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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 30 mai 1973
(Dix heures trente-cinq minutes)
Préliminaires
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs! Pour l'information des
membres de la sous-commission, lorsque la commission de l'Assemblée
nationale a siégé la dernière fois il avait
été décidé que cette sous-commission comprendrait
onze membres dont sept du parti ministériel...
M. HARDY: C'est-à-dire que, selon la proposition qui avait
été finalement adoptée, on désignait onze membres
dont sept députés ministériels, deux députés
de l'Opposition officielle, un député du Ralliement
créditiste et un député du Parti québécois
plus un non-parlementaire pour chaque parti.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce qu'on pourrait faire
connaître aux membres de la commission le nom de celui qui accompagne
chaque parti politique?
M. HARDY: Dans mon cas, M. le Président, il m'accompagne in
absentia ce matin, du moins pour le début de la séance. Il s'agit
du notaire Claude Desrosiers qui devrait nous rejoindre d'ici quelques
minutes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour le parti de l'Union Nationale, c'est Me
Claude Gélinas.
M. BURNS: Pour le Parti québécois c'est le
trésorier du parti, M. Pierre Renaud. Je veux tout simplement vous dire
que c'est un trésorier qui je ne sais pas si c'est ainsi dans les
autres partis, je pense que non est élu au scrutin secret,
normalement, qui doit, à chaque congrès, revenir devant ceux qui
l'ont choisi. Je voudrais mentionner tout simplement deux titres de gloire de
M. Renaud; il est le premier trésorier d'un parti politique de
l'histoire du Québec à avoir déposé les
états financiers de son parti, à les faire vérifier par un
vérificateur, soit une firme de comptables agréés.
Deuxièmement, c'est lui qui a présidé à la
dernière campagne de financement du parti, il en était le
responsable. M. Pierre Renaud sera notre expert. Je pense que nous avons choisi
la personne la plus compétente que nous avions sous la main pour
cela.
M. HARDY: M. le Président, vous me permettrez de dire combien je
suis impressionné...
M. BURNS: J'espère.
M. HARDY: ... par cette présentation de notre ami le
député de Maisonneuve. Puis-je lui rappeler, avec une certaine
modestie, que d'autres formations politiques, entre autres, la nôtre, a
un trésorier également élu annuellement par les membres
réunis en congrès général, et ce depuis 1955 ou
1956?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qui était...
M. BURNS: On discutera de cela tantôt en profondeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce fut exactement le cas de notre parti
également.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour le Ralliement
créditiste, il s'agit de Me Gaston Fréchette.
M. BLANK: Gaston Fréchette.
M. LATULIPPE: M. Gaston Fréchette.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Maintenant, on aurait besoin des noms des
membres du sous-comité pour les faire connaître. Comme les membres
n'avaient pas été assignés lors de la dernière
séance, on va prendre un moment pour nommer les membres de chaque
formation politique.
Pour le parti ministériel, M. Blank, Saint-Louis; M. Caron,
Verdun; M. Hardy, Terrebonne; M. Harvey, Chauveau; M. Ostiguy, Rouville; M.
Pearson, Saint-Laurent; M. Brown, Brome.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. Tremblay, Chicoutimi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay, Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. Cloutier, Montmagny, doit venir mais,
à cause de la mauvaise planification du gouvernement, il est retenu pour
l'instant ailleurs.
M. HARDY: Vous voulez dire à cause de l'esprit de travail.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Cloutier, Montmagny.
M. LATULIPPE: Le Ralliement créditiste.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Latu-lippe, Frontenac; M. Burns,
Maisonneuve, pour le Parti québécois.
L'honorable député de Terrebonne.
Exposé du problème du financement des nartis
M. HARDY: M. le Président, je pense que la réunion que
nous tenons ce matin est impor-
tante. Toutes les réunions que nous avons tenues, de la
commission de l'Assemblée nationale, dans le cadre des travaux sur la
réforme électorale, ont été importantes, mais je
pense que les travaux de cette sous-commission le sont également, et ce
à plus d'un titre. D'abord, personne ne peut ignorer que le
problème financier, que ce soit le financement des partis ou ce que cela
coûte aux partis pour tenir une élection, constitue un
élément majeur du processus électoral. Cela n'est pas
nouveau. Déjà, Israël Tarte, à la fin du
siècle dernier ou au début du présent je ne sais
plus trop disait que les élections ne se font pas avec des
prières.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D en est mort!
M.HARDY: Alors, c'est évident, c'est une chose reconnue que, pour
tenir des élections, il faut des moyens financiers. J'ajouterais
même que ce serait impossible, de nos jours en tout cas, de tenir des
élections vraiment démocratiques sans des moyens financiers. Il
est impossible pour un parti politique de faire connaître son programme,
de faire connaître sa pensée sans publicité et tout cela
coûte de l'argent.
Il faut admettre que la question financière est un des rouages,
je dirais, essentiels du processus électoral. C'est important
également parce que tout ce problème du financement des partis ou
des dépenses électorales est un peu entouré de
légendes, d'émotivité. On a créé, au cours
des années, sinon des siècles, beaucoup de légendes autour
de cette question. Je pense qu'il est important, si l'on veut, à cette
sous-commission comme à la commission de l'Assemblée nationale,
accomplir un travail fructueux et efficace dans ce domaine, que tous nous
tentions de décanter un peu cette question pour être en mesure de
l'analyser et de la voir avec objectivité, bien sûr, mais aussi
sans trop de passion.
C'est peut-être beaucoup demander, encore une fois, parce que le
contexte nous incite, si je puis dire, à cela. Mais je pense que, si les
parlementaires et les experts ou conseillers qui nous accompagneront, tous nous
faisons un certain effort, nous pourrons arriver à étudier cette
question avec le plus de sérénité possible.
Je pense, M. le Président, qu'il y a deux approches possibles
face à ce problème du financement des partis et des
dépenses électorales. Il y a ce que je pourrais appeler
l'approche globale, c'est-à-dire tenter, dans un seul train de
législations ou d'un seul coup, de régler tous les
problèmes qui se posent. Idéalement, ce serait peut-être ce
qu'il y aurait de mieux à faire, mais je pense qu'il y a aussi une autre
façon d'aborder le problème. C'est de l'aborder d'une
façon sectorielle, c'est-à-dire prendre des points bien
déterminés, soit du financement des partis ou des dépenses
électorales, et tenter de leur trouver des solutions
concrètes.
L'avantage de cette deuxième solution, c'est, je pense, qu'on
pourrait arriver plus rapidement à des progrès, à des
réalisations. Encore là, évidemment, cela dépend
des motifs qui nous inspirent dans ce travail. Si on veut, d'abord et avant
tout, faire du financement des partis et des dépenses électorales
une question électora-liste, si on veut s'en servir à des fins
partisanes et électorales, je pense que la meilleure solution c'est
l'approche globaliste, parce qu'on est sûr que cela va prendre du temps
avant d'arriver à la solution. Evidemment, quand on veut se servir d'un
sujet sur le plan électoral, plus cela prend du temps à le
résoudre, plus cela nous fait de matière. C'est évident
que si certains partis politiques je ne prête pas d'intentions
à personne; c'est une simple hypothèse de travail voulaient
absolument pouvoir arriver, aux prochaines élections, et dire: Voici, le
gouvernement n'a rien fait! On le savait bien, et tout le tralala qu'on
pourrait y ajouter, eh bien, la meilleure façon, c'est de tenir
absolument à une solution globale, parce que, encore une fois, si on
veut régler tous les problèmes d'un seul coup, on a des bonnes
chances, peut-être, d'arriver aux prochaines élections sans avoir
quelque chose de concret.
Mais si on ne veut pas se servir de ça comme un argument
politique, si le motif qui nous inspire c'est de tenter d'avoir une loi qui
corresponde le plus possible au principe ou à l'idéal que l'on
poursuit, je pense, encore une fois, qu'il est préférable de se
limiter, d'être moins ambitieux et d'essayer de trouver des solutions
concrètes à des problèmes plus circonscrits.
Pour ma part, je considère et je pense que c'est le cas de
mes collègues du parti ministériel que l'objectif que nous
poursuivons n'est pas de faire de cette question des dépenses
électorales un ballon politique ou une argumentation d'ordre
électoral. Ce que nous voulons c'est apporter des améliorations
à la loi actuelle. Nous accordons notre préférence
à la deuxième approche, c'est-à-dire l'approche
sectorielle.
Mais, il serait peut-être bon de rappeler non seulement à
nos collègues de la commission, mais même au public en
général, via les media, que nous ne partons pas à
zéro dans ce domaine, qu'il y a eu des gestes très concrets de
posés ici au Québec. Il faudrait peut-être que certains
partis, pour, encore une fois tempérer leur modestie, se rappellent que
ce n'est pas eux qui ont inventé les solutions dans ce domaine.
Déjà en 1960 je m'excuse, M. le Président,
d'avoir l'air un peu partisan, mais c'est la vérité historique
qui m'oblige à le faire...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soyez naturel.
M.HARDY: Déjè en 1960 le Parti libéral avait
inscrit à son programme un article prévoyant la limitation des
dépenses électorales. En 1961 et je vous rappelle que ce
n'était pas un parti qui était dans l'Opposition à ce
moment-là, mais un parti qui venait de prendre le pouvoir
la Fédération libérale du Québec dans le temps, qui
était le parti, avait consacré tout un congrès à la
réforme électorale et en particulier au problème du
financement des partis, les dépenses électorales.
Et tout ceci ne s'est pas limité à un programme
électoral en 1960 ou au thème d'un congrès en 1961. Mais,
en 1962, une loi était adoptée, le bill 15, dont les principaux
objectifs consistaient, d'une part, à limiter les dépenses
électorales des candidats et des partis en vertu de la loi et à
prévoir le remboursement d'une partie des dépenses
électorales des candidats.
Puis-je rappeler, M. le Président, et là je suis de moins
en moins partisan parce que je voudrais citer un rapport sur lequel, je pense
bien, tout le monde s'entend pour en connaître la valeur, le rapport
Barbeau qui, à la page 10, parle de notre loi actuelle sur les
dépenses électorales, comme de 'l'ambitieux projet de
réglementation et de subventions de l'Etat mis en vigueur en 1964 au
Québec." Et, à la page 139 du même rapport, on peut lire:
"La législation du Québec sur les dépenses
électorales est la plus élaborée au Canada." C'est le
rapport Barbeau, en quelque sorte la bible de tous ceux qui parlent de
réforme dans ce domaine qui, encore une fois, dit cela.
C'est la situation. Maintenant, M. le Président, je n'ai pas
cité le bill 15, encore une fois l'oeuvre d'un gouvernement
libéral, et je n'ai pas cité les commentaires du rapport Barbeau
pour tenter de prouver aux membres de la commission que tout est bien, que tout
est parfait et que nous devons nous croiser les bras et nous contenter de cela.
Bien au contraire, nous considérons que les jalons importants, majeurs
qu'un gouvernement libéral a posés dans ce domaine
méritent d'être poursuivis. Je pense qu'il est important que nous
assurions une continuité dans cette ouverture que nous avons
déjà manifestée. C'est évident qu'il y a encore,
même si notre législation est la plus avancée au Canada
dans ce domaine, place à amélioration.
Encore là, il faut éviter de se cantonner, si je peux
dire, dans le domaine des principes. Sur les principes, je pense bien qu'il n'y
a pas de divergences majeures entre les membres de l'Assemblée nationale
ou entre les différents partis qui y sont représentés.
Ces principes en tout cas ceux que nous admettons d'emblée
dans ce domaine c'est l'indépendance des partis politiques
vis-à-vis des souscripteurs aux caisses électorales. Je pense que
c'est un principe élémentaire évident duquel aucune
discussion ne peut surgir. L'égalité de chances au moment d'une
élection, égalité de chances des candidats,
égalité de chances des partis politiques, cela aussi est un
principe auquel nous souscrivons d'emblée. La participation du plus
grand nombre de citoyens au financement des partis également. Je pense,
j'admets très volontiers que la participation au financement d'un parti
politique est un accessoire qui découle nécessairement de la
participation à la politique. Si quelqu'un est suffisamment convaincu de
la valeur d'un programme politique, de la valeur d'un parti politique pour y
militer, pour y consacrer du temps, s'il en a les moyens, il est normal qu'il
participe au financement de ce parti.
Et enfin, l'autre principe, je pense bien, sur lequel nous nous
entendons tous, c'est la limite, savoir tenter de limiter les dépenses
électorales, parce que c'est évident que les dépenses
électorales exagérées peuvent mettre en cause les
principes auxquels je viens de faire allusion. Alors, s'entendre sur ces
principes-là, je pense que c'est facile.
C'est également facile de s'entendre sur les règles ou les
normes que l'on peut édicter dans une législation. C'est assez
facile de dire, ou d'adopter une loi qui dira qu'aucun parti politique ne devra
recevoir plus que $1,000 ou $2,000 de souscription par personne, c'est
relativement facile. C'est relativement facile de dire dans une loi que les
partis politiques devront faire vérifier leur bilan par un comptable et
le rendre public. C'est facile d'indiquer ça dans une loi.
C'est également facile de dire dans une loi que les gens qui
souscrivent à un parti politique auront droit à un reçu et
que ces souscriptions seront déductibles de l'impôt provincial, du
moins en ce qui nous concerne. C'est également facile de dire que nous
allons publier nos revenus. Tout ça, c'est très facile de
l'inclure dans une loi.
Là où le problème devient plus complexe, c'est de
s'assurer que ce que nous allons édicter dans une loi sera
réalisable en pratique.
C'est là qu'est tout le dilemne, et je pense que c'est sur ce
point qu'ensemble nous devrions joindre nos efforts. Encore une fois,
édicter des règles et des normes, c'est facile, mais à
quoi servirait d'avoir une loi qui, sur le plan des principes et sur le plan de
la réglementation, serait la perfection quasi absolue si, dans la
pratique quotidienne, dans la réalité concrète il est
impossible ou nous n'avons pas les instruments pour nous assurer que ces lois
seront respectées?
D'abord, c'est une fausse sécurité que nous pouvons nous
donner à nous-mêmes et à l'ensemble de la population. C'est
peut-être une manière de se donner bonne conscience de dire: Nous
avons une excellente loi, mais c'est, en même temps, l'ouverture
si nous ne nous assurons pas des moyens de faire respecter cette loi
à des occasions de fraudes, à des occasions
d'illégalités et à des mises en scène
extraordinaires qui donnent lieu à la plus belle hypocrisie et à
la plus belle supercherie. Je vous avoue, M. le Président
là aussi, je vais essayer d'être le moins partisan possible
que j'ai vécu l'expérience en 1966. Je pense que les
expériences concrètes qu'on a pu vivre sont importantes.
D'ailleurs, c'est la raison pour laquelle on a
demandé à des organisateurs, des trésoriers de
parti de venir, parce qu'ils peuvent nous apporter un éclairage assez
intéressant.
Moi, j'ai vécu, en 1966, une expérience. C'était ma
première élection générale. C'était la
première fois, à l'occasion d'une élection
générale, que la loi 15 était mise en application. On
avait donné à la formation politique à laquelle
j'appartiens des instructions extrêmement sévères. On peut
faire des gorges chaudes; on peut peut-être nous dire que ce
n'était pas vrai, mais, en tout cas, je dis ce dont j'ai
été témoin. On nous avait donné des instructions
d'une sévérité extraordinaire quant aux dépenses
électorales. On avait fait une très grande publicité
à ces directives. Peut-être que cela amusera les journalistes
d'entendre cela, mais on ajoutait souvent, dans ces instructions: Vous savez
qui est ministre de la Justice, vous savez qu'il est intransigeant. Evidemment,
ce serait une autre question dont on pourrait discuter, mais, en tout cas, on
le représentait comme le bonhomme d'une intransigeance absolue, de telle
sorte que, même si un libéral se faisait prendre à ne pas
respecter intégralement la loi, il risquait les
sévérités de la loi.
Dans mon comté, ceci prenait une dimension encore plus grande
parce qu'à l'élection partielle à laquelle j'avais
été élu en 1965 élection où la
principale formation politique n'était pas présente; l'Union
Nationale n'avait pas opposé de candidat j'étais, à
toutes fins pratiques, seul avec un candidat indépendant, illustre
inconnu. Devant cette espèce de situation facile, un organisateur
libéral s'était laissé emporter par l'enthousiasme et
avait commis certaines irrégularités. L'organisateur
libéral avait été traduit devant le tribunal et il avait
été sévèrement puni même si le Parti
libéral était au pouvoir. C'était un peu un
précédent parce que, dans le passé, il faut le
reconnaître, il y avait une espèce de "gentlemen's agreement"
entre les partis politiques de sorte qu'après les élections on
oubliait facilement les irrégularités, tout s'oubliait.
Mais, en 1965, un organisateur politique de mon comté a
été sévèrement puni pour avoir commis des
irrégularités.
Tout ceci, évidemment, ajoutait au contexte. Je peux vous
affirmer, M. le Président, qu'à mon élection de 1966, non
seulement les organisateurs libéraux dans le comté de Terrebonne
ont respecté la loi, mais, dans certains cas, ils ont même
été pris de scrupule et ils n'ont pas fait des choses que,
normalement, ils avaient le droit de faire. Après l'élection,
parce que j'avais des amis dans une formation politique, ceux-ci m'ont
raconté ce qui s'était passé et j'ai découvert que,
malgré la loi, malgré les sévérités, des
organisateurs politiques d'une autre formation politique que je ne nommerai
pas, évidemment, pour me maintenir dans une très grande
objectivité, d'autres...
UNE VOIX: En l966?
M. HARDY: En 1966. Il y avait quatre candidats dans ma
circonscription.
UNE VOIX: Qui a gagné?
M. HARDY: Je me suis aperçu que les organisateurs d'autres
formations politiques avaient été beaucoup moins scrupuleux. Je
dis tout ceci non pas dans un but donné, mais simplement pour dire
qu'une loi n'empêche pas la possibilité
d'irrégularités. En d'autres termes, même si l'on dit que
les dépenses électorales sont limitées, tel que la loi le
prévoit actuellement, même si l'on dit qu'aucune dépense
électorale, si minime soit-elle, ne peut être faite que par
l'agent officiel nommé par le candidat, la loi actuelle ne
prévoit pas des mécanismes suffisamment articulés,
siffisamment raffinés, à mon avis, pour éliminer des
caisses parallèles, pour éliminer le fait qu'un bonhomme puisse,
à un moment donné, distribuer de l'argent sans que personne ne
s'en aperçoive ou à peu près pas. C'est une
réalité devant laquelle on est. C'est pour ça, M. le
Président, que je dis qu'il ne s'agit pas tellement de fixer des normes.
Ce n'est pas à ce niveau que se posent les difficultés. Il ne
s'agit pas de dire que ce sera $1,000, pas plus de $2,000 ou qu'on ne pourra
pas dépenser plus de $0.50 ou $0.60 par électeur. Il est facile
de s'entendre sur ces normes, sur ces barèmes. Là où
je ne dirais pas où c'est plus difficile de s'entendre la
vraie difficulté se pose, c'est quand il s'agit de trouver les moyens
pratiques pour que les lois ou les amendements à la Loi
électorale que nous pourrions adopter soient vraiment appliqués,
que ce ne soit pas, encore une fois, une façon de détourner ou
une vaste entreprise d'hypocrisie.
M. le Président, je pense que si tous les membres de la
commission acceptent ces contraintes, nous pouvons, ensemble, nous mettre
à travailler. Là-dessus à- moins qu'on ait des
choses nouvelles à nous annoncer ce matin dans ce que j'ai pu
lire dans chacune des formations politiques actuellement, je n'ai rien
trouvé de vraiment rassurant sur le plan de l'application des lois. On a
élaboré des normes, que je trouve encore une fois, très
valables, mais je n'ai rien vu, dans les différentes propositions qui
ont été signalées, qui réponde vraiment à ce
deuxième volet du problème qui est l'application pratique des
lois.
Notre position et je termine là-dessus la position
du parti ministériel à ce sous-comité est la suivante.
C'est que nous voulons, le plus rapidement possible, trouver ces
mécanismes qui permettraient d'appliquer les normes que nous pourrions
fixer dans une loi. Nous voulons le faire le plus rapidement possible, parce
que nous croyons que c'est important, pas parce que nous avons l'intention de
nous plier au chantage de certaines conférences de presse ou de certains
propos, non! Depuis le début de nos travaux, à maintes reprises,
certains partis politiques ou certaines formations nous ont
constamment accusés, que ce soit sur le mode de scrutin,
même sur la carte électorale, sur tous les aspects de la
réforme électorale, de ne vouloir rien faire, de vouloir enterrer
le dossier. Malgré ces accusations, nous avons continué; avec
autant de célérité que possible et d'une façon
ordonnée, d'une façon valable, nous avons poursuivi nos travaux.
C'est notre intention de les poursuivre au même rythme, avec le
même sérieux et avec la même objectivité.
Pour ce matin, M. le Président, je n'ai pas de proposition
concrète à formuler. Notre position ce matin est la suivante.
Avec la même ouverture que le gouvernement manifeste dans tous les
domaines, l'ouverture qu'il manifeste peut-être encore davantage dans ce
domaine de la réforme électorale, nous sommes disposés
à entendre les représentations des autres formations politiques
et, à partir de ces représentations, nous formulerons, à
une séance subséquente ou à des séances
subséquentes, des propositions conrètes qui seraient susceptibles
d'être incorporées à la législation actuelle.
Mais, encore une fois, ce que j'espère recevoir de mes
collègues de la commission, ce sont des moyens pratiques et concrets
d'appliquer les lois que nous pourrions adopter, pas simplement de grandes
théories, de grands principes; nous sommes également en mesure
d'en élaborer. Mais nous avons surtout besoin de votre collaboration
dans la recherche de moyens pratiques d'appliquer le loi ou les lois que nous
serions appelés à présenter au Parlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté le député de Terrebonne, et j'aurais bien
voulu que son exposé fût complètement dégagé
de toute résonance partisane. En dépit des efforts qu'il a faits
pour ce faire, il est bien évident qu'il a fait un plaidoyer pro domo,
oubliant que le travail de la réforme électorale et les travaux
qui ont commencé avant que le gouvernement de M. Bourassa assume le
pouvoir avaient été, depuis longtemps, amorcés de
façon fragmentaire et avait apporté certains résultats qui
étaient le produit du travail des députés qui
siégeaient alors ainsi que des membres du Conseil législatif,
disparu depuis ce moment.
Je ne commenterai donc pas les sous-entendus du député de
Terrebonne. Ils s'inscrivent très bien dans le cadre d'une dialectique
que nous connaissons et dans celui d'une entreprise de glorification de sa
formation politique. Je ne lui conteste pas le droit de le faire. Je crois,
toutefois, avoir le droit, sinon de le commenter parce que ce n'est pas la
peine, du moins en rire intérieurement.
Le député de Terrebonne ne s'en est toutefois pas tenu
à cet éloge de son parti. Il a émis des opinions qu'il
vaut la peine d'étudier. Au départ, M. le Président, je
désire déclarer que les travaux sur la réforme de
l'institution parlementaire ont progressé selon un rythme normal. Nous
avons quand même franchi des étapes importantes, ce dont font foi
les diverses lois qui ont été discutées et adoptées
par la Chambre à la suite de nos réunions.
Nous en sommes arrivés à ce stade où il nous faut
étudier le problème des dépenses électorales et le
problème du financement des partis. Le député de
Terrebonne a dit, à raison, qu'il fallait dissiper cette
atmosphère de légende qui plane depuis bien longtemps sur le
financement des partis, sur les dépenses électorales.
Mais Victor Hugo disait de l'épopée: "C'est l'histoire
écoutée aux portes de la légende." Cette légende a,
et toutes les légendes sont ainsi, quand même des fondements dans
les faits, des fondements historiques. Et, si la légende a pris cette
ampleur, c'est que les faits, à certains moments, ont eu une ampleur
telle qu'ils ont contribué à créer cette légende,
à l'entretenir. C'est cela que nous voudrions dissiper.
Nous voudrions démythifier toute cette question des
dépenses électorales, qui l'est déjà d'ailleurs eu
égard à la loi qui existe. Mais il faudrait démythifier
davantage toute la question du financement des partis.
J'ai eu l'occasion de dire, lors de la dernière réunion
que nous avions tenue, en ce qui me concernait, que je n'avais aucune sorte
d'objection à ce qu'on mette cartes sur table et qu'on fasse le
procès de qui on voudra. Cela m'intéresse du point de vue
historique et cela m'intéresse pour les fins des travaux que nous
poursuivons, dans la mesure où les exemples qu'on voudra bien apporter
nous serviront à prendre des attitudes et à orienter notre
démarche de manière que ces excès, ces
irrégularités, même ces scandales dont on a parlé
dans le passé ne puissent plus se reproduire sous la réserve que,
la nature humaine étant ce qu'elle est, on ne parviendra pas à
l'idéal.
Mais c'est à la recherche de cet idéal que nous sommes en
marche et je pense qu'il nous est possible de procéder à un
travail, qu'on fasse un profond travail d'assainissement tant dans le domaine
des dépenses électorales que dans le domaine du financement des
partis.
Le député de Terrebonne a parlé de l'approche qui
devrait être la nôtre. Il a parlé d'une approche globale et
d'une approche sectorielle. On pourrait, bien entendu, se contenter
d'étudier, en vue de la présentation d'un projet de loi, le
problème spécifique des dépenses électorales. C'est
un aspect éminemment important et qui devra faire, à brève
échéance, l'objet d'un projet de loi. Mais on ne peut pas
séparer le problème du financement des partis de celui des
dépenses électorales parce qu'il y a une conjonction de ces deux
modes de financement, puisque quand on parle du financement des dépenses
électorales, on pense évidemment à la façon dont
les candidats peuvent poser leur
candidature et obtenir, par le truchement de l'Etat, des sources de
financement pour les fins d'une campagne électorale.
Mais entre-temps et avant qu'un candidat ne pose sa candidature, ce
candidat a oeuvré dans un parti politique qui, lui, a des sources de
financement, a besoin de trouver des sources de financement et il arrive que
des déficiences, des lacunes, des insuffisances de la Loi
électorale, au chapitre des dépenses, sont telles que les sources
de financement d'un parti ont une importance assez grande et, en certains cas,
capitale pour l'élection d'un candidat.
Je ne pense donc pas qu'on puisse séparer, qu'on puisse isoler
les deux aspects de la question. Il me parait que notre approche doit
être globale, ce qui ne veut pas dire que nous allons étudier en
même temps, conjointement, les deux problèmes mais que les deux
étapes que nous voulons marquer dans notre travail de la réforme
de l'institution parlementaire doivent se faire de façon qu'un projet de
loi sur les dépenses électorales et un projet de loi sur le
financement des partis soient présentés en même temps, de
sorte qu'on puisse voir exactement le lien qui existe entre ces deux aspects du
vaste problème que nous abordons aujourd'hui.
Si l'on ne faisait qu'assainir le système du financement des
élections sans s'occuper du système du financement des partis, je
crois qu'on laisserait la porte ouverte à des abus assez graves que le
député de Terrebonne a évités, dit-il, en 1965,
mais qui se sont produits en 1966 comme en 1970. Il arrive que les
insuffisances des fonds mis à la disposition des candidats en vertu de
la Loi électorale actuelle font qu'on est obligé de faire appel
quelquefois tout dépend des comtés, des candidats et des
moeurs électorales de certains secteurs du Québec à
des sources de financement occultes qui échappent à la
surveillance du président général des élections et
de ceux qui sont ses représentants dans les diverses circonscriptions du
Québec.
Je souhaite donc que l'on fasse, dès le départ, une
conjonction des deux plans de travail, qui doivent inciter le gouvernement
à présenter, dans les délais les plus brefs maintenant,
une loi sur les dépenses électorales et une loi sur le
financement des partis.
Cette exigence est de plus en plus urgente; elle est impérieuse
du fait que, selon toute présomption, il ne reste à toutes fins
utiles qu'un an avant la tenue du prochain scrutin. J'ai pris connaissance de
certaines déclarations qui avaient été faites sur la
lenteur des travaux de la commission. Je ne suis pas, à tous
égards, d'accord sur ces déclarations qui ont été
faites.
Il peut paraître à des gens qui n'ont pas pris connaissance
de nos travaux et qui ne les ont pas suivis qu'à certains moments nous
avons marqué le pas et que le gouvernement, disons tous et chacun
d'entre nous avons peut-être tardé à remettre en branle les
mécanismes de notre commission parlementaire. En toute jus- tice pour
ceux qui sont responsables de l'administration publique, de même qu'en
toute justice pour tous les députés de l'Assemblée
nationale, je crois qu'il arrive que nos travaux sont à ce point
exigeants que nous devons reculer l'échéance de l'examen de
certains problèmes comme celui qui nous préoccupe ce matin.
Cependant, j'incite le gouvernement à procéder avec
beaucoup de célérité et, pour cela, il va falloir que la
commission parlementaire procède avec célérité. Le
député de Terrebonne a indiqué tout à l'heure que
le problème n'était pas facile lorsqu'il s'agissait de le
traduire en termes législatifs et de préciser les
critères, les normes, les moyens pratiques dans l'ensemble des
mécanismes qui permettront de changer la loi au chapitre des
dépenses électorales et de présenter une loi bien
articulée sur le financement des partis. C'est vrai, mais il y a eu
beaucoup de travail de déblaiement fait dans ce domaine. Il y a ce
rapport Barbeau qui, je crois, est un document majeur qui peut nous aider
à accélérer nos travaux et à présenter le
plus tôt possible des propositions concrètes, ce que nous n'aurons
pas, évidemment, le temps de faire ce matin.
Ce que nous souhaiterions, en ce qui nous concerne, pour l'instant,
c'est que le gouvernement nous indique s'il a l'intention de mener de front
l'étude sur la Loi électorale, au chapitre des dépenses
électorales, et l'étude d'une loi sur le financement des
partis.
Notre position à nous est la suivante, c'est que cela doit se
faire en même temps; deux équipes peuvent parallèlement
étudier ce problème, arriver rapidement à des conclusions.
Je pense que dans un délai maximum de trois mois on pourrait en
se donnant peut-être un mois de plus pour mettre la machine au point, les
textes en arriver à des conclusions qui se traduisent presque
spontanément en termes législatifs et que, à la reprise
des travaux parlementaires, après la session d'été, le
gouvernement inscrive prioritairement, au programme législatif, au
programme des travaux de la Chambre, l'étude d'une loi des
dépenses électorales et d'une loi du financement des partis.
Je dis une loi des dépenses électorales, je n'ai pas la
prétention d'être original en parlant d'une loi des
dépenses électorales, parce que tout cela se trouve dans les
documents que nous avons eus, dans bien des propositions qui ont
été faites. Je crois qu'il faudrait sortir de la Loi
électorale actuelle toute cette partie qui traite des dépenses.
Actuellement, cette partie qui traite des dépenses est un peu
noyée dans l'ensemble de toutes les prescriptions relatives aux
formalités, aux règles du jeu en campagne électorale et il
y a risque que les organisateurs politiques, y compris les présidents
d'élections, n'accordent pas suffisamment d'attention à cet
aspect du problème.
Il arrive aussi, et cela n'échappe à personne, que les
citoyens et peut-être plus particulièrement les gens qui
travaillent autour des
candidats ne se préoccupent pas suffisamment de ce chapitre de la
loi qui porte sur les dépenses électorales. Dès le moment
où nous aurons une loi spécifique sur les dépenses
électorales, les organisateurs, les fonctionnaires appelés
à travailler en période électorale, les experts, les
conseillers juridiques seront obligés de considérer cet aspect
des dépenses électorales comme un aspect fondamental. De cette
façon il sera possible au public de savoir de quoi il retourne dans ce
domaine toujours assez mystérieux du financement d'une élection
par le truchement du gouvernement aux termes de la loi actuelle.
Il sera important aussi que prioritairement, dès la reprise des
travaux parlementaires et même avant l'ajournement pour les vacances
d'été, si le gouvernement fait diligence, ce projet de loi sur
les dépenses électorales soit déposé, dans une
version qui ne sera pas nécessairement définitive et que l'autre
projet de loi sur le financement des partis soit déposé
également. Peut-être, M. le Président, est-ce trop
demander. Je crois que tous les députés qui participent aux
travaux de cette commission et qui sont aidés par leurs autres
collègues qui ne sont pas ici sont capables de formuler ce qu'ils
pensent devoir être les exigences en matière de dépenses
électorales et en matière de financement des partis assez
tôt pour que le gouvernement, éclairé par l'attitude des
partis d'Opposition, puisse demander aux rédacteurs des lois de
s'attaquer à la tâche. Ainsi on pourrait nous présenter des
textes qui seront forcément au départ des documents de travail
mais qui permettraient au gouvernement dès la reprise des travaux
après l'ajournement d'été, après les vacances
parlementaires d'été, d'étudier ce problème.
Si on parle en termes de temps, nous sommes en mai, fin mai,
début juin, c'est après-demain le début de mois de juin,
cela nous reporterait, disons, fin septembre ou mi-septembre. L'étude de
ce projet de loi pourrait être faite, et nous pourrions avoir cette loi
sur le financement des partis et cette loi sur les dépenses
électorales à la mi-octobre avec, bien entendu, la prescription
rituelle que la loi entre en vigueur le jour de sa sanction. Autrement, on
risque d'étirer, d'étirer tout cela.
Le financement des partis, j'y reviens parce que c'est une chose qui
m'inquiète et qui m'intéresse en même temps, a tout autant
d'importance dans mon esprit qu'une loi sur les dépenses
électorales. C'est pourquoi je demande au gouvernement de nous indiquer
quelle est actuellement son intention. Le député de Terrebonne
tout à l'heure nous a tendu la perche en nous disant : Faites
connaître vos propositions, nous espérons que les partis
d'Opposition feront connaître leur attitude, nous ferons des suggestions
et nous prendrons des dispositions. Très bien.
C'est ce que nous avons l'intention de faire, mais il faudrait
également que le gouvernement nous dise à quel moment il a
l'intention de se servir de ces brillantes suggestions qu'il sollicite, parce
que, pour ma part, je n'ai pas l'intention de palabrer interminablement sur des
principes. Le député de Terrebonne l'a dit et il avait bien
raison de le souligner. Il ne s'agit pas de questions de principe. On s'entend
sur les principes, sur la nécessité des réformes,
assainissement des partis, des finances des partis, amélioration de la
Loi électorale au chapitre des dépenses électorales, sur
tout ça, on s'entend, ce sont même maintenant des lieux communs
qu'il ne vaudrait même pas la peine d'évoquer.
Ce qui compte, c'est la démarche pratique que nous allons
adopter. Et pour que cette démarche soit accélérée,
il nous faut savoir, il nous faut connaître quelles sont, à court
terme, les intentions du gouvernement. Je comprends que, pour des raisons de
stratégie, il serait peut-être de bonne guerre de ne
présenter qu'une loi visant à réformer la Loi
électorale au chapitre des dépenses électorales. Je dis en
passant que c'est toute la Loi électorale qu'il faut réformer et
j'ai dit qu'il fallait une loi spéciale sur les dépenses
électorales.
Alors, il serait peut-être de bonne guerre, de présenter
une loi portant sur... enfin, une loi amendant, corrigeant, améliorant
la Loi électorale actuelle. Disons que ce serait un pis-aller, mais si
le gouvernement, comme il en a manifesté l'intention, et comme le
premier ministre en manifestait l'intention le 19 janvier 1971, veut poursuivre
le travail de l'institution parlementaire québécoise, il doit
maintenant s'aviser beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis
le moment où le premier ministre faisait cette déclaration
que nous avons marqué des étapes, mais qu'il y a encore des
étapes très importantes à marquer notamment en ce qui
concerne la Loi électorale, les dépenses électorales, le
financement des partis, tout ce qui s'y rattache, la publicité, etc., et
la Loi de contestation des élections.
Ce sont donc toutes des étapes qu'il faut marquer, avant que nous
soyons appelés à retourner devant le peuple à l'occasion
d'un scrutin général. Alors, je dis donc au député
de Terrebonne et à son gouvernement que nous attendons un engagement
formel du gouvernement.
Nous sommes, quant à nous, disposés à travailler
à cette commission parlementaire pour accélérer la marche
de cette entreprise assez vaste que nous avons poursuivie depuis quelque temps.
M. le Président, parce que la loi portant sur les dépenses
électorales aura besoin d'être publiée et
publicisée, pour reprendre un terme à la mode, il faudra aussi
s'interroger sur l'attitude du public, se demander dans quelle mesure le public
est disposé à financer les dépenses électorales, de
quelle façon il acceptera ces nouvelles dispositions qui devront se
trouver dans la loi et dont M. Ryan faisait, mardi, l'objet d'un editorial de
fort bonne tenue où il indique assez bien comment on
pourrait inventer des mécanismes. Ce n'est pas, si vous voulez,
sacramentel, ce qui se trouve dans l'éditorial de M. Ryan, mais cela
recoupe et rejoint les propositions qu'on trouve déjà dans le
rapport Barbeau auquel, d'ailleurs, il fait allusion et dont on sent bien qu'il
a tiré les éléments qui lui ont permis de présenter
ces propositions.
Il faut aussi s'inquiéter de la participation des media
d'information et de la volonté de participation des entreprises de
presse. Ce ne sont pas les journalistes qui vont financer les partis politiques
en écrivant des éditoriaux; ce sont les entreprises de presse. Il
va falloir examiner cet aspect du problème.
M. le Président, je ne veux pas empêcher mes
collègues d'exprimer leur point de vue ce matin, puisque vous avez dit
que nous ajournions à midi. C'est tout ce que je voudrais dire pour
l'instant. Je rappelle, parce que le député de Terrebonne m'a
invité à le faire en parlant de ses expériences
personnelles, qu'il est toujours possible de se tenir dans le cadre de la loi
quand on est candidat et qu'on prend bien le soin de dire à son agent
électoral: Voici, monsieur, la loi permet à un candidat ou
à un député qui pose à nouveau sa candidature de
dépenser X milliers de dollars. J'ai fait des expériences
personnelles à deux reprises et j'ai été fort heureux de
constater que mon agent électoral ne m'avait causé aucune
surprise et qu'on s'en était tenu rigoureusement dans le cadre que nous
prescrivait la loi.
Je me suis rendu compte aussi c'est là une chose que je
jette en passant dans la conversation que, si les partis ont besoin de
se financer parce que ce sont quand même des organismes qui ont
besoin de se manifester en période électorale, vous savez,
ce n'est pas l'argent que l'on dépense qui nous fait élire. Il
faudrait dissiper une fois pour toutes cette illusion courante que des
candidats écoutez, remontons à 1868 jusqu'à nos
jours ont acheté ou peuvent acheter des électeurs. C'est
une illusion que je trouve assez grossière. En effet, quand j'entendais
dire dans le passé et que j'entends dire encore qu'un tel a
été acheté par tel parti, moi, je ne vois pas pourquoi
l'individu qui est assez habile pour se faire donner de l'argent par un parti
afin de voter pour ce parti n'aurait pas la même habileté d'aller
trouver les autres formations politiques, d'obtenir le même montant et,
le jour du scrutin, de voter pour qui il veut.
C'est un ensemble de légendes, un ensemble de faits comme
ceux-là, de préjugés comme ceux-là remarquez
que ça peut arriver qui contribuent à créer cette
espèce de mythe auquel nous allons nous attaquer, sans égard aux
coups que les formations politiques pourraient recevoir. Pour ma part, M. le
Président, veuillez m'en croire, je n'ai pas l'intention de mettre en
cause qui que ce soit et à moins d'erreurs de fait extrêmement
graves et sérieuses, même si on attaquait mon parti politique, je
n'ai pas l'intention de répondre à quelque accusation que ce
soit. Nous sommes au 30 mai 1973, notre société a
évolué, et je crois que nous sommes maintenant en mesure
d'examiner un problème en fonction de l'avenir pour le mieux-être
des citoyens et pour la sécurité de l'institution
parlementaire.
Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour nous aussi la question de la
révision des finances électorales, tant pour les partis
politiques que pour les dépenses électorales, est importante.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je m'excuse, je ne
comprends pas.
M. LATULIPPE: Je vais tenter de parler plus fort.
Je disais que pour nous aussi ça soulevait une question
importante. C'est un problème majeur, parce qu'on sait comment se
constitue l'élément de base de notre société
démocratique. On élit des gens qui, eux, vont voir à
établir les règles du jeu avec lesquelles devra vivre l'ensemble
des individus de notre société. Dans ce sens, on se retrouve dans
une société où tout le monde a intérêt
à influencer au possible, soit un candidat, soit l'orientation politique
d'un parti ou autres, afin d'avoir pour lui-même ou sa région des
avantages marqués. On spécule sur les règles du jeu, de
telle sorte que nous nous retrouvons dans une situation où il peut
être très désagréable de voir certaines
organisations financières venir déséquilibrer les
règles du jeu de la démocratie. Je pense que dans l'ensemble les
deux grands problèmes qu'on soulève dans l'étude qui est
en cours, c'est d'abord celui de l'accessibilité des candidats à
l'électorat, d'une accessibilité dans un sens égalitaire,
tel que vous l'avez souligné tout à l'heure par la bouche du
représentant ministériel.
Deuxièmement, il y a cette deuxième préoccupation
qui est celle de la domination financière des grandes institutions en
place qui de tout temps ont eu une prépondérance marquée
sur les partis politiques. On a souvent dit: Dis-moi qui te paye, je te dirai
qui tu es ou quelque chose dans le même genre. C'est encore une tendance
qui existe, on trouve que dans notre société le monde de la
finance a une prépondérance marquée sur le pouvoir
politique. Cette domination du pouvoir économique s'est étendue
à un point tel qu'aujourd'hui on prétend que c'est lui qui, en
définitive, a la main haute sur le pouvoir politique. C'est justement
à l'occasion d'une refonte de cette Loi électorale qu'on peut,
dans une certaine mesure, arriver à diminuer un tant soit peu l'impact
que peuvent avoir les dispositions actuelles.
Cependant, M. le Président, nous sommes exactement dans la
même attitude de pensée
que celle qui a prévalu lorsque le député de
Terrebonne a fait son allocution. Nous ne croyons pas qu'il soit possible,
à l'intérieur des règles actuelles, d'aller
extrêmement loin, parce que tout le monde a intérêt, d'une
certaine façon à un moment donné, à intervenir dans
les règles du jeu. Il y a beaucoup de personnes, en dehors de celles qui
sont directement concernées par les projets de loi qu'on va voter dans
ces deux matières, qui ne seront, à toutes fins pratiques, pas
touchées par l'impact de la loi.
De telle sorte que ce serait se bercer d'illusions que de
prétendre que la présente préoccupation constitue quelque
chose ayant une portée extraordinaire.
M. le Président, en ce qui concerne la question de l'approche
globale ou de l'approche par secteur, nous croyons, pour notre part, qu'il
serait certainement préférable, dès la première
réunion, d'établir un certain échéancier, un
certain calendrier de travail.
Pour ma part, je crois que la méthode globale, quoique ayant
certains avantages, tout ce que cela va nous apporter, ce sont des
délais prolongés. En définitive, cela n'apportera pas
beaucoup plus d'avantages qu'un calendrier sectoriel, tel que vous le
présentiez tout à l'heure. Nous sommes donc favorables à
un calendrier de travail qui s'attarderait sur des points spécifiques.
On délimiterait les points sur lesquels on veut travailler par ordre de
priorité afin d'adopter certaines mesures lorsque les partis politiques
seront d'accord.
En ce qui concerne la question du financement des partis politiques
d'une façon directe, pour notre part, nous ne croyons pas qu'il soit
possible de donner réellement de l'argent aux partis politiques. Je fais
une distinction naturellement entre le financement des candidats et celui des
partis politiques. Nous croyons que nous devons nous limiter à offrir
certains services. D'ailleurs, le rapport Barbeau, à ce titre, à
mon point de vue, a très bien cerné le problème. Ce qu'il
nous propose, en somme, c'est à peu près ceci: offrir certains
services aux partis politiques sous une forme ou sous une autre parce que,
autrement, nous ne ferons que tomber dans certains abus que nous voulions
justement éviter dès le départ.
Nous avons déjà dans la loi actuelle certains avantages,
notamment à l'article...
M.HARDY: M. le Président, je m'excuse auprès du
député, mais c'est simplement pour bien suivre son raisonnement
et non pas pour l'embêter. Est-ce que j'ai bien compris quand vous dites
que vous ne croyez pas...
M. LATULIPPE: Qu'il soit possible...
M. HARDY: ... que l'Etat devrait financer les partis comme tels?
M. LATULIPPE: ... de donner de l'argent aux partis politiques...
M. HARDY: Comme tels.
M. LATULIPPE: ... pour qu'ils en usent selon leur gré.
M. HARDY: Quelle est la raison qui vous incite à...
M. LATULIPPE: Si vous voulez, j'y reviendrai tout à l'heure.
Disons qu'en gros, je vais vous le dire bien simplement. A partir du moment
où on commence à donner de l'argent, en plus d'offrir des
services bien spécifiques, soit l'accessibilité à certains
media de presse, le fait de payer des colonnes, il sera extrêmement
difficile de juger de l'usage qu'on fera de ces fonds. D'autre part, il est
extrêmement difficile de contrôler effectivement d'autres sources
qui peuvent entrer dans les partis politiques. Vous avez mentionné tout
à l'heure l'aspect des caisses parallèles. Vous savez que cela
peut exister. Je prétends que cela va exister parce que tout le monde a
intérêt à modifier les règles du jeu, a
intérêt à influencer pour que ce soit tel candidat qui
passe au détriment de tel autre parce que tel parti politique a
peut-être telle tendance ou telle philosophie de pensée.
Finalement, on va se retrouver dans un cul-de-sac parce que, justement,
on n'aura pas réalisé les buts qu'on s'était donnés
dès le départ. On va tomber dans des abus certains. Pour
certaines idéologies, je ne verrais même pas pourquoi, à un
moment donné, dans l'histoire du Québec, il n'y aurait pas une
intervention de source étrangère qui viendrait contribuer, d'une
certaine façon, à augmenter la publicité d'un parti.
Il y a tellement de façon d'intervenir dans les règles du
jeu électoral que, pour notre part, nous croyons que nous devons nous
limiter. Quand je parle de services, cela peut-être des services
payés pour des fins bien spécifiques. Dans ce sens, je dis qu'on
peut donner de l'argent à un parti politique. A ce moment-là,
pourquoi le faire? On n'aurait qu'à présenter les factures au
président des élections et tout serait fait.
Je disais donc, M. le Président, pour revenir au principe, que
nous devons garder et améliorer cet autre aspect de donner certains
avantages aux divers candidats des divers partis, tel que c'est
déjà commencé. Ce qu'on a à faire, à mon
point de vue, quant à la loi actuelle, c'est de l'améliorer.
Quant à la question à savoir si on fait deux projets de loi ou un
seul, pour ma part, je suis enclin à croire qu'il y aurait moyen,
à l'intérieur de l'ordre actuel des choses, de faire les
amendements dans un seul processus. Si, effectivement, la commission
décidait de scinder l'étude en deux, on n'a aucune espèce
d'appréhension là-dessus. Toutefois, nous tenons à ce
qu'il y ait un calendrier de travail qui soit présenté, qui soit
à peu près celui qu'on retrouve dans le rapport Barbeau. Je pense
que de cette façon on couvrirait à peu près tous les
aspects du problème.
En ce qui concerne les délais du travail de la commission, nous
croyons aussi que, même si le programme est d'importance, il est
nécessaire d'agir rapidement et que les délais de trois mois,
présentés par le député de Chicoutimi, nous
apparaissent nettement suffisants.
Pour résumer, M. le Président, la pensée de notre
parti sur la question, j'aimerais vous lire un petit texte qui a
été préparé par notre centre de recherche sur cette
question, qui résume très bien la position de notre parti face au
problème qui est devant nous.
M. HARDY: Puis-je suggérer...
M. LATULIPPE : Ce sera très court.
M. HARDY: Ah bon! Parce que je n'aurais pas d'objection à ce que
votre texte soit annexé au journal des Débats.
M. LATULIPPE : II est très court et nous l'avons
schématisé, autant que possible, parce que nous ne voulions pas
en faire une étude prolongée. Il résume essentiellement la
position de notre parti sur les divers points tels qu'ils devraient être
approchés, dans le sens, à peu près, de ce qu'a fait le
député de Chicoutimi tout à l'heure.
Nous disons donc que nous devons tenter d'établir une certaine
égalité entre les différents partis politiques
relativement à l'accessibilité des media d'information durant une
campagne électorale. Toutefois, il faut être circonspect sur ce
point, car en allant au bout du principe d'égalité, celui-ci peut
susciter un intérêt à certains partis à se
multiplier pour passer leur message, créant, par voie de
conséquence, une inégalité des partis politiques et
annulant ainsi le principe d'égalité.
Nous voulons par là, M. le Président, souligner le fait
qu'à partir du moment où les partis politiques seront directement
financés par l'Etat, il en résultera qu'il y aura avantage, pour
des idéologies marquées, soit de gauche ou de droite, à
procéder à une multiplication des partis afin, justement,
d'augmenter l'impact de l'idéologie qui est en vue et, après
coup, il sera très facile pour cette multiplication de partis de se
réunir en un seul bloc pour finalement imposer leurs vues, de telle
sorte que l'égalité qu'on pensait rétablir dès le
départ, si on va trop loin dans le financement des partis politiques,
sera nécessairement brisée par cette règle
d'égalité.
Deuxièmement, le principe que nous soutenons est celui du
contrôle des dépenses électorales. Sur ce point, nous
tenons à préciser qu'il ne faut pas se leurrer sur les
possibilités de contrôler toutes les dépenses, car il est
des secteurs où il est extrêmement difficile d'y arriver.
Cependant, un certain contrôle est possible et si nous insistons sur les
media d'information: télévision, radio et presse écrite,
c'est parce que justement ils présentent, à notre point de vue,
le champ où il est le plus loisible d'intervenir.
Le rapport Barbeau s'est penché sur cette question. Il a
constaté la difficulté de contrôler certaines
dépenses et a insisté sur les dépenses faites relativement
aux media d'information, afin justement d'arriver à un certain
contrôle des dépenses électorales. Ainsi, il recommande de
prévoir un temps maximum alloué aux partis politiques, ce
à quoi nous souscrivons, en inscrivant, toutefois, une réserve
quant aux modalités d'application.
Dans l'ensemble, nous sommes d'accord sur l'esprit et l'orientation des
travaux effectués par le comité des dépenses
électorales, (rapport Barbeau). En effet, on a vite
réalisé, à la lumière des renseignements recueillis
auprès des différents partis politiques existants, qu'il
était pratiquement inutile de vouloir contrôler les revenus des
partis politiques et qu'en fin de compte on atteindrait peut-être
indirectement le même ou à peu près le même but en
contrôlant les dépenses électorales et encore en
précisant certaines dépenses ordinaires effectuées par les
partis politiques.
Mais, encore là, nous doutons de la portée réelle
de toutes ces recommandations puisqu'on y décèle des failles qui,
à notre avis, rendent illusoire le contrôle désiré.
Ainsi, on constate l'action des agents intermédiaires, par exemple
l'employeur qui met du personnel à la disposition du candidat
préféré. Nous serions irresponsables de prétendre
pouvoir contrôler tous ces intermédiaires, de façon
valable.
D'autre part, les nominations des greffiers et "officiers rapporteurs"
sont faites par le parti au pouvoir et généralement par le parti
de l'Opposition officielle, ce qui est éminemment injuste pour les tiers
partis, de telle sorte que nous devrons également en arriver à
une révision du mode de nomination des officiers d'élections pour
être équitables dans la présente réforme.
Voilà ce que nous assumons comme valable et souhaitons voir
appliquer. Il serait cependant naiï de notre part de vouloir
contrôler le revenu des partis politiques. Même si nous sommes
d'accord sur l'obligation pour tous les partis d'enregistrer et de produire un
rapport financier 60 jours après le jour du scrutin, tel que le
recommande le rapport Barbeau, nous ne croyons pas que nous connaîtrions
toutes les sources de financement d'un parti politique donné.
Ce serait être bien crédule de prétendre le
contraire, cela sans présumer de la mauvaise foi des partis politiques.
Nous suggérons que l'on contrôle les dépenses
électorales en établissant un plafond des dépenses dans
les secteurs de la radio, de la télévision, des journaux, tout en
se réservant une certaine latitude qui pourrait être
illustrée de la façon suivante. C'est simplement un exemple; la
nomenclature que je vais soumettre, n'est pas nécessairement l'exemple
type que nous prendrions.
Prenons, par exemple, six heures comme maximum d'émissions. La
première heure serait gratuite, assurée par les partis politiques
enregistrés, les heures suivantes seraient à taux réduit
et la dernière heure à taux régulier. H s'agit là
d'un mécanisme de freinage qui selon nous, devrait être introduit
dans les dépenses électorales, et ce sous diverses formes.
Le même principe pourrait s'appliquer aux journaux. Cette
modalité assure l'accessibilité des media d'information et
rejoint la recommandation du rapport Barbeau. Elle serait différente,
toutefois, du rapport Barbeau en ce qu'elle offre un cadre établi en
fonction des calculs politiques.
Quant à nous, M. le Président, il ne peut être
question d'une politique intégrale des dépenses
électorales payées par l'Etat sans tomber dans des abus. Le
rapport Barbeau a saisi les aspects du problème et il est important
d'offrir seulement certains services plus accessibles au contrôle. Et au
fur et à mesure, si le calendrier de travail est accepté tel que
l'approche soumise dans le rapport Barbeau, nous aurons également
à chaque article présenté là-dedans des
commentaires à faire et certains amendements à
présenter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, les travaux de la présente
sous-commission constituent aux yeux du Parti québécois un
élément essentiel de toute réforme électorale digne
de ce nom car les finances politiques sont, dans notre régime
parlementaire, au coeur de la vie démocratique. Chez nous, en effet, la
démocratie exige l'existence de partis politiques reconnus et
organisés qui, à leur tour, ne peuvent vivre et se
développer sans pouvoir compter sur des sommes d'argent
considérables. Il nous faut donc nous assurer que les partis politiques
pourront obtenir les sommes dont ils ont absolument besoin sans pour autant
devenir inféodés aux puissances d'argent. C'est là la
perspective fondamentale dans laquelle doit oeuvrer notre sous-commission
à notre avis.
Le premier objectif de notre sous-commission devrait être
d'assurer à tous les partis politiques reconnus l'égalité
des chances de faire valoir leur programme et leurs hommes. Le citoyen
électeur doit pouvoir choisir en toute connaissance de cause. Pour cela,
il faut que les partis aient les moyens d'informer le citoyen de ce qu'ils lui
proposent dans un cadre qui soit propice à un choix
éclairé. Déjà, l'Etat rembourse à certains
candidats une partie de leurs dépenses électorales. C'est une
contribution importante à l'égalité des chances entre les
partis. Aussi croyons-nous que cette contribution doit continuer dans l'avenir;
nous croyons cependant que les modalités de cette contribution
pourraient être révisées avec profit, notamment en ce qui
concerne le seuil de 20 p.c. qui est exigé des candidats dont le parti
n'est arrivé ni premier, ni deuxième lors des dernières
élections générales.
Est-il normal qu'un candidat ayant obtenu 20 p.c. ait droit à son
plein remboursement alors que celui qui a obtenu 19.99 p.c. n'ait droit
à rien? Ainsi, lors des dernières élections, le candidat
du Parti québécois dans Labelle a obtenu 2,724 votes, soit 20.2
p.c. et, par conséquent, a obtenu un remboursement; mais le candidat du
Parti québécois dans Limoilou, même s'il a obtenu 7,381
votes, n'a pu recevoir de remboursement puisqu'il n'avait que 19.2 p.c. du
suffrage exprimé. Des exemples semblables peuvent être
donnés pour les autres partis: le candidat créditiste dans Wolfe
a eu droit à un remboursement avec 1,860 voix, soit 22.2 p.c. alors que
le candidat créditiste dans Charlevoix avec 3,058 voix n'y a pas eu
droit, parce qu'il n'avait que 19.7 p.c. des votes.
La plupart des candidats de l'Union Nationale ont obtenu un
remboursement grâce au fait que leur parti s'était classé
premier ou deuxième dans la plupart des comtés aux
élections de 1966. Si cela n'avait été de cette
disposition de la loi, le candidat unioniste de Brome aurait eu droit à
un remboursement avec 1,630, soit 22.1 p.c, alors que le candidat unioniste de
Beauharnois n'y aurait pas eu droit avec 5,515 votes, soit 19.1 p.c. du
suffrage exprimé.
Il est vrai que la nouvelle carte électorale corrigera certaines
de ces anomalies, mais pas toutes. C'est pourquoi nous croyons que le seuil de
20 p.c. devrait être remplacé par une formule plus flexible. Par
exemple: un candidat ayant obtenu 11 p.c. pourra recevoir le dixième du
remboursement normal; 12 p.c, deux dizièmes; 13 p.c., trois
dixièmes, et ainsi de suite, de façon qu'un candidat ayant obtenu
19 p.c. des votes reçoive les neuf dixièmes du remboursement
normal.
Une deuxième façon de favoriser l'égalité
des chances entre les partis reconnus serait de rembourser à ces partis
une partie de leurs dépenses électorales. Au début de
1970, le gouvernement Bertrand avait présenté un projet de loi en
vertu duquel l'Etat aurait remboursé à chaque parti reconnu ayant
obtenu au moins 20 p.c. du vote exprimé, $0.05 par électeur
inscrit dans les comtés où ce parti avait un candidat officiel,
plus 20 p.c. du reste des dépenses électorales du parti, soit un
total possible de $0.09 par électeur.
Le déclenchement subit des élections du 29 avril a
empêché l'adoption de ce projet de loi, mais nous croyons quand
même que nous devrions reprendre immédiatement l'étude de
ce projet dont nous acceptons pleinement le principe. Une troisième
manière de favoriser l'égalité des chances entre les
partis concerne leur accès aux principaux media de communication de
masse, notamment la télévision, la radio et les journaux. Le
rapport Barbeau a recommandé que pendant la campagne électorale
un certain nombre d'émissions de télévision
soient mises à la disposition des partis politiques et que
ceux-ci ne puissent pas acheter d'autres temps d'antenne. Le but de cette
recommandation est évidemment, d'une part, de donner à tous les
citoyens une information suffisante et, d'autre part, d'empêcher l'abus
de publicité qui, loin d'éclairer l'électeur, vise
à conditionner son vote.
Le Parti québécois favorise cette façon de voir
puisqu'il l'a inscrite dans son programme en précisant que ces
périodes devraient être gratuites et réparties
également entre tous les partis présentant un candidat dans au
moins la moitié des circonscriptions électorales. Les mêmes
principes devraient d'ailleurs s'appliquer à la radio et aux journaux,
du moins en ce qui concerne les quotidiens.
On devrait également favoriser des arrangements du même
genre en dehors des périodes électorales de façon à
faciliter aux partis reconnus, en vertu de la Loi de la Législature,
leur tâche d'information politique permanente.
Enfin, une quatrième façon d'assurer une
égalité des chances entre les partis politiques serait, à
notre avis, de subventionner leurs services essentiels de recherche et
d'information. Un parti doit pouvoir vivre entre les élections de
manière à continuer son oeuvre d'information politique. Bien
sûr, il appartient d'abord aux militants de ce parti de subvenir à
ses besoins mais il serait normal que l'Etat contribue lui aussi, de
façon que chaque parti reconnu en vertu de la Loi de la
Législature puisse maintenir des services essentiels de recherche et
d'information.
A ce titre l'Etat pourrait, en premier lieu, défrayer le
coût des obligations nouvelles imposées par la loi, la
vérification des états financiers, etc. En deuxième lieu,
il pourrait contribuer une somme annuelle de $0.05 par électeur aux
dépenses effectivement faites par les partis. On aura remarqué
que dans notre esprit la participation de l'Etat aux dépenses des partis
politiques et des candidats, si elle doit être importante doit cependant
toujours rester partielle. Il ne serait pas sain, en effet, que pour
éviter de tomber dans les mains d'intérêts particuliers les
partis politiques en arrivent à dépendre de l'Etat. C'est
pourquoi il faut favoriser au maximum la participation des citoyens
électeurs à la vie et au financement des partis politiques.
Depuis sa fondation, le Parti québécois a
déployé beaucoup d'efforts pour s'assurer une complète
indépendance vis-à-vis de n'importe quel groupe de notre
société. Pour cela, nous avons misé sur le financement
démocratique de notre parti au moyen de la cotisation de membre et d'une
campagne annuelle de financement interne visant à recueillir un grand
nombre de contributions modestes. L'an dernier, par exemple, nous avons ainsi
recueilli plus de 24,000 souscriptions d'une valeur moyenne de $25. Cette
année, nous en avons recueilli 31,086 pour un montant total, incluant
les renouvellements et adhésions, de $801,685.29. Ces efforts ont
prouvé qu'il était possible, pour un parti politique, de compter
sur la participation des citoyens. Ainsi croyons-nous que cette participation
doit être encouragée.
Nous sommes donc favorables à cette autre recommandation du
rapport Barbeau suivant laquelle les particuliers faisant une contribution
à un parti politique auraient droit, en deça d'un certain
maximum, à un dégrèvement d'impôt suivant un
barème inversement proportionnel à l'importance de leur
contribution.
Enfin, concernant l'intégrité politique, M. le
Président, l'affaire du Watergate aux Etats-Unis de même que
certaines révélations faites devant la Commission d'enquête
sur le crime organisé ont rappelé à ceux qui pouvaient
l'avoir oublié les dangers toujours actuels des caisses
électorales occultes. Dis-moi qui te finance, je te dirai qui te
contrôle, pourrait dire le proverbe.
Devant une telle situation, nous voulons, pour notre part, éviter
à la fois le défaitisme, qui voudrait que l'homme, étant
ce qu'il est, il n'y a rien à faire pour corriger cette situation.
D'autre part, l'angélisme, qui voudrait faire croire que des lois plus
sévères réussiront à nous débarrasser
complètement d'une telle corruption. Nous croyons qu'il est possible
d'éliminer les caisses électorales occultes en adoptant une
série de mesures dont l'effet, combiné aux autres mesures
d'incitation et de subventions dont nous avons parlé, serait d'assainir
considérablement nos finances politiques.
Dans ce but, voici les mesures que le Parti québécois
propose. Premièrement, pour assurer la démocratisation des
partis, on doit s'assurer que quelques gros souscripteurs n'exerceront pas une
influence telle que celle des autres citoyens deviendrait impossible. Il faut
donc mettre un plafond aux subventions, plafond qui devrait être le plus
bas possible. On pourrait penser à une limite annuelle de $1,000 par
donateur, du moins à partir du moment où un parti serait reconnu
au sens de la Loi de la Législature. Je fais une parenthèse ici.
Si je dis: Du moins en attendant qu'un parti soit reconnu par la
Législature, c'est qu'on sait qu'un parti qui part a peut-être
besoin de plus grosses subventions à l'origine. J'imagine que je n'ai
pas besoin d'expliciter davantage là-dessus, mais ça prend un
investissement peut-être plus gros, quand un parti n'est pas encore en
fonction. D'autre part, cette limite de $1,000 pourrait être
doublée pendant les années d'élection.
En second lieu, nous suggérons également que tout parti
politique soit obligé par la loi de publier des états financiers
annuels, certifiés par un comptable agréé et signés
par ses principaux dirigeants. Ces états devraient inclure au chapitre
des revenus et des dépenses les renseignements
énumérés par la commission Barbeau, aux pages 57 et 58 de
son rapport. De cette façon, la population aurait une bien meilleure
connaissance de la vie des partis et serait davantage encouragée
à y contribuer.
D'autre part, on pourrait plus facilement contrôler
l'efficacité de la réglementation qui s'impose, tant en ce qui
concerne les revenus que les dépenses des partis politiques.
En troisième lieu, toute cette réglementation risque
évidemment de rester lettre morte si elle n'est pas surveillée
par un mécanisme de contrôle efficace. A cet égard, nous
faisons nôtre la recommandation du rapport Barbeau à l'effet de
créer une commission de contrôle des finances politiques distincte
du bureau et des fonctions du président général des
élections, sous la direction d'un contrôleur directement
responsable à l'Assemblée nationale. Cette commission, en plus
d'avoir des pouvoirs d'enquête étendus, aura l'obligation de
vérifier sur place les rapports exigés des différents
partis politiques.
Je ne sais pas si ceci constitue, au sens mentionné par le
député de Terrebonne, une proposition de réforme globale
ou sectorielle. Selon nous, cependant, il s'agit là d'un certain nombre
de mesures qui sont essentielles à la base d'une véritable
discussion de la réforme des finances. Je tiens à dire en
terminant que, de notre côté, nous approchons l'étude de ce
problème en sous-commission avec une idée complètement
dénuée de partisanerie politique et d'émotivité,
politique ou autre.
Pour démontrer véritablement que nous sommes
sérieux à cet effet-là nous sommes peut-être,
avec le Ralliement créditiste, ceux à qui cela plairait davantage
de retourner dans les années en arrière parce que notre existence
ne remonte pas tellement loin nous nous engageons, à l'avance,
à ne pas essayer de brasser le passé au cours des études
qu 'on tiendra à cette commission. Je pense que ce que l'on veut faire
ici, c'est quelque chose pour l'avenir. Dans ce sens-là, je prends
personnellement cet engagement. J'ai apprécié, jusqu'à
maintenant, d'entendre la même chose des autres partis politiques.
J'espère que l'on tiendra cette ligne-là dans l'étude que
nous faisons.
D'autre part, je partage l'inquiétude soulevée par le
député de Terrebonne à l'effet que tous ces principes,
même si on arrive à s'entendre, il faudra essayer de trouver des
mesures pratiques pour les mettre en application. Je pense que c'est surtout
cela qui va nous guider au cours de l'étude qui va suivre.
En ce qui me concerne, M. le Président, pour être bien
concret, en terminant, je suggérerais une façon de
procéder. Je ne sais pas si l'on veut m'entendre là-dessus
aujourd'hui. Je peux peut-être vous soumettre le texte j'ai un
texte préparé déjà d'une motion, quitte,
peut-être, à ce que l'on en discute à une prochaine
séance.
M. HARDY: II serait peut-être préférable que le
député...
M. BURNS: De toute façon...
M.HARDY: ... ne la formule pas, d'une façon formelle.
M. BURNS: Mais j'aimerais bien la formuler puisqu'elle est
prête.
M. HARDY: Bien, c'est-à-dire que...
M. BURNS: Je vais vous la soumettre, quitte à en discuter
à la prochaine séance.
M. HARDY: ... vous pourriez peut-être nous la distribuer parce
que, si vous la proposez, au fond, la commission en sera saisie. D serait
peut-être préférable que vous nous la remettiez pour
étude...
M. BURNS: D'accord. M. HARDY: ... quitte...
M. BURNS: C'est-à-dire que vous voulez vous garder le droit de
réplique aux trois partis.
M. HARDY: Oui. C'est parce que là on va allonger...
M. BURNS: D'accord.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si la motion est
lue...
UNE VOIX: Oui, c'est ça. M. BURNS: On est tenu à
ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... on est tenu, à la prochaine
séance, à aborder cela.
M. HARDY: On va rester...
M. BURNS: De toute façon, je vous annonce qu'on n'est pas juste
dans de grands principes et qu'on veut faire quelque chose de concret.
M. HARDY: Disons que, comme on fait en vertu du code municipal, c'est un
avis de motion.
M. BURNS: Un avis de motion. C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Terrebonne.
M.HARDY: M. le Président, je voudrais d'abord remercier les
représentants des trois formations politiques de leur apport très
positif à nos travaux de ce matin. Juste un bref commentaire, M. le
Président.
Le député de Chicoutimi a parlé de ne pas
séparer le problème du financement et le problème des
dépenses.
Je concours avec lui, même si je maintiens cette idée de
secteurs. L'expérience passée le démontre. Quand des
mesures ont été adoptées par la loi 15, même si
c'était sectoriel, cela concernait à la fois les dépenses
et le financement des partis. C'est évident que, lorsqu'on touche
à un volet de la question, il y a une
répercussion sur l'autre. Là-dessus, je suis d'accord avec
le député de Chicoutimi.
Quant au problème de savoir si on doit faire des lois
spécifiques pour les dépenses électorales et le
financement des partis ou intégrer cela à la Loi
générale des élections, je ne peux pas me prononcer d'une
façon définitive, mais j'hésite à concourir aux
vues du député de Chicoutimi, parce que je pense que, là
encore, c'est un tout. On peut difficilement séparer le problème
du financement des partis de tout l'ensemble du mécanisme
électoral. Actuellement, quitte à examiner plus en profondeur
cette question, je pense qu'il y aurait avantage à ce qu'on ait, en
quelque sorte, un code électoral. Dans un même ensemble, on aurait
tout ce qui concerne le mécanisme électoral. Ce serait
peut-être davantage intégré, ce serait peut-être
même plus facile de compréhension.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le mot code électoral me plaît,
parce que, dans un code, il y a toute une série de secteurs.
M. HARDY: C'est cela. Un code où il y aurait des chapitres. Mais
un code, c'est une loi. Le code civil, c'est une loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. HARDY: Alors, ce serait peut-être la solution. De toute
façon, nous pouvons examiner cette question.
M. le Président, évidemment, je n'ai pas de remarques
particulières à faire sur les propos du représentant du
Ralliement créditiste, sauf peut-être une certaine réserve
quant à sa prudence à l'endroit du financement des partis. Il y
aurait peut-être lieu d'examiner plus en profondeur les réserves
qu'il a faites, mais, à première vue, je ne suis pas
particulièrement frappé; je n'ai pas particulièrement de
craintes que l'Etat finance en partie les partis politiques.
Enfin, je termine sur les propos du député de Maisonneuve,
il terminait en disant: Je ne sais pas si mon texte constitue une approche
globale ou une approche sectorielle. Je dirais que le texte qu'il nous a lu est
une espèce de survol de l'ensemble du problème, un survol
très intéressant, qu'il est peut-être bon de faire à
ce stade-ci de nos travaux, mais cela reste relativement global. Surtout, je
dois mentionner que, sur l'aspect sur lequel j'ai surtout insisté, les
mécanismes de contrôle, le texte du député de
Maisonneuve, à ce stade-ci, reste encore assez vague. D'ailleurs, c'est
la grande faiblesse du rapport Barbeau, à mon sens.
Le rapport Barbeau, qui est excellent sur les normes, sur les principes,
est assez faible, puisqu'il se contente, en quelque sorte, de parler d'un
bureau de contrôle, une espèce de commission d'enquête qui
serait distincte du président général des
élections, mais quant aux moyens pratiques dont disposerait ce bureau de
contrôle, les critères, etc., le rapport Barbeau n'est pas
très explicite, pas plus d'ailleurs que le député de
Maisonneuve.
Je pense que c'est là-dessus précisément qu'il nous
faudrait travailler. Je n'ai pas d'objection de principe à ce qu'on
institue une commission de contrôle des finances politiques, mais encore
faudrait-il savoir de quelle façon cette commission de contrôle va
procéder, à partir de quels critères, en se basant sur
quelles normes.
Je pense que c'est là le grand défi devant lequel nous
sommes placés, soit de trouver précisément ces
mécanismes de contrôle. Mais, encore une fois, je suis optimiste
malgré la difficulté de la tâche, et je suis
persuadé que si nos travaux se poursuivent dans le même climat
qu'ils se sont amorcés ce matin, nous pourrons assez rapidement arriver
à des solutions.
Je termine là-dessus. Le député de Chicoutimi a
parlé du dépôt possible d'une loi avant l'ajournement
d'été. Le dépôt d'une loi avant l'ajournement
d'été, ce serait peut-être difficile, mais je pense qu'on
peut rejoindre les préoccupations du député de Chicoutimi,
comme celles des autres députés, en pensant que même si
nous n'étions pas prêts à formuler un texte
législatif avant l'ajournement d'été, pendant la
période d'intersession, on pourrait déposer devant la commission
de l'Assemblée nationale un document ce ne serait pas
évidemment un texte de loi parce qu'il n'y aurait pas la première
lecture qui aurait à peu près la forme d'un projet de loi,
que nous pourrions étudier pendant la période d'intersession, de
façon que la loi soit déposée en première lecture
à la reprise d'automne.
M. le Président, je propose pour la prochaine séance le 13
juin.
M. BURNS: Le 13 juin?
UNE VOIX: Mercredi.
M. BURNS: Pas plus tôt que ça?
M. HARDY: Je ne sais pas, avec le calendrier...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous pourrions ajourner sine die, quitte
à ce que les leaders parlementaires des partis s'entendent.
M. BURNS: La semaine prochaine, au moins.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La date du 13 juin est peut-être un peu
éloignée. Comme nous ne savons pas quel va être le
calendrier de travail de la Chambre, on est tous dans l'embarras. Moi, je
souhaiterais bien qu'il y ait une réunion la semaine prochaine.
M. BURNS: Moi, je suggère... Si on attend après les
travaux de la Chambre, le problème c'est qu'on ne tiendra jamais compte
de nous. Moi, je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut s'imposer.
M. BURNS: ... on peut s'imposer si vraiment tous les partis croient
à l'importance du travail de la sous-commission.
Je pense qu'on peut dire dès maintenant qu'on va se rencontrer la
semaine prochaine et le leader du gouvernement adaptera les travaux aux travaux
qu'on fait ici.
M. HARDY: Je n'ai pas d'objection, M. le Président, parce qu'au
fond ce n'est pas nous que ça pénalise d'abord. Nous sommes
suffisamment nombreux, ce sont surtout les membres de l'Opposition. Le
calendrier parlementaire pénalise d'abord les membres des partis de
l'Opposition qui sont restreints par le nombre.
M. BURNS: En ce qui me concerne, M. le Président, je peux assurer
le député de Terrebonne...
M. HARDY: Si vous n'avez pas d'objection, moi je n'ai pas d'objection de
principe pour le 6 juin. Maintenant, il pourra arriver peut-être s'il y a
trois autres commissions ou deux autres commissions qui siègent cette
même journée, que cela cause des problèmes pratiques aux
membres des autres formations politiques.
M. BURNS: En ce qui me concerne et là je parle comme
leader parlementaire de mon parti avec qui, j'imagine, le leader va communiquer
pour fixer les travaux de la Chambre je vais insister pour que cette
sous-commission ait priorité...
M. HARDY: M. le Président, si...
M. BURNS: ... pour qu'on trouve la place.
M. HARDY: Encore une fois, personnellement, je n'ai aucune sorte
d'objection à ce que la commission ajourne ses travaux à mercredi
prochain. J'avais parlé du 13 simplement pour essayer d'aérer un
peu le travail des membres de l'Opposition.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous me le permettez, il est assez
difficile de conclure que ça va siéger mercredi prochain. C'est
tout de même le leader du gouvernement qui dirige les travaux.
M. HARDY: M. le Président, je suggère que les membres de
l'Opposition se consultent; si les trois représentants des partis de
l'Opposition sont d'accord pour mercredi prochain, je suis d'accord. S'il y a
divergence chez eux, bien là...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne voudrais pas que
le député de Terrebonne nous laisse la responsabilité de
décider s'il y a une commission ou pas.
M. HARDY: II ne veut pas que je fasse une autre conférence de
presse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Maisonneuve disait
tout à l'heure qu'il pourrait imposer la commission au reste de
l'Assemblée nationale. Comme nous ne connaissons pas beaucoup à
l'avance les travaux de la Chambre et que l'humeur du leader est quelques fois
changeante...
M. HARDY: Elle est excellente, l'humeur du leader.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle est excellente mais elle est changeante,
précisément parce qu'elle est excellente. Elle est mouvante. Je
ne veux pas porter la responsabilité de décider qu'on
siège ou qu'on ne siège pas. Je suis bien prêt à ce
qu'on accepte de siéger le 6, mais il faudrait que le
député de Terrebonne et le président avisent le leader du
gouvernement que cette journée-là il ne fasse pas siéger
toutes les commissions en même temps.
M. HARDY: M. le Président, je ne peux pas, moi non plus, prendre
sous ma responsabilité de dicter une ligne de conduite au leader
parlementaire.
Le leader parlementaire demeure le maître absolu.
Alors, est-ce qu'on s'entendrait pour accepter en principe le 6, mais
pas d'une façon formelle? Je ne voudrais pas me trouver en contradiction
avec le leader parlementaire du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi pas?
M. HARDY: Parce que j'ai beaucoup de respect pour le principe de la
solidarité.
M. BURNS: Cela pose tout le problème de savoir...
M. HARDY: Mais il ne faudrait pas gâter notre séance.
M. BURNS: Je ne vous impute pas d'intentions, mais on est là les
quatre partis à se dire que c'est bien important le travail qu'on va
faire, qu'il faut que ça marche rapidement, concrètement, et on
hésite à s'imposer auprès du leader du gouvernement.
Personnellement, je prends sur moi, en tout cas, de tâcher d'imposer les
vues de la sous-commission au leader du gouvernement.
M. HARDY: Je suggère que nous ajournions sine die, mais j'ajoute
à ma proposition d'ajournement que je m'engage à faire toutes les
démarches possibles auprès du leader parlementaire du
gouvernement pour que nous puissions siéger mercredi prochain.
M. BURNS: J'aime bien mieux que vous disiez le 6 juin, et faites les
démarches pour le 6 juin après ça.
M. HARDY: Moi je propose sine die, en m'engageant à faire les
démarches pour que le sine die soit le 6 juin.
M. BURNS: Alors, sur division.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le président ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 18)