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Etude de modifications au règlement
de l'Assemblée nationale
(Dix heures quinze minutes)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, messieurs!
La séance est ouverte et je constate la présence des
députés de Rimouski, Maisonneuve, Terrebonne, Jonquière,
Abitibi-Ouest, Bourassa, Drummond, Gatineau, Laval et Johnson.
M. Cardinal: Et celui de Prévost.
Le Président (M. Richard): Et M. le député
de Prévost.
M. Burns: Le député de Vaudreuil-Soulanges
était ici il y a quelques secondes, il va sans doute revenir se joindre
à nous.
M. Bellemare: M. le Président, si vous me permettez
d'attaquer, on devait, ce matin, nous remettre un avis juridique de M.
Jean-Charles Bo-nenfant au sujet de l'immunité parlementaire. J'aimerais
bien en prendre connaissance, si c'était dans l'ordre.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection mais, hier, je m'étais
fait poser, par le député de Laval, un certain nombre de
questions sur la commission qu'on envisage dans l'immédiat,
c'est-à-dire l'itinéraire, les délais, etc. J'ai,
actuellement, la plupart de ces renseignements en main. Je me demandais si,
à la suite de ce que nous avons discuté hier, il ne serait pas
à propos de vous donner ces réponses immédiatement, quitte
à revenir, par la suite, parce que c'est un nouveau sujet qu'on n'a pas
discuté, soit l'aspect immunité parlementaire.
M. Bellemare: C'est une des questions que j'avais posées
avec les autres, à savoir si on ne pouvait pas siéger en dehors
des heures des séances de l'Assemblée nationale. Je ne sais pas
si vous avez une réponse à ça aussi.
Itinéraire de la commission
itinérante
M. Burns: D'abord, sur la question qui m'a été
posée par le député de Laval sur le projet
d'itinéraire, cette commission, que j'avais mentionnée hier,
celle des consommateurs, devait siéger relativement à
l'éventuelle loi sur l'assurance-automobile. J'avais dit qu'elle devait
siéger à huit endroits différents. Les huit endroits sont
les suivants et dans cet ordre, au point de vue priorité des endroits
où elle siégerait: Cela commencerait par Jonquière,
ensuite, Rimouski, Trois-Rivières, Sherbrooke, Rouyn-Noranda, Hull,
Montréal et finalement, la cerise sur le gâteau,
Québec.
Ce qui est projeté est que Jonquière et Rimouski se
feraient au cours de deux semaines différentes; Trois-Rivières et
Sherbrooke, dans une même semaine; Rouyn-Noranda et Hull, dans une
même semaine; Montréal et Québec, dans deux semaines
différentes.
En résumé, vous auriez Jonquière, Rimouski,
Montréal et Québec qui seraient visitées dans une semaine,
uniquement pour ces villes, et Trois-Rivières et Sherbrooke dans une
même semaine, Rouyn-Noranda et Hull dans une même semaine.
Le mémoire qui serait soumis à l'attention de cette
commission parce qu'il s'agit bien d'un mémoire et non pas d'un
livre blanc comme tel, si on veut être très technique...
M. Lavoie: C'est un document de travail.
M. Burns: C'est un document de travail d'abord et avant tout.
Alors, le mémoire serait soumis, publiquement, le 13 ou le 14 avril.
M. Bellemare: A la Chambre?
M. Burns: C'est cela.
M. Lavoie: Le 13 ou le 14 avril. Très bien.
M. Burns: Et on prévoirait, à ce moment, que le
début de l'itinéraire, c'est-à-dire la première
visite prévue étant celle de Jonquière, se ferait dans la
semaine du 26 avril, c'est-à-dire non pas nécessairement le 26
avril, mais probablement le jeudi de la semaine du 26 avril. Cela reste
à déterminer. Il y a encore un certain nombre de dispositions
à prendre, mais je vous donne cela à titre indicatif, et le
programme se terminerait vers la mi-juin, selon cette projection que nous
avons.
Ce sont les détails que je peux vous soumettre à ce stade.
Evidemment, il y en aura d'autres et je pense, après avoir parlé
avec le ministre concerné, Mme Payette, que, tout au cours de la
préparation de ce programme, il y aura constamment consultation avec les
partis de l'Opposition pour ne pas brimer les droits et les besoins de tous les
membres qui participeront à cette commission itinérante.
Je pense pouvoir vous affirmer de façon ferme que c'est
l'intention du ministre de ne pas décider ex cathedra de la mise en
marche de tout cela une fois que ce sera parti.
M. Bellemare: Mais, comme principe, on le mettrait à
l'essai cette année pour savoir quel sorte de résultat on
obtiendrait.
M. Burns: C'est la suggestion du député de Laval
hier et c'est la vôtre aussi, je pense. Je ne suis pas réfractaire
à cette suggestion que cela devienne un règlement sessionnel
plutôt que de devenir un amendement. Je ne suis pas réfractaire
à cela.
M. Bellemare: Parce qu'on va voir ce que cela va donner, à
l'expérience.
M. Burns: C'est effectivement, comme le disaient les
députés de Laval et de Johnson hier, un
projet pilote, si on veut, et, comme tout projet pilote, cela vaut
peut-être la peine...
M. Blank: Cela pourrait être un macropilote. M. Burns:
... de l'expérimenter.
M. Lavoie: Ce n'est pas un pilote, c'est un capitaine de
bateau.
M. Burns: En tout cas, il n'y a pas de doute que c'est un projet
important.
M. Lavoie: Je parle du capitaine.
M. Bellemare: Le ministre de la Fonction publique va
protester.
M. Gratton: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait m'indiquer... Je note, par exemple, que, pour Jonquière et
Rimouski, il y aura deux semaines différentes. Est-ce qu'on parle,
à ce moment-là, de la durée...
M. Burns: Pas la durée d'une semaine... M. Gratton:
... strictement la cédule.
M. Burns: On prévoit, au maximum, deux jours par semaine
et probablement que ce qu'on essaierait de viser, justement pour tenir compte
des remarques que vous nous faisiez hier, ce serait le jeudi et le vendredi. On
ne pense pas que ce soit possible de tenir compte de la suggestion du
député de Johnson de faire cela le lundi et le mardi ou le lundi
et le mercredi. C'est peut-être possible dans un cas où on visite
deux villes la même semaine, mais, logiquement, pour utiliser le mieux
possible le temps des parlementaires, qui est évidemment très
précieux, lorsque, dans une même semaine, deux villes sont
visitées, on pense que, tout en assurant le délai
nécessaire pour passer d'une ville à l'autre, il s'agirait autant
que possible de viser à rapprocher les deux dates pour ne pas noliser
les députés concernés toute une semaine.
M. Gratton: Est-ce que je peux savoir si, dans le cas de
Jonquière et Rimouski, on dit deux semaines différentes...
M. Burns: Deux semaines différentes, oui.
M. Gratton: Donc, ce pourrait être deux jours à
chacun des endroits; alors, à Rouyn-Noranda et Hull, par exemple, est-ce
qu'on viserait à être seulement une journée, les jeudi et
vendredi, mais une journée seulement dans chacune des
régions?
M. Burns: Cela dépendra du nombre de gens qui veulent nous
entendre.
M. Bellemare: Malgré ce que vous dites, M. le leader, du
nombre de personnes qui voudront se faire entendre, est-ce qu'il y aura une
certaine programmation pour ne pas avoir de l'obstruction systématique,
ni des répétitions interminables. Si les courtiers d'assurance
partaient de Jonquière, suivaient partout, écoutez, on n'a pas
fini d'entendre les mêmes mémoires.
M. Burns: Non. Après en avoir parlé assez
longuement avec le ministre hier soir, Mme Payette, je suis assuré
qu'elle va recommander très fortement à la commission de tenir
compte justement de cette remarque que vous m'aviez faite.
M. Bellemare: Les annonces vont être faites au
préalable.
M. Burns: Oui.
M. Bellemare: Une semaine? Et que le tri soit fait par un
comité ad hoc, composé des représentants des partis pour
dire: On l'a déjà entendu une fois, on n'est pas pour le
réentendre. Autrement, ça va être la
répétition de ce qui s'est fait pendant les 91 séances sur
l'assurance qu'on a tenues ici. Cela a été terrible.
M. Burns: Quant à cet aspect du problème, M. le
député de Johnson, je vais suggérer au ministre à
partir du moment où j'aurai l'autorité de le faire
l'autorité, c'est quand la Chambre me dira que sont possibles, les
commissions itinérantes, et dans quel cadre en tant que leader du
gouvernement, de tenir une séance préalable avec tous les membres
de la commission, évidemment, y compris les membres de l'Opposition,
pour tenter de s'entendre, avant de partir, sur des règles de pratique.
Parce que ces règles de pratique, à toutes fins pratiques, si le
texte que je vous suggère actuellement au feuilleton était
accepté, même sous forme de règlement sessionnel, seraient
nécessaires parce qu'elles n'existent pas à partir du moment
où on adopte le paragraphe 3 de l'article 150.
Il faut se donner des règles de pratique ad hoc pour ce
déplacement.
M. Cardinal: Pour aider justement les leaders de tous les partis,
pour autant que l'autorité ou le mandat m'est donné, je vais
tenter, dans la mesure du possible, d'avoir toujours le même
président, tant à Québec que dans chacune des villes de
façon qu'il y ait une constance dans la présidence et que le
président sache qui est déjà venu, ce qui a
été soumis, tout. Actuellement, j'ai plusieurs demandes de
députés qui voudraient bien être présents ou
présider ou membres de la commission à tel ou tel moment; mais je
vais tenter d'avoir une entente, soit un seul président pour assurer
cette consistance et cette constance de la commission.
M. le Président, je pense que vous serez d'accord.
M. Burns: Pendant qu'on est sur ce sujet, j'aimerais très
brièvement, si vous me le permettez, simplement extraire de
l'exposé d'hier de nos
amis d'en face un certain nombre de choses. Entre autres, on a fait
état du fait que, durant cette période, les crédits vont
fonctionner; bien sûr. Ce serait absolument irréaliste de penser
qu'on ne tiendra pas de séances pour examiner les crédits
budgétaires des différents ministères.
Dans le passé, cela a toujours fonctionné et je n'ai pas
l'intention que cela change, relativement à notre point de vue, du
côté ministériel. Cela a toujours fonctionné et j'en
sais gré à l'actuel chef de l'Opposition, alors qu'il
était leader du gouvernement. Cela a fonctionné par
méthodes d'accommodement, c'est-à-dire qu'à un moment
donné, on s'apercevait que le gouvernement voulait faire siéger
la commission de la justice pour examiner les crédits du
ministère de la Justice et l'Opposition faisait des
représentations parce que, malheureusement, son critique n'était
pas disponible, était pris ailleurs ou quoi que ce soit. On a toujours
fonctionné par voie d'accommodement.
Je n'ai pas du tout l'intention de modifier cette façon de faire,
cette façon d'agir. C'est bien évident que d'autorité, le
leader du gouvernement pourrait dire: C'est telle commission qui siège
et je ne veux rien savoir de qui que ce soit d'autre. Mais je n'ai pas du tout
l'intention de faire cela. J'ai l'intention, bien au contraire, dans la semaine
précédant les éventuels crédits, de consulter, pour
la semaine suivante, les représentants de l'Opposition. Cela vous
permettra, MM. les membres de l'Opposition, de préparer davantage vos
dossiers et peut-être de nous donner une raclée encore plus
importante. En tout cas, c'est le risque que je suis prêt à
prendre et que les ministres sont prêts à prendre pour assurer une
meilleure efficacité des travaux et, si possible, pour qu'on n'ait pas
des délais inutiles dans l'examen des crédits.
M. Gratton: Le leader du gouvernement va sûrement admettre
que, lorsque la commission se déplacera, supposons qu'elle soit dans une
région donnée, c'est bien sûr que les députés
qui sont issus de la région en question vont vouloir, par tous les
moyens, être membres de la commission.
M. Burns: Oui.
M. Gratton: Cela va compliquer d'autant plus le calendrier de
l'étude des crédits en commission, parce que, quand vous serez
à Hull, sûrement que moi, à titre de député
de l'Outaouais, je vais être plus intéressé à savoir
quels sont les représentants ou les groupes de ma région qui
viennent faire des représentations à la commission que je le
serais pour la région de Jonquière ou de Chicoutimi. Cela fera en
sorte qu'à chaque semaine, vous aurez à faire des ajustements en
conséquence vis-à-vis des crédits.
M. Burns: Oui.
M. Bellemare: Vous avez dit que Mme Payette convoquerait une
assemblée pour faire les règles de pratique.
M. Burns: C'est la suggestion que je vais lui faire, avec la
collaboration du vice-président de l'Assemblée nationale, le
député de Terrebonne.
M. Bellemare: Est-ce que ce serait avant Pâques, à
cause des délais et de l'annonce?
M. Burns: Si c'est possible, cela pourrait être avant
Pâques, si c'est possible. Je veux dire, on se consultera sur la date
possible de cette prérencontre.
M. Bellemare: A cause des avis qu'il faut qu'elle donne.
M. Burns: Oui, mais si on a l'autorité pour le faire, on
peut déjà donner des avis pour les différents endroits,
même si le mémoire n'est pas déposé.
Le Président (M. Richard): Le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: On ne voudrait pas, en ce qui nous concerne,
éterniser les travaux de la commission de l'Assemblée nationale
sur ce point. Je pense qu'on a soulevé, qu'on a souligné hier
tous les inconvénients, même si dans le principe, dans le projet,
il y a de grands avantages. C'est une expérience qu'il faut tenter, mais
il ne faut pas oublier, également, que nous avons souligné, comme
masse, une longue liste d'inconvénients. Il faut faire face à
cela, si ce n'est la présence première des députés,
ici, à l'Assemblée.
L'aspect nouveau souligné par le député de Gatineau
est vraiment réel également. En plus de 16 ou 17
députés que nous allons sortir de l'Assemblée nationale
pendant six semaines... non, du 26 avril à la mi-juin.
M. Burns: Non pas pendant six semaines, mais au cours de six
semaines.
M. Lavoie: Un type qui, dans la même semaine, part de
Montréal, et doit aller à Rouyn-Noranda, à Sherbrooke, ou
à Québec, il va être passablement absent de Québec.
Nous ne voulons pas faire de débat de procédure. Tel que
c'était rédigé, on ne pouvait pas l'accepter, pour toutes
les raisons que je vous ai mentionnées, hier. Tel que c'était
rédigé, cela ne limitait pas l'étude par une commission
élue d'uniquement un livre blanc ou un document de travail. Tel que
c'était rédigé, cela pouvait même permettre
l'étude des crédits par la commission itinérante. Cela
pouvait même permettre d'étudier un projet de loi article par
article, même après la deuxième lecture, tel que
c'était rédigé.
Je critique, je rejoins là, encore un peu trop, l'improvisation
du leader du gouvernement dans l'ensemble global.
M. Burns: II n'y a pas eu d'improvisation là-dessus, ce
texte-là a été soumis à des conseillers juridiques
avant d'être soumis.
M. Lavoie: Changez les conseillers juridiques, parce que...
M. Blank: On pourrait prendre un avocat...
M. Lavoie: Une commission élue qui siège à
l'extérieur.
M. Burns: Si je me mettais à nommer les conseillers
juridiques, le député de Laval...
M. Lavoie: Non, mais écoutez...
M. Burns: ...serait très surpris, parce que c'est, entre
autres, un des conseillers juridiques auxquels il a souvent fait
référence lui-même.
M. Lavoie: De toute façon, je n'aurais pas permis à
un conseiller juridique de mettre cela en mon nom, tel que
rédigé.
M. Burns: Ah!
M. Lavoie: J'aurais fait faire les corrections, parce que, tel
que c'est rédigé, n'importe quelle commission aurait pu
siéger pour étudier un projet de loi après la
deuxième lecture.
M. Burns: Je pense que c'est le mandat qui est dans la motion qui
donne la juridiction à la commission.
M. Lavoie: On avait...
M. Burns: Voyons donc! Soyons de bon compte. Quand le leader du
gouvernement se lèvera pour faire la proposition de
déférer tel problème à la commission des
consommateurs, son mandat est déterminé là.
M. Lavoie: Oui, mais vous savez qu'en vertu de notre
règlement, le leader parlementaire du gouvernement a une latitude
absolue, même par simple avis, de pouvoir dire que telle commission ira
étudier à Rouyn-Noranda...
M. Burns: Le projet de loi no 3.
M. Lavoie: ...le projet de loi no 2, après la
deuxième lecture, le financement des partis politique, ou n'importe
quoi...
M. Bellemare: Les dépenses électorales.
M. Burns: C'est avoir très peu d'estime pour mon sens du
raisonnement, M. le député de Laval.
M. Lavoie: Je commence à avoir des doutes depuis quelques
mois. J'en avais beaucoup plus avant le 15 novembre, de l'estime pour vous.
M. Burns: J'en avais beaucoup plus moi aussi avant le 15
novembre.
M. Bellemare: Ne commencez pas cela ce matin. C'est
réglé.
M. Lavoie: Nous avions émis le voeu que cette commission
puisse siéger uniquement durant les ajournements d'été ou
pendant l'intersession, mais nous allons mettre cela de côté.
M. Burns: Ecoutez, là-dessus, la meilleure réponse
que je peux vous donner... Ce n'est pas que je n'ai pas tenu compte de votre
suggestion, mais, si on veut atteindre une certaine population, cette
population va être en vacances. Il faut penser aussi que, possiblement,
les députés qui font partie de cette commission ont
peut-être le goût, pendant le mois de juillet ou pendant le mois
d'août, je ne sais pas, de prendre quelques semaines de vacances bien
méritées, à mon avis.
Règlement sessionnel
M. Lavoie: Je vais terminer tout à l'heure par un
compromis qui, je pense, pourrait être acceptable par tout le monde. On
voulait ajouter, d'ailleurs, dans la nouvelle rédaction... Je pense que
nous allons demander pour ce projet pilote, pour un projet de loi particulier,
pour une commission bien déterminée, qu'on mentionne que ce soit
uniquement pour l'étude de documents de travail, de livres blancs ou de
projets de loi publics après la première lecture. On pourrait le
faire, même dans le règlement sessionnel.
M. Burns: Je n'ai pas d'objection à cela.
M. Lavoie: Cela va. Vous voyez qu'on se dirige...
M. Burns: C'est d'ailleurs le but de ces commissions.
M. Lavoie: On voulait également qu'une seule puisse le
faire à la fois, mais cela se règle si on spécifie bien,
comme projet pilote de cette année, comme règlement sessionnel,
que c'est telle commission, etc.
M. Burns: Non, excusez, il faut bien s'entendre. Je suis d'accord
pour que ce soit un règlement sessionnel, mais il ne faudrait pas se
limiter seulement à celle-ci.
M. Lavoie: Ah!
M. Burns: C'est-à-dire qu'il pourrait peut-être y en
avoir une autre. Je n'en prévois pas actuellement.
M. Lavoie: Ah bon!
M. Bellemare: II faudra revenir devant le Parlement.
M. Burns: Je vous dis que je n'en prévois pas. Je suis
absolument certain, je vous demande de me croire sur parole
là-dessus.
M. Bellemare: II faudra revenir devant le Parlement, lui faire
donner un mandat...
M. Lavoie: Ecoutez, M. le Président...
M. Blank: Le livre blanc sur la langue, on fait...
M. Lavoie: Oui, sur la langue?
M. Burns: Non, il n'est pas question de ça.
M. Lavoie: Je vous dis une chose: Nous, nous allons vous offrir
un compromis qui est acceptable à la suite des discussions d'hier.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Vous nous avez dit, hier, que c'était un cas
pilote, que c'était pour un projet de loi particulier, qui était
la loi des assurances, que c'était pour une commission
particulière, qui est celle des consommateurs, coopératives et
institutions financières. Pour ça, on est prêt à
marcher jusque là. Mais vous ne nous embarquerez pas, en ce qui nous
concerne, par d'autres choses. Si vous voulez faire des mini-conseils nationaux
à travers le Québec, on ne marchera pas dans ça. C'est
clair?
M. Burns: Vous aimeriez bien ça, avoir un conseil
national, dans l'état où se trouve votre parti.
M. Lavoie: Bon! Ecoutez! Vous allez arrêter votre show. On
va faire de la législation et on va faire de la politique.
M. Burns: C'est ça.
M. Lavoie: On va faire de la législation.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Autrement, vous allez prendre les moyens, et c'est
bien de valeur, vous allez avoir des abversaires devant vous. Le gouvernement
va jouer son rôle tel qu'il doit être joué.
M. Burns: D'accord!
M. Lavoie: Le compromis, maintenant: Si vous êtes
prêt... Encore hier, justement, ce sont des choses que je comprends le
plus difficilement possible, vous considérez, d'un côté,
l'importance du projet de loi sur les assurances. Tout le monde est d'accord
sur ce sujet. Vous voulez en faire un projet pilote. Vous voulez chambarder,
peut-être d'une façon avant-gardiste, l'institution parlementaire.
N'oubliez pas que, pendant ces six semaines, les 17 députés qui
vont aller ailleurs, plus ceux des régions qui vont être absents
de Québec, c'est la période des crédits, mais c'est
également la période où les projets de loi vont être
étudiés, j'imagine, comme la charte de la langue. Il va y avoir
ces seize, ou dix-sept, ou vingt députés qui vont être
absents pendant cette période. Il va y avoir le financement des partis
politiques. Il y a quand même de la législation sérieuse,
prioritaire et importante qui va être étudiée pendant ces
mêmes semaines.
D'un côté, vous dites que c'est important, qu'il faut
chambarder un peu l'institution parlementaire, sortir même les
députés du lieu premier de leur mandat et de leurs
responsabilités, les privant de beaucoup de choses, des périodes
de questions, etc. D'un autre côté, vous dites que c'est assez
important, vous arrivez et vous raccourcissez le délai...
M. Burns: II ne s'applique pas, le délai. Lisez donc 118a.
Ce n'est pas un projet de loi pour la première lecture, ça.
M. Lavoie: Mais, voulez-vous avoir des mémoires
sérieux des gens...
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: ... dans toutes les régions sur un projet aussi
vaste et aussi complet que les assurances? Voulez-vous avoir des
mémoires sérieux des gens?
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Mais, si vous voulez avoir des mémoires
sérieux, il faut leur donner la documentation voulue pour qu'ils se
préparent. Dans le cas de Jonquière, ils vont avoir... Si vous
dites que cela sera déposé en Chambre, le document de travail, le
13 ou le 14 avril et que vous convoquez les gens à Jonquière pour
le 26 avril...
M. Burns: Je n'ai pas dit ça. Dans la semaine du...
M. Lavoie: Dans la semaine, le 28 ou le 30... M. Burns:
Oui, c'est ça.
M. Lavoie: ... ça ne va pas plus loin que le 35 avril,
non?
M. Burns: Non, je ne pense pas.
M. Lavoie: Bon! Il va falloir quand même qu'ils aient la
communication, l'avis, pour préparer un mémoire.
M. Bellemare: Dans la Gazette officielle...
M. Burns: C'est un sujet qui est en discussion depuis deux ans
à l'Assemblée nationale. Il y a déjà je ne sais
combien de gens qui ont fait valoir leur point de vue, et, actuellement, ce
qu'on recherche et ce que le ministre concerné recherche, c'est la
réaction de la population à ce qu'elle va suggérer comme
loi éventuellement.
M. Lavoie: D'accord! M. Burns: Bon!
M. Lavoie: Mais, est-ce que la population connaît, au
moment où je vous parle...
M. Burns: Elle ne connaît pas...
M. Lavoie: ... quand même, l'idée
générale, ou les principes de base, ou les opinions, ou les
lignes directrices du ministre qui doit pondre un projet de loi qui s'appelle
"sur les assurances"? Il faut quand même... On ne connaît pas
encore les grandes lignes directrices ou les grands corridors, les grandes
avenues que veut emprunter le ministre. Cela peut influer sur les
mémoires qui vont être présentés, et, dans le cas de
Jonquière, même si les gens y sont très brillants, ils vont
quand même avoir uniquement un délai d'à peine une dizaine
de jours pour préparer les mémoires. A Rimouski,
également, c'est la même semaine, vers la fin d'avril,
début de mai.
M. Marcoux: Ils sont encore plus brillants à Rimouski.
M. Lavoie: Ils sont peut-être plus brillants que vous et
que beaucoup d'autres! Pourquoi couper les délais d'avis, de
préparation de mémoires? J'arrive à la suggestion que je
voudrais faire, un compromis. Au lieu de précipiter et de bousculer la
législation, et tout, on connaît les délais. Vous nous
dites que le document de travail sera déposé par le ministre le
13 ou le 14 avril. Il est fort possible que cela aille au 20 ou 25 avril.
Vous avez un autre document, le livre blanc sur la langue
française qui devait être déposé la semaine
passée. Il sera peut-être déposé cette semaine. Vous
savez qu'il arrive des impondérables et des aléas dans
l'administration de la chose publique. Cela peut se répéter.
Je serais prêt à ce qu'on adopte un règlement
sessionnel pour l'étude de ce projet de loi pilote par une commission
bien précise qui s'appelle la commission des consommateurs, des
coopératives et des institutions financières, pour que la
commission itinérante puisse siéger pendant les mois de juillet,
d'août et de septembre. De toute façon, votre loi ne sera pas
prête avant l'automne, même si elle siège en avril, votre
loi ne sera pas déposée avant la fin des travaux de notre
première partie de session qui est prévue pour la fin de
juin.
M. Burns: C'est parce que vous jugez par rapport à
l'efficacité du gouvernement précédent.
M. Lavoie: Non. Je juge d'après la fatigue qui se
dégage de la personnalité de tous les membres du cabinet
actuellement.
M. Burns: Pas du tout. Tout le monde est de bonne humeur.
M. Lavoie: Vous avez l'air pas mal vidés
déjà.
M. Burns: Tout le monde est de bien bonne humeur et bien en forme
et le ministre...
M. Charron: On fait du "jogging" tous les matins.
M. Lavoie: Vous en faites trop longtemps le matin. Vous
êtes fatigués durant la journée.
M. Charron: Cela me donne suffisamment d'énergie pour vous
endurer.
M. Burns: Le ministre délégué au
Haut-Commissariat à la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports vous dit
qu'il a vérifié et tout le monde a l'air bien en forme. Alors, ne
vous inquiétez pas pour nos santés.
M. Samson: Cela arrive si vite. On ne sait jamais.
M. Burns: On ne sait jamais.
M. Lavoie: Vous ne pouvez pas envisager que cela ait lieu pendant
les mois de juillet, d'août et de septembre?
M. Burns: Non. Je ne peux pas envisager cela.
M. Lavoie: Vous voulez absolument qu'elle siège pendant la
période de session, pendant l'étude des crédits? Quand ce
ministre fera-t-il étudier ses crédits, le ministre des
Consommateurs, Coopératives et Institutions financières?
M. Burns: On va lui trouver une place pour faire étudier
ses crédits.
M. Blank: A Rimouski, au mois de janvier. M. Burns: A
Québec.
M. Lavoie: Je regrette vraiment cette improvisation, cette
bousculade incompréhensible.
M. Burns: Je vous dis que cela m'apparaît comme très
clair. Il n'y a pas d'improvisation. On sait exactement où le ministre
veut aller. Vous avez la liste. Vous avez les endroits. Vous n'avez pas encore
les semaines. Cela sera fait conjointement avec les représentants de
l'Opposition. On va s'entendre sur les règles de pratique, pour que la
commission soit le plus efficace possible.
Je suis d'accord pour en faire un règlement sessionnel. Je vous
l'ai dit tout à l'heure.
M. Lavoie: Sur ce projet de loi.
M. Burns: Je ne pense pas que je devrais me limiter uniquement
à ce projet de loi. C'est un règlement sessionnel. Si jamais...
Je vous demande, en vertu du règlement, de prendre ma parole
là-dessus: je ne prévois pas, au moment où je vous parle,
d'autres cas cette année, c'est-à-dire durant cette
session-ci.
M. Gratton: Pourquoi ne pas le spécifier?
M. Burns: Mais pourquoi se bloquer, si jamais une autre occasion
se présentait, peut-être au
cours de l'été comme dit le député de
Terrebonne?
M. Lavoie: Le député de Terrebonne? Lequel? M.
Fallu. Oui. Excusez-moi.
M. Burns: Le député de Terrebonne.
M. Gratton: Le ministre pourrait-il me dire si on a prévu
de réserver des chambres pour les députés? Est-ce
fait?
M. Burns: Ce n'est pas fait parce qu'on n'a pas l'autorité
pour le faire. On attend d'avoir l'autorité pour le faire. Il y a
quelqu'un du secrétariat des commissions qui va s'occuper, qui va
fonctionner, permettez-moi l'expression, comme "advance man" pour voir à
ce que tout soit en place, que tout soit réglé.
M. Lavoie: La tribune de la presse fera également partie
de la caravane avec le journal des Débats?
M. Burns: Non. S'ils le veulent. Ils se déplaceront selon
leurs moyens. Ils ne font pas partie de la commission.
M. Gratton: Par contre, la population ne recevra rien.
M. Bellemare: M. le Président, hier, j'avais noté
quelques points et je pense que ce qu'on fait ce matin, c'est attaquer
l'institution même du Parlement et ses traditions, soit créer une
commission itinérante. Cela ne s'est fait nulle part, dans aucune
province.
Je pense que si cela s'est fait, cela s'est fait une fois au
fédéral lors d'une commission mixte du Sénat avec une
participation de quelques membres de la Chambre des communes. On est en train
d'établir une nouvelle procédure qui va aller loin. On ne pourra
plus l'arrêter. Je dis: On a établi des commissions parlementaires
qui ont peut-être facilité le travail de tous les
députés, mais les députés aujourd'hui ne
connaissent plus rien de l'administration. Autrefois, les budgets se faisaient
en Chambre devant tout le monde, on y étudiait tous les détails
du budget et on sortait de là avec la connaissance pour ceux qui
voulaient l'apprendre de tous les détails de chacun des
ministères. Aujourd'hui, cela se fait dans des commissions et...
M. Lavoie: II faut connaître toute la
législation.
M. Bellemare: Toute la législation, c'est sûr.
Là, on a des députés robots. On est en train d'en faire de
vrais robots, des gens qui ne connaissent pas ce qu'il y a à la voirie,
qui ne connaissent pas ce qu'il y a aux travaux publics, ce qui se passe aux
affaires culturelles. On ne le sait pas, parce qu'on n'est pas capable d'aller
à toutes les commissions. Même s'il y a plusieurs
députés qui y participent, les 50% ou les 90% ne le savent
pas.
Là, on va établir une commission itinérante qui va
parcourir la province, ce qui va faire un accroc considérable aux
parlementaires.
Je dis que c'est trop important pour agir à la
légère. Le leader du gouvernement, qui est un homme brillant,
contrairement à ce que d'autres peuvent penser, je le trouve
brillant...
M. Lavoie: Moi aussi, je suis d'accord.
M. Bellemare: Je lui rends témoignage que...
M. Lavoie: C'est pour cela que j'en ai peur. S'il n'était
pas brillant, je n'en aurais pas peur.
M. Burns: Est-ce que vous voulez que je sorte pendant que vous
parlez de moi?
M. Bellemare: Ce n'est pas la pesanteur de la masse qui compte,
c'est "la swing" du manche, et il l'a. Je dis que c'est un accroc grave qu'on
fait pour des années, parce que, de là, on va sauter à
autre chose. Qu'on le fasse à des moments où les
députés sont libres, où la Chambre ne siège pas,
où, personnellement, je pourrais assister à la commission
parlementaire itinérante et je pense que c'est mon devoir d'y aller.
Peut-être pas dans huit endroits, mais dans trois ou quatre, pour voir
l'aspect que vont prendre ces nouveaux mémoires qu'on va
présenter, parce qu'on en a entendu des mémoires, il en est venu
des gens. Il ne faudrait pas non plus penser que ceux qui vont venir vont
être en vacances et qu'ils ne viendront pas pendant les mois de juillet
et d'août. Ces gens qui sont intéressés, qui sont-ils? Ce
sont sûrement des payeurs d'assurance, mais ce sont aussi des vendeurs
d'assurance. Eux ont le moyen de venir pendant ces sessions de vacances. Les
députés qui n'assisteront pas aux séances perdent un
contact indispensable pour devenir de bons parlementaires. Est-ce que vous
pensez que nous, qui avons subi des années et des années de
discussions sur les comptes publics, comme cela se faisait autrefois, on n'est
pas meilleurs députés que d'autres qui ne l'auront jamais appris?
C'est une école de formation, et je pense qu'on est en train de
détruire complètement le parlementarisme. Je dis et je
répète, M. le Président, que c'est manquer gravement
à ce que d'autres n'ont pas fait pour innover. Je suis d'accord avec le
leader parlementaire pour innover, s'il voulait nous faire cette concession,
l'essayer par un règlement ses-sionnel, l'essayer d'une manière
assez parlementaire pour que nos députés puissent assister, ceux
qui voudront. Les membres y assisteront de droit, mais les autres pourraient
peut-être assister aussi quand même de fait, s'ils n'ont pas le
droit de vote, ils auront le droit de parole, si on les admet. Mais,
personnellement, M. le Président, j'ai énormément de peine
à voir saccager le système parlementaire comme on est
après faire. Je ne suis pas capable. J'ai été
élevé dans ce parlement, cela fait 32 ans, c'est ma 35e session,
et je vois avec peine s'éparpiller tous nos droits et privilèges.
Dieu sait qu'on en a déjà perdu pas mal.
A partir de là, je le lui demande, j'implore le
leader d'y penser très sérieusement, parce que vous brisez
alors le système parlementaire qui existe aujourd'hui. C'est une chose
qui ne s'est faite dans aucune province et pas plus au fédéral,
et on avait des raisons de le faire au fédéral, car c'est grand,
le Canada, et il n'y en a pas eu.
M. Lavoie: Même en France, il n'y en a pas eu.
M. Bellemare: Nous avons un nouveau gouvernement que je respecte.
Je suis prêt à me soumettre à bien des choses, mais pas
à cela. Je me révolte contre cela. Je vous le dis, M. le leader,
dans le fond de votre coeur, si cela vous avait été
présenté dans le temps, quand vous étiez de ce
côté-ci, vous auriez fait une tempête, parce que je vous
connais.
Cela ouvre peut-être des portes à des abus, des abus
criants au point de vue de la publicité en faveur d'un parti contre un
autre; ça, c'est un aspect de la question et cela amènera autre
chose. On ne pourra plus l'arrêter. Je ne dis pas que ce n'est pas une
manière habile d'aller à la télévision le soir, de
faire un reportage, de faire une grande publicité en faveur d'un parti
politique.
M. Burns: A vous entendre, on ne pourrait plus, du
côté gouvernemental, faire siéger une commission
parlementaire, même à Québec, parce qu'à chaque fois
qu'une commission parlementaire siège, imaginez-vous qu'à
l'occasion, il y a des journalistes qui sont intéressés à
interviewer le ministre.
M. Bellemare: Vous êtes-vous déjà
demandé ce que c'est une commission parlementaire qui, pour la
première fois, va parcourir la province, quelle sorte de
publicité vous allez avoir à Jonquière, à Rimouski,
à Trois-Rivières, à Sherbrooke, à Rouyn-Noranda,
à Hull, à Montréal et à Québec? Cela va
être terrible.
M. Burns: Pas plus qu'à l'Assemblée nationale.
M. Bellemare: Ah sainte bénite... Non, non, non, jamais
dans cent ans.
Là, M. le Président, je ne reconnais pas mon leader. Je
sais comment il est prévoyant pour ces choses.
M. Marcoux: Le député de Johnson craint qu'on se
rapproche de la population, si je comprends bien?
M. Bellemare: Non, non. Vous ne vous rapprocherez pas... Je l'ai
dit en haut. Cela vaut bien plus que l'apostolat de la prière dans
l'église, c'est sûr, je le répète encore.
L'apostolat de la présence du député, ce n'est pas un...
Et ce n'est pas un interrogatoire que je veux subir. Ne me faites pas choquer,
parce que je suis à deux pas de l'être.
Je dis une autre chose, M. le Président, que la Chambre commence
une expérience pendant que les députés sont en vacances,
il n'y a pas de députés qui vont refuser de travailler, ce n'est
pas vrai, et il n'y a pas de députés qui vont refuser de se
rapprocher de la population. Ce n'est pas vrai. Que ce soit fait dans des
conditions normales, pas parce qu'on veut établir un nouveau
système. On veut parcourir la province avec des commissions
itinérantes, c'en est une. Avec raison peut-être. Celle-là
a siégé pendant des jours et des jours ici en haut et elle n'a
rien donné, rien donné d'effectif.
Là, M. le Président, je pense que la proposition que vient
de faire le leader du gouvernement mériterait qu'on l'étudie,
qu'on y pense au moins vingt-quatre heures. Parce que je vais avoir de la
misère à adopter ça. Je vous le dis sincèrement,
avec tout ce que ça peut apporter de difficultés, de
précautions qu'il va falloir prendre et d'ajustements et, surtout, cet
esprit parlementaire qu'on est en train de détruire. On est en train de
le détruire. Je vous ai donné l'exemple des commissions
parlementaires des finances et des autres commissions parlementaires; cela n'a
pas de bon sens.
La dernière remarque que je voudrais faire, c'est que, pour le
"timing", vous n'auriez qu'à y penser, vous n'êtes pas
prêts, cela sera de l'improvisation de A à Z si c'est fait trop
rapidement. Si vous commencez à donner les avis le 14, le 15 avril,
peut-être le 20 avril, en vertu de l'article 118a, il y a 30 jours d'avis
dans la Gazette officielle pour les mémoires. Qu'est-ce qui va arriver,
vous êtes rendus en mai, fin de mai commencement de juin. Rendez-vous
donc sans déshonneur à notre requête. Puisque c'est une
expérience pilote, faisons-la d'une manière correcte,
honnêtement, dans un but qui peut rendre service à tous les
parlementaires. Ne brisons pas l'esprit parlementaire qui nous anime. On en a
assez de toutes ces tracasseries qu'on subit présentement.
M. le Président, j'en appelle, comme il convient, au bon sens, au
jugement, au démocrate que je connais qui est devant moi et qui a du
jugement, je lui demande de faire attention, de ne pas aller trop vite dans
ça. C'est un vieux qui a de l'expérience qui vous dit ça,
qui a vu tomber des institutions, des gouvernements, en commençant par
les miens. Je vous garantis qu'on a péché nous aussi, on a
été puni.
Je vous dis, M. le leader, soyez prudent, quand même cela
retarderait de quelques jours, de quelques semaines; si l'expérience
doit être tentée, qu'elle le soit sainement, avec l'accord unanime
de tous les membres de la commission, mais pas pendant la session, pas pendant
que la Chambre siège. C'est impossible, c'est intolérable.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le ministre a parlé des règles de
pratique qui s'appliqueraient a cette commission itinérante. Est-ce
qu'essentiellement, ce seraient, à toutes fins pratiques, les
mêmes règles de pratique qui régissent nos travaux ici,
à l'Assemblée nationale, ou s'il entrevoit la possibilité
d'en
énoncer des nouvelles plus spécifiquement pour la
commission itinérante?
M. Burns: Etant donné qu'il s'agit d'une commission ad
hoc, une commission à caractère un peu spécial, je pense
que c'est la commission elle-même qui se donnera ses méthodes de
fonctionnement. Quand je parlais de règles de pratique, c'est beaucoup
plus des méthodes de fonctionnement, des méthodes
d'écarter, par exemple, ce que le député de Johnson disait
tout à l'heure, peut-être même de trouver le moyen
d'écarter des gens qui viennent et qui poursuivent la commission de
ville en ville. Ce n'est pas le but de la commission. Peut-être que la
commission se donnera des règles à cet égard. Je pense que
c'est à la commission de se les donner. C'est d'ailleurs le but de
l'amendement que j'avais suggéré lorsqu'on dit que cette
commission, lorsqu'elle siège, n'est pas soumise aux restrictions
prévues à l'article, et le fait qu'elle siège à
l'extérieur n'affecte pas les règles de celles qui siègent
à l'intérieur.
Quant à l'ensemble, l'économie de ces règles
devrait, le plus possible, et dans la mesure du possible, suivre celles que
nous suivons actuellement.
M. Gratton: Mais cette commission qui déciderait de ces
règles serait la commission des consommateurs, la commission qui va
entendre les mémoires?
M. Burns: C'est ce que je suggérerais.
M. Gratton: A quel moment le ministre prévoit-il que la
commission pourrait se pencher sur ces questions d'ordre général?
Je voudrais simplement remémorer l'expérience qu'on a
vécue dans le cas de l'étude de la loi 22, par exemple, que j'ai
eu l'honneur ou le malheur, selon le côté où on se place,
de présider.
Je me rappelle fort bien qu'avant même qu'on entende le premier
mémoire et le leader du gouvernement en a été
témoin si je ne m'abuse, on a passé presque deux semaines
entières à discuter de motions dites d'ordre préliminaire,
motions, par exemple, pour le droit de parole des députés. On se
rappelle qu'on avait débattu pendant... On se retrouvait, bien entendu,
dans une situation d'obstruction systématique.
M. Burns: Vous ne parlez pas de celle de la présentation
des mémoires, vous parlez de celle concernant le projet de loi.
M. Gratton: Non. Je parle de celle concernant la
présentation des mémoires. Relisez le journal des Débats,
vous allez voir qu'à un moment donné, il y avait seulement les
membres de la commission élue qui avaient droit de parole. La
première motion que l'Opposition officielle du temps, qui était
le Parti québécois, a présentée, c'était
celle pour qu'on donne droit de parole à tous les députés,
sans qu'ils demandent la permission à la commission, tel que le
prévoit le règlement.
Je me rappelle fort bien que cela avait fait l'objet d'un débat
qui avait duré plusieurs heures.
Ensuite, il y avait eu d'autres motions dites d'ordre
général qui avaient sûrement accaparé je ne
veux pas exagérer une bonne semaine des travaux de la commission.
Pendant tout ce temps, les personnes qui avaient été
convoquées pour venir comparaître attendaient dans la salle avec
la foule en délire. Je ne veux pas remémorer chaque cas
individuel, mais les cas où certaines dames étaient venues
s'enchaîner, par exemple, et où on a dû suspendre la
séance à quatre heures de l'après-midi pour ne recommencer
que le lendemain. Le cas où un pauvre perdu, à un moment
donné, a sauté par-dessus la table des journalistes. Il a
effrayé les journalistes plus que les députés, parce que
les députés le voyaient venir et que les journalistes lui
tournaient le dos. Il s'est avancé en avant, a pris un verre et on ne
savait pas trop à qui il voulait le lancer. J'ai bien l'impression que
c'était au gouvernement à ce moment-là.
En fait, je n'ai pas besoin de faire la nomenclature complète au
leader du gouvernement, il dirigeait, à ce moment-là, la
stratégie d'obstruction de l'Opposition. Il sait très fort que
cela jouait...
M. Burns: Cela a été bien fait.
M. Gratton: Non. Je ne considère pas que cela a
été tellement bien fait; quand on considère qu'on n'a
même pas dépassé l'étude de l'article 1, à ce
moment-là, après deux mois d'étude, on ne peut pas dire
que cela a été tellement bien fait.
D'ailleurs, certaines des erreurs qu'on a commises en adoptant cette loi
auraient peut-être pu être évitées si on en avait
discuté de façon objective du côté de l'Opposition.
Mais cela est une parenthèse que je ferme tout de suite.
Je dirai tout simplement au leader du gouvernement que, lorsqu'on dit
qu'un document de travail ou un mémoire sera déposé le
treize et qu'on dit en même temps qu'une commission itinérante va
siéger, qu'on va tenter une expérience, qu'un projet pilote de
commission itinérante va suivre, dans les deux semaines qui suivent, et
qu'on dit également que la commission parlementaire qui entendra ces
mémoires devra se donner certaines règles
générales, on voit toutes les questions qui sont
soulevées, qui sont quand même pertinentes à la bonne
marche de cette commission, si on veut en arriver à faire autre chose
que strictement un "travelling show".
Si on veut se servir de cela pour faire une campagne de financement ou
de recrutement pour un parti quelconque, c'est une affaire; mais si on veut
réellement savoir ce que la population pense d'un document de travail,
il me semble que le minimum qu'on doit lui donner, c'est l'avis normal, le
délai normal qu'on retrouve dans notre règlement quant à
l'audition des mémoires. Surtout, il faudrait, en tout cas, que le
leader du gouvernement nous donne l'assurance, ce matin, que les questions
d'ordre général, les questions préliminaires puissent
être vidées ici à Québec par la
commission, avant même qu'on aille à Jonquière qui
est le premier endroit où on doit se transporter et qu'on y fasse un
débat de procédure sur des questions d'ordre
général, alors qu'un certain nombre de personnes, aussi
brillantes soient-elles, attendent et nous regardent nous engueuler entre les
partis et entre les députés, sur des questions de
procédure.
Il me semble que c'est très important. Je rejoins ce que le
député de Johnson disait tantôt, si le gouvernement
n'improvise pas avec son projet pilote... Je suis d'accord que l'on tente des
expériences et qu'on rapproche autant que possible le travail de
l'Assemblée nationale de la population, mais encore faut-il qu'on
n'aille pas lui donner un exemple de ce qu'il y a de plus
désorganisé et de plus inefficace qui soit.
J'ai l'impression qu'avec la préparation qui manque à ce
projet du leader du gouvernement, c'est en plein cela qu'on va réussir
à faire, non pas convaincre la population qu'on fait un travail
sérieux et valable à l'Assemblée nationale, mais qu'on
improvise tant bien que mal et dans quel but? Je n'en sais rien. On pourrait se
poser toutes sortes de questions.
Comme dernier point, M. le Président, j'aimerais simplement
souligner que, si effectivement ce qu'on veut faire, c'est un projet pilote,
pourquoi ne pas l'indiquer de façon très concrète? Je
prends la parole du leader du gouvernement, que je sais franc et
sincère, quand il nous dit qu'il n'y a pas d'autre projet comme tel
qu'on veut déférer en commission itinérante, mais il me
semble que la tentation va être très grande du côté
du gouvernement. Au moment où on va discuter de la loi-cadre sur le
référendum, par exemple, au moment où on va discuter de la
charte de la Loi de la langue française, la tentative va être
passablement grande pour le gouvernement de dire: Pourquoi ne transporte-t-on
pas notre "show" encore une fois?
Si on veut un projet pilote, si on veut vivre une expérience et
en tirer quelque chose de positif pour éviter de répéter
des erreurs qu'on pourrait commettre durant la première commission
itinérante, qu'on se limite à cela pour le moment, qu'on le dise
clairement pour ne pas que, nous de l'Opposition, nous fassions toutes sortes
d'idées et que nous supposions toutes sortes de choses sur les
intentions du gouvernement et, à ce moment, nous de notre
côté, aborderons le projet pilote avec beaucoup plus de
sérénité et beaucoup plus d'objectivité pour faire
en sorte que cela réussisse et que cela devienne une habitude de
l'Assemblée nationale. Mais si vous nous laissez pendre au bout du nez
la possibilité de faire une commission itinérante à
n'importe quel moment où cela fait l'affaire du gouvernement, compte
tenu des projets de loi qu'on sait déjà qui feront l'objet
d'étude de l'Assemblée nationale au cours de cette session, j'ai
l'impression qu'on se dirige vers une commission itinérante au cours de
l'été sur la loi du référendum, une autre sur la
charte de la langue française et, peut-être même, sur le
projet de loi lui-même. Alors, le "show" de la loi 22 recommence, avec
les gens qui s'attachent, les gens qui se garrochent par-dessus les tables.
M. Burns: Je peux vous rassurer sur les deux cas que vous me
soulignez. L'un étant de ma responsabilité directe comme ministre
d'Etat. Je peux vous assurer qu'il n'est pas dans l'intention du gouvernement
de faire de la loi du référendum, de soumettre la loi du
référendum à une commission parlementaire
itinérante. Je peux vous assurer, comme leader du gouvernement qu'il
n'est pas...
M. Gratton: Est-ce que je peux vous demander pourquoi?
M. Burns: Parce qu'il n'en est pas question, parce que ce n'est
pas le cas qui, à mon avis, s'y prête, qui s'y prête
bien.
M. Gratton: Oui, mais à la lumière de
l'expérience du projet pilote dont on parle ce matin...
M. Burns: C'est le ministre responsable qui vous le dit. Il n'est
pas dans mon intention de soumettre le projet de loi du
référendum à une commission parlementaire
itinérante. Il n'est pas dans l'intention du gouvernement de soumettre
le projet de charte linguistique à une commission parlementaire
itinérante. Est-ce clair? Est-ce un engagement du gouvernement que je
viens de prendre?
M. Gratton: Cela me satisfait par rapport à ces deux
projets de loi.
M. Burns: C'est cela.
M. Gratton: Je préférerais, par contre, qu'on me
dise très concrètement que les modifications au règlement
ne s'appliqueront que pour cette session, que pour ce projet de loi ou pour ce
document de travail de la loi de l'assurance-automobile. A ce moment, je serais
complètement satisfait. Je n'aurais aucune réserve quant à
des projets de loi dont je ne connais peut-être même pas les titres
présentement.
M. Burns: Pour cette session, c'est déjà acquis, je
l'ai dit tout à l'heure, pour ce projet de loi, je suis prêt
à y penser. Je ne vois pas pourquoi, s'il y avait un autre projet de loi
qui soulevait un intérêt dans la population et qui le
méritait selon le gouvernement, parce que c'est quand même le
gouvernement, comme j'ai entendu très souvent, lorsque j'étais
assis à votre place, qui a, à un moment donné, à
diriger l'Etat du Québec. Si, selon le gouvernement, il apparaît
qu'un autre projet de loi devait être soumis à ces règles,
il me semble que c'est notre responsabilité, à ce moment, de
prendre une décision, évidemment, après consultation de
l'Opposition, bien sûr, et en tenant compte de toutes les remarques
faites par l'Opposition. Je pense que j'en donne la preuve ce matin, parce
qu'à l'origine, c'est un amendement au règlement que je
proposais, mais là, je vous dis que
je suis prêt à accepter que ce soit un règlement
sessionnel. Je me dis que si jamais il y avait un autre projet de loi qui
méritait...
M. Lavoie: On peut toujours se rencontrer, comme on fait
actuellement.
M. Burns: C'est cela. On va recommencer la discussion à
nouveau.
M. Lavoie: Pour un cas pilote, je voudrais, je désirerais,
je souhaiterais que ce soit limité à ce projet de loi.
M. Burns: Je vous dis que je suis prêt à y penser,
au fait que ce soit limité à ce projet de loi, je suis prêt
à y penser. De toute façon, ce ne sera pas adopté
aujourd'hui, en Chambre.
M. Lavoie: D'ailleurs, cela devient un projet sessionnel
uniquement pour la présente année, pour la présente
session.
M. Burns: Ce ne sera pas adopté demain, non plus. Oui,
c'est cela. Un projet sessionnel, cela va jusqu'en décembre.
M. Gratton: Sur l'autre aspect, est-ce que le leader du
gouvernement nous donne également l'assurance que la commission des
consommateurs va siéger...
M. Burns: Siéger avant de partir?
M. Gratton: ... avant de partir?
M. Burns: Je vous donne cette assurance.
M. Gratton: Ici, à Québec, de façon...
M. Burns: Ici, à Québec.
M. Gratton: ... que, quand on arrivera à Jonquière,
à la commission, il ne s'agira pas de faire autre chose que d'entendre
les représentations et les mémoires.
M. Burns: J'ai dit hier, et je le répète encore,
que c'était mon intention de faire siéger à Québec,
dans le cadre actuel des commissions parlementaires, cette commission avant
qu'elle parte. Bien sûr, on n'est pas pour arriver là-bas comme
une bande de fous et s'obstiner sur des questions de procédure, du
moins, on l'espère. J'espère qu'on va présenter une belle
image à la population de cette commission qui se déplace. Alors,
je pense bien que si on a à s'obstiner, on s'obstinera ici sur des
questions de procédure. C'est ce que je souhaiterais, en tout cas.
M. Gratton: Comme dernier point, je ferai simplement remarquer au
leader du gouvernement qu'avec ces assurances, cela me rassure, sauf l'aspect
temps. On sait déjà qu'il faudra qu'il y ait une ou deux ou
peut-être même plus de séances de la commission avant qu'on
parte. On sait que le document de travail sera déposé le ou vers
le 13 ou le 14 avril, et, comme le disait le député de Laval
tantôt, il n'est pas impossible que ce soit retardé d'une semaine
ou deux, c'est toujours dans le domaine du possible. On sait ce qui arrive dans
d'autres cas et qu'effectivement, cela ne donnera à ce moment, selon
l'échéancier soumis ce matin, que six semaines, avec un
délai d'à peine quinze jours aux personnes qui seront les
premières à témoigner ou à venir comparaître
devant la commission dans la région de Jonquière. Il me semble,
pour toutes les raisons énoncées, je ne le
répéterai pas, par le député de Johnson et par le
député de Laval, que le leader devrait également se
pencher sur la question de remettre à l'intersession la tenue de cette
commission itinérante. Il me semble qu'à ce moment, cela
donnerait chance égale à tous les députés. Je
reviens à l'argument invoqué tantôt, ce n'est pas seulement
du côté de l'Opposition que les députés vont vouloir
être présents à la commission dans leur région,
c'est également du côté des députés
ministériels. Avec le chambardement que cela va occasionner, de semaine
en semaine, d'avoir possiblement tous les membres de la commission
changés d'une semaine à l'autre, avec les crédits et la
législation très importante qui va être à
l'étude à l'Assemblée nationale, il me semble que c'est
bouleverser tout le monde et faire en sorte que le projet pilote qu'on voudrait
bien voir réussir pour pouvoir s'en servir à nouveau, ce soit
peut-être un échec, non pas à cause des règles de
pratique ou de tout cela, mais strictement à cause du temps où on
va demander à la commission de se déplacer, c'est-à-dire
pendant que l'Assemblée nationale siège. J'inviterais le leader
du gouvernement à y réfléchir sérieusement, si,
effectivement, on veut démocratiser et rendre plus accessibles à
la population les travaux de l'Assemblée nationale par un projet pilote
d'une commission parlementaire itinérante.
Il me semble que le temps de le faire, c'est au moment où les
députés pourront s'y consacrer à temps plein et n'auront
pas de discours à préparer sur treize différents projets
de loi, des interventions à préparer sur je ne sais pas combien
de ministères, en plus de devoir s'organiser pour voyager de leur
comté à Québec et dans les régions. Pour la charte
de la langue française, par exemple, je pense bien qu'il n'y a pas un
député à l'Assemblée nationale qui ne s'y
intéressera pas de façon particulière. Et si, en
même temps, on est en train de se promener dans Rouyn-Noranda et dans
Hull... Soit dit en passant, je ne sais pas à quel endroit vous allez
tenir ça à Hull, mais les endroits ne sont pas nombreux où
vous pouvez tenir une commission. Vous avez peut-être déjà
la réponse. Je le souhaite bien.
Mais tout ça, c'est un travail de plusieurs semaines et
même de plusieurs mois, un travail de préparation pour faire en
sorte que l'expérience soit valable et que les résultats puissent
réellement être jaugés de façon qu'on puisse
décider, une fois pour toutes, si c'est une façon valable de
faire les choses oui ou non, d'avoir une commission itinérante. On
risque, en bousculant les choses comme veut le faire le leader du gouverne-
ment, de faire en sorte que la seule conclusion qu'on puisse tirer, au
lendemain de la fin des travaux de la commission, c'est que c'est un paquet de
difficultés, ça ne fonctionne pas et qu'éventuellement, on
décide de ne plus répéter l'expérience à
cause du fait qu'on a bousculé dans le temps.
J'inviterais le leader du gouvernement à y
réfléchir sérieusement.
Le Président (M. Cardinal): Avant de donner la parole au
député de Rouyn-Noranda, je lui rappellerai que je ne peux pas
lui donner la parole à moins que les membres de la commission n'y
consentent.
M. Bellemare: L'article 148.
M. Samson: D'après l'article 148, M. le Président,
j'ai quand même le droit de demander la permission à cette
commission d'être entendu.
Le Président (M. Cardinal): Je vous accorde certainement
ce droit. Je ne devais pas vous l'accorder sans cette permission.
M. Samson: C'est ce que je demande à la commission.
D'accord?
M. Burns: Accordé.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. C'est un point de vue
que j'aimerais faire valoir avant que la décision finale soit prise.
Je pense qu'il est important de tenir compte du régime
parlementaire dans lequel nous évoluons depuis longtemps, un
régime parlementaire qui est basé sur des élus du peuple.
Dans notre régime parlementaire, qui est composé d'élus
par la forme des collèges électoraux, ce sont des
députés qui sont élus et non pas des partis.
Or, ce genre de commission itinérante aurait évidemment,
peut-être, certains avantages je suis disposé à
discuter aussi des avantages mais peut-être certains
désavantages vis-à-vis de l'élu du peuple qui n'est pas
spécifiquement membre de cette commission. Je pense qu'on va
reconnaître facilement que le député, en tant que
député, en tant que représentant du peuple, a souvent
à répondre à des questions en provenance de ses
électeurs quant aux travaux de la Chambre et quant aux travaux des
différentes commissions parlementaires.
Déjà, sous la forme actuelle de deux commissions possibles
en même temps que la Chambre, ce qui fait trois séances, il est
impossible, pour un député, quelle que soit son allégeance
politique, d'assister à trois séances en même temps. S'il
assiste à l'une des trois séances, il en manque deux. Donc, il
devient difficile pour lui de transmettre à la population, qui est en
droit de lui demander des renseignements sur les travaux de la Chambre, des
informations, parce qu'il n'était pas là. S'il se trouve que ce
député, en plus de ça, parce que c'est aussi le rôle
du député, a eu, pendant l'une ou l'autre des séances,
à aller converser avec un ministre au sujet de problèmes
administratifs de sa circonscription électorale, ou encore pour
accompagner des délégations de sa circonscription
électorale, là, ce n'est pas deux qu'il manque, c'est trois qu'il
peut manquer en même temps, de sorte que, si le tout se passe à
l'intérieur de l'enceinte du parlement, le député a
toujours la chance d'aller s'informer un peu, de pouvoir en discuter avec ses
collègues et de suivre au moins certaines parties de ce qu'il aura
besoin un jour de donner comme informations à ses électeurs.
Or, M. le Président, le type de commission itinérante
ferait que cette commission, étant à l'extérieur du
Parlement, deviendrait beaucoup plus difficile d'accès pour les
députés qui ne sont pas membres, qui ne sont pas présents;
il serait plus difficile de savoir ce qui s'est passé. N'oublions pas
que ce qui est proposé ce matin, ça veut dire que la commission
itinérante se rendra dans presque toutes les régions du
Québec pour recueillir des informations, des points de vue, en vue de
l'adoption d'une loi.
Or, en vertu de notre règlement, tous les députés
ont le droit de parler lors de la deuxième lecture de ce projet de loi.
Comment voulez-vous qu'il devienne facile pour un député qui
n'aurait pu assister à ces commissions, qui n'aurait pu obtenir
suffisamment de renseignements, parce qu'il est pris ailleurs en même
temps, comment voulez-vous qu'il soit facile pour ce député de
tenir compte des informations ou des points de vue recueillis par cette
commission itinérante et, si c'est impossible ou quasi impossible
à un député de pouvoir le faire, alors, quel est
l'avantage de la commission itinérante?
Il serait peut-être plus avantageux que cette commission
siège au parlement et que tous les députés puissent s'y
rendre à un moment ou à l'autre. N'oublions pas que tous les
députés, selon l'article 148, peuvent assister à toutes
les commissions pour l'étude des crédits, on est tous membres
avec droit de parole... aux autres commissions, tous les députés
ont le droit d'assister, sans droit de parole, à moins de le demander,
évidemment, mais quand même, ils peuvent être
présents pour voir ce qui se passe, alors que l'article 148, en
principe, devra s'appliquer à la commission itinérante aussi,
mais en pratique, c'est impossible. Il est impossible de vider le parlement
pour permettre à tout le monde de se rendre à Rouyn-Noranda,
à Rimouski, à Jonquière, à Hull ou ailleurs.
C'est impossible. Cela devient, sans que cela ne soit
prémédité je ne veux pas prêter de mauvaises
intentions à qui que ce soit nier le droit à un
représentant du peuple d'assister à des travaux parlementaires
qui, normalement, devraient lui être accessibles.
C'est pourquoi je me demande, très sérieusement, si le
fait que ce projet pilote soit lancé en pleine période
d'étude des crédits, ne devient pas la négation du droit
strict et du privilège strict de chacun des parlementaires de pouvoir
aller assister à cette commission et, à mon sens, la
réponse
est facile à donner. Cela devient la négation du droit des
parlementaires. Cela devient la négation de l'article 148. Or, les
électeurs, qui sont les grands maîtres, seront en droit de se
demander pourquoi on en arrive à ne pas permettre à tous les
députés de pouvoir assister.
Evidemment, une fois l'étude des crédits terminée,
lorsqu'il ne restera que certaines pièces de législation, les
conséquences sont déjà un peu moins graves; mais
l'idéal serait que nous ayons ce type d'expérience, parce que je
ne suis pas contre le type d'expérience, mais que nous ayons ce type
d'expérience pendant une période d'intersession. A l'appui de cet
argument, je pense qu'on conviendra que dans certains grands débats, par
exemple, on se rappellera le grand débat qu'il y a eu à
l'occasion de la loi 88 sur la fluoration de l'eau potable, nous avons tenu des
commissions parlementaires ici, à Québec, mais durant le
congé sessionnel, on permettait à plus de gens de pouvoir y
assister, ce qui, en même temps, pourrait permettre, si on utilisait la
même formule, à plus de gens d'y assister.
Cela ne veut pas dire que tout le monde va y assister, mais je pense
qu'on ne doit pas refuser à chaque député la
possibilité d'être présent, si c'est dans sa région,
mais aussi d'être présent ailleurs parce que si, dans ma
région, je prends connaissance de ce qui est dit là, c'est ce qui
est dit dans ma région. Cela m'intéresserait aussi de prendre
connaissance de ce qui est dit dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, dans la région du Bas-du-Fleuve, dans la
région de l'Outaouais, dans la région de Québec, dans la
région de Montréal et c'est normal, parce que sinon, qu'est-ce
que cela donnerait de n'avoir le point de vue que d'une seule
région?
Une autre question se pose. Dans la population, est-on à
même de pouvoir définir actuellement dans quelle proportion soit
les groupes, soit les individus, sont en pleine connaissance de cause des us et
coutumes d'une commission parlementaire pour qu'au maximum possible, la
population puisse se faire entendre. Je pense ne pas trop me tromper en disant
qu'il n'y a pas beaucoup de gens à l'extérieur, dans les
régions, qui soient ouverts à ce genre de chose
présentement, sauf des groupes bien organisés. Les groupes bien
organisés viendront donner un point de vue qui pourra représenter
la philosophie de la direction du groupe, mais pas nécessairement la
philosophie des membres de la base. Je crois comprendre que l'effort qui est
fait vers une commission itinérante, c'est d'aller chercher au maximum
l'opinion de la base, l'opinion de l'élec-torat ou au citoyen, que ce
citoyen soit membre d'un groupe quelconque c'est donc son opinion à lui
qui nous importe plus encore que l'opinion de certains dirigeants qui, parfois,
font passer certaines de leurs idées personnelles et ne vont pas
toujours... Je pense qu'on peut facilement regarder dans le passé. On
s'est aperçu que parfois il n'y a pas toujours eu de
référendum à la base pour qu'un groupe vienne donner un
point de vue qui ne représentait pas et c'est en retournant
à la base qu'on s'en apercevait les idées de la base.
Je pense qu'il faut tenir compte surtout de l'idée de la base et,
pour que l'idée de la base se fasse savoir, qu'elle soit
présente, il faut absolument une meilleure préparation. Une
meilleure préparation ne se fait pas dans la diligence. Cela ne se fait
pas dans la bousculade. Cela se fait avec un peu de temps. Je pense qu'il
serait très raisonnable, pour cette première expérience,
à laquelle je souscris comme expérience, qu'on prenne le temps
qu'il faut pour expliquer à la population, dans les régions qui
sont visitées, comment se passe une commission parlementaire, de quelle
façon on doit présenter un mémoire et surtout informer les
gens qu'il va y avoir une commission parlementaire et s'assurer que M.
Tout-le-Monde va savoir qu'il y a une commission parlementaire, si on a du
temps.
En principe, je pense que, vers la fin de juin, il y a une
période qu'on appelle les vacances parlementaires. Entre nous, les
députés, on sait que ce ne sont pas des vacances, parce que
pendant ce temps-là, on a autre chose à faire. Mais il reste que,
pendant la période de l'intersession qui arrive
généralement vers la fin de juin, cela nous mène jusque
vers le début ou le milieu d'octobre ou parfois vers la fin d'octobre,
à la reprise des travaux de la session. Il y a suffisamment de temps
pour que cette commission puisse se rendre dans les régions, mais
l'avantage, c'est également qu'il y aurait suffisamment de temps avant
le début de ces travaux pour que la population sache bien ce que cette
commission attend d'elle et également qu'elle sache bien à quel
moment la commission sera là et de quelle façon doivent se
préparer les mémoires. Je pense, M. le Président, que si
on admet, tout le monde va être d'accord là-dessus, que quand on
demande un rapport, un mémoire ou un document de travail à des
fonctionnaires d'ailleurs la loi présente, le document de travail
qui va nous être présenté devait l'être un peu avant
aujourd'hui, cela a été un peu retardé
déjà on découvre que les fonctionnaires ont eu besoin de
plus de temps pour préparer le document de travail. Si eux, qui sont des
experts, ont eu besoin de plus de temps pour préparer le document de
travail, la population, qui n'est pas composée nécessairement de
100% d'experts, a d'autant plus besoin de ce temps précieux pour
préparer aussi ses documents de travail et faire les recherches
nécessaires pour en arriver à faire les suggestions que nous
attendons de ces gens.
M. le Président, je me range à l'idée que cette
commission itinérante devrait commencer ses travaux une fois que le
congé sessionnel sera arrivé; de cette façon, le but
recherché à moins que je ne me trompe, je pense que je ne
me trompe pas trop par le gouvernement, c'est d'aller chercher de
l'information et savoir ce que la population veut. C'est ça qu'on a
comme but et, là-dessus, je n'ai pas d'objection.
Mais pour que ce but qui est recherché soit bien atteint, il ne
faut pas bousculer et, si on bouscule, c'est clair comme de l'eau de roche que,
si on bouscule, on va tout simplement donner l'impression à la
population qu'il y a eu de la consultation. On va donner l'impression que
c'est
très démocrate, mais, dans le fond, on n'aura pas
donné la chance à la population de faire valoir réellement
ses points de vue et ça va être l'équivalence d'un
gouvernement qui prend une décision d'abord et qui va faire un petit
tour en province, qui revient et qui dit: Voici, on s'est fait appuyer.
Cela serait très habile, évidemment, de la part d'un
gouvernement, au point de vue stratégique; je l'admets. Par contre, cela
ne répondrait pas aux principes fondamentaux de la démocratie et
c'est pourquoi je suggère aussi peut-être que c'est un peu
différent des suggestions qui ont été faites, mais
ça rejoint le principe des suggestions qui ont été faites
qu'on n'ait pas ce genre de commission parlementaire, surtout à
titre expérimental, pendant la période des gros travaux. Parce
que la période des gros travaux va débuter avec l'étude
des crédits et de la législation qui, comme nous le savons, se
bouscule vers la fin. Avant le congé d'été, c'est toujours
la même chose. Pour les nouveaux venus, vous allez le voir, mais pour les
anciens, on le sait. C'est toujours la même chose, avant l'ajournement
d'été, les lois s'adoptent à la vapeur.
Si ont est pris pour adopter des lois à la vapeur, si on est pris
pour étudier les crédits, qui va aller à la commission
parlementaire, qui va être là? Je dis pas suffisamment de
députés et c'est le risque qu'on prend. C'est pourquoi je
demande, si on n'est pas prêt à obtempérer aux suggestions
qui sont faites ce matin, qu'on reporte ce débat à quelques jours
pour donner le temps au gouvernement d'y repenser.
Le Président (M. Cardinal): Pour faire suite au
député de Rouyn-Noranda et avant de donner la parole au
député de Bourassa, je vous souligne qu'il est déjà
plus de 11 h 30 et qu'à 11 h 45, il y a une sanction qui doit avoir
lieu. Je demanderais auparavant quelle est l'intention des membres de la
commission quant à l'heure d'ajournement de cette séance.
M. Burns: En ce qui me concerne, M. le Président, je
devrai être présent à la sanction du projet de loi au nom
du gouvernement. Evidemment, je vais vous demander d'ajourner nos travaux
relativement à ce problème.
Maintenant, s'il n'y a personne d'autre qui s'exprime sur ce
deuxième point...
Le Président (M. Cardinal): II y a deux
députés qui ont demandé la parole.
M. Burns: II y a deux députés qui ont
demandé la parole. Alors, on pourrait, sachant qu'il est de mon
intention de modifier je demande à la commission d'en prendre
acte, je pense que j'ai été assez clair tout à l'heure
le projet quant à l'article 150, qu'il devienne un
règlement session-nel, passer au vote là-dessus et, ensuite,
passer à l'autre article.
Le Président (M. Cardinal): Un instant, sur cette question
d'ajournement, uniquement, s'il vous plaît, pour qu'on sache...
M. Gratton: Est-ce que le leader du gouvernement a proposé
l'ajournement du débat présentement ou s'il dit à 11 h
45?
M. Burns: A 11 h 45, je vais le proposer. M. Gratton: II
nous reste quinze minutes. M. Burns: Oui, oui.
M. Burns: A 11 h 40, pour avoir le temps de me rendre chez le
lieutenant-gouverneur. Je pense qu'il y a quelqu'un de l'Opposition et de
l'Union Nationale qui va vouloir nous accompagner.
M. Gratton: Est-ce qu'on peut demander au ministre s'il n'est pas
prêt à considérer la suggestion quant à la tenue de
la commission à l'intersession plutôt que durant la session?
M. Burns: Mes indications, actuellement, sont que la commission
devra siéger même pendant la session.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Gatineau, j'ai fait cette intervention, non pas parce que je savais que le
leader parlementaire allait à cette sanction, mais je savais que, tant
au gouvernement que dans l'Opposition, il aurait fallu normalement ajourner la
séance vers 11 h 40. Ceci étant dit, pour qu'on ne reprenne pas
le débat dans un ordre différent que celui prévu,
j'accorderais la parole au député de Bourassa.
M. Laplante: M. le Président, je me considère comme
un très jeune parlementaire, avec beaucoup de choses à apprendre.
Cette commission, si je la voyais comme une commission qui aurait l'allure
d'une campagne électorale, j'en serais déçu. Lorsque le
député de Johnson a peur de l'atteinte à l'institution
parlementaire, dans son exposé, je dis que c'est le contraire qu'on
fait. On va revaloriser le rôle de notre institution parlementaire.
J'ai eu l'expérience de présider la commission de
l'énergie. Je trouvais dommage que certains groupes n'aient pu
s'exprimer, des groupes de base, parce qu'ils n'avaient pas les moyens
financiers de venir à Québec présenter ce qu'ils avaient
à dire. Ils avaient de bonnes idées, eux aussi. C'est un moyen
démocratique qui se prend aujourd'hui d'aller vers ces régions
entendre les associations, entendre même des individus, sur un projet qui
touche la vie québécoise de très près.
Je répète que je serais déçu que cela prenne
l'allure d'une campagne électorale, parce que c'est sérieux ce
qu'on fait là. C'est simplement ce que je voulais exprimer.
Le Président (M. Cardinal): Le député
d'Abitibi-Ouest, et ensuite, le député de Gatineau.
M. Gendron: C'est à peu près dans le même
sens. Je suis très étonné, même passablement
déçu de voir tout le dramatique et tout le charriage qu'on met
autour de cette situation. Je pense que l'argumentation qui nous est servie
n'est absolu-
ment pas sérieuse. On a quand même donné des
précisions surtout quand on parle d'improvisation et tout cela.
Nous sommes conscients que c'est peut-être dans des délais
assez rapides, c'est un fait. Par contre, il y a des précisions qui vous
sont fournies et il n'apparaît pas que vous voulez en tenir compte.
Quand le député de Rouyn-Noranda mentionne qu'on a
l'intention de se rendre dans toutes les régions du Québec avec
cette commission parlementaire, ce n'est pas le cas. Depuis hier, et depuis ce
matin, on dit que ce sont les huit suivantes, c'est bien connu, les dates sont
précisées. Egalement, quand on nous sert toute la sauce...
M. Samson: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Gendron: Si vous le permettez, à la fin. Ce ne sera pas
long.
M. Samson: Quand je parle de toutes les régions, je pense
que vous avez compris que c'est un survol des régions. Ce n'est pas dans
le sens d'aller partout. Je pense qu'on partage le même point de vue
d'ailleurs.
M. Gendron: J'ai compris cela, d'accord. Mais on met l'emphase,
on laisse voir qu'à un moment donné, ce n'est pas planifié
et que ce n'est pas structuré, c'est dans ce sens-là que je
voulais rectifier.
L'autre élément, quant à l'argumentation du
député de Johnson voulant que cela briserait la tradition
parlementaire, j'en suis. Mais il y a justement des choses, des
expériences nouvelles qu'on doit tenter. Au contraire, dans le
même sens que le député de Bourassa en a parlé, je
pense que cela serait une excellente occasion de démontrer que le
travail en commission parlementaire fait partie intégrante du travail
d'un parlementaire. Nous aurions une belle occasion d'aller vérifier,
sur le terrain, avec les gens, tout le sérieux qu'on doit mettre dans ce
travail.
Quand on parle d'absence de quelques semaines, à un moment
donné, on a dit: II va se faire du travail assez sérieux ici, au
niveau de l'analyse des crédits et de la législation. Je suis
tout à fait d'accord. Mais on n'a jamais parlé de semaines
complètes. D'ailleurs, on vous indique même que cela sera
possiblement les deux derniers jours de chacune des semaines. Mais ce n'est pas
cela qu'on tient comme argumentation. On dit: On va être absent de la
Chambre pendant six à huit semaines, ce qui n'est pas le cas du tout. Si
on fait cela seulement les deux derniers jours de chacune des semaines,
bien...
M. Lavoie: C'est 50% de la session, quand même. On
siège le mardi, le mercredi, le jeudi et le vendredi.
M. Gendron: Je sais qu'on siège...
M. Lavoie: C'est 50% de la semaine, quand même.
M. Gendron: Ce n'est pas 50% de la semaine, de toute
façon. Si on siège le mardi et le mercredi et que...
M. Lavoie: Jeudi et vendredi, vous êtes... M. Gratton:
Exactement 50%.
M. Gendron: Là-dessus, c'est très exactement 50%,
je vous l'accorde.
Par ailleurs, M. le député de Rouyn-Noranda mentionnait
qu'éventuellement, il faudrait permettre à tous les
députés d'assister et que cette expérience de la
commission itinérante briserait un petit peu, ou nierait le principe de
permettre à tout le monde de participer. Je trouve, encore là,
que ce n'est pas une situation réelle, parce que, de toute façon,
il en existe d'autres commissions parlementaires qui siègent ici,
à Québec.
Bien sûr, on aimerait qu'idéalement, tous les
députés y participent. Mais dans les faits, ce n'est pas ce qui
se passe. Pourquoi vouloir traduire une irréalité pour la
commission itinérante sur l'assurance-automobile?
Quant à croire que les gens actuellement ne sont pas prêts,
que le délai serait trop court, cela fait un an et demi que cela se
parle, cela fait un bon bout de temps que les gens sont au courant que c'est
une réforme importante qui s'en vient, je vous dis que les gens de nos
régions sont prêts à faire entendre leur point de vue. Je
ne crois pas que le fait qu'on ne puisse pas, en tout cas, dans les
premières villes où la commission parlementaire siégerait,
respecter le délai de trente jours quant à l'avis, ce soit une
situation bien difficile, compte tenu du degré de publicité qui
s'est fait autour de cela et du degré de conscience collective de la
majorité de la population sur le problème.
Je pense qu'on dramatise énormément cette situation. Je ne
crois pas qu'il y ait lieu de tenir cette commission parlementaire, si on veut
lui conférer justement un caractère très sérieux,
alors qu'on sait très bien que même nos citoyens sont eux aussi,
en vacances durant la période de juin, juillet, août. Il s'agit de
savoir ce qui se passe dans chacune de nos régions pour savoir que les
gens se déplacent, les gens sont en camping, les gens sont à
l'extérieur. Si on veut lui conférer un caractère de
statibilité et de sérieux, il faut le faire justement alors que
nous sommes en travaux parlementaires pour indiquer que c'est du travail
parlementaire, cette forme de session.
Le Président (M. Cardinal): Je me rappelle qu'on
souhaitait, semble-t-il, ajourner dans quelques minutes. Brièvement,
s'il vous plaît.
M. Gratton: Très brièvement, M. le
Président, je veux simplement dire que, quant à nous, on est
d'accord sur le principe d'une commission itinérante. On le dit depuis
le début. Tout ce qu'on dit, c'est que si on fait un projet pilote de la
chose, on devrait le faire dans des conditions autant que possible
idéales, de façon que l'expérience soit valable. J'ai
donné l'exemple aux députés que, si, ce
matin, je peux me permettre de venir faire une intervention sur un sujet
qui m'intéresse, mon intervention n'intéresse peut-être pas
les députés ministériels, cela a peu d'importance, mais le
fait que ce soit à Québec, pendant le temps de la session, cela
me permet de le faire. Mais si j'avais une représentation à faire
devant la commission itinérante qui se retrouverait à
Rouyn-Noranda ce matin, c'est bien sûr que je ne pourrais pas la
faire.
En fait, fondamentalement, quelles sont les raisons, les vraies raisons
qui font que le gouvernement insiste pour tenir cette commission
itinérante aussi rapidement, c'est-à-dire de ne pas
ab-tempérer au désir qu'on exprime, que cela soit tenu à
l'intersession? Si on me dit que ce sont les raisons dont on nous a
parlé ce matin, je m'excuse, mais je ne trouve pas valable de dire que
les députés sont normalement en vacances, que la population est
normalement en vacances au cours de la période d'intersession. Dieu sait
que, sur la loi 22 j'y reviens à titre d'exemple on a fini
le 31 juillet et c'était salle comble au salon rouge tous les jours. On
avait même à la salle 81-A des gens qui écoutaient cela par
le babillard. On n'a jamais eu de problème à avoir la
participation du public, loin de là. En fait, c'était
plutôt le contraire qui se produisait et qui créait des
problèmes.
Pour une question aussi importante que l'assurance-automobile, il faut
s'attendre que la population soit assez intéressée pour que la
commission puisse faire un travail valable avec amplement de
représentation. Si c'est l'urgence de déboucher sur un projet de
loi, d'une façon ou d'une autre, le projet de loi ne pourrait pas
être soumis à l'Assemblée nationale avant la fin de cette
session-ci, compte tenu qu'on prévoit que la commission finisse ses
travaux vers la mi-juin, à moins que le leader du gouvernement veuille
nous faire siéger douze mois cette année.
M. Burns: Au rythme où on va là, oui.
M. Gratton: Parce que cela vous achale, quoi?
M. Burns: Pas du tout, je le dis avec un sourire. Mon sourire
n'apparaîtra malheureusement pas au journal des Débats. C'est pour
cela que j'insiste.
M. Gratton: Maintenant il apparaît. C'est simplement pour
dire, combien de fois à la fin d'une session, effectivement, on pourrait
se retrouver dans ce qui est appelé une fin de session, lorsqu'on
arrivera au début de juin, avec la précipitation, je sais que le
leader du gouvernement a toujours prétendu que son gouvernement ne fera
pas de bousculade au point de vue de la législation de dernière
heure. J'espère qu'il tiendra sa promesse.
Le fait demeure qu'il y a des situations imprévisibles qui se
présentent, qui vont empêcher le gouvernement de faire autrement
que de présenter des projets de loi. Il y aura un certain nombre de
députés qui ne seront pas présents, parce qu'ils seront
à la commission itinérante. Aussi, il y aura certains
députés qui seront retenus à Québec, qui ne
pourront pas se rendre à la commission sur la loi de
l'assurance-automobile, qui normalement devraient y être et pourraient y
contribuer de façon positive. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner d'autres raisons plus fondamentales qui font qu'il insiste et qu'il
tient mordicus à ce que la commission de ce projet pilote soit tenue
durant la période qu'il a choisie, c'est-à-dire mai et juin?
Est-ce qu'il y a d'autres raisons que je connais pas et qui réussiraient
à me convaincre que cela vaut peut-être la peine de risquer
d'avoir les désavantages dont on a parlé ce matin, pour la bonne
conduite et la bonne gouverne?
Le Président (M. Cardinal): Le leader du gouvernement.
M. Burns: II n'y a pas d'autre raison. Je les ai données,
les raisons. Sur ce, puisque je m'adonne à avoir la parole, je
proposerais l'ajournement des travaux de la commission sine die.
Le Président (M. Cardinal): Est-ce que cette motion est
adoptée? Alors, les travaux de la commission sont ajournés sine
die.
(Fin de la séance à 11 h 39)