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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet : Réforme électorale
Séance du jeudi 11 février 1971
(Dix heures trente-huit minutes)
M. LAVOIE (Laval) (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: M. le Président, je m'excuse, d'abord, de mon retard.
Les problèmes de mes 80,000 électeurs, parfois, retiennent mon
attention.
UNE VOIX: Est-ce que cela existe?
M. BERTRAND: C'est une excuse verbale!
M. HARDY: C'est une preuve de plus de l'urgence de refaire la carte
électorale.
Lors de la dernière séance, le président
général des élections nous avait exposé son opinion
sur les priorités qui devraient présider à nos travaux et
il avait été amené, par la suite, à nous donner son
opinion sur les différents modes de scrutin. Je ne sais pas si les
membres de la commission ont terminé sur ce chapitre et si nous pouvons
passer maintenant à d'autres sujets ou s'il y aurait encore des
éclaircissements que les membres de la commission désirent
obtenir sur ce qui a fait l'objet du témoignage du président
général des élections lors de la dernière
séance.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il lieu de continuer l'interrogatoire?
M.BERTRAND: Nous pouvons peut-être terminer l'interrogatoire de M.
Drouin sur le problème du système électoral comme tel.
Après quoi, nous pourrions aborder les amendements à la Loi
électorale. Je sais que mon collègue, le député
d'Iberville, aurait une question à poser.
Système présidentiel
M. CROISETIERE: M. le Président, lors de la dernière
séance de la commission, j'avais terminé en signalant au
président général des élections qu'à cette
séance-ci, ce matin, j'aimerais savoir s'il y a eu la possibilité
de scruter le système électoral qui voudrait un système
présidentiel. Est-ce que vous pourriez nous donner votre opinion?
M. DROUIN: Evidemment, pour ce qui regarde le système
présidentiel, je crois qu'avant de nous demander si nous pouvons
l'établir ici il faut bien voir que la constitution, actuellement, ne
nous permet pas de toucher à la fonction du lieutenant-gouverneur.
Alors, il ne peut pas y avoir de président tant que l'Assemblée
nationale n'est pas en mesure de toucher à cette partie. De quelle
façon pourrions-nous l'établir? Il y en a plusieurs. Il faudra
étudier cela, évidemment. Est-ce le régime de la France?
Est-ce le régime des Etats-Unis? Il y a plusieurs régimes
présidentiels à examiner. Il y a les régimes de
l'Amérique du Sud également. Je n'ai pas fait d'étude plus
spéciale de l'un ou de l'autre. Avant cela, il faudra absolument que
nous soyons en mesure de changer la fonction du lieutenant-gouverneur, parce
que, tant qu'on ne peut pas la changer, rien ne sert d'étudier un
système.
M. BERTRAND: Est-ce que vous ne croyez pas qu'on peut avoir quand
même ce système-là tout en gardant le rôle du
lieutenant-gouverneur? Parce quelle lieutenant-gouverneur n'est pas un homme
élu. A ce moment-là, le système présidentiel, ou le
système français, ou le système américain pourrait
quand même s'appliquer. Dans un cas, c'est un président qui est
élu par l'ensemble de la population qui devient le chef de l'Etat. Cela
n'empêche pas qu'il y ait à côté de lui le
lieutenant-gouverneur pour le rôle qu'il doit jouer, rôle qui a
diminué de plus en plus depuis des années. Alors, je ne crois pas
qu'il y ait incompatibilité entre les deux systèmes.
M. DROUIN: Dans ce sens-là, il n'y a pas
d'incompatibilité. Si on veut simplement nommer un président
à la place d'un premier ministre qui serait élu par l'ensemble de
la population, tout en gardant la fonction du lieutenant-gouverneur, il n'y a
rien d'incompatible à ça. L'Assemblée nationale peut le
faire. Mais il faudrait en faire une étude spéciale.
Organisation des élections
M. HARDY: M. le Président, loin de moi la pensée de
vouloir restreindre la liberté des membres de la commission ou
même restreindre le champ de nos discussions. Maintenant, la question du
député d'Iberville est sûrement très valable. Mais
peut-être qu'on risque de s'engager dans une étude très
longue des débats si l'on commence à étudier le
problème du système présidentiel. D'ailleurs, je pense que
si l'on appliquait très rigoureusement les règlements,
l'existence de la commission parlementaire de la constitution serait davantage
l'endroit pour discuter de cette question.
Alors, je reviens encore à mes observations du début.
Est-ce que les membres de la commission ont d'autres questions relativement au
mode de scrutin ou si, dès maintenant, on peut passer à la
deuxième question que la déclaration ministérielle du
premier ministre contenait, à savoir si le président des
élections peut nous
donner une description de l'organisation de son bureau et surtout nous
dire dans quelle mesure son bureau pourrait aider à la commission
parlementaire dans son travail?
M. DROUIN: II n'y a pas d'erreur que mon bureau est organisé pour
aider, soit ceux qui feront la carte, soit ceux qui s'occuperont de la loi.
Evidemment, je ne voudrais pas prétendre des choses et avoir
l'air un peu orgueilleux, mais nous sommes très bien organisés.
Nous avons une organisation électorale, à mon bureau, qui est
l'orgueil de bien des gens; je ne peux pas vous cacher qu'un comité de
la Chambre, de Toronto, est venu à trois reprises siéger à
mon bureau. Ils étaient quatorze députés et un
ministre.
Une commission royale d'enquête de la Nouvelle-Ecosse est venue.
Les gens de cette province ont étudié notre système. Ils
l'ont adopté. D'abord, pour ce qui regarde les dépenses
électorales, ils l'ont adopté à 99 p. c. Il a
été mis en application lors de la dernière élection
générale. Actuellement, nous sommes en correspondance avec
Washington, qui est très intéressé à notre
système électoral et à notre système de
dépenses électorales. On m'a demandé des documents et cela
se peut que, dans un avenir rapproché, je sois invité à
aller là ou que quelqu'un vienne me voir.
Il y a énormément d'universités américaines,
canadiennes, de l'Ouest, de l'Ontario, qui nous demandent des documents, qui
nous demandent des références pour étudier notre
système. La commission de l'Ontario est allé siéger en
Australie et en Angleterre, sur le système électoral. La
commission est revenue et deux membres, c'est-à-dire le conseiller
juridique, qui était secrétaire de la commission, un monsieur
Diplock d'Ottawa, et un des députés, M. Bélanger, ont tous
deux dit, après leur étude en Angleterre et en Australie, que le
système du Québec était préférable. Je
pourrai donner de ces déclarations-là.
A mon bureau, évidemment, nous ne laissons pas tout partir comme
autrefois. Autrefois, on se dépêchait, au bout d'un an, de
brûler pour tout faire disparaître. Aujourd'hui, on garde le plus
possible les documents nécessaires. Nous sommes organisés pour
microfilmer les documents. Alors, dans 50 ans, dans 75 ans, ils auront des
documents pour retracer tout ce qui se passe.
On en brûlait tellement que nous n'avons pas, à mon bureau,
les documents authentiques de la défaite de M. Duplessis en 1939 et de
l'élection de M. Godbout, en 1939. De même que la défaite
de M. Godbout en 1944 et l'élection de M. Duplessis, en 1944. Cela a
été brûlé.
Evidemment, je ne suis pas organisé à mon bureau pour
recevoir 80 personnes à la fois, mais tout le monde est invité.
Venez en groupe et je vous ferai visiter mon bureau. Nous gardons au bureau
même tout ce qu'il faut pour faire des élections. Nous amassons
entre 350 et 400 tonnes de documents pour une élection
générale. Rien que le papier à bulletins de vote, qui est
un papier filigrané et fabriqué spécialement pour nous, il
en faut une quantité de 20 tonnes.
Nous avons même une cuisinette pour que pendant l'élection
le bureau ouvre à huit heures et ferme le soir à dix ou onze
heures sans que le personnel ne soit obligé de sortir. Il peut manger au
bureau.
M. HARDY: De toute façon, M. Drouin, je crois comprendre que,
pendant le déroulement des travaux de la commission, votre personnel
pourrait être à notre disposition...
M. DROUIN: Oui.
M. HARDY: ... jusqu'au déclenchement d'une élection
générale...
M. DROUIN: Ou d'autres élections partielles.
M. HARDY: ... ou d'autres élections partielles, oui. Mais en
dehors de ces temps forts, au point de vue électoral, votre personnel
peut nous aider?
M. DROUIN: Oui. D'ailleurs, lorsque j'étais président du
sous-comité de la carte électorale, en 1964 et en 1965, ce sont
mes secrétaires qui ont travaillé à la commission avec
moi. C'était la même chose quand j'ai travaillé à la
commission fédérale; elles m'ont secondé dans des travaux
que je faisais faire à mon bureau.
M. HARDY: Vous voulez dire que le provincial a subventionné le
fédéral indirectement?
M. DROUIN: Bien non, pas jusqu'à ce point.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le président général
des élections, j'aurais quelques questions à vous poser sur les
réformes éventuelles concernant la Loi électorale.
D'abord, j'aimerais connailre votre opinion sur la possibilité de
l'établissement d'une liste électorale permanente.
Loi électorale
M. DROUIN: J'allais y venir, mais je vous demanderais d'abord une chose.
J'ai préparé un petit résumé des principaux points
qui devraient être étudiés et des principaux changements
que je pourrais suggérer à l'ensemble de la Loi
électorale. Ce n'est pas très long. Nous
pourrons le voir et ensuite piger dans ce résumé et parler
de ce qui vous intéressera.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je réserve mon
droit de parole. Merci, M. Drouin.
M. DROUIN: Le premier amendement que je suggérerais est que, si
un parti, qui n'est pas un parti reconnu, a dix candidats à
présenter, le jour de la mise en nomination, c'est très difficile
pour le président général des élections de faire le
tour de la province pour être sûr qu'il y en a dix et de dire
après cela: Ce n'est pas un parti reconnu.
Au fédéral, pour les partis reconnus, on a
décidé que c'était 28 jours avant le scrutin. Je
suggérerais si la commission en vient à cette conclusion, 21
jours. Cela nous laisserait le temps de voir si un parti est réellement
reconnu, à savoir s'il a réellement ses dix candidats.
Evidemment, cela ne regarde pas les partis qui sont déjà
reconnus; cela regarde les partis éventuels.
Au point de vue des partis reconnus et des partis présents
actuellement, à l'Assemblée nationale, il faudra peut-être
regarder la façon dont devraient être recommandés les
recenseurs urbains, les réviseurs ruraux, de même que les membres
de la commission de révision. Evidemment, cette clause peut varier
suivant qu'on établit ou pas, ou qu'on pense établir un
système de listes permanentes.
Autrefois, il y avait dans la loi un certificat spécial qui
servait d'identification aux bureaux de scrutin pour toute l'île de
Montréal et la ville de Québec. Je suggérerais que ce soit
examiné pour réintroduire ce certificat dans toutes les
municipalités de plus de 25,000 âmes.
Je suggère aussi que soit examiné, pour voir si ce serait
pratique et si vous l'accepteriez, un système de liste électorale
permanente. Actuellement, il y a une période de dix jours durant
laquelle les électeurs peuvent déposer des demandes en
inscription et en radiation. Comme ce dixième jour tombe un jeudi et vu
qu'à présent les bureaux de poste ne sont pas ouverts les soirs
et les samedis plus de livraison le samedi il faudrait
réduire ça à huit jours, c'est-à-dire fermer le
mardi soir pour que les personnes dont on demande la radiation soient en mesure
de recevoir leur avis et de se présenter devant la commission pour faire
valoir leurs droits.
Il y a des peines prévues à l'article 129 que je trouve
minimes. Lorsque, à la suite de manquement à leur devoir, je suis
obligé de destituer des "officiers d'élection" la peine
prévoit un maximum de $200. Je suggère de la porter à
$1,000.
Même si le lieutenant-gouverneur en conseil peut fixer le scrutin
à n'importe quel jour de la semaine, je crois qu'il serait bon de fixer
définitivement, au lundi, la mise en nomination qui n'est en somme
qu'une formalité. Parce que 99 p. c. des candidats se présentent
avant le jour de la présentation officielle pour de multiples raisons,
d'abord, parce qu'ils ne peuvent pas nommer d'agent officiel tant qu'ils ne
sont pas en candidature et tant qu'ils n'ont pas nommé d'agent officiel,
ils ne peuvent pas faire de dépenses.
D'ailleurs en Nouvelle-Ecosse, la présentation officielle a lieu
le lundi. Même si l'article 219 rend justice à tous les partis
reconnus quant aux représentants actuellement, il faudra certainement le
clarifier. Le jour du scrutin devra appartenir au peuple et non aux partis. Il
devrait être défendu à tout officier d'élection ou
représentant dans un bureau de scrutin de communiquer à
l'extérieur les noms des électeurs qui ont voté, les noms
des électeurs qui ont été assermentés, les noms des
électeurs qui ont refusé de prêter serment.
Cela empêchera les peu scrupuleux, quand ils apprennent que telle
personne n'a pas voté à trois heures de l'après-midi, de
faire un appel téléphonique; on apprend alors que monsieur et
madame sont en Floride, ou madame est entrée à l'hôpital,
ou que monsieur est en voyage en Europe, on dit: Nous allons les faire
voter.
M. HARDY: C'est à ce moment-là que les morts sortent des
cimetières.
M. DROUIN: Cela peut arriver. Les morts, avec notre système
actuel, c'est assez difficile, car ils ne sont pas sur la liste. Le
président général des élections devra être
autorisé comme les présidents d'élection et les
scrutateurs à nommer des constables spéciaux. Aux
dernières élections, j'avais des constables spéciaux
à ma disposition, près de mon bureau, à Québec, en
cas de difficultés. Or, il a fallu que je fasse nommer ces constables
spéciaux par chaque président d'élection et je ne pouvais
pas les faire agir dans toute la ville de Québec. Il fallait que je les
envoie tandis que si je pouvais les nommer, ils pourraient agir dans
l'arrondissement que je leur donnerais.
Tout agent officiel qui commande des imprimés de la nature d'une
annonce, d'un prospectus, d'un placard, d'une affiche, si c'est en
quantité suffisante, si le format ne dépasse pas 24 pouces sur 16
pouces, deux exemplaires devraient être envoyés au
président général des élections.
Aucune publicité, sauf celle qui concerne la tenue d'une
convention, ne devrait être permise avant le trentième jour qui
précède le scrutin. Cela limiterait les dépenses
d'élection et placerait les partis sur un pied d'égalité.
D'ailleurs, c'est une suggestion qui apparaît dans le rapport de M.
Barbeau.
De plus, le temps alloué à la télévision et
à la radio ainsi que le nombre de colonnes et de lignes permises dans
les quotidiens ne devraient-ils pas être limités pour les partis
reconnus,
pour les chefs de parti et pour les candidats? Ceci limiterait encore
les dépenses et placerait les chefs de parti sur un pied
d'égalité.
Ne devraient pas être considérés comme
dépenses électorales les intérêts accrus à
compter du 31ème jour suivant celui du scrutin sur tout prêt
consenti à un agent officiel pour fins de dépenses
électorales. Evidemment, on emprunte $10,000, $12,000 et même
$15,000 à 10 p. c. et si on retarde le moindrement à rembourser,
cela peut faire dépasser le montant permis.
On devrait autoriser les postes de radio et de télévision
à mettre gratuitement à la disposition des partis reconnus des
émissions, à condition qu'ils accordent les mêmes avantages
à tous les partis reconnus, eu égard au nombre de candidats
qu'ils présentent dans la région qu'ils desservent et qu'ils
obtiennent l'autorisation du président général des
élections. En 1966, le poste Télé-4 m'a demandé
s'il pouvait en donner. J'ai posé la question: En donniez-vous avant? Il
a dit: Non. J'ai donc répondu: Vous ne pouvez pas le faire, la loi vous
le. défend. Evidemment, si la publicité est limitée pour
chaque parti, il faudra inclure ce temps additionnel qui est donné.
La loi devrait prévoir lors d'élections
générales un remboursement partiel des dépenses
électorales d'un parti reconnu pour placer les partis sur un pied
d'égalité et permettre au président général
des élections de contrôler plus efficacement leurs dépenses
électorales. Les procédures prises contre toute violation des
prescriptions de la loi concernant les dépenses électorales et
les manquements graves à ses devoirs et obligations de la part de tout
président d'élections, réviseur urbain ou
secrétaire d'une commission de révision devraient être
prises par et au nom du président général des
élections. Il faudra prévoir que la Sûreté du
Québec devra, à la demande du président
général des élections, mettre à sa disposition les
enquêteurs nécessaires. Les rapports de ces enquêtes devront
être transmis uniquement au président général des
élections.
Evidemment, je ne mentionne pas les amendements mineurs. Nous pouvons
parler, si vous voulez, des...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je reviens aux
questions que je voulais poser à M. Drouin en vue de l'examen d'une
liste électorale permanente. On m'a fait tenir un document, une personne
en autorité qui a agi auprès du président
général des élections à Montréal me faisait
certaines observations concernant le problème de
1'énumération. On disait ceci: La loi actuelle prévoit,
pour assurer l'absence d'influences politiques, que deux recenseurs, l'un
proposé par le parti au pouvoir, l'autre par l'Opposition officielle,
fassent conjointement le relevé. Ce dispositif qui était valable
lorsqu'il n'y avait que...
M. DROUIN: C'est malheureux, M. Tremblay, mais d'ici je ne vous
comprends pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas si le microphone fonctionne. Je
parlais du recensement.
M. DROUIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et on m'a fait des observations vous
m'entendez bien, M. Drouin? ...
M. DROUIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au sujet du recensement. Il était
acquis que, selon la loi actuelle, il y avait deux recenseurs, l'un
proposé par le parti au pouvoir et l'autre par le parti d'opposition,
par le candidat, en fait, qui avait obtenu le plus grand nombre de votes
à l'élection qui avait précédé.
M. DROUIN: Pas actuellement. Actuellement, c'est l'Opposition
officielle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'Opposition officielle. En système
bipartite, cela valait, mais, avec l'existence de tiers partis, on estime que
cela peut donner lieu à des fraudes et qu'il y ait même collusion
entre les recenseurs. Comme il n'y a pas de contrôle d'identité
des recenseurs, il est assez difficile de faire fonctionner maintenant un
système comme celui-là.
Est-ce que vous avez examiné cet aspect de la refonte de la Loi
électorale en regard du problème du recensement?
M. DROUIN: On pourrait adopter, dans ces circonstances, un peu le
système fédéral. Dans le système
fédéral, ce sont deux recenseurs désignés par deux
partis reconnus opposés qui ont remporté le plus grand nombre de
voix lors des dernières élections générales. En
fait, cela peut être un libéral et un péquiste, un
péquiste avec un unioniste, un créditiste avec un unioniste ou
vice versa, suivant le rapport des élections générales. On
ne tient pas compte, dans ces choses-là, des élections
partielles. C'est toujours l'élection générale
précédente qui compte.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la loi actuelle. Est-ce que, selon vous,
les recenseurs que l'on choisit ont toute compétence et que le travail
qu'ils font est un travail accompli avec beaucoup d'efficacité et sans
hâte? A certains moments, le recensement se fait hâtivement, un
très grand nombre de gens ne sont pas inscrits sur les listes, ils ont
évidemment le recours de la procédure que l'on connaît pour
faire mettre leur nom sur les listes, mais beaucoup de gens ignorent ces
dispositions de la loi et les moyens de s'y prendre.
En période électorale, vous connaissez le climat de
précipitation, et le président local des élections n'a pas
toujours le temps de renseigner les électeurs qui veulent se faire
inscrire ou faire radier des noms, selon le cas.
M. DROUIN: Nous donnons instruction à nos présidents
d'élection de rencontrer les officiers d'élection, les
recenseurs. Nous payons la location de salles où se réunissent
ces gens et nous leur donnons des instructions. Nous avons les principales
formules sur diapositives, et nous les leur envoyons. On peut projeter
ça sur un écran pendant que nous leur parlons. En plus de
ça, pour instruire le public, nous avons de petits films que nous
passons dans tous les postes de télévision de la province. Nous
passons ces films à trois reprises, un sur le recensement, un sur la
révision et un sur la votation. Ces films-là ont
été demandés partout. La Nouvelle-Ecosse, l'Ontario et le
Canada, nous en ont demandé. Cette méthode a été
bien aimée. Nous sommes les seuls à utiliser cette
méthode.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Drouin, au sujet de cette publicité
dont vous parlez et que j'ai vue moi-même aux dernières
élections, ne pensez-vous pas que le délai depuis le moment de
l'émission des brefs et le commencement de l'énumération
est trop court pour permettre de faire cette publicité et de fournir
à ceux qui sont appelés à jouer le rôle
d'énuméra-teur le temps de se renseigner adéquatement?
M. DROUIN: On devrait faire une différence entre une
élection et une campagne électorale. Si vous adoptez le principe,
sauf les congrès pour le choix d'un candidat, aucune publicité
n'est faite avant le 30e jour qui précède le scrutin. Qu'importe
que les brefs soient émis une semaine plus tôt, cela ne
dérange absolument rien. Vous n'aurez pas, tout le temps, le feu. Si une
élection est déclenchée un jeudi, cela vous donne
seulement une semaine. C'est court, j'en conviens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème qui se pose lorsque l'on
considère la compétence des recenseurs et, d'autre part, le temps
qui leur est imparti, c'est que ces gens n'ont pas le temps de repasser aux
différentes maisons là où il y a des absents. Dans des
immeubles, c'est souvent la personne qui est là qui donne des noms. Les
énumérateurs se contentent de cette liste qui n'est pas
vérifiée. J'en viens justement à cela pour vous demander
si vous considérez qu'il y aurait lieu d'instaurer la pratique d'une
liste électorale permanente.
M. DROUIN: Sans aucun doute, cela doit être étudié.
Il y a plusieurs moyens de faire des listes permanentes. Il faut absolument
voir le résultat que ça donne et, deuxièmement, les
désavantages et les avantages. Je vous dis tout de suite qu'il faudrait
trouver un moyen pour avoir des listes permanentes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); On considère, par exemple, qu'à
l'élection de 1970, près de 500,000 personnes ont
été privées de leur droit de vote en vertu du
système de recensement ou de révision que nous avons. Tandis
qu'en France, particulièrement, où il y a une liste permanente,
seulement 10 p. c. des électeurs ont été privés de
leur droit de vote.
M. DROUIN: Oui. Je vous comprends, mais, les listes électorales,
en France, sont en vigueur pour une période d'un an. Seules les
modifications suivantes peuvent être apportées aux listes:
certaines catégories d'électeurs qui sont
spécifiées, soit les fonctionnaires, des militaires et les
membres de leurs familles; les noms des électeurs inscrits à la
suite d'une erreur, si un tribunal d'instance le permet, et les
électeurs inscrits à la suite d'un arrêt de la cour de
Cassation. Dans tous les autres cas, ils ne peuvent pas. Ce qui veut dire qu'en
France, si la liste est close et que le monsieur ou la demoiselle atteignent
l'âge de voter trois mois après, même si les
élections ont lieu dans 6, 7 ou 8 mois, ils ne votent pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, c'est un inconvénient, d'accord,
de la liste permanente française, mais, si nous envisagions, nous, la
possibilité d'établir une liste électorale permanente,
est-ce que, selon vous, il y aurait des moyens de pallier cet
inconvénient que comporte la liste électorale
française?
M. DROUIN: Je le crois. A première vue, je crois qu'un
recensement annuel dès la deuxième semaine de mai,
c'est-à-dire immédiatement après les
déménagements, est à peu près le système qui
coûterait le meilleur marché. Evidemment, on ferait une
révision dès qu'une élection s'annonce ou se
déclenche. Maintenant, si vous en venez à la conclusion que nous
devrions avoir et que nous aurons à l'avenir des élections
à date fixe, sauf lorsque le gouvernement est renversé en
Chambre, on pourrait faire le recensement en mai, tous les quatre ans seulement
quitte, pour les élections partielles ou pour des élections
générales brusquées, à faire un nouveau
recensement, ce qui arrivera peu souvent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. Drouin, compte tenu des divers
systèmes que nous avons: électroniques, etc., pour dresser des
listes des citoyens qui sont, par exemple, assurés par l'assurance
sociale et vu que nous avons des numéros d'assurance sociale ou
d'assurance-maladie maintenant, est-ce qu'il n'est pas possible d'envisager,
dès maintenant, un mécanisme qui, à mon sens, ne serait
pas extrêmement complexe pour dresser, quand la
commission du gouvernement le décidera, ces listes
électorales permanentes, assortissant à ce mécanisme
général d'autres mécanismes qui permettent au fur et
à mesure que des gens se déplacent de les idenditifer et de
replacer leur nom sur des listes électorales dans des circonscriptions
déterminées?
M. DROUIN : Vous touchez un peu au système australien. Le
système australien permet d'avoir des cartes et de les tenir à
jour. Ce qui est arrivé, c'est que, pour 5 millions d'électeurs,
5,600,000, je crois, ils ont employé 324 personnes à temps plein
par année.
Alors vous voyez l'organisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est une organisation, d'accord,
mais...
M. DROUIN: Parce qu'il y a tous les décès à rayer,
il y a ceux qui atteignent l'âge de 18 ans, il y a tout le jeu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais nous avons ici un grand nombre de fiches
de contrôle, comme je le disais tout à l'heure. Alors n'est-il pas
possible de prévoir un mécanisme qui permette, dans le cas du
décès d'une personne, de son déplacement, d'informer le
président général des élections ou son bureau, du
déplacement de la personne et qu'immédiatement, on prenne les
dispositions pour revoir la liste et ensuite inviter cette personne à
s'inscrire à nouveau dans une autre circonscription?
M. DROUIN: Oui. Evidemment, c'est tout ce travail qui, dans les pays
où vous avez ce système, est le tournant si je puis
m'exprimer ainsi des cartes. Ici, il y a 3.5 millions
d'électeurs. Cela veut dire 3.5 millions de cartes. Alors il y a des
types, par exemple, qui s'appellent Côté. Vous pouvez avoir des
Joseph Côté ou des Joseph Tremblay, dans toute la province,
peut-être 800 ou 900. Voyez-vous? Et il n'y a pas seulement celui qui
tient domicile. Il y a le chambreur qui est trois semaines ou un mois dans
telle rue et trois semaines ou un mois dans telle autre rue. Fort souvent, il
ne veut pas donner son nom parce qu'il ne veut pas être
trouvé.
M. PAUL: M. Drouin... M. DROUIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais permettre au
député de Saint-Laurent, qui m'a demandé la parole depuis
un bon moment...?
M. PAUL: Certainement. J'ai toujours eu une préférence
pour les saints;
M. PEARSON: Sur le même sujet, n'y aurait-il pas
possibilité, au lieu de faire de la publicité à la
télévision, à la radio et dans les journaux, lorsqu'une
élection est déclenchée, de préparer un petit
feuillet qui serait envoyé immédiatement dans chaque foyer
expliquant à l'électeur tout ce qu'il devrait savoir?
M. DROUIN: Oui.
M. PEARSON: Est-ce que ce serait trop dispendieux?
M. DROUIN : Non. Ce ne serait pas trop dispendieux surtout si nous
pouvions placer cet avis dans l'enveloppe que l'on utilise pour
expédier, par exemple, la liste électorale, dans les centres
urbains. Mais la difficulté surgira je ne voudrais pas faire
d'insinuations avec le ministère des Postes à Ottawa.
Parce qu'actuellement, nous ne mettons pas de timbres. On fait de
l'échantillonnage, on pèse et on nous dit: Vous nous devez tant.
Mais si nous voulons glisser quelque chose dans l'enveloppe on ne nous le
permettra pas. Cela veut donc dire les timbres à faire coller par mes
présidents d'élection, ce qui est une charge extraordinaire. On
ne s'imagine pas cela, mais c'est assez long. A part cela, il y a le
contrôle des timbres.
M. PEARSON: Oui. Maintenant au sujet de la privation du droit de vote
dont a parlé le député de Chicoutimi, dans mon
comté, lorsqu'on affiche les listes électorales, on les fixe sur
des poteaux un peu partout. Les enfants les déchirent. Alors pour
l'électeur qui fait partie d'un bureau de scrutin, c'est physiquement
impossible de savoir si son nom est sur la liste. Donc, il est obligé
d'attendre qu'il y ait une liste imprimée qui lui soit envoyée.
Or cette année, dans mon comté, la liste imprimée est
arrivée deux jours après la date limite.
Est-ce qu'il n'y a pas possibilité, au lieu de faire afficher
cette liste sur des poteaux, de la déposer dans une banque, dans un
magasin ou dans un endroit quelconque où nous serons assurés que
l'électeur pourra la consulter? Parce que ces listes, c'est une farce.
Les enfants les arrachent des poteaux.
M. DROUIN: Oui, mais il s'agit de trouver la banque qui va l'accepter;
de trouver le magasin qui va le tolérer, puisqu'on va entrer à
toute heure pour la consulter.
M. PEARSON: Voici, c'est que...
M. DROUIN: Si on n'a pas reçu votre lettre, c'est que les postes
étaient en grève.
M. PEARSON: Non, non. Le président d'élection a simplement
mentionné, lorsqu'il a fait imprimer les listes nous, les
candidats, nous attendions ces fameuses listes qu'il y avait des erreurs
dans les listes et qu'il fallait les faire réimprimer. Finalement, nous
avons reçu les
listes deux jours plus tard. Ce qui veut dire que pour tous ceux qui
n'étaient pas inscrits et qui ne découvraient pas cette liste,
sur un poteau quelconque, il était impossible de se faire inscrire ou de
faire radier un nom.
M. DROUIN: Le meilleur système serait encore de les faire
distribuer si l'on pouvait être sûr que ceux qui les distribuent
vont partout. Vous savez, l'on est presque au siècle de la loi du
moindre effort. Lorsque l'on voit que c'est un troisième étage,
on dit: Non, je n'y vais pas. On les met au premier; cela finit là. On
n'y va pas pour ne pas être obligé de monter les escaliers. La
poste, évidemment, c'est le meilleur système parce qu'on sait
qu'elle se rend.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda puis
le député de Maskinongé.
Listes permanentes
M. SAMSON: M. le Président, je voudrais poser une question au
président des élections concernant les listes permenentes. Je
trouve la question des listes permanentes très intéressante. J'ai
remarqué que tantôt vous nous avez dit que cela pourrait
être bon ou mauvais, selon les moyens que l'on pourrait prendre pour les
établir. J'aimerais que vous nous parliez de certains des moyens que
vous croyez possibles pour établir une liste permanente.
M. DROUIN : Evidemment, il y a un moyen que je trouve possible, comme je
vous l'ai dit tantôt, c'est d'abord un recensement annuel avec
révision lorsque l'élection est déclenchée. Vous
avez à part ça la liste permanente faite par des cartes. Des
personnes passent de demeure en demeure, un peu comme les recenseurs et
laissent des cartes. Chaque électeur signe sa carte avec les indications
qu'on lui demande et on passe les reprendre. C'est ce dont on se sert pour
faire la liste. Mais cette liste, en Grande-Bretagne par exemple, est close
pour un an et c'est final. Pendant un an, vous ne faites aucun changement. Je
comprends qu'on y fait des élections hâtives, mais... Je ne sais
pas si vous vous souvenez que quand sir Douglas Home est devenu premier
ministre de la Grande-Bretagne, il était à la Chambre des Lords.
Il s'est présenté mais il n'a pu voter parce qu'il n'a jamais pu
faire inscrire son nom sur la liste, celle-ci étant close.
En Colombie-Britannique, on a un système depuis 30 ans, qui
consiste en ce qu'on y a le privilège, par arrêté en
conseil, d'annuler les listes de certaines circonscriptions parce qu'il y
aurait eu trop de changements, trop de déménagements pour faire
faire un recensement. Or, en 1968 on a annulé toutes les listes
permanentes de la province et on a fait un recensement pour les
élections qui ont eu lieu le mercredi 27 août 1969.
M. SAMSON: Est-ce qu'il n'y aurait pas une possibilité
d'envisager l'établissement de listes électorales permanentes en
collaboration avec les municipalités ou les commissions scolaires, par
exemple? Je pense qu'elles ont des listes à jour...
M. DROUIN: II est assez facile... M. SAMSON: ...de la population.
M. DROUIN:... de faire servir les listes au municipal comme au
provincial. Il suffit tout simplement, n'est-ce pas, que soit défendu
par les villes qu'un même quartier ou qu'un même district
empiète sur deux circonscriptions électorales provinciales.
Deuxièmement, qu'elles utilisent pour l'établissement de leurs
bureaux de scrutin les sections de vote que nous faisons. On pourrait alors
utiliser les mêmes listes et on pourrait en diviser le coût.
M. CHARRON: Je ne comprends pas votre objection à ce que le
même quartier de ville empiète sur deux districts
électoraux.
M. DROUIN: C'est parce que, si le même quartier empiète sur
deux districts électoraux, la moitié d'une liste d'une section va
servir au quartier et l'autre moitié... Vous comprenez. Il n'y a pas de
liste entière. Alors, où cela va-t-il arrêter? Vous ne me
suivez pas?
M. CHARRON: Mécanographiquement, cela peut s'arranger. On ne
fonctionne pas...
M. DROUIN: Bien, il peut arriver que vous ayez un quartier, par exemple,
qui comprend un bout de la rue Saint-Dominique, qui ne comprend pas un bout de
la rue Saint-Joseph et que ma liste électorale contienne trois cents ou
deux cent cinquante noms, parmi lesquels cent trente peuvent être dans le
même district électoral municipal, mais sont cependant dans deux
districts électoraux provinciaux différents. Vous en avez cent
trente, mais ils ne se suivent pas nécessairement. Cela peut être
les cinquante premiers. Après cela, il y en a vingt-cinq qui vont
ailleurs. Cela peut être les suivants. Alors, cela rend le travail assez
difficile. Ils peuvent être oubliés, parce qu'on va être
obligé de refaire les listes.
M. BERTRAND: Mais, M. Drouin, rien ne nous empêcherait d'accorder
à la municipalité, le pouvoir d'utiliser la liste permanente.
M. DROUIN: Non, non, certainement pas.
M. BERTRAND: Elle pourrait, suivant ces quartiers, inscrire les noms des
électeurs dudit quartier, en se basant sur la liste électorale
permanente.
M. DROUIN: C'est la même chose.
M. BERTRAND: Ce n'est pas tellement compliqué.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. Drouin, en supposant que la commission vous demande de
considérer la préparation d'une liste permanente, quelle serait,
d'après vous, la meilleure façon de fabriquer cette liste?
Deuxièmement, quelle serait la méthode idéale pour sa mise
à jour? Troisièmement, quel pourrait être le personnel
requis pour maintenir à jour ces listes électorales ou cette
liste permanente? Et, quatrièmement, quel serait le coût annuel
que devrait assumer l'Etat pour le maintien de cette liste permanente?
M. DROUIN: Pour avoir une liste électorale à jour, vous
pouvez calculer un minimum de $1 par électeur, par année.
M.PAUL: Ce qui voudrait dire environ $3,200,000?
M. DROUIN: Environ $3,500,000. Voyez-vous, en Australie, où la
vie est beaucoup moins chère qu'ici, cela coûte $0.45 par
année. Alors, vous pouvez au moins doubler cela par rapport à
nous.
M. PAUL: A quoi servirait ce montant-là? Où iraient les
principales dépenses?
M. DROUIN: Bien, à avoir des employés permanents, d'abord,
pour s'occuper des décès, pour s'occuper de ceux qui deviennent
majeurs, de ceux qui atteignent l'âge de 18 ans et qui vont faire leur
demande. Dans ces pays-là, ils envoient un avis. S'ils n'ont pas de
réponse, ils envoient un rappel. S'ils n'ont pas de réponse, ils
envoient un enquêteur. Remarquez bien que ces pays-là ont un
avantage sur nous: ils ont le système postal que nous n'avons pas. Ils
peuvent tout faire passer et faire prendre des références par
celui qui délivre les lettres, chose que nous n'avons pas.
M. PAUL: Oui, mais, là, vous nous parlez d'un système de
contrôle de mise à jour.
M. DROUIN: Oui.
M. PAUL: Mais est-ce qu'il n'y aurait pas un autre système,
peut-être plus économique, qui priverait en quelque sorte du droit
de vote celui qui en est complètement
désintéressé?
M. DROUIN: Vous pouvez faire, comme je vous le disais, un recensement
annuel, faire une révision au moment de l'élection ou, si vous
voulez, faire une révision tous les quatre mois. Evidemment, vous allez
payer pour la révision. Voyez-vous, avec une liste électorale
annuelle, cela a coûté, lors de l'élection de 1970,
$1,460,000. J'ai les chiffres exacts, mais, là, je vous donne un montant
grosso modo. Alors, mettez, avec les augmentations de la population, $1,600,000
en tout. Evidemment, si, dès que le recensement est fait, les partis
veulent qu'on l'imprime, c'est $800,000 pour l'impression. Si on ne l'imprime
pas ou qu'on ne l'imprime que lorsque l'élection est
déclenchée, on épargnera cela, à moins que ce ne
soit l'année des élections. Il y a tout un mécanisme
à mettre en branle.
M. PAUL: Comme sous-question, M. le président, en 1964,
n'avez-vous pas été appelé à travailler avec les
autorités fédérales sur l'éventualité de la
préparation d'une liste permanente au niveau canadien?
M. DROUIN: Non, j'ai fait partie de la commission...
M. PAUL: ... de la refonte...
M. DROUIN: ... de la refonte de la carte électorale. Mais
l'étude des principaux moyens pour faire une liste permanente a
été confiée à M. Nelson Castonguay, lequel a fait
son rapport mais n'a pas fait de suggestion directe, parce que son mandat lui
demandait d'étudier les systèmes. Il les a étudiés
et les a présentés au Parlement.
M. PAUL: C'est bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jean.
M. VEILLEUX: Tout à l'heure, on a mentionné indirectement
que de plus en plus les listes électorales sont identiques, tant au
niveau municipal que fédéral ou provincial et peut-être
scolaire. En d'autres mots, si les gouvernements décident que tout
individu de 18 ans et plus peut s'exprimer à ces quatre paliers,
lorsqu'on parle de liste électorale permanente, il faudrait que ces
listes s'appliquent aux quatre niveaux concernés.
Que penseriez-vous, M. le président général,
d'établir cette liste permanente par l'intermédiaire d'une carte
d'identité obligatoire? Ce qui ferait que l'individu qui changerait
d'adresse serait obligé, à ce moment-là, de changer sa
carte. Supposons que l'individu est inscrit dans la rue Neuve-France et qu'il
déménage dans la rue Lallemand; son nom serait rayé de la
rue Neuve-France pour être inscrit dans la rue Lallemand.
M. DROUIN: Pour autant qu'il en fait la demande.
M. VEILLEUX: Oui.
M. DROUIN: Dans les pays qui ont ce système, le système
postal les aide. Même si vous prenez la liste de l'Hydro-Québec,
vous n'avez pas tout le monde; même si vous prenez la liste de Bell
Canada, vous n'avez pas tout le monde. C'est difficile. Même si vous
prenez tous les systèmes sociaux, vous ne rejoignez pas tout le monde.
Il faudrait avoir des enquêteurs pour suivre ce système tout le
temps.
M. VEILLEUX: Mais, dans le cas que je viens de mentionner, l'individu
qui n'aurait pas sa carte d'identité obligatoire ne pourrait pas se
prévaloir de son droit de vote, parce que ce serait essentiel.
M. DROUIN: C'est pour cela que je suggère un certificat
d'identification qui ne servirait qu'au point de vue électoral. Je ne
dis pas que je sois contre la carte, mais il faut penser aux aléas d'un
Etat policier. Vous perdriez quasiment votre liberté avec une carte
d'identité obligatoire, parce qu'on va vous la demander tout le temps.
Vous ne seriez pas capable d'entrer ici sans votre carte.
Deuxièmement, elle n'est pas utile au point de vue
élctoral parce qu'on ne la garde pas, tandis que le certificat
électoral reste au bureau de scrutin et qu'on en conserve un double.
Vous allez me dire qu'on peut poinçonner la carte. Oui, mais ce n'est
pas difficile de la faire poinçonner la veille pour empêcher le
type de voter. C'est à double tranchant.
M. VEILLEUX: Non, mais ce serait assez difficile pour une personne
décédée, par exemple, de voter.
M. DROUIN: Evidemment.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Cela va.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny. Le
député de Rouyn-Noranda est le suivant.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Drouin, au sujet du système
d'enregistrement dans le domaine de la sécurité sociale, on a
déjà un numéro d'assurance sociale, un numéro
d'assurance-maladie; il y a le régime de rentes, qui est une certaine
forme d'enregistrement ; il y a aussi les régimes d'allocations
scolaires et d'allocations familiales; il y a aussi, dans le domaine de
l'éducation, certaines formes de compilation de statistiques à
jour. Ma question est la suivante: Si on regroupait toutes ces informations
dans un organisme central, appelez cela un institut de démographie ou
autre...
Il y a déjà au ministère des Affaires sociales un
service qui enregistre les naissances et les décès. Est-ce que ce
ne serait pas de nature à faciliter la compilation des données
statistiques et la tenue... Est-ce que ça ne faciliterait pas la
diminution du coût de mise à jour de la liste permanente? Vous
avez mentionné tantôt une objection importante, c'est que dans
d'autres pays où cela existe, la liste est bloquée six mois ou un
an avant, c'est certainement un inconvénient. Est-ce que, par ces
mécanismes, on ne pourrait pas assurer une meilleure mise à
jour?
M. DROUIN: M. le député, vous mentionnez cinq ou six
organismes de la province qui peuvent fournir des renseignements. S'ils nous
fournissent des renseignements sur 3 millions de personnes, par exemple, cela
veut dire que ces personnes vont nous envoyer 30 millions de cartes ou
d'indications. Vous voyez le mécanisme et le coût des
employés pour classer cela et faire les listes, les tenir à jour.
C'est là le problème.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je ne parle pas d'une centralisation de ces
renseignements à votre bureau.
M. DROUIN: Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je parle d'un organisme central qui
regrouperait...
M. DROUIN: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... toutes ces informations et qui les
dirigerait dans les différents secteurs gouvernementaux.
M. DROUIN: Même si ce n'est pas moi je vous comprends
vous serez obligés d'avoir un responsable et une grosse
organisation. Quel est le coût de cela?
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce qu'il serait tout de même, je
pense...
M. DROUIN: II y a tous ces pays qui ont un peu nos systèmes:
l'impôt, tout cela.
M. CLOUTIER (Montmagny): Disons que dans le cadre...
M. DROUIN: Et puis...
M. CLOUTIER (Montmagny): ... d'une étude...
M. DROUIN: ... ils ne s'en servent pas.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. Drouin, est-ce que cette suggestion pourrait
être tout de même étudiée dans...
M. DROUIN: Oui.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... le cadre d'une discussion au sujet de la
confection d'une liste électorale permanente? N'y aurait-il pas
là l'objet d'une étude pour voir ce que ça
coûterait, en pratique, quels seraient les avantages, les
méthodes, les modalités de mettre cela en application?
M. DROUIN: Je vous ai dit tantôt que, seulement en Australie, pour
5 millions d'électeurs, il y a 324 personnes à temps plein.
Evidemment, là-bas, ces gens gagnent $2,500 à $3,000 par
année. Ce n'est pas beaucoup. Nous, il faudrait payer ces personnes au
moins $8,000 ou $10,000 par année. Vous voyez le coût. Je ne peux
pas l'évaluer directement, mais je peux établir le coût
d'un recensement. C'est pour cela que je vous le dis. Un recensement pur et
simple coûterait $1,600,000 par année.
M. VEILLEUX: M. Drouin... M. DROUIN: Oui.
M. VEILLEUX: ... dans le même sens que M. Cloutier, est-ce qu'on
fait une évaluation au Québec du coût, tant aux niveaux
provincial et fédéral que municipal, des listes
électorales? Quand il y a une élection provinciale, il y a des
recenseurs payés par le gouvernement provincial; il y a des
élections fédérales, la même année, on
révise encore la liste et le fédéral paie de nouveau des
recenseurs. Durant la même année, il y a des élections
municipales, encore une fois, la municipalité engage des recenseurs et
révise les listes parce que la municipalité ne prend pas
nécessairement les listes des élections provinciales.
Le fait est survenu à Saint-Jean où la municipalité
n'a certainement pas pris les listes électorales des élections
provinciales parce que, quelque temps après, 3,000 noms manquaient sur
les listes électorales municipales. Si on fait l'évaluation du
coût à ces trois paliers même au niveau scolaire
on pourrait dépasser les $3 millions que cela pourrait
coûter, ou les $3,500,000, annuellement si on établissait un
bureau central.
M. DROUIN: Premièrement, est-ce que le fédéral va
accepter? Deuxièmement, il a 74 circonscriptions tandis que nous en
avons 108.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Drouin, vous semblez achopper à
cette question du coût. Nous avons un problème qui est celui de la
liste électorale, d'accord. Si on considère la confection d'une
liste permanente, cela va coûter de l'argent.
M. DROUIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une fois que les mécanismes seront mis
en place, il s'agira de les faire fonctionner avec un nombre X de gens. Est-ce
qu'il ne vaudrait pas mieux, pour le moment, faire l'effort de ce coût
que comporterait la confection d'une liste électorale permanente, en
tenant compte de ce que vient de dire le député de Saint-Jean
que, déjà, on dépense énormément d'argent
à l'occasion de diverses élections?
Depuis 10 ans, par exemple, il y a eu sept ou huit élections,
tant au Québec qu'à Ottawa. Si on fait le total de tous ces
coûts, il me semble qu'on devrait considérer la possibilité
de la confection d'une liste électorale permanente, dût-il en
coûter un montant assez important quitte, par la suite, à
établir des mécanismes avec un personnel
rémunéré, ce qui entraînerait, évidemment, un
certain coût mais qui serait probablement moindre que celui qu'ont
entraf-né les diverses élections que nous avons eues à
tous les paliers depuis dix ou douze ans.
Il me semble que la question du coût ne doit pas être un
empêchement à l'examen de la possibilité de confectionner
une liste électorale permanente.
M. DROUIN: Je suis bien de votre avis. On ne devrait pas en
considérer le coût, mais cela nous est tout de même
demandé. Lorsque M. Bertrand m'en a parlé alors qu'il
était premier ministre, il m'a demandé quel était
d'après moi le système le moins coûteux, et je le lui ai
dit, n'est-ce pas, dans une lettre. C'est pourquoi je dis cela.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, s'il advenait que l'idée de la
liste électorale permanente ne soit pas retenue, j'ai compris
tantôt qu'on ferait peut-être une autre suggestion,
c'est-à-dire l'élection à date fixe qui pourrait
peut-être...
M. HARDY: M. le Président, ce n'est pas que je veuille couper la
parole au député de Rouyn-Noranda, mais j'avais justement quelque
chose... c'est que vous semblez enchaîner avec d'autres sujets...
M. SAMSON: Voilà, si vous voulez me laisser finir de parler, je
pense que cela va vous permettre de comprendre que c'était le même
sujet.
M. HARDY: Ah bon!
M. SAMSON: Vous avez laissé entendre tantôt que
peut-être une élection à date fixe vous permettrait d'avoir
aussi un recensement à date fixe, en établissant la date des
élections à l'avance. Ceci serait peut-être conforme aux
idées mentionnées à l'effet que nous aimerions dans
certains cas voir un peu plus de compétence lors du recensement. Dans ce
sens, est-ce que
la suggestion suivante, c'est-à-dire que les recenseurs ne soient
pas recommandés par les partis politiques mais plutôt
nommés dans les centres ruraux, par exemple, ce pourraient
être des instituteurs, des secrétaires de municipalité ou
de commission scolaire et dans les villes des fonctionnaires municipaux,
provinciaux ou même fédéraux ne pourrait pas
être un gage de compétence? Autrement dit, que les gens qui
feraient le recensement soient choisis parmi ceux qui sont habitués
à travailler un peu dans les bureaux. Ce qui se fait et nous le
déplorons c'est que souvent les recenseurs ont même de la
difficulté à signer leur nom, ce qui ne donne pas un rendement
extraordinaire. Je voudrais savoir ce que vous penseriez de ça.
M. DROUIN: Evidemment, si on a des élections à date fixe,
on peut faire le recensement à date fixe et nous aurons quelque chose de
mieux que ce que nous avons actuellement. Il n'y a pas d'erreur
là-dessus. Plus la liste électorale sera confectionnée
à une date rapprochée du scrutin mais avant que ne se
déclenche l'élection, avant qu'on ne se trouve dans le brouhaha
de la campagne électorale plus on aura un bon rendement, avec une
très bonne révision.
M. PAUL: Dans ce cas, nécessairement, le principe de la liste
permanente ne joue pas.
M. DROUIN: Ce serait un genre de liste permanente au fond, parce qu'on
pourrait...
M. PAUL: S'il y a des élections à une date fixe,
normalement...
M. DROUIN: ... la laisser en vigueur pendant un an , cette liste. S'il y
avait des élections partielles, on pourrait l'utiliser avec une seconde
révision.
M. LE PRESIDENT: Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, à la lumière des
observations qui ont été faites et des questions que les membres
de la commission ont posées tantôt, je crois déceler un
intérêt marqué pour l'établissement éventuel
d'une liste permanente d'électeurs. Je me permets donc de proposer que
la commission demande à M. Drouin de préparer une étude
aussi fouillée que possible sur les méthodes les plus valables
pour arriver à établir cette liste permanente et sur le
coût aussi exact que possible de cette préparation. Je pense
qu'une étude semblable aiderait la commission à prendre une
décision quant à ce problème.
M. LAURIN: Avec tout le respect que je dois au député de
Terrebonne, il me semble qu'il serait prématuré de demander
immédiatement une étude là-dessus.
Je pense qu'il serait préférable, par exemple, à
une autre séance, d'entendre d'autres experts sur une liste permanente
afin d'avoir plusieurs sons de cloche. Il me semble que c'est un peu tôt.
Je suis d'accord avec vous sur le principe: il faut l'étudier.
M. HARDY: Le fait que le président général des
élections prépare une étude, cela ne veut pas dire qu'on
l'accepte. Justement, votre attitude est excellente, à mon avis; il faut
qu'on entende d'autres experts. On pourrait, à ce moment-là,
comparer des opinions d'experts. Comme le président
général des élections est peut-être l'expert qui,
à cause de son expérience, peut nous apporter un
témoignage plus concret que d'autres experts, je pense qu'il y aurait
lieu, quand même, de lui demander de préparer une étude,
quitte, évidemment, à ce que nous...
M. LAURIN: A condition que ça ne nous empêche pas, à
cette commission...
M. HARDY: Non. Cela ne ferme pas d'avenues.
M. LAURIN: ... de continuer à entendre d'autres opinions.
M. HARDY: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis bien d'accord, M. le Président,
avec la suggestion du député de Terrebonne. Cela ne contredit
pas, non plus, la position du député de Bourget. M. Drouin peut
faire le travail et, ensuite, d'autres experts pourront nous donner leur avis.
A ce moment-là, nous pourrons comparer et avoir une opinion plus exacte.
Etant donné que lui est dans le métier depuis longtemps, il peut
nous donner des renseignements que d'autres ne peuvent pas nous donner.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce que l'étude qui avait
été faite par M. Castonguay à Ottawa est assez
complète?
M. DROUIN: Très complète.
M. BERTRAND : Très complète. Est-ce que vous pourriez nous
en procurer des copies?
M. DROUIN: Oui. Je crois qu'il serait bon, avant que je commence ce que
vous me demandez de faire, que la commission délègue quelqu'un
pour aller rencontrer M. Castonguay à Ottawa et pour discuter avec lui,
entre hommes, de son étude.
M. HARDY: Une rencontre constitutionnelle.
M. BERTRAND: Qu'on nous remette ce
rapport! M. Drouin, il ne faut toujours pas compliquer les choses.
M. DROUIN: Oui, mais c'est que faire un travail...
M. BERTRAND: Des études ont été faites.
Je pense bien que si M. Castonguay a fait une étude dans le
domaine électoral, elle doit être assez complète.
M. DROUIN: Elle est très complète et je ne peux pas en
faire une plus complète que celle-là.
M. BERTRAND : Alors, si vous pouviez nous procurer cette
étude...
M. DROUIN: Je pense que j'en ai une ici. Je vais vous la prêter
tout de suite.
M. BERTRAND: ... et, à la lumière de l'étude de M.
Castonguay, apporter vos propres recommandations...
M. HARDY: Quitte à demander, par la suite, à M. Castonguay
de venir comme témoin devant notre commission. J'aimerais mieux que M.
Castonguay vienne ici que nous allions à Ottawa.
M. LAURIN: On en a déjà un. Cela nous en fera deux.
M. LE PRESIDENT: M. Drouin, est-ce que cette étude porte
spécifiquement sur l'établissement d'une liste électorale
permanente?
M. DROUIN: C'est une étude complète sur tous les
systèmes de listes permanentes au monde.
M. LE PRESIDENT: Ah! bon.
M. BERTRAND: En quelle année a-t-elle été
déposée?
M. DROUIN: En 1968.
M. BERTRAND: C'est encore pas mal à jour.
M. HARDY: Je suis bien d'accord sur cette idée. D'autre part, je
ne voudrais pas vous imposer de travaux inutiles.
M. BERTRAND: J'ai ajouté qu'à la lumière de
l'étude de M. Castonguay le président général des
élections apporte ses commentaires et ses recommandations...
M. HARDY: Parfait.
M. BERTRAND: ... qui ne lient pas la commission...
UNE VOIX: C'est ça.
M. BERTRAND: ... mais qui lieront le président.
M. HARDY: C'est ça. Parfaitement d'accord.
M. DROUIN: Pour vous apporter mes commentaires, moi, sur ça?
M. HARDY: C'est ça.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. HARDY: Pour nous dire quelle méthode vous jugez la plus
appropriée à notre contexte.
M. DROUIN: M. le chef de l'Opposition, je peux vous prêter,
celle-là, si vous le voulez. J'en ai d'autres.
M. HARDY: Avec intérêts?
M. DROUIN: Si vous en voulez, je peux peut-être en procurer une
à chaque chef de parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous en avez suffisamment, M.
Drouin, pour en faire distribuer aux membres de la commission?
M. DROUIN: Je vais essayer d'en faire venir. C'est tout. Ce n'est pas le
prix qui... Je vais vous en procurer. Je vais en avoir.
M. PAUL: II faudrait entrer en communication avec l'imprimeur de la
reine à Ottawa pour tâcher d'obtenir une copie...
M. DROUIN: Je n'en ai qu'une seule copie ici.
M. PAUL: ... de ce travail pour chacun des députés.
M. HARDY: Pour tous les députés de l'Assemblée
nationale.
M. PAUL: Pour tous les députés de l'Assemblée
nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me le
permettez, j'aimerais faire la suggestion suivante à M. Drouin.
J'aimerais beaucoup qu'il examine, dans ce rapport que la commission lui
demande de préparer, l'aspect du coût.
M. DROUIN: L'aspect du coût?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est un des arguments que vous avez
apportés ce matin assez souvent, nous disant: Cela va coûter
cher,
cela va coûter cher. Alors, j'aimerais bien savoir ce qu'ont
coûté, par exemple, les élections...
M. DROUIN: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qu'ont coûté les
élections au Québec depuis dix ans.
M. DROUIN: La dernière a coûté $9 millions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon!
M. DROUIN: La dernière a coûté $9 millions à
la province, avec les remboursements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne parle pas du coût des
élections en général, mais je parle du coût de la
confection des listes. J'aimerais savoir ce que cela a coûté
depuis dix ans, simplement au Québec, afin que nous ayons des
lumières sur ces arguments que vous avez invoqués ce matin, qui
ne sont pas contre la liste électorale, mais qui sont quand même
des arguments de poids.
Mais pour moi, ce n'en est pas un...
M. DROUIN: Non, non.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... si l'on tient compte du coût
général de la confection des listes depuis dix ou douze ans.
M. VEILLEUX: Est-ce que, dans votre esprit, ce serait le coût des
listes électorales aux différents niveaux que j'ai
mentionnés tout à l'heure, ou strictement au niveau...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II ne peut pas connaître les coûts
de toutes les listes qui ont été confectionnées à
d'autres paliers que celui dont s'occupe M. Drouin.
M. HARDY: Ce serait déjà une excellente idée.
M. DROUIN: Je vois difficilement le fédéral accepter.
D'abord parce que les autres provinces n'en ont pas. Dès lors, on voudra
avoir le même système partout.
Deuxièmement, les districts électoraux provinciaux et les
circonscriptions électorales fédérales ne
s'emboîtent pas. Même dans la ville de Montréal, vous avez
même un quadrilatère qui peut être divisé en deux et
être dans un district et dans l'autre et pas les mêmes dans la
même section. Subdiviser une liste est assez difficile, lorsque arrive
une élection. C'est un travail. Il faudrait avoir une entente, mais au
point de vue municipal, il n'y a pas de difficultés, il n'y a
qu'à créer cette entente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même si nous évoquons quelquefois
le fédéral, nous ne som- mes pas ici pour nous embarrasser du bon
vouloir ou du refus du gouvernement central. Ce qui nous intéresse c'est
la possibilité de confectionner une liste permanente, au Québec
et le coût que cela pourrait entraîner. Peu importe quelle serait
la réaction dans les autres parties du Canada ou des autres Etats
membres de la fédération.
M. DROUIN: J'ai parlé du fédéral parce que le
député de Saint-Jean a mentionné les quatre paliers pour
diminuer le coût. Je crois qu'il y a un palier qu'il faut pour le moment
ignorer, parce qu'on ne sait pas si ce serait accepté ou pas.
M. VEILLEUX: Je suis fédéraliste, M. Drouin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: Une simple question à M. Drouin. Dans
l'hypothèse d'une liste permanente en conformité avec une date
d'élection fixe et aussi avec une date d'élection non fixe,
est-ce qui vous pourriez établir dans votre étude les
modalités de révision qu'il pourrait y avoir dans les deux
hypothèses? Supposons que la liste électorale permanente soit
revisée annuellement disons autour du mois de mars et
qu'il y ait au mois de juin une élection générale
préparée d'avance, à ce moment-là ça va
bien. Mais supposons qu'une élection ne soit pas fixée d'avance,
qu'elle ait lieu au mois d'octobre ou de novembre et que la dernière
révision ait eu lieu au mois de mars ou de février. Quelles
pourraient être les modalités de révision de cette liste,
étant donné qu'il y aurait trop de changements, et la
possibilité de toutes les personnes qui auraient changé de lieu
d'être réellement réinscrites? Il faudrait étudier
le coût de ça et aussi la possibilité de faire cette
correction.
M. DROUIN : La possibilité et le temps. On dit toujours qu'avec
des listes permanentes on peut faire des élections plus courtes. C'est
vrai dans un sens, mais dans un autre ça ne l'est pas, parce que,
lorsqu'il faut faire une révision et qu'il faut faire imprimer des
listes, il faut se préparer, ça prend beaucoup plus de temps
avant pour tout préparer pour que l'électeur puisse dire: Mon nom
n'y est pas, il faut que je me fasse inscrire; il faut que j'enlève ce
nom parce que la personne est décédée; parce qu'une autre
est partie pour tel endroit.
M. LEGER: Mais cela se fait quand même dans le calme d'un bureau
de fonctionnaires...
M. DROUIN: II y a ça.
M. LEGER: ... et non pas dans le brouhaha de représentants de
partis politiques.
Mode de scrutin
M. HARDY: M. le Président, nous nous sommes penchés
longuement et avec beaucoup de sollicitude sur la question du recensement;
peut-être pourrions-nous franchir maintenant une autre étape et
interroger le président général des élections sur
les modalités de l'enregistrement du vote.
J'aimerais savoir quelles sont les possibilités pratiques
d'instaurer le vote électronique. Est-ce que d'abord ça peut se
faire sur un territoire comme celui du Québec, et, deuxièmement,
est-ce que le président général des élections a une
idée approximative du coût que cela pourrait
représenter?
M. DROUIN: La machine à voter... M. HARDY: C'est ça,
oui.
M. DROUIN: ... serait utilisée à peu près tous les
quatre ans. Dans les municipalités, c'est aux quatre ans. Or, vous savez
ce que devient une machine quand elle est entreposée quatre ans.
Si vous avez un vote dans l'île de Montréal, vous avez
moins de bureaux de scrutin avec la machine, il n'y a pas d'erreur. Au lieu
d'en avoir 6,654, comme à la dernière élection, on en
aurait 4,000. Ce sont là 4,000 machines. Il faut d'abord entreposer ces
machines. Sur ces 4,000 machines, si vous en avez 3,990 qui fonctionnent bien,
ce sont les dix qui fonctionnent mal qui ne vont pas. Vous pouvez faire
fonctionner ces machines manuellement, si l'électricité fait
défaut. Vous savez ce que c'est que de mettre sa voiture en marche avec
une manivelle. Je connais assez l'électorat canadien pour penser que
cela ne fera rien à un électeur ou à un organisateur de
monter dans un poteau et de couper l'électricité pendant quelques
heures pour bloquer tout ça.
M. HARDY: L'électorat canadien ou québécois?
M. SAMSON: Vous êtes extrêmement délicat.
M. DROUIN: Vous savez qu'une machine à enregistrer le vote est
à peu près la même chose qu'une machine comptable. Lorsque
vous pouvez démontrer avec une machine à additionner que 99 et
101 font 200, vous pouvez fort bien, avec la même machine, avoir comme
réponse que 99 et 201 font 210. Vous n'avez aucune preuve.
M. BERTRAND: Aux Etats-Unis, n'ont-ils pas ce vote-là?
M. DROUIN: II ne faut pas se méprendre. Dans la majorité
des cas, on ne l'a pas. On a seulement cette machine dans les grands centres.
Dans ces centres-là, on vote presque tous les trois ou quatre mois. Il y
a toujours un vote à prendre. C'est un juge à changer, un
gouverneur qui est décédé, ce sont les primaires...
UNE VOIX: Les primaries.
M. DROUIN: ... c'est l'année du congrès, l'année du
président. Ces machines fonctionnent tout le temps. Vous ne pouvez pas
avoir des mécaniciens qui réparent ces machines. S'ils savent que
vous allez en avoir quinze à votre disposition dans l'île de
Montréal, ils vont s'arranger pour en faire bloquer 20. Si vous en avez
20, ils vont monter. Tout ça n'est pas facile.
M. BERTRAND: Quels sont les autres pays où on a cette machine
à voter électronique?
M. DROUIN: Je n'en connais pas. L'Australie n'en a pas. En Australie, on
a de grands isoloirs en bois. La difficulté y est de les emmagasiner
lorsqu'on les transporte, j'ai un de ces isoloirs à mon bureau. Chaque
isoloir revient à $32 l'unité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On pourrait s'en servir comme cabine
téléphonique.
M. DROUIN: Je peux le faire monter ici pour vous le montrer.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce qu'au lieu d'une machine
à voter électronique, il ne serait pas avantageux de prendre la
méthode du jeton dans des cylindres gradués? Je ne sais pas si
vous avez...
M. DROUIN: Je connais un peu le système.
M. LAURIN: ... pu parcourir l'analyse que nous avons faite de cette
méthode, de son coût.
M. DROUIN: Je crois, docteur, que ce système de jetons peut
convenir dans une organisation comme un congrès pour le choix d'un chef.
Mais si vous utilisez ces jetons-là dans toute la province, c'est
là que surgit la difficulté. Il ne faut pas oublier
l'étendue de notre pays.
M. LAURIN: Quelle serait la difficulté?
M. DROUIN: C'est d'habituer les gens-là à les compter et
à le faire correctement. D faudrait presque faire venir les scrutateurs
dans les centres, et leur donner un cours. Puis, quand on a donné le
cours et que le type est habitué, il déménage, il n'est
plus là. Dans le district électoral de Duplessis, j'ai vu
quelqu'un devoir faire 60 milles pour se faire assermenter parce qu'il n'y
avait personne autorisé à l'assermenter.
Un instant. La boîte est arrivée en retard une
année je crois que c'est à l'élection de
1948 à Blanc-Sablon. Il était minuit moins quatre lorsque
l'avion l'a laissé tomber. M. Duplessis était élu avec une
grosse majorité. On a ouvert le bureau de scrutin, on a voté et
les libéraux ont pris la majorité dans ce bureau de scrutin.
M.BERTRAND: Ceux qui diront qu'on volait les élections!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. Drouin, n'y aurait-il pas plutôt
intérêt à simplifier la feuille sur laquelle les gens vont
voter? Par exemple, il faut que ça ressemble à une croix. Si cela
dépasse, des bulletins sont éliminés. Que ce soit un X,
une croix ou un chevron.
M. DROUIN: Avez-vous vu le bulletin que je vous ai passé la
semaine dernière pour que vous l'étudiiez? C'est celui que je
suggère. J'en ai d'autres, s'il y en a qui n'en ont pas eu. Ce bulletin,
il suffit simplement de noircir un coin avec un crayon gras. Joseph
Barthélémy, dans son étude sur le suffrage universel,
mentionne que la croix anglaise faite sur le bulletin permet 262 combinaisons
pour se faire reconnaître.
Contestation d'élection
M. HARDY: Justement, sur ce problème, comme nous avons
parlé de recensement et du vote, nous pourrions peut-être
maintenant nous acheminer vers la contestation des élections.
Peut-être, pourrions-nous vous demander, M. le président, si vous
suggérez des amendements à la loi de la contestation des
élections. On entend très fréquemment dire dans le public
que des contestations d'élection sont à toutes fins pratiques
souvent inutiles puisque les délais sont tellement longs que cela ne
donne rien. Est-ce que vous avez, comme président général
des élections, des suggestions à formuler pour amender la loi de
la contestation des élections afin de la rendre plus efficace?
M. DROUIN: Je crois qu'il y en aurait, M. le député. Je
crois qu'il y aurait certains amendements nécessaires à apporter.
D'abord, vous pouvez avoir une élection contestée devant trois
juges et que l'un des juges décède. Ce sont des cas dont je peux
parler. Les cas les plus importants sont ceux qui pourraient se rattacher un
peu indirectement à la contestation actuelle de Fabre. Dans les
circonstances, je demanderais la permission de ne pas en parler tout de
suite.
M. HARDY: Pas mal. C'est sub judice.
M. DROUIN: C'est sub judice!
M. BERTRAND : En principe, M. le Prési- dent, quand nous avons
adopté une nouvelle loi pour la contestation des élections, le
but poursuivi à l'époque était que la contestation puisse
être rapide et que l'on obtienne un jugement dans un délai
raisonnable. Nous avons eu, depuis quelques années, quelques
contestations d'élections, j'ai des cas; il y a eu une contestation dans
Matapédia, dans Saguenay, je ne parle pas de celles qui ont lieu
à l'heure actuelle. Tout cela a révélé quoi? La
contestation a duré tellement longtemps que les contestés,
même si la contestation avait été agréée, ont
complètement rempli leur mandat comme député. Aux yeux de
ceux qui doivent s'en occuper, je ne dis pas qu'il n'y a pas des raisons, mais
les raisons deviennent de mois en moins raisonnables et ça
équivaut dans ces cas-là, indépendamment des personnes qui
jouent leur avenir politique, quasi à des dénis de justice. A
tous les points de vue. Je me demande s'il n'y a pas dans les lois de
contestation des améliorations que vous et d'autres juristes pourraient
nous suggérer, pour que les contestations d'élections puissent
procéder d'une manière normale.
M. DROUIN: Après le dénouement de Fabre, on pourra faire
des propositions. Moi, personnellement, j'en aurai certainement. Mais,
actuellement, le président général des élections
est obligé de conserver tous les documents qui se rapportent à
une contestation d'élection pendant un ans après la fin des
contestations. Il y a encore cinq ou six contestations d'élection
à la suite de l'élection du 22 juin 1960 qui ne sont pas
terminées. J'ai encore cela dans ma voûte. Je ne peux pas m'en
défaire.
M. BERTRAND: Cela n'a pas d'allure.
M. DROUIN: Evidemment. C'est pour cette raison que, par les amendements
mineurs que je veux apporter, je veux demander de permettre au président
général des élections d'intervenir pour demander une
péremption d'instance.
M. HARDY: M. le Président, c'est justement cela. Le
président général des élections vient de toucher du
doigt cet aspect que le public trouve absolument indécent à
savoir qu'on conteste une élection et tout se perd dans la nuit des
temps.
Alors, le public et, en particulier, les électeurs du
comté qui sont particulièrement concernés, ne savent pas
si oui ou non... Et cela peut constituer une injustice même pour la
personne dont on conteste l'élection parce que jamais devant l'histoire,
devant cette personne, le public ne sait si oui ou non son élection
était contestée et si le fondement de la contestation
était valable.
Je pense qu'à la fois, pour la vie démocratique, comme
pour les droits des candidats ou des personnes élues dont
l'élection peut être contestée il serait absolument
important qu'on rédige une loi qui permettrait, dans un
délai raisonnable, d'en arriver à liquider le
problème, à savoir si oui ou non cette élection doit
être annulée, ou maintenue.
Je pense qu'il y aurait lieu que des efforts très valables soient
faits par des juristes et par votre bureau. S'il le faut, peut-être faire
appel à des juristes de l'extérieur qui sont
spécialisés en droit électoral, s'il en existe, pour
trouver des amendements à la Loi de la contestation des élections
afin de diminuer les délais tout en permettant, évidemment, que
ces procès se fassent d'une façon sérieuse.
M. DROUIN: Dans la nouvelle loi, on a enlevé les délais.
On ne pouvait pas continuer une contestation d'élection pendant une
session parce que le député peut être appelé
à la session. Maintenant, c'est disparu. Cela ne va pas plus vite pour
tout cela.
M. BERTRAND: Je pense bien, M. Drouin, qu'il faut admettre une chose.
Les avocats utilisent des moyens qui font obstacle à la marche rapide
d'une cause. Je pense que, dans l'examen du projet de loi, il faudrait autant
que possible s'assurer qu'il y ait une dispute sérieuse admise mais
dénuée de toutes les tracasseries accessoires.
M. DROUIN: Oui mais vous avez eu une contestation...
M. BERTRAND: Une contestation basée sur des procédures
à répétition qui paralysent totalement, comme elles
paralysaient jadis les contestations d'élection. J'avais
siégé à la commission qui a adopté la nouvelle Loi
de la contestation. Je me rappelle les propos que nous tenions ici, où
le but était noble: Une contestation rapide, sérieuse et sans
embâcles. Or, le résultat, c'est tout le contraire. On a des
contestations qui datent de 1960 qui ne sont pas terminées. Oh en a de
1966; les unes ont été terminées mais n'y a-t-il pas des
causes en appel?
M. DROUIN: En appel? Depuis 1966, oui.
M. BERTRAND: Cela a duré trois ou quatre ans.
M. DROUIN: II y en a une qui est en appel. Puis vous avez celle de
Matapédia: le juge qui présidait le tribunal est
décédé. Et cela n'est pas prévu dans la loi.
M. BERTRAND: Cela sera un jugement dernier!
M. DROUIN: Est-ce que les deux juges peuvent continuer?
M. HARDY: Evidemment, il ne faut pas oublier que ce problème est
relié à tout notre système judiciaire.
M. BERTRAND: Je l'admets.
M. HARDY: Ce ne sont pas seulement les contestations d'élection
qui trament en longueur. Ce sont beaucoup d'autres causes, les simples
causes...
UNE VOIX: Dans la circonscription de Saint-Jérôme...
M. HARDY: ...spécialement dans la circonscription de
Saint-Jérôme, oui. Heureusement, il n'y a jamais de contestation
d'élection dans la circonscription de Saint-Jérôme.
M. BERTRAND: Je puis dire que, dans le domaine judiciaire, cela
dépend des circonscriptions. D y a des circonscriptions actuellement,
où la justice est appliquée avec
célérité.
M. HARDY: Oui.
M. BERTRAND: Mais ici nous avons un problème précis: la
Loi de la contestation des élections devient, avouons-le, un déni
de justice. Pour le peuple en général cela devient une
risée de voir que des contestations ont lieu, qu'elles durent deux ans,
trois ans, quatre ans et qu'il y a tellement de tracasseries juridiques
qu'elles sont quasi totalement paralysées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Me Drouin, le début des
contestations d'élection est d'abord le recomptage judiciaire et comme
il semble y avoir eu, lors de la dernière élection, abus
je parle du nombre de votes quand un député est
élu, par exemple, avec 500,000 voix et que le juge n'a pas d'autre
autorité que de décider si oui ou non le dépouillement a
été bien fait, ne peut-il pas y avoir une façon quelconque
de remédier à ça?
Par exemple, si un candidat a 100 voix de majorité, qu'il n'y ait
pas de demande de dépouillement judiciaire, est-ce que vous ne constatez
pas des abus dans ce domaine?
M. DROUIN: Ah bien, il peut y avoir des abus. Une fois, un de mes
présidents d'élection me dit: J'ai vidé les boîtes;
je les expédie à Québec. Je lui ai dit: Une minute, il
peut y avoir une demande de dépouillement judiciaire. Alors, il dit:
Cela n'a pas de bon sens, il a été élu par 3,020 voix. Il
a reçu une demande de dépouillement judiciaire! Je suis
allé au fond de ça pour savoir de quoi il s'agissait.
C'était un type qui avait gagé $3,000 qu'il ne prendrait pas
3,000 voix de majorité. Il essayait de lui faire perdre 24 voix!
Alors, j'ai demandé s'il n'y aurait pas eu lieu, n'est-ce pas, de
faire prêter un serment spécial au requérant disant: Ce
n'est pas dans tel ou tel but. Pour répondre au chef de l'Opposition
qui
parlait d'empêcher les délais: Vous comprenez, vous arrivez
à mettre un article de la Loi électorale en cause. L'avocat se
lève et dit: Cet article-là est inconstitutionnel. Il attaque la
constitutionnalité et il veut aller jusqu'en cour Suprême avec
ça. Alors?
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques.
M. DROUIN: Ce n'est pas facile.
M. CHARRON: Je reviens sur le sujet très important...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Mégantic a
terminé?
M. DUMONT: D'accord.
M. CHARRON: ... des contestations d'élection. J'aimerais poser
une question au député de Missisquoi, ancien ministre de la
Justice. Est-ce qu'il est possible de mettre dans la Loi de la contestation
d'élection un article qui fixerait le temps limite? Disons, un an
après le dépôt d'une demande en contestation, jugement
final doit être rendu : Est-ce possible?
M. BERTRAND: C'était le but, M. le député de
Saint-Jacques, que nous poursuivions lorsque la loi actuelle a
été adoptée.
M. CHARRON: Oui.
M. BERTRAND: C'était le but que le délai soit relativement
court et que cette contestation puisse des propos comme ceux que vous
tenez, nous en avons tenus à l'époque dans un délai
d'un an, être terminée. De là, par exemple, certaines
clauses de l'ancienne loi qui étaient disparues. La contestation pouvait
se poursuivre indépendamment des sessions ou non, parce qu'une session
pouvait paralyser la contestation pendant quatre, cinq ou six mois. Le
député était pris ici. Alors, nous avons fait
disparaître ce délai-là. On se disait: C'est clair que le
but poursuivi, c'est un délai relativement court, d'un an environ.
Malgré tout ça M. Drouin vient de le noter
on peut attaquer la constitutionnalité de la loi. Indépendamment
des causes qui sont devant les tribunaux je ne donnerai pas d'opinion
là-dessus, pour le moment ce sont certainement des trucs que l'on
utilise en vue de paralyser la décision la plus rapide. Est-ce qu'il y a
moyen d'inscrire des clauses qui éviteront ces
procédures-là que j'appelle accessoires, qui créent des
obstacles absolument artificiels, mais qui ont pour but de retarder, autant que
possible, l'échéance de la décision? Nous pourrons
l'examiner autour de la table. Je demande, quant à moi, comme l'a fait
le député de Terrebonne, que M. Drouin, à la
lumière de l'expérience qu'il a vécue avec la nouvelle
loi, nous fasse des recommandations et consulte, s'il y a lieu, des
juristes.
M. CHARRON: Merci.
M. HARDY: Pour régler le problème de la
constitutionnalité des appels possibles, dès que la Loi de la
contestation des élections sera adoptée, on pourrait
peut-être la référer à la cour d'Appel et à
la cour Suprême pour qu'elles donnent leur opinion et qu'elles
déclarent si elle est constitutionnelle dans tous ses articles.
M. BERTRAND: Dans un climat autre que celui d'une contestation...
M. DROUIN: Par contre, M. le chef de l'Opposition, si vous me permettez
juste un mot, l'ancienne loi disait que la pétition devait être
signifiée dans les 30 jours qui suivent le jour où le
député est déclaré élu. Il est "gazette,"
comme on dit. L'enquête commencée à la suite de la
contestation liée doit avoir lieu dans les quatre mois,
c'est-à-dire trois mois après la prise de la pétition
aussi.
UNE VOIX: C'est ça.
M. DROUIN: Cela, on ne l'a plus.Cela devenait périmé
automatiquement.
M. BERTRAND: Alors, en tenant compte de ce qu'il y avait de bon dans
l'ancienne loi et qui n'a pas été conservé, à la
lumière de l'expérience vécue depuis cinq ou six ans, les
contestations récentes, je pense que vous serez en mesure de nous faire
des recommandations plus appropriées pour atteindre le but que nous
recherchons. Oui, le député de Saint-Jacques...
M. LAURIN: Et ce but-là, c'est que les arguties juridiques ne
doivent jamais avoir la préséance sur la bonne marche du
processus démocratique, pour la santé de la démocratie. Je
pense que c'est assez évident.
M. HARDY: Qui décide?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, sur ce point-là, je pense
qu'une des priorités est le facteur temps, pour abonder dans le sens de
l'ancien premier ministre; c'est que le député qui est élu
et dont on conteste l'élection a l'avantage marqué de retarder
l'affaire. Alors, au départ, c'est une injustice pour celui qui veut
contester, si on ne règle pas la question du temps limite. Je pense que
c'est la priorité. Tous les autres arguments de preuve pour essayer de
faire sortir la vérité là-dessus, si le travail
d'argumentation,
de retard ou de recherche prime, sont nuisibles à celui qui veut
contester.
Je pense que c'est l'argument premier, la question du temps limite.
Peut-être faudrait-il établir des calendriers dans cette
preuve-là, au cours d'une année, et que telle étape soit
atteinte à telle date, pour arriver à la fin, au bout d'un an, au
règlement de l'affaire.
M. CHARRON: Le député de Missisquoi disait, tantôt,
que, lorsqu'ils avaient étudié en commission la refonte de la loi
de la contestation, le but était de réduire le plus petit
possible le temps pris pour la contestation des élections. Qu'est-ce qui
vous avait empêché par exemple, de fixer dans la loi, douze
mois?
M. BERTRAND: Nous ne l'avons pas dit, mais M. Drouin vient de vous
donner un exemple. Le délai, à ce moment-là, même
s'il n'a pas été conservé, était qu'il fallait que
la contestation s'engage immédiatement. C'est sûr que le
problème d'attaquer la constitutionnalité de la loi, cela n'a pas
été prévu; cela n'avait à peu près jamais
été fait, attaquer la constitutionnalité de la loi.
M. DROUIN: On a même attaqué la constitutionnalité
d'un article de la loi électorale.
M. BERTRAND: Un article de la loi. M. DROUIN: Un seul article.
M. PEARSON: Mais, est-ce que, normalement, il n'y aurait pas moyen
d'éliminer ceci? Par exemple, quand une loi est votée en Chambre,
les gens auraient une certaine période pour contester la
constitutionnalité d'une telle loi, autrement dit je ne sais pas,
moi deux mois, six mois ou un an. Et non pas découvrir, lors
d'une élection...
M. DROUIN: Surtout au point de vue électoral.
M. PEARSON: Bien oui, et non pas découvrir, lors d'une
élection, la possibilité de l'anti-constitutionnalité
d'une telle loi.
M. DROUIN: Mais il faudrait étudier si ce serait constitutionnel,
présenter une telle loi.
M. HARDY: M. le Président, je pense que nous avons, depuis deux
séances, assisté à un témoignage très
valable sur l'ensemble du problème de la réforme
électorale. Nous avons pu, peut-être, découvrir encore
davantage quelle en était la complexité, les méandres et
l'immense travail que la commission doit accomplir. Alors, je voudrais
remercier très sincèrement le président
général des élections, qui s'est prêté de
bonne grâce à ces deux séances; il nous a fait part de son
expérience et de ses opinions sur de nombreux aspects de la
réforme électorale, tant en ce qui concerne la carte que d'autres
aspects, la Loi électorale, la contestation et le mode de scrutin.
Alors, je pense que nous avons maintenant une vue plus précise du
travail que nous avons à accomplir.
Mais, pour procéder d'une façon méthodique et
accélérée, m'inspirant de ce qui s'est fait
récemment à la commission de la liberté de la presse, je
proposerais que, dès cet après-midi, des représentants des
quatre partis se réunissent pour établir un calendrier de travail
et fixer les priorités à la lumière du document
présenté par le député de Bourget, à la
suite de la déclaration ministérielle du premier ministre et du
témoignage de M. Drouin. Nous pourrions cet après-midi, les
représentants des quatre partis, fixer les priorités, fixer les
points sur lesquels nous voulons faire porter nos travaux et fixer
également un calendrier. Peut-être qu'il serait bon, dès
maintenant, de déterminer la date...
J'en fais une proposition et je souligne que le président
général des élections, qui nous a été
très utile, le sera encore puisque les membres ont décidé
à l'unanimité de lui demander ainsi qu'à son adjoint
d'assister à chacune de nos séances afin qu'à l'occasion
ils puissent nous faire part de leur opinion sur les témoignages que
nous pourrions entendre. Je propose que dès cet après-midi des
membres des quatre partis se réunissent pour établir ce plan de
travail. Je propose également que notre commission s'ajourne à
mercredi prochain, dix heures trente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. DUMONT: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi. Le
député de Mégantic immédiatement après.
M. DUMONT: Sur la proposition du député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est sur cela que je voulais parler.
M. LE PRESIDENT: La même chose, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis bien d'accord
avec le député de Terrebonne concernant la proposition qu'il a
faite de réunir un comité. Comme je suis le représentant
du parti de l'Union Nationale à ce comité, je me vois dans
l'obligation, cet après-midi et demain, de m'absenter parce que j'ai
pris des engagements. Je ne pourrai pas être présent. Je
proposerais donc que l'on tienne plutôt cette réunion au
début de la semaine prochaine.
Du reste, nous avons à réfléchir sur les diverses
propositions qui nous ont été faites, sur l'examen des documents
que nous avons. Je préférerais que cela soit
différé.
M. HARDY: Si les autres partis n'ont pas d'objection... Je proposais
dès cet après-midi pour bien démontrer la volonté
très ferme du gouvernement de procéder avec
célérité sur cette question. Le président
général des élections nous a démontré
combien il était urgent et impérieux de travailler avec beaucoup
de célérité pour arriver à présenter une
nouvelle loi, une nouvelle carte électorale dès la fin de 1972 ou
le début de 1973. C'est dans cet esprit que j'ai fait cette
proposition.
Je ne veux pas non plus priver qui que ce soit de son droit.
Comité directeur
M. HARDY: Si la proposition de réunir un comité directeur
des représentants des partis dès cet après-midi ne
convient pas aux membres des autres partis, nous pourrions nous réunir
mercredi prochain. Plutôt que de faire une séance
plénière de la commission mercredi prochain, ce pourrait en
être les représentants des différents partis qui se
réuniraient pour établir notre ordre du jour et notre calendrier.
Je n'y ai pas d'objection majeure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne veux pas non
plus, évidemment, retarder le travail, mais depuis trois semaines nous
avons tenu à un rythme accéléré des séances
de commissions parlementaires. A certains moments nous étions
très peu qui y assistaient, mais j'ai assisté à toutes ces
séances. Comme j'ai pris des engagements je préférerais
que ce soit remis à la semaine prochaine. Je pense que cela ne
retarderait pas les travaux de la commission, de toute façon.
Après la séance de ce comité, nous pourrions ensuite tenir
une séance plénière.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Je voulais tout simplement demander au député
de Terrebonne s'il ajouterait dans sa proposition, le mémoire de travail
du Ralliement créditiste qui demandait que la commission se
déplace. Je voudrais, lors d'une prochaine rencontre, que nous nous
prononcions surtout à savoir si la commission parlementaire se
déplacera à travers la province ou non.
M. HARDY: Evidemment, ma proposition demandant que les
représentants de chaque parti se réunissent implique que les
sérieuses propositions du Ralliement créditiste seraient prises
en considération de même que les propositions de tous les autres
partis.
J'ai parlé du travail du député de Bourget parce
que c'est ce qui m'est venu à l'esprit immédiatement. Loin de moi
la pensée de mettre de côté les suggestions très
valables du Ralliement créditiste, entre autres cette proposition
d'effectuer des pérégrinations à travers la province.
M. DUMONT: Je ne voudrais pas que la déclaration, à la
suite de la proposition qui est faite aujourd'hui, soit hors d'ordre lors de la
prochaine rencontre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Je me rallie entièrement à la proposition du
député de Terrebonne, d'autant plus qu'elle peut permettre
d'accélérer et de rationaliser nos travaux. Je suis d'accord pour
que la réunion se tienne le plus tôt possible cet
après-midi, étant donné que nous sommes peut-être
déjà un peu en retard, étant donné la
complexité de la tâche. Je demanderais au député de
Chicoutimi s'il serait possible pour cet après-midi de se faire
remplacer par quelqu'un qui, sûrement, connaît le problème
aussi bien que lui, soit le chef de l'Opposition où les autres
représentants de cette commission qui siègent depuis le
début...
M. BERTRAND: II y a dans les propos du député de
Chicoutimi beaucoup plus que le délai, que le problème de sa
présence. Il y a et le député de Chicoutimi l'a
indiqué beaucoup de documents. Nous avons entendu le
témoignage de M. Drouin.
Je crois que vous pourriez vous réunir la semaine prochaine,
peut-être mardi au lieu de mercredi. Je ne crois pas que le comité
directeur puisse, en une séance, je le dis par expérience, j'ai
déjà connu le comité directeur, à la commission
parlementaire de la constitution... Si le comité directeur
prépare très bien le travail, c'est autant de gagné. Si
les représentants des partis s'entendent à ce moment-là,
c'est une discussion qu'on ne sera pas obligé de faire à cette
commission.
Alors, je crois qu'il est préférable de vous rencontrer
à un moment où le représentant de notre parti pourra
être présent. Il a tout le dossier, il est au courant de tout le
problème, il a été chargé par notre parti de faire
préparer des études, au sujet de tous et chacun des
problèmes énumérés. Je crois qu'il serait à
propos que ce soit lui qui nous représente. Puis je pense qu'il devrait
y avoir moyen que vous vous entendiez pour vous réunir peut-être
mardi au lieu de mercredi.
M. HARDY: Mardi ou mercredi, il y a une journée de
différence.
M. BERTRAND: Je doute que vous puissiez préparer un
véritable plan de travail, comme l'a
dit le député de Bourget, pour rationaliser nos
discussions. Je doute que vous puissiez faire ça en une
séance.
M. LAURIN: Malgré que le travail soit bien avancé.
M. BERTRAND: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le député de Bourget, je suis
bien d'accord avec vous qu'il faut aller avec célérité.
Mais comme vient de le faire remarquer le chef de l'Opposition, nous avons
beaucoup de documents. D'autre part, le parti que je représente en a
préparé d'autres et ce n'est pas caprice de ma part de demander
qu'on remette à une date ultérieure cette réunion du
comité directeur. Parce que justement nous aurons un travail de
déblaiement à faire et, une fois qu'il sera fait, les travaux de
la commission en seront accélérés d'autant parce que nous
saurons très bien où nous irons. Je vous demande cela parce que
je crois que c'est important de le faire. Il y a beaucoup d'examens, beaucoup
d'études à reprendre. Il y a le témoignage de M. Drouin
aussi qu'il nous faut reprendre en lisant le journal des Débats. Pour ma
part, n'ayant pas eu l'occasion de me reposer depuis plusieurs semaines, ayant
siégé à toutes les commissions parlementaires, je demande
la collaboration de mes collègues pour remettre à mercredi la
séance de ce comité directeur qui va être longue, je pense
bien, parce qu'il va nous falloir reprendre tout ça.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: Est-ce que l'on peut supposer que la proposition du
député de Terrebonne implique qu'en cas de désaccord, de
manque d'accord, de ce comité directeur, la commission devra prendre
elle-même les décisions?
Il est possible que quelqu'un décide...
M. BERTRAND: Absolument.
M. HARDY: Si je me fie à l'excellente collaboration et à
l'esprit qui ont régné depuis les dernières séances
de la commission, je suis très optimiste quant à l'accord qui se
dégagera lors de la séance du comité directeur. Il est
évident que la commission et même l'Assemblée nationale
demeurent absolument souveraines. Il est entendu que cette réunion des
représentants des quatre partis ne préjuge d'aucune façon
des droits inaliénables des membres de l'Assemblée, des membres
de la commission.
M. PEARSON: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, nous reprendrons nos travaux de la
session le 23 février, et nous serons ici au moins quatre jours par
semaine. Je ne vois pas comment cela pourrait retarder indûment le
travail rationalisé de la commission si le comité directeur se
réunissait mercredi prochain, quitte à ce que, dans les semaines
à venir, il y ait peut-être une ou deux séances de notre
commission par semaine pour déblayer le terrain qui pourrait être
couvert ou arrêté par le comité directeur.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je m'excuse, on avait tantôt
quelque difficulté à comprendre le député de
Chicoutimi. D y avait des problèmes, semble-t-il, de micro. Nous
n'étions pas certains si vous suggériez de reporter la
réunion du comité directeur à mercredi prochain ou si vous
vouliez le faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M. SAMSON: C'était mercredi prochain? Après consultation
avec celui qui nous représentera à ce comité, le
député de Mégantic, nous serions d'accord pour que ce
comité se réunisse mercredi prochain.
M. LAURIN: Je continue de me rappeler les paroles mêmes du
président général des élections à l'effet
que toute réforme que nous pourrions adopter exigera presque six mois ou
un an avant de pouvoir être mise en vigueur. Je me rappelle, par
ailleurs, que beaucoup de déclarations ont été faites. Le
travail est ébauché, commencé, depuis maintenant sept ou
huit mois. Il me semble que nous avons les éléments suffisants
pour établir un cadre de travail. Je ne suis pas tout à fait
d'accord avec le député de Missisquoi que ça nous
prendrait deux ou trois réunions pour en arriver à établir
un cadre de travail après tout ce qui a été fait
jusqu'ici. Mais, pour accommoder le député de Chicoutimi,
peut-être pourrait-on remettre cette réunion à ce soir,
à demain ou à vendredi, de façon à ne perdre aucun
des instants que nous pouvons ne pas perdre.
M. HARDY: Comme je vous le dis, je ne peux que répéter
que, quant à nous, que, quant à moi, je suis absolument
disponible dès cet après-midi.
Parce qu'en d'autres temps cela pourrait être le
député de Bourget ou moi qui serais dans les mêmes
conditions que le député de Chicoutimi, je ne veux pas non plus
imposer de quelque façon ou déranger le calendrier; c'est bien
normal que le député de Chicoutimi ait pu prendre des
engagements, comme moi j'en ai pris pour demain.
M. LAURIN: C'est la raison pour laquelle je
suggérais ou ce soir ou demain ou vendredi, pour accommoder le
député de Chicoutimi.
M. SAMSON: Je pense qu'il faut quand même prendre en
considération malgré que nous voulons, de notre
côté, offrir toute la collaboration possible que, dans tout
le travail que nous avons à faire, il n'y a pas que la réforme
électorale, il y a autre chose, il y a des engagements qu'on doit
prendre en d'autres domaines. De notre côté aussi nous ne
l'avions pas mentionné avant le député de Chicoutimi
nous avions des engagements de pris. Je pense que ce serait une
collaboration de la part du gouvernement que d'offrir que ça se fasse
mercredi prochain. Cela ne changera pas tellement, une semaine de plus ou une
semaine de moins.
M. HARDY: C'est-à-dire qu'actuellement je demande la
collaboration des autres partis.
M. SAMSON: Nous comprenons.
M. HARDY: Nous, nous sommes disponibles la semaine prochaine ou cette
semaine.
M. LEGER: M. le député de Terrebonne, dans votre esprit,
est-ce que c'est seulement un représentant par parti ou si les
députés peuvent assister à ça?
M. HARDY: Ce serait un représentant par parti, parce que sans
ça c'est la commission qui va siéger.
M. LEGER: Quatre personnes.
M. HARDY: Que chaque parti délègue un représentant,
comme à la commission parlementaire sur la liberté de la presse,
enfin de s'entendre sur les sujets que nous allons étudier à
cette commission et le calendrier.
Dans mon esprit, il était évident que c'étaient
quatre personnes. Et avec M. Desmeules et peut-être le président
pour arbitrer nos débats.
M. LE PRESIDENT: Si nécessaire.
M. HARDY: Quel est le consensus? Je voulais un consensus.
M. SAMSON: Mercredi prochain.
M. HARDY: Est-ce que vous vous ralliez?
M. LAURIN: Je me rallie avec peine, avec regret.
M. HARDY: Je dois avouer au président que moi aussi je me rallie
avec une certaine déception, mais, afin de garder le climat que nous
avons eu jusqu'ici, peut-être pourrions-nous nous...
M. BERTRAND: D'autre part, il ne faut pas oublier une chose, et je ne
blâme personne; on termine une séance et des députés
quels qu'ils soient ont pu prendre des engagements pour cet
après-midi, pour demain. Quand on le sait trois jours à l'avance,
on peut organiser son horaire en conséquence. La déception qui
est la vôtre pourrait être la nôtre un jour. A mercredi?
M. HARDY: Le comité directeur pourrait se réunir mercredi
à 10 h 30, à la salle 93.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait lieu que le président
général des élections...
Elections partielles
M. DROUIN: J'aurais simplement un mot à ajouter. Cela ne regarde
pas cette discussion. Je vous avais dit, la semaine dernière ou il y a
quinze jours, que je vous donnerais le nombre total des élections
partielles tenues dans la province depuis 1867. Il y en a eu 312; 261 ont
été gagnées par les ministériels et 51 par
l'Opposition, soit 83.6 p. c. qui ont été gagnées par le
gouvernement au pouvoir. Maintenant le document que j'ai lu avant, concernant
les amendements, n'est pas nécessairement complet; il peut y en avoir
d'autres. Tous les membres de la commission vont en recevoir par l'entremise de
M. Desrneules.
M. HARDY: A titre d'information sur ce que vous venez de dire à
propos des élections partielles, est-ce que votre bilan des
élections partielles comprend les deux victoires qui ont
été obtenues dans Chambly lundi dernier? Parce qu'il y a eu deux
victoires dans le comté de Chambly lundi.
M. DROUIN: Je ne le crois pas, parce que cela a été
préparé avant cette élection partielle.
M. LE PRESIDENT: M. Drouin, pourriez-vous demander à M. Desmeules
que tous les députés reçoivent le court exposé?
M. DROUIN: Je l'ai ici. Tous les députés vont l'avoir.
M. HARDY: Pour clarifier, le comité directeur se réunit
mercredi à 10 h 30, à la salle 93, et il appartiendra au
comité directeur de fixer la date de la prochaine séance et des
autres séances en établissant un calendrier.
M. BERTRAND: M. Drouin, ce ne sont pas deux victoires; ce sont trois
victoires pour ceux qui ont vu la caricature dans la Presse.
(Fin de la séance: 12 h 31 )