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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Etude du projet de loi no 87
Loi modifiant la loi de la Législature
et la loi de l'Exécutif
Séance du jeudi 26 décembre 1974
(Seize heures dix sept minutes)
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Je voudrais d'abord vous faire part des changements dont on m'a
avisé concernant les membres de la commission; je nommerai
également les membres qui sont déjà là.
M. Bédard (Chicoutimi), M. Bellemare (Johnson), M. Massicotte
(Lotbinière) remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Pépin
(Sherbrooke) remplace M. Blank (Saint-Louis); M. Brown (Brome-Missisquoi), M.
Charron (Saint-Jacques) remplace M. Burns (Maisonneuve); M. Caron (Verdun), M.
Giasson (Montmagny-L'Islet), M. Hardy (Terrebonne), M. Pelletier
(Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Lacroix (Iles-de-la-Madeleine); M.
Carpentier (Laviolette) remplace M. Lamontagne (Roberval); M. Morin
(Sauvé) remplace M. Léger (Lafontaine); M. Saint-Pierre (Chambly)
remplace M. Lévesque (Bonaventure); M. Ostiguy (Verchères), M.
Garneau (Jean-Talon) remplace M. Parent (Hull); M. Roy (Beauce-Sud) et M.
Vallières (Richmond).
Le député de Beauce-Sud avait encore une minute
relativement à sa motion.
Motion d'amendement de M. Roy (suite)
M. ROY: Merci, M. le Président. On se rappellera que j'avais
proposé une motion appuyée par mon collègue de Johnson
dans le but d'amender l'article 5 de la loi, de façon à remplacer
le montant de $21,000 par $19,000 et, dans la troisième ligne du
troisième paragraphe, que le millésime 1975 soit remplacé
par 1976.
Pour résumer, je dirais donc, M. le Président, que cette
motion respecte un voeu qui avait été présenté par
l'Assemblée nationale, un voeu qui avait été émis
et qui avait été accepté par tous les membres de
l'Assemblée nationale au moment où la loi a été
amendée, en 1970, voulant que le salaire du député
pourrait comporter une indexation annuelle de 4 p.c. C'est ce qui avait
été dit, mais, pour des raisons pratiques, il avait
été décidé, à ce moment, de laisser cela en
suspens, quitte à y revenir plus tard, lorsqu'il deviendrait
nécessaire de réamender la loi.
Or, nous avons devant nous la motion gouvernementale qui propose que le
salaire soit porté à $21,000 pour l'année 1974 et qu'il
soit indexé, à partir du 1er janvier 1975, ce qui ferait en
quelque sorte un salaire de $23,000. Il ne s'agit plus d'une indexation de 4
p.c, il s'agit d'une augmentation moyenne annuelle de 10 p.c. qui nous
apparaît beaucoup trop élevée dans les circonstances et qui
n'est pas acceptée par la population.
Il faut quand même s'assurer que le salaire de celui qui a le
mandat, la fonction de représenter une population, de représenter
un comté, respecte certains critères de justice, que ce salaire
tienne compte de ce que nous retrouvons vis-à-vis des fonctions ou
encore des responsabilités similaires dans d'autres secteurs de
l'activité économique.
Lorsque nous parlons d'une augmentation de 10 p.c, il est évident
qu'à ce moment nous dépassons tout ce que nous avons vu
d'augmentation au cours des années passées.
M. le Président, je termine; seulement trente secondes pour dire
que j'ai voulu que cette motion d'amendement respecte un critère de
justice à l'endroit de tous les députés de
l'Assemblée nationale, qu'ils soient du côté
ministériel comme du côté de l'Opposition. On aura beau
dire qu'il y a des députés qui ne méritent pas ce salaire,
je n'ai pas l'intention de porter de jugement, bien que ce soit reconnu qu'il y
en a qui ont plus de zèle, d'autres qui en ont moins pour remplir leur
mandat. Comme nous ne pouvons pas avoir deux échelles de salaires, il
appartiendra aux électeurs de chacun des comtés de porter le
jugement sur la valeur et la façon dont ils ont été
représentés par leur député à
l'Assemblée nationale. C'est à eux et à eux seuls
qu'incombe cette responsabilité. J'ai voulu être très juste
à l'endroit de tous les députés de l'Opposition. A ce
moment, je ne le dis pas seul, parce que mon collègue, le
député de Saguenay est ici, mais il est le seul ou pratiquement
le seul dans son parti à ne pas avoir droit à des
rémunérations supplémentaires à cause des fonctions
qui se rattachent dans les différents partis politiques. C'est un
député que je connais personnellement. Je sais que, comme moi et
comme bien d'autres, il a un grand comté à représenter et
que les dépenses inhérentes à sa fonction lui causent
certainement beaucoup de problèmes, comme cela peut causer des
problèmes également à d'autres députés.
Je pense que cette motion devrait être acceptée par
l'Assemblée nationale par tous les membres de l'Assemblée
nationale, parce qu'elle constitue, à mon avis, un compromis qui serait
acceptable de part et d'autre, de façon qu'on ne se retrouve pas dans un
"filibuster" qui risque de s'étendre dans le mois de janvier. Je dis, en
terminant seulement dix secondes à ce moment que c'est une
mesure qui coûtera $500,000 à la province annuellement. Je trouve
tout simplement qu'il serait ridicule de dépenser $1 million pour en
discuter.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, j'ai eu l'occasion
l'autre soir de faire un
exposé assez vaste sur le problème des augmentations de
salaire et de donner certains critères de base pour lesquels je croyais
simplement qu'un député qui travaille, mérite
véritablement une rémunération quand on la compare
particulièrement au salaire qui est payé et conditionné
depuis la confédération à tous les salaires qui ont
été payés aux sous-ministres. De tout temps, depuis les
lois de 1928, 1929, 1941, 1946, 1952, 1953, 1956, 1957, 1958, 1959, 1960, 1961,
1963, 1964, 1965, 1971, toutes les lois qui ont ajusté
l'indemnité et les allocations des députés correspondaient
toujours avec le salaire qu'avait un sous-ministre, soit un sous-ministre
adjoint ou un sous-ministre ordinaire.
Quand on compare, M. le Président, depuis tant d'années,
l'échelle de salaires qui s'est payée et que l'on constate
qu'aujourd'hui, en 1974, un sous-ministre en titre reçoit le salaire de
$38,000 par année et qu'un député ordinaire reçoit
$15,600, plus l'allocation de dépenses, bien sûr, M. le
Président, parce que nous avons toujours, nous, particulièrement,
les députés, deux maisons à entretenir ou deux foyers, je
dis, M. le Président, que ces statistiques prouvent à
l'évidence que nous méritons, et je ne m'en cache pas, une
augmentation dans les salaires de base. Je dis, comme M. Diefenbaker vient de
le dire à Ottawa, à son retour de la Barbade, qu'il ne faut pas
qu'il y ait une exagération non plus. Il faut que cela soit
modéré, une augmentation qui soit justifiée.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce nous disait, l'autre
soir, qu'après avoir regardé un tableau statistique sur les
conventions collectives, les conventions collectives représentaient
beaucoup plus que ce que j'avais affirmé. Je pense que l'augmentation
qu'on a donnée dans toutes les conventions collectives jusqu'à ce
jour a toujours été évaluée entre 16 p.c. et 17
p.c. Je crois que, si on voulait suivre ce barème de 16 p.c. et de 17
p.c. d'augmentation dans les conventions collectives qui ont été
négociées durant l'année en cours et l'année
précédente, nous arriverions peut-être, comme l'avait dit
la loi de l'ajustement des salaires en 1972, à 4 p.c. de
prévisions d'indexation à la vie, c'est-à-dire à 16
p.c. A 16 p.c, nous arriverions, je crois, à un chiffre assez
raisonnable, celui de la motion de mon collègue, le député
de Beauce-Sud, à $19,000 comme base. Je pense, M. le Président,
que $19,000 comme base, personne ne pourrait nous en tenir grief, à
cause des dépenses énormes que nous avons à subir,
à cause, principalement du caractère particulier que doit jouer
un député du Parlement et, particulièrement aussi,
à cause de notre rang que nous devons occuper.
Je ne pense pas qu'il faille, demain matin, dire que les
députés ne font plus partie de l'élite
québécoise. Au contraire, je pense qu'un député
doit faire partie de l'élite. Mais, par exemple, quand on
considère les salaires qui sont payés au président de Bell
Téléphone, qui est un membre de l'élite sûrement, et
qui a $122,000 par année, quand on compare le salaire qui est
payé à un membre de l'élite, le président de
l'International Paper, $112,000, et que l'on considère, M. le
Président, ce qui est payé à notre dévoué
président d'Hydro-Québec, je pense qu'il est raisonnable qu'un
député qui donne sa vie, qui met ses talents au service...
Vous irez voir Pierre Laporte où il est, vous demanderez
où est Daniel Johnson et vous demanderez où est Jean-Jacques
Bertrand ! Ce sont des gars qui ont donné leur vie pour la patrie
québécoise. Vous arrêterez de rire après. Quand on
n'est pas capable d'assumer ses responsabilités, on n'est pas
député. J'en ai trop vu mourir à l'oeuvre pour que vous
veniez rire ici à nos nez. Où sont les députés de
1944? Il en reste huit sur 92.
UNE VOIX: Je les porte mes responsabilités aussi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Je voudrais rappeler pour la
première et dernière fois qu'on peut être ici à
titre d'observateur, mais non pas pour intervenir.
A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je répète
donc que les députés ont des vies plus compliquées que
celles des individus ordinaires. On est obligé d'avoir des vies
familiales, nous aussi, mais nous passons une grande partie de notre temps dans
notre comté à nous dévouer pour des oeuvres sociales, pour
être représentés et y être, pour faire du bureau,
quelquefois quinze heures par jour. Il y a bien des gens qui ne font pas
ça. Les employés, qui travaillent avec des conventions
collectives de trente-deux heures et demie par semaine, reçoivent
$30,000 à $35,000 et les députés, qui travaillent soixante
heures par semaine, en reçoivent $15,700. Je n'ai pas honte, comme
député de Johnson, après 30 ans de vie publique, de dire
que j'ai une certaine expérience et je ne suis pas un hypocrite. Je suis
en faveur d'un salaire raisonnable pour les députés et je pense
qu'ils le méritent grandement, sauf les exceptions, comme il y en a
partout. Il peut y en avoir dans l'église, il peut y en avoir dans la
société, il peut y en avoir au Parlement. L'absentéisme
est un mal qui ronge notre société, particulièrement notre
parlementarisme.
Je dis et je répète qu'actuellement le salaire que me paye
la province représente $0.40 par électeur dans mon comté.
S'il y a une augmentation à $19,000, ça représentera $0.50
d'augmentation. Il est temps qu'on le dise et qu'on arrête de faire des
jeux de mots sur un salaire que nous gagnons véritablement. Si nous ne
sommes pas en Chambre, nous manquons à notre devoir. Si nous ne sommes
pas dans notre comté pour s'occuper des besoins de nos électeurs,
nous manquons à notre devoir. Si
nous ne répondons pas aux appels qui nous sont faits par toutes
les associations afin de souscrire dix fois plus qu'un homme ordinaire, nous
manquons à notre devoir.
Il faut vivre la vie d'un membre de la Législature comme je l'ai
vécue pendant 30 ans pour savoir qu'un salaire de $15,700 aujourd'hui
n'est pas raisonnable et qui si, demain, la Législature se prononce en
faveur d'une augmentation, on devrait aussi penser à revaloriser le
rôle du député. Qu'on arrête donc dans les journaux
et dans les réunions publiques de se moquer d'un député!
Qu'on apprenne donc à le respecter plutôt pour son serment
d'office et pour le dévouement qu'il donne à sa province!
M. le Président, quand je regarde sur les banquettes qui sont en
avant de moi, je ne vois plus un seul député de 1944, je n'en
vois plus un seul de 1952. J'en vois quelques-uns de 1956 qui sont
restés. Ceci, M. le Président, pour vous dire qu'après
l'élection de 1944, nous étions 90 députés
assermentés, il en reste huit de mon groupe qui sont encore vivants.
C'est une statistique assez éloquente. On a vu Pierre Laporte payer de
sa vie parce qu'il était ministre d'un gouvernement. Je ne fais pas ici
de politique, M. le Président, je voudrais être le plus objectif
possible, mais j'ai vu un Daniel Johnson, par exemple, élu en 1946, mort
à l'âge de 54 ans. J'ai vu un Paul Sauvé, qui a eu le
courage d'aller à la guerre, qui est revenu siéger dans cette
Chambre pendant 30 ans et qui est mort à 52 ans. J'ai vu un Bertrand
mourir, parce que certaines personnes lui ont dit qu'il avait été
un traître quand il avait voté le bill 63. Ils l'ont accusé
d'être traître à sa race, cela a fait mourir Jean-Jacques
Bertrand. Il me l'a dit un soir: II n'y a rien de plus cruel que de se faire
traiter de traître quand on fait son devoir.
M. le Président, je voudrais vous dire ceci en terminant. Mon
intervention a peut-être été un peu plus colorée que
d'habitude, parce que je ne voudrais pas que ceux qui nous entendent
présentement pensent qu'on est à faire de la "tripouille" ou
à jouer avec les deniers publics. C'est plus sérieux que cela. Le
rôle d'un député, on passe son temps à la radio,
dans les journaux à le dévaluer. Que faisons nous, nous,
députés pour aller le dire à la radio comme l'a fait le
député de Fabre l'autre jour, et je le félicite? Qu'est-ce
qu'on fait pour répondre à toutes ces attaques qui viennent de
partout et qui atrophient le cerveau des jeunes? Il pensent que nous ne faisons
ici que des balivernes, mais il y en a qui travaillent, M. le Président.
Cela devrait être dit publiquement, pas seulement une fois, mais des
dizaines de fois, au lieu de se moquer d'un député, au lieu de
rire d'un député parce qu'à un moment donné il peut
avoir posé un geste qui est peut-être un peu plus drôle
qu'un autre, mais dans combien de vies publiques ne voyons-nous pas, nous,
répéter la même chose?
Je vois des maires, aujourd'hui, qui gagnent, $12,000, $15,000 et
$18,000 par année, qui n'ont pas notre responsabilité. Qui se
vote ces augmentations? Est-ce que ce ne sont pas les échevins et le
maire? Nous autres, on va être accusé parce que, devant des
statistiques bien détaillées, les députés se
votent, devant l'opinion publique, même malgré certaines
protestations qui sont machinées contre le Parlement, contre le
parlementarisme... On veut égaliser tout le monde. En 1792, les
sans-culottes ont égalisé tout le monde, les bourgeois, mais la
dernière tête qui a tombé, ç'a été
celle de Robespierre, l'instigateur de la révolution. Ils l'ont
égalisé, lui aussi.
Voulons-nous vivre ça encore? Nous en avons tous la chance, en
continuant de déprécier notre Parlement et de rire de nos
députés, de s'en moquer. Non, M. le Président, nous devons
appartenir à l'élite. Si nous ne sommes pas l'élite, que
serons-nous? Je le dis et je le répète pour la milième
fois. Un député qui fait son travail, qui entre ici à 8
heures le matin, pas à 10 heures, nous n'avons pas de convention
collective, ni personne pour nous surveiller, mais celui qui entre ici à
8 heures et qui en sort parfois après minuit, que ceux qui veulent rire
en rient, qu'ils viennent me voir à mon bureau et en voir d'autres qui
travaillent jusqu'à minuit! Quand il s'agit de préparer des
dossiers, quand il s'agit de préparer certaines revendications ou
certaines représentations sur certains projets de loi, il ne faut pas
dire n'importe quoi, devant n'importe qui, M. le Président.
Je prétends, par exemple, qu'un député doit
être présent en Chambre et qu'il devrait y avoir de
sévères pénalités pour ceux qui n'assistent pas aux
séances: $100 par jour, je le recommanderais demain matin, M. le
Président, pour ceux qui, à l'appel de 4 heures ou à
l'appel de 9 heures, ne seraient pas à leur siège, au moins pour
faire acte de présence. $100 par jour, le compte devrait lui être
envoyé immédiatement par le secrétaire
général de l'Assemblée nationale, quitte à lui de
se défendre, quitte à lui de faire sa preuve, s'il est malade ou
demandé pour des représentations. S'il a une bonne raison, on
déchirera l'avis. Mais, le lendemain matin, le secrétaire
général devrait envoyer à ce parlementaire une
pénalité d'au moins $100 par jour. Celui et ceux qui emploient
des expressions malodorantes, des expressions et des épithètes
mal venues, dans une Chambre comme la nôtre, devraient être
pénalisés immédiatement par le président de $25;
$25 pour une épithète, à celui qui dirait: Vous êtes
un lâche, vous êtes un bandit, vous êtes un voleur; $25,
monsieur, pour avoir dit des choses aussi antiparlementaires ou accuser
injustement un de vos collègues.
M. le Président, je regrette infiniment ce ton que j'ai
employé, qui devrait être un ton plus serein le lendemain du jour
de Noël où on dit: Paix sur la terre aux hommes de bonne
volonté. Bien, mesdames et messieurs, nous en sommes des hommes de bonne
volonté.
A 30 ans, j'ai décidé de prendre une orientation
particulière, soit celle de devenir député de
mon comté. J'ai subi huit élections
générales et je pense que j'ai témoigné, pendant
les 30 ans de ma carrière politique, de beaucoup de dévouement et
d'attachement à ceux qui m'ont élu. Je suis encore honoré
d'être député d'un comté, à l'âge que
j'ai, un comté semi-rural, semi-urbain, composé de 27,000
électeurs, mais qui m'ont fait confiance dans des circonstances bien
particulières. Je les remercie et j'essaierai, par mon travail, non pas
seulement à cause de l'argent qui nous est payé comme
indemnité, non, M. le Président... J'ai laissé tomber une
pension de $21,000, pension que j'avais acquise par mes années de
service et à laquelle j'avais contribué à 10 p.c. de mon
salaire. J'ai laissé tomber ma pension de $21,000, que je ne
reçois plus aujourd'hui, pour accepter un salaire de $15,600.
L'amour de ma profession et surtout le désintéressement
que j'y ai mis jusqu'à aujourd'hui à bien servir les
intérêts de mes électeurs m'ont amené sur cette voie
que j'ai choisie et à laquelle je me suis ardemment attaché, pour
le plus grand bien, je pense, de mes concitoyens, les
Québécois.
Il n'est pas question de vouloir faire un tantinet de politique, qu'elle
soit rouge, bleue, caille, verte, mais il est temps qu'on discute avec bon
sens, raisonnablement. Je pense qu'avec ces deux sanctions celle de
l'absentéisme et celle des quolibets malveillants pour nos
collègues qui pourraient être tenus en Chambre on
réussirait à redonner à notre Parlement et aux
députés beaucoup plus de prestige. Je vous remercie, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Etes-vous prêts à voter? Nous
allons prendre le vote.
M. MORIN: Non. M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: Je voudrais dire au député de Beauce-Sud que la
solution qu'il vient de proposer est certainement meilleure que celle qui est
contenue dans le projet de loi. Je n'hésite pas à dire que
$19,000, c'est plus raisonnable que $21,000 et, à plus forte raison,
est-ce plus raisonnable que le salaire véritable que ce projet de loi va
mettre en vigueur dès le 1er janvier, qui n'est pas de $21,000, mais de
$23,205.
Dans le premier cas, cela entraîne une augmentation réelle
de l'ordre de 50 p.c, comme j'ai tenté de le démontrer l'autre
jour, lorsqu'on ne tient pas compte de l'allocation.
Si on ajoute l'allocation, évidemment, cela diminue le
pourcentage, mais il faut tout de même constater, M. le Président,
que cela fait encore un salaire total de $30,000.
Je n'ai pas l'intention de reprendre toute l'argumentation que j'ai fait
valoir l'autre jour, mais de soulever certains points qui me parais- sent
pertinents, parce que la motion signifie, en fait, si j'ai bien compris le
député de Beauce-Sud, que les collègues toucheraient
désormais, à compter du 1er janvier, $26,000, lorsque l'on met
ensemble indemnité et allocation, et environ $28,000, à compter
de janvier 1976, étant donné qu'il a repoussé la date
à laquelle s'appliquerait l'indexation.
M. ROY: M. le Président, si on me permet de préciser, la
motion comporte deux volets: premièrement que le montant de $21,000 soit
réduit à $19,000 et que, deuxièmement, la formule
d'indexation proposée qui devait être effective le 1er janvier
1975 le soit, mais le 1er janvier 1976.
M. MORIN: C'est exactement cela. Je chiffrais la proposition du
député de Beauce-Sud.
M. le Président, malgré l'effort que nous reconnaissons de
la part de l'Opposition crédi-tiste et unioniste, en ce qui nous
concerne, nous préférons nous en tenir à la situation
actuelle tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas fait l'effort
nécessaire pour que l'ensemble des Québécois soient
indexés. Ce n'est pas seulement une question de montants, M. le
Président, c'est une question de principe. Il serait si facile de faire
en sorte qu'immédiatement, dans les semaines qui viennent, le salaire
minimum soit porté à $2.50. Il est insuffisant, à l'heure
actuelle, pour faire vivre une famille. Ce n'est pas avec $92 par semaine qu'on
peut faire vivre une famille. Il n'y a pas un député qui va
soutenir cela à cette table.
Ce ne serait pas si difficile, également, de l'indexer, ce
salaire minimum. Je ne vois pas pourquoi on se refuse à le faire. En
second lieu, nous avons proposé une autre condition. Beaucoup de
travailleurs, même parmi ceux qui sont syndiqués et qui sont en
meilleure posture pour se défendre devant la hausse du coût de la
vie, devant la perte de leur pouvoir d'achat, sont aux prises avec des
conventions collectives qui sont en cours, qui ne viennent à expiration
que dans un an, dans un an et demi, quelquefois dans deux ans. Dans ces
conventions collectives signées à l'époque où
l'inflation commençait à faire sentir ses effets, mais où
elle n'était pas encore devenue galopante comme elle l'est actuellement,
on ne trouve pas, dans la plupart des cas, de clauses d'indexation des
salaires.
Plusieurs syndicats ont obtenu des clauses d'indexation, ce qu'on
appelle des clauses de vie chère, plusieurs ont même obtenu la
réouverture en cours de contrat de leur convention. Pourquoi
n'étendrions-nous pas cette règle à toutes les
conventions, non pas pour imposer tel ou tel pourcentage d'indexation, mais
pour permettre aux travailleurs de négocier avec leur employeur, compte
tenu des conditions qui prévalent dans chaque industrie, des clauses
d'indexation réalistes?
Nous ne demandons pas plus que cela. Je l'ai dit l'autre jour, M. le
Président, et je ne sais pas
si cela a toujours été clair, les députés de
cette Chambre ont sans doute droit à une certaine indexation. La vie
augmente pour eux comme pour les autres, mais elle augmente d'abord et avant
tout pour les Québécois et, en particulier, pour ceux qui sont au
bas de l'échelle des salaires.
C'est la raison pour laquelle nous avons dit: Oui, messieurs, d'accord
pour l'indexation, mais indexons tous les Québécois.
Occupons-nous d'abord de ceux qui en ont bien plus besoin que nous, de ceux qui
sont plus fortement touchés par la hausse du coût de la vie, par
la perte du pouvoir d'achat. Il ne faut pas oublier que ce qui monte le plus
à l'heure actuelle, c'est le prix des denrées alimentaires. Les
denrées alimentaires ont augmenté de 17 p.c. au moins au cours de
l'année écoulée. On annonce 15 p.c. à 16 p.c. pour
l'année qui vient, ce qui est une façon de nous promettre
peut-être 18 p.c. ou 20 p.c. La vie monte pour les députés,
c'est un fait, mais elle monte aussi pour l'ensemble des
Québécois.
Alors, messieurs, est-ce que nous ne vous tendons pas une carotte
suffisante? Nous disons: Oui, vous allez l'avoir l'indexation, mais que le
gouvernement fasse l'effort d'indexer tous les Québécois. Si
c'est bon pour nous, j'ai la conviction que c'est bon pour l'ensemble des
Québécois. Si nous faisons ce raisonnement que cela nous est
absolument nécessaire pour arriver à joindre les deux bouts, si
nous ne sommes pas entièrement bouchés aux réalités
sociales, nous devons admettre que c'est encore plus nécessaire pour les
bas salariés, pour ceux qui se situent au bas de l'échelle des
salaires et qui ont bien plus de difficultés que nous à joindre
les deux bouts.
M. le Président, ces deux conditions, je pensais que le
gouvernement allait les accepter, je pensais que le premier ministre ou le
ministre des Finances allait se lever en Chambre et nous dire: Ah! c'est
seulement cela que vous réclamez comme condition, c'est tout naturel,
puisqu'il est normal d'augmenter les députés, nous allons
considérer également comme normal d'augmenter toute la
population, de faire en sorte que tout le monde ait sa part. Ce n'est pas ce
que le gouvernement a choisi de faire. Au contraire, il a décidé,
semble-t-il, d'aller jusqu'au bout et d'imposer ce projet de loi, coûte
que coûte. Même le directeur du Devoir s'interroge sur le moment
où ce projet de loi nous est proposé. A mon avis, il ne peut y
avoir de temps plus mal choisi. Je me permets de lire un ou deux passages qui
sont particulièrement éloquents, qui sont tirés de son
editorial du 17 décembre 1974: "On ne saurait trop déplorer
écrit M. Claude Ryan la détestable habitude,
suivant laquelle les gouvernements choisissent presque invariablement le moment
le moins opportun pour soulever une question délicate, entre toutes, en
démocratie, soit la rémunération des parlementaires. Les
jours qui précèdent le congé des fêtes se
prêtent moins que toute autre période à un débat
sérieux et serein. Pourquoi, si ce n'est parce qu'ils tiennent en estime
peu élevée le jugement de leurs concitoyens, Ottawa et
Québec choisissent-ils de nouveau ce temps peu propice pour proposer des
changements importants du mode de rémunération des
députés." Je voudrais que tout le reste de l'éditorial
soit à l'avenant, malheureusement, j'imagine que les ministériels
voudront en citer d'autres extraits tout à l'heure. J'en retiens un
autre en particulier.
M. SAINT-PIERRE: Vous ne pouvez pas le faire vous-même?
M. MORIN: J'en retiens un autre... Oui, oui, effectivement, à
l'invitation du ministre de l'Industrie et du Commerce, je vais lire un autre
extrait qui me semble, également, fort éloquent. "Si les
députés sont actuellement rémunérés selon
des barèmes raisonnables, la seule question qui se pose, c'est de
déterminer si les hausses qu'on projette de leur accorder sont
acceptables. Or, il tombe sous le sens qu'à Ottawa, à tout le
moins, on s'apprête à décréter des hausses nettement
excessives, parce qu'à ce moment, les hausses outaouaises...
M. SAINT-PIERRE: ... allez donc en bas...
M. MORIN: ... étaient connues, elles étaient de 50 p.c.
Or, les hausses québécoises sont maintenant connues. Elles sont
également de l'ordre de 50 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes malhonnête! M. MORIN: M. le
Président... M. SAINT-PIERRE: Allez en bas de la... M. MORIN: M. le
Président...
M. SAINT-PIERRE: Vu dans cette perspective, ce que propose le
gouvernement Bourassa...
M. MORIN: ... le ministre de l'Industrie et du Commerce, tout à
l'heure, citera d'autres extraits...
M. SAINT-PIERRE: Ah bon!
M. MORIN: ... du même éditorial.
M. SAINT-PIERRE: Je voulais le laisser pour prouver votre
honnêteté intellectuelle.
M. MORIN: Je ne voudrais pas prendre le temps de la commission pour
citer les autres extraits. C'est un fait que M. Ryan, dans l'ensemble, avant
cependant de connaître les chiffres...
M. SAINT-PIERRE: La loi était déposée...
M. HARDY: La loi était déposée.
M. MORIN: ... mais l'éditorial que je vous cite, il ne
connaissait pas les chiffres...
M. HARDY: Voyons donc!
M. MORIN: ... c'est bien évident...
M. SAINT-PIERRE: Ils sont plus bas que ceux du rapport.
M. MORIN: M. le Président, l'augmentation j'ai hâte
d'entendre le ministre là-dessus tout à l'heure
québécoise est bien également de 50 p.c. Ce qui est vrai
à Ottawa est également vrai à Québec. Si c'est
excessif à Ottawa, c'est excessif à Québec.
M. le Président, le moment ne peut pas être plus mal
choisi. Je l'ai dit longuement, l'autre jour, en Chambre. A un moment où
le ministre de l'Industrie et du Commerce lui-même, bien que par la
suite, il ait tendu à nuancer ses propos, nous a annoncé que
l'année 1975 ne serait peut-être pas si rose que cela, que cela
allait être une année certainement moins prospère que
l'année 1974. A un moment où les économistes et des
organismes que le ministre, j'imagine, ne voudra pas dénoncer
comme la National Conference Board annoncent une mauvaise année
sur le plan du produit national brut, une mauvaise année sur le plan du
chômage. Le moment ne saurait être plus mal choisi pour proposer
une augmentation de cet ordre, parce qu'en réalité c'est une
augmentation que nous propose le gouverment, et c'est également une
augmentation que nous propose le député de Beauce-Sud, à
moins, M. le Président, justement en voyant venir ces temps difficiles,
que le gouvernement ne se soit dit: C'est le moment d'augmenter les salaires
des députés, parce que d'ici quelques mois, jamais on osera le
faire, alors que la conjoncture aura évolué dans un sens
défavorable et que les Québécois, jamais, ne nous
pardonneraient une augmentation alors que le chômage sera peut-être
à 8 p.c. ou 10 p.c, alors que le produit national brut stagnera, alors
qu'il sera probablement au point 0, sinon même en dessous du 0, par
rapport à l'année dernière. D'ailleurs le ministre
le sait en ce moment, trimestre par trimestre, dans l'ensemble du pays,
nous sommes au 0, en termes de PNB. M. le Président, dans les autres
provinces, on n'a pas jugé opportun de décréter des
augmentations de cet ordre.
M. SAINT-PIERRE: La Colombie Britannique.
M. MORIN: La Colombie-Britannique...
M. SAINT-PIERRE: La social-démocratie là-bas...
M. MORIN: ... est effectivement la mieux payée avec un total de
$24,000, si l'on comprend, à la fois, les indemnités et
l'allocation. Une indemnité de $16,000, une allocation de $8,000. Mais
le Québec...
M. SAINT-PIERRE: En pourcentage, le gouvernement socialiste a
donné combien d'augmentation aux députés en Colombie
Britannique?
M. MORIN: M. le Président, je ne sache pas que ce soit le
gouvernement soi-disant socialiste...
M. SAINT-PIERRE: Ah oui!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. MORIN: ... parce que déjà auparavant, en Colombie
Britannique du temps de M. W.A.C. Bennett, mieux connu sous le nom de Wacky
Bennett, les salaires n'étaient peut-être pas les plus
élevés au Canada, mais certainement les plus raisonnables.
M. SAINT-PIERRE: Les plus bas.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Ils ont été augmentés de combien?
Cent pour cent.
M. MORIN: Mais je n'ai pas d'objection à lier le dialogue avec le
ministre de l'Industrie et du Commerce, sauf que peut-être il pourrait
nous faire connaître sa position en long et en large tout à
l'heure. Je suis convaincu qu'il voudra intervenir sur cette motion du
député de Beauce-Sud.
M. le Président, le Québec vient tout de même au
second rang, et que je sache, ce n'est pas la seconde province en termes de PNB
et en termes de croissance. Le Québec, sur le plan des salaires
déjà payés en ce moment à ses
députés, se situe au second rang lorsqu'on fait le total des
indemnités et de l'allocation. Cela donne $22,740 à l'heure
actuelle. Si l'on considère que l'Ontario voisin, plus riche que nous,
Québécois, plus développé et avec lequel
l'écart tend à s'accroître en ce moment, en termes de
croissance industrielle, plutôt que de se réduire, on doit
admettre que l'Ontario vient après le Québec pour ce qui est du
salaire des députés. L'Ontario vient en troisième rang
avec un total de $22,500 pour une indemnité de $15,000 et une allocation
de $7,500.
Pourquoi serions-nous les premiers à donner le mauvais exemple
à la population, alors qu'Ottawa a décidé de reculer
maintenant et de repenser à son affaire devant la levée de
boucliers qui a eu lieu à travers le pays lorsqu'on a annoncé
l'augmentation de 50 p.c.
Je comprends pourquoi les fédéraux ont
décidé de reculer et je m'interroge et ne
comprends pas que les ministériels, après avoir pris
connaissance du sondage Gallup l'autre jour, n'aient pas, eux aussi,
décidé de faire marche arrière ou, en tout cas, de
proposer quelque chose de plus raisonnable.
M. SAINT-PIERRE: Donnez donc la question sur l'enquête Gallup.
C'est l'augmentation de salaire au niveau fédéral. Soyez au moins
un petit peu honnête.
M. MORIN: Non, M. le Président, la question était la
suivante. Il y avait trois questions.
M. SAINT-PIERRE: Au niveau canadien, pour l'augmentation de salaire des
parlementaires, au Parlement d'Ottawa, l'augmentation était beaucoup
plus forte et le niveau de rémunération est beaucoup plus fort
qu'ici. Citez-moi Ryan, citez-moi Gallup...
M. MORIN: Bon, je voudrais vous demander...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Soyez honnête!
M. MORIN: ... très modérément de rappeler le
ministre à l'ordre et...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. SAINT-PIERRE: Je vous rappelle à l'honnêteté.
M. MORIN: ... puisqu'il m'a demandé de citer les questions, je
m'en vais les citer. Il y avait trois questions.
M. SAINT-PIERRE: Au niveau canadien.
M. MORIN: Croyez-vous que les salaires payés aux
députés fédéraux sont trop élevés,
pas assez élevés ou insatisfaisants?
Deuxième question: Que pensez-vous des salaires des
députés provinciaux? Vous l'aviez vu cette question-là.
Alors, ne venez pas soutenir que ça touchait seulement le
fédéral.
M. SAINT-PIERRE: Répondez.
M. MORIN: Bon. Au niveau des provinces, on considère dans 41 p.c.
des cas que les salaires sont trop élevés et, dans 34 p.c. des
cas, qu'ils sont satisfaisants. Si je ne m'abuse, cela fait un total de 75 p.c.
Les trois quarts des citoyens estiment qu'au niveau provincial, les salaires
sont soit satisfaisants, soit déjà trop élevés. Ce
sont quand même des chiffres dont il faut tenir compte. Il n'y a que 5
p.c. de la population qui estime que les salaires ne sont pas assez
élevés. Il y a des indécis qui représentent 20 p.c.
de l'échantillon.
Si j'étais le gouvernement, si j'étais collègue
libéral, je m'interrogerais sur ces chiffres, j'y songerais deux fois
avant de proposer une augmentation de l'ordre de celle que nous proposons. Et
même, si j'étais le député de Beauce-Sud, je me
poserais des questions devant un tel sondage. Les Canadiens...
M. ROY: Je peux me poser des questions et je dois dire, je ne veux pas
être désagréable à l'endroit du chef de
l'Opposition, mais je suis assez grand et assez vieux pour poser mes questions
moi-même.
M. MORIN: J'admets volontiers que le député de Beauce-sud
est capable de se poser des questions. Il s'en pose et c'est d'ailleurs la
raison pour laquelle je suis sûr qu'en toute bonne foi il a
proposé l'amendement. Et là-dessus, je ne mettrais jamais, sur un
tel point, la bonne foi du député de Beauce-Sud en jeu. Il peut
en être sûr mais je lui demande s'il n'a pas lieu de s'interroger
devant des sondages comme ceux-là qui représentent même
l'opinion des Canadiens moyens.
M. le Président, il y a tout de même un argument dont il
faut tenir compte. D'ici quelques mois, le ministre des Finances va
probablement être appelé à inviter les
Québécois à se serrer la ceinture. Il va être
obligé de dire aux Québécois: Chers concitoyens, la
conjoncture a pris une tournure plus défavorable que nous ne le
croyions, cela vient des Etats-Unis... Cela vient toujours d'ailleurs,
l'inflation, le chômage; ce n'est jamais typiquement
québécois; cela vient des Etats-Unis ou cela vient du monde
occidental ou cela vient de l'économie générale. Nous ne
sommes jamais responsables. Quand cela va bien, c'est le gouvernement
québécois qui fait son devoir, qui fait bien les choses, mais
lorsque cela vient de l'extérieur, lorsque la situation tourne mal,
jamais il n'est responsable. Ce sont toujours les autres.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. MORIN: M. le Président, il est bien évident que, si le
ministre des Finances, voire le ministre de l'Industrie et du Commerce, sont
obligés d'annoncer des restrictions d'ici quelques mois, si le ministre
de l'Industrie et du Commerce est obligé de dire: Je regrette, mais les
subventions vont devoir se faire plus rares, même au moment où
elles seraient plus nécessaires pour relancer l'économie; si le
ministre des Travaux publics, si le ministre de l'Agriculture sont
obligés de dire: Bien oui, cela va de plus en plus mal, mais nous
regrettons, les revenus commencent à baisser parce que l'activité
économique baisse et il va falloir se serrer la ceinture, j'entends
d'ici le ministre de l'Agriculture ou le ministre de l'Industrie et du Commerce
ou l'un quelconque des ministres dire aux Québécois: C'est une
situation regrettable, mais
nous n'y pouvons rien et nous sommes obligés, au moment
même où il faudrait entreprendre de grands travaux pour relancer
l'économie, au moment où il faudrait subvenir aux besoins de ceux
qui, de plus en plus nombreux, vont se trouver en chômage ou à
l'assistance sociale; nous regrettons, chers concitoyens, mais comprenez que
cela va mal, qu'est-ce que les Québécois vont nous
répondre, nous qui aurons, à ce moment-là, un salaire de
base de $30,000 indexé, qui sera peut-être de $35,000
l'année prochaine, de $40,000 d'ici deux ou trois ans? Qu'est-ce qu'ils
vont nous répondre, les Québécois? Je vais dire les choses
poliment, M. le Président, parce que j'imagine que les
Québécois vont nous parler dans le nez avec les termes qui leur
sont propres, mais ils vont nous dire, en gros: Messieurs les
députés, si vous vouliez nous demander de nous serrer la
ceinture, il fallait donner l'exemple au moment où votre salaire,
où vos allocations étaient en cause. Je ne sais pas ce qu'on va
pouvoir leur répondre à ce moment-là. Qu'est-ce que nous
allons leur dire?
Les Québécois refuseront de se serrer la ceinture; ils
refuseront la discipline sociale que nous leur suggérerons, discipline
sociale qui sera nécessaire objectivement, mais, subjectivement, ils
seront incapables de l'accpeter parce qu'ils nous diront: C'était
à vous, messieurs les députés, messieurs les ministres,
c'était à vous de donner l'exemple et de vous comporter de
façon disciplinée, sachant, comme vous le saviez, que
l'économie allait prendre une tournure pour le plus mauvais en 1975.
M. le Président, si, voyant venir ces nuages qui s'accumulent sur
l'horizon économique, si, voyant venir ces nuages, nous avions au moins
le courage de dire: Servons d'abord les Québécois, ensuite, nous
nous servirons, nous, de l'Opposition officielle, nous nous montrerions
beaucoup plus réceptifs aux suggestions du gouvernement. Mais comme ce
n'est pas le cas, comme, malgré les nuages noirs, nous sommes parmi ceux
qui se dépêchent de courir pour se mettre à l'abri en
disant: Après nous, le déluge c'est cela, notre attitude,
en ce moment après nous, le déluge, et les
Québécois, eh bien! ils se démerderont comme ils pourront,
le moment venu.
M. le Président, nous, de l'Opposition, nous ne saurions partager
cette attitude. Encore une fois, nous reconnaissons que les
députés ont des besoins comme les autres. Il n'est pas question
de nier cela. Il est simplement question de dire que nous ne devons pas
être les premiers servis, mais les premiers à servir. Merci, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en m'opposant à
l'amendement qui a été mis de l'avant par le député
de Beauce-Sud, je pense que les raisons que je pourrais invoquer pour- raient
servir aux deux cousins qui nous ont donné des motifs pour appuyer ou
pour s'opposer à l'augmentation de salaire.
M. ROY: Comment avez-vous dit? M. SAINT-PIERRE: Deux cousins.
M. ROY: Voulez-vous préciser?
M. SAINT-PIERRE: Je vais sûrement le préciser. C'est bien
connu que, dans la population, il y a quelque chose de commun entre
l'argumentation du Parti créditiste et celle du parti
séparatiste.
M. ROY: Oui, parce qu'on est en face d'un gouvernement
surreprésenté.
M. SAINT-PIERRE: Non, ce n'est pas ça, c'est que, finalement, on
sait tous que le parti séparatiste n'est, après tout, que du
crédit social pour intellectuels. Lorsqu'on examine...
M. ROY: A quelle heure vous êtes-vous couché hier?
M. SAINT-PIERRE: Très tôt. M. le Président,
lorsqu'on examine les motifs qui ont été invoqués par le
député de Beauce-Sud, on les comprend. Ce sont les raisons qu'on
peut donner directement aux gens dans son comté, pour dire: Ecoutez, mes
amis, $21,000 c'est trop, $19,000, ce serait mieux, c'est vrai qu'il faut que
le salaire des députés augmente, c'est vrai, il l'a dit
lui-même, il en a la conviction, que le salaire ne doit pas rester au
même niveau, mais ça ne peut pas aller à $21,000, c'est
$19,000. J'ai écouté attentivement ses arguments et je ne les ai
pas compris. On a évoqué les 4 p.c. qui avaient été
mentionnés dans la loi mais on ne semble pas tenir compte du tout, au
niveau des dates et au niveau des taux de croissance, de ce qui s'est
passé, soit au niveau de l'inflation, soit au niveau du salaire moyen
des ouvriers canadiens. Du côté du chef de l'Opposition, inutile
de rperendre toute son argumentation, c'est plus sophistiqué, mais,
fondamentalement, c'est peut-être aussi hypocrite que dans le premier
cas.
M. MORIN: Jouez donc franc jeu...
M. SAINT-PIERRE: Venons-en, M. le Président, à quatre
raisons.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
UNE VOIX: On veut écouter.
M. ROY: Je vous remercie, j'ai pris la peine de dire, dès le
début... M. le Président, question de privilège.
M. DESJARDINS: II n'y a pas de privilège en commission.
M. ROY: J'invoque le règlement d'abord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de règlement, le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je n'ai traité personne d'hypocrite jusqu'à
maintenant, M. le Président, j'ai fait une proposition, en toute
objectivité, elle m'appa-raissait raisonnable.
M. SAINT-PIERRE: C'est vrai.
M. ROY: Je n'ai pas eu le temps de répéter, parce que le
président ne me l'aurait pas permis, l'argumentation que j'ai
donnée le 24, avant l'ajournement, mais j'ai dit que c'était en
toute objectivité que je le faisais. Je ne l'ai pas fait avec
hypocrisie. Je ne me suis pas caché pour dire que je reconnaissais que
c'était normal qu'on indexe d'une certaine façon et de
façon raisonnable le salaire des députés. Je suis
prêt à le répéter devant n'importe qui, n'importe
où dans la province de Québec, sans hypocrisie et sans
arrière-pensée. J'ai encore la même attitude.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, si le député de
Beauce-Sud veut bien m'écouter, je vais tenter de le convaincre une
nouvelle fois, j'ai essayé à plusieurs reprises...
M. ROY: Attention à vos termes!
M. SAINT-PIERRE: Je vais être très poli, M. le
Président.
La première raison qui se trouve derrière le projet de loi
87 et qui se trouve à combattre les amendements et les sous-amendements
qui nous sont soumis par différents membres de l'Opposition, c'est
fondamentalement le rapport Bo-nenfant. Il y a eu au Québec une
démarche différente. Nous avons confié cette
démarche sur une question aussi délicate, à trois
personnes de l'extérieur. Les partis d'Opposition, à
l'époque, ont été consultés sur le choix de ces
personnes, incluant le parti séparatiste. On a donc confié
à ces trois personnes, présidées par M. Bonenfant, cette
délicate question du salaire des députés. Je rappelle, M.
le Président, je l'ai dit, qu'à la page 38 d'un rapport
étoffé, le rapport Bonenfant nous disait donc de porter
l'indemnité des députés immédiatement de $15,600
à $22,000 et que, si notre système était accepté,
nous suggérions qu'il soit en vigueur rétroactivement au 1er
avril 1974.
A l'époque, le parti séparatiste, je ne sais pas si c'est
parce qu'il y avait moins d'opportunisme à l'époque ou moins de
portée électoralis-te, n'a pas confié au rapport Bonenfant
le soin de regarder le problème de l'inflation chez tous les gens. On
n'a pas demandé au comité Bonenfant de relier le salaire des
députés à la pauvreté qui existait dans la
province. On a simplement dit, incluant le Parti québécois, aux
gens du comité Bonenfant: Regardez cette question délicate et
faites-nous un rapport.
Du côté du Parti québécois, on accepte les
trois personnes, y compris Mme Rousseau, que vous connaissez bien. Le rapport
nous est donné d'une façon unanime, il n'y a pas de divergence de
vues entre les trois commissaires, entre les trois personnes formant ce
comité et on nous donne le rapport. On se rappelle que le projet de loi
du gouvernement sur les deux points, le niveau du salaire et la forme
d'indexation, est moins généreux que nous le suggérait le
rapport. Ces $22,000 que nous suggérait le rapport Bonenfant sont
baissés à $21,000, je vais dire pourquoi dans un instant.
Deuxièmement, au niveau de l'indexation, on nous proposait de greffer
ça à la croissance des salaires des cadres supérieurs, des
cadres IV dans la fonction publique, qui ont connu un taux de croissance de 43
p.c, je vous le rappelle, depuis deux ans et demi. Nous, nous sommes partis des
hausses de salaire consenties aux cadres et nous avons tenté de trouver
une formule qui m'apparaît plus logique et, je le rappelle pour le chef
de l'Opposition, une formule qui est greffée à la croissance
future des salaires des ouvriers québécois. Si les salaires
n'augmentent pas dans le futur, les salaires des députés
n'augmenteront pas.
M. MORIN: M. le Président, des ouvriers canadiens, pardon.
M. SAINT-PIERRE: Des ouvriers canadiens. On pourrait prendre, si vous
voulez, pour les besoins des statistiques, les ouvriers
québécois, d'ailleurs, faites-le vérifier par vos
recherchistes, les salaires québécois, dans les dernières
années, ont augmenté plus rapidement que les salaires canadiens,
puisque, bien sûr, on parle de taux de croissance, on ne parle pas de
niveau.
M. MORIN: Ah oui!
M. SAINT-PIERRE: Faites-le vérifier, et je suis bien prêt
à changer la loi. On prend les salaires canadiens simplement parce que,
sur le plan de la statistique, il y a un certain avantage, lorsqu'on est
intéressé aux taux de croissance, à prendre les salaires
canadiens, au lieu de les prendre par région. Enfin, oublions cela.
M. le Président, il y a eu quelques erreurs dans les dates
mentionnées par le député de Beauce-Sud. Je vous le dis
avec beaucoup de décence. Il faut se rappeler que la loi avait
été discutée en 1970, mais qu'elle prenait effet le 1er
janvier 1971, à $15,000, et le 1er janvier 1972, à $15,600,
c'est-à-dire avec 4 p.c. de plus. Si on revoit les discours à
l'époque, il faut se rappeler que lorsqu'en 1971 nous avons mis cela
à $15,000 cela partait de $12,000, cinq ans avant, en 1968. Si on
regarde les discours faits à l'époque par les distingués
membres de l'Opposition, du Ralliement créditiste et même du parti
séparatiste il y en a plusieurs qui ne sont pas parmi nous
aujourd'hui, mais même ceux qui y étaient on remarque que
tout le monde s'entendait pour dire qu'il s'agissait là d'un
rattrapage, c'est-à-dire qu'à $15,000 en 1971, il
s'agissait de rattraper la perte du pouvoir d'achat que les
Québécois avaient eue de 1968 à 1971. Tout le monde
à l'époque le disait alors et je recite M. Ryan qui a dit que,
dans l'ensemble, cependant, ces montants étaient raisonnables à
l'époque où ils furent fixés.
Or, que fait-on depuis ce temps? Justement parce qu'on avait
marqué 4 p.c, c'est qu'on indiquait qu'à chaque année, il
y avait lieu d'effectuer un certain rattrapage, que les $15,000 valaient pour
le 1er janvier 1971. On avait mis dans la loi $15,600 pour le 1er janvier
1972.Par après, il n'y a pas eu d'autre loi votée, donc les
salaires sont restés exactement les mêmes.
Je reprends encore un argument que je vous ai fait valoir sur un autre
point de vue, puisque cela tourne toujours au même point, pour vous
rappeler malheureusement, les quelques heures que j'ai eues avec ma
famille m'ont empêché de mesurer mais, encore une fois, le
chef de l'Opposition me donnera la distinction, elle est marginale.
Si on prend la moyenne, l'évolution des salaires dans le domaine
manufacturier, au Canada ou au Québec, ce serait à peu
près la même chose, on obtient, depuis le 1er je demande au
député de Beauce-Sud de m'écouter, c'est très
important du 1er janvier 1971 au 1er avril 1974, l'augmentation des
salaires des ouvriers a été de 38.4 p.c, d'après
Statistique Canada.
C'est donc dire que, si on avait appliqué aux
députés la même hausse de salaire qu'a connue l'ensemble
des ouvriers du secteur manufacturier, le 1er avril 1974, pas le 26
décembre, le 1er avril 1974, nous nous retrouvions avec un salaire de
$20,760; 38.4 p.c. plus $15,000, vous faites le calcul, cela va vous donner
$20,760. Donc, si on dit, comme l'a affirmé le député il y
a quelques instants: Je suis en faveur que le salaire des députés
se maintienne, qu'on ne perde pas le pouvoir d'achat, qu'on soit comme les
autres salariés, il est inutile de parler de $19,000. Il faudra au moins
admettre que, d'après les chiffres, d'après les statistiques,
à la page 87 du volume que je vous ai cité l'autre jour: Salaires
et traitements moyens, au 1er avril, c'est $20,760.
Le chef de l'Opposition est au courant que, dans le projet de loi, on
réduit je le souligne l'indemnité des
parlementaires qui baisse de $7,140 à $7,000. Il y a donc un montant de
$140 qui est diminué, je tiens à le souligner...
M. MORIN: C'est énorme!
M. SAINT-PIERRE: Un montant de $140 qui est diminué, ajoutez
à cela le fait que ce montant...
M. HARDY: En tout, cela fait pas loin de $1,700.
M. SAINT-PIERRE: Ce montant n'était pas imposable et je pense
qu'on trouvera que, avec les $20,760, plus ces $140, ce qui donne $20,900, plus
la différence, du fait que les $140 n'étaient pas imposables,
alors que ce montant est pleinement imposable, on est très près
des $21,000 du gouvernement.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que le gouvernement n'a pas
donné suite au rapport de M. Bonenfant, qui nous recommandait $22,000.
C'est que là, effectivement, la hausse aurait été plus
forte que pour l'ensemble des ouvriers canadiens. Mais à $21,000, depuis
le 1er janvier 1971, elle est exactement, à quelques cents près
la même que l'évolution des salaires dans l'industrie
manufacturière canadienne.
Permettez-moi, M. le Président, de vous donner d'autres exemples.
La question est fondamentale. Pour les gens, en démocratie, que vaut un
député? J'ai dit que la seule chose qui est commune entre nous,
que nous soyons du Parti libéral, du Parti québécois ou du
Ralliement créditiste, la seule chose qui nous permet de dire que nous
sommes tous semblables, c'est que nous détenons tous un mandat de nos
électeurs, que nous soyons avocats, que nous ayons un cours primaire,
que nous soyons serre-freins, avec beaucoup d'expérience, dans un milieu
rural ou dans Montréal, c'est cela qui fait la difficulté d'un
député, parce que la seule chose qui fait que tous les
députés devraient avoir un certain salaire, c'est que tous ont eu
ce mandat des électeurs et qu'à l'intérieur de nos
institutions ils ont cette responsabilité de pleinement jouer, avec leur
bagage intellectuel, avec leur formation, avec leur longue expérience
dans certains cas, et avec une faible expérience dans d'autres, parce
qu'on est beaucoup plus jeune, et ainsi de suite.
Mais chacun a reçu un mandat. Ce n'est pas l'adversaire qui a
reçu un mandat.
Je voyais dans les galeries, tout à l'heure, l'adversaire du
premier ministre dans le comté de Mercier. C'est un homme que je
respecte beaucoup, mais il n'a pas eu de mandat. Le premier ministre, dans
Mercier, a reçu un mandat et c'est cela qu'on tente de fixer
aujourd'hui.
Je vous ai donné l'analogie, M. le Président, des
étudiants. Rappelons-la. A la baie James, cet été,
l'étudiant pour 37 1/2 heures de travail, d'après le
décret de la construction recevait $5.29. Après 37 1/2
heures il y en a plusieurs qui ont fait cela c'était temps
double.
J'ai fait de petits calculs, tout à l'heure, M. le
Président. Cela donne, pour soixante heures de travail... Tout à
l'heure, on s'est entendu, je pense, tous les partis pour dire que, en
général il peut y avoir des exceptions, on pourrait en
citer chez les professeurs, on pourrait en citer chez les étudiants
notre boulot, c'est soixante heures de travail.
Or, un étudiant à la baie James, cet été,
recevait $437.20 par semaine, pour soixante heures de travail. M. le
Président, cela veut dire
que l'étudiant qui travaillait soixante heures à la baie
James rappelons-nous que dans certains cas, il s'agissait de pousser sur
un bouton dans un banc de gravier, de prendre les calculs de quantités
qui étaient émises d'une place à l'autre, vérifier,
prendre des sondages de béton, ce n'était pas un ouvrage qui
demandait, soit sur le plan intellectuel, soit sur le plan physique, beaucoup
de travail avait $7.28 l'heure.
Ce que le gouvernement vous dit aujourd'hui, c'est qu'un
député si un étudiant vaut $7.28 vaut au
moins $6.73. C'est cela qu'on vous dit, parce que le petit salaire de $21,000
qui est proposé dans le texte de loi représente, sur une base de
soixante heures, $6.73.
Un autre point, M. le Président, que j'aimerais rappeler. C'est
le fait que trop souvent il me semble qu'il y a un peu de mauvaise
volonté on additionne, d'une façon assez à la
légère les indemnités avec les allocations de
dépenses. Les allocations de dépenses, ce ne sont pas du salaire
déguisé. Si c'est du salaire déguisé, je voudrais
bien qu'on me le dise, sans cela on va changer la loi et je suis prêt
à entendre des arguments pour me dire: Le montant qu'on projette de
$7,000 par année, pour les allocations de dépenses, c'est
insuffisant ou c'est trop. Je suis bien prêt à l'entendre.
Peut-être que, dans certains cas, lorsqu'on est dans un milieu
très urbain, finalement, ses électeurs, ce sont quelques
pâtés de rues dans le centre de Montréal, que les
dépenses sont moindres. Même à cela, je ne serais pas
porté à porter jugement. Mais on a combien de nos
collègues qui sont obligés de faire 30,000 milles et 40,000
milles par année avec leur voiture. Je rappelle aux gens qu'ils ne sont
pas dédommagés pour cela. A l'intérieur de leur
comté, ils se présentent, ils ont des repas à
l'extérieur et ils n'ont pas un sous noir, ils n'ont pas de compte de
dépense. C'est pour cela les $7,000 et, à mon sens, cela me
parait malhonnête lorsqu'on ajoute l'allocation de dépenses, qui
tient lieu à des dépenses réelles encourues par les
députés, avec le salaire.
Le salaire des députés, je le répète,
proposé par la loi, est de $21,000, pas un sous de plus. Comme ce serait
malhonnête de dire au chef de l'Opposition, dans le moment: Mon cher ami,
vous retirez $41,000 de salaire. Je ne serais pas capable de lui dire, parce
que je sais que ce n'est pas vrai. Le chef de l'Opposition a un montant total
de $41,000. Peut-être qu'il a de la difficulté à comprendre
ce que c'est pour mon ami, Glen Brown, avec $15,000 mais, ce qu'on sait, c'est
que, dans votre salaire de $41,000, il y a un montant que vous
connaissez plus que moi qui est prévu pour des
dépenses.
D'ailleurs, dans certaines des autres Législatures, si vous
poussez plus à fond, dans les autres provinces, vous vous rendrez compte
qu'on est beaucoup plus libéral si je peux employer l'expression
pour les comptes de dépenses des députés,
c'est-à-dire qu'en dehors des allocations, il y a une foule de
dépenses, c'est-à-dire que si vous recevez un autre parle-
mentaire... Je tiens à préciser combien de fois ici on
reçoit quelqu'un à un repas et on est obligé de le payer
soi-même. Même les ministres, on le sait, j'ai fait une
tournée comme ministre de l'Education, je suis allé dans je ne
sais pas combien de coins. Inutile de vous dire que mon allocation de
dépenses, je l'ai mangée plusieurs fois.
M. le Président, je reviens à un autre point qui a
été mentionné: le salaire minimum. Nous avons M. Claude
Castonguay qui a un mandat et se penche, depuis quelques mois, sur toute la
question du salaire minimum. A la mi-février, il va nous donner un
rapport, un rapport substantiel, sur toute la question du salaire minimum. Si
M. Castonguay, à la mi-février, dit au gouvernement, comme le
rapport Bonenfant, avec un rapport aussi étoffé: Vous devriez
porter le salaire minimum à $2.50, j'ai analysé toutes les
implications de cela et vous devriez le faire, cela serait une justice sociale
de le faire, c'est nécessaire, il n'y a rien qui vous dit que le
gouvernement ne le fera pas au mois de février. Mais est-ce que ce ne
serait pas prématuré d'entrer dans une espèce de
marchandage avec l'Opposition? Tout à l'heure, si on les écoute,
on va dire: Pour augmenter le salaire des députés, vous allez
être obligés de nous donner l'indépendance, même si
les Québécois ne la veulent pas. On dit: "Non à ce
chantage, on dit: Non, chaque chose en son temps.
Il y avait la question des députés. On a donné cela
au comité Bonenfant et il nous a donné un rapport.
On vous dit pourquoi on va en deça de ce rapport. Il y avait un
autre problème, c'était le salaire minimum qui a
été augmenté...
M. MORIN: Je ne vous ai pas demandé de faire
l'indépendance, M. le ministre, on sait bien que vous ne ferez pas
l'indépendance.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: A l'ordre! Il y avait un autre problème,
c'était le salaire minimum, on a confié cela à un groupe
de travail présidé par Claude Castonguay, et à la
mi-février, il va nous présenter son rapport. On va agir selon ce
rapport. Je tiens à vous rappeler quand même que, pour le salaire
minimum, il fut augmenté depuis deux ans je l'ai donné
dans mon texte de deuxième lecture de 33 p.c, donc beaucoup plus
que les 23 p.c. suggérés pour le salaire des
députés. Quand je regarde tout cela je pourrais en parler
beaucoup plus longtemps, je ne voudrais pas abuser du temps de cette commission
je suis un peu d'accord avec M. Ryan. Je vais continuer des citations,
parce qu'il y a toujours deux côtés de la médaille. C'est
un défaut qu'on retrouve...
M. MORIN: M. Ryan...
M. SAINT-PIERRE: M. Ryan va dire et je
cite, éditorial du 17 décembre: Le Parti
québécois a décidé dans sa sagesse puritaine et
électoraliste qu'il ferait une lutte de principe au gouvernement sur
cette question. On a, néanmoins, du mal à comprendre le
bien-fondé de sa position. Les députés, en se faisant
élire à l'Assemblée nationale, n'ont pas fait, que l'on
sache, le voeu de pauvreté. Ils n'ont pas fait davantage le voeu de
servir d'otages dans la recherche d'un partage plus équitable de la
richesse. Ils se sont, au mieux, engagés à travailler
honnêtement, au meilleur de leur connaissance et de leur
expérience, à l'amélioration du sort de leurs concitoyens,
et à la bonne gestion des affaires publiques. Je termine. Dans la mesure
où...
M. MORIN: Faisons-le.
M. SAINT-PIERRE: ... il voudra s'en tenir aux recommandations du
comité Bonenfant je vous rappelle que nous sommes allés en
deçà du comité Bonenfant tant sur le niveau du salaire que
sur la forme de l'indexation je continue la citation: ... le
gouvernement Bourassa disposera néanmoins, s'il décide d'agir,
d'une base solide et impartiale. Le comité Bonenfant a soumis un rapport
documenté et judicieux. On ne voit pas, au nom de quel masochisme, il
faudrait refuser indéfiniment de donner suite à ses
conclusions.
Quand j'analyse l'ensemble de la question, je ne vois réellement
aucun fondement solide à la position prise, à la fois par le
crédit social réel et par le crédit social pour les
intellectuels, à moins bien sûr, que dans les deux cas, on puisse
à la fois empocher l'argent et tirer un petit peu d'avantages
électoraux.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je vous demanderai d'abord la
même latitude que vous avez accordée, sur cet amendement, au
député de Johnson, parce que c'est sur le même terrain que
lui que je voudrais faire cette première intervention en commission
parlementaire.
J'ai écouté aujourd'hui, encore une fois, très
attentivement, comme depuis son retour à l'Assemblée nationale,
le député de Johnson. J'ai préféré cette
intervention, je dois le dire, à celle qu'il nous a faite en
deuxième lecture, mais je pense que ce n'est pas l'endroit pour faire
mon appréciation de chacune de ses interventions. Je pense que les
larmes qu'il a voulu nous faire tirer l'autre soir sur les malheurs d'un steak
au poivre n'ont pas eu beaucoup de succès, j'en ai l'impression. Ce
n'est pas l'endroit pour les reprendre.
Chaque fois que j'écoute le député de Johnson,
comme à chaque fois que j'écoute des citoyens, je dois dire, de
son époque, de son âge, qui ont contribué au Québec
dans lequel j'ai vécu, alors que ce dernier était ministre
à un moment où je n'étais même pas au monde, j'ai
toujours un peu les sentiments mélangés à cet
égard. Il y a beaucoup de vrai, d'abord, dans ce que dit le
député de Johnson. A chaque fois, c'est cette difficulté
de le démêler complètement d'un certain nombre de
clichés et de formules passe-partout qui rend la compréhension de
ce qu'il veut nous dire particulièrement difficile. Quant à lui,
par exemple, le député de Johnson a été
député de Champlain pendant 25 ans, je crois; avant même
que je ne songe à faire de la politique, la réputation du
député de Champlain, à l'époque, était
parvenue jusqu'à mes oreilles.
Le député de Johnson disait tout à l'heure, en se
basant sur son expérience de député de Champlain, qu'un
député peut travailler beaucoup, qu'on ignore parfois la
quantité d'heures de travail qu'il peut mettre au service de ses
électeurs, que cela lui est souvent dû, qu'on dit toujours qu'il
n'en fait pas assez. Je n'ai que cinq ans d'expérience pour vous dire
que c'est vrai. Le député de Johnson, pour sa part, est
certainement un qui a travaillé beaucoup à ce qu'on m'a dit, et
à ce qu'ont même dit les citoyens de Champlain, que je connais
maintenant. Donc, ceci est acquis. J'espère que, quelle que soit la
conclusion à laquelle je parviendrai dans cette intervention, le
député de Johnson ne dira jamais que je lui ai nié ce
fait. Je l'affirme, il a travaillé, la preuve, je crois, c'est qu'il
travaille encore beaucoup depuis qu'il est revenu à la Chambre.
Ce sont ces formules, ces clichés, autour desquels un
véritable monument, auquel on pourrait offrir un hommage,
s'emberlificote, finit par tronquer la vérité et nuire à
la cause que voudrait défendre le député de Johnson, soit
la reconnaissance, par les citoyens, du travail que font les parlementaires
qu'ils ont élus.
M. le Président, ce sont ces formules passe-partout de "je sers
le bien commun", "je suis au service de la population", que les citoyens ont
entendues 1,500 fois par 1,500 couleurs différentes, par 1,500
banderoles différentes, par 1,500 porte-parole officiels
différents, qui font qu'à un certain moment elles ne passent
plus. Parce que, M. le Président, les députés
fainéants, les députés qui sont absents de la Chambre, les
députés qui ne disent jamais un mot aux commissions
parlementaires, les députés qui s'assoient et qui n'ouvrent
jamais un dossier, les députés qui ne font jamais de recherche,
les députés qui ne retournent jamais les appels
téléphoniques qu'ils ont, les députés qui ne font
jamais de bureau le lundi dans leurs comtés...
M. HARDY: Ils se font battre.
M. CHARRON: ... Ce n'est pas vrai! Ils ne se font pas battre.
Malheureusement! Ce n'est pas vrai. Ils ne se font pas battre. Ce sont aussi
les mêmes députés qui disent: Je sers le bien commun, je
fais 60 heures de travail par semaine. Ce sont des députés
menteurs. Il y en
a, des députés menteurs, et ces députés, se
servant des mêmes arguments que ceux, des députés qui s'en
servent pour dire le vrai, dévaluent la formule, à ce point
qu'à chaque fois je suis rendu comme n'importe quel citoyen
que j'entends un député dire, comme, tour à tour,
ils défilent à l'émission de Mme Payette, commencer sa
réponse en disant: Honnêtement, je vais vous dire... Comme si un
député était obligé de mettre l'adverbe
"honnêtement" avant de s'ouvrir la trappe, M. le Président. C'est
assez curieux, cette utilisation effrénée qu'on a faite de
formules passe-par-tout, genre représentants du peuple, je ne vis, je ne
dors, je ne mange que pour la population...
M. HARDY: Vous en mettez, vous en mettez!
M. CHARRON: ... et de dire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: ... cela s'est fait. Le député de Johnson, qui
vient d'une époque que je rappelais tout à l'heure, sait
très bien que c'était abondamment utilisé, et je me
soucierais d'assister à quelques assemblées électorales du
ministre des Affaires culturelles, pour voir si elles ne reviennent pas
à la surface assez facilement.
M. HARDY: Vous manquez de respect pour mes électeurs.
M. CHARRON: M. le Président, mon intervention, je veux la faire
avec la conclusion de mon intervention en deuxième lecture à
l'Assemblée nationale. Il est vrai qu'il y a des difficultés dans
ce métier. Il est vrai que, par exemple, pour ceux qui ont des familles
et qui sont éloignés de Québec, cela constitue un
problème majeur qui finit par toucher à l'intérieur
plusieurs des membres de l'Assemblée nationale. C'est vrai que cela
comporte une partie d'insécurité constante. On ne sait jamais, du
jour au lendemain, quand les électeurs qui nous ont élus vont
nous retirer cette confiance. Cela peut arriver n'importe où. C'est
arrivé dans ce qui s'appelait les pires, les plus forts châteaux
forts qu'un député, élu depuis une vingtaine
d'années, soit, du jour au lendemain, remercié de ses services.
C'est arrivé à d'excellents parlementaires, pour être
remplacés par des imbéciles, et c'est, heureusement,
arrivé à des imbéciles, pour être
représentés pas d'excellents parlementaires.
C'est vrai que nous vivons aussi dans une période
d'insécurité. Mais, M. le Président, personne ne nous
force à être dans ce métier, personne. Si, à un
certain moment, les difficultés deviennent plus nombreuses que les
avantages, si les malheurs qu'occasionne un tel genre de métier
deviennent insupportables, personne ne nous attache à notre siège
et à notre fauteuil. C'est pour cela qu'avant même d'être
ici, à l'Assemblée nationale, lorsque j'étais
étudiant, et que j'assistais à des interviews d'hommes politiques
qui, ipso facto, retombaient sur ce terrain... Parce que c'est un terrain
électoralement rentable, M. le Président, c'est un terrain
électoralement rentable, dire que je n'ai pas le temps de voir ma
famille, je n'ai pas le temps de voir mes enfants. C'est bon, parce que les
gens écoutent cela et disent: Ne se dévoue-t-il pas, cet homme?
Ne se dévoue-t-il pas? Cela va chercher des votes. Qui n'a pas mis,
à un moment ou à un autre, ses sentiments personnels sur la table
pour se faire du capital politique? Voyons donc! Et on est encore en train de
faire la même chose pour aller se chercher une augmentation de salaires
exagérée et inqualifiable dans le montant qui est là,
telle qu'elle est présentée actuellement.
Mais, il n'y a pas que des désavantages dans ce métier.
S'il n'y avait que des désavantages, il n'y aurait pas un homme autour
de la table, ici. Moi, le premier. Et le député de Johnson
devrait être celui qui devrait nous le dire au nom de tous, parce qu'il y
a aussi une passion dans ce métier. Il y a aussi un plaisir qu'on peut
éprouver à être dans un pôle qui détermine
l'axe de notre collectivité. C'est aussi un avantage pour moi
aujourd'hui d'être peut-être un des premiers de ma
génération à être assis en face d'un ministre et
être en train de lui donner ma version des choses, de lui faire mes
suggestions pour un projet de loi, de travailler avec une équipe qui a
été élue par des gens dans un programme précis,
pour défendre une philosophie précise. C'est avantageux, c'est
gratifiant. Combien de citoyens intelligents, dévoués,
honnêtes, mais qui sont incapables de s'astreindre à l'effort
électoral, des poignées de main et des "hustings", qui ne sont
pas orateurs, qui ne savant pas s'exprimer, mais qui seraient d'aussi
excellents serviteurs publics du bien commun et du peuple, mais qui ne seront
jamais capables de se rendre à cette table pour donner leur opinion
simplement parce que le filtre électoral est tellement chez nous
imprégné de traditions, de tabous en même temps, que
ça constitue pour ces citoyens-là une épreuve
insurpassable et qu'ils doivent se contenter d'être assis devant leur
téléviseur, d'être à l'écoute de leur poste
de radio pour entendre ce que d'autres, qu'ils ont élus à leur
place, ce qu'ils espèrent, disent en leurs nom et place. ;
Mais c'est passionnant le métier que nous faisons et c'est en soi
déjà très gratifiant que d'être au coeur d'une
collectivité et d'être parmi ceux qui déterminent ces
pôles-là. Je ne parle pas juste du rôle que nous jouons ici
à l'Assemblée nationale, mais de nous promener dans nos
comtés. Pour ceux qui en font du porte-à-porte, pour ceux qui en
font des visites dans leur comté, sentir que les gens en confiance en
soi, tu rentres chez toi le soir et tu te dis: C'est en moi qu'ils ont
confiance, cela te met une pression sur les épaules. C'est vrai, cela te
met une responsabilité. Comme disait le député de Johnson,
tu ne peux pas dire n'importe quoi, n'importe quand en fonction
de ça. Mais combien de citoyens le mériteraient plus que
nous de l'avoir et nous sommes les chanceux qui l'obtenons dans une
collectivité d'être un groupe d'hommes dans une
collectivité qui déterminent son futur.
J'en ai assez d'entendre parler de notre métier comme s'il
était un nid de souffrance et un nid de torture. C'est vrai qu'il y a
des côtés... Moi, je suis tanné de voir qu'à chaque
fois que je mets le nez dehors, je deviens un homme public, que je suis
susceptible d'être questionné et interviewé. J'aimerais
bien cela qu'on me sacre la paix aussi quelquefois, mais je l'ai cherché
ça, j'ai couru après. J'au couru après deux fois. Si j'en
ai encore la force, après les sept ans de politique difficile que
j'aurai passés ici, je courrai après une troisième fois
jusqu'à ce que j'obtienne ce que j'ai voulu obtenir en adhérant
au Parti québécois.
Mais, toutes les interventions que l'on fera sur les malheurs des
députés n'éteignent pas le fait que, pour un "an", par
exemple, le député de Johnson, n'était plus capable de
subir la retraite à $21,000 qu'il avait par année, que de
lui-même, comme un artiste qui a besoin de revenir sur scène pour
se produire parce qu'il y vivait, parce que c'était sa vie, parce
qu'à force d'être public on finit par en prendre tout le moule, il
s'ennuierait à mourir, le député de Johnson, s'il
n'était pas avec nous à la commission parlementaire. Mais si je
n'avais pas été élu le 29 octobre 1973, même si
j'avais 27 ans, je me serais ennuyé à mourir également
parce que j'ai pris goût à ce métier-là. J'ai pris
goût aussi à la sécurité matérielle qu'il m'a
toujours accordé. Les $15,600 par année que j'ai reçus
m'ont permis de faire le niveau de vie que j'ai et de remplir mon mandat. C'est
exactement pourquoi j'ai voté pour la première augmentation de
salaire en 1971 parce que j'étais convaincu que cela me la prenait,
comme je suis convaincu aujourd'hui également que, dans cette
période que traverse la collectivité québécoise,
nous avons aussi la même chose à faire, chacun d'entre nous.
Nous avons à penser, tels que nous sommes-là, à la
collectivité d'abord. Si les mots qu'a employés le
député de Johnson, qui viennent couvrir l'amendement
proposé par le député de Beauce-Sud ou la philosophie
derrière le projet de loi gouvernemental, s'ils ne sont pas ces
mots-là que des clichés ou des formules usuelles quitte à
être baladés d'une estrade à l'autre, alors ils doivent
avoir un sens, si nous sommes de ces serviteurs du peuple comme vient de le
dire le député de Johnson à plusieurs reprises. Alors,
commençons donc par y penser ici autour de cette table. Nous avons ce
privilège que n'ont pas beaucoup de citoyens dans le Québec de
fixer nous-mêmes nos taux de rémunération. Nous disons,
nous du Parti québécois, que ce privilège, s'il doit
être utilisé et il le sera incessamment nous sommes
toujours d'accord sur un rajustement ou un modèle d'indexation parce
que, comme le dit le chef de l'Opposition, la vie monte pour nous comme pour
tout le monde aussi. Mais l'utilisation de cet outil, si particulier que nous
avons dans la main, ne doit pas se faire sans condition, sans contrepartie et
sans geste concret posé par cette assemblée. Sortons donc, une
autre fois, au lieu des sparages éternels à l'Assemblée
nationale, avec des résolutions concrètes à partir
desquelles nous pourrons finalement faire des formules et des clichés,
quelque chose de fondé. Voilà ce que j'avais à vous
dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je voudrais seulement
remercier le député qui a pris ses 20 minutes sur moi
particulièrement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vais en prendre un autre.
M. BELLEMARE (Johnson): II a été très aimable. Je
n'ai pas le droit de réplique, parce que, si j'avais à l'exercer,
je pense que je parlerais d'autre chose que du cliché.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, suite à
l'amendement qui a été présenté par le
député de Beauce-Sud qui recommande que l'article 5 soit
amendé de façon à remplacer le montant de $21,000 par
$19,000, nous ne pouvons qu'être d'accord à l'effet que c'est une
position plus raisonnable, mais, à mon humble avis, ce n'est pas une
position plus acceptable.
Je sais très bien que c'est un sujet délicat que celui de
parler de l'augmentation du salaire des députés. Nous sommes
d'ailleurs un des seuls corps constitués qui a le privilège de
pouvoir se voter des augmentations. Si cette situation comporte des
privilèges, elle comporte également des responsabilités.
Si la population qui nous a élus veut nous garder ce privilège de
pouvoir se voter des salaires, je pense qu'en même temps elle fait
confiance à ceux qu'elle a élus afin qu'ils s'en servent d'une
façon raisonnable et justifiée.
Etre contre l'augmentation du salaire des députés dans la
situation actuelle, ce n'est pas une question électoraliste, M. le
Président. Je le dis très sincèrement, parce que vous
savez très bien chaque membre de la commission le sait
dans deux ou trois ans, quand les élections arriveront, cela va faire
longtemps que l'augmentation que se seront votée les
députés aura été oubliée. A ce
moment-là, je ne crois pas qu'être présentement contre
l'augmentation du salaire des députés soit une position purement
électoraliste. Au contraire, personnellement, c'est une question de
principe, c'est une question de logique. Il y a moins d'un an, nous avions,
nous du Parti québécois, à nous prononcer sur
l'augmentation du salaire des juges.
Nous nous sommes prononcés contre l'augmentation du salaire des
juges. J'ai ici en main le texte même de l'intervention que j'avais faite
à ce moment-là. Nous nous sommes prononcés contre
l'augmentation du salaire des juges, non pas en disant d'une façon
démagogique que ces derniers n'avaient pas droit à une
augmentation, tenant compte du travail et des responsabilités qu'ils
avaient au sein de la société, mais en disant essentiellement
ceci: Les conditions sociales étaient telles que décemment,
à cette occasion, au moment où le projet de loi était
présenté, il ne pouvait être accepté du moins
par le Parti québécois qu'une augmentation leur soit
accordée.
Il n'y a pas plus d'un an, M. le Président, que cette situation
s'est présentée et je crois sincèrement que la situation
sociale dans laquelle nous vivons, les conditions sociales de nos compatriotes,
ne sont pas tellement changées depuis ce temps. C'est tout simplement la
logique, c'est tout simplement une position sérieuse et logique
qu'adopte à l'heure actuelle le Parti québécois et le
parti au pouvoir devait le savoir et devait appréhender et devait
s'attendre à cette position que nous prenons. Je sais, dès que
nous disons, nous du Parti québécois, que nous ne sommes pas en
faveur de l'augmentation du salaire des députés tant qu'on n'aura
pas haussé le salaire minimum, que nous ne serons pas en faveur de
l'augmentation du salaire des députés tant qu'on n'aura pas
permis la réouverture des conventions collectives afin de permettre aux
travailleurs de pouvoir réclamer rétroactivement les indexations
auxquelles ils pourraient avoir droit, je sais que nous nous faisons accuser de
faire de la démagogie.
Mais, dans le fond, qu'est-ce que nous faisons présentement,
sinon ces deux choses, à savoir hausser notre salaire et,
deuxièmement, nous permettre une indexation rétroactive que nous
ne permettons pas aux travailleurs du Québec, à moins que ceux-ci
acceptent d'entrer dans l'illégalité pour la réclamer?
Nous, nous nous permettons un cadre très juridique, très
législatif pour nous l'accorder.
M. le Président, je ne crois pas que ce soit de la
démagogie que d'apporter ces raisons qui font que nous nous opposons
à l'augmentation du salaire des députés. J'ai
écouté tout à l'heure avec beaucoup d'attention le
député de Johnson. Je me suis rendu compte qu'autant il pouvait
être facile de faire de la démagogie en étant contre
l'augmentation du salaire des députés, autant il était
facile de faire de la démagogie également en étant pour
l'augmentation du salaire des députés.
Le discours du député de Johnson nous a permis une chose,
en tout cas à moi personnellement, remarquez que je peux être dans
l'erreur, mais c'est une constatation qui m'est venue à l'esprit en
l'écoutant proposer à cette commission des considérations
telles que nous serions très justifiés de nous voter une
augmentation de salaire. Entre autres, il parlait des conditions difficiles des
députés dans l'accomplissement de leur tâche et il
demandait aux membres de cette commission où étaient les
députés de 1944. Il en profitait pour faire allusion à
Pierre Laporte, qui, selon son expression, est mort au devoir et, il faisait
allusion également à Daniel Johnson, qui est mort au devoir.
M. le Président, loin de moi l'idée de vouloir
dénier cette réalité qu'il y a des gens, à savoir
les députés, qui, après s'être sacrifiés pour
ceux qui les ont élus, se placent dans des conditions difficiles; loin
de moi l'idée de vouloir dire qu'il n'y a pas de députés
qui se sacrifient pour leurs électeurs. Mais je pourrais bien demander
au député de Johnson où sont les cuvistes qui
travaillaient en 1944 à l'usine d'Arvida et qui sont encore en vie. Je
vous assure qu'il n'en trouvera peut-être pas tellement. Au contraire, il
va trouver une longue liste de travailleurs qui, en plus d'avoir gagné
la vie de leur famille dans des conditions difficiles, se sont ramassés
en très bas âge avec des maladies industrielles telles que leur
vie a été beaucoup plus courte que celle de l'ensemble de leurs
concitoyens. A ce moment-là, je ne trouve pas que des exemples de ce
genre soient de nature, personnellement en tout cas, à me faire changer
d'idée sur l'opportunité ou non de hausser le salaire des
députés dans les conditions sociales actuelles. Ces travailleurs
de l'Alcan ont eu, je pense, à déployer autant d'efforts, autant
de dévouement, autant d'abnégation que n'importe quel politicien
de l'époque, n'importe quel politicien de maintenant, pour assumer leur
devoir à ce moment-là, pour assumer la responsabilité du
soutien de leur famille et de leurs enfants.
Si on continuait ces comparaisons, il y aurait le cas de tous les
mineurs qui vivent dans des conditions aussi difficiles que les
députés et qui travaillent à des salaires ne leur
permettant pas des voyages de vacances dans les pays chauds quand vient
l'hiver, ne leur permettant pas autre chose que d'assurer très
difficilement la subsistance de leur famille. Les mesures de
sécurité souvent leur font drôlement défaut, ils
vivent dans un état de tension constant, autant que le
député ou l'homme politique peut vivre dans un état de
tension qui, par moments, est très difficile à supporter, j'en
conviens.
Le député de Johnson amenait comme arguments des genres de
raisonnement à savoir que les députés ont des vies plus
compliquées je l'ai pris textuellement que les autres. Je
ne crois pas que les politiciens aient des vies plus compliquées que les
autres. Une chose est certaine, ils ont un privilège, celui de pouvoir
sortir de cette vie compliquée s'ils le veulent; alors que les mineurs
ou les cuvistes d'Arvida, eux, n'ont pas le choix d'en sortir, s'il veulent
continuer à assurer leur subsistance, ils doivent continuer à
travailler et à assumer leurs responsabilités.
Il ne faudrait pas oublier non plus que ceux qui sont contre
l'augmentation du salaire des députés ont des vies aussi
compliquées...
M. HARDY: Ils vont encaisser leurs chèques quand même.
M. BEDARD (Chicoutimi): Etes-vous contre cela?
M. HARDY: Bien! Etes-vous prêts à y renoncer?
M. BEDARD (Chicoutimi): Dans quelles conditions cela mettrait-il les
autres députés si ceux-ci commençaient à utiliser
cette manière d'agir?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. HARDY: Me permettez-vous une question? Cela s'est déjà
fait.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une chose est certaine, c'est qu'ils travaillent
au moins autant que les autres, sinon plus, et si le législateur
décide d'adopter une loi en ce sens, je ne vois pas pourquoi il y aurait
des exceptions. Cela ne m'énerve pas votre...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est de la démagogie ce que vous faites
là. C'est bien beau de dire que les politiciens ont une vie
compliquée, mais, je le répète, ceux qui sont contre
l'augmentation du salaire des députés, au moment où je
vous parle, ont des vies tout aussi compliquées que ceux qui sont pour
l'augmentation du salaire des députés. Ils vivent
également les difficultés familiales que cette vie peut comporter
et je ne vois pas pourquoi on se servirait de cet argument pour inciter ou pour
justifier une position qui soit pour ou contre.
Je vais y venir au conseil national puisque vous voulez qu'on y vienne.
Je vais y venir, d'accord?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je ne consacrerai pas
vingt autres minutes au député de Johnson, mais il reste quand
même qu'il s'est permis de faire certaines affirmations qui n'ont pas une
résonance, à mon avis, qui puisse me faire changer d'idée
lorsqu'il prétendait que nous sommes l'élite et qu'en
conséquence c'était normal qu'on se vote cette augmentation de
salaire. Ce qui fait les élites des sociétés ce ne sont
pas les salaires, loin de là, parce que si le travail de
député est important ici au Québec, il est important aussi
dans les autres provinces du Canada. A moins que je ne me trompe, je pense que
les députés peuvent représenter une certaine partie de
l'élite, une certaine catégorie de l'élite, dans les
autres provinces, comme dans le Québec. Or, on se rend compte
très facilement par les chiffres qu'avec les augmentations que nous
voulons nous donner, nous serons les deuxièmes parlementaires les mieux
payés au Canada.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien, peu importe. Laissez-nous donc tranquille,
vous avez choisi. C'est inexact. Nous serons les deuxièmes
parlementaires les mieux payés au Canada.
UNE VOIX: II y a un mois de session dans les autres provinces.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Tenez-vous donc tranquille! Vous avez choisi,
c'est inexact. Nous serons les deuxièmes parlementaires, M. le
Président, les mieux payés.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): J'inviterais le député de
Louis-Hébert à respecter au moins
élémentairement...
M. BEDARD (Chicoutimi): On va avoir l'occasion de le dire...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous voulez intervenir après,
vous pourrez, aussi longtemps que vous le voudrez.
M. MORIN: L'élémentaire...
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, le député
de Johnson, également, disait que c'est dur, la vie politique, qu'on se
fait traiter de tous les quolibets possibles. Entre autres, textuellement, il
disait: II n'y a rien de pire que de se faire traiter de traître. Il y a
d'autres classes de la société qui se font traiter bien pire que
cela et qui sont bien moins bien payés que nous le sommes.
Depuis que je suis ici, à maintes et maintes reprises, on a
traité les assistés sociaux de lâches, de paresseux et de
gens qui ne voulaient pas travailler. Cela s'est fait d'ailleurs au
congrès libéral, lorsqu'il a été question des
assistés sociaux.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourtant, ils n'ont pas voulu leur
condition.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourtant, on se permet de les traiter de
lâches.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): On va essayer de commencer...
M. HARDY: J'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, il y a eu une motion, au début
de nos travaux, disant que seuls les membres de cette commission avaient droit
de parole. Le député de Louis-Hébert, à ma
connaissance, n'est pas membre de la commission.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je ne lui ai pas donné le droit de
parole.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pourquoi? Cela vous fait mal de m'interrompre
présentement?
M. le Président, les assistés sociaux, qui ne veulent pas
leur sort, se font souvent traiter de lâches, même dans certains
congrès de partis que nous connaissons bien dans tout le Québec.
Cela n'est pas si grave que cela que certains députés se fassent
traiter de traîtres ou de quoi que ce soit. Ce n'est pas la fin du monde.
De toute façon, les assistés sociaux n'ont pas à se
présenter souvent devant un tribunal pour expliciter leurs conditions.
Au moins, les politiciens ont la possibilité de revenir, à tous
les quatre ans, devant le tribunal de la population qui est capable de juger,
par "oui" ou "non", du fondé des accusations.
Il y avait une motion que nous avions faite elle prend tout son
sens, à l'heure actuelle lors du dépôt du projet de
loi. Nous avions demandé à l'Assemblée nationale de
retarder de six mois ce projet de loi afin de permettre aux
députés d'informer la population sur le vrai rôle du
député et de voir jusqu'à quel point cette population peut
être d'accord. Qu'on le veuille ou non, qu'elle perçoive bien ou
qu'elle perçoive mal le rôle du député, une chose
est certaine, c'est que la population n'est pas d'accord avec cette hausse de
salaires qui est injustifiée et extravagante.
Lorsque ce gouvernement n'arrête pas de nous parler de paix
sociale, à toutes les occasions qui lui sont fournies, on peut
sûrement lui dire que la paix sociale se paie, qu'elle a un prix et que
le petit prix qu'on pourrait payer pour que certaines gens, pour que cette
population ne soit pas offusquée, ne soit pas scandalisée par les
hausses de salaires que les députés veulent bien se donner, ce
serait tout simplement peut-être une campagne d'information qui pourrait
durer six mois pour dire à la population quel est ce rôle du
député.
M. HARDY: Cela prend du temps à vous faire comprendre.
M. BEDARD (Chicoutimi): En ce qui me regarde, je pense que j'ai compris
bien plus vite que vous pensez. Il ne faut pas oublier que nous sommes dans une
position tout à fait spéciale. Je l'ai dit tout à l'heure:
Nous sommes juge et partie.
Nous sommes le seul corps constitué qui peut se voter à
lui-même un salaire. Cela implique des responsabilités. C'est pour
cela que le Parti québécois, se voyant dans cette position
d'être juge et partie, a cru de son devoir non seulement de tenir compte
des considérations de chacun de ses six députés, mais
également d'aller consulter d'autres instances du parti, soit
l'exécutif national et le conseil national. Quand j'en parle, je veux
tout simplement répondre au voeu exprimé par le
député de Louis-Hébert. C'est vrai, nous n'avons pas eu
peur d'aller consulter le conseil national. Je suis très heureux qu'on
l'ai fait. Je le dis, je suis très fier que le conseil national nous ait
donné le mandat que nous respectons à l'heure actuelle.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je sais que les libéraux ne sont pas
capables de concevoir qu'une instance en dehors de leur petite personne de
député puisse émettre certains voeux concernant des
questions de principe, concernant des questions qui ont une importance du point
de vue politique. Ceci leur permettra de réaliser qu'un conseil national
dans le Parti québécois, c'est une instance décisionnelle
beaucoup plus importante qu'elle ne peut l'être dans un Parti
libéral où l'on va, non pas consulter, mais à mon sens,
manipuler. Dans le Parti québécois et, dans ce sens, je suis
très fier de la décision du conseil national, on n'a pas dit non
sans avoir discuté, la discussion a été très libre.
Oui, et qu'avez-vous contre cela?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
Voulez-vous terminer votre intervention?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est simplement la preuve que la discussion a
été très ouverte, très franche.
M. HARDY: Cela a été chaud !
M. BEDARD (Chicoutimi): II en est sorti une décision très
claire et qui est la suivante: D'accord sur l'augmentation du salaire des
députés, mais conditionnellement à l'augmentation du
salaire minimum, conditionnellement à la permission du gouvernement
d'autoriser la réouverture des conventions collectives, afin que les
travailleurs du Québec puissent réclamer eux aussi d'une
façon rétroactive cette indexa-
tion à laquelle ils ont droit, à mon sens, tout autant que
nous, les députés, y avons droit. Dans ce sens, je peux vous dire
que je suis fier de la décision du conseil national. C'est une
décision prise à partir d'une consultation faite non pas avec
quelques représentants en vase fermé, mais qui se situent au
niveau des 101 comtés du Québec, des représentants
à même de constater le travail énorme que font leurs six
représentants, ici, à l'Assemblée nationale. Lorsqu'ils
ont imposé cette décision conditionnelle, ils savaient qu'ils
l'imposaient non seulement à la majorité libérale...
M. HARDY: Ils vous l'ont imposée.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... mais qu'ils l'imposaient aussi à
leurs propres députés, tout en sachant jusqu'à quel point
ces six députés pouvaient essayer de travailler avec acharnement,
pour remplir adéquatement leur rôle d'Opposition officielle, et en
même temps, servir les électeurs de leurs comtés
respectifs. Je sais que mes vingt minutes sont terminées.
M.HARDY: Vote!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je sais également que nous aurons
l'occasion de revenir sur d'autres points qui ont été
apportés tout à l'heure.
M.HARDY: Vote!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons maintenant voter sur la
proposition d'amendement.
Le député de Beauce-Sud?
M. Bédard, Chicoutimi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Abstention.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Abstention.
M. Bellemare, Johnson?
A l'ordre, messieurs! A l'ordre, messieurs!
M. Bellemare, Johnson?
M. BELLEMARE (Johnson): Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Massicotte, Lotbinière?
M. MASSICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pépin, Sherbrooke?
M. PEPIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Brown, Brome-Missisquoi?
M. BROWN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Charron, Saint-Jacques?
M. CHARRON: Abstention.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron, Verdun?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Giasson, Montmagny-L'Islet? M. Hardy,
Terrebonne?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Pelletier,
Kamouraska-Témiscouata?
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier, Laviolette?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Morin, Sauvé?
M. MORIN: Abstention.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Saint-Pierre, Chambly? M. Ostiguy,
Verchères?
M. OSTIGUY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Garneau, Jean-Talon?
M. GARNEAU: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Roy, Beauce-Sud?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Vallières, Richmond?
M. VALLIERES: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne):
Pour: 2
Abstentions: 3
Contre: 10
La motion d'amendement est rejetée.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... je viens d'échapper mon papier.
M. le Président, vous nous ramenez à l'article 5,
j'imagine.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article 5, oui.
M. CHARRON: ... dans sa version originale... M. HARDY: Dans sa
virginité.
M. CHARRON: Cela, je n'irais pas jusque-là. Ce sont des vierges
qui coûtent cher, à $21,000 chacune.
M. MASSICOTTE: II y en a qui ne veulent même pas vivre pour en
payer.
M. CHARRON: M. le Président, nous avons décidé de
suspendre l'étude des articles 2, 3 et 4, parce que l'un après
l'autre faisaient référence à cet article 5 qui est, en
fait, le corps du projet de loi, et qui traite de l'indemnité annuelle
de chacun des membres de l'Assemblée nationale, chacun des 110.
Or, M. le Président, si vous le lisez avec moi, cet article, non
seulement modifie-t-il l'article 92 de la Loi de la Législature, mais
ajoute même un paragraphe nouveau, qui s'appellera maintenant 92 a), et
qui dit, je le lis dans son texte actuel: Le montant de l'indemnité plus
haut mentionnée doit, à compter du 1er janvier 1975, dans six
jours, M. le Président, être augmenté annuellement du
pourcentage que représente le rapport entre le salaire de base pour
l'année précédente et le salaire de base pour
l'année antérieure à cette dernière.
Le salaire de base pour une année est calculé
d'après la moyenne des traitements et salaires hebdomadaires pour
l'ensemble des activités économiques au Canada au cours de chaque
mois de l'année, tel que le publie Statistique Canada en vertu de la Loi
sur la statistique, loi fédérale d'ailleurs.
Or, M. le Président, je pense que je vais créer un
suspense jusqu'à la reprise de la séance, je vous annoncerai mon
amendement à huit heures.
M. HARDY: Vous allez nous empêcher de dîner
tranquillement.
M. CHARRON: Je présenterai donc mon amendement à la
reprise.
M. HARDY: Ce n'est vraiment pas humain de nous gâter comme
ça.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 h 15.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
Reprise de la séance à 20 h 18
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Au moment de la suspension cet après-midi, l'honorable
député de Saint-Jacques avait la parole sur la motion principale
à l'effet d'adopter l'article 5 du projet de loi no 87. Le
député de Saint-Jacques.
Motion d'amendement de M. Charron
M. CHARRON: Merci, M. le Président. J'étais effectivement,
au moment où vous avez suspendu la séance, M. le
Président, à six heures, en train d'expliquer l'amendement que
j'entends présenter mais que je n'avais pas encore déposé
sur la table de la commission.
Je disais, M. le Président, je vous faisais remarquer
plutôt que l'article 5 comportait deux volets. Je vous rassure
immédiatement, je n'ai pas l'intention de présenter une motion de
division, ce serait plus compliqué, mais le bill comprend deux volets.
Dans un premier paragraphe, on fixe à $21,000 l'indemnité
annuelle des membres de l'Assemblée nationale et, dans un
deuxième paragraphe, ce qui est nouveau dans un projet de loi de cette
nature, on écarte à toutes fins pratiques de la table publique ce
genre de débat. C'est vrai, M. le Président, qu'il est possible
que, si la loi 87 devait être adoptée comme elle est là
actuellement, plus jamais il n'y aura de débat sur la place publique
quant à l'indemnité des parlementaires à
l'Assemblée nationale du Québec. C'est peut-être une
dimension, M. le Président, qui n'a pas été assez souvent
soulignée depuis le début de cette commission et tout le
débat autour du projet de loi 87. Si cela se fait avec autant de vigueur
actuellement, peut-être que les honorables députés
ministériels auront la consolation de savoir que c'est le dernier.
Effectivement, une fois que nous aurons fixé notre salaire annuel, si
cette Assemblée suit la proposition du ministre de l'Industrie et du
Commerce qui a refusé l'amendement du député de
Beauce-Sud, une fois que cette Assemblée se sera prononcée sur le
salaire annuel de $21,000 en date du 1er avril 1974, cela ne reviendra plus
jamais sur le tapis parce que le même article comprend une clause
d'indexation qui fait qu'à moins de vouloir exagérer et de
façon inqualifiable, les députés n'auront plus jamais
à demander d'augmentation de salaire, puisque leur salaire sera
indexé selon un barème qu'ils auront eux-mêmes choisi et
qui, je le soutiens, M. le Président, leur est plus favorable que ce
qu'aucune classe de travailleurs n'a comme barème d'indexation.
C'est exactement le sens de ma proposition. Non seulement l'article 5
nous dit-il que le salaire annuel sera maintenant de $21,000 pour chacun des
110 députés de l'Assemblée nationale, les
indemnités pour les ministres, chef de l'Opposition et président
de l'Assemblée nationale étant fixés à partir de
cette base
de $21,000, mais nous disent aussi que ce salaire sera à compter
du 1er janvier 1975, soit dans six jours, indexé. Vous me direz que la
demande d'indexation n'est en soi aucunement injustifiée, puisque plus
d'un, en cette période d'inflation dont profite le gouvernement, l'ont
demandée et l'ont exigée; certains travailleurs ont même
été obligés de se rendre à des grèves
illégales. Je pense aux travailleurs de la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal qui ont dû se rendre
jusqu'à des grèves illégales pour obtenir, pas une
augmentation de salaire, une préservation de ce que leurs
négociations, en vue d'une convention collective, leur avaient
accordée, soit un pouvoir d'achat fixé à un tel montant.
Sauf que ce que les gars n'avaient pas prévu au moment où ils
négociaient leur convention collective, c'est que le coût de la
vie prendrait des proportions aussi gigantesques, en bonds successifs de trois
en trois mois au cours de l'année 1974, que l'augmentation qu'ils
avaient gagnée se trouvait, à toutes fins pratiques, disparue par
la seule augmentation du coût de la vie et que ça ne consisterait
en rien à une amélioration de leur niveau de vie, leur
augmentation étant littéralement engouffrée dans le fait
de rejoindre le lait à $0.50, le pain à $0.46 et toutes les
autres denrées alimentaires, 17 p.c. d'augmentation dans ce seul secteur
d'alimentation.
Alors, si les travailleurs syndiqués l'ont demandé, pas
toujours avec succès, si certains travailleurs syndiqués en sont
arrivés jusqu'à se sentir obligés de mener une
grève illégale pour obtenir l'indexation, il n'est donc pas
surprenant aujourd'hui que le gouvernement puisque c'est à la mode
me pardonnerez-vous cette expression en vienne, lui aussi,
à proposer une indexation du salaire des députés.
Mais là où est le mais, parce qu 'il y en a
toujours un les députés qui ne font pas les choses en
petit et qui n'ont pas l'habitude de se modérer les transports, non
seulement s'accordent-ils une augmentation d'un seul coup, comme le dit le chef
de l'Opposition, et qui va au 1er janvier, ou prenons sa forme la plus
modérée, au 1er avril, de quelque 40 p.c. d'augmentation, de
$15,000 à $21,000, mais ils ont choisi pour eux le mode d'indexation le
plus bénéfique. Ce n'est pas l'indexation au coût de la
vie, non pas celui dont je vous parlais tantôt et qui est celui que tous
les travailleurs ont choisi, non, une indexation qui rapporte plus, celle qui
est située à l'article 92a de l'article 5, qui dit ceci: Le
montant à compter du 1er janvier 1975, sera augmenté annuellement
du pourcentage que représente le rapport entre le salaire de base pour
l'année précédente c'est-à-dire 1974
et le salaire de base pour l'année antérieure à cette
dernière, c'est-à-dire 1973.
Qu'est-ce que cela veut dire en langage de tous les jours? Ce que tous
les travailleurs syndiqués comprendront qui ont à faire
des grèves, à subir des lock-out, qui ont à subir des
injonctions, qui ont à subir des représailles, ce que nous
n'avons aucunement à subir si je l'explique dans ces termes,
c'est un genre d'indexation qui dit: Supposons que l'année
dernière, en 1973, le salaire annuel au Canada au Canada, s'il
vous plaît, M. le Président, on ne se gêne pas, on
étend les frontières, sans problème était de
$8,000. En 1974, il a été porté à $8,800, comme
salaire moyen des travailleurs canadiens. Il y a donc eu $800 sur
$8,000, la mathématique est simple une augmentation de 10
p.c.
Donc, si on se fie au rapport que représente le salaire de base
pour l'année précédente et le salaire de base pour
l'année antérieure, les députés de
l'Assemblée nationale pourront s'augmenter de 10 p.c. Le chiffre que je
vous donne n'est absolument pas inventé, parce que j'ai entre les mains
les statistiques officielles de Statistique Canada cela vient du
fédéral, ce doit être bon! qui dit ceci: "Le salaire
moyen des dix premiers mois de 1973 était à $159.50 par semaine,
pour l'ensemble des Canadiens et, en 1974, de $176.20". Les dix premiers mois
de 1974, par rapport aux dix premiers mois de 1973, équivalent à
une augmentation de 10.5 p.c. Je dis: 10 p.c. pour fins de calcul oral que je
m'apprête à livrer devant vous; 10 p.c. d'augmentation, donc les
députés, qui se sont voté $21,000 le 1er avril 1974,
obtiendront, dans six jours, une augmentation de 10 p.c. parce que c'est le
barème d'indexation qu'ils se sont choisi, qu'ils s'apprêtent
à se voter et qui équivaudra donc à $2,100
supplémentaires, d'un seul coup.
Ceci voudra dire, comme le disait, en chiffres très exacts, le
chef de l'Opposition, dans son intervention, $23,065 à compter du 1er
janvier, dans six jours, M. le Président.
Je dis que ce barème d'indexation en est un, encore une fois, de
privilégiés et que, si nous voulons prendre, de l'indexation, ce
que les députés du Parti québécois sont prêts
à admettre, moyennant des conditions qui étendraient ce
privilège de l'indexation à tous les travailleurs
québécois, nous, par la suite... Je dis que ce calcul de salaire
de base de cette année par rapport au salaire de base de l'année
antérieure nous privilégie par rapport à l'indice du
coût de la vie.
Or, je dis que si nous sommes prêts à inclure, dans une
loi, une clause d'indexation qui fera que, par le fait même, le pouvoir
d'achat de $21,000 en date du 1er avril 1974 sera reconnu et reconnu comme
devant être maintenu, quels que soient les aléas de la vie
économique et de ses insuccès auxquels participe le gouvernement
en face, je dis que cette indexation doit être, pour nous, la même
qu'elle est pour tous les travailleurs.
Il n'y a pas un travailleur, il n'y a pas eu une grève, il n'y a
pas eu une demande, il n'y a pas une réouverture de convention
collective, actuellement, qui s'est faite où des gars ont demandé
à coups de grèves et à coups d'injonc-
tions sur la gueule que leurs salaires soient indexés à la
moyenne de salaires annuels du Canada. Il n'y a personne qui a demandé
cela. Tout ce que les gars ont demandé, c'est que leurs salaires soient
indexés au coût de la vie. C'est normal. Le gouvernement l'a
reconnu. Le gouvernement, je le dis, l'a reconnu pour les travailleurs de la
fonction publique et parapu-blique, ceux dont il est le responsable quant aux
conventions collectives.
On ne doit pas s'offrir à nous des privilèges qui ne vont
pas à d'autres. Je proposerai donc, M. le Président, comme
amendement je vous le libellerai dans sa forme juridique à la fin
de mon intervention que le mode d'indexation qui est dans cette loi soit
supprimé et qu'on inclue plutôt un mode d'indexation qui nous met
sur le même pied que tout le monde, l'indexation au coût de la vie.
C'est fini l'élite, l'élite de demain, l'élite d'hier et
l'élite d'aujourd'hui. On n'est pas plus l'élite que mon oeil.
Nous sommes des gens qui ont été élus par des citoyens
québécois qui ne nous ont pas accordé, par le fait
même, le droit de nous indexer d'une façon plus
privilégiée et plus favorable qu'eux.
Ils ont à se battre pour l'obtenir, parce que ce gouvernement a
refusé les propositions du Parti québécois qui
étaient d'ouvrir les conventions collectives en cours pour permettre
à tous les travailleurs d'obtenir cette indexation. Je termine, en
devançant mais mes collègues de l'Opposition auront
l'intention d'y revenir; c'est seulement pour vous signaler que je ne l'oublie
pas un peu la réponse que le ministre des Finances
s'apprête à me poser avec une calculatrice en main.
On me dira que la formule que je propose dans mon amendement est, pour
l'année 1974, plus avantageuse que ce qui est proposé dans
l'article 92 a). C'est vrai. Exceptionnellement, je dis bien
exceptionnellement, en 1974, grâce au silence, à l'immobilisme et
à la complicité des gouvernements en place, le taux d'inflation
dans l'indice des biens à la consommation a été cette
année plus élevé que la hausse moyenne des salaires au
Canada. Le ministre des Finances les fournira. S'il ne les fournit pas, nous
lui fournirons les chiffres des dix dernières années, par
exemple, où la règle normale dans les sociétés
économiques, nord-américaines, libérales, comme celles que
nous connaissons, veut qu'effectivement la hausse moyenne des revenus soit
effectivement plus élevée, habituellement, que l'indice du
coût des prix à la consommation.
Ce n'est que cette année, à cause de la gigantesque
flambée des prix dans le domaine alimentaire que l'un se rapporte plus
qu'à l'autre. Ce qui veut dire je termine avec cela que,
si on devait prendre et je ne le nie absolument pas ma
proposition d'amendement et l'inclure au projet de loi, il est vrai que
l'ajustement, en date du 1er janvier 1975, se trouverait à faire, cette
année, un montant supérieur à ce qu'accorde aux
députés l'article 92 a) tel que libellé dans l'article 5
de la loi 87, pour cette année. Puisque cette loi devient permanente et,
comme je vous le disais au début, ne ramènera plus jamais ce
débat sur la table, je vous assure qu'à longue
échéance la progression, la simple fixation à l'indice du
coût de la vie, à Montréal parce que nous avons
choisi Montréal; c'est la métropole du Québec est
inférieure à l'augmentation du rapport entre le salaire de base
pour une année par rapport au salaire de base pour l'année
précédente. Je termine donc en vous donnant le libellé
exact de ma proposition.
Je vous propose que l'article 5 soit amendé en remplaçant
ce qui suit, après le mot "pourcentage", les mots "d'augmentation de
l'indice général des prix à la consommation à
Montréal, pour l'année précédente, par rapport
à l'année antérieure à cette dernière, tel
que publié par Statistique Canada, en vertu de la Loi sur la
statistique".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission comprend bien le
sens et le texte de l'amendement proposé par l'honorable
député de Saint-Jacques?
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce qu'on pourrait en avoir des copies, M. le
Président?
M. CHARRON: J'en aurai dans deux secondes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jacques propose que l'article 5 soit amendé en remplaçant
ce qui suit, le mot, "pourcentage" dans la onzième ligne, par ce qui
suit: "d'augmentation de l'indice général des prix à la
consommation à Montréal, pour l'année
précédente, par rapport à l'année antérieur
à cette dernière, tel que publié par Statistique Canada,
en vertu de la Loi sur la statistique".
Cet amendement sera-t-il adopté?
M. GARNEAU: M. le Président...
M. MORIN: L'amendement est jugé recevable, si j'ai bien
compris?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, je pense. Je n'y vois pas de
problème.
M. MORIN: Bon! C'était pour que ce soit clair.
M. GARNEAU: M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: La démarche que fait le député de
Saint-Jacques a retenu l'attention des membres de ce côté-ci de la
table, avant que le projet de loi soit imprimé et présenté
à l'Assem-
blée nationale. La démarche est inscrite dans le contexte
du rapport Bonenfant qui proposait, dans un premier temps, on se le rappellera,
que le salaire des députés soit basé sur la ligne
médiane des salaires des administrateurs classe IV, ce qui signifiait,
si nous avions accepté cette proposition, que l'augmentation des
salaires des députés, au 1er janvier 1975, aurait
été indexée de deux facteurs, soit l'augmentation de base
plus l'indexation au coût de la vie, à laquelle ont droit ces
administrateurs classe IV, ce qui aurait fait, en moyenne, pour l'année
1975, quelque chose comme 20 p.c. d'augmentation pour les
députés.
Nous avons considéré cette possibilité et pour les
mêmes raisons que nous avons décidé de ramener cela
à $21,000 et non pas à $22,000 comme le suggérait le
rapport Bonenfant. Nous avons cru bon de choisir une autre forme d'indexation.
Le député de Saint-Jacques a mentionné, tout à
l'heure, que l'augmentation, si nous l'avions indexée purement au
coût de la vie, en 1975, aurait été plus avantageuse que ce
que nous proposons dans le projet de loi. Il est vrai qu'en moyenne, au cours
des dernières années, cela aurait été un peu
différent. Mais, ce que nous avons voulu rechercher, ce n'est pas une
formule qui s'alignerait sur la classe des travailleurs qui est la plus
avantagée, c'est-à-dire celle des travailleurs qui, pour des
raisons de convention collective ou autres ont réussi à obtenir,
en plus de leur augmentation statutaire, une indexation au coût de la
vie, mais nous avons voulu choisir une indexation qui traduisait la
réalité de l'ensemble des travailleurs québécois,
c'est-à-dire la réalité de ceux qui ont une indexation de
leur salaire au coût de la vie et de ceux qui ne l'ont pas. C'est la
raison pour laquelle nous avons cru plus juste qu'à long terme, à
moyen terme tout au moins, je ne sais pas ce que feront les Parlements à
venir, mais pour les deux, trois, quatre ou cinq prochaines années, nous
croyons que l'augmentation des traitements des députés
basée sur l'augmentation moyenne des ouvriers canadiens était un
indice plus juste qui traduisait davantage la situation de l'ensemble des
travailleurs, autant ceux qui bénéficient de formules
d'indexation avantageuses que ceux qui n'en bénéficient pas, de
telle sorte que notre indexation basée sur la moyenne des salaires et
gages hebdomadaires moyens au Canada établissait cette moyenne. Les
députés, en quelque sorte, verraient leur salaire augmenté
de la même façon que la moyenne d'augmentation donnée
à l'ensemble des travailleurs canadiens.
C'est la raison pour laquelle, mettant de côté la
recommandation du rapport Bonenfant qui était beaucoup plus
généreuse, et celle pour 1975 qui se rapproche de la suggestion
du député de Saint-Jacques, nous avons mis ces deux
possibilités de côté pour en choisir une troisième
qui nous apparaissait plus juste, plus conforme à l'augmentation de la
richesse des travailleurs canadiens. Nous avons cru que c'était
peut-être la meilleure façon de faire augmenter le salaire des
députés., c'est-à-dire une augmentation basée sur
celle des travailleurs canadiens. C'est pourquoi nous avons proposé
cette formule à l'Assemblée nationale. C'est pourquoi nous
voterons contre la motion d'amendement du député de
Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission est-elle prête à
se prononcer sur l'amendement du député de Saint-Jacques?
L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, je voudrais intervenir sur cette
question.
En effet, il nous paraît plus réaliste de choisir, comme
critère de l'augmentation annuelle, l'indice général des
biens à la consommation à Montréal plutôt que le
rapport entre salaire de base pour une année, par rapport, ou si on
veut, au salaire de base de l'année précédente.
Sur plusieurs années, en effet, le pourcentage est un peu moindre
et c'est le seul critère qui nous permette de vraiment relier le salaire
du député, du ministre, à l'augmentation réelle du
coût de la vie. J'aurais quelques observations à faire sur les
critères qui ont été retenus dans l'article 92 a) qui nous
est proposé. Je commencerais par quelques remarques sur le salaire moyen
qui sert ici de salaire de base. Toutes les statistiques sur le salaire moyen
des Québécois reposent sur un échantillon de Statistique
Canada qui surévalue le salaire moyen. Je l'ai fait observer hier
à deux reprises, je pense, au ministre de l'Industrie et du Commerce qui
m'a laissé entendre que cela n'avait aucune importance, mais j'y reviens
parce qu'en ce qui me concerne, j'estime que cette façon de calculer
peut introduire une distorsion notable dans le calcul du salaire de base.
En effet, M. le Président, l'échantillon de Statistique
Canada surévalue le salaire moyen puisque celui-ci découle d'une
enquête auprès des moyennes et grandes entreprises,
c'est-à-dire les entreprises qui comptent 20 employés et plus.
Ces entreprises, chacun le reconnaîtra, sont celles où les
travailleurs sont le plus syndiqués, ce sont celles où les
travailleurs ont le plus de facilité à défendre leurs
intérêts. On ne tient pas compte, dans les statistiques
publiées par Statistique Canada sur l'activité économique,
sur les salaires hebdomadaires pour l'ensemble des activités
économiques, des entreprises de 20 employés et moins. Or, cela
peut avoir quelque importance parce que, si l'on ajoutait à la masse des
entreprises qui ont 20 employés et plus, la masse considérable de
celles qui comportent 20 employés et moins ou 19 employés et
moins, M. le Président, les chiffres ne seraient pas les mêmes
parce qu'on se trouverait à inclure dans la statistique des tas de
travailleurs, des quantités de travailleurs qui ne sont pas
syndiqués et qui travaillent dans de toutes petites entreprises
où les salaires sont
marginaux et où la plupart du temps c'est tout juste s'ils
peuvent obtenir le salaire minimum.
La proposition, donc, dans l'article 92 a), qui nous est faite
d'utiliser le salaire hebdomadaire comme salaire de base, fausse les calculs,
introduit une distorsion qui fait que les députés seront dans une
position plus avantageuse, du point de vue de l'augmentation, que ne le seront
la masse des travailleurs.
C'est une distorsion qui m'apparaît importante et qui fausse, au
départ, le critère qu'on a retenu. Déjà, c'est un
premier argument pour lequel on devrait écarter ce salaire de base, ce
soi-disant salaire de base, pour le remplacer par un critère plus
réaliste, plus facile à évaluer, qui est celui de
l'augmentation de l'indice général des biens de consommation
à Montréal.
Je pourrais m'étendre longuement sur les chiffres. Prenons, par
exemple, le salaire hebdomadaire moyen au Canada au cours des dernières
années. Si, par exemple, je m'amuse à faire le rapport 1972/71,
j'ai un rapport de $149.22 sur $137.64, ce qui donne un rapport de 8.4 p.c. Le
rapport 1973/72, lui, nous donne $160.16 sur $149.22, donc un rapport de 7.3
p.c. Enfin, utilisant le rapport qui va servir à l'augmentation des
députés dès le 1er janvier prochain, soit le rapport
1974/73, utilisant, pour les fins de ce rapport, les chiffres, les moyennes des
dix premiers mois, puisque nous n'avons pas encore les chiffres complets pour
1974, cela nous donne $176.20 sur $159.50, c'est-à-dire un rapport, si
je ne m'abuse, de 10.5 p.c.
M. le Président, ce rapport, de façon concrète,
n'est pas réaliste, n'est pas le véritable rapport, parce que se
trouvent exclus non seulement les entreprises de vingt employés et plus,
mais aussi des secteurs économiques entiers dans lesquels les revenus
sont loin d'être ce qu'ils sont dans l'industrie. En particulier, se
trouvent exclus, pour les fins du calcul de ce taux d'augmentation, le secteur
de l'agriculture, où l'on sait que les revenus sont bas, le secteur des
pêcheries, un autre secteur où les revenus sont loin d'être
ce qu'ils devraient être, le secteur de la santé et le secteur de
l'éducation qui sont certainement un peu mieux traités que les
deux précédents. On ne tient pas non plus compte de
l'administration publique. Donc, ce rapport de 10.5 p.c. est un rapport quelque
peu factice. En tout cas, ce n'est certainement pas le bon critère
à choisir pour servir de base à l'augmentation du salaire des
députés.
Comparons maintenant le salaire de base du député au
salaire moyen des Québécois. Voilà un autre calcul qui
peut nous réserver quelques surprises.
Je le calcule d'abord au 1er avril 1974. Selon l'article 14 du projet de
loi que nous avons devant nous, le salaire de $21,000 serait applicable
rétroactivement au 1er avril 1974. Le salaire de $21,000
équivalait, le 1er avril 1974, à 2.4 fois le salaire moyen des
Québécois. Presque deux fois et demie le salaire moyen au
Québec. Comme base de calcul, je donne tous mes chiffres pour
qu'on puisse, éventuellement, me contredire, si on en a le goût.
J'ai pris comme base de calcul, premièrement, le salaire du
député au 1er avril 1974, rétroactivement,
c'est-à-dire $21,000, et le salaire moyen au Québec, le 1er avril
1974, qui était de $8,602. Si je fais la proportion, j'obtiens un
rapport de 2.4 p.c.
Tournons-nous maintenant vers 1975, toujours pour comparer, pour faire
le rapport du salaire de base du député avec le salaire moyen au
Québec, cette fois au 1er janvier 1975. Le salaire de base du
député équivaudra, cette fois, carrément à
2.5 fois le salaire moyen des Québécois et j'explique la base de
mes calculs. Je prends d'abord le salaire de base des députés en
janvier 1975, selon le projet de loi 87, lequel sera, d'après l'article
5, de $21,000; j'ajoute l'indexation au salaire hebdomadaire moyen: 10.5 p.c.
qui est décrit par l'article 92 a), cela donne $2,205, ce qui veut dire
que le total du salaire perçu par le député, au 1er
janvier 1975, sera de $23,205.
Sur la base d'évolution du salaire moyen au cours des dix
derniers mois, nous pouvons maintenant essayer de prévoir le salaire
moyen des Québécois qui sera, en janvier 1975, environ de $9,300,
à très peu de choses près. Si on fait le rapport: $23,205
divisés par $9,300, cela donne bien 2.5. Déjà une
première conclusion se dégage. Si l'on fait le rapport salaire de
base du député, par rapport au salaire moyen des
Québécois au 1er avril 1974, cela nous donne 2.4 fois le salaire
moyen des Québécois, et au 1er janvier 1975, cette fois, il y a
encore amélioration. Nous serons à 2.5 fois le salaire moyen des
Québécois.
Cela est déjà passablement révélateur, mais
j'aimerais aborder un autre aspect qui est encore plus révélateur
et qui est l'étude de l'évolution des rapports: Salaire de base
des députés, par rapport au salaire moyen au Québec.
Lorsque le salaire des députés a été
fixé à $15,000, en 1971, ce salaire équivalait, à
l'époque, à 2.2 fois le salaire moyen des
Québécois, 2.2 fois. Sur la base des rapports du salaire des
députés par rapport au salaire moyen, on aurait
l'évolution suivante, c'est un point capital; En 1971, le salaire des
députés était 2.2 fois plus élevé que le
salaire moyen des Québécois. En avril 1974, il était de
2.4 fois plus élevé et, enfin, en janvier 1975, il sera de 2.5
fois plus élevé toujours que le salaire moyen au
Québec.
Donc, la conclusion que je tire de cet amas de calculs, c'est que la
position du député s'améliore constamment par rapport
à celle des Québécois. Le Québécois voit son
salaire augmenter certes il est bien normal qu'il en soit ainsi, surtout
en période d'inflation mais la position du député,
au lieu de rester deux fois le salaire moyen ou 2.2 fois le salaire moyen,
comme c'était en 1971, cette position s'amélio-
re. C'est-à-dire que nous améliorons davantage notre
position relative que nous améliorons celle des
Québécois.
Autrement dit, l'écart c'est un point fort important
entre le salaire moyen des Québécois et le salaire des
députés va en s'agrandis-sant. M. le Président, je ne vois
aucune raison valable pour justifier une telle augmentation dans
l'évolution des rapports. Veut-on des chiffres encore plus probants?
Avant de continuer, je vais vous demander combien j'ai de temps encore à
ma disposition, M. le Président, c'est parce que c'est une
démonstration passablement ardue.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cinq minutes.
M. MORIN: Pas plus que cinq minutes.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse.
M. MORIN: Je voudrais me tourner maintenant vers des chiffres encore
plus révélateurs, plus probants, en comparant les taux respectifs
d'augmentation, depuis 1971, toujours en comparant le salaire des
députés et le salaire moyen au Québec.
Selon nos prévisions, entre 1971 et janvier 1975, le salaire
moyen au Québec aura augmenté de 35 p.c, à quelques
dizièmes de point de pourcentage près, si nous passons de $6,865,
en 1971, à $9,300, en janvier 1975. C'est une augmentation sensible.
Maintenant, tournons-nous vers l'augmentation des députés
et nous allons voir qu'elle est beaucoup plus considérable. Si le
salaire des députés devait passer de $15,000, en 1971, à
$23,205, en janvier 1975, ceci comporterait une augmentation de 55 p.c. par
rapport à 1971.
Donc, cette autre façon de calculer démontre exactement la
même chose. La position du député va s'améliorer de
façon beaucoup plus sensible que celle du Québécois moyen.
J'estime que c'est tout de même capital de le faire ressortir. Il faut
que les Québécois se rendent comptent de cela. Eux, ils ont
progressé de 35 p.c; nous, messieurs, nous allons nous avantager de 55
p.c. pour la même période.
En ce qui me concerne, je trouve que cela est scandaleux, je l'ai
déjà dit dans mon discours d'introduction, je n'avais pas
donné tous les chiffres à ce moment, je n'avais pas le temps de
le faire. Je m'étais bien promis d'y venir en commission. Comment
peut-on justifier une telle hausse, messieurs? Si, encore, la hausse que nous
nous accordons pouvait se comparer avec celle des Québécois. Mais
il y a 20 p.c. d'écart en quatre ans que nous allons chercher de plus
que les Québécois. Donc, l'augmentation accordée pour
tenir compte des trois dernières années dépasse de
beaucoup l'augmentation observée du salaire moyen des
Québécois. Cela, je trouve que nous n'avons aucune excuse, nous,
qui avons ces chiffres, nous qui les connaissons, nous n'avons aucune excuse de
procéder de la sorte. Ou alors, scrutez-les, vos raisons. Pourquoi,
messieurs, pourrions-nous nous augmenter de 55 p.c, alors que les
Québécois n'ont obtenu que 35 p.c. en moyenne? C'est cet
écart qui va aller grandissant, si l'on retient comme critère de
base le salaire de base pour l'année précédente par
rapport au salaire de base pour l'année antérieure, et si l'on
retient les statistiques économiques de l'activité au Canada
comme critère.
M. le Président, on pourrait s'étendre encore longuement
sur le salaire de base du député par rapport au salaire moyen au
Québec. Par exemple, on pourrait et je terminerai sur ces
chiffres, parce qu'ils sont également éloquents donner les
chiffres absolus. Le salaire moyen au Québec était de $6,865 en
1971. Selon l'évolution actuelle, comme je l'ai mentionné, il
sera de $9,300 en janvier 1975. D'où une augmentation de $2,465. Tandis
que le salaire des députés passerait, si nous approuvons cette
loi telle quelle, ce projet tel quel, au cours de la même période,
de $15,000 à $23,205, d'où une augmentation de $8,205. Donc, en
chiffres absolus, c'est pour le moins aussi révélateur que, sur
le plan statistique, mais cela confirme les pourcentages que je donnais
à l'instant, en chiffres absolus, nous aurons une augmentation du
salaire des députés égale à 330 p.c. de
l'augmentation du salaire moyen des Québécois. C'est totalement
injustifié, c'est totalement déraisonnable, 330 p.c.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: M. le Président, j'ai terminé pour l'instant. Je
reviendrai sur des chiffres encore plus précis tout à l'heure, si
l'occasion m'en est donnée. Merci.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission est-elle prête à
se prononcer sur cet amendement?
M. HARDY: Vote.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi.
M. HARDY: Que pouvez-vous ajouter?
M. BEDARD (Chicoutimi): Que puis-je ajouter, sinon essayer de
répéter en espérant que les membres de la commission
comprendront même si nous commençons à
désespérer qu'ils puissent accueillir notre message? D'ailleurs,
les membres de cette commission doivent commencer à savoir, une fois
pour toutes, les conditions que le conseil national de notre parti a
imposées.
M. HARDY: 46.46.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs !
M. HARDY: Le député de Chicoutimi a avoué à
l'article 46...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. HARDY: Oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): Les recommandations auxquelles nous souscrivons
de plein droit, sans être forcés, qui se résument â
deux conditions qu'il ne me semble pas si difficile humainement parlant
d'accepter pour un gouvernement qui se dit social-démocrate.
Première condition, la hausse du salaire minimum.
Je pense que cette condition en est une qui devrait être
acceptée assez rapidement, puisque nous nous votons, par ce projet de
loi, une hausse de salaire non pas minimale, mais une hausse de salaire
maximale, tenant compte des circonstances. Egalement, il y avait une autre
condition tout aussi importante, qui est celle de permettre la
réouverture des conventions collectives, afin de donner l'occasion aux
travailleurs du Québec de pouvoir réclamer pas n'importe
quoi, pas des choses exagérées ce que nous nous accordons
présentement, avec le sourire, au niveau de cette commission, à
savoir, l'indexation, une indexation rétroactive et à laquelle
ils ont, à mon sens, tout aussi droit, si nous, les élus du
peuple, la supposée élite qui doit donner l'exemple, nous nous
l'accordons.
Nous nous accordons cette indexation dans le calme, M. le
Président, sans avoir à faire de grève, sans avoir
à crier plus qu'il ne le faut, sans avoir devant nous le danger
d'injonction, sans avoir le danger d'outrage au tribunal, sans avoir le danger
d'être incarcéré. Alors, M. le Président, je pense
que nous nous la votons dans des conditions très faciles, et ce que nous
réclamons pour les travailleurs québécois, je pense que
non seulement c'est quelque chose de raisonnable, mais c'est quelque chose
auquel ils ont droit. Nous, on s'indexe sans danger. Alors, pourquoi ne
permettrait-on pas aux travailleurs québécois de s'indexer,
d'avoir la possibilité, au moins, de réclamer l'indexation
rétroactive, sans se placer dans l'illégalité et dans le
danger de faire face à des outrages au tribunal?
Non seulement nous nous indexons, M. le Président, mais nous
sommes des choyés en termes d'indexation, tel que l'on fait valoir,
avant moi, le député de Saint-Jacques et le chef de l'Opposition;
non seulement nous nous permettons de nous indexer, mais, je le dis encore une
fois, ce n'est pas n'importe quelle indexation. C'est celle qui est la plus
avantageuse, parce qu'on a choisi les meilleurs barèmes d'indexation.
D'ailleurs, l'amendement qui a été proposé par le
député de Saint-Jacques c'est là qu'on voit le
sérieux du débat, tout au moins le sérieux que nous
voulons apporter à ce débat n'avait pas été
fait à l'aveuglette. Le député de Saint-Jacques avait
même prévu ce qui s'est réalisé, l'objection ou
encore les explications qui seraient apportées par le ministre des
Finances, ce qu'il a fait rapidement, mais ce qu'il a fait après que le
député de Saint-Jacques eut clarifié la situation.
Effectivement, M. le Président, on peut s'apercevoir, constater
que, en ce qui regarde 1974, le pourcentage du salaire hebdomadaire moyen est
peut-être plus élevé, c'est-à-dire est moins
élevé en 1974 que le pourcentage de la hausse de l'indice
général des prix, mais on peut se rendre compte que c'est la
seule année où cette situation s'est produite.
Si on revient en arrière, à savoir en 1972, on peut
constater que le pourcentage de la hausse du salaire moyen au Canada est
beaucoup plus élevé comme indice que ne l'était la hausse
de l'indice général des prix à Montréal, à
savoir un rapport de 8.4 p.c. par rapport à 3.8 p.c. qui
représentent la hausse de l'indice général des prix
à Montréal. Egalement pour 1973, une différence
très appréciable, puisque le pourcentage de la hausse du salaire
moyen au Canada se situe à 7.3 p.c, alors que la hausse de l'indice
général des prix à Montréal se situe à 6.7
p.c.
Tel que nous l'avions d'ailleurs explicité au moment de la
présentation de l'amendement, il reste que, si on fait exception de
l'année 1974, il s'est toujours vérifié une constante qui
prouve que la hausse de l'indice général des prix est toujours
inférieure à la hausse du salaire moyen au Canada et qu'à
ce moment-là, il ne serait que juste de s'indexer sur l'indice le plus
bas. D'ailleurs, l'indexation, sans être un expert de la question, je ne
commencerai pas à essayer d'en être un ce soir... Il reste quand
même que le fait de baser l'indexation sur le salaire hebdomadaire moyen
au Canada représente quand même deux difficultés, en ce
sens que, si on regarde le projet de loi, on s'aperçoit que ce salaire
hebdomadaire moyen est basé sur les entreprises de vingt employés
et plus, ce qui exclut toutes les autres entreprises de vingt employés
et moins. On sait très bien que c'est souvent dans ce genre
d'entreprises que se trouvent les travailleurs les moins bien payés.
Egalement, baser l'indexation sur le salaire hebdomadaire moyen équivaut
à dire qu'on ne tient pas compte des salaires agricoles.
Or, on sait que la moyenne des salaires agricoles est la plus basse
moyenne de salaires et je ne vois pas pourquoi on n'en tiendrait pas compte.
Quand on sait les réclamations qui ont été faites par les
agriculteurs, il n'y a quand même pas si longtemps, quand on sait
jusqu'à quel point leurs revendications se situaient au niveau de la
nécessité qu'un salaire convenable, pas un salaire
exagéré, simplement un salaire convenable, leur soit
accordé, bien, si le barème sur lequel on se base, à
savoir le salaire hebdomadaire moyen, a comme conséquence, et cela n'a
pas été nié par les membres de l'autre côté
de cette table, si ceci a comme conséquence d'écarter toute une
catégorie d'em-
ployeurs, à savoir ceux des entreprises de vingt employés
et moins, et que cela a également comme conséquence
d'écarter la moyenne de salaires des travailleurs agricoles qui, nous le
savons, est une des plus basses, eh bien! à ce moment-là, on se
fixe un indice qui est très favorable pour nous, les
députés, parce qu'il ne tient pas compte des salaires les plus
bas.
Egalement, M. le Président, le projet de loi, en fixant ou en
basant l'indexation sur le barème des salaires hebdomadaires moyens au
Canada, ne tient pas compte du fait que nous vivons au Québec. Je pense
que nous sommes solidaires des Québécois et je crois qu'il ne
serait que normal que, si la situation du Québec, tant pour les
travailleurs que pour les autres classes de la société, devait
être moins bonne que la situation qui prévaut dans tout le Canada,
il ne serait que normal que les députés se sentent solidaires du
sort qui est réservé dans ce pays fédéraliste
à la collectivité québécoise. Ce ne serait,
à mon sens, qu'un signe de solidarité normal. Peut-être
qu'en chiffres absolus, la moyenne des salaires au Québec est
sûrement plus basse, mais, concernant le taux de croissance, je n'ose
m'avancer sur ce point. Peut-être que le ministre des Finances pourra
nous donner des explications.
Tenant compte de ces considérations, je trouve que l'amendement
du député de Saint-Jacques est très valable parce qu'il
nous invite, nous, les députés, à nous indexer, non pas
selon le barème le plus avantageux, mais selon le barème de
l'indice des prix.
Pourquoi est-ce le plus juste? Parce que cela représente vraiment
et plus sûrement le coût de la vie. Pourquoi veut-on, s'indexer
sinon c'est ce qu'on a entendu du côté ministériel
depuis le début pour essayer de récupérer le
pouvoir d'achat que les députés disent avoir perdu depuis la
hausse de salaire de 1971.
Je pense, M. le Président, que ce barème qui serait en
fonction de l'indice des prix, serait plus juste. D'ailleurs, nous nous
indexons, et nous deviendrons, si le gouvernement s'entête à
vouloir voter ce projet de loi, une catégorie d'indexés, c'est
clair à partir du 1er janvier 1975 et, je le dis encore une fois, parmi
les indexés les plus choyés à cause des barèmes que
nous choisissons. Je dis aussi les plus choyés parce qu'il y a
également... Vous allez avoir l'occasion de répondre à
cela. Nous ne demandons pas mieux que d'avoir des explications qui vont nous
faire penser le contraire. Alors, tant mieux !
M. HARDY: Allez-vous justifier votre conscience quand vous allez
encaisser vos chèques?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! Le député
de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous n'avons pas de conscience à
justifier. Notre conscience se justifie au moment où nous parlons.
L'Opposition est claire.
Je disais justement, M. le Président, que nous allons être
une catégorie de citoyens indexés vraiment choyée par
rapport à d'autres catégories de citoyens qui sont indexés
et je pense à toute une catégorie de citoyens qui ne sont pas
indexés. Par exemple, les retraités qui ont des retraites
d'accumulées avec des fonds privés. La grande majorité des
caisses de retraite privées ne sont pas indexées et ce,
malgré que les compagnies qui administrent ces caisses n'ont pas
cessé d'en profiter et n'ont pas cessé de profiter d'un rendement
majoré sur leurs placements. Nous savons que les compagnies qui
administrent les caisses de retraite voient les taux d'intérêt
augmenter et leurs profits par le fait même; on s'aperçoit que ce
n'est pas la même situation pour ces retraités qui ont des fonds
de retraite accumulés avec des entreprises privées qui n'ont pas
eu leur fonds de retraite indexé.
Je sais, M. le Président, que c'est un problème complexe
et qu'il n'y a pas de solution miracle à ce problème. Cependant,
le gouvernement du Québec, je l'affirme, ne se penche même pas sur
ce problème de toute une catégorie de citoyens qui ne sont pas
indexés, à savoir les retraités avec les fonds
privés. Le gouvernement du Québec n'a absolument rien fait pour
les revenus de ces retraités qui sont dans une telle situation de
manière que leur pension ne soit pas mangée par l'inflation. Le
gouvernement n'a rien fait, même pas un petit comité
d'étude qui aurait pu étudier la situation, parce que ces
retraités, je le soumets, M. le Président, vivent quand
même dans une situation pénible, difficile et je crois qu'ils ont
travaillé tout aussi fort et avec autant de
générosité qu'a pu le faire n'importe quel membre de cette
Assemblée nationale pour se donner un fonds de retraite alors qu'ils se
rendent compte qu'il n'est pas indexé présentement et que ce
fonds de retraite accumulé à coups d'efforts ne leur permet pas
de répondre à l'inflation qui frappe tout le monde à
l'heure actuelle. L'inflation frappe les députés, les
députés pensent à s'indexer. Je pense que le gouvernement
devrait penser aussi à ces personnes âgées, à ces
gens qui ont travaillé très fort, qui se sont accumulé des
fonds et qui, à l'heure actuelle, se réveillent dans la situation
de voir ces fonds non indexés alors que les compagnies qui administrent
ces fonds, elles, profitent de l'inflation, profitent de la hausse des taux de
prêts pour accumuler les bénéfices.
Cela rejoint également, M. le Président, beaucoup plus de
gens qu'on ne le pense, entre autres, tous les gens d'Hydro-Québec, tous
ceux qui faisaient partie des anciennes compagnies qui ont été
fusionnées lorsqu'il y a eu la nationalisation d'Hydro-Québec,
également tous ceux qui n'ont pas eu le temps de se payer un fonds de
retraite, parce que, lorsque cela a été mis en pratique, le
régime de rentes et tout
ça, ils étaient à un âge tel que ça ne
leur a pas permis de se payer un fonds de pension qui puisse leur permettre de
répondre à la situation maintenant. Encore une fois, les
compagnies, pour leur part, jouissent d'un taux de flexibilité qui leur
permet d'accumuler des profits alors que les pensionnés qui ont
travaillé fort pour accumuler ces pensions n'ont pas la même
possibilité.
M. le Président, je trouve que toutes les raisons qui ont
été amenées au soutien de son amendement par le
député de Saint-Jacques, qui ont été
appuyées également avec d'autres arguments de comparaison entre
le salaire hebdomadaire moyen au Canada et le salaire hebdomadaire moyen des
Québécois, eh bien! ces raisons ajoutées à celles
que j'essaie d'apporter sans vouloir poser à l'expert, sont suffisantes
pour au moins que les membres de cette commission acceptent que l'indexation
que se donnent les députés de l'Assemblée nationale n'en
soit pas une de luxe par rapport à celles dont doivent se contenter une
grande majorité des citoyens du Québec.
M. GARNEAU: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Johnson avait
été reconnu; sur l'amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, d'abord, le gouvernement
de la province a demandé à un comité consultatif sur les
indemnités et allocations des parlementaires du Québec de faire
un rapport sur le salaire et sur la tâche ingrate que nous avons
aujourd'hui de fixer maintenant notre rémunération notre
indemnité.
A la page 35, M. le Président, le rapport dit ceci: "II existe un
système, c'est celui qui consiste à lier directement la
rémunération des parlementaires au traitement d'une certaine
catégorie de fonctionnaires. Commentant cette procédure,
l'ouvrage Parlement, page 79, dit: "Ce procédé, tout en assurant
un traitement convenable aux parlementaires, a l'avantage d'éviter toute
discussion démagogique et vous savez que, depuis quatre heures,
on en a entendu de toutes les couleurs lorsque les circonstances et
notamment la hausse du coût de la vie rendent nécessaire un
relèvement des traitements. "Le système, tel que nous le
recommandons, existe en Autriche, donc des gens peut-être un peu
plus avancés que nous en Finlande...
Attendez, avant d'applaudir, en arrière, attendez mes vieux
clichés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais inviter le
député de Johnson à s'adresser au président, s'il
vous plaît?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je m'adresse au micro,
si vous êtes devant moi, je tiens ça comme acquis. "En Finlande,
M. le Président, en Turquie, en France vous ne riez plus
pour ne nommer que quelques pays. Nous avons cru que le meilleur exemple
était encore celui de la France où, d'après les
renseignements que nous avons obtenus, les parlementaires sont
généralement satisfaits de leur traitement, où, par
ailleurs, l'opinion publique ne semble pas se scandaliser des augmentations
réelles que peuvent subir ces traitements. En France dit le
rapport Bonenfant les deux premiers articles de l'ordonnance no 581210
un vieux cliché du 13 décembre 1958, portant loi
organique relativement à l'indemnité des membres du Parlement que
nous reproduisons à l'appendice 6". Cela veut dire l'appendice, ce qui
suit se lisant ainsi. "Article 1er, l'indemnité parlementaire est
calculée par référence au traitement des fonctionnaires
occupant les mêmes emplois de l'Etat classés dans la
catégorie présentement dites hors échelle. Elle est
égale à la moyenne du traitement le plus bas et du traitement le
plus haut de cette catégorie. Deuxièmement, l'indemnité
parlementaire est complétée par une indemnité dite
indemnité de fonction.
Le montant de cette indemnité est égal au quart du montant
de l'indemnité parlementaire. Le règlement de chaque
assemblée détermine les conditions dans lesquelles le montant de
l'indemnité de fonction varie en fonction de la participation du
parlementaire aux travaux de l'Assemblée à laquelle il
appartient.
Pour les fins de notre comité, nous n'avons pas cru
nécessaire d'évaluer en argent ces traitements, car ce qui nous
intéresse, c'est la procédure et non les résultats
pécuniaires en France. Le problème est de trouver à quelle
classe de fonctionnaires québécois il faudrait se
référer. Nous avons examiné le règlement 620 de la
Commission de la fonction publique, concernant le statut particulier du
personnel des cadres supérieurs et nous reproduisons le tableau".
M. le Président, c'était une des suggestions qu'a faites
un comité qui s'est appelé le comité Bonenfant. Vous allez
me dire: C'est un vieux cliché! Durant trois quarts d'heure, les
députés de Chicoutimi et de Saint-Jacques ont parlé de
vieux clichés!
M. BEDARD (Chicoutimi): Je n'ai pas parlé de cela!
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, ils ont dit que
j'étais un membre de l'élite. Ces messieurs aimeraient-ils mieux
m'entendre parler de marijuana ou de fumer mon "pot"? Le vieux cliché
serait-il de fréquenter le Dave Club à Montréal? Le vieux
cliché serait-il de porter des "jeans" et des collets roulés en
Chambre? Le vieux cliché serait-il de se promener en nuvite?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BELLEMARE (Johnson): Le vieux
cliché
serait-il d'aller passer mes fins de semaine dans des chalets, tout nu?
Le vieux cliché serait-il de divorcer, comme c'est si populaire,
aujourd'hui, après 35 ans de mariage? Le vieux cliché serait-il
de rire de ceux qui vont encore à la messe? Serait-ce de rire de ceux
qui veulent transformer nos écoles publiques en amateurs de sexe? Le
vieux cliché serait-il, plutôt que d'enseigner l'ordre et la
discipline, d'enseigner la révolution aux jeunes? Le vieux cliché
serait-il d'aller m'asseoir au festival de Man-seau? C'est cela que vous
voulez? M. le Président, le vieux cliché de Bellemare, quand je
parle d'une élite, c'est loin de ma pensée !
On aura beau dire du député de Johnson que c'est un vieux!
Oui, je suis un vieux, mais j'ai été élevé à
une école de respect de l'autorité. J'ai été
élevé à une école du respect non des slogans mais
de la pratique de certains droits et surtout privilèges qui nous sont
donnés en vertu de la loi du Parlement. Ces messieurs parlent de
l'indexation avec un grand scrupule. Allons donc voir ce que dit un des
meilleurs journalistes de la province, M. Vincent Prince! Je ne crois pas que
l'Opposition l'ait encore cité. Il disait ceci, le jeudi 5
décembre 1974: "A notre avis, il faut réagir de façon
positive. D'une part, il importe que les députés du peuple
reçoivent une rémunération qui corresponde à leurs
responsabilités c'est-à-dire entre guillemets
de l'élite . D'autre part, il est moins important de
soustraire cette rémunération à un vote périodique
de l'Assemblée nationale, où la démagogie danse sur tous
les tons". Je continue à citer, M. le Président: "Ce qu'il y a de
plus intéressant de toute façon, dans le rapport Bonenfant, c'est
la suggestion qu'on y trouve d'ajuster désormais le salaire d'un
député sur un barème qui serait établi dans la
loi".
Je continue encore de citer M. Prince: "Donc, l'idée d'un
barème qui permettrait un ajustement périodique de la
rémunération des élus a quelque chose de fascinant. Le
problème est de s'entendre sur ce barème".
Le chef de l'Opposition fait grand état de ce que les pauvres et
les déshérités, les gens qui ont énormément
de misère à avoir un salaire égal au nôtre, peuvent
peut-être endurer par les vicissitudes de la vie.
M. le Président, je ne veux pas faire du folklore et faire
pleurer mon ami de Saint-Jacques, mais le chef de l'Opposition
répète: Dans ma famille, il y a des gens qui gagnent beaucoup
moins que nous. C'est bien évident.
Il y a 1,500,000 travailleurs qui ne sont pas syndiqués, qui
vivent en vertu des décrets, qui vivent en vertu du salaire "minum",
minimum, "minimninum" si vous voulez, du salaire minable, si vous aimez mieux.
Il y en a 1,500,000. Quand on fait la proportion et qu'on établit des
chiffres pour établir un salaire moyen, cela influence
énormément sur la statistique.
J'ai un de mes frères, M. le Président, qui est agent
d'assurance. Il fait au-dessus de $22,000 par année, il prend deux mois
de vacances, il n'y a pas de fin de semaine qu'il ne travaille pas, il
travaille à partir du jeudi. Il est beaucoup mieux que moi.
J'ai un autre de mes frères qui travaille dans l'industrie du
papier, à la compagnie St. Maurice Paper, pour la Consolidated Paper. Il
travaille peut-être cinq jours par semaine. Il fait au-delà de
$22,000 par année.
Je voudrais savoir de ces messieurs ce que gagne, aujourd'hui, dans la
construction, un ouvrier ordinaire, non pas un ouvrier
spécialisé, un ouvrier ordinaire et le comparer à mon
traitement comme député. Je voudrais savoir ce que gagne un
électricien, de la profession des électriciens et des
maîtres électriciens. Je voudrais savoir ce que gagne un membre de
la Corporation des plombiers dans la province.
M. le Président, je ne veux pas faire, ici, de démagogie
inutile, mais j'ai cité des hommes qui travaillent dans la construction,
dans l'assurance, comme "faiseurs" de papier. Si je voulais me hasarder dans le
domaine des professionnels, on a seulement à prendre la statistique
annuelle qui nous est fournie par Statistique Canada et nous verrions qu'il y a
des ingénieurs qui gagnent jusqu'à $80,000 par année. Il y
a des médecins et cela a été rapporté par
l'assurance-hospita-lisation qui retirent des revenus d'au-delà
de $125,000 par année. Il y a des avocats aussi, les maîtres
avocats ils ont de très bons bureaux, je ne leur reproche pas
leur profession et j'en connais très peu qui font des salaires en
bas de $22,000 ou $25,000 par année. Il y a aussi des professeurs qui,
en vertu de leur dernière convention collective, touchent des
rémunérations et des salaires qui approchent sensiblement le
nôtre. N'ayant pas les responsabilités que nous avons, je me
demande si véritablement on est justifié, aujourd'hui, de ne pas
se battre c'est l'expression qu'il faut employer devant des gens
qui font une obstruction systématique afin d'avoir plus de
publicité dans les journaux, passer pour des grands hommes, mais, demain
matin, par exemple, ils seront les premiers rendus chez le trésorier
pour recevoir leur chèque, pour tendre la main et se faire payer.
M. le Président, le chef de l'Opposition un exemple parmi
bien d'autres retirera $21,000 de salaire comme tous les
députés. Il aura droit, comme chef de l'Opposition, à une
indemnité particulière d'environ $20,000 de plus. Cela le portera
à $41,000, à part les $7,000 et à part des $3,000, comme
frais de représentation. Le chef de l'Opposition va payer, en
impôt, 53 p.c. de ce salaire qui va lui être attribué. On va
venir chercher, à même son salaire, 53 p.c, en impôt.
Personne ne peut contredire cela. Cela donnera donc au chef de l'Opposition,
quand il aura payé ses 53 p.c, $23,000.
Un député qui siège à l'Assemblée
nationale, qui recevra $21,000, comme indemnité, paiera 40 p.c,
c'est-à-dire $8,000 d'impôt. Il les prendront, dans la paye du
député, et il lui restera
$13,000. Quel est celui qui peut contredire ces chiffres? Où
est-il l'homme qui va venir dire aujourd'hui que je récite des vieux
clichés? Est-ce que ce n'est pas vrai? Même le
député de Saint-Jacques sera le premier à être
imposé, plus qu'un autre, parce qu'il a conservé sa
virginité.
M. CHARRON: M. le Président, si on ne l'avait pas, il faudrait
l'inventer.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, certainement, parce qu'à mon
âge, entre les tentatives et les tentations, il y a une maudite
différence. Le député de Chicoutimi dit: C'est affreux
d'indexer notre salaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai!
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez dit pire que cela. Non?
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai. Question de règlement,
je n'ai jamais dit cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai dit qu'on choisissait le barème le
plus avantageux. C'est ce que j'ai dit.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président,...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je pense que le député pourra
rectifier les faits s'il en sent le besoin après l'intervention du
député de Johnson.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas cela. Mais plutôt qu'il
commence à dire des choses qui ne sont pas correctes...
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien content de voir que le
député va voter avec nous pour l'indexation du salaire.
M. BEDARD (Chicoutimi): L'indexation raisonnable.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous avez voté tout à l'heure
contre l'indexation raisonnable.
Quand on regarde la liste des députés qui sont
retraités, l'on retrouve en particulier l'honorable M. René
Lévesque qui a été le plus grand absent de la Chambre.
J'ai ici avec moi des statistiques pour constater son absentéisme
pendant qu'il était ministre dans le gouvernement de M. Lesage et quand
il a été président du MSA, de l'autre côté,
dans l'Opposition comme député MSA. M. Lévesque
reçoit aujourd'hui, comme moi, comme ancien député, je
recevais avant d'être élu député de Johnson, une
pension indexée, s'il vous plaît, de $14,070.40. M.
Lévesque recommande au conseil national de voter contre l'indexation et
contre l'augmentation des salaires.
Je pourrais vous citer d'autres personnes ici dans la province qui ont
des pensions indexées. Je pense que c'est un argument de plus pour nous,
parce qu'il y a des députés dans cette Chambre qui ne feront
peut-être pas un autre mandat. Ils sortiront sans aucune pension. Ils
retourneront à leur boulot, ils retourneront à leurs affaires
sans recevoir un seul cent de pension, parce que, pour obtenir l'avantage d'une
pension, il faut siéger dans deux Parlements, au moins six ans. Je veux
vous dire, sans faire de folklore, et sans retourner dans ce qu'on appelle les
vieux clichés, qu'il y a des députés qui sont sortis de
cette Chambre sans pension. Je pourrais vous en nommer plusieurs qui, à
cause d'une situation précaire, ont été obligés
d'aller à l'assistance publique. Je peux vous citer des noms, même
aujourd'hui, de certaines gens qui font partie du Parti
québécois.
M. le Président, il s'agit d'être raisonnable, il s'agit
d'adopter des mesures législatives qui ne seront pas trop
dépassées par le bon sens. Je dis que l'indexation qui se fait
présentement, est une indexation qui devrait être reportée,
je le dis, à la suite de mon collègue de Beauce-Sud, en janvier
1976. Je pense que ce serait raisonnable. Qu'on nous accorde une augmentation
de salaire, puisqu'on a défait tout à l'heure la motion du
député de Beauce-Sud, que j'appuyais, celle d'obtenir un salaire
de base de $19,000. On a été battu sur cette motion, on va
sûrement être dans l'obligation de suivre la majorité et de
recevoir une indemnité de $21,000. Sur les $21,000 que je vais recevoir
comme député de Johnson, je vais être obligé d'en
payer au moins $8,000 en impôt. Je pense... Pardon?
M. CHARRON: Ce n'est pas vrai.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas vrai? Je suis taxé à
53 p.c. du salaire. Je suis obligé d'en payer. Certainement et
j'espère que vous allez vous taire. Vous allez faire comme moi tout
à l'heure, j'ai enduré pendant un quart d'heure, pendant vingt
minutes vos allusions sur ma vie publique. Je pense, monsieur, que s'il y a des
clichés qui devraient être respectés, cela devrait
être celui de l'honnêteté professionnelle. Je dis que je
voterai contre cette motion, parce qu'elle est inspirée de la plus verte
répugnance que l'on peut avoir vis-à-vis des gens qui, tout
à l'heure, vont être les premiers rendus chez le "payeur", rendus
chez le trésorier pour recevoir leur augmentation de taxes...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Leur augmentation de taxes, oui, parce qu'on
sera taxé à 50 p.c. du salaire qu'on se donne. M. le
Président, il y a un fait que je voudrais invoquer, c'est que les
honorables amis, tout à l'heure, ont joué, pendant un certain
temps 45 minutes, M. le Président sur le vieux
député
de Johnson. Le député de Chicoutimi s'est plu à
dire que les morts, il y en avait ailleurs. Oui, il y en avait ailleurs, c'est
vrai. Les entrepreneurs de pompes funèbres ne fournissent pas, tous les
jours, d'en charrier. Mais tant et si longtemps qu'on vivra dans ce Parlement,
et qu'on aura comme exemple ceux qui ont laissé ici un nom inattaquable,
un prestige d'une grande valeur, je dirai qu'ils s'appellent Pierre Laporte,
qu'ils s'appellent Daniel Johnson, qu'ils s'appellent Jean-Jacques Bertrand ou
Paul Sauvé, qui est mort au devoir lui aussi, je dirai, M. le
Président, qu'on devra arrêter de prendre des
députés pour des bouffons et surtout, qu'on devra revaloriser
notre rôle de bons législateurs, et véritablement
appartenir à cette élite à laquelle nous devons
adhérer. Cela peut faire le sujet de quolibets, mais les plus grands
bourgeois sont peut-être des anciens révolutionnaires. Il ne
faudrait pas se cacher derrière des masques honorables pour
paraître des vierges offensées. Je pense, M. le Président,
qu'il est temps, plus que jamais, puisque c'est la dernière fois qu'on
va toucher à notre salaire, de l'établir sur des bases
raisonnables, justes, vis-à-vis d'un assureur, vis-à-vis d'un
papetier, vis-à-vis d'un homme qui travaille dans la construction,
vis-à-vis d'un électricien, vis-à-vis d'un plombier,
vis-à-vis d'un ingénieur, vis-à-vis d'un médecin,
d'un avocat, d'un professeur dans nos écoles. Je pense que le
député a droit à une certaine indemnité
raisonnable, et c'est pourquoi, M. le Président, je voterai contre la
motion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Beauce-Sud sur l'amendement de l'honorable député de
Saint-Jacques.
M. ROY: M. le Président, sur l'amendement qui vient d'être
proposé, il est évident que, si je veux être logique avec
la motion que j'avais proposée le 24 décembre, et logique avec la
position que j'ai prise à l'Assemblée nationale, selon laquelle
l'indexation ne devait pas débuter avant 1976, je devrai voter contre la
motion de l'honorable député de Saint-Jacques. Première
raison.
Deuxième raison, M. le Président, c'est que les chiffres
qu'on nous a donnés... Je me réfère aux chiffres que nous
a fournis le chef de l'Opposition lui-même, lorsqu'il a parlé du
taux de croissance du revenu canadien, par rapport à l'augmentation du
coût de la vie.
M. le Président, l'augmentation du revenu canadien de 1973
à 1974 a été de 10 p.c, et si je retiens ce montant de 10
p.c, en l'analysant à partir du salaire qui est fixé dans le
projet de loi actuel, il s'agira d'une augmentation, pour l'année 1975,
de $2,100. J'ai dit que c'était trop, j'ai dit que l'indexation ne
devrait pas débuter tout de suite. Mais si je prends le chiffre qui a
été retenu par la motion de l'honorable député de
Saint-Jacques, alors que tout le monde s'accorde à dire pas un
économiste n'a contesté le chiffre à venir jusqu'à
maintenant que le taux d'augmenta- tion du coût de la vie au
Québec sera de 12 p.c. pour les douze mois de l'année 1974, cela
veut dire...
M. BELLEMARE (Johnson): Jamais! Jamais! C'est clair, cela?
M. ROY: ... que l'augmentation serait, au lieu de $2,100, si la motion
de l'honorable député de Saint-Jacques était
acceptée, de $2,520, une augmentation de $420 de plus que celle qui est
prévue dans le projet de loi. M. le Président, c'est à n'y
rien comprendre, du tout!
Je vais terminer là mes propos, parce que je ne veux d'aucune
façon abuser de mon droit de parole pour participer à ce
"filibuster", qui est en quelque sorte un "foliebuster", surtout si on
considère que nous sommes des gens responsables, qu'on doit agir comme
tels, je commense à avoir des doutes. Lorsqu'on considère combien
cela coûte, une journée à l'Assemblée nationale,
aujourd'hui, à la province, aux Québécois, qui devront en
payer les frais, pour discuter d'une loi qui va coûter au trésor
provincial, tout au plus un demi-million de dollars, alors que le budget de
l'Assemblée nationale est de $15 millions annuellement, que nous avons
100 jours de session, plus une quarantaine de jours de commissions
parlementaires en dehors des sessions, on peut dire, pour un chiffre rond,
qu'il en coûte un minimum de $100,000 par jour de session.
Pendant que nous nous amusons, je le dis bien, à discuter de
cette question, pendant qu'on se cherche des poux, les éléphants
passent. Il y aurait beaucoup d'autres choses à faire au Québec,
actuellement, il y a des projets majeurs. Il y a des lois majeures qui
devraient nous être présentées à l'Assemblée
nationale et nous avons des travaux extrêmement importants à
faire. Nous sommes ici, présentement, pour discuter pendant combien de
jours, pendant combien de semaines pour un projet de loi qui coûte un
demi-milion, pour chercher des poux, pour faire le procès, je le dis
bien, du pouvoir législatif alors que l'an dernier, à la
même date, on a profité de l'augmentation du salaire des juges
pour faire le procès du pouvoir judiciaire.
M. le Président, j'ai dit tout à l'heure que
j'étais assez grand et assez vieux pour me poser des questions tout
seul, mais je m'en pose une à l'heure actuelle. Quelles sont les
intentions cachées derrière cette manoeuvre pour un projet de loi
qui en coûte un demi million aux Québécois? Je comprends
qu'il y a des principes, M. le Président, nous l'avons dit. Mais
défendre un principe et prendre position, je pense que c'est manquer
à notre devoir de contribuer ou de participer à des
dépenses additionnelles qui vont coûter aux
Québécois $1 million et peut-être $1.5 million de plus.
Pour faire quoi? Pour faire le procès du pouvoir législatif.
Je n'en dis pas plus long à ce moment-ci. Si
c'est nécessaire, j'interviendrai, mais je n'ai pas l'intention
d'abuser de mon droit de parole. Je veux être clair, très clair
sur cette chose. Je ne peux pas voter en faveur de cette motion parce qu'elle
est contraire à l'esprit de la motion que j'ai présentée,
parce qu'elle constitue, à mon avis, une augmentation sur l'augmentation
proposée par le gouvernement et je n'ai pas l'intention de jouer au
fou.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Chicoutimi,
à qui il reste deux minutes.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est tout simplement pour relever un point,
suite à l'intervention du député de Johnson; lorsque j'ai
parlé de Daniel Johnson, j'ai dit que je convenais qu'il était
peut-être mort au devoir, et j'invitais le député de
Johnson à penser aussi aux travailleurs qui sont peut-être morts
au devoir aussi comme Daniel Johnson et d'autres politiciens...
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas honnête cela !
M. BEDARD (Chicoutimi): ... à savoir... Il lira mon intervention,
je parlais...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... des cuvistes à l'Alcan et des mineurs
qui étaient en butte à des maladies industrielles au moment
où ils avaient à remplir un devoir qui était tout aussi
important que n'importe quel autre, à savoir assumer la
responsabilité de faire vivre leur famille, et pas plus que cela.
Egalement, je crois que le problème avec toutes les comparaisons
que nous a données le député de Johnson, c'est qu'en
calculant l'impôt, si c'est une si petite augmentation qu'on se donne, on
serait aussi bien de ne pas se chicana-plus longtemps pour se donner une si
petite augmentation, et plutôt, penser à donner l'exemple aux
Québécois et de ne pas se voter cette augmentation. Le
problème n'est pas de se comparer avec les autres classes de la
société. J'ai un frère qui est épicier et qui gagne
deux fois mon salaire, cela ne veut pas dire que je dois m'en voter un qui soit
deux fois ce que j'ai à l'heure actuelle. Cela ne change rien. Le
problème est d'évaluer ce qu'il nous faut comme salaire pour
pouvoir bien remplir notre travail. C'est ça le problème, et non
pas se comparer avec les fonctionnaires et avec n'importe quelle autre classe.
Je pense que le problème est là et laissez faire les
comparaisons.
M. le Président, pour terminer les deux minutes qu'il me reste,
je voudrais poser une question au ministre des Finances. Je trouve que
l'article 92 a), je peux me tromper, je ne veux pas poser à
l'expert dans sa formulation, ne correspond pas à la
réalité qu'il voudrait expliciter. On y lit ceci: "Le montant de
l'indemnité visé à l'article 92 doit, à compter du
1er janvier 1975, être augmenté annuellement du pourcentage que
représente le rapport entre le salaire de base pour l'année
précédente et le salaire de base pour l'année
antérieure à cette dernière". Ceci veut dire que, si je
prends le salaire de base de 1974 qui serait, comme exemple, de $9,200 et
également le salaire moyen de 1973 qui serait de $8,800, ceci donnerait
un rapport de 1.5 p.c...
M. HARDY: Cela va être corrigé.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... ce qui veut dire 100 p.c. A ce
moment-là, il me semble que ce n'est pas le mot "pourcentage" qu'on
devrait employer, mais plutôt le mot "montant".
M. HARDY: Cela va être corrigé.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je ferais un amendement.
M. HARDY: J'en ai un qui va tout couvrir cela.
M. BEDARD (Chicoutimi): Laissez-moi finir. Vous êtes bien vite
quand vous pensez qu'on a raison...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Votre temps est terminé.
M. HARDY: De toute façon, vous n'avez plus de temps.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II est dépassé par une
minute.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je peux finir ma phrase.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous pouvez résumer, mais ne sautez
pas dans les...
M. BEDARD (Chicoutimi): De telle façon, M. le Président,
que je crois que si on veut vraiment avoir un texte juridique qui respecte la
réalité, qu'on veut voter, c'est que le mot "pourcentage" devrait
être remplacé par "être augmenté annuellement du
montant..." je finis ma phrase et j'ai fini mon intervention.
M. HARDY: J'invoque le règlement, elle est
irrégulière.
M. BEDARD (Chicoutimi): "... pourcentage par montant que
représente le rapport entre le salaire de base pour l'année
précédente et le salaire de base pour l'année
antérieure à cette dernière".
M. HARDY: Qu'est-ce que cela a à voir avec l'amendement qui nous
a été soumis?
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre des Finances.
M. BEDARD (Chicoutimi): J'ai trois minutes, j'ai droit à des
informations.
M. HARDY: J'invoque le règlement, M. le Président. Nous
avons déjà un amendement et le député de Chicoutimi
ne peut pas proposer un autre amendement actuellement. Il faut d'abord disposer
de l'amendement du député de Saint-Jacques.
M. BEDARD (Chicoutimi): Alors, je le soumets tout de suite, M. le
Président.
M. HARDY: Un instant.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Vous ne pouvez pas faire cela, vous le savez
fort bien d'ailleurs. Le ministre des Finances.
M. HARDY: Vous prouvez une fois de plus votre
malhonnêteté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Au contraire, on vient de prouver que...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): ... vous l'aviez mal rédigé.
M. MORIN: Une augmentation de 800 p.c.
M. HARDY: II est tout choqué.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: Cela vous évitera d'encaisser des chèques
auxquels vous n'avez pas droit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): Cela vous montrera à faire des textes
législatifs sans savoir quels mots employer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Voulez-vous avoir cinq minutes de
"free for all", comme dirait le chef de l'Opposition? Le ministre des Finances
sur la motion d'amendement du député de Saint-Jacques.
M. GARNEAU: M. le Président, dans le débat sur la
proposition d'amendement du député de Saint-Jacques, le chef de
l'Opposition officielle et le député de Chicoutimi ont longuement
fait état d'un indice d'augmentation d'indexation qui était de
loin le plus avantageux par rapport à d'autres formules qui ont
été utilisées dans d'autres secteurs.
Je voudrais m'inscrire en faux contre cette argumentation. Je l'ai fait
en deuxième lecture à l'Assemblée nationale et je veux
reprendre très rapidement le procédé ou le processus qui
nous a amenés à arriver à cette suggestion qui est
contenue dans le projet de loi 87. D'abord, il y avait la proposition du
rapport Bonenfant qui suggérait de prendre la médiane du salaire
des administrateurs classe IV et voyait une augmentation du salaire de base des
députés suivant le même rythme d'augmentation que celui de
cette catégorie de fonctionnaires. Or, M. le Président, si nous
avions suivi à la lettre la recommandation du rapport Bonenfant, nous
aurions prévu pour 1975 une augmentation de base de 6 p.c, qui est
l'augmentation de la masse salariale, quoiqu'il y ait des administrateurs
classe IV qui peuvent avoir jusqu'à 10 p.c, plus l'indexation qui, pour
l'année 19 74/75, dépassera vraisemblablement les 16 p.c, ce qui
aurait fait 22 p.c. d'augmentation. Nous avons cru que c'était trop
élevé et je pense qu'à ce moment-là l'Opposition
aurait pu critiquer le gouvernement de faire une telle formule
d'indexation.
Une autre formule, M. le Président, qui est encore et de beaucoup
plus avantageuse que celle que nous proposons dans ce projet de loi, c'est
celle que ce même Parlement, ce même gouvernement a donnée
à l'ensemble du secteur public et parapublic. Je l'ai indiqué en
deuxième lecture et je voudrais reprendre rapidement cette
argumentation. Si nous prenons l'augmentation moyenne des salariés de la
fonction publique et parapublique: en 1972, cela a été 8.6 p.c;
en 1973, 10.7 p.c; en 1974, 17 p.c; et d'encaissé ou en caisse au 31
décembre 1974, il y a au moins 8 p.c. Ce qui veut dire que, si nous
avions considéré cette formule, non pas en nous servant d'abord
pour ensuite servir les autres, mais en nous appuyant sur non pas sur ce que
nous pourrions faire dans l'avenir pour les fonctionnaires ou le secteur de
l'enseignement ou le secteur hospitalier, mais tout simplement en s'alignant
sur ce qui a été fait au cours des dernières
années, ce serait une augmentation de 44 p.c. ou 45 p.c. qu'il aurait
fallu appliquer au salaire de base en utilisant la même formule
d'indexation.
Encore là, nous avons cru que c'était trop
élevé et le ministre de l'Industrie et du Commerce, cet
après-midi, a donné la rationalité derrière les
$21,000, c'est-à-dire que nous avons voulu appliquer, à
l'augmentation de base du salaire des députés, ce qui a
été l'augmentation moyenne des salaires des ouvriers au Canada.
Nous croyons que des députés, sans se prendre pour d'autres, sans
se prendre pour plus fins, sans se prendre pour plus fous, peuvent dire que nos
salaires et nos traitements de base augmentant de la même façon,
au même rythme que celui des ouvriers canadiens, je pense qu'il n'y a pas
d'exagération et c'est ce que nous avons fait pour ramener, au 31
décembre 1974, le salaire de base des députés, qui partait
de $15,600, pour l'amener à $21,000, tel qu'il sera le 31
décembre 1974. Pour l'avenir, nous avions différentes formules et
c'est une des raisons pour lesquelles nous n'avons pas pris la proposition du
député de Saint-Jacques, c'est justement qu'elle était
plus avantageuse. Il me dira
que c'était pour cette année, mais qui me dit qu'en 1975,
au lieu d'être 9.6 p.c, comme la moyenne des salaires des ouvriers au
Canada pour les huit premiers mois, qu'en 1975 ou 1976, cela n'aurait pas
été 12 p.c. et 13 p.c? Je ne le sais pas.
Une chose est certaine, c'est qu'en appuyant l'augmentation moyenne du
salaire des députés, dans l'avenir, à ce qu'est
l'augmentation moyenne des ouvriers au Canada, je pense que personne ne pourra
blâmer les députés de se servir d'abord. Au contraire, nous
allons connaf-tre le même rythme de croisière d'augmentation de
traitement que les ouvriers canadiens et je pense que c'est une base solide,
qui n'est pas influencée par des groupes de travailleurs qui ont des
formules d'indexation plus avantageuses que d'autres parce que dans cette
moyenne d'augmentation du salaire des ouvriers canadiens, il y en a qui ont des
formules d'indexation au coût de la vie en plus de leur taux
d'augmentation de productivité, il y en a qui n'en ont pas.
Alors, en prenant cette base moyenne d'augmentation, nous tenons compte
des gens qui ont des formules d'indexation et des gens qui n'en ont pas et nous
croyons que c'est beaucoup plus juste de s'aligner uniquement sur
l'augmentation du coût de la vie, parce que, même si à moyen
terme ça devait être supérieur à l'augmentation du
coût de la vie, je ne vois aucune raison pourquoi des
députés qui font honnêtement leur boulot, qui occupent
honnêtement une fonction, n'auraient pas la même augmentation de
traitement, en moyenne, que l'ensemble des ouvriers canadiens.
On ne peut certainement pas nous blâmer d'avoir choisi les classes
les plus payées ou les classes les moins payées, mais on prend la
moyenne de l'ensemble des ouvriers et si notre salaire augmente comme celui des
ouvriers, je pense qu'on est sur du terrain solide, on ne peut pas faire de
démagogie avec des augmentations semblables, on ne peut pas dire que
nous allons influencer nous-mêmes les décisions qui nous
affecteront, ce qui aurait pu être le cas si nous avions suivi à
la lettre le rapport Bonenfant parce que c'est l'exécutif qui
détermine par règlement le salaire des cadres supérieurs,
nous aurions pu dire: Pour que les députés augmentent davantage,
on va augmenter le salaire minimum de la classe IV; au lieu d'être
$19,000 à $25,000, il va être de $21,000 à $25,000, de
telle sorte qu'on aurait pu avoir des augmentations de traitement
supérieures et aussi avoir une formule d'indexation nettement plus
avantageuse que celle que nous avons, parce que, dans le secteur public et
parapublic, la formule d'augmentation, quand on parle, au 1er juillet 1974, une
augmentation de 17 p.c. plus les 6 p.c. qu'on a versés le 31
décembre, c'est une formule qui est certainement avantageuse et les
employés du secteur public et parapublic au Québec sont
certainement parmi les travailleurs qui sont traités avec le plus
d'égard, avec le plus de générosité,
comparativement à ce qui se passe dans bien d'autres classes de la
société. C'est pourquoi je soumets que cette base d'augmentation
du salaire des députés qui s'appuie sur l'augmentation des
ouvriers au Canada est une base solide, une base qui évite la
démagogie, une base qui évite également le tripotage qui
pourrait se produire à l'occasion de règlement de convention
collective sur lesquelles on a un mot à dire, ou encore des traitements
de cadres qui sont déterminés par l'exécutif. Je pense que
c'est plus juste, c'est la raison pour laquelle nous avons choisi cette formule
et c'est la raison pour laquelle nous allons voter contre la motion
d'amendement du député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Messieurs, sur la motion d'amendement du
député de Saint-Jacques à l'effet de remplacer à
l'article 5, les mots qui suivent le mot "pourcentage", dans la onzième
ligne, par les mots suivants: "d'augmentation d'indice général
des prix à la consommation à Montréal, pour l'année
précédente, par rapport à l'année antérieure
à cette dernière, tel que publié par Statistique Canada en
vertu de la Loi sur la statistique.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bédard, Chicoutimi?
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellemare, Johnson?
M. BELLEMARE (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Massicotte?
M. MASSICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Pépin?
M. PEPIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Brown?
M. BROWN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Charron?
M. CHARRON: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Giasson? M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Morin?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Pierre? M. Ostiguy? M. Garneau?
M. GARNEAU: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy?
M. BELLEMARE (Johnson): M. Roy m'a demandé d'enregistrer son vote
contre parce qu'il est allé en Chambre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est d'accord?
DES VOIX: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Vallières?
M. VALLIERES: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pour: 3
Contre: 11
La motion d'amendement est rejetée. Le ministre des Affaires
culturelles.
Motion d'amendement de M. Hardy
M. HARDY: M. le Président, je propose que les deux paragraphes 92
a) de l'article 5 soient remplacés complètement par une nouvelle
rédaction.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre des Affaires culturelles
propose... si je comprends bien, il s'agit de biffer...
M. HARDY: II s'agit de rayer complètement l'article 92 a) que
l'on retrouve à l'article 5 et de le remplacer par une nouvelle
rédaction.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je me demande...
M. HARDY: En partie.
M. BEDARD (Chicoutimi): En grande partie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission serait-elle...
M. HARDY: On est en train de le distribuer.
M. CHARRON: A quel endroit cela commence-t-il?
M. HARDY: C'est tout l'article 92 a), les deux paragraphes: "Le montant
de l'indemnité visée..." et l'autre paragraphe qui commence par:
"Le salaire de base..." Ces deux paragraphes seraient rayés. C'est une
toute nouvelle rédaction.
M. CHARRON: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si vous me le permettez, j'aimerais d'abord
demander ceci à la commission: L'article qui s'intitule 92 est-il
adopté?
M. MORIN: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté sur division.
M. CHARRON: M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, avant d'entamer la discussion, pourriez-vous lire le nouveau
texte présenté par le ministre des Affaires culturelles?
LR PRESIDENT (M. Gratton): Oui. Le nouveau texte présenté
par le ministre ne touche que l'article 92 a) de la Loi de la
Législature, c'est pourquoi j'aimerais disposer de l'article 92, comme
tel, en l'adoptant sur division, tel que demandé, pour ensuite passer
à l'article 92 a).
M. BEDARD (Chicoutimi): L'amendement porte sur l'article 92 et non sur
l'article 92 a).
M. MORIN: Pourrais-je demander au ministre pourquoi il ne nous a pas
soumis ce texte avant, quand nous avons abordé l'article 5, plutôt
que d'attendre si tard? Nous avons déjà fait des exposés
en nous fondant sur l'ancien texte de l'article 92 a), alors que le ministre
savait qu'il allait nous apporter un amendement. Cela nous aurait
peut-être épargné de longs débats inutiles.
M. HARDY: Je n'en suis pas sûr!
LE PRESIDENT (M. Gratton): De toute façon, je m'excuse...
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous auriez pu courir le risque !
M. MORIN: J'ai posé une question au ministre. Je voudrais bien
comprendre pourquoi on nous l'apporte tout simplement comme cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Moi-même, je serais très
intéressé à écouter la réponse du ministre,
mais j'aimerais avoir la réponse de la commission avant sur la question
que j'ai posée
moi-même, à savoir adopter l'article 92 sur division, avant
de passer à l'amendement. Cela va?
M. BEDARD (Chicoutimi): Adopté, sur division.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté, sur division. Le ministre des
Affaires culturelles propose que les deux alinéas du paragraphe 92 a)
soient remplacés par le texte qui suit, c'est-à-dire: "A compter
de l'année 1975, l'indemnité visée à l'article 92
est, pour chaque année, égale au montant de l'indemnité
pour l'année précédente, multipliée par le salaire
de base pour l'année précédente et divisée par le
salaire de base pour l'année antérieure à cette
dernière. "Le salaire de base pour une année est la moyenne
arithmétique des traitements de salaires hebdomadaires pour l'ensemble
des activités économiques au Canada, tel que le publie
Statistique Canada, en vertu de la Loi sur la statistique, pour chacun des
douze mois de la période se terminant avec le mois de juin de
l'année. Ces traitement et salaires, pour chacune des deux années
précédant celle pour laquelle l'indemnité est
calculée, sont ceux apparaissant dans la première publication de
Statistique Canada, contenant ceux pour le mois de juin précédant
immédiatement l'année pour laquelle l'indemnité est
calculée. "Lorsque le produit du calcul, selon le premier alinéa,
n'est pas un multiple de $100, le montant de l'indemnité annuelle est
porté au plus proche multiple de $100. "L'indemnité annuelle ne
peut être inférieure à celle de l'année
précédente."
Cet amendement du ministre sera-t-il adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre voudrait-il donner certaines
explications? Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: J'aimerais que le ministre réponde à la question
que je lui posais. Pourquoi nous apporter cet amendement si tard? Qu'il nous
donne aussi les explications techniques.
M. HARDY: Qu'auriez-vous dit si l'amendement était arrivé
plus tôt?
M. MORIN: Peut-être aurions-nous d'abord évité tout
le débat soulevé par le député.
M. HARDY; J'ai voulu tantôt, et il a refusé.
M. MORIN: Oui, parce que vous l'interrompiez. Il était
déjà trop tard, à ce moment.
M. HARDY: M. le Président, la question est absolument
inutile.
M. le Président, comme on le verra, la nouvelle rédaction
de l'article 92 a) répond d'abord aux problèmes réels
soulevés par le député de Chicoutimi. Elle répond
aussi à des exigences d'ordre pratique, quant à la publication de
Statistique Canada, en précisant d'une façon bien claire le
moment où le tout doit se faire. Enfin, il y a aussi une
précision d'ordre mathématique, quant au multiple de $100. C'est
une nouvelle rédaction qui ne change rien quant à la substance de
la rédaction antérieure. Elle ne fait que préciser et
clarifier.
M. MORIN: M. le Président...
M. HARDY: M. le Président, si le député de
Chicoutimi a besoin de plus amples explications sur cet article, il va prouver
à la population que l'augmentation qu'on va lui voter n'est pas
méritée.
M. BEDARD (Chicoutimi): En tout cas, j'ai compris votre texte de loi. Il
y avait une erreur. Vous allez être obligés de la corriger.
M. MORIN: II y avait effectivement une erreur.
M. HARDY: Oui, M. le Président, il n'y a que les péquistes
séparatistes qui croient ne jamais se tromper.
M. MORIN: Voyons!
M. BEDARD (Chicoutimi): Ne changez pas le problème de place.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes aussi un vieux
cliché.
M. HARDY: Pardon?
M. BELLEMARE (Johnson): Vous êtes un vieux cliché.
M. HARDY: Ah!
M. BEDARD (Chicoutimi): Avec un peu plus de temps, on va peut-être
voir une erreur dans celui-là aussi.
M. MORIN: M. le Président, si l'amendement du ministre
répond aux problèmes techniques que nous avions
soulevés... Je reconnais que le... Oui, soulevés par le
député de Chicoutimi.
M. HARDY: Pas vous.
M. MORIN: A chacun sa tâche. C'est lui qui a été
chargé de soulever ce problème et il l'a fait, je pense, avec
beaucoup de précision.
M. HARDY: II est rare que vous déceliez les problèmes
juridiques.
M. MORIN: C'était à ce point précis que vous l'avez
vu venir et que vous l'avez interrompu.
M. HARDY: J'ai dit que c'était inutile.
M. MORIN: Oui, mais, effectivement, M. le Président, je reconnais
que...
M. HARDY: C'est un assez bon juriste.
M. MORIN: ... sur le plan technique, l'amendement proposé par le
ministre corrige l'erreur qu'il y avait dans la première version, mais,
cet amendement ne change rien au problème de fond. Si je ne m'abuse, M.
le Président, j'ai une vingtaine de minutes pour commenter cet
amendement.
M. le Président, comme j'ai eu l'occasion de le dire
déjà à mes collègues, durant mon discours de
première lecture...
M. HARDY: De première lecture?
M. MORIN: De deuxième lecture, pardon. Merci de la
précision, M. le ministre. L'augmentation qui va être
accordée par ce nouvel article 92 a), n'est pas plus justifiée
que celle qui allait nous être accordée par l'ancien article 92
a).
Le ministre de l'Industrie et du Commerce qui a participé au
débat, cet après-midi, nous a appris, la semaine dernière,
que la situation économique au Québec est sur le point de
connaître une baisse, un ralentissement dans les indicateurs
économiques, ce qui fait que ce nouvel article 92 a) crée autant
de problèmes pour les Québécois que l'ancienne
version.
On a corrigé un point technique, mais on a laissé intact
le problème de fond. Le problème de fond, c'est qu'il va
être de plus en plus difficile pour les Québécois de gagner
leur vie, en 1975, alors qu'apparaissent déjà, clairement
inscrits dans les indicateurs économiques, les signes annonciateurs de
ce que nous appelions, hier, la "stagflation", c'est-à-dire le
fléchissement jusqu'au point zéro du produit national brut
accompagné d'une inflation supérieure à 10 p.c.
M. le Président, cette situation économique ne peut pas
être dissociée du problème dont nous traitons à
l'heure actuelle. Nous ne pouvons pas, nous, les députés, dire:
Quelle que soit la condition économique des Québécois,
quel que soit le produit national brut, qu'il baisse ou qu'il augmente, quel
que soit le salaire moyen des Québécois, nous, nous allons
régler notre problème et, ensuite, s'il reste quelque chose, nous
réglerons celui des Québécois.
C'est pourquoi nous avons dit et répété que nous
serions prêts à régler le problème des
députés à condition que ceux-ci veuillent bien se pencher
d'abord sur les problèmes de la masse des Québécois et,
particulièrement, des Québécois qui se trouvent au bas de
l'échelle des salaires.
Nous avons posé deux conditions et nous les posons toujours
à l'égard de ce nouvel article 92 a). Ces deux conditions,
c'étaient d'abord un relèvement du salaire minimum, auquel
s'ajouterait l'indexation à compter de janvier 1975, et la
réouverture des conventions collectives permettant à tous ceux
qui n'ont pas de clauses d'indexation, tous ceux qui n'ont pas ce qu'on appelle
une clause de cherté de la vie, de pouvoir rouvrir ces conventions, ces
contrats de travail et de pouvoir y inscrire après négociation
une clause qui leur permette de maintenir leur pouvoir d'achat.
En effet, pour ce qui est du salaire minimum, j'ai fait observer
déjà qu'il a augmenté au cours de la dernière
décennie, mais à un rythme qui n'est pas satisfaisant. De $0.70
l'heure qu'il était en 1961, il est passé à $1.40 en 1971.
Depuis 1972, il a été haussé, en mai et en novembre de
chaque année, passant de $1.50 à $1.60, à $1.65, à
$1.70, à $1.85 et plus récemment à $2.10 et $2.30, le 1er
novembre dernier. Ce qui signifie qu'à l'heure actuelle, pour ne semaine
de 40 heures, qui est la semaine normale, le salaire minimum hebdomadaire est
passé de $66 à $92, de novembre 1972 à novembre 1974, une
augmentation de 39.4 p.c. Cependant, si l'on tient compte de l'augmentation du
coût de la vie, l'augmentation réelle du salaire hebdomadaire n'a
été que de $10.80 soit non plus 39.4 p.c. mais 16.4 p.c, l'indice
des prix à la consommation étant passé pendant cette
période de 132.3 p.c. à 162.8 p.c.
J'aimerais beaucoup entendre les précisions du ministre des
Finances, qui avait à la main tout à l'heure sa petite
calculatrice électronique; s'il pouvait faire la démonstration
que je me trompe, je me rangerais volontiers à son avis. Mais je ne
pense pas, même avec une calculatrice électronique, qu'il arrive
à ébranler ces chiffres. L'augmentation réelle a
été de 16.4 p.c. Encore faut-il considérer, comme je l'ai
fait déjà observer, que le budget d'une famille qui vit avec $92
par semaine est presque entièrement consacré aux premières
nécessités. J'entends par là la nourriture, le logement,
l'habillement, toutes choses sur lesquelles on ne peut pas lésiner,
toutes choses que tout être humain, qu'il gagne une fortune ou qu'il
gagne un bas salaire chaque année, toutes choses qu'un être humain
doit avoir à sa disposition. Ces secteurs ont subi des hausses
supérieures à celles reflétées par l'indice
général des prix à la consommation. Cela singifie que,
pour une famille qui dépasse la famille moyenne de quatre individus,
l'augmentation réelle du salaire hendomadaire a été encore
inférieure à
16.4 p.c. Si l'on tient compte de ce phénomène, on
constate donc que l'augmentation a été en réalité
plutôt de l'ordre de 5 p.c. à 10 p.c., pas davantage, selon les
familles.
Par ailleurs, le maintien pendant des années du salaire minimum
à un niveau anormalement bas, que l'on songe qu'il était de $0.64
en 1960, de $1.05 seulement en 1968, encore en 1968, de $1.25 en 1970, tout
cela a nécessité et nécessite encore un rattrapage. Avant
de parler de rattrapage pour les députés, nous devons, c'est
notre devoir, parler de rattrapage pour l'ensemble des Québécois
et en particulier pour ceux qui connaissent entre leur salaire et le
nôtre le plus grand écart. Dans une société qui se
veut social-démocrate, on ne cherche pas à élargir
l'écart entre les salaires de ceux qui se trouvent au bas et les
salaires de ceux qui se trouvent en haut. On cherche plutôt à
rétrécir cet écart constamment. C'est cela une
société vraiment social-démocrate, de sorte que ce
rattrapage n'est pas terminé à l'heure actuelle.
Les gens qui gagnent $92 par semaine, on ne viendra pas me raconter
qu'ils arrivent à se tirer d'affaire. Ils sont en deçà du
seuil de la pauvreté. Voilà la réalité! Le seuil,
tel qu'il est évalué par les statistiques
fédérales.
Si l'on tient compte de l'inflation et de ce nécessaire
rattrapage, la hausse du salaire minimum, même si elle a
été rapide depuis quelques années, a été
absolument insuffisante. La seule véritable question que l'on doit se
poser aujourd'hui, est de savoir quel est le minimum nécessaire, en
1974, pour élever une famille. Il nous apparaît qu'il y a
là, peut-être, une certaine philosophie qui sous-tend la
définition que je viens de donner du salaire minimum. Comme j'y ai fait
allusion déjà plusieurs fois en Chambre, je ne devrais
peut-être pas revenir trop longuement là-dessus. Mais il est
évident que, si on calcule le salaire minimum par rapport à ce
que les industries les plus mal placées sont capables de payer, on va
constamment tenir ces chiffres en deçà de ce qu'ils devraient
être. Selon nous, selon la philosophie sociale dont nous nous inspirons,
le salaire minimum, c'est ce qu'il faut à un père de famille, qui
a une famille moyenne, pour vivre. Ce n'est pas ce que les industries les plus
mal placées peuvent lui payer, c'est ce qu'il lui faut pour vivre.
M. le Président, à l'heure actuelle, il est évident
que $92 par semaine, c'est totalement insuffisant. En ce qui nous concerne,
nous pensons que le salaire minimum doit être immédiatement
porté à $2.50, et indexé dès le 1er janvier, de
sorte que même les plus démunis d'entre nous n'auront pas à
subir une perte de leur pouvoir d'achat déjà dérisoirement
bas.
La seconde condition que nous avons posée, c'est la
réouverture des conventions collectives. Au Québec, 40 p.c. de la
main-d'oeuvre seulement sont syndiqués. Cependant, en soi, la
syndicalisation n'assure pas nécessairement un moyen de défense
efficace contre la hausse du coût de la vie. Plusieurs conventions
collectives, vous le savez, ont été négociées avant
que ne se manifeste, de façon aussi accablante, la hausse du coût
de la vie, l'inflation. A l'époque, il y a encore un an, un an et demi,
il n'était peut-être pas nécessaire de prévoir des
clauses de vie chère dans les conventions collectives. Mais aujourd'hui,
on s'aperçoit que cela a été des erreurs de n'en pas
inclure, et nombreux sont les travailleurs qui veulent obtenir la
réouverture des conventions collectives au moins sur ce point,
peut-être pas sur les autres clauses du contrat de travail, mais sur ce
point particulier. M. le Président, nous avons consulté les
statistiques mises au point par le service d'analyse des conventions
collectives de l'université McGill, qui avaient retenu un
échantillon de 952 conventions collectives touchant 415,000
salariés, c'est-à-dire en gros, entre 38 p.c. et 42 p.c. de la
main-d'oeuvre québécoise. On a constaté, d'après
les derniers chiffres que nous avons pu voir, en tout cas, que 94 p.c. des
conventions collectives, touchant un peu plus de trois quarts plus
précisément 79.8 p.c, oui, c'est cela, 79.8 p.c. des
salariés syndiqués n'ont pas de clause de vie chère. On
peut dire qu'à l'heure actuelle huit employés syndiqués
sur dix n'ont d'autre recours contre l'inflation que de demander la
réouverture de leur convention pour négocier une nouvelle formule
d'indexation des salaires. Vous savez que les centrales syndicales se sont
prononcées dans ce sens. Vous savez qu'elles ont proposé des
formules très précises. Elles s'étaient même mises
d'accord sur des chiffres que je n'ai pas le temps de citer, puisque je vois
que vous indiquez au ministre qu'il me reste quelques minutes à peine...
Auriez-vous l'obligeance de me dire, à moi également, combien de
temps il me reste?
LE PRESIDENT (M. Blank): Six minutes.
M. MORIN: Six minutes seulement. Ce qu'il y a de frustrant dans ces
débats, M. le Président, c'est le peu de temps dont nous
disposons.
UNE VOIX: Arrêtez de vous répéter!
M. MORIN: Constamment, M. le Président, il faut écourter
ces démonstrations. Il faut se laisser interrompre. Heureusement qu'il y
aura d'autres amendements qui nous permettront d'apporter toutes les
précisions nécessaires.
Le succès des démarches visant la réouverture des
conventions existantes semble varier énormément selon les
secteurs. Malgré l'absence de données statistiques
précises, à l'heure actuelle, on peut affirmer que les
travailleurs des grandes entreprises ont vu leur pouvoir d'achat mieux
protégé, en général, que les travailleurs des
petites entreprises. Soit dit en passant, c'est justement sur ces moyennes et
grandes entreprises que nous axons le calcul du salaire de base. Cela est
dû au fait que le syndicalisme a une certaine force de frappe ou, encore,
on
peut l'expliquer par la rareté de la main-d'oeuvre dans certains
secteurs, je pense en particulier aux mines et aux pâtes et papiers.
Mais il reste, en fin de compte, que la plupart des employeurs ont
plutôt adopté une attitude extrêmement légaliste. Ils
ont refusé dans la très grande majorité des cas de rouvrir
les conventions collectives en s'appuyant sur le fait qui, sur le plan
juridique, est indéniable, qu'ils n'avaient aucune obligation stricte de
renégocier. Les travailleurs se sont donc trouvés impuissants
devant ces raisonnements juridiques qui, à vrai dire, sont exacts. Quand
un contrat collectif est signé pour trois ans, il est signé pour
trois ans. Mais le malheur, c'est que la situation sociale et la situation
économique changent à vue d'oeil pendant ces trois ans et que
maintenant nous devons en tout réalisme permettre aux travailleurs
d'obtenir la réouverture de leurs conventions. Il y a même des
travailleurs qui ont dû avoir recours à des grèves
illégales, créant pour la paix sociale un climat dangereux. Je
suis le premier à reconnaître que les grèves
illégales sont un phénomène qui n'est pas heureux dans une
société. Mais il faut constater que, quand il y avait au mois
d'août dernier 5,000 travailleurs en grève illégale, il y a
là un problème social de fond qu'on ne guérit pas
seulement à coups d'injonctions ou en disant tout simplement que c'est
une grève illégale et que les travailleurs n'ont qu'à
rentrer et à se conformer à la loi. Quand la loi devient injuste,
elle est souvent remise en question dans ses bases mêmes.
L'illégalité de ces grèves force l'intervention de
l'appareil judiciaire. Les injonctions se multiplient, les mépris de
cour pleuvent. Menacés par des amendes, parfois même par
l'emprisonnement, les dirigeants syndicaux sont placés dans une logique
absolument infernale où seules les solutions extrêmes risquent de
trouver leur place. Tout cela, simplement parce que des travailleurs,
s'appuyant sur une notion de justice distributive que nous ne pourrions pas
contester, nous qui, aujourd'hui, sommes prêts à nous redistribuer
une partie de la richesse commune, veulent se protéger contre
l'érosion de leur pouvoir d'achat.
M. le Président, il faut sortir les travailleurs de cette
impasse. C'est la raison pour laquelle nous avons proposé cette seconde
condition. Il n'est pas si difficile que cela aux députés membres
de cette Assemblée d'obtenir une augmentation de salaire. S'ils la
veulent, c'est très simple, nous leur tendons une carotte superbe. Nous
leur disons: Oui, d'accord, vous l'aurez votre indexation, mais pensez d'abord
aux Québécois, pensez d'abord aux plus démunis. Ensuite,
vous serez justifiés de songer à vous-même.
Quittons cette attitude d'après nous le déluge, et
permettons la réouverture des conventions collectives dans le but
précis de négocier des formules d'ajustement de salaire au
coût de la vie. Je ne dis pas que toutes les conventions ont à
être rouvertes, certaines contiennent déjà de telles
clauses, mais lorsqu'elles n'en contiennent pas, nous devrions avoir
l'intelligence, nous devrions avoir le bon sens, avant de nous augmenter, de
permettre aux travailleurs de maintenir leur pouvoir d'achat. Au fond, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le temps est écoulé.
M. MORIN: Vraiment? Alors, je m'arrête, M. le
Président.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais une question de
privilège à poser.
UNE VOIX: II n'y a pas de question de privilège en
commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): Une seconde. Il y en a une qui est permise, M.
le Président. Vous me corrigerez, si vous... Une question de
règlement.
LE PRESIDENT (M. Blank): Dérèglement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Nous savons tous que cette salle que nous
occupons est la seule qui soit climatisée, parmi les salles de
commission où nous avons à travailler. Or, on s'aperçoit
ce soir que la climatisation ne fonctionne pas. Nous avons à travailler
dans des conditions qui sont doublement difficiles, avec une température
qui, à mon sens, dépasse les 90 degrés à l'heure
actuelle.
LE PRESIDENT (M. Blank): Je ne sais pas si la climatisation fonctionne
durant les heures... Je vais m'informer chez le président après
la séance.
M. BEDARD (Chicoutimi): II me semble, M. le Président, qu'il
faudrait s'informer tout de suite parce que si, en plus on arrête la
climatisation, on ne veut pas passer le projet seulement à la vapeur,
mais à la double vapeur.
LE PRESIDENT (M. Blank): On va chauffer les débats.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, il n'y a pas si
longtemps, il y avait un ministre des Travaux publics qui s'appelait M.
Saint-Pierre; malheureusement, il est décédé. Pendant
l'étude de ses crédits, il faisait chauffer le Parlement au mois
de juin.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette motion d'amendement est
adoptée?
M. ROY: II n'y a rien de nouveau sous la calotte des cieux.
M. BELLEMARE: Les vieux clichés!
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, sur la motion
d'amendement...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour enchaîner avec ce que nous disions
tout à l'heure et surtout la rectification que j'ai faite à
l'endroit de certains intervenants, à savoir que nous n'étions
pas ici pour comparer notre salaire aux autres classes de la
société, mais, en fait, pour l'évaluer de manière
à s'en donner une qui puisse nous permettre de répondre aux
besoins qui sont nécessités par les tâches que nous avons
à remplir, les comparaisons sont toujours fausses. Surtout dans ce
domaine, elles peuvent être non seulement tendancieuses mais ne
répondre en aucune façon à l'objet du débat que
nous avons...
M. HARDY: Une certaine relativité.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, une certaine relativité, mais dont
il faut se méfier. Je parlais entre autres d'un épicier que je
connais très bien, qui gagne peut-être deux fois mon salaire. Ce
n'est pas une raison pour moi d'exiger le même salaire que cet
épicier. Je pense que toute comparaison avec les autres classes de la
société est quand même relative, comme l'a dit le ministre
des Affaires culturelles, et qu'il faut vraiment situer le débat au
niveau qu'il doit avoir, à savoir si, selon l'évaluation qu'on en
fait, le salaire que nous nous donnons, que nous avons à l'heure
actuelle, en est un qui nous permette de répondre aux tâches que
nous avons à assumer. Je soumets, M. le Président, que
peut-être, étant donné les conditions actuelles,
étant donné l'inflation, étant donné la hausse du
coût de la vie, tout cela, peut-être que cela rend plus difficile
aux députés de répondre à toutes les obligations
financières auxquelles ils ont à faire face. Il reste quand
même que, de la même manière qu'il ne faut pas jouer dans
les comparaisons, de la même manière, il ne faut pas raisonner en
nous disant, comme certains l'ont dit à cette commission, que du fait
qu'ils gagnaient un salaire plus élevé avant d'entrer dans la vie
publique, à ce moment-là ils se croyaient justifiés
d'être d'accord sur une augmentation pour tout simplement
récupérer une partie de ce qu'ils perdent en acceptant de remplir
leur tâche de députés.
Je crois, M. le Président, que j'ai suivi tout le
débat, s'il y en a qui se sentent visés
M. BELLEMARE (Johnson): Qui est-ce qui l'a dit?
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vous que j'ai visé.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas vous qui allez me vendre mon
chapeau.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non. Je ne veux pas vous le vendre non plus.
M. BELLEMARE (Johnson): Parce que je cherche un 6 3/4 et vous, c'est un
7 3/8.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je pense que vous êtes assez raisonnable
pour décider de quel chapeau vous voulez vous coiffer, M. le
député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est parce que vous avez peur de l'Union
Nationale qui va vous déloger bien vite.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ecoutez, en tout cas...
M. CHARRON: Des fantômes.
M. BELLEMARE (Johnson): Vous allez voir les fantômes, vous allez
voir ça tout à l'heure. Vous avez besoin de faire attention
à Fantomas.
M. CHARRON: Les fantômes ont eu 600 votes dans Saint-Jacques.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, je serais d'accord pour
permettre au député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Attendez à la prochaine élection.
J'en ai un pour vous, tout prêt.
M. CHARRON: Cela a fini en arrière des créditistes, c'est
loin, ça.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, vous allez voir ça. On va vous payer
la traite.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, nous l'avons
souligné à plusieurs reprises, c'est clair que la question du
salaire des députés est un sujet délicat et, parce qu'il
est délicat, il ne doit pas être décidé à la
vapeur; parce qu'il est délicat, il ne doit pas être
décidé dans des conditions qui font que ça donne toujours
une allure hypocrite. Pourquoi les gens n'acceptent pas ce salaire de
députés, la plupart du temps? C'est la manière hypocrite
avec laquelle on se le donne. Depuis que je suis la politique, j'ai toujours vu
les augmentations de salaires de députés se voter à la fin
des sessions, comme des gens qui veulent cacher ça à la face de
la population. C'est toujours la veille de Noël quand ils sentent que tout
le monde est occupé beaucoup plus à fêter, soit Noël
ou le premier de l'an...
M. BELLEMARE (Johnson): Est-ce que c'est la motion qui est en discussion
devant nous?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est d'une façon générale
sur l'augmentation de salaire des députés.
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne pense pas, M. le Président...
M. HARDY: Un discours de deuxième lecture.
M. BELLEMARE (Johnson): ... on doit s'en tenir à ça, M. le
Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): Indexation maintenant.
M. BEDARD (Chicoutimi): On vient juste de nous apporter un amendement,
on va nous demander tout de suite de pouvoir enchaîner seulement sur cet
amendement.
M. HARDY: De quoi parlez-vous?
M. BEDARD (Chicoutimi): On parle du salaire des députés.
Vous voulez en entendre parler, vous allez en entendre parler. Dans ce
sens...
M. HARDY: II me semble que cela avait été
adopté.
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui. Concernant l'indexation, ça fait
partie de la hausse du salaire des députés.
M. HARDY: Etes-vous contre l'indexation?
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, je ne suis pas contre l'indexation. Non, M.
le Président, je ne suis pas contre l'indexation et ça, le
ministre des Affaires culturelles le sait, il n'y a pas un seul intervenant du
Parti québécois qui s'est prononcé contre l'indexation.
Lorsqu'on a parlé de l'indexation, on a dit qu'on n'était pas
d'accord pour se donner l'indexation qui était la plus rentable, la plus
avantageuse.
M. HARDY: L'amendement qui est devant nous...
M. BEDARD (Chicoutimi): Bien oui, mais vous parlerez...
M. HARDY: ... ne concerne que l'indexation seulement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Je vous parle seulement de l'indexation,
quelques minutes...
M. HARDY: Vous prenez tout ce temps pour nous dire que vous êtes
en faveur.
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président, le ministre ne nous
posera plus de questions "niaiseuses" comme ça, s'il veut nous
écouter une fois pour toutes.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. BEDARD (Chicoutimi): II n'y a jamais un intervenant du Parti
québécois qui a dit qu'il était contre l'indexation, pas
un seul, M. le Président, sauf que l'article que nous discutons, nous
avons présenté un amendement voulant que l'indexation qui
était accordée aux députés était celle qui
était la plus avantageuse et qu'il y aurait avantage non pas à se
baser sur la hausse du salaire hebdomadaire moyen...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... mais à se baser sur l'indice des prix
qui respecte beaucoup plus...
LE PRESIDENT (M. Blank): Question de règlement.
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. M. le
Président, vous aurez remarqué que, depuis le début des
travaux de cette commission, les interventions du côté
ministériel ont été à la fois rares et
brèves.
M. BEDARD (Chicoutimi): On sait pourquoi.
M. HARDY: II est arrivé à maintes reprises que nous ayons
même laissé les députés qui siègent à
votre gauche, je parle de votre gauche immédiate, s'éloigner de
la pertinence du débat. Mais il ne faudrait quand même pas
exagérer parce que si, par notre silence, nous laissions les
députés du Parti québécois ne pas respecter le
règlement, on pourrait plus tard nous accuser de participer à
leur "filibuster". M. le Président, il y a un amendement qui est
très précis et je demanderais au député de
Chicoutimi de cesser de nous parler d'amendements sur lesquels la commission
s'est déjà prononcée. C'est un principe absolument
fondamental en droit parlementaire, soit que l'on ne doit pas revenir sur des
choses sur lesquelles soit une commission, soit l'Assemblée s'est
prononcée. Qu'il nous dise s'il est en faveur, oui ou non, de
l'amendement que j'ai proposé. Mais ne nous parlez plus des amendements
dont la commission a déjà disposé. Sans ça, on va
recommencer complètement le débat.
M. BEDARD (Chicoutimi): Est-ce que vous nous permettez, à cet
article nouveau...
M. HARDY: Je n'ai rien à vous permettre, respectez le
règlement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, pour répondre à votre
question, est-ce que vous nous permettez de simplement mettre sur la table le
même amendement sur lequel nous avons discuté tout à
l'heure? C'est un amendement dans le sens de celui...
M. HARDY: II y a un amendement. M. BEDARD (Chicoutimi): ... a
été...
M. HARDY: Nous allons en disposer.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est un amendement qui décide tout
simplement d'un taux d'indexation.
M. HARDY: Cela a été rejeté.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est ce que je vous dis. Nous ne sommes pas
d'accord avec votre taux d'indexation. C'est un taux d'indexation qui est trop
favorable, par rapport à un autre taux d'indexation que vous auriez pu
prendre, qui est non pas basé sur le salaire hebdomadaire moyen, mais
qui aurait été pris...
M. HARDY: Vous comptez aussi mal que dans votre budget de l'an I.
M. BEDARD (Chicoutimi): Le ministre nous a donné raison tout
à l'heure, là-dessus.
M. HARDY: Le ministre vous avait démontré que votre budget
de l'an I ne valait pas cinq cents !
M. BEDARD (Chicoutimi): Sauf pour l'année 1974, pour toutes les
autres années, il est clair que...
M. GARNEAU: Pour les années à venir, on ne le sait
pas.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour toutes les autres années, à
venir jusqu'à 1974, n'est-ce pas exact?
M. GARNEAU: II y a eu des petites différences en plus ou en
moins, oui.
M. BEDARD (Chicoutimi): II est clair que le pourcentage de la hausse du
salaire hebdomadaire moyen a été plus haut que celui de l'indice
des prix à Montréal. Le ministre nous a donné raison tout
à l'heure. Face à l'amendement que vous apportez, vous ne changez
absolument rien au problème de l'indexation, à la manière
d'indexer.
M. HARDY: C'est exact.
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce qui veut dire que nos remarques demeurent les
mêmes et nous avons le droit de les réitérer, en vertu du
règlement, à savoir que nous ne sommes pas d'accord avec ce mode
d'indexation qui est le mode d'indexation le plus favorable. J'ai parlé
tout à l'heure de toute cette catégorie de gens dont les pensions
ne sont pas indexées. Par exemple, les retraités à
même les fonds privés, qui, alors que leur pension n'est pas
indexée, voient les compagnies, qui administrent les fonds auxquels ils
ont contribué, continuer à profiter des hausses des taux, des
hausses des pourcentages des prêts qui se font, ce qui permet à
ces compagnies qui administrent les fonds de profiter de l'inflation, à
l'heure actuelle, alors que les retraités qui ont accumulé ces
fonds à coups d'efforts, à coups de travail, à coup de
dévouement autant que les députés peuvent
eux-même en donner ne reçoivent absolument rien de plus
pour pouvoir contrer l'inflation à laquelle ils ont à faire face,
de la même manière que les députés.
C'est dans ce sens que cet amendement ne changeant absolument rien
à la méthode d'indexation, nous ne pouvons faire autrement que
d'être en désaccord avec le choix qu'a fait le gouvernement, quant
à l'indexation.
M.HARDY: Vote!
LE PRESIDENT (M. Blank): Les députés sont-ils prêts
à se prononcer sur cet amendement?
UNE VOIX: Oui.
LE PRESIDENT (M.Blank): Le député de Saint-Jacques a
quelques mots à dire.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. En présentant son
amendement, le ministre des Affaires culturelles...
M. HARDY: A été concis.
M. CHARRON: ... a été concis, trop d'ailleurs, comme ils
le sont sur ce sujet, depuis le début, un peu comme des gens qui veulent
faire leur coup et que cela disparaisse le plus rapidement possible de la
table!
Le ministre des Affaires culturelles, qu'on connaît comme
très loquace, volubile à profusion, aligne les clichés
par-dessus les formules. On l'a bien connu à l'époque de la loi
22, il a été une précieuse acquisition pour
l'équipe de l'Opposition pendant l'étude de la loi 22. Il
suffisait de dire un mot pour que le sujet ou l'interjection fasse bondir le
ministre des Affaires culturelles qui, pendant vingt minutes, nous haranguait
du mieux qu'il pouvait.
Sentant la délicatesse du sujet, le ministre des Affaires
culturelles non seulement n'a pas participé au débat depuis que
nous l'avons ouvert, ou à peu près pas, contrairement à
son habitude qui est de mettre son grain de sel chaque fois qu'il en a
l'occasion, mais plus que cela, il s'est trouvé à être le
parrain d'un amendement qu'il a refusé, ni plus ni moins, d'expliquer
à l'Assemblée.
Je n'avais pas l'intention d'intervenir, mais puisque le ministre des
Affaires culturelles a refusé de nous expliquer son amendement,
j'essaierai du mieux que je pourrai, et le ministre aura vingt minutes pour me
répondre, si j'ai mal compris l'amendement qu'il nous a
proposé...
M.HARDY: Comme aspirant ministre des Affaires culturelles?
M. CHARRON: ... de vous expliquer comme je le vois, visiblement dans son
texte, l'amendement qu'apporte le ministre des Affaires culturelles.
L'ancien texte de l'article 92 a) était très mal
formulé, comme l'a signalé le député de Chicoutimi.
En effet, il disait que le montant de l'indemnité visée à
l'article 92 doit être augmenté annuellement du pourcentage etc.
La commission a déjà disposé de quel pourcentage et de
quel barème d'indexation? Savez-vous ce que cela voulait dire, M. le
Président?
Cela voulait dire ceci: Les calculs qu'a faits le chef de l'Opposition,
qu'il a énoncés en deuxième lecture, qui n'ont jamais
été démentis par la suite disaient que, à cause du
rapport décrit dans l'article 92 a) entre le salaire de base moyen du
Canada, en 1974, par rapport au salaire moyen du Canada, en 1973, portait
l'indemnité des députés, non pas à $21,000, comme
le disait l'article 92 a) mais à $23,205.
Si le texte était resté semblable, cela voulait dire que,
l'année prochaine, le 1er janvier 1976, M. le Président, le
calcul allait s'opérer du salaire moyen de 1975 par rapport au salaire
moyen de 1974 et, ce rapport ou ce pourcentage allait être ajouté
à $21,000, encore, ce qui aurait pu vouloir dire, si jamais ce
gouvernement avait déployé des armes contre l'inflation, que le
rapport aurait pu être défavorable par rapport à cette
année et que, en l'année 1976, au lieu de $23,205, s'il y avait
véritablement eu lutte contre l'inflation de la part du gouvernement,
cela aurait peut-être été de $22,600 ou de $22,800 que nous
aurions eus.
Or, auriez-vous imaginé que les députés
libéraux et leurs complices de l'Opposition, dans ce projet de
loi...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je soulève une
question de règlement. Je ne permettrai pas au député de
nous traiter de complices ou de vendus. Ce n'est pas dans le débat. Nous
ne sommes pas des complices. Nous ne sommes pas des vendus. Je voudrais que le
député, au moins, s'il voulait faire une discussion
honnête, nous épargne ces mots qui ne nous conviennent pas.
M. CHARRON: M. le Président, je...
M. ROY: M. le Président, sur la même question de
règlement, le député de Saint-Jacques s'est livré
à des déclarations, en deuxième lecture, à
l'Assemblée nationale, je n'ai pas à ne pas revenir
là-dessus et je n'ai pas l'intention de le laisser faire en commission
élue pour la bonne raison que je veux être honnête avec tout
le monde. J'ai pris une position. Nous défendons notre position. Je n'ai
pas voulu, jusqu'ici, lui dire, au député de Saint-Jacques, que
je sais qu'il va prendre son chèque, parce qu'il sait que la loi va
être adoptée. Je n'ai pas voulu le lui dire et que le
député de Saint-Jacques ne me force pas à embarquer dans
ce genre de débat.
M. le Président, je peux prendre mes positions moi-même. Je
n'ai besoin de personne pour les prendre et, jusqu'ici, je pense que je les ai
prises. Je n'accepterai pas les propos du député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, le mot "complice" n'est pas un mot
antiparlementaire, mais si...
M. ROY: Ce n'est pas un mot antiparlementaire, mais c'est un mot qui
n'est pas conforme à la réalité.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est loin d'être gentil, c'est comme un
vieux cliché.
M. ROY: Cela, je ne l'accepterai pas. Si on veut faire un débat
là-dessus, on va en faire un ce soir.
M. CHARRON: C'est peut-être vrai, mais ce n'est pas le
député de Johnson qui devra me dire que je n'ai pas
été gentil. Vous n'avez pas été très gentil
à l'égard du petit Boutin, pendant la campagne
électorale.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, je n'ai jamais prononcé une seule
accusation. C'est votre PQ qui s'est promené et qui s'est
attaqué...
M. CHARRON: D'accord, M. le Président. Asseyez-vous,
asseyez-vous, vous allez maganer votre santé. Asseyez-vous!
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas moi, M. le Président, qui
l'ai attaqué. Je l'ai accusé d'accuser Boutin...
M. CHARRON: Asseyez-vous. Asseyez-vous. Asseyez-vous! M. le
Président, il a pris ses vingt minutes mille fois.
M. BELLEMARE (Johnson): ... mais, je le défie de me prouver que
j'ai eu une parole malheureuse à l'endroit de Boutin, une seule, sauf de
l'appeler accusé Boutin.
M. MORIN: Vous vous êtes acharné sur son cadavre, en
Chambre.
M. BELLEMARE (Johnson): Quand est-ce que j'ai fait cela?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Jamais, monsieur, je n'ai présenté
une motion afin qu'il soit jugé par ses pairs...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Le
député de...
M. CHARRON: Rappelez-le à l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): Si vous vous rappeliez de cet incident, je
pourrai peut-être participer au débat le 14.
M. CHARRON: M. le Président, ce ne sont pas des complices.
J'imagine que, si vous n'acceptez pas "complices" le mot "comparses" n'est pas
plus parlementaire, je ne l'employerai pas, mais "ces acolytes" de
l'augmentation de salaire que sont, pour l'occasion, les deux
députés qui, en vertu de l'article 8 nous y reviendrons,
M. le Président, moi aussi j'attends l'article 8 ne nous l'ont
pas signalé, à l'Assemblée nationale, en deuxième
lecture.
M. ROY: Ne faites donc pas l'hypocrite, vous allez recevoir
l'augmentation de salaire.
M. CHARRON: Ils sont gratifiés d'une augmentation
indécente.
M. BELLEMARE (Johnson): ... à l'article 8...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY: Vous aurez besoin de l'augmentation de salaire.
M. BELLEMARE (Johnson): On donnera des tableaux pour d'autres
députés aussi.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! On n'est pas encore arrivé
à l'article 8.
M. HARDY: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): On vous donnera d'autres tableaux pour d'autres
députés aussi.
M. CHARRON: Or, M. le Président, j'étais à vous
expliquer...
M. BELLEMARE (Johnson): Quatre sur six...
M. CHARRON: ... l'amendement proposé par le ministre.
M. BELLEMARE (Johnson): ... avec 32 employés...
M. CHARRON: Voulez-vous rappeler le député de Johnson
à l'ordre, M. le Président?
M. BELLEMARE (Johnson): On va tout vous dire cela.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. CHARRON: M. le Président, dans sa première
rédaction, l'article 92 a) signifiait que l'indexation allait se faire
annuellement sur le taux visé à l'article 92, c'est-à-dire
$21,000.
Cette année, c'est un taux de 10.5 p.c; l'année prochaine,
cela aurait pu être un taux de 9 p.c. ou ce sera peut-être un taux
de 13 p.c. Cela sera peut-être un taux de 7 p.c. ou ce sera
peut-être un taux de 20 p.c. Mais toujours par rapport à $21,000.
Sentant là qu'il y avait perte de gains, le parti ministériel
s'est ravisé et, afin de s'assurer, avec ses acolytes, que la loi allait
leur être la plus profitable possible, il a décidé
d'apporter cet amendement qui dit bien que l'indemnité visée
à l'article 2 est c'est ce qu'il y a de nouveau d'abord
égale au montant de l'indemnité pour l'année
précédente, ce qui veut dire que l'indexation en 1976 partira des
$23,205 de 1975, et non pas, comme cela risquait de l'être dans la
première interprétation de la loi, $21,000. C'est à partir
de ce montant qu'on procédera à une nouvelle indexation
surajoutée.
M. le Président, c'est ce qu'il y a de nouveau dans l'amendement.
Autrement dit, c'est une garantie de plus qu'on a voulu ajouter dans le dernier
paragraphe qui dit très clairement ce que le premier essayait de dire
d'une manière compliquée, c'est que l'indemnité annuelle
ne peut être inférieure à celle de l'année
précédente. C'est une garantie qui m'apparaît un peu
superfétatoire. Je n'ai jamais vu le parti ministériel poser
autant de garanties autour du salaire minimum ou des accidents de travail, mais
celle-là semblait de circonstance. Voici, pour vous montrer comment
c'est exagéré et superfétatoire, ce dernier
paragraphe.
Pour que l'indemnité annuelle de 1977 puisse se trouver en
possibilité d'être inférieure à celle de 1976, ou
prenez l'année que vous voudrez, par rapport à l'année
précédente, il faudrait que le rapport des salariés
moyens, ou, selon l'expression employée par le ministre des Finances,
des ouvriers, parce qu'il a voulu nous montrer sa magnanimité en allant
chercher le salaire moyen des ouvriers prenons son expression du
Canada, connaisse une baisse par rapport à l'année d'avant, que
le salaire moyen des Canadiens, des ouvriers canadiens, baisse par rapport
à l'année d'avant, pour que le rapport soit défavorable,
soit négatif, pour que cela affecte l'indemnité annuelle qui se
trouverait à être inférieure à celle de
l'année précédente. Voyons, depuis combien d'années
le rapport est-il favorable? Il l'est dans la règle des choses. Il n'y a
pas d'ouvrier, il n'y a pas une boutique syndiquée qui admettrait que,
pour une année, dans une convention collective nouvellement
négociée, on s'entende sur des offres inférieures à
ce qui était acquis. C'est de la folie furieuse. Connaissez-vous des
gars qui travaillent à $150 par semaine? Prenons le salaire moyen de
1974. Les dix premiers mois, le salaire moyen au Canada, c'est $176.20.
Connaissez-vous des gars qui sont assez caves pour aller signer une convention
collective qui leur dirait qu'en 1975 ils vont faire moins que $176.20 par
semaine? Personne. Eux-mêmes, ils ont de la difficulté à
rejoindre le coût de la vie qui les dépasse et que
bénissent nos deux gouvernements en s'emplis-
sant les poches, en prétextant qu'ils n'augmentent pas les taxes
parce qu'ils n'ont pas indexé les impôts. C'est certain que le
rapport sera toujours positif. Autrement dit, revenons à la simple
règle mathématique. C'est que le montant sur la ligne sera
toujours plus élevé que le montant sous la ligne, et qu'ainsi,
quand on fera le rapport, on arrivera toujours à 1.1 ou à 1.01 au
minimum, pouvant aller à l'occasion jusqu'à 1.50. J'imagine que
cela peut se produire dans certains secteurs. C'est impossible que le rapport
de base soit négatif. Le rapport de base implique automatiquement une
augmentation de l'indemnité. Mais, prudents, parce que, de la
façon qu'est conduite l'économie du Canada et du Québec,
on ne sait jamais quelle espèce de cul-de-sac et de tourbillon peuvent
l'emporter, les parlementaires, eux, se sont assurés, à la fin du
dernier paragraphe, que l'indemnité annuelle ne sera jamais
inférieure à celle de l'année
précédente.
Quand on voit les parlementaires s'ajouter cette garantie à la
fin d'un amendement présenté par le ministre des Affaires
culturelles, c'est exprimer là toute la confiance que les
Québécois doivent avoir en ceux qui dirigent l'économie du
Québec actuellement. Si on lit la dernière ligne de l'amendement
92 a), c'est qu'il est prévisible, en tout cas, c'est possible parce
qu'une loi n'est pas censée comporter des phrases inutiles.
C'est qu'il est désormais possible dans la galère
économique où nous nous trouvons, conduits par les deux
capitaines, à chaque bout du bateau, que nous avons dans la
galère fédérale que le rapport entre le salaire de
base d'une année par rapport au salaire de base de l'année
précédente devienne négatif, et qu'en ce sens on ait
à recourir au dernier paragraphe de l'article 92 a) pour nous dire: Ah!
nous autres, même si le rapport de base a baissé, nous, on ne peut
pas baisser de salaire, à tout le moins, on peut rester à la
même place.
M. le Président, c'est largement donner confiance aux
contribuables dans le genre d'administrateurs qu'ils se sont donnés.
Puis-je ajouter, sans vouloir revenir sur une motion dont cette commission a
déjà disposé, que la précision qu'apporte le
deuxième paragraphe du nouvel article 92 a) présenté par
le député de Terrebonne, n'écarte pas une
ambiguïté que nous avons déjà signalée.
Les députés se trouvent, dans ce paragraphe, à se
choisir une méthode d'indexation qui leur est largement plus favorable
que n'importe quelle méthode d'indexation que les travailleurs
organisés, syndiqués ou autres, se sont donnée.
D'autre part, M. le Président, nous n'avons pas eu d'explications
suffisantes disant que les parlementaires du Québec ne pourraient pas,
si c'est leur intention de s'indexer, par rapport aux traitement et salaires
hebdomadaires pour l'ensemble des activités économiques en cause,
soient basés sur le territoire du Québec encore une fois. On nous
dira, si j'ai bien compris, je ne sais pas si c'est le ministre des Finances ou
le ministre de l'Industrie et du Commerce qui a glissé cette information
dans son intervention sur une motion précédente, qu'il est plus
facile de calculer le salaire moyen et le traitement moyen des Canadiens que
celui des Québécois.
M. le Président, si nous sommes en cette situation de
dépendance telle que nous ne pouvons même pas être en mesure
de calculer, chez nous, quel est le salaire moyen des Québécois,
et qu'en ce sens, les parlementaires élus par les
Québécois prennent le taux d'indexation ou le taux d'augmentation
du salaire moyen des Québécois, parce que ce sont eux, et
uniquement eux qui paient les taxes et les impôts à partir
desquels nos salaires nous sont versés; or, M. le Président nous
sommes donc dans une situation de faiblesse. Mais je ne pense pas que nous le
soyons, car l'Opposition officielle, par la voix du député de
Chicoutimi et du chef de l'Opposition, a déjà fait preuve
et je pourrais, si je retournais à mon dossier... qu'il existe de
pareilles statistiques du revenu moyen et du salaire moyen des
Québécois, de ceux qui du premier cent jusqu'au dernier, versent
au coffre public, la totalité des sommes dont nous tirons une partie
à nos fins de traitement, aussi bien de nous que de ceux qui travaillent
avec nous dans la fonction publique, et qui nous aident à remplir notre
mandat.
Pourquoi ce recours aux salaires canadiens, M. le Président? Le
chef de l'Opposition a avancé une hypothèse qui n'a pas
été démentie. C'est que, voyez-vous, M. le
Président, salaire pour salaire, le salaire moyen des Canadiens, et dans
le régime où nous nous trouvons, et dans le contexte
économique où nous sommes, dont nous sommes largement
dépendants, le salaire moyen des Canadiens, dis-je, est supérieur
au salaire moyen des Québécois. Donc, quant à s'ajouter
des garanties à l'article 92 a), le gouvernement a
préféré recourir aux salaires les plus
élevés, à partir desquels, évidemment, les rapports
seront nécessairement plus favorables, puisque la progression, aussi, au
cours des dernières années est nettement plus favorable dans
l'ensemble canadien que pour le territoire du Québec en particulier.
Mais il me semble que ce serait une question de simple décence,
parce qu'aucun autre travailleur ne peut justifier une augmentation qui soit
à ce point étendue sur une échelle aussi vaste, que nous
choisissions, nous, puisque nous en sommes largement dépendants, que
cette indexation se fasse sur le rapport, puisque c'est le choix du
gouvernement, du salaire de base des Québécois d'une
année, par rapport à l'autre,
c'est-à-dire la précédente, par rapport à
l'antérieure et la précédente.
J'espère que le ministre des Affaires culturelles, avant de
procéder au vote sur son amendement, nous expliquera pourquoi le choix
du gouvernement s'est porté sur cette statistique plutôt que sur
celle des contribuables québécois, celle qui reflète
l'ensemble des activités économiques du Québec.
M. HARDY: M. le Président, je n'ai pas l'intention de me livrer
aux mêmes acrobaties que celles des membres de l'Opposition officielle et
de répéter constamment les mêmes choses. L'honorable
ministre de l'Industrie et du Commerce, le ministre des Finances ont
exposé d'une façon brillante les raisons pour lesquelles nous
avions adopté ces méthodes de calcul. Je n'ai rien à
ajouter.
LE PRESIDENT (M. Blank): Sur une question de règlement, le chef
de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, je crains que la motion du ministre
des Affaires culturelles ne soit irrégulière.
M. HARDY: Après avoir parlé tous les trois, ils viennent
de s'en apercevoir.
M. MORIN: Oui. Parce que vous étiez au courant que vous nous
présentiez une motion irrégulière?
M. le Président, je me réfère à l'article 64
du règlement de l'Assemblée nationale. "Une motion ne peut
être présentée que par un représentant du
gouvernement après recommandation du lieutenant-gouverneur en conseil
lorsqu'elle a pour objet direct, premièrement, l'exécution de
travaux publics; deuxièmement, l'allocation de subventions, et,
troisièmement, l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus
publics ou sur les contribuables." Or, M. le Président, si le
lieutenant-gouverneur a recommandé l'adoption de la première
version de l'article 5 et du projet no 87 dans son ensemble, il n'a pas
approuvé, que je sache, la nouvelle version que le ministre vient de
nous fournir. Or, cette version est essentiellement différente et je
vais maintenant le démontrer, avec votre permission, de sorte que la
motion du ministre est irrégulière. Il aurait dû se
présenter en Chambre, d'abord, puisque c'est le seul endroit, comme il
le sait, où ce genre de recommandation du lieutenant-gouverneur peut
être présenté.
M. HARDY: Où trouvez-vous cela?
M. MORIN: Bien, c'est comme cela puisque c'est le seul endroit où
la responsabilité du gouvernement peut être mise en cause.
M. HARDY: Où est-ce écrit?
M. MASSICOTTE: Vous pourriez aussi faire un amendement, dans ce
cas-là.
M. MORIN: C'est du droit parlementaire évident.
M.HARDY: Ah oui? M.MORIN: Bien sûr! M. HARDY: Comme
l'article...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. MORIN: Est-ce que la responsabilité d'un Parlement peut
être mise en cause ici, en commission?
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Je veux me renseigner un peu et,
après cela, je rendrai une décision.
M. HARDY: M. le Président, je ne suis pas sûr que vous ayez
de très bons renseignements.
M. MORIN; Cela représente une dépense de deniers
additionnels. Je pense que, quand j'aurai fini ma démonstration, le
ministre des Affaires culturelles, qui n'est pas sans s'être
frotté au droit parlementaire et aux règlements, sera
obligé d'en convenir.
L'ancien texte n'affectait pas les $21,000 de l'article 92. J'entends
l'ancien texte de l'article 92 a) tel qu'il nous était proposé
dans le projet de loi 87. On appliquait un coefficient variable à un
montant qui demeurait inchangé, d'après l'article 92,
c'est-à-dire $21,000. Autrement dit, ce chiffre de $21,000, si vous me
suivez bien, demeure constant. Il sera le même en 1980, en 1985 et en
1999 et en 2010 si nous ne le modifions pas, évidemment, si la
Législature n'y apporte pas un amendement entre-temps. Annuellement, le
salaire des députés aurait connu une variation plus ou moins
grande à partir d'un montant invariable de $21,000. Jusque-là, je
pense que le ministre me suit. Non seulement cela, mais toutes les
indemnités spéciales qui sont prévues dans le reste du
projet de loi. Je ne me référerai, pour l'instant, qu'à
celles de l'article 2 qui, on s'en souviendra, prévoient que le
président de l'Assemblée nationale, par exemple, reçoit
annuellement une allocation égale au produit de l'indemnité
visée à l'article 92, c'est-à-dire un montant invariable
de $21,000, multiplié par le facteur 1.10. Cela signifie que, dans le
cas de l'article 2, et le montant de base de $21,000 demeure le même et
le facteur de 1.10 demeure constant. Tandis que, désormais, dans la
nouvelle version, nous avons une disposition qui modifie d'année en
année le montant de l'article 92. Est-ce que le ministre me suit? Le
montant, jusqu'ici, était fixe à $21,000. Désormais,
d'après la définition, d'après l'amen-
dement qu'il vient d'apporter, à compter de l'année 1975,
l'indemnité visée à l'article 92 est, pour chaque
année, égale à un montant qui est déterminé
selon un certain calcul. Donc, l'indemnité n'est plus de $21,000, elle
n'est plus invariable, elle est variable.
Le ministre ne peut pas, au niveau d'une commission, soumettre un
amendement qui change l'affectation des fonds publics sans avoir obtenu au
préalable la recommandation du lieutenant-gouverneur. M. le
Président, le lieutenant-gouverneur a peut-être autorisé la
version que nous avons devant nous, la version originale du bill 87, mais, que
je sache, il n'a pas recommandé en Chambre, par la voix du ministre
responsable, l'amendement que nous avons devant nous ce soir. Cela doit
être fait en Chambre, devant toute la Chambre, parce que c'est le seul
endroit où la responsabilité du gouvernement peut être mise
en cause.
Au- fond, M. le Président, vous recevrez mon point de
règlement ou vous ne le recevrez pas, on plaidera ce qu'on voudra, mais
je dis une chose, c'est que si cela n'est pas réglé maintenant,
la loi pourra être mise en question dès qu'elle aura
été votée. C'est donc un point fondamental.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, à l'article 59 de
notre règlement, il est dit: Le président peut ordonner de mettre
de côté ou de modifier un avis qu'il juge non conforme au
règlement. L'article 66 dit, dans le même chapitre au
deuxième alinéa: Un ministre peut toujours agir au nom d'un de
ses collègues. Je pense, M. le Président, que c'est clair, le
ministre peut agir au nom de ses collègues. Et comme...
M. MORIN: Vous n'avez pas compris, vous.
M. BELLEMARE (Johnson): Non, je n'ai rien compris. J'ai compris pourquoi
vous le faisiez, par exemple. Je pense, M. le Président...
M. MORIN: Ecoutez, il faut qu'on se trouve devant une situation nette.
Vous ne pourriez pas toucher votre salaire augmenté, M. le
député.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est pour cela qu'il existe des cours de
justice et des confessionnaux dans les églises, c'est parce qu'il y a
trop de juristes. Comme président, M. le Président, vous avez le
devoir ou la responsabilité de mettre de côté l'avis qu'on
vient de vous donner en vertu de l'article 59. Je pense aussi qu'en vertu de
l'article 66, deuxième alinéa, un ministre peut toujours agir au
nom de ses collègues. Je pense aussi qu'ayant reçu de la Chambre
un mandat de siéger en bonne et due forme, on ne peut pas discuter plus
que cela.
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Terrebonne.
M. HARDY: M. le Président, il est évident que lorsque la
Chambre donne le mandat à une commission, comme le dit avec beaucoup de
justesse le député de Johnson... Parfois, quand j'entends des
gens qui n'ont pas été déformés par des
facultés de droit, je me demande s'ils n'ont pas une perception
juridique plus valable que ceux qui ont été
déformés par certaines facultés de droit.
M. ROY: Vous venez de vous en apercevoir?
M. HARDY: Cela fait longtemps que ce cheminement se fait chez moi.
M. ROY: C'est la première fois que vous l'admettez.
M. HARDY: C'est peut-être la première fois qu'on m'en donne
l'occasion.
M. le Président, premièrement la Chambre,
l'Assemblée, a adopté le principe de cette loi.
Deuxièmement, elle a donné mandat à la commission de
l'assemblée nationale de l'étudier article par article et,
troisièmement, même si j'ademettais, même si nous admettions
la théorie exposée, ce que je n'admets pas, mais même si
nous admettons la théorie exposée par le député de
Sauvé, il faut bien se rappeler que les amendements que nous pouvons
apporter ici en commission doivent nécessairement être
ratifiés par la Chambre, c'est-à-dire que, lorsque la commission
aura fini de siéger, un rapport sera déposé en Chambre et
ce rapport devra être accepté. Or, au moment où la Chambre
acceptera les amendements que nous aurons adoptés en commission, la
Chambre, par le fait même, ratifiera ces amendements et la loi sera tout
à fait valable, tout à fait légale. S'il n'y avait pas
cette ratification prévue par nos règlements des travaux de la
commission, s'il n'y avait pas cette ratification par l'Assemblée
nationale, on pourrait peut-être se poser certaines questions, même
si je prétends que le mandat donné couvre le tout. Mais s'il y a
quelque inquiétude dans l'esprit du député de
Sauvé, mais comme disait bien tantôt le député de
Johnson, je pense bien que les motifs et je ne pense pas lui
prêter de motifs indignes, tel que le règlement le prévoit
du député de Sauvé ne sont pas du tout d'ordre
juridique en ce moment, ils sont uniquement amenés de façon
à faire perdre encore davantage de temps à la commission.
M. MORIN: Répondez à mon point.
M. HARDY: Je vous réponds, je dis que les amendements que nous
adoptons ici en commission seront présentés à
l'Assemblée nationale et devront être ratifiés par
l'Assemblée nationale.
M. MORIN: Vous n'avez même pas présenté votre
motion.
M. HARDY: Mais en vertu de quoi?
M. BEDARD (Chicoutimi): M. le Président...
M. MORIN: Lisez l'article 64.
M. HARDY: Bien voyons donc!
M. BEDARD (Chicoutimi): J'inviterais le ministre des Affaires
culturelles à lire comme il faut l'article 64. Il ne dit pas qu'on peut
faire ratifier après une motion qui a été
présentée en commission il dit: On ne peut
présenter...
M. HARDY: Le raisonnement du député de Sauvé est
tellement stupide, il est tellement stupide à sa face même...
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est déjà pas mal comme
épithète.
M. HARDY: II n'y a pas de mot plus approprié, non, je pense qu'il
n'y a pas d'épithè-te qui convienne mieux à cette
situation, il est tellement stupide à sa face même que ça
voudrait dire qu'en commission on peut, à toutes fins pratiques, ne pas
adopter d'amendement. Cela voudrait dire qu'en commission parlementaire, un
membre du cabinet ne pourrait proposer aucune modification à une loi qui
implique une dépense d'argent. C'est d'un ridicule consommé. Et
il n'y a aucun règlement... ce n'est pas l'article 64 qui dit ça.
L'article 64...
M. BEDARD (Chicoutimi): Lisez-le.
M. HARDY: ... s'applique d'une façon bien précise à
l'Assemblée. Le lieutenant-gouverneur a recommandé qu'il y ait
une dépense d'argent, tout ce que nous faisons avec l'amendement que
j'ai proposé, c'est de modifier quelque peu cette dépense
d'argent et le tout devra être ratifié par l'Assemblée
nationale.
M. BEDARD (Chicoutimi): Vous savez très bien que les...
M. HARDY: M. le Président, je sais très bien que, quand
bien même je plaiderais encore quinze ou vingt minutes...
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. HARDY: ... cela ne changera rien. Ce que nos honorables amis d'en
face veulent, c'est perdre du temps, alors, qu'ils en perdent.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! J'ai entendu
l'Opposition officielle, je veux maintenant entendre le dépu- té
de Beauce-Sud, après ça, je rendrai une décision.
M. ROY: Merci, M. le Président. Je me suis rendu compte que
l'esprit juridique du ministre l'a aveuglé, son esprit l'a
aveuglé lui-même. Il y a deux points dans la motion
présentée par le député de Sauvé. Il y a
d'abord la question du lieutenant-gouverneur. Sur cette question de se
référer à l'Assemblée nationale, je ne suis pas
d'accord avec lui, mais il y a un point, par exemple, dans la motion, c'est
qu'au lieu que l'indexation de l'indemnité se fasse à partir de
la base annuelle de $21,000, à l'avenir, l'indemnité se ferait,
si l'amendement du ministre était accepté, à partir de
l'indemnité de l'année précédente. Cela change
complètement la question. Alors, c'est...
M. GARNEAU: Dans quel sens...
M. ROY: C'est là qu'est le point. Il ne s'agit plus d'une
même augmentation. Il y a deux questions. Si on trouve que l'augmentation
annuelle de $2,000 est trop élevée et si on la
réfère à partir de l'indemnité de $21,000, à
plus forte raison, si on fait l'amendement à partir de
l'indemnité augmentée de l'année précédente,
il arrive que l'augmentation va se faire dans deux ans, dans trois ans, sur
$25,000, sur $26,000. C'est complètement différent de ce qu'il y
avait dans la loi.
M. HARDY: Ce n'est pas si sûr que cela.
M. GARNEAU: Non, non, c'était le sens de l'article 92 a)...
M. HARDY: C'est différent quant au montant mais pas quant au
principe. Le lieutenant-gouverneur, c'est le principe qu'il recommande.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Le député
de Chicoutimi.
M. BEDARD (Chicoutimi): Plutôt que de traiter de stupides
continuellement les allégations faites...
M. HARDY: Pour la première fois depuis le début de la
commission.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... par le chef de l'Opposition, il me semble
que le ministre des Affaires culturelles...
M. HARDY: Je me suis retenu bien longtemps.
M. BEDARD (Chicoutimi): ... aurait tout avantage à faire preuve
d'intelligence en acceptant de lire tout simplement le contenu de l'article 64.
De toute façon, les règles qui s'appliquent en commission,
normalement, s'appliquent à l'Assemblée nationale, à moins
de
dispositions contraires. Vous êtes d'accord au moins sur
ça. Il n'y a pas de dispositions contraires en ce qui regarde les
règles en commission. C'est très clair. Je peux vous donner un
exemple qui s'est produit il n'y a pas tellement longtemps, lorsqu'on a
étudié la loi des rentes, j'ai eu à le faire
personnellement, au nom de l'Opposition. Je n'étais pas rompu aux
règles de procédure à ce moment-là. Remarquez que
je ne prétends pas l'être présentement, mais quand
même je prends la peine de lire les articles avant de faire mon opinion.
Donc, dès le début de la commission, puisque dans la loi amendant
la Régie des rentes, ça pouvait comporter des dépenses de
deniers publics, le président de la commission a pris la
précaution de nous dire qu'en commission on n'avait pas le droit de
faire des...
M. HARDY: Comme députés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Laissez-nous finir... De faire...
M. HARDY: Des "filibusters"?
M. BEDARD (Chicoutimi): ... quelque amendement que ce soit non
parce que cela on a le droit qui puisse comporter une dépense de
deniers ou encore...
M. HARDY: Aux députés.
M. BEDARD (Chicoutimi): Non, pas seulement aux députés,
qui puisse comporter une dépense de deniers. Il y en a un des deux qui
se trompe. Soit le président, qui a présidé la commission
concernant les Affaires sociales, quand nous avons étudié la Loi
des rentes, ou le ministre qui est là. J'attendrai la décision du
président.
Il reste qu'il est clair que nous ne pouvons pas, selon les
prétentions du ministre des Affaires culturelles, corriger une motion
qui aurait été faite et que nous n'avons pas le droit de faire
ici. Le principe est de savoir: Avons-nous le droit de la faire ici? Si nous
n'avons pas le droit, c'est impensable et illogique de croire que nous pouvons
la corriger en la passant ici et en l'acceptant une fois rendus à
l'Assemblée nationale. Le point est de savoir si nous pouvons la
présenter.
Or, l'article 64 dit très bien: "Une motion ne peut-être
présentée que par un représentant du gouvernement. Pas
n'importe qui.
M. HARDY: Ah!
M. BEDARD (Chicoutimi): Oui, lisez l'article jusqu'au bout, vous allez
avoir avantage, la discussion va être bien moins longue, vous allez
voir... "que par un représentant du gouvernement, après
pas dans n'importe quelle condition recommandation du
lieutenant-gouverneur en conseil, lorsqu'elle a pour objet laquelle
recommandation ne peut être faite qu'à l'As- semblée
nationale direct à l'article 3 pour ne pas allonger les
débats l'imposition d'une charge additionnelle sur les revenus
publics ou sur les contribuables.
Il est clair que l'amendement qui nous a été
présenté, en toute bonne foi, j'imagine par le ministre des
Affaires culturelles, comporte justement une charge additionnelle ou encore
affecte les deniers publics d'une façon minime ou plus substantielle,
là n'est pas l'importance. Le principe est que vous n'avez pas le droit
de le présenter. Vous n'avez même pas le droit.
M. le Président, si vous exercez votre mandat selon nos
règlements que j'essaie d'interpréter le mieux possible, vous
devriez même retirer l'amendement qui a été
présenté par le ministre des Affaires culturelles.
M. HARDY: De toute façon, le chef de l'Opposition sait
très bien...
M. BEDARD (Chicoutimi): Argumentez, en droit...
M. HARDY: Oui. Le chef de l'Opposition qui est un grand
constitutionnaliste sait très bien...
M. MORIN: Je n'ai pas ces prétentions.
M. HARDY: Non? C'est ce que M. Ryan disait. Ce n'était pas
exact?
M. MORIN : Je n'ai pas ces prétentions.
M. HARDY: M. le Président, le chef de l'Opposition sait
très bien que, lorsqu'un ministre fait une proposition, en vertu de la
solidarité ministérielle, il la fait au nom du
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est une décision du
lieutenant-gouverneur en conseil. Un ministre ne peut pas...
M. BEDARD (Chicoutimi): Pas en commission. C'est ce que vous ne
comprenez pas.
M. HARDY: Que ce soit en commission ou non.
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est clair.
M. HARDY: Où est-ce indiqué que lorsqu'un ministre parle,
il parle au nom du lieutenant-gouverneur en conseil uniquement à
l'Assemblée nationale? Où est-ce indiqué?
M. BEDARD (Chicoutimi): C'est clair. Vous l'avez, lisez votre
règlement. Vous êtes un expert là-dedans. Cela ne fait pas
longtemps que j'ai ce règlement entre les mains, mais il me semble que
c'est clair.
M. HARDY: L'article 64 ne fait pas de différence entre
l'Assemblée et la commission.
LE PRESIDENT (M. Blank): Nous sommes assez éclairés sur ce
sujet. A l'ordre! A l'ordre!
M. MORIN: De toute façon, M. le Président, avant que vous
ne parliez, je voudrais vous faire remarquer...
M. BEDARD (Chicoutimi): Prenez garde! Vous voulez adopter une loi
illégalement. Vous n'auriez pas le droit de toucher à vos
subventions!
M. MORIN: ... que quelle que soit votre décision, cela ne saurait
apporter un recours à un amendement qui aurait été
présenté irrégulièrement.
M. HARDY: Vous n'accepterez pas votre chèque, cette fois!
M. MORIN: J'accepte fort bien la décision du président
pour ce soir, mais si l'amendement était adopté
irrégulièrement, ce n'est pas la décision du
président qui pourrait apporter un recours à cela.
M. HARDY: Cela veut dire que vous n'accepterez pas vos
chèques.
M. BEDARD (Chicoutimi): N'importe quel contribuable peut contester la
loi.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre! Je ne donne
pas une décision légale sur la dernière prétention
des deux députés. Pour commencer, je vais parler d'un autre
président. Vous refusez le droit de faire une motion...
M. BEDARD (Chicoutimi): Je fais une mise en garde avant le
début.
LE PRESIDENT (M. Blank): Un simple député n'a pas le droit
de faire cela n'importe quand. C'est la raison. Mais le gouvernement, par un
des ministres, a le droit. Ce fameux petit papier que le ministre lit avant la
deuxième lecture, qu'est-ce que cela veut dire?
M. CHARRON: "L'honorable lieutenant-gouverneur a pris connaissance du
bill et en recommande l'adoption à la Chambre".
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est cela, exactement.
M. MORIN: C'est crucial!
LE PRESIDENT (M. Blank): II recommande l'adoption par la Chambre en
deuxième lecture. On sait toujours que c'est le principe.
Ici, le lieutenant-gouverneur en conseil a donné à la
Chambre le droit de dépenser de l'argent pour ces fins, en principe,
mais il n'a pas fixé les montants. Le montant, ce n'est pas le principe,
c'est un détail qui peut être changé en commission sur
recommandation d'un ministre responsable. Après cela, cela va aller aux
autres étapes, le rapport, la troisième lecture et, à part
cela, la sanction aussi. Sa Majesté peut refuser, si elle pense que cela
n'est pas recommandé d'après son avis.
M. MORIN: M. le Président, nous acceptons...
DES VOIX: Vote.
M. MORIN: ... votre décision, mais il est évident qu'elle
ne saurait...
DES VOIX: Vote.
M. MORIN: ... corriger, a posteriori, une motion...
LE PRESIDENT (M. Blank): Peut-être.
M. MORIN: ... qui aurait été présentée
irrégulièrement...
LE PRESIDENT (M. Blank): Peut-être.
M. MORIN: ... de sorte qu'il faudra sans doute...
M.HARDY: Le vote.
M. MORIN: ... qu'il y ait des recours ultérieurs contre la motion
du ministre.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est possible.
M. HARDY: Les députés de l'Opposition ne prendront plus
leur chèque.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette motion d'amendement par le
ministre des Affaires culturelles est adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. CHARRON: Voulez-vous appeler le vote, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Blank): Le vote, d'accord.
M. BEDARD (Chicoutimi): Pour ou contre? Le ministre... M. le
Président, vous restez sur l'amendement?
LE PRESIDENT (M. Blank): Oui, sur l'amendement.
M. BEDARD (Chicoutimi): Contre. LE PRESIDENT (M. Blank): Contre.
M. BELLEMARE (Johnson): Pour ou contre l'amendement?
M. BEDARD (Chicoutimi): On ne sait plus si on a l'article principal ou
l'amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis pour l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Massicotte? M. MASSICOTTE: Pour. LE
PRESIDENT (M. Blank): M. Pépin? M. PEPIN: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Brown? M. Charron?
M. CHARRON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Caron?
M. CARON: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Giasson?
M. GIASSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Hardy?
M. HARDY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Morin?
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Ostiguy? M. Garneau?
M. GARNEAU: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Roy? M. Vallières?
M. VALLIERES: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): Dix en faveur, trois contre. La motion
d'amendement sur l'article 92 a) est adoptée. L'article 5 est
adopté?
M. MORIN: Un instant! M. le Président. C'était
l'amendement, ce n'était pas l'article 5.
LE PRESIDENT (M. Blank): Qu'est-ce qu'il reste à l'article 5?
M. HARDY: Le deuxième paragraphe de l'article 5 est
adopté.
LE PRESIDENT (M. Blank): Qu'est-ce qu'il reste à l'article 5?
M. HARDY: Qu'est-ce qu'il reste à adopter?
M. MORIN: Est-ce qu'on ne doit pas maintenant procéder à
adopter l'ensemble de l'article?
LE PRESIDENT (M. Blank): Je ne pense pas.
M. HARDY: Oui, je pense que le député de Sauvé a
raison.
LE PRESIDENT (M. Blank): Ce sont les quatre lignes en haut.
M. HARDY: Le député de Sauvé est devenu d'une
prudence extraordinaire.
M. MORIN: Oui, on apprend à ses dépens avec les gens qu'on
a devant soi.
M. HARDY: Si je voulais être méchant, je dirais que le
député de Sauvé a appris aux dépens des
contribuables.
M. MORIN: Oui, mais les trois ministres et le président aussi
semblent avoir appris aux dépens des contribuables.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Est-ce que l'article 5 est
adopté?
M. HARDY: L'article 5 est adopté.
M. CHARRON: II faudra appeler le vote, M. le Président.
M. MORIN: Un vote, M. le Président, il faut que ce soit
clair.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Bédard (Chicoutimi)?
M. BEDARD (Chicoutimi): Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Bellemare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, on avait demandé
1976, au lieu de 1975. Il faut respecter le vote qu'on a donné
précédemment. Je suis contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Pépin?
M. PEPIN: En faveur, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Charron?
M. CHARRON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Caron?
M. CARON: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Giasson?
M. GIASSON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Hardy?
M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Pelletier?
M. PELLETIER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Morin?
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Saint-Pierre? M. Ostiguy? M. Garneau?
M. GARNEAU: Pour.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Roy?
M. ROY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Blank): M. Vallières?
M. VALLIERES: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Blank): Neuf en faveur, cinq contre. L'article 5 est
adopté.
M. HARDY: M. le Président, lorsque nous avons abordé.
M. MASSICOTTE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Blank): Qui? Oui, Massicotte.
M. MASSICOTTE: C'est parce que je ne l'avais pas dit. Cela me fait
plaisir, parce que vous avez deviné ma pensée.
UNE VOIX: M. Massicotte était en faveur.
Article 2
M. HARDY: M. le Président, lorsque nous avons abordé
l'étude de l'article 5, nous avions, préalablement, entrepris
l'étude de l'article 2, c'est-à-dire que nous revenons à
la proposition que j'avais formulée à l'effet d'adopter l'article
2.
Il y avait déjà des membres de la commission qui avaient
eu l'occasion de parler sur cet article. Je ne sais pas si tout le monde, si
tous ceux qui désiraient parler l'on fait, à l'article 2?
M. MORIN: Nous n'avions pas encore vraiment parlé de l'article 2,
M. le Président.
M. HARDY: Je me demande si le député de Sauvé
n'avait pas épuisé son droit de parole?
M. MORIN: Pas sur l'article 2. M. HARDY: Non?
M. MORIN: Non, puisque nous avions décidé de le remettre
après l'article 5. Donc, aucun de nous n'avait même
commencé à éplucher l'article 2.
M. CHARRON: En tout cas, pas moi.
LE PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'on va discuter l'article 2? Je n'ai
aucune...
M. HARDY: On revient à l'article 2. On revient à l'ordre
normal.
LE PRESIDENT (M. Blank): L'amendement 48 a). On parle du
président maintenant.
M. CHARRON: L'article 2, M. le Président. M. HARDY:
Adopté?
M. CHARRON: Non seulement nous parlons du président, mais nous
parlons de vous-même.
LE PRESIDENT (M. Blank): C'est pour cela que je me demandais si je
devais siéger.
M. HARDY: M. le Président, je vous demande de vous récuser
afin d'assurer la parfaite objectivité.
M. CHARRON: Est-ce qu'on peut parler sur la motion du ministre des
Affaires culturelles?
M. HARDY: Non, ce n'est pas une motion, j'ai tout simplement
demandé...
LE PRESIDENT (M. Blank): Je pense qu'il a raison.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Article 2, paragraphe a)? Le
député de Saint-Jacques.
Motion d'amendement de M. Charron
M. CHARRON: M. le Président, à tout seigneur, tout
honneur. Nous commencerons à étudier les différents postes
que constitue l'Assemblée nationale elle-même entre ses
députés par peut-être le plus difficile et le plus ingrat,
nous en conviendrons, qui est celui du président de l'Assemblée
nationale. A ce chapitre, puis-je affirmer immédiatement deux principes
sur lesquels l'Opposition n'entendra aucunement revenir, même si nos
amendements, parce que je vous les annonce immédiatement, à cet
article en affecteront les modalités.
Le premier, c'est que le président de l'Assemblée
nationale, et j'ai presque envie de vous
dire le président de notre Assemblée nationale en
particulier, a droit à une indemnité supérieure à
celle que chacun des 110 membres, que lui-même donc, en
conséquence, reçoit au titre de représentant d'une partie
de la population du Québec dans un district électoral
donné. S'il pouvait participer à nos débats, si le
règlement le lui permettait, j'ai l'impression qu'il serait le premier
à nous le dire. C'est une tâche où les
responsabilités sont immenses. Non seulement a-t-il à
présider chaque jour à la cohue de la période des
questions, à cette infime et délicat devoir qu'il a de faire
respecter le règlement de l'Assemblée nationale dans des
circonstances très difficiles, à ce dénuement de la
partisanerie politique auquel sa fonction l'invite obligatoirement chaque jour,
mais il doit aussi contribuer, je ne dis pas simplement à la
revalorisation de l'Assemblée nationale comme .institution dans le
Québec, mais au rôle de chacun des députés. Ces
interventions répétées, ces rappels à l'ordre
devant la cohue des députés d'arrière-ban, à
l'occasion, viennent signaler son intention de faire sa part dans la
revalorisation du député. Bien sûr, ce n'est pas lui qui va
rendre quelqu'un d'inutile utile, mais c'est quelqu'un qui va rendre le
sentiment d'inutilité plus facilement supportable par des
députés d'arrière-ban, qui ne sont appelés à
aucune responsabilité autre que celles prévues par cette
même Loi de la Législature, qui ne sont mis au courant des lois
que lorsque les lois sont déposées et encore, qui n'ont à
participer aux débats que lorsqu'ils en obtiennent la permission du
whip, qui doivent à chaque occasion, bien des fois, ronger leur frein,
parce que nécessairement doit se développer la conviction que
certaines mesures présentées ne font pas l'affaire de leurs
électeurs.
Ces députés doivent donc se soumettre à une ligne
du parti qui est excessivement autoritaire, et le député qui
devient président de l'Assemblée nationale, un peu comme s'il
était issu de ces couches, du fond de l'Assemblée nationale, en
tient compte, et c'est une lourde responsabilité pour sa part que
d'essayer de maintenir des gens dans le décorum d'une Assemblée
nationale. Comme je vous le disais, ce n'est pas lui qui va rendre utile
quelqu'un d'inutile comme ce n'est pas lui qui va rendre intelligent un
imbécile. Mais il a, au moins, l'occasion, par l'invitation pressante
qu'il nous fait de respecter le règlement, de faire que les
imbéciles s'expriment le moins abondamment possible, de façon
irrégulière, et de leur laisser tous les droits qu'ils ont du
fait qu'ils ont été élus, comme lui d'ailleurs, a
été élu.
Donc, M. le Président, je ne reviens pas sur le principe qui veut
que le président de l'Assemblée nationale, à cause de sa
tâche particulière, ait un traitement qui soit supérieur
à celui de la majorité de ceux qu'il est appelé à
contrôler quotidiennement. Donc, je vous dis immédiatement que ce
que je vous proposerai comme amendement, ce n'est pas la suppression de
l'article 48. Point.
Deuxième principe, M. le Président, qui est nouveau dans
le projet de loi et auquel accepte de concourir l'Opposition officielle, c'est
celui de porter l'indemnité, quelle qu'elle soit, du président de
l'Assemblée nationale, sur un pied d'égalité à
celle des ministres nommés au cabinet, ou du chef de l'Opposition. Il
nous semble que ces trois institutions, si vous me permettez cette expression,
même si dans deux cas sur trois, elles sont incarnées par un seul
homme, sont essentielles à notre vie démocratique tout le
monde en conviendra mais, à l'exception du premier ministre'
cela aussi, nous en conviendrons les ministres, Président
de l'Assemblée nationale et chef de l'Opposition doivent dans leur
traitement même, symboliser l'égalité des droits de l'un
par rapport à l'autre, et la consécration de
l'égalité de chacun des membres de l'Assemblée nationale
lorsqu'ils arrivent ici. Que nous soyons élus par des agriculteurs, par
des ouvriers, par des bourgeois, que nous soyons élus par des Anglais ou
des Français, lorsque nous arrivons ici, nous provenons tous d'un mandat
en vertu de la Loi électorale qui nous est donné par une
majorité d'électeurs dans une circonscription qui a
été préalablement délimitée. Cette
égalité, que nous nous retrouvions, par nos étiquettes
politiques, à la droite de M. le Président, ou à sa
gauche, fait que nous avons là, par nos porte-parole officiels, à
maintenir une égalité officielle également. Les ministres,
le président de l'Assemblée nationale, le chef de l'Opposition
doivent avoir le même traitement.
Or, M. le Président, actuellement je vous avouerai bien
simplement que c'est en étudiant le dossier pour la préparation
à ce débat que je l'ai appris, parce que je croyais que
c'était déjà chose faite, et cela m'est apparu
invraisemblable que cela n'a pas déjà été fait,
justement à cause des principes que je viens de vous énoncer
c'est avant cet amendement à la Loi de la Législature que
constitue l'article 2 que vous avez appelé, M. le Président, le
président de l'Assemblée nationale ne reçoit pas le
même traitement qu'un ministre. Moi, j'étais assuré que
oui, mais je pense que je l'apprends au ministre des Affaires culturelles. Moi,
je l'ai appris dans la préparation de ce débat. Je ne peux pas
faire intervenir des officiers de l'Assemblée nationale, mais on m'a
informé du montant, qui est de quelque $3,000, que je crois,
actuellement, inférieur à celui d'un ministre responsable d'un
portefeuille.
Je ne sais pas si mon affirmation est exacte, mais en tout cas, quel que
soit le montant, M. le Président, à l'heure où on se
parle, le président de l'Assemblée nationale n'a pas un salaire
équivalent, ni à celui du chef de l'Opposition, ni à celui
d'un ministre. Or, cela, c'est inacceptable, et quelle que soit
l'indemnité que l'on s'apprête à voter je vous ferai
une proposition à cet égard supplémentaire que lui
accorde son poste, le triumvirat si vous me permettez du Conseil
exécutif, du chef de l'Opposition et de l'espèce de suprême
arbitre de nos
institutions qu'est le président de l'Assemblée nationale,
ne doit pas comporter d'inégalité. C'est donc, M. le
Président, que lorsque tout à l'heure, je vous proposerai un
amendement, vous pourrez immédiatement deviner que l'amendement que je
vais vous proposer pour la fixation de l'indemnité de M. le
Président de l'Assemblée nationale, je proposerai le même
amendement lorsque nous traiterons des membres du Conseil exécutif ou,
un peu plus loin, lorsque nous traiterons du traitement du chef de l'Opposition
officielle.
Sur ces deux principes, M. le Président, droit à une
indemnité supplémentaire et droit à une indemnité
égale à un membre du Conseil exécutif ou du chef de
l'Opposition, le Parti québécois n'a aucune objection et est
prêt à se rallier à une proposition gouvernementale qui
tiendra compte, par contre, des obligations et du contexte dans lesquels nous
nous trouvons. Or, c'est là que l'article 48, tel que proposé
comme amendement à la Loi de la Législature, n'atteint pas
complètement nos voeux et, à notre avis, fait encore état
de la même exagération qui était contenue dans l'article 5
dont nous venons de disposer.
Je suis d'opinion, M. le Président, avec mes collègues qui
auront l'occasion d'exprimer la leur à leur tour, qu'une
indemnité supplémentaire ne doit jamais doubler
l'indemnité de base. Si, par définition, c'est une
indemnité supplémentaire à cause d'une charge
supplémentaire, elle ne doit jamais atteindre le double, sinon, elle
fait apparaître une chose plus que le double, comme c'est le cas
dans la rédaction actuelle de l'article 48 c'est 'affirmer que la
charge supplémentaire est plus valorisante que la charge originale. Or,
il faut toujours que la charge originale demeure la base à partir
de laquelle on fait le calcul celle qui est la plus valorisée, le
reste doit s'y greffer. On peut-être large dans ces cas en fonction de la
charge.
Mais, M. le Président, lorsqu'on double par exemple la
proposition est de 1.1 p.c., c'est plus que doubler le salaire de $21,000
auquel aura droit le président de l'Assemblée nationale comme
simple député c'est affirmer que son rôle de
président de l'Assemblée nationale, en quelque sorte, est plus
important que ce qui l'a amené dans cette Chambre, soit son titre de
député, dans le cas qui nous occupe, de député de
Laval, ce serait de n'importe quel comté. C'est un peu une
allégorie boiteuse, j'en conviendrai, mais qui est basée sur un
sain principe, un peu comme le principe qui apparaît dans nos lois de
l'impôt sur le revenu qui dit qu'aucune allocation de dépenses ne
doit totaliser plus que les 50 p.c. de ce qui est calculé comme
indemnité. Tout le monde convient de cette chose. Sans cela, qu'est-ce
que ce serait? Vous verriez des présidents de compagnie se voter un
salaire de $5,000, $6,000, comme leurs employés, mais, par contre, ils
se donneraient une allocation de dépenses et de voyages de $25,000 ou
$30,000. non taxables.
Dans leur sagesse, les législateurs, lorsqu'ils se sont
penchés sur la Loi de l'impôt sur le revenu, ont dit: Une
allocation supplémentaire ne doit jamais atteindre la moitié du
revenu normal salarial d'un individu dans quelque entreprise qu'il soit. Tout
le monde a convenu de cette affirmation.
M. le Président, quand on ajoute une indemnité
supplémentaire à quelqu'un qui occupe une tâche
supplémentaire, on ne doit pas faire que cette tâche finisse par
l'emporter et, à la longue, dévaloriser la tâche
première qui l'a amené à l'Assemblée nationale. Or,
c'est ce que fait l'article 48. Il propose que monsieur le président de
l'Assemblée nationale, non seulement obtienne ses $21,000 ou
parlons en termes réels puisque les $21,000 n'ont que six jours
d'existence à faire prenons le chiffre du 1er janvier, $23,205,
qui vient d'être adopté à l'article 5, mais on lui
permettra de doubler cette somme parce qu'on multiplie par 1.1 p.c. Donc,
rajoutez $23,205 plus le .1 p.c. qui équivaut à
laissez-moi calculer, M. le Président à $2,320
supplémentaires. Ce qui veut dire que monsieur le président de
l'Assemblée nationale aura, comme député de Laval ou,
encore une fois, de quelque comté que ce soit, $23,205 et aura, à
ce titre de président de l'Assemblée nationale, $25,525, ce qui
totalise quelque $48,725.
Le total, encore une fois, n est pas important. Ce n'est pas l'objet du
débat. C'est le fait que l'indemnité supplémentaire ne
devient plus une indemnité supplémentaire, elle devient une
indemnité plus importante que l'indemnité première
à partir de laquelle elle s'est greffée.
M. le Président, on ne peut pas permettre que... C'est un peu
comme si vous permettiez à une branche de devenir plus grosse qu'un
arbre, que le tronc même à partir duquel elle a poussé.
C'est un peu comme si on permettait, dans la comparaison que je vous faisais
avec le revenu, qu'à partir d'un salaire volontairement comprimé
pour fins d'impôt, on permette à des employés du secteur
privé ou public de développer des comptes de dépenses qui
sont trois fois, quatre fois supérieurs à la dépense
réelle bien des fois.
C'est donc dans cet esprit, M. le Président, et, encore une fois,
en acceptant les deux principes qui veulent que le président a droit
à une indemnité supplémentaire, que cette indemnité
doit être égale à celle de n'importe quel membre du Conseil
exécutif ou du chef de l'Opposition, que je vous proposerais
l'amendement suivant: Que l'article 2 soit modifié dans la
sixième ligne en remplaçant le nombre 1.10 par .75 et, pour ce
qui concerne messieurs les vice-présidents de l'Assemblée
nationale, en remplaçant dans la dernière ligne de cet article 48
qui figure dans l'article 2 de la loi à l'étude, le nombre .50
parce que c'est ce qui est là par le nombre .30.
L'avez-vous, M. le Président?
LE PRESIDENT (M. Brisson): Oui, je l'ai. Est-ce qu'il y en a qui veulent
se prononcer sur l'amendement?
M. MORIN: Je pense que le gouvernement désire...
M. ROY: Est-ce qu'on peut avoir une copie de l'amendement? Quels sont
les deux chiffres?
M. MORIN: Si vous voulez laisser une seconde aux membres de l'Opposition
et du gouvernement pour en prendre connaissance, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A la sixième ligne, ce qui veut dire
qu'au paragraphe a) à la fin, remplacer 1.10 par .75 et, au paragraphe
b) à la fin, remplacer .50 par .30. C'est l'amendement.
M. HARDY: M. le Président, on peut épiloguer très
longuement à savoir si le rôle de président de
l'Assemblée nationale, celui de vice-président, mérite une
indemnité de X montant plutôt que de Y. Je pense que le
gouvernement en est arrivé à la conclusion que la proposition qui
est formulée est valable, qu'elle répond à la
réalité actuelle. Quant au principe ou au prétendu
principe invoqué par le député de Saint-Jacques à
savoir que l'indemnité supplémentaire ne devrait être
supérieur à l'indemnité première, là aussi,
c'est peut-être un principe qui dans l'abstrait peut peut-être
avoir quelque fondement, mais dans la réalité, il ne tient plus.
Le député de Saint-Jacques sait très bien, pour ce qui est
du Parlement, que le président de l'Assemblée nationale n'agit
jamais totalement, entièrement, constamment parce que son rôle de
président de la Chambre prend tout son temps. Il ne peut pas participer
aux débats lorsque nous siégeons à l'Assemblée
nationale et, comme le député de Sauvé s'est
élevé avec vigueur l'autre soir parce que le président de
l'Assemblée nationale n'a voulu que dire quelques mots, à toutes
fins pratiques, le président de l'Assemblée nationale n'agit
jamais dans son rôle de député. Il agit toujours comme
président de l'Assemblée nationale, soit sur le plan
administratif, soit sur le plan législatif. Il ne vote jamais.
Alors, le principe défendu par le député de
Saint-Jacques ne tient pas. Dans le cas des vice-présidents de
l'Assemblée nationale, le principe invoqué par le
député de Saint-Jacques ne tient plus parce que la proportion
n'est plus exacte. Alors, cela devient une question d'appréciation.
Est-ce que le montant qui est fixé dans la loi actuelle est trop
élevé ou pas assez élevé, c'est une question
purement d'appréciation, je dirais même subjective. Le
gouvernement, le lieutenant-gouverneur en conseil, puisqu'on veut absolument
respecter les formes chez ceux qui siègent à votre gauche, M. le
Président, en est arrivé à la conclusion que
c'était un montant valable, que c'était un montant qui
correspondait à la réalité, donc nous ne voyons pas du
tout les raisons pour lesquelles nous voterions en faveur de l'amendement du
député de Saint-Jacques.
LE PRESIDENT (M. Brisson): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: Je voudrais ajouter aux propos du ministre des Affaires
culturelles que, suivant l'ancienne loi ou la loi qui est encore en vigueur
jusqu'à ce que la loi 87 soit adoptée, pour que ce qui est du
président de l'Assemblée nationale et d'un ministre,
l'indemnité additionnelle pour un ministre était de $15,600,
c'est-à-dire l'égal du salaire de base d'un député.
Mais il avait, en outre, comme c'est le cas pour le chef de l'Opposition, je
crois, un montant de $3,060 qui n'était pas imposable et qui faisait, en
quelque sorte, partie de cet ensemble de dépenses ou de frais de
représentation qui font qu'un ministre ne peut pas avoir de compte de
dépenses lorsqu'il exécute son mandat à l'intérieur
du Québec. Si on tient compte de ce facteur, dans la nouvelle formule,
vous allez voir qu'il n'y a plus d'allocation non imposable pour exercer la
fonction de ministre.
Il n'y a plus de frais de représentation, de montant qui
était de $3,000, qui n'était pas imposable. Maintenant, tout
devient imposable. Cest-à-dire que, si l'on prend l'ancienne formule, il
y avait $15,600 d'allocation pour le ministre plus $3,060 non imposables, ce
qui veut dire à peu près $4,500 ou $5,000 imposables. Si on fait
un chiffre rond, ça voulait dire à peu près $20,000 comme
allocation d'un membre du conseil des ministres. Aujourd'hui, on élimine
cette allocation non imposable, on l'inclut et tout devient du salaire soumis
à l'impôt. C'est la raison pour laquelle, tenant compte qu'il n'y
a plus d'allocation de frais de représentation non imposable, le facteur
de 1.1 a été calculé suivant la base de la loi 87. Je
pense que c'est important de souligner qu'il n'y aura plus, pour les ministres
qui exercent la fonction ministérielle, d'allocations de dépenses
qui ne seront pas soumises à l'impôt. Tout son salaire son
allocation de député et son allocation de ministre sera
entièrement soumis à l'impôt et c'est la raison pour
laquelle nous avons dû apporter le facteur de 1.1 pour tenir compte de ce
fait.
C'est la même chose pour le président de l'Assemblée
nationale et pour le chef de l'Opposition.
M. BEDARD (Chicoutimi): Voulez-vous dire qu'au bout de la ligne
ça représente presque une diminution pour les ministres avec
ce...
M. GARNEAU: La situation présente aurait été...
bien non... S'il n'y avait aucune espèce d'augmentation... Supposons
qu'on aurait dit tout simplement: L'allocation de $3,060 est incluse dans
l'allocation de ministre et on la rend imposable pour qu'un ministre, le chef
de l'Opposition et le président de l'Assemblée
nationale n'aient pas de diminution de traitement. Il aurait fallu au
moins que les $3,060 soient portés à $4,500, probablement un peu
plus, à cause du fait que la taxation de 50 p.c. est sur le plein
montant, ce qui veut dire probablement aux environs de $5,000. C'est que, sur
$5,000, il paye $2,500 d'impôt, il reste $2,500 nets, alors qu'on
recevait avant ça $3,060 non imposables. C'est probablement plus que
ça, je n'ai pas fait les calculs précis au niveau de la taxation,
mais si on prend $6,000 imposables à 50 p.c, c'est à peu
près le taux marginal de taxation du chef de l'Opposition, d'un ministre
et du président, 50 p.c, le taux marginal, je pense, ce qui veut dire
que ça prendrait $6,000 pour avoir un montant non taxé net de
$3,000. Les $3,060, antérieurement, pour que ce soit la même chose
en termes de traitement, pour le chef de l'Opposition, le président de
l'Assemblée nationale ainsi qu'un ministre, il faudrait dire $6,000; ce
montant, plus $15,600, ça donne $21,600, ce qui serait l'allocation d'un
ministre, sans qu'il y ait eu aucune augmentation de traitement, tout
simplement pour garder le statu quo. Evidemment, ça devient $23,000, il
y a donc une augmentation de $1,400 prévue par la loi pour le traitement
d'un ministre, du chef de l'Opposition et du président de
l'Assemblée nationale.
M. CHARRON: Est-ce que je peux poser une question au ministre des
Finances, juste pour les chiffres?
M. GARNEAU: Oui.
M. CHARRON: Actuellement, les deux allocations de ministre et de
député, $15,600 deux fois...
M. GARNEAU: Oui.
M. CHARRON: ... cela fait donc $31,200, c'est imposable.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CHARRON: Les $7,140 qu'il a actuellement, comme
député...
M. GARNEAU: Ce n'est pas imposable.
M. CHARRON: ... plus $3,060 comme ministre...
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CHARRON: Cela fait $10,200 non imposables.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CHARRON: Actuellement, le revenu total d'un ministre, en additionnant
un et l'autre, sera de $41,400 dont $31,200 imposables.
M. GARNEAU: C'est ça.
M. CHARRON: La nouvelle version, $48,000, telle quelle, ferait en date
du 1er janvier 1975, un salaire de $23,205, comme député;
indemnité comme ministre: $25,525; c'est 1.1, ce qui se trouve à
donner $48,730 imposables, plus $7,000 non imposables.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. CHARRON: II va payer de l'impôt sur $48,730, au lieu d'en payer
sur $31,200, par contre, il aura $7,000 non imposables, comparativement
à $10,200 auparavant.
M. GARNEAU: C'est cela.
M. CHARRON: C'est pour savoir si les chiffres que nous utiliserons sont
fondés.
M. GARNEAU: C'est cela. J'écoutais tout à l'heure la
démonstration du député de Saint-Jacques sur
l'égalité entre l'allocation de député et celle de
ministre, de chef de l'Opposition et de président de l'Assemblée
nationale. Il faut dire que, dans la situation dans laquelle on se trouve
présentement, l'allocation additionnelle se trouve, en fait, plus
élevée que l'allocation de base, c'est-à-dire
qu'actuellement l'allocation de base est de $15,600 et l'allocation
additionnelle pour remplir le rôle de ministre ou de chef de
l'Opposition, si on rendait l'allocation de $3,060 imposable, cela voudrait
dire $21,600 à peu près, ce qui voudrait dire que l'allocation
additionnelle est de $5,000 ou $6,000 plus élevée que
l'allocation de base. C'est la situation présente.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Y en a-t-il d'autres qui veulent prendre la
parole sur l'amendement?
Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, c'est un article fort important que le
second, puisqu'il prévoit les émoluments du président et
des vice-présidents qui jouent un rôle fort important dans le
système parlementaire.
En effet, on peut dire que ces personnages de l'Assemblée
nationale ont un triple rôle à remplir, un rôle
constitutionnel d'abord, qui est en somme la continuation, l'héritage du
rôle constitutionnel du "Speaker" en Grande-Bretagne, en second lieu, une
tâche représentative, et, enfin, des fonctions relatives à
la régie interne de l'Assemblée nationale.
Ce ne sont pas de minces tâches. Ce sont des rôles
éminents dont nous parlons à l'article 2, mais, de là
à reconnaître le fait que ces fonctionnaires de l'Assemblée
soient payés deux fois plus que les députés, il y a une
certaine marge.
A l'heure actuelle, ils gagnent les trois quarts en plus, .75 en gros,
en plus du salaire des députés. Nous pensons qu'il n'y a pas lieu
de
porter ce .75 à 1.10 pour le président et, dans le cas des
vice-présidents, nous pensons qu'il n'y a pas lieu de porter le chiffre
à .50, mais, au contraire, de le réduire à .30. Mais ce
n'est pas que nous voulons réduire le rôle, minimiser le
rôle constitutionnel représentatif du président et des
vice-présidents. Bien au contraire.
Cet amendement que nous proposons pour le président et les
vice-présidents, nous entendons le faire pour les ministres et pour le
chef de l'Opposition tout aussi bien. Il n'y a pas de raison, qu'il s'agisse
des fonctions de ministres ou de chef de l'Opposition, il n'y a pas de raison
pour qu'ils soient payés deux fois le salaire d'un
député.
M. le Président, c'est pourquoi le député de
Saint-Jacques a présenté cet amendement. J'aimerais dire deux
mots, pendant les quelques minutes qui nous restent avant la fin de la
séance, j'aimerais dire quelques mots sur la tâche du
président, la tâche des vice-présidents et expliquer les
raisons pour lesquelles nous avons proposé cette réduction de
l'indemnité.
Le président est certes un personnage considérable dans
l'Assemblée. Il a d'abord un rôle constitutionnel qui est
d'être, au premier chef, l'arbitre des débats. Qu'il s'agisse
d'une Assemblée nationale où les partis sont presque à
égalité ou qu'il s'agisse d'une assemblée, comme celle que
nous connaissons actuellement, avec la disproportion flagrante entre les
suffrages et le nombre de sièges obtenus par les différents
partis, ce rôle est toujours délicat, ce rôle est toujours
crucial.
Je dois reconnaître que le président actuel, même si
quelquefois nous ne sommes pas d'accord sur ses décisions, en
général, a fait plutôt honneur à ses fonctions. Tout
récemment, j'ai eu, en ce qui me concerne, des griefs contre lui, mais
c'est une affaire que nous réglerons en d'autres lieux et en d'autres
temps.
Cette tâche constitutionnelle du "Speaker", elle nous vient, en
droite ligne, du passé britannique qui fait peser sur l'épaule de
ce fonctionnaire parlementaire les plus hautes responsabilités. Vous
savez que, en Grande-Bretagne et ici, d'ailleurs, en contrepartie,
l'Assemblée ne peut siéger sans la présence du
président ou d'un vice-président exerçant ses fonctions
déléguées. Le rôle du président est à
ce point crucial qu'on a vu, dans le Parlement fédéral,
l'Assemblée se retrouver sans président, parce que celui-ci
estimait que la tenue des députés était telle qu'il ne
pouvait continuer à présider. Plût au ciel que le
président de l'Assemblée nationale du Québec agisse de la
même façon plus souvent, lorsque le désordre s'installe,
que les quolibets et les injures pleuvent; plût au ciel que le
président de notre Assemblée soit aussi susceptible que le
"Speaker" du Parlement fédéral!
En effet, M. le Président, s'il n'y a plus de président
dans une assemblée parlementaire, il n'y a plus d'assemblée;
l'assemblée n'existe pas en tant que telle; elle n'a plus de fonction en
l'absence du président ou de son vice-président.
UNE VOIX: Tout le monde sait cela. UNE VOIX: II est bon de le rappeler.
M. MORIN: Je vois que le député de...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Amendement, s'il vous
plaît.
M. MORIN: Le député de Laurier sait cela. Je le
félicite, c'est une... Le député disait tout à
l'heure: Tout le monde sait cela. J'ai distinctement entendu le
député dire: Tout le monde sait cela. Je lui donne raison. Tout
le monde sait cela.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Je prierais le
député de Sauvé de s'adresser à la
présidence.
M. MORIN: Ai-je la parole?
LE PRESIDENT (M. Brisson): S'il vous plaît.
M. MORIN: M. le Président, voyons donc, je vous donnais raison,
arrêtez donc ces folies!
M. MARCHAND: II n'a pas le droit de parole. Vous vous trompez encore une
fois.
LE PRESIDENT (M. Brisson): Le député de Sauvé.
M. MORIN: M. le Président, effectivement tout le monde sait cela,
mais il est bon de le rappeler au moment où nous parlons de la
rémunération qui doit s'attacher à ce poste. Sans
président, il n'y a pas d'Assemblée, c'est-à-dire que ce
rôle est crucial, constitutionnellement parlant. C'est le
président qui assure même la continuité de
l'Assemblée, la continuité du parlementarisme. Je me
réfère en particulier à ce sujet à l'article 47 de
la Loi de la Législature, c'est-à-dire les statuts refondus de
1964, chapitre 6, modifié à plusieurs reprises, comme chacun le
sait. A l'article 47, on nous dit que la personne qui remplit la charge de
président lors de la dissolution de l'Assemblée nationale, est
considérée comme président et en conserve les pouvoirs
on aurait pu ajouter aussi les prérogatives jusqu'au jour
fixé par proclamation pour l'expédition des affaires. Pour les
fins de la régie interne de l'Assemblée nationale, elle est
considérée comme président jusqu'à ce qu'un
président ait été nommé par la nouvelle
Assemblée.
Autrement dit, cette fonction constitutionnelle est d'une importance
telle qu'elle ne doit pas connaître d'interruption. Les fonctions de
députés connaissent des interruptions, mais non celles de
président. C'est donc lui qui assure cette continuité essentielle
en régime parlementaire. C'est donc un rôle très
éminent. C'est déjà un bon motif pour reconnaître
que ce personnage doit recevoir des émoluments qui correspondent
à l'importance des fonctions.
La deuxième tâche à laquelle j'ai fait allusion, est
la tâche de représentation. Effectivement, ce ne sont pas tous les
députés qui sont à même de faire de bon
présidents, surtout du point de vue de la représentation à
l'extérieur. Il faut que le député qui soit choisi par ses
pairs, pour exercer ces fonctions, soit vraiment un homme de premier plan.
C'est lui qui va être appelé à aller à
l'étranger représenter l'Assemblée dans les
conférences internationales, les conférences comme celles
à laquelle nous participions ensemble, le député de
Laurier et moi, il n'y a pas si longtemps.
M. MASSICOTTE: Bruxelles.
M. MORIN: Je dois dire qu'un président qui ne serait pas à
la hauteur des circonstances en de telles conférences ne remplirait pas
les fonctions que nous attendons qu'il remplisse. Un président qui doit
être à la hauteur de ces tâches de représentation,
doit être bien rémunéré. C'est bien certain. Mais
encore une fois, doit-il pour autant être payé deux fois plus
qu'un député ordinaire. C'est la question que soulève
l'amendement du député de Saint-Jacques.
M. le Président, il y a un point sur lequel je n'ai
peut-être pas suffisamment insisté, qui est le caractère
impartial du président, même s'il appartient à un parti
politique. C'est un fait que le président de notre Assemblée,
comme dans tous les parlements d'inspiration britannique, le président
fait partie, se rattache à un parti politique. Il doit, au moment
où il entre dans ses fonctions, oublier, en quelque sorte, qu'il
appartient à un parti politique. Oh, c'est très difficile, et je
ne voudrais pas m'étendre sur cet aspect de la question. C'est
très difficile de se départir de ses allégeances
politiques. C'est très difficile de donner raison à l'Opposition,
quand elle a raison, sur des points de règlement ou des points de
privilège. C'est très difficile d'oublier la couleur politique
pour se montrer impartial, et intransigeant quelquefois, même à
l'égard des collègues qui appartiennent au même parti
politique. Aussi les tentations peuvent-elles être fortes pour un
président, ou pour des vice-présidents, d'oublier qu'ils doivent
assumer ces fonctions de manière impartiale, et l'une des raisons pour
laquelle on doit reconnaître qu'un salaire adéquat, idoine, doit
être versé à ces personnes, c'est pour leur rappeler qu'en
raison de leurs hautes fonctions, elles doivent se montrer impartiales.
M. le Président, le salaire qui est accordé à ces
personnages a donc une raison extrêmement importante. C'est de s'assurer,
justement, de leur impartialité. Il y a, enfin, des tâches sur
lesquelles je n'aurai pas le temps, hélas! de m'étendre, puisque
déjà la séance de ce soir touche à sa fin, j'aurais
voulu disserter longuement...
UNE VOIX: Demain soir.
M. MORIN: ... sur les tâches qui sont liées à la
régie interne de l'Assemblée. M. le Président, il y a
plusieurs articles de la Loi de la Législature, le 54e et le 55e
notamment, qui nous décrivent...
M. MASSICOTTE: Est-ce possible d'entendre une affaire comme cela!
M. MARCHAND: Récitez-nous une fable de La Fontaine pour
finir!
M. MORIN: ... ses fonctions. Oh, je pourrais en citer plusieurs au
député de Laurier, mais je préférerais qu'il me
laisse terminer.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre!
M. MORIN: J'en connais une qui s'intitule: Les Animaux malades de la
peste, et qui aurait pu s'appliquer admirablement bien ces jours derniers
à l'Assemblée.
M. MASSICOTTE: On pourrait vous regarder, vous avez raison !
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre! Il reste trente secondes.
M. MORIN: ... est-ce que je puis continuer sans encombre mon
exposé durant les 25 secondes qu'il me reste? Bien, mais si tout le
monde parle en même temps, je ne pourrai pas continuer...
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Vous les avez.
M. MORIN: ... à développer les tâches
extrêmement importantes qui sont liées à la régie
interne. L'article 54 de la Loi de la Législature nous dit que le
président de l'Assemblée nationale et trois
députés, membres du Conseil exécutif, choisis par le
lieutenant-gouverneur en conseil, sont nommés et constitués
commissaires aux fins de remplir les devoirs qui leur sont confiés par
la présente loi. Voilà des fonctions importantes et auxquelles on
ne doit pas manquer lorsqu'on est nommé commissaire de
l'Assemblée nationale, lorsqu'on est président de
l'Assemblée nationale, on est comptable de ses actes devant la
population. Voilà les fonctions fort importantes dont nous allons avoir
l'occasion de parler longuement ces semaines-ci.
LE PRESIDENT (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! Il est minuit et la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 23 h 57)