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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du vendredi 30 juin 1972
(Onze heures et sept)
M. LAVOIE (Laval) (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: M. le Président, est-ce qu'on peut considérer la
séance ouverte?
M. LE PRESIDENT: Elle est ouverte.
Amendements suggérés à la carte
proposée
M. HARDY: M. le Président, dès avril 1970, le premier
ministre, M. Robert Bourassa, indiquait très clairement que le
gouvernement libéral opérerait une réforme du
système électoral québécois. Cette réforme a
franchi, à ce jour, des étapes importantes. La commission
parlementaire de l'Assemblée nationale est devenue l'artisan
privilégié de la réforme de notre système
électoral. Des experts ont été entendus sur l'ensemble de
la réforme comme sur certains points particuliers, telle la question de
la liste électorale permanente. Un calendrier précis de travail a
pu ainsi être établi par la commission parlementaire. Un rapport
préliminaire sur les modes de scrutin vient tout juste d'être
déposé à la commission parlementaire.
L'Assemblée nationale a déjà adopté à
l'unanimité deux importantes lois. D'abord, la loi 65 rendant
inopérant l'article 80 de l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique relatif aux comtés protégés. Egalement, la loi
80 créant une commission permanente de la réforme des districts
électoraux. Une résolution unanime a été
adoptée par l'Assemblée nationale afin de désigner M.
François Drouin, président général des
élections, l'honorable juge Alphonse Barbeau et M. Jacques
Prémont membres de cette commission permanente.
En mars dernier, la commission permanente remettait son rapport
proposant de nouvelles délimitations aux districts électoraux
québécois. Les députés ont eu l'occasion de
discuter de ce rapport avec les membres de la commission permanente. Les
membres du parti ministériel ont été heureux de participer
à cette réforme de notre système électoral. Ils
entendent continuer d'apporter leur contribution dans la poursuite de cette
importante politique gouvernementale.
Les membres du parti ministériel désirent féliciter
la commission permanente de la réforme des districts électoraux
pour son travail. L'accueil réservé au rapport de la commission
permanente par les observateurs politiques ainsi que par l'opinion publique en
général témoigne de la valeur du travail accompli. Le
parti ministériel estime que la commission permanente a bien su
appliquer les principes contenus dans le bill 80, même s'il regrette que
cette application ait parfois eu pour conséquence de faire
disparaître des délimitations de comtés qui avaient
été consacrées par l'histoire et qui était
familières à la population de l'une ou de l'autre des
régions du Québec.
Les membres du parti ministériel croient que
l'intérêt supérieur de l'ensemble de la population
québécoise se situe davantage dans la perspective d'une carte
électorale équilibrée et juste que dans des
considérations d'ordre strictement régional ou local, si
importantes que soient ces considérations pour les populations
concernées.
Le rapport que je déposerai tantôt contient des
propositions d'amendements au rapport présenté par la commission
permanente. Deux principes ont guidé notre étude du projet de la
carte électorale proposé par la commission permanente.
Premièrement, nous avons respecté la décision de la
commission permanente de n'accorder un statut d'exception qu'à un seul
comté, soit celui des Iles-de-la-Madeleine, bien que, selon nous,
d'autres comtés auraient pu jouir de ce même statut
d'exception.
Deuxièmement, nous n'avons pas voulu augmenter le nombre de
comtés fixé à 110 par la commission Drouin. Les membres du
parti ministériel ont tenu depuis bientôt quatre mois de
nombreuses consultations, non seulement dans leur comté mais à
travers la province. Ces consultations ont eu lieu avec divers groupements et
corps intermédiaires, conseils municipaux, chambres de commerce,
conseils régionaux de développement, conseils de comté.
Les amendements présentés dans le rapport que je déposerai
tantôt sont le fruit, non seulement des vues qu'a alors exprimées
la population des divers comtés mais ils sont aussi la résultante
des effets à la chaîne que comporte nécessairement une
proposition de modification dans un comté et dans une région, sur
les limites des comtés et des régions continguës.
D'une façon générale, nous croyons que tout en
maintenant la norme de la moyenne de 32,000 électeurs, avec un jeu de
plus ou moins 25 p.c, les comtés authentiquement ruraux,
c'est-à-dire non seulement ceux à l'extérieur de
Québec et Montréal, mais également ceux qui ne renferment
pas de ville d'une certaine importance, devraient plutôt contenir une
population en deça de 32,000 électeurs, tout en respectant le
minimum de 24,000. C'est un des principes fondamentaux qui guident les
suggestions contenues dans le mémoire que je déposerai.
Nous proposons donc de diminuer le nombre d'électeurs dans ces
comtés ruraux et d'augmenter le nombre des électeurs dans les
autres à caractère plus urbain, compte tenu de la limite maximum
de 40,000.
Cela, pour autant que les réalités
socio-économiques de ces derniers comtés urbains le
permettent et en tenant compte de la facilité des communications
dans ces comtés, de l'étendue restreinte de leur territoire et de
la concentration plus forte de leur population. Nos autres populations sont
fondées sur des constatations sociales, économiques et
démographiques que nous expliquons dans le mémoire que nous
déposons. Bref, les membres du parti ministériel
présentent ce rapport à la commission permanente de la
réforme des districts électoraux dans le but de concilier
l'impératif démocratique d'une représentation
équitable pour tous les citoyens du Québec, en conformité
des normes du bill 80 et des autres impératifs propres aux
différentes régions du Québec.
Nous avons suivi la méthodologie suivante. Dans l'analyse que
nous faisons de la carte électorale proposée, nous suivons le
même ordre général que celui que l'on retrouve dans le
rapport de la commission permanente. Nous avons quelquefois groupé des
comtés dont les modifications proposées nécessitaient une
explication commune. En raison des effets à la chafne que produit une
modification dans un comté sur un ou plusieurs autres comtés
voisins, les modifications que nous proposons pour certains comtés ont
affecté, généralement d'une façon mineure,
plusieurs comtés, étant donné la nécessité
de maintenir les comtés dans les normes fixées par le bill 80. En
fait, à plusieurs reprises, des membres de la commission permanente nous
ont bien expliqué que le fait parfois de modifier, même
légèrement, un comté entrainait des modifications sur
plusieurs autres comtés.
Nous proposons huit modifications substantielles affectant 23
comtés et seize modifications mineures affectant 44 comtés. Donc,
M. le Président, je dépose le document contenant des propositions
de modifications aux frontières telles que proposées par la
commission Drouin et je dépose également des propositions
d'amendements à certains comtés tels que nommés par la
commission Drouin.
Je remets ces documents au président afin que, par le truchement
du secrétariat de la commission de l'Assemblée nationale, ces
documents soient remis à la commission permanente de la refonte des
districts électoraux, pour que cette dernière étudie ces
documents et fasse rapport au président de l'Assemblée nationale,
tel que le veut l'économie générale de la loi que nous
avons adoptée et en particulier, l'article 8.
M. LAURIN : Est-ce que ce rapport que vous déposez pourrait
être inscrit au journal des Débats?
M. HARDY: Pardon?
M. LAURIN: Est-ce que le rapport que vous déposez, en plus
d'être remis à la commission permanente de la réforme de la
carte électorale, sera inscrit au journal des Débats?
M. HARDY: C'est-à-dire...
M. HARDY: Je pense que ce serait utile.
M. HARDY: Oui, il n'y a pas d'objection à ce qu'il soit inscrit
au journal des Débats et nous en avons des copies pour tous les
députés.
M. LAURIN: Mais ce serait encore plus intéressant s'il
était inscrit au journal des Débats.
M. HARDY: Comme nous l'avons dit précédemment, nous avons
tenté dans ce travail de respecter l'économie
générale de la loi que nous avons adoptée, qui repose sur
deux pôles principaux.
Premièrement, assurer la dépolitisation, dans le sens
partisan du mot, de la réforme électorale en confiant le travail
à une commission indépendante, tout en maintenant, d'autre part,
la souveraineté du Parlement.
A la lumière de ces deux grands principes, nous n'avons aucune
objection à ce que les propositions que nous faisons soient
déposées d'une façon officielle, inscrites au journal des
Débats et connues du grand public. Il n'y a pas de cachette. Ce sont
simplement des propositions que nous soumettons à la commission Drouin,
afin que celle-ci les étudie et remette un rapport, comme elle pourrait
en remettre sur les propositions de certains autres députés, au
président de l'Assemblée nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au nom du parti dont
je suis membre, je voudrais faire quelques observations. Je vous
préviens tout de suite, M. le Président, que le document que nous
avons préparé et qui doit être mis au point incessamment
vous sera adressé à vous, personnellement, afin que vous le
transmettiez au président général des élections,
qui est le prédisent de la commission Drouin.
Je voudrais, au départ, rappeler que le parti de
l'Unité-Québec a, dès le moment où l'on a
abordé le problème de la réforme électorale,
affirmé sa volonté de participer à ce travail de la
réforme électorale et a admis sans restriction, le principe de la
nécessité d'une pareille réforme électorale, une
réforme électorale qui ne touche pas seulement la question du
réaménagement des districts électoraux mais, en même
temps, le problème général de l'institution parlementaire,
soit l'examen des modes de scrutin, la loi électorale, le financement
des partis, la publicité, les sondages, etc., toute question connexe qui
se greffe au problème de la réforme de l'institution
parlementaire.
Nous avons affirmé ce principe parce que nous croyions, avec tous
ceux qui se sont exrimés ici à la commission parlementaire de la
réforme électorale, qu'il était important, pour le respect
de la démocratie, de procéder à une
réforme en profondeur de notre système. Il n'y a jamais
eu, de notre côté, aucune sorte de restriction quant aux principes
et la preuve en est que nous avons donné notre agrément aux lois
65 et 80 qui ont amorcé cette réforme électorale.
Nous avons cependant, au cours des discussions, et
particulièrement après le dépôt du rapport de la
commission Drouin, fait connaître notre opinion et apporté des
réserves sur les propositions faites par les commissaires de la
commission permanente de la réforme des districts électoraux. Je
voudrais ce matin, encore une fois, dissiper toute équivoque quant
à notre attitude.
Il ne s'agit pas pour nous, lorsque nous parlons de réserve et
que nous devons faire des critiques du projet de réforme
déposé par la commission Drouin, de féfendre des fiefs ou
d'opposer ce qu'on appelle les comtés ruraux aux comtés urbains,
ou les comtés semi-ruraux ou semi-urbains. L'intention que nous avons
est que nous voulions, et nous voulons toujours, que le
réaménagement des districts électoraux respecte certaines
normes qui doivent aller au-delà des critères purement
démographiques qui ont prévalu dans le travail que nous a
présenté la commission Drouin.
Je tiens à insister sur cet aspect de notre attitude afin que
l'on n'ait pas à déclarer comme on l'a fait à
plusieurs reprises que nous étions désireux de sauvegarder
une clientèle. Je répète que tous les partis politiques
ont la liberté de mener leur action afin de recruter la clientèle
électorale partout où elle se trouve, que ce soit dans les
districts dits ruraux encore que j'aie des réserves sur ce terme
ou dans les districts dits urbains.
Il nous est apparu très nettement, en examinant la loi 80 et le
rapport présenté par la commission Drouin, que les commissaires
s'en étaient tenus trop exclusivement au critère
démographique et qu'ils ne s'étaient pas prévalus du
second alinéa de l'article 9 qui leur eût permis de tenir compte
des cas exceptionnels autres que celui, bien clair, des
Iles-de-la-Madeleine.
Nous avons fait valoir notamment que dans la région de
l'Outaouais, par exemple, dans la région du Nord-Ouest, dans la
région de la Gaspésie, dans la région des Cantons de l'Est
et les régions de la Beauce, les régions qui sont limitrophes
à la région des Cantons de l'Est proprement dite, que l'on
eût pu tenir compte de certains cas qui nous apparaissent comme des cas
exceptionnels.
Il nous est apparu également que le rapport de la commission
Drouin ne tenait pas suffisamment compte des régions
défavorisées, des régions en voie de développement
et que le réaménagement des districts électoraux risquait
de déséquilibrer le rapport de force qui doit exister entre les
régions à plus forte densité de population et les
régions à faible densité de population. Ce qui aura comme
effet, à notre avis, de provoquer une sorte de succion en faveur des
régions déjà très peuplées, ce qui risque
à plus ou moins brève échéance de vider les
régions actuellement en voie de développement et pour lequelles
le gouvernement actuel et les gouvernements qui l'ont
précédé ont consenti des investissements
énormes.
M. le Président, dans le rapport que nous vous ferons parvenir,
nous vous exposerons les principes généraux qui guident notre
démarche.
Nous joindrons à ce rapport des représentations
particulières concernant certains comtés et nous joindrons
également les documents qui nous ont été soumis par nos
différents collègues concernant des modifications qui leur
paraîtraient devoir être apportées au découpage
proposé par les commissaires de la commission Drouin.
Nous vous ferons parvenir également, même si
déjà vous en avez reçu un grand nombre, les lettres,
documents, mémoires, représentations qui nous ont
été faites dans différentes parties du Québec
concernant ce découpage.
Nous revenons ce matin et j'insiste sur la demande que nous avons
déjà faite et qui a été faite par d'autres
députés appartenant à d'autres formations politiques. Nous
revenons sur cette demande, à savoir qu'il serait très important,
essentiel, que la commission de la réforme électorale, avec les
commissaires de la commission Drouin, acceptent d'entendre les citoyens,
individuellement, les organismes, les municipalités qui ont
exprimé des points de vue et qui ont fait parvenir des mémoires
ou des résolutions à la commission de l'Assemblée
nationale qui s'occupe de cette réforme électorale.
M. le Président, indépendamment de tout ce qui a
été dit et de la politique qui semble devoir s'exprimer, nous
croyons de notre devoir de rappeler à la commission la
déclaration que M. le premier ministre Bourassa avait faite, au tout
début des séances de cette commission parlementaire, à
l'effet que le droit des parlementaires devra être respecté et que
ce sont les parlementaires qui, à toutes fins utiles, devraient avoir le
dernier mot dans ce travail de la réforme électorale.
Nous croyons que cette proposition du premier ministre a
été acceptée par tout le monde et nous serions malheureux
que l'on procède ex parte lorsqu'il s'agira, en définitive, de
décider, par le moyen d'une loi, du découpage de la carte
électorale et de toute autre décision concernant les modes de
scrutin, la loi électorale, le financement des partis, la
publicité, les sondages, etc.
Malgré le respect que nous avons pour les experts, nous estimons
que les parlementaires sont encore les mieux placés pour faire
connaître exactement quelle est la situation des divers comtés du
Québec, quels sont les problèmes qui s'y posent et quelles
peuvent être les conséquences socio-économiques qui
découleraient d'une réforme qui ne tiendrait pas compte des
grands principes, que nous avons examinés, et
qui font partie de cet ensemble de critères dont devait tenir
compte la commission Drouin et dont, à notre avis, elle ne s'est pas
suffisamment préoccupée.
M. le Président, l'on nous reprochera peut-être de ne pas
déposer ce matin le document que nous avons préparé, mais
il nous a fallu colliger un grand nombre de pièces. Nous voulons que ce
document, qui deviendra quand même si je puis m'exprimer ainsi
une sorte de document historique, en tout cas une pièce
d'archives, soit un document pensé et non pas inspiré par
l'émotivité ou des préoccupations partisanes. Nous vous
ferons tenir ce document ces jours prochains. L'on se rendra compte que les
propositions que nous faisons reprennent celles que nous avons
déjà faites et que nous les coiffons d'un exposé de
doctrine conforme aux attitudes que nous avons prises jusqu'à
présent.
En ce qui me concerne, M. le Président, je n'ai rien à
ajouter sauf que j'insiste sur la nécessité qu'il y a de
procéder dans les délais utiles, sans précipitation,
à l'examen des autres questions qui se greffent à la
réforme des districts électoraux puisque celle-ci n'est qu'un
aspect de la grande réforme de l'institution parlementaire
entreprise.
M. le Président, je vous remercie et je vous ferai tenir, au nom
du parti de l'Unité-Québec, les textes que nous avons
préparés, avec toutes les annexes que je vous ai annoncées
tout à l'heure. Je vous remercie, M. le Président.
M. LATULIPPE: M. le Président, au nom de mon parti, je me suis
permis de dire quelques mots. En ce qui nous concerne, M. le Président,
nous avons décidé de ne pas faire front commun et de ne pas
présenter, d'une façon commune, un rapport.
M. HARDY: Vous avez peur des fronts communs?
M. LATULIPPE: Ce n'est pas parce qu'on a peur des fronts communs. C'est
parce qu'on estime, étant donné l'attitude qu'a semblé
prendre la commission, devant l'intransigeance, surtout en regard du dernier
alinéa de l'article 9 relativement aux exceptions, et la fermeté
avec lesquelles ils ont maintenu leurs positions dans les discussions qui ont
eu lieu à la commission, qu'il serait pratiquement inutile d'essayer de
changer l'esprit qui animait les directeurs de la commission. C'est pourquoi
nous avons retenu l'autre formule, soit faire des interventions sur une base
individuelle, présenter des rapports individuels pour ceux qui voulaient
le faire. Quant à moi, j'avoue que mon rapport n'est pas encore
prêt. En voici la raison: Je n'ai pas eu tellement le temps de me
consacrer à l'étude de la carte électorale, ces derniers
temps, étant donné que j'ai pratiquement toujours
été sur la sellette, en commission, à gauche et à
droite.
M. le Président, ce qui nous a frappés le plus,
naturellement, dans la présente réforme, c'est qu'au
départ on s'orientait en fonction d'un critère de justice
distributive, on voulait en venir le plus possible à une
représentation la plus adéquate, la plus proportionnelle
possible. Il nous apparaît, surtout après avoir entendu les
membres de la commission, que la réforme de la carte n'est pas, à
toutes fins pratiques, le moyen d'arriver à cette solution. Puisque dans
une situation où le Québec se retrouve avec le multipartisme
autrefois, il y avait un découpage qui, avec 45 p.c. des votes
donnait 72 députés les mêmes 45 p.c, après
une amélioration du découpage qui, selon des critères,
donnait une représentation plus équitable, on se retrouve avec
une accentuation du déséquilibre de la représentation.
La réforme de la carte n'est pas en soi une réponse
valable au problème laissé en plan, surtout par le dernier
scrutin de la carte électorale. C'est pourquoi, M. le Président,
nous nous interrogeons pour savoir pour quelles raisons, du fait que ce
n'était pas le moyen d'arriver à une juste distribution, on n'a
pas retenu davantage les critères d'exception.
M. HARDY: Est-ce que le député de Frontenac me permettrait
une question?
M. LATULIPPE: Certainement.
M. HARDY: Le député de Frontenac a participé aux
différents travaux de la commission. Il a sans doute remarqué
c'est d'ailleurs mon intention de renouveler ce matin ce point
que, d'une façon continue et très explicite, le parti
ministériel a constamment affirmé que la carte électorale
n'était qu'une pièce de l'ensemble de la réforme
électorale. Il y a beaucoup d'autres aspects, financement des partis,
liste permanente, mode de scrutin et il est clair que pour nous la carte
électorale n'est qu'une pièce du dossier. Nous sommes bien
conscients qu'il y a beaucoup d'autres travaux à faire pour arriver
à avoir un système électoral plus adéquat.
D'ailleurs, à la fin de la séance, j'aurai des
propositions à faire dans ce sens, quant à un plan de travail
éventuel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, s'il vous plaît. M. le
Président, si vous me permettez, si les membres de la commission le
permettent, je désirerais quitter la commission, non pas bouder la
commission, mais parce qu'on m'a demandé ailleurs et j'ai fait mon
intervention; je n'en ai pas d'autres à faire.
M. HARDY: M. le Président, nous en sommes très
chagrinés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'espère.
M. LE PRESIDENT: Vous êtes excusé. M. Latulippe.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que le
vice-président de la Chambre pourrait nous assurer...
M. HARDY: Peut-être que vous allez enlever à nos amis les
journalistes d'excellents sujets d'articles!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je les leur donnerai personnellement, pour le
cas qu'ils en font...
M. LATULIPPE: ... que la réforme de la carte électorale ne
sera pas la seule loi qui sera adoptée d'ici...
M. HARDY: C'est ce que je viens de dire. D'ailleurs, je vous
réfère à la déclaration du premier ministre,
à l'une des toutes premières séances de la commission de
l'Assemblée nationale sur la réforme électorale. Nous
avons constamment continué à souscrire à cette idée
et, comme je vous le dis, à la fin de la séance, je proposerai un
plan quant aux autres aspects de la réforme électorale.
Il est évident, encore une fois, que, pour nous, la carte, c'est
une pièce importante. Ce n'est qu'une pièce de l'ensemble du
dossier de la réforme électorale. Ce matin c'est la carte. Il
faut quand même procéder. On ne peut pas tout faire en même
temps.
M. LATULIPPE: C'est à mon point de vue un argument de plus qui
aurait justifié de se servir plus souvent de la règle
d'exception. D'ailleurs cela n'aurait pas affecté les conclusions du
rapport. Cela aurait contribué, dans certains cas, à créer
une meilleure homogénéité, à respecter certains
faits historiques. Je ne veux pas reprendre tous les critères qui ont
été développés. Cela aurait aussi, peut-être,
contribué, dans une certaine mesure, à protéger la
stabilité de l'économie des comtés. Je ne suis pas
prêt à dire que la réforme de la carte électorale,
en soi, va contribuer à changer les axes économiques. Mais comme
on a affaire à une réforme de carte électorale, il faut
penser que, dans le temps, il va y avoir une tendance à se
développer des habitudes d'intervention dans les comtés et dans
les divers ministères qui se rattacheront de plus en plus aux structures
des comtés. Dans ce sens, à cause de l'intervention
gouvernementale, on s'oriente graduellement vers la transformation assez
artificielle des pôles de croissance, des axes ou des secteurs de
rayonnement économique.
Ce n'est pas d'une façon absolue mais nous aurions aimé
que la commission daigne tenir d'autres critères que ceux qu'ils ont
abordés. Le critère de 32,000, plus ou moins 25 p.c, a
été suivi à la lettre. Au fond, c'est un peu notre grande
déception. Nous aurions préféré, comme nous avons
tenté de l'introduire, le critère de 40 p.c. A ce moment, le
premier ministre s'était levé en Chambre et nous avait dit que,
pour les cas particuliers, il y avait la règle d'exception. Celle-ci n'a
pas été retenue. C'est pourquoi, M. le Président,
étant donné que nous ne pouvons affirmer avec certitude ce que
sera l'avenir, nous exprimons encore énormément de
réserves et nous ne pouvons souscrire à la réforme telle
que proposée actuellement. Ce n'est pas que nous ne trouvons pas qu'elle
soit à propos. Nous sommes favorables à cette réforme,
mais dans la mesure où elle aurait permis un élargissement, de
façon à tenir compte d'autres facteurs, comme les régions
administratives, des regroupements de commissions scolaires et municipaux et,
autant que possible, se confronter aussi avec l'attitude du ministère de
la Justice, en vue du découpage des districts judiciaires pour les
modeler de façon à avoir des unités de gestion tout
à fait adaptées aux services gouvernementaux. Cela nous aurait
plu davantage. Nous ne sommes pas contre la refonte de la carte
électorale. Cependant nous souscrivons avec réserves. Nous notons
que l'économie rurale en général n'est pas
extrêmement bien servie par la réforme de la carte. On se rend
compte qu'après étude, 50 p.c. des comtés se retrouvent
dans les secteurs urbains, à 25 p.c. d'un secteur semi-rural,
semi-urbain, et le reste dans le secteur urbain. C'est donc qu'au niveau de la
représentation, à notre point de vue, il y aura une forte
concentration de la représentation de l'économie de ville. A mon
point de vue, cela peut conduire, à moyenne et à longue
échéance, à compromettre la stabilité
économique du Québec parce que le secteur économique en
soi est beaucoup plus stable et beaucoup moins spéculatif que
l'économie de ville.
Je pense que ça aurait été un facteur qui,à
mon point de vue, aurait dû être déterminant, en vue de
favoriser davantage les secteurs ruraux qui, d'autre part, nécessitent,
de la part des parlementaires, beaucoup plus de temps d'intervention. Du fait
du grand nombre de municipalités, vous comprendrez immédiatement
que le nombre de problèmes s'en trouve généralement
augmenté d'autant.
C'est pourquoi, M. le Président, nous réitérons que
la carte électorale ne fait pas notre affaire et nous y souscrivons,
mais avec beaucoup de réserves. Nous espérons que les autres
règles ou modalités susceptibles de contrebalancer les effets du
découpage électoral seront présentées
bientôt, sans quoi nous serions forcés de refuser
catégoriquement la réforme de la carte, si elle était le
seul facteur qui devait intervenir d'ici les élections. C'est pourquoi
nous osons demander au gouvernement que les quatre lois ou les deux ou trois
lois qu'il entend soumettre, relativement à la réforme du
système électoral dans son entier, soient
présentées d'une façon assez suivie pour ne pas dire
simultanée. Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: M. Laurin.
M. LAURIN: M. le Président, le député de
Terrebonne a tenu à rappeler, ce matin, au début de cette
séance, un peu plus solennelle que les autres, puisqu'elle marque la fin
d'une étape de notre travail, que, dès avril 1970, le chef du
gouvernement avait indiqué très clairement que le gouvernement
libéral opérerait une réforme du système
électoral québécois. Il a ajouté, en se
décernant les éloges appropriés, que cette réforme
avait franchi, jusqu'à ce jour, des étapes importantes. Il a
ajouté, par la suite...
M. HARDY: Est-ce que le député me permet une question?
Est-ce que vous prétendez que je me suis décerné
des éloges?
M. LAURIN: Bien, c'est normal.
M. HARDY: Non, à mon groupe, parce que j'ai l'esprit
collégial.
M. LAURIN: D'accord. Il a ajouté par la suite, en réponse
à quelques questions qui lui ont été posées, que le
gouvernement n'entendait pas, quand même, se satisfaire de cette
réforme, qu'il considérait que la réforme de la carte ne
constituait qu'un des éléments de la réforme, une des
pièces du dossier, et qu'il entendait nous soumettre, à la fin de
cette séance, un plan de travail, un échéancier.
Je me réjouis de ces déclarations d'intention, d'autant
plus que je voudrais soumettre au président de l'assemblée et au
porte-parole ministériel que non seulement la réforme
électorale comporte plusieurs éléments, mais que
même les réformes que nous avons pu élaborer jusqu'ici,
soit celles de la carte, ne peuvent prendre leur plein effet que si l'on
réforme en même temps les autres parties du système
électoral. Car les parties du système électoral
entretiennent avec elles des rapports, à ce point intimes, organiques et
dialectiques que, si l'on se contente d'en rajeunir, d'en moderniser une
partie, sans moderniser les autres, nous en arrivons à un
déséquilibre qui peut être encore pire que celui que l'on
voulait corriger. Une réforme de la carte électorale ne peut
prendre son plein effet que si l'on réforme, en même temps, le
mode de scrutin, la loi électorale, en particulier en ce qui concerne
l'énumération et la révision, qui devraient être
remplacées, le plus tôt possible, par une liste électorale
permanente, par une réforme de dépenses électorales, par
une réforme touchant le financement des partis politiques.
C'est donc très important que nous puissions, au cours de la
durée de cette Législature, compléter ce programme dans
ses parties essentielles, afin que les Québécois puissent avoir,
dès le prochain scrutin, un système électoral rajeuni,
réformé, modernisé. C'est la raison pour laquelle nous
accueillons avec plaisir la réponse que le député de
Terrebonne a faite aujourd'hui à l'invitation que nous lui avons faite
à plusieurs reprises, d'accélérer le plus possible les
travaux de la commission afin qu'elle puisse remplir effectivement son
office.
J'admets quand même avec lui que cette réforme a franchi,
jusqu'à ce jour, des étapes importantes. Même si nous
aurions préféré que l'on étudie le mode de scrutin
avant la réforme de la carte électorale, il reste que le
gouvernement, ayant fait ce choix, nous sommes satisfaits que la réforme
de la carte ait quand même été accomplie dans un temps
relativement court. Il a pris six mois environ aux membres de la commission
pour effectuer la révision de la carte et c'est un laps de temps
relativement court. L'audition aussi, même si elle s'est peut-être
un peu trop prolongée au goût de certains députés,
ne s'est quand même pas étalée démesurément
dans le temps et nous en arrivons maintenant au moment où nous pouvons
tirer les conclusions.
Je suis également d'accord, évidemment, avec le
député de Terrebonne lorsqu'il dit que le rapport de la
commission électorale permanente devrait être fait au
président de la commission parlementaire de l'Assemblée
nationale, mais j'ajouterais ceci: J'espère bien que le président
de la commission de l'Assemblée nationale transmettra le plus tôt
possible, par la suite, aux chefs de parti, le rapport définitif de la
commission. Et j'aimerais bien, c'est également un souhait que
j'émets, que la commission indépendante de la réforme de
la carte électorale puisse effectuer ce travail définitif de
révision d'ici la fin de juillet. S'il lui a pris six mois...
M. HARDY: Si le député me permet...
M. LAURIN: ... pour effectuer la réforme totale de la carte, je
pense qu'avec le talent et la diligence qu'ils nous ont
démontrés, ils peuvent parfaitement terminer maintenant leur
travail dans un délai d'un mois.
M. HARDY: Si le député me le permet; premièrement,
c'était implicite dans ma proposition que la remise du rapport au
président de l'Assemblée nationale impliquait que, une fois que
le président de l'Assemblée nationale aura ce rapport, il le
remettra aux différents partis. Deuxièmement, je pense bien qu'on
n'a pas besoin de fixer de date limite. La célérité dont a
fait preuve la commission Drouin dans son premier travail est une garantie que
l'étude que nous lui demandons se fera d'une façon rapide.
M. LAURIN: C'est donc dire que, fondamentalement, vous êtes
d'accord sur la nécessité de terminer au plus tôt les
travaux.
M. HARDY: Il y a évidemment le président de la commissIlon
Drouin, qui est en même temps président général des
élections, qui nous a répété à maintes
reprises que, pour que la carte électorale soit en vigueur aux
prochaines élections, il fallait adopter la loi avant la fin de la
présente année.
M. LAURIN: J'ajoute ma voix à celle du député de
Terrebonne pour souhaiter que ce travail soit terminé dans les plus
brefs délais possible. Je déposerai donc aujourd'hui, M. le
Président, les suggestions des membres de mon groupe en ce qui concerne
les amendements pouvant être apportés au projet qui nous a
été soumis par le président des élections. Les
députés du Parti québécois désirent
soumettre ces amendements dans le meilleur esprit possible.
Ces recommandations s'inspirent des représentations reçues
par les députés du Parti québécois de la part de la
population et des discussions récentes de la commission de
l'Assemblée nationale. Même si elles sont peu nombreuses, elles
touchent nécessairement un certain nombre de districts électoraux
puisqu'il est impossible de modifier les limites d'un district sans toucher
à celles des autres. Il va de soi que les recommandations ne sont faites
qu'à titre de suggestion pouvant aider la commission à
définir une carte électorale la plus adéquate
possible.
Nous n'avons fait aucune suggestion quant aux noms des districts pensant
qu'il avait été convenu que cette question serait
étudiée plus tard lors de l'étude du projet de loi. Je
remarque, le député de Terrebonne a déposé...
M. HARDY: L'amendement sera fait â ce moment-là.
M. LAURIN: ... immédiatement ses amendements quant aux noms,
j'espère qu'il nous permettra...
M. HARDY: Rien n'empêche, au moment de l'étude de la loi,
de proposer des amendements quant aux noms.
M. LAURIN: Ou encore nous pourrons faire parvenir ces amendements au
président des élections, qu'il tienne...
M. HARDY: C'est-à-dire, pour là-dessus, je ne
voudrais pas être trop formaliste tenter de respecter le plus
possible les canaux réguliers, je pense que si jamais vous aviez des
propositions à faire quant aux noms, ce serait peut-être
préférable de les proposer au président de
l'Assemblée nationale. Parce qu'il a été entendu qu'il
n'est pas censé y avoir de communications entre les parlementaires et la
commission Drouin.
M. LAURIN: D'accord.
M. HARDY: L'interlocuteur de la commission Drouin, c'est la commission
de l'Assemblée nationale et, évidemment, son
président.
M. LAURIN: J'accepte donc la suggestion du député de
Terrebonne et je dépose, pour inscription au journal des Débats,
comme le député de Terrebonne l'a fait, le document que nous
présentons comme projet d'amendements au projet de réforme de la
carte électorale.
M. HARDY: Est-ce que vous en avez une copie?
M. LAURIN: Oui. Vous remarquerez également, M. le
Président vous vous en souvenez très bien que e
président de la commission de réforme de la carte
électorale nous a aussi présenté tout récemment,
c'est-à-dire il y a deux semaines, un rapport préliminaire du
sous-comité qui avait été formé pour étudier
le mode de scrutin. C'était un rapport extrêmement
intéressant qui nous a été soumis ce mercredi 21 juin; il
touche un aspect extrêmement important de la réforme. Nous l'avons
donc étudié avec la plus grande attention possible, et ainsi que
les membres du sous-comité et ceux de la commission nous l'indiquaient,
nous avons pris nos responsabilités de parlementaires et nous sommes
prêts à soumettre également aux membres de la commission
les réponses que ce sous-comité et la commission nous demandaient
de leur fournir.
Avec votre permission, je déposerai également, sans qu'il
me soit besoin de le lire, pour inscription au journal des Débats, la
position de notre parti sur la réforme du mode de scrutin
électoral qui pourra servir à nos discussions
ultérieures.
M. HARDY: M. le Président, je ne veux pas être plus
formaliste qu'il ne le faut mais l'avis de convocation était très
explicite. C'était ce matin, pour la carte électorale et à
moins qu'il y ait consentement unanime, nous ne pouvons pas, en vertu du
règlement, aborder d'autres sujets; à plus forte raison je
verrais difficilement qu'on puisse annexer au journal des Débats un
document sur les modes de scrutin.
M. LAURIN: M. le Président, lorsque M. Drouin nous a
présenté le rapport de ce sous-comité, c'était
évidemment lié au problème de la réforme de la
carte électorale puisque c'est un mandat que nous lui avions
confié avec la recommandation d'étudier le mode de scrutin en
rapport avec les implications que cela pouvait comporter sur la carte
électorale.
M. HARDY: Je suggère, M. le Président, au
député de Bourget, d'attendre à la prochaine
séance. A ce moment-là, je n'aurai pas d'objection à ce
que le document dont il parle soit annexé au journal des Débats,
mais pas à la présente séance, parce que ce serait poser
un précédent qui pourrait, après cela, nous mener à
des abus. Il est bien clair que, ce matin, l'ordre du jour, l'agenda de la
commission, c'est la carte électorale.
M. LAURIN: Est-ce que le député ne pense pas, quand
même, que les conclusions auxquel-
les nous pourrions en arriver sur le mode de scrutin auraient de fortes
chances de modifier la carte électorale?
M. HARDY: Je viens de parcourir rapidement le projet,
déposé par le député de Bourget et je me rends
compte que le fait de ne pas avoir encore de conclusion sur le mode de scrutin
ne l'a nullement empêché de faire des propositions d'amendements
au rapport Drouin. Alors, je vois que le député de Bourget a
reconnu lui-même qu'il n'y avait pas nécessairement un lien de
causalité entre la carte électorale et le mode de scrutin.
M. LAURIN: Je pense que c'est une conclusion prématurée
qui s'effacerait à une lecture plus approfondie de notre document, M. le
Président. Mais je me soumets quand même à sa
décision, quitte à ce que...
M. HARDY: Je m'excuse. Ce n'est pas ma décision. Je ne suis pas
ici comme président.
M. LEGER: A votre veto.
M. HARDY: Je ne suis que l'humble porte-parole d'un grand parti et tout
ce que je fais, c'est que je ne donne pas mon consentement à ce que
votre document sur les modes de scrutin soit annexé au journal des
Débats parce qu'encore une fois, l'ordre du jour, la raison d'être
de la présente séance, c'est la carte électorale.
M. LAURIN: Mais je retiens quand même votre affirmation à
l'effet que je pourrai le déposer lors de la prochaine séance de
la commission...
M. HARDY: ... où nous discuterons des modes de scrutin.
M. LAURIN: ... en espérant, bien entendu, que la séance de
cette commission ne tardera pas trop.
M. HARDY: Par ailleurs, j'apprécierais beaucoup, pour alimenter
nos réflexions personnelles, que le député de Bourget nous
communique copie de son mémoire sur les modes de scrutin, même
s'il n'apparaîtra pas au journal des Débats.
M. LAURIN: Ce sera avec un grand plaisir que je le ferai, comme à
l'accoutumée d'ailleurs.
M. HARDY: Je le reconnais.
M. LAURIN: Et en conclusion, M. le Président, j'aimerais bien
encore une fois rappeler l'urgence qu'il y a de procéder, dans les plus
brefs délais, au parachèvement de cette réforme totale,
globale, cohérente et intégrée de tout le système
électoral et, ne connaissant pas ce que le député de
Terrebonne veut nous soumettre dans quelques minutes, j'espère que ses
propositions viseront le même but dont je me fais le défenseur ici
ce matin, en espérant qu'on pourra procéder avec le plus de
célérité possible puisque, après deux années
de travaux, nous n'en sommes quand même rendus qu'à l'étape
liminaire de cette réforme et que, encore une fois, cette réforme
ne pourra prendre tout son effet que si les autres éléments de la
réforme sont abordés dans le même esprit et aboutissement
à une réforme totale du système.
M. LE PRESIDENT: M. Samson.
M. SAMSON: M. le Président, à moins que la commission ne
propose des changements considérables au projet qui nous a
été soumis, il sera difficile pour nous d'accepter ces
propositions. Nous avions, au tout début, demandé je pense
que même si nous n'avons pas été entendus, nous voudrions
le répéter parce que nous y tenions et nous y tenons encore
que la commission puisse se déplacer. Bien entendu, les corps
publics, les organismes près de Québec ont sûrement en plus
de facilité à se faire entendre de la commission ou à
communiquer avec la commission, que les organismes éloignés. Ils
auraient eu avantage à rencontrer sur place les membres de la commission
dans toutes les régions éloignées du Québec.
Nous imaginons que le mandat qui a été donné
à la commission en vertu de l'article 9 a été grandement
interprété par les membres de la commission. M. le
Président, quand on fait de l'interprétation, on peut
considérer que le sens ou l'esprit de la loi, telle qu'elle a
été votée dans cette interprétation, n'a pas
été respecté suivant l'esprit que nous avons cru voir
alors que nous avons voté cette loi. En effet, la loi permet des
exceptions à l'article 9. La loi ne dit pas une exception; elle dit des
exceptions. Si nous avions voulu, si tous les députés de cette
chambre avaient voulu que seules les Iles-de-la-Madeleine soient
considérées comme faisant exception, nous aurions pu inscrire
facilement dans la loi que les Iles-de-la-Madeleine auraient pu constituer une
exception. Quant au reste des districts électoraux, aucune exception
n'aurait pu être possible. Je parle des exceptions au barème
établi du 32,000 électeurs comme base.
Nous constatons que, même si la commission avait les
possibilités de s'écarter des règles
énoncées je répète pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique et
géographique, telles que la très faible densité de
population, le taux relatif de croissance de la population d'une région,
son accessibilité, sa superficie ou sa configuration...
Nous réalisons que la faible densité de population, les
critères d'ordre géographique et également
l'accessibilité de différentes régions ne sont pas
suffisamment respectés. De même les limites naturelles des
régions, à notre sens, devraient être prises davantage en
considération. C'est pour ça, je pense, que nous avons,
à
l'article 9 du bill, voté cet article qui permettait des
exceptions.
M. le Président, nous considérons qu'il aurait
été avantageux pour la commission de prendre en
considération les régions du Québec, comme barème
de base, si vous le voulez, pour commencer à faire cette redistribution
des districts électoraux. Nous constatons, malheureusement, qu'à
part les Iles-de-la-Madeleine, on a fait un découpage de districts
électoraux plutôt mathématique que pratique, au sens du
mot, considérant que chaque région du Québec a
évidemment sa mentalité et est différente l'une de
l'autre. Alors, ces limites naturelles des régions, à notre sens,
ne sont pas suffisamment respectées. Quant aux délimitations des
différents comtés, nous ne ferons pas de suggestions, de
façon globale, parce que nous considérons que chaque
député siégeant à l'Assemblée nationale fera
ou pourrait faire ses suggestions. Quant aux noms, c'est un peu la même
chose. Les noms des comtés intéressent particulièrement le
comté concerné ou la région immédiate, ce qui fait
que, de ce côté, nous croyons aussi que les députés,
individuellement, peuvent faire leurs représentations.
M. le Président, quant à nous, nous présentons, ce
matin, un document qui a une portée régionale en
considérant comme je viens de le dire que chaque
député individuellement ou groupé régionalement
doive faire les représentations pour leurs régions. Alors, nous
laisserons aux députés d'autres régions le soin de faire
la même chose. Nous avons présenté et nous en avons
des copies pour les membres de la commission un document qui demande,
pour une région donnée, le respect des limites naturelles de la
région, c'est-à-dire la région du Nord-Ouest qui demande
le maintien de quatre comtés plutôt que trois, tel que
proposé par la commission.
Maintenant, ces représentations, M. le Président, sont
faites au-dessus de toute partisane-rie possible. Elles sont signées par
les députés de Rouyn-Noranda, d'Abitibi-Est et d'Abitibi-Ouest,
qui, au-dessus de toute partisanerie, ont vu les intérêts
supérieurs de la région concernée. Quant à la
réforme électorale, dans son entier, nous avons bien compris
tantôt lorsque l'honorable député de Terrebonne nous a
mentionné que la réforme des districts électoraux
n'était qu'une pièce au dossier. Nous le comprenons. Cependant
nous pouvons peut-être émettre certaines réserves. Si ce
n'est qu'une pièce au dossier, en considérant la pièce qui
nous à été présentée, cela nous permet de
nous inquiéter pour les autres pièces à venir. M. le
Président, nous ne sommes nullement satisfaits de ce qui nous a
été présenté, même si nous croyons que, de
façon générale, cette réforme des districts
électoraux s'est faite ou se fait au-dessus de toute partisanerie
politique possible. Il demeure que, dans les propositions qui nous sont
soumises, nous retrouvons que deux partis en profiteront plus que d'autres
alors que les autres partis devront souffrir de cette réforme.
M. HARDY: Est-ce que le député me permet une question?
M. SAMSON: Oui.
M. HARDY: Est-ce que le député croit qu'une carte
électorale, de quelque façon qu'elle soit élaborée,
peut changer la volonté des électeurs ou leur façon de se
comporter?
M. SAMSON: M. le Président, je ne crois pas que la carte
électorale, elle-même, change la volonté d'un
électeur, dans sa façon de poser un geste au moment où il
doit voter. Mais si on change les limites des comtés, il peut arriver
que ces limites favorisent plus que d'autres certains partis.
M. HARDY: Est-ce que vous me permettez une autre question?
M. SAMSON: Si vous voulez, je vais finir de répondre à
cette question et vous en poserez une autre après. Alors, il se trouve
que par coïncidence je ne voudrais pas prêter d'intentions
aux ministériels au contraire mais il se trouve que par
coincidence ceux qui n'ont pas trop à redire de la carte
électorale sont surtout des ministériels qui gagneront neuf
comtés avec ce découpage. Mais loin de moi l'idée de
penser que c'est par partisanerie, non, au contraire, c'est une coincidence
mais les coincidences font parfois notre affaire, M. le député de
Terrebonne.
M. HARDY: Est-ce que je peux vous poser une question?
Est-ce que le député de Rouyn-Noranda croit que, si la
réforme de la carte électorale avait été faite de
la façon traditionnelle, c'est-à-dire uniquement par le
gouvernement, plutôt que d'être réalisée par une
commission indépendante, il y a plus de garanties d'objectivité
de la part d'une commission indépendante que de la part du gouvernement
si lui-même l'avait faite?
M. SAMSON: M. le Président, si cette réforme avait
été faite par le gouvernement lui-même, on aurait pu dire
plus directement ce qu'on pense. Mais étant donné que c'est une
commission indépendante, nous devons donner et laisser le
bénéfice du doute à la commission qui est
indépendante.
Mais ça s'adonne comme ça, M. le Président,
ça fait l'affaire du député de Terrebonne, on ne peut pas
lui en vouloir pour ça. Mais si ça faisait l'affaire de notre
groupe ou d'un autre groupe, peut-être serions-nous tentés de
parler autrement. C'est très humain. Nous vous comprenons. Mais, il se
trouve que justement une réforme électorale je le sais, le
député va me le dire ce n'est pas facile, nous le
constatons, à réaliser.
M. HARDY: Ce que vous voulez dire au fond, c'est qu'une plus grande
démocratie fait l'affaire du député de Terrebonne.
M. SAMSON: Ne charriez pas trop. Parce que votre démocratie,
à vous, j'ai mes idées là-dessus. De toute façon,
M. le Président, nous pourrions peut-être justement en parler de
la démocratie du député de Terrebonne. Seulement une
petite parenthèse. Il vient de nous présenter un document, ce
matin. On a présenté le document régional, je vous l'ai
dit tantôt. Le député de Terrebonne nous a
présenté un document ce matin et dans ce document qui provient de
l'équipe ministérielle c'est bien ça que vous nous
avez dit vous proposez que, pour la région du Nord-Ouest, on
conserve trois comtés, mais surtout pour la région de l'Abitibi.
Par contre, il se trouve que vous proposez c'est vous qui proposez
ça, ce n'est pas la commission, c'est vous, je peux parler que le
comté de Témiscamingue se joigne au comté de Pontiac pour
faire un autre comté.
M. le Président, je ne voudrais pas, encore une fois,
prêter d'intentions au député de Terrebonne, je ne voudrais
pas dire que c'est de la partisanerie, au contraire. Mais ce n'est pas pratique
d'unir ces deux comtés, puisque déjà ces deux
comtés formaient, avant 1968, un comté fédéral qui
a été démantelé, parce qu'il était trop
vaste. C'est impossible, c'est impraticable, mais ça s'adonne comme
ça. En ajoutant Pontiac à Témiscamingue, ça
garantit la réélection d'un député libéral
facilement. Cela s'adonne comme ça. Ce ne sont pas des intentions que je
veux prêter, mais c'est ça que vous proposez. Ce n'est pas le
président de la commission Drouin qui propose ça. C'est le parti
ministériel. Evidemment, il serait peut-être bon de penser
à revoir cette carte électorale en fonction des
différentes suggestions, mais surtout en fonction des comtés en
dehors de Montréal et de Québec, surtout, en fonction des besoins
des régions.
Vous le savez, chaque région a un esprit régional assez
développé pour faire connaître ses besoins.
Et, à l'intérieur de ces régions, on peut en
arriver à présenter une carte électorale qui donnera
satisfaction. Parce qu'on ne peut pas, de façon mathématique,
avoir un comté qui a le même nombre d'électeurs dans une
région éloignée que dans une région qui est
près de Québec. Or, nous trouvons, par la suggestion qui nous est
faite, que c'est un peu le contraire.
Dans les régions éloignées, on s'en est presque
tenu aux barèmes établis, alors que nous avons exactement 18
comtés, dans l'ensemble, qui comptent moins de 25,000 électeurs.
Et parmi ces 18 comtés, sauf l'exception des Iles-de-la-Madeleine, nous
en retrouvons plusieurs qui sont près de Québec ou de
Montréal.
Alors, M. le Président, si nous considérons que nous
pouvons faire un comté avec 24,000 ou 25,000 électeurs
près de Québec ou de Montréal, l'argument compte d'autant
plus pour les régions qui sont éloignées, pour les
régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean, de la Gaspésie, du Nord-Ouest
ou de l'ouest du Québec.
C'est dans ce sens-là que nous ne pouvons, actuellement,
souscrire à ce qui nous est proposé, à moins,
évidemment, qu'on nous amène des changements. Ce que nous
espérons fortement.
M. LE PRESIDENT: M. Perreault.
M. PERREAULT: M. le Président, à la dernière
séance de cette commission parlementaire il a été
proposé et accepté par tous les partis qu'une séance
spéciale serait prévue aujourd'hui, le 30 juin, afin que tous les
partis et les députés, individuellement, puissent déposer,
en même temps, leurs derniers amendements à la proposition de la
carte des districts électoraux soumise par la commission Drouin.
Nous avons voulu cette déposition simultanée pour
éviter que les partis fassent une lutte au niveau politique. Un exemple
vient d'être donné par le député de Rouyn-Noranda
qui voulait commencer une argumentation sur les propositions du parti
ministériel. Et aussi que les députés évitent de
commencer à se chamailler entre eux. Nous avons voulu que tous les
partis puissent présenter des documents bâtis. Nous avons voulu
éviter que les partis puissent présenter ultérieurement
des documents basés sur ceux déjà présentés
par les autres partis.
Nous avons voulu que la commission Drouin puisse juger objectivement des
amendements proposés par tous les députés et partis, en
fonction des arguments géographiques, économiques et sociaux qui
justifient ces amendements.
De plus, considérant que la commission Drouin a
déposé, depuis plusieurs mois, sa proposition de carte de
districts électoraux, Unité-Québec, comme d'ailleurs, tous
les autres partis, a eu amplement le temps de préparer ses amendements.
Pour ces raisons, je ne peux souscrire à la demande du
député de Chicoutimi, au nom d'Unité-Québec, afin
que le parti Unité-Québec puisse soumettre ses demandes à
une date ultérieure.
Je propose que la commission n'accepte pas les amendements à la
réforme des districts électoraux soumis à la commission
Drouin, ultérieurement à cette date.
M. LEDUC: M. le Président, une courte intervention pour appuyer
ce que vient de dire le député de l'Assomption. Si on fait un
court historique des deux ou trois dernières séances, on se
souviendra qu'à l'avant-dernière séance en oubliant
celle-ci le député de Terrebonne avait proposé que
la séance que nous avons tenue il y a une quinzaine de jours soit la
dernière et que l'on dépose à ce moment, par écrit,
les recommandations de chacun des députés ou partis.
Le député de Chicoutimi avait insisté, à ce
moment, pour qu'on ait une autre séance. Et si vous vous souvenez, le
député de Maskinongé et le député de
Chicoutimi avaient quitté l'assemblée. Il a été
convenu qu'aujourd'hui serait la dernière séance.
Je me permets de relire, pour le besoin des membres de la commission, le
dernier paragraphe de la convocation qui a été envoyée
à chacun des membres de la commission, en date du 23 juin dernier et je
cite: "Nous désirons attirer l'attention de tous les
députés sur le fait que cette réunion du 30 juin sera
l'unique occasion, pour eux, de présenter par écrit toutes les
suggestions qu'ils désirent transmettre à la commission
permanente de la réforme des districts électoraux, concernant les
limites des comtés ainsi que des noms qui ont été
suggérés par la commission".
Je crois, M. le Président, qu'il faut mettre un frein à
cette discussion sur les limites des comtés électoraux. Si des
partis politiques ou des membres de l'Assemblée nationale n'ont pas eu
l'occasion, le temps, le loisir de préparer, par écrit, des
changements, je crois qu'ils devront réserver ces recommandations et ces
suggestions lorsque nous étudierons la loi en Chambre à
l'automne.
Quant à moi, je m'oppose très fermement à ce que
d'autres membres, après l'ajournement, aujourd'hui, puissent
déposer par écrit des recommandations, puisque nous avons eu au
moins un avis de sept jours; l'avis de convocation était daté du
23 juin. Je pense bien que depuis que nous avons à notre disposition des
services de recherche, du personnel, plus nombreux et compétents que
nous n'en avions les années précédentes, chaque parti
politique était équipé pour faire des recommandations par
écrit. Je ne peux pas accepter qu'un parti politique ou des
députés puissent présenter, après l'ajournement
d'aujourd'hui, des recommandations écrites, puisque c'est la convocation
que nous avons reçue de M. Desmeules, le secrétaire de la
commission de l'Assemblée nationale qui nous avisait que c'était
la date limite aujourd'hui.
C'est ce que je voulais faire remarquer à mes collègues de
la commission, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je regrette d'avoir été absent
pendant quelques moments, parce que nous avons dû discuter de la loi
53.
M. TETRAULT: Vous arrivez juste dans le bon temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. TETRAULT : Vous arrivez juste dans le bon temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas commenter l'attitude du
député de Taillon, ni celle du député de
l'Assomption. Si on ne veut pas que les mémoires soient
déposés, messieurs, d'accord. Il nous restera à utiliser
d'autres moyens. Et si le gouvernement, si la majorité
ministérielle ne manifeste pas la souplesse qu'elle prétend
manifester, ce sera à elle de prendre ses responsabilités. Le
public en jugera.
Quand je parle ici au nom de mon parti, je parle au nom de mon parti,
d'accord; mais je parle au nom des citoyens que je représente et je
parle également au nom des gens qui nous ont fait des
représentations. Représentations qui me sont arrivées
encore hier à mon bureau et, comme je l'ai dit tout à l'heure
à monsieur le président, que je n'ai pas eu le temps de colliger.
Je ne ferai pas une guerre là-dessus, M. le Président. Je ferai
parvenir le mémoire à monsieur le président, à
titre personnel, parce qu'il aura la délicatesse de le recevoir. Si
monsieur le président juge qu'il ne doit pas le transmettre à la
commission parlementaire, je lui laisse la liberté d'action. Je pense
que les députés qui s'opposent à cela le font avec de
bonnes et pieuses intentions. En ce qui me concerne, cela ne changera rien
à rien et cela ne changera surtout rien à rien de ce qui a
été décidé dans des caucus et dans les petites
assemblées qui se sont tenues dans différents secteurs du
Québec où on a dit: L'affaire de la carte c'est notre affaire et
ils vont passer par là.
M. LATULIPPE: Je connais la clairvoyance et l'habileté du
président. Je lui fait totalement confiance sur ce point. Le point que
je voulais aborder plus précisément, c'est la question des noms.
Tout au cours des séances qui se sont déroulées, on a
toujours dit: Les noms, on ne les discute pas tout de suite, vous pourrez les
discuter plus tard. Sur la question des noms, au moins, on pourrait
peut-être recevoir...
M. HARDY: Je me permets quand même de faire remarquer, encore une
fois que, la question des noms, c'est très simple. Si le
député, l'actuel député de Frontenac, n'est pas
satisfait du nom qui apparaîtra dans le projet de loi, il est très
simple, à ce moment-là, de faire une proposition d'amendement en
Chambre pour changer le nom de X par le nom de Y. Et je suis convaincu qu'il
n'y aura aucune difficulté. Mais je tiens à faire remarquer que
l'avis de M. Desmeules mentionnait très bien: Réforme des
districts électoraux concernant les limites des comtés ainsi que
des noms qui ont été suggérés. Et ce, tout
simplement pour la raison suivante. C'est que, c'est la dernière
réunion que nous avons et que, si l'on veut que les légistes
commencent à rédiger la loi, il faut mettre un temps
d'arrêt. Mais encore une fois, il n'y a pas de problème pour les
noms, parce que, si vous n'êtes pas satisfait du nom qui sera
écrit dans le projet de loi, vous aurez toute latitude, comme sur
n'importe quel autre aspect de cette loi, de proposer des projets d'amendement.
Il faut bien se rappeler une chose, et je le précise, le projet de
délimitation des circonscriptions électorales n'est pas un "money
bill". Donc, n'importe quel député peut proposer des amendements
aux noms et même aux frontières quand la loi sera
étudiée en Chambre.
M. LATULIPPE: Est-ce que je peux poser une autre question au
vice-président de la
Chambre, s'il vous plaît? Est-ce qu'il est dans votre intention
également de déposer, en même temps que le projet de loi
sur la réforme de la carte, les trois autres annexes concernant les
trois autres chapitres de la réforme?
M. HARDY: Je ne peux pas répondre à cette question
maintenant.
M. TETRAULT: Est-ce que je peux poser une question au
député de Terrebonne? Lorsque le gouvernement, ou le parti
ministériel, ou la commission va déposer le bill en Chambre,
est-ce que...
M. HARDY: C'est le gouvernement qui va déposer un bill en
Chambre.
M. TETRAULT: ... Donc, il va y avoir parti pris. Est-ce qu'il est
très conscient que les amendements en commission parlementaire sont
réfutés, rejetés?
M. HARDY: Je puis dire avec la certitude de ne pas me tromper, que le
parti ministériel... Evidemment, si vous proposez un changement de nom
et si un député ministériel en propose un autre, ce sera
le vote qui décidera, normalement.
M. TETRAULT: Donc, le parti ministériel l'emportera encore.
M. HARDY: Mais qu'est-ce que vous voulez? Ce n'est pas de ma faute si le
parti ministériel a la majorité en Chambre.
M. TETRAULT: Non, je parlais justement...
M. HARDY: Ce que je veux dire, c'est que, quant aux noms il aura toute
latitude et la même chose pour les frontières. Les
députés auront toute latitude pour proposer des amendements lors
de l'étude du projet de loi en commission plénière ou en
commission de l'Assemblée nationale.
M. LE PRESIDENT: M. Boivin.
M. BOIVIN: Est-ce qu'on peut escompter que les mémoires qui ont
été présentés ce matin en commission seront
inscrits au journal des Débats?
M. LE PRESIDENT: Je voulais soumettre cette question à la
commission. C'était mon intention de le faire dans quelques minutes. Je
les ai tous ici.
M. BOIVIN : Je comprends que les mémoires qui ont
été soumis ce matin seront inscrits au journal des Débats.
Mais je n'ai pas d'objection à ce que les députés et les
partis puissent présenter encore, lors d'une prochaine réunion,
des mémoires qui devraient être reconnus par la commission.
M. LE PRESIDENT: On peut vider une question immédiatement. J'ai
ici les documents qui m'ont été soumis ou remis de la part du
parti Unité-Québec, par MM. Alfred Croisetière, Guy
Gauthier, Roch Boivin, Philippe Deniers et René Lavoie; par les
députés suivants du Ralliement créditiste: MM. J.-A. Roy,
Jean-Louis Béland, Ronald Tétrault; également, un document
remis conjointement par MM. Camille Samson, Ronald Tétrault,
Aurèle Audet; un mémoire soumis par M. Denis Hardy, deux
documents au nom du parti ministériel.
M. HARDY: Je voudrais bien qu'il soit spécifié que ce ne
sont pas les miens, mais que c'est soumis au nom du parti
ministériel.
M. LE PRESIDENT: Par un membre de la commission qui est M. Denis Hardy.
J'ai également un autre mémoire soumis conjointement par les
députés Robert Lamontagne, Roger Pilote, Gérald
Harvey.
M. HARDY: Il faudrait mentionner que le mémoire soumis par ces
députés est déjà inclus dans le mémoire du
parti ministériel.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas eu le temps d'éplucher les
mémoires, de les décortiquer. J'ai un autre document remis au nom
du Parti québécois par M. Camille Laurin. Est-ce le voeu de la
commission que tous ces documents soient imprimés, apparaissent au
journal des Débats, en annexe sur les travaux de la commission? (Voir
annexe)
M. HARDY: Nous n'avons pas d'objection, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: C'est une question vidée. J'ai d'autres
directives à demander à la commission. J'ajoute un document au
norn de M. Clément Vincent.
M. HARDY: Est-ce que le député d'Iberville veut faire une
proposition à l'effet que ce soit fini maintenant?
M. LAVOIE (Wolfe): Il faudrait qu'on puisse remettre des documents, que
ce soit prolongé encore de quelques jours. Je proposerais cet
amendement.
M. LATULIPPE: Le député de Beauce, M. Roy, en a un de
prêt. Il est prêt; il s'en vient.
M. LE PRESIDENT: Voulez-vous l'avertir...
M. HARDY: Il va arriver avant la fin de la séance?
M. TETRAULT: Comme tout le temps, il est toujours à temps.
M. HARDY: Je reconnais que votre groupe parlementaire est diligent.
M. TETRAULT: De votre part c'est un hommage extraordinaire.
M. LE PRESIDENT: M. Audet et M. Léger après.
M. AUDET: M. le Président, pour ne pas risquer que les propos du
député de Chicoutimi, sur les intentions du gouvernement en
matière de réforme électorale soient
interprétés comme vrais, à la suite de la proposition du
député de Taillon à l'effet que la limite de temps pour
présenter des mémoires soit aujourd'hui, je suggérerais
que les mémoires qui ont été présentés
aujourd'hui soient acceptés comme tels ou au moins soient
acceptés aussi bien que ceux des trois députés du parti
ministériel qui viennent de déposer un mémoire
conjointement et qui a été bel et bien accepté puisqu'il
fait déjà partie de la proposition...
M. LE PRESIDENT: Ces documents sont reçus par le président
de la commission et je suis le canal.
M. AUDET: On doit accepter...
M. LE PRESIDENT: Je les reçois, moi, et je les remets à la
commission Drouin pour considération.
M. AUDET: De toute façon, si on a présenté des
mémoires et qu'on ne les accepte pas, on devrait s'en tenir aux propos
du député de Chicoutimi.
M. HARDY: Est-ce que le député d'Abitibi-Ouest me permet?
De qui parlez-vous? Accepté par la commission parlementaire ou la
commission Drouin? Parce qu'on ne sait pas ce que la commission Drouin va faire
avec cela, pas plus avec le document que j'ai déposé qu'avec les
autres documents. Ce qui est certain, c'est que nous, comme parti
ministériel, nous acceptons, comme je l'ai dit à maintes reprises
il ne s'agit pas de toujours répéter les mêmes
choses les mémoires de tous les députés de tous les
partis et nous sommes d'accord pour que le président de la commission de
l'Assemblée nationale les remette à la commission Drouin pour
considération et cela sur un pied d'égalité, pas plus les
uns que les autres.
M. AUDET: Vous n'êtes pas sûr que le vôtre sera
accepté?
M. HARDY: C'est évident.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que je pourrais soumettre l'idée de
prolonger jusqu'à la semaine prochaine?
M. LE PRESIDENT: Vous avez une question de privilège.
M. LEDUC: Le député d'Abitibi-Ouest m'a fait dire quelque
chose en disant que ma proposition aujourd'hui était à l'effet
que c'était la date limite pour remettre des mémoires. Je
regrette; ce n'est pas une proposition que j'ai faite, c'est une proposition
qui a été adoptée à la dernière
séance par la commission et je me suis permis de la rappeler aux membres
de la commission. Je m'en tiens à une motion qui a été
votée et acceptée et je respecte cette décision.
Je demande aux membres de la commission de respecter une décision
qu'on a prise à la dernière assemblée. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
M. LE PRESIDENT: J'ajoute un autre document que je viens de recevoir
signé par M. Fabien Roy.
M. Léger.
M. LEGER: Etant donné qu'au début de la séance de
la commission j'étais absent j'étais à
l'Assemblée nationale il semble que le député de
Terrebonne ait accepté le fait qu'avant que le projet de loi sur la
réforme de la carte électorale soit présenté, il y
aurait une réunion de la commission. Je voudrais lui demander bien
précisément, quand et comment la commission sera-t-elle saisie de
la décision finale de la commission permanente de la réforme de
la carte électorale sur le projet qui reprendrait tout ce qui a
été présenté comme mémoire.
M. HARDY: Vous n'auriez eu qu'à consulter votre voisin de droite,
l'éminent chef parlementaire de votre parti à qui j'ai
précisé tantôt que la commission Drouin, remettant son
rapport au président de l'Assemblée nationale, il était
implicite que le président de l'Assemblée nationale remettrait
ledit rapport aux différentes formations politiques et aux
députés indépendants.
M. LEGER: Mais il n'y aura pas de réunion de la commission pour
voir le rapport final. En regardant rapidement les propositions du parti
ministériel, où il y a 67 comtés affectés, et en
regardant à première vue les corrections mineures au point de vue
des districts et majeures au point de vue des implications politiques directes,
j'aurais bien aimé que la commission puisse se réunir pour revoir
le projet final qui aurait reçu les amendements proposés par les
différents mémoires.
M. HARDY: C'est-à-dire que ce qui pourrait arriver, c'est que tel
que prévu par nos règlements, lorsque le projet de loi sera
rédigé, il pourra venir devant la commission de
l'Assemblée nationale même avant la deuxième lecture. On
pourra faire les représentaitons voulues à ce moment-là.
Il n'y a pas de problèmes majeurs.
M. DEMERS: Est-ce qu'il pourra ou s'il devra?
M. HARDY: Pourra.
M. DEMERS: Il devrait pouvoir.
M. HARDY: Le leader parlementaire du gouvernement décidera en
temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: Le Dr Boivin.
M. BOIVIN : Il me semble qu'on n'a pas répondu à mes
questions. Est-ce que les mémoires qui ont été
présentés ce matin seront inscrits au journal des
Débats?
M. HARDY: Oui.
M. BOIVIN: Alors est-ce qu'on ne pourrait pas permettre que les
députés des partis puissent remettre, lors d'une prochaine
séance, ou des prochaines séances, des mémoires? Sans
permettre la discussion sur ces mémoires, lors de ces réunions,
qu'ils aient la faculté de les déposer et qu'ils soient inscrits
au journal des Débats, à la séance où ils seront
déposés.
M. LAVOIE (Wolfe): S'ils n'ont pas pu déposer leurs
mémoires, d'une façon ou d'une autre, qu'ils l'envoient au
président et ce sera...
M. LE PRESIDENT: Sur cette question-là... Vous compléterez
; il y a eu le départ précité du député de
Chicoutimi...
M. DEMERS: Je le remplace, M. le Président.
M. HARDY: Avec avantage.
M. LE PRESIDENT: Je suis l'humble serviteur de la commission et je
n'aime pas rester suspendu dans les airs, entre ciel et terre. J'aimerais bien
avoir des directives précises de la part de la commission, s'il m'arrive
des documents après l'ajournement de cette séance.
M. HARDY: M. le Président, je pense que la question que vous
posez est très sage, parce qu'il faut, d'une part, que vous sachiez
exactement quoi faire et, d'autre part, il faut également que la
commission Drouin sache exactement quoi faire. Donc, je pense, et là, je
ne veux pas limiter le débat pour ne pas encore être accusé
d'imposer le bâillon, mais je pense qu'à la fin de la discussion
que nous avons présentement, la commission devra se prononcer sur la
question, à savoir: Est-ce que c'est aujourd'hui la fin de la remise des
mémoires ou si l'on doit étendre le délai?
La commission devra se prononcer d'une façon claire et
précise. Pour le moment, j'ai des observations à faire, mais s'il
y a d'autres députés qui désirent parler, qu'ils le
fassent. Je réserve mes remarques pour la fin.
M. BOIVIN: Pour faire suite à la question que j'ai posée,
mon opinion est que tout débat soit clos sur cette question, mais qu'on
permette aux députés qui auraient été pris à
la dernière minute, dans différentes commissions...
Moi-même, je n'ai pu intervenir avant les deux dernières
séances que nous avons eues, parce que j'ai dû être sur la
sellette dans d'autres commissions. Alors, qu'on close le débat, mais
qu'on permette aux députés et aux partis de présenter
leurs mémoires qui seront inscrits à la séance où
ils seront présentés.
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que mercredi prochain serait une date
acceptable pour les membres de la commission? Comme date limite. Je fais une
proposition, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Mercredi à minuit? M. LAVOIE (Wolfe): C'est
ça.
M. LE PRESIDENT: J'aime autant avoir les heures...
M. SAMSON: Je pense qu'on ne peut pas faire autrement que d'être
d'accord sur la proposition. Il est plus que raisonnable, que l'on puisse
permettre, à ceux qui n'ont pas eu le temps de le faire, de
présenter des mémoires au président de l'Assemblée
nationale, considérant que, depuis quelque temps, les
députés ont beaucoup à faire, surtout ces derniers jours.
La proposition à l'effet que, mercredi prochain à minuit, ce soit
la limite. Nous appuyons cette proposition.
M. HARDY: Le député de Wolfe va un peu... M. LE PRESIDENT:
M. Demers.
M. DEMERS: M. le Président, tantôt le député
de Taillon a dit qu'on devait se limiter dans le dépôt de nos
documents en se rapportant à la décision qui avait
été prise à la dernière réunion, disant que
ce serait la dernière réunion pour présenter les
documents.
Je fais remarquer à mon illustre et savant collègue et ami
que la commission est toujours maîtresse de ses décisions. On
pourrait changer la décision qui a été
agréée antérieurement et ça permettrait un geste de
collaboration qui ne changerait rien, si on mettait la date limite à
mercredi prochain. Cela permettrait au député de Chicoutimi, qui
était chargé de préparer notre mémoire, de finir de
colliger tout ce qui lui a été remis; ça permettrait au
député de Frontenac de recueillir ses documents, au
député de Rouyn, la même chose et ça
n'enlèverait rien.
Nous sommes convaincus que le parti ministériel aura le dernier
mot là-dedans. Ne vous inquiétez pas. Donnez-vous donc cette
permission, au moins, de vous présenter des griefs.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette proposition est acceptée?
M. HARDY: Un instant, j'ai des remarques à faire.
M. TETRAULT: Est-ce que le député de Terrebonne
s'adressait au président de la commission: Un instant, j'ai des
remarques à faire?
M. HARDY: Je dois avoir le droit de parole comme tout le monde.
M. TETRAULT: Est-ce que vous aviez parlé avant?
M. DEMERS: On aimerait que vous le demandiez comme tout le monde. On
aimerait que le député de Terrebonne demande la parole comme tout
le monde: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir la parole?
M. LESSARD: Sur un point de règlement, il est entendu que le
député de Terrebonne n'a pas nécessairement le dernier mot
à cette commission.
M. HARDY: Non, non.
M. LESSARD: Si une autre personne veut parler par la suite...
M. HARDY: C'est sûr.
M. LESSARD : ... elle aura la possibilité de le faire.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, j'ai peut-être
précipité la décision.
M. HARDY: On mettra la motion aux voix.
M. LE PRESIDENT: D'accord. M. Hardy, député de
Terrebonne.
M. HARDY: S'il y a d'autres députés qui veulent parler
avant moi, je cède mon droit.
M. LESSARD: On vous écoute. UNE VOIX: Nous sommes suspendus. M.
DEMERS: On n'aura plus rien à dire.
M. HARDY: Voici, M. le Président. Je pense qu'il faut quand
même conserver une certaine cohérence et une certaine logique dans
l'ordre de nos travaux. Lors de la dernière séance, qui date de
plus d'une semaine elle avait lieu, si ma mémoire est
fidèle, le 21 juin j'ai fait une proposition que je me permets de
relire textuellement à même l'épreuve du journal des
Débats: "Je voudrais également proposer que la prochaine
réunion de la commission ait lieu le vendredi 30 juin à 11 heures
et qu'à l'occasion de cette réunion, les partis politiques ou les
députés déposent par écrit, devant la commission,
leur suggestions, lesquelles seront acheminées à la commission
Drouin pour étude. Evidemment, il est très important que tout le
monde dépose en même temps ses amendements pour que la commission
Drouin puisse les étudier tous en même temps.
Si les suggestions devaient s'échelonner sur une certaine
période, le travail de la commission Drouin deviendrait impossible. Il
faut que la commission Drouin ait en main toutes les suggestions en même
temps. C'est la raison pour laquelle je propose, à l'occasion de la
prochaine réunion, le vendredi 30 juin, que nous déposions toutes
les suggestions que nous voulons voir étudier par les membres de la
commission permanente".
M. le Président, en tout cas, nous, nous avons fait nos
suggestions dans cet esprit, cela est très logique. Dès le
début, nous avons dit que nous voulions, d'une part, que le droit des
parlementaires de faire des suggestions à la commission soit
respecté mais que, d'autre part, le travail de réforme de la
carte électorale se fasse d'une façon dépolitisée
et non partisane et se poursuive.
Après qu'un certain nombre de députés et de partis,
le Parti québécois et le Parti libéral eurent
déposé leur projet, il est bien évident que, si l'on
permet de prolonger le délai, cela devient une question politique.
D'autres députés et d'autres partis s'empresseront de prendre nos
documents et essaieront de les démolir ou de les détruire, de
telle façon que la commission Drouin ne serait pas placée devant
une situation objective.
Ayant ce matin, nous, nous ne savions pas ce que le Parti
québécois devait faire. Nous ne savions pas ce que les
députés d'Unité-Québec devaient faire. Nous ne
savions pas ce que le député de Rouyn-Noranda devait faire. Nous
étions tous sur un pied d'égalité. Nous avons tous, sur ce
pied d'égalité, déposé ce que nous
considérions être des amendements valables, à la
lumière des études faites, des consultations menées et des
interrogations et des réponses que nous avons eues des membres de la
commission Drouin.
Je pense que c'est une question d'élémentaire justice. Et
prétendre, ce matin, qu'on n'a pas eu le temps de présenter et de
préparer nos mémoires, je regrette mais je ne peux souscrire
à cette idée. Les partis politiques ont le rapport Drouin depuis
le 7 mars. Ils ont eu le temps, depuis le 7 mars, pour l'étudier, pour
le consulter. De plus, il a été bien entendu, il y a plus d'une
semaine, encore une fois, que c'était ce matin la limite.
Je pense, M. le Président, que personne n'a été
privé de ses droits. Tous les députés ont eu amplement le
temps de faire des suggestions. Encore une fois, je dis que ce serait fausser
les jeux de permettre aujourd'hui à d'autres députés ou
à d'autres partis politiques de faire des suggestions alors qu'ils sont
déjà en présence, qu'ils connaissent déjà
les suggestions que d'autres députés ont faites.
Il faut, je le répète, conserver à ce travail de
réforme de la carte électorale l'esprit d'objectivité, de
rationalité et de non-partisanerie qu'il a eu jusqu'ici.
Je termine, M. le Président, en disant que les
députés qui, pour une raison ou pour une autre, auraient
été empêchés jusqu'à ce jour de faire des
suggestions, jouiront de leur droit absolu, entier et total, lors de
l'étude de la Loi de la division des circonscriptions
électorales, de proposer des amendements tant sur les noms que sur les
frontières. C'est la raison pour laquelle je suis obligé de
m'opposer à la proposition du député de Wolfe et de
souhaiter que la commission maintienne sa décision, à savoir
qu'à partir d'aujourd'hui le président de l'Assemblée
nationale ne devrait plus recevoir de suggestions d'amendements à
l'intention de la commission Drouin.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je comprends très bien
le député de Terrebonne parce que, depuis le début des
travaux de la commission, le député de Terrebonne n'a jamais
été très flexible. Il a toujours traité les autres
presque à coups de bâton'. Je ne verrais pas la différence
de présenter les documents deux ou trois jours plus tard. Qu'est-ce que
ça peut changer? Est-ce que ça peut avantager certains
députés? Qu'est-ce que cela peut changer que le président
reçoive des documents d'ici mercredi soir, à minuit, et qu'il les
transmettre à M. Drouin?
UNE VOIX: La commission commencera à travailler mercredi.
M. LAVOIE (Wolfe): La commission commencera à travailler jeudi
matin. C'est la seule différence que cela peut faire. Cela peut
avantager quelques députés seulement. Si ça ne vous
convient pas...
M. LAURIN: M. le Président, je partage entièrement les
vues exprimées par le député de Terrebonne et...
M. HARDY: Je commence à craindre!
M. LAURIN: ... j'y ajouterais même deux raisons additionnelles.
Non seulement tous les partis et tous les députés étaient
parfaitement au courant depuis très longtemps du délai qui leur
avait été imparti pour la présentation des
mémoires, mais un parti qui ne compte que sept députés a
pu le faire alors qu'un parti qui représente seize ou dix-sept
députés n'a pu le faire pour des raisons qu'il reste à
déterminer...
M. LAVOIE (Wolfe): Un instant! Nous avons des mémoires personnels
de présentés.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: ... et dont ils sont les respon- sables. Quelles que soient
les raisons qu'ils pourraient invoquer, je pense qu'elles ne pourraient pas
être valables...
M. LESSARD: A l'ordre!
M. LAVOIE (Wolfe): Est-ce que c'est le député de Saguenay
qui va me rappeler à l'ordre, M. le Président?
M. LESSARD: Je demande l'ordre, M. le Président.
M. LAURIN: ... car elles seraient absolument incompréhensibles.
Par ailleurs, nous avons dit à plusieurs reprises, le président
de la commission de la réforme électorale nous l'a dit, que le
travail doit être mené avec la plus grande
célérité possible. Et un autre délai d'une semaine,
qui serait absoluement injustifié, viendrait retarder encore d'une
façon indue des travaux qui n'ont que trop tardé jusqu'ici,
malgré qu'ils ont été menés le plus rapidement
possible selon les membres de la commission.
Avec les motifs qu'a invoqués le député de
Terrebonne et avec les deux autres que je viens d'évoquer, je ne vois
aucune raison pour étendre davantage le délai et je suis d'accord
pour dire que les délais sont maintenant expirés et que la
commission devrait procéder comme il avait été
entendu.
M. LAVOIE (Wolfe): Quand le Parti québécois avait des
documents qui n'étaient pas prêts, il a demandé des
prolongements. Aujourd'hui, on le demande pour ceux qui ont des documents qui
ne sont pas prêts.
M. LE PRESIDENT: M. Samson.
M. SAMSON: J'aurais une question. Quand, normalement, pourriez-vous
acheminer les documents que vous avez ce matin vers la commission Drouin?
M. LE PRESIDENT: Mon intention est de les remettre immédiatement
à M. Pouliot qui verra à les acheminer vers la commission
Drouin.
M. SAMSON» M. le Président, sur la proposition, je
considère quand même que cela ne changerait pas grand-chose que
d'accorder un délai de quelques jours afin de permettre, a ceux qui
n'ont pas eu le temps de présenter leur mémoire, de le faire.
Suivant ce qu'a dit le député de Terrebonne, je comprends
qu'il y a peut-être un principe. Les mémoires, suivant l'esprit,
si j'ai bien compris, auraient dû être présentés en
même temps pour maintenir un certain équilibre afin de de ne pas
permettre que d'autres puissent venir, par la suite, démolir les
documents qui sont déjà en possession de la commission. Je
comprends ce point de vue. Par contre, même si
je le comprends, je ne le partage pas. Parce que, si le document n'est
pas assez solide, si on a peur de le faire démolir, si on manque de
confiance à ce point, je me demande ce qu'on a à avoir peur d'un
autre groupement qui aurait des suggestions à apporter.
A titre d'exemple, si on ne permet pas au parti de
l'Unité-Québec, qui n'a pas eu le temps de présenter son
mémoire, de présenter son mémoire devant la commission,
hypothétiquement, rien n'empêche le parti de
l'Unité-Québec de faire publier son mémoire dans la
presse. Rien n'empêchera le président ou les membres de la
commission d'en prendre connaissance par la voie de la presse. Qu'est-ce que
cela change? Cela ne changera rien. J'ai l'impression qu'on veut absolument
empêcher quelqu'un de présenter des suggestions en faisant de la
procédu-rite. Au point de vue pratique, cela ne changera absolument
rien. Si on ne lui permet pas de le faire par la voie suggérée,
il va le faire autrement. Il fera bien de le faire autrement. Parce que si on
bâillonne de cette façon, si on ne permet pas à la
commission de recevoir toutes les suggestions possibles, on ne pourrait pas
dire qu'on enlèverait la partisanerie.
Si on enlève la partisanerie cela veut dire s'ouvrir, permettre
à tout le monde de faire toutes les suggestions possibles et on n'en est
pas à deux jours près.
M. HARDY: M. le Président, en vertu de l'article 97, je voudrais
rétablir les faits. La question de solidité des mémoires
présentés par quelque député ou parti que ce soit,
c'est à la commission Drouin de l'apprécier et c'est
précisément pour respecter ce principe, que ce ne soient pas
d'autres partis qui apprécient la solidité ou la
non-solidité des suggestions, c'est précisément pour
permettre à la commission Drouin d'être placée devant des
suggestions qui ne sont pas des tentatives de démolir l'un ou l'autre.
Parce que, si vous étendez le délai, c'est justement ce qui va
arriver, la commission Drouin va se trouver devant une situation de bataille
alors que la commission Drouin, tout ce qu'elle doit faire, c'est
d'étudier sereinement, objectivement et rationnellement les suggestions
que spontanément les députés ont faites et non pas les
suggestions que des députés pourraient faire à la
lumière de suggestions que d'autres députés ont faites.
C'est aussi simple que cela...
M. SAMSON: Une question...
M. HARDY: ... et je ne comprends pas que le député de
Rouyn-Noranda comprenne mon point de vue mais ne le partage pas.
M. SAMSON: Est-ce que vous me permettez une question?
M. HARDY: Oui.
M. SAMSON: Est-ce que vous considérez que la commission peut
prendre des suggestions ailleurs que dans les mémoires que nous
présentons?
M. HARDY: Non, la commission Drouin est liée et elle ne peut
étudier que les suggestions qui lui sont acheminées par la
commission de l'Assemblée nationale. Pas plus qu'un juge ne peut prendre
connaissance de ce qui est publié dans un journal dans une cause, la
commission Drouin n'a pas à prendre connaissance des mémoires qui
pourront être publiés dans les journaux. La commission Drouin ne
doit étudier que les suggestions qui lui parviendront par le canal de la
commission de l'Assemblée nationale parce qu'encore une fois, c'est
l'esprit de la loi, c'est le Parlement, c'est la commission de
l'Assemblée nationale qui est souveraine et non pas les journaux.
M. SAMSON: Est-ce que vous considérez que la commission peut
quand même faire certaines suggestions même à ce stade-ci,
dans ses travaux? Est-ce que la commission peut modifier ses travaux à
ce stade-ci?
M. HARDY : On ne peut pas changer la loi ici.
M. SAMSON: Non, je ne vous demande pas de changer la loi. Est-ce que
vous pensez que la commission peut faire certaines modifications, non pas en
partant de mémoires en provenance d'ailleurs mais en partant de la
logique dont peuvent faire preuve les membres de la commission?
M. HARDY: En partant de la logique des institutions parlementaires, je
considère qu'il est impérieux que la commission Drouin ne
s'occupe pas d'autres suggestions que celles qui lui seront acheminées
par la commission de l'Assemblée nationale. Si on veut garder de la
cohérence dans nos institutions, si on ne veut pas déboucher sur
l'anarchie je sais que le député de Rouyn-Noranda n'y
tient pas du tout les suggestions doivent être acheminées
par la commission de l'Assemblée nationale.
M. SAMSON: Je voudrais remercier particulièrement le
député de Terrebonne lorsqu'il dit que je ne suis pas un
anarchiste. Je voudrais aussi spécifier que ne pas être anarchiste
veut dire également respecter tous les autres.
M. HARDY: Et les institutions. M. SAMSON: Les individus aussi. M. LE
PRESIDENT: M. Léger.
M. LEGER: M. le Président, il y a deux points que je voulais
soulever.
Il avait bien été convenu que tous présentaient les
mémoires en même temps et non pas uniquement pour le remettre
à la commission Drouin c'était une des raisons mais
aussi pour que les autres partis aient en main tous les documents, en
même temps. C'est la raison pour laquelle j'ajoute le point suivant. Le
député de Chicoutimi, qui est tellement intransigeant sur les
règlements quand c'est l'adversaire qui est en cause, devrait respecter
le règlement pour lui-même quand c'est lui qui est en cause et ne
pas remettre, comme il l'a dit tantôt, personnellement à M.
Drouin, son rapport alors que...
M. le Président, le député a dit tantôt qu'il
se chargeait lui-même d'envoyer spécialement à M. Drouin le
rapport...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement. Je n'ai jamais
dit ça. J'ai dit que je vous ferais parvenir à vous, M. le
Président, le mémoire que nous proposons de déposer et que
je vous laissais la liberté de l'acheminer vers qui de droit.
M. LEGER: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes
respectueux de la décision qui a été prise aujourd'hui
à l'effet que le dépôt des mémoires se terminait
aujourd'hui. Nous allons voter contre ce prolongement de délai.
M. LE PRESIDENT: M. Ostiguy.
M. OSTIGUY: Sur la motion du député de Wolfe, je ne
comprends pas comment il se fait que le parti de l'Unité-Québec
s'oppose à ce que les mémoires soient tous déposés
aujourd'hui, puisque plusieurs députés de
l'Unité-Québec ont déjà déposé des
mémoires. Ils ont eu amplement le temps de se préparer au
complet, au nom du parti, puisque plusieurs députés l'ont fait.
Si le parti ministériel a déposé un mémoire, je ne
vois pas, encore une fois, pourquoi l'Unité-Québec n'aurait pas
pu le faire. Je ne comprends pas le départ tantôt fracassant du
député de Chicoutimi, qui est revenu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, j'invoque le règlement.
M. LEGER: Ce n'était pas fracassant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas du tout quitté la
commission dans les circonstances qu'essaie de décrire le
député de Rouville. J'ai tout simplement été
obligé, à deux reprises, d'aller en Chambre pour discuter d'un
projet de loi dont ne se sont pas occupés, d'ailleurs, les
députés ministériels.
M. LE PRESIDENT: M. Latulippe.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'appuierai la motion parce
qu'à mon point de vue, c'est sans conséquence d'aller d'un bord
ou de l'autre. De toute façon, la commission Drouin avait un mandat et
l'a respecté. Et ce n'est pas parce qu'on va soumettre des
mémoires qu'on va changer le mandat qu'elle avait. Par les mesures
d'adaptation qui correspondraient à une mesure normale, humaine et de
tolérance minimum...
UNE VOIX: Humanitaire!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. Latulippe, s'il vous plaît.
M. LATULIPPE: C'est tout.
M. LE PRESIDENT: C'est tout! M. Tremblay de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la proposition qu'a
faite mon collègue, le député de Wolfe, me paraît
pertinente. D'abord, il y a une chose qu'il faudrait préciser. Il n'y a
eu aucune sorte d'entente sur le temps limite. Ce sont des
interprétations abusives. Le député de Terrebonne nous a
dit tout à l'heure avec une sorte de sollicitude pour la commission
Drouin, comme si c'étaient ses enfants: Ces gens, il ne faut quand
même pas qu'ils soient placés dans la situation de devoir examiner
des mémoires qui seraient la critique les uns des autres.
Grand Dieu! Le président de la commission Drouin lui-même
et M. Prémont, nous ont, l'un après l'autre, invités
à aller les voir pour leur faire nos propres représentations; ce
que nous n'avons pas fait, pas dans mon cas. Alors, cet argument est enfantin.
Est-ce que le député de Terrebonne pense que nous avons besoin du
Parti libéral ou des autres partis pour penser? Le député
de Terrebonne se prend pour un autre, à mon sens, s'attribue des
qualités, des devoirs...
M. HARDY: Votre retard à déposer votre mémoire me
laisse me questionner là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, d'abord, "me
questionner", c'est un anglicisme. Le problème n'est pas là, la
question est que nous avons des documents; d'autres nous sont parvenus. Nous
avons colligé des documents et des opinions et nous avons voulu
présenter un document qui soit bien articulé et qui ne soit pas
la critique de ceux qui ont déjà été
présentés. On a eu suffisamment d'expressions d'opinions ici pour
savoir ce que pense tel parti ou tel autre. La question est d'admettre, en
toute bonne foi et en toute gentilhommerie, que la situation qui nous est faite
de devoir être présents, nous, à toutes les commissions et
de travailler, nous, à toutes les commissions, nous a
empêchés de mettre au propre un document qui est
préparé, d'ailleurs, depuis longtemps.
Je n'en ferai pas une guerre, c'est une chose qui m'indiffère. La
seule chose que je retiens de cet incident, que je considère comme un
incident et non pas comme une question de droit parlementaire et de
démocratie, etc., c'est l'étroitesse d'esprit de certaines gens
qui, après s'être consultés, se sont dit: Le
découpage nous va à nous; il faut que ça aille dans le sac
le plus vite possible. Ce n'est pas notre façon de travailler.
Si la commission ne veut pas accepter ça, c'est son affaire; nous
nous soumettrons à la majorité.
Cela ne nous empêchera pas de faire connaître notre opinion
par ailleurs, à qui de droit, et cela ne m'empêchera pas
personnellement de faire tenir à M. le président de
l'Assemblée nationale le mémoire et il en fera des choux, des
raves et compte tenu des responsabilités qu'il a...
M. LE PRESIDENT: J'accuserai réception.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il accusera réception. Puis, je ne
serais pas du tout surpris que le premier à en prendre connaissance,
ça va être le député de Terrebonne qui en fera
probablement une bonne utilisation auprès des personnes qu'il a
contactées régulièrement, les membres de la commission
Drouin.
M. HARDY: Je soulève une question de privilège, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! j'ai frappé juste.
M. HARDY: En aucun temps, depuis l'institution de la commission
permanente, je n'ai j'ai parlé à des membres, j'ai
même pris le café parfois avec M. Prémont, au Café
du parlement parlé de la carte électorale avec l'un ou
l'autre des membres de la commission permanente. J'ajouterai même que les
seules interventions que j'ai faites, c'est lorsque j'ai questionné les
membres de la commission au sujet de la localisation de Sainte-Anne-des-Plaines
et de Saint-Calixte et les seules interventions formulées sont celles
que j'ai déposées ce matin, non pas en mon nom personnel mais au
nom du parti ministériel, propositions évidemment auxquelles je
suis solidaire en tant que membre du parti ministériel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le caporal ayant
parlé, je tiens à répéter ce que vous ai dit,
savoir que je n'accorde aucune sorte d'importance au refus que la commission
pourra opposer à la demande que nous avons faite ce matin. Seulement, je
note l'étroitesse d'esprit de certaines gens et je note aussi le manque
de collaboration que manifestent certaines gens dans une entreprise qui devrait
être une entreprise collective et au sujet de laquelle le premier
ministre nous aurait dit que nous aurions toute latitude et toute
liberté d'action.
M. LE PRESIDENT: M. Perreault.
M. PERREAULT: En vertu du règlement, je voudrais rappeler au
député de Chicoutimi, qui s'était absenté, ce que
le député de Terrebonne a lu tout à l'heure, un extrait
des épreuves du journal des Débats et je cite: "Je voudrais
également c'est le député de Terrebonne qui parlait
proposer que la prochaine réunion de la commission ait lieu le
vendredi 30 juin à 11 heures et qu'à cette occasion, à
cette réunion, les partis politiques ou les députés
déposent par écrit devant la commission leurs suggestions,
lesquelles seront acheminées par le secrétariat des commissions
à la commission Drouin, pour étude. Evidemment, il est
très important que tout le monde dépose en même temps ces
amendements pour que la commission Drouin puisse les étudier tous en
même temps. Parce que si les suggestions devaient s'échelonner sur
une certaine période, le travail de la commission Drouin deviendrait
impossible. Il faut que la commission Drouin ait en main toutes les suggestions
en même temps.
C'est la raison pour laquelle je propose, à l'occasion de la
prochaine réunion, le vendredi 30 juin, que nous déposions toutes
les suggestions que nous voulons voir étudier par les membres de la
commission permanente".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Merci de votre largeur d'esprit. Elle est
à votre dimension.
M. LE PRESIDENT: Je mets aux voix la proposition du député
de Wolfe. M. Tremblay?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En faveur de la proposition du
député de Wolfe et pour la démocratie parlementaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît ! M. Lavoie du
comté de Wolfe?
M. LAVOIE (Wolfe): Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Boivin est membre.
M. BOIVIN:Pour.
M. LE PRESIDENT: M. Latulippe?
M. LATULIPPE: Pour. Combien de personnes ont droit de vote à
cette...
M. LE PRESIDENT: J'ai la liste ici et je cite les noms. M.
Tétrault n'est pas membre. M. Lessard n'est pas membre non plus. M.
Laurin?
M. LAURIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Léger?
M. LEGER: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Ostiguy?
M. OSTIGUY: Contre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tous les moutons sont contre.
M. LE PRESIDENT: M. Houde de Limoilou?
M. HOUDE (Limoilou): Contre. M. LE PRESIDENT: M. Brown? M. BROWN:
Contre. M. LE PRESIDENT: Against.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): He doesn't know why.
M. BROWN: I am much in the same position as you were during the years
you were in power in 1966-1970.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Order! M. Giasson?
M. GIASSON: Mouton.
UNE VOIX: By lack of courage.
M. LE PRESIDENT: M. Caron?
M. CARON: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Leduc?
M. LEDUC: Contre.
M. LE PRESIDENT: M. Hardy?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le caporal.
M. HARDY: Contre.
M. LEDUC: M. le Président, il y a également M.
Séguin qui n'a pas voté.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. Séguin.
M. SEGUIN: Contre.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Je vais vérifier encore une fois. M.
Fraser est ici?
M. FRASER: Contre.
M. LE PRESIDENT: Against. M. Béland n'est pas ici. M. Marchand
n'est pas ici.
La proposition est rejetée par un vote de 12 à 4.
M. HARDY: M. le Président, avant de proposer l'ajournement des
travaux de la commission sine die, je voudrais dire en relation avec ce
que j'ai dit précédemment que dès les vacances
parlementaires et j'emploie le mot "va- cances parlementaires" non pas
jusqu'à la reprise de la session, mais après un certain temps de
vacances à la suite de l'ajournement de la session il serait
souhaitable que le comité directeur de la commission de
l'Assemblée nationale se réunisse afin d'établir un plan
de travail quant aux autres questions de la réforme électorale
que nous devrons étudier, celles que nous avons déjà
mentionnées: mode de scrutin, liste permanente, dépenses
électorales, enfin tout ce qui a trait à l'ensemble de la
réforme électorale. Nous pourrions, peut-être vers la fin
du mois d'août, établir un calendrier et, dès le mois de
septembre, la commission de l'Assemblée nationale recommencera à
siéger régulièrement pour effectuer le travail sur ces
questions.
M. LAURIN: M. le Président, n'y aurait-il pas possibilité
que le comité directeur puisse se réunir plus tôt, avant
que la session n'ajourne ses travaux, afin que nous puissions établir
plus rapidement notre calendrier et prévoir peut-être des
séances de la commission même à partir du 15 août,
qui est à peu près la date où les commissions
parlementaires peuvent commencer à siéger?
M. HARDY: C'est une question de temps. On pourrait étudier la
possibilité de réunir le comité directeur. Vous comprenez,
d'après ce que j'entends dire, les séances de la Chambre seront
assez longues et...
M. LAURIN: Mais comme le comité directeur n'est composé
que d'un représentant de chacun des partis, je pense que ce sera assez
facile.
M. HARDY: Nous pourrions nous consulter à ce sujet.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais ajouter qu'un dernier document m'a
été remis par M. Yvon Brochu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand?
M. LE PRESIDENT: Il y a environ une demi-heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une demi-heure, avant que le vote ne fût
pris?
M. LE PRESIDENT: Ah oui! exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est dans l'ordre...
M. LE PRESIDENT: Avant le vote. M. HARDY: Ce n'est pas
ajourné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est conforme aux dispositions du
caporal.
M. HARDY: La séance n'est pas ajournée.
M. LEDUC: Il me semble que, si vous avez un mémoire à
présenter, vous pouvez le présenter tant que nous n'avons pas
ajourné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Taillon a fait
suffisamment preuve d'étroitesse d'esprit pour qu'il n'ait pas besoin
d'ajouter quoi que ce soit. Son portrait est là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. LEDUC: Sans la barbe!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même sans barbe!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que ce n'est pas dans l'ordre que le document,
qui m'a été remis il y a environ une demi-heure, fasse partie de
l'annexe?
M. HARDY: M. le Président, sur une question de règlement,
si un document était déposé actuellement, ce serait encore
dans l'ordre. La séance n'est pas ajournée. Il ne faut quand
même pas fendre les cheveux en quatre.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que le député de
Terrebonne peut répondre d'une façon plus spécifique
à ma question à l'effet de prévoir une réunion du
comité directeur, si possible avant l'ajournement des travaux?
M. HARDY: On pourrait en parler lundi. On pourrait s'entendre sur la
possibilité d'une réunion du comité directeur.
M. VINCENT: Il faut quand même s'entendre, avant que le
député de Terrebonne ne prenne position sur une réunion
éventuelle du comité directeur, pour savoir à quel moment
nous allons siéger.
M. HARDY: Comme d'habitude.
M. VINCENT: Il faudrait être bien certain du travail des
commissions parlementaires que nous aurons après le 15 août.
Inutile de réunir le comité directeur lundi ou mardi prochain,
sans savoir à quel moment nous allons siéger sur la commission
des terres et forêts, sur différentes autres commissions. Je pense
bien qu'il faut avoir, avant, le calendrier de toutes les commissions
parlementaires qui siégeront après le 15 août.
M. HARDY: Ce sera le travail du comité directeur de se pencher
sur cette question.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la commission ajourne sine die?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On est contre.
M. HARDY: On ajourne quand même.
(Fin de la séance à 13 h 3)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-4270
À B-4310