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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 27 juin 1973
(Dix heures vingt minutes).
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Après les excuses bien légitimes du député
de Terrebonne...
M. BURNS: Vous n'avez pas à porter de jugement sur ses
excuses.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): C'est une constatation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On va faire faire une enquête.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... la sous-commission reprend ses
travaux. J'aimerais mentionner tout de suite, que, comme il est coutume les
mercredis, la commission ajournera à midi.
Nous allons indiquer immédiatement les membres de la
sous-commission. Pour le parti ministériel, M. Hardy; M. Pépin
remplace M. Blank, M. Assad remplace M. Harvey, M. Ber-thiaume remplace M.
Ostiguy. Pour l'Union Nationale, le député de Chicoutimi, M.
Tremblay. Pour le Ralliement créditiste, le député de
Frontenac, M. Latulippe et, pour le Parti québécois, M. Burns
député de Maisonneuve.
Propositions du Parti québécois
LE PRESIDENT (M. Cornellier): A l'ajournement de la dernière
séance, le député de Terrebonne se préparait
à donner la réplique à l'argumentation du
député de Maisonneuve. Je cède donc la parole
immédiatement au député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, en effet, lorsque notre commission a
terminé ses travaux la semaine dernière, je me préparais
non pas nécessairement à donner la réplique au
député de Maisonneuve, mais à commenter la proposition
qu'il avait déposée au cours de cette réunion. J'avais eu
le temps de dire, je pense, que j'étais d'accord sur certaines parties
de cette proposition et que j'avais des réserves sur d'autres.
Je vais reprendre les propositions du député de
Maisonneuve dans l'ordre où elles se trouvent. Pour ce qui est de
l'inscription sur les bulletins de vote à toutes fins pratiques,
c'est ce que ça veut dire B-l, l'inscription du nom du parti sur les
bulletins de vote si un parti compte douze candidats je pense que nous
pouvons accepter cette proposition.
Temps d'antenne gratuit
M. HARDY: Quant au droit égalitaire à la publicité
gratuite à la radio, à la télévision et dans les
journaux, je vous avoue que là-dessus j'ai des réserves. Cela
voudrait dire qu'un parti politique qui, aux dernières élections,
a obtenu 40 p.c. ou 45 p.c. des voix et qui formait le gouvernement aurait
exactement la même période de temps, à la radio, à
la télévision et dans les journaux, qu'un tout nouveau parti qui
peut présenter des candidats dans la moitié des circonscriptions
mais dont le caractère de représentativité est encore
très inconnu. On admettra... Je me souviens de certains partis
politiques qui ont présenté des candidats dans toutes les
circonscriptions et dont les succès électoraux ont
été relativement minces.
M. BURNS: Mais est-ce que le député de Terrebonne me
permet?
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: N'est-il pas vrai que ce n'est pas le succès
électoral d'un parti qui peut être son... Non, non, je le dis de
façon très détendue.
M. HARDY: Qui marque sa représentativité?
M. BURNS: Bien, écoutez! ...
M. HARDY: Je serais d'accord avec le député de Maisonneuve
pour dire: Ce n'est pas nécessairement le succès
électoral...
M. BURNS: C'est ça.
M. HARDY: ... qui marque la qualité conçue d'une
façon un peu abstraite. Mais c'est quand même...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une sage précaution que vous
prenez en ce qui vous concerne.
M. BURNS: Si on regardait le succès électoral...
M.HARDY: M. le Président, devant des problèmes aussi
sérieux, je fais abstraction, le plus possible, des
réalités, surtout quand je regarde les gens qui sont en face de
moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, ce qu'il est bon!
M. HARDY : Si le député de Maisonneuve est en mesure de me
fournir un moyen d'évaluer la représentativité d'une
formation politique,
autre que le résultat électoral, je serais très
heureux d'en prendre connaissance. Mais jusqu'à présent, je ne
connais pas de moyen...
M. BURNS: Je ne plaide pas pour mon parti, je ne plaide pas pour l'Union
Nationale, ni pour le Ralliement créditiste, ni pour les
libéraux. Je pense bien que c'est ça la question. On n'argumente
pas en faveur...
M. HARDY: Non, non!
M. BURNS: ... d'un des quatre partis reconnus.
M. HARDY: D'accord.
M. BURNS: ... actuellement.
M. HARDY: On argumente pour l'avenir.
M. BURNS: Mais je pense qu'il est normal qu'on prévoie
l'éventuelle naissance d'autres partis. C'est possible.
M. HARDY: Je suis bien d'accord.
M. BURNS: Comme c'est possible que les partis actuels se divisent,
disparaissent, se transforment, etc. Comme on ne fait pas cela pour demain, on
pense à un parti qui pourrait naître, à un moment
donné, à qui on demanderait un minimum de sérieux quant
à son désir de prendre le pouvoir. On dit: Pour autant qu'il
présente suffisamment de candidats pour penser à prendre le
pouvoir. C'est un peu le même principe que les douze candidats. Je me
souviens que le député de Terrebonne, la semaine dernière,
me disait: C'est un peu théorique, votre affaire. Oui, c'est
théorique. Mais en théorie, aussi, c'est possible qu'un parti
présente douze candidats, qu'ils soient élus tous les douze et
qu'il devienne un parti reconnu. C'est la même chose à
l'égard d'un parti qui présenterait un nombre de candidats qui,
s'ils étaient tous élus, formeraient le gouvernement. C'est dans
ce sens qu'on fait cette proposition.
M. HARDY: M. le Président, je suis totalement d'accord pour
reconnaître que nos lois ne doivent pas empêcher la naissance de
nouveaux partis politiques. Elles doivent même, dans une certaine mesure,
les favoriser et c'est un facteur pour avoir une démocratie saine
permettre à toutes les expressions d'opinion de pouvoir se
manifester.
D'ailleurs, le député de Maisonneuve se rappellera
sûrement que dans un autre domaine j'ai déjà plaidé,
et je continue à être conscient de cela, que la meilleure
façon d'éviter l'anarchie et des manifestations sauvages, c'est
de permettre à toutes les opinions de s'exprimer par des voies normales.
Je pense que je suis aussi conscient que le député de Maisonneuve
de cette nécessité, peut-être pas pour les mêmes
raisons; mais je pense que là-dessus des gens plus à droite
peuvent s'entendre sur les moyens avec des gens plus à gauche. Mais ceci
admis... Oui?
M. LATULIPPE: Est-ce que vous me permettez une question, avant que vous
ne changiez de sujet?
M.HARDY: Ah oui! Je vais tenter de ne pas trop perdre le fil de ma
pensée, mais je pense que cela facilite la discussion.
M. LATULIPPE: C'est sur le même sujet. Est-ce que vous êtes
d'accord pour reconnaître qu'à ce stade-ci on parle surtout de
droits égalitaires face à la publicité? C'est en
période électorale qu'on se situe.
M. HARDY: Ah oui, évidemment!
M. LATULIPPE: On se situe dans un contexte où la période
est radicalement raccourcie.
M. HARDY: Oui.
M. LATULIPPE: Le critère dominant, dans ce cas, ça ne doit
pas être la représentativité, mais l'accessibilité
des partis. Comment conciliez-vous l'affirmation que vous soutenez avec la
proposition qui a été faite par l'autre gouvernement
libéral à Ottawa, qui est dans le Soleil de samedi?
M. HARDY: M. le Président...
M. LATULIPPE: II peut y avoir une similitude de pensée.
M. HARDY: ... même si nous sommes tous des Canadiens, nous avons
quand même notre autonomie. Le Parlement du Québec est autonome.
D'ailleurs, nous, au Québec, n'avons pas attendu le
fédéral.
M. LATULIPPE: Justement, eux ils consacrent ce principe
égalitaire.
M. HARDY : Le Parlement fédéral n'en est qu'à la
première lecture d'une loi dont beaucoup d'éléments se
retrouvent dans nos statuts depuis 1962. Alors, je pense qu'actuellement c'est
le fédéral qui doit s'ajuster sur nous, plutôt que nous sur
le fédéral, dans ce domaine.
M. LATULIPPE: Dans l'ensemble, je partage votre opinion. Sur la question
du droit égalitaire face aux media de publicité en période
électorale, je pense qu'ils ont une proposition catégorique
là-dessus.
M. HARDY: Là-dessus, je n'ai pas d'idées absolument
définitives. Je le reconnais bien honnêtement. J'en suis encore
à l'étape de la recherche. Je pense que c'est un peu ça
que nous avons fait depuis le début de nos travaux; nous cherchons
ensemble.
Cette proposition du député de Maisonneuve, moi, je me
demande et je ne parle pas simplement pour les partis politiques; je
pense aux citoyens s'il est vraiment démocratique de l'appliquer.
Je vais jusque-là. Supposons que les derniers chiffres ou les derniers
renseignements concrets que l'on possède à son sujet indiquent
que telle formation avait 40 p.c. de la faveur populaire et qu'en face de
ça on a un parti politique dont le seul élément de
représentativité, c'est qu'il présente 50 candidats. On ne
sait pas du tout le nombre de votes; ces gens peuvent très bien se
ramasser avec 3 p.c. ou 4 p.c. des suffrages. Voici la question que je me pose:
Est-il normal que la formation politique qui, quatre ans auparavant, a obtenu
40 p.c. des voix ait exactement la même période de temps qu'une
autre formation politique qui obtiendra peut-être 3 p.c? Est-ce que c'est
ça, la démocratie?
Je vais terminer. C'est la première question que je pose.
Deuxièmement, est-ce aussi juste, équitable et
démocratique à supposer qu'il y ait quatre, cinq, six ou sept
partis politiques qui ont au moins 50 candidats?
Dans notre système, tel qu'il existe, vous avez le gouvernement
et vous avez supposons l'hypothèse sept partis qui ont au
moins 50 candidats, ce qui n'est pas impossible. Cela veut dire, si tous les
gens sont sur un pied d'égalité, que le temps dont disposera le
gouvernement pour défendre sa position sera absolument noyé par
les autres partis politiques. Il s'établit une espèce de
déséquilibre; supposons qu'on a sept heures d'antenne à la
télévision, et il y a sept partis politiques. Je parle de sept
partis politiques pour simplifier la discussion. Cela veut dire que le
gouvernement aura une heure contre six heures accordées à tous
les autres partis. Le parti politique qui forme le gouvernement aura une heure
contre six. Il me paraît qu'il y a un certain déséquilibre
au point de départ.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne me permettrait une question pour éclairer la discussion? Je
comprends, si on prend ça théoriquement comme l'indique le
député de Terrebonne, que cela peut paraître
disproportionné que le parti ministériel ait une heure contre six
heures; supposons qu'il y ait cinq, six, sept formations. On donne le
même temps à chaque parti politique. Mais est-ce que le parti
ministériel, qui doit faire l'illustration et la défense de ses
politiques, n'est pas au départ avantagé du fait qu'il a
bénéficié de quatre ans et qu'il profite surtout de la
période préélectorale qui est ordinairement prévue
par le parti ministériel? Est-ce que ce parti n'a justement pas tous les
moyens de mettre en évidence la valeur de ses politiques et d'expliquer
ses programmes et ses lois? Il ne faut pas oublier que le parti
ministériel, sans verser dans la propagande, a quand même des
moyens de mettre en évidence la qualité, la valeur des programmes
qu'il a mis de l'avant et des lois qu'il a fait adopter.
M. HARDY: M. le Président...
M. BURNS: Dans la même ligne, si vous me permettez.
M. HARDY: Bien, est-ce que je peux répondre?
M. BURNS: C'est parce que ça s'ajoute à ce que le
député de Chicoutimi vient de dire, ce sur quoi je suis
entièrement d'accord. J'ajoute ceci: Est-ce qu'on ne peut pas concevoir
qu'au moment où l'élection est déclenchée le parti
ministériel, même si c'est lui qui a formé le gouvernement
antérieurement, devient face à l'électorat un parti comme
les autres qui veut, dans son cas, se faire réélire comme tous
les autres partis veulent former le gouvernement?
M. HARDY: Encore une fois...
M. BURNS: C'est dans le fond la conception qu'on doit avoir au moment
d'une élection qui fait l'objet de cette discussion.
Est-ce que le parti ministériel, parce qu'il est le gouvernement
sortant, devrait être privilégié? C'est ça? C'est
comme ça que la question peut être inversée.
M. HARDY: Non, ce n'est pas pour ça. Non, on ne peut pas la poser
comme ça. Je suis d'accord...
M. BURNS: Bien non, si vous posez la question: Est-ce qu'il est normal
que ce parti se divise le temps à un septième alors qu'il y a
sept partis, moi je vous inverse la question en vous disant: Est-ce qu'il doit
être privilégié parce qu'il vient de former le
gouvernement? Je dirais non, parce que...
M. HARDY: Très habilement.
M. BURNS: ... les règles du jeu ne sont plus les mêmes en
période électorale.
M. HARDY: Très habilement, M. le Président, avec tous ses
talents d'avocat, le député de Maisonneuve d'une façon
extraordinaire contourne la question. De toute façon je vais revenir au
député de Maisonneuve, mais je vais commencer par le
député de Chicoutimi. Ce que dit le député de
Chicoutimi est contredit quotidiennement. Il s'agit d'ouvrir les journaux. Il
s'agit de regarder la télévision et d'écouter la radio
pour se rendre compte que bien souvent là je ne pose pas de
jugement de valeur, je ne critique pas, je ne fais que prendre acte d'une
situation si vous calculez ça en espace ou en temps, probablement
parce qu'il y a quatre partis trois partis d'opposition, puis un parti
ministériel très souvent il y a plus de temps, il
y a plus d'espace consacré à l'opposition au gouvernement
ou à la critique des politiques gouvernementales qu'à la
défense des politiques gouvernementales. Supposons la
présentation d'un projet de loi en Chambre. Il y a trois partis
d'opposition. Il est évident par la force des choses, si les media
veulent accorder à chaque parti d'opposition la possibilité de
transmettre leurs opinions, qu'on va arriver avec le résultat que les
oppositions réunies, si on veut, vont avoir plus d'espace et plus de
temps que le gouvernement.
Je ne suis donc pas d'accord. En plus, cela encore n'est pas un jugement
de valeur que je pose, mais ça fait partie un peu de cette nouvelle
société, de cette nouvelle culture politique qui est la
nôtre. Il y a une certaine sympathie, et ce n'est pas plus pour un parti
que pour un autre. Je pense que les media ont une certaine sympathie pour
l'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le député m'a mal
compris. D'abord, je voudrais lui faire observer que son argumentation ne tient
pas, parce que le traitement qui est accordé par les journaux, par les
media d'information au parti ministériel, dont on pourrait dire qu'il
est insuffisant, on pourrait également le dire insuffisant pour les
différents partis qui sont actuellement représentés.
M. HARDY: Bon, d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais ce que je voulais dire, c'est que le
gouvernement mettons de côté les journaux qui rapportent
nos propos, nos discussions, etc. quotidiennement, par ses bureaux
régionaux, par ses bureaux d'information, a quand même des moyens
d'informer le public et de faire comprendre au public le sens et la
portée des lois qu'il propose.
J'indiquais bien tout à l'heure que, sans verser dans la
propagande, le gouvernement a le droit d'informer le citoyen sur ses gestes et
sur la valeur, la signification et la portée des lois qu'il fait
adopter. Donc, il se trouve dans une position favorable. J'écarte la
question du traitement que l'on donne au gouvernement ou aux divers partis
d'Opposition qui pourraient aussi se plaindre, de la même façon,
de ne pas avoir suffisamment d'espace, j'écarte cet aspect-là
pour m'attacher simplement à cette considération que le
gouvernement, pendant la période de son mandat, est en mesure d'avoir
régulièrement un contact avec les citoyens et d'informer ceux-ci
de ses politiques.
M. HARDY: M. le Président, je ne partage pas l'opinion du
député de Chicoutimi parce que, même si c'est exact qu'il y
a de la publicité gouvernementale, cette publicité est à
ce point neutre que le citoyen ou l'électeur qui reçoit cette
information ne l'associe pas à tel parti politique. En d'autres termes,
même si on fait de la publicité sur la Loi des consommateurs, la
publicité sur cette loi, faite par le ministère des
Communications ou les organes gouvernementaux, est à ce point neutre que
l'électeur n'aura jamais l'impression qu'il y a relation entre le parti
politique X qui forme le gouvernement et cette loi. Tandis que quand le chef
d'une formation politique opposée critique, à cause même du
contenu et à cause du contexte, là, l'électeur
perçoit vraiment qu'il s'agit d'une critique.
En d'autres termes, il faut quand même, sur le plan de la
publicité, sur le plan de la perception de l'information, gouvernement
et parti ministériel. De plus en plus, les gens font cette distinction
d'une façon spontanée et probablement parce que l'administration
est de plus en plus, je dirais, technocratique ou structurée. Quand les
gens reçoivent leur chèque d'aide sociale, ils n'ont pas du tout,
contrairement à ce qui pouvait exister autrefois, l'impression que c'est
le gouvernement ou que c'est le parti politique. C'est un droit. Et c'est
bon.
Ceci manifeste une très grande évolution de la conscience
politique des Québécois, je m'en réjouis, mais c'est quand
même une situation dont on doit tenir compte, si on veut assurer une
certaine égalité de chances. Il ne faut pas, vous savez, passer
à l'excès contraire et, pour être démocrate,
pénaliser le parti qui forme le gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député ne vient
pas de dire qu'il fait une distinction entre le gouvernement et le parti...
M. HARDY : Dans la perception que les gens ont, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ministériel, dans la perception que
les gens en ont? Il fait également, dans son esprit, j'imagine, le
député, cette distinction, puisque c'est ça qui sous-tend
la thèse qu'il défend ce matin. Dans cette perspective-là,
je ne vois pas pourquoi le député de Terrebonne n'accepterait pas
qu'en période électorale le parti ministériel soit un
parti au même titre que les autres, qui va défendre sa peau, un
point c'est tout.
M. HARDY: Justement, là je vais répondre, à la
suite de la question du député de Chicoutimi, au
député de Maisonneuve. Quand je parle d'une certaine injustice,
si on accorde à tout le monde l'égalité, ce n'est pas
parce que c'est le gouvernement. D'ailleurs, le même problème se
poserait pour les partis d'Opposition. Je considère qu'accorder le
même temps d'antenne à un parti politique qui a fait élire
20 députés qu'à un parti politique qui n'a jamais fait
élire personne, mais qui présente simplement 50 candidats,
là aussi il y aurait injustice. Encore une fois, je me fonde sur le
caractère de représentativité. Le député de
Maisonneuve peut bien dire qu'une fois que l'élection est
déclarée tout le monde se retrouve théoriquement
sur un pied d'égalité, mais c'est une théorie, c'est
très, très théorique. Même en voulant être
très théorique, je pense que c'est quasiment une vue de l'esprit,
ça ne peut pas correspondre à la réalité. Jamais,
même au point de départ, même si on part de ce postulat que
tout le monde est sur un pied d'égalité, ce n'est pas vrai.
Même le jour où l'élection est déclenchée,
puis même pendant toute la période électorale, il y aura
des partis politiques qui auront une représentativité plus grande
les uns que les autres.
M. BURNS: Mais c'est le sens...
M. HARDY : Encore une fois, si on avait d'autres instruments pour
mesurer cette représentativité, je serais bien heureux. Mais je
dis qu'à l'heure présente le seul moyen de déterminer
à un moment donné le caractère de
représentativité d'une formation politique c'est
l'élection la plus récente. Ce ne sont même pas les
sondages, parce que ce qui est le plus exact, dans la mesure où c'est
possible d'avoir de l'exactitude dans ce domaine, c'est la dernière
élection. M. le Président, je suis bien prêt à
écouter toute l'argumentation qu'on voudra me présenter, mais
à ce stade-ci mon esprit est absolument incapable d'accepter qu'un parti
politique qui a obtenu 40 p.c. ou même 20 p.c. des voix soit
placé, sur le plan de la publicité, exactement dans la même
situation qu'un parti politique qui n'a jamais subi le test de la
représentativité et qui a tout simplement 50 candidats. J'irai
plus loin, M. le Président, je dis que cette façon de voir les
choses n'est pas démocratique. Un parti politique a le droit de se faire
entendre dans la mesure de sa représentativité. Ce serait injuste
qu'un parti politique qui ne représente rien ou à peu près
rien dispose du même temps qu'un parti politique qui a un
caractère de représentativité.
M TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je peux poser une question au
député de Terrebonne? Il parle de représentativité,
et c'est justement là qu'on fausse peut-être un peu le
débat. Au départ, quand nous avons posé les principes qui
devaient inspirer notre démarche.
Nous avons parlé, certes, de représentativité.
Mais, avant, nous avons parlé d'accessibilité. Alors, je rappelle
au député de Terrebonne qu'au départ nous nous sommes
basés sur cette idée d'accessibilité...
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... c'est-à-dire sur ces moyens qui
permettraient à des groupes politiques formés ou à
naître d'avoir accès à des sources de financement
publiques, étant entendu que l'on établirait par la suite les
mécanismes de représentativité.
Alors, je pense que la discussion qui vient de s'engager est
faussée parce que, là, le député de Terrebonne met
l'accent sur les moyens plutôt que sur la fin.
M. HARDY: C'est-à-dire que je pars du texte que j'ai devant
moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. Tout en partant du texte, qui nous a
été soumis par notre collègue, vous donnez une orientation
à la discussion qui donne préséance aux moyens
plutôt qu'à la fin.
M. HARDY: Je suis d'accord...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La fin, c'est l'accessibilité.
M. HARDY: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le moyen, c'est...
M. HARDY : Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la représentativité.
M.HARDY: Je suis d'accord, M. le Président. Mais j'ai
été amené à partir du texte à donner
peut-être cette orientation. Je résumerais mes commentaires sur ce
point en disant que ce qui est, encore une fois, conforme à une
véritable conception de la démocratie, c'est de permettre
à tous les mouvements d'opinion de s'exprimer, d'avoir un accès
pour et c'est la conséquence permettre à
l'électeur d'être bien informé. L'électeur a le
droit, avant de poser un geste, d'avoir une information aussi complète
que possible des différentes hypothèses ou des différentes
possibilités qu'il a, devant lesquelles il est placé.
Encore une fois, quant à cette idée d'une
égalité totale, pour le moment il m'est difficile de
l'endosser.
M. BURNS: Est-ce que le député veut qu'on discute des
points les uns après les autres ou s'il aime mieux faire... Cela m'est
indifférent, remarquez que c'est pour lui. Est-ce qu'il veut faire son
exposé au complet avant la discussion?
M. HARDY: Je voudrais terminer peut-être mes commentaires, quitte
à continuer par la suite.
M. BURNS: D'accord.
M. HARDY: Pour ce qui est du remboursement d'une partie des
dépenses électorales à un parti politique, encore
là, sans me prononcer de façon précise sur le principe du
remboursement aux partis, partant toujours de l'hypothèse qu'on
conviendrait qu'on doit rembourser les
partis politiques, là encore je considère que 10 p.c. des
voix, d'ailleurs j'en avais dit un mot la semaine dernière, c'est
vraiment minime. Encore une fois, je crains qu'un pourcentage si peu
élevé puisse conduire à des abus, qu'il y ait des gens,
qu'il y ait des groupes qui, sous le couvert d'une action politique,
poursuivent tout autre but avec des deniers de l'Etat, une organisation qui
même pourrait avoir un caractère commercial... D'ailleurs, on sait
très bien que, même dans l'état actuel des choses, il y a
des gens qui se présentent candidats, à un moment donné,
pour des fins purement publicitaires. Vous en avez, à chaque
élection. A première vue, on se demande: Qu'est-ce qu'il fait
là? C'est vraiment farfelu. Quand on connaît un peu le contexte,
ces gens se présentent tout simplement pour se faire de la
publicité pour leur commerce ou leur activité.
M. BURNS: Ce n'est pas la règle générale, quand
même.
M. HARDY: Ce n'est pas la règle générale, mais si
l'on donne des moyens... Ce n'est pas la règle générale
parce que cela peut coûter cher, à un moment donné, de
s'organiser. Mais si on donne des moyens, cela pourrait conduire à cela.
Moi, je pense que si, d'une part, on doit trouver valable que l'Etat serve
à promouvoir des idées politiques, on ne peut pas accepter que,
sous le couvert de la promotion d'idées politiques, les deniers de
l'Etat servent à d'autres fins.
Moi, plutôt que de 10 p.c. des votes, j'accepterais une
espèce de progression.
On pourrait partir de 15 p.c. et il y aurait une progression,
c'est-à-dire que le parti politique qui a 15 p.c. des voix n'aurait pas
le même taux de remboursement que celui qui a 20 p.c. des voix.
M. BURNS: Je pense, d'ailleurs, que j'avais laissé la porte
ouverte à cela, la semaine dernière.
M. HARDY: II y avait un consensus là-dessus.
M. BURNS: En tout cas, on peut s'obstiner sur 15 p.c. plutôt que
11 p.c. Moi, j'avais pensé que la progression puisse commencer à
11 p.c. jusqu'à 20 p.c, 11 p.c. étant 1/10 de remboursement et,
ainsi de suite, jusqu'à 20 p.c.
M. HARDY : Moi, je serais prêt à admettre ce principe. Il
s'agirait de faire des calculs assez précis.
M. BURNS: On n'est pas loin, en tout cas, là-dessus.
M. HARDY: Si on me prouve que, par cette formule, à 11 p.c. ou
à tel autre pourcentage, on évitera le danger dont je faisais
mention tantôt, je n'ai pas d'objection, parce que le seul but, encore
une fois, c'est d'éviter que ces sommes ne servent à d'autres
fins que des fins politiques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M.HARDY: Evidemment, il faut quand même être
réaliste. Il y a toujours aussi j'y ai déjà fait
allusion antérieurement les contraintes budgétaires. C'est
évident que l'enveloppe totale dont l'Etat disposera pour le
remboursement des dépenses électorales sera limitée. Or,
plus on éparpille les montants d'argent, moins, encore une fois, les
formations vraiment représentatives sont favorisées ou, à
l'inverse, sont pénalisées. Ce serait vraiment malheureux que des
formations politiques représentatives, qui correspondent vraiment
à un mouvement d'opinion important, ne reçoivent pas ce à
quoi elles ont droit parce qu'on distribue de l'argent à une foule de
groupuscules qui ne représentent pas grand-chose.
M. BURNS: Simplement sur ce point, le député de Terrebonne
semble partir d'une prémisse qui ne se justifie pas dans les faits. Il
semble penser qu'il y aura...
M. HARDY: Des contraintes budgétaires?
M. BURNS: Non, non. Les contraintes budgétaires, ça se
vérifie dans les faits. Mais il semble partir de la prémisse ou
du postulat qu'il y aura nécessairement prolifération de partis
politiques au Québec, alors que l'histoire nous démontre que
c'est même étonnant qu'on en ait quatre actuellement. C'est
peut-être même le maximum que peut supporter notre système
électoral actuellement. Je ne vous dis pas qu'il ne peut pas y en avoir
un cinquième ou un sixième, mais c'est peu probable. Le
système parlementaire britannique que nous avons...
M. HARDY: Vous préjugez de notre décision pour les modes
de scrutin.
M. BURNS: Non, non! Ecoutez, pour le moment, vous ne nous avez pas
parlé de modes de scrutin.
M. HARDY: II y a les modes de scrutin aussi, vous savez.
M. BURNS: Moi, je suis obligé de juger...
M. HARDY: Non, non! on ne peut pas faire cela. Dans toute la
réforme électorale, je pense toujours...
M. BURNS: Ah! Ne me faites pas rire! M. HARDY : On ne peut pas faire
cela.
M. BURNS: Ne me faites pas rire! Je vais brailler, quasiment,
même. Ecoutez, quand même!
M.HARDY: Je comprends M. le Président, c'est juste une
petite blague que je fais que, dans l'euphorie qu'ils vivent
actuellement, nos amis du Parti québécois sont beaucoup moins
soucieux de la réforme du mode de scrutin.
M. BURNS: L'euphorie!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas de parti-sanerie.
M. HARDY: Mais nous, parce que cela n'a jamais été une
question de rentabilité électorale, les modes de scrutin,..
DES VOIX: Ah! Ah!
M. HARDY: ... parce que cela a toujours été une
volonté de rechercher le meilleur mécanisme de
représentativité, nous sommes toujours aussi
intéressés à la réforme des modes de scrutin que
nous l'étions il y a un an ou il y a deux mois.
M. BURNS: Vous me dites souvent, M. Hardy, que je suis rêveur, que
je suis dans les nuages. D'ailleurs, vous m'avez dit cela tantôt,
à mots couverts, dans certaines critiques. Je suis, au contraire, dans
le cas présent, très réaliste. Je vous dis que,
jusqu'à ce qu'on nous parle d'une réforme du mode de scrutin,
qu'on exige encore et qu'on voudrait voir encore arriver, je suis obligé
de juger sur la situation actuelle.
Or, la situation actuelle n'est pas propice à une
prolifération de partis. Je pense même que tous les gens qui s'y
connaissent se disent que, tôt ou tard, les partis actuels vont diminuer
plutôt qu'augmenter.
M. HARDY: II faut que vous fassiez une distinction, encore une fois. La
situation actuelle n'est peut-être pas propice à une
prolifération de partis politiques qui auront des sièges, mais,
par des mécanismes comme celui que vous proposez, on peut aider à
la prolifération de partis politiques briguant les suffrages. Il y a une
distinction entre un parti politique représenté en Chambre et un
parti politique devant l'électorat.
Encore une fois, si vous multipliez ou si vous rendez tellement facile
la constitution de partis politiques, vous pouvez...
Il y a un autre aspect auquel le député de Maisonneuve ne
peut pas ne pas être sensible. Il faut toujours bien se rappeler que si,
d'une part, un des objectifs que l'on poursuit est de permettre aux gens de
s'exprimer, etc., il y a l'autre objectif aussi. C'est qu'on veut
écarter le plus possible l'influence des caisses électorales. Je
pense que c'est un objectif que l'on poursuit.
M. BURNS: Oui.
M. HARDY: Bon. Si, encore une fois, compte tenu de la limite ou de la
contrainte, on diminue à ce point l'aide que l'on peut apporter aux
partis représentatifs, aux partis qui ont un caractère de grande
représentativité, on ne contribue pas à diminuer les
caisses électorales.
En d'autres termes, si un parti politique, à cause du nombre de
ses membres et du caractère, parce qu'on admettra dans les faits que
plus un parti politique est représentatif, plus il a besoin de faire de
publicité... C'est peut-être contradictoire, mais c'est ce qui
arrive dans les faits: un petit parti très peu connu ou très
local fait moins de publicité qu'un parti qui a une envergure
nationale.
Si on éparpille à ce point ce que l'Etat peut remettre aux
partis, de telle sorte que les principales formations politiques recevront
très peu au regard de leurs besoins, on ne contribue pas à
diminuer l'influence des caisses électorales, au contraire. Si vous avez
besoin de X milliers de dollars à cause de votre caractère de
représentativité, parce que vous êtes implanté dans
les 110 comtés, c'est une chose qui peut arriver.
Voici un parti politique X qui est vraiment implanté dans 110
comtés. Ce parti a besoin de plus de moyens que l'autre parti qui est un
parti à caractère très régional. On peut supposer
cette hypothèse qu'il se constitue des partis très
régionaux, des partis nationaux ou fondés sur la religion. Cela
pourrait arriver. Ces partis, évidemment, étant localisés,
auraient besoin de moins de moyens pour atteindre les gens qu'ils veulent
atteindre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que la...
M.HARDY: Je vais terminer ceci. Votre parti qui a un caractère
national, c'est-à-dire qui existe dans les 110 comtés, si on ne
lui donne pas un montant raisonnable au regard de ses besoins, vous
n'éloignez pas le danger de la caisse électorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député ne se rend
pas compte que là il est en train de préjuger des
décisions qui seront prises en ce qui concerne le financement des
partis? Si on établit des mécanismes très étanches
pour le financement des partis, je ne vois pas pourquoi un parti plus ou moins
implanté ou très bien implanté aurait plus besoin d'argent
qu'un autre.
L'argument du député ne tient pas dans cette optique,
puisque le député nous a déjà dit qu'il se
proposait d'assainir le financement des partis et, là il nous dit...
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que ces
partis qui recevraient moins de secours de l'Etat seraient
obligés d'avoir des caisses électorales qui...
M. HARDY: Ils seraient tentés, par la force des choses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Laissez-moi poursuivre. Ils seraient
obligés d'avoir plus de finances que les autres partis politiques. Mais
si les mécanismes sont tels qu'ils ne peuvent pas en avoir, leur
tentation, ils vont être obligés d'y renoncer. Ils n'y
succomberont pas, souhaitons-le, avec la grâce de Dieu.
M. HARDY: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne, ce
matin, raisonne en porte-à-faux.
M. HARDY : Je ne peux pas concevoir qu'avec son expérience, et
surtout sa très grande lucidité, le député de
Chicoutimi ne se rende pas compte en ce moment qu'il tombe dans
l'angélisme. Quand bien même on aurait...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Apportez-moi mes ailes.
M. HARDY: Quand bien même et ce qui n'est pas fait, parce
que j'ai bien hâte qu'on aborde ce chapitre on réussirait
à trouver les mécanismes de contrôle les plus
raffinés, le député de Chicoutimi sait très bien
que les lois les plus parfaites, lois qui selon le terme utilisé
ont des dents n'empêchent jamais certaines gens de les contourner.
En qu'en même temps...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une réserve que vous faites sur la
vertu.
M. HARDY: ... qu'on légifère, il faut prendre les hommes
tels qu'ils sont.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous hypothéquez la vertu.
M. HARDY: Si on veut légiférer d'une façon
réaliste, il faut prendre les choses telles qu'elles sont. Actuellement,
je le répète, cette loi, qui sous certains aspects le
chapitre de la limitation des dépenses est parfaite quant au
texte, je vous dis que nous n'avons pas les moyens de l'appliquer quant aux
dépenses électorales. Elle est une espèce de frein
moral.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un garde-fou.
M. HARDY: Mais on n'a pas les moyens actuellement. Ni le
député de Chicoutimi, ni personne d'autre n'a les moyens
d'empêcher véritablement un candidat de se conformer d'une
façon absolue à ce qui est prescrit, parce qu'on n'a pas
trouvé de mécanismes de contrôle suffisamment
raffinés. C'est pour ça que je dis qu'il faut tenir compte de la
réalité; il ne faut pas légiférer sans tenir compte
de certains facteurs. Je dis que le parti politique qui a de plus grands
besoins, même si on le limite à tel montant, il y a des forces qui
vont s'exprimer qu'on ne pourra pas contrôler, qui sont difficilement
contrôlables.
Je pense qu'il faut tenter de trouver des mécanismes qui
éloignent ces inclinations, ces tentations. Une des façons, entre
autres, pour dégager les partis politiques des influences des caisses,
c'est beaucoup plus la participation de l'Etat qu'une loi qui dit qu'on n'aura
pas le droit de recevoir plus que tant. Je ne dis pas que ce n'est pas une
bonne chose de limiter les souscriptions, mais je pense que, dans la
réalité concrète, la participation de l'Etat
éloigne davantage les dangers que la limitation des souscriptions. Pour
un parti politique, il y a quand même une certaine limite naturelle
à la dépense. Plus l'Etat participe au financement des partis,
plus la tentation d'aller chercher des sommes de milieux ou de sources un peu
troubles est écartée par la nature même des choses.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne ne se rend pas compte que là, justement, il vient de nous
donner un argument...
M. HARDY: Je n'ai pas d'objection à vous aider.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à la défense de la
thèse?
M. HARDY: Nous sommes ici pour trouver une meilleure loi. Si je peux
aider l'Opposition, je suis bien d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le problème
n'est pas de savoir si on va aider à l'Opposition ou non; nous sommes
ici pour aider le gouvernement et le dépanner. Mais tout à
l'heure le député de Maisonneuve, justement, a argumenté
sur cet aspect de l'accessibilité et de la
représentativité...
M. HARDY: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en insistant pour que les partis
politiques accrédités puissent avoir droit aux fonds de l'Etat.
C'est la démonstration que vient de nous faire...
M. HARDY: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le député de Terrebonne.
M. HARDY: On est d'accord, M. le Président, je l'ai dit
tantôt. On est d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes d'accord sans
l'être.
M. HARDY: Bien non! on est d'accord, mais tout en respectant encore
là la réalité. Nous sommes d'accord pour permettre, pour
aider, favoriser l'expression de toutes les opinions mais nous ne sommes pas
d'accord pour...
M. LATULIPPE: C'est trop égalitaire.
M.HARDY: Ce n'est pas égalitaire, c'est faux ce que vous dites.
D'abord l'égalité ça n'existe pas. Vous rejoignez un peu
les théories nébuleuses des gens. L'égalité,
l'égalité, ça n'existe pas l'égalité, bon!
Qu'on aime ça ou qu'on n'aime pas, ça n'existe pas
l'égalité, pas plus dans ce domaine que dans d'autres domaines.
Il n'y aura jamais une égalité absolue; si vous avez seulement
deux formations politiques, il peut arriver à un moment donné
qu'elles soient quasiment nez à nez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y aura toujours des pauvres et des riches,
disait le Christ.
M. HARDY: Mais, dès que vous avez plus de deux partis politiques,
plus de deux formations politiques, il n'y a pas d'égalité. Et
c'est pour ça qu'en voulant être très juste et très
démocrate on arrive à un résultat contraire avec votre
pseudo-égalité.
M. LATULIPPE: Je voudrais poser une question.
M. HARDY: Si vous partez de cette égalité
théorique, abstraite, vous arrivez au résultat que vous
pénalisez démocratiquement une formation qui est plus
représentative et, encore une fois, sur le plan pratique vous ne
réglez pas le problème des caisses électorales.
M. BURNS: Là vous partez d'un principe qui est absolument faux.
Vous jugez de la représentativité d'un parti...
M. HARDY: A partir des votes.
M. BURNS: ... à une élection X par des gestes qui ont
été posés quatre ans ou trois ans ou deux ans avant, et
ça c'est encore pire.
M. HARDY: Je reconnais les lacunes de cette méthode mais je vous
dis qu'on n'en a pas d'autres à l'heure actuelle. Si vous m'en proposez
une autre, si vous avez un moyen plus adéquat, plus raffiné
d'évaluer le caractère de représentativité d'une
formation politique au moment où l'élection est
déclenchée plutôt que celui qu'on possède
actuellement qui se rapporte à quatre ans plutôt, je serai bien
prêt à l'étudier, mais vous n'en proposez pas.
M. BURNS: Bien oui on en a proposé un.
M. HARDY: Tout ce que vous proposez c'est cinquante candidats.
M. BURNS: C'est ça aussi.
M. HARDY: Mais ce n'est pas sérieux.
M. LATULIPPE: C'est sérieux, certain!
M. BURNS: Si on parle d'accessibilité, on parle donc de
l'intention d'une formation politique de former le gouvernement. Bien oui mais
c'est ça, vous n'en avez pas d'autres.
M. HARDY: J'aime autant avoir l'intention de devenir gouverneur
général du Canada...
M. BURNS: Vous n'avez pas d'autres critères?
M. HARDY: ... ce n'est pas mon intention qui va faire que j'aie des
chances d'être gouverneur général du Canada.
M. BURNS: Ce n'est pas la même chose. Ne faites pas de sophisme,
là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est encore drôle.
M. BURNS: Non, non, ne faites pas de sophisme, quand même.
M. HARDY: C'est ça, l'intention. Quand même vous auriez
l'intention...
M. BURNS: L'intention qui est marquée se vérifie
concrètement par le nombre de candidats qu'un parti présente.
M. HARDY: Non, non, c'est un petit...
M. BURNS: Bien voyons donc, il n'y en a pas d'autre.
M. HARDY: C'est un petit indice, c'est une certaine indication...
M. BURNS: Bien oui, mais c'est la seule que vous puissiez utiliser.
M. HARDY: ... Etudiez quelque peu votre histoire politique. En 1948
dans ce temps-là, je pense qu'il y avait 88 circonscriptions au
Québec l'Union des électeurs avait un candidat dans les 88
circonscriptions. C'est absolument insignifiant le pourcentage du vote qu'ils
ont obtenu, puis, évidemment, aucun ne s'est fait élire.
M. BURNS: Donc, il n'y aurait pas eu un remboursement des
dépenses.
M. HARDY: II n'y en avait pas seulement la moitié...
M. BURNS: II n'y aurait pas eu de remboursement de dépenses
électorales.
M. HARDY: C'est-à-dire qu'avec 10 p.c. oui; s'ils avaient eu 10
p.c. Mais vous auriez trouvé ça normal, en 1948, que l'Union des
électeurs ait le même temps d'antenne que le parti de l'Union
Nationale qui a remporté 82 sièges?
M. BURNS: Absolument normal.
M. HARDY: C'est votre conception, mais ce n'est pas la mienne.
M. LATULIPPE: M. le Président, comment conciliez-vous...
M. HARDY: Alors, vous ignorez d'une façon grossière, la
réalité, la représentativité. D'ailleurs, ça
ne me surprend pas, parce que si on me permet d'aller un peu à
l'extérieur...
M. BURNS: Attention-là.
M. HARDY: ... c'est le grand problème qui se pose à
l'heure présente, non seulement en politique, mais dans une foule de
domaines, c'est le problème de la représentativité. Trop
de monde prétend parler au nom d'une foule de gens, alors tue ce n'est
pas vrai. Si le caractère de représentativité était
plus valable dans une foule d'organismes, il y aurait beaucoup d'imbroglios
puis beaucoup d'ambiguités qui seraient écartés parce que
n'importe qui, n'importe où, n'importe comment peut se prétendre
le porte-parole de tant de milliers de personnes, et on arrive à des
situations absolument aberrantes.
Vous pourriez arriver à la même chose actuellement, encore
une fois, si vous permettez, simplement pour avoir un temps d'antenne
égal à une formation politique sérieuse, enracinée,
qui a un caractère...
M. BURNS: Vous ne vous rendez peut-être pas compte...
M. HARDY: ... cinquante personnes...
M. BURNS: ... mais votre raisonnement est en train de nous vendre une
certaine oligarchie ou une certaine plutocratie.
M. HARDY: Non, c'est de la démocratie...
M. BURNS: Vous êtes en train de nous vendre ça,
c'est-à-dire qu'il y en a certains à qui il ne faudrait
peut-être pas que ce soit trop accessible. C'est ça que vous
êtes en train de nous dire.
M. HARDY: Bien non, ce n'est pas ça.
M. BURNS: Bien, voyons donc!
M. HARDY: Nous ne voulons pas pénaliser les citoyens. Je dis,
moi, que ce n'est pas encore un problème de parti politique, ce ne sont
pas les formations politiques ou les chefs ou les candidats qui sont à
considérer là-dedans, c'est la formation et ce sont les gens qui
donnent leur appui à une formation. Je dis que vous méprisez,
dans une certaine mesure, les 40 p.c. des gens ou les 35 p.c. ou même les
20 p.c. Cela vous concerne autant.
Je dis que si on accordait à un parti politique le prix x,
y, z qui aurait la moitié des candidats la prochaine fois, si on
lui accordait le même temps d'antenne qu'au Parti québécois
qui a sept députés en Chambre et qui a obtenu 23 p.c. des voix
à la dernière élection, je dis que ce serait injuste pour
le Parti québécois et ce serait injuste pour cette portion de
l'électorat qui accorde sa confiance au Parti
québécois.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais est-ce que le député me
permettrait de lui poser une question à ce chapitre-là, parce
qu'on peut s'éterniser longuement là-dessus. Moi je serais
d'accord, en principe, sur la gradation dont parlait tout à l'heure le
député de Maisonneuve.
M. HARDY: Un droit à la publicité?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais, ce matin, avoir l'opinion du
gouvernement sur cette question du droit égalitaire à la
publicité gratuite; pas l'opinion que vient de nous donner le
député de Terrebonne, qui plaide une cause, inspiré par je
ne sais trop qui...
M. HARDY: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ou quel caucus. Est-ce que le gouvernement
a une proposition concrète à nous faire en ce qui concerne le
partage de ce temps qui pourrait être attribué aux divers partis
politiques?
M. HARDY: M. le Président, je pense que le député
de Chicoutimi, ce matin, veut brûler les étapes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non! Un instant! M. le Président,
j'invoque le règlement ici pour vous faire observer ceci...
M.HARDY: Quel règlement? J'ai bien le droit de trouver que vous
allez trop vite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non! ce que je veux bien
préciser...
M.HARDY: Remarquez bien que c'est un peu contradictoire de
prétendre que l'Union Nationale va trop vite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le député ne politise pas le
débat; on ne l'a jamais politisé et on ne le politisera pas. Le
député de Terrebonne nous a dit, au début de nos
séances,
qu'il attendait nos propositions et nous en avons faites.
M. HARDY: Oui, et je les commente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Or, le gouvernement ne nous a pas fait encore
de propositions. Nous sommes ici sur un point très précis
où il serait loisible au député de Terrebonne de nous
dire: Voici, le gouvernement pense que la meilleure solution serait la
suivante. Ce serait une nouvelle base de discussion. Nous pourrions l'examiner,
de la même façon qu'on a examiné nos propositions à
nous et qu'on a examiné la proposition du député de
Maisonneuve.
M. HARDY: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce serait une façon d'avancer, parce
que, là, on marque drôlement le pas.
M. HARDY: ... j'ai été à ce point courtois à
l'endroit du député de Chicoutimi, la semaine dernière,
que je n'ai pas pris le temps de répliquer. J'ai attendu cette semaine
pour permettre encore une fois au député de Chicoutimi de poser
toutes les questions qu'il a désiré poser au député
de Maisonneuve sur sa proposition. Je ne vois pas pourquoi le
député de Chicoutimi m'interdirait ce matin de faire mes
commentaires. Encore une fois, ce matin, si mes commentaires sont longs, c'est
parce que j'ai répondu, tout au long de ces commentaires, à des
questions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas là la question.
M. HARDY: M. le Président, encore une fois, on est dans un
domaine très sérieux. J'aurai tantôt, à la
lumière des discussions que nous avons eues aux séances
précédentes, des propositions très concrètes
à formuler au sujet de la reconnaissance juridique des partis, des
choses très concrètes. A ce stade-ci, puisque nous en sommes
encore au stade des échanges, comment voulez-vous que j'arrive, ce
matin, avec des propositions concrètes là-dessus, alors qu'on
échange encore des opinions?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais, l'échange, c'est mutuel.
M.HARDY: Que le député de Chicoutimi soit patient et,
très bientôt, nous arriverons, sur ces chapitres, avec des
propositions concrètes. A partir du moment où, ce matin, je
ferais des propositions concrètes au nom du gouvernement, à
partir du moment où j'engagerais le gouvernement, cela mettrait fin
à la discussion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du tout, au contraire. A moins que le
gouvernement ne fasse des propositions et ne nous laisse pas le loisir de les
discuter...
M. HARDY: Vous savez très bien qu'en vertu...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en disant: Là, maintenant, c'est
réglé.
M. HARDY: ... de notre système...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On sait ce qui s'en vient, d'ailleurs.
M. HARDY: ... quand le gouvernement adopte une position, même si
on peut accepter des amendements mineurs, à partir du moment où
le gouvernement a fait son lit, la marge de manoeuvre est quand même pas
mal réduite. Le gouvernement ne peut pas proposer quelque chose
aujourd'hui en tout cas, ce n'est pas notre habitude et la
semaine prochaine, arriver avec tout le contraire. C'est la raison pour
laquelle, avant d'arriver à déposer des propositions très
concrètes, je veux qu'on ait la possibilité de fouiller les
questions à fond. Je m'étonne que l'Opposition n'accepte pas
cela. Justement, cette méthode de travail, c'est pour permettre à
l'Opposition de sortir tout ce qu'elle a.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce qu'on est bien traité!
M. LATULIPPE: M. le Président, sur la question du
député...
M. HARDY: II me semble.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ne sera plus la peine de discuter quand
vos propositions seront faites...
M.HARDY: On pourra discuter encore, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... parce qu'à ce moment-là vous
nous imposerez le bâillon comme vous l'avez déjà fait.
M. HARDY: Non, ce n'est pas cela que je dis. Le député de
Chicoutimi a assez d'expérience, lui qui a appartenu à un
gouvernement, pour savoir très bien qu'à partir du moment
où le gouvernement s'engage, il ne peut pas modifier sa proposition
d'une façon radicale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais vous n'êtes pas le gouvernement,
mon cher ami; vous devez discuter au même titre que nous.
M. HARDY: M. le Président, je ne suis pas le gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, vous parlez au nom du gouvernement?
M. HARDY: C'est évident, comme vous parlez au nom de votre parti,
vous, ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est bon à savoir.
M. HARDY: II me semble que c'était clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au nom du gouvernement, cela veut dire au nom
de l'Exécutif. Le gouvernement, c'est l'Exécutif.
M. HARDY: Au nom du parti ministériel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au nom du parti ministériel?
M. HARDY: Oui, c'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ça va nous donner une large
manoeuvre de discussion.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): L'honorable député de
Frontenac.
M.LATULIPPE: Est-ce que le député de Terrebonne me
permettrait de lui faire remarquer ceci? A mon point de vue, la
démocratie, d'abord, c'est fondé sur un droit égalitaire
des individus face à la loi.
Donc, à plus forte raison des individus face à ceux qui
auront à confectionner cette loi. Je pense que, par ricochet, ce
sera...
M. HARDY: On est d'accord là-dessus...
M. LATULIPPE: ... le principe, vous le retenez, mais quand arrive le
temps...
M. HARDY: ... d'assurer les modalités d'application.
M. LATULIPPE: ... de l'appliquer au niveau des modalités,
l'accessibilité égalitaire ne compte plus, vous reprenez le
principe de la représentativité. Je me demande comment vous
conciliez cela avec votre déclaration de la semaine dernière, qui
disait que le multipartisme favorisait le parti au pouvoir alors
qu'essentiellement les propositions égalitaires qu'on soutient quant
à la période électorale pourraient le restreindre dans
notre esprit et vont justement permettre à un certain nombre de partis
de faire valoir leurs idées...
M. HARDY: Justement, c'est ce qui prouve les propositions que j'avance
ici... Encore une fois, je le répète, je considère que
c'est aussi injuste pour vous de donner la même période à
votre parti aux prochaines élections ou à la prochaine campagne
électorale qu'à une nouvelle formation dont le seul
caractère, la seule légitimité serait d'avoir 50
candidats. Je dis que ce serait injuste pour vous. Ce serait injuste encore une
fois pour vous, ce n'est pas grave, mais ce serait injuste pour les 12 p.c. de
gens qui ont donné leur adhésion à votre formation
politique. C'est aussi simple que ça. Evidem- ment, on peut discuter
jusqu'à demain, mais il y a moyen de concilier justement le principe de
l'accessibilité et le principe de la représentativité. Il
y a moyen de les concilier. Mais la façon de les concilier, ce n'est pas
d'arriver à dire qu'on donne un temps absolument égal
mathématiquement à tout le monde. Ce n'est pas de cette
façon qu'on concilie accessibilité et
représentativité. Il faut donner à tout le monde la
possibilité de se faire entendre, mais il faut aussi tenir compte de la
représentativité. Qu'est-ce que représente tel candidat?
Encore une fois, je reconnais que les mécanismes dont nous disposons
pour évaluer le caractère de représentativité sont,
dans une bonne mesure, inadéquats, parce que dans une période de
quatre ans il peut y avoir des changements. Que l'on nous propose une autre
forme de mécanisme, nous sommes absolument ouverts. Trouvez une autre
forme de mécanisme pour évluer la représentativité
d'une formation politique au moment du dé-clencement des
élections, nous sommes bien prêts à la
considérer.
M. LATULIPPE: Mais vous avez la période
préélectorale quand même qui équivaut... Il y a 30
jours avant la période électorale puis il y a peut-être
quatre années aussi avant ça. Les 30 jours qui
précèdent la période électorale, dans les
conditions précédentes et les conditions actuelles, ce n'est pas
en période électorale. A ce moment-là, j'imagine que tous
les partis politiques qui veulent en faire à leurs frais sans que l'Etat
contribue auront la possibilité de...
M. HARDY: Ah! bon, justement, mais là, vous ne réglez pas
le cas des caisses électorales, voyez-vous.
M.LATULIPPE: Le problème des caisses électorales, on en
reparlera...
M.HARDY: Bien oui, mais c'est-à-dire qu'on ne peut pas... Je
comprends bien qu'au point de vue méthodologique, il faut prendre les
sujets un par un, mais on ne peut pas se mettre des oeillères; quand on
traite de telle question, on ne peut pas s'empêcher de penser à
l'autre. Votre proposition, je...
M. LATULIPPE: Je ne crois pas à l'abolition complète des
caisses électorales, puis je sais que ce serait... Le dire dans les mots
et dans les faits, c'est une autre affaire.
M. HARDY: Non, mais il faut quand même essayer.
M. LATULIPPE: On n'est pas rendu là.
M.HARDY: II faut quand même essayer d'en diminuer le plus possible
l'importance.
M. BURNS: II ne faut pas se leurrer. Tous les partis, dans leur
déclaration préliminaire, ont
dit que d'une part il était bon que les citoyens participent
à une caisse électorale, que c'était une bonne chose. Je
pense que je n'ai pas entendu un parti dire que c'était une mauvaise
chose. D'autre part, c'était ça le pendant, il était
normal cependant que ça ne repose pas entièrement sur une caisse
électorale, le financement des partis. C'était ça, le
pendant de...
M. HARDY: Le corollaire de cela, c'est qu'il faut éviter dans les
faits, si on ne veut pas que ce soit simplement un voeu pieux, cette importance
des caisses électorales. Encore une fois, ce que je ne comprends pas,
c'est...
M. BURNS: Elles en auront toujours, de l'importance.
M. HARDY: Plus un parti politique est important, plus il aura d'argent,
c'est-à-dire plus il aura d'argent de certaines sources qui peuvent
être discutables. Il faut être assez réaliste pour le
reconnaître. Plus un parti politique est près du pouvoir, plus il
est susceptible d'en recevoir. On aura beau nous faire toutes les
déclarations pieuses qu'on voudra, il y a quand même les
faits.
M. BURNS: II n'est pas question de piété
là-dedans.
M. HARDY: C'est-à-dire qu'on en entend souvent, des affaires de
piété. Plus un parti politique est près du pouvoir, plus
il y a danger que des gens qui n'ont pas nécessairement des idées
pures s'imminscent.
Je dis que c'est là l'importance de trouver des moyens pour
protéger, si je peux utiliser cette expression, les partis politiques
plus représentatifs. C'est d'abord eux qui en ont besoin. Si, d'une
part, les petits partis ont besoin qu'on les aide au point de vue de
l'accessibilité, les partis plus importants ont besoin qu'on les
protège des dangers des caisses électorales. Une façon de
les protéger des dangers des caisses électorales, c'est de leur
fournir, dans une proportion raisonnable, les moyens pour répondre
à leurs obligations.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais...
M. HARDY: Encore une fois, si vous dispersez l'enveloppe dont dispose le
gouvernement à des groupuscules, cela va être autant de moins que
vous aurez pour aider les principales formations politiques. C'est autant de
moyens dont vous vous privez pour protéger les principales formations
politiques des dangers des caisses électorales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne
argumente sur cette question d'aider les partis politiques formés et
tout ça. Il n'accepte pas ce que proposait le député de
Maisonneuve. Le député de Terrebonne n'ac- cepte pas, enfin, le
partage sur une base égalitaire. Il nous l'a dit tout à
l'heure.
Le député de Terrebonne a dit qu'en ce qui le concerne il
n'y avait pas d'égalité nulle part. L'égalité,
a-t-il dit tantôt, cela n'existe pas.
M. HARDY : Me permettriez-vous une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais c'est bien ce que vous avez dit.
M. HARDY: Me permettez-vous une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais avant de vous laisser la chance de
me poser une question, je vais vous demander si c'est bien ce que vous avez
dit...
M. HARDY: A savoir?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que l'égalité, cela n'existe
pas.
M. HARDY: En pratique, non ou à peu près pas. J'ai fait la
restriction. Si vous êtes dans un système de bipartisme, il peut
arriver, à un moment donné, que les résultats soient
presque égaux. Mais, dès que vous avez le multipartisme, il n'y a
pas d'égalité de représentativité. Ou, en tout cas,
encore une fois, très théoriquement,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. Mais écartons...
M. HARDY: ... cela pourrait se présenter. Mais dans les faits, il
s'agit de regarder les rapports d'élections...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...le problème de la
représentativité et posons cela en termes d'accessibilité.
C'est là qu'est le vrai problème. Est-ce que le
député pense qu'il peut y avoir égalité en termes
d'accessibilité?
M. HARDY: C'est-à-dire qu'on peut assurer
l'égalité. On peut assurer l'accessibilité. On peut
assurer à toute formation politique le moindrement sérieuse les
moyens de s'exprimer, de se faire connaître...
M. BURNS: Des chances égales. C'est ça, des chances
égales. Ce n'est pas nécessairement l'égalité.
M. HARDY: Regardez comment cela peut être théorique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne me permet de lui rappeler une déclaration qu'il a faite, le
mercredi 30 mai?
M. HARDY : Je vous avoue que ce que je dis
ce matin ne contredit pas ce que j'ai dit le 30 mai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! vous allez voir, vous allez voir. Le
député disait: Egalité de chances...
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... au moment d'une élection,
égalité de chances des candidats,...
M. HARDY: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... égalité de chances des
partis politiques,...
M. HARDY: Exactement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... cela aussi est un principe auquel nous
souscrivons d'emblée.
M. HARDY: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député vient de dire qu'il
n'y a pas d'égalité.
M. HARDY: Bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II avait dit qu'il y avait
égalité.
M. HARDY: M. le Président,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien qu'il concilie ses positions.
M. HARDY: ... il n'y a contradiction que dans l'esprit du
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, je pense qu'il y a confusion dans
l'esprit du député de Terrebonne.
M. HARDY: Non, il n'y a aucune confusion. Quand je parle
d'accessibilité, justement il faut donner à tout le monde le
moyen de se faire entendre. Mais égalité de chances, dans une
perspective démocratique, cela ne veut pas dire une heure contre six
heures. Ce n'est pas cela que cela veut dire parce qu'il n'y a plus
égalité de chances, à ce moment-là. Il faut quand
même voir les choses. Egalité, je m'excuse, mais vous appliquez
quasiment bêtement la mathématique en mettant de côté
tous les autres facteurs.
M. BURNS: Mais vous, vous oubliez...
M. HARDY: C'est impossible. D'ailleurs, le député de
Chicoutimi est très malvenu, encore une fois. Il faut quand même
prendre les faits tels qu'ils existent. Vous pourriez prouver que
l'égalité, cela n'existe pas. On sait qu'actuellement, c'est de
notoriété publique, il y a des partis politiques qui, à
cause de facteurs historiques, ont des fortunes, disposent de fortunes
actuellement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, mais les...
M. HARDY: ... contrairement à d'autres qui n'en ont pas.
Où est l'égalité de chances?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon!
M. HARDY: Est-ce que si l'on veut appliquer... Non, non, laissez-moi
terminer. Si on veut appliquer ce principe d'égalité de chances,
on va demander à certains partis de partager leurs biens
également avec tout le monde?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas là le problème.
M. HARDY : Bien oui, c'est cela l'égalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème...
M. HARDY: Si vous voulez appliquer cela, on va marcher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut régler la discussion. J'ai
l'impression que nous nous enrichirions sérieusement si vous nous
donniez ce que vous avez.
M. HARDY: Bien, vous seriez peut-être comme certains
héritiers...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec ce que vous...
M. HARDY: ... au moment de l'inventaire,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais vous avez la douairière
à Ottawa qui vous aide. Alors, revenons au sérieux.
M. HARDY: C'est très sérieux, ce que je dis là.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le député argumente sur
l'accessibilité, la représentativité. D confond les deux
notions; il confond la fin et les moyens, c'est bien clair. Il nous dit: On va
donner la chance à tout le monde...
M. HARDY: De se faire entendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... avec cette nuance, dans son esprit, que
l'égalité, cela n'existe pas.
Nous autres, on voudrait donner la chance à tout le monde de se
faire entendre et surtout au gouvernement. Qu'il nous dise, puisqu'il nous
a
dit qu'on était bêtement mathématique, de quelle
façon il conçoit cette égalité relative.
M. HARDY: On vous dira cela très bientôt.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le député gagne du temps. Il n'a
pas consulté son caucus.
M.HARDY: Bien non! On est prêt, ce matin, à faire des
propositions concrètes sur un problème qui semblait très
embrouillé, problème sur lequel le député de
Frontenac, entre autres, et le député de Chicoutimi ne sont
jamais arrivés avec des idées très claires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vient de déposer encore un
document.
M. HARDY: Je n'ai pas encore pris connaissance de son document, mais,
dans le cas du député de Chicoutimi, c'était très
beau, ses exposés, très littéraire. Comme d'habitude, cela
m'a charmé, mais ce n'était pas très
articulé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah bien cela, là!
M. HARDY: ... au point de vue juridique. Ce matin, nous, à la
lumière des discussions que nous avons eues, nous avons des propositions
très concrètes à formuler sur la reconnaissance juridique
des partis. Sur le problème du temps et de tout cela, nous ne sommes pas
prêts ce matin je l'avoue bien honnêtement à
formuler des propositions concrètes. C'est clair.
M. BURNS: Je vous arrête tout de suite, M. le député
de Terrebonne. Si vous me le permettez, la raison pour laquelle nous sommes
arrivés avec une proposition un peu concrète comme celle que j'ai
déposée la semaine dernière...
M. HARDY: Oui, je ne vous le reproche pas.
M. BURNS: ... c'était justement à la suite des remarques
que vous aviez faites la semaine antérieure et à la suite de
discussions qu'on a eues avec votre expert. On a trouvé que cela avait
bien du sens, que c'était bien logique. On est bien d'accord pour
reconnaître les partis politiques, mais on veut savoir ce que cela va
impliquer.
M.HARDY: Etes-vous en train de me dire que c'est notre expert qui vous a
aidés à préparer ce document?
M. BURNS: Non, non! Il ne nous a pas aidés à le
préparer, mais il nous a indiqué dans quel sens vous vouliez
avoir des propositions, quelle forme vous vouliez avoir.
M. HARDY: C'est cela. L'esprit de vos propositions est excellent.
M. BURNS: Nous, on a dit: Si on parle de reconnaissance des partis, ce
que cela donnerait dans le concret, c'est ceci, selon nous, évidemment
en admettant qu'on accepte de payer du temps d'antenne aux partis politiques,
qu'on accepte le remboursement de dépenses au parti lui-même et
non seulement aux candidats.
Mais avant que le député de Terrebonne ne dépose sa
proposition, parce que je trouve la discussion que nous avons actuellement
essentielle, ce n'est pas juste une question de perdre du temps et de tourner
autour du pot, je pense, si le député de Terrebonne veut
m'écouter...
M. HARDY: Je vous écoute toujours.
M. BURNS: ... qu'il part d'un postulat absolument faux,
c'est-à-dire qui ne se défend pas dans la réalité.
Il semble partir du fait qu'on doive juger de l'accessibilité qu'on va
fournir à un parti et de sa représentativité par rapport
à une élection dans le passé.
M.HARDY: Je vous l'ai dit: Avez-vous un autre moyen?
M. BURNS: Non.
M. HARDY: Je suis prêt, si vous avez un autre moyen.
M. BURNS: Mais je vous dis que vous partez d'un postulat qui est
absolument faux. Qu'est-ce qu'une élection, sinon la remise en question
de tous les partis politiques qui sont là? C'est bien de valeur, mais
c'est cela. Autrement, cela n'a aucun sens. Pourquoi le gouvernement ne
resterait-il pas dix ans au pouvoir en se contentant de dire : Nous autres,
nous sommes majoritaires.
M. HARDY: C'est une indication; ce n'est pas une vérité
absolue.
M. BURNS: Voyons donc!
M. HARDY: Si vous avez eu 45 p.c. des voix, je suis bien d'accord ave le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: La meilleure preuve, c'est que, depuis 1960, vous avez eu
trois changements de gouvernement et, chaque fois, le gouvernement se
présentait croyant gagner.
M. HARDY: Remarquez-vous, cependant, qu'il y a certains partis dont le
pourcentage des voix varie peu, malgré ces changements? Il y a aussi
cette indication. Il y a certains partis politiques dont le pourcentage des
voix varie peu. C'est pour cela que je vous dis que, malgré toutes les
lacunes...
M. BURNS: Dans notre cas, ce n'était pas surprenant que cela
varie peu. C'était la première fois. Ce n'était pas
fatigant bien, bien.
M HARDY: ...que comporte le mécanisme dont nous disposons, on
n'en a pas d'autre. Vous, vous me dites: Votre moyen n'est pas bon. En
contrepartie, c'est le néant. Vous n'en avez pas d'autre à me
suggérer?
M. BURNS: Pas du tout.
M. HARDY: Suggérez m'en un autre.
M. BURNS: On vous en a suggéré.
M. HARDY: Je vous dis, M. le Président, que malgré toutes
les lacunes du résultat de la dernière élection à
comparer avec le système des 50 candidats, cela ne fait pas le poids.
Que voulez-vous? Vous pouvez avoir 75 candidats dans une élection et ne
pas ramasser 3 p.c. des voix.
M. BURNS: Bien oui, c'est possible, imaginez-vous donc! C'est cela, la
démocratie.
M. HARDY: Bien non, ce n'est pas cela, la démocratie.
M. BURNS: Bien oui! M. HARDY: Bien non! M. BURNS: Bien oui!
M. HARDY: Bien non! Si c'était vrai votre histoire, si vous
poussiez votre raisonnement à sa fin logique, ça voudrait dire
que les gens dans le Parlement qui représenteraient 4 p.c. des voix
devraient avoir le même poids que les gens qui en représenteraient
40 p.c.
M. BURNS: Mais vous changez de sujet. On ne vous parle pas
d'après l'élection. On parle d'avant l'élection.
M. HARDY: Mais il y a une certaine continuité là-dedans,
une certaine logique.
M. BURNS: Pas du tout. Après l'élection...
M. HARDY: Voyons donc! Vous avez imposé...
M. BURNS: Quand l'élection a eu lieu, il y a une norme, des
critères faciles de vérification.
M. HARDY: Absolument. Radio-Canada, dans une campagne électorale,
a des critères. Chaque parti politique n'a pas un temps égal
d'antenne. A partir de la dernière élection... Non, il n'y a pas
un temps égal. Le NPD actuellement...
M. RENAUD: Est-ce que je peux parler là-dessus, parce que j'ai
participé aux négociations?
M. HARDY: Le NPD a le même temps que le Parti libéral?
M. RENAUD: Radio-Canada n'impose aucun critère, exige simplement
que les partis s'entendent entre eux. Aux dernières élections, il
y avait trois partis qui étaient d'accord sur un partage
égalitaire.
M. HARDY: Le résultat, c'est qu'il n'y a pas un temps
égal.
M. RENAUD: Ce n'est pas Radio-Canada, c'est le CRTC qui a tranché
finalement. Les partis ne s'entendaient pas.
M. HARDY: Mais que ce soit Radio-Canada ou le CRTC, en pratique les
partis politiques n'ont pas une période égale d'antenne.
M. RENAUD: Ils le peuvent. S'ils... M. HARDY: Ce n'est pas ça qui
arrive.
M. RENAUD: ... s'entendent à cet effet, ils ont des
périodes égalitaires. Aux dernières élections, il y
avait trois partis qui étaient d'accord sur le partage
égalitaire, et seul le Parti libéral s'y est opposé, ce
qui a forcé les partis à comparaître devant le CRTC. Il n'y
a aucun critère.
M. LATULIPPE: Le député de Terrebonne a laissé
entendre qu'on n'avait pas apporté encore de propositions
concrètes. J'ai remis au président, tout à l'heure, la
position de notre parti à ce jour sur les questions qu'on a
discutées.
M. HARDY: Voulez-vous que je vous cite la bible...
M. LATULIPPE: J'aimerais qu'il soit distribué et confiné
au débat, s'il vous plaît.
M. HARDY: ... en matière de dépenses électorales?
Même le rapport Barbeau: "Les critères utilisés dans le
passé par la société Radio-Canada, tels que la
représentation précédente à la Chambre des
communes, le nombre de candidats, la proportion du vote populaire obtenu,
semblent satisfaisants pour régler le problème de la
répartition du temps." Cela, c'est le rapport Barbeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas nécessairement la
bible.
M. HARDY: C'est la bible quand ça fait votre affaire. Tout le
monde a dit depuis le début des séances que le rapport Barbeau,
c'était l'alpha et l'oméga.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, non!
M.HARDY: Oui, vous nous avez dit que c'était l'alpha et
l'oméga.
M. BURNS: ... déposé et vous allez voir qu'il y a des
recommandations du rapport Barbeau sur lesquelles nous ne sommes pas
d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous a dit qu'il y avait des
recommandations...
M. HARDY: C'est la première fois qu'on en entend parler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... sur lesquelles nous étions d'accord
en principe, qu'il faudrait les réexaminer, les analyser, et tous les
députés ont admis que les propositions du rapport Barbeau ne
comportaient pas de spécifications, de recommandations concrètes
en ce qui concerne les mécanismes.
Le rapport Barbeau est donc un instrument de travail, c'est un guide,
mais ce n'est pas une bible qu'on doive croire sous peine de devenir
hérétique.
M. HARDY: Jusqu'ici j'avais cru comprendre que c'était l'attitude
des partis de l'Opposition face au rapport Barbeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous comprenez ce que vous voulez.
M. LATULIPPE: D'ailleurs, le rapport Barbeau a dû servir aussi de
fondement au projet de loi fédéral. Et dans le projet de loi
fédéral on dit: "Les stations de radio et de
télévision devront accorder six heures et demie de diffusion aux
heures de pointe réparties, équitablement entre les partis."
M. HARDY: Equitablement, ce n'est pas également. Equitablement,
moi je considère que ma proposition est très équitable et
très démocratique.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle proposition?
M.HARDY: La proposition, c'est qu'on tienne compte de la
représentativité des partis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De quelle façon?
M. HARDY: Nous, on part de ce principe. Si vous avez des propositions
concrètes à nous faire faites-en; si vous ne nous en faites pas,
nous on va vous en faire.
M. LATULIPPE: ... c'est égalitaire.
M. BURNS: 50 p.c. du temps pour le gouvernement et le reste pour
l'Opposition, j'imagine, à peu près comme les budgets de
fonctionnement entre deux élections. A peu près ça,
quoi.
M. HARDY: Cela se rapproche des résultats électoraux.
M. BURNS: C'est pour ça que je vous dis que vous partez d'une
prémisse qui est absolument fausse. Les résultats de
l'élection antérieure n'ont rien à faire à
l'égard d'une future élection. C'est un faux principe que de
partir de ça.
M. HARDY: M. le Président, nous allons continuer à
fouiller cette question, et je suis convaincu que nous arriverons avec des
propositions qui seront à la fois équitables, justes et surtout
démocratiques.
M. BURNS: On verra.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Messieurs, le représentant de
l'Union Nationale, le député de Chicoutimi, a
déposé tantôt un document sur la position de son parti
concernant le financement des partis politiques. L'honorable
député de Frontenac...
M. HARDY: Je n'avais pas fini mes commentaires sur la...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): ... vient aussi de le faire. Je veux
mentionner ça tout de même.
M.HARDY: Ah! bon.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ainsi, actuellement, nous avons deux
nouveaux documents. Le deuxième vient du Ralliement crédi-tiste.
Le député de Terrebonne a mentionné lui-même
tantôt qu'il avait une proposition concrète à faire
concernant les travaux ou la reconnaissance des partis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il nous sera possible, M. le
Président, d'avoir du député de Terrebonne son document,
en fin de séance, afin que nous puissions l'étudier et à
notre tour le critiquer.
M. HARDY: M. le Président, ce que j'ai à proposer, je vais
le faire verbalement et vous pourrez l'étudier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On aimerait ça un écrit, nous
autres.
M. HARDY: M. le Président, nous n'avons pas une...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'avez pas de services, le
gouvernement.
M.HARDY: ... quantité extraordinaire d'experts qui nous
écrivent des textes. Je suis obligé de travailler seul.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez tout le gouvernement, vous
autres.
M. BURNS: Faites-nous donc brailler.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est gentil pour votre expert.
M. HARDY: C'est-à-dire nous devons travailler seuls, mon expert
et moi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allons donc! M. HARDY: Quatrième
proposition...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Faisez-nous pas rire !
M. HARDY: ... M. le Président...
M. BURNS: Seul avec l'assistance de 24 ministères.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Douze ou treize conseillers...
M. HARDY: Franchement, est-ce que le député de Maisonneuve
me permettrait d'utiliser les services des 24 ministères pour le travail
que je fais ici à la commission parlementaire?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, on va vous donner la
permission.
M. BURNS: Vous le faites de toute façon du côté du
gouvernement.
M. HARDY: Non, je ne le fais pas, parce que...
M. BURNS: Vous ne le calculez pas dans votre budget de recherche et dans
votre budget de fonctionnement...
M. HARDY: M. le Président, je ne peux pas parler au nom des
autres, mais pour autant que je suis concerné, pour les travaux que j'ai
faits ici, je n'ai jamais demandé la collaboration d'aucun
ministère.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suggère au député de
Terrebonne de demander la collaboration des 24 ministères pour qu'on ait
au plus vite son document. Même le ministre des autoroutes.
M. HARDY: Quant à la quatrième proposition, M. le
Président, à ce stade-ci nous n'avons pas d'opinion
définitive.
M. BURNS: Sur les subventions annuelles.
M. HARDY: Nous considérons avec intérêt cette
proposition.
M. BURNS: C'est-à-dire que vous parlez des subventions annuelles
de fonctionnement...
M. HARDY: Oui.
M. BURNS: ... et de la publicité gratuite entre les
élections.
M. HARDY: C'est ça. Nous étudions avec beaucoup
d'intérêt cette suggestion, mais je ne suis pas en mesure ce matin
de donner une position définitive. C'est la même chose pour la
cinquième proposition. Pour ce qui est de c), je ne peux pas accepter
cette proposition du Parti québécois de défendre aux
partis politiques d'acheter du temps d'antenne ou de l'espace dans les journaux
en supplément. C'est vraiment une immixtion inacceptable. Chaque parti
politique a une enveloppe ou, en d'autres termes, a le droit de dépenser
un montant déterminé. Que ce parti politique décide de
dépenser ce montant en louant des salles ou par toutes sortes d'autres
façons légales...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En achetant des beans.
M. HARDY: ... en servant des déjeuners aux beans ou...
M. BURNS: En achetant des bats de baseball.
M. HARDY: Tiens, nos amis de la gauche se préparent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En louant des camions de la Brink's.
M. BURNS: Je regarde le passé, ce n'est que ça que je
fais.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En louant des camions de la Brink's.
M. BURNS: Ou en louant des camions de la Brink's.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bonne suggestion !
M. HARDY: En d'autres termes, il faut laisser une marge de manoeuvre aux
partis politiques. Ce qui est important, c'est qu'on n'ait pas le droit de
dépenser plus que tant, mais à l'intérieur de cette
enveloppe, je ne vois pas pourquoi l'Etat déciderait pour telle
formation politique. De plus, cela peut être injuste. Dans telle
région il peut être plus facile d'utiliser la
télévision pour faire une campagne électorale. Je pense
à des régions qui ont des postes locaux, la région du
Lac-Saint-Jean ou d'autres. Dans la région de Montréal, il est
beaucoup plus difficile pour un cnadidat d'avoir
accès à la télévision. On ne peut pas
arriver et déterminer cela d'une façon très
précise. Dans certaines circonscriptions électorales, ce sera tel
mode qui sera facile ou normal pour faire connaître le programme
politique. Dans un autre secteur de la province, dans d'autres
circonscriptions, ce sera un autre mode. Je ne peux pas accepter que l'on dise:
II y a tant de temps d'alloué, vous n'avez pas le droit d'en acheter. Il
serait irréaliste d'appliquer une telle proposition.
M. le Président, c'est ce que j'avais à dire sur la
proposition du député de Maisonneuve. Maintenant, comme on nous
aiguillonne, comme on veut absolument connaître la pensée du
gouvernement, nous avons considéré que les discussions quant au
problème de la reconnaissance politique des partis étaient
à ce point exhaustives qu'il nous était permis à ce stade
de faire des propositions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous n'avions pas complètement
terminé, je viens de déposer un document.
M. HARDY: Ah, je suis bien d'accord pour écouter le
député de Chicoutimi, mais à ce moment-ci, M. le
Président, c'est le député de Chicoutimi qui
m'empêche de faire des propositions concrètes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, c'est parce que...
M.HARDY: Si le député de Chicoutimi a encore des
suggestions à faire, je l'écoute.
Propositions de l'Union Nationale
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez voir ça. Le
député de Terrebonne va reprendre ça dans son document la
semaine prochaine, annotez donc le vôtre.
Je voudrais m'en tenir uniquement à la question de la
reconnaissance des partis, puisque c'est le sujet qui nous préoccupe. Je
parle, au début, du mode de financement des partis par l'Etat, à
la page 1; et ensuite je parle de cette question de la reconnaissance des
partis, à la page 2, troisième paragraphe, conditions de
recevabilité pour bénéficier des droits et des
privilèges de la Loi électorale concernant les dépenses
électorales.
Il s'agit ici d'une clarification que j'apporte à la suite des
discussions que nous avons eues et des échanges que j'ai eus avec le
député de Maisonneuve en ce qui concerne l'accréditation
des partis. Il me paraissait y avoir ambiguïté, je m'explique ici.
Mercredi dernier, le Parti québécois suggérait de faire
une distinction nette entre un parti reconnu ce qui correspond à
la définition actuelle de la Loi de la Législature, soit un parti
ayant obtenu 20 p.c. des votes valides ou ayant douze députés
à l'Assemblée nationale et un parti enregistré,
pour désigner les partis politiques qui auront satisfait aux exigences
nouvelles imposées, pour donner suite à la première
recommandation du rapport Barbeau. Cette distinction nous parait à tout
le moins ambiguë, particulièrement en ce qui concerne la notion de
parti enregistré.
A la réunion du 13 juin, nous avons accepté à
l'unanimité, comme formule de reconnaissance juridique, le principe de
l'accréditation des partis politiques auprès d'une commission
permanente de contrôle. Suite à cette recommandation, il nous
semble évident que la première condition que doit remplir un
parti politique pour bénéficier des droits et des
privilèges de la Loi électorale concernant les dépenses
électorales était d'être accrédité
auprès de la Commission permanente de contrôle.
En somme, qu'il s'agisse d'un parti qui satisfasse aux critères
de reconnaissance existants à l'heure actuelle dans la Loi de la
Législature, ou qu'il s'agisse d'une nouvelle formation politique qui
fait son entrée sur la scène politique, peu importe, les deux
doivent se faire accréditer auprès de la Commission permanente de
contrôle s'ils veulent bénéficier des droits et des
privilèges de la Loi électorale concernant les dépenses
électorales. Toutefois, nous préférerions une seule
définition fondée sur l'idée d'accréditation.
Nous proposons l'adoption de l'expression "parti
accrédité", pour désigner toute formation politique qui,
lors des dernières élections générales, a obtenu 20
p.c. des votes valides ou douze députés élus; et
deuxièmement, toute formation politique qui, lors des élections
générales en cours, démontre, à la satisfaction de
la commission, qu'elle aura des candidats officiels dans la majorité des
circonscriptions électorales du Québec. Si l'accréditation
présente une garantie de sérieux et de continuité, doit-on
pour autant conclure qu'un parti accrédité jouit par le fait
même de l'accréditation de tous les droits et privilèges de
la Loi électorale se rapportant aux dépenses électorales?
Je réponds non, et j'arrête ici. C'était simplement pour
définir le mot accréditation et dissiper l'ambiguïté
qui pourrait exister entre les expressions "parti reconnu" et "parti
accrédité". On pourrait, à notre sens, n'accepter qu'une
définition qui serait celle de "parti accrédité",
vérifiée par la Commission permanente de contrôle.
C'est ce que je soumets ce matin, le reste du document ne cadre pas avec
la discussion, ne s'inscrit pas dans le cadre de la discussion que nous avons,
puisque nous parlons spécifiquement de la reconnaissance juridique des
partis. Alors, c'est pour ça que je ne soumets à la discussion et
à la réflexion de nos collègues que cette partie du
document que j'ai déposé.
M. LATULIPPE: M. le Président, je dois dire que les propositions
du député de Chicoutimi rejoignent essentiellement celles que
nous avions retenues.
Je n'élaborerai pas davantage. Je me contenterai de demander
à la commission si elle accepterait que le texte que j'ai soumis soit
inscrit au journal des Débats. Il correspond essentiellement aux
propositions soutenues dans le fascicule de l'Union Nationale ce matin.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Avant de répondre au
député de Frontenac concernant cette demande de déposer au
feuilleton le document qu'il a présenté...
UNE VOIX: Au journal des Débats.
LE PRESIDENT (M. Comellier): ... au journal des Débats,
voulais-je dire...
M. LATULIPPE: Cela éviterait...
LE PRESIDENT (M. Comellier): ...je ne connais pas les règlements
du journal des Débats ou les traditions; je crois qu'il faudrait, tout
de même...
M. LATULIPPE : Cela se fait couramment, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec le consentement.
M. BURNS: Si la commission y consent, je pense qu'automatiquement le
document sera déposé et je pense bien que cela ne posera pas de
problème.
LE PRESIDENT (M. Comellier): Alors, le document sera
déposé pour publication au journal des Débats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je demande également, M. le
Président, que celui dont je n'ai lu qu'un extrait soit
déposé.
LE PRESIDENT (M. Comellier): La même chose s'appliquera au
document de l'honorable député de Chicoutimi, (voir Annexes)
Propositions du Parti libéral
M. HARDY: M. le Président, quant à la reconnaissance
juridique des partis politiques, voici les propositions que je désire
faire. Elles recoupent, dans une bonne mesure, ce que nous avons
déjà fait, mais je le fais d'une façon officielle. C'est
toujours pour fins de discussion, s'il y a des commentaires, mais ce sont des
propositions qui nous engagent. "Tout parti reconnu qui, au cours des
dernières élections générales, a
présenté des candidats dans la majorité des districts
électoraux établis en vertu de la Loi de la division territoriale
et qui a fait élire au moins douze députés ou qui a
recueilli 20 p.c. des votes valides donnés doit être
accrédité conformément à la loi.
Tout parti politique qui, lors d'élections
générales, présente des candidats dans au moins douze
districts électoraux et dans moins de la majorité des districts
parce qu'il est déjà reconnu peut, s'il le
désire, voir son nom inscrit sur le bulletin de vote sous celui de son
candidat officiel." C'est-à-dire que, quand on a douze candidats,
automatiquement on peut avoir le nom du parti.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On l'avait.
M. HARDY: "Lors d'élections générales, un parti
politique accrédité, qui ne présente pas de candidat dans
la majorité des districts électoraux avant le 21e jour
précédant celui du scrutin, cesse d'être
accrédité."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la même chose.
M.HARDY: C'est-à-dire qu'il peut être
accrédité, à un moment donné, s'il a 50 candidats
et si le chef le reconnaît, mais, si les bulletins ne sont pas
présentés, en d'autres termes, c'est un parti qui naîtrait,
à un moment donné, et qui cesserait d'exister avant les
élections.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est négativement.
M.HARDY: "Lors d'élections générales, tout parti
politique non accrédité qui, au plus tard le 21e jour
précédant celui du scrutin, présente des candidats dans la
majorité des districts électoraux peut être
accrédité."
Alors, nous proposons que ces articles concernant les partis politiques
accrédités soient placés après l'article 443 de la
Loi électorale. Ils formeraient une nouvelle section dont le titre
serait Parti politique accrédité. Cela constituera un nouveau
chapitre de la Loi électorale. "Pour être accrédité
un parti politique doit fournir le nom officiel du parti ainsi que sa
traduction en langue française ainsi que sa traduction en anglais s'il y
a lieu. Si un sigle officiel est utilisé, il doit être
également fourni. "Pour être accrédité un parti
politique doit fournir les nom, prénom, occupation et domicile du chef
du parti. "Chaque parti politique pour être accrédité doit
fournir les nom, prénom, occupation et domicile des membres de
l'exécutif du parti. "Pour être accrédité un parti
politique doit désigner sous la signature de son chef son ou ses agents
officiels en mentionnant les nom, prénom, occupation et domicile de
chacun d'eux. "Pour être accrédité, un parti politique doit
désigner, sous la signature de son chef, le ou les adresses des bureaux
où sont conservés les dossiers du parti. "Tout agent officiel
d'un parti accrédité doit produire, dans le délai
fixé par la loi, tout rapport et communication et communiquer tout
renseignement demandé.
"Un parti dont le nom comprend le mot indépendant ne peut
être ni reconnu, ni accrédité." Ce n'est pas pour les
raisons qu'on serait tenté de croire au premier abord. C'est pour
éviter...
M. BURNS : Je pensais que vous vouliez nous rayer de la carte.
M. HARDY: ... Union Nationale indépendant, Libéral
indépendant, Parti québécois indépendant, qui sont
des trucs que des adversaires utilisent contre une formation politique. C'est
pour éviter ce truc-là.
Ce sont les propositions très concrètes qui, nous croyons,
devraient être incorporées à la Loi électorale dans
un nouveau chapitre.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le
député a un texte?
M. HARDY: Non, j'avais des notes personnelles seulement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très dommage. Je comprends que
c'est inscrit au journal des Débats, de toute façon, par la voix
du député de Terrebonne. C'est exactement les propositions que
nous avons faites.
M. HARDY: Vous voyez comme nous sommes ouverts, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que...
M. HARDY : Nous voulions que ce soit un consensus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Que le député de Terrebonne
attende donc un peu. Il est pressé. Ce sont exactement nos propositions,
des divers partis.
M.HARDY: Oui. On n'a pas d'objection à vous en reconnaître
le mérite.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas de l'ouverture d'esprit que vous
manifestez, c'est de l'obéissance.
M. BURNS: M. le Président, nous aussi sommes d'accord sur ces
propositions. Je pense que le député de Terrebonne a assez bien
résumé le consensus qui s'est fait.
M. HARDY: C'est ça.
M. BURNS: En ce qui nous concerne, quant à la reconnaissance,
nous serions satisfaits de ces propositions. Je présume que lors d'une
prochaine séance on passera à un autre article du rapport
Barbeau. On se penchera sur la recommandation no 2, je présume?
M. LATUL1PPE: M. le Président, dans l'ensemble, nous sommes
également d'accord sur les propositions qui nous ont été
faites. Mais est-ce que j'ai bien compris que, pour être
accrédité, un parti doit avoir fait élire au moins douze
députés? Est-ce "et" ou "ou"?
M. HARDY: C'est "ou".
M. LATULIPPE: Je vous remercie.
M. HARDY: M. le Président, je propose l'ajournement à
mercredi, dix heures...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est le sujet de discussion?
M.HARDY: Nous suivons toujours, tel que demandé par nos
honorables amis, siégeant à votre gauche, M. le Président,
dans un louable effort de collaboration, le bilan du rapport Barbeau.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Nous voulions en avoir la précision.
M. BURNS: Une chance que vous nous avez pour mettre de l'ordre dans
ça.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes obéissant.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, la commission ajourne ses travaux
à mercredi prochain, dix heures.
M. HARDY: Excusez-moi, onze heures si la Chambre siège.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Ou onze heures, si la Chambre
siège, selon les indications qui seront données par le leader du
gouvernement.
(Fin de la séance à 11 h 53)
ANNEXE A
L'UNION NATIONALE ET LE FINANCEMENT DES PARTIS
POLITIQUES
La semaine dernière, nous avons discuté longuement des
critères de reconnaissance d'un parti politique.
Sur ce point, la position de l'Union nationale demeure la
même.
Il y a deux modes de financement des partis politiques par l'Etat: d'une
part, la participation indirecte de l'Etat par le biais des dispositions de la
Loi électorale se rapportant aus dépenses électorales
(i.e. remboursement aux candidats, remboursement aux partis,
réglementation de la publicité par les média de
l'information, etc.); d'autre part, la participation directe de l'Etat par le
biais d'une subvention en vue de permettre aux partis politiques qui
remplissent certaines conditions, à soutenir une organisation permanente
(i.e. secrétariat,...) en dehors des périodes
électorales.
Nous constatons avec plaisir que le parti ministériel, ainsi que
les deux partis de l'opposition, ont reconnu la justesse de nos propositions et
ont accepté le principe d'un financement public à deux
volets.
Certes, il existe des divergences sur les modalités de ce
financement et particulièrement sur les conditions de
recevabilité. Nos propos, aujourd'hui, auront pour but
d'éclaircir le débat et d'apporter des solutions concrètes
et réalistes aux interrogations justifiées des
députés.
I- Conditions de recevabilité pour bénéficier des
droits et des privilèges de la Loi électorale concernant les
dépenses électorales
Mercredi dernier, le Parti québécois suggérait de
faire une distinction nette entre un parti reconnu (ce qui correspond à
la définition actuelle de la Loi de la Législature, soit un parti
ayant obtenu 20 p.c. des votes valides ou ayant 12 députés
â l'Assemblée nationale) et un parti enregistré ("pour
désigner les partis politiques qui auront satisfait aux exigences
nouvelles imposées pour donner suite à la première
recommandation du Rapport Barbeau").
Cette distinction nous paraît tout au moins ambiguë,
particulièrement en ce qui concerne la notion de "parti
enregistré".
A la réunion du 13 juin, nous avons accepté à
l'unanimité comme formule de reconnaissance juridique, le principe de
l'accréditation des partis politiques auprès d'une commission
permanente de contrôle.
Suite à cette recommandation, il nous semble évident que
la première condition que doit remplir un parti politique pour
bénéficier des droits et des privilèges de la Loi
électorale concernant les dépenses électorales est
d'être accrédité auprès de la commission permanente
de contrôle.
En somme, qu'il s'agisse d'un parti qui rencontre les critères de
reconnaissance existants à l'heure actuelle dans la Loi de la
Législature ou qu'il s'agisse d'une nouvelle formation politique qui
fait son apparition sur la scène politique peu importe les
deux doivent se faire accréditer auprès de la commission
permanente de contrôle, s'ils veulent bénéficier des droits
et des privilèges de la Loi électorale concernant les
dépenses électorales.
C'est pourquoi nous préférons une seule définition
fondée sur l'idée d'accréditation.
Nous proposons l'adoption de l'expression "parti
accrédité" pour désigner: "a) toute formation politique
qui, lors des dernières élections générales, a
obtenu 20 p.c. des votes valides ou 12 députés élus; b)
toute formation politique qui, lors des élections
générales en cours, démontre à la satisfaction de
la commission, qu'elle aura des candidats officiels dans la majorité des
circonscriptions électorales du Québec."
Si l'accréditation présente une garantie de sérieux
et de continuité, doit-on pour autant conclure qu'un parti
accrédité jouit, par le fait même de
l'accréditation, de tous les droits et privilèges de la Loi
électorale se rapportant aux dépenses électorales.
La réponse est évidemment non. L'accréditation est
une porte d'entrée. Elle permet à un parti d'être reconnu
juridiquement, d'être inscrit sur les bulletins de vote et enfin, jouir,
sur une base égalitaire, des droits à la publicité
gratuite par les média de l'information pour la durée de la
période électorale.
Pour ce qui est du remboursement partiel des dépenses
électorales d'un parti politique, les critères
d'accréditation nous semblent insuffisants. Nous croyons que l'Etat
devrait rembourser à tout parti accrédité qui a obtenu, au
cours d'une élection générale, 20 p.c. des votes valides
dans l'ensemble du Québec, un montant égal: 1) soit à 25
p.c. des dépenses permises encourues et acquittées;
2) soit à 0.05c par électeur inscrit dans les districts
électoraux où ce parti avait un candidat officiel, plus un
cinquième des dépenses électorales qui excèdent la
somme de $0.050 par électeur inscrit et qui n'excède pas, en
tout, $0.254 par électeur.
Si nous présentons à la sous-commission deux solutions
quant au calcul du remboursement, c'est que nous désirons
connaître les opinions des membres des autres formations politiques avant
d'adopter une attitude définitive sur ce point important. Les deux
solutions ont beaucoup de mérites et doivent être
étudiées sérieusement par cette sous-commission.
Vous noterez avec intérêt que la deuxième solution
est identique à celle qui apparaît dans le projet de Loi 1
présenté par le gouvernement de M. Jean-Jacques Bertrand en
1970.
Aussi, lorsque nous discuterons de cette question, nous devrons tenir
à l'esprit que, dans la Loi électorale actuelle, la limite
globale des dépenses permises aux partis politiques demeure de $0.25 par
électeur dans l'ensemble des districts où le parti a des
candidats à une élection générale.
Enfin, nous terminons notre exposé sur cette première
partie du débat en réitérant notre position à
l'égard du remboursement des dépenses électorales d'un
candidat: "A l'heure actuelle, les candidats déclarés élus
ou ayant obtenu au moins 20 p.c. des votes valides donnés ou qui sont
autorisés à avoir les représentants payés dans les
bureaux de scrutin, en vertu de l'article 219 sont remboursés par le
président général des élections jusqu'à
concurrence de .150 par électeur inscrit, pour les dépenses
électorales aux termes de la loi et sur présentation de
pièces justificatives". "Il y a lieu de se demander si l'apparition
récente du multipartisme au Québec ne justifie pas une
réévaluation du pourcentage minimum de voix nécessaires
pour jouir d'un remboursement aux termes de la Loi".
II: Conditions de recevabilité pour bénéficier
d'une subvention de l'Etat en vue de permettre aux partis politiques de
soutenir une organisation permanente en dehors des périodes
électorales
Dans son exposé de la semaine dernière, le P.Q.
suggérait que tout "parti reconnu", c'est-à-dire tout parti qui a
12 députés élus ou 20 p.c. des votes lors de la
dernière élection générale, ait droit aux
subventions annuelles de fonctionnement et à la publicité
produite hors des campagnes électorales.
D'abord, nous ne partageons pas l'avis du P.Q, à l'effet qu'il y
ait des subventions du gouvernement pour donner de la publicité gratuite
aux partis politiques en dehors des périodes électorales. Ce
privilège ne devrait exister, à notre avis, que pendant une
période électorale.
Deuxièmement, nous sommes persuadés que les
critères existants dans la Loi de la législature ne sont pas
réalistes en ce qui concerne le droit de recevoir une subvention
annuelle de l'Etat. Ceux-ci sont beaucoup trop exigeants à
l'égard des nouvelles formations politiques, qui, si ce n'était
de ces critères trop arbitraires, offriraient un gage suffisant de
sérieux et de continuité.
Les conditions de recevabilité pour bénéficier de
la deuxième forme de financement, c'est-à-dire des allocations
directes de l'Etat en vue de subvenir aux besoins d'un parti politique entre
les périodes électorales sont les suivantes: a) La formation
politique devra avoir été dûment accréditée
auprès de la commission permanente de contrôle; b) elle devra
avoir obtenu 10 p.c. des votes valides lors des élections
générales en cours.
Ainsi, seul un parti politique ayant subi l'épreuve d'une
élection générale pourra jouir d'une subvention directe de
l'Etat. De plus, ce parti devra avoir réussi à s'attirer 10 p.c.
du vote populaire. Ce sont là deux garanties qui nous apparaissent
justes et équitables tant envers le parti lui-même qu'envers le
contribuable appelé à défrayer les coûts de cette
nouvelle expérience.
Quant au montant de la subvention, nous réitérons la
recommandation que nous avions formulée dans notre document de travail,
à savoir, une allocation de .050 par électeur inscrit
basée sur le nombre d'électeurs inscrits sur les listes
électorales dans chaque district où un parti aura
présenté des candidats en autant qu'il aura obtenu 10 p.c. des
votes valides.
ANNEXE B
RESUME DES PRINCIPES RETENUS PAR LE RALLIEMENT
CREDITISTE DU QUEBEC BUT
Reconnaître aux partis politiques un statut spécial en
vertu duquel il sera possible d'indemniser, de réglementer, ou d'imputer
certaines obligations ou responsabilités aux partis politiques en regard
de la loi électorale et (ou) de la loi de la législature.
EN PERIODE ELECTORALE ACCREDITATION
Un parti doit être accrédité auprès de la
commission de contrôle. Pour avoir droit: à l'inscription du nom
du parti sur les bulletins de vote; à la publicité gratuite et
autres sources gratuites et (ou) avantage accordé à part
égale aux partis en temps de campagne électorale; au
remboursement des dépenses encourus pour donner suite aux obligations
imposées aux partis par la loi électorale (vérification
Etats Financiers et autres).
CRITERE D'ACCREDITATION
Présenter des candidats dans plus de 50 p.c. des
circonscriptions; maintenir un secrétariat permanent; enregistrer les
partis auprès de la commission de contrôle le nom du parti chef (
Nom officier exécutif ( Adresse agent officiel ( Numéro de
tél. secrétariat permanent ( Etc..
EN PERIODE NON ELECTORALE PARTIS RECONNUS
Pour fin d'indemnisation et autre avantage au sens de la loi de la
législature (service de recherche). 1- Partis qui, lors du dernier
scrutin, a reçu son accréditation et continue d'en rencontrer
toutes les conditions. 2- Partis qui, lors du dernier scrutin, a obtenu plus de
10 p.c. du vote ou fait élire plus de 10 p.c. de la deputation.
PRIVILEGES AUX PARTIS RECONNUS
Indemnisation annuelle d'opération d'une permanence de 0.05$ par
électeur pour chaque comté où le parti avait des candidats
lors de la dernière élection (payable mensuellement sur
présentation de pièces justificatives et budget
d'opération annuelle).
Tout autre privilège des partis reconnus selon la loi de la
législature (budget recherche etc..) pourvu qu'il ait fait élire
plus de 10 p.c. de la députation.
N.B. Partout où l'on parle du critère de 10 p.c, si ce
critère ne rencontre pas l'assentiment général, nous
n'aurions aucune objection à reconnaître 20 p.c. à la
condition qu'une règle de gradation soit introduite pour le calcul d'une
indemnisation des partis dont la représentativité se situe entre
10 p.c à 20 p.c. de la députation (ou de l'électorat).
SUBVENTIONS CANDIDATS
Maintenir la théorie de l'agent officiel pour le candidat;
maintenir les règles établies aux art. 379 - 380 - loi
électorale - limite et remboursement des dépenses
électorales du candidat; introduire la règle de gradation pour un
candidat ayant obtenu entre 10 et 20 p.c. des voix; maintenir la règle
du cautionnement et du bulletin de présentation pour les candidats
(problèmes des indépendants); rembourser le coût
total d'un envoi postal (en franchise) à chaque électeur; par
exception et en sus des temps normaux alloués, droit égalitaire
pour chaque candidat à la publicité gratuite, journaux, radio et
télévision au niveau du comté; distribution de la liste
des électeurs, à chaque électeur de l'arrondissement, tant
en milieux urbain que rural, avec en caractère GRAS l'indication
où doit voter l'électeur de cet arrondissement, ainsi que les
heures d'ouverture des bureaux de scrutin.
SUBVENTION PARTI POLITIQUE a) Période électorale
(32 derniers jours présidant le scrutin) Les stations de radio et
télévision devront accorder 8 heures de diffusion aux heures de
pointe, réparties équitablement entre les partis
accrédités. Les 4 premières heures payées
entièrement par le Trésor Public, les 2 heures suivantes
remboursées à 50 p.c. et les 2 dernières heures aux frais
de chaque parti. Il ne sera pas permis de diffuser, de vendre au candidat ou
aux partis de la publicité en quantité supérieure en temps
alloué et le prix demandé ne devra pas être
supérieur à celui exigé pour une publicité
équivalente par personne non en politique. b) Pour presse écrite,
même critère que presse parlée, lire 1/4 page de
publicité au lieu d'heures de diffusion.
SUBVENTION PARTI POLITIQUE a) Période non
électorale
A l'exception de l'indemnisation de 0.05 par électeur pour la
permanence. Aucune subvention, ni réglementation ou indemnité en
faveur des partis politiques.