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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 13 iuin 1973
(Dix heures dix-sept minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'Assemblée nationale est maintenant
réunie pour discuter et étudier la question des dépenses
électorales. Avant de céder la parole à l'honorable
député de Terrebonne, j'aimerais mentionner que M. Latulippe
remplace M. Roy (Beauce).
UNE VOIX: Non, il était membre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): II était membre. M. Audet?
M. LATULIPPE: M. Audet est ici seulement comme spectateur.
M. HARDY: Le Ralliement créditiste n'a qu'un parlementaire
à la sous-commission. Dans le cas du Ralliement créditiste et du
Parti québécois, c'est cela.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le porte-parole est M. Latulippe.
L'honorable député de Terrebonne.
M. HARDY: Est-ce qu'il y a d'autres changements?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Non.
M. HARDY: Cela va. M. le Président, tel que mentionné dans
l'avis envoyé aux membres, le sujet à l'ordre du jour
proposé ce matin est la reconnaissance juridique des partis politiques.
Nous avons cru qu'il était logique de commencer nos travaux par ce
sujet, puisque c'est le point de départ.
Motion de M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, sur ce point, sans faire de chichis,
ni quoi que ce soit, à la séance d'il y a deux semaines, j'avais
déposé un document qui vous suggérait une méthode
de travail.
M. HARDY: Je n'ai pas d'objection...
M. BURNS: On avait, à ce moment-là, dit que, lors de la
prochaine séance, on en discuterait. C'est pour ça que j'ai
été étonné de voir que, dans l'avis, on
décidait je ne sais pas qui prenait sur lui ou sur eux de
décider cela que la commission siégerait de telle et telle
façon et étudierait tels et tels problèmes, selon tel et
tel ordre. J'avais proposé une motion, justement dans le but qu'on
puisse discuter la méthode de travail, au départ.
M. HARDY: Sur le point d'ordre soulevé par le
député de Maisonneuve, mon bon ami, je lui ferai remarquer qu'il
ne faudrait pas que certains sondages récents le lancent dans une
euphorie telle qu'il croie qu'il est déjà leader parlementaire du
gouvernement.
M. BURNS: Cela viendra bien.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve sait très bien
que c'est le gouvernement qui a, en Chambre comme en commission parlementaire,
l'initiative de proposer un ordre du jour.
Par ailleurs, je reconnais que le député de Maisonneuve
nous avait remis un texte à la dernière réunion, il y a
quinze jours, texte d'une motion dont certains éléments, à
mon avis, peuvent être retenus. Je n'ai pas d'objection, quant à
moi, que nous retenions certains éléments de cette
proposition.
Evidemment, comme tout ce qui provient de nos amis de l'extrême
gauche, il y a des choses pratiques et il y a aussi souvent des choses un peu
théoriques.
M. BURNS : Je voudrais savoir, d'abord, si la commission est saisie de
ma motion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. M. HARDY: Ah bon! Alors...
M. BURNS: Je fais la proposition. Je l'ai déposée, M. le
Président...
M. HARDY: Très bien.
M. BURNS: ... il y a deux semaines. Je n'en ai malheureusement pas
d'autre exemplaire. J'en avais distribué aux représentants de
chacun des partis. Je voudrais que, formellement, ma motion soit faite et que
la commission en soit saisie. Si je fais la motion, j'aimerais bien qu'on me
permette, très brièvement, de l'exposer, si c'est votre
façon de concevoir la chose.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Est-ce que les membres de la commission
ont reçu le document?
M. BURNS: Peut-être pas tous les membres de la commission. Je
l'avais donné au député de Terrebonne, au
député de Chicoutimi ainsi qu'au député de
Frontenac, je crois. Je peux vous lire la motion, si vous voulez, ce n'est pas
tellement long. Elle a une page et elle sera enregistrée, de toute
façon.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je proposais, il y
a deux semaines je le fais officiellement maintenant que
la sous-commission se fixe, comme objectif, de terminer ses travaux à
temps pour qu'une loi puisse être présentée et
adoptée avant l'ajournement d'été.
Que pour atteindre cet objectif, la sous-commission examine chacune des
recommandations du rapport du comité des dépenses
électorales, présidé par M. le juge Alphonse Barbeau, dans
l'ordre où elles apparaissent dans ce rapport.
Troisièmement, que pour fournir aux membres de la sous-commission
l'information dont ils ont besoin, demande soit faite, premièrement, au
président général des élections de préparer
un état des dépenses électorales faites lors des
dernières élections générales en classi-fiant ces
dépenses par catégories et en groupant ensemble les candidats de
chaque parti; que dans cet état, les dépenses de publicité
soient données par les média d'information utilisés,
c'est-à-dire télévision, radio, journaux,
panneaux-réclame, en distinguant les frais de production et les frais de
diffusion; deuxièmement, de préparer un état de
dépenses permises lors des prochaines élections
générales pour les partis, pour un candidat, dans chaque district
électoral de même que du montant du remboursement maximum qui
pourrait être fait à un candidat de chaque district
électoral, en se basant sur la liste permanente des électeurs de
1973 et, troisièmement, au vérificateur général de
préparer, avec la collaboration de chaque parti reconnu, un état
des revenus et dépenses de ces partis depuis janvier 1970, suivant la
nomenclature suggérée par le comité Barbeau aux pages 57
et 58 de son rapport".
M. le Président, simplement quelques très brèves
remarques sur cette motion. Elle se divise, à toutes fins pratiques, en
trois parties. La première est une espèce de déclaration
d'intentions que nous aimerions voir la commission faire pour enlever, dans
l'esprit de tout le monde, certains doutes à l'effet que cette
commission-ci sera un piétinement continuel, comme, semble-t-il, cela a
déjà commencé...
M. HARDY: A l'ordre, à l'ordre! M. le Président, j'invoque
le règlement.
M. BURNS: ... puisqu'on a commencé...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement! La
semaine dernière, nous avons travaillé dans une
sérénité absolument remarquable.
M. BURNS: La semaine dernière, on n'a pas
siégé.
M. HARDY: II y a quinze jours.
M. BURNS: C'est justement pourquoi je vous parle de
piétinement.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: J'avais, au début de mes remarques, à la
dernière séance, émis des craintes à savoir que
certaines personnes pourraient peut-être vouloir se servir de ce
sujet...
M. BURNS: Quelle est votre question de règlement?
M. HARDY: J'invoque le règlement!
M. BURNS: Qu'est-ce que c'est?
M. HARDY: Laissez-moi l'expliquer.
M. BURNS: Bien oui, mais si vous voulez rétablir des faits, vous
avez le droit, en vertu de l'article 97, de faire cela après.
M. HARDY: Je ne veux pas rétablir des faits, j'invoque le
règlement.
M. BURNS: Qu'est-ce que c'est, votre question de règlement?
M. HARDY: Ecoutez, vous allez comprendre! Avez-vous la science infuse?
Savez-vous d'avance ce que je vais dire?
M. BURNS: Je vois bien, de toute façon, que vous n'avez pas le
droit de poser une question de privilège.
M. HARDY : Vous prenez-vous pour le Saint-Esprit?
M. BURNS: Deuxièmement, si vous voulez rétablir des faits,
vous devez le faire après que j'aurai terminé.
M. HARDY: Ce n'est pas pour rétablir des faits; j'invoque le
règlement.
M. BURNS: C'est quoi? Dites-nous ce que c'est.
M. HARDY: Ecoutez-moi et je vais vous expliquer cela.
M. BURNS: Vous voulez rétablir des faits. Je vous vois venir.
M. HARDY: Savez-vous ce que c'est que rétablir des faits?
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: C'est dire que vous me faites dire des choses que je n'ai pas
dites. Ce n'est pas cela du tout.
M. BURNS: D'accord, allez-y.
M. HARDY: M. le Président, à la dernière
réunion, j'avais souligné qu'il pouvait être
dangereux que des partis politiques ou des députés se servent de
ce problème pour des fins strictement électorales. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle j'avais proposé qu'on procède
d'une certaine façon. Je vois qu'actuellement, dès le
début de ses remarques, le député de Maisonneuve veut se
servir d'une proposition qui contient des éléments valables
j'aurais l'occasion de le dire tantôt mais ne peut pas
s'empêcher de faire quasiment de la démagogie et de se servir de
cette sous-commission pour se faire du capital politique.
D'une part et c'est là la contradiction des gens d'en face
ils disent qu'on piétine, qu'on ne va pas assez vite...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. HARDY: ... et, d'autre part, ils font perdre le temps de la
commission à faire de la propagande.
M. BURNS: Je ne vois pas en vertu de quoi le député de
Terrebonne a pu m'interrompre.
M. HARDY: Alors, que le député de Maisonneuve s'en tienne
donc à expliquer...
M. BURNS: Pourquoi votre question de règlement? C'est ça
que je suis en train de faire.
M. HARDY: Vous avez une proposition?
M. BURNS: Oui. C'est ça que je veux vous expliquer.
M. HARDY: Et, en vertu de notre règlement, il y a la règle
de la pertinence du débat.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Alors, tenez-vous donc à expliquer pourquoi vous faites
cette proposition et foutez-nous donc la paix avec vos histoires de
piétinement.
M. BURNS: Cela vous fatigue peut-être d'entendre...
M. HARDY: Non, ça ne me fatigue pas du tout.
M. BURNS: Cela a l'air de vous fatiguer drôlement.
M. HARDY: Ce qui fatigue c'est que vous vous serviez de cette commission
vous l'avez déjà fait et vous voulez le faire de nouveau
ce matin pour continuer ...
M. BURNS : Qui a parlé ce matin des sondages, de l'euphorie
causée par les sondages? Qui a parlé de ça?
M. HARDY: ... les élucubrations de votre chef, pour faire de la
démagogie.
M. BURNS: Qui en fait actuellement?
M. HARDY: Qu'on travaille donc sérieusement ici à proposer
des choses concrètes.
M. BURNS: C'est ça que je fais. M. HARDY: Allez-y.
M. BURNS: Je vous dis par exemple que si la commission
piétine...
M. HARDY: C'est votre faute.
M. BURNS: ... la première partie ... Bien, je m'excuse.
M. HARDY: Vous faites trop de partisane-rie.
M. BURNS: Je m'excuse. Même la commission qui était
annoncée la semaine dernière n'a pas eu lieu, c'est pour
ça que je parle de piétinement. Et si on ne peut pas faire cette
déclaration d'intention au début, les gens sauront exactement
à quoi s'en tenir.
M. HARDY: On les connaît, vos intentions.
M. BURNS: En ce qui nous concerne, on veut que ça fonctionne
rapidement et on veut que ça siège régulièrement.
La première condition à la réalisation du voeu qu'on
exprime dans le premier paragraphe, c'est qu'on siège
régulièrement, qu'on n'ait pas constamment des remises à
la dernière minute, même si la commission est annoncée en
Chambre.
M. HARDY: J'invoque le règlement. M. le Président. Il n'y
a pas eu de remise à la dernière minute. H n'y avait pas eu de
convocation la dernière fois, il n'y avait pas d'avis au feuilleton, il
n'y avait pas eu d'avis envoyé par le secrétaire de la
commission. La seule chose qu'il a eu...
M. BURNS: M. le Président, si le député de
Terrebonne rétablit des faits, qu'il le fasse après. C'est
ça notre règlement.
M. HARDY: Je ne rétablis pas des faits, je pose la question de
règlement.
M. BURNS: Vous posez une question de règlement à propos de
tout et de rien. Vous n'avez pas le droit de m'interrompre, laissez-moi
terminer.
M. HARDY: Rétablir les faits c'est au sujet de ce qu'on a dit.
Là, vous présumez qu'il y avait eu une convocation légale
de la sous-commission la semaine dernière.
M. BURNS: II y a eu en Chambre l'annonce que la sous-commission
siégerait. En Chambre, ç'a été annoncé.
M. HARDY: Non, c'est faux. Le leader du gouvernement en Chambre a
annoncé, oui...
M. BURNS: Ah! bon.
M. HARDY: Mais il n'y avait pas eu une convocation. Que le leader du
gouvernement dise qu'il y a une réunion, il y a toute une
différence. Est-ce que vous aviez reçu un avis? Est-ce qu'il y
avait un avis au feuilleton?
M. BURNS: Je n'ai pas besoin de recevoir d'avis quand on me dit en
Chambre que ça va siéger. Parce que ce n'est pas une commission
ici, c'est une sous-commission de travail.
En tout cas, sur le premier paragraphe de ma motion, ce que j'avais
à dire est que, si on la remet constamment, cette commission, on ne le
réalisera pas cet objectif.
Quant au deuxième, nous pensons que c'est une méthode
pratique de travailler, que de prendre déjà un travail qui a
été fait, c'est-à-dire le rapport de la commission
Barbeau, en suivant l'ordre de présentation des recommandations. En ce
qui nous concerne, dès ce matin, nous sommes prêts à
déposer auprès des autres partis un document qui livre notre
position, notre réaction sur l'ensemble de ces recommandations.
Je pense en tout cas, je ne blâmerai pas les autres partis
s'ils ne sont pas prêts à le faire dès ce matin que
ça pourrait se faire très rapidement aussi, car il est probable
que les autres partis ont déjà des points de vue très
précis sur chacune de ces recommandations. Selon nous, ce serait une
méthode de travail absolument efficace, rapide, pour que,
déjà, il y ait ce fameux consensus auquel se
référait le député de Terrebonne lors de la
première réunion de la sous-commission. Selon nous, en prenant
ces recommandations comme point de départ d'une discussion entre les
quatre partis, nous pourrions cerner rapidement les endroits où il y
aurait un consensus rapide.
Finalement, la troisième partie, ce sont uniquement des documents
qui, selon nous, pourraient nous aider davantage à comprendre la
situation, des documents qui nous assisteraient dans cette discussion. Le
premier, évidemment, c'est un document qui pourrait être
disponible à chacun des partis, mais ça demanderait une
compilation de renseignements que chacun des partis n'a pas, je pense.
Peut-être que le président général des
élections les a à sa disposition, puisqu'il peut très
facilement regrouper par partis les dépenses qui ont été
faites à travers le Québec au cours de la dernière
élection. Le deuxième volet de ce troisième paragraphe
demande des prévisions, basées sur les résultats de
l'énumération faite, quant aux dépenses électorales
à venir. La liste de 1973 est déjà faite; je pense que le
président des élections pourrait nous fournir très
rapidement ce document. Enfin, il y a une demande qui est faite au
vérificateur général; encore une fois, il s'agit d'un
document pour nous assister, pour nous éclairer dans la discussion.
C'est la motion que j'avais à faire, M. le Président. Que
le député de Terrebonne le veuille ou non, il n'y a pas de
démagogie là-dedans; c'est tout simplement une méthode de
travail, même si ça le fatigue que je dise que la commission
piétine.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai pas trop
compris ce qui s'est passé au début, parce qu'il y a eu des
échanges qui semblaient vouloir...
M. HARDY: Vous êtes pacifiste.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... devenir acerbes. Je suis bien d'accord avec
le député de Maisonneuve parce que, en ce qui concerne la
première partie de sa proposition, c'est ce que j'ai proposé la
semaine dernière, lors de mes observations préliminaires. J'avais
demandé notamment qu'une loi soit préparée en ce qui
concerne le financement des partis et les dépenses électorales,
avant l'ajournement d'été et, au pis-aller, qu'un document de
travail soit déposé. Le député de Terrebonne, ne
pouvant pas s'engager, évidemment, au nom du gouvernement, nous a
laissé entendre que cela serait peut-être possible.
Donc, personne n'invente rien là-dedans, c'est tout simplement du
ressassé, tout le monde s'entend, d'autre part, pour faire du rapport
Barbeau le document de base dont nous devons nous servir.
En ce qui concerne les informations dont parle la proposition, la
résolution du député de Terrebonne, je crois que cela va
de soi. On en fait une proposition formelle, c'est excellent qu'on la fasse et
cela va de soi qu'il est absolument nécessaire pour travailler
efficacement que nous ayons les renseignements dont il est fait mention aux
paragraphes a), b) et c). C'est une chose qui saute aux yeux.
Par ailleurs, en ce qui concerne le calendrier de travail que nous
devons nous fixer, puisqu'on a évoqué le document, le rapport
Barbeau, il est bien inscrit dans le rapport Barbeau que la première
préoccupation doit être la reconnaissance juridique des
partis.
Si on veut financer des partis, financer des candidats qui appartiennent
à des partis à l'occasion d'une élection, il faut savoir
qui est qui, quels sont ces hommes et quelles sont ces formations politiques
auxquelles ils peuvent appartenir. Par conséquent, c'est le rapport
Barbeau lui-même qui recommande que nous nous interrogions d'abord sur la
question de la
reconnaissance juridique des partis politiques.
Alors, je réfère les collègues à la page 41:
Le comité recommande donc que chaque parti politique
fédéral, ici on dira provincial, qui a l'intention de
présenter des candidats pour briguer les suffrages lors des futures
élections fédérales générales ou partielles
soit tenu de s'enregistrer officiellement suivant la forme prescrite par la
commission de contrôle proposée à la section VI du
présent chapitre. Chaque parti politique devra être tenu
d'enregistrer le nom de son chef reconnu, le nom des membres de
l'exécutif national, etc.
C'est la recommandation qui se retrouve d'ailleurs dans l'ensemble des
documents de travail qui nous ont été fournis par
différents partis politiques qui ont été d'ailleurs
extraits déjà ou fournis par les partis politiques et qui avaient
été tirés de recommandations faites par des sociologues,
des politicologues, des "lologues" de toute nature. Alors, on n'invente rien
dans tout cela, et je pense qu'on pourrait adopter sans discussion acrimonieuse
la proposition du député de Maisonneuve.
Il y a évidemment, à la fin, le problème de
demander au vérificateur général de préparer, avec
la collaboration de chaque parti reconnu, un état des revenus et
dépenses de ces partis depuis janvier 1970, suivant la nomenclature
suggérée par le comité Barbeau. Ici, je ne sais pas du
tout je n'ai aucune objection à cela techniquement et
légalement quelles sont les attributions du vérificateur
général en ce qui concerne cet examen des dépenses et
revenus des partis. Dans quelle mesure, par voie d'autorité, le
vérificateur peut-il procéder à un tel examen?
Le député de Maisonneuve peut peut-être me
répondre. Il a peut-être fait étudier la question du point
de vue juridique. Je ne sais pas, cela pose dans mon esprit une
difficulté d'ordre juridique, mais, en principe, je n'ai absolument rien
contre cela, puisque chacun a admis qu'on devait faire la lumière sur un
problème qui est, depuis des années, l'objet d'une grande
mythification et d'une grande mystification collective. Je n'ai aucune
objection à accepter la proposition faite par le député de
Maisonneuve, qui recoupe, tout simplement, les propos que nous avons tenus la
semaine dernière. J'invite, encore une fois, le député de
Terrebonne à nous faire connaître, puisqu'il est le porte-parole
de son parti, quelles sont les intentions précises du gouvernement afin
que nous ne nous accusions point mutuellement de piétiner.
Personnellement, je n'ai pas l'impression que l'on a
piétiné; on a peut-être, à certains moments,
marqué un peu le pas, mais on a quand même progressé assez
bien.
M. HARDY: A certains moments, un peu trop rapidement même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, à certains moments, vous
êtes allés un peu trop vite, quand vous avez joué du
bâillon, mais ça, c'est une autre histoire; c'est du passé,
vous en porterez la responsabilité. Ce qui m'inquiète, c'est de
savoir si le gouvernement est vraiment décidé à
présenter un projet de loi, à tout le moins un document de
travail, avant l'ajournement d'été, si tant est qu'on puisse
ajourner d'ici à la fin de juillet.
M. LATULIPPE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: ... au sujet de la proposition du Parti
québécois, dans son ensemble, ce serait bien difficile
d'être contre. Cependant, j'aimerais que, dans sa réplique, le
député de Terrebonne, tout à l'heure, aborde aussi le
problème du temps qu'il entend prendre. En fin de compte, on sait qu'il
est pratiquement le porte-parole du leader parlementaire.
A la réunion précédente, tous les
députés, surtout de l'Opposition, avaient parlé d'un temps
limite dans lequel il serait possible d'oeuvrer pour en venir à des
conclusions valables dans cette étude.
Pour notre part, nous ne voyons pas de problèmes
réellement majeurs, si on ne se met pas à ressasser le
passé, mais si on travaille en fonction de l'avenir, pour accepter
l'essentiel des recommandations du rapport Barbeau. Nous nous situons dans la
même ligne de pensée que ceux qui m'ont
précédé. Je pense que le gouvernement devrait aussi suivre
exactement l'ordre du jour proposé par le rapport Barbeau.
Là-dessus, nous aimerions aussi avoir une confirmation du gouvernement.
Quel est le choix qu'il arrête? En définitive, nous aurons beau
choisir, nous, l'Opposition, si le gouvernement dit non, étant
donné qu'il est majoritaire à cette commission et qu'il est de
coutume que le gouvernement soit maître des travaux... S'il nous disait
tout de suite où nous allons, la façon qu'il veut que nous
travaillions, s'il définissait son ordre du jour, le temps, je pense
qu'on pourrait terminer assez rapidement.
En ce qui concerne la proposition qui est devant nous, nous sommes
évidemment d'accord, comme je l'ai dit tout à l'heure. Nous avons
cependant des réticences en ce qui concerne la possibilité
d'appliquer l'article c) en fonction de la loi actuelle. Nous n'avons pas fait
de recherches spéciales là-dessus, parce qu'il nous a paru qu'il
serait difficile, en fonction du fait que les partis politiques n'ont pas
d'existence légale, de forcer ou même d'inviter le
vérificateur général à aller fouiller dans les
états financiers de chaque parti, quoique, pour notre part, nous n'ayons
pas de problèmes majeurs de ce côté. Si on nous demande de
déposer nos états financiers, le parti est déjà
d'accord sur ce principe. Etant donné qu'on parle de la dernière
élection de 1970...
M. HARDY: Avant ou après les réponses aux dernières
lettres envoyées?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne politisez pas le débat.
M. LATULIPPE: Pour après, je serais... M. HARDY: C'est une
blague.
M. LATULIPPE: II serait difficile de répondre parce que je ne
suis pas assez au courant. Je peux parler pour le passé, mais pour
l'avenir, où en sont exactement les choses dans le parti actuellement?
Je ne suis pas à ce comité, je ne peux pas m'engager d'une
façon formelle là-dessus. En ce qui concerne l'application de
l'article c), ie trouve que cela n'apporterait pas grand-chose de nouveau dans
les travaux et ne ferait pas avancer le débat.
M. HARDY: Qu'est-ce qui ne ferait pas avancer les débats?
M. LATULIPPE: De débattre l'article c) présenté
dans la proposition du Parti québécois.
Il y aurait peut-être des renseignements pratiques. Cela servirait
à établir certaines proportions et à démontrer
qu'effectivement l'accessibilité n'est pas pareille pour tout le monde
face aux possibilités de se faire élire. Ce sont toutes des
choses que nous savons déjà. La seule chose qu'on aurait, ce
serait des chiffres au bout. Pour ma part, je pense qu'on pourrait aller
directement de l'avant et s'enfoncer immédiatement avec les
premières recommandations du rapport Barbeau. On est capable de passer
à travers ce travail assez rapidement parce que, dans l'ensemble, je
pense que nous sommes à peu près tous d'accord sur les
possibilités d'application des recommandations du rapport Barbeau,
réadaptées dans une nouvelle édition
québécoise.
M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Terrebonne.
M. CARON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Verdun.
M. CARON: Est-ce qu'il y aurait possibilité de remplacer M.
Ostiguy par M. Giasson de L'Islet, s'il vous plaît?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Giasson de L'Islet remplace...
M. CARON: M. Ostiguy de Rouville.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... a ce sous-comité, M. Ostiguy de
Rouville.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que c'est "débattable"?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Terrebonne.
M.HARDY: M. le Président, quant à la première
recommandation ou premier paragraphe de la proposition du député
de Maisonneuve, il est évident que l'objectif que poursuit le
député de Maisonneuve est le nôtre.
Nous désirons, avec autant d'acharnement que le
député de Maisonneuve, que nos travaux, sur le problème
des dépenses électorales comme sur tous les autres aspects de la
réforme électorale, soient menés avec le plus de
célérité. C'est ce que nous avons dit dès le
début des travaux de la commission de l'Assemblée nationale sur
la réforme électorale. C'est ce que nous avons tenté de
faire, compte tenu des différentes contraintes qui sont les nôtres
dans l'ensemble du travail parlementaire.
Mais adopter la proposition du député de Maisonneuve,
telle que libellée, ce serait, à mon sens, non sérieux.
Comment voulez-vous, M. le Président, avant que nous ayons
commencé même à explorer ce domaine, que nous fixions
d'avance le terme de nos travaux? Qu'est-ce qui arriverait si, à un
moment donné, au terme fixé que nous adopterions aujourd'hui, on
s'apercevait qu'il y a encore beaucoup de choses qui n'ont pas
été étudiées? En quelque sorte, ce que le
député de Maisonneuve nous propose et c'est drôle de
la part d'un parti d'Opposition c'est d'avance une motion de
clôture. Il nous dit: Voici, les débats sur ce
problème-là devront se terminer à telle date.
M. BURNS: Qui fait de la démagogie, là? M. HARDY: Je ne
fais pas de démagogie.
M. BURNS: Qui en fait? Bien, voyons donc! lisez donc ma motion, cela
parle d'objectif.
M. HARDY: Bien oui, mais...
M. BURNS: Voyons donc! Ne charriez pas!
M. HARDY: M. le Président, de deux choses l'une: Ou bien on
adopte une proposition qui ne veut rien dire, qui est un voeu pieux...
M. BURNS: Non, c'est un voeu justement, c'est un objectif qu'on se
fixe.
M. HARDY: ... et, après l'avoir adoptée, on fait ce que
l'on veut sans s'y référer. Moi, des voeux pieux, de...
M. BURNS: Ce n'est pas un voeu pieux.
M. HARDY: ... bonnes intentions, je ne
trouve pas cela très pratique dans le travail législatif.
Ce qui est. intéressant, ce qui est important, ce sont les choses
concrètes. Alors, nous ne pouvons pas dire que nos travaux prendront fin
à telle date. J'ai hâte, tantôt, quand on va aborder le fond
d'un des problèmes, de voir ce que le député de
Maisonneuve a de si brillant à nous proposer, de voir si on va
être capable, entre autres ce problème de la reconnaissance
juridique des partis, de le régler en un tour de main. J'ai bien
hâte de voir ce que le député de Maisonneuve a à
nous proposer.
Alors, je dis, M. le Président, que nous ne pouvons pas nous
imposer une limite, une clôture au point de départ. Ce que nous
pouvons nous imposer, par exemple, cela je suis bien prêt, je suis
même prêt, et je le dis, quant à moi, je suis prêt
à siéger pendant tout l'été sur cette question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Jour et nuit?
M.HARDY: Pas jour et nuit parce que je dois m'occuper également
des gens de ma circonscription et d'autres responsabilités en tant
que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas des Affaires culturelles,
j'espère?
M. HARDY: ... membre de ce Parlement. Mais, je suis prêt à
ce que nous siégions, à ce que la sous-commission siège
tout l'été, si c'est le voeu des autres partis, pour arriver le
plus rapidement possible à des conclusions. Mais je ne serais pas
d'accord que, ce matin, nous déterminions une limite ou, en d'autres
termes, nous nous imposions une clôture. Il s'agit d'un problème
trop important, trop complexe pour qu'on escamote des aspects tout simplement
pour se donner la satisfaction de dire: On a adopté telle ou telle
chose, qui ne correspondrait peut-être pas à la
réalité.
Ce que nous allons adopter, c'est important, cela peut avoir une grande
influence sur le mécanisme électoral. Alors, il faut le faire
d'une façon sérieuse. Pour le faire d'une façon
sérieuse, bien il faut prendre tout le temps nécessaire.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, je ne peux pas
accepter cette première partie de la proposition.
Quant aux paragraphes a) et b), je pense que ce serait excellent. Ces
renseignements pourraient nous permettre d'avoir une meilleure vue de
l'ensemble du problème.
Quant aux paragraphes a) et b), je suis parfaitement disposé
à les accepter. Pour le paragraphe c), j'ai les mêmes
inquiétudes que le député de Chicoutimi. Je doute
fortement que nous, ici, une sous-commission ou un détachement de la
commission de l'Assemblée nationale, nous puissions demander au
vérificateur général d'effectuer le travail qui est
décrit dans la proposition. Je pense que la Loi du vérificateur
général ne prévoit pas de telles choses.
En tout cas, avant d'adopter ceci je ne dis pas que j'ai des
objections sur le principe je voudrais quand même que l'on
vérifie plus en profondeur si une telle chose peut se faire.
M. le Président, quant à nous, nous serions prêts
à adopter la proposition amendée du député de
Maisonneuve, c'est-à-dire en retranchant tout ce qui n'est pas dans les
paragraphes a) et b).
M. BURNS: M. le Président, juste une question. Cela veut dire que
le deuxième paragraphe, celui qui dit que la sous-commission examine
chacune des recommandations du rapport...
M. HARDY: M. le Président, sur cela, je n'ai pas d'objection.
D'ailleurs, le député de Maisonneuve fait bien d'attirer mon
attention là-dessus parce qu'il souligne sa contradiction flagrante. Il
était tout à fait surpris qu'on place à l'ordre du jour de
ce matin la reconnaissance juridique des partis. C'est
précisément l'ordre proposé par le rapport Barbeau. C'est
un ordre logique, comme le soulignait très bien le député
de Chicoutimi. Il faut, avant de déterminer les normes que l'on
attribuera, savoir à qui on assignera ces normes.
C'est un ordre tout à fait logique et nous avons, tout
simplement, en adoptant...
M. BURNS: Vous êtes d'accord sur ce paragraphe?
M. HARDY: Oui, oui.
M. BURNS: Bon. M. le Président, simplement en vertu de mon droit
de réplique, à moins que quelqu'un ait quelque chose à
dire...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que le
député de Maisonneuve ne prenne la parole, j'ai
écouté le député de Terrebonne et je veux bien, moi
aussi, que nous fassions du travail sérieux. Toutefois, nous avons tous
admis que le rapport Barbeau constitue un document de base qu'il nous faudra
reprendre point par point. Mais j'aurais voulu et j'insiste encore une
fois, comme je l'ai fait lors de la dernière réunion de la
commission que le gouvernement se commit de façon beaucoup plus
précise sur le moment où il pense devoir présenter un
projet de loi.
Je partage les inquiétudes, les angoisses,
l'anxiété du député de Terrebonne, mais son premier
ministre c'est toujours le même, je l'espère nous a
déclaré, lorsque nous avons commencé les travaux de la
réforme de l'institution parlementaire, qu'il fallait faire vite et
qu'il fallait, avant la fin de son mandat, que nous escomptons, pour le
bien-être des citoyens, vers la fin de 1974...
M. HARDY: Vers la fin de 1974?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, 1974, plus ou moins, que ce travail
soit terminé.
J'ai posé la question la semaine dernière: Est-ce que le
gouvernement a l'intention de présenter deux projets de loi ou un seul?
Dépenses électorales, financement des partis ou ce que le
député de Maisonneuve a appelé un code, qui est une bonne
expression qui permettrait de réunir tous les éléments,
dans des chapitres séparés? Est-ce que le gouvernement est
prêt à nous présenter un projet de loi et dans quel
délai?
Il y aura une période de rodage. Il va falloir l'étudier,
cette loi, la connaître avant que de l'appliquer.
Alors, j'aimerais que le député de Terrebonne nous dise si
son gouvernement est disposé à présenter un projet de loi,
même compte tenu de tout ce que le député a dit concernant
le sérieux que nous devons apporter à notre travail et de la
difficulté que causera l'examen de certains aspects de cette
réforme.
J'aimerais que le député nous dise cela.
M. HARDY: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est le porte-parole du gouvernement. Il est
presque ministre. Comme on dit...
M. HARDY: Pour la réforme électorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... un quasi-domicile, lui, il est
quasi-ministre. Ce n'est pas nécessairement une
sécurité.
M. HARDY: En politique, il n'y a pas de sécurité; il n'y a
que des objectifs à atteindre pour le bien commun.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des objectifs que je vous demande de
préciser, de déterminer au nom du gouvernement.
M. HARDY: Je vais faire des efforts inouïs pour ne pas être
partisan.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Cela, c'est difficile.
M.HARDY: Malgré ces efforts, je n'arrive pas à
comprendre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Restez naturel.
M. HARDY: ... la logique interne de nos amis d'en face. Encore une fois,
ce que le député de Chicoutimi vient de dire dans des termes
différents du député de Maisonneuve, c'est qu'il voudrait,
dès maintenant, que l'on fixe une date limite pour les travaux de cette
sous-commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président.
M. HARDY: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Terrebonne me le
permet, je crois que ni le député de Maisonneuve, ni
moi-même n'avons demandé qu'une date limite soit fixée.
Nous demandons simplement au gouvernement...
M. HARDY: L'ajournement d'été.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de nous faire connaître son
intention et je l'ai précisé tout à l'heure
en déposant un projet de loi ou, à tout le moins, ai-je dit, un
document de travail qui sera, au fond.un squelette de projet de loi, qui nous
permettra de voir que le gouvernement est déterminé à
procéder à cette réforme. C'est aussi simple que
ça.
M. HARDY: Je reprends ce que j'ai dit à la dernière
séance. Nous avons tenté jusqu'ici même si parfois
on nous a reproché de faire le contraire de faire de la commission
de l'Assemblée nationale ou, maintenant, de cette sous-commission un
forum où chaque député et chaque formation politique peut
exprimer ses opinions. Justement, pour faire en sorte que le gouvernement soit
en mesure de présenter une loi ou des lois le plus rapidement possible,
j'ai proposé la méthode de travail sectorielle.
Tout ce que je puis dire en réponse à la question du
député de Chicoutimi, c'est ceci: Prenons les sujets un par un,
travaillons avec le plus de célérité possible et,
dès que nous arriverons à des conclusions, nous déposerons
un document qui pourra avoir la forme d'un document de travail ou d'une loi.
Mais il ne faut pas faire le toit de la maison avant de construire les
fondations. Les fondations et les murs, c'est le travail que l'on va faire ici.
Que l'on travaille sérieusement.
Moi, j'ai toute une série de questions à poser
tantôt. Je répète ce que j'ai dit la semaine
dernière, et je le dis avec toute la franchise dont je suis capable :
Actuellement le député de Maisonneuve, lui, dit qu'il y a
des réponses à tout nous nous admettons bien
honnêtement qu'il y a des questions auxquelles nous n'avons pas de
réponse. Nous n'en avons pas encore trouvé et nous comptons
je le dis en toute humilité sur la collaboration de tous
les membres de la sous-commission pour trouver des réponses à ces
questions.
Ce n'est pas une question de prestige d'un parti politique ou de
prestige d'un gouvernement. Il s'agit de construire une ou des lois qui vont
vraiment régler des problèmes et qui ne seront pas, tout
simplement, encore une fois, un recueil de voeux pieux que nous pourrons avoir
dans nos statuts afin de pouvoir dire: Nous avons la plus belle loi au monde,
sans savoir dans quelle mesure cette loi s'applique.
Ce que nous voulons, nous, de ce côté-ci, c'est une loi qui
s'applique, qui a des résultats, des conséquences dans le
comportement des formations politiques et sur l'ensemble de la vie politique
des Québécois. C'est ça que nous voulons.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Terrebonne me le
permet, lors de la dernière séance, il me disait ceci: Le
député de Chicoutimi a parlé du dépôt
possible d'une loi avant l'ajournement d'été.
Le dépôt d'une loi avant l'ajournement d'été,
ce serait peut-être difficile, mais je pense qu'on peut rejoindre les
préoccupations du député de Chicoutimi comme celles des
autres députés en pensant que même si nous n'étions
pas prêts à formuler un texte législatif avant
l'ajournement d'été, pendant la période d'intersession on
pourra déposer devant la commission de l'Assemblée nationale un
document ce ne serait pas évidemment un texte de loi parce qu'il
n'y aurait pas la première lecture qui aurait à peu
près la forme d'un projet de loi que nous pourrions étudier
pendant la période d'intersession de façon que la loi soit
déposée en première lecture à la reprise
d'automne.
M.HARDY: Je n'ai rien à retirer à ce que j'ai dit.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, c'est un engagement qui nous indiquait
que le député de Terrebonne voulait procéder vite
ça, on le sait mais nous lui posons encore une fois ce matin la
question: Est-ce qu'on peut s'attendre à ce qu'il y ait au moins ce
document de travail?
M. HARDY: M. le Président, ma réponse c'est:
Commençons à travailler dès ce matin, et plus nous
abattrons de travail ce matin, plus tôt le document dont je parlais ou la
loi pourra être présentée. Mais si on continue à se
demander quand, quoi, comment, où, on va se retrouver au mois de
septembre et on n'aura rien.
Ce matin, il y a un sujet à l'ordre du jour: Reconnaissance
juridique des partis. Je suis désireux d'entendre les propositions
brillantes du député de Chicoutimi, du député de
Frontenac et du député de Maisonneuve sur ce problème
précis afin, justement, que nous puissions, à la fin de cette
séance, avoir quelque chose de concret qui pourrait être
incorporé dans le document de travail. C'est tout ce que j'ai à
dire, M. le Président, et justement pour être fidèle
à cet objectif, je ne parle plus sur cette proposition du
député de Maisonneuve. J'ai dit ce que j'avais à dire;
nous sommes prêts à adopter a) et b) et le deuxième
paragraphe; nous sommes prêts à adopter cette proposition
amendée de telle façon et à passer immédiatement
à l'étude du sujet qui est à l'ordre du jour.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: En terminant, M. le Président, je veux juste dire ceci:
D'abord, selon nous, ce n'est pas une clôture, comme le
député de Terrebonne semblait l'indiquer, qu'on voulait imposer;
c'est un objectif. Et Dieu sait qu'il y en a des partis politiques qui
connaissent ce que c'est que des objectifs; il y a même des promesses
électorales, comme les 100,000 emplois, qui deviennent des objectifs
à un moment donné.
M.HARDY: Des réalisations; les derniers chiffres.
M. BURNS: Je n'insiste pas là-dessus, mais je vous dis que c'est
un objectif. Et, selon nous, si on se fixe un objectif comme celui-là,
on va tout faire en notre possible pour réaliser cet objectif. C'est
dans ce sens-là qu'on faisait cette suggestion.
Quant au deuxième point, je veux tout simplement dire qu'il n'y a
rien d'illogique à adopter ce deuxième point. Tantôt, je me
posais des questions sur le fait qu'on avait décidé simplement de
nous fixer à l'ordre du jour ce matin la première recommandation
du rapport Barbeau parce que ce que ce deuxième paragraphe veut, c'est
qu'on ne se promène pas de la première recommandation à la
vingt-huitième, en revenant à la quatrième, etc., qu'on
sache d'avance.
M. HARDY: D'accord.
M. BURNS: Alors, c'est rien que dans ce sens-là et il n'y a
aucune incohérence, je pense, à avoir proposé cela.
Quant au paragraphe c)...
M. HARDY: Pas à proposer! M. BURNS: Pardon?
M.HARDY: Pas à proposer, à vous offusquer que ce soit
à l'ordre du jour ce matin.
M. BURNS: Je ne me suis pas offusqué, j'ai dit tout simplement:
Je veux savoir comment on va travailler. Vous nous dites: On commence par
celle-là. Tant mieux, tout de suite après qu'on aura
disposé de cela, je suis bien d'accord, on va commencer. Mais on
saura...
M. HARDY: On l'avait dit déjà. M. BURNS: ... on
saura...
M. HARDY: On s'était entendu sur le rapport Barbeau.
M. BURNS: Bon, finalement, le paragraphe c) qui semble poser des
questions à un certain nombre de gens. Je veux tout simplement dire que
c'était évidemment cette proposition faite en se disant que si
les quatre partis sont d'accord, ils vont collaborer avec le
vérificateur
général; donc, toute la question d'ordre purement et
simplement juridique ne se pose pas. Si les partis...
M. HARDY: ... de loi, même si nous acceptons... je pose une
question au député de Maisonneuve: Même si tous les partis
étaient prêts à remettre leur...
M. BURNS: Remarquez que ce soit...
M.HARDY: ... le vérificateur général a le
pouvoir.
M. BURNS: Ecoutez, je ne ferai pas de chichi avec ça, ça
pourrait être un autre type de personne, ça pourrait être un
comptable agréé auquel on croirait...
M. HARDY: Le député de Maisonneuve ne voit-il pas que
c'est prématuré à ce stade-ci, justement parce que
ça fait partie de ce que nous devrons étudier pour
déterminer de quelle façon? Si on adopte ceci aujourd'hui, alors
qu'on ne prévoit pas de mécanisme, n'importe quel parti peut bien
rencontrer un vérificateur et lui donner un bilan, et s'il n'y a pas de
moyens concrets, ça revient à la question que je posais la
dernière fois. Je pense que c'est prématuré à ce
stade-ci.
M. BURNS: Ce serait sûrement, je l'admets, un document imparfait
parce qu'il n'y a pas de moyen de contrôle à ce stade-ci.
M. HARDY: Non seulement imparfait mais qui pourrait nous engager...
M. BURNS: En tout cas, nous faisons la suggestion...
M. HARDY: ... sur une pente dangereuse.
M. BURNS: ... parce que nous aurions cru et...
M. HARDY: Qui pourrait retarder nos travaux.
M. BURNS: ... nous aurions cru qu'il aurait pu être
intéressant d'avoir un certain nombre d'informations en main pour avoir
une vue globale de la façon dont chacun des partis fonctionne...
M. HARDY: Sans que soit...
M. BURNS: ... pour nous aider à tirer des règles
éventuelles.
Alors, M. le Président, si ça peut faciliter les choses,
comme il semble qu'il y a des parties de ma motion acceptables par tous et
d'autres pas, moi, je n'ai pas d'objection à ce qu'on subdivise les
trois paragraphes et mêmes les trois sous-paragraphes pour fins
d'enregistrement.
M. HARDY: C'est-à-dire que vous consentez à rayer le
premier paragraphe?
M. BURNS: Je ne consens pas à le rayer; je voudrais que vous
votiez contre le premier paragraphe, si vous voulez voter contre.
M. HARDY: Vous voulez qu'on vote contre?
M. BURNS: Bien, si vous voulez voter contre.
M. HARDY: Bon, M. le Président... M. BURNS: Subdivision de la
motion.
M. HARDY: ... je propose un amendement. Je propose que l'on raye le
premier paragraphe et le sous-paragraphe c) du troisième paragraphe.
M. BURNS: Très bien.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il faudrait
peut-être procéder dans l'ordre. On pourrait peut-être
commencer par la première partie, le deuxième paragraphe et se
prononcer sur le deuxième paragraphe.
M. HARDY: C'est une proposition, là. Nous avons devant nous une
proposition.
M. BURNS: C'est ça.
M. HARDY : Et moi, je propose un amendement.
M. BURNS: Pour faciliter la tâche, je vous suggérais, tout
simplement, qu'on vote paragraphe par paragraphe. En somme, j'acceptais de
subdiviser ma motion.
M. HARDY: Je n'ai pas d'objection à cela, même si ce n'est
pas tout à fait orthodoxe.
M. BURNS: Ce n'est pas très orthodoxe. C'est une façon
plus pratique de procéder parce que mes deux autres collègues de
l'Opposition peuvent ne pas complètement partager mon opinion.
M. HARDY : Mon confrère de Maisonneuve et moi-même, nous
démontrerons, une fois de plus, que souvent les avocats ne sont pas les
plus avocassiers.
Alors, le vote sur le premier paragraphe.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Vote sur le premier paragraphe.
M. Blank (Saint-Louis)? M. BLANK: Contre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Hardy (Terrebonne)?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Caron (Verdun)?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Giasson (L'Islet)?
M. GIASSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Brown?
M. BROWN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Tremblay (Chicoutimi)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. CorneUier): M. Latulippe?
M. LATULIPPE:Pour.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Burns?
M. BURNS: Pour.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Cinq contre et trois pour.
Alors, le premier paragraphe est rejeté.
M. BURNS: Cela, c'en est de la démagogie, je m'excuse.
M. HARDY: Bien, c'est ça, présenter et adopter une loi.
Qu'est-ce que ça veut dire adopter une loi avant l'ajournement
d'été?
M. BURNS: Cela veut dire un objectif et qu'on va tout faire pour que ce
soit ça.
M. HARDY: Cela va dépendre si...
M. BURNS: II y a une autre chose que je peux vous dire, c'est que
l'ajournement d'été, ce n'est pas une date fixe, comme vous le
savez fort bien. En tant qu'ancien vice-président de la Chambre, vous
devriez le savoir plus que n'importe qui d'autre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): N'évoquez pas les mauvais moments. . M.
HARDY: Ne faites pas remonter à mon esprit certains scrupules.
M. BLANK: On est dans le vote; on n'a pas le droit à des
discussions.
M. BURNS: II ne reste que des mauvais souvenirs.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le premier paragraphe de la proposition
est donc rayé.
M. HARDY: Le deuxième paragraphe, M. le Président, nous
sommes d'accord pour l'adopter. Vous pourriez peut-être
l'enregistrer.
M. BLANK: Adopté à l'unanimité.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'unanimité.
M. HARDY: Troisième paragraphe a) et b), nous sommes prêts
à l'adopter.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Adopté à
l'unanimité.
M. HARDY: Paragraphe c), rejeté sur division.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, le paragraphe c) de la proposition
est rejeté sur division.
Reconnaissance juridique des partis politiques
M. HARDY: Si je comprends bien, M. le Président, nous pouvons
passer maintenant à l'ordre du jour.
Le problème de la reconnaissance juridique des partis politiques
demande d'abord que nous prenions acte qu'il existe déjà, et dans
notre Loi électorale et dans la Loi de la Législature, une
reconnaissance juridique des partis politiques. Ainsi, dans la Loi de la
Législature, les partis peuvent être reconnus. Selon qu'une
formation politique a obtenu tel pourcentage des voix, selon qu'une formation
politique a un nombre fixe de députés, cette formation politique
est reconnue par la loi et, à cause de cette reconnaissance, jouit de
droits et privilèges.
La Loi électorale également, suivant mon
interprétation, reconnaît juridiquement les partis politiques,
lorsqu'elle dit qu'un parti politique qui présente un nombre x de
candidats sera un parti reconnu, c'est-à-dire que son nom sera
imprimé sur les bulletins de vote, que les candidats de ce parti
pourront voir une partie de leurs dépenses électorales
remboursées.
La nomination d'un agent, l'existence dans la loi électorale d'un
agent d'élection constitue, en quelque sorte, une reconnaissance
juridique d'un parti puisque l'agent d'élection du parti politique est,
en quelque sorte, la personnification juridique du parti. Si un parti politique
dépense un montant d'argent supérieur à ce qui est
déterminé dans la loi, si un parti politique commet des actes
illégaux, c'est l'agent d'élection qui est passible de poursuites
et de peines. En quelque sorte, il y a là ce que je pourrais
appeler au moins un embryon de reconnaissance juridique d'un parti
politique, lorsque la Loi électorale dit que chaque parti politique
devra avoir un agent électoral et que c'est celui-ci qui est la personne
responsable, le mandataire, en quelque sorte, du parti politique.
Je n'ai pas ici une étude exhaustive de ce qui existe à
l'heure actuelle comme reconnaissance juridique des partis politiques, mais
cela existe actuellement, tant dans la Loi de la Législature que dans la
Loi électorale.
Maintenant, la question qui se pose pour nous est de savoir s'il y
aurait lieu d'accentuer davantage cette reconnaissance juridique, de poser
d'autres gestes législatifs qui feraient que les partis politiques
seraient davantage reconnus. On peut d'abord se poser cette première
question: Est-ce qu'il y aurait lieu, est-ce qu'il y aurait avantage à
ce que les partis politiques comme tels aient une personnalité
juridique, soient, en d'autres termes, incorporés, deviennent des
personnes morales? C'est une question qu'on peut se poser. Je pense qu'à
ce stade de nos travaux c'est une hypothèse de travail qu'on ne peut pas
écarter.
Il y aurait probablement avantage à ce que des partis politiques
deviennent des personnes morales mais il y a aussi des inconvénients.
L'avantage est évidemment que lorsqu'il poserait des actes, c'est le
parti comme tel qui en serait responsable. Je pense que c'est le principal
avantage qu'on pourrait identifier juridiquement d'une façon très
précise et très claire: la responsabilité d'une formation
politique sur le plan légal.
Par ailleurs, il y a aussi des inconvénients. Je voudrais en
mentionner seulement quelques-uns. Si un parti politique est incorporé,
la possibilité est ouverte à une multitude de poursuites
légales en dommages. Il devient susceptible d'être l'objet
d'injonctions, de mandamus et de toutes les procédures que recèle
le code de procédure civile.
Il y a un autre danger aussi, à moins de ne pas incorporer
les partis politiques en vertu de la Loi des compagnies c'est que si on
incorporait les partis politiques en vertu de la Loi des compagnies, cela
voudrait dire qu'un ministre de la couronne aurait droit de regard ou du moins
un certain droit de regard sur les partis politiques, ce qui n'est
peut-être pas souhaitable. En tout cas, en vertu de certains principes
démocratiques, je ne sais pas si ce serait souhaitable. Il y a certains
domaines, celui des dépenses électorales, par exemple, où
je me demande s'il serait souhaitable qu'un ministre surtout dans notre
régime actuel, où le ministre des Institutions financières
appartient à une certaine formation politique ait la
possibilité d'examiner d'une façon assez détaillée
la vie, le fonctionnement d'une autre formation politique.
Enfin, il y a quand même un fait qu'on ne peut pas ignorer: c'est
que dans les régimes parlementaires britanniques il n'existe pas d'in-
corporation des partis politiques. Ce serait un précédent. Ce
n'est pas une raison pour dire non, le fait que cela n'existe pas ailleurs,
mais je pense que c'est une raison pour être prudent, pour examiner cette
hypothèse d'une façon sérieuse.
Maintenant, il y a peut-être d'autres possibilités aussi.
Je mentionne la reconnaissance de l'incorporation ou donner aux partis
politiques une personnalité juridique, qu'ils deviennent des personnes
morales. Il y a peut-être aussi d'autres façons de
reconnaître les partis politiques que celle qui serait de les
incorporer.
Encore une fois, il s'agit de trouver, d'une part, des solutions qui ne
créeraient pas plus de problèmes, je mentionne entre autres la
possibilité de poursuites indéfinies à des partis
politiques. Mais, par ailleurs là je rejoins ma grande
préoccupation qui est d'appliquer les lois il faut trouver des
formules qui permettraient, lorsque, bientôt, on pourra adopter des
normes quant aux dépenses électorales, quant aux souscriptions,
de vraiment identifier ceux qui se rendront coupables d'infractions à la
loi. Il faut des moyens pour circonscrire et identifier ceux qui seraient
responsables d'infractions à la loi et c'est en somme l'objectif qu'on
poursuit en parlant de reconnaissance juridique des partis politiques. Je pense
qu'il y aurait intérêt pour tout le monde, pour tous les partis
politiques à ce que nous adoptions ces solutions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne a
parlé tout à l'heure de la reconnaissance des partis politiques
en disant que la Loi électorale actuelle comporte un embryon de
reconnaissance juridique des partis politiques. Il est bien exact de parler
d'embryon, mais disons que la Loi électorale actuelle reconnaît
virtuellement les partis politiques. Elle ne les reconnaît de
façon pratique, actuelle que depuis le moment où il y a
présentation des candidats jusqu'aux huit jours qui suivent la
proclamation de l'élu. Donc, il n'y a là qu'une reconnaissance
virtuelle qui s'actualise pendant une période d'environ trois semaines,
au maximum un mois, selon qu'il y a recomptage ou pas.
Cette reconnaissance est établie par une prescription de la loi,
c'est l'article 389 de la loi, lorsqu'il est question du candidat et de son
agent officiel. En aucun endroit dans la loi il n'est fait mention, sauf pour
les dépenses électorales, d'un parti politique. On dit: Un parti
qui a présenté un certain nombre de candidats et recueilli un
pourcentage X devra avoir droit à ceci ou à cela. Il y a donc un
embryon, comme on l'a dit tantôt, mais il n'y a
pas de reconnaissance officielle, juridique, légale du parti
politique comme tel.
Le rapport Barbeau indique assez clairement que l'on devrait en venir
à une reconnaissance juridique des partis politiques. Il pose le
problème de la façon suivante. Les recommandations du rapport
Barbeau voudraient que les partis politiques deviennent juridiquement
responsables de leurs actes, ce qui, je pense, est acceptable et
agréé en principe par tout le monde. Quel est le moyen pour y
arriver? Actuellement, le candidat et son agent officiel sont juridiquement
responsables des actes qu'ils posent pendant une période
électorale, dans un délai en somme assez bref. Le parti
lui-même, en dehors de la période électorale, et au moment
de la période électorale, n'a pas d'autres
responsabilités. Le chef du parti n'a pas d'autres
responsabilités que celles qui sont prescrites dans la loi.
Le candidat n'en a pas d'autre et l'agent officiel n'a que celles qui
sont définies aux termes de la loi. On le dit, à l'article 389:
"Est coupable d'une manoeuvre frauduleuse tout agent officiel qui fait des
dépenses électorales dépassant le maximum fixé
à l'article 379 ou remet un rapport faux ou une déposition fausse
ou produit une facture, un reçu ou autre pièce justificative
falsifiée ou, après la production de son rapport, acquitte une
réclamation autrement que ne le permet l'article 386. "Le candidat ou le
chef de parti, dont l'agent officiel s'est rendu coupable de l'un des actes
ci-dessus énumérés, est également coupable d'une
manoeuvre frauduleuse à moins qu'il ne soit établi que cet acte
présente peu de gravité et n'a pu avoir d'effet sur le
résultat de l'élection et que le candidat ou chef de parti a
d'ailleurs pris, de bonne foi, toutes les précautions raisonnables
possibles pour conduire honnêtement l'élection suivant les
prescriptions de la loi". Ensuite, on parle des personnes qui peuvent commettre
des actes frauduleux mais des personnes qui ne sont pas, si vous voulez, mises
en cause en tant que membres officiels d'un parti politique mais à leur
titre personnel.
Donc, la loi reconnaît virtuellement les partis pour une
période déterminée. Mais cette reconnaissance est
très limitée. Il faut donc se poser la question de savoir si le
parti politique, comme tel, peut ou doit être reconnu, selon le rapport
de la commission Barbeau, et si le parti politique, comme tel, peut être
rendu juridiquement responsable de ses actes et des actes de ses membres. Ce
n'est pas une question facile à trancher. Le député de
Terrebonne, tout à l'heure, nous disait qu'il attendait nos brillantes
recommandations. Il n'en a pas fait lui-même. Alors, nous allons attendre
les siennes avant que...
M. HARDY: Si l'on s'attend comme ça, on...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de présenter les nôtres. Non,
je dis cela en blaguant. Le député le sait. Personnellement, je
n'aurais pas d'objection à ce qu'un parti politique soit juridiquement
reconnu. Est-ce qu'il doit être reconnu comme une corporation ordinaire?
C'est une proposition qui a été faite, qui a été
reprise un peu par tous les partis politiques. Je crois qu'il faudrait
l'examiner attentivement. Cela pose des difficultés parce que, dans un
parti politique, il y a le parti comme tel, ses cadres, son organisation, son
agent officiel. II y a son trésorier. Mais il y a les membres, et les
membres d'un parti politique ne sont pas toujours facilement identifiables. Il
y a des membres nommément inscrits mais, au moment d'une
élection, il n'est pas acquis que telle personne, qui est inscrite sur
les listes des partis officiels reconnus, ait nécessairement posé
un geste de faveur de ce parti au moment du scrutin. Est-ce que cette personne,
à ce moment-là, doit être, parce qu'elle fait partie,
semble-t-il, officiellement d'une formation politique, tenue responsable de ses
actes en qualité de membre du parti, et est-ce que le parti politique
pourrait être rendu juridiquement responsable des actes des centaines ou
des cinquantaines ou des centaines de milliers de membres adhérant
à une formation politique? Je pense qu'il faut s'interroger
là-dessus et circonscrire le problème, le délimiter.
Il serait peut-être préférable de songer à
une reconnaissance par mode d'association, qu'un parti politique soit reconnu
comme une association, et, qu'à ce titre, il soit obligé
d'enregistrer, évidemment, le nom de son chef, le nom des membres de son
exécutif, le nom exact du parti, l'adresse de ses bureaux principaux,
particulièrement les bureaux où sont conservés les
dossiers, et le nom de l'agent officiel ou de toute personne qui l'assiste, non
pas aux termes de la loi actuelle, mais qui pourrait éventuellement
l'assister aux termes d'une loi nouvelle.
Je suis comme le député de Terrebonne, aussi brillant et
pas plus brillant, et je m'interroge sur la forme de reconnaissance juridique
qu'il faut donner à un parti. Est-ce qu'il faut en faire une corporation
ordinaire? J'ai des doutes sérieux, à cause des implications
légales que cela pourrait comporter. Est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux
considérer un parti politique comme une association, auquel cas il
faudrait définir le type d'association et la nature des associations,
à partir des points de comparaison que nous avons, eu égard au
grand nombre d'associations qui existent sur le territoire du
Québec?
Je suis donc, comme tout le monde, désireux de voir les partis
politiques responsables juridiquement de leurs actes. Quant aux
mécanismes qui permettraient de les reconnaître et de les rendre
juridiquement responsables, j'hésite beaucoup entre le choix qui
consisterait à en faire une corporation ordinaire et celui d'en faire
une association.
Au moment où on étudiera plus spécifiquement le
problème du financement des partis,
nous verrons quelles sont les conséquences que comporterait la
différence entre être une corporation et entre être une
association, parce qu'il y a une permanence des partis politiques mais il y a
des partis politiques qui sont très passagers. Il y a des partis
politiques qui peuvent ne se constituer qu'à l'occasion d'une
élection. Si c'était une corporation ordinaire, avec des biens,
etc., comment réglerions-nous le problème de la liquidation, si
ce parti, tout à coup, ne réapparaît plus?
M. HARDY: II y a des corporations qui sont très
éphémères, aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je sais, mais c'est justement parce qu'il
y a des corporations qui sont très éphémères qu'il
faut s'inspirer de ces exemples avant de statuer sur ce que doit être le
parti politique juridiquement reconnu et responsable de ses actes.
M. HARDY: Et la longévité des partis politiques, aussi,
c'est relatif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La longévité des partis
politiques, le député ne nous apprend rien, je viens de le
signaler, peut dépendre d'un grand nombre de facteurs. Il y a un
très grand nombre de partis politiques qui sont nés et qui sont
morts, au Québec, depuis des années, et cela, au Canada et dans
tous les pays du monde. Quand on pense que dans des pays comme la France,
à un moment donné, il y a eu des représentations,
jusqu'à 250 à 300 partis politiques. Ils appelaient cela comme
cela: Candidat de tel parti.
Alors il faut s'interroger sur la nature de la reconnaissance et de ce
corps que peut constituer un parti politique. Est-ce que ce serait une
corporation ordinaire? Est-ce que ce serait une association? Il faut examiner
le problème en pensant aux membres, à l'affiliation, à la
désaffiliation, aux biens parce que, quand on parlera du financement des
partis, cela va revenir.
Je jette dans le débat ces quelques observations, n'ayant pas
plus que le député de Terrebonne ou qui que ce soit, autour de
cette table, le monopole de la vérité. C'est une question que
j'ai longuement étudiée et je vous avoue que je ne l'ai pas
résolue, personnellement, même si dans un document que mon parti a
préparé nous avons fait des propositions. C'est un document que
je n'ai pas fait distribuer mais que je fais distribuer à l'instant.
Nous avons fait des propositions mais des propositions qui restent, à
notre avis, préliminaires et ne peuvent servir que de base de
discussion. Je vous remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour nous aussi, la question de la
reconnaissance des partis politiques, c'est d'abord de vouloir
concrétiser dans les faits la responsabilité juridique des
partis. Je pense que c'est la volonté dominante et ce qui est mis de
l'avant par le rapport Barbeau. C'est surtout cet aspect qui est le plus
important.
Nous souscrivons entièrement à ces propositions.
D'ailleurs, nous souscrivons non seulement à la reconnaissance
politique, mais à l'enregistrement des partis, à la
théorie de l'agent officiel, au nom du parti sur le bulletin de vote. En
somme, nous souscrivons au principe des propositions du rapport Barbeau, telles
que présentées.
Cependant, nous sommes également d'accord pour retenir que
ça comporte des problèmes et des inconvénients très
appréciables. Nous sommes d'accord qu'il faut prolonger la pyramide des
responsabilités. Au niveau du comté, on sait déjà
que le candidat et son agent, qui sont des personnes facilement identifiables,
ont des responsabilités civiles comme tous les autres citoyens. Comme
tels, ils portent une certaine responsabilité.
C'est lorsqu'on arrive dans les hautes sphères du parti, au
sommet de la pyramide, qu'on a des difficultés à faire porter les
responsabilités par les personnes qui posent certains gestes, à
un moment donné. Dans ce sens, je pense que ça aurait un effet
bénéfique que les partis politiques aient une
responsabilité légale.
D'ailleurs, on m'a déjà dit, dans un certain cours, que la
politique, c'était justement une prudence en vue du bien commun. C'est
donc dire que c'est très limité comme possibilités, d'une
part, mais qu'il faut aller assez loin pour, au moins, en venir à une
espèce d'équilibre et pour que les principes
d'équité soient soutenus par les lois qu'on va adopter.
Il ne faut pas, non plus, par cette question de la reconnaissance
juridique des partis, empêcher d'éventuels partis politiques de se
former ou d'en remplacer d'autres. Il y a tous ces problèmes des
nouveaux partis, qui vont se rattacher à ça et qui sont aussi
assez délicats à manoeuvrer. Il n'y a pas seulement la question
de la responsabilité politique; il y a aussi cette autre question.
C'est assez difficile, à un moment donné, de dire: II faut
trancher. Il faut dire qu'à partir d'un certain point un parti politique
existe ou n'existe pas, selon une reconnaissance juridique, et qu'il aura droit
ou n'aura pas droit à certains avantages.
A notre point de vue, la pierre angulaire de toute notre
législation, c'est d'abord la reconnaissance des partis politiques.
Dans ce sens de la reconnaissance, nous croyons que nous devrions nous
orienter vers un statut spécial. Nous ne croyons pas que le
corporatisme, tel qu'il existe, réponde adéquatement aux
critères que nous voulons pour la reconnaissance juridique des partis
politiques.
Nous voyons un peu un parti politique
comme une grande centrale syndicale qui fonctionnerait à peu
près selon les mêmes schemes de pensée et aussi pas
nécessairement selon les mêmes normes et les mêmes lois
selon à peu près les mêmes critères.
Nous croyons, d'autre part, qu'à la reconnaissance juridique
proprement dite devraient se rattacher très étroitement les
conditions et normes qui seront édictées pour accepter
l'enregistrement d'un parti politique.
M. HARDY: Juste une question. Le député de Frontenac vient
de citer les grandes centrales syndicales.
M. LATULIPPE: J'essaie d'établir une liste, le schéma
général, sans aller dans trop de détails, parce qu'on est
encore dans les discussions préliminaires.
M. HARDY: II faudrait tenir compte, je pense, que les centrales
syndicales sont incorporées en vertu de la troisième partie de la
Loi des compagnies.
M. LATULIPPE: Si vous voulez, mais, au niveau de la
responsabilité, je voudrais qu'on' ait un statut spécial.
M. HARDY: Ce sur quoi je voudrais être bien clair avec le
député de Frontenac, c'est que, s'il nous suggère la
formule des centrales syndicales...
M. LATULIPPE: Pas intégrale. Je tiens bien à faire une
distinction; je pense qu'il va falloir prendre des éléments
à différentes places.
Je vais même aller plus loin, prétendant que ça ne
pourra pas relever du ministère des Institutions financières. Il
va falloir assurément que ça relève d'une certaine
façon de l'autorité du président des élections.
M. HARDY: Un ministère des élections!
M. LATULIPPE: Bien, un ministère des élections, dont vous
seriez peut-être le premier et le dernier ministre, parce que ça
ne pourrait pas fonctionner longtemps. Il faut qu'il y ait un certain
critère d'autonomie. Cela va même remettre en cause la
modalité de nommer le président des élections, à
mon point de vue, cette question de recommandation de reconnaissance juridique
des partis politiques. Eventuellement, il va falloir que tous les partis
politiques, à mon point de vue, si on veut en venir là,
participent d'une certaine façon à l'élection du
président des élections; ça peut aller jusque
là.
Je pense qu'il faut s'orienter vers cette forme de statut; il faudra
même penser à un certain moment à établir une
espèce de tribunal ou un mécanisme par lequel les plaintes seront
acheminées et étudiées, tel que recommandé un peu
plus loin dans le rapport Barbeau. Je pense que ça fait un tout
intégral. Ce serait essayer de trancher d'une façon très
catégorique la question de la reconnaissance des partis politiques sans
tenir compte des propositions qui ont été faites un petit peu
plus loin que d'arriver avec des mesures qui ne sont pas nécessairement
incohérentes mais incomplètes, qui ne donneront pas
nécessairement satisfaction.
Dans ce sens, M. le Président, je suis de ceux qui
prétendent que les responsabilités des divers partis politiques,
surtout sur le plan juridique, devront dans cette réglementation ou dans
cette loi être assez clairement identifiées, de telle sorte qu'on
sache exactement où commence et où finit la responsabilité
des agents en fonction dans les partis politiques. Je pense que c'est sur les
agents des partis politiques que doit porter surtout le fait de la
responsabilité juridique. Je ne dis pas que le parti en soi n'aura pas
de responsabilités; il en aura, mais certainement conjointement avec
ceux qui ont posé les gestes. Je ne pense pas qu'on puisse organiser une
loi dans laquelle seul le corps juridique aurait des responsabilités et
où ceux qui manoeuvrent le corps juridique pourraient se disculper
facilement.
Je pense qu'il y a moyen actuellement de concilier ces divers
problèmes, bien qu'ils soient assez délicats, pour arriver
justement à établir un choix qui corresponde à l'attente
des électeurs. Justement, dans le passé, dans certains cas on a
porté des accusations, fondées ou non, contre des partis
politiques, les accusant de manoeuvres frauduleuses ou autres. S'il y avait eu
à ce moment des possibilités de recours contre le parti politique
parce que, d'une certaine façon, il avait une
responsabilité juridique on aurait certainement atteint une
meilleure équité face à la possibilité pour
l'électorat de choisir ses représentants de la façon la
plus démocratique possible.
C'est donc dans ce sens, M. le Président, qu'on devrait essayer
d'orienter les travaux de la commission. Pour ma part, je suis sur la
même longueur d'ondes que ceux qui m'ont précédé. Je
ne crois pas en terminant que le corporatisme qu'on connaît
actuellement réponde aux besoins, dans les détails, de la
reconnaissance des partis politiques, surtout au niveau de l'aspect juridique.
Je pense que ça résume à peu près notre
pensée sur le thème général, sur le principe de la
reconnaissance des partis politiques et j'ose croire qu'il sera possible d'en
venir assez facilement à une entente là-dessus. Je pense qu'on ne
peut pas aller trop loin. Si on se limite au possible, sans vouloir trop
exagérer les mesures qu'on veut apporter au niveau de la reconnaissance
des partis politiques, il y a possibilité de faire quelque chose. Si on
veut aller trop loin, je pense qu'on va tomber dans un abus contraire, avec un
mécanisme trop lourd qui va amener plus de complications que de services
de la part d'instruments qu'on veut se donner.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je pense qu'au départ il est
assez important de poser la distinction entre l'entité juridique des
partis politiques et la responsabilité juridique expression
qu'utilise le rapport Barbeau pour des fins spécifiques des
partis politiques.
Sous le vocable reconnaissance des partis politiques, si on tente de
régler tous et chacun des problèmes que peuvent poser
l'incorporation, par exemple, l'enregistrement civil, la création de la
personne morale des partis politiques, je pense qu'on fait fausse route et
qu'on ne règle pas le problème pour lequel on est ici.
C'est pour ça que je tiens à poser dès le
départ cette distinction et je pense que je rejoins un peu les remarques
faites par le député de Terrebonne en ce sens-là. C'est
évident qu'à ce stade-ci je ne crois pas que ce soit notre
rôle d'examiner tous les revers de la question de la reconnaissance
juridique, au sens entité juridique du mot, des partis politiques.
Est-ce que les partis politiques devraient être poursuivis en
libelle? Est-ce que les partis politiques devraient pouvoir répondre
à une action prise devant les tribunaux civils, subir des requêtes
pour mandamus, injonction, etc., les mesures exceptionnelles ou provisionnelles
comme on les appelle?
Je pense que c'est un problème qui en englobe encore plus que ce
qu'on veut régler. Ce qui est important, je pense, comme
sous-commission, c'est de décider si un parti politique doit avoir une
certaine reconnaissance pour fins spécifiques. J'appellerais ça,
en utilisant l'expression du rapport Barbeau, une responsabilité
juridique pour fins spécifiques, pour les fins soit de la Loi
électorale, soit de la Loi de la Législature ou encore un
éventuel code des élections ou code électoral, comme on
s'est plu à l'appeler la dernière fois.
En ce qui nous concerne, sans aller dans les détails à
savoir si une entité juridique devrait être accordée
à des partis politiques, par incorporation ou autrement, nous sommes
entièrement d'accord sur la recommandation du rapport Barbeau. Celle-ci,
à toutes fins pratiques, rend responsable le parti politique à
l'égard d'un organisme, appelons-le pour le moment un organisme. Dans la
première recommandation, qui se trouve à la page, 41 du rapport
Barbeau, on parle d'une commission de contrôle, qui est discutée
un peu plus loin à la page 61.
Mais, mis à part le fait d'entrer dans le détail, s'il y a
lieu que ça s'appelle la commission de contrôle ou quoi que ce
soit, il est assez clair que la recommandation Barbeau ne fait pas, à
mon avis, des partis politiques une entité juridique, ne fait pas de
chaque parti politique une personne morale, au sens qu'une compagnie devient
une personne morale, au sens qu'un syndicat qui est incorporé en vertu
de la Loi des syndicats professionnels devient une personne morale.
Et, pendant qu'on parle des syndicats, je vois dans la recommandation
Barbeau quelque chose d'analogue à l'accréditation des syndicats.
Je fais la distinction entre accréditation devant le
commissaire-enquêteur par rapport à incorporation en vertu de la
Loi des syndicats professionnels. Comme tout le monde le sait, le syndicat qui
est accrédité n'a pas de personnalité juridique, ne
constitue pas une personne morale en soi et il ne peut être poursuivi et
il ne peut poursuivre qu'à cause d'une disposition particulière
de notre code de procédure civile.
Alors ce n'est pas le fait qu'il soit accrédité pour des
fins spécifiques, c'est-à-dire pour des fins de
négociation et de représentation de ses membres, que ça en
fait une personne morale, que ça le rend susceptible d'être
poursuivi ou apte à ester en justice. C'est uniquement la disposition de
l'article 60 du code de procédure civile qui le rend apte à faire
ça. Or, moi je vois que la recommandation qui est faite par le rapport
Barbeau fait un peu la même chose. Elle nous dit: II faut qu'on sache ce
qu'il y a dans ces boutiques qui s'appellent les partis politiques puisqu'on
veut avoir une espèce de vue d'ensemble des dépenses.
Or, il y aurait un organisme auprès de qui le parti politique
devrait s'enregistrer pour qu'on sache véritablement ce que c'est que
cette bebite, qu'on sache quels sont les principaux officiers, puis qu'on sache
un certain nombre d'affaires. Je ne veux pas entrer dans les autres
détails mais la première recommandation du rapport Barbeau,
à toutes fins pratiques, c'est un peu comme on le fait à
l'égard des syndicats, mais sans qu'il y ait une disposition
spécifique, au point de vue civil, cet enregistrement-là rendant
le parti passible de poursuites ou demandeur possible dans une action.
Le rapport dit tout simplement : Pour les fins qu'on discute,
c'est-à-dire pour la Loi électorale, on demande l'enregistrement
du parti auprès d'un organisme que tout ce problème de
dépenses électorales déterminera
éventuellement.
Nous considérons que c'est un minimum qu'on doit exiger des
partis politiques si on veut en arriver à un meilleur contrôle des
dépenses électorales, à une meilleure répartition
des déboursés électoraux, etc. Je pense que c'est un
minimum, au départ, de dire que le parti politique, on devrait savoir
qui il est. S'il ne se plie pas à un certain nombre de prérequis
au point de vue de la reconnaissance juridique, qu'on lui dise: C'est bien
dommage, tu ne bénéficieras pas des avantages financiers que la
Loi électorale peut te rapporter. C'est cela qui est intéressant
dans la première recommandation du rapport Barbeau.
En ce qui nous concerne, M. le Président, nous sommes
entièrement d'accord. Je profite de l'occasion pour vous mentionner que
j'ai déposé auprès de chacun des membres de la commission
notre position sur l'ensemble des
recommandations du rapport Barbeau, et nous y reviendrons au fur et
à mesure que nous discuterons les autres recommandations.
M. HARDY: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Terrebonne.
M. HARDY: ... j'ai écouté avec beaucoup d'attention les
remarques des porte-parole des trois partis d'Opposition, remarques,
d'ailleurs, très intéressantes. D'autre part, si, à ce
moment-ci, je me plaçais dans la position de celui qui a à
rédiger une loi ou un document de travail à partir des remarques
qui ont été formulées, je serais obligé, au fond,
de m'en tenir strictement au rapport Barbeau parce que je n'ai rien entendu,
à moins que je n'aie été distrait, dans les remarques des
partis politiques sauf certaines indications du député de
Chicoutimi qui sont demeurées imprécises quant à
l'association. Je n'ai pas pu exactement identifier ce que le
député de Chicoutimi entendait par association, une association
qui n'était pas une corporation.
Ce que j'ai de vraiment concret, pour rédiger une loi, c'est le
rapport Barbeau.
M. BURNS: C'est déjà beaucoup. M. HARDY: Oui, sur ce point
précis. M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Si je reprends la recommandation du rapport Barbeau sur ce
point précis, la reconnaissance juridique des partis, d'une part, je
pense qu'on reconnaîtra qu'une bonne partie de ces recommandations existe
déjà sous une certaine forme, quand le rapport Barbeau dit qu'un
parti politique, qui a l'intention de présenter des candidats pour
briguer les suffrages lors d'une future élection générale
ou partielle, est tenu de s'enregistrer officiellement, suivant la forme
prescrite par la Commission de contrôle. Actuellement, les partis ou les
chefs sont reconnus par le président des élections, cela existe
déjà.
Là, je retiens une idée qui vient de préciser le
rapport Barbeau, je n'ai aucune objection à reconnaître le
mérite au député de Maisonneuve; sa formule
d'accréditation me paraît très intéressante parce
que lorsqu'on examine le paragraphe 20 de l'article 2 de la Loi
électorale, on lit "qu'un parti reconnu, au sens de la Loi
électorale, désigne le parti du premier ministre cela,
c'est assez facile à identifier, on sait qui est le premier ministre
de l'Opposition officielle on le sait également ou
d'un parti qui, aux dernières élections générales,
avait dix candidats officiels.
Cela aussi, c'est assez facile à établir pour le
président général des élections ou pour un autre
organisme. Je ne discute pas de la question de commission de contrôle.
Partons de l'hypothèse qu'il y a un organisme responsable auprès
de qui on doit se faire reconnaître.
Là où je trouve notre loi actuelle un peu floue, c'est
quand elle dit: "Ou qui, aux élections générales en cours,
est admis à désigner un agent officiel suivant l'article 375".
Quand on voit l'article 375, ce n'est pas facile. Cela peut vouloir dire que
n'importe qui, à un moment donné, peut aller voir le
président général des élections et lui dire: Moi,
je suis le chef du parti Rhinocéros ou n'importe quoi. J'ai dix
candidats et je veux être reconnu. Voici la lettre par laquelle je
reconnais telle et telle personne. On n'oblige pas et on ne donne pas de moyens
au président des élections d'aller vérifier dans quelle
mesure ce parti est sérieux ou non.
Je pense qu'il y aurait lieu de retenir cette formule
d'accréditation et de la fouiller davantage. C'est-à-dire
encore une fois, que ce soit fait par le président général
des élections ou par un autre organisme importe peu qu'avant de
reconnaître le parti, qui est un nouveau parti, au fond pour ceux
qui existent déjà, ceux qui sont en Chambre, il n'y a pas de
problèmes qu'on examine ce qui se fait pour accréditer un
syndicat. Que le président des élections ou un autre organisme
ait des pouvoirs d'enquête pour aller vérifier dans quelle mesure
M. Untel, qui se dit chef de parti, est véritablement chef d'un parti.
Qu'on prévoie certaines nonnes.
Je pense que, là-dessus, il y aurait progrès. Je pense que
c'est une idée nouvelle. Même si on avait trouvé seulement
celle-là, ce matin, je pense que c'est une idée nouvelle qu'il y
aurait lieu d'approfondir. De notre côté, on va demander à
des spécialistes, à des juristes d'articuler cette idée
d'accréditation des partis politiques.
Dans les recommandations du rapport Barbeau toujours je ne pense
pas que le député de Maisonneuve m'en veuille; il faut, quand
même, reconnaître que le document que le député de
Maisonneuve nous a remis, c'est le rapport Barbeau; il dit qu'il est d'accord,
mais c'est le rapport Barbeau on dit "enregistrer le nom du chef". C'est
déjà virtuellement existant, il reste à améliorer
ça quant aux partis nouveaux. "Les noms des membres de l'exécutif
national". Je n'ai pas d'objection de principe. Actuellement, les partis
politiques que l'on connaît ont tous des exécutifs nationaux. Cela
pourrait peut-être poser certaines difficultés pour des nouveaux
partis qui pourraient peut-être, lors d'une élection, être
en mesure de présenter des candidats, mais qui n'auraient
peut-être pas eu un congrès général, suivant la
forme que l'on connaît généralement. Il y aurait
peut-être lieu de savoir ce qu'est un exécutif national ou quels
sont les critères pour dire que tel groupe constitue un exécutif
national. Moi, je n'ai pas d'objection. Pour les partis existants encore une
fois, cela ne pose pas de problème, parce que les quatre partis qui sont
en Chambre ont des exécutifs qui ont été élus
à l'occasion
d'assemblées et de congrès. Il faudrait peut-être
voir les modalités d'application pour des partis à naître,
mais, sur le principe de l'enregistrement des membres de l'exécutif, je
suis parfaitement d'accord. "Le nom exact de chaque parti", c'est
déjà reconnu par la loi.
La loi électorale actuelle nous y oblige, puisque le nom du parti
est sur les bulletins de vote et dans d'autres documents.
L'adresse des bureaux ou des permanences, là encore, je n'ai pas
d'objection de principe, mais on peut formuler l'hypothèse qu'il
pourrait y avoir des partis qui répondraient à certaines normes
pour être reconnus et qui n'ont pas de permanence.
M. BURNS: Cela devient une chose purement technique, à mon avis,
en tout cas.
M. HARDY: Ah! vous voulez dire que vous comprenez le siège
social?
M. BURNS: Un endroit où on peut savoir où atteindre ce
parti-là?
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: Alors, probablement que si demain M. Untel forme le parti
j'allais dire le Parti républicain, mais il parait qu'il existe
déjà ... Prenons l'exemple du Parti républicain,
qui n'a pas un gros local...
M. HARDY: II va peut-être changer de nom avec les
événements actuels.
M. BURNS: Oui. Cela serait possible. Bien, j'imagine que le parrain de
ce parti qui a eu l'idée au départ va probablement donner son
adresse personnelle.
M. HARDY: II n'y a pas de problème.
M. BURNS: Je pense que c'est une difficulté qui n'est pas
tellement grande sur le plan technique. On le fait déjà.
M. HARDY: On dit: l'adresse des bureaux. Evidemment, cela dépend
quelle notion on donne à "bureaux". Je pense que sur le principe, en
tout cas, quand à nous, cela va.
L'agent officiel, là on déborde un peu peut-être
parce qu'on s'engage à savoir s'il y a déjà un agent
officiel. Il s'agit de savoir: est-ce qu'il y aura un agent officiel â
plein temps? Quant à nous, nous ne voyons pas d'objection non plus
à ce que le poste d'agent officiel ne soit pas reconnu uniquement en
période électorale mais que ce soit continuellement.
M. BURNS: Si vous me permettez, M. le Président, c'est le
postulat que je semble comprendre de cet aspect de la recommandation
Barbeau.
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: Quand il parle de son agent électoral, on ne parle pas
en période électorale...
M. HARDY: C'est ça. M. BURNS: ...on ne le limite pas. M. HARDY:
Un agent permanent. M. BURNS: Permanent.
M. HARDY: Alors, quant aux responsabilités de l'agent, l'agent du
parti devrait être tenu de présenter des rapports et de
communiquer des renseignements à la commission de contrôle,
prévue par la loi organique, conformément à ses
dispositions. Là non plus je n'ai pas d'objection de principe. Mais
là où se posent des difficultés, c'est de savoir quelles
sortes de renseignements on aura à communiquer et de quelle façon
l'organisme contrôleur pourra vérifier. Cela fera partie d'un
autre chapitre de nos études. Mais, quant au principe que l'agent doit
fournir cela, ou le parti, par la voie de son mandataire, l'agent, je n'ai pas
d'objection non plus.
Alors, si un parti omet de s'enregistrer officiellement, encore
là cela existe, en fait, dans nos lois. Si un parti ne se fait pas
reconnaître par le président des élections, il n'a pas de
droit. Il ne peut pas en avoir. Cela existe déjà dans notre loi
électorale. Alors, il n'y a pas de problème.
Au fond, M. le Président, si on reprend la proposition
concrète, qui a été formulée ce matin, les deux
seules choses nouvelles, qui apparaissent par rapport à la loi
électorale actuelle, ce serait un mécanisme
d'accréditation et un agent permanent. Il n'y a pas d'autre chose. Il y
aurait à fouiller, encore une fois, parce que loin de moi l'idée
de bâillonner ou de mettre un frein à cela, il y aurait à
explorer davantage l'hypothèse formulée par le
député de Chicoutimi, d'une forme d'association, reprise par le
député de Frontenac. Mais, là encore, cela ne m'est pas
apparu bien clair. Le député de Frontenac a fait une comparaison
avec les centrales syndicales tout en disant qu'il faudrait prendre certains
éléments.
Pour le député de Maisonneuve, il semble bien clair qu'il
n'est pas question, au fond, de reconnaître à un parti politique
une entité quelconque autre que celle qui est mentionnée dans le
rapport Barbeau, c'est-à-dire pour des fins bien précises de
dépenses électorales. Dans l'esprit des deux autres membres, le
député de Chicoutimi et le député de Frontenac, on
laisse entendre la possibilité d'une certaine reconnaissance de
l'entité qu'est un parti. Encore une fois, si j'avais à
rédiger une loi, ce matin, à partir des remarques qu'ils ont
formulées, je serais assez embêté. C'est pourquoi il y
aurait
peut-être lieu qu'ils précisent davantage soit ce
matin ou à une séance subséquente quelle serait
l'articulation ou la formulation, dans une loi, de cette reconnaissance de
l'entité.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, M. le Président, je pense bien que
personne ne s'abusera. Tout ce qui vient d'être dit est compris
déjà dans la recommandation du rapport Barbeau, même
l'idée de l'accréditation dont on dit qu'elle est nouvelle.
M. HARDY: L'idée?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'idée de l'accréditation dont on
dit qu'elle est nouvelle.
M. HARDY: Elle est sous-jacente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle est sous-jacente à la
recommandation. Elle est même explicite dans la recommandation du rapport
Barbeau.
Or, si on regarde la Loi électorale actuelle, ce pouvoir
d'accréditation qui serait conféré à une commission
dite de contrôle, c'est le président des élections qui l'a
actuellement, avec tout ce flou que signalait le député de
Terrebonne lorsqu'il s'agit de dire qu'est-ce qu'un parti reconnu, etc. Tout
cela est déjà compris dans notre Loi électorale et la
commission Barbeau le reprend d'une autre façon, en assortissant sa
recommandation d'une proposition de création d'un mécanisme plus
étanche, plus rigide, un mécanisme permanent qui serait une
commission de contrôle.
Pour cette partie du problème, je ne vois pas de
difficulté majeure pour l'instant. Il s'agit d'enregistrer un parti
selon ce que prescrit la recommandation du rapport Barbeau de
savoir ce que c'est, où il loge, quelle est sa permanence. Quels, sont
les membres de son exécutif? Cela reste à discuter, mais je pense
qu'il faudrait davantage parler de permanence que des membres d'un
exécutif national qui change constamment et qui est modifié assez
souvent. Mais s'il y a permanence d'un parti, s'il y a un secrétariat,
une trésorerie, etc., cela constitue une permanence qui rejoint, je
crois, les préoccupations de la commission Barbeau lorsqu'il s'agit de
savoir ce qu'est un parti politique et quels seraient les partis politiques qui
pourraient avoir droit aux avantages de la nouvelle loi électorale ou de
la loi telle qu'elle existe à l'heure actuelle.
Tout à l'heure j'évoquais la question de la reconnaissance
juridique d'un parti politique. Le député de Maisonneuve a fait
une distinction, à ce moment-là. Parce qu'il y a deux choses dans
un parti politique: il y a le parti politique au moment des élections et
le parti politique en dehors de la période dite électorale.
Et, quand on en arrivera à parler de l'aide
qu'éventuellement l'Etat pourrait apporter aux partis politiques en
dehors des périodes électorales, il sera plus important à
ce moment de savoir si on en fait une corporation ordinaire ou si on
reconnaît simplement que les partis politiques sont des associations,
comme on a l'Association des paraplégiques, de ci, de ça. II y en
a qui sont des corporations dans ces associations de bienfaisance, il y en a
qui ne sont que des associations. La ligne de démarcation est assez
difficile à déterminer.
M. HARDY: Ce qui existe en fait c'est que quand vous parlez
d'associations comme telles elles sont incorporées ou leur nom
est enregistré.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est enregistré tout simplement. S'il
n'y avait qu'un enregistrement, le contrôle deviendrait difficile.
M. HARDY: Cela ne change rien. Le seul effet de l'enregistrement c'est
qu'en principe on ne peut pas se servir du nom, et ça a donné
lieu d'ailleurs à certains...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M. HARDY: Mais je voudrais poser une question au député de
Chicoutimi, qui a soulevé un problème réel, le
problème en dehors des périodes électorales. Quelle serait
son impression si on disait qu'il y aurait un agent permanent? A ce moment, on
comble, en tout cas, une certaine lacune.
Le député de Chicoutimi a raison de dire qu'actuellement
la période électorale terminée, vis-à-vis de la Loi
électorale, après la période de temps pour les rapports,
etc., les partis politiques n'existent pas. Ils existent en Chambre, selon la
Loi de la Législature. Mais pour la loi électorale, ça
n'existé pas. Ils recommencent à exister lorsque les brefs sont
émis.
Mais si on adoptait l'idée d'un agent permanent, avec certaines
modalités, en tout cas la Loi électorale reconnaîtrait dans
une certaine mesure...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La permanence du parti.
M. HARDY: Dans quelle mesure le député de Chicoutimi
croit-il que cette reconnaissance serait suffisante ou considère-t-il
qu'il devrait y avoir d'autres éléments?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, je pense qu'à la rigueur ce
pourrait être suffisant de reconnaître qu'il y a un agent
permanent, une personne qui est habilitée à traiter au nom d'un
parti reconnu aux termes de la loi comme l'indique la commission Barbeau, en
dehors des périodes électorales, cet agent pouvant être un
membre de la permanence du parti, mais reconnu au titre d'agent officiel d'un
parti politique.
En effet, si on se place dans l'optique d'une commission de
contrôle, il faudra quand même que cette commission de
contrôle suive l'évolution des partis politiques parce que, d'une
élection à l'autre, le temps n'est pas toujours très long,
à moins qu'on n'en vienne à des périodes fixes. Il
faudrait que l'on sache ce qu'est un parti politique, ce qu'il est advenu d'un
parti politique, etc. Moi, je me rallierais facilement à cette
idée, à cette recommandation de la commission Barbeau, d'un agent
officiel permanent.
Mais il reste le problème de l'action des membres d'un parti
politique. Il y a le parti politique en période électorale; il y
a le parti politique en dehors de la période électorale. Est-ce
que l'existence d'un agent permanent en dehors des périodes
électorales et pendant la période électorale, c'est
quelque chose de suffisant pour exercer cette surveillance sur l'action des
membres d'un parti politique? Il faut toujours distinguer, là, le parti
comme entité, comme groupe de base, et, d'autre part, les
adhérents, les militants qui se réclament d'un parti politique
pour poser toutes sortes de gestes. C'est pour ça que je m'interroge sur
la nécessité d'en faire une corporation ou d'en faire une
association ou, tout simplement, d'admettre carrément ce que nous
propose la commission Barbeau et qui serait confirmé, consacré
par une accréditation via la commission de contrôle.
Pour l'instant, je me satisferais de cela, mais il resterait dans mon
esprit beaucoup de sujets d'inquiétude quant à l'action des
partis politiques en dehors des périodes électorales, surtout si
ces partis devaient émarger au budget de l'Etat en dehors des
périodes électorales. C'est là que se pose le
problème. Pendant la période électorale, je ne vois pas de
problèmes parce que le mécanisme que propose la commission
Barbeau est assez étanche. Il est beaucoup plus étanche et
beaucoup plus précis que celui que nous propose actuellement la Loi
électorale. Mais, si les partis devaient émarger au budget de
l'Etat pour le financement, enfin l'entretien du parti, sa manifestation
extérieure, en dehors des périodes électorales, je pense
que ce que recommande la commission Barbeau n'est pas assez rigoureux, n'est
pas assez étanche et que l'on se retrouvera dans des situations
conflictuelles et dans des situations délictuelles aussi assez
sérieuses.
Evidemment, on va raccrocher ça à un moment donné
quand on parlera du financement des partis par l'Etat et par les citoyens. Pour
l'instant, moi j'accepte les recommandations de la commission Barbeau aux fins
de reconnaître un parti politique, mais il reste toute la période
qui se situe en dehors de ce que l'on appelle le moment du scrutin, depuis
l'émission des brefs jusqu'à la proclamation des élus.
M. HARDY: M. le Président, il est midi. Je ne sais pas si on a
l'habitude d'ajourner nos travaux à midi. Non, le mercredi c'est une
coutume et je veux simplement faire remarquer, ce serait peut-être
l'objet de nos travaux de la semaine prochaine, parce que j'ai l'intention de
proposer...
UNE VOIX: C'est clos?
M. HARDY: Non, non. Même si, quant à nous, nous avons
donné notre accord de principe à la recommandation Barbeau, je
tiens à bien souligner une chose. Je ne sais pas, je ne possède
pas totalement d'une page à l'autre le rapport Barbeau, mais selon ce
que je vois ici le rapport Barbeau n'établit pas de critères pour
la reconnaissance des partis.
Est-ce qu'on doit reconnaître les partis même en dehors des
périodes électorales, c'est-à-dire qu'à un moment
donné, six mois après l'élection, est-ce qu'un groupe peut
dire: Moi je suis un parti? Ou, si un parti reconnu, est-ce que ça
devrait être au moins un parti qui a subi un certain test de
représentativité, qui est une élection? C'est une
question. Quelles seront les exigences en nombre, pour qu'un parti soit
reconnu? En d'autres termes, c'est tout le problème des critères
de reconnaissance d'un parti.
Supposons qu'on admet les principes contenus dans la recommandation
Barbeau; il faudrait, pour compléter la recommandation Barbeau,
établir des critères sur lesquels une commission de
contrôle, le président des élections ou tout autre
organisme devrait se baser. Alors je pense que ça devrait faire l'objet
de nos discussions. De toute façon on pourrait continuer la discussion
de ce matin, la semaine prochaine. Si on terminait ces remarques
générales que l'on a formulées, on devrait peut-être
s'attarder à explorer ce problème des critères qui
devraient servir à la reconnaissance d'un parti politique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député me permet-il une
petite réflexion?
J'insiste pour qu'on s'attarde à réfléchir sur
l'existence des partis en dehors de la période électorale, eu
égard aux recommandations qui ont été faites concernant le
financement par l'Etat des partis en dehors des périodes
électorales. Là, vous savez, il y a un jeu de manoeuvre qui est
assez périlleux.
M. HARDY: D'accord.
M. LATULIPPE: J'aimerais demander au député de Terrebonne
si c'est son intention de faire siéger la commission seulement une fois
par semaine. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas...
M. HARDY; Ecoutez, là, vous allez me permettre au moins de
consulter le leader du gouvernement. Je suis prêt à proposer
l'ajourne-
ment à mercredi prochain et je le consulterai sur la
possibilité de siéger plus d'une fois par semaine.
M. BURNS: Vous l'avez consulté pour mercredi prochain?
M. HARDY: Pardon?
M. BURNS: Vous l'avez consulté pour mercredi?
M. HARDY: Non, je dois avouer que je ne l'ai pas consulté pour
mercredi prochain, mais cela fait partie de mon mandat
général.
M. BURNS: Vous semblez relativement sûr auprès du
leader.
M. HARDY: Oui. M. BURNS: Bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Relativement sûr.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, la commission ajourne ses
travaux à mercredi prochain, le 20 juin, à dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 5)