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Commission permanente de l'assemblée
nationale
Etude du projet de loi no 87
Loi modifiant la loi de la Législature
et la loi de l'Exécutif
Séance du samedi 28 décembre 1974
(Dix heures cinquante-quatre minutes)
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Avant que la commission de l'Assemblée nationale reprenne
l'étude du projet de loi no 87, Loi modifiant la loi de la
Législature et la Loi de l'exécutif, j'aimerais faire part aux
membres de la commission des changements des membres qui la composent: M. Morin
(Sauvé) remplace M. Bédard (Chicoutimi); M. Marchand (Laurier)
remplace M. Bienvenue (Crémazie); M. Malepart (Sainte-Marie) remplace M.
Blank (Saint-Louis); M. Carpentier (Laviolette) remplace M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine); M. Ber-thiaume (Laprairie) remplace M. Lamontagne
(Roberval); M. Charron (Saint-Jacques) remplace M. Léger (Lafontaine);
M. Tremblay (Iberville) remplace M. Lévesque (Bonaventure); M. Lachance
(Mille-Iles) remplace M. Ostiguy (Verchères); M. Harvey (Dubuc) remplace
M. Parent (Hull); M. Picotte (Maskinongé) remplace M. Vallières
(Richmond); M. Saint-Pierre (Chambly) remplace M. Brown (Brome-Missisquoi).
Au moment de l'ajournement des travaux hier soir, nous étions
rendus à l'article 12, paragraphe b). Ce paragraphe sera-t-il
adopté?
Article 12 (suite)
M. BURNS: Oui, M. le Président, quant à moi, à
moins qu'il y ait d'autres remarques.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Le paragraphe c)?
M. BELLEMARE (Johnson): Au paragraphe c), M. le Président, s'il
n'y en a pas d'autres qui veulent la parole...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): ... le salaire qui nous est alloué, en
vertu des ententes prises dans la loi est de $7,000 au maximum, pour les
secrétaires de comté. Je pense que, parce que ce sont des
occasionnels, il faudrait peut-être attirer l'attention des personnes qui
prendront part à cette commission sur le fait qu'ils disparaissent quand
leur député est battu ou que le gouvernement change. Je trouve
que le salaire de $7,000 par secrétaire de comté n'est pas
suffisant, particulièrement à cause de l'é- chelle des
traitements qui se paient aujourd'hui à la Fonction publique et dans
l'industrie. Je voulais simplement attirer l'attention sur le cas des
secrétaires. Je pense aussi que, lorsqu'il y aura un ou deux bureaux
reconnus par comté, il faudrait aussi les équiper en
conséquence.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le paragraphe c) est-il adopté? Le
chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, j'aurais quelques commentaires
à faire sur les secrétaires dans les districts électoraux.
Le député de Johnson disait, il y a un instant, que ce sont des
occasionnels, mais ce sont des occasionnels qui peuvent quelquefois rester dans
ces postes pendant plusieurs années. Ce sont des occasionnels
permanents, quasi permanents, si j'ose dire.
M. BELLEMARE (Johnson): Ils n'ont pas de pension, ils n'ont pas de jours
fériés.
M. MORIN: Oui et c'est justement pour les raisons...
M. BURNS: Du personnel politique.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est cela. C'est pour cela que c'est difficile
à avoir.
M. MORIN: C'est la raison pour laquelle j'estime que, n'ayant pas, comme
vous l'avez fait remarquer, de fonds de retraite, n'ayant pas d'avantages
sociaux, ils méritent peut-être qu'on s'occupe mieux d'eux sur le
plan du traitement. Ils ne sont pas indexés non plus, que je sache et
ces secrétaires sont appelés à rendre vraiment beaucoup de
services à la population.
Nous qui sommes toujours, enfin, la plupart d'entre nous, qui sommes
toujours retenus en Chambre, pendant la semaine et qui n'avons que nos fins de
semaine et le lundi, quelquefois, quand on n'est pas en fin de session, pour
nous occuper un peu des multiples problèmes humains de nos
comtés, nous devons nous en remettre, dans une très large mesure,
à ces secrétaires de comté, à leur
compétence.
Ce sont des hommes à tout faire. Il faut qu'ils acquièrent
très rapidement des compétences dans plusieurs domaines.
Evidemment, ce ne sont pas les mêmes, selon qu'on parle d'un comté
rural ou d'un comté urbain. J'imagine qu'un secrétaire, dans un
comté rural doit répondre à des problèmes qui sont
reliés de très près à la condition
économique et sociale des agriculteurs, par exemple, tandis qu'en ville,
dans les milieux fortement urbainisés, en tout cas, et dans un
comté comme le mien, en particulier, les secrétaires de
comté ont à répondre, ont à s'occuper de
très nombreux problèmes d'aide sociale, de très nombreux
cas de familles qui se trouvent dans des conditions économiques
désespérées.
Je puis vous dire qu'en ce qui me concerne je passe beaucoup de mon
temps à m'occuper de ces gens qui, ont des salaires trop bas ou n'ont
pas de salaire et se trouvent, bien malgré eux, à dépendre
de la collectivité.
Dans tous ces cas, c'est le défilé perpétuel des
gens qui n'arrivent pas à joindre les deux bouts. Bien sûr, nous
nous en occupons. Je vois autour de cette table des députés qui
s'occupent beaucoup de leurs comtés et qui sont des
députés, justement, de comtés urbains, mais si nous
n'avions pas nos secrétaires, s'ils n'étaient pas
compétents, s'ils n'étaient pas dévoués, je pense
que nous serions plus mal pris que nous ne le sommes. Nous ne pourrions pas
répondre à tous ces appels, à toutes ces demandes d'aide.
Les secrétaires de comté deviennent donc des spécialistes
de relations humaines. En plus de cela, ils servent de centres de
renseignements, littéralement.
Cela existe, évidemment, d'autre part, des centres de
renseignements, mais, comme chacun le sait, les gens qui en ont le plus besoin
ne savent pas qu'ils existent. C'est donc le bureau du député qui
voit défiler, pour des raisons qui tiennent sans doute à
certaines traditions, les gens mal pris, qui sont à la recherche
quelquefois d'un renseignement qui leur permettrait d'obtenir ce qui leur
manque pour vivre.
J'ai des exemples à l'esprit. Encore, il y a deux semaines, j'ai
eu à recevoir, mon secrétaire a conservé un cas
particulièrement difficile, un cas non prévu par la loi ou, du
moins, nous croyions au début qu'il n'était pas prévu par
la loi. En allant aux renseignements pour cette brave dame qui est venue me
trouver et qui avait un très gros problème sur les bras, nous
avons découvert qu'il y avait une solution et que la solution existait
depuis les sept ans qu'elle avait le problème. Elle ne s'était
jamais donné la peine de se déplacer avant de venir voir son
député.
Combien d'exemples comme cela avons-nous pu vivre, chacun dans nos
comtés, de gens qui sont dans des situations impossibles, tout
simplement parce qu'ils n'ont pas pris l'initiative de tenter d'en sortir. Un
jour, ils viennent forcément nous trouver et, avec un peu de chance,
mais aussi avec un peu de compétence et un bon secrétaire, on
peut quelquefois leur rendre des services absolument inestimables. On peut les
sortir littéralement de la dèche, à l'occasion.
Je sais que, dans le cas de cette dame à laquelle je songe, je ne
pourrai pas obtenir rétroactivement les avantages sociaux qu'elle aurait
pu obtenir depuis les sept ans qu'elle est dans une situation impossible, mais,
au moins, pour l'avenir, elle va les avoir. J'aime autant vous dire que, pour
cette personne, c'était un soulagement de savoir qu'elle pourrait
désormais faire face à ses fins de mois.
Tout cela pour dire, M. le Président, qu'autant j'estime que les
députés doivent donner l'image de la discipline, de la continence
et de l'austérité sur le plan de leur salaire, la continence
économique, M. le Président...
M. BELLEMARE (Johnson): C'est bien! C'est bien !
M. MORIN: Je vois qu'il y a des députés qui ont craint un
moment que je ne leur impose des obligations auxquelles ils ne sont pas
prêts...
M. ROY: On aurait pu croire aussi qu'il y a certaines expériences
dans certains milieux.
M. MORIN: ... Et autant je déplore que nous soyons si prompts
à augmenter nos propres salaires, autant je trouve que les
secrétaires de comté, qui rendent de grands services lorsqu'ils
sont compétents, lorsqu'ils n'ont pas été nommés
simplement pour placer un organisateur, autant j'estime qu'ils ont droit
à une rémunération convenable. Il est bien certain
qu'à l'heure actuelle, $7,000, cela ne les mène pas loin et nous
ne sommes pas toujours capables de trouver les personnes compétentes
capables de répondre aux besoins de la population.
Je sais bien que ce n'est pas normal que les bureaux de
député aient à répondre à toutes ces
questions, aient à se pencher sur tous ces problèmes.
Normalement, le gouvernement devrait avoir au service de la population tous les
bureaux, tous les guichets qui sont nécessaires, et normalement les
citoyens devraient savoir où s'adresser, bien sûr. Mais la
réalité est différente. La réalité,
hélas! c'est que les gens sont mal informés, ils ne connaissent
pas leurs propres droits très souvent et ils ne savent même pas
où aller pour trouver ces renseignements. Je pense que tous les
députés ont vécu cela.
La réalité, c'est également qu'à cause de
toutes les traditions un peu lourdes que nous charrions avec nous, les gens
s'attendent que le député ait réponse à tout. Dans
certains comtés, en tout cas, ils s'attendent à ce que, je pense
en particulier aux comtés urbains, le député soit le
dispensateur des largesses alors que tout ce que nous pouvons faire, c'est
vérifier s'il n'y aurait pas dans la loi quelque moyen de
résoudre le problème. Ou alors, comme ça se
présente, à l'occasion, quand nous nous rendons compte qu'il y a
une lacune dans la loi, et combien de fois n'ai-je pas eu l'occasion de
constater qu'il y avait des lacunes dans la loi, à l'occasion de
problèmes concrets comme ceux qui sont apportés à mon
bureau !
Dans ces cas, nous pouvons intervenir, sous forme de question ou par
voie de déclaration, pour obtenir des changements dans la loi. Je pense
en particulier aux lois sociales. Et dans tout cela, le secrétaire de
comté en notre absence est la charnière entre nos commettants et
nous-mêmes.
Le secrétaire de comté, c'est la plaque tournante, quand
il est bien compétent, quand il fait bien son travail. C'est pourquoi je
pense que les traitements que nous leur versons jusqu'ici sont totalement
inadéquats et autant j'estime que nous devons, nous, prendre bien garde
de ne pas donner le mauvais exemple à la population, autant je pense que
nous pouvons
reconnaître que ces secrétaires de comté constituent
un véritable service public, et que nous devrions le reconnaître
dans les traitements que nous leur versons.
Voilà ce que j'avais à dire, je terminerais
peut-être par une question au ministre. Bien sur, si ce comité
consultatif est créé, et si les commissaires visés par
l'article 54 peuvent déterminer par règlement les barèmes
et les modalités pour le paiement du traitement d'un secrétaire
dans le district électoral, ce n'est pas ici que nous allons nous amuser
à fixer ces traitements.
Mais je demanderai au ministre s'il n'est pas d'accord qu'il est temps
d'améliorer plus sensiblement le traitement des secrétaires de
comté que nous l'avons fait dans le passé.
M. HARDY: Très brièvement, parce que je ne voudrais pas me
rendre coupable de ce qu'avec beaucoup de raison le député de
Beauce-Sud a accusé ceux qui prolongeaient les débats de
gaspiller les fonds publics, mais je voudrais dire que je concours
entièrement aux propos du député de Johnson et du
député de Sauvé. Il est exact et je le vis
quotidiennement que les secrétaires de comté jouent un
rôle très grand.
Le député de Sauvé tantôt a semblé
laisser croire que c'est une situation un peu malheureuse que ce rôle
d'intermédiaire ou en quelque sorte même ce rôle de
Protecteur du citoyen que jouent les députés. D'abord, c'est une
réalité, je pense que cela fait partie même de notre
culture politique.
Les Québécois se sont toujours confiés à
leur député et je ne pense pas que la solution invoquée
par le député de Sauvé soit de nature à changer
cette situation. Même si on multipliait les bureaux, même si on
multipliait le nombre de fonctionnaires, il reste une réalité,
c'est que dans bien des cas et surtout chez les gens les moins informés,
le député demeure le seul visage humain de l'administration
publique moderne, l'administration publique est devenue une immense machine,
l'appareil technocratique très souvent... Ce n'est pas la faute des
fonctionnaires, c'est la structure qui le veut ainsi. Bien souvent le seul bien
humain, le seul contact que le citoyen peut avoir, c'est avec le
député ou avec son représentant qui en l'occurrence est le
secrétaire. Comme le disait à juste titre le député
de Sauvé, c'est heureux dans une certaine mesure qu'il en soit ainsi.
C'est une des raisons qui fait que je m'oppose avec beaucoup de vigueur au
régime présidentiel parce que je trouve qu'un des
éléments il y en a beaucoup d'autres très
valables de notre système, c'est que même un ministre doit
être en contact quotidien ou hebdomadaire avec des électeurs, donc
avec des problèmes incarnés plutôt que de voir ces
problèmes à travers des dossiers, à travers des
technocrates.
Dans notre régime, un ministre doit, s'il veut se faire
élire, même si ce n'est pas par vertu, si c'est simplement
par...
UNE VOIX: Opportunisme.
M. HARDY: ... non, mais par besoin de survivance politique, doit
rencontrer quotidiennement, hebdomadairement au moins ses électeurs.
Cela permet à un ministre de voir comment se posent les problèmes
dans la réalité quotidienne. Je pense que c'est un autre des
aspects très positifs de notre institution. Mais c'est également,
je ne voudrais pas reprendre le débat que l'on a fait tantôt, ce
qui fait que le rôle du député au Québec, quand on
compare les salaires par exemple avec ceux des députés des autres
provinces, est bien différent. Combien de fois j'ai rencontré des
députés dans d'autres provinces qui ont dit que cela n'existait
à peu près pas ce contact du député! Dans d'autres
provinces les citoyens, à cause d'un problème de culture
politique, n'ont pas recours à leur député avec la
même fréquence que cela se fait au Québec.
Or, M. le Président, je suis totalement d'accord pour dire qu'il
faudrait que les indemnités ou les salaires qui sont payés aux
secrétaires de comté soient augmentées à cause du
rôle que ces gens sont appelés à jouer et à cause
précisément de leur situation très précaire. Ils
sont un peu, sur le plan de la sécurité d'emploi, dans la
même situation que les députés; ils peuvent perdre leur
emploi tous les quatre ans et même plus souvent si les élections
arrivent plus souvent.
D'autre part, je pense que c'est heureux que le personnel politique...
Je me demande souvent encore une fois, c'est une opinion bien
personnelle que j'émets si le personnel politique, des gens de
l'Opposition ou même des ministres, ne devrait pas être
écarté de la fonction publique. Parce qu'on se retrouve dans des
situations extrêmement difficiles. Par définition, le personnel
politique, le chef du cabinet d'un ministre ou le chef de cabinet du chef de
l'Opposition sont des gens très politisés. Or, arrive un
changement de régime, on se retrouve avec un nombre très
considérable de directeurs de cabinet, de secrétaires
particuliers adjoints et on ne sait pas trop quoi en faire. Ces gens ont la
sécurité d'emploi, ils sont classés à des
échelons très élevés. Evidemment, c'est vrai pour
tous les partis. J'imagine bien que si, demain matin, le leader parlementaire
du Parti québécois devenait c'est une hypothèse,
remarquez bien, comme le ministre de l'Industrie et du Commerce en faisant part
tantôt...
M. BURNS: On ne sait jamais.
M. HARDY: ... si jamais le député de Maisonneuve se
trouvait demain ministre de la Justice, même si mon directeur de cabinet
est un homme d'une compétence extraordinaire, un homme d'une très
grande honnêteté, je pense bien qu'il ne serait pas
intéressé à le prendre comme directeur de cabinet, d'une
façon générale. Il peut y avoir des exceptions.
M. BURNS: On verra.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve, au début de la
dernière campagne électorale, m'a dit: Ne sois pas inquiet, je
sais que tu vas être battu, je sais qu'on va prendre le pouvoir, je te
trouverai bien quelque chose au ministère de la Justice.
Je pense que le personnel immédiat, ce qu'on appelle le personnel
politique, soit des députés, soit des ministres, ne devrait pas
avoir la sécurité d'emploi, ne devrait pas faire partie de la
fonction publique, mais, en compensation, il devrait avoir des salaires plus
considérables pour compenser cette situation. Ce serait plus juste pour
l'ensemble de la collectivité, parce que encore une fois, le
problème s'est posé en 1970. Si jamais, que ce soit dans 15 ou
dans 20 ans, il y avait un changement de régime, le problème se
poserait encore, s'il y avait un changement de gouvernement. En 1970, on s'est
retrouvé avec un très grand nombre de personnes qui
étaient du personnel politique du cabinet précédent et
cela a créé des problèmes.
M. MORIN: M. le ministre, qu'est-ce que vous diriez de cela, de tout le
personnel politique sans exception, je veux dire des chefs de cabinet, chefs de
cabinet adjoints?
M. HARDY: Oui, j'ai bien dit que je n'exprime pas la politique du
gouvernement. C'est une opinion bien personnelle que j'exprime, mais c'est un
problème qui m'a frappé en particulier en 1970 et je dis que,
s'il y avait un changement de gouvernement, encore une fois, que ce soit dans
cinq ans, dans dix ou quinze ans, le même problème se
poserait.
M. MORIN: Mais avez-vous une idée du nombre de personnes qui,
à l'heure actuelle, se trouvent encore dans la fonction publique et se
trouvent en quelque sorte sur les tablettes ou ont été
réemployées et qui viennent...
M. HARDY: On a fait de grands efforts, je pense, pour utiliser ces gens,
mais ce n'est pas sûr que, s'ils n'avaient pas déjà
été dans un cabinet et s'ils n'avaient pas occupé un
certain échelon, ils seraient payés le prix qu'ils sont
payés actuellement pour les tâches qu'ils effectuent.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La discussion est très
intéressante, mais on commence quand même à
s'éloigner du secrétaire de comté auquel on a fait
allusion.
M. HARDY: Donc je suis tout à fait d'accord pour qu'on augmente
le salaire des secrétaires de comté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: ... ajouté ce que mes collègues ont dit à
propos du rôle important que jouent les secrétaires de
comté, mais je pense qu'il y a quand même un point, sans leur
donner leur permanence, que nous ne demandons pas, sur lequel je veux attirer
l'attention du gouvernement. C'est que les personnes qui sont ici à
l'Assemblée nationale et qui travaillent pour le gouvernement à
titre occasionnel ont quand même droit à certains avantages
sociaux tels que l'assurance-groupe. Je trouve, moi, en ce qui me concerne
qu'une secrétaire de comté ou un secrétaire de
comté qui, après deux ou trois ans de service, est victime d'un
accident ou encore tombe malade, n'ait pas droit aux avantages prévus
par l'assurance-groupe qui couvre les fonctionnaires... Je pense qu'on devrait
prendre note de ce point, c'est une question technique, ce n'est pas une chose
qui coûterait énormément cher au trésor public, cela
permettrait quand même de donner à ce personnel indispensable au
moins un minimum de protection. Parce que, si nos secrétaires de
comté travaillent, dans les caisses populaires je fais
référence aux milieux ruraux ou encore, dans certaines
industries, même si ce sont des petites industries, rares sont celles
qui, actuellement, n'ont pas d'assurance-groupe pour leurs employés ou
ne prévoient seize semaines ou même 26 semaines de prestations,
advenant le cas que cette personne soit malade. Alors si on prenait le temps
d'examiner cette question, je pense qu'on pourrait, sans trop de
problèmes et sans trop de difficultés leur accorder les
mêmes avantages.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe c), adopté?
M. BURNS: M. le Président, je n'ai pas l'intention de reprendre
les propos du chef de l'Opposition ou du ministre, ni ceux du
député de Johnson, ni du député de Beauce-Sud, je
veux juste amener un autre éclairage sur ce problème,
étant donné que, dès la Législature
précédente, j'ai été, comme leader parlementaire
d'un des partis d'Opposition, appelé à faire des interventions
auprès de la commission de régie interne relativement à ce
problème, et justement à entendre le député de
Johnson, d'une part, et le député de Sauvé, d'autre part,
cela me revient à l'esprit, ce phénomène que nous avions
discuté à ce moment. Il est évident que les deux
députés dont je parle se font une conception différente du
secrétaire de comté et ils ont probablement tous les deux raison.
C'est cela que je trouve assez fantastique.
Je pense que ce qui est bien important pour le député,
c'est d'avoir un secrétaire de comté adapté à ses
besoins. Tous les députés n'ont pas la même conception du
travail du secrétaire de comté. Il est possible que dans un cas
je pense, que cela se fait beaucoup plus en milieu rural ce qui
est nécessaire, c'est de garder le simple contact avec les
électeurs.
En tout cas, je fais peut-être erreur. Si je fais erreur, les
députés ruraux me corrigeront, mais
j'ai toujours eu l'impression que, en milieu rural, on peut
peut-être avoir besoin d'un contact simplement qui amènera
l'information aux députés plutôt que de faire du
secrétaire de comté quelqu'un qui est, dans le fond, l'alter ego
du député, ce qu'on voit davantage en milieu urbain, parce que
je pense que tout le monde va l'admettre en milieu rural, le
député a une relation beaucoup plus personnalisée avec ses
électeurs. Il est beaucoup plus proche de l'individu électeur et
l'individu électeur est beaucoup plus proche de l'individu
député.
En milieu urbain, on ne note pas autant cette proximité, surtout,
en tout cas, dans une ville comme Montréal ou Québec, entre
autres. Je pense bien qu'on va admettre qu'il y a très peu de
députés qui connaissent même 10 p.c. de leurs
électeurs par leur nom, ce qui n'est pas exact en milieu rural.
Il est possible qu'on ait besoin, à toutes fins pratiques, de
deux types de secrétaires de comté. Ce que je voudrais soumettre
à l'intention du groupe consultatif, de trois membres le
président de la Commission de la fonction publique, le secrétaire
du Conseil du trésor et quel est le troisième? le
président général des élections, et à
l'intention de la Commission de régie interne, c'est ce que j'avais
déjà soumis à la Commission de régie interne, avant
la dernière hausse de salaires.
Je me souviens que la commission de régie interne m'avait dit,
à ce moment, que l'une des principales objections, c'était que,
justement, il pourrait y avoir deux types de secrétaires de
comté. Moi, par exemple, j'ai peut-être besoin, dans un
comté urbain, presque d'un diplômé universitaire, d'un
diplômé en science politique ou en sciences sociales ou, en tout
cas, cela dépend du besoin du député ou de l'utilisation
que le député fait de son secrétaire.
Peut-être aussi que, certains députés, comme cela se
fait dans certains comtés, préfèrent avoir simplement
cette espèce d'antenne dans le comté, même parfois à
plusieurs exemplaires. Je sais qu'il y a certains députés qui
utilisent le montant global qui doit être confié,
c'est-à-dire ces fameux $7,000 qui sont mis à la disposition d'un
secrétaire de comté je ne les blâme pas, si c'est
cela qui répond à leurs besoins qui le divisent parmi,
parfois, deux et, parfois, trois personnes. Cela ne coûte pas plus cher
à l'Etat et le député en question, cela lui rend davantage
service.
Mais, ce que je veux dire par cela, c'est que le député
nécessairement qui divise les $7,000 entre deux personnes, parce qu'il a
besoin de quelqu'un en haut du comté et en bas du comté pour agir
comme secrétaire de comté, n'envisage sûrement pas
l'utilisation de secrétaire de comté comme on peut le faire dans
un endroit où la circonscription électorale, comme dans le
comté de Sainte-Marie, le comté de Maisonneuve ou le comté
de Saint-Jacques, peut être traversée en voiture en l'espace de
cinq minutes, de long en large.
A ce moment, la fixité du poste exige peut-être, dans ces
milieux urbains, quelqu'un qui a une plus grande compétence. Je ne le
dis pas de façon à critiquer le type de secrétaire de
comté qu'on peut vouloir ou qu'on peut désirer en milieu rural.
Je reviens à ce que je disais tout à l'heure: Le type de relation
électeurs-député n'est pas le même en milieu urbain
qu'en milieu rural. Il faut l'admettre. S'il faut l'admettre au niveau du
représentant de la population, il faut l'admettre aussi au niveau du
secrétaire.
Tout cela pour dire que je ne voudrais pas qu'on tente de trouver
lorsqu'il sera question d'établir le salaire du secrétaire de
comté, d'établir une espèce de ruse moyenne, comme disent
les Anglais. Tout cela pour dire que j'espère que le comité qui
aura à réexaminer le traitement des secrétaires de
comté ne se bornera pas à trouver un dénominateur commun
entre le secrétaire de comté de milieu rural et le
secrétaire de comté de milieu urbain. Si on devait en arriver
à cela, on va constamment se refuser de reconnaître qu'il peut
être nécessaire dans certains comtés de payer
jusqu'à $10,000, $12,000 et, même peut-être plus, $15,000
par année pour un secrétaire de comté qui fasse le travail
que ce genre de député exige de lui. C'est uniquement dans ce
sens que je voudrais qu'on retienne le fait qu'on ne peut pas
nécessairement vouloir le même type de personne
indépendamment de quel comté, milieu rural ou milieu urbain, on
représente.
Je voudrais au moins qu'on tienne compte de cela et si nécessaire
de faire deux types, deux classifications de secrétaires de comté
pour répondre aux besoins particuliers des différents types de
députés, je dis qu'à ce moment, je serai
entièrement d'accord sur cela. Je ne voudrais pas qu'on tire une ligne
médiane entre les deux types de secrétaires de comté et
qu'on soit, à toutes fins pratiques, pris avec des salaires actuels
comme $7,000 pour un secrétaire de comté, sans aucune
sécurité.
Là-dessus, je partage entièrement l'avis du ministre des
Affaires culturelles. Personnellement, je suis aussi d'accord que tout le
personnel politique... Un secrétaire de comté, c'est du personnel
politique, il n'y a pas de doute. C'est une personne qui est attachée
à la vie politique du député. C'est-à-dire si le
député est défait, si le député
décède, si le député quitte la politique, il est
évident que le nouveau député peut exiger une autre
personne comme secrétaire de comté. C'est vrai sans
vouloir m'éloigner du sujet, à mon humble avis, je partage l'avis
du ministre là-dessus aussi pour le cabinet, que ce soit celui du
chef de l'Opposition, du leader de l'Opposition ou des ministres, il me semble
que c'est du personnel politique qui, très souvent, est attaché
à la vie politique, partisane même, parfois, du
député en question ou du ministre en question.
Ce sont les quelques remarques que j'avais à faire relativement
au paragraphe c).
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je veux attirer l'attention des membres
de la commission sur le rôle du secrétaire ou de la
secrétaire d'un comté rural. Il ne faut pas oublier une chose,
c'est que dans les comtés ruraux, la grande majorité des
comtés ruraux, le bureau du député est le seul endroit
où les gens, les électeurs peuvent obtenir des renseignements et
des services gouvernementaux. C'est beaucoup plus qu'un bureau où une
personne fait des relations publiques. Vous avez trois types de comtés
dans le Québec. Vous avez le comté exclusivement rural et dans le
comté exclusivement rural, vous n'avez aucun service gouvernemental et
aucun bureau. Le seul, c'est le bureau du député. Vous avez le
comté semi-urbain dans lequel on retrouve quelques services
gouvernementaux. C'est un peu différent. Vous avez également le
comté urbain.
Je ne voudrais pas qu'on laisse l'impression, aux membres de la
commission, que les secrétaires ou le secrétaire dans les
comtés ruraux sont des gens qui font seulement des relations publiques.
Ils font beaucoup plus que cela, et cela demande énormément de
connaissances de l'administration gouvernementale.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je m'excuse auprès du
député de Beauce-Sud, mais pourrais-je demander aux personnes
dans les galeries d'être un peu plus...
M. BURNS: Parmi lesquelles se trouvent des députés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, c'est exact. Je demande un peu de
silence pour qu'on puisse entendre ceux qui interviennent auprès de la
commission.
L'honorable député de Beauce-Sud.
M. ROY: Non, j'ai terminé, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12, 2 c), adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12, 2d).
M. CHARRON: M. le Président, j'ai une information à vous
demander à d). Combien de députés se trouvent non
visés par ce que contient le paragraphe 2 d)? Mes calculs sont
peut-être de huit députés, c'est-à-dire ceux de la
ville de Québec. Est-ce que c'est plus que cela ou moins que cela?
M. BURNS: ... des circonscriptions...
M. HARDY: Combien de député n'ont pas de dépenses
de logement?
UNE VOIX: ... neuf...
M. CHARRON: Oui, qui se trouvent exclus.
M. HARDY: Pouvez-vous suspendre?
M. ROY: Je pense qu'il y en a neuf, M. le Président.
M. CHARRON: Un, deux, trois......sept, huit, neuf...
M. ROY: Lévis, Charlesbourg, Jean-Talon, Limoilou, Vanier,
Louis-Hébert, Chauveau, Montmorency, Taschereau...
M. BURNS: Mais le texte, M. le Président, parle également
d'un district électoral contigu à la ville de Québec.
M. SAINT-PIERRE: Cela comprend Chauveau, Charlesbourg...
M. BURNS: Cela comprend cela?
M. HARDY: On dit de douze à quinze, mais on peut... Si vous
voulez suspendre votre question...
M. SAINT-PIERRE: II y en a peut-être qui y auraient droit, mais
qui n'ont pas de résidence secondaire. Il peut y avoir quelqu'un comme
pour Bellechasse, qui pourrait y avoir droit, mais qui
choisit......Montmagny-L'Islet.
M. ROY: II a droit à avoir un certain remboursement lorsqu'il est
obligé, par exemple, de demeurer dans la ville.
M. SAINT-PIERRE: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que je pourrais suggérer...
M. ROY: II s'agirait de savoir lesquels ont droit et lesquels n'ont pas
droit.
M. CHARRON: Oui, c'est cela. Il y a des ministres là-dedans...
Les ministres n'ont pas le droit... Jean-Talon, c'est un ministre.
M. BURNS: Le ministre y a droit.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12, 2 d), adopté?
UNE VOIX: Adopté.
M. SAINT-PIERRE: Au paragraphe 2 e), M. le Président, j'aurais un
petit amendement de concordance qui se lirait ainsi: Après le mot
"tient", remplacer l'expression qu'on retrouve dans le texte par la suivante:
"une séance sans que l'Assemblée en tienne une au cours de la
même semaine". C'est un élément de concordance pour
être conforme au texte que nous avons actuellement à l'article 96,
deuxième paragraphe... Alors, enlevez les mots après
l'avant-dernière ligne, à partir du mot "séance", les
remplacer par les suivants: "une séance sans que l'Assemblée en
tienne une au cours de la même semaine".
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. SAINT-PIERRE: Parce que le texte actuel pourrait impliquer que,
lorsqu'il y a suspension pour une période d'un mois, deux mois ou trois
mois des travaux de l'Assemblée nationale, toutes les commissions qui
auraient lieu dans l'intérim...
M. BURNS: M. le Président, je suis bien prêt à
adopter l'amendement, mais j'aurais également, sur l'article tel
qu'amendé, des choses à dire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'amendement a pour effet de remplacer les
mots qui suivent le mot "tient" par les suivants: "une séance sans que
l'Assemblée en tienne une au cours de la même semaine". Cet
amendement est-il adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Sur le paragraphe e), tel
qu'amendé, l'honorable député de Maisonneuve.
M. BELLEMARE (Johnson): ... le français, M. le Président.
Vous avez deux "tient" ensemble. Moi, qui suis un...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Un, c'est "tient" et l'autre, c'est
"tienne".
M. BELLEMARE (Johnson): "Tienne", "tienne", oui. Il y aurait
peut-être un meilleur français dans la composition de cet
amendement, pour respecter la langue française.
M. ROY: II ne faudrait pas la violer en ce 28 décembre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Personnellement, je m'oppose même à la
présence, dans l'article 101 b), paragraphe 2, alinéa e), de la
notion et au principe de maintenir ce paiement forfaitaire, ce jeton de
présence appelons-le ainsi pour les fins de la discussion
lors de séances parlementaires qui ont lieu pendant l'intersession.
Même si le texte ne le mentionne pas, je pense bien que tous les
députés connaissent la situation actuelle, lorsqu'il n'y a pas de
séance de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire pendant
l'intersession, et qu'une commission parlementaire siège, on se retrouve
avec la situation que tout député qui participe à cette
séance de la commission parlementaire a droit à un jeton de
présence, actuellement, de $50.
Est-ce que c'est une interférence, M. le Président? Il me
semble, surtout maintenant qu'on s'apprête à augmenter le salaire
des députés, surtout que, dans le débat, on a entendu
à plusieurs reprises des intervenants nous dire que le travail de
député était un travail à plein temps, surtout que,
dans les faits, c'est à peu près exact que le travail de
député est un travail à plein temps. Grâce aux
statistiques qui m'ont été fournies par les whips du Parti
libéral et connaissant la situation des députés du Parti
créditiste, de l'Union Nationale et du Parti québécois,
j'ai été à même d'arriver à la statistique
suivante que, actuellement, il y a moins de 30 p.c. des députés
de cette Législature-ci qui ont d'autres sources de revenu que leur
salaire.
Il est évident qu'avec un tel chiffre et quand on sait
surtout que certains députés qui ont d'autres sources de revenu
que leur salaire de député sont, à toutes fins pratiques,
des gens qui continuent leur profession de façon très,
très partielle on peut dire, sans crainte de se tromper, que
c'est devenu à peu près, généralement, une fonction
à plein temps.
C'est pour cela d'ailleurs que le salaire du député
continue à courir, qu'il y ait session ou non. Il me semble qu'il serait
indécent, après avoir augmenté le salaire du
député, de maintenir ce jeton de présence de $50 à
toutes les fois qu'une commission siège pendant l'intersession. Je
n'aurais pas objection qu'on maintienne les frais de déplacement parce
que le député est obligé de partir de sa circonscription
pour venir siéger à l'Assemblée nationale, à une
commission parlementaire, pendant l'intersession, il me semble que le
même principe qui s'applique au cours de la session
c'est-à-dire qu'on accorde un voyage aller-retour de la circonscription
à Québec, lorsqu'il y a séance pourrait être
maintenu pour les cas où la Chambre ne siège pas, mais lorsque la
commission parlementaire siège.
Par contre, ces fameux $50, ou quel que soit le montant, me semblent
contredire beaucoup de choses qu'on a entendues dans ce débat.
Entre autres, ce que je mentionnais tout à l'heure, le fait que
le député, le ministre dans le cas du ministre c'est
évident, dans le cas du député cela l'est moins
c'est un travail à temps plein, que normalement on s'attend de le voir
exécuter douze mois par année, tout au long de l'année. Il
me semble que c'est clair que, s'il y a une commission parlementaire pour les
ministères qui me concernent, c'est de mon devoir de
député même s'il n'y a pas de séance de la
Chambre d'être présent.
Il me semble que je suis déjà
rémunéré pour cela. Il me semble que, dans mon salaire
actuel,
on prévoit une somme qui s'applique douze mois par année
et qui fait qu'on doive s'attendre de moi à ce que, s'il y a une
commission parlementaire de la justice qui siège dans l'intersession, je
me déplace de Montréal pour venir siéger à
Québec, sans que l'on soit obligé de me donner un nanan, un
bonbon, un cadeau, un jeton de présence.
Si, véritablement, les arguments que nous avons entendus tout au
cours de ce débat doivent être pris au sérieux, il me
semble que les députés devraient être capables de venir
tenir le quorum d'une commission parlementaire sans avoir besoin de cette
incitation je dirais même basse, indécente dans les
circonstances pour les attirer à Québec, un petit $50 de
plus, imaginez-vous, M. le Président.
Là-dessus, je demanderai l'unanimité de la commission, je
suis très sérieux dans ma demande, j'espère qu'on
partagera mes vues du côté ministériel, j'espère que
les autres députés de l'Opposition partageront mes vues
là-dessus une fois surtout qu'on a dit que le
député doit avoir un salaire décent et que, semble-t-il,
la majorité à l'Assemblée nationale ait fixé ce
minimum décent à $21,000, selon l'article 5 il me semble
que nous n'avons pas besoin d'autre petit cadeau pour nous inciter à
faire notre travail.
Je propose, M. le Président, que l'article 12 soit amendé
en retranchant le sous-paragraphe e) du paragraphe 2. Je ne veux pas je
n'essaie pas de jouer au pur en disant ça qu'on ait même la
possibilité à la commission de régie interne, que le
comité consultatif n'ait même pas la possibilité de
recommander quelque indemnité que ce soit pour une commission
parlementaire qui siège dans l'intersession.
Il me semble que nous devrions être capables de faire
l'unanimité autour d'une telle motion d'amendement. Personnellement, en
tout cas, je vous avoue que je serai très gêné si on
maintient cette méthode, alors qu'on a dit tout au cours du débat
qu'il faut que le salaire soit décent, qu'il faut que le
député qui travaille à temps plein soit
rémunéré pour le travail qu'il fait. Nous ne ferons pas de
chicane là-dessus, c'est évident, mais une fois que ce salaire
décent majoritairement décidé par l'Assemblée
nationale est fixé à un certain chiffre, je ne vois pas en quoi
on revalorise la fonction du député en ajoutant ces petits
cadeaux, ces petits nanans, simplement pour inciter quelqu'un à faire
son devoir.
J'ai entendu lorsqu'on en a discuté avec certains
députés dans les corridors évidemment on ne discute
pas toujours ouvertement à l'Assemblée nationale, on se parle de
ces situations, de ces projets de loi l'objection qui m'a
été faite: Mais si les $50 ne sont pas là, nous allons
avoir de la difficulté à avoir quorum. Si c'est ça, c'est
bien grave, parce que si quelqu'un qui gagne déjà $21,000, avec
$7,000 de dépenses non imposables, ne bouge de sa circonscription vers
la commission parlementaire dans l'intersession qu'en vertu de l'incitation des
$50 qu'on lui donne, je dis que, si c'est vrai, l'état de notre
parlementarisme est pitoyable. J'ose espérer que ce n'est pas vrai.
Et si cet amendement disparaît, je pense qu'ensemble on va
admettre que ce n'est pas vrai et ce sera peut-être un des
éléments qu'on va ajouter à la loi qui vont tenter de
revaloriser la fonction de député.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Sur l'amendement présenté par le
député de Maisonneuve, le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, si le paragraphe e)
était essentiellement un revenu d'appoint, une indemnité, un
salaire qui était versé au député pour un travail
additionnel, peut-être que nous aurions accepté l'amendement
proposé par le leader parlementaire de l'Opposition; mais il me semble
que dans sa formulation même, il commet peut-être deux infractions
à des principes qui ont déjà été mis de
l'avant par ses collègues il y a quelques instants, en particulier par
le député de Saint-Jacques. C'est-à-dire que ce matin et
hier soir on s'est plu lorsqu'il était question de l'allocation d'un
local pour recevoir les électeurs, lorsqu'on a parlé des
déplacements, lorsqu'on a même parlé des secrétaires
de tenir compte des situations qui pouvaient être différentes d'un
député à l'autre.
Or, il me semble qu'en ce qui touche les séances de commissions
élues qui siègent lorsque l'Assemblée nationale ne tient
pas séance durant la semaine, il y a effectivement beaucoup de
différences entre les dépenses là j'insiste sur le
mot dépense occasionnées à certains
députés par rapport à d'autres. C'est-à-dire que
certaines commissions élues à certaines périodes de la
Législature pourraient avoir à chaque semaine deux ou trois jours
de séance de telle sorte que constamment le député,
même si la session n'est pas en cours est appelé à
être à Québec, doit avoir des frais additionnels, et je ne
parle pas du logement bien sûr puisqu'il est couvert par un autre
article, mais je parle d'un autre type de dépenses que ses
collègues qui ne sont pas membres de la commission n'ont pas. Ce serait
un premier principe.
Donc, il me semble qu'ils nous donnent cette flexibilité de
reconnaître qu'il y a une possibilité que des dépenses et
les sommes des dépenses soient différentes pour les
députés qui doivent participer j'insiste sur le mot
"doivent" aux séances de commissions élues par rapport
à d'autres qui, n'étant pas membres de commissions élues
n'ont pas à venir à Québec fréquemment.
Un deuxième point où il me semble qu'on commet un accroc
à un principe qu'on a admis, c'est que justement l'ensemble de ces
petites allocations... J'insiste pour dire que l'article e), le jeton de
présence ne peut pas être considéré comme un salaire
additionnel. Il faut se rappe-
1er que les $50 ne sont pas versés aux membres du Conseil
exécutif, ni au député qui occupe le poste de chef de
l'Opposition, il n'est pas versé aux députés de la
région de Québec et des circonscriptions avoisinantes.
M. BURNS: Les $50 sont versés... Non, ce sont les frais de voyage
dans la région de Québec qui leur sont versés.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, je vous lis l'article 96
actuellement: Cette allocation n'est pas accordée aux
députés qui sont membres du Conseil exécutif ni aux
députés qui occupent le poste reconnu de chef de l'Opposition, ni
aux députés des districts électoraux dont le territoire
comprend une partie de la ville de Québec ou y est contigu.
Alors, lorsqu'on analyse cela en pratique, M. le Président, c'est
finalement un nombre, peut-être pas minoritaire, mais un nombre restreint
de députés qui sont touchés par cette mesure. Pour moi,
l'allocation du jeton de présence de $50 était beaucoup plus pour
compenser ces députés de frais additionnels encourus pour venir
assister à la séance à Québec alors que leurs
confrères n'y étaient pas tenus. Mais même à cela,
peut-être que les $50 sont un montant trop élevé, mais
justement on a... Un instant.
M. BURNS: Je m'excuse, M. le ministre, mais je ne lis pas l'article 96
de la même façon que vous. L'article 96 ne parle pas des $50. Il
parle de l'allocation de voyage. Cela est normal. Le député de
Québec ne l'a jamais cette allocation de voyage. Le député
de Québec et des districts électoraux contigus n'ont jamais de
frais de voyage pour la bonne raison qu'ils sont sur les lieux. Ce ne sont que
les députés qui doivent se déplacer entre leur
circonscription et la ville de Québec pour siéger qui
reçoivent... Mais je ne vois pas que les $50 ne sont pas payés
aux députés de Québec.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez raison. Mais même à cela, M. le
Président, ayant établi le comité...
M. BURNS: Alors, c'est dans les crédits de l'Assemblée
nationale qu'on retrouve les $50, et non pas dans la Loi de la
Législature.
M. SAINT-PIERRE: Mais, M. le Président, ayant établi le
comité de régie interne, ayant constitué le comité
consultatif des commissaires responsables pour donner leur avis sur l'ensemble
des points, peut-être qu'à l'expression d'un grief formulé
par le député de Maisonneuve selon lequel les $50 sont un montant
trop élevé, peut-être que les commissaires et le
comité consultatif jugeront à propos de les enlever
complètement, ce qui viendrait au même résultat que
l'amendement proposé. Mais il me semble qu'ayant formé ce
comité et reconnais- sant qu'il y a peut-être des dépenses
additionnelles que doivent encourir les membres de commissions élues qui
siègent fréquemment par rapport à ceux qui ne
siègent pas, ce serait peut-être préférable de
laisser ceci au comité constitué en vertu de l'article 101 b).
Pour ces raisons, il semblerait préférable, bien que je n'en
fasse pas une affaire de principe, de voter contre l'amendement laissant au
comité le soin de le modifier si nécessaire dans le sens qu'a
fait valoir le député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le ministre, il ne faut pas être j'allais dire
naiï, mais je ne le dis pas de façon péjorative naif
au point de croire que la commission de régie interne, qui est
formée de députés qui sont en contact constant même
si ce sont des ministres, avec d'autres députés, va avoir
automatiquement tendance à couper des avantages qui existent
déjà. Il me semble que leur tendance va plutôt être
contraire, ils vont partir de ce qui existe. Vous savez, ce sont des humains
comme les autres même si ce sont des ministres. Je vois mal les trois
commissaires décider eux-mêmes, alors que la loi les autorise
à l'accorder, de ne pas l'accorder. Je vois mal le type de
réactions ou de pressions dont ils seront l'objet, le rapport de
députés, de quelque endroit que ce soit. Il me semble qu'on
devrait consacrer le principe en leur enlevant ce droit, tout en maintenant ce
que je disais tout à l'heure, les frais de déplacement et c'est
déjà prévu au paragraphe a).
Il me semble que le paragraphe a), de la façon qu'il est
rédigé, est assez large, n'est pas restrictif dans le sens que
cela doit nécessairement se faire uniquement pour les semaines de
séance de l'Assemblée nationale et cela leur permettrait de
maintenir, en vertu du paragraphe a), les frais de déplacement des
commissions parlementaires dans l'intersession. Mais si on laisse le paragraphe
e) dans sa forme actuelle, je vous dis que je suis quasiment certain que cette
allocation de $50, non seulement ne disparaîtra pas, mais va
peut-être être haussée. On ne sait pas. Mais il me semble
qu'il y a quelque chose, en principe, d'inacceptable dans cela. A partir du
moment où on a admis le fait que le travail d'un député
était un travail à temps plein et est
rémunéré comme tel...
M. SAINT-PIERRE: Pour moi, le paragraphe e) n'est pas un salaire
additionnel, ce n'est pas le même type de jeton de présence que
les conseils d'administration d'une société peuvent donner
à leurs administrateurs, c'est beaucoup plus pour compenser pour des
types de dépenses qui peuvent être occasionnées par ceci,
il me semble qu'il y aurait quelque chose de dangereux à tenter de
réléguer ces dépenses au chapitre a). Je vais vous dire la
raison.
Bien sûr, le paragraphe a) vise plutôt les types de voyages
autorisés qui sont prévus par d'autres dispositions de la loi ou
qui semblent raisonnables en fonction de l'exercice même de
la tâche de député. Il me semble que si on
enlève... parce qu'au paragraphe e), la distinction qu'on veut faire,
c'est le fait que certains députés, membres de certaines
commissions élues, peuvent, à des périodes de temps de
l'année, être obligés de venir à Québec comme
si l'Assemblée était en session, mais qui, parce que
l'Assemblée n'est pas en session, doivent encourir des frais que
certains de leurs collègues n'ont pas.
Regardez le danger qu'il pourrait y avoir de reléguer les
dépenses à l'article a). C'est que là, peut-être,
les commissaires se verraient formuler un grief par les députés,
particulièrement par les whips, qui diraient: En plus des commissions
élues, on devrait peut-être prévoir des dépenses
lorsqu'on fait le caucus des députés entre les sessions.
Là peut-être, on pourrait, à mon sens, possiblement voir
des abus. C'est-à-dire que, si le parti, qu'il soit ministériel
ou de l'Opposition, décide qu'il y a un caucus de ses
députés, une fois par semaine à Québec, on va
rembourser cela. Il me semble que l'esprit de la loi, c'est qu'on veut limiter
les cas d'exception à des fonctions législatives reliées
au fonctionnement de l'Assemblée nationale et non aux fonctions de
parti.
M. BURNS: L'argument du ministre porte à faux, vraiment, je le
dis franchement, si on l'écoutait, si cela était fondé, ce
qu'il dit là, il me semble qu'un député devrait être
plus payé les années où il y a 26 semaines de session,
parce qu'il y a 26 semaines où il est obligé de rester à
Québec par rapport à l'année où il y aurait
seulement 23 semaines de session.
M. HARDY: II a plus de dépenses de voyage. Il est
payé...
M. BURNS: II a plus de dépenses de voyage. Cela est normal, je
l'admets, mais il n'est pas plus payé, son allocation de frais de
représentation demeure $7,000. On veut maintenir les frais de voyage, et
quant à cela, qu'on ne se trompe pas, je n'ai pas d'objection, surtout
qu'en ce qui me concerne, venant de Montréal, ce n'est pas tellement
cher, les frais de voyage, mais si on prend un député qui part de
la Gaspésie pour venir assister à une commission parlementaire,
cela peut revenir assez cher. Si on prend notre collègue de Saguenay,
cela peut revenir assez cher de venir siéger à une commission
parlementaire. Quant à l'autre objection, celle de dire qu'on pourrait
l'étendre à d'autres affaires que le véritable
déplacement pour une fonction législative, il y a
déjjà je ne sais pas si cela va être maintenu par
les commissaires ces fameux quinze voyages qui sont payés sans
aucune justification de présence, pour tenir compte justement de ces
situations où, très souvent, un député est
obligé de partir de sa circonscription, pas dans un but
immédiatement législatif, mais uniquement pour venir
régler un certain nombre d'affaires à son bureau à
Québec, rencontrer des gens qui ont affaire à lui, des
fonctionnaires, etc. Je pense qui si la commission de régie interne
maintient ces quinze voyages qui sont payés sans pièce
justificative ou sans déplacement précis, cela tient lieu
justement de ces dispositions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, je pense que c'est dans la
réponse même du ministre de l'Industrie et du Commerce au
député de Maisonneuve que réside un argument de plus en
faveur de l'opposition à ce paragraphe, manifestée par
l'Opposition officielle.
M. le Président, il dit: Nous refuserions de considérer
les caucus, les jours de caucus que tiendraient les différents partis
politiques, en dehors de la période de session, comme étant une
raison de recevoir $50 par jour. Il dit: Cela doit être limité
à ce qui est ou ce qui entoure l'acte législatif pour lequel nous
sommes élus.
M. le Président, c'est justement pour ça que nous
recevrons, à compter du 1er janvier 1975, l'augmentation contenue dans
ce projet de loi. L'acte législatif, il est aujourd'hui non seulement
contenu à l'intérieur des semaines de session, mais il comprend
également obligatoirement, par la force des choses, par la nature des
lois qui nous sont présentées, qui deviennent de plus en plus des
lois-cadres qui nécessitent une étude détaillée,
qui nécessitent d'entendre des gens qui seront directement
concernés par la réglementation qui sera issue de cette loi, par
l'évolution même des choses, l'acte législatif
lui-même nous oblige à aller de plus en plus souvent en commission
parlementaire. L'étude d'une loi quelconque il faudrait
peut-être la chronométrer j'en suis convaincu on passe
maintenant plus de temps à l'étude détaillée
article par article en commission parlementaire, en période de session
ou non en période de session, qu'en Chambre même où
l'étude en deuxième lecture est très limitée
à des interventions minutées et où la possibilité
d'amendement est à peu près inexistante, sauf en un seul cas, et
où la troisième lecture n'est devenue, à toutes fins
pratiques, qu'une simple formalité maintenant, sans aucune
possibilité d'amendement. L'acte législatif, il est de plus en
plus en commission parlementaire. Et c'est exactement pour cet acte
législatif et sur la base de l'importance de cet acte que nous avons
accepté, ou que la commission a accepté, à l'article 5,
d'augmenter le traitement et l'indemnité des députés.
Or, M. le Président, l'autre argument que je signale à
l'attention du ministre de l'Industrie et du Commerce, c'est celui qui dit: II
faut faire exister ce genre de dispositions anachroniques, parce qu'il y a des
commissions qui siègent plus souvent que d'autres. C'est exact. Par
exemple, la commission de la justice, les affaires sociales, les institutions
financières (c'en est une qui a
siégé assez régulièrement),
l'éducation, la commission de l'industrie et du commerce,
peut-être, à l'occasion, sont des commissions qui vont
siéger plus souvent, par exemple, que celle des comptes publics que le
gouvernement n'a jamais voulu faire siéger, que les affaires
intergouvemementales ou quelque autre que ce soit. Mais les ministres qui sont
titulaires de ces ministères sont aussi des ministres...
On en conviendra, être titulaire du ministère des Affaires
sociales ou de l'Education n'implique pas la même responsabilité
qu'être ministre du Revenu ou être ministre des Affaires
intergouvernementales, par exemple. Pourtant, M. le Président,
même si, dans un cas, un ministre doit être cinq, six ou sept jours
par semaine, dans certaines occasions, à son ministère tandis que
son collègue d'un autre ministère n'a à se
présenter à son bureau qu'en certaines occasions et peut vaquer
plus aux travaux de la Chambre, ils reçoivent tous les deux le
même traitement, ils reçoivent tous les deux le même salaire
et ce n'est pas l'importance d'un ministère par rapport à un
autre ou la surcharge de travail, ou le genre de questions plus
épineuses que d'autres qui surgissent dans un ministère
plutôt qu'un autre qui vont nous faire proposer, que lorsque nous
étudierons l'article 13, tout à l'heure, de dire: Pour un
ministre, comme celui qui est responsable d'un budget de $2,200,000,000, c'est
$50,000; pour un ministre qui n'a qu'à tenir à peu près
les banquettes de son ministère, c'est $25,000. Personne ne proposera
cela. L'Opposition officielle n'amènera pas d'amendement dans ce sens.
Nous disons: Tous les ministres en titre, membres du conseil exécutif,
doivent recevoir le même traitement, que leur ministère soit
important ou non.
La même chose pour les commissions parlementaires, M. le
Président, la même logique. Ce n'est pas parce qu'un
député est membre de la commission des affaires sociales qui,
elle, peut être appelée plus souvent à siéger en
période d'intersession qu'un membre d'une autre commission
parlementaire, qu'il doit avoir droit à une gratification
supplémentaire à l'indemnité déjà large et
abondante que contient le projet de loi.
M. le Président, je crois que c'est dans les arguments du
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui ne pèsent pas lourd
jusqu'ici. Peut-être que le Parti ministériel pourra en amener
d'autres avant la fin de la discussion de ce paragraphe, mais il n'y a plus de
raison qui tienne de verser une indemnité supplémentaire...
M. HARDY: Y en a-t-il dans d'autres provinces à ce sujet?
M. CHARRON: Allez-y donc! M. HARDY: Je vous le demande.
M. CHARRON: Non, je voudrais que vous me l'expliquiez.
M, HARDY: II y a d'autres provinces où ce principe est
reconnu.
M. MORIN: Les salaires ne sont pas comme ceux que nous nous
apprêtons à nous voter.
M. HARDY: Elles n'ont pas le même travail non plus.
M. MORIN: Voyons! Puisque vous reconnaissez qu'elles ont des
commissions.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que la commission est prête
à se prononcer?
M. MORIN: Non, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: A moins qu'un collègue gouvernemental n'ait une
intervention à faire, j'aurais quelques observations.
M. le Président, au moment où nous allons nous voter une
augmentation de salaire considérable j'ai dit qu'elle
était déraisonnable, dans mon esprit nous allons, en
même temps, nous payer à l'acte, non seulement un salaire fixe,
mais des paiements à l'acte, comme les médecins, comme les
professionnels.
M. HARDY: Comme les professeurs de droit qui, en plus de leur salaire,
quand ils ont des commandites, sont payés en surplus.
M. MORIN: Attention! Ce n'est pas du tout la même chose que de
faire une recherche...
M. HARDY: Vous avez votre salaire comme professeur de droit et si vous
avez une commandite à l'extérieur vous vous faites payer,
même si vous faites ce travail pendant vos heures de travail.
M. MORIN: M. le Président, il est bien clair que, lorsque
certains enseignants ont des commandites, ils doivent les faire en dehors de
leurs heures de travail.
M.HARDY: Ah!
M. MORIN: Ce n'est pas à moi d'aller faire enquête pour
savoir s'il en est ainsi. Mais cela n'a rien à voir.
M. BERTHIAUME: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet une
question?
M. MORIN: Est-ce que cela va compter sur mon temps?
M. BERTHIAUME: Elle est très brève. Je veux simplement
savoir si le chef de l'Opposition s'est arrêté pour essayer de
calculer combien cela coûtait au trésor public.
M. MORIN: Je me posais la question. C'est justement l'une des questions
que j'allais poser au ministre pour savoir exactement ce que cela coûte,
parce que, une fois parti sur le principe du paiement à l'acte, je me
demande pourquoi on s'arrêterait en si bon chemin. Pourquoi ne
paierait-on pas pour chaque lettre? Tout cela, aujourd'hui, peut très
bien être calculé, être mis sur ordinateur. Le ministre du
Revenu, qui est très fort en "fortran", pourrait nous composer un
programme et, chaque fois, que nous écrivons une lettre, selon le nombre
de lettres qu'il y a dans la lettre, le nombre de virgules...
UNE VOIX: Et de paragraphes.
M. MORIN: ... et de paragraphes, bien sûr, nous pourrions
être payés à l'acte.
M. HARDY: Vous étiez meilleur que cela, hier.
M. MORIN: M. le Président, pourquoi ne serions-nous payés
pour chacune des visites que nous rendons à nos électeurs...
M. SAINT-PIERRE: II y a une amende à chaque...
M. MORIN: ... quand nous faisons du porte-à-porte? Pourquoi n'y
aurait-il pas un paiement à l'acte?
M. HARVEY (Jonquière): Immédiat!
M. MORIN: Ne pourrait-on pas calculer le nombre de minutes que nous
passons, non seulement dans nos bureaux, mais dans les réceptions, dans
les bingos, parce que j'ai souvent rencontré de mes collègues
dans les bingos?
M. HARDY: Donc, vous les fréquentez?
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'il va falloir nous payer
pour chaque réception et pour chaque verre de vin que nous buvons dans
l'exercice de nos fonctions?
M. HARVEY (Jonquière): Cela n'en prend pas.
M. MORIN: Le député qui vient d'intervenir serait
désormais...
M. HARVEY (Jonquière): II faudrait additionner le whisky, le
coca, je marche.
M. MORIN: Oui?
M. HARVEY (Jonquière): Parce que je ne prends pas de vin.
M. MORIN: Vous feriez vite fortune. M. HARVEY (Jonquière): Du
coca.
M. MORIN: M. le Président, c'est un principe qui est en jeu, le
paiement à l'acte. Est-ce qu'on va nous payer pour chacun des discours
que nous faisons ou chacune des questions que nous posons à
l'Assemblée?
M. HARDY: Vous auriez tout un revenu?
M. MORIN: Je reconnais que mon revenu aurait tendance à
s'élever. Je reconnais que le revenu de certains de mes collègues
aurait tendance à baisser aussi. Je pense que, par l'absurde, par ce
raisonnement, on est en train peut-être de comprendre pourquoi ces
minables $50, cette minable carotte qu'on tend aux députés n'ont
pas leur raison d'être. Nous nous apprêtons à nous voter de
substantielles augmentations de salaire. Il n'y a plus de raison que je puisse
concevoir d'ajouter à ces augmentations de salaire $50 chaque fois que
nous faisons notre devoir et que nous venons en commission. Ou alors, si nous
partons de ce principe, abolissons les salaires et marchons à l'acte sur
toute la ligne. Chaque fois que le ministre signera une lettre, chaque fois
qu'il prendra une décision, cela vaudrait mieux d'ailleurs que le
système des pourcentages qui a tendance à s'instaurer dans
certains cas à l'acte, $50, $100, $150 l'acte selon l'importance. On
pourrait consulter le fameux comité consultatif pour qu'il
établisse des barèmes qu'il faudrait respecter dans
l'évaluation des actes que nous posons. Tous les actes n'ont pas la
même valeur. Tout médecin, tout avocat sait cela. Il y a des actes
médicaux qui sont plus lourds que d'autres, qui exigent une
rémunération, des honoraires plus élevés. Alors,
établissons désormais une hiérarchie dans les actes
parlementaires. Il y a l'acte médical, il y a l'acte juridique, il y
aura désormais l'acte parlementaire ou plutôt, puisqu'il s'agit
des commissions, l'acte commissionnaire.
On voit bien que c'est ridicule. On voit bien que se fonder sur ce
principe, cela ne peut mener qu'à des conclusions absolument stupi-des.
Au fond, tout cela remet en cause très profondément notre
rôle. Nous nous apprêtons à nous voter des augmentations
très substantielles de salaire. Les membres les plus modestes de cette
Assemblée, dis-je, vont toucher désormais une trentaine de
milliers de dollars. Ceux d'entre nous qui ont des postes particuliers vont
toucher encore beaucoup plus, deux fois plus dans la majorité des cas.
J'estime qu'avec des salaires comme ceux-là, nous devrions être
capables de remplir nos fonctions en commission, sans qu'on y ajoute cette
espèce de carotte minable. Il me semble que tant qu'on pouvait plaider
que les salaires n'étaient pas indexés, ces petits $50 pouvaient
peut-être servir à joindre les deux bouts au bout de la semaine ou
à la fin du mois.
M. le Président, maintenant que vous vous apprêtez,
messieurs de la majorité, à vous voter ces substantielles
augmentations, vraiment ces
$50 ont perdu leur raison d'être C'est pourquoi j'estime que nous
donnerions prise à des critiques inutiles en acceptant une telle
carotte.
Je lisais hier, sous la signature d'un éditorialiste de la
Presse, M. Marcel Adam, je lisais des propos qui devraient nous laisser
songeurs, des propos qui devraient peut-être même nous faire
hésiter à adopter le projet de loi qui est devant la commission.
"A Québec, dit-il, les députés, sauf le groupe
péquiste, ont décidé de porter leur salaire de $22,600
à $28,000". Je remarque en passant que ces chiffres ne sont pas tout
à fait exacts...
M. HARDY: Oui.
M. MORIN: ... et qu'en réalité, ce n'est pas de $28,000,
mais de $30,000 qu'il s'agit.
M. HARDY: Pas du salaire. M. MORIN: Soit...
M. HARDY: Je pensais que vous seriez plus honnête. Vous savez que
ce n'est pas du salaire.
M. MORIN: ... indemnités, allocations...
M. HARDY: M. Adam est plus rigoureux habituellement.
M. ROY: Je m'excuse, M. le Président... M. MORIN: ... et...
M. ROY: Je m'excuse, M. le Président, auprès du chef de
l'Opposition...
M. MORIN: Mais j'étais en train de citer, et le
député de Beauce-Sud pourra certainement me répondre
avec...
M. ROY: Je comprends, mais...
M. MORIN: ... toute la fougue dont il a l'habitude, tout à
l'heure.
M. ROY: Mais, même si le chef de l'Opposition ne fait que citer
l'article de l'éditorialiste, l'éditorialiste en question relira
certainement cette intervention dans le journal des Débats. Je tiens
à lui signaler, sur l'article 92, que nous avions fait une motion pour
le faire passer de 21 à 19, et la motion originale, telle que dans la
loi, nous avons voté contre. Ce ne sont pas les seuls.
M. MORIN: M. le Président, cet éditorialiste devrait nous
faire réfléchir. Il nous disait que nous nous apprêtions,
sauf le groupe péquiste, bien sûr, à hausser les salaires
et à les indexer pour l'avenir à la moyenne des salaires
payés annuellement dans l'industrie, ce qui porterait alors leur salaire
cette fois le chiffre est exact à quelque $30,000
dès janvier pro- chain. Et l'éditorialiste se posait la question
suivante: Qu'en pense l'électeur, lui? Si on se fiait aux tribunes
radiophoniques, on croirait qu'en majorité, les électeurs
considèrent leurs députés indignes de toute hausse de
salaire.
C'est une réalité, M. le Président, et je crois que
nous n'améliorons pas la situation en ajoutant, par-dessus les hausses
de salaire que nous nous apprêtons à nous voter, cette allocation
de présence qui est, en fait, une incitation à faire ce que nous
devrions faire de toute façon, sans nous poser de question et sans poser
de condition.
L'éditorialiste ajoutait: "C'est dire que, si les
députés consultaient leurs électeurs plutôt
qu'eux-mêmes, leur traitement ne changerait pas cette année".
C'est une réalité. Je ne sais pas si mes collègues ont eu
l'occasion d'écouter, de temps à autre, certaines lignes
ouvertes, ou même de prendre le pouls de leurs électeurs dans
leurs comtés. Je vous assure que nous sommes en train de nous faire
toute une réputation auprès des Québécois. On
pourrait s'étonner... "On peut s'étonner", écrit M. Adam,
"que les citoyens critiquent les salaires payés à leurs
députés, alors qu'ils semblent trouver normaux les traitements
astronomiques payés à des vedettes du spectacle et du sport.
Peut-être est-ce dû au fait que le mandat politique est
perçu d'abord comme un service, mais davantage au fait que les
élus eux-mêmes utilisent abusivement cette étiquette, alors
que leur comportement fait souvent penser le contraire".
C'est vrai, M. le Président, nous sommes les premiers dans nos
discours, devant nos comet-tants, à dire que nous sommes à leur
service, que notre premier souci, c'est leur bien-être, c'est le
bien-être des Québécois, mais, par ce projet de loi, nous
montrons que notre premier souci, c'est notre bien-être, à
nous-mêmes, et, de surcroît, nous nous votons de petits $50 pour
nous encourager nous-mêmes à remplir nos fonctions de service
envers nos concitoyens.
M. HARDY: Personne d'entre vous n'a refusé jusqu'à
maintenant. Vous les avez tous encaissés.
M. MORIN: M. le Président, nous discutons d'un principe
d'application générale...
M. HARDY: Ah oui! Vous êtes bien bon dans les principes...
M. MORIN: ... et nous voulons...
M. HARDY: ... mais, dans la pratique, vous êtes moins bon.
M. MORIN: Que le ministre vote en faveur de l'amendement, et il montrera
de quel bois il se chauffe. Je voyais...
M. HARDY: Je suis absolument neutre, parce que moi, cela ne me touche
pas.
M. MORIN: Combien de temps me reste-t-il?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Huit minutes.
M. MORIN: Huit minutes, malgré les interruptions?
M. HARDY: Nous sommes contre, mais nous les encaissons.
M. MORIN: M. le Président, ce que je voudrais dire aux
collègues libéraux...
M. HARDY: C'est le plus beau cas de schizophrénie qui ne s'est
jamais produit en politique.
M. MORIN: ... c'est que non seulement ils s'apprêtent à
donner le mauvais exemple en se votant cette augmentation outrée,
outrancière, mais quand les Québécois sauront que,
pardessus le marché, pour venir à Québec remplir les
fonctions pour lesquelles ils ont été élus, on leur verse
des primes à l'acte, je pense qu'ils vont se poser encore plus de
questions qu 'ils ne s'en posent actuellement.
Je voyais qu'à la fin de son article, M. Adam rejoignait
certaines des préoccupations que j'ai exprimées dans mon
exposé de deuxième lecture. Il dit: "La chose politique et
l'image des politiciens étant ce qu'elles sont..." Il ne semble pas
croire que cette image est très bonne. "... il ne faut donc pas
s'étonner si les citoyens considèrent que leurs
députés ne méritent pas de hausse de traitement".
Voilà ce que nous apprend un journaliste qui est près des
réalités quotidiennes, qui s'est renseigné, qui a
certainement, avant d'écrire cet article, consulté les gens
autour de lui. Aussi dit-il: "Les députés ne devraient-ils pas
ajouter à leur discrédit l'odieux de se voter eux-mêmes,
dans un moment d'inattention populaire et avec une
célérité louche, des hausses de traitement
exagérées dans une conjoncture économique qu'ils sont
incapables de contrôler et qui empêche une majorité de
citoyens de simplement préserver leur pouvoir d'achat? "
Quand les citoyens sauront qu'en plus des salaires que nous nous sommes
votés, qui sont bien plus que suffisants pour nous inciter à
remplir correctement nos fonctions, nous poussons les choses jusqu'à
nous voter des $50 pour être présents, je crois qu'ils seront
encore plus déçus qu'ils ne le sont et que leur méfiance,
à notre endroit, augmentera d'autant. "Dans une période de folle
inflation..." écrit M. Adam "... où
l'exagération est maîtresse, d'où viendra l'exemple de la
modération si les députés se laissent eux-mêmes
entraîner dans la psychose du chacun pour soi? " C'est bien ce que nous
faisons avec ces salaires et avec ces paiements à l'acte.
Nous contribuons à la psychose du chacun pour soi. "Les
électeurs ne seraient-ils pas alors tentés de suivre cet exemple
venu de haut et qui paraît s'appuyer sur cette maxime devenue subversive:
On n'est jamais si bien servi que par soi-même? " Voilà une bonne
question et, en ce qui me concerne, je la trouve d'autant plus applicable
à l'allocation de présence que les députés
ministériels voudraient continuer de verser aux membres d'une commission
élue de l'Assemblée nationale lorsque cette commission tient
séance pendant une semaine où la Législature n'est pas en
session. C'est la raison pour laquelle je vais appuyer la motion du
député de Maisonneuve.
Siéger en commission fait partie de nos fonctions. Nous sommes
payés pour cela. Il n'est pas nécessaire qu'on y ajoute encore
une prime. Nous ne sommes pas des gens qui devraient être payés
à l'acte, mais des gens qui devraient être payés pour
assumer leurs responsabilités, pour faire face aux fonctions pour
lesquelles ils ont été élus.
M. le Président, je trouve cela méprisant à notre
propre endroit. Oui. Je trouve que cela est méprisant pour
nous-mêmes d'être obligés d'ajouter $50 pour être
sûr que nous remplissions les fonctions pour lesquelles nous sommes si
grassement payés.
Je vous remercie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, dans ma réplique,
j'essaierai de lancer quelques chiffres au député de Maisonneuve.
Hier, il nous a dit qu'il n'était pas fort en mathématiques. Il
est fort en d'autres secteurs, mais à l'avance, je lui dis...
M. BURNS: Je ne suis tellement pas fort en matière
financière que lorsque je reçois un compte et que c'est
écrit: Dernier avis, je dis: Je suis bien content, je n'en recevrai
plus.
M. SAINT-PIERRE: ... qu'il n'aura pas des opérations
compliquées. Ce sont seulement des additions et des divisions. Je
répète la position des ministériels. On ne veut pas en
faire une bataille de principe. On trouve que justement le comité a
été constitué pour se pencher sur ces cas, que si des
députés trouvent que dans certains secteurs, il y en a trop,
comme les $50 encore une fois, ce n'est pas du salaire, ce sont des
indemnités parce qu'il y a certains de nos collègues qui, en
dehors des périodes de session, ont des frais qui sont
occasionnés... et que d'autres ne les ont pas, mais sûrement que
la commission de régie interne pourrait se pencher sur cela, voir des
propositions concrètes et, contrairement à ce qu'a pensé
le député de Maisonneuve, il me semble que dans le travail, tant
des commissaires que du comité consultatif, il ne faudrait pas toujours
être à la hausse.
Dans certains cas, pour reconnaître des conditions nouvelles, on
pourrait enlever des allocations parce qu'effectivement ça ne correspond
pas. Je trouve qu'on doit leur confier ce travail. Pour bien prouver mon point
je vais être très bref me fiant aux données
que nous a fournies le député de Beauce l'autre jour à
savoir qu'il nous en coûte $100,000 par jour de session pour
siéger, je dois, en ingénieur, vérifier que l'heure que
nous avons prise pour discuter de l'amendement sur l'article no 1 du
député de Maisonneuve nous a coûté exactement
$10,000.
Alors que, pour l'an dernier, d'après les fonctionnaires de
l'Assemblée nationale, cette allocation de jetons de présence de
$50 nous coûtera au maximum, au fonds public, $25,000. C'est donc dire,
tenant compte qu'il y a 365 jours dans une année, que nous sommes 101
députés, que pour ces jetons de présence, il en
coûte à l'Etat $0.62 par jour par député.
Pour parler de l'amendement, ça nous a coûté
$10,000, mais l'allocation de présence nous coûte $0.62 par jour
par député.
M. BURNS: Le ministre charrierait-il un peu?
M. SAINT-PIERRE: Non. Pourquoi ça? M. HARDY: Ce sont des
chiffres, ça. M. SAINT-PIERRE: $25,000 divisés...
M. BURNS: Le ministre sait fort bien que ce n'est pas sur une question
de coût que j'ai présenté mon amendement, jamais je ne vous
ai dit que cela coûtait trop cher à l'Etat de payer ces $50, c'est
sur une question de principe. Et l'intervention du chef de l'Opposition est
entièrement axée sur la question de principe, la mienne aussi,
celle du député de Saint-Jacques aussi.
Ce n'est pas une question de coût, mais une question de principe
à mon avis, lorsque, d'une part, on dit : Les députés
exercent un travail à temps plein, ils sont payés pour ça
douze mois par année. S'il y a des incidents de parcours qui font qu'ils
sont obligés de venir à Québec dans l'intersession pour
siéger en commission parlementaire, c'est déjà
prévu dans leur salaire. Ce n'est que ça.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président... M. ROY: M. le
Président...
M. BURNS: A part ça, quant à l'autre, votre calcul
à vous est sans doute exact, mais je ne suis pas sûr du calcul du
député de Beauce-Sud. Je sais bien que ce n'est pas la place pour
qu'on l'explique, mais...
M. ROY: M. le Président...
M. BURNS: ... je comprends qu'il est honnête, qu'il n'a pas voulu
tromper personne, mais c'est très facile de faire des calculs rapides
comme ceux-là, ce n'est pas certain que ça coûte $100,000
additionnels chaque jour que nous siégeons...
M. BEDARD (Chicoutimi): Ce n'est pas vrai, c'est faux.
M. BURNS: ... parce qu'il y a des services permanents qui sont
assurés à l'année longue, qui ne coûtent pas plus
cher, et qui peuvent peut-être coûter...
M. SAINT-PIERRE: II ne faudrait pas provoquer le député de
Beauce-Sud parce que ça va nous coûter $10,000 encore pour
avoir...
M. BURNS: Non, moi, j'aimerais bien ça que le
député de Beauce-Sud nous explique en quoi ça coûte
$100,000.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II va nous donner son petit $0.05. Le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, lorsque j'ai parlé des $100,000
évidemment, je ne voudrais pas et je déplorerais que ceci
serve d'argument...
M. MORIN: Les détails, les détails.
M. ROY: Qu'on me le permette, s'il vous plaît. Je ne voudrais pas
que ça serve d'argument d'un côté comme de l'autre. Le
budget de l'Assemblée nationale est de $15 millions annuellement. Nous
pouvons présumer que nous aurons cette année environ 110 jours de
session, c'est la 107e journée aujourd'hui. Si on regarde les trois
sessions passées, sauf celle de 1970, les sessions se situaient entre
100 et 110 jours.
Nous avons de plus environ 40 jours d'activité parlementaire, ce
qui fait grosso modo 150 jours d'activité parlementaire. Si on divise
ces 150 jours par le budget global, il est évident que nous arrivons
à un chiffre rond de $100,000 par jour. Cela ne veut pas dire cependant
que chaque journée additionnelle coûte $100,000.
M. BURNS: Ah bon! DES VOIX: Ah!
M. BURNS: Plus on siège, moins ça coûte cher.
M. ROY: Mais un instant, le député de Maisonneuve qui
doutait tout à l'heure de mes propos, je vais commencer à douter
des siens de façon sérieuse.
M. HARDY: II a dit qu'il n'était pas fort en
mathématiques.
M. ROY: Bon. M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: ... sur ce point, je dis que, lorsque nous faisons du temps
supplémentaire comme la veille de Noël et le lendemain, ce qui
n'est pas prévu, et qu'il faut payer temps double, c'est un budget
supplémentaire qui viendra s'ajouter au budget de l'Assemblée
nationale.
M. BURNS: Ils continuent de chauffer la bâtisse quand nous ne
siégeons pas, vous savez ça?
M. ROY: Oui, je comprends cela, mais je veux dire que si cela
coûte $100,000 par jour en moyenne à l'Assemblée nationale,
il demeure que nous avons d'autres activités. Je disais que si nous
faisions des débats et nous participions à des "filibusters"
à l'Assemblée nationale, compte tenu du coût que cela
coûte et compte tenu du coût M. le Président, je veux dire
ceci...
M. SAINT-PIERRE: ... dans les débats.
M. ROY: M. le Président, il y a tellement de bruit et on parle
tellement que c'est extrêmement difficile de pouvoir s'exprimer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! D'abord, on n'est plus pertinent
depuis un bon moment. Je veux être large à l'endroit du
député de Beauce-Sud, parce qu'on l'a provoqué...
M. ROY: On m'a questionné.
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... mais je voudrais qu'il termine cela au
plus sacrant pour qu'on puisse adopter...
M. ROY: Je termine là-dessus. Si on pouvait avoir les frais
additionnels que cela coûte à l'Assemblée nationale depuis
qu'on discute de ce projet de loi, je dis bien des frais additionnels, on
serait bien surpris. M. le Président, je vais revenir sur la question
des $50.
M. MORIN: Est-ce que le député me permettrait une
question, M. le Président? Je voudrais lui poser une question
très simple. Est-ce qu'il a pris le temps de faire une comparaison entre
les frais additionnels qu'il prétend que nous allons encourir avec ce
débat et les frais additionnels qui vont être imposés au
trésor public par l'augmentation de salaire que les
députés s'apprêtent à se voter? Est-ce qu'il a
établi une proportion entre l'un et l'autre?
M. ROY: Oui, je l'ai établie, M. le Président. Je l'ai
établie bien que ce ne soit pas mon travail de le faire. Mais j'aime
toujours savoir, en ce qui me concerne...
M. MORIN: Soyons complets.
M. ROY: ... avant de prendre position, j'aime toujours savoir où
on va et j'aime surtout savoir ce que cela coûte. Dans le projet de loi,
j'ai préparé les chiffres hier, j'ai le tableau ici. Je ne l'ai
pas sous les yeux à ce moment-ci, mais le projet de loi coûte...
Justement je le retrouve. J'ai fait le calcul des augmentations de salaire des
110 députés, les vingt ministres incluant le chef de
l'Opposition, le président, deux vice-présidents, le leader de
l'Opposition officielle, et ainsi de suite, M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! La pertinence...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs! La pertinence...
M. ROY: On me pose une question, est-ce qu'on me permet de
répondre?
LE PRESIDENT (M. Gratton): On n'aurait pas dû la laisser poser.
Là, on va commencer à être un peu plus
sévère. Je vous demande de revenir aux $50 des commissions au
paragraphe e).
M. ROY: On me permet quand même de citer trois chiffres, M. le
Président?
LE PRESIDENT (M. Gratton): Oui, très rapidement.
M. ROY: Alors, l'estimation du coût de la loi est de $782,000, le
montant récupérable par le gouvernement sous forme d'impôt
est de $478,000. Il en résulte un coût net de $303,640 à
l'Etat, au trésor public sur le projet de loi actuel.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Est-ce que le député
de Beauce-Sud a terminé son intervention sur l'alinéa e)?
M. ROY: Je n'étais pas sur l'alinéa e), M. le
Président, j'y arrive.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je suis content que vous en soyez
conscient.
M. ROY: Que le député de Maisonneuve ne me fasse pas de
reproche, c'est lui-même qui m'a posé la question.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: ... pareil sur l'alinéa e).
M. ROY: Sur les $50, en ce qui me concerne, M. le Président,
brièvement, ce n'est pas les $50 qui sont ajoutés pour la
participation aux séances de commissions parlementaires qui m'incitent
à participer ou non quand je fais partie d'une commission parlementaire
et que nous étions convoqués, je me suis organisé dans la
quasi-totalité des cas pour être présent à
l'Assemblée nationale pour exercer mon devoir,
pour prendre mes responsabilités. En ce qui me concerne, je n'ai
pas l'intention de faire de débat là-dessus. D'abord, je n'ai
jamais considéré ce montant, en toute franchise, comme
étant du salaire. Si on considère les dépenses qu'on nous
alloue pour les frais de voyage et les dépenses additionnelles que nous
avons à assumer lorsque nous sommes en ville à ce
moment-là pour pouvoir participer à ces débats, vous savez
qu'à chaque fois que nous avons des commissions parlementaires en dehors
de la session, c'est pour recevoir des représentants des
différents organismes qui viennent à l'Assemblée
nationale. Il y a toujours des gens qui nous arrivent de nos comtés et
ceci a toujours été pour ma part une source de dépenses
additionnelles. Mais, M. le Président, je n'ai aucune objection à
ce que ces $50 soient biffés. Je le dis en toute franchise. Je ne les
considère pas comme étant un revenu important ni même comme
un coût important dans le budget des affaires publiques du Québec.
Alors, si le comité veut se pencher sur cette question et étudier
la possibilité d'enlever les $50, je n'ai aucune espèce
d'objection.
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission est maintenant appelée
à se prononcer sur l'adoption de l'alinéa e) puisque, je pense
bien, il ne s'agit pas d'un amendement, mais simplement d'une demande de voter
contre l'adoption du sous-paragraphe e).
M. BURNS: Non, je m'excuse, M. le Président. C'est un amendement
parce que cela enlève un paragraphe à tout un article.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On ne discute pas de l'article 12 globalement
comme le député de Maisonneuve le sait, on discute paragraphe par
paragraphe.
M. BURNS: Oui, M. le Président. Mais un instant! Entendons-nous,
c'est un amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Si cela fait plaisir au député
de Maisonneuve.
M. BURNS: Non seulement cela me fait plaisir, mais cela respecte le
règlement M. le Président. Voyons donc! Ce n'est pas la question
de me faire plaisir.
LE PRESIDENT (M. Gratton): On ne discute pas de l'article 12, on discute
de l'alinéa e) dans le moment. On a adopté tous les autres
individuellement.
M. BURNS: M. le Président, on discute de l'article 101 b)...
M. HARDY: On discute pour rien surtout.
M. BURNS: On discute du deuxième alinéa de l'article 101
b) dont un des alinéas s'appelle e), je demande que l'article 101 b) se
lise sans le paragraphe e), je vote pour cet amendement.
M. HARDY: Vous proposez de rayer le paragraphe e).
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Maisonneuve
propose de rejeter l'alinéa e) de l'article 101 b), de l'article 12 du
projet de loi 87. M. Morin?
M. MORIN: En faveur de l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Bellemare, Johnson?
M. BELLEMARE (Johnson): Abstention.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Marchand?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Male-part?
M. MALEPART: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Burns?
M. BURNS: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Charron?
M. CHARRON: Pour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Tremblay?
M. TREMBLAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Lachance?
M. LACHANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Harvey, Dubuc?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Roy?
M. ROY: Abstention.
LE PRESIDENT (M. Gratton): M. Picotte?
M. PICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Contre: 12. Pour: 3. Deux abstentions.
L'amendement est rejeté.
M. HARDY: On va voir ceux qui vont encaisser les $50.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Par le fait même, est-ce qu'on peut
considérer que l'alinéa e) est adopté?
M. BURNS: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Adopté. Alinéa f ).
Adopté?
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Alinéa 3 de l'article 12.
Adopté?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. M. BURNS: Un instant, M.
le Président. UNE VOIX: Adopté.
M. MORIN: M. le Président, après l'adoption de l'article
12... ou devons-nous l'adopter dans son ensemble maintenant? Bon, alors, par
vote, s'il vous plaît. Je ne voudrais que vous oubliiez qu'on doit
revenir en arrière par la suite, à l'article 6, notamment. Nous
avions convenu que nous suspendrions l'article 6 jusqu'à ce que
l'article 12 soit adopté.
M. HARDY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que l'alinéa 3 de l'article 12
est adopté?
M. BURNS: Oui, adopté.
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 12, adopté tel
qu'amendé.
M. MORIN: Sur division.
M. BURNS: Sur division, M. le Président, à cause du rejet
de notre amendement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Bien entendu. Est-ce que c'est
maintenant...
M. HARDY: II y avait aussi l'article 4 qui était suspendu. Est-ce
que vous revenez à l'article 4 ou à l'article 6?
M. BURNS: A l'article 6. L'article 4, c'est une autre affaire.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que c'est le désir de la
commission de revenir à l'article 6?
M. MORIN: A l'article 4, vous deviez nous fournir des explications plus
amples sur sa portée exacte. Nous espérons que vous êtes
allé aux nouvelles, que vous vous êtes renseigné parce que
nous allons... article 4, oui, nous avons posé de nombreuses questions
sur le sens exact de cet article et...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Il n'est pas question de se
demander quel article, je voudrais que quelqu'un me dise quel article on veut
étudier.
M. MORIN: Je voudrais que le ministre se prépare à
répondre sur l'article 4.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Soyez prêts. Est-ce que la
commission...
M. HARDY: L'article 5 est adopté.
M. BURNS: Je ne préférerais pas, parce que vous m'avez
demandé quel article vous voulez qu'on étudie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Je parlais au ministre...
M. BURNS: Revenir à l'article 5.
M. ROY: II y a les articles 4 et 6 qui ont été
suspendus.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce qu'on pourrait aller à
l'article 13 et y jongler durant...
M. HARDY: Est-ce qu'on pourrait ne pas discuter pendant une demi-heure
pour savoir quel article on va aborder?
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'article 13 est-il adopté?
M. MORIN: Un instant, M. le Président. Article 13
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, à l'article 13, nous
avons un amendement à proposer qui, d'ailleurs, donne suite à une
suggestion que vous avez formulée. Je le fais distribuer. "Remplacer
l'article 6b) de la Loi de l'exécutif, édicté par
l'article 13 du projet par le suivant: "Les sommes visées à
l'article 6 a) et à l'article 52 de la Loi de la Législature sont
payées à même le fonds consolidé du revenu." C'est
ce dont on avait discuté l'autre jour.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Est-ce que c'est le désir de la
commission de procéder paragraphe par paragraphe dans le cas de
l'adoption de l'article 13 ou si les membres veulent en discuter
globalement?
M. BURNS: Article par article, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 13, paragraphe 6 a).
M. BURNS: L'article 6, on l'a adopté déjà,
j'imagine?
M. MORIN: Non, pas encore.
M. BURNS: Vous avez l'article 13 qui contient les articles suivants, 6
et 6 a).
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe 6, adopté?
M. BURNS: Adopté, M. le Président. C'est la reconnaissance
du fait que le premier ministre est de droit président du Conseil
exécutif. Je pense bien qu'on n'a pas quelque chose à changer
là-dedans, tant qu'on n'aura pas le système
présidentiel.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Article 6, paragraphe a)?
M. BURNS: Quand on voit que la proportion de l'indemnité du
premier ministre est fixée à 1.50 de l'indemnité de base
du député encore une fois, je pose la question à
l'un ou l'autre des deux ministres est-ce que cela respecte le prorata
actuel de l'indemnité du premier ministre?
M. SAINT-PIERRE: Essentiellement, à quelques chiffres
près, la proposition du rapport Bonenfant, pour les ministres,
recommandait une augmentation de 20.53 p.c. et, pour le premier ministre, de
20.12 p.c, c'est à peu près le même. Le projet de loi, tel
que nous l'avons devant nous, pour les ministres est à 23.4 p.c. alors
que, pour le premier ministre, il est de 25 p.c. C'est simplement pour se
rapprocher du chiffre rond.
M. BURNS: Pour arrondir le chiffre.
M. SAINT-PIERRE: Pour arrondir le chiffre, mais essentiellement c'est la
même proportion.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe a), adopté?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe b)?
M. SAINT-PIERRE: Le paragraphe b), M. le Président, ce sont les
mêmes discussions que nous avons déjà eues au sujet du chef
de l'Opposition et du président de l'Assemblée nationale...
M. HARDY: ... que les membres du Conseil exécutif.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, c'est évident que nous ne
voulons pas que les membres du Conseil exécutif soient payés
moins que le chef de l'Opposition. Ce serait un peu difficile à
défendre, de notre part. Nous avons tenu cette discussion à
l'article 2, lors du salaire du président, et à l'autre article
concernant le chef de l'Opposition, à l'article 7. Il est évident
que, eu égard à la décision qui a été prise,
on n'est pas pour reprendre toute cette discussion qui, aujourd'hui, n'aurait
aucun sens. D'ailleurs, personnellement, je pense qu'on aurait dû d'abord
commencer à discuter du salaire du ministre et ensuite discuter du
salaire du président de l'Assemblée nationale et du chef de
l'Opposition, salaires que nous croyons et que nous admettrons je ne
suis pas intervenu à ce niveau mais je pense que nos
collègues, si j'ai bien compris leur intervention à ce sujet,
admettaient la parité qu'il doit y avoir entre ces trois types de
salaires, c'est-à-dire les ministres en titre, le président de
l'Assemblée nationale... Soit dit en passant, je suis bien content
qu'à l'avenir le président de l'Assemblée nationale puisse
regarder les ministres d'égal à égal, même s'il doit
les regarder de haut de par sa position, au moins au niveau de son salaire, il
pourra les regarder d'égal à égal. Je pense qu'au moins
cette anomalie est corrigée et j'en suis bien content.
Maintenant, nous allons tenir la même position au paragraphe b) de
l'article 6 a) que nous avons tenue dans les autres cas, c'est-à-dire
que nous allons voter contre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe b), adopté sur
division.
M. BURNS: Adopté sur division.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe c)?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le paragraphe c). En termes de
pourcentage, l'augmentation pour les ministres d'Etat est plus forte qu'elle ne
le fut pour les ministres en titre. En termes d'écart de revenu, en
chiffres absolus, elle est sensiblement la même qui existait avant,
c'est-à-dire à peu près, auparavant l'écart
les allocations et les indemnités étaient entre $38,200 et
$41,400 était donc d'environ $3,000. Actuellement, il sera
d'environ $2,000. L'écart absolu est un peu rayé. Je pense qu'on
pourrait mentionner les propos que tenait tantôt le député
de Saint-Jacques, que de plus en plus les ministres d'Etat se voient confier
des responsabilités particulières au sein de l'administration
publique. Si, d'une part, on peut dire que le ministre d'Etat, n'étant
pas le chef d'une section d'administration publique, peut avoir moins de
responsabilités, dans d'autres cas on pourrait tirer des comparaisons
sur le plan du travail qui est effectivement fourni ou demandé ou
exigé par une tâche entre un ministre d'Etat et un ministre en
titre. Fondamentalement, de la même façon qu'entre les
ministères mentionnés tantôt, l'Education, les Affaires
sociales et d'autres ministères, il est à peu près
impossible de commencer à avoir un barème qui mesurerait les
variations de responsabilités, variations de sommes de travail entre
ministres d'Etat et ministres en titre, ce sont un peu les mêmes
considérations qui s'appliquent. Il y a une légère
différence, $2,000, ce qui signifie que les ministres d'Etat ont une
augmentation en pourcentage plus forte que les ministres en titre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Paragraphe c), le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, j'aurais voulu plus d'explications
de la part du ministre de l'Industrie et du Commerce, parce qu'il vient de nous
répéter à peu près les explications qu'il avait
données, lorsque nous avons disposé de l'article qui traitait des
adjoints parlementaires.
C'est évident que l'excuse plutôt l'explication
le lapsus est de circonstance, l'explication la plus simple que peut
donner un ministre en titre, comme celui qui vient de nous parler, c'est de
dire que ce poste de ministre d'Etat est indispensable, d'une part, et
répond aux besoins de la population. Le comble, cela aurait
été de dire ou d'affirmer ce que plusieurs croient, c'est que les
ministres d'Etat ne sont que de gros adjoints parlementaires. Ce sont des
adjoints parlementaires pour qui le prix de consolation est encore un peu plus
élevé que pour les autres, mais, ce sont, dans bien des cas, des
"coupeurs" de rubans officiels, comme je les ai appelés, hier, en ce qui
concernait les adjoints parlementaires.
M. HARDY: Cela ne se fait plus des "coupages" de rubans.
M. CHARRON: Si le ministre des Affaires culturelles qui se
promène de réception en réception, d'ailleurs, au moment
où il m'interrompt pour me dire que cela ne se fait plus des "coupages"
de rubans est capable de me donner seulement une indication, le ministre
d'Etat aux Affaires municipales, aujourd'hui, cela sert à quoi? Cela
fait quoi comme responsabilité dans le ministère des Affaires
municipales?
M. HARDY: Vous parlez des ministres en titre?
M. CHARRON : Cela sert à quoi un ministre d'Etat dans le domaine
des Affaires municipales, par exemple? Quelles ont été les
responsabilités qu'on y a vu confier, les dossiers qu'on y a vu
défendre, pilotés, à l'intérieur de
l'Assemblée nationale? Quelle est la responsabilité majeure aux
commissions des affaires municipales? C'est à peine si le ministre
d'Etat est plus volubile que l'adjoint parlementaire, ce qui n'est pas peu
dire, dans le cas, parce que l'un comme l'autre ignorent à peu
près tous les dossiers qui sont en cause.
Le ministre d'Etat aux Affaires sociales c'est un gros
ministère, j'en conviens; c'est un gros budget aussi; à cause de
ces tentacules bureaucratiques, cela devient un ministère plus difficile
à administrer, j'en conviens également que fait-il,
à part de se promener en avion avec les députés
libéraux pour visiter les garderies?
M. HARDY: A mettre sur pied un système de garderies.
M. CHARRON: Qu'est-ce que cela a donné? A mettre sur pied
quoi?
M. HARDY: Un système de garderies.
M. CHARRON: Quelle est la responsabilité immédiate de ces
ministres d'Etat, à l'intérieur? Quelle est l'utilité de
ces postes? En tout cas, au point où ces gens auraient une
indemnité à ce point aussi peu différente du ministre en
titre, parce qu'il faut bien en convenir, le ministre a dit que les ministres
d'Etat, dans le projet de loi en cours, reçoivent une augmentation qui,
toutes proportions gardées, est plus substantielle que les ministres en
titre, par rapport au statut précédent de la loi non encore
amendée.
M. HARDY: Demandez au ministre des Transports ce qu'il faisait quand il
était ministre d'Etat? Vous allez voir à quoi sert un ministre
d'Etat.
M. CHARRON: Ce que sont des ministres d'Etat...
M. HARDY: Demandez au...
M. CHARRON: ... par rapport aux ministres en titre, la
responsabilité de l'un par rapport à l'autre, devant la Chambre,
devant l'opinion publique...
M. HARDY: Ils ne peuvent pas le dire, parce que la commission les a
bâillonnés, mais...
M. CHARRON: Parce qu'elle n'existe pas, M. le Président, ou elle
est différente de celle qui est prévue dans le projet de loi
quant aux indemnités.
M. le Président, si on est d'avis, du côté
gouvernemental, que la répartition des fioles doit dépasser le
nombre de douze adjoints parlementaires fixés par la Loi de la
Législature, elle doit donc s'étendre à la création
de ministres d'Etat, j'en conviens. Ils peuvent avoir leur utilité. Les
ministres peuvent leur confier certains dossiers à l'occasion, dont ils
auront à répondre, face aux ministres en titre, non pas face
à la Chambre et que le ministre en titre, par la suite, devra, en
même temps qu'il devra répondre de ses propres actes,
répondre des actes du ministre d'Etat à qui il a confié
certaines responsabilités. Lui seul, le ministre en titre, est
responsable des fonctions. Aucune ne leur est donnée par la
Législature elle-même. Aucune loi ne dit ou ne prévoit
dans la Loi des Affaires sociales, dans la Loi des Transports, dans la
Loi des Affaires municipales qu'il existe un ministre d'Etat avec telle,
telle et telle responsabilité, comme c'est mentionné pour les
ministres en titre. Ce n'est que par proposition du ministre en titre, au
Conseil exécutif, qu'on peut en venir à un arrêté en
conseil, et encore, le partage des responsabilités à
l'intérieur des ministères peut se faire sans arrêté
en conseil, à la bonne franquette et sur la bonne décision.
C'est M. le ministre des Affaires sociales et personne d'autre que M. le
ministre des Affaires sociales qui a décidé que ce serait le
ministre d'Etat aux Affaires sociales qui s'occuperait du dossier des
garderies. C'est parce qu'il a jugé que ce dossier ne pouvait être
confié ou n'était intéressé à le maintenir
et à le confier qu'à un ministre d'Etat, mais sans aucune
obligation légale quant à la responsabilité de ce ministre
à l'Assemblée. Voilà que le gouvernement nous demande que
ces adjoints ministériels, on parlait tantôt d'adjoints
parlementaires, reçoivent un traitement à peine différent
de celui du ministre en titre. C'est exagéré. Qu'on juge bon de
faire entrer certains ministres, à cause des régions d'où
ils proviennent, certains députés à cause des
régions d'où ils proviennent, des milieux d'où ils sont
issus, ou de la clientèle qu'ils représentent, à
l'intérieur du Conseil exécutif, parce que cela paraît
très mal que cette région ne soit pas représentée
au Conseil exécutif ou pour une raison ou pour une autre, comme je
soutenais pour les adjoints parlementaires soit. Mais que les contribuables
soient appelés à payer un salaire et une indemnité
à ces ministres d'Etat, qui soit à peine différent de
celui qui est payé aux ministres en titre qui, eux, sont responsables
à la Chambre, cela nous apparaît inacceptable. Je sais très
bien que le ministre d'Etat aux Transports, qui est avec nous en commission
parlementaire ce matin, pourrait très bien me dire quels sont les
dossiers, les services ou les directions générales à
l'intérieur du ministère dont il a été
appelé à s'occuper plus activement, mais aucune loi n'obligeait
à ce partage. Cela n'a jamais été décidé par
l'Assemblée nationale que c'était le ministre d'Etat qui
s'occupait de ces responsabilités. C'est le ministre des Transports en
titre qui lui, d'après la loi qui a constitué son
ministère et les responsables devant l'Assemblée nationale et le
ministre nommé à à peu près chacun des articles de
la Loi des transports, qui a décidé, selon son gré, avec
peut-être l'assentiment du Conseil exécutif, si cela a dû
aller jusqu'en arrêté en conseil...
M. BERTHIAUME: Puis-je apporter une remarque sur ce qu'il vient de
dire?
M. CHARRON: ... ce dont le ministre d'Etat aux Transports a à
s'occuper. Oui?
M. BERTHIAUME: Une rectification à ce qu'il vient de dire. Le
député de Saint-Jacques sait-il que le ministre d'Etat aux
Transports a été au moins 40 jours ministre en titre durant
l'année qui vient de s'écouler?
M. CHARRON: Pendant 40 jours ministre...
M. BERTHIAUME: Pendant l'absence du ministre des Transports.
M. CHARRON: C'est une des fonctions du ministre d'Etat. Dans les
ministères où il n'y a pas de ministre d'Etat et où le
ministre s'absente, qui prend la responsabilité? Un collègue
ministre en titre comme celui qui doit s'absenter ou alors le premier ministre.
Je vous donne seulement un exemple: Le ministre de l'Education était
à peine sorti du Québec que le premier ministre, qui
s'était donné le titre de ministre par intérim de
l'Education, chambardait une décision de son collègue et
décidait de maintenir l'Institut de marine à Rimouski. Cela se
fait en l'absence d'un ministre que le premier ministre prenne la
responsabilité du ministère. Pas besoin de nommer un ministre
d'Etat ou un vice-ministre. Faut-il nommer des vice-ministres à tous les
ministères? C'est déjà prévu dans les lois, ce
genre de pratique. Surtout que cela ne nécessite pas un salaire aussi
élevé qui double celui du simple député, comme cela
nous est proposé dans l'article c). Voyons donc! Si c'est utile à
un gros ministère d'avoir un ministre d'Etat, soit, mais qu'on le paie
en fonction de ses responsabilités. Ou alors, qu'on lui donne les
responsabilités dont il répondra à l'Assemblée
nationale. Je ne veux pas dire que c'est seulement lui qui aura l'occasion de
se faire valoir à
la période des questions en disant: C'est mon bébé,
c'est moi qui réponds là-dessus. C'est plus que cela la
responsabilité ministérielle, pas seulement de se lever et de
répondre à des questions.
S'il arrive un accroc profond à l'administration publique dans ce
secteur, que ce soit lui, et non pas le ministre en titre, qui soit
obligé de se soumettre à la responsabilité
ministérielle et au besoin de démissionner si... La loi ne
prévoit rien de ces sanctions. Ce sont des gens qui, à peine il y
a encore quelques années, ministres d'Etat... Je me souviens encore
d'avoir lu cela, je n'étais pas à l'Assemblée nationale
à ce moment. Les ministres d'Etat n'avaient même pas
l'autorité de signer un papier autorisant une dépense de $0.05
dans leurs ministères, aux ministères dont ils étaient des
ministres d'Etat. Il semble que cela a été modifié par un
arrêté en conseil ou quoi que ce soit, selon les ministères
dont ils sont responsables.
Je me souviens du ministre d'Etat à l'Education, sous le
gouvernement de l'Union Nationale, qui était le député de
Lévis, qui s'était lui-même plaint de cette espèce
de titre artificiel qu'il avait, parce qu'il n'avait aucune... Je pense que, de
mémoire, c'est le gouvernement de l'Union Nationale qui avait
modifié cela pour permettre à des ministres d'Etat, membres du
Conseil exécutif, d'avoir quand même un peu de pouvoir pour
autoriser des dépenses à l'intérieur des ministères
dont ils sont les ministres d'Etat.
Mais cela ne justifie toujours pas, M. le Président, que des
ministres d'Etat reçoivent un traitement à peu près
équivalent, à .1 de différence, à celui du ministre
en titre de ce ministère. Avant que mes collègues reviennent sur
cette question, peut-être qu'un des ministres d'Etat ou un des ministres
qui a un ministre d'Etat pourra nous expliquer la justification, non pas de
l'existence des ministres d'Etat, encore une fois ce sont de gros
adjoints parlementaires, ce sont des adjoints parlementaires plus importants
que les autres adjoints parlementaires, tout le monde en conviendra, qui ont
leur utilité à l'occasion, qui peuvent retirer certains dossiers
des mains d'un ministre et s'occuper, vaquer à quelque affaire
mais du traitement qui leur est donné, qui est à peu près
équivalent à celui du ministre en titre.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable ministre d'Etat aux
Transports.
M. BERTHIAUME: M. le Président, je ne veux pas tellement
répondre au député de Saint-Jacques, mais peut-être
répondre un peu à l'opinion publique, parce qu'elle peut
être touchée par cette question et revenir un peu sur le cas des
adjoints parlementaires aussi, mais très brièvement, comme l'a
fait le député de Saint-Jacques.
Le député de Charlevoix, qui a été simple
député, adjoint parlementaire, ministre d'Etat et qui est
maintenant ministre en titre, pourrait en témoigner également
s'il avait le droit de parole à la commission. J'ai été
moi-même simple député, adjoint parlementaire et je suis
maintenant ministre d'Etat.
Du temps que j'étais adjoint parlementaire vous
comprendrez que je ne peux parler que de mon cas de Georges Tremblay
initialement, lorsque le ministère des Transports n'était pas
fusionné au ministère de la Voirie, je m'étais
occupé activement de la préparation, dans le temps, de la loi 23,
qui est quand même une loi extrêmement importante, la loi la plus
importante qui touche le domaine des transports. J'ai dû travailler
peut-être un an exclusivement sur ce dossier, et en tant qu'adjoint
parlementaire dans le temps, je me souviens que même quand la Chambre ne
siégeait pas, je venais à Québec à toutes les
semaines, de la même façon que je le fais aujourd'hui comme
ministre d'Etat, et comme les ministres en titre également. J'avais,
à ce moment, des dossiers particuliers en dehors de la
préparation de la loi 23, d'autres dossiers.
Je sais, aujourd'hui, que ces... Je dois dire aussi en passant que, dans
le temps où le député de Charlevoix était adjoint
parlementaire, lui aussi s'occupait particulièrement de l'entretien des
chemins, il était adjoint parlementaire à la Voirie,
à l'époque il s'occupait de l'entretien des chemins et des
budgets de comté.
C'est le cas également d'un grand nombre d'adjoints
parlementaires, je dirais même la plupart. Encore là, je ne
voudrais pas les énumérer un par un et en faire la cause.
Dans le cas des ministres d'Etat, la situation est un peu
différente puisqu'un ministre d'Etat siège de plein droit au
conseil des ministres, au même titre que les autres ministres et, par
conséquent, doit avoir la préoccupation globale de toutes les
activités du gouvernement parce qu'il doit participer aux
décisions du conseil des ministres de la même façon.
Que fait un ministre d'Etat? J'ai signalé au député
de Saint-Jacques tantôt, par un simple commentaire puisqu'il
prétendait que le ministre d'Etat ne pouvait avoir aucune
autorité que, pendant l'année qui vient de
s'écouler, j'ai été moi-même ministre en titre
pendant une quarantaine de jours, à cause de l'absence du ministre en
titre, et, à ce moment, je signais naturellement tous les documents
pertinents. Donc, j'en avais la pleine responsabilité, personnellement,
à ce moment.
On peut prendre le cas également du député de
Vaudreuil-Soulanges qui, lui, ayant un secteur très bien
déterminé et étant ministre d'Etat à l'Education,
a, par arrêté en conseil, pleine responsabilité des actes
qu'il pose devant la Chambre, devant le public et selon toutes les exigences de
la loi.
D'ailleurs, ce sont les gros ministères qui ont deux ministres,
les Affaires sociales, l'Education, les Transports. Il y en a d'autres, mais ce
sont au moins les trois plus gros en termes
budgétaires dont je voulais parler, simplement pour signaler la
nécessité dans ces ministères d'avoir plus qu'un homme
politique, deux ou même trois, pour bien mener la chose publique.
Si on regarde d'ailleurs le budget du Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports, c'est un budget d'une vingtaine de
millions $21 millions on se rend compte rapidement qu'il y a
certains ministères qui ont seulement un ministre en titre et qui
dépensent moins de deniers publics.
Il faut comprendre aussi que le Haut-Commissariat à la Jeunesse,
aux Loisirs et aux Sports est en contact avec un très grand nombre
d'organismes et c'est la raison pour laquelle le ministre de l'Education
trouverait extrêmement difficile de mener et la barque de l'Education et
celle du Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports. En
ce qui concerne les Transports, la situation est un peu semblable. Le budget du
ministère des Transports est aux environs de $800 millions par
année. Nous sommes en contact avec tous les comtés de la
province. Aucun comté n'y fait exception. Ce qui est particulier au
ministère des Transports, c'est qu'à peu près chacun de
ces dollars est dépensé presque individuellement, dans le sens
qu'il y a très peu de dépenses statutaires au ministère
des Transports. Il serait inconcevable... Pour le député de
Charlevoix...
M. CHARRON: Pourriez-vous nous donner des détails?
M. BERTHIAUME : Dans certains cas. J'expliquerai comment nous
procédons. Vous m'avez fait perdre le fil de mes idées. Je disais
que, dans le cas du ministère des Transports, en particulier et
je suis mieux placé pour parler de celui-là très
peu de nos dépenses sont statutaires. Alors, l'attention à tous
ces dossiers est beaucoup plus grande que dans le cas, par exemple, du
ministère de l'Education, où une bonne partie de son budget est
en subventions statutaires.
D'ailleurs, si je regarde le domaine que m'a confié le
député de Charlevoix, ministre des Transports, simplement le
transport scolaire qui, je l'admets, est quand même en bonne partie
statutaire, par exception, c'est un budget de $105 millions. Je pense qu'il est
normal qu'en plus des problèmes de voirie qu'il y a dans toute la
province, on ait un homme politique qui s'occupe de ce secteur
d'activité qui est extrêmement important, non seulement par les
gens qu'on touche, par le domaine même, mais important également
par le montant qui est impliqué.
Le ministre des Transports m'a également confié d'autres
dossiers. Globalement, il s'agit surtout des questions qui sont de transport
proprement dit, par rapport à la construction de routes. Mais, là
encore, dans mon cas, nous n'avons pas voulu et je n'ai pas voulu, moi
non plus qu'on trace une ligne définitive de juridiction entre le
ministre et le ministre d'Etat. La raison étant qu'étant de la
région métropolitaine de Montréal et le
député de Charlevoix étant de Charlevoix, il était
plus facile pour moi, à l'occasion, de chevaucher du côté
de la voirie, par exemple dans la région métropolitaine, que
ça pouvait l'être pour lui.
Et également dans son cas, lorsqu'on parle de traverse maritime
ou de choses de ce genre, à cause de son "back ground", il était
beaucoup plus professionnellement compétent pour s'occuper de choses
semblables que je pouvais l'être. Mais ça nous permet quand
même de nous substituer l'un à l'autre en plusieurs occasions.
En ce qui concerne les dépenses proprement dites, je dois dire
que je n'ai jamais demandé au ministre des Transports d'avoir
l'autorisation de signer les documents lors de son absence, parce que, sur le
plan personnel, nous nous entendons très bien, d'autant plus que, depuis
que je suis ministre d'Etat et depuis que je lui propose
régulièrement des façons de dépenser notre budget,
il n'a jamais refusé de signer lui-même.
Il y a une autre remarque du député de Saint-Jacques sur
laquelle je voulais revenir. Il parle de l'assignation de postes du cabinet par
région, je pense que sa remarque n'est pas valable, étant
donné il me fait plaisir de le dire qu'il y avait un
ministre en titre dans ma région, le comté voisin d'ailleurs,
depuis 1970, un comté qui n'est pas loin encore, celui de Sorel dont le
député est ministre en titre.
Il y a le député de Chambly également, étant
si proche de Montréal, je pense bien que j'ose espérer que le
premier ministre ne m'a pas nommé selon des facteurs régionaux.
Je pense que la même chose peut se dire pour un grand nombre d'autres
ministres d'Etat. M. le Président, c'est la seule mise au point que je
voulais faire, le plus brièvement possible.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le paragraphe c) adopté.
M. ROY: Adopté, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Un mot seulement. Il nous reste simplement deux minutes d'ici
une heure et je veux essayer de résumer dans moins de deux minutes. J'ai
déjà eu l'occasion, M. le Président, de souligner à
l'Assemblée nationale que l'écart de salaire qu'il y avait entre
le ministre d'Etat et le ministre en titre était trop faible. Je
constate à ma grande surprise que dans le projet de loi d'aujourd'hui on
vise encore à réduire davantage cet écart. Je m'explique
mal les raisons qui motivent le gouvernement à agir de cette
façon. Je me l'explique très mal. A moins que...
M. BERTHIAUME: Je voudrais dire, M. le Président...
M. ROY: Non, je suis trop à court de temps vous pourrez le dire
après.
M. BERTHIAUME: Je ne veux pas moi-même intervenir dans cette
question, comme le député de Beauce-Sud ne l'a pas fait en ce qui
concerne son cas, je n'ai pas voulu parler de la question de salaire.
M. ROY: Je ne veux faire le procès d'aucun des ministres en
titre. Je veux parler tout simplement du niveau de responsabilité d'un
ministre d'Etat par rapport au niveau de responsabilité d'un ministre en
titre. Je trouve, M. le Président, qu'il y a une bonne marge en ce qui a
trait aux responsabilités entre les deux personnes. Comme il y a une
bonne marge entre les deux niveaux de responsabilité, je dis que la
marge de salaire devrait être correspondante à la marge de
différence qu'il y a entre les niveaux de responsabilité. A mon
avis, elle ne respecte pas du tout ce critère à moins que les
rumeurs qui ont circulé, qui circulent encore dans le parlement du fait
que le gouvernement aurait beaucoup surtout le premier ministre
de difficultés à regrouper ses ministères justement
à cause de la perte de traitement que devraient subir quelques ministres
qui se trouveraient directement affectés, directement
intéressés par ce regroupement de ministères. M. le
Président, c'est la seule explication valable que je peux trouver dans
les circonstances, il n'y en a pas d'autres. On sait que le gouvernement a
manifesté depuis fort longtemps son intention de regrouper plusieurs
ministères pour faire ce qui s'est fait par exemple au ministère
des Affaires sociales alors qu'on a regroupé les ministères de la
Santé et de la Famille et du Bien-Etre.
Tout comme ce qui a été fait au ministère des
Transports, après qu'on eut regroupé les Travaux publics, et la
Voirie dans un seul et même ministère. On sait que cette intention
du gouvernement devait se retrouver, le gouvernement devait exécuter
dans d'autres secteurs ministériels ce regroupement et la plus grosse
objection à laquelle aurait eu à faire face le gouvernement,
c'était justement l'écart de salaire qu'il y avait entre les
ministres d'Etat et les ministres en titre, parce que quelques ministres en
titre auraient dû se contenter, par la suite, du poste de ministre
d'Etat.
M. le Président, je termine là-dessus mes observations.
J'aimerais, en ce qui me concerne... S'il y a une proposition, je le dis en
toute franchise, de façon à réduire le chiffre de $100
à $90, je vais l'appuyer. Parce que cela m'apparaît juste et
normal qu'il en soit ainsi.
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'on peut suspendre la
séance jusqu'à 15 heures? J'en fais la proposition.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Sauf qu'avant j'aimerais demander si la
commission adopte le paragraphe c). Adopté?
M. BURNS: Non. M. le Président, j'aurais un amendement à
proposer.
LE PRESIDENT (M. Gratton): La commission suspend ses travaux
jusqu'à cet après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 8
M. GRATTON (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission reprend l'étude du projet de loi no 87. Nous en
étions ce matin au paragraphe c) de l'article 6a), de l'article 13. Le
député de Maisonneuve avait demandé la parole.
Motion d'amendement de M. Bums
M. BURNS: Oui, M. le Président, je vous avais demandé la
parole, c'était relativement au paragraphe c) de l'article 6a) que l'on
retrouve dans l'article 13.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de reprendre les
arguments de mes collègues, ce matin...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. BURNS: ... mais il me semble qu'il est très important, dans
une structure salariale, quelle qu'elle soit, que ce soit une structure
salariale de député ou que ce soit une structure salariale d'une
entreprise, que ce soit une usine ou que ce soit un bureau, de garder une
certaine cohérence à l'intérieur de cette structure.
Nous avons actuellement à l'intérieur du projet de loi une
structure salariale, qu'on le veuille ou non, qui part, au maximum de
l'échelle, de celle fixée pour le premier ministre, soit 1.50 du
salaire de base des députés, ou encore de celle qui est
fixée pour les ministres, le président de l'Assemblée
nationale ou le chef de l'Opposition qui est fixée à 1.10 du
salaire de base des députés, et je saute le groupe qui nous
concerne actuellement, c'est-à-dire les ministres d'Etat, que le projet
de loi voudrait voir placé à 1.00 du salaire de base du
député.
Je viens au salaire des deux vice-présidents de
l'Assemblée nationale qui est fixé à .75 du salaire de
base des députés... c'est-à-dire .50 du salaire des
députés, de sorte que, M. le Président, pour garder une
certaine cohérence je passe par-dessus le .45 du leader de
l'Opposition ou du chef d'un ancien parti reconnu qui était .45 ou du
leader d'un ancien parti reconnu qui était, je pense, .40, je passe
par-dessus cela je pars de la structure salariale, au plus bas de
l'indemnité de .50 qui est accordée aux vice-présidents de
l'Assemblée nationale, jusqu'à 1.50 qui est accordée au
premier ministre.
Il me semble, M. le Président, que le 1.00, pour les ministres
d'Etat, est une relation qui ne respecte pas une certaine intelligence, une
certaine gradation normale.
Je ne vous dérange pas trop? Non, cela va.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs, s'il vous plaît
!
M. BURNS: Oui. Le député de Beauce-Sud me dit que je le
dérange. Ce ne sera pas long, je ne vous dérangerai pas
longtemps.
Il me semble que, pour respecter cette gradation, M. le
Président, à l'intérieur de la structure salariale, on
devrait réduire ce 1.00 qu'on veut appliquer aux ministres d'Etat. Cela
me permettra, d'ailleurs, d'avoir une intervention beaucoup plus courte, parce
que, mes collègues, le député de Sauvé, le chef de
l'Opposition et le député de Saint-Jacques ont fait valoir ce
point de vue à l'endroit du salaire du président de
l'Assemblée nationale et à l'endroit du salaire du chef de
l'Opposition.
Il nous semblerait, même si ces deux motions ont été
déjà battues, qu'au moins on devrait fixer à .75 la
relation qui existe entre le salaire de base du député et
l'indemnité à être payée aux ministres d'Etat.
Je ne veux pas revenir sur les remarques qui ont été
faites, ce matin, par le chef de l'Opposition et par le député de
Saint-Jacques, remarques qui tendent à nous laisser croire que,
vraiment, même si on l'admet certains ministres d'Etat,
dont le ministre d'Etat aux Transports, je pense, s'occupent de dossiers
très précis, prennent à charge, même à
l'occasion de parties importantes des travaux du ministère.
Je n'ai pas l'intention non plus de revenir sur le salaire des adjoints
parlementaires sur lesquels on a fait toutes les remarques. Même si le
ministre d'Etat, par exemple, aux Affaires sociales, je le sais, s'occupe de
dossiers très précis à l'intérieur de son
ministère, même si le député de Chauveau s'occupe de
dossiers très précis pour l'exécutif, même si les
autres ministres d'Etat ont des fonctions à exercer, il est
évident qu'il faut respecter autant que possible une gradation à
l'intérieur de cette échelle de salaires, de cette politique
salariale prévue pour les diverses indemnités, que ce soient
celles des leaders parlementaires, des whips, que ce soient celles des
ministres d'Etat, des ministre en titre ou du premier ministre.
De sorte que, M. le Président, dans le but d'être
complètement logique avec cette structure salariale, je proposerais que
l'article 13 soit amendé en remplaçant, dans la dernière
ligne du sous-paragraphe c) le nombre 1.00 par le nombre .75. Il me semble, M.
le Président, que cela aurait pour effet, tout au moins, de garder une
certaine différence qui existe actuellement entre l'indemnité du
ministre d'Etat par rapport à l'indemnité qui est accordée
au ministre en titre par rapport à l'indemnité qui est
accordée au premier ministre.
Si vous faites simplement un petit calcul rapide, vous avez 0.4 qui
séparent l'indemnité ou, si vous voulez, de 1.50 à 1.10,
du président de l'Assemblée nationale du chef de l'Opposition et
des ministres en titre par rapport à celle du premier ministre. Il me
semble qu'on devrait respecter approximativement à peu près cette
même différence entre le ministre en titre, le
président de l'Assemblée nationale et le chef de
l'Opposition, d'une part, et les ministres d'Etat, même si on admet que
certains d'entre eux exercent des fonctions importantes, même si on admet
que certains d'entre eux ont une part importante à jouer dans
l'administration publique, que leur rôle à l'exécutif peut
fort bien être très utile, très bien
apprécié.
Mais M. le Président, je ne vois pas comment on accepterait
qu'entre le ministre en titre, le chef de l'Opposition et le président
de l'Assemblée nationale, d'une part, et le ministre d'Etat, d'autre
part, qu'il y ait si peu de différence, qu'il y ait si peu de
reconnaissance du fait que ces trois postes comportent d'énormes
responsabilités et des responsabilités qui sont beaucoup plus
grandes, eu égard à ce qu'on peut confier à un ministre
d'Etat, qui, dans le fond, est un sous-officier, il faut l'admettre. La
personne détenant toute la responsabilité, la personne ayant les
maux de tête lorsque maux de tête il doit y avoir à
l'intérieur d'un ministère, est principalement le ministre en
titre lui-même.
L'équivalence est déjà faite relativement aux deux
autres postes, le chef de l'Opposition et le président de
l'Assemblée nationale, mais il me semble qu'une fois cette
équivalence faite, on doit reconnaître quand même la
distance qu'il doit y avoir entre les deux fonctions, le ministre en titre et
le ministre d'Etat. Il me semble qu'en fixant à .75 la relation
d'indemnité par rapport au salaire de base du député
à l'indemnité du ministre d'Etat, il me semble que ce serait
beaucoup plus réaliste, encore une fois, toujours en vertu du principe
qu'il faut, autant que possible, respecter une certaine cohérence
à l'intérieur d'une structure salariale.
Qu'on ne se trompe pas, M. le Président, l'Assemblée
nationale, lorsqu'elle discute de salaire, en discute de la même
façon que n'importe quelle autre structure salariale et soumise à
la discussion de parties en négociations. Evidemment, on est dans une
situation un peu privilégiée, nous, à l'Assemblée
nationale. C'est, comme je le disais en deuxième lecture,
peut-être le seul cas où, dans une société, vous
avez des travailleurs qui décident de leur salaire. C'est
peut-être le seul cas où les travailleurs eux-mêmes
décident de la relation entre les différents postes à
l'intérieur de leur structure salariale. Il me semble qu'on doit
démontrer encore plus de décence quand on discute d'une
augmentation de salaire qui s'applique à nous, quand on discute de
relation entre les diverses fonctions.
Une des relations que je voudrais au moins voir respectée, c'est
l'ordre d'importance du ministre d'Etat, par rapport au ministre en titre, par
rapport au président de l'Assemblée nationale, par rapport au
chef de l'Opposition.
C'est pourquoi, M. le Président, je vous fais cette proposition
dont je vous ai remis copie, de changer, à l'article qui nous concerne,
le chiffre 1.00 par le chiffre .75.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Cette motion d'amendement du
député de Maisonneuve serait-elle adoptée?
M. HARDY: Vote.
M. MORIN: M. le Président, j'aurais quelques observations...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle.
M. BURNS: M. le Président, y aurait-il moyen de demander aux gens
d'arrêter de jaser quelque part? J'avais de la difficulté
moi-même à me comprendre quand je parlais.
M. HARDY: On vous comprenait bien.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Le chef de l'Opposition officielle.
M. HARDY: Je me suis aperçu que vous avez
répété les choses que vous dites depuis des jours.
M. BURNS: Vous, franchement, là! Il y a des fois où vous
ne vous répétez pas, mais c'est cela qu'il y a de plus grave.
Vous n'avez aucune suite logique dans vos idées. Ce n'est pas ma
faute.
M. HARDY: Ce n'est pas gentil.
M. BURNS: Non, mais qu'est-ce que vous voulez?
M. MORIN: La raison de toutes ces répétitions...
M. HARDY: Bon, on va le savoir.
M. MORIN: ... c'est qu'en face on a quelques difficultés à
comprendre ce que nous disons, semble-t-il. Pourtant, nous l'avons,
effectivement, répété sur tous les tons.
M. HARDY: "Doctor dixit".
M. MORIN: J'aimerais bien que l'écolier mal élevé
qui vient de parler écoute un peu. M. le Président, c'est vrai
que nous avons dû répéter les mêmes choses, je ne
sais combien de fois, de diverses façons. Le problème de fond est
toujours le même. Les augmentations que nous nous apprêtons
à nous voter sont-elles raisonnables par rapport à ce qui se fait
ailleurs et par rapport à l'état de l'économie du
Québec, par rapport à ce que nous sommes disposés à
faire pour nos concitoyens? Voilà les vraies questions.
Nous avons clamé sur tous les toits... Nous avons, par tous les
moyens à notre disposition, tenté d'attirer l'attention de nos
collègues libéraux sur ces questions que tous les citoyens
se posent à l'heure actuelle dans le Québec, et nous
n'avons pas obtenu de réponse autre que: Nous la méritons, cette
augmentation; nous avons besoin de; nous avons des problèmes; la
fonction de député est ceci, cela; la fonction de ministre
mérite telle ou telle considération, tel ou tel traitement et la
fonction de ministre d'Etat mérite tel ou tel traitement.
Ce ne sont pas les véritables questions soulevées par ce
débat. On a tenté de ramener tout cela aux députés,
aux membres de cette Assemblée, comme si nous étions les seuls
à avoir des problèmes au Québec. Nous nous sommes
laissé obnubiler par nos propres problèmes. C'est vrai que nous
en avons, je l'ai dit, je reconnais volontiers que le coût de la vie
augmente pour nous comme pour les autres, mais nous ne sommes pas les seuls
à avoir ces problèmes; c'est ce que nous nous évertuons
à essayer de vous faire comprendre. Nous ne sommes pas les seuls
à avoir perdu notre pouvoir d'achat. Déjà nous
étions privilégiés par rapport à l'ensemble des
Québécois, déjà nous sommes
privilégiés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pertinence! L'amendement, la pertinence, s'il
vous plaît!
M. MORIN: M. le Président, puisque l'amendement porte sur les
ministres d'Etat, ce que je viens de dire peut s'appliquer à eux comme
aux ministres, comme à l'ensemble des députés.
Après l'adoption de cette loi, les ministres d'Etat, comme les
ministres, comme le chef de l'Opposition, comme les leaders de parti en
Chambre, comme les whips, nous tous, nous allons nous trouver loin en avance
par rapport à ce qui se fait dans les autres provinces et nous allons
nous détacher du peloton des Québécois, de la masse des
Québécois par la situation privilégiée que nous
nous créons. C'est le fond du problème.
C'est la raison pour laquelle nous proposons cet amendement qui tend
à réduire le nombre 1.0 par le nombre 0.75; c'est-à-dire
que les ministres d'Etat n'obtiendraient non pas le double du salaire des
députés, mais trois quarts en plus. C'est déjà
il faut bien l'avouer largement payé pour des fonctions
qui sont loin d'être aussi lourdes que celles du ministre.
M. le Président, nous aboutissons, dans les faits, à une
situation où l'Assemblée nationale du Québec va se
détacher largement du peloton des provinces canadiennes. Non seulement
nous allons être loin en avance des neuf autres provinces de ce pays dont
nous faisons encore partie bien malgré nous mais nous
allons donner à tout le pays le mauvais exemple.
Je le répète, je l'ai déjà dit et, quand je
dis mauvais exemple, je songe à ces heures difficiles qui s'en viennent
en 1975 et peut-être même au-delà. Que dira-t-on, M. le
Président, dans quelques mois si les hypothèses, même pas
les plus sombres, mais si les hypothèses assez pessimistes qu'on trouve
chez les économistes à l'heure actuelle se confirment? Que
dira-t-on lorsque nous serons obligés de nous présenter, lorsque
le gouvernement devra se présenter devant les Québécois et
dire: Chers concitoyens, la situation n'est pas aussi bonne que nous l'aurions
pensé. La situation économique dont nous ne sommes pas
responsables, c'est Ottawa qui est responsable, ce sont les Etats-Unis, c'est
le monde occidental, tout le monde est responsable de cela, sauf nous, mais la
situation étant ce qu'elle...
UNE VOIX: Un supporteur.
UNE VOIX: On n'est pas tout seul.
M. MORIN: M. le Président, le jeunesse a raison d'être
inquiète.
UNE VOIX: C'est la réplique à votre discours.
M. PICOTTE: C'est la réplique du député de
Saint-Jacques. Le député de Saint-Jacques peut venir
s'asseoir.
M. MORIN: Heureusement qu'on peut encore se délasser et que la
situation n'est pas encore ce qu'elle risque d'être dans quelques mois.
Mais nous en reparlerons dans quelques mois de cette situation et je me demande
quelle tête nous ferons à ce moment-là quand nous
rappellerons certains de nos propos, des propos que nous tenons depuis une
dizaine de jours et qu'on...
M. BERTHIAUME: Que vous souhaitez.
M. MORIN: Dieu merci! Nous ne le souhaitons pas, parce que ce n'est pas
à l'avantage de personne que la situation économique se
gâte, mais tout le monde nour prédit que cela va être le
cas.
Je lisais justement dans la Presse d'hier matin un analyste qui, pour
dire le moins, nous donne rarement raison, il s'agit de l'éditorialiste
Marcel Adam. Il disait: Dans une période de folle inflation ou
l'exagération est maîtresse d'où viendra l'exemple de la
modération...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Je m'excuse auprès...
M. MORIN: Mais M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... du chef de l'Opposition, l'amendement que
vous avez sous les yeux... il s'agit...
M. MORIN: ... porte sur les ministres d'Etat et je suis en train...
LE PRESIDENT (M. Gratton): ... et de réduire le facteur de 1
à .75.
M. MORIN: Oui et c'est exactement...
M. HARDY: Cela va avoir une grosse... M. MORIN: ... là-dessus que
je parle.
M. HARDY: M. le Président, sur une question de règlement.
J'essaie d'intervenir le moins possible, même si on constate que les
trois quarts du temps le député de Sauvé ne respecte pas
du tout la pertinence du débat. Il faudrait quand même se rendre
compte, comme le député de Beauce-Sud l'a fait remarquer à
juste titre déjà, combien l'attitude, non seulement l'attitude du
député de Sauvé contrevient au règlement mais
combien elle est absolument... je n'ose pas utiliser l'épithète
qui convient...
M. MORIN: Non?
M. HARDY:... par respect pour mes collègues. Quand on compare la
description que donne actuellement le député de Sauvé et
ce que va représenter le salaire des ministres d'Etat dans l'ensemble du
budget de la province, quand on compare ce montant et qu'on prend la peine de
faire une description...
M. MORIN: Est-ce que vous êtes en train de plaider ou...
M. HARDY: Non, je dis que vous n'êtes pas pertinent parce que la
description que vous faites, l'espèce "d'Apocalyspe" que vous...
M. MORIN: Quoi?
M. HARDY: ... Apocalypse, ce nouveau saint Jean que vous voulez
être...
M. BURNS: Vous me faites penser au gars qui parle de "spychologie",
vous.
M. MORIN: Comme le député de Johnson, vous parlez avec
raffinerie.
M. HARDY: Vous pouvez bien...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, puisque je suis mis en
cause, je voudrais bien que le chef de l'Opposition me cite l'endroit exact,
parce que je n'ai pas la langue aussi pointue que ça, je n'ai jamais
"fourché" à ce point-là.
M. HARDY: M. le Président, ce que le député de
Sauvé vient de faire, ça démontre très bien que
quand...
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'ai pas d'objection à ce qu'un
professeur de droit bien payé puisse me montrer à parler, je
pourrais peut-être lui montrer un peu à "braker" aussi de temps en
temps.
M. HARDY: M. le Président, je termine ma question de
règlement en disant que la dernière remarque du
député de Sauvé démontre bien clairement que, quand
on est en face d'un vacuum sur le plan de la pensée, on essaie de tout
abrier cela par la forme.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je peux continuer? Je pense
que le député de Johnson vient d'avoir le mot juste. Il s'agit de
savoir si les députés sont capables de donner l'exemple de ceux
qui savent "braker" au bon moment. C'est ça la question. Pour reprendre
mon exposé au point où je l'ai laissé quand j'ai
été interrompu, je posais, à propos des ministres d'Etat,
comme à l'égard de tous les députés, la question
qui nous est posée par l'éditorialiste de la Presse hier.
Dans une période de folle inflation, où
l'exagération est maîtresse, d'où viendra l'exemple de la
modération? Est-ce que c'est nous qui allons savoir "braker" à
temps, donner l'exemple à nos concitoyens pour le moment où ils
vont devoir à leur tour se serrer la ceinture?
Je sais bien que beaucoup de député libéraux se
disent: Après nous, le déluge! Oui, on va régler notre
problème et, s'il en reste, on s'occupera des Québécois
après.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Réglons celui du ministre d'Etat.
M. MORIN: Oui, M. le Président. D'où viendra l'exemple de
la modération si les députés et je pourrais ajouter
les ministres d'Etat se laissent eux-mêmes entraîner dans la
psychose du chacun pour soi? C'est ça, la question de M. Adam, et je la
trouve fort pertinente.
J'imagine que mes collègues libéraux auront lu cet
éditorial et j'espère que cela aura pu les faire
réfléchir. Il ajoute justement ça ne porte pas
directement sur les ministres d'Etat, mais ça pourrait s'appliquer
à eux comme à tous les autres Les électeurs ne
seraient-ils pas alors tentés de suivre cet exemple venu de haut?
L'exemple donné par ceux qui ne savent pas "braker" et qui parait
s'appuyer sur cette maxime devenue subversive: On n'est jamais si bien servi
que par soi-même. C'est ça qui va se produire au cours des mois
qui viennent. Si ça va mal, nous allons demander des sacrifices à
nos concitoyens. Nous allons leur dire: Bien, le chômage augmente. Il va
peut-être falloir réduire les dépenses publiques. La
situation économique dans l'ensemble du monde occidental fait que le
Québec, étant inséré dans un ensemble
économique plus vaste, est lui aussi touché par ces facteurs
venus de l'étranger.
Comme on n'aura rien fait en 1973 et 1974 pour lutter, comme on n'aura
mis aucun dispositif en place pour relancer l'économie, ça risque
d'être moins drôle d'ici quelques mois. Cela s'applique aussi bien
aux ministres d'Etat qu'aux députés.
LE PRESIDENT (M. Gratton): Pourrais-je faire remarquer au chef de
l'Opposition officiel-
le que ce n'est pas en insérant les mots "ministres d'Etat" dans
une phrase, dans un discours de deuxième lecture, que vous êtes
pertinent. Pour être pertinent, il faut que vous vous rattachiez à
l'amendement qui est de réduire de 1.00 à 0.75, le facteur
multiplicateur.
M. MORIN: Oui, c'est ça. C'est que je tente de faire, M. le
Président. Il est évident qu'en demandant à mes
collègues libéraux de diminuer quelque peu je pense que
nous nous sommes montrés raisonnables dans cet amendement les
avantages donnés aux ministres d'Etat, cela pourrait peut-être
constituer un début d'exemple pour les Québécois qui,
d'ici quelques mois, vont avoir à se serrer la ceinture.
Il faut tout de même aussi garder une certaine gradation dans les
traitements. Si les ministres dont nous disions hier qu'ils ne devraient pas de
toute façon avoir le double du simple député, si les
ministres obtiennent 1.10, nous ne voyons pas pourquoi les ministres d'Etat,
dont les responsabilités sont bien moindres, toute proportions
gardées, auraient le double du salaire des députés, des
membres ordinaires de cette Chambre.
Nous pensons qu'on manque du sens de la mesure, du sens des
proportions.
M. HARDY: Vous trouvez qu'un ministre d'Etat, c'est moins bon que
vous?
M. MORIN: M. le Président, je n'ai pas à comparer avec ma
personne. Hier même, nous avons voté pour que le salaire du chef
de l'Opposition soit diminué. C'est vous qui, voyant venir la logique de
la chose, avez voté pour maintenir le salaire du chef de
l'Opposition.
M. HARDY: On voyait venir votre successeur.
M. MORIN: Oui, sûrement.
M. BELLEMARE (Johnson): Merci!
M. MORIN: Mon successeur viendra en temps et lieu, tout comme le
successeur du ministre des affaires naturelles, des Affaires culturelles...
M. HARDY: Ce n'est pas naturel! C'est quasiment aussi bon que
l'Apocalypse!
M. ROY: C'est plutôt cela.
M. HARDY: Justement, la culture, c'est très naturel. Le
député de Sauvé...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. HARDY: ... ne s'en est pas aperçu, mais son lapsus est
très vrai.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. ROY: C'est ce que je dis.
M. HARDY: C'est cela, d'accord.
M. MORIN: Le ministre des Affaires naturelles aura aussi un successeur
tôt ou tard. Nous pensons que son salaire, comme celui du chef de
l'Opposition, sera trop élevé. Nous pensons que, d'ici quelques
mois, on nous remettra cela sur le nez. On le fera, faut-il l'ajouter, sans
doute, peut-être pas en termes très polis, beaucoup moins polis
que ceux que j'utilise en ce moment.
M. le Président, dans le cas des ministres d'Etat, il faudrait
tout de même noter qu'il y a une différence dans les
responsabilités. Je note aussi que, dans les autres provinces, les
différences entre simple député et ministre et ministre
d'Etat sont beaucoup moindres. Je pense que là, nous exagérons
à nouveau; non seulement nous exagérons dans les salaires de
base, mais nous allons être loin devant le peloton. Nous allons
être $6,000 devant la province la mieux rémunérée
à l'heure actuelle, qui est la Colombie-Britannique. J'ai l'impression
que cela va durer quelque temps, parce que, avec le retrait dont nous venons
d'être témoins, à Ottawa, le retrait du bill qui tendait
à offrir aux députés fédéraux des
augmentations du même ordre que celles que nous sommes en train de nous
voter, j'ai l'impression que l'augmentation de salaire, dans les autres
provinces, n'est pas pour demain.
M. HARDY: II vous reste encore des dents, vous allez les perdre à
mentir comme cela.
M. MORIN: M. le Président, malgré les quolibets du
ministre des Affaires...
M. HARDY: Ce ne sont pas des quolibets, ce sont des
vérités.
M. MORIN: ... les sottises du ministre des affaires naturelles...
M. HARDY: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Sauvé vient de dire que le projet de loi que
nous sommes en train d'étudier actuellement est semblable à celui
qui a été proposé à Ottawa, c'est de mentir.
M. MORIN: Dans le pourcentage d'augmentation.
M. HARDY: Vous mentez!
M. MORIN: M. le Président, est-ce que je vais avoir à
recommencer la démonstration que j'ai déjà faite...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Soyez pertinent !
M. MORIN: ... que cela représente une augmentation de 50
p.c...
LE PRESIDENT (M. Gratton): Soyez pertinent et tout le monde le sera.
M. MORIN: ... de l'indemnité?
M. HARDY: Soyez pertinent et dites la vérité.
LE PRESIDENT (M. Gratton): II vous reste une minute.
M. MORIN: M. le Président, il me reste... M. HARDY: Sans
pédanterie.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! A l'ordre!
M. BURNS: Voulez-vous siéger ce soit tard?
M. HARDY: Les menaces, cela ne me fait pas peur. Je suis bien
prêt...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: Je suis content que votre leader parlementaire vous entende
dire cela.
M. HARDY: Cela ne me dérange pas.
M. MORIN: M. le Président, puisqu'il ne me reste qu'une minute,
je vais me résumer sur cette question...
M. HARDY: Vos petites tactiques duplessis-tes!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. MORIN: Ai-je la parole?
M. BELLEMARE (Johnson): S'il vous plaît, j'ai mon voyage.
M. HARDY: Le député de Maisonneuve se prend pour
Duplessis. Il était bien plus fort que vous.
M. BURNS: On est passablement plus pour Duplessis que nous autres, vous
savez.
M. HARDY: Pas de chantage!
M. BURNS: Du chantage, bien non!
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: On nous impose, sans aucune difficulté...
M. HARDY: Si vous n'êtes pas tranquille, vous allez siéger
jusqu'à samedi.
M. BURNS: Bien oui! On est samedi, au cas où vous ne le sauriez
pas.
M. HARDY: Oui, mais, samedi prochain, c'est cela que ça veut
dire.
M. BURNS: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. MORIN: Le ministre devrait retourner à ses affaires naturelles
et nous laisser discuter de ce problème sérieusement, M. le
Président.
M. HARDY: Vous êtes un beau cas...
M. MORIN: Arrêtez donc! M. le Président, voulez-vous
rappeler le ministre à l'ordre?
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable...
M. MORIN: Parce que tout cela m'empêche de tirer mes
conclusions.
M. HARDY: Vous êtes un beau cas d'anthropologie. Tirez.
M. BURNS: Un beau cas de petit caporal.
M. MORIN: C'est malheureux que le député de Terrebonne
nous entraîne sur des sentiers comme ceux-là, M. le
Président. Je pensais que c'était un projet de loi sérieux
et qu'il convenait de le discuter sérieusement. Tout ce que j'ai
essayé de faire à propos des ministres d'Etat, comme à
propos des ministres, comme à propos du chef de l'Opposition, comme
à propos de tous les membres de cette Assemblée, c'est de
montrer, depuis quelques jours, que ce que nous faisons risque de se retourner
contre l'image du parlementaire et l'image du parlementarisme d'ici quelques
mois. Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Johnson.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je voudrais,
après ce sombre tableau que vient de nous tracer pour la millième
fois l'honorable député de Sauvé, essayer d'apporter des
arguments plutôt positifs. Tout en ne partageant pas, dès le
début, l'augmentation, mon collègue de Beauce-Sud et
moi-même avons présenté une motion pour que le salaire de
base soit plutôt fixé sur l'indemnisation qu'ont connue toutes les
conventions collectives, à ce jour, ce qui nous aurait donné
à peu près $19,000. L'honorable chef de l'Opposition et son
groupe ont voté contre. Je pense qu'à partir de là cela
aurait été plus raisonnable.
Mais, M. le Président, les faits étant les faits,
l'amendement étant rejeté, nous devons continuer l'étude
du projet de loi no 87 très
objectivement. S'il faut mettre des "brakes", je pense qu'il faudrait
peut-être en mettre un peu à cette volubilité qu'ont
employée le chef de l'Opposition et son groupe pour essayer de nous
convaincre que tout ce débat, qui dure depuis 30 heures était
dans l'intérêt public et qui a permis de faire entendre moult fois
le chef de l'Opposition et les membres du PQ, dans des arguments qu'ils ont
répétés et qu'ils continuent de répéter
à chaque article et sous-article. Mais il ne faut pas oublier que
ça coûte $100,000 par jour à la province de
dépenses, en plus ou en moins, mais au moins $100,000.
L'honorable député de Beauce-Sud a fait une
démonstration fort éloquente en disant que l'augmentation des
salaires représentait $782,000, dont $400,000 sont taxables et il
coûte à la province, véritablement, aux contribuables,
à peu près $300,000.
Pour en revenir à la pertinence du débat, un ministre
d'Etat, qu'est-ce que ça fait? Je vous parle d'expérience -un
peu, même s'il y a des gens autour de cette table qui vont dire que ce
sont encore des vieux clichés, mais je leur réserve, pour la
troisième lecture, peut-être une petite surprise, bien
agréable celle-là, surtout au député de
Saint-Jacques qui, hier, m'a insulté, et il n'avait pas assez de temps
pour le faire.
J'aurai ma réplique en troisième lecture, je lui
réserve une petite surprise bien agréable.
M. BURNS: Vous utilisez la troisième lecture pour la vengeance,
quoi?
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne sais pas ce qu'il a fait hier quand il m'a
attaqué comme il l'a fait.
M. BURNS: C'est ça le sens de la troisième lecture?
M. BELLEMARE (Johnson): II y en aura une quatrième pour vous.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Saint-Jacques, question de règlement.
M. CHARRON: Sans intervenir sur ce que veut se réserver le
député de Johnson, je m'en contrefiche, mais je tiens
à...
M. BELLEMARE (Johnson): Moi aussi et pas mal. J'ai à vous dire
que...
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): ... quand un canal d'égout se vide, je
n'ai pas besoin de regarder sur qui il se vide.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, est-ce là la question?
M. CHARRON: J'invoque le règlement pour rétablir une seule
chose. L'affirmation que vient de faire le député de Johnson est
inexacte. Je ne l'ai pas attaqué, hier soir. J'ai attaqué son
parti, c'est exact, et en des termes durs, c'est exact. J'ai rappelé
à cette commission...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, mon temps est
limité. Il fera une autre intervention.
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. CHARRON: ... ce qu'était
son parti...
M. BELLEMARE (Johnson): Je continue et je dis que, dans les
circonstances...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. CHARRON: ... son parti était, ça je l'ai dit... Un
instant, je ne permettrai pas au député de Johnson de le faire.
D'accord?
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! Vous pourrez rétablir les
faits, s'il y a lieu de les rétablir, après l'intervention du
député de Johnson qui ne semble pas vouloir vous céder la
parole. L'honorable député de Johnson, sur l'amendement.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
M. CHARRON: II n'a pas d'affaire à me la céder ou pas, si
j'invoque le règlement...
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai été sage... LE PRESIDENT (M.
Gratton): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): J'ai été un modèle de
patience hier, M. le Président, un modèle de patience...
M. HARDY: C'est vrai.
M. BELLEMARE (Johnson): ... pour endurer ce que j'ai enduré sans
broncher, sauf une expression que je regrette d'avoir laissé tomber.
Mais je vais me servir des voies parlementaires qui me sont données pour
exercer ma réplique. J'aurai le droit, à ce moment, de dire ce
que je pense, M. le Président, du député de
Saint-Jacques.
M. BURNS: Ce n'est pas du député de Saint-Jacques que vous
avez à dire...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: ... en troisième
lecture...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): Ce sont ses propos...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... sur le contenu du projet de loi...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BELLEMARE (Johnson): ... je m'emploierai à les dire. Ce sont
ses propos...
M. BURNS: Bien oui, on va vous écouter.
M. BELLEMARE (Johnson): Oui, après nous.
M. BURNS: Vous avez besoin de vous en tenir...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre! M. BURNS: ... à
l'amendement...
M. BELLEMARE (Johnson): ... en troisième lecture......on verra
cela.
M. HARDY: Le petit chef de police qui recommence.
M. BURNS: Le petit caporal...
LE PRESIDENT (M. Gratton): A l'ordre!
M. BURNS: ... on l'a connu comme vice-président de
l'Assemblée nationale...
LE PRESIDENT (M. Gratton): L'honorable député de
Johnson.
M. BURNS: Cela, c'était un beau...
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, quand on regarde, par
exemple, ce qui est payé à un sous-ministre, dans tous les
ministères de la province, faisant suite aux dernières
négociations collectives de 1972, et qu'on voit qu'il y a des
sous-ministres en titre qui gagnent beaucoup plus qu'un ministre d'Etat, je
pense que là, il y a un parallèle qu'il faut établir
raisonnablement entre un sous-ministre qui travaille sous l'autorité
d'un ministre d'Etat et un ministre d'Etat qui travaille sous l'autorité
d'un ministre.
Si on regarde, M. le Président, en 1970, la différence qui
existait entre un ministre avec portefeuille, qui recevait une indemnité
de $12,000, à ce moment, le ministre d'Etat recevait, comme
indemnité, $8,000. Donc, M. le Président, une différence
de $4,000. En 1971, l'indemnité d'un ministre était de $15,000,
et celle d'un ministre d'Etat était remontée à $12,000.
Donc, $3,000 de différence; 1972, $15,600 et celle du ministre d'Etat,
$12,480; aujourd'hui, M. le Président, il y a, entre le ministre d'Etat
et le ministre en titre, $2,000 de différence. C'est parce que lui
aussi, perd son allocation qui devient taxable, si on l'ajoute à la
"balance", il est dans une position passablement moins avantageuse au point de
vue de l'impôt sur le revenu.
Mais le côté dramatique qu'a voulu développer
l'honorable chef de l'Opposition en se faisant le prophète de malheur
qui pourrait nous arriver, il ne faudrait pas penser que la province de
Québec va vivre, seulement, elle seule, sous un ciel qui ne couvrira pas
tout le monde, surtout tout le nord américain. Si nous avons à
subir un sort que je ne souhaite pas à tous les Québécois
et à tous les Canadiens, nous vivrons, M. le Président, dans un
développement d'une économie qui nous sera imposée,
probablement, soit par des facteurs extérieurs ou même par des
facteurs économiques qui viendront probablement de certaines raisons
plausibles et qui feront que la récession, s'il y en a une, que nous ne
souhaitons pas d'ailleurs... nous avons connu quatre récessions, M. le
Président, depuis 1948, quatre récessions qui ont fait mal en
certaines circonstances, à bien des gens. Mais l'économie
nord-américaine et particulièrement l'économie canadienne,
comme celle du Québec, a été assez forte pour porter,
assez vaillamment, ces années difficiles. Je le souhaite encore. Si je
me fie au tableau très encourageant que nous a livré
dernièrement le ministre de l'Industrie et du Commerce, qui
connaît son domaine et qui surtout, par des statistiques officielles
qu'il n'est pas allé chercher parmi les étoiles ou parmi les
satellites, il a donné des chiffres assez encourageants malgré
une dépression qui pourrait peut-être nous saisir.
Mais, M. le Président, est-ce qu'on a regardé un peu ce
que se paient les centrales syndicales? Est-ce qu'on a regardé un peu ce
que se paient les vice-présidents de centrales syndicales? Est-ce qu'on
a regardé ce que se paie, dans le monde industriel et dans le monde des
affaires, un vice-président ou des vice-présidents de Bell Canada
ou de la Canadian International Paper? Qu'est-ce que sont véritablement
des ministres d'Etat? Ce sont des vice-présidents, M. le
Président..
M. BURNS: Est-ce que le député me permet une question?
M. BELLEMARE (Johnson): Certainement, cela m'est agréable.
M. BURNS: Est-il au courant du salaire que se paient les
vice-présidents des centrales syndicales?
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis bien au courant.
M. BURNS: Quel montant actuellement?
M. BELLEMARE (Johnson): Je n'ai pas besoin de vous répondre.
M. BURNS: Combien gagne le vice-président de la CSN,
d'après vous?
M. BELLEMARE (Johnson): Vous irez voir le rapport annuel qui est
déposé à tous les ans.
M. BURNS: Je n'ai pas besoin d'aller le voir. Je le sais. Combien
pensez-vous qu'il gagne?
M. BELLEMARE (Johnson): Je ne suis pas intervenu pendant la
discussion...
M. BURNS: Non. Je vous ai demandé si vous me permettiez une
question et vous me l'avez permise.
M. BELLEMARE (Johnson): Je vous ai permis une question et je vous ai dit
d'aller voir...
M. BURNS: Vous ne voulez pas de réponse? M. BELLEMARE (Johnson):
Non. M. MORIN: II ne le sait pas.
M. BURNS: Vous ne le savez pas, c'est cela. Admettez-le donc!
M. BELLEMARE (Johnson): Non. Je le sais...
M. BURNS: Si vous le savez, c'est combien?
M. BELLEMARE (Johnson): ... mais je ne le dirai pas.
M. BURNS: Combien gagne le vice-président de la CSN?
M. BELLEMARE (Johnson): Je continue. A Hydro-Québec... Vous irez
voir le compte de frais de représentation pour qu'il le
dépose.
M. BURNS: Non. Vous m'aviez permis une question.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Je vous pose la question: Combien gagne le
vice-président de la CSN?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE (Johnson): Dans les centrales syndicales, et on en a un
exemple assez frappant...
M. BURNS: Vous n'êtes pas capable de répondre. C'est
cela.
M. BELLEMARE (Johnson): ... par la commission Cliche et ce n'est pas
terminé et je le souhaite très ardemment, parce que j'ai
été ministre du Travail et j'ai vu des chiffres différents
de ceux qu'on nous signale aujourd'hui...
M. BURNS: Quel est le chiffre du salaire des vice-présidents de
la CSN?
M. BELLEMARE (Johnson): ... les frais de représentation et les
frais qui sont ajoutés pour assister à...
M. BURNS: Quel est le salaire du vice-président de la CSN?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre! Les règlements sont pour
tout le monde, s'il vous plaît.
Le député de Johnson.
M. BURNS: J'ai de la difficulté à accepter qu'on fasse de
telles affirmations et qu'on ne soit même pas capable de... Je mets au
défi le député de Johnson de dire le salaire qu'il cite.
Il ne sait même pas combien sont payés les vice-présidents
de centrales.
M. BELLEMARE (Johnson): Je dis et je répète que, dans les
centrales syndicales, ils ont un salaire beaucoup plus haut que celui qu'on
peut s'imaginer, par des frais de représentation, par des
journées d'étude, et je parle en connaissance de cause.
Quand on regarde ce qui se paie aujourd'hui à tous les
vice-présidents de compagnie, je pense qu'un ministre d'Etat qui
accomplit bien son travail mérite sûrement la différence de
$2,000 qu'il recevra en plus cette année. Il y aura une
différence entre le ministre et son ministre d'Etat.
Qu'est-ce qu'on demande à un ministre d'Etat? On demande ce qu'on
exige de Robert Quenneville, ministre d'Etat responsable de l'Office de
développement de l'Est du Québec. Et vous croyez que c'est une
mince tâche et vous croyez qu'il n'emploie pas tout son temps pour voir
à ce problème difficile?
Qu'est-ce qu'on demande à M. Phaneuf, ministre responsable du
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports? Voyez sa
présence et voyez son travail. Je ne dis pas que ces gens sont sans
critique, mais je constate la position qu'ils occupent présentement.
Qu'est-ce que fait Mme Lise Bacon comme ministre d'Etat aux Affaires
sociales? On l'a dit ce matin. On lui avait confié une
spécialité que, comme dame, elle peut véritablement
accomplir et pour le plus grand bien et le plus grand bénéfice de
tous les Québécois. Je ne dis pas que c'est parfait.
Qu'est-ce qu'on demande à Fernand Lalonde, ministre d'Etat et
attaché particulièrement à un nouveau mandat? Qu'est-ce
qu'on demande à Bernard Lachapelle, ministre d'Etat responsa-
ble de l'Office de planification et de développement du
Québec?
M. MORIN: Pas grand-chose.
M. BELLEMARE (Johnson): Qu'est-ce qu'on demande à M. Paul
Berthiaume, ministre d'Etat aux Transports? Je le sais pertinemment, pour
l'avoir déjà expérimenté. Je suis allé
à plusieurs reprises voir le ministre et le rencontrer personnellement
pour lui expliquer un certain imbroglio qui existait dans mon comté et
c'est lui-même, personnellement, qui est venu le régler. Je peux
lui rendre ce témoignage et il sait de quoi je parle, et vous pensez que
leur assiduité, que le travail que l'on exige d'eux ne mérite pas
le salaire qu'on leur donne?
Je suis d'accord sur le fait qu'il n'y a qu'une différence de
$2,000 entre le salaire du ministre et le salaire du ministre d'Etat. Je dis
qu'il devrait y avoir une plus grande différence.
Mais quant au poste occupé, quant aux fonctions remplies, je
prétends qu'ils le font avec toute la discrétion, et,
particulièrement, le dévouement qu'on doit apporter à une
tâche aussi délicate. Il ne faut pas, dans cette Chambre, dans
cette commission, être des éteignoirs.
Si on s'est laissé emporter par certaines discussions sur
certains faits particuliers, je pense qu'en général, M. le
Président, tout le monde a été traité avec un
barème qui me semble logique et nécessaire. Il ne faut pas avoir
peur des faits, M. le Président; depuis 1928, il y a eu, je crois, douze
augmentations de salaire et j'ai entendu à chaque fois tous les mauvais
sorts quatorze augmentations de salaire depuis 1928 et à
chaque fois, depuis 1944, qu'il y a eu des augmentations de salaire, j'ai
entendu les mêmes anathèmes, j'ai entendu les mêmes
prophètes de malheur nous réciter à peu près les
mêmes thèses que l'on entend depuis 30 heures à cette
commission.
M. le Président, fort de l'expérience acquise, et
particulièrement de ce que j'ai vécu en politique active depuis
30 ans, je pense que le peuple de la province, les gens qui pourront
réellement discuter, qui pourront véritablement apprécier
le travail que fait le député, pourront certainement
répondre demain que nous n'avons pas exagéré. Ah! M. le
Président, je n'ai pas à juger les autres gouvernements parce que
ce n'est ici ni ma place, ni mon rôle, mais il y a, dans des statistiques
qui sont très officielles, des salaires qui sont beaucoup plus
considérables que celui que l'on s'apprête à se payer.
M. le Président, je voterai donc contre l'amendement parce que je
prétends qu'un sous-ministre a le droit, sûrement en vertu des
conventions collectives, à un salaire équivalent. Je dis que le
salaire que se paient et retirent certains membres de certaines centrales
syndicales est peut-être pour eux un bon salaire mais qui le paie, M. le
Président? C'est la contribution de chaque ouvrier, de chaque
syndiqué à la base, à toutes les semaines. On voit, M. le
Président...
M. BURNS: Dites-les donc, les salaires en question!
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président...
M. BURNS: Donnez-les donc!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE (Johnson): Et, M. le Président...
M. BURNS: Vous êtes incapables de les donner.
M. BELLEMARE (Johnson): ... l'enquête Cliche est en train de le
dévoiler sous bien des aspects. M. le Président, les compagnies
aujourd'hui paient très bien ceux qu'ils engagent comme
vice-présidents et je suis sûr que les ministres d'Etat, tout en
déplorant que la marge entre un ministre et un ministre d'Etat ne soit
pas assez large, assez grande, je prétends... Puisqu'aujourd'hui la loi
en général a été fixée sur des
barèmes et étudiée très consciencieusement, je
voterai contre l'amendement.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): L'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, en m'opposant à
l'amendement suggéré par le député de Maisonneuve,
je voudrais brièvement apporter une contribution. Je n'ai pas
l'intention de répliquer aux propos de prophète de malheur que
faisait le chef de l'Opposition officielle, comme le mentionnait le
député de Johnson, c'est la neuvième fois, je pense, qu'on
entend les mêmes choses. En tout temps, si les gens de la presse
électronique veulent bien m'en faire l'invitation, je suis bien
prêt à rencontrer le chef de l'Opposition officielle et je pense
que tous les deux, devant les Québécois, on pourra leur dire
honnêtement ce que l'avenir économique leur réserve. Je
pense que vous allez voir... Il me semble que vous devriez avoir eu votre
leçon le 29 octobre dernier, qu'en matière de chiffres, on n'a
plus tendance à vous croire, de votre côté, et je pense
avoir confiance en nous.
Je n'essaierai pas de donner un portrait illuminé, je ne dis pas
qu'il n'y a pas de nuage mais je pense que je vais être capable de donner
confiance, que les Québécois...
M. MORIN: Qui vivra verra!
M. SAINT-PIERRE: ... ont raison d'être optimistes dans l'avenir,
dans l'année 1975, l'année subséquente, sur plus d'un
point nous sommes capables d'aller de l'avant.
Ceci dit, M. le Président, pour la pertinence du débat,
revenons-en strictement à l'amendement proposé. Je pense que,
sans faire un retour historique, il faut quand même admettre qu'il y a eu
une évolution sensible au cours de la dernière décennie
dans le rôle des ministres d'Etat. Si on recule de 20 ans, 25 ans en
arrière, je pense que le député de Johnson va admettre que
peut-être, à une période dans les deux gouvernements,
à la fois libéral et unioniste, les ministres d'Etat
étaient un peu un petit sénat ou un peu une période
d'introduction au cabinet proprement dit et que plusieurs de ces titulaires
n'avaient pas de responsabilités précises, souvent d'ailleurs
n'étaient pas attachés à un ministère donné.
D'ailleurs, dans les années soixante et incluant les années
soixante-six à soixante-dix, on a eu tendance à donner de plus en
plus de responsabilités spécifiques à des ministres
d'Etat, de telle sorte qu'aujourd'jui, s'il y a peut-être une certaine
différence au niveau de la responsabilité puisqu'un ministre
d'Etat, généralement, est assigné à un
ministère et n'a pas de responsabilité administrative comme un
ministre en titre néanmoins, cette différence va en s'amincissant
constamment de telle sorte que l'écart de $2,000 que nous proposons dans
le projet de loi me paraît justifié.
M. le Président, je tiens à souligner, dans un premier
temps, que les ministres d'Etat sont membres, en pleine fonction, du conseil
des ministres. Ce qui veut dire que tous les mercredis soir, les ministres
d'Etat et sans dévoiler les secrets d'Etat je m'empresse
de souligner leur grande assiduité.
Constamment, tous les mercredis soir on les retrouve à la table
du conseil des ministres. Ils doivent donc ainsi s'intéresser à
l'ensemble des problèmes qui confrontent le gouvernement, même
dans les secteurs qui ne sont pas directement reliés à leur champ
d'activité. Encore une fois, sans révéler de secrets
d'Etat, plusieurs d'entre eux, si ce n'est pas la totalité d'entre eux,
fournissent un apport positif, valable à la discussion qui a lieu au
conseil des ministres, nous apportent leur expérience personnelle,
l'expérience de leur comté, leur expérience sur le plan
professionnel pour permettre au gouvernement de prendre les décisions
plus éclairées.
Le député de Saint-Jacques avec l'humour qu'on lui
connaît a tenté de tracer un portrait satirique du rôle des
ministres d'Etat. Je ne voudrais pas épuiser les vingt minutes, je ne
voudrais pas participer à un "filibuster" qui, comme le dit le
député de Beauce-Sud, coûte déjà très
cher à la province, plusieurs magots... mais reprenons
brièvement, M. le Président, certains des rôles qui ont pu
être et qui ne sont souvent pas mentionnés à leur juste
valeur par les députés de l'Opposition.
Le député de Joliette, on sait le rôle très
grand qu'il a joué depuis quatre ans dans tout ce qui s'appelle l'Est du
Québec. Le député de Saint-Jacques peut rire, mais je
pense que les statistiques montreront que, durant un très long temps,
les crédits ne débloquaient pas dans tout le programme de l'Est
du Québec et dès que le ministre d'Etat, le député
de Joliette en a eu la responsabilité, il y a eu un effort
concerté pour amener une véritable concentration des
ministères dans l'Est du Québec et permettre ainsi que les sommes
qui avaient été prévues par l'entente soient effectivement
dépensées, que dans certains cas il y ait des
réajustements qui étaient plus conformes aux désirs de la
population. Cela a entraîné, bien sûr, quand on
connaît le degré de consultation qu'on a bien voulu avoir dans la
région, plusieurs rencontres auxquelles le député a
dû se prêter. Je mentionne brièvement, M. le
Président, tout le secteur du placement étudiant dont le
député de Joliette a été responsable depuis
plusieurs années. C'est une opération qui, à ce niveau, se
compare, je pense, au plan budgétaire, au plan des procédures
administratives, au plan d'une certaine efficacité nécessaire,
à certains des ministres en titre et le député de Joliette
l'a fait avec souvent un personnel extrêmement réduit.
Le député de Saint-Jacques nous a posé la question
au sujet du député de Stanstead, le ministre d'Etat aux Affaires
municipales, il se demande ce que fait ce monsieur. M. le Président, je
pense que le Parti québécois aurait avantage d'avoir dans ses
rangs beaucoup plus de gens comme le député de Stanstead. On sait
que leur pénétration dans le milieu rural et
particulièrement dans le milieu de l'agriculture est extrêmement
faible, à peine 1 p.c. ou 2 p.c. Si les députés du Parti
québécois avaient dans leurs rangs des gens de la trempe du
député d'Orford. M. Georges Vaillancourt, ils seraient
peut-être plus sensibilisés à une facette de la vie
québécoise qui semble échapper constamment à ceux
qui veulent bien faire uniquement du crédit social pour intellectuels,
à ceux qui sont uniquement préoccupés de problèmes
qui souvent touchent une seule région, la région de
Montréal. Personnellement, M. le Président, j'ai appris beaucoup
du député de Stanstead dans les quatre ans que j'ai
été au conseil des ministres. Chaque fois que des points de vue
ont été soulevés, même dans des questions qui
relevaient des Affaires sociales, même dans des questions qui relevaient
de la Justice, le député d'Orford nous a amené souvent
cette espèce de gros bon sens qu'on ne saurait sous-estimer sur le plan
de la valeur. Il y en a qui évaluent la compétence des gens
uniquement au niveau des diplômes universitaires, mais l'apport positif
du député d'Orford de nous signaler des lacunes dans les
réglementations qui pouvaient être trop compliquées, que
les gens ne comprennent pas dans les régions, la nécessité
pour le gouvernement de saisir mieux certains problèmes dans des
régions rurales, voici des contributions que le député de
Stanstead nous a apportées et que le député de
Saint-Jacques semble ignorer.
M. le Président, brièvement, le député de
Vaudreuil-Soulanges, M. Phaneuf. On sait que le Haut-Commissariat à la
Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports a pris un essor considérable.
Son
budget qui va dépasser $25 millions ou $26 millions, qui implique
une communication avec toute une foule de fédérations sportives,
d'organismes de loisirs, l'implantation de tout un secteur dans ce domaine des
sports et des loisirs, voilà autant d'initiatives qui ont demandé
beaucoup de temps du député de Vaudreuil-Soulanges et qui, je
pense, comme plan de contribution personnelle peut être très
près de la contribution d'un ministre en titre.
M. le Président, pour le député de Bourassa, Mme
Bacon, le député de Saint-Jacques n'a retenu qu'un voyage
à propos de garderies. Ce serait réellement faire injustice
à la vérité très simple d'oublier toute la
participation de Mme Bacon, député de Bourassa, dans des dossiers
aussi complexes que celui de l'ensemble du secteur des infirmières qui
regroupe plus de 35,000 personnes au Québec, tout le secteur de
l'adoption, tout le secteur des personnes âgées, tout le secteur
des handicapés, tout le secteur des ateliers protégés,
tout le secteur de la publicité des médicaments.
N'est-ce pas là une foule de secteurs qui ont permis au ministre
en titre, le ministre des Affaires sociales, de pouvoir se dégager d'une
partie de ces responsabilités et demander au député de
Bourassa de rencontrer les gens qui étaient préoccupés
dans ces secteurs, de formuler de nouvelles politiques, de nouvelles
initiatives au gouvernement.
M. le Président, le député de Chauveau, ministre
d'Etat responsable de l'Office de planification et de développement,
lorsqu'on connaît la lourde tâche qui revient au
député de Bonaventure, qui est à la fois ministre des
Affaires intergouvernementales et leader du gouvernement, on comprend que, pour
tous les travaux qui touchent l'Office de planification et de
développement du Québec, en particulier les ententes-cadres qui
ont été négociées récemment et qui
continuent d'être négociées au niveau des ententes
auxiliaires entre le gouvernement du Québec et le gouvernement d'Ottawa,
qui nous donnera une somme de $1 milliard pour les cinq prochaines
années, qui toucheront des secteurs nouveaux où l'approche est de
plus en plus complexe, je pense que, dans ces secteurs et dans nombre d'autres,
le député de Chauveau a apporté un apport
extrêmement positif.
M. le Président, on a mentionné tantôt
également, je le répète, l'apport extrêmement
important du député de Laprairie, qui est ministre d'Etat aux
Transports, dans tout ce champ nouveau du transport en commun, le transport des
personnes comme le transport des marchandises, en fait, toute cette approche
nouvelle du ministère des Transports qui ne se voit plus uniquement
comme un ministère de la Voirie responsable de construction de routes et
de ponts, mais qui prend une philosophie globale au problème de
Transport et qui tente, avec beaucoup de succès, je le considère,
de dégager de nouvelles politiques, de nouvelles approches en
matière de transport en commun, en matière d'aide et de soutien
à tout ce qui touche le transport en commun, en matière de
transport en vrac, tout le problème en fait. On se rappelle le
problème des camionneurs artisans, M. le Président. N'a-t-il pas
été un problème qui défrayait les manchettes de
ceux qui voulaient bien être prophètes de malheur? On n'entend
plus parler aujourd'hui des camionneurs artisans. Est-ce que c'est parce que le
problème a été réglé, M. le
Président? Oui, M. le Président et s'il a été
réglé, je pense que le ministre d'Etat, dont on veut
réduire le traitement, subirait une certaine injustice, si on ne veut
pas reconnaître pleinement son salaire.
M. le Président, l'Opposition recommandait un quantum de 0.75
p.c. pour les ministres d'Etat et pour le chef de l'Opposition. Nous avons
résisté à la tentation un peu grande que nous offrait le
député de Saint-Jacques de réduire lui-même le
salaire du chef de l'Opposition officielle. Encore aujourd'hui, nous allons
résister à la tentation de penser que le chef de l'Opposition
officielle a un apport plus important que les ministres d'Etat dans
l'administration du gouvernement. Nous ne voulons pas cela, d'ailleurs nous
l'avons prouvé par notre vote quand nous avons maintenu, malgré
l'opposition du Parti québécois, le salaire du chef de
l'Opposition au même niveau que les ministres en titre et, par nos voix
également, nous maintiendrons à une différence qui ne
dépasse pas les $2,000 le salaire des ministres d'Etat.
M. le Président, au niveau des salaires, on l'a écrit,
encore une fois, sur les 50 p.c, les tableaux que j'ai donnés hier
montrent l'effet très prononcé de l'impôt. Ils montrent
bien finalement, je les ai faits pour les ministres, je peux les faire pour les
ministres d'Etat, si vous voulez bien, que, sur une augmentation brute de
$12,900, le ministre en titre n'en retire que $2,921, soit une augmentation de
7.85 p.c. du 1er janvier 1972 au 1er mars 1974, soit une période de plus
de deux ans et demi. Est-ce que le chef de l'Opposition connaît beaucoup
de travailleurs qui, pendant une période de deux ans et demi, ont connu
une augmentation du revenu disponible de moins de 8 p.c, ce qui est le lot des
ministres en titre et de son salaire lui-même?
M. MORIN: Vous jonglez avec les chiffres.
M. SAINT-PIERRE: Je ne jongle pas avec les chiffres, je tente de
m'appuyer non pas sur des hypothèses ou sur des prophètes de
malheur ou sur du oui-dire, je me base sur des statistiques officielles pour
montrer que l'ensemble du projet de loi et particulièrement les
dispositions qui touchent les ministres d'Etat sont conformes à une
économie qui se veut réelle, sont conformes également
à des principes de cohérence et de logique et veulent simplement
reconnaître la contribution importante qu'ont pu faire les ministres
d'Etat dans l'administration du gouvernement.
DES VOIX: Vote!
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous allons nous prononcer sur
l'amendement. Je vais relire l'amendement à l'article 13: "Que l'article
13 soit amendé en remplaçant dans la dernière ligne du
sous-paragraphe c), le nombre 1.00 par le nombre.75. M. Morin?
M. MORIN: En faveur de l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Belle-mare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Marchand?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Malépart?
M. MALEPART: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns?
M. BURNS: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: On comprendra que je m'abstiens.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Charron? M. Tremblay?
M. TREMBLAY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lachance?
M. LACHANCE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Harvey (Dubuc)?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Roy?
M. ROY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Picotte?
M. PICOTTE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne):
Pour: 2
Abstention: 1
Contre: 13
La motion d'amendement est rejetée.
M. HARDY: Paragraphe c), adopté? M. BURNS: Adopté sur
division.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Paragraphe c), adopté sur division.
Egalement tous les alinéas que comprend le paragraphe c).
M. HARDY: Le paragraphe c) est adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce qu'on s'entend sur le vote des
alinéas que comprend le paragraphce c)?
M. BURNS: Bien, les deux autres, il n'y a pas de problème. Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements pour le
paiement, aux membres du Conseil exécutif, d'allocations pour
déplacements, etc. C'est ça que vous voulez dire, les deux autres
alinéas?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Les deux autres alinéas.
M. BURNS: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté sur division.
M. HARDY: 6 b), adopté? M. BURNS: 6 b), adopté.
M. SAINT-PIERRE: Nous avons un amendement mineur, M. le
Président, à 6 b). L'amendement se lit ainsi: Remplacer l'article
6 b) de la Loi de l'exécutif. Je l'ai déjà proposé,
mais on l'avait remis. On l'a déjà distribué ici ce matin.
Alors l'article 6 b), tel qu'amendé, se lirait
ainsi: Les sommes visées à l'article 6 a) et à
l'article 52 de la Loi de la législature sont payées à
même le fonds consolidé du revenu.
A l'article 52 de la Loi de la Législature, elles sont
payées à même le fonds consolidé du revenu. On
demandait d'où provient le paiement des fonds.
M.. MORIN: Je me souviens que j'avais soulevé cette question.
M. SAINT-PIERRE: C'est ça, c'est à votre demande.
M. MORIN: Merci.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'amendement est-il adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. HARDY: L'article 13, adopté?
M. BURNS: Sur division.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'article 13, adopté sur division.
Article 14.
Article 14
M. SAINT-PIERRE: Un amendement, M. le Président, à
l'article 14. On fait la distribution et j'aurai l'occasion de... Si
j'explique... M. le Président, l'article 14, suivant les amendements qui
ont été donnés, établit donc le nouveau
régime à partir du 1er avril 1974. Donc, vu l'amendement, les
articles 2, 3, 5, 7, 8 et 13 ont effet depuis le 1er avril 1974, quant aux
membres de l'Assemblée qui sont en fonction le 19 décembre
1974.
M. le Président, sur l'article 14, il faut se rappeler que le
rapport Bonenfant... On se rappelle que, dans une large mesure, nous avions
fait cette démarche de confier à un groupe extraparlementaire le
soin de se pencher sur le problème de l'indemnité des
parlementaires et on se rappelle que le rapport Bonenfant nous avait
proposé un niveau de salaire. Nous sommes allés en
deçà, passant de $22,000 à $21,000. Le rapport Bonenfant
nous avait également je cherche la page recommandé
que ces montants soient payables à partir du 1er avril 1974.
Je tiens à souligner, bien sûr, que, par cohérence,
cela implique l'allocation non imposable de $3,000 que recevaient les
députés, depuis le 1er avril 1974 qui est ni plus ni moins
annulée et qui est remplacée par l'ensemble du nouveau
régime, à partir du 1er avril 1974. Il aurait été
bien injuste si, d'une part, les augmentations de salaire avaient
été consenties à partir du 1er avril 1974, comme le
recommandait le rapport Bonenfant et que, d'autre part, nous n'aurions pas
touché aux $3,000 d'alloca- tion non imposables pour les ministres et au
changement de l'allocation de $7,140 à $7,000 pour les
députés. Donc, on retranche les $140. Pour le chef de
l'Opposition officielle, les ministres et le président de
l'Assemblée nationale, on retranche les $3,000 à partir du 1er
avril 1974.
M. le Président, je rappelle que c'est à la page 38 que le
rapport Bonenfant nous disait, et je cite textuellement: "Si notre
système est accepté, nous suggérons qu'il soit en vigueur,
rétroactivement, au 1er avril 1974, soit le début de l'exercice
financier". Vous vous rappelez d'ailleurs, M. le Président, qu'en
justifiant les hausses consenties, en autant que possible, tout en citant des
statistiques moi-même, je m'étais toujours porté entre
l'augmentation du 1er avril 1971, jusqu'au 1er avril 1974, puisque, à
partir du 1er avril 1974, il n'y a plus, à proprement parler,
d'augmentation forfaitaire, c'est une indexation pure et simple sur
l'évolution des salaires moyens des travailleurs canadiens, à
partir du 1er avril 1974.
On comprendra également pour quelle raison il nous a
semblé préférable d'avoir cette disposition
prévoyant que l'article s'appliquait aux membres de l'Assemblée
qui sont en fonction le 19 décembre, c'est-à-dire au moment du
dépôt en première lecture de ce projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maisonneuve.
Motion d'amendement de M. Burns
M. BURNS: M. le Président, votre article est encore pire qu'on le
pensait. J'avais un amendement à proposer, mais je trouve que mon
amendement prend encore plus son sens. Ce qui me fascine actuellement dans tout
cela, c'est combien nous avons la main légère, combien on a la
facilité d'accorder de la rétroactivité lorsque,
déjà, on parle d'augmentations de salaire qui sont
véritablement imposantes.
Je me rappelle, il n'y a pas tellement longtemps, une grève qui a
duré au-delà de trois semaines, comme la Commission de transport
de la Communauté urbaine de Montréal. Ce que les employés
demandaient, ce n'était pas une rétroactivité à un
point tel que cela pouvait dire, au minimum, $4,050, comme dans le cas
présent, cela demandait tout simplement à la Communauté
urbaine de Montréal une rétroactivité basée sur la
simple augmentation du coût de la vie de $750. Cela leur a pris trois
semaines de grève, avec l'intervention du ministre du Travail, avec
l'intervention du premier ministre pour essayer d'obtenir ces fameux $750.
Il y a des cas, dans tout le Québec, qui sont absolument
fantastiques. On n'a qu'à penser aux pompiers de Montréal qui ont
eu exactement à faire face au même problème, simplement
récupérer de façon partiellement rétroactive par
l'obtention d'un montant forfaitaire,
d'un montant semblable de $750 et même, les pompiers de
Montréal, ne sont même pas sûrs, actuellement, de l'obtenir.
Ce n'est pas encore tout à fait réglé, même s'ils
sont retournés au travail.
On n'a qu'a penser aux travailleurs de Québec
Téléphone qui ont fait une grève sur l'indexation
passée de leur salaire. C'est une forme de rétroactivité
qu'ils demandaient. Là, ils sont retournés au travail,
à coups d'injonctions, d'intimidation, à coups de tout ce que
vous voudrez, et même eux ne sont pas certains d'obtenir le quart de ce
qu'ils demandaient.
Avec la demande actuelle prévue à l'article 14, et encore
pire avec l'amendement proposé par le ministre de l'Industrie et du
Commerce en dernier lieu, qui rend toutes les indemnités
rétroactives, les indemnités prévues pour les ministres,
pour le président de l'Assemblée nationale, pour le leader de
l'Opposition, le chef de l'Opposition, les présidents de commission, les
vice-présidents de l'Assemblée nationale, les ministres d'Etat.
On ne parle plus de rétroactivité. Dans le cas du texte de loi
qui nous avait été déposé, on parlait de
rétroactivité générale pour tout le monde, un
minimum de $4,050, c'est-à-dire $21,000 dans l'immédiat,
répartis ou si vous voulez la différence entre $21,000 et
$15,600, c'est-à-dire $5,400 et c'étaient les 9/12, soit les 3/4
de cela qui agissaient comme rétroactivité, en vertu de l'article
14.
Là, on pousse l'indécence un peu plus loin. Si je prends
simplement l'article 6 a), pour les ministres d'Etat dont on vient de parler,
qui eux ont droit à une indemnité de 1.0 p.c. de
l'indemnité actuelle, cela veut dire $8,000 de
rétroactivité d'un seul coup, d'une claque, sans aucun
problème, sans aucune hésitation, alors qu'actuellement au
Québec vous avez des travailleurs qui se battent, non seulement pour
obtenir de la rétroactivité lorsque leur convention collective
n'est pas signée à la date d'expiration de la convention
antérieure, mais qui se battent tout simplement pour faire
reconnaître leur perte du pouvoir d'achat. On ne leur accorde pas cela,
on laisse ces gens à la merci d'une discussion, on leur fait faire
littéralement des grèves illégales, on leur dit:
Débattez-vous dans l'eau bouillante tant que vous voudrez, et nous
autres, sans aucune gêne. Véritablement avec indécence, on
se dit: Je n'ai aucune gêne, parce que l'année fiscale commence le
1er avril 1974, de me voter qui $4,000, qui $5,000, qui $6,000, qui $8,000 de
rétroactivité seulement d'une "shot". C'est ça que je
trouve absolument et proprement indécent.
Il faut se rappeler et il est peut-être important de se le
rappeler que le revenu moyen en 1972 au Québec d'après le
tableau de Statistique Canada, alors que nous nous classions, soit dit en
passant, au cinquième rang et avec ces salaires, il ne faudrait
pas se gêner pour le dire nous nous classons au premier rang au Canada
même en avant du gouvernement fédéral qui a
retiré à la dernière minute son projet d'augmentation...
Avec $21,000 et à compter du 1er janvier $23,300 nous allons nous
classer bien en avant de quelque Législature que ce soit, et même
de la Chambre des communes d'Ottawa.
Jusque-là on peut trouver ça charrier un peu, mais
là on charrie encore plus quand on dit qu'en plus de ça, vu que
c'est nous qui décidons, vu que nous n'avons pas à faire des
trois semaines, des trois mois et des six mois de grève ou même
des trois jours de grève dans le cas des pompiers de Montréal
ce qui était quand même encore pire dans les circonstances
comme responsabilité que les pompiers devaient prendre et comme poids
qu'une conséquence d'un geste comme celui-là pouvait apporter
nous, nous n'avons pas de problème, nous nous les votons les
augmentations de salaire.
Tant qu'à s'en voter, envoie donc "baquet", nous allons nous en
mettre un bon paquet, nous irons en chercher par en arrière, par en
avant, par en dessous, par en haut, et, à part ça, les
indemnités que nous rajustons, envoie donc, à la dernière
minute, de façon, je le dis, hypocrite, parce que ce n'était pas
dans le projet de loi initial, par la simple addition de numéros
d'articles que bien des gens ne comprendront pas, parce qu'ils ne prendront pas
le temps d'aller voir ce qu'il y a à l'article 2, à l'article 3,
5 ou 7, 8 ou 13.
Moi, je dis à ces gens qu'ils n'auront pas le temps d'aller voir
cela, que ce sont les indemnités additionnelles, payées à
un certain nombre de membres de l'Assemblée nationale qui
détiennent des postes dont les ministres, dont le premier
ministre qui reçoit une indemnité de 1.50 de l'indemnité
de base, dont les ministres, qui reçoivent une indemnité de 1.10
de l'indemnité de base, le chef de l'Opposition, le président de
l'Assemblée nationale, votre humble serviteur, le leader de l'Opposition
qui reçoit une indemnité de .45 tout ce beau petit monde
va se péter des rétroactivités, M. le Président,
qui vont varier entre quelque chose comme $4,050 au minimum, pour les neuf mois
passés, à aller jusqu'à des sommes fantastiques qui jouent
dans les $8,000 ou $9,000. C'est tout simplement ce qu'on fait, M. le
Président, par l'addition de dernière minute, l'amendement
hypocrite, à mon avis, d'ajouter un certain nombre de chiffres à
cet article. Mais on n'est pas des valises, M. le Président, on est
capable de lire des textes.
On se rend compte que, quand on dit qu'en plus de l'article 92
là au moins, c'était cela dans le projet de loi original
l'article de base quant au salaire du député, on ajoute l'article
2, le salaire du président de l'Assemblée nationale, des
vice-présidents de l'Assemblée nationale, l'article 3, celui qui
concerne le salaire des adjoints parlementaires, l'article 5, celui qui
concerne la rétroactivité l'article 5, d'ailleurs soit dit
en passant, je ne vois pas ce qu'il vient faire là, j'espère que
le ministre nous l'expliquera l'article 7, M. le Président, qui
nous parle de la relation de 1.0 pour le poste reconnu du
chef de l'Opposition officielle, l'article 8, qui vise les
députés qui détiennent un poste de chef ou de leader d'un
autre parti non reconnu, mais qui en reçoivent les
bénéfices, l'article 13, soit celui qui vise le premier ministre
et les ministres.
M. le Président, on ajoute à l'indécence originale
une indécence encore pire, on fait tout simplement donner une
rétroactivité sur des indemnités additionnelles au salaire
de base du député, ce qui donne comme résultat rien de
moins que ce que je disais tout à l'heure, un minimum de $4,050 de
rétroactivité et cela peut aller chercher jusque dans les $8,000
ou $9,000, si on calcule 1.10 ou 1.50 de la relation du salaire de base.
M. le Président, je propose tout simplement, si on en est venu
jusqu'ici, si on a décidé d'ajuster le salaire à ce
moment-ci, surtout qu'on sait que, dès le mois de janvier, il y aura un
ajustement au coût de la vie, c'est pour cela que même si l'article
92 nous cite le chiffre de $21,000, il ne faudra plus parler, à compter
de maintenant si on veut être honnête à l'endroit de
la population de $21,000, parce qu'avec l'indexation dans quelques
jours, je dirais quasiment dans quelques heures, qui va être
appliquée au salaire de député, celle-ci va porter le
salaire de base de $21,000, qui apparaît à l'article 92, à
$23,000. C'est cela que cela va donner. M. le Président, en plus de
cela, on a l'audace, le sans-gêne, l'indécence d'arriver et de
dire: Tout ce qui est dans cette loi, au point de vue amélioration des
conditions pécuniaires, va être, sans difficulté, sans
problème puisque c'est nous qui décidons, rétroactivement
au 1er avril 1974, avec les conséquences que je viens de décrire,
alors qu'on sait qu'au Québec actuellement, le salaire moyen,
imaginez-vous, se situe dans les $8,000 par année, actuellement et nous,
dans certains cas, on va se payer cela, pas à titre de salaire, mais
à titre de rétroactivité pour neuf mois. C'est cela qu'on
va se payer.
M. le Président, si on veut avoir un petit peu de décence,
malgré toutes les indécences commises ailleurs dans le projet de
loi, on va accepter mon amendement. Je propose, à l'article 14, que cet
article soit amendé en remplaçant les mots "a effet depuis le 1er
avril 1974" par les mots "prendra effet à compter du 1er janvier
1975".
M. HARDY: Quel article amendez-vous? M. BURNS: L'article 14.
M. SAINT-PIERRE: II y a déjà un amendement sur la
table.
M. BURNS: II y avait un amendement?
M. SAINT-PIERRE: II y a déjà un amendement sur la table
qu'on est en train de discuter.
M. BURNS: Cela ne me fait rien. Je le présenterai après et
je vais vous dire tout de suite que je vais voter contre l'amendement.
M. SAINT-PIERRE: C'est pour éclairer...?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que...
M. SAINT-PIERRE: Non. Je n'ai pas tout à fait fini.
M. ROY: Je n'ai pas une longue intervention à faire, mais si le
ministre...
M. MORIN: A qui donnez-vous la parole?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de l'Industrie et du Commerce
pour quelques éclaircissements, le député de Beauce-Sud
après et le chef de l'Opposition officielle.
M. SAINT-PIERRE: Simplement des éclaircissements parce qu'en
écoutant le député de Maisonneuve, je suis certain qu'on
avait l'impression, que par cette mesure rétroactive... Voici les
chèques de $7,000, $8,000 qui s'envolaient à chacun des membres
de cette Chambre...
M. BURNS: Pas à chacun des membres.
M. SAINT-PIERRE: Non, pas à chacun des membres, mais à
certains. Enfin, en partant, vous avez dit: Partir de $4,000 et monter
jusqu'à $8,000 ou $9,000. Compte tenu du fait que le rapport Bonenfant
nous recommandait un nouveau régime à partir du 1er avril 1974,
la logique même demande qu'à partir du 1er avril, tenant compte du
fait que, dans certains cas, on enlève des allocations qui ne sont pas
imposables, que dans d'autres cas on modifie d'autres indemnités, que le
projet de loi, en fait, change la situation actuelle, il m'apparaît
nécessaire qu'en partant du 1er avril 1974, nous changions l'ensemble du
régime incluant l'ensemble de la rétroactivité pour non
seulement le salaire de base, mais également pour les allocations, les
indemnités et les suppléments qui sont donnés. Et je
m'explique dans une seconde, puisqu'il m'apparaît un anachronisme que le
salaire de base change suivant l'article 5, le 1er avril...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE (Johnson): Ce sont les ministres d'Etat qui donnent le
mauvais exemple en arrière.
M. SAINT-PIERRE: ... qu'on change le salaire à partir du 1er
avril 1974 et que finalement, huit mois plus tard, on commence à
jouer avec d'autres fonctions de la loi, tenant compte que c'est
l'essence même, la philosophie même du projet de loi de modifier le
statu quo pour arriver avec un nouvel équilibre que nous demandons.
Mais, hier, j'ai justement donné certains des résultats et
cela a été compilé par les gens de l'Assemblée
nationale. Le député de Maisonneuve pourra peut-être les
avoir. Je vais prendre les deux cas que nous avons donnés hier. On
pourrait faire les calculs pour d'autres. Seulement pour vous montrer ce qu'est
la rétroactivité. Vous verrez que ce ne sont pas exactement les
chiffres que vous avez mentionnés. Je ne conteste pas votre bonne
volonté quand vous avez cité $8,000. Vous avez additionné
deux ou trois chiffres et vous avez dit: Ce sont $8,000, mais les
mathématiques vont être plus conformes à la
vérité pour savoir ce que les gens auront de plus, je vais vous
les donner.
Hier, nous avions pris l'exemple du député...
M. BURNS: $4,050, c'est exact cela?
M. SAINT-PIERRE: Non. Je vais vous montrer ce qui arrive.
M. BURNS: Non?
M. SAINT-PIERRE: Je vais prendre deux cas. Je vais prendre un
député et après cela, je vais prendre, si vous voulez,
soit le chef de l'Opposition officielle ou soit un ministre. On va prendre les
deux cas que nous avions hier.
Je vous ai montré hier que, compte tenu de l'impôt
provincial et de l'impôt fédéral, compte tenu du fait que
nous enlevons certaines des exemptions qui étaient non imposables
je demanderais au député de Maisonneuve de bien m'écouter
nous avons alors une augmentation nette... l'augmentation brute d'un
simple député qui est de $5,400, annuellement, compte tenu de
l'impôt provincial et de l'impôt fédéral additionnel
qui en grugent une bonne partie, elle devient une augmentation nette de $3,250.
Si on parle de ce qu'on retire, il faut également tenir compte et, bien
sûr, cela a un effet sur la pension. Vous en parlerez tantôt.
M. BURNS: Faudrait-il en plus de cela se voter des exemptions
d'impôt?
M. SAINT-PIERRE: Non. M. BURNS: Non?
M. SAINT-PIERRE: J'essaie simplement de montrer qu'il n'y a personne ici
qui aura un chèque comme vous avez indiqué de $4,000 à
$8,000...
M. BURNS: Je n'ai pas parlé de chèque. J'ai dit de
rétroactivité.
M. SAINT-PIERRE: Je vous l'explique, La rétroactivité veut
dire qu'on en envoie 60 p.c. au gouvernement d'Ottawa et au gouvernement du
Québec sur le plan de la fiscalité...
M. BURNS: Quand on me parle de mon salaire à la fin d'une
année, je ne dis pas que je gagne $6,000, si mon salaire brut est de
$10,000 et que je paie $4,000 d'impôt. Ce n'est pas cela. Je dis: Je
gagne $10,000 par année. Voyons donc !
M. SAINT-PIERRE: Hier, j'ai donc indiqué que l'augmentation nette
après impôt pour un député était de $3,250 au
total, compte tenu de tous les changements qui sont apportés au projet
de loi et compte tenu de l'amendement qui est l'objet de la discussion dans le
moment.
Si on retranche $540 qui sera une contribution additionnelle que le
député doit verser au régime de pension notre
régime de retraite le montant net est donc, annuellement de
$2,710.
Comme il y a huit mois qui vont s'écouler entre le 1er avril 1974
et le 1er janvier 1975, il faut donc multiplier par .6. Pour les
députés il faudrait donc multiplier $2,710 par trois quarts, ce
qui donne pour un député $2,710 multipliés par trois
quarts, essentiellement à peu près $2,000 en salaire,
indemnité, toutes les choses de la loi, c'est ce que cela
représente $2,000 qu'il va obtenir de plus.
Dans le cas d'un ministre et du chef de l'Opposition officielle, ce sont
ceux dont vous parliez tantôt qui avaient des hausses de $8,000, parce
qu'ils sont évidemment plus haut dans l'échelle.
M. BURNS: C'est la rétroactivité.
M. SAINT-PIERRE: La rétroactivité, c'est bien cela, en
brut. Alors, en brut, M. le Président, sur une base annuelle, le chef de
l'Opposition le sait, dorénavant il va toucher $12,900 en brut de plus
qu'il ne touchait l'an dernier. Cependant, je l'avertis...
M. BURNS: Trois quarts de cela, ça fait $9,000.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, non cela ne va pas aussi vite que cela
parce qu'avant, le chef de l'Opposition recevait $3,000 d'allocation non
imposable que, dorénavant, il ne touchera pas. Ces $3,000 qu'il aurait
eus l'an prochain, c'était peut-être l'équivalent de
$6,000, compte tenu des taux d'impôt. D'ailleurs, le document que j'ai
déposé hier, M. le Président, prouve bien que, pour le
chef de l'Opposition, sur une base annuelle, il recevra comme augmentation
nette après impôt $2,000... Un instant!
M.MORIN: En brut, pour les ministres et pour le chef de
l'Opposition...
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai dit tantôt, c'est $12,900 en brut; vous
êtes capable de calculer. $31,000...
M. MORIN: La rétroactivité brute.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, M. le Président. Je vous ai dit hier
que l'augmentation nette annuelle était de $2,921.63. Si le chef de
l'Opposition veut continuer de verser des contributions au régime de
retraite, compte tenu que son salaire et les allocations qu'il obtenait
jusqu'à maintenant ont été transformées en salaire,
eh bien ! ses contributions au régime de retraite et je rappelle
qu'au delà de $2,500, ce n'est pas compté comme revenu non
imposable, c'est-à-dire que les exemptions qui sont permises, c'est
directement de sa poche qu'on enlève cela on va être
obligé de lui enlever un montant additionnel de $1,290, ce qui laissera
pour le chef de l'Opposition officielle et les ministres, sur une base
annuelle, un montant net...
M. MORIN: Nous allons faire pitié!
M. SAINT-PIERRE: Un instant, un instant!
M. MORIN: Nous allons faire pitié!
M. SAINT-PIERRE: Oui, c'est un peu cela, M. le Président. Ce ne
seront pas exactement les $8,000 dont on a entendu parler tantôt. Sur une
base annuelle, pour les ministres, ce sera un montant de $1,631
multiplié par 0.75 soit $1,224. Je dis au chef de l'Opposition, ce que
la mesure rétroactive va signifier, du 1er avril 1974 au 1er janvier
1975. Dans les $8,000, il y a bien des gens qui vont être riches, dont le
ministre du Revenu du Québec, le ministre du Revenu d'Ottawa, et il va y
avoir des contributions additionnelles à la caisse de retraite, mais
lui-même, le chèque qu'il va toucher, ce n'est pas $8,000, c'est
$1,224, M. le Président. C'est la vérité.
M. MORIN: En plus du reste.
M. SAINT-PIERRE: Non, non, c'est ça pour la période, M. le
Président, du 1er avril au 1er janvier, $1,224. Encore une fois, M. le
Président, rappelons-nous que le rapport Bonenfant, à la suite de
la démarche qui a été soulignée par bien des
éditorialistes, quand nous avons confié à un groupe
extraparlementaire de se pencher sur la question, le rapport Bonenfant, dis-je,
nous recommande un niveau de salaire égal à $22,000; mais le
projet de loi ne l'a pas suivi sur cela, nous sommes allés à
$21,000. Le rapport Bonenfant, en page 38, nous dit: Si notre système
est accepté, nous suggérons qu'il soit en vigueur
rétroactivement au 1er avril 1974, soit au début de l'exercice
financier. Or, il me paraît cohérent et logique que si nous allons
retourner les salaires au 1er avril 1974, c'est l'ensemble du régime et
l'ensemble du système qui doit être retourné au 1er avril
1974. Sans cela, il y a un manque de cohérence à avoir un salaire
basé sur un système et des indemnités basées sur
l'autre et, huit mois après commencer à tout changer
ensemble.
M. BURNS: Est-ce que je peux vous poser une question, M. le ministre?
Est-ce qu'il y a eu une recommandation du lieutenant-gouverneur sur cette
modification?
M. SAINT-PIERRE: Oui, tous les projets de loi ici, c'est...
M. BURNS: Non. Je ne l'ai pas entendu encore. Je l'ai entendu quand le
projet de loi a été déposé dans sa forme originale,
le projet de loi 87.
M. HARDY: II y a eu une décision de rendue là-dessus.
M. BURNS: II y a eu une recommandation du lieutenant-gouverneur, le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de cet amendement et vous en
recommande l'adoption?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. M. BURNS: Oui, quand cela?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. SAINT-PIERRE: II y a eu une décision de rendue sur cela...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): II y a eu une décision de rendue
à cette commission.
M. SAINT-PIERRE: ... je parle au nom de l'exécutif.
M. BURNS: Quand?
M. SAINT-PIERRE: II y a eu un miniconseil hier soir. C'est vrai, c'est
là que je me suis absenté cinq minutes. On a discuté de
différentes choses.
M. BURNS: Où était Son Excellence, M. Hugues Lapointe,
hier soir?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: II vous a recommandé cela.
M. SAINT-PIERRE: II est au service de la reine, lui, voyons.
M. BURNS: M. le Président, je veux seulement dire une chose. Cela
m'étonne énormément de voir un ministre aussi
sérieux... Là, je vais être obligé de le mettre en
doute à compter de maintenant, mais un des ministres que je
considérais parmi les plus sérieux dans ce cabinet,
c'était le ministre de l'Industrie et du Commerce. Je n'ai jamais vu
d'employeur, lorsqu'il négocie avec ses employés, parler du
salaire net qu'ils vont avoir. Je n'ai jamais entendu parler de cela. J'ai
toujours entendu
parler du salaire brut. Quand les pompiers de Montréal, que je
vous citais tout à l'heure, ont obtenu pas les pompiers, parce
que ce n'est pas encore sûr s'ils vont l'avoir mais quand les gens
de la CTCUM ont obtenu leurs $750, vous savez qu'il y en avait une partie
d'imposable. Chez les fonctionnaires du gouvernement qui reçoivent leur
montant forfaitaire, il y en a à peu près la moitié
d'entre eux qui disent: C'est de la folie, on reçoit à peine 60
p.c. et, dans certains cas, 50 p.c. du montant censé être de
rattrapage vis-à-vis de la perte du coût de la vie. Alors, M. le
Président, cela m'étonne de voir le ministre de l'Industrie et du
Commerce, un ministre que j'ai toujours considéré sérieux,
venir nous parler des bénéfices nets que vont apporter les
mesures qu'il propose à l'article 14. Je suis obligé de parler en
termes de bénéfices bruts parce que vous ne savez pas ce que le
député de Terrebonne, ce que le chef de l'Opposition, ce que
moi-même ou n'importe quel député autour d'ici peut aller
chercher comme retour d'impôt à cause du nombre d'enfants,
à cause d'une certaine situation de dépenses ou quoi que ce soit.
Vous ne le savez pas et ce qui est déduit à la source n'est pas
toujours... Et la preuve même, j'en prends à témoin le
ministre du Revenu, ce n'est habituellement pas cela, son rapport
d'impôt; c'est soit plus, soit moins. Cela n'a rien à foutre avec
le fait qu'on déduise à la source à quelqu'un tant de
milliers de dollars. Ce n'est pas sur cette base-là qu'on doit discuter
de bénéfices qu'on accorde. Cela m'étonne beaucoup, je le
répète. Je suis "flabbergasté", comme on dirait, par
l'attitude du ministre de l'industrie et du commerce de nous parler
actuellement de rétroactivité en termes de
bénéfices nets que cela va donner, c'est-à-dire le
chèque que le député va recevoir dans quelques jours, une
fois que la loi aura été adoptée. Mais ce n'est pas sur
cette base qu'on discute.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je suis surpris des propos du
député de Maisonneuve parce que là, il nous parle
exactement comme un patron.
M. BURNS: Non. Parce que j'ai tellement entendu de patrons me parler, M.
le Président, que je connais leur langage et, avec eux, je n'ai jamais
négocié de bénéfices nets pour les travailleurs que
je représentais.
M. SAINT-PIERRE: Mais je suis certain que, quand vous avez
représenté les travailleurs, si les travailleurs que vous
représentiez avaient un montant de $3,000 comme allocation, comme le
chef de l'Opposition qui est à votre droite, et que, tout à coup,
cette allocation non imposable devient du salaire, je suis certain que vous
êtes suffisamment habile pour signifier à l'employeur qu'il y a
une perte nette pour... C'est cela que j'ai fait.
M. BURNS: J'ai toujours fait je vous mets au défi de me
prouver le contraire des rapports aux travailleurs sur les
bénéfices bruts que leur comporte l'augmentation de salaire ou la
note de rétroactivité qui est accordée. C'est le cas de
n'importe quel représentant syndical qui mérite ce titre. On leur
dit exactement ce que cela apporte au point de vue de bénéfice
brut; ensuite, si le gars a 14 enfants et que ça lui permet une
déduction plus grande, c'est tant mieux pour lui. Mais s'il n'a pas
d'enfant, ça lui coûte plus cher en pourcentage. Ecoute donc,
c'est de même que ça marche, les lois fiscales sont là pour
ça.
M. SAINT-PIERRE: Je suis certain que, si le chef de l'Opposition dit
à son leader parlementaire: Je recevais avant $3,000 d'allocation non
imposable et dorénavant ces $3,000 sont échangés pour
$3,000 de salaire imposable, vous êtes un avocat suffisamment près
des intérêts du travailleur pour lui dire: Mon cher ami, compte
tenu de ton niveau de salaire, tu viens de perdre $1,500. Je pense que ce qu'on
tente de mesurer par des changements importants pour le cas du chef de
l'Opposition, c'est qu'il y a $3,000 qui n'étaient pas imposables, qui
étaient peut-être l'équivalent de $6,000
antérieurement et qui, demain matin, valent seulement $3,000 puisqu'ils
sont imposables.
M. BURNS: En tout cas, M. le Président, je vous suggère de
disposer de l'amendement.
M. ROY: M. le Président, c'est le cas de le dire, c'est un
amendement surprise que le gouvernement vient de nous amener. Si le
gouvernement avait bien noté les propos que j'ai tenus hier soir, je
pense qu'il n'aurait pas apporté cet amendement.
M. le Président, mon intervention sera courte, parce que j'avais
dit hier et je l'ai répété ce matin, que je n'avais pas
l'intention de participer à ce "filibuster" quoiqu'il nous apparaisse
nécessaire, à ce moment-ci, d'intervenir et de faire
connaître notre point de vue.
M. le Président, je demande au gouvernement, logiquement et
raisonnablement, de revenir à l'article 14 original. Il y a quand
même des limites. Nous l'avons demandé et nous avons même
fait une formule de compromis, mon collègue de Johnson et
moi-même, que le gouvernement a rejetée d'ailleurs. Mon
intervention sera très courte mais elle va être claire. En ce qui
a trait à la rétrocativité qui découle de l'article
8, je ne l'accepte pas. Je dis au gouvernement que cela ne sert à rien
de faire un chèque, je vais vous le retourner. Il y a quand même
des limites, je vous le dis en toute franchise; ça va être inscrit
dans le journal des Débats: Vous allez le ravoir!
Renevons à l'article 14, l'article original et pour expliquer
toutes les questions techniques et les questions fiscales, au lieu d'indiquer
dans le projet de loi que la loi entre en vigueur le
jour de sa sanction. Donc, elle peut entrer en vigueur aujourd'hui
même. Qu'on ajoute un amendement au dernier article de la loi et qu'on
indique que la loi entre en vigueur le 1er janvier. Or, tous ceux qui feront
leur rapport d'impôt au 31 décembre ne seront soumis qu'aux
dispositions de l'article 92 de la loi en ce qui a trait à leur rapport
d'impôt pour l'année 1974. Ce n'est pas plus compliqué que
ça. On pourrait faire un long débat sur des questions fiscales,
je pense que ça ne sert à rien, le gouvernement a seulement
à indiquer dans son projet de loi: "La présente loi entrera en
vigueur le 1er janvier" et revenons donc à l'article original, l'article
14. J'ai pris la peine de le dire au gouvernement hier soir que je n'avais pas
demandé la rétroactivité, que je ne la demandais pas.
Qu'on ne me fasse pas de chèque! Vous allez le ravoir, je ne le prends
pas.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: Je serai également bref...
M. SAINT-PIERRE: Allez-vous renvoyer votre chèque aussi?
M. MORIN: Si le ministre veut renvoyer le sien, on va en reparler.
Etes-vous prêt à faire ça?
M. ROY: ... chèque du gouvernement, je vais le renvoyer, quand
bien même on ne le renverra pas...
UNE VOIX: Le député de Beauce-Sud est bien plus
logique.
M. MORIN: M. le Président, je dois dire que je suis
renversé par la façon de procéder du gouvernement.
Pourquoi n'avez-vous pas eu le courage de le dire dès le
départ, d'inclure l'article tel que vous venez de nous le
présenter dans le projet de loi initial? Vous profitez des
dernières heures, espérant peut-être, à la sauvette,
que les choses ne seront pas remarquées, que les Québécois
ne la verront pas passer.
Je trouve que c'est un peu lâche de procéder de la sorte.
Je suis renversé, je suis déçu. J'aurais pensé que
le ministre auquel, malgré toutes les diatribes que nous pouvons avoir
en Chambre ou ailleurs, malgré les accrochages que nous avons pu avoir,
je lui prêtais quelque crédit sur le plan de la droiture, sur le
plan du courage aussi. Je ne comprends pas qu'il arrive au dernier moment avec
un amendement aussi fondamental.
Pourquoi n'a-t-on pas inclus cette disposition dans le projet initial?
Je pense que poser la question, c'est y répondre. Je vais quand
même au-delà des calculs quelque peu emberlificotés du
ministre, lui poser quelques questions. Je lui demande de bien vouloir me
répondre.
M. le Ministre, pouvez-vous me dire, en termes bruts et article par
article, la portée exacte des amendements que vous venez d'apporter?
J'entends en termes bruts. Vous nous avez donné des chiffres nets,
après déduction, etc. Je vous demande les chiffres bruts. Je ne
pense pas que vous ayez à les cacher, je ne pense pas qu'il soit dans
l'intérêt de qui que ce soit que ça ne sorte pas.
Est-ce que vous pourriez, puisque nous amendons l'article 2, m'indiquer
quel va être commençons par le président et le
vice-président, à tout seigneur, tout honneur quels sont
les chiffres bruts dans le cas du président et des
vice-présidents? J'entends le chiffre brut de la
rétroactivité.
Je vous ai posé une question, M. le Ministre. Est-ce que nous
pourrions avoir le chiffre de l'augmentation brute.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce qu'on peut avoir une
suspension pour cinq minutes?
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): Je suspens la séance pour dix
minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
Reprise de la séance à 16 h 59
M. LAMONTAGNE (président de la commission permanente de
l'assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, la période de la
suspension nous a peut-être permis de réexaminer tout cela. Nous
allons maintenir l'amendement, tel que nous l'avons proposé, mais j'ai
un point additionnel à montrer. Simplement, si on parle gros sous,
jusqu'à quel point on parle de mathématiques, comme le
disait le député de Maisonneuve le gouvernement pourrait
être tenté de donner suite à la recommandation du
député de Maisonneuve. Je vous explique pourquoi.
Le texte original du projet de loi on s'entend
établissait clairement la rétroactivité du salaire des
députés à partir du 1er avril. Ceux qui avaient
préparé le texte de loi avaient l'impression que l'article que
nous discutons touchait l'ensemble des indemnités, mais, lorsqu'on s'est
aperçu que c'était dans d'autres articles que nous avions les
montants, enfin le .5, le 1.1 pour les ministres et le 1.0 pour les ministres
d'Etat, c'est là que nous avons apporté l'amendement que j'ai
devant moi.
Je vous expliquerai une chose, simplement, si vous me donnez trente
secondes, M. le Président. Je pense qu'on va vous démontrer ceci:
On voit que, comme député, prenons encore le montant net,
simplement, parce qu'il y a un point important car, en parlant de gros sous, on
aurait avantage, les ministériels, à dire oui à
l'amendement de l'Opposition officielle. Tous les gens, incluant le chef de
l'Opposition officielle, les ministres, les ministres d'Etat, les leaders
parlementaires, comme députés, puisqu'on reçoit une
indemnité comme député, on va recevoir un montant net, sur
une base annuelle, avec deux enfants encore une fois, de $3,250.
M. CHARRON: Rétroactif.
M. SAINT-PIERRE: Pas rétroactif, mais sur une base annuelle;
$3,250, comme député seulement. On voit que, comme ministre, le
total est de $2,900. C'est donc dire qu'avec l'augmentation proposée, on
augmente à $3,200, parce qu'on est député et on perd
effectivement je parle du montant net, après impôt
du fait des charges qu'on occupe, de telle sorte que, si on acceptait le
sous-amendement ou le désir du chef de l'Opposition officielle, tous les
gens du côté ministériel y gagneraient. Effectivement, on
gagnerait, parce que, pour la période allant du 1er avril 1974 au 1er
janvier 1975, au lieu je prends le titre du chef de l'Opposition
officielle d'avoir comme montant net seulement $2,921, pour cette
période, sur une base annuelle, on recevrait, comme tous les
députés, $3,250, puisque, bien sûr, on continuerait
à recevoir une allocation non imposable et des choses semblables.
Vous voyez que, simplement comme gros sous, en dehors des
considérations de cohérence je vais revenir trente
secondes sur cela en parlant gros sous, on aurait intérêt
à prendre la suggestion du député de Maisonneuve puisque,
sur une base annuelle, pour la seule année, on aurait comme montant net
$3,250 au lieu d'avoir $2,921, strictement sur une base annuelle.
Donc, on perd effectivement avec l'amendement. Les ministériels,
les ministres, les ministres d'Etat, les adjoints parlementaires, les whips et
tout cela, perdent effectivement avec l'amendement, en gros sous ou en
rétroactivité. Ils voient leur rétroactivité nette
diminuer, parce que, je le répète encore une fois, sans
être avocat et sans donner un avis juridique, j'ai l'impression que les
$3,000 que le chef de l'Opposition, que moi-même et que d'autres de mes
collègues nous avons reçus, comme allocation non imposable,
effectivement, en décembre, nous serions obligés d'avoir un
réajustement et de payer l'impôt sur ce montant qui, jusqu'ici,
n'était pas imposable. Compte tenu que la loi pour l'ensemble de nos
traitements prend effet le 1er avril 1974...
M. BURNS: Si vous mettez l'entrée en vigueur de la loi au 1er
janvier 1975, le problème ne se pose plus.
M. SAINT-PIERRE: Mais vous changez cependant... C'est parce que le point
que vous avez soulevé, c'est qu'on aurait dû garder l'article tel
qu'il est dans le projet de loi, actuellement.
Ce que j'ai tenté de vous montrer, qui m'avait
échappé au départ tantôt, c'est que ceux qui perdent
par l'amendement que dépose le gouvernement, ce sont justement le
premier ministre, les ministres, le chef de l'Opposition, les ministres d'Etat,
les adjoints parlementaires, c'est-à-dire tous ceux qui voient leur
niveau changer à partir du 1er avril, à cause du montant non
imposable. Et comme je vous l'ai expliqué, avec deux enfants, un
député a un montant net plus élevé comme gain qu'un
ministre.
Je répète encore les chiffres. Dans les cas d'un
député, on vous les a tous donnés en détail,
ça donnait $3,250 par année sur une base annuelle, et pour un
ministre, c'était $2,921. Ces $2,921, c'était la composante de
$3,250 moins négativement, il y avait donc une perte de revenu du
fait qu'il y a des changements qui ont été apportés dans
le projet de loi à 1.10 p.c. $300 environ, ce qui lui donnait un
total de $2,900, et ce qui expliquait pourquoi au net l'augmentation
était de 7.85 p.c.
M. MORIN: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: ... j'avais la parole au moment de la suspension. Est-ce que
le ministre n'a pas fait distribuer un tableau hier? Nous ne l'avons pas tous
eu du côté de l'Opposition.
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai donné aux gens de l'Opposition...
M. MORIN: Est-ce qu'il en reste des exemplaires? Est-ce que nous
pourrions l'avoir?
M. SAINT-PIERRE: II y en a d'autres là.
M. MORIN: Deuxièmement, maintenant que vous nous avez
donné des montants nets, j'aimerais que, pour clarifier la situation,
vous mentionniez également ce que représente la
rétroactivité sur le plan brut, que nous ayons les deux montants.
Je pense que vous devez à l'opinion publique de donner non seulement les
montants nets, mais les montants bruts, et je suis bien convaincu que les gens
sauront faire les nuances s'il y en a à faire. Mais j'aimerais bien que
nous les ayons.
Commençons par l'article 2, par le président et le
vice-président, et ensuite nous prendrons les adjoints parlementaires,
le chef de l'Opposition, le leader parlementaire, etc. Pour le président
et les vice-présidents, ça représente combien en chiffres
bruts? Chacun fera ses calculs pour le montant net.
UNE VOIX: Pour une année.
M. MORIN: Non, le montant de la rétroactivité. C'est
ça que je veux.
M. SAINT-PIERRE: Ce seraient les trois quarts. Je veux bien croire qu'il
y en a qui ne sont pas forts en mathématiques, mais...
M. CHARRON: C'est ça la question, les trois quarts...
M. SAINT-PIERRE: Du montant. Les trois quarts qui vont au 1er avril.
M. CHARRON: Les trois quarts de $21,000.
M. SAINT-PIERRE: Non, les trois quarts des montants additionnels. Je
vous les donne, je les ai ici. Pour les députés... C'est
complexe, parce que l'allocation baisse.
M. MORIN: C'est moins compliqué.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Pour les députés, ça
va être $5,260, les trois quarts de $5,260.
M. MORIN: Les trois quarts de ça. D'accord. Maintenant, le
président, multiplié par 1.10 p.c.
M. SAINT-PIERRE: Dans le cas du chef de l'Opposition officielle, du
président de l'Assemblée nationale et des ministres avec
portefeuille, la différence au brut, sur une base annuelle, serait de
$9,700, mais j'espère que vous aurez l'honnêteté de
mentionner qu'il y a un montant important de $3,000 qui, avant, n'était
pas imposable et qui, maintenant, l'est. Alors, $9,700...
M. MORIN: Vous l'avez déjà dit, M. le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Oui, mais je tiens à le répéter
parce que vous...
M. MORIN: Est-ce que c'est $9,700 multipliés par trois quarts ou
en brut?
M. SAINT-PIERRE: $9,700, c'est un taux annuel, multiplié par
trois quarts de ça, ça va donner environ... Je l'ai.
M. MORIN: Prenez tout le temps qu'il faut. On n'est pas
pressé.
M. SAINT-PIERRE: Le président... Je le fais rester, je ne veux
pas vous... Dans le cas du président de l'Assemblée nationale,
sur une base annuelle, je donne toujours des chiffres sur une base annuelle,
pour l'année 1974, c'est $8,055. Si vous voulez prendre les trois quarts
de cela, en brut toujours.
M. MORIN: $8,755?
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas d'impôt... $8,055, dans le cas
du...
M. MORIN: $8,055...
M. SAINT-PIERRE: ... vice-président...
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: ... sur un taux annuel encore une fois, donc il faut
multiplier par trois quarts, c'est $5,610, un instant! Je m'excuse, M. le
Président, je vais recommencer. J'ai les chiffres d'ajustement pour les
neuf mois. Donc, le vice-président, $8,055, le vice-président,
c'est $5,610... évidemment compris les arrérages à titre
de député, pour l'ensemble de la fonction...
M. MORIN: Oui, on a bien compris cela.
M. SAINT-PIERRE: D'accord! Maintenant...
M. MORIN: Oui...
M. SAINT-PIERRE: ... pour le premier ministre, c'est $8,910...
M. MORIN: Attendez, doucement! ...multipliés par trois quarts
ou...
M. SAINT-PIERRE: Non, non.
M. MORIN: Cette fois maintenant, vous nous donnez les chiffres...
M. SAINT-PIERRE: Je vous les donne...
M. MORIN: Bon, bien alors, recommençons au début,
voulez-vous...
M. SAINT-PIERRE: Très bien.
M. MORIN: ... parce que là, cela mêle tout.
M. SAINT-PIERRE: Le député de Maisonneuve m'avait
dit...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que je pourrais...
M. SAINT-PIERRE: Alors, les chiffres de l'ajustement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... poser une question pour l'information
de tout le monde? Le chiffre que vous allez donner inclut l'indemnité du
député également.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela. M. MORIN: C'est cela.
M. SAINT-PIERRE: C'est la somme globale pour l'ajustement du 1er avril
au 1er janvier.
M. MORIN: C'est ce que je demandais au ministre.
M. SAINT-PIERRE: Alors...
M. TREMBLAY: Est-ce qu'il y aurait possibilité de suggérer
au ministre, pour l'information des journalistes surtout qui vont mettre cela
en grandes manchettes, en donnant le montant brut, donner, à
côté, le montant net aussi? Alors, ils feront leur choix dans leur
publicité pour les journaux de dimanche.
M. MORIN: Le montant net, M. le Président, cela va varier avec la
déclaration d'impôt de chacun.
M. TREMBLAY: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Alors, je répète, M. le Président.
Je pense que c'est...
M. TREMBLAY: Cela peut être calculé sur deux enfants
aussi.
M. SAINT-PIERRE: Je fais confiance aux journalistes d'aller...
M. TREMBLAY: Vous leur faites confiance autant que cela, oui?
M. SAINT-PIERRE: Je leur fais confiance. M. TREMBLAY: Je suis bien
content.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je mentionne également
que ces montants ne tiennent pas compte de contributions à la caisse de
retraite, rien de cela.
M. MORIN: Cela va de soi.
M. SAINT-PIERRE: D'accord.
M. MORIN: Tout le monde sait cela.
M. SAINT-PIERRE: Pour le président de l'Assemblée
nationale, $8,055; pour le vice-président, les vice-présidents,
$5,610; pour le premier ministre, $8,910; pour les ministres avec portefeuille,
$7,275; pour les ministres d'Etat, $8,040...
M. MORIN: Bon! Il reste les adjoints parlementaires...
M. SAINT-PIERRE: ... comment cela se fait-il qu'il y ait tant de
différence avec les ministres? Cela n'a pas de sens. Non, non, le chef
de l'Opposition officielle, où est-il?
M. MORIN: C'est la même chose que les ministres,
c'est-à-dire, $7,275. Il vous reste les adjoints parlementaires.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Le leader parlementaire de l'Opposition
officielle, le député de Maisonneuve, $5,602.50; le chef des
autres partis reconnus, $11,032.50...
M. MORIN: $11,000 comment?
M. CHARRON: Ce ne sont pas les autres partis reconnus. Ce sont les
partis reconnus à la précédente Législature.
M. SAINT-PIERRE: Non. Le chef des autres partis... L'article 98 b).
M. CHARRON: C'est cela. Parti reconnu à la
précédente Législature. D'accord.
M. SAINT-PIERRE: Alors, $11,032.50. Si je comprends bien, c'est le
chèque qu'on va recevoir. Le leader parlementaire des autres partis,
enfin, l'article 98 c): $10,245; le whip en chef du gouvernement: $6,382.50; le
whip en chef de l'Opposition officielle: $4,792.50; les whips adjoints du
gouvernement et de l'Opposition officielle et les whips des partis, selon
l'article 98 b); $6,330; le président des commissions élues:
$4,756.50. Dans le cas du député de Johnson...
M. BELLEMARE (Johnson): Je suis élu depuis le 28...
M. SAINT-PIERRE: Non. Cela va vous donner $7,196.50
M. BELLEMARE (Johnson): Dans les $7,196.50, vous comprenez...
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. BELLEMARE (Johnson): ... ce que vous nous attribuez maintenant comme
chef et la différence.
M. SAINT-PIERRE? C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Les deux?
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Ce n'est pas de l'augmentation dans une
part.
M. SAINT-PIERRE: Non.
M. BELLEMARE (Johnson): C'est ce que le député de
Rouyn-Noranda avait demandé depuis longtemps et vous ajoutez cette
partie à l'autre montant.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela.
M. BELLEMARE (Johnson): Mais dans le fond, ce n'est pas...
M. SAINT-PIERRE: Les adjoints parlementaires: $4,792.50.
M. MORIN: $4,700...?
M. SAINT-PIERRE: $4,792.50; les députés: $3,945; le chef
de l'Opposition officielle: $7,275.
M. MORIN: C'est cela. Comme les ministres et le président de
l'Assemblée.
M. SAINT-PIERRE: Ce sont les montants bruts pour la période 1er
avril 1er janvier 1975. Mais je répète que, si on
acceptait l'amendement du député de Maisonneuve,
c'est-à-dire que la rétroactivité ne s'appliquerait qu'au
salaire des députés, donc l'article 5, et ne toucherait pas les
autres points, eh bien, dans le cas de l'augmentation nette parce que
là, ce sont des chiffres de l'augmentation brute les ministres,
le premier ministre, les ministres d'Etat, les adjoints parlementaires, le
leader parlementaire de l'Opposition officielle, tous ces gens perdraient
effectivement.
M. BURNS: Pardon?
M. SAINT-PIERRE: Augmenteraient. C'est qu'en acceptant la proposition du
gouvernement, ces gens, relativement ont moins d'argent que si on avait
accepté la proposition du leader parlementaire du Parti
québécois.
M. BURNS: Au contraire. Je ne laisserai pas passer cela. Ce que je veux
dire, c'est que ma proposition est qu'il n'y ait pas de
rétroactivité. Que ces nouveaux salaires commencent le 1er
janvier 1975.
M. SAINT-PIERRE: Si le texte de loi avait été
laissé tel qu'il fut imprimé en première lecture, les gens
que j'ai nommés les ministres, le premier ministre, les ministres
d'Etat et tous les autres auraient eu plus qu'ils obtiendront
effectivement par l'amendement qui est suggéré.
M. BURNS: Très bien. Mais pas avec ma motion. Ma motion est: Pas
de rétroactivité.
M. HARDY: C'est important ce qu'il vient de dire, parce que le chef de
l'Opposition...
M. BURNS: C'est possible, non, il a parfaitement raison.
M. HARDY: ... prétendait qu'on voulait prendre tout le monde par
surprise.
M. BURNS: Je vous avoue que cela nous a pris par surprise. On prend
bonne note des remarques qui nous sont faites. Mais, M. le Président, je
vous pose le problème, à savoir si on doit d'abord disposer de la
motion du ministre de l'Industrie et du Commerce ou bien s'il n'y aurait pas
lieu d'abord de disposer de la mienne qui est dans le but avoué de
mettre l'augmentation au 1er janvier 1975.
M. HARDY: M. le Président, en pratique, cela ne change rien et
pour respecter le règlement je pense qu'on devrait d'abord se prononcer
sur la motion du député...
M. BURNS: Si on voulait bien respecter le règlement, on ne
permettrait pas, par un amendement, d'amender plusieurs articles.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Voulez-vous me donner votre
sous-amendement. Le problème évidemment, vous savez, que
pose...
M. BURNS: ... sous-amendement, je n'ai pas d'objection.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): C'est-à-dire que vous vous
attaquez, dans votre amendement, strictement à la date. Or, c'est le
fond même de la motion d'amendement du ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Bien...
M. BURNS: Non, je m'excuse, M. le Président, je ne veux pas vous
contredire inutilement mais le fond même de l'amendement du ministre,
c'est d'inclure dans la rétroactivité des articles qui n'y
étaient pas; la date n'est aucunement changée.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sans vouloir faire une guerre de
procédure, peut-être que votre amendement pourrait porter sur les
numéros.
M. BURNS: Non, non, je ne touche pas à cela. Je ne touche pas
à cela parce que le principe vaut, en ce qui me concerne, tant pour les
numéros que pour le salaire de base.
M. SAINT-PIERRE: Je pense qu'on est d'accord sur l'amendement que j'ai
déposé en premier, finalement.
M. HARDY: Alors, on va se prononcer sur l'amendement qui est sur la
table. Respectons le règlement, cela va être celui du ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. BURNS: D'accord.
M. HARDY: II y a plus de chances de ne pas s'embrouiller
inutilement.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce qu'on peut voter?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Oui. Avant, par exemple, pour que ce soit
clair, je tiens à dire qu'une fois que l'amendement proposé par
le ministre de l'Industrie et du Commerce sera adopté ou refusé,
s'il est adopté, à ce moment-là, ce sera le 1er avril,
c'est difficile de revenir sur une date comme celle-là.
M. BURNS: M. le Président, je vous prierais d'accepter ma motion
comme sous-amendement. Je prends la motion qui est proposée par le
ministre de l'Industrie et du Commerce et je l'amende à mon tour,
c'est-à-dire que j'en fais un sous-amendement et je vous demande de
changer les mots "ont effet depuis le 1er avril 1974" et de les remplacer par
"prendront effet à compter du 1er".
M. HARDY: On vote sur le sous-amendement?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): D'abord, l'honorable député
de Maisonneuve a le droit de présenter un sous-amendement. Il faut voter
sur les sous-amendements avant de voter sur les amendements.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Vous avez ce
problème-là...
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... si tout le monde est d'accord...
M. BURNS: Les deux en même temps.
M. BELLEMARE (Johnson): M. le Président, je veux vous demander
avant de voter, afin de donner mon vote très judicieusement: L'honorable
député de Maisonneuve dit que le salaire devrait commencer le 1er
janvier 1975...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais le lire à nouveau. Le
sous-amendement proposé par l'honorable député de
Maisonneuve se lit comme suit: Que l'article 14 soit amendé en
remplaçant les mots "a effet depuis le 1er avril 1974" par les mots
"prendra effet à compter du 1er janvier 1975".
M. CHARRON: M. le Président, ce n'est pas l'article 14, c'est
l'amendement du ministre.
LE PRESIDENT: Ah! oui, oui.
M. BURNS: Là il faudrait, M. le Président, parce que mon
amendement a été préparé en fonction...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Evidemment, nous allons tenir
compte...
M. BURNS: Là, il faudrait changer, dans le texte que je veux
changer, le mot "a" par le mot "ont", puisque maintenant il y a plusieurs
articles qui sont visés et quant au reste, mon amendement demeure le
même.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Etes-vous prêts à vous
prononcer sur le sous-amendement de l'honorable député de
Maisonneuve?
M. ROY: Mon vote, comme j'ai dit tout à l'heure, ne changera pas
l'issue du résultat.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Si vous êtes prêts...
M. ROY: Je ferai connaître ma position, M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que vous êtes prêts
à vous prononcer? M. Morin?
M. MORIN: Pour le sous-amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Belle-mare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): Pour l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Marchand?
LE PRESIDENT (M. Lamontagne):
Pour: 5
Contre: 11
Le sous-amendement est rejeté.
M. HARDY: On revient à l'amendement.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): On revient à l'amendement
proposé par le ministre de l'Industrie et du Commerce. L'amendement
touche les articles 14, 15 et 16. En fait, l'article 14, mais...
M. BURNS: Donnez-les donc un par un, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): 14, bon! Est-ce que vous voulez
enregistrer un vote également?
M. BURNS: Oui, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'amendement du ministre de l'Industrie et
du Commerce. M. Morin?
M. MORIN: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Bellemare (Johnson)?
M. BELLEMARE (Johnson): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Marchand ?
M. MARCHAND: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Malepart?
M. MALEPART: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns?
M. BURNS: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron?
M.CARON: En faveur.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. MARCHAND: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Male-part?
M. MALEPART: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Saint-Pierre?
M SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Burns?
M. BURNS: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Caron?
M. CARON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Faucher?
M. FAUCHER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Hardy?
M. HARDY: Contre.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Charron?
M.CHARRON: Pour, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay?
M. TREMBLAY: Contre.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): M. Lachance? M. Harvey (Dubuc)?
M. HARVEY (Dubuc): Contre.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. ROY: Pour.
LE PRESIDENT (M.Lamontagne): M. Picotte?
M. PICOTTE: Contre.
M. HARDY: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Carpentier?
M. CARPENTIER: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Berthiaume?
M. BERTHIAUME: Pour
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Charron?
M. CHARRON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Tremblay?
M. TREMBLAY: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Lachance?
M. LACHANCE: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Harvey (Dubuc)?
M. HARVEY (Dubuc): En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. ROY: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): M. Picotte?
M. PICOTTE: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Contre: 5. Pour: 12.
La motion d'amendement portant sur l'article 14 est adopté.
Article 15.
M. MORIN: On ne peut pas amender l'article 6, nous ne l'avons pas encore
adopté.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, là, il y a...
M. HARDY: On va revenir au début. On va revenir à
l'article 4.
M. SAINT-PIERRE: Aux articles 4 et 6, si vous voulez. Il y a une
question de les prendre l'un après l'autre.
M. HARDY: Article 4.
M. SAINT-PIERRE: L'article 4, M. le Président, qu'on avait
suspendu.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 4.
Article 4 (suite)
M. MORIN: Nous avions des explications que devait nous fournir le
ministre des Affaires culturelles sur la portée exacte de cet article.
Est-ce qu'il a pu réfléchir et...
M. HARDY: Oui, M. le Président, j'ai réfléchi
longuement, j'y ai même passé une partie de la nuit
dernière et il n'y a pas d'autres explications que celles que j'ai
déjà données, à savoir que le paragraphe 3 de
l'article 4 ne change rien, dans la réalité, à ce qui
était, n'ajoute pas ou ne diminue pas.
La seule conséquence de l'article 3 c'est que l'on résume
ce qui était à l'article 76 et que l'on évite ainsi des
erreurs à venir. Mais si on veut concrétiser bien clairement,
à savoir c'étaient les inquiétudes du
député de Beauce-Sud, c'étaient le genre
d'inquiétudes ou de questions qu'on formulait si un
député recevait en trop une somme d'argent, est-ce que cela
était couvert par l'article 4 que nous proposons actuellement, je
réponds non parce que cela ne change rien.
M. BURNS: M. le Président, je me demande, c'est ça la
question principale, j'ai très bien compris hier le ministre des
Affaires culturelles nous dire que le texte avait une approche plus
française dans sa rédaction, donc, qu'il évitait les
énumérations qui s'y trouvaient. Mais j'y vois quand même
des changements assez majeurs, outre cette énumération, plus
particulièrement, je lui ai mentionné hier la différence
de rédaction dans les premiers mots. Je ne m'occuperai pas de
l'énumération qu'on retrouve dans l'actuel alinéa 3 de
l'article 76. Par exemple, l'actuel alinéa 3 nous dit: "Les
indemnités et allocations, de quelque nature qu'elles soient,
payées en vertu de la présente loi on pourrait utiliser
les mots qu'on retrouve dans le texte tel que proposé aux membres
de l'Assemblée nationale" on oublie l'énumération, je
l'oublie complètement. Le début de cet article est très
différent à mon avis, en tout cas, on pourra...
M. HARDY: II y a des mots de moins.
M. BURNS: II y a des mots de moins et il y a des mots qui changent
énormément la signification de l'article. Vis-à-vis des
mots "les indemnités et allocations", on transfère ça par
les mots "le paiement", ce qui peut peut-être avoir une certaine
équivalence. Par la suite, dans l'ancien texte, on voyait "le paiement
ou les indemnités et allocations de quelque nature qu'elles soient",
c'est quelque chose qui ne se retrouve pas exactement dans le nouveau texte.
Deuxièmement, quand on veut qualifier ces paiements d'allocations ou
d'indemnités de quelque nature
qu'elles soient, dans l'ancien texte, on dit: Payées en vertu de
la présente loi, dans le nouveau texte on dit: "le paiement suivant la
présente loi. Je vous donne tout simplement la différence encore
plus évidente dans le texte anglais, lorsqu'on dit: "the indemnities and
allowances of any nature je parle du vieux texte...
M. HARDY: C'est seulement une traduction.
M. BURNS: ... paid under this act to the president, etc... qu'on peut
remplacer par "les membres de l'Assemblée nationale". Dans le nouveau
texte, le ministre va sûrement noter la très grande
différence dans la façon de rédiger le texte, on dit: The
payment to the members of the National Assembly in accordance with this act of
indemnities, allowances etc". Je me dis qu'il y a un vieux principe de droit
qui dit que le législateur n'est pas censé faire des choses pour
ne pas que ces choses aient un effet quelconque éventuellement. C'est
pour ça qu'on a demandé au ministre hier, quelle est l'intention
derrière l'amendement qui fait que vous voulez que ce texte ait un effet
différent, mis à part, je l'oublie, l'énumération
des différents postes, je comprends que c'est une façon
peut-être plus simple de légiférer. Je veux juste savoir
comment on a décidé, à un moment donné, de
dire...
M. HARDY: On fait disparaître les mots "de quelque nature".
M. BURNS: ... "de quelque nature que ce soit et payées en vertu
de cette loi" pour les remplacer par une absence totale de "quelque nature que
ce soit" et "suivant la présente loi".
M. HARDY: Alors, M. le Président, je ne peux qu'apporter la
réponse des légistes, à savoir que c'est purement une
technique législative. On me dit, on me l'avait dit hier et on me le
confirme aujourd'hui, "de quelque nature qu'elle soit" n'ajoute ou
n'enlève rien, c'est-à-dire qu'à toutes fins pratiques, ce
sont des mots de trop. Le fait de les faire disparaître ne change rien
à l'effet...
M. BURNS: M. le Ministre? Excusez, je ne voulais pas vous interrompre,
je pensais que vous aviez fini. Allez-y!
M. HARDY: "De quelque nature qu'elle soit" n'enlève rien à
l'effet. Le suivant: "aux membres de l'Assemblée nationale, suivant la
présente loi, ou payé en vertu de la présente loi",
là également on me confirme que cela n'a aucune différence
quant à l'effet juridique. C'est uniquement une rédaction qu'on
considère plus conforme à une bonne rédaction d'un texte
législatif.
M. BURNS: Est-ce que le ministre étant donné que
ça ne change rien, étant donné aussi que ce texte nous est
connu, qu'il est tellement connu, il y a même une accusation qui a
été portée en vertu de ce texte serait d'accord de
garder ce texte quitte à enlever l'énumération que tout le
monde, de part et d'autre, juge inutile?
M. HARDY: On ne fera pas de grand débat là-dessus, car on
me dit que la rédaction, sur le plan juridique, serait de meilleure
qualité, mais si ça peut satisfaire le député de
Maisonneuve, là il en portera le poids. C'est lui qui sera
responsable...
M. BURNS: Oui, oui.
M. HARDY: ... d'une moins bonne rédaction sur le plan
juridique.
M. BURNS: Je cours ce risque parce que je n'aime pas voir changer en
cours d'instance, les textes sur lesquels on a à se débattre.
M. HARDY: Et on reviendrait à: "Le paiement, de quelque nature
qu'il soit...
M. BURNS: On reviendrait, M. le Président, je vous suggère
de dire...
M. HARDY: Les indemnités.
M. BURNS: "Les indemnités et allocations de quelque nature
qu'elles soient, payées en vertu de la présente loi aux membres
de l'Assemblée nationale ne sont pas..." Tout le reste, ça
va.
M. HARDY: C'est-à-dire que là vous changez: Suivant la
présente loi, des indemnités, on circonscrivait...
M. BURNS: Le texte actuel, M. le Président, se lit comme suit :
Les indemnités et allocations, de quelque nature qu'elles soient,
payées en vertu de la présente loi au président, aux
vice-présidents et toute l'énumération et on arrive
à la fin ne sont pas des causes d'inhabilité au sens de
l'article 75. Je vous suggère d'enlever l'énumération,
mais de garder l'essence du texte, c'est-à-dire...
M. HARDY: C'est parce que vous laissez tomber quelque chose.
M. BURNS: Oui, dites-moi quoi? Je n'ai pas laissé tomber quelque
chose.'
M. SAINT-PIERRE: Autres sommes et bénéfices.
M. BURNS: Ah oui! D'accord. Je veux seulement enlever
l'énumération, si c'est pour simplifier le texte, mais je veux
qu'essentiellement le texte soit le même.
M. HARDY: Alors, il faudrait dire: Les indemnités, allocations ou
autres sommes ou bénéfices, de quelques nature qu'elles soient,
payées en vertu de la présente loi aux membres de
l'Assemblée nationale.
M. BURNS: Ne sont pas des causes d'inhabilité au sens de
l'article 75.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Voulez-vous annuler complètement ce
deuxième paragraphe et le remplacer par un que vous allez composer?
M. HARDY: II faudrait peut-être rédiger un texte parce que
c'est assez important.
M. BURNS: D'accord. Vous comprenez ce que je veux dire, M. le ministre.
Moi, je veux tout simplement que l'essence du texte actuel soit là, et
même que les mots soient là. Je n'ai pas objection à ce
qu'on enlève: le président, vice-présidents, le chef de
l'Opposition, le leader de l'Opposition, les ministres, etc.
M. HARDY: Enlever l'énumération. A partir des idées
que vous avez exprimées, M. Rioux va écrire un texte qu'on pourra
vous soumettre et, pendant ce temps-là, on pourrait peut-être
étudier l'article 6.
M. SAINT-PIERRE: A l'article 5, il y a un amendement que nous avons
déjà mentionné au député de Maisonneuve. On
le distribue actuellement. Il est très mineur.
Alors, il y aura un petit amendement qui est plutôt de la
technique législative, c'est-à-dire Supprimer le numéro
d'ordre de l'article 92 a) de façon à l'incorporer à
l'article 92 et remplacer, dans la deuxième ligne, les mots et chiffres
"à l'article 92,," par les mots "à l'alinéa
précédent". Essentiellement, dans l'article 5, actuellement, nous
avons les articles 92 et 92 a). C'est simplement pour une meilleure technique
législative.
M. BURNS: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. HARDY: On continue de suspendre l'article 4 pour revenir à
l'article 6.
M. BURNS: C'est cela.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 6?
Article 6 (suite)
M. BURNS: M. le Président, je pense que l'article 6, on peut
l'adopter. On l'avait gardé en suspens uniquement, parce que...
M. SAINT-PIERRE: L'article 12.
M. BURNS: ... on attendait d'adopter l'article 12, avant. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'il soit adopté.
M. HARDY: On retourne à l'article 15.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 6, adopté.
Article 15
M. SAINT-PIERRE: A l'article 15, M. le Président, nous avons un
amendement qui a déjà été distribué. Donc,
l'article 15 est remplacé. L'article 6 se lit: "Les paragraphes 2) et 3)
de l'article 12 prendront effet le 1er avril 1975".
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 15,adopté?
M. BURNS: Adopté, M. le Président.
M. HARDY: Mais il y a un nouvel article 16.
Article 16
M. SAINT-PIERRE: II y a un nouvel article 16, M. le Président:
"La présente loi entre en vigueur le jour de sa sanction". Cela serait
l'article 16.
Je tiens à mentionner au député de Maisonneuve que
ce nouvel article 16 a au moins l'avantage de permettre
particulièrement, dans les points de la formation du comité que
vous aviez mentionné, de démarrer immédiatement ainsi que
pour la nomination des membres du comité consultatif et le travail.
M. BURNS: Même s'il n'a pas à exercer son mandat avant le
1er avril 197 5.
M. SAINT-PIERRE: C'est cela, avant le 1er avril 1975.
M. BURNS: D'accord.
M. CHARRON: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: ... je m'excuse de revenir sur l'article 15, mais quand le
ministre a annoncé le nouvel article 16, je croyais qu'il y avait
quelque chose de nouveau qu'il présentait.
M. le Président, l'article 15, tel qu'il est là, dit que
le comité en question, le comité qui sera créé,
peut exister désormais, à partir d'aujourd'hui.
M. SAINT-PIERRE: C'est dans l'article 16.
M. CHARRON: Oui. Mais, ces décisions, en vertu des
différents paragraphes de l'article 12, ne prendront effet que...
UNE VOIX: Lors de la sanction.
M. CHARRON: C'est ce dont je voulais m'assurer. Merci.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Article 15, adopté. Article 16?
M. SAINT-PIERRE: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction".
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté. Nous allons entendre la
rédaction...
M. HARDY: Oui, seulement...
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): ... du paragraphe, du deuxième
paragraphe de l'article 4.
UNE VOIX: Est-ce que vous l'avez? M. HARDY: M. le
Président...
Article 4 (suite)
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs! L'amendement
à l'article 4.
M. HARDY: ... je propose que le paragraphe 3 de l'article 4 se lise
maintenant ainsi: "Les indemnités, allocations ou autres sommes ou
bénéfices de quelque nature que ce soit, payées en vertu
de la présente loi aux membres de l'Assemblée nationale se sont
pas des causes d'inhabilité au sens de l'article 75".
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
M. BURNS: Adopté.
M. HARDY: M. le Président, je propose l'ajournement sine die.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté?
M. BURNS: II faut adopter le projet de loi dans son ensemble. Il n'y a
pas une motion d'ensemble.
M. HARDY: Pour être bien sûr, M. le Président, je
propose que la commission adopte le projet de loi no 87, tel
qu'amendé.
M. BURNS: La motion est adoptée sur division.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Sur division.
M. HARDY: Et je propose l'ajournement sine die.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 36)