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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet : Réforme électorale
Séance du jeudi 9 décembre 1971
(Dix heures huit minutes)
M. BACON: (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Je dois prendre la place, ce matin, du président de
l'Assemblée nationale qui s'excuse grandement de ne pouvoir assister
à ces délibérations, étant retenu au comité
des règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On y perd!
M. LE PRESIDENT: Je souhaite la bienvenue à la
Société de mathématiques appliquées. Je demanderais
à son porte-parole de nous présenter son mémoire ce
matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on a la copie de ce
mémoire?
M. LE PRESIDENT: Je pense que oui.
M. HARDY: Est-ce que des copies du mémoire vous sont parvenues
à l'époque? Je pense que nous avions reçu ce
mémoire l'an dernier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je pense que j'ai dû le mettre
quelque part. Merci, vous êtes bien aimable.
M. HARDY: Votre documentaliste l'a égaré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est moi qui suis mon
documentaliste.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Société de mathématiques
appliquées
M. FORTIER (Jean): M. le Président, je voudrais d'abord
mentionner que ce cahier contient en fait une série de documents
rédigés à différentes époques et dans des
contextes différents aussi, et que, par conséquent, nous vous les
donnons à titre d'information plutôt qu'à titre d'une
proposition ou d'une structure globale.
Nous avons essayé de ramasser, de colliger certains documents
qui, dans bien des cas, comme vous avez pu vous en rendre compte, ne peuvent
qu'engager leurs auteurs. Nous n'avons pas à juger personnellement, ou
dans la mesure où nous sommes concernés en tant qu'experts, de la
validité de certaines recommandations ou de certaines remarques des
auteurs.
En particulier, j'attire votre attention sur l'annexe 5 qui était
tout simplement ici le commentaire d'un "informaticien" sur un arti- cle qui
était paru dans un journal et, par conséquent, il y avait par
exemple dans cette annexe 5, certaines propositions législatives que
vous êtes à même de juger. Vous remarquerez certainement une
certaine naïveté dans ces recommandations.
Je voulais souligner que, en ce qui regarde les aspects non techniques
de ce document, soit dans ses parties constituantes ou dans ses annexes,
évidemment, cela doit être pris sous toutes réserves et
nous n'avons pas l'intention d'entériner ou de ne pas entériner
ces suggestions. Encore une fois, c'est à titre d'information que nous
avons joint certains documents et non pas à titre d'une proposition,
soit de la part de notre société ou de votre part en tant
qu'experts.
Le cahier se divise en trois parties qui touchent ce qu'on appelle
faute d'un meilleur nom un fichier des populations. Un fichier
des populations est une espèce de fichier maître des individus ou
des familles, de l'ensemble des individus c'est ce qui est important
et des familles qui résident dans un territoire.
Dans le premier chapitre, nous faisons la description d'un tel fichier.
Nous indiquons d'abord ce que c'est; deuxièmement, les sous-produits
possibles et un des produits qui vous intéressent au premier
chef, ce sont les listes électorales; troisièmement,
certaines utilisations, d'une façon plus générale, de ce
fichier, en particulier les relations aux autres fichiers administratifs et aux
programmes de statistiques.
Dans le deuxième chapitre, nous essayons de décrire
comment peut être fait, comment peut être créé un tel
fichier. Evidemment, nous parlons ici d'informatique. Nous ne parlons pas de
création manuelle. Il s'agit exclusivement d'un travail d'informatique
selon des critères qui étaient, à l'époque, les
meilleurs critères d'informatique, et qui sont quelque peu
modifiés aujourd'hui, parce que la technologie a avancé depuis
les quelques années où nous avons commencé à
rédiger des textes sur cette question.
Nous avons aussi, au chapitre II, indiqué d'une façon
spéciale comment on peut assigner des numéros de code, ceci en
vue non pas tellement de numéroter les gens, mais plutôt, le type
de numéro de code qui est choisi ici est un type descriptif qui permet
aux informaticiens d'accéder très rapidement à
l'information et qui permet au: citoyen, sans complication de carte ou
autrement, de retrouver facilement soit avec un fonctionnaire ou un
administrateur son propre dossier si nécessaire.
Dans le troisième chapitre, nous avons décrit quelque peu
le fonctionnement d'un tel système, parce que vous avez
évidemment à tenir un tel fichier en ordre de marche, donc
à faire les mises à jour qui s'imposent, par exemple:
décès, naissances, mariages, etc.
Dans les annexes, nous avons décrit plus en détail ce que
nous entendons par ce numéro-
code des individus qui est un numéro descriptif, un
numéro, en somme, de travail et, comme je l'ai indiqué tout
à l'heure, à la fois transportable et n'exigeant pas d'un
individu qu'il porte une carte ou quoi que ce soit.
A l'annexe 2, nous avons décrit plus en détail ce que nous
entendons par enregistrement des naissances et aussi par les formats des bandes
magnétiques qui sont disponibles, quant à l'information qui
serait nécessaire pour créer ces fichiers. Pourquoi avons-nous
mis cela ici? Je pense que c'est seulement la lecture de cette annexe qui
pourrait vous l'indiquer; c'est assez complexe. Mais je pense que ceci a
surtout un intérêt pour les gens qui se posent des questions quant
à la "faisabilité", si je peux employer ce mot, d'un tel fichier.
Quant aux autres, ils peuvent facilement passer par-dessus cette section qui
est assez technique.
Il s'agit de bandes magnétiques maintenant, on pourrait
penser à d'autres formes d'enregistrement informatique qui ont
été utilisées au cours des années passées,
soit par le gouvernement fédéral, soit par le gouvernement
provincial, pour transporter certaines données
démographiques.
L'annexe 3 et c'est une annexe qui a été
rédigée par mon collègue Lachapelle à
l'époque suggère les modifications immédiates qu'il
serait souhaitable d'apporter à ces enregistrements
démographiques, de façon à pouvoir faire fonctionner
facilement un fichier des populations ou des listes électorales, comme
sous-produit du fichier.
La même chose à l'annexe 4, l'enregistrement des mariages
et des décès, pour justement suivre et constamment garder en
état de validité un tel fichier. C'est-à-dire que pour,
vraiment suivre une liste, soit complète de la population ou simplement
électorale, il faut absolument y travailler tous les jours. Evidemment,
une des premières choses à faire en plus des naissances, c'est de
contrôler les mariages et les décès, de façon
à ne pas se retrouver avec des électeurs
décédés ou des enfants qui seraient nés et qu'on ne
pourrait affecter à une famille, c'est-à-dire à une
adresse.
M. HARDY: Vous voulez briser une tradition.
M. FORTIER: C'est ça. Parce qu'effectivement le mariage ne nous
intéresse pas ici d'une façon... c'est un intérêt
très informatique, c'est-à-dire que ça nous permet de
regrouper très rapidement sous une même adresse un groupe
d'individus et, généralement, il s'agit là, soit d'un
ménage de plusieurs familles ou, plus spécifiquement, de
familles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les célibataires, qu'est-ce que vous en
faites?
M. FORTIER: Les célibataires constituent une famille d'une
personne, au point de vue informatique...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Officiellement.
M. FORTIER: ... pour les fins électorales. A l'annexe 5, vous
avez ici un fichier électoral permanent pour le Canada. C'est pourquoi
ici, comme je vous ai dit tout à l'heure, nous le donnons à titre
d'information et ceci avait été fait à l'époque par
un informaticien qui répondait à un article de journal, lequel
traitait d'un fichier électoral permanent pour le Canada. Evidemment,
dans le cas qui nous préoccupe, qui est le Québec, mutatis
mutandis, ces choses peuvent s'appliquer. C'est pourquoi nous l'avons
donné ici pour fins d'information et de renseignements. On l'a
décrit un peu, ici, d'une façon très sommaire et d'une
façon évidemment discutable au point de vue, comme je l'ai dit
tout à l'heure, législatif. Les suggestions qui sont faites
là sont, un petit peu, à mon avis, hors d'ordre mais mettons cela
au compte de l'enthousiasme d'un informaticien. Pour le reste, plusieurs
éléments sont valables. En particulier, les volumes de travail
sont très bien évalués. Le personnel, l'équipement,
les coûts et ainsi de suite sont, à mon avis, très
certainement réalistes, je dirais même assez conservateurs dans ce
sens qu'on a donné une quantité suffisante dans les budgets pour
couvrir amplement la création d'un tel fichier. Je pense que le point
est démontré: l'article qui indiquait des coûts pour le
maintien d'un tel fichier était, à notre avis, d'un point de vue
informatique, complètement à côté de la
question.
Il y a aussi dans cette annexe un schéma des opérations
quotidiennes qui indique ce que cela veut dire de maintenir une telle liste,
quelle sorte d'informations il faut faire circuler et ainsi de suite. On a
jouté finalement ce qui est essentiel pour une telle opération:
une formule de changement d'adresse parce que c'est à peu près la
chose la plus centrale à part évidemment les renseignements
démographiques (nom, date de naissance et ainsi de suite), et parce que
c'est elle qui nous permet, lorsqu'elle est connue, de regrouper par
rôle, par exemple, pour des listes électorales et qui nous permet
d'expédier à un individu, ce que j'appellerais, un état de
compte en comptabilité mais en fait, dans ce cas-ci, une espèce
d'attestation de son enregistrement sur une telle liste. Finalement, ceci nous
permet de contrôler certains renseignements de base dont nous aurions
besoin, par exemple, l'occupation ou les changements d'occupation.
Il nous suffit, par conséquent, d'un point de vue informatique,
de posséder le nom, la date de naissance, l'adresse et l'occupation pour
pouvoir rédiger toutes sortes de listes électorales à tous
les niveaux gouvernementaux et aussi à n'importe quel niveau de
subdivision par quartiers, par bureau de scrutin, ainsi de suite.
Il nous est facilement et l'expérience a été
faite à plusieurs reprises possible de regrouper les adresses,
à l'aide de ce qu'on appelle certains dictionnaires: dictionnaires, dans
un sens informatique, sans définir d'avance, si vous voulez, une fois
pour toutes, quelle est la subdivision électorale.
Il nous est facile de créer informatiquement et, à peu de
frais, ce qu'on appelle ces dictionnaires, de façon à regrouper
ces adresses par bureau de scrutin ou selon toute autre subdivision utile,
qu'il s'agisse d'une élection provinciale, municipale, scolaire,
fédérale, ou quel que soit le type d'élection, ou quel que
soit, en fait, le type de recensement que l'on veut faire.
Je pense que c'est assez difficile d'aller plus loin, parce que ce
document est assez long. Il me suffirait peut-être d'indiquer, en
terminant et j'aimerais plutôt répondre à vos
questions ce qu'est un fichier. Je l'ai décrit là-dedans,
mais je suis prêt à répondre à vos questions, de
même que M. Lachapelle. Je vais vous souligner un point qui est
très important au départ. Il existe dans les différents
ministères, à peu près tout le matériel ou environ
95 p.c. du matériel qui serait nécessaire. Pourquoi? Parce qu'au
cours des années, on a créé un très grand nombre de
fichiers, effectivement, dont les gens sont obligés de se servir tous
les jours, particulièrement le fichier des allocations familiales qui
regroupe pratiquement un million de familles et quelque chose qui approche
quatre millions d'individus. Vous avez le fichier des transports qui, si ma
mémoire est bonne, regroupe environ deux millions d'individus qui se
recoupent avec les premiers, mais qui, dans certains cas, ne se recoupent pas.
Par exemple, pour prendre la remarque de M. le député tout
à l'heure, les allocations familiales contiennent évidemment les
couples mariés et plus que ça, les couples avec enfants. Par
contre, le fichier des transports va contenir certains célibataires qui
possèdent une voiture. Alors, cela nous permet de compléter d'une
certaine façon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des enfants qui coûtent
cher.
UNE VOIX: Il y a l'assurance-maladie...
M. FORTIER (Jean): Il y a aussi la Régie des rentes, le
ministère de l'Education, enfin il y a un certain nombre de fichiers qui
nous permettent d'affirmer avec grande assurance que 95 p.c. du matériel
est déjà disponible. Il s'agit ici d'un regroupement
d'informatique, d'un travail d'informaticien, d'un travail de base qui n'est
pas négligeable, mais dont les coûts se comparent très
avantageusement, à mon avis, à la création, à tous
les trois, quatre ou cinq ans, d'un fichier électoral. Alors, j'ai
terminé...
M. LE PRESIDENT: Je remercie M. Fortier de son exposé.
M. FORTIER (Jean): A moins que M. Lachapelle ne veuille ajouter quelque
chose.
M. LE PRESIDENT: M. Lachapelle.
M. LACHAPELLE (Benoît): M. le Président, la proposition qui
a été faite ici, sur un fichier des populations, l'idée
originale était tout sim- plement une idée de simplification
administrative. Actuellement, lorsque quelqu'un change d'adresse, à
plusieurs endroits au gouvernement provincial, le changement d'adresse doit
être effectué. On doit changer l'adresse de la personne dans le
fichier des véhicules automobiles, dans le ficher qui correspond aux
permis de conduire, dans le fichier qui correspond aux allocations familiales,
dans le fichier qui correspond aux questions des rapports d'impôt, etc.
C'est-à-dire que pour une personne qui change d'adresse, cela implique
automatiquement des changements dans toute une série de fichiers. Etant
donné que ces changements-là sont faits d'une façon
indépendante, et le coût de changement d'une adresse peut varier
entre $0.25 et $0.50 environ, alors cela est multiplié dans chacun des
fichiers. Tandis que si l'on part avec un fichier central qui contient les noms
et les adresses, il suffit que le fichier central de noms et d'adresses soit
averti du changement pour qu'on puisse automatiquement avertir chacun des
autres fichiers sans qu'il y ait toute une série d'opérations
individuelles dans chacun. Alors, c'était l'idée de base du
fichier central de la population, un fichier qui contenait des noms et des
adresses et la question des listes électorales devient tout simplement
un sous-produit de ce fichier administratif général.
M. HARDY: Pour le moment, M. le Président, je n'ai pas de
questions particulières.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui me concerne, je n'ai pas non plus de
questions particulières. Il s'agit d'un document extrêmement
intéressant mais on comprendra, d'un caractère très
technique. C'est d'ailleurs l'intention de ceux qui l'ont préparé
de le présenter ainsi. Nous l'avons étudié, je crois qu'il
comporte une série de renseignements qui peuvent devenir pour nous des
suggestions qui nous permettront de dresser ce qu'on appelle des listes
permanentes, des listes à réviser selon des normes, des
critères et une codification qui est suggérée dans ce
document. Naturellement, on pourra très bien faire un examen de chacune
des propositions qui se trouvent là, mais il s'agit de propositions
techniques, d'un travail éminemment scientifique qui a une très
grande valeur pour nous, pour les membres de la commission parlementaire.
Je ne suis pas en mesure, ce matin, de greffer des questions pratiques
à ce document, tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas
commencé d'examiner la Loi électorale et les divers articles qui
doivent porter sur la confection des listes.
Je voudrais remercier et féliciter la Société de
mathématiques appliquées d'avoir préparé un tel
document, qui, je crois, peut nous servir de document de base pour l'examen de
ce problème particulier de la loi électorale qui est
la confection des listes. Alors, MM. Fortier et Lachapelle, nous vous
sommes reconnaissants d'avoir bien voulu venir nous expliquer le sens de ce
document qui, je le répète, nous sera d'une très grande
utilité.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, nous reconnaissons également
l'importance du document qui nous a été soumis; il est cependant
assez difficile à ce moment-ci de faire connaître une position,
étant donné que nous ne pouvons pas présumer quand
même du résultat des délibérations de la commission.
Toutefois, si nous en venons à la conclusion ou si la commission en
vient à la conclusion que nous devrons avoir ou qu'il sera
nécessaire d'avoir des listes électorales permanentes, ce
document sera sûrement très important, très utile à
nos délibérations à ce moment-là. D'ici à ce
que nous soyons rendus plus loin dans nos discussions, nous nous
réservons évidemment le droit de prendre position en temps et
lieu.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je crois que cette question de la
liste permanente révet une extrême importance, en raison des
critiques très sérieuses et sévères qui ont
été apportées par tous les spécialistes à la
méthode actuelle d'inscription électorale. Ces arguments
très nombreux ont été repris dans des articles par des
politicologues. Par exemple, je note ici que, dans un article du jeudi 14
janvier 1971, M. Jean-Charles Bonenfant faisait une critique très
sévère du système actuel et mentionnait toutes les raisons
pour lesquelles il fallait songer à le remplacer, le plus rapidement
possible, par un système plus moderne, plus juste et qui correspondrait
à la nécessité essentielle d'une démocratie, de
voir à ce que le vote de l'électeur, d'une part,
représente exactement sa volonté.
D'autre part, qu'on connaisse l'identité de tous les
électeurs et que cette réforme soit à l'origine de toutes
les autres, soit une pierre d'angle en somme pour la réforme des
mécanismes électoraux.
Dans un autre article du Soleil du 12 février 1971, le
président général des élections, Me Drouin, faisait
à peu près les mêmes critiques. Il recommandait surtout lui
aussi la création d'une liste permanente des électeurs pouvant
être utilisée et pour les élections provinciales et pour
les élections municipales.
Le système pour y parvenir serait, selon lui,
l'énumération annuelle des électeurs et une
révision de la liste électorale dès l'annonce d'une
élection. Il disait que le coût de confection de cette liste
électorale serait d'environ $3,500,000 annuellement. Un autre
politico-logue se prononçait également pour cette liste
électorale permanente en citant encore une fois tous les défauts
du système actuel, c'est M. Robert Boily, dans un numéro de la
revue Maintenant, en décembre 1970. Nous-mêmes, dans le document
de travail que nous avons présenté à la commission
à la page 118, en faisant le décompte de toutes les opinions,
nous résumions les diverses critiques qui avaient été
faites à l'endroit du système actuel.
M. HARDY: Est-ce que le député de Bourget me permettrait
une question?
M. LAURIN: Oui.
M. HARDY: Je connais l'article de M. Boily mais il y a
déjà longtemps que j'en ai pris connaissance...
M. LAURIN: Oui.
M. HARDY: Est-ce que M. Boily, dans son article, réfère
à certains problèmes qui se sont posés en particulier dans
le comté de Saint-Jacques, quant à
l'énumération?
M. LAURIN: Pas dans cet article-là, M. le Président. C'est
dans l'article de la revue Maintenant. Il y faisait au fond une revue
très longue de tous les mécanismes de la loi électorale.
C'est dans la troisième partie de son exposé, qui porte
précisément sur la Loi électorale; il y avait un
paragraphe sur l'adoption de la liste électorale permanente, le
coût de la liste permanente, la protection de l'électeur. Ses
thèses étaient assez résumées, bien que les
paragraphes résument assez bien la question.
Nous-mêmes, nous énumérions donc les arguments
contre le système actuel: par exemple le risque souvent
élevé de partisanerie politique de la part des
énumérateurs qui accomplissent leur travail; deuxièmement,
le risque que les énumérateurs accomplissent sans beaucoup de
soins une fonction rémunératrice au détriment d'une
fonction politique importante; le manque de préparation technique et
parfois même de simples connaissances courantes d'un grand nombre
d'énumérateurs; le manque à peu près total de
contrôle sérieux par les énumérateurs des
données fournies par les répondants, comme le nombre exact de
personnes dans un foyer, les âges réels, la citoyenneté;
les mécanismes de réinscription jugés comme complexes par
beaucoup d'électeurs: obligation de se déplacer, de comprendre
des formules diverses, de se débrouiller avec les préposés
du bureau de scrutin; et enfin, la méthode absolument loufoque et
médiévale d'afficher des listes clouées à des
poteaux de téléphone ou à des arbres, d'où elles
disparaissent ou peuvent disparaître en tous cas
très rapidement.
Donc, il semble bien que le procès de la méthode actuelle
est fait et bien fait, et qu'il faut songer à la remplacer d'une
façon définitive.
D'ailleurs, ce remplacement a déjà été
effectué dans un très grand nombre de pays comme par exemple la
France, le Royaume-Uni, la République fédérale allemande,
la Belgique, la Hollande, les pays Scandinaves, l'Australie, la
Nouvelle-Zélande, les Etats-Unis. Le processus est déjà
commencé ici même. Dans son rapport de septembre 1968, le
président général des élections, M. Nelson
Castonguay, en principe se prononçait lui aussi pour une liste
permanente, mais ce qui le faisait reculer, c'était le coût
excessif qu'il y voyait. Il avait mentionné le chiffre de $16 millions
annuellement comme étant le coût de la confection d'une liste
électorale permanente. Je pense même que c'est à la suite
de cette opinion émise dans le rapport de M. Nelson Castonguay, le
rapport du commissaire à la représentation en 1968, que les
témoins que nous entendons ce matin avaient réagi d'une
façon très aiguë dans leur conscience de scientifiques et
qu'ils avaient pris tout de suite la décision de contrecarrer, de leur
seul point de vue d'informaticiens, la thèse du commissaire
général à la représentation en ce qui concerne le
coût. Je pense que c'est à ce moment-là que les
représentants de la SMA avaient dit que le projet était loin de
coûter $16 millions, mais qu'il coûterait $2,500,000 par
année au maximum pour tout le Canada.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Laurin, permettez-moi de vous rappeler
ceci. Quand nous avons fait état de cette question de coût, quand
M. Drouin nous en a parlé, quand nous avons référé
au rapport de M. Castonguay, j'avais moi-même déclaré,
indiquant que nous étions pour un système de liste permanente,
que la question de coût ne devait pas entrer en ligne de compte, alors
qu'il s'agit d'établir un mécanisme permanent qui va,
évidemment, au départ, coûter de l'argent; il y aura un
investissement de base. Une fois que la machine sera créée, le
fonctionnement, par la suite, sera amorti d'année en année. Il
s'agira après cela, de remettre constamment, la liste à jour
selon des méthodes qui peuvent être inspirées par le
rapport de la Société de mathématiques
appliquées.
Si, tout à l'heure, je n'ai pas exprimé de position
officielle, c'est que déjà je l'avais exprimée en disant
que nous étions pour une liste permanente et que la question de
coût, à mon avis, n'était pas une question importante,
même si, au départ, cela comporte un investissement important mais
que, évidemment, il y a un amortissement. Ce que vous signalez est aussi
également important: la question de l'impréparation ou de la
non-préparation totale de tous ceux qui confectionnent les listes. C'est
un problème qui est vieux, auquel on ne s'est pas encore attaqué
de façon pratique. Je crois que nous en sommes à cette
étape où nous commençons de mettre en place les
mécanismes qui vont nous permettre d'avoir ces listes permanentes, de
les tenir à jour et d'utiliser les données scientifiques que l'on
retrouve par exemple, dans ce document, dont j'ai dit tout à l'heure
qu'il était d'une très grande qualité scientifique.
M. LAURIN: Il faudrait d'ailleurs tenir compte je pense que le
fait a déjà été également souligné
que cette liste permanente servirait non seulement aux élections
provinciales du Québec mais pourrait également servir aux
élections municipales, à tous les autres types d'élections
auxquelles on peut penser, même les élections pour les commissions
scolaires en vertu du projet de loi no 27, ce qui pourrait nécessiter
beaucoup de dépenses. On pourrait profiter de l'occasion pour mettre en
vigueur ce projet de liste électorale permanente. En plus de ça,
ceci pourrait servir également à la confection d'un fichier
démographique complet, ce qui est un instrument dont aucune
société moderne ne saurait se passer surtout quand nous assistons
à une évolution des idées qui fait que l'Etat, sans
devenir un Etat-Providence, intervient beaucoup plus souvent qu'auparavant dans
la vie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous voulez dire même dans les
territoires non organisés.
M. LAURIN: ...et ce fichier démographique complet, il va bien
falloir un jour penser à l'organiser. Puisque, actuellement, comme le
faisait remarquer M. Fortier tout à l'heure, nous avons des
systèmes partiels, parcellaires chaque ministère organise
le sien il n'y a pas toujours d'interrelation entre ces divers fichiers
et ceci multiplie les dépenses, des dépenses cachées bien
souvent mais des dépenses non moins réelles. Et je suis convaincu
que, si on faisait l'addition de toutes ces dépenses effectuées
par chacun des ministères pour la constitution de leur propre fichier
qui répond à leurs fins spécifiques, on en arriverait
à des sommes considérables.
Donc, au nom même de l'austérité productive
une expression qu'on a déjà entendue il faudrait se
hâter également de faire le plus tôt possible ce fichier
démographique complet.
Maintenant, je pense que déjà ces arguments constituent
une réfutation sérieuse de l'affirmation de M. Nelson Castonguay.
Je voudrais demander à nos deux représentants, ce matin, si leurs
idées sur le coût de confection d'un tel système ont
changé. Est-ce que le coût, actuellement en décembre 1971,
selon eux, serait plus élevé ou moins élevé que
celui qu'ils avaient envisagé par suite du progrès de la
technologie?
M. FORTIER (Jean): Il serait sans doute moins élevé pour
deux raisons fondamentales. La première, c'est l'utilisation des grands
ordinateurs à temps partagé, d'une part, et aussi par
l'utilisation de capacité de "stokage" sur disques qui n'existait pas
à l'époque d'une façon pratique. En somme, au budget que
l'on indi-
quait, il y avait quelque chose comme trois quarts de million qui
étaient dévolus à ce poste. Evidemment si on faisait
toutes les utilisations qui sont mentionnées, on ne pourrait pas
réduire mais à ce moment-là on aurait beaucoup plus de
produits. Mais si on s'en limitait au seul produit de la liste
électorale, les coûts en seraient diminués.
Je voudrais faire remarquer à ce sujet que tant dans les rapports
de M. Castonguay que dans ceux de M. Drouin, nous ne mettons pas en cause les
coûts qu'ils ont mentionnés, utilisant les méthodes
auxquelles ils ont pensé. Je pense qu'il s'agit ici d'une
méthodologie qui est différente. Si on emploie la
méthodologie de l'énumération, c'est évident qu'il
y a un coût énorme tout simplement à maintenir le personnel
sur la route. La méthodologie que nous indiquons, qui est beaucoup plus
reliée à des méthodes démographiques et à
des méthodes informatiques, ne suppose pas que ce recensement se ferait
sur le terrain.
Quand les gens ont mentionné ces coûts, ils ont
parfaitement raison, nous ne discutons pas la question, les coûts sont
véritablement bien évalués. Nous indiquons simplement que
nous pouvons y arriver par une méthode complètement
différente et beaucoup moins coûteuse.
M. LAURIN: Quel serait selon vous le coût approximatif de la
confection de ce fichier démographique complet pour le
Québec?
M. FORTIER (Jean): Pour le Québec, je n'ai pas fait
d'étude précise. Nous mentionnons dans notre document qu'il
pourrait s'agir d'une réduction proportionnelle, parce qu'il y a un
coût de mise en marche indépendant des volumes. Je pense pouvoir
affirmer que la création d'un tel système ne devrait pas
et je pense que je suis très généreux dans mes chiffres
dépasser $1 million. Pour le maintien annuel, la même
chose. Mais je crois être très généreux et, si on
appliquait des principes d'austérité productive, je pense qu'on
peut y arriver à des coûts moindres que ceux-là pour le
Québec à condition, évidemment, que nous puissions avoir
accès au fichier démographique, c'est-à-dire aux
données de l'état civil déjà compilé et que
nous ayons aussi les ententes nécessaires de façon à
pouvoir obtenir, par exemple, du ministère des Postes, des formules
adéquates de changement d'adresse.
M. LAURIN: Une fois... juste une seconde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-moi, oui.
M. LAURIN: Une fois le système mis en marche, vous avez dit dans
votre document que son renouvellement, sa mise à jour exigerait 150
employés permanents, un ordinateur et environ 115 bandes
magnétiques. Est-ce que vous avez encore les mêmes opinions?
M. FORTIER (Jean): Non. Je crois que, pour ce qui touche la question des
bandes magnétiques, j'en ai déjà parlé, ceci serait
complètement différent, parce qu'on emploierait un système
plutôt de disques, de stockage massif. Quant au personnel, il existe
aujourd'hui des méthodes d'enregistrement qui sont directes et qui ne
supposent pas l'intervention d'un document perforé, que l'on peut faire
directement sur les disques. Là aussi, il y a réduction possible.
Deuxièmement, puisqu'il s'agit ici d'un ordinateur, celui qui est
mentionné et qui serait de très grande capacité, j'ai
indiqué tout à l'heure qu'on pourrait le partager facilement avec
d'autres usagers ou alors utiliser un ordinateur déjà existant et
en partager quelque peu le temps, parce qu'on mentionne ici, à peine une
heure par jour d'utilisation pour le Canada.
Nous avons fait une évaluation très serrée des
transactions. A cause de notre expérience, justement, sur ces divers
fichiers, nous les connaissons bien.
M. LAURIN: Une dernière question. Combien de temps cela
prendrait-il aux spécialistes pour mettre sur pied ce
système?
M. FORTIER (Jean): Environ un an. M. LAURIN: Un an!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Fortier, justement, je voulais vous poser
cette question. Vous dites, pour la question de temps, un an. Est-ce que vous
croyez, compte tenu de tout de que vous indiquez dans votre mémoire, que
nous avons à l'heure actuelle suffisamment de données au plan
administratif dans le Québec, à tous les paliers du gouvernement:
assistance sociale, allocations familiales, etc., enregistrement des
véhicules, permis de conduire? Est-ce que nous avons, à l'heure
actuelle, suffisamment de données pour que l'on puisse, dès
maintenant, s'attaquer à la préparation de ce premier fichier qui
nous servirait à établir la liste permanente des
électeurs?
M. FORTIER (Jean): Très certainement. Environ 90 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que ce travail pourrait intégrer
immédiatement le cas des commissions scolaires et des
municipalités en même temps?
M. FORTIER (Jean): Certainement. Parce qu'en fait il s'agit dans le cas
des recensements scolaires, par exemple, de définir des bassins
d'alimentation des différentes écoles ou des différentes
commissions scolaires. Justement, puisque l'on parle de subdivisions scolaires
et municipales différentes dans l'avenir, ce système permet tout
regroupement selon les cartes actuelles ou les cartes à venir, et
strictement par
la méthode que j'ai mentionnée tout à l'heure: les
dictionnaires informatiques que l'on construit; mais je ne veux pas aller dans
les détails techniques ici. Qu'il nous suffise d'avoir l'adresse
elle-même, et nous constituons à l'aide de ces adresses... En
fait, nous faisons beaucoup plus que de reconstituer un regroupement de ces
adresses, nous pouvons même valider une adresse. Nous pouvons, en somme,
décider si une adresse qui nous est envoyée est valide ou non.
Parce qu'en constituant ces dictionnaires, nous faisons la constitution totale
des numéros civiques. On peut même valider un changement
d'adresse, à savoir, s'il y a deux personnes qui ont
décidé d'habiter au même numéro, dans ce cas il peut
s'agir d'un ménage, ou encore si le numéro civique ne correspond
à personne et pourquoi. Et on peut aussi détecter s'il y a eu des
numéros civiques qui ont été créés
artificiellement, soit par erreur ou par fraude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Fortier, une dernière question sur
ce problème du temps. Supposons que l'on requiert vos services ou les
services de gens de votre qualité, à quel moment pourrions-nous
commencer ce travail, à partir des données, des critères
que vous énumérez dans votre mémoire?
M. FORTIER (Jean): M. le député, j'essaie de comprendre
votre question. Est-ce que vous voulez parler du cycle saisonnier, ou de temps
plus approprié dans l'année?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais expliciter ma question. Nous avons,
nous, à la commission parlementaire, à faire face à ce
problème des mécanismes électoraux, dont la confection des
listes. Supposons que nous prenions une décision, d'ici un ou deux mois,
par hypothèse, disons un mois. Est-ce que l'on est suffisamment
outillé, à l'heure actuelle dans le Québec, pour commencer
cette préparation des listes, tel que vous la concevez?
M. FORTIER (Jean): Très certainement. Nous avons fait au
Québec, dans les années récentes, des constitutions de
listes presque aussi considérables, en fait plus considérables.
Prenez, par exemple, les allocations familiales, nous avons, dans les
allocations familiales, nous, j'entends en tant que Québécois, je
parle de la collectivité, constitué des listes qui
dépassent les listes électorales en termes de nombre d'individus.
Non seulement elles ont été constituées mais elles ont
été maintenues à jour. Il s'agit d'envoyer des
chèques aux familles dont le montant dépend très
exactement de la date de naissance de chacun des enfants et de tous les
enfants. Deuxièmement cette liste dépend très exactement
de la localisation de chacun de ces individus si l'on veut expédier ces
chèques. Je lisais tout à l'heure, encore une fois, si ma
mémoire est bonne, que cela couvre environ 4 millions des 6 millions
d'individus du Québec; il y en a là-dedans qui ne sont pas
d'âge à voter, il y en a peut-être un million et demi qui
sont d'âge à voter, c'est-à-dire les parents
eux-mêmes. Aussi, évidemment, on peut me dire que cela ne donne
rien d'avoir un enfant de quatorze ans ou quinze ans sur mes listes. Mais dans
trois ans, ce sera un enfant de 18 ans. Je n'aurai pas à le
réinscrire ou à lui demander, je n'aurai qu'à voir dans
mon fichier même, qui indique la date de naissance, qu'en effet cet
enfant a maintenant l'âge de voter. Je peux, sans autre forme de
procès, lui faire passer immédiatement cette tranche d'âge
dans les listes électorales. Et comme vous le savez, c'est environ
100,000 par année.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, M. Fortier, je vais vous poser un
cas concret, pratique. Supposons que nous déclenchions des
élections à la période où ordinairement se produit
une vaste migration d'un secteur à l'autre d'une ville, est-ce que, une
fois cette liste permanente établie, d'après les méthodes,
les techniques que vous nous proposez, il est possible, dans le court espace de
temps, dans les délais légaux qui sont déterminés
depuis le moment de l'émission des brefs jusqu'à
l'élection, de corriger la liste de façon à faire face
à cette situation des déplacements de personnes?
M. FORTIER (Jean): Je vais vous donner une réponse de
statisticien, avec des chiffres. Il y a annuellement environ 25 p.c. de
déplacements de la population québécoise; celle-ci est
très mobile. Ces déplacements je crois qu'ils sont de
l'ordre de 15 p.c, on peut discuter ces chiffres ou les évaluer plus
à fond se font au mois de mai. Le reste se fait dans
l'année à diverses époques, mais si on faisait la moyenne,
on aurait 2 p.c. de déplacements par mois environ. En fait, il s'agit
plutôt de 1 p.c. environ selon la période où on choisit de
faire l'élection. On pourrait donc avoir une période de 60 jours,
je ne sais pas le délai exact, et si c'est un délai de 60 jours,
on aurait donc effectivement en moyenne 4 p.c. de déplacements, à
moins qu'on fasse l'élection dans une période où il y a
énormément de déplacements, soit au printemps. Mais dans
ces cas-là, ce que nous suggérons d'ailleurs c'est dans le
document ici c'est qu'en temps normal, on donne aux gens 60 jours ou
qu'on leur indique par règlement, législation ou autrement, qu'on
doit rapporter un changement d'adresse dans les 60 jours, soit pour des fins
électorales ou des fins plus générales d'enregistrement
d'état civil ou au fichier démographique. Dans le cas des
périodes électorales, on pourrait raccourcir ce délai
à quelque chose comme par exemple deux semaines ou trois semaines, ou on
pourrait rapporter effectivement ce changement d'adresse. D'ailleurs, il est
absolument illogique de changer d'adresse et de ne pas le rapporter. En effet,
comment peut-on par la suite recevoir son courrier, ses chèques et ainsi
de suite? Norma-
lement, les gens le font même avant de se déplacer, ou bien
on pourrait exiger d'eux qu'ils le fassent en période normale dans les
60 jours du déplacement et en période électorale dans les
15 jours du déplacement. Cela me semble raisonnable, et dans les cas
où ces choses-là n'auraient pas été accomplies, il
nous reste toujours la possibilité, comme on fait dans tout fichier,
d'avoir des postes pour les cas spéciaux, les postes pour enregistrement
à la dernière minute, comme on le fait pour l'aide sociale, les
allocations familiales un peu partout. C'est en somme un centre de
dépannage, d'une certaine façon, qui permet, justement parce
qu'on a accès directement à des ordinateurs et à des
disques on peut avoir un poste d'interrogation très rapide
de régler sur place le cas des personnes qui auraient
négligé ou oublié, pour toutes sortes de raisons, de faire
faire leur changement d'adresse. Remarquez que si la personne n'a pas fait son
changement d'adresse je l'expliquais tout à l'heure par
notre fichier des adresses, une autre personne aurait pris sa place et, par
conséquent, cette personne serait devenue invalide d'une certaine
façon au point de vue électoral. C'est-à-dire que sa
capacité informatique de voter ne serait pas là. On pourrait donc
immédiatement déceler ces cas, les mettre à part et les
confier à un centre, comme on le fait aujourd'hui dans les cas normaux
de dépannage, et sans formulation, parce qu'il n'y aurait pas besoin de
remplir énormément de formules pour une personne qui interroge un
tel fichier. En effet, il est tellement cohérent par lui-même
qu'il est impossible encore beaucoup plus difficile qu'avec une carte
d'identification de le tromper. Une carte d'identification peut se
falsifier, il faudrait être capable de falsifier un tel fichier d'une
certaine façon, de falsifier l'histoire d'un autre individu dans les
détails les plus intimes. Or, c'est à peu près
impossible.
M. TREMBLAY: Maintenant, M. Fortier, nous...
M. LAURIN: Juste une question additionnelle...
M. HARDY: Une question additionnelle, parce que j'avais quelque
chose...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est juste pour terminer ma question
là-dessus. Compte tenu du fait que, dans les systèmes qui
fonctionnent par ordinateur ou ordinatrice, il y a quand même un
pourcentage d'erreurs assez important, on le voit par exemple actuellement avec
l'assurance-maladie, même les plaques d'immatriculation, les permis de
conduire, selon votre jugement et votre expérience de statisticien,
d'informaticien, plutôt, quel pourrait être le pourcentage
d'erreurs dans le cas de ces listes permanentes établies d'après
les méthodes que vous proposez?
M. FORTIER (Jean): Il sera d'autant plus bas que vous conserverez peu de
renseignements c'est un peu une réponse de Normand de
renseignements véritablement essentiels. Les erreurs que vous mentionnez
arrivent souvent dans des fichiers où on essaie de faire tout à
la fois, où on essaie d'intégrer tous les renseignements
possibles. Ici, nous parlons du nom d'une personne, de sa date de naissance, de
son sexe, de son adresse et de son occupation.
Nous avons des myriades d'applications avec ces seules informations, ces
seuls renseignements. Si on s'en limite à ça, puisqu'on veut
avoir confirmation des listes d'état civil, des listes
démographiques en particulier, pour toute personne à
l'époque qui avait moins de 42 ans, maintenant pour toute personne qui
aurait moins de 45 ou 50 ans, on peut avoir une confirmation totale,
entière, sur les listes démographiques et la méthode de
vérification est prévue ici sur ces mêmes listes.
C'est une autre façon de détecter les erreurs et il y en a
plusieurs. Il ne faut pas se faire d'illusion, il n'y a pas beaucoup de
systèmes d'informatique qui fonctionnent aujourd'hui et qui comportent
ces vérifications, parce qu'ils sont faits pour des fins
administratives; ils sont faits à la hâte et sont faits souvent
plutôt pour répondre immédiatement à des questions
que pour leur qualité statistique ou leur qualité
démographique. Celui-là n'aura que ça comme objectif et
aura donc des séries de vérifications, de méthodes de
vérification comme celle que j'ai indiquée tout à l'heure
pour les adresses, comme celle que je viens d'indiquer pour les listes
démographiques et beaucoup d'autres qui sont un peu trop techniques pour
les expliquer ici, mais qui sont reliées au numéro de code
descriptif qui nous empêche de confondre deux individus ou de
dédoubler un individu.
J'affirmerais c'est peut-être un peu prétentieux
que l'on pourrait maintenir une telle liste en tout temps avec un taux
inférieur, à mon avis, à 1 p.c. et même ce 1 p.c.
serait un taux que j'appellerais chronique. C'est-à-dire que ce ne
seraient pas toujours les mêmes personnes qui seraient en erreur. Il
s'agirait d'un déplacement oublié, d'un immigrant qui serait
parvenu au pays sans faire les déclarations ou on n'aurait pas
transporté les déclarations et ainsi de suite. Donc, ce serait un
taux, non pas permanent pour un individu, mais un taux qui serait
affecté à divers individus et qui ne devrait pas dans ces cas
dépasser 1 p.c. Dans le cas des allocations familiales, si je me
rappelle bien, le nombre de familles qui étaient en litige d'une
certaine façon, soit d'un point de vue strictement informatique ou selon
le client, était de trois à quatre mille sur huit cent mille, ce
qui est inférieur à 1 p.c. C'est un système administratif
qui n'avait pas de visée démographique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Selon vous, la variable d'erreurs serait au
sens étymologique du terme, insignifiante.
M. FORTIER: Insignifiante, très certainement par rapport à
la possibilité qu'on a de les corriger et par rapport à ce qui
existe actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci, M. Fortier.
M. LE PRESIDENT: Question supplémentaire, le député
de Terrebonne.
M. HARDY: Voici, je reviens, je n'ai peut-être pas bien saisi
tantôt, lorsqu'il a été question du problème des
déménagements et de la période que l'on pourrait allouer
à ceux qui ont déménagé, pour faire corriger leur
adresse. Ce que j'ai compris est que la responsabilité appartiendrait,
à ce moment-là, à la personne.
M. FORTIER (Jean): Oui.
M. HARDY: Alors, vous ne croyez pas que, compte tenu de la psychologie
et de l'attitude générale d'un très grand nombre
d'électeurs, il y aurait danger qu'un fort pourcentage de ces personnes
qui déménagent ne prennent pas la peine de faire corriger
d'elles-mêmes leur adresse. Par le fait même, on donnerait place
à la possibilité de personnification, le jour du scrutin. Parce
qu'on a l'expérience, avec les listes actuelles, les gens doivent
vérifier eux-mêmes si leur nom a été bien
indiqué sur la liste et on constate que, s'il n'y avait pas
l'organisation des partis politiques pour inciter ces personnes-là, pour
les voir, pour communiquer avec elles, les personnes d'elles-mêmes ne
verraient pas à le faire. Souvent même, il y a des gens qui
arrivent, le jour du scrutin, pour voter et s'aperçoivent que leur nom
n'est pas sur la liste, justement parce qu'elles ont négligé de
vérifier lorsque la liste électorale a été
affichée.
Alors, la question que je me pose est qu'en raison, en particulier, de
ce problème des déménagements dans les centres urbains
quand une élection arriverait au printemps, je craindrais qu'un
très grand nombre de personnes ne fassent pas la démarche
nécessaire pour faire corriger l'adresse.
Les organisateurs de partis et en ce moment, je considère
que tous les partis sont dans la même situation, les expériences
passées le prouvent pourraient, eux, vérifier ça de
très près et se servir de ces lacunes pour faire de la
personnification.
M. FORTIER (Jean): Je pense que M. Lachapelle voudrait répondre
à ça, mais...
M. LACHAPELLE : Je peux répondre à un des aspects. Si on
pense au fichier global de la population qui sert ensuite aux différents
fichiers administratifs, ce que j'appelle les fichiers administratifs, les
fichiers d'allocations familiales, les fichiers pour les véhicules
automobiles, la personne qui n'avertit pas de son changement d'adresse ne
reçoit plus son chèque d'allocations familiales. Si c'est dans le
cas de l'assistance sociale, elle ne reçoit plus son chèque
d'assistance sociale. Dans le cas des véhicules automobiles, c'est la
même chose. Il y a toute une série d'inconvénients à
ne pas avertir de son changement d'adresse. C'est un des aspects.
M. HARDY: Je comprends, mais c'est en regard, évidemment, de la
période de quinze jours ou de la période de... ça peut
varier, ça peut être vingt jours. Mais en période
électorale, il faut que la période pour faire effectuer les
modifications soit assez restreinte. Quand vous faites allusion aux autres
problèmes, même si la personne a retardé un peu, elle sait
bien qu'elle recevra son chèque rétroactivement ou d'une autre
façon.
Je sais bien qu'à cause de cette contrainte des chèques
à recevoir, du permis de conduire ou de choses semblables, la personne
qui déménage finira toujours par faire corriger son adresse. Ce
que je crains, c'est que dans la période... C'est toujours en fonction
d'une élection qui coïnciderait avec une période de grande
mutation, de grand dérangement. Je pense que la personne ne pourrait pas
faire effectuer le changement suffisamment rapidement et que cela, encore une
fois, pourrait donner lieu à des personnifications.
M. FORTIER (Jean): Je pourrais ajouter quelque chose là-dessus.
J'ai mentionné tout à l'heure que tout système
informatique de ce type doit posséder ce qu'on appelle un système
de réconciliation des adresses. Il est évident qu'une adresse qui
n'est pas réconciliée, en somme un logis vide, qui apparaît
soudainement le jour des élections, doit être
réconciliée avant d'apparaître. C'est une autre
méthode qui peut être préconisée par le
système et non par les individus.
Par exemple, si on produit chaque jour une réconciliation de ces
adresses, soit pour le maître de poste, soit pour la question de fichiers
électoraux, soit pour des questions de chèques ou ainsi de suite,
il est évident que ces adresses vacantes... Si on a changé
d'adresse, qu'on n'est plus là, c'est que l'adresse est vacante, que
quelqu'un a pris la place, mais si quelqu'un prend la place, c'est qu'il a
laissé aussi une autre adresse; alors il y a tout un système de
réconciliation qui fait que les adresses vacantes devraient nous
préoccuper au premier chef.
Evidemment, j'aimerais mieux procéder par d'autres
méthodes que celle-là, mais il est très certainement
possible, en un très court laps de temps, surtout au moment d'une
élection, de dresser cette liste et de faire une vérification. A
ce moment-là, ça n'élimine pas tout le travail sur le
terrain. Il y a moyen de garder, de fonctionner ce qu'on appelle par
"management by exception" en anglais, c'est-à-dire en français,
gestion par exception, ou on dit souvent
que 80 p.c. des cas sont couverts par 20 p.c.
Par exemple dans un système économique, 20 p.c. des
institutions vont couvrir 80 p.c. du chiffre d'affaires. En informatique, c'est
souvent comme ça. Dans la plupart des cas, 20 p.c. de notre effort
réglera 80 p.c. des cas. Le reste de nos efforts, effectivement,
consisteront à vérifier ces exceptions ou à
vérifier ces lacunes. Dans ce cas-là, si nous avions des gens
disponibles sur le terrain au lieu d'en avoir je ne sais pas combien, on
pourrait garder une certaine équipe volante et qui nous permettrait de
faire une vérification en particulier de ces listes d'adresses
vacantes.
Il y a aussi beaucoup d'autres méthodes qu'il serait fastidieux
d'élaborer ici mais qui nous permettent, très certainement
on doit le faire dans d'autres systèmes de contrôler ces
mouvements et ces déplacements sans être dans le fond un fardeau
pour le citoyen. Si lui-même fait vraiment ces déclarations et
qu'on insiste d'une façon positive en légiférant
là-dessus, cela va aider beaucoup et les cas qui nous resteront pourront
être en fait traités cas par cas.
M. LAURIN: On peut s'opposer au système de liste permanente pour
deux grandes séries d'objections: les premières sont des
objections financières quant au coût, vous en avez disposé
tout à l'heure; l'autre c'est celle dont on parle depuis une demi-heure,
c'est celle de la difficulté de tenir compte annuellement des
changements d'adresses et d'occupations. Aux objections qui viennent de vous
être faites, vous avez répondu par des arguments techniques. Dans
votre mémoire vous aviez signalé également une autre
façon d'obvier à cette difficulté ou de parer cette
difficulté, c'était par des amendements législatifs, comme
un amendement en vertu duquel toute personne de 18 ans aurait l'obligation
d'aviser le fichier électoral de son changement d'adresse ou
d'occupation ou encore un amendement demandant au père et à la
mère d'un enfant de moins de 18 ans d'avertir le fichier
électoral du changement d'adresse de l'enfant.
Est-ce que vous seriez encore d'accord sur cette solution additionnelle
que vous proposiez ou si vos idées ont changé sur ce point?
M. FORTIER (Jean): En fait, elles n'ont pas changé
là-dessus. J'indiquais tout à l'heure qu'un des informaticiens,
dans son enthousiasme, avait même décidé de faire perdre le
droit de vote aux gens qui ne le faisaient pas. Je trouve que c'est un peu fort
et même impossible. D'un autre côté, si la
législation est là, cela ne nous garantit pas 100 p.c. mais cela
va certainement augmenter considérablement le pourcentage
d'efficacité. Ce qui nous resterait comme pourcentage d'erreurs par la
suite, tant d'un point de vue administratif que d'un point de vue de
difficultés pour le citoyen lui-même ou le fait qu'on évite
les enquêtes, si on fait cette législation, on réduit
encore considérablement, à mon avis, ces choses-là.
Je crois que, comme cela est déjà très efficace,
les citoyens le font de façon normale, d'une façon très
raisonnable et tout à fait acceptable pour les fins informatiques.
Il resterait les fraudes conscientes qui sont possibles, lorsqu'on rend
le système facile. Si on a un système moins facile
c'est-à-dire qu'on exige des gens véritablement qu'ils rapportent
un changement d'adresse comme ils devraient tous le faire dans une
société démocratique, cela limiterait les
possibilités de fraude consciente ou de fraude tout court.
Quant à la bonne volonté des gens actuellement, cela
fonctionne extrêmement bien sauf quelques négligences qu'on
pourrait atténuer, c'est-à-dire faire penser aux gens par une
législation. Les négligents nous aideraient et rendraient la
tâche à peu près impossible, d'une certaine façon,
à la fraude, à une échelle qui serait significative.
M. LAURIN: Que penseriez-vous d'un autre amendement en vertu duquel tout
changement d'adresse pourrait être obligatoirement signalé par
l'employeur?
M. FORTIER (Jean): Je ne sais pas quelle est la législation en
vigueur pour la Régie des rentes, pour des systèmes comme
ceux-là, ou pour la Loi de l'impôt. Je crois que, si ce n'est pas
actuellement en législation, l'employeur doit rapporter ne
serait-ce que pour les fins de la Régie des rentes, pour les fins de
l'impôt, pour les fins de l'assurance-chômage ces
changements d'adresses.
Maintenant, est-ce que c'est un règlement administratif? Est-ce
que c'est une loi? Je n'en sais rien. Cela m'apparaît dans l'ordre des
choses puisque l'employeur doit, par définition, faire des rapports
là-dessus.
M. LAURIN: Croyez-vous également qu'il serait possible pour
l'équipe technique chargée de préparer ou de
réviser continuellement cette liste permanente, d'obtenir des
sociétés de téléphone, d'électricité,
de gaz, des changements d'adresses étant donné que ces
sociétés ont des registres qui regroupent à peu
près la quasi-totalité de la population ou si vous pensez que ce
ne serait même pas nécessaire, que votre système serait pas
mal...
M. FORTIER (Jean): Le meilleur endroit, ce sont vraiment encore les
postes. Ceci demanderait probablement nous avons dû faire face
à ce problème dans le passé pour d'autres régimes,
comme les allocations familiales une entente avec les postes. Je ne
voudrais pas vous lancer dans les ententes fédérales-provinciales
mais c'est un peu ça qui est requis actuellement. Ou alors il faudrait
un système qui nous permettrait d'avoir des bureaux d'état civil
qui n'existent pas actuellement. Ces bureaux existent au niveau de la loi de
l'enregistrement des naissances, des décès, etc., mais ils ne
permettent pas d'y ajouter les changements d'adresse.
On ne va pas au presbytère ou à la municipalité
pour changer son adresse actuellement mais, en théorie, rien ne nous
empêche de donner à ces bureaux de telles fonctions. Actuellement,
je suggérerais que le meilleur endroit est encore le bureau de poste
à cause du rôle important des portiers, vu la connaissance qu'ils
ont de leur milieu. Il est très facile au bureau de poste, quand les
clients ne le font pas eux-mêmes, de procéder à ces
changements d'adresse. On a constaté que c'est très efficace.
M. LAURIN: A la suite de toutes les réponses que vous venez de
donner, croyez-vous qu'une équipe technique telle que celle que vous
décrivez pourrait se faire fort de fournir un décompte
automatique et continuel des habitants: mariages, décès,
naissances, changements d'adresse pour le Québec?
M. FORTIER (Jean): Tous les soirs, si nécessaire, on pourrait le
faire.
M. LAURIN: Tous les soirs, si nécessaire. Donc, l'argument
technique qui est souvent opposé à ce système, selon vous,
ne tient pas ou tient de moins en moins?
M. FORTIER (Jean): Très certainement, parce que, pour fournir des
statistiques de ce type ou même des statistiques de deuxième
ordre, c'est-à-dire qu'on appelle de mobilité, par exemple, de
municipalité à municipalité, il s'agit de programmation
très simple, il s'agit d'ajouter des ordres-ordinateurs tout simplement.
Aujourd'hui, on peut vider facilement une banque de données de cette
dimension en l'espace de peut-être une demi-heure.
M. LAURIN: Dépassant maintenant pour un moment le domaine
purement électoral, jusqu'à quel point un fichier comme celui que
vous décrivez pourrait-il remplacer le recensement décennal
actuellement fait par le pays et les inconvénients qui en
résultent justement pour tous les ministères, les
universités, les organismes d'études, qui sont obligés
d'attendre de dix ans en dix ans les données sur lesquelles faire leurs
études, leurs recherches?
M. FORTIER (Jean): Evidemment, toutes les questions
démographiques qui sont contenues dans ce recensement et qui sont
contenues dans ce fichier seraient évidemment beaucoup mieux couvertes
par un tel fichier. J'entends les familles, les ménages, parce qu'un
ménage, en fait, ce sont deux familles, n'est-ce pas, trois familles ou
plusieurs familles ayant la même adresse, ou un célibataire vivant
à une adresse, en appartement, ou une maison, etc. Effectivement, tout
ce qui a trait aux ménages, aux familles, aux individus, quant à
ce qui est au compte géographique, au compte par âge, par
occupation, serait évidemment possible, encore une fois tous les soirs,
si vous voulez, selon un tel système.
Ce qui ne serait pas possible dans un tel système, ce serait de
faire les décomptes habituels sur les revenus parce que ce n'est pas
inclus. Vous pourriez l'inclure, mais théoriquement ça ne serait
pas souhaitable. Vous n'auriez pas non plus certains autres renseignements
comme le nombre de pièces dans le ménage, ainsi de suite. Mais
ceci peut être obtenu, à mon avis, de façon
extrêmement efficace par des échantillonnages et de façon
beaucoup plus fréquente que tous les dix ans. Au lieu de le faire
complètement tous les dix ans, ce qu'on est obligé de faire
actuellement, parce qu'on doit d'abord compter les têtes, on aurait un
décompte de têtes permanent et, à mon avis, pour les autres
variables économiques, on pourrait procéder par des
échantillonnages, et beaucoup plus fréquents que ceux qui sont
faits actuellement tous les cinq ans, tous les dix ans.
M. LAURIN: Revenant enfin, une dernière fois, au système
électoral, est-ce que vous seriez en état de dire aujourd'hui
que, l'adresse et le nombre des électeurs étant connus, il serait
possible à une équipe comme celle que vous proposez de faciliter
l'instauration d'un système automatique de redéfinition des
comtés, c'est-à-dire la mise à jour constante de la carte
électorale?
M. FORTIER (Jean): Oui. Essentiellement, il s'agit, encore une fois, de
la liste des adresses et de ce que l'on appelle le dictionnaire des adresses
qui permet, indépendamment des individus... Elles ne sont pas
très nombreuses, ces adresses-là, parce que si vous prenez une
rue dans son entier, informatiquement, on indique le numéro au
début, le numéro à la fin et c'est la seule chose qui nous
est nécessaire dans un dictionnaire.
Donc, nous procédons aujourd'hui à l'aide de toutes sortes
de méthodes que vous connaissez sans doute, par exemple, de cartographie
aérienne, méthode stéréoscopique ou autre qui
permettent très facilement de redécouper
géodésiquement ou autrement le territoire dans toutes les
dimensions et de toutes les façons que l'on veut et de déterminer
exactement aussi les dimensions de population qui existent sur chacun de ces
territoires.
En fait, c'est un travail supplémentaire si on redivise une
carte, mais à condition de nous donner les coordonnées exactes
dont on parle, on peut vous fournir pratiquement instantanément le
décompte pour chaque parcelle.
M. LAURIN : Une dernière objection qui n'en est pas vraiment une,
qui est plutôt une crainte. Certaines gens, quand on parle de listes
électorales permanentes, craignent que l'Etat possédant
l'adresse, le nom de tous les citoyens puisse se servir de ces noms, de ces
adresses, de ce fichier démographique complet, en somme, pour s'en
servir à des fins autocratiques et même répressives
parfois. Est-ce que vous avez
entendu parler de cette objection et qu'est-ce que vous en pensez?
M. LACHAPELLE : Sur cette question-là, on peut répondre
qu'actuellement...
M. HARDY: Certains ont même appelé cela une formule nazie
que la liste électorale permanente.
M. LACHAPELLE: On peut répondre à cette question-là
de la façon suivante. Actuellement, il existe de telles listes qui, dans
bien des cas, sont à peu près complètes, qu'on prenne la
liste des allocations familiales, la liste qui existe au bureau des
véhicules automobiles, la liste pour les rapports d'impôts, etc.
Il y a tout un ensemble de listes qui existent et qui pourraient servir
à de telles fins. Il en existe déjà. Nous avons
probablement tous sur nous soit une carte d'assurance-maladie, soit un permis
de conduire, etc. Ces choses-là existent déjà et, dans un
système de fichier de la population, il pourrait y avoir des lois qui
assurent que ces listes-là ne sont pas utilisées à
d'autres fins. Ce serait plus facile à contrôler que dans le cas
actuel où il existe toute une série de listes
indépendantes.
M. FORTIER (Jean): Il y aurait lieu aussi à ce sujet,
peut-être, de confier au président des élections une
régie autonome qui aurait les prérogatives d'une commission
où les commissaires sont un peu des juges, en somme.
Deuxièmement, il n'y a pas de nécessité de port
obligatoire de cartes. C'est plutôt le système qui émet,
non pas un bulletin de vote, ce serait évidemment impossible, mais une
carte de vote. Plutôt que le citoyen soit obligé de la porter tout
le temps, on lui émet une carte de vote. S'il ne l'a pas, il peut la
réclamer. C'est l'inverse qu'on ferait, à mon avis.
Vous avez vous-même fait, tout à l'heure, une liste des
pays qui utilisent un tel système. Je dirais que c'est peut-être
l'inverse qui existe actuellement. Il y a certainement des pays totalitaires
qui n'en ont pas et, par contre, des pays que je considère
démocratiques, qui en ont. Toute relation statistique est inexistante
entre l'état de totalitarisme d'un pays et le bon fichier qu'il
possède. Effectivement, par l'information dont on peut disposer, ce
n'est pas facile d'en avoir sur les systèmes informatiques de certains
pays mais d'après les informations dont je dispose, les pays qui ont les
meilleurs systèmes ne sont pas les pays totalitaires. Les pays qui ont
les pires systèmes actuellement, sont les pays totalitaires. Ils se
servent plus directement de l'armée que de l'ordinateur.
M. LAURIN: Vous avez l'opinion que je partage. La liste permanente ne
semble pas avoir causé de répression dans les pays
libéraux que je mentionnais tout à l'heure. Au contraire,
l'absence de la liste permanente n'a pas évité les abus
répressifs dans certains pays qui n'ont pas la liste permanente.
M. FORTIER (Jean): C'est exact.
M. LAURIN : Comme le Brésil, le Portugal et ainsi de suite.
M. FORTIER (Jean): C'est exact. Quant à moi, c'est beaucoup plus
la façon dont on s'en sert. On peut se servir d'une mauvaise liste d'une
façon extrêmement répressive et on peut se servir d'une
liste excellente d'une façon non répressive. Encore une fois, ce
qui pourrait être odieux pour le citoyen, peut être, à
l'aide de ces systèmes, de ces technologies, supprimé.
Comme je disais tout à l'heure, par exemple, une carte peut
être beaucoup plus facilement falsifiée qu'un système comme
celui-ci. Il est beaucoup plus difficile à un citoyen de frauder plus
d'une fois un système comme celui-ci que cela l'est de fabriquer six
cartes. Ici, dès qu'il fera appel à l'Etat pour quelque service
que ce soit et il n'y a pas beaucoup de citoyens qui y échappent
à cause de la santé en l'espace de 15 secondes, on aura
déterminé s'il existe ou non à l'état civil. S'il
n'existe pas à l'état civil, il a un peu le fardeau de la preuve;
parce qu'essentiellement, il n'y a pas de raison qu'il ne soit pas à
l'état civil. Cela ne nous empêcherait pas de le soigner, mais, il
aurait tout de même à faire un petit peu de
débroussaillement pour en arriver, soit à se faire inscrire s'il
ne l'est pas, ou alors à démontrer pourquoi les renseignements
que nous avons ne concordent pas.
Ce système étant historique, il est à peu
près impossible de s'insérer dans un tel système sans
passer par une procédure informatique et non policière. Cela n'a
rien à voir avec la carte, ou quoi que ce soit, ça a à
voir avec la continuité de sa propre existence, à moins, en
somme, de vivre en marge, totalement et toujours. C'est à peu
près la seule façon de passer à côté d'un tel
système, c'est-à-dire de ne jamais faire appel aux services de
l'Etat, de ne pas être né, ou de ne pas avoir
déclaré sa naissance ou ainsi de suite; des choses qui, à
mon avis, s'approchent de l'impossible.
M. LAURIN: En somme, vous pensez que la répression tient aux
hommes, et non aux fichiers, quels qu'ils soient.
M. FORTIER (Jean): C'est exact. Les succès des ordinateurs, comme
disait M. le député tout à l'heure, souvent sont
liés plutôt au succès des programmes qu'à ceux des
machines. Vous disiez: Il y a souvent des taux d'insuccès, des taux
d'erreurs qui sont dus aux manipulations et non pas à
l'équipement lui-même.
En somme, ce sont les ressources humaines qui sont en cause,
l'expertise, la compétence des gens d'une part, pour les questions
techniques et, d'autre part, leur sens démocratique ou leur sens
politique pour les autres questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Fortier, le député de Bourget
parlait tout à l'heure de cette histoire de répression et de
cartes qui permettraient à l'Etat de nous retracer chaque fois qu'il en
a besoin. Le député de Bourget l'a d'ailleurs dit lui-même,
je pense bien que c'est un faux problème. Parce que l'Etat a
déjà, à l'heure actuelle, suffisamment de moyens de
connaître les gens qu'il administre. Nous sommes tous
numérotés, d'une façon ou de l'autre, depuis la naissance
jusqu'à la mort. Je pense que le fait qu'il y ait une liste
électorale permanente, que nous soyons de nouveau inscrits dans les
fichiers n'apporte pas grand-chose comme renseignements à l'Etat, sinon
des précisions en ce qui concerne certains individus qui pourraient
avoir négligé de s'inscrire à l'assurance sociale,
à la santé, etc. Je doute fort que l'Etat n'ait pas tous les
moyens, actuellement, de retracer qui que ce soit, sauf les marginaux qui ne
voudraient absolument pas, qui ne se seraient jamais intégrés
véritablement dans la société, qui n'y tiendraient
pas.
Cela tient, comme le disait le député de Bourget, à
une mentalité, à une attitude des individus, ou à
l'attitude d'un gouvernement à supposer que ce soit le ministre
de la Justice ou d'un ministre de la Justice. La répression,
c'est une disposition qui est d'ordre psychologique et, quand on a
décidé de faire de la répression, quel que soit le
système que l'on ait, on s'arrange pour mettre le grapin sur les
individus à qui on veut faire mauvaise partie.
Ce n'est pas un problème à mon avis.
M. HARDY: C'est un problème de valeurs idéologiques
auxquelles on adhère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, c'est sûr.
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier a demandé la
parole.
M. PICARD: Je vous remercie, M. le Président. Je vais communiquer
par lettre avec M. Fortier pour avoir des réponses à mes
questions. Je ne voudrais pas déranger le dialogue à deux ou
trois que vous permettez depuis le début de cette séance. Je suis
certain que M. Fortier va répondre à ma lettre.
M. LAURIN: J'aurais une autre question, M. le Président, puisque
le député d'Olier me permet de continuer non pas le dialogue,
mais l'échange que j'ai avec lui. Est-ce que ce système
permettrait plus facilement l'émission d'une carte d'électeur,
d'identité électorale?
M. FORTIER (Jean): Oui, très facilement.
M. LAURIN: Très facilement, et selon le système qui
éviterait toute falsification ou toute fraude plus facilement que
d'autres systèmes.
M. FORTIER (Jean): Nous suggérons ici de toujours produire... Au
moment des élections, si on envoie une carte à un
électeur, la meilleure façon de garantir qu'elle sera valide
jusqu'au moment du vote, c'est de fournir le double au bureau de votation en
question.
M. LAURIN: Le double?
M. FORTIER (Jean): Le double de cette carte au bureau de votation. De
cette façon, il lui faut au moins agir deux fois: si on veut falsifier,
il faudra le faire à deux endroits et d'une façon
cohérente, ce qui est assez difficile. La plupart des fraudes sont
faites d'une façon généralement... Il n'y a pas beaucoup
de logique et quand on demande une certaine logique dans la fraude, il y a
très peu de fraudeurs qui peuvent y parvenir. Alors, dans ce
cas-là, le double rendrait très complexe la procédure.
M. LAURIN: En somme, cela rendrait beaucoup plus difficile la poursuite
d'un système qu'on a connu dans le passé et qu'on appelle le
télégraphe.
M. FORTIER (Jean): Oui. Parce que là, il faudrait les fabriquer
à l'ordinateur pratiquement, parce qu'ils ont des caractères
spéciaux et il faudrait aussi fabriquer cela en double, les transporter
au bon endroit et ainsi de suite.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y en aurait d'autres qui auraient des
questions à poser directement aux témoins?
M. FORTIER (Jean): On peut répondre aux lettres aussi.
M. LE PRESIDENT: Alors, je vous remercie...
M. HARDY: Maintenant, M. le Président, je ne veux influencer
personne, mais je pense que le fait que le député d'Olier
je n'ai pas à me prononcer sur ce qu'il a dit tantôt
choisisse de communiquer par lettre avec M. Fortier prive, par le fait
même, ses collègues des questions sûrement très
inspiratrices qu'il pourrait formuler et des réponses que M. Fortier
pourrait lui donner. Alors, comme il n'est que 11 h 30, je me demande si le
député d'Olier qui non seulement...
M. PICARD: Nous pourrons peut-être en poser. M. le
Président, vous m'accordez la permission?
M. LE PRESIDENT: Bien voyons, mon honorable collègue, vous avez
la parole.
M. PICARD: M. Fortier, votre fichier touche la population en
général, de la naissance au décès. Ce qui nous
intéresse ici à la commission
parlementaire, c'est d'une façon plus particulière, une
carte, une liste électorale. Ce qui nous intéresse plus
particulièrement, c'est le cens électoral. Qui a droit de vote?
Cela veut dire ceci: je sais qu'avec votre fichier, il sera relativement facile
de rayer de vos listes les personnes qui n'auront pas dix-huit ans, mais est-ce
que vous auriez une méthode de contrôle que l'on pourrait utiliser
pour les personnes qui ne sont pas éligibles, c'est-à-dire qui ne
sont pas éligibles au cens électoral, parce qu'elles ne sont pas
de citoyenneté canadienne par exemple, ou pour d'autres raisons qui
apparaissent dans la Loi électorale?
M. FORTIER (Jean): La question fondamentale, c'est la question de
l'immigration et de la migration. Puisqu'en fait, à part l'âge,
cela me semble être le seul facteur à moins d'être... Je
crois que les prisonniers sont...
M. PICARD: Il y a d'autres...
M. FORTIER (Jean): Oui, eux, les prisonniers, ils ont un changement
d'adresse assez évident. Quant aux migrants, nous n'en avons pas tenu
compte ici puisque nous parlions du Canada dans l'annexe finale, et il n'y
avait là qu'une question d'immigration; si l'on parle du Québec,
il y a une question de migration à l'intérieur du Québec
et, finalement, si on veut parler de droit de vote à un comté,
à un bureau de votation donné, il faut aussi parler de migration,
même à l'intérieur des villes. A l'intérieur des
villes, évidemment nous en avons parlé longuement, il y a le
changement d'adresse. Nous en avons traité assez longtemps. Pour ceux
qui viennent de l'extérieur de la province et plus encore de
l'extérieur du pays, il y a évidemment, à ce
moment-là, une procédure d'enregistrement démographique,
c'est-à-dire que ce n'est pas tellement un problème pour ce
fichier ou pour la liste électorale elle-même mais pour les
méthodes par lesquelles nous faisons entrer une personne dans ce
fichier. La méthode la plus naturelle, c'est évidemment la
naissance, nous en avons traité longuement; la façon d'en sortir
est le décès, nous en avons aussi traité longuement. Quant
à l'immigration, nous en avons parlé aussi, mais c'est une
naissance civile. Donc, nous parlons, à ce moment-là, d'une
certaine façon, d'un immigrant qui s'installe au pays, au Québec,
et qui vient de l'extérieur.
Pour les procédures d'enregistrement démographique, nous
avons suggéré ici quelques modifications, non pas
législatives, mais en fait, administratives, de façon à
pouvoir contrôler certains flux d'immigrants. Quant aux migrants venant
de l'extérieur du Québec, je pense qu'il est tout à fait
raisonnable d'assumer qu'ils doivent s'enregistrer à différentes
sources, par exemple la Régie de l'assurance-maladie, la Régie
des rentes, toutes sortes de programmes comme ceux-là. La
procédure serait la même à ce moment-là, il
existerait un fichier démographique au Québec, qui tiendrait
compte de ces naissances, j'entends naissances à un territoire, et qui
devraient être traitées exactement de la même façon
qu'une naissance biologique, c'est-à-dire qu'on doit s'enregistrer. Je
disais tout à l'heure que, si on arrive quelque part pour
réclamer certains services et qu'on n'est pas enregistré, il y a
quelque chose qui n'a pas été fait et qui est vraiment
très sérieux. Tous les pays au monde, tous les territoires ont
des listes d'état civil et je pense que c'est selon l'article 2 de la
constitution du Québec qu'on doit avoir une liste d'état civil.
Ceci suppose qu'une personne soit déjà enregistrée
civilement et que, par conséquent, elle fait partie de ce fichier. Si
elle ne fait pas partie de ce fichier, on assumera automatiquement, quant
à nous, qu'elle n'est pas enregistrée civilement, ou qu'alors
ça été fait d'une façon irrégulière.
Dès qu'il y a enregistrement civil, il y a évidemment date
d'enregistrement civil et toutes les informations nécessaires pour les
fins électorales. Parce qu'il y a une question de citoyenneté, de
résidence, ainsi de suite, ça, c'est relativement...
M. PICARD: Justement sur cette question de citoyenneté, est-ce
que l'information serait disponible par exemple au ministère de la
Citoyenneté à Ottawa? Est-ce qu'on vous y donnerait l'information
ou si c'est confidentiel, ou quoi?
M. FORTIER (Jean): C'est donné actuellement dans plusieurs
régimes administratifs comme les allocations familiales. Les mesures ont
été prises dans le passé pour avoir ce contact avec le
ministère de l'Immigration.
M. PICARD: Me permettriez-vous une autre petite question, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Toutes les questions que vous voudrez, mon cher
collègue.
M. PICARD: Je vous remercie. M. VEILLEUX: J'avais juste une...
M. LE PRESIDENT: Le député d'Olier a une question à
poser.
M. PICARD: J'ai eu à subir les foudres du président depuis
le début de la séance, allez-y.
M. FORTIER (Jean): Je me permettrais une petite parenthèse avant
votre prochaine question, c'est que les migrations interprovinciales ne sont
pas sujettes actuellement à des règlements autres
qu'administratifs. Il faudrait examiner de très près ce
problème.
M. PICARD: Voici l'autre question que je voulais vous poser. Tout
à l'heure, vous avez mentionné qu'à un moment donné
il y aurait
sur le fichier une adresse vacante, pourrait-on dire, et que ça
vous inquiéterait, c'est l'expression que vous avez utilisée, que
vous seriez inquiet. A ce moment-là, on doit se demander si c'est un
fichier d'adresses civiques que vous avez ou bien un fichier d'individus. Et
là vient ma question. Quel est ce que je pourrais appeler le commun
dénominateur que vous utiliseriez dans votre fichier? Je vais vous
donner un exemple. Au ministère des Transports, on utilise comme base la
date de naissance, mais dans le cas d'une liste électorale, je faisais
un petit calcul tantôt, pour chacun des 365 jours de l'année, il y
a quelque 10,000 personnes qui peuvent réclamer leur date de naissance,
17,000 personnes. Je pense donc que la date de naissance, dans le cas
présent, ne serait pas un bon commun dénominateur. Maintenant,
quel serait ce commun dénominateur? Est-ce que ce serait par exemple le
numéro de l'assurance sociale qui pourrait être la pièce
d'identification qui serait unique, parce que, s'il y a
répétition de ce commun dénominateur sur vos fichiers,
immédiatement, vous voyez qu'il y a dédoublement? Est-ce que le
numéro d'assurance sociale pourrait être utilisé comme
commun dénominateur?
M. FORTIER (Jean): M. Lachapelle peut répondre à
ça, parce qu'il a rédigé lui-même la partie qui
s'appelle numéro d'identification, numéro du code et je pense que
ça répond complètement à votre question.
M. LACHAPELLE: Dans l'annexe 1, au présent document, il y a une
description d'une façon de faire l'identification qui est
extrêmement simple d'un mécanisme qui est construit par les trois
premières lettres du nom à la naissance, la première
lettre du prénom et la date de naissance.
Nous avons fait des analyses statistiques sur la distribution de ces
choses-là, en particulier au ministère de l'Education. A un
moment donné, on a fait une analyse de tous les étudiants qui
étaient en sixième et septième années,
c'est-à-dire que c'étaient à peu près tous des
étudiants du même âge, les âges étaient
répartis sur une période d'environ trois ans.
On avait une représentation certainement d'à peu
près tous les noms de la province de Québec. Avec ces
renseignements, les trois premières lettres du nom de famille, la
première lettre du prénom et la date de naissance, les cas les
plus complexes que nous avons rencontrés sont six individus.
Les six individus en question, on les distingue ensuite par un
numéro séquentiel. Nous avons fait des calculs pour voir
jusqu'où on pourrait aller en utilisant ce système-là
et...
M. PICARD: Mais le fait d'utiliser le numéro d'assurance sociale,
est-ce que ça crée des difficultés?
M. LACHAPELLE: Le problème est le sui- vant. Je suppose que vous
voulez avoir accès au dossier d'une personne et que vous êtes dans
un bureau d'enregistrement quelque part, pour quelque raison que ce soit. Si la
personne vous donne son nom, son prénom et sa date de naissance, tout ce
qui peut sortir du fichier est environ six ou sept noms et en ajoutant des
renseignements comme l'adresse, il est très facile de distinguer de
quelle personne il s'agit. A ce moment-là, vous n'avez pas besoin de
vous rappeler du numéro d'assurance sociale qui est un
numéro...
M. FORTIER (Jean): Quand M. Lachapelle parle de six ou sept noms
je veux faire cette parenthèse il parle d'un cas unique. Il y a
six personnes comme ça...
M. LACHAPELLE: Oui, c'est le maximum que nous avons
rencontré.
M. FORTIER (Jean): Il y a seulement six personnes comme ça dans
l'ensemble de cette tranche d'âge; cela veut dire, en tout et partout,
sur la totalité de la tranche d'âge. J'ai fait la même
analyse sur l'ensemble des 800,000 familles. Sur l'ensemble des 800,000, nous
avons trouvé un cas où il y avait quatre individus comme
ça, un seul cas. Je pense qu'il y avait à peu près 300
familles sur les 800,000 qui avaient un double ou 275, que l'on indique par un
numéro. On ajoute zéro et un au bout et on les distingue une fois
pour toutes ces deux familles.
Mais si par hasard elles oubliaient, cela veut dire 200 cas sur 800,000;
faites le pourcentage. C'est-à-dire que c'est très
inférieur à 1 p.c. ce qui pourrait apparaître devant vous
et ce serait, à ce moment-là, presque toujours deux cas. On peut
parler de 17,000 individus qui ont la même date de naissance, mais ils
n'ont pas le même nom de famille, ni le même prénom.
M. VEILLEUX: Combien d'individus sont impliqués dans
l'étude que vous avez faite sur les six cas au ministère? Sur un
nombre total, combien d'individus?
M. FORTIER (Jean): Sur une tranche d'âge, vous avez environ
100,000 individus.
M. VEILLEUX: 100,000 individus.
M. FORTIER (Jean): Et sur deux tranches d'âges, 200,000. C'est
environ 100,000 par tranche d'âge, par année, si vous voulez. Il y
a 100,000 naissances environ, entre 80,000 et 120,000 naissances dans le
siècle, par année au Québec
M. VEILLEUX: Le député de Chicoutimi et moi-même ne
pouvons participer à cette chose-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlez donc à votre compte,
monsieur.
M. FORTIER (Jean): Les Tremblay de Chicoutimi créent des
problèmes de doubles plus que toutes les autres familles du
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 82,000 en Amérique, monsieur, mais on
se distingue par l'intelligence.
M. VEILLEUX: Tout à l'heure, le député de Bourget
mentionnait qu'une liste permanente pouvait peut-être empêcher
si j'ai bien compris le député de Bourget des gens
de passer ce qu'on appelle des télégraphes. Est-ce qu'une liste
permanente pourrait empêcher les citoyens de s'inscrire ou de faire des
locations de logis dans deux ou trois comtés différents pour
pouvoir se permettre de voter dans deux ou trois comtés? Est-ce qu'une
liste permanente pourrait empêcher cet état de
choses-là?
M. FORTIER (Jean): Très évidemment, parce que d'abord,
s'il y a triple inscription, il faut posséder trois adresses pour
recevoir trois inscriptions et j'ai dit tout à l'heure que, si nous
trouvons plusieurs familles à une même adresse, pour moi, c'est un
cas particulier.
Trouver une adresse vacante c'est un cas particulier; trouver un
individu qui aurait trois adresses, comme le député d'Olier
l'indiquait, si notre numéro de code qui est unique et s'il n'est pas
unique, dans quelques cas très rares on le rend unique, ce même
individu posséderait donc... Ou ce seraient trois individus dans ces
trois adresses différentes, ou ce serait le même numéro de
code, trois numéros différents ou le même numéro. Si
c'est le même numéro qui a trois adresses, il y aurait
évidemment une procédure par laquelle nous aurions à
choisir une seule adresse. Il n'y aurait aucune possibilité dans un tel
système d'expédier sur un même numéro de code trois
inscriptions. Un individu a le droit d'avoir trois adresses, ou de
posséder trois maisons. Il faudrait qu'il indique celle qui constitue sa
résidence principale. Ce serait cette adresse que nous appellerions
adresse dans notre cas, ce qui ne l'empêcherait pas d'être
propriétaire à deux adresses qui correspondraient normalement
à des résidences secondaires. Ce sont des cas qui se
règlent très facilement par ce que le député
d'Olier...
M. VEILLEUX: J'étais absent ce matin. Je ne sais pas si on vous a
posé une question ou si vous avez pu répondre à celle que
je vais vous poser. Comme n'importe quel système, un système a
quand même des failles. Si vous avez répondu, je relirai le
journal des Débats. Vous avez répondu à ça. Je
relirai le journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le pourcentage d'erreurs...
M. FORTIER (Jean): J'ai répondu à ça.
M. VEILLEUX: Je me suis informé avant et je reviens sur un autre
point. On a une liste permanente, l'individu se présente au bureau de
scrutin pour voter. Quelle serait, en partant de la liste permanente, la
manière de l'identifier? Est-ce qu'une carte d'identité pourrait
ou serait le meilleur système pour pouvoir identifier l'individu?
M. FORTIER (Jean): J'ai répondu à cette question en
indiquant que d'après moi, la carte d'identité qui peut
être utile à d'autres fins je ne le nie pas ne
serait pas le meilleur système dans ce cas-ci. Le meilleur
système est encore l'émission d'une carte permettant de se
présenter à un bureau de scrutin mais paraphée par le
président des élections et non pas une carte permanente. Une
carte permanente peut être perdue, falsifiée, etc. Si on
émet au moment de l'élection c'est un coût postal,
le coût du timbre cette carte et qu'on en émet le double au
bureau de scrutin je vois difficilement comment on peut arriver à
falsifier cette carte.
M. VEILLEUX: Est-ce que dans le coût que vous avez
mentionné pour la liste permanente, le coût de cet envoi postal
est inclus ou non?
M. FORTIER (Jean): Le coût de l'envoi postal représenterait
par adresse, parce que l'on enverrait les mêmes cartes pertinentes
à une famille ou à un ménage dans la même
enveloppe... Il y a huit cent mille familles ayant des enfants au
Québec, des enfants d'âge d'allocations familiales. Vous avez
combien de familles en tout? Cela reste à évaluer. C'est
peut-être un million et demi ou peut-être un peu plus. Vous pouvez
multiplier par le nombre de timbres et d'enveloppes qui seront
nécessaires pour ce faire. Cela revient à quoi?
M. VEILLEUX: Le coût de l'envoi postal change presque tous les
jours. Cela serait difficile à évaluer correctement aujourd'hui.
Dans le coût que vous avez mentionné pour la liste, en d'autres
mots, cet envoi postal n'était pas inclus?
M. FORTIER (Jean): Il y a plusieurs façons de traiter l'envoi
postal, c'est la raison pour laquelle on ne l'a pas inclus. Par exemple, le
ministère de l'Education a pris l'habitude d'envoyer, de même que
le ministère du Travail et d'autres ministères, des choses comme
celles-là à l'occasion des chèques d'allocations
familiales ce qui couvre encore une fois environ un million et demi d'individus
adultes, donc huit cent mille familles. Si on joint la notion de ménage
à l'adresse, c'est-à-dire de pensionnaires et d'autres personnes
de la famille qui vivent à la même adresse, nous pourrions inclure
aussi dans ces mêmes expéditions normales des ministères
qui se feront peut-être à tous les mois dans certains
systèmes administratifs, ou à d'autres échéances
dans d'autres systèmes administratifs.
C'est tous les six mois pour les allocations
familiales, maintenant, ça changera peut-être. Il y a donc
moyen de se servir de ces véhicules qui existent déjà pour
faire ces expéditions.
C'est pourquoi il est très difficile ici d'évaluer les
coûts supplémentaires que ceci pourrait représenter, je
crois, à l'émission, par exemple, au ministère des
Transports, de permis de conduire, ainsi de suite. Il y a plusieurs
méthodes possibles à envisager mais vous pourriez avoir un
coût additionnel de $100,000. Nous n'en sommes pas à ce
degré de précision dans l'établissement d'un budget parce
que, réparti sur quatre ans, ça fait $50,000.
M. VEILLEUX: M. le député d'Olier a-t-il d'autres
questions à poser?
M. PICARD: Je les ai jetées au panier.
M. LE PRESIDENT: Pour ne pas taxer le député de Saint-Jean
d'entretenir un dialogue trop long, est-ce que le député d'Olier
aurait une autre question?
M. PICARD: Ce n'est pas vous qui avez le droit de donner la parole.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député d'Olier a d'autres
questions? Le député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, supposons que soit accepté le
système de la liste électorale permanente et que le cas
hypothétique d'un individu qui a trois adresses se présente. On a
dit tantôt qu'avec la codification il y aurait sécurité,
c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas de danger que cet individu vote
à trois endroits. Cela présume évidemment, si j'ai bien
compris vos réponses tantôt, le fait de délivrer une carte
d'identification à chaque électeur. Vous avez aussi
mentionné que cette carte, de préférence, ne doit pas
être une carte qui est livrée en permanence à
l'électeur mais qu'elle soit délivrée à l'occasion
ou quelque temps avant l'élection.
Dans cette optique, si la carte est délivrée par la poste,
est-ce que vous avez étudié les possibilités de risques?
Parce que, évidemment, on sait que même dans les systèmes
qui fonctionnent soi-disant assez bien, comme les allocations familiales, il y
a beaucoup de chèques d'allocations familiales de volés au cours
de la livraison par la poste. Est-ce que vous avez étudié cette
éventualité? Si par exemple je vais peut-être vous
donner l'exemple du pire on a quinze jours avant l'élection pour
délivrer ces cartes afin que la carte soit là le plus tard
possible avant la date de l'élection et si, pour une raison ou pour une
autre, quelque organisation décide de voir à ce que ces cartes ne
se rendent pas, est-ce que ça ne briserait pas tout le
système?
M. FORTIER (Jean): Oui, si l'organisation était très
efficace et très nombreuse, ça pourrait causer des
difficultés En somme, ça demanderait à ce moment-là
un travail sur le terrain qui serait beaucoup plus considérable. Vous
parlez des allocations familiales, il est exact qu'il y a toujours des cas en
litige, des cas en suspens, des cas d'impossibilité de livraison et
ainsi de suite. On met sur pied, en face de ce problème, avec les outils
dont on parle et dans le cas des allocations familiales ç'a
existé des systèmes d'accès public. Dans le cas que
je connais, c'étaient des téléphonistes avec des appareils
à microfilm. Dans ce cas, ce seraient sans doute d'autres
méthodes, mais similaires à celle-là, des écrans de
visualisation, par exemple, des appareils de téléphone
reliés à un ordinateur, qui permettent au citoyen qui n'a pas sa
carte de faire valider très rapidement, comme on le fait dans certains
cas de régime administratif, sa participation soit au régime,
soit dans ce cas à la liste électorale. Il faut absolument
prévoir ce régime d'exception, c'est-à-dire rendre
accessible au citoyen, d'une façon efficace et je crois que ce
serait beaucoup efficace avec ce système le moyen de faire
corriger la situation s'il n'a pas reçu sa carte.
Je dirais que, si on veut aller plus loin que ça, nous pourrions
nous-mêmes prendre action si on avait conscience que le citoyen n'aurait
pas reçu sa carte. Cela serait beaucoup plus difficile. C'est la
même chose que si un citoyen ne se présente pas au bureau de
scrutin le jour d'élection. Il n'y a que les partis politiques
probablement qui peuvent se préoccuper de ce problème. Nous, ce
que nous devons faire, c'est de rendre accessible rapidement et facilement et
en toute justice l'information qui serait nécessaire à un citoyen
pour faire corriger sa situation.
M. SAMSON: Toujours dans la même optique, le pire peut toujours
nous arriver.
M. FORTIER (Jean): S'il peut arriver, cela va arriver. On dit cela en
informatique. Si cela peut arriver, cela va arriver.
M. SAMSON: Admettons que vous avez quinze jours pour délivrer
votre carte. Il y a le risque de la poste que je viens de suggérer. Il y
a aussi l'autre risque et je me demande dans quelle proportion cela peut
arriver. Si cela arrive, avez-vous envisagé des correctifs au cas
où, par exemple, quelqu'un sabote toutes vos machines au moment crucial?
C'est bien facile. L'Hydro n'a qu'à vous couper le courant et cela
sabote tout.
UNE VOIX: C'est hors de question.
M. SAMSON: Ce n'est pas hors de question, M. le Président, je
demande s'il est possible de prévoir un correctif.
M. FORTIER (Jean): Ce sont des cas réels.
Cet été, cela nous est arrivé. Je parle du
système que nous exploitons, il y en a un. Cela a été le
cas de tous les systèmes. Nous avons eu deux pannes qui ont duré
et cela à ma connaissance dans toute l'histoire environ
une heure. Une demi-heure après, nous étions de nouveau en
marche. Ces pannes sont arrivées au moment où les gens, au
Québec dans son ensemble, non seulement ne pouvaient pas voter, mais ne
pouvaient pas monter en ascenseur, ne pouvaient pas chauffer leur maison parce
qu'il y avait panne globale. Il y a seulement ces circonstances, pour les
ordinateurs qui sont généralement branchés sur des
circuits très généraux comme à Montréal.
Nous sommes, dans notre cas à nous, branchés sur deux circuits.
Si nous n'avions pas de cette électricité cela nous est
arrivé deux fois la province n'en avait pas.
Il n'est même pas question de quelque activité que ce soit,
ni électorale ni autrement. Quant aux possibilités de vandalisme,
de révolte, de tout ce que vous voudrez, généralement, si
cela se produit à ce niveau, vous avez des problèmes politiques
qui rendraient une élection assez difficile aussi. Je pense que dans la
plupart des cas, des usagers d'ordinateur, tant ici qu'à Montréal
et un peu partout dans le pays, nous avons des systèmes, où on a
toujours deux ou trois ordinateurs qu'on appelle l'expression exacte est
en anglais: back-up. En informatique, les termes ne sont pas très
bien traduits. Un ordinateur qui nous sert de support. Si le nôtre fait
défaut, nous avons des arrangements immédiats et tout ordinateur
est "pairé" comme cela ou "triplé" avec d'autres de façon
à assumer immédiatement la charge de travail, si lui-même
tombe en panne.
Je pense que notre système informatique serait plus fiable
peut-être que le système électoral lui-même d'une
certaine façon.
M. SAMSON: Il y a aussi cet argument qu'un autre député
vient de soulever; le cas où on a un délai très court pour
émettre ces cartes d'identification pour le besoin du votant et qu'une
grève des postiers arrive à peu près en même temps.
C'est pourquoi je pose ces questions. Je me demande si, dans l'optique de votre
système, de celui que vous nous présentez ce matin, il ne
vaudrait pas mieux étudier l'éventualité d'une carte
émise en permanence, si on adoptait ce système.
M. FORTIER (Jean): Oui. Moi, personnellement, je ne me prononce ni pour,
ni contre. Je dis simplement qu'il y a des moyens, si les gens décident
d'en avoir, si les législateurs le désirent ainsi, ils peuvent le
faire et cela ne pose aucun problème. S'ils décidaient de ne pas
le faire, j'indique des moyens de le faire quand même d'une façon
facile. Vous parliez tout à l'heure d'une grève des postiers.
Evidemment, nous avons connu ces grèves dans l'expédition de
différents régimes administratifs. Alors, on utili- se les
bureaux sociaux, les écoles, toutes sortes de systèmes de
distribution: locale, par quartier ou autrement.
M. SAMSON: En supposant que nous adoptions votre système, votre
point de vue serait que cette carte d'identification soit émise en
permanence plutôt que de l'émettre à la dernière
minute?
M. FORTIER (Jean): Je crois moins en la carte permanente. Je vais vous
dire pourquoi. On m'a émis six cartes, pour la Régie des rentes,
je ne sais pas pourquoi, c'est un cas exceptionnel.
Je suis très embêté avec toutes ces cartes. Il y a
évidemment quelqu'un qui s'est trompé quelque part. On l'a fait
une fois pour toutes, c'est permanent. J'aimerais bien, en particulier dans le
cas d'une carte de votation, qu'elle indique l'adresse; cela change
constamment. Il y a des possibilités aussi sur une carte permanente que
vous arriviez à changer de statut civil, par exemple dans le cas d'un
immigrant et ainsi de suite. Nous aimerions indiquer sur ces cartes ces
choses-là. Il me semble beaucoup plus facile d'avoir une carte beaucoup
moins dispendieuse mais émise périodiquement; on n'a qu'à
déchirer l'ancienne comme celle des véhicules moteurs par
exemple, sans que ce soit nécessaire d'en avoir tous les ans.
M. SAMSON: Est-ce que cela voudrait dire que l'on pourrait envisager
l'éventualité de l'émission d'une carte annuelle valide
pour un temps donné
M. FORTIER (Jean): Ou biannuelle, mais il n'est pas nécessaire et
il est même recommandable qu'elle ne soit pas permanente.
M. SAMSON: Qu'elle ne soit pas permanente.
M. FORTIER (Jean): A cause des choses qui peuvent changer. A ce
moment-là, au lieu de la faire en matière plastique, on peut la
faire avec un papier assez fort.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rivière-du-Loup m'a
demandé la parole.
M. LAFRANCE: Si on adoptait, par exemple, M. Fortier, une liste
électorale permanente, advenant le cas, comme on l'a mentionné
à quelques reprises tout à l'heure, de deux ou trois
résidences, vous émettez une carte du moins c'est l'avis
que vous avez émis tout à l'heure pour la résidence
principale de l'individu. Advenant une élection municipale où des
villégiateurs ont le droit de voter dans d'autres municipalités,
est-ce que vous avez prévu l'éventualité d'une
élection municipale et de quelle façon, par exemple, le type
pourrait se servir de son droit de vote dans une municipalité hors de
son patelin principal?
M. FORTIER (Jean): En fait, il ne s'agit pas là disons d'un
problème d'affecter une, deux ou trois cartes ou de changer
l'affectation de la carte selon la résidence. Il s'agit simplement
d'avoir le contrôle de cela. On a un numéro de code unique. Il y
aura trois adresses. Alors, on a plusieurs décisions possibles: on peut
l'envoyer aux trois adresses, à deux seulement, à une seulement
et changer le choix de cette résidence. Le problème n'est pas de
faire cette action; le problème, c'est de savoir ce que l'on fait
exactement. Le problème qui était posé tout à
l'heure, c'est qu'on envoie sans le savoir trois cartes au même bonhomme.
Cela, on peut le contrôler facilement. On peut décider
soi-même ce que l'on va faire; nous, ce que l'on dit, c'est que le
système permet de contrôler cette action-là et de le faire
d'une façon consciente.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y aurait d'autres membres de la commission
qui voudraient prendre la parole et dialoguer avec nos témoins?
M. HARDY: M. le Président, si la série de questions est
maintenant épuisée, je voudrais, au nom du parti
ministériel, remercier les deux témoins de ce matin qui sont
venus éclairer certains aspects du mémoire très
scientifique, comme l'avait qualifié le député de
Chicoutimi, que nous avons devant nous. Et je suis persuadé que ce
mémoire et les réponses que les témoins ont données
ce matin aux questions des membres de la commission, nous serviront lors de nos
délibérations au moment où nous serons appelés
à faire un choix en ce qui a trait au mode de recensement des
électeurs. Et sur ce, M. le Président puisqu'il s'agit
d'une motion que nous pouvons débattre, les autres membres pourrons y
prendre part je fais immédiatement une motion à l'effet
que la commission s'ajourne sine die.
Je précise immédiatement qu'il y aurait lieu dès la
fin des vacances prochaines, que les représentants des différents
partis se rencontrent ou au moins se consultent pour établir un
calendrier de travail pour le mois de janvier, conformément à la
décision qui avait été prise au comité directeur
à l'effet que nous pourrions profiter de la période
d'intersession pour poursuivre plus avant nos travaux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis d'accord sur
votre proposition, elle est conforme d'ailleurs aux décisions que nous
avions prises au comité directeur. Par conséquent, nous
attendrons le moment de la convocation pour cette rencontre des membres du
comité directeur, afin de fixer ce calendrier de travail qui pourrait se
situer à la période de l'intersession, alors qu'il nous serait
possible, je l'espère, compte tenu des autres commissions qui doivent
siéger, de poursuivre de façon plus intensive notre travail. J'en
profite pour réitérer aux représentants de la
Société de mathéma-
tiques appliquées nos félicitations et nos remerciements.
Nous avons eu devant nous des témoins de grande qualité. Ils nous
ont exposé de façon hautement scientifique, mais en même
temps dans des termes vulgarisés, des données qui
réfèrent à une discipline que malheureusement la
majorité d'entre nous ne connaissons pas ou avec laquelle nous ne sommes
pas à tout le moins très familiers. Je les remercie donc de cette
obligeance qu'ils ont manifestée en comparaissant devant nous et en
répondant à des questions qui ont peut-être, pour des gens
de leur savoir, paru un peu naïves.
M. SAMSON : M. le Président, nous souscrivons également
à la motion du vice-président. J'en profite pour remercier aussi
MM. Fortier et Lachapelle, qui ont répondu très gentiment
à toutes les questions posées ce matin. Ils ont donné
beaucoup d'explications concernant leur mémoire et je suis
persuadé que toutes ces explications nous seront très utiles pour
tous les travaux de la commission de l'Assemblée nationale.
M. LAURIN: Nous avons eu ce matin, M. le Président, un magnifique
exemple de l'alliance de la technique et de la démocratie, qui doit
conduire à une modernisation de nos structures électorales et
qui, en même temps, nous permet d'atteindre un plus grand degré de
démocratie. Je remercie beaucoup les deux représentants qui se
sont présentés ici ce matin, qui ont donné cet exemple et
qui rendent l'objectif que nous visons possible dans un avenir
rapproché. Je les remercie donc infiniment. Pour ma part je souscris
également à la motion que vous avez faite à l'effet que le
comité directeur se réunisse au plus tôt pour fixer aussi
bien les dates des prochaines réunions que les sujets que nous devons
aborder au cours de ces sessions.
M. TARDIF: M. le Président, si vous me permettez un petit ubiter
dictum, je voudrais simplement ajouter que, contrairement à ce que
prétendait c'est le volume que j'ai devant moi qui m'inspire
cette pensée Max Weber il y a déjà plusieurs
décennies, on a vu, ce matin, en particulier dans le cas de M. Fortier,
puisque je connais moins les activités de M. Lachapelle, on a pu voir
que le même homme peut à la fois être engagé et
être en même temps très scientifique.
M. LE PRESIDENT: Au nom du président de l'Assemblée
nationale que je remplaçais ce matin, je tiens à remercier les
deux témoins de la présentation de leur mémoire et je
déclare la commission ajournée sine die.
M. FORTIER (Jean): M. le Président, je tiens à remercier
la commission de nous avoir reçus ce matin.
(Fin de la séance à 12 h 6)