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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Suiet: Réforme électorale
Séance du mercredi 21 juin 1972
(Neuf heures quarante sept minutes)
M. LAVOIE (Laval) (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Le président de la commission m'a informé qu'il pourra
déposer, au cours de la séance, ce matin, ou à la fin de
la séance, ses recommandations préliminaires sur les modes de
scrutin.
M.DROUIN: M. Lalande et M. Vincent Lemieux seront ici à midi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): La séance s'ajournera à midi.
M. DEMERS: Ce sera à l'heure où nous finissons.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas moi qui peux comme président,
décider à quel moment la séance peut s'ajourner. C'est la
décision de la commission.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On peut s'entendre tout de suite, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Je ne sais pas. Quel est le voeu de la commission?
M.HARDY: En principe, on ajourne les travaux à midi, mais, comme
hier soir, le règlement est formel, on doit ajourner les travaux
à onze heures et, à cause de certaines discussions, finalement
nous les avons ajournés à onze heures et dix. Je suis bien
prêt, c'est évident, à ce qu'en principe on ajourne la
séance à midi. Si, à midi, M. Lemieux s'amène avec
les...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant! On l'entendra à un autre
moment.
M. HARDY: Si j'ai bien compris, il n'est pas question d'interroger ces
membres ce matin. Il s'agit tout simplement de la remise du rapport, qu'on le
prenne en considération. L'interrogatoire, s'il doit y avoir
interrogatoire, se ferait à une séance subséquente.
M.DROUIN: C'est seulement un dépôt de documents, en somme,
une distribution de documents aux députés et aux journalistes.
J'ai un résumé de ce document, qui contient 94 pages avec les
annexes. Si les députés préfèrent que je ne lise
pas le résumé, je ne le lirai pas.
M. LE PRESIDENT: Si le document est déposé à midi,
je pense bien qu'on ne pourrait pas permettre, premièrement, de le lire,
puisqu'il a 94 pages. En deuxième lieu, en donner un
résumé ouvrirait la porte à des questions. Je pense qu'il
faudrait se limiter, si la commission est d'accord, au dépôt des
documents, libre aux députés de prendre quinze jours, un mois,
deux mois pour les étudier.
M.HARDY: Quant à l'ajournement, M. le Président, il est
entendu qu'en principe nous ajournons la séance à midi. Si on
s'aperçoit qu'une intervention peut se faire et que nous puissions
l'ajourner à midi et dix, ce n'est pas pour dix minutes, je pense que
c'est une question de bon sens. Disons qu'en principe, évidemment, nous
ajournons nos travaux à midi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): A midi; on demandera le consentement
après.
M. HARDY: Je ne veux pas que l'on s'engage d'une façon absolue et
totale, encore une fois, cela peut bien aller à midi dix ou midi et
quart. Il faut quand même avoir une certaine flexibilité.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est un mot assez...
M.HARDY: La commission demeure libre d'ajourner la séance au
moment où elle le veut.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un mot étrange dans votre bouche,
la flexibilité.
M. JORON: M. le Président, je voudrais vous demander une
directive. Est-ce que le règlement prévoit qu'automatiquement la
séance se termine à midi?
M. LE PRESIDENT: Non. Le règlement dit qu'une commission peut
siéger en tout temps. La commission décide elle-même; si
vous décidez d'aller jusqu'à deux heures, vous avez le droit de
le faire, à mon point de vue. La seule restriction qu'il y ait dans le
règlement, c'est qu'une commission ne peut pas siéger durant les
affaires courantes. C'est mon opinion et c'est le règlement qui le dit.
Si vous décidez d'ajourner à onze heures, à midi, à
une heure, c'est le voeu de la commission.
Il y a deux députés qui m'ont prévenu qu'ils
aimeraient intervenir sur des questions qui ressemblent à des questions
de privilège, soit le député de Chicoutimi et le
député de Roberval. Normalement, en vertu du règlement,
lorsqu'il y a un préavis au président, ces questions de
privilège sont soulevées à l'Assemblée. Par contre,
cela concerne directement les travaux de la présente commission sur la
carte électorale. C'est une suggestion que je pourrais faire à la
commission: Au lieu que cet avis serve pour une mise au point à
l'Assemblée, étant donné
qu'une question de privilège, en vertu des nouveaux
règlements, peut être vidée en commission, je pense que si
vous êtes d'accord, puisque cela concerne directement les travaux de la
commission, la question pourrait se vider brièvement ici. Qu'est-ce que
vous en pensez?
M. TREMBALY (Chicoutimi): Oui, nous sommes d'accord, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Si nous voulons avoir de l'ordre dans nos travaux,
étant donné que j'ai été prévenu que, si ce
n'est pas la dernière, c'est une des dernières séances
pour l'information des membres de la commission, le but, si je me rappelle
bien, au début de la première séance était que ces
séances soient tenues pour l'information des députés. Ceci
pour permettre aux membres de l'Assemblée et de la commission de
questionner et d'obtenir le plus d'information possible des membres de la
commission. Je me permettrais de demander aux députés qui sont
ici de dresser une liste de ceux qui veulent intervenir, toujours dans le sens
qui avait été accepté au départ, d'obtenir des
membres de la commission Drouin le plus d'information possible sur leur
travail.
Est-ce que ceux qui veulent intervenir pour obtenir des informations,
poser des questions aux membres de la commission, pourraient me donner leur nom
immédiatement pour essayer d'établir un ordre de travail?
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que ceux-ci seraient
limités à discuter des limites territoriales de chacune des
circonscriptions ou si nous pourrions discuter du nom de la
circonscription?
M. HARDY: Non, M. le Président, on avait accepté
dès le début, toujours dans une espèce de logique, d'abord
de discuter des frontières et d'attendre les décisions qui
seraient prises quant aux frontières parce que les noms sont
conditionnés par les frontières. Si, à un moment
donné, les frontières de tel comté sont modifiées
pour englober une certaine localité, peut-être que cela peut
inciter à changer le nom du comté. C'est la raison pour laquelle
j'avais fait la suggestion dès la première séance,
suggestion qui avait semblé être acceptée par tout le
monde, que nous nous en tenions d'abord à interroger les membres de la
commission Drouin sur le motif de leur décision quant aux
frontières. Quand ce problème de frontières sera
réglé, par la suite nous pourrons penser aux noms. Je le
répète, c'est quand même un problème pas mal moins
sérieux, c'est-à-dire moins sérieux dans le sens que les
questions de noms sont plus faciles à résoudre que les questions
de frontières.
M. ROY (Beauce): J'aime mieux votre deuxième précision.
C'est parce qu'on avait annoncé la semaine dernière que
c'était aujour- d'hui la dernière séance de la commission
à la suite du vote qui sera pris...
M. HARDY: Oui. Parce qu'il a été convenu aussi que le
problème des noms serait réglé par la commission de
l'Assemblée nationale.
M. CROISETIERE: La commission ne serait pas présente à ce
moment-là.
M. ROY (Beauce): C'est parce que, M. le Président, il y a une
délégation de mon comté ici, ce matin, avec une
pétition comprenant plusieurs milliers de noms, j'aurais aimé la
présenter si on me l'avait permis.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il est exact également qu'il est dans
les intentions de la commission de l'Assemblée nationale qui
siège de soumettre je n'étais pas présent à
la dernière réunion, mais j'y étais à
l'avant-dernière que chaque parti politique ou chaque membre de
la commission soumettrait à la commission Drouin, lors d'une autre
séance, des amendements ou des propositions sans être des
amendements?
M. HARDY: J'avais l'intention, M. le Président, à la fin
de la présente séance, de proposer que tout le monde soit sur un
pied d'égalité. J'avais l'intention de proposer qu'à une
séance subséquente, dont nous pourrons fixer la date à la
fin de cette séance, tous les partis politiques ou députés
c'est une question sur laquelle la commission de l'Assemblée
nationale n'a pas juridiction, chaque parti, chaque formation politique a son
autonomie et peut décider d'elle-même la façon de
procéder suivant le cas, parce que même les députés
indépendants peuvent formuler des suggestions déposent ici
à la commission de l'Assemblée nationale leurs suggestions quant
au rapport Drouin et que, via la commission de l'Assemblée nationale,
ces suggestions soient acheminées à la commission Drouin pour
étude.
M. GAGNON: Pourquoi refuseriez-vous à des organismes ou à
des comités qui ont été formés de venir devant la
commission présenter aux membres de la commission des mémoires et
également les questionner. Je crois qu'à ce moment-là vous
auriez un éventail d'informations...
M. HARDY: M. le Président, nous pourrions peut-être
discuter de cette question à la fin de la séance.
M. GAGNON: Très bien.
M. HARDY: Pour toujours en respecter l'ordre, c'est-à-dire
interroger les membres et nous pourrons discuter de votre suggestion plus
tard.
M. LE PRESIDENT: J'ai la liste ici des
membres de l'UQ qui désirent intervenir. Quels sont les
députés qui désirent... M. Kennedy, M. Fraser; vous y
êtes déjà, M. Lamontagne. Est-ce qu'il y en a d'autres? M.
Caron. Est-ce qu'il y en a d'autres de ce côté-ci?
Messieurs du Ralliement créditiste.
M. GUAY: Pour ma part, M. le Président, je suis
déjà intervenu passablement et je pense que ce serait abuser que
de prolonger.
M. LE PRESIDENT: Bon. M. Roy.
Questions de privilège
M. LE PRESIDENT: Messieurs, tel que convenu, j'accorde la parole, dans
le moment, sur une question qui ressemble à une question de
privilège, à M. Jean-Noël Tremblay; et après,
à M. Robert Lamontagne sur une question un peu analogue.
Emission de Radio-Canada
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avec votre permission
bienveillante et votre souplesse que nous admirons, je désire poser la
question de privilège, concernant une émission de Radio-Canada,
hier soir, le 20 juin à 19 heures, émission qui portait sur les
débats de cette commission et qui comportait de telles faussetés
que je suis obligé d'invoquer, de faire appel à la
présidence pour que soient respectés les droits et
privilèges des députés.
D'abord, l'émission s'est faite selon un format que nous
connaissons bien, soit l'interrogatoire de quelques députés dont
on a rapporté du moins en ce qui me concerne, je ne puis pas
parler pour les autres de façon incomplète les
témoignages. Cet interrogatoire a été ensuite suivi du
commentaire de personnes que l'on a présentées comme experts,
dont un était un expert et les deux autres des journalistes dits
chroniqueurs parlementaires. Voici, M. le Président, les faits que je me
dois de corriger, afin que soit établie nettement la position du parti
que je représente.
Premièrement, on a laissé entendre que le parti de l'UQ
était opposé à un projet de réforme des districts
électoraux, ce qui est inexact.
En aucun temps, nous n'avons exprimé une opinion semblable; au
contraire, nous avons exprimé l'avis qu'il fallait procéder, avec
toute la rapidité possible, à une réforme des districts
électoraux et à toute réforme qui devrait s'ensuivre, soit
les modes de scrutin, etc.
On a déclaré d'autre part que l'opinion de notre parti
avait changé depuis le moment du dépôt du rapport de la
commission Drouin et là, mettant tous les partis dans le même sac,
on a déclaré que tout le monde s'était dit d'accord et
satisfait du rapport de la commission Drouin.
Voici les faits: Nous avons déclaré que nous étions
satisfaits de ce rapport qui nous parais- sait techniquement bien fait, fait
avec l'objectivité correspondant au mandat qui avait été
confié à la commission Drouin, mais nous avions bien pris soin de
déclarer que nous réservions notre jugement sur le fond de la
question.
C'est donc, encore là, une mise au point que je me devais de
faire. On a ensuite posé le problème en disant que et le
Ralliement créditiste et le parti de l'Unité-Québec
ceux-là auront l'occasion de dire ce qu'ils en pensent s'ils le jugent
bon voulaient défendre à tout prix les comtés
ruraux versus les comtés urbains. Ce n'est pas le cas puisque, lors de
cette émission, interrogé par le journaliste de Radio-Canada, M.
Pelland, j'avais déclaré que, quant à moi et quant
à nous, il ne s'agissait pas de poser le problème en termes de
comtés ruraux ou de comtés urbains, mais de poser le
problème en termes de représentation des citoyens selon les
régions. J'ai précisé que, pour nous, le problème
n'était pas de savoir s'il y aurait plus de comtés ruraux que de
comtés urbains, mais de savoir s'il y aurait un équilibre de
forces dans la représentation entre les régions dites
métropolitaines et les diverses autres régions du Québec
dont j'ai dit moi-même qu'elles étaient en voie de
développement ou qu'elles étaient des régions
défavorisées.
On s'est permis je n'insiste pas là-dessus, M. le
Président une interprétation de l'attitude et une
appréciation des interventions des députés. On a aussi
recouru, en ce qui nous concerne les autres diront ce qu'ils en pensent
s'ils le souhaitent à une utilisation malhonnête des propos
des députés que l'on n'a pas rapportés au complet. En ce
qui me concerne, on a rapporté quelques minutes de l'entrevue que j'ai
donnée. On a bien pris soin de supprimer la partie où
j'établissais, M. le Président, les principes que je viens
d'énoncer. L'on a supprimé particulièrement la question
insidieuse que m'avait posée le journaliste, M. Pelland, qui voulait me
faire dire que mon objectif en était un de clientèle
électorale.
Je l'avais vertement semoncé sur les ondes, pensant qu'il aurait
l'objectivité de reproduire ce que j'avais dit, mais il a
supprimé cette partie où j'établissais la position de ma
formation politique et la mienne, en disant qu'il n'était pas question
de protéger des clientèles électorales et que tous les
partis politiques pouvaient se faire une clientèle électorale
dans quelque coin du Québec que ce soit.
On a déclaré aussi que seuls le Ralliement
créditiste et le parti de l'Unité-Québec menaient la lutte
contre le rapport Drouin, ce qui n'est pas exact. Il ne s'agit pas d'abord
d'une lutte contre le rapport Drouin mais d'un examen des propositions du
rapport Drouin. Quant aux autres partis politiques dont on a dit qu'ils ne
semblaient pas s'opposer d'aucune façon au rapport Drouin, il nous est
apparu quand même assez nettement l'autre jour, lors des interventions
particulièrement du député de Roberval et
du député du Lac-Saint-Jean, que même le Parti
libéral avait exprimé des réserves assez sérieuses
quant à certaines recommandations du rapport Drouin.
On a aussi déclaré de façon assez subtile mais
très nette que le président pas le président,
pardon, mais je ne sais pas si c'est le porte-parole du caucus libéral,
en tout cas que le député de Terrebonne et le Parti
libéral, changeant d'opinion, avaient décidé que,
contrairement à ce que le premier ministre avait déclaré,
ce ne seraient pas les parlementaires qui auraient le dernier mot mais bien les
commissaires de la commission Drouin, ce qui n'a jamais été
décidé ici et ce qui n'a jamais été
déclaré ni en Chambre, lors de l'étude de la loi 80, ni en
aucune circonstance et en aucun moment à cette commission
parlementaire.
M. le Président, l'on n'a pas fait non plus état de
l'opinion exprimée par deux partis politiques, en tout cas, demandant
que les organismes, individus ou citoyens intéressés soient
entendus devant la commission. Finalement, M. le Président, on en
concluait, après s'être fait l'honneur de me citer et de me
commenter, que l'objectif de notre parti et du parti du Ralliement
créditiste était de retarder la réforme électorale
pour des impératifs électoraux.
Ce qui n'est absolument pas le cas puisque j'ai déclaré,
lors de la dernière séance de cette commission, qu'une ou deux
séances de plus de cette commission n'empêcheraient pas les
commissaires de la commission Drouin de revoir, à la lumière des
discussions que nous avons eues et que nous aurons, les frontières
proposées, que même, ces commissaires avaient déjà
amorcé ce travail et que, par conséquent, le temps additionnel
que nous pourrions y consacrer ne retarderait en rien le projet de
réforme.
En conclusion, M. le Président, je vous signale encore une fois
que la presse, par le truchement des ondes d'Etat que nous payons, a
biaisé l'information. Et au lieu d'inviter les députés
à exprimer assez longuement leur opinion sur la réforme
proposée par la commission Drouin, elle s'est contentée de citer
dans certains cas et je pense, entre autres, au cas du
député de Terrebonne, je ne sais pas dans quel cadre on a fait
l'émission avec lui des extraits de ces interventions qui,
tirés d'un contexte, n'avaient aucun sens, aucune signification, si bien
qu'on se demandait exactement à quoi tout cela se raccrochait.
C'est donc encore, M. le Président, une autre pièce
à conviction qu'il faut porter au dossier de l'information
parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Le député de Roberval.
Mémoire du conseil de comté
Lac-Saint-Jean-Ouest
M. LAMONTAGNE: Merci beaucoup, M. le Président. Les 6 et 8 juin,
je suis intervenu devant la commission au nom des citoyens du comté de
Roberval pour représenter l'opinion des gens de mon milieu qui m'avait
été communiquée unanimement. Avant-hier, le 19 juin, le
préfet de comté de Lac-Saint-Jean-Ouest, M. Louis-Ovide Bouchard
faisait parvenir un télégramme à M. François Drouin
en même temps que copie à plusieurs députés de la
région. Pour bien situer le cas, je voudrais d'abord lire le
télégramme. "Attendu que le conseil de comté
Lac-Saint-Jean-Ouest a présenté un mémoire sur la
réforme électorale du comté Roberval, attendu que ce
mémoire défend l'intégrité du comté, attendu
que si la commission ne reconnaît pas l'intégrité du
comté, la deuxième option demeure nettement valable, attendu que
nous nions le chiffre de 14,000 électeurs avancé dans la
deuxième option, chiffre qui est faux et contraire aux faits et à
la réalité, attendu que ce mémoire ne parait pas
défendu ou mal défendu, pour toutes ces raisons, nous insistons
pour vous rencontrer, soit à votre bureau ou devant la commission pour
défendre les intérêts du comté de Roberval".
Signé: Louis-Ovide Bouchard, préfet du comté
Lac-Saint-Jean-Ouest.
M. le Président, il est de mon devoir de bien situer devant les
membres de la commission les représentations que je dois faire au nom du
comté de Roberval. Toutes les représentations qui m'ont
été faites et cela, unanimement, par la majorité des
municipalités et villes du comté de Roberval, sont à
l'effet que le député du comté demande à la
commission de conserver le statu quo des limites territoriales du comté
de Roberval avant la parution du rapport Drouin.
Le conseil de comté, lors d'une assemblée tenue le 13 mars
1972 à laquelle j'assistais, a demandé à son bureau
exécutif, unanimement, de préparer un mémoire demandant
l'intégrité du comté de Roberval.
Par la suite, j'ai reçu le mémoire du conseil de
comté Lac-Saint-Jean-Ouest ou, au moins, présenté au nom
du conseil de comté Lac-Saint-Jean-Ouest. Il est fait état que ce
mémoire a été préparé en collaboration avec
les quatre villes du comté de Roberval et représente, d'autre
part, l'opinion des paroisses rurales du comté de Roberval. Je voudrais
ici porter à l'attention des membres de la commission que, fait assez
curieux pour un mémoire préparé en collaboration avec les
villes du comté de Roberval, deux villes se sont dissociées
complètement de ce mémoire et en ont fait état
publiquement. Elles représentent la majorité urbaine du
comté de Roberval. Et, fait assez curieux également, si ce
mémoire est présenté au nom des paroisses rurales du
comté de Roberval, comment expliquer les sept résolutions qui
m'ont été transmises et dont le texte est le même pour les
sept et dont il est important, quant à moi, de vous donner la teneur. Je
vais donc vous donner la teneur des résolutions qui m'ont
été transmises par des paroisses rurales: "Considérant que
lors d'une réunion tenue le
16 mars 1972, le conseil de comté Lac-Saint-Jean-Ouest a
décidé de s'opposer au découpage de la carte
électorale proposée par la commission Drouin; considérant
que, par la suite, le conseil de comté Lac-Saint-Jean-Ouest a
décidé de préparer un mémoire proposant comme
solution le statu quo; considérant que le mémoire n'a pas
été préparé suivant le mandat défini par
l'assemblée des maires des municipalités concernées;
considérant que le mémoire déposé par le conseil de
comté ne rencontre pas les données de la commission Drouin; il
est proposé et résolu que la municipalité s'oppose
énergiquement à la proposition faite par le conseil de
comté Lac-Saint-Jean-Ouest et se dissocie de son mémoire."
Je pense que c'est important de mentionner que le mémoire
présenté au nom du conseil de comté Lac-Saint-Jean-Ouest
ne représente pas du tout l'unanimité dans notre comté,
loin de là. Et pour bien clarifier cette situation qui, dans notre
comté, dispose d'une large publicité, je voudrais m'adresser au
président, M. Drouin, pour lui poser quelques questions et lui demander
son avis sur le mémoire du conseil de comté
Lac-Saint-Jean-Ouest.
M. Drouin, vous avez mentionné à plusieurs reprises au
cours des séances antérieures que tout document qui avait
été soumis à votre commission avait fait l'objet d'une
étude. Je voudrais savoir si, dans la solution d'un partage de deux
comtés présentée par le conseil de comté
Lac-Saint-Jean-Ouest, combien d'électeurs retrouvons-nous dans les deux
comtés, Roberval et Lac-Saint-Jean-Nord, comme première question,
si vous pouviez me répondre?
M. DROUIN: Suivant le mémoire qui nous a été
soumis, le district électoral de Lac-Saint-Jean-Nord aurait 15,880
électeurs et celui de Roberval, 23,531. Donc, tous deux en bas du
quotient permis de 24,000.
M. LAMONTAGNE: Merci beaucoup. Comme deuxième question, est-ce
que dans toutes les représentations qui vous ont été
faites au niveau de la province de Québec, à part les
Iles-de-la-Madeleine, il y a un organisme au Québec qui vous a
présenté un mémoire contenant un nombre inférieur
ou égal à 15,880 électeurs?
M. DROUIN: Aucun. On n'a eu aucune demande formulée et
prétendant que leur district pourrait avoir moins de 15,000
électeurs.
M. LAMONTAGNE: Le comté de Roberval est le seul où un
organisme a présenté une telle demande. Avant de vous poser la
troisième question, je voudrais aussi vous dire, M. Drouin, que M.
Bouchard mentionne dans son télégramme que son mémoire
défend l'intégrité du comté. Or, à la page 3
de ce mémoire, il est mentionné que l'intégrité du
comté est quant à lui une proposition de pis-aller. Je pense que
ce n'est pas plaider l'intégrité que le pis-aller. Pour le
bénéfice de la population du comté de Roberval,
pouvez-vous me faire quelques brefs commentaires à la suite du rapport
présenté au nom du conseil du comté de
Lac-Saint-Jean-Ouest?
M. DROUIN : Evidemment, nous n'avons fait qu'une étude
préliminaire, nous avons placé les municipalités qui
auraient été comprises dans Lac-Saint-Jean-Nord et nous avons
pris les chiffres de 1970 dans le rapport du président
général des élections, rapport qui a été
déposé en Chambre, pour le nombre d'électeurs inscrits
dans chacune de ces municipalités. C'est ce rapport qui nous a
donné 15,880 et, dans l'autre cas, dans le même jeu, 23,531. A
partir de ce moment-là, nous avons laissé le mémoire de
côté parce qu'il ne pouvait pas faire l'objet d'une étude
plus approfondie vu qu'il dépassait les normes. Il devenait, à
notre sens, illicite tout au moins.
M. LAMONTAGNE: En terminant, le télégramme mentionne qu'il
s'agit d'une option nettement valable.
M. DROUIN: C'est une question qui les regarde. On peut avoir 50
personnes, dont 49 vont dire qu'elle est valable et une dira qu'elle ne l'est
pas, ou le contraire: une va dire que c'est valable et les 49 autres vont dire
que ça ne l'est pas. C'est une question d'opinion. Quant à nous,
ce n'est pas valable.
M. LAMONTAGNE: Merci beaucoup, M. Drouin.
M. GAGNON: Je voudrais faire une mise au point au sujet de ce que le
député de Chicoutimi a fait. Etant donné qu'il y a eu une
émission de Radio-Canada qui est de nature à informer les gens,
puisque la population paie des taxes aussi bien pour payer les
députés que les travailleurs de Radio-Canada, je ne sais pas si
pour la commission il n'y aurait pas lieu d'envoyer une lettre pour protester
et dire à Radio-Canada que, si elle est intéressée
à avoir des informations précises, qu'elle fasse une
émission d'une heure avec les membres de la commission et un
représentant de chaque parti politique. Je crois qu'à ce
moment-là, c'est un devoir, parce que la population a été
mal renseignée. Et surtout, la confusion ne fera que grandir
après ce qu'on a entendu hier soir en écoutant la
déclaration du député de Chicoutimi. Je crois que c'est un
devoir pour les membres de la commission de voir à ce que la population
soit parfaitement renseignée sur le travail de la commission, sur les
représentations des différents partis politiques et sur tout ce
qui s'est dit à cette table.
M.HARDY: M. le Président, je voulais, même avant
l'intervention du député de Gaspé-Nord, à la suite
des propos du député de Chicoutimi, faire de très
brèves remarques.
Sans souscrire à tout ce qu'a dit le député de
Chicoutimi, je reconnais que la formule utilisée lors d'une
émission comme celle de Format 30 comporte de grandes
difficultés. Je voudrais être bien clair là-dessus, je ne
pense pas qu'il y ait de la part de ceux qui font l'émission de la
mauvaise volonté. C'est la formule, ce ne sont pas les personnes qui
sont en cause, c'est la formule. La formule qui veut que l'on restreigne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La télévision existe depuis
1952, vous n'avez pas vu les émissions!
M. HARDY: ... de beaucoup l'interrogatoire de chaque personne a pour
conséquence que l'on peut parfois lui faire dire...
M. DEMERS: Ce n'est pas la formule, c'est la formaline.
M. HARDY: ... seulement une phrase qui, tirée de son contexte, ne
veut rien dire, ou parfois peut faire dire à la personne le contraire de
ce qu'elle a vraiment dit. Je pense que c'est surtout la formule qui est
difficile ou qui nous amène à des situations semblables.
Pour faire suite également aux représentations du
député de Gaspé-Nord, je pense je ne sais pas, je
n'ai pas consulté mes collègues mais il y aurait
peut-être lieu, puisqu'il s'agit d'une question importante, que la
commission demande aux média d'information et en particulier à
Radio-Canada, de vraiment consacrer un temps suffisant à cette question
pour que les représentants de chaque parti puissent donner toute leur
opinion sur cette question de la réforme électorale afin que les
gens soient le mieux renseignés possible. Mais encore une fois, je tiens
à souligner malgré les rires de mon excellent ami, le
député de Chicoutimi que c'est plutôt la formule qui
est en cause plus que l'intention des gens. Pour terminer, parce que cela dure
déjà depuis presque une heure, je dois relever quelque chose que
le député de Chicoutimi a dit tantôt, il a prétendu
que nous avions changé de position surtout à la suite de la
déclaration préliminaire du premier ministre. Je regrette...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas moi qui ai dit cela. J'ai dit que
l'on avait fait dire au Parti libéral ou à vous
c'était très astucieux que vous aviez changé
d'opinion.
M. HARDY: C'est-à-dire que, pour être bien clair, il n'est
pas question de changement, parce qu'encore une fois nous sommes liés
par une loi, la loi est explicite. Ce sont les parlementaires qui, en dernier
ressort, devront adopter une loi; donc ce sont eux qui ont le dernier mot
à dire. La seuïe réserve que nous avons formulée,
c'est que, pour assurer la rationalité et l'indépendance de ce
travail, nous suggérions que la commission tienne quand même
compte des avis de la commission Drouin. Alors, il n'y a pas
d'incompatibilité entre ces deux positions. C'est tout ce que j'avais
à dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce qu'a dit le
député de...
M. LE PRESIDENT: C'est sur le même sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, sur le propos du député de
Terrebonne. Le député de Terrebonne parle de la formule, je suis
d'accord avec lui que la formule est difficile mais lorsqu'il s'agit de
renseigner les citoyens sur une chose aussi importante que la réforme
électorale, si la formule est difficile et si elle n'est pas bonne, il
faut la changer et en prendre une autre.
M. LE PRESIDENT: M. Latulippe.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais intervenir
brièvement là-dessus. Pour prendre le problème à
l'envers, en ce qui concerne la proposition d'une émission d'une heure,
pour ma part je crois qu'une émission où il ne serait question
que de discuter des frontières de la carte électorale, parce que,
jusqu'à maintenant on s'est limité pratiquement à cela, ce
serait contingenter le problème et ce serait "at large"...
J'ai participé aussi à cette émission, je ne l'ai
pas vue, je ne peux pas vous dire de quelle façon, elle a
été rendue mais on a surtout insisté sur la question des
limites territoriales. C'est assez difficile pour moi de dire: Il s'est
passé telle chose ou telle chose, je n'ai pas vu l'émission.
Cependant si cela a été rapporté et j'accorde bonne
foi au député de Chicoutimi tel quel, j'avoue que cela a
dépassé certainement l'attitude que notre parti a voulu adopter
jusqu'à maintenant.
Nous sommes de ceux qui croyons que la réforme de la carte
électorale à elle seule n'est pas une réponse acceptable
à tout le problème de la réforme électorale et ce
serait mentir que de dire que la réforme telle qu'elle est actuellement
nous convient tout à fait. Je crois aussi que, dans l'esprit du
gouvernement, il n'a jamais été son intention de dire: On va se
limiter seulement à une réforme de la carte électorale
parce qu'à ce moment-là il ne répondrait pas au voeu
premier du gouvernement, c'est-à-dire donner une représentation
proportionnelle, l'espoir d'un homme un vote n'aurait en définitive
aucune portée réelle.
Je vais limiter mes propos à ces brèves remarques. Je suis
un peu confus de voir ce qui s'est produit et j'aurais peut-être eu
intérêt à quitter la Chambre hier pour aller suivre cette
émission. Pour ma part, je vais m'informer pour connaître la
portée que ça peut avoir dans ma région.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'allais dire que ce n'était pas
brillant...
M. GAGNON: De toute façon, je ne sais pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela n'avait aucun sens.
Interrogatoire des membres de la commission
Drouin
M. LE PRESIDENT: M. Kennedy pourriez-vous formuler votre intervention,
le plus possible, en demandant aux commissaires des informations ou des
détails sur leur travail.
M. KENNEDY: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous approcher du micro, s'il vous
plaît.
Comté de Châteauguay
M. KENNEDY: C'est que le livre est trop grand. Je voulais simplement
formuler une seule remarque, puisqu'on se limite au découpage du
territoire. Dans le nouveau comté proposé de Beauharnois, je
remarque une chose, qui, à mon sens, est une anomalie, c'est qu'on
divise en deux l'agglomération de Châteauguay, qu'on appelle chez
nous le grand Châteauguay. On prend une ville qu'on isole en l'envoyant
dans le nouveau comté de Laprairie, laquelle ville se trouve
divisée ou séparée de tout le reste du territoire du
nouveau comté de Laprairie par un espèce de "no man's land" qui
s'appelle Caughnawaga. Je ne sais pas si vous connaissez la région, mais
ceux qui vivent dans cette région savent comment les Indiens sont jaloux
de protéger leur territoire. On a même des problèmes assez
sérieux dans le moment pour des projets qui sont en fait du
progrès, et on ne peut pas s'entendre avec les gens de la réserve
indienne de Caughnawaga pour qu'ils cèdent du terrain pour faire ces
améliorations. Je trouve l'anomalie sérieuse, le fait qu'on prend
un groupe de 15,000 personnes et qu'on l'isole. Les gens de Châteauguay
ont presque l'impression que la commission a voulu les tasser tranquillement
dans le lac Saint-Louis. Il est déjà pas mal pollué, alors
ils n'ont pas apprécié cela.
UNE VOIX: Ils savent nager mais il est pollué.
M. PREMONT: Si je comprends bien, M. Kennedy, ça pourrait faire
l'objet d'une demande que Caughnawaga demeure comme anciennement dans le
comté de Châteauguay?
M. KENNEDY: Non, la ville de Châteauguay, vous envoyez la ville de
Châteauguay le grand Châteauguay...
M. PREMONT: Dans le comté de Beauharnois
suggéré.
M. KENNEDY: Dans le Beauharnois suggéré. Vous envoyez la
ville de Châteauguay dans le nouveau comté de Laprairie
suggéré. Alors je trouve que c'est une anomalie sérieuse
dans votre distribution.
M. DROUIN: Je comprends, M. le Président que ça peut
paraître ça l'est peut-être aussi une anomalie
sérieuse. Mais si nous plaçons Châteauguay dans le
même district de Beauharnois où est Châteauguay-Centre, nous
avons une autre anomalie et celle-là est une anomalie illégale,
parce que nous aurions plus de 40,000 électeurs. C'est là le
point. Que voulez-vous?
M. KENNEDY: Je pense qu'il y aurait peut-être lieu
d'équilibrer cela en redonnant à Beauharnois, Melocheville,
Saint-Timothée qui sont déjà contenus dans le nouveau
comté de Beauharnois.
M. PREMONT: Si je comprends bien, ça pourrait faire l'objet d'une
demande?
M. DROUIN: Il faudrait que ça fasse l'objet d'une demande et
qu'on l'étudie pour voir les possibilités... Evidemment, vous
avez le comté de Salaberry qui contient 30,000 électeurs. C'est
un district qui est en partie rural, on ne peut tout de même pas le
hausser à 35,000. C'est le déséquilibre. Vous pouvez avoir
des demandes qui sont logiques, mais si elles déséquilibrent
tout...
M. KENNEDY: Je pense bien qu'on ne peut pas s'attacher d'une
façon absolue à des chiffres, il faut quand même penser,
comme l'a souligné tantôt le député de Chicoutimi,
aux régions qu'on représente. On divise deux villes, dans le
moment et je trouve que ça n'a pas de bon sens. Cela va à
l'encontre de la politique des Affaires municipales qui cherche le
regroupement. Si les villes sont dans des comtés différents, je
pense que le regroupement va être d'autant plus difficile.
M. DROUIN: Nous ne divisons pas Châteauguay en deux.
Châteauguay est une municipalité qui existe par elle-même.
Châteauguay-Centre est une autre municipalité.
M. KENNEDY: Oui, c'est une agglomération...
M. DROUIN: Je vous comprends. Il y en a d'autres comme ça.
M. KENNEDY: Ce sont deux villes contiguës qui ont la même
économie.
M. DROUIN: Il y en a d'autres, dans la
province, qui sont comme ça. Des agglomérations qui sont
divisées. Vous avez Québec; vous avez Trois-Rivières avec
Trois-Rivières-Ouest. Que voulez-vous? Même si on met
Trois-Rivières-Ouest avec Trois-Rivières, vous avez
immédiatement plus de 40,000. On ne peut pas. La loi nous importe
d'abord; notre préoccupation, c'est 32,000, 25 p.c. en haut, 25 p.c. en
bas.
M. KENNEDY: Vous n'avez pas le même problème dans ces
endroits que celui que vous avez avec la ville de Châteauguay qui est
rattachée, dans votre suggestion, au comté de Laprairie. Il faut
que vous pensiez qu'elle est séparée de tout le reste du
comté, de Sainte-Catherine-d'Alexandrie, de Saint-Constant, de Delson,
de Candiac...
M. DROUIN: Oui, mais, M. Kennedy...
M. KENNEDY: ... par une bande de territoire qui est la réserve
indienne.
M. DROUIN: Ce n'est pas le mur de Berlin que nous construisons entre
deux districts. Cela ne les empêche pas de voyager, ça
n'empêche pas d'aller faire ses affaires comme avant. Cela les
empêche tout simplement de voter dans le même district une fois
tous les quatre ans, ou de temps en temps, quand il y a des élections
partielles.
M. KENNEDY: Je comprends très bien...
M. DROUIN: A tout événement, vous pouvez faire votre
demande. Je ne vous dis pas qu'on la refusera, je ne vous dis pas qu'on l'a
acceptée. On l'étudiera.
M. KENNEDY: Je ne veux pas dire que vous voulez faire un mur de Berlin;
moi non plus, je ne veux pas en faire. Mais je pense qu'au point de vue de la
représentation je ne sais quelle représentation ils auront
ces gens vont être totalement isolés. Il va y avoir environ
7,500 électeurs dans un coin, tout seuls.
M. PREMONT: Je pense, M. Kennedy, qu'en formulant votre demande, vous
pourriez évidemment donner une contreproposition, une contresuggestion
en ce sens.
M. KENNEDY: Oui, exactement.
M. PREMONT: Vous avez mentionné quelques municipalités.
Parce qu'il y a comme l'expliquait le président, cette question de
quotient que nous devons respecter.
M. LE PRESIDENT: M. Demers
Comté de Saint-Maurice
M. DEMERS: M. le Président, j'avais décidé de ne
pas intervenir devant la commission, mais parce que j'ai reçu, à
la suite de la réunion du conseil de comté des maires du
comté de Saint-Maurice, partie rurale, une demande ainsi que des
pétitions de différentes municipalités suppliant la
commission de les laisser dans leur comté, je me dois, comme
député, de venir ici porter leurs doléances.
Le comté de Saint-Maurice, M. le Président, depuis 1792,
par une proclamation, fut érigé en comté et les
municipalités qu'on veut y extraire sont exactement celles qui ont
donné naissance aux villes de Shawinigan et de Shawinigan-Sud. C'est
ainsi que Saint-Boniface, du comté de Saint-Maurice, donna naissance
â la ville de Shawinigan au début du siècle et que
Shawinigan-Sud est née de Mont-Carmel, petite municipalité dans
le comté de Champlain.
On a parlé de grands critères qui avaient orienté
les commissaires dans les options qu'ils ont prises pour délimiter nos
comtés. On parle d'un critère d'homogénéité;
rien de plus homogène, M. le Président, que les
municipalités rurales et la ville de Shawinigan. Etant nées l'une
de l'autre, il est compréhensible que ce soient les mêmes familles
qui habitent et la ville et la partie rurale.
Plusieurs de ces municipalités, telles Saint-Boniface, Charette,
Saint-Elie, Sainte-Flore, Saint-Etienne et Saint-Barnabé-Nord sont
devenues les chambres à coucher de la ville de Shawinigan qui est une
ville, comme vous le savez, à vocation industrielle, même si elle
a un peu perdu de son ascendant depuis quelques années.
Ceci dit, M. le Président, je veux me faire le porte-parole des
gens de cette partie rurale du comté qui ont toujours vécu avec,
comme pôle d'attraction, la ville de Shawinigan. On veut enlever
Saint-Boniface-de-Shawinigan alors que ça fait un tout, une partie. Tout
ce qui se passe à Saint-Boniface est directement relié à
la vie économique, sociale, de Shawinigan.
Il en va ainsi pour six ou sept autres petites municipalités de
1,200 à 1,500 âmes ou 2,500 âmes qui rayonnent au pourtour
de la ville de l'électricité.
Je me demande pourquoi on a, par exemple, enlevé Saint-Boniface
pour ajouter Saint-Narcisse-de-Champlain, qui est dans le comté de
Champlain actuellement et qui déborde vers le nord; on ajouterait
Saint-Théophile-du-Lac-à-la-Tortue, qui est dans le comté
de Laviolette, et on donnerait au comté de Saint-Maurice la
municipalité de Mont-Carmel, comté de Champlain.
Je comprends qu'on a défait pour refaire. Le comté de
Saint-Maurice, dans la proposition qui est faite, a été
diminué de 9,000 âmes, il possédait 39,000
électeurs, il tombera à 29,000 et quelques cents. Il fallait
créer un comté ou engraisser un comté, le comté
voisin, le comté de Maskinongé, on est venu en chercher la partie
rurale qui sera déversée dans Maskinongé.
Justement, il y a les commissaires qui peuvent régir, mais il y a
les électeurs qui deman-
dent à être régis d'une façon qui
réponde un peu à leurs aspirations. Voilà, M. le
Président, que les maires du comté de Saint-Maurice veulent
demeurer dans ce comté; et voilà, M. le Président, que
tous les maires, que tous les conseils et que tous les électeurs veulent
demeurer dans ce comté. On ne me reprochera pas de vouloir conserver un
fief; on s'est gargarisé avec ces mots à Radio-Canada hier,
conserver un fief; mais on n'a pas insisté non plus sur le fait que
certains voulaient se créer des fiefs, on n'a pas dit ça. Parce
que, si on enlève à certains une clientèle
électorale, en l'enlevant on la donne à d'autres, c'est
évident.
Il y en a qui applaudissent aux redistributions dans le sens qu'elles
sont préconisées en certains endroits. Est-ce qu'on peut dire que
leurs intentions sont aussi pures qu'ils veulent le laisser supposer? Et ceux
qui jugent sans s'être présentés nulle part, sans n'avoir
représenté jamais personne, est-ce qu'on peut dire que ce sont
des compétences? Il ne s'agit pas d'avoir étudié pour
savoir quelque chose; un diplôme, c'est un certificat attestant qu'on a
étudié, mais on peut ne rien savoir. J'admets, M. le
Président, que le travail de la commission est un travail
extrêmement difficile. Il découle d'une promesse qu'a faite le
premier ministre un soir d'élection. Mais les électeurs de
certains comtés n'étaient pas partie liée à cette
promesse.
Je comprends qu'il y a des injustices. Il y avait des comtés trop
petits, qui doivent être réaménagés mais qu'on
prenne, sans crier gare, une population et qu'on la jette dans un autre
comté, je me demande si on agit dans le sens de la démocratie
lorsqu'on agit ainsi.
Pour ma part, M. le Président, je demanderais au
président, M. Drouin, de me donner son opinion là-dessus. Est-ce
qu'il est d'avis que le contexte de Shawinigan et des environs, le contexte
économique, socio-économique, social et tout ce que vous voudrez,
et les pôles d'attraction sont mieux servis en prenant les gens qui sont
au pourtour de la ville et en leur donnant comme capitale la ville de
Louiseville qui est située à l'autre bout, complètement au
sud du comté? En desservant Yamachiche, qui est voisin, je ne vois pas
d'objection, mais venir chercher Saint-Boniface-de-Shawinigan,
Saint-Mathieu-du-Lac-Bellemare, Saint-Elie-de-Caxton et envoyer ça
à Louiseville, c'est faire passer les gens par Boston pour aller
à Paris. C'est mon opinion.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut avoir vos commentaires, s'il vous
plaît?
M. DROUIN: Je respecte votre opinion, M. le député, mais
il ne faut pas oublier d'abord, en premier de tout, qu'on avait une loi
à appliquer. En second lieu, vous avez dans la région un Montcalm
de 12,000, un Joliette de 30,000, un Berthier de 16,000, un Maskinongé
de 13,000 qu'il fallait augmenter. Il fallait absolument faire une
redistribution de toute la région et nous l'avons faite. Nous l'avons
faite au meilleur de notre connaissance.
Je ne partage pas tout de même votre idée que, parce que
Saint-Boniface est dans un district, on le sépare. Cela
n'empêchera pas les gens d'aller à la messe là, d'aller
passer une soirée de l'autre côté, ça ne les oblige
pas d'aller acheter à Louiseville, pas du tout. Ils vont continuer
à faire leur commerce et à faire leur magasinage, à aller
ici et là comme ils le faisaient avant, comme je l'ai dit tantôt
à M. Kennedy, ce n'est pas un mur.
Lorsque j'ai fait la carte fédérale, ce fut la même
chose. Lorsque j'ai fait celle de Québec, en 1965, ce fut la même
chose. Que voulez-vous? Si on veut vraiment avoir une carte, si
l'Assemblée nationale nous a demandé de faire une carte, en
suivant un texte de loi, évidemment, cela cause des problèmes.
Cela fait mal quelque part. Cela ne peut pas arriver; cela n'a pas
été touché depuis 100 ans.
Si vous voulez que nous apportions certains changements dans le
comté de Saint-Maurice, faites une demande officielle devant la
commission parlementaire, en disant: Donnez-nous telle municipalité et
passez telle autre de l'autre côté. Si cela s'équilibre,
nous le ferons avec plaisir.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que vous voyez le rôle
spécifique que le député a à jouer? Voyez-vous les
gens de Saint-Boniface partir et s'en aller à Louiseville?
M. DROUIN : Pensez donc à ceux de Blanc-Sablon et de
Sept-Iles.
M. DEMERS: Peu importe. Je comprends que Blanc-Sablon, c'est plus loin.
Mais, pendant 100 ans, ces gens ont fait affaires à Shawinigan,
où était le député. Saint-Mathieu est situé
à 65 ou 70 milles de Louiseville, pour aller demander un prêt du
crédit agricole. Je ne veux lancer de pierres à personne. Je suis
ici pour défendre l'idée de ces personnes et des gens qui, eux,
s'opposent à cela. Pourquoi s'opposent-ils? Est-ce que ce sont des
arriérés, des minus habens?
M. DROUIN: Non.
M. DEMERS: Ce sont des gens qui ont bénéficié d'un
service. On a fait un réseau routier dans la Mauricie; on se tue pour
faire cela, pour canaliser les énergies au même endroit. C'est un
moyen plus moderne qui est apporté. Actuellement, on prend ces gens et
on les recule de tant d'années, au point de vue des services, en les
obligeant à aller à Louiseville. Non pas que j'aie quelque chose
contre mon voisin de Maskinongé. Loin de là. C'est un homme
compétent. Ce matin, il ne peut pas être ici parce qu'il est
retenu à une autre commission. Il pourrait probablement faire valoir ces
idées, dans le même sens que je les
fais valoir. Et si les gens, les maires, les représentants, d'un
comté demandent de ne pas être déménagés,
vous ne pouvez toujours pas accuser un député de faire les
commissions pour ses électeurs. Et ce sont eux qui ont vécu dans
le comté pendant tant d'années, qui en connaissent les besoins,
qui sont en mesure de dire: Nous sommes prêts à y aller ou nous ne
pouvons pas y aller. Je comprends que vous êtes lié par les 32,000
électeurs et qu'il fallait diviser. C'est le seul critère. C'est
la loi qui vous oblige mais cela ne signifie pas que cette loi est parfaite. Et
vous ne pouvez faire autrement si vous voulez que le comté de
Maskinongé ait plus de population. Il faut le prendre quelque part. Chez
nous nous en avions trop. Je comprends cela. Mais qu'on ne vienne pas me dire
que c'est au nom de ceci ou au nom de cela. Ce n'est pas la démographie;
ce n'est pas la géographie; c'est 32,000 électeurs; un point,
c'est tout.
M. PREMONT: M. Demers, vous avez raison en ce sens qu'il est sûr
que, pour un député rural, une telle réforme a beaucoup
plus d'impact, beaucoup plus de conséquences que pour un
député urbain.
M. DEMERS: M. Prémont, je m'excuse. Il va falloir que vous
compreniez que je ne suis pas un député strictement rural. Il
reste toujours 29,000 de population dans Shawinigan et Shawinigan-Sud.
M. PREMONT: Je comprends, M. Demers. Mais vous avez fait état,
tout de même, de certaines paroisses qui sont peut-être à
l'extérieur de l'influence immédiate de Shawinigan, par
extension. Disons qu'elles sont semi-urbaines. Ce que je voulais dire, c'est
qu'il est sûr évidemment, je ne veux pas parler des Cantons
de l'Est que dans certaines régions de la province, à la
suite de la redistribution, il y a sûrement un impact.
Dans l'esprit des commissaires du moins M. Drouin vous l'a
expliqué tout à l'heure il nous fallait briser une
certaine tradition. Enfin, nous étions conscients de cette
conséquence et veuillez croire que je ne sais pas si... Les paroles du
président, dans le moment, semblaient vous reprocher le fait que vous
présentiez certaines recommandations au nom de vos électeurs. Au
contraire. C'est le problème auquel nous avions à faire face et
que nous anticipions durant cette commission. Mais je pense que nous pourrions
étudier à nouveau votre région. Vos représentations
sont tout à fait justifiées et justifiables. Nous pourrions
tenter de donner satisfaction à cette partie de l'électorat
québécois, qui se comprend dans Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je comprends que vous allez être lié parce
que... vous allez devenir trop populeux.
M. PREMONT: Vous mentionnez un désir. On espère bien
l'avoir de façon...
M. DEMERS: Evidemment, je réalise, comme tout le monde,
l'inutilité de nos interventions.
M. PREMONT: Absolument pas!
M. DEMERS: Oui. Vous êtes lié par les 32,000 et vous ne
pouvez pas... il n'y a pas de génération spontanée dans
les comtés. Cela vous prend un minimum de 29,000 ou 32,000, 25 p.c. en
plus ou en moins. Vous êtes pris avec ça. Débattons-nous
comme on voudra et essayons de faire valoir l'argumentation des gens que nous
représentons. Nos roues tournent dans le vide et nous perdons notre
temps.
M. DROUIN: Faites-nous une demande, par l'entremise de la commission
parlementaire, de vous redonner Saint-Boniface. Dites-nous en même temps
par quoi, par quelle partie de territoire nous allons remplacer Saint-Boniface,
pour rééquilibrer nos deux comtés. Nous n'avons aucune
objection.
M. DEMERS: Mais si vous n'avez pas pu le trouver, pensez-vous que je
vais le trouver?
M. DROUIN: Je vous comprends.
M. LE PRESIDENT: M. Fraser. Le suivant, M. Roy.
Comté de Huntingdon
M. FRASER: M. le Président, messieurs les commissaires. Il y a eu
plusieurs réunions de la commission, mais je n'ai pas encore dit un mot
pour le comté que je représente au Parlement. J'aimerais prendre
cinq ou dix minutes pour expliquer mon point de vue et l'histoire de notre
région. D'autres l'ont déjà fait plusieurs fois. C'est mon
tour. J'ai l'honneur de représenter le comté de Huntingdon,
depuis 1966. Quand je suis arrivé, j'ai trouvé qu'il y avait
seulement deux cultivateurs dans le Parlement pour représenter vraiment
les cultivateurs de la province. La vallée du Châteauguay, dans le
comté de Huntingdon, est un des coins agricoles les plus riches du
Canada parce qu'il y a un bon sol et que c'est proche du marché de
Montréal. C'est ça, notre marché. Le comté de
Huntingdon a une longue et riche histoire. Il a été formé
en 1794 en même temps que vingt autres comtés dans la province.
Ceci fait plus de 180 années. De ces 21 comtés, seuls, les
comtés de Huntingdon et de Dorchester demeurent avec leur nom original.
C'était en dehors de la seigneurie de Beauharnois dans le temps,
c'est-à-dire le terrain libre pour les "settlers", pour les colons. Ils
sont venus en grand nombre des "îles britanniques" d'Angleterre, d'Ecosse
et d'Irlande et également des Etats-Unis, dans le
temps de la guerre de 1812 entre les Etats-Unis et le Canada pour
s'établir sur ces terres. Leurs familles et leurs descendants, qui
vivent encore sur les mêmes terres, ont une fierté de ces terres
et une loyauté que les gens de la ville ne comprennent pas.
Not only does the suggested redistribution take away a historic name but
takes from a rural section of the Province its representation and its identity.
To merge these people with an urban population is to rob them of their pride
and their heritage. Huntingdon was a protected county by the BNA Act. These
people ran their own affairs. They were their own lords and masters.
The new county which you are proposing of Salaberry will merge them with
Valleyfield, which will have a controlling population. I am not speaking for
today or for tomorrow, this new electoral map will be created and will last
probably for the next 180 years, the boundaries as created.
The people of Huntingdon County have always felt that their individual
votes counted for something. Elections were fought with might and main the
percentage of voters who casted their ballots has always been high in contrast
to city ridings where the percentage could be from 50 p.c. to 60 p.c. of the
voters. In Huntingdon, it is always 80 p.c. or better.
Democracy in the vote has a real meaning for the people of Huntingdon
County. I have not spoken to one man, French or English, who is in favor of the
proposed new County of Salaberry. The County of Beauharnois as exists now, is
an industrial county. The reasoning of the people in Huntingdon and I
think correctly is that the City of Valleyfield will dominate the rest
of the county. One or two square miles will dictate the welfare of people
living in more than 300 square miles. They will have little in common. It sets
an impossible task for the deputy who represents the new county. How can he
represent honestly and fairly two points of view? That is the basic principal
behind my argument. The deputy is being asked to represent the producer and the
consumer at the same time who have different interests. The truth of the matter
is that the deputy will be elected by the urban community and the rural voter
will be effectively disenfranchised. Is that what we want? We know very well
that the rural population will not have a chance to elect a representative to
Parliament who can speak for them and represent their legitimate interest.
A practical example is a recent legislation legalizing apple cider. The
original legislation did not meet the practical needs of the new industry and
it is doubtful that it would have ever gotten off the ground if the rural
members, understanding the problem, had not pressed for a revised legislation
making the product available in all the grocery stores.
Incidentally, the new electoral map will split the apple-producing area
in our county, right now the largest in the Province, exactly in half and deny
either half adequate representation by joining both halves to urban consumer
areas.
I think that it is also worth noting that the proposal would take a
county, as I said before, protected by the BNA Act to assure that there would
be representation of the English-speaking minority in Quebec. The proposal
would join this English-speaking minority to a group of French-speaking voters
so that they would become 1/6 or 1/7 of the total rather than the half that
they presently represent.
Now, as an English-speaking person, I can say that no English-Canadian
can have any worries about being a minority in Quebec.
That is a fact of life that he accepts when he lives there. But I can
also say that an English-speaking farmer would rather be part of the minority
in a French-speaking farm community than he would accept to be a minority even
in an English-speaking urban riding.
M. JORON: What is the percentage of the English-speaking population in
Huntingdon?
M. FRASER: About the half in Huntingdon. It is probably doubly lost when
it is attached to a French-speaking urban riding. I have carefully studied the
documentation that forms the background to the proposed division creating
Salaberry County. And I say flatly and without fear of serious contradiction
that the premise upon which that division is based is absolutely wrong. It
makes the claim that Valleyfield forms the principal market for the people of
Châteauguay County.
Everybody in Châteauguay Valley labors under the I am
including Huntingdon County, in the Châteauguay Valley impression
that their market is Montreal, not Valleyfield.
Valleyfield could not absorbe 1 p.c. of the apples produced in
Huntingdon, the same applies to milk, beef and other agricultural products with
the possible exception of corn. Even then I suspect the Green Giant plant at
Sainte-Martine gets a major share of that crop.
In fact, there is very little commercial of economic contact between the
Châteauguay Valley, Huntingdon and Valleyfield. Route 4, along the
Châteauguay River to Montreal, is the main artery of the district. The
Beauharnois Canal and the lack of a high level bridge at the Seaway cuts
Valleyfield off technically from our area. The alternative that I would
respectfully ask the Commissioners to consider would be to join the rural parts
of Châteauguay and Laprairie counties to Huntingdon to form the rural
county for that area. Every municipality this is the most important
thing would be more or less equal. Nobody would start off with a
preponderance of voters or preponderance of delegates at the convention, and
the voice of the rural people would be heard because they would have a
representative chosen by the rural people.
Let Beauharnois county stay as it is. Why change something for the sake
of change? It has sufficient population. Reunite the towns of Châteauguay
and Châteauguay-Center and add them to the urban part of Laprairie to
form an urban riding. I wish to make it clear that I am not making this
proposal for any personal motives. I am speaking on behalf of the rural
community. I voted in favour of the law to eliminate the protected counties,
but I was assured that the rural people and the close contact of the rural
people with the Government of Quebec would be given consideration. I would not
like to be the one to go down in history books as a man who sold out his county
and sold out his neighbours for empty promises.
I make no apology for speaking as a farmer, although I may be one of the
last of the breed to appear in the Assembly. I am proud to be a farmer. I think
that it is worth pointing out that during this period of rapid and sometimes
desastrous change that we are all undergoing, the farmer remains as an
important element of stability in our community. They had been the back bone of
our nation and they have sons coming up from the farms who will prove to be
leaders in industry and in politics as they have been in the past. The farm is
not to place to build a fortune but it does build character and it is character
that we need today more than we need money.
We are all beginning to realize that the urban solution to the problems
of our society has its drawbacks, if not its buil-in disasters. The industrial
society has its problems, ecological and others. Let me suggest to you with the
utmost emphasis: Do not make increased urbanization the answer to
redistribution. Let us not destroy the vote, the voice of people who are
protecting our environment and our agricultural heritage. We need agriculture
today as we never have before.
You will see that the county that I am proposing is not an easy one for
a deputy to serve, it would take a lot of work but I am making this proposal on
the principle that it is the interest of the farmers, the rural people and not
just an easy county for the deputy that I am asking for. The county that I
propose would be made of people of the same type, it will have the required
population, and it will grow and prosper, for its people will be able to work
together and with the Governement to find solutions to their problems.
Salaberry County as proposed does not represent the wishes of the people that I
represent. Thank you.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on pourrait avoir des commentaires?
M. PREMONT: M. Fraser, évidemment l'attitude que vous avez ce
matin vous honore mais je dis vous honore avec conscience parce
que vous représentez un de ces comtés, lorsque nous avons
étudié notre mandat, qui sont appelés à subir de
très grands changements, car vous aviez 9,547 électeurs aux
élections d'avril 1970.
Je suis heureux de souligner immédiatement la dernière
partie de votre intervention, lorsque vous dites: Je ferais une suggestion, je
voudrais qu'on considère les parties rurales de certains comtés,
Châteauguay, Beauharnois et Huntingdon, d'avant 1970. Veuillez croire que
nous pouvons nous repencher sur cette question. Nous y avions un peu
songé avec la conséquence que nous nous trouvions limités
par la frontière américaine, chez vous, d'une façon
très nette, et nous devions considérer toute cette partie, une
trentaine de comtés qui ne chevauchent pas, mais qui se rejoignaient.
Evidemment, Huntingdon étant agricole, comme vous dites, était
formé de nombreux villages disséminés qui ne sont pas
concentrés. Nous avions tout ça à considérer.
Je voudrais faire part à la commission d'un article, dans le
magazine Actualité agricole du mois de mai.
M. FRASER: J'ai ça ici, mais je n'ai pas pris le temps de le
lire.
M. PREMONT: La première page est très bien faite, à
notre sens, du moins, elle donne un peu les conclusions auxquelles nous en
étions venus nous-mêmes. Elle dit: Une étude attentive des
nouvelles limites proposées révèle au contraire que les
cultivateurs auront en général, au sein des comtés qui
leur sont accordés, un pouvoir électoral plus important. Ce
phénomène s'explique lorsqu'on distingue le monde agricole du
monde rural. J'ajoute immédiatement qu'il y a certains comtés qui
y perdent au change, comtés traditionnellement agricoles. On nomme
Huntingdon, Napierville, Montcalm et Témiscamingue. Vous vous rappelez
l'intervention du député de Témiscamingue.
M. FRASER: Excusez-moi, M. le Président. C'est bien bon pour les
comtés semi-urbain qui comprenaient des parties rurales avec les autres
avant. Ils sont habitués à faire affaires avec le
député de la ville. Si on ne les change pas, ils sont contents,
mais quand on prend une population qui était libre avant et qu'on
l'emprisonne avec une ville, elle n'est pas contente.
M. PREMONT: Je suis cette argumentation. Evidemment, Valleyfield,
Salaberry-de-Valleyfield est très au nord par rapport à la
plupart de vos localités.
M. FRASER: C'est un petit coin que l'on enlève du reste du
comté de Beauharnois. Je comprends votre problème, il faut
chercher à avoir des comtés de quelque 30,000 électeurs.
Mais pourquoi changer le comté de Beauharnois quand c'est exactement
32,000 électeurs?
M. PREMONT: C'est un peu ce qu'expliquait le président l'autre
jour, on ne peut pas partir d'un comté comme tel et dire: Il est dans la
norme, on tricote autour. On était pris, parce que Beauharnois est
limité par le fleuve et par une population de 9,000, et, de l'autre
côté, par un comté de quelque 20,000, celui de
Château-guay, si je comprends bien. On me fait remarquer à
l'instant que Huntingdon a déjà été ailleurs qu'il
ne l'est actuellement, depuis la Confédération. C'est une
remarque que je fais en passant. Avant la Confédération.
M. FRASER: Au fédéral Huntingdon était avec
Châteauguay-Laprairie, avant les récents changements au niveau
fédéral.
M. PREMONT: Laprairie-Napierreville.
M. FRASER: On était bien plus heureux avec
Châteauguay-Laprairie qu'on ne l'est avec Beauharnois à
présent. Je ne devrais pas dire ça parce qu'on est bien servi par
notre député fédéral, je l'aime, c'est un ami
personnel, mais je vois plus loin que les petites faveurs; les gens de
Valleyfield viennent travailler chez nous et on a de l'ouvrage, pour les gens
de chez nous aussi.
M. PREMONT: Je continue mes remarques. Actualité agricole dit par
ailleurs que les agriculteurs des nouveaux comtés projetés de
Marchand, Missisquoi, Johnson, Laferté, Témiscouata, Portneuf,
Berthier, Authier et Dubuc seront peut-être un peu plus renforcés.
Ce sont des constatations de gens qui semblent connaf-tre le milieu agricole. I
wish to express to you that the last part of your remark should be the object
of an official representation to your commission, I mean to the Commission of
the National Assembly.
M. FRASER: C'est ça, j'ai déjà fait cela.
J'espère que...
M. PREMONT: We will do our best to satisfy the electoral population of
your district.
M. FRASER: J'espère que vous allez étudier ça avec
sympathie.
M. LE PRESIDENT: M. Roy, suivant, M. Croisetière.
Comté de Beauce
M. ROY (Beauce): M. le Président, le problème concernant
le comté que je représente, le comté de Beauce, se situe
de façon différente, je pense, étant donné les
remarques qui ont été faites pour d'autres circonscriptions.
A ceci, je veux dire, M. le Président, que le problème que
nous avons eu avec le rapport qui nous a été soumis, le rapport
de la commission Drouin, c'est qu'on a ajouté au comté de
Beauce une partie du comté de Lévis, du comté de
Dorchester et du comté de Frontenac et que, par la suite, le
comté de Beauce a été scindé en deux, dont une
partie demeure le comté de Beauce, pour l'autre partie, on
suggère le nom de La Chaudière.
Je dois dire, M. le Président, que pour discuter des limites
territoriales, je suis obligé de faire un court parallèle avec la
désignation, le nom qu'on entend donner. Ici, ce matin, nous avons les
représentants du comité de promotion pour un nom au sud. Ils ont
une pétition à présenter au président de la
commission. Elle compte 6,828 noms qui ont été compilés
durant une courte période de dix jours. Parce que les Beaucerons veulent
demeurer des Beaucerons et veulent à tout prix garder leur
identité.
Nous connaissons tous, M. le Président et la population du
Québec les connaît les particularités du
comté de Beauce et de ceux qui l'habitent. Mais, nous concevons
difficilement, à l'heure actuelle, le fait qu'on prenne des parties de
trois autres comtés pour les ajouter à un immense comté
qu'on scinde ensuite en deux pour faire une nouvelle désignation: La
Chaudière.
M. le Président, si la commission Drouin peut nous donner des
garanties que le nom de La Chaudière peut être changé en
celui de Beauce-Sud comme le suggère le comité, Beauce-Nord,
Beauce-Sud, il est évident, à ce moment-là, que le
problème va se situer à un autre niveau, parce que les
Beaucerons, gardant ainsi leur identité, garderont plus facilement la
limite territoriale proposée.
M. DROUIN: Il a été entendu avec la commission
parlementaire, avec les députés qui en font partie, que c'est la
commission parlementaire qui décidera des noms et non pas nous. Les noms
que nous avons soumis ne sont qu'une suggestion. Nous laissons la commission
parlementaire nous désigner les noms qu'elle veut attribuer à
chaque district électoral.
M. ROY (Beauce): Bon! Disons que ça me rassure, M. le
Président. Je me souviens que M. Drouin l'avait dit au début,
lors de la première séance de la commission parlementaire.
Maintenant, est-ce qu'on peut avoir l'assurance de la commission, à ce
stade-ci, qu'on va tenir compte des représentations et des voeux de la
population concernée, concernant les noms qu'on entend donner aux
comtés?
M. HARDY: Quand arrivera le temps de suggérer des noms, ce sera
comme toute proposition à une commission. Ce sera discuté au
mérite. On ne peut pas, d'avance, s'engager... Je pense bien que
vous-même, vous ne pouvez pas vous engager à accepter
nécessairement toutes les propositions qu'on ferait sur des noms et le
contraire est également vrai.
Mais je pense que tout ce qu'on peut dire,
c'est que, quand viendra le temps de discuter des noms, chaque
proposition sera discutée à son mérite et des
décisions seront prises, soit à l'unanimité, soit à
la majorité, suivant le cas.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'on peut tenir pour acquis qu'il y a quand
même des possibilités que nos représentations, que nos
requêtes soient agréées? Est-ce qu'il y a des
possibilités assez grandes ou si les possibilités sont
très réduites?
M. HARDY: Nous vivons dans un Parlement fondamentalement
démocratique, où les opinions de chaque membre sont...
M. ROY (Beauce): Sont discutées, pas toujours
acceptées.
M. HARDY: Sont discutées... M. GAGNON: Quelle surprise!
M. HARDY: ... sont discutées selon les règlements.
UNE VOIX: Peut-être en caucus, mais pas en commission
parlementaire.
M. ROY (Beauce): J'avais quand même, M. le Président, une
question à poser au président de la commission à ce stade.
On a évidemment tenu compte de la population et du facteur nombre. On a
tenu compte du fameux pourcentage qui a souvent été
mentionné, mais on a également tenu compte des territoires de
chacune des circonscriptions. J'aimerais simplement savoir, du président
de la commission, s'il y a des raisons particulières pour que le
comté proposé, le comté de Beauce-Sud ou La
Chaudière, compte 108 milles carrés avec 24,868 électeurs,
que le comté de Bellechasse compte 4,000 électeurs de plus avec
150 milles de territoire en plus et que le comté de Frontenac compte
1,000 électeurs de plus avec presque le double du territoire, alors
qu'on prend effectivement des localités, à l'heure actuelle, du
comté de Frontenac pour les rattacher au nouveau comté de
Beauce.
M. DROUIN: Evidemment, c'est une question de travaux. C'est une question
de municipalités. Lorsque nous avons fait la carte, nous n'avons pas
commencé par la Beauce; c'est clair. Je ne connais pas de
spécialistes ou des géographes qui vont commencer par un district
situé en plein milieu d'un territoire.
Il faut commencer à un bout ou à l'autre bout de la
province et s'en venir. Et, à un moment donné, vous pouvez avoir
un jeu d'électeurs parce que vous ne pouvez pas sectionner des petites
municipalités. Des municipalités de 1,000 et de 1,500
électeurs, on ne divise pas ça. On divise une municipalité
comme Québec, comme Sherbrooke, on ne divise pas les petites
municipalités. C'est la raison; alors on s'en vient.
Maintenant, si vous croyez qu'il y a des municipalités qui
seraient mieux chez vous pour les remplacer par d'autres, faites à la
commission parlementaire une demande et si ça ne
déséquilibre pas, si on n'est pas obligé de tout refaire
la carte jusqu'à Sherbrooke pour vous donner le petit changement que
vous demandez, là... Parce que ç'a été la
même chose, le député de Mégantic nous a dit:
Pourquoi me changer? Je suis dans la norme. Justement, vous pouvez avoir un
district électoral où il y a 32,000 électeurs; il faut lui
en ôter 10,000 à gauche et lui en redonner 10,000 à
droite.
M. ROY (Beauce): En somme, si je comprends bien, c'est que vous avez
été guidé en quelque sorte par les comtés qui
pouvaient être bien éloignés, de part et d'autre, et vous
arrivez dans une région donnée, vous vous devez de faire
l'équilibre entre les deux...
M. DROUIN: Nous partons de Gaspé et nous nous en venons en
faisant la carte. Quand on est rendu chez vous, on essaie de trouver ce qui
serait le plus raisonnable, toujours dans le même esprit, ce qu'il y a de
moins pire. Vous ne pouvez jamais avoir le mieux et vous ne pouvez pas avoir
108 députés qui vont être contents des 110 qu'on fait, il
n'y a pas d'erreur.
M. PREMONT: Je ne voudrais pas qu'on donne aux paroles du
président l'interprétation suivante, à savoir que, en
déroulant ce processus de redistribution on arrive au bout et on
s'accommode de ce qu'on trouve.
M. ROY (Beauce): ... sur le tapis. Mais que je trouve...
M. PREMONT: Je m'empresse d'ajouter que dans les comtés actuels,
les districts actuels, ce qui existait, il y avait un Frontenac de 16,000, un
Wolfe de 9,000 et un Mégantic trop populeux de 34,000. Evidemment, c'est
l'ensemble de la région. Lorsque M. Drouin expliquait que nous sommes
partis d'un bout, soit de Montréal ou de Gaspé, en fait il y a eu
plusieurs projets qui nous amenaient à reconsidérer certains
territoires et travailler à l'intérieur des territoires pour
essayer de juxtaposer ou du moins de réunir des populations
homogènes ou du moins qui correspondaient aux mêmes
aspirations.
Mais ce n'est pas facile, M. Roy. On parle de Mégantic,
Frontenac; il y avait des territoires assez vastes, même avant, avec des
paroisses assez éloignées. Evidemment, c'est difficile de
comparer avec un district urbain où il est question de rues; une rue
peut avoir une conséquence extraordinaire lorsqu'on pense au
centre-ville de Montréal avec des populations dans un bout de rue de
3,000 ou 4,000 électeurs. Pour trouver 3,000 ou 4,000 électeurs,
il faut parfois prendre beaucoup de
chemins de travers et beaucoup de petites routes secondaires et se
retrouver en rase campagne.
Tout ce à quoi vous pensez, on l'a travaillé, enfin, on
l'a étudié. J'ajoute immédiatement, vous ne mettez pas en
doute notre travail, mais on avait le même souci que vous et on avait une
réaction commune, on disait toujours: Quelle explosion dans les Cantons
de l'Est! En fait, on brisait une tradition et je rejoins ici les paroles du
député de Saint-Maurice, M. Demers. Je comprends bien, d'abord le
député et l'électeur qui traditionnellement ont toujours
vécu dans un contexte historique. Pour lui, ça devient de
l'histoire, cent ans dans un comté qui porte le nom de Frontenac ou de
Mégantic, Wolfe, Brome, Bagot, Missisquoi et c'est la même chose
pour le Lac-Saint-Jean.
Prenez note des représentations de MM. Lamontagne et Pilote; ce
n'est pas facile. Et j'admets qu'on est même surpris, en fait c'est une
réaction tout à fait normale. Je ne dis pas qu'on ne peut pas
reprendre et j'espère, je présume que vous allez faire certaines
représentations. Parce qu'en fait c'est le meilleur esprit qu'on veut
respecter et on veut en même temps que les personnes qui sont devant nous
soient le plus possible satisfaites. Par ricochet, elles représentent
les électeurs. C'est un peu ce que je voulais ajouter aux paroles de M.
Drouin.
M. LE PRESIDENT: Si je comprends bien, vous pourrez faire vos
propositions à la commission.
M. ROY (Beauce): Je ferai mes propositions à la commission et,
tout à l'heure, je vais remettre au président de la commission la
pétition des 6,828 noms...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous fournissez la valise?
M. ROY (Beauce): Ils sont ici, c'est un document assez volumineux mais
je vais quand même le remettre et je pense que, s'il y a lieu
d'espérer que la requête soit agréée pour permettre
aux Beaucerons de garder leur identité, au niveau des limites
territoriales le problème sera beaucoup moins aigu.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. DROUIN : Est-ce que vous me permettriez d'ajouter deux mots? Le
premier, pour dire que l'image que j'ai donnée lors de la
première séance, soit que cela se déroulait comme un
tapis, j'ai voulu dire qu'on part d'un bout d'une chambre et non pas du milieu.
Mais cela ne se fait pas comme un tapis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avions compris cela, M. Drouin. C'est
assez évident. On a déjà vu des gens poser des
moquettes.
M. ROY (Beauce): Ce que j'ai cru comprendre tout à l'heure, c'est
que vous aviez commencé à dérouler un tapis à
Gaspé et que vous étiez arrêté dans la Beauce. Vous
aviez déroulé l'autre de Montréal et vous étiez
arrêté à...
M. DROUIN: Non. Et deuxièmement, au sujet de la suggestion que
nous avons faite du nom de la Chaudière, nous trouvions cela beau. Dans
les autres comités et commissions dont j'ai fait partie, les districts
électoraux avec est, ouest, nord et sud, ont disparu. Vous n'en avez
plus au fédéral, sauf Québec-Est par rapport à
l'histoire de M. Laurier et M. Saint-Laurent. Alors, nous n'en avons pas mis.
Nous avons fait disparaître cela. Et quand nous avons fait la carte de
Montréal, nous avons fait disparaître les mots Montréal.
Montréal-Outremont n'existe plus, c'est Outremont.
Montréal-Saint-Jacques, Montréal-Sainte-Marie, cela n'existe
plus. Nous avons enlevé les noms doubles.
M. LE PRESIDENT: Les personnes suivantes prendront la parole: M.
Croisetière et par la suite, M. Léger. M. Croisetière.
Comté d'Iberville
M. CROISETIERE: M. le Président, ma question a une portée
générale et j'aimerais savoir qui pourrait me renseigner
là-dessus. J'aimerais savoir si l'on tiendra compte des
résolutions ou des mémoires qui ont été
formulés, soit à la commission Drouin, à vous ou à
vos représentants? Les résolutions présentées par
les municipalités ou d'autres organismes?
M. PREMONT : M. Croisetière, quant aux résolutions que
vous recevez de vos électeurs, vous pouvez simplement les transmettre
à M. Desmeules ou à votre commission. Nous en tiendrons compte.
Et là-dessus, je vous rejoins, vous avez raison.
M. CROISETIERE: Il faudrait en prendre connaissance, au moins.
M. PREMONT : Mais il faudrait que cela fasse l'objet, de votre part,
d'une formulation d'une représentation. Vous agréez telle ou
telle intervention parce qu'il arrive ceci: à l'intérieur de
certains comtés, nous avons des résolutions contradictoires.
M. CROISETIERE: D'accord.
M. PREMONT: Alors, le député juge de sa région. Il
voit le sérieux, peut-être, de certaines résolutions. Il
peut, en conclusion, en tirer une représentation qu'il fera à
votre commission parlementaire, laquelle nous transmettra, officiellement,
l'objet de cette représentation qui deviendra une question, une demande
de modification. Parce qu'il y a des comtés où un
conseil municipal dit quelque chose et l'ancien conseil municipal dit
autre chose. Ce n'est pas à nous de juger, de faire le poids entre les
représentations qui sont faites. Je crois que c'est le
député qui doit faire en sorte que la représentation
devienne officielle entre nos mains.
M. LE PRESIDENT: En somme, vous ne voulez pas être les seuls
à vous mouiller. Vous voulez que les députés se
mouillent...
M. PREMONT: Ce n'est peut-être pas une question de mouillage, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: ... que les députés prennent
position.
M. PREMONT: Cela rejoint un peu la responsabilité du...
M. DROUIN: Tous les mémoires adressés à la
commission ont été transmis à M. Desmeules. Mais nous en
avons gardé une photocopie et nous les avons étudiés. Sauf
ceux que nous avons reçus ces jours derniers, hier ou avant-hier. Vous
en avez qui sont contradictoires. Evidemment, nous ne pouvons pas tenir compte,
dans ces cas... C'est pour cela qu'il faudrait absolument que les
députés prennent position et présentent, devant la
commission parlementaire, les modifications qu'ils désirent voir
apporter à leur district électoral.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, M. le Président.
Vous nous faites une proposition fort alléchante mais qui peut
constituer un piège également. Je pense que les gens, qui nous
ont fait des propositions, s'attendent à ce que nous les soumettions
ce que nous avons fait d'ailleurs mais s'attendent
également à être entendus et à pouvoir questionner
le président de la commission Drouin.
M. CROISETIERE: J'avais posé une question d'ordre
général. Maintenant, j'aimerais souligner le problème du
comté d'Iberville, étant donné que le rapport signifie que
le nom Iberville disparaît. Nous avons des représentations de la
Société historique de la vallée du Richelieu, de la ville
d'Iberville, qui demande, étant donné son origine historique, que
Iberville demeure avec Saint-Jean puisque le rapport donne la ville
d'Iberville, Saint-Athanase, avec Saint-Jean.
Et inutile de dire également que j'appuie les résolutions
de la ville d'Iberville dans son entité. Si un député, de
bonne foi, vient faire une représentation, M. le Président, et
s'il va s'exprimer d'une certaine façon, ça ne veut pas dire que,
si son comté a été morcelé en deux ou de
différentes façons, quel que soit le résultat des
décisions qui seront prises par cette commission quant au
découpage de la carte électorale, qu'il n'est pas à la
disposition des électeurs qui lui seront donnés par la suite ou
qui lui auront été enlevés; ça ne veut pas dire
qu'il consentait à s'en départir. Le député est
assez mal placé pour exprimer les désirs des électeurs ou
des résolutions, des représentations qui sont faites. Je voulais
souligner ça; je crois que ça n'a pas été tellement
mentionné. Mais enfin le député est assez mal
placé. Alors comme disait le député de Chicoutimi
ça peut, à un moment donné, être un
piège et servir à des personnes qui voudraient l'exploiter. Ce
que j'avais à dire pour le moment, M. le Président, c'est que
j'appuyais les résolutions présentées à la
commission.
M. LE PRESIDENT: M. Léger. Et le suivant, M. Caron.
Comté de Lafontaine
M. LEGER: M. le Président, j'ai deux questions: Une question
concernant le comté de Lafontaine et une autre d'ordre légal et
général. Je veux demander pour quelle raison, on a divisé
le comté de Lafontaine à peu près en deux, en en faisant
un comté qui comprendrait la ville de Pointe-aux Trembles,
Montréal-Est et l'ancien quartier de Rivière-des-Prairies
ensemble pour faire un comté de Lafontaine et, en gros, la ville d'Anjou
et Tétraultville comme partie du comté d'Anjou.
M. HARDY: Un comté semi-rural.
M. LEGER: Semi-rural, oui. C'est-à-dire qu'il y a des espaces,
mais ce ne sont pas des espaces verts. Dans le comté de Lafontaine, on a
défini la séparation entre Anjou et Lafontaine, au milieu de
Tétraultville. Alors, je me demandais pour quelle raison n'a-t-on pas
tout simplement divisé, d'une façon qui serait il me semble, plus
logique, en mettant les trois villes ensemble? Le secteur de
Tétraultville quitte Montréal ; il est quand même
éloigné de Montréal-Est, la limite de Lafontaine. Pour
quelle raison n'a-t-on pas laissé tout Tétraultville dans le
comté d'Anjou sans laisser, dans le comté de Lafontaine, trois ou
quatre rues de Tétraultville, qui est éloignée du reste de
Lafontaine, du reste de Montréal-Est? Pour quelle raison n'a-t-on pas
divisé également comme Anjou-Tétraultville, un
comté, Pointe-aux-Trembles, Montréal-Est,
Rivière-des-Prairies, un autre comté?
M. DROUIN: Le comté de Lafontaine que vous proposez aurait
été trop faible, par rapport à l'ensemble de l'île
de Montréal.
M. LEGER: Avez-vous calculé le nombre d'électeurs qu'il y
aurait entre la rue Paul-Pau et la rue Georges V, la partie de
Tétraultville qui est enlevée?
M. DROUIN: On l'a calculé dans le temps; on l'a au bureau; nous
ne l'avons pas ici; je ne le pense pas.
M. LEGER: Cela arrive réellement en bas de la moyenne?
M. DROUIN: Evidemment. Encore là, c'est la même chose que
pour un comté rural. Si vous voulez déplacer certaines rues et
que ça s'équilibre à peu près avec un Anjou de
34,000 et un Lafontaine de 32,000... Il ne faut pas oublier que votre
Lafontaine de 32,000 a augmenté, entre 1966 et 1970, de 10,030
électeurs. Alors, il fallait le mettre tout de même aux alentours
de 32,000 et non pas avoir un 35,000 ou 36,000.
M. LEGER: D'accord. De toute façon c'était juste une
question parce que c'était une chose visible. On divisait deux
villes...
M. DROUIN: Nous avons cette division pour avoir des comtés qui
s'équilibraient. Dya 5,000 électeurs dans ce que vous nous
demandez, à peu près. Alors, si on ajoute 5,000 à
32,000...
M. LEGER: Cela aurait fait 27,000 et 37,000.
M. DROUIN: Alors, voyez-vous.
M. LEGER: D'accord. Maintenant, selon la Loi des élections, Loi
électorale, à l'article 31 on dit que: Cinq exemplaires de la
liste des sections de vote contenant une description de leurs limites doivent
être, chaque année, au plus tard le quinzième jour de mai,
adressés au président général des élections
et le président général des élections, dans un
délai de soixante jours, doit en transmettre un exemplaire
certifié auprès des ministres et au chef de l'Opposition
officielle.
M. DROUIN: Oui.
M. LEGER: Maintenant il y a quatre partis. Est-ce que vous jugez qu'il
devrait y avoir un amendement à la loi pour que les chefs des quatre
partis en soient ou si, d'après vous, la loi, telle quelle, vous permet
de donner les listes générales de tous les comtés aux
autres partis?
M. DROUIN: Je crois que ce n'est pas à moi de juger si on doit
amender la loi.
M. HARDY: M. le Président, c'est un rappel au règlement.
Je ne veux pas être désagréable pour mon bon ami de
Lafontaine, mais je pense que nous nous éloignons un peu du
problème. Il est entendu que la commission de l'Assemblée
nationale aura à se pencher, éventuellement, sur tout le
problème de la Loi électorale. C'est entendu, c'est
évident. Il ne faudrait pas trop confondre. Nous avons
déjà assez de problèmes avec la carte. Il faudrait
peut-être s'en tenir à la carte, même si, je le reconnais,
la carte pourrait avoir des conséquences sur des amendements possibles
à la loi.
M. LEGER: M. le Président, je ne veux pas retarder les travaux.
Il faut passer assez rapidement. On a assez perdu de temps. Les implications
étaient les suivantes: Etant donné qu'on adopte en 1972 les
nouveaux comtés, il faudra, à ce moment-là, avoir des
délais pour nommer des nouveaux présidents d'élection.
M. HARDY: Oui, oui.
M. LEGER: Est-ce que nous avons le temps de le faire? C'est la question
que je pose.
M. BACON: Je soulève un point de règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Trois-Rivières, sur
un point de règlement.
M. LEGER : La nuisance publique parle pour rien encore. C'est simplement
une question que je pose.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Le député de Lafontaine ne suit jamais les
règlements, de toute façon, soit en Chambre ou aux commissions
parlementaires!
Je soulève un point de règlement. On en est aux districts
électoraux. La Loi de la réforme électorale, on y
reviendra, on en a déjà discuté; qu'il garde sa question
pour plus tard.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais rappeler aux membres qu'ils devraient s'en
tenir aux questions posées à la commission Drouin, s'il y avait
possibilité de conserver l'ordre du jour.
M. LEGER : Est-ce que le représentant du gouvernement pourrait
nous dire à quelle occasion...
M. BACON : On vous le dira.
M. HARDY: Vous m'amenez à être hors d'ordre. Tout ce que je
peux vous dire, c'est que ce n'est pas le temps de discuter de ça
maintenant. On en discutera en temps et lieu.
M. LEGER: Est-ce qu'il y a une période prévue pour
ça?
M. BACON: On vous le dira.
M. HARDY: J'imagine que la commission de l'Assemblée nationale
pourra continuer à siéger après...
M. LE PRESIDENT: Le député de Verdun.
M. LEGER: M. le Président, j'ai terminé; j'avais
simplement une question mineure et l'autre était une question de
règlement.
M. LE PRESIDENT: M. Caron, député de Verdun.
Comté de Verdun
M. CARON: M. le Président, avant de poser ma question, ce n'est
pas un reproche que je veux faire à la commission Drouin; que ce soit la
commission Drouin ou une autre, il n'est pas facile de découper une
carte dans la province de Québec. Pour ma part, je vais me soumettre
à la façon dont cela finira. Mais je veux faire des remarques sur
le comté de Verdun. Le comté de Verdun, en 1922, à sa
création, portait le nom de Montréal-Verdun et en 1965, le nom de
Verdun. Ce qui veut dire que le comté existe depuis 50 ans. C'est
regrettable qu'on ait à faire des changements dans le comté, vu
que cela couvre la seule ville. Et le conseil de ville dont je fais partie
aimerait bien que le comté reste comté et ville.
M. DROUIN: Comment voulez-vous qu'on le garde avec 48,000
électeurs?
M. CARON: En plus, c'est un comté qui est facile au point de vue
de la distance.
M. DROUIN: Il y a 48,000 électeurs.
M. CARON: Vous avez fait des exceptions pour les Iles-de-la-Madeleine,
alors peut-être que ce serait possible de... Pour ma part, 40,000 ou
50,000, je n'y vois pas d'objection.
M. DROUIN: La commission à l'unanimité prétend que
l'exception prévue à l'article, ce fameux deuxième
alinéa, ne s'applique qu'en bas de 24,000 et non pas en haut de 40,000.
C'est la prétention de la commission.
M. CARON: Alors, on va se soumettre. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Dubuc, le Dr Boivin.
Comté de Dubuc
M. BOIVIN : Mon opinion personnelle est en accord avec celle des
députés de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui ont
émis des opinions précises sur la réforme de la carte
électorale en général et en particulier dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui est circonscrite. Actuellement,
des représentants de plus de 20,000 personnes du comté de Dubuc
ont contesté le rapport de la commission. Je dois poser certaines
questions à la commission. Vous nous dites toujours que la carte
électorale a 104 ans. Est-ce qu'il n'y a pas eu un
réaménagement, il y a quelques années, dans une
région bien circonscrite comme les Laurentides autant que les
Iles-de-la-Madeleine?
M. DROUIN: En 1965, la carte électorale a établi les
districts électoraux de Roberval, Jonquière-Kénogami,
Chicoutimi, Lac-Saint-Jean et il y en a eu un cinquième, le
vôtre.
M. BOIVIN: Est-ce votre opinion que des changements à
l'intérieur de la région Saguenay-Lac-Saint-Jean n'auront aucune
répercussion sur le reste de la province?
M. DROUIN: Cela dépend à quel point de vue vous vous
placez.
M. BOIVIN: Vous nous dites toujours: Si on touche à ça,
ça va déranger toute...
M. DROUIN: Evidemment. Vous savez, si...
M. BOIVIN: C'est circonscrit par les normes...
M. DROUIN: ... nous descendons, par exemple, dans le district
électoral de Saguenay si on se borne à ne prendre que quelques
municipalités sur le bord du fleuve, cela va, mais si on en prend
plusieurs si on empiète sur Charlevoix, on empiète sur Chauveau,
sur Louis-Fréchette et sur Limoilou, il faut changer toute la ville de
Québec.
M. BOIVIN: Mais, est-ce que vous ne croyez pas que ce
réaménagement qui a été fait en 1965 aurait pu
être considéré comme sage et rationnel sans créer
tout ce remous politique que vous occasionne le remaniement d'une carte?
M. DROUIN: Vous avez un Dubuc de 25,000 et vous avez un Roberval de
31,000. Nous avons jugé que l'un était trop élevé
par rapport à l'autre. Nous avons pensé que Chicoutimi,
étant une ville importante de la province de Québec, devait
être traitée comme les autres villes importante
c'est-à-dire ne pas être dans un district électoral de
27,000 à côté d'un Jonquière de 34,000, mais d'avoir
un plus grand nombre d'électeurs.
M. BOIVIN: A 27,000 est-ce que cela ne correspondait pas aux normes,
32,000 25,000...
M. DROUIN: Oui, je comprends, cela correspond aux normes, mais il a
fallu nous établir des lignes de conduite. Nous ne pouvions pas prendre
les 32,000 et jouer comme cela à coups de couteau. La base est 32,000
mais on ne peut pas mettre un Dubuc par exemple de 38,000 et mettre un
Lafontaine de 30,000. Vous me comprenez? Les comtés des
extrémités de l'île de Montréal, les districts
électoraux dont la population électorale augmente beaucoup de
quatre ans en quatre ans, nous les avons mis plus bas que ceux qui diminuent.
C'est pour cela qu'à Montréal vous en avez qui comptent
36,000, 34,000 35,000. Alors, c'est pour cela que nous avons fait des
changements.
M. BOIVIN: Avez-vous tenu compte du fait que le comté de Dubuc a
perdu au-delà de 2,000 personnes dans la relocalisation de Saint-Jean-
Vianney ?
M. DROUIN: Nous sommes obligés de prendre, tel que la loi nous le
dit, les électeurs. Les électeurs on les prend en 1970.
Après les élections de 1974 ou 1975, nous devrons faire une autre
carte et là nous prendrons les électeurs de 1974 ou 1975 suivant
que l'élection aura eu lieu en 1974 ou en 1975 mais il faut prendre les
électeurs quelque part. On ne peut pas dire: Voici un village qui est
disparu, il faut enlever les personnes qui sont disparues, il y a des familles
entières qui sont déménagées ailleurs, elles ne
sont pas nécessairement en dehors de Dubuc. On ne peut pas faire des
enquêtes pour savoir cela. Il faut prendre les chiffres de 1970.
M. BOIVIN: Nous avons eu des représentations de la ville de
Chicoutimi-Nord en particulier qui protestent contre ce regroupement. Est-ce
que vous avez tenu compte que, dans le réaménagement municipal,
on a laissé la ville de Chicoutimi-Nord hors des cadres de la ville de
Chicoutimi?
M. DROUIN: Oui. On a fait la même chose avec Chicoutimi-Nord que
nous avons fait de...
M. BOIVIN: Non. Dans le réaménagement, au point de vue
municipal, Chicoutimi-Nord reste avec le canton Tremblay, en dehors de
Chicoutimi. Alors, vous pouviez faire très bien un
réaménagement...
M. HARVEY (Jonquière): Une question de règlement. Le
député de Dubuc lorsqu'il prétend que Chicoutimi-Nord
demeure en dehors de l'unité de regroupement du grand Chicoutimi, induit
la commission en erreur parce qu'en deuxième phase la ville de
Chicoutimi-Nord et le canton Tremblay sont regroupés à la ville
de Chicoutimi comme grande ville dans l'unité de regroupement.
M. DROUIN: Ce n'est pas le décret que nous avons
actuellement.
M. HARVEY (Jonquière): Le décret vous dit très bien
qu'en première phase, la ville de Chicoutimi regroupe les
municipalités de Rivière-du-Moulin et du canton de Chicoutimi. En
première phase déjà complétée,
Chicoutimi-Nord a annexé le canton Tremblay et, en deuxième
phase, Chicoutimi-Nord, qui a été additionnée au canton
Tremblay, va être regroupée avec la ville de Chicoutimi.
C'est le contraire de ce que vous venez d'affirmer.
M. BOIVIN : Je dois présenter les protestations de la part des
gens de Chicoutimi-Nord, parce que la commission pouvait très bien
réaménager, tel que le disait la loi, avec 32,000, 25 p.c. en
moins, 25 p.c. en plus, sans créer tout ce remous politique que va
créer la réforme de la carte électorale.
M. DROUIN: Vous nous reprochez d'avoir mis Chicoutimi-Nord avec
Chicoutimi.
M. BOIVIN : On proteste.
M. DROUIN: On fait le contraire ailleurs, on nous reproche de ne pas
avoir uni Trois-Rivières-Ouest avec Trois-Rivières. On a fait un
réaménagement et dans le réaménagement qu'on a
fait, on a tenu compte de tout, on a essayé de tous les
côtés, on a trouvé que c'était cela qui était
le moins pire. Si vous avez des changements...
M. BOIVIN : Le moins pire, pourquoi vous nous dites...
M. DROUIN: Parce qu'on ne peut jamais avoir le meilleur en carte
électorale.
M. BOIVIN: Le moins pire, pourquoi? Je dois faire la
représentation pour les 15,000 de population, au-delà de 20,000
protestent.
M. PREMONT: M. Boivin, je crois que ça rejoint vos remarques.
Vous avez raison de faire part de certaines représentations qui vous ont
été adressées. Mais lorsque nous sommes arrivés
à cette région... Evidemment vous disiez au début de vos
remarques qu'il y a peut-être moins de conséquences par extension
par rapport aux autres régions de la province, c'est en partie exact.
Mais nous avions devant nous des nombres qui étaient
déséquilibrés. Nous avions un Chicoutimi inférieur
à 27,000, nous avions un Roberval très élevé par
rapport à la région. Nous avions un Jonquière beaucoup
trop élevé, par rapport à Chicoutimi. Nous avions un Dubuc
dans la norme, si on se place à votre point de vue. En redistribuant,
comme voie de conséquence, Jonquière a perdu près de 2,000
électeurs, Lac-Saint-Jean en a gagné par ailleurs.
M. BOIVIN : Ils ne les ont pas perdus.
M. PREMONT: Roberval et Dubuc ont perdu quelques électeurs. Mais
Chicoutimi a atteint la norme urbaine. Evidemment, j'ai cru comprendre,
à la suite des représentations de certains membres de votre
région j'ai à l'esprit M. Lamontagne, je crois, de
Roberval et M. Pilote qui ont fait certaines représentations
elles rejoignent probablement, en conséquence, vos propres
représentations. Là encore, nous ne nous engageons pas. Nous
étudierons les demandes qui peuvent être formulées, mais il
n'est peut-être pas facile je me permets de le
dire immédiatement d'aller au-delà de vos demandes,
c'est-à-dire de prendre à la lettre chacune de vos
représentations devant un Chicoutimi qui était trop faible.
Chicoutimi, on ne peut pas prendre sa population à Roberval, on ne peut
pas la prendre dans le Lac-Saint-Jean. C'est dans la périphérie,
par voie de conséquence, du moins, dans le voisinage immédiat.
Nous avons ce souci de donner autant que possible justice aux gens de la
région et je crois que vous rejoignez en cela les remarques du
député de Roberval surtout; on peut dire que la région de
Chicoutimi-Lac-Saint-Jean, Saguenay-Lac-Saint-Jean est une région
peut-être pas comme les autres. Cela rejoint également les
remarques de M. Roy, député de Beauce. Encore une autre
région qui s'identifie. Nous allons étudier, dans la mesure du
possible, le meilleur réaménagement possible.
M. BOIVIN: Même si le comté de Roberval avait 31,000 de
population et même le comté du Lac-Saint-Jean, s'il fallait le
diviser, on ne perdait pas espoir dans la région d'avoir un
sixième comté, la possibilité d'un sixième
comté.
M. DROUIN: Pour le sixième comté, vous n'aviez pas le
nombre d'électeurs voulu, vous n'aviez pas 150,000 électeurs.
M. BOIVIN: S'il y avait un réaménagement, puisqu'il
fallait faire ce réaménagement d'une carte qui a
été touchée en 1965, il fallait le faire pour quelque
chose de sérieux, pour le bien de la région.
M. DROUIN: Il n'est pas certain qu'après les prochaines
élections, vous n'ayez pas le nombre d'électeurs voulu pour avoir
un sixième district.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai dit onze...
M. LE PRESIDENT: Avez-vous terminé, docteur?
M. BOIVIN : J'espère que la commission Drouin restera dans les
normes, quoique j'ai pratiquement prouvé qu'on pourrait ne pas toucher
à la carte sans désobéir à la loi et
j'espère que la commission Drouin aura des recommandations à
faire au gouvernement et à la commission, des recommandations faites en
toute liberté.
M. DROUIN: Au sujet des changements que vous voudriez apporter, si vous
voulez qu'on prenne telle municipalité pour la remplacer par telle
autre, faites votre demande à la commission et nous allons y donner
suite, si possibilité il y a.
M. BOIVIN: Je ferai les représentations à la commission,
je présenterai même un projet tel que je le vois. Merci.
M. HARVEY (Jonquière): J'aurais une simple question à
poser à M. Drouin. En 1965, lors du dernier changement apporté
à la carte électorale du Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous, M.
Drouin, faisiez partie du comité Drouin qui était composé
de M. Laplante, M. Verge et vous présidiez le comité.
Vous avez déposé un rapport préliminaire et un
rapport final dans lequel votre comité recommandait la création
du comté de Dubuc qui ne comprenait pas la ville de Chicoutimi-Nord qui
était avec Chicoutimi. Je voudrais savoir si je suis dans l'erreur en
disant que c'est à la toute dernière minute, avec l'approbation
du chef de l'Opposition du temps, feu l'honorable Daniel Johnson et celle de M.
Lesage, que la ville de Chicoutimi-Nord a été incluse dans votre
rapport qui ne contenait pas cette recommandation.
En définitive, le document déposé le 1er mars en ce
qui concerne Dubuc était, à quelques exceptions près, la
même recommandation que le comité Drouin avait faite en 1965.
M. DROUIN: Vous avez raison.
M. BOIVIN: M. le Président, je voudrais préciser que si la
proposition avait été faite par l'honorable Johnson, le chef de
l'Opposition, ça avait été appuyé par le ministre
du Revenu actuel.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, je voudrais
apporter ici une correction parce que j'étais député et,
dans le temps, M. Boivin était maire de Chicoutimi-Nord. Tout ce que
j'avais fait, à la demande de M. Johnson et de M. Lesage, c'est que je
ne m'étais pas opposé et le vote avait été
évité. J'avais appuyé la recommandation du comité
intermunicipal composé de 28 villes du Haut-Saguenay, recommandant
premièrement la création du comté Dubuc et suivant la
recommandation du comité Drouin.
Mais comme on voulait éviter un vote sur la question
d'additionner Chicoutimi-Nord au comté de Dubuc, je n'ai pas voté
et je ne me suis pas opposé, à la dernière minute,
à ce changement proposé par M. Cliche et appuyé par M.
Johnson, et non par le député de Jonquière.
M. BOIVIN: Alors, ce sont les mêmes représentations qui se
font actuellement...
M. HARVEY (Jonquière): D'accord.
M. BOIVIN: ... où il y a 20,000 électeurs qui protestent
contre la décision de la commission.
M. HARVEY (Jonquière): M. Drouin, en terminant, je voudrais vous
demander si, lorsqu'on prétend qu'il y a des protestations de la
part de 20,000 personnes, ce sont des personnes qui se sont plaintes
à vos bureaux ou à la commission permanente des districts
électoraux.
M. BOIVIN : J'ai reçu les protestations et je les ai
adressées. Je ne sais pas si on les a envoyées directement
à la commission, mais il y a à Chicoutimi-Nord 15,000 personnes
qui ont protesté; la municipalité de Saint-Honoré... A la
paroisse de Saint-Fulgence c'est le conseil municipal.
M. HARVEY (Jonquière): Très bien, j'ai ma réponse.
C'est le conseil municipal qui comprend les 20,000 personnes. D'accord. Alors,
on déposera des suggestions à la commission parlementaire, pour
déférence à votre commission pour étude plus
approfondie. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Témiscouata.
Comté de Témiscouata
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, la
réforme de la carte électorale n'a pas été sans
amener quelques problèmes dans le comté de
Témiscouata...
M. LE PRESIDENT: Veuillez m'excuser, M. Simard, nous ne vous entendons
pas. Veuillez approcher. Merci.
M. SIMARD (Témiscouata): La réforme de la carte
électorale n'a pas été sans amener quelques
problèmes dans le comté de Témiscouata comme ailleurs, des
problèmes que nous considérons comme mineurs. A la suite de la
réunion du conseil de comté, le 13 mars dernier, les maires,
à l'unanimité, ont accepté le rapport de la commission
Drouin, quant à la nouvelle délimitation du comté de
Témiscouata, mais avec la seule restriction qu'ils l'acceptaient tel
quel, sans modification.
Je sais que vous avez tenu compte, dans votre rapport, comme vous le
mentionnez d'ailleurs dans vos conclusions, que le comté de
Témiscouata était pratiquement un comté à 100 p.c.
rural.
La nouvelle délimitation, moi-même et les 18 ou 19 maires
présents à l'assemblée n'en voyons pas
d'inconvénients. Je sais que durant les récentes réunions
de la commission mes collègues ont tenté, par leurs moyens, de
vous faire des suggestions qui, à mon sens, ne sont pas valables pour la
simple raison qu'on a fait disparaître un nom de comté; par
exemple, on invoque toutes sortes de choses pour essayer de diviser des gens
qui se doivent de continuer à travailler ensemble parce que nous formons
une unité, le Témiscouata, et les gens se sont toujours bien
entendus. Je verrais mal qu'on tente de les diviser en deux pour satisfaire une
ville, soit Rivière-du-Loup.
Dans l'ensemble, comme je vous l'ai mentionné, nous acceptons
cette nouvelle délimitation mais avec la réserve au bas de notre
résolution que vous avez reçue et dont vous avez accusé
réception, que nous l'acceptons telle quelle, sans modification.
M. DROUIN : Merci, monsieur. M. LE PRESIDENT: M. Pearson.
M. PEARSON: M. le Président, presque à la fin de ces
séances, je voudrais dire ceci : La loi a donné un mandat
très précis à la commission Drouin, c'est-à-dire
32,000 électeurs en plus ou en moins. Après plusieurs
séances, de nombreuses demandes de changements ont été
faites à la commission Drouin. Je me demande si, dans les circonstances,
la commission parlementaire ne devrait pas étudier les
conséquences du mandat donné, soit pour le reconfirmer au moins
moralement ou suggérer à l'Assemblée nationale de le
changer pour donner plus de latitude à la commission. Par exemple, en
donnant un mandat de 25 p.c. à 40 p.c. en spécifiant que cet
écart serait exceptionnel et ne devrait pas dépasser de 10 p.c.
à 15 p.c. Autrement, j'ai l'impression que la commission va être
encore prise dans une espèce de camisole de force et sera
empêchée d'apporter tous les changements qui lui sont
suggérés par les membres de la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: M. Gagnon.
Comté de Gaspé-Nord
M. GAGNON: M. le Président, l'autre jour j'ai fait une
intervention pour dire à la commission que la loi l'obligeait à
faire un travail entre quatre murs du parlement et que ce travail, surtout pour
ma région, présentait de grossières erreurs; sans pour
autant la blâmer, tout au contraire, mais blâmer plutôt la
commission de ne pas avoir prévu cette soupape de pouvoir se
déplacer dans les régions.
J'avais cru bon, à ce moment-là, de demander à des
gens qui travaillent actuellement à la bibliothèque de
préparer un travail pour ma région. Gaspé-Nord; eux aussi,
ils l'ont fait entre quatre murs, ils ont présenté de
grossières erreurs et je ne peux pas me servir de ce travail. La
commission a une idée du travail lorsqu'on le fait dans des bureaux et
il est différent quand on peut se déplacer. Entre autres, j'ai
présent à la mémoire le travail que j'ai fait
préparer par les gens de la bibliothèque, on dit que dans mon
comté il y a dix municipalités, il y en a quatorze. Cela
représente 40 p.c. d'erreur On dit qu'il y a 16,000 de population, il y
en a 25,000. Cela représente 40 p.c. d'erreur.
Devant toutes ces erreurs assez graves je ne suis pas chanceux
dans le rapport que la commission a déposé, je fais
préparer un rapport pour les discussions. Si la commission ne
peut décider de demander que vous soyez itinérants, je
crois que la suggestion que j'ai faite tout à l'heure devrait être
acceptée.
Vous devriez être ici pour accueillir les corps
intermédiaires, les corps publics ou les autres comités
préparés à cette fin qui prépareront des
mémoires et qui questionneront la commission. A ce moment-là,
nous pourrions mieux nous renseigner sur le fait qu'il ne s'agit pas pour les
députés de garder des fiefs mais qu'il s'agit pour la population
qui paye des taxes de faire des représentations. L'on comprendra
très bien que c'est la population qui demande certaines révisions
au rapport qui a été déposé.
D'ailleurs, je vous ai écouté disant: Sur les
représentations des différents députés, on ne peut
pas s'occuper de la zone administrative, on ne peut pas s'occuper de la
topographie de terrains ou de la démographie, il faut essayer de trouver
des critères qui répondent aux exigences de la loi. Je vous ai
fait une suggestion concernant les Iles-de-la-Madeleine, non pas que je
désire que les Iles-de-la-Madeleine disparaissent, au contraire. Comme
mon comté, je crois, face aux problèmes que j'expliquerai tout
à l'heure, qu'elles doivent demeurer. Mais j'ai pensé, face aux
principes que vous aviez énoncés, que les Iles-de-la-Madeleine
devaient subir le même contrecoup. La commission a présenté
des suggestions sentimentales, vous aviez peur que les Iles-de-la-Madeleine
soient oubliées. Il n'appartient pas à la commission de savoir si
elles peuvent être oubliées, cela appartient au
député qui est élu. S'il est oublié, le peuple le
jugera. S'il s'occupe de son comté, le peuple le jugera. Alors, si on
fait exception pour les Iles-de-la-Madeleine, je suis d'accord on
doit également faire exception pour d'autres régions avec
lesquelles on peut établir des faits très apparents.
Je dirai que si je me bats ici, ce n'est pas pour un fief. J'ai
été élu trois fois et, si je suis obligé de me
présenter dans Matane, par la force des choses, je demanderais aux
journalistes d'aller faire une enquête dans Matane et on verra que je
n'ai aucune crainte d'aller me présenter et de battre un ministre du
gouvernement. Mais les racines sont beaucoup plus profondes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un ministre?
M. GAGNON: Il s'appelle M. Bienvenue. Les racines sont beaucoup plus
profondes, elles sont aux besoins au peuple. Le peuple ne s'occupe pas des
moyens qui sont, je dirais, techniques, ni arithmétiques, ni
mathématiques, ou tout ce qui finit en "ique". Ce que le peuple regarde,
ce sont ses besoins. Ce que le peuple regarde, ce sont ceux qui les
représentent parce que, dans nos régions, aussi longtemps que le
gouvernement ne sera pas présent avec des organismes munis de pouvoirs
de décision, on réclamera la même chose qu'à
Montréal. Dans les comtés de
Montréal, les députés ont des organismes sur place,
des organismes gouvernementaux, administratifs qui répondent à 95
p.c, très bien, aux revendications de la population. Si vous voulez un
exemple, vous n'aviez qu'à écouter il y a deux ou trois ans M.
Lapalme ou M. Hyde, qui ont présenté un travail qu'ils ont
reçu dans leur bureau de leurs électeurs; il représentait
à peu près un cinquante millième de travail par rapport au
travail de celui qui vous parle.
On comprendra qu'il est normal que, dans les régions urbaines, on
n'ait peut-être pas la même optique que dans les régions
rurales. Je sais pertinemment qu'en ville on n'a pas de mines et on n'a pas de
richesses naturelles. Je sais pertinemment que dans la ville de
Montréal, par exemple, la voirie, sauf les grandes artères, est
la responsabilité de la ville. On n'a pas de lacs, on n'a pas de faune
aquatique ni terrestre dans la ville. On n'a pas de forêts, on n'a pas de
pêches maritimes, on n'a pas d'agriculture. On n'a pas de chemins miniers
ou de chemins de forêt. Ce sont autant de problèmes que les
députés n'ont pas mais les députés des villes,
à 99 p.c, réfèrent les problèmes à la ville
parce qu'elle s'occupe des services sociaux qui sont même mieux
organisés que nos campagnes. Moi qui vous parle, durant une
période de quatre ans, de 1966 à 1970, j'ai eu 55,000 lettres.
J'ai eu des dizaines de milliers de visiteurs qui sont venus me voir et
m'exposer leurs problèmes.
Quand nous les écoutons, on se dit qu'il est normal qu'ils aient
des problèmes. Pourquoi? C'est parce qu'on voit dans le
député l'homme qui peut le mieux porter leurs doléances.
Les gens chez nous sont parfaitement au courant. Prenons comme exemple le
ministère de l'Education avec ses centaines de services peut-être.
Lorsqu'ils adressent une lettre au ministère de l'Education, elle se
pavane peut-être quatre, cinq, sept, huit, dix, quinze jours parce
qu'elle n'a pas été adressée au bon service.
L'électeur dit: Celui qui peut mieux diriger ma demande, c'est le
député parce qu'il est au courant, parce qu'il n'y aura pas cette
perte de temps et, lorsque je recevrai la réponse, si je l'envoie
directement au ministère, je n'aurai plus besoin de la réponse,
il sera trop tard. Aussi longtemps que le gouvernement n'aura pas sur place des
structures administratives bien organisées avec pouvoirs de
décision, vous ne pouvez pas vivre d'illusions face aux besoins des
électeurs. C'est pour ça que j'ai dit tout à l'heure
qu'une redistribution de la carte électorale ce n'est pas un fief, ce
n'est pas un député, ce n'est pas un parti politique qui tente de
sauver quelque chose, ce sont eux qui sont les porte-parole de la population et
ce sont eux qui connaissent mieux les effets d'une redistribution de carte
électorale. J'ai la conviction morale qu'ici, à la table,
après toutes les discussions que nous avons eues, si nous avions
à adopter de nouveau le projet de loi qui est là, il serait
considérablement amendé parce que, dans mon opinion, je vous le
dis en bon canadien, j'ai l'impression
que je me suis fait "poigner" un peu par le projet de loi. C'est aussi
clair et c'est aussi franc que cela.
Ce sont là les remarques que je voulais faire. Avant de terminer,
je vais poser une question à M. Drouin, président de la
commission. Etes-vous d'avis qu'il ne serait pas utile pour vous d'entendre les
différents organismes qui aimeraient se présenter devant la
commission pour vous faire valoir leur point de vue sur les avantages ou sur
les désavantages que présente actuellement le projet de loi? La
commission n'ayant pas chargé votre organisme d'être
itinérant et de parcourir toute la province, il est essentiel que vous
soyez bien documentés. Si vous l'aviez fait avant de venir ici, il vous
aurait été possible et facile de répondre à toutes
les demandes des députés et j'ai la conviction morale qu'ils
auraient été beaucoup plus satisfaits qu'ils ne le sont
actuellement. Croyez-vous, dans le contexte actuel, qu'il ne serait pas utile
que la commission entende de ces comités ou de ces corps
intermédiaires et qu'également elle soit questionnée pour
qu'on évite de dire et qu'on arrête de dire que c'est une question
de député ou de fief? J'aimerais connaître votre
opinion.
M. DROUIN: Avec le système que l'Assemblée nationale a
adopté, c'est le député qui a le dernier mot. Je ne crois
pas qu'il soit utile ou nécessaire d'aller entendre les corps
intermédiaires dans les différents districts. Nous n'avions le
même système qu'au fédéral, où la Chambre des
communes se dépouille de ses droits, où la commission
nommée par le fédéral publie ses cartes et les parties
intéressées ont trois semaines pour faire connaître leur
avis par des mémoires... nous allons ensuite les entendre dans les
principaux endroits. Mais, avec le système établi ici, même
si les corps intermédiaires disent: On ne veut pas ça, si le
député le veut, quand le bill va être rendu à la
Chambre, c'est le député qui a le dernier mot et c'est là
qu'il va se voter. Cela ne servirait à rien et cela n'avancerait pas.
C'est mon opinion.
M. GAGNON: J'aurais mieux aimé, M. Drouin, que vous me disiez: Vu
que c'est le député qui a le dernier mot, sans doute que cela
pourrait être utile à tous les députés alors que
nous, également, nous serons présents, d'entendre les corps
intermédiaires, les corps publics ou les autres organismes qui
désirent se présenter à la commission. En effet, ceux qui
vont les entendre, d'accord, vous serez les membres de la commission, mais tous
les députés vont être ici pour les entendre.
C'est précisément l'utilité. C'est ce que je veux
qu'on dégage. D'abord pour faire une parenthèse on
présente un tas de projets de loi à la commission et on demande
à tous d'être présents. On siège assez souvent
à la chambre 81 quand il s'agit d'un projet aussi important que la
redistribution de la carte électorale. On dit: Je ne sais pas. C'est
précisément pourqoui je posais la question. Je pensais que vous
alliez dire: Si les députés jugent que c'est utile, c'est bien,
et non pas dire: Je ne crois pas que ce soit utile. Le député a
la dernière parole. Au contraire, c'est utile parce qu'on a la
dernière parole et qu'on veut précisément être bien
renseigné, que les journalistes également soient bien
renseignés. Les gens qui vont se présenter devant la commission
ne diront pas: Ce n'est pas Gagnon de Gaspé-Nord; ce n'est pas un autre
de telle région, de tel comté; c'est nous, la population, les
contribuables, qui aimons nous faire entendre et on veut apporter à la
commission des lumières qui pourraient être de nature à
mieux la diriger, à prendre des décisions plus sages et à
présenter un projet de loi plus sain, en fonction de toute cette
redistribution de la carte électorale.
M. DROUIN: Je respecte votre opinion. Vous m'avez demandé mon
idée. Je vous l'ai dit honnêtement. Il aurait fallu voter un bill,
le bill 80, libellé autrement.
M. GAGNON: On n'a pas viré la réponse à ça.
Vous avez passablement de pouvoirs au dernier paragraphe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez le pouvoir d'entendre des
témoins, de discuter de ça.
M. DROUIN: M. Tremblay, je ne partage pas votre opinion à savoir
que l'article 10 nous oblige ou nous permettre d'aller faire des enquêtes
sur les lieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 10, M. le Président, vous
permet, ne vous oblige pas, mais vous donne tous les droits et pouvoirs des
commissaires nommés en vertu de la Loi des commissions d'enquête.
N'essayez pas de triturer ou de faire des interprétations fantaisistes.
Vous êtes avocat. Tout est là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. Gagnon.
M. GAGNON: M. le Président, même certains journalistes de
Montréal ont donné de sages conseils à la commission, soit
de ne pas rêver en couleur. Si c'était même en couleur, ce
serait beau. Ne pas rêver en noir et blanc, c'est-à-dire, dans une
redistribution de carte électorale, la faire beaucoup plus pratique,
plutôt en fonction des régions rurales que des régions de
ville.
Maintenant, pour conclure. J'ai écouté beaucoup les
représentations. Je vais vous donner une opinion personnelle. A moins
que le parti, qui est le parti au pouvoir, le gouvernement, tienne compte des
représentations, des recommandations extrêmement valables que
plusieurs de ces députés lui ont faites, les
députés du Parti libéral. Si on ne tient pas compte de
ça, la
commission a été de la bouillabaisse, perte de temps,
discussions inutiles, perte d'argent. Si la décision est prise,
précisément si on respecte l'opinion des gens, à savoir
que ce n'est pas la commission qui mène c'est l'appareil,
appelons ça démocratique ou n'importe quoi si on vient ici
pour donner nos opinions et que cela ne change rien dans un projet de loi, dans
une redistribution de carte électorale je vais poser la question
pourquoi nous avez-vous demandé de perdre du temps alors qu'il
est si précieux ailleurs?
Comté de Terrebonne
M. HARDY: M. le Président, comme tous les autres
députés, moi aussi, j'ai reçu des représentations,
très peu mais j'en ai reçu et je considère qu'il est de
mon devoir de poser des questions à ce sujet. Alors, je voudrais vous
demander pour quelle raison vous avez placé la paroisse de
Sainte-Anne-des-Plaines dans le comté de Prévost plutôt que
dans le comté de Terrebonne? Sainte-Anne-des-Plaines, m'a-t-on fait
valoir, est rattachée à Sainte-Thérèse sur le plan
scolaire et pourrait éventuellement être rattachée à
Sainte-Thérèse sur le plan municipal.
Deuxièmement, je dois vous demander également le
député de Montcalm, n'est pas ici, j'ai eu l'occasion avec lui de
rencontrer des gens de Saint-Calixte pourquoi avez-vous placé
Saint-Calixte dans Joliette plutôt que dans Saint-Jérôme
alors que les gens de Saint-Calixte nous font valoir que leurs relations sont
beaucoup plus intimes avec Saint-Jérôme qu'avec Joliette?
M. DROUIN: A vos deux questions, M. le député de
Terrebonne, on peut répondre de la même façon. Il
était nécessaire de placer ces deux municipalités dans les
districts électoraux où elles ont été
placées pour équilibrer le nombre d'électeurs. Parfois,
vous n'avez pas beaucoup d'électeurs dans une municipalité. Dans
une municipalité de 300, 600, ou 900, si vous la déplacez, vous
doublez tout de suite. Si vous l'ôtez d'un district et si vous la mettez
dans l'autre, vous baissez l'un de 300 et vous augmentez l'autre de 300 cela
fait 600; ces 600, si vous les baissez de 600, vous montez l'autre de 1,200.
Alors, c'était tout simplement cela. Mais si, comme les autres, vous
voulez qu'on remplace telle municipalité par telle autre dans votre
district électoral, on le fera, on l'étudiera. On vous rendra la
même justice qu'on rend aux autres et on ne rendra pas plus de justice
à un tel plutôt qu'à tel autre. On va rendre la même
justice à tout le monde.
M. HARDY: Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Tremblay.
Comtés de Montréal
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je serai très
bref. J'ignore qu'elle sera la décision de la commission en ce qui
concerne d'autres séances ultérieures à cette
séance-ci. Je désirerais poser quelques questions, une ou deux,
au président de la commission Drouin.
D'abord, je tiens à souligner à l'attention des
journalistes experts qu'ils n'ont entendu de ma part aucun gémissement,
comme ils nous ont dit hier soir en ce qui concerne ma propre circonscription.
La seule déclaration que j'ai faite et qui a été
rapportée honnêtement et objectivement par les journaux de ma
région a été celle-ci: Je suis désolé qu'on
enlève certaines gens qui faisaient partie du comté de
Chicoutimi, je suis heureux d'accueillir ceux qu'on intégrera dans le
comté de Chicoutimi. C'est tout ce que j'ai dit.
J'ai pris le problème, par exemple dans l'ensemble, j'ai fait des
représentations que j'ai reprises ici et que vous connaissez, sur
lesquelles je n'ai pas l'intention de revenir.
Je voudrais vous poser une question, M. le Président, en ce qui
concerne les comtés de Montréal. Parce qu'on a très peu
parlé des comtés de Montréal. Je voudrais vous demander,
M. le président des élections, M. le président de la
commission Drouin, sur le plan socio-culturel, sur le plan ethnique, quels ont
été les critères qui vous ont guidés, afin de faire
le découpage que vous nous proposez. Est-ce que vous avez tenu compte
des groupes de population qui représentent ce qu'on appelle des
entités ethniques ou est-ce que ces entités ethniques sont
à ce point dispersées sur les territoires de l'île de
Montréal que cela ne constituerait pas un problème?
M. DROUIN: Nous avons tenu compte de ces deux critères, pour
autant que nous pouvions le faire. Nous avons même examiné si nous
ne pouvions pas, dans une région de Montréal, réunir assez
d'Italiens pour faire un district à majorité italienne. Cela a
été impossible parce qu'à ce moment-là on
déséquilibrait tous les autres. Nous avions deux critères
importants dans la loi: les 32,000 et, tout de suite après, la variation
de population. La variation de la population, vous l'avez en nombre de
têtes et vous l'avez en nombre d'électeurs. Vous aviez, dans
Montréal même, neuf districts dont la population a baissé
de 1966 à 1970, au point de vue électoral. Je peux vous les
nommer, si ça vous intéresse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'aimerais le savoir.
M. DROUIN: La variation négative de 1,000: en bas de 1,000, vous
avez Dorion, 232; Gouin, 115; Maisonneuve, 871; Saint-Louis, 694; en haut de
1,000, vous avez Mercier,
1,900; Sainte-Anne, 5,450; Sainte-Marie 3,047; Saint-Henri, 1,482 et
Saint-Jacques 3,209. Variation positive de 0 à 1,000: Laurier, 507;
Notre-Dame-de-Grâce, 277; Outremont, 530. De 1,000 à 10,000, vous
avez Bourget, 2,602; D'Arcy-McGee, 2,327; Jeanne-Mance, 1,261; Verdun, 1,168;
Westmount, 1,004. Dans la périphérie maintenant, Ahuntsic a
augmenté de 1,800, Bourassa de 14,000, Chambly de 5,200, Fabre de 8,883,
Jacques-Cartier de 3,861, Lafontaine de 10,030, Laval de 8,877,
Marguerite-Bourgeois de 11,812, Olier de 10,712, Robert-Baldwin de 10,819,
Saint-Laurent de 6,209 et Taillon de 11,209.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, compte tenu de ce que
vous venez de dire, est-ce que vous avez considéré la
représentation anglophone dans l'ensemble ou dans certains comtés
de Montréal et de la périphérie?
M. DROUIN: Nous n'avons pas spécifiquement tenu compte si tel
district était en majorité anglophone ou si tel district
était en majorité francophone. Nous avons fait la carte telle que
la loi nous l'imposait; nous en avons fait plusieurs sur l'île de
Montréal. Nous avons choisi, à notre sens, ce qui était le
plus respectablement admis. Comme je vous l'ai dit, dans les bouts de
l'île, on a commencé par 32,000 environ, un peu plus ou un peu
moins, et à mesure que nous venions vers le centre, nous avons atteint
34,000, 35,000, 36,000, 37,000, pour arriver à 38,000. C'est ça
que nous avons fait. C'est comme ça que nous avons
procédé. Evidemment, nous avions des bornes naturelles parce que
nous n'avons pas débordé de l'île. Nous n'avons pas
sauté par-dessus les cours d'eau. C'est pareil dans Laval; nous ne
sommes pas sortis de l'île Jésus. Nous avons fait simplement un
troisième disctrict.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans le cas du comté de Robert-Baldwin,
vous avez fait deux comtés. Ce sont maintenant, Robert-Baldwin et
Pointe-Claire. Qu'est-ce qui explique la division est-ouest au lieu de la
division nord-sud, ce qui a comme résultat de faire, dans le
comté de Pointe-Claire, un comté à majorité
anglophone avec une toute petite enclave francophone alors que le comté,
tel qu'il existe actuellement, n'avait pas la même base de
représentation.
M. DROUIN: Nous avons dit, dans notre rapport écrit, qu'on a tenu
compte des obstacles naturels, tels que des carrières, des autoroutes.
Et ici, c'est l'autoroute qui a été la base, quant à
nous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et ici, le critère démographique
n'a pas joué. Pardon! Le critère socio-culturel ou ethnique.
M. DROUIN: Voyez-vous; le district avait, à lui seul, 61,600
électeurs. Il n'y a pas d'erreur, il avait presque ce qu'il fallait pour
en former deux. Alors, c'est ce que nous avons fait.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A cela, je n'ai pas d'objection.
M. DROUIN: Nous l'avons divisé dans un sens plutôt que dans
l'autre. Si nous l'avions divisé dans l'autre sens, vous auriez
été satisfait, d'autres ne le seraient pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il ne s'agit pas, M. le Président,
d'être personnellement satisfait ou non. Je vous demande pourquoi vous
avez créé un comté anglophone avec une petite enclave
française et un comté francophone.
M. DROUIN: C'est vous qui m'apprenez que nous avons créé
par Pointe-Claire un comté à majorité anglophone.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, c'est le député de
Robert-Baldwin qui me l'a appris.
M. DROUIN: L'autre partie est aussi anglophone que la première.
On ne peut pas l'ignorer. Quand on additionne les électeurs, vous
savez... il ne faut pas faire du "Gerrymandering" même dans ce sens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec vous, M. le
Président, et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Je vous
demande simplement si vous avez tenu compte de ces critères
socio-culturelles ou ethniques.
M. DROUIN: On en a tenu compte quand on le pouvait. Je crois que, si on
avait divisé le comté actuel de Robert-Baldwin autrement, dans
l'autre sens, on aurait eu encore deux districts électoraux à
majorité anglophone, puisque vous prétendez et je prétends
que Baldwin l'est, que Pointe-Claire l'est; donc, dans l'autre sens, on aurait
eu encore deux districts à majorité anglophone, qui ne
demeureront pas nécessairement comme ça, après les
élections de 1975.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça. De toute façon, M. le
Président, j'aurais bien des questions à poser sur Outremont,
d'Arcy-McGee, Westmount, etc. Je sais qu'on va me répondre: Nous avons
fait ce que nous pouvions faire. Je remercie M. Drouin.
M. ROY (Beauce): J'aurais également une question à poser
sur les comtés de Montréal.
M. LE PRESIDENT: Rapidement, allez.
M. ROY (Beauce): Ma question sera assez rapide: Pour quelle raison
n'a-t-on pas tenu compte du facteur de 25 p.c. dans une plus
grande mesure dans les comtés de Montréal, pour la bonne
raison qu'il y a 22 comtés de moins de cinq milles carrés et sur
les 22 comtés de moins de cinq milles carrés, vous en avez cinq
de 36,000 électeurs, neuf de 37,000. A ce moment-là, ce n'est pas
la norme de 25 p.c, c'est une norme d'à peu près 15 p.c. dont
vous avez tenu compte. Je prends les comtés numérotés 82
à 96. Vous avez quinze comtés qui se situent entre 1,000 milles
et 3,000 milles carrés et il y en a six sur quinze qui ont 28,000
électeurs. C'est encore à peu près la norme de 15 p.c. qui
a été acceptée alors qu'il avait été bien
compris dans la loi que la norme de 25 p.c. pourrait tenir compte d'un certain
équilibre entre les comtés ruraux et les comtés urbains.
Alors, si on veut revenir au terme de représentativité, de
représentation, et je ne voudrais pas que nos propos soient mal
interprétés dans le sens qu'il s'agit d'une lutte entre les
comtés ruraux et les comtés urbains, ce n'est pas du tout dans
notre esprit. Il s'agit de la représentativité, de la
représentation des gens, compte tenu du travail qu'un
député a à faire. Alors, pour quelle raison la norme de 25
p.c. n'a pas été plus respectée, telle que stipulée
dans la loi même?
M. DROUIN: Nous avons, dans Montréal, des districts
électoraux. Je pense qu'il y en a un de 38,900.
M. ROY (Beauce): Il n'y en a seulement qu'un de 38,900?
M. DROUIN: Oui.
M. ROY (Beauce): Mais la grande majorité se situe entre 36,000 et
37,000, c'est-à-dire, 15 comtés sur 22. C'est une norme de 15
p.c.
M. DROUIN: Oui. On ne peut pas toujours arriver à faire des
districts de 39,500. On avait un territoire sur lequel il fallait placer les
districts électoraux. Si on met tant de districts de 39,000, à un
certain moment, on s'aperçoit qu'il nous reste 18,000.
M. ROY (Beauce): S'il y avait un endroit où c'était facile
d'organiser une certaine planification, c'était dans Montréal
parce que vous n'aviez pas le problème d'identification
régionale. Montréal, c'est connu comme tel. Vous aviez un
territoire relativement facile à diviser. Je m'étonne et je suis
surpris de constater ce sont les observations de notre groupe la
raison pour laquelle on a tenu compte d'une marge de 15 p.c. dans son ensemble
alors que la loi disait 25 p.c.
M. DROUIN: Remarquez bien une chose. Avant de dire 25 p.c, la loi disait
que la commission doit... dans chaque district électoral... comprendre
32,000 électeurs et, à cette fin, elle devra tenir compte des
facteurs de variation de population. Et n'oubliez pas que c'est le seul
amendement qui a été apporté en Chambre. Alors, la
variation de population, je l'ai expliqué tantôt au
député de Chicoutimi... Evidemment, des districts
électoraux dont le nombre d'électeurs augmente de 10,000, il faut
prévoir de le mettre un peu plus bas que ceux du centre de la ville qui
en perdent.
M. ROY (Beauce): Pour quelle raison le même principe a-t-il
été appliqué dans les comtés ruraux où le
territoire est extrêmement grand?
M. DROUIN: Ce n'est pas spécifié dans la loi qu'on doit
s'occuper, dans nos 32,000 et dans les 25 p.c. en plus et en moins, de la
superficie.
M. ROY (Beauce): Mais si vous avez pris connaissance de la discussion,
la loi le permet.
M. DROUIN: Elle le permet dans des cas d'exception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 9, la loi vous le permet.
M. ROY (Beauce): Si on considère la loi et les discussions faites
par les différents groupements politiques, par les différentes
personnes qui sont intervenues dans l'adoption du projet de loi, en
deuxième lecture, lors de l'étude même de la loi, à
ce moment-là vous avez tout de même dû, comme membres de la
commission, constater qu'il y avait des problèmes différents,
qu'il y avait une situation complètement différente entre les
milieux ruraux et les milieux urbains. Lorsque nous avons proposé, nous
autres, une plus grande marge de manoeuvre pour les membres de la commission,
on nous a dit qu'un écart de 25 p.c. en plus ou un écart de 25
p.c. en moins répondait en quelque sorte aux impératifs ou aux
critères ou aux observations dont on avait fait part aux membres de la
commission.
Lorsqu'on constate le rapport qui nous est soumis, qui nous est
donné je comprends que vous n'avez pas une tâche facile et
j'essaie de bien comprendre le rôle que vous avez à jouer
je m'étonne quand même des réponses qu'on donne, par
exemple, de certains critères qu'on a appliqués dans certaines
régions et d'autres critères qu'on a appliqués dans
d'autres régions. Si on veut faire un parallèle avec tout
ça, il y a de la contradiction et il y en a beaucoup. Alors, on n'a pas
tenu compte du tout du facteur urbain, du facteur rural et du facteur
semi-rural et la marge de manoeuvre n'a pas été suffisamment
respectée.
Ce sont les observations que j'avais à faire à ce
stade-ci, M. le Président, et je pense que réellement la
commission devra repenser ce point, c'est extrêmement important...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Autant des citoyens...
M. ROY (Beauce): ... je pense que c'est une question de justice, si on
veut parler de représentativité. Il y va d'une question de
justice pour toute la population de la province de Québec. Quand on
regarde les comtés qui ont un mille, un mille et demi carré et
qu'on regarde des comtés qui ont 2,000 milles carrés, je pense,
M. le Président, qu'on n'a pas besoin de dessin et on n'a pas besoin,
autrement dit, de faire des recherches extrêmement grandes et
extrêmement coûteuses pour se rendre compte qu'il y a des
disproportions qui devront être réduites. Il y a trop de
disproportions à l'heure actuelle dans la refonte de la carte
électorale telle qu'elle nous est présentée. C'est
pourquoi je m'étonne justement que la norme de 25 p.c. n'ait pas
été respectée plus que cela et je trouve que les arguments
qu'on nous fournit ne tiennent pas compte, quand on regarde surtout dans la
région de Montréal les facilités que la commission Drouin
avait à ce moment-là de tenir compte d'une plus grande
différence entre les deux extrémités.
M. LE PRESIDENT: Une dernière intervention, demande d'information
à la commission; M. Audet.
Comtés du Nord-Ouest
québécois
M. AUDET: M. le Président, seulement quelques questions à
M. Drouin, au président de la commission, au sujet de l'intervention du
député de Rouyn-Noranda la semaine dernière lorsqu'il a
débattu le bien-fondé de la conservation de quatre comtés
dans la région du Nord-Ouest. Je crois que le député de
Rouyn-Noranda, à cette occasion, a évoqué la
référence à tous les cas d'exception que contient
l'article 9 de la loi 80 pour établir le bien-fondé de cette
demande.
Je crois réellement que le président, à cette
occasion, a compris toute l'importance de cette demande pour la conservation
des quatre comtés, vu sa grande superficie, vu toutes les
références que le député de Rouyn-Noranda a faites
à cette occasion.
Au sujet du nom, je suis très heureux de constater que le
président a mentionné que les députés auront le
dernier mot. Si je me rappelle bien les paroles du député de
Terrebonne, il a dit que la démocratie serait respectée. Donc,
pour ce qui concerne le député d'Abitibi-Ouest, il y a une liste
que vous nous avez fournie du nombre d'interventions des organismes des
comtés. Je voudrais vous dire que les interventions sont beaucoup plus
nombreuses que celles qui apparaissent sur votre liste. Je me ferai un devoir
de vous faire parvenir cette liste prochainement, je regrette de ne pas l'avoir
fait plus tôt.
C'est que, en masse, la population de l'Abitibi-Ouest entend conserver
le nom Abitibi pour son comté. Il est impensable et inacceptable de
vouloir changer ce nom. Je suis très heureux de voir qu'on regarde le
représentant de chaque comté comme étant le porte-parole
final pour ce choix.
M. le Président, je crois que vous allez repenser
réellement à la grande superficie du Nord-Ouest pour lui laisser
ses quatre comtés qui, si on les changeait, feraient trois comtés
plus grands que les trois comtés fédéraux.
M. DROUIN: Si vous divisez la population électorale de votre
coin, vous arrivez à quatre districts de 22,000 électeurs.
M. AUDET: Oui.
M. DROUIN: Il s'agit de savoir si nous allons accepter une exception en
dehors des Iles-de-la-Madeleine, oui ou non. C'est le point. A la suite des
demandes et représentations des députés, pensez-y et vous
prendrez une décision.
M. HARDY: M. le Président, au terme de ces auditions, je voudrais
d'abord remercier les deux membres de la commission Drouin d'avoir bien voulu
répondre à toutes les questions formulées par les
députés. Je voudrais également proposer que la prochaine
réunion de la commission ait lieu vendredi le 30 juin à 11 heures
et qu'à l'occasion de cette réunion, les partis politiques ou les
députés déposent par écrit devant la commission
leurs suggestions, lesquelles seront acheminées par le
secrétariat des commissions à la commission Drouin, pour
étude.
Evidemment, il est très important que tout le monde dépose
en même temps ses amendements pour que la commission Drouin puisse les
étudier tous en même temps. Parce que si les suggestions devaient
s'échelonner sur une certaine période, le travail de la
commission Drouin deviendrait impossible. Il faut que la commission Drouin ait
en main toutes les suggestions en même temps. C'est la raison pour
laquelle je propose, à l'occasion de la prochaine réunion, le
vendredi 30 juin, que nous déposions toutes les suggestions que nous
voulons voir étudier par les membres de la commission permanente.
UNE VOIX: A quelle heure?
M. HARDY: A onze heures, après la période de
questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Déposer quoi?
M. HARDY: Les suggestions que nous désirons voir étudier
par les membres de la commission permanente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, disons que je n'ai pas
d'opinion sur la proposition du député de Terrebonne. Il
appartiendra à chaque mouvement politique de décider s'il doit
déposer un document ou non. Il appartiendra à chaque
député de déposer des
documents s'il le désire. Chaque député, je pense,
a déjà fait tenir des représentations à la
commission parlementaire, soit par votre entremise, M. le Président, ou
par l'entremise du président de la commission Drouin. On a
déjà fait parvenir les représentations qui lui ont
été adressées par les citoyens, par conséquent, la
séance du 30 juin nous permettra de voir ce qu'il y a à
faire.
Quant à moi, je suggérerais à la commission
j'espère qu'on prendra la proposition en bonne part, qu'on n'ira pas
l'interpréter comme des gémissements; d'ailleurs ceux qui
interprètent des gémissements comme cela, sont payés, nous
les payons pour parler de nos gémissements qu'elle étudie
très sérieusement et j'insiste, je pèse les mots,
très sérieusement les requêtes des gens qui en ont
déjà présenté et que la commission s'interroge sur
l'opportunité d'entendre ici, en commission parlementaire de la
réforme électorale, des témoins, que ce soient des
municipalités, des organismes, des corps publics, individus, etc., afin
que joue vraiment, dans le cas de la préparation d'une loi aussi
importante que celle-là, le rôle qu'elle joue toutes les fois que
nous avons à examiner un projet de loi qui intéresse l'avenir de
toute la collectivité.
M. LE PRESIDENT: M. Latulippe.
M. LATULIPPE: J'en viens aussi à souscrire à la
proposition du député de Chicoutimi, visant à faire
entendre des corps intermédiaires. Nous souhaitons que le
président de la commission y pense. Nous souscrivons également
à la proposition qui fait réellement notre affaire
de déposer par écrit les recommandations des
députés. Je suis sûr que nous participerons activement
à cette demande. Nous vous remercions.
M. LE PRESIDENT: M. Laurin.
M. LAURIN: La proposition du député de Terrebonne
m'apparaît pertinente et pratique. Pratique en ce sens que ça va
permettre à plusieurs députés de formuler par écrit
des opinions, des recommandations déjà faite verbalement aux
membres de la commission. Pertinente également puisqu'elle respectera le
désir que chacun des députés, chacun des partis a,
légitimement, de présenter toutes les modifications qu'il peut
juger nécessaires. Etant donné le temps qui s'est
écoulé depuis le dépôt du projet, ceci aura permis
à tous les députés de mener les consultations
nécessaires, afin d'en arriver à l'élaboration de
recommandations finales qui reflètent l'opinion de leurs commettants. En
ce sens, je me rallie volontiers à la proposition du
député de Terrebonne.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
M. LE PRESIDENT: Sur division dans le procès-verbal.
Maintenant, est-ce qu'on pourrait demander au président de la
commission de déposer je pense qu'il a été convenu
que c'était un dépôt de documents est-ce le voeu de
la commission qu'il y ait une courte présentation ou seulement un
dépôt de document?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un dépôt de document.
M. HARDY: M. le Président, peut-être que le
président pourrait nous résumer très brièvement le
document.
M. DROUIN: J'ai déjà un résumé, mais il a
six pages.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on dépose les documents, M. le
Président.
M. DROUIN: En somme, c'est un document, un rapport préliminaire
où nous expliquons premièrement, que nous devrions avoir un
mandat plus spécifique de la commission. Deuxièmement, qu'il y a,
en fait, trois systèmes qui méritent d'être
étudiés plus à fond, tant dans leurs répercussions
dans les pays où ils sont établis que dans leurs
répercussions ici. Et nous avons enfin, étant donné que
nous avons eu la douleur de perdre M. Meynaud qui était un de nos
membres... Il a tout de même pris part à la rédaction de ce
document, parce que nous nous sommes servis de ses écrits. Il y a un de
ses écrits qui est en annexe.
Maintenant, pour les représentants des chefs de parti, j'en ai
des copies avec une petite reliure; les autres sont brochées.
M. LE PRESIDENT: Et ce sera distribué à tous les
députés.
M. DROUIN: Tous les députés; j'en ai suffisamment pour
ça. Je les distribuerai.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. HARDY: Evidemment, la commission de l'Assemblée nationale
prendra connaissance de ce rapport et pourra l'étudier
ultérieurement.
M. LE PRESIDENT: En Chambre, je crois. M. Drouin, ce serait
préférable de remettre ça aux employés de
l'Assemblée.
M. HARDY: M. le Président, prochaine séance, le vendredi
30 juin à onze heures.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
(Fin de la séance à 12 h 24)