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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Enregistrement des débats à la
commission des engagements financiers
Séance du mercredi 17 juillet 1974
(Quinze heures treize minutes)
M. LAVOIE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
On m'informe que M. Harvey (Jonquière) remplace M. Lamontagne
pour cette séance de la commission. M. Lessard remplace M. Léger
et M. Faucher remplace M. Pagé. Vous êtes membre, M. Parent, de la
commission. Votre nom est là.
Avant d'ouvrir les délibérations, je crois qu'il serait
dans l'ordre que je vous lise...
Est-ce qu'on propose un rapporteur? M. Harvey (Jonquière) propose
M. Giasson.
M. ROY: Je vais apporter certaines réserves pour la protection du
député lui-même.
LE PRESIDENT: Je vais vous lire le rapport de la...
M. GIASSON: ... aucune réserve nulle part.
M. ROY: C'est juste pour la protection du député que je le
faisais.
M. LESSARD: On pourrait discuter... M. GIASSON: Je comprends très
bien.
M. LESSARD: ... si le député est bon rapporteur ou ne
l'est pas.
M. GIASSON: S'il y a des réserves, je m'oppose formellement.
M. LESSARD: M. le Président, je donne mon consentement.
M. HARVEY (Jonquière): Votre consentement. Le
député de Beauce-Sud retire ses paroles.
LE PRESIDENT: Messieurs, je vous fais lecture du rapport que le
président nommé de la sous-commission de l'Assemblée
nationale, député de Châteauguay, M. Kennedy, m'a remis en
bonne et due forme. Voici la teneur de ce rapport.
Commission de l'Assemblée nationale.
Sous-comité/Enregistrement des engagements financiers.
Séance du 6 juin 1974. Suite à une résolution au
cours d'une séance régulière de la commission permanente
de l'Assemblée natio- nale, une sous-commission avait été
formée en vue d'analyser la possibilité d'enregistrer les
débats de la commission des engagements financiers.
Présidée par M. Kennedy (Châteauguay), cette
commission, selon la résolution adoptée au cours d'une
séance régulière de la commission de l'Assemblée
nationale, était composée de MM. Parent (Hull), Blank
(Saint-Louis) et Lessard (Saguenay).
M. Archambault agit à titre de secrétaire.
La discussion a porté sur les difficultés techniques de
l'enregistrement des débats des engagements financiers puisqu'au cours
des débats de la commission des engagements les membres se
réfèrent à des documents qui ne sont que des
résumés de documents officiels que la Loi de l'administration
financière interdit de publier intégralement.
M. Lessard se réfère alors à des enregistrements
antérieurs qui l'ont été à titre
expérimental.
M. Parent (Hull) fait état d'une recommandation de ses
conseillers au Conseil de la trésorerie concernant toute cette
discussion.
M. Parent (Hull), suite aux recommandations de ses fonctionnaires,
précise qu'il faudra revenir aux règles particulières pour
cette commission, règles qui n'avaient pas été reconduites
après l'adoption du règlement de l'Assemblée nationale
connu sous le nom de code Lavoie.
En conséquence, M. Parent (Hull) propose qu'un rapport soit
soumis à la commission de l'Assemblée nationale à l'effet
de recommander à l'Assemblée de se prononcer dans le sens de son
argumentation.
M. PARENT (Hull): M. le Président... LE PRESIDENT: M. Parent.
M. PARENT (Hull): ... je voudrais d'abord faire quelques allusions au
rapport qui vient d'être soumis, pour terminer par une motion. Je
voudrais signaler le caractère particulier de cette commission et la
nécessité, s'il y avait enregistrement, d'avoir un greffe, au
moment où il existe, comme on l'a dit dans le texte du rapport du
président de la sous-commission, un résumé de l'engagement
financier pris par le Conseil du trésor ou par le conseil des ministres.
Et, par le fait qu'il y aurait enregistrement, cela deviendrait évident
que le document, qui est non officiel, deviendrait officiel.
Deuxièmement, le registre, qui devrait être gardé
pour les fins des débats de l'Assemblée nationale pour avoir une
concordance avec le journal des Débats, on devrait y retrouver un
greffe, c'est-à-dire tous les CT qui ont été
approuvés par le Conseil du trésor, qui est une mesure
administrative en vertu de la Loi de l'administration financière de
1971. Nous avons énormément d'objections à ce que ces
documents administratifs soient laissés dans un
greffe pour les fins de référence à
l'enregistrement des débats.
Je voudrais également souligner à nouveau que, lors de la
création de cette commission, en 1969, il y a eu des règles bien
spécifiques d'établies quant aux modalités
d'opération de cette commission. Cela s'est renouvelé en 1970, en
1971, en 1972 et, par inadvertance ou je ne sais pour quelle raison au juste,
au moment où on a inauguré le code, qui porte votre nom, il y a
eu, par inadvertance, volontairement ou involontairement, exclusion de cette
règle qui avait présidé à la commission des
engagements financiers depuis 1969.
Pour ma part, selon ce qu'il a été mentionné au
rapport et de l'avis du conseiller juridique, il est expressément
impossible de pouvoir songer à l'enregistrement des débats pour
une commission de cette nature où nous devons faire non pas l'adoption
de règles ou d'engagements, mais plutôt l'examen des engagements
financiers que le gouvernement a autorisés le mois
précédent, à la séance de la commission des
engagements financiers.
Nous y avons des objections à cause du greffe qu'il faudrait
constituer, la référence, si on veut, pour les fins de
l'enregistrement d'un débat. Si on remarque l'expérience que nous
avons vécue, nous y voyons les articles 100, 101, 102 et ainsi de suite
se renouveler et on sait que la numérotation se fait mensuellement sur
la base de la semaine où les engagements ont été
autorisés, le no 100 correspond à la première semaine, 200
à la deuxième et ainsi de suite et cela, pour chacun des
ministères concernés. J'ai souligné, lors de la
séance de cette sous-commission, que, depuis l'entrée en vigueur
de la Loi de l'administration financière, soit le 1er avril 1972, nous
avons déjà eu 80.000 CT d'autorisés, en plus des
arrêtés en conseil, en plus des directives. Cela deviendrait,
à mon sens, inacceptable que nous soyons dans l'obligation de faire un
autre greffe pour donner au moins une constante, si on fait de
l'enregistrement, pour référence à des dossiers auxquels
on fait allusion.
Nous y avons objection également, puisque, comme je l'ai
souligné tout à l'heure, il s'agit, dans le cahier qui est fourni
à chacun des députés, d'un résumé de
l'engagement financier qui a été autorisé par le Conseil
du trésor ou par le Conseil des ministres. Cela voudrait donc dire
qu'à la suite de l'enregistrement ces résumés qui sont
officieux deviendraient officiels sans, pour autant, être vraiment des
documents officiels, puisqu'il s'agit d'un résumé très
succinct de l'engagement qui a été pris.
Pour également d'autres raisons que l'on pourrait invoquer dans
l'étude ou l'examen de ces engagements financiers, je pense qu'il est
impossible de songer à l'enregistrement de ces débats. C'est
pourquoi je pense que, dans les circonstances, nous devrions revenir à
la formule originale au moment de la création de la commission, en 1969,
et modifier le règlement de la Chambre.
C'est pourquoi je propose que la commission de l'Assemblée
nationale recommande à l'Assemblée d'ajouter, à l'article
144 du règlement, la phrase suivante: "La commission des engagements
financiers n'est pas sujette à cette dernière
formalité".
M. LESSARD: ... M. le Président... LE PRESIDENT: M. Lessard.
M. LESSARD: ... je dois dire d'abord que le rapport qui nous est soumis
représente exactement la discussion que nous avons eue lors de la
réunion du 6 juin 1974 pour discuter de l'enregistrement des
débats de la commission des engagements financiers.
Je dois dire que l'argumentation que nous présente cet
après-midi le ministre responsable a été aussi
présentée lors de cette réunion. Le ministre responsable
nous a fait valoir justement la difficulté que nous pouvions avoir
concernant l'enregistrement des débats de cette commission, étant
donné que les membres se réfèrent à des documents
qui ne sont que des résumés de documents officiels que la Loi de
l'administration financière interdirait, semble-t-il, de publier
intégralement.
A cette argumentation, nous avons fait valoir le fait que la commission
des comptes publics ne siège plus maintenant et qu'il est
extrêmement important, tant pour l'Opposition que pour les media
d'information ou les journalistes, de pouvoir avoir l'occasion de se
référer à des discussions qui ont été faites
au niveau de la commission des engagements financiers.
En effet, il est toujours facile comme nous l'avons vu d'ailleurs
lors des commissions parlementaires pour le ministre responsable de dire
que ces documents ont été déposés lors de la
discussion au niveau des engagements financiers. Et il est difficile, pour
nous, en tout cas, de s'y référer, étant donné que
ce n'est pas enregistré au journal des Débats.
Le ministre nous a fait part des difficultés. Je dis, M. le
Président, que peut-être y a-t-il des difficultés, mais
à ce moment nous n'avons pas eu sinon justement la parole du
ministre d'experts pour nous prouver qu'il y avait véritablement
des difficultés. En effet et je l'ai fait valoir à deux
reprises il n'y a eu enregistrement de la commission des engagements
financiers, je pense, si ma mémoire ne me fait pas défaut, qu'en
juin et juillet 1973.
Je ne pense pas que l'argumentation concernant le fait que c'est
très difficile, à savoir que nous annonçons les articles
101, 102, 103, soit un argument qui nous enlève la possibilité de
faire l'enregistrement, parce qu'il arrive très souvent, lorsque nous
étudions un projet de loi, qu'on dise: Article 2, adopté, sans
qu'on puisse le lire.
Nous avons fait valoir, à ce moment-là, la
possibilité de déposer ces documents comme documents sessionnels.
En effet, M. le Président, il y a déjà eu des
précédents. Puis-je vous
rappeler, M. le Président, que, lorsque nous avons
étudié le bill 38, la CSN, la Confédération des
syndicats nationaux, comme la FTQ avaient apporté une somme de documents
fort importants que nous ne pouvions pas consigner au journal des
Débats, étant donné le coût considérable que
ça pouvait entraîner. Le député de Maisonneuve,
à ce moment-là, avait demandé que ce soit
déposé comme documents sessionnels, ce qui avait
été accepté, d'ailleurs. Je pense qu'il est possible que
nous puissions accepter cette possibilité au niveau de la commission des
engagements financiers.
Je vous rappelle, en cela, je suis d'accord, du moins, sur le
principe de la motion qui est présentée par le ministre
responsable que c'est l'Assemblée nationale qui doit
décider. En effet, l'article 144 est très clair. En vertu de nos
nouveaux règlements, toutes les délibérations des
commissions parlementaires doivent être enregistrées. Il s'agit
d'un ordre de l'Assemblée nationale. L'article 144 se lit comme suit: "H
est dressé par le secrétaire un procès-verbal des
séances de la commission, et les délibérations des
commissions sont consignées au journal des Débats."
En ce sens, je me dois d'être d'accord sur la motion du ministre
responsable, parce que seule l'Assemblée nationale doit décider,
puisque le code Lavoie a été accepté en Assemblée
nationale. C'est d'ailleurs, ce qui a diminué les débats de cette
sous-commission de l'Assemblée nationale, puisque j'ai fait valoir le
fait que le ministre responsable devait tout simplement, par l'entremise du
leader parlementaire, proposer une motion selon le ministre responsable,
elle aurait été oubliée par inadvertance pour
modifier l'article 144, si on ne voulait pas justement que cet article
s'applique à la commission des engagements financiers.
Je vous rappelle aussi, l'article 135 A. En effet, si on se rappelle les
discussions que le leader parlementaire et moi-même avons eues concernant
l'article 135 A) lorsque nous avons étudié la modification aux
règlements de l'ancien code qui nous régissait, à ce
moment-là une proposition avait été faite par le leader
parlementaire du gouvernement qui apparaissait, je pense, à f ) et qui
disait un peu ou qui représentait en tout cas à peu près
la motion que nous présente actuellement le ministre responsable de la
commission des engagements financiers.
En effet, au paragraphe f ) je pense, on avait voulu inclure la
possibilité d'enlever le fait que la commission des engagements
financiers soit soumise à l'article 144. On voulait tout simplement,
à l'article 135Af), faire valoir le non-enregistrement des débats
à ce moment-là. Et le député de Maisonneuve, est-ce
que vous avez la vieille copie? Je pense que cet article a été
enlevé.
LE PRESIDENT: On est rendu à plusieurs éditions,
135A...
M. BIENVENUE: C'est...
M. LESSARD: Et le député de Maisonneuve a fait valoir
à ce moment-là...
LE PRESIDENT: ... auteur.
M. LESSARD: J'aimerais voir la vieille copie, M. le Président,
pour voir si c'est enregistré.
LE PRESIDENT: II n'y avait pas de 135A.
M. BIENVENUE: II n'y avait pas de 135A. Il n'y en avait pas, 135, 1, 2,
3, 4, 5, 6.
M. LESSARD: Oui c'est que... D'accord il y a eu une modification par la
suite, M. le Président, on a ajouté 135A.
LE PRESIDENT: Au début de la session actuelle.
M. LESSARD: C'est ça. A l'article 135A, apparaissait à f
), je pense, la possibilité de faire en sorte que la commission des
engagements financiers ne soit pas soumise à la réglementation
prévue à l'article 144. Le député de Maisonneuve a
fait valoir, je pense, le fait qu'il appartenait à l'Assemblée
nationale de décider si les délibérations de la commission
des engagements financiers devaient être enregistrées ou pas.
Et d'ailleurs ça se basait sur un précédent. Tel
que, d'ailleurs, l'a dit bien honnêtement le ministre responsable de la
commission des engagements financiers et comme il l'a fait valoir d'ailleurs
dans une lettre qu'il a fait parvenir, je pense, au président de
l'Assemblée nationale, c'est qu'à chaque année, en 1970,
1971, 1972, une motion avait été présentée en
Chambre, afin de soustraire la commission des engagements financiers à
la nécessité d'enregistrer ses débats. Alors, je pense que
la proposition qui nous est soumise par le ministre responsable
représente exactement la décision que nous avions prise lorsque
la sous-commission de l'Assemblée nationale s'était
réunie, à savoir tout simplement qu'un rapport soit soumis
à la commission de l'Assemblée nationale, à l'effet de
recommander à l'Assemblée de se prononcer dans le sens de son
argumentation.
Vous comprenez, que, pour ma part, je n'ai pas l'intention, comme cela a
été le cas, d'ailleurs, lorsque nous avons étudié
ce problème lors de la réunion que nous avons eue, de faire un
long débat sur ce problème. Je pense qu'il appartient à
l'Assemblée nationale, justement, de décider si les
délibérations de la commission doivent être
enregistrées ou pas.
En ce qui nous concerne, nous avons fait valoir la
nécessité d'enregistrer ces débats, mais ce n'est pas au
niveau, je pense, de la commission de l'Assemblée que cette
décision sera prise. C'est au niveau de l'Assemblée nationale,
puisque le code Lavoie a été accepté par
l'Assemblée nationale et que l'article 144 nous oblige à
consigner les délibérations au journal des Débats. En
conséquence, sans être d'accord
sur la proposition ou la motion qui nous est présentée par
le ministre responsable, je pense que c'est la seule proposition qui puisse
être soumise actuellement à cette commission, proposition qui
représente exactement la recommandation qui avait été
faite par la sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale,
et ce sera à l'Assemblée nationale de décider de cette
question. A ce moment-là, nous ferons tout simplement valoir les
recommandations que nous avons l'intention de faire valoir.
M. BIENVENUE: Très bien.
LE PRESIDENT: Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, j'aimerais ajouter quelques mots
à ce qui vient d'être dit. Si on se réfère à
la discussion que nous avions eue dès le 31 janvier, lorsque la
commission parlementaire des engagements financiers avait été
convoquée, on nous a répondu que c'était à cause de
difficultés techniques qu'on ne pouvait pas ou qu'on ne voulait pas
enregistrer les débats de la commission parlementaire des engagements
financiers. Aujourd'hui, je constate une chose: c'est que le ministre nous a
parlé de l'impossibilité de tenir un deuxième greffe et
qu'on ne veut pas rendre publics des documents de référence.
Je pense que c'est justement là le point sur lequel nous pouvons
nous baser pour insister davantage pour que la commission des engagements
financiers ait un caractère beaucoup plus officiel que celui qu'elle n'a
eu dans le passé. A l'occasion de motions que nous avons
présentées à l'Assemblée nationale pour demander la
convocation de la commission des comptes publics si ma mémoire
est bonne, au moins deux motions ont été débattues depuis
1970 à ce sujet, et ça a fait l'objet de beaucoup de discussions
en d'autres occasions à chaque fois on n'a qu'à se
référer au journal des Débats le gouvernement dit
que l'Opposition pouvait obtenir toutes les informations dont elle avait besoin
à l'occasion de réunions mensuelles qui avaient lieu à la
commission des engagements financiers.
C'est ce qu'on nous a répondu. La commission des engagements
financiers a toujours servi de paravent au gouvernement pour dire: Voici, la
commission des comptes publics est plus ou moins nécessaire. Comme vous
avez la possibilité, toutes les occasions voulues de poser toutes les
questions que vous voulez poser concernant l'administration de la province,
alors on ne verrait pas pourquoi je cite le gouvernement lui-même,
je pense, par la bouche de son leader parlementaire on ne voit pas
pourquoi il serait nécessaire de convoquer la commission parlementaire
des comptes publics.
Il y a une chose qu'on peut tirer au clair aujourd'hui, ce n'est pas une
question technique, c'est une question de caractère public et c'est une
question de réponses officielles. Donc les membres de l'Opposition, non
seulement les membres de l'Opposition, mais les autres députés de
l'Assemblée nationale pourraient se servir de ces documents lorsque nous
étudions, par exemple, les crédits des ministères ou
encore lorsque des projets de loi sont devant la Chambre pour l'étude de
tel ou tel sujet en particulier.
Après ce que je viens d'entendre, c'est très clair dans
notre esprit. Je dis que si on ne veut pas donner un caractère officiel,
un caractère qui a une certaine valeur à la commission des
engagements financiers, je me demande quelle est la valeur des
délibérations qu'on peut tenir à la commission des
engagements financiers.
J'ai ici les documents qui démontrent, entre autres, qu'on n'a
pas fourni les mêmes chiffres à la commission des engagements
financiers qu'on nous fournit lorsque nous posons des questions au feuilleton
de l'Assemblée nationale, ou encore lorsque nous écrivons
directement au ministère. C'est quand même le droit des
parlementaires d'avoir les bonnes réponses aux questions que nous
pouvons poser. Si nous n'avons aucun document, aucune référence
qui démontre que les réponses qu'on nous a données sont
des réponses réelles, que ce sont des documents sur lesquels on
peut se fier, je me demande, à partir de ce moment, comment pourra-t-on
faire notre travail de façon positive, du côté de
l'Opposition.
Il est évident que, devant la responsabilité et devant les
limites des pouvoirs dont dispose la commission de l'Assemblée
nationale, nous devrons nous contenter, encore aujourd'hui, de la proposition
faite par l'honorable ministre de la Fonction publique, à laquelle je
vais m'opposer, pour ma part, de façon certaine. Le député
de Saguenay dit la même chose, qu'il va s'opposer certainement à
cette motion. Il est évident que la question doit être
tranchée par l'Assemblée nationale. Il va falloir que le
gouvernement se réfère aux dispositions de l'article 84, motion
de suspension de l'application d'une règle de procédures, pour
tâcher que cette question soit débattue devant l'Assemblée
nationale.
Je demande aujourd'hui que cette question soit soumise à
l'Assemblée nationale, dans les limites minima que prévoit notre
règlement, de façon que cette question soit étudiée
avant l'ajournement et tranchée avant l'ajournement d'été
pour que la commission parlementaire des engagements financiers puisse
reprendre ses activités, compte tenu des recommandations qui seront
faites par l'Assemblée nationale à ce moment-là, de
façon qu'au moins nous puissions avoir les documents ou les informations
que nous avons l'habitude d'avoir.
De toute façon, en ce qui me concerne, je suis en train de me
demander, très sérieusement, si, au lieu de se démener ou
de faire des motions pour discuter de la commission des engagements financiers,
on ne devrait pas plutôt
exiger que la commission parlementaire des comptes publics siège
régulièrement, à longueur d'année, avec des dates
d'ajournement qui pourraient être prévues par les membres de la
commission. Je pense que cela réglerait tout le problème. Il
n'est pas normal que la commission des comptes publics ne siège pas. Il
n'est pas normal que le gouvernement ne rende pas compte de son
administration.
LE PRESIDENT: Je m'excuse... M. ROY: H n'est pas normal...
LE PRESIDENT: ... je dois vous ramener à la pertinence du
débat.
M. ROY: M. le Président, cela fait partie de la même
chose.
LE PRESIDENT: Vous en parlerez en Chambre, si vous voulez, mais ici, il
n'y a qu'une motion bien stricte. Est-ce que vous êtes pour ou contre?
Discutez sur la proposition que la commission de l'Assemblée nationale
recommande à l'Assemblée d'ajouter, à l'article 144 du
règlement, la phrase suivante: "La commission des engagements financiers
n'est pas sujette à cette dernière formalité." Je dois
limiter le débat, comme l'a fait d'une manière si admirable, le
député de Saguenay.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
M. BIENVENUE: Je ne voulais pas intervenir parce que j'étais
sûr que le député de Saguenay allait intervenir
lui-même auprès de son collègue.
M. GIASSON: Revenez dans le corridor.
LE PRESIDENT: C'est ça, le jeu parlementaire. Vous aurez d'autres
chances. Lorsque la motion sera présentée en Chambre, vous aurez
beaucoup plus de latitude.
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, mais je n'ai pas
l'intention de modifier ou de changer les propos que j'ai tenus tout à
l'heure, parce que j'estime que, lorsque l'on parle de la commission des
engagements financiers, on parle des comptes publics. Je pense que cela fait
partie d'un tout. Les engagements financiers, c'est une partie de ce que l'on
peut considérer comme étant les comptes publics, une partie
seulement.
Alors, il est bien évident que je suis en faveur que cette
question soit reportée devant l'Assemblée nationale de
façon que nous puissions nous exprimer, à ce moment-là,
sur cette question. Je compte prendre tout le temps qui sera mis à ma
disposition...
LE PRESIDENT: A l'Assemblée, vous aurez plus de latitude pour le
faire, d'ailleurs.
M. ROY: ... pour apporter tous les arguments que je pourrai apporter
pour tâcher de convaincre ce gouvernement, que la province, ce n'est pas
son affaire à lui, mais c'est bien l'affaire du public
québécois et que l'Opposition a son rôle à
jouer.
M. BIENVENUE: Cela est vrai.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres membres qui désirent
intervenir dans ce débat?
M. GIASSON: Non, M. le Président. Mon intervention serait
exactement dans le sens de la motion, telle que rédigée et
présentée par le ministre responsable, soit de retourner devant
l'Assemblée nationale et que l'Assemblée se prononce.
M. LESSARD: J'aimerais mieux si la motion avait été faite,
tel que le député de...
M. GIASSON: Montmagny-L'Islet.
M. LESSARD: ... Montmagny-L'Islet le dit. Mais la motion est: "La
commission des engagements financiers n'est pas sujette à cette
dernière formalité," c'est-à-dire à ce qui est
prévu à l'article 144. C'est d'ailleurs pourquoi, M. le
Président...
LE PRESIDENT: Je n'aurais pas reçu cette motion.
M. LESSARD: ... l'article 144...
LE PRESIDENT: Elle n'aurait pas été recevable, comme vous
l'avez si bien expliqué, parce que cela ne relève pas d'un
pouvoir décisionnel de la commission, mais de l'Assemblée.
M. LESSARD: Je suis d'accord, M. le Président, sur ce que vous
vous dites, c'est-à-dire que je pense qu'il appartient à
l'Assemblée nationale de décider de cette question.
Cependant, si je suis pour le fait que l'Assemblée nationale
décide de cette question, je devrai être contre la proposition qui
a été faite par le ministre responsable, à savoir que la
commission de l'Assemblée nationale recommande à
l'Assemblée d'ajouter, à l'article 144 du règlement, la
phrase suivante: "La commission des engagements financiers n'est pas sujette
à cette dernière formalité." Etant donné que je
crois que la commission des engagements financiers doit être soumise
à l'article 144 des règlements, je devrai voter contre.
Cependant, je suis d'accord avec le ministre responsable qu'il
appartient à l'Assemblée nationale de décider de cette
question.
Donc, je voterai contre la motion telle que présentée par
le ministre responsable, tout en étant d'accord sur le fait que ce soit
l'Assemblée nationale qui soit responsable de cette décision.
M. BIENVENUE: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
procéder vite au vote avant que les deux nouveaux arrivés se
mettent à opiner? Cela allait bien, M. le Président.
M. LESSARD: Je pense que la décision est assez claire, M. le
Président. L'argumentation est assez claire.
M. PARENT (Hull): Je voudrais tout simplement faire remarquer par
ailleurs que, lors de la réunion du 31 janvier 1974, la commission des
engagements financiers avait adopté des règles de pratique que
j'ai transmises à votre...
M. LESSARD: Lisez bien, M. le Président. C'est justement lors de
cette commission que nous avons dit: Suite à la décision de
l'Assemblée nationale. Nous avons exprimé, à ce
moment-là, notre abstention. Je pense que...
M. PARENT (Hull): Ce n'est pas dans la même veine. C'est
que...
M. LESSARD: ... le président de la commission est prêt
à confirmer ce que j'affirme.
M. PARENT (Hull): Ici, dans le procès-verbal: "Les règles
de pratique soumises aux membres de la commission sont acceptées pour
les fins de la présente séance, sujet...
M. LESSARD: C'est ça.
M. PARENT (Hull): ... à leur approbation officielle par
l'Assemblée nationale."
M. LESSARD: Exactement.
M. PARENT (Hull): Je veux souligner...
M. LESSARD: Je suis d'accord.
M. PARENT (Hull): ... qu'au moment où nous allons retourner
à l'Assemblée nationale pour discuter de la motion que je viens
de présenter je voudrais également que nous discutions des
règles de pratique que j'ai soumises à M. André
Archambault, le 6 février. Je pense qu'il faudrait, au même moment
où cette motion serait discutée, que les règles de
pratique de la commission soient approuvées également. C'est ce
que je voulais vous souligner, M. le Président.
M. LESSARD: C'est-à-dire...
M. PARENT (Hull): C'est que le 31 janvier, à une séance de
la commission des engagements financiers, il est dit: "Les règles de
pratique soumises aux membres de la commission sont acceptées pour les
fins de la présente séance, sujet à leur approbation
officielle par l'Assemblée nationale."
Le 6 février, j'ai transmis par la voie du secrétaire, M.
Laurier Saint-Pierre, à M. Ar- chambault, les règles de pratique
pour que l'Assemblée nationale puisse en être saisie et
décider de l'adoption des règles de pratique de cette commission,
et ces règles n'ont jamais été soumises à
l'Assemblée nationale.
M. LESSARD: M. le Président...
LE PRESIDENT: Je me demande si c'est nécessaire là.
M. LESSARD: Aucunement, M. le Président. LE PRESIDENT: Je ne
pense pas.
M. LESSARD: C'est sur ça que je veux intervenir, M. le
Président.
LE PRESIDENT: En vertu de l'article 135 A.
M. LESSARD: En vertu de l'article 135A. Il appartient à la
commission de l'Assemblée nationale de décider de ses
règles de pratique. Il y avait une seule chose qui avait
été laissée de côté, je pense. Cela a
été la question de l'enregistrement des débats à la
commission parlementaire, qui était soumis justement à l'article
144 du code Lavoie, qui avait été accepté par
l'Assemblée nationale comme telle.
Je ne pense pas, M. le Président, que nous devions ou que nous
devrions ratifier les règles de pratique de la commission de
l'Assemblée nationale parce que ces règles de pratique ont
été implicitement acceptées par les membres de la
commission des engagements financiers, excepté le fait que nous avions
fait, justement, une différence en ce qui concerne l'enregistrement des
débats. Je pense que le président de la commission des
engagements financiers est présent et peut le confirmer. Lorsque le 31
janvier, nous avons discuté de l'enregistrement des débats,
à ce moment-là nous avons accepté globalement les
règles de pratique pour la séance, excepté en ce qui
concerne l'enregistrement.
M. ROY: A l'article 144.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'on peut procéder à la mise aux
voix?
Est-ce que cette motion est adoptée, celle de l'honorable
député de Hull, ministre de la Fonction publique?
UNE VOIX: Adopté.
M. LESSARD: Sur division, M. le Président, tel que je l'ai...
LE PRESIDENT: Adopté sur division. M. LESSARD: ...
expliqué.
LE PRESIDENT: La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 15 h 50)