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(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
La commission de l'Assemblée nationale se réunit
aujourd'hui. Je vais vous lire son mandat pour cette séance en
procédant à la lecture d'un télégramme qui a
été envoyé à tous les députés membres
de la commission de l'Assemblée nationale, en date du 23 janvier 1981.
"À la demande du leader du gouvernement, veuillez prendre avis que la
commission de l'Assemblée nationale se réunira le mardi 27
janvier 1981, à compter de 10 heures, à la salle 81-A de
l'hôtel du parlement à Québec. "Le mandat de la commission
portera sur la télédiffusion des travaux de la commission
permanente de la présidence du conseil et de la constitution sur le
projet de résolution du gouvernement fédéral concernant la
constitution du Canada et, également, de la commission permanente de
l'énergie et des ressources relativement au plan d'équipement et
de développement 1981-1990 d'Hydro-Québec. C'est signé: le
Secrétaire des commissions, Valmond Bouliane."
Les membres de la commission pour la présente séance sont:
M. Bertrand (Vanier); M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M.
Paquette (Rosemont); M. Charron (Saint-Jacques), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), Mme Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Goulet (Bellechasse), M. Jolivet (Laviolette); M. Forget
(Saint-Laurent) remplaçant M. Lamontagne (Roberval); M. Lavoie (Laval),
M. Levesque (Bonaventure); M. Brassard (Lac-Saint-Jean) remplaçant M.
Marquis (Matapédia); M. Richard (Montmorency) et M. Vaillancourt
(Jonquière).
Est-ce qu'il y aurait lieu, maintenant, de procéder à la
nomination d'un rapporteur pour cette commission?
M. Charron: M. le Président, je propose que M. Brassard
(Lac - Saint-Jean) soit le rapporteur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté. M. Brassard (Lac -Saint-Jean).
M. le leader du gouvernement.
Remarques préliminaires M. Claude
Charron
M. Charron: Oui, M. le Président, très
brièvement. Comme cette séance de la commission de
l'Assemblée nationale a lieu sans qu'elle ait été
annoncée lors de l'ajournement des travaux de la Chambre, au mois de
décembre dernier, il me semble nécessaire d'expliquer en quelques
phrases le mandat de la réunion de cette commission tel que vous venez
de le lire.
Effectivement, lorsque nous nous sommes quittés en
décembre, nous avons demandé à un certain nombre de nos
collègues de former une sous-commission de cette commission de
l'Assemblée nationale afin d'examiner, comme il se doit, et, je dirais,
avec la même diligence qu'une autre sous-commission l'avait fait en ce
qui concernait la télédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale, la question de la télédiffusion des
débats des commissions parlementaires.
Celle-ci s'est réunie la semaine dernière. L'opinion
émise majoritairement, en tout cas, semble-t-il, à la
sous-commission et qui a conduit à son ajournement sine die, c'est que
plusieurs aspects mécaniques demeuraient à être
examinés. Avant de pouvoir étendre d'une manière
permanente la télédiffusion des commissions parlementaires, il
fallait se pencher sur un certain nombre de questions techniques, mais aussi
sur des questions "politiques", c'est-à-dire le mécanisme de
choix des commissions parlementaires à être trouvé, de
même que la question de la complémentarité de la
télédiffusion des commissions parlementaires lorsque
l'Assemblée nationale est en session ou lorsque celle-ci n'est pas en
session.
J'ai toujours confiance que nos collègues de cette
sous-commission ajournée sine die, mais qui devrait reprendre ses
travaux bientôt sauront, avant la reprise des travaux de la session, nous
soumettre un rapport qui deviendrait par la suite, s'il est
adopté par cette commission et par l'Assemblée, le
mécanisme permanent de télédiffusion des commissions
parlementaires, selon les recommandations qu'ils nous auront faites. (10 h
15)
Entre-temps, M. le Président, vous savez sans aucun doute que les
travaux annoncés pour janvier et février, donc jusqu'au 10 mars,
comportent un certain nombre de commissions parlementaires. Certaines d'entre
elles, de l'avis de plusieurs, mériteraient d'être retransmises
à titre expérimental et sans engager pour le reste les
décisions de la sous-commission afin que l'expérience soit faite
une fois et que cette expérience même serve de ressource au
travail de la sous-commission qui sera en cours pendant cette
période.
Je vais présenter à l'instant une motion qui vise à
dire noir sur blanc cette intention. J'indique tout de suite que nous avons
choisi dans cette motion deux commissions parlementaires qui, en
février, devraient donner l'occasion de faire cette expérience.
D'abord, la commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution qui commencera ses travaux la semaine prochaine, de même que
la...
M. Forget: M. le Président, je pense que le ministre
s'apprête à faire lecture d'une motion. Il y a deux choses; on
peut procéder de deux façons: on peut, évidemment,
envisager que le ministre amorce et termine la lecture de la motion et,
à ce moment-là, engager un débat sur la
recevabilité. Il serait peut-être plus clair pour le
déroulement de nos travaux, de permettre aux gens de ce
côté-ci de la table de faire un exposé relativement au
mandat de cette commission avant de présenter une motion
particulière.
M. Charron: Je ne savais pas, M. le Président, que
c'était leur choix, mais, très bien, d'accord. Alors, quand je
retrouverai la parole, je présenterai une motion en bonne et due
forme.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord. M. le député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: Merci, M. le Président. Il y a deux aspects au
travail de cette commission que j'aimerais discuter en guise de remarques
préliminaires. Le premier aspect s'adresse au mandat ou à
l'autorité même de la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale de se saisir elle-même d'une question comme
celle qui vient d'être soulevée par le député de
Saint-Jacques. En effet, nous nous trouvons dans la situation suivante, dont je
vais énumérer aussi soigneusement que possible les
différents éléments: la télédiffusion des
débats à l'Assemblée nationale est faite en vertu d'une
motion adoptée par l'Assemblée nationale en avril 1978, motion
qui envisageait, à l'époque, de façon, si l'on veut, un
peu théorique, la possibilité que certaines commissions
parlementaires soient également télédiffusées.
C'est, d'ailleurs, un amendement - je m'empresse de le signaler, M. le
Président, comme je l'ai fait à la sous-commission la semaine
dernière - qui avait été apporté à la motion
à l'insistance de l'Opposition.
Il demeure que cet élément de la motion de 1978 n'a pas
donné lieu à une exécution, il n'a pas été
suivi de gestes concrets et, à ce moment-ci, on peut se demander en
vertu de quelle autorité une commission parlementaire, plutôt que
l'Assemblée nationale elle-même, prendrait des mesures afin de
donner suite à une telle motion.
Je vous réfère, M. le Président, à l'article
6, paragraphe 1 du règlement, où on dit que "la clôture
d'une session annule tous les ordres qui n'ont pas été
complètement exécutés, sauf les ordres de produire ou
d'imprimer un document - il ne s'agit pas de ça - et sauf les ordres que
l'Assemblée indique; dans ce dernier cas, les ordres peuvent demeurer
exécutoires jusqu'à la dissolution de la Législature".
Or, M. le Président, je pense qu'il est bien connu que la
télédiffusion des travaux de certaines commissions
parlementaires, comme l'indique la motion de 1978, n'a pas été
instaurée avant la fin de la session où cette motion a
été adoptée et on peut se demander en vertu de quelle
autorité de l'Assemblée nationale serait-il possible, à ce
moment-ci, à une commission parlementaire, de prendre sur elle de
décider d'une telle procédure.
Il y a aussi d'autres arguments qui doivent être examinés
de près. On se souvient, M. le Président, puisque ce sont des
faits récents, qu'en décembre 1980 une demande de
télédiffusion des travaux de commissions parlementaires avait
été faite, que le président, vous-même en aviez
été saisi et que le comité consultatif pour la
télédiffusion des débats avait été
convoqué. À l'occasion des travaux de ce comité
consultatif, il n'y avait pas eu d'entente sur la demande précise qui
avait été à l'origine de la réunion, mais il avait
été convenu qu'il était opportun qu'une sous-commission de
l'Assemblée nationale soit créée par motion de
l'Assemblée nationale. Cette motion a été effectivement
adoptée et la sous-commission avait le mandat suivant, qui a d'ailleurs
commencé à être exécuté la semaine
dernière, c'est-à-dire explorer les possibilités,
avantages, inconvénients et modalités de la
retransmission télédiffusée des commissions
parlementaires. Je pense que ce mandat est large et couvre l'examen de toutes
les questions que soulève la télédiffusion des commissions
parlementaires.
La sous-commission a commencé ses travaux le 22 janvier dernier,
soit jeudi dernier. Vous présidiez vous-même cette
sous-commission, M. le Président. J'y étais présent aussi,
de même que d'autres députés qui aujourd'hui ne sont pas
avec nous. Il demeure que, comme l'a dit le député de
Saint-Jacques, cette sous-commission n'a pu terminer ses travaux en une seule
séance puisqu'un certain nombre de questions et de suggestions qui ont
été faites à l'occasion de la réunion de cette
commission parlementaire n'ont pas trouvé de réponse ou n'ont pas
fait l'objet de consensus, selon les cas. Il a été convenu que
certains travaux préparatoires devaient être faits par le
personnel de l'Assemblée nationale. Certains projets alternatifs de
réglementation devaient être préparés de
manière que la prochaine fois la sous-commission puisse se pencher sur
des choses plus concrètes. Nous en sommes donc là.
Quel serait - le résultat d'une décision prise par cette
commission de l'Assemblée nationale dans le contexte actuel? Nous nous
trouverions dans la position où l'Assemblée nationale passe
outre, à notre avis, à une décision qu'a prise
l'Assemblée nationale, dans son ensemble, de confier ce problème
à l'étude d'une sous-commission, avec un mandat très large
pour examiner tous ses aspects. Elle le ferait sans autorité et
contrairement au règlement, puisque nous ne sommes plus en
présence d'une motion de l'Assemblée nationale autorisant la
télédiffusion des commissions parlementaires. La session qui
était en cours en 1978, évidemment, est terminée depuis
longtemps. Cet ordre-là n'a pas été exécuté
en temps utile. Il est donc devenu caduc. Le désir ou le souhait
qu'avaient les parlementaires, lui, n'est pas devenu caduc, mais il trouve
maintenant son expression dans la création d'une sous-commission qui
siège encore et qui n'a pas terminé ses travaux.
Il nous apparaît donc que, sur le plan du strict droit
parlementaire, la convocation de la présente commission parlementaire
est inappropriée et même illégale, dans un certain sens,
puisqu'elle met de côté la motion qu'a adoptée en
décembre dernier l'Assemblée nationale. Tout ceci, M. le
Président, n'est pas une interprétation personnelle. C'est
inspiré de très près par le texte d'une lettre que vous
avez vous-même signée, à l'adresse des leaders
parlementaires des formations politiques, en date du 8 décembre dernier.
Je pense qu'il pourrait être intéressant d'en faire la lecture,
puisque vous reprenez là un grand nombre d'éléments que je
viens de mentionner.
La lettre se lit comme suit: "Chers collègues, lors de la
réunion des leaders parlementaires de jeudi dernier, je fus saisi pour
la première fois d'une demande concernant la
radiotélévision des débats qui se dérouleront les 9
et 10 décembre au salon rouge devant la commission permanente de la
présidence du conseil et de la constitution au sujet de la
résolution du gouvernement fédéral sur la constitution du
Canada. "Il me fait donc plaisir de vous informer par la présente des
démarches que j'ai entreprises à ce sujet et de leurs
résultats. Dès jeudi soir, le 4 décembre, et ensuite le
vendredi, 5 décembre, j'ai réuni le comité consultatif sur
la diffusion des débats afin d'obtenir un avis à ce sujet. J'ai
pu lui communiquer différents renseignements, dont plusieurs d'ordre
technique, cueillis avec la plus grande célérité par les
services de l'Assemblée nationale dans le but d'examiner la
possibilité de réaliser un tel projet dans un si court laps de
temps. "Le comité consultatif en est arrivé à la
conclusion que toute radiotélévision des débats en direct
du salon rouge les 9 et 10 décembre était techniquement
impossible. Il a alors examiné l'alternative d'une
radiotélévision en différé. À ce sujet, les
points d'interrogation sont demeurés plus nombreux que les certitudes.
"Après examen de toute la question, le comité consultatif n'a
donc pu fournir à la présidence un avis que je puis
interpréter comme suffisamment ferme pour prendre la
responsabilité de lancer une expérience de
radiotélévision en différé dont les risques sur les
plans technique et financier semblent démesurés en regard du
débouché plus qu'aléatoire que nous consentent les
diffuseurs. "Il fallait également tenir compte dans l'examen de cette
question que nos techniciens n'avaient encore fait aucune expérience de
radiotélévision aux débats d'une commission parlementaire
dans une salle comme le salon rouge. Si l'Assemblée nationale s'est
acquis une réputation que lui envient d'autres Parlements sur la
qualité de sa radiotélévision, je crois que personne ne
songe à risquer de ternir cette réputation en nous lançant
trop rapidement dans une expérience pour laquelle nous ne sommes pas
pleinement préparés. "Le comité consultatif est
très conscient de toutes les difficultés rattachées
à la radiotélévision des débats des commissions
parlementaires. S'il n'a pas encore donné le feu vert, c'est qu'il doit
d'abord répondre à de nombreuses interrogations qui surpassent la
technologie. Par exemple, faudra-t-il radiotéléviser les travaux
des commissions en direct ou en différé? Quels seront les
critères qui présideront au choix des commissions dont les
travaux seront radiotélévisés? Qui, en
dernier ressort, désignera la commission qu'il conviendra de
radiotéléviser? Si le comité de consultation a fait porter
sa réflexion sur ces questions au cours des deux dernières
années, ses nouveaux membres m'ont informé, lors de la
dernière séance, qu'ils entendent apporter des réponses
dans les plus brefs délais. Ils se proposent, à cette fin, de
tenir des réunions intensives au cours même de la prochaine
intersession. "Je suis persuadé que, lorsque ces critères auront
été établis par le comité consultatif relativement
à la radiodiffusion des débats des commissions parlementaires,
nous serons mieux préparés à agir positivement et
rapidement lorsqu'une demande comme celle de la semaine dernière nous
sera formulée. Avec l'espoir etc."
M. le Président, je pense que vous faites état dans cette
lettre non pas des éléments légaux, mais
d'éléments techniques. On pourra nous dire que, depuis, certaines
de ces difficultés techniques ont été résolues.
Nous n'en savons rien officiellement, puisque jamais ni la sous-commission, ni
la commission de l'Assemblée nationale, ni, semble-t-il, le
comité consultatif qui serait le véhicule normal d'une telle
information n'en ont été saisis. Il demeure que, mettant de
côté les considérations techniques, l'Assemblée
nationale a pris une décision, une décision que nous ne pouvons
pas écarter du revers de la main parce qu'elle en incommode
quelques-uns. La décision a été, sans restrictions, sans
faire d'exception pour une commission parlementaire qui, dès cette
époque, était prévue pour le mois de février, de
confier l'ensemble du problème - et de subordonner toute décision
particulière à la résolution de l'ensemble du
problème - à une sous-commission de l'Assemblée nationale,
sous-commission qui devra faire rapport à l'Assemblée nationale.
Seule, à ce moment-ci, l'Assemblée nationale serait en mesure de
prendre une décision, de se renverser elle-même et de changer
d'idée, de restreindre le mandat de la sous-commission à
l'étude à long terme du problème et de prendre une
décision spécifique dans un cas d'espèce, et non pas la
commission de l'Assemblée nationale.
Ceci étant dit, M. le Président, sur la possibilité
légale pour la commission de l'Assemblée nationale d'être
saisie aujourd'hui d'une motion quelconque visant la télévision
des débats d'une commission parlementaire quelconque durant
l'intersession, je pense qu'il est cependant nécessaire, à ce
moment-ci, de soulever le deuxième aspect auquel je faisais
référence au début de mon exposé et qui touche au
fond de la question. En effet, serait trop facile à nos collègues
des autres formations politiques, si nous nous bornions à une
argumentation basée sur la réglementation ou le droit
parlementaire, de prétendre que l'on veut éviter de toucher
à la question "délicate", entre guillemets nous ne croyons pas
qu'elle est si délicate que cela, mais certains pourraient la juger
délicate - du fond même de la question. (10 h 30)
À supposer, donc, M. le Président, que cette commission
parlementaire d'aujourd'hui siège légalement sur un sujet dont
elle a le droit d'être saisie, ce que nous mettons en doute le plus
sérieusement du monde, il demeure que notre position sur le fond,
à savoir sur l'opportunité de téléviser le
déroulement des activités de la commission parlementaire de la
présidence du conseil relativement à la question
constitutionnelle, nous apparaît devoir être résolue par la
négative pour les raisons suivantes. En premier lieu, il faut noter, M.
le Président, que cette décision vient trop tard. En effet,
l'Assemblée nationale prétendrait recueillir de l'information
auprès d'un certain nombre de groupes de citoyens alors que, à la
fois les formations politiques qui sont représentées à
l'Assemblée nationale et le gouvernement lui-même ont
déjà pris toutes les décisions qui s'imposent dans les
circonstances, ont arrêté leur position dans un débat qui a
déjà eu lieu il y a deux mois et ont voté
conformément à ces positions adoptées publiquement. Ceci
pour les formations politiques.
Pour ce qui est du gouvernement lui-même, il s'est occupé
de plusieurs façons de donner suite à la position qu'il avait
définie publiquement, par exemple, en logeant une demande de pourvoi
devant la Cour d'appel. Nous avons appris hier même que la Cour d'appel
entendra les plaidoyers le 9 mars. Déjà, avant Noël,
l'Assemblée nationale, à la demande du gouvernement, a
unanimement approuvé la loi autorisant ce renvoi à la Cour
d'appel. Du côté des activités de l'Exécutif
lui-même, on s'est employé à faire des
représentations auprès des parlementaires britanniques, on a
engagé un expert pour ce faire, on l'a délégué
là-bas. La délégation générale du
Québec s'y est occupée également et le premier ministre
lui-même, pas plus tard qu'hier, semblait dire et même disait - on
peut l'affirmer assez catégoriquement - que la voie était
désormais claire pour d'autres activités - je pense que tout le
monde sait de quelles activités il s'agit - puisque tout ce qui devait
être fait a été fait, que l'intérêt du
Québec est désormais sauf, qu'on a fait absolument tout ce qu'il
fallait faire.
Cela indique très bien, M. le Président, que l'information
qu'on prétend recueillir auprès des groupes ne serait plus
d'aucune utilité, à supposer qu'elle eût été
utile en septembre et en octobre, avant que tout le monde se mette les pieds
dans le ciment dans des positions officielles, que ce soient les partis
politiques, que ce soit le gouvernement lui-même ou
l'Assemblée
nationale. Il est clair qu'on ne pourra pas récrire l'histoire
des quatre derniers mois, défaire les actions qui ont été
prises et ravaler les déclarations qui ont été faites,
à la lumière de ce que la commission parlementaire pourrait nous
révéler de nouveau, à supposer que des choses nouvelles
puissent en sortir. Donc, c'est une commission parlementaire qui vient trop
tard et qui, parce qu'elle vient trop tard, est inutile.
Deuxièmement, M. le Président, cette commission
parlementaire revêt un caractère évident
d'artificialité. C'est une chose qui n'a pas grand aspect réel
parce que nous assisterions - nous assisterons de toute façon puisque la
commission parlementaire va avoir lieu - non pas à un débat, non
pas à une discussion, mais à une espèce de monologue, pour
une raison bien simple, c'est que, pour l'immense majorité de ceux qui
vont intervenir devant la commission - nous avons déjà leurs
mémoires, certains depuis plusieurs semaines - nous connaissons leurs
positions publiques et le public lui-même est en mesure de les
connaître puisque ces mémoires n'ont rien de confidentiel. Nous
savons d'avance que l'immense majorité de ces mémoires va
définir la même position et qu'au surplus tous les partis
politiques représentés à l'Assemblée nationale ont
sur le fond la même attitude, c'est-à-dire qu'ils s'opposent tous
au rapatriement unilatéral de la constitution et à son amendement
unilatéral. Donc, il n'y aura pas de débat, il n'y aura pas de
discussion. On pourrait comparer cette commission parlementaire à un
procès où l'accusé est absent, un procès qui se
déroule ex parte. Si l'accusé veut faire amende honorable, il ne
sera même pas là pour le faire, il ne sera pas là pour se
défendre, il ne sera pas là pour s'opposer. Il n'y aura qu'un
procureur qui argumentera toujours du même côté, mais
à travers différentes voix, que ce soit la voix des
différentes formations politiques ou la voix des différents
organismes qui se succéderont à la tribune pour
répéter substantiellement la même chose sur le même
sujet.
Donc, c'est un débat qui est artificiel. Ce n'est même pas
un débat; c'est un non-événement sur le plan politique,
parce que, encore une fois, il ne met en jeu qu'un seul des deux protagonistes.
Même si on multiplie à plaisir les présentations, il reste
que c'est toujours le même point de vue. Donc, ça ne peut
certainement pas être un foyer d'intérêt et un foyer
très passionnant pour le public.
Troisièmement, M. le Président, cet
événement, il n'est pas sage, je crois, même pour le
gouvernement lui-même. Je pense qu'il a peut-être espoir que ce
qu'il juge être l'apathie du public face à la question
constitutionnelle sera réveillée par les présentations qui
seront faites en commission parlementaire. Mais le gouvernement, là-
dessus, peut être un peu trop optimiste et mal juger l'impact que peut
avoir une telle commission parlementaire par sa
télédiffusion.
En effet, ce qui frappera le public risque d'être quelque chose de
tout à fait différent. Nos concitoyens verraient, sur leur petit
écran, resurgir comme les fantômes d'un passé encore frais
la plupart des unités composantes de la coalition du oui, qui
viendraient aujourd'hui inviter les Québécois à dire non,
alors que, l'an dernier, pour des raisons peut-être semblables
après tout, elles nous invitaient à dire oui. Étant
donné la force de conviction de ces groupes, qui est loin d'être
remarquable, sur l'opinion publique, M. le Président, j'ai l'impression
que ce témoignage, venant de cette source, créant cette
impression, pourrait possiblement déboucher sur un résultat
absolument inverse à celui que recherche le gouvernement,
c'est-à-dire créer dans l'esprit du public ou même
accréditer dans l'esprit de certains membres du public, au
Québec, la notion que toute cette question constitutionnelle et toute
cette opposition au rapatriement unilatéral sont basées sur les
motifs mêmes qui animaient le camp du oui, l'an dernier, et qu'il faut
donc prendre ses distances et mettre en doute la motivation.
Ce serait, M. le Président, assez évidemment jouer dans la
stratégie de certaines personnes au gouvernement fédéral,
qui aimeraient bien faire croire que tous ceux qui s'opposent au projet
d'adresse conjointe le font parce qu'ils sont, au Québec, les tenants de
la thèse de souveraineté-association. Je pense que c'est à
peu près tout ce qui pourrait ressortir dans l'opinion publique du
spectacle assez peu convaincant des mêmes groupes qui, nous ayant sans
succès invités à dire oui l'an dernier, viendraient,
peut-être avec un insuccès comparable, inviter leurs concitoyens
à dire non cette année. Je pense que le gouvernement, s'il vise
vraiment un grand gain stratégique par cette motion et par la
convocation de cette commission parlementaire, risque de se mettre un doigt
dans l'oeil aussi profondément que d'autres stratégies qu'il a
adoptées dans le passé l'ont poussé à se mettre le
doigt dans l'oeil.
En toute amitié envers nos amis du gouvernement...
M. Paquette: Vous êtes trop bon!
M. Forget: ... je pense qu'ils devraient se méfier
davantage qu'ils ne le font de leur instinct stratégique; ça leur
a joué de très vilains tours dans le passé et j'ai le
sentiment que ça pourrait très bien se reproduire cette
fois-ci.
M. le Président, sur le fond, donc, la position de notre
formation est très claire; c'est un geste qui vient trop tard,
malheureusement. Le gouvernement aurait dû y penser avant. Il
aurait d'ailleurs pu, à ce moment-là, demander à
l'Assemblée nationale la permission de le faire. Il vient trop tard,
donc il est inutile.
Deuxièmement, c'est un spectacle assez artificiel où il
n'y aura pas véritablement de débat, mais une espèce de
procession, une enfilade de positions répétitives, fort
heureusement répétitives, mais qui sans aucun doute
enlèvent énormément d'intérêt à un
événement comme celui-là.
Troisièmement, je pense qu'étant donné la nature
des groupes qui se présentent, l'on peut très facilement en venir
à de fausses conclusions quant aux raisons véritables qui font
que toutes les formations politiques s'opposent à cette notion de
rapatriement unilatéral. Pour cette raison une telle motion n'est sage
ni pour le gouvernement, ni pour l'ensemble de l'Assemblée
nationale.
M. le Président, je pense avoir rendu notre position la plus
claire possible, mais, encore une fois, je pense que comme toujours la
technique parlementaire reprend ses droits. Il demeure que, le
souhaiterions-nous, nous commettrions une irrégularité de
considérer aujourd'hui la question de la télédiffusion des
débats d'une commission parlementaire de l'Assemblée nationale.
Ce n'est pas que nous ne le souhaitions pas. Je dis en terminant, que nous
avons même, en décembre, souhaité publiquement que les
débats d'une autre commission parlementaire soient
télédiffusés.
Il s'agissait de l'amendement à notre droit de la famille, un
sujet qui, lui, n'aurait pas donné lieu à une litanie ou à
une procession de jugements unanimes sur des choses sur lesquelles tout le
monde est d'accord, mais qui, au contraire, aurait puissamment contribué
à informer le public sur quelque chose qui l'intéresse
vitalement, qui intéresse chaque individu et chaque famille vitalement.
Le gouvernement n'a pas jugé qu'il était dans son
intérêt de provoquer une discussion publique, probablement parce
qu'il se rendait compte que, dans un tel débat, le collègue du
député de Saint-Jacques, tout ministre de la Justice qu'il soit,
n'aurait pas eu l'air d'un grand clerc et n'aurait pas nécessairement
redoré le blason de ce bon gouvernement. On a donc
préféré faire taire les groupes qui s'intéressaient
à participer au débat, les inviter au silence, de manière
à ne pas gêner la propagande gouvernementale. On a donné
une réponse complètement insignifiante à notre souhait de
voir le mois de janvier, qui pourtant n'a pas été terriblement
occupé par quiconque, consacré à ce débat qui
n'aurait pas du tout gêné la mise en vigueur de la loi puisque de
toute façon le gouvernement, à la dernière minute, a
concédé de ne la mettre en vigueur qu'au mois d'avril.
Je pense que ce qui est intéressant dans tout cela, c'est qu'on
veut utiliser l'Assemblée nationale et la télédiffusion de
certaines commissions de l'Assemblée nationale comme une extension de la
propagande gouvernementale. On choisit les commissions parlementaires en
fonction des convenances préélectorales du gouvernement. Il y
aurait eu d'immenses occasions, depuis 1978, de donner suite au voeu que nous
exprimions alors, sans aucun détour et sans aucune réserve, de
télédiffuser certaines commissions parlementaires. Il aurait
été extrêmement intéressant pour votre humble
serviteur qu'on télédiffuse certaines commissions parlementaires
des affaires sociales ou de la justice au moment de l'étude des
crédits. Cela aurait passionné l'opinion publique et cela
l'aurait informée sur des performances fort en dessous des attentes
normales des citoyens envers leur gouvernement. On a jugé qu'il
n'était pas prudent ou opportun, à ce moment, de faire
siéger en public, sous l'oeil des caméras, les commissions
parlementaires.
On a tout à coup découvert cette merveille qu'est la
télévision quand cela faisait l'affaire du gouvernement, ou
peut-être est-ce là le produit de dernière heure des
consultations entre M. LaSalle et M. Lévesque ou entre M. LaSalle et M.
Bédard ou peut-être entre M. LaSalle et quelques-uns des autres
membres de ce gouvernement. On ne sait plus trop, d'ailleurs, si M. LaSalle
n'est pas déjà un membre du cabinet fantôme de l'Opposition
future. Il est très difficile de démêler tout cela. Est-ce
que ce serait là le fruit de ces conciliabules? Je n'ose pas penser que
M. LaSalle soit allé chercher des conseils sur sa candidature à
l'Union Nationale auprès de ces augustes personnages, mais
peut-être ont-ils discuté de stratégie et peut-être
que c'est là le fruit de cette discussion. Je n'en sais rien. Je trouve
assez frappant le choix que le gouvernement veut faire de l'instrument de la
télévision des débats. Il est extrêmement subjectif,
il est extrêmement méprisant pour les parlementaires et on n'a pas
du tout l'intention d'aider le gouvernement dans son effort de propagande
à ce moment-ci, M. le Président. (10 h 45)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. Si vous le voulez bien,
j'émettrai quelques commentaires concernant, d'abord, la
légalité des travaux de cette commission et, également, la
pertinence de cette commission. Bien sûr, M. le Président,
n'étant pas moi-même homme de loi, je ne m'éterniserai pas
sur la procédure. Mais puisque le débat était
lancé, vous me
permettrez sans doute de soulever quelques points ou d'apporter certains
commentaires à la suite des propos tenus par mon collègue qui m'a
précédé.
Il a été question de la légalité de votre
décision du 8 décembre. Je l'ai devant moi et je l'ai relue.
Quant à moi, j'ai vu que vous rendiez cette décision seulement
pour la télédiffusion des débats des 9 et 10
décembre. Il n'était pas question des débats
d'aujourd'hui. Alors, à deux reprises dans votre réponse, il est
question de la télédiffusion des 9 et 10 décembre,
à la suite d'une demande qui avait été formulée par
notre formation politique et il n'était nullement question du futur
concernant des dates précises.
Deuxièmement, est-ce que cette commission est légale? Je
vous pose la question sous forme de demande de directive: Est-ce qu'une
commission est liée par une sous-commission qu'elle a déjà
créée elle-même, qui est une de ses créatures? Moi,
je pense que non. Je ne le crois pas du tout. Alors, le fait que la
sous-commission ait siégé la semaine passée et que la
commission puisse siéger cette semaine, je pense que cela ne
dérange absolument rien au niveau de la procédure.
Maintenant, il y a tout de même près de cinq ans que,
personnellement, je suis dans cette Assemblée. D'autres, bien sûr
-cela fait plus longtemps - ont plus d'expérience. On dit que, parce que
la commission n'a pas été mentionnée lors des travaux de
l'Assemblée nationale, étant donné que ce n'était
pas un ordre de la Chambre ou que cet ordre de la Chambre n'a pas
été exécuté, cette résolution peut devenir
caduque. Je pense qu'il y a une coutume, M. le Président - ce n'est pas
nouveau - qui veut qu'on puisse faire siéger une commission sans que la
Chambre en ait été saisie au moment où elle
siégeait. On l'a vu à quelques reprises. Nous ne sommes pas ici
pour étudier un projet de loi. Nous ne sommes pas ici pour
étudier des crédits de l'Assemblée nationale. On a souvent
vu une commission parlementaire se réunir, par exemple, au niveau d'une
urgence, avec un mandat spécial. Je ne qualifierai pas la demande
d'urgente, mais peut-être de spéciale. Je pense que ce
qualificatif pourrait aller très bien. Une fois que la commission est
réunie - d'ailleurs, les membres s'y sont rendus; donc, ils ont
accepté, en principe au moins, la convocation de cette réunion;
ils ont accepté de s'y rendre - encore là, je pense que toute
commission est maîtresse de ses travaux. On s'est servi de cet argument
à plusieurs reprises et il a toujours été le bienvenu.
Concernant l'illégalité - encore une fois, j'y vais sous
forme de demande de directive - de la motion adoptée par
l'Assemblée nationale, le mercredi 26 avril, aux fins de constituer un
comité, etc., la motion disait, M. le Président, quand on a
décidé de télédiffuser les travaux de
l'Assemblée nationale: À la suite des rapports de
l'Assemblée nationale, en date du 22 février 1978, cette
Assemblée est d'avis que les débats puissent être
télévisés. Je me demande, en lisant cela, si depuis la
session qui a suivi celle de 1978 l'Assemblée nationale n'a pas
siégé ou si la télévision des débats n'a pas
été faite toujours de façon illégale, parce que je
ne me souviens pas que le président, au début de chaque session,
ait demandé aux parlementaires de revoter cette motion. Alors, si je
comprends bien cette motion, elle était seulement pour les travaux
à la suite de l'ajournement d'été 1978,
c'est-à-dire les travaux pour cette période donnée.
Je ne me souviens pas, moi, que votre prédécesseur, comme
président, et que vous-même, au début de chaque session,
à l'ouverture d'une session, parce qu'il y en a eu d'autres depuis 1978,
vous ayez demandé de voter une autre fois cete motion. Donc, on peut
penser que les débats de l'Assemblée nationale, au salon bleu,
ont été télédiffusés de façon
illégale si cette commission-là siège de façon
illégale, parce qu'on n'a pas voté la motion chaque fois et qu'on
aurait dû la revoter.
M. le Président, on a dit, tout à l'heure, que cette
commission parlementaire - je parle sur la pertinence de la commission
parlementaire et sur la télédiffusion des débats - serait
une tribune de propagande pour les tenants du oui. Je peux vous dire que moi et
mes collègues avons oeuvré en mai dernier dans le comité
du non et que, si cela était à refaire, dans les mêmes
circonstances nous serions encore dans le comité du non. Mais, quand
même, c'est nous qui avons demandé la télédiffusion
des débats de cette commission. Ce n'est pas parce que nous avons envie
de nous en aller dans le comité du oui. Nous étions dans le
comité du non. Nous n'avons pas eu peur de le dire, nous sommes
allés sur toutes les tribunes qu'on a pu avoir au Québec, avec
nos collègues libéraux, avec nos collègues
fédéraux, avec nos collègues créditistes, avec tous
ceux qui étaient sous le parapluie du comité du non. C'est nous
de l'Union Nationale qui avons demandé la télédiffusion
des travaux de cette commission et bien avant que Roch LaSalle soit dans le
décor -en passant, pour informer certaines personnes, parce qu'on a cru
bon de souligner cela tout à l'heure - parce que cela a
été fait à l'Assemblée nationale en
décembre.
C'était dans le but d'informer adéquatement la population.
On veut l'informer, la population. Nous voyons là vraiment une tribune
spéciale pour informer cette population. Ce n'était pas
réservé seulement au Parti québécois, à
l'Union Nationale ou au Parti libéral. C'était
réservé
aux membres siégeant à l'Assemblée nationale et
tous ceux qui auraient pu venir y déposer des mémoires, surtout
les experts qui sont venus les 9 et 10 décembre, on ne pouvait pas les
identifier à telle ou telle formation politique.
Nous avons nous-mêmes formulé cette demande officielle
concernant la télédiffusion des travaux de cette commission et
nous continuons de la formuler, M. le Président. Nous regrettons que les
travaux du début, bien sûr, soit l'audition des mémoires
par les experts, n'aient pas été
télédiffusés, ce qui aurait eu pour effet de fournir une
information pertinente à la population. Moi, je me dis: Vaut mieux tard
que jamais. On peut tenter une expérience en télédiffusant
une ou deux commissions. Il y a celle d'Hydro-Québec. Bien sûr,
tel que l'a dit le député de Saint-Laurent, il y a d'autres
commissions qu'on aurait pu télédiffuser. Il y a toute celle du
transport en vrac qui aurait vraiment renseigné la population sur ce qui
se passait. Mais, à un moment donné, il faut commencer par une
première fois. Ce n'est pas parce que la dernière commission
qu'on aurait dû télédiffuser ne l'a pas été
qu'on devrait toujours reporter la décision. Il y a toujours une
première fois. On peut commencer par celle-là, on peut commencer
aussi par Hydro-Québec - quant à moi, l'une ou l'autre - mais
tenter une expérience, comme le disait tout à l'heure le leader
du gouvernement. Vaut mieux tard que jamais. Je serais pour qu'on tente cette
expérience, d'autant plus que l'Assemblée nationale ne
siège pas et d'autant plus que cela n'amènerait pas de frais
supplémentaires à l'Assemblée nationale. On se l'est fait
dire la semaine dernière, on a déjà l'équipement
sur place.
Nous souscrivons, quant à nous, à la tenue de cette
commission ce matin, à l'idée de la télédiffusion
d'une ou deux commissions. A la suite de cette expérience, nous pourrons
prendre une décision, quant à la permanence du système. On
va tenter une ou deux expériences et après on verra. Moi, je dis
qu'il faut toujours commencer, comme je le disais tout à l'heure, par
une première fois. Je ne vois pas pourquoi le temps ne serait pas venu
de tenter l'expérience avec cette commission, la semaine prochaine et,
deuxièmement, avec celle d'Hydro-Québec qui viendra
éventuellement. Je pense que les travaux de cette commission, ce matin,
sont tout à fait légaux, si on regarde la coutume. Quant à
la pertinence, je pense qu'elle est de plus en plus pertinente.
Discussion sur les points de règlement
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur les
points de règlement, M. le leader, s'il vous plaît. La
présidence va avoir une décision à rendre à la
suite des arguments qui ont été invoqués et des demandes
qui ont été faites. Avant de présenter votre motion,
avez-vous quelque chose à dire?
M. Charron: Je veux répondre à cela. Je ne
considère pas que les arguments pseudo-juridiques
présentés au début de son plaidoyer par le
député de Saint-Laurent soient d'une si grande valeur. Je pense
que c'était juste l'occasion de réchauffer son vinaigre avant
qu'il le mette sur la table, au cours de son intervention, dit-il, sur le fond
d'une motion qu'il n'a même pas voulu que je présente. Je crois
que vous n'avez pas, M. le Président, à vous enfoncer dans les
dédales qu'a essayé d'ouvrir le député de
Saint-Laurent sur la pertinence de la tenue de cette commission ce matin. La
sous-commission dont il parle est une sous-commission de cette commission.
Donc, en théorie comme en droit, les membres de cette sous-commission
qui sont d'ailleurs des membres de cette commission, sont redevables devant
cette autorité que constitue la commission. Celle-ci peut donc à
l'occasion former des sous-groupes, les laisser travailler et, là
où certains intérêts politiques jouent très
manifestement, les laisser perdre du temps, ce qui n'empêche pas,
à une autre occasion, la commission elle-même d'exprimer des avis.
Il n'y a rien qui dit dans notre règlement que cela implique que cette
commission ne peut pas se réunir pour exprimer un avis au
président de l'Assemblée nationale. Une sous-commission, par
exemple, qui ajournerait pendant des mois et des mois, de sine die en sine die,
selon la stratégie d'un parti politique qui ne veut pas que cette
sous-commssion prenne une décision, qui empêcherait la commission
de l'Assemblée nationale de prendre position, cela serait ridicule.
Notre règlement n'a pas été fait en ce sens. Je n'essaie
pas de prendre une décision à la place de la sous-commission.
J'ai bien expliqué que ce que j'ai l'occasion de présenter comme
motion ce matin est fait dans le cadre des travaux de cette sous-commission.
Qu'on lui fournisse donc une expérience à examiner afin que le
rapport de cette sous-commission, lorsque l'obstruction qu'une formation
politique fait sera levée, puisse être fait avec
l'expérience vécue.
En conséquence, M. le Président, une commission peut
toujours donner un avis qui soit parallèle au travail, qu'elle
n'interrompt pas, d'une de ses sous-commissions. Je terminerai là mon
intervention sur les questions de droit.
Dans le respect de la décision que vous allez rendre, bien
sûr, j'aimerais bien que, par la suite, je puisse présenter la
motion sur laquelle tout le monde vient de parler sans en connaître le
texte.
M. Levesque (Bonaventure): Est-ce qu'on ne pourrait pas
connaître le texte? Dans le fond, ce serait plus logique.
M. Charron: C'est ce que j'allais faire au moment où j'ai
été interrompu par le député de Saint-Laurent tout
à l'heure. Moi aussi, je croyais que c'était plus logique.
M. le Président, j'aimerais mieux que vous rendiez votre
décision de droit.
M. Levesque (Bonaventure): Vous ne pouvez pas rendre une
décision, M. le Président.
M. Charron: II faut que vous nous disiez d'abord si nous avons le
droit de siéger. Je pense que c'est la question qu'a posée le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: On a le droit de siéger.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je ne
pense pas que le texte de la motion puisse influencer le président dans
sa décision, mais le moins que je puisse dire, c'est que j'aimerais
connaître le texte de la motion.
M. Charron: Je peux la lire, M. le Président, mais
à la condition qu'après...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): La
décision sera rendue immédiatement après.
M. Charron: Oui, et que par la suite je puisse expliquer cette
motion.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord.
Motion pour la télédiffusion des travaux
de deux commissions
M. Charron: J'en lis le texte: "Que cette commission recommande
au président de l'Assemblée nationale de prendre les moyens
nécessaires afin que soient télévisés à
titre expérimental, durant le mois de février 1981, les travaux
de la commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution sur le projet de résolution du gouvernement
fédéral concernant la constitution du Canada, ainsi que les
travaux de la commission permanente de l'énergie et des ressources
relativement au plan d'équipement et de développement de la
société Hydro-Québec."
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui?
M. Brassard: ... est-ce que je pourrais me permettre, avant que
vous preniez votre décision, de faire quelques remarques sur un des
arguments du député de Saint-Laurent relativement à la
soi-disant caducité de la motion adoptée par l'Assemblée
nationale en date du 22 février 1978? C'est un des arguments
invoqués par le député de Saint-Laurent que cette motion
est maintenant d'ores et déjà caduque. Je pense qu'on doit dire -
et vous l'avez vous-même affirmé dans votre texte ou votre
introduction lors de la réunion de la sous-commission - qu'il y a
plusieurs éléments de cette motion qui ont été
appliqués. En particulier le comité consultatif - c'est ce que
vous mentionniez -a été formé. La
télédiffusion des débats de l'Assemblée nationale
s'est faite, est faite et va continuer sans doute de se faire aussi. Donc,
à partir de ce moment-là, est-ce qu'on peut prétendre que,
dans une motion adoptée par l'Assemblée nationale, il y a des
éléments qui ne sont pas caducs, qui s'appliquent, qui sont en
vigueur et qu'il y a d'autres éléments qui sont caducs? Moi, je
pense que ce n'est pas selon notre règlement, que ce n'est pas
acceptable comme argument et qu'on doit dire que cette motion, comme telle,
n'est pas caduque. (11 heures)
Deuxième remarque à ce sujet. La sous-commission, qui a
pour mandat de discuter d'un des éléments de cette motion,
c'est-à-dire la télédiffusion des débats de
certaines commissions parlementaires, a été formée
justement parce que cette motion a été adoptée. Si
l'Opposition libérale prétend que cette motion est caduque, elle
aurait dû, normalement, refuser de participer à cette
sous-commission. Puisque, selon elle, cette motion est caduque et qu'elle
traite d'un des éléments de cette motion, elle aurait dû
refuser dès le départ de participer à cette
sous-commission. Reprenant l'argument du député de Saint-Laurent
disant que cette motion était caduque, elle ne peut pas commencer
à discuter et à analyser ou à traiter d'un
élément issu d'une motion qu'elle juge caduque. Or, en
participant à la sous-commission, je pense qu'elle a ainsi
accepté implicitement que la motion adoptée par
l'Assemblée nationale le 26 avril 1978 n'est pas du tout caduque, mais
qu'elle est toujours applicable.
M. Dussault: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le député de Châteauguay.
M. Dussault: ...pour faire suite aux propos du
député de Lac-Saint-Jean, je voudrais faire remarquer aussi que,
si mon information est exacte, lors des travaux de la sous-commission, vous
avez vous-même
évoqué cette motion du 26 avril. Vous en avez fait des
interprétations qui disaient implicitement que les travaux de la
sous-commission et leurs conclusions seraient conséquents de cette
motion adoptée le 26 avril. Je pense que c'est extrêmement
important de se le rappeler. Ceci n'a pas été nié non
plus, à ce que je sache, par nos collègues libéraux d'en
face lors des travaux de la sous-commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bonaventure.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je m'en
tiendrai simplement aux questions soulevées par nos collègues,
questions qui précèdent la décision que vous vous
apprêtez à rendre.
Je trouve que c'est assez troublant, M. le Président, que cette
sous-commission ait été convoquée dans les circonstances
que nous connaissons. De toute évidence, si on s'en tient au mandat
proposé par le leader parlementaire du gouvernement, tout cela est
contraire à une décision formelle de l'Assemblée
nationale.
Je pense, M. le Président, que je n'exagère pas en
souhaitant que vous vous rendiez compte de la situation dans laquelle vous vous
trouvez présentement comme président de l'Assemblée
nationale, vous qui, à maintes reprises, avez dit à juste titre
que vous étiez le serviteur de l'Assemblée nationale. Vous
n'êtes pas sans connaître les circonstances qui ont
précédé et qui ont amené l'Assemblée
nationale à poser le geste et à prendre la décision
formelle qu'elle a prise unanimement au mois de décembre en formant une
sous-commission qui avait pour mandat d'explorer les possibilités, les
avantages, les inconvénients et modalités de la retransmission
télédiffusée des commissions parlementaires.
Encore plus, lorsque cette sous-commission a été
convoquée, nous lisions, sur l'avis qui nous était donné
par le leader parlementaire du gouvernement qui est avec nous ce matin - c'est
lui-même qui le disait - Cette sous-commission devra faire rapport
à la commission de l'Assemblée nationale en temps voulu.
Je tiens à rappeler, M. le Président, que ce n'est pas la
commission de l'Assemblée nationale qui a formé cette
sous-commission; c'est l'Assemblée nationale elle-même. Je ne me
rappelle pas que nous nous soyons réunis, comme commission de
l'Assemblée nationale et je lis ici dans les Débats...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'Assemblée nationale a accepté de faire comme si la
commission s'était réunie.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, mais elle ne s'est pas
réunie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Dans les
faits, elle ne s'est pas réunie.
M. Levesque (Bonaventure): Elle ne s'est pas réunie...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
toutes fins que de droit, elle s'est réunie.
M. Levesque (Bonaventure): ... et présentement, ce sont
les 110 députés de l'Assemblée nationale qui ont
voté unanimement la création de la sous-commission de
l'Assemblée nationale et qui en ont formulé le mandat. Je soumets
respectueusement, M. le Président, que tant et aussi longtemps que
l'Assemblée nationale elle-même ne sera pas saisie du rapport de
la sous-commission ou au moins du rapport de la commission, on ne peut pas
changer les désirs formellement exprimés par l'Assemblée
nationale. C'est l'Assemblée nationale qui est maîtresse de ses
décisions, c'est l'Assemblée nationale qui est souveraine et ce
n'est pas parce que cinq ou six députés sur les 110 se
réunissent à la demande du leader parlementaire du gouvernement
qu'on peut changer unilatéralement les règles du jeu. Ce serait
un mépris évident...
M. Brassard: Un coup de force.
M. Levesque (Bonaventure): Vous l'avez dit vous-même un
coup de force qu'une commission vienne à l'encontre de la volonté
exprimée formellement par l'Assemblée nationale. Je dis, M. le
Président, que cette commission de l'Assemblée nationale qui a
été convoquée ce matin ne peut pas être
décisionnelle. Elle peut vous formuler un voeu et on va même
jusqu'à une recommandation. M. le Président, nous avons et vous
avez une connaissance parfaite des intentions de l'Assemblée nationale
et vous avez, de plus, posé différents gestes, une suite de
gestes qui font que cette réunion ce matin va complètement
à l'encontre de la décision formelle, si on lui donnait suite
évidemment, et de la volonté clairement exprimée par
l'Assemblée nationale. Elle irait également à l'encontre
de tout le processus que vous avez vous-même suivi lorsque vous avez - je
n'ai pas à le répéter - posé des gestes de
consultation avec le comité consultatif, lorsque vous avez fait rapport
à l'Assemblée nationale, lorsque l'Assemblée nationale a
pris sa décision, lorsque le leader parlementaire du gouvernement,
conformément au voeu de l'Assemblée nationale, a convoqué
la sous-commission. Cette sous-commission est en train,
justement, de donner suite au voeu de l'Assemblée nationale et
cette convocation par le leader parlementaire du gouvernement pour aujourd'hui
est un court-circuitage clair du processus normal, légal, parlementaire
qui se poursuit déjà depuis quelques semaines, sinon quelques
mois.
Je voudrais simplement ajouter quelques éléments. On a
parlé de la motion adoptée en 1978. On a dit: Est-ce qu'elle est
caduque ou si elle n'est pas caduque? Il est possible qu'elle soit caduque
même pour la télédiffusion des débats à
l'Assemblée nationale, chose que l'on pourra corriger à la
première occasion. Mais, M. le Président, elle est sûrement
caduque quant aux commissions parlementaires parce qu'à cette session
nous n'avons pas donné suite en 1978. On pourrait peut-être
argumenter que, lorsqu'on a continué dans les sessions suivantes la
télédiffusion des débats à l'Assemblée
nationale, il y avait là quelque chose d'implicite, mais il n'y avait
certainement rien d'implicite quant aux commissions parce qu'on ne lui avait
pas donné suite conformément au règlement qui est clair
à ce sujet. Là, je vous rappelle les dispositions de l'article 6,
je crois, de notre règlement, paragraphe 1, qui dit que "la
clôture d'une session annule tous les ordres qui n'ont pas
été complètement exécutés." Sur la question
de la télédiffusion des sous-commissions, nous ne lui avons pas
donné suite à la suite de cette motion de l'Assemblée
nationale.
Vous avez, vous-même, à la suite d'une demande faite en
novembre ou décembre 1980, jugé à propos de consulter et
vous aviez un groupe formellement établi par l'Assemblée
nationale pour poursuivre cette consultation. Lorsque vous avez fait rapport
à l'Assemblée nationale, vous avez reçu de
l'Assemblée nationale ce qui est devenu un ordre et le reste tant et
aussi longtemps que l'Assemblée nationale ne sera pas convoquée
de nouveau. Je pense que le leader parlementaire du gouvernement, s'il tient
à ce qu'il veut avoir, n'a qu'à convoquer l'Assemblée
nationale et à demander à l'Assemblée nationale de
réviser sa décision, de la changer, de modifier le mandat
donné à la sous-commission, de retirer le mandat ou, encore, de
prendre une décision à la suite d'une motion. C'est tout ce qu'il
peut faire. Il n'a pas le droit, ce matin, de faire ce qu'il fait là et
il devra prendre ses responsabilités.
D'ailleurs, M. le Président, tout simplement pour vous rappeler
certains articles du règlement, on dit, à l'article 99: "II est
interdit à un député qui a la parole: 3. de se
référer aux opérations et aux délibérations
d'une commission avant qu'elles ne soient rapportées à
l'Assemblée." Présentement, M. le Président, nous avons
une sous-commission qui est en train de délibérer, qui n'a pas
fait rapport, qui n'a pas terminé ses délibérations. On
est en train, en ce moment-ci, de se référer à ses
opérations.
L'article 137, M. le Président, de notre règlement, dit:
"La commission de l'Assemblée nationale - là, on parle
réellement de la commission qui est convoquée aujourd'hui -
s'occupe de toute question que l'Assemblée lui soumet ou qui n'a pas
été confiée spécifiquement à une autre
commission". Or, M. le Président, spécifiquement,
l'Assemblée nationale a confié toute cette question à la
sous-commission de l'Assemblée nationale et a clairement
identifié, spécifié, énoncé,
détaillé le mandat que cette Assemblée voulait voir se
poursuivre, c'est-à-dire explorer les possibilités, les
avantages, les inconvénients et les modalités de la
retransmission télédiffusée des commissions
parlementaires.
Je dis, M. le Président, que notre convocation d'aujourd'hui est
à l'encontre d'un voeu unanime exprimé à la suite d'une
motion par l'Assemblée nationale, que cette commission ne peut pas
être décisionnelle, qu'elle siège présentement,
à mon sens, illégalement, qu'elle tente simplement de
court-circuiter une décision formelle de l'Assemblée nationale et
que, même si nous retrouvions ce matin l'unanimité la plus
cordiale, la plus parfaite et la plus entière, nous n'aurions pas le
droit de modifier un ordre formel de l'Assemblée nationale.
Vous-même, M. le Président, je sais que vous ne pouvez pas
vous prêter à une telle démarche de la part du leader
parlementaire du gouvernement. Je n'ai pas à juger ses intentions. Elles
me semblent assez évidentes. Je n'ai pas l'intention d'insister
là-dessus. Je n'ai pas l'intention de toucher, à ce moment-ci, le
fond de la question parce que je pense qu'on n'a pas le droit même
d'entrer dans le fond de la question, lorsque nous avons devant nous le texte
de cette motion que veut faire adopter, ce matin, le leader parlementaire du
gouvernement.
Qu'est-ce que feriez, vous, M. le Président, avec cela,
même si c'était adopté? Vous allez retourner dans votre
bureau et qu'est-ce que vous allez faire avec cela? "Que cette commission
recommande au président de l'Assemblée nationale de prendre les
moyens nécessaires afin que soient télévisées",
etc. Comment pouvez-vous prendre les moyens nécessaires, vous, alors que
vous savez que vous avez un ordre de l'Assemblée nationale de
procéder selon l'échéancier que vous ont bien
indiqué les 110 députés de l'Assemblée nationale?
Qui sommes-nous, les six ou sept députés, ici, ce matin, pour
changer cela? Comment, même si vous aviez, finalement, cette
recommandation, approuvée même à l'unanimité,
pourriez-vous, M. le Président, retourner à votre bureau et
commencer des
choses qui sont à l'encontre d'un voeu clairement exprimé
et d'un ordre donné par l'Assemblée nationale? (11 h 15)
Je dis qu'à ce moment-ci vous n'avez pas le choix. Vous devez
vous en tenir à ce que vous avez reçu comme mandat de
l'Assemblée nationale. Vous devez dire: Sien, mon Dieu, si
l'Assemblée nationale veut changer quelque chose, qu'elle se
réunisse, qu'elle le change, mais, présentement, on ne peut pas.
C'est une règle claire en procédure parlementaire qu'aucune
commission ne peut déroger au mandat reçu, qu'aucune commission
ne peut prendre sur elle de changer un ordre de la Chambre.
M. le Président, je vous soumets respectueusement que cette
convocation même de l'Assemblée nationale, tenant compte du mandat
que nous a indiqué le leader parlementaire du gouvernement, est
complètement irrégulière, que la motion elle-même
est irrecevable et que vous-même, vous vous mettriez dans une situation
impossible - je pourrais utiliser des mots plus forts - si vous vous
prêtiez à ce qui est -j'allais dire manigance, mais ce n'est pas
cela - une démarche réellement... - j'allais dire indigne - de la
part du leader parlementaire du gouvernement. Je ne le dirai pas, je vous
laisserai, M. le Président, le soin de prendre courageusement, comme
vous l'avez fait, je pense, bien jusqu'à maintenant, vos
responsabilités, en conformité avec notre règlement et
avec le voeu formellement et unanimement exprimé par les 110 membres de
l'Assemblée nationale.
M. Goulet: M. le Président, je vous demande une directive.
On parle toujours de l'ordre donné par l'Assemblée nationale;
est-ce que l'ordre donné par l'Assemblée nationale, par lequel,
d'après mon collègue de Bonaventure, vous seriez lié,
serait un ordre pour faire siéger la sous-commission de
l'Assemblée nationale avec un mandat précis? Parce que, la
semaine dernière, M. le Président, lors de la séance de
cette sous-commission, j'ai tenté de discuter la possibilité de
télédiffuser une ou deux commissions en guise d'expérience
et vous-même, M. le Président, vous avez rendu une décision
en me disant qu'on ne pouvait pas discuter, à la suite de
l'argumentation du député de Roberval, de ce point, parce que ce
n'était pas le mandat de la sous-commission. Alors, la sous-commission,
quant à moi, c'était pour discuter de la possibilité de
télédiffuser les commissions parlementaires en permanence. C'est
ce que vous m'avez dit lors d'une décision, la semaine dernière.
Ce matin, ce n'est pas cela du tout, mais pas du tout, c'est concernant la
télédiffusion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce que
je vous ai dit, c'est que le mandat de la sous-commission n'était pas
d'examiner la possibilité de téléviser ou non une
commission parlementaire précise, mais d'examiner le problème en
général des commissions parlementaires.
M. Goulet: Cela ne me permettait pas d'amener cela sur le tapis.
C'est cela. Alors, les membres de la commission, à la suite de votre
réponse, n'ont pas voulu discuter ma demande en disant: On va
télédiffuser une ou deux commissions parlementaires. Moi, j'ai
cru que, ce matin, étant donné qu'on ne pouvait pas en discuter
la semaine dernière, parce que ce n'était pas le mandat de la
sous-commission, on revenait pour discuter ce point spécifique.
Alors, si vous êtes lié par un ordre de la Chambre
concernant cette sous-commission - vous m'avez dit vous-même la semaine
passée, lors d'une décision, qu'on ne pouvait pas discuter de la
télédiffusion temporaire d'une ou deux commissions - quand est-ce
qu'on va en discuter? C'est cela que je voudrais savoir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
une bonne question. Vous aurez la réponse tout à l'heure.
M. Forget: M. le Président, deux points, très
brièvement. Relativement à la question de la caducité ou
de la non-caducité de la résolution du 26 avril 1978, M. le
Président, je crois que vous avez un dilemme à trancher de ce
côté. Nous avons indiqué de quelle manière nous
croyons qu'il doit être tranché. C'est du côté de la
caducité de la résolution, je dirais, dans son ensemble. Le fait
que cette caducité n'ait pas été invoquée, de
même que le fait que la nullité d'un acte n'est pas
invoquée, ce n'est pas un argument pour, après coup, dire: Si la
nullité n'a pas été invoquée, tout le monde admet
qu'il est valable. Je pense que c'est un argument qui ne résiste pas
à l'analyse. Je pense que, même quant à la
télédiffusion des débats de l'Assemblée nationale,
on ne retrouve dans les règlements de l'Assemblée nationale, ni
dans le texte de la Loi sur la Législature, aucune autorisation de le
faire. La seule autorisation légale de la télédiffusion
des débats de l'Assemblée nationale se trouve dans une motion qui
est morte avec la session qui l'a adoptée, parce que ce n'était
pas un règlement permanent. On aurait pu invoquer - ce n'est pas notre
intention - cette caducité. On ne l'a pas fait, on n'a pas l'intention
de le faire. Mais ce serait, sans aucun doute, une chose qu'il faudrait
corriger. Donc, c'est là notre façon certainement
préférée de résoudre ce dilemme. Mais même si
- nous nions que ce soit encore valable - la résolution de 1978
était encore valable dans son ensemble, elle aurait des effets
quant à son ensemble. Or, cette résolution comprend
également la création d'un conseil ou d'un comité
consultatif sur la télédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale et donc, dans cette hypothèse,
également des commissions parlementaires. Comment se fait-il que,
sachant tout cela, tout le monde aurait créé une sous-commission
parlementaire de l'Assemblée nationale pour considérer le
problème et comment se fait-il qu'en deuxième dérogation
la commission de l'Assemblée nationale se saisirait maintenant d'une
question - la télédiffusion des débats en commission
parlementaire - alors que cette motion soi-disant toujours valide confie cette
responsabilité au conseil consultatif pour la
télédiffusion des débats?
De deux choses l'une: ou la motion de 1978 est valable dans son ensemble
et, à ce moment-là, référons tout simplement le
problème au comité consultatif; ou sa validité peut
être sérieusement mise en doute et, à ce moment-là,
on se situe bien effectivement dans le problème du choix entre laisser
travailler la sous-commission de l'Assemblée nationale ou reprendre le
problème ici. Mais clairement, dans l'une ou l'autre
éventualité, on dit essentiellement la même chose que nous,
c'est-à-dire que cette résolution est essentiellement et
légalement caduque parce que, autrement, nous devrions
immédiatement nous dessaisir. Si cette résolution du 26 avril
1978 est l'équivalent d'un règlement permanent de
l'Assemblée nationale, la solution est toute trouvée: que ce
comité consultatif se réunisse et qu'il soit saisi du
problème. Nous agirions à ce moment-là contrairement au
règlement. Si ce n'est pas un règlement permanent encore valable
et si ce n'est que par tolérance en quelque sorte que la
télévision des débats s'est continuée, sans que le
problème de la nullité ou de la caducité de cette motion
de 1978 n'ait jamais été soulevé, à ce
moment-là on se situe bien dans le problème de choisir entre la
sous-commission et la commission.
C'est là mon deuxième point, M. le Président. Il
est vrai que l'Assemblée nationale a créé une
sous-commission de l'Assemblée nationale, mais tout ce que cela change
quant au statut de cette sous-commission, c'est qu'elle doit faire rapport
à la commission de l'Assemblée nationale. Les membres n'en ont
pas été désignés par la commission de
l'Assemblée nationale. Sa création a été
décidée par l'Assemblée nationale et non pas par la
commission. Je pense qu'il ne fait aucun doute dans l'esprit de quiconque que
la commission de l'Assemblée nationale ne pourrait pas décider
d'abroger ou de supprimer la sous-commission. Si c'était vraiment une
créature de la commission de l'Assemblée nationale, même
par une fiction juridique, on pourrait aujourd'hui faire motion d'abolir la
sous-commission. Je pense que ce serait là une affirmation que personne
n'oserait soutenir. Cette sous-commission a été
créée par l'Assemblée nationale et tout ce qui justifie
son titre de sous-commission, c'est qu'elle doit faire rapport non pas à
l'Assemblée nationale, mais à la commission de l'Assemblée
nationale. Mais, à tous autres égards, elle est aussi distincte
de la commission de l'Assemblée nationale dans sa création
même, dans sa formation et sa dissolution et dans la liste des gens qui
en font partie, les membres de l'Assemblée nationale qui en font partie.
Tout cela est décidé par l'Assemblée nationale, il n'y a
que l'Assemblée nationale qui peut changer ces décisions. C'est
essentiellement une commission distincte qui a eu un mandat spécifique,
et l'article 137 s'applique dans ce cas. Effectivement, la commission de
l'Assemblée nationale, par la création de cette sous-commission,
a été dessaisie de ce problème, sauf dans la mesure
où elle attend un rapport. Le rapport nous l'attendons encore.
Comme le dernier argument, M. le Président, le leader
parlementaire a fait allusion à son impatience devant les lenteurs de
cette commission. Je lui ferai remarquer que, quant à moi,
j'étais présent ici à Québec le 8 janvier; j'ai
été présent à toutes les semaines. Il ne
dépendait que du leader parlementaire de nous convoquer le 6 janvier, si
bon lui semblait et de nous faire siéger à toutes les semaines ou
à tous les deux jours depuis ce temps-là; il est le maître
absolu de cette question. S'il a choisi d'attendre le 22 janvier, ce
n'était pas pour les convenances de l'Opposition. C'était
simplement pour les convenances du gouvernement. Si elle a suspendu les
travaux, c'est qu'elle a des devoirs à faire; elle a donné des
commandes de données, d'informations, de projets de règlement au
personnel de l'Assemblée nationale. Tant mieux si tout ce travail peut
se faire rapidement. Ce sont des questions réelles qui ont
été reconnues comme telles par tous les membres des deux
côtés à la sous-commission. Qu'on nous apporte le travail,
nous allons en disposer rapidement, mais la solution appropriée ce n'est
pas d'écarter du revers de la main le travail d'une sous-commission qui
siège au rythme que le gouvernement veut bien lui donner, aussi
rapidement et aussi lentement que cela, et ce n'est pas du tout de
l'obstruction de la part de l'Opposition qui explique le fait qu'elle n'a
siégé que le 22 janvier. Elle aurait pu siéger quinze
jours plus tôt, nous n'aurions même pas pu nous y opposer et nous y
aurions concouru avec plaisir, mais on a choisi le 22 janvier et on a choisi de
l'ajourner sine die, encore une fois parce que
le leader parlementaire du gouvernement n'a pas indiqué, à
lui ou ses porte-parole, à la commission qu'il souhaitait qu'elle se
réunisse le lendemain, parce que nous aurions siégé le
lendemain.
Donc, M. le Président, c'est un argument qui n'est pas pertinent,
de toute façon, à la légalité, mais qui est
pertinent à l'opportunité que la question soit apportée
ici, et l'opportunité est loin d'avoir été
démontrée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
dernier intervenant M. le député de Châteauguay.
M. Dussault: M. le Président, très rapidement, je
pense que vous avez vous-même constaté que les deux mandats ne
s'excluent pas; donc, je pense qu'il n'y a pas de problème de ce
côté. Puisqu'on a argumenté sur un argument que j'ai
apporté tout à l'heure, si on ne peut pas évoquer les
travaux de la sous-commission, donc certaines paroles que vous avez pu dire ou
certaines attitudes, on peut quand même souhaiter que la
présidence soit cohérente et surtout constante dans ses
directives et ses orientations.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de la commission sont suspendus pour quinze minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 27) (Reprise de la
séance à 12 h 151
Décision du président
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Je voudrais tout d'abord m'excuser si j'ai dépassé le
temps qui avait été convenu. L'importance et la pertinence des
arguments soulevés de part et d'autre sont la cause de ce retard, et
l'importance de la question, évidemment. Je pense que la décision
que je vais rendre va se diviser en trois points et va faire état des
différents arguments employés de part et d'autre relativement aux
questions qui ont été soulevées ce matin. Je dois vous
dire que les arguments qui ont été soulevés - je vous l'ai
dit tout à l'heure -sont pertinents. Durant la soirée d'hier,
j'ai essayé de prévoir tous les arguments qui pourraient
être soulevés à l'occasion de cette commission
parlementaire. N'empêche que devant l'importance de la question, j'ai cru
bon de délibérer pendant au-delà de 30 minutes.
Le premier argument, et je pense qu'il faut commencer par
celui-là puisque, de façon chronologique, c'est le premier, c'est
l'argument de la caducité de la motion qui aurait été
adoptée par l'Assemblée nationale au mois d'avril 1978 et qui a
été soulevée par le député de Saint-Laurent,
se fiant ou se référant à l'article 6, alinéa 1er,
de notre règlement. Je n'ai pas l'intention de trancher de façon
définitive ce débat important ce matin parce que je n'ai ici que
le titre de président de commission parlementaire. N'empêche que
vous allez dire: Vous faites un dédoublement de personnalité. Je
me sens dans l'obligation d'aller plus loin et de vous dire que je suis
porté à penser, si je lis l'article 55 de notre règlement
et si je lis également de façon littérale la motion qui a
été adoptée par l'Assemblée nationale, qu'une
motion, une fois adoptée, devient soit un ordre de l'Assemblée ou
soit une résolution de l'Assemblée. Je vais vous lire l'article
55: "Une fois adoptée, une motion devient un ordre ou une
résolution de l'Assemblée: un ordre quand l'Assemblée, par
sa décision, requiert ses commissions, ses membres ou d'autres personnes
de faire quelque chose; une résolution quand, par sa décision,
elle exprime une opinion ou des intentions, elle affirme des faits ou des
principes."
Je suis personnellement porté à penser que, selon la
motion qui a été adoptée par l'Assemblée nationale
au mois d'avril 1978 et par sa formulation même, les débats de
l'Assemblée nationale et de certaines de ses commissions peuvent
être radiotélédiffusés et que le président
est autorisé à former un comité consultatif. Ces mots ne
constituent pas un ordre de l'Assemblée, à prime abord, mais un
voeu. D'ailleurs, j'ai très bien noté que le député
de Saint-Laurent avait lui-même employé le mot "voeu"
exprimé en avril 1978, un voeu, une intention où le
président garde bien quand même une marge de manoeuvre; exemple:
sur la formation d'un comité consultatif. Si on avait voulu que ce soit
un ordre au président, les mots auraient été: Et que le
président forme un comité consultatif. "Que le président
soit autorisé à" lui permet, en vertu de cette autorisation, de
le former ou de ne point le former, mais la permission est donnée. Je
suis porté à penser, à prime abord, que dans sa
formulation même, la résolution de l'Assemblée nationale ne
constitue pas un ordre mais une résolution, conformément à
notre règlement.
Il ne s'agit là que d'une interprétation personnelle.
Prenons l'hypothèse qu'il s'agit d'un ordre. Je pense que l'esprit, s'il
s'agit d'un ordre, c'est d'en faire un ordre permanent. Je vais vous donner une
série d'exemples qui, d'après moi, m'amènent à
interpréter cet ordre, s'il s'agit d'un ordre, comme un ordre permanent.
La commission de l'Assemblée nationale et l'Assemblée nationale
ont autorisé des dépenses d'au-delà de $3,000,000 pour la
télédiffusion des débats. On a procédé
à l'embauche de personnel permanent. Jamais, n'a-t-on senti le besoin de
revenir devant l'Assemblée
nationale pour faire ratifier ou confirmer tout ce qui avait
été fait à partir de cette motion. Une nouvelle structure
administrative a été mise sur place à l'Assemblée
nationale du Québec où on a créé la direction de la
radiotélédiffusion des débats. Le comité
consultatif s'est réuni assez régulièrement pendant
au-delà de deux ans, conformément à cette motion. La
procédure de question avec débat a été
instaurée à l'Assemblée nationale du Québec le
vendredi matin. Il s'agit - je le répète - de la
télédiffusion de commissions parlementaires qui siègent
depuis au-delà d'un an à l'Assemblée nationale du
Québec, au salon bleu. Tout cela en vertu de cette motion d'avril 1978
qui est un ordre ou une résolution, je ne le sais pas, mais c'est
d'après moi un ordre permanent. En fait, on s'est toujours servi de
cette motion pour agir dans le domaine de la radiotélédiffusion
à l'Assemblée nationale du Québec. Je pense que le
législateur n'aurait pas autorisé l'embauche d'un personnel
permanent ou la dépense de plusieurs millions de dollars si, dans son
esprit, cet ordre n'avait été que temporaire. (12 h 15)
Si cet ordre ou cette résolution avait pu devenir caduc au cours
de quelques semaines, parce qu'il n'y avait pas eu reconduction par la suite,
je pense que le législateur, qui, à prime abord, est
cohérent, lorsqu'il a voulu instaurer la
radiotélédiffusion des débats, lorsqu'il a autorisé
l'embauche d'un personnel permanent, lorsqu'il a autorisé les
dépenses de plusieurs millions de dollars, le faisait dans un esprit de
permanence et de continuité. La présidence se doit de
prêter cette intention au législateur et non pas l'intention
contraire.
Donc, à prime abord, je suis porté à penser que
c'est une résolution; mais, si c'était un ordre, je pense que
l'esprit de cet ordre, c'est un ordre permanent, pour les faits que je viens de
mentionner qui sont les faits incontestables que tous ont vécus, ici,
à l'Assemblée nationale depuis au-delà de deux ans et
demi, maintenant.
Le deuxième argument qui a été soulevé et
par le député de Saint-Laurent et par le député de
Bonaventure est celui-ci: Cette commission de l'Assemblée nationale
siège illégalement, parce qu'elle siège avec un mandat qui
va à l'encontre d'un mandat que l'Assemblée nationale
elle-même a donné à une sous-commission de
l'Assemblée nationale. En fait, c'est le deuxième argument et un
argument extrêmement pertinent, lui aussi.
J'aimerais vous référer au journal des Débats du 19
décembre. À ce moment, le leader du gouvernement, en vertu de
l'article 34, a présenté une motion à l'Assemblée
nationale et cette motion commençait par les mots: "Que la commission de
l'Assemblée nationale forme une sous-commission". Vous vous rappellerez,
et la présidence ne peut l'ignorer, c'est le président qui parle:
"À ce stade-ci, excusez-moi, M. le leader de l'Opposition officielle,
MM. les leaders parlementaires, la présidence se pose une question qui,
je présume, est pertinente. Dans la motion non annoncée que
l'Assemblée a adoptée - elle a été adoptée
-il est écrit que "la commission de l'Assemblée nationale forme
une sous-commission", alors que je pense qu'il devrait être écrit:
"que cette Assemblée forme une sous-commission de l'Assemblée
nationale", puisque cette procédure de ce matin était pour
empêcher la commission de l'Assemblée nationale de
siéger".
J'espère que tous vont se rappeler que, dans la motion initiale
du leader du gouvernement, c'était la commission de l'Assemblée
nationale qui formait une sous-commission. C'était le 19
décembre, la dernière journée de la session. Le
président a voulu rendre techniquement correct ce qui se passait
à l'Assemblée nationale et il a, de son propre chef, et du
consentement de tous les partis politiques et de tous les leaders,
demandé: Est-ce qu'il y aurait consentement, même après
l'adoption de la motion, pour que la commission forme une sous-commission pour
rendre techniquement correct dans le journal des Débats ce qui est
effectivement passé? Mais la présidence ajoutait: "Puisque cette
procédure de ce matin était pour empêcher la commission de
l'Assemblée nationale de siéger". Ce sont les mots qui sont
écrits, mais on sait tous fort bien que, si on a procédé
de cette façon ce matin-là, c'était pour ne pas obliger
les membres de la commission de l'Assemblée nationale de descendre dans
une salle de commission parlementaire, de créer une sous-commission, de
nommer des membres à cette sous-commission, de revenir en haut et de
faire rapport à l'Assemblée nationale.
Effectivement, en vertu du journal des Débats, c'est
l'Assemblée qui a formé une sous-commission. Mais c'est la
présidence qui a demandé que le mot "Assemblée" soit
écrit, au lieu de "commission". Si la présidence l'a
demandé, c'est pour les raisons qui sont écrites au journal des
Débats, c'est-à-dire pour rendre techniquement correcte la
procédure qui s'était passée ce matin-là dans un
esprit bien précis. C'était l'accommodement donné par
l'ensemble des parlementaires, pour empêcher leurs collègues
d'aller siéger dans une salle de commission parlementaire quelques
minutes pour créer une sous-commission.
Donc, je pense que c'est l'esprit de la motion. La meilleure preuve est
donnée par ce qui suit: "M. Levesque (Bonaventure): Mais avec l'entente
suivante: Que la sous-commission fasse rapport à la commission et non
pas à
l'Assemblée nationale". Je pense qu'elle est significative cette
précision apportée par le leader de l'Opposition officielle, qui,
je pense, savait fort bien dans quel esprit le président avait
demandé que le mot "commission" soit remplacé par le mot
"Assemblée", pour rendre techniquement correcte cette procédure.
Il a tenu à se lever debout pour dire oui, mais à la condition
qu'elle fasse rapport à la commission de l'Assemblée
nationale.
Alors, je pense qu'il s'agit là d'une preuve évidente que
cette sous-commission de l'Assemblée nationale, même si le mot
"Assemblée" est écrit dans le journal des Débats, a
été, dans son esprit, formée par l'Assemblée, pour
empêcher que la commission de l'Assemblée nationale aille se
réunir pour cette seule fin; compte tenu aussi du fait que
c'était une dernière journée de session. Je ne suis pas
sûr que si cela avait été le 19 novembre, le 2
décembre ou le 8 novembre la commission ne se serait pas
réunie.
La commission ne s'est pas réunie parce que les parlementaires
ont accepté d'accommoder leurs collègues et de faire en sorte
qu'on saute une étape. La phrase que j'ajoute et la précision que
vient d'apporter le député de Bonaventure et qu'il a
apportée le 19 décembre sont une preuve que l'esprit de cette
sous-commission était d'être formée par la commission, mais
l'Assemblée nationale a donné son concours pour qu'une
étape soit sautée.
Même si le député de Bonaventure avait raison, je
tiens pour acquis par hypothèse que c'est l'Assemblée nationale
qui aurait formé la sous-commission de l'Assemblée nationale et
que la sous-commission devrait faire rapport à l'Assemblée
nationale et non pas à la commission de l'Assemblée nationale.
Supposons que c'est cela, il a totalement raison sur ce point. La question
qu'on peut se poser est celle-ci: Ne s'agit-il pas de deux mandats
différents?
M. le député de Bellechasse a soulevé tout à
l'heure un fait que je me rappelle et qui est arrivé à la
sous-commission. Il a voulu parler - et le député de
Saint-Laurent et les autres députés qui étaient là
s'en souviendront - de la commission parlementaire des 9 et 10 février
sur la constitution. Je me souviens fort bien, effectivement, avoir
rappelé au député de Bellechasse que le mandat de cette
commission n'était pas d'étudier la demande d'une commission
parlementaire précise, mais d'étudier le mandat qui nous avait
été donné par l'Assemblée nationale ou par la
commission de l'Assemblée nationale. Dans son esprit, c'étaient
les commissions parlementaires en général, explorer les
possibilités. Je me rappelle cela. En supposant même que le
député de
Bonaventure ait raison, s'agit-il du même mandat? Je ne voudrais
pas trancher cette question. Tout ce que je peux dire, c'est que, les textes
sont différents, que le mandat me semble, de prime abord,
différent, puisque, dans le premier cas, il s'agit de l'ensemble des
commissions parlementaires, en explorer les avantages, les inconvénients
et les possibilités, et, dans l'autre cas, de la
télédiffusion de deux commissions parlementaires très
précises. C'est une question que je pose et qui n'a pas de
réponse très définitive, mais qui, je pense, doit
être posée.
Le troisième point qui a été soulevé, je
pense, par le député de Saint-Laurent, et aussi par le
député de Bonaventure, se résume ainsi: est-ce que la
commission de l'Assemblée nationale a un pouvoir décisionnel?
Je vous dirai une chose. Je pense que la motion du mois d'avril 1978 ne
donne pas au président de l'Assemblée nationale le pouvoir - et
la lettre du 8 décembre en fait état - de décider quelle
commission doit être télédiffusée ou non. À
la sous-commission de l'Assemblée nationale, la semaine dernière,
j'ai dit que c'était là l'une des questions importantes qu'il
faudrait voir trancher par la sous-commission. Au sujet de la lettre,
même si certains ont appelé cela une décision, la
présidence n'a jamais voulu faire de cette lettre une décision de
la présidence. La meilleure preuve, c'est que dans un des derniers
paragraphes la présidence se posait elle-même des questions
à savoir quel mécanisme de sélection on devrait trouver
pour l'attribution ou pour décider quelles commissions devraient
être télédiffusées ou non.
Mais, devant l'absence de mécanisme, il fallait que quelqu'un
dise quelque chose. C'est le président qui l'a dit dans la lettre aux
leaders des différents partis politiques. En aucun moment cette lettre
ne s'est voulue une décision, mais tout simplement une réponse
que personne d'autre ne pouvait donner dans les circonstances... que la
présidence aimerait voir prendre par d'autres, mais qu'elle a prise,
compte tenu du fait qu'il n'y avait pas de mécanisme de
sélection.
Je peux vous dire que je n'ai pas de réponse à cette
question. Je souhaite que la sous-commission de l'Assemblée nationale
trouve une réponse non seulement à cette question, mais aux
autres qu'on s'est posées, c'est-à-dire qui devrait
décider quelles commissions parlementaires doivent être
télédiffusées ou non. De prime abord, je serais
porté à vous dire que je me sentirais un peu mal à l'aise
de ne pas suivre une recommandation de la commission de l'Assemblée
nationale qui est un prolongement de l'Assemblée nationale et qui a plus
d'autorité que le comité consultatif ou
qu'une conférence informelle des leaders. En attendant que l'on
trouve un autre mécanisme, c'est-à-dire un mécanisme
définitif de sélection, je vous dis, de façon
honnête, que la présidence est, de prime abord, mal à
l'aise de ne pas suivre une recommandation unanime ou majoritaire de la
commission de l'Assemblée nationale.
Je vous rappellerai - et là je reviens au point de la
caducité - que, depuis au-delà d'un an, les débats
parlementaires sont régulièrement
télédiffusés au salon bleu et ce, sans que la commission
de l'Assemblée nationale et le comité consultatif n'aient
été approchés à cette fin. Donc, une entente
formelle dans une réunion informelle entre trois leaders de partis
politiques a fait en sorte que, depuis au-delà d'un an, nous avons
assisté et assisterons à la télédiffusion de
plusieurs commissions parlementaires, énergie et ressources, justice,
selon le choix qui est fait par les parlementaires qui se passent tous les
vendredis matin à l'Assemblée nationale lorsqu'il y une session.
Si une rencontre ou une entente entre leaders de partis politiques a pu
décider de la télédiffusion de plusieurs commissions
parlementaires sans que la commission de l'Assemblée nationale se
prononce là-dessus, de prime abord, je suis porté à penser
que je me sentirais mal à l'aise de ne pas suivre une recommandation qui
ne me vient pas de leaders de partis politiques, mais qui me viendrait soit de
l'unanimité ou d'une majorité de membres de la commission de
l'Assemblée nationale, parce que je pense que cette commission de
l'Assemblée nationale, après l'Assemblée nationale
elle-même, est l'organe suprême de l'Assemblée nationale et
je suis porté à dire que je serais mal à l'aise de ne pas
la suivre.
C'est, en gros, l'objet de mes réflexions. Si vous désirez
obtenir des précisions, je suis prêt à vous les donner. Je
pense avoir fait le tour de la question, mais, s'il y a des arguments qui ont
été soulevés et auxquels je n'aurais pas apporté de
réponse, je suis prêt à apporter des réponses. Mais,
en gros, c'est le fruit de mes réflexions et cette décision, qui
n'est pas facile à rendre parce qu'elle implique des problèmes de
droit parlementaire assez importants, j'espère qu'elle ne sera pas
interprétée par qui que ce soit ici, de quelque côté
de cette table, comme étant la participation de qui que ce soit à
quoi que ce soit. Il s'agit, tout simplement, de la décision du
président de l'Assemblée nationale face à des questions de
règlement qui ont été soulevées. Je pense que la
réponse est donnée avec des arguments d'ordre de droit
parlementaire, en faisant référence à des faits exacts qui
se sont passés, souvent en faisant référence à
l'esprit de quelque chose. Je ne voudrais pas - je le souhaite en tout cas -
que cette décision soit interprétée de façon
malveillante par qui que ce soit, parce que ce n'est pas dans cet esprit
qu'elle a été prise.
M. le leader de l'Opposition officielle.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, puisque vous
nous invitez à vous poser des questions que nous pouvons juger
opportunes à ce moment-ci...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je me
demande si j'ai répondu à tous les arguments que vous avez
soulevés, mais il ne s'agit pas d'une période de questions.
M. Levesque (Bonaventure): Non. Je vais simplement revenir sur
une partie des propos que vous venez de tenir relativement au mandat
donné à la sous-commission. Vous avez interprété
cela comme un mandat dans le fond, donné à la commission de
l'Assemblée nationale, laquelle confiait à une sous-commission le
même mandat, quitte à la sous-commission de faire rapport à
la commission. Enfin! Je pense que j'interprète bien ce que vous avez
dit.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
dit, je pense, que...
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne suis pas
en mesure de ne pas vous donner raison parce que notre règlement
m'oblige à être docile et à écouter la
présidence. Supposons que vous ayez raison; cela voudrait dire que la
commission de l'Assemblée nationale a reçu de l'Assemblée
nationale le mandat d'explorer telle et telle chose, de poser tel et tel geste
et de faire rapport à l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A la
commission de l'Assemblée nationale.
M. Levesque (Bonaventure): Je veux dire que, si c'est parce que
nous n'avions pas le temps de le faire, etc - c'est cela que j'ai compris de
votre décision - à ce moment-là, c'est un peu comme si,
pour suivre votre fiction que je veux reconnaître pour les fins de la
discussion, la commission de l'Assemblée nationale avait reçu de
fait le même mandat que sa sous-commission. Si c'est le cas, M. le
Président - laissez-moi terminer, s'il vous plaît - la commission
de l'Assemblée nationale est liée par le mandat que lui a
donné l'Assemblée nationale. Tant et aussi longtemps que la
commission de l'Assemblée nationale n'aura pas fait rapport à
l'Assemblée nationale qui est souveraine, comment pouvez-vous expliquer
que la commission de l'Assemblée nationale - je ne
parle pas de la sous-commission, je tiens pour acquis que la
sous-commission dépend de la commission - puisse déroger à
ce mandat? Il faudrait alors que vous nous disiez que ce sont deux mandats
complètement différents. Et, M. le Président, comment me
demandez-vous de comprendre que la motion du leader parlermentaire du
gouvernement est étrangère au mandat que nous a donné
l'Assemblée nationale? (12 h 30)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En fait,
il y a deux points dans votre question. D'abord, je pense que la
présidence n'a jamais dit que c'était par manque de temps que
l'Assemblée nationale avait cru bon d'accepter la demande du
président de changer les mots "cette commission" par "Assemblée".
La commission aurait pu se réunir une dizaine de minutes, former cette
sous-commission, etc. Je pense que c'est le président qui a voulu rendre
cela techniquement correct, parce que c'est l'Assemblée qui, dans sa
forme, a créé la sous-commission, alors que cette même
Assemblée savait fort bien que cette même commission aurait
dû, elle, former cette sous-commission.
Pourquoi l'a-t-on fait, pourquoi les parlementaires ont-ils
accepté, à la demande de je ne sais trop qui, que la commission
ne siège pas et qu'on s'entende? En fait, chacun avait peut-être
ses raisons, c'était en fin de session, le 19 décembre; sauf que,
moi, je ne peux pas oublier le fait que le leader voulait que cette
sous-commission soit formée par la commission. Et c'est le
président qui a voulu rendre le tout conforme.
Je pense qu'il est de bonne guerre que vous disiez ce que vous dites,
mais je ne pense pas que ce soit nécessairement le temps qui ait fait
ça. Ce sont peut-être toutes sortes de raisons; je n'ai pas
à interpréter les raisons qui ont fait accepter, par les
parlementaires, cette façon de procéder, mais je pense qu'elle a
été acceptée; ça peut être une question de
temps. Il peut y avoir d'autres raisons aussi, sauf que, c'est un fait,
ça s'est passé de cette façon, ça, on ne peut pas
l'ignorer.
A la deuxième question, je vous dirai ceci: Je ne pense pas que
la commission de l'Assemblée nationale ait reçu un quelconque
mandat de l'Assemblée nationale pour la formation d'une sous-commission.
Je ne pense pas qu'elle en ait besoin, puisque, dans notre règlement -
je ne pourrais pas vous dire l'article - il est dit qu'une commission peut
décider d'elle-même de se créer une sous-commission. Je
pourrais vous sortir l'article, je me rappelle l'avoir déjà vu.
La commission de l'Assemblée nationale ou la commission de
l'énergie et des ressources ou n'importe quelle commission n'a pas
besoin d'un mandat précis et spécial de l'Assemblée
nationale pour se former une sous- commission. Il est établi, par son
essence même, qu'une commission puisse créer une sous-commission;
sous-commission qui n'existe pas en fait dans nos règlements, qui n'est
pas régie par les articles qui régissent habituellement les
commissions parlementaires et l'Assemblée nationale, mais
sous-commission qui existe et dans notre règlement et dans notre
tradition. À moins que je ne fasse une hérésie
parlementaire absolument extraordinaire, je pense qu'une commission, qui est
souveraine en soi, a le droit, par le vote de ses membres, de créer sa
propre sous-commission, sans autorisation de quiconque et sans autorisation de
l'Assemblée nationale.
C'est peut-être pour ça - et je ne veux pas
interpréter la précision que vous avez tenu à faire le 19
décembre - que vous avez senti le besoin de dire "le rapport à la
commission de l'Assemblée nationale" et que vous n'avez pas
ajouté "rapport de la commission à l'Assemblée nationale".
C'est que la sous-commission doit rendre compte à celle qui l'a
créée, c'est-à-dire la commission, et la commission de
l'Assemblée nationale peut être convoquée sans avoir un
mandat précis de l'Assemblée nationale, ce qui arrive assez
souvent.
Autrement dit, vous voulez dire delegatus non potest delegare. C'est un
peu ce que vous voulez dire, que la commission aurait reçu un mandat
très précis de l'Assemblée nationale et cette commission
aurait créé une sous-commission donnant ce même mandat
qu'elle avait reçu elle-même de l'Assemblée nationale.
Moi, je dis que la commission de l'Assemblée nationale n'a pas
besoin et n'est pas requise de demander une autorisation à
l'Assemblée nationale pour faire siéger une sous-commission de
l'Assemblée nationale, comme une sous-commission de la justice pourrait
être créée par la commission de la justice sans que
l'Assemblée nationale n'ait à dire à la commission de la
justice: Je vous autorise à former une sous-commission de' la
justice.
Je suis porté à dire ça et je pense avoir vu dans
notre règlement un article qui prévoit qu'une commission peut se
former une sous-commission, en raison du principe de sa souveraineté de
commission.
M. Levesque (Bonaventure): Une question additionnelle, M. le
Président. Si je comprends bien votre argumentation, c'est que la
commission de l'Assemblée nationale... Oublions, pour les fins de la
discussion les événements qui se sont passés à
l'Assemblée nationale, le 19 décembre. Supposons qu'il ne s'est
rien passé du tout. Ce que vous me dites présentement, si je
comprends bien, c'est que le leader parlementaire du gouvernement, sans aucune
autre formalité en Chambre, aurait pu nous
convoquer aujourd'hui pour les fins poursuivies dans sa motion. Et,
à la suite de cette réunion-ci, vous vous seriez cru
obligé...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Obligé de quoi?
M. Levesque (Bonaventure): ... de donner suite au voeu de la
commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader de l'Opposition officielle, j'aimerais vous...
M. Levesque (Bonaventure): Si vous me permettez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
J'aimerais vous dire immédiatement que je n'ai pas dit tantôt que
je me sentais obligé. Que le président de l'Assemblée
nationale se sentirait mal à l'aise de ne pas suivre...
M. Levesque (Bonaventure): Mal à l'aise, cela n'existe pas
dans le règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Cela n'y
existe peut-être pas, mais ce sont les mots que j'ai employés. Mal
à l'aise de ne pas suivre une recommandation majoritaire ou unanime de
la commission de l'Assemblée nationale alors que la
télédiffusion de certaines commissions parlementaires a
été autorisée avec moins que la recommandation de la
commission de l'Assemblée nationale dans le passé.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, je ne veux pas
poursuivre la discussion, mais je veux simplement rappeler que tout ce qui a
été fait dans le passé a été fait
unaninement dans ce domaine. Quelle qu'elle soit - la présidence est
éternelle - la présidence a toujours refusé de donner
suite à un voeu à moins qu'il ne soit unanime,
c'est-à-dire qu'il vienne des diverses formations politiques reconnues
en Chambre. Si vous me permettez, au lieu de terminer...
M. Charron: Je voudrais ajouter tout de suite là.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, d'accord.
M. Charron: Pour compléter votre raisonnement, ce que vous
demandez aussi en même temps, c'est que le droit de veto d'une formation
politique quelconque empêche le président d'exercer
l'autorité que la motion de l'Assemblée nationale lui a
donnée aussi.
M. Levesque (Bonaventure): Prenant exactement ce que vous venez
de dire, M. le Président, prenant exactement ce que le leader
parlementaire vient de dire, c'est justement que le leader du gouvernement se
réfère encore à la motion du mois d'avril 1978. Cette
motion, vu que vous avez mis de côté sa caducité possible,
est celle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elle est
existante.
M. Levesque (Bonaventure): Oui. C'est celle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Elle est
valable.
M. Levesque (Bonaventure): ... qui vous lie présentement.
M. le Président, je reviens à ma question. C'est une question de
principe. Si l'Assemblée nationale adopte une motion qui vous lie dans
n'importe quel domaine que ce soit, pensez-vous que dans une intersession vous
allez vous sentir lié par les conclusions d'une commission de
l'Assemblée nationale ou toute autre commission qui ne serait pas de la
même nature, si vous voulez, qui ajouterait ou enlèverait quelque
chose dans la motion de l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il s'agit de deux motions absolument différentes.
Effectivement, vous avez raison sur un point. Autant je trouve que la
motion d'avril 1978 n'est pas caduque, autant je trouve qu'elle est valable et
qu'elle doit être respectée, que c'est une résolution
d'ordre permanent qui demande que la radiotélédiffusion se fasse
de certaines commissions parlementaires. Je ne vois pas quelle est la
contradiction. Je pense même que la commission de l'Assemblée
nationale peut s'autoriser de cette motion valable du mois d'avril 1978 pour
siéger aujourd'hui sans que l'Assemblée nationale n'en soit
saisie. Si on est réuni aujourd'hui, si la commission de
l'Assemblée nationale peut se réunir légalement c'est
justement en raison de la légitimité, de la
légalité de la motion d'avril 1978 et de son existence
légale. Il est bien évident que, si la motion d'avril 1978
était à toutes fins que de droit inexistante, la commission de
l'Assemblée nationale ne pourrait pas aujourd'hui s'autoriser de cette
motion pour se réunir. Pourquoi peut-elle se réunir? C'est
justement parce qu'il y a une motion d'avril 1978, une motion de fond qui a
adopté trois choses comme principes: Que le président forme un
comité consultatif, que la télédiffusion des débats
de l'Assemblée nationale se fasse et de certaines commissions
parlementaires. Cette motion a été adoptée unanimement.
D'après moi, elle
est valable, elle existe au moment où on se parle pour les
raisons que je vous ai données tout à l'heure. Si la commission
de l'Assemblée nationale peut aujourd'hui se réunir et si une
sous-commission peut se réunir, c'est précisément en
raison du fait que cette motion d'avril 1978 a été adoptée
et existe légalement. Sans cela, je suis d'accord avec vous. Si la
motion d'avril 1978 n'existe pas légalement, aucune sous-commission de
l'Assemblée nationale ou aucune commission de l'Assemblée
nationale ne peut se réunir pour discuter du sujet d'aujourd'hui.
M. Levesque (Bonaventure): Vous me permettez une autre petite
question?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Pour
compléter...
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque vous avez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...M. le
député...
M. Levesque (Bonaventure): Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...ma
réponse, parce que j'ai quand même réfléchi
longuement sur ce sujet, hier soir, je vous dirai, parce que je voudrais quand
même pour les fins du journal des Débats que la décision
soit le plus claire possible. Le pouvoir du leader de convoquer la commission
de l'Assemblée nationale et d'en définir le mandat... Vous vous
rappellerez qu'à la suite d'une demande que vous m'aviez faite au mois
de décembre ou que votre collègue de Laval m'avait faite,
à savoir si le leader doit procéder par motion ou par mandat pour
convoquer la commission parlementaire sur la constitution, j'ai donné
raison à votre collègue de Laval en disant qu'il fallait une
motion. Sauf que nous avions aussi prévu dans cette décision du
11 décembre, parce que l'argument avait été soulevé
à savoir qu'est-ce qui arrive lorsque la Chambre ne siège pas. Il
n'y a aucune commission parlementaire qui peut siéger? À ce
moment-là, on avait établi également dans cette
décision que dans des cas d'intersession ou dans des cas où la
Chambre ne siège une motion demanderait nécessairement la
convocation de la Chambre, ce qui serait absolument ridicule. C'est votre
collègue de Laval qui a soulevé ce point.
Je dis ceci: II en a le pouvoir selon les principes
énoncés dans la décision du 2 décembre 1980,
principes qui s'appliquent aux commissions qui siègent durant une
vacance de l'Assemblée ou une intersession et qui ont à examiner
des questions autres qu'un projet de loi ou que les crédits. La
commission de l'Assemblée nationale ne se réunit pas aujourd'hui
pour remplacer l'Assemblée dans l'exécution d'un mandat.
L'Assemblée s'est prononcée formellement en avril 1978 sur la
radiodiffusion des débats de l'Assemblée et de certaines
commissions.
Aujourd'hui, la commission de l'Assemblée nationale se
réunit simplement pour tenter de façon volontaire d'appliquer
certaines modalités de la résolution de l'Assemblée
nationale à la radiotélédiffusion des débats de
certaines commissions parlementaires. L'ensemble de cette opération est
tout à fait conforme à l'esprit de la décision du 2
décembre 1980. Donc, la commission ne peut se réunir aujourd'hui
si la motion d'avril 1978 est inexistante. Mais si elle existe
légalement, si elle a toute sa force de droit, la commission de
l'Assemblée nationale peut se saisir de cette décision pour se
réunir, puisque le principe de la radiotélédiffusion des
commissions parlementaires, de la création d'un comité
consultatif et de la télédiffusion des débats de
l'Assemblée nationale a été déjà
adopté par cette Assemblée.
M. Levesque (Bonaventure): M. le Président, vous me
permettrez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Levesque (Bonaventure): Lorsque vous avez parlé de la
caducité ou non de la motion de 1978, vous avez donné comme
argument les montants votés par l'Assemblée nationale et vous
avez également mentionné les montants votés non pas
seulement pour le côté technique de la télévision
des débats, mais également pour l'engagement de personnel.
M. le Président, je vous souligne respectueusement que toutes ces
dépenses avaient trait à la télédiffusion des
débats à l'Assemblée nationale. Il n'a jamais
été question, lorsque nous avons voté ces montants, des
commissions parlementaires, à ma connaissance.
M. Charron: C'est pour dire qu'elle est encore valide. C'est cela
qu'il dit.
M. Levesque (Bonaventure): Oui, je pense que dans la partie
touchant l'Assemblée nationale, dans votre décision, vous avez eu
recours à des arguments qui touchent les montants qui ont
été affectés à la télédiffusion des
débats de l'Assemblée nationale elle-même.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Non, M.
le leader, je m'excuse. M. le député de Saint-Laurent a
soulevé une question de fond. Il a dit: La motion d'avril 1978 devient
caduque, à toutes fins que de
droit, si on n'a pas donné suite à son contenu avant la
clôture d'une session. Moi, je dis ceci, pour être plus
précis: De prime abord, pour moi, une résolution est soit un
ordre, soit une résolution. J'ai dit que, d'après sa formulation,
c'était, à mon avis, de prime abord, une résolution.
Mais je dis: Supposons que c'est un ordre - je parle toujours de la
motion d'avril 1978 dans son ensemble - c'est un ordre permanent. Je prends des
faits vécus pour dire: C'est certainement permanent si on a
autorisé des dépenses. Je ne parle pas des commissions
parlementaires quand je dis cela) je parle de la motion d'avril 1978, Je ne
parle pas d'un des articles de la motion. Je dis: Si le législateur a
cru bon de faire ces dépenses, d'embaucher du personnel permanent, de
faire une direction générale de la télédiffusion
des débats qui a été approuvée par la commission de
l'Assemblée nationale, si le comité consultatif s'est
réuni à plusieurs reprises pendant deux ans, si on a
instauré la question avec débat, c'est parce que c'est un ordre
non pas temporaire ou éphémère ou sporadique, mais un
ordre permanent. En effet, le législateur est trop intelligent dans son
ensemble pour faire des dépenses de cette nature s'il s'agit d'un ordre
qui va tomber si ce n'est pas mis en pratique avant la clôture de la
session. Je suis parti de cette prémisse que le législateur ne
légifère pas pour ne rien dire. S'il a fait tous ces actes, c'est
qu'il était motivé. (12 h 45)
M. Levesque (Bonaventure): Finalement, M. le Président,
lorsque vous avez fait tout le processus du comité consultatif, en
décembre, vous vous rappelez fort bien que vous-même, vous ne
pouviez arriver à aucune conclusion sur le choix des commissions
parlementaires qui seraient ou non télévisées, parce qu'il
y avait la un choix qui vous paraissait extrêmement difficile à
faire comme président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Bonaventure, je regrette que vous ameniez devant la
commission de l'Assemblée nationale des choses qui ont pu se passer en
comité consultatif, mais je vous dirai ceci: C'est que le comité
consultatif n'est pas décisionnel, il n'est que consultatif.
Lors d'un discours que prononçait le parrain de la motion, au
mois d'avril 1978, le ministre d'État à la Réforme
électorale et parlementaire disait à ce moment: "Dans ma motion,
je fais une suggestion additionnelle relativement à un comité
consultatif. Il y a eu, à certaines occasions, des suggestions afin que
nous soumettions tout cas litigieux relativement à la
télédiffusion ou à la radiodiffusion à la
commission de l'Assemblée nationale. La motion que je présente
aujourd'hui n'a pas pour but d'écarter le pouvoir qu'a, de toute
façon, la commission de l'Assemblée nationale sur les travaux en
général - je ne parle pas des travaux de la Chambre comme tels,
mais sur le fonctionnement de l'Assemblée nationale -mais
peut-être, en réduisant le nombre des interlocuteurs
concernés, de faciliter une meilleure communication et une communication
rapide pour permettre au président de se reposer sur une certaine, pour
ne pas dire expertise..."
Donc, le comité consultatif, son existence est là, mais
l'existence du comité consultatif ne veut pas dire le rejet et la
non-existence de la commission de l'Assemblée nationale qui, elle aussi,
peut, à l'instar du comité consultatif, émettre des avis
ou des recommandations au président. L'existence même du
comité consultatif n'est pas mise en doute, mais il ne faudrait pas que
l'existence du comité consultatif enlève les pouvoirs qui sont
dévolus traditionnellement à la commission de l'Assemblée
nationale qui est aussi un organe qui est prévu dans nos
règlements depuis plusieurs années. Donc, les deux ont leur
raison d'être. Si le président ne se sent pas doté d'un
mandat suffisamment ferme par le comité consultatif, il peut aussi
saisir la commission de l'Assemblée nationale, même si ce n'est
pas lui dans ce cas-ci qui l'a saisie parce qu'il ne peut pas convoquer la
commission de l'Assemblée nationale. Mais la commission de
l'Assemblée nationale continue à avoir toutes ses
prérogatives et tous ses pouvoirs, malgré l'existence du
comité consultatif. L'existence de l'un n'amène pas la mort de
l'autre; les deux ont leur utilité et les deux peuvent soumettre des
avis ou des recommandations.
M. Charron: Si vous me le permettez et si j'ai bien compris le
sens de votre décision, je pourrai à ce moment-ci, selon la
convocation de cette commission, expliquer la motion que je soumets à la
commission de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
Explications sur la motion
présentée
M. Charron: M. le Président, je n'ai pas un long dessin
à faire sur cette opportunité de tenter l'expérience de la
télédiffusion de deux commissions parlementaires pendant cette
intersession. C'est plus facile de tenter cette expérience en
intersession du fait que, mécaniquement et techniquement, le
matériel est disponible; il ne le serait pas pendant une période
de télédiffusion prioritaire des débats de
l'Assemblée nationale; que la concurrence possible entre la
télédiffusion d'une commission parlementaire qui aurait
lieu en même temps que l'Assemblée nationale ne se pose pas
non plus; que certains de nos collègues, par une décision de
cette commission, sont à l'oeuvre précisément sur cette
question au même moment. Il nous apparaît important, pour nourrir
leur réflexion et leur recherche, de même que pour mettre en
vigueur une décision unanime de l'Assemblée nationale en avril
1978, de tenter, comme le libellé même de la motion le dit,
l'expérience de télédiffusion de deux commissions
parlementaires au cours du mois de février.
Ce ne sont pas deux commissions parlementaires sans importance, M. le
Président, puisque ce sont deux commissions parlementaires où des
citoyens du Québec pourront sur les sujets qui concernent l'une et
l'autre des commissions parlementaires, venir discuter avec des parlementaires
québécois de toutes les formations politiques. Il
m'apparaît qu'à cette occasion un échange de vues dynamique
- je prends à témoins ceux qui ont vécu ces commissions
parlementaires lors de témoignages sur l'un ou l'autre sujet - entre les
parlementaires et des représentants de la population ou des experts que
la population du Québec comporte, sera, j'en suis convaincu, aussi suivi
par nos concitoyens du Québec que le haut taux d'écoute que les
débats mêmes entre parlementaires uniquement ont su avoir depuis
la télédiffusion des débats. Je crois que la
manière la plus dynamique d'ouvrir à la télévision
les commissions parlementaires est précisément celle de ces deux
commissions où des témoignages seront présentés,
où des porte-parole de la population seront présentés, ou
- pour entrer tout de suite dans le débat politique - des pseudo
porte-parole de la population, si on veut les dévaluer - je crois que
plusieurs parlementaires ont cette habileté -et ce sera au vu et au su
de tout le monde. Je crois qu'avant de porter l'expérience de la
télédiffusion de commissions parlementaires, par exemple,
à l'étude article par article d'un projet de loi, ce qui peut
être - je ne dis pas que cela l'est nécessairement beaucoup plus
aride à suivre pour un téléspectateur qu'un échange
sur un sujet qui concerne tout le monde, les deux sujets que le calendrier des
travaux de l'Assemblée nationale nous offre nous semblent
intéresser tout le monde: celui de l'avenir du Québec dans la
constitution actuelle et le coup de force fédéral et, d'autre
part, l'investissement de $55,000,000,000, qui concerne tout le monde. Je n'ai
pas besoin de faire de dessin, Mme la Présidente, sur ce qui sera
débattu par les porte-parole d'Hydro-Québec et des citoyens qui
ont été invités. Je crois que cette séance est
prévue pour la troisième semaine de février.
Vous noterez, Mme la Présidente, que -je fais cette
parenthèse - ma motion ne porte pas de date de séance de
commission; une demande de l'une ou l'autre des formations politiques nous
amenant, par consentement, à déplacer les dates des commissions
parlementaires rendrait caduque la motion que cette commission pourrait adopter
aujourd'hui.
J'ai expliqué que nous avons choisi ces deux commissions à
cause de la comparution de citoyens, du caractère dynamique, donc plus
intéressant pour nos concitoyens qui ne sont pas habitués au
travail des commissions parlementaires télévisées; ils se
sont habitués aux travaux de la Chambre, à son mécanisme,
ils ne le sont pas pour les commissions parlementaires. Ce sera beaucoup plus
facile, dans ce cas-là, c'est un sujet que tout le monde peut suivre
parce qu'il concerne tout le monde.
Et j'ajoute, pour les diviser, que les deux commissions parlementaires
ne recevraient pas les mêmes critiques que celles que le
député de Saint-Laurent, préalablement au
dépôt de la motion, s'est dépêché de formuler
tout à l'heure.
Pourquoi la commission parlementaire de la constitution ne peut-elle pas
entendre les citoyens qui vont y venir? Le député de
Saint-Laurent dit: Indépendamment de la télédiffusion des
débats, sur le principe même de la convocation de la commission
parlementaire de la constitution. Notez que je pourrais dire que ça n'a
aucun rapport avec le sujet actuel; il peut parler sur le fait que ce soit
télévisé ou pas télévisé, mais
l'opportunité de convoquer cette commission parlementaire de la
constitution n'est pas l'objet de la séance d'aujourd'hui; c'est un
privilège que me donne le règlement de l'Assemblée et je
n'ai pas à demander l'assentiment de la commission parlementaire,
d'autant plus - voilà ce que me souffle le député de
Vanier - que l'annonce de cette commission parlementaire n'a pas
'été faite uniquement par télégramme du leader du
gouvernement ou par simple avis en Chambre, mais, lors même d'une
déclaration ministérielle, par le premier ministre, qui suivait
de quelques jours la fin du débat sur la motion où nos amis
avaient fait une spectaculaire volte-face.
A cette occasion, le chef de l'Opposition, encore un peu abasourdi sous
le coup de ce que son caucus lui avait fait avaler sur la motion dont je viens
de faire mention, n'avait pas - loin de là - suscité du
discrédit à l'égard de la commission, il a même
endossé cette initiative et souhaité -je me souviens très
bien de ses propos - que ça ne devienne pas un vaste exercice de
propagande quelconque, qu'on ne trie pas sur le volet les intervenants.
C'était un souhait légitime de la part du chef de l'Opposition.
Autrement dit, il souhaitait que nous ne fassions pas ce qui avait
été fait à Ottawa. Dans sa réplique, le chef du
gouvernement a
donné l'assurance au chef de l'Opposition que ce ne serait pas
fait. Ce ne fut pas fait effectivement; tous et chacun des citoyens qui ont
demandé à être entendus à cette commission,
accueillis favorablement par les trois partis politiques, en novembre dernier,
seront entendus par la commission parlementaire.
Quand le député dit qu'il s'agit du fantôme du
comité du oui, j'espère qu'il sera présent lorsque que le
"Positive Action Committee" viendra présenter son mémoire, que
les Franco-Ontariens viendront présenter leur mémoire, que les
anglophones de l'Estrie, qui ont demandé à être entendus,
viendront présenter leur mémoire ou que l'Union Nationale, qui
était du comité du non, fera entendre sa voix aussi au cours du
débat de cette commission parlementaire. Je n'ai pas à dire ou
à choisir qui vient; j'ai donné l'assurance - le chef du
gouvernement l'a fait, je l'ai fait dans l'organisation pratique de la
commission - que personne ne serait écarté des travaux de cette
commission. Elle n'arrive pas trop tard, elle n'est pas inutile. Il dit: Elle
arrive trop tard, parce que les positions sont prises par les différents
partis politiques. Cela ne doit pas empêcher les citoyens du
Québec de penser et d'ajouter des amendements nouveaux; par exemple, les
amendements du ministre Chrétien sont des amendements sur lesquels les
gens peuvent se prononcer. On dit que les positions étaient prises.
Lorsque, à Ottawa, on a décidé d'entendre les citoyens du
Québec, les positions étaient prises aussi. Ceux qui avaient
choisi de s'opposer au coup de force, comme le Parti conservateur, les avaient
déjà fait connaître; ceux qui avaient décidé
de se vendre au Parti libéral, le Nouveau parti démocratique, les
avaient déjà fait connaître, et ceux qui avaient
décidé de trahir les citoyens du Québec qui avaient
voté non avaient aussi annoncé qu'ils allaient les trahir. En ce
sens, à part un ou deux qui ont commencé à se sentir mal
à l'aise, les positions étaient non seulement prises, mais le tri
sur le volet des témoignages présentés indiquait que la
majorité de ceux qui avaient pris des positions ne souhaitaient pas
avoir à les expliquer.
En conséquence, ce n'est pas parce que des partis politiques ont
fait connaître leur opinion qu'il faut interdire la parole aux citoyens
du Québec qui, eux, peuvent ne pas partager les opinions des partis
politiques. Il y a des libéraux provinciaux qui ne sont pas d'accord
avec la position qu'a prise, lors de la motion, le Parti libéral
québécois, en novembre dernier: ils peuvent bien venir le dire
ici. Pourquoi? Est-ce parce qu'ils sont membres de votre parti qu'ils
n'auraient pas le droit de dire qu'ils ne sont pas d'accord avec l'attitude
négative que vous avez eue à l'égard du Québec?
Pourquoi auriez-vous la vérité et que les citoyens qui sont dans
d'autres groupes... Parce que le débat est avancé? Parce que le
train est en train d'entrer en gare? Parce qu'on annonce déjà la
guillotine à Ottawa? Parce que les sondages - ah! - depuis novembre
auraient conduit le Parti libéral à croire que ce qu'il
approuvait comme initiative du premier ministre du Québec, ce que le
chef de l'Opposition a approuvé comme initiative, la convocation de la
commission de la constitution, devient gênant maintenant que votre
opposition a été connue, qu'elle a été
désapprouvée par les citoyens du Québec, qu'on n'a pas
compris pourquoi vous avez laissé tomber le Québec au moment
où on aurait souhaité que vous vous opposiez avec nous au
gouvernement du coup de force?
Je pense répondre à des arguments qui veulent dire qu'il
n'est ni trop tard - je reprends les arguments du député de
Saint-Laurent - ni inutile que les citoyens du Québec, qui ont
déjà fait connaître leurs opinions par écrit au
Secrétariat des commissions, aient l'occasion de le dire au vu et au su
de tout le monde. On dit: Ce n'est pas une décision sage dans ;votre
instinct stratégique - je reprends les mots du député de
Saint-Laurent - parce que vous ne soulèverez pas l'apathie de la
population par ce genre de sujet là.
Voici la différence entre novembre et février: c'est que
l'apathie de la population, qui était peut-être un fait sur lequel
vous avez capitalisé pour pouvoir jouer sur les deux tableaux au moment
de la motion, alors que vous avez pensé pouvoir répéter le
coup de mai où, la dernière fois, non voulait dire oui, que vous
avez voulu dire que votre oui à Trudeau, ici, à
l'Assemblée voulait dire, au fond, un non et essayer de couvrir tous les
terrains à la fois, cette apathie de la population à
l'égard de la question constitutionnelle - je pense que c'est
probablement la volte-face que vous expliquez sur l'opportunité de
convoquer cette commission ce matin - vous vous rendez bien compte qu'elle
n'est plus telle. (13 heures)
Justement, les gestes commis par le gouvernement du Québec depuis
novembre dernier et je dirais même l'espèce de
méli-mélo de votre propre position ont considérablement
contribué à attirer l'attention du Québec qui était
apathique en novembre dernier, mais qui, aujourd'hui, est très vigilante
sur cette question. D'ailleurs, toutes les populations provinciales du pays, y
compris celle des provinces qui se sont vendues au gouvernement
fédéral sont majoritairement défavorables à ce que
Trudeau est en train de faire, y compris celle du Québec. Elle n'est pas
apathique; elle a envie de s'informer; elle suit très attentivement les
débats qui ont lieu à la télévision sur ce sujet.
Répétez-le tant que vous le voulez que la population du
Québec
est apathique à ce sujet? je pense que tout le monde est
très conscient dans son comté actuellement qu'on se fait poser
beaucoup de questions sur ce sujet. Témoin, votre conseil
général d'il y a quelques jours, quelqu'un a proposé que
les députés fédéraux soient exclus de toute la
campagne électorale libérale provinciale. Selon les journaux,
cela a donné lieu à une ovation debout. Vous êtes
parfaitement conscients que la population n'est pas apathique à ce que
les députés fédéraux libéraux sont en train
de faire au Québec et là, vous ne voulez plus les avoir comme
alliés sur les estrades. Ils étaient très utiles au mois
de mai dernier, lorsqu'ils sont venus vous sauver à coups de fausses
promesses que vous n'aviez même pas vérifiées ou alors dont
vous étiez complices. C'est l'histoire qui le dira, mais ils
étaient très utiles, ils ont permis de faire des beaux
ralliements. Maintenant, vous ne les voulez plus, ils vous embarrassent, ils
vous font honte, même si vous savez que vos propres militants travaillent
pour eux aussi, lorsque c'est leur tour d'aller en élection. Ils vous
font honte, parce que vous savez que la population n'est pas apathique à
ce qu'ils sont en train de faire. En ce sens que si vous croyez qu'il y a une
grosse cote d'écoute du témoignage de la population devant les
parlementaires provinciaux...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader, excusez-moi. A moins d'un consentement unanime, on est obligé de
suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures.
M. Charron: Je termine une phrase, M. le Président. Je
crois que l'argument de l'apathie de la population sera battue en brèche
par le fait que la population suivra très attentivement les travaux de
cette commission. Mes collègues, au cours de la séance de cet
après-midi, auront l'occasion d'expliquer pourquoi l'autre commission -
je n'ai parlé que de celle-là puisque ce n'est que de
celle-là qu'a parlé le député de Saint-Laurent -
concernant le plan d'équipement et développement de la
société Hydro-Québec, aussi, à notre avis sera
très largement suivie par la population. C'est pourquoi je propose que
cette résolution, M. le Président, de télévision
expérimentale des commissions parlementaires ait lieu en février
1981.
Réactions
M. Forget: Si on me permettait, évidemment de
consentement, puisqu'on est rendu à 13 heures, nous avons un très
bref exposé à faire, et à moins qu'on sente le besoin de
débattre de cette question tout l'après-midi, étant
donné votre décision, je pense que la commission peut disposer de
son travail assez rapidement, de manière qu'on n'ait pas besoin de
revenir à 15 heures.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
comprends qu'un autre député voudrait intervenir.
M. Charron: Cela irait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le hasard veut que je sois
membre de la sous-commission qui - je viens de l'apprendre de votre bouche, ce
matin - a été créée par la commission de
l'Assemblée nationale et non pas par l'Assemblée nationale. Votre
affirmation disant qu'il s'agit de deux questions distinctes,
c'est-à-dire que le mandat confié à la sous-commission n'a
rien à voir avec la motion qui est débattue ce matin ici,
qu'elles peuvent être traitées entièrement
séparément, je dois vous avouer, l'ayant acceptée...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Saint-Laurent, vous m'excuserez, je n'ai pas fait une
affirmation dans ce sens, j'ai posé la question.
M. Forget: Vous avez dit qu'il s'agit de deux questions
différentes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): J'ai
dit: Ne s'agit-il pas de deux mandats différents? J'ai posé la
question. Je n'ai pas fait d'affirmation.
M. Forget: En l'absence de toute affirmation de votre part, il
reste que, comme vous acceptez de considérer la motion d'aujourd'hui
comme étant sans conséquence par rapport à l'autre mandat,
je dois constater, M. le Président - chacun est libre de tirer ses
propres conclusions - que cette sous-commission, dont j'ai été
membre, a perdu sa raison d'être. En effet, nous croyions tous, le 19
décembre, que l'Assemblée nationale avait chargé cette
sous-commission, via cette commission, de nous énoncer les principes qui
serviraient de base aux décisions devant être prises quant
à la télédiffusion des débats et des travaux des
commissions parlementaires. Voici que, sans comprendre exactement comment, on
se rend compte que la décision que vous avez prise aujourd'hui de
permettre ce débat, de le juger recevable, l'affirmation que vous avez
faite que vous seriez mal à l'aise de ne pas donner suite aux
délibérations qui ont lieu aujourd'hui à cette commission
parlementaire, avec l'addition que. je ne comprends pas que, tout en
étant mal à l'aise, vous ne vous sentez pas légalement
obligé... C'est une
distinction qui apporte un élément nouveau dans
l'interprétation des règlements, je ne sais pas quel est l'avenir
qui est réservé à cette distinction, M. le
Président, il faudra distinguer les choses qui lient le président
et les choses qui rendent le président mal à l'aise, les choses
qui le laissent totalement indifférent) je ne comprends pas cette
distinction, je pense qu'elle fait appel à un effort d'imagination qui
dépasse mes faibles capacités, M. le Président. Je ne sais
pas ce que vous voulez dire quand vous dites que vous seriez mal à
l'aise et que vous n'êtes pas obligé.
Je préfère conclure que vous vous sentirez obligé
d'accepter et que vous donnerez effectivement suite aux
délibérations de la commission parlementaire de
l'Assemblée nationale qui vide en partie de sa substance les travaux qui
ont été confiés à la sous-commission,
d'élaborer des règles et des procédures qui permettraient
de faire un choix.
Le leader du gouvernement a dit tout à l'heure qu'il ne pouvait
pas comprendre, qu'il refusait de croire que, en insistant, comme mon
collègue l'a fait, sur le principe de l'unanimité, l'Opposition
prétendait qu'il y avait un veto pour chaque parti
représenté à l'Assemblée nationale quant aux
règles ou à l'évolution des règles en vertu
desquelles nos travaux se font. Je dois donc, en ajoutant tous ces propos,
conclure que nous avons effectivement ou que nous aurons, lorsque la commission
parlementaire d'aujourd'hui aura terminé ses travaux et que vous aurez
agi en conséquence, un nouveau processus de détermination du
choix. Il y a un précédent qui sera créé. J'en
prends bonne note. Je pense que ce sera très intéressant pour
l'avenir. Le leader du gouvernement peut à tout moment, à la
commission de l'Assemblée nationale, proposer que telle ou telle
commission parlementaire ait ses travaux télévisés. Comme
il jouit automatiquement d'une majorité, comme le président nous
a déclaré qu'il se sentirait mal à l'aise de ne pas
obéir à un voeu majoritaire, mais non pas unanime, de la
commission de l'Assemblée nationale, on doit donc conclure que par ce
moyen indirect le leader du gouvernement, à tout moment, pourra
désormais dire que telle commission parlementaire sera
télévisée et telle autre pas. Je n'ai pas d'autre moyen de
conclure, M. le Président, je n'ai aucun autre moyen de conclure. Vous
venez de dire que l'Assemblée nationale, par sa commission de
l'Assemblée nationale, a le pouvoir de prendre ces décisions, que
même s'il y a une résolution devant l'Assemblée nationale
voulant que les procédures soient élaborées, on met cela
de côté, on prend des décisions sur des cas
d'espèce, et que vous vous sentirez effectivement sinon
légalement lié, qu'effectivement vous donnerez suite à des
voeux majoritaires, donc impliquant un désaccord entre les partis
d'Opposition.
Je remarque que le leader du gouvernement s'indignerait qu'un parti
d'Opposition prétende à un veto. Il n'y a pas 22,000
interprétations possibles à tout cela. Nous avons
désormais une règle qui nous dit comment seront choisis les
travaux des commissions parlementaires qui doivent être
télédiffusées. Qu'on m'indique une interprétation
contraire sur la base de ce qui vient d'être dit ce matin, je ne peux pas
en trouver. Je dois donc conclure que la mission qu'on avait confiée
à la sous-commission de l'Assemblée nationale est sans objet, que
nous avons désormais une règle, qu'on se prépare à
l'appliquer. Vous vous préparez à y donner suite, vous ne voyez
pas comment vous ne pourriez pas y donner suite; on doit donc en prendre acte.
Je dois vous annoncer, M. le Président, que je n'ai pas l'intention de
continuer à participer aux travaux d'une sous-commission qui doit
délibérer sur un sujet qui est déjà
décidé et tranché et sur lequel on a déjà
créé un précédent; cela n'a plus
d'intérêt.
Ceci étant dit, M. le Président, comme maintenant on sait
quelles sont les règles du jeu, comme le gouvernement a manifesté
son intention et que nous avons également manifesté notre
position très clairement, nous n'avons pas l'intention de discourir
toute la journée là-dessus. Nous sommes tout à fait
prêts, si le coeur vous en dit et si le coeur en dit au porte-parole du
gouvernement, à accepter que cette motion et toutes les autres du
même genre qui suivraient soient considérées comme
adoptées sur division et à mettre fin aux travaux de cette
commission parlementaire qui a servi son objet, je présume, pour le
gouvernement, étant donné qu'il a acquis le pouvoir de faire ce
que bon lui semble.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je me
sens, à ce stade-ci, M. le député de Saint-Laurent, dans
l'obligation de dire certaines choses, puisque vous avez
interprété de façon très large la décision
que j'ai rendue tout à l'heure. J'ai bien dit que je me sentirais mal
à l'aise - vous pouvez employer l'expression - que je me sentirais
obligé, et non pas lié légalement, de donner suite
à une recommandation majoritaire ou unanime de la commission de
l'Assemblée nationale, à un point tel que, lors de mes
réflexions il y a quelques minutes, je me suis même posé
personnellement la question à savoir si je ne serais pas passible d'une
motion de blâme s'il fallait que la présidence rejette du revers
de la main, de façon nécessaire et obligatoire, une
recommandation majoritaire ou unanime de la commission de l'Assemblée
nationale. En tout cas, je peux vous dire que je me suis posé cette
question. Je peux vous dire aussi que
j'ai dit tout à l'heure qu'en attendant que la sous-commission
trouve des mécanismes permanents je me sentirais mal à l'aise -
je vais employer une autre expression - je me sentirais obligé de donner
suite à une recommandation non pas de n'importe quel organe, mais de la
commission de l'Assemblée nationale, qui tient son pouvoir de
l'Assemblée nationale elle-même.
Je termine là-dessus. Je ne me sens pas légalement
obligé, mais je me sens obligé moralement d'y donner suite,
à un point tel qu'une motion de blâme pourrait même
être envisageable si un président ne donnait pas suite à un
rapport de la commission de l'Assemblée nationale.
M. Charron: M. le Président, si vous me permettez de
conclure, avant le vote enregistré, le vote par appel sur cette motion,
par une phrase. Les affirmations catégoriques du député de
Saint-Laurent selon lesquelles nous venons d'instituer le mécanisme de
choix de la télédiffusion des commissions parlementaires est
absolument faux. Le texte de cette motion porte qu'à titre
expérimental il s'agit de deux commissions parlementaires. J'indique
tout de suite, M. le Président, que l'expérience de deux
commissions parlementaires devrait suffire pour que nos collègues,
membres de la sous-commission, puissent nous indiquer le mécanisme
effectif que j'aurais utilisé s'il avait été trouvé
par la sous-commission à laquelle je me serais adressé, tout
comme n'importe quel parti politique qui souhaite la
télédiffusion d'une commission parlementaire pourrait s'y
adresser et respecter sa décision sur un mécanisme, s'il avait
été établi.
Peut-être que cette expérience permettra à la
sous-commission, qui a reçu ce mandat, de nous indiquer le
mécanisme qui devrait présider par la suite au choix des
commissions parlementaires à être télévisées,
mais la commission parlementaire de l'Assemblée nationale où,
unanimement ou majoritairement, la question est tranchée ne
m'apparaît pas le mécanisme indiqué pour le choisir. Je le
dis tout de suite aux collègues, membres de la sous-commission. Si ce
mécanisme devait être celui qui nous est recommandé, comme
au député de Saint-Laurent, il ne m'apparaît pas
adéquat. En conséquence, j'espère bien que les travaux de
la sous-commission de l'Assemblée nationale feront que nous trouverons
ce mécanisme, que l'un et l'autre parti politique l'utiliseront et que,
l'expérience de la télédiffusion de deux commissions
parlementaires étant terminée, il ne sera jamais plus
utilisé.
M. Forgets M. le Président, on parle de projet
expérimental. S'il y a quelque chose qui est mis à l'essai dans
le moment, ce n'est pas la télédiffusion à
l'Assemblée nationale, ce n'est même pas, comme vous l'avez dit
vous-même, la télédiffusion d'une commission parlementaire,
puisque les vendredis, ça se fait depuis deux ans et que plusieurs
commissions parlementaires ont été
télévisées. S'il y a une chose dont on fait
l'expérience, c'est d'un mécanisme de décision; c'est tout
ce qui est mis à l'essai. Que ce soit techniquement possible de
téléviser des commissions parlementaires, on le sait depuis des
années. Et si on avait quelques doutes à ce sujet, on n'aurait
qu'à le demander à des techniciens qui, apparemment, ont fait une
expérience en vase clos et qui en sont venus à la conclusion, qui
était d'ailleurs fort prévisible, qu'il est techniquement
faisable de téléviser des commissions parlementaires.
L'expérience, de ce côté, est absolument inutile.
Nous n'en avons pas besoin; nous savons exactement que c'est tout à fait
possible, techniquement, de télédiffuser non seulement les
commissions parlementaires, mais tout ce qu'on voudra; on le voit tous les
jours à la télévision. S'il y a une chose que l'on
expérimente aujourd'hui, c'est un mécanisme de décision.
On crée un précédent par lequel le leader du gouvernement,
par un mécanisme ou un autre, décide de ce qui sera
télédiffusé et de ce qui ne le sera pas. (13 h 15)
Et je vois une belle hypocrisie de la part du gouvernement qui dit: On
utilise ce mécanisme de décision, mais on reconnaît que ce
n'est pas le bon mécanisme de décision. Alors, pourquoi, M. le
Président, ce gouvernement, en face d'une résolution vieille de
deux ans n'a-t-il pas songé à convoquer qui que ce soit,
où que ce soit, ni même à en faire quelque proposition que
ce soit d'un autre mécanisme avant jeudi dernier, date qu'il a choisie
lui-même, comme de propos délibéré, pour pouvoir
dire que cela n'allait pas assez vite?
Si le leader du gouvernement était si pressé, pourquoi ne
s'est-il pas mis à l'oeuvre il y a un an, il y a un mois ou il y a six
mois? Quelle est cette soudaine découverte d'une urgence, alors qu'on
s'ouvrait très bien...
M. Charron: Personne ne l'avait demandé.
M. Forget: ...et vous ne l'avez pas prévu.
M. Charron: Je ne l'ai pas demandé non plus.
M. Forget: Si vous ne l'aviez pas prévu, subissez le
fardeau de cette imprévision et ne l'imposez pas aux autres.
M. Charron: Quand le président de l'Assemblée
nationale a reçu la demande de
l'Union Nationale, c'était la première fois, formellement,
à l'Assemblée, qu'un parti politique, quel qu'il soit, demandait
au président de se prévaloir de l'autorité qui lui est
reconnue dans la motion unanime de l'Assemblée d'avril 1978. Jamais
personne ne l'avait demandé auparavant.
M. Forget: Alors, comment se fait-il qu'on a été
convoqué seulement le 22 janvier, plutôt que le 6? Comment se
fait-il qu'à cette commission parlementaire le gouvernement n'avait
aucune proposition, aucun projet d'amendement à nos règlements,
de manière au moins à avoir quelque chose à discuter? Il a
fallu demander, il a fallu élucider les problèmes de
procédure qui étaient soulevés. On n'avait rien
pensé; on n'avait rien prévu; on voulait tout simplement dire: le
22, on n'a pas eu les solutions miracle auxquelles le gouvernement
lui-même n'avait pas songé et on prend prétexte de cela
aujourd'hui pour créer un précédent d'un mécanisme
de décision qui, encore une fois, est la seule chose qu'on
expérimentera. On va trouver que cela fonctionne, M. le
Président. C'est un mécanisme de décision très
efficace que le leader du gouvernement puisse décider de tout au
Parlement. Cela a été prouvé, cela aussi, depuis
longtemps. On en a une longue habitude, et si cela s'applique à un
nouveau secteur, on va se rendre compte que cela fonctionne. Donc, la
sous-commission pourra se borner à dire, dans deux exemples: Le leader
du gouvernement a décidé ce qui serait
télévisé, quand, comment et pourquoi. Cela a
fonctionné très bien, parce que cela a effectivement
été télévisé, en dépit de l'objection
de ceux qui s'y opposaient et qui étaient par hasard de l'Opposition
officielle. Donc, on peut utiliser cela à l'avenir, comme méthode
de décision, quelles que soient les protestations hypocrites qu'on
voudrait dans un monde idéal, un autre régime, pour
décider de ces questions-là.
M. le Président, nous n'avons plus rien à faire ici. Que
le gouvernement décide tout seul, puisqu'il veut décider tout
seul.
Mise aux voix de la motion
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que la motion du leader du gouvernement sera adoptée?
M. Goulet: Vote enregistré, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Bertrand (Vanier).
M. Bertrand: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Charron (Saint-Jacques).
M. Charron: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Chevrette (Joliette-Montcalm), Mme Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges).
Mme Cuerrier: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Dussault (Châteauguay).
M. Dussault: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Goulet (Bellechasse).
M. Goulet: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Jolivet (Laviolette).
M. Jolivet: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Forget (Saint-Laurent).
M. Forget: Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Levesque (Bonaventure).
M. Levesque (Bonaventure): Contre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Brassard (Lac-Saint-Jean).
M. Brassard: Pour.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M.
Richard (Montmorency), M. Vaillancourt (Jonquière). Je ne vote pas.
Abstention. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept. La motion est
adoptée huit à deux.
M. Charron: Je propose l'ajournement de la commission, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Adopté.
(Fin de la séance à 13 h 20)