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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Sujet: Réforme électorale
Séance du mercredi 4 juillet 1973
(Onze heures trois minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
M. HARDY: Alors, M. le Président, il va peut-être falloir
brosser un tableau de nos travaux...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A ce jour.
M. HARDY: ... pour que le député de Bourget puisse...
M. LAURIN: Je suis d'assez près les travaux du comité,
même si je n'y participe pas.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Comme je l'ai mentionné
précédemment, le sous-comité ajournera ses travaux
à midi et j'aimerais mentionner pour les fins du journal des
Débats quels sont les membres de ce sous-comité pour la
réunion d'aujourd'hui. Pour le parti ministériel, le
député de Terrebonne, M. Hardy; le député de
Laviolette, M. Carpentier; le député de Chauveau, M. Harvey; le
député d'Yamaska, M. Faucher; pour l'Union Nationale, le
député de Chicoutimi, M. Tremblay; pour le Ralliement
créditiste, M. Latulippe, député de Frontenac et pour le
Parti québécois, M. Laurin, député de Bourget. A
l'ajournement de la dernière réunion, nous avions devant nous des
propositions du député de Terrebonne concernant la reconnaissance
juridique des partis politiques. S'il y a d'autres commentaires, je laisse la
parole au député de Terrebonne.
Financement des partis politiques
M. HARDY: M. le Président, comme vous l'indiquez, à la fin
de la séance de mercredi dernier, j'ai fait certaines propositions quant
à la reconnaissance juridique des partis politiques. Je ne sais pas si
mes collègues de la commission ont des observations à formuler
sur ces propositions ou si dès maintenant nous pouvons passer au
deuxième chapitre de nos travaux, c'est-à-dire le problème
de la légalité, en d'autres termes le problème du
financement des partis et des limites des dépenses
électorales.
M. LATULIPPE: Les subventions, est-ce que c'est déjà
passé?
M. HARDY: C'est-à-dire que, d'une façon incidente, nous
avons dû, en étudiant le problè- me de la reconnaissance
juridique des partis, aborder par le biais, le problème du financement.
Maintenant, si tout a été dit sur cette question, je n'ai pas
d'objection à ce qu'on passe à un autre sujet, mais je ne pense
pas que nous ayons abordé, d'une façon exhaustive et en
profondeur, le problème du financement des partis et la question des
limites des dépenses électorales ou des limites des
souscriptions.
Ce sont, à peu près, les trois têtes de chapitre de
cette question du financement des partis comme tel. Peut-être
pourrions-nous aborder d'abord le problème du financement des partis,
chapitre qui se divise lui-même en financement des candidats pendant les
périodes électorales, financement des partis pendant les
périodes électorales et financement des partis en dehors des
périodes électorales. Je sais que dans les documents qui ont
été produits, il y a des propositions qui ont été
formulées. Maintenant, on pourrait peut-être approfondir cette
discussion.
Par exemple, les différentes questions qui continuent à se
poser dans mon esprit, sont les suivantes: Y a-t-il lieu d'augmenter le montant
que l'on accorde aux candidats actuellement à l'occasion d'une campagne
électorale il y a un montant qui est remboursé
est-ce qu'il y a lieu d'augmenter ce montant? Est-ce qu'il y a lieu de
rembourser les partis politiques et jusqu'à quel montant? Sur quelle
base devrait-on financer, s'il y a lieu, les formations politiques en dehors
des périodes électorales?
Peut-être que les partis politiques qui ont déjà
déposé des documents à ce sujet pourraient les expliciter
afin que nous puissions, comme nous l'avons fait jusqu'ici, échanger des
opinions sur ces propositions.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, la semaine
dernière, le député de Terrebonne a formulé les
propositions de son parti, de son gouvernement, en ce qui concerne la
reconnaissance juridique des partis politiques. Les propositions qu'il a
formulées, non seulement recoupaient mais reprenaient celles que nous
avions déjà énoncées. Il y a eu un consensus des
membres présents pour que l'on accepte des propositions qu'a
résumées le député de Terrebonne, qu'il a
présentées sous forme de synthèse mais qui
intégraient l'ensemble de celles que nous avions déjà
faites. Nous n'avons donc pas l'intention de reprendre ces propositions, de les
rediscuter puisque c'est une étape que nous avons marquée, sauf
qu'il eût été important, même si cela est
consigné au journal des Débats, que le député de
Terrebonne distribuât le texte de ces propositions formelles qu'il a
faites afin que nous ayons un document qui atteste officiellement de la
position du gouvernement à cet égard.
M. HARDY: Je me rends compte que, malheureusement, le texte n'est pas
prêt.
J'ai un texte, malheureusement je n'en ai
que deux copies; on pourrait peut-être en faire préparer
d'autres. J'ai le texte de mes propositions présentées sous forme
de projet de loi, d'avant-projet de loi. J'en ai deux copies.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II serait facile d'en faire faire.
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous voulons bien avoir...
M. HARDY: Si vous me permettez de vérifier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M. LATULIPPE: Si je comprends bien, M. le Président, la
discussion qui est sur la table est celle des subventions aux candidats et le
problème de financement des candidats?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président, avant que
nous n'abordions cette question, nous avons le problème... Il nous faut
maintenant apprécier les propositions qui ont été faites
par le gouvernement.
J'ai dit tout à l'heure qu'elles regroupaient les nôtres et
qu'il y avait eu un consensus concernant ces propositions, ce qui n'implique
pas que nous n'ayons pas quelques questions à poser au
député de Terrebonne relativement aux propositions qu'il a
faites.
M. HARDY: C'est cela. Ce serait peut-être intéressant. Il
s'agit, ici, d'un avant projet de loi que l'on pourrait peut-être
regarder ce matin avant qu'il ne franchisse une autre étape, avant qu'il
ne soit mis en forme pour être déposé en première
lecture.
Alors, s'il y avait possibilité de procéder... Je
regrette, j'ai seulement deux copies. Si on pouvait faire photocopier le texte,
on pourrait regarder le texte article par article pour voir si...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Frontenac le sait,
il a suivi toutes les délibérations de la commission, le
problème du financement des partis par l'Etat, par les contribuables si
on aime mieux, est relié au problème de la reconnaissance
juridique. Or, c'est de cette question que nous avons discuté la
dernière fois et c'est à propos des recommandations ou des
propositions, plutôt, faites par le député de Terrebonne
que j'aurais quelques questions à poser.
Alors, du feuillet R/120, Assemblée nationale, page 1, le
député de Terrebonne disait ceci: "M. le Présdient, quant
à la reconnaissance juridique des partis politiques, voici les
propositions que je désire faire. Elles recoupent, dans une bonne
mesure, ce que nous avons déjà fait, mais je le fais d'une
façon officielle. Toujours pour fins de discussion, s'il y a des
commentaires, se sont des propositions qui nous engagent. Tout parti reconnu
qui, au cours des dernières élections générales, a
présenté des candidats dans la majorité des districts
électoraux établis en vertu de la Loi de la division territoriale
et qui a fait élire au moins douze députés ou qui a
recueilli 20 p.c. des votes valides donnés doit être
accrédité conformément à la loi." Pour cette
partie, il n'y a pas de difficulté parce que c'est déjà ce
qui a été proposé. Toutefois, ce qui suit demande de la
part du député de Terrebonne quelques explications qu'il voudra
bien nous donner, nous le souhaitons. "Tout parti politique qui, lors
d'élections générales, présente des candidats dans
au moins douze districts électoraux et dans moins de la majorité
des districts parce qu'il est déjà reconnu peut,
s'il le désire, voir son nom inscrit sur le bulletin de vote sous celui
de son candidat officiel. C'est-à-dire que, quand on a douze candidats,
automatiquement on peut avoir le nom du parti."
Je me demande si cette exigence est suffisante. Nous avions
demandé, nous, que, dans le cas des partis reconnus ou
accrédités, comme on aimera, il y ait présentation de
candidats dans la majorité des circonscriptions, ce qui veut dire 55
plus 1, donc 56 candidats. Parce que douze candidats, ce n'est pas
beaucoup.
M. HARDY: Si le député de Chicoutimi me le permet, notre
première attitude était d'assurer une certaine concordance,
c'est-à-dire que nous ne faisions pas d'exception, c'était
toujours la moitié des candidats même pour être reconnu.
Nous avons cru comprendre à l'audition des propos de certains
députés d'Opposition je ne peux pas les identifier
à ce stade-ci, il faudrait que j'aie recours aux documents mais
nous avions cru comprendre que certains députés auraient voulu,
pour l'inscription sur le bulletin, que ce soit au moins douze, que douze
candidats suffisent.
C'est un peu la raison pour laquelle nous avons... Maintenant, s'il y
avait un consensus pour ramener cela à la moitié, même pour
l'inscription du nom du parti sur des bulletins, je vous dis
immédiatement que, loin d'avoir des objections, ceci serait conforme
à notre première attitude.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est l'attitude que nous avions,
nous-mêmes, exprimée au départ.
M. HARDY: Je pense que c'est le député de Maisonneuve
qui...
M. LATULIPPE: Je pense, M. le Président, qu'il y avait une
distinction. C'est que le député de Maisonneuve, comme l'ensemble
des députés de l'Opposition, faisait une distinction entre un
parti accrédité et un parti reconnu. Le parti
accrédité, à ce moment-là, pour avoir droit
à son inscription, il fallait qu'il soit accrédité...
M. HARDY: ... candidat...
M. LATULEPPE: ... et pour être accrédité...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour bien faire la distinction si le
député de Frontenac me le permet la semaine
dernière nous nous sommes entendus et enfin, c'est toujours sujet
à révision, un projet de loi. Le Parti québécois,
par la voix de M. Burns, avait parlé de ce problème, de cette
distinction qu'il fallait faire entre un parti reconnu et un parti
accrédité. Le parti reconnu, étant celui que l'on
décrit dans la Loi électorale actuelle, loi
générale des élections.
La semaine dernière, j'ai proposé que cette expression de
parti reconnu, qui aux termes de la loi que nous avons à l'heure
actuelle, est purement descriptive, soit supprimée et que, dans les deux
cas, qu'il s'agisse d'un parti actuellement existant, qui est
déjà représenté à l'Assemblée
nationale ou qu'il s'agisse d'un nouveau parti qui, éventuellement,
présentera des candidats, on ne retienne qu'une appellation, soit celle
de parti accrédité, c'est-à-dire accrédité
par le mécanisme de la commission de contrôle, de sorte qu'il n'y
aurait pas d'équivoque. Et si l'on rattache cette question de la
reconnaissance juridique, comme il faut le faire, au financement des partis par
l'Etat, l'expression "parti accrédité" évite toutes les
conclusions possibles et nous impose là, c'est mon opinion,
remarquez bien, je n'interprète pas l'opinion de mes autres
collègues l'obligation d'exiger qu'il y ait présentation de
candidats dans 56 circonscriptions, dans la moitié des circonscriptions,
eu égard au fait que tout parti, normalement, qui présente des
candidats, aspire, peut-on croire, au pouvoir. C'est l'argumentation que nous
avons faite il y a quelques semaines, au cours des séances
antérieures.
Le député de Maisonneuve a apporté aussi des
propositions et des suggestions fort intéressantes qui ont donné
lieu à un débat, mais j'y reviens ce matin parce que, à la
réflexion, il me paraît qu'on devrait exiger que l'on
présente des candidats dans la majorité des circonscriptions, ce
qui veut dire 56, afin d'éliminer justement les candidatures farfelues.
Parce que dès lors que l'Etat sera appelé quand je parle
de l'Etat, je veux toujours dire les contribuables quand les
contribuables donc seront appelés à payer une partie des
dépenses électorales du parti et du candidat actuellement,
on paie les dépenses du candidat je crois qu'il faut être
plus exigeant des formations politiques qui voudraient se faire connaître
sur la scène politique à l'occasion d'une élection.
M. LAURIN: Un parti peut présenter 60 candidats et, malgré
tout, ne recueillir que 2 p.c. ou 3 p.c. du vote.
M. HARDY: C'est exact. C'est la thèse que j'ai soutenue la
semaine dernière.
M. LAURIN: Je pense que le critère que soumet le
député de Chicoutimi n'est pas suffisant. Il faut aussi la
sanction, de l'électorat. Il faut quand même que l'Etat finance un
parti qui a recueilli un minimum de voix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Si vous me permettez, docteur. C'était
entendu également. Là, c'est tout simplement la première
étape, c'est l'étape de la présentation de candidats.
Reste à voir après, pour le remboursement de dépenses et
pour les dépenses qui pourraient être payées,
c'est-à-dire les subventions ou allocations qui pourraient être
versées à un parti hors période électorale ;
à ce moment-là, on exige que tel parti, que ce soient les partis
actuels ou d'autres, ait quand même recueilli un certain pourcentage de
voix.
M. LAURIN : Si dans votre définition de parti
accrédité vous ne tenez compte que du premier critère, on
peut se retrouver devant des difficultés. Il faudrait peut-être
additionner les deux critères pour...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. C'est ce que nous avons fait d'ailleurs
dans notre proposition.
M. LAURIN : ... un parti accrédité et non pas ne tenir
compte que du nombre de candidats présentés par chaque parti.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Laurier.
M. MARCHAND: Si les députés me permettent. Je suis
d'accord avec le député de Chicoutimi lorsqu'il fait les
représentations à l'effet qu'il devrait y avoir au moins 56
candidats pour qu'un parti soit reconnu et que le nom du parti soit
écrit sur le bulletin de vote. Je crois que c'est tout à fait
raisonnable. Autrement, on aura quatre ou cinq partis qui ne vont aller
à l'électorat, que pour mêler les cartes.
Des partis rattachés peut-être à d'autres
groupements qui seront là, pour à peu près ne rien dire,
tout simplement pour causer des problèmes, lors d'une élection et
enlever le sérieux d'une élection provinciale. Je suis
complètement d'accord avec le député de Chicoutimi pour
qu'il y ait au moins 56 candidats.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voici. Si le député de Laurier
me le permet, notre intention évidemment est celle que je viens
d'exprimer, c'est que nous voulons éliminer les candidatures farfelues.
C'est pour cela que nous avons parlé d'accréditation d'un parti
par une commission de contrôle, lequel parti devrait présenter
à notre avis 56 candidats.
Il reste cependant qu'il peut y avoir des candidats indépendants
lesquels doivent être inscrits à ce titre sur le bulletin de
présentation comme sur les bulletins de vote. Il faut faire attention.
Notre objectif n'est pas d'éliminer
toute candidature d'où qu'elle vienne. Mais à partir du
moment où on fait intervenir la notion de parti accrédité,
il faut à mon sens accepter qu'il y ait un minimum de candidats et, pour
moi, remarquez que cela reste discutable, ce que je propose. Ce qui
m'apparaît actuellement le plus normal et le plus logique, ce sont des
candidats dans la majorité des circonscriptions.
M. MARCHAND: Je voudrais bien faire remarquer au député de
Chicoutimi que je ne suis pas contre les candidats indépendants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai apporté simplement cette
précision pour qu'on me comprenne bien qu'on n'élimine pas...
M. MARCHAND: Je suis contre le fait...
M. HARDY: Vous êtes contre les candidats
indépendantistes.
M. MARCHAND: C'est-à-dire, je suis contre pendant les
élections, oui.
M. HARDY: En fait, encore une fois, je n'ai pas d'objection à ce
qu'on revoie... J'espère que, le plus rapidement possible nous allons
avoir une espèce de projet. Encore une fois, ce n'est pas une loi en
première lecture, c'est un projet qui reprend d'une façon plus
technique les propositions que j'ai formulées la semaine dernière
et qui font la concordance avec tous les articles. On a à peu
près ce que cela donnerait comme projet de loi. En rapport avec la
discussion que nous avons présentement, c'est que le projet de loi fait
une distinction. C'est-à-dire l'avant-projet de loi, le document de
travail qui pourrait devenir un projet de loi, fait la distinction entre partis
accrédités. Pour les partis accrédités, il y a ces
exigences... Nous n'avons pas mis un nombre de députés, parce
que, encore une fois, pour tenir compte de la loi de la commission permanente
de la redistribution et comme il y a possibilité qu'il y ait une
redistribution après chaque élection, nous
préférons un pourcentage plutôt qu'un nombre fixe de
sièges. Parce que s'il y a une nouvelle loi de redivision territoriale,
il faudrait venir amender cette loi-ci, tandis que si on fait un
pourcentage...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, M. le Président. Si le
député de Terrebonne me le permet, si c'est dans la
majorité des sièges...
M. HARDY: C'est cela.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il y ait 110 sièges ou 120
sièges ou 150...
M. HARDY: Au lieu de mettre un nombre fixe de sièges, nous avons
mis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La majorité.
M. HARDY: C'est cela. Il faut que ce soit flexible pour que cette loi-ci
s'ajuste automatiquement à de nouvelles lois de la division territoriale
qui pourraient arriver. Alors, ce que la loi dit ici... Nous pourrons reprendre
cette discussion en examinant ce document paragraphe par paragraphe. On fait
une distinction entre partis politiques. Un parti politique, c'est celui qui a
un chef reconnu et qui présente au moins douze candidats. Cette
formation poli-tique-là qui a un chef, lequel chef reconnaît au
moins douze personnes comme ses candidats officiels, le nom de ce parti
pourrait, toujours suivant ce document-là, être inscrit sur le
bulletin de vote. Ce serait l'unique privilège dont ce parti pourrait
jouir. Par contre, tous les autres privilèges importants au point de vue
des dépenses électorales, c'est ce qu'on appelle ici un parti
accrédité. On donne...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne se souvient de ce que je lui proposais la semaine dernière?
Je disais ceci: Nous préférons une seule définition
fondée sur l'idée d'accréditation et je la
précisais. Nous proposons l'adoption de l'expression "parti
accrédité" pour désigner toute formation politique qui,
lors des dernières élections générales, donc, dans
le passé, a obtenu 20 p.c. des votes valides ou douze
députés élus et...
M.HARDY: C'est exactement la définition que l'on reprend dans le
texte ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en ce qui concerne les autres formations,
toute formation politique qui, lors des élections
générales en cours, donc pour l'avenir, démontre, à
la satisfaction de la commission, qu'elle aura des candidats officiels dans la
majorité des circonscriptions électorales du Québec.
Alors, cela rejoint la préoccupation de réajustement selon le
nombre de sièges qui pourraient être ajoutés ou
supprimés.
M. HARDY: C'est exactement l'expression que nous utilisons ici "la
majorité des districts électoraux".
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Et nous avons pris la précaution de dire
par la suite : Si l'accréditation présente une garantie de
sérieux et de continuité, doit-on pour autant conclure qu'un
parti accrédité jouit, dans le fait même de
l'accréditation, de tous les droits et privilèges de la Loi
électorale se rapportant aux dépenses électorales? Et nous
avons dit : La réponse est évidemment non, parce que là,
il faut d'abord établir le problème, définir les
critères d'accréditation et ensuite examiner le problème
qui en découle, celui du financement des partis.
M. HARDY: Dans la définition que le député donne et
dans la définition que j'ai ici dans le document de travail, au fond...
Si vous le permettez, je vais la lire, même si le document
n'est pas encore distribué. On dit: Parti accrédité
désigne tout parti qui, lors des dernières élections
générales, a présenté des candidats dans la
majorité des districts électoraux et a fait élire 12
candidats ou obtenu 20 p.c. des votes valides donnés, ainsi que tout
parti qui, lors des élections générales
c'est-à-dire les élections générales qui vont se
produire présente, avant le 21e jour qui précède le
scrutin, des candidats dans la majorité des districts électoraux,
le tout conformément aux dispositions de la section 21 a) de la
présente loi. C'est le nouveau chapitre qui parle des partis
accrédités.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, c'est exactement la proposition que
nous avons ici.
M. LATULIPPE: Vous ne retenez plus du tout la formule des partis
reconnus en période non électorale?
M. HARDY: C'est-à-dire que nous retenons la formule des partis
accrédités d'une part, et encore une fois et s'il y a un
consensus pour qu'on enlève cela, parce qu'on a vraiment mis cela
à la demande du Parti québécois.
M. LATULIPPE: Est-ce que vous retenez la formule de parti reconnu pour
les périodes non électorales? C'est-à-dire la Loi de la
Législature...
M. HARDY: Cela va être la suite. On commence par définir
les choses. On définit parti accrédité. Quand on examinera
ce qu'on donne à un parti accrédité, c'est là qu'on
va... Mais là, on définit l'objet ou le sujet de droit
éventuel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce que je viens de dire au
député de Terrebonne, M. le Président, j'ai dit qu'il
s'agissait simplement de la reconnaissance juridique des partis. Le corollaire
naturel, ça va être le problème du financement ou du
remboursement des dépenses ou des allocations qui vont être
données à des partis accrédités. Nous avons retenu
l'expression "accrédité"; nous la substituons à celle de
parti reconnu afin de rejoindre les préoccupations du
député de Maisonneuve qui avait fait cette distinction entre
parti reconnu et parti accrédité.
M. HARDY: Le projet que j'ai ici...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... reprend les deux notions.
M. HARDY: ... qui reconnaît la notion de parti
accrédité telle que je l'ai définie tantôt
reconnaît également la notion de parti, sans
épithète. A ce moment-là, il y aurait amendement à
l'article 47 de la Loi électorale actuelle, au paragraphe 3, qui se
lirait ainsi: "Tout candidat d'un parti politique qui, avant le 21e jour qui
précède le scrutin, présente au moins 12 candidats, doit
remettre en même temps que son bulletin de présentation, une
lettre du chef de son parti attestant qu'il est son candidat officiel." Si je
prétends appartenir au parti républicain du Québec, je me
présente chez le président général des
élections en déposant mon bulletin; j'ai une lettre du chef de
mon parti attestant que je suis son candidat et, en même temps, ce chef
démontre, à la satisfaction du président
général des élections, qu'il y a au moins 12 candidats du
parti républicain. Ceci obligerait le président
général des élections à indiquer en bas du nom des
12 candidats ou plus, parti républicain. Mais c'est le seul droit qu'ils
auraient, ça ne donnerait pas les avantages des partis
accrédités. Le seul avantage dont ils jouiraient, c'est d'avoir
leurs noms sur le bulletin et, encore une fois, nous avons inclus cette
disposition à la suite de représentations du député
de Maisonneuve. Parce que dans notre première idée,
c'était d'avoir une seule sorte de partis, c'est-à-dire des
partis accrédités et pour avoir le nom du parti imprimé
sur le bulletin de vote, il fallait être un parti accrédité
tel que nous l'avons défini. Mais le député de Maisonneuve
a fait certaines représentations demandant que, s'il y avait au moins 12
candidats d'une formation, le nom soit imprimé sur le bulletin et c'est
pour ça que nous avons ajouté cette disposition dans la loi.
M. LATULIPPE: Mais il a bien dit qu'il ne tenait pas à cette
formule d'une façon excessivement rigide.
M. HARDY: Si on y tient si peu, on a aucune objection à biffer
cet amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, voici la raison pour
laquelle je n'ai...
M. HARDY: Surtout si le député de Laurier est très
opposé à cette disposition, je vais être encore plus
sympathique à l'idée de biffer cette disposition.
M. MARCHAND: Je le suis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le problème est
sérieux.
M. HARDY: II fait tellement chaud.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les représentations qui ont
été faites par le député de Maisonneuve sont des
représentations sérieuses. Il reste cependant que le nombre de
douze dont on nous a parlé ne fait pas disparaître le danger de
cette émergence de certains groupes d'un sérieux douteux.
M. HARDY: C'est le danger. Cela pourrait faire de la promotion
commerciale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Prenez simplement le truc du parti, pour le
nommer, Rhinocéros. Il présente des candidats pour la forme,
appelons cela comme on voudra; cela ne fait quand même pas sérieux
dans une élection, indépendamment de la qualité des gens
qui peuvent se parer de cette étiquette. Notre préoccupation
à nous est de voir à ce que les gens qui postulent une
candidature, représentent vraiment quelque chose de valable et
appartiennent à des groupes assez importants pour que la commission de
contrôle les reconnaisse, que le président général
des élections les reconnaisse parce qu'il peut se faire que de petits
groupes présentent des candidats et que, si vous voulez, cela ait une
valeur de nuisance beaucoup plus qu'une signification démocratique
véritable. Alors, le chiffre de douze pour moi me parait
insuffisant.
M.HARDY: M. le Président, si tous: les députés ont
le document, peut-être pourrions-nous reprendre, cela pourrait
circonscrire la discussion, paragraphe par paragraphe.
Alors, j'ai lu tantôt ce qui serait l'article 1. Est-ce qu'il y a
des commentaires?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, on va regarder cela.
M. LAURIN: M. le Président, nous sommes tout à fait
d'accord, comme le député de Terrebonne peut bien le penser, avec
la définition qu'il donne du parti accrédité. Je pense que
cela reconnaft une situation actuelle d'une part et, deuxièmement, cela
fait droit aux exigences du pluralisme politique qui se manifeste au
Québec et aux exigences de la démocratie. Donc, nous sommes tout
à fait d'accord avec la définition qu'il donne du parti
accrédité.
Nous sommes aussi d'accord sur la définition qu'il donne du
parti...
M. HARDY: Si vous nous permettez, on va attendre pour...
M. LAURIN: Parfait. Très bien.
M. HARDY: Ce n'est pas pour être trop rigide mais cela va
peut-être accélérer la discussion si l'on s'en tient
à...
M. LAURIN: Je voulais seulement vous demander pourquoi vous avez mis 21
au lieu de quinze?
M. HARDY: Pour la période?
M. LAURIN: Oui. Pour la présentation.
M. HARDY: Ecoutez, ce sont des problèmes techniques.
Malheureusement, il n'y a pas de légistes, d'avocats du... Il doit y
avoir un problème technique ou de concordance.
M. LAURIN: Parce que, actuellement,...
M. HARDY: Mon brillant confrère, mon chef de cabinet, peut
peut-être répondre!
Actuellement, la présentation officielle des candidats est de
quatorze jours.
C'est justement pour permettre une vérification. Si tout se fait
en même temps, le président général des
élections ou la commission de contrôle éventuellement...
Evidemment, la loi part avec ce qui existe; cela ne préjuge pas, encore
une fois je voudrais bien le dire, de décisions qui pourraient
être prises ultérieurement. Il y aura des modifications de
concordance à faire, si jamais on créait un nouvel organisme.
C'est pour permettre au président général des
élections, actuellement, de pouvoir faire la vérification entre
le moment de l'accréditation et le moment de la présentation
officielle des partis. S'il doit faire ça la même journée,
c'est impossible de vérifier. C'est la raison.
M. LATULIPPE: M. le Président, me permet-triez-vous? Je voudrais
revenir sur la question de l'accréditation. Vous ajoutez, en plus
d'avoir des représentants dans la majorité des districts
électoraux, "a fait élire douze candidats ou 20 p.c. des votes
valides". Advenant qu'un parti politique décide de se dissoudre pour une
raison ou pour une autre, des partis, j'imagine qu'il va en mourir...
M. HARDY: Après des élections?
M. LATULIPPE: ... après une période électorale,
dans l'éventualité d'une nouvelle élection.
M. HARDY: Oui.
M. LATULIPPE: Là, parce qu'ils auront eu 20 p.c. du vote, ils
vont avoir le droit de présenter seulement deux ou trois
candidats...
M. HARDY: Là, si le parti se dissout, il n'existe plus.
M. LATULIPPE: II n'est pas dissout, disons qu'il en reste encore des
bribes, un petit quelque chose, un mélange de toutes sortes de
choses.
M. HARDY: Vous avez des réminiscences.
M. LATULIPPE: Faire élire douze candidats ou avoir 20 p.c. du
vote, je trouve que cela pourrait...
M. MARCHAND: D pense à son dernier congrès.
M. LATULIPPE: Ce n'est même pas nécessaire pour qu'on ait
des candidats dans la majorité des circonscriptions.
M. HARDY: Vous voulez dire que, lors d'une élection, il y a un
parti politique qui
répond aux critères tels que définis à
l'article 1 de cette loi. C'est ce que vous voulez dire. Et trois mois...
M. LATULIPPE: Si cela répond aux critères de la
majorité.
M. HARDY: C'est-à-dire que ce parti politique a fait élire
douze députés.
M. LATULIPPE: A fait élire douze députés.
M. HARDY: Trois mois ou six mois après l'élection, ce
parti se divise en deux. Six députés prétendent former une
autre formation et six autres députés forment une autre
formation. C'est votre problème.
M. LATULIPPE: Disons que cela peut être éventuellement un
cas.
M. HARDY: Oui, cela pourrait être le Parti libéral qui
ferait ça, on ne fera pas de...
M. LATULIPPE: Cela pourrait être n'importe quel parti.
M. HARDY: ... supposons que c'est le Parti libéral qui
décide de se scinder en deux ailes.
M. LATULIPPE: C'est seulement dans les... UNE VOIX: C'est
déjà fait!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, il y a le cabinet et les
députés déjà.
M. HARDY: Quel problème précis surgit dans votre
esprit?
M. LATULIPPE: Je trouve qu'à ce moment-là, cette partie de
la définition devient superflue, parce qu'on va avoir un parti qui va
exister et ne pas présenter de candidats dans la majorité des
circonscriptions.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Bien non, c'est après. C'est
après que cela se présente.
M. HARDY: C'est à la prochaine élection. Le
problème sera...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A la prochaine élection, ils seront
obligés de se faire réaccréditer.
M. HARDY: Ils devront se faire réaccréditer, c'est
ça!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au moment où...
M. HARDY: Le problème que vous soulevez se poserait non pas au
niveau de la Loi électorale, sauf si on acceptait le financement en
dehors des périodes électorales, oui. D se poserait. Mais il se
poserait surtout au niveau de la Loi de la Législature.
M. LATULIPPE: Je me le pose dans le contexte, face à une nouvelle
élection où on est pris dans une situation...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour qu'il rétablisse...
M. HARDY: Ces nouvelles formations sont nées d'une formation
mère et devront répondre aux critères
d'accréditation qui sont ici...
UNE VOIX: C'est ça!
M. HARDY: ... c'est-à-dire présenter des candidats dans au
moins la majorité des circonscriptions électorales. Pour ne pas
faire de personnalité, pour ne pas personnaliser les formations,
supposons qu'il existerait actuellement, en Chambre, le parti démocrate
qui aurait douze candidats, douze députés ou vingt
députés. Le parti démocrate, encore une fois, pour
éviter les personnifications, siège actuellement à
l'Assemblée nationale et il a vingt députés. A un moment
donné, d'ici deux mois, ce parti démocrate se scinde en deux et
il se retrouve avec dix députés qui sont de purs
démocrates, des démocrates démocrates et avec dix
démocrates moins démocrates. Qu'est-ce qui se produit en fonction
de la prochaine élection?
Les démocrates X, s'ils veulent être un parti
accrédité, devront répondre aux critères,
c'est-à-dire devront au moins avoir 50 candidats dans au moins la
majorité. Les démocrates Y devront faire la même chose.
Si les deux nouveaux partis démocrates ont des candidats dans la
majorité, ils seront accrédités...
M. LATULIPPE: Suivant le libellé du texte, je crois comprendre
que les deux conditions...
M.HARDY: Si le député de Frontenac le veut bien, reprenons
la définition: "Parti accrédité désigne tout parti
qui, lors des dernières élections, a présenté des
candidats dans la majorité des districts électoraux et a fait
élire douze candidats ou obtenu 20 p.c. des votes valides". C'est une
des conditions pour être un parti accrédité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M.HARDY: Ainsi que tout parti qui, lors des dernières
élections fédérales, présente, avant le 21e jour...
Non, je pense qu'à la lecture du texte, le député de
Frontenac a raison.
M. LATULIPPE: J'aime mieux le libellé de... M. HARDY: Le texte
répond à vos problè-
mes. C'est moi qui étais en train de vous acheminer, de vous
induire en erreur. Je le reconnais bien humblement. Même votre parti qui
serait scindé, le parti qui n'aurait plus, à la veille des
élections, douze candidats, qui n'aurait plus douze
députés, se rattachant à la formation, parce qu'il en a eu
50, parce qu'il a eu des candidats dans la majorité des cas,
continuerait toujours.
Je reprends mon exemple de parti démocrate qui a eu cinquante
candidats, qui a eu douze députés, et en cours de route, il perd
des députés soit par mortalité ou défection, mais
ce parti démocrate qui était accrédité la
dernière fois, parce qu'il avait des candidats dans la majorité
des circonscriptions, parce qu'il avait fait élire douze candidats,
demeure toujours un parti accrédité. Votre problème...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne se pose pas.
M. HARDY: ... ne se pose pas.
M. LAURIN: Moi, j'aurais une question additionnelle à poser.
Supposons qu'un parti nouveau présente, avant le 21e jour, des candidats
dans la majorité des districts électoraux. Donc, il est
accrédité au sens de l'article 20.
M. HARDY: Automatiquement.
M. LAURIN: Si l'élection ne lui accorde que 5 p.c. du vote et un
ou deux députés, est-ce qu'il cesse d'être
accrédité?
M. HARDY: Oui, parce que c'est bien dit: Qui présente des
candidats dans la majorité "et", ce n'est pas "ou", c'est "et". Il faut
qu'il ait toutes ces conditions pour être accrédité. Dans
la majorité des districts, 12 députés ou 20 p.c. des votes
et...
M. LAURIN: II est accréditée avant l'élection, mais
après l'élection, il ne l'est plus, il cesse.
M. HARDY: C'est cela. Il pourrait être accrédité
pour les fins de la campagne électorale...
M. LAURIN: C'est cela.
M. HARDY: ... et si, le lendemain de la campagne électorale, il
n'a pas fait élire douze candidats, s'il n'a pas fait élire douze
députés ou s'il n'a pas obtenu 20 p.c. des votes, son
accréditation cesse.
M. LATULIPPE: M. le Président, dans ce contexte, ne pensez-vous
pas que ce serait plus avantageux de...
M. HARDY: Ce n'étaient pas les problèmes du
député de Frontenac.
M. LATULIPPE: ... garder les deux distinctions entre parti
accrédité, ce serait pour des fins spécifiquement
électorales, et parti reconnu, ce serait...
M. HARDY: Ce que je ne comprends pas dans les propos du
député de Frontenac...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Parce qu'il est quand même du parti.
M. HARDY: Quelles sont les fins d'un parti autres que des fins
électorales, pour les fins de la loi électorale?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II faut situer le problème dans le
cadre...
M. LATULIPPE : Dans le but de la Loi de la Législature.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est justement pour éviter cette
confusion qu'on en est venu à une seule définition, une seule
appellation, "parti accrédité", parce qu'aux termes de la Loi de
la Législature, il y a en Chambre ce qu'on appelle les partis reconnus.
Dans la Loi électorale actuelle, on parle de parti reconnu mais c'est
descriptif. On dit: Le parti au pouvoir, par exemple. Ce n'est pas très
légal comme définition tandis que parti accrédité
veut dire un parti qui s'est soumis à toutes les exigences d'un
mécanisme qui s'appellera la commission de contrôle. Alors, tout
parti qui répondra aux exigences de cette commission de contrôle
deviendra accrédité et en Chambre, conformément à
la Loi de la Législature, selon le nombre de personnes qu'il aura fait
élire, il sera un parti reconnu ou il ne le sera pas, s'il n'a pas
obtenu le minimum de voix ou le minimum de sièges.
Je ne vois pas du tout que l'on doive reprendre toute cette discussion
parce qu'elle rejoint très bien les préoccupations qu'exprimait
le député de Maisonneuve et les nôtres également
parce que la définition, telle qu'elle apparaît actuellement dans
la loi générale des élections, est purement descriptive et
ne se réfère pas à des critères vraiment
déterminés et légaux.
M. HARDY: Au fond, ce projet de loi s'inspire davantage de la
façon française de légiférer tandis que l'autre
s'inspire de la façon anglaise.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On parle de parti du gouvernement...
M. HARDY : En même temps, nous sommes en train de franciser nos
statuts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et de partis de l'Opposition. Il faudra
franciser le texte aussi.
M. LAURIN: Passablement.
M. HARDY: Est-ce qu'il y a consensus sur l'article 1?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. M. HARDY: Article 2.
M. LATULIPPE: On ne sera pas formel. Cela correspond à
l'esprit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est sous réserve d'examen
ultérieur lorsque...
M. HARDY: ... nous étudierons la loi. C'est-à-dire que
c'est pour aider à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... débroussailler toute la loi.
M. HARDY: C'est cela.
M. LATULIPPE : Cela ne correspond pas exactement...
M. HARDY: Cela n'empêchera pas les députés
d'étudier article par article l'éventuel projet de loi qui sera
déposé en Chambre.
M. CARPENTIER: A la fin de l'article 2, on dit: "Aux dispositions de la
section XI-A de la présente loi...
M. HARDY: C'est un nouveau chapitre de la loi qui parle des partis
accrédités.
M. CARPENTIER: Très bien.
M. HARDY: L'article 2, évidemment, est très peu
contentieux. Cela permet au président général des
élections... On en profite pour...
M. LAURIN : Les articles 3 et 4 sont de concordance.
M.HARDY: Oui. C'est de la concordance. LE PRESIDENT (M. Cornellier):
Article 5. M. HARDY: Cela va à l'article 5?
M. LAURIN: L'article 6, c'est de la concordance.
M. HARDY: C'est de la concordance. M. LAURIN: L'article 8,
également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 9, on remplace le mot "reconnu"
par le mot "accrédité".
M. HARDY: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est impor- tant. C'est plus que de la
concordance. C'est de la concordance mais de la concordance qui modifie un
article.
M. HARDY: Oui, mais cela ne modifie pas la substance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non. Mais c'est une concordance
importante...
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): .. dans le cas des articles 8 et 9.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Article 10. M. HARDY: C'est le
problème des agents...
M. LATULIPPE : Cela a été mis en cause ce matin.
M. HARDY: Est-ce que je dois comprendre que cela va pour l'article
10?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui.
M.HARDY: L'article 11, c'est toute la discussion que nous avions
commencée...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais l'article 10, je vous souligne que c'est
la reprise d'un projet de loi que nous avions déjà soumis et qui
apparaissait à l'article 7.
M. HARDY: C'est-à-dire que vous soulignez que c'est la reprise de
l'article d'un projet de loi du gouvernement auquel nous avons
succédé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, celui de M. Bertrand, qui avait
proposé ce projet de loi.
M. HARDY: Ce qui prouve que le gouvernement actuel, lorsque les choses
sont bonnes, les continue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme je le disais, la semaine
dernière, le gouvernement obéit.
M. HARDY: Bon. Alors, au fond, voici la question qui se pose à
l'article 11: Doit-on accorder un statut spécial à un parti
politique ou encore, doit-on reconnaître comme parti politique un groupe
de douze candidats? C'est là...
M. LAURIN: Je pense que oui...
M. HARDY: ... qu'est tout le problème, ou si on doit s'en tenir
strictement à notre définition du début, parti
accrédité même pour les bulletins de vote.
M. LAURIN: ... parce que, au fond, le seul privilège qu'on leur
donne est de faire inscrire le
nom du parti sur le bulletin de vote, jusqu'à plus ample
informé il n'y a pas d'autres privilèges qu'on leur accorde. Je
pense que cela tient compte des exigences de la démocratie. Il peut
très bien y avoir des groupes sectoriels par exemple, soit
linguistiques, soit régionaux, qui ont le besoin de se grouper dans une
formation politique.
M. HARDY: Vous n'avez même pas le goût de dire des groupes
sectaires.
M. LAURIN: On a vu cela dans certains pays, en Irlande, par exemple, et
on voit que cela pouvait correspondre à des nécessités,
des pressions réelles, légitimes de la part de la population, ou
un secteur de la population qui sentait le besoin de faire entendre sa voix
sous forme un peu plus collective qu'autrement. Je sais bien que le
député de Chicoutimi a cité un exemple farfelu, mais je
pense que ces exemples farfelus sont quand même exceptionnels. On ne peut
pas penser que c'est toujours ce qui va se présenter et d'ailleurs,
quand ces éventualités se produisent, c'est en rapport avec un
climat particulier d'une société qui, par essence, est
plutôt transitoire. Je ne pense pas que le législateur doive
s'inspirer de ces cas exceptionnels lorsqu'il pose des actes
législatifs. Ce qui m'apparaît plus permanent, c'est que
précisément dans un pays qui peut être vaste,
multiculturel, saisi par un mouvement de changement idéologique, il peut
y avoir justement des groupes qui aspirent à être
représentés comme tels à une élection.
M. HARDY: Oui, mais...
M. LAURIN: Etant donné que le seul privilège qu'on leur
accorde, c'est de faire inscrire leur nom, le nom du parti, sur le bulletin de
vote, je n'y vois pas tellement d'inconvénients.
M. HARDY: Encore une fois...
M. LAURIN: Ce n'est pas un projet de loi.
M. HARDY: C'est-à-dire que c'est un document. Il est encore
à l'étape de document de travail et je ne le présente pas
comme un projet de loi. Je réitère que nous avons placé
cet article à la demande du député de Maisonneuve. Je
rappelle au député de Bourget que, personnellement, j'avais
formulé beaucoup d'objections. Il y a l'objection du
député de Chicoutimi mais il y en a d'autres. Je me rappelle
entre autres, je n'ai pas le texte, mais...
M. LAURIN: Mais là, c'est quand même la position de votre
parti d'une part, et, deuxièmement...
M. HARDY: C'est-à-dire que c'est un document de travail que je
soumets; mais puisque je le soumets pour discussion, il est encore possible de
le réviser.
M. LAURIN: Oui, d'accord.
M. HARDY: Je pense que je n'avais pas mentionné ce danger, mais
c'est un danger qui peut affecter tous les partis. Supposons à un moment
donné qu'un parti politique s'aperçoit que dans telle
circonscription, ou dans un certain nombre de circonscriptions, le parti
adverse est pas mal fort et qu'il décide, pour diviser le vote de ce
parti, on crée une formation politique qui a une tendance...
Je vais vous donner un cas bien précis. Supposons cela ne
peut pas nous arriver à nous, le parti ministériel qu'un
autre parti politique, machiavéliquement, décide de diviser le
vote indépendantiste dans un comté et décide de former un
parti qui aurait l'image d'un parti indépendantiste. Ce parti ne
s'appellerait pas le Parti québécois, mais dans ses termes
mêmes, il donnerait l'impression... cela pourrait être vrai pour le
Ralliement créditiste, former un parti qui pourrait embrouiller les
électeurs de telle façon que les électeurs
indépendantistes ou les électeurs créditistes pourraient
dire: Lequel est le vrai parti? Et on pourrait diviser de cette
façon-là le vote d'une même famille idéologique.
C'est bien facile quand il y a seulement douze personnes à grouper.
Supposons que je veux absolument faire battre le député de
Bourget.
M. JORON: A ce moment-là, vous choisissez un autre candidat qui
s'appelle C. Laurin, comme d'autres ont fait.
M. HARDY: Cela, c'était une formule mais que l'on a
éliminée, maintenant, justement en obligeant d'indiquer le nom du
parti. C'est une formule qui, avec le mot "indépendant"... On aurait pu
faire cela. Vous donnez un exemple exact: Dans Bourget, C. Laurin.
M. JORON: C'est fait. C'est le candidat créditiste aux prochaines
élections.
M. HARDY: Cela pourrait aller bien plus loin que cela. Supposons qu'on
réussit à trouver des homonymes dans au moins 12 comtés
où les péquistes sont relativement forts...
M. JORON: II n'y a pas beaucoup de Joron, vous allez avoir de la
misère.
M. HARDY: ... et en plus de cela, pour accentuer ce
problème-là on trouve aussi un nom de parti qui pourrait laisser
croire aux électeurs souverainistes de ces comtés qu'il n'y a pas
seulement le Parti québécois qui est un parti
indépendantiste, il y en a un autre. Alors, vous mélangez encore
bien plus ces gens. Je ne sais pas, il y a le Parti québécois,
mais il pourrait y avoir le parti souverainiste ou le parti...
M. LAURIN: Les électeurs ne sont pas des débiles
mentaux.
M. HARDY: Non. Ce n'est pas cela que je dis. Ce n'est pas la
majorité des électeurs.
M. LAURIN: Ils ne sont pas tous des débiles mentaux.
M. HARDY: Non. Ce n'est pas nécessaire d'être un
débile mental pour se laisser prendre puisque vous protestez violemment
à la suite du choix d'un candidat qui s'appelle... E y a toujours eu des
protestations. Ce n'est pas une question de débiles mentaux, mais il
peut y avoir des gens... On ne peut pas prétendre que les gens sont
politisés à 100 p.c...
M. LAURIN: Le parti Rhinocéros n'a jamais eu plus que 1 p.c.
M. HARDY: Le parti Rhinocéros ne pose pas de problème non
plus, à mon avis, dans l'optique où j'envisage la question. Mais
dans Bourget, s'il y avait, en plus d'un candidat qui s'appellerait C. Laurin,
un candidat qui avait, en bas de son nom, parti souverainiste, vous ne pensez
pas que ça pourrait...
M. LAURIN: Mais dans la loi électorale actuelle, on a droit
à dix. Est-ce qu'il y a eu des abus jusqu'ici? Il n'y en a pas eu. En
augmentant à deux, il y aurait encore bien moins d'abus.
M. HARDY: M. le Président, je voudrais bien que le
député de Bourget... Je ne me bats pas contre ceci.
M. LAURIN: Cela en a l'air.
M. HARDY: Bien, non. On a pris la peine de le mettre pour
répondre au député de Maisonneuve. Mais il y a eu des
objections soulevées par le député de Chicoutimi, je suis
obligé de les reconnaître. Je veux bien écouter les
objections du député de Maisonneuve et les propositions, mais il
y a d'autres députés dans cette commission qui peuvent aussi
avoir de bonnes idées. Quand je parlais tantôt, je voyais le
député de Gouin qui opinait de la tête. Je ne suis pas
sûr qu'il partage à 100 p.c. ce que le député de
Bourget dit.
M. JORON: Je ne me souviens plus sur quoi j'opinais.
M. HARDY: Ce que je veux dire, c'est que je ne suis pas ici pour
convaincre les députés de rayer l'article 11. Mais ce que je veux
bien, c'est qu'on en voie toutes les implications. Et c'en est une des
implications. Si les membres de la commission sont d'avis que ce n'est pas un
danger important ou que les avantages de l'article 11 tel que
rédigé sont supérieurs aux inconvénients qui
pourraient survenir, je suis bien d'accord pour le garder.
M. LAURIN: Mais ce sont des supputations très
hypothétiques.
M. HARDY: E y a l'autre possibilité aussi parce que, encore une
fois, douze personnes, ce n'est pas difficile à regrouper. Il y a aussi
des gens qui peuvent utiliser ça. J'avais mentionné cet aspect du
problème lors des séances antérieures. E y a des gens qui
peuvent se servir de ça pour des fins commerciales.
M. LAURIN: Vous savez, si les anges avaient un corps, ils ne seraient
pas de purs esprits.
M. HARDY: D'accord. Par ailleurs, le député de Bourget
reconnaîtra qu'autant il est vrai qu'on ne peut pas faire de loi
parfaite, des lois qui prévoient tous les cas, autant on doit tenter de
les perfectionner, et c'est d'ailleurs un des principaux rôles de
l'Opposition d'aider le gouvernement à perfectionner les lois.
M. LAURIN: Vous vous opposez d'une façon très efficace
à ce que présente votre parti.
M. HARDY: M. le Président, le député de Bourget,
contrairement à sa nature, est un peu démagogique ce matin. Si
j'avais été opposé, comme vous le dites, à
l'article 11, vous pouvez être assuré que vous ne l'auriez pas
trouvé dans ce document-ci. Mais si je formule des objections, c'est que
le député de Chicoutimi a ouvert la porte à des objections
et je suis obligé de reconnaître qu'il y a des arguments qui vont
à l'encontre de l'article 11. Ce dont je ne suis pas sûr
actuellement et je le dis bien clairement c'est de savoir si les
inconvénients qui pourraient découler de l'article 11 sont
inférieurs aux avantages.
C'est ce qu'il faudrait arriver à définir ou à
déterminer ce matin entre nous, sans se dire: Vous ne défendez
pas votre projet ou le défendez. Le député de Bourget est
trop sérieux pour se livrer... Je comprends que la chaleur... Il subit
les inconvénients de la chaleur comme nous tous mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne, parlant
de cet article dont le député de Bourget s'inquiète, a
parlé des objections que nous avons fait valoir. Je maintiens ces
objections même si j'ai pris l'exemple du parti Rhinocéros qui
avait une valeur plus ou moins importante mais il peut quand rime y avoir des
groupes plus importants que cela qui se forment.
Personnellement je ne suis pas férocement contre le chiffre douze
mais je crois que c'est quelque chose qu'il va falloir examiner plus à
fond pour voir quelles peuvent être les implications de ce droit qui
serait donné en vertu de l'article qui nous est proposé et qui
n'est qu'un projet.
Le chiffre douze n'est pas un chiffre magi-
que. Personnellement, je suis toujours d'avis que ce n'est pas suffisant
mais sous réserve d'un examen et d'une analyse plus approfondis des
conséquences que cela pourrait avoir, je serais d'opinion que l'on
suspende cela, qu'on en fasse l'objet d'une discussion beaucoup plus formelle
lorsque l'on aura, si vous voulez, refait la synthèse de nos propos, que
l'on aura posé, évalué les arguments qui ont
été présentés pour ou contre la proposition dont le
député de Terrebonne nous a fait part la semaine dernière
et qu'il a incluse d'ailleurs à la demande, à la suggestion du
député de Maisonneuve. Dans les propos qu'a tenus le
député de Maisonneuve, il y avait des éléments que
personnellement je retenais aussi. Il y avait du pour et du contre et les
objections que je vous ai apportées, ce matin, M. le Président,
et les objections qu'apporte le député de Bourget, sont valables
parce que, comme il le dit, il peut y avoir des groupes qui se forment en vue
de la promotion de certains intérêts légitimes et ces
groupes peuvent avoir une valeur de représentation démocratique.
Alors, ce serait peut-être extrêmement maladroit et
malhonnête de notre part d'interdire à ces groupements qui, aux
yeux de certains, peuvent passer pour des factions, de poser leur candidature
sous cette forme organisée d'un groupement de douze personnes mais moi,
le chiffre douze qui n'est pas sacramentel, je me demande s'il est suffisamment
élevé.
C'est là mon objection. Même si je suis pour
l'accessibilité de tous les gens dans ce domaine de l'usage de la
démocratie en période électorale, il y a quand même
des précautions qu'il faut prendre afin de se garder
d'éléments qui pourraient utiliser les tribunes
électorales à d'autres fins que la défense des
intérêts démocratiques. C'est un article, à mon
avis, qui suscite des inquiétudes. La discussion reste ouverte, puisque
nous n'en sommes pas encore au moment où nous adoptons un projet de loi
en bonne et due forme.
Je retiens mes objections, je les maintiens, c'est-à-dire je suis
tout à fait disposé à reprendre cette discussion et
à entendre des propositions qui nous seront faites.
M. HARDY: Est-ce que le député de Frontenac a des
observations?
M. LATULIPPE: J'aurais aimé souligner que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est midi.
M. LATULIPPE: Je ne veux pas être formaliste ni avoir une attitude
bien rigide sur cette question, mais est-ce que le fait de présenter
douze candidats pour avoir simplement le nom du parti sur un bulletin de vote,
c'est réellement très important? Je me demande si cela a
réellement de l'importance pour les douze candidats qui vont se
présenter. Il serait beaucoup plus important pour eux d'avoir les autres
privilèges des partis accrédités que d'avoir ça
comme moyen de promotion.
M. HARDY: C'est-à-dire que si les...
M. LATULIPPE: A mon point de vue, mais je peux me tromper.
M. HARDY: Je suis bien d'accord avec vous.
M. LATULIPPE: Les avantages qu'on prétend donner aux groupes qui
pourraient se former, je trouve qu'ils sont très minimes. De fait, je
prétends qu'il pourrait même être question qu'un parti
politique sans être accrédité puisse exister avec dix,
douze, treize candidats et qu'il n'ait pas son nom sur le bulletin de vote. Par
le passé on a...
M. HARDY: II n'existe pas à ce moment-là.
M. LATULIPPE: II n'existe pas légalement, mais dans les faits, il
peut quand même...
M. HARDY: Sur le bulletin de vote, si votre parti n'est pas reconnu...
Supposons que nous sommes quatre qui prétendons former le Parti
démocrate, si nous ne sommes que quatre, actuellement, tel que la loi
existe, sur le bulletin de vote ce sera marqué "indépendant".
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il y aura quelque chose qui vous empêchera
d'utiliser le nom pendant une période électorale ou autre?
M. HARDY: Je ne le pense pas.
M. LATULIPPE: De toute façon, je ne trouve pas que le nom pour un
parti,pour douze personnes, a réellement une très grande
importance. A moins que ce soit très régionalisé et
là, on appelle ça des ligues d'action civique ou...
M. HARDY: C'est-à-dire qu'il faut que... je retiens dans les
remarques du député de Bourget, un élément
très valable...
M. LATULIPPE: C'est valable?
M. HARDY: ... c'est de permettre à un groupe donné, un
groupe circonscrit, soit idéo-logiquement ou même
géographiquement, de se faire entendre.
Je reconnais que cela est l'aspect positif de cette proposition.
Supposons qu'il y aurait des gens qui croiraient mordicus à la monarchie
et qui voudraient absolument prendre tous les moyens pour s'assurer que la
reine vienne la prochaine fois, au Québec, ils pourraient former un
parti monarchique et avoir douze candidats.
M. LATULIPPE: Tout ce que cela permet, c'est d'avoir leur nom sur leur
bulletin de vote.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Cela rejoin-
drait peut-être les préoccupations du député
de Frontenac. Si on proposait tout simplement : Tout parti
accrédité a le droit de voir son nom inscrit sur le bulletin de
vote, sous celui de son candidat officiel.
M. HARDY: A ce moment-là, c'est évident qu'un parti
accrédité a ceci. On fait disparaître l'article 11 et on
s'en remet uniquement au parti accrédité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au parti accrédité.
M. HARDY: Le député de Bourget n'a pas l'air d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je soumets tout simplement...
M. HARDY: Je pense qu'on devrait suspendre l'article 11...
M. LAURIN: Avant l'ajournement, M. le Président, je voudrais
déclarer que le document que nous présente le
député de Terrebonne, ce matin, ne contient aucun article sur les
dépenses électorales et le financement des partis.
Cela m'inquiète pour l'avenir parce qu'on procède quand
même très lentement.
M. HARDY: Je regrette, mais le député de Bourget ne
modifiera pas la ligne de conduite, que j'ai longuement expliquée la
dernière fois, du gouvernement. Je ne comprends pas que l'Opposition
puisse se plaindre de cette façon de procéder. A cause de la
complexité de ce problème et parce que nous voulons absolument
arriver à déterminer un consensus, nous voulons que les partis
politiques et les députés puissent s'exprimer le plus librement
possible. Par l'expérience, nous savons très bien que, quand le
gouvernement arrive avec une position très déterminée,
cela a pour conséquence de limiter le débat. C'est évident
que, si nous arrivons avec quelque chose aujourd'hui, nous pourrons
difficilement changer complètement notre position. Le
député de Bourget comprend cela. Si jamais un jour, dans 25 ou 30
ans, il fait partie d'un gouvernement, il saura encore davantage ce que cela
représente.
Pour ne brimer d'aucune façon la discussion, nous avons convenu
de prendre chaque sujet, de permettre une discussion aussi ouverte que
possible. Quand nous constatons que les députés ou les partis
politiques ont dit à peu près tout ce qu'ils avaient à
dire, comme ce fut le cas pour la reconnaissance juridique des partis, à
ce moment, nous arrivons avec une proposition qui essaie de résumer le
consensus qui s'est fait. Si nous arrivions, ce matin et même la semaine
prochaine, avec une définition très précise, très
définie de nos positions sur le financement des partis, cela aurait pour
conséquence de limiter le débat et c'est cela que nous ne voulons
pas.
Je comprends qu'au point de vue stratégique, cela embête
peut-être l'Opposition mais cela ne devrait pas vous empêcher, par
exemple...
M. LAURIN: Le député de Terrebonne connaît toutes
les positions des partis...
M. HARDY: Non. L'expérience nous a démontré que
même si depuis longtemps vous avez déposé des documents,
à la lumière des discussions, il y a des choses qui se modifient.
Il y a des positions qui se modifient...
M. LAURIN: Est-ce que le député ne recon-naft pas que sa
façon de procéder...
M. HARDY: ... et qui s'explicitent.
M. LAURIN: ... équivaut à remettre aux calendes
grecques...
M. HARDY: Non. Nous sommes déjà prêts à
présenter un projet de loi...
M. LAURIN: ... un peu global.
M. HARDY: ... et que le député de Bourget ne
s'inquiète pas pour rien. Les élections sont prévues
normalement pour l'automne 1974. Nous avons amplement le temps...
M. LAURIN: Oui, mais nous n'avons pas un gouvernement normal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II est immunisé.
M. HARDY: Je tiens à réaffirmer et pour une raison bien
simple, c'est parce que nous ne voulons pas limiter les débats que nous
allons continuer à procéder de la façon dont nous avons
procédé jusqu'ici et je pense que c'est la meilleure. Sine die,
M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 8)