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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît. Nous allons débuter les travaux de la commission de
l'Assemblée nationale. Le témoin est toujours M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et celui qui avait la
parole hier soir, lorsque nous avons ajourné les travaux, était
M. le député de Gouin.
M. le député de Gouin vous avez toujours la parole.
Une voix: On est suspendu à vos lèvres, M. le
député.
Témoignage de M. Michel Pagé
(suite)
M. Rochefort: Oui. Alors, M. le Président, je voudrais
poser une question que j'ai adressée au ministre hier. Peut-être
a-t-il eu le temps de consulter son agenda, de fouiller dans ses souvenirs.
J'aimerais qu'il nous dise s'il se rappelle maintenant du moment où il a
parlé avec M. Marc-Yvan Côté dans la journée du 18
décembre de ses objections au projet de loi 272.
M. Pagé: M. le Président, cette question a
été soulevée à quelques reprises ici. Elle a
été soulevée à nouveau par le député
de Gouin. Je m'en remets au témoignage que j'ai fait hier à
savoir...
M. Rochefort: M. le Président... Le Président
(M. Lorrain): Allezl
M- Pagé: Merci, M. le Président. Alors, je m'en
remets au témoignage que j'ai formulé hier à savoir
qu'à ma connaissance, j'ai échangé avec le ministre des
Transports, je vous l'ai dit et je vous réfère au Journal des
débats comme suite aux questions qui m'ont été
posées sur ce sujet-là hier. Et c'est tout.
M. Rochefort: Vous ne savez pas si c'est avant 8 heures ou
après 9 heures.
M. Pagé: Je vous ai indiqué que c'était
probablement en soirée et je vous invite à référer
au Journal des débats.
M. Rochefort: Dans cette conversation avec M. Côté,
est-ce que vous avez abordé vos deux motifs d'opposition?
M. Pagé: Dans les échanges que j'ai eus avec le
ministre Côté j'ai particulièrement
référé à l'implication du projet de loi en termes
financiers. C'est normal qu'on y réfère, c'est lui qui avait
à assumer la facture, c'est lui qui, comme ministre, avait à
autoriser le versement de la subvention et avait à décider si le
gouvernement allait payer à même les taxes et les impôts de
nos concitoyens et de nos concitoyennes les coûts de financement
temporaire pour de tels emprunts.
M. Rochefort: Et l'autre motif?
M. Pagé: Je ne peux vous dire si ça a
été évoqué. Cependant, je présume que le
ministre Côté sait depuis... savait que je n'avais pas de service
à rendre au député de Lévis.
M. Rochefort: Mais, je pense que c'est important.
M. Pagé: C'est votre opinion.
M. Rochefort: Essayez de fouiller un petit peu dans votre
mémoire là. Est-ce que vous avez abordé, oui ou non, les
problèmes de la loi 132, que vous aviez avec la loi 132, votre
priorité législative à l'époque et votre refus de
consentir au projet de toi 272?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que ta conversation a
quand même été brève. On n'a pas discuté des
heures et des heures, M. le député, vous savez.
M. Rochefort: Donc, ça vous en fait moins à vous
rappeler.
M. Pagé: Et, M. le Président, est-ce que je dois
subir...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Sans remarques, sans
remarques, s'il vous plaît!
M. Pagé: Mais est-ce que je dois, parce que je suis
témoin, subir...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non, non.
Allez.
M. Pagé: ...les impertinences du
député"?
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je vais intervenir,
M. te ministre.
M. Pagé: D'accord.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le témoin
peut parler d'impertinence, lui, des propos des membres de l'Assemblée,
non?
Le Président (M. Lorrain): Allez, allez. Allez. Allez
à la réponse sans remarques.
M. Pagé: ...pour insolence, M. le Président.
M. Rochefort: C'est mieux ça, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Aucune remarque de part et d'autre, s'il vous plaîtl
Répondez aux questions seulement, M. le ministre. Allez, M. le
député de Gouin.
M. Pagé: Pourriez-vous répéter votre
question?
M. Rochefort: Je pense qu'elle est claire. Vous n'avez pas
parlé ou vous avez parlé de 132 avec le ministre des
Transports?
M* Pagé: ...de vous indiquer, M. le député,
qu'à ma connaissance le principal de la conversation a porté sur
le projet de loi 272 et son impact pour le ministère des Transports.
M. Rochefort: Est-ce qu'il est possible que vous ayez
parlé de 132 avec le ministre des Transports?
M. Pagé: Je vous ai indiqué qu'il est possible que
j'aie évoqué le blocage systématique de mes lois par le
député de Lévis et que je n'avais pas de service à
lui rendre. Je vous l'ai indiqué il y a quelques minutes.
M. Rochefort: Quelle a été la réaction du
ministre des Transports a ce volet-là de votre
conversation?
M. Pagé: Je ne peux vous dire ta réaction.
Ça a été bref, comme je vous l'ai indiqué, et on a
convenu que pour lui ça n'avait pas d'effet désastreux que je
bloque le projet de loi. Et je vous invite à revenir au texte hier de ma
déclaration sur le sujet où, à plusieurs reprises, j'ai eu
l'occasion de référer à cette conversation, M. le
député.
M. Rochefort: Est-ce qu'ultimement vous avez eu l'accord du
ministre des Transports pour ne pas donner votre consentement au projet de loi
272?
M. Pagé: Cette question m'a été posée
hier. J'ai indiqué que... Celui-ci m'a indiqué que, pour lui,
ça ne causait pas de problème.
M. Rochefort: Et donc, il s'en est remis à votre
décision.
M. Pagé: C'est la conclusion que vous tirez. Vous avez le
droit de la tirer.
M. Rochefort: Non, mais ce que je veux dire, il vous a donc
laissé libre de décider ce que vous vouliez. Il a pas
tenté d'aucune façon de vous convaincre de ne pas poser le geste
de refus de consentement? C'est sous une forme interrogative, M. le
Président.
M. Pagé: Le ministre des Transports a
référé au fait que ça reporterait de quelques mois
l'adoption du projet de loi, donc, le financement sur une base permanente ou
les dépenses qui avaient été encourues et que, pour lui,
ça ne lui causait pas de problème,
M. Rochefort: Mais je vous répète, est-ce que le
ministre des Transports a tenté de vous convaincre de ne pas refuser
votre consentement?
M. Pagé: On a échangé sur les subventions du
ministère, la demande de la Commission intermunicipale de transport de
la rive sud, à l'effet que le gouvernement doive supporter parce
qu'elle, malgré qu'elle, la commission, n'avait pas reçu toutes
les approbations nécessaires pour faire telle, une telle dépense,
que malgré ça, la commission demandait au gouvernement de couvrir
les frais de financement temporaire qui étaient, si ma mémoire
est fidèle, de 50 000 $ à 60 000 % par mois.
M. Rochefort: Mais je reviens au-delà de la discussion que
vous avez eue, ses conséquences. Est-ce que le ministre des Transports,
sous une forme ou sous une autre, a tenté de plaider auprès de
vous pour que vous donniez votre consentement à 272?
M. Pagé: Le ministre des Transports m'a indiqué la
demande de la commission intermunicipale à savoir que ta commission
souhaitait voir verser par le gouvernement la totalité des
intérêts payés, soit des financements temporaires.
M. Rochefort: Dans quels termes vous a-t-il dit
ça?
M. Pagé: Je ne peux me rappeler exactement, M. le
député. Je me rappelle du contenu, mais demandez-moi pas de citer
mot par mot, virgule par virgule. C'est une conversation qui s'est tenue il y a
quatre mois déjà.
M. Rochefort: Et après qu'il vous ait fait ces
représentations, vous lui avez dit que vous mainteniez votre
décision de refuser votre consentement?
M. Pagé: Vous référez à la
conversation du 18 ou du 19?
M. Rochefort: Du 18. On est le 18 pour l'instant.
M. Pagé: C'est le 19 que je lui ai indiqué ma
décision.
M. Rochefort: Est-ce que le 19 il a refait des
représentations auprès de vous pour vous indiquer quelles
étaient les demandes de la commission de transport?
M. Pagé: Le 19, il a référé au fait
que la commission intermunicipale de transport avait demandé la
totalité des intérêts sous les financements temporaires et
qu'il avait accepté pour quelques mois.
M. Rochefort: Était-il satisfait le 19 au matin, lui, du
déroulement des travaux de la commission la veille'?
M. Pagé: Je ne lui ai pas demandé.
M. Rochefort: Est-ce qu'il vous en a fait part?
M. Pagé: Pas à ma connaissance.
M. Rochefort: Est-ce qu'il vous a indiqué que tout
était réglé?
M. Pagé: Vous me parlez de... Je m'excuse, je veux
être bien clair. Quand vous dites: II ne vous en a fait, il ne vous en a
pas fait part, vous parlez de sa satisfaction ou de la commission?
M. Rochefort: De la commission.
M* Pagé: On a référé à la
commission la veille, bien oui.
M. Rochefort: Qu'est-ce qu'il vous a dit au sujet de la tenue de
la commission de la veille?
M. Pagé: Que la commission intermunicipale des transports
voulait non seulement voir ratifier cet emprunt de 7 000 000 $, mais aussi
voulait voir payer par le gouvernement, par les impôts de ceux qui nous
écoutent la totalité des intérêts inhérente
aux frais de financement temporaire et que, lui, il l'avait limitée
à quelques mois, soit jusqu'en septembre, si ma mémoire est
fidèle, ou août quelque chose comme ça.
M. Rochefort: Est-ce que lui, le ministre, lui, avait des motifs
de ne pas donner d'après la conversation que vous avez eue ensemble le
19 au matin, est-ce qu'il avait des motifs, lui, de ne pas consentir à
l'adoption finale du projet de loi 272?
M. Pagé: Je crois, M. le Président, que cette
question devrait être davantage dirigée vers le ministre des
Transports que vers moi.
M. Rochefort: Je vous fais part de la conversation que vous avez
eue tous les deux ensemble dans le temps où vous avez parlé
ensemble le 19 au matin, ce que, lui, vous a fait part, du fait qu'il n'y avait
aucune objection, lui, à ce qu'on procède maintenant de
façon définitive.
M. Pagé: À ce qu'on procède maintenant de
façon définitive...
M. Rochefort: Le 19 au matin, avec l'adoption finale du 272.
M. Pagé: À ce que la loi soit adopté? M.
Rochefort: Oui.
M. Pagé: Je vous réfère à ce que j'ai
indiqué hier, et ce que je vous répète aujourd'hui,
à savoir que pour lui, ça ne lui faisait pas objection, ça
ne lui causait pas objection que je refuse mon consentement pour l'adoption du
projet de loi en troisième lecture.
M. Rochefort: Et le 19 au matin, est-ce que vous avez
parlé de 132 ensemble?
M. Pagé: Pas à ma connaissance.
M. Rochefort: Un autre volet, M. le Président, est-ce que
M. Pagé pourrait nous dire depuis combien de temps il connaît M.
Gratton, leader du gouvernement?
Une voix:...
M. Rochefort: J'ai dit Gratton.
Une voix: Michel?
M. Rochefort: Vous entendez des voix, vous avez des fixations.
C'est Gratton, le leader du gouvernement.
M. Pagé: Depuis 1973. M. Rochefort: Depuis? M.
Pagé: 1973.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez des bonnes relations
ensemble?
M. Pagé: Bien oui. On est deux collègues.
M. Rochefort: Et vous connaissez Me Lemay depuis quand?
M. Pagé: Me Lemay, sept, huit ans, comme je vous ai
indiqué hier.
M. Rochefort: Donc, vous connaissez M. Gratton depuis plus
longtemps?
M. Pagé: Je présume, oui, parce que 73, 87 moins 73
ça fait 14, à ma connaissance.
M. Rochefort: Parfait. Comment se fait-il qu'hier vous nous avez
dit: J'ai appelé immédiatement M. Lemay parce que, lui, je le
connais depuis longtemps, alors que vous connaissez M. Gratton depuis plus
longtemps et que M. Gratton est leader du gouvernement, donc, responsable de
l'évolution législative des projets de loi, tant 272, 132 que
tous les autres et que votre décision avait un effet direct sur le
cheminement législatif d'au moins une de ces deux lois?
M. Pagé: J'ai informé mon leader à la
première opportunité que j'ai eue, soit en arrivant ici, le matin
du 19 et quand j'ai quitté mon appartement pour venir au parlement je
savais pertinemment que j'allais rencontrer mon leader a la période de
questions...
M. Filion: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Filion: Je m'excuse pour les témoins...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Filion: C'est parce qu'on a de la difficulté...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Filion:... à comprendre le témoignage du
témoin devant nous. Ce qui, dans certains cas, peut peut-être
expliquer qu'on pose des questions parce que si on ne comprend pas, on veut
comprendre tout ce qui se dit.
Une voix: Entendre ou comprendre? Ce n'est pas pareil, cela.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
Allez.
M. Filion: À ce moment-là, je ne sais pas de quelle
façon... Ou il y a un problème de son dans les micros ou il
faudrait avoir la discipline de l'ensemble des membres de la commission pour
qu'on puisse entendre un témoin qui prend la peine de venir relater ce
qu'il connaît des faits sur lesquels nous enquêtons. Je pense,
autant par courtoisie pour le témoin que pour nous permettre d'agir
efficacement, je vous demanderais de... Je suis convaincu que vous n'avez pas
entendu la dernière phrase du témoin lui non plus, moi je ne l'ai
pas entendue et je suis très attentif. Alors, à ce
moment-là donc, s'assurer qu'on puisse entendre les témoins quand
ils viennent s'exprimer devant nous.
Le Président (M. Lorrain): Je demande la collaboration de
chacun. M. le député de Gouin. M. le ministre, s'il vous
plaît, si vous voulez redresser le micro.
M. Pagé: II n'est pas docile votre micro, M. le
Président.
M. Gauthier: C'est le ministre qui faudrait qui se redresserait,
M. le Président.
M. Pagé: Voilà.
M. Rochefort: Vous dites: À la première occasion,
je voulais informer M. Gratton, mais la première personne que vous avez
informée, et la première occasion était sûrement un
appareil téléphonique, ça a été M. Lemay.
Pourquoi plutôt M. Lemay que M. Gratton?
M. Pagé: Pour moi, c'était - je m'en remets au 19
décembre au matin - comme je vous ai indiqué entre 9 h 30, 9 h 15
et 9 h 45, je m'en venais au parlement, j'amorçais une période,
une journée où j'allais devoir être présent à
la période de questions. Comme on le sait, souventefois la
dernière journée de l'Assemblée, on siège
même avec le consentement sur l'heure du dîner ou du lunch. Pour
moi, c'était le moment de l'appeler, me disant que possiblement je
n'aurais pas d'autre opportunité pour... et moi l'appeler ou encore le
rejoindre dans le courant de la journée. Alors que je savais
pertinemment que je verrais mon leader. Je m'en venais ici et le leader du
gouvernement, comme le leader de l'Opposition sont présents à la
période de questions, c'est très clair, c'est très simple,
ce n'est pas plus compliqué que cela. (10 h 30)
M. Rochefort: Est-ce qu'avec M. Gratton vous avez parlé
des deux motifs? Vous avez sûrement expliqué...
M. Pagé: La conversation avec.
M. Rochefort: ...au leader du gouvernement pourquoi vous refusiez
votre consentement.
M. Pagé: Écoutez, je vous ai indiqué hier
que j'avais signifié au bureau du leader ma décision de bloquer
le projet de loi. Cela n'a pas été un échange très
long, vous savez. Vous connaissez... Vous avez assez d'expérience
parlementaire pour connaître l'intensité d'une dernière
journée de session et, par surcroît, à quelques minutes
d'une période de questions qui s'amorce, l'ouverture de la Chambre, les
dépôts de rapports, bon, etc.
Les leaders sont très occupés et je vous ai indiqué
que j'ai signifié à ce moment-là, au bureau du leader, que
je... ma décision de ne pas donner mon consentement. Ça n'a pas
été plus long que ça puis plus compliqué que
ça.
M. Rochefort: Vous n'avez pas donné de motif?
M. Pagé: Pas à ma connaissance. Ça a
été très très bref.
M. Rochefort: Vous parlez d'expérience parlementaire.
Pensez-vous que ça arrive souvent, dans la vie d'un leader du
gouvernement, que la dernière journée de la session, il apprend
qu'un ministre refuse de donner un consentement à l'étude et
l'adoption d'un projet de loi privé qui a connu toutes les autres
étapes?
M. Pagé: Je ne peux vous dire, M. le
député.
M. Rochefort: Votre expérience ne vous permet pas
de...
M. Pagé: Mais dois-je comprendre que, pour vous, le fait
de déposer un projet de loi privé, il doit automatiquement
être adopté?
M. Chevrette: ...
M. Rochefort: C'est lui qui questionne...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas compris la
dernière question.
M. Filion: Question de règlement. Question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M- Lorrain): Question de règlement.
M. le député de Taillon.
M. Filion: Le député de Gouin pose une question au
témoin et le témoin non seulement ne répond pas à
la question, mais juge bon de formuler une question lui-même au
député de Gouin. Alors, encore une fois, je pense que le
témoin aurait avantage à se faire rappeler par vous qu'il est ici
pour répondre aux questions qui lui sont adressées, aussi
déplaisant que ça puisse être pour lui.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, question de règlement sur la même question de
règlement.
M. Lefebvre: Sur la pertinence de la question, M. le
Président, est-ce qu'on peut demander au témoin si, selon lui,
ça arrive souvent qu'un leader du gouvernement apprenne, le dernier jour
de la session qu'un projet de loi est bloqué? Je
considère que le témoin est pas compétent pour
répondre à cette question-là. II n'est pas leader du
gouvernement; il est strictement parlementaire qui a effectivement une
expérience, qu'il est ministre, point à la ligne.
Je ne pense pas que la question puisse être
considérée comme pertinente, M. le Président.
M. Filion: On n'est pas intervenu là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, sur une question
de règlement, je reconnais, un, une intervention si je...
M. Filion: Je ne suis pas intervenu là-dessus, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Ah, c'est... Non, non, à
chaque fois...
M. Filion: J'ai formulé ma question... Le
Président (M. Lorrain): Je sais. M. Filion: ...de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Mais il a répondu
là-dessus.
M. Filion: Le député de Frontenac formule sa
question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Il a
répondu là-dessus. Il y a seulement qu'une question de
règlement sur laquelle je vais décider et c'est la vôtre.
Et c'est la vôtre.
M. Filion: Non, M. le Président. Bien, écoutez, M.
le Président. M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Si je commence ça, M. le
député de Taillon...
M. Filion: Non, non.
Le Président (M. Lorrain): ...à chaque intervention
sur une question de droit, il y a quelqu'un qui va dire que c'est un autre
point qu'il veut soulever et on va encore recommencer à trois ou
quatre interventions de chaque côté de la Chambre et on ne finira
plus. Je vais décider de rendre ma décision sur votre question de
règlement, peu importe les arguments de l'autre, je vais décider
sur votre question de règlement.
M. Filion: Ma . question de règlement, M. le
Président, si vous voulez m'écouter deux secondes.
Le Président (M. Lorrain): Vous en ferez une autre
après.
M. Filion: Ma question de règlement est à l'effet
que plutôt que vous rappeliez au témoin qu'il doit répondre
aux questions, la question du député de Frontenac, la question de
règlement du député de Frontenac porte si on veut une
objection entre guillemets, une question du député de Gouin
portant sur la pertinence.
Le Président (M. Lorrain): Je suis prêt à
rendre ma décision sur votre question de droit. S'il y a une autre
question de règlement, vous en soulèverez une autre après,
mais sur votre question de règlement, je vais rendre ma
décision.
M. Filion: D'accord. Ensuite, la sienne.
Le Président (M. Lorrain): À toute question
générale, on peut avoir une réponse
générale. Je demanderais à M. le député de
Gouin d'être beaucoup plus précis et restreint dans ses questions.
On va avoir une réponse beaucoup moins générale...
M. Chevrette: Une question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): ...qu'à une question
générale. Je vous demanderais d'être... Vous avez tout le
temps et le nombre de questions que vous voulez pour poser.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une nouvelle question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Lefebvre: Je m'excuse, M. le Président, une question de
règlement, au moment où vous êtes à rendre votre
décision, c'est un non-sens.
Le Président (M. Lorrain): J'ai rendu ma décision
sur la première.
M. Lefebvre: 11 ne peut pas y avoir de question de
règlement...
Le Président (M. Lorrain): Vous aviez posé une
question très générale, M. le député de
Gouin alors cela amène souvent une réponse très
générale. Vous avez demandé si cela arrive souvent dans la
vie ou dans l'expérience de vie d'un leader qu'un projet soit
refusé...
M. Chevrette: ...sur une question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Vous savez, c'est le ministre
qui a vécu une expérience de parlementaire, mais pas
l'expérience de toutes les vies de leader ou dans les refus de loi.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur une nouvelle
question de règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Je vais vous poser une question: Est-ce qu'un
témoin peut questionner un parlementaire?
Le Préaident (M. Lorrain): C'est tout?
M. Chevrette: Non, je vais vous dire pourquoi je pose ma question
de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Chevrette: Parce que la question de règlement, M. le
Président, qui devait...
M. Lefebvre: M. le Président, une question de
règlement sur la question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Â l'ordrel
M. Lefebvre: C'est de l'argumentation qui s'ajoute à celle
du député de Gouin, M. le Président.
M. Chevrette: Je n'ai même pas fini. Non.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! Je vais
entendre la question de règlement et après je vais vous entendre.
Sur votre question de règlement, M. le leader...
M. Chevrette: M. le Président, quand un parlementaire
soulève une question de règlement sur un point précis, que
ce soit du pouvoir ou que ce soit de l'Opposition et que la question de
règlement comporte une question précise à savoir: Est-ce
qu'un témoin peut questionner, et que vous répondez: C'est une
question générale comme réponse. Je comprends que c'est
une décision de la présidence et il faut faire la
courbette. Mais, M. le Président, on doit chercher la
cohérence entre une question et une réponse.
La question de règlement fondamentale qui vous est posée:
Est-ce qu'un témoin peut questionner un parlementaire? Vous
répondez: Question générale. Je voudrais savoir qu'est-ce
que c'est? Est-ce qu'il a le droit oui ou non?
Le Président (M. Lorrain): Non! Il y a plus que cela,
c'est qu'on ne pose pas de question générale à un
témoin, il répond par une question générale ou une
réponse générale et la première chose qu'on sait,
personne n'est satisfait.
On est ici et depuis le début je pense que j'ai établi une
chose, il faut poser des questions précises, non hypothétiques et
si, possible, non répétitives au témoin. Alors, si on pose
des questions directes pour obtenir des additions d'information, si on veut
obtenir des faits additionnels, posons des questions directes. Je comprends que
ce n'est pas tellement facile, M. le député de Gouin pour vous,
vous n'êtes pas le premier qui interrogez. Mais posez des questions
précises et directes au témoin, et non pas des questions
générales, ça va amener une réponse
générale qui, souvent, est interrogative parce que le
témoin n'est peut-être pas compétent et pas la personne
pour répondre. La question était trop générale,
ça parlait même de l'expérience de vie ou encore, dans la
vie d'un leader, d'avoir à refuser. Mais le ministre, c'est lui qui a
donné dans un cas bien précis son refus à 272.
Demandez-lui dans quels termes, ou une autre question.
M. Rochefort: Je fais un commentaire, M. le Président, sur
le vôtre. Le fait que je sois le dernier à adresser des questions
de ma formation politique ne mérite pas de sympathie particulière
de votre part.
Le Président (M. Lorrain): Absolument pas.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Lorrain): Sauf que je vais être
obligé de vous rappeler à l'ordre s'il y a des questions
répétitives. Vous comprendrez qu'après plusieurs heures,
ce n'est peut-être pas aussi facile de poser des questions que dans la
première heure.
M. Rochefort: Ça, c'est votre interprétation.
Si je comprends bien, vous n'avez pas fait part de motifs à M.
Gratton ou son personnel pour justifier votre opposition à votre
consentement au projet de loi 272.
M. Pagé: La conversation, comme je vous l'ai
indiqué préalablement, a été brève. Il est
possible - je dis bien "il est possible" -que j'aie référé
à l'échange ou à la communication que j'avais eue avec le
ministre des Transports à ce sujet, mais je ne peux vous le garantir.
Ça s'est passé il y a quatre mois, très rapidement, dans
l'antichambre.
M. Rochefort: Ni M. Gratton ni un membre de son personnel n'a
tenté de vous convaincre de donner votre consentement.
M. Pagé: Non. Il faut bien se rappeler, à ce
moment-là, M. le député, que rien n'allait plus entre le
gouvernement et l'Opposition. Les ententes ne tenaient plus, on se demandait de
part et d'autre, en tout cas, de notre côté, qu'est-ce qui allait
être adopté, qu'est-ce qui n'allait pas l'être. On se
rappellera que dans cette semaine-là, des projets de loi sur lesquels
deux ou trois députés devaient intervenir ont
entraîné des discours prolongés, etc. C'est ce que j'ai
perçu.
M. Rochefort: M. Gratton vous a-t-il dit qu'il fallait faire
votre deuil de 132?
M. Pagé: Pouvez-vous répéter la question? M.
le leader du gouvernement m'aurait dit que je devais faire mon deuiP Je vous ai
indiqué qu'au début de la semaine - je m'en remets, M. le
Président, à mon témoignage d'hier parce que cette
question-là a été abordée; très
sommairement, je peux y référer à nouveau - j'avais
l'assurance que mon projet de loi allait passer. Plus tard en semaine, on m'a
indiqué - parce que je savais qu'il y allait très certainement
avoir des interventions - que rien n'allait plus et que pour voir mon projet de
loi accepté, je devais accepter les amendements proposés par le
député de Lévis. C'est à ce moment-là que
mai j'en ai fait mon deuil en me disant... Parce que j'ai très
clairement indiqué qu'il n'était pas question pour moi de
céder à cette forme de chantage.
M- Rochefort: Est-ce qu'à un moment ou à un autre,
le leader parlementaire du gouvernement vous a indiqué qu'il ne
rappellerait pas 132 à l'Assemblée nationale pour prise en
considération du rapport?
M. Pagé: Le leader ou le bureau du leader m'ont
signifié que pour voir mon projet de loi 132 adopté, je devais
accepter les amendements proposés par le député de
Lévis, lesquels amendements, d'ailleurs, ont fait l'objet
d'échanqes non seulement en commission parlementaire mais aussi dans
cette dernière semaine où certains collègues m'ont
indiqué que, pour voir mon projet de loi adopté, je devais
accepter ses amendements purement et simplement.
M. Rochefort: Mais, je repose ma question: Est-ce que, à
un moment ou à un autre, le leader parlementaire du gouvernement vous a
indiqué que, lui, avait fait son deuil du projet de loi 132?
M, Pagé: Le leader du gouvernement, M. le
Président, n'est pas le proposeur d'un projet de loi; il est là
pour conduire les travaux parlementaires au nom de notre groupe parlementaire;
il a à donner aux ministres et aux collègues de la
majorité l'état d'avancement des travaux, comment les travaux se
déroulent, les perspectives de déroulement pour la fin de la
session tout simplement.
M. Rochefort: Alors, quelles étaient les perspectives de
132 pour le leader?
M, Pagé: 132, c'était clair, M. le
député.
M. Rochefort: Pour le leader du gouvernement.
M. Pagé: Si mon projet de loi... Je devais accepter les
amendements et céder au chantage du député de
Lévis.
M. Chevrette: Au chantage?
M. Pagé: Bien, c'est pas du chantage, selon vous, M. le
député? Tu acceptes mes amendements ou ta loi, on ne l'a pas.
Le Président (M. Lorrain): On ne doit pas qualifier les
refus ou quoi que ce soit des autres. M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: J'aimerais qu'on revienne au deuil.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: Le rapport de la commission qui a
étudié le projet de loi 132 a été
déposé à l'Assemblée nationale le 11
décembre. On aurait donc pu faire la prise en considération dans
la journée du 12 et faire l'étude en troisième lecture, le
15, le 16, le 17, le 18 ou le 19, malgré votre refus d'accepter les
amendements du député de Lévis, parce qu'au pire, il y
aurait eu 23 députés qui auraient parlé à chacune
des étapes,
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président,
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Lefebvre: Question hypothétique, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous
répéter votre question, s'il vous plaît?
M. Lefebvre: Série d'hypothèses, M. le
Président. C'est, à mon sens, une question qui est irrecevable,
parce que contraire au règlement, à savoir hypothèse -
plusieurs hypothèses dans la question du député de Gouin,
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Posez des questions directes,
s'il vous plaît!
M. Rochefort; Je reformule ma question, M. le Président.
Compte tenu - et ça, c'est un fait - que le rapport de la commission sur
132 a été déposé le 11 décembre, qu'il
restait six jours de session pour remplir deux étapes
législatives, est-ce qu'à un moment ou l'autre, vous avez
demandé au leader du gouvernement d'appeler la prise en
considération du rapport de 132?
M. Pagé: Cet le leader du gouvernement qui a l'initiative
dans nos travaux parlementaires. Le leader du gouvernement est habilité
à conduire les travaux, à appeler les projets de loi, à
échanger avec les ministres. Le leader du gouvernement a toute ma
confiance, il a toujours eu ma confiance et je comprends, parce que, vous
savez, moi, je ne participe pas aux conférences des leaders, je n'agis
pas comme leader pour négocier avec le leader de l'Opposition ou
échanger quotidiennement sur le menu législatif à traiter
dans une journée donnée... Cependant, mon expérience me
permet d'en arriver au constat suivant: En fin de session, lorsque le leader du
gouvernement a l'approbation...
M. Rochefort: A l'approbation?
(00 h 45)
M- Pagé:... a l'approbation de l'Opposition pour un projet
de loi, c'est définitif, et c'est normal, qu'il amène à
l'Assemblée les projets de loi les plus contentieux pour garder pour un
peu plus tard dans le temps les projets de loi pour lesquels l'Opposition a
donné son accord. Comme je vous l'ai indiqué en début de
semaine, donc le lundi, moi j'avais la conviction que mon projet de loi allait
passer. Cependant, c'est en cours de semaine qu'on m'a dit: Non, rien ne va
plus; rien ne va plus; ton projet de loi y passe pas si tu n'acceptes pas les
amendements proposés par le député de Lévis. Et
là, c'était l'exemple - vous m'excuserez de l'exemple, M. le
Président -mais c'était l'entonnoir de travaux parlementaires
avec plusieurs projets de loi, des prises en considération de rapports,
des
troisièmes lectures, bon, etc. C'est ça.
M. Rochefort: Je repose ma question au témoin, M. le
Président. Est-ce qu'à un moment ou à un autre, il a
demandé au leader du gouvernement d'appeler la prise en
considération du rapport de la commission qui a étudié
article par article le projet de loi 132?
M. Pagé: Je m'en remets à la réponse que
j'ai déjà formulée, M. le député, M. le
Président.
M. Rochefort: Donc, la réponse, c'est non.
Le Président (M. Lorrain): Non, il ne faudrait
peut-être pas conclure. On l'appréciera plus tard, à la fin
du témoignage.
M. Rochefort: C'est une question que je pose, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, le témoin a
répondu et vous avez posé deux fois...
Une voix: Est-ce que la réponse est non?
Le Président (M. Lorrain): II a répondu. II semble,
il tient à cette réponse-là. On appréciera la
réponse plus tard.
M. Pagé: Vous comprendrez, M. le...
M. Rochefort: Ce n'est pas apprécié,
constaté.
Une voix: Pas de commentaires. M. Rochefort: O. K.
M. Pagé: M. le Président, pour ajouter à la
question du député. Vous comprendrez, quand on a cinq ou six lois
au feuilleton, qu'on se tient en contact avec notre leader
régulièrement ou son bureau par ma voix personnellement ou par la
voix de mes adjoints. Mais vous me demandez si j'ai formellement demandé
- parce que vous savez, j'ai déjà assisté à de
telles commissions - vous me demandez si j'ai formellement demandé au
leader d'amener ou d'appeler la prise en considération du rapport. Je ne
peux vous le dire exactement si j'ai communiqué avec le leader et dit:
Aie, pourrais-tu, aujourd'hui même à telle heure, appeler la prise
en considération de mon rapport. Je vous dis que j'ai été
en constant rapport avec mon leader. J'étais ici quotidiennement et -
excusez-moi - c'est seulement par la suite, parce que vous
référez à la possibilité d'appeler la prise en
considération du rapport le 12. Le 12, moi j'avais l'assurance que,
comme suite aux ententes entre les deux formations politiques, mon projet de
loi allait passer, mais c'est dans l'autre semaine que, là, ça,
rien n'allait plus. Alors, je vous dis: C'est très probable que j'y ai
référé, mais pour répondre avec exactitude et
précision à votre question spécifique et
particulière, je me limite à vous dire que c'est possible, mais
je ne peux vous donner l'assurance que ça a été fait dans
ces termes exacts-là.
M. Rochefort: Je vais revenir à la conversation avec Me
Lemay, M. le Président. Vous nous avez dit que vous connaissiez bien Me
Lemay. C'est un fait?
M. Pagé: Oui.
M. Rochefort: Vous nous avez dit aussi, et je vous cite, 21 avril
87, 16 h 25, R-575-CAN page 1.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je pourrais
avoir une copie, s'il vous plaît?
Une voix: Elles sont toutes ici.
Une voix: M. Comeau,
Une voix: Quel numéro''
Le Président (M. Lorrain): R-565...
M. Rochefort: R-575-CAN page 1.
Le Président (M. Lorrain): Page 1. C'est hier, M.
Comeau.
Une voix: 575 page 1.
Le Président (M. Lorrain): 21 avril, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Bon, alors, donc, on y va. Un, deux, trois. Un,
deux, trois, quatre, cinquième paragraphe, troisième citation de
M. Pagé. Je cite: "Je ne peux citer au texte, mais je me rappelle
très clairement lui avoir dit de faire ce qu'il... Écoutez! Je
l'appelais pour lui dire quoi faire. Je ne l'appelais pas pour lui dire quoi
faire, pardon. Je l'appelais pour l'aviser. Puis, je le répète
depuis le matin, je l'appelais pour l'aviser de ma décision de ne pas
donner mon consentement à l'adoption en troisième lecture de son
projet de loi. " Vous auriez pu l'appeler vendredi soir. Pourquoi vendredi
matin?
M. Pagé: Pourquoi vendredi matin?
M. Rochefort: Plutôt que vendredi soir ou samedi matin?
M. Pagé: J'ai indiqué que parce qu'il
avait... Il m'avait écrit concernant ce projet de loi. Il faut
bien avoir ça à l'esprit, M. le député. Et je le
connaissais personnellement.
M. Rochefort: Mais le fait que vous le connaissiez, vous le
connaissiez tout autant encore le vendredi soir que le samedi matin. Quelle
était l'utilité...
M. Pagé: Je ne réponds pas à cette question,
M. le Président.
M. Rochefort: Quelle était l'utilité d'appeler Me
Lemay avant que l'Assemblée nationale ajourne définitivement ses
travaux?
M. Pagé: Je l'ai indiqué, je ne voulais pas...
Parce qu'il m'avait écrit, parce que je le connaissais personnellement,
je ne voulais pas qu'il l'apprenne par les journaux et je me sentais
l'obligation de lui en faire part personnellement. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. Rochefort: Mais je répète ma question, M. le
Président...
M. Pagé: Et j'avais un agenda très chargé
cette journée-là. Vous savez, parce que vous avez
été ministre un bout de temps, qu'en fin de session les agendas
sont très chargés. On se doit d'être présent ici.
J'ai été ici. J'avais une rencontre avec des groupes sur l'heure
du lunch. La fin d'après-midi j'ai quitté l'Assemblée
après son ajournement. Le soir, évidemment, c'était la
période des fêtes. Il y avait les célébrations des
fêtes. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Je l'ai
appelé le matin,
M. Rochefort: Mais je répète ma question: Quelle
était l'utilité, malgré votre connaissance, malgré
votre intimité, malgré qu'il vous avait écrit, quelle
était l'utilité de l'appeler avant que la Chambre ajourne
définitivement ses travaux?
M. Pagé: Je vous ai... J'ai répondu à cette
question. Je voulais lui faire part personnellement de ma décision. Ma
communication ne visait pas, mais pas du tout, à faire en sorte que lui
ou que d'autres créent une pression sur quiconque. Ma décision
était prise, M. le député. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. Rochefort: Vous nous avez dit hier que vous connaissiez Me
Lemay comme un homme tenace, obstiné, déterminé. C'est un
fait?
M. Pagé: Je n'ai pas parlé d'obstiné,
déterminé. J'ai indiqué que c'était...
M. Rochefort: Vous avez parlé de
ténacité.
M. Pagé: Qu'il était tenace.
M. Rochefort: Vous avez aussi dit hier que si vous l'aviez
appelé, le samedi il aurait été homme à essayer de
faire ouvrir le Parlement pour faire adopter sa loi. Vous avez dit
ça.
M. Pagé: Ah! C'est-à-dire que s'il l'avait appris
dans le journal le samedi, il m'aurait très certainement rejoint dans le
temps des fêtes.
M. Rochefort: Et il aurait été homme à
essayer de faire ouvrir le Parlement pour faire adopter sa loi. Vous avez dit
ça?
M. Pagé: C'est-à-dire qu'il m'aurait très
probablement... Écoutezl c'est une question hypothétique
mais...
M. Rochefort: Je vous demande simplement si vous avez dit
ça hier.
M. Pagé: Dire quoi?
M. Rochefort: Qu'il aurait été homme à
tenter de faire ouvrir le Parlement pour faire adopter sa loi.
M. Pagé: Ah! bien, il se serait certainement
inquiété.
M. Rochefort: Vous n'avez pas l'impression que le matin
même, alors qu'il reste une journée complète de Parlement
à tenir, le fait de l'avoir appelé ça pouvait
l'inquiéter au point que sa ténacité s'applique
plutôt dans la journée même qu'après la fermeture du
Parlement?
M. Pagé: C'est l'impression que vous avez, ce n'est pas
l'impression que j'ai, M. le député.
M. Rochefort: Mais compte tenu de la connaissance que vous aviez
de Me Lemay, qui, comme vous le dites, comme vous le disiez hier, était
homme à faire ouvrir le Parlement pour faire adopter sa loi, compte tenu
que le Parlement siégeait, vous n'avez pas l'impression...
M. Pagé:... indiqué qu'il ferait ouvrir le
Parlement...
M. Rochefort: Non, qu'il était homme à faire
ouvrir.
M. Pagé:... j'ai indiqué qu'il demanderait. Qu'il
demanderait, c'est différent, Ça-
M. Rochefort: Vous n'avez pas l'impression que pendant que le
Parlement siégeait, il aurait profité de toutes les
opportunités qui s'offraient à lui, compte tenu de
l'information que vous lui transmettiez?
M. Pagé: Non, je vous l'ai indiqué hier. Me Lemay a
référé à la possibilité qu'il se rende au
parlement, bon, etc. Et je lui ai dit que non, ce n'était pas opportun
en ce qui me concerne.
M. Rochefort: Si ce n'était pas opportun qu'il fasse des
démarches quelles qu'elles soient, pourquoi c'était opportun de
lui dire le vendredi matin plutôt que le vendredi soir, après
l'ajournement de la session?
M. Pagé: Parce que c'était immédiatement
après que ma décision était prise comme suite de la
conversation que j'avais eue avec le ministre des Transports. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. Rochefort: Mais ça lui donnait la journée pour
faire ce qu'il pouvait décider de faire.
M. Pagé: Votre question est hypothétique, M. le
député.
Une voix: ...
Une voix: ...est arrivé.
M. Filion: Question .de règlement. Pourriez-vous rappeler
le témoin à l'ordre, M. le Président?
M. Lefebvre: M. le Président, le député tire
des conclusions depuis tantôt.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que ça vous
donnait la journée pour décider? II va être
obligé de répondre.
M. Filion: C'est ça.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. Chevrette: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: Ce n'est pas au témoin à juger si une
question est hypothétique ou pas, c'est è la présidence ou
à une des deux parties en présence ici à le demander.
Est-ce clair?
Des voix: Ha! Hal Hal
Le Président (M. Lorrain): C'est très clair.
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Lorrain): C'est très clair. Posez
des questions directes, M. le député de Gouin, non pas des
impressions.
M. Lefebvre: M. le Président, je m'excuse, j'aurais
peut-être quelque chose à dire là-dessus, M. le
Président, moi.
Le Président (M. Lorrain): Bahi M. le député
de Frontenac, je pense que c'est clair.
M. Lefebvre: Ce n'est pas un péché mortel que de
qualifier la question qu'on nous pose à savoir...
Une voix: ...
M. Lefebvre: Un instantl Vous avez parlé, laissez-moi
parler, s'il vous plaît! Que le témoin, M. le Président,
qualifie la question d'hypothétique...
M. Doyon: C'est une réaction normale.
M. Lefebvre: ...ce n'est pas, à mon sens, contraire
à nos règlements. Le témoin lui-même, M. le
Président, peut refuser de répondre a la question s'il a
déjà couvert le sujet. Et, à date, le témoin l'a
fait à deux ou trois reprises. Vous avez permis qu'il le fasse parce
qu'il connaît l'usage de la commission depuis hier matin qu'il
siège. Il peut également, M. le Président, qualifier la
question d'hypothétique. C'est à vous à décider si,
dans les faits, il a raison ou pas.
Le Président (M. Lorrain): Pour la bonne marche des
travaux, M. le ministre, j'aimerais que vous répondiez aux questions
seulement et sans aucun commentaire. Ça suscite des questions de
règlement, ça suscite un débat inutilement. J'aimerais
simplement que vous répondiez. Et, advenant le cas où certaines
questions sont hypothétiques, si vous ne le savez pas, vous ne le savez
pas, vous le dites ou, encore, une des deux oppositions va s'objecter ou je
m'objecterai à la question hypothétique. M. le
député de Gouin, posez une question... Oui, M. le ministre.
M. Pagé: Dois-je comprendre que, comme témoin, je
doive accepter le fait qu'un député interprète, fasse des
interprétations, tire des conclusions et que... veuille me prêter
de telles réponses que je doive l'accepter?
Le Président (M. Lorrain): Non, je ne laisserai pas faire
ça. Je ne laisserai pas faire ça. Il y a plus que ça. Il
est entendu
ici... 11 y a un temps...
M. Rochefort: Question de règlement,
M. le Président..
Le Président (M. Lorrain): Non. C'est pour informer. Je
pense que c'est une question d'information.
M. Rochefort: J'ai un commentaire à faire sur la question
de règlement et je vous demande une directive.
Le Président (M. Lorrain): II ne vous visait pas, je
pense. C'est une question de directive.
M. Rochefort; Je ne me suis pas senti visé. Je vous dis que j'ai
quelque chose à vous dire sur la question qu'il soulève.
Le Président (M. Lorrain): Alors, c'est simplement une
directive. Je vais vous entendre sur une question de règlement
après ça. Je vais répondre à M. le ministre qui est
ici comme témoin. Non, il n'est pas censé avoir de commentaires
de qui que ce soit et d'aucun député qui interroge quelque
témoin que ce soit.
L'appréciation des preuves et de votre témoignage, M. le
ministre, se fera à la fin de la preuve. Maintenant, ça ne permet
pas à qui que ce soit de porter des commentaires sur le genre de
questions ou la façon dont on aborde la preuve. Chaque parlementaire est
ici égal vis-à-vis de l'autre et il n'y a pas personne qui est en
interrogatoire en chef ou en interrogatoire en défense. Alors, M. le
député de Gouin, sur une question de règlement.
M. Rochefort: M. le Président, ça fait deux ou
trois fois qu'on dit que j'interprète, M. le Président, je
n'interprète pas. Vendredi matin à 9 h 30, il restait une
journée complète de session de l'Assemblée nationale du
Québec au cours de laquelle beaucoup de choses pouvaient arriver.
D'ailleurs, 132 et 272 ont été adoptés.
Deuxièmement, M. le Président, je n'interprète pas.
Me Lemay a fait des choses, a posé des gestes suite à l'appel de
M. Pagé. C'est pas moi qui interprète, qui conclus, qui
apprécie. Il y a un témoin, tout comme M. Pagé, qui s'est
présenté devant nous et qui a confirmé avoir posé
des gestes suite à l'appel de M. Pagé. Or, M. le
Président, je n'accepte pas qu'on me dise que j'interprète et que
je fais des conclusions hypothétiques. Ce sont des faits qui ont
été établis devant nous.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse. On
appréciera les faits qui ont été établis devant
nous. On ne peut pas prendre un témoignage et en faire la
vérité, un autre le lendemain et en faire la
vérité, un troisième le lendemain confronté avec un
autre témoignage. Tous les témoignages seront
appréciés à la fin. Pas plus celui de Me Lemay, de M. le
député de Lévis, de M. le ministre ou de quelque autre
témoin que ce soît, ils seront appréciés tous
à la fin. On ne peut pas prendre pour acquis que les témoins qui
sont passés ici, c'est la vérité et que tous les autres
qui vont venir on va pouvoir les confronter avec une base qui a
été faite. Nous allons prendre et vous allez apprécier la
vérité, l'appréciation, le jugement de ces
témoignages-là sera fait à la fin.
Alors, je ne pense pas qu'on peut prendre le témoignage d'une
autre personne et le prendre comme base d'appui de la preuve ici devant la
commission. Alors, j'espère que je me suis fait bien comprendre et que
je n'ai pas dit des choses là que... Il faut faire attention aux mots.
Ce que je veux dire... M. le député de Gouin, c'est très
important sur la question que vous venez de me soulever, très,
très important. Tous les témoignages, dont ceux de la dame qui
est venue témoigner ici comme première, ici devant la commission,
c'est à la fin que nous allons les apprécier. Nous ne pouvons pas
prendre une partie d'un témoignage d'une personne et prendre pour acquis
immédiatement que c'est la totale vérité ou que ce sont
les faits exacts et comparer ça avec un témoin qui viendrait ici.
Vous pouvez confronter et interroger le témoin, M. le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, sur des
témoignages qui ont été rendus ici et lui demander voir si
lui a vu ça comme ça, lui personnellement. Mais, à la fin,
on appréciera les témoignages de chacun. Vous avez toujours la
parole, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, on revient à R-575,
CAN, page 1, paragraphe suivant, celui que j'ai cité tantôt et je
recite: "M. Pagé: Et connaissant Me Lemay, connaissant sa
ténacité à défendre ses clients, je suis
persuadé que le lendemain il aurait téléphoné, il
m'aurait couru après dans le temps des fêtes pour provoquer la
réouverture de la Chambre et l'adopter, le projet de loi. Je le connais,
Me Lemay." (11 heures)
Compte tenu de cette connaissance, de l'interprétation que vous
faites des attitudes qu'il aurait pu avoir, pourquoi l'avoir appelé le
vendredi matin alors qu'il restait une journée complète de
session à faire plutôt qu'après que la Chambre ait
été ajournée''
M. Pagé: Je vous ai indiqué à plusieurs
reprises, depuis hier, que le but de ma démarche ne visait pas, mais pas
du tout à faire en sorte que quelque pression que ce soit soit
effectuée auprès du député de Lévis. J'en
avais fait mon deuil du projet de
loi 132 et tel que je l'indiquais hier, parce que Me Lemay avait
communiqué avec moi, parce que je le connaissais personnellement, compte
tenu qu'il représente plusieurs municipalités de mon
comté," j'ai jugé opportun de lui signifier personnellement mon
désaccord afin de m'assurer qu'il n'apprenne pas dans les journaux le
lendemain et qu'il passe tout le temps des fêtes à me courir
après. C'est pas plus compliqué que ça. C'est comme
ça, M. le député.
Une voix: ...
M. Pagé: Ca fait peut-être pas votre affaire, mais
c'est comme ça.
M. Rochefort: Quant à mon affaire, on réglera
ça en temps et lieu.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire. Ca suscite
des débats inutiles.
M. Chevrette: Ca fait cinq, six fois, l'arrogance, ça va
faire.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, j'ai
demandé votre collaboration. À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Je pense que la question est close. Je pense que j'ai bien
expliqué. M. le ministre, s'il vous plaît, je vous demande votre
collaboration et sans aucun autre commentaire à la fin de vos
réponses, ça suscite inutilement des débats et ce, de part
et d'autre.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord, ce qui fait mon
affaire, c'est la vérité. M. le Président, pourquoi la
seule personne avec qui vous vous souvenez d'avoir parlé de 132 ce
matin-là, c'est Me Lemay? Vous ne vous souvenez pas d'en
avoir parlé avec M. Côté. Vous ne vous souvenez pas d'en
avoir parlé avec M. Gratton. Mais vous vous souvenez que vous en avez
parlé à Me Lemay. Pourquoi avoir parlé à Me Lemay
seulement de la relation qu'il y avait avec 132 dans votre refus de consentir
à l'adoption de 272?
M. Pagé: M. le député, vous tentez de me
faire dire des choses que je n'ai pas dites.
M. Rochefort: Ah non. C'est ce que vous avez dit*
M. Pagé: J'ai indiqué qu'il était possible
que j'aie référé à 132. Je n'ai pas dit que je n'y
avais pas référé aux autres personnes auxquelles vous
référez. Que ce soit le ministre Côté, le bureau du
leader, bon, etc. J'ai dit qu'il était possible que... Je n'ai pas dit
que je n'avais point. C'est bien important. C'est différent.
M. Rochefort: Mais la seule personne avec qui vous êtes
certain d'en avoir parlé, c'est Me Lemay.
M. Pagé: J'ai confirmé, hier, et je l'ai
indiqué hier, que Me Lemay et moi, dans l'échange qu'on a eu, je
lui ai fait part que je n'avais pas de service à rendre au
député de Lévis pour les motifs que j'ai invoqués
hier et j'y réfère. Je vous invite à y
référer. Et, j'ai effectivement parlé de cette situation
où le député de Lévis bloquait
systématiquement nos lois et plus particulièrement la loi 132,
malgré un accord qui était intervenu entre les groupes
parlementaires.
M. Rochefort: C'est la seule personne à qui vous vous
rappelez formellement, assuré- . ment, d'en avoir parlé.
M. Pagé: Je vous ai indiqué que je lui en ai
parlé tout comme je vous at indiqué qu'il est possible que j'en
aie parlé à d'autres plus particulièrement, pas des
centaines, le bureau du leader et le ministre des Transports. C'est
possible.
M. Rochefort: Et par la suite, Me Lemay a enclenché le
processus qu'on connaît.
M. Pagé: Je vous ai indiqué que j'étais, que
j'ai été très surpris de voir la question de
privilège soulevée par le député de Lévis,
très surpris, parce que 1- je ne m'y attendais pas; 2- ce n'était
pas du tout le but de ma démarche.
M. Rochefort: Pourquoi avoir dit à Me Lemay que vous
sortiez d'un comité ce matin-là?
M. Pagé: Parce que je sortais d'un comité.
M. Rochefort: Lui avez-vous dit que vous étiez dans votre
voiture?
M. Pagé: Non, mais il était important de bien
situer dans son contexte l'échange que j'avais avec lui compte tenu que
le matin même j'avais discuté avec le ministre des Transports, le
matin même, après la séance du COMPADR on a eu un
échange, le ministre des Transports et moi sur le projet de loi 272.
M. Rochefort: La conversation avec le ministre des
Transports...
M. Pagé: Oui.
M. Rochefort: ...avait-elle une relation directe avec la
réunion du comité?
M. Pagé: Non, je vous ai indiqué que non. C'est
après cette réunion.
M- Rochefort: Pourquoi avoir parlé que vous sortiez d'une
réunion d'un comité à Me Lemay?
M. Pagé: Parce que j'avais effectivement discuté
avec le ministre des Transports de ce sujet après cette réunion
du comité. Pas plus compliqué que ça.
M. Rochefort: Mais pourquoi avoir dit à Me Lemay: Je sors
d'un comité, plutôt que lui avoir dit: J'ai parlé avec M.
Côté après une réunion d'un comité?
M. Pagé: Je ne peux vous dire.
M. Rochefort: ...et là Me Lemay vous a remercié,
c'est ça?
M. Pagé: II n1a pas dit: Bravo, Michell
M. Rochefort: Non, non, ce n'est pas ce qu'on a compris, ce n'est
pas ce que j'ai dit non plus. Il vous a remercié.
M. Pagé: II m'a indiqué, non, non, on a
échangé. J'ai fait part de la conversation que j'ai eue avec lui
hier et à la toute fin, il m'a remercié.
M. Rochefort: Et il vous a aussi demandé de dire à
M. Côté qu'il était pas responsable de l'erreur?
Une voix: ...
M. Pagé: De quelle erreur? Laquelle vous parlez
là?
M. Rochefort: L'erreur juridique qui a amené 272.
M. Pagé: Ah oui, ça il a évoqué le
fait que lui était au dossier depuis peu de temps et que, il a
tenté de me rassurer en me disant qu'il n'y avait pas de'"squîme",
il n'y avait pas de problème.
M. Rochefort: D'accord, ça c'est sur le volet
rétroactivité mais il vous ' a aussi demandé de faire le
message à M. le ministre des Transports qu'il n'était pas lui, Me
Lemay, responsable de l'erreur juridique initiale.
M. Pagé: À ma connaissance, ça a
été évoqué, oui.
M. Rochefort: Qu'est-ce que vous lui avez répondu sur cet
élément précis de la conversation? Sa demande à
l'effet de dire au ministre des Transports qu'il n'était pas le
responsable de l'erreur juridique initiale?
M. Pagé: Le ministre des Transports, dans une conversation
qu'on a eue a référé au fait que Me Lemay était au
dossier depuis peu de temps. Je lui ai... si ma... a ma connaissance, je lui ai
répondu que le ministre le savait, le ministre des Transports savait que
lui, Me Lemay, était à ce dossier depuis peu de temps.
M. Rochefort: Quand le ministre des Transports vous a-t-il dit
que M. Lemay était au dossier depuis quelque temps?
M. Pagé: Dans une des conversations, je ne peux vous dire
précisément laquelle, M. le député.
M. Rochefort: Mais vous êtes conscient que ça ne
peut pas être avant la tenue de la commission parlementaire parce qu'au
cours de la commission parlementaire c'est à ce moment-là que M.
Côté a un peu pointé du doigt Me Lemay et que M. Lemay,
compte tenu de ça vous a dît le vendredi matin, s'il vous
plaît peux-tu dire au ministre des Transports que.
M. Pagé: C'est possible, M. le député.
M. Rochefort: Est-ce que ça vous aide à
rafraîchir votre mémoire un peu ça non?
M. Pagé: Comment rafraîchir ma
mémoire?
M. Rochefort: Quant au moment où vous avez parlé
avec M. Côté le 18, avant ou après la commission.
M. Pagé: Non, je vous ai indiqué, M. ie
Président, cette question a été posée à
plusieurs reprises depuis le matin, j'ai indiqué ici qu'il était
probable que j'aie échangé sur le sujet avec le ministre des
Transports après la séance ou en soirée et le
témoin me demande de me rafraîchir la... le député
me demande de me rafraîchir la mémoire; ça fait plusieurs
fois, M. le Président, que je réponds. Je m'en remets à la
réponse que j'ai donnée à une semblable question.
M. Rochefort: Est-ce que vous l'avez fait effectivement le
message après la conversation téléphonique du 19 de votre
voiture a Me Lemay? Est-ce que vous avez fait le message à M.
Côté pour lui dire: Tu sais, ou quelque chose dans le genre, Me
Lemay ce n'est pas lui qui était responsable de l'erreur juridique
contrairement à la perception que tu pouvais avoir hier en
commission parlementaire?
M. Pagé; Non, je me suis pas senti la
nécessité de le faire parce que je savais que le ministre des
Transports savait que j'étais conscient que Me Lemay était au
dossier depuis quelques mois seulement ou quelques semaines.
M. Rochefort: Sinon vous auriez fait le message?
M. Pagé: C'est une question hypothétique, M. le
député.
M. Rochefort: Est-ce que le projet de loi 272 a
déjà été abordé au Conseil des
ministres?
M. Pagé: Les délibérations du Conseil des
ministres sont confidentielles, M. le Président. Mais là, je m'en
remets à vous, M. le Président, j'ai un serment d'office,
moi.
M. Rochefort: Ça va, M. le Président, merci.
Le Président (M. Lorrain): Vous retirez votre question, M.
le député de Gouîn?
M. Rochefort: ...M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais respecter la
régie de l'alternance et offrir la parole à un
député de la formation ministérielle.
M. Lefebvre: ...M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais
reconnaître maintenant un membre de l'Opposition officielle.
M. Chevrette: Oui, M. le Président, je vais y aller.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. Pagé, est-ce qu'on vous a dit que le
rapport avait été déposé sur la 132 le 11
décembre en Chambre?
M. Pagé: On a évoqué cette
question-là tout à l'heure, M. le député, oui.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous a dit que c'était le 11
décembre que cela avait été déposé en
Chambre?
M. Pagé: C'est ce qu'on m'a indiqué là.
M. Chevrette: Est-ce que vous le saviez?
M. Pagé: Que c'était le 11 ou le 12 que cela avait
été déposé? Oui.
M. Chevrette: Est-ce que vous savez que l'étude du rapport
prend à peine, maximum, deux heures?
M. Pagé: C'est un... Cela peut prendre plus que deux
heures, M. le député.
M. Chevrette: Dans une fin de session où il y a quatre
commissions qui siègent?
M. Pagé: M. le Président, H faudrait voir, à
calculer le temps maximum possible. C'est définitif qu'une prise en
considération de rapport...
M. Lefebvre: M. le Président.
M. Pagé: ...peut prendre peu de temps et beaucoup de
temps, moi là je ne sais pas quel est le...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. La nature de la question du leader de l'Opposition est sinon
hypothétique, au mains devrait être adressée à un
expert en la matière, M. le Président. Combien de temps peut
prendre l'étude d'un rapport? Savez-vous que cela peut prendre deux
heures ou moins de deux heures? Peut-être que oui et peut-être que
non, dépendamment des cas. Je ne pense pas que le témoin, M. le
Président, soit compétent pour répondre à cette
question, dans un premier temps et, deuxième volet de mon objection, M.
le Président, c'est que, encore une fois, c'est hypothétique dans
le sens que cela peut être vrai comme cela peut être vrai dans
certains cas et peut-être pas dans d'autres.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition
sur la question de règlement.
M. Chevrette: Pas un motl
Le Président (M. Lorrain): C'est sur la... C'est le
règlement, cela peut prendre beaucoup plus, cela peut prendre beaucoup
moins. Je ne pense pas que le témoin soit notre expert en
réglementation ou en quoi que ce soit. Cela peut prendre beaucoup plus
que deux heures, des fois, deux heures, cela dépend du moment.
M. Chevrette: Est-ce qu'à compter du 11, entre le 11 et le
19 décembre, est-ce qu'on pouvait, avec votre expérience
parlementaire, adopter le rapport à la troisième lecture de
132?
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. Ce n'est pas une question de fait...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre:... c'est encore une question hypothétique.
Est-ce qu'on pouvait... ? Ce n'est pas le cas, ce n'est pas cela qui est
arrivé. Question hypothétique, M. le Président.
M. Chevrette: Je m'excuse, je vais argumenter.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président. Le témoin s'est
permis des jugements sur le...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai même pas
commencé à parler.
M. Lefebvre: Question de règlement sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Garon: II n'a pas dit un mot.
M. Lefebvre: Le témoin ne s'est pas permis de jugement en
aucun cas, il a répondu aux questions au meilleur de sa connaissance et
je n'accepte pas, M. le Président, que le leader de l'Opposition,
à l'intérieur de sa question de règlement...
Le Président (M, Lorrain): Excusez-moi, je n'avais
pas saisi, j'étais après discuter...
M. Chevrette: Cela fait deux fois qu'il y a une...
règlement, et je n'ai pas commencé à parler.
M. Lefebvre:... prétende que le témoin...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... s'est permis des questions de jugement, des
opinions de jugement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Je n'ai pas... Je ne l'ai pas
entendu. Je n'accepterai pas si jamais cela se fait à l'intérieur
d'une question de règlement. Je l'ai demandé à plusieurs
reprises dans le passé. J'étais à discuter avec le
secrétaire général. M. le leader de l'Opposition, sur
votre question de règlement.
M. Chevrette: Question de règlement sur la question de
règlement. Je vais être obligé de... J'ai le droit
d'argumenter sur les deux, je suppose.
Le Président (M. Lorrain): Votre question de
règlement.
M. Chevrette: J'ai-tu le droit sur les deux?
Le Président CM. Lorrain): Oui, oui, oui.
M. Chevrette: Merci. Donc, ma première
argumentation...
Le Président (M. Lorrain): Votre question de
règlement.
M. Chevrette: Non, non. Il a posé une question de
règlement sur la question de règlement, êtes-vous
d'accord?
Le Président (M. Lorrain): O. K., cela va, cela va.
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: Merci. Donc, je parle sur la question de
règlement...
Le Président (M. Lorrain): O. K., cela va, cela va.
M. Chevrette:... la dernière.
Le Président (M. Lorrain): Cela va.
M. Chevrette: Et je parlerai après sur sa question de
règlement, première.
Le Président (M. Lorrain): Cela va.
M. Chevrette: Merci, M. te Président. C'est la
règle depuis le début, cela. Premièrement, M. le
Président, en témoignage depuis te début des audiences en
commission, le gens se sont permis à plusieurs reprises, M. le
Président, de dire que les fins de session, qu'ils avaient du temps,
qu'ils n'avaient pas de temps, ils avaient des échanges, ils n'avaient
pas d'échanges. Et c'est une situation de fait, M. le Président,
que six jours de session par rapport à une législation, il peut
avoir suffisamment de temps, M. le Président, pour adopter la 132 40
fois. Je lui demande, avec quatorze ans de vie parlementaire: compte tenu du
fait que le rapport a été déposé le 11
décembre, quels que soient les amendements ou pas, est-ce que cette loi
pouvait être adoptée? Ceci, M. le Président, pour en
arriver à une question fort simple. Parce que le témoin, s'il
dit: rien n'allait plus tantôt, entre l'Opposition et le gouvernement. II
faut regarder ce qu'il dit aussi quand on pose une
question de règlement. Le témoin, pour qu'il parle, il
faut qu'il s'attende, M. le Président, à ce qu'on le questionne
sur ses propres affirmations. Je vais vous démontrer dans mon
argumentation que si le témoin se permet de dire: Rien ne va plus et
qu'il regarde que son rapport est déposé le 11 décembre,
c'est parce qu'il a eu un choix de législation à passer à
l'intérieur du délai du 11 et du 19, compte tenu des
disponibilités du Parlement qui doit siéger de 10 heures le matin
et complètement ouvert en plus jusqu'au 19 décembre à
minuit. (11 h 15)
Si on permet au témoin de poser des jugements de valeur, puis je
le dis là-dessus, on doit être capable de poser une question, M.
le Président, avec beaucoup de clarté, pour dire au
témoin: Mais si tu dis que rien ne va plus, à l'intérieur
des délais... C'est pas moi qui ai dit ça; c'est le témoin
qui a dit: Rien n'allait plus. C'est au mot à mot. Rien n'allait plus
entre l'Opposition et le gouvernement. C'est lui-même qui l'a dit.
 ce moment-là, il faudrait au moins aussi, après
quatorze ans d'expérience dans le Parlement, qu'il sache que dans des
délais x, ce sont des choix de législation qui se font par le
pouvoir, qu'il fait un choix de passer ou de ne pas passer telle
législation. Et ma question est loin d'être
hypothétique.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
leader de l'Opposition?
M- Chevrette: 5ur la question de règlement de la question
de règlement.
Le Président (M. Lorrain): De la question de
règlement. Alors, sur la question de règlement de la question de
règlement, je... Votre question, en autant que vous lui demandez s'il y
avait possibilité selon lui. Mais si on demande... Le témoin
n'est pas responsable de toute la stratégie ou de la réaction des
membres. Non.
Alors, je pense que votre question serait acceptable si vous vouliez
ajouter: Est-ce qu'il y avait possibilité que votre projet de loi...
M. Chevrette: C'est exactement ce que je lui ai
demandé.
Le Président (M. Lorrain): Et il va le demander. Il va
vous répondre. Il va vous répondre directement. Maintenant, sur
la question de règlement. M. le député de Frontenac, vous
aviez soulevé une question de règlement.
M. Lefebvre: M. le Président... M. le Président,
j'ai dit ce que j'avais à dire.
Le Président (M. Lorrain): Posez votre question sur la
question... directement. S'il y avait possibilité que le projet de loi
passe selon...
M. Lefebvre: M. le Président, est-ce qu'il aurait
possibilité que le projet de loi passe*?
Le Président (M. Lorrain): II va nous le dire selon...
M, Lefebvre: I! ne peut pas y avoir plus hypothétique
qu'une question semblable, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Selon lui, selon lui.
M. Lefebvre: Bien, ça peut être oui, ça peut
être non. Il n'y a pas plus hypothétique, M. le
Président...
M. Chevrette: Mets-y pas de réponse; il va
répondre.
M. Lefebvre: M. le Président, il y a pas plus
hypothétique que cette question-là, même la formulation de
la question contient l'hypothèse. Y aurait-il eu possibilité
que...
M. Chevrette: ...M. le Président, ça fait deux fois
de l'argumentation, ça veut dire...
M. Lefebvre: On peut... avec ça, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. J'ai rendu ma
décision là-dessus, là.
M. Lefebvre: Bien oui, mais...
Le Président (M. Lorrain): On va... Le ministre va
répondre, puis s'il n'est pas capable de répondre, puis s'il ne
le sait pas, il va nous le dire,
M. Pagé: M. le Président.
M. Filion: M. le Président, c'est dangereux qu'on permette
des questions qui contiennent, dans sa formulation même...
Le Président (M. Lorrain): Si, selon lui, il y avait
possibilité avec sa connaissance que tel projet de loi...
M. Chevrette: ...l'argumentation sur...
Le Président (M. Lorrain): Alors, posez votre question et
répondez, M. le ministre.
M. Lefebvre: Oui, le leader a compris...
M. Chevrette: Ça fait quatre fois qu'il intervient sur la
question de règlement, M. le Président.
M. Pagé: M. le Président.
M. Chevrette: Là, il avait le temps...
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le
député pourrait répéter sa question, s'il vous
plaît exactement?
M. Chevrette: Est-ce qu'il y avait possibilité, entre le
11 et le 19 décembre, de voir adopter votre projet de loi en suivant les
étapes normales?
M. Pagé: J'ai compris des échanges que j'ai eus
avec le bureau du leader qu'il y avait entente pour que le projet de loi 132
soit adopté, sauf que, au milieu de la semaine, la dernière
semaine, soit vers le 17 de ces jours-là, on m'a indiqué que,
là, il n'y avait plus d'entente qui tenait et qu'il fallait que
j'accepte le projet de loi, les modifications proposées par le
député de Lévis.
M. Chevrette: Dans l'entente entre leaders, est-ce qu'il y avait
possibilité d'adopter le projet de loi 132, compte tenu du temps qui
restait et de la possibilité de siéger jour et nuit?
M. Lefebvre: M. le Président, ça va toujours,
ça? Ça va toujours?
M. Chevrette: Aie, c'est exactement la même question puis
regardez-le...
Le Président (M. Lorrain): Non, là, là. Tout
à l'heure, M. le leader, la question que vous posiez, c'était
dans le processus normal de l'adoption du projet de loi que représentait
M. le ministre qui est ici à 132. Là, on met des suppositions: Si
on siège la nuit, si... On y ajoute... Écoutez, posez des
questions sur les faits, tel que c'est arrivé. On ne peut revenir puis
refaire la session.
M. Chevrette: M. le Président, c'est vous-même qui
m'avez indiqué la façon. Je m'excuse puis question de
règlement. C'est vous-même qui m'avez indiqué la
façon de questionner; c'est pas des farces.
Le Président (M. Lorrain):... vous ajoutez?
M. Chevrette: Non, je vais finir ma phrase, M. le
Président. Vous-même, vous m'indiquez la façon de
questionner. Le témoin à qui je pose la question ne répond
pas du tout à ma question. Il dit: Possibilité d'entente avec les
leaders. J'ai dit: Dans le temps du 11 au 19... Je n'ai pas parlé
d'entente entre les leaders. Je reviens exactement à ma question,
surtout que c'est une situation de fait qu'à une fin de session on
puisse siéger jour et nuit.
Ça, c'est pas vous qui l'avez inventé, ni moi. C'est les
possibilités réglementaires. Et à partir de là, le
témoin n'a pas à parler d'entente entre les leaders. Je dis; Dans
les délais du 11 au 19, avait-il possibilité, si on avait suivi
les étapes normales, compte tenu du laps de temps qu'on a, qu'on nous
dispose, est-ce que nous aurions pu, à partir de la connaissance des
règlements qui sont dix minutes d'intervention au rapport et en
troisième lecture... est-ce qu'on aurait pu adopter la loi 132?
C'est ça que j'ai posé comme question et ça se pose
très bien. Un type qui a quatorze ans d'expérience dans le
Parlement et qui a vécu des fins de session, qui a lui-même
bloqué des projets de loi en 1979, parce que je me rappelle...
d'être capable de me dire si ça se fait ou ça ne se fait
pas, c'est tout.
M. Pagé: M. le Président...
M. Chevrette: C'est sur la question de règlement que je
parle là.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le Président, j'ai tout à l'heure
pointé du doigt le danger que contenait une question
hypothétique; on le vit là, on ajoute des hypothèses aux
hypothèses, des possibilités à d'autres
possibilités. On est carrément, M. le Président, jusqu'au
cou dans des questions illégales contraires à nos
règlements, contraires à l'usage, contraires à la
jurisprudence.
Tout à l'heure, on se demandera si on avait siégé
le dimanche: Est-ce qu'il y aurait une possibilité? On se demandera
aussi: Si aucun député n'était intervenu, est-ce que cela
aurait été possible? On peut en mettre des hypothèses, M,
le Président.
La réponse du témoin, M. le Président, elle est,
quant à moi, très sage à savoir s'il y avait eu entente
entre les leaders, s'il y avait eu entente entre les partis, s'il n'y avait pas
eu de blocage du côté du député de Lévis.
C'est cela la réponse la plus sensée, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Votre dernière partie n'était pas pertinente sur une
question de règlement.
M. Lefebvre: On a droit à des petits bouts qui ne sont pas
pertinents, M. le Président, c'est ce qu'on fait de l'autre
côté.
Le Président (M. Lorrain); À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Chevrette: M. le Président, je vais
reprendre ma question...
Le Président (M. Lorrain): Écoutez...
Monsieur...
M. Chevrette: ...cela va être plus simple pour vous
plutôt que d'avoir encore une interprétation qui m'amène
à dans dix jours.
Le Président (M. Lorrain): Reprenez votre question et
puis...
M. Chevrette: Saviez-vous que le règlement vous permettait
de faire adopter le projet de loi 132 sans avoir recours à des
consentements de quelque nature que ce soit?
M. Pagé: Â quel date?
M. Chevrette: À partir du 11 décembre.
M. Pagé: Je ne tenais pas le motif de m'inquiéter,
j'avais l'assurance du bureau de mon leader que le projet de loi serait
accepté.
M. Chevrette: Est-ce que... Qui vous a dit qu'il y avait entente
entre les partis? Qui vous a dit qu'il y avait entente entre les
partis sur 132?
M- Pagé: M. le Président, je m'en remets à ma
déclaration d'hier, à des questions qui ont été
posées dans ce sens. Le bureau du leader...
M. Chevrette: Ce n'est pas un bureau, j'ai dit qui? Ce n'est pas
une personne physique,..
M. Pagé: M. le Président...
M. Chevrette: Ce n'est pas un bureau que je veux savoir, c'est la
personne. Qui?
M. Pagé: ...est-ce que je peux
répondre?
Le Président (M. Lorrain): Oui, allez, M. le ministre.
M. Pagé: J'ai indiqué, je réfère
l'honorable député au texte de mon intervention d'hier comme
suite à des questions qui ont été posées, soit par
lui ou par d'autres de ses collègues à savoir que dans les
derniers jours ou dans les dernières semaines d'une session,
particulièrement à partir du 1er décembre ou du 1er juin,
nous sommes en constant contact avec ou en contact régulier avec le
bureau du leader pour connaître l'évolution de nos
législations; à quel moment notre présence va être
requise en commission, en Chambre, etc. Et c'est à la lumière de
ces contacts que j'ai été informé que 132 serait
adopté, mais il y aurait des débats, il y aurait une commission
parlementaire assez longue. Cela s'est avéré vrai d'ailleurs. Ce
n'est qu'en milieu de semaine que j'ai été informé qu'il
n'y avait plus rien qui tenait.
M. Chevrette: Informé par qui?
M. Pagé: Je l'ai indiqué hier, par quelqu'un du
bureau du leader. C'est soit le leader lui-même ou...
M. Chevrette: C'est qui ce quelqu'un?
M. Pagé: M. le député, je comprends... M. le
Président, je comprends que le député veut poser plusieurs
questions. Je m'en remets à ma réponse d'hier, soit le leader
lui-même, qui est un député, qui siège en face de
vous, qui représente une circonscription et qui est une personne
physique ou une autre personne physique elle aussi évidemment de son
cabinet qui est responsable des affaires parlementaires. J'ai indiqué
que c'était, soit M. Gratton ou M. Pitre.
M. Chevrette: Est-ce qu'on vous a dit que jamais il n'y a eu
d'entente formelle sur 132?
M. Pagé: On m'a indiqué qu'il n'y avait plus
d'entente qui tenait et pour que mon projet de loi soit adopté, je
devais accepter les propositions et les amendements formulés par le
député de Lévis, lesquels amendements ont
été aussi l'objet de sensibilisation de la part de
députés, notamment des députés de votre groupe
parlementaire, M. le député.
M. Chevrette: Quel était l'objectif fondamental de votre
loi 132?
M. Lefebvre: Je m'excuse, la question, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Quel était l'objectif fondamental de la loi
132?
M. Pagé: M. le Président, dois-je comprendre que le
député ne l'a pas lu et que je doive tout
l'expliquer?
Le Président (M. Lorrain): Non, vous devez répondre
aux questions.
M. Chevrette: L'objectif... M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Lorrain): Répondez à la
question: Quel est l'objectif fondamental de 132?
M. Chevrette: Je l'ai lu et je pose la question précise,
M. le Président...
M. Pagé: Parce que j'en serais très surpris.
M. Chevrette:... et je ne veux pas de commentaire.
M. Pagé: À ma connaissance, le député
de Joliette connaît le projet de loi 132. Il le connaissait en
décembre.
M. Chevrette: Je connais le projet de loi 132 très bien,
mais vous avez dit qu'il y avait un objectif hier et je voudrais vous
l'entendre dire.
M. Pagé: L'objectif était de s'assurer que les
personnes détenant un privilège consenti en vertu de la loi 90 en
1978 divulguent, informent les autorités qu'elles détiennent un
tel privilège et qu'elles ont l'intention de s'en prévaloir.
M. Chevrette: M. le ministre, n'avez-vous pas dit hier que
l'objectif fondamental, c'était la conservation des droits acquis par
les personnes?
M. Pagé: Oui, oui, je l'ai dit et je vous le
répète, mais ce maintien ou cette conservation du
privilège - parce que ce n'est pas un droit, M. le député,
c'est un privilège...
M. Chevrette: La conservation d'un droit acquis devient un
privilège de conserver un droit acquis, voyons!
M. Pagé: On pourrait discuter longuement sur l'aspect du
droit, là...
M. Chevrette: Oui, oui. Les nuances "jésuistiques", ce
n'est pas le temps. Je vous demande purement et simplement si vous n'avez pas
dit, hier, que l'objectif fondamental de 132 était de conserver les
droits acquis.
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. Si le leader de l'Opposition est carrément dans les
patates...
M. Chevrette: Eh! Eh!
M. Lefebvre:... quant à l'essentiel de la loi, je soumets
que le ministre a le droit de le corriger.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Chevrette: Des nuances "jésuistiques" dans certains
cas, ça peut être nécessaire.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, s'il y a des choses...
M. Lefebvre: C'est le temps de vous faire expliquer 132,
là, vous avez le bon bonhomme en avant de vous.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, le témoin va nous répondre s'il y a des choses qu'il
n'est pas d'accord ou si...
M. Lefebvre: Bon, non, non, mais...
M. Chevrette: Si je suis dans les patates, M. le
Président, il est dans la poussière d'amiante, lui!
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: II a l'amiantose parce qu'il a l'air
attaqué.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, s'il vous plaît...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre: Vous n'avez rien compris de 132, ça n'a rien
à voir avec l'amiante, ça.
Le Président (M. Lorrain): Votre question, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, le député de
Lévis a-t-il déposé un amendement qui donnait comme
résultat la conservation des droits acquis pour les personnes jusqu'au
1er juillet 87?
M. Pagé: L'amendement proposé par le
député de Lévis visait à enlever les clauses en
vertu desquelles les personnes détenant un tel privilège devaient
se divulguer.
M. Chevrette: Est-ce que le député de Lévis,
par son amendement, effectivement, faisait en sorte que tous ceux qui avaient
un droit acquis le conservaient jusqu'au 1er juillet 87?
M. Pagé: Tous ceux et celles qui avaient un
privilège voyaient ce privilège étendu pour une
période limitée dans le temps, premièrement;
deuxièmement, sans obligation - et c'est ce qui était important
pour nous, comme gouvernement - sans obligation de divulgation.
M. Chevrette: Est-ce que l'effet de
l'amendement du député de Lévis avait comme
conséquence directe de conserver au moins les droits acquis jusqu'au 1er
juillet 87?
M. Pagé: L'amendement du député de
Lévis avait comme résultat que le privilège était
étendu jusqu'au 1er juillet 87, mais le gouvernement ne pouvait
être informé, comme suite de la divulgation, du nombre de
personnes détenant un tel privilège.
M. Chevrette: N'aviez-vous pas annoncé une grande
réforme à la loi du zonage agricole pour le printemps? Le 13
septembre, dans votre conférence de presse, n'aviez-vous pas
annoncé qu'il y aurait...
M. Pagé: J'ai...
M. Chevrette: Le 22 septembre, dis-je, plutôt.
M. Pagé: J'ai indiqué qu'un projet de loi serait
déposé à la session du printemps, oui.
M. Chevrette: Bon. Et à ce moment-là, le fait
d'étendre le privilège jusqu'au 1er juillet ne vous permettait
pas, à ce moment-là, de poser les autres conditions dans votre
réforme globale du zonage agricole sans affecter aucune personne?
M. Pagé: M. le député, je vous indiquerai
que le projet de loi visant à modifier la Loi sur la protection du
territoire agricole que j'entends déposer au cours de cette session,
sera déposé au cours de cette session. Mais dans mon livre
à moi, dans ma perspective, on se dirige vers une adoption en
décembre parce que je suis habitué au fait que dans tous les
projets de loi, même mineurs, ce sont des heures et des heures et des
heures et des heures et des heures et des heures de débat de la part du
député de Lévis.
M. Chevrette: Est-ce que, M. le ministre, si votre objectif
était d'étendre les privilèges, la conservation des
privilèges aux personnes, pourquoi avez-vous assujetti cette
conservation de privilège à des conditions autres,
assaisonnée de conditions, alors que... Si vous me dites que votre
objectif fondamental, c'était de conserver les privilèges, que le
député de Lévis était d'accord à conserver
les privilèges, pourquoi, à ce moment-là, lier la
conservation du privilège à une formule d'enregistrement
d'option?
M. Pagé: Pour bien encadrer... D'abord, dans un premier
temps, pour être informé du nombre de personnes détenant un
tel privilège désireuses de l'exercer. Ça, c'était
bien important.
M. Chevrette: Mais est-ce que c'était plus important que
la conservation des privilèges des individus?
M. Pagé: La conservation du privilège était
importante pour moi, comme ministre, et pour nous, comme gouvernement,
puisqu'on a proposé son extension non seulement jusqu'au 1er juillet
87... (11 h 30)
M. Chevrette: Vous liez le tout au lieu de la partie. Quel
était le plus important pour le gouvernement et pour vous? Est-ce que
c'était d'étendre le privilège, c'est-à-dire de
continuer, de donner aux individus le droit de conserver leurs
privilèges plus que l'enregistrement de l'option à la
commission?
M. Pagé: L'un et l'autre étaient l'essentiel,
constituaient l'essentiel du projet de toi et c'est d'ailleurs ce pourquoi j'ai
indiqué que je ne pouvais céder.
M. Chevrette: Mais, comment se fait-il qu'hier, vous nous avez
dit, M. le ministre, que ce qu'il y avait de plus important, c'était que
les individus ne perdent pas leurs privilèges puis, là, vous
dites ce matin que l'un et l'autre devaient passer?
M. Pagé: Je m'en remets à ma déclaration, M.
le député.
M. Chevrette: Mais, votre déclaration, c'était
justement, hier, le fait que...
M. Pagé: Bien oui, je vous dis que c'est important la
reconduction du privilège. D'ailleurs, plusieurs députés
dont ceux de votre groupe sont venus me voir pour me dire: M. le ministre,
pourriez-vous faire en sorte que le privilège soit reconduit? C'est
important pour moi. D'ailleurs, c'est dans ce sens-là que la loi allait.
Ces privilèges sont reconduits non seulement pour six mois mais pour
deux ans s'il y a une déclaration qui est faîte. C'est pas
contradictoire, M. le député.
M. Chevrette: Mais, vous ne trouvez pas... Quand un
député propose un amendement visant à conserver un
privilège et puis que vous l'assaisonnez d'une condition, le
privilège, comment pouvez-vous dire qu'un député est
contre le fait de conserver un privilège?
M. Pagé: C'est que la proposition du député
de Lévis s'inscrivait en moins par rapport à ce que, moi, je
proposais comme ministre.
M. Chevrette: En moins par rapport à votre demande, mais
en plus par rapport aux
citoyens.
M. Pagé: Non, je m'excuse, M. le député.
M. Chevrette: Est-ce que le fait de reconduire automatiquement
tous les privilèges, M. le ministre... Est-ce que le fait - et je repose
ma question lentement -est-ce que le fait d'extensionner le privilège
à tous ceux qui en ont par rapport à l'extension de seulement
ceux qui enregistrent une option n'est pas plus large que votre propre
demande?
M. Pagé: Je m'excuse, non, M. le député.
M. Chevrette: Ah bien...
M. Pagé: Non, non, écoutez... Je peux vous
répondre. M. le Président, est-ce que le député
pourrait m'écouter?
M. Chevrette: Je vous écoute toujours.
M. Pagé: O. K. La proposition du député de
Lévis était à l'effet de reconduire le privilège
jusqu'au 1er juillet 1987 seulement. C'est ce que vous avez indiqué tout
à l'heure.
M. Chevrette: Bien, 1987-1988, c'était pas un
problème, ça. C'était votre option.
M. Pagé: Non, non, mais... M. le Président, est-ce
que je peux répondre?
M. Chevrette: C'est vous qui m'avez posé une question, je
vous ai répondu, là.
M. Pagé: Jusqu'au 1er juillet.
M. Chevrette: Vous vous permettez de jouer à ça,
bien, on va vous répondre.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaîtî
Question de règlement, M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: J'aimerais savoir de vous, M. le Président,
si vous considérez que le débat qui dure depuis dix ou quinze
minutes est pertinent, à savoir le bien-fondé des amendements
suggérés par le député de Lévis à
l'époque.
Une voix:...
M. Lefebvre: Bien, c'est ça. Ah! Excusez Je ne vois pas en
quoi, M. le Président, ça peut être mis en relation avec le
mandat qui a été confié à la commission de
l'Assemblée nationale, à savoir évaluer la question
soulevée par le biais d'une motion de privilège du
député de Lévis. On est à refaire le débat
de la commission parlementaire qui a évalué les amendements
suggérés par le député de Lévis. On est
à refaire le débat qui s'est tenu à l'Assemblée
nationale. Je ne vois pas en quoi - remarquez bien que ça ne nous
dérange pas trop, on ' pourrait continuer là-dessus encore une
heure ou deux - mais en quoi c'est pertinent, M. le Président, en quoi
c'est pertinent en parallèle avec le mandat confié è la
commission?
M. Chevrette: M. le Président, le témoin a
utilisé lui-même le mot "chantage"...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: II a utilisé lui-même le mot
"chantage" par rapport au député de Lévis qui
déposait un amendement. Le témoin lui-même, M. le
Président, a essayé de faire croire dans son témoignage,
hier, que le député de Lévis par son amendement...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse, je m'excuse.
M, Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est une question de
règlement. Pas "a essayé de". On prend pour acquis les...
M. Chevrette: Bon, bien, retirez ce bout-là, je vais me
reprendre.
Le Président (M. Lorrain): O. K., ça va.
M. Lefebvre: Mais, c'est régulier de la part du leader de
l'Opposition, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Écoutez...
M. Lefebvre: À l'intérieur même des
débats sur les questions de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez,
écoutez.
M. Chevrette: C'est régulier que vous fassiez des crises
puis que chaque...
M. Lefebvre: Non, je ne fais pas de crise,
je suis très calme» là, moi.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: Je suis très calme.
M. Chevrette: C'est régulier aussi que vous essayiez de
nous interrompre dans nos questions quand ça chauffe un peu.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Â l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Je vous interromps quand vous êtes de
travers.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaîtl À l'ordre, s'il vous plaîtl
Continuez sur votre question de règlement, M. le leader de
l'Opposition.
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Chevrette: M. le Président, dans le témoignage
de M. Pagé, il a été dit, hier, que le premier objectif
était la sauvegarde des droits acquis. Le député de
Portneuf et ministre de l'Agriculture a lui-même utilisé le mot
"chantage" face aux amendements, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain):...
M. Chevrette: Ce que j'essaie de démontrer par mes
questions, c'est que l'amendement du député de Lévis, ce
qui est vrai en soi, déposait une date limite mais le ministre
lui-même dans sa loi 132 déposait une date limite de construction,
et plus que ça, M. le Président, ce que je veux démontrer,
c'est que l'amendement du député de Lévis à court
terme extensionnait plus de droits que le projet de loi lui-même en
faisait, parce qu'il assujettissait le droit acquis à une condition
d'enregistrement à la Commission de protection du territoire agricole,
alors que le député de Lévis, dans son amendement,
reconduisait tous les droits acquis à tous ceux qui en avaient
présentement. Donc, c'est important de le démontrer par des
questions, M. le Président, que l'amendement avait une portée
encore, face aux citoyens du Québec, plus grande que celle du ministre
lui-même. Et c'est ça que je veux, par mes questions,
établir et on pourrait regarder les textes, M. le Président. Et
on doit être en droit, par des questions, d'amener le témoin
à reconnaître qu'il y avait au moins un consentement sur la
conservation des droits acquis, M. le Président, et c'était loin
d'être du chantage que de voir reconduire les droits acquis des citoyens
du Québec sans les assujettir à une formule, M. le
Président, pour faire indirectement ce qu'on ne pouvait pas à
court terme faire directement. Et ça, je pense que c'est important qu'on
puisse questionner là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Bon. Alors, je ne peux pas en
conclure s'il y a eu ou si c'est semblable. On prendra tous les
témoignages à la fin. On regardera la preuve qui a
été faite. M. le député de Lévis est venu
témoigner abondamment là-dessus. M. le député de
Lévis a parlé également de la loi 132. Il a
été interrogé par les deux côtés de la
Chambre. Il a parlé aussi d'amendement possible, M. le
député de Lévis. Je pense que la pertinence quant à
l'extension et à l'amendement déposé et demandé par
M. le député de Lévis, ça va, c'est acceptable et
ça fait partie du débat étant donné le mandat qui
nous est donné et le jeu qui a pu y avoir entre 132 et 272. Maintenant -
je m'excuse - maintenant, il ne faudrait pas refaire tout le débat de la
loi 132 ici en commission, mais je vais permettre les questions sur la
proposition d'amendement qui a été largement expliquée par
M. le député de Lévis et sur laquelle plusieurs
députés ont interrogé M. le député de
Lévis.
Votre question, M. le député de, M. le leader de
l'Opposition.
M. Pagé: M. le Président, à la
question...
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre.
M. Pagé: Je me limiterai à dire au
député de Joliette que la proposition du député de
Lévis visait une reconduction de ce privilège pour une
période de six mois, alors que la proposition contenue au projet de loi
132 déposée par moi prévoyait et prévoit une
reconduction jusqu'au 1er juillet 87 et possiblement jusqu'au 1er juillet 88.
C'est ce qui me permet de soutenir que la proposition du député
de Lévis s'inscrivait en moins.
M. Chevrette: Vous avez dit dans votre témoignage que,
suite à vos rencontres avec M. Côté, ce dernier ne vous
aurait pas, vous aurait dit - entre guillemets - que ce n'était pas
catastrophique - ou ce n'est peut-être pas le terme que vous avez
utilisé - que le projet de loi soit plaidé en mars ou en avril
plutôt qu'en décembre.
M. Pagé: Adopté.
M. Chevrette: Adopté, oui.
M. Pagé: D'accord.
M. Chevrette: Est-ce que vous étiez conscient à ce
moment-là des coûts additionnels pour les citoyens de
Lévis?
M. Pagé: J'ai indiqué, et je m'en remets à
la réponse qui a été fournie à la même ou
sensiblement à la même question hier, à savoir que le
ministre des Transports, M. Côté, m'a indiqué que, pour la
Commission intermunicipale de transport de la rive sud, le fait que le projet
de loi ne soit pas adopté en troisième lecture à
Noël, mais plutôt au mois de mars ou à la session du
printemps, n'allait pas leur causer de préjudice excessivement
grave.
M. Chevrette: Est-ce que vous saviez à l'époque que
c'était au moins 60 000 $ par mois additionnels?
M. Pagé: On avait échangé sur les
intérêts et sur le financement de ces intérêts par le
gouvernement du Québec en partie et, tel que je vous l'ai, tel que je
l'ai indiqué à une question d'un collègue ce matin, je me
rappelle que c'est entre 50 000 $ et 60 000 $ par mois, si ma mémoire
est fidèle.
M. Chevrette: Mais votre décision, même si
c'était porté à votre attention ces coûts
additionnels, votre ' décision était ferme...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... de pas adopter quand même.
M. Pagé: Oui, parce que, comme je vous l'ai dit hier et je
vous le répète aujourd'hui, M. le député, ce n'est
pas parce qu'un projet de loi privé est présenté qu'il
doit être adopté. Il doit être étudié. Je vous
ai fait part, à plusieurs reprises, des réserves que j'avais
à l'égard de cette formalité, de cette procédure
où on demandait à l'Assemblée nationale de ratifier une
dépense, pas de 70 $, ni de 700 $, ni de 7000 $, ni de 70 000 $, ni de
700 000 $, de 7 000 000 $, M. le député.
M. Chevrette: Comment conciliez-vous ces paroles avec votre
discours du 19 décembre 1986, page 5891 qui dit ceci: "Malgré
toutes les réserves, toutes les velléités que je peux
avoir contre le député de Lévis, je ne peux... Excusez! je
ne ferai pas payer, nous ne ferons pas payer, comme députés, un
prix énorme à la communauté de nos honorables concitoyens
et concitoyennes, les gens de Charny, les gens de Saint-Romuald, les gens de
Lévis, les gens de Saint-David, en fait du comté de Lévis.
On ne leur fera pas payer un prix exorbitant, un prix indû à cause
de l'opposition menée par le député qui les
représente à l'Assemblée nationale. " Comment
conciliez-vous ça avec la connaissance de tous les faits le matin pour
prendre votre décision ferme?
M. Pagé: J'ai répondu...
M. Chevrette: Je n'ai pas fini ma question, M. le
Président.
M. Pagé: Ah! je m'excuse.
M. Chevrette: Comment pouvez-vous concilier que vous connaissiez
tout ça le matin, mais malgré tout ça, votre
décision était très ferme et que l'après-midi vous
vous apitoyez sur ces mêmes gens que le matin vous devez faire payer,
vous acceptiez de faire payer?
M. Pagé: M. le Président, j'ai répondu
à cette question à plusieurs reprises. J'ai indiqué que
comme suite du dépôt par le député de Lévis
de cette procédure extraordinaire et exceptionnelle j'ai senti que la
pression était à compter de ce moment-là sur moi. J'ai
indiqué et je vous répète ici, M. le député,
que j'ai trouvé l'affaire tellement... prenait des proportions tellement
grandes, j'ai trouvé ça tout à fait ridicule et je me suis
personnellement ravisé en me disant que, finalement, le fait de ne pas
adopter ce projet de loi était susceptible de créer, à
tout le moins, des problèmes à la Commission intermunicipale de
transport de la rive sud. J'ai indiqué hier que, exemple, il aurait
été possible, selon moi, que des contestations de la part des
citoyens soient enclenchées, ce qui crée, évidemment, des
situations conflictuelles et des problèmes. C'est ce pourquoi, M. le
Président, je me suis ravisé et, comme je l'ai indiqué
hier en commission, c'est ce qui explique que j'ai décidé de
donner mon consentement. Tout simplement.
M. Chevrette: Mais la question est très précise. Le
matin vous connaissiez le coût pour les citoyens de Lévis, puis
dans l'après-midi c'était... mais votre décision
était ferme, alors que l'après-midi les mêmes coûts
étaient là mais là vous vous apitoyiez sur le sort des
citoyens de Lévis.
M. Pagé: Vous dîtes que je m'apitoyais. C'est une
interprétation, M, le député.
M. Lefebvre: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: C'est encore, M. le Président, un commentaire
qui est, dans un premier temps, disgracieux, contraire, contraire à ce
que le ministre, le député de Portneuf, a déjà dit.
Si on veut s'en référer à une déclaration
déjà faite par M. le député de Portneuf, qu'on s'en
tienne strictement à
ce qu'il a dit et qu'on ne qualifie pas ce qu'il a dit, M, le
Président.
Deuxième volet de ma question de règlement, c'est que la
question du leader de l'Opposition, M. le Président, couvre encore un
sujet abondamment discuté depuis hier matin. Je pense que le
témoin a répondu à cette question-là à trois
ou quatre reprises à date, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
règlement.
M. Filion: Sur la question de règlement, M. le
Président, on a juste a lire les commentaires du témoin le 19
décembre sur le projet de loi 272. Il y a le mot "apitoyé". Je
pense que le leader de l'Opposition aurait bien pu dire "invoquiez" au lieu
d"'apitoyé". Ce n'est pas une interprétation. On a juste à
lire ce texte-là pour saisir que le mot "apitoyé"...
M. Lefebvre: Sur la question de règlement, M. le
Président. Le mot "apitoyé", si c'est ce que veut dire le
député de Taillon, n'apparaît à aucun...
M. Filion: Bien non, c'est évident. M. Lefebvre: Ah! c'est
ça.
M. Filion: Non, non, mais je ne vous ai pas interrompu, M. le
député de Frontenac. On a juste à lire les commentaires du
témoin. Je vous les recite. L'après-midi, comme dit bien le
leader de l'Opposition. Le matin, ça n'a pas d'importance pour le
témoin mais l'après-midi il dit: Je ne ferai pas payer...
Le Président (M. Lorrain): La page de la pièce
c'est...
M. Filion: 5892, en haut.
Le Président (M. Lorrain): Oui. Allezl (11 h 45)
M. Filion: Je ne ferai pas payer, nous ne ferons pas payer, comme
député, un prix énorme à la communauté de
nos honorables citoyens, concitoyens et concitoyennes, tes gens de Charny, les
gens de Saint-Romuald, les gens de Lévis, les gens de Saint-David, en
fait du comté de Lévis, on ne leur fera pas payer un prix
exorbitant, un prix indu à cause de l'opposition menée par le
député qui les représente à l'Assemblée
nationale du Québec.
Je pense que la question du leader de l'Opposition est tout à
fait à sa place. Comment se fait-il que le matin, pour vous ça
n'en traitait pas, puis que l'après-midi vous vous apitoyez sur le sort
des citoyens. Le mot "apitoyer" encore une fois, je suis convaincu que le
leader de l'Opposition peut le remplacer par "invoquer".
Le Président (M. Lorrain): Voilà. J'aimerais mieux
sinon on peut y qualifier, y mettre beaucoup de qualificatifs à ce
passage et j'aimerais mieux qu'on ne le qualifie pas. Qu'on le cite à
nouveau puis qu'on demande l'opinion au ministre mais si on commence, ça
ne finira pas. On va qualifier chacun des passages des témoins qui sont
passés ici avant la fin. Et on n'arrivera pas à terminer. M. le
leader de l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: Bon, bien changez le mot "invoquer".
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à la question du député de Joliette, je me
réfère à la réponse que j'ai fournie à la
même question hier.
M. Chevrette: Qui était?
M. Pagé: Je vous invite à prendre connaissance du
Journal des débats.
M. Chevrette: Qui était, M, le Président? Le
témoin n'est pas "boss" ici là.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre,
répondez.
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Lorrain): Répondez, M. le
ministre.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je pourrais
avoir le Journal des débats, s'il vous plaît?
Comme suite de la...
M. Chevrette: Non. C'est pas de même que ça
marche.
M. Pagé: Comme suite à la question. M. le
Président, j'ai le droit fondamental...
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre.
M. Pagé:... d'avoir le Journal des débats
comme suite des questions, exactement les mêmes qui ont
été posées hier.
M. Filion: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre. M. le ministre,
vous devez répondre. Je vous ai mentionné que vous deviez
répondre à toutes les questions.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut répéter la
question, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): II y a une nuance qui a
été apportée par M. le leader de l'Opposition dans sa
question. Je comprends que, à plusieurs reprises, il y a eu des
questions qui vous ont amené à répéter la
même réponse. C'est votre droit et tout le monde vous le
reconnaît. Maintenant, quant aux questions, si les questions devenaient
répétitives, là je vais m'objecter et les gens qui sont
ici vont s'objecter également. Mais, quand il y a une nuance pour
obtenir des faits additionnels ou, encore, une réaction additionnelle
ou, encore, un geste additionnel, peut-être, que vous avez posé
qui n'a pas été demandé par un des députés
qui est ici, peu importe le côté de la Chambre, la question est
recevable. Maintenant, vous devez répéter. Si c'est la même
réponse que vous avez, on ne la choisit pas, c'est vous qui avez
vécu les faits et les députés sont obligés
d'accepter votre réponse. Mais, vous devez la répéter.
Si la question n'avait pas été recevable, elle aurait
été arrêtée bien avant ça. Alors, à
chaque fois qu'on vous posera une question, si elle est recevable, vous devez
répondre avec la nuance que ça apporte. S'il n'y en a pas, vous
le dites ici aux membres de l'Assemblée et on prendra vos
réponses répétitives. On est obligé de les
accepter.
M. Pagé: Je répète donc, M. le
Président, l'essentiel de la réponse que j'ai déjà
fournie sur une question de même contenu formulée non seulement
par le même député mais par d'autres députés
depuis que je témoigne hier en cette honorable commission, à
savoir, 1. À partir du moment où le député de
Lévis a inscrit cette procédure exceptionnelle et extraordinaire
pour laquelle j'ai été très, mais très surpris, la
pression a été portée vers moi. J'ai été
à même, à l'heure du lunch, de réfléchir,
d'écouter la décision que vous-même vous avez rendue, M. le
Président, et de réfléchir à cette situation de
fait.
J'ai pris la décision personnellement d'accepter de donner mon
consentement à la troisième lecture de ce projet de loi en me
disant que je devais constater le caractère ridicule et tout à
fait loufoque de la situation dans laquelle on se retrouvait à ce
moment-là alors que je n'avais pas voulu, mais pas du tout, faire
quelque pression ou faire faire quelque pression que ce soit sur le
député de Lévis - et d'ailleurs c'est de commune
renommée qu'il y a très peu de gens en ce bas monde qui peuvent
modifier son opinion - je me suis ravisé en ayant à l'esprit que
tout retard dans l'adoption du projet de loi pouvait amener des
problèmes de contestation, des problèmes de procédure
entre des citoyens et une municipalité et la commission, que
c'était susceptible, évidemment, de causer inconvénient
tout au moins aux administrateurs de la Commission intermunicipale de transport
de la rive sud, que ça allait coûter quelques mois
d'intérêts à assumer par cette commission, malgré
que le ministre des Transports m'avait indiqué que ça ne leur
causait pas un préjudice extraordinaire, extraordinairement grave. Je me
suis ravisé et j'ai voté pour. C'est pas plus compliqué
que ça.
M. Chevrette; M. le ministre, n'avez-vous pas changé
d'idée au moment où les deux leaders en Chambre, après la
reconnaissance par le président du bien-fondé du
privilège, n'avez-vous pas changé d'idée au moment
où les deux leaders ont conclu une entente sur les deux projets de
loi?
M. Pagé: Non, M. le député. Non. Sur l'heure
du lunch je me suis dit là: est-ce que ç'a de l'allure une
procédure comme celle-là'' Une procédure exceptionnelle.
Une procédure qu'on voit peut-être une fois ou peut-être
exceptionnellement deux fois par décennie devant le Parlement où
un député est littéralement accusé, accusé
avec une accusation au-dessus de sa tête pendant des semaines, des
semaines, des semaines et des mois, alors que je n'avais pas personnellement,
mais pas du tout l'intention de faire quelque pression que ce soit sur le
député de Lévis, je me suis dit: C'est tout à fait
loufoque. Ça n'a pas d'allure. C'est ridicule. La force est dans la
dignité. La faiblesse est dans la mesquinerie, comme je le disais
à la fin de mon intervention, on va lui donner son projet de loi. C'est
ce que je me suis dit. C'est tout. Pas plus compliqué que ça, M.
le député.
M. Chevrette: Mais dans votre propre discours du 19
décembre, à la page 5891, vous parlez, malgré toutes les
réserves, malgré toutes les velléités que vous
entretenez contre le député de Lévis, malgré...
M. Pagé: M. le Président, on en a des
velléités.
M. Chevrette:... je n'ai pas fini.
M. Pagé: Il bloque tous mes projets de loi.
M- Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): On va attendre la question
avant. Allez, pour votre question, M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, même jusqu'à
la fin, à cause de l'opposition menée par le député
de Lévis, vous parlez qu'il
bloque tous les projets de loi. Je vais vous poser une question. Est-ce
que le député de Lévis a utilisé les moyens fournis
par le règlement dans la poursuite de ses oppositions, par exemple,
à des projets de loi?
Une voix: Les moyens...
M. Pagé: Permis par le règlement.
M. Lefebvre: Oui, mais de façon systématique.
M. Chevrette: Bon. C'est lui qui répond, ce n'est pas
vous.
M. Lefebvre: Continuez, ça va bien là.
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! Vous avez la parole, M. le leader.
M. Chevrette: Si vous dites qu'il y a eu, que vous aviez des
velléités et que vous qualifiez son opposition à plusieurs
reprises au cours de votre témoignage, pourquoi avez-vous senti le
besoin, le besoin de dire à M. Lemay: J'ai surtout pas de cadeau
à faire à Garon et appelle-le pas, cependant. Si vous vouliez pas
faire de pressions, et vous aviez de la velléité et que vous en
aviez un peu contre lui, pourquoi, quel intérêt vous aviez
à lui parler de la 132 puisque vous en aviez fait votre deuil depuis
deux jours?
M. Pagé: M. le Président, j'ai répondu
à cette question. Je vais la répéter. Je vais
répéter la même réponse. C'est vrai que je n'avais
aucun cadeau et je n'ai aucun cadeau à faire au député de
Lévis. Vous êtes à même de, vous êtes à
même de savoir, parce que vous êtes leader, qu'un système
parlementaire d'inspiration britannique comme le nôtre doit s'appuyer en
termes de fonctionnement, quand par surcroît on a des fins de session
à date fixe et des périodes limitées de session, doit
s'appuyer sur la confiance mutuelle exprimée par les deux leaders en ce
qui concerne les contacts entre les deux groupes parlementaires. Et si tout
député, j'ai assez d'expérience sans avoir
été leader, si tout député de cette Chambre
décidait de se prévaloir de toute disposition du
règlement, notre système ne fonctionnerait pas, M. le
député, et vous le savez.
Quand je dis, quand je réfère à des
velléités avec le député de Lévis, c'est pas
compliqué et vous le savez, le député de Lévis, je
n'ai pas interprété pourquoi, le député de
Lévis se prévaut de toutes les procédures prévues
au règlement, utilise, épuise tout le temps nécessaire
pour l'adoption de toute procédure...
M. Chevrette: M. le ministre...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette:... ne faisiez-vous pas avec la 172 ce que vous
reprochez à M. Garon de faire avec la 132?
M. Pagé: Avec la 172?
Le Président (M, Lorrain): 272.
M. Chevrette: 272, ce que M. Garon faisait avec la 132?
M. Pagé: Pourquoi?
M. Chevrette: Bien, vous venez d'expliciter...
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Comment c'était inconcevable que M. Garon
bloque la 132, qu'est-ce que vous faisiez avec la 272 vous?
M. Pagé: Je n'ai pas épuisé tout le temps,
je n'ai pas entraîné des grands discours d'émotion etc.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Pagé: Je vous ai dit...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Allez M. le ministre; allez sur la question...
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Allez, M. le ministre.
M. Pagé: Je vous ai dit très clairement hier, que
compte tenu des inquiétudes que j'avais et des réserves que
j'avais à l'éqard de ce projet de loi, j'ai décidé,
à un moment donné dans le temps de... le 19 au matin, de refuser
mon consentement et ça je crois que tout député en cette
Chambre a le droit fondamental de donner ou de ne pas donner son consentement
lorsqu'il est requis, c'est tout. Ce pourquoi? Parce que je n'avais pas de
service à rendre à ce député.
M. Chevrette: M. le ministre. M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Vous reprochez à M. Garon d'avoir fait de
longs discours; vous auriez pu avoir... N'aviez-vous pas l'occasion vous
d'aller en faire de longs discours sur 272 pour amender vos réserves?
N'aviez-vous pas l'opportunité comme ministre ou comme
collègue de ne pas la bloquer d'autant plus qu'avant dix heures
ce 19, je le dis devant le bureau du leader, de votre leader et du leader
adjoint, à dix heures le 19 saviez-vous que 172 aucune objection
n'était connue contre 272?
M. Pagé: 172 ou 272?
M. Chevrette: Saviez-vous qu'à dix heures le matin, au
niveau des deux leaders il n'y avait aucune objection d'enregistrée de
quelque nature que ce soit, aucune perception de bloquage à 272?
M. Pagé: M. le Président, je ne peux
répondre pour et au nom du bureau du leader, M. le Président.
M. Chevrette: Pardon?
M. Pagé: Je ne... est-ce que le député
pourrait écouter les réponses?
M. Chevrette: M. le Président, je n'ai pas de conseil
à recevoir de ce cher petit, du chef de Portneuf.
Le Président (M. Lorrain): A l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaîtl À l'ordre, s'il
vous plaît! À l'ordre,^s'il vous plaîtl À l'ordre,
s'il vous plaît! Â l'ordre, s'il vous plaîtl
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il
vous plaît!'
M. Lefebvre: ...M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, le leader...
M. Chevrette: La politesse engendre ta politesse et puis
l'impolitesse engendre l'impolitesse.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M- Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Bon alors, on va suspendre les
travaux pour cinq ou six minutes.
M. Lefebvre: M. le Président, pourquoi suspendre les
travaux?
Le Président (M. Lorrain): Alors, quand je demande
à l'ordre, je voudrais reconnaître...
M. Lefebvre: Je voudrais juste faire mon commentaire avant qu'on
suspende.
Le Président (M. Lorrain): ...oui mais je veux
reconnaître quelqu'un avant. Et s'il y a une question de
règlement, je vais l'entendre. Mais je voudrais savoir laquelle que
j'entends non pas quatre personnes à la fois.
M. Lefebvre: M. le Président, je ne consens pas...
(Suspension de la séance à 11 h 55)
(Reprise à 12 h 7)
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs les députés. Â l'ordre, s'il vous
plaît! Les travaux de cette commission vont reprendre.
Encore une fois, et c'est mon rôle je pense devant cette
commission, je vais demander la collaboration de chacun. Un commentaire
désobligeant d'un membre ou d'une personne de la commission ou encore
d'un témoin amène toujours un débat et, par le fait
même, des questions de règlement et n'amène rien de plus
à la preuve que tous et chacun, on tente - et cela, de bonne foi -de
comprendre pour mieux prendre une décision à la fin des travaux
de cette commission. Je demanderais autant aux témoins, comme je l'ai
fait dans le passé aussi, M. le ministre, vous n'êtes pas
le premier, j'ai dû rappeler quelques témoins 6 l'ordre aussi et,
également, aux membres de cette commission de ne pas porter de
commentaires durant leurs questions ou encore durant leurs questions de
règlement, sur qui que ce soit, que ce soit un autre membre de la
commission ou un témoin et de ne pas juger immédiatement de
l'attitude des gens qui viennent témoigner ici. On va avoir amplement le
temps à la fin et il y a une enveloppe très
généreuse qui a été accordée à
chacune des formations pour pouvoir vous prononcer et apprécier et juger
du témoignage de chacun et des faits que nous allons et que nous aurons
recueillis devant cette commission. Je vais céder à nouveau la
parole à M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: J'avais, avant la suspension, soulevé une
question de règlement à la suite de l'attitude
désobligeante, agressive et inexplicable du leader de l'Opposition,
Une voix: C'est quoi cela?
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... alors qu'il...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lefebvre:... s'était senti blessé...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Lefebvre:... par le témoin qui lui demandait tout
simplement d'écouter lorsqu'il répondait à l'une de ses
questions.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, je pense que je viens de faire une mise au point...
M. Lefebvre: M. le Président» c'est important.
Le Président (M. Lorrain): Oui, c'est très
important, d'ailleurs la mise au point...
M. Lefebvre: M. le Président, je m'excuse, j'ai...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre:... cru comprendre dans vos commentaires que vous
qualifiez le témoin...
Le Président (M. Lorrain): Absolument pas, absolument
pas.
Une voix: Bien oui.
M. Lefebvre:... comme étant un témoin qui ne
répondait pas aux questions et qui...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Lefebvre:... ajoutait ses propres commentaires.
Le Président (M. Lorrain): Absolument pas, absolument
pas.
M. Lefebvre: Alors, je m'excuse de...
Le Président (M. Lorrain): J'ai simplement demandé
la collaboration de tous et chacun. Je ne voudrais pas reprendre tout. Je pense
que la mise au point est importante. J'ai simplement fait...
M. Lefebvre: Vous pourriez la diriger aussi vers le leader de
l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Je l'ai fait, j'ai parlé
des deux côtés, de tous les membres de cette commission. J'ai
même mentionné que d'éviter dans les questions des
commentaires ou des jugements vis-à-vis quoi que ce soit, un autre
membre de la commission ou un témoin et j'ai demandé aussi
à tous les témoins, comme je l'ai fait dans le passé, aux
autres témoins, dans leurs réponses, de ne pas porter de
commmentaires ou de jugements sur la façon de procéder de la
commission. C'est un débat, un débat suscite des questions de
règlement, et après ça, on n'avance pas dans la preuve
qu'on est censé aller chercher et mieux comprendre pour se faire une
décision. C'est tout.
M. Lefebvre: Le témoin n'a pas porté de
commentaire, c'est ce que je ne comprends pas de votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Écoutez, à
quelques reprises, je suis intervenu ce matin, et c'est très clair.
M. Lefebvre: Le témoin n'a pas porté de
commentaire, M. le Président, il a tout simplement demandé
à être écouté.
Le Président (M. Lorrain): Je ne parlais pas de la
dernière intervention. J'ai fait une intervention importante pour toutes
les réponses du témoin et toutes les questions des membres de
cette commission, même celles à venir après-midi. Je ne
pense pas d'avoir pointé particulièrement, d'avoir dit: À
cause de telle partie de réponse ou telle question. Si j'ai suspendu, M.
le député de Louis-Hébert, c'est quand je demande quatre
fois ou cinq fois à l'ordre, alors je préfère suspendre
quelques minutes pour tous et chacun. Je sais que c'est très fatigant et
que c'est très long, il reste que j'ai à l'assumer, on va
continuer nos travaux.
M. Doyon: M. le Président, moi je voudrais juste
comprendre...
Le Président (M. Lorrain): Sur une autre question de
règlement, ma décision est rendue, la mise au point est
faite.
M. Doyon: Oui, oui, M. le Président, mais je voudrais
comprendre le déroulement de nos travaux. Dans votre décision, je
voudrais que - c'est une question de règlement... Vous faites allusion
et vous basez votre décision...
Le Président (M. Lorrain): Ce n'est pas une
décision, c'est une mise au point.
M. Doyon: Vous venez de dire: Je viens de rendre ma
décision. Ça doit être quelque chose.
Le Président (M. Lorrain): Il n'y avait même pas de
question de règlement quand j'ai suspendu, alors je ne peux pas rendre
une décision. J'ai fait une mise au point générale.
M. Doyon: Bon, alors, M. le Président, dans votre mise au
point que vous avez qualifiée de décision auparavant - on va
s'entendre là-dessus, M. le Président, disons que c'est un des
deux - vous référez à des remarques désobligeantes
qui provoquent des débats et qui entraînent des suspensions parce
qu'il y a réplique d'une part, réplique de l'autre. Le Journal
des débats en est témoin et la transcription est là
pour le prouver.
M. le Président, est-ce que - je voudrais que vous
m'éclairiez là-dessus - le fait pour une personne, que ce soit un
témoin ou un parlementaire, de dire: Écoutez ma réponse ou
écoutez ma question, c'est une remarque désobligeante, M. le
Président? J'aimerais vous entendre là-dessus. Si c'est une
remarque désobligeante, on va en faire notre profit et on va corriger
notre définition qu'on a des mots et on va savoir que de dire: Vous,
veuillez écouter ma réponse ou veuillez écouter ma
question, c'est désobligeant et ça, ça ne doit pas
être prononcé dans cette commission, et ça, ça
provoque des débats, M. le Président. On va le savoir.
Mais moi, je vaudrais pouvoir savoir à quoi m'en tenir quand
quelqu'un dit à une autre personne: Écoutez ma réponse,
est-ce que ça, vous considérez, M. le Président, en tant
que président, que c'est désobligeant, agaçant, frustrant,
vexant et que c'est insultant, finalement, et que ça doit donner lieu
à des répliques d'un bord ou de l'autre? Si c'est ça qui
était votre mise au point-décision, je ne suis pas plus
avancé que j'étais parce que c'est ça que j'avais entendu
comme remarque finale de la part du témoin qui a mis le feu aux
poudres.
Le Président (M. Lorrain): C'est tout, M. le
député Louis-Hébert?
M. Doyon: C'est tout, oui.
Le Président (M. Lorrain): Ma réponse, c'est non.
M. le leader de l'Opposition.
M. Doyon: Le témoin peut donc employer ces
termes-là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
vous avez la parole.
M. Chevrette: M. Pagé, est-ce que vous étiez peu
fâché, beaucoup fâché ou très
fâché contre le député de Lévis qui
s'entêtait à ne pas adopter vos projets de loi?
M. Pagé: Mes amis intimes ou ma famille savent
pertinemment que je ne me fâche pas souvent.
M. Chevrette: Étiez-vous peu, pas, du tout ou
très?
M. Pagé: Je n'étais pas très, je
n'étais pas beaucoup, je n'étais pas substantiellement, je
pouvais être peu.
M. Chevrette: Est-ce que c'est ce qui explique que vous avez,
dans votre discours du 19, parlé de velléité et
d'opposition?
M. Pagé: Non, vous savez, lorsqu'on réfère
à des velléités entre le député de
Lévis et moi, on réfère à cette dualité qui
existe et qui prévaut entre deux parlementaires dont l'un, dont je suis,
respecte le fait que mon vis-à-vis a été ministre de
l'Agriculture, -a occupé ma fonction pendant plusieurs années,
n'a pas fait seulement des mauvais coups, et dont l'autre, qui est le
député de Lévis, ne semble pas accepter que quinconque
puisse le remplacer.
M. Chevrette: Mais lorsque vous avez entendu la question de
priviège et la lecture du mémo que venait de recevoir le
député de Lévis qui lui rapportait un message de Me Lemay,
vous est-il venu à l'idée d'appeler votre ami, Me Lemay, puis lui
dire: Mais, c'est pas ça que je t'ai dit?
M. Pagé: Non. J'ai été très surpris,
comme je vous l'ai dit. Je n'ai pas été fâché, j'ai
surtout été décontenancé de voir, comme je vous le
disais, M. le député, qu'un appel que je qualifie de personnel,
compte tenu que je connaissais Me Lemay depuis un bon bout de temps, compte
tenu, par surcroît, qu'il avait communiqué avec moi pour ce projet
de loi spécifique - il faut toujours avoir ça à l'esprit -
j'étais surpris et décontenancé de constater que le
député de Lévis inscrivait une procédure aussi
rare, aussi exceptionnelle et aussi grave en termes de portée. Mais je
n'étais pas fâché, j'ai été surpris et
décontenancé, ça va de soi.
M. Chevrette: Mais le contenu même du message qui
émanait de Me Lemay ne vous a pas surpris au point de rappeler celui
à qui vous aviez dit: Mais n'appelle pas Jean Garon...
M. Pagé: Non, je n'ai...
M. Chevrette:... après la question de
privilège?
M. Pagé: Je n'avais pas et je n'ai pas à porter de
jugement ou à commenter les
réactions, les interprétations ou les suites
données par Me Lemay, vous savez. J'ai à indiquer ici ce que j'ai
fait.. Je vous l'ai indiqué au meilleur de ma connaissance, le plus
clairement possible, parce qu'il faut toujours avoir à l'esprit que
c'est une conversation de quelques minutes qui s'est tenue il y a plus de
quatre mois et tout comme, d'ailleurs... M. le Président, je n'ai pas eu
l'opportunité de répondre à votre dernière
question, M. le député, l'ajournement a été
commandé, votre dernière question, ça portait sur le fait
que le bureau du leader, selon votre question, n'aurait pas su, etc., je n'ai
pas à me porter, à répondre pour et au nom du bureau du
leader, tout comme je n'ai pas à répondre pour et au nom de Me
Lemay.
M. Chevrette: Mais vous avez appelé Me Lemay le matin dans
votre auto.
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Vous avez dit que c'était un ami, que vous
le connaissiez depuis longtemps et qu'il... Vous avez même senti le
besoin de lui dire: N'appelle pas Jean Garon.
M. Pagé: Je n'ai pas senti le besoin de lui dire:
N'appelle pas Jean Garon. C'est que, Me Lemay, tel que je vous l'indiquais, a
paru surpris, a semblé surpris, un peu inquiet et, là, il a
évoqué la possibilité de venir au parlement. Je vous ai
dit, au meilleur de ma connaissance, hier, qu'il avait
référé à la possibilité de rencontre, de
venir au parlement. C'est définitif que, s'il allait venir au parlement,
dans mon livre à moi, ce n'était pas pour écouter les
débats d'en haut, c'était pour renconter du monde. Je lui ai dit:
N'appelle pas Garon. Pourquoi? Parce que le but de ma démarche
n'était pas - et je vous le répète pour la xième
fois, je m'excuse, je vais peut-être paraître moi-même
répétitif, mais je dois vous le dire - le but de ma
démarche n'était pas de faire une pression sur le
député de Lévis parce que, pour moi, c'était
réglé, 132, j'en avais fait mon deuil, il ne passait pas.
M. Chevrette: Mais, à plus forte raison, si vous aviez
appelé Me Lemay pour pas qu'il fasse une pression...
M. Pagé: Je n'ai pas appelé Me Lemay pour pas qu'il
fasse une pression spécifiquement. Je vous ai dit que j'avais
appelé Me Lemay pour... je n'avais pas dans l'intention qu'il fasse de
pression, mais c'était pour le but de l'informer...
M. Chevrette: Oui, mais, je vais finir ma question.
M. Pagé:... comme suite de la lettre qu'il m'avait
envoyée.
M. Chevrette: Mais je vais finir ma question.
M. Pagé: D'accord,
M. Chevrette: Si vous avez appelé Me Lemay, comme vous le
dites, dans le but non pas de faire de pression mais de l'informer, puis que
vous preniez la peine de dire: Déplace-toi pas, ma décision est
ferme, n'appelle pas Jean Garon, parce que vous ne vouliez pas passer pour
faire des pressions sur Jean Garon, il vous est pas venu è
l'idée, tout de suite après la question de privilège
relatant les propos que Me Lemay a envoyés à M. Garon, il vous
est pas venu à l'idée de rappeler M. Lemay et dire: Qu'est-ce que
t'as fait là? Qu'est-ce qui te prend?
M. Pagé: Vous savez, M. le député, je suis
avocat et, là, c'était une procédure... le débat
maintenant ou la question avait changé de niveau. Une question de
privilège était soulevée, c'était porté sur
le parquet de l'Assemblée, c'était en vertu des dispositions les
plus exceptionnelles de notre règlement et de notre loi habilitante
comme Assemblée. Donc, on se soumettait maintenant à des
règles, je me soumettais à des règles qui étaient
exceptionnelles et j'en ai été très surpris,
décontenancé. J'ai vécu avec ça et je vis avec
ça effectivement depuis le 19 décembre.
M. Chevrette: Dans votre témoignage, à la page 574
de la CAN, page 1, à 16 h 20 hier après-midi...
M. Pagé: M. le Président, j'ai la page...
Une voix: Quelle est la pièce?
M. Chevrette: C'est moi qui l'ai.
M. Pagé:... 575.
M. Chevrette: 574.
M. Pagé: J'ai 575. Je n'ai pas 574.
M. Chevrette: Est-ce que vous pouvez lui en faire une?
Le Président (M. Lorrain): 574, page 1.
M. Chevrette: À une question de M. Filion, vous dites...
M. Filion vous demande: "Pourquoi avez-vous dit à Me Lemay de ne pas
appeler M. Garon?" Vous répondez: "Parce que le but de la
démarche ne visait pas à faire des pressions sur le
député de Lévis. " Si vous avez senti le besoin de lui
dire que le but de votre démarche ne visait
pas à faire pression sur le député de Lévis,
est-ce que c'est parce que M. Lemay voyait ça comme une pression?
M. Pagé: Non. Des voix: Ah! Ah!
M. Chevrette: Mais comment expliquez-vous que vous dites, "parce
que le but de ma démarche ne visait pas à faire des pressions sur
le député de Lévis"?
M. Pagé: C'est que j'ai compris ou j'ai
interprété les propos du député, de Me Lemay comme
souhaitant des échanges, des rencontres ou que, pour lui, ça
pouvait apparaître comme étant possiblement négociable
alors que, dans mon esprit, ça ne l'était pas. 272 n'était
pas conditionnel à l'adoption de 132. Ça, je l'ai dit très
clairement ici. C'était strictement un appel, une démarche
informative.
M. Chevrette: Vous avez senti le besoin de répondre dans
ce sens, c'est parce que vous avez senti que Me Lemay... C'est pas, n'est-ce
pas parce que vous avez senti que Me Lemay interprétait ça de
même? On répond pas quelque chose sans sentir ou sans
entendre quelque chose.
M. Pagé: Je suis d'accord avec vous. Je vous ai
indiqué que Me Lemay a évoqué la possibilité de
venir au parlement ou d'avoir des échanges. Je ne peux vous dire en
quels termes exactement ou précisément, mais c'est ce que j'ai
retenu de son commentaire. Et, comme je vous le disais il y a quelques minutes,
j'ai cru comprendre que, pour lui, il y avait encore quelque chose à
faire alors que, pour moi, c'était réglé, point final,
à la ligne, et c'était strictement înformatif.
M. Chevrette: Comment, le mot "conciliable" ou
"négociable", vous avez utilisé, vous venez d'utiliser le mot
"négociable". Il peut y avoir une négociation de bonne foi sans
que ce soit de la pression. Pourquoi avez-vous senti le besoin de dire: Parce
que je ne voulais pas faire pression.
M. Pagé: À qui?
M. Chevrette: Bien, dans une de vos réponses.
M. Pagé: Oui, c'est ça, parce que... Pourquoi?
Parce que j'ai jamais voulu faire de pression.
M. Chevrette: Oui, mais il y a une différence. Vous venez
nous dire que, vous venez de nous dire, M. le député, que vous,
c'était d'une façon tout à fait informative, puis que vous
avez senti que, vous avez interprété tout au moins que le
député de, pas le député, mais Me Lemay voulait
peut-être négocier alors que ce n'était pas
négociable. Mais négocier, c'est très différent que
de faire des pressions. Pourquoi sentez-vous le besoin de dire que votre
objectif, c'était pas de faire des pressions alors que vous venez de
nous dire que vous aviez senti que M. Lemay voulait négocier?
M. Pagé: J'ai senti, comme je vous l'ai indiqué,
que Me Lemay a été surpris, s'est inquiété et a
manifesté par ses propos... D'abord, dans un premier temps en disant:
Mais qu'est-ce que je vais faire? J'ai dit: Fais ce que tu voudras. En voulant
dire je n'ai pas... Je t'appelle pour te dire que ton projet de loi ne passera
pas. Et là, il a évoqué la possibilité de venir au
parlement, etc. J'ai cru comprendre qu'il souhaitait des échanges et
puis moi, il n'en était pas question en ce qui me concerne,
c'était réglé dans mon esprit.
M. Chevrette: Aviez-vous senti à ce moment-là que
Me Lemay voulait faire des pressions?
M. Pagé: Non.
M. Chevrette: Mais à ce moment-là.
M. Pagé: Non. À preuve, j'ai été
très surpris quand j'ai vu la question qui a été
soulevée ici.
M. Chevrette: Est-ce que le meilleur moyen que Me Lemay ne sente
pas de pression et que vous ne vous sentiez pas obligé, vous,
d'expliquer à Me Lemay que vous voulez faire des pressions, est-ce que
le meilleur moyen à ce moment-là c'était pas d'appeler
carrément après la fermeture des Chambres?
M. Pagé:... quoi, vous dites?
M. Chevrette: La fermeture des Chambres ou de la Chambre.
M. Pagé: J'ai indiqué que cette journée et,
vous en conviendrez avec moi, que la dernière journée d'une
session, elle est vraiment intensive et c'est le cas de le dire. J'avais un
agenda très chargé. C'était dans mon esprit à moi
la dernière opportunité que j'avais de lui parler. Quand, par
surcroît, on sait que généralement la journée des
avocats, soit devant les tribunaux ou devant des organismes ou des groupes,
commence à 10 heures le matin. C'est ce pourquoi j'ai jugé
opportun de l'appeler. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
À ce moment-là dans la journée.
M. Chevrette: M. Pagé, vous nous dites
que vous n'avez pas nullement senti que Me Lemay voulait faire des
pressions. Vous dites vous-même que vous ne vouliez pas faire de
pressions mais pourquoi vous utilisez à ce moment-là le mot
"pression"?
M. Pagé: J'ai utilisé le mot "pressions" comme
suite à la question du député parce que moi je suis
accusé, ici, M. le député, d'avoir fait des pressions
alors que je n'en ai pas fait.
M. Chevrette: Mais comment expliquez-vous, comment pouvez-vous
expliquer que vous n'ayez pas senti... Vous avez dit "négociable"
tantôt de la part de M. Lemay. Est-ce que vous interprétez ou
interprétiez à ce moment-là...
M. Pagé: Si vous permettez...
M. Chevrette:... au moment de la conversation
téléphonique que vous avez eue avec Me Lemay, vous
interprétiez le fait qu'il veuille venir ici et parler,
parlementer?Est-ce que vous avez interprété ça
comme étant des pressions possibles?
M. Pagé: Non, j'ai senti de l'inquiétude en ce qui
le concernait puis de la surprise. Là, évidemment, il a
indiqué: Qu'est-ce que je peux faire? J'ai dit: Fais ce que
tu voudras, mon "chum". Et là, il a évoqué la
possibilité de venir ici. Ça, je me rappelle très bien. Je
ne sais pas en quels termes, là, exacts, mais il a évoqué
cette possibilité de venir ici et je lui ai dit que ce n'était
pas opportun. Et pourquoi je lui ai dit ça? Je vous le dis, c'est parce
que la démarche ne visait pas à faire des pressions.
C'était à titre informatif. Cet avocat-là m'avait
écrit parce qu'il avait jugé opportun de le faire concernant ce
projet de loi. Cet avocat-là m'avait fait parvenir la documentation,
bon, etc., concernant ce projet de loi. Cet avocat-là, je le connais
depuis plusieurs années tel que ça a été convenu
ici. Je suis en constants contacts avec lui par le biais de sa
représentation auprès des municipalités de mon
comté. J'ai jugé opportun de l'appeler à titre purement et
simplement informatif, comme je vous l'ai dit hier et pas par personne d'autre
que moi parce que je le connais personnellement et lui dire; Ton projet de loi,
ma décision est prise, "that's it, that's all. "
M. Chevrette: Est-ce que vous avez été surpris
d'entendre le contenu du message qu'avait reçu le député
de Lévis?
M. Pagé": Je dois dire que je n'ai pas porté
attention au contenu du message comme tel. J'ai été tellement
surpris parce que le député de Lévis a
référé à une conversation, pressions que j'aurais
faites, a référé de questions de privilège,
certains articles de la loi, bon, etc. évidemment là, j'en ai
été très surpris et même décontenancé,
je vous le confirme.
M. Chevrette: Quand il a lu en Chambre le contenu du message,
vous étiez en Chambre. Est-ce que vous vous rappelez du contenu du
message que le député de Lévis avait reçu?
M. Pagé: Non. Il a référé au
fait que sa secrétaire avait eu un appel de l'avocat de la commission
intermunicipale, quelque chose du genre mais je ne peux pas me rappeler.
M. Chevrette: N'a-t-il pas lu un message textuel qu'il avait
reçu de sa secrétaire?
M. Pagé: C'est possible mais je ne me rappelle pas au
texte, M. le député.
M. Chevrette: Est-ce qu'on peut donner la pièce D-3 au
témoin et me donner une pièce D-3? L'avez-vous? (12 h 30)
M. Pagé: D-3, je l'ai peut-être. Oui.
M. Chevrette: "M. Lemay vient tout juste de recevoir un appel
téléphonique de Michel Pagé qui disait ceci: Si M. Garon
continue de s'entêter à bloquer le projet de loi 132, il - entre
parenthèses M. Pagé -s'engage à bloquer le projet de loi
de la CITRSQ. M. Lemay demande de le rappeler le plus tôt possible. "
Est-ce que vous vous souvenez si M. Garon a lu ça textuellement en
Chambre?
M. Pagé: Je me rappelle qu'il a
référé à l'appel téléphonique que
j'ai logé à Me Lemay mais je ne me rappelle pas au texte. Je
m'excuse.
M. Chevrette: Quand vous avez entendu cette
référence et ce contenu en tout cas dans l'esprit, puisque vous
vous rappelez pas de la lettre, n'étiez-vous pas surpris de voir que vos
propos auraient été mal compris?
M. Pagé: Non, parce que, comme je vous le disais il y a
quelques minutes, je ne me rappelle pas du contenu exact. Je me rappelle des
choses générales, un, le député se lève, le
député soulève une question de privilège, le
député évoque une conversation téléphonique
qu'à ce moment-là il soutenait que j'aurais eue mais que dans le
fond je savais que j'avais eue. Je ne me rappelle pas le contenu exact.
M. Chevrette: Mais le simple fait que Me Lemay ait appelé
M. Garon ne vous a pas surpris?
M. Pagé: Bien oui.
M. Chevrette: Vous qui aviez demandé à Me Lemay de
ne pas appeler Garon.
M. Pagé: Bien oui. Je l'ai dit à plusieurs
reprises. J'ai été surpris, décontenancé, parce que
c'est une procédure exceptionnelle.
M. Chevrette: Je ne parle pas de la procédure, M. le
Président, au témoin.
M. Pagé: Qui donnait suite à un appel
téléphonique qui n'avait pas pour but, mais pas pour but, M. le
député, de faire quelque pression que ce soit.
M. Chevrette: Je vais reprendre ma question. C'est pas le contenu
de la question de privilège. Le fait que vous, vous ayez dit à M.
Lemay "n'appelle pas Jean Garon" puis que Jean Garon se lève et dit: Je
viens de recevoir un appel de Me Lemay et un message, puis il en livre le
contenu. Vous n'avez pas été porté à dire: J'ai
été mal interprété, j'ai été mal
cité, j'ai été mal compris ou bien... Vous n'avez pas eu
d'autres réflexes?
M. Pagé: J'ai eu évidemment mon appréciation
personnelle, à moi intérieure, de surprise. Mais, comme je vous
l'ai indiqué tout à l'heure, il n'était pas question que
j'intervienne à ce moment-là parce que là c'était
sur le parquet de la Chambre, monsieur. C'était une procédure
très grave qui était enclenchée. Je suis avocat. Et il
n'était pas question que je communique avec quiconque. J'ai dit: On va
attendre, on va attendre la décision de M. le Président dans
l'après-midi. La décision est intervenue. On m'a donné le
droit de parole pour intervenir pendant quelques minutes. Je suis intervenu et
nous sommes ici aujourd'hui.
M. Chevrette: Donc, c'est juste un état de surprise sans
autre réflexe?
M. Pagé: Je l'ai été sur un temps riche,
comme on dit.
M. Chevrette: Pardon"?
M. Pagé: Je l'ai été, comme on dit en bon
canadien, sur un temps riche. J'ai été surpris.
M. Chevrette: Pour l'instant, M. le Président, il me reste
deux minutes, deux minutes cinq seulement. O.K.
Le Président (M. Lorrain): À peu près deux
minutes. Peut-être un petit peu moins. Alors, merci, M. le leader de
l'Opposition. Je vais reconnaître maintenant un député de
la formation ministérielle. M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Attention.
Le Président (M. Lorrain): Chacun son tour. M. le
député de Frontenac, c'est vous qui avez la parole.
M. Lefebvre: Vous en avez peut-être oublié
quelques-uns.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non. Question.
Question. Question.
M. Lefebvre: M. Pagé, M. le ministre, vous avez
mentionné à quelques reprises que des députés, d'un
côté comme de l'autre, étaient inquiets du
déroulement du processus de la loi 132 lorsqu'il a été
question d'amendement puis de blaquage puis que la loi risquait de ne pas
passer. Pourriez-vous nous donner plus de détails? Qui vous
l'a dit? Dans quels termes on vous l'a dit? D'un
côté comme de l'autre.
M. Pagé: Dès le début de la session, des
députés des deux côtés de la Chambre se sont enquis
auprès de moi de mes intentions comme ministre de l'Agriculture à
l'égard de cette disposition de la loi qui prévoyait que le 31
décembre 1986 les privilèges consentis aux propriétaires
d'un lot vacant situé en zone agricole avant le 1er juillet... avant le
9 novembre 1978, ce privilège, dis-je, allait devenir caduc.
La disposition du projet de loi 132 prévoyait et, comme je l'ai
indiqué à quelques reprises ici, que ce privilège
était reconduit pour une période pouvant aller jusqu'au 1er
juillet 1988 à la condition toutefois que le détenteur ou la
personne détenant un tel privilège divulgue à la
Commission de protection du territoire agricole son intention de construire, de
se prévaloir de son privilège. Parce que le problème qu'il
y a dans ce dossier-là, M. le député, c'est le suivant:
C'est que personne au Québec ne sait exactement combien il y a de
citoyens et de citoyennes qui détiennent un tel privilège. Pour
en consigner, consigner chacun de ces privilèges détenus par des
citoyens, il faudrait faire un relevé de tous les titres du
Québec en date du 9 novembre 1978 en excluant ceux pour lesquels le
privilège a été utilisé depuis le 9 novembre 1978
et aussi ceux qui ont perdu leur privilège par un transfert de
propriété. Ce serait une oeuvre qui coûterait plusieurs
millions de dollars à faire et surtout beaucoup de temps.
C'est ce pourquoi j'ai présenté cette disposition et pour
moi la divulgation était importante parce que comme ministre, et comme
gouvernement, ça nous permettait de voir le nombre de personnes qui
entendaient
s'en prévaloir.
Le Président (M. Lorrain): Si je comprends bien, M. le
député de Frontenac, vous êtes le porte-parole officiel de
votre formation pour le témoignage de M. le ministre. J'ai oublié
de le mentionner.
M. Lefebvre: M. le ministre, avez-vous eu l'occasion de donner
des explications sur le contenu de 132 à des députés d'un
côté comme de l'autre en dehors de la Chambre et en dehors
également des travaux de la commission parlementaire?
M. Pagé: Au moment des travaux de la commission,
longuement, évidemment, parce qu'on a eu des échanges très
longs, en dehors de la Chambre aussi.
M. Lefebvre: Vous dites...
M. Pagé: Comme suite de communications...
M. Lefebvre: Oui.
M. Pagé: ...des députés.
M. Lefebvre: Oui. Quand vous dites que des députés
manifestaient leur inquiétude, pouvez-vous me dire si du
côté des députés de l'Opposition, de quelle
façon se traduisait l'inquiétude des députés de
l'Opposition particulièrement?
M. Pagé: On espérait que le privilège ne
s'éteigne pas le 31 décembre et on a porté à mon
attention l'amendement proposé par le député de
Lévis.
M. Lefebvre: Effectivement, l'amendement en question
proposé par le député de Lévis, quand vous me
dites: On a porté à mon attention, c'est des
députés de l'Opposition qui vous en ont parlé de
l'amendement en question. De quelle façon a-t-on discuté avec
vous? Je parle toujours des députés de l'Opposition.
Sur quoi portait la discussion lorsqu'on fait référence aux
amendements proposés par le député de
Lévis?
M. Pagé: On réfère à des discussions
privées, brèves, où les députés tentaient de
me sensibiliser finalement à l'opportunité ou à la
nécessité que j'avais d'adopter les amendements du
député de Lévis, purement et simplement.
M. Lefebvre: Quelle était, quelle a été
votre réaction si c'est arrivé seulement une fois, à
plusieurs reprises?
M. Pagé: Â quelques reprises.
M. Lefebvre: Quelle a été votre
réaction? Pardon? Oui, à plusieurs
reprises.
M. Pagé: C'est arrivé à ma
connaissance...
M. Lefebvre: Vous disiez quoi au député à ce
moment-là?
M- Pagé: II n'en est pas question, en ce qui me concerne.
Pas question que je cède.
M- Lefebvre: Que vous acceptiez les amendements.
M. Pagé: Là j'insistais sur le fond à savoir
qu'on se devait d'avoir cette divulgation de la part des détenteurs d'un
tel privilège et on se devait de l'inclure et l'Opposition visait
à maintenir ce privilège au-delà de six mois uniquement,
mais ça peut aller jusqu'à deux ans.
M. Lefebvre: Est-ce qu'à votre connaissance, monsieur,
est-ce qu'à votre connaissance, les députés
péquistes en question, les députés de l'Opposition sont
intervenus auprès du député de Lévis, à
votre connaissance?
M. Pagé: Je ne peux vous dire.
M. Lefebvre: Vous ne savez pas. Vous avez mentionné dans
votre témoignage que parmi vos législations à vous, 132
était prioritaire. Votre priorité no 1, c'était 132. Pour
quelles raisons?
M. Pagé: Parce que si la loi n'était pas
adoptée avant le 31 décembre, tous les privilèges
détenus par ces citoyens, détenus, il faut bien se rappeler,
détenus depuis le 9 novembre 1978, devenaient caducs et je ne vais pas
comment au Parlement, malgré qu'un Parlement peut tout faire, je ne vois
pas comment on aurait pu réinstaurer un privilège alors que
pendant une certaine période de temps, évidemment, entre
décembre et mai ou juin, il y aurait eu un vide juridique pour de tels
lots et de telles personnes.
M. Lefebvre: Avez-vous, M. le ministre, suggéré
à des députés de l'Opposition de tenter de convaincre le
député de Lévis de votre raisonnement, du
bien-fondé de votre position?
M. Pagé: Je ne crois pas que textuellement ou formellement
j'ai demandé au député: Tentez donc de le convaincre
constatant et sachant pertinemment que, comme je l'ai dit ici dans d'autres...
suite à d'autres questions, le député de Lévis est
assez difficile à influencer; quand il a une décision de prise,
c'est ça, "that's it, that's all".
M. Lefebvre: Avez-vous discuté, vous, avec le
député de Lévis, en dehors des débats
réguliers? Je pense à la commission, je pense aux débats
de l'Assemblée comme tels.
M» Pagé: Le député de Lévis et moi, on
ne se parle pas en dehors du cadre formel de nos échanges
parlementaires.
M. Lefebvre: C'est pas des relations amicales ou... sans
être des ennemis vous ne vous parlez pas dans les corridors.
M. Pagé: Ce ne sont pas des relations hostiles,
mais...
Le Président (M. Lorrain):... directement, je veux dire:
Quelles sont ces relations mais directement, sans commentaire.
M. Pagé: Vous savez, vous me demandez de qualifier le
genre...
Le Président (M. Lorrain): Sans qualifier.
M. Pagé:... de rapports qu'on a. Je dois dire qu'on a des
rapports constants parce qu'on est souvent en Chambre, on est longtemps en
commission parlementaire, mais nos rapports se limitent à des
échanges parlementaires ici et à se saluer dans les corridors
lorsque ça se fait.
M. Lefebvre: Vous avez dit, M. le ministre, que le
député de Lévis ne fait pas des difficultés
seulement au gouvernement. Qu'est-ce que vous avez voulu signifier par cette
phrase-là?
M. Filion: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement. M. le député de Taillon, sur la question de
règlement.
M. Filion:... or, je pense qu'on est loin de la pertinence.
Alors, la question de règlement, je pense qu'on est absolument à
des années-lumières de la pertinence. Le député de
Frontenac nous entretient depuis une couple de jours, une couple de semaines de
la pertinence, mais malheureusement au bout de cinq minutes de questionnaire,
je vous laisse juge, M. le Président. Je pense que c'est clair que cette
question-là est tout à fait, tout à fait à des
années-lumières du coeur du mandat qui nous a été
confié par l'Assemblée nationale.
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur la même question de règlement.
M. Lefebvre:... je considère que c'est très
très pertinent. On a à évaluer la conduite de certains
parlementaires en regard d'événements précis du 19
décembre et dans les jours qui ont précédé le 19
décembre. Vous avez considéré, et à juste titre,
que toutes les discussions entourant l'adoption de la loi 132 étaient
pertinentes et vous avez également considéré comme
étant pertinentes les conversations téléphoniques entre un
parlementaire, un avocat, un autre, le même avocat et un autre
parlementaire; vous avez considéré comme pertinentes les
difficultés qu'il y avait au niveau de l'adoption de deux projets de
loi. Alors, les difficultés qui ont été faites d'un groupe
de parlementaires à l'autre sont pertinentes, les difficultés des
parlementaires entre eux à l'intérieur d'un même groupe, M.
le Président, sont également pertinentes. Et si vous avez
à date permis que j'interroge le témoin sur des démarches
faites par des députés de l'Opposition qui s'inquiétaient
de l'adoption de 132, c'est également pertinent, M. le Président,
de vérifier auprès du témoin, 's'il a eu connaissance,
quant à lui, de difficultés que faisait le député
de Lévis à l'intérieur de son propre groupe
parlementaire.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je rends ma
décision quant à la pertinence. La pertinence, je pense que il y
a eu de nombreuses questions de posées à M. le
député de Lévis et j'ai laissé, depuis huit, dix
heures de nombreuses questions posées par les membres de cette
commission-ci relativement aux privilèges, aux amendements
proposés ainsi qu'au fondement de la loi 132 et ça fait plusieurs
heures qu'on est là-dessus. Maintenant, si vous vous
référez et c'est là que j'en arrive, quant à la
pertinence, il y a pertinence, mais si vous vous référez à
une réponse antérieure de M. le député de
Lévis, ne la qualifiez pas, citez la réponse que M. le
député de Lévis a posée et, comme cela, on saura
clairement... Pas posée, mais plutôt répondue, là on
saura clairement et le témoin aussi pourra répondre, s'il est de
ta même opinion ou encore s'il a entendu, mais pas d'une façon
générale, qualifier une réponse d'il y a une semaine ou
deux semaines de M. le député de Lévis, alors que
peut-être personne ici ne se rappelle exactement les termes
employés par M. le député de Lévis. Alors c'est
important que vous posiez des questions directement. Posez-en trois, quatre ou
cinq, si vous ne vous rappelez pas directement de la phrase.
M. Lefebvre: C'est une question directe que j'ai posée au
témoin, M. le Président et j'ai même pas voulu ajouter
quelque commentaire que ce soit. Le témoin...
M. Chevrette:... l'entendre sur une décision.
Le Président (M, Lorrain): Non, non, mais là, j'ai
rendu ma décision, alors posez une question directe à M. le
ministre.
M. Lefebvre: Je rappelle au témoin ce qu'il a
déjà dit, à savoir que le député de
Lévis ne fait pas des difficultés seulement...
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! Â
l'ordre, s'il vous plaîtl À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Citation, citation.
M. Lefebvre: Si vous voulez qu'on cite le texte, on va citer le
texte.
Le Président (M. Lorrain): Oui. M. Rochefort:
Citation, citation.
Le Président (M. Lorrain): Voulez-vous citer exactement
pour l'intérêt du témoin.
M- Lefebvre: On y reviendra, M. le Président.
M. Rochefort: Citation, citation.
M. Lefebvre: Oui, oui, on y reviendra après le
dîner.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Est-ce qu'il s'agit d'une
citation de M. le ministre ou de M. le...
M. Lefebvre: Si on peut procéder autrement, M. le
Président, est-ce que, à votre connaissance, le
député de Lévis, en plus de vous faire des
difficultés à vous, de façon systématique, comme
vous l'avez mentionné quant à l'adoption de vos lois, est-ce que,
à votre connaissance à vous, le député de
Lévis fait des difficultés à ses propres collègues
parlementaires?
M. Pagé: M. le Président, on pourrait en parler
longuement. Je me limiterai à dire que c'est su et c'est connu.
M. Lefebvre: Qu'est-ce qui est su et qu'est-ce qui est connu?
M. Pagé: Que le député est parfois en
rupture de ban avec ses propres collègues, voyons! C'est public.
M. Chevrette: ...avec la cause qu'on a à étudier.
M- le Président, question de règlement.
M. Filion: Question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Ramenez... Ramenez...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Ramenez à 132 s'il vous
plaît tous les...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Alors, M. le leader de
l'Opposition, sur une question de règlement.
M. Chevrette: Bon.
M. Lefebvre: Même si le leader ne parle pas...
Le Président (M. Lorrain): À l'ardre! À
l'ordre, s'il vous plaît! (12 h 45)
M. Lefebvre: ...M. le Président, cela ne fait pas peur
à personne cela.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Chevrette: Ni toi ni lui.
M. Lefebvre: Cela ne lui donne pas non plus plus
d'intelligence.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il nous reste douze minutes et cela fait...
M. Chevrette: ...surtout pas de par vos questions.
Le Président (M. Lorrain): II reste douze minutes
là, cela fait trois heures qu'on est ici.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
question de règlement.
M. Chevrette: Tantôt...
M. Filion: J'ai une question de directive après.
Le Président (M. Lorrain): Question de directive
après la question de règlement. D'abord, M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, tantôt sur la loi
132, le député de Frontenac s'est élevé fortement
contre le fait que je questionne sur 132. Il a posé des questions de
règlement, il a mis des réponses dans la bouche du témoin
- vous relirez les galées -et là, il est rendu à savoir
les relations entre une aile parlementaire, entre l'aile
parlementaire qui n'est même pas de son affaire. Je veux dire: on
aurait beau avoir mille et une difficultés de notre côté,
ici même à la table, et cela ne le regarde en rien, M. le
Président, le fonctionnement à l'intérieur d'une aile
parlementaire. Quand ce n'est pas identifié carrément à
des faits inhérents à la cause qui nous implique... Ce n'est pas
la conduite du député de Lévis qu'on étudie ici
là, c'est la conduite du député de Portneuf.
Une voix: C'est cela.
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, c'est
totalement inadmissible, d'aucune manière. S'ils veulent étudier
la conduite du député de Lévis, ils feront une motion et
ils l'étudieront et là, vous jugerez de la pertinence. Mais tant
et aussi longtemps, et c'est même inadmissible qu'on tolère une
seule question là-dessus, sur la conduite du député de
Lévis, c'est complètement hors d'ordre. Je ne vois pas par quelle
logique, par quel jugement le moindrement rationnel, par quelle
méthodologie de travail intellectuel, un président pourrait
arriver à dire qu'une question sur la conduite du député
de Lévis est pertinente. Cela serait tellement aberrant qu'aucun des
présidents qu'il a été donné de connaître, M.
le Président, à l'Assemblée nationale accepterait une
question sur la conduite d'un individu qui n'est pas en cause. Je trouverais
ça aberrant, d'abord, pour le poste qu'occupe le président et le
prestige qu'il incarne dans cette institution, je trouverais aberrant qu'on
aille jusqu'à prétendre qu'une question sur la conduite d'un
individu non en cause et surtout avec ses propres collègues à
lui, serait pertinente à une cause. C'est une situation de juge, M. le
Président, juge mais aussi d'institution que vous
représentez.
Le Président (M. Lorrain): Entièrement
d'accord.
M. Chevrette: J'ai regardé depuis tantôt la question
du député de Frontenac, vous avez esquissé une
première décision, il y a récidive sur la conduite
même du député de Lévis, vous laissez
répondre le témoin à une question complètement
inadmissible. Mais là, je pense qu'il faut sonner la fin de la
récréation, M. le Président, ou bien vous allez permettre
d'étudier la conduite de tous les parlementaires, alors qu'il y a une
motion de privilège qui est simple, qui est claire, dont vous nous avez
fait lecture régulièrement, dont vous avez averti les
témoins à chaque fois qu'ils entraient dans la boîte, vous
avez dit aux témoins ici: Voici la motion qu'on a devant nous,
étudier la conduite du député de Portneuf quant aux
pressions en vertu de l'article 55 de nos règlements, paragraphe 10.
C'est vous-même qui le citez, c'est vous-même qui faites appel aux
témoins pour qu'ils s'en tiennent à ça, c'est
vous-même qui demandez aux parlementaires...
M. Lefebvre: Question de règlement, M. le
Président. On a droit à une plaidoirie, là. J'aimerais
qu'on s'en tienne à la question de règlement.
M. Chevrette: C'est une plaidoirie sur la recevabilité de
votre question que je fais, c'est bien pire.
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Donc, je vais continuer, M. le Président?
Le Président (M, Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît! S'il vous plaît, en conclusion. Allez, en conclusion, parce
que je pense qu'on est sorti un peu plus que sur la recevabilité de la
question de M. le député de Frontenac. Alors, j'aimerais
ça que vous concluiez sur votre question de règlement. À
l'ordre, s'il vous plaîtl M. le leader de l'Opposition, en conlusion,
s'il vous plaît, sur la question de règlement. À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je peux continuer, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): Oui, brièvement, s'il
vous plaît!
M. Chevrette: Si jamais vous avez à motiver cette question
de règlement, j'aimerais bien, M. le Président, que vous nous
indiquiez en quoi la question est pertinente dans votre décision.
J'aimerais que vous nous indiquiez en vertu de quelles règles de
procédure vous vous basez. J'aimerais que vous nous indiquiez à
quel endroit du règlement ou du consensus de procédure qu'on a
établi, ça vous permettrait de juger la pertinence de cette
question? En quoi ça apporterait, en quoi la question du
député de Frontenac, qui dit: Quels sont les problèmes
vécus par le député de Lévis à
l'intérieur de sa formation politique, à toutes fins pratiques -
qui est l'esprit de la question - en quoi ça vient éclairer la
conduite du député de Portneuf? En quoi ça vient justifier
un appel téléphonique à Me Lemay? En quoi ça
justifie les interprétations -diverses qu'il peut y avoir?En
quoi ça change le message qui a été fait à Mme
Lecours? En quoi? Absolument en rien, M. le Président.
J'ose espérer - je le souhaite de tout coeur - que votre
décision sera très motivée et qu'on pourra voir les
nuances exactes sur lesquelles vous vous appuyez pour pouvoir
rendre une décision qui serait la moindrement acceptable à
nos yeux.
Le Président (M. Lorrain): Je pense plutôt aux
nuances.
M. Lefebvre: M, le Président... Le Président (M.
Lorrain): Allez.
M. Lefebvre: Lorsqu'il est établi clairement...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sur la question de règlement,
M. Lefebvre:... que des députés de la formation
politique, que la même formation politique que celui qui a accusé
le député-ministre d'être intervenu dans son droit de vote,
lorsque des députés de sa propre formation politique discutent
avec le ministre concerné par la loi 132 - c'est en preuve -pour savoir
de quelle façon on pourrait s'entendre pour finalement adopter une loi
que, eux, ces députés-là considèrent comme
étant bonne, valable, je considère, M. le Président, qu'il
devient très pertinent de vérifier non pas ce qui se passe
à l'intérieur du caucus, ça, je suis parfaitement d'accord
avec le leader de l'Opposition, j'ai pas à aller fouiller au niveau des
intimités des parlementaires d'en face, je n'ai pas à me demander
et je n'ai pas non plus à vérifier ce qui se dit à
l'intérieur du caucus même concernant supposément le
député de Lévis, c'est pas ce qui m'intéresse, mais
j'ai le droit de vérifier, M. le Président, pour quelle raison
les députés de l'Opposition s'enquièrent auprès du
ministre de quelle façon on pourrait procéder pour adopter 132.
J'ai également le droit de vérifier les discussions entre les
députés de l'Opposition et le ministre lorsqu'on parle de
l'amendement suggéré par le député de Lévis.
C'est en preuve, ça devient excessivement pertinent de vérifier
pour quelle raison M. le ministre a cru que c'était inutile de passer
par les députés de l'Opposition pour pouvoir sensibiliser le
député de Lévis. Ça devient très très
très pertinent.
Quant à l'affirmation du leader de l'Opposition que la conduite
du député de Lévis n'est pas en cause, c'est de la
démagogie pure venant d'un leader de l'Opposition...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Lefebvre:... qui est censé connaître...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
Non, là, on recommence encore à faire des commentaires sur
des arguments ou des opinions que...
M. Lefebvre:... qui est censé connaître...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, M. le député de Frontenac.
M. Chevrette: Est-ce qu'il retire ses paroles?
M. Lefebvre: Absolument pas, je ne retire pas mes paroles, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Chevrette: Bon, bien, il va les retirer. Il va retirer ses
paroles.
M. Lefebvre: Je ne retire pas mes paroles, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, sans commentaires, faites votre point de droit.
M. Lefebvre: Le leader de l'Opposition connaît...
Le Président (M. Lorrain): Faites votre point de
droit.
M. Chevrette: II va retirer ses paroles.
M. Lefebvre: Je ne retire pas mes paroles.
M. Chevrette: M. le Président, je demande qu'il retire ses
paroles.
M. Lefebvre: M. le Président, j'ai le choix entre
"démagogie" ou "ignorance".
Le Président (M. Lorrain): Non. M. le député
de Frontenac.
M. Lefebvre: Ignorance de l'article 322 des règlements de
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, s'il vous plaît...
M. Chevrette: M. le Président, je lui demande de retirer
ses paroles.
Le Président (M. Lorrain):... dans l'intérêt
et la bonne marche des travaux, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: M. le Président, je vais modifier le mot
"démagogie" par "ignorance".
Le Président (M- Lorrain): Bon, alors, continuez.
M. Lefebvre: L'article 322 permet et nous oblige à
évaluer la conduite du député de Lévis et l'article
se lit comme suit et je suis convaincu que le leader de l'Opposition le
connaît, ou devrait le connaître: "Tout député qui
porte une accusation non fondée peut être trouvé coupable
d'une violation des droits et privilèges de l'Assemblée ou de
l'un de ses membres. En statuant sur !e rapport de la commission,
l'Assemblée nationale le sanctionne, détermine la sanction
imposée à ce député, s'il y a lieu. " L'accusateur,
c'est le député de Lévis. L'article 322 nous permet
d'évaluer et nous oblige même à évaluer si
l'accusation est bien fondée et, par voie de conséquence, le
comportement de l'accusateur est non seulement pertinent mais fait partie
intégrante de nos débats.
Une voix: C'est notre mandat.
M. Lefebvre: Ça fait partie du mandat de
l'Assemblée nationale, que l'Assemblée nationale a donné,
M. le Président, à la commission de l'Assemblée
nationale.
Une voix: Transparence.
M. Lefebvre: On a à évaluer au moins, sinon autant
la conduite du député de Lévis que la conduite du
député de Portneuf, M. le Président.
Des voix:...
M. Lefebvre: Alors, en résumé, M. le
Président, on est en droit de vérifier...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... la relation du député de
Lévis à l'intérieur de son groupe parlementaire
strictement en regard de la loi 132, je ne veux pas aller plus loin parce que
c'est en preuve que des députés de sa propre formation ont
contacté le ministre pour évaluer la possibilité de passer
la loi 132, et le deuxième volet, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaîtl Sans commentaires dans votre question de
règlement, s'il vous plaîtl
M. Lefebvre: Et le deuxième volet, M. le Président,
c'est que la conduite du député de Lévis fait partie
intégrante de l'évaluation des travaux de la commission de
l'Assemblée nationale.
M. Chevrette: M. le Président, question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Bien, je vais rendre...
M. Chevrette: Juste avant que vous rendiez votre
décision.
Le Président (M. Lorrain): Ça n'a rien à
voir avec ça...
M. Chevrette: Ça n'a rien à voir...
Le Président (M. Lorrain):... avec l'argumentation,
à savoir si la conduite est pertinente...
M. Chevrette: Je voudrais vous demander, moi, si j'ai le
droit...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette:... comme parlementaire de faire des allusions, M.
le Président, aux habitudes que pouvait avoir le député de
Portneuf, par exemple.
M. Lefebvre: Question de règlement.
M. Chevrette: Je vous pose une question.
Le Président (M. Lorrain): Bon.
M. Lefebvre: Sur la question de règlement. Sur la question
de règlement.
M. Chevrette: Non, non, je n'ai pas fini.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Je vais
répondre.
M- Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Ça fait partie de ma
décision...
M. Chevrette: O. K.
Le Président (M. Lorrain):... je pense, des interrogations
que vous... donné...
M. Chevrette: Question de...
Le Président (M. Lorrain): Je pense que ce sont les
interrogations... J'ai déjà une demande de question de directive
de la part de M. le député de Taillon, après que je vais
avoir rendu ma décision sur la question de règlement. Alors, la
question qui a été posée par M. te député de
Frontenac au tout début était la suivante: Est-ce qu'à
votre connaissance, M. le député de Lévis faisait des
difficultés à ses propres collègues? Alors, il y a eu
immédiatement une question de règlement qui a été
soulevée par M. le leader. de l'Opposition - et la grande
majorité, ce n'est pas la totalité - mais une bonne partie de
l'argumentation de M. le
leader de l'Opposition est à l'effet que la conduite en
général - je dis bien en général, en
général - d'un député, peu importe, que ce soit M.
le ministre qui est témoin ou d'autres députés qui
viendront ou M. le député de Lévis en particulier, n'est
pas pertinente aux travaux de cette Assemblée étant donné
le mandat, le mandat très précis, et dont j'ai rappelé
à plusieurs reprises depuis le début des travaux de cette
commission, qui nous est confié. Les relations
privilégiées ou les relations qu'a pu entretenir le témoin
avec M. le député de Lévis sont pertinentes. Ces
relations, les échanges entre les deux, comme M. le député
de Lévis peut nous rapporter ou rapporter à l'autre
député - si c'est pertinent, et j'en reviendrai après -
sont pertinentes aux travaux de cette commission. Les relations entre le
député de Lévis et ses collègues au d'autres
personnes de l'Assemblée nationale, sous quelque autre sujet que ce soit
qui n'est pas, qui ne fait pas partie de notre mandat ici, ne sont pas, ne sont
absolument pas pertinents, ces propos, et ne peuvent être amenés
devant cette commission sinon on ne finira pas. Tous les termes, tous les
échanges ou toutes les histoires ou toutes les actions qui ont pu
intervenir entre les députés ou M. le témoin seraient
admissibles en preuve. Mais ce qui est extrêmement important par exemple,
et ça, je veux que ça soit bien compris, là, vous avez
fait allusion, M. le leader de l'Opposition, a une question de règlement
qui a été soulevée par M. le député de
Frontenac il y a quelques heures, peut-être une heure et demie ce matin
relativement à la pertinence du 132... Depuis le début, j'ai
rendu plusieurs décisions quant à l'interrogation sur la loi 132
reconnaissant que le privilège, l'amendement, tout ça
était pertinent et M. le député de Lévis s'est
exprimé très librement et très longuement aux questions
posées autant par la formation gouvernementale que par l'Opposition
là-dessus.
Ce matin, lors de la question de M. le député de Frontenac
qui soulevait encore une fois, suite à plusieurs heures d'interrogation
è M. le témoin, M. le ministre qui est présent ici, la
pertinence sur la 132, j'ai rejeté la question de règlement de M.
le député de Frontenac et j'ai accepté les questions qui
étaient posées sur la pertinence de 132, sur les amendements
possibles et sur ce que voyait comme principe fondamental, et je reprends les
termes qui ont été posés, M. le ministre ce matin.
Je reconnais qu'actuellement M. le député de Frontenac, si
vous reliez votre question directement à 132 et le sujet qui nous
concerne ou 272, je vais accepter votre question...
M. Lefebvre: Pas d'autre chose, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Mais si c'est une question
générale sur la conduite de monsieur... Sur... Je vais
terminer.
M. Lefebvre: La conduite générale du
député de Lévis, ça ne m'intéresse pas,
c'est en regard de 132 je l'ai dit. Je l'ai dit.
Une voix: Ah bon!
M. Chevrette: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Bon! Alors il faut le dire.
Non, non.
M. Chevrette: Qu'on relève les galées
immédiatement, M. le Président.
M. Lefebvre: Je l'ai plaidé, ça.
Le Président (M. Lorrain): II admet qu'il va ajouter le
132 mais si vous n'avez pas ajouté 132, mot, ce que j'ai pris ici ce
n'était pas pertinent. Et les relations que peut entretenir M. le
député de Lévis avec ses collègues sur quelque
autre loi n'ont pas à influencer la commission ici en quoi que ce
soit.
M. le député de Frontenac, vous avez toujours la parole.
Écoutez! Il est 1 heure. Je pense que nous allons suspendre les
travaux.
M. le ministre, je suis obligé de vous demander d'être ici
à 15 heures et je vais céder à nouveau la parole à
M. le député de Frontenac pour votre interrogatoire.
Les travaux de cette commission sont suspendus jusqu'à 15 heures
cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Les travaux de cette commission vont reprendre.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui. M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Avec la permission du leader du gouvernement, de
nous donner l'état de la situation quant aux témoins
éventuels juste pour qu'on puisse peut-être, au cours du
débat, se parler quelque peu.
M. Lefebvre: Ce que je peux vous dire pour le moment c'est que
les témoins assignés, à savoir MM...
M. Chevrette: Trudeau, Bourbeau.
M. Lefebvre: Trudeau, Bourbeau et Marc-Yvan
Côté...
M. Chevrette: Côté.
M. Lefebvre:... sauf erreur, auraient été
assignés au moment où on se parle peut-être et, en
principe, en principe je dis bien, ces témoins-la pourraient être
disponibles pour demain. Pour demain. Mais je dis bien en principe, M. le
Président, parce qu'on n'a pas encore de précisions formelles
quant à M. Bourbeau particulièrement.
M. Chevrette: Mais est-ce qu'on pourrait fixer d'ici...
M. Lefebvre: D'ici la fin de l'après-midi, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Ah! Il y a une information
peut-être additionnelle que...
M. Chevrette: Ouais. C'est à cause du 48 heures là,
je le comprends et tout ça là.
Le Président (M. Lorrain): Ah non! C'est pas
là-dessus. Moi, je ne veux pas intervenir là-dessus.
M. Chevrette: Non. C'est parce que si M. le leader du
gouvernement me dit, indépendamment de l'ardre dans lequel on peut avoir
donné dans la lettre, si le leader du gouvernement me dit: M.
Côté serait disponible demain mais pas M. Bourbeau, peu
importe...
M. Lefebvre: C'est pour ça, M. le Président, que je
suis prudent parce que chacun des témoins peut invoquer le 48 heures de
délai et on comprendra que si c'était le cas, en principe, demain
la commission ne pourrait pas siéger. Je veux être prudent moi,
parce qu'on n'a pas vérifié avec aucun des témoins au
moment où on se parle et, dépendamment de l'agenda des deux
ministres particulièrement, ils pourraient l'un et l'autre
peut-être invoquer le 48 heures.
M. Chevrette: Mais, quant à nous, quant à nous, ce
qu'on souhaite, c'est que les deux ministres particulièrement, que les
deux ministres soient disponibles pour demain et même demain matin dix
heures.
Le Président (M. Lorrain): Oui. Sur le même
point.
Une voix:... et après je vous écouterai.
Le Président (M. Lorrain): O. K. La seule information que
le secrétaire de la commission a obtenue relativement à
l'assignation d'hier soir qui nous a été remise hier soir, c'est
au sujet de M. Trudeau. Quel est son prénom?
Une voix: André.
Le Président (M. Lorrain): M. André Trudeau. Il
semblerait qu'il est à l'extérieur du pays. C'est l'information
qu'on a. On n'a pas vérifié rien de ça là. C'est
l'information qu'on nous a donnée suite à la demande
d'assignation qui nous a été faite hier soir ici même
à la commission. C'est ce qui a été communiqué.
C'est la seule information. S'il y a d'autres informations, je pense que le
député de Frontenac est mieux placé que la commission ou
le personnel de la commission quant aux deux autres assignations qui sont les
ministres. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, moi je crois qu'il
serait utile que, peut-être, le secrétaire de la commission tente
simplement de s'informer auprès de ces personnes, dans les prochaines
minutes, pour voir si oui ou non ils acceptent de venir demain en comprenant
très bien qu'ils ont pleinement le droit de dire: Je désire me
prévaloir du délai de 48 heures, ce qui serait pleinement
légitime, mais, M. le Président, c'est clair que ça a un
impact, non seulement sur l'agenda de ces deux personnes qui est prioritaire,
mais ça a un impact sur l'agenda d'une quinzaine d'autres personnes et
il serait utile que pour des fins de planification et d'organisation des
horaires de tout le monde qu'on puisse être en mesure de le savoir.
Le Président (M. Lorrain): Ç'a a déjà
été fait.
M. Rochefort: Donc, la réponse est quoi?
Le Président (M. Lorrain): II n'y a pas de réponse
encore. On attend des réponses. Je ne pense pas que M. Comeau ait
parlé personnellement aux deux ministres. Il a logé les appels.
Il attend des réponses. Comme le leader de l'Opposition, le leader
adjoint de l'Opposition attend des réponses, c'est à
l'assignation. Il y a peut-être des assignations qui ont
été faites très tardivement avant de trouver quelqu'un,
faire signifier. Hier soir, c'était impossible. On a eu la demande tard.
On n'a pas pu envoyer un huissier à onze heures et demie ou minuit hier
soir pour assigner quelqu'un pour jeudi matin. Ça a été
fait dans le courant de l'avant-midi et je n'ai pas encore, en tant que
président de la commission de l'Assemblée nationale, le rapport
de signification du huissier.
Nous allons avoir le rapport des significations. Nous verrons, à
ce moment, à quelle heure exactement chacune des personnes ont
été assignées. Mais là il
semblerait que le bureau du leader est en communication, qu'on n'a pas
encore le détail des agendas et de la décision. Ça va?
Ce matin, celui qui interrogeait M. le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation était M. !e député de
Frontenac. Â nouveau, M. le ministre, je vais céder la parole
à M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: M. le ministre, avant la suspension des travaux, ce
matin, on en était à vérifier les discussions que vous
aviez eues avec des députés de l'Opposition concernant la loi
132. Vous m'aviez dit que des députés de l'Opposition
étaient venus vous rencontrer afin de discuter de la loi comme telle.
Est-ce qu'il y a eu des discussions avec les députés en question
sur les amendements comme tels, ou l'amendement suggéré par le
député de Lévis?
M. Pagé: Oui. Tel que je vous l'indiquais ce matin, les
contacts qui m'ont été, qui ont été établis
par des députés référaient à la
nécessité de voir le projet de loi adopté et que pour
être adopté, je devais accepter les amendements du
député de Lévis.
M. Lefebvre: Lorsque vous avez mentionné aux
députés en question, aux députés au pluriel, que
vous vous refusiez la suggestion d'amendement du député de
Lévis, est-ce que vous avez compris dans vos discussions avec les
députés en question, que quant à eux, ils ne tenaient pas
à l'amendement en question suggéré par le
député de Lévis?
M. Pagé: Je ne peux dire, M. le député. Je
ne peux affirmer que leurs propos démontraient qu'ils ne tenaient pas
à l'amendement du député de Lévis. Cependant, leurs
propos démontraient que je devais accepter les amendements du
député de Lévis pour que le projet de loi,
c'est-à-dire pour que le privilège puisse être
reconduit.
M. Lefebvre: Pourriez-vous nous citer des propos, des
commentaires que les députés en question vous ont faits dans ce
sens-là, dans le sens que vous venez de mentionner là? Qu'est-ce
qu'ils vous disaient concernant l'attitude, la décision du
député de Lévis?
M. Pagé: Bien, il faut bien avoir à l'esprit que ce
sont des conversations qui se sont tenues dans un cadre privé, non pas
sur le parquet...
M. Rochefort: Une question de règlement...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Lefebvre: Je ne veux pas, M. le Président, avant
que...
M. Rochefort: Non mais... M. Lefebvre:... non, non.
M. Rochefort:... M. le Président, c'est parfaitement
relié à la question du député de Frontenac et
ça n'a pas pour but, d'aucune façon, je le rassure et vous
êtes maître d'empêcher sa question, M. le Président.
Or, je voudrais juste pouvoir...
M. Lefebvre: Ça me dérangerait pas, vous auriez le
droit de le faire.
M. Rochefort:... maintenant intervenir, M. le Président.
Je pense que si le député de Frontenac veut demander au
témoin quels ont été les propos tenus par certains
députés, qu'il serait normal que dans la réponse du
témoin, celui-ci nous indique qui. Or, quel député a tenu
quel propos? Sinon, M. le Président, on risque de tomber dans le
ouï-dire dans... Je pense qu'il faut que ces propos soient accolés
à des personnes, soient attribués à des personnes, sinon,
M. le Président, d'aucune façon il sera possible de
vérifier l'ensemble des réponses qui nous seront fournies et de
donner une valeur ou une autre à ces réponses-là.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Taillon?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la même
question de règlement, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président, en ce qui concerne et le
leader de l'Opposition a eu l'occasion de le dire, à plusieurs reprises,
nous sommes maîtres de nos questions, M. le Président. Les
questions sont posées. II est possible qu'il y ait d'autres questions
qui puissent être jugées nécessaires ou pertinentes par les
membres de l'Opposition. Ils poseront ces questions-là, ils demanderont
c'est qui qui a dit cela, en tout cas, les questions qu'ils voudront poser.
Nous, on va poser les nôtres et puis vous poserez les vôtres et
comme ça il n'y aura pas plus de problème que ça.
M. Chevrette: Pourquoi...
M. Doyon: S'ils veulent savoir les noms, M. le Président,
je suggère que le député de Gouin pose la question
à M. le ministre de l'Agriculture s'il lui reste du temps, je le sais
pas, et lui demandera c'est qui qui a dit ça. Et c'est comme ça
que ça marche, M. le Président. Chacun pose ses questions
à sa
guise.
Le Président (M. Lorrain): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Louis-Hébert?
M. Doyon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, écoutez, ce qui
est très important dans les questions, ce qui est la base même de
toutes les questions... Chacun, s'il y a quelqu'un qui pose une question
incomplète, vous pourrez toujours - et vous avez le temps - vous pourrez
compléter, chacun a sa stratégie, chacun a ses objectifs. Ce qui
est très impartant, c'est la pertinence. La question qui est
demandée, si elle est reliée à 132, 272, une opinion, cela
va.
Quand... par exemple, vous ne pourrez pas exiger de l'autre formation de
poser les questions qui feraient l'affaire d'une autre formation. La
pertinence, c'est la base et c'est cela qui est important, Quant au reste, si
vous trouvez la réponse incomplète, vous allez avoir toute la
chance, et vous avez, je pense, les enveloppes nécessaires, je n'aime
pas le terme contre-interroger, mais d'interroger à nouveau et de
peut-être compléter les réponses que M. le ministre
rendra.
M. Filion: Question de règlement, M. le Président.
Est-ce que je dois comprendre...
Le Président (M. Lorrain): Ma décision est rendue
sur ce point-là.
M. Filion: Oui. Question de directive.
M. Lefebvre: M. le Président, M. le Président.
M. Filion: Question de directive.
Le Président (M. Lorrain): Juste une seconde.
M. Filion: Question de directive, parce qu'on a des questions
à poser.
Le Président (M. Lorrain):... c'est une directive,
règlement.
M. Filion: Cette commission n'a pas terminé ses
travaux.
M. Rochefort: Loin de là.
M. Filion: J'ai entendu ce que vous avez dit, M. le
Président, je le respecte. Je voudrais juste savoir: est-ce que ce que
vous venez de décider veut dire qu'on peut poser des questions à
un témoin: est-ce que quelqu'un a dit cela, sans demander qui?
Le Président (M. Lorrain): Bien, j'espère que cela
va être pertinent. J'ai mentionné dans ma décision sur 132
ou 272. Il y a pire, plus que cela. Si ce n'est pas important, si vous pensez
qu'à la fin du débat, cela n'a aucune valeur dans la question de
privilège qu'on a étudiée, je pense bien qu'il y a
plusieurs réponses qui ont été données depuis trois
semaines, qui n'ont pas la même valeur, la même pondération,
quant à la décision que vous allez prendre, si c'était
fondé ou pas fondé. C'est que cela vienne de qui ou je ne sais
pas quoi, cela n'ajoute rien au débat, cela n'ajoute pas plus au
débat, je pense.
M. Filion: Je vais vous donner un exemple, M. le
Président, sur ma question de directive.
M. Ooyon: C'est sur quoi au juste là?
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
directive...
M. Filion: Sur une question de directive.
Le Président (M. Lorrain):... qui vient d'être
soulevée et je vais vous reconnaître.
M. Doyon: Oui, M. le Président, vous avez...
M. Filion: Question de directive.
M. Doyon: Oui, mais comment cela marche là?
M. Filion: Je suis sur une question de directive, M. le
député de Louis-Hébert, alors...
M. Doyon: Une question de directive M. le Président, c'est
quoi? C'est une question de règlement et le
député de Taillon fait valoir son point de vue. Vous
interviendrez, M. le Président, si je comprends bien la
procédure, après que le côté ministériel aura
fait valoir son point de vue sur les prétentions, les
allégués et les représentations qui vous sont faites par
l'Opposition.
Le Président (M. Lorrain): Je vais vous reconnaître,
M. le député de Taillon.
M. Doyon: Je pense que c'est la façon dont on a
procédé jusqu'à maintenant. II ne s'agit pas d'un
échange de dialogue, de conversation entre le président et puis
c'est ce qui se passe dans le moment, M. le Président.
M. Filion:... ma question de directive. Le Président
(M. Lorrain): Alors, vous
avez fini votre question de directive, je vais reconnaître le
député... Vous avez raison, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. te Président.
M. Filion: Bon. Alors sur la question de directive, ma question
de directive est la suivante: est-ce que l'application de votre...
Une voix: ...député de Louis-Hébert.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, mais il va terminer
sa question de directive...
M. Filion: Non, non, mais je n'ai pas terminé ma question
de directive.
Le Président (M. Lorrain): Je vais reconnaître
après cela...
M- Doyon: C'est la deuxième intervention, en tout cas.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, elle n'est pas
complétée. Allez. En conclusion, s'il vous plaîtï
M. Filion: J'ai pas terminé ma question de directive. Je
la commençais à peine, M. le Président, quand vous...
M. Chevrette: Des leaders, des leaders. Il t'a
donné...
M. Filion: Bon. Ma question directive, c'est la suivante: Est-ce
qu'on peut, comme membres de la commission, arriver à soupeser un
témoignage portant sur des paroles prononcées par une personne
alors qu'on sait pas c'est qui qui l'a prononcée. Comment, par exemple,
pourrions-nous... et contredire ce que n'importe quel témoin dirait
alors qu'on sait pas qui a prononcé ces paroles-là'?
Je pense que ça prend un minimum de cohérence quand on
pose une question. Il faut, à un moment donné, si on veut...
Sinon, est-ce que quelqu'un a dit ça depuis quatre... depuis entre le
mois de novembre puis le mois de décembre, sans demander c'est qui? Je
pense que ça devient vraiment un exercice cette fois-là, je pense
qu'on peut dire, avec beaucoup d'à-propos, loufoque d'arriver à
questionner un témoin sur ce qui a été dit, alors qu'on ne
lui demande pas c'est qui qui l'a dit.
Il y a quand même une limite, je pense. Sinon, nos travaux, bien,
on finira plus. Eux autres vont demander qu'est-ce qu'ils ont dit. Nous autres,
on va demander qui le dit, puis après ça, vous allez demandez
quand il l'a dit. Non, il faut circonscrire un petit peu nos débats
quand on interroge, M. le Président.
Alors, ma question de directive, donc, dans ce sens-là, est-ce
que l'application...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordrel À
l'ordrei  l'ordre! A l'ordre! À l'ordrel À l'ordrel
À l'ordre!
M. Filion: ...de votre directive veut dire que le témoin,
à l'invitation expresse, d'ailleurs, du député de
Frontenac qu'il questionne, pourrait dire: Bien oui, il y a quelqu'un qui m'a
dit ça'
Des voix: Ha! Hal Hal
M. Filion: Alors, qu'on puisse savoir, nous, comme parlementaires
qui avons suivi ces travaux depuis le début, comme ceux qui sont autour
de la table, sans savoir qui l'a prononcé, je pense qu'il faudrait...
J'aimerais beaucoup, M. le Président, que vous nous éclairiez
là-dessus.
Le Président (M. Lorrain): Alors, vous avez
terminé, M. le député de Taillon?
M. Chevrette: Oui, M. le Président. Il est après
loger son appel pour savoir...
Le Président (M. Lorrain): Alors, M, le
député de Louis-Hébert, sur la même question de
règlement ou directive. (15 h 30)
M. Doyon: Qui est la même que vous avez vidée, il y
a trois minutes, M. le Président. Et c'est une question fondamentale,
à savoir: Est-ce qu'on n'a pas fait d'abus, M. le Président, des
questions à poser? L'Opposition a eu tout le loisir. Ils ont
alterné les uns après les autres, chacun prenant la relève
de l'autre et posant les questions qui leur plaisaient, de la façon dont
ça leur plaisait, M. le Président, et en respectant la
règle fondamentale de la pertinence.
M. le Président, on est assez adulte et mature pour poser des
questions qui nous paraissent s'imposer. Si l'Opposition juge qu'il y a des
questions qui devraient être posées et sur lesquelles elle devrait
avoir des réponses, il lui appartient de poser ces questions, M. le
Président. Nous n'avons pas à recevoir - et nous en faisons une
question de principe, M. le Président - d'ordre de l'Opposition sur le
genre de questions que nous allons poser à savoir: Vous devriez dire ci,
vous devriez dire ça. Ce n'est pas à eux à nous dire
ça, M, le Président, comme ce n'est pas à nous de leur
dire. Nous nous garderons bien, M. le Président, de le faire. Il est
important que chacun respecte les rôles qui lui sont assignés.
Nous, on a le droit de poser des questions qui nous paraissent
importantes et qui nous paraissent avoir des réponses qui vont venir du
témoin. Il y a d'autres
questions que l'Opposition peut juger à propos. On ne leur nie
pas ce droit-là. Et ce n'est pas les rires, les ricanements après
ça on va demander quand puis qui et etc. S'ils veulent demander quand et
qui si on ne l'a pas demandé, ils jugent ça important, ils le
demanderont quand et qui.
M. Polak: En conclusion.
M. Doyon: Attends toi! Toi, tais-toi!
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Doyon: M. le Président, et c'est dans ce sens que je me
dis que la présidence ne doit, d'aucune façon, interférer
dans les questions qui sont posées en autant qu'elles soient pertinentes
- et vous l'avez décidé à maintes reprises - les questions
posées par le député de Frontenac sont pertinentes, elles
se rapportent à 132 en rapport avec 272. Et on va poser des questions
qui s'imposent. S'il y en a qui doivent être posées selon
l'Opposition, ils feront leur job, ce n'est pas à nous de faire leur
job, M. le Président, et de cette façon les cochons seront bien
gardés.
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! Je pense
que la décision que je vais rendre, suite à la question de
directive qui a été demandée par M. le
député de Taillon, va être dans le même sens que
toutes celles que j'ai mentionnées depuis le début.
Pendant plusieurs heures, souvent des témoins ont
été interrogés et souvent sur les mêmes sujets, mais
en additionnant une précision, en demandant une additionnelle, en
demandant quelque chose de complémentaire pour pouvoir avoir, soit des
termes exacts, même si la réponse a été
répétée souvent à plusieurs exemplaires. Chacun des
membres de cette commission est libre, si la question est pertinente, de
demander et de se reprendre à deux, trois ou quatre reprises, en autant
que ce ne soit pas un répétition, des... S'il vous
plaît!... réponses additionnelles ou complémentaires.
Je ne pourrai jamais, et je n'émettrais jamais une directive
à l'effet qu'une ' des deux formations politiques va dicter le contenu
des questions de l'autre formation politique. Je m'excuse. Il est permis
à tous et chacun ici de poser des questions complémentaires ou
additionnelles à l'intérieur de son enveloppe. Et si les
questions ou les réponses de M. le ministre ne satisfont pas une des
deux formations politiques, il vous est toujours loisible de poser des
questions additionnelles pour leur faire compléter les réponses
qu'il aura données ici à cette commission.
Il est impossible, il m'est impossible pour moi d'accepter qu'une
formation politique dicte le contenu des questions de l'autre formation. Chacun
aura le loisir, dans son enveloppe qui a été entendue selon le
consensus avant que la commission commence ses travaux, de poser les questions
additionnelles ou complémentaires. S'il y a des points qui ne sont pas
clairs ou si un membre de cette commission pense qu'un témoin aurait du
dire, ne dit pas tout, il a oublié des choses, lui fera préciser.
Je pense que vous le faites très bien depuis le début des travaux
et ça non seulement au témoin actuel, mais aux autres
témoins aussi.
Alors, je vais céder la parole à M. le
député de Frontenac.
M. Polak: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Sainte-Anne, sur une question de règlement.
M. Polak: II y a un autre aspect, parce que j'ai entendu, pendant
toute la discussion... J'ai un autre problème, c'est que le
témoin a un secret professionnel, lui, des renseignements de nature
privilégiée. Révéler le nom de quelqu'un avec
lequel il a parlé, ça va être très difficile. Je
pense qu'on doit vider ça. Est-ce qu'on peut libérer le
témoin de son obligation professionnelle vis-à-vis les
témoins de ne pas révéler leur nom?
Le Président (M. Lorrain): Écoutez, est-ce qu'il y
a quelqu'un qui veut intervenir sur ce point-là?
M. Chevrette: M. le Président, je trouve que c'est...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader ' de
l'Opposition.
M. Filion: C'est fantastique...
M. Chevrette: Je trouve excellente l'intervention que le
député de Sainte-Anne a faite, M. le Président...
M. Polak: Merci.
M. Chevrette:... puis je considère qu'il est en train de
bien démontrer le ridicule de la situation.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Sainte-Anne, si jamais la question se pose du secret professionnel,
j'interviendrai à ce moment-là. Je pense que, ce matin, il est
intervenu une fois, quand il s'agit du Conseil exécutif, du Conseil des
ministres, je pense que ça a été clair, tout le monde
à matin l'a dit, c'est confidentiel. Si jamais une question se repose
à nouveau, on verra en temps et lieu. Mais je ne veux pas rendre de
décision sur des cas possibles qui viendraient
dans le futur.
M. le député de Frontenac, vous avez toujours la
parole.
M. Lefebvre: M. le ministre, il y a combien de
députés péquistes qui vous ont parlé des
amendements suggérés par le député de Lévis?
Et c'est à vous à décider si vous voulez les nommer ou
pas. Par délicatesse, j'avais voulu les laisser anonymes, mais on va y
aller.
M. Pagé: À ma connaissance...
M. Lefebvre: On va y aller, M. le ministre, c'est à vous
à décider si vous les nommez ou pas, parce qu'on sait que...
Le Président (M. Lorrain): Une question, une question! Sur
une question, pas de commentaire, s'il vous plaît!
M. Lefebvre:... un député péquiste peut
être en désaccord avec son confrère, c'est comme ça
que ça fonctionne chez eux. C'est à vous à décider
si vous les nommez ou pas, M. le ministre.
Le Président (M. Lorrain): Question! M.
Chevrette:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M, Lefebvre: M. le Président, le leader, pourriez-vous le ramener
à l'ordre de temps en temps? Aussitôt qu'une question ne fait pas
son affaire, ou une réponse, c'est les insultes...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... c'est les commentaires qui, évidemment,
sont à son niveau...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... on le connaît.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, en
réponse, s'il vous plaît!
M. Lefebvre: Je vous demanderais d'avoir un peu d'éthique,
M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac.
M. Lefebvre: S'il n'en a pas avec la présidence, il va en
avoir avec ses collègues.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac!
M. Lefebvre: S'il n'en a pas avec la présidence, il va en
avoir avec ses collègues.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac, si on ne peut pas rétablir l'ordre, je vais être encore
obligé...
M. Lefebvre: S'il ne respecte pas la présidence, il va
respecter ses collègues, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Frontenac! M. le ministre, si vous voulez répondre à la question,
s'il vous plaît, il y a une question bien précise qui vous a
été...
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaîtl M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, comme je l'indiquais
précédemment, à quelques reprises, des
députés ont porté à mon attention le fait que je
devrais accepter l'amendement proposé par le député de
Lévis concernant le projet de loi 132. Les députés qui ont
soulevé cette question à l'Assemblée - à ma
connaissance, c'est-à-dire, en dehors des travaux de l'Assemblée
évidemment - je me rappelle plus particulièrement de trois
députés qui représentent, évidemment, des
circonscriptions qui étaient susceptibles d'être affectées
par une telle législation.
Une voix: Pouvez-vous les nommer?
M. Lefebvre: Avez-vous des réticences à les
nommer?
M. Pagé: évidemment, j'ai des réserves
à les nommer, M. le Président, parce que ce sont des
conversations privées qu'on qualifie d'en arrière du trône.
Cependant, si on me le demande, évidemment, je vais les nommer. Je pense
pas qu'il y ait de mal à ce que je les nomme: M. le député
de Shefford, M. Paré, M. le député d'Abitibi, M. Gendron,
et M. le député de Joliette ont porté cette question
à mon attention.
M. Lefebvre: Est-ce que, M. le ministre, vous avez fait des
suggestions à ces trois députés quant au message qu'ils
auraient pu porter au député de Lévis?
M. Pagé: Je n'avais pas de message à faire porter.
Cependant, j'ai indiqué qu'en ce qui me concerne comme ministre, on se
devait d'accepter le projet de loi tel que proposé, à savoir le
mécanisme régulateur au niveau de la divulgation.
Le Président (M. Lorrain): On continue, là, on
continue.
M. Lefebvre: Continuez, M. le ministre. Vous avez
été interrompu par le leader de l'Opposition. Continuez.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Pagé: J'ai indiqué, M. le Président, que
ma réaction a été de faire valoir auprès de ces
collègues le fait que le mécanisme régulateur et de
divulgation se devait d'être dans le projet de loi et que je ne pouvais
accepter cet amendement.
M. Lefebvre: Avez-vous, M. le député de Portneuf,
eu l'occasion de discuter du bill privé 272 avec le député
de Lévis?
M. Pagé: Non.
M. Lefebvre: Est-ce que M. le député de
Lévis a cherché à vous rejoindre dans les jours qui ont
précédé le 19 décembre? À votre
connaissance, est-ce qu'il vous a contacté, est-ce qu'il a
communiqué avec vous par téléphone ou autrement?
M. Pagé: Non.
M. Lefebvre: À votre bureau?
M. Pagé: Non.
M. Lefebvre: Vous n'avez jamais eu de message du
député de Lévis concernant 272?
M. Pagé: Je vous ai indiqué ce matin que le
député de Lévis et moi, nos échanges se limitent
à des échanges dans le cadre de nos travaux parlementaires.
M. Lefebvre: Avant que la motion de privilège soit
soulevée par le député de Lévis en Chambre, est-ce
que le député de Lévis, en Chambre, ou en arrière
du trône, dans les couloirs accédant à la Chambre, vous a
parlé?
M- Pagé: Non.
M. Lefebvre: Est-ce qu'il vous a demandé des explications
sur la conversation qu'il aurait eue avec Me Lemay?
M. Pagé: Du tout.
M. Lefebvre: Est-ce que, un membre de la formation
péquiste, soit le leader de l'Opposition, le whip, un autre
député, vous a parlé concernant l'événement
qu'on a vécu le 19 décembre, en avant-midi?
M. Pagé: Du tout, M. le député, je l'ai
appris quand le député de Lévis s'est levé.
M. Lefebvre: Quand avez-vous appris que Me Lemay aurait
communiqué avec le député de Lévis?
M. Pagé: Quand il s'est levé.
M. Lefebvre: Qui ça, quand il s'est levé?
M. Pagé: Le député de Lévis... M.
Lefebvre: En Chambre?
M. Pagé:... pour soulever sa question de privilège,
après la période des questions.
M. Lefebvre: C'est a ce moment-là que vous avez appris que
Me Lemay aurait...
M. Pagé: Oui.
M. Lefebvre:... communiqué avec M.
Garon.
Vous avez mentionné, M. le ministre, qu'en début de
semaine - évidemment, on parle de la semaine du 19 décembre -
vous aviez pris pour acquis que 132 passerait, serait adopté. Il y a eu
un changement en cours de route, là, mais, en début de
semaine.
M. Pagé: En début de semaine, et ça, M. le
député, je l'ai indiqué à quelques reprises, sinon
a plusieurs reprises ici, dans mon esprit à moi, le projet de loi 132
allait être adopté compte tenu d'une entente entre les deux
formations politiques sur le nombre d'intervenants, etc.
M. Lefebvre: Avez-vous une idée, M. le ministre, et est-ce
que, à l'époque, en décembre 86, un inventaire
approximatif avait été fait du nombre de personnes qui pouvaient
être concernées par l'adoption de 132, directement, pour qui 132
était important dans la reconduction du privilège...
M. Pagé: J'ai indiqué...
M. Lefebvre:... contenu dans 132? Combien y avait-il de personnes
au Québec, à peu près, au meilleur de votre connaissance,
qui pouvaient être concernées par...
M. Pagé: J'ai indiqué ce matin qu'il était
quasiment impossible d'établir un chiffre exact du nombre de personnes
affectées ou possédant un tel privilège, donc susceptibles
d'être affectées par la non-reconduction de ce privilège
après le 31 décembre 86. Il faudrait faire un inventaire de tout,
tous les titres en date du 9 novembre 78, des transactions, bon, etc. Mais
c'est au minimum plusieurs milliers de personnes qui étaient
susceptibles d'être
affectées si le projet de loi, si la disposition,
c'est-à-dire l'article 31 devenait caduc le 31 décembre.
M. Lefebvre: Est-ce qu'à votre connaissance, ce
fait-là avait été établi en commission
parlementaire en présence du député de Lévis?
M. Pagé: Oui. D'ailleurs, le Journal des débats
en témoigne.
M. Lefebvre: On va laisser l'Opposition s'amuser un peu, M. le
Président. (15 h 45)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Les questions, s'il vous plaît! Les questions, s'il vous
plaît!
M. Chevrette: Aîe, on se fait déranger à
toutes les deux minutes, puis on parle sérieusement, là.
M. Lefebvre: Non, non, j'ai fini. J'ai fini. J'ai fini.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé votre
interrogatoire...
M. Lefebvre: Oui.
Le Président (M. Lorrain):... M. le député
de Frontenac? Alors, je vais respecter, comme d'habitude, la règle de
l'alternance et je vais céder la parole maintenant à un membre de
l'Opposition officielle. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. Pagé, j'aimerais revenir au projet de loi
272. Vous avez, à maintes reprises, exprimé au sujet de ce projet
de loi, affirmé au sujet de ce projet de loi que vous aviez des
réticences, des réserves, des inquiétudes quant à
l'objet et à la nature de ce projet de loi. Est-ce que vous pourriez, de
façon très précise, m'indiquer la nature exacte de vos
réticences relativement au projet de loi 272?
M. Pagé: M. le Président, j'ai eu l'occasion,
à plusieurs reprises depuis le début de ma comparution ici en
commission, de référer à ces réserves, à
savoir que le projet de loi prévoyait la ratification d'un acte
administratif posé par la Commission intermunicipale de transport de la
rive sud en vertu duquel acte cette commission s'était engagée
dans des dépenses totalisant une somme de 7 000 000 % sans recevoir
toutes les approbations nécessaires. J'ai de plus indiqué le fait
que l'administration des actes des organismes municipaux ou des
municipalités commande un encadrement très particulier. Ce n'est
pas... Un conseil municipal, même s'il a des pouvoirs en vertu de la loi,
ne peut faire ce qu'il veut. Qu'il nous suffise de référer
à une jurisprudence constante en vertu de laquelle souventefois des
conseils municipaux ou encore des maires, des administrateurs municipaux ont
été placés dans une situation de poursuite parce qu'ils
avaient posé des gestes sans obtenir tous les consentements requis. Dans
le cas qui nous occupe, c'est un autre projet de loi qui est
présenté en fin de session, évidemment, qui est
étudié en fin de session dans le cadre d'une commission
parlementaire qui étudie plusieurs projets de loi privés qui sont
généralement appelés la même journée,
à un moment où les députés, il faut en convenir, de
quelque groupe parlementaire que ce soit, sont fatigués, ayant eu
à siéger ou ayant siégé à des heures
peut-être pas indues mais presque, d'où l'obligation que nous
avons, comme parlementaires, d'être des plus prudents, des plus judicieux
dans l'analyse de ces projets de loi. Et, dans ce cas-là, ce projet de
loi impliquait la ratification d'une dépense de près de 7 000 000
$ pour laquelle le gouvernement du Québec contribuait par le
ministère des Transports pour une somme au-delà de 4 000 000 $ et
près de 5 000 000 $ et, par surcroît, l'organisme qui avait
enclenché de telle dépense sans avoir les approbations
nécessaires demandait par surcroît et en plus au gouvernement de
payer les intérêts pour couvrir le financement temporaire de telle
dépense. D'où les réserves que j'avais comme
député à ce moment-là.
M. Brassard: C'était là l'unique réserve
quant à la nature du projet de loi.
M. Pagé: Pour moi, ce sont des réserves
importantes, vous savez. C'est 7 000 000 $ de dépense sans approbation
et le paiement des intérêts représentait là aussi
des sommes importantes. Je référais un de nos honorables
collègues ce matin ou hier au fait que vous savez, on représente
chacun nos comtés, on a des demandes, on a des demandes qui visent plus
particulièrement la participation du gouvernement à certains
projets. Vous n'êtes certainement pas sans savoir, M. le
député, tous les efforts qu'il faut déployer pour voir
autorisé un versement d'une somme parfois de 75 000 $ ou de 100 000 $
à un orqanisme communautaire, un orqanisme bénévole, un
organisme de loisir, etc., dans nos milieux. Alors, avant d'accepter à
la sauvette, en fin de session, un projet de loi qui impliquait le versement de
5 000 000 $ environ du ministère des Transports, plus la couverture des
intérêts totalisant quelques centaines de milliers sinon plusieurs
centaines de milliers de dollars, un instant! on va regarder ça,
ça ne peut pas passer comme une lettre à la poste.
M. Brassard: C'était là l'essentiel de
vos inquiétudes. Vous n'aviez pas d'autres inquiétudes.
Est-ce que, par exemple, vous aviez, vous craigniez qu'il y ait dans ce
dossier-là fraude ou malversation? Non?
M. Pagé: Non. Très clairement, non, M. le
Président.
M. Brassard: Là-dessus vous n'aviez pas
d'inquiétude.
M. Pagé: Non.
M, Brassard: Vous n'aviez pas non plus d'inquiétude
relativement à la... je dirais au caractère régulier des
appels d'offres qui ont eu lieu?
M. Pagé: Non. Ce qui était questionnable,
c'était le fait que de telles dépenses aient été
faites sans les approbations requises, dont celle évidemment du ministre
ou du ministère des Affaires municipales.
M. Brassard: C'était ça la seule réticence,
le fait que les organismes en question n'avaient pas obtenu l'approbation du
ministre des Affaires municipales.
M. Pagé: C'est la seule et pour moi elle est très
importante.
M. Brassard: Mais vous n'aviez pas d'inquiétude quant
à des malversasions, des fraudes possibles, des
irrégularités quant aux appels d'offres.
M. Pagé: Non. Je vous ai indiqué non, M. le
député.
M. Brassard: II faudrait donc parler de réticence ou de
réserve au singulier et non pas au pluriel. Il y en a vraiment rien
qu'une. Et pourtant, le 19, malgré le fait que deux de vos
collègues aient examiné ce dossier-là, ce projet de
loi-là, proposé des amendements, aient scruté
minutieusement ce projet de loi-là, l'aient examiné
sérieusement, ce qui était votre souhait quant à vous,
malgré le fait que deux de vos collègues aient scruté,
examiné minutieusement et proposé les amendements requis à
ce projet de loi-là, votre. réserve et votre réticence, au
singulier, persistait toujours, le 19 décembre.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: M. Pagé, vous avez discuté de cette
réticence, de cette réserve avec M. Côté, le 19.
C'est ce que vous nous avez dit à maintes reprises. Et M.
Côté vous a signifié à ce moment-là que la
non-adoption du projet de loi à la session de décembre n'aurait
pas d'impact significatif pour les instances concernées, sur les
instances concernées. Çà a été sa
réponse.
M. Pagé: J'ai référé, au meilleur de
ma connaissance, à l'échange que nous avons eu sur ce sujet et je
vous ai fait part et j'ai fait part à cette commission ici le fait que
pour le ministre des Transports le report de l'adoption du projet de loi au
printemps n'était pas susceptible de causer des préjudices
extrêmement graves à la Commission intermunicipale de transport de
la rive sud de Québec.
M. Brassard: Pouvez-vous m'expliquer pourquoi vous avez attendu
que la commission parlementaire ait terminé ses travaux, ait
terminé l'étude article par article du projet de loi 272, ait
apporté les amendements requis à ce projet de loi? Pouvez-vous
m'expliquer pourquoi vous avez attendu que le travail parlementaire le plus
important en ce qui concerne les projets de loi privés,
c'est-à-dire le travail en commission, soit terminé pour exprimer
à votre collègue, M, Côté, votre réticence et
votre réserve persistante? Pourquoi vous avez attendu que les travaux
soient terminés, les travaux de la commission soient
terminés?
En d'autres termes, pourquoi n'avez-vous pas informé M.
Côté de votre réticence, de votre réserve quant
à la nature du projet de loi avant la tenue de la commission
parlementaire, avant que la commission parlementaire ait entrepris l'examen du
projet de loi? Pourquoi après plutôt qu'avant?
M. Pagé: J'ai indiqué ici à cette commission, M. te
député, vous pourrez en prendre connaissance à la lecture
du Journal des débats, que j'avais référé au
projet de loi 272 avec le ministre des Transports dans la journée du 18,
probablement en soirée. Je ne peux donc répondre ni
affirmativement, ni négativement à la question que vous me
posez.
M. Brassard: Probablement en soirée, et il me semble, en
tout cas, vous me corrigerez, il me semble que vous avez affirmé que
c'était après les travaux de la commission.
M. Pagé: J'ai indiqué que les travaux de la
commission...
M- Brassard: À une question du député de
Gouin, entre autres, je pense, vous avez affirmé que vous avez eu votre
deuxième rencontre avec M. Côté sur cette question
là, après les travaux de la commission.
M. Pagé: J'ai indiqué probablement en
soirée, possiblement après les travaux de la commission. C'est ce
que j'ai indiqué et je
m'en tiens à ce que j'ai dît, M. le
député.
M. Brassard: Cependant, votre décision de refuser votre
consentement, ce n'est pas à ce moment là que vous l'avez prise.
Vous l'avez prise, ça vous me Pavez affirmé très
clairement, vous l'avez prise le lendemain, le 19.
M. Pagé: C'est bien ça.
M. Brassard: II s'est passé quoi entre ces deux rencontres
avec M. Côté pour que vous en arriviez à une
décision ferme de refuser votre consentement?
M. Pagé: II s'est passé de quoi à quel
égard? J'ai dormi comme tout le monde.
M. Brassard: Oui, on sait comme on dit, que la nuit porte
conseil.
M. Pagé: En fin de période de session, on est
tellement fatigué qu'on dort vous savez, on dort bien, on dort
longtemps.
M. Brassard: II reste qu'à votre deuxième rencontre
avec M. Côté vous n'aviez pas, à ce moment-là,
décidé de refuser votre consentement. Vous n'êtes pas en
mesure de me dire si c'est après ou avant les travaux de la commission.
Si c'est avant les travaux de la commission, je suppose que vous avez saisi
l'occasion pour lui exprimer de nouveau vos réserves pour que ça
transparaisse dans les travaux de la commission. Si c'est après, vous
étiez en mesure, à ce moment-là, de prendre une
décision quant à votre refus de consentir. Pourquoi vous avez
attendu au lendemain pour prendre une décision ferme quant à
votre refus de consentir à l'adoption du projet de loi 272?
M. Pagé: Parce que c'est cette journée-là
que le projet de loi allait être appelé, M. le
député.
M. Brassard: II était aussi, il était aussi au
coeur des travaux parlementaires la veille, le 18. Vous savez très bien
qu'un projet de loi privé, l'étape essentielle, importante d'un
projet de loi privé, vous savez très bien que c'est
l'étape de la commission parlementaire. Or, l'étape majeure du
projet de loi 272 a été franchie non pas le 19, le 18 au moment
des travaux de la commission parlementaire. Pour un projet de loi privé,
vous avez une expérience parlementaire suffisante pour savoir ça.
C'est peut-être pas le cas d'un projet de loi public, mais pour un projet
de loi privé, l'étape majeure, c'est l'étape des travaux
parlementaires. L'étape majeure a été franchie le 18.
Votre décision pourtant date du 19. Pourquoi pas le 18, pourquoi le
19?
M. Pagé: J'ai répondu à cette question, il y
a quelques minutes. Et je me permettrai de vous faire part que pour moi, M. le
député, ce n'est pas parce qu'un projet de loi privé est
étudié en commission parlementaire qu'il doit obligatoirement et
nécessairement et absolument être adopté à la
même session.
M. Brassard: Oui, ça j'en conviens. M. Pagé:
D'accord,
M. Brassard: J'en conviens, mais comme l'étape des
travaux, de la commission parlementaire c'est l'étape essentielle d'un
projet de loi privé, je vaudrais comprendre pourquoi dans votre cas
c'est après cette étape essentielle que vous avez jugé bon
d'exprimer à M. Côté vos réserves ou votre
réserve quant à la nature du projet de loi et non pas avant cette
étape essentielle? C'est ça que j'ai de la difficulté
à comprendre.
M. Pagé: J'ai répondu à cette question, M.
le député.
M. Brassard: M. Pagé, vous avez été
longtemps dans l'Opposition, de 1976 à 1985, vous avez été
porte-parole de votre parti dans plusieurs domaines, est-ce qu'il vous est
arrivé souventefois en fin de session, compte tenu de l'importance des
projets de loi en question, concernés, est-ce qu'il vous est
arrivé à certaines occasions, comme porte-parole de l'Opposition
dans certains domaines, de - pour utiliser l'expression qui a été
utilisée souvent à cette commission -de bloquer des projets de
loi? Est-ce que ça vous est arrivé de bloquer des
projets de loi du temps où vous étiez dans l'Opposition?(16 heures)
M. Pagé: C'est arrivé à ma connaissance une
fois.
M. Brassard: C'est déjà arrivé?M, Pagé: Oui.
M. Brassard: Oui. Est-ce qu'il vous est arrivé
également, lorsque vous étiez dans l'Opposition de finalement
donner votre consentement à l'adoption d'un projet de loi que vous aviez
combattu, je dirais avec acharnement pendant des semaines et des mois, est-ce
qu'il vous est arrivé de donner votre consentement a l'adoption d'un
projet de loi, à la toute dernière minute, en fin de session, la
dernière journée de session? Est-ce que ça vous est
arrivé de donner votre consentement pour qu'un projet de loi soit
adopté?
M. Pagé: Comme porte-parole de l'Opposition ou comme
membre?
M. Brassard: Comme porte-parole, comme critique dans certains,
dans les domaines que... ou comme député. Vous étiez whip
en chef à ce moment-là de l'Opposition, comme
député, est-ce qu'il vous est arrivé d'accorder votre
consentement pendant que vous étiez dans l'Opposition, à la toute
fin d'une session de consentir en quelque sorte, à la toute
dernière minute, à l'adoption d'un projet de loi?
M. Pagé: La distinction est importante quand je vous
demande comme membre ou comme porte-parole ou comme critique.
M. Brassard: Je dirais comme député. Comme
député...
M. Pagé: Vous savez comme membre...
M. Brassard:... comme député parce que tous les
députés sont égaux à l'Assemblée nationale,
comme vous le savez. Alors, comme député, est-ce que ça
vous est déjà arrivé, à la fin d'une session,
après avoir résisté longtemps sur un projet de loi de
finalement donner votre consentement pour que l'adoption de ce projet de loi
puisse se faire?
M. Pagé: Ça arrive, M. le député
régulièrement à un ou des députés de
l'Opposition d'intervenir contre ou encore dans une perspective de modification
d'un projet de loi en fin de session, que les débats soient longs et que
finalement la loi soit adoptée; ça ça arrive
régulièrement et constamment dans notre Parlement quelle que soit
la formation politique qui forme l'Opposition officielle à
l'Assemblée nationale.
M. Brassard: Et vous avez, par conséquent, comme
député, pendant plusieurs années dans l'Opposition, vous
avez vécu cela aussi personnellement cette situation-là.
M. Pagé: Oui, où des projets dans certains cas
étaient adoptés, dans d'autres cas ne l'étaient pas.
M. Brassard: Ce que je voudrais vous... je vous pose cette
question pour vous poser celle-ci finalement. C'est comment pouvez-vous
affirmer que vous aviez fait votre deuil du projet de loi 132 alors que votre
expérience parlementaire vous enseigne que, en termes, en matière
d'adoption de projets de loi, rien n'est définitif tant que la Chambre
n'a pas ajourné ses travaux? Que tout est possible finalement, que
ça peut arriver à la dernière minute qu'un projet de loi,
que le consentement soit obtenu pour l'adopter. Comment pouvez-vous affirmer,
dès le 18 que vous aviez fait votre deuil du projet de loi 132 sans
espoir de retour, alors que votre longue expérience parlementaire vous
apprend, vous enseignait que tout est possible en fin de session, et que, un
projet de loi qui ne semble pas vouloir passer ou être adopté peut
l'être à la toute dernière minute, le consentement requis
est obtenu et que tout est possible tant que la Chambre n'a pas ajourné
ses travaux?
Le Président (M. Lorrain): C'est votre dernière
question, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui.
M. Pagé: Tout simplement, M. le député,
parce qu'il est apparu très clair dans mon esprit à moi, suite
aux énoncés formulés que le projet de loi ne serait pas
adopté si je n'acceptais pas comme ministre les amendements
proposés par le député de Lévis, un; et deux,
là, M. le Président, je ne veux pas commenter mais je me
limiterai à vous dire que je connais le député de
Lévis déjà depuis dix ans et il n'est pas du genre
à céder, et pour lui c'était très clair.
M. Brassard: Quelques secondes?
Le Président (M. Lorrain): Non, vous aviez expiré
le temps. Je ne vous ai pas interrompu au milieu de votre question,
c'était déjà terminé. Je vous remercie.
M. Brassard: C'est simplement pour indiquer que le projet de loi
132 a été adopté.
Le Président (M. Lorrain): Je vous remercie, M. le
député de Lac-Saint-Jean. Je vais maintenant céder la
parole à un député de la formation ministérielle.
M. le député de Louis-Hébert, je crois.
M. Doyon: Oui.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Ooyon: Je demanderais au ministre de... s'il est en mesure de
nous faire un bref exposé, un bref tableau de la balance de ce que
j'appellerais la balance des inconvénients résultant de la
non-adoption de 132 versus, la non-adoption éventuelle de 132 versus la
non-adoption éventuelle du projet de loi 272. Comment voyez-vous
l'équilibre des inconvénients, la balance des
inconvénients, M. le ministre? Comment cela se compare-t-il en d'autres
mots?
M. Pagé: Je n'ai pas eu l'occasion, M. le
député, de comparer ou de réfléchir sur cette
balance d'inconvénients parce que, pour moi, l'adoption de l'un
n'était pas conditionnelle à l'adoption de l'autre. Je peux
me
limiter à vous dire que si le projet de loi 132 n'avait pas
été adopté, comme je l'ai indiqué ici en
commission, ce sont des milliers et des -milliers de personnes qu'on ne peut
quantifier exactement combien de personnes au Québec, mais tout le monde
est unanime à dire que ce sont des milliers de personnes qui perdaient
le privilège de se construire une résidence sur une superficie
d'un demi-hectare sur une terre qu'ils possèdent depuis le 9 novembre
1978, une terre située en zone agricole. Ce sont des milliers et des
milliers de personnes qui perdaient un tel privilège. Cette personne, si
elle a recours à son privilège, obtient, par conséquent,
un droit.
L'autre élément. J'ai référé aux
conséquences ou aux effets d'un projet de loi 272 adopté en avril
ou en mars seulement par rapport à décembre. J'ai
référé à plusieurs reprises à ma
conversation avec le ministre des Transports où celui-ci m'a
indiqué que cette décision ne causait pas de préjudice
extrêmement grave à la Commission intermunicipale de transport de
la rive sud. Cependant, je suis bien au fait que cela n'aurait pas ou cela
n'aurait certainement pas fait l'affaire des administrateurs de la commission
intermunicipale de voir reporter de trois mois la ratification d'un acte qui
aurait été fait ou qui aurait dû être accepté
ou approuvé il y a quelques années et cela reculait d'autant dans
le temps le financement permanent pour les dépenses de 7 000 000 $ qui
avaient été effectuées par la commission.
M. Doyon: En fait, la disparition des droits acquis suite
à la non-adoption de 132 causait, en d'autres termes, un dommage
irrémédiable aux propriétaires de certains lots
classés agricoles. Est-ce que c'est ce qui se passait effectivement?
M. Pagé: Cela aurait été sinon impossible,
quasiment impossible de rétablir dans leurs droits ou dans leurs
privilèges ces personnes, en mars ou en avril, compte tenu de transferts
de propriétés qui auraient pu survenir entre-temps. Cela aurait
été tout un précédent que le Parlement aurait fait
que de rétablir sous forme de droit un privilège qui était
demeuré dans nos lois pendant huit ans, sept ans, huit ans presque,
oui.
M. Doyon: Aviez-vous eu l'occasion d'expliquer cela clairement en
commission parlementaire au député de Lévis, de long en
large et en termes aussi clairs que ceux que vous utilisez aujourd'hui'?
M. Pagé: En commission parlementaire, M. le
député, on a eu de nombreuses heures de discussion, plusieurs
motions de déposées. On a eu... J'ai eu l'opportunité
d'expliquer le pourquoi du projet de loi et pourquoi l'élément -
entre guillemets - "régulateur", à savoir que les personnes
détenant un tel privilège devaient le divulguer à la
Commission de protection du territoire aqricole, si elles voulaient voir leur
privilège étendu pour une période un peu plus
prolongée dans le temps. J'ai eu l'occasion d'y référer
souvent.
M. Doyon: Est-ce que vous pouvez dire à cette commission
si le député de Lévis a été sensible
à ces arguments, de façon à modifier sa position
personnelle?
M. Pagé: Non. Le député de Lévis a
fourni comme argument que, pour lui, cette procédure coïncidant
avec la renégociation des zones agricoles et urbaines entre la
Commission de protection du territoire agricole et les municipalités
régionales de comté en vertu de l'article 69. 1 de la loi, telle
que modifiée l'année dernière, en juin 1985, par mon
prédécesseur le député de Lévis, elles
trouvaient que c'était dangereux que cela allait créer du
"spot-zoning" etc., et elles se refusaient à l'adoption d'une telle
disposition.
M. Doyon: Est-ce que devant ces arguments-là dont il vous
faisait part, vous avez eu l'occasion, vous, d'expliquer la position du
gouvernement, du ministère de l'Agriculture, à cet égard,
concernant ces inquiétudes qu'il manifestait?
M. Pagé: Oui, j'ai tenté de le rassurer, mais il ne
s'est pas senti rassuré.
M. Doyon: Cependant, est-ce que le député de
Lévis, à ce moment-là, a eu l'occasion de vous faire part
qu'il était porteur d'inquiétude soit des agriculteurs, soit de
d'autres groupes de pression concernant l'adoption de 132?
M. Pagé: J'ai indiqué en commission parlementaire
que j'avais eu des échanges avec le président et le
secrétaire général de l'Union des producteurs agricoles
à l'automne 86 sur le sujet, lesquels avaient manifesté leur
accord avec une telle disposition de reconduction du privilège pour une
certaine période dans le temps. Cependant, des motions ont
été déposées en commission, ici même en
commission, pour que j'entende l'Union des producteurs agricoles - là,
je vais vous les citer en mémoire, c'était plus exhaustif -
l'Union des producteurs agricoles, l'Ordre des agronomes, l'Ordre des
médecins vétérinaires, les universités, des
spécialistes en santé animale. J'ai référé
à quelques reprises, pour démontrer le caractère dilatoire
d'une telle motion, une motion présentée par le
député de Terrebonne pour qu'on assigne un psychiatre ou un
psychologue en musicologie animale, etc. Cela a duré des heures
et des heures.
M. Doyon: Une demande vous a été faite lors d'une
commission parlementaire pour qu'on assigne - est-ce que j'entends bien? - un
expert en musique sur la modification, sur l'adoption du projet de loi 132 sur
la protection du zonage agricole? Est-ce que c'est bien ce que j'ai...
M. Pagé: On m'a demandé d'assigner pas n'importe
quel expert en musique, un expert en musicologie animale. Apparemment qu'il y
en a à San Francisco ou à Los Angeles, dans ce
coin-là.
M. Doyon: Est-ce que le député de Lévis a
appuyé cette motion, a indiqué son accord à cette motion
qui visait a entendre cet expert en musicologie animale?
M. Pagé: II faudrait que je réfère au
Journal des débats, aux procès-verbaux, aux votes, etc. Je sais
que ça a été très long, M. le député,
c'est tout ce que je peux vous dire.
M. Doyon: Vous parlez de mesures dilatoires. Est-ce qu'il y a eu
des motions... Est-ce que la plupart des motions dans ce sens-là ont
été présentées par le député de
Lévis? Est-ce qu'il en a présenté, des motions, de son
côté?
M, Pagé: À ma connaissance, il a présenté
une motion pour entendre l'Union des producteurs agricoles. II faudrait que je
le vérifie, quand même, mais chacun des députés a eu
l'occasion de présenter des motions, à ma connaissance. Je me
rappelle que ça a été très long.
M. Doyon: Est-ce que le député de Lévis vous
a fait état, lors des échanges qui se sont passés en
commission parlementaire, de représentations qui lui étaient
faites personnellement, à l'effet que des personnes ou des groupes
s'opposaient à 132?
M. Pagé: Le député s'est surtout
attardé avec, en relief, les appréhensions qu'il y avait
concernant l'application de 132 et la renégociation des zones agricoles
et urbaines, entre les MRC et la CPTA.
M. Doyon: Est-ce que c'est à ce moment-là, M. le
député, que vous avez réalisé qu'il y avait un
blocage de la part du député de Lévis en ce qui concerne
ce projet de loi 132?
M. Pagé: J'ai constaté qu'il y avait une opposition
farouche au projet de loi, mais j'étais confiant en me disant que
l'entente entre les deux formations politiques prévoit que ce projet de
loi va faire l'objet de plusieurs heures de discussion, mais en fin de course,
il sera adopté. Cela, c'était la semaine précédant
la dernière semaine de session. La semaine suivante, ça a
été la même chose.
M. Doyon: Le moment précis où vous avez appris
qu'il y avait eu changement dans les arrangements qui devaient permettre
l'adoption du 132, à quel moment ça s'est produit, ça?
M. Pagé: Écoutez, M. le député, il y
a plusieurs questions qui ont été posées à ce
sujet-là, à ma connaissance, c'est au milieu de la semaine,
lorsque quelqu'un du bureau du leader, "le bureau du leader", entre guillemets,
m'a indiqué: II n'y a plus d'entente, ton projet de loi, tu ne l'auras
probablement pas. (16 h 15)
M. Doyon: Est-ce que vous aviez, à ce moment-là,
avant d'apprendre que c'en était ainsi et que le projet de loi 132, vous
deviez l'oublier, est-ce que vous avez eu l'occasion d'être
sollicité pour des accommodements qui auraient rencontré les
desiderata du député de Lévis? Est-ce qu'on vous a fait
des propositions?
M. Pagé: On m'a indiqué - et ça, j'y reviens
- que pour voir mon projet de loi accepté, je devais accepter la
proposition du député de Lévis et ses amendements.
M. Doyon: In extenso?
M. Pagé: Oui, mais vous savez, c'était pas un
projet de loi, on référait seulement à l'article 31 d'une
loi. Alors, c'était pas un projet de loi exhaustif, si je peux utiliser
le terme, c'était ça, c'était à prendre ou à
laisser, c'était un ou l'autre.
M. Doyon: II n'y avait pas de demi-mesures possibles?
M. Pagé: Non.
M. Doyon: Et, est-ce que c'est dès ce moment-là que
vous avez eu la conviction intime que le projet de loi 132 devait, en ce qui
vous concernait, être abandonné, ou si vous avez dormi
là-dessus et y avez songé et...
M. Pagé: Je l'ai indiqué ici, c'était la
veille ou l'avant-veille de l'ajournement de nos travaux. Il m'est apparu
très clairement que je n'aurais pas mon projet de loi.
M. Doyon: Et vous avez... Avez-vous... Qui avez-vous
informé de cette situation, c'est-à-dire que vous abandonniez,
à toutes fins pratiques, et, pour utiliser vos termes,
M. le député, que vous abandonniez le projet de loi
132?
M. Pagé: J'ai informé mes adjoints, j'ai
informé le bureau du leader à l'effet que je ne céderais
pas et que, pour moi, la clause de régulation était importante,
elle était nécessaire et c'est à la lumière de
ça et je l'ai dit, d'ailleurs, à certains députés,
à la lumière de ça, moi, j'en ai fait mon deuil de mon
projet, parce que, vous savez, sans vouloir attaquer ou commenter, je sais que
mon vis-à-vis est, le moins que je puisse dire, un peu têtu.
M. Doyon: Est peut-être quoi? M. Pagé: Pardon? M-
Doyon: Est peut-être quoi?M. Pagé: Est
têtu.
M. Doyon: Têtu? Ah oui, oui, oui. Est-ce que vous avez eu
l'occasion de faire part de cette décision à laquelle vous en
étiez arrivé et qui vous paraissait vous être
imposée par les circonstances et par l'attitude du député
de Lévis, entre autres choses, est-ce que vous avez eu l'occasion de
faire part de cet état de fait à des députés
péquistes qui étaient préalablement intervenus
auprès de vous et qui pouvaient continuer de s'intéresser
à 132?
M. Pagé: Je vous ai indiqué que j'ai eu des
échanges avec certains députés auxquels j'ai
référé tout à l'heure. Ceux-ci faisaient valoir la
nécessité de reconduire un tel privilège, m'incitaient,
évidemment, à réfléchir davantage à la
proposition du député de Lévis et, à ma
connaissance, je leur ai très clairement indiqué qu'il n'en
était pas question parce que, pour moi, l'aspect régulateur,
l'aspect divulgation était absolument important et
nécessaire.
M- Doyon: Et, avez-vous, d'une manière ou d'une autre,
été informé que, effectivement, le député de
Lévis connaissait votre position en ce qui concerne 132 suite à
cette réalité qui vous frappait? Est-ce que le
député de Lévis, d'après ce que vous avez su, a
pris connaissance de cette décision de votre part?
M. Pagé: J'ai très clairement indiqué qu'il
n'était pas question de céder et d'accepter ces amendements tant
auprès de mon leader qu'auprès de certains députés
à qui j'ai référé qu'ici en commission
parlementaire... Je les ai refusés en commission parlementaire ces
amendements-là.
M. Doyon: Et c'était une position qui était
consistante tout le long du déroulement des travaux.
M. Pagé: Pour moi, M. le député, il
était absolument nécessaire de maintenir un élément
régulateur par la divulgation à faire d'une telle personne
détenant un tel privilège à la Commission de protection du
territoire agricole.
M. Doyon: Cette décision que vous avez prise, est-ce
qu'elle avait à faire d'une façon ou d'une autre à un
règlement de compte avec le député de Lévis ou si
c'était pour des raisons, comme vous nous l'expliquez, ou si une
question de règlement de compte avec le député de
Lévis pouvait entrer en ligne de compte?
M. Pagé: Quel type de règlement de compte"?
M. Doyon: Est-ce que vous avez voulu régler les comptes?
Le député de Lévis voulait tel amendement et il y avait
des amendements que vous n'étiez pas prêt à accorder.
Est-ce qu'il y a eu là-dedans, dans votre décision, d'une
façon ou d'une autre, une façon de régler les comptes avec
le député de Lévis?
M. Pagé: Ah, mais le député de Lévis
et moi sommes en désaccord constamment et régulièrement
sur plusieurs sujets et non pas seulement sur ce projet de loi-là, mais
sur d'autres projets de loi évidemment. On a eu un projet de loi qui a
été, qui a impliqué une étude hippique, si je peux
utiliser le terme, en commission parlementaire ici au mois de février,
au mois de décembre notamment, soit le Comité de surveillance des
étalons, où, là aussi, on a passé des heures et des
heures è parler de la longueur des sabots, des caractères ou des
critères de conformité. Vous savez, c'est... On peut convenir, et
je ne pense pas être abusif dans mes propos, que le député
de Lévis et moi sommes animés par une certaine dualité et
que c'est rare qu'on s'entend.
M, Doyon: Est-ce que, à la période des questions
où vous avez appris que le député de Lévis
soulevait une question de privilège, vous étiez présent
à ce moment-là, vous, à votre siège, à
l'Assemblée nationale?
M. Pagé: Oui.
M. Doyon: Et vous nous avez expliqué que vous avez
été surpris, décontenancé, en tout cas ça
vous a pris... C'est à ce moment-là que vous avez pris
connaissance que vous étiez accusé d'avoir exercé des
pressions indues sur le député de Lévis. Est-ce que c'est
à ce moment-là précis?
M. Pagé: À ce moment-là, lorsqu'il
s'est levé pour soulever une question de privilège.
M. Doyon: Avant que ça se produise, est-ce que le
député de Lévis a fait une tentative pour s'informer
auprès de vous si, effectivement, vous aviez lié le 272 au 132 et
que, de cette façon, vous vouliez faire pression sur lui? Est-ce qu'il y
a eu une tentative de sa part de savoir directement de vous, le principal
intéressé, ce qui en était fondamentalement de
ça?
M. Pagé: Non. Non, M. le député. J'ai
répondu à cette question posée tout à l'heure.
Non.
M. Doyon: Et le député de Lévis
était, à ce moment-là, à l'Assemblée
nationale, à quelle distance de vous pour informer cette commission?
À l'oeil?
M. Pagé: En pieds ou en mètres. M. Doyon:
Comme vous voudrez.
M. Page: Ha! Ha! Ha! Entre, je ne sais pas, entre I8 et 25 pieds
de moi. On siège très près l'un de l'autre.
Une voix:... 21 pieds. M. Doyon: 21 pieds, oui.
M. Pagé: 21 pieds et 6 pouces. Ha! Ha! Ha! Ça veut
dire six mètres, à six mètres du député de
Lévis. Il ne m'en a pas parlé. J'ai constaté cependant
pendant la période des questions qu'il se passait probablement quelque
chose. Le député de Lévis se promenait. Je me rappelle
qu'il est allé parler au député, au leader de
l'Opposition, me regardant en souriant, mais...
M. Doyon: À ce moment-là, est-ce...
M. Pagé:... que penser d'un sourire du
député adressé à moi?
M. Doyon: Hum! Est-ce que, à ce moment-là, vous
pouviez soupçonner ce qui se passait et ce qui devait arriver quelques
instants plus tard?
M. Pagé: Du tout. Je ne m'attendais pas, maïs pas,
mais pas du tout à ce que ce sujet soit discuté ou abordé
à l'Assemblée nationale. Je le répète pour la
xième fois, ma démarche auprès de Me Lemay n'avait pas
pour objectif ni pour but, ni directement ni indirectement, de faire quelque
pression que ce soit sur le député de Lévis.
M. Doyon: Si le député de Lévis vous avait
abordé à ce sujet-là...
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Question de
règlement.
M. Rochefort; Question hypothétique, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon.
M. Rochefort: Non, M. le Président, je suis le
député de Gouin.
Le Président (M, Lorrain): Oui, je pense que...
M. Rochefort: Le député de Gouin. Question
hypothétique.
Une voix: II va s'ajuster...
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert, s'il vous plaît! Si vous voulez reformuler votre
question.
Une voix: II était bien parti, mais il a parti à
rire avant...
Le Président (M. Lorrain): Vous avez toujours la parole,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, merci beaucoup. Merci beaucoup. Donc, pour
reprendre les propos que vous utilisiez il y a deux minutes, les conciliabules
ou quelque chose s'y apparentant qui ont eu lieu entre le député
de Lévis et le leader de l'Opposition ne vous ont pas
inquiété à ce moment-là, en d'autres termes?
M. PagÉ: Non.
M. Doyon: Et pouvez-vous nous dire pourquoi ça ne vous a
pas inquiété?
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
M. Doyon: Bien voyons!
Une voix: Ha! Ha! H!
M. Doyon: Bien voyonsl
Une voix: Ah bien! Vous savez...
Le Président (M. Lorrain): Excusez, excusez, excusez,
excusez.
Une voix: Est-ce que normalement ça devrait
t'inquiéter?
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Excusez.
Une voix: Bien...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
Des voix:...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement, M. !e député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Oui, après,
après. M. le député de Gouin, sur une question de
règlement.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. M. le
Président, ça fait déjà un bon moment que
j'écoute attentivement le député de Louis-Hébert et
je me disais: Â un moment donné, le président va intervenir
pour lui rappeler qu'il lui demande, qu'il demande au témoin des
questions d'opinion personnelle, d'évaluation personnelle. Là, M.
le Président, on en est rendu à lui demander si le sourire du
député de Lévis à son endroit et le nombre de fois
que le député de Lévis a pu arpenter l'espace qu'il y a
entre son bureau, le bureau du leader de l'Opposition et l'arrière de
votre fauteuil à l'Assemblée, ça pouvait lui avoir
laissé sous-entendre ou supposé quelque chose qui pourrait
peut-être se passer à un moment donné, qui aurait
peut-être pu concerner le ministre de l'Agriculture dans un des possibles
projets de loi dont il avait peut-être fait son deuil mais qui pourrait
peut-être être quand même adopté pour lequel il avait
parlé à Me Lemay le matin. M. le Président!
M. Chevrette: Ah! non, mais ça fait une détente.
C'est la détente de Louis-Hébert.
M. Rochefort: M. le Président, les mêmes
règles, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rochefort:... que nous avons connues jusqu'à ce jour ou
pendant la commission.
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: M. le Président, que le député
pose des questions directes et on aura des réponses qu'on pourra
apprécier en temps et lieu, pas maintenant.
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé, M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Ah oui, c'est assez!
Le Président (M. Lorrain): Je vais reconnaître
maintenant M. le député de Louis-Hébert sur la même
question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, il y a eu, le jour du, ce jour
fatidique du mois de décembre, un événement important qui
s'est passé à l'Assemblée nationale et le
député de Portneuf nous explique que ça lui est
arrivé comme ça, comme une surprise totalement imprévue,
M. le Président. Et, à un moment donné, le
député de Lévis se lève et fait une question de
privilège et accuse l'honorable député de Portneuf d'avoir
exercé des pressions indues sur lui de façon à lui
arracher un consentement sur le projet de loi 272. Et ça c'est
important, M. le Président, de savoir quand est-ce que le
député de Portneuf a appris ça.
En même temps que le député de Portneuf rend
témoignage à cet effet-là, il nous dit: Je me suis bien
aperçu qu'il se brassait quelque chose. Le député de
Lévis est allé voir le leader, ils ont été se
parler, il y en a un qui se levait, il avait une drôle d'attitude mais je
ne savais pas de quoi il s'agissait. Et à ce...
Une voix: Une drôle d'attitude.
M. Doyon: M. le Président, est-ce que j'ai la parole?
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, oui. M. Doyon:
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Louis-Hébert vous avez toujours la parole.
M. Doyon: Merci.
M. Lefebvre: L'Opposition est indisciplinée, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre!
M. Doyon: M. le Président, le député de
Portneuf remarque ces événements-là et je lui demande:
Est-ce que ça vous a inquiété? Maintenant, après
coup, sachant ce qui s'est passé. Je lui demande pourquoi? Il dit: Non,
ça ne m'a pas inquiété. Et je lui demande: Pourquoi
ça ne vous a pas inquiété? Et c'est extrêmement
pertinent, M. le Président parce que la réponse que nous allons
obtenir, quelqu'un qui n'a rien fait, qui n'a rien à se reprocher n'a
pas à s'inquiéter de quoi que ce soit. Quelqu'un qui se sent
coupable de quelque chose, M. le Président...
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Doyon:... peut s'inquiéter.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: Un instantl M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Doyon: Ce n'est pas moi qui suis sur la question de
règlement, M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl Allez, M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Et le député de Gouin qui me permet
d'expliquer...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Â l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît! Je veux entendre la fin de la question de
règlement pour pouvoir rendre ma décision.
M. Doyon: Ouais.
M, Chevrette: C'est le 28 décembre la fête des saints
innocents.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaîtl
M, Doyon: M. le Président, c'est le genre de remarque, M.
le Président... J'ai laissé parler le député de
Gouin, M. le Président, qui faisait toutes sortes de gestes
abracadabrants, on ne savait pas où il allait. C'était
complètement ridicule. On l'a laissé aller, on l'a laissé
se pendre lui-même.
Le Président (M. Lorrain): Terminez, M. le
député de Louis-Hébert, vous avez toujours la parole.
M. Doyon: Ouais! M. le Président, je demande pourquoi au
député de Portneuf parce que, et le député de
Portneuf nous le dira... S'il avait été coupable de quelque chose
il aurait pu s'en inquiéter. S'il avait fait quelque chose de
répréhensible il aurait pu s'inquiéter de quelque chose M.
le Président. S'il n'a rien fait de répréhensible, s'il
pense qu'il s'est comporté comme un parlementaire honnête qu'il
est, M. le Président...
Des voix:...
M. Doyon: Pas du tout, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! Sans
com...
M. Doyon: II va nous dire la raison pour laquelle il
n'était pas inquiet...
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire. Je pense que
ça s'est fait de part et d'autre, là.
M. Doyon:... des conciliabules entre le député de
Lévis et le député de Joliette.
Le Président (M. Lorrain): En conclusion, s'il vous
plaît!
M- Doyon: C'est très important, M. le Président, de
savoir de quelqu'un qui est assigné ici pour dire la
vérité. Moi je veux savoir de sa part, M. le Président, si
vous ne vous êtes pas inquiété, M. le député,
est-ce que c'est parce que vous aviez fait quelque chose de travers, vous en
aviez pas fait? Et c'est très important, M. le Président, de
savoir ça.
Une voix:...
M. Doyon: M. te Président! c'est complètement
ridicule. Complètement ridicule.
Le Président (M. Lorrain): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! Je pense que vous avez été...
M. Chevrette: Question de règlement sur la question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Chaque fois qu'il y a eu des
questions de règlement...
M. Chevrette: Question de règlement sur la question de
règlement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement
sur la question de règlement, M. le député de, M. le
leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, ça fait deux minutes
que le député de Louis-Hébert s'évertue à
dire au ministre: Répondez-moi donc dans tel sens. Et ce n'est pas
ça. Le ministre va lui dire: Je me fiais sur le député de
Louis-Hébert à la commission pour me défendre et il veut
être sûr, sûr. Il n'y a aucun problème, voyons!
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): O. K. À l'ordre s'il
vous plaît! Si vous voulez... Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut
intervenir sur la question de règlement de la question de
règlement?
M. Doyon: Oui, M. le Président. Bon, là-dessus, M.
le Président, je vous souligne que je n'ai pas... L'attitude de
l'Opposition péquiste, M. le Président, est à
l'égal du sérieux de l'accusation qui a été
portée par le député de Lévis.
Le Président (M. Lorrain): Pas de commentaire. Pas de
commentaire. Non, non, on ne va pas commencer les commentaires.
M. Doyon: M, le Présidentl C'est ça qui se passe et
c'est ça ma réponse, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non, je veux que... Bon,
alors, votre question de règlement en conclusion s'il vous plaît
sur la première question de règlement.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Et je vous signale, M. le
Président, que la question de règlement n'a pas été
soulevée par moi ni par personne de notre côté. Et
ça me permet d'expliquer les raisons qui motivent ma question et c'est
pas d'autre que ça. Je veux savoir de la part du député de
Portneuf pourquoi ça l'a pas inquiété et c'est le seul qui
puisse nous le dire et c'est intéressant pour cette commission et
çà va nous permettre de savoir pourquoi il a réagi de
telle façon. Il est le seul à pouvoir le faire. C'est ça,
M. le Président, cette question-là est pleinement pertinente et
je pense que la présidence peut pas faire autrement que de l'accepter
telle qu'elle à été posée.
Le Président (M. Lorrain): Nous allons... Ça fait
déjà une heure et demie. Nous allons suspendre pour quelques
minutes et je vais rendre ma décision sur ce point-là. Nous
allons suspendre pour une dizaine de minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
(Reprise à 16 h 47)
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! Les travaux de la commission vont reprendre. S'il vous
plaîtl
Avant de céder à nouveau la parole à M. le
député de Louis-Hébert sur la question de règlement
qui m'a été soumise tout à l'heure, je demanderais la
collaboration de chacun. Faire attention. On est ici tous pour comprendre mieux
ce qui s'est passé à l'extérieur où on n'a pas
été acteur d'un présumé, d'une
présumée question de privilège entre 132, 272 et deux
députés. J'aimerais avoir la collaboration de chacun et qu'on
pose les questions le plus clairement possible. M. le ministre, de continuer
à répondre même si ça fait plusieurs heures que vous
êtes interrogé aux questions qui vous sont posées, souvent
ça amène peut-être la même réponse, mais il y
a des nuances dans la forme de la question et dans les précisions qu'on
veut obtenir, que ce soit d'un bord ou de l'autre côté, je vous
demanderais toujours votre collaboration. M. le député de
Louis-Hébert, vous avez la parole.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Sur la question de
règlement elle-même, j'étais le dernier à
intervenir, M. le Président, et j'avais terminé en vous faisant
valoir que ce pourquoi de l'absence d'inquiétude du ministre
était, m'apparaissait une question fort pertinente, M. le
Président. Je demandais que la présidence reconnaisse cette
question et la permette comme étant pertinente parce que cette
commission a le droit de savoir, suite à une réponse du ministre
disant: Non, ça m'a pas inquiété, de voir ce qui se
passait devant moi à quelque 20 pieds.
M. Filion: Question de règlement. Question de
règlement. Question de règlement.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question, M. le
député de Louis-Hébert.
Question de règlement, M. le député de Taillon.
M. Filion: Est-ce que, M. le Président, vous avez
peut-être oublié que, je sais pas là, mais que le
député de Louis-Hébert était déjà
intervenu sur la question de règlement?
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Non. C'était
terminé. Je demandais à tout le monde...
M. Doyon: Alors, la question est permise, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): C'était terminé.
J'ai demandé...
M. Filion: Il me semble, en tout cas.
Le Président (M. Lorrain): Je vais répéter
ce que j'ai dit là. Je demande la collaboration de tous. J'ai
demandé également à ce qu'on pose des questions le plus
directement possible. J'ai demandé aussi à M. le ministre qui est
témoin depuis plusieurs heures ici, même si des fois il lui semble
qu'il répète les mêmes réponses, qu'il peut y avoir
certaines nuances, certaines précisions de demandées dans les
questions de chacun des parlementaires qui est ici, qui a le même droit
de parole, alors, j'ai demandé la collaboration de tous pour qu'on
puisse obtenir les faits les plus complets et l'histoire la plus
complète possible, qu'on puisse, à la fin de cette commission,
c'est simplement, je lui ai demandé de poser la
question.
M. Doyon: O. K. M. le Président. Alors, ma question au
ministre. Vous nous avez dit, M, le ministre, que ça ne vous avait pas
inquiété. Je vous demande pourquoi est-ce que ça ne vous a
pas inquiété maintenant?
M. Pagé: M. le Président...
M. Rochefort:... non, mais il y a pas d'écoutez
là.
Le Président (M. Lorrain): On demande au ministre s'il
s'est pas inquiété.
M. Rochefort: Mais non, vous savez sur quoi je veux intervenir
moi là?
Le Président (M. Lorrain): Alors, donnez donc une
précision additionnelle, ça va éviter une question de
règlement. Sur quoi ça ne vous a pas inquiété.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, là, je
m'excuse. Vous allez peut-être me permettre de soulever ma question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, sur une question de règlement.
M, Rochefort: Dans la question que te député de
Louis-Hébert vient de poser, il vient de dire: Vous nous avez dit que...
or que vous avez pas été surpris, alors est-ce que je peux vous
demander pourquoi alors que le ministre n'a pas pu répondre a la
question, j'ai soulevé une question de règlement pendant que la
question était adressée. Il est en train de passer une
réponse et de questionner sur une réponse qui n'a pas
été fournie par le témoin.
M. Doyon: Une question de règlement. M, Rochefort: Quand
même là. Le Président (M. Lorrain):...
M. Rochefort: Oui, mais là je veux bien, mais que pendant
son intervention sur la question de règlement il passe sa salade comme
tout à l'heure, ça c'est une chose, mais là que dans sa
question il nous mette une réponse puis il demande de commenter une
réponse qui n'a pas été fournie mais qu'il vienne fournir
à sa place, je trouve ça un peu spécial. Je suis
très fier.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que j'ai
été quand même assez large et le témoin qui est ici
là, est-ce que vous voulez intervenir avant que je rende une
décision là-dessus?
M. Doyon: M. le Président, je vous laisse aller parce que
ça ça dépasse les bornes, je ne comprends plus.
Le Président (M. Lorrain): Je pense que...
M. Doyon: II exagère là!
Le Président (M. Lorrain):... écoutez c'est un
témoin très important qui est ici à la barre, j'ai...
À l'ordre, s'il vous plaît! J'ai également permis qu'on
inter-roqe abondamment un autre témoin très important, je pense,
dans cette question de privilège relativement au mandat qu'on a. Il
s'agit de Me Lemay. Il y a également, M. le député de
Lévis qui a été interrogé aussi longuement. Je
pense qu'il est important qu'on pose les questions et quand on relira les
galées dans quelques heures au complet sur l'interrogatoire depuis hier
matin de M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, j'ai permis des questions et j'ai même permis parfois
à l'intérieur même des questions, non pas des commentaires
complets mais quand même une certaine appréhension que les
députés avaient du témoignage qui avait été
donné par M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pour mieux situer une question qui viendrait à la suite
et ça a été fait abondamment par tous les
députés qui sont ici depuis hier matin à dix heures.
Alors, je voudrais bien qu'on finisse. Il est déjà 17 heures.
Ça fait plusieurs heures qu'on est ici. Il reste encore des minutes
d'interrogatoire à M. le ministre qui est à notre disposition
depuis deux jours.
L'important c'est qu'on recherche - et je reviens à ce que j'ai
dit, il y a à peine quelques minutes - qu'on recherche la
vérité dans cette affaire-là, qu'on apprenne le plus de
faits possible pour qu'on puisse, chacun à sa façon, juger et
décider si la question de privilège de M. le député
de Lévis est fondée ou non fondée. Mais je ne veux pas
jouer à la cachette sur un nombre incroyable de questions de
règlement sur des nuances. C'est important là, je rends une
décision et je demande la collaboration de tous et je ne peux pas, si je
suis seul dans cette affaire-là, mener à bonne fin une commission
semblable. Alors, je demande à tous de collaborer. On a des
règles, on a des règlements mais qui sont quand même assez
silencieux. Je vous demanderais de collaborer là-dessus. Et je demande
à tout le monde et je vise personne dans cette affaire-là, je
demande à tout le monde. J'ai fait et j'ai rendu des directives
semblables à plusieurs reprises depuis plusieurs jours. Alors, le plus
directement possible...
M. Doyon: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain):... et une question non
hypothétique, M. le député de Louis-Hébert, je vous
permets. Vous avez la parole, allez.
M. Doyon:... M. le Président, pour que ça soit bien
clair, même si j'ai l'assurance d'avoir posé la question, il ne
faut pas que je sois accusé de quoi que ce soit, M. le
député de Portneuf, est-ce que vous avez été
inquiété de quelque façon de voir ce qui se passait entre
le député de Lévis que vous nous avez décrit tout
à l'heure et le leader de l'Opposition? Et maintenant, c'est une
réponse qu'on connaissait déjà, merci. Ce que je voudrais
savoir, quelle est la raison et pourquoi vous n'avez pas eu, vous n'avez eu
aucune inquiétude concernant ce conciliabule-là qui se passait
devant vous?
M. Pagé: Parce que, en fait, on... la question
réfère à ma perception mais mes états d'âme
ou mes états d'esprit en ce matin du 19 décembre. Je dois dire,
M. le Président, que je ne m'attendais pas, comme je l'ai indiqué
à plusieurs reprises, je ne m'attendais pas mais pas du tout à ce
que le député de Lévis soulève la question de
privilège qu'il a effectivement soulevée en fin de période
de questions, le 19 décembre 86. Je ne m'inquiétais pas comme je
ne m'inquiète pas non plus. J'ai très clairement indiqué,
M. le député, dans mon intervention, comme suite de la question
de privilège déposée par le député de
Lévis, que j'étais animé par une profonde
sérénité. Pour moi, la démarche auprès de Me
Lemay ne visait pas à créer quelque pression que ce soit sur le
député de Lévis. J'ai été très
surpris de cette motion qui est une motion exceptionnelle, rare, et qui
implique une certaine gravité, en termes d'impact, puisque
c'était un parlementaire qui accuse un autre parlementaire et c'est avec
beaucoup de sérénité que j'abordai le tout et que j'ai
témoigné devant votre commission.
M. Doyon: Cette assurance, cette sérénité
dont vous faites état, M. le député de Portneuf, est-ce
que c'est cela qui vous a basé dans l'affirmation que vous avez faite
à l'effet que vous étiez prêt à mettre votre
siège en jeu à ce sujet-là?
M. Pagé: Je l'ai indiqué à
l'Assemblée. Mon collègue de Lévis n'a pas relevé
le gant, si on peut utiliser le terme.
M. Doyon: Vous n'avez pas eu du côté du
député de Lévis de réponse à ce risque que
vous étiez prêt à prendre en ce qui concerne votre
siège de député.
M. Filion: Question de règlement, M. le Président.
Cela est une interprétation du député de
Louis-Hébert.
Le Président (M. Lorrain): Monsieur... M. Doyon:
Bien, c'est des faits, cela.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, sur une question de règlement.
M. Filion: La question de règlement est simple. La
question du député de Louis-Hébert vise à
interpréter les paroles qui se sont dites en Chambre de part et d'autre,
à la fois par le député de Portneuf et par le
député de Lévis.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): La même question de
règlement, M. le député de Frontenac.
M. Lefebvre: Sur la question de règlement, M. le
Président. C'est un fait acquis, prouvé, que le
député de Portneuf a mis son siège en jeu et que le
député de Lévis n'a pas eu le courage de faire la
même chose.
M. Doyon: C'est cela.
M. Filion: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Lefebvre: Et c'est là-dessus qu'on interroge le
témoin, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Non, non. À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Lefebvre: C'est un fait prouvé.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: C'est un fait prouvé que le défi du
député de Portneuf n'a pas été relevé...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre:... par le député de Lévis.
Le Président (M. Lorrain): C'est une question de
règlement sur la question de règlement. M. le leader de
l'Opposition.
M. Doyon: Lâcheté.
M. Lefebvre: Le député de Lévis a
manqué de courage.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Doyon: II fait preuve de lâcheté.
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de l'Opposition,
sur une question de règlement soulevée par M. le
député de Taillon.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais quasiment le
goût de vous laisser cela à votre entière...
M. Lefebvre:... avec les 99 députés, c'est hors
d'ordre
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! M. le leader de
l'Opposition, vous avez la parole.
M. Chevrette: M. le Président, j'aurais quasiment le
goût de laisser cela à votre entière discrétion, le
soin de transiger les derniers propos et même les propos du
député de Louis-Hébert. J'aurais même le goût
de vous demander qu'on siège de 7 heures à 11 heures pour le
laisser parler exclusivement lui, sans aucune question de privilège. Je
vais décider de vous laisser cela à votre discrétion.
Le Président (M. Lorrain): D'abord, dans un premier temps,
est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut intervenir sur la question de
règlement, de la question de règlement soulevée par
monsieur... ?
Une voix: Ah non, on...
Le Président (M. Lorrain): Bon, O. K. Je pense que j'ai
demandé à plusieurs reprises depuis le début de ne pas
commenter...
M. Chevrette:... ma conjointe qui est plus sage que cela à
la maison.
Le Président (M. Lorrain):... de ne pas commander, de ne
pas commenter, excusez-moi, la forme d'interrogatoire ou le style de
l'interrogatoire et la stratégie de chacune des formations politiques,
chacun a sa stratégie, chacun recherche la preuve à sa
façon et ta vérité à sa façon. Alors je vous
demanderais, s'il vous plaît, lors des questions de règtement de
ne pas intervenir et de porter des commentaires, peu importe le genre de
commentaires, je ne veux pas les qualifier, quelque parlementaire que ce soit
qui compose la commission.
Dans un dernier temps, suite à la question de règlement de
M. le député de Taillon, posez votre question directement. Ne
prêtez pas les propos comme si M. le député de Lévis
en avait fait... avait accepté la façon de voir ou quoi que ce
soit ou partageait l'opinion de M. le ministre lors du 19 décembre
lorsqu'il a, dans les galées, c'est rapporté "mis son
siège en... " Demandez-lui si cela lui a été
demandé, pas indirectement, il va nous dire: oui ou non, mais ne
prêtez pas des propos dans une forme de question, ce qui amène un
débat et des questions de règlement.
M. le député de Louis-Hébert, vous avez la
parole.
M. Doyon: M. le Président, ce que je vais demander au
député de Portneuf: est-ce que M. le député de
Portneuf» vous persistez dans votre intention de mettre votre
siège en jeu en ce qui concerne les accusations dont vous êtes
l'objet de la part du député de Lévis?
Le Président (M. Lorrain): Question de règlement,
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, si vous avez
été attentif à la question pour lui demander: est-ce qu'il
persistait... Donc, c'est un fait postérieur aux
événements que nous avons connus que de lui demander s'il
persiste aujourd'hui, a mettre son siège en jeu.
M. Doyon: C'est trop drôle, M. le Président.
M. Rochefort: Non, mais je suis très sérieux.
M. Doyon: Je vais me retirer un peu, si vous permettez? Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Un instant! Un
instant, s'il vous plaîtl
M. Chevrette:... va jouer au racquetball.
Le Président (M, Lorrain): S'il vous plaîtl Sur la
question de règlement, je voudrais vous entendre...
M. Rochefort: Non, non, mais M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): C'est très important, M.
le député de Gouin.
M. Rochefort: Rien oui, c'est très important. La question
que le député de Louis-Hébert adresse au ministre, il lui
demande: est-ce qu'il persiste aujourd'hui à maintenir son offre de...
On n'est pas dans les événements du 19 décembre
aujourd'hui, on est le 24 avril...
Une voix:. 22.
M. Rochefort: 22, merci. Il suit, tant mieux, c'est bien cela. M.
le Président, je ne vois pas ce que cela vient faire dans le mandat qui
nous a été confié par l'Assemblée nationale pour
savoir si, aujourd'hui, le ministre de l'Agriculture
persiste dans son offre de mettre son siège en jeu ou pas, le 22
avril. Mats mot, je sais que le ridicule ne tue pas, parce que vous êtes
en vie. (17 heures)
Le Président (M. Lorrain): Vous avez terminé
d'intervenir sur la question de règlement? C'est-à-dire le fait
que ce n'est pas pertinent parce que c'est postérieur au 19
décembre...
M. Rochefort: ...aujourd'hui.
Le Président (M. Lorrain): Sur la question qui vient
d'Être posée, est-ce qu'il y a quelqu'un... M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, M. le Président. Je pose la question parce
qu'il est nécessaire de savoir si, pour connaître la nature et la
façon dont a réagi le député de Portneuf, il a dit
à l'Assemblée nationale: Je mets mon siège en jeu et je
mets au défi le député de Lévis d'en faire autant,
ce que l'autre a refusé, M. le Président. Ça, c'est des
faits.
Maintenant, il est important de savoir si le député de
Portneuf a dit ça dans un moment, tout simplement, étant pris par
surprise ou s'il est capable de réitérer cette offre, ce
défi qu'il a lancé au député de Lévis.
Ça se rapporte aux événements très directement, M.
le Président, très très directement. C'est relié
exactement à tout ce qui s'est passé, ça ne peut pas
être relié d'une façon plus directe. C'est de l'essence
même, c'est dans le noeud de tout ce qui se passe, M. le
Président. Ce n'est pas une mascarade, ici, M. le Président, il y
a des choses importantes qui se passent. Le député de Portneuf,
en connaissance de cause - il le dira lui-même - a décidé
de mettre son siège en jeu devant les accusations qu'il
considérait non fondées du député de Lévis,
Suite à ça, il a dit: Moi, je suis prêt à mettre mon
siège en jeu là-dessus.
Ce que je lui demande: Est-ce que vous persistez dans cette
décision-îà, de façon à savoir ce qu'il
disait à ce moment-là, s'il a encore la même
réaction vis-à-vis les accusations du député de
Lévis. Ça, M. le Président, ça nous permettra de
savoir, de connaître de quelle façon te député de
Portneuf réagit et perçoit les accusations qui ont
été portées contre lui et pour lesquelles il a à se
défendre, malheureusement, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, sur la question de
règlement qui a été soulevée par M. le
député de Gouin, il ne s'agit vraiment pas de faits
postérieurs. Je pourrais référer à l'article 138 de
la Loi sur l'Assemblée nationale, mais il y a plus que ça. Il y a
un document qui a été déposé sur toute
l'intervention de M. le ministre de PA.gricul-ture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, à la demande d'un député, qui a
été déposé. Tout le contenu a été
là, il y a plus que ça, il y a plusieurs choses qui ont
été mentionnées par les deux députés, sur
lesquelles les membres de cette commission ont interrogé. Il ne s'agit
pas d'un fait postérieur, il s'agit d'un des deux acteurs qui est
impliqué dans la question de privilège, à savoir s'il
maintient sa position vis-à-vis cette question de privilège
là parce que ça a été mentionné après
qu'a été logée et avant que je reçoive la question
de privilège. Il ne s'agit pas d'un fait postérieur, il y a
même plus que ça.
On a demandé et j'ai statué sur la pertinence. On a
même déposé sur une cote D...
Une voix: 26 ou 27.
Le Président (M. Lorrain): ...D-23, je pense, toute
l'intervention de M. le député de Lévis et toute
l'intervention de M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Alors la question est permise, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Alors la question a été posée, je
demanderais à M. le député de Portneuf...
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement, le temps fuit. Je dirai au député
qu'effectivement, j'ai eu l'opportunité d'intervenir comme suite de la
question soulevée par le député de Lévis, le
consentement ayant été donné pour ce faire. Les propos que
j'ai tenus à l'Assemblée, évidemment, commandaient tout le
sérieux et toute la circonspection qu'implique une procédure
comme celle-là, et je le répète, qui est exceptionnelle,
évidemment. J'ai indiqué à ce moment-là, de mon
siège, que je n'avais pas fait de pression ou de menace ou quoi que ce
soit à l'égard du député de Lévis. J'ai
indiqué que c'est avec beaucoup de sérénité,
malgré le fait qu'on ne souhaite pas une telle procédure - parce
que c'est en suspens depuis trois mois ou quatre mais -que j'abordais cette
motion et cette commission.
J'ai effectivement... Comme on le sait, le système parlementaire
britannique qui nous régit, dans le cas de telle procédure,
commande un fair-play minimum. J'ai offert au député d'accepter
de mettre son siège en jeu, me montrant disposé à le
faire. Le député de Lévis, dans sa réplique de
quelques minutes n'a pas jugé opportun de donner suite à cette
proposition. Je n'ai pas à le juger, je n'ai qu'à le constater.
Vous me demandez si je persiste. Écoutez, je ne me battrai pas tout seul
en duel, moi. C'est tout.
Une voix: C'est pour ça que le député de
Gouin veut pas qu'on en reparle.
Le Président (M. Lorrain): À I'ordre, s'il vous
plaît!
Les questions, s'il vous plaît!
M. Doyon: En d'autres termes, M. le député de
Portneuf, l'offre tient toujours?
M. Pagé: Â partir du moment, écoutez,
à partir du moment où il dit: Moi, je veux strictement une
commission - j'ai cru comprendre à un moment donné que
c'était ma réprimande ou je sais pas quoi - à partir de ce
moment-là, les règles du jeu sont établies par notre
règlement et par les procédures à l'Assemblée
nationale et je présume qu'un député, quel qu'il soit, qui
enclenche un processus aussi grave, particulier et exceptionnel que
celui-là, connaît la portée de la procédure qu'il
pose; on y a référé ce matin, je n'ai pas à y
revenir.
M. Doyon: Oui, en effet, c'est une accusation qui est très
sérieuse. C'est... les questions...
Le Président (M. Lorrain): Sans commentaire, sans
commentaire, sans commentaire. Des questions seulement, s'il vous plaît,
M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Oui, Alors, M. le Président, j'ai pas d'autre
question pour le moment et je me réserve plus tard.
Une voix: C'est de valeur. "The show must go on".
Le Président (M. Lorrain): Je vais maintenant céder
la parole à un membre de l'Opposition. M. le leader de l'Opposition.
M. Chevrette: M. le ministre, vous avez dit, il y a à
peine quelques minutes - peut-être que je dirai pas le mot à mot
mais dans l'esprit - que vous trouviez extrêmement malheureux que des
centaines de personnes, des milliers, pouvaient perdre des privilèges si
la loi 132 n'était pas votée. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Pagé: Oui.
M. Chevrette: Saviez-vous que la dernière année,
sachant que la fin de ce privilège... Saviez-vous le nombre de personnes
qui s'en étaient prévalues la dernière année,
connaissant que la fin du privilège était au 30 juin?
M. Pagé: Je ne pourrais citer exactement ici...
M. Chevrette: Est-ce que 700, ça aurait de l'allure?
M. Pagé: C'est possible. Une voix: Combien?
M. Chevrette: 700, dans la plus grosse année.
Ceci dit, comment conciliez-vous le fait que vous trouviez
extrêmement malheureux qu'il y a des gens qui perdent des
privilèges puis, que vous liez le sort de ces gens qui perdent des
privilèges à une inscription d'option à la commission? Si
c'était si sérieux que ça, pourquoi en avez-vous fait
votre deuil, vous qui trouviez ça si sérieux puis, vous
conditionniez le prolongement du privilège à votre option
d'inscription?
M. Pagé: On doit constater que ce privilège qui
existe - qui existait, si on se situe en décembre 1986 - depuis 1978,
devenait caduc le 31 décembre 1986. D'accord? Les représentations
qui m'ont été faites par les députés - et c'est la
même lecture que j'ai et que j'avais comme ministre - étaient
à l'effet que, compte tenu de la période des taux
d'intérêt assez élevés qu'on a connus au
Québec, il y a quelques années, compte tenu aussi de l'absence de
publicité comme quoi ce privilège devenait caduc le 31
décembre 1986, compte tenu aussi que beaucoup de gens s'attendaient
à ce que le privilège soit reconduit, le fait de ne pas adopter
une législation était susceptible de faire perdre un tel
privilège à des milliers de personnes. C'est ce pourquoi j'ai
proposé une modification législative qui vise à reconduire
ce privilège pour une période donnée dans le temps, qui
est de 18 mois, à la condition qu'à un autre moment donné,
précédemment dans le temps, toute personne désireuse de
s'en prévaloir ne fasse qu'en informer la Commission de protection du
territoire agricole par une déclaration. C'est pas une requête,
c'est pas une audition, c'est strictement une déclaration à faire
comme quoi ils sont bel et bien propriétaires de tel lot depuis une date
qui est avant le 9 novembre 1978 et qu'ils ont l'intention de se
prévaloir de leur privilège. Et ce sont seulement ces personnes
qui se seront inscrites en déclaration qui verront leur privilège
maintenu jusqu'à une autre période donnée dans le temps,
soit le 1er juillet 1988, en autant que les débuts de construction
s'amorcent avant cette date.
M. Chevrette: Mais...
M. Pagé: C'est important pour la commission d'obtenir de
telles déclarations pour qu'on puisse savoir et connaître non
seulement le nombre de personnes qui détiennent un privilège et
qui ont l'intention de se construire, mais aussi combien de personnes se
construiront des résidences dans
des lots, sur des lots, c'est-à-dire, situés en zone
agricole au Québec. Ce n'est pas plus compliqué que ça et
ça, j'ai eu l'occasion, M. le député, pendant plusieurs
heures, d'y revenir ici en commission.
M. Chevrette: Est-ce que c'était important pour vous au
point de faire perdre le privilège à tout le monde, votre
condition d'inscription?
M. Pagé: Vous savez, la proposition du
député de Lévis ne changeait pas grand-chose.
M. Chevrette: Ce n'est pas la question. La question est: Est-ce
que c'était important pour vous l'inscription à la commission au
point de faire perdre, au point de faire votre deuil et faire perdre les
privilèges à tout le monde?
M. Pagé: Pour moi, je vous ai indiqué que
l'élément du maintien du privilège, évidemment, est
très important et si on veut être fonctionnel, logique et efficace
face à cette problématique où des milliers de personnes
détiennent de tels privilèges, il faut savoir, il fallait et il
faut savoir combien d'entre eux ou d'entre elles vont effectivement s'en
prévaloir, d'où l'élément régulateur.
M. Chevrette: Mais, M. le ministre, était-ce important au
point, votre condition était primordiale au point de laisser aller une
prolongation des privilèges de tout le monde? C'est ça que je
vous demande.
M. Pagé: Oui, mais dois-je comprendre de votre question
que je me devais de céder devant cette attitude de l'Opposition,
à savoir c'est moi qui écris la loi purement et simplement? Bien
voyons!
M. Chevrette: M. le Président, je m'excuse, sur une
question de règlement. Je ne pense pas que le ministre ait...
Le Président (M. Lorrain):... M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: Je n'ai pas posé de question, à
savoir s'il devait céder sur, face à l'Opposition. Je lui ai
demandé une question précise. C'est lui qui a
décidé de lier, de lier, M. le Président, la reconduction
du privilège ou la prolongation du privilège à une
condition d'inscription. Le ministre me répond par une question. C'est
une façon de ne pas répondre alors que vous savez que le
député ou le témoin est obligé de répondre
aux questions. Est-ce que c'était important au point que la condition -
parce que c'est ça que je lui demandais - est-ce que c'est important au
point, la condition de s'inscrire à la commission, au point de risquer
de ne pas voir prolonger les droits individuels?C'est ça qui
était la question fondamentale, et je n'ai pas eu de réponse. Il
me répond par une question.
Une voix: M. le Président, sur...
M. Chevrette: C'était une question de
règlement.
Le Président (M. Lorrain): Un instant. Vous avez
terminé, M. le leader de l'Opposition?
M, Chevrette: Oui.
M. Lefebvre: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): M. le leader adjoint du
gouvernement.
M, Lefebvre:... sur la question de règlement. Moi, je ne
suis pas intervenu même si j'aurais pu soulever que la question
n'était pas pertinente parce qu'on est à débattre encore
une fois le fond de 132 et le fond de 132, le fond de 132, M. le
Président, et l'amendement suggéré par le
député de Lévis, ce n'est pas la même chose. Le fond
de 132, quant à moi, ça n'a rien à voir avec la motion de
privilège soulevée par le député de Lévis.
Maintenant, la question étant posée, on pouvait permettre au
ministre de s'expliquer. Maintenant, à une question aussi complexe que:
Est-ce que c'était important au point de?, on comprendra, M. le
Président, je pense, qu'on ne peut pas répondre ni par un oui ni
par un non. Il faut permettre, encore une fois parce que la question est
complexe, il faut permettre au ministre de s'expliquer, de qualifier sa
réponse, puis la réponse, M. le Président, ça peut
être une question à celui qui a posé la question principale
pour avoir plus de détails, pour être capable de bien comprendre,
de bien comprendre la question qui n'est pas facile, qui n'est pas facile, M.
le Président.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Frontenac. M. le ministre, si vous voulez
répondre à la question.
M. Pagé: Essentiellement...
Le Président (M. Lorrain): Vous prenez tout le temps qu'il
faut. J'accepte la question.
M. Pagé: Essentiellement, M. le Président, ce n'est
plus moi comme ministre qui décidais ou qui étais susceptible de
décider la veille ou l'avant-veille de l'ajournement de nos travaux. Ma
loi était entre les" mains de l'Opposition et ce qu'on
me disait, la position adoptée par l'Opposition officielle
à ce moment-là, c'était: On n'accepte pas le projet de
loi; vous devez réécrire l'article 51 de façon à
étendre purement et simplement le privilège pour une
période donnée dans le temps... qui était quand même
limitée, comme le député de Joliette l'a indiqué,
à six mois. Or, je n'avais pas d'autre choix que d'accepter ou de
refuser et, pour moi, accepter ne changeait rien à ce que c'était
seulement une prolongation de six mois et, comme on le sait, c'était une
période très très brève entre le 1er janvier et le
30 juin pour amorcer des travaux de construction d'une résidence, tout
comme c'était une période brève pour faire de la
publicité, informer les détenteurs ou les personnes
possédant un tel privilège. À ce moment-là, j'ai
dit: Je ne l'accepte pas. Purement et simplement. C'est comme ça que
ça s'est passé, M. le député. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. (17 h 15)
Le Président (M. Lorrain): M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, il me reste 30 secondes, je
pense. Je vais garder pour une autre question.
Le Président (M. Lorrain): Je vais respecter la
règle de l'alternance.
M. le député de Sainte-Anne, vous avez la parole en
interrogatoire.
M. Polak: O.K. M. le Président, avant de poser ma
question, juste une courte observation parce que vous avez mentionné
vous-même que chaque groupe mène sa stratégie.
Le Président (M. Lorrain): C'est une question de
règlement que vous me faites, M. le député de
Sainte-Anne?
M. Polak: Non, ce n'est pas une question de règlement,
c'est simplement parce que je pense qu'il y a quelque part... C'est notre
tâche, peut-être, de trouver d'une manière objective ce qui
se passait.
Le Président (M. Lorrain): ...posez des questions directes
au témoin.
M. Polak: Donc... Mais ma question va être un peu dans ce
sens-là de tenter de...
Le Président (M. Lorrain): ...questions directes,
M. Polak: Je n'ai pas abusé M. le Président, de mon
droit de parole...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non, non.
M. Polak: ...ici vous le savez. Donc, je pense que je peux
prendre la liberté de prendre une minute là. Si on voit combien
de temps...
Une voix: Consentement.
M. Polak: ...a été consommé par tout le
monde ici depuis les trois semaines je pense que je peux avoir une
minute...
Le Président (M. Lorrain): ...M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: ...pour préparer le témoin que j'ai
peut-être un peu de questions dans le sens de...
Une voix: ...
M. Polak: Pas exactement. Peut-être selon une certaine
stratégie, comment vous appelez ça, parce que je ne crois pas
tellement dans la stratégie.
Une voix: ...
Des voix: Haï Hal Hal
M. Polak: II me reste 20 minutes.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Sainte-Anne, vous avez la parole.
M. Polak: M. Pagé, nous sommes ici pour enquêter sur
votre conduite concernant de soi-disant pressions indues pour tenter
d'influencer le vote, l'opinion, le jugement. Quant à moi, ça
prend quelqu'un pour exercer la pression et quelqu'un sur lequel on exerce la
pression. Le presseur et le pressé, disons. Pour ça, il faut tout
de même...
Une voix: Le citron et...
M. Polak: ...que ces deux personnages-là sont en
état soit l'un pour exercer cette pression et l'autre pour penser que
celui qui exerce sa pression est assez fort pour le faire, pour avoir des
résultats. Donc, je voudrais tenter d'établir est-ce qu'il s'agit
ici, comme vous avez dit "loufoque", une tempête dans un verre d'eau, ou
vraiment de quelque chose assez sérieux pour avoir ici la...
Une voix: ...
Des voix: Hal Ha! Hal
M, Polak: ...sorte de procédure devant nous, ce comité
d'enquête.
Si j'ai bien compris là, la loi 272 ce n'est pas votre
ministère qui s'occupe des affaires municipales.
M. Pagé: Pardon?
M. Polak: La loi 272...
M. Pagé: Ouais.
M. Polak:... c'est une loi qui touche quel ministère?
M, Pagé: Plus particulièrement le ministère
des Transports parce que c'est lui qui a déboursé les sommes
importantes pour couvrir les subventions inhérentes à la
dépense de 7 000 000 $.
M. Polak: Le ministre, ministère des Transports.
Également, le ministre des Affaires municipales est-ce qu'il a quelque
chose à faire avec ce projet de loi-là?
M. Pagé: Le ministre des Affaires municipales avait
à approuver une telle dépense. Cette approbation n'avait pas
été obtenue.
M. Polak: Maintenant, M. Pagé, nous sommes en face de deux
personnages politiques assez influents et puissants, c'est-à-dire
Pagé-Garon, Garon-Pagé. Mais est-ce qu'on n'est pas en train
d'exagérer un peu leur influence respective en disant que: Est-ce que
c'est vraiment possible que vous seul vous auriez pu bloquer un projet de loi
d'un ministère qui n'est pas le vôtre? D'un autre ministre.
M. Pagé: M. le député, je vous rappellerai
que ce n'était pas un projet de loi présenté par un
ministre, c'était un projet de loi privé, présenté
par un député.
M. Polak: Je comprends, c'est un projet de loi parrainé
par un député, présenté par un député
mais tout de même il y a une commission parlementaire qui a
siégé. Il y a une commission parlementaire?
M. Pagé: Oui.
M. Polak: O. K. Donc je voudrais tenter de me placer dans,
disons, la peau de M. Garon. Pourquoi est-ce que lui aurait eu tellement peur
de vous?
Des voix: Hal Ha! Ha!
M. Polak:... le public se demande qu'est-ce qu'il y a avec toutes
ces histoires-là?
M. Pagé: Je vous dirai, M. le député, vous
me demandez une question d'appréciation, je vous dirai que ma
perception, M. le député de Lévis ne semble pas avoir peur
du député de Portneuf, comme le député de Portneuf
n'a pas peur du député de Lévis. M. Polak: O. K. Une
voix:... M. Lefebvre:... motion...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre! À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M, Polak: O. K. Maintenant, dans le processus législatif,
parce que nous sommes en face du ministre de l'Agriculture et, de l'autre
côté, le porte-parole, je présume, M. le
député de Lévis est porte-parole de l'agriculture aussi
pour l'Opposition?
M. Pagé: Agriculture, Pêcheries, Alimentation et
Finances et aussi Revenu.
M. Polak: O. K. Connaissant le déroulement de notre
système parlementaire, pourriez-vous exptiquer, disons pour le
bénéfice du public...
Une voix: Qui nous écoute.
M. Polak: Ah! Ah! Ah! Qui nous écoute depuis trois, quatre
semaines, est-il possible qu'un député ou un ministre même
pourrait bloquer seu!, sans l'assentiment de son équipe politique,
disons de son groupement politique, seul, pourrait bloquer un projet de
loi?
M. Pagé: M. le député, je vous
répondrai que le projet de loi 272 est un projet de loi de nature
privée. Il n'est pas un projet de loi public présenté par
un ministre du gouvernement.
Deuxièmement, tout député à
l'Assemblée nationale du Québec, de quelque formation politique
que ce soit, peut se lever de son siège comme député et
refuser son consentement à une procédure donnée,
appelée, recommandée ou souhaitée par un ou les deux
leaders de la Chambre.
Troisièmement, je vous dirai, M. le député, que la
décision prise et manifestée de refuser mon approbation, mon
consentement au projet de loi 272 s'est faite, comme je l'ai indiqué
à plusieurs reprises ici, comme suite d'échanges avec le ministre
des Transports qui était directement concerné en ce qu'il avait
à payer une bonne partie importante de la facture.
M, Polak: Quand vous dites n'importe quel député
peut bloquer, ça c'est jusqu'à un certain point parce qu'on
décide les affaires ici par un vote, n'est-ce pas,
ultérieurement?
M. Pagé: Non, vous savez... M. le
député.
M. Polak: Parce que le public veut savoir, il se pose des
questions est-ce que c'est vraiment possible que c'est deux hommes forts du
Québec qui peuvent paralyser le système parlementaire. Ils
comprennent pas ça. Et je pense que c'est une occasion en or d'expliquer
de quoi il s'agit.
M. Pagé: M. le député, lorsque le
consentement est souhaité ou donné ou demandé, le
président de l'Assemblée nationale se lève et il indique
est-ce qu'il y a consentement. Il suffit pour tout député, tout
député a le droit de se lever et de dire non, M. le
Président. Et c'est pas plus compliqué que ça.
M. Polak: Maintenant, le député de Lévis qui
était le parrain pour le projet de loi 272, ce projet de loi 272, quand
vous avez reçu la lettre de Me Lemay vous avisant qu'il
présenterait un tel projet de loi, avez-vous lu subséquemment le
projet de loi?
M. Pagé: J'étais à même de constater
que c'était un projet de loi privé, comme je l'ai indiqué
ici, concernant la Commission intermunicipale de transport de la rive sud de
Québec. J'ai eu l'occasion par la suite d'échanger avec le
ministre des Transports sur cette question. J'ai eu l'occasion par la suite
encore d'échanger avec le ministre des Transports le 18 décembre
et, à nouveau, avec le ministre des Transports le 19 décembre au
matin après une séance d'un comité ministériel du
Conseil des ministres.
M. Polak: O. K. Quand vous nous avez expliqué hier que
vous avez trouvé ça loufoque, pourriez-vous expliquer, disons
pour un laïc là, pourquoi vous êtes arrivé à
cette conclusion en vous basant sur quels faits? Est-ce que... Je veux pas dire
que vous êtes pas assez important pour peut-être donner effet
à vos soi-disant pressions mais est-ce que vous avez trouvé
ça un peu loufoque en disant que arrêtez donc M. de Lévis,
c'est pas possible? Pourriez-vous expliquer ça un peu plus qu'hier
là, quand vous avez parlé de loufoque, de quelle manière
vous avez réagi à toute cette histoire-là?
M. Pagé: J'ai indiqué que j'étais,
j'étais très surpris de la décision du
député de Lévis de soulever une question de
privilège et d'invoquer les dispositions de notre règlement et de
la loi constitutive ou habilitante de l'Assemblée nationale qui nous
entraîne dans un processus de convocation de commission parlementaire et
finalement de jugement, en fait, par les membres d'une commission dont vous
êtes. J'ai indiqué, quand j'ai référé au
caractère loufoque de la situation, c'est quand j'ai été
à même d'analyser, de prendre connaissance toute la propension que
semblait prendre cette affaire ou cette question soulevée par le
député de Lévis. Et je me suis ravisé et j'ai
indiqué, comme j'en ai fait part à l'Assemblée nationale,
ma décision de revenir sur cette décision initiale et de ne pas
bloquer le projet de loi 272.
Cependant, M. le député, vous comprendrez que les propos,
les réponses à donner aux questions que je donne ici à
l'Assemblée nationale depuis bientôt onze, ou douze ou treize
heures, n'ont pas pour but parce que vous avez utilisé le terme informer
le public, moi c'est un échange avec les députés parce que
je suis jugé par vous comme député là.
M. Polak: O. K. je n'ai pas d'autre question.
Le Président (M. Lorrain): Merci, M. le
député de Sainte-Anne. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Taillon.
M. Filion: En vertu de la règle de l'alternance, est-ce
que ce n'est pas un représentant du groupe du ministériel?
Le Président (M. Lorrain): Non. C'est à vous, M. le
député de Taillon, sans jeu de mots. Sans jeu de mots. C'est
à vous, M. le député de Taillon.
Une voix:...
Le Président (M. Lorrain): Non.
M. Filion: Avez-vous parlé, M. le ministre, à
d'autres personnes que M. Côté du projet de loi 272?
M. Pagé: À quel moment?
M. Filion: Â n'importe quel moment. Après le 14
novembre et le 19 décembre à neuf heures et demie le matin?
M. Pagé: J'ai référé à des
membres de mon cabinet et de mes adjoints.
M. Filion: Pour?
M. Pagé: Quand j'ai reçu la lettre de Me Lemay.
M. Filion: Pour? M. Pagé: Pourquoi? M. Filion:
Quand?
M. Pagé: Vous savez, M. le député, quand on
reçoit une lettre d'un avocat concernant un projet de loi privé
par surcroît quand on la reçoit personnellement dans son courrier,
on réfère le courrier, on
réfère le traitement de certains dossiers à des
adjoints. Ce n'est pas plus compliqué que ça.
M. Filion: À qui et pourquoi? M. Pagé:
 qui et pourquoi quoi?
M. Filion: Avez-vous référé le dossier, la
lettre?
M. Pagé: Vous savez, tous les dossiers qui entrent dans
mon bureau ne demeurent pas sur mon bureau.
M. Filion: À qui et pourquoi? À qui l'avez-vous
référée pour faire quoi? En donnant quelles
instructions?
M. Pagé: J'ai référé ce document,
cette missive à un de mes adjoints qui avait d'ailleurs, enfin, qui est
responsable de tout le volet de la législation, en lui indiquant de me
remettre ce document au moment où ce serait étudié. Pas
plus compliqué que ça. C'est la règle habituelle du
travail quotidien d'un député ou d'un ministre.
M. Filion: Est-ce qu'effectivement vous avez revu ces
documents-là?
M. Pagé: De quels documents? Des documents qui m'ont
été envoyés ou la lettre de Me Lemay?
M. Filion: Les deux.
M. Pagé: J'ai été, je savais
évidemment quelle commission des bills privés siégerait
à la fin du mois de décembre.
M. Filion: Non. Ma question, vous l'aviez comprise, M. le
ministre. Est-ce que vous avez revu ou la lettre ou le mémoire qui
accompagnait la lettre?
M. Pagé: Non.
M. Filion: Donc, on ne vous a jamais sorti ce dossier-là
pour la commission parlementaire du 18? (17 h 30)
M. Pagé: Non, parce que je n'avais pas, comme je vous ai
indiqué, je crois que c'est vous qui m'avez posé la question, M.
le député, pourquoi est-ce que je n'y étais pas venu?
Parce que 1- je n'étais pas membre et 2- j'avais d'autres
activités.
M. Filion: M. le ministre, votre connaissance du projet de loi
272, d'abord, vous n'avez pas lu le projet de loi.
M. Pagé: C'est un projet de loi qui est très bref,
vous savez, c'est quelques articles.
M. Filion: Mais vous ne l'aviez pas lu en date du 18
décembre, du 19 décembre au matin.
M. Pagé: O. K. À savoir si je l'ai lu, si je l'ai
analysé, si j'ai regardé chacune des virgules, je ne peux vous
dire. Cependant, il est possible que j'en aie fait une lecture en diagonale ou
un constat quand ces documents m'ont été envoyés, mais
demandez-moi pas si je l'ai lu. Comme avocat, si je l'ai analysé etc.,
je vous dirai que non, M. le député, c'est ce que je vous ai
indiqué hier.
M. Filion: Mon collègue, le député de
5ainte-Anne, il y a cinq minutes vous a demandé si vous l'aviez lu.
Votre réponse, on pourra relire les galées, laissait croire que
non, vous ne l'aviez pas lu. Je vous repose la question: Est-ce que vous avez
lu le projet de loi 272 avant le 19 décembre à neuf heures et
demie le matin?
M. Pagé: J'ai constaté, ah oui, j'ai
constaté que le projet de loi avait une teneur limitée seulement
de quelques articles. Ce qui était important pour moi c'était de
voir avec mon collègue, le ministre des Transports, la portée
d'une telle mesure et l'impact en termes de piastres, de cents, de dollars et
de centaines de milliers de dollars payés à même les
impôts de nos concitoyens et de nos concitoyennes et de vos
électrices et de vos électeurs, M. le député.
M. Filion: La seule autre personne à qui vous avez
parlé du projet de loi 272, à part M. Côté, c'est
quelqu'un de votre cabinet?
M. Pagé: Oui, sauf qu'en arrivant ici le matin,
après ma communication avec Me Lemay...
M. Filion: D'accord.
M. Pagé:... j'ai avisé le bureau du leader de ma
décision.
M. Filion: M. le ministre... M. Pagé: Oui.
M. Filion:... vous avez dit hier que vous n'aviez pas lu le
mémoire qui accompagnait la lettre de Me Lemay.
M. Pagé: Je l'ai vu mais je ne l'ai pas lu.
M. Filion: Est-ce que vous pourriez m'expliquer comment se
fait-il que le 19 décembre, à neuf heures trente le matin, vous
prenez une décision sur un vote, sur votre vote, sur un projet de loi
alors que
tout ce que vous en connaissez c'est une lettre de deux paragraphes et
demi de Me Lemay. et deux conversations téléphoniques, deux
conversations ou trois, avec le ministre des Transports? Comment, à
partir de ces seuls éléments-là, êtes-vous capable
comme député expérimenté de baser et de vous
bâtir un jugement pour voter à l'encontre, pour refuser votre
consentement à l'adoption d'un projet de loi privé en Chambre
alors que vous n'étiez pas partie à une commission parlementaire,
alors que vous n'avez pas lu le mémoire de votre bon ami, ou en tout cas
de votre bonne connaissance, Me Lemay, alors que vous n'aviez pas
discuté avec le ministre des Affaires municipales qui est le ministre
titulaire? J'aimerais ça que vous m'expliquiez ça.
M. Pagé; Je vous ai indiqué, M. le Président, j'ai
fait part et je vous ai fait part, M. le Président, à plusieurs
reprises au cours de ces travaux des réserves à l'égard de
ce projet de loi, sur quoi elles s'appuyaient, le fait que c'est une
dépense de 7 000 000 $ sans l'approbation ou les approbations requises
qui ont impliqué des règlements de financement temporaire
coûteux exorbitants et des échanges avec le ministre des
Transports m'ont permis, tel que je vous l'ai indiqué, d'en arriver
à la conclusion que le report de l'adoption de ce projet de loi à
quelques mois n'allait pas causer préjudice extraordinaire, grave ou
irréparable à la Commission intermunicipale de transport de la
rive sud. Je vous ai répondu ou j'ai répondu à cette
question, à plusieurs reprises depuis que je témoigne devant
cette commission, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Une seconde, M. le
député de Taillon. A l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Taillon. À
l'ordre, s'il vous plaît! Vous avez toujours la parole, M. le
député de Taillon.
M. Filion: Est-ce qu'avec M. Côté, il a
été question dans vos conversations avec M. Côté,
est-ce qu'il a été question d'appeler M. Lemay?
M. Pagé: Pas à ma connaissance, M. le
député.
M. Filion: Est-ce qu'il a été question de Me Lemay
dans vos conversations avec M. Côté?
M. Pagé: Celle du 19 au matin, oui où M.
Côté m'a indiqué, a référé à la
demande de Me Lemay pour le financement, pour que le ministère des
Transports couvre le financement temporaire en totalité et aussi le fait
que Me Lemay... Il avait été à même de constater que
Me Lemay était au dossier depuis un temps limité, seulement
quelques mois. C'était le 19 décembre au matin.
M. Filion: Est-ce que M. Côté savait que vous
connaissiez Me Lemay?
M. Pagé: Je crois lui avoir indiqué au moment de
notre première conversation, après le 18 novembre, à
savoir que Me Lemay était un avocat qui représentait des
municipalités de mon comté.
M. Doyon: En quels termes avez-vous parlé à M.
Côté de Me Lemay?
M. Pagé: Je ne saurais dire précisément,
mais certainement pas en termes négatifs, M. le
député.
M- Filion: En termes positifs à l'égard de Me Lemay
et de son projet de loi?
M. Pagé: Non, non. Vous me demandez si j'ai parlé
de Me Lemay à M. Côté?
Le Président (M. Lorrain): Terminez, M. le
député de Taillon.
M. Pagé: Je vous ai répondu que je n'en ai
certainement pas parlé en termes négatifs référant
à Me Lemay.
Le Président (M. Lorrain): Une question de cinq secondes,
M. le député de Taillon.
M. Filion: Alors, exhibit D-3?
M. Chevrette: D-3.
M. Filion: Juste pour mettre le...
Le Président (M. Lorrain): Êtes-vous en possession
de D-3, M. le ministre?
M. Pagé:... M. le Président.
M. Chevrette: Allez lui en porter une.
M. Filion: Est-ce qu'on peut lui envoyer une copie s'il vous
plaît, de D-3? Alors vous avez l'exhibit D-3 entre les mains, cela
va?
M. Pagé: Oui.
M. Filion: Vous avez dit tantôt que M. Garon était
quelqu'un de têtu. Dans le message de Me Lemay à M. Garon qui se
lit comme suit: "M. Lemay vient tout juste de recevoir un appel
téléphonique de Michel Pagé qui disait ceci...
M. Doyon: Consentement.
M. Filion: Aïe là, je lis.
M. Doyon: II y a consentement, parce
que vos cinq secondes sont expirées, M. le député
de Taillon.
M. Filion: Oui, mais je ne peux pas arrêter dans le milieu
de ma question, d'une phrase non plus.
M. Doyon: Non, non, c'est pour cela... De consentement, on va
vous laisser aller.
M. Filion: D'accord.
Le Président (M. Lorrain): Le plus brièvement
possible s'il vous plaît, M. le député de Taillon.
M. Lefebvre: Vous ne direz pas qu'on n'est pas gentil
après.
M. Filion: D'accord. Merci, M. !e député de
Frontenac. Je suis prêt à vous rendre ie même service, ainsi
qu'au député de Louis-Hébert et au député de
Sainte-Anne.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Taillon, vous avez la parole.
M. Filion: M. Lemay vient tout juste de recevoir un appe!
téléphonique de Michel Pagé qui disait ceci. C'est le
premier élément du message, il vient juste de recevoir un appel
téléphonique de Michel Pagé: "Si M. Garon continue
à s'entêter à bloquer le projet de loi 132, il - M.
Pagé - s'engage à bloquer le projet de loi de la CITRSQ." M.
Pagé, vous avez dit que M. Garon était un têtu, est-ce que
c'est possible que vous ayez dit à Me Lemay que M. Garon était un
têtu, était un entêté?
M, Pagé: Est-ce que votre question est
terminée?
M. Filion: Le premier volet et le deuxième volet...
Le Président (M. Lorrain): Non, non. Là, par
exemple, le consentement a été...
M. Filion: C'est un vieux réflexe, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): M. le ministre, votre
réponse s'il vous plaît!
M. Pagé; M. le député, vous référez
au memo adressé à M. Jean Garon de - la date - le 19
décembre, le document D-3, j'ai eu l'occasion d'être
questionné à plusieurs reprises ou à quelques reprises au
moins sur ce document, je vous ai indiqué, et je répète ce
que je vous ai indiqué à ce moment-là, qu'en aucun temps,
dans cette conversation, je n'ai fait part du caractère conditionnel ou
je n'ai établi de condition entre 272 et 132.
Le Président (M. Lorrain): Votre temps est maintenant
écoulé, M. le député de Taillon. Je vais
céder la parole à un député de la formation
ministérielle.
M. Lefebvre: M. le député de Roberval.
Le Président (M. Lorrain); Alors je comprends bien que M.
le député de Roberval de la formation ministérielle passe
son tour. Vous avez la parole.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question
d'alternance, je comprends que nous avons tous un période de temps
limite, que cette période est fractionnable, que la pratique veut que
dans tout débat à l'Assemblée nationale il y ait
alternance entre les membres. Mais, M. le Président, je suis un peu
agacé par le phénomène qui se déroule depuis, je
pense, une journée et demie où les membres d'une formation
politique passent leur tour, passent leur tour, passent leur tour, qui pourrait
créer la situation suivante, a partir d'une décision que vous
avez vous-même rendue... Non, mais M. le Président, est-ce que je
peux vous dire que ça m'indispose de vouloir forcer un consensus...
Le Président (M. Lorrain): C'est très
important...
M. Rochefort: ...vous êtes déjà en train
d'être prêt à rendre une décision...
Une voix: Bien oui.
Le Président (M. Lorrain): Absolument.
M. Rochefort: ...alors que je n'ai même pas pu m'exprimer
sur une question.
Le Président (M. Lorrain): Parce que les deux formations
politiques, M. le député de Gouin, avant que la commission
commence...
M. Rochefort: Sur quoi pensez-vous que j'interviens"?
Le Président (M. Lorrain): 26, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Lisez-moi donc 26.
Le Président (M. Lorrain): 26: Ordre de l'interrogatoire
des témoins ou l'alternance.
Des voix: ...
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Il y a plus que
ça.
M. Doyon:... de cette façon-là, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): C'est parce que...
M. Doyon: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Quand je suis prêt
à intervenir sur une question de rèqlement, je ne laisserai pas
les gens argumenter pendant dix minutes, alors que c'est clair qu'il y a un
consensus qui est intervenu avant que la commission commence les deux
interventions. Si le député veut utiliser... II y a un autre
consensus qui dit...
Des voix:...
Le Président (M. Lorrain): Un instant! Sur votre autre
argument, votre deuxième argument, vous n'avez pas à être
embêté si quelqu'un ne pose que deux questions et qu'il y en a un
qui pose des questions pendant une heure et demie. C'est le droit de chacun des
parlementaires qui est ici. Je l'ai expliqué longuement dans l'adresse,
avant de commencer en commission parlementaire.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Lorrain): Sur une question de
règlement extrêmement claire comme ça, sur laquelle il y a
eu deux consensus d'intervenus, je ne permettrai pas qu'on recommence tous les
débats qu'on a eus il y a un mois et une semaine entre les deux leaders,
c'est-à-dire le comité directeur de la commission de
l'Assemblée nationale et la présidence. Là, je ne
comprends plus, là.
M. Rochefort: Moi non plus, je ne comprends pas.
Le Président (M. Lorrain): Je vais répéter
26, ordre de l'interrogatoire des témoins en alternance. "Le groupe
parlementaire qui a fait convoquer le témoin l'interroge en premier. Par
la suite, la règle de l'alternance s'appliquera. Tous les témoins
de l'Opposition seront interrogés avant ceux du groupe parlementaire
formant le gouvernement. " Droit d'interroger les témoins: "Tous les
membres pourront en principe interroger des témoins sous réserve
de l'article 25. " L'article 25, durée de l'interrogatoire d'un
témoin et fractionnement du temps de parole: "Chaque groupe aura un
temps égal à l'autre groupe pour interroger un témoin,
soit au plus deux heures et vingt minutes. Le temps peut être
utilisé en une ou plusieurs interventions. "
Je n'ai aucune obligation et je ne pense pas qu'il y ait une obliqatton
ou quoi que ce soit qui peut être négocié ou qui
apparaît dans le consensus ou qui est établi depuis le
début de cette commission que tous les députés sont
obligés à chacun leur tour d'interroger à tous, soit les
20 minutes, ou... Il y a même plus que ça. J'ai reconnu le temps
de parole en quatre reprises à M, le leader de l'Opposition. Je l'ai
reconnu, et M. le leader de l'Opposition n'est pas obligé de prendre...
Bon, alors, écoutez, vous parlez de l'ordre de l'interrogatoire et
l'alternance, et c'est ce que vous êtes intervenu. Je pense
qu'actuellement, on perd beaucoup de temps.
M. Roehefort: Ce que je veux indiquer, M. le
Président...
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse si je n'ai pas
compris, je vous cède la parole, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Ce que je veux vous dire, puis je pense que c'est
important que vous écoutiez attentivement ce que je vais vous dire.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui, très
important.
M. Rochefort: Pendant que je suis en train de soulever une
question de règlement, où effectivement, au début, j'ai
parlé de l'alternance, vous vous tournez, vous allez chercher le
document des consensus, vous arrivez de toute évidence au consensus qui
parle des alternances, vous faites un signe au leader de l'Opposition, tout
ça, mais là, vous ne savez même pas où je m'en vais,
ce que je vais soulever comme problème, et vous êtes
déjà en train de préparer votre réponse à la
question que je n'ai pas faite.
Je vous dis, M. le Président, que je souhaiterais qu'avant que
vous vous retourniez pour chercher un document, pour préparer une
décision, vous entendiez au moins l'essentiel de ce que j'ai à
dire, et non pas partir d'un mot que j'ai prononcé, qui est
"alternance".
Le Président (M. Lorrain): Vous avez dit plus que
ça, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Je me sens frustré, M. le Président,
je sens qu'on ne respecte pas mes droits quand je soulève une question
de règlement et qu'on agit de la sorte.
Le Président (M. Lorrain): Je m'excuse, je ne veux pas ne
pas respecter les droits des parlementaires ici, alentour de la table, et c'est
très important.
M. Rochefort: Bon. Donc, le sens de ma question de
règlement, M. le Président,
je reconnais tout ce que vous avez dit, c'est ce que j'étais en
train de dire. Mais il demeure qu'il se pose un problème qui revient,
d'ailleurs, en contradiction avec une décision que vous avez
déjà rendue tantôt, à l'occasion d'une question de
règlement que j'avais personnellement soulevée, où il se
produit que, à partir normalement de l'alternance, les membres d'une
formation, par exemple, décident de ne pas prendre leur tour de parole.
Ils ont le droit, je le reconnais. Mais on se retrouverait possiblement dans
une situation où les membres d'une formation politique auraient
épuisé tout le temps de parole qui leur est attribué et
qu'à partir de là, les membres de l'autre formation politique
commencent à utiliser le droit qu'ils n'ont pas utilisé au moment
de l'alternance alors qu'il n'y aurait plus possibilité pour un
député de l'autre formation politique de contre-interroger sur un
élément nouveau qui est intervenu dans une question.
Vous-même, tantôt, vous m'avez dit, à l'occasion d'une
question de règlement que j'ai soulevée: Si vous avez un
problème, vous aurez à votre tour le droit de compléter la
question, de demander un renseignement additionnel, une précision, une
nuance. Mais, s'il y a plus de droit de parole...
Une voix: C'est fini.
M. Rochefort: Ah mais là, ça pose tout le
problème de l'alternance appliquée de cette
façon-là.
Le Président (M. Lorrain): Ah! Non, non, non. Là,
on ne reviendra pas. Excusez-moi. Avant, est-ce que vous avez d'autres...
M. Lefebvre:... quoi faire.
Le Président (M. Lorrain): Un instant, un instant, je veux
finir, par exemple! Est-ce que vous avez d'autres arguments?
M. Rochefort: J'ai rien d'autre. Mais êtes-vous conscient
que ce n'est pas ce que vous pensiez au début?
M. Lefebvre: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, oui.
M. Lefebvre: Il reste, au moment où on se parle, à
la formation de l'Opposition six minutes trente secondes et si le
député de Gouin soulève des questions de règlement
strictement pour se rendre à 18 heures...
M. Doyon: On va tout de suite...
M. Lefebvre:... de sorte qu'on oblige...
Le Président (M. Lorrain): Non, non, non.
M. Lefebvre: Un instant! Un instant! De sorte qu'on...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président. Question de règlement en vertu de l'article 35 de
notre règlement, M. le Président.
M. Lefebvre: M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: En vertu de 35 de notre règlement, M. le
Président.
M. Lefebvre: J'ai dit "si".
Une voix: II nous impute des motifs.
Le Président (M. Lorrain): Non, non.
M. Lefebvre: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Lorrain): Sur la question de
rèqlement, M. le député de Frontenac. M. le
député, uniquement sur la question de rèqlement, sans
commentaire.
M. Lefebvre: M. le Président, je voudrais avoir le
consentement de l'Opposition à ce qu'on puisse s'entendre pour
libérer, pour régler les six minutes trente secondes qui vous
restent après 6 heures, si nécessaire. Est-ce qu'on a un
consentement là-dessus, M. le Président? Est-ce qu'on a un
consentement à ce qu'on puisse dépasser 18 heures, de sorte que
vous puissiez épuiser votre temps si nécessaire? Si oui, on
pourra, après, débattre les questions de rèqlement qu'on
voudra, tant et aussi longtemps qu'on voudra, il y aura pas de problème.
Mais si on veut gagner du temps de sorte qu'on ramène le ministre demain
matin à 10 heures, M. le Président, on ne se comprendra pas.
Le Président (M. Lorrain): Non, vous êtes...
M. Lefebvre: II reste six minutes trente secondes, M. le
Président. Alors, si on a un consentement pour dépasser 18
heures, moi, je m'arrête tout de suite.
M. Chevrette: C'est à I8 heures qu'on donne les
consentements. (17 h 45)
Le Président (M. Lorrain): Bon, Alors, sur votre demande,
M. le député de Frontenac, le leader de l'Opposition
répond...
M. Lefebvre: II n'y a pas de consentement, à ce que je
comprends, M. le Président?
Le Président (M. Lorrain): À 18 heures, s'il manque
encore du temps, il donnera peut-être son consentement. C'est ce que je
comprends.
Maintenant, quant à la question... Est-ce que vous voulez
intervenir? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui veut intervenir sur la question de
règlement?
M. Lefebvre: Sur le reste, M. le Président, je n'ai
absolument rien à dire. On fonctionne de cette façon-là
depuis trois semaines. Vous avez toujours considéré que ça
respectait les consensus intervenus entre les partis. C'est de cette
façon-là qu'on a interrogé le député de
Lévis, c'est de cette façon-là qu'on a interrogé Me
Lemay et c'est de cette façon-là qu'on a interrogé
également M. le député de Portneuf jusqu'à date.
Alors, M. le Président, l'argumentation du député de
Gouin, ça ne tient à absolument rien et ça contredit tout
ce qui a été fait à date.
Une voix: Et, en plus de ça, il est six heures moins
quart.
Le Président (M. Lorrain): Bon, alors, je reprends toute
l'argumentation...
Une voix:.,.
Le Président (M, Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je reprends toute l'argumentation de tout à l'heure et j'y ajoute
trois petits points seulement. Je ne vous le reproche pas, parce que vous
n'avez pas assisté au comité directeur à toutes les
journées, toutes les heures qu'on a eues avant d'arriver à
quelque consensus sur quelques règles seulement.
Dans un premier temps, il reste la contre-assignation, reconvocation.
Dans un deuxième temps, il n'y a pas de contre-interrogatoire ici. Tout
le monde est en interrogatoire, peu importe à quelle période
où on est. Dans un troisième temps, il y avait une entente au
tout début. C'est qu'on pensait que toute une formation ferait un bloc
de preuve total et qu'après ça, seulement l'autre formation...
Mais, on a dit: Non, on va prendre le règlement en se basant sur le
règlement puis, on va avoir la règle de l'alternance, mais au
choix. Je ne peux empêcher... Même, ça pourrait arriver, M.
le député de Gouin, qu'une formation ne pose aucune question
à un témoin qui va venir ici et on ne peut pas...
Une voix: O. K.
Le Président (M. Lorrain): Ça va?
Alors, qui... Il y avait... M. le député de Roberval,
excusez-moi, en interrogatoire.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. M. le ministre,
est-ce que la rétroactivité incluse dans le projet de loi 272
vous semblait quelque chose de suffisamment fondamental pour en justifier le
blocage ou l'arrêt compte tenu des inconvénients quand même
que cela causait aux gens de la rive sud. Est-ce que ça vous semblait
quelque chose de suffisamment important pour justifier ce que vous avez, ce que
vous aviez décidé de faire?
M. Pagé: J'ai indiqué hier, M. le
député, à plusieurs reprises d'ailleurs, que
c'était une ratification d'une dépense pas de 70 $ ni de 700 $,
mais de 7 000 000 $, et ça, c'est pas des pinottes, et ça
impliquait, ça impliquait le financement, une demande de la Commission
intermunicipale de transport de la rive sud à l'effet que le
gouvernement paie le coût mensuel du financement pour les emprunts
temporaires. Et, pour moi, c'était suffisant pour que ce soit bien, bien
scruté, bien étudié, et que ça pouvait attendre au
mois de mars.
M. Gauthier:... compléter. Vous avez indiqué, M. le
ministre - plus tôt j'ai noté les qualificatifs - que la
procédure du député de Lévis était
étonnante, loufoque, ridicule, inappropriée. Bref, vous en avez,
vous l'avez qualifiée de différentes façons.
Êtes-vous capable de m'expliquer, si c'est si important que ça, 7
000 000 $, et c'est pas des pinottes et c'est une question fondamentale,
pourquoi vous avez changé de point de vue à cause d'une
procédure loufoque, ridicule et inappropriée?
M. Pagé: M. le député, je n'ai pas
référé à une procédure loufoque et
inappropriée. J'ai référé à une situation,
une situation qui m'apparaissait tout à fait loufoque et ridicule comme
suite de l'enclenchement d'une procédure aussi grave, aussi
exceptionnelle et aussi rare - vous allez en convenir avec moi - pour le motif
que j'aurais, selon l'accusation formulée, fait des pressions indues sur
le député alors que ce n'était pas, ce n'est pas ce que
j'ai fait, ce n'était pas mon intention, et ça, je l'ai dit
dès le 19 décembre et je l'ai répété
à plusieurs reprises ici en commission parlementaire, M. le
député. Et cette situation tout à fait ridicule, comme je
l'ai indiqué, dans laquelle on se retrouvait où, finalement, je
devenais accusé d'une chose et, comme je vous l'ai indiqué, la
pression se trouvait retournée vraiment vers moi à ce
moment-là, j'ai pris la décision personnelle de revoir cette
décision tout simplement, comme je vous l'ai indiqué et je l'ai
indiqué à d'autres de vos collègues depuis hier matin.
M. Gauthier: Vous avez changé de décision
concernant quelque chose de fondamental qui n'est pas des pinottes.
Pourquoi?
M. Pagé: Écoutez! En disant, je me disais
moi-même: Imagine-toi, Michel, tout le plat que ça va faire -
parce que je sais la tenue, l'impact d'une procédure comme
celle-là - tout le plat qu'est en train de faire le député
de Lévis avec cette question-là: commission parlementaire,
auditions longues, coûteuses aussi pour l'État, pour les
contribuables du Québec, la simple tenue d'une commission comme celle
à laquelle vous êtes actuellement. Et je me suis dit: Bien,
coudon! On va laisser passer.
M. Gauthier: Vous vous imaginiez donc que, changeant votre
décision sur 272, cette commission, en tout cas la question de
privilège n'aurait pas de suite. Est-ce que c'est ça?
Une voix: Bien...
M. Pagé: Je savais que la commission parlementaire,
dès le moment où la question de privilège...
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Gauthier: S'il vous plaît, là!
Le Président (M. Lorrain): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Pagé: Je savais, M. le député,
pertinemment que, dès le moment où la question de
privilège était soulevée et acceptée, il n'y avait
pas de vote là-dessus. Il s'enclenchait évidemment la commission
parlementaire. Mais vous allez comprendre avec moi, M. le député,
que faire l'objet d'une accusation comme celle-là n'est pas ni facile ni
agréable et c'est ce qui m'a amené à voir toute l'ampleur
que ça prenait parce que, je vous le dis, je l'ai dit à plusieurs
reprises et je vous le répète, M. le député, la
démarche auprès de Me André Lemay s'appuyait sur la
connaissance personnelle que j'ai de cet avocat et sur le fait qu'il avait
communiqué avec moi pour ce projet de loi à l'égard duquel
j'avais des réserves, parce que c'était ratifier une
dépense très appréciable et, dans mon livre à moi,
je l'ai indiqué à plusieurs reprises, on se doit d'être des
plus rigoureux et des plus prudents avec les projets de loi privés parce
qu'ils viennent en fin de session, à un moment où les
députés ont beaucoup de travail, à des heures parfois
indues et si je me suis intéressé particulièrement
à ce projet de loi, ce n'est pas compliqué, c'est que Me Lemay
m'a écrit puis a communiqué avec moi. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Roberval, il vous reste encore 30 secondes sur votre temps.
M. Gauthier: 30 secondes?
Une voix:...
M. Filion: Une minute et demie.
M. Chevrette: C'est une minute et demie.
Le Président (M. Lorrain): Oh! Excusez-moi. Une minute et
demie, M. le député. Vous avez tout votre temps, M. le
député de Roberval.
M. Gauthier; M. le ministre, ça changeait quoi de changer
votre vote? Ça changeait quoi dans cette procédure
enclenchée?
M. Pagé: Ça ne changeait rien. Ce n'est pas ce que
j'ai soutenu, M. le député.
M. Gauthier: Vous changez d'opinion sur une question fondamentale
et pas pour des pinottes, ce sont vos paroles et absolument pour rien,
ça ne changeait rien.
M. Pagé: Ça ne changeait rien sur la
procédure enclenchée par le député de Lévis,
à preuve, nous sommes ici aujourd'hui, vous et moi. Et ce que ça
chanqeait concernant la Commission intermunicipale de transport de la rive sud,
ça changeait l'adoption de sa loi, non pas fin mars, début avril,
mais au 1er janvier ou au 31 décembre et son financement permanent
à partir de cette date-là.
M. Gauthier: Mais à ce moment-là, pourquoi
avez-vous lié ça précédemment à la question
de privilège soulevée par le député de Lévis
en disant: Quand j'ai vu ça j'ai changé d'opinion. Vous avez dit
ça précédemment.
M. Pagé: Je vous ai dit, M. le député... Il
ne faudrait pas tenter de me faire dire des choses que je n'ai pas dites. Je
vous ai indiqué que suite à la question de privilège
soulevée par le député de Lévis, la pression s'est
vraiment retournée vers moi comme député, tout simplement.
Et je ne vous souhaite pas d'avoir à vivre une procédure comme
celle-là un jour.
M. Gauthier: M. le ministre, je vais essayer de ne pas me placer
dans la situation dans laquelle vous êtes placé.
M. Pagé: Ah! c'est moi qui suis
l'accusé.
Le Président (M. Lorrain): Ne commencez pas de
commentaire... Ca va, ça va, de part et d'autre pas de commentaires.
Question, réponse.
M. Gauthier: Dites-moi, est-ce que votre opposition et vos
désaccords quasi traditionnels avec le député de
Lévis que vous avez illustrés tantôt très bien,
est-ce qu'ils n'auraient pas pu transparaître dans votre conversation
avec Me Lemay l'amenant à considérer que ce différend
était à l'origine du blocage du projet de loi 272?
M. Pagé: C'est une question tout à fait
hypothétique et je vous... Ce que vous me dites n'est-il pas exact que
vous auriez, bon, etc. Je vous dis, M. le député, je l'ai
répété à plusieurs reprises et je vais vous le
répéter encore une fois, la démarche auprès de Me
André Lemay n'avait pas comme objectif, ni directement ni indirectement,
de créer quelque pression que ce soit sur le député de
Lévis.,
M. Gauthier: Connaissez-vous la différence, M. le
ministre, entre le but d'une démarche et les conséquences d'une
démarche?
M. Pagé: Oui.
M. Gauthier: Est-ce que vous ne croyez pas que dans votre
démarche les conséquences peuvent être différentes
du but poursuivi peut-être initialement?
M. Pagé: Vous savez, j'ai dit à plusieurs reprises
ici que mon témoignage puis par mon témoignage je vous informe de
ce que j'ai fait dans ce dossier en regard de l'accusation formulée par
le député de Lévis. Je ne peux évidemment
interpréter les propos, comment mes propos ont été
analysés, perçus ou interprétés par d'autres. Je ne
peux me porter garant, exemple, de ce que le député de
Lévis a compris. Je ne peux me porter garant de ce que Me Lemay a
indiqué à M. Garon. Je suis venu ici pour vous dire ce que moi
j'ai fait dans ce dossier, ma perception. Et là, vous me demandez la
différence entre la conséquence et le but d'une démarche.
Je vous dis, moi, et je vous le répète, pourquoi j'ai
appelé Me Lemay? C'est parce que je le connais personnellement, parce
qu'il avait communiqué avec moi sur ce projet de loi et parce que je
voulais qu'il l'apprenne et qu'il le sache de moi, purement et simplement,
parce que j'avais pris la décision le 19 décembre au matin de
refuser mon consentement à l'adoption en troisième lecture de ce
projet de loi.
M. Gauthier: Je vous demanderai, M. le ministre, avez-vous dans
votre conversation avec Me Lemay utilisé des termes susceptibles de
décrire vos différends avec le député de
Lévis?
M. Pagé: J'ai indiqué... Je vais
répéter, je vais me voir dans l'obligation de
répéter ce que je vous ai répondu hier, ce que j'ai
répondu à d'autres de vos collègues. J'ai indiqué
au député de Lévis... à Me Lemay que je n'avais
aucun service ou cadeau à faire au député de Lévis,
compte tenu de l'attitude de blocage systématique de nos lois, de mes
lois notamment et des lois du ministre des Finances.
M. Gauthier: Ces propos concernant le député...
Le Président (M. Lorrain): M. le député a la
parole.
M. Gauthier: Je peux faire ma question.
Le Président (M. Lorrain): Ah! absolument.
M. Gauthier: Ces propos que vous avez tenus au
député, c'est-à-dire à Me Lemay concernant le
député de Lévis, relativement au fait que vous n'aviez pas
de cadeau à lui faire et le parallèle de 132 zonage agricole et
272, n'auraient-ils pas pu entraîner des conséquences
différentes peut-être du but poursuivi initialement"?
M. Pagé: N'auraient-ils pas pu, c'est une question tout
à fait hypothétique. Je vous dis, M. le député, que
mon objectif n'était pas de faire une pression sur le
député de Lévis.
Le Président (M. Lorrain): Votre interrogatoire, M. le
député de Robervaï, est maintenant terminé. Je vais
reconnaître le prochain des intervenants de la formation
ministérielle. Alors, je vais reconnaître...
Une voix: Je souhaiterais qu'on...
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vais
reconnaître M... Je vais reconnaître M. le leader de
l'Opposition.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
qu'il me reste 30 secondes, ça prendra probablement deux, trois minutes,
je donnerais mon consentement pour qu'on dépasse de dix minutes,
maximum, à ce stade-ci parce que vous allez être obligé de
le demander dans...
M. Gauthier: Vous attendez une question de règlement?
M. Chevrette: Non, non. C'est parce que tantôt, le leader
du gouvernement m'a dit: Est-ce que vous donnez votre consentement, il est 6
heures et j'accorderais le consentement, M. le ministre.
Le Président (M. Lorrain): Allez, M. le leader de
l'Opposition. M. le député de Gouin.
M. Chevrette: Avez-vous dit, M. Pagé, à d'autres
parlementaires de quelque formation politique que ce soit que si Jean Garon ne
votait pas pour la 132, vous bloqueriez le 272?
M. Pagé: Â quel moment
référez-vous?
M. Chevrette: Jeudi soir entre 6 heures 6 h 10? Assis à
votre siège,
M. Pagé: Je ne peux vous dire, M. le député.
Entre 18 heures et 18 h 10"?
M. Chevrette: Je vous demanderais de faire un effort de
mémoire, M. le Président. Je reprends ma question si ça
peut aider... Ca compte sur mon temps? Je pense que la question est claire.
M. Pagé: J'ai indiqué, M. le député,
à quelques reprises ici que j'avais eu des conversations avec le
ministre des Transports sur le projet de loi 272 après l'envoi de la
lettre de Me Lemay. Le 18, je vous ai indiqué probablement que mon
échange avec le ministre des Transports serait survenu en soirée
et que ma décision a été prise le vendredi matin, le 19.
Que j'aie évoqué cette possiblité avec un
député, je vous dis que c'est possible, mais je ne sais pas, je
peux pas vous en dire plus, surtout entre 18 heures et 18 heures 10, le jeudi
soir, je ne saurais quoi répondre, M, le député.
M. Chevrette: Vous rappelez-vous d'avoir dit à un
député, entre 6 heures et 6 heures 10, jeudi soir, le 18, que si
Jean Garon ne votait pas pour votre projet de loi, que son projet de loi serait
bloqué?
M. Pagé: M. le député, je vous ai
indiqué qu'à ce moment-là, pour mot, 132, j'en avais fait
mon deuil. Écoutez, là, vous me demandez des possibilités.
C'est possible que j'aie évoqué à quelqu'un le fait que,
compte tenu que je n'avais pas mon projet de loi 132, j'étais
habilité à avoir des réserves sur 272 et que 272 allait
être étudié. J'ai été en contact avec le
ministre des Transports mais, M. le député, si vous
référiez a un fait plus spécifique, plus particulier, je
pourrais peut-être y répondre plus facilement. Vous me dites:
Entre 18 heures et 18 heures 10, le 18 décembre, tu sais... C'est
très précis, bien oui. Mais, si c'était plus
précis, ça irait peut-être mieux, vous savez, ce serait
peut-être plus facile pour moi d'y répondre.
M. Chevrette: Dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Lorrain): Brève, il reste peu de
temps.
M. Chevrette: Est-ce que vous n'auriez pas parlé à
M. Côté entre 5 heures et 6 heures dans le corridor
derrière le trône, plus précisément de la subvention
à la CITRSQ et que c'est après ça que vous auriez transmis
à un parlementaire de l'Opposition que vous bloqueriez 272 si Jean Garon
continuait à s'entêter sur le projet 132?
M. Pagé: O. K. La première question concerne mon
échange avec le député de Charlesbourg et ministre des
Transports. Je vous ai indiqué que j'ai eu des échanges avec lui
dans la journée du 18 décembre concernant la Commission
intermunicipale de transports de la rive sud et le projet de loi 272. J'ai
répondu au meilleur de ma connaissance et de ma mémoire, M. le
député, hier et aujourd'hui en vous disant que j'avais
parlé avec le député le 18, le ministre des Transports,
c'était possiblement en fin d'après-midi mais probablement en
soirée. Vous me dites entre 17 heures et 17 heures 15 dans le corridor.
Je me rappelle que cet échange s'est tenu dans l'antichambre. Mais vous
arrivez avec une question très spécifique, très
précise qui... à laquelle je ne peux répondre, M. le
député.
M. Chevrette: Je vais demander un consentement. Si ça
l'aidait à donner juste la personne à qui il a parlé pour
voir s'il s'en rappelle, pour donner justice autant au témoin que...
Ça dépend de vous autres. C'est parce que je n'ai plus de
temps.
M. Lefebvre: II reste du temps sur l'enveloppe du
député de Gouin, M. le Président.
M. Chevrette: Est-ce que vous me donnez cinq secondes du
député de Gouin, il ne les prendra pas?
M. Lefebvre: Non, non, je peux pas, moi, M. le Président,
consentir à...
M. Chevrette: Non? Correct.
Le Président (M. Lorrain): Non, je pense que ce qui est
demandé... Ce qui est demandé... Je pense que le consentement est
refusé à ce que M. le leader de l'Opposition repose une autre
question. Vous l'offrez à M. le député de Gouin qui a
encore du temps.
M. Lefebvre: Je viens de l'offrir au député de
Gouin. Il lui reste quatre minutes, sauf erreur, M, le Président.
Le Président (M. Lorrain): Oui, alors, tout ce que M. le
leader de l'Opposition demande, c'est de parler cinq secondes à M. le
député de Gouin. Je pense qu'on !'a fait à plusieurs
reprises. En attendant...
Si j'ai bien compris, il n'y a aucune intervention de la part de la
formation ministérielle. Je vais reconnaître le dernier des
intervenants en interrogatoire avec M. le ministre. M. le député
de Gouin.
M. le député de Gouin, vous avez la parole.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, dans dix secondes.
Le Président (M. Lorrain): M. le député de
Gouin, vous avez la parole.
M. Rochefort: Oui, merci, M. le Président. Pour faire
suite à la dernière question du député de Joliette,
est-ce que le ministre de l'Agriculture se rappelle avoir eu une conversation
avec le député de Joliette aux alentours de 18 heures, jeudi le
18 décembre, à l'Assemblée nationale? Le
député de Joliette était assis dans le fauteuil qu'occupe
normalement le ministre des Finances, le ministre de l'Agriculture était
dans son propre fauteuil qui est à côté. Est-ce que le
ministre de l'Agriculture se rappelle avoir dit au député de
Joliette: J'entends bien bloquer le projet de loi no 272 si la 132 n'est pas
adoptée et j'ai le O. K. du ministre des Transports pour le faire?
M. Pagé: M. le Président, je répondrai
à la question du député de Gouin en lui disant: J'ai eu
effectivement des échanges -et, d'ailleurs, j'y ai
référé cet après-midi -avec le député
de Joliette concernant le projet de loi 132, notamment, et concernant les
amendements ou l'amendement à accepter pour que mon projet de loi soit
adopté. Je ne peux vous dire à quelle heure. Je vous le dis en
mon âme, ma conscience et tout; je ne sais pas. Je ne me rappelle pas
à quelle heure s'est tenu cet échange ou ces échanges avec
le député de Joliette. Et, à ce moment-là, à
ce moment-là M. le député, je l'ai dit à plusieurs
reprises ici, j'avais fait mon deuil de 132 compte tenu que je ne pouvais - et
ça, je le disais depuis la veille - je ne pouvais accepter les
amendements proposés par le député de Lévis. Et je
savais pertinemment qu'on était hors de délai, il fallait
absolument avoir le consentement du député de Lévis pour
que mon projet de loi soit adopté. Je vous ai indiqué, je vous ai
indiqué ici que ma décision concernant le projet de loi 272, je
l'avais prise le 19 décembre au matin. C'est possible que j'aie
référé, avec le député de Joliette, de mes
échanges avec le ministre des Transports, mais je ne saurais vous dire
à quel moment de la journée j'ai pu le faire avec le
député de Joliette compte tenu que je vous ai répondu, au
meilleur de ma connaissance, que c'était certain que j'avais eu des
échanges avec le ministre des Transports le 18, que c'était
possible que ce soit en après-midi ou en fin d'après-midi, mais
que c'était probable en soirée.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, je vous remercie, M. le
député.
M. le ministre, je vous remercie de votre collaboration, comme je l'ai
fait a tous les témoins qui sont venus ici. Vous n'avez pas à
vous représenter si vous ne recevez pas de nouvelle assignation. Je vous
remercie beaucoup d'avoir collaboré avec nous.
M. Pagé: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Lorrain): Alors, les travaux de cette
commission sont maintenant ajournés à demain matin, dix
heures.
(Fin de la séance à 18 h 8)