ministre de fouiller un
peu dans sa mémoire. Après la séance, après quelle
séance?
M. Pagé: Après la séance en commission
parlementaire où le projet de loi 272 a été
étudié.
M. Rochefort: Qui s'est terminée vers quelle heure?
M. Pagé: Si ma mémoire est fidèle, ça
c'est terminé au milieu de la soirée ou pas tard en
soirée. Comme on le sait,, ces commissions-là siègent
normalement jusqu'à minuit mais on se rappellera que, dans le cas des
projets de loi privés, il est normal que le consentement se donne parce
qu'il y a des invités, bon, etc., et souvent, ça siège
tard dans la nuit, d'où l'inquiétude que j'ai toujours eue pour
l'analyse de tels projets de loi. Dans certains cas, ça finissait au
petit matin, ces projets de loi. Vous le savez pertinemment, vous êtes
député depuis déjà dix ans.
M. Rochefort: Non, M. le Président, je suis pas si vieux
que ça. Six ans.
M. Pagé: Six ans?
Une voix:...
M, Rochefort: Pas à moi.
M. Pagé: Votre leader est ici depuis dix ans.
M. Rochefort: M. le Président, je demande au ministre de
faire un effort. Est-ce qu'il a parlé avec le ministre des Transports
avant le souper ou après la séance?
M. Lefebvre: Question de règlement, M, le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: C'est un fait qui a été amplement
couvert et je fais appel, M. le Président, à votre
autorité afin d'imposer des décisions que vous avez
déjà rendues, è savoir qu'un fait couvert et amplement
couvert ne doit pas faire l'objet de nouveaux interrogatoires et sous
prétexte qu'on pose la question différemment. Le fait a
été couvert. M. le Président, le député de
Louis-Hébert, tout à l'heure, a fait référence au
fait que ça peut durer longtemps la commission et encore très
longtemps, et si l'Opposition veut s'amuser à tenir le temps, à
gagner du temps...
M. Doyon: Ça va se faire à deux.
M. Lefebvre:... à poser des questions, à couvrir
des sujets qui ont déjà été couverts, M. le
Président...
M. Rochefort: C'est quoi, ça, là?
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M, Filion: Non, non, sur la question de règlement.
M. Lefebvre: Qu'on me laisse parler, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Sur la question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Mais sans...
M. Lefebvre: M. le Président, je vous invite a...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre:... un peu plus de rigueur...
Le Président (M. Lorrain): M. le...
M. Lefebvre:... à un peu plus de rigueur, M. le
Président, à maintenir les décisions que vous avez
déjà rendues, à savoir...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre:... les sujets qui ont déjà
été couverts...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Lefebvre:... les sujets qui ont déjà
été couverts et, sauf erreur, depuis 8 h 30 ce soir...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre:... on n'a rien appris de nouveau.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre: On n'a rien appris de nouveau, M. le
Président, et je vous invite à intervenir vous-même...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre:... vous-même, M. le Président. Et je
vais aller plus loin que ça, M. le Président, Même sur les
questions de règlement...
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, les travaux de
cette commission sont suspendus...
M. Lefebvre: Même sur des questions de règlement,
vous pouvez, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... jusqu'à demain matin.
Les travaux de cette commission sont maintenant ajournés à demain
matin, dix heures.
Une voix:... ça va être dans les deux sens.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, demain matin,
vous devez être de nouveau présent ici devant la commission de
l'Assemblée nationale.
Une voix: Tu vas voir. M. Pagé: M. le
Président. Une voix: Ah, tu es complexé.
Une voix: Ah non, je ne suis pas complexé pantoute.
M. Pagé: M. le Président, vous me priez
d'être...
Une voix: Je ne suis pas complexé pantoute.
M. Pagé:... ici à dix heures demain matin; j'y
serai. Est-ce qu'il serait possible,
pour fins d'agenda, de connaître les intentions de la commission
en ce qui concerne demain après-midi, en ayant bien à l'esprit,
M. le Président, que j'ai été assigné à
témoigner il y a de ça un très fort moment?
Le Président (M. Lorrain): Oui, mais si l'interrogatoire
n'est pas terminé, vous allez être obligé. Demain, on
siège six heures. La commission doit siéger de 10 a 13 et de 15
à 18 heures. Alors, si ce n'est pas terminé à 13 heures,
vous allez être obligé de...
M. Pagé: Merci, M. le Président. Le Président
(M. Lorrain): Merci.
(Fin de la séance à 21 h 57)