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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Projet de loi no 62
Loi modifiant la loi
de la division territoriale
Séance du vendredi 15 décembre 1972
(Onze heures)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale) A l'ordre, messieurs!
Je vais d'abord indiquer les changements dont on m'a fait part pour les
membres de la commission. M. Bacon remplace M. Bienvenue; M. Brisson remplace
M. Blank; M. Harvey (Chauveau) remplace M. Brown; M. Latulippe remplace M.
Drolet; M. Berthiaume remplace M. Giasson; M. Gratton remplace M. Lacroix; M.
Carpentier remplace M. Lamontagne; M. Lafontaine remplace M. Lavoie (Wolfe); M.
Faucher remplace M. Leduc; M. Lafrance remplace M. Lévesque; M. Russell
remplace M. Loubier; M. Demers remplace M. Paul; M. Houde (Limoilou) remplace
M. Phaneuf; M. Springate remplace M. Séguin.
Lors de la suspension des travaux hier soir, le député de
Saint-Maurice venait d'échafauder une manière de motion. La
parole est au député de Saint-Maurice.
Comté de Prévost (suite)
M. DEMERS: M. le Président, lors de la clôture de nos
travaux parlementaires, lorsque minuit sonna, hier soir, j'étais
à vous dire et vous sembliez très intéressé
que je voudrais faire une motion afin que le nom de Prévost, qui
a été recommandé dans la loi, fût remplacé
par celui de Lionel-Bertrand. Je motive cette motion et je vous dis que cet
homme, qui est encore vivant, donnerait un peu de vie à ce comté.
On veut toujours prénommer les comtés et les lieux historiques de
noms de personnes qui sont défuntes.
Afin que ce soit consigné au journal des Débats, je vous
dirai, pour votre information, que ce M. Bertrand, Lionel de son prénom,
naquit en 1906, à Saint-Jovite.
M. HARDY: Je pourrais le dire par coeur, cela irait plus vite.
M. DEMERS: Je demanderais à ceux qui savent tout d'attendre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Nous ne sommes pas ici pour travailler en vitesse.
C'était dans le comté de Terrebonne. C'est encore dans le
comté de
Terrebonne. De 1926 à 1936, il fut employé du
ministère de la Voirie, dans la région des Laurentides.
M. HARDY: A ce moment, le bureau était à
Saint-Jérôme.
M. DEMERS: A la même époque, il fut rédacteur de
L'Avenir du nord.
M. HARDY: Dirigé par le sénateur Prévost.
M. DEMERS: A Saint-Jérôme, il collabore aussi à
L'Etoile du nord, de Joliette qui était dirigé par Antonio
Barrette. Mais on va voir tantôt qu'il y a eu des alliances.
M. HARDY: M. le Président, à chacun ses amis!
M. DEMERS: Oui. De 1925 à 1940, il prend part à toutes les
campagnes électorales, mais lui, il pouvait le faire; il n'était
pas vice-président de la Chambre. En 1932, il fonda la Chambre de
commerce de Sainte-Thérèse. Il en fut le secrétaire
jusqu'en 1942. En 1937, il fonde, à Sainte-Thérèse,
l'hebdomadaire La Voix des Mille-Isles, dont il est encore le directeur.
M. HARDY: C'est un excellent journal.
M. DEMERS: En 1939, grand chevalier du conseil des Chevaliers de Colomb
de Sainte-Thérèse.
M. HARDY: II est actuellement le doyen des anciens grands
chevaliers.
M. DEMERS: C'est cela. C'est un de mes collègues. En 1940, il fut
élu député de Terrebonne à la Chambre des communes,
par une majorité de 901 voix.
M. HARDY: Exactement. Il n'y avait pas de candidat libéral
officiel, cette année-là. Il y avait deux candidats
libéraux. Le candidat libéral sortant, M. Parent, et M.
Bertrand.
M. DEMERS: La lutte s'est faite entre deux libéraux.
M. HARDY: Et un conservateur qui a perdu son dépôt.
M. DEMERS: Dans ce cas, ce fut une affaire de famille.
M. HARDY: Et M. Bertrand avait 34 ans, à ce moment.
M. DEMERS: Un instant, s'il vous plaît, 34 ans? C'était en
1942. Il est né en 1906.
M. HARDY: Pardon. Il a été élu député
en 1940, au mois d'avril.
M. DEMERS: Oui. Vous avez raison. Pour tant connaître un homme,
vous auriez dû vous en faire un ami.
M. HARDY: J'ai été non seulement un ami, mais on m'a
toujours désigné comme étant le fils politique de M.
Bertrand.
M. DEMERS: On saute une génération, parce que,
d'après les lois de Mendel, en génétique, tous les
récessifs sautent une génération.
Je reviens à la biographie de l'illustre monsieur et je dis qu'il
fut président, de 1942 à 1944, de l'Association des hebdomadaires
de langue française du Canada.
En 1944 il posa un geste vigoureux, il démissionna comme
député fédéral.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que vous me permettrez une
question?
M. DEMERS : Un instant ! Je vais donner la... M.HARDY: Très
bien.
M. DEMERS: ... et vous reviendrez. Retenez vos notes, s'il vous
plait.
M. HARDY : Très bien.
M. DEMERS: M. le Président, en fin de compte, cela vient un peu,
n'est-ce pas?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez raison.
M. DEMERS: On ne bâillonne pas mais... M. HARDY: Vous avez
raison.
M. DEMERS: II démissionne comme député
fédéral..
M. HARDY: Cela nuit à la lecture. Quand on ne possède pas
bien son sujet, surtout, cela est bien fatigant.
M. DEMERS: On a vu ça hier lorsque vous avez parlé sur le
bâillon. J'ai relu ça ce matin et j'ai dit: Pour le fils spirituel
de l'autre...
M. RUSSELL: Ce n'était pas naturel.
M. DEMERS: Comme je le disais tantôt, c'est en 1944 qu'il
démissionne comme député fédéral et se
présente, et ce n'est pas pour améliorer son affaire, candidat
libéral dans le comté de Terrebonne, au provincial.
M.HARDY: Voulez-vous qu'on appelle le comté de son nom ou
non?
M. DEMERS: Non. Je dis qu'il y a eu des hauts et des bas dans son
affaire. Ecoutez, c'est une vie humaine en fin de compte. Ce n'est pas une vie
spirituelle et angélique comme la vôtre, ainsi que ce sera
lorsqu'on écrira votre biographie. Il est défait par 1,040 voix
par un M. Blanchard. Ce n'est par marqué. On connaît les bons. En
1945 il est élu député de Terrebonne à la Chambre
des communes. Il y retourne avec une majorité de 8,657 voix. Je
continue. Réélu député de Terrebonne en 1949
à la Chambre des communes par une majorité de 10,197 voix.
Contrairement au député provincial actuel, plus il demeurait
à un endroit plus il augmentait sa majorité. En 1950 il est
nommé chef de la délégation de la presse catholique du
Canada catholique, je dis bien au congrès de la presse
mondiale à Rome. Elu à la vice-présidence de l'Union
internationale des journalistes catholiques. En 1952, membre de la
délégation canadienne à la septième
assemblée générale des Nations Unies à New York. En
1953, M. Bertrand est élu par acclamation député à
la Chambre des communes à Ottawa. En 1956, élu membre du conseil
d'administration de l'Institut canadien d'éducation des adultes. En
1957, il laisse la vie politique et se consacre entièrement au
journalisme et au secrétariat de l'Association des hebdomadaires de
langue française du Canada. En 1958, il est membre de la commission
scolaire de la ville de Sainte-Thérèse et ce, de 1958 à
1968...
M. HARDY: II y a quelque chose d'intéressant
là-dessus!
M. DEMERS: II en est le président de 1959 à 1960. Si vous
voulez, vous compléterez le panégyrique. J'espère que vous
me donnerez raison avec la suggestion que je ferai tantôt.
En 1959 Sa Sainteté le pape Jean XXIII qui est un gars
dans le vent l'élève à la dignité de
chevalier dans l'Ordre pontifical de saint Grégoire le Grand. En 1960 il
est élu député de Terrebonne à l'Assemblée
législative par une majorité de 8,357 voix. On sait que dans le
temps...
M. BRISSON: Qui a-t-il battu?
M. DEMERS: II a battu M. Blanchard. Il l'a défait et non
battu.
M. BRISSON: II était trop humain pour ça!
M. DEMERS: En 1960, assermenté Secrétaire de la province
et ministre responsable du Tourisme, dans le cabinet Lesage.
UNE VOIX: L'équipe du tonnerre!
M. DEMERS: II était dans l'équipe du tonnerre. Cela se
comprend, il venait d'être décoré par Jean XXIII. Dans ce
temps-là, pour être membre de l'équipe du tonnerre
je fais ce petit aparté il suffisait d'avoir vendu du papier de
toilette à une communauté religieuse et on était
déjà qualifié.
En 1962, réélu député de Terrebonne à
l'Assemblée législative par une majorité de 8,188
c'est l'année où on a été mis au courant de
la nationalisation de l'électricité il est de nouveau
Secrétaire de la province dans le cabinet de M. Jean Lesage.
En 1962 il est assermenté comme premier titulaire du nouveau
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. C'est un peu
avant... Cela commençait à s'améliorer pour atteindre le
Tourisme, la Chasse et la Pêche en 1966.
En 1964 il est nommé membre du Conseil législatif pour la
division des Mille-Isles. Oui, oui, on l'a aboli, mais le petit monsieur a une
bonne petite pension. Il ne peut pas nous hair.
M. HARDY: C'est une des graves erreurs que vous avez commises.
M. DEMERS: Oui, parce que nous vous aurions nommé tout de suite
ce soir ! Quand ils ne sont plus bons comme députés, on les
envoyait là dans le temps.
En 1968 le Conseil législatif est aboli, il revient au
journalisme. Lui, ce n'est pas parce qu'il n'était plus bon mais parce
qu'il en avait assez des libéraux. Il avait demandé d'être
nommé au Conseil législatif. Il y a une nuance.
M. le Président, vous voyez, j'ai brossé à grands
traits...
UNE VOIX: A grands coups de brosse.
M. DEMERS: ... le tableau de la vie de cet homme qui a
impressionné ses adversaires politiques, qui a édifié la
province. J'avais, lors d'un congrès Richelieu, participé aux
Etats-Unis à un forum, mais le conseiller, le conférencier qui
avait représenté la province à l'époque il
était le Secrétaire de la province avait été
l'honorable Lionel Bertrand. Je crois qu'il avait, dans cette circonstance
comme dans toutes les circonstances où on a requis ses services, rendu
d'éminents services à sa province et fait honneur à la
collectivité qu'il a représentée. Pour toutes ces raisons
et pour bien d'autres, je voudrais que ce comté, la division, le
district électoral qu'on a prénommé Prévost
dont vous me dispenserez de vous donner la description technique, M. le
Président, vous ne m'en voudrez pas, il y en a deux pages et demie
à l'article 78 de cette loi qui comprend le territoire
délimité comme suit: ... j'arrête là. Je ne veux pas
passer pour un type qui retarde les travaux, étant donné le peu
de temps qu'il nous reste à faire valoir nos idées sur les
multiples comtés qui n'ont même pas été
effleurés. Donc, je voudrais qu'on prénommât, qu'on
désignât ce comté du nom de Lionel Bertrand. On me dira
peut-être que la coutume veut qu'on rende hommage aux gens seulement
après leur décès. Mais cela ne ferait pas tort qu'il y en
ait un...
UNE VOIX: On va attendre qu'il meure.
M. DEMERS: Voyez-vous, là! On est prêt à rendre
service, on veut décorer et c'est encore la même maladie des
Québécois: on mesure nos gens dans leur tombe. Je m'explique.
Lorsque l'honorable Daniel Johnson vivait il se promenant avec deux "guns". Et
quand il a été dans sa tombe on a dit: C'est le plus grand qu'on
n'ait jamais eu. Le député de Charlevoix, pour qui j'ai
infiniment d'amitié, dit: On va le laissez mourir et après on le
récompensera. Pensez-vous que c'est... M. le Président,
j'espère et j'en fais motion, qu'on récompensera cet homme qui a
servi. Le premier qui devrait appuyer ma motion est le député
actuel de Terrebonne, fils spirituel, héritier politique, qui s'est
donné tous ces titres... C'est le temps. On va voir s'il a l'instinct,
la piété filiale. Ma proposition est que le comté de
Prévost soit dénommé le comté Lionel-Bertrand.
Est-ce qu'on pourrait écrire, s'il vous plaît, la
proposition? Je fais motion... Encore le quorum. Est-ce qu'on est obligé
de fournir le quorum?
M. HARDY: On va se contenter de le compléter ici.
M. DEMERS: Nous l'avons ici.
M. GIASSON: La motion: Que le comté de Prévost...
M. HARDY: II nous reste tellement peu de temps pour étudier cette
loi d'importance.
M. DEMERS: Oui, monsieur!
M. GIASSON: ... soit dorénavant dénommé
comté Lionel-Bertrand.
M. DEMERS: Oui.
M. HARDY: Est-ce que le député de Saint-Maurice a
terminé ses propos?
M. DEMERS: J'ai terminé.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, je vous avouerai bien
honnêtement que ce n'est pas sans émotion que ce matin j'ai
entendu le député de Saint-Maurice brosser à grands
traits...
M. LOUBIER: Est-ce que le député peut arrêter de
rire quand il dit ça?
M. HARDY: Je n'ai pas du tout l'intention de rire, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: Le député de Bellechasse comprendra à la
suite de mes propos que je suis bien loin d'avoir le goût de rire.
Je disais donc que ce n'est pas sans émotion que j'ai entendu ce
matin le député de Saint-Maurice tracer à larges traits la
biographie de celui à qui j'avais l'honneur de succéder comme
député de Terrebonne en 1965. L'émotion s'explique pour
bien des raisons. D'abord, parce que Lionel Bertrand, par sa famille, plonge
dans le sol thérésien des racines bien profondes, aussi profondes
que celles de ma propre famille. Aussi parce que Lionel Bertrand est l'homme
politique qui, directement, m'a amené à cette vie à la
fois difficile mais exaltante et palpitante.
C'est en 1958, alors que j'étais étudiant en droit
à l'Université de Montréal, que j'avais l'occasion
je le connaissais déjà depuis longtemps, parce qu'il était
un homme public de le rencontrer vraiment et d'engager avec lui un
dialogue qui devait se poursuivre pendant assez longtemps. C'est pourquoi j'ai
toujours dit, et je le répète aujourd'hui, que Lionel Bertrand a
été, en quelque sorte, mon premier professeur de politique. C'est
également grâce à lui qu'en 1960 l'autoroute de la
politique m'était ouverte puisqu'elle me permettait de participer
activement à sa campagne, campagne qui, je le rappelle, avait
été exaltante.
Lionel Bertrand a joué un rôle de premier plan dans la
politique canadienne et dans la politique québécoise. Je voudrais
tout simplement compléter les quelques notes historiques données
par le député de Saint-Maurice tantôt. Je voudrais
mentionner, entre autres, que Lionel Bertrand a été un des
députés à la Chambre des communes qui, pendant la guerre,
n'a pas eu peur d'affirmer et d'exprimer son opinion avec vigueur et de voter
contre son propre parti dix ou onze fois, je pense.
Pendant qu'il a siégé à la Chambre des communes,
Lionel Bertrand a été également un ardent
défenseur...
M. DEMERS: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. HARDY: Vous ne m'en avez pas permis, mais je vais vous en
permettre.
M. DEMERS: Vous êtes plus gentil que moi. Le député
a dit que l'honorable Lionel Bertrand avait voté contre son parti dix ou
onze fois.
M. HARDY: Oui.
M. DEMERS: Ce n'est pas contagieux.
UNE VOIX: C'est glorieux!
M.HARDY: M. le Président, je continue donc en disant que M.
Bertrand s'est fait à la Chambre des communes le défenseur des
défa- vorisés. A plusieurs reprises, il a présenté
des motions pour que l'on accorde une pension aux aveugles, que l'on augmente
les pensions d'aide sociale, les allocations familiales. Il s'est
également fait le défenseur d'un drapeau. Il s'est
également fait le défenseur de la nomination d'un ambassadeur du
Canada au Vatican. C'est dire que M. Bertrand a été à
Ottawa le véritable porte-parole de ses concitoyens et de ses
électeurs.
En 1957, il se retirait de la politique pour des raisons de
santé, mais il continuait quand même à manifester beaucoup
d'intérêt à l'endroit de la chose publique. En 1958,
malgré une conjugaison de toutes les forces unionistes de
Sainte-Thérèse et du comté de Terrebonne, il
réussissait et c'était un fait assez extraordinaire
à ce moment-là, pour un candidat à battre la
machine de l'Union Nationale à une élection scolaire et à
remporter une brillante victoire comme membre de la Commission scolaire de
Sainte-Thérèse, avec un compagnon d'armes, Marcel Beaudoin.
En I960, il était appelé à faire partie de
l'équipe libérale qui remportait la victoire. A l'occasion de
l'assermentation du cabinet Lesa-ge, Lionel Bertrand était nommé
Secrétaire de la province. C'était le quatrième
député de Terrebonne à occuper ces fonctions. Avant lui,
Adolphe Chapleau avait été Secrétaire de la province.
Athanase David avait également été Secrétaire de la
province, Hector Perrier et, en 1960, Lionel Bertrand.
Lorsqu'il siégeait aux Communes, Lionel Bertrand s'était
fait le propagandiste de l'organisation d'un ministère du tourisme
fédéral. Député d'un comté dont une grande
partie de l'économie repose sur l'industrie touristique, dès son
élection comme député provincial, ici, il a
continué à promouvoir l'importance d'une politique touristique.
Lorsque M. Lesage organisa le premier ministère du Tourisme au
Québec, il nomme Lionel Bertrand à ce poste.
Je pense que, tant à la Chambre des communes, sur la scène
canadienne, que sur la scène provinciale, M. Bertrand a joué un
rôle de premier plan. Mais, comme on l'a rappelé également
tantôt, son action ne s'est pas limitée à la scène
politique. Lionel Bertrand est un journaliste de grand talent. Il a
occupé des fonctions dans les organismes internationaux. Il dirige,
depuis 1937, avec grand talent un hebdomadaire de qualité, à
Sainte-Thérèse, la Voix des Mille-Iles. Lionel Bertrand est
également un historien. En 1939, il collaborait à la
rédaction des Cahiers historiques de Sainte-Thérèse,
publiés à l'occasion du 150e anniversaire de fondation de la
paroisse de Sainte-Thérèse. Il a également eu l'occasion
de présenter, à différents congrès de la
Société canadienne de l'histoire de l'Eglise, des communications.
H a publié des travaux sur le curé Labelle. Il est actuellement
président de la Société historique de
Sainte-Thérèse.
Je pense que ces différentes notes sont
suffisantes pour démontrer la qualité de l'action de M.
Bertrand. Je suis sûr, connaissant son humilité proverbiale, que
cette humilité sera quelque peu atteinte lorsqu'il aura l'occasion de
lire, dans le journal des Débats, les propos que l'on tient à son
endroit ce matin.
Pour ma part, je le répète, je dois à cet homme de
m'avoir initié aux secrets de la politique. Je lui dois de m'avoir
permis de faire une entrée en politique, en 1960, et de m'avoir
également appuyé à la convention de 1964 qui me
choisissait comme candidat libéral dans le comté de
Terrebonne.
Mais, justement parce que connais sa grande humilité, parce que
je sais qu'il est loin de se considérer comme un personnage entré
dans l'histoire, mais qu'au contraire il sait qu'il a encore devant lui de
nombreuses années d'activité intense, parce que je sais qu'il est
encore intimement mêlé au milieu, que chaque semaine il ne craint
pas d'affirmer avec vigueur ses opinions, de prendre part aux différents
débats qui concernent non seulement la région, mais
également l'ensemble de la province, je pense que M. Bertrand serait le
premier à s'opposer à ce que, dès maintenant, l'on veuille
le figer dans l'histoire en donnant son nom à un comté. On
connaît très bien les règles fondamentales de la toponymie
qui veulent que l'on donne seulement les noms de personnes
décédées à des monuments ou à des rues ou
à des villes. Cela s'explique très facilement. En effet,
lorsqu'on donne un nom à un monument, à une école,
à un comté, à une ville, ce nom doit faire le consensus.
Il doit rallier les différents éléments. Or, quand un
homme est encore appelé à prendre part à des débats
publics, à exprimer son opinion, il est évident que les opinions
qu'il exprime sont appelées à diviser l'opinion publique.
Voyez-vous l'honorable Lionel Bertrand, qui jouit encore d'une
excellente santé, qui est encore un homme très dynamique, se
présenter, lors des prochaines élections, pour un parti ou un
autre ou même comme candidat indépendant. Il serait dans la lutte
électorale alors que son nom serait donné à un
comté. Cela veut dire que les gens qui ne partageraient pas ses opinions
devraient vivre dans le comté qui porte son nom. Alors, ce serait un
non-sens.
D'ailleurs, si l'honorable Lionel Bertrand a joué un rôle
de premier plan sur la scène politique, il y a également d'autres
députés de Terrebonne qui ont joué un rôle. Je
rappelle, au passage, Athanase David, qui a représenté avec brio
le comté de Terrebonne dans ce parlement et qui a été le
premier ministre des Affaires culturelles, le premier ministre de l'Education
avant la lettre. On sait ce qu'Athanase David a fait pour la culture. Je n'ai
qu'à songer au Conservatoire de musique, au prix David et à
différentes autres initiatives dans le domaine culturel. Dans le domaine
de l'éducation, Athanase David a fait faire des pas de géant au
Québec sur ce plan. Je devrais également rappeler Hector Perrier
qui a manifesté un courage absolument extraodinaire dans la vie
politique en réussissant à faire voter une loi de l'instruction
obligatoire, malgré la conjugaison de toutes les forces d'inertie et des
préjugés au Québec.
Alors, il y a beaucoup de députés de Terrebonne qui
mériteraient que l'on consacre leur nom. Dans le cas d'Hector Perrier et
de Lionel Bertrand, encore une fois, ce sont des gens qui vivent encore et je
pense, pour les raisons que j'ai données tantôt, qu'il n'est pas
convenable de les figer dans l'histoire dès maintenant.
Par ailleurs, le nom Prévost ne rappelle pas la mémoire
d'un homme seulement, comme je l'ai rappelé hier soir, mais la
mémoire de toute une famille qui a joué à la fois un
rôle sur le plan religieux, sur le plan social et sur le plan politique.
Alors, pour les mêmes raisons, un peu, que j'ai données dans le
cas de Deux-Montagnes, je pense que le nom Prévost est vraiment celui
qui est le plus historique à l'heure actuelle pour ce coin de
région. Et en réaffirmant encore une fois, mon respect, mon
admiration pour la vie de M. Lionel Bertrand, pour sa vie politique, je serai
dans l'obligation de voter contre la motion de l'honorable député
de Saint-Maurice.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je ne voudrais pas insister plus
qu'il ne faut. Mais vous admettrez avec moi qu'il est assez étrange,
alors qu'on veut honorer, au soir d'une vie, un homme qui s'est
dépensé sérieusement pour son coin de terre, pour sa
province et son pays, que son fils spirituel qui s'est dit son fils
spirituel son fils politique ne veuille pas que son père
reçoive certains honneurs. L'histoire a ses retours et je me demande si
l'honorable Lionel Bertrand, dans son livre intitulé: "Mes
mémoires", n'avait pas raison de dire en ce chapitre de la page 288:
"Samedi, le 25 octobre 1958, Denis Hardy, de Rosemere, qui m'avait
demandé une entrevue, venait me prier de lui ouvrir les portes de la
politique. Etudiant à l'Université de Montréal il
ne le décrivait pas avec le dos de la cuillère gagnant du
concours oratoire de la Chambre de commerce des jeunes de la province, le jeune
homme avait des qualités. Sur le triple plan local, régional,
provincial, il avait obtenu au tournoi national à Victoria la mention
honorable".
M. LAFONTAINE: Ah! Il était honorable déjà!
M. DEMERS: "La Voix des Milles-Isles en avait largement fait
écho. Hardy me disait alors que n'ayant aucune attache de parti il
cherchait sa voie. Je savais personnellement son appartenance à une
famille farouchement conservatrice".
DES VOIX: Ah! Ah!
M. DEMERS: II n'avait pas d'attache. "Je n'ignorais pas que l'un de ses
membres avait demandé la constestation de l'élection de David en
1931".
DES VOIX: Bon! Ah!
M. DEMERS: Voyez-vous! Pas d'attache. Il n'avait pas eu connaissance de
ça, je comprends! " Mais c'était un jeune homme de 22 ans. Je me
souvenais de ma jeunesse et de l'aide reçue. Nous causâmes
longuement. Il était prêt à faire de la politique,
prêt à me suivre parce que, m'avait-il écrit, la
façon dont je faisais de la politique l'impressionnait et j'étais
le genre d'homme public qu'il admirait.
Il me gagna, le lui accordai à la fois confiance et amitié
et je dois avouer que ce ne fut pas la décision la plus heureuse de ma
vie." On a la raison ce matin, ce n'est pas moi qui le dis, c'est un homme qui
vit encore. On trouve ça dans les mémoires de l'honorable Lionel
Bertrand, page 288, dans le livre intitulé "Mémoires". Lui il
s'en souvient. "Mémoires."
Et je dois avouer que ce ne fut pas le décision la plus heureuse
de ma vie. Il lira ce journal et il verra qu'un parti qu'il a combattu tout le
temps de sa vie essaie, sur le socle de l'amitié, de lui élever
un monument. Il verra que son fils spirituel, le petit bonhomme qui a
gagné cet homme, le député actuel de Terrebonne, ne peut
pas se rallier à une proposition, tout le monde l'admettra, faite sans
partisanerie aucune. Aucune partisanerie politique.
Prévost, ça ne me dit rien.
M. LAFONTAINE: Moi non plus.
M. DEMERS: Cela dit peut-être quelque chose parce que c'est un
ancien conservateur, à moins que Prévost fût un rouge lui
aussi. Etant donné que cet homme n'avait pas d'attaches politiques,
ça se comprend. Prévost ne dit rien à personne. On voit
que c'est une suggestion du député de Terrebonne. Lionel
Bertrand, un nom de la province qui ne dit rien à son fils. Retournons
à la page 288: "Et je dois avouer que ce ne fut pas la décision
la plus heureuse de ma vie."
Je termine, je ne dis plus rien. Qu'on vote, M. le Président,
à moins que mes collègues aient quelque chose à dire.
M. LAFONTAINE: M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Avant qu'il nous lise une partie des mémoires de
l'honorable Lionel Bertrand, j'avais entendu le député de
Saint-Maurice dire que le député actuel de Terrebonne
était le fils politique de l'honorable Lionel
Bertrand. Alors, j'avais pris seulement cette petite note. Fils
politique j'en doute, successeur politique, oui. Je n'ai pas autre chose
à ajouter. Vous avez éclairé ma lanterne en lisant ces
mémoires.
UNE VOIX: Est-ce que le député de Terrebonne aurait
quelque chose à dire?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes prêts à
voter?
M. HARDY: M. le Président, avant d'exprimer mon vote, je tiens
à rappeler encore une fois que c'est uniquement pour respecter les
règles fondamentales de la toponymie que je dois voter contre cette
motion.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, j'aimerais qu'on donne ici les
règles fondamentales de la toponymie. Quand un enfant vient au monde, on
ne l'appelle pas du nom du grand-père qui est mort, on donne le nom du
père, voyons donc!
On n'en a plus de toponymie dans la province de Québec.
M. HARDY: M. le Président, si notre règlement nous
permettait à ce stade de nos travaux d'assigner des témoins, nous
pourrions assigner par exemple M. Jean-Charles Bonenfant, qui est un
spécialiste dans le domaine et qui nous dirait exactement ce que je
viens de dire.
M. DEMERS: Votez contre.
M. LAFONTAINE: J'ai une question à poser au président.
M. RUSSELL: Après la suggestion du député de
Terrebonne, ça nous ferait certainement plaisir d'entendre M. Bonenfant
nous expliquer un peu la raison qui a motivé la suggestion du
député de Terrebonne du nom de Prévost. Nous pourrions
aussi discuter plusieurs autres noms qui ont été proposés
et les raisons pour lesquelles on les a...
M. DEMERS: On dirait que le curé de Labelle est revenu en vie
dans ce cas-là, vous ne voulez plus l'appeler comté de Labelle.
C'est illogique, ça ne se tient plus, votre affaire.
M. RUSSELL: Et aussi les raisons pour lesquelles il a motivé la
commission à enlever plusieurs autres noms actuels qui ont
été célèbres en province. On les voit
disparaître graduellement, petit à petit. M. le Président,
pour ne pas éterniser les travaux de cette commission, je veux
simplement faire une remarque au député de Terrebonne.
M. MAILLOUX: Vote.
M. RUSSELL: Je sais que le ministre d'Etat à la Voirie est
pressé ce matin...
M. MAILLOUX: Vous n'avez pas le goût de jaser ce matin.
M. RUSSELL: Non, M. le Président, ce n'est pas ça qu'il
veut. Il sait qu'une tempête s'en vient puis là il va s'occuper de
voir que les entrepreneurs soient sur la route pour ouvrir les chemins cette
fois-ci.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Le député de
Shefford, sur la motion du député de Saint-Maurice.
M. HARDY: M. le Président, j'en appelle au règlement.
Alors que nous discutons une question extrêmement sérieuse, qui
est le nom d'un comté auquel je suis attaché à la fois par
le coeur et par l'esprit, je n'admets pas que l'on s'écarte du
débat et que l'on discute des tempêtes qui vont peut-être
venir ou ne pas venir.
M. CROISETIERE: On est dans le comté de Prévost.
M. RUSSELL: M. le Président, c'était pour vous montrer le
ridicule des interventions de certains membres de la droite. Lorsqu'on tente de
répondre à des questions ou discuter de façon objective,
ils interviennent pour tenter de continuer d'agir avec le rouleau compresseur.
Ils le tiennent à la main droite tout le temps. M. le Président,
je fais simplement une remarque au député de Terrebonne. Loin de
nous l'idée de vouloir faire une chicane plus longue sur ce nom, mais
l'expérience que nous avons vécue avec l'honorable Lionel
Bertrand, son sens pratique, son sens humain nous amenaient à
suggérer son nom, pour remplacer celui de Prévost.
Et moi, comme le député de Saint-Maurice, je n'ai pas lu
l'histoire de la famille Prévost. La famille Prévost, son
histoire ne me dit rien, à moins que le député de
Terrebonne ne nous envoie chacun un livre afin qu'on puisse le lire. Je crois
que la motion du député de Saint-Maurice est bien fondée,
nous avons connu cet homme, nous avons lu son histoire, nous avons vécu
son histoire. Nous savons tout le bien qu'il a fait, malgré que de temps
en temps nous ayons eu des passes d'armes politiques, ce qui est normal. Je
sais que c'était fait d'une façon très objective. Dans ses
contacts humains, M. Bertrand était un grand homme.
Nous savons que son passage en politique, ses succès n'ont pas
été attachés à une vague partisane. C'était
la victoire d'un seul homme, c'était sa victoire à lui. On se
référait tout à l'heure à l'écrasement de la
machine électorale de l'Union Nationale. Ce n'était pas
l'écrasement de la machine de l'Union Nationale, qui a existé
seulement dans l'idée du député de
Terrebonne. L'Union Nationale avait une seule machine, c'était la
valeur des hommes qui composaient le parti de l'Union Nationale.
Lionel Bertrand, dans ses succès, n'était pas une machine
mais un homme humain qui était appuyé par une population qui
l'admirait et qui voulait le remercier pour ce qu'il apportait dans ses
fonctions. M. le Président, j'appuie avec beaucoup de fierté la
motion du député de Saint-Maurice. Je voudrais être capable
de choisir des noms aussi valeureux que celui de M. Bertrand pour tous les
comtés de la province de Québec.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais mentionner que M.
Béland remplace M. Roy, de Beauce.
Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'interviens sur la motion du
député de Saint-Maurice. Essentiellement pour des raisons qu'a
mentionnées tout à l'heure le député de Terrebonne,
je crois qu'il ne serait pas sage de souscrire à cette motion, parce que
ce serait placer l'homme qu'on veut honorer dans une position difficile face
à ses concitoyens.
M. DEMERS: Allez le tuer!
M. HARDY: C'est vous autres qui voulez le tuer, politiquement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY: Vous allez le tuer politiquement en le figeant dans
l'histoire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Ce ne serait pas un service à lui rendre, ni une
façon...
M. HARDY: Le député de Labelle en a peur pour les
prochaines élections.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: ... absolument certaine de lui rendre l'hommage qu'on veut
lui rendre. C'est dommage à dire, M. le Président, mais ces
hommages sont habituellement rendus à titre posthume dans toutes les
sociétés du monde, sauf dans les pays totalitaires, où on
s'est permis ces choses. Même là, il est arrivé que
ç'a conduit à des abus un peu extraordinaires. Dans notre
société, si on est respectueux de l'ordre et de
l'évolution normale des mentalités, nous ne pouvons pas nous
permettre ce genre...
M. DEMERS: II y a un autre Paul Desrochers
dans le bout de Terrebonne, puis il n'est pas mort.
M. LATULIPPE: ... de manifestation. Je souscris par contre à
l'esprit qui a animé le député de Saint-Maurice, qui
voulait justement honorer un homme qui a rendu probablement de très
grands services dans ce coin de pays. Mais pour les raisons que j'ai
mentionnées, je ne peux pas en principe souscrire à cette motion,
quoique je trouve que ce serait certainement louable.
J'aimerais également appuyer ceux qui veulent honorer le
personnage qui a été dépeint avec tant de couleurs par
ceux qui m'ont précédé.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'entendais le
député de Terrebonne dire que j'avais peur de l'ancien
député de Terrebonne, M. Bertrand. Au contraire, M. Bertrand est
un de mes amis, M. le Président. C'est, d'ailleurs, avec beaucoup de
plaisir que j'ai lu ses mémoires. Lorsque j'ai des consultations
historiques à faire, ce n'est pas au député actuel de
Terrebonne que je m'adresse, parce qu'il peut aussi bien me mélanger
à toutes les sauces; c'est plutôt à l'ancien conseiller
législatif, M. Bertrand. On dit qu'on ne doit pas fixer dans le marbre
une personne qui vit encore, mais est-ce qu'on peut accuser la commission
scolaire, par exemple, de Saint-Bruno d'avoir nommé une école
polyvalente, école Gérard-Filion? Pourtant, M. Filion est un
homme bien vivant aujourd'hui; c'est le président de Marine Industrie.
Est-ce qu'on veut dire qu'on a figé dans le marbre un
dénommé Paul Desrochers qui est un homme d'une extrême
valeur pour le Parti libéral? Tout le monde s'en ressent; je vois M.
Prieur qui me fait signe que oui, je le sais. D'ailleurs, il n'est pas
présent à la commission, mais, à chaque intervention des
députés ministériels, on entend la voix de Paul Desrochers
en arrière, une voix caverneuse, M. le Président.
M. CROISETIERE: II entend des voix.
M. LAFONTAINE: On a même entendu, tout au long de l'étude
de ce projet de loi devant cette commission parlementaire, celui qui parle se
faire appeler le député de Lafontaine. Je n'ai pas d'objection,
M. le Président, à ce qu'on donne mon nom à un
comté. On pourrait peut-être revenir en arrière sur
Terrebonne. Qu'on appelle le député de Terrebonne le
député de Lafontaine et qu'on donne un autre nom à
Montréal, si ça peut faire plaisir au député de
Terrebonne.
M. HARDY: Je songeais plutôt à Hippolyte qu'à
Fernand.
M. LAFONTAINE: C'est de la même famil- le, M. le Président.
Elle était célibataire. M. le Président, je ne pense pas
que ce que le député de Terrebonne appelle des règles
fondamentales de toponymie peut actuellement s'appliquer ici. Personnellement,
j'ai une autre proposition si celle-là est défaite.
M. HARDY: II faudrait disposer de celle-là.
M. LAFONTAINE: A entendre parler le député de Terrebonne,
je pense qu'elle est réglée, dans son esprit. Tout de même,
nous allons voter, M. le Président, et j'aurai une autre motion à
présenter qui ne gèlera pas dans le marbre le nom que je vais
proposer, comme le député de Terrebonne est en train de le
dire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: J'ai une remarque. On veut donner le nom de Bertrand
à un comté. A ce moment-là, on lui donne une coloration
politique. C'est principalement, comme l'a souligné le
député de Terrebonne, parce qu'on tombe dans des animations
passionnelles, parce qu'il y a eu des luttes et que beaucoup de travail a
été accompli de part et d'autre dans divers comtés pour
des opinions différentes, que je trouve que ce n'est pas un service
à rendre à un homme de le placer entre deux feux, surtout pour
terminer son existence, lorsque, essentiellement, on lui veut du bien. Si
c'était le nom d'une école, j'aurais une tout autre attitude,
parce qu'à ce moment-là c'est dans un but...
M. HARDY: C'est très différent.
M. LATULIPPE: ... bien circonscrit et...
M. HARDY: II y a moins de contestation politique.
M. LATULIPPE: ... la population peut être appelée aussi
à choisir le nom; on peut faire voter les enfants ou d'autres. Cela a
une portée beaucoup moins grande parce que ça n'aura pas autant
d'effet publicitaire que si c'est le comté.
M. HARDY: Voyez-vous un uniquiste obligé de voter dans le
comté de Bertrand?
M. PAUL: Et puis? Voyonsdonc!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. DEMERS: Etre uniquiste, monsieur, ou Union Nationale, c'est
être un libéral amélioré.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, c'est essentiellement la
distinction que je voulais apporter pour dire que je ne pourrai pas voter pour
l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, on dit que ça donnerait
une coloration politique, mais nous trouvons, dans les autres comtés
actuellement, le nom de Duplessis, de Laporte...
UNE VOIX: Ils sont morts.
M. LAFONTAINE: ... de Johnson et de Godbout. Godbout était
libéral; M. Johnson était de l'Union Nationale; M. Duplessis de
l'Union Nationale. Cela ne donne pas de coloration politique au comté,
à mon avis, parce qu'ils sont morts.
M. HARDY: Ils ne peuvent plus se présenter.
M. LAFONTAINE: Si on s'en réfère au député
actuel du comté proposé de Prévost, je dirai que le nom de
Bertrand rappelle deux grandes familles, la famille de Lionel Bertrand et la
famille de Jean-Jacques Bertrand. Parce que M. Jean-Jacques Bertrand
était natif de Sainte-Agathe et je pense qu'il était
petit-cousin, ou arrière-petit-cousin...
M. HARDY: Exactement.
M. LAFONTAINE: ... avec Lionel Bertrand.
M. HARDY : Pas par leurs pères, par leurs mères.
M. LAFONTAINE: A ce moment-là, ça perpétuerait le
nom d'un qui était bleu et de l'autre qui était rouge.
M. DEMERS: II connaît tous les secrets d'alcôve.
M. LAFONTAINE: Je ne crois pas que ça donne une coloration
particulière de partisane-rie politique.
Pour répondre au député de Terrebonne, quand il dit
qu'il voit mal un uniquiste ou un membre de l'Union Nationale voter dans le
comté de Bertrand, je vous dis sincèrement, M. le
Président, étant dans le comté de Terrebonne ou dans le
comté de Bertrand, que je voterais personnellement pour M. Bertrand qui
est un homme de grande valeur. De ce côté-ci, nous n'avons pas
d'oeillères, M. le Président, bien fixées; il suffit que
des hommes proposent une politique qui colle à la réalité
du Québec.
M. HARDY: On voit ça, chaque jour.
M. LAFONTAINE: Je me souviens toujours de M. Lionel Bertrand qui avait
été un des braves du Québec lorsque, député
à Ottawa, il s'était levé en Chambre, avait
protesté contre son parti qui essayait d'imposer...
M. HARDY: Onze fois.
M. LAFONTAINE: ... la conscription et avait refusé de se faire
imposer la conscription par le gouvernement. Ne serait-ce que pour cette
raison, M. le Président, c'est déjà un motif historique,
même si la personne vit encore.
LE PRESIDENT (M. Lamontange): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, deux remarques simplement au
député de Frontenac. Je pense qu'il aurait eu avantage à
connaître Lionel Bertrand qui était un libéral, tout le
monde le reconnaît, élu avec le Parti libéral, mais un gas
qui était ouvert d'esprit, un gars qui n'était pas fanatique au
point de ne pouvoir parler à un adversaire. Il coudoyait un adversaire,
il discutait avec lui, il le respectait. C'est un homme d'un esprit
remarquablement ouvert. Le député de Frontenac, s'il avait eu le
privilège et l'avantage de le connaître, aurait peut-être
une autre attitude en ce qui concerne le choix du nom de Bertrand pour le
comté actuel de Terrebonne, cette partie qu'on veut nommer
Prévost.
M. LATULIPPE On peut aller le lui demander.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je serais bien prêt, si on
voulait accepter la proposition, à faire une autre proposition, celle
d'écrire au comité de toponymie du gouvernement provincial. Si on
voulait accepter la proposition du député de Saint-Maurice
à l'effet que le comté proposé de Prévost s'appelle
le comté de Bertrand, je serais prêt à écrire au
comité de toponymie du gouvernement et à proposer que la baie
James devienne la baie Paul-Desrochers.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Etes-vous prêts à voter? M.
Bacon?
M. BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontange): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Harvey (Chauveau)? M. Latulippe?
M. LATULIPPE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Gratton?
M.GRATTON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lafontaine?
M. LAFONTAINE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. La-france.
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Russell?
M. RUSSELL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Demers?
M. DEMERS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Houde (Limoilou):
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Béland?
M. BELAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Springate?
M. SPRINGATE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour: 3. Contre: 12. Article 78, le
comté de Prévost. Adopté.
M. HARDY: M. le Président, seulement une remarque. L'honorable
Lionel Bertrand, qui a connu pendant toute sa vie des succès politiques
extraordinaires, a connu sa première défaite à cause du
député de Saint-Maurice.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Parce que le député de
Terrebonne a voté contre lui.
M. DEMERS: Parce que le député de Terrebonne a tout fait
pour le faire battre.
M. HARDY: Non, non, parce que le député de Saint-Maurice a
voulu violer les règles fondamentales de la toponymie.
M. DEMERS: Violer, arrêtez-moi, ça!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LATULIPPE: On peut demander à M. Bertrand ce qu'il en
pense.
M. DEMERS: Je le lui ai demandé ce matin, avant. C'est pour
ça que j'ai proposé cela.
M. HARDY: Qu'est-ce qu'il vous a dit?
M. DEMERS: II m'a dit que c'était d'accord.
M. LATULIPPE: Vous auriez dû nous dire ça avant.
M. HARDY: M. le Président, je suis obligé...
M. DEMERS: Qu'on relève la page 288, le meilleur...
M. HARDY: ... en vertu de nos règlements, de prendre la parole du
député de Saint-Maurice, mais je connais trop bien
l'humilité proverbiale de M. Bertrand, je connais trop bien son respect
des règles de l'histoire pour être convaincu de ce que le
député de Saint-Maurice vient de dire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, vu que nous n'avons pas pu
convaincre le gouvernement de reconnaître l'oeuvre d'un grand
Québécois, M. Bertrand, en désignant le comté
proposé de Prévost du nom de Bertrand, je pourrais
peut-être ébranler la conscience gouvernementale en proposant que
le nouveau comté soit appelé Athanase-David. M. Bertrand est un
ancien secrétaire d'Athanase David, son ancien secrétaire de
comté.
M. HARDY: Son fils politique.
M. LAFONTAINE: C'est son fils réellement.
M. HARDY: C'est mon grand-père.
M. LAFONTAINE: Non, parce que, si on se réfère à la
page 288, il y a brisure à un moment donné. C'est un fils
illégitime.
M. HARDY: Dans toute famille...
M. LAFONTAINE: II y a un grand-père qui..,
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Dans
toute famille adulte, il peut y avoir certaines divergences entre le
père et le fils. D'ailleurs, cela prouve que le père donne
à son fils de la liberté quand celui-ci peut différer
d'opinion avec le père. C'est simplement une question de "generation
gap" entre le père et le fils dans ce cas.
M. LAFONTAINE: II y en a de même. Il y a des "generation gaps", le
fils se tient au Carré Saint-Louis et le père n'aime pas
ça. J'ai l'impression que c'est un peu le cas du député de
Terrebonne quand on le voit dans son action actuelle.
J'avais la parole, M. le Président. On recommence encore la
même tactique, à m'importu-ner continuellement. Ce soir, on dira
que le député de Labelle a assez parlé.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je prends bonne note des remarques.
M. BERTHIAUME: Est-ce que le député de Labelle me
permettrait une courte remarque?
M. LAFONTAINE: Oui, allez.
M. BERTHIAUME: Si les fils ressemblaient toujours à leur
père, nous serions encore à l'époque des gorilles.
M. DEMERS: Oui, mais il y en a qui n'en sont pas encore tout à
fait descendus.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Pour faire suite à la remarque du
député, je pense que le député de Saint-Maurice a
raison. Assez souvent, lorsque j'affirme quelque chose, je vois des gens de
l'autre côté qui montent dans les rideaux. Ils ont gardé
une affinité assez proche.
Athanase David est un grand Québécois. Athanase David a
été élu de 1916 à 1936. Il a été
nommé Secrétaire de la province en 1918. Il est revenu en
politique active en 1939. Au bout de quatre, cinq ou six mois, il a
démissionné pour être nommé sénateur à
Ottawa. C'était un libéral...
M. DEMERS: Un vrai. Un pur-sang.
M. LAFONTAINE: C'était un libéral, mais il a fait sa
marque dans l'histoire du Québec. C'est une personne qui a
apporté énormément de positif à l'époque
où il vivait. Athanase David, à titre de Secrétaire de la
province, a été instigateur d'un système
d'éducation. Evidemment, aujourd'hui, ce système
d'éducation est dépassé. Mais alors c'était un
système d'éducation qui collait à la
réalité. Il n'y avait pas d'écoles de rang. Il n'y avait
rien au point de vue éducatif dans le Québec. Sous son impulsion,
on a créé dans le Québec un nouveau système
d'éducation et de santé. C'est lui qui a été le
parrain de la Loi de l'assistance publique. H a créé un service
provincial de l'hygiène. C'est lui qui est le père des
unités sanitaires, lesquelles ont rendu tant de services à la
population du Québec. C'est lui qui a été à
l'origine du bureau de placement provincial, faisant sa marque dans ce qu'on
appelle aujourd'hui le ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre. En 1919, il a relancé, avec
beaucoup d'intensité, les écoles de rang. C'est lui qui a
institué les subventions annuelles aux collègues classiques pour
leur permettre de continuer à subsister, parce qu'il y avait un drame
dans les collèges classiques. C'est le fondateur du Musée du
Québec. Il a un grand titre au point de vue familial: il était le
fils de L.O. David, sénateur, grand ami de Laurier. On s'en va vers les
grands noms du Parti libéral. Il a écrit aussi sur les troubles
qui ont eu lieu à Saint-Eustache.
M. HARDY: Le père.
M. LAFONTAINE: Le père. Mais je veux dire ceci, par le truchement
de la famille nous rejoignons les patriotes de 1836 et 1837. Nous rejoignons
Chénier, qui a été rejeté par le Parti
libéral.
Par le père d'Athanase David, nous rejoignons un grand nom de la
politique canadienne, Sir Wilfrid Laurier. Nous rejoignons aussi, par son
père, les patriotes de 1836-1837. On sait qu'Athanase David était
marié à la fille d'Alphonse Nantel, député
conservateur.
M. DEMERS: Antonia.
M. LAFONTAINE: On laisse la grande lignée libérale pour
embarquer dans la lignée conservatrice. Qui était Alphonse
Nantel?
M. HARDY: Ministre à Ottawa.
M. LAFONTAINE: C'était un député
fédéral qui, en 1882, a démissionné de son
siège au fédéral pour permettre à Chapleau
d'être élu à Ottawa. De ce côté-là,
nous rejoignons le nom de Chapleau, que le gouvernement libéral semble
vouloir mettre sur les tablettes. En 1882, M. Nantel a été
élu député provincial. Il a siégé à
Québec de 1882 jusqu'à 1900.
D'ailleurs, je crois qu'il fut ministre ici à Québec.
Je fais ce rappel sur la famille David, qui a fait sa marque dans le
comté de Terrebonne et dans toute la province de Québec. Cette
famille a un fils aujourd'hui qui est directeur de...
M. HARDY: Est-ce que le député de Labelle me permettrait
une question? C'est simplement une question. Je ne dis pas que je me rallie
à la question que je pose. Mais ne croit-il pas qu'étant
donné que les cendres d'Athanase David reposent à Sainte-Agathe,
sa proposition serait plus appropriée quand on étudiera le
comté plus au nord que le comté de Prévost? Je sais que le
député de Saint-Maurice est très préoccupé
par les cendres.
M. LAFONTAINE: Non, le comté plus au nord qu'on appelle le
comté de la Cinquante, parce que c'est au paragraphe 50, ou le
comté
de la Laurentide, parce que c'est ainsi que le gouvernement
libéral l'a nommé, je ne comprends pas qu'on puisse le
débaptiser et lui enlever le nom d'un homme comme le curé
Labelle.
M. DEMERS: C'était le roi du Nord.
M. LAFONTAINE: C'était le roi du Nord. C'était le
curé de Saint-Jérôme. On n'a qu'à suivre à la
télévision les Belles Histoires des pays d'en haut.
M. HARDY: Et le chemin de fer?
M. LAFONTAINE: Vous avez Sainte-Adèle, qui s'honore de sa
mémoire...
M. DEMERS: II était sous-ministre au ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation.
M. LAFONTAINE: II a fait sa marque et mon comté s'est
développé sous l'impulsion du curé Labelle. On
débaptise le comté de Labelle en lui donnant le nom de
Laurentide. C'est une incursion que je fais parce qu'on m'y a amené.
Quand on s'en va dans les Laurentides et qu'on est à Québec,
c'est au nord de Québec que l'on va. Quand on est à
Trois-Rivières et qu'on s'en va dans les Laurentides, c'est vers La
Tuque qu'on s'en va. Quand on est à Hull ou à Ottawa et qu'on
s'en va dans les Laurentides, c'est vers le lac Sainte-Marie, vers Maniwaki
qu'on s'en va. Je vois le député de Gatineau qui me le
confirme.
Si on est dans la région de Montréal, aller vers les
Laurentides, c'est vers Sainte-Adèle, Sainte-Agathe, Saint-Jovite,
Prévost, Saint-Sauveur, Sainte-Agathe-des-Monts, l'Annonciation,
Mont-Laurier. Mais le nom de Laurentide ne colle pas à la
réalité historique de mon comté. D'ailleurs, le parc des
Laurentides est situé au nord de Québec. C'est un nom qui peut
servir à toutes les sauces. Ce n'est pas un nom propre à mon
comté et je ne comprends pas une attitude aussi arrogante que celle de
débaptiser le comté de Labelle ou la partie du comté de
Labelle qui va...
UNE VOIX: II est hors d'ordre, M. le Président.
M. LAFONTAINE: Je ne suis pas hors d'ordre. Il m'a amené sur les
cendres d'Athanase David.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons y revenir. On va avoir
l'occasion de...
M. LAFONTAINE: On enlève le curé Labelle. On ne sait
même pas où sont les cendres du curé Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... reparler du curé Labelle plus
tard.
M. HARDY: A Saint-Jérôme.
M. DEMERS: Vous êtes spécialiste en
incinération?
M. LAFONTAINE: On va revenir avec un autre amendement. Si on doit nommer
un comté de l'Opposition...
M. HARDY: A l'époque du décès du curé
Labelle, l'Eglise catholique ne permettait pas l'incinération.
M. DEMERS: On n'avait pas assez de bois pour brûler les corps.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: En me fiant à la thèse du
député de Terrebonne, si Athanase David repose à
Sainte-Agathe et si le curé Labelle repose à
Saint-Jérôme, il va falloir que j'apporte une autre proposition
pour appeler le comté de Prévost le comté de Labelle. Je
ne me rendrai pas là. Je ne ferai pas injure à toute une
population de 35,000 âmes qui veut garder le comté de Labelle. Je
ne ferai pas un affront non plus aux gens de Sainte-Agathe et de
Sainte-Adèle qui ont encore en vénération le curé
Labelle. Je n'apporterai pas cette résolution et je me contenterai de
celle d'appeler le comté de Prévost tel que proposé le
comté de David.
Le comté de David, parce que Athanase David a été
un grand Québécois, un grand Canadien. David a
représenté avec beaucoup de brio le comté de Terrebonne,
ce que le député actuel de Terrebonne ne fera jamais. Une autre
raison. On a refusé de nommer le comté Bertrand. M. Bertrand
était le secrétaire de comté de l'honorable Athanase
David. Athanase David était le fils de L.-O. David qui, par sa
parenté politique, était un grand ami de Sir Wilfrid Laurier, un
grand journaliste. De plus, il avait écrit sur les troubles de
1836-1837, rendant hommage aux patriotes de Saint-Eustache.
M. HARDY: L.-O. David avait également écrit, entre autres
ouvrages un volume qui s'intitule "Au soir de ma vie".
M. LAFONTAINE: Je pense que ce serait un très bon titre pour le
livre qu'aurait à écrire très bientôt le
député de Terrebonne.
M. DEMERS: Ou bien le Parti libéral, La grande noirceur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous êtes prêts
à voter sur cette motion?
M. LAFONTAINE: II fut un des fondateurs d'un grand journal de
l'époque qui s'intitulait
"L'Union Nationale." D'autant plus que Nantel et Athanase David...
M. HARDY: C'était l'époque où L.-O. David
était bleu. Parce qu'au début de sa carrière, L.-O. David
était conservateur...
M. LAFONTAINE: Oui, mais il était bien ami avec Sir Wilfrid
Laurier. Cela a changé. On se souvient que...
M. HARDY: Quand il est devenu l'ami de Sir Wilfrid Laurier, il
était devenu libéral.
M. LAFONTAINE: Je me souviens que, lorsque j'étais jeune, on
entrait dans un salon, soit à Québec, ou à
Montréal, ou à Saint-Jérôme, et on y voyait le
portrait du pape, le crucifix et le portrait de Sir Wilfrid Laurier.
M.HARDY: Un peu plus tard, celui de Duplessis a remplacé celui de
Sir Wilfrid Laurier.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le fils d'Athanase David est un
grand médecin qui s'illustre dans la cardiologie. Il est le fondateur de
l'Institut de cardiologie. Je pense qu'en nommant le comté de
Prévost comté de David, on illustrerait d'une façon
concrète le renom de cette famille.
Evidemment, je n'ai rien contre la famille Prévost. Je sais que
le président actuel de l'Office des autoroutes ou président par
intérim... Je ne sais pas s'il a été remplacé. Je
ne sais plus si c'est le ministre d'Etat responsable qui est président
ou si c'est Paul Prévost, qui était l'ancien
vice-président et qui est rendu le conseiller technique auprès du
cabinet. Mais je sais que M. Paul Prévost, le vice-président
je ne sais comment le nommer est apparenté à cette
famille. Je pense que c'est le fils de Jules-Edouard Prévost. Je sais
aussi que le juge Jean Prévost est le fils de l'ancien
député. Je sais que la famille Prévost est une famille
très connue de la région de Saint-Jérôme. Mais quand
on dépasse les bornes de la région de Saint-Jérôme,
je pense que le nom de Prévost, à la grandeur du Québec,
ne veut pas dire plus que le nom d'une autre famille, comme Brisson, Gratton.
Ce n'est pas un nom illustre comme le nom d'Athanase David.
UNE VOIX: Faucher, Carpentier et Sprin-gate.
M. LAFONTAINE: M. le Président, pour revenir sérieusement
à la question, le nom de David est un nom qui a fait sa marque dans les
Laurentides, dans la région de Saint-Jérôme. M. David a
été un représentant émérite, très
connu et très coté du comté de Terrebonne. Ce
député a laissé sa marque dans l'histoire
québécoise tandis qu'on ne voit pas où la marque de
Prévost s'est faite dans l'histoire politique.
Dans les écoles, plus cela va aller dans l'histoire, plus on va
parler d'Athanase David. Il a été, dans le fond, le
réformateur de l'éducation. Encore aujourd'hui, chaque
année, on distribue le Prix David, un prix littéraire.
M. HARDY: Justement, si on me permet juste une brève remarque,
c'est que le Prix David a été institué à
l'époque ou Athanase David était ministre.
M. LAFONTAINE: Oui.
M. HARDY: Athanase David avait accepté qu'on donne le nom David
au prix littéraire à une condition, c'est qu'il soit bien clair
que ce ne soit pas lui que l'on honore mais son père qui, à ce
moment-là, était déjà décédé.
Cette attitude d'Athanase David vient corroborer les règles dont je
parlais tantôt, que l'on doit consacrer dans l'histoire les gens qui sont
décédés.
M. LAFONTAINE: J'ai dit que j'honorais toute la famille, M. le
Président. Le député de Terrebonne vient de dire que cela
corrobore toutes ses thèses sur la question toponymie. Est-ce que le
député de Terrebonne admet, lorsqu'il dit que ses cendres sont
à Sainte-Agathe, qu'Athanase David est mort?
M. HARDY: Oui, en 1955.
M. LAFONTAINE: Bon, à ce moment-là, si le
député de Terrebonne est tellement sûr qu'il est mort en
1955, il n'aura certainement pas d'objection à voter pour la motion
M. HARDY: Chaque année, M. le Président, je fais un
pèlerinage au cimetière...
M. LAFONTAINE: Ah, mon Dieu!
M. HARDY: ... de Sainte-Agathe et je vais me recueillir sur la tombe
d'Athanase David.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas que le député de
Terrebonne...
UNE VOIX: II doit avoir envie de rire.
M. LAFONTAINE: ... devrait faire ses pèlerinages. Il devrait les
faire à l'Oratoire Saint-Joseph parce que l'on y fait des miracles,
c'est là qu'il devrait aller. Il devrait suivre les mercredis de saint
Joseph. M. le Président, je réitère ma motion. Je propose
que le comté proposé de Prévost porte dans nos statuts le
nom de David, en mémoire d'Athanase David, en mémoire de L.-O.
David et en mémoire aussi de Lionel Bertrand qui fut son
secrétaire particulier de comté.
M. HARDY: M. le Président, je me rallie entièrement
à tout ce que le député de Labelle
a dit au sujet d'Athanase David. Il est exact qu'Athanase David a
été l'un des grand noms de la politique québécoise.
Si, un jour, quelqu'un décidait au Québec d'écrire un
volume un peu comme celui qui a été écrit sur John
Kennedy, un volume qui s'appellerait "Courage en politique", je pense que le
nom d'Athanase David pourrait figurer dans ce volume. La raison pour laquelle
il pourrait y figurer, c'est qu'Athanase David a été de ce type
d'hommes politiques qui sont capables de devancer, à certains moments,
l'opinion publique. Il a eu ce courage pour des idées qu'il croyait
valables, je ne dirais pas d'imposer mais de défendre des idées
qui n'étaient pas toujours populaires dans le domaine de
l'éducation et de la santé.
Athanase David a même publié un volume dans lequel il y a
des idées très intéressantes, très avant-gardistes
quand on replace ce volume dans le contexte historique. Ce volume,
publié aux éditions Albert Lévesque, s'intitule "En marge
de la politique".
M. le Président, Athanase David est sûrement un des hommes
politiques pour qui j'ai la plus grande admiration. Comme je l'ai dit pour
d'autres cas, il s'agit, en histoire comme ailleurs, d'évaluer. Tout est
relatif. Je pense, encore une fois, que le nom de Prévost j'ai
mentionné des noms hier soir, le député de Labelle
n'était peut-être pas ici n'honore pas seulement un homme
mais toute une famille...
M. LAFONTAINE: David, c'est la même chose.
M. HARDY: ... qui a joué un rôle sur le plan politique avec
Jean Prévost, sur le plan journalistique avec Jules-Edouard
Prévost, sur le plan religieux avec le père Eugène
Prévost, fondateur de la Fraternité sacerdotale.
UNE VOIX: C'est lui qui a fait faillite!
M. HARDY: Un peu comme je le disais au sujet de Chapleau,
j'espère qu'un jour, dans notre région, nous aurons l'occasion
d'honorer d'une façon vivante Athanase David. Mais je n'accepterais pas
que l'on substitue son nom à celui de Prévost qui, encore une
fois, a une valeur historique encore plus grande.
M. LAFONTAINE: C'est un vrai péché.
M. HARDY: Je n'accepte pas que l'on efface le nom de Prévost pour
lui substituer le nom de David. D'ailleurs, je suis convaincu que nous aurons
sûrement une occasion, un jour, d'honorer la mémoire d'Athanase
David, qui, je le répète, a été un grand homme
politique et un grand Québécois.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je vois que nous nous acheminons vers
un échec. On a toutes les meilleures raisons du monde de vouloir honorer
ces gens, mais on ne prend jamais les moyens. On dit: Un jour! Ce ne sera
certainement pas à l'occasion d'une refonte de la carte
électorale. Cela se fait à tous les 100 ans à peu
près.
Je voudrais faire une proposition concrète à cette
commission. Cela ne dérange pas la motion. Je voudrais qu'on se
réfère au comité de toponymie. C'est capital. Je me
demande pourquoi, lorsqu'on a fait cette désignation de noms...
M.HARDY: M. le Président, est-ce que le député de
Saint-Maurice me permet une remarque? C'est que justement les noms
proposés dans le rapport Drouin Prévost en est un
ont été suggérés par un comité de
spécialistes...
M. DEMERS: Non, non. Je parle du comité de toponymie.
M. HARDY: Bien oui, c'était un comité de toponymie.
M. LAFONTAINE: Est-ce que l'on peut avoir un détail, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce un point de règlement?
M. LAFONTAINE: Oui, un point de règlement, M. le
Président. Si on veut suspendre la séance, je suis prêt
à apporter ici les preuves qui démontrent que le changement de
nom de Labelle pour Laurentide n'est pas venu du comité de...
M. HARDY: Non, M. le Président.
M. LAFONTAINE: Je vais vous montrer toute l'affiliation.
M.HARDY: Le député de Labelle, comme d'habitude, n'a rien
compris.
M. LAFONTAINE: J'aimerais bien comprendre.
M. HARDY: J'ai dit que les noms mentionnés dans le rapport Drouin
ont été suggérés par des spécialistes dans
le domaine. Dans certains cas, ces noms ont été changés
dans la loi à la demande expresse des députés.
M. DEMERS: Ah! Là, on ne fait pas exprès pour le demander,
vous pensez !
M. LAFONTAINE: Le changement de nom du comté de Labelle a
été demandé par qui, M. le Président?
M. HARDY: Par votre humble serviteur, M. le Président...
M. LAFONTAINE: Bon.
M.HARDY: ... à la demande des citoyens concernés. Quand on
arrivera à ce comté, je dirai pourquoi.
M. LAFONTAINE: M. le Président, c'est le député qui
se désolidarise de la population qui l'a élu. Il ne sera plus
député de Sainte-Agathe. Il ne sera plus député de
Val-David, de Val-Morin, de Saint-Jovite. C'est lui qui vient dire: A la
demande de votre humble serviteur. C'est faux, M. le Président.
M. HARDY: Est-ce vous qui allez décider cela?
M. LAFONTAINE: Non, non, mais je le sais déjà.
M. HARDY: Avez-vous décidé de vous présenter?
M. LAFONTAINE: Non, mais je sais ce qui se passe aux réunions du
caucus libéral du comté. On vient me le dire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Napierville sur
une question de règlement.
M. BERTHIAUME: On n'est pas à l'étude des comtés de
Labelle ou de Laurentide, on est à l'étude du comté de
Prévost.
M. LAFONTAINE: M. le Président, parlant sur le point d'ordre, on
parle justement d'une affirmation du député...
M. BERTHIAUME: Je me fous de ce qu'il a affirmé, M. le
Président.
M. LAFONTAINE : C'est une affirmation qui est fausse. Ce n'est pas un
comité de toponymie...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LAFONTAINE: Cela a germé dans la tête du
député de Terrebonne par méchanceté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Le député
de.Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président...
M. LAFONTAINE: D'ailleurs, c'est ce que M. Bertrand me disait ce matin,
au téléphone.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'avais pensé...
M. HARDY: II parlait de méchanceté historique.
M. DEMERS: Non, nous parlions des petites méchancetés du
député de Terrebonne.
M. le Président, j'avais pensé en référer...
On me dit que cela a été fait. Je ne comprends pas qu'on se soit
aligné d'une façon semblable et qu'on n'ait pas eu, les
parlementaires, le rapport de ces gens. On est arrivé, ce matin, avec
des désignations, une toponymie qui nous est apparue un peu
étrange. Ce matin, nous, ici, à la commission, nous faisons des
propositions pour mettre en valeur certains hommes et leur rendre hommage. Le
député de Labelle a proposé que le nom de David soit
donné, à la place du nom de Prévost. Il a fourni une
documentation excellente. Tantôt, lorsque j'ai fait la proposition de
nommer le comté de Bertrand, on m'a dit qu'il n'y avait qu'une
faiblesse, dans le nom Bertrand, c'est que M. Bertrand n'était pas mort.
Là, on arrive avec un vrai mort, M. le Président, un mort mort!
Est-ce assez mort pour qu'on puisse, se prévalant des opinions et
surtout de la dialectique du député de Terrebonne, qui nous a mis
comme objection que c'était faire injure à un homme que de
l'honorer de son vivant, désigner...
M. HARDY: C'est blesser sa modestie.
M. DEMERS: Laissez faire la modestie. Trouvez-nous d'autres arguments
que cela. Dans tout homme, il y a une dose de modestie qui se mesure à
tant de pouces.
M. BRISSON: Lui, il en a plus.
M. DEMERS: Cela ne se mesure pas à la verge, cela.
M. BRISSON: II est tellement grand!
M. DEMERS: M. le Président, je reviens, en parlant sur la motion
du député de Labelle. Je crois que c'est invoquer des raisons qui
n'en sont pas que de refuser de prénommer le comté David. Je me
demande pourquoi. David, la famille, l'histoire, et tout, et le contexte
provincial, c'est beaucoup plus fort que Prévost. Moi, j'ai connu des
Prévost, quelques-uns. Un jour, il nous en est revenu un d'Europe, un
père de la Fraternité sacerdotale. Il est revenu. Lui aussi, il
était bien mort. Raide mort. Il aurait peut-être la qualification
de base pour être reconnu et honoré, soit d'être mort, et
réellement mort. Les David, à part le docteur, sont à peu
près tous morts. Les autres sont réellement morts: L.-O.,
Athanase, marié avec une Nantel. C'est tout du monde mort. Laurier est
réellement mort.
M. LAFONTAINE: Chapleau est mort. M. DEMERS: Chapleau est mort. M.
LAFONTAINE: Nantel est mort. M. DEMERS: Nantel est mort!
M. LAFONTAINE: Chénier est mort.
M. DEMERS: II y a le maréchal Nantel, qui était
marié avec une Demers, qui était ma cousine. Il est mort, le
mari, la femme. Tout le monde est mort, par là!
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. DEMERS: Allez-y!
M. HARDY: Les fils de Léopold Nantel sont encore vivants.
M. DEMERS: Oui, je comprends. Mais là, il est question de David.
Le critère, l'argument massue...
M. LAFONTAINE: II faut être mort.
M. DEMERS: ... pour motiver le refus du vote du député de
Terrebonne, c'est que M. Bertrand n'est pas mort. On retourne la question, on
remonte d'une génération, on arrive avec un gars qui est mort, et
cela ne prend pas. M. le Président, je pense qu'il n'y a rien à
faire avec ce gouvernement, à moins que ce soit une mort apparente. On
aura beau épiloguer, en parler, nous sommes battus avant de
commencer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je vais tenter un dernier effort,
vis-à-vis du gouvernement. J'entendais, tout à l'heure, le
député de Terrebonne dire, en parlant d'Athanase David, qu'il
avait cette grande qualité de devancer l'opinion publique.
C'était un homme à l'avant -garde, dans son temps, même si,
aujourd'hui, il semble dérisoire de penser que de bâtir des
écoles de rang c'est être à l'avant garde; cela ne serait
certainement pas à l'avant-garde aujourd'hui. Mais si on replace cela
dans le contexte de 1919, le fait d'implanter un système
d'éducation par écoles de rang était déjà
être à l'avant-garde, quand on sait que l'analphabétisme
régnait en maître dans le Québec.
Mais Athanase David est proche de nous de bien des façons. Une
entre autres, M. le Président, et je me réfère à la
page 54 des mémoires de l'honorable Lionel Bertrand, Athanase David
était précurseur des loteries, en 1934.
Pour l'information des députés qui siègent à
cette commission, M. le Président, vous me permettrez de vous lire un
petit paragraphe ou deux "II n'y a rien de nouveau sous le soleil Athanase
David, à la séance du 14 mars 1934 de l'Assemblée
législative, pilotait le bill 41, intitulé Loi autorisant
l'organisation d'une loterie pour fins éducationnelles et d'assistance
publique. A cette époque, l'article 236 du code criminel interdisait
toutes les formes de loterie, sous peine de deux années
d'emprisonnement, et ne faisait qu'une seule exception: Le cas d'un bazar
où l'on pouvait mettre en loterie un objet dont la valeur
n'excédait pas $50. Le gouvernement provincial supplia Ottawa d'amender
le code criminel et y mettait d'autant plus d'insistance que le sénat,
ayant étudié à fond la question des loteries,
s'était prononcé en faveur. Le premier ministre canadien du
temps, Bennett, avait déclaré: "Nous présenterons, au
Parlement, un projet pour modifier la loi dès la prochaine session et
nous en ferons une question libre."
Si vous vous en souvenez bien, M. le Président, M. Bennett a
été premier ministre, je pense, de 1930 à 1935. Alors cela
fait longtemps qu'on en parle. M. Bennett avait l'intention de
présenter, au Parlement, à la prochaine session, un projet pour
modifier la loi, en en faisant une question libre. "Comme secrétaire de
la province, David, qui pilota le bill de façon merveilleuse, fit un
magistral historique des loteries, dont les premières, même
rudimentaires, remontent à Auguste et à Néron. Au XlVe
siècle apparaît, en Italie, la première loterie
organisée non par l'Etat mais par les intérêts
privés, sous le nom de Loto. Longtemps après les Pays-Bas, la
France accepte le principe des loteries et la première est
organisée en 1533 pour des fins de charité. Charles Quint les
permet en 1589. Puis on retrouve les loteries sous François 1er, Louis
XIII et Louis XIV. Mais toutes, lorsqu'elles furent permises, avant ou
après les révolutions, sont uniquement instituées à
des fins charitables ou d'éducation. Il en est de même en
Nouvelle-France, à diverses époques du XVIIIe siècle.
"David expose l'importance de retenir, au Canada ou au Québec, les
sommes imposantes qu'engouffrent les loteries de l'extérieur, surtout
celles des Etats-Unis, qui se multiplient. La Loterie nationale
française, fondée par Lamoureux, en 1933, fonctionne à
merveille. A Panama et au Mexique, des loteries rapportent jusqu'à $20
millions par an. En Espagne, au moment de la Noël, on en fait une de $25
millions. Mussolini, qui a aboli bien des choses, dira David, dirige
lui-même une infinité de loteries pour des travaux publics, en
Italie. Hitler a aussi ses loteries et celle de la Suisse devient très
populaire. "David demandait alors au Parlement de créer lui-même
une loterie nationale, dont les profits seraient partagés entre les
provinces, au prorata de leur population. S'il jugeait préférable
de s'abstenir, Ottawa devait au moins permettre aux provinces d'en organiser
pour des fins de santé et d'éducation. Après avoir
démontré que jamais une telle taxe volontaire ne serait mieux
acceptée et plus directement utile, il devait conclure en ces termes: Je
termine par un appel aux autorités fédérales. Je sais
qu'il est toujours difficile de discuter ce que l'on dit être
dicté par la conscience. Je sais que sur maintes matières,
il se trouve des "consciencious objectors" mais pourquoi, puisqu'il semble
et j'ose espérer que je ne me trompe pas qu'il y a dans
cette Chambre entière complète unanimité et puisque nous
avons le courage de venir en avant les premiers, pourquoi nous refuser?
Une fois de plus, la province de Québec prend les devants et dit
aux autorités fédérales, au très honorable M.
Bennett, au très honorable M. Meighen: Je n'ai pas le droit de discuter
votre opinion mais bien que vous soyez convaincus que vous avez raison,
pourquoi n'ad-mettriez-vous pas aussi que nous puissions avoir raison? Vous
voulez faire le bien d'une façon, nous voulons le faire d'une autre.
Laissez-nous l'occasion d'aider nos maisons de charité, nos maisons
d'éducation. Je termine en disant à Ottawa: Je vous en prie,
permettez-nous de faire du bien dans notre province. "Le projet n'aboutit pas
et ce fut le silence. Seize ans plus tard, en mars 1950, Duplessis faisait
voter, par l'Assemblée législative, une Loi des loteries, dans le
même sens que celle de David, en 1934, bien que les députés
libéraux d'alors se prononcèrent dans la négative. La
population québécoise ne faisait pas, semble-t-il,
unanimité sur la question. Plusieurs associations et groupements, dans
les provinces anglaises, systématiquement opposées à la
législation du jeu, firent tant de bruit qu'Ottawa ne jugea pas opportun
d'amender le code criminel. "Dix-neuf ans plus tard, en 1969, la population
canadienne, qui avait accepté tant de transformations à tous les
niveaux et qui, à...
M. BRISSON: Ce n'est pas un cours de lecture.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Un point d'ordre!
M. BRISSON: Ce n'est pas un cours de lecture dont nous avons besoin.
M. LAFONTAINE: J'achevais, M. le Président. Il me reste quatre
lignes.
M. BRISSON: Cela fait deux pages que vous lisez.
M. BOIVIN: C'est intéressant.
M. LAFONTAINE: J'ai demandé la permission, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour deux paragraphes.
M. BRISSON: II reste à peu près dix heures de
débat. Avez-vous quelque chose de sérieux à proposer?
M. HARDY : Le député de Laviolette a un livre sur la
lecture rapide. Peut-être pourrait-il...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Laviolette.
Le député de Labelle. Est-ce que cela achève?
M. LAFONTAINE: Oui, il me reste trois ou quatre lignes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est parfait.
M. LAFONTAINE: Ils m'ont interrompu. "De 1934 à 1969, 35 ans
s'étaient écoulés et l'Assemblée nationale, en
décembre 1969, créait Loto-Québec et en confiait la
présidence à Maurice Custeau."
Autrement dit, dans ce volume de l'honorable Lionel Bertrand, on prend
la décision du gouvernement dont je faisais partie, en 1969, sur la
création de Loto-Québec et on en donne la paternité
à Athanase David.
Personnellement, comme ancien membre du gouvernement, je n'ai pas
d'objection. Je rends les armes vis-à-vis du raisonnement, de la
dialectique serrée du député de Terrebonne sur la
paternité de Loto-Québec. Je rends les armes, c'est clair, c'est
net. C'est à cause d'Athanase David qui a lancé l'idée
dans le Québec en 1934.
Je pense que le député de Terrebonne avait raison de dire
qu'Athanase David était un avant-gardiste, qu'il devançait
l'opinion publique. Le député de Terrebonne disait:
C'était un homme pour qui j'ai une grande admiration. Lui, qui
était libéral, a de l'admiration pour son grand-père
politique, comme il disait tout à l'heure. Nous, ce n'est pas notre
grand-père politique. Nous ne sommes pas de la même entité
politique, du même parti politique.
Ce n'est pas par esprit partisan que nous le proposons, mais simplement
par un souci historique, par un souci qui ne...
Pourtant, lui, il s'est couché tard hier soir, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je n'ai rien entendu. Continuez.
M. LAFONTAINE: J'espère que vous n'entendrez rien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: C'est bien moi que vous avez reconnu?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes au courant que vos 20
minutes achèvent?
M. LAFONTAINE: Encore.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bien, écoutez...
M. LAFONTAINE: Bâillon avant-hier, bâillon hier soir et
bâillon aujourd'hui.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce n'est pas une question de
bâillon, c'est une question de règlement.
M. LAFONTAINE: Vous vous rendez compte que je suis continuellement
interrompu quand je parle. Le dernier, c'était le ministre du Revenu.
Tout à l'heure, c'était le député de Terrebonne. Et
quand je terminais la lecture de mon paragraphe, c'était le
député de Jeanne-Mance. On dirait qu'il y a concertation des
forces libérales pour me couper la parole.
Je termine par ça.
M. BRISSON: II vous faisait de la lecture et il a une voix de mort.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Je finis sur ces mots, en disant qu'Athanase David a
été un grand homme politique, c'était un précurseur
dans bien des domaines, dans le domaine de la santé, dans le domaine
scolaire, littéraire, dans le domaine des arts. D'ailleurs, c'est le
fondateur du musée provincial. C'est le grand-père politique de
l'actuel député de Terrebonne. Et c'est un homme que, de ce
côté-ci même si nous n'avons aucune attache politique
nous admirons et dont nous voulons perpétuer la mémoire.
Et je réitère ma proposition que le comté que nous sommes
en train d'étudier porte le nom d'Athanase David.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Etes-vous prêts à voter? M.
Bacon.
M. BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brisson.
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Harvey (Chauveau).
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Latulippe.
M. LATULIPPE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Berthiaume.
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy.
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Gratton.
M. GRATTON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier.
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lafontaine.
M. LAFONTAINE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher.
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lafrance. M. Russell. M. Demers.
M. DEMERS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Houde (Limoilou).
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Béland. M. Springate.
M. SPRINGATE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour: 3. Contre: 10.
Paragraphe 78.
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'aurais eu quelques informations pour la désignation
technique, j'aurais quelques îles qui m'auraient intéressé.
Je voudrais savoir si sur les îles... Est-ce qu'on me fait grâce de
nommer les lacs? Il faudrait que je nomme les lacs naturellement.
M. HARDY: Les députés à cette commission ont
entière liberté d'exprimer toute leur opinion, poser toutes les
questions, de demander toutes les informations pertinentes.
M. DEMERS: Très bien. Je voudrais savoir, si sur les iles qui
sont dans le comté du paragraphe 78 pour moi ça ne sera
jamais Prévost, ce sera toujours le comté de Bertrand ou David
le lac Wexford, il y a des habitants.
M. HARDY: J'avais répondu à toutes ces questions lors de
la séance d'avant-hier, mais si l'honorable député de
Saint-Maurice n'a pas noté les réponses, je peux lui
donner...
M. DEMERS: Je m'excuse, je ne les ai pas notées pour la bonne
raison que j'étais absent.
M. HARDY: Vous n'étiez pas présent? Bon. Très
bien.
M. DEMERS: J'avais été obligé de rencontrer les
membres du conseil du comté de Saint-Maurice pour leur expliquer
l'iniquité de la loi 62.
M. HARDY: Très bien. Etant donné l'absence du
député de Saint-Maurice à cette séance, et dans un
esprit de franche collaboration, je suis prêt à donner
l'information.
M. DEMERS: Pour ne pas prendre le temps de la commission, je me
référerai au journal des Débats et j'aurai là les
informations.
M. HARDY: Félicitations.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Paragraphe 78. Adopté?
M. DEMERS: Nous sommes presque en mesure d'adopter le paragraphe 78,
à moins que mon collègue le député de Labelle, ait
encore quelques questions à poser. Pour ma part...
M. LAFONTAINE: ... Parce qu'hier j'ai eu des pressions, on m'a
appelé. Je n'avais pas le temps de venir en commission.
M. DEMERS: Nous avons jusqu'à minuit ce soir. Il ne nous reste
que ça, laissez-nous fouiller dans notre affaire.
M.GRATTON: ... Maniwaki tantôt. Non, Maniwaki on change de
nom.
M. DEMERS: Ce n'est pas un comté, oui, ça aurait du bon
sens, parce que nous sommes fort pour Maniwaki.
M. GRATTON: ... de cette façon-là.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. le Président, est-ce qu'on a
déposé la description technique des changements qu'il y a dans le
comté de Prévost?
M. HARDY: Cela va être déposé avec le rapport.
M. RUSSELL: Tel que prévu dans le règlement.
M. HARDY: Oui. Lorsque je déposerai le rapport demain matin aux
affaires courantes, les amendements que nous avons adoptés ici en
commission seront inclus avec le rapport.
M. RUSSELL: Donc, si je comprends bien, au moment où on adoptera
je ne dis pas qu'il a été adopté le
paragraphe 78, il sera adopté sujet à modification,
acceptation...
M. HARDY: Oui, c'est ça.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: J'ai eu hier des pressions de gens. Je comprends que le
paragraphe a été adopté, je ne me souviens plus quel
numéro c'était, mais c'est le comté d'Argenteuil. J'ai eu
des représentations venant de Morin Heights. Evidemment, eux ont
gardé l'impression de la publicité qui a entouré le
rapport Drouin. Il y a eu le premier rapport Drouin, le deuxième...
M. HARDY: ... de l'organisateur de votre parti, ça. Il est
toujours quelques mois en retard.
M. LAFONTAINE: Est-ce que vous pensez que Lionel Bertrand pourrait
être un organisateur de mon parti?
M. HARDY: L'honorable Lionel Bertrand a toujours manifesté
tellement de liberté d'opinion, de largeur de vues, que je ne sais pas
de quel parti il pourrait être l'organisateur.
M. LAFONTAINE: C'est ce genre de personnes que je consulte ou dont
j'accepte les conseils quand on étudie un projet de loi aussi important
que le bill 62.
M. HARDY: C'est très bien.
M. LAFONTAINE: Je ne dis pas que je fais ça à la demande
de Lionel Bertrand pour la question D'Argenteuil, mais il en a
été question par analogie, et il m'a dit que j'avais
entièrement raison. Mais ce n'est pas lui qui m'a appelé hier, au
téléphone, c'est le conseil municipal, par la voie
autorisée d'un de ses membres, qui m'a dit: Nous pensions que nous
avions été détachés du comté d'Argenteuil.
J'ai dit: Non, nous avons fait la proposition quand notre motion est venue. On
n'a voulu pour aucune raison entendre nos représentations.
Je me permets ici, à l'occasion de l'étude du comté
proposé de Prévost, de demander au gouvernement s'il n'y aurait
pas possibilité de détacher Morin Heights, qui fait une pointe,
comme on dit. J'essaie de chercher sur les cartes. Mais les cartes que nous
avons, c'est tellement à la petite échelle qu'on ne peut pas
distinguer. C'est ce que j'ai été voir tout à l'heure.
Ici je n'ai que le premier rapport de la commission Drouin, et je ne
suis pas sûr que ça concorde entièrement avec la loi qui
est proposée par le gouvernement, parce que je n'ai pas la loi. J'ai
beau regarder ici...
M. HARDY: ... à la loi sans l'avoir devant vous.
M. LAFONTAINE: J'ai la loi ici, mais je n'ai pas les cartes. C'est ce
que j'ai demandé depuis le commencement de nos travaux parlementaires en
commission, afin que nous puissions faire
une comparaison. Nous avons beau être bien informés,
connaître une région, quand on vient pour comparer ce qui est
proposé par le premier rapport de la commission Drouin, dont nous
possédons les cartes avec le deuxième rapport, c'est loin
d'être la même chose. Et en plus de ça, il y a la loi qui
n'est pas la même chose que le deuxième rapport de la commission
Drouin. Nous ne sommes pas des cargographes et ça devient, par bouts,
assez difficile. Mais je sais que, dans la région de
Saint-Adolphe-d'Howard et de Morin Heights, il y a un problème
démographique, c'est ce que je tentais de démontrer sur la
carte.
M. DEMERS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: ... si mon collègue me le permet, j'aurais une
suggestion. Vous me direz si je peux la faire. Je voudrais lui dire que demain,
lors du rapport, on pourra probablement proposer un rapport des amendements et
des motions.
M. HARDY: Le règlement est très explicite
là-dessus.
M. DEMERS: On pourra le faire? M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: ... le député de Saint-Maurice n'a qu'à
consulter le règlement, il trouvera là toutes les indications. Je
ne voudrais pas me permettre de donner des conseils sur le plan juridique.
M. DEMERS: Là, je parle au vice-président de la
Chambre.
M. HARDY: Pas plus. Je ne suis pas ici comme vice-président de la
Chambre. Je suis ici comme député de Terrebonne, participant
à l'étude d'une loi qui m'intéresse.
M. LAFONTAINE: M. le Président, c'est la première fois
qu'on entend le député de Terrebonne apporter une telle
précision. Je peux apporter un paquet de coupures de journaux.
M. BERTHIAUME: C'est bien possible qu'il n'ait jamais entendu.
M. SIMARD (Témiscouata): Vous lui reprochez d'être trop
souvent ici, vous le trouvez "achalant".
M. BERTHIAUME: Je le trouve "achalant", c'est vrai.
M. LAFONTAINE: Quand je ne suis pas ici, on me blâme de ne pas y
être et quand j'y suis, on me blâme d'y être.
M. BERTHIAUME: Pour être "achalant", il n'y a pas de doute.
M. LAFONTAINE: C'est la logique des gens d'en face, M. le
Président.
M. BERTHIAUME: II n'est voulu nulle part.
M. SIMARD (Témiscouata): Vous n'avez pas fini de l'entendre,
à part cela.
M. LAFONTAINE: Je pense qu'il va falloir que je fasse comme
Prévost pour me faire reconnaître, il va falloir que je sois mort,
mort, mort.
M. BERTHIAUME: On pourrait l'appeler Union Nationale, le
comté.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je serais prêt à
voter sur le comté de Prévost modifié.
L'agglomération qu'on appelle Morin-Heights, je ne peux pas la
détailler parce que je n'ai pas de carte cadastrale.
M. HARDY: C'est une entité juridique.
M. LAFONTAINE: D'accord, c'est une entité juridique mais je n'ai
pas la description technique.
M.HARDY: On ne vous en demande pas tant.
M. LAFONTAINE: Non, mais on est irrégulier quand on vous pose des
questions.
M. HARDY: Non, M. le Président.
M. LAFONTAINE: Oui, M. le Président, je m'excuse.
M. HARDY: Pour les fins des travaux de la commission...
M. LAFONTAINE: Pour les fins déterminées par le
député de Terrebonne.
M.HARDY: Les techniciens savent très bien, quand je parle de
Morin Heights, ce que cela représente du point de vue cadastral. Ils
peuvent le faire immédiatement.
M. LAFONTAINE: Je propose, M. le Président, pour des fins
pratiques, que la municipalité de Morin Heights soit
détachée du comté d'Argenteuil et rattachée au
comté de Prévost. On sait que toute l'économie de Morin
Heights est dirigée directement sur Sainte-Adèle,
polarisée par Saint-Jérôme. Ces gens font exclusivement
affaires avec les gens du comté de Prévost, n'ont aucune
ressemblance sociologique, n'ont rien à
faire avec Lachute, n'ont rien à faire avec les gens du reste du
comté d'Argenteuil.
D'ailleurs, le conseil municipal a envoyé une résolution
au gouvernement et n'a reçu qu'une réponse évasive.
M. HARDY: Qu'est-ce que la résolution du conseil municipal de
Morin Heights disait?
M. LAFONTAINE: La résolution du conseil municipal demandait de
distraire Morin Heights d'Argenteuil et de l'inclure dans un autre
comté, sur la route II, soit Labelle ou Prévost. On n'avait pas
d'objection que ce soit l'un des deux.
M. HARDY : J'aimerais bien que le député de Labelle me
montre le texte de cette résolution.
M. LAFONTAINE: Je ne l'ai pas avec moi. On m'appelle et on me demande si
on en a parlé. J'ai dit: Non, on n'en a pas parlé. Etes-vous
sûrs que vous avez envoyé une résolution? C'était
après la chicane que nous avons entendue hier. On a dit: Oui, nous avons
envoyé une résolution et c'est le
secrétaire-trésorier qui serait censé l'avoir
envoyée au nom de la municipalité. A qui l'avez-vous
envoyée? Nous l'avons envoyée au gouvernement. A qui,
précisément, au gouvernement? On m'a dit: Evidemment, de
mémoire, je ne peux pas le dire. Avez-vous reçu une
réponse? Oui, nous avons reçu une réponse. Qu'est-ce
qu'elle disait?
De mémoire, je pense qu'on disait qu'on prenait acte de notre
demande et qu'on l'étudierait en temps et lieu. Je n'ai aucunement
raison de douter du renseignement, si on prend la peine de me faire une
communication téléphonique pour me mettre au fait de cela. Je
n'avais pas le temps, hier, d'aller à Morin Heights pour fouiller dans
les livres de la municipalité, mais je pourrai peut-être
m'informer à une heure, rappeler le secrétaire-trésorier
pour qu'il me donne lecture de la résolution. Disons que tous les
arguments se basaient sur l'accessibilité à Morin Heights, la
question du commerce relié à Sainte-Adèle et à
Saint-Jérôme, le fait qu'au point de vue des communications ces
gens n'avaient jamais affaire avec Lachute ou le reste du comté, qu'ils
se sentaient orphelins dans les Laurentides, près du comté de
Prévost, au nord de Saint-Jérôme, dans le nord de
Montréal, qu'ils se sentaient coupés de la vie sociologique qui
pouvait peut-être exister dans le comté d'Argenteuil, que toutes
leurs communications se faisaient avec des gens du comté de
Prévost ou du comté proposé de Labelle.
M. le Président, considérant ces choses, je propose que
Morin Heights soit détachée du comté d'Argenteuil et soit
rattachée au comté de Prévost, d'autant plus que, si on
regarde la carte c'est ce qu'on m'a dit tout à l'heure, j'ai
regardé mais ce n'est pas tout à fait la loi qu'on nous apporte,
que nous avons comme carte, c'est plutôt le deuxième rapport
on voit une pointe. Sur le premier rapport Drouin, on voit aussi une
pointe, une enclave. A ce moment-là, on a le comté proposé
de Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, parlant sur la motion du
député de Labelle, je lui rappellerai que la commission s'est
déjà prononcée, à l'occasion de l'étude du
comté d'Argenteuil, sur une motion identique. On avait proposé de
détacher Morin Heights du comté d'Argenteuil pour le rattacher
à Prévost. Tous les arguments, pour et contre cette motion, ont
été largement exposés à ce moment.
Pour ne pas retarder les travaux de la commission, je ne fais que vous
référer aux motifs que nous avons invoqués à ce
moment pour repousser un tel amendement. C'est pourquoi, de nouveau, nous
voterons contre l'amendement du député de Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Terrebonne dit qu'on a largement débattu ces propos, que c'était
accepté lors de l'étude du comté d'Argenteuil, que Morin
Heights demeure dans le comté d'Argenteuil. J'aimerais souligner au
député de Terrebonne qu'il y a eu un précédent,
celui de Saint-Ambroise, comté de Berthier. Il y a eu aussi un autre
précédent, le cas de Saint-Thomas, comté de Berthier,
transféré au comté de Joliette.
Il y a eu aussi un autre précédent, le cas de Lourdes qui
avait été réglé dans le comté de Berthier et
qui a été rattachée par après au comté de
Joliette.
M. HARDY: Je n'ai pas invoqué une question de règlement,
non plus.
M. LAFONTAINE: Si on dit que cela a été jugé dans
le cas d'Argenteuil, je trouve personnellement que l'argument est d'une
faiblesse extraordinaire.
M. HARDY: IL y a, sur cette question, res judicata.
M. LAFONTAINE: C'est bien savant, M. le Président.
M. DEMERS: C'est la chose jugée. M. HARDY: C'est cela.
M. DEMERS: C'était fait avant qu'on arrive à la
commission.
M. LAFONTAINE: II y a au moins quatre
précédents dont a fait fi le gouvernement pour se rendre
aux pressions de l'Opposition. Si on s'en réfère au comté
de Joliette je le fais par analogie, parce que le député
de Terrebonne m'amène dans le comté d'Argenteuil en disant que
c'est une chose réglée, une chose jugée dans ce
comté nous avons apporté quatre demandes de modification. Sur les
quatre demandes de modification, trois ont été acceptées.
Vous savez, M. le Président, à quel prix et à quel labeur
!
Vous m'avez même, avant que le gouvernement ne se rende à
ma demande, enlevé le droit de parole disant que j'avais largement
dépassé mon droit de parole. J'ai dû quitter les lieux,
mais j'ai appris avec beaucoup de plaisir que la semence que j'avais
jetée avait porté fruit et qu'à bout d'arguments, le
gouvernement s'était rallié à notre thèse. C'est
peut-être le même cas qui se représente avec Morin Heights
ou dans le cas de Saint-Adolphe-d'Howard. Quand on place ces gens dans le
comté d'Argenteuil, ils sont oubliés dans un coin perdu de pays.
Ils n'ont aucune relation possible, imaginable, avec le comté
d'Argenteuil.
Même si, dans le passé, les gens de Morin Heights et de
Saint-Adolphe-d'Howard étaient dans le comté d'Argenteuil. Ce
sont des gens qui se sont plaints toute leur vie de l'humidité.
Aujourd'hui, on essaie de faire le grand ménage dans la carte
électorale. Je sais que ce n'est pas un grand ménage mais tout de
même pour montrer un peu de sérieux là-dedans, je pense
que...
UNE VOIX: Le grand dérangement.
M. LAFONTAINE: Le grand dérangement. Je pense que le gouvernement
devrait accepter que les gens de Morin Heights soient enfin reliés au
point de vue du comté aux gens avec qui ils font affaires. Ces gens font
affaires avec les gens de Sainte-Adèle et de Saint-Jérôme.
Hier, je parlais à une personne, qui est très politisée.
Ce n'est pas la sorte de gens que je questionne pour faire mon travail
bénéfique en Chambre. C'est justement une personne très
politisée, mais pas du côté du gouvernement, de notre
côté, un vendeur de camions; je pense bien que le
député de Terrebonne sait de qui je veux parler. Il venait
justement de livrer deux camions à Morin Heights. C'est pour vous
prouver que les gens font affaires avec Saint-Jérôme. Ils ne sont
pas allés acheter les camions à Lachute. Première des
choses, il fallait y penser et, deuxième chose, s'ils y pensaient c'est
plus proche d'aller à Saint-Jérôme. On va peut-être
aller à Sainte-Adèle, on va peut-être aller à Sain
te-Agathe, on va peut-être aller à Piedmond, mais jamais ces gens
ne se rendent à Lachute.
M. HARDY: C'est plein de bon sens.
M. LAFONTAINE: C'est plein de bon sens, M. le Président, je suis
en train de prouver le commerce; d'ailleurs, le député de
Terrebonne le sait. Les gens de Morin Heights font affaires avec les gens du
comté proposé de Prévost. Quand nous nous rendons à
Morin Heights...
M.HARDY: M. le Président, le député de Labelle sait
très bien que les gens de tous les comtés environnants viennent
à Saint-Jérôme. Saint-Jérôme est le centre
d'attraction à cent milles à la ronde. Les gens de Mont-Laurier
viennent à Saint-Jérôme.
M. LAFONTAINE: On passe à Saint-Jérôme.
M. HARDY: Les gens de l'Abitibi viennent à
Saint-Jérôme.
M. LAFONTAINE: On passe par Saint-Jérôme, ce qui n'est pas
la même chose.
M. DEMERS: On passe par Saint-Jérôme pour aller faire du
ski dans le nord.
M. LAFONTAINE: C'est comme partir de Montréal pour aller en
Gaspésie on passe par Québec. Ce n'est pas tout à fait
ça que je suis à expliciter. Je suis en train d'expliquer que le
commerce des gens de Morin Heights se fait avec le comté de
Prévost. Si nous étions à Montréal et que nous
allions à Morin Heights, évidemment, nous pourrions passer par
Argenteuil, nous pourrions passer par Lachute. Mais la personne qui passerait
par Lachute pour se rendre à Morin Heights aurait besoin de soins
psychiatriques. La voie normale partant de Montréal est de passer par
Saint-Jérôme et c'est à quelques milles de
Saint-Jérôme. D'une façon moins spectaculaire, c'est
peut-être le même raisonnement qu'on a utilisé pour
Saint-Thomas-de-Joliette, qui est à quatre milles. Mais là, c'est
plus que quatre milles. Les mêmes raisons valent: liens
économiques, liens sociaux, liens routiers, toutes les raisons
pertinentes à une vie économique, sociale qui a du bon sens. Le
conseiller municipal avec qui je parlais hier, que je ne connais pas,
d'ailleurs...
UNE VOIX: Vous lui avez parlé?
M. LAFONTAINE: On lui a dit: Appelle Lafontaine, c'est lui qui se bat
pour les opprimés de la province. C'est là qu'il m'a
téléphoné. Je ne le connais pas. Je regrette, mais je ne
le connais pas.
M. DEMERS: Lafontaine et...
M. LAFONTAINE: C'est vrai que je passe assez souvent par
Saint-Jérôme mais c'est assez rare que je passe...
M. HARDY: Vous lui avez parlé au téléphone?
M. LAFONTAINE: Oui, il m'a téléphoné.
M. HARDY: Vous ne le connaissez pas. Comment pouvez-vous l'identifier?
Qui vous dit que ce n'est pas un tour?
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président, je sais que c'est lui.
M. HARDY: Qui vous dit que ce n'est pas une substitution de personne. Le
député de Labelle connaît bien ça une substitution
de personne.
M. LAFONTAINE: Non, parce qu'il m'a laissé son nom et son
numéro de téléphone. Il m'a demandé une information
que je n'avais pas. Je lui ai dit: Veux-tu que je te rappelle? Il m'a
donné son numéro de téléphone. J'ai
été chercher le renseignement et je l'ai rappelé. La
personne est très bien identifiée et le numéro de
téléphone aussi.
M. HARDY: Vous lui avez dit "tu" et vous ne le connaissez pas? Vous
l'avez tutoyé et vous ne le connaissez pas.
M. LAFONTAINE: Oui. C'est comme le député de Terrebonne,
je le connais assez mal, mais assez souvent à l'extérieur de la
Chambre je le tutoie et lui-même me tutoie.
M.HARDY: C'est évident! Non, moi je vous vouvoie mais,
étant donné votre âge et le mien, vous pouvez largement
vous permettre de me tutoyer, même si on ne se connaît pas
tellement.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Terrebonne a dit
"tutoie" ou "vouvoie"?
M. HARDY: J'ai dit que je vous vouvoyais. Mais vous, en raison de votre
âge, vous pouvez très bien me tutoyer, même si nous ne nous
connaissons pas tellement bien.
UNE VOIX: II se fourvoie.
M. DEMERS: Aujourd'hui, ce n'est plus une question d'âge.
M. HARDY: J'ai l'habitude de vouvoyer les gens plus âgés
que moi.
M. LAFONTAINE: Je vous ferai remarquer que j'étais encore en
train de discourir.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous redonne la parole. En fait, je
vous la donne très souvent.
M. LAFONTAINE: Je l'admets. D'ailleurs, j'ai dit que vous étiez
un des meilleurs présidents qui présidaient cette commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce parce que je vous donne la parole
souvent?
M. LAFONTAINE: Non, non. C'est parce que vous avez un sens de l'humour
très développé et une patience d'ange. Parce que, si vous
n'aviez pas une patience d'ange, il y a longtemps que vous auriez
rappelé la majorité libérale à l'ordre.
M. le Président, ce sont toutes les raisons pour lesquelles ces
gens se sentent dépaysés dans le comté d'Argenteuil. Cela
serait tellement simple, de la part du gouvernement; on m'a dit qu'il
était question de 700 électeurs. Ce n'est tout de même pas
la mer à boire, 700 électeurs qui veulent être
rattachés au comté de Prévost. Ils veulent
bénéficier d'une vie communautaire pleine et entière. Pas
un petit bout à Lachute et un petit bout à
Saint-Jérôme. Ils veulent tout avoir dans le même sac.
Ce serait facile de la part du député de Terrebonne
d'être grand ce matin et dire: Oui, je me rends aux arguments que le
député de Labelle amène, qui ne lui sont pas propres, mais
qui sont les arguments soutenus par une résolution du conseil municipal
de Morin Heights, qui ont été envoyés aux autorités
gouvernementales? A qui? je ne le sais pas. Est-ce au premier ministre et que
M. Prieur y aurait répondu? C'est possible. Est-ce que ce serait au
premier ministre et que M. Rivest y aurait répondu? C'est possible. Je
ne le sais pas. Est-ce que ce serait envoyé au premier ministre et
référé à la commission parlementaire, au juge
Drouin? C'est possible. Je ne le sais pas? Qui y a répondu? Cet
après-midi, si on veut avoir une précision, je m'empresserai,
à l'heure du dîner, d'appeler le secrétaire municipal et
lui demander par qui l'accusé de réception a été
signé. Si le député de Terrebonne me disait oui, dans un
élan de générosité, dans un élan de
compréhension vis-à-vis de cette population qui veut vivre une
vie pleine, entière, je dirais: D'accord, nous sommes prêts
à voter sur Argenteuil en rattachant Morin Heights au comté de
Prévost.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, sur la motion de l'honorable
député de Labelle, j'aurais peu de chose à dire ne
connaissant pas ce coin de pays comme lui, mais je dois me rallier, parce que
les arguments invoqués par le député de Labelle me
semblent pertinents. Il nous dit qu'en reliant Morin Heights au comté de
Prévost on ferait un tout sociologique, économique, commercial.
On rapatrierait à leur pôle d'attraction des gens qui vont
être isolés au fond d'un comté, celui d'Argenteuil. Cela ne
déséquilibre aucunement la rigidité des normes qui ont
été acceptées et appliquées par la commission
indépendante. Cela ne dérange aucunement le comté
d'Argenteuil. Cela ne produit aucun encombrement au comté de
Prévost. En plus, cela rendrait service à une
collectivité.
Le député de Terrebonne connaît la région. Il
pourrait vérifier et pourrait nous répondre en
toute objectivité. demanderais de considé- rer cette
motion en faisant la part des choses, en regardant la géographie du
milieu, les implications...
M. HARDY: Humaines ou économiques?
M. DEMERS: Humaines et économiques, les deux.
M. HARDY: Et historiques.
M. DEMERS: Et historiques. Qu'on n'en fasse pas une question tatillonne
et dire: On va leur donner ça. Il ne faut rien leur donner. C'est une
demande. Si elle n'est pas recevable, qu'on dise que c'est une affaire qui ne
se tient pas, mais d'après les arguments invoqués par le
député de Labelle, il me semble qu'il ne faudrait pas se forcer
énormément pour corriger cette erreur, peut-être, car ce
coin de terre n'a peut-être pas été étudié
selon les besoins et les exigences de cette carte électorale. C'est pour
ça que je vais appuyer la motion du député de Labelle.
Entre-temps, si l'horloge est en ordre je vous ferais remarquer qu'il est une
heure.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission suspend ses travaux
jusqu'à quatre heures.
M. HARDY: Trois heures.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Jusqu'à trois heures,
excusez-moi!
(Suspension de la séance à 12 h 55)
Reprise de la séance 15 h 15
M. GIASSON (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission était à débattre une motion du
député de Labelle, motion qui se lisait comme suit : "Je propose
que la municipalité de Morin Heights soit détachée du
comté d'Argenteuil et rattachée au comté de
Prévost." Est-ce qu'il y a des commentaires?
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je m'étais prévalu de mon droit de parole
lorsque l'ajournement des travaux s'est fait. Je voudrais vous faire remarquer
qu'en l'absence de M. Lafontaine, qui sera ici dans une vingtaine de
minutes...
M.HARDY: On me dit qu'il est actuellement en conversation avec
l'honorable Lionel Bertrand.
M. DEMERS: Oui. C'est vrai. C'est pour préparer...
M. HARDY: Je suis pas mal renseigné.
M. DEMERS: ... l'éditorial de la semaine prochaine dans la Voix
de Mille-Isles, pour parler de son fils spirituel, son fils politique.
M. HARDY: Je suis assez bien renseigné.
M. DEMERS: C'est bon. Votre affaire va bien. Est-ce qu'on pourrait nous
nommer les membres de notre formation politique qui font partie de cette
commission?
LE PRESIDENT (M. Giasson): II y a le député de
Saint-Maurice, Me Demers...
M. DEMERS: Pas maître. Soyez donc poli envers moi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je m'excuse à l'endroit du
député de Saint-Maurice. Il y a M. Russell et M. Lafontaine.
M. DEMERS: Est-ce qu'on pourrait remplacer M. Lafontaine par M. Simard
(Témiscoua-ta)?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Certainement.
M. HARDY: Une nette amélioration.
M. DEMERS: Je crois que les remarques qu'avait formulées le
député de Labelle à l'endroit de sa demande étaient
logiques et j'avais demandé, à la fin de la séance, au
député de Terrebonne, futur député de
Prévost, et non pas le député de Bertrand et non pas non
plus le député de David, mais bien le député de
Prévost, de regarder d'une façon objective la demande
faite par le député de Labelle. J'espère qu'il s'est rendu
à ce désir et qu'il en est venu aux mêmes conclusions que
le député de Labelle. Quant à nous, nous sommes
prêts à nous prononcer sur la motion du député de
Labelle, à moins que le député de Frontenac ait quelque
chose à dire.
M. LATULIPPE: Sur quoi portait sa motion?
LE PRESIDENT (M. Giasson): La motion suggérait de détacher
la municipalité de Morin Heights du comté de Prévost pour
la rattacher au comté d'Argenteuil.
M. LATULIPPE: Sur cette motion, j'ai déjà eu l'occasion de
voter. Je n'ai pas d'objection à voter une autre fois, mais je ne
pourrais pas changer mon vote.
M. DEMERS: Ce n'est pas la même motion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Ce n'est pas la même motion. C'est une
motion qui suggère de détacher du comté d'Argenteuil la
municipalité de Morin Heights afin de la rattacher au comté de
Prévost.
M. LATULIPPE: On a déjà eu une motion aussi qui voulait
détacher toute la partie nord de tout le canton. Alors, cela reste dans
le même esprit. Personnellement je ne peux pas voter pour et ensuite
voter contre. Dans mon esprit, il reste qu'à moins que le gouvernement
ait changé d'idée, je vais rester sur mes positions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires sur la
motion du député de Labelle?
M. SIMARD (Témiscouata): M. le Président, dans la motion
du député de Labelle, je n'ai pas l'intention de revenir sur
toute l'argumentation qui a été si bien présentée,
mais.il y a une chose que j'ai retenue de façon toute spéciale,
c'est que la résolution qu'a fait parvenir cette municipalité
à la commission a semblé être totalement ignorée. Je
crois que cette municipalité est en mesure d'évaluer les
conséquences que peut apporter pour cette municipalité... On a
prouvé avec précision qu'elle avait une vocation
économique et commerciale avec les villes que nous avons
déjà mentionnées, je n'ai pas besoin de les
répéter.
Je ne voudrais pas revenir sur les autres redistributions de
comté ou sur les corrections qui ont été amenées
dans d'autres comtés; mais je prends, par exemple, le comté de
Joliette, on avait tenu compte des résolutions de ces
municipalités pour conclure, après cinq ou six heures de
discussion, que cela valait la peine de s'arrêter à cela. Je ne
sais pas si on s'est arrêté à ces résolutions qui
ont été envoyées par ce conseil municipal. Je pense que
c'est un facteur assez important. On a prouvé qu'il y avait avantage
à corriger cet état de choses et cette erreur qu'on était
en train de faire dans la distribution de ce coin de pays. Je ne suis
peut-être pas des mieux placés pour justifier les
représentations de cette municipalité, mais je pense que cela
vaudrait la peine qu'on y regarde à nouveau et qu'on évalue
à leur juste valeur les représentations de cette
municipalité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres commentaires?
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais remplacer M. Russell par
M. Paul. M. Russell a dû se rendre en Chambre pour la Loi de la
Société générale de financement qui est un grand
succès.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres commentaires sur la motion? Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, j'ai assisté la semaine
dernière à une séance de la commission et on avait
justement soulevé le problème de Morin Heights. Je me demande
pourquoi, au point de vue sociologique, économique, on ne détache
pas cette municipalité du comté d'Argenteuil. Il semble que le
conseil municipal se soit prononcé en faveur d'un tel
détachement. Il y a toujours un danger qu'ici, en commission, cette
motion soit reçue, mais qu'en Chambre, lorsque nous étudierons le
rapport, l'on rétablisse ce qui a été défait et ce
qui a été accepté ici. Je ne voudrais pas que l'honorable
et estimé député de Terrebonne suggère à ses
collègues d'accepter l'amendement à la motion du
député de Labelle pour qu'à l'occasion de l'étude
du rapport on retire cet amendement qui aurait été adopté
ici. Je voudrais prévenir mes collègues sur
l'inutilité..., de ne pas tomber dans un piège, parce que si
j'étais à leur place, je lutterais constamment pour ne pas
succomber à une telle tentation.
M. HARVEY (Chauveau): Vous allez voter avec nous?
M. PAUL: Je suis convaincu que tous les députés trouveront
bien logique, nécessaire même, dans l'intérêt de la
population de Morin Heights, cette motion du député de Labelle;
il me fera plaisir de l'appuyer lorsque le temps sera venu de mettre aux voix
cette motion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Autres commentaires sur la motion? Je mets
donc la motion aux voix.
M. HARDY: M. le Président, seulement un mot pour dire ce que j'ai
dit ce matin. Nous avons étudié longuement cette question la
semaine dernière et il ne m'apparaît pas qu'il y ait eu de
faits nouveaux apportés. Je considère que, pour autant que la
commission est concernée, il y a res judicata. C'est pourquoi je voterai
contre cette motion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Bacon? M. BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Brisson? M. Harvey (Chauveau)?
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Burns? M. Latulippe? M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Gratton?
M. GRATTON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Simard (Tém iscouata )?
M. SIMARD (Témiscouata): Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Léger? M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Paul?
M.PAUL: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Demers?
M. DEMERS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): M. Béland? M. Springate?
M. SPRINGATE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La motion est rejetée. Le partage des
voix est comme suit: Trois pour et dix députés contre.
L'article 78. Prévost.
M. HARDY: Je suis en train de me demander, me rappelant ce qui s'est
passé après le dfner et ce qui se passe encore ici, s'il n'y a
pas un certain masochisme chez nos amis qui siègent à votre
gauche.
M. PAUL: Un quoi? Du quoi?
M. HARDY: Un certain masochisme.
M.PAUL: Qui est ce gars? Vient-il du comté de Terrebonne ou de
Deux-montagnes? D'où sort-il?
M. DEMERS: C'est sûrement un rouge. Il aimait se faire mordre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre! L'article 78. Adopté.
L'honorable député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: L'article 78, M. le Président, nous n'avons plus
aucune remarque à y faire. Un instant.
M. PAUL : On a des observations.
M. DEMERS: Nous pourrions dire, par exemple, nous pourrions commenter la
façon dont se sont déroulés nos travaux sur cet article
mais nous laissons cela à d'autres et c'est avec plaisir...
M. HARDY: Aux historiens.
M. DEMERS: Aux historiens, mais vous admettrez tout de même, le
député de Terrebonne admettra que, ce matin, en refaisant cette
page d'histoire, en l'écrivant peut-être un peu, et en faisant
participer les vivants au monde des morts, nous avons voulu souligner,
malgré le député de Terrebonne, l'excellence d'un ancien
député, conseiller législatif à sa pension,
père spirituel, père politique du député de
Terrebonne, que le député de Terrebonne a immolé sur
l'autel de la partisanerie.
M. PAUL: Est-ce que mon collègue me permet une question? Est-ce
que la même filiation existe entre l'ancien député de
Terrebonne et l'actuel?
M. DEMERS: II y avait plus que cela, M. le Président. En
même temps pour voir la sincérité de cette personne, le
député de Terrebonne, nous avons ajouté un autre
héros de ce comté, l'honorable Athanase David. Nous avons
donné toutes les raisons, le député de Terrebonne a encore
fait l'éloge de celui-là et il a dit qu'il l'aimait tellement
qu'il était contre lui. Deux
sur deux. C'est un parricide politique, il aura tué le même
matin ses père et grand-père politiques.
Sur ça, je suis en faveur d'adopter le paragraphe 78 et je pense
que nous n'avons plus aucun commentaire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le paragraphe 78 est adopté
à l'unanimité des membres de la commission?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté à
l'unanimité.
M. DEMERS: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté sur division. Quel est le
comté qui suit. Est-ce Labelle?
M. HARDY: Nous allons passer au paragraphe qui plaira à nos
honorables amis d'en face.
Comté de Hull
M. DEMERS: Pour le résultat que ça donne, M. le
Président, on ne peut pas s'opposer. Le paragraphe 35 nous plairait.
C'est un paragraphe "dull". Il me déplairait moins que les autres.
M. HARDY: Au paragraphe 35, nous avons la reproduction intégrale
du premier rapport Drouin.
M. PAUL: Comment se fait-il que le comté n'ait pas
été changé au deuxième rapport? Comment se fait-il
que les officiers légistes de la rédaction de la loi ont retenu
intégralement le premier rapport Drouin?
M. HARDY: M. le Président, parce que, dans le cas de Hull, comme
dans le cas de 59 autres circonscriptions électorales, le rapport Drouin
semblait correspondre exactement et à la volonté de la population
et aux critères de la loi 80. Enfin, personne n'avait la moindre
critique, comme dans 58 autres circonscriptions électorales.
M. PAUL : Qui a dit que ça semblait correspondre?
M. HARDY: C'étaient les membres de la commission de
l'Assemblée nationale et ce sont eux qui ont fait les recommandations,
tels que l'honorable député de Saint-Maurice l'honorable
député de Wolfe, l'honorable député de Berthier,
les honorables membres du Parti québécois, les honorables membres
du Ralliement créditiste. Ce sont eux, comme législateurs...
M.PAUL: Le Parti libéral a-t-il fait ses recommandations?
M. HARDY: ... puisque la loi 80 disait bien que c'étaient les
législateurs qui avaient le dernier mot. Ce sont eux qui, à la
suite des interrogations des membres de la commission
indépendante...
M. PAUL : Ce n'est pas cela que la loi dit. La loi dit que c'est le
gouvernement qui a le dernier mot, c'est le bâillon qui a le dernier mot.
Ce ne sont pas les législateurs.
M. HARDY: Je n'ai pas entendu parler de bâillon. Qu'est-ce que
c'est qu'un bâillon?
M. PAUL: C'est une façon élégante de brimer
l'Opposition dans sa libre expression. Il y a toujours... Vous allez au bord de
la mer...
M. DEMERS: Le bâillon se met un peu plus bas que les
oeillères.
M. HARDY: Le bâillon, ce ne serait pas d'empêcher un
député de parler dix minutes alors qu'il représente le
plus grand nombre d'électeurs dans un Parlement?
M. PAUL: A ce compte, votre théorie c'est un électeur, un
vote. C'est votre théorie.
M. DEMERS: II y en avait une autre aussi, une "job" pour un
chômeur, une "job" un chômeur.
M. PAUL: II y avait ça aussi au mois d'avril 1970.
M. DEMERS: II y avait 100,000 chômeurs, 100,000 "jobs".
M. PAUL: Une "job", un chômeur, là, vous avez changé
ça. Vous êtes rendus à un vote, un électeur.
M. DEMERS: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Merci, M. le Président. Est-ce qu'on pourrait me faire
un parallèle assez succinct entre la nouvelle redistribution
topographique du comté de Hull et l'ancienne, celle qui existe
actuellement?
M. HARDY: Je pense, M. le Président, que la carte est plus
éloquente que tous les mots auxquels je pourrais avoir recours.
M. DEMERS: J'explicite. Je ne voudrais pas avoir des coins de rue et des
détails semblables. Vous savez que je ne me limite jamais à
ça. Ma
spécialité se limite aux rivières. Je voudrais que
vous me fournissiez une approximation sur...
M. HARDY: C'est assez simple, M. le Président, c'est qu'on a
enlevé tout ce qui n'était pas dans la ville de Hull...
C'est-à-dire que la commission indépendante a
enlevé...
M. PAUL: Vous avez dit "on a enlevé".
M. HARDY: "On" exclut toujours la personne qui parle. Vous demanderez
ça au député de Chicoutimi, il va vous le confirmer.
M. DEMERS: II confirmera. Ce n'est pas un évêque.
M. PAUL: L'évêque, c'est vous qui l'avez, ce n'est pas
nous. Nous avons le cardinal.
M. HARDY: Quand je dis "on", ça veut dire la commission
indépendante, la commission permanente.
M. PAUL: De qui?
M. HARDY: De tout le monde, puisque les membres ont été
élus à l'unanimité par l'Assemblée nationale.
M. PAUL: On ne reviendra pas là-dessus.
M. DEMERS: Si vous voulez, on en a assez parlé.
M. HARDY: M. le Président, pour répondre à la
question de l'honorable député de Saint-Maurice, la commission
permanente a exclu du nouveau comté de Hull tout ce qui n'était
pas dans la ville de Hull et a inclus ce qui n'y était pas
déjà et ce qui fait partie de la ville de Hull.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez me dire, si vous avez les
données, bien entendu, quelles sont...
M. HARDY: Les données. Quelles données? Combien on a exclu
de gens? Combien on en a...?
M. DEMERS: Non. Laissez-moi donc finir ma question, s'il vous
plaît. Tiens, de la visite... stranger in paradise.
M. le Président, si vous pouviez être assez bon de me
donner les municipalités qui ont été distraites lors du
rapport de la commission Drouin.
M. HARDY: Pointe-Gatineau a été... M. DEMERS:
Pointe-Gatineau. M. HARDY: ... distraite, c'est ça? M. DEMERS:
Retirée.
M. HARDY: Distraite.
M. DEMERS: Retirée, nous ne sommes pas en termes agricoles.
M. HARDY: Nous avons fait la soustraction de Pointe-Gatineau, qui est
l'ancien comté de Hull...
M. DEMERS: Qui est allé dans Gatineau.
M. HARDY: ... et une partie de Templeton-Ouest.
M. DEMERS: Templeton serait demeurée dans Papineau.
M. HARDY: Dans Papineau, exactement.
M. DEMERS: Avant, il y avait la totalité de Templeton dans le
comté de Hull.
M. HARDY: II y avait une partie de Temple-ton-Ouest qui était
dans Hull.
M. DEMERS: Quelle a été la différence entre la
population votante antérieure...
M. HARDY: Avec les additions et les soustractions, on arrive à
2,000, 2,050 électeurs de plus. On avait 34,249 électeurs et on
en a maintenant 36,229.
M. DEMERS: Les soustractions, cela veut dire que cela signifiait combien
d'électeurs de plus?
M. HARDY: On va procéder à la compilation des
soustractions.
M. DEMERS: Et en conclusion, cela fait un comté rapetissé
un peu?
M. HARDY: Oui, cela fait un comté qui a maintenant... Non! Cela
fait un comté agrandi en population. Cela fait un comté qui a
maintenant 36,229 électeurs. Comté exclusivement urbain.
M. DEMERS: Mon affaire s'améliore, j'ai maintenant un conseiller,
moi aussi. Cela va très bien.
M. LEVESQUE: C'est un jeune recherchis-te?
M. DEMERS: Oui.
M. LEVESQUE: Frais émoulu?
M. PAUL: II est plutôt recherché, ce temps-ci. Tout le
monde veut se l'arracher.
M. DEMERS: On a réalisé que le député de
Bonaventure lorsqu'il envoya, hier, sa flèche à
nos recherchistes était un peu contre la jeunesse. Cela vous
fascine?
M. LEVESQUE: S'il y a une catégorie de citoyens que j'estime, ce
sont bien les jeunes, la jeunesse, l'avenir de demain.
M. DEMERS: Ah! L'avenir est surtout de demain.
M. PAUL: Grand merci pour le compliment, M. le Président.
M. DEMERS: La ligne de démarcation a l'air de se faire dans la
rivière Outaouais. Au milieu de la rivière?
M.HARDY: Oui, ce qui est en même temps les limites
municipales.
M. DEMERS: Et vous auriez aussi une délimitation au nord dans la
Gatineau?
M. HARDY: C'est ça. Et qui sont encore les limites
municipales.
M. DEMERS: Et le sud serait délimité par le comté
de Gatineau?
M. HARDY: Le sud? Le sud, c'est plutôt la rivière.
M. DEMERS: Ah, non! Je me trompe. Dans le temps des cartes, le sud
était en bas. Oui, je m'excuse.
M. HARDY: C'est une des choses qui n'ont pas changé.
M. DEMERS: Et le boulevard Alexandre-Taché, est-ce que cela ne
vous tenterait pas de le changer de nom?
M. HARDY: Non, parce que l'honorable Alexandre Taché
présidait avec beaucoup de sympathie...
M. DEMERS: Parce qu'il est mort, lui aussi.
M. HARDY: Evidemment, on sait qu'il avait une certaine sympathie pour la
droite, dans son temps.
M. PAUL: Aujourd'hui, cela se répète.
M. HARDY: De toute façon, c'est un homme qui a un grand nom dans
l'histoire canadienne.
M. PAUL: II y a aussi un jardin du nom de Taché.
M. DEMERS: II y avait les jardins Taché et les entreprises Das
Ken.
M. HARDY: Je pense que, dans l'ensemble, il a contribué à
la grandeur et à l'histoire de ce nom.
UNE VOIX: ... à maintenir le statu quo.
M. DEMERS: Le Chemin de la montagne, est-ce une route secondaire?
M. HARDY- Le Chemin de la montagne a au moins un avantage...
M. PAUL: C'est en arrière de la montagne.
M.HARDY: ... cela semble faire la limitation, ça semble
être une des limites de la ville de Hull.
M. PAUL : Est-ce la limite nord ou sud?
M.HARDY: Une limite nord-ouest. Cela sépare la ville de Hull de
Lucerne.
M. DEMERS: Pour autant que le député de Gatineau est
concerné parce que ce sont les députés qui
règlent tout est-il satisfait des délimitations qui sont
apportées à son comté, parce que c'est un nouveau
député?
M. GRATTON: Je pense, M. le Président, que ma satisfaction
personnelle n'y est pour rien. La partie de la ville de Hull qui était
dans le comté de Gatineau à l'élection récente et
qui est retranchée pour être ajoutée au comté de
Hull, j'aurais bien aimé la garder, parce que j'y ai pris une
majorité assez substantielle.
M. PAUL: Parce que là vous allez perdre le bas.
M. GRATTON: Par contre, c'est plus important, je pense, pour les
électeurs d'être rattachés au comté de Hull;
démographiquement, sociolo-giquement et de toutes les autres
façons, je pense que ça s'impose.
Même si ça ne fait pas mon affaire en tant que simple
député, ce qui est le plus important, ce sont les
électeurs.
M. PAUL: Vous allez faire un excellent député, mais vous
ne resterez pas là longtemps.
M.HARDY: M. le Président, le député de
Gatineau...
M. DEMERS: Quand on a affaire au député de Hull...
M. HARDY: ... vient de témoigner très éloquemment
en faveur de la rationalité et de l'objectivité.
M. DEMERS: C'est un bon témoignage. M. BACON: II est
déjà détaché.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Y a-t-il d'autres commentaires au paragraphe
35?
M. BRISSON: Adopté.
M. PAUL: Un instant, s'il vous plaît.
M. le Président, aujourd'hui, dans la ville de Hull, il y a
beaucoup d'anglophones. De plus en plus, devant cette commission, on s'applique
à rattacher le nom d'une personnalité de l'histoire locale ou
provinciale à la nouvelle désignation, au nouveau nom du
comté.
Est-ce que la commission ne pourrait pas envisager comme
désignation à la place du comté de Hull le comté de
Wright?
M. HARDY: Le comté de Wright? M. PAUL: Oui.
M. HARDY: Je suis bien prêt à écouter les
raisons...
M. PAUL: C'est le fondateur de la ville de Hull.
M. HARDY: ... du député de Maskinongé. M. PAUL: M.
Philémon Wright.
M. DEMERS: II y a la municipalité de Wright dans le comté
de Gatineau.
M. PAUL: Nous essaierions peut-être de rendre justice aux
Anglo-Canadiens qui vivent dans cette région et du même coup, nous
rendrions hommage au fondateur de la ville de Hull.
M.HARDY: En vertu du principe: agere sequitur esse...
M. PAUL: Hull, c'est qui? Qu'est-ce qu'il a fait? Est-ce que c'est un
parent de Bobby Hull ou de Dennis Hull?
M. HARDY: Je dis qu'en vertu du principe: agere sequitur esse...
M. DEMERS: Operatio aussi.
M. HARDY: ... comme c'est ce M. Wright qui a fondé la ville de
Hull, qui a donné ce nom de Hull à la ville qu'il a
fondée...
M. DEMERS: Ah non! Pardon.
M. BACON: Vous allez lui faire injure.
M. HARDY: A moins que mes informations ne soient...
M.PAUL: C'est à Wrightville. Un instant. Apprenez votre histoire.
Même si vous avez été candidat défait dans la ville
de Hull à la mairie, un instant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un point d'ordre. Le député de
Gatineau.
M. GRATTON: Pour l'information du député de
Maskinongé qui veut nous faire perdre notre temps, Wrightville est un
quartier de la ville de Hull et c'est probablement le quartier le plus
récent de la ville de Hull.
M. PAUL: Bon...
M. GRATTON: La ville de Hull a été fondée sur
l'île de Hull. Je le souligne pour le député de
Saint-Maurice, parce qu'il y a une île dans le comté de Hull;
c'est à lui de la trouver. Il y a 15,000 électeurs sur
l'île de Hull et nous avons la liste dans le bureau en bas. A tout
événement, Wrightville est le nom d'un quartier et non pas...
M. PAUL: Qu'est-ce que vous entendez par: Nous avons la liste en
bas?
M.GRATTON: La liste électorale de la dernière
élection.
M. PAUL: Nous avons la liste. Qui l'a? Qui ça "nous"?
M. GRATTON: J'imagine que le député de Hull, aussi bien
organisé qu'il est, doit avoir la liste de ses électeurs.
M. DEMERS: Vous parlez du député de Hull.
M. GRATTON: Oui.
M. DEMERS: Et où est rendu M. Wright dans cette affaire?
M. GRATTON: C'est le fondateur de Hull. Le député de
Maskinongé prétend que M. Wright avait baptisé la ville,
Wrightville. C'est faux.
M. PAUL: Le premier nom de la ville de Hull a été
Wrightville.
M. GRATTON: Je m'excuse. Je suis natif de Hull.
M. PAUL: C'est avant votre temps.
M. DEMERS: II peut se faire des affaires avant qu'on vienne au
monde.
M. PAUL: Oui.
M. DEMERS: Est-ce que nous pourrions avoir un petit renseignement au
sujet de M. Wright?
M. PAUL: Est-ce que vous avez l'historique, la biographie du fondateur
de la ville de Hull?
M. HARDY: Vous ne trouvez pas que cela va un peu en contradiction avec
la position de votre parti sur le bill 91?
M. PAUL: Pardon.
M. DEMERS: Le bill 71?
M. PAUL: Excepté que ce matin, nous avons voté pour que le
français soit la langue de travail au Québec et que vous et tous
vos suiveux avez voté contre.
M. HARDY: II n'y a pas une certaine contradiction avec cet
après-midi?
M. PAUL: Absolument pas. Nous n'avons pas débaptisé tous
ceux qui portent un nom anglais. Un instant.
UNE VOIX: Eureka!
M. HARDY : J'admets que les informations que j'avais obtenues
verbalement tantôt étaient un peu déficientes, mais celles
que j'obtiens de façon scripturale me satisfont.
Justement on a appelé Hull en l'honneur du fondateur M. Wright
qui était né à Hull en Angleterre.
M. DEMERS: C'est écrit, on a cela.
M.HARDY: Encore une fois, M. le Président, je pense que la
filiation historique du mot "Hull" a beaucoup plus de signification,
malgré tout le respect qu'on peut avoir pour le fondateur M. Wright. Je
pense que la filiation historique du mot "Hull" est plus grande et pour les
mêmes raisons invoquées pour Prévost et à d'autres
occasions...
M. PAUL: Est-ce que pour Chapleau vous n'avez pas de nouvelles...
M. HARDY: J'ai toujours cela en mémoire, que le
député de Maskinongé soit tranquille. Je n'ai pas perdu
Chapleau, il y a un grand nombre de comtés et je compte
particulièrement sur la collaboration du député de
Maskinongé pour m'aider à honorer Sir Adolphe Chapleau.
M. PAUL : Je me soumettrai au bâillon des députés
libéraux.
M. HARDY : Jamais je n'oserais imposer à un comté un nom
qui ne serait pas accepté par la population et en particulier par son
député. Mais j'ai bien dit qu'il se pourrait que je fasse appel
à la collaboration et du député de Maskinongé et de
ses collègues et notamment du député de Chicoutimi qui a,
je le sais, un sens profond de l'histoire, pour rendre un juste hommage
à celui qui fut député de Terrebonne de 1867
jusqu'à sa nomination à Spencerwood.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre histoire personnelle est bien
brève.
M. HARDY: Oui, M. le Président, elle débu- te. Si j'avais
l'âge du député de Chicoutimi et que mon histoire soit si
brève, je pourrais m'interroger, mais à mon âge tout est
normal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les enfants ont de ces illusions. C'est
charmant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Alors que le député de Terrebonne était
en train de parler de sa "jouvencellerie", je voudrais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est puceau.
M. DEMERS: Oui, il est puceau et je m'interroge. M. le Président,
il a donné tantôt comme raison... Je voudrais qu'il la
répète parce qu'il l'a enveloppée dans tellement d'autres
choses, il l'a diluée dans d'autres choses, mais la raison
prédominante qu'il avait fait valoir, qui avait gagné la lutte
à savoir si on devait appeler cette municipalité Wright ou Hull,
c'était parce que le M. Wright était né à Hull dans
une circonscription anglaise qui s'appelait Hull, originaire de Hull en
Angleterre. C'était cela? C'est bien ce que vous avez dit? Il ne me
regarde pas, il ne m'écoute plus.
M. HARDY: Vous parlez de moi? S'il y a un député, M. le
Président, que j'écoute ici à cette commission, depuis le
début, et que je trouve très intéressant d'ailleurs, c'est
le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS : Recommencez. On va vous bâillonner jusqu'aux
oreilles.
M. HARDY: S'il fallait, M. le Président, qu'à la longueur
de nos séances on soit privé de la présence du
député de Saint-Maurice d'ailleurs on l'a vu samedi
ces travaux seraient bien ennuyeux.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez redire cela en Chambre, cela
contrebalancerait les propos du député de Fabre qui a voulu
m'en-voyer à Roxam... Oxfam?...à la place de Deschamps. Il me
faisait mon "straight man" qui était Lafontaine, député
de...
M. HARDY: M. le Président, il n'y a pas de contradiction, au
contraire, entre ce que je viens de dire et les propos du député
de Fabre hier soir.
M. DEMERS: Ah! C'est exactement la même chose? Dans ce cas, il
faudrait que je vous y amène, mon cher monsieur, parce que...
M. HARDY: J'ai tout simplement retenu le côté positif des
propos du député de Saint-Maurice tandis que le
député de Fabre avait plutôt vu le côté
négatif.
M. DEMERS: C'est ça. Est-ce que, dans votre esprit, ça se
compensait? M. le Président, ceci dit... Cela ne veut rien dire, mais
ça ne fait rien. Etant donné que le tout est conforme aux
sacro-saintes normes, 34,960, qui a fait quoi?
M. HARDY: Conforme aux limites municipales, conforme à la
sociologie et à l'économie.
M. DEMERS: Si vous vouliez me laisser finir. Si notre droit de parole se
limite de plus en plus, on va remonter ce phonographe et on va le faire jouer
jusqu'à minuit ce soir. Merci. Je voudrais savoir si tout a
été respecté.
M. HARDY: C'est aussi un programme intéressant.
M. DEMERS: On ne veut plus savoir. Je voudrais savoir si les normes sont
respectées. Le comté finira avec 36,229?
M. HARDY: C'est bien cela.
M. DEMERS: Même chose que le premier rapport.
M. HARDY: C'est bien cela.
M. PAUL: Intégralement.
M. DEMERS: Aucun changement.
M. PAUL: Un autre comté chanceux.
M. HARDY: Aucun changement.
M. DEMERS: Aussi chanceux que le comté de l'Assomption.
M. HARDY: La coincidence veut, oui, que les électeurs soient
aussi chanceux.
M. DEMERS: Est-ce que vous avez trouvé, M. le Président,
un comté représenté par un membre de l'Opposition aussi
chanceux?
M. HARDY: C'est parce que...
M. DEMERS: Je ne demande pas la raison. Je demande s'il y en a un qui a
été aussi chanceux.
M. HARDY: Vous me posez une question. J'ai quand même le choix de
la réponse. Je dis qu'il arrive que les députés...
M. VINCENT: C'est oui ou non.
M. HARDY: ... membre du parti Unité-Québec et du
Ralliement créditiste, comme par hasard, représentent de
très petits comtés.
M. PAUL: Dans la région de Chicoutimi et de Lac-Saint-Jean,
pourriez-vous passer des commentaires là-dessus?
UNE VOIX: Maskinongé, Saint-Maurice.
M. DEMERS: Par hasard, je vais vous replacer le hasard, moi.
M. PAUL: ... tous les critères, sociologique, économique,
culturel, démographique.
M. HARDY: A moins que j'erre, la majorité des
députés provenant du lac Saint-Jean ne sont pas
d'obédience libérale.
M. DEMERS: M. le Président, si vous le voulez bien, je
vais...
M. BOIVIN: Savez-vous qu'en 1965, la carte électorale a
été touchée...
M.HARDY: Oui.
M. BOIVIN: ... au Saguenay, au lac Saint-Jean, dans les limites des
Laurentides, il n'y a aucune répercussion qui se fait sur les autres
comtés de la province. Savez-vous comment la nouvelle carte
électorale s'est organisée dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean? Cela
s'est organisé par la population, par les maires qui ont fait des
représentations et qui ont organisé toute la région comme
elle était. Toute la région et tous les maires, cela veut dire
plus que les députés.
M. PAUL: Vous étiez frais émoulu.
M. HARDY: J'ai quand même eu connaissance de la façon que
se sont faits les amendements à la carte électorale en 1964 et
j'aimerais autant qu'on n'avance pas trop sur ce terrain.
M. BOIVIN: Je le sais parce que je l'ai vécu. Cela a
été très difficile. La proposition avait été
faite, c'est vrai, par le gouvernement libéral au pouvoir, appuyé
par le chef de l'Opposition. Cela a été fait en 1965. Quand on
nous dit que la plupart des comtés de la province, cela fait 104 ans que
ça n'a pas été touché... Cela a été
touché en 1964 ou 1965 au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Et nous remplissions
toutes les conditions, toutes les normes que le président de la
commission nous a données. Tout ça, pour diminuer le comté
de Dubuc à 24,000.
En plus de cela, j'ai signalé à la commission que je
perdais 1500 voix par le glissement de Saint-Jean-Vianney. Pourquoi n'en
profitons-nous pas pour faire ces changements et en donner davantage? Je n'ai
même pas 24,000 de population depuis le glissement. Il n'y a rien qui ait
été considéré. La carte est ouverte
actuellement.
M. PAUL: C'est parce que vous n'étiez pas au pouvoir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Ce n'est pas près de Hull mais c'est
un peu pour donner suite aux commentaires qui découlent de la question
posée par le député de Saint-Maurice à
l'effet de savoir si des comtés représentés par des
députés...
M. PAUL: II était question de savoir...
LE PRESIDENT (M. Giasson): ... d'Unité-Québec avaient eu
l'avantage d'être protégés c'est-à-dire non
touchés par la réforme tels que L'Assomption et Hull.
M. DEMERS: Ce n'est arrivé en aucun cas.
UNE VOIX: C'est le Parti libéral qui a permis cela.
M. BACON: Le député de Saint-Maurice me permettrait-il une
question?
M. DEMERS: Oui.
M. BACON: Qu'entend-il par avantages ou désavantages?
M. DEMERS: M. le Président, si on avait suivi les débats,
les longs débats de cette excellente commission, on aurait pu
réaliser qu'il y avait des personnes ici, entre autres le
député de L'Assomption, alors que nous nous demandions par quel
hasard il avait gardé le même découpage de comté,
qui a dit: C'est parce que j'ai été chanceux. En partant de
là, on vient de trouver un autre chanceux qui est le
député de Hull.
M. BACON: Ne seriez-vous pas parmi les chanceux?
M. DEMERS: Un instant, M. le Président, ma chance, je vais vous
la prouver. Vous allez voir si c'est fort.
M. HARDY: Vous avez perdu le père Prévost?
M. DEMERS: Je perds le père Prévost. J'avais dans le
comté de Saint-Maurice et je m'excuse de sortir du contexte,
parce que j'ai toujours respecté le plus fidèlement possible les
règlements...
M. HARDY: C'est vrai.
M. DEMERS: ... mais lorsqu'on m'y pousse, je fais des exceptions.
M, HARDY: Lorsque le député de Trois-Rivières
essaie de...
M. DEMERS: Ce sera la faute du député de
Trois-Rivières.
M. HARDY: Vous devriez résister à la tentation et au
piège que vous tend le député de
Trois-Rivières.
M. DEMERS: Le député de Trois-Rivières n'est pas
fort à la chasse.
M. HARDY: M. le Président, vous savez que les
députés de Trois-Rivières sont d'une façon
générale rusés.
M. DEMERS: Je les connais mieux que vous. J'ai même
hésité dans le choix que j'avais à faire pour mon logement
parlementaire entre les deux.
M. HARDY: Vous auriez peut-être cinq quarantaines si vous
résistiez aux indulgences, des dizaines et des quarantaines en tout
cas.
M. BACON: M. le Président, est-ce que le député de
Terrebonne pourrait permettre au député de Saint-Maurice de me
répondre?
M. HARDY: Non, je ne lui permets pas parce que c'est hors d'ordre.
M. DEMERS: M. le Président, là par exemple, on va
réagir strictement.
M. HARDY: C'est-à-dire que ce n'est pas à moi de lui
défendre.
M. DEMERS: II y a un président ici.
M. HARDY: J'invoque le règlement, M. le Président, et je
vous demande de rappeler d'abord le député de
Trois-Rivières à l'ordre et, deuxièmement, le
député de Saint-Maurice, dans cette Mauricie qui est
complètement dans l'ordre.
M. BACON: Je suis complètement dans l'ordre, M. le
Président. Je demandais au député de Saint-Maurice quels
étaient les avantages et les désavantages? C'est dans la ville
où on était tantôt.
M. HARDY: Par rapport à Hull? M. BACON: Oui.
M. HARDY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je permets une réponse plutôt
brève, si le député de Saint-Maurice le veut bien,
à la question posée par le député de
Trois-Rivières.
Nous reviendrons ensuite à l'article 35.
M. DEMERS: Si je me remémore bien la question posée par le
député de Trois-Rivières, il se demandait comment je
n'avais pas été aussi chanceux que d'autres comtés.
M. BRISSON : Non. Qu'est-ce que vous entendez par avantages ou
désavantages?
M. DEMERS: Avantages et désavantages, M. le Président, j'y
reviens.
Un avantage, C'est de la chance et un désavantage c'est de la
"bad luck". Arrangez cela comme vous voudrez. Cela revient au même. De ne
pas avoir changé de limite territoriale, c'est un avantage
extraordinaire. J'avais dans mon comté les normes qu'il fallait et
au-delà, 38,000 électeurs. Ce n'est pas un gros comté.
M. DEMERS: L'écho a répondu: Trop; 38,000 électeurs
pour mon âge c'était trop. Cela est soufflé par Léo.
J'avais 38,000 électeurs, nous remplissions les normes, c'était
un comté...
M. HARDY: M. le Président, est-ce que le député de
Saint-Maurice me permettrait une question?
Vous ne trouvez pas que le conseiller technique est meilleur de ce
côté-ci que de votre côté.
M. DEMERS: Je ne le sais pas, ce matin il est allé me chercher un
livre qui ne m'a pas fait tort.
J'avais 38,000 électeurs, normes acceptables au point de vue des
avantages et de la rentabilité politique; on distrait de mon
comté plus de 1,900 voix de majorité. On appellera ça
comme on voudra, au point de vue politique...
M. BACON: On les envoie dans quel comté?
M. DEMERS: Un instant, peu importe, je ne les ai plus. On les enverra
n'importe où mais je ne les ai plus. Dix-neuf cents voix de moins,
ça dépeigne un peu. On a beau dire qu'on est fin et qu'on est
fort, ça fait toujours 1900 de moins en partant. On enlève au
point de vue sociologique, économique et tout, on défait ce que
le temps avait établi, on prend des gens de mon comté dans la
municipalité de Saint-Mathieu et on les envoie au chef-lieu qui sera
Maskinongé ou Louiseville. On prend ma majorité on la donne
à mon excellent ami... ça c'est excellent! lui, ça ne lui
fera pas tort, mais vous ne le battrez jamais, par exemple, fiez-vous bien
là-dessus. Si vous me visiez, vous allez peut-être venir à
bout de me gratter un peu, mais il va m'en rester encore plus de 3,000 puis je
vais continuer à travailler, ça va être de l'ouvrage. Mais
il reste ceci, c'est un désavantage et je n'ai pas été
chanceux là-dessus. Mon excellent ami est chanceux.
M. BACON: Pour répondre à ma question, je trouve votre
exposé très bien, l'avantage, c'est le député de
Maskinongé et le désavantage, c'est le député de
Saint-Maurice?
M. DEMERS: Les chanceux sont surtout les gens du côté
ministériel et les "badlucky" c'est nous autres. On n'a pas eu un
chanceux, nous autres, le Ralliement créditiste n'a pas eu un
chanceux.
M. OSTIGUY: Le député de Maskinongé a
été chanceux, vous venez de le dire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre!
M. PAUL: Un instant, j'ai trop d'amitié, c'est mon voisin. Nous
avons toujours travaillé ensemble, nous avons toujours conçu une
politique efficace pour la région de la Mauricie, parce que les
députés de là ne s'en occupent pas... Vous
prétendez que c'est une chance quand je vois un de mes amis
traité de la sorte. Par solidarité pour lui, je laisse les
avantages personnels que je peux récolter et je m'associe au sort de mon
collègue...
M. DEMERS: Je ferai remarquer au député de Jeanne-Mance
que le député de Maskinongé n'avait pas besoin de
ça pour se faire élire. Ils ont tout fait, M. Lesage est
allé passer quinze jours pour le faire battre en 1966.
M. PAUL: II a ouvert sa campagne chez nous.
M. DEMERS: II l'a ouverte chez lui, il a tout fait.
M. PAUL: Son "Tit-Poil" Lévesque est venu quatre fois.
M. DEMERS: Le pape à Lévesque y est allé quatre
fois, jour et nuit.
M. PAUL: Même le député de Terrebonne, j'ai eu
l'honneur de l'avoir, il est venu présider la convention.
M. HARDY: En 1970.
M. PAUL: En 1970, revenez je vous en prie pour choisir le même
gars en 1974.
M. HARDY: M. le Président, je dois dire que je n'avais pas droit
de vote à la convention.
M. PAUL: Arrangez-vous pour l'avoir la prochaine fois.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre! Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Oui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous voulez, nous allons revenir au
paragraphe 35, Hull, ce serait beaucoup plus pertinent.
M. DEMERS: M. le Président, ça fera combien de bureaux de
scrutin approximativement?
M. HARDY: Cela va en faire certainement plusieurs.
M. DEMERS: C'est une bonne réponse.
M. PAUL: On veut savoir si c'est plus de 250 ou moins de 300?
M. HARDY: L'ordinatrice travaille. M. DEMERS: C'est-y assez fort!
M. PAUL: On n'en a pas de "machine de même" nous autres?
Pouvons-nous faire une réquisition pour en avoir une?
M. DEMERS: Ça prend un C T.
M. PAUL: C'est ça le travail indépendant de la commission,
ils travaillent avec l'Assemblée nationale.
M. HARDY: Environ 190 plus ou moins.
M. PAUL: Environ 190 plus ou moins. Un décompte de combien dans
le plus ou moins?
M. HARDY: Cela doit être moins que 25 p.c.
M. PAUL: Moins que 25 p.c, par conséquent, ça veut dire
entre 180 et 210.
M. HARDY: Comme ordre de grandeur entre 175 et 200.
M. PAUL: Pas 75.
M. HARDY: Entre 175 et 200.
M. PAUL: Entre 175 et 200.
M. DEMERS: Les voisins du sud, le comté de Hull c'est quoi?
M. HARDY: Ce sont les Ontariens.
M. DEMERS: Nous traversons. Puis ceux de pays étrangers?
M. HARDY: Cela dépend du point de vue.
M. DEMERS: Ou bien si c'est Ottawa.
Evidemment, dans le cas du député de Saint-Maurice,
étant donné l'incertitude de la théorie constitutionnelle
de son parti, vous ne savez pas si ce sont des étrangers ou non.
M. DEMERS: M. le Président, la théorie constitutionnelle
de notre parti ne se fait plus à genoux et en rampant. Si vous voulez,
on pourrait parler de la sécurité culturelle.
M. HARDY: Oui.
M. DEMERS: On pourrait parler de "Provincial Power" qui a
succédé à "Power Corporation" ou à Chubby Power. Je
n'ai plus de question sur ce comté de Hull, je réserve mes
énergies pour Gatineau.
M. HARDY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Article 35, adopté.
M. PAUL: Savez-vous, M. le Président, que ça fait du bien,
un bâillon.
M. DEMERS: On peut vous en passer...
M. BRISSON: Je ne sais pas si vous avez le repentir.
M. PAUL: Le repentir, oh non! Non, je n'ai jamais été
aussi fier d'être député à l'Assemblée
nationale que depuis hier soir à onze heures. Si vous aviez eu le nombre
d'appels téléphoniques et de télégrammes que j'ai
reçus depuis le matin, Seigneur du bon Dieu!
M. HARDY: Vous allez nous faire pleurer.
M. PAUL: Non.
M. BRISSON: Vous auriez dû les apporter.
M. PAUL: On va vous attendre, quand vous allez retourner dans votre
comté, avec les chemins que vous avez. La population n'a jamais tant
regretté le départ de votre prédécesseur.
M. BERTHIAUME: Cela va me faire plaisir de recevoir le
député de Maskinongé. Cela va m'aider.
M. HARDY: S'ils reçoivent des télégrammes et des
lettres ce temps-ci, c'est l'époque de l'échange des voeux de
Noël.
M. PAUL: Mais nous, nous n'avons pas des enveloppes
intéressantes. Nous sommes dans l'Opposition.
M. BERTHIAUME: Votre chef est venu...
M. PAUL : Nous n'avons pas de voyages organisés avec les
entrepreneurs, nous sommes dans l'Opposition, de telle sorte que ça ne
nous dérangera pas de siéger entre Noël et le Jour de
l'An.
M. BRISSON: Ils ont de la mémoire, les enveloppes
intéressantes, ça vous a fait battre.
M. PAUL: Pardon?
M. BRISSON: Les enveloppes intéressantes, ça vous a fait
battre.
M.PAUL: Les plus beaux cadeaux que j'ai reçus ont
été des trentains de messes que mes organisateurs payaient en
remerciements à la Providence et en actions de grâce pour m'avoir
comme député.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre, messieurs !
M. BRISSON: Vous les remercierez, nous sommes sûrs d'aller au
ciel.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que je pourrais savoir des gens de ma
gauche quel article ils veulent étudier?
M. DEMERS: Si vous voulez, nous allons alterner.
M. HARDY: M. le Président, depuis le début de ces travaux
nous avons toujours demandé à l'Opposition quelle était la
région sur laquelle elle désirait se pencher.
M. PAUL: Mais, M. le Président, comme nous sommes revenus cet
après-midi en commission au régime du bipartisme, j'aimerais que
le choix en soit maintenant au gouvernement.
M. HARDY: Puisque le député de Maskinongé
désire que j'appelle un paragraphe, j'appelle le paragraphe 32.
Comté de Gatineau
M. PAUL: L'article 32. Demandez-lui donc, M. le Président, celui
qui va être pris pour lire ça.
M. HARDY: M. le Président, avec le temps que nos amis prennent
à retrouver Gatineau, je comprends les événements qui se
sont déroulés récemment.
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre, messieurs! Paragraphe 32,
Gatineau.
M. HARDY: Adopté.
M. PAUL: Un instant, Gatineau. Est-ce qu'ils ont un député
là?
M. DEMERS: Nous allons faire comme l'honorable...
M. PAUL: Ce n'est pas un nouveau comté.
M. DEMERS: ... premier ministre nous l'a conseillé, nous allons
travailler sérieusement, sans précipiter les choses. Il avait dit
ça dans sa déclaration ministérielle et il avait dit deux
ou trois autres petites affaires à part ça, qui n'ont pas
été respectées.
M. PAUL: II y avait la réforme du scrutin.
M. DEMERS: II y avait la réforme du scrutin, ces
choses-là. C'est son conseiller qui lui a dit de ne pas faire
ça.
M. HARDY : C'est toujours en cours la réforme du scrutin.
M. DEMERS: Pardon?
M.HARDY: C'est toujours en cours, la réforme du scrutin.
M. DEMERS: Cela court, mais ça va être pour...
M. PAUL: Oui, je vous ai entendu. Je vous l'ai dit. J'ai eu une courte
joie quand je vous ai entendu, dimanche dernier, au poste CHRC. J'ai dit: La
conversion de saint Paul. J'ai vite réalisé que c'était un
accident de parcours.
M. HARDY: M. le Président, si le député de
Maskinongé relisait tous les propos que j'ai tenus depuis le 29 avril
1970 à ce sujet-là, il n'y a jamais eu de contradiction.
M. PAUL: J'ai toujours de la difficulté à m'endormir, M.
le Président, et j'ai trouvé le moyen rapide. J'en lis une
colonne et je pars tout de suite pour la gloire. Je dors jusqu'au lendemain
matin.
M. HARDY: Evidemment, c'est tellement sérieux que...
M. BRISSON: Vous vous sentez en paix. M. PAUL: Pardon?
M. BRISSON: Après l'avoir lu, vous vous sentez en paix.
M. PAUL: Non, c'est quand je me réveille le lendemain matin, je
ne voudrais pas toujours vous dire ce que je constate. Trop souvent, j'ai la
solution entre les mains.
M. BOIVIN: Est-ce qu'elle est grosse?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: Le comté de Gatineau, à proximité du
comté de Hull, pour s'y rendre par certain... Il faut passer par
Hull?
M. BERTHIAUME: Pas nécessairement. M. DEMERS: J'y suis
allé...
M. BERTHIAUME: Par la 8, on ne passe pas par Ottawa.
M.PAUL: J'ai eu l'honneur de conduire mon collègue...
M. HARDY: Vous êtes quasiment comme chez les jésuites, chez
vous?
M. PAUL: Oui, mais excepté que cela ne nous prend pas treize ans
pour retourner au pouvoir.
M. HARDY: Ceux d'en haut sont au service de ceux qui sont plus bas.
M.PAUL: Non, non. On est sur le même pied.
M. DEMERS: On ne se prend pas pour d'autres.
M. PAUL: On respecte les valeurs. Quand quelqu'un a un poste de
vice-président, on ne le met pas sur le plancher des moussaillons. On
dit: C'est un commandant et on le laisse là.
M. DEMERS: Nous autres, dans notre parti, ceux qui ont été
ministres n'ont pas été obligés de changer de chapeau.
M. PAUL: Vous savez, j'ai beaucoup d'admiration pour mon ami Jean. C'est
un spécialiste d'élections partielles. Non, mais...
M. DEMERS: Je pense que le ministre du Travail n'a pas saisi l'allusion.
C'est que les gens qui changent de chapeau, c'est parce que la tête leur
enfle. Et lui est resté avec les mêmes dimensions. On va aller le
récupérer et ce ne sera pas long maintenant. Parce que nous, nous
aurions besoin de lui pour prendre le pouvoir, mais il gagne seulement les
partielles. Il est comme le député de Gatineau. Le
député de Terrebonne a été fort là-dedans,
mais il commence à améliorer sa moyenne. Il gagnait au partiel,
il perdait au général.
M. PAUL: C'est la première générale.
M. DEMERS: Vous me permettez de revenir à Gatineau?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Et comment!
M. DEMERS: Mais vous êtes moins rigide que vous ne
l'étiez.
M. PAUL: Oui. Cela s'améliore. Mais c'est depuis qu'on lui a dit
que c'était un des meilleurs.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Mais c'est formateur pour un
président, une commission comme celle que nous avons
présentement.
M.PAUL: Surtout, je constate que vous regardez souvent à votre
gauche, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est parce que la gauche est puissante
à l'intérieur de cette commission.
M. DEMERS: Il se prépare. Il veut suivre son destin. Je voudrais
savoir quelle sera la population votante de la nouvelle description qui est
faite au comté de Gatineau. La nouvelle découpure.
M. PAUL: Le nombre d'électeurs.
M. HARDY: Le nombre d'électeurs à quel endroit? Dans le
comté de Gatineau, en vertu de la loi 62, nous avons 26,634.
M. PAUL: 26,000 au lieu de 37,540?
M. DEMERS: H y a un écart entre le premier et le deuxième
rapport et le deuxième rapport et la loi? Je voudrais que l'honorable
député de Terrebonne me redise ces chiffres.
M. HARDY: La loi est conforme au deuxième rapport de la
commission indépendante.
M. DEMERS: Mais vous avez dit qu'il y aurait combien
d'électeurs?
M.HARDY: Dans la loi, il y a 26,634 électeurs, alors que dans le
premier rapport, il y en avait 27,069.
M. DEMERS: Je lis ici, à la page 32, qu'il y a 26,817
électeurs et c'est le deuxième rapport. On est ici pour
surveiller le gouvernement.
M. HARDY: Oui, et vous faites bien ça. Dans l'Opposition, vous
n'avez pas votre pareil.
M. DEMERS: Mais vous allez voir, lorsque nous prendrons le pouvoir, que
nous allons faire une différence avec vous. Vous allez voir que la
population va s'en apercevoir.
M. BRISSON: Vous l'avez eu.
M. DEMERS: Laissezdonc faire. Vous l'avez eu. Vous aussi, il y a bien
des affaires que vous avez eues et que vous n'avez plus.
M. BRISSON: Un exemple?
M. DEMERS: Un exemple. Je ne ferai pas d'intimité ici. Est-ce
vrai?
M. HARDY: II y avait une légère erreur dans le document
qu'on m'avait remis. C'est 26,817.
M. DEMERS: Est-ce qu'on peut dire que cette erreur s'est faite en cours
de route ou bien chez l'imprimeur?
M. HARDY: Je pense que c'est une erreur qui a été faite
lors de la dactylographie du document.
M. DEMERS: C'est l'ordinateur qui a mal fonctionné.
M. HARDY: Cela ne vaut pas une enquête policière.
M. DEMERS: Dans Gatineau, on se sait jamais. On n'en a pas eu non plus,
mais on a eu une petite enquête maison. Je voudrais savoir quelle
était la population votante de Gatineau avant la redistribution de la
carte électorale.
M. HARDY: 37,540.
M. DEMERS: 37,540. Je remarque qu'il n'a pas été chanceux.
Il n'a pas pu garder... On a changé cela. D'abord, le nombre
excédait, je suppose? Il fallait en enlever.
M. HARDY: Oui, pour un comté... M. DEMERS: Un comté
quoi?
M. HARDY: Un comté rural pour une bonne partie, car 37,000, c'est
à peu près le nombre pour les comtés entièrement
urbains.
M. DEMERS: II a été chanceux de tomber assez juste.
M. PAUL: II perd sa crème, c'est Oswald qui la ramasse.
M. DEMERS: Là, le comté de Gatineau perdrait tous les 59
bureaux de scrutin qui existaient dans la ville de Hull. C'est ça? Je
suis assez au courant du nombre de bureaux de scrutin.
M. HARDY: C'est bien cela. Pour des gens non outillés, vous avez
pas mal d'outils.
M. DEMERS: Mais il a fallu que j'étudie un mois pour apprendre
tout ce qu'il y avait là.
M. GRATTON: Pour rien!
M. DEMERS: Pardon! Un instant, s'il vous plaît! "Pour rien", je
l'attendais celle-là, M. le Président. Est-ce que vous me
permettez de répondre au député de Gatineau?
M. PAUL: On peut vous prouver que ce n'est pas pour rien.
M. DEMERS: II y a un document en rouge et bleu ici, M. le
Président, qui montre que ce n'est pas pour rien.
M. PAUL: Donnez-le donc!
M. DEMERS: Je vous le donne, M. le Président, pour votre
information. "Pour rien"?
M. HARDY: Vous êtes chanceux de ne pas être ministre, je
vous obligerais à le produire.
M. DEMERS: Je peux le déposer, M. le Président. J'avais
à mes bons soins le nord du comté. "Pour rien" a dit le
député de Gatineau. Maniwaki, 216 de majorité,
Unité-Québec, dernier vote.
M. GRATTON: M. le Président, sur un point d'ordre. Je mentionnais
"pour rien" dans la partie de Hull. Nous parlions des 59 bureaux de scrutin de
Hull. J'étais loin d'accuser le député de Saint-Maurice de
ne pas avoir fait un travail...
M. DEMERS: D'accord!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Revenons à l'article 32, qui est plus
pertinent pour nos débats.
M. DEMERS: C'est parce qu'il avait dit: "pour rien". C'est juste pour
ça que...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Il a précisé que...
M. DEMERS: C'est pour montrer que je n'aime pas travailler pour rien. Si
on me prouvait ici que je travaille pour rien, je m'en irais tout de suite.
M. HARVEY (Chauveau): Vous êtes le meilleur juge, monsieur.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que je peux savoir du
député de Gatineau si la municipalité d'Aylmer demeure
dans la nouvelle distribution?
M. GRATTON: Oui, M. le Président. M. DEMERS: Touraine,
naturellement. M. GRATTON: Oui, M. le Président.
M. DEMERS: II y avait une autre municipalité autour de...
M. GRATTON: Lucerne. M. DEMERS: Lucerne, oui.
M. GRATTON: Lucerne est encore dans le comté de Gatineau ainsi
que Hull-Ouest.
M. DEMERS: Lucerne aurait combien d'électeurs?
M. GRATTON: C'est 4,299.
M. DEMERS: Et après, on se dirige vers le nord, en sortant, vous
avez Blue Sea.
M. GRATTON: Oui. C'est encore dans le comté.
M. DEMERS: Masham s'en va. Duclos.
M. GRATTON: Si vous me permettez, M. le Président, je pourrais
seulement dire que dans les municipalités qui ne sont plus dans le
comté de Gatineau, à part la partie de Hull, il y a la
municipalité D'Eardley et la municipalité de Masham.
M. DEMERS: Eardley s'en va où?
M. GRATTON: Dans Pontiac. Masham également.
M. DEMERS: Elle va pouvoir être déclarée zone
sinistrée en permanence parce que dans...
M. GRATTON: Eardley?
M. DEMERS: Oui.
M. GRATTON: Elle l'a déjà été
déclarée.
M. DEMERS: Oui, j'ai souvenance.
M. GRATTON: Vous avez eu connaissance de ça.
M. DEMERS: Oui, et vous aussi. Cela a réglé le cas de deux
maires qui ne savaient pas pour qui voter. On n'appelle pas ça du
"gerrymandering" on appelle ça du "magasining". Masham-Nord?
M. GRATTON: Dans Pontiac, le nouveau Pontiac-Témiscamingue?
M. DEMERS: Oui, je vois. On les détache. La description exacte,
on la prendra dans la loi, naturellement. On va faire le tour de la loi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Gatineau.
M. GRATTON: M. le Président, si vous me permettez
également, j'aimerais souligner que, lors de l'étude du nouveau
comté de Pontiac-Témiscamingue, on a accepté un amendement
qui fait que le parc de La Vérendrye a été
détaché du comté de Pontiac-Témiscamingue et
rattaché au comté de Gatineau.
M. DEMERS: J'ai assisté à cet amendement. Le
député est-il satisfait entièrement de la description qui
est faite?
M. GRATTON: M. le Président, de peur de me répéter,
c'est évident que ma satisfaction personnelle ne compte pas pour
beaucoup.
M. DEMERS: Je ne parle pas des 59 bureaux de scrutin. Disons que c'est
réglé. Tout ce qu'il y avait dans la ville de Hull, nous avons
accepté Hull. Mais dans la nouvelle description qui est faite au
comté de Gatineau, le député serait satisfait? Est-ce
qu'il veut apporter des modifications?
M. GRATTON: Je pense que la nouvelle carte, telle que proposée au
paragraphe 32, répond à peu près à tous les
critères que je connais, à ce que le comté de Gatineau
devrait être.
M. DEMERS: Masham s'en va dans le comté de
Pontiac-Témiscamingue?
M. GRATTON: C'est exact.
M. DEMERS: Géographiquement, si le député
demeurait, par exemple, complètement dans le nord, comment le citoyen de
Masham pourrait-il le rejoindre?
M. GRATTON: De la même façon que présentement, en se
dirigeant le long de la route 11. Mais, je pense que le centre le plus populeux
du nouveau comté de Pontiac est dans la région de Campbell's Bay
où demeure le député actuel et il y a justement une route
qui relie Otter Lake à Sainte-Cêcile-de-Masham.
M. DEMERS: En partant de Touraine en montant, est-ce qu'il y a de
nouvelles municipalités rurales ajoutées au comté de
Gatineau?
M. GRATTON: Je ne pense pas, parce que tout ce qui a été
ajouté en vertu de l'amendement la semaine dernière est du
territoire non organisé et il n'y a pas eu d'addition au comté de
Gatineau. Il y a eu seulement des soustractions.
M. DEMERS: La municipalité de Déléage demeure dans
votre comté?
M.GRATTON: Oui.
M. DEMERS: La même chose pour la municipalité de
Deschênes?
M. GRATTON: Oui.
M. DEMERS: Ou est située Lytton dans le comté de
Gatineau?
M. GRATTON: C'est près du canton de Sicotte, à l'ouest.
C'est Grand-Remous. Au nord de Maniwaki.
M. DEMERS: En arrivant à Mont-Laurier?
M. GRATTON: Oui.
M. DEMERS: Cela fera un comté de 26,817.
M. GRATTON: Oui.
M. DEMERS: Et quelle sera la capitale du comté? Au point de vue
de la ville d'importance.
M. GRATTON: J'imagine que cela sera où le bureau du
député est situé, à Touraine.
M. DEMERS: N'aviez-vous pas dit que vous en ouvririez deux?
M. GRATTON: D'ailleurs, j'ai déjà commencé à
faire du bureau dans le nord du comté. Lundi dernier, je suis
allé à Maniwaki, à Gracefield...
M. DEMERS: Est-ce que vous avez salué mon ami, M. Latour?
M. GRATTON: Oui. Et d'ailleurs, il vous transmet ses meilleures
salutations lui aussi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires
à l'article 32?
M. DEMERS: Est-ce que mes collègues ont des questions à
poser?
LE PRESIDENT (M. Giasson): II ne semble pas, M. le
député.
M. DEMERS: Les membres du gouvernement, non plus? Vous n'êtes pas
ici pour poser des questions.
M. HARVEY (Chauveau): L'unanimité est faite.
M. DEMERS: De ce côté-ci, M. le Président, nous
comprenons vite.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si je comprends bien, l'article 32 serait
adopté.
M. DEMERS: Si je comprends bien, il y en a beaucoup qui comprennent si
peu et qui prétendent comprendre. Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Est-ce qu'on peut demander aux
gens de la gauche de proposer l'étude d'un autre paragraphe?
M. DEMERS: Je n'aime pas me faire appeler une personne de la gauche.
M. HARDY: Nous pourrions peut-être étudier le comté
de Laurentide.
M. DEMERS: Un instant.
M. HARDY: Votre leader parlementaire tantôt m'a donné le
choix d'appeler l'article.
M. DEMERS: Je pense que c'est à nous de faire le choix. Nous
avons établi l'alternance. Vous avez choisi le comté de
Gatineau.
M. HARDY: Pourvu que nous restions dans la région, je n'ai pas
d'objection à cela.
M. DEMERS: Quels sont les comtés qui n'ont pas été
étudiés?
M. HARDY: Le comté de Laurentide. C'est le dernier comté
à étudier dans cette région.
M. BACON: Nous commençons à être familiers un peu.
Cela fait une semaine que nous sommes dedans.
Comté de Laurentides-Labelle
M. HARDY: Si nous étudions le comté de Laurentide,
j'aurais deux motions à faire. La première serait de suspendre
quelques minutes pour permettre au député concerné de
venir nous retrouver et la deuxième motion, dès qu'il serait
arrivé, serait de corriger l'erreur d'imprimerie qui s'est
glissée dans la loi pour ajouter un "s" à Laurentide.
M. DEMERS: Je pense que nous pourrions nous informer si le
député en question peut se présenter. Il est à une
tâche que nous lui avons confiée, qui est très
spécifique.
M. HARDY: II est en train de rédiger vos amendements, de faire la
description cadastrale?
M. DEMERS: II est en train de montrer au gouvernement à
écrire Laurentides quand on ne veut pas faire de publicité pour
compagnie de bière.
M. HARDY: J'ai fait une motion.
M. DEMERS: Ne trouvez-vous pas que cela frisait un peu... le mot
Laurentide sans "s".
Si vous voulez qu'on traite le problème d'une façon
générale avant que le député arrive, on pourrait
faire un petit laïuis là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'on s'en va sur...
M. DEMERS: Non, j'aimerais mieux qu'il soit ici.
M. HARDY: C'est pour cela que j'ai fait une motion pour suspendre
quelques minutes...
LE PRESIDENT (M. Giasson): On pourrait peut-être s'occuper d'un
autre comté.
M. HARDY: ... pour permettre au député de Labelle de se
joindre à nous pour étudier le comté de Laurentides.
M. DEMERS: C'est très bien; vous êtes très
gentil.
M. HARDY: Combien de temps pensez-vous prendre pour...
M. DEMERS: On prendra le temps.
M. HARDY: On ne peut pas suspendre sine die.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si le député de Saint-Maurice
le permet, est-ce que nous ne pourrons pas passer à l'étude d'un
autre article du projet de loi?
M. DEMERS: C'est évident.
M. HARDY: C'est bien beau, mais le problème c'est que nous sommes
dans la région et pour garder une certaine méthodologie...
M. DEMERS: Nous siégeons ce soir jusqu'à minuit. Moi, je
vous assure que le député de Labelle viendra avant minuit pour
exposer l'affaire du comté de Laurentides afin que...
M. HARDY: Cela implique que vous ne l'attendez pas d'ici quelques
minutes.
M. DEMERS: Quand un homme travaille, j'aime autant pas le
déranger.
M. HARDY: En autant qu'on reste sur la rive nord.
DES VOIX: II est au café.
M. HARDY: C'est peut-être l'endroit où il travaille. On
peut bien aller à Maskinongé, puisque nous avons le
bonheur...
M. DEMERS: Le député, ministre d'Etat,
député de Charlevoix voudrait qu'on parle un peu de son
comté. Est-ce qu'on ne pourrait pas...
M. HARDY: Quel comté?
M. DEMERS: Le comté de Charlevoix.
M. PAUL: C'est le seul ministre rentable que nous avons.
M. DEMERS: C'est un parfait gentilhomme. C'est un homme de
dévouement; c'est un homme sincère. C'est un homme d'action.
M. HARDY: M. le Président, j'apprécie beaucoup et je suis
sûr que le député de Charlevoix apprécie qu'on
veuille aller immédiatement dans son comté mais on s'était
entendu pour suivre une certaine logique et, comme le temps qu'il nous reste
à consacrer à cette loi n'est quand même pas
illimité, il faudrait respecter cette logique. On comprendra que, si on
ne se tient pas dans une même région, on peut doubler et tripler
les mêmes discussions. Je pense que la suggestion que je fais de rester
sensiblement dans la même région, c'est pour permettre à
tous les députés de pouvoir couvrir plus de terrain dans les
précieux moments qu'il nous reste.
M. DEMERS: Nous allons étudier le comté de Laurentides
globalement et le député de Labelle...
M. HARDY: On peut faire Maskinongé.
M. DEMERS: Non. Cela a l'air d'être un impératif. Vous avez
une méthodologie...
M. HARDY: M. le Président, je voudrais qu'on me comprenne bien.
Je ne tiens pas plus que cela à ce que l'on étudie Laurentides.
J'ai même offert qu'on suspende Laurentides pour attendre le retour de
l'honorable député de Labelle, mais j'ai dit que, pour
éviter de doubler et de tripler les mêmes discussions, on devrait
continuer la même méthode utilisée depuis le début
des travaux de nos travaux, c'est-à-dire rester dans la même
région. Nous avons encore le comté de Maskinongé, le
comté de Saint-Maurice et les deux représentants de ces
comtés sont avec nous. Je ne vois pas pourquoi on n'étudierait
pas ces comtés maintenant.
M. DEMERS: Le député de Charlevoix...
M. HARDY: Nous faisons de grandes enjambées là.
M. DEMERS: II est venu ici; il attend une tempête d'un jour
à l'autre. C'est un ministre.
M. HARDY: M. le Président, le député de Charlevoix
est reconnu pour sa très grande disponibilité et, si nous
n'étudions pas son comté avant six heures et que l'on devait
l'étudier après huit heures, je suis convaincu qu'il sera parmi
nous.
M. DEMERS: M. le Président, j'aimerais que le
député de Charlevoix s'exprime là-dessus. Je ne fais pas
cela pour ennuyer le gouvernement mais quand je vois qu'un homme est
occupé comme lui et qu'il attend une tempête d'une minute à
l'autre... Il est ministre d'Etat et c'est lui qui s'occupe de la Voirie.
J'aimerais qu'il s'exprime et qu'il dise s'il aime autant étudier tout
de suite son comté et si c'est un impératif.
M. HARVEY (Chauveau): Méfiez-vous.
M. DEMERS: Non, ne vous méfiez pas, M. le Président, c'est
cela et s'il ne veut pas...
M. BOIVIN: Ne vous gênez pas; ce n'est pas un
vice-président que nous avons ici, c'est un député.
M. DEMERS: Nous irons dans le comté de Laviolette si cela ne
marche pas.
M. MAILLOUX: M. le Président, si j'ai mentionné que l'on
pouvait immédiatement parler de Charlevoix, c'est que le seul
intéressé, le député de Dubuc, est ici. Il y a un
seul bureau
de vote, éventuellement, sur lequel il peut y avoir une
contradiction. Alors, si la commission veut l'étudier, cela peut prendre
deux minutes et il n'y aura pas d'impératifs de la part du
député de Charlevoix. Si cela ne convient pas à la
commission, ils laisseront le bureau de votation dans le comté et cela
ne dérangera personne.
M. BOIVIN: Je remercie le député de Charlevoix de prendre
la part du comté de Dubuc. Vous connaissez cette
irrégularité parce que c'est près de votre comté,
mais il y en a bien d'autres.
M. MAILLOUX: Disons que je ne peux pas parler des
irrégularités dont parle le député de Dubuc parce
que c'est dans son comté mais le seul litige qu'il peut y avoir entre
Charlevoix éventuel et Dubuc, c'est une section de 130 et quelques
votes. Si on veut en parler, je peux, sinon...
M. HARDY: M. le Président, je n'aurais pas d'objection à
ce qu'on aborde Charlevoix, à la condition que l'on revienne...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Qu'on revienne à la région
qu'on étudie.
M. DEMERS: On n'a aucune objection.
M. MAILLOUX: Je ne retarde pas la commission, continuez dans le sens
où vous voulez aller, je serai ici de toute façon.
LE PRESIDENT (M. Giasson): II m'apparaftî que la commission
accorde son consentement unanime, soit qu'on mette de côté la
région que nous étudions à étudier au moment
où... on décide d'aller vers Charlevoix, j'appelle le paragraphe
qui traite des limites territoriales de Charlevoix, le numéro 18.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que vous verriez une objection
à suspendre quelques minutes? Nous allons tâcher de rejoindre le
député de Labelle.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Après Charlevoix, on pourrait revenir
à Laurentides.
M. HARDY: On va étudier Charlevoix et si le député
de Labelle n'est pas encore arrivé après Charlevoix, on verra. En
attendant, vous pouvez peut-être mettre des gens à sa
recherche.
M. HARVEY (Chauveau): Vos recherchistes. M. HARDY: Les
recherchistes...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 18, comté de Charlevoix.
M. HARDY: ... peuvent peut-être effectuer des recherches pour
trouver le député de Labelle.
M. HARVEY (Chauveau): Je suggérerais le salon de lecture ou le
Parlementaire..
M. PAUL: Non, le député de Lafontaine ne se tient pas
souvent à la salle de lecture. Il est ici, il est au travail.
M. HARVEY (Chauveau): II est à Montréal... le
député de Labelle voulez-vous dire?
M. PAUL: Non, Lafontaine. Quant à moi, je vous dis que je vais
faire une motion pour que le comté de Laurentides s'appelle le
comté de Lafontaine en l'honneur du dynamique député
actuel de Labelle.
Nous n'avons pas peur des vivants pour représenter quelque
chose.
M. BOIVIN: Je n'ai rien de mes affaires, j'ai envoyé ça
dans mon comté, j'ai consulté mes maires. Je n'ai rien, rien ne
m'a été fourni.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On ne discutera pas du comté de
Dubuc.
M. BOIVIN: Cela touche le comté de Dubuc. Je vous ai dit qu'il y
a irrégularité?
M. HARDY: Est-ce que le député de Dubuc propose une
commission rogatoire?
M. PAUL: Nous n'y serons que nous deux. Je vous promets, M. le
Président, que ce ne sera pas fini pour les élections de
1984.
M.HARDY: Qu'attendons-nous? Je n'ai aucun doute là-dessus.
M. DEMERS: Le député de Dubuc n'a pas ses documents, le
député de Labelle n'y est pas. Réglons le comté de
Laurentides et après, on s'arrangera, c'est tout.
M. HARDY: C'est vous autres qui vouliez aller à Charlevoix et
maintenant vous ne voulez plus.
M. DEMERS: Prenons Laurentides et réglons-le.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Comté de Laurentides.
M. DEMERS: On s'excuse auprès du député de
Charlevoix.
M. BACON: II ne voulait pas choisir les régions ou les
comtés...
M. BOIVIN: On voulait l'entendre et il a donné son opinion...
M. DEMERS : Laurentides, à quelle page.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe 50, page 101.
M. DEMERS: Dans la loi.
M. HARDY: M. le Président, je fais immédiatement motion
pour que l'erreur d'imprimerie soit corrigée et qu'on ajoute un "s"
à Laurenti-de.
M. DEMERS: M. le Président, sur la motion du député
de Terrebonne, je dois vous dire que ça me surprend qu'on ait
répété la même erreur trois ou quatre fois. Dans
l'esprit de ceux qui ont proposé...
M. HARDY: L'imprimeur l'a faite une fois et la
répétée.
M. DEMERS: M. le Président, il n'a pas imprimé les
mêmes livres, la même journée.
M. HARDY: Pardon.
M. DEMERS: II n'a pas imprimé le premier rapport en même
temps que le deuxième rapport et la loi non plus. Il y a quelque chose
là-dedans qui semble vouloir faire allusion à quelque chose. On a
fait des gorges chaudes sur le nom, Laurentide, dans le premier rapport.
M.HARDY: Dans le rapport, il n'est pas question de Laurentide. Il est
question du comté de Labelle.
C'est uniquement dans la loi qu'il y a erreur, où Laurentide n'a
pas de "s". C'est une erreur d'imprimerie, tout simplement. J'ai l'impression
que ce qu'on a voulu nous reprocher provient des honorables membres du parti de
l'Unité-Québec qui veulent profiter du présent
débat pour faire de la publicité.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que la motion du député
de Terrebonne est adoptée?
M. DEMERS: Non. On va en discuter, on va en parler un peu.
M. PAUL: M. le Président, nous sommes surpris que le
député de Terrebonne n'ait pas d'autres explications que la
précédente. M. le Président, je fais motion pour corriger
l'erreur d'impression ou d'imprimerie qui a été commise aux fins
d'ajouter un "s" à Laurentide. Je félicite le
député de Terrebonne de trouver une porte de sortie aussi
élégante et je suis sûr que les remarques que nous avons
faites au sujet du mot "Laurentide", au singulier, et l'affiliation que nous
avions faite entre l'emploi de ce mot et la famille Molson, reconnue
d'allégeance libérale, n'a pas été sans
ébranler le gouvernement. Quant à nous, nous avons
été surpris et nous avons pensé qu'il s'agissait là
d'une erreur "cléricale", pour employer un terme de droit...
M. HARDY: D'impression cléricale.
M. PAUL: ... ou d'impression cléricale, mais nous nous sommes
arrêtés et nous avons fait des recherches avec les moyens de
fortune que nous avions. C'est facile, on n'avait rien. Alors il a fallu lancer
une dialectique pour savoir...
M. HARDY: C'est flatteur pour vos nombreux jeunes universitaires
près de vous.
M. PAUL: Je n'ai pas dit que nous n'avions personne! J'ai dit que nous
n'avions rien. Un instant. J'ai dit, M. le Président, que nous n'avions
rien. Je n'ai pas dit que nous n'avions personne. Mais, lorsque nous avons
rencontré nos recherchistes, l'un de ces génies nous a vite fait
la relation qui existait entre Laurentide et la bière Molson. De
discussion en discussion, nous avons vu un hommage de la part du gouvernement
actuel à la famille Molson, pour tenter de promouvoir davantage la vente
de la bière Laurentide sur le marché.
M. DEMERS: On a pensé à John De Kuyper.
M. PAUL: C'est pourquoi, à un moment donné, nous nous
sommes longuement interrogés pour savoir s'il y aurait lieu d'employer
le mot "Brador" plutôt que "Laurentide". Le député de
Saint-Maurice a suggéré le nom "De Kuyper".
UNE VOIX: Golden Brown.
M. DEMERS: On ne le sait pas.
M. PAUL: On ne le sait pas, M. le Président.
M. HARDY: Pourquoi ne pas l'avoir appelé le comté
Cinquante?
M. PAUL: On a madame Cinquante.
M. HARDY: Je n'ose pas faire de motion pour le détail.
M. PAUL: Je vais vous la raconter. Vous ne le savez pas? Pourtant vous
étiez censé être toujours présent en Chambre. Cela
s'est passé un jour, alors que le premier ministre Lesage était
au secours de madame le ministre du Transport, qui défendait un projet
de loi. Elle s'attaqua aux propos de monsieur Johnson. Tout à coup,
madame le ministre s'est levée et a dit: II ne faut pas oublier, M. le
Président, que je me suis fait élire avec 50,000 voix de
majorité dans mon comté. Monsieur Johnson, qui avait l'esprit
assez vif, a répondu: C'est pourquoi on vous appelle madame
Cinquante.
Quant à nous, M. le Président... C'est trop subtil.
M.HARDY: M. le Président, le député de
Maskinongé admettra avec moi que cela ne mérite pas de figurer
dans l'anthologie des meilleurs propos de M. Johnson.
M. PAUL: Les meilleurs, c'est quand il a parlé de vous.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'aimerais qu'on revienne à la
motion.
M. PAUL: Je dis donc, M. le Président, que la motion du
député de Terrebonne aux fins d'ajouter un "s"... Et nous avons
même l'impression que nous devrions ajouter"ss" si l'on se reporte aux
événements que l'on a connus en Chambre, parce qu'il y avait
autrefois un parti, en Allemagne, composé d'hommes extrêmement
forts et puissants, les SS.
M. HARDY: Dont certains disciples étaient très près
du député de Maskinongé.
M. PAUL: Autrefois. Mais de toute façon, pour le moment je
m'interroge et je n'ose pas me prononcer. J'ai plutôt l'intention de
m'abs-tenir, à moins que mon collègue, le député de
Saint-Maurice, à la suite de ses arguments à l'appui ou contre la
motion, m'éclaire davantage pour que je sois en mesure de me prononcer
sur la motion du député de Terrebonne.
M. DEMERS: Je n'éclairerai pas beaucoup, je crois, mon
collègue de Maskinongé par mes propos. Je crois que cela aurait
été de la dernière indécence qu'on écrivit
Laurentide sans "s". Ce n'est pas le temps d'en discuter. La motion est
à l'effet qu'on écrive Laurentides avec un "s". J'y souscris. D
s'agira de savoir si on va donner ce nom au comté après. Mais
Laurentide sans "s", ce n'est pas fort. Avec un "s", on peut toujours penser
à une chafne de montagnes; ça décrit plus qu'une
succursale d'une compagnie de bière, qu'un produit où il y en a
pour tout le monde. J'appuie la motion du député de Terrebonne
pour qu'au moins dans notre loi si un jour ça devient une loi
que Laurentides soit écrit avec un "s"; ça fait moins
grossier que Laurentide au singulier.
M. PAUL : Cela fait moins partisan.
M. DEMERS: Cela fait moins partisan et ça fait moins liquide
aussi.
M. HARDY: M. le Président, j'apprécie que l'on appuie de
cette façon la motion que j'ai eu l'honneur de proposer.
M. PAUL: J'espère que vous allez nous en accorder une nous
aussi.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Est-ce que la motion du député
de Terrebonne est adoptée?
M. CARPENTIER : Adopté.
M. DEMERS: M. le Président, maintenant que nous avons
écrit en français le mot "Laurentides", quand on veut
désigner la chafne de montagnes qui porte ce nom, parce que je crois que
c'est pour indiquer que c'est dans La Laurentie, je voudrais qu'on m'explique
pourquoi, et d'une façon très sérieuse, on a
désigné l'ancien comté, le comté actuel de Labelle,
du nom de Laurentides avec un "s". La question est posée.
M. HARDY: M. le Président, on comprendra sûrement, de ce
côté de la Chambre comme dans l'ensemble de la région
concernée, qu'on garde un souvenir du curé Antoine Labelle,
né à Sainte-Rose, qui a fait ses études classiques au
séminaire de Sainte-Thérèse, qui a été
curé à Saint-Bernard-de-Lacolle, je pense, avant de devenir
curé de Saint-Jérôme, dont la mémoire continue
à être très vivante chez nous. D'autant plus que le
curé Labelle fut également un ami intime de Sir Adolphe Chapleau
et il fut également un ami intime de Honoré Mercier; le
curé Labelle n'avait pas de préférence politique.
M. DEMERS: Cela ferait un bon sous-ministre.
M. HARDY: II se plaçait au-dessus de ces contingences.
M. DEMERS: C'est une qualité de sous-ministre.
M. HARDY: Le curé Labelle dont les cendres reposent au
cimetière de Saint-Jérôme.
M. DEMERS: II y a bien plus de morts que de vivants.
M. HARDY: Mais, M. le Président, je tiens à faire
remarquer que déjà le curé Labelle a été
largement honoré dans notre région. Une école porte son
nom à Sainte-Rose. Un monument lui a été
élevé à Sainte-Rose. Une ville près de
Saint-Jérôme, Saint-Antoine-des-Laurentides, une paroisse
religieuse, s'appelle Saint-Antoine en l'honneur d'Antoine Labelle. On a choisi
le patron Saint-Antoine en l'honneur du curé Labelle.
M.PAUL: Cela doit être en l'honneur de saint Antoine
même.
M. HARDY: C'étaient les deux. On faisait la jonction des deux et
je vous rapporterai une petite brochure historique publiée à
l'occasion de l'anniversaire de la paroisse de Saint-Antoine qui a
été célébré, il y a deux ans.
Il y a déjà un comté fédéral de
Labelle qui honore le curé Antoine Labelle. Il y a une
municipalité Labelle, dans ce comté.
M.PAUL: Qu'on ne s'attaque pas au fédéral, une fois de
plus.
M. HARDY: Je pense que d'une part le curé Antoine Labelle qui, je
le répète, est sûrement
un grand personnage, non seulement à l'échelle
régionale, mais à l'échelle provinciale a
été honoré chez nous. Par ailleurs, le nom parce
que...
M. BOIVIN: Cela fait anticlérical. M. HARDY: Pardon?
M. BOIVIN: C'est le seul curé qu'on aurait dans le
comté.
M. HARDY: M. le Président, lorsqu'on est appelé à
désigner des localités, des comtés, l'esprit historique
est sûrement très important. Mais il ne faut pas non plus
négliger l'aspect géographique. Personnellement, je me rappelle
que chaque fois que j'ai eu l'occasion de voyager en dehors de la province,
quand je suis allé dans l'Ouest, par exemple, ou dans les Maritimes,
lorsque j'avais l'occasion de dire à des gens que j'étais
député de Terrebonne, ça ne disait pas grand-chose. Mais
quand je parlais des Laurentides, à ce moment-là, tout le monde
savait où c'était.
M. DEMERS: II y en aura partout.
M. HARDY: Pardon, M. le Président, je me rappelle entre autres
que, dans l'Ouest canadien et dans les Maritimes, je rencontrais presque
régulièrement des gens qui disaient: les Laurentides, c'est au
nord de Montréal, c'est la région où on fait du ski, c'est
Mont-Tremblant.
M. DEMERS: Saint-Gérard-des-Laurentides.
M. HARDY: Donc, à l'échelle du Canada, les Laurentides,
c'est très bien organisé. Je comprends que, pour nous, à
Québec, il y a le parc des Laurentides, au nord de Québec, et on
appelle ça les Laurentides. Mais à l'extérieur de la
province et même à Montréal, quand on parle des Laurentides
ce n'est pas nécessairement parce que je veux monopoliser ce nom,
d'une façon générale, même dans plusieurs
points de la province, on parle de cette partie située au nord de
Montréal.
Pour cette raison, je pense que c'est un facteur qui milite en faveur de
ce nom. Enfin, à la suite de la publication des premier et
deuxième rapports Drouin, j'ai personnellement reçu un
très grand nombre de lettres, de résolutions. Et à
l'occasion de rencontres que j'ai eues dans cette partie, presque unanimement,
on m'a demandé avec insistance que ce nouveau comté, qui sera
composé de l'actuel comté de Labelle et de la partie nord de
l'actuel comté de Terrebonne, en allant de Val-Morin à
Saint-Jovite, s'appelle Laurentides.
M. PAUL: Est-ce vous qui avez décidé tout cela?
M. HARDY: Un peu et si on me permet une analogie, M. le
Président, c'est un peu comme Gaspé. C'est un nom historique,
mais c'est aussi un nom géographique. Pour toutes ces raisons,
évidemment, ils restent libres de leur choix et de leur vote, mais
j'inviterais avec insistance mes collègues à maintenir le nom de
Laurentides pour la désignation de la circonscription électorale
qui apparaît au paragraphe 50 de la loi 62.
M. DEMERS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Pilote): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je vais passer pour un trouble-fête mais je me demande
pour quelle raison un peu plus sérieuse que celle-là on veut
faire disparaître le nom du curé Labelle qui s'est
identifié à cette région. C'est impensable que ce
comté, qui est reconnu depuis son incorporation, qui remonte je ne sais
à quelle année, sous le vocable et sous le nom du curé
Labelle, qui a été le découvreur, le roi et le lion du
Nord, dont la mémoire survit encore...
M.HARDY: M. le Président, question de règlement. Le lion
du Nord, c'est Prévost. Ce n'est pas le curé Labelle. Le
curé Labelle n'a jamais été appelé le lion du
Nord.
M. DEMERS: M. le Président, je relis, au chapitre qui traite du
curé Labelle, descendant de cette lignée que furent les lions du
Nord.
M. HARDY: M. le Président, je suis obligé de dire qu'il y
a une grave erreur historique si on dit ça...
M. DEMERS: Un instant, à chacun ses lions.
M. HARDY: ... parce que le curé Labelle descendait des Labelle de
Sainte-Rose. Ils n'ont rien du lionceau, du lion.
M. DEMERS: II avait toujours la carrosserie du lion. Le premier ministre
est de passage parmi nous. "Stranger in Paradise", un autre. Il a voté
aujourd'hui comme jamais. M. le Président...
M. PAUL: II s'est exercé pour la semaine prochaine.
M. DEMERS: Je reviens et j'insiste sérieusement sur l'importance
qu'il y a de garder le nom de Labelle pour la désignation de ce
comté. Depuis toujours, ce fut Labelle et jamais Laurentides.
On a dit au début, comme grand principe sur ce qui avait fait
accepter ou rejeter les amendements, la réglementation et la loi, que
lorsqu'il y avait possibilité on n'avait rien changé. On a
changé, dans ce cas-ci, l'histoire; on a été obligé
de garder Papineau alors que Papineau n'est plus là. Aujourd'hui, le
curé Labelle qui a
défriché le nord, qui a amené la voie ferrée
et toute l'histoire, qui a fait ce que le nord est aujourd'hui, que les
Laurentides soient les Laurentides, on vient de lui faire l'insulte historique.
Je comprends que le député peut avoir reçu quelques
lettres...
M.HARDY: Oh! Un instant. Je les avais apportées ici.
M. DEMERS: Qu'on ne vienne pas nous en pousser de trop fortes:
"apportées ici".
M. HARDY: Les électeurs de Terrebonne sont "écriveux".
M. DEMERS: S'il y avait eu un raz de marée, on l'aurait senti
dans la presse non régionale. Parlez-en au rédacteur de la Voix
des Mille-Isles. Parlez-en sérieusement à l'ancien
secrétaire de la province de la suggestion que vous faites.
M. HARDY: Est-ce que je peux poser une question
M. DEMERS: Laissez-moi parler. Tantôt, vous pourrez me
questionner.
M.HARDY: Je ne refuse jamais les questions.
M. DEMERS: Je comprends mais là, je suis après...
M. HARDY: Est-ce que vous avez consulté la Vallée de la
Diable?
M. DEMERS: C'est un autre journal?
M. HARDY: Est-ce que vous avez consulté Le Sommet de
Sainte-Agathe? Le journal des pays d'en haut?
M. DEMERS: M. le Président, on parle des journaux...
M. HARDY: La Voix des Mille-Isles, c'est un journal d'excellente
qualité.
M. DEMERS: D'après ce que vous nous avez dit ce matin...
M. HARDY: D'excellente qualité.
M. DEMERS: ...c'est un hebdomadaire...
M. HARDY: Mais dont le rayonnement est limité à
Sainte-Thérèse, Sainte-Anne-des-Plaines et Terrebonne. Et
Rosemere.
M. DEMERS: Si c'est pour être réglé, statué,
défini, on n'en parle plus. Si cela ne vaut pas la peine d'en parler,
à chaque mot, à chaque argument que j'essaie d'apporter pour
sauver le curé Labelle qui a bâti votre coin, le bedeau
excusez, M. le Président le député de Terrebonne
ramène toujours cela à sa plus simple expression. Il vient dire
ici que le curé Labelle a été bon, mais ne l'est plus. Ce
matin, il insistait pour avoir des morts. Le curé Labelle est mort. Mais
il y a seulement une petite faiblesse, c'est que sa mémoire est encore
vivante. C'est peut-être le plus faible argument.
M. HARDY: Mais il vit encore dans le programme de Claude-Henri
Grignon.
M. DEMERS: C'est du folklore. Je pourrais vous dire qu'Alexis a eu une
bonne récompense du curé Labelle. Il l'emmène à la
session. C'est récompenser un homme, si on prend les propos du
député de Fabre, hier soir, pour une réalité.
M. HARDY: II y avait des bons orateurs, dans ce temps.
M. DEMERS: Je reviens au curé Labelle. Je ne l'ai pas connu. Ce
n'est pas parent avec moi. Aucune attache. Le curé Labelle, mon affaire
va se continuer quand même... Le cours de l'histoire va peut-être
se continuer de la même façon si on l'enterre d'une façon
définitive au cimetière de Saint-Jérôme et qu'il n'y
ait plus rien qui ne rappelle sa mémoire dans les pays d'en haut.
Un instant! On m'a parlé d'école. Les écoles
ça se rase.
M. HARDY: La municipalité de Labelle?
M. DEMERS: La ville de Labelle, Saint-Antoine des Laurentides... Je ne
savais même pas qu'il s'appelait Antoine.
M. HARDY: Le comté fédéral. Mais vous parlez d'un
personnage dont vous ne connaissez même pas le prénom.
M. DEMERS: Je ne savais même pas que le curé Labelle
s'appelait Antoine Labelle. Mais je savais par exemple qu'il y avait le
curé Labelle dont on s'était servi du nom pour prénommer
un comté, un espace, un district électoral, le comté de
Labelle. C'est écraser l'histoire, c'est fossoyer l'histoire, que de
faire disparaître le curé Labelle dans le nord. Et le grand
complice de cette démarche, c'est actuellement le député
de Terrebonne. Il sort des Prévost de la tombe et enterre le curé
Labelle. Où est la logique de ce député? Les
Prévost dont on n'avait jamais entendu parler. Moi, j'avais vu passer un
Prévost chez nous, "crété" dans une tombe qui revenait
d'Europe. On est venu l'enterrer à Pointe-du-Lac. C'est la seule fois.
J'ai découvert hier soir qu'il était parent avec ces
Prévost et les grands gars du Nord, ce sont les Prévost. Le
curé Labelle, on retourne cela dans la crypte, dans le charnier et on
sort les Prévost. On exhume et on enterre. Mais pourquoi donc, M. le
Président? Je me demande si le curé Labelle, dans
une consonnance provinciale, ne représente pas beaucoup plus
provinciale, je parle que messieurs Prévost pour qui j'ai
infiniment de respect et dont j'ignorais le nom avant-hier soir. Je savais
qu'il y avait des Prévost mais je savais qu'il y avait eu un curé
Labelle et ça fait 30 ans que le curé Labelle est l'homme du
nord.
M. HARDY: Trente ans?
M. DEMERS: Cela fait 30 ans que, dans mon esprit, je sais que l'homme du
nord, c'est le curé Labelle...
M. BOIVIN: Moi aussi.
M. DEMERS: Demandez à tout le monde, faites une enquête,
promenez-vous avec un petit papier, interrogez les gens partout dans la
province. Les journalistes, demandez donc dans vos journaux qui de
Prévost ou de Labelle est le plus connu dans cette province?
UNE VOIX: La belle province.
M. DEMERS: Je me demande quelle est l'idée? Laurentides, c'est un
nom commun, est-ce clair? Chez nous, il y a
Saint-Gérard-des-Laurentides, c'est encore dans la chafne des
Laurentides, c'est à 200 milles du comté de Laurentides. Est-ce
que ça décrit, est-ce que ça fait couleur locale?
Laurentides, il y en a partout, il y a de la bière Laurentide, de la
peinture Laurentide, Laurentide Paper, qui était contrôlée
par... Voilà, M. le Président, j'ai ce qu'il faut ici: Le
curé Labelle et la colonisation, le Canada.
M. BRISSON : Cela ressemble au catéchisme de Duplessis.
M. DEMERS: Cela ressemble au catéchisme de Duplessis mais les
grandes vérités étaient là-dedans. Dans le
catéchisme de Duplessis, on disait que les rouges avaient
"fourré" la province pendant cinquante ans.
M. HARDY: M. le Président, dans ce temps-là, le
député de Saint-Maurice ne croyait pas beaucoup au
catéchisme de Duplessis.
M. DEMERS: Non, monsieur, je n'étais pas catholique dans ce
temps-là. Mais j'ai repensé ma religion.
M. HARDY: Cela lui a pris du temps à se convertir.
M. DEMERS: Oui, monsieur, cela m'a pris du temps, mais lorsqu'on est
converti, lorsqu'on a la foi, il y a plus de joie au ciel pour un
pécheur qui se convertit que 72 justes qui font pire.
M. le Président, ce document traite de la mission du curé
Labelle. Voyage du curé Labelle en Europe. C'était une
découverte.
M. HARDY: Un instant, n'y aurait-il pas un conseiller qui vous aurait
envoyé ce document-là?
M. DEMERS: M. le Président, ce sont des gens qui... Non, non,
non.
On traitait dans ce livre et on en traite encore du curé Labelle
comme de l'homme d'une idée, bâtir le nord. Le roi du nord.
Quatrième chapitre, M. le Président, le curé Labelle, le
roi du nord. Il n'est pas question de Prévost. Cinquième
chapitre. Hommage du clergé et du peuple québécois au
curé Labelle. L'adresse du clergé, l'adresse des citoyens,
l'exposé du plan du curé Labelle.
M. le Président, j'invite mon collègue, le
député de Terrebonne, à relire ce petit document
sérieusement. Il lira ce qui s'est écrit sur la
"prévosté" et fera un parallèle. Il lira ce qui s'est
écrit sur la Laurentide. Chez nous, nous avons la Laurentide Chemicals
chez nous, qui fait de l'antigel, Laurentide Acceptance, pour les gars qui sont
"sur la finance" comme nous autres. Laurentide Paper.
M. HARDY: Même avec la vente de Montréal-Matin?
M. DEMERS: Je ne parle pas du parti, je parle de moi.
Laurentide Paper, ancien club ferme de Consolidated Bathurst, est-ce que
ça vous dit quelque chose, Laurentide? Est-ce pour cela que vous voulez
"laurentider" le curé Labelle? Fossoyeurs de l'histoire, ça se
fait et on vous le pardonnera difficilement. Je n'ai plus rien à dire,
M. le Président.
On leur fond des statues, on leur édifie des monuments et quand
ils sont montés sur le socle, on les fait disparaître.
Comédie, farce monumentale. Le curé Labelle, je ne l'ai pas connu
mais je me rappelle mon histoire.
M. PAUL: Je ne puis pas concevoir que le député de
Terrebonne soit sérieux lorsqu'il nous donne les raisons qui pourraient
justifier le gouvernement de présenter une loi dans laquelle on retrouve
à l'article 50 la substitution du nom de Labelle par celui de
Laurentides.
Ce qui m'inquiète quelque peu, c'est que le premier rapport,
préparé par l'honorable juge Drouin avec des experts, a
suggéré à la commission de l'Assemblée nationale de
retenir le nom de Labelle pour décrire ce collège
électoral. Le deuxième rapport est muet. Par conséquent,
implicitement, c'est une ratification du premier rapport et l'on ne voit aucune
recommandation par qui que ce soit, par aucun des partis politiques, par aucun
député, pour que le nom de ce comté soit
changé.
Le député de Terrebonne nous dit qu'il a reçu
personnellement plusieurs mémoires, plusieurs résolutions qui
l'ont incité à se faire l'écho ou le porte-parole de ces
conseils municipaux, de ces associations pour que l'information parvienne au
gouvernement. A qui, au
gouvernement, le député de Terrebonne a-t-il transmis ces
informations? Quels ont été ses canaux de communication pour
qu'il ait une voix aussi autorisée?
M. HARDY: Les mêmes que les vôtres.
M. PAUL: Pardon. On veut remplacer le nom du curé Labelle par
celui de Laurentides. Mon collègue, le député de
Saint-Maurice nous a longuement parlé du rôle qu'a joué le
curé Labelle dans l'histoire politique du Québec. Tous savent
qu'il a été sous-ministre de la Colonisation à
l'époque de la véritable colonisation de ce territoire du
Québec. On apporte comme raison le fait qu'il y aurait au
fédéral le comté de Labelle et que du même coup, on
est justifié de ne pas retenir ce nom pour un collège
électoral provincial. Seulement dans la même région
vous me permettrez de le signaler au député de Terrebonne
nous avons également des circonscriptions électorales
fédérales qui portent le même nom que des circonscriptions
électorales provinciales comme, par exemple, Berthier, Joliette,
Saint-Maurice, Champlain et j'en passe. Je parle pour ma petite région.
Je pourrais en nommer plusieurs autres.
Mais lorsqu'il s'agit du comté de Labelle, il ne faut pas retenir
ce nom parce que le fédéral l'a déjà
utilisé... Entre autres, comme justification du rejet de ce nom...
M. HARDY: II n'est pas honoré.
M. PAUL: II est déjà honoré. Je trouve
étrange que l'on préfère honorer... Qui et quoi?
Laurentides? Honorer qui? Une région topographique? Mais c'est
Laurentides. Qui veut-on honorer? Quand on se rappelle le rôle
extrêmement important qu'a joué le curé Labelle, je
voudrais vous lire un court passage de ce petit feuillet intitulé "Le
curé Labelle et la colonisation". Il était déjà
reconnu dès 1885. C'est assez âgé; on le signalait en 1885
comme étant le Roi du Nord.
J'y lis à la page 8 l'extrait suivant: "Aussi que vit-on depuis
1876 surtout? Un spectacle inoui" peut-être dans les annales de notre
histoire. Au-delà de vingt paroisses ont été
fondées sur les bords de la rivière Rouge et dans les environs de
la Mattawin et une quinzaine d'autres missions sont en voie de formation.
D'étape en étape, on se rendit d'abord à 24 lieues de
Saint-Jérôme, à la chute aux Iroquois, puis au Nominingue
et enfin, l'année dernière, on enjamba jusqu'à Kiamika qui
est devenue un centre d'attraction puissant pour un trop plein des beaux
comtés du sud qui ont nom Beauharnois, Laprairie et Chambly.
Ce fut là le couronnement de l'oeuvre du curé Labelle, ce
qui en assure le succès complet, indiscutable, car aujourd'hui le
mouvement s'est étendu à toute la province où il a
poussé racines profondes et vigoureuses. Il s'est popularisé dans
nos grandes villes et a atteint jusqu'à nos centres de population
canadienne résidant aux Etats-Unis. Il n'est pas jusqu'en Europe
où l'on s'en occupe sérieusement et d'où nous sont venus
déjà plusieurs colons d'une haute valeur morale et d'un appoint
pécuniaire précieux. C'est donc aujourd'hui une oeuvre nationale
que protège notre dévoué clergé, l'épiscopat
en tête. C'est donc un mouvement général vers la
forêt qui devra soulager nos villes d'un surplus embarrassant et
même nuisible de la population ouvrière. C'est donc une oeuvre
nouvelle de notre vitalité, de notre force d'expansion qui nous promet
les plus belles espérances en l'avenir et nous donne l'assurance que
nous resterons les possesseurs de ces deux vastes pays. Voilà l'oeuvre
du curé Labelle.
M. HARDY: Comme ces choses sont bien dites.
M. PAUL: Non, cela doit répondre à une
réalité. Et lorsqu'on voit que l'on veut tout simplement
remplacer le nom de ce défricheur, de ce bâtisseur de notre pays,
on s'interroge. Je crois que le plus beau geste du respect de l'histoire, afin
de rendre hommage à un pionnier de la colonisation, et je suis sûr
que les électeurs du comté de Terrebonne...
M. HARDY: De Prévost.
M. PAUL: Non, de Terrebonne... seront reconnaissants à l'endroit
de leur député qui aura consenti que le nom du curé
Labelle se perpétue dans l'histoire politique du Québec. M. le
Président, je ne puis pas souscrire à un tel amendement, j'en
perds mon latin...
M. HARDY: Un amendement?
M. PAUL: Oui, c'est un amendement par rapport aux recommandations de la
commission Drouin, et non par rapport à la loi. C'est un amendement par
rapport au rapport de la commission Drouin, si on se réfère au
rapport de la commission Drouin. Alors, je ne puis pas comprendre les raisons
apportées par le député de Terrebonne qui, bien
humblement, reconnaîtra qu'il a fait un effort louable pour
répondre à des arguments ou à des objections qu'il avait
certainement prévus de la part des députés de
l'Unité-Québec.
Et j'aimerais, M. le Président, entendre le député
de Terrebonne sur les remarques que nous lui avons faites, j'aimerais qu'il
nous dise si, envers et contre tous, le nom de Laurentides sera retenu
plutôt que celui de Labelle pour représenter cette circonscription
électorale ou pour décrire ce collège
électoral.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Avant que le député de Terrebonne ne nous donne
son verdict, un peu
comme des condamnés à mort, nous avons une faveur à
lui demander. J'espère qu'on ne nous la refusera pas. Je voudrais que la
décision ne soit pas rendue avant qu'on y ait pensé
sérieusement. Quand le destin en sera jeté peut-être
qu'on pourrait essayer cela qu'on permette ici, à cette
commission, un vote libre. Ce n'est pas une politique de parti, il n'est pas
question de jeter un gouvernement par terre...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je voudrais
répondre à l'accusation qu'on semble laisser planer. Nous avons
toujours été libres de voter pour ou contre une motion, selon le
cas, et peu importe d'où elle provienne. J'ai un exemple récent,
il y a deux jours, alors que j'ai voté contre une motion et que les
collègues de mon parti ont voté en faveur. Et cela a donné
raison â...
M. PAUL: D ne faut pas parler du vote des "suiveux"
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN : Vous allez voter contre un curé. Quelle
éducation avez-vous reçue?
M. DEMERS: Je fais une mise au point.
M. HARVEY (Chauveau): On a toujours été libre, c'est
ça que je voulais vous dire.
M. DEMERS: Je n'ai fait aucune insinuation et je voudrais que l'on situe
mes paroles dans leur vrai sens. Je voudrais que l'on comprenne exactement ce
que j'ai voulu dire. Il y a des votes qui sont tenus dans la ligne d'un parti.
On vote avec le parti ou on le laisse. On connaît ça, c'est une
solidarité. J'admets ça. Je n'insinue rien. Je voudrais que, dans
cette décision qui est un vote bien ordinaire, qui n'engage à
rien, que ce ne soit pas seulement le message d'un homme qui demeure dans le
coin, que ce soit le message des représentants de la province de
Québec et qu'on donne un vote libre aux députés de la
commission. Ce ne sera pas défaire une motion du député de
Terrebonne, ce sera donner l'expression d'un vote à des
députés qui peuvent partager une autre idée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Napierville-Laprairie.
M. BERTHIAUME: Question de règlement. J'ai été
absent quelques minutes pour des besoins naturels. Est-ce qu'on est encore sur
le bill 62?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui, sur l'article 50.
M. BERTHIAUME: Pourriez-vous m'expli-quer le rapport entre les propos du
député de Saint-Maurice et le bill 62?
M. PAUL: II y a une motion qui a été faite pendant que
vous étiez absent.
M. BERTHIAUME: Auriez-vous l'obligeance de me lire la motion?
M. PAUL: C'est une suggestion.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est la prémotion.
M. BERTHIAUME: Quelle est-elle?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. BERTHIAUME: S'il a votre permission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ma permission, parce que je pense que,
jusqu'ici...
M. DEMERS: Si vous voulez lui en passer.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II a l'air de vouloir en revenir un
peu.
M. DEMERS: Je reviens et je demande au député de
Terrebonne de penser sérieusement à la suggestion qu'il veut
faire. C'est évident qu'on ne votera pas pour dire qu'on va voter contre
le gouvernement. C'est faux. Nous allons faire une motion et elle sera à
l'effet que le nom du curé Labelle demeure dans le comté. Je le
dis tel qu'elle sera. On a invoqué tantôt, pendant que
j'étais absent un de mes collègues me l'a rapporté
que le député de Terrebonne avait dit qu'on avait
honoré l'abbé Antoine Labelle d'une autre façon. Je ne
veux pas rappeler les événements récents. On a
honoré l'honorable Pierre Laporte, un pont et un comté. En tout
cas, il y a un rapport qui est fait en ce sens. Godbout, la ville de Godbout,
le comté de Godbout, l'école moyenne d'agriculture de Godbout. Je
ne fais pas de chicane pour ça. Duplessis, Maurice Duplessis, le stade
Duplessis, la rue Duplessis, l'école Duplessis. Si vous en voulez, je
vais vous en nommer. C'est facile, ça. Il y a un comté de
Duplessis en plus.
M. HARVEY (Chauveau): Le monument Duplessis.
M. DEMERS: Je comprends. Voyez-vous, il y a peut-être un abus.
Quand on donne le nom, pont Pierre Laporte, d'accord; comté
Pierre-Laporte, d'accord. Cela ne me fait rien, mais qu'on ne vienne pas dire
qu'on a honoré autrement le curé Labelle. Le curé
Labelle... Oui, on a eu la belle province. C'est bon. J'ai failli la faire tout
à l'heure. Léo me l'avait envoyé dire pour que je la
fasse. Je ne marche
pas. Je ne suis pas un acteur. Je confectionne mes rôles
moi-même et je les débite de mon cru.
M. BERTHIAUME: Vous êtes drôle quand même.
M. DEMERS: Pendant que l'homme est à relire la dernière
édition du Journal de Québec ou de Montréal, je lui
rappelle qu'il aura été celui qui aura dévié le
cours de l'histoire dans son coin de terre. Il avait pourtant des devanciers
qui n'auraient pas osé penser à ça. Il y a eu un homme,
comme Athanase David. Il y en a eu comme ces messieurs Prévost, Lionel
Bertrand qui eux aussi, les avaient vues ces montagnes qu'on appelle les
Laurentides, qu'on a partout dans la province de Québec. Le chaîne
des Laurentides traverse la province de Québec. Il ne s'agit pas de
décrire un endroit. Je ne parle plus, M. le Président. Je
voudrais qu'on y pense sérieusement.
Pour ma part je fais motion pour que le comté du curé
Labelle demeure un symbole dans le nord et la motion s'énoncera comme
ceci: Je propose que le nom du district électoral de Laurentides
j'y mets un "s" soit remplacé par celui Laurentide tel
qu'il est mal écrit, au singulier de Labelle.
M. HARDY: M. le Président, comme je l'ai assez longuement
expliqué tantôt, il ne s'agit aucunement de ne pas respecter la
mémoire du Roi du Nord, du curé Antoine Labelle, qui a fait
beaucoup pour le développement non seulement de ce coin de pays mais de
l'ensemble de la province à titre de sous-ministre de l'Agriculture et
de la Colonisation.
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce que c'était un bleu ou un rouge?
M. HARDY: Je ne le sais pas.
M. DEMERS: Vous avez quasiment ignoré cela. C'était un
excellent sous-ministre. Il fut sous-ministre de l'Agriculture et un
sous-ministre, pour l'information du député de Chauveau, c'est ni
bleu ni rouge. C'est toujours au pouvoir.
M. HARVEY (Chauveau): Les curés étaient tous bleus dans ce
temps.
M. DEMERS: Pardon?
M. HARVEY (Chauveau): Les curés ont toujours été
bleus.
M. DEMERS: Non.
M. HARDY: M. le Président, comme je le disais, il n'est pas
question, en proposant que le collège électoral en question
s'appelle Laurentides plutôt que Labelle, de manquer de respect pour la
mémoire de ce grand homme. Je l'ai dit tantôt, il y a plusieurs
réalités qui rappellent sa mémoire. J'ajouterai que
connaissant assez bien la vie du curé Labelle, connaissant surtout son
désir de voir ce coin de la province, ce coin de pays se
développer, s'épanouir, je suis persuadé que si le
curé Labelle pouvait revenir parmi nous, il approuverait que l'on
désigne ce comté par le nom Laurentides, et je m'explique. On
sait tous que l'économie de ce coin de la province et de ce comté
est essentiellement fondée sur l'industrie touristique.
Tous les gens vivent directement ou indirectement de l'industrie
touristique. Or, le fait d'appeler ce comté Laurentides a une grande
importance. Je ne parle pas de mon opinion personnelle; je parle de toutes les
associations d'hôtelliers, de restaurateurs, des chambres de commerce et
des municipalités qui ont abordé la question sous cet angle.
C'est que le nom Laurentides je le disais tantôt pourquoi a
un impact sur l'aspect publicitaire. Quand des grands hôtels comme le
Grey Rocks, Mont Tremblant Lodge, Laurentian Resort, et d'autres hôtels
du coin, font leur publicité aux Etats-Unis, en Ontario, dans l'Ouest
canadien et même en Europe, le fait de dire qu'ils sont dans le
comté Laurentides, et encore une fois, je ne fais que me faire le
porte-parole de leurs témoignages, ceci aidera leur publicité.
Ceci aidera à la promotion touristique du coin. On parlait tantôt
de la Voix des Mille-Isles. Encore une fois, j'ai beaucoup de respect pour la
Voix des Mille-Isles mais elle ne dessart pas cette partie du comté. Par
ailleurs, il y a des journaux. Je pense, entre autres, à la
Vallée de la Diable qui est publié à Saint-Jovite et dans
les alentours. Ces gens ont insisté. Or, M. le Président, tout en
reconnaissant au député de Saint-Maurice et au
député de Maskinongé le droit et la prérogative de
se faire les défenseurs du nom de Labelle, je regrette mais dans une
question semblable, je pense que l'on doit d'abord écouter ceux qui
seront directement intéressés. Ceux qui sont directement
intéressés, pour les raisons que je viens de donner,
désirent que le comté en question s'appelle le comté des
Laurentides et c'est pourquoi encore une fois, tout en respectant
entièrement la liberté de mes collègues des deux
côtés de la table, j'invite tous les membres de la commission
à voter contre la motion qui est présentement sur la table.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, le député de Terrebonne a
déjà utilisé une meilleure dialectique qu'aujourd'hui.
Il dit qu'il a consulté les hommes d'affaires, les
propriétaires de motel, d'hôtel, de places de tourisme et tous
désirent que le nom Laurentides soit connu. Cela facilite leur
publicité dans la presse. Cela fait venir le touriste, c'est plus
charmant, c'est plus descriptif, c'est une incitation...
M. HARDY: C'est poétique.
M.PAUL: C'est poétique. Le député conviendra que ce
n'est pas le nom du comté Laurentides que les gens vont aller visiter,
c'est la région des Laurentides. Ce n'est pas parce que nous
appellerions ce comté Labelle que nous allons du même coup chasser
le touriste qui fréquente cette région.
M. HARDY: Je n'ai pas dit ça.
M. PAUL: Le député conviendra que ce n'est pas parce que
nous retiendrons le nom du comté comme étant celui de Laurentides
que le tourisme va se développer davantage, c'est la région
elle-même qui en raison de ses richesses, de sa nature, de ses lacs, de
ses montagnes...
M. HARDY: De son député.
M. PAUL: Cela, c'est beaucoup moins, c'est une hypothèque, mais
ça fait rien, je passe. Je dis donc M. le Président, que ce n'est
pas une raison valable que nous apporte le député de
Terrebonne.
M. HARDY: Une hypothèque, quand on se place du côté
du créancier, c'est bon.
M. PAUL: De toute façon, si vous n'aimez pas le mot
"hypothèque", disons que c'est une mauvaise créance pour les
électeurs. M. le Président, j'ai toujours été
fasciné par l'oeuvre du curé Labelle comme tous ceux qui
siègent à votre droite. Pourquoi? C'est parce que les
facultés de son âme, les forces de son corps, sa position, son
influence sont au service d'une idée, lui qui a bâti le premier
chemin de fer du Nord. Qui a servi à cet élan touristique dans la
région des Laurentides? C'est le curé Labelle.
M. OSTIGUY: II dit qu'il l'aime; c'est parce que c'est un patroneux, il
a bâti le chemin de fer, il a bâti...
M. DEMERS: Ce ne sont pas les patroneux qui bâtissent, ce sont
ceux qui regardent bâtir.
M. PAUL: Non. Les patroneux démolissent. Si vous vous
référez au journal Le Soleil d'aujourd'hui, ils ont pas mal
démoli la réputation du gouvernement avec les petites ristournes
de l'ordre de 20 p.c. On en parlera à une autre circonstance, ce n'est
pas le moment.
M. OSTIGUY: Je ne suis pas au courant.
M. PAUL: Vous n'êtes pas au courant, lisez le Soleil, ça
vaut la peine.
Nous parlions donc des qualités de coeur et d'âme du
curé Labelle qui ne pensait qu'à une chose. Il ne pensait
qu'à sa colonisation. Il n'aimait que cette oeuvre. Elle l'absorbe, le
tourmente, le dévore. Il en parle à propos de tout comme il parle
de tout à propos d'elle. Vingt fois vous changez le sujet de la
conversation, vingt fois il la ramène au point de départ. Vous
discutez une autre question avec lui, soudain, il s'arrête, ne
répond plus, il se fixe dans un angle de l'appartement, la main
gesticule, le pied remue et soyez tranquilles il a pris le chemin du nord. Il
ne tardera point à remarquer le lac Nominingue, il finira tout haut sa
pensée par des paroles comme celle-ci: Quelle belle langue de terre qui
s'avance dans le lac! Cherchez-vous où vous en êtes? Ou encore il
s'arrêtera à mi-chemin. Il fera une colère contre... M. le
Président, un instant, j'attire votre attention.
M. HARDY: J'écoute. Lisez-nous tout ça.
M. PAUL: Ecoutez les deux. Ou encore il s'arrêtera à
mi-chemin et fera une colère contre un député, même
contre un ministre trop lent à servir son pays, surtout à ouvrir
des chemins. C'est vous, M. le député, qui recevrez l'orage
aujourd'hui, demain il rejoindra son homme et il aura son tour.
Sans vouloir passer pour un prophète de malheur, c'est donc
l'homme d'un grand idéal. C'est l'homme d'une grande réalisation.
Le nom du curé Labelle signifie la colonisation du nord de la province
de Québec. Franchement, dans une dernière supplication, je serais
même prêt à demander pardon au député de
Terrebonne pour toutes les vérités que je lui ai dites et qu'il
n'a pas aimées. Je suis même prêt à retirer toutes
les paroles désagréables que j'ai pu lui adresser, mais de
grâce qu'il sauve le curé Labelle, son oeuvre, sa
mémoire!
M. le Président, le Nord lui appartient. Il en parle comme un
seigneur parle de son domaine. Les nouvelles populations lui reconnaissent
enfin pourvoir de haute et basse justice dans ces régions. Il
règne et je doute qu'il n'ait jamais existé un roi plus puissant
sur les esprits et les coeurs que le curé Labelle. Dans ses
forêts, on ne demande point quel ministère gère le pays,
quelle loi nos législateurs ont jugé à propos de
décréter mais on demande ce que pense M. Labelle, ce qu'il
désire. On ne menace plus son ennemi des juges, des huissiers mais on
déclare qu'on informera M. Labelle et ce nom est synonyme de
justice.
M. le Président, c'est écrit en 1885, à
l'époque même de l'oeuvre du curé Labelle. Et aujourd'hui,
on va remplacer ça par Laurentides, sous prétexte que ça
appelle le tourisme, le calme, le repos, la détente, la richesse de la
nature. Je dis, M. le Président, que nous n'avons pas le droit. Ce n'est
pas une question d'entêtement mais il me semble qu'on n'a pas le droit de
couper les ponts avec le passé comme on invite à le faire
aujourd'hui.
J'ai espoir que le député de Terrebonne. Je ne peux pas
dire qu'il parle au nom du gouvernement; il parle au nom de 80,000
électeurs. Est-ce qu'il a fait un sondage dans son comté? Est-ce
qu'il a consulté...
M.HARDY: Je n'ai pas appelé pour faire venir les
télégrammes. Les télégrammes sont venus à
moi.
M.PAUL: Les télégrammes sont venus à vous mais vous
allez avoir besoin d'aller aux télégrammes aux prochaines
élections parce qu'il va vous en manquer. Les électeurs vont se
rappeler la trahison que vous vous proposez de commettre. Et je le dis sur un
ton bien amical. C'est la profanation du passé.
M. HARDY: Vous me permettez une question?
M. PAUL: Certainement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: Je m'étonne de l'attitude actuelle du
député de Maskinongé.
M. PAUL: Comment ça?
M. HARDY: Quant au changement de nom.
M. PAUL: Comment ça?
M. HARDY: II a semblé faire ça avec beaucoup de
facilité, un nom qui avait quand même une certaine histoire, un
nom attaché à un moment important de notre histoire, l'Union
Nationale. Et vous avez accepté de changer ce nom.
M. PAUL: Justement parce qu'on s'est trompé quant à la
majorité du...
M. HARDY: Vous vous êtes trompé, ah!
M. PAUL: Un instant. Justement parce que nous nous sommes trompés
d'après le résultat des consultations que nous avons eues
jusqu'à maintenant, que nous ne voulons pas que le gouvernement se
trompe. Nous nous sommes trompés dans ce sens que nos partisans
reviennent à l'Union Nationale. Parce que, depuis un an, on parle de
plus en plus de la stature, de l'oeuvre, de la personnalité du fondateur
de l'Union Nationale, M. Duplessis.
M. HARDY: M. le Président...
M. PAUL: On a une pièce de théâtre pour
remémorer Maurice Duplessis. On voit le chef du Parti
québécois, M. Lévesque, rendre hommage au dynamisme,
à la clairvoyance, à l'oeuvre de M. Duplessis. Depuis plus d'un
an, Duplessis est vivant plus que jamais et à l'occasion de cette union
qui se fera bientôt de toutes les forces valables de l'Opposition pour
débarrasser le Québec...
M. HARDY: Vous parlez de l'Union du Ralliement, le Ralliement de
l'Unité-Québec.
M. PAUL: ... de l'administration actuelle. Je dis que le gouvernement ne
devrait pas renoncer à un nom aussi respectable que celui du curé
Labelle qui honore la vie politique, qui rend hommage à la classe
agricole et aux défricheurs du Québec, pour le remplacer par un
nom de bière, maison de silence.
Je dis, M. le Président, que si nous adoptons un tel nom pour
décrire la circonscription électorale actuelle de Labelle c'est
la dégradation marquée du gouvernement qui préfère
se détacher des personnalités de l'histoire pour s'attacher de
plus en plus aux réalités commerciales et économiques.
C'est un geste extrêmement dangereux que se propose de poser le
gouvernement. Et au nom de l'amitié qui m'unit au député
de Terrebonne, du moins de cette amitié que nous avons tous entre
confrères d'une même profession...
M. HARDY: Les parlementaires également.
M. PAUL: Les parlementaires également mais cela, c'est plus
difficile. Quelquefois, cela arrive pour autant que vous n'êtes pas au
fauteuil de la présidence, M. l'honorable député de
Terrebonne. Surtout, je constate que votre collègue de la gauche
immédiate réagit, vous presse, vous invite à ne pas renier
le passé. Il voudrait que nous ayons l'occasion de river à tout
jamais le nom du curé Labelle, dans ce collège électoral,
qu'on veut remplacer par celui de Laurentides.
M. HARDY: M. le Président, est-ce que le député de
Maskinongé me permettrait une question?
M.PAUL: Oui.
M. HARDY: J'ai pris acte, évidemment, de l'admission du
député de Maskinongé tantôt au sujet de l'erreur sur
le nom et je lui demande...
M. PAUL: Je n'ai pas honte de dire que je me suis trompé. Je ne
suis pas comme le député de Terrebonne.
M. HARDY: Si l'Unité-Québec, l'ancienne Union Nationale
admet s'être trompée sur son propre nom, qui nous dit qu'elle ne
se trompe pas actuellement sur son attitude face à la loi 62 et, en
particulier, face au paragraphe 50?
M. PAUL: C'est la seule façon... Celui-là, il n'a plus
l'occasion de botter, alors il frappe.
M. SPRINGATE: Vous êtes chanceux que je ne vous aie pas
botté.
M. PAUL: Parce que je sais que vous êtes toujours plus forts pour
botter les vôtres. Vous bottez toujours les vôtres.
M. SPRINGATE: Faites attention!
M. PAUL: D'ailleurs, vous ne reviendrez plus ici, vous. Vous êtes
de passage, vous l'avez déclaré. Et si vous n'avez qu'une parole,
si vous êtes un homme d'honneur, vous allez débarrasser le
Parlement de votre présence. Je dis donc que le député de
Terrebonne semble vouloir attacher beaucoup d'importance au fait que j'aie
déclaré qu'il se pouvait que nous nous soyons trompés.
M. HARDY: C'est une déclaration importante, c'est probablement la
déclaration la plus importante que le député de
Maskinongé a formulée depuis le début de nos travaux.
M. PAUL: Oui; puis? C'est le résultat des consultations que nous
avons qui dira si nous nous sommes effectivement trompés oui ou non.
M. BERTHIAUME: Vous consultez après, vous autres.
M. PAUL: C'est mieux que d'avoir la bouche bée et un diachylon
sur la bouche comme vous autres et passer votre temps à crier comme un
petit chien après la caravane qui passe. Vous n'avez pas le courage
d'exprimer vos opinions. Vous n'êtes qu'un suiveux qu'un "licheux" de
bottes dans l'espoir d'obtenir des promotions.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY: Le député de Maskinongé a enfin, cet
après-midi, fourni un sujet aux journalistes en admettant qu'il
s'était probablement trompé sur le nom.
M. PAUL: J'ai l'impression qu'en écoutant la trahison que se
propose de présenter le Parti libéral, le correspondant de
Radio-Canada aura le temps de réciter son rosaire d'expiation pour une
telle calamité que se propose de commettre le gouvernement.
Nous en aurons besoin de rosaires et, personnellement, je me propose
d'en réciter un en fin de semaine pour demander pardon à la
Providence du geste anticlérical que se propose de poser le gouvernement
en rayant de nos pages politiques le nom du curé Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je voudrais que mon collègue de Chicoutimi, qui a
connu historiquement le curé Labelle, maintenant qu'il arrive de la
Chambre, ajoute sa contribution et qu'il vienne appuyer la motion que je viens
d'énoncer à l'effet de garder au comté de Laurentides le
nom de Labelle, en souvenir de l'illustre pionnier du nord. Aussi, je me
demande si ce ne serait pas aussi une insulte sérieuse à faire
à notre collègue de Labelle qui s'est identifié à
ce comté, qui a organisé le réseau routier, qui depuis
plusieurs années le représente. Je me demande si la voix des
députés doit être entendue.
M. HARDY: Elle n'est pas ici, justement, la voix du député
concerné.
M. DEMERS: Je me demande si la voix des députés doit
être entendue.
M. HARDY: II ne nous a rien dit le député de Labelle
jusqu'à ce jour.
M. DEMERS: Comme cela, il est pour cela. M. HARDY: Je ne le sais
pas.
M. DEMERS: S'il vous le disait, est-ce que vous changeriez
d'idée?
M. HARDY: On verrait ses arguments.
Puisqu'on invite le député de Chicoutimi à donner
son opinion sur le curé Labelle, afin de pouvoir évaluer à
sa juste valeur son témoignage, pourrais-je lui demander si, lui aussi,
a l'impression de s'être trompé en acceptant le changement d'Union
nationale pour Unité-Québec?
M. DEMERS: M. le Président, est-ce qu'il y aurait moyen de
revenir à la pertinence du débat?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'on m'a posé une question, M.
le Président?
LE PRESIDENT (Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
UNE VOIX: II n'a pas eu le choix.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous pensez bien que je
ne vais pas faire un sort aux propos du député de Terrebonne qui
ne sera plus longtemps député de Terrebonne puisqu'il s'est
débarrassé de la partie du comté qui aurait pu le faire
battre et l'autre partie va s'en rendre compte. Je ne ferai pas un sort
à ce propos, parce que le député de Maskinongé,
avec son astuce et le brio qui le caractérise, a sans doute
déjà formulé une opinion fort nuancée. En ce qui me
concerne, M. le Président, solidaire de mon parti, de mon chef, de mes
collègues, je suis, comme dirait le ministre de l'Education, dans une
ligne de pensée évolutive et progressive, contrairement au
statisme du gouvernement.
Revenant au cas du curé Labelle, puisqu'on me demande
d'intervenir et de venir à l'appui de l'Eglise, je dirai au
député de Terrebonne que c'est une injure â faire à
l'histoire que de rayer de la carte électorale le nom de cet illustre
colonisateur. Le nom de cet homme qui se trouve rattaché
également à un autre grand homme de notre histoire, Henri
Bourassa, qui a
représenté ce comté, quand même, pendant
assez de temps pour que le très jeune et puceau député de
Terrebonne en ait entendu parler sinon par son grand-père, du moins par
sa mère. Alors, vous pensez bien qu'en dehors de toutes
considérations religieuses, puisqu'elles n'ont rien à faire ici,
je pense que, pour le respect de l'histoire et pour le respect que l'on doit
à des hommes qui ont bâti quelque chose en ce pays, ce qui n'est
pas le cas du député de Terrebonne, on devrait garder le nom de
Labelle au comté que représente brillamment mon honorable
collègue, M. Lafontaine. Je ne veux pas parler plus longuement
là-dessus. Je me permettrai simplement d'ajouter à votre
intention, vous qui connaissez bien notre région, à la
différence du député de Terrebonne, que le nom du
curé Labelle a la même valeur de symbole que le nom du curé
Hébert dans notre région.
Ceci dit, M. le Président, je me tais pour permettre au
député de Terrebonne de commencer ses mille ave.
M. HARDY: M. le Président, juste un mot pour dire
qu'évidemment, si j'avais l'âge du député de
Chicoutimi, j'aurais pu rencontrer en personne Henri Bourassa, mais n'ayant pas
son âge je connais Henri Bourassa par l'histoire et par ses
écrits.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si vous me le
permettez, le député de Chicoutimi, qui n'a que 46 ans, a
encore...
M. HARVEY (Chauveau): On ne le dirait pas!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que dit le jeune et brillant
député de l'autre côté?
M. HARVEY (Chauveau): J'ai dit que vous ne paraissez pas cet
âge.
M. BRISSON: La jeunesse...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah merci! On rend hommage à la
façon dont je me suis conservé et à cette puissance
d'esprit qui caractérise un véritable adulte.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, le travail et les longues veilles de
réflexion ayant fait leurs ravages sur le visage du député
de Chicoutimi nous laissent croire que son âge pourrait être
l'inverse du chiffre qu'il vient de nous donner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! M. le Président, je pense que
j'aime ce genre d'attaque je pense que le député de
Terrebon- ne est en train d'obéir à un réflexe de
frustration et ce qu'il me dit à moi, il aimerait bien le dire à
une de ses collègues.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable député de Terrebonne. Est-ce que le
curé Labelle, en plus, était portraitiste?
M. HARDY: Pas que je sache. Je sais qu'il a posé. Je sais qu'il y
a une toile actuellement au Musée historique de
Saint-Jérôme qui fait voir le curé Labelle.
M. DEMERS: Etait-il musicien?
M.HARDY: Je n'ai pas de renseignements précis à ce
sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous devriez lire les chroniques d'Arthur
Buies.
M. HARDY: Je ne sais pas s'il était musicien ou
mélomane.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lisez les chroniques d'Arthur Buies.
M. HARDY: La Lanterne?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Les chroniques d'Arthur Buies.
M. HARDY: Ah bon!
M. DEMERS: Cela éclairerait la vôtre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un vieux, vieux livre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur la motion. Le député de
Berthier.
M. GAUTHIER: A titre d'information, dans la nouvelle carte
électorale qui est projetée par le bill 62, il semble y avoir
quelques comtés à consonnance anglaise dont on veut changer
l'appellation. Est-ce exact?
M. HARDY: Je ne pourrais pas dire que c'est l'idée qui a
présidé à ces changements.
M. GAUTHIER: Est-ce qu'il y a plusieurs autres comtés à
consonnance française dont la commission aurait l'intention de changer
les noms ou est-ce que le comté de Labelle serait le seul?
M. HARDY: Nous avons la loi 62. Je ne sache pas qu'il soit question de
notre côté, du moins, on ne m'en a pas fait part, de changer des
noms qui apparaissent à la loi 62.
M. GAUTHIER : Prenons, par exemple, le comté de Shefford dont le
futur nom serait Godbout.
M. HARDY: Oui.
M. GAUTHIER: Je ne sais pas s'il y en a d'autres. Est-ce qu'il y a des
noms de comté à consonnance française dont on voudrait
changer le nom comme dans le cas du comté de Labelle?
M. HARDY: Voulez-vous dire par rapport à la loi 62?
M. GAUTHIER: Oui.
M. HARDY: Non. Je ne crois pas...
M. GAUTHIER: Cela serait le seul.
M.HARDY: ... que l'on ait l'intention de changer des noms qui sont
déjà dans la loi 62.
M. GAUTHIER: Le comté de Labelle serait le seul.
M.HARDY: Non. Dans la loi 62, c'est le nom de Laurentides qui
apparaît, sauf l'erreur du "s".
M. DEMERS: Dans les deux rapports, c'est Labelle.
M. HARDY: Dans les rapports, oui. Je crois comprendre que le parrain de
la loi a fait des consultations auprès des députés au
sujet des noms.
M. DEMERS: Est-ce qu'on en a parlé au député de
Labelle?
M. HARDY : Ce n'est pas moi qui ai eu mission de faire cette
consultation.
M. PAUL: C'est maitre Jean Prieur au nom du premier ministre. Il a
même déclaré, à un certain moment, dans ses
consultations, qu'il se fichait de la recommandation de la commission Drouin.
La commission Drouin ne voulait pas avoir de nom composé mais lui, il
s'en fichait.
M. HARDY: Je ne vois vraiment pas la pertinence de ces propos à
l'occasion de l'étude de la motion.
M.PAUL: C'est en réponse à une question que vous pose le
député de Berthier.
M. GAUTHIER: Vous en ferez ce que vous voudrez. Je n'ai même pas
le droit de vote. Je pense que c'est une grave erreur, comme hier, avec
l'application de la motion de censure. Le gouvernement en fera son bien et en
portera la responsabilité.
M. HARDY: C'est cela.
M. GAUTHIER: C'est bien évident. Mais je vous le dis...
M. HARDY : Comme il est fort possible que je sois candidat dans ce
comté de Laurentides, je sais que la position que je prends...
M. DEMERS: Commencez à faire vos valises.
M. PAUL: Nous allons faire le party tout de suite pour fêter votre
départ.
M. DEMERS: Je voudrais avertir l'actuel député de
Lafontaine de commencer à préparer ses...
M. HARDY: Je sais que l'attitude que j'adopte répond tellement
à la volonté de la population que cela sera sûrement un
motif de plus...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour vous donner votre congé.
M. HARDY: ... en faveur de ma victoire. M. le Président, nous
pourrions peut-être voter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Sur cette motion qui a été
présentée par le député de Saint-Maurice, est-ce
que nous aurions l'avantage d'entendre l'opinion de quelques collègues
qui siègent à votre droite, non pas seulement dire: Pour, contre,
je vote, je ne vote pas, je m'abstiens, je m'en vais aux toilettes je reste, je
ne reste pas. Qu'ils nous apportent des arguments au soutien de la motion ou au
rejet de la motion présentée par le député de
Saint-Maurice. Je vois mon bon collègue, le député de
Trois-Rivières, qui suit avec beaucoup d'intérêt les
discussions...
M. BACON: Je n'ai rien manqué.
M.PAUL: Vous n'avez rien manqué? Nous aimerions connaître
votre opinion sur cette motion, sur cette opportunité de changer de nom.
J'en suis même à me demander si le député de l'Islet
est aphone.
J'aimerais savoir si on peut entendre sa voix sur ce sujet.
M. DEMERS: Cela semble être la telle au bois dormant.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes prêts à
voter?
M. DEMERS: Elle attend le prince charmant pour se faire
éveiller.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Bacon?
M. BACON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brisson?
M. BRISSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Harvey (Chauveau)?
M. HARVEY (Chauveau): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns? M. Latulippe. M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy.
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Gratton?
M. GRATTON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Si-mard (Témiscouata)?
M. SIMARD (Témiscouata): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lafrance?
M. LAFRANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Paul?
M. PAUL: Pardon, m'avez-vous parlé? Qu'est-ce que vous voulez?
Pour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Demers?
M. DEMERS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Houde (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Béland? M. Springate?
M. SPRINGATE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour: 3. Contre 11. Article 50.
M. PAUL: Le curé Labelle doit être fier de nous, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Dubuc.
M. BOIVIN: J'aurais une proposition à faire. Le
député de Terrebonne m'a presque convaincu que...
M. PAUL: Est-ce que vous proposez Chapleau?
M. BOIVIN: Non. Le député de Terrebonne m'a presque
convaincu que le nom de Laurentides serait excellent pour attirer le tourisme.
Je traverse les Laurentides pour aller dans mon comté, dans la
région du Saguenay, et il me semble que plusieurs comtés
même pourraient porter le nom de Laurentides puisque c'est si bon pour le
tourisme et, comme les mots sont les signes des idées, le nom de
Laurentides n'est pas attaché tout simplement à une
région. Je proposerais qu'on appelle le comté que vous voulez
appeler Laurentides, Labelle des Laurentides.
M. HARDY: Labelle-Laurentides.
M. BOIVIN: II se pourrait aussi qu'un comté de Québec qui
est près des Laurentides ou même dans les Laurentides porte aussi
le nom de Québec des Laurentides.
M. HARDY: C'est fort, ça.
M. BOIVIN: Je suis pratiquement convaincu, le député de
Terrebonne m'a convaincu que c'est réellement un nom qui peut attirer
les touristes et on devrait en profiter pour attirer le plus de touristes
possible ici dans la province. Alors, je ne voudrais pas que le nom
c'est un moyen terme que je vous propose de Labelle disparaisse et qu'on
y ajoute "des Laurentides", "Labelle des Laurentides".
M. DEMERS: C'est une autre motion.
M. BOIVIN: Le comté de Chauveau par exemple pourrait s'appeler
Québec des Laurentides.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous êtes prêts
à voter?
M. PAUL: Non. Mon collègue le député de
Saint-Maurice...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je remarque que le conseiller
spécialiste du gouvernement est à ramasser ses outils...
M. HARDY : Le conseiller spécialiste des questions
électorales.
M. DEMERS: Le conseiller spécial, vice-président de la
Chambre et le député de Terrebonne, animateur de
télévision et de radio est à ramasser ses outils.
Est-ce qu'on ne pourrait pas déclarer qu'il est six heures?
M. HARDY: II n'est pas encore six heures. Devant l'autorité
absolue, je m'incline.
M. PAUL: Enfin, on a un président compétent. Je vous
inclus dans ça, M. le Président, député de
Roberval.
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Je voudrais soumettre, pour approbation
à la commission de l'Assemblée nationale, une ratification de
présidents de commissions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas M. Drouin. Vous l'éliminez,
celui-là?
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Commissions parlementaires avec un "s".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous éliminez le nom de M. Drouin.
Promis, juré?
Président des commissions
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Je n'ai pas juridiction. Je voudrais soumettre
ici que le règlement m'autorise à choisir un minimum de sept
membres de l'Assemblée en bloc. Je vous en soumets huit, étant
donné que le règlement prévoit un minimum de sept: MM.
Arthur Séguin, Robert Lamontagne, Julien Giasson, Roger Pilote, Fernand
Picard, Alfred Croisetiè-re, Paul Lafrance et Aimé Brisson.
M. PAUL: M. le Président, puis-je vous poser une question? Vous
n'êtes pas obligé de me répondre. Comment se fait-il que
vous fassiez ça un vendredi soir à 6 heures moins 12 minutes?
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Je vais vous l'expliquer tout simplement.
C'est que, lorsque nos règlements sessionnels ont été
approuvés au mois d'avril, j'avais soumis une liste de cinq ou six
membres, quitte à compléter après.
M. PAUL: Cela a été complété,
effectivement.
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Je pense que l'annonce n'avait pas
été faite à l'Assemblée nationale et j'avais
nommé certains membres; entre-temps, deux membres ont refusé
d'agir.
J'ignore si la commission de l'Assemblée nationale siégera
de nouveau d'ici la prorogation ou l'ajournement de la session, ce n'est pas
moi qui en déciderai. Au cas où les commissions élues
devront siéger après la prorogation, avant la reprise de
l'ajournement ou de la nouvelle session, j'aimerais que ce soit ratifié
par la commission de l'Assemblée nationale et, tel que le
règlement le prévoit, je pourrai en faire l'annonce en Chambre
pour remplacer certains membres qui ont refusé d'agir, par de nouveaux
membres.
M. DEMERS: Est-ce qu'on pourrait nous redonner la liste?
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Arthur Séguin, Robert Lamontagne,
Julien Giasson, Roger Pilote, Fernand Picard, Alfred Croisetière, Paul
Lafrance, Aimé Brisson.
M. DEMERS: M. Brisson serait un nouveau.
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Oui, un nouveau.
M. DEMERS: Les promotions nous courent.
M. PAUL: Comme on doit accepter ou refuser en bloc, je vous demanderais
de reporter jusqu'à huit heures notre décision
là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Lavoie): Je pourrais en avoir dix, mais il y en a
huit.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
M. PAUL: Est-ce qu'il pourrait être convenu que nous puissions
faire parvenir notre réponse, chaque formation politique, à M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Lavoie): II faudrait une motion de la commission.
M.HARDY: II faudrait revenir à la reprise des travaux à 8
h 15.
M. DEMERS: Nous veillerons. A 8 h 15, ce sera notre message.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 8 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
Reprise de la séance à 20 h 24
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Tout d'abord, il y a quatre changements parmi les membres de la
commission. M. Faucher (Yamaska) remplace M. Gratton; M. Lafontaine (Labelle)
remplace M. Simard; M. Leduc (Taillon) remplace M. Faucher.
A l'ordre !
M. HARVEY (Chauveau): C'est impensable.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Russell (Shefford) remplace M.
Paul.
M. CROISETIERE: M. Leduc remplace M. Faucher.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui mais cela revient au même. C'est
une erreur, mais cela revient au même. M. Leduc est membre de la
commission ainsi que M. Faucher.
M. DEMERS: Quels sont les membres?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je viens de les mentionner, de votre
côté, M. Lafontaine, M. Russell et M. Demers.
M. DEMERS: De l'autre côté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais mentionner tous les membres de
l'autre côté. Il s'agit de MM. Bacon, Brisson, Harvey (Chauveau),
Berthiaume, Hardy, Faucher, Carpentier, Leduc, Lafrance, Houde (Limoilou),
Springate.
M. DEMERS: Le quorum est de combien?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Dix. Actuellement il y a onze membres
présents.
M. LAFONTAINE: Pardon?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II y a onze membres présents.
M. LAFONTAINE: Vous avez oublié le plus important...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour commencer, à la demande du
président de l'Assemblée nationale je voudrais vous soumettre
pour votre approbation unanime ou rejet complet, la liste des huit
présidents de commissions qui ont été
suggérés à votre attention par le président de
l'Assemblée nationale. Comme le président l'a expliqué,
cette liste doit être acceptée ou rejetée globalement.
Il s'agit donc de MM. Arthur Séguin, Robert Lamontagne, Julien
Giasson, Roger Pilote, Fer-nand Picard, Alfred Croisetière, Paul
Lafrance, et Aimé Brisson.
M. DEMERS: M. le Président, j'ai comme mission de notre leader de
bien vouloir vous demander d'attendre qu'il puisse se libérer, il
viendra donner l'acceptation de notre parti, ou le refus.
Comté de Laurentides-Labelle (suite)
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous attendrons. Nous étions
à la motion du député de Dubuc, qui est absent. Il s'agit
de changer l'appellation du nom Laurentides, au paragraphe 50, pour Labelle des
Laurentides.
M. RUSSELL: M. le Président, la motion n'est pas
déposée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Malheureusement, on n'avait pas remis...
Le député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): Sur une question de détail. C'est
technique, mais c'est très important. Est-ce que vous écririez
Labelle en deux mots ou en un seul mot?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Malheureusement, je ne suis pas en mesure
de vous répondre avec précision. Aussitôt qu'on m'aura
remis le texte de la motion, je vous répondrai.
M. HARVEY (Chauveau): Merci, M. le Président, si on veut
l'écrire adéquatement comme on...
M. HARDY: M. le Président, je pense que je vais changer
d'idée. Je verrais bien le député actuel de Labelle
député de Labelle des Laurentides.
M. HARVEY (Chauveau): La belle et la bête.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous voulez me donner le texte,
j'aimerais répondre...
M. HARVEY (Chauveau): C'est certainement en un mot, Labelle. Il faudrait
demander au proposant.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je ne suis pas le proposant de la
motion.
M. HARVEY (Chauveau): C'est le Dr Boivin.
UNE VOIX: Mais connaissant le sérieux du député de
Labelle...
M. LAFONTAINE: C'est le Dr Boivin qui a proposé la motion, il a
certainement voulu par cette motion perpétuer le nom du curé
Labelle, celui que nous avons appelé le roi du nord.
M. HARVEY (Chauveau): Voilà.
M. LAFONTAINE: Celui qui a été curé de
Saint-Jérôme, celui qui a été l'artisan de la
colonisation dans les années 1800, dans le nord de Montréal,
celui qui a empêché l'hémorragie des
Canadiens-français vers les Etats de la Nouvelle-Angleterre, celui qui a
illustré son nom à titre de sous-ministre de la colonisation.
M. HARVEY (Chauveau): Est-ce que le député de Labelle me
permettrait une question.
M. LAFONTAINE: Je n'ai pas encore fini, vous m'avez posé une
question. Je pense que le député de Chauveau a posé une
question, M. le Président, à savoir si le nom de Labelle
s'écrivait en un mot ou en deux mots. Je suis en train de lui dire que
probablement... je m'en allais vers ma conclusion. Vous admettrez encore, M. le
Président, vous voyez la tactique que mes amis d'en face emploient...
J'ai la parole, parce qu'on m'a posé une question. En l'absence du
député de Dubuc, on m'a demandé de répondre et je
suis en train de répondre, qu'on me coupe déjà la parole.
C'est un genre de "filibuster" de la part du Parti libéral pour
empêcher que la vérité se fasse connaître à la
grandeur du Québec.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous n'êtes pas obligé de lui
accorder la parole.
M. LAFONTAINE: C'est parce que je vous regarde avec votre...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je veux vraiment poser une
question au député de Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous voulez que le
député de Chauveau vous pose une question?
M. LAFONTAINE: II m'en a déjà posé une et je n'ai
pas encore fini d'y répondre.
M. HARVEY (Chauveau): J'ai compris votre réponse. Vous n'avez pas
besoin de la prolonger. C'est seulement en un mot.
M. LAFONTAINE: Vous avez quasiment honte de votre première
question, n'est-ce pas, M. le député?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ici, la proposition est écrite et
c'est en deux mots.
M. LAFONTAINE: C'est probablement quelqu'un qui a voulu vous obliger...
un script qui est à côté de vous simplement, M. le
Président.
M. HARVEY (Chauveau): C'est un de vos recherchistes.
M. LAFONTAINE: Celui qui vous a remis le papier, il faut que ce soit un
membre de la commission parlementaire de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais mentionner que c'est
corrigé. Je propose que le comté décrit au paragraphe 50
soit nommé Labelle il y a une affaire bien importante, ça
n'a pas été mentionné c'est marqué Labelle
(Des Laurentides). Cela a son importance, dans les circonstances.
Est-ce la proposition telle que vous la présentez?
M. LAFONTAINE: J'aimerais bien parler au nom du Dr Boivin, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Personne n'a fait mention jusqu'à
maintenant...
M. LAFONTAINE: ... du député de Dubuc, qui est, je pense,
présentement à un autre travail, à une autre commission ou
en Chambre. Vous savez le régime inhumain que nous vivons ici au
Parlement du Québec. J'aurais aimé pouvoir participer à
l'étude des lois de la santé, à l'étude de la loi
sur la pollution, mais on m'a demandé de rester ici.
Le Dr Boivin, avec sa polyvalence, sa connaissance profonde des
problèmes, je crois qu'on l'a appelé à siéger ce
soir en Chambre. Alors je ne peux pas parler en son nom, s'il a écrit
ça...
M. LEDUC: II participe au débat sur la Commission des accidents
de travail.
M. le Président, question de règlement, pouvons-nous
recevoir une motion avec des parenthèses, à la suite de
l'expérience que nous avons connue il y a quelque temps?
M. RUSSELL: Je ne vois pas d'objection à ce qu'elle soit
présentée avec des parenthèses.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est différent.
M. LEDUC: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Maskinongé a présenté une motion,
il y a un certain nombre d'heures. Je suis un peu perdu quant à
l'horaire de travail, depuis quelque temps. Justement il y avait une partie
entre parenthèses et le président qui était au fauteuil
à ce moment-là hésitait à l'accepter et longuement
le député de Maskinongé a expliqué que la partie
entre parenthèses ne faisait pas partie de la motion. Je me demande si
nous ne nous retrouvons pas avec quelque chose d'un peu identique ce soir et,
à mon sens, si nous voulons avoir une espèce de continuité
dans notre travail, il faudrait que vous refusiez, à mon
évaluation des règlements, M. le Président, la partie
entre parenthèses de la motion.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si le député de Taillon me
permet, c'est moi qui
présidais à ce moment-là, le député
de Maskinongé ne voulait pas, après coup, que la partie entre
parenthèses fasse partie intégrante de la motion. Moi, j'ai rendu
la décision que la partie entre parenthèses faisait partie
intégrante de la motion.
C'est dans le même sens que je demande d'avoir un peu plus de
clarté sur la motion.
M. HARDY: De toute façon, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est parce que tout à l'heure,
lorsqu'on m'a remis le texte je prends les textes qu'on me donne
il était écrit "La belle" en deux mots, j'ai demandé si
c'étaient deux mots.
On a corrigé. Là, on me donne un texte également
où les mots des Laurentides sont entre parenthèses. Pour moi je
trouve qu'il y a une différence entre des mots qui sont ou qui ne sont
pas entre parenthèses
M. LAFONTAINE: Vous avez raison, M. le Président. Vous avez
tellement raison qu'on pourrait peut-être écrire le mot Labelle
d'une autre façon, en enlevant le "le" à la fin. On le lirait en
anglais. Cela ferait "Label" des Laurentides. Cela représentera une
bière 50 ... Ce serait parfait. Cela ferait plaisir au
député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, pour revenir à des propos un
peu plus sérieux...
M. LAFONTAINE: C'est pas mal sérieux. C'est la façon dont
on l'écrit.
M. HARDY: M. le Président, tout en maintenant les propos que j'ai
tenus avant l'ajournement pour le dîner, j'ai quand même
continué à réfléchir sur l'importance de la
question. J'ai regardé, j'ai de nouveau consulté les dossiers que
je possède sur ce problème, qui a fait l'objet de vastes
consultations. Evidemment, je dois admettre que les arguments que j'invoquais
en faveur du nom de Laurentides ne s'appliquent peut-être pas à
une partie du nouveau comté, la partie la plus agricole, la partie, par
exemple, plus au nord ou dans les environs de Mont-Laurier. Dans cette partie
du comté de Labelle où ces personnes, ces gens vivent depuis fort
longtemps, se sont habitués à ce nom, ont un certain sentiment de
posséder ce nom, il est possible que la désignation de
Laurentides seulement puisse peut-être les vexer ou les ennuyer.
Par ailleurs, le député de Labelle m'a fait part et
je n'ai pas de raison de mettre sa parole en doute, même si ce qu'il m'a
dit était en dehors de la Chambre que le conseil de comté
du comté municipal de Labelle avait adopté une résolution
favorable au nom de Labelle. Et, M. le Président, tous ceux qui me
connaissent, les maires de mon comté en particulier, savent combien j'ai
de respect pour les conseils de comté, pour l'opinion des maires qui les
composent, et pour les échevins des différents conseils
municipaux.
Par ailleurs, je ne peux pas oublier non plus que j'ai reçu de la
totalité des conseils municipaux de l'actuel comté de Terrebonne,
du nord du comté de Terrebonne, qui seront dans le comté de
Labelle, des demandes expresses, des résolutions adoptées
à l'unanimité demandant que le comté s'appelle
Laurentides.
Devant cette espèce d'opposition, avec comme objectif de
respecter le désir des gens parce qu'au fond, ce n'est pas
à nous ces noms de comté; c'est ce que les gens désirent
c'est ce qui est important. Ceux qui habiteront ces comtés.
Je voterai contre cette motion telle qu'elle est formulée parce
que je trouve que Labelle-des-Laurentides, cela fait... Mais je me rallierais,
par exemple, à une propositionqui pourrait être celle-ci:
D'appeler le nouveau comté: Laurentides-Labelle, comme on dit
Nicolet-Yamaska, Joliette-Montcalm, etc. Je me rallierais à cette
idée d'appeler le nouveau comté Laurentides-Labelle.
Mais je dois terminer en disant que la motion telle que
présentée, Labelle-des-Laurentides, je voterai contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: C'est une manière dilatoire que nous avons
employée c'est ce que le député de Saint-Maurice
vient de me dire parce que nous avions déjà en
réserve une autre proposition qui ressemblait pas mal à
l'amendement proposé par le député...
M. HARDY: Vous le devancez?
M. LAFONTAINE: Oui. Mais à l'inverse. Nous proposions
Labelle-Laurentides.
M. DEMERS: Sur une question de règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saint-Maurice
sur une question de règlement.
M. DEMERS: Lorsque le député de Terrebonne a
demandé la parole, nous étions à disposer de la motion du
député de Dubuc. Je crois que sa motion de venir avant que nous
ayons disposé de l'autre...
M. HARDY: Je n'ai pas fait de motion. Je suis trop respectueux des
règlements. J'ai dit que je me prononcerais contre cette motion mais que
je me rallierais à une motion que d'autres pourraient faire ou que je
pourrais faire moi-même, qui aurait pour objectif d'appeler le
comté Laurentides-Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Nous avons un temps limité et nous ne pouvons pas
revenir là-dessus. Vous m'avez bien mis au courant, il n'y a pas de
gêne à le dévoiler, lorsque nous nous sommes
rencontrés furtivement au restaurant le Parlementaire. Vous m'avez dit:
Vous n'avez pas le droit de revenir sur le nom de Labelle. J'ai dit: Non, mais
je reviendrai sur le nom de Labelle à cause du nom de Laurentides. Puis
nous avons recommencé notre conversation de tout à l'heure.
Je dois dire qu'il y a eu une réunion du conseil de comté,
mercredi, et tous les maires du comté de Labelle sont unanimes â
proposer que le nom de Labelle demeure. Dans ma région, le nom du
curé Labelle a une résonnan-ce historique et je sais que
personnellement, dans l'actuel comté de Terrebonne, le nom du
curé Labelle a aussi une résonnance historique. Nous n'avons
qu'à nous reporter à l'histoire des pays d'en-haut
popularisée par Claude-Henri Grignon qui a déjà fait un
succès dans le Québec et qui est en train d'en faire un
deuxième succès, même si c'est une reprise du même
programme.
Le nom du curé Labelle est lié à
Saint-Jérôme le cas de Saint-Jérôme est
réglé à Sainte-Adèle, où toutes les
scènes que nous voyons s'y passent, et à mon comté de
Labelle, surtout quand on sait que les scènes d'extérieur sont
prises â Nominingue. Et il y a une résonnance historique par les
familles. Je pense aux familles de Nominingue qui sont toutes des familles
françaises â 80 p.c. Je pense aux Croisetière, aux
Varennes, aux Brun, aux Rioux et je pourrais en nommer plusieurs autres qui
sont des familles françaises que le curé Labelle est allé
chercher en Europe, dans le Jura, lorsqu'il voulait populariser les
Laurentides, et là je rejoins le député de Terrebonne, et
en faire la Suisse du Canada. C'étaient les termes qu'employait le
curé Labelle, de faire des Laurentides la Suisse du Canada. Mais,
à ce moment-là, le seul pays des Laurentides qui était
connu au nord de Montréal... Parce que les moyens de communication
étaient moins rapides qu'aujourd'hui; l'automobile n'était pas
encore popularisée; c'était encore le temps du cheval et du
"buggy". On a seulement à se souvenir du train que le curé
Labelle avait fait partir de Saint-Jérôme pour transporter le bois
à Montréal, lorsqu'il y avait une crise de bois de chauffage dans
les années 1870.
M. HARDY: II était venu avec des "sleigh".
M. LAFONTAINE: En train de "sleigh", c'est ce que je dis. Il avait mis
du bois là-dedans et il avait transporté cela à
Montréal. Le chemin de fer du nord a été ouvert par le
curé Labelle jusqu'à Mont-Laurier. Alors il y a un paquet de
raisons qui amènent les gens du comté de
Labelle à vouloir garder le nom, nonobstant celui qui parle, M.
le Président. Il y a plus aussi, c'est qu'il y a présentement
dans le comté de Labelle 16,000 électeurs et le nouveau
comté de Labelle proposé contiendrait 28,011 électeurs. Le
conseil de comté se prononçant, en plus du député
qui se prononce, je pense qu'on atteint la majeure partie des jeunes. Je n'ai
pas fini.
M. HARDY: M. le Président, si vous me permettez une question.
Est-ce que le député de Labelle admettra qu'il ne parle pas
nécessairement au nom des 16,000 électeurs de Labelle? Parce que
je reçois souvent des communications de ces électeurs.
M. LAFONTAINE: Oui, j'admets. C'est pour cela que je me suis battu, M.
le Président, quand le député de Terrebonne disait: La
voix autorisée, c'est tel député.
Au nom de Papineau, la voix autorisée, c'est le
député de Papineau. Vous avez entendu ça souvent au cours
de nos débats. Je ne dis pas que c'est la seule voix autorisée du
comté de Labelle.
M. HARDY: C'est la seule voix autorisée.
M. LAFONTAINE: Je ne veux pas être la voix qui prêche dans
le désert parce que, quand on parle â nos amis d'en face, on
prêche dans le désert. Je ne voudrais pas être le saint
Jean-Baptiste du Parlement.
Je me prends à mon exacte grandeur, je ne m'amplifie pas. La
population du comté de Labelle, je dirais 99.9 p.c. de la population du
comté de Labelle veut garder le nom de Labelle. Disons qu'on n'entrera
pas dans les noms, à savoir si un est pour et l'autre, contre. On dit
que le conseil de comté et je m'enlève de là-dedans
à l'unanimité, a adopté une résolution
mercredi dernier s'opposant au changement de nom de Labelle. Quant au nom de
Laurentides, je n'ai rien contre les Laurentides. J'ai peut-être quelque
chose contre la Laurenti-de, contre la Cinquante ou contre les bulles de la
Cinquante et de la Laurentide. Ceci étant dit, parce que ça ne
doit pas devenir un nom commercial, le nom de Laurentides n'est pas un nom
propre â notre région. C'est un nom générique de
notre région.
Quand on voit la ville de Laurentides, située dans le
comté de L'Assomption... Pourquoi les gens ont-ils choisi ville des
Laurentides? Pour une raison bien simple, la ville s'appelait avant la ville de
Saint-Lin. Cela ne leur plaisait pas beaucoup. Ils ont changé leur nom
pour celui de ville des Laurentides. Ils ont tenté de le moderniser. Je
n'ai rien contre ça. Le député de Terrebonne acceptera que
le nom de Laurentides n'est pas exclusif à notre région, parce
qu'une des preuves est que Saint-Lin change son nom pour celui de ville des
Laurentides. Vous avez le parc des Laurentides qui est situé dans
Chauveau, au nord de Québec.
Les gens de Québec qui s'en vont dans les Laurentides, s'en vont
dans le parc, s'en vont vers les pentes de ski, Beauport, etc. Ce sont les
Laurentides pour les gens de Québec. Vers Aima. Quand on est dans
Saint-Maurice, Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine, on s'en va vers
Saint-Gérard-des-Laurentides, on s'en va vers Grand'Mère, vers La
Tuque, vers le parc de la Mastigouche. Quand on est à Louiseville dans
le comté de Maskinongé, quand on est à Berthier, on s'en
va vers Saint-Gabriel-de-Brandon, on s'en va vers le lac Hénault, vers
le lac Manville, vers Saint-Michel-des-Saints. Quand on est à Lachute,
on s'en va vers Brownsburg, on s'en va vers les autres paroisses, en haut.
Quand on est dans Papineauville, on s'en va vers Saint-André-Avellin.
Quand on est à Hull ou à Ottawa, on s'en va vers le lac
Sainte-Marie qui est un des plus importants centres de ski à se
développer, qui sera probablement l'égal du mont Sainte-Anne
avant longtemps. C'est ça que ça veut dire, les Laurentides.
C'est une chaîne de montagnes et ce n'est pas un nom exclusif
à notre région. C'est un nom générique pour une
chaîne de montagnes qui traversent tout le Québec, d'est en ouest,
d'ouest en est, longeant le Saint-Laurent, situées au nord de la plaine
du Saint-Laurent.
M. HARDY: M. le Président, en écoutant le
député de Labelle, je retrouve presque mot à mot une
opinion que j'ai déjà lue quelque part et je vois où il
prend ses sources.
M. LAFONTAINE: J'aimerais bien savoir où le député
de Terrebonne aurait vu des propos semblables. J'aimerais savoir qui au moins
emploie les mêmes propos et me copie avant que je le dise. Qui a dit
cela?
M. DEMERS: On ne le sait pas. On se cherche des auteurs.
M. LAFONTAINE: Quel auteur?
M. DEMERS: Est-ce qu'on peut avoir les titres?
M. LAFONTAINE: Est-ce que le député de Terrebonne pourrait
me dire qui?
M. HARDY: Je ne sais pas si...
M. LAFONTAINE : Vous me le direz en dehors de la Chambre. J'aimerais
bien vous lire les propos de celui qui écrit mais peut-être que
c'est la personne dont nous parlions.
M. HARDY: Vous l'avez peut-être dit.
M. LAFONTAINE: Non. J'ai fait part de mes appréhensions et il m'a
tout simplement dit, c'est de la même personne que l'on parle: Tu as
entièrement raison. Je vois ces réticences. On se retrouve parce
que nous avons des amis communs. Il n'y a pas une compagnie qui ait un train
qui s'appelle Lionel.
UNE VOIX: Pardon?
M. LAFONTAINE: Ce sont des jouets. Les jouets à Lionel. Je ne
savais pas que la personne dont le député vient de faire mention
a écrit un éditorial semblable, pour une raison bien simple,
c'est que je ne lis pas les journaux du comté de Terrebonne. Non pas
parce que je n'aimerais pas les lire...
M. HARDY: Vous manquez quelque chose.
M. LAFONTAINE: Oui. D'ailleurs je savais que ses mémoires
existaient, j'ai vu le livre cet après-midi. Je savais qu'ils devaient
être imprimés mais je ne me suis pas rendu compte qu'il ont
été édités. Vous pouvez être sûr, M. le
Président, qu'à la première occasion je vais aller acheter
les mémoires de l'honorable Lionel Bertrand.
M. HARDY: Vous ne l'avez pas reçu dédicacé?
M. LAFONTAINE: Non, je ne l'ai pas reçu. Je lui en ferai donc un
reproche. M. le Président, il y a tout cela. Qu'on veuille donner le nom
du comté Labelle-Laurentides ou Laurentides-Labelle, je n'ai pas
d'objection si cela peut faire plaisir à certaines personnes qui
demeurent dans le nord du comté.
M. HARDY: ... aux prochaines élections.
M. LAFONTAINE: Je pense que ce n'est pas le nom de mon comté qui
se fait élire, c'est celui qui vous parle. Parce que mes adversaires se
sont présentés dans le même comté que moi et cela ne
les a pas aidés. Je pense donc que ce n'est pas tout à fait le
nom du comté qui compte mais bien celui qui se présente.
Je n'ai pas d'objection je pense que le Dr Demers vient de le
dire de retirer la motion des Laurentides, c'était une motion
peut-être dilatoire énoncée dans le but de parler plus
longuement du nom du curé Labelle, vu mon absence cet
après-midi.
Je dois cependant vous dire que mon absence n'avait pas
été calculée. A trois heures, si vous me le permettez, il
a fallu que je participe à une émission radiophonique avec des
représentants de l'UPA, l'Union professionnelle des agriculteurs, dans
ma région. La conversation, a duré environ trois quarts d'heures.
C'était sur les ondes, sur le vif, et c'est pour cela que je
n'étais pas ici à trois heures. Ensuite, j'ai eu
malgré que je n'aie pas l'obligation d'étaler devant
l'Assemblée mes faits et gestes de la journée, je vais dire au
moins pourquoi je n'y étais pas, pour une fois, lorsqu'on a parle de mon
comté un travail à faire pour l'honorable chef de
l'Opposition qui s'est poursuivi environ jusque vers six heures.
Nous retirons la motion et j'en fais une que je ne trouve pas
idéale. J'aurais aimé garder le nom de Labelle exclusivement,
mais si cela peut faire plaisir, comme le dit le député de
Terrebonne, à une certaine partie de la population du nord du
comté actuel de Terrebonne... je n'ai pas d'opposition à proposer
que le nom du comté décrit au paragraphe 50 soit nommé
Labelle-Laurentides ou si vous voulez Laurentides-Labelle.
M. HARDY: Je préférerais Laurentides-Labelle à
Labelle-Laurentides.
M.LAFONTTAINE: Oui, c'est cela. Nous avons vu, tout à l'heure, le
député de Chauveau faire des gorges chaudes. Je tiens à
vous dire, M. le Président, que si vous voyez Labelle en deux mots ce
n'est pas écrit en deux mots. C'est parce que quelqu'un a
peut-être une mauvaise orthographe. C'est un petit "b", mais c'est en un
mot.
M. BRISSON: C'est peut-être pour les intellectuels?
M. DEMERS: Oui, monsieur.
M. BRISSON: II faudrait demander au député de
Chicoutimi...
M. LAFONTAINE: Je propose que le nom du comté décrit au
paragraphe 50 soit Laurentides-Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, je souscris à cette
appellation. Peut-être que les spécialistes qui s'occupent des
noms y trouveraient à redire. Je sais qu'il y a une certaine
école qui est contre les noms composés. Mais, encore une fois, je
pense que, ce qui est surtout important dans ces questions, c'est de satisfaire
les gens qui habitent les comtés concernés.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas un précédent. Vous avez le
comté de Joliette-L'Assomption puis, au fédéral, vous
aviez le comté de Joliette-L'Assomption-Montcalm, ce qui est encore
pire.
M. HARDY: M. le Président, je suis prêt à me rallier
à cette proposition d'amendement de mon bon ami, l'honorable
député de Labelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'abonde dans ce sens et je surabonde. Nos propos n'auront
pas été tenus en vain. Labelle était incompatible avant le
souper. C'est dire...
M. HARDY: J'invoque le règlement.
M. DEMERS: M. le Président, je n'ai nommé personne et je
n'ai payé personne.
M. HARDY: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne, sur
une question de règlement.
M. HARDY: En aucun moment, il n'a été question de dire que
le nom de Labelle était incompatible. Au contraire. J'ai
été un de ceux, à cette commission, qui ont
souligné le rôle et la stature historique du curé Labelle.
J'ai même donné des détails qu'on n'avait pas donnés
à cette commission sur le personnage, sur la biographie...
M. DEMERS: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Saint-Maurice,
sur une question de règlement.
M. HARDY: Je suis sur une question de règlement. Je vais finir la
mienne et vous reprendrez la vôtre.
M. le Président, je suis entièrement pour respecter la
mémoire du grand curé Labelle, du Roi du Nord et tout ça.
Seulement, j'ai dit les raisons pour lesquelles non pas que je voulusse
mettre de côté le nom de Labelle je tenais à ce que
le nom de Laurentides soit là. Après réflexion,
après discussions... J'admets que nos honorables collègues, qui
siègent à votre gauche, ont apporté quelque chose de
valable dans cette discussion. Il n'est pas question de le nier. Je pense qu'on
est arrivé à un honnête compromis qui respecte, encore une
fois, la volonté des personnes concernées. Il n'est pas question
de dire qu'on a fait volte-face et qu'on voulait mettre de côté
Labelle. Il n'a jamais été question de ça. Au contraire,
je suis heureux qu'on ait réussi à trouver une formule qui
respecte les désirs de l'ensemble de la population du nouveau
comté.
M. LAFONTAINE: M. le Président, sans vouloir nous
éterniser sur cette discussion... Nous disons que nous sommes d'accord
sur cela, mais on aurait pu tellement épiloguer plus longtemps en disant
ceci : Dans les Laurentides, il y a aussi Sainte-Adèle, Saint-Sauveur,
Saint-Adolphe-d'Howard, Saint-Donat, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson,
Mont-Gabriel, le lac Paré. On pourrait tellement en sortir. Puis on
aurait pu dire Argenteuil-Laurentides; on aurait pu dire
Prévost-Laurentides. Je n'insiste même pas. Pour autant que la
mémoire sacrée, au point de vue historique, du curé
Labelle est
sauvée, je suis prêt à accepter, comme demi-mesure,
que ça s'appelle Laurentides-Labelle, malgré qu'on donne
préséance au nom de Laurentides sur celui de Labelle.
Cela aurait tellement été facile de dire
Prévost-Laurentides, ç'aurait été une farce
monumentale. Je ne dirai pas que c'est une farce monumentale, mais je pense que
le nom de Labelle était capable de subsister seul sans prendre le nom de
Laurentides.
Ceci étant dit, si ce n'est que ce que je peux obtenir de la
majorité ministérielle, je me plie avec bon gré, M. le
Président. J'ai au moins sauvé le nom du Roi du Nord, le
curé Labelle et je suis prêt à accepter et à
proposer à mes collègues d'accepter unanimement
Laurentides-Labelle.
M. HARVEY (Chauveau): Vous êtes absous de vos
péchés.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas une grande solution mais qui sauve au moins
l'essentiel. Dans ces conditions, je demanderais que l'on passe la motion aux
voix pour qu'elle soit unanimement acceptée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. DEMERS: M. le Président, j'avais demandé la parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vous l'ai donnée.
M. DEMERS: Je n'aurais qu'une remarque à faire. Lorsque j'ai
ouvert la bouche tantôt, le député de Terrebonne s'est
redressé sur ses ergots.
M. HARDY: Comme Chanteclerc.
M. DEMERS: Chanteclerc, mais il n'avait pas la même crête.
M. le Président, je dirai au député de Terrebonne,
qu'avant le diner, il ne comprenait pas, il n'entendait pas. C'est dire que
ventre affamé n'a pas d'oreilles. Il a mangé et nous ne
laisserons plus son estomac en vacuité. Il comprend beaucoup mieux
lorsqu'il est bien repu. C'est tout ce que j'avais à dire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Paragraphe 50.
DES VOIX: Un instant.
M. LAFONTAINE: Je voudrais faire une remarque.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je voudrais simplement faire une
remarque sur la longueur du comté de Labelle. Le comté de
Labelle, part, je pense, de Val-Morin, de mémoire.
UNE VOIX: Le comté de Laurentides-Labelle.
M. LAFONTAINE: Pour autant que je suis concerné, M. le
Président, ça va demeurer le comté de Labelle, dans mon
expression, dans ma pensée. Jamais ça ne deviendra
Laurentides-Labelle en moi-même, ça demeurera toujours le
comté de Labelle.
M. HARVEY (Chauveau): Vous refusez votre approbation.
M. LAFONTAINE: Ceci étant dit... Non. M. HARVEY (Chauveau):
Très bien.
M. LAFONTAINE: M. le Président, il ne nous reste que trois heures
de débats.
M. DEMERS: Trois heures pour sauver le reste de la
démocratie.
M. LAFONTAINE: Cinq minutes. UNE VOIX: Allez y!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: Simplement une remarque, M. le Président. Dans le
nouveau comté proposé au paragraphe 50, nous avons 28,011
électeurs et nous avons comme trajet de Val-Morin jusqu'en haut de
Sainte-Anne-du-Lac. Ce qui donne, je pense, de mémoire, peut-être
pas loin de 200 milles. Je n'ai pas calculé la distance mais ce n'est
pas loin de 200 milles.
J'aimerais vous expliquer que 200 milles, c'est plus que la distance
entre Montréal et Québec. Alors, vous voyez d'ici
l'immensité du nouveau comté proposé par le paragraphe 50.
C'est un comté immense et quand je dis qu'à partir de Val-Morin
jusqu'à Sainte-Anne-du-Lac ou en arrière de Sainte-Anne-du-Lac,
ça mesure environ 200 milles, je n'ai pas parlé des chemins de
côté, je n'ai pas parlé de Minerve, de
Chute-Saint-Philippe, de Lac-du-Cerf, de Saint-Gérard-de-Kiamika, de
Val-Barrette, de Notre-Dame-de-Pontmain, de Notre-Dame-du-Laus qui est
rattachée à mon comté et qui anciennement était
dans le comté de Papineau.
Je dis ceci simplement pour faire valoir, M. le Président,
à vos yeux, l'immensité de ce territoire, et l'immensité
de la tâche qui attend celui qui représentra ce comté
après les prochaines élections.
Le comté de Labelle a présentement 1,500 milles de routes.
Le comté le plus grand au point de vue routier après le
comté de Labelle est le comté de Pontiac, qui lui, je crois, en
possède environ 1,400. L'autre comté environ semblable, c'est le
comté de Terrebonne qui doit en avoir à peu près 1,400 ou
1,350.
Il y a dans le comté actuel de Terrebonne environ, je dirais,
1,000 milles de routes qui sont détachées de l'actuel
comté de Terrebonne pour être attachées au comté de
Laurentides-Labelle dont nous venons d'accepter le nom par amendement. Cela
veut dire que celui qui va représenter le futur comté
décrit par l'article 50 va voir à assurer une harmonisation de
voirie de 2,500 milles de routes, ce qui est un non-sens. Je parle au point de
vue routier. Je vais maintenant vous parler au point de vue touristique. Le
comté de Labelle et le nord du comté de Terrebonne sont les deux
comtés qui, dans la province, ont le plus grand marché
touristique. Le nouveau comté Laurentides-Labelle comprendra les centres
de ski réputés de Mont-Tremblant, de Saint-Jovite, de
Sainte-Agathe, de Saint-Faustin, de Val-Morin, de Val-David et
énormément d'autres centres de ski.
D'ailleurs, je vois des députés de la ville de
Montréal qui siègent en face de moi et qui me font signe que oui.
La population estivale du comté que je représente, le
comté de Labelle, qui ne compte à l'heure actuelle que 16,000
électeurs voit, dans les mois d'été, cette population se
multiplier à 150,000, à 200,000 à certaines
périodes de l'été, mais jamais au cours de l'année
la population active ayant le droit de vote dans le comté ne baisse en
bas de 55,000 ou 75,000. Ces gens arrivent dans le nord et je sais que c'est
encore peut-être pire dans le nord de l'actuel comté de Terrebonne
et ces gens, sans vouloir dévaloriser mes collègues qui
représentent des circonscriptions électorales de la ville de
Montréal ou de l'île Jésus ou de certaines parties
urbanisées de la rive sud, ces électeurs québécois,
lorsqu'ils arrivent dans le nord de Montréal comme nous sommes
habitués de l'appeler, le comté de Terrebonne et le comté
de Labelle, ne savent même pas pour un grand nombre dans quel
comté ils votent. Il y en a certainement qui sont au courant, mais, pour
une grande partie de ces gens, ils ne savent même pas pour qui ils votent
à Montréal et de quel comté ils sont. Mais, ils
connaissent le nom de leur député provincial de campagne comme
ils disent.
Cela me surprend toujours et je le prends avec le sourire
lorsqu'à Montréal je rencontre certaines personnes à qui
je suis présenté et qu'on me dit: Je te présente le
député de Labelle. La personne me répond: Tiens, mon
député de campagne. Je suis assuré que c'est la même
chose qui arrive à l'actuel député de Terrebonne. Ces gens
font des pressions relativement au réseau routier, parfois directement
auprès de leur député et très souvent, au niveau de
leur municipalité. On aurait dû, lorsqu'on a découpé
la nouvelle carte électorale, prendre en considération les
problèmes qu'un député tel que le député de
Labelle ou le député de Terrebonne a vis-à-vis de ces
gens.
Il n'y a pas un ministère où le député du
comté de Labelle n'a pas à intervenir. En plus de servir ses
électeurs sur un territoire vaste comme une province de France, il doit
recevoir en nombre peut-être dix fois son nombre d'électeurs,
venant de comtés urbanisés de la grande région
métropolitaine.
J'ai mentionné tout à l'heure la grandeur du territoire
à couvrir. Simplement comme route principale, pour partir du premier
point du comté de Laurentides-Labelle et se rendre au dernier point dans
une direction, c'est-à-dire Sainte-Anne-du-Lac, il y a environ 200
milles. Et si on le prend de l'autre côté vers Notre-Dame-du-Laus,
il y a aussi environ 200 milles et là-dessus, nous n'avons pas
laissé le chemin principal, la grand-route, c'est-à-dire la route
11 et la route 35. Si nous nous reportons en arrière, il y a un nombre
assez grand de municipalités secondaires qui vivent elles aussi du
tourisme, du bois et de l'agriculture.
On aurait dû prendre en considération la grandeur de ce
territoire et peut-être en faire un comté d'exception et lui
accorder une population moins grande que 28,000. On aurait peut-être pu
limiter un comté semblable à 25,000 de population et cela aurait
déjà été pas mal. Mais on a voulu que cela soit
28,000. Ce sont les normes qu'on a voulu suivre et je compare mon comté
au comté de Terrebonne que nous avons adopté. Le
député qui sera élu dans le comté de Terrebonne
n'aura qu'à aller à Terrebonne, à Rosemere, à
Lorraine, à Sainte-Thérèse-Ouest ou quelque chose du genre
et il a à peu près fait la tournée de son
comté.
Autrement dit, pour se promener dans le comté de
Terrebonne...
M. DEMERS: II peut le faire à bicyclette.
M. LAFONTAINE: Vous pouvez peut-être le faire à bicyclette.
Mais celui qui se promènera dans le comté de Laurentides...
M. HARDY: D'autant plus que l'actuel député du
comté de Terrebonne... Cela serait peut-être un
élément qui pourrait entrer dans le choix qu'il sera
appelé à faire.
M. LAFONTAINE: J'ai entendu dire cela...
M. HARDY: L'actuel député fait de la bicyclette.
M. DEMERS: Avec une barre?
M. LAFONTAINE: Je pensais qu'il pensait au comté de
Laurentides-Labelle. Quand je compare le comté proposé de Labelle
à d'autres comtés, comme le comté de Terrebonne, le
comté de Deux-Montagnes, le comté de L'As-
somption ce dernier est peut-être un des meilleurs
et le comté de Prévost où il y a de la population, mais
où il n'y a pas de distance... Je pense au député de
Laurier qui semble être un spécialiste des mariages, comme vous
l'avez bien remarqué, M. le Président. Il va à tous les
mariages dans le comté de Deux-Montagnes. Si jamais il était
député de mon comté et qu'il acceptait les invitations
à des mariages, il faudrait qu'il ait le don d'ubiquité. S'il y
avait un mariage à neuf heures et l'autre à dix heures, entre
Val-Morin et Sainte-Anne-du-Lac, parce qu'il y a 200 milles de distance. Et je
le ramène dans le discussion...
M. HARDY: Est-ce que le député me permet une question?
Vous parlez de 200 milles?
M. LAFONTAINE: Environ. Je n'ai pas calculé.
M. HARDY: D'un point à l'autre du comté...
M. LAFONTAINE: Oui.
M. HARDY: ... de Laurentides?
M. LAFONTAINE: Oui. Nous allons recommencer.
M. HARDY: Vos chiffres n'ont pas l'air...
M. LAFONTAINE: Je ne l'ai pas additionné. Je l'ai dit de
mémoire.
M. HARDY: Combien y a-t-il de milles entre Mont-Laurier et
Sainte-Anne-du-Lac?
M. LAFONTAINE: II y a 40 milles. De Mont-Laurier à
Sainte-Véronique, il y a 32 milles. De Sainte-Véronique à
L'Annonciation, il y a huit milles. De L'Annonciation à Labelle, il y a
douze milles. De Labelle à La Conception, il y a dix milles. De La
Conception à Sainte-Jovite, il y a huit milles. De Saint-Jovite à
Saint-Faustin, il y a six milles environ.
M. HARDY: II y a à peine trois milles. Vous faites des petits
détours.
M. LAFONTAINE: On va enlever cela. On va dire que de Saint-Jovite
à Sainte-Agathe, il y a 19.9 milles.
Cela fait 100 milles. On est rendu à Sainte-Agathe, de là
on descend.
M. HARDY: Cinq milles.
M. LAFONTAINE: Cela fait 105 milles pour aller à
Sainte-Anne-du-Lac. Le comté n'arrête pas là. On s'en va
à la ferme Tapini. Entre la ferme Tapini et Sainte-Anne-du-Lac, il y a
environ 40 milles.
M. HARDY: Si on met cela en ligne droite, les deux
extrémités du comté, cela fait 100 milles.
M. LAFONTAINE: Le député de Terrebonne sait que je n'ai
pas à ma disposition des avions pour voyager. Cela, c'est dans une
direction. Si on s'en va dans l'autre direction, suivant la route 35 descendant
vers Buckingham, on va recommencer. C'est à peu près la
même distance. Entre Sainte-Anne-du-lac et Notre-Dame-du-Laus, il y a 80
milles.
M. HARDY: Avec les façons de calculer du député de
Labelle, dans le petit comté de Terrebonne que crée la loi 62, on
pourrait se ramasser avec 50 milles si je vais passer par le rang Saint-Roch et
la paroisse Saint-Louis-de-Terrebonne.
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président, j'ai passé par la
route 11 et la route 35.
M. HARDY: Dans la seule municipalité de
Saint-Louis-de-Terrebonne, actuellement il y a 32 milles de rues.
M. LAFONTAINE: Non, j'ai tout fait ce raisonnement et je n'ai pas
parlé du nombre de milles de rues. J'ai parlé du nombre de
chemins provinciaux parce que chemins est au pluriel et de
chemins municipaux. Il y en a 1,500 milles à l'heure actuelle dans le
comté de Labelle et il y en a à peu près 1,000 dans le
nord du comté de Terrebonne, de mémoire, cela donne 2,500 milles.
Je dis ceci mais je n'ai pas l'intention de faire une bataille parce que
même si j'essayais de faire une bataille, le comté de
Prévost a été adopté, le comté d'Argenteuil
a été adopté, le comté de Joliette a
été adopté, le comté de Papineau a
été adopté et le comté de Gatineau a
été adopté. Alors, je suis adopté partout. Il reste
une enclave et il me reste 28,000 électeurs. Je suis obligé de
m'en satisfaire parce qu'on n'en veut pas plus dans Gatineau, on n'en veut pas
plus dans Argenteuil et on n'en veut pas plus dans Prévost. De toute
façon, je fais simplement souligner que, pour la grandeur du territoire,
pour le nombre de routes, pour la personne qui va représenter ce
comté et pour les électeurs qui vont peut-être avoir une
certaine difficulté... C'est pour cela que j'essayais de faire
comprendre au député de Joliette, lorsque nous étions
à étudier le comté de Joliette, que le fait de desservir
le bout de Saint-Donat c'est une légère incartade que je
fais et je m'en sauve immédiatement était de nature bien
aléatoire parce que la population de Saint-Donat n'aura pas le service
que ces gens sont en droit d'obtenir. Ceci étant dit, je ne peux pas
faire autrement que de dire que je suis prêt à voter sur la motion
principale, c'est-à-dire l'article 50. Nous l'acceptons mais sur
division, je trouve que la population est trop grande pour le territoire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article 50 est adopté sur
division.
M. DEMERS: M. le Président, avant de l'adopter, est-ce que je
pourrais faire une remarque? Je tiens à avertir le député
de Labelle qu'en son absence le député de Terrebonne nous a
annoncé qu'il poserait probablement sa candidature.
M. LAFONTAINE: M. le Président, probablement que le
député Terrebonne a dit cela. C'est un genre de petite bravade
amicale parce qu'il savait que je n'étais pas là. Mais quand il
sait que je suis là, il ne vient pas.
M. DEMERS: C'était pour vous mettre au courant. Si vous avez des
précautions à prendre, on ne sait pas.
M. LAFONTAINE: Ce serait peut-être le candidat idéal.
M. SIMARD (Tëmiscouata): Un homme averti en vaut deux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 50, adopté sur
division.
M. LAFONTAINE: Le député de Terrebonne ne voudrait
certainement pas aller à un suicide.
M. HARDY: Nous revenons à Maskinongé.
M. DEMERS: Nous avons oublié une motion, M. le Président,
sur le comté de Labelle.
M. HARDY: Laquelle?
M. DEMERS: Elle est assez importante mais elle est adoptée?
M. HARDY: Elle est adoptée à l'unanimité. Vous
voulez absolument voter?
M. LAFONTAINE: Nous allons la laisser tomber. C'était la motion
de rattacher Saint-Donat au comté de Laurentides.
M. HARDY: M. le Président je me demande...
M. LAFONTAINE: Mais c'est adopté.
M. HARDY: D'autant plus, M. le Président, que je ne sais pas
comment...
M. LAFONTAINE: Vous avez jugé sur le comté de Joliette. Si
on avait accepté dans le comté de Joliette, il aurait fallu faire
un transfert de population parce que le futur député de Labelle,
quelle que soit la personne qui sera élue à la prochaine
élection, n'est tout de même pas un surhomme. Déjà
on l'a attelé avec un réseau routier épouvantable; on l'a
laissé avec un territoire qui est grand comme la province.
En plus de ça, on lui donne le territoire de ce qu'on appelle du
parc de la Montagne-Tremblante qui a des problèmes épineux, le
député de Terrebonne le sait. Non, mais c'était logique
que dans le nouveau comté, la municipalité de Saint-Donat soit
comprise; mais disons que la motion a été jugée quand nous
avons étudié le comté de Joliette et c'est pourquoi je ne
l'ai pas apporté.
M. HARDY: Maskinongé. M. DEMERS: M. Paul est en Chambre? M.
HARDY: Quand doit-il revenir? M. DEMERS: IL doit venir.
M. HARDY: Le député de Laviolette n'y est pas non
plus.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II vient de sortir.
M. HARDY: On peut lui donner quelques secondes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que quelqu'un va chercher le
député de Laviolette? Taillon n'est pas passé, est-ce que
vous êtes prêts à adopter le comté de Taillon?
M. DEMERS: Nous le réservons comme dessert.
M. HARDY: Le député de Saint-Maurice est ici, on pourrait
attaquer Saint-Maurice.
M. DEMERS: Le député de Saint-Maurice est ici et je suis
prêt. Si on n'a pas le coeur de défendre au moins nos
comtés, ça ne sert à rien d'être membres d'une
commission... Si on aime se faire attaquer.
M. HARDY: Article 97.
M. BRISSON: Le député de Saint-Maurice a
considéré que son nouveau comté était un
comté d'avantages, c'est-à-dire avantagé ou
avantageux.
M.HARDY: II me l'a dit d'ailleurs cet après-midi.
M. BRISSON: Ce n'est peut-être pas avantageux pour la
population.
M. DEMERS: M. le Président, le comté de Saint-Maurice, M.
le Président...
Présidents des commissions (suite)
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais reprendre la proposition du
président de l'Assemblée nationale qui soumet à
l'attention unanime, un projet global, les huit députés suivants
pour être présidents des commissions permanentes: MM. Arthur
Séguin, Robert Lamontagne, Julien Giasson, Roger Pilote, Fer-nand
Picard, Alfred Croisetière, Paul Lafrance, Aimé Brisscn. Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, sur cette motion, notre coeur a
balancé quant à la compétence disons qu'on va
être libéral de tous les présidents de cette banque
spéciale. Nous avons longuement discuté sur le sort que l'on
pouvait leur réserver en refusant totalement la liste de noms qui nous a
été soumise par l'honorable président de
l'Assemblée nationale. Il me fait plaisir de vous dire que nous avons
été unanimes, avec certaines remarques de bon aloi dans l'analyse
de la compétence, de la valeur, de l'efficacité de chacun de ces
présidents. Je dois vous dire, M. le Président, que vous avez
été classés à égalité, vous et
l'honorable député de L'Islet. Les autres n'étaient pas
loin derrière. Pas besoin de vous dire qu'il y avait le
député d'Iberville. On l'a mis dans une classe à part.
De toute façon, nous vous félicitons, vous et tous ceux
qui sont appelés à collaborer à faire avancer les travaux
de cette Chambre. C'est avec plaisir que nous nous rendons à
l'invitation du président de l'Assemblée et que nous acceptons
tous les noms qui nous sont suggérés. Quant aux
réticences, je ne veux pas les mentionner. Nous souhaitons la bienvenue
à ceux qui seront nouveaux dans cette banque, comme le
député de Jeanne-Mance. Nous regrettons le départ de ceux
qui ont été nommés sans avoir agi comme présidents.
A tous, nous souhaitons bon succès et ils pourront toujours compter sur
notre collaboration. Je comprends que des projets de loi 62, il n'y en a pas
beaucoup. Il y en a seulement un. Nous comprenons la faiblesse de quelques-uns.
Dans l'ensemble, c'est un excellent choix, surtout quand on considère
qu'on a reconnu l'esprit de travail, le dévouement, la
compétence, entre autres de l'honorable député
d'Iberville, ce qui nous encourage à collaborer avec tous les
présidents de cette banque. Il est regrettable que le
vice-président de l'Assemblée nationale ne puisse pas faire
partie de cette banque, parce que nous l'aurions également placé
dans cette banque, le président de nos commissions élues. Il
conviendra que c'est un beau témoignage à lui rendre. Nous avons
pensé qu'il devrait être dans cette banque.
M. LEDUC: M. le Président, nous sommes très heureux du
choix qu'a fait le président de l'Assemblée nationale de la
banque de présidents avec qui nous aurons à travailler au cours
des mois qui s'annoncent. La majorité d'entre eux ont déjà
eu l'occasion de présider des commissions parlementaires. Je pense que,
pour chacun d'entre eux, cela aura été une expérience
valable, une expérience humaine qui leur a fait réaliser que des
adultes, quelquefois, peuvent peut-être s'emporter, mais qu'au fond il
n'y a aucune méchanceté. Mes commentaires se rapportent à
tous ceux qui ont eu l'occasion de présider et je profite aussi de
l'occasion pour souhaiter bonne chance au nouveau président qui se joint
à la banque.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté unaniment.
M. LAFONTAINE: J'ai compris que le député de Laviolette
était dans la banque des présidents?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. Le député de
Jeanne-Mance.
M. BRISSON: Le jeune député de Jeanne-Mance, jeune et
brillant.
Comté de Saint-Maurice
M. RUSSELL : Le premier rapport du comté de Saint-Maurice,
à la page 14, je ne le trouve pas. Est-ce qu'il aurait été
aboli?
M. HARDY: II y a une erreur. Moi, aussi, j'ai cherché un peu. Au
lieu de 14, on devrait lire 10.
Il y a une modification entre le premier et le deuxième
rapport.
UNE VOIX: Quel comté?
M. HARDY: Le comté de Saint-Maurice. Suite à des demandes
formulées et par l'honorable député de Saint-Maurice et
par le Parti québécois.
M. DEMERS: Cela fait une association.
M. HARDY: La commission indépendante a cru bon de se rendre aux
recommandations de l'honorable député de Saint-Maurice et
à celles formulées par le Parti québécois.
M. RUSSELL: Est-ce qu'on ne pourrait pas obtenir l'approbation du
Ralliement créditiste?
M. HARDY: M. le Président, le Ralliement créditiste semble
ne pas avoir d'opinion à formuler au sujet de ce comté, tel que
décrit dans le premier rapport Drouin, ou le Ralliement
créditiste considérait que le comté de Saint-Maurice, tel
que décrit dans le premier rapport Drouin, correspondait à ce
qu'il considère être les normes, les critères.
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre que
nous sommes en
train de discuter du deuxième rapport Drouin?
M. HARDY: Non, M. le Président. Je donne simplement comme
explication quelles sont les différences entre le premier et le
deuxième rapport Drouin.
M. LAFONTAINE: Oui, mais la différence entre le deuxième
rapport Drouin et la loi?
M. HARDY: Aucune.
M. LAFONTAINE: Aucune. Je regrette, M. le Président. Dans le
premier rapport Drouin je reviens sur l'article qui vient d'être
adopté le nom du comté proposé à l'article
50, c'est le nom de Labelle. Dans le deuxième rapport
c'était...
M. HARDY: M. le Président, on est rendu dans Saint-Maurice.
M. LAFONTAINE: Cela se comprend, mais c'est parallèle... Vous
dites qu'il n'y a pas de changement entre le deuxième rapport et la
loi.
M.HARDY: Non, M. le Président. Je n'ai pas dit cela pour le
comté de Labelle. J'ai dit cela pour le comté de
Saint-Maurice.
M. LAFONTAINE: Quand cela fait l'affaire, on prend...
M. HARDY: M. le Président, je tente toujours de faire en sorte
que mes propos soient pertinents au paragraphe que nous étudions.
M. LAFONTAINE: Autrement dit un argument est pertinent pour tel
paragraphe, et non pertinent pour un autre.
M. HARDY: C'est-à-dire...
M. LAFONTAINE: Les critères changent selon les lieux de la
province où on se trouve.
M. HARDY: Pas les critères généraux. M. LAFONTAINE:
C'est...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, si je comprends bien, nous serions en
train d'étudier le comté de Saint-Maurice, paragraphe 97, je
crois.
M. RUSSELL: C'est ça.
M. DEMERS: A la page 178 de la loi et les références au
premier rapport seraient à la page 115 et deuxième rapport,
à la page 45.
Le premier, antérieurement, avant le grand dérangement, le
comté de Saint-Maurice com- prenait une population de 38,085
électeurs. Au premier rapport, émis par la commission
indépendante, le nombre tombait à 29,956. Et au deuxième
rapport, ainsi qu'à la loi, la population du comté de
Saint-Maurice sera de 29,336.
Le député de Terrebonne a fait, tantôt, écho
à ma demande à l'endroit de la commission indépendante,
demande qui a été acceptée. J'ai fait, en effet, une
demande à la commission indépendante, j'ai la copie du texte
à mon bureau, je pourrai la produire si on insiste. Elle
s'énonçait comme ceci. J'insistais pour que la première
description, celle qui prévaut actuellement, demeure. Comme
j'étais convaincu qu'il n'en serait pas ainsi et qu'il fallait bien, se
rapportant aux normes, laisser partir une partie de ce comté pour
pouvoir permettre la survie d'un comté voisin qui, sans le nombre voulu,
ne pouvait plus, d'après les exigences de la commission
indépendante, exister, j'ai dit, dans ma demande à la commission,
que je voudrais que le comté de Saint-Maurice contienne dans ses limites
les villes de Shawinigan, Shawinigan-sud, Baie-Shawinigan,
Saint-Gérard-des-Laurentides et qu'on y ajoute
Saint-Boniface-de-Shawinigan qui, dans le premier rapport, était
renvoyée dans Maskinongé et qu'on enlève de ce
comté la municipalité de Saint-Narcisse qui était dans le
comté de Champlain et la municipalité de
Saint-Théophile-du-Lac-à-la-Tortue qui était dans le
comté de Laviolette, et que j'accepterais, pour faire un nombre qui
était approximativement acceptable tout près de 30,000
électeurs la paroisse de Notre-Dame-du-Mont-Carmel.
Le Parti québécois a abondé dans le sens de ma
deuxième proposition. Il restera toujours dans mon esprit que les cadres
actuels du comté de Saint-Maurice représentaient pour moi
l'idéal et que je n'ai pas été chanceux autant que le
député de Hull, le député de Gatineau, le
député de L'Assomption qui lui, fut supérieurement
chanceux. Vaudreuil-Soulanges, le hasard l'a favorisé, les
Iles-de-la-Madeleine, comté fait à la mesure du whip... et,
naturellement des îles.
M. le Président, à mon avis on a dérangé
énormément le comté de Saint-Maurice dans son contexte
sociologique, économique et touristique. On fait de Shawinigan, du
comté de Saint-Maurice, un comté urbain alors que c'était
un comté semi-urbain à population mixte.
J'avais fait valoir, dans le temps, que la ville de Shawinigan
était née des paroisses environnantes: Saint-Boniface,
Sainte-Flore, Mont-Carmel, qu'on avait voulu défaire et détruire
ce que les années avaient érigé, ce que les coutumes
avaient établi et que je n'avais aucune félicitation à
faire à cette commission indépendante qui, pour obtenir certaines
normes en d'autres endroits, avait sacrifié...
M. HARDY: Par une loi adoptée par le Parlement.
M. DEMERS: Que ce soit donné par qui
vous voudrez, donné par le gouvernement et tripoté par le
gouvernement, si vous en voulez, nous allons vous en donner...
M. HARDY: Par le Parlement, par une loi adoptée à
l'unanimité par la Chambre.
M. DEMERS: M. le Président, classons l'affaire de la loi
adoptée à l'unanimité par la Chambre et reprenons les
remarques et les recommandations de chacun des députés. Reprenons
et retenons surtout celles qui ont été retenues. Lorsqu'on voit
que, dans le comté de Papineau, on a tenu compte de la recommandation du
député, un point c'est tout; lorsque dans Argenteuil on a fait fi
des recommandations de la commission qui pourtant avait reçu un
mandat...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne sur
un point de règlement.
M. HARDY: Comment le député de Saint-Maurice peut-il dire
que l'on a fait fi de la recommandation du rapport de la commission
indépendante dans la loi, quant à Argenteuil?
M. DEMERS: Dans Argenteuil, au sujet du nom, M. le Président.
M. HARDY: M. le Président, quant à ça, ce n'est pas
le seul cas, Argenteuil. La loi, quant au nom encore une fois je le
répète, le parrain de la loi...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Labelle sur un
point d'ordre.
M. LAFONTAINE: Ce n'est pas une loi, M. le Président, c'est un
projet de loi, parce que ce n'est pas encore adopté. D'ailleurs, le
député de Terrebonne va s'en rendre compte, que ce n'est pas
encore adopté.
M. HARDY: M. le Président, le parrain du projet de loi a fait une
consultation quant aux noms des comtés qui seraient
désignés dans le projet de loi 62. C'est pour une raison bien
simple je pense que j'ai déjà eu l'occasion de le dire
c'est qu'alors que les frontières peuvent avoir des incidences
sur le plan politique, la question de nom est une question neutre à ce
sujet. Il y a moins de conséquences à ne pas respecter les
recommandations de la commission indépendante sur la question des noms
que sur la question des frontières.
Le parrain du projet de loi a respecté à je le dis
encore quatre minimes exceptions près, le rapport Drouin dans la
loi. Quant aux noms il a respecté la volonté des
députés concernés.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je ferais remarquer à mon
honorable ami que la commission pouvait s'écarter des règles
énoncées pour des considérations d'ordre
démographique, géographique, telles que la très faible
densité de la population, le taux relatif de croissance de la population
d'une région, son accessibilité, sa superficie et sa
configuration.
Il y avait cette possibilité pour cette commission. Je ne lui en
fais pas grief. Il y avait cette possibilité, lorsque ça
défigurait le tout démographique d'une région de laisser
les choses telles qu'elles étaient.
Mais, même si j'épiloguais toute la nuit, même si je
sortais tous les arguments, alea jacta est, le sort en est jeté.
M. HARDY: Comme disait le notaire Le Potiron.
M. LAFONTAINE: Dans les beaux pays d'en haut.
M. DEMERS: Comme disait Virgile, M. le Président, dans
l'Enéide.
Alea jacta est, le sort en est jeté.
Ne riez pas, vous! c'est censé être sérieux ici.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais vous informer d'un changement.
M. Hou-de (Fabre) remplace M. Carpentier (Laviolette).
M. CROISETIERE: Le député de Laviolette ne sera pas
présent.
M. LAFONTAINE: Un autre "kidnapping", M. le Président?
A l'égal du député de Papineau.
M. DEMERS: M. le Président, nous devons nous rendre à
l'évidence; je me serai battu, j'aurai défendu le point.
Les gens du comté de Saint-Maurice, je les ai rencontrés;
j'ai rencontré le conseil de comté, mercredi soir, à
Yamachiche, les 13 maires du conseil de comté de Saint-Maurice. Et, je
ne vous apprendrai rien en vous disant que ça ressemblait terriblement
à la dernière classe de français d'Alphonse Daudet. A ces
gens qui étaient habitués de vivre avec une économie
axée sur Shawinigan, faisant affaires avec un député
depuis des temps immémoriaux, à Shawinigan, j'ai dit: Je vous
reverrai, mais plus comme député. Le gouvernement de votre
province en a ainsi décidé. Si on se rappelle dans la
dernière classe d'Alphonse Daudet, c'était les Prussiens qui
avaient décidé qu'on ne parlerait plus français. La
même chose se produit dans Saint-Maurice. Ce ne seront plus les gens du
comté qui décideront. Ce sera ce gouvernement tout-puissant qui
dira aux gens de Saint-Maurice: Ah non! Vous n'irez plus à Shawinigan,
vous irez à Maskinongé. Vous ne ferez plus affaires à
Shawinigan où toujours vous avez été bien servis; fini,
les frères ne
reconnaîtront plus leurs frères et ce seront des
étrangers dans la patrie.
M.HARDY: M. le Président, est-ce que le député de
Saint-Maurice me permet une question?
M. DEMERS: Oui, monsieur.
M. HARDY : En l'écoutant parler ainsi, je me demande presque s'il
ne considère pas que le collège électoral a des
barrières tarifaires, douanières, et que ça n'exige pas un
passeport pour passer d'une circonscription à l'autre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je répondrai en disant qu'il
n'y a pas de barrière tarifaire. Ce n'est pas la séparation. Il
n'y aura pas de barrière tarifaire entre moi et le député
de Maskinongé. C'est réel.
M.PAUL: Nous avons même arrêté un
événement que nous marquerons dans le cours du mois de janvier.
Oui, si vous avez le courage de vous présenter.
M.HARDY: J'aime les situations difficiles. M. PAUL: Vous avez besoin
d'être en santé!
M. LAFONTAINE: II serait mieux d'être assisté par son
père politique.
M. DEMERS: Oui, je vous conseillerais d'emmener votre père
politique et votre grand-père politique. Cela va prendre les deux.
M. LAFONTAINE: II les a reniés tous les deux ce matin.
M. DEMERS: Même, si vous les avez reniés tous les deux.
M.HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. DEMERS: Je m'excuse, je retire mes paroles, M. le
Président.
M. LAFONTAINE: Moi, je ne les retire pas, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY : M. le Président, j'invoque le règlement. En
aucun temps ni ici ni ailleurs, je n'ai renié ceux qui m'ont
enfanté et par la chair et par l'esprit.
M. LAFONTAINE: Dans la douleur.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pauvre mère!
M. LAFONTAINE: Vous êtes certainement un cas de césarienne
!
M. HARDY: M. le Président, ce matin j'ai eu l'occasion de dire ce
que je pensais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela veut dire que c'est une
présentation du siège !
M.HARDY: ... de ceux qui m'avaient précédé comme
députés du comté de Terrebonne et le fait d'adopter une
certaine attitude à l'endroit de motions bien précises n'a rien
à voir avec l'estime et l'admiration que je nourris à l'endroit
de ces personnes.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Trois-Rivières.
M. LAFONTAINE: ... ce n'était pas un point de
règlement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est un testament.
M. BACON: Je ne sais pas si le député de Saint-Maurice me
permettrait une question.
M. DEMERS: Autant que vous voudrez.
M. BACON: Vous parlez de Yamachiche, pour cette partie de votre
comté, Yamachiche vis-à-vis de Shawinigan. Vous ne pensez pas,
quand même, que Yamachiche est plus attirée vers Louiseville que
vers Shawinigan? Je pense que le député de Saint-Maurice est un
gars avec qui ont peut très bien s'entendre. Il reste quand même
qu'il se fait plus de commerce Yamachiche-Louiseville que
Yamachiche-Sha-winigan.
M. DEMERS: Je répondrai à mon collègue de
Trois-Rivières qu'être député, n'est pas une affaire
de commerce.
M. BACON: Non, non, sans passion... M. DEMERS: Pas dans ma
conception.
M. BACON: Le député de Saint-Maurice, je pense, est
capable de s'élever au-dessus du débat. Je comprends que le
changement de la carte électorale en fait on l'a dit, cela fait
100 ans que cela n'a pas été changé apporte
sûrement des modifications majeures et ça représente des
changements dans les habitudes des gens. Je me demande un peu si les gens,
quand même, n'ont pas précédé un peu ces changements
d'habitudes.
Je pense que les gens de Yamachiche vont plus à Louiseville
actuellement pour beaucoup
de raisons: commerce, consultations professionnelles, etc., et ils
viennent même peut-être plus à Trois-Rivières qu'ils
vont à Shawinigan. Quant au patelin de Yamachiche et des alentours, les
gens vont quand même plus à Louiseville et à
Trois-Rivières qu'ils vont vers Shawinigan. Quelle est l'opinion du
député de Saint-Maurice?
M. HARDY: D'ailleurs, il y a un exemple célèbre à
ce point de vue. Quand Nérée Duplessis est parti de Yamachiche,
il est allé à Trois-Rivières et non à
Shawinigan.
M. BACON: M. le Président, j'ai posé une question au
député de Saint-Maurice. Je sais qu'il va me répondre
très bien d'ailleurs.
M. DEMERS: Si on m'en donne le loisir, j'y répondrai. Il est
évident que pour les gens de Yamachiche, qui sont à huit ou neuf
milles de Louiseville, leur déversoir économique, il est bien
là. Et je n'aurais fait aucune chicane si on avait pris les
municipalités de Yamachiche et de Saint-Sévère pour les
envoyer avec une ou deux autres dans le comté de
Maskinongé, mais tel n'est pas le cas. On s'approche de
Shawinigan...
M. BACON: Que le député me réponde sur...
M. DEMERS: J'ai répondu. J'ai dit que c'était
évident que le commerce était orienté beaucoup plus de
Yamachiche vers Louiseville. C'est contigu.
M. BACON: Quand vous dites Saint-Sévère, vous êtes
pas mal loin en arrière.
M. DEMERS: Non. Je suis à six milles.
M.PAUL: II y a seulement la rivière du Loup qui
sépare...
M. BACON: II y a un lac qui se forme quand même.
M. DEMERS: II n'y a pas de lac. J'ai répondu au
député de Trois-Rivières en lui disant...
M. LAFONTAINE: Les gens de Saint-Sévère vont au salon
mortuaire à Yamachiche.
M. DEMERS: C'est cela. Les gens de Saint-Sévère sont
exposés à Yamachiche.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'ai répondu, je pense, au point de vue du
commerce.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il est permis de mâcher du
"chewing-gum" en commission parlementaire?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'ai fait des recherches dans les
règlements à ce sujet...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mâchez. Cela va vous donner du
souffle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Pour les raisons que j'ai énumérées, je
me rends à la dernière recommandation que j'ai formulée.
Toutefois, il y a une irrégularité criante. La
municipalité de Saint-Mathieu-du-Lac-Bellemare, dans le comté de
Saint-Maurice, sise à proximité de Saint-Gérard,
isolée en flanc de montagne, devrait, d'après le dernier rapport
et la loi, faire partie de la municipalité du comté de
Maskinongé. Les gens n'ont pas d'objection, connaissant la
qualité du député actuel de Maskinongé, mais cela
les oblige à faire un détour extraordinaire passer par
Boston pour aller à Montréal car pour ces gens leur
déversoir économique est Shawinigan qui est située
à onze milles de chez eux. Il y a 136 électeurs. Cela n'atteint
pas beaucoup de monde. Cela rend service strictement aux contribuables de cette
municipalité. On m'a demandé de faire l'impossible pour les
rattacher à Shawinigan. Mon collègue voisin les perdrait. Mais
devant les prémisses énoncées par le député
de Terrebonne, à savoir que c'était la voix des
députés qui avait préséance, je me demande pourquoi
on ne se rendrait pas au désir formulé par les contribuables de
Saint-Mathieu-du-Lac-Bellemare, comté de Saint-Maurice, de rattacher
cette municipalité au comté de Saint-Maurice, en la
détachant du comté de Maskinongé tel que le prévoit
la loi.
M. BACON: C'est voisin de Saint-Gérard? M. DEMERS: Oui.
M. HARDY: Je m'excuse. J'écoutais le député de
Saint-Maurice tout en consultant des documents. Est-ce que la proposition du
député de Saint-Maurice concerne uniquement la
municipalité de Saint-Mathieu?
M. DEMERS: II faut que cela forme un tout avec...
M. HARDY: A quelle place l'enverriez-vous?
M. DEMERS: Dans Saint-Maurice.
M.HARDY: M. le Président, après avoir écouté
attentivement le député de Saint-Maurice, je pense que sa
proposition mérite d'être retenue. Pour ma part, je serais
prêt à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. M. PAUL: Saint-Mathieu.
M. DEMERS: Je remercie la commission. Je remercie le représentant
du gouvernement. C'est un des premiers miracles du frère
André.
M. BACON: Vous vous en venez parmi les chanceux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Paragraphe 97. Saint-Maurice.
M. LAFONTAINE: L'attitude du député de Terrebonne a
changé parce qu'il voit venir minuit avec beaucoup
d'appréhension. C'est à partir de ce moment-là que le
remords va le prendre et qu'il va le poursuivre dans tout le
Québec...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Paragraphe 97, Saint-Maurice,
adopté?
M. LAFONTAINE: ... plus compréhensif.
M. BACON: ...on n'a pas parlé, laissez-nous donc parler.
M. DEMERS: M. le Président, avant d'adopter cet article, je pense
qu'il serait décent que je puisse consulter mon collègue voisin,
le député de Maskinongé, sur cette décision, parce
que je lui enlève quelque chose de son comté. Jaime-rais aussi
pouvoir en parler à mon voisin de Laviolette, mais comme il est
absent... Si vous pouvez lui faire le message... Je ne voudrais pas qu'il
émette des objections. Notre compagnonnage est excellent. Il est mon
voisin et je n'aime pas aller piger dans...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Taillon.
M. LEDUC: Si le député de Saint-Maurice me le permet, le
député de Laviolette a dû quitter d'urgence tantôt,
pour une question très personnelle, ce qui fait qu'il n'a pas pu
demeurer à la séance de la commission parlementaire. Mais il y
était, comme vous l'avez remarqué, il y a quelque temps.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: II a été obligé de s'absenter. Parce
que nous aurions aimé passer son comté. Nous avons plusieurs
amendements importants et je crois que ce sera regrettable. Je suis convaincu
qu'il aurait appuyé nos amendements. Dans le contexte actuel, nous
allons être obligés de nous soumettre.
M. HARDY: M. le Président, nous pouvons continuer. Il est
possible que le député de Laviolette puisse être de nouveau
parmi nous avant la fin des travaux.
M. DEMERS: Le comté de Saint-Maurice, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Vous ne sauriez croire comme la population actuelle du
comté de Saint-Maurice qui se voit détachée et qui perd
son député est traumatisée, en raison du
dévouement, de l'accessibilité de son député
actuel. Nous avons parcouru ensemble une grande partie du comté de
Saint-Maurice dans le cours de l'été. J'ai constaté tout
le respect qu'ils avaient à l'endroit d'un homme au caractère
jovial, au dévouement inlassable et qui, vingt-quatre heures par jour,
répond aux besoins de ses électeurs. Je me sens indigne de
remplacer avec autant d'efficacité le député de
Saint-Maurice. Je n'ai pas besoin de vous signaler, cependant, toute la joie
que je ressens à recevoir, dans le comté de Maskinongé, un
groupe aussi intelligent d'électeurs qui, lors des dernières
élections, offrait à mon collègue, le député
de Saint-Maurice, une majorité de 1,900 voix environ. Vous comprendrez,
M. le Président, que, pour moi, ce n'est pas un sacrifice que de les
accepter. Nous avons planifié, parce que nous savons que, finalement,
cette loi inique sera adoptée par l'Assemblée nationale et,
lorsqu'elle l'aura été, M. le Président, nous avons
l'intention, mon collègue député de Saint-Maurice et
moi-même, de convoquer la population des comtés de Saint-Maurice
et de Maskinongé. Nous aurons alors l'avantage d'expliquer en
détail toutes les implications de cette loi. Je suis certain que
l'honorable député de Terrebonne sera le bienvenu à cette
réunion. Nous nous chargeons même de lui fournir les gardes du
corps nécessaires.
M. HARDY: M. le Président, si le député de
Maskinongé savait qu'en fonction de cela, j'ai parfois rencontré
des auditoires hostiles, mais, habituellement, quand je leur en avais
expliqué le bien-fondé, je repartais presque d'une façon
triomphale.
M. PAUL: Oui. Peut-être que les gens vous recevront très
bien. Ce sont des gens bien éduqués chez nous, dans notre
région, mais ce sont des gens qui tiennent à leur passé,
qui tiennent à leur entité géographique, qui tiennent
à leurs traditions, surtout lorsqu'ils apprendront que celui qui parlait
au nom du gouvernement n'était nul autre que le vice-président de
l'Assemblée nationale.
Ils n'ont pas été habitués à une telle
école parce que le président du Conseil législatif,
l'honorable Jean-Louis Baribeau, ne participait jamais aux débats de
l'Assemblée nationale...
M. HARDY: Evidemment puisqu'il était au Conseil
législatif.
M. PAUL: Un instant, un instant. Le député actuel du
comté de Maskinongé a reçu des éloges assez
marqués de la part de ceux qui ont siégé du
côté de l'Opposition de 1966 à 1970.
M. LEDUC: Cela a bien changé depuis.
M. PAUL: C'est effrayant comme ils apprécient davantage leur
député quand ils constatent avec quel acharnement il essaie de
faire bouger ce gouvernement amorphe, sans échine qui n'a offert
à la population du Québec...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Article 97, Saint-Maurice.
M. PAUL: Ecoutez, M. le Président, je vous dis que ç'a
changé, c'est vrai. Je parle de la population de Saint-Maurice.
M. LEDUC: Les éloges à votre égard ont
changé depuis 1968.
M. PAUL: Non, parce que je réalise que même le
député de Taillon, un jour, dans sa
générosité, m'a rendu un brillant hommage. J'y ai
été sensible. Lors de la dernière élection dans mon
comté, tout ce que j'ai fait, j'ai tiré du journal des
Débats tous les témoignages d'appréciation...
M. HARDY: Vous avez quasiment fait comme un créditiste.
M. PAUL: Non, non. Mais j'ai réussi à augmenter ma
majorité de 53.6 p.c.
M. BACON: Vous n'aviez pas pris l'exemple sur l'ancien
député de Champlain...
M. PAUL: Absolument pas.
M. HARDY: En entendant le député de
Maskinongé...
M. LEDUC: M. le Président...
M. PAUL: Pas trop de questions. Je reviendrai à vous. A tout
seigneur, tout honneur.
M. HARDY: M. le Président, en entendant le député
de Maskinongé faire ainsi son éloge...
M. PAUL: Non, non, non.
M. HARDY: ... je me demande si, contrairement à d'autres qui ont
attendu d'être morts pour s'élever un monument, il n'est pas en
train de s'en élever un lui-même.
M. PAUL: Absolument pas! Excepté que cela permettra à la
population de juger le député de Terrebonne, s'il vient à
cette réunion, quand nous lui expliquerons son attitude ou son
indépendance, sa logique dans la présentation de cette loi.
M. HARDY: J'espère que vous lui expliquerez qu'à un moment
donné, pendant l'étude de la motion de deuxième lecture de
cette loi, alors que le vice-président occupait le fauteuil et qu'il
était appelé à décider sur un point de
règlement où les deux thèses étaient presque
également valables, la thèse du leader du gouvernement et celle
de l'Unité-Québec, l'actuel vice-président de la Chambre a
délibérément jugé, même s'il était
convaincu que les deux thèses étaient également
défendables et valables, a délibérément choisi de
donner raison au parti de l'Opposition prétendant que c'est son
rôle, comme président de la Chambre, en cas de doute, de favoriser
l'Opposition.
M. PAUL: Vous allez admettre, M. le Président, que vous n'avez
pas eu grand mérite cette fois-là. Parce que votre situation
était la même que pour celui qui prend une action en dommages
à la suite d'un accident d'autombile, mais qui ne fait jamais signifier
son action. Cela ne cause pas grand dommage à celui à qui on
destinait son action. C'est la même chose, parce qu'il n'y avait
pas...
M. BERTHIAUME: J'invoque le règlement. M. PAUL: Je réponds
au député.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Napierville sur
une question de règlement.
M. PAUL: Cela va être beau, surtout avec les chemins qu'on a dans
ce coin.
M. BERTHIAUME: M. le Président, il me semble qu'on est pas mal
loin du projet de loi no 62.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On est même très loin.
M. BERTHIAUME: C'est ça.
M.HARDY: M. le Président, j'ai cru comprendre qu'il était
dans l'ordre de la loi 62, mais...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Moi, je comprends qu'on revient à
l'article 97...
M. HARDY: J'ai cru comprendre que nos honorables amis qui siègent
à votre gauche n'avaient plus tellement d'autres choses à dire
sur l'ensemble de la loi.
M. PAUL: Oh! un instant.
M. HARDY: C'est pour ça qu'ils peuvent se permettre d'être
hors d'ordre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 97, Saint-Maurice. Le
député de Maskinongé.
M. PAUL: Très bien, vous reconnaissez les valeurs, M. le
Président, je vous félicite. Je disais donc que pour le
comté de Saint-Maurice, c'est
extrêmement regrettable que cette loi soit
présentée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous proposez de changer le
nom?
M. PAUL: De changer le nom? Non, M. le Président.
M. DEMERS: On ne peut pas changer la rivière.
M. BACON: Vous ne voulez pas Chapleau?
M. PAUL: Surtout que vous n'êtes pas la tête à
Chapleau. Alors, je dis donc...
M. BACON: Moi, je ne prétends pas...
M. PAUL: Je me réjouis quand même de cette
libéralité forcée de mon collègue, le
député de Saint-Maurice qui viendra assurer davantage ma
réélection lorsque le gouvernement actuel décidera d'en
appeler au peuple.
M. BERTHIAUME: Est-ce une société d'admiration mutuelle
qu'on est en train d'observer?
M. PAUL: Vous n'êtes même pas capable de vous trouver un
compagnon pour former une telle société.
M. BERTHIAUME: Les électeurs sont satisfaits. Cela me satisfait,
M. le Président.
M. PAUL: Nous pourrions même former une corporation parce que nous
sommes trois au moins.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est une question assez pertinente dans
les débats, en ce sens que certains électeurs de Sainte-Marie
s'en vont dans le comté de Maskinongé.
M. PAUL: Voyez-vous le déménagement que cela voudrait
dire, M. le Président?
M. LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est peut-être l'appel en
même temps que l'adieu.
M. PAUL: Nous n'aurons pas besoin de camions Brink's pour changer ces
électeurs d'un comté à l'autre. Je ménage tous les
compliments que ma générosité m'inviterait à
adresser à l'honorable député de Saint-Maurice pour
l'excellent travail qu'il a accompli depuis qu'il représente les
électeurs de son comté. De toute façon, pour ne pas
blesser davantage l'humilité de mon collègue, quant à moi,
je suis prêt à adopter cet article.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article 97. Adopté.
M. PAUL: Adopté. M.HARDY: Adopté.
Comté de Maskinongé
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article suivant. Maskinongé. Le
député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, sur cet article, je me suis
interrogé depuis quelques jours. Je vous avoue que je ne suis pas
arrivé à une réponse définitive. Je ne suis pas
arrivé à une certitude, mais je me suis interrogé et je
pense qu'à l'occasion de l'étude de ce comté, je vais
faire part à haute voix des interrogations qui m'ont animé
récemment. Je sais que le comté de Maskinongé est un
comté qui est particulièrement caractérisé par sa
pensée conservatrice. Je pense qu'au cours de l'histoire tant sur le
plan provincial que fédéral, les électeurs de ce
comté ont d'une façon assez marquée acordé leur
confiance à la pensée, au programme et aux hommes...
M. PAUL: Et soyez sans inquiétude.
M. HARDY: ... qui étaient d'allégeance conservatrice.
Pour ces faits d'abord, et parce que, jusqu'à maintenant, les
circonstances n'ont pas voulu que nous puissions appeler un comté du nom
d'un grand premier ministre conservateur, Sir Adolphe Chapleau, je me demande
s'il n'y aurait pas lieu de changer le nom de Maskinongé pour
l'appeler...
M. PAUL: Soyez bien à l'aise.
M.HARDY: ... comté Chapleau. Evidemment, je suis réticent
parce que je ne suis pas le porte-parole autorisé de ce comté. Je
n'ai pas eu l'occasion de consulter la population de Maskinongé. Je ne
sais pas de quelle façon cette idée serait reçue dans la
population.
M. DEMERS: Pas plus mal que les autres.
M. HARDY: A cause de mon désir très grand de ne jamais
imposer quoi que se soit à une population...
M. DEMERS: Hé, messieurs!
M. HARDY: ... pas plus à la population que je représente
qu'à celles des autres comtés, je m'abstiens de faire une
proposition formelle mais je vous avouerai...
M. PAUL: Vous êtes assez hardi pour le faire.
M. HARDY: ... que si le porte-parole autorisé, le
député actuel de Maskinongé proposait
d'appeler son comté Chapleau, c'est avec plaisir que je me
rallierais à cette motion.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député de
Maskinongé me le permet, vu que je pourrais faire aussi une motion comme
le député...
M. HARDY: Non, non...
M. LAFONTAINE: Je pourrais peut-être parler d'une motion possible
à faire. Mais je m'en garderais bien de le faire à moins d'avoir
l'assentiment de mon collègue le député de
Maskinongé, mais on pourrait peut-être appeler le nouveau
comté et je n'en fais pas de motion formelle,
Maskinongê-Les-Laurentides, parce que je pense...
M. PAUL: Saint-Alexis, Saint-Didace, Saint-Edouard...
M. LAFONTAINE: Saint-Edouard, est-ce dans les Laurentides?
M. PAUL: C'est dans les Laurentides.
M. LAFONTAINE: Je ne ferai pas une telle proposition. Je pense bien que
nous pourrions aussi l'appeler Chapleau, mais comme les cendres de Chapleau
sont...
M. HARDY: Au cimetière de la Côte-des-Neiges, à
Montréal.
M. LAFONTAINE: Alors il faudrait revenir sur la ville de
Montréal, M. le Président.
M. CROISETIERE: J'aurais une question à poser au
député de Terrebonne. Le fantôme de Chapleau hante ses
nuits. Vous tenez à l'adoption de ce projet de loi.
M. HARDY: Lui au moins, il avait des nuits hantées.
M. CROISETIERE: Absolument.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: Vous savez que depuis hier, nous avons le bâillon; nous
avons encore, pour deux heures, la tête sur des billots. Si, avec sa
majorité, le gouvernement décide de faire une motion, qu'on la
présente. Qu'on la présente!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je n'ai pas de motion.
M. PAUL: Vous n'en avez pas. Si vous n'en avez pas, c'est très
bien.
M. HARDY: M. le Président, je répète que j'ai trop
de respect.
M. PAUL: Je vous remercie pour le respect.
M. HARDY: A maintes reprises, j'ai affirmé ici à cette
commission qu'évidemment, compte tenu des normes et de tous les facteurs
à respecter pour les caractères secondaires qui n'entraient pas
en contradiction avec le caractère principal qui est la norme
démographique, j'ai toujours considéré que le
député était le porte-parole autorisé. C'est pour
ça que je m'abstiens, même si j'en avais le vif désir, de
faire une motion en bonne et due forme. Mais encore une fois, je
répète que, si le député de Maskinongé veut
vraiment rendre hommage à Chapleau...
M. PAUL: Je dois vous dire que j'admire les bonnes intentions du
député de Terrebonne de vouloir placer Chapleau quelque part,
mais quant à moi, je suis encore prêt à le lui laisser sur
les bras quelque temps.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, pauvre Chapleau...
M. SIMARD (Témiscouata): II a de la misère à le
brancher.
M. DEMERS: ...Sir Adolphe, va s'être promené dans ce
ramaniement de la carte électorale. La première fois que je l'ai
rencontré, c'était dans le nord, dans la région de
l'Outaouais. Chapleau est parti de là; il est descendu
graduellement...
M. HARDY: II a 190 milles.
M. DEMERS: ...il a modéré à Argenteuil, il a failli
s'y accrocher...
M. CROISETIERE: II a fait de la drave.
M. DEMERS: ...il est revenu au gré des billots puis de la pitoune
sur la Gatineau. Il aurait dû s'y arrêter. On en a parlé un
peu ce matin. A L'Assomption on en a parlé très peu, mais dans le
comté de Prévost, l'ombre de Chapleau hantait les lieux. Lorsque
nous voulions prénommer ce comté du nom de Bertrand ou de David
Bertrand d'abord l'honorable député de Terrebonne a
dit qu'il était contre les vivants mais qu'il était pour les
morts. Nous avons proposé, après, le nom d'Athanase David, ancien
secrétaire de la province; c'est un mort trop frais. Ce furent les
arguments puis on viendra se scandaliser quand ces gens sont censés
être sérieux; puis on ira crier en Chambre que moi et mon
compagnon de Labelle pouvons remplacer Deschamps à un programme de
télévision.
Ne riez pas, si c'est triste. Prenez votre air sérieux.
Habillez-vous en veuve puis promenez-
vous, si c'est censé être ça, une commission
parlementaire.
M. le Président, je troupe que Chapleau qui arrive dans ma
région, ça commence à faire un voyage. J'ai pensé
tantôt qu'il tomberait dans les chutes du Saint-Maurice; mais là
vous allez le porter en terre ferme à Maskinongé. Je n'ai pas
d'objection, mais probablement que le député de Terrebonne a des
problèmes de conscience. Il sait qu'il est le responsable de
l'échauffourée que les membres de Chapleau viennent de subir.
Chapleau fut un grand premier ministre, orateur extraordinaire, conservateur
comme le député de Terrebonne l'était aussi longtemps
qu'il a eu l'âge de raison. Lorsqu'il rencontra son honorable ami, le
député, l'ancien Secrétaire de la province, il
déclarait qu'il était sans attache politique alors que le
député, Secrétaire de la province, l'honorable Lionel
Bertrand disait: Alors que je savais pertinemment qu'il était
conservateur teint. Dans ce temps, il ne l'aurait pas hai" Chapleau comme
voisin; là, il renvoie ça dans le comté de
Maskinongé. M. le Président, qu'il en fasse une motion, on la
débattra.
UNE VOIX: J'ai mon voyage. M. PAUL: Faites attention...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Paragraphe 61, Maskinongé,
adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. BRISSON: M. le Président, est-ce qu'on pourrait savoir ce
qu'en pense le député de Maskinongé?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Jeanne-Mance.
M. PAUL: M. le Président, on m'invite à parler de
Chapleau. Je ne faisais pas de motion.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II n'y a aucune motion.
M. PAUL: J'ai beaucoup de respect pour Chapleau, vous savez.
M. LAFONTAINE: M. le Président, je vous ferai remarquer que
Chapleau tout à l'heure était en drave et qu'il vient de passer
en face de Maskinongé; il est rendu en face de
Trois-Rivières.
M. PAUL: II n'est pas arrêté, M. le Président, il
n'a pas pris la rivière du Loup.
M. SIMARD (Témiscouata): Là, ça va bien, il s'en va
en descendant le courant, mais quand il va remonter...
M. PAUL: Comme il est rendu près de Trois-Rivières, je ne
voudrais pas qu'il remonte le courant.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
Paragraphe 61, Maskinongé. Adopté?
DES VOIX: Adopté. M.PAUL: Un instant.
M. DEMERS: M. le Président, pourrait-on me donner la page du
comté de Laviolette dans le premier et le deuxième rapport
c'est ce que nous allons chercher parce qu'il y a une recommandation qui
a été faite par le député de Laviolette pour
distraire du comté de Maskinongé ce qu'il y a du parc Mastigouche
et tout l'introduire dans le comté de Laviolette? J'ai lu ça
quelque part dans Laviolette.
Un instant, je vais prendre le premier rapport.
Page 112. M. le Président, nous nous excusons de vous retarder.
Nous n'avons jamais voulu retarder les travaux de la commission. Que soient
rattachés au comté de Laviolette le secteur du barrage Gouin, le
parc Mastigouche et les paroisses suivantes. C'est une recommandation.
M. PAUL : Peut-on dire pourquoi on demande que le parc Mastigouche soit
annexé au comté de Laviolette?
M.HARDY: M. le Président, je crois comprendre que c'était
une suggestion du député de Laviolette. Je pense qu'il serait
peut-être préférable d'attendre la présence du
député de Laviolette pour en parler.
M. RUSSELL: Cela n'a pas été retenu par la commission.
M. PAUL: Cela n'a pas été retenu par la commission.
M. DEMERS: Cela n'a pas été retenu par la commission,
parce que si vous regardez à la page 44, à la suite des
recommandations, on ne voit pas que la commission ait jugé
acceptable...
M. LAFONTAINE: Comment cela se fait-il? C'est bien la seule fois qu'elle
n'a pas retenu...
M. DEMERS: C'est là; mon adjoint, cela lui fait tort.
M. PAUL: Si je comprends bien, M. le Président, le parc
Mastigouche n'a pas été distrait du comté de
Maskinongé dans la loi.
M. LAFONTAINE: II faudrait regarder; c'est là qu'il va manquer
des cartes de cadastres que nous avons réclamées depuis quinze
jours, M. le Président.
C'est une description technique.
Il a été distrait? Non.
M. HARDY: II est resté dans Maskinongé.
M. LAFONTAINE: II est resté dans Maskinongé?
M. PAUL: Est-ce que mon collègue a vérifié?
M. LAFONTAINE: Je vois M. Prieur, je pense, qui est le
spécialiste du Parti libéral; de quelle façon peut-il dire
oui ou non?
M. HARDY: M. Prieur ne peut pas parler ici. M. LAFONTAINE: II fait signe
que oui. M. HARDY : II ne peut même pas faire ça.
M. LAFONTAINE: II peut toujours vous souffler, c'est ce qu'il fait
depuis une semaine.
M. PAUL: Deux heures avant, il est capable de...
M. DEMERS: M. le Président, pourrais-je demander au
député de Terrebonne de consulter M. Prieur et de nous
transmettre sa réponse?
M. HARDY: A quel sujet?
M. DEMERS: Au sujet de la façon qu'on peut déterminer que
la réserve de Mastigouche reste dans le comté de
Maskinongé.
M. HARDY: C'est la même ligne de séparation que celle qui
existe actuellement.
M. PAUL: C'est la même ligne?
M.HARDY: Entre Laviolette... Il n'y a pas de changement.
M. PAUL: Au nord, il n'y a pas de changement.
M. HARDY : C'est ce qui existe actuellement.
M. DEMERS: M. le Président, je comprends.
M. HARDY: La ligne de séparation actuelle entre le comté
de Laviolette et le comté de Saint-Maurice devient la ligne de
séparation entre Laviolette et Maskinongé.
M. DEMERS: Et Maskinongé, parce que vous acceptez le territoire
qui était compris chez nous.
M.PAUL: C'est ça!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, je comprends et mon collègue
saisit, je pense, qu'il n'y a rien de changé, que la réserve de
Mastigouche demeure dans le comté de Maskinongé.
M. HARDY: Une partie dans Berthier.
M. PAUL: Très peu. Par Saint-Charles-de-Mandeville.
M. DEMERS: On avait fait la preuve.
M. HARDY: Oui.
M. DEMERS: Ceci dit, M. le Président, si...
M. PAUL: Je ne verrais pas d'objection à ce que nous adoptions le
comté de Maskinongé.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 61, Maskinongé.
Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je suggère qu'on suspende pour
dix minutes.
M. DEMERS: Avant de suspendre, une seconde. J'ai oublié,
tantôt, dans Saint-Maurice, d'attirer l'attention de la commission sur le
fait qu'un arrêté ministériel avait été
passé au mois de novembre distrayant Saint-Gérard du comté
de Laviolette vers Grand-Mère. Est-ce qu'on en tient compte dans la
description?
M. HARDY: On va en discuter dans Laviolette.
M. DEMERS: On pourra en discuter dans Laviolette. Très bien. Dans
le comté de Saint-Maurice, on a encore Saint-Gérard C'est la
remarque que j'avais à faire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On suspend pour dix minutes.
(Suspension à 22 h 7)
(Reprise à 22 h 36)
LE PRESIDENT (M. Giasson): II ne semble pas y avoir de motion devant la
commission. C'était le comté de Trois-Rivières.
M. LEDUC: M. le député de Maskinongé. M. PAUL:
Pardon?
M. LEDUC : Je voulais simplement vérifier si on avait
adopté le comté de Maskinongé.
M.PAUL: Oui. Il semble que Chapleau ait été encore mis de
côté. On l'a écarté pour le noment.
M. RUSSELL: Quand nous sommes allés pour le ramasser, il
était dépassé.
M. BRISSON: Nous nous en souviendrons, M. le Président, lorsqu'on
écrira l'histoire.
M. PAUL: Chapleau était une espèce d'ultra-montain.
M. HARDY: Non, c'était le contraire. M. PAUL: Oui?
M. HARDY: Le député de Maskinongé doit savoir
qu'à cette époque les conservateurs se divisaient en deux
catégories. Il y avait les ultràmontains dont les principaux
représentants sur le plan religieux étaient l'ancien
évêque de Trois-Rivières, Mgr Laflèche, à
Montréal, Mgr Bourget et parmi les laïcs, il y avait, entre autres,
le sénateur Trudel qui s'abîmait chaque soir en prières
dans son salon devant une grande statue du Sacré-Coeur devant laquelle
brûlait constamment un lampion. Il y avait aussi les Chapais, père
et fils, qui appartenaient à cette catégorie des
ultràmontains. Il y en a beaucoup d'autres. Et il y avait l'autre
catégorie des conservateurs qui eux étaient un peu plus...
M. PAUL: II est en train de trouver un trou pour Chapleau. IL va
l'envoyer dans Outremont.
M. LEDUC: Le député de Terrebonne en a oublié un
célèbre qui était un ultramontain assez extraordinaire qui
s'appelait l'honorable L.-O. Taillon.
M. HARDY: C'est vrai. Il faisait partie de ce groupe d'ultramontains et
il était très près de Mgr Bourget.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Laprairie-Napierville sur un point de règlement.
M. BERTHIAUME: Nous sommes très loin du projet de loi 62.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Non. Pas si loin du projet de loi. Nous
sommes peut-être un peu loin de l'article 104.
M.HARDY: Je déplore de ne pas pouvoir discuter avec le
député de Maskinongé de quelques faits historiques. De
toute façon, reconnaissant l'intérêt marqué que
nourissent à l'endroit de l'histoire mon bon ami le député
de Saint-Maurice et mon bon ami le député de Maskinongé,
peut-être qu'un jour nous pourrions former une espèce de petite
société historique parmi les députés qui sont
capables de s'abstraire des contingences quotidiennes de la politique.
M. PAUL: II ne faudrait pas qu'on embarque Prévost...
LE PRESIDENT (M. Giasson): A l'ordre! Article 104.
Comté de Trois-Rivières
M. RUSSELL: Le député de Trois-Rivières avait
exprimé le désir de faire plusieurs amendements. Nous allons le
laisser les proposer à moins qu'il...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous écoutons le député
de Trois-Rivières.
M. BACON: Merci, M. le Président. Concernant le comté de
Trois-Rivières, vous voyez que, dans le premier et le deuxième
rapport, selon les normes que nous avions fixées à la commission
Drouin, le nouveau comté de Trois-Rivières comprendra seulement
le territoire de la municipalité de Trois-Rivières.
Nous avons fait une addition. C'est une partie du territoire actuel de
la ville de Trois-Rivières qui avait été annexée
vers l'année 1967 ou 1968 et qui était dans le comté de
Saint-Maurice...
M. DEMERS: Les Vieilles Forges.
M. BACON: ... qui comprend la paroisse des Vieilles Forges et ceci
répond quand même à une norme que nous avions fixée
dans le projet de loi 80, à savoir que le territoire de la ville de
Trois-Rivières ne soit pas morcelé.
Toutefois, lors de nos commissions parlementaires avec les membres de la
commission Drouin, j'avais demandé qu'on garde la ville de
Trois-Rivières-Ouest dans le comté projeté de
Trois-Rivières.
La partie du territoire que le comté de Trois-Rivières'
reçoit par le présent projet de loi représente à
peu près 1,700 électeurs environ et la partie de
Trois-Rivières-Ouest a autour de 4,100 électeurs. Si nous
regardons, d'une vue globale la région, il arrive, à mon humble
point de vue, je pense que mes collègues, les députés de
la région, seront d'accord avec moi, qu'à l'heure actuelle,
Trois-Rivières, qui est la capitale de la région, traverse quand
même des problèmes de développement, ce qu'on appelle
vous me permettrez l'expression anglaise "growing pains" en ce
sens qu'on est peut-être trop petit pour avoir une ville qui serait
divisée et qui pourrait avoir deux députés. En fait, selon
les normes qu'on avait fixées, il est passablement difficile de pouvoir
en arriver à une telle division. Comme il a été fait
mention à plusieurs reprises, des représentations qui avaient
été faites aux députés des différents
comtés, je tiens à remercier le conseil municipal de
Trois-Rivières-Ouest qui avait appuyé mes revendications à
la commission parlementaire devant les membres de la commission Drouin.
Etant donné que, par le bill 80, nous avions fixé la norme
de 32,000 électeurs avec plus ou moins 25 p.c, le comté de
Trois-Rivières aura
éventuellement 38,000 électeurs. C'est passablement
difficile si on considère, les exceptions sont assez rares dans le
rapport de la commission Drouin, que Trois-Rivières ne pouvait arriver
dans ces normes et que le seul territoire de la ville de Trois-Rivières
aura à peu près 38,000 électeurs à la prochaine
élection. Je pense quand même qu'il y a des réserves dans
le bill 80 qui peut donner des espoirs aux gens de Trois-Rivières-Ouest
et ce n'est qu'après l'élection de 1974, avec le progrès
que va connaître la ville de Trois-Rivières au cours des
prochaines années, que probablement il y aura redistribution dans la
région. J'espère à ce moment retrouver les gens de
Trois-Rivières-Ouest que je perds par la présente loi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous permettez, on avait signalé
à mon attention que le député du Lac-Saint-Jean, M.
Pilote, remplaçait M. Lafrance. Le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, ce que vient de dénoncer le
député de Trois-Rivières est en tous points conforme
à la réalité. C'est un problème sérieux qui
est soulevé dans cette redistribution de la carte électorale.
Trois-Rivières-Ouest, qui actuellement est une municipalité
autonome, devra dans un avenir très prochain faire un tout avec la ville
de Trois-Rivières tel que recommandé par la commission, par le
ministre des Affaires municipales et selon des études qui ont
été faites. Du moins s'il y a fusion quelque part, cela devrait
être là, dans la Mauricie. C'est ainsi que je vois le
problème. Il est peut-être un peu aberrant de réaliser
qu'à ce moment le député d'un secteur de la ville de
Trois-Rivières sera le député de Maskinongé. C'est
ce qui arrive lorsqu'on se fixe dans des normes, d'une façon rigide. Je
comprends que, d'autre part, si le comté de Maskinongé perd 4,000
électeurs en laissant à Trois-Rivières les gens de
Trois-Rivières-Ouest, le comté de Maskinongé tombe
à 19,000 électeurs ou à peu près, ce qui est en
dessous des normes permises. Nous travaillons dans des catégories, dans
des classes et le député de Maskinongé le réalise
comme nous.
Il s'en va, dans un secteur qui est aux antipodes de son comté,
chercher, géographi-quement, ce qui devrait faire partie du comté
de Trois-Rivières. C'est un paradoxe, je pense, entre ce qui existe et
ce qui devrait être. Je comprends qu'on ne peut pas faire de motion pour
empêcher que s'accomplisse une telle distorsion géographique, mais
on peut toujours souligner le fait à cette commission. Je pense que
c'était l'endroit pour le faire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt
les propos du député de Trois-Rivières qui sont
parfaitement fondés. La ville de Trois-Ri- vières-Ouest a
adopté une résolution pour demander que la commission Drouin
reconsidère le découpage de la carte électorale pour cette
partie est du comté de Maskinongé. Je comprends parfaitement la
réaction des électeurs de Trois-Rivières-Ouest parce
qu'ils n'ont rien de commun au point de vue social, au point de vue
économique, au point de vue culturel, avec le reste de la population du
comté de Maskinongé. D'un autre côté, je ne puis pas
appuyer la requête du député de Trois-Rivières de ne
pas me reprocher d'avoir boudé la venue dans mon comté de ces
électeurs intelligents de Trois-Rivières-Ouest.
Vous comprenez mon embarras. D'un côté, je perçois
la logique de la réaction de la population de
Trois-Rivières-Ouest qui, à toutes fins pratiques, est beaucoup
plus intégrée dans la ville même de Trois-Rivières,
à cause des industries qu'on y trouve, du commerce constant qui se
déroule entre ces deux villes. La réaction de la population est
tout à fait normale et logique. D'un autre côté,
m'aventurer à aller jusqu'à appuyer intégralement la
proposition du député de Trois-Rivières, s'il en faisait
une, je suis incapable de le faire, parce que je serais taxé de ne pas
vouloir recevoir ces électeurs dans mon comté. Nous sommes
captifs d'un texte de loi. Je comprends qu'en vertu de l'article 9 on peut
tenir compte de certains critères particuliers qui peuvent se
présenter. Quant à moi, je serai fort heureux de servir ces
électeurs lorsque, par la loi, ils deviendront intégrés ou
une partie du territoire du comté de Maskinongé, mais je ne puis
cependant que trouver bien logiques les propos du député de
Trois-Rivières. Je comprends facilement la réaction de la
population de Trois-Rivières-Ouest en face du découpage de la
carte électorale.
M. RUSSELL: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les remarques du député de
Trois-Rivières aussi bien que celles du député de
Saint-Maurice et du député de Maskinongé. Je tiens
à vous faire remarquer que, si vous regardez bien objectivement la
carte, vous verrez les populations du comté de Trois-Rivières tel
que décrit actuellement. Il y avait une population votante de 40,554
électeurs. Vous aviez, à côté, une population qui,
suivant les dires du député de Trois-Rivières,
représente peut-être 1,700 à 2,000 électeurs, qui
appartenait au comté de Saint-Maurice.
Donc, il aurait été facile, si on n'avait pas voulu
créer de bouleversement, de maintenir presque intact le comté de
Trois-Rivières, d'annexer au comté de Maskinongé la partie
qui appartenait à Saint-Maurice, Je fais simplement une remarque pour
vous démontrer une façon d'agir pour ne pas bouleverser ou
déplacer les gens avec leurs coutumes. Je suis convaincu qu'après
les prochaines élections, étant donné que cette partie du
comté de Saint-Maurice est une partie qui se développe
actuellement assez rapidement parce que je suis passé dans
cet
arrondissement où il y a l'aéroport actuel il
aurait fallu faire certains changements. On aurait eu au moins la satisfaction
de dire qu'on n'a pas déplacé inutilement les bornes du district
électoral de Trois-Rivières.
Nous aurions simplement pris ce qui existait dans Saint-Maurice pour
l'annexer à Maskinongé et ceci aurait répondu aux normes,
aux critères de la loi, et n'aurait pas créé ce
mécontentement chez les gens de Trois-Rivières-Ouest.
M. DEMERS: Je ferai remarquer à mon collègue que la partie
de Saint-Maurice qui est distraite actuellement de Maskinongé
Saint-Maurice pourrait être annexée et fusionnée avec
Trois-Rivières. Elle faisait partie de la ville de Trois-Rivières
antérieurement. Ce sont les 1,700 ou 2,000 électeurs des Forges
qui sont dans la ville de Trois-Rivières.
Que ce soit les Forges ou Trois-Rivières-Ouest, c'est le
même problème. Cela fait deux députés dans la
même ville.
M. BACON: M. le Président, si vous me le permettez,
vis-à-vis des arguments du député de Shefford qui sont
fondés, c'est qu'actuellement, à cause de l'annexion de ce
territoire, le développement de Trois-Rivières se fait surtout
vers le nord de la ville, qui est cette partie. Actuellement d'ailleurs, les
aménagements domiciliaires sont rendus presqu'à la limite, qui
était le boulevard du Rochon, à la station terminus de
l'Hydro-Québec. C'est ce que je disais et je pense que le
député de Maskinongé est d'accord avec moi
là-dessus. C'est probablement une situation temporaire pour les
électeurs de Trois-Rivières-Ouest parce que,
éventuellement, la partie nord du comté se développera et
dans Trois-Rivières-Ouest se trouve la partie assez populeuse qui est
Terrasse Duver-nay qui joint à peu près ces endroits, si on
considère le boulevard du Rochon, la Transquébécoise et
les alentours.
Là, je vous dis que c'est une situation temporaire et
qu'éventuellement on pourra faire un meilleur découpage. On aura
plus d'originalité, comme je l'ai dit aux membres de la commission
Drouin lors de la commission parlementaire, dans le découpage qu'on ne
le fait actuellement.
C'est absolument ce que disait le député de
Maskinongé. Les gens qui demeurent à Trois-Rivières-Ouest,
le pôle d'attraction... Je ne suis pas capable d'invoquer un seul
argument qui démontre que le pôle d'attraction est autre que
Trois-Rivières.
M. PAUL: Le député de Trois-Rivières pourrait-il
répondre à ma question? Est-ce qu'il pourrait me dire quelle est
la distance, par exemple, entre les deux centres commerciaux de
Trois-Rivières-Ouest et de Trois-Rivières?
M. BACON: Quelques milles. Je ne sais pas s'il y a trois milles. Il n'y
a pas trois milles.
M. DEMERS: Un mille et demi à deux milles.
M. BACON: C'est en dedans de deux milles, disons.
M. DEMERS: Le centre d'achat de Trois-Rivières-Ouest est dans la
ville.
M. PAUL: En dedans de deux milles, vous avez les deux secteurs
économiques.
M. BACON: M. le Président, lorsqu'on a eu l'occasion à la
commission parlementaire de rencontrer les membres de la commission Drouin, ce
sont surtout les points que j'ai débattus. Je pense qu'il n'y a pas un
membre de la commission parlementaire, qui connaît moindrement le milieu,
qui puisse défendre, à un moment donné, le fait de
séparer Trois-Rivières et Trois-Rivières-Ouest. Je pense
que c'est définitif. Comme je le disais tantôt, selon les
critères établis avec le bill 80 et vu que, dans le bill 80, il y
a la réserve qu'après la prochaine élection provinciale il
y a possibilité d'avoir un nouveau découpage, je pense que la
situation qui est faite à Trois-Rivières-Ouest n'est que
temporaire.
Je redis ce que je disais tantôt. Il n'y a pas d'argument qui peut
démontrer que Trois-Rivières et Trois-Rivières-Ouest ne
sont pas... En fait, vous passez d'une municipalité à l'autre
sans même vous en apercevoir. Il n'y a pas de barrière; il n'y a
pas d'espace qui sépare les deux municipalités et, avec les
nouveaux réseaux routiers, comme je le mentionnais tantôt, il se
fait un aménagement au nord de la ville qui va probablement faciliter
éventuellement le travail de la commission qui aura à faire un
découpage à l'intérieur de l'agglomération ou du
Trois-Rivières métropolitain.
Je ne pense pas insulter le député de Maskinongé en
disant que les gens de Trois-Rivières-Ouest ne font pas commerce ou ne
vont d'aucune façon à Louiseville. C'est que les gens de
Trois-Rivières-Ouest, une ville de banlieue, travaillent à
Trois-Rivières, vivent au rythme de la ville de Trois-Rivières.
Je pense que c'est difficilement acceptable. Toute la vie de
Trois-Rivières-Ouest est à Trois-Rivières. Elle n'est pas
ailleurs. C'est difficilement acceptable et c'est avec beaucoup de regret. Je
suis allé rencontrer des gens de Trois-Rivières-Ouest à
quelques reprises pour discuter avec eux, mais malheureusement on était
toujours limité à ces critères qu'on avait fixés
à la commission Drouin et qui n'ont fait aucune exception, dans aucun
cas. Je ne suis pas parmi les chanceux.
M. RUSSELL: Je n'en fais pas un grief, ce sont simplement des remarques.
Je pense que si on veut regarder la carte pour comprendre exactement. Je sais
qu'aucun des membres de ce côté-là n'a devant lui la carte.
Si je regarde la carte et que j'analyse le comté actuel, je vois qu'il
comprend facilement Trois-Rivières et
Trois-Rivières-Ouest. C'est le comté actuel, si je
comprends bien.
M. BACON: Oui.
M. RUSSELL: D'accord. Avec une population votante de 40,500. Donc,
l'autre partie, qui est aujourd'hui annexée à
Trois-Rivières, faisait partie de Saint-Maurice.
M. BACON: C'est ça.
M. RUSSELL: Si on n'avait pas voulu déranger les gens de
Trois-Rivières, on aurait pu laisser le comté tel qu'il
existait.
M. BACON: Cela causait un problème, le député de
Shefford va me comprendre. Dans cette partie qui s'appelle la ville de
Trois-Rivières, il arrive que, comme elle s'étend vers le nord,
c'est encore très difficile à évaluer. La population monte
vers le nord de la ville, vers les Vieilles Forges. Actuellement même, on
travaille à étendre l'habitation vers le nord de la ville.
M. DEMERS: II y a le retour des Vieilles Forges aussi, dans les projets,
dans les initiatives locales.
M. BACON: Je parle de projets de construction domiciliaire.
M. PAUL: D y aurait un problème au point de vue des affaires
culturelles.
M. DEMERS: Les affaires culturelles, touristiques, l'aide du
gouvernement central, ça va bien.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Pour autant que nous sommes concernés...
M. RUSSELL: Je voulais simplement démontrer que ce n'était
pas nécessaire de changer les limites du comté de
Trois-Rivières. On pouvait faire le changement et donner plus de
population au comté de Maskinongé tout en prenant une partie du
comté de Saint-Maurice annexée à Maskinongé et cela
n'aurait rien changé. C'est tout ce que j'avais à dire. Si le
député de Trois-Rivières est satisfait, je suis prêt
à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe 104, adopté.
M. HARDY: II n'est pas nécessairement satisfait, mais il se
soumet aux canons de la démocratie.
UNE VOIX: Oui, au rouleau compresseur.
M. BACON: II reste quand même...
M. PAUL: Le rouleau compresseur puis...
M. BACON: M. le Président, l'argument du député de
Shefford est peut-être valable, mais il reste quand même que le
territoire d'une même municipalité, est divisé en parties.
Vous enlevez encore un critère qu'on avait...
M. DEMERS: M. le Président, pour clore le débat, si le
député de Trois-Rivières se rendait ici prendre
l'explication du député de Shefford, tel qu'il me la donne, je
pense qu'il y aurait peut-être un réajustement à faire,
sans déplacer trop de gens.
M. RUSSELL: Si vous voulez...
M. BACON: Non, je comprends très bien. Je connais assez mon
comté pour comprendre les arguments du député de Shefford.
Il s'agit d'un territoire qui comprend la municipalité de
Trois-Rivières et vous allez le diviser en deux.
M. RUSSELL: M. le Président, tout ce que je tente de faire, c'est
d'aider le député de Trois-Rivières.
M. BACON : Je sais que...
M. RUSSELL: ... et la population du comté qui l'a élu.
C'est tout ce que je tente de faire.
Maintenant, je ne suis pas plus intéressé que ça.
Si le député est satisfait...
M. BACON: Mais encore là...
M. RUSSELL: ... ou si ça lui est imposé par la
majorité...
M. BACON: Non, cela ne m'est pas imposé de toute façon. Je
pense que le député de Shefford va comprendre. Il y a un
problème de division, de redistribution...
M. PAUL: Division illogique, au point de vue...
M. DEMERS: C'est le grand dérangement, cette carte
électorale. Je l'ai crié hier soir. Est-ce assez clair?
M. BACON: Je ne parle pas de grand dérangement. Si on remet
Trois-Rivières-Ouest dans le comté de
Trois-Rivières...
M. RUSSELL: Elle y est actuellement.
M. DEMERS: On fait des martyrs même de nos partisans. Un martyr
immolé sur les fantaisies.
M.HARDY: Si nos voisins qui siègent à votre gauche
continuent, je vais commencer à
me demander si on ne devrait pas ériger un monument à
notre collègue de Trois-Rivières.
M. PAUL: Oui.
M. DEMERS: Oui, c'est un martyr.
M. PAUL: S'il faisait une collecte dans le comté de
Trois-Rivières-Ouest, on pourrait quasiment bâtir un
édifice.
M. HARDY: II faut dire d'ailleurs qu'il y a une certaine propension
à élever des monuments aux députés de
Trois-Rivières.
M. DEMERS: Oui, le député de Trois-Rivières, je ne
sais pas ce qu'il deviendra.
M. PAUL: Non, ils sont retrouvés facilement.
M. BOSSE: Je parle du buste, parce que les bustes des
députés de Trois-Rivières ont tendance à
disparaître.
UNE VOIX: Ce ne sont pas des bustes.
M. PAUL: On les soustrait, on les cache à
Petite-Rivière.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous allons revenir au paragraphe 104.
M. HARDY: L'actuel député de Maskinongé qui a
occupé les hautes fonctions de ministre de la Justice, à un
certain moment...
M. PAUL: Savez-vous quand je l'ai trouvé? Je l'ai trouvé
à la fin de février en 1970, aux dernières
élections. Nous étions en train de pelleter un passage pour faire
venir le camion de la Brink's et sortir le buste lorsque nous sommes
allés en élection.
M. LEDUC: Vous aussi, vous travaillez avec la Brink's?
M. PAUL: C'est parce que ça valait la peine, c'était
réel, un véritable déménagement important.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous n'avez pas d'objection, nous allons
revenir au paragraphe 104.
M. PAUL: Ecoutons le député de Trois-Rivières.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Trois-Rivières a-t-il d'autres commentaires?
M. DEMERS: Une question historique, pour quelqu'un qui ne connaît
pas son histoire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Nous revien- drons après aux questions
historiques. Nous allons écouter le député de
Trois-Rivières.
M. PAUL: On vous refuse la parole.
M. DEMERS: Bâillon, c'est devenu une maladie.
M. PAUL: Cela a commencé à la CSN et c'est rendu à
l'Assemblée nationale pour vous. C'est grave.
M. BOSSE: Je voudrais savoir question historique où
est le buste à l'heure actuelle.
M. DEMERS: Cela n'a pas d'importance.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Hors d'ordre! Le député de
Trois-Rivières a-t-il des commentaires à faire?
UNE VOIX: II est à Petite-Rivière. M. DEMERS:
Cherchez-le.
M. BACON: Si je puis continuer à répondre au
député de Shefford.
M. PAUL: Un instant. Pour vous dire que c'est très important, le
beau-père de l'honorable député de Trois-Rivières a
été l'organisateur en chef de M. Duplessis.
M. DEMERS: Non seulement il a porté le buste, mais il a
porté le défunt.
DES VOIX: II a porté le défunt. M. DEMERS: Le
beau-père.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe est-il adopté?
DES VOIX: Adopté.
UNE VOIX: De génération en génération,
ça s'améliore.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe 104, adopté?
M. BACON: Adopté.
M. RUSSELL: La motion du député de Trois-Rivières,
il ne faut pas la lui refuser, il adopte son comté.
Traversons-nous à Champlain ou si nous revenons à
Laviolette?
M. HARDY: Trois-Rivières, adopté. Champlain.
Comté de Champlain
M. RUSSELL: Dans Champlain, il y a aussi de l'histoire.
M. HARDY: Ici, M. le Président, je n'oserais pas reprendre la
suggestion que j'ai faite tantôt parce que là, Champlain,
Chapleau...
M. PAUL: A Sainte-Anne-de-la-Pérade, il y a la maison de
Madeleine de Verchères.
M. HARDY: II y avait le manoir où a vécu Madeleine de
Verchères.
M. VINCENT: Vous n'avez pas encore trouvé d'endroit pour le
comté de Chapleau?
M. HARDY: Alors que je n'ai pu convaincre le député de
Maskinongé de l'accepter... Je vous avoue, M. le Président,
puisque le député de Nicolet m'y fait penser, que, quand nous
arriverons à l'étude du comté de Nicolet, je ferai la
même offre au député de Nicolet.
M. VINCENT; Puis-je demander au député de Terrebonne qu'il
vérifie avec son épouse avant de prendre une décision?
M.HARDY: Oui, M. le Président. Justement, j'ai eu l'occasion en
fin de semaine dernière de séjourner dans cette belle ville de
Nicolet à laquelle je suis particulièrement attaché et
j'ai commencé à faire un léger sondage pour voir dans
quelle mesure la population dudit comté accepterait que le nom du
comté soit Chapleau.
M. PAUL: Cela vous traumatise.
M. DEMERS: M. le Président, puis-je rappeler...
M. HARDY: Je dois vous dire honnêtement, M. le Président,
que les premières réactions ont été...
M. VINCENT: Négatives?
M. HARDY: Négatives, mais quand j'ai commencé à
parler...
M. PAUL: Dites donc qu'il n'est pas connu dans ce coin.
M. HARDY: Non, M. le Président, quand j'ai commencé
à parler et le député de Nicolet sait très
bien que, quand je vais à Nicolet, je rencontre assez souvent des gens
d'allégeance conservatrice...
M. VINCENT: Vous rencontrez des amis; d'ailleurs, il n'y a que cela.
M. HARDY: Quand j'ai parlé à ces personnes, M. le
Président, de ce qu'avait fait Chapleau, sur la scène provinciale
et fédérale, je sentais que je commençais...
M. DEMERS: M. le Président, un rappel au règlement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un rappel au règlement, le
député de Saint-Maurice.
M. VINCENT: Un instant, avant l'appel au règlement, le
député de Saint-Maurice me permettrait-il de poser seulement une
petite question au député de Terrebonne?
M. DEMERS: M. le Président, même si c'est un
collègue, je ne tolérerai pas qu'à cette commission on
fasse des gorges chaudes et qu'on contorsionne l'histoire. Nous nous faisons
accuser, nous les députés, d'une foule de péchés et
je voudrais que cette commission restât sur le haut ton où nous
l'avons placée au tout début de nos
délibérations.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Le fait
de parler avec mon collègue de Nicolet de la brave et intelligente
population de Nicolet...
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est merveilleux, mais c'est quand
même hors d'ordre.
M. HARDY: ... ne fait pas en sorte que notre débat...
M. DEMERS: M. le Président, je n'ai rien contre la brave
population de Nicolet, mais vous remenez encore Chapleau.
M. LEDUC: Aux dernières nouvelles, CHLN disait qu'il avait
traversé le fleuve et qu'il était rendu du la rive sud.
M. VINCENT: Sur le point de règlement, M. le Président, il
ne faudrait quand même pas négliger Yamaska, parce que je vois le
député de Yamaska qui pourrait peut-être se sentir
lésé...
M. HARDY: Cela pourrait peut-être faire
Chapleau-Nicolet-Yamaska.
M. VINCENT: Parce que Yamaska est un nom indien qui signifie là
où il y a de l'herbe sous la rivière.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Si vous le voulez, nous revenons au
paragraphe 16, le comté de Champlain.
M.HARDY: M. le Président, avant que ne débutent nos
discussions sur le paragraphe 16, je tiens à préciser qu'il n'y a
pas de changements entre la loi et le deuxième rapport.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, le comté de Champlain demeure
presque intact, avec la description du comté actuel, excepté une
pointe dans le bas.
M. CROISETIERE: Vers la rivière.
M.HARDY: Oui. Il y a une très légère
différence, mais il y en a une. Evidemment, c'est toujours
embêtant. Il faudrait peut-être vérifier pour
connaître l'ampleur de la différence. Il faudrait connaître
le chiffre des populations affectées. Sur la carte, cela semble assez
minime.
M. RUSSELL: La question que j'allais poser, c'est...
M. DEMERS: C'est Mont-Carmel qui s'en vient dans Saint-Maurice.
M. HARDY: Mont-Carmel a 1,315 électeurs, c'est ce qui fait la
différence.
M. VINCENT: II n'y a pas un poste de télévision dans
Saint-Maurice?
M. HARDY: Oui, monsieur.
M. RUSSELL: C'est ce qui fait la différence.
M. DEMERS: M. le Président, la description actuelle du
comté de Champlain, c'est exactement la même moins Mont-Carmel,
Notre-Dame-du-Mont-Carmel. Est-ce que c'est ça? Est-ce que Saint-Adolphe
et Proulxville, tel qu'il avait été suggéré, s'en
vont dans le comté de Laviolette?
M. HARDY: Seulement Mont-Carmel.
M. RUSSELL : Le reste du comté demeure intact. Un comté
intact, un autre comté chanceux.
M. DEMERS: Le hasard a bien servi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le paragraphe 16 est
adopté?
M. DEMERS: Exactement, c'est ce qui a fait élire l'ancien
député de Champlain pendant seize ans.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. Paragraphe 16,
adopté.
M. HARDY: Portneuf.
M. PAUL: M. le Président, au comté de...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Paragraphe 77.
Comté de Portneuf
M. HARDY: M. le Président, la description qui apparaît au
paragraphe 77 est identique au premier rapport Drouin.
M. PAUL: Intégralement, M. le Président?
M. HARDY: Oui, intégralement identique au premier rapport
Drouin.
M. DEMERS: Est-ce qu'il y avait eu des recommandations de
formulées?
M. HARDY: Oui, le Parti libéral avait formulé des
recommandations qui ont été rejetées par la commission
indépendante.
M.PAUL: Elle a dû avoir un moment de distraction.
M. DEMERS: Que soit...
M. HARVEY (Chauveau): Dans la paroisse Saint-Rémi attachée
à Portneuf.
M. DEMERS: Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables, Hervey-Jonction et
Saint-Alban de Portneuf, Notre-Dame-des- Anges.
M. HARVEY (Chauveau): Oui, près de Saint-Casimir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le paragraphe 77 serait
adopté?
M. HARDY: Puis-je faire remarquer, M. le Président, pendant qu'on
examine les cartes, que c'est à Grondines dans le comté de
Portneuf qu'est né sir Lomer Gouin?
M. PAUL: Est-ce que vous avez l'intention de l'appeler le comté
de Gouin?
M. HARDY : Bien non! Il y a déjà un comté à
Montréal qui s'appelle Gouin.
M. PAUL: Bien, il y aurait Gouin-Est puis Gouin-Ouest.
M. DEMERS: Et si je ne me trompe, M. le Président,
l'épouse de l'ancien premier ministre de la province, Mme Lesage, est
née dans le comté de Portneuf.
M.HARDY: Oui, c'est exact. A Saint-Raymond.
M. GUAY: Lieu de naissance de grands personnages.
M. DEMERS: Corinne.
M. VINCENT: Le lac Edouard, est-ce qu'il fait partie du comté de
Portneuf?
M. HARVEY (Chauveau): Non, non, c'est dans Chauveau.
M. PAUL: Est-ce qu'on l'a transféré dans Chauveau?
M. HARVEY (Chauveau): On ne le garde pas dans Chauveau.
On l'a transféré, oui. Mais là, on va adopter
ça puis on y arrive.
M. HARDY: Pas pour un comté rural; 35,000 pour un comté
qui m'apparaît... C'était bien au-delà de la norme
régulière pour un comté rural. C'est presque un
comté urbain.
M. RUSSELL: II faudrait peut-être faire la liste des comtés
ruraux qui ont plus de 30,000.
M. HARDY: Les comtés exclusivement ruraux ou à
prédominance rurale ont tous moins de 32,000.
M. RUSSELL: Moins de 32,000.
M. HARDY: Une population de 32,000 ou moins.
M. RUSSELL: Je vous ferai remarquer qu'il en reste 25,000.
M. HARDY: Exactement, il y en a 25,762.
M. RUSSELL: Et dans le comté de Champlain, vous avez...
M. HARDY: Oui mais le comté de Champlain est beaucoup plus
urbanisé que le comté de Portneuf.
M. DEMERS: Par le Cap-de-la-Madeleine.
M. HARDY: C'est cela. Je n'ai pas les chiffres exacts mais je pense
qu'une bonne partie des électeurs de Champlain sont au
Cap-de-la-Madeleine et dans la banlieue.
M. PAUL: La majorité.
M. DEMERS: Pont-Rouge est encore dans le comté de Portneuf?
M. HARVEY (Chauveau): Oui.
M. DEMERS: Deschambault également?
M. HARVEY (Chauveau): Oui.
M. DEMERS: Donnacona également?
M. HARVEY (Chauveau): Oui.
M. DEMERS: Saint-Casimir également?
M. HARVEY (Chauveau): C'est évident.
M. RUSSELL: II y a Duchesnay et L'Ancien-ne-Lorette.
M. HARVEY (Chauveau): L'Ancienne-Lorette n'était pas dans le
comté de Portneuf mais dans le comté de Chauveau. C'est la partie
de Saint-Augustin qui a été enlevée au comté de
Portneuf.
M. DEMERS: Quelle serait la capitale, la ville métropole de ce
comté?
M. HARVEY (Chauveau): Les gens s'obstinent toujours à savoir si
c'est Saint-Raymond ou Donnacona.
M. HARDY: Nous n'allons pas entamer des discussions entre les
villes.
M. RUSSELL: II ne faut pas oublier une chose. Vous enlevez du
comté de Portneuf des territoires non organisés.
M. HARVEY (Chauveau): Absolument. Ils ont un créditiste comme
député.
M. HARDY: Dans Portneuf, il y a une partie du territoire, toute la
pointe nord-est du comté est un territoire non organisé. Le
nord-ouest également.
M. DEMERS: Le surplus du comté de Portneuf est allé dans
quel comté?
UNE VOIX: Dans le comté de Louis-Fréchette.
M. HARVEY (Chauveau): Nous y arriverons tout à l'heure. Le
comté de Chauveau étant sectionné en deux parties a
récupéré partant de Saint-August in...
M. PAUL: On a détaché une partie du comté de
Chauveau et une partie du comté de Portneuf pour faire le comté
de Louis-Fréchette. C'est à peu près cela?
M. HARVEY (Chauveau): Enfin... M. PAUL: Dans les grandes lignes? M.
HARVEY (Chauveau): C'est cela. Oui.
M. PAUL: ... dans le comté de Portneuf et il sera dans le
comté de Louis-Fréchette.
M. HARVEY (Chauveau): Oui.
M. HARDY: Nous avons beaucoup discuté sur les noms mais est-ce
qu'on remarque que la loi a mis de côté Louis-Fréchette qui
fut pourtant un grand libéral dans son temps?
M. HARVEY (Chauveau): Sur un point de règlement. Nous sommes
toujours à Portneuf, avant de descendre encore un peu plus vers l'est,
c'est-à-dire dans Louis-Fréchette, et quand nous
étudierons le comté de Louis-Fréchette, nous pourrons
peut-être donner les raisons de son enterrement.
M. DEMERS: J'aime donc ceux qui ont le courage de faire des remarques.
Ils sont jeunes et ils manquent d'expérience. Vous n'améliorez
pas votre affaire en osant.
M. PAUL: En osant interrompre la voix de l'autorité. Tout ce que
vous aviez gagné vers un poste ministériel, votre bonne conduite
vous avait valu...
M. HARVEY (Chauveau): Vous croyez? Cela m'inquiète
drôlement. Je n'en dormirai pas cette nuit.
M. DEMERS: Votre bulletin s'était amélioré beaucoup
comparativement à hier soir.
M. HARVEY (Chauveau): Je voudrais serei-nement et candidement continuer
d'étudier le comté de Portneuf.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Revenons à l'article 77.
Adopté?
M. HARVEY (Chauveau): Adopté.
M. RUSSELL: Hervey-Jonction s'en va dans le comté de
Laviolette?
M. HARDY: Oui.
M. RUSSELL: Lac-aux-Sables aussi?
M. DEMERS: Est-ce que Lac-aux-Sables s'en va dans le comté de
Laviolette?
UNE VOIX: Oui.
M. RUSSELL: Quelle est la population de ces deux
municipalités?
M. DEMERS: Le député de Laviolette n'est pas chanceux
comme celui de L'Assomption.
M. CROISETIERE: II sera obligé de travailler fort.
M. PAUL: Le député de L'Assomption a été
assez chanceux qu'il a été obligé de rester avec nous
même s'il devait partir.
M. HARDY: Hervey-Jonction et Lac-aux-Sables ne sont pas des
municipalités distinctes.
M. DEMERS: Ce sont deux municipalités complètement
différentes.
M. HARDY: Non. Ce ne sont même pas des municipalités. Cela
fait partie...
M. PAUL: ... de Saint-Rémi de Lac-aux-Sables.
M. HARDY: Saint-Rémi de Lac-aux-Sables est une
municipalité organisée...
M. DEMERS: ... tandis que Hervey-Jonction n'a pas de municipalité
organisée.
M. HARDY: Saint-Rémi a 965 électeurs. Et
Hervey-Jonction...
M. DEMERS: Vous avez raison. Il n'y a pas de chiffre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Shefford.
M. RUSSELL: M. le Président, je pense que, sans vouloir
être malicieux, le comté de Laviolette qui est assez rural, a
quand même presque 32,000 électeurs, tandis que le comté de
Portneuf en a seulement 25,000. Ces deux municipalités pourraient
facilement demeurer dans le comté de Portneuf comme elles le sont
actuellement. Cela ne changera pas tellement.
M. HARDY: Vous voulez dire Saint-Rémi?
M. DEMERS: Saint-Rémi, oui. Je me demande pourquoi nous allons
faire courir le député de Laviolette dans des distances
semblables.
M. RUSSELL: Pendant qu'il est occupé en haut avec son patronage,
il descend en bas...
M. DEMERS: II vient même enrégimenter le comté de
Saint-Maurice. Imaginez, cet homme-là, vous allez le tuer.
M. PAUL: II vient même annoncer les travaux de voirie chez nous,
quand ils sont exécutés.
M. VINCENT: Qui ça?
M. RUSSELL: Même dans le comté de Berthier, il y a une
compétition entre lui et le député de Joliette.
M.LEDUC: C'est un député efficace, s'il s'occupe non
seulement du sien mais des autres comtés. Est-ce qu'on doit se plaindre
quand un député est efficace et qu'il s'occupe de sa
région, qu'il veut le développement de sa région et qu'il
a à coeur, non seulement ses électeurs, mais les électeurs
du territoire voisin? On ne peut pas faire un reproche au député
de Laviolette.
M. DEMERS: Je pense qu'il y a un problème assez aigu. Je pourrais
ne pas me mêler de mes affaires, parce que le député de
Laviolette ne s'en mêle pas toujours lui non plus, mais je trouve qu'au
point de vue de la description géographique du comté de
Laviolette, si on y réfléchit sérieusement, il s'en va
jusqu'au barrage Gouin en haut...
M. PAUL: Pardon. Le barrage Gouin est intégré au
comté de Roberval.
M. DEMERS: C'est encore un autre non-sens.
M. HARDY: Revenons donc...
M. DEMERS: Si on veut, avant d'adopter le comté de Portneuf, il y
a des ajustements à faire, il va falloir toucher au comté de
Laviolette, quand c'est gelé dans l'immobilité de cette
commission, vous savez que ce n'est pas aisé à faire
broncher.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Saint-Maurice aurait une motion à déposer?
M. DEMERS: Je n'ai pas de motion, c'est parce que je ne suis pas
intéressé directement.
M.PAUL: C'est assez gênant pour nous de vouloir entraver notre
collègue, le député de Laviolette.
M. DEMERS: On ne l'entrave pas, on le sauve.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission vient de recevoir une motion du
député de Shefford voulant que la paroisse de Saint-Rémi
de Lac-aux-Sables soit rattachée au comté de Laviolette.
M. HARDY: Alors, M. le Président, devant l'éloquent
plaidoyer de nos collègues qui siègent à votre gauche, je
pense que nous allons nous rallier à cette proposition.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député de Terrebonne
constate que, s'il avait été aussi souple depuis le début
qu'on n'aurait peut-être pas eu besoin de...
M. HARDY: M. le Président, je rappelle à l'honorable
député de Maskinongé que, dès le début de
nos travaux, nous avons accepté des propositions d'amendement entre
autres de l'honorable député d'Abitibi-Est, de l'honorable
député de Shefford au sujet d'un enclave à Westmount, de
l'honorable député de Berthier. Tout au cours de nos travaux,
à chaque fois que des députés présentaient des
motions qui nous apparaissaient conformes à la logique, au bon sens et
surtout aux dispositions du bill 80, c'est toujours avec plaisir que nous nous
sommes ralliés.
M. PAUL: Lochaber n'avait pas de bon sens?
M. HARDY: Non, pour autant que je me souvienne.
M. PAUL: Cela divisait une municipalité en deux.
M. HARDY: Non, M. le Président, nous n'avons pas divisé
une municipalité en deux.
M. PAUL: Une entité sociologique.
M. HARDY: Là évidemment, il y avait différence
d'appréciation et de perception quant à l'entité
sociologique. Si je me souviens bien, j'ai demandé à plusieurs
reprises que l'on nous fasse la démonstration qu'il s'agissait d'une
même entité sociologique et la démonstration ou la preuve
n'a pas été, le poids de la preuve...
M. PAUL: Vous avez été juge de tout cela.
M.HARDY: ... n'a pas été suffisant pour nous, de ce
côté-ci.
M. PAUL: Pour vous.
M. HARDY: Pour mes collègues et moi, cela n'a pas
été suffisant pour nous convaincre d'apporter des
modifications.
M. PAUL: Ne vous mêlez donc pas de cela, s'il vous plaît
!
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que le député de
Shefford veut que la formulation de sa motion puisse être faite dans les
termes suivants: Je fais motion pour que la municipalité de
Saint-Rémi de Lac-aux-Sables soit distraite du comté de Portneuf
pour être rattachée au comté de Laviolette?
M. HARDY: Adopté. M. PAUL: C'est cela.
M. DEMERS: M. le Président, avant de l'adopter, est-ce que
l'assistant, le spécialiste qui conseille si bien le
député de Terrebonne a fait le tour de la région pour
savoir...
M. HARDY: Oui, M. le Président, nous avons fait le tour de la
question.
M. RUSSELL: En "skidoo"?
M. DEMERS: Au point de vue de la région, ce coin-là,
Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables, il n'y a pas d'autres municipalités
qui pourraient être distraites pour diminuer le comté de
Laviolette. Sainte-Thècle fait partie d'une entité.
C'était dans le comté de Laviolette. C'est à peu
près 4 milles d'Hervey-Jonction. Elle reste dans le comté de
Laviolette. Elle y était d'ailleurs. Je pense que c'était
raisonnable que nous retournions Hervey-Jonction et
Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables dans le comté de Portneuf, où
elles étaient avant.
M. HARDY: On les laisse.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La motion du député de Shefford
est adoptée.
M. DEMERS: Adopté. M. HARDY: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Un instant, le député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables et
Hervey-Jonction qui forment une seule municipalité sont distraites du
comté de Portneuf pour être rattachées au comté
actuel.
M. RUSSELL: C'est actuellement dans le comté de Portneuf.
DES VOIX: C'est le contraire, M. le Président.
M. GUAY : Détachées de Laviolette et
intégrées à Portneuf.
M. DEMERS: D'après la loi, oui.
M. LATULIPPE: Je comprends mieux comme ça, M. le
Président.
M. DEMERS: On prenait ce qui était antérieurement mais il
faut penser que nous travaillons avec la loi.
M. GUAY: D'accord.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'on a mentionné quelle était la
population de ces deux paroisses pour que je puisse dire ça au
député de Portneuf?
M. DEMERS: C'est 900.
M. RUSSELL: C'est moins que mille.
M. DEMERS: C'est 900 pour Saint-Rémi-de-Lac-aux-Sables.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est 956. M. HARDY: C'est 956
électeurs.
M. LATULIPPE: C'est d'accord, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): C'est 965.
M. LATULIPPE: J'en informerai le député de Portneuf.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté. D'autres commentaires à
l'article 77?
M. PAUL: M. le Président, un instant, vous allez vite un peu. Le
porte-parole du gouvernement a dû s'absenter pour quelques minutes.
M. DEMERS: Est-ce qu'il pourrait être remplacé par le
leader?
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: En ce qui concerne le comté de Portneuf, si nos
honorables amis de la formation politique qui est représentée par
un type de ce parti ont des remarques à faire au nom de ce
député...
M. LATULIPPE: La seule remarque que je pourrais faire, c'est que, dans
l'ensemble, le député de Portneuf m'a dit qu'il était fort
satisfait du découpage. Malheureusement, c'est ce qui arrive.
M. DEMERS: Laissons-le heureux.
M. LATULIPPE: Cela arrive comme ça. II m'a dit qu'il n'avait pas
l'intention de soumettre d'amendement bien spécifique et que si, pour
des raisons que l'on jugeait importantes, d'autres membres en
présentaient, il se rallierait au voeu de la majorité...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Fort bien. L'honorable député
de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, nous remarquons que, dans la
description à la septième ligne...
M. PAUL: Septième ligne.
M. DEMERS: ... de la loi, on écrit Saint-Ubalde alors que c'est
Saint-Ubald. C'était un homme.
M. PAUL: Une coquille.
M. HARDY: C'est peut-être vrai, mais même le nom masculin
Ubald s'écrit de deux façons, il y a des Ubalde masculins et des
Ubald...
M. DEMERS: Les Ubald qu'on n'a pas chez nous, ce sont des Ubald.
M. HARDY: C'est possible, mais je pense, entre autres, à l'ancien
président de la Société historique de Montréal, M.
Ubald Beaudry qui est bien un homme, mais qui écrivait toujours
Ubalde.
M. DEMERS: C'est "e".
M. PAUL: II ne faut pas oublier une chose, c'est qu'il s'occupait de
l'histoire.
M. DEMERS: Le nom officiel...
M. HARDY: Le nom officiel s'écrit avec un "e".
M. PAUL: Avec un "e".
M. RUSSELL: On pourrait faire une motion là-dessus.
M. DEMERS: On ne dérangera pas l'histoire.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce que l'article 77 serait
adopté?
M. LATULIPPE: C'est la première fois que je me rends compte que
c'est Saint-Ubalde. Sur les cartes routières, c'est toujours
Saint-Ubald. Ceux qui ont fait la carte ont oublié de voyager...
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Dans le répertoire des municipalités, c'est
Saint-Ubalde.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 77. Adopté.
M. PAUL: Un instant.
M. LATULIPPE: C'est d'accord?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Adopté.
M. LATULIPPE: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Chauveau. Article 20. L'honorable
député de Chauveau.
Comté de Chauveau
M. HARVEY (Chauveau): A l'instar de mes collègues,
particulièrement de mon prédécesseur de
Trois-Rivières, je dois dire que, moi aussi, je suis un peu
peiné, à cause de la loi 80.
C'est à regret, évidemment, que je devrai me priver de
représenter une certaine partie de mon comté.
M. PAUL: Vous êtes rendu à la loi 80 ou au projet de loi
62?
M. HARVEY (Chauveau): II faut quand même partir de la loi 80 pour
en arriver au projet de loi 62. Il a fallu partir de ces critères
d'évaluation de découpage, en vertu des populations, pour voir
qu'un comté aussi populeux que le mien ne devrait, dans le futur, que
recevoir comme réponse d'être sectionné en deux parties. A
cet égard, il est clair que, pendant cette période-ci de mon
mandat, je représente l'ensemble du territoire, tout ce comté;
mais il reste que cette section, coupant en deux parties le comté de
Chauveau, apporte inévitablement la création d'une nouvelle cir-
conscription électorale dans la région métropolitaine de
Québec.
A cet effet, cela donnera quand même une meilleure
représentativité, en ayant l'addition d'un porte-parole à
l'Assemblée nationale du Québec. Je pense qu'au départ,
une partie de Portneuf qui portait auparavant le nom de Saint-Augustin et une
partie du secteur de Sainte-Foy je parle de Cap-Rouge et longeant
également la côte partant de l'ouest à l'est, Val-Cartier,
Val-Saint-Michel et le Lac-Saint-Joseph sont une addition au comté de
Chauveau existant déjà.
Puisque nous en sommes dans l'ensemble de ce territoire, disons qu'il a
été suggéré et accepté enfin, lors
des commissions parlementaires qui ont précédé que
le nom de Chauveau soit maintenu à la partie actuellement
proposée au nom de Louis-Fréchette. Je puis dire que c'est une
logique même que de conserver à cette partie du comté de
Chauveau le nom de Chauveau là où on le retrouve; par exemple, la
Commission scolaire régionale Chauveau qui a son siège social
à Loretteville qui devient effectivement le chef-lieu de cette partie du
comté et qui englobe également les paroisse qui sont plus
à l'ouest, ainsi que les municipalités de l'Ancienne-Lorette, la
paroisse Jeune-Lorette, Neufchatel, lesquelles municipalités, au niveau
scolaire également, adhèrent à la Commission scolaire
régionale Chauveau. Le maintien du nom de Chauveau... Cela fera
sûrement plaisir à nos amis d'en face de savoir que M. Pierre
Chauveau fut le premier premier ministre du Québec.
C'est un nom très historique qui est maintenu à cette
région...
M. DEMERS: Est-ce que le député me permettrait une
remarque?
M. HARVEY (Chauveau): Si vous voulez, oui.
M. DEMERS: Pour votre information, M. Pierre Chauveau a doté la
bibliothèque parlementaire de tous ses volumes et lorsque vous
irez...
M. HARDY: C'est cela.
M. DEMERS: ... bouquiner dans cette cabane qu'on appelle notre
bibliothèque, vous réaliserez que le patron de votre
comté, M. Chauveau, premier premier ministre de la province...
UNE VOIX: D en fut le conservateur.
M. HARVEY (Chauveau): Je ne le savais pas. Vous remontez loin.
M. PAUL: C'est effrayant comme chez vous il y a beaucoup de
générations qui se détériorent.
M. DEMERS: Vous faites des prises de sang même chez les gens qui
n'y sont plus.
M. HARVEY (Chauveau): J'attends toujours votre question.
M. DEMERS: Elle est posée. Je vous faisais une remarque.
M. HARVEY (Chauveau): L'autre partie du comté, Charlesbourg
viendra en son temps aussi mais, puisque nous en sommes à Chauveau, les
quelques détails que j'ai apportés, je pense, permettront...
M. PAUL: En me référant à la carte du premier
rapport Drouin, on y voit le nom de Louis-Fréchette; cette partie est
remplacée par quel nom?
M. HARVEY (Chauveau): Le nom de Chauveau couvrait cette partie du
territoire et nous avons conservé au chef-lieu de Loretteville le nom de
Chauveau. Cette demande avait été faite par la commission
régionale appuyée également par la municipalité,
une résolution de la ville. J'étais d'accord pour cette
conservation du nom de Chauveau, pour cette partie du territoire.
M. PAUL: Avez-vous...
M. DEMERS: On aura une autre...
M. HARVEY (Chauveau): Vous allez voir. C'est sûr que
Louis-Fréchette aura son tour à un autre moment. J'aurais pu
faire le compromis en conservant le nom de Chauveau à cette section et
d'amener Louis Fréchette à Charlesbourg.
M. PAUL: C'est grave pour sa famille.
M. HARVEY (Chauveau): Quand on sera rendu à discuter le
comté de Charlesbourg, je pourrai sûrement défendre d'une
façon assez bien fondée l'appellation du nom de Charlesbourg
à ce territoire qui est assigné, qui devient deuxième
partie du grand et beau comté de Chauveau.
Je dois dire aussi, en passant, qu'une autre partie du comté de
Chauveau est devenue héritage du comté de Laviolette et là
je parle du lac Edouard.
Cette partie de la population dans un milieu récréatif, un
milieu excellent pour la pêche et la chasse. Pour le développement
de cette région, c'est quand même une section du comté que
je déplore de perdre dans ce découpage électoral. Mais,
que voulez-vous?
M. DEMERS: Louis-Fréchette et Chapleau, tous les deux.
M. HARVEY (Chauveau): Ensemble, en fait je viens de donner...
M. DEMERS: Parce que Louis Fréchette, je crois, était le
beau-père d'Henri Bourassa.
M. HARDY: Le beau-père d'Henri Bourassa?
M. DEMERS: Oui.
M. HARDY: M. le Président, le beau-père d'Henri Bourassa,
c'était Papineau.
M. DEMERS: C'était Papineau. Excusez-moi, c'est vrai.
M. HARVEY (Chauveau): Louis Fréchette est né à
Lévis.
M. DEMERS: Vous avez raison, un autre qui n'a pas eu sa mesure.
LE PRESIDENT (M. Giasson): On reprendrait l'article...
M. HARDY: M. le Président, pour le député de Dubuc
qui semblait toujours se plaindre qu'on laissait les bleus de
côté, je voudrais faire remarquer ici que Fréchette
était un rouge et un rouge avancé.
M. HARVEY (Chauveau): Très bien connu et de très grande
réputation.
M. DEMERS: II a même été obligé de faire un
voyage.
M. PAUL: II a écrit "Originaux et détraqués".
M. DEMERS: Non, ce n'est pas lui.
M. HARVEY (Chauveau): Ce n'est pas lui.
M. DEMERS: C'est Philippe-Aubert.
M. HARDY: Louis Fréchette est l'auteur d'"Originaux et
détraqués".
M. PAUL: Oui, "Originaux et détraqués".
M. HARDY: D'ailleurs, il a été
réédité aux Editions Fides.
M. HARVEY (Chauveau): Très bien.
M. DEMERS: Vous dites que c'était un libéral? Cela me
console.
M. VINCENT: Mais en transférant la municipalité de
Lac-Edouard au comté de Laviolette, est-ce qu'on transfère
également le budget de la voirie?
M. HARVEY (Chauveau): Absolument. C'est toujours sur le premier plan
quinquennal, un budget de $250,000 qui, actuellement, se
dépense sur cette artère routière, pour
l'information du député de Nicolet.
Je suis sûr que c'est à la grande joie aussi de votre tante
religieuse ou à la maison de retraitées des Soeurs
Hospitalières du lac Edouard.
M. DEMERS: On ne pourrait pas avoir un espèce de cénotaphe
où on pourrait ramasser tous ceux qu'on a perdus en cours de route?
M. PAUL: Qu'est-ce que le député dirait si son
comté s'appelait, en mémoire de tous les grands disparus, le
comté de Chapleau Fréchette Chauveau?
M. HARVEY (Chauveau): Je serais contre la motion.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires au
paragraphe 20?
M. PAUL: Un instant.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que le comté de
Louis-Fréchette est exactement le même que dans le premier
rapport?
M. HARVEY (Chauveau): C'est le deuxième rapport. Il y a
peut-être eu des petites modifications...
M. RUSSELL: Entre le premier et le deuxième rapport.
M. HARVEY (Chauveau): Cap-Rouge est dans le comté de
Louis-Hébert pour permettre justement de respecter les mêmes
critères d'évaluation.
M. RUSSELL: Cap-Rouge était dans le comté de
Louis-Hébert?
M. HARVEY (Chauveau): Etait autrefois dans le comté de
Louis-Hébert mais, en raison de la construction domiciliaire dans ce
secteur, c'est une population qui devrait être intégrée
plutôt à Chauveau.
M. DEMERS: Pour autant que je suis concerné, M. le
Président...
M. PAUL: Est-ce que vous faites la motion pour le cénotaphe?
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le paragraphe 20, adopté?
M. HARVEY (Chauveau): Adopté.
M. PAUL: Je vous ferai remarquer que quand les libéraux ne nous
font pas de filibuster, nous travaillons avec intelligence et
efficacité.
M. BRISSON: C'est parce qu'il vous reste encore 25 minutes.
M. DEMERS: II nous reste encore 25 minutes de liberté pour se
dépêcher.
M.HARDY: Vous auriez pu y penser au début de nos travaux.
M. PAUL: Qu'est-ce que c'est qu'on vient de dire?
M. DEMERS: C'est exactement ce que nous avons toujours fait.
M. PAUL: On vous l'a mentionné, M. le Président, vous
êtes devenus plus souples plus humains, plus compréhensifs. C'est
le remords qui vous ronge.
M. HARDY: M. le Président, on pourra faire une analyse de contenu
de l'ensemble des débats et on verra qu'en aucun moment notre attitude a
changé. Nous avons toujours été disposés à
étudier sérieusement cette loi.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Labelle.
M. LAFONTAINE: M. le Président, le député de
Maskinongé a tellement raison que, dans le comté de Joliette, je
pense que cela a pris une journée ou une journée et demie. Nous
avons apporté quatre motions, ils en ont accepté trois.
M. BERTHIAUME: Sur une question de règlement, M. le
Président.
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas de question de règlement, il ne
connaît même pas son règlement. Vous le savez fort bien, il
ne le connaît pas son règlement. En vertu de quel article votre
appel au règlement?
M. BERTHIAUME: La pertinence au débat. M. PAUL: C'est à
quel article. M. BERTHIAUME: L'article 184.
M. LAFONTAINE: Le député de Napierville est bien plus
à l'article de la mort... Il faudrait souligner au député
qu'il ne doit pas se laisser emberlificoter par ses amis à
côté.
M. le Président, le député de Maskinongé a
tellement raison; il a fallu une journée et demie avant d'accepter le
comté de Joliette. Sur quatre amendements proposés, on en a
accepté trois; mais si le député de Terrebonne avait
commencé avant à avoir plus de souplesse, ç'auraient
probablement été quatre amendements sur quatre qui auraient
été acceptés et nous aurions pu passer à d'autres
comtés. C'est simplement son attitude qui a changé et nous l'en
félicitons.
M. DEMERS: M. le Président, je voudrais ajouter, à l'appui
de la thèse du député de Maskinongé,
confirmée par le député de Labelle, que ce matin nous nous
sommes battus une partie de la matinée pour sauver le curé
Labelle; ce n'est qu'après le lunch que le député de
Terrebonne a modifié son idée et a accepté de conserver le
plantureux curé Labelle dans le comté de Labelle. On dit que nous
nous sommes battus pour rien, que nous avons retardé... Ce matin, nous
avons passé les vivants, les morts et tout et nous sommes arrivés
dans Labelle; il a fallu faire une chicane, une guerre et ce n'est
qu'après le souper, ce soir, que nous en sommes venus à un
compromis. Nous avons...
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai dû m'absenter pour
quelques instants; est-ce que M. Chapleau flotte encore sur le
Saint-Laurent?
M. PAUL: II y a Louis-Fréchette, ils sont deux; c'est moins
ennuyant pour lui.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Messieurs, à l'ordre !
Article 17, comté de Charlesbourg. L'honorable
député de Chauveau.
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, je sais que c'est un
lapsus que vous avez fait lorsque vous avez avancé le nom du
député de Charlesbourg, puisqu'il est clair que ce ne serait pas
prudent, à ce moment-ci du débat, de dévoiler à
quelle circonscription électorale je serai candidat.
De toute façon, à ce titre, au niveau de Charlesbourg, je
tiens, pour le bénéfice des membres de la commission, à
préciser que cette agglomération comprendra et reconstitue
historiquement le grand Charlesbourg tel qu'il était au début de
la colonie.
Tout ça pour dire que nos pères, même s'ils...
M. PAUL: II a dû s'agrandir un peu.
M. HARVEY (Chauveau): Oui, mais ça n'a pas changé les
descriptions cadastrales. A cet égard, disons rapidement que ça
comprend les villes de Charlesbourg-Est, Charlesbourg-Ouest, la ville de
Charlesbourg, Orsainville, Notre-Dame-des-Laurentides, Lac-Beauport, Stoneham,
Tewkesbury, les Cantons unis, le Lac-Saint-Charles et le territoire
s'étend jusqu'aux limites du comté de Chicoutimi, en longeant le
secteur nord complètement jusqu'à Chicoutimi.
De ce découpage encore là, je me
répéterai peut-être je déplore la perte d'une
certaine partie du territoire qui était dans la partie
intégrante, la ville de Giffard qui appartiendra aux comtés de
Limoilou et Montmorency.
Alors, Giffard sera dorénavant dans l'une et l'autre de ces
circonscriptions; mais en temps et lieu, je pense que nous pourrons en discuter
sauf que toujours là, en respectant les critères
d'évaluation du mandat de la loi 80, il a fallu ramasser, si je peux
m'exprimer ainsi, le bassin de population concordant avec les exigences de la
loi. A cet effet, nous avons un comté qui, historiquement,
représente certainement un nom valable et aussi, au point de vue du
découpage de territoire, une homogénéité de
population, un secteur socio-économique qui correspond à la
réalité. Je pense que, si vous avez des questions à poser,
il me fera plaisir d'y répondre.
M. RUSSELL : Pourriez-vous nous donner l'histoire de Charlesbourg?
M. HARVEY (Chauveau): L'histoire de Charlesbourg remonte à 300
ans, mon collègue...
UNE VOIX: Les parapluies de Charlesbourg.
M. HARVEY (Chauveau): Non, c'est de Cherbourg, ceux-là.
La suggestion de nommer le district projeté
Louis-Fréchette, d'abord, dans l'autre partie, a été
amenée, puisque nous serons obligés de reculer à
l'époque do Louis XIV et de l'intendant Talon pour arriver à la
création du Charlesbourg. Je pense qu'à cet égard, c'est
un nom aussi historique que celui de la ville de Québec même.
C'est une raison historique, mais sérieuse. Je pense que la commission
parlementaire qui a siégé là-dessus n'a pas
hésité à accepter d'emblée la suggestion
proposée. C'est la réponse que je peux donner à la
question du député de Saint-Maurice.
M. PAUL: Je pense bien que ce futur comté de Charlesbourg a un
cachet particulier pour sa vocation touristique.
M. HARVEY (Chauveau): En effet.
M. PAUL: Si l'on suit la logique du député de Terrebonne
qui nous signalait ce matin les avantages, la nécessité pour
identifier, aux Etats-Unis, par exemple, cette belle région des
Laurentides, qui est marquée par un attrait touristique à nul
autre pareil, je me demande si le député de Chauveau, pour
prolonger dans sa région à lui, cet attrait touristique que
présentent les différentes municipalités, les
différentes villes, cette vocation touristique, est-ce que le
député de Charlesbourg verrait objection à ce que l'on
appelle ce comté Charlesbourg des Laurentides?
M. HARVEY (Chauveau): Compte tenu évidemment de cette vocation
touristique, mais qui dessert, je pense, à 90 p.c. la population...
M.PAUL: Vous pourriez demander au ministre du Revenu d'avoir un peu plus
de politesse quand son frère parle.
M.HARVEY (Chauveau): Je pense qu'il me soufflait une réponse et
j'ai saisi. A cet égard, il est vrai que le comté de Charlesbourg
a une vocation...
M. DEMERS: II devient un soufflet de forge, votre frère.
M.PAUL: Pensez-vous qu'il est assez gros pour souffler jusque
là?
M. HARVEY (Jonquière): Je ferai remarquer au député
de Maskinongé, que j'ai appris à entendre à rire depuis
quelque temps. Il a beau essayer de me faire fâcher, je ne perdrai pas la
tête... quinze minutes...
M. PAUL: Grâce à qui?
M. HARVEY (Jonquière): Grâce à vous probablement qui
m'avez donné mon baptême de feu comme ministre du Revenu et je
vous en remercie. C'était probablement une de mes faiblesses comme
législateur de prendre la mouche pour un rien.
M. PAUL: Je vous en remercie. J'ai grandement apprécié le
témoignage que vous m'avez rendu. Cela arrive assez peu souvent qu'un
rouge ou un créditiste...
M. DEMERS: Sur un point de règlement. Il nous reste encore
plusieurs comtés et l'horloge nous indique que le bâillon
deviendra efficace à minuit exactement. Nous ne pourrons plus en parler.
Nous serons figés. Je voudrais qu'on précipitât les choses
afin de pouvoir rattraper le temps qui...
M. HARDY: J'endosse entièrement les propos du
député de Saint-Maurice et je pense...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Article 17. Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): C'est une question particulière qui n'a pas
rapport avec l'article 17, si vous me le permettez.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Oui. Allez-y.
M. ROY (Beauce): Cela sera très court. On vient de parler qu'il
ne reste que quinze minutes pour que nous puissions proposer des amendements.
Il y a quand même tout un groupe de comtés de la rive sud du
Saint-Laurent sur lesquels nous aurions eu des amendements à proposer et
qui, à notre avis, auraient été acceptables sans trop de
discussions. J'aimerais savoir, à ce stade-ci de nos travaux, de quelle
façon nous pourrons proposer nos amendements et les faire accepter par
le gouvernement. Parce que je pense que, comme nous représentons des
comtés, nous avons certains droits et certains privilèges
également et, dans exacte- ment quinze minutes, il nous sera impossible
de les faire valoir.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Est-ce qu'on pourrait donner
immédiatement la réponse à la question du
député de Beauce? Le député de Taillon.
M. LEDUC: Sans être un expert des règlements, on vient de
vivre la preuve flagrante que le leader parlementaire du Ralliement
créditiste ne connaît pas ses règlements. Et ce n'est pas
à la commission de lui expliquer la procédure à suivre.
C'est à lui qui est le leader parlementaire en Chambre de
connaître ses règlements et de suivre la procédure. Nous ne
devons pas perdre de temps pour aller à l'école et donner des
cours à un leader parlementaire. Qu'il apprenne ses règlements et
la commission va faire son travail.
M. ROY (Beauce): Question de privilège.
M. LEDUC: II n'y a pas de privilège en commission.
M. ROY (Beauce): Question de règlement.
M. LEDUC: Qu'on étudie la carte électorale jusqu'à
minuit comme l'a mentionné le député de Saint-Maurice, ce
qui était logique et qu'on ignore des questions aussi enfantines, pour
être poli, M. le Président, comme celle que vient de poser le
leader parlementaire du Ralliement créditiste.
M. ROY (Beauce): J'invoque une question de règlement, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de Beauce,
sur un point de règlement.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas besoin de cours sur la procédure
parlementaire de la part du député de Taillon.
M. LEDUC: Non, mais la questions que vous venez de poser donnait...
M. ROY (Beauce): Je connais très bien mes règlements.
M. LEDUC: Vous ne connaissez pas vos règlements.
M. ROY (Beauce): C'est justement parce que je connaissais mes
règlements que j'ai demandé poliment s'il n'y aurait pas lieu
une question particulière étant donné que
nous sommes dans une situation très particulière, une situation
qui n'a pas été prévue par nos règlements actuels,
parce que c'est la première fois que nous avons à vivre une
motion de bâillon, une motion sur laquelle on ne permet pas à tous
les députés de pouvoir s'exprimer sur un projet de loi...
M. HARDY: Sur un point de règlement.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sur un point de règlement, le
leader...
M. ROY (Beauce): C'est sur un point de règlement, M. le
Président.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement sur les paroles que vous
dites présentement. On me permettra simplement de rappeler au
député de Beauce que, premièrement, nous ne sommes pas
responsables du fait que nous soyons rendus à ce "stage" des travaux,
seulement à l'endroit où...
M. PAUL: Ce stade.
M. LEVESQUE: Stade. Deuxièmement, M. le Président, je ne
crois pas que le député de Beauce ou son groupe subisse de
préjudices parce qu'il aura l'occasion, lorsque le rapport sera
déposé, à la même séance, de déposer
ses propres amendements chez le secrétaire de l'Assemblée
nationale. Si ces amendements reçoivent, comme il le dit, parce qu'ils
sont raisonnables, l'assentiment de la majorité de l'Assemblée
nationale, ils seront adoptés.
M. ROY (Beauce): M. le Président, M. le leader du gouvernement,
lorsque ces amendements sont étudiés au moment même
où le rapport est présenté devant l'Assemblée il
n'y a aucune discussion et aucune intervention de permise, il est assez
difficile à ce moment-là...
M. LEVESQUE: Un instant. Au contraire, M. le Président, il est
permis à ce moment-là au chef du groupe du Ralliement
créditiste de prendre une demi-heure pour appuyer son argumentation et
chacun des membres de son groupe peut avoir dix autres minutes. Cela lui donne
30 minutes, si je ne me trompe pas, plus..,
M. PAUL: Ce n'est pas 20 minutes?
M. LEVESQUE: Non, je ne pense pas. Je pense que c'est 30.
M. PAUL: Non. Le droit de parole des députés.
M. LEVESQUE: Je n'ai pas mon règlement ici, mais c'est 20 ou 30
minutes.
M. PAUL: Moi non plus, c'est parce que je voulais obtenir les
renseignements du leader.
M. LEVESQUE: Plus dix minutes par membres du parti et vous êtes
onze à part le représentant officiel du parti, ce qui vous
donnera amplement le temps de le faire. Vous auriez pu avoir plus de temps
parce que nous avions ici offert 50 heures additionnelles qui n'ont pas
été acceptées et ce n'est pas la faute du parti
ministériel mais nous collaborerons du mieux que nous pouvons afin de
faciliter votre tâche.
M. ROY (Beauce): Alors, cela me satisfait.
M. PAUL: M. le Président, il y a quelque chose que je n'ai pas
compris. Je voudrais poser une question au leader du gouvernement. Il a dit
qu'on pouvait présenter des amendements. Quand exactement ces
amendements pourront-ils être présentés? A quel moment?
M. LEVESQUE : Le député de Maskinongé a
certainement quelque chose derrière la tête lorsqu'il pose cette
question si candidement, si naïvement.
M. DEMERS: On a réellement le droit de le faire.
M. LEVESQUE: J'imagine bien que le député de
Maskinongé connaît son règlement, lui qui a
participé à sa rédaction. D sait fort bien que...
M. PAUL: J'ai trouvé qu'il y avait une partie anormale
dedans.
M. LEVESQUE: Ouais.
M. DEMERS: Eviter de mettre le bâillon.
M. LEVESQUE: Quelle partie anormale?
M. DEMERS: La facilité qu'il y avait pour un gouvernement de
mettre le bâillon.
M. PAUL: Je ne voudrais pas succomber à l'invitation de
l'honorable leader parce qu'il avait été convenu que nous ne
pourrions pas dévoiler les discussions que nous avions eues
là-bas. Est-ce que l'honorable leader s'en rappelle?
M. LEVESQUE: Ces discussions avaient été longues.
Plusieurs jours de discussions et il serait difficile pour moi d'essayer de
deviner ce qui se passe dans l'esprit...
M. PAUL: C'est une question simple.
M. LEVESQUE: ... du député de Maskinongé.
M. PAUL: Et même simpliste.
M. LEVESQUE: Oui? Alors, le député de Maskinongé
doit l'avoir très présent à l'esprit.
M. PAUL: M. le Président, sur une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable depute de Napierville.
M. BERTHIAUME: Pour autant que je m'en souvienne, M. le
Président, la question de règlement soulevée par le
député de Bonaventure faisait suite aux propos du
député de Beauce. J'aimerais faire remarquer aux membres de la
commission parlementaire qui siègent actuellement que le parti que
représente le député de Beauce, ici, a été
absent au moins la moitié du temps aujourd'hui à la commission
parlementaire. Je comprends mal les propos qu'a tenus le député
de Beauce.
M. ROY (Beauce): J'invoque le règlement, M. le Président
sur ce point là. Nous avons des travaux qui se sont poursuivis à
l'Assemblée nationale, il y a eu étude d'importants projets de
loi. M. le Président, les comtés qui ont été
discutés...
M. BERTHIAUME: Vous êtes douze.
M. ROY (Beauce): Je n'ai pas de compte à rendre à
l'honorable député de Napierville. Nous savons ce que nous avons
à faire. Si on prend note des présences et des absences, on peut
comparer avantageusement nos présences avec certaines présences
de certains "backbenchers" du gouvernement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Je n'ai plus rien à dire, cette histoire-là
vient d'être classée.
M. LEDUC : Si on veut parler d'absence et de présence, on pourra
sortir le calendrier des absences et présences des "back-benchers" du
Parti libéral, vous allez constater que vos "back-benchers" et nos
"back-benchers", les nôtres sont pas mal plus "front-benchers" que vos
"back-benchers" à vous autres.
LE PRESIDENT (M. Giasson): L'honorable député de
Frontenac.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel du règlement, je
crois que le député de Jeanne-Mance a un mot à dire
là-dessus.
M. BRISSON: Je voulais dire que nous en étions à
l'étude du bill 62 et que, si on veut adopter d'autres comtés, il
reste huit minutes. On serait mieux de passer à l'ouvrage.
M. LATULIPPE: ... c'est que c'est moi qui avais la
responsabilité, au nom de mon parti, de faire les représentations
et d'assister aux séances de cette commission aujourd'hui.
Aujourd'hui il aurait fallu que j'aie possiblement assisté
à quatre autres séances de la commission. J'étais aussi
responsable aux com- missions du travail, de l'industrie et du commerce,...
M. HARDY: Vous avez été député en campagne
électorale.
M. LATULIPPE: Non, en temps régulier, ce sont des travaux qui
auraient été censés m'être revenus. On ne peut pas
être à deux places à la fois.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Wolfe.
M. LAFONTAINE: Sur un point d'ordre.
M. LATULIPPE: Je voudrais demander au leader parlementaire s'il peut
nous dire à ce stade-ci si le rapport sera appelé demain
après-midi ou demain matin.
M.HARDY: II ne peut pas être appelé demain. Le rapport ne
peut être que déposé demain.
M. PAUL: Quand peut-il être déposé?
M. HARDY: Sa discussion ne peut pas avoir lieu demain.
M. PAUL: Quand peut-il être appelé?
M. HARDY: M. le Président, je pense qu'on est à demander
un cours de droit parlementaire alors que l'on devrait étudier la loi
62. On nous a reproché de mettre le bâillon et voici, qu'au lieu
d'utiliser le temps pour discuter la loi 62, on demande des explications sur le
règlement, ce que tout le monde peut faire en lisant ce petit livre
vert. C'est très simple.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque encore le
règlement sur les accusations du député de Taillon. Comme
nous avions à faire face à un bâillon, c'est la
première fois que ça se produit dans ce gouvernement, nous avons
le droit d'avoir des explications supplémentaires pour savoir où
nous allons parce que nous nous ne marchons pas à l'aveuglette.
M. LAFONTAINE: M. le Président, parlant sur le point d'ordre
formulé par le leader parlementaire du gouvernement.
M. HARDY: On veut faire du règlement...
M. LAFONTAINE: Vous voyez encore l'intervention intempestive du
député de Terrebonne.
M. HARDY: On aime mieux faire de la procédure que
d'étudier la loi.
M. LAFONTAINE: C'est le député de Bonaventure qui a
invoqué un point de règlement.
M. le Président. Je ne peux pas, en toute décence, laisser
passer une affirmation semblable.
M. HARDY: La forme l'emporte sur le fond.
M. LAFONTAINE: Le député de Bonaventure a dit que la
situation actuelle dans laquelle nous vivons n'est pas la responsabilité
du gouvernement mais laisse planer la responsabilité sur d'autres
partis.
Je lui dirai que, malgré l'acharnement incompréhensible de
la majorité ministérielle, nous avons réussi à
étudier 57 comtés en dedans de deux semaines. L'on connaît
la brique qui nous a été présentée et nous n'avons
pas reçu les services techniques nécessaires demandés
moult fois au gouvernement. Nous n'avons pas eu droit à la recherche
cadastrale, eux ils l'avaient tous. Nous présentions même des
motions qui étaient incomplètes parce que nous n'avions justement
pas les sources qu'a le gouvernement au point de vue technique.
La situation actuelle n'est pas de la responsabilité de
l'Opposition mais bien du gouvernement.
Malgré l'acharnement incompréhensible de la
majorité ministérielle, nous avons réussi à faire
étudier 57 comtés. M. le Président, je fais appel à
votre compréhension. Quand nous avons dû faire face à la
nervosité exagérée du gouvernement, c'est
déjà un accomplissement fantastique.
Je tiens à réaffirmer avant minuit que nous condamnons le
bâillon gouvernemental, que c'est une mesure antidémocratique.
Nous condamnons la carte injuste que le Parti libéral veut imposer au
Québec et nous nous battrons jusqu'au bout et le gouvernement en verra
de toutes les couleurs, parce que nous avons l'intention, vu que nous n'avons
plus le droit de parler ici, à la commission parlementaire, de
poursuivre le débat sur la place publique. C'est le peuple du
Québec qui est le patron des députés.
M. LEVESQUE: II serait peut-être temps pour
l'Unité-Québec de retirer son gardien de but. Il est minuit moins
quatre minutes.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de
Maskinongé.
M. DEMERS: On viendra faire de grands discours après cela.
LE PRESIDENT (M. Giasson): J'ai reconnu le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais parler sur la question de
règlement posée par le député de Beauce. Je dis que
le député de Beauce a posé une question extrêmement
importante. Il a demandé quand il pourrait présenter des
amendements et il réalise dans quelle situation nous sommes
placés ce soir, à minuit moins quelques minutes, alors que
normalement nous aurions besoin de plus de temps pour étudier toute
cette réforme de la carte électorale.
M. LEVESQUE: Vous avez refusé cinquante heures de plus.
M. PAUL: Nous les avons prises. Que le leader du gouvernement nous donne
donc une journée et même hier soir, à minuit moins vingt
minutes, nous avons pressé, nous avons gêné le
député de Bonaventure et nous sommes venus siéger quasi de
force, quasi manu militari.
Quand l'honorable député de Bonaventure dit que nous avons
refusé les cinquante heures, nous les avons prises.
M. LEVESQUE: Quand?
M. PAUL: Aujourd'hui, parce qu'il y a eu plus de compréhension,
plus de coopération de la part des députés
ministériels, nous avons... Pardon?
Un instant, M. le Président, est-ce que le petit dictateur
pourrait se réserver...
M. DEMERS: Le petit caporal.
M. PAUL: Celui qui a mené la commission parlementaire comme il a
voulu, est-ce qu'il peut se calmer? Après avoir tripoté la carte
électorale comme il a voulu.
M. HARDY: M. le Président, je suis très calme.
M. PAUL: Surtout, il aura, lui, personnellement à rendre compte
à la population du Québec du mandat qui lui avait
été confié. Parce qu'il a été l'instrument
de ce bâillon qu'on nous impose et dans quelques instants ce sera
une heure fatidique pour le Québec c'est le jour le plus sombre
de l'histoire politique du Québec.
M. BRISSON: Tout est consommé.
M. PAUL: Non, tout n'est pas consommé et vous allez vous rendre
compte que tout n'est pas consommé parce que nous avons encore d'autres
moyens...
M. HARDY: Chantage!
M. PAUL: ... pour essayer...
M. HARDY: Chantage parlementaire!
M. PAUL: Non, M. le Président. En quoi cela peut-il être du
chantage quand nous disons que nous continuerons le débat sur la place
publique? Si le député de Terrebonne veut nous inviter, mon
collègue, le député de Saint-Maurice et moi-même
à une assemblée publique, comme nous allons l'inviter...
M. HARDY: A Saint-Jérôme. M.PAUL: Oui, n'importe où.
M. HARDY: Je vous invite ce soir.
M. PAUL: Non, non. Commencez par nous donner une date, comme nous allons
vous donner la nôtre. Nous allons vous inviter dans le comté de
Maskinongé, de Saint-Maurice et c'est là que vous allez
constater...
M. HARDY: Devant la presse, M. le Président, je relève le
défi d'aller à Maskinongé.
M.PAUL: ... la Presse, le Nouvelliste, le Soleil, le Journal de
Montréal, le Journal de Québec, le Montreal Star...
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le
député de Maskinongé me permettrait-il...
M. PAUL: Non, je n'entends pas recevoir de question.
M. HARVEY (Jonquière): Non, est-ce qu'il me permettrait de lui
suggérer...
M. PAUL: Non, M. le Président, j'ai la parole et j'ai bien
l'intention de la garder. Vous êtes allé dans le comté de
Maskinongé et...
M. HARVEY (Jonquière): Oui et je voudrais que vous veniez
à Jonquière à la télévision avec moi, avec
les arguments du député de Dubuc.
M.PAUL: ... vous n'avez pas eu l'occasion de parler de la refonte de la
carte électorale.
M. HARVEY (Jonquière): Nous verrions le portrait de
l'Unité-Québec.
M. PAUL: M. le Président, c'est jour de deuil national pour la
démocratie dans le Québec. Il est minuit et nous allons nous
retirer en méditant.
M. BERTHIAUME: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. PAUL: Le glas de la liberté vient de sonner. Il est minuit, M.
le Président, vous êtes oblige de lever cette séance.
DES VOIX: Nous vous saluons...
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 23 h 59)