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Commission permanente de l'Assemblée
nationale
Etude du rapport sur la réforme des districts
électoraux
Séance du mardi 27 janvier 1976
(Quinze heures treize minutes)
M. Gratton (président de la commission permanente de
l'Assemblée nationale): A l'ordre, messieurs!
La commission de l'Assemblée nationale est réunie cet
après-midi pour entreprendre l'étude de la réforme de la
carte électorale. Les membres de la commission pour la séance
d'aujourd'hui seront les suivants: MM. Bédard (Chicoutimi), Bellemare
(Johnson), Leduc (Taillon), Brown (Brome-Missisquoi), Burns (Maisonneuve),
Caron (Verdun), Marchand (Laurier), Hardy (Terrebonne), Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine), Bellemare (Rosemont), Léger (Lafontaine), Houde
(Fabre), Perreault (L'Assomption), Massicotte (Lotbinière), Harvey
(Charlesbourg), Samson (Rouyn-Noranda), Tardif (Anjou).
J'inviterais la commission à désigner un de ses membres
pour agir comme rapporteur. Puis-je suggérer l'honorable
député de Rosemont comme rapporteur?
M. Bellemare (Rosemont): Avec plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que c'est là le
souhait de la commission?
M. Burns: Est-ce qu'il est bilingue?
Une Voix: Tout à fait.
M. Burns: M. le Président, on va l'accepter.
Le Président (M. Gratton): M. Bellemare (Rosemont) agira
comme rapporteur. L'honorable ministre.
M. Hardy: M. le Président, nous entreprenons...
M. Caron: M. le Président, je m'excuse. Jean Boudreault,
le député de...
M. Burns: De Bourget.
M. Caron: Le député de Bourget remplace le
député de Fabre.
M. Burns: De Fabre.
Le Président (M. Gratton): Alors?
Une Voix: Est-ce que c'est possible de faire la correction?
Le Président (M. Gratton): Oui, si la commission y
consent. Le député de Bourget remplacera le député
de Fabre.
L'honorable ministre des Communications.
Exposés préliminaires M. Denis
Hardy
M. Hardy: M. le Président, nous entreprenons cet
après-midi une étape importante dans le processus de la
réforme des districts électoraux, étape que l'on pourrait
qualifier de parlementaire en regard de l'étape qui est remplie par la
commission de la réforme des districts électoraux.
La loi qui a créé cette commission permanente de la
réforme des districts électoraux, le bill 80, qui a
été sanctionnée le 14 juillet 1971, constituait un
changement radical dans ce domaine.
Les motifs qui avaient incité le gouvernement à proposer
cette loi, à ce moment-là, étaient de faire en sorte
d'éviter les abus qui avaient pu se produire ou qui s'étaient
effectivement produits dans le passé en matière de réforme
de la carte électorale, abus communément appelés
"gerrymandering".
Autrefois quand, seuls le Parlement ou les députés
étaient habilités à confectionner une nouvelle carte
électorale, il était évident que, la nature humaine
étant ce qu'elle est, le parti au pouvoir, le parti ministériel
ou la majorité au Parlement, avait des tentations de se laisser inspirer
par des motifs d'ordre électoral pour confectionner les cartes.
Là-dessus, je pense que tous les partis politiques, que ce soit
au fédéral ou au provincial, ont, à un moment ou à
un autre de leur histoire, succombé à cette tentation. Je vois
mon bon ami le député de Maisonneuve me regarder en
fronçant les sourcils. J'ai l'impression qu'il veut presque me dire:
Vous savez, si nous, les péquistes, nous étions au pouvoir, dans
des circonstances semblables, jamais nous ne succomberions à cette
tentation.
M. Burns: Je n'ai pas froncé les sourcils, j'ai souri, M.
le ministre.
M. Hardy: Probablement en vertu du dogme-Une Voix: En
souriant.
M. Hardy: Probablement en vertu du dogme de
l'Immaculée-Conception des péquistes.
M. Burns: C'est possible. M. Lacroix: C'est
commencé.
M. Bellemare (Johnson): Que celui qui est sans
péché jette la première pierre.
M. Lacroix: ... ceux qui ne sont pas purs.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez remarqué que
l'Immaculée avait aussi écrasé un serpent.
M. Hardy: M. le Président, cette loi qui créait la
commission permanente de la réforme des districts électoraux
assurait en même temps ou respectait la souveraineté du Parlement,
contrairement à ce qui existe dans un autre Parlement, à l'heure
présente. A Ottawa, ce ne sont pas les députés qui ont une
juridiction ou la juridiction finale sur la confection de la carte
électorale. C'est une commission indépendante qui décide,
en dernier ressort. Ici, la souveraineté du Parlement a
été respectée.
Je pense que c'est valable. En effet, si on examine ce qui s'est
passé en 1972 où, pour la première fois, on avait
l'occasion d'appliquer cette formule, alliant le rôle d'une commission
indépendante et la participation du Parlement, on se rend compte que la
carte électorale adoptée à la fin de 1972 respecte d'une
part des critères objectifs, grâce au rôle de la commission
indépendante, et respecte également des éléments
importants, des éléments d'ordre sociologique,
géographique, économique ou démographique et ce,
grâce à l'intervention des députés.
Les députés qui, ayant une connaissance très
concrète, précise du milieu dans lequel ils vivent, peuvent,
à la lumière de cette connaissance et de leur expérience
personnelle, apporter des suggestions, émettre des opinions et
suggérer des amendements qui font justement que la carte
électorale, tout en ayant encore une fois un caractère objectif,
un caractère non partisan, respecte les données dont je viens de
faire mention.
Ou côté gouvernemental, c'est notre intention de
procéder, cette fois-ci, de la même façon que nous l'avons
fait en 1972, c'est -à-dire que, dans un premier temps, nous pourrons,
après les remarques préliminaires des représentants des
partis politiques et des députés, procéder à
l'audition des membres de la commission permanente. Dans un deuxième
temps, les partis politiques ou les députés pourront proposer des
amendements au rapport qui a été préparé par la
commission indépendante. Par la suite, la commission indépendante
se retirera pour délibérer sur les suggestions ou sur les
propositions formulées par les membres de la commission parlementaire,
pour déposer un nouveau rapport, comme cela avait été fait
en 1972, rapport dont prendra connaissance la commission parlementaire pour
fins de discussions. Finalement, il y aura rédaction de la loi qui devra
passer par le processus législatif normal, c'est-à-dire la
deuxième lecture, de nouveau l'étude de cette loi par la
commission de l'Assemblée nationale et la troisième lecture.
Je termine M. le Président, en disant qu'il est extrêmement
important que, pendant tous nos travaux, les travaux de la commission
parlementaire, lorsque nous serons appelés à étudier la
loi, nous respections les principes de base qui ont inspiré le
gouvernement dans ses lois de 1971 et 1972. Ces principes de base, je pourrais
les résumer de la façon suivante: D'abord, la carte
électorale doit reposer uniquement sur des critères objectifs et
non partisans. Deuxièmement, une carte électorale est, d'abord et
avant tout, un outil pour assu- rer une représentativité aussi
équitable que possible de l'électoral au Parlement ou, en
d'autres termes, une circonscription électorale n'est pas une
entité administrative, n'est pas une entité
économique.
C'est d'abord un territoire ou une portion de territoire qui n'est pas
délimité, afin de permettre aux gens qui habitent cette portion
de territoire de déléguer un des leurs au Parlement.
Enfin, les autres considérations dont on peut tenir compte,
même si c'est prévu dans le bill 80, ou dont les
députés peuvent tenir compte, les autres considérations
d'ordre géographique, économique, sociologique,
démographique peuvent être valables, mais toutes ces
considérations doivent respecter le principe fondamental, le principe de
base de la représentativité.
M. le Président, c'était là les remarques que je
voulais faire au début de cestravaux.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Maisonneuve, au nom de l'Opposition officielle.
M. Robert Burns
M. Burns: M. le Président, je demande d'avance la patience
des membres de la commission, parce que j'ai une déclaration qui est
assez substantielle, mais je pense qu'au début de ces travaux, c'est
parfaitement normal que l'Opposition fasse voir globalement son point de
vue.
M. Hardy: De toute façon, si c'est vous qui l'avez
préparée, cela doit être bon.
M. Burns: Sûrement bon, parce que c'est moi qui l'aie
préparée. Remarquez que cela aurait pu être aussi bon si
cela avait été préparé par un autre.
M. Hardy: C'est moins bon d'habitude.
M. Burns: Je vais vous en remettre une copie.
M. Lacroix: Cela va aller plus vite, vous l'avez
déjà lue.
M. Burns: Oui.
M. le Président, j'ai fait préparer des copies. Les autres
membres de la commission ainsi que les membres de la commission permanente
pourront en avoir des copies, ainsi que les journalistes.
Je vais commencer immédiatement, M. le Président, à
vous livrer la position de l'Opposition officielle.
Le Parti québécois avait appuyé avec enthousiasme
et sans la moindre hésitation la création, en 1971, de la
commission permanente de la réforme des districts électoraux.
Cette demande de réforme avait même été inscrite
dans le programme officiel, ne vous en déplaise, du Parti
québécois, dès son congrès de fondation, en octobre
1968.
Elle avait été soumise à la commission de
l'Assemblée dans un document de travail sur la réforme
électorale, le 23 septembre 1970.
Dès la parution du premier rapport de la commission permanente,
en mars 1972, et en dépit d'un filibuster de l'Opposition du temps
dois-je vous rappeler que ce n'était pas le Parti
québécois qui l'était les députés du
Parti québécois ont offert un appui complet à la
commission permanente.
Nous avions bien souligné que le premier rapport risquait de
perpétuer la disproportion démographique des districts urbains,
particulièrement ceux de la région métropolitaine, par
rapport aux districts ruraux, ce qui nous paraissait un accroc au principe de
l'égalité de représentation pour tous.
Cependant, sauf pour cette crainte exprimée, nous avons
épaulé le travail de la commission. Nous avons soumis un nombre
relativement minime de recommandations quant au premier rapport et nous nous
sommes soumis de bon gré au second rapport de la commission permanente
en juillet 1972.
Les raisons principales de notre attitude, toujours positive, face aux
commissaires, provenaient de ce que, premièrement, il nous semblait
nécessaire d'avoir un préjugé favorable à
l'équipe chargée d'une réforme aussi importante et qui
s'imposait d'une façon aussi criante et depuis aussi longtemps.
En second lieu, le premier rapport, au-delà de nos craintes
exprimées, était essentiellement sain et constituait un travail
d'autant plus excellent qu'il était le premier.
Troisièmement, dans le premier rapport et dans le second rapport,
des commissaires faisaient explicitement et abondamment référence
à des critères très hautement louables dans la fabrication
d'une carte électorale, soit des critères numériques,
géographiques et sociologiques.
En ce qui touche spécifiquement ce troisièmement, nous
avions toutes les raisons de croire que si les commissaires jugeaient bon
d'expliciter ces critères aussi éloquemment, c'est bien parce
qu'ils avaient l'intention ferme d'y conformer leur travail.
Or, fort malheureusement, le troisième rapport de la commission
permanente soumis en avril 1975 met la hache dans l'application correcte de ces
critères.
Le redécoupage, tout particulièrement de la grande
région métropolitaine, nous apparaît clairement constituer
ce que nous avons déjà appelé un pointilleux exercice de
comptable.
L'utilisation intelligente de critères humains visant à
constituer autant que possible des unités organiques dont la
stabilité dépasserait l'avis d'une Législature a
été sacrifiée à un exercice purement et
bêtement arithmétique.
Cela ressemble, à mon avis, à un travail d'ordinateur sans
âme qui fait fi systématiquement de sains critères
numériques, d'élémentaires critères
géographiques et d'importants critères sociologiques.
Dans un premier temps, en examinant la para- lysie des critères
numériques que nous retrouvons dans le rapport, permettez-moi de vous
citer, à la page 4, le premier rapport de mars 1972 de la commission:
"Dès maintenant, nous signalons qu'il faudra peut-être, à
l'article 9 de la loi, changer le nombre de 32,000 électeurs qui, s'il
demeure le diviseur du total d'électeurs, produira un quotient qui
augmentera considérablement le nombre de districts électoraux et,
en même temps, celui des députés de l'Assemblée
nationale. Il appartient à celle-ci..." c'est-à-dire
à l'Assemblée nationale ... de décider si ce nombre
doit demeurer à peu près ce qu'il est aujourd'hui ou augmenter.
C'est un problème politique qui ne relève pas de notre
commission".
Dans son rapport de 1975, cependant, M. 1e Président, la
commission tranche de fait le débat en augmentant la moyenne des
électeurs parce qu'elle a refusé de créer plus de deux
nouveaux districts.
M. le Président, je ne peux que vous citer les chiffres, les uns
comparés aux autres, de 1970 à 1976. Les électeurs au
Québec, en 1970, 3,478,578 par rapport à 108 districts, donc une
moyenne par district de 32,209. En 1973, 3,364,111 électeurs au
Québec, donc le résultat que nous connaissons déjà:
110 districts, une moyenne par district de 34,219. En 1976, 4,072,768
électeurs, c'est-à-dire 112 districts, une moyenne par district
de 36,364. Vous voyez, simplement par l'examen de ces trois moyennes par
district, qu'on a effectivement, par le rapport de la commission, fait varier
le chiffre de 32,209 à 36,364. Je vous cite tout simplement, pour la
compréhension de ces chiffres, que le chiffre pour 1976 a
été obtenu en supposant un nouvel accroissement de 8.2% d'ici
1976. Mais l'augmentation du collège électoral a
été effectivement de 8% de 1966 à 1970 et de 8.2% de 1970
à 1973.
Malgré un accroissement de 282,522 électeurs pour
l'ensemble du Québec, qui justifierait la création de neuf
districts de 31,724 électeurs ou encore de huit districts de 35,690
électeurs, la commission n'en propose que deux.
La moyenne des districts de l'île de Montréal, qui
était de 36,756 électeurs par district avec les chiffres de 1970,
et 31 districts, se retrouve à 37,496 électeurs par district,
c'est-à-dire 1,162,379 électeurs pour 31 districts
électoraux. Elle dépassera le nombre de 38,000 électeurs
en moyenne par district aux prochaines élections avec le même
nombre de 31 districts. Je n'ai pas besoin d'insister sur cela, parce qu'il me
semble que cela va vous paraître très clair tout au long de notre
argumentation, c'est un des éléments importants qui soutient
notre argumentation.
Compte tenu de cette moyenne proposée par la commission, il reste
une marge de 2,504 électeurs pour ne pas dépasser la norme de
40,000, ce qui est minime. Le projet de carte sur l'île de
Montréal est donc uniquement arithmétique. C'est un projet qui,
par un système de vase communicants, permet aux 31 districts de
s'échanger des morceaux de façon à atteindre le nombre le
plus voisin possible de la moyenne de 37,500 électeurs.
Le résultat obtenu est le suivant. Là, M. le
Président, j'ai aligné un certain nombre de chiffres, je pense
que cela vaut la peine de s'y arrêter.
Des districts de moins de 37,000 électeurs, il n'y en a aucun
dans la région métropolitaine. De 37,000 à 37,250, il y en
a six; de 37,251 à 37,500, il y en a onze; de 37,501 à 37,750, il
y en a dix; de 37,751 à 38,000, un, et, de plus de 38,000, il y en a
trois, pour un total de 31 districts qui recoupent toute la région
métropolitaine de Montréal.
Rappelons que 250 électeurs représentent environ une
section de vote. C'est dire que, sur l'île de Montréal, deux
districts sur trois diffèrent entre eux d'au plus l'équivalent de
deux sections de vote. Pour arriver à un tel équilibre
arithmétique des collèges électoraux, la commission s'en
est trouvée réduite, je pense, à dessiner des
frontières sinueuses et arbitraires qui épousent visiblement
celles des sections de vote et qui, évidemment, ne peuvent plus
respecter ni les régions géographiques, ni les entités
socio-culturelles.
Toujours dans le premier rapport de mars 1972, on retrouve cette
citation intéressante, à la page 21 : "Dès le
début, nous soulignons que deux facteurs se sont imposés à
notre attention: le nombre croissant ou décroissant des électeurs
dans un territoire donné et son caractère urbain ou rural". Le
nouveau projet cependant ne tient plus du tout compte du facteur
démographique et prépare ainsi de nouvelles
inégalités de représentation, contrairement à
l'esprit de la loi. Je ne veux vous citer qu'un certain nombre de chiffres que
je ne vous citerai pas tout au long mais que les membres de la commission, tant
parlementaire que de la commission de réforme, pourront examiner, et il
m'apparaît que ces chiffres soutiennent exactement ce que nous
prétendons.
Je ne cite qu'à titre d'exemple le comté d'Anjou. Dans le
projet de 1972, on retrouvait 34,520 électeurs; à
l'élection de 1973, 37,885 électeurs, et le projet de 1975 nous
amène 37,536 électeurs. Ce sont un peu les mêmes
proportions qu'on retrouve dans Jeanne-Mance, peut-être de façon
plus évidente, et cela vaut peut-être la peine de citer
Jeanne-Mance; dans le projet de 1972, il y avait 37,241 électeurs;
à l'élection de 1973, 49,478 électeurs et dans le projet
de 1975, 38,090 électeurs. Il y a des chiffres qui vous sont
cités et je vous en fais grâce, pour les comtés de
Lafontaine, Marguerite-Bourgeoys, Pointe-Claire, Robert Baldwin, Sauvé.
Egalement dans la région des Laurentides, on retrouve votre beau
comté de Terrebonne, M. le ministre, L'Assomption, Prévost et
Joliette qui, tous, si on compare les divers chiffres, c'est-à-dire le
projet de 1972, l'élection de 1973 et le projet de 1975, qui nous
permettent de retrouver cette même progression, posent des
problèmes particulièrement sérieux sur le plan de l'examen
de cette carte divisée, comme je le disais tout à l'heure,
purement et simplement sur une base arithmétique.
On voit, d'après ce tableau, que les onze districts, dont six ont
déjà dépassé la norme, malgré un
collège prévu assez faible, ont tous, dans le projet
déposé, un nombre d'électeurs supérieur à ce
qui avait été prévu en 1972. C'est assez
intéressant à noter.
Ce sont des milieux où il y a vraiment une expansion
démographique et où on est en droit, sauf preuve du contraire, de
s'attendre qu'il y aura encore une expansion démographique
importante.
M. Hardy: A la condition qu'il y ait toujours un bon
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je ne me suis pas lancé
là-dessus; on y reviendra plus tard, à l'aspect du bon
gouvernement.
Le nouveau projet, en ce qui nous concerne, M. le Président,
prépare, de façon certaine, des déséquilibres aux
prochaines élections et ce, contrairement à l'esprit et à
la lettre de la loi qui est explicite et je cite: "La commission doit s'assurer
que chaque district électoral comprend 32,000 électeurs et,
à cette fin, elle devra tenir compte des facteurs de variation de la
population." C'est un texte qu'on retrouve à l'article 9 de la loi.
Autrement dit, M. le Président, la commission ne tient plus
compte de l'évolution démographique, comme le lui enjoint la loi,
et ce, malgré l'expérience passée des quinze districts qui
ont dépassé la norme de 40,000 électeurs aux
dernières élections.
Encore une fois, M. le Président, qu'il me soit permis de me
référer au premier rapport de 1972, à la page 20. On y lit
ceci: "Cela est particulièrement visible dans les Laurentides où,
malgré un accroissement de 29,577 électeurs, la commission n'a
pas créé de nouveaux districts." Pourtant, elle affirmait, dans
son premier rapport, et je cite: "Les critères d'ordre
socio-démographiques ont trait à la population et au peuplement.
De la population, il faut évaluer la densité et le taux
d'accroissement".
Cela est encore plus visible à notre avis aux deux
extrémités de l'île de Montréal où,
d'ailleurs, la commission elle-même se dédit de son rapport de
1972. Dans son rapport de 1972, à la page 45, on peut lire ceci: "Les
extrémités est et ouest de l'île, domaines de la
circulation de transit et, par définition, éloignées du
centre-ville, disposent encore d'espaces précieux pour l'implantation
industrielle et résidentielle. En prévision de cette
évolution, les électeurs de ces districts varient entre 30,000 et
35,000 électeurs."
Cela, M. le Président, signifiait, à notre avis, dans le
premier rapport, les chiffres suivants, c'est-à-dire: Anjou: 34,520;
Lafontaine: 32,093; Pointe-Claire: 30,429, et Robert Baldwin: 32,029.
Aujourd'hui, on ne tient plus compte de cela puisque les chiffres
proposés je tiens à le souligner sont les suivants:
Anjou: 37,536; Lafontaine: 38,090; Pointe-Claire: 37,670 et Robert Baldwin:
37,527.
Dans chacun des cas, vous avez des augmentations, avec le nouveau projet
proposé, qui varient entre 4,000 et même, dans un cas, c'est le
cas de Pointe-Claire, qui sont de 7,670 électeurs, avec ce qu'on
connaît du développement de ces deux endroits.
Dans le premier rapport, il était question de l'étude de
la variation des taux quinquennaux de la population des municipalités de
l'île de Montréal et de la ville de Laval. Je réfère
les gens qui sont intéressés à retrouver cette citation
à la page 46.
Aujourd'hui, malgré la connaissance de la variation des
populations électorales dans ces districts, la commission
prépare, inévitablement et j'insiste une nouvelle
refonte après les prochaines élections. Je pourrais être
méchant, M. le Président et vous dire, à ce stade-ci que,
peut-être, du moins c'est notre conception, ce sera nous qui serons au
pouvoir. Est-ce que c'est une réforme de la carte électorale que
vous voulez préparée par le Parti québécois? Sinon,
il faudra peut-être y voir tout de suite. Je veux dire que c'est le
risque que vous prenez.
Vous dites que vous laissez le texte de la commission tel qu'il est ou
vous faites une réforme complète en prenant le risque que le
Parti québécois lui-même fasse la réforme
après les prochaines élections.
M. Hardy: Me permettez-vous une question? M. Burns:
Certainement.
M. Hardy: Je ne sais plus trop où on va, depuis dimanche.
Vous opposez-vous à ce que votre chef a dit? Est-ce que cela laisse
entendre que vous êtes...
M. Burns: Je n'ai jamais fait de prédiction sur la date
des élections et vous ne me ferez pas me mettre en contradiction avec ce
que mon chef a dit.
M. Hardy: On ne le sait plus. Vous lancez des ballons et vous en
êtes rendus à les crever vous-mêmes. Cela fait qu'on ne le
sait pas trop.
M. Burns: II y a des gens qui sont mieux que moi pour faire des
prédictions. Je ne suis pas en mesure d'en faire.
M. Bellemare (Rosemont): Quel chef! M. Burns: Je n'en ai
pas fait.
M. Hardy: Je reconnais votre sagesse traditionnelle.
M. Burns: C'est cela.
M. Hardy: Revenons à votre...
M. Burns: Revenons, M. le Président, à la critique
générale que je faisais à l'endroit du rapport de la
commission permanente.
Le deuxième aspect que j'aimerais toucher, à ce stade-ci,
M. le Président, c'est ce que je désigne comme étant la
bousculade des critères géographiques, tel que nous le
mentionnions dans l'introduction du texte que je vous soumets.
La commission, à notre avis, viole systématiquement le
critère géographique qui veut qu'un district ne réunisse
pas des entités disparates entre elles et géographiquement mal
connectées. Ce faisant, elle se dédit de son énoncé
de principe formulé dans son premier rapport. Je vous
réfère à ce premier rapport, toujours de mars 1972,
à la page 20 où on lit ceci: "En milieu urbain, même s'il
est toujours possible de communiquer rapidement d'un secteur de la ville
à un autre, il faut tenir compte des obstacles anthropiques à la
circulation comme une cour de triage, une autoroute ou un canal." Toujours dans
de premier rapport, à la page 46, on lit ceci: "L'étude de la
variation des taux quinquennaux de la population des municipalités de
l'île de Montréal et de la ville de Laval, l'examen de l'obstacle
anthropique que constituent les grandes voies de circulation, le vacuum humain
déterminé par certains parcs industriels et certaines cours de
garage et de triage, telles furent les principales considérations qui
ont présidé à l'élaboration des districts de ce
secteur." Toujours dans ce rapport de mars 1972, à la page 20, on
retrouve la citation suivante: "Les critères d'ordre
socio-démographique ont trait à la population et au peuplement.
De la population, il faut évaluer la densité et le taux
d'accroissement. Du peuplement, il importe de considérer les isolats et
les milieux."
Donnons, M. le Président, les exemples les plus frappants qui
contredisent ces principes. Vous me pardonnerez de citer le comté de
Maisonneuve le premier, mais c'est le comté qui m'est apparu comme
représentant une des caractéristiques de cette défaillance
du rapport.
Le district de Maisonneuve reçoit du district de Bourget, selon
le texte projeté un secteur séparé du reste de Maisonneuve
par une cour de triage du CN qui s'étend du fleuve jusqu'à la rue
Hochelaga, c'est-à-dire environ un tiers de mille par un demi-mille.
C'est, je pense, un des critères qui avaient été
exprimés par la commission qui sont carrément et clairement mis
de côté dans la recommandation de la commission.
Le district de Rosemont on va faire plaisir au
député qui est présent à nos travaux
reçoit du district de Sainte-Marie le secteur Rachel, Sherbrooke,
Cuvillier, qui est isolé du reste du district de Rosemont par la gare de
triage Angus, c'est-à-dire environ trois quarts de mille par un
demi-mille. La seule communication entre ce secteur et le reste du district de
Rosemont...
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que le député de
Maisonneuve me permet une question?
M. Burns: Laissez-moi terminer, vous me poserez la question
après. Je vous donne la dernière conclusion relativement au
district de Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): D'accord.
M. Burns: La seule communication entre ce secteur et le reste du
district de Rosemont est la rue Rachel et d'un seul côté, puisque
l'autre côté
est dans le district de Maisonneuve. Vous aviez une question à me
poser?
M. Bellemare (Rosemont): Est-ce que le député de
Maisonneuve maintenant me permet une question?
M. Burns: Certainement.
M. Bellemare (Rosemont): Je suis totalement en désaccord
sur ce que j'appelle la couette en bon canadien français.
M. Burns: Avec quoi?
M. Bellemare (Rosemont): Entre Aylwin jusqu'à
Hochelaga.
M. Burns: C'est-à-dire que vous êtes en
désaccord et vous partagez mon opinion sur le rapport.
M. Bellemare (Rosemont): Je n'en veux pas du tout de ce coin.
M. Burns: Alors, voyez-vous, M. le ministre, j'ai
déjà un endosseur très pesant.
M. Bellemare (Rosemont): Si vous voulez parler de ce coin, je
n'en veux pas du tout et le député de Sainte-Marie est
intéressé à l'avoir.
M. Burns: J'imagine, M. le Président, que le
député de Rosemont aura l'occasion de faire valoir de
façon très précise ses remarques lorsque nous
étudierons le projet dans le détail. En troisième lieu, le
district de Sainte-Anne conserve un secteur, c'est-à-dire celui de
Notre-Dame et de Rose-de-Lima, au nord du canal de Lachine, qui n'est
relié au reste du district que par la rue Charlevoix et l'avenue
Atwater. Le district de Westmount, quant à lui, reçoit du
district de Sainte-Anne un secteur, c'est-à-dire celui de l'avenue
Richmond et de Rose-de-Lima, situé sous la côte Saint-Jacques, qui
est isolé du reste de Westmount par la voie ferrée du Canadien
Pacifique et l'autoroute Est-Ouest. Le district de Saint-Henri, toujours
à titre d'exemple, ce que je vous cite, conserve le secteur situé
en haut de Saint-Jacques, c'est-à-dire Upper Lachine, et qui est
séparé par l'échangeur Turcot du reste du quartier
Saint-Henri; une seule voie de passage, c'est-à-dire la rue
Saint-Jacques. Le district de Crémazie reçoit du district de
Bourassa, au sud de la voie ferrée du CN, un secteur de la ville de
Saint-Michel qui ne communique avec le reste du district de Crémazie que
par l'avenue Charland. Le district de Jacques-Cartier écoutez,
celle-là, vraimentquand je me suis aperçu de cela, j'ai
trouvé que c'était assez incroyable reçoit du
district de Saint-Laurent le secteur Alexis-Ninon qui est séparé
des villes de Lachine et de Dorval à une distance d'environ trois milles
et demi par la route transcanadienne, le chemin de la côte de Liesse, les
grandes gares de triage du CN et du PC et enfin l'aéroport de
Dorval.
M. Marchand: II y a les routes 45 et 43 qui se rendent
là.
M. Burns: Le district de Saint-Laurent reçoit du district
de Robert-Baldwin une partie de la ville de Pierrefonds située à
un mille environ de Sara-guay, et ne communiquant avec le reste du district de
Saint-Laurent que par le boulevard Gouin. La partie de Longueuil située
dans le district de Taillon n'a d'autre communication avec le reste du district
que par le boulevard Taschereau, c'est-à-dire par la voie rapide. Elle
en est séparée, d'autre part, par une gare de triage du CN,
toujours des critères qu'on a mentionnés comme ne devant pas
intervenir à l'intérieur d'un district électoral.
L'aéroport de la base de Saint-Hubert, autre exemple, ne communique avec
le reste du district de Laprairie que par le chemin Chambly,
c'est-à-dire un mille de distance environ entre les deux.
Enfin, le secteur situé au nord du boulevard métropolitain
et à l'est de la montée Saint-Léonard est
complètement isolé du reste de la ville d'Anjou.
Du reste, tout ce qui est autour du boulevard des Galeries d'Anjou est
isolé du reste du district par la tranchée de l'autoroute no
25.
Finalement, le secteur du district de Sauvé, qui est
rattaché au district de Lafontaine, en est séparé par le
Mont-Providence, c'est-à-dire un simple tampon d'environ un demi-mille
de largeur.
Dans le premier rapport de 1972 toujours à la page 20
on retrouve la citation suivante: "Désireux de donner autant que
possible une configuration géométrique régulière
aux districts, nous avons évité, dans l'élaboration de
leurs limites, la formation de goulots et d'antennes, de façon à
faciliter les communications et à favoriser les relations à
l'intérieur du district."
Dans le nouveau projet cependant, la commission a dessiné des
frontières très irrégulières. Mentionnons en
particulier celles qui séparent les districts de Sauvé et
Lafontaine, Crémazie et Bourassa, Sainte-Marie, Maisonneuve, Rosemont,
etc.
Comme limites en forme d'antenne, mentionnons simplement quelques
exemples: L'antenne du district d'Anjou vers le fleuve...
M. Hardy: L'antenne d'Anjou...
M. Burns: L'antenne du district de Sainte-Anne vers le quartier
Saint-Henri. Est-ce qu'on me suggère à l'avenir de trouver un
nouveau nom pour le député d'Anjou et l'appeler l'antenne
d'Anjou?
Autres exemples: L'antenne du district d'Outremont jusqu'à
l'autoroute Décarie.
M. Hardy: L'antenne d'Outremont, c'en est toute une!
M. Burns: L'antenne du district de Saint-Henri jusqu'à
Montréal-Ouest et, finalement, l'antenne du district de Laprairie vers
Laporte, c'est-à-dire la pointe de Saint-Lambert.
Comme goulots toujours des choses qu'on
mentionnait comme ne devant pas se retrouver dans le rapport de 1972
ne mentionnons simplement que celui qui sépare les deux parties
du district de Chomedy; celui qui sépare la base de Saint-Hubert du
reste du district de Laprairie.
Relevons aussi, M. le Président, la forme en fer à cheval
du district de Laprairie, c'est-à-dire le plus court chemin de la partie
de Saint-Lambert à la ville de Saint-Hubert passe par le district de
Taillon.
L'impression générale qui se dégage du projet, et
qui se vérifie à l'examen détaillé, est que la
commission n'a retenu aucun critère géographique,
prisonnière qu'elle était de sa faible marge de manoeuvre
numérique. Cela donne, M. le Président, une carte
électorale aux formes tortueuses et torturées. On a l'impression
de voir la carte électorale actuelle à travers un prisme
déformant.
Enfin, M. le Président, dans le troisième de la
série des critères, nous retrouvons ce que je désignais
plus tôt comme la confusion des critères sociologiques.
Référons-nous à nouveau, M. le Président, au
rapport de 1972, à la page 21, et on y lit ceci: Enfin, certaines
considérations socio-culturelles peuvent engendrer d'importants
critères. C'est ainsi qu'en milieu urbain le niveau de vie
confère une homogénéité à des districts
déjà bien caractérisés au double plan linguistique
et ethnique.
Il y a des députés autour de la table qui comprennent
très bien le sens et la portée d'un tel énoncé de
la part de la commission en 1972.
Or, dans une multitude de cas, la commission ne respecte pas les
unités sociologiques naturelles et démembre des
communautés homogènes et bien différenciées, ou
regroupe des unités hétérogènes à divers
points de vue.
Les critères sociologiques sont de différents ordres et
les principaux, à notre avis, sont les suivants:
Homogénéité de certains quartiers urbains bien
différenciés; catégories sociales, c'est-à-dire, en
particulier, les revenus, l'origine ethnique et la langue.
Pour chacun de ces critères, on peut fournir des exemples
montrant que la commission n'en a retenu véritablement aucun.
En ce qui concerne les quartiers démembrés par la carte
électorale, je vous cite simplement les exemples suivants: le quartier
Hochelaga se trouve à cheval sur les districts de Sainte-Marie, Rosemont
et Maisonneuve.
En second lieu, Tétreaultville se trouve à cheval sur les
districts d'Anjou, Bourget et Lafontaine. Quand je vous parle de ces noms de
quartiers, Hochelaga et Tétreaultville, ce sont des quartiers facilement
identifiables. Les gens qui y habitent se parlent comme étant de
Tétreaultville, comme étant de Hochelaga et, dans les autres
secteurs, on retrouvera également cette même
caractéristique.
Le Mile-End ce qu'on appelle le Mile-End à Montréal
se trouve dépecé entre les districts de Mercier,
Outremont, Saint-Louis et Saint-Jacques.
Le quartier Saint-Henri se trouve démembré entre les
districts de Saint-Henri, Westmount et Sainte-Anne.
Le quartier Côte-des-Neiges se trouve à cheval sur les
districts d'Outremont, Mont-Royal et Westmount.
Le village de Saint-Laurent, comme on l'appelait et qu'on l'appelle
encore de cette façon, est dépecé entre les districts de
Saint-Laurent et Jacques-Cartier. Je vous en ai cité un exemple, tout
à l'heure.
Et finalement, un morceau de ville Saint-Michel se retrouve dans
Crémazie. Pour ceux qui sont familiers avec les différents
quartiers à Montréal, ces sept exemples nous apparaissent comme
étant absolument à l'appui de l'énoncé que nous
faisions tout à l'heure, c'est-à-dire qu'on a fait fi de ce
critère que la commission elle-même nous indiquait comme
étant une des limites qu'elle devait utiliser en 1972.
Quant à l'hétérogénéité
sociale, il y a un certain nombre d'exemples que nous pouvons donner et
permettez-moi de vous donner les suivants:
Le secteur du quartier de Saint-Henri, qui se retrouve dans le district
de Westmount avait, en 1971, un revenu moyen de $4,500 environ. Le revenu moyen
dans la ville de Westmount, pour la même année, en 1971,
était de $17,265 et, en particulier, de $28,907 dans le secteur le plus
riche de Westmount.
Je pense que c'est un élément quand on parle
d'hétérogénéité qu'on doit garder à
l'esprit.
M. Hardy: On voit cela d'après les avis du
député!
M. Burns: Le quartier de Notre-Dame-de-Grâce avait, en
1971, un salaire moyen d'environ $9,000. Dans le même district, la ville
de Saint-Pierre avait un revenu moyen de $6,129 et celle de
Montréal-Ouest, un revenu moyen de $12,364. Encore une fois, cherchons
l'homogénéité là.
Le secteur de la ville de Saint-Lambert, situé dans le district
de Laporte, avait, en 1971, un revenu moyen de $10,072 alors que la partie de
la ville de Longueuil, située dans le district de Laporte, avait un
revenu moyen de $6,527.
Le secteur de Longueuil, situé dans le district de Taillon, avait
en 1971 un revenu moyen de $5,799 alors que Greenfield Park avait un revenu
moyen de $7,581 et que le secteur de Saint-Lambert avait un revenu moyen de
$9,876.
Autre exemple, M. le Président. Le secteur de Saint-Lambert, qui
est situé dans le district de Laprairie, avait, en 1971, un revenu moyen
de $13,605 alors que Brassard avait un revenu moyen de $9,212 et que la ville
de Laprairie avait un revenu moyen de $6,047.
Encore une fois, cherchons l'homogénéité.
Enfin, dernier exemple dans ce domaine, le secteur de la ville
d'Outremont, inclus dans le district de Mont-Royal, avait, en 1971, un revenu
moyen de $6,500 alors que le revenu moyen à ville Mont-Royal
était, pour la même époque, de $17,007. L'écart est
sensiblement le même pour la partie du quartier de Snowdon qui se trouve
dans le district de Mont-Royal.
Quand à l'hétérogénéité
ethnique, donnons quelques exemples.
Plusieurs communautés ethniques sont scindées par le
projet de carte électorale proposé par la commission et
peut-être que les deux cas les plus importants méritent de s'y
arrêter. Celui d'abord de la communauté grecque du Mile-End.
La communauté grecque du Mile-End regroupe environ 15,000 des
60,000 Néo-Canadiens d'origine grecque que compte la région
métropolitaine, soit environ le quart de cette communauté. Ils se
retrouvent, autour de l'avenue du Parc, entre l'avenue des Pins au sud, la voie
ferrée du CP au nord, la rue Saint-Laurent à l'est et à
peu près les avenues Bloomfield et Outremont vers l'ouest. Ce
quadrilatère est actuellement à cheval sur les districts de
Saint-Louis, Mercier et Outremont et de la façon suivante...
Je vous fais grâce de la lecture du tableau que je vous soumets
plus bas mais je pense que tous les membres de la commission et les membres de
la commission de la réforme de la carte pourront en tenir compte.
On voit les différents secteurs de recensement en 1971, le
pourcentage de Grecs, dans ce district en l'occurrence, dans le premier
cas, on a le district de Saint-Louis mais qui varie en pourcentage de
11% dans le cas de Saint-Louis, secteur de recensement 136 en 1971, à
40%, secteur 164, dans Outremont, et descendant aussi près que 11% dans
le secteur 136 de Saint-Louis. Alors, si vous voulez, il y a moyen de
réexaminer tous ces chiffres, mais je pense qu'ils soutiennent
actuellement le fait qu'on n'a pas tenu compte de
l'homogénéité ethnique, entre autres, dans ce secteur
particulier où on répartit entre trois districts
électoraux, c'est-à-dire Saint-Louis, Mercier, Outremont, cette
communauté grecque qui est facilement localisable en ce sens qu'elle se
retrouve dans un quadrilatère très précis et on la
répartit à gauche et à droite dans trois comtés
différents.
M. Marchand: Je m'excuse. Si le député de
Maisonneuve me donne la permission, je voudrais quand même bien
spécifier, comme il l'a fait lui-même, que ces chiffres sont du
recensement de 1971, il y a eu une évolution dans ce domaine qui est
peut-être incroyable mais vrai. A peu près 50% se sont
déplacés vers le nord de Montréal, surtout Parc extension,
Ahuntsic et tout le nord de Montréal. Il y a au moins 30% de ces
chiffres qui, aujourd'hui, 1976, sont, je dirais même, faux, sans accuser
personne. Quand même, à ma connaissance géographique des
lieux, je pense que ces chiffres aujourd'hui ne doivent pas tellement
être pris en considération parce que c'est faux actuellement.
M. Burns: M. le député de Laurier...
M. Marchand: Je m'excuse de vous avoir interrompu, M. le
député de Maisonneuve, mais...
M. Burns: Non, mais je l'accepte d'ailleurs. Il n'y a pas de
problème. Vous aviez un problème qui concerne, entre autres,
votre comté...
M. Marchand: Que je connais surtout.
M. Burns: Que vous connaissez, oui. Mais vous ne nierez pas qu'il
y a toujours des Grecs sur l'avenue du Parc à Montréal et que
c'est encore dans ce secteur qu'on retrouve les Grecs.
M. Marchand: Oui, beaucoup moins.
M. Burns: De toute façon, on pourra réexaminer ces
chiffres si vous le voulez, à l'aide...
M. Marchand: II y a beaucoup plus de Portugais aujourd'hui.
M. Burns: ...des recensement qui ont été faits par
le bureau du président général des élections et, si
véritablement ces chiffres ne s'appliquent plus, à ce
moment-là, vous direz que c'est un exemple que je vous ai donné
qui...
M. Marchand: C'est qu'il y a beaucoup plus de Portugais
aujourd'hui qu'il n'y a de Grecs dans le secteur.
M. Burns: Je ne sais pas si vous allez me contredire sur mon
deuxième exemple, c'est-à-dire celui de la communauté
juive du quartier de Côte-des-Neiges. Cette communauté du quartier
Snowdon, Côte-des-Neiges, se retrouve autour de deux axes principalement,
Victoria et Van Horne dans le triangle limité par les
municipalités de Westmount, Hampstead, Mont-Royal et Outremont. Elle
regroupe environ 32,000 Juifs, c'est-à-dire les deux tiers de la
communauté juive de la ville de Montréal. Cette communauté
se retrouve actuellement divisée, selon le projet, sur trois districts,
c'est-à-dire Outremont, Mont-Royal et West, mount, de la façon
suivante. Là, encore une fois, je vous soumets un tableau qui vous fait
un examen de cette répartition en passant par les 49% de Juifs, dans le
secteur de recensement no 118 par rapport à 1971, qu'on retrouve dans
Outremont et Mont-Royal et se rendant même jusqu'à 71% de Juifs
que vous retrouvez dans le secteur de recensement 125, toujours dans Outremont
et Mont-Royal. Cela varie selon ces proportions et, en descendant au plus bas
à 18%, que l'on retrouve dans le secteur de recensement no 115, dans le
district de Westmount. Ce dépeçage, à notre avis, de la
communauté juive, sur trois districts, se fait sans respect pour les
grandes frontières naturelles de la région. Par exemple, en
l'occurrence, le Chemin de la Reine-Marie, le Chemin de la
Côte-des-Neiges et la voie ferrée du CP.
Quant à l'hétérogénéité
linguistique, il y aurait quelques exemples à apporter. Ce projet de
carte, M. le Président, ne respecte généralement pas les
frontières linguistiques de la région métropolitaine,
même si celles-ci ne sont pas toujours faciles à épouser
pour une carte électorale, parce qu'elles mêmes sont sinueuses et
complexes, il existe quand même certains cas où la
frontière linguistique est aussi une frontière
géographique bien marquée.
Les exemples qui suivent appartiennent à cette catégorie
dans laquelle la limite des districts
proposés traverse une barrière géographique
naturelle qui est, en même temps, une frontière linguistique
très précisément marquée. Quant à
l'île Jésus, d'abord, elle est traversée du nord au sud par
la voie ferrée du CP. Cette frontière géographique assez
bien tranchée se trouve être aussi très
précisément la frontière linguistique de l'île. Les
38 secteurs de recensement qui subdivisent l'île Jésus se
répartissent ainsi: à l'ouest de la voie ferrée et
à l'est de la voie ferrée, on retrouve, d'un côté,
c'est-à-dire du côté ouest, 20 secteurs de recensement et,
du côté est, 18 secteurs de recensement. Du côté
ouest, il y a un secteur avec plus de 90% de francophones alors que, du
côté est, on en retrouve 15 avec plus de 90% de francophones. Du
côté ouest, 8 de ces secteurs ont entre 80% et 90% de francophones
alors que, du côté est, vous en avez 3 avec 80% à 90% de
francophones. Finalement, vous retrouvez trois de ces secteurs du
côté ouest avec 70% à 80% de francophones et 4 avec moins
de 60% de francophones. Cette limite naturelle, pensons-nous, existe, elle est
bien tranchée, elle est très claire et il me semble que la
commission aurait dû en tenir compte dans ses recommandations. Dans le
projet de carte de la commission, trois districts, cependant, soit celui de
Laval, celui de Chomedey et celui de Fabre, enjambent la voie ferrée du
CP créant, en particulier dans le cas de Chomedey, un isolat entre la
voie ferrée et le boulevard des Laurentides.
Quant à la rive sud de Montréal, elle est traversée
d'est en ouest par une frontière naturelle constituée de la voie
ferrée du CN doublée du boulevard Sir-Wilfrid-Laurier ainsi que
du boulevard Alexandre-Taschereau. Cette barrière géographique
est aussi la frontière linguistique puisque les 34 secteurs de
recensement de cette région se répartissent comme suit entre le
nord et le sud: du côté nord, vous avez 19 secteurs de recensement
et, du côté sud, 15 secteurs de recensement. Des 19 secteurs du
côté nord, vous en avez 12 avec plus de 90% de francophones, 5
avec entre 80% et 90% de francophones, 1 avec 70% à 80% de francophones
et 1 avec moins de 60% de francophones.
Du côté sud, parmi les 15 secteurs de recensement, on en
retrouve 3 avec plus de 90% de francophones, 2 avec entre 80% et 90% de
francophones, 3 avec entre 70% et 80% de francophones et 5 avec moins de 60% de
francophones. Dans le projet de carte de la commission, pourtant, les districts
de Laporte, Taillon et Laprairie enjambent cette frontière est-ouest.
Dans le cas du district de Taillon en particulier, la limite proposée
crée un isolat et, en particulier, celui qu'on appelle le secteur de la
ville de Longueuil qui est inclus dans le district de Taillon.
En dehors de ces deux régions entièrement
redessinées par la commission sur l'île de Montréal, le
projet ne fait que consacrer les inégalités linguistiques qui
avaient déjà été introduites en 1972. Mentionnons
simplement les principales. Le district de Mercier, qui démembre la
communauté ethnique grecque du Mile-End, se trouve de ce fait même
à avoir une grande hétérogénéité
linguisti- que. A l'est du boulevard Saint-Laurent, le pourcentage de
francophones est supérieur à 80% pour atteindre environ 95%
à l'est de Saint-Denis, tandis qu'à l'ouest du boulevard
Saint-Laurent, ce pourcentage tombe aussi bas que 18.5% entre Jeanne-Mance et
Esplanade, c'est-à-dire le secteur de recensement no 168.
Autre exemple. Le district de Saint-Henri conserve le secteur Upper
Lachine qui est séparé du reste du district par
l'échangeur Turcot et ce secteur à majorité italienne n'a
que 21.6% de francophones alors que le reste du quartier de Saint-Henri a
environ 95% de francophones.
Autre exemple. L'ancienne municipalité de la ville de
Saint-Michel, à forte minorité itato-canadienne, se retrouve
à cheval sur les districts de Viau et de Bourassa, démembrant
ainsi la communauté linguistique italienne groupée autour du
boulevard Saint-Michel.
Quatrième exemple. Le district de Viau qui, lui aussi, est
fortement néo-canadien ne s'étend pas jusqu'à l'avenue
Papineau qui est une limite naturelle, mais s'arrête à la rue de
Bordeaux, laissant ainsi au district de Dorion un fort noyau italien qui se
trouve ainsi isolé du gros de la communauté italienne et qui
s'étend vers l'est jusqu'à la ville de Saint-Léonard.
Devant ces constatations, nous en arrivons à la conclusion
suivante: le projet soumis par la commission permanente de la réforme
des districts électoraux est un pointilleux exercice de comptables,
comme je le mentionnais au début et non un projet de carte
électorale.
Il est un arrangement arbitraire et strictement numérique des
électeurs plutôt qu'une organisation fonctionnelle du territoire
en districts électoraux.
Le projet, en effet, ne respecte pas les critères
numériques, puisqu'il ne fait aucune révision
démographique. Il ne respecte pas les frontières
géographiques naturelles; il ne respecte pas les frontières
sociologiques, économiques, ethniques et linguistiques. Loin de
rectifier les distorsions géographiques et sociologiques de la carte
actuelle, notre avis, c'est que ce projet-là les amplifie, au contraire,
en bien des endroits.
Finalement, ce projet ne fait finalement que préparer une
nouvelle refonte totale de la carte électorale après les
prochaines élections, ce qui, admettons-le, n'est pas, je crois, le but
de l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale ni de ceux qui leur
ont donné leur mandat.
Comme les imperfections du projet sont très nombreuses et que, de
toute façon, le cadre numérique de 37,500 électeurs par
district est tellement rigide sur l'île de Montréal qu'il ne
permet d'espérer pouvoir corriger substantiellement les innombrables
distorsions de la carte proposée, le projet de la commission
apparaît comme globalement inacceptable parce que techniquement mal
réalisé et contraire tant à l'esprit qu'à la lettre
de la loi électorale du Québec.
Un dernier argument, et non le moindre, à notre avis,
achève de nous persuader que le troisième rapport de la
commission permanente doit
être repris en entier. C'est le principe vital de
l'égalité de représentation qui dicte à la
commission de tenter d'établir des districts les plus égaux
possible, soit le plus près de 32,000 électeurs, avec un plancher
de 24,000 et un plafond de 40,000.
Face à la première carte, le Parti québécois
avait mis la commission en garde, je vous le rappelle, non seulement contre la
tendance de situer systématiquement les districts ruraux près du
plancher et les districts urbains près du plafond, mais aussi contre le
fait que bon nombre de districts prévus en 1972 auraient
dépassé la norme maximale de 40,000 au moment de
l'élection générale.
Les commissaires nous avaient répondu qu'ils ne disposaient,
comme chiffres de référence, que des chiffres de la
précédente élection générale.
L'élection générale suivante, c'est-à-dire celle
d'octobre 1973, a clairement établi le bien-fondé de notre
crainte pour quinze districts qui avaient dépassé la norme de
40,000.
Je vous cite les districts suivants: Taillon: 51,529; Laporte: 46,135;
Laprairie: 45,681; Sauvé: 44,339; Jeanne-Mance: 49,478; Robert Baldwin:
40,332; Marguerite-Bourgeoys: 45,524; Laval: 40,981; Fabre: 47,381; Mille-Iles:
46,860; Prévost: 41,032; L'Assomption: 41,231; Charlesbourg: 40,908;
Chauveau: 41,181 et Louis-Hébert: 43,229.
Le troisième rapport de la commission, comme nous l'avons
déjà dit, non seulement ne prend pas la précaution de
baisser la moyenne des districts urbains, mais, bien au contraire, augmente
cette moyenne tout près du plafond permis. Il devient évident que
la carte électorale urbaine devra être modifiée globalement
suite à la prochaine élection générale et
qu'à l'occasion de cette élection, le principe
d'égalité de représentation sera de nouveau battu en
brèche..
De plus, avec son troisième rapport, la commission permanente ne
peut arguer qu'elle est contrainte de se servir des chiffres de
l'élection générale de 1973. En effet, le Québec
dispose maintenant ai-je besoin de le rappeler des données
que fournissent ces recencements annuels. Malheureusement nous n'avons pu faire
l'analyse détaillé des données du recencement de 1975.
Cependant, un premier examen des données fournies par le bureau
du président général des élections pour 1975
révèle déjà que la commission permanente
s'apprête à créer des districts qui dépassent
déjà la norme maximale.
Sans que cette liste soit exhaustive, et loin de là, nous pouvons
affirmer que le troisième rapport de la commission permanente
établit entre autres le district de Chambly à 44,297
électeurs, le district de Longueuil à 40,787 électeurs, le
district de l'Assomption à 42,659 électeurs et le district de
Jeanne-Mance à 42,731 électeurs.
C'est actuellement avec les informations que la commission a
déjà en main ou que, tout au moins, le bureau du président
général des élections a déjà en main, tandis
que d'autres districts, parallèlement, se trouvent déjà
très collés à la norme maximale. Donc, on est en droit de
s'atten- dre qu'avec la moindre expansion démographique, ces districts
dépassent très rapidement la norme maximale de 40,000.
Je cite le cas du district de Prévost, à 39,733. Ce n'est
pas loin, au point de vue du nombre, de 40,000 électeurs. Le district de
Terrebonne, M. le ministre, on a pensé à vous, M. le ministre,
votre district de Terrebonne, avec la nouvelle carte, sera fixé à
39,608 électeurs.
M. Hardy: A 36,000.
M. Burns: A 39,000, avec les nouveaux chiffres que nous avons pu
détecter du dernier recensement qu'on a obtenu du bureau du
président général des élections.
M. Hardy: Les progrès sont encore plus
phénoménaux que je pensais.
M. Burns: Si vous pensez que votre district va continuer à
progresser, je pense que, d'ici quelques mois, sinon quelques mois du
moins...
M. Hardy: La qualité.
M. Burns: ... d'ici un an, vous allez vous retrouver
au-delà de la norme de 40,000.
M. Hardy: La qualité.
M. Burns: J'utilise votre comté non pas quant à la
qualité de son représentant...
M. Hardy: Non...
M. Burns: ... mais quant au nombre...
M. Hardy: La qualité...
M. Burns: ... d'électeurs. A titre d'exemple,
justement...
M. Hardy: La qualité du représentant amène
les gens dans ce comté.
M. Burns: Vous avez le droit de croire ce que vous voulez.
M. Houde (Fabre):... qui aide un peu.
M. Burns: Finalement, j'allais citer, après le district de
Terrebonne, le district de Marguerite-Bourgeoys qui, avec les nouveaux
chiffres, se situerait à 39,309 électeurs. Or, cette situation
nous apparaît, M. le Président, de toute évidence,
complètement inacceptable. Quelle que soit l'argumentation des
commissaires, les députés membres de la commission de
l'Assemblée nationale n'accepteront sûrement pas d'entraver
consciemment l'esprit et la lettre de la loi en créant des districts qui
débordent les normes prévues par la loi.
La correction de cette situation ne peut s'opérer par de simples
transferts ici et là de quelques "polls", la moyenne
générale de 37,500 établie par
la commission permanente elle-même dans la région
métropolitaine l'interdisant. Par ailleurs, l'acrobatie imposée
aux critères numériques, géographiques et sociologiques
commande déjà que le projet de la commission permanente soit
repris en entier. C'est pour ce double ensemble de raisons que l'Opposition
officielle, M. le Président, recommande à la commission de
l'Assemblée nationale de refuser le troisième rapport de la
commission permanente de la réforme des districts électoraux.
C'est pour les mêmes raisons que l'Opposition officielle a pris sur elle,
par une équipe de techniciens-spécialistes, de préparer un
projet complet, conforme, à notre avis, à l'esprit et à la
lettre de la loi.
Nous savons bien que tout parti politique jouit d'une
crédibilité assez mince face à des projets de carte
électorale. Personne autour de la table, je l'espère, ne se
leurre à ce sujet. Néanmoins, nous croyons avoir pu bâtir
un projet qui échappe à toute critique de partisanerie et c'est
sans hésitation que, par l'intermédiaire de la commission de
l'Assemblée nationale, nous l'offrons aujourd'hui à
l'étude et à la critique des députés, des
commissaires, des journalistes, des spécialistes de sociologie
électorale et du public québécois en
général. Ce projet, M. le Président, est disponible et
nous sommes en mesure de vous en livrer des copies immédiatement.
M. Hardy: Votre projet de carte électorale? M. Burns:
Oui.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je pense que
l'exposé qui vient d'être fait dénote sûrement un
objectif assez sérieux quant à la délimitation des
districts électoraux de la ville de Montréal et des environs,
plus particulièrement parce que, en somme, quand nous regardons
l'ensemble des comtés qui sont modifiés un peu dans leurs
limites, on s'aperçoit que, dans la partie rurale, sauf pour la
région des Appalaches méridionales, seuls les comtés
d'Arthabaska, de Richmond, de Lotbinière et de Matapédia ont subi
des changements dans des villes comme Luceville, comme la municipalité
de la paroisse de Sainte-Luce et celle du village de Luceville.
Dans l'autre partie méridionale des Appalaches, nous voyons que
la ville de Warwick, Ches-terville, Chester-Est sont détachées du
comté d'Arthabaska pour aller rejoindre un autre comté qui
s'appelle le comté de Richmond. Dans le comté de
Lotbinière, vous voyez les villes d'East Broughton et de Saint-Pierre
qui sont détachées du comté de Frontenac pour aller
rejoindre le comté de Lotbinière.
Ceci étant dit, je pense que le grand problème que
soulève depuis quelques moments le député de Maisonneuve
tient au fait qu'il existe dans la ville de Montréal et des alentours
une grande disproportion qui choque d'une manière particulière
les députés de la ville de Montréal. Je n'ai pas besoin de
vous dire que j'ai entendu moi-même des réflexions assez acerbes
de la part de certains députés de l'île de Montréal
contre le projet d'établir cette nouvelle redistribution de la carte
électorale. Le député de Terrebonne représentant
officiel du gouvernement, disait tout à l'heure que c'est une
étape parlementaire pour réformer la carte électorale de
1971.
Je pense que, si c'est véritablement l'étape
parlementaire, elle doit se faire ici au tour de la table avec une
objectivité assez mesurée. Quand je dis mesurée, je mets
des limites à mon mot, parce que je ne voudrais pas, non plus, que ce
projet de refonte soit fait en regard de votes possibles ou de
l'élimination de certains quartiers ou districts qui seraient plus
favorables à un parti qu'à un autre. Je puis vous en citer un
exemple bien particulier. Qu'on remarque particulièrement ce qu'on
recommande pour la ville de Longueuil; toute une partie de la ville de
Longueuil s'en va du côté du comté de Taillon. On sectionne
une partie de la ville même pour la recoller à un autre district
électoral qu'on appelle Taillon. Là, je me pose
sérieusement des questions à savoir si ce n'est pas une
manipulation; je n'accuse pas les commissaires que je connais
particulièrement pour leur honnêteté et surtout leur long
apprentissage dans l'exercice de la Loi électorale. Je dis: Est-ce qu'il
n'y a pas, selon les faits qui sont notés dans le rapport
électoral de la ville de Longueuil, une indication plus pratique quant
à certaines majorités qu'auraient prises certains membres d'un
autre parti, qui feraient que bien religieusement, avec tous les appoints
possibles, on voudrait donner à cet honorable député plus
de chances d'être élu dans une section où il y en a
peut-être moins de votes d'un autre parti.
M. Hardy: Qui a fait cela?
M. Bellemare (Johnson): Je ne le sais pas, mais je sais que dans
le comté de Longueuil, il y avait une majorité assez forte du
parti de l'Opposition qui disparaît maintenant de ce comté pour
aller rejoindre le comté de Taillon. Je ne sais pas si c'est pour causer
des difficultés, mais je ne pense pas à cela, c'est sûr.
C'est simplement une idée qui m'est venue que, par la manipulation de
certains bureaux de scrutin, on pouvait peut-être donner certains
avantages à ...
M. Hardy: Qui manipule?
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, les honorables commissaires ont
le droit d'avoir des anges gardiens; comme dans une grande pièce qui se
joue publiquement, on peut avoir des souffleurs. Cela peut peut-être se
faire aussi. Je dis qu'il y a là un sujet d'inquiétude pour moi,
parce qu'à part de ces critères pas partisans, je n'ai pas dit
cela, mais à part de ces critères municipaux numériques,
il y a aussi certains autres critères, comme les critères
sociologiques. Vous avez le comté de Johnson qui a
été mortaisé de tout bord et de tout côté; on
a ajouté dans le comté de Johnson, par un simple dessin, huit
paroisses qui venaient du comté de Richmond. On a ajouté sept
paroisses qui venaient du comté de Shefford. On a pris quatre paroisses
du comté de Drummond et on a mis cela avec Ba-got.
On a enlevé quatre bonnes paroisses qui étaient
naturelles, dans le comté de Johnson, pour les attacher à un
autre comté.
Mais, M. le Président, moi, qui ai vécu plus
particulièrement dans la politique très active depuis 30 ans,
à mon arrivée dans ce comté de Johnson, j'ai vu tout de
suite qu'il existait un malaise extraordinaire après l'adoption de la
loi de la Législature créant les nouveaux districts, un malaise
sociologique. C'est que, M. le Président, les gens qui ont
été habitués à vivre avec le secteur de Richmond et
qui en sont maintenant détachés pour faire partie de l'ancien
comté de Bagot, ceux qui viennent des sept paroisses du secteur de
Shefford qui sont maintenant attachées à l'ancien district
électoral de Bagot, et ceux des quatre paroisses qui viennent du
comté de Johnson n'ont pas la même mentalité. Dieu sait, M.
le Président, quelle rivalité, au point de vue sociologique, cela
nous a causée, un comté qui a 139 milles de longueur, 39
paroisses et qui compte au-delà de 28,000 électeurs.
M. le Président, je suis d'accord qu'il faut que certains
comtés respectent la loi quant aux normes. En vertu de l'article 9 de la
loi, il est clairement dit que, dans ce rapport, il y a une proportion à
garder. On dit dans cet article 9 que le nombre des électeurs est
supérieur ou inférieur à ce nombre d'au plus 25% chaque
fois qu'elle l'estime nécessaire, en raison de la densité de la
population.
Mais il y a un autre paragraphe fort intéressant dans la loi,
où la commission peut s'écarter des règles
énoncées. Au premier alinéa, "pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique et
géographique..." Je ne sais pas, M. le Président, si,
après la lecture que vient de nous faire l'honorable
député de Maisonneuve, véritablement, la commission
s'écartant des règles énoncées au premier
paragraphe de l'article 9, peut faire face à des considérations
exceptionnelles, particulièrement au point de vue d'ordre
démographique et géographique.
M. Burns: C'est pour des choses comme les
Iles-de-la-Madeleine.
M. Bellemare (Johnson): Oui. J'ai justement, avant la
séance, reproché au député des Iles-de-la-Madeleine
d'avoir un fief. J'ai dit: C'est extraordinaire. Vous conservez un fief. Tous
les autres, nous sommes obligés de suivre la loi, mais il y a une
exception pour vous. Au fédéral, on ne fait pas d'exception.
M. Hardy: C'est pour les Madelinots, non pas pour lui.
M. Bellemare (Johnson): Un instantl J'ai assez entendu parler des
neuf petits comtés privilégiés qui faisaient partie de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, comme celui de Johnson. On
entendait dire cela, tous les jours, en Chambre. C'est un petit comté,
un petit fief que vous avez.
M. Hardy: II y en avait 17. Maintenant, il n'y en a qu'un.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais il y en a eu neuf pendant un
certain temps. Là, on est tombé à un.
Mais ce n'est pas plus raisonnable pour un seul député qui
est payé le même salaire que nous. Il n'a pas plus de
désagrément que d'agrément à être
député des Iles-de-la-Madeleine et à se faire
élire.
Je trouve que le mémoire soumis par l'honorable
député de Maisonneuve répond, sans l'avoir vu au
détail... Ecoutez! Je sais qu'il y a bien des députés
libéraux qui sont heureux de voir qu'un député de
l'Opposition se fasse leur porte-parole pour protester. Il y a des
députés, que je pourrais nommer ici, qui sont venus me dire:
Mais, cela n'a pas de bon sens, M. Bellemare, il y a des choses...
Des Voix: Nommez-les!
Le Président (M. Gratton): Non, ne les nommez pas!
M. Bellemare (Johnson): On dit que la poule qui chante, c'est
celle qui pond.
La ville de Montréal, c'est presque une province. C'est sûr
et certain qu'il y a des disproportions au point de vue géographique, au
point de vue culturel et au point de vue sociologique qui ne répondent
sûrement pas aux critères numériques. Pour répondre
à ces critères numériques, on a fait, je pense, des passes
entre l'un et l'autre. Je ne veux pas penser même qu'il y a eu des
rencontres. Je pense que le projet qui nous est soumis est un projet qui
mérite d'être étudié. Voyons la qualité des
membres de la commission. Quand on parle de l'honorable juge François
Drouin, c'est un expert, un homme dont les mérites, surtout dans ce
domaine, sont reconnus. On y voit aussi l'honorable juge Alphonse Barbeau, de
la Cour supérieure, qui est un homme d'une grande
intégrité. On y voit encore Me Jacques Prémont, le
bibliothécaire, qui, par son expérience passée, et surtout
par sa grande honnêteté au service du bien commun...
On y voit M. Giguère comme secrétaire, on se dit: La
commission a certainement travaillé dans un bon but. Elle a fait une
exploration normale des faits, mais quand on scrute individuellement, sans
chauvinisme, l'aspect que représente actuellement ce partage des
nouveaux districts électoraux, je pense que la commission sera
sûrement appelée à nous donner son avis et je suis
sûr que... Si on dit qu'il devrait y avoir plus de députés
dans l'île de Montréal parce qu'il y a plus d'électeurs, je
ne suis pas tout à fait du même avis.
Non. Je suis venu comparaître devant la
commission parlementaire, en 1972, à la demande...
M. Hardy: Avec M. O'Reily.
M. Bellemare (Johnson): ... avec M. O'Reily. Un matin, je suis
venu comparaître au mois de février 1972 et j'ai apporté le
fruit de mon expérience comme député depuis 25 ou 26 ans
et j'ai dit, à ce moment: Messieurs, je n'ai pas de leçons
à vous faire, mais si vous voulez le témoignage d'un homme qui a
vécu intensément une vie publique, qui l'a vécue au sein
de son comté et qui s'est employé à bien remplir son
mandat, je vous dirai qu'un député rural, cela représente,
à mon sens, plus de travail que ce que peut faire un
député d'une partie urbaine comme Montréal.
Je n'ai pas encore changé d'idée. Un député
d'une section rurale a beaucoup plus de travaux à faire. Il doit
continuellement faire affaires avec 39 municipalités. Dans
Montréal, cela n'existe pas. On doit faire affaires avec les commissions
scolaires régionales et avec les commissions scolaires locales. On doit
faire affaires, au point de vue de l'agriculture, avec toutes les paroisses
d'un comté agricole. On doit voir à l'application des lois des
accicents du travail et dans la ville et dans la campagne.
On reçoit à nos bureaux 50, 75 personnes par jour,
contrairement à ce qui se fait dans le grand centre de la ville de
Montréal.
Je ne dis pas qu'un vote d'une personne en ville ne vaut pas celui de la
campagne. Au contraire. Mais je dis qu'au point de vue de la
représentativité, au point de vue de ce qu'un
député est censé véritablement faire pour remplir
son mandat, il y a toute la différence d'un monde entre un
député représentant un secteur de la ville de
Montréal ou de la ville de Québec et un député qui
travaille dans un comté rural.
Demandez-le ici autour de la table ou demandez-le aux
députés qui représentent des comtés ruraux. Tous
vous diront comme la tâche est difficile, comme c'est extrêmement
fatiguant de remplir son mandat quand on veut bien le remplir et d'être
aux écoutes de tous et de chacun. Problèmes qui n'existent pas
dans la ville de Montréal. L'asphalte dans la ville de Montréal,
ce n'est pas le député qui s'occupe de cela. Les ponts dans la
ville de Montréal, ce n'est pas le député qui s'occupe de
cela.
M. Boudreault: II y a d'autres problèmes.
M. Bellemare (Johnson): Les problèmes de drainage, ce ne
sont pas les députés qui s'occupent de cela. Les constructions
d'hôpitaux, ce ne sont pas les députés qui s'occupent de
cela. Les centres d'accueil pour les vieux et pour les vieilles, ce ne sont pas
les députés qui s'occupent de cela, mais nous, par exemple, dans
les centres ruraux, on a tous les problèmes en même temps et je
pense que, si on s'attache simplement, au point de vue numérique, pour
avoir une quantité égale de représentativité, je
pense qu'il faudrait essayer de répondre à certaines normes.
Quant à la redistribution des comtés, en 1972, on a
établi une division. D'ailleurs, le député de Maisonneuve
a dit tout à l'heure qu'il s'était fait une contestation
véhémente contre la distribution et je me souviens de ce
filibuster qui a été conduit par les membres de l'Opposition du
temps... Pardon?
M. Hardy: C'était futile, mais drôle. On a eu bien
du plaisir.
M. Bellemare (Johnson): II demeure certain que le fait reste le
fait. Vous avez, dans certains comtés ruraux, commis certaines
injustices...
M. Hardy: Peut-être.
M. Bellemare (Johnson): ... lamentables.
M. Hardy: Possible.
M. Bellemare (Johnson): C'est sûr et certain.
M. Hardy: Mais ce que vous feriez dans les
Iles-de-la-Madeleine... Je vous entendais parler du malaise sociologique de
Johnson. J'ai l'impression que vous voudriez créer un malaise
sociologique aux Iles-de-la-Madeleine.
M. Bellemare (Johnson): Non. Je ne veux pas cela. Je pense que
c'est le principe même de la loi; elle ne doit pas subir d'exception.
C'est clair parce qu'au fédéral, elle ne subit pas d'exception.
Les Iles-de-la-Madeleine ne subissent pas d'exception dans la distribution des
districts électoraux au fédéral. Imaginez-vous si on
rattachait une autre partie...
M. Hardy: Tout ce que fait le fédéral, ce n'est
pas...
M. Bellemare (Johnson): Que cela soit M. Langlois ou M.
Pierrefonds, je sais ce que cela vaut. Mais est-ce parce qu'il y a un
problème de Madelinots contrairement à ceux qui sont dans
Bonaventure ou qui sont à Gaspé-Sud ou à
Gaspé-Nord.
Il y a peut-être une antipathie assez marquée, mais il y
avait une antipathie marquée entre les gens de Richmond et les gens de
Bagot et elle existe encore aujourd'hui. Il y avait une antipathie
marquée entre les gens de Shefford et les gens du vieux comté de
Bagot. Il s'agit aujourd'hui de faire pour le mieux. On a la loi et on essaie
de l'appliquer; c'est pourquoi je suis obligé de faire trois bureaux. Un
bureau à Valcourt le matin, un bureau à Acton dans
l'après-midi et un bureau à Windsor le soir. Cela, M. le
Président, pour écouter les revendications que peuvent faire les
électeurs de mon comté. Savez-vous que je reçois 75
à 80 personnes par jour? Pour un comté rural, c'est
énorme.
M. Hardy: Dans mon ancien comté de Terrebonne, c'est ce
que je faisais.
M. Bellemare (Rosemont): La pertinence du débat. On
reçoit nous aussi des électeurs.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Bellemare (Rosemont): Vous n'êtes pas le seul, mon
oncle, qui reçoit des électeurs. On en reçoit, nous
aussi.
M. Bellemare (Johnson): Si le député veut me
respecter, il ne m'appellera pas mon oncle.
M. Bellemare (Rosemont): Je vous respecte beaucoup.
M. Bellemare (Johnson): Vos électeurs vous ont élu
pour venir à Québec, mais ils ne pensaient pas que c'était
pour le Parlement.
M. Bellemare (Rosemont): Ils ne m'ont pas élu pour venir
à Québec, ils m'ont élu pour les défendre.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je continue donc
en demandant au député de faire rapport...
M. Bellemare (Rosemont): Pertinence du débat.
M. Bellemare (Johnson): ... mais je pense bien que ce n'est pas
lui qui va le composer, mais en tout cas. Une chose est certaine, c'est que la
pertinence du débat est de savoir si la distribution de la nouvelle
carte des districts électoraux sera appropriée.
M. Bellemare (Rosemont): Très bien.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes un de ceux qui sont les
plus exposés à critiquer votre gouvernement parce que vous
n'êtes pas satisfait de la distribution qui se fait là. On ne vous
rend pas justice.
M. Bellemare (Rosemont): Cela vous montre la
libéralité de... comment on peut être libéral.
M. Bellemare (Johnson): Oui, parce qu'on m'a dit qu'à
cause de cela, vous démissionneriez peut-être pour retrouver M.
Choquette.
M. Bellemare (Rosemont): C'est archifaux, monsieur.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs. A
l'ordre.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, une question de
privilège. Jamais et en aucun temps je n'ai dit que je
démissionnerais du Parti libéral. C'est archifaux ce que vous
dites.
M. Hardy: M. le Président, je pose la question de
règlement.
M. Bellemare (Rosemont): M. le député de Johnson,
je m'excuse, je ne le dirai pas, mais je voudrais vous dire que vous
êtes... Non, je ne le dirai pas.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! M. Hardy:
J'invoque le règlement.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! L'honorable ministre
sur une question de règlement.
Ml. Hardy: J'invoque le règlement. M. le Président,
vous savez tout le respect que j'ai pour le député de
Johnson...
M. Bellemare (Johnson): Oui, on sait cela.
M. Hardy:... mais je ne voudrais pas qu'il profite des travaux de
la commission parlementaire pour tenter de recruter des députés
libéraux en passant par celui avec qui il a des discussions, le
député d'Outremont.
M. Marchand: Je pense bien, M. le Président, que le
député d'Outremont est tombé dans le guet-apens du
député de Johnson.
Une Voix: Le député de Rosemont ne tombera pas.
M. Bellemare (Johnson): Je n'ai encore vu personne dans mes
pièges.
M. Marchand: Je comprends, mais on n'est pas assez
imbéciles. On s'en est aperçu, nous. Vous l'avez attiré
avec du miel et, après cela, vous avez dit: On ne vous veut plus.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre!
M. Bellemare (Rosemont): Vous avez parfaitement raison...
M. Marchand: Cela a été clair dans les
journaux.
M. Bellemare (Rosemont): M. le député de Johnson,
je vous comprends, vous n'avez pas encore vu personne et je vous comprends
très bien. Vous ne verrez personne non plus.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je voudrais dire
simplement que je ne tends de piège à personne et que, si le
Parti libéral veut continuer à conserver ses membres, il va
falloir que d'ici quelque temps, il change de stratégie. M. le
Président...
M. Marchand: II n'en a pas perdu beaucoup. Il en a moins perdu
que l'Union Nationale.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, s'il vous
plaît.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je dis que le
rapport qui vient de nous être lu est un travail qui est fort bien fait,
qui a été fait par des spécialistes, qui nous montre la
valeur de la contribution que peut apporter un parti politique dans un projet
comme celui qu'on étudie présentement. Je me réjouis, je
le consulterai personnellement encore plus à fond, parce que j'ai devant
moi la réforme des districts électoraux. Nous allons nous y
mettre et allons faire des comparaisons avec ce qui existe. Je suis
assuré, M. le Président, comme la communauté de
Saint-Hubert a à se plaindre énormément parce que son
maire a produit déjà, devant la commission, un document fort
étoffé, et sais que, quand viendra l'audition, nous entendrons
des gens de Saint-Hubert venir protester contre ce sectionnement de leur
ville.
Pour ce qui est des critères numériques, je pense que la
loi doit respecter les cadres de la vie usuelle des gens des comtés. Je
considère que dans la partie rurale, il n'y a pas beaucoup de
transformation actuellement. Par exemple, vous avez, je l'ai dit tout à
l'heure, Lotbinière, Frontenac, Richmond, avec le comté de
Frontenac et plus dans la partie de Matapédia où la ville de
Sainte-Luce-sur-mer et la municipalité sont détachées,
mais dans l'ensemble, M. le Président, c'est peut-être difficile.
C'est peut-être un travail, pour rendre justice à tout le monde,
excessivement difficile à réaliser, mais je crois que la
métropole, la ville de Montréal et les environs ne devraient pas
être sectionnés en certaines circonstances, comme la commission
l'a recommandé. Je sais que la commission, forte de l'expérience
que lui a apportée, aujourd'hui, l'honorable député de
Maisonneuve, voudra considérer ces choses et quand nous reviendrons pour
étudier en détail chacune des transformations.
Il y aura peut-être lieu de prendre note de leur avis. En tout
cas, M. le Président, j'assisterai, je pense, à toutes les
séances de la commission sauf que, jeudi matin, nous avons la commission
parlementaire des engagements financiers. Là, je ne pourrai pas
siéger aux deux endroits. Mais je pense que s'il y a des séances
demain après-midi, demain soir, j'assisterai aux séances.
Le Président (M. Gratton): Le ministre des
Communications.
M. Hardy: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention l'exposé du député de Maisonneuve et
celui du député de Johnson. Il est évident que
l'intervention du député de Maisonneuve, si on devait l'accepter
telle qu'il l'a proposée, chambarderait complètement les
principes que le Parlement a acceptés lorsque nous avons adopté
la loi 80. Quand je dis ça, je ne parle pas des détails du projet
mais de sa façon de procéder. Quand il propose, d'une part, de
rejeter en bloc le rapport de la commission de la réforme des districts
électoraux et que, dans le même souffle, il propose d'adopter son
propre rapport, nous revenons au "gerrymandering" qui a été
condamné. Cela m'étonne de la part d'un parti qui se dit nou-
veau, pur. Evidemment à moins que mon hypothèse du début
soit exacte, que se considérant immaculés dans leur conception,
ils considèrent que leur rapport est complètement
détaché de toute visée partisane, ils ont fait ça
uniquement pour assurer une meilleure représentativité
électorale. Sauf qu'en jetant un premier coup d'oeil, je vois le
"gerrymandering". Même Mackenzie King, dans ses plus belles
années, n'en a pas fait d'aussi bon en examinant une petite partie.
C'est évident, M. le Président, que quant à nous,
nous ne tomberons pas dans ce piège tendu par le Parti
québécois, c'est-à-dire de renier les principes sur
lesquels le Parlement s'est prononcé, principes que j'ai rappelés
dans mon exposé du début, qu'il s'agit de faire une carte
électorale reposant sur des critères objectifs et non pas une
carte électorale qui va permettre à un parti ou à un autre
d'aller chercher quelques électeurs d'un coin et quelques
électeurs d'un autre pour essayer de se constituer une majorité.
Nous avons dit non à cette formule qui avait été
appliquée par les libéraux autrefois, tant au
fédéral qu'au provincial, qui a été
appliquée par l'Union Nationale autrefois. En 1971, nous avons dit non,
nous voulons une formule qui va faire en sorte que nous ayons une carte
électorale qui soit objective et qui tente de permettre à
l'électorat du Québec d'être représenté d'une
façon équitable au Parlement.
Je dis tout de suite au député de Maisonneuve qu'il n'est
pas question de renoncer aux principes sur lesquels le Parlement s'est
prononcé à la suggestion du gouvernement en 1971. Nous allons
continuer exactement dans le même esprit. Pour continuer dans cet esprit,
le député de Maisonneuve a déposé des propositions.
Le parti ministériel aura des propositions également à
déposer, probablement à la séance de demain, et la
commission permanente de la réforme des districts électoraux aura
à délibérer sur les propositions formulées ou, s'il
y a d'autres députés ou d'autres partis qui veulent en faire,
aura à délibérer et nous fera un rapport. Mais il n'est
pas question, encore une fois, pour nous, de rejeter du revers de la main un
rapport et de se tourner de l'autre côté et d'adopter
intégralement, ou même avec des modifications, un autre
rapport.
M. Burns: ...
M. Hardy: Quelqu'un me faisait remarquer tantôt...
M. Burns: C'est par honnêteté intellectuelle que
vous le faites.
M. Hardy: ... que, dans le passé, le PQ s'est pris pour le
gouvernement avec un certain budget. Voilà que le PQ se prend maintenant
pour une commission indépendante. Enfin!
M. le Président, c'est de cette façon que nous voulons
travailler. Peut-être que d'ici la fin de la séance, le
président de la commission aura certaines remarques à faire,
peut-être certains députés voudraient l'interroger sur le
rapport qu'il a déposé. Mais encore une fois, quant à
nous, il n'est
pas question de nous prononcer comme membres de la commission sur le
rapport, pas plus que sur le rapport du Parti québécois.
Si la commission de la réforme considère qu'il y a des
éléments de la proposition du Parti québécois qui
sont valables, ses membres nous les soumettront dans leur deuxième
rapport et nous verrons ce que nous en faisons. Pour le moment, tout ce que
nous désirons faire, c'est de nous informer davantage, s'il y a lieu,
auprès des membres de la commission et demain, de proposer nos propres
amendements et permettre par la suite à la commission de se
libérer.
M. le Président, par votre entremise, je demande au
président de la commission s'il y a des remarques préliminaires
à faire.
Le Président (M. Gratton): Avant de céder la parole
au président de la commission, je pense que les deux
députés de l'Opposition auraient quelques brèves
remarques. Le député de Maisonneuve, tout d'abord.
M. Burns: Merci, M. le Président. Je veux simplement dire
ceci: II est remarquable que, dans le projet que j'ai soumis, les
recommandations que nous faisons sont principalement attachées à
l'île de Montréal et aux environs de Montréal, plus
particulièrement Laval et la rive sud de Montréal.
Pour ceux qui voudraient me faire un procès d'intention
relativement à cela je me demande si le ministre ne
s'apprêtait pas à le faire quand il disait que c'est
révélateur je veux tout simplement dire que nous nous
sommes attachés à faire des recommandations sur la partie
où c'est le plus flagrant, reconnaissant un fait que le
député de Johnson énonçait tout à l'heure,
d'ailleurs. D'emblée, je l'aurais dit que je ne l'aurais pas mieux dit
que lui. C'est sûr que c'est différent d'être
député dans un comté rural et d'être
député dans un comté urbain. C'est sûr que cela
comporte un certain nombre de difficultés accrues que d'être un
député rural et c'est en reconnaissant ce fait que nous avons
dit: Pour le moment, allons véritablement à la partie où
il nous paraît que la loi a été le plus mise de
côté dans les recommandations de la commission. Pas que nous ne
trouvons pas qu'il y ait des anomalies comme le député de Johnson
citait son propre comté. Depuis sa naissance, ce comté pose des
problèmes à beaucoup de gens quand on sait comment il est
formé, en partant de Windsor et en descendant jusqu'aux limites du
fleuve. Je ne sais pas, vous parlez de haut et de bas, dans le sens inverse,
mais en tout cas.
C'est véritablement cela que je tiens à dire, ce
n'était pas dans le sens que nous ne croyons pas qu'il n'y a pas
d'anomalies, dans le secteur rural, qui doivent être changées.
Mais c'est principalement parce qu'il y a des anomalies immédiates qui
sont sur le point de nous arriver en pleine figure avec la recommandation de la
commission. Ce n'est pas un vote de blâme à la commission que je
fais. Je voudrais bien que ce soit bien compris, M. le juge et MM. les
commissaires, ce n'est pas un vote de blâme, c'est l'expression
honnête d'un parti politique représenté à
l'Assemblée nationale et ce n'est pas je tiens à le dire
un vote de blâme à votre endroit. C'est une divergence
d'opinions sérieuse, je l'admets, relativement au rapport que la
commission veut faire.
Maintenant, je vois qu'autour de la table, il y a un certain nombre de
députés. Je suggère si jamais des
députés veulent s'en prévaloir je pense que cela
dépasse un peu les partis, ce que nous discutons ici. Ce n'est pas une
question de parti politique, il y en a un qui veut se montrer plus fin que
l'autre ou quoi que ce soit. J'espère que tout au long de nos travaux,
on va se rappeler de cela. C'est un peu l'esprit qui va m'animer d'ici à
la fin de nos travaux.
Il me semble qu'avant de demander la parole au président,
après que chacun des représentants officiels des partis ait fait
valoir son point de vue, il me semble qu'on pourrait demander aux autres
députés autour de la table s'ils ont des remarques
particulières à faire relativement à la carte.
Personnellement, je suggérerais que cela se fasse avant que les
membres de la commission permanente expriment leur point de vue. C'est une
suggestion que je fais à la commission, M. le Président. Je ne
sais pas si c'est partagé autour de la table.
M. Hardy: La commission est souveraine. J'ai fait une suggestion,
mais s'il y a d'autres députés qui désirent parler...
Encore une fois, s'il y a des députés qui veulent parler avant le
président de la commission, ils sont tout à fait libres. La
commission est souveraine.
Peut-être que si on avait l'occasion d'entendre certaines
explications des membres de la commission permanente de la réforme cela
pourrait éclairer les interventions des députés à
venir. Encore une fois, chacun est bien libre de décider.
Quant à moi, personnellement, je vous dis qu'avant de faire
valoir mes opinions, je préfère écouter le
président de la commission parce que les remarques qu'il pourrait faire,
surtout à la suite de la lecture de votre document, pourraient
peut-être modifier mes propres opinions.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est que
l'endroit est bien désigné pour les députés qui
sont autour de cette table, membres de la commission, avant que les membres si
distingués de la commission ne ss prononcent, pour nous dire un peu
s'ils ont de petites choses... C'est bien, c'est normal. Personne ne nous fait
de reproche de savoir où cela commence et où cela finit.
Peut-être que le président vous donnera des réponses. Il me
semble que ce serait bien de connaître un peu vos... Ce que vous dites en
dehors, dites-le-nous ici. J'aimerais plutôt essayer de trouver avec vous
autres des solutions pour aider le président et les membres à
trouver la bonne réponse. Si ce n'est seulement que des... Le
député de Rosemont qui est prêt nous ferait peut-être
une...
M. Boudreault: Nous sommes prêts à enten-
dre le président de la commission. Nous sommes unanimes.
M. Bellemare (Johnson): Non, mais je sais que le
député de Rosemont est prêt à nous faire une
déclaration. Il a même commencé, pendant l'intervention du
député de Maisonneuve.
Le Président (M. Gratton): Si vous continuez, il va
commencer pendant la vôtre aussi.
M. Hardy: M. le Président, quand j'entends le
député de Johnson, fort sympathique, dire des choses comme celles
qu'il vient de dire, d'une part, évidemment, je reconnais le politicien
rusé, mais, en même temps, je me demande s'il n'y a pas une
espèce de relent les psychiatres connaîtraient exactement
les termes comparant son rôle, autrefois, quand il était un
whip qui maintenait une discipline stricte, et là, incitant les gens
d'un autre parti peut-être à exprimer des opinions contraires. Il
y a une espèce de dichotomie à l'intérieur du
député de Johnson et entre...
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais...
M. Hardy: ... l'ancien whip de l'Union Nationale.
M. Bellemare (Johnson): L'ancien leader en Chambre.
M. Bellemare (Rosemont): M. le Président, devrais-je dire
qu'il a du Bellemare?
M. Burns: M. le Président, je comprends très bien
l'intervention du député de Johnson. C'est un peu dans le
même sens que je la faisais. C'est pour aider ces timides
députés libéraux, eux qui réclamaient, en fin de
semaine, de pouvoir s'exprimer dans ce parti, de leur dire: Vous pouvez vous
exprimer ici. Ne vous inquiétez pas. Ce ne sont pas les gros
méchants de l'Opposition qui vont vous empêcher de parler. C'est
un peu pour cela que nous faisions unanimement cette suggestion.
M. Bellemare (Johnson): Dans le rapport La-montagne, c'est dit en
toutes lettres: "II faudra que les députés prennent leur attitude
et l'expriment publiquement." C'est dans le rapport La-montagne. C'est le
temps. Page 11.
M. Marchand: M. le Président, c'est à peu
près comme quand vous donniez vos numéros de règlement.
Vous donniez n'importe quel numéro comme vous donniez n'importe quelle
page.
M. Bellemare (Johnson): Le président du Parti
libéral, le notaire, a dit lui-même, dans sa déclaration:
N'ayez pas peur, devant l'Opposition, de vous affirmer.
M. Marchand: Vous avez lu cela?
M. Bellemare (Johnson): Ah oui! J'ai lu cela.
M. Marchand: Vous avez lu cela. C'est bon?
Le Président (M. Gratton): Les députés,
membres de la commission, voudraient-ils s'exprimer ou interroger le
président de la commission?
Le député de Charlesbourg.
M. Harvey (Charlesbourg): M. le Président, je ne sais pas
si on a rejeté, du revers de la main, le document déposé
par le Parti québécois. Je pense qu'il a fait quand même un
excellent boulot. Pour la région de Québec en particulier, on a
été un peu moins loquace que pour la région de
Montréal puisque, à ce niveau, on a fait sauter par dessus bord,
je pense, tous les critères qui prévalaient pour défendre
le dossier dans la région métropolitaine de Montréal. A
cet égard, je pense qu'on a dû faire des tours de force pour
structurer une carte électorale dans la région
métropolitaine de Québec et y insérer un nouveau
comté. De fait, lorsqu'on regarde au niveau de Charlesbourg,, en
particulier, non seulement on fait sauter par dessus bord
l'homogénéité du territoire, mais on brise
l'intégrité absolue du grand Charlesbourg. A cet égard, la
ville de Charlesbourg, si l'on tient compte de la proposition du PQ pour la
région de Québec, serait fractionnée en trois
comtés.
Je pense que déjà là, malgré le travail
phénoménal qu'il a pu faire, peut-être la bonne foi aussi,
cela remet évidemment en question toute la thèse sur laquelle
reposait le dossier socio-économique pour la région
métropolitaine de Montréal. De fait, on appuie à cela les
revenus des individus, des particuliers et également la question de
l'homogénéité. Pour le respect de cette magie
régionale, pour la région de Québec, la ville de
Charlesbourg qui est quand même le bassin de la population, le territoire
comme tel, comprenant Charlesbourg-Ouest et Charlesbourg-Est, ne doit en aucune
façon être brisée dans son intégrité.
C'est à cet égard, d'ailleurs, que j'ai personnellement
fait des représentations auprès du comité qui a
déposé son troisième rapport apportant par le fait
même certaines observations sur la refonte possible de la nouvelle carte
électorale qui mettait même en péril
l'intégrité du territoire du grand Charlesbourg en apportant
comme ligne de démarcation l'autoroute no 40. On fractionnait la partie
de Saint-Rodrigue du vieux Charlesbourg, une section du comté de
Limoilou et l'autre partie à Vanier. Le travail est sûrement
valable, mais la ville de Charlesbourg, berceau de cette grande région
métropolitaine, du grand Charlesbourg et de la nouvelle grande ville qui
s'est agrandie depuis le 1er janvier 1976, mérite très
certainement, le respect d'une homogénéité territoriale le
respect d'un contexte socio-économique équilibré comme le
veut cette assiette métropolitaine. Si on respecte le critère de
31,000 électeurs, qu'on respecte au moins
l'homogénéité d'une population, c'est-à-dire que
Charlesbourg comme tel, comprenant Charlesbourg-Est et Orsainville et
Notre-Dame-des Laurentides, soit peut-être considéré comme
devant être une nouvelle circonscription projetée par le Parti
québécois.
A cet égard, je vois sûrement un travail de dessinateur, un
travail de sociologie, mais à mon point de vue cela se résume
à une magie statistique que l'on pouvait peut-être attribuer
à la commission permanente de la refonte de la carte électorale.
Je n'y vois pas de sérieux là-dedans.
M. Burns: M. le Président, je ne veux pas lancer une
discussion sur le rapport que j'ai déposé. Je veux tout
simplement dire au député de Charlesbourg qu'il aurait
intérêt à lire également, parce que je pense qu'il a
pris connaissance de l'atlas que nous avons allié à notre
document, entre autres à la page 75 les raisons particulières
pour lesquelles nous faisons des recommandations de cette nature du
côté de Charlesbourg. Je lui rappelle, il le sait fort
probablement plus que moi, qu'entre autres le comté de Charlesbourg, tel
qu'il est actuellement, en 1970 regroupait 29,556 personnes, alors qu'aux
élections de 1973 il était rendu à 40,908. Selon les plus
récentes statistiques qu'on peut avoir, on serait rendu actuellement
à 52,561. C'est un peu dans ce sens que notre recommandation est venue.
D'autre part, il y avait aussi une nécessité de ne pas isoler les
municipalités au nord et qui ne pouvaient pas être reliées
à quoi que ce soit d'autre. Pour le moment, je ne veux pas aller plus
loin. Je conçois que je ne suis pas en train de défendre mon
projet mais, puisque le député de Charlesbourg dit deux poids
deux mesures, je pense qu'il était nécessaire que je fasse
réponse immédiatement.
M. Harvey (Charlesbourg): Je m'excuse...
M. Burns: Vous auriez intérêt à lire le
document qui est avec l'atlas.
M. Harvey (Charlesbourg): Non, mais je parle de celui qui a
précédé, c'est-à-dire celui que vous avez rendu
public, quant aux augmentations très rapides des populations. Dans le
cas d'Orsainville par exemple, vous autres mêmes vous mentionnez, en
termes de statistiques, 60% d'augmentation de population sur une période
de cinq ans. C'est une chose que je n'ignore pas, je tiens compte justement de
cette augmentation très rapide du bassin de population. J'étais
autrefois député de Chauveau, et vous savez comme moi, que
l'addition de ces deux circonscriptions donne au-delà de 100,000
électeurs maintenant. Cela serait un travail de mercenaire que de
couvrir tout ce territoire dans la nouvelle circonscription de Charlesbourg.
Encore là, c'est un contexte qui progresse rapidement.
Les municipalités qui vont progresser davantage ne sont plus les
villes comme Charlesbourg, alors que la population est stable maintenant et
développée à 95% de sa capacité, mais bien
plutôt les secteurs comme Notre-Dame-des-Laurentides et Charlesbourg-Est.
C'est pourquoi je déplore quand même que, tout en voulant
insérer un nouveau comté à la région
métropolitaine, on fractionne en trois comtés c'est
là mon argument de base en trois circonscriptions. Par le biais
de l'atlas et dans votre étude on fractionne le territoire que je
voudrais voir respecter intégralement en trois circonscriptions
distinctes. C'est là mon argument.
M. Burns: Vous allez voir de toute façon, le
député de Charlesbourg, qu'avec la suggestion de la commission,
à 37,975, d'ici très peu vous allez dépasser la norme de
40,000. C'est cela qu'on vous dit.
M. Harvey (Charlesbourg): II y aura cependant
l'élimination du territoire que l'on considère à
l'extérieur de l'assiette de Charlesbourg, pour ne pas dire l'assiette
charlesbourgeoise. Il s'agit, en d'autres termes, du secteur nord, ou le
Lac-Saint-Charles, par exemple, beaucoup plus homogène avec la partie de
Chauveau, Saint-Emile et le reste, et en communion directement avec cette
population, et qui se retrouvera, par la nouvelle proposition à la
commission, dans la nouvelle circonscription de Chauveau. Ceci éliminera
aussi, graduellement, les territoires beaucoup plus au nord, qui font partie de
l'arrière-pays ou de la ceinture verte du Québec
métropolitain.
M. Boudreault: M. le Président, afin de sauver le Parti
québécois, on devrait peut-être écouter, parce que,
plus les députés parlent, plus l'affaire s'écroule.
M. Harvey (Charlesbourg): Je pense que c'est une
critique......des deux côtés.
M. Boudreault: ...
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas le droit de dire cela
à...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs!
M. Boudreault: Non, l'affaire du Parti québécois
s'écroule.
M. Bellemare (Johnson): Voyons! Soyez raisonnable!
M. Burns: Vous ne voulez pas que le député de
Charlesbourg parle?
M. Hardy: Vous n'avez pas compris ce qu'il a dit?
M. Bellemare (Johnson): Oui, j'ai compris...
M. Hardy: Le député de Bourget vient de dire que
s'il y a plusieurs députés comme le député qui
vient de parler qui s'expriment, le document du PQ va s'envoler... Il ne
faudrait pas qu'il s'envole tout de suite comme cela.
M. Burns: Laissez-le parler, d'abord.
M. Hardy: Bien oui! On n'a pas d'objection à le laisser
parler.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, à tout
événement, je pense bien qu'on n'est pas ici pour discuter du
projet du Parti québécois, pas plus que de celui de l'Union
nationale...
M. Hardy: A moins que le Parti québécois fasse la
commission...
Le Président (M. Gratton): Nous sommes ici pour discuter
du projet soumis par le président de la commission permanente, et je
l'inviterais immédiatement à nous livrer ses impressions.
M. le juge.
M. François Drouin
M. Drouin (François): Je me permettrai, sans vouloir
attirer l'attention sur certaines personnes ou sans vouloir blesser qui que ce
soit...
Une Voix: Plus fort.
M. Drouin: Plus fort. Je voudrais vous dire d'abord, avant de
lire mon petit texte, que nous, nous étions obligés,
d'après la loi, de nous en tenir au nombre des électeurs lors des
élections de 1973. Lorsque nous avons remis notre avis au
président de l'Assemblée nationale, en octobre 1974, on ne
pouvait pas, à ce moment, tenir compte de l'énumération de
1974, parce qu'en 1974, cela a été une énumération,
et on ne peut pas, non plus, tenir une carte à jour. La meilleure
preuve, c'est que, lorsque la carte fédérale est entrée en
vigueur en 1965, dès les élections de 1968, non seulement y
avait-il des districts électoraux dans Montréal qui
dépassaient les 25%, mais il y en avait onze qui dépassaient
100,000. Il y en avait, je crois, quatorze ou quinze dans le Toronto
métropolitain qui dépassaient également 100,000 avec un de
135,000.
Evidemment, dans notre premier rapport, nous avons soumis comme limites
les autoroutes ou les lignes de chemin de fer. Nous avons eu des
représentations pour nous demander de garder les limites municipales
là où nous avons changé. Nous avons continué de
faire la même chose cette année. Nous avons changé et nous
avons plutôt pris des limites municipales.
Les secteurs de recensement sont des secteurs de recensement de
population, et notre carte est basée sur les électeurs. Il est
très difficile pour nous de tenir compte des secteurs de
recensement.
Quant à Longueuil, évidemment, c'est une
municipalité qui, aujourd'hui, compte tout près de 100,000 de
population. Il est impensable d'avoir Longueuil dans la même
circonscription.
Le découpage des districts électoraux, tel que
proposé par la commission permanente de la réforme des districts
électoraux, dans son rapport en date du mois d'avril 1975, s'est
effectué en conformité de l'article 9) de la loi qui fixe un
quotient de 32,000 électeurs avec un écart possible de 25% en
plus ou en moins.
Règle générale, en milieu urbain, un nombre
d'électeurs supérieur à la moyenne a été
retenu, tandis que le contraire prévaut en milieu rural.
Le découpage électoral proposé tient compte des
limites des municipalités. En milieu rural, ces limites sont
intégralement respectées, tandis qu'en milieu urbain, le respect
de ces limites s'avère parfois impossible.
La commission a opéré de trois façons pour en
arriver au découpage électoral proposé en avril 1975.
En premier lieu, elle a ajouté un certain nombre
d'électeurs à deux districts électoraux, Matapédia
et Richmond, pour les rendre conformes à la norme minimale prévue
par la loi, soit 24,000 électeurs.
Une seule exception subsiste, les Iles-de-la-Madeleine dont le cas a
été résolu en 1972.
En deuxième lieu, la commission a opéré le
déplacement d'un certain nombre d'électeurs entre divers
districts électoraux, d'un secteur donné, en vue d'en arriver
à un certain équilibre entre les districts électoraux
concernés.
Cette opération consiste à soustraire des électeurs
d'un district électoral pour les ajouter à un autre district
adjacent, d'où une sorte de réaction en chaîne à
l'intérieur d'un secteur donné.
C'est le cas de l'île de Montréal.
En effet, à l'intérieur des limites de l'île de
Montréal, on assiste à un ralentissement marqué de la
croissance des électeurs. Alors qu'aux élections
générales de 1970, on comptait 62,113 électeurs de plus
qu'à celles de 1966, en 1973, année des dernières
élections générales, on dénombrait seulement 22,818
électeurs de plus qu'à celles de 1970.
Cette augmentation de 22,818 électeurs ne justifie pas l'addition
d'un autre district électoral puisque, pour ce faire, il aurait fallu
une augmentation minimale de 32,000 électeurs.
A cette faible augmentation du nombre des électeurs dans un
secteur qui compte 31 districts électoraux s'ajoutent des tendances
à la stagnation dans plusieurs viltes et une nette diminution du nombre
des électeurs dans plusieurs autres villes.
A titre d'exemple, mentionnons le cas de la ville de Montréal
où le nombre des électeurs a diminué de 33,237 entre les
élections générales de 1970 et celles de 1973.
De plus, mentionnons le fait qu'entre le recensement
fédéral de 1966 et celui de 1971, quinze des trente et une
municipalités de l'île de Montréal ont vu leur population
diminuer.
A la suite de ces constatations, la commission ne pouvait pas,
logiquement, augmenter le nombre des districts électoraux dans
l'île de Montréal.
En troisième lieu, la commission a jugé à propos de
créer deux nouveaux districts électoraux dans la région
périphérique de l'île de Montréal
Un premier district électoral s'ajoute à
l'intérieur des limites de la ville de Laval. Comme cette ville
comprenait 135,232 électeurs, lors des élections
générales de 1973, il était péremptoire d'y ajouter
un district vu qu'il aurait été illégal de diviser le
territoire de la ville de Laval en trois districts
électoraux, comme à l'heure actuelle, du fait que la
moyenne de chacun d'eux aurait dépassé de 4,077 électeurs
le maximum prévu par la loi.
Un second district s'ajoute sur la rive sud de Montréal. Il est
découpé à même les districts actuels de Laporte,
Laprairie et Taillon qui totalisaient 108,800 électeurs aux
élections de 1973, soit une augmentation de 34,545 électeurs.
Ce sont là les faits qui ont présidé à la
préparation du projet de la carte électorale qui est actuellement
devant vous et qui a été accepté à
l'unanimité par les membres de la commission permanente de la
réforme des districts électoraux.
Permettez-moi maintenant, pour terminer, de vous donner quelques
chiffres concernant les changements apportés à la carte.
Dans l'île de Montréal, il y avait 1,162,000
électeurs et nous en avons déplacé 129,000, soit 11.12%.
Inutile de dire que, dans l'île Jésus, en ajoutant un district,
nous en avons déplacé 38%.
Sur la rive nord du Saint-Laurent, excluant le Québec
métropolitain et Charlesbourg, nous avons déplacé 31,000
électeurs sur 994,000, soit 3.17%.
Dans le Québec métropolitain, sur 260,000, nous en avons
déplacé 20,000, soit 7.85%.
Sur la rive sud du Saint-Laurent évidemment, dans Taillon,
par le fait qu'on ajoutait un autre district dans Laporte, Laprairie, Longueuil
et Taillon nous en avons déplacé 64,000, soit 44.75%.
Dans le reste de la rive sud en excluant Laporte, Laprairie, Longueuil
et Taillon, nous avons déplacé 7,123 personnes sur un million,
soit 0,67%. Dans le grand total pour le Québec, sur 3,764,000, nous
avons déplacé 304,000 électeurs, soit 8,9%. Je vous
remercie, messieurs.
Le Président (M. Gratton): Est-ce que les membres de la
commission ont des questions ou des remarques à faire à l'endroit
du président?
Les critères
M. Burns: M. le juge, tout à l'heure, j'ai
été frappé de vous entendre dire que, malgré
l'énoncé que votre commission avait déjà fait
antérieurement relativement aux différents critères
géographiques, sociologiques, numériques, vous aviez eu des
représentations pour ne pas tenir compte, entre autres, des voies
ferrées, des cours de triage et de ces obstacles. De qui avez-vous
reçu ces représentations?
M. Drouin: C'est-à-dire qu'après avoir
déposé notre rapport, en 1972, nous avons eu, par l'entremise de
la commission ici et par lettres qui nous ont été envoyées
par des municipalités, des demandes de ne pas tenir compte du fait
d'arrêter les frontières d'un district à une autoroute, par
exemple, ou à une voie ferrée, mais de les terminer avec les
limites de la municipalité.
M. Burns: Et quand on parle, par exemple, de la ville de
Montréal, est-ce que cela s'applique?
M. Drouin: Ce sont des cas. Je ne peux pas vous dire
spécifiquement, cet après-midi, mais ce cas nous a
été demandé dans l'île de Montréal.
M. Burns: Dans l'île de Montréal. Par exemple, je
vais vous donner un cas que je connais bien, le comté de Maisonneuve
où passent les voies ferrées du CN pour s'en aller emprunter, une
partie du comté de Bourget. Est-ce en vertu de ce raisonnement que cela
a été fait? Je vous donne cela simplement à titre
d'exemple parce que, là, vous êtes dans la même
municipalité, que vous soyez dans Bourget ou dans Maisonneuve.
M. Drouin: Non. Ce sur quoi je voulais attirer l'attention, c'est
qu'il peut y avoir une divergence entre notre façon d'agir aujourd'hui
et notre premier rapport, parce que nous avons, évidemment,
apporté des modifications. Nous avons suivi ce principe. Mais je ne peux
pas vous dire si, à l'heure actuelle, c'est ce principe qui a
présidé aux limites de votre district électoral. Il faut
toujours se mettre dans l'idée qu'une carte électorale, M. le
député, il faut la partir d'un bout de l'île ou à
l'autre bout de l'île et il faut s'en venir. On ne peut pas commencer
dans le milieu, tourner autour et finir en prenant 16,000 électeurs (?)
dans votre bout et 16,000 à l'autre bout de l'île pour former un
district. Evidemment, on pourrait refaire une autre carte, avec d'autres
limites et toujours avec 31 districts. Parce que, si on les prend dans ce sens
ou si on les prend dans ce sens, c'est une décision à prendre.
Nous avons fait faire plusieurs cartes avant de prendre nos
décisions.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le comté
qui me frappe le plus dans la délimitation des nouveaux critères,
c'est le comté d'Arthabaska avec le comté de Richmond. C'est plus
dans ma région. C'est plus près de Johnson. Je vois là que
vous avez pris 3,200 électeurs pour les transporter dans le comté
de Richmond. Je pense que c'est fait strictement au point de vue
numérique sans considération de la société, de la
communauté des villes comme Chesterville, Chester-Ouest et Warwick qui
partent du comté d'Arthabaska.
M. Drouin: M. le ministre, comprenez moi bien.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Drouin: M. le député, que nous ayons pris deux
ou trois municipalités au lieu d'en prendre deux ou trois autres, c'est
pour cela que nous venons devant vous, pour que vous nous demandiez, à
l'appui de certaines revendications, de considérer certains faits.
Voilà le point.
M. Bellemare (Johnson): Si vous me le permettez, M. le
Président, ces municipalités de Ches-
terville, Chester-Ouest et Warwick ont une mentalité, depuis des
siècles, attachée à Arthabaska. C'est de toujours.
Là, vous les prenez et vous les envoyez dans le comté de
Richmond qui est complètement différent au point de vue de la
mentalité, simplement pour faire une balance dans les chiffres. De
34,000, vous les mettez à 30,000 et de 22,000, vous les mettez à
26,000.
M. Drouin: Présentez-nous une modification. On ne peut pas
connaître tous ces détails.
M. Bellemare (Johnson): Non, je veux savoir ce qui vous a
incité à faire cela 34,000 qu'il y avait dans Arthabaska,
Richmond qui en avait seulement 22,000, de remonter l'un à 26,000 et de
baisser celui d'Arthabaska. Si c'est numérique, c'est mauvais au point
de vue de la mentalité, au point de vue, comme je viens de vous le
dire... Dans mon comté de Johnson, vous y avez mis le feu. Ce n'est pas
à cause de vous personnellement. Vous avez fait des critères de
base et vous avez pris trois comtés différents de
mentalité, celui de Drummond, quatre paroisses dans le comté de
Bagot, vous avez pris huit paroisses dans le comté de Richmond, vous les
avez collées à Bagot. Vous avez pris sept paroisses
complètement à l'autre bout, dans Shefford, qui n'ont pas du tout
le même point de vue. Toutes les sept paroisses qui sont venues de
Shefford font encore affaires avec Granby. Toutes les paroisses qui sont venues
de Shefford font encore affaires avec Granby. Toutes les paroisses qui viennent
du comté de Richmond font encore affaire avec Richmond. Cela ne vient
pas du côté d'Acton, ça ne viendra jamais. Il y a un
critère de mentalité de population qui s'adapte mal.
Je prends l'exemple du comté d'Arthabaska et je vous pose la
question. Pourquoi prendre Ches-terville, Chesterville-Ouest, Warwick qui ont
une vocation, une mentalité traditionnelle, du côté
d'Arthabaska, et les intégrer dans un autre comté où ils
arrivent comme des inconnus, où ils sont perdus?
Maintenant, j'ai une question à vous poser. Ces changements que
vous apportez dans la partie d'Arthabaska et dans la partie de Richmond, est-ce
que c'est contraire à l'ordre en conseil qui divise les régions
économiques?
M. Drouin: On ne peut pas tenir compte, au point de vue de la
carte électorale...
M. Bellemare (Johnson): Non.
M. Drouin:... des régions économiques.
M. Bellemare (Johnson): Non, je vous pose la question. Parce que
chez nous, à la minute où vous allez rattacher les paroisses de
Shefford à Johnson, vous allez les rattacher à la zone no 6,
quand elles étaient habituées de faire leurs affaires à
Sherbrooke, la zone économique no 5. C'est un volcan. Le gars, mon cher
monsieur, qui demeure à Valcourt et qui est obligé de faire
affaires avec Longueuil pour son service social ou autre chose, c'est
formidable, ça ne marche pas.
M. Drouin: Cela ne dépend pas du district
électoral.
M. Bellemare (Johnson): Mais je dis qu'ici, dans Warwick, dans
Chesterville et dans Chesterville-Ouest, vous avez là un exemple typique
pour faire votre critère numérique. Vous avez enlevé 3,201
électeurs dans Arthabaska et vous les avez ajoutés parce que
ça balançait; 22,000 dans Richmond et 34,000 dans Arthabaska,
vous avez dit, c'est trop là, ce n'est pas assez là, on va faire
une... C'est mauvais.
M. Drouin: Le critère par excellence, c'est 32,000; c'est
celui qui préside d'abord.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui. M. Drouin: Et non pas le
reste.
M. Bellemare (Johnson): Oui, oui, je comprends ça.
M. Drouin: Parce que si vous lisez l'article g au complet...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, je l'ai lu et je
l'ai relu.
M. Drouin: ... vous allez voir: "32,000 et, à cette fin,
elle devra tenir compte des facteurs de variation de population".
M. Bellemare (Johnson): 25% après ça.
M. Drouin: 25%, on n'a pas à tenir compte d'autre
chose.
M. Bellemare (Johnson): Dans le deuxième paragraphe.
M. Drouin: Une minute. Dans le deuxième paragraphe, c'est
quand on veut, quand la commission veut s'écarter des règles du
premier alinéa, c'est-à-dire du 25 en plus et du 25 en moins. Si
on veut s'écarter de ça, il faut faire... pour des
considérations exceptionnelles d'ordre démographique,
géographique...
M. Bellemare (Johnson): Ah, ah, pas trop vite. Lisez-moi
ça tranquillement, lisez-moi ça tranquillement.
M. Drouin: Oui, la commission...
M. Bellemare (Johnson): Pour des considérations
exceptionnelles. Quelles sont ces considérations exceptionnelles pour le
comté d'Arthabaska, sauf le critère numérique.
M. Drouin: II n'y en a pas.
M. Bellemare (Johnson): Ah bon, c'est ça.
M. Drouin: Dans la loi.
M. Bellemare (Johnson): D'accord, vous l'avez admis.
M. Drouin: Parce que la loi dit...
M. Bellemare (Johnson): Je suis content que vous
l'admettiez...
M. Drouin:... la loi dit...
M. Bellemare (Johnson): C'est honnête de votre part de
l'admettre.
M. Drouin:... qu'il y a des exceptions.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez admis que, pour des raisons
exceptionnelles, une dérogation aux considérations...
M. Drouin: "D'ordre démographique, géographique
telles que...".
M. Bellemare (Johnson): II n'y en a pas d'autres que l'aspect
numérique.
M. Drouin: Ce deuxième alinéa n'a servi qu'une fois
et c'est pour les Iles-de-la-Madeleine.
M. Bellemare (Johnson): D'un autre côté, on a un
exemple typique, le comté d'Arthabaska et le comté de Richmond.
M. le Président, je ne vous chicane pas. J'essaie de trouver les raisons
qui ont motivé...
M. Drouin: Moi non plus.
M. Hardy: Cela frisait l'outrage au tribunal.
M. Drouin: Nous avons une loi ici...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, si j'étais ministre comme
M. Ouellet.
M. Drouin: Nous avons une loi qui a été
votée par l'Assemblée nationale, nous sommes obligés de
nous y soumettre.
M. Bellemare (Johnson): II y avait deux mots dans le
deuxième paragraphe, "pour des considérations
exceptionnelles".
M. Drouin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Je vous ai fait admettre qu'il n'y en
avait pas de considérations exceptionnelles, sauf le
numérique.
M. Drouin: II y en a, si on décidait que le district
électoral de Johnson est un district de 18,000 électeurs; on a le
droit de le faire, mais on ne le fera pas.
M. Bellemare (Johnson): Certain.
M. Drouin: Mais, si on le faisait, ce seraient des
considérations exceptionnelles.
M. Hardy: M. le Président, dans les circonstances, je
serais tenté de vous inviter à considérer la
possibilité de regarder le comté de Johnson comme quelque chose
d'exceptionnel.
M. Drouin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): On a prouvé que c'est un
comté exceptionnel contre le gouvernement aussi. Même
malgré les 83 députés et ministres, malgré les
"beavers" dans toutes les paroisses.
M. Hardy: M. le Président, je ne veux pas m'immiscer dans
vos délibérations, mais...
M. Bellemare (Johnson): C'est un comté exceptionnel.
M. Hardy: Je ne veux pas m'immiscer dans vos
délibérations mais, compte tenu de la personnalité du
député actuel, je me demande si vous ne devriez pas
considérer cela comme un cas exceptionnel.
M. Drouin: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Cela devient un état de fait chez
nous dans Johnson et cela va rester comme cela. On a su rétablir un
certain climat, on essaie, du moins, de rétablir un certain climat. On a
énormément de misère entre le haut et le bas du
comté.
M. Drouin: Evidemment! Mais c'est dû à quoi, M. le
député?
M. Bellemare (Johnson): C'est dû à une
mentalité qui a été façonnée pendant des
siècles dans Windsor, dans Bromptonville, dans le canton de
Brompton...
M. Drouin: Par? Par les comtés privilégiés.
C'est cela qui était le bobo. On a été obligés, en
1972, de les annihiler.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont des libéraux qui l'ont mis
dans l'acte constitutionnel.
M. Drouin: Ah! bien là.
M. Bellemare (Johnson): Et alors, aujourd'hui...
M. Hardy: M. le Président, question de règlement.
Voyons donc, l'acte constitutionnel, l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique, cela a été fait par des vieux bleus, des
conservateurs, Johnny Macdonald. Voyons donc!
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
M. Hardy: Les libéraux ont combattu l'acte de 1867, vous
savez cela?
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, MM. Cartier et
Macdonald étaient quasiment des frères.
M. Hardy: Oui, c'étaient deux bleus. M. Bellemare
(Johnson): C'est vrai, oui? M. Hardy: C'étaient des vieux
bleus.
M. Bellemare (Johnson): Non, il y en avait un qui
représentait le Parti libéral et l'autre le Parti
conservateur.
M. Hardy: II n'a pas été longtemps.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre, messieurs. Vous
voyez, le député du Parti québécois ne s'offusque
pas qu'on l'accuse...
M. Burns: On n'était pas là nous autres. M.
Drouin: M. le Président, dans la...
M. Hardy: Le Parti québécois n'est pas fort en
histoire, il est toujours 25 ou 30 ans en avant. C'est pour cela qu'ils ne
gagnent jamais leurs élections.
M. Burns: Attendez, vous m'en reparlerez après les
prochaines élections.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. Bums: Je veux revenir à cette affaire de
critères, M. le juge. Tout à l'heure, vous me disiez que ces
critères, suite aux représentations que vous avez eues à
la commission parlementaire des municipalités de garder
l'intégrité des municipalités autant que possible dans ces
choses-là, c'était cela qui, maintenant, vous guidait, en plus du
chiffre de 32,000, plus ou moins, plus ou moins 25%.
M. Drouin: Pas nécessairement.
M. Burns: Voici ce que je veux savoir de vous quant aux
critères que vous avez énoncés en 1972. Je pense que je
les ai cités assez largement dans ma déclaration introductive, je
pense que je vous ai convaincu qu'on endossait entièrement les
critères que vous aviez énoncés à ce
moment-là.
Est-ce que cela veut dire que ces critères, pour vous, ne sont
plus un guide?
M. Drouin: Ou tout, pas du tout.
M. Burns: Je vais compléter tout simplement ma question.
Tout à l'heure, vous disiez: On veut plutôt essayer de garder
l'intégrité des municipalités; je vous cite des cas dans
votre rapport où vous n'avez pas tenu compte de cela non plus.
Par exemple, des parties de Saint-Henri qui sont intégrées
à Westmount; Robert-Baldwin, par exemple, où vous allez chercher
une partie de ville Saint-Laurent. Je pense que c'est l'illustration tout
à fait contraire de cela. Dans Robert Baldwin, vous avez des
municipalités comme Lachine et vous passez définitivement
par-dessus une cour de triage, un aéroport, une autoroute et vous allez
chercher une partie de ville Saint-Laurent...
M. Drouin: C'est justement toute...
M. Burns: ... que vous intégrez dans le comté de
Jacques-Cartier, pas de Robert Baldwin, je m'excuse.
M. Drouin: C'est pour cela que la loi prévoit que nous
venons devant la commission de l'Assemblée nationale pour que les
députés nous disent que nous avons erré; on n'a pas
d'objection à l'admettre.
M. Burns: Ce n'est pas cela, M. le juge, que je veux savoir de
vous. Nous autres, on aimerait bien... J'accorde la bonne foi à tous les
membres de l'Assemblée nationale qui sont autour de cette table. Je
présume que c'est le même sentiment qui les anime, si on veut
faire une réforme de la carte sans aucune partisanerie politique, sans
tenir compte de chacun de nos petits choix préférés,
chacun dans son coin, ce qui est la façon, à mon avis, la plus
normale de le faire; à ce moment là, on a besoin de vous comme
guide. C'est comme cela qu'on s'était servi de votre rapport de 1972,
comme guide, avec un certain nombre de critères, en plus du
critère numérique qui était déjà
établi par la loi, du critère sociologique, du critère
géographique.
Je veux dire que, s'il n'y a plus rien de cela qui tient pour nous, je
me demande après quoi on va s'accrocher pour en arriver à notre
but, qui est de faire une carte électorale...
M. Drouin: Vous voulez nous dire que...
M. Burns: ... qui a pour fin définitive de permettre aux
électeurs de s'exprimer le plus démocratiquement possible dans un
cadre parfaitement normal, c'est-à-dire dans une cadre où il est
tout à fait normal de concevoir que telle municipalité soit dans
tel comté plutôt que dans tel autre. Je veux dire que c'est ce
dont on a besoin et c'est cela que je trouvais particulièrement
intéressant dans l'établissement des critères que votre
commission avait fait en 1972.
M. Drouin: Loin de renoncer aux critères que nous avons
émis dans notre premier rapport c'est sur quoi je voulais attirer
votre attention, parce que vous avez fait mention qu'on n'a pas fait la limite
à une autoroute alors que cela ne relie pas je me souviens fort
bien je pourrais le relever qu'on avait placé les limites
à une autoroute, parce que l'autre partie de la municipalité n'y
était pas reliée et on nous avait demandé de laisser la
municipalité intégralement. On l'a fait. Cette année, on a
essayé de faire cela, mais on ne peut pas toujours le faire.
M. Bums: C'est parce que je vous ai cité plusieurs cas. De
mémoire, je pense que...
M. Drouin: Vous m'en avez cités.
M. Burns: ... dans ma déclaration de tout à
l'heure, je vous ai cité sept ou huit cas.
M. Drouin: Je n'ai pas dit non plus que ce ne sera pas...
M. Bums: Corrigé. M. Drouin:... corrigé.
M. Prémont (Jacques): M. le député, je pense
que, en étudiant votre rapport, votre mémoire, ou votre projet,
comme l'expliquait le député de Terrebonne tout à l'heure,
la même chose sera peut-être présentée par les
membres du gouvernement, les membres du Parti libéral ou de l'Union
Nationale. Nous pourrons, à ce moment, vous donner des réponses
plus explicites. J'écoutais, tout à l'heure, vos
représentations quant au caractère homogène, linguistique,
ethnique. Veuillez croire, M. le député, que nous avons
traité, dans chaque cas particulier, ces questions
critères dont vous parle le président, établis en 1972
mais nous nous sommes rendu compte, très souvent, que ce
n'était pas facile d'adopter ces critères comme règle
générale, au départ, parce que nous étions devant
certaines contraintes. Evidemment, nous faisons une carte pour le
Québec, à l'intérieur d'un...
M. Burns: M. Prémont, dites-moi donc quelles sont les
contraintes? Vous mentionnez... Cela fait deux fois qu'on parle de contraintes.
C'est quoi?
M. Prémont: Oui.
M. Bums: Quand vous parlez de contraintes, quelles sont les
contraintes?
M. Prémont: Les contraintes peuvent être les
approches d'un territoire à l'autre, la répétition qui se
fait sur un territoire donné de l'île de Montréal, comme
vous l'expliquait le président tout à l'heure, dépendant
de l'endroit où nous commençons la carte, où nous
considérons notre carte. Il vous a expliqué que nous aurions eu
plusieurs projets sur lesquels nous étions arrêtés.
Evidemment, vous parliez de colonies grecques ou juives, réparties dans
certains nouveaux territoires ou nouveaux districts électoraux. C'est
sûr que, voulant suivre le critère de façon très
serrée, nous risquions peut-être de faire des comtés encore
plus sinueux et tortueux que ceux que vous avez mentionnés. Enfin, je ne
veux pas m'étendre là-dessus, mais je crois que, en
étudiant, nous sommes plus en mesure... Evidemment, vous avez
mentionné très souvent, le mot est revenu très souvent,
"recensement". Le recensement évidemment tient compte de futures
projections. Le président vous a expliqué que nous avons cru bon,
comme dans les fois précédentes, de nous baser, si on veut, pour
le deuxième rapport, sur le résultat des élections.
M. Burns: D'accord, M. Prémont, mais il y a une chose, il
y a un chiffre. Entre autres, je vais vous en citer un au hasard, parmi ceux
que... J'ai cité, par exemple, les chiffres du recensement qui nous
démontrent que, déjà, quatre comtés de
Montréal et des environs ont dépassé la norme de 40,000,
avec le recensement. Je suis d'accord. Je prend l'explication que nous a
donnée le juge.
M. Prémont:...
M. Burns: Au moment où vous avez fait vos recommandations,
vous n'aviez pas le recensement, je présume, parce que vous avez
déposé votre rapport avant le recensement. Vous aviez quand
même je vous le signale dans un des quatre cas que je
soulignais, c'est-à-dire le district de Longueuil... Actuellement, de
par le dernier recensement du mois de septembre, cela nous démontre que
Longueuil a actuellement 40,787 électeurs. Donc, il a
dépassé de 787. Vous aviez, lors de votre recommandation, 36,700
électeurs dans ce comté.
N'importe qui, sans doute vous les premiers, qui connaît ce
secteur, par exemple, Longueuil, Laval, la région du comté de
L'Assomption il y a un certain nombre de coins comme ceux-là
sait qu'on est en pleine expansion. On n'a qu'à lire les journaux
de Montréal et des environs et même ceux de Québec qui nous
annoncent des projets de développements à hue et à dia
dans ces secteurs. Je pense que c'est une chose dont vous n'avez pas tenu
compte. C'est dans ce sens que nous autres, sur l'aspect numérique, on
faisait une critique à l'endroit du rapport. Quand on sait que des
comtés comme... Seulement une minute, je veux terminer sur ce
critère.
On sait qu'un certain nombre de comtés, la dernière fois,
étaient quand même placés en deçà du plafond
de 40,000. Nous pensons, exemple, à Taillon, à Laporte. Vous vous
rendez compte que c'est dans la même région. C'est la rive sud de
Montréal. Laprairie; au nord, vous avez Sauvé et Jeanne-Mance;
vers l'ouest, Robert Baldwin, Marguerite-Bourgeoys; au nord de Montréal,
vous avez Laval, Fabre, Mille-Iles. Tout cela a dépassé le
plafond de 40,000. A l'extérieur, au début des Laurentides, vous
avez Prévost, L'Assomption. Dans la région de Québec,
Charlesbourg, Chauveau, Louis-Hébert. Tout cela a gonflé, alors
qu'on avait bien pris la précaution à l'époque de les
mettre en deçà du plafond, c'est bien sûr. Là, vous
revenez cette année dans des comtés comme ceux-là, alors
qu'on sait que l'expansion est loin d'être arrêtée, et vous
les placez tout près du plafond. Je pensais au comté de Longueuil
par exemple, que vous mettez à 36,700. Tout le monde va savoir que cela
va dépasser le plafond, cela l'a même dépassé
actuellement, au moment où on se parie. Vous avez un comté comme
Chambly, qui est exactement dans le même secteur, qui est en pleine
expansion démographique. Tout le monde sait que la rive sud, tout ce
coin est en train de se développer de façon absolument
fantastique. Si on transfère le chiffre du recensement d'accord,
vous ne l'aviez pas, je l'admets, lorsque vous avez
fait votre recommandation le comté de Chambly, avec le
recensement, nous donne 44,297 électeurs.
M. Drouin: Mais nous sommes obligés, M. le
député, de nous en tenir pour faire la carte aux électeurs
de 1973. A la commission des circonscriptions électorales
fédérales, nous sommes obligés de nous en tenir à
la population de 1971, même si on sait qu'elle dépasse cela.
M. Burns: Oui, mais M. le juge, est-ce que cela nous
empêche de prévoir? C'est cela, la question de base.
M. Drouin: II faudrait que la loi le dise.
M. Burns: Je pense que votre commission est là pour nous
conseiller de façon objective. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a une
commission permanente dépolitisée, si on peut dire, où il
n'y a pas de députés. C'est essentiel. Je veux dire que j'ai
toujours considéré la commission permanente comme nos conseillers
neutres. Non seulement vous ne vous présenterez pas aux
élections, vous n'avez même pas le droit de vote, à titre
de juge, etc., au cas où les gens ne le sauraient pas et comme
président des élections aussi. C'est pour cela qu'on se
réfère à vous, mais, si on se réfère
à vous, c'est en tant que groupe ou commission neutre, mais aussi comme
commission de techniciens. Ce n'est pas par pur hasard que le président
général des élections préside la commission
permanente. C'est à cause de votre expérience, c'est à
cause de vos connaissances du milieu. C'est pour cela que je vous demande si on
n'aurait pas le droit de prévoir quand on fait ces recommandations.
M. Hardy: M. le Président, peut-être qu'avant qu'on
aille plus loin, cela pourrait clarifier parce qu'il y a un point sur lequel je
m'accorde totalement avec le député de Maisonneuve, c'est qu'il y
a une certaine discordance entre le rapport de la commission et la loi de 1971,
quant à la moyenne d'électeurs par comté. Peut-être
que cela aurait été plus logique qu'on le fasse à la
dernière session. Cela n'a pas été fait, mais on va le
faire à la prochaine session. C'est une volonté expresse du
gouvernement de ne pas augmenter indéfiniment le nombre des
députés. C'est l'intention du gouvernement à la prochaine
session de déposer un amendement au bill 80, à la loi existante
pour changer la moyenne d'électeurs par comté.
M. Burns: ... de vous rendre à la suggestion que le Dr
Camille Laurin, alors député de Bourget, vous faisait,
c'est-à-dire de rendre la norme mobile.
M. Hardy: La rendre mobile comment?
M. Burns: Je veux dire que c'est de la rendre...
M. Hardy: Je pense qu'il faudra toujours l'amender. La rendre
mobile...
M. Burns: C'est ça. A ce moment, vous avez... M. Hardy:...
le coefficient...
M. Burns: Oui, c'est ça. Un coefficient mobile qui
varierait selon...
M. Hardy: Oui, on pourrait examiner cela.
Pour ma part, et je pense que c'est la volonté du gouvernement,
il ne s'agit pas que le nombre de députés augmente en proportion
de l'augmentation de la population. Il y a un nombre...
M. Burns: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
M. Hardy: Pour ma part, et j'exprime une opinion très
personnelle, je ne suis pas sûr s'il n'y a pas trop de
députés.
M. Burns: En tout cas, on est à peu près au
maximum. Parlez-vous de la qualité ou de la quantité? Sur le plan
de la qualité...
M. Hardy: Non. Il s'agit de regarder ce qui se passe dans
d'autres pays, le nombre de législateurs par rapport à la
population, il y a un certain coefficient. Je pense qu'il ne faut pas augmenter
indéfiniment. Cela n'améliore par nécessairement le
processus législatif.
Pour être bien clair, et je pense que c'est important pour les
délibérations à venir de la commission et pour nos propres
délibérations, la loi créant la commission et fixant les
critères sera amendée de façon à augmenter la
moyenne. Ce ne sera plus 32,000.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y aura... M. Hardy: Ce sera
d'environ 36,000.
M. Bellemare (Johnson): ... une moyenne aussi considérant
les sections urbaines?
M. Hardy: C'est déjà dans la loi. Les 25% en plus
et en moins avaient été mis là pour cela justement. On
avait dit: On ne peut pas aller 25% en plus, et l'esprit du législateur,
à ce moment, était que les 25% en plus, c'était pour les
villes; les 25% en moins, c'était pour les campagnes. En ville, cela
pouvait aller jusqu'à 40,000 électeurs et, en campagne, cela
pouvait aller jusqu'à 24,000 électeurs, pour tenir compte de
certaines différences.
Le Président (M. Gratton): M. le juge.
M. Drouin: Je voudrais rajouter ceci aussi: Après le
dépôt de notre premier rapport, au cours du débat devant la
commission parlementaire ici, il y a quelques députés de
districts ruraux qui nous ont reproché de ne pas monter près des
20% en plus dans les districts urbains et faire bénéficier les
districts ruraux de cela. On l'a gardé en mémoire. Que
voulez-vous?
M. Burns: ... que vous avez fait, en fait...
M. Drouin: La prochaine fois, on changera, que voulez-vous?
M. Burns: C'est ce que vous avez fait, M. le juge, que ce soit
bien clair dans l'esprit de tout le monde. En tout cas, je ne veux pas
être mal interprété. J'admets, comme le disait le
député de Johnson un peu plus tôt, qu'il est presque normal
que les comtés urbains seront plus nombreux, quant à la moyenne,
au point de vue du nombre d'électeurs, que les comtés ruraux. On
ne fera pas de chicane là-dessus, s'il vous plaît! Mais entre
placer des comtés tout près de la norme ou du plafond qu'ils vont
dépasser et dire: II faut qu'ils soient égaux, au point de vue du
nombre d'électeurs, avec les comtés ruraux, je pense qu'il y a
une marge. C'est ce que je détecte dans votre rapport.
Deuxièmement, M. le juge, je vous entends, à plusieurs
reprises, nous dire que vous devez vous baser sur la dernière
élection au point de vue du nombre d'électeurs. Est-ce que vous
pouvez me dire exactement quelle est l'interprétation que vous tirez de
la loi actuelle et à quel article vous voyez que ce sont les
dernières élections qui doivent vous servir de
critère?
M. Drouin: Dans la loi actuelle, il est dit, à l'article
7, que la commission doit, dans l'année qui suit les élections
générales au Québec, déterminer ses districts
électoraux qui doivent être délimités de nouveau,
pour être conformes aux principes indiqués.
M. Burns: C'est la seule référence...
M. Drouin: La commission doit, en appréciant le nombre de
districts électoraux à neuf, l'étendue de chacun d'eux,
s'assurer que chaque distriot comprend 32,000 électeurs. Les 32,000
électeurs, il faut que je les prenne d'abord sur les listes
provinciales.
M. Burns: Si vous avez un recensement le plus près
possible avant de faire votre recommandation, est-ce que vous pensez que la loi
vous interdit d'utiliser ce recensement?
M. Drouin: La loi ne me l'interdit pas, mais elle me l'interdit
par ricochet. Elle me dit: La commission doit, dans l'année qui suit les
élections générales... Bon! On a eu des élections
générales le 29 octobre...
M. Burns: ... pas votre rapport à ce moment. Vous
déterminez s'il y a des comtés qui méritent à
être révisés.
M. Drouin: Nous sommes obligés de donner l'avis au
président de l'Assemblée nationale dans l'année. Nous
l'avons donné en octobre 1974.
A ce moment, nous étions à deux ou trois semaines d'un
recensement. On ne pouvait pas changer nos idées, parce que c'est
toujours à la suite d'élections générales.
M. Bellemare (Johnson): Mais maintenant que vous avez le dernier
recensement, que vous l'avez en votre possession, serait-ce aller contre la loi
que de l'utiliser pour le...
M. Drouin: Oui, parce que je trouve que la liste, telle que faite
actuellement, même révisée, peut subir une seconde
révision. Elle peut encore changer.
M. Burns: Regardez, M. le juge. Dans votre rapport même,
à la page 2...
M. Drouin: Oui.
M. Burns: ... vous dites ceci: "La commission a
bénéficié du travail de son service de géographie.
Elle a siégé du 28 janvier 1974 au 4 avril 1975."
Vous aviez quand même un bon bout de temps après les
élections. Vous aviez de nouvelles données à ce
moment.
M. Drouin: Lorsque nous avons donné l'avis, nous avons
siégé parce que nous avons corrigé les épreuves de
ce rapport. Il fallait les corriger. Il fallait que nos géographes aient
le temps de monter les cartes de l'atlas pour être en mesure, au bout de
six mois, de le déposer. C'est malheureux, mais cela ne se fait pas en
criant lapin. Que voulez-vous?
M. Burns: Je m'adresse au président de la commission, au
technicien qui nous avise, nous, de l'Assemblée nationale. Ne
pensez-vous pas que, pour l'avenir et je pense que cela ne vous est pas
interdit dans vos rapports de faire des recommandations aux membres de
l'Assemblée nationale, parce que c'est à titre de
spécialiste qu'on vous consulte la loi doit être
amendée pour mieux agencer la date de votre recommandation avec la date
d'un recensement préalable?
M. Drouin: Je crois que c'est pratiquement impossible à
une commission, pour faire une carte électorale, de se servir d'un
recensement récent, parce que c'est trop vite. Le recensement
récent devra devenir l'avant-dernier lorsque la commission sera
prête à déposer son rapport.
M. Burns: Ne pouvez-vous pas jauger vos conclusions avec le
recensement récent?
M. Drouin: C'est dangereux. Je ne connais pas de pays qui le
font.
M. Burns: Et vous pensez que cela serait dangereux? Dans quel
sens?
M. Drouin: Prenez par exemple...
M. Burns: On est en avance sur bien d'autres pays au point de vue
de la législation dans certains domaines, pas partout, mais dans
certains domaines.
M. Drouin: Oui, je vous comprends.
M. Burns: Et je veux dire que rien ne nous empêche
d'être en avance sur les autres pays.
M. Drouin: Oui. Je vous comprends.
M. Hardy: ... même avec une Opposition d'un genre
très particulier.
M. Drouin: Je vous comprends.
M. Burns: Vous la regretteriez si elle n'était pas
là!
M. Hardy: Peut-être! Peut-être!
M. Bellemare (Johnson): Cela ne veut pas dire qu'il n'en existe
pas ailleurs.
M. Drouin: Prenez, seulement pour le bénéfice des
députés, le plus bas district à Montréal, c'est
37,147, soit un écart de 5,147 égal à 16%. Le plus haut
est de 38,090 avec un écart de 6,090, soit un écart de 19%.
Je prends la carte fédérale de 1975 qui a
été déposée. Quotient: 80,370 de population. Le
plus bas dans Montréal: 91,963; écart de 11,603, soit 14%. Le
plus haut, 94,654, un écart de 14,284, soit 18%. Nous, nous jouons de
16% à 19% et le fédéral de 14% à 18%.
M. Hardy: On est encore meilleur que le
fédéral.
M. Drouin: Et je vous dirai ouvertement que nous avons
siégé à Montréal durant deux jours et que nous
n'avons pas eu les plaintes que vous formulez sur la carte
fédérale. Evidemment, ce n'est pas le même système.
Au lieu d'entendre des députés en Chambre, on s'en va
siéger au palais de justice et les députés viennent nous
rencontrer. Cela revient au même. Ils déposent leur rapport.
M. Harvey (Charlesbourg): Même des députés
provinciaux.
M. Drouin: Même des députés provinciaux.
Le Président (M. Gratton): Le député de
Rosemont.
M. Bellemare (Rosemont): Cela me chicote un peu. M.
Prémont, tantôt suivant les avocas-series du
député de Maisonneuve, qui est un avocat très brillant
a tenté de vous faire dire que vous avez eu certaines contraintes
pour les divisions de la nouvelle carte électorale. Avez-vous eu des
contraintes du gouvernement ou des pressions de certains députés?
Je voudrais que vous soyez très clair là-dessus parce que c'est
ce qu'il a essayé de vous faire dire tantôt.
M. Prémont: Quand je parlais de contraintes, je parlais de
contraintes devant un territoire donné, contraintes des cours de triage,
des autoroutes, des ruelles.
M. Bellemare (Rosemont): Je suis très heureux de vous
l'entendre dire, parce que c'est à peu près ce qu'il a voulu vous
faire dire.
M. Prémont: Non, une contrainte, non. D'ailleurs, je crois
que tous les membres de l'Assemblée nationale ne sont jamais,
directement ou indirectement, intervenus auprès de nous, sauf...
M. Burns: Le député de Rosemont est le seul
à avoir compris cela.
M. Bellemare (Rosemont): C'est mon professeur. C'est vous qui
êtes mon professeur.
M. Burns: C'est inquiétant d'avoir cela comme
élève. Vous allez sûrement couler, cher
député de Rosemont.
Le Président (M. Gratton): Est-ce qu'il y a d'autres
questions?
M. Bellemare (Rosemont): Je vous remercie, M. Prémont,
d'avoir clarifié l'affaire.
Le Président (M. Gratton): L'honorable
député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): Dans le comté de Matapédia,
est-ce qu'il y a une raison particulière de détacher
Sainte-Luce-sur-Mer?
M. Drouin: Oui, parce que Matapédia était en bas
des 24,000. Il fallait absolument le monter, de même que Richmond.
M. Bellemare (Johnson): Là encore, au point de vue
sociologique, vous avez subi une base numérique et vous n'avez pas
considéré s'il y avait des éléments
différents au point de vue de la population.
M. Drouin: Au meilleur de notre connaissance, nous avons pris
Sainte-Luce. Si vous avez, dans vos connaissances, un meilleur rapprochement
pour rendre le district électoral de Matapédia en haut de 24,000,
nous n'avons pas objection à étudier votre recommandation.
M. Bellemare (Johnson): Ce sont les mêmes arguments que
ceux que j'ai apportés tout à l'heure pour Arthabaska avec
Chesterville. Ce sont les mêmes arguments parce que c'est une population
qui est complètement différente de celle du comté de
Matapédia.
M. Drouin: C'est le raisonnement pour les Iles-de-la-Madeleine
qui sont accolées à Bonaventure au fédéral. Que
voulez-vous? Ils nous répondent: On est à 22 heures de bateau de
Bonaventure et on est à trois heures d'avion de Sainte-Anne. On ne peut
tout de même pas les accoler au district électoral de Sainte-Anne
dans Montréal.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, est-ce qu'on peut
tenir pour acquis qu'il n'y a plus de question à l'endroit du
président de la commission permanente? Si oui, est-ce qu'il y a une
motion d'ajournement?
M. Burns: M. le Président, avant qu'on ne quitte la
commission, j'aimerais avoir une idée des travaux. Une chose que je
viens de demander en particulier au ministre, mais je pense que ce serait
intéressant que ce soit enregistré au journal des Débats
pour qu'on sache exactement...
M. Hardy: Pour éviter les amitiés
particulières.
M. Burns: Pour éviter aussi de mauvaises
interprétations de ma part.
M. Hardy: M. le Président, comme je l'avais laissé
entrevoir au début de nos travaux, demain, le parti ministériel
aura certaines suggestions à déposer à la commission et,
évidemment, à l'attention des membres de la commission
permanente. Si, au moment de ce dépôt, les députés
de l'Opposition ont des questions à poser, nous serons à leur
disposition. Personnellement, je ne prévois pas que le débat,
à la suite de ce dépôt, se prolonge. La procédure
normale sera de remettre le tout à la commission permanente. Je ne sais
pas si l'Union Nationale a un projet, un atlas, un projet de réforme
à déposer ou si l'Union Nationale n'aura que des remarques
verbales, qui sont évidemment...
M. Bellemare (Johnson): Tout dépendra des amendements
apportés.
M. Hardy: Demain, je ne sais pas, d'autres
députés... Aujourd'hui, nous n'avons pas
bénéficié de la présence du Crédit social.
Nous n'avons pas vu non plus les gens du parti non formé, le parti en
gestation qui s'appelle PNP.
Evidemment, ces gens, comme députés, ont des...
M. Bellemare (Johnson): Vous n'avez pas besoin de me regarder, je
m'appelle Union Nationale. Si vous avez un message à faire en
arrière de moi...
M. Hardy: Quant à nous, je ne prévois pas que nous
ayons à délibérer très longuement. Evidemment, tout
dépend de ce que d'autres députés ou d'autres partis qui
sont absents aujourd'hui pourraient faire. Personnellement, je ne vois pas que
nous ayons à prolonger pendant très longtemps la séance de
demain. Il s'agira pour la commission permanente d'étudier les
propositions qui auront été soumises pour revenir devant nous
déposer un rapport.
M. Burns: M. le ministre, vous ne pensez pas que les travaux
seraient améliorés si on recevait avant la commission le document
que vous avez l'intention de nous déposer pour qu'on ait le temps d'y
jeter un coup d'oeil, un peu comme on vous a donné le temps de jeter un
coup d'oeil?
M. Hardy: Mon sous-ministre en matière de réforme
électorale me dit que le document serait prêt demain vers 12 h
30.
M. Burns: Sans méchanceté, M. le ministre, cela
fait quand même presque un an que le rapport de la commission est
déposé et que...
M. Hardy: Nous avons vu votre rapport aujourd'hui, nous.
M. Burns: Si vous me l'aviez demandé avant, je vous
l'aurais donné bien avant.
M. Marchand: ... 3 h 30 cet après-midi.
M. Burns: II était prêt presque en même temps
que le rapport de la commission.
M. Hardy: M. le Président, le député de
Maisonneuve vient de faire un aveu très fort...
M. Burns: J'ai bien dit presque en même temps.
M. Hardy: ... presque en même temps justement, ce que je
présumais à un moment donné, c'est-à-dire que le
Parti québécois se prenait pour la commission permanente;
effectivement, c'est ça...
M. Burns: Bien non, mais presque en même temps, vous ne
comprenez pas que ça veut dire après, ça?
M. Hardy: Pendant que la commission permanente préparait
son rapport, le Parti québécois avait déjà
décidé de mettre de côté les principes que nous
avions adoptés en 1971 et de préparer...
M. Burns: Pas du tout.
M. Hardy: ... sa propre proposition, c'est-à-dire de faire
du "gerrymandering".
M. Burns: Ce n'est pas ça que j'ai dit.
M. Hardy: C'est ça qu'il a fait, le député
de Maisonneuve vient de l'avouer. M. le Président, je reviens en disant
que nous, nous nous limitons uniquement, strictement et...
M. Burns: Mon Dieu Seigneur! M. Hardy: ... totalement...
M. Burns: II est choqué noir.
M. Hardy: Pas du tout, mais je suis convaincu, par exemple... M.
le Président, je me suis trop battu, personnellement, même au sein
de mon parti. En 1971, je me rappelle que de nombreux collègues
dans mon parti étaient contre les principes. Je me suis battu au
sein de mon caucus et j'ai réussi à convaincre la
majorité, avec l'appui du premier ministre évidemment, parce que
tout seul...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, c'est encore un
aveu.
M. Hardy: C'est évident, M. le Président... M.
Bellemare (Johnson): Non, non, non.
M. Hardy: OUi, c'est un aveu et je l'avoue certainement.
Pensez-vous que je pourrais faire et que les ministres du cabinet actuel et les
députés pourraient faire les grandes choses qu'ils font sans
l'appui du premier ministre?
M. Bellemare (Johnson): II y en a qui démissionnent.
M. Hardy: Ce sont ceux qui n'ont pas assez de souffle pour suivre
le premier ministre qui démissionnent.
M. le Président, je répète...
M. Bellemare (Johnson): On vous a posé une question et
vous êtes parti à vous vanter...
M. Hardy: Oui, oui.
M. Bellemare (Johnson): Un instant, un instant. On vous a
demandé... Ne vous cachez pas derrière la demande qu'a faite le
député de Maisonneuve. Est-ce qu'on pourrait avoir ce document
avant?
M. Hardy: Je vous ai répondu et je complète parce
que le député de Maisonneuve m'a ouvert une porte...
M. Bellemare (Johnson): Quand est-ce qu'on peut.l'avoir?
M. Hardy: Laissez-moi terminer.
M. Bellemare (Johnson): Vous alliez répéter la
même chose.
M. Hardy: M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! Le ministre...
M. Hardy: ... si on calcule le temps que j'ai pris pour la
commission, je n'ai pas abusé.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas ça qu'on dit, on vous
demande...
M. Hardy: M. le Président, je répète, pour
répondre immédiatement au député de Johnson...
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'on va avoir le document?
M. Hardy: ... que c'est vrai qu'il y en a qui ont quitté
le cabinet parce qu'ils étaient essoufflés et ils essaient de
s'accrocher à d'autres. Vous savez ce qui arrive.
M. Bellemare (Johnson): Non. Ce sont des questions
hypothétiques.
M. Hardy: Hypothétiques? Qui essaient de s'accrocher?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Hardy: Bah! Cela a l'air pas mal clair.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne connaissez absolument rien dans
cela.
M. Hardy: Non?
M. Bellemare (Johnson): Non. On a gardé un religieux
silence.
M. Hardy: Oui, très bien. M. le Président, je
répète que, quant à nous...
M. Bellemare (Johnson): S'il avait fallu que nous fassions des
déclarations comme vous en faites là, ce ne serait pas bon.
M. Hardy: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Faire des déclarations comme vous
en faites là, ce n'est pas cela qui compte.
Le Président (M. Gratton): Messieurs, on
s'éloigne.
M. Bellemare (Johnson): Moi, je ne serai plus là.
M. Hardy: M. le Président... M. Burns: Oui, on
s'éloigne.
Le Président (M. Gratton): A l'ordre! On
s'éloigne.
M. Hardy: Mais je reviens à la pertinence, M. le
Président, en disant que nous allons, quant à nous, nous en tenir
intégralement aux principes qui ont présidé à
l'adoption du bill 80 et nous allons respecter les principes qui ont
dicté notre conduite pendant le long et parfois inutile débat qui
nous a amené à adopter la loi constituant la carte
électorale, en 1972.
Ces principes veulent que si, d'une part, les députés, les
partis politiques peuvent faire des suggestions, peuvent attirer l'attention de
la commission sur des erreurs comme le député de Maisonneuve l'a
fait tantôt, c'est tout à fait normal, c'est tout à fait
conforme à l'esprit de la législation actuelle.
Mais nous allons également demander à la
commission, parce que c'est là son rôle, d'étudier
d'une façon indépendante ces propositions que nous faisons et
nous allons attendre son rapport. Les décisions finales et c'est
cela qui est important dans le bill 80, contrairement à ce qui existe
à Ottawa ce seront les députés qui les prendront
à l'occasion de l'étude d'une loi.
Le gouvernement, bien sûr, comme c'est normal, va rédiger
un texte de loi et, pendant l'étude de cette loi, les partis
d'Opposition et les députés demeureront libres de proposer les
amendements.
Pour revenir à votre demande de dépôt de document,
je vous dis que nous pourrons le déposer à 12 h 30. Mais que ce
soit à 12 h 30 ou à 3 h, cela ne changera pas grand-chose, pas
plus que cela n'a changé grand-chose que vous déposiez le
vôtre à 4 h. Je ne pense pas que nous puissions le faire et je ne
pense pas que ce soit bon que nous nous prononcions, nous, sur ces propositions
avant la commission. A ce moment-là, nous pourrions intervenir dans
leurs délibérations. Je préfère que nous nous
prononcions après plutôt qu'avant, pour leur laisser leur totale
indépendance, pour qu'ils puissent examiner cela en toute
liberté, sans se dire: Le gouvernement semble pencher de tel
côté ou de tel autre.
Je ne veux pas que les membres de la commission sachent de quel
côté on penche.
M. Bellemare (Johnson): De quel ordre sont vos amendements?
M. Hardy: Je ne veux pas que les membres de la commission
indépendante pensent que nous acceptons telle chose de votre rapport et
que nous en rejetons d'autres.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais le ministre peut-il nous
dire...
M. Hardy: Je veux que la commission...
M. Bellemare (Johnson): ... de quel genre d'amendements il
s'agit?
M. Hardy: Des amendements dans le genre de ceux proposés
la dernière fois. Nous allons proposer qu'il serait peut-être
préférable, pour telle et telle raison, que tel comté soit
changé. Pour des raisons comme celles que vous avez invoquées,
peut-être. Vous avez invoqué des raisons tout à
l'heure.
M. Bellemare (Johnson): Demain, cela va y être dans les
amendements?
M. Hardy: Ce que nous allons respecter dans nos propositions,
c'est ce que je disais dans mes conclusions. Nous considérons un
comté, d'abord et avant tout, comme un outil représentatif. C'est
cela le premier critère. Vos critères sociologiques, vos
critères démographiques, vos critères d'appartenance, ce
sont des critères dont on peut tenir compte, mais à la condition
que le critère de la représentation soit respecté.
Sans cela, si on faisait passer les critères dont vous avez
parlé tantôt avant le critère de la représentation,
on reviendrait exactement à l'ancienne carte, avant 1972.
M. Burns: Ce n'est pas cela, M. le ministre. Vous m'avez mal
compris. J'ai dit tout à l'heure que ces critères étaient
des critères que je tirais du rapport de 1972, critères sur
lesquels nous étions en total accord. C'est, je pense, rassurant
qu'à un moment donné, quand on fait la réforme d'une carte
électorale, on ait des critères qui soient autre chose que le
goût de M. Untel, député de tel coin, ou le goût de
M. Untel, député de tel autre coin. Je pense que c'est cela qu'on
trouvait rassurant dans l'explicitation que la commission avait faite des
critères qui étaient déjà dans l'esprit, sinon dans
la lettre de la loi.
M. Hardy: Si j'ai bien compris le président tantôt,
cette année, on a continué à respecter ces
critères, tel que la loi d'ailleurs oblige à respecter. On a
continué à prendre en considération ces critères,
mais, à la lumière des représentations formulées
par les députés, on a accordé plus d'importance à
certains critères qu'à d'autres. Il y a un exemple dont je me
souviens, les critères des voies ferrées par rapport aux
critères de l'entité d'une municipalité. On a
accordé préséance aux critères de la
municipalité plutôt qu'aux critères de la voie
ferrée. Il y a une foule de ces critères. On a
préféré les uns aux autres. On ne peut pas tous les
retenir. Quand vous laissez entendre, quand le député de
Maisonneuve laisse entendre que, dans l'actuel rapport, on a
complètement mis de côté des critères d'ordre
démographique, sociologique, culturel ou autres, c'est faux. Le
président de la commission l'a réaffirmé tantôt. Il
s'agit de lire le rapport pour s'apercevoir que ces critères demeurent
présents.
C'est possible que vous, le député de Maisonneuve, vous
trouviez que, dans tel cas particulier, il aurait été
préférable de retenir tel critère plutôt que tel
autre. Vous l'avez dit. Vous l'avez formulé. La commission va se pencher
sûrement avec beaucoup d'attention sur vos suggestions. On verra si ce
rapport a tenu compte de vos préférences plutôt que
d'autres préférences, c'est-à-dire du choix de vos
critères sociologiques plutôt que d'autres choix, parce que vous
admettrez avec...
M. Burns: C'est cela que je m'emploie à vous dire. Ce ne
sont pas mes critères sociologiques, socio-culturels, numériques,
géographiques, ce sont les critères qui avaient été
énoncés par la commission elle-même.
M. Hardy: On les respecte encore une fois. Vous avez le cas le
plus patent, les municipalités par rapport aux voies ferrées ou
les autoroutes, qu'est-ce qu'on va privilégier? Est-ce qu'on va
séparer une municipalité? Apparemment, d'après l'opinion
des maires, de l'Union des conseils de comté et des
députés, on préfère garder
l'intégrité d'une municipalité, même si une
autoroute divise la municipalité.
M. Burns: Vous avez même la municipalité de
Saint-Hubert qui se plaint du rapport et qui a fait un mémoire
relativement à cela, justement parce que ce critère n'est pas
respecté. Je ne dis pas que je suis nécessairement d'accord avec
le mémoire de la municipalité de Saint-Hubert, mais, au moins, on
se rend compte que ce n'est pas exact, qu'on ait mis de côté
certains critères uniquement pour se fier à
l'intégrité de certaines municipalités.
M. Hardy: C'est ce qui est faux, c'est une fausse impression que
vous laissez continuer.
M. Bellemare (Johnson): Bien non.
M. Hardy: Globalement, c'est faux de dire que la commission n'a
pas tenu compte des critères sociologiques, démographiques et
autres.
M. Burns: Elle n'en a pas tenu compte.
M. Hardy: Dans un cas, cela peut arriver, parce qu'il y avait
d'autres critères.
M. Burns: Saint-Hubert, Saint-Laurent, Lon-gueuil, ce sont tous
des cas.
Le Président (M. Gratton): Je pense qu'on pourrait
continuer la discussion demain.
M. Hardy: Vous pouvez avoir raison. D'ailleurs, vous le savez
très bien, la dernière fois, la commission vous a donné
raison dans beaucoup de vos recommandations.
M. Burns: Oui, c'est vrai.
Le Président (M. Gratton): Alors, messieurs, je pense
qu'il y aurait lieu d'ajourner, mais je pense qu'il y a lieu que je fasse une
mise au point. Tantôt, au cours de l'échange qui s'est fait entre
le député de Maisonneuve et le député de
Charlesbourg, où le député de Charlesbourg remettait en
question certaines des propositions avancées par le Parti
québécois, j'ai failli intervenir, j'ai l'impression que j'aurais
dû intervenir. Je pense que ce n'est pas notre rôle ici à la
commission de faire le procès du projet d'un parti ou du projet d'un
autre. Il s'agit ici de questionner et d'obtenir les informations quant au
rapport préparé et présenté par la commission
permanente et de leur faire des suggestions, soit de façon verbale comme
le député de l'Union Nationale l'a fait, ou soit de façon
globale comme le Parti québécois l'a fait et comme le parti
ministériel, le fera demain. J'inviterais les députés
membres de la commission demain à ne pas venir...
M. Harvey (Charlesbourg): J'aurai été
peut-être le seul député ministériel qui ait
oonsidéré qu'ils ont fait un bon travail. Je leur rends cet
hommage.
Le Président (M. Gratton): Oui, et d'ailleurs...
M. Harvey (Charlesbourg): Je connaissais également la
limite dans laquelle vous nous aviez permis d'y aller et le message est
passé.
Le Président (M. Gratton): On pourra limiter demain les
remarques à celles d'ordre général. Je ne veux pas que
chaque député vienne défendre le point de vue de son
comté. Ce travail pourra être fait au moment de la prochaine
commission, au moment du deuxième rapport commission. Sur ce,
messieurs...
M. Hardy: M. le Président, il faudrait proposer une date
d'ajournement.
Le Président (M. Gratton): J'avais conclu qu'on devait se
réunir à nouveau à quinze heures demain
après-midi.
M. Hardy: Je propose. Je le fais d'une façon
officielle.
Le Président (M. Gratton): Vous proposez et j'en dispose.
La commission ajourne ses travaux à demain quinze heures.
M. Hardy: Très bien.
(Fin de la séance à 17 h 57)