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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 20 juin 1973
(Dix heures onze minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Avec le consentement unanime, nous allons considérer que nous
avons quorum, et nous avons effectivement quorum. La sous-commission de
l'Assemblée nationale sur les dépenses électorales reprend
aujourd'hui sa séance qui a été ajournée mercredi
dernier. Nous en étions alors à une discussion sur la
reconnaissance des partis politiques.
J'aimerais mentionner, pour le bénéfice des membres, que
la commission ajournera ses travaux à midi comme il est la coutume le
mercredi.
L'honorable député de Chicoutimi.
M. BURNS: ... je m'excuse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A midi?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajournera à midi.
M. BURNS: A cause du caucus?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Du mercredi.
M. HARDY: A cause d'une coutume. Le droit coutumier.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le mercredi, la commission ajourne
à midi. L'honorable député de Chicoutimi.
Reconnaissance juridique des partis politiques
(suite)
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la semaine
dernière nous avons discuté de la première recommandation
du rapport Barbeau concernant la reconnaissance juridique des partis
politiques. Il y a eu en fait unanimité sur certains points. En ce qui
nous concerne nous disions que, puisque nous n'avons pas en main les
études requises pour nous prononcer immédiatement et
objectivement sur l'idée de donner un statut corporatif à un
parti politique, il, est préférable à l'heure actuelle
et jusqu'à ce que ces études soient faites de
chercher un autre mode de reconnaissance juridique.
La première recommandation du rapport Barbeau se limitait,
avions-nous dit, à la reconnaissance juridique des partis politiques
pour des fins spécifiques se rapportant aux dépenses
électorales. Nous nous sommes entendus sur l'idée d'une
accréditation des partis politiques auprès d'une commission
permanente de contrôle, accréditation comparable à
l'accréditation des syndicats au sens du code civil, et cela semblait
correspondre davantage aux préoccupations immédiates des membres
de cette sous-commission.
Et nous nous sommes entendus également pour que chaque parti
politique dûment enregistré ou accrédité ait un
agent permanent pour servir de lien officiel entre le parti et la commission
permanente de contrôle.
A la réflexion, il nous est apparu et je soumets ce point
à l'examen de nos collègues qu'un agent permanent
on admet le principe qu'il y ait un agent permanent ne serait
peut-être pas suffisant, compte tenu de la grandeur du territoire et de
la polarisation qui se fait fatalement, soit du côté de
Québec, soit du côté de Montréal. Je me demande s'il
ne faudrait pas inventorier je lance ça dans le débat
l'idée d'un agent permanent et d'un assistant pouvant agir en ses
lieu et place et permettre peut-être une plus grande facilité de
manoeuvre à la personne qui sera appelée à agir en
qualité d'agent permanent. Je soumets cette proposition parce que
l'expérience de l'organisation politique, l'expérience du travail
de l'agent permanent est assez délicate à apprécier.
L'agent permanent, ayant à se déplacer d'un lieu à
l'autre, peut faire défaut à certains moments. Il serait
peut-être important, utile en tout cas, d'étudier la
possibilité d'adjoindre un assistant à cet agent permanent. C'est
une suggestion que mes collègues pourront discuter.
Je voudrais repréciser, ce matin, les positions de notre
formation politique. L'Union Nationale admet volontiers chacune des
propositions qui ont été examinées la semaine
dernière et au sujet desquelles il y a consensus. Nous n'avons aucune
objection à ce que la reconnaissance d'un parti politique se fasse sous
la forme d'une accréditation formelle auprès d'une commission
permanente de contrôle pour répondre aux fins spécifiques
de la Loi électorale se rapportant aux dépenses
électorales.
Cependant, nous aimerions que les membres de la sous-commission aillent
au-delà des recommandations du rapport Barbeau et qu'ils pensent
également à la nécessité pour l'Etat de participer
au financement des partis politiques en dehors de la période
électorale. En effet, il y a deux volets à ce problème,
comme nous l'avons dit la semaine dernière : il y a la période
dite électorale et la période de post ou interaction, si je puis
employer cette expression.
Dans notre optique, le financement des partis politiques ne doit pas
s'arrêter aux dépenses électorales. Il doit comprendre en
sus la possibilité pour le gouvernement d'accorder aux partis politiques
enregistrés, en dehors des périodes électorales, une
allocation substantielle leur permettant de soutenir une organisation à
Montréal et à Québec.
Je parle ici en fait du mode de financement
pour en arriver à ce problème de la définition des
critères d'accréditation. Il y a donc deux modes de financement:
d'une part, la participation indirecte de l'Etat par le biais des dispositions
de la Loi électorale se rapportant aux dépenses
électorales et, d'autre part, la participation directe de l'Etat par le
biais de subventions aux partis politiques en dehors des périodes
électorales.
Pour bénéficier de ces deux modes de financement, les
partis politiques devront, bien entendu, remplir certaines conditions.
D'abord, les partis politiques devront subir le test de
l'accréditation. Ce n'est qu'une fois accrédités
auprès de la commission permanente de contrôle qu'ils pourront
jouir des droits et des privilèges, des dispositions de la Loi
électorale se rapportant aux dépenses électorales.
Maintenant, sur quels critères la commission permanente de
contrôle se basera-t-elle pour accorder l'accréditation? C'est
là tout le problème de la reconnaissance juridique d'un parti.
Ces critères devront à notre sens être suffisamment rigides
pour assurer aux contribuables québécois que leur argent ne sera
pas gaspillé follement par n'importe quelle formation politique tout en
étant suffisamment souple pour permettre à de nouvelles
formations de se forger, de se créer une place sur l'échiquier
politique du Québec.
Nous croyons que les critères suivants tiennent compte de ces
deux objectifs, et je les soumets â l'attention de nos collègues.
"Seront accréditées auprès de la commission permanente de
contrôle les formations politiques qui: a) lors des dernières
élections générales auront obtenues 20 p.c. des votes
valides ou auront réussi à obtenir douze sièges à
l'Assemblée nationale; b) pendant les élections
générales en cours, démontrent, à la satisfaction
de la commission, qu'elles auront des candidats officiels dans la
majorité des circonscriptions électorales du Québec". Pour
110 députés, la majorité est 55 plus un, ce qui veut dire
que ces formations politiques nouvelles devraient présenter des
candidats dans 56 circonscriptions pour être valablement reconnues.
En fait, le premier paragraphe, lorsqu'il s'agit du critère
basé sur 20 p.c. des votes valides ou sur douze sièges à
l'Assemblée nationale, reprend les critères déjà
existants dans la Loi de la Législature et permet, par le fait
même, la reconnaissance automatique des partis politiques actuels. Le
deuxième paragraphe permet à une nouvelle formation politique de
se faire accréditer dans la mesure où elle présente un
candidat officiel dans la majorité des circonscriptions
électorales du Québec, c'est-à-dire 56
circonscriptions.
Ainsi, avant de bénéficier des droits et des
privilèges de la Loi électorale concernant les dépenses
électorales, une nouvelle formation politique devra débourser une
somme de $11,200 qui correspond aux 56 candidats, ce qui est, au fait, un
montant assez minime mais peut-être n'allons-nous pas assez loin; enfin,
pour ma part, je propose cela quitte à ce que nous le discutions:
Débourser une somme de $11,200 soit $200 par candidat. Ce critère
nous parait tenir compte à la fois des intérêts des
contribuables de même que des intérêts légitimes des
nouvelles formations politiques désireuses de livrer leur message aux
électeurs québécois.
Pour bénéficier de la deuxième forme de
financement, c'est-à-dire des allocations directes de l'Etat en vue de
subvenir aux besoins d'un parti politique entre les périodes
électorales, une formation politique devra donc remplir les deux
conditions suivantes: Elle devra avoir été dûment
accréditée auprès de la commission permanente de
contrôle, elle devra avoir obtenu 10 p.c. des votes valides lors des
élections générales en cours. Donc, après les
élections, elle peut obtenir cette allocation de l'Etat. Ainsi, seul un
parti politique ayant subi l'épreuve d'une élection
générale pourra jouir d'une subvention directe de l'Etat. De
plus, ce parti devra avoir réussi à s'attirer 10 p.c. du vote
populaire; ce sont là deux garanties qui nous paraissent justes et
équitables tant envers le parti lui-même qu'envers le contribuable
appelé à défrayer les coûts de cette nouvelle
expérience.
Quant au montant de la subvention, nous réitérons la
recommandation que nous avions formulée dans notre document de travail
à savoir une allocation de $0.05 par électeur inscrit,
basé sur le nombre d'électeurs inscrits sur les listes
électorales dans chaque district où un parti aura
présenté des candidats pour autant qu'il aura obtenu 10 p.c. des
votes valides. Ce sont là, M. le Président, les propositions que
nous voulions faire ce matin en ce qui concerne les critères de
reconnaissance ou les critères qui permettraient d'accréditer un
parti politique nouveau.
Il y a des difficultés qui se posent; enfin lorsqu'on examine la
Loi électorale actuelle, on parle du parti du chef du gouvernement, du
parti de l'Opposition officielle, des partis ayant obtenu tel pourcentage. La
Loi électorale à cet égard est plutôt descriptive.
Elle n'indique pas des normes comme telles, elle décrit, notamment dans
le cas du parti au pouvoir et du parti de l'Opposition officielle, des partis
plutôt qu'elle n'établit des critères. Alors, nous
voudrions que ces critères soient établis sur des bases de
pourcentage, sur le nombre de candidats, etc.
Quant aux partis à naître, les partis qui n'ont pas encore
d'existence, il faudrait que ces partis, s'ils veulent se prévaloir des
avantages de la Loi électorale, présentent un minimum de 56
candidats, ce qui leur impose une dépense minimale de $11,200, sans quoi
on risque de voir proliférer une série de partis politiques qui
pourraient obtenir, via les nouvelles dispositions de la Loi électorale
concernant les dépenses, des fonds sans qu'on sache exactement ce qu'ils
ont
l'intention d'en faire, et ce qu'ils en feraient réellement.
Alors, je soumets ces propositions à votre attention, messieurs
et chers collègues, et je demanderais qu'on distribue le document que
nous avons préparé.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, je me limiterai dans mes remarques aux
propositions formulées par le député de Chicoutimi
relatives à la reconnaissance, parce qu'à la fin de son
exposé, il a parlé un peu du problème de remboursement. Je
réserve mes remarques pour une séance ultérieure quand
nous aborderons directement ce chapitre. Mais là, je vais me limiter
uniquement aux critères de reconnaissance.
Je dois dire, M. le Président, que nous sommes dans une large
mesure d'accord sur ce que vient de proposer le député de
Chicoutimi, puisque lorsque je regarde notre propre proposition, ce que j'avais
l'intention de soumettre ce matin, il y a un certain nombre de propositions du
député de Chicoutimi qui se retrouvent dans la nôtre. Je
vais formuler notre propre proposition qui, encore une fois couvre une bonne
partie des remarques du député de Chicoutimi.
Encore une fois, je ne préjuge pas de l'établissement
d'une commission de contrôle du président d'élections; je
parle simplement des critères de reconnaissance pour un parti
politique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne, quand
il parle de critères de reconnaissance, est-ce toujours dans le cadre de
la reconnaissance juridique...
M. HARDY: Pour fins de dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'un parti politique pour fins de
dépenses?
M. HARDY: Oui, oui. Alors, nous considérons que les principaux
critères pour être reconnu, évidemment, c'est
l'identification d'un chef, le nom du chef qui est identifié
auprès de l'organisme; les noms de l'exécutif du parti; un nom
exact enregistré pour qu'il n'y ait pas de modification d'une semaine
à l'autre, le parti doit s'identifier d'une façon bien claire par
un nom, lequel serait enregistré auprès de l'organisme qui
accrédite; l'adresse de la permanence de ce parti; l'agent
électoral ou là je concours également avec le
député de Chicoutimi; d'ailleurs, c'est ce qui existe
actuellement dans la Loi électorale l'assistant. Je trouve que ce
serait très valable qu'il y ait un agent permanent et des assistants
pour couvrir le territoire.
Quant au caractère de représentativité de la
formation, nous considérons qu'un parti doit avoir obtenu 20 p.c. C'est
tout simplement de concordance avec la Loi de la Législature.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. HARDY: Je trouve que ces critères de
représentativité sont valables: 20 p.c. des votes ou douze
députés élus.
Quant à un parti qui n'est pas déjà
représenté en Chambre, également je considère qu'il
serait normal qu'une formation, pour être reconnue, ait, au moins dans la
moitié des circonscriptions existantes, un candidat.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): La moitié plus un.
M. HARDY: La moitié plus un ou la moitié seulement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Pour éventuellement former la
majorité.
M. HARDY: Oui. Parce que, comme le dit très bien le
député de Chicoutimi, il faut éviter, surtout dans
l'hypothèse où les partis politiques sont financés en
dehors des périodes électorales, l'émergence de formations
plus ou moins sérieuses. Il faut éviter surtout que des gens,
pour des fins tout autres que des fins politiques je pense à des
fins professionnelles, à des fins commerciales ne forment des
partis politiques pour aller chercher de l'argent de l'Etat ou pour se faire,
tout simplement, de la publicité.
Evidemment, cela ne pose pas de problèmes pratiques très
considérables pour la Loi électorale actuelle, qui dit qu'avec
dix candidats on est un parti reconnu. Le seul effet que ceci a
présentement, c'est que cela oblige le président des
élections à indiquer le nom du parti. C'est plus ou moins
tragique. Mais à partir du moment où un parti est reconnu, dans
l'hypothèse, évidemment, qu'on accepterait de financer ce parti
en-dehors des périodes électorales, il faut quand même
s'assurer d'un certain sérieux, qu'on ne soit pas pris avec 25, 30 ou 40
formations, ce qui serait possible, si c'est seulement dix candidats pour
former un parti; c'est assez facile de réunir dix personnes.
Il y a aussi l'hypothèse je ne veux pas préjuger
des décisions de la commission où on demanderait des
périodes gratuites à la radio et à la
télévision. Si on a une quantité considérable de
formations politiques, cela nuira d'autant aux formations politiques
sérieuses. Ce sont tous ces facteurs qu'il faut prendre en
considération.
Je pense qu'exiger des candidats dans la moitié des
circonscriptions, c'est un critère valable.
Mais, contrairement à ce qu'a dit tantôt le
député de Chicoutimi, je considère qu'il devrait y avoir
une espèce de continuité dans la reconnaissance. Le
député de Chicoutimi, tantôt, a dit: Un nouveau parti
je ne sais pas si j'ai bien saisi ses remarques qui arrive
à une élection pourrait se voir rembourser ses dépenses
comme parti s'il a obtenu 10 p.c. Moi, je
maintiendrais pour tout, même pour le remboursement des
dépenses du parti, toujours les 20 p.c. ou les 12 députés,
pour garder une certaine concordance.
Je pense, encore une fois, que pour qu'un parti politique voit ses
dépenses ou une partie de ses dépenses remboursées par
l'Etat, il est normal qu'il obtienne au moins 20 p.c. ou qu'il ait 12
députés. J'ai peut-être mal saisi. De quoi parliez-vous,
quand vous avez parlé de 10 p.c?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la page 5, si le député veut
bien s'y reporter. Je parlais du...
M. HARDY: C'est cela. Le remboursement à un parti politique.
M. LATULIPPE: Pas pour des dépenses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour bénéficier de la
deuxième forme de financement, c'est-à-dire des allocations
directes de l'Etat, en vue de subvenir aux besoins d'un parti politique entre
les périodes électorales...
M. HARDY: En périodes non électorales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... une formation politique devra remplir les
deux conditions suivantes: elle devra avoir été dûment
accréditée auprès de la Commission permanente de
contrôle, elle devra avoir obtenu 10 p.c. des votes valides lors des
élections générales en cours.
M. HARDY: Alors c'est seulement sur ce point que nous différons
d'opinion. Nous considérons que nous devrions maintenir 20 p.c.
C'est à partir de ces critères (20 p.c des votes ou 12
députés) que le parti politique pourrait éventuellement
si c'est la décision de la commission être
financé en dehors des périodes électorales.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Si le député de Terrebonne me le
permet, voici pourquoi nous avons soumis cette proposition. C'est qu'un nouveau
parti politique peut se former, et il peut constituer une formation politique
sérieuse, et, au départ, ne pas obtenir un nombre aussi important
de voix que certains partis mieux constitués et mieux connus.
L'émergence de ce parti constitue un phénomène. Il
est jugé sérieux, 10 p.c. de l'électo-rat le
considèrent comme sérieux, il est donc, à partir de ce
moment, un parti politique qui présente certaines garanties pour
l'avenir. C'est la raison pour laquelle nous considérons, dans l'optique
d'une accessibilité de tous les citoyens à ce qu'on appelle
l'échiquier politique, qu'il faudra peut-être modifier ici la
norme de pourcentage qui existe à l'heure actuelle pour les partis
reconnus.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Frontenac.
M. LATULIPPE: Je vais reprendre en gros les propos qui ont
été tenus, et ça va expliquer aussi la position que je
voulais éclaircir un peu mercredi dernier. Je vais tenter d'être
un peu plus clair.
Pour nous autres, la reconnaissance du parti politique devrait aller un
petit peu plus loin que ce qu'on a énoncé jusqu'à
maintenant. Nous avions parlé, la semaine passée, d'un statut
spécial entre le corporatisme et la voie du syndicalisme, les
modalités d'accréditation et du corporatisme dans le domaine de
la reconnaissance d'une personne morale pour impliquer des
responsabilités aux partis politiques, dans une certaine mesure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si mon collègue me permet, vous parlez
bien plutôt de statut corporatif et non pas de corporatisme.
M. LATULIPPE: Exactement dans ce sens, mais je ne veux pas que ça
relève du droit des compagnies, j'aimerais que ça relève
d'une commission de contrôle indépendante ou d'un organisme
similaire. Parce qu'encore là, je n'ai pas entendu le
représentant du gouvernement se prononcer favorablement ou pas.
M. HARDY: Si je comprends bien ce que le député de
Chicoutimi avait dans l'esprit, il se demande si le député de
Frontenac s'inspire de Rerum Novarum, ou tout simplement...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II faudrait s'entendre, là. Si vous
parlez de corporatisme, c'est une tout autre chose. Si vous parlez du droit
corporatif, là on est dans le cadre des discussions que nous avons eues
la semaine passée.
M. LATULIPPE: Disons que je vais parler du droit qui relève de la
Loi des compagnies, spécialement de la troisième partie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela nous rassure. Nous vous
écoutons.
M. LATULIPPE: Pour nous autres, je pense qu'on se situe un peu sur la
même longueur d'ondes que le député de Chicoutimi.
Dès le départ, il faudrait faire deux distinctions: en
période électorale et en période non
électorale.
En période électorale, un parti pourrait avoir une
reconnaissance juridique après avoir obtenu une accréditation
auprès d'une commission de contrôle indépendante ou encore
auprès du président des élections à condition qu'on
réforme aussi cette institution...
M. HARDY: Vous voulez réformer le président?
M. LATUL1PPE: "Cette institution." Dya une différence
là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une vaste entreprise.
M. LATULIPPE: D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que les
députés abordent la question. C'est un chapitre qui est à
venir; je pense qu'il va falloir finir par l'étudier. Les
critères de reconnaissance pour être accrédité sont
essentiellement ceux qui ont été décrits par ceux qui
m'ont précédé. Toutefois, nous nous attachons aussi
à un critère bien important en période électorale,
qui est d'avoir des candidats dans 50 p.c. des circonscriptions, pour
être accrédité auprès du président des
élections, c'est-à-dire pour être un parti reconnu. On
pense que c'est un minimum raisonnable. Il faut empêcher également
les abus dans ce domaine pour que, comme l'a souligné le
député de Terrebonne tout à l'heure, les gens ne fassent
pas une entreprise de participer à des élections pour avoir du
travail ou encore pour se faire de la publicité.
Dans ce sens, M. le Président, nous sommes d'accord sur les
propositions qui ont été soutenues par le député de
Chicoutimi et également par le gouvernement. Donc, ça ne pose pas
tellement de problème.
En période non électorale, nous disons que pour les fins
de subvention le gouvernement devrait verser, comme il a été
proposé par d'autres députés, un minimum de $0.05 par
électeur à chaque parti qui aura été reconnu. Pour
être reconnu, il faudrait qu'il ait d'abord présenté des
candidats dans un certain nombre de circonscriptions, la moitié comme
tout à l'heure, et qu'il ait également obtenu 10 p.c. des votes.
On s'attarde à 10 p.c. des votes pour les mêmes raisons que
soutenait tout à l'heure le député de Chicoutimi; c'est
une question d'accessibilité. A partir du moment où il y a
plusieurs partis, il faut tenir compte que...
M. HARDY: Si j'étais méchant, je me poserais des questions
sur ce désir de se rapprocher de 10 p.c.
M. LATULIPPE: Disons qu'il y a une autre raison...
M. HARDY: J'avais seulement la tentation d'être
méchant.
M. LATULIPPE: ... très simple, que si...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La méchanceté suppose une grande
intelligence.
M. LATULIPPE: ... les partis politiques veulent en venir le plus
possible à des critères d'accessibilité et qu'on se place
dans un concept égalitaire, en supposant au départ qu'il y a
quatre partis politiques qui ramassent chacun 25 p.c. des votes, s'il en arrive
un cinquième, il faut tout de même lui donner une chance
d'existence égale. A ce moment-là, je pense bien que mettre 10
p.c. ou 20 p.c., à notre point de vue, cela n'a pas l'impact important
qu'on pourrait y attacher. Je pense que c'est un minimum raisonnable. H ne
s'agit pas de limiter l'accessibilité; il s'agit de la permettre tout en
évitant certains abus et on pense que le critère de 10 p.c. est
un mécanisme de freinage suffisant pour éviter les abus.
D'autre part, il faut préalablement qu'il ait participé
à une élection, c'est-à-dire qu'il ait déjà
présenté des candidats dans 50 p.c. des circonscriptions. Nous
lions ces deux facteurs, de telle sorte qu'un parti politique, pour entrer sur
la scène politique en dehors des périodes électorales, ne
pourrait le faire que s'il a, au préalable, présenté des
candidats dans 50 p.c. des circonscriptions lors d'une élection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): 56.
M. LATULIPPE: Je veux dire 50 p.c. des candidats; 56 si vous voulez, 50
p.c. plus un. On n'a pas d'objection au plus un; pour nous, c'est une question
de formalité. Ainsi, pour nous, en période non électorale,
le critère d'accréditation se trouverait être un
prolongement des conditions exigées en période électorale.
On voudrait rattacher à ça un autre point qui nous semble
important, c'est celui des responsabilités pour qu'un parti politique
soit en quelque sorte une espèce de personne morale, comme on l'a
soutenu la semaine passée.
M. HARDY: Mais le député... M. LATULIPPE: Pardon?
M. HARDY: ... pense-t-il à la grande volubilité de son
chef? Cela pourrait être dangereux pour sa formation politique.
M. LATULIPPE: C'est quand même très limité. Je ne
veux pas aller excessivement loin dans la portée d'une personne
morale.
M. HARDY: Ah bon!
M. LATULIPPE: Mais ça pourrait être, par exemple, une
personne morale dans le sens de la troisième partie de la Loi des
compagnies. Les membres ne sont pas responsables.
M.HARDY: C'est pas mal difficile d'aller plus loin.
M. BURNS: C'est là que la volubilité de son chef va
coûter cher au parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est là que vous allez défoncer
votre budget.
UNE VOIX: On ne voudrait pas être responsable.
M. LATULIPPE: En vertu de la troisième partie de la Loi des
compagnies, les membres ne sont pas responsables des décisions et des
dettes du parti. Deuxièmement, les officiers ne sont pas responsables
au-delà des biens que le parti peut avoir. Je me place dans le contexte
de la troisième partie de la Loi des compagnies, qui touche les
associations sans but lucratif.
M. HARDY: Oui.
M. LATULIPPE: Je cherche une formule semblable à ça.
M. HARDY: Pour éviter des voies dangereuses, dans une corporation
en vertu de la troisième partie ou de la deuxième partie de la
Loi des compagnies, les actionnaires ou les membres ne sont jamais
responsables, à moins qu'ils n'aient endossé des obligations.
Dès qu'il y a une incorporation en vertu de la Loi des compagnies, les
membres ne sont jamais responsables entièrement des dettes de la
compagnie, à moins qu'ils ne les aient endossées
personnellement.
M. BURNS: Sinon pour la partie qu'ils ont investie dans la
compagnie.
M. HARDY: Ah, bien oui!
M. LATULIPPE : La compagnie reste, quand même, responsable envers
les tiers. Actuellement, un parti politique...
M. HARDY : La compagnie qui a une existence juridique distincte des
membres qui la composent...
M. LATULIPPE: Exactement. M. HARDY :... des actionnaires.
M. LATULIPPE: On pourrait avoir une certaine forme de
responsabilité pour protéger certains tiers. Du fait aussi que
l'Etat va être appelé à participer financièrement,
automatiquement, il y aura certains fonds. C'est assez illusoire
peut-être, mais, pour protéger dans une certaine mesure les
créanciers du parti, il faudra au moins leur permettre un accès
aux biens ou encore aux entrées de fonds que le parti pourrait avoir.
S'il a contracté des dettes et que l'Etat est appelé à
verser je ne le sais pas, moi $0.05 du nom, ça veut dire
$150,000, pourquoi un créancier n'aurait-il pas le droit d'être
payé à même cette entrée de fonds possible?
Ce n'est pas un point auquel on peut attacher énormément
d'importance, parce qu'il y a une coutume d'établie. J'estime qu'un
parti politique se doit d'être le plus honnête possible et ses
militants aussi, surtout les officiers du parti, pour sauver l'image du parti
et avoir une meilleure crédibilité auprès des
électeurs. Je pense quand même qu'on devrait tenter d'introduire
cet aspect de la responsabilité, tout comme le fait la troisième
partie de la Loi des compagnies. C'est quand même très
limité et, en même temps, cette responsabilité donnerait
aux partis politiques une certaine prudence dans l'action qu'ils vont
entreprendre face aux autres partis politiques, parce que justement ils peuvent
risquer, dans une certaine mesure, l'existence de leur parti, s'ils prennent
des décisions qui ne sont pas compatibles avec les lois existantes ou
l'ordre établi.
M. HARDY: Me permettriez-vous une question? Jusqu'ici, de votre part,
comme de la part de l'ensemble des membres de la commission, l'objectif qui
semble avoir éclairé nos travaux fut celui d'aider les formations
politiques. Quand j'écoute le député de Frontenac, je me
demande si les propositions qu'il formule actuellement n'ont pas davantage pour
but d'aider les éventuels créanciers ou des tierces personnes
plutôt que les partis.
Je suis bien d'accord avec le député de Frontenac. Ce
qu'il propose pourrait être une sécurité pour les
créanciers des partis politiques. Par ailleurs, cela pourrait entraver
drôlement l'action des partis politiques. Un parti politique pourrait se
retrouver, à un moment donné, avec une foule de poursuites de
toute nature, de libelles, par exemple. Encore une fois, c'était
peut-être un peu en blague tantôt que je disais cela, mais il
devrait penser un peu à son chef. C'est un aspect qu'il faut
considérer, je pense, d'autant plus qu'il ne faut jamais oublier qu'en
ce qui concerne les partis politiques, le meilleur critère de
responsabilité ou le meilleur frein à des abus qu'un parti
politique pourrait faire, cela reste l'électorat.
Si un parti politique se conduit vraiment d'une façon anormale,
même sur le plan financier, s'il ne paie pas ses dettes, ça ne
sera pas très bon pour lui sur le plan électoral. C'est une
question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais les gens ne s'en rendent compte
qu'après.
M. HARDY: ... que je me pose. Je me demande dans quelle mesure il ne
faudrait pas être prudent afin de ne pas adopter des mesures qui auraient
pour conséquences de paralyser, jusqu'à un certain point, la vie
d'une formation politique.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous croyez que le fait d'avoir une certaine
responsabilité juridique ou morale, en tant que personne morale, cela
peut suffire en vertu des limites dont je parlais tout à l'heure? C'est
quand même très limité, cela se limite à la valeur
du parti. Je suis d'accord avec vous: cela compromet même l'existence du
parti, mais il faut que le parti soit assez décent pour respecter les
règles établies, pour se limiter. Vous parlez des formes de
libelles; il faut tout de même que les questions diffamatoires
aient été portées par des officiers responsables.
M. HARDY: Ce n'est pas cela que je veux dire. Vous savez c'est la
pratique qui le veut très souvent prendre une action en cour, que
ce soit en matière de libelle ou dans toute autre matière, le
jour où on intente des procédures cela ne veut pas dire qu'on a
raison. A un moment donné, à cause de cette reconnaissance
juridique, une formation politique qui voudrait vraiment paralyser ou
traumatiser une autre formation pourrait intenter des procédures en
série, même sans être trop sûre du bien-fondé
de ces procédures. Je vous donne un exemple bien typique.
Supposons que vous avez une formation politique riche...
M. LATUL1PPE: Je suis d'accord.
M. HARDY: ... qui dispose de moyens financiers assez
considérables, qui peut se payer des avocats...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le Parti libé-ral.
M. HARDY: Jusqu'ici, si on entrait dans ce qu'on en sait, je ne suis pas
sûr que ce soit le Parti libéral qui soit la formation politique
la plus riche. Il y a parfois une espèce de non-concordance entre les
biens matériels d'un parti et sa représentativité dans
1'électorat.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Sa valeur d'hommes; là, vous êtes
pauvres en diable!
M.HARDY: C'est une hypothèse qu'il ne faut pas négliger. H
pourrait arriver qu'un parti politique, même sans argent, qui a plusieurs
avocats prêts à faire de l'assistance judiciaire pour ce parti se
mette à intenter des poursuites dès que le chef dirait la moindre
chose qui aurait une petite apparence de libelle, sans penser
qu'éventuellement il va gagner devant les tribunaux. Un parti politique
qui se réveillerait presque tous les jours, quotidiennement, pendant la
campagne électorale avec des actions en libelle, ça pourrait
devenir fatigant, surtout pour une jeune formation. Ce sont des aspects...
M. LATULIPPE: C'est un aspect dont on a discuté longuement
hier.
M. HARDY: A part cela, il y a aussi une question de tradition ou de
culture politique; j'emploie les mots culture politique dans le sens de
mentalité politique. Je pense que nos moeurs politiques, notre
mentalité politique ne sont pas tellement conformes à cette
idée de juridisme très grand.
M. LATULIPPE: Nous autres, on se plaçait...
M. HARDY: En tout cas, je n'ai pas d'objection à examiner les
propositions du député de Frontenac, mais je ne sais pas
jusqu'où il mesure toutes les implications pratiques dont il pourrait
peut-être être la première victime.
M. BURNS: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: ... je ne veux pas empêcher le député de
Frontenac de discuter de ce point-là mais il me semblait, la semaine
dernière, que les partis étaient tombés d'accord sur le
fait que cela pouvait avoir un intérêt cet aspect de
reconnaissance de l'entité juridique, mais peut-être pas au niveau
de la discussion que nous tenons actuellement.
Peut-être que ça peut avoir un très grand
intérêt, à un moment donné, de discuter sur ce qu'on
devrait faire pour protéger les tiers qui font affaires avec les partis,
mais ce qui nous préoccupe surtout, je pense ceci dit sans
vouloir bâillonner le député de Frontenac, parce que je
pense que la discussion doit être ouverte c'est de savoir s'il est
bon, à ce stade-ci, de se poser la question sur l'entité, la
personne morale, l'entité juridique qu'on pourrait faire d'un parti
politique relativement à ses obligations. Je pense que c'est beaucoup
plus, actuellement, ce qu'on voudrait discuter: ce qu'on veut faire d'un parti
politique, quel caractère on doit lui donner pour qu'il soit officiel
à l'égard des dépenses électorales, à
l'égard des subventions qu'il peut recevoir du gouvernement.
M. HARDY: Par ailleurs, je suis d'accord avec le député de
Maisonneuve, mais quand même en fonction du problème
immédiat qui nous intéresse, soit le financement des partis et la
limite des dépenses, cela a un certain intérêt de savoir
qui on va financer ou qui on va limiter dans le financement.
M. BURNS: Je suis absolument d'accord. M. HARDY: C'est peut-être
ainsi...
M. BURNS: Mais ce n'est peut-être pas nécessairement le
problème de la personne morale ou non du parti politique, au sens
juridique du mot, en tout cas, qui nous intéresse à ce
stade-ci.
M. HARDY: Non.
M. LATULIPPE: Je suis d'accord sur les propositions dans le sens
qu'elles ont actuellement, mais il y a quand même un problème. Si
le parti politique n'a pas, sous une forme ou une autre, une certaine
responsabilité, comment allons-nous faire...
M. HARDY: D'accord.
M. LATULIPPE: ... quand on va arriver aux derniers articles, pour
obliger, par exemple, à faire des rapports et exercer certains
contrôles?
M. HARDY: Je suis d'accord.
M. LATULIPPE: C'est cet aspect qu'on a retenu. Hier après-midi,
la question des libelles en diffamation a été un argument qui a
été apporté au caucus, et je sais qu'il y a cet
aspect.
M. HARDY: Attention, ne nous dévoilez pas les secrets de votre
caucus.
M. LATULIPPE: Ce ne sont pas des secrets, parce que c'est en toute bonne
foi, il n'y a aucun secret là-dedans.
M. BURNS: Par contre, avec le système de bobines et le
tépage qu'il y a de ce temps-là, il n'y a plus de secret.
M. LATULIPPE: II reste qu'il va falloir trouver une formule quelconque
justement pour que cela ait une certaine portée. Si ce n'est pas un
corps juridique, si ce n'est rien, tout ce qu'on va faire, c'est qu'on va
trouver le moyen de subventionner les partis et c'est tout. A ce moment, la
portée du rapport Barbeau, je me demande ce qu'elle sera puisqu'il n'y
aura pas de contrôle de limite possible. A moins qu'on trouve d'autres
mécanismes ou qu'on introduise dans la loi d'autres articles qui
contiendraient cet aspect de la réalité ou cette dimension du
problème. Ce que je veux surtout, ce n'est pas une responsabilité
à l'égard des questions de libelle ou des gestes que poseraient
les officiers, mais c'est surtout à l'égard des actes
posés sur le plan civil par les officiers qui font affaires, parce que
qu'est-ce que vous voulez un parti politique dans une certaine
mesure, c'est une entreprise. Par le passé, on a eu des partis
politiques qui ont pris des engagements et les individus ont de la
misère à se faire payer et, là, il n'y a aucun recours
possible.
M. HARDY: C'est-à-dire, avec...
M. LATULIPPE: D'autre part, si on prend ça et si on établi
un mécanisme quelconque, quand on va arriver aux limites, on n'aura pas
le pouvoir de les faire respecter. C'est simplement ça le dilemme, et je
ne veux pas y amener une dimension plus grande qu'il a. Il n'a pas plus
d'importance que cela, même si j'en ai peut-être parlé un
peu plus, mais ce n'est pas surtout ça qui est important actuellement,
c'est le préambule.
M. HARDY: Mais le député de Frontenac ne croit-il pas
qu'avec un agent, cette responsabilité vis-à-vis des tiers sur le
plan financier existe?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elle existe en vertu de la loi que nous avons
actuellement.
M. HARDY: D'une certaine...
M. LATULIPPE: Pour les candidats au niveau du comté.
M. HARDY: Si j'ai rendu des services en période électorale
à l'agent du parti ou d'un candidat et qu'il ne me paie pas
d'ailleurs, la loi prévoit qu'on a un certain temps, la
prescription, évidemment, est beaucoup plus courte qu'en matière
ordinaire je peux poursuivre l'agent d'élection devant les
tribunaux pour me faire payer ce qui m'est dû, à l'heure
actuelle.
Si on adoptait la théorie de l'agent électoral en
permanence, les mêmes formules pourraient être
appliquées.
M. LATULIPPE: Je vais à l'extrême. Si, pour une raison ou
pour une autre, l'agent d'élection est appelé à payer
lui-même certaines dettes du parti, est-ce qu'il pourrait, dans
l'éventualité où un parti serait subventionné par
l'Etat, avoir un certain recours contre les entrées de fonds?
M. HARDY: Cela est le problème de l'agent d'élection
vis-à-vis de son parti. Quand quelqu'un accepte d'être l'agent
d'élection d'un candidat ou d'un parti, cela implique évidemment
qu'il a suffisamment de confiance à l'endroit du candidat ou du parti.
Vous avez raison, l'agent d'un parti... Supposons qu'un agent paie les dettes
d'un parti, il ne peut pas, par la suite, en exiger le remboursement du parti
parce que, actuellement, le parti n'a pas de responsabilité civile comme
telle.
M. LATULIPPE: II y aurait peut-être une autre façon de le
faire. C'est que les subventions ne soient pas versées au parti mais
à l'agent du parti.
M. HARDY: Bien, c'est cela qui se fait actuellement. Pour la partie
remboursable au candidat, le président des élections envoie son
chèque à l'agent.
M. LATULIPPE: Donc...
M. HARDY: Par exemple, votre agent...
M. LATULIPPE: ... cela est vrai quand vous parlez des candidats. Moi, je
me situe...
M. HARDY: Oui.
M. LATULIPPE: ... au niveau du parti.
M. HARDY: C'est ça. Si on arrive à la conclusion d'adopter
le principe de l'agent permanent pour le parti, on pourrait prendre la
même formule qui existe actuellement pour l'agent du candidat.
M. LATULIPPE: Dans cette mesure-là...
M. HARDY: Quand on dirait: rembourser le parti, ce serait l'agent qui
recevrait le chèque.
M. LATULIPPE: J'avoue que cette façon de procéder me
satisfait. Cela répondrait probablement aux questions que je me posais
relativement à cet aspect de la responsabilité.
Il reste encore la question des limites des dépenses ou des
limites que voudrait imposer la commission de contrôle. Il y aura
d'autres moyens d'action, soit de faire perdre l'accréditation au parti.
Mais cela va être la seule.
M. HARDY: Actuellement, le président des élections peut
intenter des poursuites contre le candidat qui a dépensé plus que
ce qu'il avait le droit de dépenser.
M. LATULIPPE: M. le Président, pour résumer, nous sommes
essentiellement d'accord avec les propositions qui ont été
faites. Pour nous aussi, il faudrait que le parti ait des candidats dans 50
p.c. des circonscriptions pour être accrédité. Pour nous,
ce n'est pas la clause de 20 p.c. mais la clause de 10 p.c. qu'on
préconise pour que cette reconnaissance continue en dehors des
périodes électorales. On ne met pas de clause de douze
députés. C'est 10 p.c. du vote simplement.
M. HARDY: C'est-à-dire que...
M. LATULIPPE: Parce qu'il peut arriver...
M. HARDY: Cela veut dire qu'un parti politique...
M. LATULIPPE: II peut arriver...
M. HARDY: ... qui n'aurait fait élire aucun député,
s'il obtenait 10 p.c...
M. LATULIPPE: S'il avait 10 p.c. du vote.
M. HARDY: ... des voix exprimées, pourrait être
financé pendant la période interélectorale.
M. LATULIPPE: Pourquoi pas? En vertu de quel principe? Parce qu'il
aurait des députés? S'il a des députés, c'est parce
qu'il a eu des voix. S'il a eu 10 p.c. des voix...
M. HARDY: C'est tout le problème de la
représentativité. C'est ça. C'est que si vous
réduisiez cela à 10 p.c, il est fort possible qu'un parti
politique obtienne 10 p.c des voix mais n'ait aucun député
élu. Tandis que s'il a 20 p.c. des voix, normalement, avec une carte
électorale mieux équilibrée, il a de bonnes chances
d'avoir des députés.
M. LATULIPPE: Mais nous autres aussi...
M. HARDY: Je ne sais pas dans quelle mesure... Il faut quand même
se dire que ce sont les fonds publics, l'argent de tout le monde. Il y a des
contraintes budgétaires d'abord. Il ne faut pas le nier. Par ailleurs,
c'est l'argent de tout le monde qui sert à ça. Moi,
libéral, je devrai, à même mes taxes, financer le
Ralliement créditiste. Je vous avoue qu'il...
M. LATULIPPE: Mais vous ne pensez pas que...
M. HARDY: ... faudra que je pense... M. LATULIPPE: Oui.
M. HARDY: ... au grand principe de la démocratie pour aller
au-delà de mes...
M. LATULIPPE: Vous ne pensez pas...
M. HARDY: ... réticences à l'endroit d'une
idéologie que je peux difficilement accepter.
M. LATULIPPE: Vous ne pensez pas que cela pourrait être beaucoup
meilleur marché...
M. HARDY: Alors...
M. LATULIPPE: ... que le système actuel où on est
obligé d'exiger et de faire une certaine forme...
M. HARDY: D'envoyer des lettres aux familles et aux agents
d'assurance?
M. LATULIPPE: ... de patronage politique?
M. HARDY: Vous, qu'est-ce que vous faites?
M. LATULIPPE: A tout le monde. M. HARDY: J'admets que...
M. LATULIPPE: Cela va coûter meilleur marché que
l'institution de patronage qu'on a actuellement.
M. HARDY: Mais sur les 10 p.c., en tout cas, moi, j'ai des
hésitations; 10 p.c, ce n'est pas beaucoup. A part cela, c'est
là-dessus que je voulais terminer, je me demande dans quelle mesure
l'ensemble de la population accepterait qu'un parti politique qui n'a
même pas de député au Parlement se voie verser une
allocation annuelle pour son existence ou ses activités.
M. LATULIPPE: Oui mais, dans les clauses d'accréditation, vous
avez parlé, tout à l'heure, d'une permanence. Il est
obligé de maintenir une permanence du parti, soit à Québec
ou à Montréal. S'il ne maintient pas les clauses
d'accréditation, automatiquement il ne peut pas recevoir de
subvention.
M. HARDY: Evidemment, il ne faut pas oublier que le gouvernement ou le
ministre des Finances aura au budget une certaine enveloppe à consacrer
au financement des partis. Si vous multipliez le nombre de formations qui
pourront en recevoir, cela en enlève autant aux autres formations
davantage représentatives. Il y a cet aspect, aussi, qu'il ne faut pas
ignorer. Les fonds ne sont pas infinis. Le ministre des Finances pourra
consacrer seulement un montant bien déterminé au financement des
partis, pendant les périodes électorales et en dehors des
périodes électorales. Alors, le gâteau, il faudra le
séparer. Plus il y aura de gens pour prendre un morceau, plus les
morceaux seront petits.
M. LATULIPPE: Je ne veux pas m'éterniser sur la question, mais
nous soutenons également que, si vous mettez $0.05 par nom, ce n'est pas
extrêmement dispendieux. Cela fait $150,000.
M. HARDY: Remarquez bien que cet aspect, quant à nous, si on veut
être bien pratique et bien concret, ce n'est pas le gouvernement à
qui cela cause des problèmes. Je pense bien qu'il est admis d'une
façon à peu près unanime que le multipartisme ou la
multiplicité des partis aide le gouvernement. Globalement,
l'électorat se divise en deux: D y a les gens qui sont favorables au
gouvernement et ceux qui sont contre le gouvernement. Or, si ceux qui sont
défavorables au gouvernement se partagent en six partis au lieu de
trois, ce n'est pas une question d'intérêt partisan.
D'ailleurs on le voit très bien les partis de
l'Opposition cherchent à s'unir, ce qui prouve que, plus il y a de
partis, plus...
M. LATULIPPE: Le gouvernement se sent en sécurité.
M. HARDY: ... la vie du gouvernement, la vie du parti au pouvoir est
facilitée. Ce n'est pas parce que nous avons intérêt
à empêcher d'autres partis de surgir, au contraire. Encore une
fois, si on pensait uniquement à notre intérêt comme parti
ministériel, il faudrait favoriser la naissance de plusieurs partis.
Mais, si on regarde l'intérêt commun, je me demande s'il y a
intérêt à ce que...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'argument du député est en porte
à faux.
M. HARDY: Pas tellement, si je me reporte aux intentions de son
chef.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non. Ce n'est pas une question
d'intentions de celui-ci ou de celui-là. Supposons qu'aux prochaines
élections il y ait dix formations politiques.
M. HARDY: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne veut pas dire que cela favoriserait
nécessairement le parti qui est actuellement...
M. HARDY: II y a une présomption.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... majoritaire. C'est que chacune de ces
formations politiques peut aller trucider l'un ou l'autre des
députés ministériels et le gouvernement se retrouvera dans
une position minoritaire.
M. HARDY: C'est théoriquement possible.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une hypothèse.
M. HARDY: Mais il y a quand même une situation de fait.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, d'accord.
M.HARDY: Je pense bien que tout le monde admet que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les situations changent assez rapidement.
M. HARDY: L'hypothèse du député de Chicoutimi est
valable mais je dis que, normalement, la multiplicité des partis
d'Opposition favorise le parti au pouvoir.
Encore une fois, je pourrais citer textuellement le chef actuel de
l'Opposition, qui dit: Si les partis de l'Opposition ne se regroupent pas, on
favorise l'élection du parti ministériel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas tout à fait d'accord
avec mon chef là-dessus. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec
le chef là-dessus.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. PEARSON: C'est juste une question que j'aimerais poser au
député de Chicoutimi et également au député
du Ralliement créditiste. Lorsque vous parlez des $0.05 par
électeur inscrit, dans votre esprit, est-ce que ce sont $0.05 pour
l'ensemble des électeurs du Québec ou seulement pour le nombre
d'électeurs dans les comtés où le parti a obtenu 10 p.c?
Cela changerait sensiblement le montant.
M. HARDY: Pour le nombre global de gens qui ont voté pour le
parti.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce remboursement est calculé à
raison de $0.05 par électeur inscrit dans les districts
électoraux où ce parti avait un candidat officiel, plus un
cinquième des dépenses électorales, etc.; $0.05 par
électeur.
M. BURNS: ......notre position, la semaine dernière.
M. HARDY: Vous ne faites pas intervenir le facteur de
représentativité?
M. BURNS: Oui, évidemment, pour qu'il y ait droit, il faut qu'il
ait un minimum.
M. LATULIPPE : Un minimum.
M. BURNS: Qu'il atteigne un minimum.
M. HARDY: Oui, oui.
M. BURNS: Je pense que le député de Chicoutimi parlait de
10 p.c...
M. HARDY: Mais à partir du moment où vous avez atteint 10
p.c. dans un comté, dans une circonscription...
M. BURNS: Non, non, il ne faut pas se mêler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non.
M. BURNS: Notre proposition est faite pour le parti politique, peu
importe le candidat. Les candidats individuels, c'est un autre
problème.
M.HARDY: Oui.
M. BURNS: Mais, si je comprends bien la position du député
de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes ensemble.
M. BURNS: ... qui est la nôtre également...
M. HARDY: Si vous avez obtenu 10 p.c. à l'élection
générale à travers la province...
M. BURNS: Un parti obtient 10 p.c. à travers la province.
M. HARDY: ... vous avez $0.05 par électeur dans la province.
M. BURNS: Non, $0.05 par électeur...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans chaque circonscription où le parti
a présenté des candidats.
M. BURNS: ... dans toutes les circonscriptions où ce parti a
présenté un candidat.
M.HARDY: Si vous avez 50 circonscriptions, vous additionnez les
électeurs des 50 circonscriptions.
M. BURNS: Les électeurs des 50 circonscriptions, à
$0.05.
M. HARDY: C'est-à-dire que si, par exemple, il y avait 3 millions
d'électeurs à la dernière élection, si vous avez 50
candidats, vous auriez $0.05 pour 1.5 million d'électeurs.
M. BURNS: C'est ça.
M. HARDY: Et l'autre parti, à côté de vous, qui
aurait obtenu, lui, 20 p.c. également seulement dans 50 comtés
aurait, lui aussi, $0.05. Il aurait exactement le même montant.
M. BURNS: Exactement.
M. HARDY: Qu'un parti politique ait obtenu 10 p.c. des voix ou 20 p.c,
il obtiendrait exactement le même montant.
M. BURNS: Je ne veux pas revenir sur cette discussion, mais c'est un peu
on l'avait vu la semaine dernière le problème des
candidats. J'ai démontré, avec chiffres à l'appui, que
certains candidats avaient moins de voix que d'autres à travers le
Québec dans un même parti. L'un, ayant moins de voix, était
remboursé de ses dépenses électorales parce qu'il y avait
le fameux 20 p.c., et l'autre, qui avait beaucoup plus de voix au total,
n'était pas remboursé parce que ça donnait 18 p.c.
M. HARDY : Mais c'était dû en grande partie aux grandes
différences qui existaient entre les circonscriptions
électorales.
M. BURNS: Cela va toujours exister. M. HARDY: A des degrés
moindres.
M. BURNS: Peut-être à des degrés moindres parce que
l'écart entre les grandes circonscriptions et les petites a
diminué. Mais il va toujours exister quand même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II augmente déjà.
M. BURNS: Déjà, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a déjà des
différences de 8,000 à 10,000 depuis le
réaménagement de la carte.
M. HARDY : Oui, mais...
M. BURNS: Avant qu'on se lance dans toutes sortes d'autres affaires,
est-ce que je peux donner la position de notre parti sur les critères de
reconnaissance?
M. PEARSON: Juste un détail pour terminer.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Saint-Laurent
aurait une question supplémentaire sur le même sujet.
M. BURNS: D'accord.
M. PEARSON: En somme, par cette mesure, vous forcez les partis à
présenter des candidats dans les 110 comtés, puisque c'est plus
facile de ramasser quelques votes dans un comté et quelques autres dans
l'autre pour réussir à atteindre ses 10 p.c. que d'en
présenter seulement dans 50.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas d'accord là-dessus. Le
député de Terrebonne...
M. PEARSON: Si vous voulez avoir 10 p.c, c'est plus facile de recueillir
des voix dans 110 comtés que dans 50.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dit: Vous allez mettre des poteaux? Ce
n'est pas la question. Il s'agit d'établir, enfin, la validité
d'une formation politique actuelle ou à naître. Si une formation
politique est sérieuse et qu'elle est obligée de présenter
56 candidats sur le territoire du Québec, elle va y penser à deux
fois avant de faire des folies.
M. HARDY: Pas nécessairement; je vais donner un exemple. Vous
pouvez avoir un parti politique qui aura obtenu ses 10 p.c. des voix à
l'échelle de la province, mais qui, dans un comté, pourra
peut-être avoir obtenu seulement dix voix. Dans un comté de 40,000
électeurs, il pourrait théoriquement obtenir seulement dix voix,
mais, parce que son parti aura 10 p.c. à l'échelle de la
province, même si dans une circonscription de 40,000 électeurs il
a dix voix, à $0.05 par électeur, il pourra obtenir $2,000.
Dans cet esprit, comme le dit très bien le député
de Saint-Laurent, un parti politique qui sait très bien qu'il n'a aucune
chance c'est dans ce sens que je dis qu'un candidat serait un poteau
que c'est absolument illusoire pour lui non seulement de se faire
élire, mais que le nombre de votes obtenus sera inutile, pour aller
chercher $2,000, va débourser $200. Cela fait des candidats non
sérieux.
Le parti politique peut être sérieux à
l'échelle de la province. Mais, dans un certain nombre de comtés,
ça incite à présenter des candidats en ayant pour seul
objectif d'aller chercher un montant d'argent. Et ça, je pense que c'est
mauvais. Il faudrait le plus possible, lorsqu'un parti politique
présente un candidat dans une circonscription, qu'il ait des chances
raisonnables et normales d'obtenir un nombre de voix... Pas
nécessairement de gagner, c'est évident. On ne présente
pas des candidats uniquement dans les comtés où on pense gagner,
mais il faudrait qu'il y ait une possibilité normale.
Sans ça, vous allez avoir des candidats dans les 110
comtés.
M. PEARSON: C'est ça.
M. HARDY: N'importe quel parti va présenter des candidats dans
les 110 circonscriptions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne me le permet? Il joue des extrêmes.
Il se peut fort bien que le parti X, Y, Z, présente 56 candidats,
que dans la circonscription de Chicoutimi, il récolte à peine dix
voix, et que dans certaines régions du Québec, il réunisse
justement 10 p.c. des voix; ça fait déjà un parti qui
commence à être assis dans une région...
M. HARDY: Mais pas dans Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui a déjà une
crédibilité dans une région; il préfère
même ne pas être assis dans telle, telle ou telle circonscription
mais il peut être assis dans un secteur du Québec, enfin dans une
région du Québec, de sorte que ça lui donne une
crédibilité et il est désormais un élément
sur l'échiquier politique du Québec. Il faut voir comment, dans
les pays où il y a multipartisme, même s'ils n'ont pas un grand
nombre de députés, ils sont cependant des formations
considérées comme sérieuses, et à chaque
élection, ils se retrouvent à peu près avec le même
nombre de députés et avec un pourcentage de voix qui varie assez
peu. Et ça en fait des formations politiques considérées
comme valables.
M. BURNS: Mais la réponse au problème que pose le
député de Terrebonne est donnée par le fait que, dans la
circonscription de Chicoutimi, si on prend l'exemple de tantôt, ce
candidat ne sera pas remboursé de ses dépenses. Mais le parti a
quand même, dans la circonscription de Chicoutimi, présenté
un candidat. Et c'est comme ça qu'on dit que ça doit se
réfléter au niveau du parti; le fait que le candidat, en
particulier dans Chicoutimi, n'ait pas été sérieux dans le
sens de menace pour le candidat élu...
M. HARDY: C'est-à-dire sérieux au point de vue de la
représentativité, je ne parle pas de...
M. BURNS: C'est ça que je veux dire, sérieux au point de
vue de la représentativité, ça se réflète
par le fait que ses dépenses, à lui, ne seront pas
remboursées.
M. PEARSON: Mais s'il n'en fait pas de dépenses? S'il
dépense seulement $200?
M. BURNS: Qu'est-ce que vous voulez...
M. HARDY: ... il y a des candidats qui ne font pas de
dépenses?
M. BURNS: ... toute forme de réglementation, quand on la sort, on
ne la fait pas pour tenter de réprimer l'abus extrême. On le fait
pour la majorité. Si vous cherchez si vous me permettez
l'expression des poux dans cette affaire-là, vous allez en
trouver, c'est bien
évident. Ce qu'on veut dans le fond, ce que la proposition veut
c'est que les dépenses des partis sérieux soient
remboursées.
M. HARDY: D'accord.
M. BURNS: C'est ça le but. Maintenant, il y aurait
peut-être des modalités, je suis bien d'accord pour les discuter.
Maintenant, est-ce que vous me permettez, M. le Président, d'exposer la
position de mon parti avant qu'il soit midi.
M. HARDY: Vous avez encore 45 minutes?
M. LATULIPPE: Est-ce que vous me permettez un commentaire très
court sur cette question, M. le Président? C'est justement dans le but
de permettre une certaine accessibilité aux partis en considérant
qu'au départ ils ont des chances à peu près égales
de se faire élire. Cela, sans présumer de la situation, quelle
qu'elle soit. Il faut tenir compte qu'il y a des critères aussi pour
être accrédité. Un parti qui n'est pas
accrédité ne pourra pas avoir cet avantage d'avoir un certain
minimum pour financer son secrétariat parce qu'effectivement les $0.05,
c'est justement dans le but d'aider les partis à maintenir des
secrétariats permanents, au moins dans quelques centres importants du
Québec. Vous avez même mentionné dans vos critères
que c'était une des conditions pour être
accrédité...
M. HARDY: J'ai parlé d'une permanence.
M. LATULIPPE: Assumer une permanence du parti; si on ne la maintient pas
et si la patente c'est un gadget, on va le voir immédiatement par
l'usage qu'il va en faire, et à ce moment-là le parti risque de
perdre son accréditation. En perdant son accréditation,
automatiquement, il n'aura pas droit aux $0.05. Je pense que c'est un
critère minimum; à part ça, $0.05 par nom, ça fait
$150,000 dollars pour maintenir deux secrétariats permanents. Je pense
que ça coûte cela réellement. Je ne pense pas qu'un parti
politique puisse se permettre de maintenir un secrétariat permanent
à Québec ou à Montréal, dans les grands centres, en
bas de $150,000; il n'est pas capable, ça prend un minimum de
personnes.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais porter à l'attention du
député de Maisonneuve qu'il faut bien faire la distinction, ici,
dans la proposition que nous avons faite, entre les dépenses
électorales remboursables lorsqu'on a posé sa candidature et les
subventions ou allocations qui seraient versées par l'Etat. C'est dans
ce cadre que nous situons les 10 p.c. afin de permettre à des formations
politiques de présenter des candidats et de recevoir une certaine
approbation des citoyens, enfin des formations sérieuses. Même si
elles ne réussis- sent pas à faire élire tous les
candidats, elles doivent être dans certaines régions du
Québec désormais des formations politiques avec lesquelles on
devra compter. Je fais cette distinction afin qu'il n'y ait pas confusion.
M. BURNS: C'est la même distinction que nous faisons à ce
sujet.
M. PEARSON: M. le Président, je ne voulais pas dire, quand j'ai
soulevé ce point que je suis pour ou contre le fait que les partis
politiques reconnus n'aient pas les $0.05 pour l'ensemble du Québec.
Simplement, les conséquences de cette proposition sont celles-ci: il n'y
aura pas de parti qui ne présentera pas de candidat dans 110
comtés. C'est très simple. Supposons qu'il ait des chances dans
50 comtés, il va en présenter...
M. BURNS: Permettez-moi de vous arrêter tout de suite. C'est que
vous partez toujours avec la possibilité que le parti obtienne 10 p.c.
des voix et que, pour gonfler son budget, si vous voulez, pour gonfler son
retour de dépenses électorales, il en présente partout.
Ecoutez, s'il y a à peu près 50 circonscriptions où il a
seulement dix votes, comme vous l'avez mentionné tantôt, il a
besoin d'être drôlement fort dans les autres pour obtenir ses 10
p.c, vous ne trouvez pas?
M. PEARSON: Vous ne trouvez pas que dans les autres...
M. BURNS: Je veux dire que le soufflage ou le gonflage au niveau de
l'ensemble de la province, il est bien difficile à faire.
M. PEARSON: Mais s'il obtient, supposons, 20,000 votes dans les 50
autres comtés, ça peut l'aider à atteindre ses 10 p.c.
pour l'ensemble.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, 20,000 votes ce n'est pas beaucoup.
M. BURNS: 20,000 votes, il ne les obtiendra pas.
M. PEARSON: Mettons 20,000 votes ou un certain nombre de votes. Il
serait gagnant des deux façons, puis ce serait inévitable pour
lui d'en présenter partout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais si le député de
Saint-Laurent veut penser un petit peu là, à la difficulté
que représente l'implantation d'un parti politique qui apparaît
tout à coup sur la scène... Obtenir 10 p.c. des voix pour un
parti politique qui n'a jamais existé, qui doit se faire
connaître, ce n'est pas facile. Ce n'est pas facile. On voit que
l'émergence des nouveaux partis politiques est quand même lente.
Dans le Québec, il y a eu 1,000 exemples si je peux employer
l'expression plétho-
rique de partis qui ont présenté des candidats dans
un grand nombre de circonscriptions et qui obtenaient 0.5 p.c, 0.8 p.c, 1 p.c.
des voix. Ce danger, évidemment, peut toujours se présenter, mais
ça reste très hypothétique parce que pour s'asseoir
solidement avec 10 p.c. des voix, il faut drôlement ébranler
l'électorat. Je crois que le pourcentage de 10 p.c. que nous indiquons
ici est quelque chose de valable, à tout le moins considérable au
sens étymologique du terme, c'est-à-dire digne de
considération.
M. PEARSON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Excusez-nous, cher collègue.
M. BURNS: Je vous en prie.
Quant à nous, M. le Président, je voudrais absolument
qu'on sache bien que pour nous l'intérêt de la discussion sur la
reconnaissance des partis se situe au niveau des privilèges que ces
partis vont recueillir à même les améliorations qu'on
pourrait éventuellement apporter à la législation. Je
pense que c'est le point de vue qui semblait préoccuper le gouvernement
la semaine dernière, si j'ai compris du député de
Terrebonne, et aussi après une discussion que j'ai eue avec le notaire
Desrosiers en présence des autres partis politiques d'opposition. Je
pense que le fond du problème est de savoir ce que ces critères
qu'on établiera vont donner aux partis éventuellement.
Comment veut-on c'est un peu le sens de la discussion qu'on vient
d'avoir comment pourra-t-on empêcher les partis politiques non
sérieux d'aller soutirer des fonds de l'Etat? Notre proposition est
faite dans ce sens-là et nous partons dans notre examen du
problème, de la situation actuelle où l'on se rend compte que
jusqu'à tout récemment la loi n'avait aucune connaissance des
partis politiques.
Lorsqu'en 1963, on a voulu inscrire le nom des partis politiques sur les
bulletins de vote, il a fallut procéder à une définition
des partis auxquels on accordait ce privilège. C'est peut-être le
premier privilège qu'on a commencé à accorder aux partis
à part du parti ministériel et du parti d'opposition qui
traditionnellement était reconnu. Ce fut la première
définition légale du parti reconnu que l'on retrouve à
l'article 2, paragraphe 20, de la Loi électorale. Je vous fais
grâce de cette définition, tout le monde la connaît. Il
s'agit d'avoir eu au moins dix candidats lors des dernières
élections ou d'avoir un agent électoral tel que défini
à l'article 375, paragraphe 3, de cette loi électorale.
A la suite des dernières élections générales
où quatre partis réussirent à faire élire des
députés, un autre problème se souleva: la reconnaissance
des partis à l'Assemblée nationale. On procéda donc
à définir quels seraient les partis à qui certains
privilèges pourraient être reconnus. Ce fut la deuxième
définition du parti reconnu que l'on retrouve de façon incidente
à l'article 98a de la Loi de la Législature. Encore une fois, je
vous fais grâce de cette définition que l'on connaît
bien.
Il suffit d'avoir obtenu au moins 20 p.c. du vote lors de la
dernière élection ou avoir fait élire 12
députés. On remarquera que ces deux définitions sont
différentes. Par exemple, à l'heure actuelle le Parti
libéral, l'Union Nationale, le Ralliement créditiste, le Parti
québécois et le Nouveau parti démocratique du
Québec sont des partis reconnus au sens de la Loi électorale mais
seul le Ralliement créditiste et le Parti québécois sont
des partis reconnus au sens de la Loi de la Législature, même si
le règlement de l'Assemblée nationale considère
également comme partis reconnus le parti ministériel et celui de
l'Opposition officielle.
Je m'attache simplement à vous dire que la définition est
différente. Si on veut être très technique, au sens de la
Loi de la Législature, le parti ministériel et le parti de
l'Opposition officielle ne sont pas des partis reconnus; c'est par extension
dans le règlement qu'on retrouve cette définition. Il ne fait pas
de doute que selon nous il y aurait lieu de revoir ces définitions. Dans
ce but-là, nous proposons d'abord d'examiner la possibilité de
redéfinir les partis politiques. Nous proposons que l'expressions parti
reconnu soit réservée aux partis qui seront reconnus en vertu de
la Loi de la Législature. Cela éviterait d'abord toute
ambiguïté et on verra, quant à la proposition que nous
faisons au niveau des privilèges, qu'on risque moins de se tromper en
parlant d'un type de parti reconnu.
A cet égard, nous ne proposons aucun changement des
critères actuels, c'est-à-dire les 12 députés
élus ou 20 p.c. des votes lors de la dernière élection
générale, mais nous suggérons que cette définition
s'applique également aux partis qui forment le gouvernement et
l'Opposition officielle; évidemment, ceci pour éviter, encore une
fois, toute ambiguité. Si on se réfère toujours, dans les
privilèges à être définis, aux partis reconnus,
c'est évident qu'il ne faudra pas toujours dire: Le parti reconnu ainsi
que le parti ministériel et l'Opposition officielle. Dans le but
d'unifier la définition, nous suggérons que cela s'applique
également aux deux partis majoritaires, c'est-à-dire le parti
ministériel et l'Opposition officielle.
Nous proposons aussi l'adoption de l'expression parti enregistré
pour désigner les partis politiques qui auront satisfait aux exigences
nouvelles imposées pour donner suite à la première
recommandation du rapport Barbeau. Ici, entre parenthèses, je souligne
que je suis entièrement d'accord sur les critères que le
député de Terrebonne mentionnait tantôt à
l'égard du parti enregistré ou du parti accrédité
on l'appellera comme on voudra mais les cinq ou six
critères mentionnés, c'est-à-dire l'identification du
chef, de l'exécutif, l'identification du nom, l'adresse d'une permanence
et un agent. Je pense que c'est un minimum qu'on doit exiger d'un parti pour
savoir qui il est, où il va, comment on communique avec lui et, d'une
certaine façon, trouver s'il est responsable ou non.
Ceci nous amène à parler cela déborde
peut-être un peu de la question de la reconnaissance des partis
mêmes mais cela nous amène à concrétiser notre
proposition des privilèges qui pourraient être
accordés aux différentes sortes de partis, parti reconnu ou parti
enregistré. Selon nous, le droit à l'inscription sur les
bulletins de vote devrait être accordé à tout parti
reconnu, suivant la définition qu'on vient de suggérer,
c'est-à-dire 12 députés ou 20 p.c, ainsi qu'à tout
parti enregistré présentant au moins 12 candidats officiels.
Pourquoi 12 candidats officiels? C'est parce que c'est un parti qui aura des
chances d'être reconnu s'il a 12 candidats officiels, s'il fait
élire ses 12 candidats, c'est le minimum qu'on peut exiger de lui, un
peu comme on parlait tantôt de 56.
M. HARDY: Etes-vous bien sérieux? Un parti qui ne
présenterait que 12 candidats peut normalement croire qu'il va avoir 12
candidats élus?
M. BURNS: Théoriquement, il le peut. Il s'agit d'exiger le
minimum. Ne nous trompons pas, c'est à l'égard de l'inscription
de son nom sur le bulletin.
M. HARDY: Oui, je sais.
M. BURNS: En théorie, vous ne pouvez pas dire que c'est faux de
prétendre qu'un parti qui présente 12 candidats a des chances de
devenir un parti reconnu en faisant élire ces 12 candidats-là.
Techniquement, un parti pourra choisir les 12 meilleures circonscriptions quant
à lui et présenter ses candidats là. Je ne vois pas
pourquoi, si, éventuellement, il a des chances de devenir un parti
reconnu, on ne lui accorderait pas le minimum de base, c'est-à-dire le
droit d'avoir son nom enregistré sur le bulletin.
En second lieu, quant au droit égalitaire à la
publicité gratuite, c'est-à-dire la radio, la TV et les journaux
en temps de campagne électorale je vous prie de souligner que je
fais cette distinction parce que plus loin on retient à l'autre
période nous pensons que tout parti reconnu et tout parti
enregistré, présentant au moins 55 candidats officiels, devraient
avoir droit à cela. Je ne ferai pas de chicane si ça ne devrait
pas être 56, etc.
Je suis d'accord sur le principe que ça doit être un parti
qui, dans le fond, en plus d'être enregistré, a des chances de
former le gouverne- ment. C'est dans ce sens que, je pense, tout le monde joue
autour du critère de 50 p.c. plus un des députés. Alors si
c'est 56, le chiffre, je ne me battrai pas là-dessus, c'est juste pour
vous donner l'indication de la raison pour laquelle nous faisons cette
suggestion. Quant à nous, tout parti reconnu, c'est-à-dire celui
qui, lors des dernières élections, a déjà fait ses
preuves, et à l'Assemblée nationale, qui est dissoute à ce
moment-là, il aurait droit à ça, ainsi qu'un parti
enregistré, qui prétendrait avoir la chance de former le
gouvernement, présentant un minimum de candidats.
Quant au droit au remboursement d'une partie des dépenses
électorales, c'est là-dessus que je rejoins la proposition du
député de Chicoutimi, nous pensons que tout parti
enregistré ayant obtenu au moins 10 p.c. des votes devrait y avoir
droit. Evidemment, je ne reviendrai pas sur la discussion qui a eu lieu
tantôt, mais selon nous, c'est un...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que mon collègue me permet ici
une petite distinction que j'ai faite, que j'ai signalée et que j'ai
portée à son attention? Le député de Maisonneuve
dit: a droit au remboursement d'une partie des dépenses
électorales tout parti enregistré ayant obtenu au moins 10 p.c.
des votes. Notre proposition n'est pas exactement celle-là. Pour le
remboursement des dépenses électorales, nous maintiendrions le
pourcentage actuel de 20 p.c.
M. BURNS: C'est-à-dire 20 p.c. et ce pour l'ensemble... mais vous
garderiez les critères de parti reconnu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous garderions les critères de parti
reconnu. Ce n'est qu'à l'autre article: Droit aux subventions annuelles
de fonctionnement et à la publicité gratuite hors des campagnes
électorales, que nous avons proposé que ce parti devrait avoir
été dûment accrédité auprès de la
commission permanente de contrôle, il devrait avoir obtenu 10 p.c. des
votes valides lors des élections générales en cours.
M. BURNS: Alors je m'excuse d'avoir mal interprété votre
proposition, et là nous ne sommes plus d'accord.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que j'ai toujours fait une distinction
entre la période électorale et les périodes se situant
entre les élections.
M. BURNS: D'accord. Alors, je vais expliquer tout de suite la
distinction que nous faisons, après que j'aurai parlé de notre
proposition suivante, c'est-à-dire le droit aux subventions annuelles de
fonctionnement et à la publicité gratuite hors des campagnes
électorales. Nous pensons que ça devrait être
réservé
aux partis reconnus en Chambre, c'est-à-dire aux partis qui ont
fait leurs preuves. Si on prend la position inverse, soit celle de mon
collègue, le député de Chicoutimi, je pense qu'on risque
de tomber dans le phénomène que quelqu'un semblait craindre
tantôt, c'est-à-dire qu'un parti ne fasse élire personne et
qu'il obtienne 10 p.c, 11 p.c. 12 p.c. du vote et qu'à ce
moment-là, il soit sur le même pied que tout autre parti qui,
entre les périodes électorales, a peut-être plus
d'intérêt à se faire connaître par les journaux,
etc., puisque tous les jours, il a à défendre ses positions
à l'Assemblée nationale.
Alors, selon nous, le remboursement des dépenses
électorales aux partis pourrait se faire à celui qui a obtenu 10
p.c, qu'il ait élu un député ou non. Quant aux subventions
annuelles et au droit à la publicité gratuite, entre les
élections, je pense que ce sont les partis en place je m'excuse de
l'expression qui devraient en bénéficier. Je pense que le
parti qui aura eu la malchance, lors de l'élection antérieure, de
ne pas avoir obtenu 20 p.c. du vote ou de ne pas avoir fait élire douze
députés, devra malheureusement se payer de la publicité,
s'il en veut. Nous avons une proposition un peu plus loin relativement à
cet aspect.
Enfin, quant au droit au remboursement des dépenses encourues
pour donner suite aux obligations de la loi et particulièrement
si jamais on impose au parti la vérification de ses états
financiers, etc. nous pensons que tout parti enregistré devrait
bénéficier d'un remboursement à ce niveau.
Quant à certaines règles spéciales que nous
envisageons et que je viens de mentionner en passant, nous pensons que,
conformément au rapport Barbeau, il devrait être défendu
aux partis politiques d'acheter du temps d'antenne ou de l'espace dans les
journaux en supplément de ce qui leur est fourni gratuitement. Dans le
cas d'un parti politique qui n'aurait pas droit à ce privilège,
évidemment pour rendre tous les candidats égaux, les mettre sur
un pied d'égalité, nous suggérons qu'il lui soit permis
d'acheter de la publicité, mais jusqu'à concurrence de ce qui est
mis gratuitement à la disposition des autres partis.
Autrement, on risquerait, en accordant des privilèges à
des partis reconnus, de les mettre dans une situation difficile à
l'égard des autres partis qui, eux, n'auraient pas de limite quant au
temps d'antenne qu'ils peuvent acheter ou à l'espace dans les
journaux.
Il en irait de même, selon nous, pour un candidat
indépendant, c'est-à-dire que les mêmes règles
pourraient s'appliquer à lui. Ses dépenses seraient remboursables
suivant les critères ordinaires.
Le privilège de la publicité gratuite, pendant une
période électorale, pourrait être accordé, par
anticipation, à un parti enregistré qui manifeste l'intention de
présenter au moins 55 candidats. Ici, j'ouvre la parenthèse
suivante: la période de mise en candidature, qui est de quinze jours
avant l'élection, qui est la date limite, n'est pas
nécessairement la même que celle de la campagne électorale.
On peut s'attendre, par exemple, à une campagne électorale
lorsque les brefs sont émis, de 40, 50, 60 jours ou n'importe quoi, de
plus de 32 jours en tout cas. A ce moment-là, un parti pourrait,
théoriquement, dire: J'ai l'intention de présenter des candidats.
A la toute dernière minute, après avoir
bénéficié d'un certain nombre de privilèges, il
dirait: Non, j'ai changé d'idée. Je n'en présente pas.
Nous suggérons que, pour éviter les abus, un dépôt
soit exigé de la part de ce parti et que ce dépôt soit
confisqué si l'intention annoncée ne se réalise pas.
Enfin, dans le but d'assurer que la présentation d'un candidat
ait une signification réelle quant à la vigueur d'un parti, nous
suggérons que le cautionnement actuel de $200 soit remplacé par
la signature d'un certain nombre d'électeurs inscrits dans le district
électoral. A toutes fins pratiques, ce que l'on vous propose, c'est
l'abolition du dépôt.
M. HARDY: Cela existe actuellement.
M. BURNS: Pardon?
M. HARDY : Cela existe actuellement.
M. BURNS: Cela existe, un certain nombre de personnes. Je veux dire
qu'avec tous les autres critères qu'on mentionne, le dépôt
de $200 est devenu, à toutes fin pratiques, un anachronisme. Il avait
peut-être un sens, à un moment donné. Aujourd'hui, je pense
que le sens sera donné par le nombre de critères qu'on imposera
à un parti pour être soit reconnu, soit enregistré. C'est
par cela qu'on va voir si un parti est sérieux, si un candidat est
sérieux ou pas.
UNE VOIX: On en parle, des signatures.
M. BURNS: Oui, c'est ça. Quand on parie d'un nombre de
signatures, je sais bien qu'il en existe actuellement.
M. HARDY: On pourrait l'augmenter.
M. BURNS: Mais on pourrait peut-être augmenter le nombre de
signatures pour démontrer le sérieux de la candidature.
Alors, globalement, c'est la suggestion que nous faisons.
M. HARDY: Est-ce que vous avez un chiffre?
M. BURNS: Non, non, pas de chiffre. C'est ouvert à la discussion.
Dès qu'on se met à fixer des chiffres...
M. HARDY: Non, mais un nombre d'électeurs?
M. BURNS: Actuellement, on en demande... M. HARDY: Actuellement, c'est
25.
M. BURNS: ...25. Cela pourrait être 100, très facilement,
ou 200, surtout si je pense que même, en général, la
plupart des candidats, du moins à ma connaissance, déjà
dépassent le nombre de 25. C'est beaucoup plus prudent, d'abord, parce
que, si le président d'élections s'aperçoit que certains
noms, parmi les 25, ne sont pas des électeurs inscrits dans la
circonscription, il peut les rayer. Alors, je pense que, déjà, la
plupart des candidats prennent la précaution d'en inscrire plus que 25,
au cas où il y en aurait un certain nombre de rejetés par le
président des élections.
M. HARDY: C'est de bonne guerre, cela fait plaisir à des
gens.
M. BURNS: Cela fait plaisir à tout le monde, d'abord.
M. LATULIPPE : M. le Président, est-ce que vous ne pensez pas que
le fait, justement, d'enlever le dépôt de $200 va faire en sorte,
par exemple, que plusieurs candidats indépendants auront
intérêt à se présenter, simplement dans le but de
savoir...
M. BURNS: II n'y a pas de doute qu'il y a là un danger. Quand
j'ai formulé cette proposition, je m'attendais à ce genre
d'objection. Je vous avoue que c'est un danger. C'est pour cela que je n'en
ferai pas une proposition où je vais dire: Coupez-moi en petits morceaux
si vous ne l'acceptez pas. Mais je pense qu'avec l'ensemble des critères
ou des obligations qu'on semble vouloir imposer aux partis politiques...
M. LATULIPPE : Aux partis, oui.
M. BURNS: ...c'est devenu quelque chose de périmé. Il
reste le problème des indépendants, que vous mentionnez. On
pourrait avoir, peut-être, 62 personnes inscrites sur la liste des
candidats étant donné ce fait. Cela peut peut-être poser un
problème. Si cela semble être la grosse préoccupation, je
vous avoue que la suggestion des $200, je ne me battrai pas à mort pour
que ce soit accepté.
M. LATULIPPE: J'aimerais aussi poser une question sur la question des
privilèges du parti, à l'article 1. Etant donné toutes les
restrictions que vous faites dans les autres, il y a tellement d'avantages
à avoir plus de 55 candidats qu'à ce moment-là je me
demande si, pour être un parti reconnu, il ne suffirait pas de
présenter douze candidats. Par contre, ce parti n'aurait pas les
avantages que donnerait le fait de présenter 55 candidats, comme la
publicité gratuire et autres qui sont décrits.
Je pense que cette façon de procéder perdrait beaucoup de
sa valeur pour devenir pratiquement peu significative. Le parti, qu'on appelle
tout parti reconnu douze candidats serait reconnu mais aurait
tellement peu d'avantages à présenter seulement douze candidats
qu'effectivement il serait intéressant pour lui de montrer à 55
candidats, quitte à mettre des poteaux, comme on le disait tout à
l'heure, de telle sorte que ce soit une participation réelle.
M. BURNS: Dès qu'on parle de chiffres, on est obligé de
parler de limite minimum ou de limite maximum. Evidemment, il y a toujours
quelqu'un pour dire: Pourquoi pas treize au lieu de douze, pourquoi pas 56 au
lieu de 55, pourquoi pas 54? Cela, il n'y a pas de doute. Quand on lance des
chiffres c'est justement la base de la théorie du chiffrage, dans
toute réglementation c'est pour essayer de rendre le plus
conforme possible à une réalité envisagée un
certain nombre de chiffres. Par exemple, pourquoi va-t-on à 30 milles
à l'heure dans des zones et pourquoi à 25 dans d'autres, etc.?
C'est le même problème.
M. LATULIPPE : Je me place dans la réalité qui a
été décrite dans le document que vous nous avez remis. On
s'aperçoit, là-dedans, qu'effectivement il y a des avantages
très marqués pour le parti qui va présenter 55
candidats...
M. BURNS: Sûrement.
M. LATULIPPE: ... et celui qui n'en présente que douze se
pénalise, officiellement, aux yeux de tout le monde.
M. BURNS: Bien oui.
M. LATULIPPE: Alors je suis persuadé qu'en termes pratiques il
n'y en aura pas qui vont présenter seulement douze candidats. Ce n'est
pas assez intéressant.
M. BURNS: Mais, par contre, le chiffre de douze n'est pas là pour
rien. Il est là parce que comme je le mentionnais tantôt
c'est ce chiffre magique de douze qu'on utilise comme critère
pour reconnaître un parti. Donc, en théorie, même si c'est
très peu probable, je le sais, je suis d'accord...
M. HARDY : Douze candidats et douze députés, ce sont deux
choses bien différentes.
M. BURNS: Non, non, mais c'est le minimum pour obtenir le critère
de parti reconnu, c'est cela.
M. HARDY: Ce n'est pas le douze qui est important, c'est ce qu'il y a au
bout.
M. BURNS: Qu'est-ce qu'on lui accorde,
dans le fond, selon notre proposition, à ce parti? On lui accorde
d'avoir son nom enregistré.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve, s'il veut être
encore pratique, c'est que cela peut être très intéressant,
pour des gens, de promouvoir un nom. Cela a peut-être l'air drôle
mais on peut vouloir promouvoir un nom commercial. Avoir le nom dans toute une
circonscription électorale, avoir ce nom sur un bulletin de vote, cela
fait une bonne publicité. Tous les gens vont voir cela, le jour du vote,
le nom.
M. BURNS: Oui. Et, si la publicité est assez bonne, le gars
risque de se faire élire. C'est cela.
M. HARDY: Non, non, ce n'est pas dans ce sens. Cela peut ne pas
être dans un but politique. Des gens peuvent trouver un nom de parti
politique qui a une consonnance commerciale et ces gens, cela ne les
intéresse pas du tout de se faire élire. Ils n'ont aucune
préoccupation politique, ils n'ont que des préoccupations
financières ou commerciales. Us se disent: On va ramasser douze gars, on
se fait reconnaf-tre...
M. BURNS: Mais, à l'heure actuelle, c'est dix. Alors on ne nous
chicanera pas, quand même, d'avoir augmenté de dix à
douze.
M. HARDY: Oui, mais nous avons de grandes restrictions sur dix,
actuellement.
M. BURNS: En fait, c'est cela, justement. On ne pensait pas tellement
révolutionner l'affaire dans ce sens que...
M. HARDY: Ce n'est pas une question de vie ou de mort.
M. BURNS: Tout ce que nous voulions faire, c'est de le mettre
conforme.
M. HARDY: Ce n'est pas une question de vie ou de mort, mais je
préfère attendre tantôt pour commenter l'ensemble des
propositions.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, les propositions du
député de Maisonneuve rejoignent en grande partie celles que nous
avons faites. Il y a cependant des modalités.
Le député fait une différence pour le parti
reconnu, en indiquant qu'on devrait retenir la définition qui existe
déjà dans la Loi électorale. Nous sommes d'accord
là-dessus. Cela apparaît à la page 4 de notre document.
En ce qui concerne les nouveaux partis, il parle d'un parti
accrédité. C'est une expression qui est valable et cela rejoint
également nos préoccupations, puisque les partis qui n'existent
pas devront être accrédités par un mécanisme
quelconque, que ce soit une commission de contrôle ou autre.
Là où nous différons d'opinion, c'est en ce qui
concerne les privilèges des partis. D'abord, au chapitre du
remboursement des dépenses électorales, nous proposons, nous, que
soit maintenu ce que la loi actuelle prévoit, soit 20 p.c. des suffrages
obtenus ou l'élection de douze députés, pour les partis
reconnus, aux termes de la loi actuelle. Mais pour les partis
accrédités, nous avons proposé autre chose. Parce que nosu
voulons que les partis soient soumis à l'épreuve de
l'élection, nous proposons que ces partis aient été
accrédités et qu'ils aient obtenu 10 p.c. des votes valides lors
des élections générales en cours.
Il ne faut pas confondre. Un parti accrédité dont un, deux
ou trois candidats obtiendraient dans la circonscription où ils se
présentent les 20 p.c. requis par la loi actuelle pourrait être
remboursé de ses dépenses électorales. A ce point de vue,
nous sommes d'accord, nos propositions se rencontrent.
Là où nos propositions ne se rencontrent pas, c'est sur
les allocations je ne parle pas tout de suite de la question des
périodes gratuites, c'est un autre sujet ou les subventions
données aux partis politiques actuellement non existants et qui
pourraient exister après le prochain scrutin, partis qui auraient obtenu
selon les critères que nous proposons, nous 10 p.c. des
votes valides lors des élections générales en cours.
Ces partis auraient alors droit, en période non
électorale, aux subventions ou allocations de l'Etat pour leur
fonctionnement. Du fait qu'ils auraient obtenu 10 p.c. des suffrages valides,
ils auraient quand même déjà une assise, une
crédibilité dans le public.
Si on reprend la proposition du député de Maisonneuve, il
lie la question des dépenses électorales à la question du
fonctionnement du parti. Nous faisons une distinction bien nette, nous, entre
le remboursement des dépenses électorales et les allocations qui
pourraient être payées à des fins de fonctionnement du
parti en dehors de la période électorale.
Je reprends la proposition du député de Maisonneuve:
"Inscription sur les bulletins de vote", cela va de soi. "Tout parti reconnu
suivant la définition suggérée ci-dessus et tout parti
enregistré présentant au moins douze candidats officiels."
Là, on pourrait discuter assez longuement sur la question du chiffre
douze. C'est un chiffre qui me parait peut-être assez peu
réaliste, qui, pour m'exprimer plus globalement, est à mon sens
insuffisant. Ce n'est pas suffisant qu'il n'y ait que douze candidats.
M. BURNS: Vous reconnaissez qu'actuelle-
ment le parti qui aurait présenté dix candidats, lors des
dernières élections, pourrait être dans la situation que
nous suggérons lors de la prochaine élection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. BURNS: Ce que nous disons, c'est pourquoi pas ne pas utiliser un
chiffre que nous utilisons déjà quant à un parti
reconnu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous préférerions, nous...
M. BURNS: Vous voudriez le laisser à dix?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'un parti politique non reconnu
actuellement présente au moins 56 candidats. Autrement, on va avoir une
prolifération de partis, je le crains. Remarquez que tout ça est
matière à discussion. Personne d'entre nous n'a la
prétention d'avoir la vérité, et ce ne sont pas des dogmes
que nous énonçons là.
Vous parlez ensuite du droit égalitaire à la
publicité gratuite: radio, TV, journaux, en temps de campagne
électorale pour tout parti reconnu et enregistré
présentant au moins 55 ou 56 candidats officiels. Je suis d'accord
là-dessus. Restera à savoir si je suis d'accord sur cette
question de publicité gratuite ou tout au moins sur les modalités
que vous proposez en ce qui concerne les mécanismes d'attribution de
périodes gratuites.
Après ça, vous parlez du remboursement d'une partie des
dépenses électorales. "A droit au remboursement d'une partie des
dépenses électorales, tout parti enregistré ayant obtenu
au moins 10 p.c. des votes." Là, je ne suis pas d'accord; je proposerais
plutôt que l'on maintienne 20 p.c. Que ce soit un membre d'un parti
actuellement reconnu ou un membre d'un parti à naître
éventuellement, chaque candidat ayant obtenu 20 p.c. des voix dans sa
circonscription pourrait être remboursé de ses dépenses,
comme le veut la loi actuelle. Après cela, vous dites...
M. BURNS: Là, il faut faire la distinction entre le
candidat...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et le parti, c'est ça.
M. BURNS: ... et le parti. Ici, c'est une proposition qui concerne le
parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le parti.
M. BURNS: Si 10 p.c. des votes que nous suggérons vous semble
trop bas, je vous dis tout de suite que ce ne serait pas difficile pour moi
d'envisager une formule semblable à celle que nous avons proposée
pour les candidats, c'est-à-dire qu'il y ait une gradation de 10 p.c.
à 20 p.c
A 10 p.c, nous disions que le candidat devrait commencer à
recevoir au moins un dixième de ce à quoi a droit le candidat qui
a obtenu 20 p.c. On pourrait faire la même chose à l'égard
du parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'en ai pas formellement contre le chiffre
de 10 p.c, parce que nous en avions discuté l'autre jour, en examinant
les résultats des dernières élections, par exemple. Il
était assez injuste que les candidats qui se situaient à des
marges extrêmement réduites ne se voient pas rembourser leurs
dépenses électorales. On pourrait discuter des 10 p.c. Je n'en
fais pas une querelle d'Allemand; au contraire, je crois qu'on peut s'entendre
sur un pourcentage raisonnable. 10 p.c. est-ce que c'est un peu bas? 15 p.c.
est-ce que ce serait un peu haut? Là, on peut jouer là-dessus ou
on peut adopter un système gradué, si vous voulez, selon un
pourcentage qui irait jusqu'à 20 p.c. de 10 p.c. à 20 p.c
M. BURNS: Vous savez qu'avec les...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est difficile d'appréciation.
M. BURNS: ... 20 p.c. il n'y aurait que deux partis politiques, au cours
de la dernière campagne, qui auraient reçu remboursement de leurs
dépenses, selon ce critère. Il n'y aurait, je pense, que le Parti
libéral et le Parti québécois, sauf erreur. Je pense que
l'Union Nationale était tout près de 20 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, évidemment, si on parle en termes
de parti. Mais, si on parle en ternies de candidat, c'est différent.
M. BURNS: Oui, d'accord. C'est pour ça qu'ici je parle en termes
de parti et non pas de candidat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour ça que je vous dis que le
chiffre de 10 p.c. n'a rien pour moi de magique, de sacramentel. Il n'y a rien
là-dedans pour se quereller. Là où je ne suis pas
d'accord, c'est à l'article 4: "A droit aux subventions annuelles de
fonctionnement et à la publicité gratuite hors des campagnes
électorales tout parti reconnu." Alors, tout parti reconnu, dans ce cas,
qu'est-ce que ça veut dire dans notre esprit? Cela veut dire les partis
actuellement reconnus aux termes de la Loi de la Législature ou si
ça deviendrait les partis reconnus à partir du moment où
ils ont été accrédités en vue du prochain
scrutin?
M. BURNS: Dans notre proposition c'est pour ça qu'on a
parlé des définitions avant ce serait la définition
qu'on suggère aux mots "parti reconnu."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Aux termes de la Loi de la
Législature.
M. BURNS: C'est-à-dire aux termes de la loi de la
Législature actuelle.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, "droit aux subventions annuelles de
fonctionnement et à la publicité gratuite hors des campagnes
électorales pour tout parti reconnu."
Nous ajoutons: "les partis qui seraient accrédités et qui
auront obtenu 10 p.c. des votes valides lors du prochain scrutin". Nous
ajoutons ça. Au fond, nos propositions se rencontrent. D s'agit de faire
toujours le partage, la démarcation entre les dépenses
électorales, la reconnaissance du parti, l'élection passée
et l'élection à venir. En réalité, il n'y a pas
contradiction dans nos propositions. On peut différer d'opinion sur les
quantums, mais il n'y a pas de contradiction.
Vous avez dit ensuite "droit au remboursement des dépenses
encourues pour donner suite aux obligations de la loi, vérification des
états financiers pour tout parti enregistré". Tout parti
enregistré qui aura obtenu combien de pourcentage des votes?
M. BURNS: Aucune obligation quant à la
représentativité. Selon nous, si la loi impose des obligations
à un parti enregistré, ça peut être un parti
enregistré qui n'a pas encore connu les feux de la rampe. Alors, on lui
imposera quand même un certain nombre d'obligations s'il a rempli les
critères que mentionnait le député de Terrebonne, entre
autres, tantôt. Je ne présume pas là, évidemment, je
précède un petit peu sur ce qu'on dira éventuellement, sur
ce qu'on imposera aux partis, mais en admettant qu'on impose des obligations
à un parti enregistré, l'obligation la plus évidente,
selon nous, qui risquerait de lui être imposée à la suite
de nos discussions serait sans doute la vérification faite par les
comptables agréés.
Dans un tel cas, on dit: Bien, pourquoi ne pas les rembourser? Surtout
si c'est un parti naissant, c'est peut-être un parti qui a plus besoin
d'appui financier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour le remboursement des dépenses.
M. BURNS: Oui.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Tout parti enregistré. Je ne vois pas de
difficulté là-dedans.
M. BURNS: En somme le principe que pose cette suggestion ou que suppose
cette suggestion, c'est que si on impose par la loi des obligations à
des partis enregistrés et que quant au reste le parti enregistré
se conforme à la loi et que les obligations qu'on lui impose lui
coûtent de l'argent, on dit: Pourquoi ne pas le rembourser?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, c'est davantage une question de
formulation ici qu'une question de principe. On s'entend pas mal sur la
même chose. Là où je suis moins "d'accord" remarquez
que je mets le mot entre guillemets c'est lorsqu'on parle des
périodes gratuites. "Droit égalitaire à la
publicité gratuite" et, en bas, vous dites: "Conformément au
rapport Barbeau, nous préconisons qu'il soit défendu aux partis
politiques d'acheter du temps d'antenne ou de l'espace dans les journaux en
supplément puisqu'il leur est fourni gratuitement".
Dans le cas d'un parti politique qui n'aurait pas droit à ces
privilèges, nous suggérons qu'il lui soit permis d'acheter de la
publicité jusqu'à concurrence de ce qui est mis gratuitement
à la disposition des autres partis. Il en ira de même pour un
candidat indépendant; ses dépenses seraient remboursables suivant
le critère ordinaire. Il s'agit de périodes de temps en
période électorale.
M. BURNS: En période électorale et pour les partis.
Evidemment, ce qui s'applique aux candidats indépendants ne s'applique
pas aux partis, mais pour les partis je pense que ça devrait s'appliquer
également entre les périodes électorales si l'Etat
rembourse éventuellement ou subventionne les partis politiques quant
à leur publicité entre les campagnes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le point qui me préoccupe, moi, c'est
le suivant: En période électorale, supposons qu'on établit
un certain nombre de périodes étalées sur X jours ou X
semaines et on les distribue équitablement entre les formations
politiques qui se conforment aux exigences de la nouvelle loi que nous
promulguerions. Est-ce que vous avez pensé, en fonction du scrutin qui
se produira dans je ne sais combien de semaines ou de mois, aux partis
politiques qui, déjà, occupent les ondes ou au parti
ministériel qui, lui, a des moyens de se donner de la publicité
que nous, partis de l'Opposition, n'avons pas?
Vous savez, par le truchement de deux ou trois ballons politiques, un
gouvernement peut se donner une large publicité...
M. HARDY: Je comprends très bien que le député de
Maisonneuve n'ait pas pensé à cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et occuper les ondes pendant assez
longtemps. Il y a, d'autre part, des partis politiques je ne mentionne
personne qui ont déjà des périodes de temps...
M. HARDY : Cela ne le préoccupe pas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... réservées à la
télévision et qui ont des émissions
régulières, soit hebdomadaires, bimensuelles ou bihebdomadaires;
alors, déjà, cela existe. Cela viendrait, si vous voulez, changer
complètement cette règle d'égalitarisme que vous proposez.
C'est un
aspect important sur lequel, je pense bien, nous n'avons pas le temps ce
matin de nous pencher trop longuement mais je souligne la difficulté du
problème.
Je peux très bien aller à la station de CKRS pas
actuellement parce qu'elle est en grève soit à la station
CJBM à Chicoutimi et réserver pour une période de six
semaines ou de six mois à venir une heure ou une demi-heure par semaine.
Ensuite, quand viendra l'élection les périodes que j'aurais
louées tomberaient parce que cela se fait comme cela mais j'aurais quand
même utilisé les ondes pendant six mois et j'aurais, en plus, ce
que l'Etat me permettrait d'obtenir sur les ondes. C'est une difficulté,
si vous voulez, pour le moment présent en fonction du scrutin qui s'en
vient, de la loi qu'on va nous donner très certainement avant le nouveau
scrutin. Le député s'y est engagé, le député
de Terrebonne a engagé son gouvernement.
Cette loi va s'appliquer pour le nouveau scrutin; après,
évidemment, ce sera plus facile de régler le problème.
Pour les mois à venir...
M. BURNS: Si vous permettez, peut-être que M. Renaud pourrait vous
préciser quelque chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si la commission lui donne le droit de
s'exprimer.
M. HARDY: Moi, je n'ai pas d'objection; on a déterminé, au
début, que les experts pouvaient parler. Evidemment, le
député de Chicoutimi est très restrictif sur le droit de
parole à accorder.
M. BURNS: Alors, je demande, pour M. Renaud, le droit de...
M. HARDY: Quant à moi, je n'ai pas d'objection à ce que M.
Renaud intervienne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, avant que M. Renaud n'intervienne,
j'aimerais bien reprendre l'autre aspect ici: "Le privilège de la
publicité gratuite pendant une période électorale pourrait
être accordé par anticipation à un parti enregisté
qui manifeste l'intention de présenter au moins 55 candidats. Nous
suggérons que, pour éviter des abus, un dépôt soit
exigé et que ce dépôt soit confisqué si l'intention
annoncée ne se réalise pas." Je n'ai aucune objection à
cette exigence, parce que, déjà, les stations de radio et de
télévision nous les imposent lorsque nous réservons des
périodes. Alors à plus forte raison si c'est l'Etat qui paie, il
serait absolument impérieux que le gouvernement exige un
dépôt afin qu'on ne se prévale pas d'avantages dont ensuite
on tirerait des effets et après ça on dirait: Cela ne nous
intéresse plus, on n'en fait plus. On passerait son message pour une
raison ou pour une autre puis après on laisserait tomber. Cela est une
exigence déjà implicitement reconnue. Il faut la mettre dans la
loi puisque, si c'est l'Etat qui est appelé à payer, il faut que
ce soit mis dans une loi. Déjà les stations nous imposent cette
exigence.
Quant au reste: "Afin d'assurer que la présentation d'un candidat
ait une signification réelle quant à la vigueur d'un parti, nous
suggérons que le cautionnement actuel de $200 soit remplacé par
la signature d'un certain nombre d'électeurs inscrits dans le district
électoral", nous en avons parlé de ce problème du
cautionnement ou du dépôt, lors des élections scolaires sur
l'île de Montréal. Nous avons maintenu, et moi je maintiens
encore, qu'un cautionnement a quand même une signification. Je serais
même porté à exiger que ce cautionnement soit plus
important que le montant de $200. $200 c'est bien peu d'argent.
M. BURNS: De nos jours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais si on exige que le cautionnement soit de
$500, ça commence à être plus sérieux. La liste des
électeurs, c'est un pur artifice. On peut se bâtir des listes
énormes de gens qui signent le bulletin de présentation, et
même on va chercher des électeurs de diverses allégeances
politiques: des maires, des préfets de comté, des
évêques, des archevêques, etc., pour ceux qui ont l'esprit
catholique et romain, et on peut avoir une liste très impressionnante
qui, au fond, ne constitue pas une garantie valable, puisque les personnes qui
signent un bulletin de présentation ne sont pas engagées pour
autant, ni financièrement ni matériellement.
D n'y a aucun recours contre elles et elles ne sont surtout pas
engagées à voter pour le candidat; souvent, elles votent contre
lui.
Alors, c'est tout simplement une formalité: 25 noms. On commence
par faire signer tous nos amis, nos parents, nos frères et nos soeurs et
on fait signer quelques maires cela paraît bien et on
présente cela. Qu'est-ce que cela vaut?
M. BURNS: Pas dans la région de Montréal. On ne fait pas
signer de maires.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas une garantie. A Montréal,
c'est peut-être plus difficile de recueillir 25 noms.
M. BURNS: Je dis qu'à Montréal on ne fait pas signer de
maires.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais, à Montréal, vous
n'avez pas beaucoup de maires. Et est-ce qu'ils savent tous signer leur nom? Je
ne le sais pas. Pour être sérieux, cela ne veut rien dire. Une
liste, qui comporte 25, 50, 100 ou 200 noms, cela ne veut rien dire, tandis
qu'un cautionnement, c'est beaucoup plus sérieux. C'est un
dépôt. Moi, $200, j'estime que ce n'est pas assez.
M. BURNS: Par contre, cela ne doit pas devenir une crainte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne doit pas devenir un
empêchement.
M. BURNS: ...qui empêche ou même qui fait en sorte que la
candidature ne soit réservée à peu près qu'aux
riches.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non.
M. BURNS: Il ne faut pas tomber dans cet excès-là, non
plus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, si le cautionnement était de
$1,000 en montant, de $1,000 à $2,000, là, on commencerait
à être très restrictif. Mais un cautionnement de $500,
aujourd'hui, compte tenu de la valeur de l'argent, ce n'est pas un très
gros montant. J'inviterais certaines gens et certains partis politiques
à ne pas présenter seulement des poteaux. S'ils ont à
présenter 55 candidats pour lesquels il est nécessaire d'avoir
$500 comme cautionnement, ce serait quand même assez rigoureux.
Alors, ce sont les observations que j'avais à faire. Les
propositions du député de Maisonneuve sont très valables.
Elles recoupent sensiblement les nôtres. Il y a des problèmes de
définitions et des distinctions à faire entre les dépenses
faites hors les campagnes électorales et les dépenses faites
pendant les campagnes électorales et, ensuite, les modalités de
remboursement selon qu'on est un parti reconnu ou un parti enregistré,
au sens où le député de Maisonneuve l'indiquait l'autre
jour.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, j'aurais eu des commentaires
élaborés et sûrement intéressants à formuler
sur les propositions du député de Maisonneuve. Malheureusement,
je vois qu'il est midi. Alors, je demande d'avoir priorité, lors de la
prochaine séance, pour formuler des remarques sur les propositions du
député de Maisonneuve, avec lesquelles je suis en partie d'accord
mais, sur d'autres, nous avons des réserves.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Motion dé-battable.
M. BURNS: Est-ce que vous proposez l'ajournement à une date fixe
encore?
M. HARDY: Oui, M. le Président. Je propose l'ajournement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A mercredi.
M. HARDY:... des travaux de la commission à mercredi prochain,
dix heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a le premier ministre, M. le
Président!
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux...
M. BURNS: M. le Président, juste une minute avant que vous disiez
cela. Est-ce qu'on s'entend à savoir si la Chambre siège mercredi
matin...
M. HARDY: Ah oui, il y a ce problème.
M. BURNS: Cela irait peut-être à onze heures.
M. HARDY : II faudrait dire dix heures ou après la période
des questions, si la Chambre siège.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Giasson): La commission ajourne ses travaux selon la
formulation exprimée par le député de Terrebonne, dans les
hypothèses qui pourront exister.
(Fin de la séance à 12 h 2)