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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Réforme électorale
Séance du mercredi 19 septembre 1973
(Dix heures dix-huit minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire de l'Assemblée nationale
siégeant en sous-comité pour discuter des dépenses
électorales, reprend ses travaux ce matin. J'aimerais souligner que M.
Gérard Shanks remplace M. André Harvey, Chauveau. Je cède
la parole au député de Terrebonne, M. Denis Hardy.
Rétrospective
M. HARDY: M. le Président, je voudrais tout simplement faire une
mise au point au début. On a parlé de retard des travaux de la
commission ces dernières semaines; c'est exact que la commission avait
été convoquée pour une journée, un mercredi. A ce
jour, les propositions que j'avais à formuler n'étaient pas
à point. J'ai alors consulté les représentants des
différents partis pour leur faire part de cette situation et, d'un
commun accord, on avait conclu de remettre cette séance de la
commission. Par contre, malgré ce que certains media ont
prétendu, il n'y avait pas eu d'autre convocation par la suite parce que
j'estimais qu'il était nécessaire d'attendre que les propositions
que j'avais à formuler soient définitivement
arrêtées avant de réunir la sous-commission sur les
dépenses électorales.
M. le Président, les transformations profondes qu'ont subies nos
sociétés depuis dix ou 20 ans et plus spécifiquement
l'augmentation considérable des fonctions et des responsabilités
des Etats modernes ont élargi et raffiné le rôle des partis
politiques. En effet, les partis politiques doivent tenir compte de plus en
plus des intérêts multiples de la société et plus
précisément des groupes intermédiaires qui
défendent et promeuvent ces intérêts. En même temps,
les partis politiques modernes doivent se mettre à l'écoute non
seulement des groupes organisés mais également à celle de
l'ensemble des citoyens à qui leur fonction dans la
société ne donne pas encore une voix au niveau d'un groupe de
pression.
Enfin, entre les groupes intermédiaires qui représentent
des clientèles précises mais toujours particularistes et les
citoyens dits non organisés existent les administrations publiques qui
sont au service de clientèles plus universelles mais plus abstraites. Il
devient de plus en plus impératif que, entre tous ces groupes, la place
des partis politiques demeure fondamentale afin que soit construite, en
concertation avec tous les citoyens, une volonté collective ni trop
alimentée par les intérêts particuliers, ni trop
détachée d'eux.
Pour cela, il faut que les partis politiques deviennent des
organisations modernes à la fois plus efficaces et plus
démocratiques qui fonctionnent à l'année longue et qui
aient les moyens financiers et techniques au moins à l'égal de
ceux des autres forces politiques de l'Etat.
Le gouvernement du Québec a donc décidé de prendre
tous les moyens utiles afin de donner aux partis politiques tant au niveau de
leur fonction parlementaire qu'à celui de leur fonction militante le
maximum de moyens leur permettant de jouer pleinement leur rôle de
gestionnaires de l'Etat. C'est dans cet esprit qu'a été
entreprise une réforme en profondeur de l'Assemblée nationale, du
parlementarisme québécois et des fonctions gouvernementales des
partis politiques afin d'associer le plus concrètement possible
l'ensemble des partis politiques à la gestion de l'Etat.
Plus précisément, c'est en favorisant comme jamais dans le
passé le travail en commission parlementaire que cette participation
directe de l'ensemble des députés à la gestion des
affaires publiques est devenue une réalité. La plus grande partie
des travaux parlementaires au Québec se fait maintenant en commission
parlementaire. En outre, une réforme en profondeur du règlement
de l'Assemblée nationale, en réduisant de 800 à 182 les
règles de procédure, a permis de moderniser et de rendre plus
efficace le Parlement, tout en favorisant la liberté d'expression tant
du gouvernement que des partis d'Opposition.
Bien plus, c'est en mettant au service des partis politiques et de
l'ensemble des députés des services de recherche financés
par l'Etat que les partis politiques peuvent maintenant, comme ils l'entendent
et selon leur philosophie, avoir accès à de multiples sources
d'information, en améliorant de façon considérable la
qualité du travail parlementaire. C'est avec le même souci de
démocratisation et de respect de l'opinion publique que le gouvernement
a entrepris une réforme en profondeur de la Loi électorale, en
prévoyant en même temps des mécanismes de révision
périodique.
C'est ainsi qu'ont été supprimés les comtés
protégés, tout en reconnaissant le caractère particulier
des circonscriptions rurales à propos desquelles des critères
d'ordre strictement mathématique ne pouvaient être
satisfaisants.
C'est ainsi, également, qu'a été
décidée la confection des listes électorales permanentes
en dehors de la période agitée d'une élection, ayant pour
objectif de garantir à tous les électeurs du Québec la
protection de leur droit démocratique par excellence, celui du vote.
En résumé, que ce soit au niveau des mécanismes
internes de gestion de l'Etat ou dans le secteur technique de la réforme
électo-
rale, des modifications fondamentales sont intervenues afin
d'accroître les chances de la démocratie en permettant aux partis
politiques de jouer pleinement leur rôle et en associant
étroitement les partis politiques d'opposition à la gestion de
l'Etat.
Cette réforme en profondeur, axée principalement sur le
travail parlementaire des partis politiques, devait se continuer et se
prolonger dans le secteur "militant" de l'activité des partis
politiques.
Voilà le but et l'intention de notre sous-commission qui, au
cours des travaux récents, a déjà fait l'unanimité
sur une forme de reconnaissance juridique des partis. L'accréditation
des partis politiques était, en fait, la base essentielle et
fondamentale sur laquelle doivent s'appuyer les réformes
subséquentes, notamment en ce qui touche au financement des partis
politiques.
Après avoir relu attentivement les différents textes et
exposés de principe soumis par les différents partis politiques,
il devient évident-que la préoccupation générale de
l'ensemble des partis consiste à assurer une égalité de
chances d'expression et de publicité aux différentes options ou
philosophies présentées aux citoyens du Québec. Il est
évident qu'un tel principe qui consiste, en fait, à donner,
encore une fois, le maximum de chance à la démocratie ne peut que
rencontrer l'adhésion de tous et celle du gouvernement en
particulier.
Financement des partis
M. HARDY: Si le principe du financement des partis politiques est
facteur facile d'unanimité, il n'en est pas de même au niveau des
modalités concrètes de son expression. Sur ce point, if faut
avouer objectivement que les propositions faites jusqu'à maintenant par
les différents partis sont assez minces pour ne pas dire
inexistantes.
Tellement de mesures ont été proposées ailleurs sur
le financement des partis politiques, qui n'ont donné que peu de
résultats concrets l'actualité nous en fournit
quotidiennement des exemples éloquents que la plus grande
prudence semble devoir présider à toute nouvelle suggestion.
Un fait demeure de plus en plus évident: toute forme de
financement des partis politiques doit trouver ses racines dans un contexte
précis, dans une collectivité donnée où les
facteurs socio-culturels ont une importance vitale.
Il devient donc essentiel d'examiner froidement le contexte
socio-culturel dans lequel sont intégrés les partis politiques
québécois.
De façon générale, on ne peut qualifier de pauvres
les partis politiques du Québec. Quelles que soient leurs sources de
financement, que celle-ci provienne de dons importants, de placements à
long terme ou d'investissements heu- reux, il semble bien, à peu de
chose près, que leur capacité financière trouve une sorte
d'équilibre.
En effet, l'expansion considérable des moyens de communication
modernes, la création de réseaux provinciaux, la concurrence
qu'ils se livrent, l'ouverture de leurs ondes à tous les
événements politiques d'importance permettent la diffusion
à titre gratuit d'un ensemble de données politico-sociales qui
demeuraient autrefois dans l'ombre faute de moyens techniques de diffusion.
De plus, l'augmentation générale du niveau
d'éducation de l'ensemble de la population, un sens critique plus
éveillé et mieux affiné, une politisation plus en
profondeur du citoyen, le portent à s'informer, à aller aux
sources et, en définitive, à juger et à évaluer une
conjoncture politique au-delà des propagandes partisanes.
Par ailleurs, les principaux groupes de pression: syndicats, chambres de
commerce, corps intermédiaires de toutes sortes, en plus de constituer
des relais de communication entre leurs adhérents et l'Etat, sont, en
sens inverse, autant de facteurs d'information et d'éducation politique
de leurs membres.
En résumé, on peut affirmer que les partis politiques du
Québec ont, depuis ces dernières années, des moyens
nouveaux, modernes et souvent gratuits de faire connaître leur
philosophie, leur programme d'action et leur plateforme politique, ce qui, en
définitive, crée entre eux une égalité de chances
inconnue auparavant.
C'est donc dire que les formes traditionnelles de financement des partis
politiques n'ont pas l'influence qu'on leur attribuait.
Bien plus, la Loi électorale du Québec, une des meilleures
au Canada, suivant l'analyse du rapport Barbeau sur le financement des partis
politiques, limite les dépenses électorales pendant les
périodes d'élection et astreint les remboursements aux candidats
à des mesures de contrôle.
Cela est tellement vrai, et l'expérience des récentes
élections l'a démontrée hors de tout doute, que les
dépenses électorales des candidats à une élection
générale ont tendance à se stabiliser et, dans certains
cas de plus en plus fréquents, à diminuer. C'est donc dire qu'il
convient d'aller plus loin que le simple financement en périodes
électorales.
La vitalité d'une démocratie, en effet, est bien plus
qu'un vote exprimé tous les quatre ou cinq ans, bien que ce dernier soit
considéré souvent comme exemplaire du tout. En effet, le sort de
toute démocratie, ses fondements intrinsèques se jouent davantage
en dehors des périodes électorales. Il convient donc de donner
à l'ensemble des citoyens et aux partis politiques qui ont choisi de les
représenter les moyens de faire connaître leur action et les
fondements des options qu'ils choisissent de soutenir à
l'Assemblée nationale.
Cela est d'autant plus vrai que les nombreu-
ses forces politiques qui influent sur les décisions du
gouvernement sont mieux armées, souvent plus équipées
techniquement que les partis politiques eux-mêmes qui ont pourtant
reçu de l'électorat le mandat essentiel de défendre son
intérêt, de choisir les options fondamentales du
développement économique, social et culturel de l'Etat.
Le gouvernement est conscient de ce dilemme. Voilà comment il a
posé tant de gestes sur le plan parlementaire afin de redonner au
député le rôle qui lui revient sur le plan
législatif comme détenteur privilégié du bien
commun, se situant, dans l'idéal, comme équilibre entre les
pressions des groupes intermédiaires et les données souvent
abstraites et techniques des administrations publiques.
En fait, le député et le parti politique auquel il
appartient doivent être l'élément fondamental
d'humanisation dans les relations quotidiennes entre l'Etat, le citoyen et
l'ensemble des autres forces politiques qui tendent à orienter les
décisions des Etats modernes.
Pour que le député et les partis politiques puissent jouer
ce rôle, il devient essentiel qu'ils puissent, en permanence, avoir les
moyens financiers et techniques de s'informer et d'informer le citoyen sur
l'ensemble des orientations et des décisions qu'est appelé
à prendre l'Etat, et cela en permanence et non seulement pendant une
période électorale où les passions du moment sont souvent
facteurs de désunion plutôt que d'information objective.
Voilà pourquoi le gouvernement propose une formule de financement
permanent des partis politiques accrédités.
Le principe de base qui a présidé à
l'élaboration de cette formule est que tous les partis politiques
accrédités, quelle que soit leur importance relative,
reçoivent un montant de base égal leur permettant d'ouvrir en
permanence deux bureaux là où ils jugent que leur
clientèle peut être rejointe plus facilement. Le montant
nécessaire à cette fin a été évalué
par des experts à une somme de $120,000 par année, payable
à raison de $10,000 mensuellement.
En outre, afin que soit respecté le principe de base de la
représentation en Chambre et l'importance relative des clientèles
des différents partis politiques, une somme additionnelle sera
versée trimestriellement aux partis politiques accrédités
selon les critères de représentativité à
l'Assemblée nationale. Ces critères sont les suivants: 1 à
10 députés: $1,000 par député par trimestre 11
à 20 députés: $500 par député par trimestre
21 à 50 députés: $300 par député par
trimestre 51 et plus: $50 par député par trimestre.
Si nous examinons ces chiffres à la lumière de la
représentation actuelle des partis politiques à
l'Assemblée nationale, nous obtenons les chiffres suivants, sur une base
annuelle, en considérant le montant de base égal, plus ce qui est
accordé proportionnellement à la représentation : le Parti
québécois retirerait $148,000 par année; le Ralliement
créditiste, $164,000; l'Union Nationale, $174,000; le Parti
libéral, $224,800.
C'est donc dire que c'est près de $750,000 que le gouvernement du
Québec est disposé à dépenser, afin de permettre
aux partis politiques du Québec de jouer pleinement leur rôle.
Plus techniquement, les partis politiques accrédités
seront ainsi autorisés à effectuer des dépenses pour
couvrir les frais de leur administration courante en vue d'assurer la diffusion
de leur programme politique, de coordonner l'action politique de leurs membres
et de leurs employés à la réalisation de leurs
objectifs.
Ces allocations leur seraient versées par le président
général des élections sur production de pièces
justificatives couvrant les dépenses permises, encourues et
acquittées. "Dépenses permises" signifieront tous frais encourus
pour favoriser ou défavoriser, directement ou indirectement,
l'élection d'un candidat ou celle des candidats d'un parti
accrédité ou pour diffuser ou combattre le programme ou la
politique d'un candidat ou d'un parti accrédité ou pour approuver
ou désapprouver des mesures préconisées ou combattues par
eux ou des actes accomplis par eux ou par leurs partisans.
C'est donc dire que les partis politiques du Québec, pouvant
compter sur des ressources précises, permanentes et sûres, pouvant
planifier à long terme leur action, développer leurs recherches
en profondeur, financer toutes enquêtes ayant pour but d'améliorer
leur participation à la gestion de l'Etat sur tous programmes qu'ils
jugeront utiles au développement et à l'amélioration
économique, culturelle et sociale du Québec.
Cette mesure permettra aux partis politiques du Québec
d'orienter, de façon autonome, leur action. C'est aussi et en même
temps l'occasion d'une réflexion en profondeur sur le rôle des
partis politiques et une nouvelle orientation possible de leur action dans un
monde en perpétuel devenir où les forces politiques
traditionnelles ont tendance trop souvent à marquer le pas face aux
nouveaux groupements parapoli-tiques et à une superstructure
technocratique pas toujours suffisamment consciente du réel et des
facteurs humains.
Le gouvernement du Québec, à l'occasion du financement
permanent des partis politiques, innove non seulement au Canada mais en
Amérique du Nord. C'est l'ouverture d'une voie nouvelle à la
démocratie en même temps qu'un facteur fondamental de
rajeunissement de notre contexte politique et social.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi.
Opinion des représentants de parti
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aimerais d'abord
demander au député de Terrebonne si les exemplaires de son texte
sont maintenant disponibles. Les textes s'en viennent, bon.
Il y aurait beaucoup à dire sur les propos que vient de tenir le
député de Terrebonne. Disons que son préambule est la
reprise de tout ce qui a été dit à cette commission sur
l'évolution de l'institution politique et de l'institution
électorale.
Le député de Terrebonne, fort des suggestions qui lui ont
été faites par les trois autres partis politiques et ayant fait
la synthèse de ces suggestions et consulté le ministre des
Finances quant à la façon de financer les partis politiques,
était bien placé pour déclarer que les propositions des
autres partis à cet égard étaient minces sinon
inexistantes.
C'est là de sa part de l'outrecuidance, de l'insolence, de la
mauvaise foi et un manque d'objectivité total. Tous les partis
représentés ici, à cette commission, ont
déposé, avant même que le gouvernement ne se
décidât à révéler ses intentions, des
documents sur les diverses orientations qu'on pourrait prendre afin de
régler ce problème du financement des partis.
Je tiens, M. le Président, à déclarer que
l'attitude du député de Terrebonne à cet égard est
profondément injuste et partiale. Il a, comme nous, discuté-, il
a analysé des propositions concrètes qui ont été
faites tant par le parti du Ralliement créditiste que par le Parti
québécois et celui de l'Union Nationale; il en a fait simplement
la synthèse. Il apporte ce matin des propositions que nous allons
essayer d'examiner au mérite, des propositions qui avaient
été auparavant communiquées à la presse, ce dont
fait foi l'article paru dans le Journal de Québec ou de Montréal
d'hier, l'article de M. Girard qui, substantiellement, nous a donné le
texte que vient de lire le député de Terrebonne.
Qu'est-ce qu'il y a de neuf dans les propositions du gouvernement, sinon
un calcul de chiffres à partir des bases que nous avions
proposées et des principes que nous avions énoncés? Nous
ne récusons pas le droit qu'a le gouvernement de prendre des
dispositions, de les formuler en un texte législatif et d'établir
des montants mais il est bien clair que la base de calcul qui a servi aux
experts du gouvernement et non pas au député de Terrebonne
provient des orientations que nous avions nous-mêmes formulées
avec les autres partis politiques.
Ce qu'il y a de nouveau, à part le calcul et les chiffres
ce qui reste assez facile et élémentaire c'est que le
Parti libéral semble favoriser toutes les formations politiques quelle
que soit leur importance et quel que soit le nombre de candidats qu'elles
présenteraient à des élections générales.
C'est tout ce qu'il y a de neuf dans le texte du député de
Terrebonne.
Nous sommes disposés à l'examiner au mérite mais,
dans la conjoncture actuelle et eu égard au fait que des
élections générales peuvent survenir, nous aurions voulu
que le délai que nous demandait, il y a déjà deux
semaines, le député de Terrebonne, avant que nous ne reprenions
les travaux ici, ait permis au gouvernement de nous donner son avis sur non
seulement le financement des partis mais également sur la
publicité, sur les sondages et sur ses intentions en ce qui concerne la
contestation des élections.
Autrement, nous serons obligés de déclarer, si le
député ne se prononce pas à la fin de ces séances
de la commission, que le gouvernement gagne du temps, qu'il nous jette de la
poudre aux yeux et que la promesse formelle que l'on avait faite de changer la
Loi électorale avant les prochaines élections, ce n'est, à
toutes fins utiles, que de la propagande. Le travail va rester en plan et les
prochaines élections se feront encore en vertu de la Loi
électorale qui régissait l'activité politique de 1966 et
de 1970.
Nous voulons donc dès ce matin, pour encore une fois,
démontrer au gouvernement que nous savons prendre l'initiative,
déposer un texte, que je demanderais de faire inscrire en annexe au
journal des Débats, sur l'utilisation des organes d'information, qui
fait partie de tout ce chapitre de la publicité et qui recoupe les
préoccupations que nous pouvons avoir en matière de financement
des partis et d'utilisation des fonds mis à la disposition des partis
par l'Etat ou par les particuliers. (Voir annexe).
Je demande donc, M. le Président, la permission de déposer
un texte intitulé: "L'utilisation des organes d'information". Les copies
seront ensuite distribuées.
Alors, mettant de côté tout le chapitre "littéraire"
littéraire entre guillemets, bien entendu du texte du
député de Terrebonne, nous voudrons bien, quand les autres
collègues se seront prononcés sur l'ensemble et auront
donné leur opinion sur la déclaration du député,
examiner les propositions concrètes qu'il a faites et essayer de les
situer et de les apprécier en ce qui concerne l'objectif que nous
poursuivons, soit l'aide accordée aux partis politiques à des
fins de financement.
Mais je déplore, encore une fois, que le député de
Terrebonne ait adopté ce ton outrecuidant et ait fait litière du
travail qu'ont accompli les députés des partis d'Opposition et
qui a devancé de loin les propositions du gouvernement que nous
attendons depuis au-delà d'un an.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, sans reprendre les propos du
député de Chicoutimi, j'aimerais m'attarder un peu sur
l'essentiel de la proposition qui nous a été
présentée ce matin. Je m'attendais à avoir, comme vient de
le souligner le député de Chicoutimi, un éventail
un peu plus élaboré. Je pensais qu'on traiterait, par
exemple, des subventions des partis politiques. Je ne sais pas quelle est
l'attitude du gouvernement dans le cas des subventions. Ce matin, du moins dans
le document qui nous est remis par le député de Terrebonne, on
traite des subventions des partis politiques en dehors des campagnes
électorales. En temps de campagne électorale, on avait
également abordé d'autres types de subventions relativement aux
organes et media d'information, qui avaient été traités
par la majorité des partis d'Opposition.
Pour ma part, et tel qu'abordé également dans le rapport
Barbeau, cela devait faire partie des discussions de la dernière
réunion que nous avions eue. Le gouvernement nous avait dit qu'il nous
apporterait ses propositions sur les discussions que nous avons eues à
ce chapitre; dans l'ensemble, j'estime que la proposition qui nous est
donnée ce matin n'est pas complète.
Par contre, j'avoue que sur l'essentiel, qui est le financement des
partis politiques en temps de non-campagne électorale, le gouvernement
nous arrive avec une proposition qui me paraît acceptable. J'aurais
préféré j'aime autant le dire immédiatement
et en termes bien simples qu'au lieu d'avoir la base égalitaire,
disons les $120,000, personnellement j'aurais mis $150,000, mais ça me
parait raisonnable. J'aurais été beaucoup moins
généreux, par exemple, pour le critère de
représentativité proportionnelle en Chambre. Pour ma part,
j'estime que ce facteur de pondération, où on veut en arriver
à joindre un aspect de la représentativité en Chambre, est
également sur une base égalitaire face à
l'accessibilité à l'élec-torat par les moyens que
permettront de mettre en oeuvre ces fonds pour les partis politiques.
Je pense que le gouvernement aurait dû retenir un calcul beaucoup
plus simple qui aurait été, par exemple, le pourcentage de
l'électorat retenu par chaque parti politique. A mon point de vue, la
formule qui nous est proposée, dans l'ensemble, disons que je n'en fais
pas une question de principe, me parait acceptable. Si ça ne prend que
cela pour avoir un consensus, je suis persuadé que les membres de mon
parti donneront un acquiescement là-dessus, sous toute réserve,
naturellement; je n'ai pas encore eu la chance de les consulter à ce
sujet-là parce qu'on n'avait, pour se prononcer, que le document
préparé par M. Girard dans le Journal de Québec, qui n'est
pas tout à fait, à mon point de vue du moins, je l'ai
interprété ainsi la même chose que la
présentation qui nous a été faite ce matin.
Donc, je dois dire que j'aurais préféré que le
gouvernement se penche sur le pourcentage du vote; ç'aurait
été beaucoup plus équitable, en fonction des moyens
à mettre en oeuvre pour chaque parti. J'ai pour mon dire que si le parti
a obtenu, je ne sais pas, 50 p.c. du vote, du moins sur le facteur de
pondération, j'estime qu'à ce moment-là il y a
certainement plus de demandes et plus de travaux effectués face à
ses membres que le parti qui n'a encore obtenu, disons-le, par exemple, que 25
p.c. ou 10 p.c. du vote comme c'est peut-être notre cas. Dans ce
sens-là, ce n'est pas parce que je veux parler pour les autres et
astreindre mon parti, mais je pense que cela aurait été
peut-être plus juste. De toute façon, ce sont des facteurs qui
restent au chapitre de l'évaluation personnelle et je n'y attacherai pas
plus d'importance que cela.
Donc, sur l'essentiel, je dois dire que cela me paraît acceptable.
J'aurais aimé que le gouvernement se penche sur les autres aspects qui
sont complémentaires à la subvention des partis politiques et qui
me paraissent essentiels. Pour ma part, dans le contexte ou le concept que
j'avais vu, je croyais... En plus de l'aspect subvention, du moins dans les
recommandations que nous avions formulées, on plaçait une limite
face à l'accessibilité et aux services que pouvaient offrir les
moyens de communication.
Pour moi, cela me parait quelque chose d'important. Je ne comprends pas
qu'actuellement ce soit absent du document qui nous a été
présenté. Quoiqu'étant satisfait, j'ai encore des
réticences.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, un peu comme mes deux collègues
de Chicoutimi et de Frontenac, j'aurais cru que le temps que le gouvernement a
pris pour formuler sa proposition lui aurait permis de nous amener une
proposition beaucoup plus complète sur les problèmes qui ont
été discutés par les représentants, jusqu'à
maintenant, des trois partis de l'Opposition. Par exemple, j'aurais attendu,
dans sa proposition, la réaction du gouvernement relativement à
la répartition ou le problème de la répartition
égale du temps de télévision, de la publicité, etc.
Je pense qu'il a fait l'objet de plusieurs discussions autour de cette table,
principalement lors de la dernière rencontre que nous avons eue.
J'aurais attendu aussi de la part du gouvernement sa réaction à
la demande, qui était formulée, d'ailleurs, par les trois partis
d'Opposition, relativement au remboursement des dépenses des partis
politiques en période électorale. Je ne sais pas si le
député de Terrebonne a l'intention de nous faire part de
ça, lors d'une prochaine séance ou au cours de cette même
séance, mais je me serais attendu en tout cas à voir des
réactions principalement sur ces deux points aussi.
Quant à la somme qui est mise à la disposition des partis
politiques, nous ne pouvons qu'être d'accord sur le montant. Selon un
calcul rapide ça donnerait, selon les chiffres que nous a cités
le député de Terrebonne, $710,800 par année.
C'était sensiblement notre proposition, que nous avions faite le 30 mai
dernier, où nous suggérions sous une autre forme cinq cents par
électeur, ce qui donnerait à peu près $175,000 en moyenne
par parti, donc $700,000. Quant à
cet aspect du problème, je pense qu'on peut être d'accord
sur la proposition globalement.
En ce qui concerne la répartition des sommes, je suis un peu du
même avis que le député de Frontenac. Nous aurions
préféré que le facteur de pondération qui tient
compte de la popularité ou de l'acceptation populaire d'un parti soit le
pourcentage des votes qu'il a récoltés, lors de l'élection
précédente, plutôt que le nombre de sièges qu'il
détient. Un peu comme le député de Frontenac, je ne ferai
pas une guerre ouverte sur ça, parce que le point de vue est quand
même très ténu dans l'ensemble du problème,
étant donné qu'un montant de base égal à chaque
parti, au départ, tient compte de la présence des quatre partis.
Je pense que là-dessus on peut être d'accord sur cette formule.
Mais, j'aurais préféré, simplement sur une question de
principe, que ce soit le pourcentage de voix obtenues par un parti qui soit le
facteur de pondération. La question de principe à mes yeux est
que trop souvent on a tendance à identifier un parti politique à
son aile parlementaire. Alors, dans les faits, ce n'est pas exact.
Les partis politiques, je pense, sont autre chose qu'une aile
parlementaire. L'aile parlementaire est la conséquence de plusieurs
facteurs; entre autres, la répartition de la carte électorale,
etc. Je pense que, d'autre part, il y a un calcul qui est très facile
à faire pour vérifier la popularité d'un parti: c'est le
pourcentage des voix qu'il a pu recevoir. Je fais simplement cette remarque en
disant que nous aurions souhaité que le facteur de pondération
soit le pourcentage et non pas le nombre de sièges.
Quant à nous, cependant j'espère que dans l'esprit
du gouvernement le problème n'est pas réglé par cette
proposition; j'espère que ce n'est pas le point de vue du
député de Terrebonne je pense qu'il faudra s'attaquer aux
points de vue que j'ai mentionnés, qui n'apparaissent pas dans la
proposition qui nous est faite ce matin et qui ont été
discutés. Je pense aussi qu'on devra s'attaquer... C'est bien beau de
fournir une partie des fonds à un parti politique mais ce n'est pas tout
de fournir des fonds. Je pense qu'il y a aussi le deuxième volet, le
plus important, et c'est celui du contrôle des finances du parti
politique.
Je lisais, dans l'article de M. Normand Girard paru dans le Journal de
Montréal d'hier, l'extrait suivant sur lequel je suis en total
désaccord. Je ne sais pas ci cela a été "feedé", si
vous me passez l'expression, avec les informations qui ont transpiré,
mais si c'est l'opinion du gouvernement, en ce qui me concerne, ce n'est pas la
mienne. M. Girard nous dit: "Bien que les caisses électorales
cachées pourront toujours exister en vertu du mode de contrôle
sévère des dépenses électorales des partis et des
candidats prévu à la Loi électorale, il deviendra beaucoup
plus difficile d'y avoir recours, sinon inutile". Personnellement, ce n'est pas
mon point de vue. Je pense que tant qu'on n'aura pas une méthode de
contrôle du financement des partis, en plus d'aider les partis à
se financer, cette affirmation ne sera pas exacte. Les caisses
électorales occultes vont continuer à exister.
Je vais, rien que pour l'information du député de
Terrebonne, lui citer un extrait du journal Le Nouvelliste de
Trois-Rivières. Cela remonte au 27 avril 1970, c'est-à-dire deux
jours avant la dernière élection. C'est son chef actuel qui
parlait. La nouvelle rapporte, et on est bien d'accord avec lui, là, je
vous dis d'avance que je suis d'accord sur ce que votre chef a dit le 27 avril,
mais je ne suis pas sûr que, jusqu'à maintenant, on y soit
arrivé: "Le chef du Parti libéral, M. Robert Bourassa, a promis
devant 12,000 personnes, à Rouyn, dans le comté de Rouyn-Noranda,
d'abolir de façon définitive les caisses électorales.
M. HARDY: On ne l'a jamais nié.
M. BURNS: "C'est là que cela mène, les caisses
électorales, dit M. Robert Bourassa, alors que des centaines de millions
de dollars sont gaspillés". Ce n'est pas moi qui le dis. Alors, vous
voyez qu'avec les $700,000, on est loin des centaines de millions de dollars.
"Nous avons fait notre part en 1965 pour améliorer la situation et je me
dois de compléter le travail pour éliminer les caisses
électorales et donner la liberté complète aux gouvernants,
a dit le chef du Parti libéral du Québec". C'est une chose sur
laquelle je suis entièrement d'accord, sauf que je dis que ce n'est pas
ce à quoi nous mène la proposition. Je suis d'accord, il y a
peut-être encore du travail à faire. Je veux simplement qu'on se
rende compte ensemble que ce n'est qu'une partie du problème que
règle la proposition de ce matin. En ce qui nous concerne, nous serons
contents du travail fait le jour où non seulement on assurera une partie
du financement des partis politiques par l'Etat, comme la proposition le fait,
mais où on aura aussi mis en place des moyens de contrôle du
financement. Il est bien évident que les partis politiques vont se
financer par d'autres choses que ce que l'Etat leur donne dans la proposition
de ce matin ou leur donnera lorsque cette proposition sera mise en vigueur.
M. le Président, ce sont les quelques remarques que j'avais
à faire là-dessus. Quant à la proposition de financement,
je le répète, elle est à nos yeux acceptable. Il n'y a pas
de doute. Avec la nuance que j'ai apportée relativement au facteur de
pondération, nous serions prêts à accepter une telle
formule.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. le député de
Chicoutimi.
M. HARDY: Est-ce que je pourrais donner la réplique?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, j'ai dit que je ferais une
déclaration générale...
M. HARDY: Oui, je veux répliquer et après cela on passera
à l'examen particulier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je veux revenir tout de suite.
M. HARDY: Bien, M. le Président, chacun...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le président m'a donné la
parole. Il vient de me la donner, je regrette.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi
m'avait demandé la parole précédemment. C'est la raison
pour laquelle je la lui ai donnée.
M. HARDY: Je ne veux pas faire de chinoiseries, M. le Président,
mais avant de passer à l'examen en détail, j'avais seulement
quelques remarques à faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Eh bien, moi, j'en ai justement à faire
sur le texte même que vous nous avez soumis.
M. HARDY: C'est-à-dire que vous voulez prolonger vos remarques
générales?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que je ne prolonge pas mes
remarques générales, je veux analyser maintenant le contenu de
vos propositions.
M. HARDY: Justement, mais je voulais commenter brièvement les
remarques générales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le président m'a donné la
parole.
M. HARDY: C'est très bien.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Chicoutimi
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui concerne les
propositions que nous a soumises ce matin le député de
Terrebonne, on pourrait, après examen et cela ne peut se faire
qu'au moment où un texte législatif définitif sera soumis
à l'examen de la Chambre accepter les montants qui sont
proposés par le gouvernement, mais avec bénéfice
d'inventaire. Il faut examiner cela pour savoir exactement ce qu'il en
coûtera à l'Etat.
Mais cette proposition a un vice majeur: c'est qu'elle ne tient compte
que du financement des partis hors des périodes électorales.
Quand nous avons étudié le problème et que nous l'avons
posé ici, nous avons toujours pris soin les trois partis
d'Opposition ont fait la même chose et le Parti libéral a fait la
même chose de distinguer le financement des partis pendant les
périodes électorales, pendant une élection, et le
financement après.
Les propositions que nous fait le gouvernement, ce matin, sont
acceptables en principe et sous réserve d'un examen plus approfondi
parce qu'il y a des aspects techniques qu'il faudra revoir. Mais nous ne
connaissons pas encore l'attitude du gouvernement en ce qui concerne les
dépenses dites électorales, c'est-à-dire le financement
des partis et l'utilisation des fonds des partis pendant les élections:
l'examen de ces dépenses, l'utilisation des fonds et le contrôle
qu'on en pourrait faire.
Nous avons fait, à cet égard, des propositions
concrètes. Et, déjà, M. Bertrand avait proposé un
projet de loi dont j'ai fait état à maintes reprises ici sur
cette question des dépenses électorales.
Il y a donc là tout un aspect qui a été
négligé ou oublié par le gouvernement qui, pour se donner
bonne conscience, nous parle actuellement de cette grande entreprise
démocratique de financement des partis hors des périodes
électorales.
On pousse l'outrecuidance jusqu'à déclarer: "C'est donc
dire que c'est près de $750,000 que le gouvernement du Québec est
disposé à dépenser". Ce n'est pas le gouvernement du
Québec qui est disposé à dépenser cela; ce sont les
députés, les citoyens, parce que ce sont les contribuables. C'est
à partir du moment où la Chambre se sera prononcée
là-dessus que le gouvernement du Québec pourra en avoir le
mérite, quel qu'il soit. Mais ce seront les contribuables qui seront
appelés à faire cela. Ce n'est donc pas une
générosité que l'on nous fait et ce n'est même pas
de l'initiative du gouvernement libéral. C'est de l'initiative de tous
les députés présents, ici, à cette commission.
C'est la première proposition, d'ailleurs, qui a été
faite, que nous avons retenue et discutée ici, à savoir: Est-ce
que le gouvernement doit financer les partis hors des périodes
électorales? C'est donc la synthèse de nos opinions qui est
exprimée là.
D'autre part, il y a une faiblesse, aussi, majeure dans la proposition
du député de Terrebonne, en ce qui concerne ce financement des
partis hors des périodes électorales, puisqu'on parle d'un parti
accrédité et que le gouvernement ne s'est pas encore
prononcé sur ce qu'est un parti accrédité.
Lors de l'examen du texte déposé par le
député de Terrebonne, Loi modifiant la loi électorale,
nous avons examiné et nous avons accepté, en principe, mais avec
une réserve très sérieuse, la définition qui
était donnée de parti accrédité: "Tout parti qui,
lors des dernières élections générales, a
présenté des candidats dans la majorité des districts
électoraux et a fait élire douze candidats ou a obtenu 20 p.c.
des votes valides donnés, etc." Là où nous avons
achoppé, c'est sur la question de savoir si on accepte l'expression "a
présenté des candidats
dans la majorité des districts" comme nous l'avions soumis, nous,
et comme semblait l'accepter le Parti libéral.
Par la suite, lorsque nous avons examiné les différentes
propositions qui étaient faites, nous nous sommes réservé
de revenir sur cette norme de 56 puisque l'on dit majorité des districts
électoraux et il y en aura 110.
Le gouvernement, ce matin, est muet là-dessus. Il nous parle de
partis accrédités sans nous dire encore s'il s'est
décidé, s'il a pris une position en ce qui concerne le nombre des
candidats qu'il sera nécessaire d'avoir pour devenir un parti
accrédité.
Alors, la proposition que fait, ce matin, le député de
Terrebonne, pour valable qu'elle pourrait être en principe en ce qui
concerne le financement des partis hors les périodes électorales,
reste une proposition mince sinon inexistante puisqu'elle se situe dans
l'abstrait. C'est encore dans l'air.
Est-ce que le gouvernement est prêt, ce matin, à nous dire
s'il accepte de proposer formellement et définitivement le texte qu'il
nous avait soumis il y a déjà plusieurs semaines, soit que le
parti accrédité soit un parti qui, lors des dernières
élections générales, a présenté des
candidats dans la majorité des districts électoraux? Parce que,
si l'on examine cette proposition de définition de parti
accrédité à la lumière de celle qui nous est faite
ce matin pour le financement des partis hors des périodes
électorales, où on ne définit pas ce qu'est le parti
accrédité, vous imaginez que certains partis pourraient se
constituer pour le plaisir de la chose et obtenir les montants que le
gouvernement propose de donner aux partis officiellement reconnus ou
accrédités.
Il y a là une construction en l'air. Si l'on a consacré
autant de temps à préparer ce texte, qui, en
réalité, tient en quatre pages puisque les douzes
premières ne sont que de la littérature, je me demande pourquoi
on n'est pas en mesure ce matin de se prononcer, pourquoi le gouvernement n'est
pas capable de nous dire ce qu'il entend par un parti
accrédité.
Je présume de l'opinion du député de Terrebonne,
c'est peut-être un préjugé, le député va
peut-être me dire tout à l'heure: Nous nous sommes
arrêtés sur telle définition et nous avons l'intention de
reconnaître comme parti accrédité tout parti qui aura
présenté des candidats dans la majorité des districts
électoraux. Nous attendons la réponse du gouvernement. Et nous
attendons aussi du gouvernement, avant que ne surviennent les prochaines
élections, une décision en ce qui concerne le financement des
partis pendant les élections, les dépenses électorales
proprement dites, l'utilisation des fonds, l'affectation des fonds à la
publicité, etc., et de quelle façon on les affecte dans le
domaine de la publicité et, d'autre part, quels seront les nouveaux
moyens de contrôle que l'on inventera conformément aux
propositions que l'on retrouve dans le rapport de la commission Barbeau.
Alors, reprenant ce que j'ai dit au départ, si le
député de Terrebonne n'est pas satisfait des propositions que
nous lui avons faites, nous sommes obligés de lui dire que nous ne
sommes pas satisfaits, ce matin, de celles qu'il nous fait parce qu'elles sont
nettement incomplètes et qu'elles ne s'accordent pasavec celles qu'il
nous avait déjà soumises dans sa Loi modifiant la loi
électorale, où il y a une définition du parti
accrédité.
Est-ce que cette définition du parti accrédité vaut
pour les partis hors contexte électoral ou si elle vaut également
pour les partis pendant les périodes électorales? Que le
député essaie de concilier tout cela et de nous dire exactement
ce matin quelle est la position du Parti libéral sur le financement des
partis pendant les périodes électorales et hors les
périodes électorales. Quels sont les moyens de contrôle que
le parti devra utiliser, que le gouvernement, que l'Etat devra utiliser pour
s'assurer que les fonds qu'il dit vouloir mettre généreusement
à la disposition des partis soient utilisés comme ils doivent
l'être, à l'avantage des citoyens et de la démocratie.
C'est une question que je pose au député de Terrebonne. Et
si l'on examinait le moindrement les chiffres, et si l'on acceptait la
première proposition que nous a faite le député de
Terrebonne qu'un parti accrédité est celui qui a
présenté des candidats dans 56 circonscriptions, cela voudrait
dire que tout parti qui présente 56 candidats aurait droit à
$120,000, ce qui change considérablement le tableau dont le
député nous a donné tout à l'heure les
éléments.
Alors, si j'ai demandé, M. le Président, à prendre
la parole avant le député de Terrebonne, c'est que je ne
m'étais pas prononcé sur l'essentiel de son message, de son
très court, très mince message de ce matin qui consiste tout
simplement à nous dire: Bien voilà, nous nous sommes
penchés sur ce problème de l'aide que l'on doit apporter aux
partis politiques pour que fonctionne la démocratie, et le gouvernement
du Québec est disposé à mettre au service des partis
politiques trois quarts de million. Ce n'est pas ça du tout qu'on veut
savoir; on veut savoir ce que vous allez faire avant les prochaines
élections. C'est clair? Alors, M. le Président, le
député de Terrebonne peut ergoter maintenant.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, si je savais quand seront les
prochaines élections, je pourrais peut-être dire ce que nous
aurons le temps de faire avant les prochaines élections. Mais comme ce
n'est pas mon privilège de recommander au lieutenant-gouverneur
l'émission des brefs d'élection, vous comprendrez que je suis
dans l'impossibilité de répondre d'une façon
précise à la dernière interrogation de mon
excellent ami l'honorable député de Chicoutimi.
M. le Président, la réaction première des partis
d'Opposition ne m'a pas surpris tellement. Quelles que soient les propositions
qu'un gouvernement puisse faire, il est évident que jamais on ne pourra
satisfaire entièrement et totalement les partis d'Opposition, et
d'ailleurs c'est normal, c'est logique, c'est la logique interne du
système. S'il fallait qu'un jour les partis d'Opposition soient
totalement satisfaits de ce que le gouvernement propose, notre
démocratie serait anémique. C'est pourquoi je ne suis pas
particulièrement surpris.
Je suis un peu surpris de la réaction quelque peu violente du
député de Chicoutimi. Il semble avoir écouté
peut-être un peu distraitement la lecture de mon texte lorsqu'il a
semblé croire que je manifestais un manque, une absence de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'objectivité.
M. HARDY: ... d'objectivité, de justice à l'endroit des
partis d'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai dit partisans, manque
d'objectivité, outrecuidant et insolent.
M. HARDY: Oui, mais si le député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon...
M. HARDY: ... si le député de Chicoutimi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): S'il veut d'autres épithètes,
j'ai un dictionnaire, je peux...
M. HARDY: Si le député de Chicoutimi voulait calmement
laisser de côté un peu sa violence innée de parlementaire
et reprendre calmement, froidement mon texte...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Prendre un bon verre de gin.
M. HARDY: ... il s'apercevrait qu'à la page 6 de mon texte j'ai
précisément fait allusion à l'apport considérable
des partis d'Opposition. Et comme il le dit, je n'ai aucune gêne et
aucune réticence à le reconnaître, il est exact que les
propositions que nous avons formulées ce matin s'inspirent dans une
très large mesure des suggestions formulées par les partis
d'Opposition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, ne dites pas qu'elles étaient
minces et inexistantes.
M. HARDY: Un instant, un instant! C'est là que je dis que le
député de Chicoutimi va un peut vite pour un homme de science
comme il est, un universitaire; je ne comprends pas qu'il arrive aux
conclusions sans avoir fait un examen approfondi et exhaustif. J'ai toujours
considéré qu'avant de porter des jugements de valeur il fallait
quand même examiner plus froidement que cela les propositions
formulées.
Quand j'ai dit que les propositions des partis d'Opposition
étaient, jusqu'à maintenant, minces et je le
répète il est possible que le texte n'ait pas
été suffisamment clair, à la décharge du
député de Chicoutimi; c'est peut-être la raison pour
laquelle il a explosé si facilement, c'est que...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, non, n'interprétez pas,
là. Moi, quand je dis quelque chose, j'y ai pensé, puis je ne
retire rien de ce que j'ai dit. Faites de la littérature, puis
dites-nous ce que le gouvernement va faire, ce que le gouvernement cache, ce
que le gouvernement est prêt à nous soumettre concrètement.
Cela fait assez longtemps qu'on traîne.
M. HARDY: M. le Président, le député de Chicoutimi
est en train de prouver mes avancés quand je parle d'explosion. Je parle
très calmement et il continue à exploser.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne peux pas exploser; il n'y a rien dans la
chaudière.
M.HARDY: Bien, c'est encore pire! Vous êtes encore plus explosif
que je ne le pensais; vous explosez alors qu'il n'y a rien.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): L'explosion, ça manifeste de
l'énergie.
M. HARDY: Ce que je voulais dire, M. le Président, c'est que, sur
les modalités concrètes de contrôle, dans tous les textes
soumis par les partis de l'Opposition, il n'y a rien. Je le
répète: Aucun parti politique ne nous a formulé des
propositions concrètes par lesquelles nous pourrions contrôler
d'une façon valable le financement des partis politiques.
Bien sûr, le parti de l'Union Nationale nous a parlé de
publication de noms; d'autres nous ont parlé de reçus. Il faut
quand même reconnaître que ce sont là des moyens qui ne sont
pas totalement dépourvus de valeur, mais qui demeurent bien
inadéquats quand on reconnait un peu la réalité. C'est
dans ce sens-là que je dis qu'il n'y a pas eu de propositions
concrètes quant aux méthodes de contrôle du financement des
partis.
C'est tout ce que ça dit et je maintiens que c'est cela. Si vous
êtes en mesure de me démontrer que vous nous en avez soumis ou si
vous avez ce matin des mesures concrètes à formuler pour
contrôler le financement des partis, je serais bien disposé
à les entendre. Même le rapport Barbeau, ce n'est pas infantile,
mais c'est inadéquat par rapport à la réalité.
Qu'on cesse de se leurrer, qu'on cesse de rêver en couleur.
M. LATULEPPE: On n'est pas encore rendu là, quand même. On
suit le plan de travail.
M. HARDY: Maintenant, je reviens au député de Chicoutimi.
Le député de Chicoutimi me reproche ce matin de ne pas avoir
parlé de sondages et de contestation d'élections, en particulier.
Je fais remarquer bien amicalement au député de Chicoutimi que ce
n'est pas le mandat du sous-comité qui siège actuellement. Le
problème des sondages et le problème de la contestation
d'élections est du ressort de la commission de l'Assemblée
nationale. Le problème de la contestation d'élections, a
été réglé à la commission de
l'Assemblée nationale; le texte de loi est même prêt
à être déposé en Chambre. Alors, on n'est pas pour
recommencer à discuter de ça. Le député de
Chicoutimi me reproche de faire trainer les travaux en longueur et il voudrait
reprendre, ce matin, des choses qui sont déjà
décidées. Le projet de loi sur la contestation des
élections, il est prêt à être déposé en
Chambre en première lecture.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Terrebonne ne
s'est-il pas engagé à déposer les projets de loi?
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bon!
M. HARDY: En Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, ici.
M. HARDY: Nous avons...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez dit qu'avant la reprise des travaux
nous les aurions.
M. HARDY: M. le Président, je regrette, mais sans être plus
procédurier qu'il ne le faut, le député de Chicoutimi,
à ses heures, aime bien être respecté je ne
déposerai pas de texte sur la contestation des élections au
sous-comité des dépenses électorales. Je suis bien
prêt à le déposer à la commission de
l'Assemblée nationale. Et c'est la même chose pour les sondages.
Nous reprendrons le problème des sondages à la commission de
l'Assemblée nationale. Alors, ce n'était pas l'objet des
propositions que je devais faire ce matin.
Le député de Chicoutimi, le député de
Frontenac et le député de Maisonneuve, tout en se disant d'accord
sur les propositions que j'ai formulées, disent que ce n'est pas
suffisant. Moi aussi, je suis d'accord sur cela. Je n'ai pas la
prétention de croire que le texte de propositions que j'ai
déposé ce matin couvre tout le problème du financement des
partis. Cela ne couvre pas le problème du financement des partis en
période électorale et ça ne couvre pas le problème
du financement des partis en dehors des sources du gouvernement. Il y a deux
autres dimensions importantes qui ne sont pas couvertes ce matin: le
financement des partis en période électorale et le financement
des partis politiques provenant de sources autres que les fonds de l'Etat. Je
suis bien d'accord sur cela.
M. BURNS: Je suis content de vous l'entendre dire. Moi, si j'ai fait
cette remarque tantôt, c'est juste pour vous dire qu'il ne faudrait pas
s'imaginer que tout le problème est réglé. Si vous
êtes d'accord, il n'y a pas de problème.
M. HARDY: Exactement. C'est, tout simplement, M. le Président,
une question de méthode. Quoi qu'en dise le député de
Chicoutimi, les propositions que je formule ce matin sont quand même
relativement substantielles et nouvelles.
Cela n'existe nulle part en Amérique du Nord, le financement des
partis politiques en dehors des périodes électorales. Si le
député de Chicoutimi a un exemple, moi, mes recherches m'ont
amené...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est nous qui l'avons proposé.
M. HARDY: Oui, M. le Président, cela, je ne voudrais pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous vous avons demandé de faire faire
les calculs.
M. HARDY: M. le Président, j'ai écouté très
attentivement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, je m'excuse.
M. HARDY: ... le député de Chicoutimi et je m'étais
bien dit, tout en l'écoutant, même si la tentation était
bien forte, que je ne me laisserais pas entraîner sur son terrain, mais
je vais le faire d'une façon très brève. D'accord, le
député de Chicoutimi et son parti font beaucoup de propositions
quand ils sont dans l'Opposition, mais quand ils ont été au
pouvoir ils n'ont rien fait au point de vue de la réforme
électorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et ensuite? M. HARDY: Ensuite? C'est cela. M.
TREMBLAY (Chicoutimi): Et après? M. HARDY: Après? C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): So what? Vous êtes le gouvernement,
qu'est-ce que vous faites?
M. HARDY: M. le Président, de 1960 à 1966, nous avons
innové.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'histoire qui recommence.
M. HARDY: Bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ouvrons nos manuels d'histoire du
Québec.
M. HARDY:... vous m'ouvrez la porte, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quelle page?
M. HARDY: De 1960 à 1966, tel que le reconnaît le rapport
Barbeau, nous avons innové en matière de réforme
électorale et nous continuons à le faire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donnez-nous donc les dates, un peu là,
j'aime avoir l'histoire complète.
M. HARDY: M. le Président, encore une fois, j'affirme que les
propositions que j'ai formulées ce matin ne sont pas définitives.
Elles ne règlent pas le problème du financement des partis
pendant les périodes électorales et elles ne règlent pas
le problème du financement des partis provenant de sources autres que
l'Etat. Ce que je voulais que nous fassions ce matin, c'était
d'étudier ce chapitre. Si tout le monde est d'accord, tant mieux, nous
allons ajourner nos travaux et nous reviendrons à une séance
subséquente avec d'autres propositions sur d'autres points.
J'ai pensé, M. le Président, que pour un examen
sérieux et approfondi, il n'était pas question d'apporter une
solution à tous les problèmes en une seule séance. Je veux
rassurer et les partis d'Opposition et le public: le gouvernement ne
considère pas que cette proposition, ce matin, met un point final aux
réformes à apporter pour ce qui est du problème du
financement des partis. Maintenant, je reviens encore sur ce que je dis
à la page 7 : la collaboration des partis d'Opposition est la bienvenue.
Je pense que nous avons démontré, depuis le début des
travaux, que nous avions tenu compte d'une façon très
sérieuse des propositions qui ont été formulées par
les partis d'Opposition.
Je répète ce que j'ai dit depuis le début des
travaux de cette sous-commission: le problème du contrôle du
financement des partis politiques, financement provenant d'autres sources que
le gouvernement, est très difficile, les méthodes de
contrôle sont très difficiles à trouver. Je
répète que ni le parti de l'Union Nationale ni le Parti
créditiste ni le Parti québécois n'ont formulé des
suggestions concrètes et efficaces pour contrôler le financement
des partis politiques provenant d'autres sources que le gouvernement.
M. BURNS: On en a fait, de cela, voyons donc!
M. HARDY: On en a fait?
M. BURNS: A chaque fois qu'on en a fait, vous avez dit: Ce n'est pas
efficace, ce n'est pas complet, etc.
M. HARDY: Qu'est-ce que c'était?
M. BURNS: On vous a parlé de l'obligation, pour un parti, de
déposer un bilan vérifié.
M. HARDY: M. le Président...
M. BURNS: Ecoutez, ce sont des choses qui existent aux Etats-Unis.
M. HARDY: Oui, justement, M. le Président. M. BURNS: Bon.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve me donne un exemple
concret, précisément aux Etats-Unis.
M. BURNS: Vous prendrez connaissance du Federal Election Campaign
Act.
M. HARDY: Bien d'accord.
M. BURNS: C'est un peu grâce à cela qu'à un moment
donné des gens ont découvert l'affaire du Watergate. Il ne faut
pas s'en cacher, de cela. C'est quand même un peu efficace, non?
M. HARDY: Je ne dis pas que...
M. BURNS: II y a du monde devant les tribunaux, actuellement, à
cause de cela.
M. HARDY: M. le Président, je n'ai jamais dit que les
propositions formulées par nos amis d'en face étaient totalement
inutiles mais, précisément, le député de
Maisonneuve me donne l'exemple des Etats-Unis où il y a des lois
précises sur ces problèmes. Dieu sait que le financement... Il y
a eu le cas du Watergate qui était peut-être... Mais ce n'est pas
sûr que ce soit à cause de la loi du financement des caisses
électorales. Je pense que cela s'est ajouté après. On a
d'abord découvert qu'une centrale d'un parti politique avait
été défoncée et, par la suite, cela a mené
là.
Je dis et je répète il y a des spécialistes
que je pourrais vous citer que les lois qui existent actuellement aux
Etats-Unis relativement au contrôle du financement des partis politiques
sont à peu près inefficaces. Il y a des caisses
parallèles, il y a des fondations.
D'accord, on contrôle le financement, les sommes d'argent qu'on
verse au Parti républicain ou au Parti démocrate, mais il y a
toutes sortes de méthodes pour contourner ces exigences de la loi. Il y
a la fondation pour la réélection du président, du
candidat Untel...
M. BURNS: Je ne comprends pas votre point de vue, M. le
député de Terrebonne.
M. HARDY: Ce que je veux, M. le Président, encore une fois, je ne
dis pas que ce que proposent les députés des partis d'Opposition
est inefficace, mais je voudrais qu'on poursuive les recherches afin d'affiner
davantage ces propositions. Je reconnais que c'est un début.
M. BURNS: C'est ça qu'on vous dit.
M. HARDY: C'est un début, mais il faudrait quand même
à cause précisément de l'expérience vécue
dans d'autres pays où des méthodes semblables à celles que
vous nous avez proposées existent dans les statuts, dans les lois et
qui, à l'expérience s'avèrent très peu efficaces,
que l'on continue à innover au Québec, comme on l'a fait
jusqu'ici, et qu'on arrive avec des mesures vraiment efficaces. C'est
simplement cela que je dis. Je dis que notre commission parlementaire,
poursuivant ses travaux, pourra, je l'espère, avec la collaboration de
tous, en se dégageant on y a réussi dans une bonne mesure,
évidemment il y a eu certains petits écarts...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vos déclarations inaugurales en
étaient toutes.
M. HARDY: M. le Président, si c'était possible de mesurer
ça sur une balance, l'objectivité du député de
Chicoutimi et mon objectivité, je pense que ce serait à peu
près égal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous arriveriez premier.
M. BURNS: Quel aveu!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous auriez le premier prix, le ruban
bleu.
M. HARDY: C'est cela, M. le Président. Il s'agit de continuer
à fouiller ce problème pour arriver à présenter une
loi. Si, lors de la reprise de la session, nous ne sommes arrivés
à trouver rien de plus valable que ce que nous avons déjà
devant la commission, je n'ai aucune objection, au contraire, à ce que
nous couchions dans une loi ce qui a déjà été
proposé. Mais ce que je n'accepte pas, devant les propositions,
publication des noms, reçus et bilan quand on sait ce que
ça veut dire des bilans, bien souvent c'est qu'on ne s'assoie pas
là-dessus et qu'on dit: On a trouvé la solution au
problème...
M. BURNS: Ce n'est pas ce qu'on a dit, on a dit que ce sont des
débuts de solution.
M. HARDY: Nous sommes d'accord.
M. BURNS: Si on s'aperçoit qu'elles ne sont pas "full proof" ces
solutions, on va le découvrir en les étudiant.
M. HARDY: Elles ne le sont pas.
M. BURNS : On aura quand même un début, c'est ça
qu'on vous dit.
M.HARDY: Non. Bien d'accord. M. le Président, que le
député de Maisonneuve ne se dise pas: On va commencer avec
ça à l'essai. Moi ça ne me satisfait pas. Si on n'a rien
trouvé d'autre, au moment de la présentation de la loi sur le
financement des partis, d'accord, qu'on inclue ce que vous proposez. Mais s'il
y a possibilité, d'ici la reprise de la session et d'ici le
dépôt d'une loi sur le financement des partis, de trouver quelque
chose, les partis politiques peuvent travailler chacun de leur
côté pour y arriver. Ce n'est pas nécessaire qu'on soit
toujours en réunion. Dès que le député de
Maisonneuve me dira qu'il a trouvé quelque chose de nouveau, je suis
prêt à réunir la commission immédiatement pour
étudier la nouvelle trouvaille du député de Maisonneuve;
même chose pour le député de Chicoutimi et le
député de Frontenac. Nous sommes parfaitement...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Jeudi prochain.
M. HARDY: Je suis d'accord pour jeudi prochain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord.
M. HARDY: Vous aurez des propositions nouvelles à formuler, jeudi
prochain?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): On va vous en faire.
M. HARDY: Nous y serons jeudi prochain pour étudier...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous demandera d'étudier le document
que nous avons déposé ce matin qui sera en annexe. On avait
discuté ce sujet l'autre jour.
M. HARDY: Je suis bien d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous en fait des propositions.
M. HARDY: Je suis bien d'accord. Mais ce que je voudrais savoir ce
matin, avant que nous ajournions la séance: est-ce que nous n'avons pas
toujours essayé, avant de passer à une étape
subséquente, d'avoir l'unanimité? Ceci m'amène à
répondre au député de Chicoutimi sur la question de
l'accréditation des partis politiques. D avait été
convenu, à la dernière séance, qu'il semblait impossible
de faire l'unanimité, au niveau de la commission parlementaire, sur ce
point litigieux: la détermination du nombre de candidats d'un parti
accrédité. Alors, c'est bien simple, je l'avais dit et je le
répète, il appartien-
dra au gouvernement d'arbitrer et de décider; et c'est
évident que la décision que prendra le gouvernement quant aux
exigences d'accréditation des partis sera subordonnée dans une
large mesure à la proposition que je formule ce matin. Le gouvernement
n'est pas, c'est évident, pour proposer une formule
d'accréditation des partis qui pourrait permettre à n'importe
quel groupe de farfelus de s'organiser pour venir chercher $120,000 par
année.
Encore une fois cela appartient au gouvernement, maintenant, de
décider puisque l'unanimité est impossible à la commission
sur ce point-là. Alors, quand nous présenterons le projet de loi,
en Chambre, sur l'accréditation des partis, la formule retenue par le
gouvernement sera exposée et cette formule que le gouvernement
présentera dans le projet de loi tiendra compte de la proposition que
nous avons formulée ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député me permet
une question ici?
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il ne se rend pas compte que tous
les chiffres, tous les montants dont il fait état à la fin de son
document j'excepte toujours la partie littéraire comme je l'ai
dit cela va être considérablement changé si le
gouvernement accepte la première proposition qu'il nous a soumise sur la
reconnaissance, sur ce qu'on appelle un parti accrédité?
M. HARDY : Non. Justement, je reviens à ça, M. le
Président. C'est que le député de Chicoutimi fait une
petite omission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez être obligé de revoir
tous vos chiffres.
M. HARDY: Non, M. le Président. Non. C'est pour
l'élection. Un parti politique qui présente des candidats, si on
retient la première proposition que j'ai formulée, dans 50 p.c.
des comtés plus un pour être accrédité pour une
période électorale va être accrédité pendant
la période électorale. Mais si, le lendemain de
l'élection, il se retrouve avec seulement deux députés ou
aucun, c'est bien sûr qu'il cesse d'être accrédité.
Il ne sera pas admissible aux $120,000. Le problème ne se pose pas,
même si je retiens la première proposition des 50 p.c. plus un. Un
parti peut être accrédité pour une période
électorale mais il peut cesser, le lendemain de l'élection,
d'être accrédité s'il n'a pas réussi à faire
élire le nombre de députés exigé pour être un
parti accrédité.
Donc, son financement, en dehors de la période électorale,
cesse. Alors, cela évite le danger mentionné. C'est bien
sûr que c'est facile de présenter 56 candidats. C'est bien
sûr que ce serait absolument fantaisiste de décider que, parce
qu'un groupe présente 56 candidats à une élection,
même s'il n'en fait élire aucun, ce groupe pourra recevoir
$120,000 pendant quatre ans.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II y a aussi le pourcentage des voix.
M. HARDY: Justement. C'est une des raisons qui fait que nous y revenons.
Nous avons discuté longuement cette question du nombre de
députés et du pourcentage des voix. Il pourrait arriver, à
moins que l'on mette le pourcentage des voix très élevé,
que même un groupe très peu sérieux qui ne fasse
élire aucun candidat obtienne quand même un certain pourcentage
des voix. Alors, nous avons pensé à ce point-là et voici
ce qui nous a motivés à retenir ce facteur, mais cela n'est pas
une question. On pourrait le réexaminer à la lumière des
propos de ce matin. Mais ce qui nous a motivés à retenir la
représentation en Chambre plutôt que le pourcentage des voix,
c'est une question de concordance avec la Loi de la Législature. D'autre
part, c'est qu'il n'y a pas d'incompatibilité totale surtout avec
la nouvelle carte électorale entre la représentation en
Chambre et le pourcentage des voix. Bien sûr, quand il y avait une
différence très marquée entre les circonscriptions, quand
il y avait des circonscriptions de 8,000 électeurs, de 6,000
électeurs et de 80,000 électeurs, à ce moment-là,
il pouvait se produire une très grande disparité entre la
représentation en Chambre et le pourcentage des voix.
Mais, maintenant que la carte électorale est beaucoup mieux
équilibrée, cette disparité sera moins grande. Elle pourra
continuer à exister, mais elle sera moins grande. Alors, c'est pour cela
que ce n'est pas un drame que l'on fonde la représentativité des
partis sur la représentation en Chambre plutôt que sur le
pourcentage des voix. Mais encore là, je vous l'avoue bien franchement,
c'est une question que l'on a longuement discutée, à savoir si on
retenait... "représentation du vote" ou "représentation en
Chambre".
Avant que la loi soit déposée, je suis bien prêt
à suggérer que l'on réexamine cette question, parce que
l'idée fondamentale, c'est de chercher à ce que la
représentativité soit la plus exacte possible.
M. BURNS: J'ajouterais ceci, sur ce point. La Loi de la
Législature tient compte aussi, je pense, d'une forme de pourcentage de
voix obtenues par les partis. On l'a introduit, pour la première fois,
lors des premiers amendements qu'on a apportés à la Loi de la
Législature.
M. HARDY: C'est l'un ou l'autre.
M. BURNS: 20 p.c. ou douze députés, pour un parti reconnu.
Alors, déjà, on le reconnaît, le système de
pourcentage.
M. HARDY: Je suis bien prêt à réexaminer cette
question, à savoir si ce sera le nombre de sièges ou le
pourcentage des voix obtenues par un parti politique. Mais, encore là,
si on retient le pourcentage des voix obtenues par un parti politique, il
faudrait quand même, pour éviter le danger soulevé par le
député de Chicoutimi, exiger que le pourcentage soit assez
sérieux, pour éviter qu'un groupe présente des candidats
uniquement pour recevoir $120,000 par année, pendant quatre ans.
M. LATULIPPE: Ce serait le pourcentage dans le calcul du facteur de
pondération.
M.HARDY: Ah oui! s'il n'y a pas de députés, il n'y aura
pas...
M. LATULIPPE: Si vous l'étendez à autre chose, je pense
que cela sort un peu en dehors du débat.
Pour ma part, quand je parlais du pourcentage des voix, c'est que vous
avez un calcul de base, $120,000, qui nous semble raisonnable. Vous avez
ajouté, à part cela, une répartition...
M. HARDY: Si on prend le pourcentage des voix, il faudrait dire...
M. LATULIPPE: ... de $230,000.
M. HARDY: ... "tout parti politique qui a obtenu tel pourcentage des
voix a droit à $120,000". Et, après cela, pourcentage additionnel
au pourcentage minimum...
M. LATULIPPE: Non, je ne vois pas cela comme ça. Je vois d'abord
une base égalitaire, comme vous l'avez déposé,
$120,000...
M. HARDY: Bien oui!
M. LATULIPPE: ... et un facteur de pondération. Le facteur de
pondération n'existerait pas et cela ne me ferait rien, à moi,
personnellement. Vous introduisez un facteur de pondération; vous
répartissez $230,000 entre quatre partis politiques. Le facteur de
pondération a été choisi comme étant la
représentation en Chambre. On base ce facteur sur la
représentation, mais j'estime que le pourcentage des voix est beaucoup
plus représentatif du travail qu'aura à faire un parti politique,
en période non électorale, que la représentation en
Chambre.
Si vous vous basez seulement sur l'étude qu'avait faite le Parti
québécois, qui avait été déposée, on
disait qu'à la lumière du vote de 1970, avec la nouvelle carte,
cela augmentait considérablement la députation du parti au
pouvoir.
M. HARDY: Vous dites ce que je viens de dire, là.
M. LATULIPPE: Donc, le calcul que vous proposez, parce que vous avez mis
une règle de décroissance au niveau des sommes accordées,
diminue l'impact, je suis bien d'accord. C'est pour cela que je n'en fais pas
quelque chose de bien prioritaire et que je l'accepte même comme il est
là. Cela représente à peu près le pourcentage des
voix en 1970.
M. HARDY: II n'y aurait pas beaucoup de différence.
M. LATULIPPE: Non, il n'y en aurait pas beaucoup.
M. BURNS: Ce ne serait pas énorme.
M. LATULIPPE: Mais ce serait moins compliqué.
M. HARDY: Cela ne ferait pas beaucoup de différence dans les
chiffres.
M. BURNS: J'ai dit tantôt que c'était surtout, pour moi,
une question de principe. En tout cas, c'est une opinion personnelle qu'on peut
partager ou pas. Selon moi et selon plusieurs personnes, je pense bien,
à l'intérieur de mon parti, la députation ou l'aile
parlementaire d'un parti n'est qu'une émanation d'un parti politique.
C'est une partie d'un parti politique. On a trop souvent, malheureusement,
été habitué à imaginer que les
députés d'un parti, c'est le parti politique.
M. HARDY: D'ailleurs, vous réaliserez que c'est le raisonnement
qui est contenu dans mon exposé de ce matin.
M. BURNS: Oui, d'accord.
M. HARDY: On doit accorder de plus en plus d'importance à ce que
j'appelle la fonction militante.
M. BURNS: Exactement. C'est d'ailleurs pour cela, je pense, que les
quatre partis sont d'accord que les partis soient financés entre deux
élections, que le geste purement et simplement électoral n'est
pas le seul geste qu'un parti politique a à poser.
M. HARDY: C'est ce que j'ai dit textuellement dans la partie que
l'honorable député de Chicoutimi..
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qualifiera toujours de littéraire.
M. HARDY: ... qualifie de littéraire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, j'aimerais, justement dans la partie
moins littéraire, poser une question au député de
Terrebonne.
M. HARDY: Cela me surprend, M. le Prési-
dent, que le député de Chicoutimi soit surtout
intéressé par les chiffres ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien, je suis toujours intéressé
par les chiffres; surtout quand on parle en termes d'administration du
gouvernement actuel, les chiffres sont de gros montants.
M. HARDY : Vous êtes contre la diminution des déficits?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis contre le fait que vous n'ayez pas
retiré les taxes dont vous vous plaigniez et qui vous servent à
administrer. Merci.
Alors, à la page 12, on dit ceci: "Le principe de base qui a
présidé à l'élaboration de cette formule est que
tous les partis politiques accrédités, quelle que soit leur
importance relative, reçoivent un montant de base égal leur
permettant d'ouvrir en permanence deux bureaux là où ils jugent
que leur clientèle peut être rejointe plus facilement."
Qu'est-ce que c'est que cette importance relative, si on n'a pas de
définition, ce matin, de parti accrédité? C'est pour cela
que je vous ai dit que c'était une construction en l'air.
M. HARDY: Bien non, ce n'est pas une construction en l'air.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Même si en principe...
M. HARDY: Ce n'est pas une construction en l'air, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... valable, ça reste une construction
en l'air.
M. HARDY: Bien non, c'est-à-dire que ça reste une
construction en l'air...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parce que vous avez mis la charrue devant les
boeufs.
M. HARDY: On a mis la charrue devant les boeufs, non. A la commission
parlementaire, nous avons commencé par étudier le problème
de l'accréditation des partis, de la reconnaissance juridique des
partis. Or, sur un point en particulier, il n'y a pas eu consensus. Donc, le
gouvernement s'est réservé le droit d'arbitrer et de
décider lorsqu'il déposera un projet de loi, mais cela ne change
rien au principe. Quand je parle d'importance relative, je veux dire que le
Parti québécois, sur le plan de la
représentativité, est actuellement inférieur au Parti
libéral, que le parti de l'Union Nationale, sur le plan de la
représentativité des voix, est inférieur au Parti
québécois. Par contre, sur la représentation en Chambre,
il est supérieur. Mais, malgré cette différence du
caractère représentatif de l'Union Nationale, du Ralliement
créditiste ou du Parti québécois, nous disons que,
malgré cette importance relative, nous reconnaissons que toutes les
formations accréditées auront droit à $120,000. C'est tout
ce que ça veut dire.
Le seul problème qui existe encore une fois, c'est le nombre de
candidats pour être accrédité à une élection.
Cela ne se pose pratiquement pas pour la proposition que j'ai formulée
ce matin parce qu'un parti pourra être accrédité en
période électorale mais cesser de l'être le lendemain. Sur
l'accréditation des partis, le lendemain des élections, on s'est
entendu. On s'est entendu sur le nombre des députés. Et la
proposition que je fais ce matin c'est pour les périodes hors
électorales. Alors, c'est le lendemain des élections qu'on saura
quels sont les partis accrédités, quels sont les partis
politiques qui auront droit à $120,000.
Si mon souvenir est bon, sur cet aspect, nous nous sommes entendus. Le
seul point qui est demeuré en litige, c'est sur le nombre de candidats
pendant la période électorale qui est nécessaire pour
accréditer un parti. Alors, je répète que le
problème soulevé par le député de Chicoutimi ne se
pose pas en fonction de la proposition formulée ce matin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas de cet avis-là.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais reprendre un peu
quelques propos que le député de Terrebonne a exprimés
tout à l'heure. J'espère que nous suivons encore, comme plan de
travail, le plan qui a été proposé par le rapport Barbeau.
Quand le député de Terrebonne nous disait tout à l'heure
qu'on ne s'est pas encore prononcé sur la façon de
contrôler les revenus ou les dépenses des partis politiques...
M. HARDY: M. le Président, évidemment, je devrais attendre
que le député ait terminé pour rectifier, mais...
M. LATULIPPE: Non, si vous voulez rectifier.
M. HARDY: ... ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai reconnu
tantôt qu'il y avait eu des propositions de formulées, mais j'ai
dit que ces propositions, quant à nous, sont très peu
efficaces.
M. LATULIPPE: Moi, ce que je veux vous souligner, c'est que, dans
l'ensemble, on ne s'est pas encore prononcé sur cette question, sur le
fond du sujet, parce qu'on n'est pas encore rendu là. Le chapitre qu'on
a étudié à la dernière séance, c'est le
chapitre des subventions aux candidats et aux partis politiques. Vous arrivez
ce matin avec une proposition pour les partis politiques.
M. HARDY: C'est ça.
M. LATULIPPE: II nous manque encore un petit appendice qui nous
paraissait important qui fait partie des subventions et qui est traité
par le rapport Barbeau également. Il s'agit des subventions sous forme
de services aux partis politiques en période électorale. Cet
aspect du problème n'a pas été discuté.
Pour ma part, en ce qui concerne les revenus des caisses
parallèles et autres, je pense que ça va être
discuté à la prochaine réunion. J'aimerais être
fixé là-dessus; si ce n'est pas ça, j'aimerais le savoir
parce que c'est dans ce sens que nous sommes préparés.
M.HARDY: Je suis bien d'accord qu'on discute de cela.
M. LATULIPPE: La limitation des dépenses fait également
partie des chapitres suivants. Je voudrais vous situer immédiatement.
Pour notre part, du moins comme parti politique, on prétend que ce
serait illusoire de penser contrôler toutes les sources de revenus des
partis politiques; il vaut beaucoup mieux tenter de limiter les services et les
dépenses que peuvent effectuer les partis politiques par une commission
de contrôle.
M. HARDY: Je suis d'accord avec vous.
M. LATULIPPE: Ce qui m'amène à vous demander pourquoi vous
avez retenu dans votre proposition actuelle que ce sera le président des
élections qui versera les sommes. Je trouve que c'est un aspect du
contrôle ou de la technique de contrôle qui n'a pas encore
été discuté. Est-ce que vous acceptez, par exemple, que ce
soit remis en question pour donner certains privilèges à la
commission de contrôle ou au contrôleur de la commission de
contrôle?
M. HARDY: Au moment où j'ai fait cette proposition, la commission
de contrôle n'existe pas. Qu'éventuellement cette partie du
travail confiée au président des élections soit remise
à un nouvel organisme qui pourrait être constitué je n'ai
pas d'objection. Mais, à ce moment-ci, dans l'état actuel des
choses, l'organisme ou la personne qui me paraît la plus apte à
faire ce travail c'est le président général des
élections. Cela ne ferme pas la porte à d'autres.
M. LATULIPPE: D'accord.
M. BURNS: C'est ce qui est important. Je pense que la question du
député de Frontenac clarifie la situation. Ce dont on veut
s'assurer, c'est que le fait que vous parliez de président
général des élections à ce moment-ci et qu'on n'ait
pas parlé de commission de contrôle, n'exclut pas dans votre
esprit que, si commission de contrôle il y a, cela puisse être le
cas.
M. HARDY: Actuellement, en vertu de la loi déjà existante,
c'est le président général des élections qui
contrôle le remboursement des dépenses des candidats. Alors, c'est
tout simplement en corrélation avec cet état de fait que la
proposition dit que c'est le président général des
élections. Si je me souviens bien, à l'occasion, on a
parlé de commission de contrôle, mais on n'a pas
étudié cela à fond, non plus, le problème d'une
commission de contrôle. C'est un sujet qui devrait être
étudié éventuellement. Cela m'amène, encore une
fois...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais une question
à poser.
M. HARDY: Je voudrais répondre à une des remarques que
vous aviez formulées tantôt; je pense que je n'y ai pas
répondu.
M. LATULIPPE: Si vous me le permettez, j'aurais une dernière
question qui reste un peu dans le même sens et sur laquelle j'aimerais
avoir des éclaircissements. Vous avez semblé dire tout à
l'heure ou j'ai cru interpréter que vous avez dit: Si on ne s'entend
pas, au moins sur la partie sur laquelle on s'entend, on va faire un projet de
loi et on le présentera à l'Assemblée nationale.
Du moins, c'est ce que j'ai cru comprendre. Pour ma part, j'estime que,
tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas étudié tout le chapitre
qui nous est proposé sur le financement des partis parce que
ça fait un tout intégral et que les parties sont
complémentaires les unes des autres on ne peut pas
présenter un projet de loi qui soit valable et même arriver avec
un projet de loi qui dirait: On va donner, sur une base de calcul
proposée, certains montants aux partis politiques. Pour ma part,
j'estime qu'il serait de beaucoup préférable qu'on fasse un peu
diligence pour étudier les chapitres qui sont encore à
étudier pour en arriver, au moins, à un échafaudage qui se
tienne un peu de A à Z.
M. HARDY: Dans l'idéal, je suis bien d'accord, mais il n'y a pas
incompatibilité. Si on était en mesure, dès le mois
d'octobre, d'adopter une loi pour financer les partis politiques,
immédiatement les partis politiques pourraient commencer à
être financés en dehors des périodes électorales; ce
n'est pas incompatible.
M. LATULIPPE: Je vais vous dire ce que j'en pense personnellement. On
n'aurait rien réglé face à l'égalité des
chances devant l'électorat, face à l'accessibilité...
M. HARDY: Bien, il y aurait un début...
M. LATULIPPE: II y aurait encore énormément à
faire.
M. HARDY: ... puisqu'on aurait tous un montant de base.
M. LATULIPPE: II y aurait un début, mais...
M. HARDY: Entre une certaine amélioration et
l'amélioration idéale, vous aimez mieux le néant?
M. LATULIPPE: Je préfère une certaine amélioration,
mais je préfère de beaucoup qu'on fasse un peu diligence...
M. HARDY: Bien oui. Tout le monde...
M. LATULIPPE: ... pour faire des propositions sur d'autres choses.
M. HARDY: ... est pour la vertu.
M. LATULIPPE: On est capable de le faire.
M. BURNS: Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais, M. le Président, poser une
question au député de Terrebonne, qui semble ne pas vouloir
accepter que l'absence de définition précise d'un parti
accrédité est très importante pour la répartition
des sommes dont il est question dans son document de ce matin. Cette
volonté d'écarter cet aspect-là du problème est
assez manifeste. Il m'a dit tout à l'heure: Après les
élections, un parti qui n'a pas répondu à telles
conditions cesse d'être accrédité. Ce n'est pas vrai, ce
n'est pas ce que votre document dit, le document que vous avez
déposé là, Loi modifiant la loi électorale. Bon,
à la page 11, on dit bien ceci: "Si, lors d'élections
générales, un parti accrédité n'a pas
présenté dans le délai mentionné au paragraphe 2 de
l'article 390 a) des candidats dans la majorité des districts
électoraux, ce parti cesse d'être accrédité."
D'où la nécessité de connaître exactement le nombre
de candidats qu'il faudra avoir pour être un parti
accrédité, puisque...
M. HARDY: Pendant la période électorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah non, non! On dit plus loin je vais
vous y amener; vous allez voir la contradiction "Le président
général des élections doit informer tout chef d'un parti
qui cesse d'être accrédité et en donner avis dans la
Gazette officielle du Québec. Seul un parti accrédité est
autorisé à faire des dépenses électorales." Cet
aspect-là des propositions que vous nous avez déjà
soumises introduit la confusion entre ce que la Loi de la Législature a
déterminé et ce qui existe dans la Loi électorale.
Donc, M. le Président, appartenant à une formation
politique qui aurait présenté, je ne sais pas, moi, douze,
quinze, dix candidats, selon ce que la loi déterminerait, je pourrais
très bien, si la Loi de la Législature n'est pas modifiée,
exciper de la Loi électorale actuelle- ment existante et même de
celle-là, qui serait devenue une nouvelle loi, pour dire: Bien non, nous
restons un parti accrédité.
Nous avons présenté X candidats et nous demeurons un parti
accrédité. Par conséquent, nous avons droit aux $120,000.
C'est pour cela que j'insistais tout à l'heure sur la
nécessité de revenir à cette définition du parti
accrédité. C'est pour cela que j'ai dit qu'on mettait la charrue
devant les boeufs. On ne s'est pas entendu là-dessus de façon
précise. Le Parti libéral et le nôtre étaient
d'accord pour la majorité des candidats; le Parti
québécois n'était pas d'accord là-dessus et le
Parti créditis-te avait la même position que nous. Alors, on ne
s'est pas entendu là-dessus.
Le député nous dit: Le gouvernement arbitrera. Bon,
supposons qu'il y ait une élection demain. A ce moment-là, on est
obligé de s'en remettre à la Loi de la Législature,
laquelle Loi de la Législature va en contradiction avec la Loi
électorale; par conséquent, les propositions du
député de Terrebonne ce matin, je vous le dis, sont encore des
constructions en l'air. C'est une proposition, je l'ai dit, qui est valable en
principe mais qui, faute d'avoir les autres éléments, ne peut pas
être retenue parce qu'elle ne constitue pas un corps législatif
complet. C'est pour cela que je m'étonne de la lenteur du gouvernement
à se prononcer sur ces sujets fondamentaux et à faire la
distinction entre la Loi électorale et la Loi de la
Législature.
Tel que cela existe actuellement, nous avons deux lois et elles ne
disent pas la même chose. Les propositions que vous avez faites ici
exigeraient que nous modifiions la Loi de la Législature.
M. HARDY: Pas du tout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, si!
M. HARDY: M. le Président, le député de Chicoutimi
confond les choses. La proposition que je formule ce matin s'applique
strictement à la Loi électorale, elle n'a rien à voir avec
la Loi de la Législature. La Loi de la Législature prévoit
déjà un mode de financement pour la recherche, strictement pour
les députés. En d'autres termes, la Loi de la Législature
prévoit le financement pour ce que j'appelle la fonction parlementaire
des partis politiques. Les propositions que je formule ce matin
prévoient un mode de financement pour la fonction militante des partis
politiques. Il n'y a aucun lien ni de droit ni de fait entre les deux lois.
Les propositions que je formule ce matin ne sont conditionnées
d'aucune façon par la Loi de la Législature et ne commandent
aucun amendement à la Loi de la Législature. Je reconnais, avec
le député de Chicoutimi, que ce qui sera finalement retenu comme
parti accrédité aura une influence sur les montants d'argent que
le gouvernement aura à débourser.
A la lumière des discussions que nous avons
eues jusqu'ici et, en tout cas, à la lumière des positions
du gouvernement, nous avons dit et répété à maintes
reprises que c'était notre intention de faire en sorte qu'il n'y ait pas
de parti politique artificiel, que les partis politiques
accrédités ou reconnus, suivant les termes qui seront
définitivement retenus, soient en mesure de faire la preuve qu'ils sont
véritablement des partis politiques qui veulent jouer un rôle sur
le plan politique. Lorsque le gouvernement déposera sa loi sur la
reconnaissance juridique des partis, c'est dans cet esprit qu'il le fera.
C'est pourquoi la crainte du député de Chicoutimi,
à savoir que nos propositions peuvent donner lieu à des
fantaisies financières, ne sont pas fondées. Que le
député de Chicoutimi fasse confiance au gouvernement, il ne verra
pas à financer, par le truchement de la Loi électorale, des gens
qui voudront faire leur publicité sur le plan commercial ou sur
d'autres.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): C'est élémentaire.
M. HARDY: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est élémentaire ce que vous
dites là.
M. HARDY: C'est ce à quoi ça pourrait donner lieu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le problème qui se pose, c'est que nous
avons une Loi électorale, actuellement. On se propose d'en faire une
autre. Il y a, d'autre part, la Loi de la Législature.
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'amender la refonte, n'importe quoi, appelez
ça comme vous voudrez. Est-ce qu'il y aura une loi spéciale sur
le financement des partis, hors les périodes électorales et
pendant les périodes électorales, ou si tout cela sera dans le
corpus de la Loi électorale? Autrement, on pourra utiliser, même
devant les tribunaux, l'une ou l'autre des lois.
M. HARDY: Non, non. M. le Président, sur le plan de la technique
législative, il se peut qu'en Chambre, suivant la. progression de nos
travaux, nous déposions des lois, comme nous l'avons fait d'ailleurs
jusqu'ici pour abolir les comtés protégés, pour les listes
permanentes, pour la création d'une... non pas pour la
création de la carte électorale non, parce que c'est la division
des territoires mais pour les comtés protégés, nous
avons présenté différentes lois en Chambre, mais qui
s'incorporent à la Loi électorale. Et ce sera la même
chose, nous ne ferons pas une loi totalement indépendante. Lorsque nous
déposerons une loi sur le finance- ment des partis politiques, en dehors
des périodes électorales, ou éventuellement sur le
financement des partis politiques pendant les périodes
électorales, lorsque nous déposerons une loi sur le
contrôle du financement des partis politiques en dehors des fonds
gouvernementaux, ce pourront être des lois pour chaque sujet, mais qui,
en fait, seront des amendements à la Loi électorale. Tout
ça viendra s'incorporer à la Loi électorale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pour la création je pense que
c'est mon collègue de Maisonneuve qui appelait ça comme ça
pour la création d'un code.
M.HARDY: D'un code, oui ça pourrait devenir un code. On parlait
tantôt de commission de contrôle; si, à un moment
donné, on arrive à la décision qu'il y a lieu de
créer une commission de contrôle et de confier à cette
commission de contrôle une partie du travail fait actuellement par le
président général des élections, il est bien
évident que cette commission de contrôle constituera un chapitre
de la Loi électorale. On est toujours à l'intérieur de la
Loi électorale.
M. LATULIPPE: M. le Président, j'aimerais vous donner mon opinion
sur le problème soulevé par le député de
Chicoutimi. Pour ma part, j'estime que c'est un problème réel. Je
vais expliquer un peu comme je l'entends. Actuellement, on n'a retenu qu'une
seule notion, et en période électorale et en période non
électorale, qui est la notion de parti accrédité. Si vous
faites référence au mémoire que nous avions
déposé, nous avions proposé de retenir la notion de partis
reconnus pour les périodes non électorales, et de partis
accrédités exclusivement pour des fins de période
électorale, de telle sorte qu'on en arrive, si on retient seulement le
truc de partis accrédités, avec un parti politique qui pourra
être accrédité selon les modalités de la
définition ou non. Si on retient, par exemple, que le parti est
accrédité s'il a présenté des candidats dans la
majorité des sièges, sans qu'il ait pour autant besoin d'avoir
fait élire une partie de la députation, "il aura droit". S'il est
un parti sérieux, pourquoi le priver justement d'un permanence ou des
fonds pour une permanence, dans un certain sens?
M.HARDY: S'il est sérieux, il s'agit de déterminer son
caractère de sérieux.
M. LATULIPPE: Oui, son caractère. Oui Dans ce sens-là, je
trouve que le problème soulevé par le député de
Chicoutimi est réel. Il peut arriver qu'un parti politique ayant
présenté des candidats dans la majorité des comtés,
sans avoir...
M. HARDY: Tout.
M. LATULIPPE: ... pour autant fait élire des
députés, pourra avoir accès à une certaine...
M. HARDY: M. le Président, je regrette. Je ne veux être
désagréable ni pour le député de Chicoutimi ni pour
le député de Frontenac.
M. LATULIPPE : Non. Mais ce que je veux dire...
M. HARDY: Mais tout ça est réglé. Cela a
été réglé à l'article 1 du projet de loi.
Reprenons...
M. LATULIPPE : Non, je ne veux pas reprendre...
M. HARDY: Bien oui, mais reprenons. Cela est tout réglé.
Les doutes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est-à-dire que c'est tout
réglé, sauf que nous ne nous sommes pas entendus sur le
quantum.
M. HARDY : Sur le quantum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela est très important.
M. HARDY: C'est-à-dire que je m'aperçois...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant, j'aimerais, pour que...
M. HARDY: ... qu'on s'était entendu à un moment
donné et qu'après cela, un peu plus loin, on a mis un point
d'interrogation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, parce qu'il y avait des réticences
du côté du Parti québécois. Bon. Je demande ceci au
député de Terrebonne.
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lorsque l'on parle du montant de base de
$120,000,...
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le député de Terrebonne dit
que tout parti accrédité recevra ce montant.
M. HARDY: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'où l'importance de savoir ce que sera
un parti accrédité.
M. HARDY: Voulez-vous que je vous le dise?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Alors, il faut savoir si cette
notion de parti accrédité sera la même pour le financement
des partis politiques pendant la période électorale et en dehors
de la période électorale.
M. HARDY: Oui, oui. Le député de Chicoutimi a une crainte.
Le député de Chicoutimi disait: Même si on prend 56
candidats et qu'il n'y en a pas un d'élu. Regardez ce que l'on dit de
"parti accrédité", sauf pour le problème de la
majorité, sur lequel on ne s'est pas entendu, quoique je remarque, dans
l'étude, qu'on avait approuvé l'article 1 du projet de loi. On a
posé le problème strictement pour la période
électorale. Mais, en dehors des périodes électorales, le
problème est réglé ici: Parti accrédité
à l'article 1 du projet de loi désigne tout parti
qui, lors des dernières élections générales, a
présenté des candidats dans la majorité des districts
électoraux et a fait élire douze candidats ou obtenu 20 p.c. du
vote valide donné ainsi que tout parti...
C'est la raison pour laquelle je disais tantôt que le
problème ne se pose pas. Le parti politique qui aura
présenté 56 candidats à l'élection et qui n'en aura
fait élire aucun ou qui n'aura pas obtenu 20 p.c. des voix ne sera plus
un parti accrédité le lendemain des élections, donc ne
sera pas éligible aux $120,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que vous n'avez...
M. HARDY: Ce n'est pas ça. Ecoutez...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, mais lisez le dernier paragraphe: Ainsi
que tout parti qui, lors des élections générales,
présente avant le 21ème jour qui précède le scrutin
des candidats dans la majorité des districts électoraux. Il y a
deux parties dans votre définition. C'est pour cela que lorsque le
député de Maisonneuve a exprimé ses réserves
là-dessus, tant sur le quantum que sur d'autres choses, il a fait
état de l'existence, en réalité, de deux aspects du
problème dans la définition.
M. HARDY: En tout cas, je veux rassurer le député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est très différent,
ça.
M. HARDY : Peut-être que les textes préliminaires qui ont
été déposés ne sont pas tout à fait
affinés, qu'il y a des corrections à faire. Mais je peux affirmer
qu'évidemment la proposition qui est formulée ce matin sera en
fonction des partis accrédités, tel qu'on les a reconnus
jusqu'ici en dehors des périodes électorales, c'est-à-dire
les partis politiques qui ont obtenu 20 p.c. des voix ou un parti politique qui
a au moins douze députés.
C'est dans cet esprit. C'est évident, c'est le bon sens le plus
élémentaire qui l'exige. On ne pourra pas accorder le financement
à des partis politiques qui n'auront pas au moins obtenu ce
caractère de représentativité à l'occasion
d'une élection.
M. LATULIPPE: II reste que, sur le principe, il semble qu'il y ait un
consensus. Je pense qu'on s'entend sur le principe. Il y a peut-être des
petits trucs au niveau des modalités mais pour moi, dans l'ensemble, on
pourrait laisser cette discussion.
M. HARDY: Au moment de l'élection, il faut quand même
accepter, comme critère de représentativité, un certain
nombre de candidats. C'est là-dessus qu'on ne s'entendait pas.
M. BURNS: Cela reste à déterminer. M. HARDY: Cela reste
à déterminer.
M. BURNS: On peut donner notre accord à ceci, en principe.
M. HARDY: Est-ce que tout le monde est d'accord pour que, dans le texte
de loi à être proposé, le parti qui sera éligible au
financement en dehors des périodes électorales soit le parti qui
réponde à ces critères de 20 p.c. des voix ou douze
députés?
M. BURNS: Je suis d'accord là-dessus.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est la Loi de la Législature.
M. HARDY: Oui. C'est la Loi de la Législature.
M. LATULIPPE: M. le Président, est-ce que je pourrais faire une
remarque là-dessus? Je prétends que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ce que nous avions
demandé.
M. HARDY: Qu'est-ce que vous aviez demandé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'on reprenne ce que nous avons dit le
mercredi 27 juin 1973, page B-3625: "La formation politique devra avoir
été dûment accréditée auprès de la
commission permanente de contrôle. Elle devra avoir obtenu 10 p.c. des
votes valides lors des élections générales en cours.
Ainsi, un seul parti politique ayant subi l'épreuve d'une
élection générale pourra jouir d'une subvention directe de
l'Etat."
M. HARDY: 10 p.c. des voix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui. "De plus, ce parti devra avoir
réussi à s'attirer 10 p.c. du vote populaire. Ce sont là
deux garanties qui nous paraissent justes et équitables, tant envers le
parti lui-même qu'envers le contribuable appelé à
défrayer les coûts de cette nouvelle expérience".
Nous avions retenu la définition de la Loi de la
Législature, ici: "Dans son exposé de la semaine dernière,
le PQ suggérait que tout parti..." Excusez. Nous avions dit ceci:
"Deuxièmement, nous sommes persuadés que les critères
existant dans la Loi de la Législature ne sont pas réalistes en
ce qui concerne le droit de recevoir une subvention annuelle de l'Etat. Ceux-ci
sont beaucoup trop exigeants à l'égard des nouvelles formations
politiques qui, si ce n'était de ces critères trop arbitraires,
offriraient un gage suffisant de sérieux et de continuité".
C'est une proposition que nous avions faite, si mince, insuffisante et
inexistante qu'elle ait été dans l'esprit du député
de Terrebonne. Je ne crois pas qu'il l'ait lue.
M. HARDY: M. le Président, encore une fois, ce n'est pas sur
cette partie que j'ai parlé de minceur. C'est sur le contrôle des
sources de financement des partis autres que l'Etat. Cela fait dix fois que
j'absous le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas besoin d'absolution, je ne me sens
pas coupable. Je ne suis pas coupable, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Frontenac m'a
demandé la parole à plusieurs reprises. Laissons-le
s'exprimer.
M. LATULIPPE: M. le Président, sur le fond, on s'entend. Il reste
qu'il y a des petites modalités où on ne s'entend pas. Disons que
sur l'essentiel je ne veux pas revenir là-dessus on est
d'accord. Mais pourquoi n'avez-vous pas retenu, justement, cette...
M.HARDY: Les 10 p.c?
M. LATULIPPE: Je ne vous parlais pas des 10 p.c, mais disons cet aspect
de parti reconnu, cet aspect d'accréditation...
M. HARDY: Là, on reprend la discussion...
M. LATULIPPE: Je ne veux pas la reprendre. Mais ne pensez-vous pas que
ce serait de nature, justement, à éviter ce problème qui
se pose à nous ce matin, ou encore ne faudrait-il pas adopter d'autres
modalités qui éviteraient cela?
Parce que, que vous le vouliez ou non, un parti peut être
réellement sérieux, même s'il ne réussit pas
à faire élire un seul député.
M. HARDY: Mais il va avoir 20 p.c. des voix. Le problème est
réglé par le pourcentage des voix. Théoriquement, c'est
possible qu'un parti politique ne fasse élire aucun
député, mais obtienne 20 p.c. des voix. On dit qu'il est
sérieux. Ce parti va être accrédité et il va
avoir droit, même s'il n'a aucun député en Chambre, au
minimum de $120,000. C'est déjà reconnu. Mais on prétend
qu'au-dessous de 20 p.c, quoique, là, il y avait le système de la
progesssion...
M. BURNS: A partir de dix.
M. HARDY: ... à partir de dix... Evidemment, ça complique
largement les choses.
M. BURNS: On a parlé, nous, de progression à partir de dix
quant au remboursement.
M. HARDY: Pour les députés.
M. BURNS: C'est ça.
M. HARDY: Pas pour les partis politiques.
M. BURNS: On a dit qu'on pouvait s'accommoder de l'appliquer au
remboursement des dépenses électorales. C'est sous l'aspeet des
dépenses électorales qu'on en a parlé.
M. HARDY: Je continue à prétendre qu'un parti politique
qui a obtenu 20 p.c. des voix doit avoir pignon sur rue, c'est-à-dire
qu'il a droit à recevoir un financement qui lui permet de maintenir des
permanences. Au-dessous de 20 p.c. des voix, évidemment, cela
dépend un peu de notre perception, mais...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est trop,20 p.c. avec le
multipartisme.
M. HARDY: En tout cas, c'est un départ. H ne faudrait quand
même pas vouloir construire Paris en un jour.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Je comprends.
M. HARDY: Encore une fois, cela n'existe nulle part ailleurs en
Amérique du Nord, le financement par l'Etat des partis politiques en
dehors des périodes électorales. Peut-être pourrions-nous
commencer avec ceci. Je suis sûr que, comme pour toutes les lois, il y
aura sûrement des améliorations qui viendront assez rapidement,
mais il me semble que c'est un honnête point de départ.
M. LATULIPPE: De toute façon, l'Assemblée va avoir
à se prononcer là-dessus; peut-être que, là, il peut
y avoir des modifications aussi.
M. HARDY: C'est-à-dire que les députés de
l'Opposition ne pourront pas faire des propositions d'amendements parce qu'il
s'agit de dépenses, mais ils pourront faire au moins...
M. LATULIPPE: On peut toujours faire des suggestions au ministre.
M. HARDY: ... des suggestions. Ils pourront proposer au ministre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous allez arbitrer cela?
M. HARDY: ... parrain de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais apporter une petite
précision au sujet de ce que vient de dire tout à l'heure le
député de Terrebonne, lorsqu'il tentait de donner l'absolution
à tout le monde. Son texte est assez clair, à la page 7 ; le
député n'a pas fait de distinction. Il a jugé globalement
les propositions des partis d'Opposition. Il dit: "Si le principe du
financement des partis politiques est facteur facile d'unanimité, il
n'en est pas de même au niveau des modalités concrètes de
son expression. Sur ce point, il faut avouer objectivement que les propositions
faites jusqu'à maintenant par les différents partis sont assez
minces, pour ne pas dire inexistantes".
H n'était pas question de commission de contrôle, comme l'a
dit tout à l'heure le député de Terrebonne.
M. HARDY: Non, il était question de financement des partis
politiques et je reconnais que le texte n'est peut-être pas suffisamment
clair.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On vous en a fait, des propositions
très concrètes.
M. HARDY: Sur le financement des partis politiques autre que celui du
gouvernement? Que nous avez-vous proposé comme contrôle?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne parlez pas de contrôle
là-dedans; vous avez jugé globalement les propositions des partis
d'Opposition. Soyez honnête.
M. HARDY: C'est la raison pour laquelle, dans ma proposition de ce
matin, je ne parle que du financement par l'Etat. Le financement par l'Etat
peut être contrôlé parce que les partis politiques recevront
leur montant à la condition de produire, chez le président
général des élections, des pièces justificatives,
de produire le montant du loyer de la permanence, de produire des pièces
justificatives démontrant qu'ils ont payé des salaires.
Les subventions aux partis politiques que j'ai proposées ce matin
ne sont pas données sans contrôle et ça, c'est un
contrôle possible, c'est à ça que je fais allusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a toujours dit ça ici.
M.HARDY: M. le Président, le député de Chicoutimi
est d'une nervosité, ce matin, que je n'arrive pas à
comprendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne suis pas nerveux, je suis
écoeuré. C'est clair?
M. HARDY: II finit par m'énerver.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis écoeuré.
M. HARDY: Je dis, M. le Président,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De l'inconsistance de la politique
gouvernementale.
M. HARDY: ... dans les prémisses de mes conclusions...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne savez pas où vous allez, vous
nous amusez parce que vous avez une vague idée que les élections
vont être déclenchées avant que cette loi ne puisse
être adoptée.
M. HARDY: Ah bon! Le député... M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Alors... M. HARDY: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'on convoque la commission de
l'Assemblée nationale, pas seulement la sous-commission.
M. HARDY: M. le Président, le député de Chicoutimi
a passé son message.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, je vous l'ai passé parce que
c'est important...
M. HARDY: Bien...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qu'on sache. Vous nous amusez.
M. HARDY: ... son communiqué est prêt pour le journal
régional de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Je n'ai pas besoin d'un
communiqué.
M. HARDY: M. le Président, ce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela sera entendu par tous ceux qui ont un peu
de sens commun.
M. HARDY: ... j'ai voulu dire, c'est ceci: Les propositions que je
formule ce matin, il est facile de contrôler ce mode de financement parce
que le président général des élections va
recommander le paiement de $10,000 par mois et les surplus sur
présentation de pièces justificatives. On pourra toujours me dire
que les pièces justificatives pourront être falsifiées et
tout cela mais là c'est aller très loin.
Il y a un moyen de contrôle à ce moment-là.
Ce que j'ai voulu dire à la page 7 que ça
déplaise ou non au député de Chicoutimi parce que je ne
suis pas ici pour lui être personnellement agréable ce que
je dis...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! ce n'est pas la même politique que
M. Tessier.
M. HARDY: Ce que je dis, M. le Président, c'est que les partis
d'Opposition, y compris le parti de l'honorable député de
Chicoutimi, n'ont pas formulé de propositions très
concrètes et très valables sur le mode de contrôle de
financement des partis politiques autre que le financement par le truchement de
l'Etat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On n'a pas encore abordé ce sujet,
c'est pour ça que j'ai demandé tout à l'heure au
député de Terrebonne de convoquer la sous-commission la semaine
prochaine.
M. HARDY: C'est mon intention, M. le Président, de proposer que
la sous-commission se réunisse la semaine prochaine...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mercredi, jeudi?
M. HARDY: ... plus précisément le jeudi 27.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) : Et quel sujet, M. le Président, le
contrôle?
M. HARDY: Le sujet? Si nous nous sommes entendus sur le financement des
partis politiques par l'Etat, nous pourrons la semaine prochaine discuter du
problème du financement des partis politiques autre que des sources
venant de l'Etat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que vous ne pensez pas que nous
devrions étudier en priorité, pour suivre votre logique, parce
que ce n'est pas du tout celle que je suivrais, ces fameux contrôles au
sujet desquels vous nous reprochez de ne pas avoir fourni de documents?
M. HARDY: Cela implique cela. Si nous étudions, la semaine
prochaine, le financement des partis politiques qui provient d'autres sources
que de l'Etat, par voie de conséquence j'espère que les partis
d'Opposition ne parleront pas seulement de la vertu, mais nous proposeront des
moyens pratiques de contrôle de ce financement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne parlera pas du Parti libéral,
c'est sûr.
M. LATULIPPE: M. le Président, sur cette question des travaux
à suivre, je pense qu'on avait déjà convenu qu'on suivant
l'ordre établi dans la préface...
M. HARDY: Oui, sans en être totalement prisonniers.
M. LATULIPPE: ... du rapport Barbeau. D'abord, ça suit une
certaine logique. Si, la semaine prochaine, on devait aborder la question des
contrôles, il nous reste, à mon point de vue, la question des
dépenses à aborder avant la question des contrôles, parce
qu'il va falloir parler des contrôles deux fois, si on en parle au niveau
des revenus et au niveau des dépenses.
M. HARDY : On peut toujours en parler, des dépenses, mais je
pense que...
M. LATULIPPE: La question des contrôles devra faire le dernier
chapitre également, avec la commission de contrôle.
M. HARDY: ... la législation est assez avancée sur le
problème des contrôles. Actuellement, la loi prévoit le
contrôle des dépenses des candidats et le contrôle des
dépenses des partis. Maintenant, si vous avez des propositions pour
améliorer ce qu'il y a déjà dans la Loi électorale
quant au contrôle des dépenses, je suis bien d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Terrebonne accepterait qu'on étudie la semaine prochaine le
problème des dépenses électorales en période
électorale, y compris le chapitre de la publicité?
M. HARDY: Je suis bien d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons déposé, ce matin, un
document que le député va lire avant grand intérêt,
j'en suis sûr.
M. HARDY: Dimanche après-midi, avant les vêpres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lisez-le avant ou après les
vêpres; de toute façon, ça ne changera rien à votre
opinion qui est déjà faite. Mais on va vous demander de le lire
pour mémoire, pour que vous puissiez avoir des éléments,
enfin, cohérents de discussion.
M.HARDY: M. le Président, je ne comprends pas le
député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que je suis de bonne humeur ce
matin; j'ai dit: Il faut que je lui en parle, ça lui fera vraiment
plaisir.
M. HARDY: M. le Président, à certains moments, le
député de Chicoutimi dit: Ah! le gouvernement n'a pas
d'imagination; le gouvernement ne nous propose rien de neuf; le gouvernement ne
fait que reprendre que ce que nous lui suggérons.
Pas plus tard que tantôt, le député de
Chicoutimi a dit: L'opinion du député de Terrebonne est
déjà faite; il ne tiendra pas compte de ce qu'on dit. Au
contraire, M. le Président!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que je fais une distinction entre
le député de Terrebonne et son gouvernement. Je fais une
distinction entre le ministre des Finances qui a 'ait rédiger le texte
que nous avons ce matin et e député de Terrebonne qui nous l'a
lu.
M. HARDY: M. le Président, il n'y a pas de point sur lequel le
député de Terrebonne est plus en conformité avec la
pensée du gouvernement que sur celui de la réforme
électorale.
M. TREMBLAY ( Chicoutimi ): J'aimerais que vous me donniez la
définition du mot 'pensée".
UNE VOIX: Qu'est-ce que vous en pensez?
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Alors, messieurs, je crois qu'il y a
consensus sur la présentation qui a été faite ce
matin.
M. HARDY: Je dois conclure, M. le Président, que la proposition
formulée ce matin est reçue favorablement par les partis
d'Opposition.
M. BURNS: Favorablement. Avec la petite réserve que j'ai
faite.
M. HARDY: Que j'ai notée.
M. BURNS: Je pense bien que le député de Terrebonne s'est
déclaré ouvert à revoir cela.
M. HARDY: En collégialité avec les membres du parti
ministériel.
M. BURNS: C'est cela mais, globalement, je pense qu'il y a consensus
autour de cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Globalement, il y a un consensus sur le
principe.
M. HARDY: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec la réserve sérieuse, si
vous permettez, M. le député, que nous voudrions bien savoir
où nous allons en ce qui concerne la notion de parti
accrédité.
M. HARDY: M. le Président, comme le gouvernement, le parti
ministériel continue à être très "ouvert" pour les
travaux de cette sous-commission, est-ce qu'à la prochaine
séance, jeudi...
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Jeudi le 27.
M. HARDY: ... on désire discuter du finan-
cement ou du contrôle des dépenses? Il y a eu deux opinions
qui ont été émises.
M. BURNS: Je pense qu'il y a deux points qu'on pourrait aborder la
prochaine fois. En tout cas, je suggère qu'on aborde deux points: celui
du remboursement des dépenses aux partis politiques en période
électorale et le contrôle du financement. Je pense qu'on y est
rendu. A partir du moment... Des revenus, c'est cela.
M. HARDY: Le contrôle.
M. BURNS: Je pense qu'il est logique, maintenant qu'on a une partie du
financement qui est prévue par la proposition de ce matin, qu'on regarde
comme le disait le député de Terrebonne tantôt, l'autre
volet du financement, c'est-à-dire le financement extérieur.
Là vont nécessairement intervenir les techniques de
contrôle, etc., qui sont efficaces ou pas, on verra. Je pense que ce
serait le moment. Je le suggère, en tout cas.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'étais d'un avis contraire parce
que je ne suis pas la même logique que le député de
Terrebonne mais seulement c'est lui ce matin, qui nous a engagés sur
cette voie.
M. HARDY: Apparemment, j'aurais la même logique que le
député de Maisonneuve.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ecoutez, si vous vous entendez, tant
mieux.
M. BURNS: Nous sommes confrères de classe, on a des chances
d'avoir...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Moi, j'aurais préféré que
nous étudiions le problème des dépenses électorales
et de l'allocation des fonds à diverses fins, notamment la
publicité, puisqu'on en avait discuté très longuement.
M. BURNS: Moi, je vais me ranger à cet avis-là.
M. HARDY: Dépenses électorales.
M. BURNS: Dépenses électorales et, en particulier,
l'aspect publicitaire, si je comprends bien.
M. HARDY: M. lePrésident, comme il y a consensus...
M. LATULIPPE: Pour ma part, je prétends que la question du
contrôle des revenus sera une question très facile, assez courte,
à mon point de vue.
M. HARDY: Parce qu'il n'y a pas possibilité, selon vous, de faire
un contrôle?
M. LATULIPPE: Un contrôle efficace me paraît illusoire,
c'est simple. Je pense qu'on pourrait aborder, dès la prochaine
réunion, le contrôle des dépenses.
M. HARDY: Mon opinion personnelle est que j'ai toujours
été convaincu plus j'étudie ce problème,
plus je le pense que c'est encore par le contrôle des
dépenses qu'on contrôle le mieux le financement. Ecoutez, quand un
parti politique va chercher des fonds, c'est pour les dépenser.
Si vous limitez d'une façon efficace les dépenses, par
voie de conséquence il va aller chercher moins d'argent. Vous allez me
dire que c'est un contrôle indirect. Mais encore une fois, c'est parce
que je n'ai jamais vu de moyens très efficaces. Là-dessus je
réponds exactement aux vues du député de Frontenac. Je
n'ai jamais vu d'outils, de méthodes vraiment valables pour
contrôler directement les ressources ou les entrées d'argent d'un
parti politique. Je pense encore que la meilleure façon de
contrôler indirectement les entrées, c'est par les sorties, c'est
en contrôlant les sorties. Il n'y a pas de partis politiques qui sont
là pour faire des bénéfices.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sociétés à but non
lucratif.
M. HARDY: Oui.
M. LATULIPPE: J'aimerais aussi souligner que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme à Place Royale.
M. HARDY: Je ne voudrais pas être mal cité, je ne veux pas
dire qu'on doit ignorer ce problème du contrôle des
entrées. C'est pour ça que je me rallie très facilement
à cette dernière proposition à savoir que l'on examine le
problème des dépenses; même s'il y a déjà
quelque chose dans la loi, ça peut être amélioré.
Plus les dépenses seront contrôlées, par voie de
conséquence mieux seront contrôlées les ressources
d'argent.
M. LATULIPPE: J'aimerais souligner aussi que tous les partis
d'Opposition ont traité du problème que j'oserais appeler de
subventions à des partis politiques en période électorale
et qu'il y a eu des propositions de faites. On pourrait terminer ce chapitre
également, avant de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le sujet du document que j'ai
déposé ce matin.
M. LEDUC: II me semble y avoir consensus, M. le Président, dix
heures jeudi matin. Est-ce que je peux faire cette suggestion?
M. HARDY: Jeudi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi pas mercredi?
M. HARDY: Personnellement, j'ai des engagements dans ma
circonscription.
UNE VOIX: Moi j'en ai...
M. HARDY: On peut mettre ça à la semaine suivante. Alors
jeudi.
M. LEDUC: Jeudi matin à dix heures, M. le Président.
UNE VOIX: Vendredi, samedi, dimanche, lundi.
M. HARDY: Je propose, quitte à ce que ma proposition soit
débattue et battue, que notre commission ajourne ses travaux à
jeudi prochain, 27 septembre, dix heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne cou-
rez aucun risque. Moi je propose, M. le Président, que notre
commission ajourne ses travaux à mercredi prochain, 26 septembre.
M. LEDUC: M. le Président, je "seconde" la proposition du
député de Terrebonne à l'effet que la commission
siège jeudi matin à dix heures, 27 septembre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas besoin de "secondeur", de parrain.
M. LEDUC: Enfin je...
M. HARDY: Est-ce que vous exigez le vote ou si vous acceptez que ma
proposition soit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sur division.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): La commission ajourne ses travaux au jeudi
27 septembre, dix heures.
(Fin de la séance à 12 h 24)
ANNEXE L'UNION NATIONALE
ET LE
FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES. Le 19 septembre 1973.
SUJET: L'UTILISATION DES ORGANES D'INFORMATION
Ce matin, je me propose, dans un premier temps, de vous résumer
brièvement les recommandations du rapport Barbeau se rapportant à
l'utilisation des organes d'information pour des fins électorales ainsi
que les dispositions pertinentes du projet de loi C-203 concernant les
dépenses électorales au niveau fédéral, lequel a
été déposé récemment devant la Chambre des
Communes du Canada.
Ces renseignements additionnels serviront non seulement à
alimenter le débat que nous avions entrepris il y a deux semaines, mais
aussi, ils permettront à tous les membres de la sous-commission de mieux
saisir la complexité du problème que nous devons étudier
aujourd'hui.
Dans un deuxième temps, je vous ferai lecture des propositions
concrètes que l'Union nationale voudrait voir inscrites dans un projet
de loi éventuel sur les dépenses électorales.
I LE RAPPORT BARBEAU
Les recommandations du rapport Barbeau traitent à plusieurs
reprises de l'utilisation des organes d'information à des fins
électorales. Dans le but de vous donner une idée claire et
précise des recommandations pertinentes, j'ai pris la liberté de
les regrouper dans un ordre plus logique et qui répond mieux à
nos préoccupations immédiates.
En premier lieu, le rapport Barbeau fait une distinction nette entre
l'utilisation des organes d'information (ie. télévision, radio,
presse) par un candidat officiel et l'utilisation de ces mêmes organes
d'information par un parti politique.
A L'utilisation des organes d'information par un candidat
officiel
Le comité sur les dépenses électorales opte en
faveur d'émissions gratuites à la radio et à la
télévision pour un candidat officiel.
Après avoir pris note que "plusieurs stations privées de
radio et de télévision ont, par le passé, mis à la
disposition des candidats locaux, au cours des campagnes électorales,
certaines périodes de temps" et que "les radiodiffuseurs reconnaissaient
qu'ils devaient offrir des émissions à titre de service public",
le Comité Barbeau se dit d'avis "que cette pratique devrait se
perpétuer, pour autant qu'elle soit uniformisée".
Conscient de la répartition inégale de la population
canadienne et de l'emplacement des stations de radiodiffusion, le Comité
recommande "Que, lorsque de telles émissions sont offertes, elles soient
réparties également entre les candidats; que, dans les secteurs
métropolitains à circonscriptions multiples, ou dans des
régions rurales où une station dessert plusieurs
circonscriptions, on accorde aux porte-parole des candidats locaux
représentant les partis politiques en lice des périodes
d'émissions égales afin qu'ils puissent faire connaître
leurs points de vue". (P. 45)
Certes, le Comité reconnaît le principe de
l'égalité des candidats. Cependant, il se limite à
"exhorter" les radiodiffuseurs locaux à continuer d'offrir des
émissions gratuites aux candidats qui briguent les suffrages dans leur
principal rayon de diffusioa
Dans le chapitre sur les limitations des dépenses
électorales, le Comité se prononce en faveur d'une limitation des
dépenses encourues par un candidat officiel pour l'utilisation des
organes d'information. Il recommande "Qu'il soit interdit à tout
candidat de dépenser plus de 10 cents par électeur dont le nom
est inscrit sur la liste revisée des électeurs de sa
circonscription, sous forme d'information à la radio et à la
télévision, dans les journaux, les périodiques, les
annonces, les envois directs par la poste, les panneaux-réclame, les
affiches et les brochures, etc." (P. 52) Le rapport Barbeau contient
également une recommandation se rapportant au remboursement partiel des
dépenses encourues par un candidat officiel pour l'utilisation des
organes d'information. Celle-ci se lit comme suit: "Qu'on rembourse au candidat
qui a obtenu quinze pour cent des suffrages exprimés une somme
équivalant à deux cents par électeur dont le nom est
inscrit sur la liste officielle, pour les dépenses encourues à
l'occasion de l'achat d'une émission ou de l'espace dans un organe
d'information, tels que la radio, la télévision, les annonces
dans les journaux et les périodiques, les affiches, les
panneaux-réclame, les feuillets et les brochures. Ce remboursement ne se
ferait que sur présentation des pièces justificatives. Les moyens
d'information doivent être considérés comme un tout, afin
qu'un candidat ne puisse réclamer une subvention particulière
pour une émission télévisée, par exemple, et une
deuxième subvention pour une annonce dans les journaux. Chaque candidat
sera tenu d'accompagner sa demande de remboursement de pièces
justificatives à la satisfaction de la Commission de contrôle
proposée à la section VI ci-dessous. Il devra aussi
déposer un rapport de ses revenus et dépenses dans la forme
prescrite dans la section V ci-dessous qui traite de la divulgation".
B L'utilisation des organes d'information par un parti
politique
Le Comité Barbeau estime que les partis politiques ne devraient
pas assumer les frais de radio et de télévision de leurs
campagnes électorales.
Pour ce qui est de la période de temps qui devrait être
attribuée aux partis politiques au cours d'une élection
générale, le Comité recommande "Qu'un total de six heures
d'émissions soit placé aux heures de pointe et réparti,
durant les quatre semaines précédant le jour du scrutin, entre
les partis politiques fédéraux dûment enregistrés.
Ces émissions seraient réparties sur chacun des réseaux
publics et privés, sur les stations affiliées à un
réseau et sur les stations indépendantes de radio et de
télévision, sans frais pour les partis politiques". (P. 46) Plus
loin dans le rapport, après avoir réitéréla menace
que représente l'utilisation illimitée des moyens de
radiodiffusion par des partis politiques, le Comité se dit en faveur
d'une limitation de l'achat des émissions par les partis. Il recommande
donc explicitement "Qu'il soit interdit à tout parti politique d'acheter
ou d'utiliser des périodes d'émission en plus des six heures
subventionnées tel que recommandé ci-dessus". (P. 56)
Quant à la répartition du temps des émissions entre
les partis politiques, le Comité considère que la pratique des
conventions entre les partis politiques, sous l'égide de la
Société Radio-Canada, est supérieure à toute autre
formule arbitraire de répartition du temps des émissions. C'est
pourquoi, il n'hésite pas à proposer
"Que la Société Radio-Canada, expérimentée
dans la négociation de la répartition du temps des
émissions entre les divers partis politiques, continue à jouer ce
rôle. Au cas où les partis politiques et la Société
Radio-Canada ne pourraient en arriver à une entente, un appel devrait
pouvoir être interjeté au Bureau des gouverneurs de la
radiodiffusion, dont la décision serait finale et lierait les
parties.
La répartition du temps déterminé grâce
à cette entente avec la Société Radio-Canada, sous
réserve de l'appel au Bureau de la radiodiffusion, serait suivie par les
autres réseaux et les stations indépendantes". (P. 47)
La formule de paiement que le Comité a retenue cherche à
éviter que les radiodiffuseurs assument seuls le coût des
émissions politiques et enregistrent en plus des pertes de revenus
injustifiées. Dans le but de concilier cette préoccupation avec
le caractère public des entreprises de radiodiffusion le Comité
recommande "Que, comme condition d'obtention de permis, les radiodiffuseurs
assument cinquante pour cent du coût des émissions
attribuées aux partis politiques. D'autre part, les radiodiffuseurs
seraient autorisés â réclamer du contrôleur des
finances politiques le paiement de l'autre cinquante pour cent de la valeur
commerciale de ces émissions. Un tel remboursement devrait être
calculé suivant le tarif régulier et reconnu pour de telles
périodes de temps, afin d'éviter qu'on fixe tout tarif
spécial en temps d'élection. Tel que recommandé dans la
section IV du présent chapitre, les partis politiques ne devraient
être autorisés à acheter aucune période de temps
au-delà des six heures prévues". (P. 47) A noter que les
recommandations du rapport Barbeau ne mentionnent pas la politique à
suivre à l'égard des entreprises de presse.
C Corollaires
Le Comité Barbeau formule aussi trois recommandations sur
l'utilisation des organes d'information qui ne touchent pas directement les
activités des candidats officiels et des partis politiques.
La première se rapporte à certaines activités de
sociétés commerciales, syndicats, ouvriers, groupements
professionnels et autres qui s'intéressent vivement à la chose
publique. Selon les dires mêmes du Comité "... ces organismes sont
en marge de la structure et de la direction des partis politiques qu'ils
appuient directement ou indirectement. Plusieurs d'entre eux mettent sur pied
des programmes et des projets éducatifs qui visent à créer
un climat favorable ou défavorable à un parti politique. Le
Comité ne désire aucunement en entraver l'activité
ordinaire. Toutefois, le Comité s'est rendu compte, grâce à
l'expérience acquise dans d'autres pays, que si l'on permet à ces
groupements de participer activement à une campagne électorale,
toute limitation ou contrôle appliqués aux partis politiques ou
aux candidats seront inefficaces". Par conséquent, le Comité
recommande: "Qu'il ne soit permis à aucune association ou organisme
autre que les partis enregistrés et les candidats désignés
pour représenter leur parti d'acheter des émissions à la
radio ou à la télévision, de recourir à des
annonces payées dans les journaux et les périodiques et
d'utiliser les envois directs par la poste, les annonces ou
panneaux-réclame afin d'appuyer ou de combattre un parti ou un candidat,
à compter du jour de l'émission des brefs d'élection
jusqu'au jour suivant le scrutin". (P. 53) Les deux autres recommandations
visent directement les organes d'information. D'une part, le Comité
déplore les tarifs exhorbitants exigés par les journaux et les
stations de radio et de télévision pour les annonces
électorales. En vue de mettre fin à ces pratiques
malhonnêtes, il recommande: "Que le fait, pour un propriétaire de
journal ou un radiodiffuseur, d'exiger et, pour un candidat, de payer plus que
le tarif local régulier et prescrit par le barème régulier
pour une annonce locale constitue une infraction.
Qu'il soit interdit aux radiodiffuseurs et aux propriétaires de
journaux de fournir de la publicité gratuite, ou à un taux
réduit, à n'importe quel candidat, à moins que la
même offre ne soit faite de la même façon â tous les
autres candidats de la même circonscription.
Que le fait d'exiger plus que le tarif régulier pour les annonces
d'un parti politique dans un journal ou un périodique constitue une
infraction.
Qu'il soit interdit aux propriétaires de journaux et de
périodiques de consentir des tarifs spéciaux à un parti
politique quelconque, à moins que le même tarif ne soit consenti
de la même façon, à tous les autres partis". (P. 55)
D'autre part, pour aider la Commission de contrôle à faire
des règlements concernant la limitation et la production de rapports et
à remplir efficacement son mandat de surveillance et de contrôle,
le Comité recommande: "Que, dans les soixante jours après une
élection, chaque station et réseau de radio et de
télévision communique au contrôleur des finances politiques
les renseignements suivants:
a) Le total du temps des émissions accordées aux partis
politiques et aux candidats, y compris le détail du temps, de la date et
de la durée des émissions, le nom du parti, le candidat ou le
porte-parole qui y a participé; b) Le total du temps des
émissions subventionnées et utilisées par les partis, y
compris le temps, la date, la durée des émissions et le tarif
exigé; c) Le total du temps des émissions vendues aux candidats,
y compris le temps, la date et la durée des émissions et le tarif
exigé, pour chaque candidat; d) Le nom de tout candidat qui n'a pas
encore payé au radiodiffuseur le temps d'émission acheté,
ainsi que le montant de sa créance. (P. 60)
Que le propriétaire de chaque journal, magazine ou
périodique qui vend pour plus de $25 d'annonces politiques durant les
quatre semaines précédant immédiatement le jour du
scrutin, dépose auprès du contrôleur un rapport
établissant la somme d'annonces vendues à chaque parti et
à chaque candidat, la date de l'insertion de chaque annonce, le nombre
de pouces ou de lignes de chaque annonce et le tarif exigé". (P. 61 )
"Que le contrôleur paye aux radiodiffuseurs le coût du temps
d'émission attribué à chaque parti fédéral
enregistré, dans la proportion déterminée par la section
II du présent chapitre. Il devra vérifier l'exactitude des
montants exigés par chaque réseau et station. Le contrôleur
devra prescrire la forme et la date de production des rapports
détaillés exigés des journaux pour la vente d'annonces
à caractère politique dont le coût excède $25. Le
contrôleur devra conserver et classifier ces données et les mettre
à la disposition du public de la façon exposée ci-dessus
quant à la diffusion des renseignements". (P. 64)
II LE PROJET DE LOI C203 (Parlement du
Canada)
Le 22 juin 1973, le Parlement canadien adoptait en première
lecture un projet de loi en vue de modifier la Loi électorale du Canada,
la Loi sur la radiodiffusion et la Loi de l'impôt sur le revenu à
l'égard des dépenses d'élection.
Pour les fins de concordance, nous reprendrons les mêmes divisions
que nous avions pour l'analyse du rapport Barbeau.
A L'utilisation des organes d'information par un candidat
officiel
Le projet de loi C-203 reconnaît explicitement le principe de
l'égalité de chances en ce qui concerne la répartition
d'émissions à la radio et à la télévision
pour les candidats officiels, qu'ils soient parrainés ou non par un
parti politique dûment enregistré.
L'article 99.3 du projet de loi obligerait les radiodiffuseurs à
mettre à la disposition des candidats, aux heures de grande
écoute, du temps d'émission calculé en fonction a) de la
nature de la station de radiodiffusion; b) du nombre de circonscriptions
qu'elle dessert normalement en tout et en partie; c) du fait que le candidat en
question est parrainé ou non par un parti politique dûment
enregistré.
A noter que l'expression "heures de grande écoute" lorsqu'il
s'agit d'une station de radio, désigne la période comprise entre
six heures du matin et huit heures du soir et lorsqu'il s'agit de toute autre
entreprise de radiodiffusion, désigne la période comprise entre
six heures du soir et minuit.
L'allocation du temps d'émission prévu dans le projet de
loi n'est qu'un minimum. L'article 99.3 prévoit deux cas: 1) lorsque la
zone que dessert une entreprise de radiodiffusion se situe entièrement
dans une circonscription, celle-ci doit accorder à chaque candidat
officiellement désigné dans la circonscription, qui est
parrainé par un parti enregistré au moins 5 minutes de
temps d'émission s'il s'agit d'une station de télévision
et au moins 20 minutes de temps d'émission dans tous les autres
cas.
Quant au candidat qui n'est pas parrainé par un parti
enregistré, celui-ci a droit à au moins le temps
d'émission obtenu en divisant le temps mentionné ci-haut par le
nombre de candidats indépendants dans la circonscription
électorale. 2) lorsque la zone que dessert une entreprise de
radiodiffusion comprend tout ou partie de plusieurs circonscriptions, celle-ci
doit agir de la même manière, sauf lorsque la zone que dessert une
entreprise de radiodiffusion comprend tout ou partie de plus de 10
circonscriptions. Dans ce dernier cas, l'entreprise de radiodiffusion doit
accorder à chaque candidat officiellement désigné dans la
circonscription, qui est parrainé par un parti enregistré
au moins 30 secondes de temps d'émission multipliées par le
nombre de circonscriptions intéressées, s'il s'agit d'une station
de télévision et au moins 2 minutes de temps
d'émission multipliées par le nombre de circonscriptions
intéressées, dans tous les autres cas.
Pour ce qui est du candidat qui n'est pas parrainé par un parti
enregistré, celui-ci a droit à au moins le temps
d'émission obtenu en divisant le temps mentionné ci-haut et
correspondant à cette entreprise de radiodiffusion en particulier, par
le nombre de circonscriptions que dessert habituellement l'entreprise de
radiodiffusion.
Le projet de loi ne fixe aucun maximum en ce qui concerne l'allocation
du temps d'émission à un candidat officiel. Ce dernier peut
acheter tout le temps d'émission qu'il veut pourvu qu'il ne
dépasse pas la limite imposée par le projet de loi pour les
dépenses électorales d'un candidat officiel.
Tout radiodiffuseur ou titulaire d'une entreprise de réception de
radiodiffusion qui contrevient à ces dispositions du projet de loi est
coupable d'une infraction et passible sur déclaration sommaire de
culpabilité, d'une amende d'au plus $25,000.
Contrairement aux recommandations du rapport Barbeau, le projet de loi
ne limite pas spécifiquement les dépenses qu'un candidat peut
faire sous forme d'information à la radio, à la
télévision ou dans les organes de presse.
De plus, le projet de loi ne reconnaît pas la gratuité de
telles émissions. Ces émissions sont à la charge du
candidat officiel et font partie de ses dépenses électorales
(voir article (2) (2)). S'il est élu ou s'il obtient 20 p.c. des votes
exprimés dans sa circonscription électorale, il sera alors
eligible à un remboursement partiel de ses dépenses suivant une
formule qui ressemble beaucoup à celle que nous avons actuellement dans
notre propre loi électorale. Dans les autres cas, le candidat officiel
ne sera remboursé qu'à concurrence de $250.00 (voir article
11).
B L'utilisation des organes d'information par un parti
politique
Les dispositions pertinentes du projet de loi C-203 se rapprochent
considérablement du rapport Barbeau.
L'article 99.1 oblige les radiodiffuseurs à mettre à la
disposition des partis enregistrés, lors de toute élection
générale, six heures et demie de temps d'émission, aux
heures d'écoute de pointe. Le rapport Barbeau recommandait six (6)
heures seulement.
Immédiatement après l'émission du bref d'une
élection générale, le CRTC doit consulter les
représentants de chacun des partis enregistrés en vue
d'établir entre ceux-ci une répartition du temps
d'émission qui doit leur être accordé en vertu de la loi.
S'il y a accord, cette répartition devient obligatoire pour chacun des
partis enregistrés. S'il y a désaccord, le CRTC doit notifier
immédiatement à chaque parti enregistré une proposition de
répartition du temps entre ceux-ci. S'il y a objection à la
répartition proposée du temps, le CRTC tranche le débat
après consultation de chacun des partis enregistrés.
Le rapport Barbeau confiait la négociation de la
répartition du temps d'émission à la Société
Radio-Canada et prévoyait en cas de conflit un appel au Bureau des
gouverneurs de la radiodiffusion.
L'article 99.1 prévoit aussi que tout temps d'émission
accordé aux partis enregistrés en plus de six heures et demie
permises par la loi doit l'être gratuitement, selon la proportion qu'a
fixée la répartition. Cette disposition du projet de loi va
à l'encontre du rapport Barbeau. En effet, celui-ci interdisait
catégoriquement à tout parti politique d'acheter ou d'utiliser
une période d'émission au-delà des heures
subventionnées.
Le projet de loi prévoit un mode de remboursement qui
diffère de celui préconisé par le rapport Barbeau. Le
projet de loi place le fardeau financier sur le parti politique et non sur
l'entreprise de radiodiffusion. Le parti politique est tenu de payer
intégralement aux radiodiffuseurs le coût des émissions
autorisées par la loi. Cependant, sur présentation de
pièces justificatives, il se verra rembourser, à même le
fonds du revenu consolidé, 50 p.c. du temps d'émission qu'il aura
utilisé, calculé selon le tarif normal habituel fixé pour
ce temps et certifié par le CRTC. Notons au passage que le projet de loi
C-203 ne prévoit aucune formule de remboursement des dépenses
électorales d'un parti politique enregistré. Il se contente
uniquement de limiter le volume de ces dépenses.
C Autres dispositions d'intérêt
général
Le projet de loi C-203 accepte intégralement la recommandation du
rapport Barbeau en vue de mettre fin à la pratique malhonnête de
plusieurs organes d'information (télévision, radio, journaux...)
d'exiger des tarifs exorbitants pour les annonces électorales des partis
politiques et des candidats officiels (voir art. 99.4). Ceux-ci sont tenus
d'imposer le même tarif qu'en temps normal, sous peine d'une amende d'au
plus $25,000.
Le projet de loi a adopté aussi la recommandation du rapport
Barbeau interdisant à toute association ou organisme autre qu'un parti
politique enregistré ou un candidat officiel d'utiliser les organes
d'information afin d'appuyer ou de combattre un candidat à compter du
jour de l'émission des brefs d'élection jusqu'au jour suivant le
scrutin, (voir article 13)
III LA POLITIQUE DE L'UNION NATIONALE SUR
L'UTILISATION DES ORGANES D'INFORMATION EN PERIODE ELECTORALE
Le 13 juin 1973, l'Union nationale soumettait à la
sous-commission des dépenses électorales un document de travail
dans lequel elle expliquait la position du parti sur le problème des
dépenses électorales et du financement des partis politiques.
Nous disions alors ce qui suit au sujet de l'utilisation des organes
d'information en période électorale: "La loi actuelle demeure
imprécise dans le domaine des communications politiques. On pourrait
reprendre ici une recommandation du Comité Barbeau qui suggère
d'assurer aux partis et aux candidats des périodes gratuites à la
radio et à la télévision. Ces périodes seraient en
nombre égal d'un parti à l'autre et elles seraient les seules que
pourraient utiliser les partis. On pourrait même étendre la
même réglementation à l'espace publicitaire qui serait
utilisé dans les Journaux. Le remboursement des dépenses
électorales serait dimininué d'autant".
Depuis ce temps, nous avons adopté des articles d'un avant-projet
de loi sur la reconnaissance juridique d'un parti politique et nous nous sommes
entendus sur une formule de remboursement partiel des dépenses
électorales, tant pour un candidat officiel que pour un parti politique
accrédité.
Forts des recommandations du rapport Barbeau et du projet de loi
fédéral sur les dépenses électorales et compte tenu
de la discussion qui a eu lieu sur ce même sujet lors de notre
dernière réunion (15 août), nous vous soumettons à
ce moment-ci la politique que notre parti entend suivre à l'égard
de l'utilisation des organes d'information en période électorale.
1. Les principes:
Au niveau des principes, nous croyons toujours que la meilleure
politique dans ce domaine est celle qui reconnaît sans équivoque
l'accessibilité aux organes d'information de toutes les parties
intéressées (i.e. candidats et partis politiques) et
l'égalité de celles-ci dans l'utilisation des organes
d'information en période électorale.
Cependant, il faut bien s'entendre sur la notion
d'égalité. Egalité ne signifie pas uniformité. Une
politique réaliste en matière de publicité
électorale exige que nous fassions une distinction nette entre les
besoins publicitaires d'un candidat officiel, appelé à faire
campagne à l'intérieur d'une seule circonscription
électorale et ceux d'un parti politique, obligé à faire
campagne à l'échelle nationale et parfois au niveau
régional. Par conséquent, nos propositions suivront le même
schème que le rapport Barbeau et le projet de loi C-203: d'abord la
politique se rapportant aux besoins publicitaires des candidats officiels et
ensuite, les recommandations se rapportant spécifiquement aux partis
politiques.
Le principe de l'égalité ne doit pas s'appliquer
uniquement aux utilisateurs des organes d'information. A notre avis, ce
principe touche également les moyens d'information eux-mêmes.
Ainsi, il nous parait tout à fait normal et juste que la radio, la
télévision et la presse bénéficient des mêmes
privilèges et soient assujetties aux mêmes obligations.
Enfin, nous souscrivons volontiers au principe de la gratuité
dans certains cas en autant qu'il serve à garantir à toutes les
parties un traitement équitable ou à réprimer les abus de
la part des mieux nantis. 2. Les modalités:
A L'utilisation des organes d'information par un candidat
officiel
Chaque candidat doit affronter un électorat différent et
se plier aux particularismes de son comté. En conséquence, il
faut élaborer une politique simple qui permette à chaque candidat
d'atteindre ses électeurs le plus souvent et le plus rapidement possible
tout en demeurant à l'intérieur des limites financières
fixées par la loi électorale.
Plusieurs voies nous sont ouvertes. Trois ont retenu notre attention:
Premièrement, nous pourrions établir des normes maximales pour
l'utilisation des organes d'information en période électorale en
vue d'obliger chaque candidat à ne pas dépasser un nombre fixe
d'annonces électorales dans chaque médium d'information.
Deuxièmement, nous pourrions établir des normes minimales pour
garantir à tous les candidats officiels la même
accessibilité aux médias d'information sans spécifier de
limites maximales, sauf celle prévue pour les dépenses
électorales. C'est la solution adoptée par le projet de loi
C-203.
Troisièmement, nous pourrions suivre l'exemple du rapport Barbeau
en exhortant les stations de radiodiffusion locales à offrir des
émissions gratuites à tous les candidats officiels sur une base
égalitaire et en limitant spécifiquement les dépenses d'un
candidat officiel pour l'utilisation des organes d'information.
Après y avoir bien réfléchi, nous sommes
persuadés que la deuxième solution répond mieux
aux besoins publicitaires de chaque candidat. D'abord, elle garantit
à un candidat qu'il ne sera pas désavantagé par rapport
à ses adversaires en lui assurant un minimum de temps d'émission
ou d'espace publicitaire dans chacun des trois grands moyens d'information.
Ensuite, elle lui permet d'utiliser le meilleur moyen d'information pour
communiquer avec ses électeurs aussi souvent qu'il le désire en
autant qu'il ne dépasse pas la limite globale fixée par la loi
électorale pour ses dépenses électorales. Enfin, cette
solution protège les droits des candidats qui ne sont pas
parrainés par un parti accrédité.
Suite à ces observations générales, nous demandons
au gouvernement d'inclure les points suivants dans sa refonte de la loi
électorale: 1. L'obligation pour les radiodiffuseurs, sous peine
d'une amende d'au plus $25,000, de mettre à la disposition des candidats
officiels dans une circonstance électoralee, aux heures de grande
écoute, du temps d'émission calculé en fonction: a) de la
nature de la station de radiodiffusion; b) du nombre de candidats en lice,
qu'ils soient parrainés ou non par un parti politique dûment
accrédité; c) du nombre de circonscriptions que la station de
radiodiffusion dessert normalement en tout et en partie.
Ce temps d'émission ne serait qu'un minimum garanti à
chaque candidat officiel, qu'il soit parrainé ou non par un parti
politique dûment accrédité. Pour déterminer quel
serait ce minimum nous invitons les membres de la sous-commission à
consulter le projet de loi C-203. Bien que nous estimions insuffisants les
montants prévus dans ce projet de loi, nous croyons néanmoins
qu'ils constitueraient un point de départ convenable pour entamer la
discussion. 2. L'obligation pour les entreprises de cablodiffusion
opérant un câble communautaire dans une circonscription
électorale, sous peine d'une amende d'au plus $25,000, de mettre
à la disposition de tous les candidats officiels dans cette
circonscription, aux heures de grande écoute, du temps d'émission
calculé en fonction: a) du nombre de candidats en lice, qu'ils soient
parrainés ou non par un parti politique dûment
accrédité; b) s'il y a lieu, du nombre de circonscriptions que
l'entreprise dessert normalement en tout et en partie.
Le minimum de temps d'émission serait le même que celui
imposé aux entreprises de radiodiffusion. 3. L'obligation pour les
entreprises de presse locales et régionales (i.e. journaux quotidiens,
hebdomadaires et mensuels) de mettre à la disposition de tous les
candidats un minimum d'espace publicitaire en période électorale
sous peine d'une amende d'au plus $25,000. Comme minimum nous suggérons
deux annonces publicitaires par candidat.
Nous nous sommes interrogés longuement sur le problème de
la gratuité de ces annonces électorales. Devons-nous imputer le
coût de celles-ci au candidat officiel? au medium d'information? à
l'Etat et par le fait même, à tous les contribuables?
Nous pouvons disposer dès le départ, du cas des
câblodistributeurs. Nonobstant le nouveau règlement
québécois sur la câblodistribution la publicité est
interdite au cours d'une émission communautaire. Ces émissions
sont gratuites pour tous, politiciens en herbe y compris!
Certes, les entreprises de radiodiffusion et de presse sont des
entreprises publiques, au service de toute la population et ayant certaines
obligations envers la société. Rien n'empêche cependant que
celles-ci vivent essentiellement de publicité et que le fait de les
obliger à assumer complètement le coût des annonces
publicitaires attribuées à chaque candidat officiel par la loi
signifierait pour une bonne part d'entre elles une perte de revenu
considérable.
Le principe de la gratuité pose également un
problème sérieux à l'égard des candidats
indépendants. En effet, si tous les candidats ont droit gratuitement
à un nombre minimum d'émissions à la radio et à la
télévision aux heures de grande écoute ainsi qu'à
des espaces publicitaires dans les journaux locaux et régionaux, n'y
a-t-il pas un danger réel que certaines personnes présentent leur
candidature pour se faire connaître soit en vue de briguer les suffrages
au niveau municipal plus tard, soit en vue de promouvoir leur propre commerce.
D'ailleurs, il est facile d'imaginer la réaction des médias
d'information s'il y avait soudainement une multiplication de candidatures
indépendantes à travers la province. Le fardeau financier
deviendrait alors insupportable.
La solution n'est pas facile. D'une part, il faut concilier la menace
d'une perte de revenus injustifiée avec le caractère public de
l'entreprise; d'autre part, il faut empêcher une prolifération
subite de candidatures indépendantes à des fins strictement
personnelles.
Dans ces circonstances, nous proposons une formule de
semi-gratuité qui met le poids financier sur le dos du candidat:
1. Pour bénéficier des privilèges publicitaires de
la loi électorale, le candidat, qu'il soit parrainé ou non par un
parti politique accrédité, doit payer au média
d'information intéressé le coût intégral de
l'annonce publicitaire.
2. Après avoir soumis à la Commission de
contrôle les pièces justificatives des dépenses encourues
pour l'utilisation des organes d'information, le candidat recevra 50 p.c. de la
valeur de toutes les annonces qui lui sont garanties par la loi. L'autre
cinquante pour cent constituera une dépense électorale et lui
sera remboursé partiellement conformément à la formule de
remboursement par gradation que nous avons acceptée en principe au cours
de notre dernière réunion (15 août).
B L'utilisation des organes d'information par un parti politique
dûment accrédité
La situation d'un parti politique diffère sensiblement de celle
d'un candidat. D'une part, son auditoire est beaucoup plus grand et
varié. En pratique, il s'adresse à tout le pays et à
toutes les couches sociales. D'autre part, son but n'est pas le même: il
vise plutôt à faire connaître toutes les facettes de son
programme politique et la valeur de ses hommes que de remporter la victoire
dans un comté déterminé
Nous n'avons aucune objection à suivre le schème
général proposé par le rapport Barbeau et le projet de loi
C-203, relativement à l'utilisation des organes d'information par un
parti politique.
Nos recommandations ont pour but de garantir à chaque parti la
même accessibilité aux médias d'information et le
même traitement à l'égard de la répartition de la
publicité électorale. Par souci d'objectivité et de
justice, nous sommes persuadés que les limites proposées doivent
être suivies rigoureusement, sans aucune exception.
En somme, ce que nous proposons pour le parti politique est l'inverse de
ce que nous avons proposé pour le candidat officiel. Ici, nous
préconisons l'établissement de normes maximales. A notre avis,
une telle mesure devrait mettre fin à l'usage abusif de fonds
électoraux à des fins publicitaires.
Nous recommandons que la nouvelle loi électorale contienne les
dispositions suivantes: Pour les entreprises de radiodiffusion 1) Chaque
radiodiffuseur est tenu de mettre à la disposition des parties
politiques dûment accrédités, lors de toute élection
générale, six (6) heures de temps d'émission aux heures
d'écoute de pointe. 2) Immédiatement après
l'émission du bref d'une élection générale, la
Régie des services publics doit consulter les représentants de
chacun des partis accrédités en vue d'établir entre
ceux-ci une répartition du temps d'émission qui doit leur
être accordé en vertu de la loi. S'il y a accord, cette
répartition devient obligatoire pour chacun des partis
accrédités. S'il y a désaccord, la Régie doit
notifier immédiatement à chaque parti accrédité une
proposition de répartition du temps entre ceux-ci. S'il y a objection
à la répartition proposée du temps, la Régie
tranche le débat après consultation de chacun des partis
accrédités. Sa décision est finale et sans appel.
Pour les entreprises de presse
Chaque entreprise de presse (i.e. journal quotidien, hebdomadaire et
mensuel) est tenue de mettre à la disposition de chaque parti politique
accrédité, de l'espace publicitaire équivalent à 4
annonces publicitaires lors d'une élection générale.
Dispositions communes 1) II est catégoriquement interdit à
tout parti politique accrédité d'acheter ou d'utiliser des
périodes d'émission dans une entreprise de radio-diffusion ou de
l'espace publicitaire dans une entreprise de presse en plus de ce qui est
permis par la présente loi. 2) Tout propriétaire de journal et
tout radiodiffuseur qui contrevient aux obligations citées ci-haut est
passible d'une amende d'au plus $25,000 3) Tout parti politique
accrédité qui contrevient aux présentes dispositions de la
loi est passible d'une amende d'au moins $50,000 et d'au plus $200,000. 4)
Comme formule de paiement, nous préconisons la même solution que
pour le candidat officiel. Ainsi, le parti politique devra payer au
média d'information intéressé le coût
intégral de l'annonce publicitaire. Sur réception de
pièces justificatives, la Commission de contrôle lui remboursera
50 p.c. de la valeur de toutes les annonces qui lui sont garanties par la loi.
L'autre cinquante pour cent constituera une dépense électorale et
lui sera remboursé partiellement conformément à la formule
de remboursement prévue par la loi électorale.
C Corollaires
Dans les pages précédentes, nous avons mentionné
à quelques reprises que le candidat ou le parti politique, selon le cas,
devait assumer le coût des annonces publicitaires, quitte à
être remboursé par la suite.
Cette pratique ne sera acceptable et ne donnera les résultats
souhaités que s'il y a une disposition dans la loi électorale
interdisant aux médias d'information de hausser arbitrairement leurs
tarifs publicitaires en période d'élections
générales.
A l'instar du projet de loi C-203 et du rapport Barbeau, nous sommes
d'avis que les médias d'information devraient être tenus d'exiger
que le tarif régulier pour les annonces publicitaires d'un candidat ou
d'un parti politique.
Un autre point sur lequel nous voulons attirer l'attention des membres
de la sous-commission concerne la recommandation du rapport Barbeau à
l'égard des activités de certains organismes en marge de la
structure et de la direction des partis politiques en période
électorale. Nous ne croyons pas qu'il soit réaliste d'appliquer
des contrôles aux partis politiques et aux candidats tout en permettant
à des groupements professionnels, commerciaux ou ouvriers qui
s'intéressent à la chose publique de participer activement, et
sans aucune limitation, à une campagne électorale.
Il faut à tout prix, même au prix de brimer temporairement
leur droit d'action, interdire à toute association ou organisme autre
qu'un parti politique accrédité ou un candidat officiel
d'utiliser les organes d'information afin d'appuyer ou de combattre un candidat
à compter du jour de l'émission des brefs d'élection
jusqu'au jour suivant le scrutin.
Le dernier point sur lequel nous désirons vous entretenir n'est
pas le moindre, bien que nous Payions laissé pour la fin. Au contraire,
il est directement lié au principe d'égalité sur lequel
toute notre politique est fondée.
Au début de notre exposé, nous avons proclamé que
non seulement les candidats et les partis politiques devaient être
traités sur un pied d'égalité mais aussi les médias
d'information eux-mêmes.
A l'heure actuelle, la loi sur la radiodiffusion (article 28 (1)) se lit
comme suit: "Aucun radiodiffuseur ne doit radiodiffuser, et aucun titulaire de
licence d'une entreprise de réception de radiodiffusion ne doit recevoir
une émission, une annonce ou un avis radiodiffusés de nature
partisane se rapportant à: a) un référendum, ou b) une
élection d'un membre de la Chambre des communes, de la
législature d'une province ou du conseil d'une corporation municipale
qui a lieu ou doit avoir lieu dans une région normalement desservie par
l'entreprise de radiodiffusion du radiodiffuseur ou de ce titulaire de licence,
le jour où un tel référendum ou une telle élection
a lieu ou au cours du jour qui précède un tel
référendum ou une telle élection".
Le projet de loi C-203 veut lever cette interdiction à
l'égard de l'élection des députés de la Chambre des
communes et permettre à chaque province de déclarer cette
disposition inapplicable à l'égard de l'élection des
députés de sa propre législature ou de celle de ses
conseils municipaux.
En premier lieu, nous ne croyons pas qu'il serait dans
l'intérêt public de lever cette interdiction à
l'égard de l'élection des députés de
l'Assemblée nationale. Il nous paraît sain, après un mois
complet de campagne électorale, que le citoyen ait au moins une
journée pour réfléchir, sans battage publicitaire, avant
de faire son choix définitif.
Deuxièmement, nous sommes d'avis que cette interdiction devrait
frapper tous les médias d'information, y compris les entreprises de
presse. Il suffit de penser aux campagnes électorales les plus
récentes pour constater à quel point la publicité
électorale dans la presse écrite, au cours des dernières
heures de la campagne électorale, a eu un effet probant sur un bon
nombre d'électeurs.
CONCLUSION:
Monsieur le président, voilà l'essence de notre politique
en matière de communications politiques au cours d'une période
d'élections générales.
Certes, la lecture fut longue et un peu fastidieuse; néanmoins,
je suis persuadé qu'elle nous permettra de mieux cerner le
problème de la publicité électorale et par le fait
même, de rédiger un texte législatif réaliste et
juste.