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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet : Réforme électorale
Séance du mercredi 7 mars 1973
(Dix heures treize minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais d'abord faire part des changements des membres de la
commission: M. Larivière remplace M. Bienvenue; M. Laurin remplace M.
Burns, M. Arsenault remplace M. Giasson; M. Shanks remplace M. Lacroix; M.
Picard remplace M. Lamontagne; M. Houde (Limoilou) remplace M. Leduc; M.
Faucher remplace M. Lévesque; M. Croisetière remplace M. Paul; M.
Carpentier remplace M. Phaneuf ; M. Audet remplace M. Roy (Beauce).
Le député de Terrebonne.
Sujets à discuter
M.HARDY: M. le Président, c'est avec beaucoup de plaisir que je
prends part ce matin à cette séance de la commission de
l'Assemblée nationale. Il y a déjà quelques semaines que
nous nous sommes vus autour de cette table. Les dernières fois, c'est
dans un climat à la fois intéressant, quelquefois
passionné, que nous avons dû travailler et adopter une
pièce maîtresse de la législation, loi qui passera
sûrement à l'histoire pour bien des motifs.
Voici que maintenant, nous devons reprendre ces travaux parce que, comme
j'ai eu l'occasion de le mentionner à plusieurs reprises, la nouvelle
carte électorale ne constituait qu'une pièce, une pièce
importante, bien sûr, mais une seule pièce du dossier de la
réforme électorale.
Si l'on regarde les différents sujets sur lesquels nous nous
étions entendus au début de nos travaux, je vois qu'il y a encore
des questions extrêmement importantes sur lesquelles nous aurons à
nous pencher au cours des prochaines semaines.
Je pense que, si on examine cette liste, les sujets les plus importants
et ceux qui requièrent dans l'immédiat notre attention seraient
d'abord la prise en considération du rapport préliminaire du
comité d'experts sur les modes de scrutin, rapport préliminaire
qui a été déposé il y a déjà quelques
mois, que nous n'avons pas eu l'occasion d'étudier, justement parce que
nous étions préoccupés par la carte électorale.
L'autre question importante qui devait, je pense, retenir notre
attention, c'est le financement des partis et les dépenses
électorales.
Enfin, il y a également la contestation des élections, la
Loi de la contestation des élections.
Je me rappelle qu'au tout début de nos travaux, plusieurs membres
de cette commission avaient souligné l'urgence d'apporter des
amendements à la Loi de la contestation des élections,
alléguant, à bon droit je pense, que la loi telle qu'elle existe
présentement rend presque inutiles, à certains moments, des
procédures en contestation d'élections à cause de la
lenteur et à cause de différentes lacunes que l'on y
retrouve.
Quant à cet aspect de la réforme électorale,
relatif à la contestation des élections, je puis dire
immédiatement que c'est l'intention du gouvernement, lors de la
prochaine session, de déposer une Loi amendant la loi de la contestation
des élections, mais toujours dans cet esprit de participation qui a
animé le gouvernement dans l'ensemble de la réforme
électorale. C'est également notre intention de déposer, au
cours d'une prochaine séance de la commission, un document de travail
qui renfermerait les principaux aspects que nous aimerions retrouver dans cette
loi d'amendement, pour que l'on discute de cette question, afin que la loi que
le gouvernement déposera, à la prochaine session, reflète
l'opinion des membres de la commission le plus justement possible.
M. le Président, ce sont les trois principales questions que nous
devrions traiter, je pense, dans l'immédiat. Evidemment, cela
n'épuise pas la liste de nos travaux; nous aurons, par la suite,
d'autres questions à traiter. Quant au mode de scrutin, comme je l'ai
dit tantôt, nous avons un document de travail qui nous a
été remis, il y a déjà quelques mois, par le
comité d'experts. Je pense bien que tous les membres de la commission
ont pris connaissance de ce rapport et ont surtout noté qu'en
conclusion, les experts nous remettent, en quelque sorte, le problème
entre les mains en posant la question de la façon suivante: Est-ce que
la commission est d'avis que nous devrions accorder plus d'importance à
la stabilité ou au reflet des forces partisanes?
Au fond, c'est la représentativité versus la
stabilité. Les experts ont posé le problème de la
façon suivante: représentativité versus stabilité.
C'est poser la problème d'une façon un peu simpliste, avec tout
le respect que je peux nourrir à l'endroit des experts. Après
avoir réfléchi longuement à ce dilemme presque
cornélien, représentativité versus stabilité, j'ai
l'impression qu'il nous est difficile d'apporter une réponse dans cet
esprit. Je ne peux pas voir comment nous pouvons laisser de côté
l'aspect de la représentativité pour nous orienter uniquement sur
la stabilité.
Si un Parlement veut dire quelque chose, si on veut que nos institutions
parlementaires soient vraiment efficaces, il faut que ceux qui siègent
dans le Parlement représentent le plus adéquatement possible,
à une période donnée, le désir ou les options de la
population.
A partir du moment où il y aurait entre la représentation
au Parlement et les options de la
population un fossé trop grand, le Parlement n'aurait plus un
grand rôle à jouer. C'est là que des difficultés
peuvent surgir. La crédibilité du Parlement serait mise en cause
d'une façon assez grave.
Par ailleurs, je ne vois pas comment on peut rejeter du revers de la
main l'aspect de la stabilité, toujours, bien sûr, en fonction de
nos institutions politiques. Nous vivons, jusqu'à ce que
s'opèrent des changements, dans un régime de
responsabilité ministérielle. C'est-à-dire que l'avis du
gouvernement dépend de la confiance que ce gouvernement a de la part des
députés.
Si on a un régime qui fait qu'il est pratiquement impossible,
d'une façon permanente, de dégager une majorité
parlementaire, nous risquons d'avoir des gouvernements minoritaires, donc
l'instabilité.
J'imagine difficilement comment, dans le contexte actuel du
Québec, le Québec devant faire face à des problèmes
aigus sur différents plans... Je pense bien que personne autour de cette
table ne niera cet aspect. Quand j'entends les principaux porte-parole des
partis de l'Opposition, je peux difficilement conclure que ces gens ne sont pas
conscients que nous avons des problèmes au Québec,
problèmes sur le plan économique, problèmes sur le plan
social. Nous avons de graves problèmes. Le Québec fait face
à des problèmes.
Je pense que, pour arriver à faire face à ces
problèmes, encore une fois dans le système politique qui est le
nôtre, il est nécessaire d'avoir un gouvernement stable, d'avoir
un gouvernement capable de gouverner. C'est non seulement nécessaire
face aux problèmes, mais je pense que cette idée d'un
gouvernement stable répond au désir profond de la population.
Je pense que c'est assez facile de déceler dans la population ce
sentiment que les gens désirent un gouvernement en mesure de gouverner,
d'administrer, qui n'est pas susceptible à tout moment d'être
renversé.
Je terminerai là-dessus, j'aimerais bien avoir l'opinion des
autres membres de la commission, mais je pense que l'on peut difficilement
répondre à la question qui nous est posée par le
comité d'experts de la façon qu'elle nous est posée. Je
vois difficilement comment on pourrait dire: Voici, vous allez nous
suggérer un mode de scrutin qui va accorder une préférence
à la représentativité. Je pense que, ce qu'il faudrait
demander au comité d'experts, c'est de poursuivre ses travaux en tentant
de nous proposer un mode de scrutin qui, d'une part, assurera la plus grande
représentativité des forces partisanes tout en maintenant ou tout
en assurant, dans la mesure du possible, la stabilité ou la
possibilité qu'une majorité parlementaire se dégage d'un
scrutin.
Je pense que ce qui doit guider le comité d'experts et ce qui
doit nous guider comme législateurs dans la recherche d'un mode de
scrutin, c'est de garantir que, d'une façon générale, il
soit possible d'assurer une majorité parlementaire.
Dans son rapport, le comité d'experts retient quelques modes de
scrutin qu'il nous recommande. Je dirais qu'il faudrait peut-être en
ajouter à ceux qui sont mentionnés à la page 35. J'imagine
que, dans une étude comme celle que nous poursuivons
présentement, il serait difficile d'ignorer des modes de scrutin comme
celui qui prévaut en France actuellement: le double tour ou encore le
mode de scrutin que l'on appelle préférentiel, je n'ai pas le
terme exact, mais le mode de scrutin qui veut qu'il n'y ait qu'un tour et que,
lorsqu'on vote, au lieu de voter seulement pour un candidat, on exprime des
préférences, c'est-à-dire un, deux, trois, quatre, cinq.
Je pense que c'est un autre mode qui devrait être adopté, je ne
dis pas nécessairement que c'est celui qui devrait être
adopté, mais je pense que, dans les études qui se poursuivent, on
devrait en tenir compte.
Pour résumer, M. le Président, je pense que, quant
à nous, nous ne pouvons pas répondre brutalement de cette
façon-là à la question qui est posée. Nous
suggérons que le comité d'experts poursuive ses travaux en
tentant de trouver un mode de scrutin qui va à la fois assurer la plus
grande représentativité au Parlement, tout en assurant en
même temps la stabilité que je considère être un
élément essentiel dans un système politique comme le
nôtre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je remercie M. le
député de Terrebonne de nous avoir fait son petit topo sans
insister évidemment sur les aspects contentieux d'une certaine loi qu'il
a évoquée et qui ne va pas nécessairement dans le sens de
la représentativité, si nous en parlons en termes de
régions et en termes de développement économique
régional. Mais tournons très rapidement cette page plus ou moins
glorieuse de notre commission.
Lors de la dernière réunion de notre comité
directeur, nous avons tenté d'établir un nouveau calendrier de
travail à partir des étapes que nous avons jusqu'à
présent franchies. Ces étapes, vous les connaissez.
Il y a eu d'abord la loi abolissant les comtés
protégés, la loi créant la commission permanente de
redistribution ou de réaménagement des districts
électoraux. Il y a eu la loi 62 et cette loi qui permet la confection de
listes électorales permanentes. Nous en sommes à un nouveau stade
et nous nous sommes interrogés l'autre jour sur la question de savoir si
nous devions commencer d'abord par examiner le problème des modes de
scrutin, problème qui a déjà retenu notre attention et qui
a fait l'objet du rapport dont parlait tout à l'heure le
député de Terrebonne, ou si nous devons attacher notre
considération sur un mécanisme qui s'articule
sur les autres que nous avons déjà revus, soit la Loi
électorale. Ceci supposerait un examen de la loi dans son entier et
particulièrement au chapitre des dépenses électorales
prises en un sens général, au chapitre du financement des partis
et de tout ce qui s'y rattache, publicité, etc. Il y a également
dans cette optique, le problème des sondages, dont nous avons
reparlé l'autre jour au comité directeur. Nous avions
parlé de la loi de contestation, de cette partie de la loi qui porte sur
la contestation des élections. Le député de Terrebonne
vient de nous faire connaître l'intention de son gouvernement. Nous
supposons donc qu'il parle ès qualité un peu comme un ministre le
ferait et qu'il nous a fait part d'une décision du cabinet. Il y aura
donc une loi sur la contestation des élections. Nous le tenons pour
acquis et nous souhaitons que ça se fasse bientôt.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous souhaiterions
d'une part que l'on étudie très attentivement la question des
modes de scrutin sans que, pour autant, nous délaissions le
problème de la réforme de la Loi électorale en son entier.
Il avait été question le député de
Terrebonne ne l'a pas mentionné, je le mentionne parce que ce n'est pas
un secret, nous sommes maintenant en commission parlementaire, nous devons vous
faire rapport de nos délibérations il avait
été question, dis-je, de mener parallèlement ces deux
études, soit celle des modes de scrutin et celle de la Loi
électorale.
Je m'arrête un moment au mode de scrutin. Comme l'a dit le
député de Terrebonne, cette question est très complexe et
pas aussi simple qu'elle pourrait apparaître, qu'elle pourrait être
perçue dans le rapport qui nous a été soumis. Ce rapport
est axé sur deux idées maîtresses, toutes deux valables et
qui doivent se conjuguer: représentativité et stabilité.
Je suis de l'avis du député de Terrebonne qu'il faut un
gouvernement stable. Il reste à savoir si un changement du mode de
scrutin modifierait sensiblement cette stabilité ou la mettrait en
cause. Le mode de scrutin doit en même temps assurer la
représentativité, ce qui est un objectif absolument
nécessaire de notre démocratie.
La question de la stabilité n'est pas incompatible avec un
changement du mode de scrutin. Tout dépendra évidemment de celui
qu'on pourrait adopter. Il y a des gouvernements stables qui ne sont pas
meilleurs que des gouvernements instables. Par ailleurs, il y a des
gouvernements instables qui ne produisent pas les fruits qu'on pourrait
attendre d'eux, quoi qu'on dise. On nous a remis le problème, c'est
à nous d'en décider.
Nous avions, au cours de notre rencontre de la semaine dernière,
discuté de la possibilité de mener parallèlement
l'étude des modes de scrutin et de la Loi électorale en
constituant, particulièrement pour le cas des modes de scrutin, un
comité de travail qui pourrait être composé d'experts et de
certains membres de la commission de l'Assemblée nationale. Il reste
à voir si les membres de l'Assemblée nationale seront d'accord
pour accepter cette formule que nous avons esquissée l'autre jour, sans
pour autant en faire une proposition, sans pour autant décider d'en
faire une proposition formelle à cette commission.
Pour ma part, j'estime que l'étude des modes de scrutin qui a
été faite jusqu'à présent est encore
incomplète. Certains partis politiques ont proposé des
modifications assez radicales à notre système parlementaire, dont
celui d'un régime présidentiel qui pourrait être, mutatis
mutandis, calqué sur le régime présidentiel
américain.
D'autres avaient déjà bien avant proposé la formule
d'un régime présidentiel sans toutefois entrer dans le
détail, en attendant que des études plus poussées soient
menées sur ce sujet particulièrement difficile qui comporte des
aspects techniques dont nous n'avons pas exploré encore toutes les
avenues.
La Loi électorale, d'autre part, est très importante
puisque c'est quand même cette loi qui régira l'action des
parlementaires et des citoyens lors des prochaines élections qui auront
lieu vraisemblablement, sous toutes réserves des surprises
stratégiques, en 1974.
Il est important de se pencher sur ce problème pour examiner une
fois pour toutes la question des dépenses électorales et, ce qui
s'y greffe forcément, le financement des partis et les problèmes
connexes de publicité, de sondage, etc.
Je suis, comme chacun de vous, perplexe quant au choix à faire,
mode de scrutin ou Loi électorale. S'il était possible de mener
parallèlement les deux études, cela me satisferait, mais si
j'avais à faire une option, je préférerais que l'on
s'attaque d'abord au mode de scrutin, tout au moins que l'on revoie ce qui a
été, enfin, soumis jusqu'à présent sous toutes
réserves évidemment du temps qu'on pourra y consacrer, une, deux
ou trois séances, et avec l'idée en tête de redemander aux
experts d'analyser plus en profondeur cette question et de compléter le
document qu'ils nous ont soumis. Ceci nous permettrait très
bientôt, à une ou deux séances ultérieures, lorsque
nous nous déciderons, de nous attaquer aux problèmes de la Loi
électorale et des questions que j'ai évoquées tout
à l'heure.
Ma perception est la suivante: J'estime éminemment important,
compte tenu du réaménagement des districts électoraux, que
l'on s'attaque aux problèmes des modes de scrutin avant de s'attaquer
à la Loi électorale, je soumettrais le compromis suivant: que
l'on mène parallèlement les deux études, d'autant plus
que, quand on parle de modes de scrutin, eu égard aux difficultés
qu'on a évoquées tantôt et que j'ai évoquées
moi-même, il est peut-être téméraire de penser qu'un
changement aux modes de scrutin pourrait survenir avant que ne surviennent les
prochaines élections.
Donc, en termes de priorité immédiate, le problème
des modes de scrutin me paraîtrait moins important dans cette perspective
que l'examen de la Loi électorale, et ce réaménagement, ce
perfectionnement d'une loi qui a déjà quand même
été améliorée, mais qui exige qu'on la reprenne et
qu'on en fasse disparaître ce qui est fautif ou ce qui est faible pour
que l'on ait un instrument démocratique qui satisfasse les nombreuses
exigences qui ont été formulées par les divers partis
politiques, par les citoyens, par tous les spécialistes qui se sont
penchés sur la question.
M. le Président, pour conclure, pour ma part, priorité de
principe au mode de scrutin, en pratique à la Loi électorale et
davantage priorité à une recherche qui pourrait être
menée parallèlement sur les deux sujets par la commission de
l'Assemblée nationale et par un groupe détaché de cette
commission assistés d'experts, le dernier s'occupant du mode de scrutin
et la commission, "at large", s'occupant de la Loi électorale. Ce sont
là les proprositions que je soumets à nos collègues
membres de la commission de l'Assemblée nationale, qui sont des
propositions qui reflètent, je crois, les discussions que nous avons
eues l'autre jour au comité directeur, comité directeur qui n'a
pas pris de décision, mais qui est respectueux de la démocratie,
qui a décidé de vous soumettre, ce matin, ce dont a parlé
le député de Terrebonne et ce dont, moi-même, je viens de
vous faire part.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, sur cette question de l'approche
que l'on doit prendre pour les travaux qu'on doit faire relativement à
cette réforme électorale, pour ma part, je pense que, pour faire
un choix qui soit raisonnable et éclairé, il faudrait d'abord
connaître quand auront lieu les prochaines élections.
M. HARDY: Est-ce que c'est une question?
M. LATULIPPE: Vous pourriez peut-être nous annoncer cela en
primeur aujourd'hui.
M. HARDY: Malheureusement, même si je le savais... Je serais
très heureux...
M. LATULIPPE: Vous croyez nous induire en erreur.
M. HARDY: Mon esprit serait peut-être plus tranquille. Je suis,
comme le député de Frontenac, dans l'expectative, face à
cette question.
M. LATULIPPE: Compte tenu du fait qu'il nous manque un
élément, nous ignorons de quel temps nous disposons pour choisir
les priorités sur lesquelles nous voulons travailler. Pour ma part,
j'estime qu'il n'y a qu'un choix valable, c'est celui qui a été
exprimé par le député de Chicoutimi. Il y a des
améliorations qui sont faisables immédiatement à la Loi
électorale, notamment dans la nomination des officiers et autres petites
améliorations connexes, qui constitueraient une amélioration
très sensible, lors des prochaines élections. Par exemple, j'ai
à l'idée parce qu'aujourd'hui, le vote se fait à
des endroits où on regroupe plusieurs bureaux de scrutin il est
possible de nommer un expert qui va voir à ce que tout se déroule
normalement, parce que la majorité des officiers nommés pour voir
au déroulement du scrutin ignorent ou ne font pas exactement tout ce que
la loi exige.
Il y a de petites améliorations qui sont possibles à la
Loi électorale mais, pour ma part, j'estime que, si nous avons un
délai suffisant d'ici les prochaines élections pour amorcer une
étude valable sur le mode de scrutin, nous ne devons pas négliger
ce fait-là parce qu'il va falloir, à un certain moment nous
pencher sur la question.
Et comme le gouvernement actuel s'est donné comme priorité
la réforme électorale, il se doit d'aborder ce problème.
On ne peut pas le reporter indéfiniment. H faut donc se décider
à y faire face.
Le député de Terrebonne a posé le problème
de la stabilité versus la représentativité...
M. HARDY: Si vous permettez, ce n'est pas moi qui ai posé le
problème de cette façon-là, c'est le rapport.
M. LATULIPPE: C'est le rapport du comité directeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, le comité d'experts.
M. HARDY : J'aurais préféré que la question ne soit
pas posée de cette façon-là parce que, comme je l'ai
expliqué, c'est à peu près impossible d'y
répondre.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour ma part, même si c'est
difficile de faire un choix, j'estime que, dans une certaine mesure, nous
n'avons pas de choix. H faut, dans un régime que l'on veut le plus
démocratique possible, respecter la volonté de
l'électorat. Dans ce sens-là, on doit certainement accorder une
priorité à la représentativité, quitte à
chercher la stabilité dans une autre réforme, soit au niveau de
la procédure, soit, comme l'a mentionné tout à l'heure le
député de Chicoutimi, dans la ressource d'un nouveau
régime type présidentiel amélioré, adapté
à notre nouvelle situation.
J'entrevois déjà la possibilité où, en
Chambre, il serait possible d'avoir le vote libre de tous les
députés. Je ne verrais pas pourquoi ça ne se ferait pas.
Je ne verrais pas, non plus, pourquoi on n'aurait pas un
président...
M. HARDY: En avez-vous parlé à votre nouveau chef?
M. LATULIPPE: Non, ce sont des opinions personnelles que j'exprime
ici.
M. HARDY: Je ne sais pas s'il va aimer ça, la liberté du
vote.
M. LATULIPPE: Nous parlons d'une recherche au niveau du mode de scrutin.
Ce sont quand même des points sur lesquels devrait se pencher le
comité d'experts en question.
M. HARDY: L'ancien aurait peut-être accepté ça, mais
le nouveau?
M. LATULIPPE: Je ne crois pas que la stabilité, M. le
Président...
M. SAMSON: M. le Président, vous pourriez peut-être ouvrir
un comté pour lui permettre de se faire élire et il viendra vous
le dire si...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'évoquons pas les catastrophes.
M. LATULIPPE: M. le Président, je ne crois pas que la
stabilité soit nécessairement et obligatoirement reliée au
mode de scrutin. On peut très bien l'avoir par l'amélioration des
procédures en Chambre. Ce n'est pas obligatoire que tel vote renverse
nécessairement le gouvernement et que le gouvernement soit obligé
d'en appeler au peuple. On peut réviser tout notre schéma de
travail là-dessus et en arriver à consacrer le caractère
de stabilité.
Je verrais même que le gouvernement qui a été choisi
pour former ou assumer la responsabilité, la gouverne des affaires
publiques, puisse très bien, à l'occasion, aller chercher des
ministres ou des adjoints dans d'autres partis, s'il les juge valables.
Naturellement, ça demanderait peut-être une évolution de
pensée...
M. HARDY: Je commence à comprendre certaines choses.
M. LATULIPPE: ... ou une réadaptation. Mais c'est peut-être
une ressource qu'il serait possible de regarder.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il n'y a que nous qui sommes
concernés, merci.
M. LATULIPPE: Dans ce sens-là, M. le Président, il est
entendu que, si on pose le problème de stabilité comme
essentiellement relié strictement au mode de scrutin et qu'on veut en
arriver, avec le choix des électeurs, à consacrer
définitivement cette stabilité, si c'est le caractère
dominant, je me dis qu'il est aussi bien de ne pas chercher de nouveau mode de
scrutin, parce que le mode de scrutin, à mon point de vue, ne doit avoir
qu'une seule qualité, soit essayer de consacrer le plus possible la
représentativité.
Si on n'arrive pas à s'entendre sur ce plan, je ne vois pas
comment une réforme du mode de scrutin pourrait s'orienter surtout sur
la stabilité. C'est possible que le régime actuel, à un
tour, nous amène dans une quasi-instabilité, mais c'est fort
relatif. Au pis aller, on en appelle au peuple une nouvelle fois. Je suis
d'accord que cela amène des dépenses supplémentaires et
autres, mais il y a quand même moyen, dans le processus actuel, de se
maintenir ou d'avoir une stabilité relative. J'estime que le
caractère dominant du mode de scrutin sur lequel nous devons nous
pencher doit sans aucun doute être la représentativité.
Et si ce n'est pas cela qu'on a en vue, à savoir consacrer la
stabilité, je m'interroge fortement. Il est entendu qu'il y a des modes
de scrutin qui ont principalement pour but de consacrer cela. Je pense à
celui de l'Australie. Je pense que celui que nous avons actuellement,
même s'il ne consacrait pas d'une façon certaine sa
stabilité, c'est relativement acceptable. Je suis enclin à dire
que, si on veut, étant donné qu'il reste encore relativement peu
de temps avant les prochaines élections, un an et demi ou deux ans, au
maximum, nous devrons nous pencher immédiatement sur la réforme
de la Loi électorale: nomination du personnel électoral,
dépenses électorales, financement des partis, contestation
d'élection et autres.,. Ces petits appendices, ce sont de petits
problèmes qui peuvent être réglés assez facilement
en les prenant dans un ordre de priorité. Ce serait aussi facile de
faire l'unanimité. Cela n'amènerait pas de grandes
discussions.
A mon point de vue, le grand problème que nous avons à
envisager est le mode de scrutin. Nous n'aurons pas trop de plusieurs mois pour
nous définir là-dessus. Je pense que la proposition du
député de Chicoutimi, de mener ces travaux d'une façon
parallèle quitte à former un autre comité qui s'occuperait
spécialement du mode de scrutin, est très valable. Si on veut en
finir avec ce problème, si on veut que le présent gouvernement
atteigne les objectifs qu'il s'était donnés d'une réforme
globale dans le domaine des élections, je pense que nous n'avons pas le
choix. Il faut prendre cette proposition. C'est pour cela que j'y souscris.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, lors de la dernière
réunion du comité directeur tenue le 28 février, il avait
été convenu de demander aux membres de la commission et
particulièrement aux représentants des partis ce qu'ils
considéraient comme prioritaire dans les sujets qu'il nous reste
à aborder.
C'est la tâche à laquelle nous nous sommes
employés depuis cette réunion. Et nous voudrions vous
livrer aujourd'hui nos conclusions.
Près de trois ans après l'élection du gouvernement
libéral et la promesse du premier ministre de réaliser une
réforme en profondeur du système électoral, nous nous
retrouvrons à la commission de l'Assemblée nationale avec une
partie seulement de la tâche accomplie et peu de temps pour la
compléter.
Il importe maintenant de choisir, parmi les aspects de la réforme
qui restent encore intouchés, celui que nous devons aborder en
priorité. Pour nous, du Parti québécois, la voie à
suivre apparaît toute tracée. Il faut que la commission consacre
toutes ses énergies à la solution du double problème du
financement des partis politiques et de la publicité électorale.
Un tel choix s'impose d'abord parce que les méthodes traditionnelles de
financement des partis politiques constituent à notre avis le plus grand
danger que court actuellement notre démocratie. Libéraux et
unionistes savent très bien ce qu'implique de servilité envers
les grands bailleurs de fonds leurs vieilles méthodes des caisses
électorales. Les créditistes qui avaient courageusement,
jusqu'à présent, rejeté cette marque de commerce des vieux
partis viennent, eux aussi, de s'inscrire sur la liste avec une cupidité
où l'on reconnaît la marque de leur nouveau chef.
M. HARDY: Est-ce que le député de Bourget me permet une
question?
M. LAURIN: Je vais terminer cela et, après, vous me poserez la
question.
M. HARDY: C'est parce qu'elle serait peut-être bien
d'actualité. C'est pour la compréhension de votre
affirmation.
M. LAURIN : Je préfère attendre. M. HARDY: Vous
refusez?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Le député de
Bourget.
M. LAURIN: II est en outre évident que le Québec ne pourra
sortir d'un système de gouvernement qui encourage le patronage et le
trafic d'influence que lorsque la vie des partis politiques sera devenue
indépendante des bailleurs de fonds et des grosses compagnies.
M.HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne, sur
une question de règlement.
M. HARDY: Je pense que, d'une façon générale, nos
travaux ont été assez larges même si, d'une façon
générale... Je ne me battrai pas à mort pour vous demander
d'empêcher le député de Bourget de continuer dans la ligne
qu'il a entreprise, mais je ne peux pas m'empêcher de souligner d'une
façon très claire et très évidente...
M. LAURIN: Ce n'est pas un point de règlement...
M. HARDY : M. le Président, je voudrais terminer mon point de
règlement. Vous répondrez après.
M. LEGER: Ce n'est pas un point de règlement. Il n'y a pas de
règlement jusqu'à maintenant dans ce que vous avez dit.
M. HARDY: Le grand expert...
M. LEGER: C'est une considération et non pas un point de
règlement.
M.HARDY: M. le Président, je veux tout simplement vous faire
remarquer que je déduis ce matin que le député de Bourget
est venu ici non pas dans l'esprit que nous nous entendions pour
accélérer nos travaux sur la réforme électorale,
mais pour nous faire un discours électoral. C'est un discours que l'on
fait dans une assemblée électorale mais non pas à une
commission parlementaire où l'on veut travailler d'une façon
efficace pour réformer le système électoral. Je
déduis, M. le Président, que le député de Bourget
est d'abord préoccupé par des questions électorales
beaucoup plus que par la réforme de notre système
électoral.
M. LEGER: M. le Président, sur un point de règlement on
devrait respecter...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. LEGER: M. le Président, rappelez à l'ordre le
député de Terrebonne. Le député de Terrebonne n'a
en aucun temps fourni un argument qui empêchait le député
de Bourget de continuer de fonctionner. M. le Président, je crois que ce
que nous avons à dire ce matin fait mal, mais comme cela fait partie
d'une réforme électorale, le député de Terrebonne
devrait accepter d'écouter ce que le député de Bourget va
dire. Il sera plus heureux après de réaliser qu'il aura
participé à une réforme en profondeur du système
électoral. La seule façon de le faire, c'est de se faire dire ses
vérités en face et si cela peut faire avancer le débat, on
doit l'accepter.
M. HARDY: M. le Président, deux mots seulement. Je n'ai rien
contre le député de Bourget, il a parfaitement le droit de dire
tout ce qu'il dit, d'ailleurs, il l'a déjà dit.
M. LEGER : Alors, nous allons continuer dans ce cas-là.
M. HARDY: Je pense, et je termine là-dessus, que le
député de Bourget a parfaitement le droit de dire ce qu'il dit,
mais l'endroit est mal choisi. Il y a d'autres endroits pour faire des discours
partisans et électoraux. Le député de Bourget l'a
mentionné au début de ses remarques, il dit: Nous ne sommes pas
tellement avancés. Je pense que nous avons fait beaucoup, mais il reste
beaucoup à faire. Au lieu d'utiliser au maximum le temps dont nous
disposons pour faire du travail efficace, le député de Bourget
profite de la tribune de la commission parlementaire pour faire un discours qui
aurait sa place dans une assemblée partisane. C'est ce contre quoi je
m'élève. Je dis que, si nous perdons notre temps ce matin, et
sera la faute du député de Bourget, parce que le
député de Chicoutimi et le député de Frontenac ont
abordé le fond du problème et ne sont pas venus ici pour faire un
discours électoral comme le député de Bourget le fait
actuellement.
UNE VOIX: La plus grosse caisse, c'est vous qui l'avez.
M. LEGER: M. le Président, un point d'ordre. Une chose est
certaine, c'est que ce matin, dans la réforme du système
électoral, il y a un point essentiel et prioritaire, c'est celui de la
réforme du financement des partis politiques et la preuve que nous
voulons l'apporter, c'est que cela fait mal au député de
Terrebonne et le député de Bourget est en train de prouver
l'importance...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plait ! La parole est
au député de Bourget. A l'ordre, s'il vous plait!
Le député de Chicoutimi sur une question de
règlement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Puis-je invoquer le règlement pour
demander que l'on écoute le député de Bourget qui, parlant
des caisses électorales, va nous faire part de la riche
expérience de M. René Lévesque.
M. LESSARD: Cela fait mal aux deux vieux partis.
M. SHANKS: Pourtant, vous avez une grosse caisse !
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît. Le
député de Bourget.
M. LAURIN: Enfin, M. le Président, nous possédons...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Chacun à son tour et on va laisser
parler tout le monde.
M. LAURIN: ...un guide précieux pour la conduite de nos travaux,
c'est-à-dire le rapport du comité des dépenses
électorales, présidé par le juge Alphonse Barbeau, qui
pourrait nous permettre d'élaborer, avant les prochaines
élections, une réforme du financement des partis et des
règles régissant la publicité électorale.
En ce qui concerne les autres aspects de la réforme
électorale, y compris le mode de scrutin, il serait possible d'en faire
poursuivre l'étude par un comité ad hoc désigné
dès maintenant par la commission. La réforme de la Loi
électorale, en ce qui concerne les mécanismes électoraux
et les sondages, de même que celle de la Loi de la contestation des
élections, ne présentent certes pas les mêmes
caractères d'urgence et la même importance que la réforme
du financement des partis. Quant à la réforme du mode de scrutin,
la cause a été entendue et il y aurait de la dissimulation, voire
de l'hypocrisie, à vouloir faire semblant que nous pouvons, d'ici les
prochaines élections, le modifier substantiellement. La cause a
été entendue en juillet 1971 lorsque tous les partis politiques
ont rejeté la suggestion du Parti québécois de donner
à la commission de refonte de la carte le mandat de préparer deux
nouvelles cartes, l'une comportant un nombre réduit de circonscriptions
pour faire place éventuellement à la proportionnelle. La cause a
été entendue car, à moins de défaire la nouvelle
carte électorale ce que nous ne sommes pas prêts à
accepter nous serions obligés, pour introduire un
élément de proportionnelle, de gonfler, de façon
onéreuse et inutile, le nombre des députés. La
réforme du mode de scrutin s'impose au Québec. Mais il nous
semble illusoire, dans l'état actuel des choses, de croire qu'elle
pourrait être mise en oeuvre pour les prochaines élections.
Formation d'un comité ad hoc
M. LAURIN: II serait donc opportun que la commission confiât
à un comité ad hoc la tâche de préparer, en
consultation avec la commission de refonte des districts électoraux, un
projet devant entrer en vigueur au cours du prochain Parlement. Une telle
attitude nous permettrait d'aborder dès maintenant la tâche
urgente et essentielle d'une réforme du financement des partis et d'une
réglementation de la publicité électorale. De la part du
parti ministériel et de le part des partis d'Opposition, l'adoption de
cet ordre de priorités démontrerait leur volonté de
s'attaquer enfin au problème des caisses électorales qui demeure
le vice fondamental de notre démocratie.
Quant à nous, nous sommes prêts à aborder dès
maintenant l'examen des propositions de la commission Barbeau et toute autre
suggestion visant, entre autres, premièrement, à obliger les
partis à publier leurs états financiers et à
dévoiler toutes leurs sources de revenus; deuxièmement, à
interdire aux compagnies de donner des fonds ou des services gratuits aux
partis politiques et, troisièmement, à assurer un accès
égal et contrôlé des partis politiques aux média
d'information en période électorale.
M. le Président, dans un texte séparé, nous
essayons d'appuyer notre argumentation par des arguments encore plus
fouillés. Afin de nous permettre d'engager immédiatement le
débat, je vous propose simplement de déposer, pour publication au
journal des Débats, cet autre texte, à moins que les membres de
la commission tiennent à ce que j'en fasse la lecture.
M. HARDY: Vous êtes tellement plus intéressant à
lire qu'à entendre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le texte sera inscrit au journal des
Débats.
M. LAURIN: Je comprends que je déposerai le document et que vous
m'épargnerez le soin d'en faire la lecture.
M. HARDY: A moins que d'autres députés aient des
objections, je n'en ai pas. Je le répète très
sincèrement, j'aime beaucoup lire le député de Bourget.
(Voir annexe).
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis d'accord avec
le député de Bourget sur l'ordre de priorités qu'il nous
soumet. D'ailleurs, nous nous étions entendus là-dessus l'autre
jour quand nous en avons discuté au comité directeur. Toute
question partisane mise à part, il est bien évident que le
financement des partis, ce qu'on appelle communément les caisses
électorales, est un problème. Est-ce le vice fondamental de notre
démocratie? Disons qu'on pourrait s'interroger assez longuement
là-dessus.
Il faudrait savoir comment les partis sont financés, comment ils
l'ont été, comment ils veulent l'être, tout cela pourrait
faire l'objet de notre examen. A un vice qu'on dit exister, on peut en
substituer un autre qui sera encore plus grave, mais cela n'enlève rien
au sérieux de la proposition du député de Bourget, que
j'appuie entièrement et que j'avais appuyée l'autre jour lors de
notre réunion du comité directeur. Il ne faut pas faire
l'autruche, il ne faut pas se cacher la vérité, c'est un
problème sérieux. Est-ce le problème fondamental, est-ce
le vice congénital de notre démocratie? Là,
écoutez, il y a ample matière à réflexion et
beaucoup de gens peuvent avoir leur opinion. L'expérience de chacun des
députés dans sa circonscription respective pourrait apporter des
arguments pour ou à l'encontre de la proposition, des observations qu'a
faites le député de Bourget.
Mais le fait est là, il y a ce problème du financement des
partis, c'est un problème majeur. Dans l'ordre des priorités, il
est important de s'y attaquer en même temps qu'on peut s'attaquer
à toute la question des dépenses électorales, puisque dans
le financement des partis, est comprise cette question des dépenses
électorales: que ce soient celles que le gouvernement accepte en vertu
de la loi actuelle ou que ce soient celles que les partis font privément
en leur qualité de formation politique à l'occasion des
élections. J'insiste encore une fois sur la question du mode de scrutin.
Si j'accepte d'emblée que l'on parle du financement des partis, je ne
voudrais pas qu'on rejette pour autant d'un revers de la main la suggestion que
j'ai faite tout à l'heure de mener parallèlement les deux
études, soit celle du financement et celle du mode de scrutin.
Je l'ai dit tout à l'heure, une réforme en profondeur du
mode de scrutin a peu de chances d'aboutir avant les prochaines
élections. Mais cela ne devrait pas nous empêcher de nous y
attaquer et de constituer un comité spécial assisté
d'experts qui pourraient étudier la question, analyser les divers
aspects du problème et faire rapport à cette commission. Ce qui
importe pour l'instant, si nous nous arrêtons sur les priorités
que le député de Bourget a exprimées et que j'avais
exprimées moi-même, c'est de savoir quel sera
l'échéancier de cette commission de l'Assemblée nationale
aux fins d'en arriver à des conclusions rapides, pratiques, applicables
dans les plus brefs délais. Le député de Bourget
mentionnait tout à l'heure que l'entreprise d'une réforme globale
de notre système a pris un certain temps. C'est vrai. Mais je ne pense
pas que cela ait tramé en longueur. Nous nous sommes attaqués
à des problèmes difficiles. Il y a eu contestation de divers
partis à propos de certaines initiatives qui ont été
prises, mais tout cela faisait partie du travail de notre commission. Je pense
que nous avons marqué des étapes suffisamment importantes pour
que les citoyens se rendent compte que l'intention que tous les partis avaient
exprimée au moment où nous avons abordé ces travaux n'a
pas été simplement verbale mais qu'elle s'est traduite dans des
faits. Nous passons maintenant à une autre étape qui pourrait
être, comme on vient de le suggérer, comme je l'ai
suggéré moi-même, les dépenses électorales,
le financement des partis, la publicité, etc., sans pour autant, je le
répète, mettre de côté la question des modes de
scrutin parce qu'un jour ou l'autre, il va falloir examiner ce problème,
et le traduire législativement.
Je propose, encore une fois, qu'un comité de travail ad hoc soit
constitué pour mener, parallèlement au travail que nous
accomplirons sur les dépenses électorales et tout ce qui s'y
rattache, une étude et une recherche sur le mode de scrutin, afin d'en
arriver à des propositions qui ne seront peut-être pas applicables
à court terme mais qui nous engageront sur une avenue que nous avons
nous-mêmes d'ailleurs tracée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: En faites-vous une proposition?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, j'en fais une proposition.
M. LATULIPPE: J'appuie cette proposition, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Voulez-vous la refaire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suggérerais qu'à la
commission de l'Assemblée nationale, celle-ci, nous nous occupions en
priorité de tout ce problème j'appelle ça,
dépenses électorales et cela comprend les dépenses
électorales, le financement des partis, la publicité, etc.
et qu'on constitue en même temps un groupe détaché ou, si
vous voulez, une petite commission ad hoc d'un certain nombre de
députés représentant les partis politiques,
assistés d'experts, qui poursuivront les recherches déjà
entreprises et les études déjà menées sur le mode
de scrutin, afin d'introduire, si on en arrive à cette conclusion, un
élément de proportionnelle dans le mode de
représentativité et le mode électoral qui est le
nôtre à l'heure actuelle.
M. LAURIN: M. le Président, j'appuie également la
proposition du député de Chicoutimi, ce n'est pas un amendement,
mais une suggestion. Il faudrait peut-être ajouter dans la proposition un
échéancier au travail, pour ce groupe détaché,
à savoir quand il ferait rapport.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord. Il est peut-être
difficile...
M. LAURIN: Pour l'essentiel, je suis d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de préciser cet
échéancier ce matin, mais si on s'entendait sur la proposition
générale, nous pourrions, à une séance
ultérieure ou à une autre séance, dire: Le comité
s'est réuni et il a déterminé un échéancier
qui serait celui-ci ou celui-là.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, après avoir
écouté avec beaucoup d'attention les porte-parole des trois
partis de l'Opposition, j'en arrive à certaines conclusions. D'abord je
suis étonné je vous ferai remarquer que je ne suis pas
hors d'ordre, je parle sur la proposition du député de Chicoutimi
de la prise de position du porte-parole officiel du Ralliement
créditiste, quant à la question des modes de scrutin, prise de
position où il dit qu'il laisse de côté la question de
stabilité pour polariser son attention sur la
représentativité.
Evidemment, les malins pourraient dire que nous ne sommes pas à
une contradiction près dans cette formation politique au demeurant
très sympathique, mais je ne peux pas m'empêcher de voir cette
contradiction flagrante entre une des pierres angulaires de sa politique, qui
est l'autorité, la stabilité, l'ordre, le leadership, ce dont on
entend beaucoup parler de ce temps-ci, pour, en même temps, venir nous
dire qu'il faut délaisser le problème de la stabilité pour
accorder la priorité à la représentativité. Si
d'autres partis avaient parlé de cela, j'aurais compris. De toute
façon, je ne veux pas m'étendre plus longuement là-dessus,
mais je souligne quand même ce qui m'apparaît être une
contradiction flagrante parce que, quand on appuie presque tout son credo
politique ou une très grande partie sur le leadership,
l'autorité, l'ordre et que, en même temps, on vient dire que la
stabilité du gouvernement c'est plus ou moins important, je vois
difficilement la cohérence d'une telle prise de position.
Je vois également une certaine contradiction dans l'attitude du
représentant du Parti québécois qui, pendant des semaines
et des semaines, nous a dit l'importance du mode de scrutin et qui, maintenant
on pourra me répondre par la suite semble avoir une
certaine indifférence vis-à-vis de cette question.
Quant à nous, M. le Président, nous avons, depuis le
début des travaux de cette commission, manifesté une ligne de
conduite qui n'a pas dévié, une cohérence.
Nous avons toujours considéré que le problème des
modes de scrutin était un problème important auquel nous devions
apporter toute notre attention. Notre attitude, actuellement, n'a pas
varié à ce sujet.
Quand le député de Bourget, chef parlementaire du Parti
québécois, vient dire que nous avons manqué le bateau, il
est trop tard, je pense, M. le Président, que ses propos sont tout
à fait inadéquats. Parce que si on prend le raisonnement du
député de Bourget, il dit ceci: Nous ne pouvons pas, avec la
nouvelle carte électorale, modifier le mode de scrutin aux prochaines
élections, parce que ceci voudrait dire que l'on augmenterait
considérablement le nombre de députés. Je regrette et
là, également, je décèle une contradiction dans ce
parti qui nous parle constamment de participation, de démocratie. Je
réfère les députés aux débats qui ont eu
lieu à l'adoption de la loi 62. Même si le Parlement devait
adopter un nouveau mode de scrutin où un certain nombre de
députés seraient élus d'une autre façon que comme
représentants d'une circonscription électorale, je pense, M. le
Président, qu'il faudrait absolument garder la carte électorale
actuelle.
Je pense aux propos qui ont été tenus, en particulier, par
deux partis d'Opposition, le Ralliement créditiste et l'Union Nationale.
On nous a mentionné, à plusieurs reprises, que la nouvelle carte
électorale faisait des comtés très grands. Et c'est vrai.
Je vois difficilement
comment l'on pourrait réduire le nombre de comtés,
actuellement, sans couper le député de la population qu'il
représente. Là, je ne parle pas en termes
d'intermédiaires, je parle en termes de participation, un thème
qui est très cher à nos amis de l'extrême-gauche.
Peut-être que c'est un thème qui leur est cher dans des discours
et qui leur est moins cher en pratique, mais moi, je pense que la participation
est une question qui doit être vécue. Pour qu'un
député vive la participation, pour qu'un député
soit le plus représentatif de ses électeurs, il faut qu'il soit
en mesure de rencontrer ses électeurs. Or, pour qu'un
député soit en mesure de rencontrer ses électeurs, il faut
que sa circonscription électorale ait une dimension raisonnable.
Je répète, M. le Président, que, lorsqu'on
considère la carte électorale actuelle, il serait impossible de
diminuer le nombre de circonscriptions électorales sans rendre
extrêmement difficile, pour certains députés, ce lien
essentiel qui doit exister entre lui et la population. C'est pourquoi, M. le
Président, je dis que le député de Bourget est
complètement en dehors de la voie lorsqu'il nous dit qu'il est
impossible, à ce stade-ci, de modifier le mode de scrutin, parce que
cela impliquerait une modification de la carte électorale. Si on doit
modifier le mode de scrutin pour y introduire, par hypothèse, un
élément de proportionnelle, je répète qu'il
faudrait garder le nombre de circonscriptions actuel et ajouter un certain
nombre de députés si l'on veut que les députés
soient représentatifs de leur population.
M. le Président, je ne reprendrai pas ce que j'avais
abordé tantôt, quand j'ai qualifié de partisans et
d'électoraux les propos du député de Bourget, mais je
dirai ceci: Nous, de ce côté-ci, nous sommes parfaitement
conscients de l'importance d'aborder cette question du financement des partis
et des dépenses électorales. Nous en sommes tellement conscients
que nous ne voulons pas précisément perdre notre temps à
déblatérer et à accuser tout le monde, comme le
député de Bourget le fait. Le député de Bourget se
présente ici et il dit: Nous sommes les seuls purs, nous sommes les
seuls bons, nous sommes les seuls à posséder la vertu et les
autres partis, vous, vous êtes des méchants, vous êtes des
pécheurs, vous êtes tous atteints de cette lèpre des
caisses électorales; nous, nous sommes purs, nous sommes les seuls
à posséder la vertu.
M. le Président, je pense que c'est une sorte de débat
stérile qui n'avance à rien. Je pense que, face à une
question aussi importante, il y a d'autres façons d'approche. Celle que
je préconise est que nous formions un comité je suis
peut-être un peu hors d'ordre, M. le Président mais c'est
un corollaire à la proposition du député de Bourget. Je
dois vous dire tout de suite que j'appuie la proposition du
député. Mais, dans le même ordre d'idées, je pense
que, si nous voulons arriver à des résultats efficaces,
immédiats, si nous voulons éviter que toute cette question des
dépenses électorales tourne, comme cela a commencé ce
matin, comme le député de Bourget vous l'a
démontré, que ce ne soit pas une sorte de foire, mais qu'on fasse
vraiment du travail sérieux.
Formation d'un comité de travail
M. HARDY: Je propose, qu'il y ait également un comité de
travail formé de députés, en proportion de la
représentation en Chambre et en commission, qui pourrait s'adjoindre un
représentant par parti politique qui ne soit pas député et
qui étudierait immédiatement toute cette question des
dépenses électorales, du financement des partis et qui pourrait
parce qu'il y a déjà des travaux de faits, il ne s'agit
pas de partir à zéro entreprendre ces travaux en
s'inspirant du rapport Barbeau.
Ce comité restreint, qui serait appelé à faire
rapport à la commission de l'Assemblée nationale, serait en
mesure de vraiment apporter des propositions précises et efficaces qui
pourraient s'appliquer lors des prochaines élections. Si l'on remet
toute la question du financement des partis... Pardon?
M. LAURIN: Question de règlement, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget,
question de règlement.
M. LAURIN: Le député de Terrebonne avoue lui-même
qu'il a l'impression d'être légèrement hors d'ordre en ce
moment. Je pense qu'il a parfaitement raison d'ailleurs parce que ce qu'il est
en train de nous dire est une autre proposition qui va légèrement
à l'encontre de celle du député de Chicoutimi. Tout en
prétendant l'appuyer, il en présente une autre. S'il approuve la
proposition du député de Chicoutimi, qu'il le dise et qu'on
prenne le vote sur cette proposition.
M. HARDY: II n'est pas nécessaire de prendre le vote, j'ai
l'impression que tout le monde est d'accord.
M. LAURIN: Acceptons-là et nous irons plus loin ensuite.
M. HARDY: Oui. Alors, c'est accepté et je continue.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Une seconde, nous allons nous entendre
clairement. Le député de Terrebonne a proposé deux
comités...
M.HARDY: Non, je n'ai pas proposé de comité. Le
député de Bourget, quand ça lui fait mal, devient bien
formaliste.
M. LAURIN : Pas du tout.
M. HARDY: J'avais tenu pour acquis que la proposition du
député de Chicoutimi, qui me semblait très valable quant
au mode de scrutin, était acceptée par tous.
M. LAURIN : Qu'on prenne le vote sur cette proposition.
M. HARDY: Ah! Vous voulez absolument voter même si tout le monde
est d'accord?
M. LAURIN: Non, mais...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous voulez, je vais relire la
proposition du député de Chicoutimi pour que ce soit clair. Le
député de Chicoutimi propose que la commission de
l'Assemblée nationale étudie tout ce que l'on peut englober sur
le chapitre des dépenses électorales et qu'un comité ad
hoc, formé de députés membres des diverses formations
politiques et d'experts, étudie la question du mode de scrutin et en
arrive, selon un échéancier, à proposer à la
commission une formule de mode de scrutin.
M. HARDY: M. le Président, justement, vous avez très bien
fait de relire la proposition parce que je ne suis pas hors d'ordre. Il y a
deux volets dans la proposition du député de Chicoutimi: un
premier traite du problème du financement et des dépenses
électorales et un autre traite du mode de scrutin. Mes propos
étaient tout à fait dans l'ordre.
M. LAURIN: Le comité d'experts, c'était pour le mode de
scrutin.
M. HARDY: Oui, mais avez-vous écouté la proposition?
M. LAURIN: Oui, je l'ai bien écoutée.
M. HARDY: J'avais la même impression que vous avant d'en entendre
la lecture. Je pensais que la proposition du député de Chicoutimi
se limitait au mode de scrutin mais, en outre, elle traite également des
dépenses et du financement.
M. LAURIN: Oui, mais selon une formule, la commission de
l'Assemblée nationale...
M. HARDY: Oui, mais...
M. LAURIN: ... elle-même s'occuperait du financement et non pas un
comité ad hoc, comme vous le proposez.
M. HARDY: S'il y a une proposition de formulée, M. le
Président, j'ai le droit de dire si je suis favorable à la
totalité de la proposition ou à une partie de la proposition. Je
pense que je suis également habilité à faire une
proposition d'amendement.
M. LAURIN: Vous ne l'aviez pas présentée comme telle.
M.HARDY: Je parlais sur l'ensemble de la proposition.
M. LESSARD: Tout le monde avait accepté la proposition qui a
été soumise par le député de Chicoutimi et vous
n'aviez pas pensé à soumettre un amendement. Là, vous
apportez un amendement, vous, le grand procédurier du Parti
libéral.
M. HARDY : M. le Président, je parle sur la proposition du
député de Chicoutimi qui traite à la fois du mode de
scrutin, des dépenses électorales et du financement des partis.
Le député de Bourget et le député de Saguenay
pourraient continuer à étudier leur règlement parce que,
jusqu'à maintenant, ils n'ont pas l'air d'experts.
M. le Président, voulant être le plus efficace possible et
surtout désirant que cette question encore une fois, j'appuie
là-dessus du financement des partis, des dépenses
électorales ne soit pas tout simplement un ballon électoral, un
ballon partisan, mais soit une question envisagée par la commission
d'une façon sérieuse afin que nous puissions avoir, lors des
prochaines élections, des amendements à la loi qui corrigeraient
des lacunes qui peuvent exister, je propose un amendement à la
proposition du député de Chicoutimi indiquant que le
problème des dépenses électorales et du financement des
partis soit confié à un comité de travail formé de
députés selon la proposition qui existe en Chambre sur le plan
partisan.
Ce comité pourrait également s'adjoindre une personne
déléguée par chaque parti politique et aurait pour mandat
de déposer des propositions précises, quant aux problèmes
du financement des partis et des dépenses électorales, devant la
commission de l'Assemblée nationale et ceci dans les meilleurs
délais. Cela ne fait pas partie du texte de ma proposition, mais
j'ajoute: "Que ce comité de travail pourrait entreprendre ses travaux
avec comme document de travail le rapport Barbeau."
Si je propose cet amendement, encore une fois, c'est strictement dans un
but d'efficacité. C'est parce que je crains que, si l'on confie tout le
problème des dépenses électorales à la commission
de l'Assemblée nationale, cela soit un grand débat, que l'on
parle, que l'on parle, et que l'on n'aboutisse à rien. Tandis que, s'il
y a un comité restreint qui, évidemment, devra faire rapport,
mais qui est chargé de trouver des mesures concrètes, efficaces
et pratiques, on a la chance d'arriver aux prochaines élections avec des
amendements que l'on désire. Si l'on fait de grands débats
académiques, on risque de se retrouver aux prochaines élections
avec la même situation que celle qui prévaut actuellement.
M. LEGER: Si le député de Terrebonne me permet. Pour aller
au bout de sa logique d'efficacité, plutôt que de dire "dans les
plus brefs délais", cela pourrait vouloir dire malheureusement une voie
d'évitement, que ce comité ad hoc fasse des propositions à
l'intérieur d'une date limite qui pourrait être de deux mois, avec
une séance par semaine, soit une série de huit séances.
Ceci permettrait de présenter un rapport en dedans d'une date limite
pour qu'on sache que ce comité n'est pas là pour noyer le
poisson.
M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. LEGER : Je dis deux mois. Cela peut être un mois et demi ou
trois mois, mais au moins une date limite, pour que nous sachions où
nous allons. Autrement, on va éviter le poisson. Nous sommes tellement
d'accord sur le projet de faire des propositions concrètes pour le
financement des partis... Nous avons fait la preuve notre parti
que c'était possible de se financer.
M. HARDY: L'adoration mutuelle qui...
M. LEGER: C'est vrai. La vérité est bonne. Qu'elle
éclate!
M. HARDY: Nous sommes les seuls bons. Nous sommes les seuls purs.
M. LEGER: Nous en avons fait la preuve l'année
dernière...
M. HARDY: Nous sommes les seuls bons. Nous sommes les seuls purs.
M. LEGER: ... où 24,000 personnes ont souscrit une somme
suffisante pour faire vivre un parti.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. LEGER: Nous avons publié nos états financiers. Chaque
personne peut venir les vérifier.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous êtes toujours sur
l'amendement?
M. LEGER: Oui. Et je dis pourquoi nous avons fait la preuve que c'est
possible pour un parti politique de se financer et d'être libre de toute
attache et je pense qu'on devrait...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEGER: M. le Président, vous êtes très
sévère vis-à-vis des partis d'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. Je ne suis pas
sévère.
M. LEGER : Vous avez même votre voisin de droite qui vous
soumet... et qui est presque hors d'ordre et vous l'écoutez avec des
yeux ébahis d'admiration. Il y a toujours une limite. Je suis en train
de faire la preuve que c'est possible...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous êtes pour faire la preuve...
Je veux savoir de vous si vous êtes en faveur de l'amendement, oui ou
non. Vous êtes rendu...
M. LEGER : Je dis que je suis...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... sur ce que vous avez fait l'an
passé. Je pense que cela n'intéresse pas mêmes les membres
de la commission...
M. HARDY : Ils sont surtout en faveur de se vanter.
M. LESSARD: C'est assez intéressant. Cela peut servir
d'exemple.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plait! Le
député de Chicoutimi sur l'amendement.
M. LEGER: M. le Président, vous m'avez...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous voulez parler sur l'amendement, je
vais vous laisser parler. Mais il nous reste une demi-heure pour décider
de la méthode de travail.
M. HARDY: II se pense à un congrès péquis-te.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous voulez parler sur l'amendement,
parlez sur l'amendement. Je vous donne droit de parole mais sur
l'amendement.
M. LEGER: Sur l'amendement proposé par le député de
Terrebonne, quand vous m'avez interrompu, j'étais en train de dire que
j'étais d'accord sur le principe à condition qu'il y ait une date
limite pour que ce comité fasse un rapport. Autrement, nous ne pourrions
pas être d'accord. Cela serait tout simplement une façon de noyer
le poisson et de mettre le projet sur une voie d'évitement. C'est la
raison pour laquelle, si elle est formulée comme telle, nous ne sommes
pas d'accord. Nous sommes plutôt d'accord sur la proposition du
député de Chicoutimi qui permettrait à chacun de nous de
faire avancer les travaux et non pas d'attendre indéfiniment les
résultats d'un comité qui n'apportera pas de résultat.
M. HARDY: Vous êtes beau. Vous êtes fin. Vous êtes
pur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi sur
l'amendement.
M. LEGER : Si je comprends, vous nous admirez. Mais cela n'est pas
nécessaire de le dire à tout propos.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissons de côté les actes
d'adoration et d'admiration mutuelles, respectives ou réciproques pour
nous attaquer au problème. Nous avons devant nous un amendement à
une proposition que j'ai faite. J'avais proposé que la commission de
l'Assemblée nationale chargée de s'occuper de la réforme
électorale s'intéresse au problème des dépenses
électorales, qui comprend tout ce que j'ai indiqué tout à
l'heure et ce qu'a indiqué le député de Bourget.
Le député de Terrebonne apporte un amendement à
cette première proposition en suggérant au fond qu'on adopte,
pour le cas des dépenses électorales, la même
procédure que pour le cas du mode de scrutin et qu'au lieu d'un
comité ad hoc de la commission de l'Assemblée nationale, il y ait
deux comités ad hoc, l'un s'occupant des dépenses
électorales et l'autre s'occupant du mode de scrutin.
Je n'aurais pas d'objection à une proposition de cette nature
sauf que j'aimerais, comme on vient de le signaler, que le délai soit
peut-être déterminé, au moins qu'on tente de le faire.
Est-ce qu'un délai de deux mois est assez long? Il est assez difficile
de se prononcer sur un chiffre aussi précis. Les plus brefs
délais sont peut-être un peu trop élastiques. Il serait
peut-être prudent d'attendre, pour fixer ce délai, que chacun de
ces comités ad hoc s'ils sont créés par la
volonté de la commission qui siège ce matin se soient
réunis une fois pour proposer ensuite à la commission de
l'Assemblée nationale un échéancier qui comporterait un
délai qui, dans mon esprit, ne devrait pas excéder trois mois. Il
faut tenir compte de la session en cours, qui va être prorogée
incessamment, et de la session qui va reprendre. Il y aura de nombreuses
commissions parlementaires, il y aura les travaux réguliers de la
Chambre. Il faudrait, par conséquent, être prudent. Seule une
première réunion de chacun de ces comités ad hoc
permettrait de déblayer le terrain et de fixer un délai qui, dans
mon esprit, ne devrait pas dépasser trois mois. Le délai de deux
mois, pour l'instant, me parait peut-être un peu imprudent, si on tient
compte de tous les travaux à venir de la Chambre. Songez simplement aux
multiples lois du ministre des Affaires sociales. Ils vont nous demander
d'aller en commission, en même temps que la Chambre va siéger. Il
y a des partis politiques qui ne peuvent pas déléguer dix ou
douze membres de leur formation à ces comités ou à
diverses commissions de l'Assemblée nationale.
Je suis, en principe, pour la proposition du député de
Terrebonne. J'accepte la suggestion qu'a faite le député de
Lafontaine et je soumets que l'échéancier ne pourrait être
fixé qu'après une première réunion active de chacun
de ces comités ad hoc et ensuite approuvé par l'assemblée
plénière de la commission de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LEGER: II s'agirait tout simplement de faire la moitié du
chemin. Je sais que c'est très élastique la proposition du
député de Terrebonne, soit de le faire dans le plus bref
délai. Le fait de dire que ce comité devrait faire rapport en
dedans de deux mois, c'est tellement précis qu'on n'est pas certain que
ce soit complètement terminé. Ne pourrions-nous pas quand
même, de façon à avoir une date qui puisse nous guider,
demander que ce comité fasse un rapport, au moins préliminaire,
en dedans de deux mois? Si le rapport est terminé, ce sera un rapport
final; si le rapport n'est pas terminé, ce sera un rapport
préliminaire nous permettant d'envisager le temps qu'il nous reste pour
présenter un rapport final. Je pense que c'est essentiel, si on veut
rejoindre l'idée d'efficacité du député de
Terrebonne, qu'il y ait des dates dans un échéancier, autrement
on ne s'y retrouve jamais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Remarquez que c'est bonnet blanc, blanc
bonnet. Il peut fort bien arriver qu'après un délai de trois
mois, le rapport que fera l'un ou l'autre de ces comités ad hoc soit
préliminaire. On ne l'aura pas terminé. Je ne me chicanerai pas
sur le nombre de mois, de semaines, de jours ou d'heures. Je n'ai pas la
connaissance du calendrier qu'ont les gynécologues. Je suis prêt
à me rallier à n'importe quelle formule de n'importe quel
délai. J'invite simplement les membres de la commission à la
prudence, compte tenu du travail parlementaire qui s'annonce assez lourd pour
les prochaines semaines.
LE PRESIDENT (M. Lafontaine): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais souligner la
façon dont fut formulé, surtout sur la question des
dépenses électorales, le libellé, c'est-à-dire la
proposition de première instance.
Cela n'apparaissait pas à l'échéancier alors que,
dans ce qu'il avait formulé, le député de Chicoutimi avait
parlé d'échéancier en ce qui concerne les dépenses
électorales.
Pour ma part, je suis prêt à me rallier à n'importe
quelle formule. J'estime que le plus sage serait de laisser fixer par le
comité ad hoc les délais qu'il veut se donner. Il ne faut pas
essayer de régler tous les problèmes, nous allons les
déléguer à d'autres qui vont prendre les
responsabilités, ils sont capables de le faire. Mais avant de terminer,
M. le Président, j'aimerais rétablir certains faits. C'est un peu
en
dehors de la question de l'échéancier. L'article 87 ne
peut pas être invoqué ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va invoquer le règlement.
M.LATULIPPE: II reste que certains points...
M. HARDY: Je suis très large sur la procédure. Si le
député peut nous enrichir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. HARDY: Je n'ai pas d'objection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas au député de
Terrebonne d'être large sur la procédure, c'est au
président.
M. HARDY: Je peux l'être pour moi-même.
M. LATULIPPE: Lorsque le député de Terrebonne me
prêtait une attitude contradictoire...
M. HARDY: Je vous l'ai prêtée sans
intérêt.
M. LATULIPPE : Je tiens à mentionner que les propos que j'ai
tenus ne reflètent pas nécessairement les propositions de mon
groupement politique. Ils reflètent mes opinions personnelles face
à un problème bien spécifique qui était posé
par le député de Terrebonne, qui voulait que le comité se
prononce sur deux attitudes. Parce que le comité des experts
réclamait, premièrement, que l'on se prononce en fonction de la
stabilité ou de la représentativité. J'ai simplement dit
que ce n'est pas nécessairement en se donnant un mode de scrutin qu'on
va régler le problème de la stabilité. On peut très
bien, tout en soutenant la priorité de la
représentativité, en arriver par d'autres astuces, par d'autres
changements au niveau des procédures et autres, à consacrer la
stabilité gouvernementale. C'est simplement cet aspect-là que je
considère. Je dis qu'il y a une recherche à faire, sans formuler
de points bien spécifiques et que, dans cette recherche du mode de
scrutin, c'est une opinion qui mérite d'être
considérée, spécialement en regard des diverses
propositions qui ont été faites par certains partis politiques
lorsqu'on pense aux possibilités d'amener un régime
présidentiel ou autre chose. A l'intérieur de ces
possibilités de changement, il y a des adaptations à faire qui
peuvent arriver à consacrer le caractère de stabilité qui
est certainement nécessaire à la gouverne des affaires publiques.
C'est simplement l'aparté que je voulais faire pour rétablir les
faits.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, parlant toujours sur la motion
d'amendement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Est-ce que vous avez
demandé la parole?
M. LESSARD: Sur un point d'ordre. Ce n'est pas la question, c'est le
premier qui a demandé la parole. Ce n'est pas parce qu'il va parler
brièvement que vous devez lui donner la parole. C'est ce que vous faites
depuis le début. On dirait que c'est lui qui dirige vos
décisions.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais avertir tous les membres de
cette commission que je n'ai pas de leçon d'objectivité à
recevoir et surtout pas du député de Saguenay.
M. LESSARD: II va falloir vous en donner.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Quand les membres de la commission agiront
comme des hommes et non pas comme des enfants, cela facilitera le travail du
président. A l'ordre, s'il vous plait! Vous devez vous rendre compte
qu'il y a à peu près cinquante-six propositions faites
actuellement et il reste 22 minutes. Il faut savoir quelle est la proposition
en titre actuellement. C'est amendement, sous-amendement, deux comités.
Je voudrais vous proposer ceci. Je pense qu'actuellement ce qui semble faire le
consensus, sauf l'échéancier, c'est qu'il y ait deux
comités ad hoc. Est-ce que c'est un consensus actuellement? Le
député de Bourget?
M. LAURIN: C'est là-dessus que je voulais parler
précisément.
M. HARDY: M. le Président, j'avais demandé la parole. Je
voudrais que le président décide quel est l'ordre de
priorité dans le droit de parole.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): En fait, le député de
Bourget m'avait demandé la parole.
M. HARDY: Et le deuxième?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: Très bien, je respecte la présidence, M. le
Président.
M. LAURIN: Merci, M. le Président. Je crois que l'amendement du
député de Terrebonne atténue et dilue
considérablement la portée de la proposition principale du
député de Chicoutimi en ce sens que la commission est
parfaitement capable, avec les documents qui sont en notre possession, de
commencer à travailler d'une façon très concrète et
non pas académique sur des propositions très précises,
conte-
nues déjà dans le rapport du comité des
dépenses électorales de M. le juge Barbeau.
Elles sont contenues dans plusieurs autres documents qui sont venus
à notre connaissance et, avec l'expérience des membres de la
commission, nous sommes parfaitement en mesure, au sein de la commission de
l'Assemblée nationale, de commencer à discuter
immédiatement de façon précise et concrète et de
prendre des décisions.
Je pense qu'en créant un autre sous-comité de travail, on
va s'exposer à des inconvénients majeurs: premièrement,
des inconvénients de temps et, deuxièmement, des
inconvénients quant à l'efficacité de la commission.
Inconvénients de temps, en ce sens que, lorsqu'on crée un
sous-comité ou un comité de travail, on allonge encore les
périodes. Il faut du temps pour former ce comité de travail, il
faut que ce comité de travail établisse un
échéancier, il faut qu'il revienne devant la commission de
l'Assemblée nationale pour faire adopter son échéancier.
Il y a alors une sorte de navette qui s'institue entre la commission proprement
dite et le comité de travail qui allonge les périodes justement
à une époque où le temps nous manque. Tous les partis ont
été unanimes à dire que le temps nous manquait.
Deuxièmement, il y a va autre inconvénient; ici, à
la commission de l'Assemblée nationale, nous fonctionnons devant
l'opinion publique. Je pense qu'en ces matières, il est
extrêmement important que l'opinion publique représentée
par les media d'information soit au courant de ce que les députés
pensent, de ce que les députés disent, de ce que les partis
également représentent, quelles sont leurs positions, alors que,
lorsque nous avons un comité de travail, ce comité de travail
peut se réunir en catimini, dans le secret, peut...
M. HARDY: Pas nécessairement.
M. LAURIN: Pas nécessairement, mais cela a toujours
été la tradition de ces comités de travail, aussi
bien...
M. HARDY: Dans votre parti, le. catimini est populaire.
M. LAURIN: Pour les comités directeurs...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Le député de
Bourget.
M. LAURIN: ... que nous avons créés pour toutes sortes de
commissions que pour les comités d'experts, comme celui qui a
travaillé sur le mode de scrutin. Il me semble que ce serait une
mauvaise chose que de cacher à l'opinion publique nos
délibérations, nos travaux en ce qui concerne une matière
peut-être explosive, je l'admets avec le député, mais quand
même très importante puisqu'elle est au coeur de nos institutions
démocratiques.
Je pense donc qu'à cause de ces deux inconvénients,
premièrement, risque de prolonger indûment la discussion des
problèmes que la commission, par ailleurs, est parfaitement capable
d'aborder d'une façon concrète et, deuxièmement, en raison
de l'absence de la collectivité à nos délibérations
de façon à nous servir peut-être d'aiguillon pour la
poursuite de nos travaux, et afin d'en arriver à des décisions
concrètes le plus rapidement possible, il me semble que nous devrions
rejeter cet amendement et en revenir à la proposition principale du
député de Chicoutimi qui, au moins, a le mérite
d'être franche, d'être claire, de ne pas vouloir éviter les
problèmes et de fonctionner dans une cage de verre comme cela doit
être fait lorsque nous traitons de ce genre de problèmes. C'est la
raison pour laquelle nous nous verrons obligés de voter contre cet
amendement quitte à revenir par la suite à la proposition
principale du député de Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, en écoutant le
député de Bourget et en tenant compte des propos qu'il a tenus
depuis le début de la séance, il fait la preuve, par son
attitude, que, précisément, le seul résultat qu'il y
aurait d'adopter sa ligne de conduite, c'est que l'on arriverait...
M. LAURIN: M. le Président, point de règlement, je ne
pense pas que le député de Terrebonne ait le droit de nous
imputer des intentions, lui qui a crié tout à l'heure comme un
putois à la première remarque que j'ai pu faire sur les finances
du parti...
M. HARDY: M. le Président, à moins que l'on ne parle pas
la même langue ou que le député de Bourget n'écoute
pas ce que j'ai dit, je ne lui impute pas de motif. D'abord, relisez donc votre
règlement. Le règlement ne dit pas qu'on n'a pas le droit
d'imputer des motifs, il dit qu'on n'a pas le droit d'imputer dos motifs non
valables. On peut imputer des motifs s'ils sont valables. Ce ne sont pas des
motifs que j'impute au député de Bourget. Je n'ai pas cette
prétention d'introspecter les gens qui sont en face de moi. Je laisse
ça à d'autres.
M. SHANKS: Sur un sofa.
M. HARDY. Je constate tout simplement ce qu'il fait et ce qu'il dit. Or,
je dis qu'à la lumière des propos tenus par le
député de Bourget, ce dernier nous fait la preuve d'une
façon très claire et très évidente que, si nous
abordons cette question, ici, à la commission, nous allons nous
retrouver dans trois mois ou dans six mois pas plus avancés, sauf que
certains partis auront pu dire, comme j'ai dit tantôt: Nous sommes bons
et les autres ne sont pas bons.
Deuxièmement, le député de Bourget vient de nous
soutenir une thèse qui est absolument contradictoire à ce qui est
généralement admis. Depuis quand? Le député de
Bourget vient de nous dire qu'un travail de comité est moins efficace
qu'un travail d'assemblée plénière. Ce n'est pas ce qui
est généralement admis. Précisément, on forme des
comités pour travailler d'une façon plus efficace.
UNE VOIX: Cela n'est pas sûr.
M. HARDY: Quant au problème de délai et
là-dessus, je rejoins le député de Chicoutimi qui a tenu
des propos très sensés on discute pour rien.
Premièrement, le comité dont j'ai proposé la formation en
amendement ne serait pas un corps étranger à la commission. Il
serait formé de députés. Ce sont des députés
qui seraient là. Ce sont eux qui prendraient les décisions. Ce
n'est pas une commission royale, ce sont les députés. Comme le
dit le député de Frontenac, si nous, à la commission, nous
choisissons des collègues pour former ce comité, c'est parce que
nous avons confiance qu'ils feront du travail. Troisièmement, comme le
disent avec beaucoup de justesse les députés de Frontenac et de
Chicoutimi, il est difficile, à ce moment-ci, de fixer un délai
d'une façon arbitraire. Pourquoi ne pas demander à ceux à
qui nous confierons le mandat de nous produire un projet
d'échéancier? D'autant plus, et c'est l'économie
générale de notre règlement qui le veut, que le
comité pourra faire, n'importe quand, des rapports et que la commission
pourra, n'importe quand, demander des rapports au comité.
Mais je ne comprends pas cette manie, cette maladie de nos amis de
l'extrême-gauche de toujours vouloir arriver avec des corridors
précis, cet espèce de carcan qu'ils veulent toujours imposer. La
vie a besoin de plus de liberté que cela pour s'exprimer. Ce n'est pas
avec des carcans, ni des limites, ni des chaînes qu'on arrive à
produire quelque chose. Il faut laisser...
M. LESSARD: On peut vous les enlever, vos chaînes.
M. HARDY: ... quand même certaines libertés. Finalement,
pour la question de publicité, c'est encore enfantin ce que le
député de Bourget soutient, parce que les travaux de ce
comité seront nécessairement rendus publics. La commission de
l'Assemblée nationale travaille publiquement. Mais la seule chose que je
vois, par exemple, c'est que le député de Bourget et je
termine là-dessus voudrait absolument utiliser tous les moyens,
tous les travaux de la commission...
M. LAURIN: Vous confirmez mes craintes.
M. HARDY: ... pour faire de la propagande électorale. Il y a
d'autres moyens d'arriver à cela. Et c'est pourquoi je continue à
soutenir que la proposition du député de Chicoutimi, enrichie par
l'amendement que j'ai proposé, serait de nature...
M. LEGER: En toute humilité!
M. HARDY: ... à faire en sorte que nous ayons, le plus rapidement
possible, des mesures efficaces, adéquates pour améliorer notre
système électoral.
M. LAURIN: Surtout secrètes. Secrètes, surtout.
M. HARDY: M. le Président, je pense que le député
de Bourget a une très grande propension à la projection quand il
parle constamment de catimini et de secret.
M. LAURIN: On verra bien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nos débats prennent une étrange
tournure, ce matin. On ne sait pas qui est l'accusateur et l'accusé.
J'écoutais le député de Terrebonne faire un grand
plaidoyer. Je ne suis même pas prêt à prendre la chose en
délibéré, parce que ses arguments ne m'ont pas convaincu.
Il est vrai qu'on pourrait, à la rigueur, imputer des motifs, des
intentions au représentant du Parti québécois. Mais
écoutez, c'est une commission de l'Assemblée nationale, c'est
donc un lieu de délibérations publiques. C'est une tribune
publique.
Que les partis politiques en usent à leur façon, les gens
porteront un jugement sur le comportement de ces députés. Si le
Parti québécois devait en faire une tribune, ou si le Ralliement
créditiste ou si le nôtre ou le Parti libéral devaient en
faire une tribune, tant pis ou tant mieux, selon ce qui se dira et selon
l'intelligence des propos qu'on y tiendra.
Je n'ai pas, comme je l'ai dit tout à l'heure, d'objection de
principe et j'avais bien dit de principe à l'amendement
dont le député de Terrebonne a dit qu'il avait enrichi la
proposition initiale. Je pense qu'en l'occurrence, il y a, comme on dit en
droit, enrichissement sans cause. Je préférerais que l'on en
revienne à la proposition que j'avais faite. Elle me parait respecter
les exigences de la démocratie et respecter aussi les modes de
procéder des commissions parlementaires, qui sont des lieux publics, des
tribunes publiques, et dussions-nous, quelque parti que se soit, en subir des
inconvénients, si la lumière doit être faite sur ce qu'on
appelle depuis des millénaires, en exagérant, les caisses
électorales, Eh bien, grand Dieu, qu'on se vide le coeur et qu'on en
parle! Il y a des caisses électorales dont on dit qu'elles sont bien
connues, dont on connaîtrait tous les fournisseurs. D y a des caisses
électorales
occultes, dans les anciens comme dans les nouveaux partis, mais qu'on
vide le sac, qu'on fasse venir tous ces gens, s'il le faut, qu'on les installe
en avant, qu'on fasse le tri! Il y a des caisses électorales à
venir et dont les éventuels pourvoyeurs ont été
récemment appelés à se dénoncer, à se
déclarer. Qu'on tire les choses au clair!
M. le Président, je soumets que la proposition que j'avais faite
au départ est la plus valable parce que, d'abord, elle maintient
l'intégrité de la commission parlementaire de la réforme
électorale; d'autre part, sur un sujet beaucoup plus technique, elle
propose la création d'un comité ad hoc. A ce comité ad
hoc, il ne se fera pas de déclaration qui, dans l'immédiat, jour
après jour, puisse intéresser le grand public. Ce sont nos
conclusions qui intéresseront le grand public, tandis qu'en ce qui
concerne la caisse électorale, avec tous les risques que cela peut
comporter pour quelque parti que se soit, moi, je n'ai aucune sorte de
réticence à ce qu'on étale en public quoi que se soit
devant qui que se soit, pourvu que l'on respecte les règles de la
procédure et que les parlementaires participent à ces
délibérations animés d'un esprit qui soit celui du respect
des citoyens et de la démocratie.
C'est pourquoi, M. le Président, quand vous mettrez aux voix
l'amendement proposé par le député de Terrebonne, je
voterai contre cet amendement. Si nous devions d'aventure subir cet
enrichissement sans cause, chacun de nous pourra en tirer les conclusions et
faire au sujet de la proposition du député de Terrebonne des
observations publiques ou privées que les gens interpréteront
selon leur allégeance politique, selon leurs idées, leurs
opinions, leurs sentiments ou leurs préjugés.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Lafontaine.
M. LEGER: Je veux simplement et rapidement, comme il reste à peu
près huit minutes, dire qu'il faut accepter, quand on est du domaine
public, les risques du jeu et que des délibérations qui
toucheraient justement l'aspect du financement des partis doivent se faire en
plein jour. Je pense que le député de Terrebonne devrait accepter
de se rallier à la proposition du député de Chicoutimi,
parce que, s'il refuse que ces délibérations se fassent en plein
jour, la population se posera des questions. S'il accepte, la population saura
que les quatre partis sont réellement intéressés à
cela. Pour éviter de perdre un temps inutile, je demanderais qu'on vote
immédiatement sur l'amendement pour qu'on puisse, par la suite, revenir
et adopter la proposition principale avant les huit minutes qui nous restent
pour ajourner la commission.
M. HARDY: M. le Président, juste un mot. Evidemment, nous aimons
bien la notion de démocratie du député de Lafontaine. Je
veux dire ce que j'ai à dire, mais, pour agir avec
célérité, que les autres ne parlent plus!
M. le Président, encore une fois, on parle pour rien,
actuellement. Poser le problème de la publicité des travaux
versus un comité de travail c'est simplement de la foutaise. On veut se
faire du capital politique avec cette façon d'approcher le
problème.
M. LAURIN: Et mettre au grand jour des choses qu'on a toujours
cachées.
M. HARDY: Le comité et le rapport Barbeau en est un
témoignage. Commencez demain à étudier à une
commission où tous les députés sont membres, le rapport
Barbeau. Comment voulez-vous, M. le Président, qu'on arrive à des
conclusions précises dans six mois, si tous les députés
veulent s'exprimer sur chacun des aspects très techniques? Le
député de Chicoutimi a parlé tantôt d'aspects
techniques des modes de scrutin. S'il y a un domaine où il y a des
aspects techniques, c'est bien le financement des partis des dépenses
électorales.
M. LAURIN: II y a des principes aussi.
M. HARDY: II y a des principes et il y a des techniques. M. le
Président, c'est là que je dis qu'il n'y a pas, comme essayent de
le faire voir le député de Bourget et le député de
Lafontaine, contradiction entre publicité de nos travaux sur ce sujet et
comité de travail. Le comité de travail pourra s'attacher
à l'aspect plutôt technique de ce problème et faire
rapport. Encore une fois, il ne s'agit pas de noyer le poisson, on pourra,
à n'importe quel moment, demander des rapports préliminaires et,
à la commission, on pourra discuter des questions de principe.
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. HARDY: On pourra discuter de l'aspect politique.
M. LAURIN: Est-ce que je peux vous poser une question?
M. HARDY: M. le Président, si vous me permettez...
M. LAURIN: Est-ce que ce comité de travail va fonctionner devant
les journalistes?
M. HARDY: Je vais user de la même courtoisie que le
député de Bourget...
M. LAURIN: Vous n'êtes pas capable de répondre.
M. HARDY: ... a usée à mon endroit. M. le
Président, le rapport du comité de travail encore une fois,
s'attachera aux aspects
techniques et non pas aux aspects politiques. C'est l'idée de
base d'un comité de travail. Le rapport...
M. LAURIN: ... des sophismes...
M. HARDY: M. le Président, depuis deux ans, que j'écoute
le député de Bourget, c'est possible que je sois porté
à faire des sophismes, parce que j'en ai tellement entendu à
l'époque où je devais être l'observateur impartial.
M. LAURIN: Des mots...
M. HARDY: Pour terminer, M. le Président...
M. LEGER: Au moment où vous deviez et non pas être.
M. HARDY: M. le Président, je ne prétends pas être
plus pur que je le suis. Je me reconnais pécheur et je sais qu'à
certains moments j'ai chuté.
DES VOIX: Le carême débute aujourd'hui ! M. HARDY: Des
accidents, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre ! s'il vous plaît !
M. HARDY: D'ailleurs c'est le temps, c'est le mercredi des cendres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez la bénédiction...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre s'il vous plaît!
M. HARDY: II n'y a pas de contradiction. Le débat pourra
être public, ouvert.
Je lui accorde la bonne foi, mais ce dont le député de
Bourget ne semble pas être conscient, c'est que, si les aspects
techniques sont traités à la commission, où il y a 108
députés, dans six mois, on risque de se retrouver sans rien de
concret.
Si, d'une part, nous demandons à une commission de travail
d'aborder les questions techniques tout en nous réservant, nous,
à la commission, d'aborder les questions de principe, suivant les
rapports qui seront soumis, nous allons rejoindre l'efficacité et la
discussion publique, en profondeur, de toute cette question.
C'est pourquoi, M. le Président, je continue à maintenir,
que ce soit enrichissement sans cause ou avec cause, que ma proposition
d'amendement est valable et que, avec la proposition principale du
député de Chicoutimi, nous pourrons vraiment arriver à
faire du travail efficace. M. le Président, je n'ai pas la
prétention d'empêcher quiconque de parler...
M. LEGER: Est-ce que le comité ad hoc travaillerait en
public?
M. HARDY: A moins, M. le Président, qu'il y ait d'autres
députés qui veulent intervenir, je demanderais que ma proposition
d'amendement soit mise aux voix.
M. LEGER: Je pose une question au député de Terrebonne.
Est-ce que votre comité ad hoc travaillerait en public?
M. HARDY: Nous ne sommes pas des paternalistes et des dictateurs, comme
le député de Lafontaine qui dit aux gens quoi faire en tant que
membre de l'exécutif. Nous laissons au comité de travail, qui
sera composé de députés, de gens responsables...
M. LEGER: Mais, répondez à ma question.
M. HARDY: ... la responsabilité de décider ce qu'ils
voudrons décider.
M. LEGER: Mais est-ce que les délibérations du
comité ad hoc seront publiques?
M. HARDY: Pas comme le comité exécutif du Parti
québécois pour décider...
M. LEGER: M. le Président, vous ne répondez pas à
ma question. Vous évitez de répondre à ma question.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! La proposition principale du
député de Chicoutimi contenait deux volets, un comité ad
hoc concernant la question du mode de scrutin et...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon, ce n'est pas ça.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La proposition principale disait,
premièrement, que la commission de l'Assemblée nationale
étudie tout ce que l'on peut englober...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La commission, pas un comité ad
hoc.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. C'est sur le premier volet que le
député de Terrebonne a fait un amendement, proposant que,
également là, on retrouve un comité ad hoc. C'est
exact?
M. HARDY: Comité de travail composé de la même
façon que le comité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous avez les deux
propositions. Voici la proposition initiale, avec l'enrichissement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ah bon!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... du député de Terrebonne.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons la lire parce que nous ne
l'avions pas lue. Il est proposé que la commission de l'Assemblée
nationale étudie tout ce que l'on peut englober sous le chapitre des
dépenses électorales. Et l'amendement du député de
Terrebonne: Et donne mandat à un comité ad hoc de lui formuler
des propositions sur le financement des partis dans un délai de trois
mois.
M. HARDY: Financement des partis, dépenses électorales et
comité ad hoc.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Ce n'est pas tout ce qu'on appelle...
M. HARDY: ... composé de députés, suivant la
proportion...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous avez mentionné un
délai de trois mois?
M. HARDY: Non. Je n'ai pas mentionné de délai. Je fais
confiance aux députés qui siégeront au comité.
M. LEGER: Oui. Oui.
M.HARDY: Peut-être que le député de Bourget...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Votre amendement tient simplement à
la formation d'un comité ad hoc.
M. HARDY: ... d'un comité formé de députés
qui pourra s'adjoindre un représentant non parlementaire par parti et
qui devra étudier le problème du financement des partis et des
dépenses électorales.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le vote, s'il vous plait. Ceux qui sont en
faveur de l'amendement du député de Terrebonne. M.
Larivière?
M. LARIVIERE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Blank?
M. BLANK: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brown?
M. BROWN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Laurin?
M. LAURIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Arsenault?
M. ARSENAULT: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. HARDY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Shanks?
M. SHANKS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Picard?
M. PICARD: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Latulippe?
M. LATULIPPE : Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lavoie (Wolfe)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est M. Croi-setière qui le
remplace.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est un autre endroit. Comme j'aurais
dû demander un remplacement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est deux par parti.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire, ici sur ma liste,
vous avez trois...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... quatre...
M. CROISETIERE: C'est quatre, deux, deux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est quatre, deux, deux. C'est la commission
de l'Assemblée nationale.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On va vous permettre un autre nom.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. Gauthier et M....
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Avec votre permission, j'aurais dû
le demander au...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... M. Gauthier et M. Simard
(Témiscouata).
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Il n'y a plus de place. Je suis
obligé de prendre les noms que j'ai sur la liste, ne pas en
inventer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas le papier qui manque.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Non. IL faut que les membres d'une
commission...
M. CROISETIERE: Remplacez M. Lavoie (Wolfe) par le Dr Gauthier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Lavoie (Wolfe) par le Dr Gauthier.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Très bien. M. Gauthier?
M. GAUTHIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hou-de (Limoilou)?
M. HOUDE (Limoilou): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Léger?
M. LEGER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Croisetière?
M. CROISETIERE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Audet?
M. AUDET:Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pardon? Est-ce que je pourrais... Vous
êtes pour M. Séguin?
M. SEGUIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour: Treize. Contre: cinq. Donc la
proposition d'amendement du député de Terrebonne est
adoptée.
M. CROISETIERE: Le deuxième volet.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le deuxième volet, c'est la
même chose. C'est la proposition d'un comité ad hoc pour un mode
de scrutin sur la même formule que la proposition d'amendement.
M. CROISETIERE: Non. Le deuxième volet reçoit le consensus
général des membres.
M. HARDY: La proposition principale telle qu'amendée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'a amendé, M. le Président,
si vous permettez, que le premier volet de la proposition principale; le second
volet étant la constitution d'un comité ad hoc pour
étudier le mode de scrutin, comité ad hoc constitué de
députés membres de la commission de l'Assemblée nationale,
assistés d'experts, comme je l'ai expliqué.
M. CROISETIERE: Est-ce qu'il y aurait moyen de voter sur le
deuxième volet?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais vous le relire. Qu'un
comité ad hoc formé de députés membres des diverses
formations politiques et d'experts étudient la question du mode de
scrutin et en arrivent, selon un échéancier, à proposer
à la commission une formule de mode de scrutin.
M. HARDY: M. le Président, une question d'information. Dans
l'esprit du député de Chicoutimi, il s'agit bien des experts qui
ont déjà travaillé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. M. HARDY: Très bien.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: Dans les deux cas la question de
l'échéancier s'appliquait aussi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Pas dans le deuxième cas.
M. HARDY: Il n'y a pas d'échéancier dans le premier?
M. LATULIPPE: Le premier n'avait pas d'échéancier
là-dessus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui qu'on vient d'adopter en tout cas.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN: Parmi les experts qui ont déjà travaillé
à ce comité, il y en a un qui est
décédé.
Est-ce que ce serait dans l'ordre de proposer un remplaçant? Si
c'est dans l'ordre, je proposerais M. Jean-Charles Bonenfant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je me demande si nous
ne devrions pas avoir une réunion du comité directeur pour
réexaminer cette proposition qui nous paraît un peu
prématurée, M. Bonenfant ayant fort à faire dans d'autres
commissions.
M. LAURIN: D'accord. Mon autre remarque, M. le Président, c'est
que, si le vote est pris séparément sur ce deuxième volet,
nous voterons pour, mais s'il est inclus dans la proposition
générale, nous voterons contre.
M. HARDY: M. le Président, question de règlement. Ce ne
sont pas deux propositions, il faut quand même respecter les
règles. Il y a une proposition principale formulée par le
député de Chicoutimi. J'ai proposé un amendement tel que
les règlements le permettent. Nous avons d'abord voté sur cet
amendement. Maintenant, ce qui est devant la commission, c'est la proposition
principale du député de Chicoutimi, à laquelle la
commission a décidé d'ajouter un amendement. C'est l'ensemble de
la proposition.
M. LAURIN: Mais comme nous ne la reconnaissons plus...
M. HARDY: M, le Président, pour être bien clair et pour ne
pas torturer la procédure, ce ne sont pas deux propositions distinctes.
C'est une seule proposition à laquelle il y a eu un amendement et ce sur
quoi nous sommes appelés à nous prononcer maintenant, c'est la
proposition initiale du député de Chicoutimi à laquelle la
commission, majoritairement, a ajouté un amendement.
M. LAURIN: A ce moment, je propose qu'on scinde la proposition en deux
parties et qu'on vote séparément, étant donné qu'il
s'agit de deux sujets très différents.
M. CROISETIERE: Je propose le vote sur la deuxième partie.
M. HARDY: II y a une proposition de division. Il faut d'abord se
prononcer là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je pense que par le vote que les membres
de la commission viennent d'exprimer, on ne pourrait presque plus voter sur la
proposition principale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous demande pardon, M. le
Président, je vous ai laissé faire intentionnellement. Quand vous
avez mis aux voix l'amendement du député de Terrebonne, vous avez
pris la proposition principale, vous y avez ajouté l'enrichissement du
député de Terrebonne et vous nous avez demandé de nous
prononcer sur le premier volet. Donc, vous avez vous-même
déjà, à ce moment, pris l'initiative de scinder la
proposition. Elle est donc scindée et nous avons accepté ou
rejeté la première partie. Il nous faut maintenant nous prononcer
sur la seconde.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je voudrais faire remarquer au
député de Chicoutimi que la feuille qu'il m'a remise
lui-même disant qu'il s'agissait de la formule d'amendement du
député de Terrebonne n'exprimait pas l'amendement du
député de Terrebonne, parce qu'après l'avoir lu, je lui ai
demandé s'il s'agissait là de son amendement. Il a dit non. Dans
le texte que vous m'avez remis, vous mentionnez le financement des partis dans
un délai de trois mois. Vous me dites que c'est la proposition
d'amendement du député de Terrebonne. Cela ne l'était
pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici, M. le Président, ce qui s'est
passé.
Le député de Terrebonne avait fait une proposition assez
vaste, assez générale, il y avait inclus plusieurs
éléments. Nous avions eu une discussion sur la question de
l'échéancier. Alors, subtilement, nous avons modifié
l'enrichissement du député de Terrebonne, mais il a
lui-même corrigé tout à l'heure son propre
enrichissement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Puisque je pense qu'on ne peut pas voter
sur une motion principale, je vais vous lire le premier volet. Vous allez voir.
Il est proposé que la commission de l'Assemblée nationale
étudie tout ce qu'on peut englober sous le chapitre des dépenses
électorales.
M. HARDY: Le financement des partis.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'était ma proposition.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II y a eu l'amendement.
M. HARDY: Je pense bien qu'on "s'enfarge" dans les fleurs du tapis.
Quant à la procédure, évidemment, on est plus ou moins
dans la légalité mais comme l'esprit doit l'emporter sur la
lettre, je suis bien prêt, si cela peut enlever des cas de conscience
à certaines personnes qui se torturent pour des détails et des
points-virgules, qu'on considère, à toutes fins pratiques, qu'il
y a deux propositions et, encore une fois, je ne voudrais pas que ce soit
interprété comme je... parce que ce n'est pas légal. Comme
le député de Chicoutimi l'a dit tantôt, ce n'est pas au
président de décider de scinder une proposition de...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Une
opinion avant de procéder à un vote. C'est que l'esprit
des membres ce matin...
M. HARDY: II n'y a plus rien à dire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... a distingué le mode de scrutin
en même temps que les dépenses électorales. Je pense qu'on
a voulu en faire deux propositions distinctes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça. M. LAURIN: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... et c'est dans l'esprit des membres de
la commission que je vous inviterais maintenant à voter sur le
deuxième volet de la proposition principale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ajoute ceci à l'intention du
député de Terrebonne que ce n'est pas "s'enfarger" dans les
fleurs du tapis, comme il l'a dit, c'est que la seconde partie de ma
proposition, j'y tiens, et ayant voté contre l'amendement du
député de Terrebonne, je ne voudrais pas voter contre la seconde
partie que j'avais proposée moi-même.
M. HARDY: De toute façon, moi je suis et j'étais et pour
mon amendement et pour la proposition du député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On me comprendra. Le président a pris
l'initiative de scinder la proposition, donc, qu'il la mette aux voix.
M. HARDY: Comme de ce côté-ci...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Proposition du député de
Chicoutimi, deuxième volet. Vote. M. Larivière.
M. LARIVIERE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Blanks.
M. BLANKS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brown.
M. BROWN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Laurin.
M. LAURIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Arsenault.
M. ARSENAULT: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy.
M. HARDY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Shanks.
M. SHANKS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Picard.
M. PICARD: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Latulippe.
M. LATULIPPE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Gauthier.
M. GAUTHIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Houde, Limoilou.
M. HOUDE (Limoilou): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Léger.
M. LEGER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher.
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Croisetière.
M. CROISETIERE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier.
M. CARPENTIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Audet.
M. AUDET: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Séguin.
M. SEGUIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay, Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
M. HARDY: Cela semble être adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Pour: 18. Contre: 0.
Le député de Chicoutimi.
Délibérations publiques
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que nous
n'ajournions nos travaux, je ferais la proposition suivante: Que les
délibérations du comité ad hoc chargé
d'étudier le financement des partis et les dépenses
électorales soient publiques.
M. LAURIN : Nous approuvons le député de Chicoutimi, sans
autre.
M. HARDY: Nous n'avons pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Chicoutimi
propose que les délibérations du comité ad hoc
chargé d'étudier les dépenses électorales soient
publiques.
M. HARDY: Tout l'échafaudage du député de Bourget
vient de tomber.
M. LAURIN: Au contraire.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Est-ce adopté
unanimement? Oui.
M. HARDY: Unanimement.
M. LEGER: Si vous aviez répondu à ma question tantôt
à savoir si les délibérations du comité ad hoc
étaient publiques, on aurait voté pour immédiatement.
M. HARDY: Toute votre projection vient de tomber. C'est justement, c'est
quand on marche sur le vote...
M. LAURIN : Même vote.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur le même vote enregistré,
s'il vous plait.
M. HARDY: M. le Président, à l'occasion d'une prochaine
séance, on pourrait d'abord constituer les deux comités de
travail et les partis pourraient songer aux membres de leur formation qui
seront appelés à siéger à ces comités de
travail. A cette prochaine séance, nous pourrions aussi étudier
le document concernant les amendements à la Loi de la contestation des
élections. M. le Président, je propose que la prochaine
séance se tienne le mercredi 21 mars à dix heures.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Bourget.
M. LAURIN: On pourrait étudier également
l'échéancier en plus de la constitution des comités! C'est
une question que je vous pose.
M. HARDY: Si on veut étudier un échéancier, soit M.
le Président, mais j'ai hâte que l'on s'attaque au fond des
problèmes et que l'on cesse de se limiter aux échéanciers,
aux calendriers, aux formes, à ceci et à cela et qu'on
étudie le fond de la question.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: La semaine prochaine, c'est la formation des deux
comités.
M. HARDY: C'est-à-dire le 21 mars.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission ajourne ses travaux au
mercredi matin 21 mars, dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 10)
ANNEXE Référer à la version PDF page B-8969
à page B-8976