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Etude de projets de réforme du
règlement
(Onze heures quarante six minutes)
Le Président (M. Richard): Madame, messieurs, à
l'ordre, s'il vous plaît!
La commission de l'Assemblée nationale du 28 octobre 1977.
Les membres de la commission sont: M. Bel-lemare (Johnson),
présent, M. Bertrand (Vanier), présent, M. Bisaillon
(Sainte-Marie), présent, M. Blank (Saint-Louis), absent, M. Burns
(Maisonneuve), présent, M. Cardinal (Prévost), absent, Mme
Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges), présente, M. Fallu (Terrebonne), absent,
M. Gendron (Abitibi-Ouest), absent, M. Godin (Mercier), absent, M. Grenier
(Mégantic-Compton), absent, M. Lamontagne (Roberval), absent, M.
Laplante (Bourassa), présent, M. Lavoie (Laval), présent, M.
Proulx (Saint-Jean), absent, M. Richard (Montmorency), présent, M.
Vaillancourt (Jonquière), présent.
M. Lavoie: Voulez-vous changer un nom? Changer M. Blank pour M.
Forget?
Le Président (M. Richard): Alors, M. Blank (Saint-Louis)
est remplacé par M. Forget (Saint-Laurent) qui est présent.
M. Burns: M. le Président, étant donné les
mentions que vous venez de faire concernant les absences et les
présences, il serait peut-être normal de mentionner que si M.
Proulx est absent, c'est-à-dire le whip en chef du gouvernement, c'est
justement parce qu'il est à l'Assemblée nationale pour faire son
travail de whip, comme c'est le cas de M. Cardinal qui préside
actuellement l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: J'ajoute que c'est le cas de notre whip
également.
M. Burns: Exactement, c'est aussi le cas de M. Lamontagne.
M. Bellemare: C'est celui de M. Grenier qui devrait être
remplacé par M. Brochu, parce que je n'y serai pas toujours. M. Brochu
à la place de M. Grenier.
Le Président (M. Richard): A la place de M. Grenier ce
sera M. Brochu?
M. Burns: Remarquez qu'on souhaite que vous soyez toujours ici,
M. Bellemare.
M. Bellemare: Je ne suis pas capable. Hier matin, je suis sorti
à 13 h 20. J'étais foutu.
M. Burns: Je le sais bien.
Le Président (M. Richard): La commission pourrait-elle
désigner un rapporteur?
M. Burns: Je proposerais M. Laplante (Bourassa).
Le Président (M. Richard): Adopté. M. le
député de Bourassa, vous êtes désigné
rapporteur.
M. le leader parlementaire du gouvernement, vous avez la parole.
M. Burns: M. le Président, nous n'avons pas un ordre du
jour très chargé, à moins que nos collègues de
l'Opposition ne veuillent y ajouter quelque chose. Je pense qu'il est normal
que, suite à plusieurs discussions que nous avons eues avec les
représentants de l'Opposition et avec nos collègues du
côté ministériel, une première phase de suggestions
et non pas de réformes parce que j'ai l'impression que c'est
vraiment, au minimum, ce que nous vous apportons aujourd'hui... J'avais
pensé qu'il serait normal que la commission de l'Assemblée
nationale se voit saisie d'un certain nombre de suggestions, d'amendements,
soit sessionnels, soit concernant le règlement comme tel, pour
améliorer l'efficacité de nos travaux et pour rendre plus normal
l'exercice de la fonction de député à l'Assemblée
nationale, avec tout ce que cela comporte, c'est-à-dire le fait que le
député soit obligé, comme il se doit, de s'occuper de son
comté tout en étant présent à l'Assemblée
nationale lorsque des propositions législatives sont soumises.
De mon côté, c'est beaucoup plus à titre de ministre
d'Etat à la réforme électorale et parlementaire que comme
leader du gouvernement que je vous adresse ces propositions.
Nous avons, à l'intérieur de mon cabinet, travaillé
sur un certain nombre de projets de réformes qui peuvent, avec
l'assentiment de toutes les parties concernées, être mises en
application assez rapidement. Je dois souligner d'ailleurs, de façon
très précise, le travail de mon collègue, le
député de Sainte-Marie, qui m'a assisté dans ce
travail.
J'ai pensé qu'à un moment donné il serait normal
que, après des discussions informelles un peu tout le monde qui
s'intéresse au problème des règlements et à
l'amélioration des conditions de travail à l'Assemblée
nationale, qu'on dépose un texte qui, dans le fond, est un document de
travail qu'on espère voir adopté éventuellement, mais
c'est principalement dans le but d'améliorer la situation actuelle.
Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de demander que tous les membres
de la commission reçoivent ces deux projets.
Projet de calendrier sessionnel
Je mentionne tout de suite pourquoi il y a deux projets. Il y en a un
qui concerne des amendements sessionnels parce qu'on veut les mettre à
l'essai, si jamais c'est la volonté de la commission et de
l'Assemblée nationale. Il y en a d'autres qui risquent de devenir des
amendements à notre règlement de façon assez rapide. Je
vais n'en signaler qu'un seul, c'est celui concernant le calen-
drier de l'Assemblée nationale. Cet amendement est une
proposition visant à insérer l'article 31a qui pourrait se lire
comme suit: 31a, alinéa 1: Sauf en cas d'urgence, l'Assemblée ne
peut siéger du 1er juillet au 15 septembre, ni du 21 décembre au
31 janvier.
Alors, le document pourrait être distribué. Je sais que
déjà les représentants officiels, les leaders, en tout
cas, en ont des copies, puisque je leur en ai fait tenir.
Ce texte, est assez central. C'est un peu ce que tous les partis
à l'Assemblée nationale désirent, à savoir en
arriver à un maximum d'efficacité au point de vue
législatif, tout en ne se faisant pas des misères à
soi-même, comme on s'en est fait l'été dernier, en
siégeant durant des périodes absolument difficiles à
accepter pour tout le monde. Alors que tout le monde avait décidé
de prendre des vacances durant l'été, nous siégions
relativement à l'adoption d'un certain nombre de projets de loi.
On a pensé qu'une suggestion positive pourrait être faite
de ce côté. J'attire en particulier l'attention de la commission
sur la proposition faite à l'article 31a; donc, je reprends la lecture
de ce texte, alinéa 1, "Sauf en cas d'urgence, l'Assemblée ne
peut siéger du 1er juillet au 15 septembre, ni du 21 décembre au
31 janvier".
Alinéa 2, "Nonobstant toute autre disposition, l'Assemblée
peut, du 1er au 30 juin et du 1er au 20 décembre, siéger tous les
jours de la semaine, sauf le dimanche, de 10 heures jusqu'à ce qu'elle
décide de s'ajourner avec suspension des travaux de 13 heures à
15 heures et de 18 heures à 20 heures. Et, à toutes ces
séances, l'ordre des affaires du jour est celui prévu pour le
mardi. Pendant cette période, l'article 174 est suspendu et le
débat prévu aux articles 24, 68, 78, 79, 80 et 81 se termine
trois heures après l'heure indiquée pour le début de la
séance".
Projet de suppression de la séance du
vendredi
Je vous signale également un autre amendement qui est assez
important, qui viserait éventuellement à abolir la séance
du vendredi. En conséquence, pour garder le temps nécessaire
à nos travaux parlementaires, commencer nos travaux beaucoup plus
tôt dans l'après-midi, c'est-à-dire, au lieu de les
commencer à 15 heures, les commencer à 14 heures. Alors, il y a
des amendements qui visent ça. Je fais le dépôt de ce
document; en fait, M. le Président, techniquement, ce n'est pas un
dépôt, mais j'en fais la distribution pour que tout le monde ait
l'occasion d'en discuter. Je le produis à la commission. Je
souhaiterais, dans le plus bref délai possible, selon la
disponibilité et des commissions parlementaires et des partis politiques
concernés et des représentants des partis politiques, à
l'intérieur d'une période maximale d'une semaine, que nous soyons
capables de nous réunir à nouveau pour examiner et là, au
fond, non pas simplement au plan de la forme, la valeur de ces modifications
proposées par le gouvernement.
C'est la seule communication que j'avais, à moins que le
député de Sainte-Marie ne veuille ajouter quelque chose à
ce que je viens de dire.
Le Président (M. Richard): Suggérez-vous que la
prochaine séance ait lieu vendredi prochain?
M. Burns: M. le Président, cela serait souhaitable. Les
travaux de la semaine prochaine, pour moi, sont un peu lourds. Comme tout le
monde le sait, il y aura la commission de la présidence du conseil qui
siégera relativement au livre blanc sur la consultation populaire. Il
m'apparaît...
M. Bellemare: Les Affaires sociales, vendredi matin.
M. Burns: Les Affaires sociales siégeront
également. Tout cela mis ensemble, je ne fixerai pas de date. Je
m'entendrai cependant avec les représentants de l'Opposition pour
essayer de trouver un moment qui sera mutuellement acceptable.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, suite à ce que vient
de dire le leader du gouvernement, il me semble qu'un des deux documents est
présenté sous forme de règlement sessionnel
éventuel, donc devant s'appliquer au maximum jusqu'aux environs du 20
décembre. Il serait normal qu'on puisse le discuter avant le 20
décembre, justement. Si on voit dès maintenant qu'il y aura des
difficultés pour se réunir la semaine prochaine, il me semble
qu'il y aurait un minimum de discussion qu'on pourrait faire aujourd'hui.
Même si on ne prend pas de décisions aujourd'hui, on peut au moins
faire une discussion sur certains éléments qui sont contenus dans
ces deux documents. On est déjà réuni. Il me semble que
cela serait normal qu'on perçoive le pouls de chacun sur chacun des
aspects présentés dans ces deux documents.
M. Bellemare: Est-ce que vous avez soumis cela à votre
caucus?
M. Bisaillon: Je pensais que cela était interne.
M. Bellemare: Nous autres, on ne l'a pas soumis.
M. Burns: Du côté ministériel, je pense qu'on
peut dire que la majorité des membres du caucus ont été
mis au courant de ces suggestions et que, jusqu'à maintenant, nous
n'avons pas d'indices selon lesquels nous aurions une opposition à de
telles modifications. Je dirais même que les réactions que j'ai
eues jusqu'à maintenant sont très favorables.
Evidemment, je comprends qu'on doive consulter un peu partout...
M. Bellemare:... ce que va dire le Parti libéral.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, vous avez la parole.
M. Lavoie: Nous voulons prendre connaissance... J'ai reçu
ces documents hier, de la part du leader parlementaire du gouvernement,
même si mon collègue, M. Forget, qui a siégé, je
crois, une fois...
M. Forget: Mercredi matin, oui.
M. Lavoie: Mercredi de cette semaine?
M. Forget: Oui.
M. Lavoie: Pour la première fois ce comité
informel, dont l'idée avait été lancée à la
fin de la première partie de la session au mois d'août. Vous
comprendrez que c'est assez difficile pour nous de donner notre opinion, ce
matin, surtout que ce comité a siégé mercredi. J'ai
reçu les documents hier. Je dois saisir nos collègues du caucus.
Mais, idée générale, soyez assurés que nous allons
collaborer dans une rationalisation, dans une modernisation des travaux de
l'Assemblée. Je pense que nous avons, dans le passé, tenté
certaines des... Il y a eu des jalons majeurs de posés depuis cinq ou
six ans.
Un règlement, surtout un règlement de la forme, de la
conception, de la philosophie du nôtre, un règlement de
parlementarisme doit être en perpétuel mouvement C'est une belle
invention anglaise, comme peut-être le système
fédéral est une belle invention anglaise qui ne doit pas
être statique, mais qui doit être complètement
négociée et discutée. C'est peut-être cela qui fait
la force du système.
M. Burns: II ne faudrait pas mêler les choux et les
raves.
M. Lavoie: Ce sont deux grandes inventions anglaises.
Je dis que vous allez avoir notre collaboration. Ce matin, vous
comprendrez que, sur des questions aussi majeures que de faire
disparaître la séance du vendredi, il va falloir qu'on se penche
sur cette question d'une manière collégiale. Quelle sera la
réaction de la population? S'imaginera-t-elle qu'on ne travaille que
trois jours par semaine? Le remplacer par trois autres heures, c'est une
formule mathématique très simple. J'irais même un peu plus
loin. Je pense tout haut, comme on dit couramment. Je me demande, selon mon
expérience, si les travaux de la séance après 22 heures
sont vraiment valables à l'Assemblée, lorsqu'on siège. Je
vous lance des idées comme cela.
M. Burns: Je vous avoue qu'hier soir, c'était le mauvais
exemple, mais justement, parce que je n'étais pas présent. On
m'informe...
M. Forget: Cela n'a pas de relation de cause à effet.
M. Burns: Pardon?
M. Forget: Cela n'a pas de relation de cause à effet.
M. Burns: C'est peut-être le mauvais exemple que je vous
cite en ce qui me concerne...
M. Lavoie: Je ne parlais pas d'hier soir, je parle de tous les
soirs après 22 heures.
M. Burns: ... mais je vous dis qu'hier soir on m'a dit que
c'était très productif, qu'il y a eu 54 votes enregistrés
du côté ministériel, 13 votes du côté de
l'Opposition officielle et 8 abstentions du côté de l'Union
Nationale. Cela me paraît comme une preuve que cela puisse être
productif...
M. Lavoie: Non, M. le Président... Il faudrait
peut-être mettre en question les séances du soir également
dans cette étude. On en a déjà parlé il y a un an
ou deux. Moi-même, je dois vous dire, j'étais d'avis qu'on ne
devrait pas siéger du tout le soir. Qu'on siège à des
heures convenables comme tout travailleur dans la vie privée ou
publique.
M. Burns: De 10 heures le matin à 18 heures, le soir.
M. Lavoie: En tout cas, ce sera à aborder,
peut-être, parce qu'on a l'expérience, pas nécessairement
d'hier soir, mais de nombreuses fois le soir; il faudrait se poser la question.
Je vois une grande question à discuter, deux commissions pendant que la
Chambre siège. Il faudrait considérer cela d'une manière
approfondie. Ecoutez, on est aussi bien de le dire, il y a dans l'air un projet
de droit d'interpellation; parce que même si hier, on en a
discuté, il faisait partie du document que M. Forget m'a remis
avant-hier. Même dans les documents que vous nous distribuez ce matin, la
feuille 91-A qui donne l'avis d'interpellation n'y est pas, mais par contre, il
y a 162-A qui dit que lorsqu'une commission élue est saisie d'une
interpellation... Est-ce qu'on va enlever les deux feuilles ou bien
rétablir celle qui est absente? Je vais dire comme un ancien premier
ministre, discutons visières levées, avec le plus de transparence
possible.
M. Burns: Ce sont des questions...
M. Lavoie: II faudra discuter de cela. Je trouve que c'est
très valable, cette proposition d'interpellation. Dans l'autre feuillet
sur les modifications qui seraient faites d'une manière permanente au
règlement, il faudrait en discuter nécessairement avec notre
caucus pour réduire de 25 heures à 15 heures les deux grands
débats, le message inaugural et le débat du budget; le droit de
parole diminué de 30 à 20 minutes pour les députés,
je voudrais en reparler nécessairement à mes collègues. La
question du calendrier sessionnel, j'espère qu'un de ces jours, les
voeux du leader parlementaire du gouvernement seront exaucés et
qu'on ne vivra pas l'expérience de l'été dernier,
alors que les vacances scolaires ont commencé le 1er septembre. La
question de la motion automatique de fin de session, on va en discuter
également, alors qu'elle deviendrait comme un genre de marteau qui tombe
automatiquement sur la tête du Parlement.
M. Burns: Je pense que le député de Laval va
admettre avec moi que depuis quelques années, et je rends hommage,
d'ailleurs à mon prédécesseur comme leader du
gouvernement, M. Gérard D. Le-vesque, actuel chef de l'Opposition, je
pense qu'on n'a pas abusé, ni du côté du gouvernement
précédent, ni du côté du gouvernement actuel, de la
possibilité absolument extraordinaire de se servir de cette motion de
fin de session pour marteler, littéralement, tous les
députés, pas seulement les députés de l'Opposition,
mais tous les députés à l'Assemblée nationale en
leur disant: On va siéger jusqu'à ce que l'Assemblée
nationale décide de s'ajourner. Je me rappelle, dans mes
premières années à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire vers 1970, 1971, que j'ai été appelé
à siéger jusqu'à 4 h 15 le matin pour discuter de projets
de loi...
M. Lavoie: Est-ce que ce n'était pas pour une loi
spéciale, peut-être, ou...
M. Burns: Non. Le cas qui me vient à l'esprit, c'est le
projet de loi no 45, relativement à la protection des consommateurs, qui
aurait pu être adopté...
M. Lavoie: Ce n'était pas plutôt la loi sur la baie
James, que vous combattiez atrocement à ce moment-là?
M. Burns: Non, je me rappelle qu'à 4 h 15 le matin, je
parlais de la publicité adressée aux enfants, imaginez-vous, et
ce n'est pas une heure où les enfants étaient là pour nous
regarder faire notre boulot.
M. Lavoie: II fallait adopter la mesure pour leur donner l'avis
à 8 heures le matin, avant qu'ils aillent à l'école.
M. Burns: Non, mais je veux dire qu'il y a eu une
amélioration avec les années et je le reconnais, d'ailleurs, de
la part de M. Levesque. Je pense que je n'ai pas abusé, comme leader du
gouvernement, des pouvoirs que...
M. Lavoie: M. Levesque non plus, depuis trois ou quatre ans.
M. Burns: Non, c'est pour ça que je vous disais que je lui
rends hommage là-dessus. Nous nous sommes très bien entendus au
cours des trois ou quatre dernières années.
M. Lavoie: Un dernier mot, sauf peut-être que j'aurais des
restrictions sur certaines commissions qui ont siégé le samedi
sur la loi 101, tout à fait récemment.
Bon! Avant de terminer, je dois vous dire que vous aurez, de notre part,
une collaboration, et nous irons peut-être, à certains poinst de
vue, plus loin que vous pour moderniser les travaux de
l'Assemblée...
M. Bertrand: Bravo!
M. Lavoie: Loin de nous l'idée non seulement d'apporter
quelque opposition que ce soit, mais nous allons apporter notre contribution.
Nous allons même tenter de vous déborder, pour améliorer,
d'une manière collégiale, si vous voulez... On l'a souvent
répété à l'Assemblée: Tout ce qui regarde
l'Assemblée nationale il faut que ça se fasse pratiquement d'un
commun accord avec tous les partis de l'Opposition; ce n'est pas une chose
qu'on entre de force dans la gorge, surtout dans celle de l'Opposition.
M. Burns: On est d'accord avec ça.
M. Lavoie: Si M. Forget veut dire quelques mots pour
compléter...
Le Président (M. Richard): II y a M. le leader
parlementaire de l'Union Nationale.
M. Bellemare: J'ai pris connaissance seulement ce matin... Je
sais que le député de Richmond est allé à une
réunion précédant celle-ci, mais, au premier jet, aux
premières explications, c'est sûr et certain que nous allons
collaborer, parce que, plus on améliorera notre règlement, plus
j'en serai.
Nous sommes bien en faveur de commencer à 14 heures au lieu de 15
heures, sauf qu'il y a peut-être un gros argument, celui des commissions
parlementaires qui siègent le matin. Imaginons qu'il y ait, comme hier
matin, par exemple, une séance de commission parlementaire des
engagements financiers. Nous sommes sortis à 13 h 20. Si on siège
à 14 heures, aller à notre bureau, aller manger et revenir pour
14 heures... J'aimerais mieux, si on pouvait, que les commissions
parlementaires commencent à 9 h 30 et ne durent jamais plus de 3 heures.
Jamais, dans aucun cas, une commission parlementaire ne pourrait
dépasser 3 heures de "sitting".
M. Burns: De durée.
M. Bellemare: De durée. Cela ferait de 9 h 30 à 12
h 30. Terminer à 12 h 30 et reprendre à 14 heures, je trouve cela
bien normal. Quant à faire disparaître le vendredi, je suis un
farouche défenseur du travail que fait le député pour $34
000 par année. Les gens vont nous critiquer si nous sautons le vendredi.
C'est nous enlever une période de questions, comme vous l'avez
déjà si bien dit. Une chose certaine, c'est que, dans l'opinion
publique, les gens pensent que les députés ne travaillent pas. A
Ottawa, les gens commencent le lundi...
M. Burns: Je pense que les gens ne croient plus cela
maintenant.
M. Bellemare: Ah! Encore! Dans nos comtés ruraux, il y a
encore... On ne vit pas la même chose, dans les comtés ruraux, que
vous, dans les villes. Il y a une différence énorme dans les
mentalités.
M. Burns: Vous êtes capable de dire à vos
électeurs, M. le député de Johnson: Je vais être
encore plus disponible pour vous, parce que j'aurai une journée de plus
que je pourrai consacrer à mon comté, parce qu'un ministre pourra
consacrer une journée de plus aux travaux de son ministère. Cela
m'apparaît quelque chose d'assez facilement vendable, si on peut parler
en termes de mise en marché.
M. Bellemare: Ce n'est pas tout à fait ce qui arrive.
Regardez ce qui arrive à Ottawa. A Ottawa, il n'y a jamais de bureau le
lundi, aucun député. Les députés font du bureau le
samedi...
M. Laplante: Ils n'ont rien dans leur comté.
M. Bellemare: Vous demanderez cela à M. Léonel
Beaudoin qui est dans mon comté. Vous devriez voir le nombre de clients
qui vont le voir.
M. Burns: M. le député de Johnson, vous allez
reconnaître une chose. Depuis sept ans et demi que je fais partie du
système des députés et de l'Assemblée nationale, je
me suis rendu compte d'une chose: c'est qu'un député, dans un
milieu rural, peut très bien faire du bureau le samedi ou le dimanche.
Mais, en milieu urbain, c'est absolument impossible.
M. Bellemare: Regardez ce que...
M. Burns: J'ai essayé, j'ai fait toutes les tentatives
voulues et personne ne venait à mon bureau le samedi.
M. Bellemare: J'ai fait du bureau dans le comté de
Champlain...
M. Burns: Je pense... J'en prends à témoin le
député de Laval qui connaît aussi très bien le
milieu urbain...
M. Bellemare: Dans les villes, c'est sûr et certain...
Dès mon élection, en 1944, j'avais décidé de faire
du bureau le lundi et le samedi. Je me suis aperçu que ma famille
était largement mise de côté par le samedi. J'ai fait
comprendre, lors d'une élection, qu'on couperait le samedi. Cela n'a pas
changé du tout. Les gens sont venus le lundi et c'est très bien.
Dans Johnson, je fais mes trois bureaux, à Valcourt, à 9 h 30;
à Acton, à 13 h 30, et à Windsor, à 19 heures.
M. Burns: Un commercial gratuit.
M. Bellemare: Non. C'est pour vous dire qu'on reçoit 60 ou
70 personnes par jour. C'est terrible. Je dis que, si on coupe le vendredi...
Je vais le soumettre au caucus, en tout cas, et je vous apporterai la
réponse.
Pour l'autre chose, je pense que c'est bien normal que maintenant on
puisse mettre les dates limites du 1er juillet au 15 septembre. Cette
proposition a du bon sens; au lieu du 21 décembre, j'aurais mis le 15
décembre, parce qu'après le 15, les gens sont pris avec toutes
sortes de bebelles, des cartes, etc.
M. Bisaillon: Vendu! On achète.
M. Bellemare: Non, un instant, je vous dis, pour avoir
vécu dans le milieu, quelques semaines du 15 décembre au 31
janvier... mais je n'y suis pas quand vous nous établissez une limite
d'un mois sans avoir une motion spéciale. Je trouve que la limite de 15
jours serait raisonnable et rai-sonnée, mais parce que vous nous faites
sauter les articles 24, 68, 78...
M. Burns: C'est la motion de fin de session quoi...
M. Bellemare: Oui, que vous la rendiez officiellement dans les
règlements et qu'avec un mois de délai entre les dates,
d'après ce qu'on voit, c'est trop, vous n'y regagnerez sûrement
pas et vous allez fatiguer les gens pour rien.
M. Burns: Cela ne veut pas dire qu'on va s'en servir.
M. Bellemare: Non, mais quand c'est dans le règlement
n'importe qui peut...
M. Lavoie: Votre passé n'est pas garant de votre
avenir.
M. Bellemare: Oui, je vous vois dans l'Opposition avec un pareil
bâillon!
M. Burns: Moi? J'aurais accepté cela tout de suite.
M. Bellemare: Mon Dieu, une chance que je vous connais!
Non, un mois de...
M. Burns: J'ai toujours coopéré avec le
gouvernement.
M. Bellemare: Oui.
M. Laplante: M. le leader, allez-vous en donc dans le passage,
s'il vous plaît!
M. Bellemare: Je vais vous donner mon opinion. Sur le
délai du 1er juillet au 15 septembre, cela me va; du 15 décembre
au 31 janvier, cela me va; mais inscrire dans nos règlements une
prescription qui a sûrement l'apparence d'une motion de fin de session,
et qui durerait pendant tout un mois, c'est trop, ce n'est pas
démocratique, ce n'est pas non plus parlementaire que de priver et
de brimer les droits des députés. Si on veut
véritablement l'inscrire dans une motion, qu'on le mette, à la
limite, de 15 jours.
M. Burns: Non, mais il ne faut pas exagérer non plus, M.
le député. Je suis sûr que ce n'est pas votre but. Si on
acceptait l'ensemble de ces modifications, le mois, qui a l'air gros au point
de vue calendrier, veut dire, dans le fond, douze jours.
M. Bellemare: J'admets cela, mais la motion qu'on faisait et que
tout le monde a faite motion de fin de session ne venait jamais
avant huit ou dix jours, parce qu'on siégeait même pendant l'heure
du lunch, on avait droit de siéger à la suite du
consentement unanime, la motion était d'ailleurs bien prescrite
de telle heure à telle heure et le lunch était englobé.
Alors, je dis qu'il faudrait être extrêmement prudent avant de
mettre un mois.
Pour ce qui est des autres choses: Le 15 heures que vous nous coupez,
parce qu'on est le sous-diacre, en dernier de toute la ligne, il y a diacre, et
sous-diacre, alors on est... Je serais plutôt pour que vous donniez aux
partis un temps fixe.
Jouez dans ce temps-là et faites parler ceux que vous voudrez. Si
l'un a six heures, l'autre dix heures, et un autre quatre heures, douze heures,
donnez-nous un temps fixe, mais mettez-nous de telle façon qu'on puisse
véritablement accomplir notre mandat, et au discours inaugural et au
budget. Si on a jusqu'à cinq heures, qu'on sache qu'on a cinq heures;
mais si c'est quinze heures, qu'est-ce que c'est? Si vous êtes 70 ou 71,
qu'eux sont 26 et que nous sommes 11, comment allons-nous nous guider dans tout
cela? J'y vois un inconvénient. Je comprends que vous faites de
l'interprétation à l'article 162. Vous dites qu'un ministre
aurait le droit de répondre à un intervenant. C'est très
bien, je pense que c'est bien normal, 20 minutes d'intervention, cela ne dure
pas beaucoup plus que cela, mais c'est bon que ce soit dit. Là où
je n'en suis pas, c'est quand vous dites qu'il n'y aura pas
nécessairement de quorum.
M. Burns: Vous parlez de l'interpellation.
M. Bellemare: L'interpellation à l'article 162a.
M. Burns: Que je ne vous ai pas soumise formellement comme
projet.
M. Bellemare: Vous avez dit: Si les députés veulent
donner leur opinion, ils seront bien libres. Je vous dis que, quand on arrivera
à la question de l'interpellation, si on fait disparaître le
quorum, cela n'a pas grand bon sens. Non, c'est à moi...
M. Burns: Je précise simplement ceci. M. Bellemare:
Vous répondrez.
M. Burns: La commission comme telle... C'est simplement pour
qu'on ne se perde pas.
M. Bellemare: Oui, mais cela me brise mon affaire.
M. Bertrand: II n'y avait pas d'envolée.
M. Burns: Vous n'avez pas de problème, vous êtes
tellement habitué à cela. Même, dans le fond, je me demande
si je ne vous aiguillonne pas quand je vous interromps.
M. Bellemare: Pas comme hier, toujours, quand vous m'avez dit que
j'étais bas, je vous ai trouvé bien dégueulasse.
M. Burns: Si vous m'avez trouvé dégueulasse, vous
êtes prêt à retirer le mot dégueulasse et moi
à m'excuser pour vous avoir dit cela hier.
M. Bellemare: Moi aussi, profondément, parce que je ne
voudrais pas vous froisser. Mais quand je parle du quorum, M. le
Président, dans les commissions, ce n'est pas bon que, dans nos
règlements, ce soit connu qu'un gars du parti au pouvoir ou d'un parti
de l'Opposition ne fait pas partie d'un quorum. C'est bien mauvais et c'est
manquer à la discipline d'un parti au pouvoir que d'enlever le quorum.
Il y a des whips qui sont payés maintenant pour faire leur ouvrage dans
les commissions parlementaires, qu'ils le fassent, et que la
représentation voulue soit là à temps. C'est du
parlementarisme bien compris et je ne pense pas qu'on ait le droit de faire
disparaître cela. Est-ce que je peux continuer?
M. Burns: Oui, je vous en prie.
M. Bellemare: D'accord, parce que je ne voudrais pas que vous
disiez que c'est vous qui me...
M. Burns: Aiguillonne.
M. Bellemare: ... aiguillonnez. Souvent, dans la vie publique, on
fait certaines erreurs presque par exprès pour avoir le plaisir de les
raconter plus tard.
M. Burns: Dans votre cas, c'est arrivé souvent.
M. Bellemare: C'est arrivé quelques fois, surtout les
téléphones.
M. Bertrand: II y avait d'ailleurs de bonnes anecdotes à
l'émission, l'autre jour.
M. Bellemare: Oui, il y avait le téléphone qui
était une bonne chose. C'était bien voulu. C'était vrai,
je ne nie pas cela.
M. Bertrand: Oui.
M. Bellemare: Je ne l'ai pas nié et ils ne m'ont pas cuit
non plus.
M. Bertrand: II y en a 95% qui n'ont pas raconté...
M. Bellemare: Tout ce que je dirai dans mes livres... Maintenant,
vous arrivez avec une nouvelle théorie qui se fait avec le consentement
unanime de la Chambre, avoir deux commissions parlementaires qui siègent
pendant que la Chambre siège. Pour nous, qui sommes un grand parti, mais
un petit nombre, je pense que... un grand parti, mais un petit nombre; si
ça n'avait pas été de Cho-quette, on est deuxième
dans 26 comtés, alors Choquette nous a fait manquer la place. Cela,
c'est eux qui n'ont pas su le garder, mais ce n'est pas mon
problème.
En vertu de l'article 150, on mettrait la hache dans quelque chose qui
serait seulement des exceptions. J'aimerais garder le consentement unanime de
la Chambre au lieu de... pour une commission. Parce que, si on ajoute
ça, on va ajouter bientôt que la Chambre ne siégera plus.
Le véritable parlementarisme... Souvenez-vous, M. le leader, qu'il n'y
avait pas un élément du budget qui s'étudiait en
commission parlementaire avant. Tout le budget s'étudiait en Chambre
devant tout le monde. On avait connaissance de tous les projets futurs qui
viendraient dans nos comtés parce qu'on posait les questions en
conséquence.
M. Bertrand: Dans le temps des $300 millions, ça.
M. Burns: Je pense que le député de Laval va
être de mon avis là-dessus, c'est-à-dire qu'on a nettement
amélioré l'efficacité de l'Assemblée nationale en
permettant justement, en instaurant cette espèce de pratique de faire
siéger trois commissions relativement aux crédits des divers
ministères. Je pense que c'est à l'occasion des amendements qui
ont été apportés en 1971 qu'on s'est mis dans la
tête de faire ça...
M. Bellemare: Oui, je suis prêt...
M. Burns: ... et je pense qu'on a amélioré
l'efficacité.
M. Bellemare: Je suis prêt à accepter ça.
M. Burns: C'est qu'à l'époque à laquelle
vous faites référence, un peu comme le député de
Vanier vient de dire, le budget du Québec était beaucoup plus
petit, c'était...
M. Bellemare: $50 millions quand on est arrivé.
M. Burns: ... c'était de moindre importance au point de
vue nombre et tout le monde se lançait sur l'ensemble du budget,
beaucoup plus que sur les détails. Que ce soit les partis d'opposition
actuels, que ce soit les partis d'opposition précédents, on a
mis, tous et chacun, beaucoup plus l'accent sur l'examen des politiques de
chacun des ministères et c'est pour ça qu'on est arrivé
à ça.
M. Bellemare: Alors, je vais terminer, M. le Président, en
disant ceci: j'ai eu l'occasion de visiter plusieurs Parlements en session, et
on attache une importance beaucoup plus grande aux crédits que nous, je
pense, parce qu'on permet à plus de monde d'en faire partie, et d'en
discuter. Mais pour l'efficacité, la limite qu'on a pour terminer
l'étude est bonne, parce que ça empêche des "ra-gotages"
pour rien. Il y a bien des gens qui viennent aux commissions pour nous
ergoter.
Alors, je dis donc, M. le Président, que je vais collaborer
sûrement. Il y a des choses dans votre suggestion... Je pense que mon
caucus, notre caucus, va me donner un mandat bien défini. C'est
l'expression que je voulais vous donner ce matin, à la première
lecture, en considérant, en tant que vieux parlementaire, qu'il y a des
choses qui peuvent me surprendre un peu. Mais je suis obligé de plier,
comme je vous disais l'autre jour, "other days, other ways". Je m'habitue.
Quand je suis arrivé en Chambre, je connais des gens qui m'ont dit, ce
règlement vous ne le connaissez pas. Ils avaient donc parfaitement
raison, j'ai donc eu de la misère à me le rentrer, morceau par
morceau. Aujourd'hui...
Le Président (M. Richard): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Je peux laisser la parole à M....
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Je ne serai pas long. Surtout que je parle
après la sagesse personnifiée, l'expérience, au moins,
s'il est trop modeste pour vouloir accepter cette désignation.
Mais sérieusement, je crois qu'il y a, dans les efforts qui ont
été faits par un groupe informel d'amateurs en procédure
parlementaire, par opposition aux professionnels de la procédure
parlementaire, malgré tout un certain souci il est important de
le souligner de conserver un certain équilibre dans les
modifications qui sont apportées à la procédure
parlementaire. Un équilibre d'abord entre le travail législatif
et le travail qui touche d'autres aspects de l'action gouvernementale. Un
gouvernement ne fait pas qu'adopter ou prendre l'initiative de lois. C'est un
équilibre important. Il y a aussi l'équilibre entre le
gouvernement et les Oppositions dans la distribution des possibilités de
s'exprimer par la procédure parlementaire.
Quand on regarde les changements qu'on veut nous proposer, dans les
documents qu'on nous a distribués, on se rend compte qu'ils sont
à l'avantage du gouvernement. Dans le sens suivant: on accroît
considérablement le temps utilement disponible pour le gouvernement,
pour faire adopter des lois, par la restriction sur la durée des
débats sur le discours inaugural, le discours du budget, on gagne
presque deux semaines, effectivement, de temps, pour l'étude de la
législation ou l'étude des crédits, si l'on veut. Par une
meilleure planification du temps, les ministres y gagnent
considérablement. Les députés y gagnent, mais je
crois que les ministres y gagnent plus que proportionnellement dans la
possibilité qu'ils ont de planifier.
M. Burns: Ce sont peut-être les Québécois qui
y gagnent avec tout cela.
M. Forget: Oui, tout cela serait en leur nom, mais il reste que
cela ne détruit pas la nécessité de préserver un
certain équilibre, d'est la raison pour laquelle je crois qu'il est,
à mon avis, essentiel, de donner d'autres occasions, des occasions
nouvelles de redresser l'équilibre qui serait changé autrement,
en prévoyant, par exemple, ce qui a été
suggéré sous le nom d'un droit d'interpellation. Le droit
d'interpellation ne porterait pas sur la législation, il porterait sur
des activités autres du gouvernement, activités qui ne sont pas
souvent l'objet d'un examen, d'un débat systématique, sauf durant
la période de quelque huit semaines durant laquelle on étudie les
crédits. De toute façon, cela pourra être regardé
à nouveau. Le droit d'interpellation, tel qu'il a été
discuté au sein de ce comité informel constitue une
possibilité de restaurer un double équilibre, d'une part, entre
le travail législatif et les autres dimensions de l'activité
gouvernementale et, d'autre part, restaurer l'équilibre qui serait
autrement chargé par les autres aides qu'on nous propose, entre les
possibilités qu'a le gouvernement d'utiliser les procédures pour
faire son travail et les possibilités dont doit disposer l'Opposition
pour faire le sien également.
Je crois que c'est un aspect important et qu'on pourra progresser
d'autant plus vite qu'à chaque étape, l'ensemble des changements
proposés nous permettent de maintenir ou d'améliorer
l'équilibre existant.
C'était le sens des préoccupations. Je termine
là-dessus. Autrement, on risque, sous prétexte
d'efficacité parlementaire, de vouloir multiplier les moments où
on peut rapidement approuver des lois.
C'est légitime. Je crois que le gouvernement a le droit de faire
approuver sa législation, de la faire examiner par l'Assemblée
nationale. D'un autre côté, cela ne peut pas être un
objectif en soi que d'adopter le plus rapidement possible le plus grand nombre
de lois possible, parce qu'à ce moment-là on serait mieux de se
transformer en chambre d'enregistrement, comme les anciens Parlements royaux.
Ce n'est pas cela le rôle du Parlement; c'est bien sûr cela parmi
autre chose. C'est toute la question d'équilibre qui entre en jeu.
Je n'ai pas d'autres commentaires à faire là-dessus,
étant donné que mon collègue de Laval et même celui
de Johnson ont exprimé des idées auxquelles je souscris. Je ne
veux pas entrer dans les détails; on aura l'occasion de le faire. Je
pense que toutes les autres remarques seraient des remarques de détail
à ce moment-ci.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: M. le Président, on a fait assez souvent
allusion ce matin à un comité informel qui aurait
siégé. Je me rends compte de plus en plus qu'il ne sera plus
informel, puisqu'on s'y référera. Je voudrais quand même
rappeler l'historique de ce comité. On se souviendra qu'à la fin
de la première partie de la session, lorsqu'on avait eu la discussion
sur la suspension des règles de procédure, le chef de l'Union
Nationale, entre autres, avait réclamé à grands cris les
fins de session à date fixe.
M. Bellemare: Oui, c'est sûr.
M. Bisaillon: Au moins quatre députés de
l'Opposition officielle avaient fait des suggestions concrètes pour
l'amélioration du fonctionnement de l'Assemblée nationale, Ils
avaient, eux aussi, demandé les fins de session à date fixe et
s'étaient déclarés prêts à travailler dans ce
sens.
Pour ma part, j'avais souhaité que se crée justement un
regroupement des députés de tous les partis pour améliorer
le fonctionnement de l'Assemblée nationale et les services qu'on doit
rendre aux citoyens du Québec. Ce comité a siégé,
va continuer de siéger, quant à moi, parce qu'on le fait de
façon dégagée, en dehors des lignes de partis, quoiqu'on
soit conscient qu'il faut revenir à chacun des caucus des partis pour
soumettre les travaux qui sont faits à ce comité. Il me semble
que, si on veut vraiment travailler de bonne foi dans ce sens, il faut aussi
que, au moment où il y aura des résultats, on s'y attarde et
qu'on les discute le plus ouvertement possible et le plus rapidement possible
si on veut garder en tête cet esprit d'efficacité qu'on avait au
départ. Dans ce sens...
M. Bellemare: Seulement une remarque que je voudrais faire. C'est
très important de savoir la conduite du gouvernement; c'est très
important de voir le respect que vous apportez à l'Opposition, mais il y
a un facteur qu'on oublie et, je peux vous le dire, qui est souvent
oublié dans un Parlement au point de vue de la vie parlementaire, ce
sont nos familles. Il ne faudrait pas que vous mettiez cela complètement
de côté. C'est bon de "timer" et de voir à
réglementer, mais, dans la discussion, n'oubliez jamais les
familles.
M. Bisaillon: Je pense, M. le Président, qu'effectivement
on avait en tête ces trois objectifs, c'est-à-dire
améliorer le fonctionnement de l'Assemblée nationale, laisser
à l'Opposition tous ses droits et faire en sorte que le
député, tout en étant aussi efficace qu'auparavant, puisse
avoir une vie normale avec sa famille.
Je me permettrais de faire immédiatement deux motions, la
première pour retrancher, à l'article...
M. Bellemare: On n'est pas rendu là, on n'a pas...
Le Président (M. Richard): D'ailleurs, ce ne serait pas
nécessaire de procéder par voie de motion, puisque...
M. Bisaillon: Ce ne serait peut-être pas par voie de
motion. On a deux documents devant nous et il me semble qu'un de ces deux
documents n'est pas complet. Je voudrais y faire ajouter quelque chose.
Le Président (M. Richard): Signalez-le, parce que ce n'est
qu'une production de document. Je vois mal comment on pourrait adopter une
motion pour corriger un document qui n'est pas déposé
formellement.
M. Bisaillon: Je veux seulement souligner... je vais vous donner
l'article. Article 23, le paragraphe b). A l'article 23, le paragraphe b)
devrait être biffé.
M. Bellemare: Oui, mais il l'a été.
M. Bisaillon: II en va de même pour l'article 127,
paragraphe b) aussi. Je voudrais introduire une motion qui n'est pas dans les
documents qui nous sont produits et qui pourrait s'ajouter à l'article
91a de notre règlement, où l'on ajouterait toute une section qui
s'appelerait section XlVa, questions avec débat.
L'article 91a se lirait ainsi: 1- Un député peut inscrire
au feuilleton un avis de question avec débat signifiant qu'il
désire questionner un ministre qu'il désigne sur une affaire qui
relève de sa compétence administrative. 2- L'article 63
s'applique à cet avis, comme si c'était une motion. 3- La
question avec débat se discute au cours d'une seule séance de la
commission élue permanente de qui relève l'affaire
soulevée. Cette séance se tient le vendredi, de 10 heures
à 13 heures. 4- II ne peut y avoir plus d'une question avec débat
par semaine. S'il y a plusieurs avis de questions avec débat, le
président peut déterminer l'ordre dans lequel elles seront
appelées, en tenant compte de l'ordre dans lequel les avis ont
été donnés, de leur répartition entre les divers
partis reconnus et de la présence à l'Assemblée de
députés n'appartenant pas à un parti reconnu. 5- II ne
peut y avoir de question avec débat entre les sessions, ni lorsque
l'Assemblée a ajourné ses travaux pour plus de cinq jours. 6-
Avant l'appel des affaires du jour de la séance du mardi, le
président annonce la question avec débat, qui sera appelée
le vendredi suivant, et la commission qui en sera saisie. Cette annonce
équivaut à une convocation de cette commission. L'endroit
où se réunit la commission est fixé par le leader du
gouvernement, suivant la procédure ordinaire.
Cela aurait aussi comme effet d'amender l'article 151, et pour
insérer un paragraphe c) où l'on ajouterait: Les questions avec
débat. L'actuel paragraphe c) de notre règlement deviendrait le
paragraphe d).
Cela aurait aussi comme effet d'amender l'article 162a où on
ajouterait l'article suivant. 162a: Lorsqu'une commission élue est
saisie d'une question avec débat, elle est soumise aux règles
spéciales suivantes: A) Le député qui a donné
l'avis de question avec débat a droit d'être entendu le premier,
et le ministre questionné peut lui répondre immédiatement
après. Chacune de ses interventions doit être limitée
à 20 minutes. B) Un député peut prendre la parole aussi
souvent qu'il lui plaît, à condition de ne parler plus de 20
minutes en tout. Cette restriction ne s'applique pas au député
qui a donné l'avis de question avec débat, ni au ministre
questionné. C) Le ministre peut se faire accompagner des fonctionnaires
de son choix et les autoriser à prendre la parole. Il parle alors en
leur nom. D) La commission ne désigne pas de rapporteur, il n'y a pas de
rapport à l'Assemblée. E) Le quorum est présumé
exister je tiens à vous souligner qu'on a pris le texte actuel du
règlement qui réfère aux mini-débats du mardi et du
jeudi . F) II ne peut y avoir ni motion, ni vote. G) A 13 heures, ou
lorsqu'il n'y a plus d'intervenant, le président met fin aux travaux de
la commission.
Je pense, M. le Président, que c'est une motion qu'on aurait
intérêt à discuter en même temps que les autres
propositions qui sont faites.
M. Burns: M. le Président...
M. Lavoie: Est-ce que vous avez une copie? Vous pourrez nous en
donner une mardi, si vous voulez. On n'a pas d'objections.
M. Bisaillon: Oui.
M. Bellemare: Ou bien aujourd'hui, l'envoyer à mon
bureau.
M. Burns: M. le Président, je suis d'accord pour que la
proposition du député de Sainte-Marie soit
considérée comme ajoutée à la production de
documents...
M. Bellemare: Dépôt.
M. Burns: ... qui a été faite tout à
l'heure. Je profiterais également de l'occasion, M. le Président,
à moins qu'il n'y ait des objections...
M. Bellemare: Non, mais il va nous la faire envoyer à
notre bureau aujourd'hui.
M. Burns: D'accord. M. Bisaillon: Oui.
M. Burns: Je profiterais de l'occasion, M. le Président,
pour soumettre un autre cas, qui n'a pas la même origine, mais qui a
été suggéré beaucoup plus par le bureau du
président de l'Assemblée nationale. Je me fais son
véhicule pour soumettre un problème qui se pose
régulièrement à l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire le droit de pétitionner à l'Assemblée
nationale. Il y a quelques cas actuellement qui sont, à ma connaissance
et probablement beaucoup plus à la connaissance du président de
l'Assemblée nationale... Mais il y a un certain nombre de gens qui
adressent, en vertu
de cette espèce de vieille habitude d'adresser des
pétitions à l'Assemblée nationale et, actuellement, notre
règlement est un peu silencieux là-dessus. Le bureau du
président de l'Assemblée nationale a envisagé la
possibilité de trouver une solution à ça, de sorte que, M.
le Président, dans ces documents produits, tant celui que j'ai produit
que celui que vient de produire le député de Sainte-Marie, il me
fera plaisir de déposer un amendement à l'article 180 de notre
règlement, concernant justement ce droit de pétitionner à
l'Assemblée nationale et qu'on pourrait discuter globalement avec les
autres amendements éventuellement.
Le Président (M. Richard): Oui, je vais y aller. M.
Burns: Ce serait un nouvel article 180. M. Bellemare: Ah oui!
Le Président (M. Richard): II y a, de fait, deux
pétitions qui sont en suspens. Le droit de pétitionner est un
droit fondamental reconnu dans le parlementarisme britannique et dans la Charte
des droits et libertés de la personne. Je suis d'avis que le nouveau
règlement n'interdisait pas le droit de pétitionner parce qu'on
pouvait toujours se référer à l'article 3. Mais ce qui
manque, ce qui fait défaut, la lacune, c'est qu'il n'y a pas de
règles de pratique. Nous avons demandé, avant son
décès, à M. Bonenfant de nous faire une étude
là-dessus et il nous a lui-même proposé un règlement
que je voudrais également déposer. Mais je dirai que,
personnellement, dans l'esprit du nouveau règlement, celui de M.
Bonenfant m'apparaît peut-être un peu long; mais, de toute
manière, je n'aurais pas d'objection à déposer celui
de...
M. Bellemare: Mais l'ancien règlement avait justement une
provision spéciale pour ça. Vous avez dû le revoir...
M. Lavoie: 488.
M. Bellemare: 488, oui.
Le Président (M. Richard): Je vous souligne tout de suite
que les pétitions qui sont en suspens nous apparaissent non conformes
à la tradition parlementaire, parce qu'elles ne sont pas appuyées
par un député et, normalement, on ne peut pas
présenter...
M. Bellemare: L'ancien règlement disait quoi?
Le Président (M. Richard): II fallait que ce soit
appuyé par un député. Sauf que, comme on n'a rien dans le
nouveau règlement, les pétitionnaires actuels, si on peut les
appeler ainsi, se plaignent, et je vous souligne que nous avons eu une demande
de la part de I'ombudsman pour adopter une règle de pratique sur
laquelle nous pourrions nous baser pour leur dire quoi faire.
M. Bellemare: Je pense qu'il n'y a absolument rien, si on revient
à l'ancien règlement. C'est l'article 490 ou 495, je ne sais pas
trop.
Le Président (M. Richard): C'est l'article 488 et les
suivants.
M. Lavoie: Pour expliquer cette absence dans le nouveau
règlement de l'Assemblée nationale, on avait pensé,
justement pour ne pas alourdir le règlement, du fait que, à ma
connaissance du moins, pendant les sept ans que j'ai été
là, on n'a eu aucune pétition dans les années
antérieures je pense qu'il n'y en avait pas eu non plus on
s'était dit que, si jamais il y en avait, on appliquerait l'ancien
règlement, par la tradition, etc. Mais je suis d'accord avec le
président pour dire qu'on devrait... surtout que cela a
été reconnu entre 1970 et 1977 ou 1976, lors de l'adoption de la
Charte des droits et libertés de la personne. Il a été
reconnu d'une manière encore plus précise que c'est un des droits
fondamentaux des citoyens. Je suis d'accord qu'on puisse ajouter un seul
article pour couvrir, au lieu de répéter... Dans l'ancien
règlement, pour vous en donner l'idée, il y avait 35 articles qui
concernaient les pétitions.
Le Président (M. Richard): II y en avait 24, 488 à
508.
M. Bellemare: II y avait plus de jurisprudence, à part
cela, en bas.
Le Président (M. Richard): Maintenant, Geof-frion dit ici:
"Le droit de pétitionner en vue d'obtenir le redressement de griefs
publics est un principe fondamental de la Constitution".
M. Lavoie: Avez-vous distribué le texte que vous
proposez?
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Lavoie: J'aurais seulement une remarque à faire. Je ne
sais pas si c'est nécessaire de le mettre, parce qu'on
rétablirait une procédure qui a été abolie. Si je
me rappelle bien, dans le passé, tous les projets de loi privés
étaient introduits au moyen d'une pétition, ce qui a
été aboli en cours d'usage ou par l'usage. Mais tel que c'est
rédigé là, il faudrait rétablir la pétition
pour tous les projets de loi privés. Si c'est dans le but d'obtenir un
avantage particulier, c'est un projet de loi privé. Si vous le mettez
là, cela veut dire qu'il faudrait rétablir les pétitions
pour les projets de loi privés. Il faudrait y penser. Je suis bien
prêt, mais il faudrait que vous y repensiez et que vous l'apportiez
à l'Assemblée nationale directement.
M. Bellemare: Je pense que cela ne change pas grand-chose dans
l'élimination, mais cela change beaucoup dans l'opération.
M. Lavoie: II faudrait y penser.
M. Burns: Oui. Je me rappelle...
M. Lavoie: Je demanderais au secrétaire
général de l'Assemblée. Peut-être serait-ce
suffisant de dire qu'au moment du dépôt de document une personne,
une association de personnes peut, par l'intermédiaire d'un
député, déposer une pétition à
l'Assemblée dans le but d'obtenir le redressement d'un grief. Ce serait
peut-être suffisant, si vous voulez y penser.
M. Burns: Les deux qu'on a, c'est pour cela.
M. Lavoie: Mais, par contre, si vous voulez obtenir un avantage
particulier, il faudrait rétablir la pétition pour tous les
projets de loi privés.
M. Burns: Je me rappelle, M. le député de Laval,
que tout le monde qui avait participé à la refonte du
règlement était favorable à simplifier la
présentation d'un projet de loi privé devant l'Assemblée
nationale. C'est un peu à cause de cela que la pétition a
été, à toutes fins pratiques, mise de côté
dans la nouvelle version du règlement. Je pense que...
M. Bellemare: Regardez l'importance que vous...
M. Burns: Dans les faits, on s'est aperçu que c'est un
avantage parce que...
M. Bellemare: Ah oui. Pour les députés qui
présentent un projet de loi en Chambre, dans nos comtés ruraux,
dans le temps, mais encore aujourd'hui, cela peut être long...
M. Burns: Le député peut encore présenter un
projet de loi privé, sauf qu'on a enlevé les tracasseries
procédurières, tout simplement.
M. Bellemare: Ce n'est pas une tracasserie qu'une
pétition, surtout dans notre système parlementaire. Je trouve que
vous rétablissez parfaitement bien un droit, pas constitutionnel, mais
parlementaire; c'est toujours quelque chose.
M. Forget: Même pour les droits, même pour les
projets de loi privés.
M. Bellemare: Même pour les projets de loi
privés.
M. Burns: M. le Président, à moins qu'il n'y ait
d'autres remarques... Y a-t-il d'autres remarques, M. le député
de Laval?
M. Lavoie: Avant de terminer, j'aurais en dehors des
questions réglementaires une autre suggestion à faire;
étant donné que la commission de l'Assemblée nationale ne
siège pas souvent, je voudrais émettre une suggestion.
M. Burns: Peut-on terminer ce sujet-ci? M. Lavoie:
Oui.
M. Burns: Est-ce que je peux dire, au nom du gouvernement et de
mes collègues du côté ministériel, que je remercie
tout le monde pour cette ouverture d'esprit qui semble se manifester à
l'endroit de la possibilité d'amender notre règlement? Je
souhaite et ceci, après une consultation qui sera tenue avec tous
les caucus concernés et aussi, par la suite, avec tous les leaders
parlementaires que, peut-être, dans un très bref
délai un peu comme l'exprimait tout à l'heure le
député de Sainte-Marie au moins avant le mois de
décembre, on soit en mesure de se réunir à nouveau et de
faire une recommandation à l'Assemblée nationale quant à
la modification du règlement. Je pense qu'il est de bon augure de voir
l'approche que chacun des membres de la commission, ce matin, a
exprimée.
M. Bellemare: Quand cela touche au règlement, vous allez
m'avoir certain.
M. Burns: Là-dessus, M. le Président, on pourrait
peut-être passer à un autre sujet.
M. Bisaillon: Y a-t-il possibilité, M. le
Président, de fixer un autre moment la semaine prochaine?
M. Burns: Non, il n'est pas possible de fixer de date.
M. Lavoie: On est pris tous les matins avec les
référendums, la consultation populaire, toute la semaine...
M. Bellemare: Tous les jours de la semaine, sauf mercredi
après-midi.
M. Burns: Non, pour le moment et là, ce n'est pas
le ministre d'Etat à la réforme électorale et
parlementaire qui vous répond, c'est plutôt le leader du
gouvernement; c'est mon autre chapeau je ne pense pas qu'actuellement,
je sois en mesure de fixer une date possible de réunion pour la
commission.
M. Bellemare: La semaine prochaine; l'autre semaine, c'est le
projet de loi 45...
M. Burns: On va voir exactement; remarquez que cela ne devrait
pas tarder énormément; en tout cas, j'espère que cela ne
tardera pas parce qu'il est souhaitable qu'on en arrive le plus rapidement
possible à quelque chose de concret là-dessus.
Le Président (M. Richard): M. le leader de l'Opposition
officielle.
M. Lavoie: C'est une suggestion que je fais, j'espère que
vous la considérerez valable. L'idée m'en est venue ce matin,
pour en avoir parlé avec le leader parlementaire de l'Union Nationale,
à la suite de pourparlers qui sont semi-publics, parce que j'ai
déjà des documents qui m'ont été remis par le
leader parlementaire du gouvernement et
j'en ai parlé à certains membres du Parti libéral,
entre autres M. Gérard-D. Levesque. Il s'agit je pense bien que
c'est public à la suite de l'adoption de la loi 2, pour que
celle-ci soit mise en vigueur c'est un voeu normal du leader du
gouvernement que le choix du directeur général du
financement des partis politiques soit fait, la nomination soit faite, dans les
meilleurs délais, pour que cette loi soit mise en vigueur, ce qui est
également notre voeu. J'ai demandé au leader qui m'a
d'ailleurs remis le document les sept candidatures qui semblaient les
plus intéressantes qui lui aient été
présentées parmi une centaine de candidatures au départ.
Vous avez retenu les sept dernières candidatures.
Il semble que votre voeu, c'est de faire le choix parmi ces sept, une
personne parmi les sept. Et vous m'avez remis, cette semaine d'ailleurs, le
curriculum vitae des notes biographiques de ces sept candidats. C'est une
idée nouvelle, cela ne s'est pas fait dans le passé. Je me
demande si cela ne pourrait pas se faire, étant donné que c'est
un poste très important, tout le monde le reconnaît; la preuve de
cette importance, c'est qu'il doit requérir l'adoption des deux tiers de
l'Assemblée comme certains autres grands commis de l'Etat, entre autres
l'Ombudsman le Vérificateur des comptes et les membres de la Commission
des droits et libertés de la personne.
M. Bellemare: Le président des élections.
M. Lavoie: Le président des élections, ce n'est pas
les deux tiers, malheureusement, c'est la majorité simple.
M. Burns: Non.
M. Lavoie: C'est une suggestion. J'espère que vous pourrez
y penser. Je n'en ferai pas une motion. Le comité qui a
étudié les candidatures arrive à la conclusion de sept,
c'est un comité que vous avez formé. Je crois que cela vous
appartenait normalement de le former. Vous m'avez remis ces notes que j'ai
parcourues. Je vois, parmi ces sept candidatures, je pense, toutes...
M. Burns: Je vous demanderais de ne pas divulguer de nom.
M. Lavoie: Non, je ne mentionnerai pas de nom.
M. Burns: D'accord.
M. Lavoie: Les sept me paraissent très valables, des gens
vraiment compétents, du moins sur papier. N'y aurait-il pas lieu que ces
personnes, du fait qu'elles auront affaire dans tout notre système
démocratique, à tous les partis politiques, qui seront
appuyées entre autres par un comité consultatif formé de
deux personnes de chaque parti, comme cela se fait peut-être aux
Etats-Unis je vais vous donner un exemple je me demande s'il y a
des nominations à certains moments, am- bassadeurs ou autres, dont les
nominations passent par des comités sénatoriaux... il serait
peut-être bon c'est une suggestion, vous pourrez y penser
que ces personnes soient invitées à venir rencontrer les membres
de la commission de l'Assemblée nationale pour qu'on puisse leur poser
des questions, pour qu'on puisse d'abord les connaître. Il y a un
élément de personnalité également dans ce poste.
Vous savez, cela prend quelqu'un qui va quand même être assez
sociable. D'abord, il y a un rôle d'éducation populaire dans cette
loi. Il va falloir éduquer les députés et la population
sur cette loi, sur son modus operendi, sur les directives qu'il devra donner,
parce que...
M. Burns: Sur l'utilisation que la population peut en faire
aussi.
M. Lavoie: Exactement. Etant donné que c'est un poste
d'une telle importance, je me demande même pourquoi cela n'a pas
été fait dans le passé pour la nomination de l'ombudsman
ou du directeur de la Commission des droits et libertés de la personne
ces personnes n'apparaîtraient pas devant la commission de
l'Assemblée nationale pour que les députés puissent
connaître vraiment ces personnes et leur poser les questions qu'ils
désirent.
Avant de faire un choix d'ailleurs... Vous voyez, vous m'avez même
suggéré si je le voulais, de les faire venir pour les rencontrer.
Pourquoi est-ce que je les rencontrerais individuellement pour faire rapport
à mon caucus, qui aurait peut-être une opinion différente
en questionnant ces personnes ou seulement en les regardant ou en les voyant?
Pourquoi les faire venir à une occasion et les faire revenir à
une autre pour l'Union Nationale, pour le Ralliement créditiste ou pour
un autre, même pour votre parti ou pour votre propre caucus? C'est une
suggestion que je fais vous pourrez y penser de les faire venir
ici et de leur poser des questions.
Je crois qu'il n'y a rien de mal à ce que ce soit public,
étant donné l'importance du poste que ces personnes auront. C'est
une suggestion que je fais.
M. Burns: Ecoutez, je prends avis de votre question, de votre
suggestion. A première vue, j'ai une première restriction qui me
vient à l'esprit, c'est que les personnes qui... et c'est la
première fois, soit dit en passant, je le mentionne, qu'on fait appel
à l'ensemble de la population à inscrire...
M. Lavoie: Je vous en félicite.
M. Burns: ... leurs demandes. Si c'est fait...
M. Bellemare: Ce n'est pas un poste ordinaire.
M. Burns: Pour ce poste-là. Peut-être pourrais-je,
très brièvement, faire rapport à la commission de
l'Assemblée nationale, même si ça ne fait pas partie du
mandat de ce matin. Mais,
effectivement, nous avons reçu au-delà de 100
candidatures, à la suite d'avis parus dans les journaux. Dans une
première élimination, discriminatoire... On disait simplement:
Ecoutez, cette personne ne peut évidemment pas, avec son passé,
son arrière-plan, sa formation, répondre aux critères
minimaux qu'on peut exiger de l'éventuel directeur
général. Alors; il y a eu une première élimination
qui s'est faite pratiquement de façon automatique, mécanique.
A la suite de cela, un comité restreint de mon cabinet a
examiné les quelque 35 ou 40 candidatures, je laisse le chiffre flou
parce que je ne l'ai pas à l'esprit, qui semblaient beaucoup plus
intéressantes et beaucoup plus adaptées à la fonction.
C'est là, le député de Laval a raison, je le lui ai
déclaré hier, qu'on s'est retrouvé avec sept personnes qui
nous paraissaient toutes très sérieusement intéressantes
pour ce poste.
Ces personnes ont été vues et, de là,
jusqu'à maintenant, il est sorti une candidature qui est un peu plus
importante que les autres, du moins. Au dernier comité qui a vu ces
personnes, il y avait mes deux sous-ministres, M. Bernard et M. Laroc-que, et
le député de Sainte-Marie, qui m'assistent beaucoup dans les
travaux que nous faisons relativement à ma fonction de ministre
d'Etat...
M. Bellemare: Mais la demande du député de Laval ce
matin est simplement de savoir si on pouvait les connaître.
Le Président (M. Richard): J'ai une suggestion à
faire.
M. Burns: Je m'excuse, M. le Président, je reviens
simplement à cette restriction que je m'apprêtais à faire,
après avoir confirmé les chiffres qui viennent juste d'être
discutés. Il s'agit là quand même de personnes qui, pour la
plupart, ont une profession, exercent un métier, ont un emploi en dehors
du gouvernement actuellement. Peut-être serait-il dommageable pour
l'individu qui n'est pas choisi de...
M. Bellemare: Mais c'est dans la loi qu'il va nous falloir voter.
On ne les connaît pas. C'est vous qui avez mis dans la loi qu'il faudra
le vote de l'Assemblée nationale. On va voter sur des mannequins?
M. Burns: Ma première restriction, M. le
député de Johnson, c'est au sujet de faire un comité de
sélection sur la place publique pour un poste aussi important que
celui-là. Vous pouvez vous imaginer, en deux mots, quel pourrait
être le dommage personnel, au point de vue prestige, que subiraient ceux
des sept candidats qui ne seraient pas choisis, s'ils se présentent
devant une commission parlementaire.
Je prends la suggestion du député de Laval en
considération...
M. Bellemare: C'est peut-être un gars comme celui du chemin
de fer que vous avez nommé, le gars du CN, à l'Office de la
langue française. Je n'aurais pas de critique.
M. Burns: Vous allez quand même reconnaître que le
gouvernement, actuellement et cela, je le dis en dehors de toute
partisanerie politique fait tous les efforts voulus pour que les
nominations, surtout des nominations importantes comme celles-là, soient
à l'épreuve de quelque ingérence politique que ce soit. La
crédibilité minimale de quelqu'un qui entre à un poste
comme celui-là doit d'abord être basée sur la forme de la
nomination. C'est pour cela qu'on a fait vraiment exception à la
règle dans ce cas.
J'ai assisté à la nomination des deux derniers Protecteurs
du citoyen, M. Marceau et Mme Pate-naude. J'ai assisté à la
nomination de M. Larose, comme Vérificateur général. Ce
sont des postes qui sont désignés aux deux tiers de
l'Assemblée nationale...
M. Lavoie: Et les membres de la Commission des droits et
libertés...
M. Burns:... et les membres de la Commission des droits et
libertés de la personne. J'ai également assisté à
cette nomination. Je me rappelle très bien que le gouvernement du temps
nous avait consultés sur un nom. On nous avait dit: Voici la personne
qu'on croirait acceptable.
M. Bellemare: Vous ne croyez pas que si vous n'aviez pas les deux
tiers des votes en Chambre, le nom qui serait avancé, puis qui serait
répudié, ne serait pas plus dommageable. Il faudrait avoir une
certaine prudence...
M. Burns: Non, mais là...
M. Bellemare:... parce que si les deux tiers de la Chambre se
prononcent contre la personne...
M. Burns: M. le député, vous savez fort bien
qu'avant de présenter la motion à l'Assemblée nationale,
il y a un minimum de consultation qui se fait. C'est ce qui est entrepris
actuellement; nous en sommes à ce stade-là.
M. Bellemare: C'est la proposition que faisait tout à
l'heure le député de Laval.
M. Burns: J'aurais sans doute une certaine réticence
à faire comparaître les personnes devant la commission de
l'Assemblée nationale. En tout cas, c'est là ma première
réaction. Je me fais fort de discuter à nouveau avec le leader de
l'Opposition officielle et le leader de l'Union Nationale à ce sujet,
mais je vous avoue que ma première réaction serait de dire: C'est
délicat. C'est quand même pour le moins délicat de donner
suite à une telle suggestion. Je sais bien qu'elle ne part pas d'un
mauvais motif.
M. Bellemare: Non, on ne les connaît pas ni l'un, ni
l'autre.
M. Burns: Je vais parler avec le député de Johnson
et le député de Laval à ce sujet. On va voir comment on
peut organiser quelque chose qui soit à l'avantage de tout le monde et
surtout de l'ensemble de la population du Québec.
Sur ce, M. le Président, à moins que vous ayez d'autres
choses à nous présenter, je proposerais l'ajournement de nos
travaux.
Le Président (M. Richard): Adopté. La séance
est close. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12h 59)