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(Douze heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation se réunit aujourd'hui pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 1, Loi sur la Société du Parc des expositions
agro-alimentaires. Les membres de cette commission sont: M. Baril (Arthabaska):
M. Beaumier (Nicolet): M. Beauséjour (Iberville): M. Dubois
(Huntingdon): M. Dupré (Saint-Hyacinthe): M. Gagnon (Champlain): M.
Houde (Berthier): M. Le May (Gaspé): M. Lévesque
(Kamauraska-Témiscouata): M. Maltais (Saguenay): M. Mathieu
(Beauce-Sud): M. Picotte (Maskinongé): M. Proulx (Saint-Jean): M.
Vallières (Richmond): et M. Garon (Lévis). M. le
secrétaire va donner les remplacements.
Le Secrétaire: Les remplacements sont: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue), en remplacement de M. Beaumier (Nicolet):
M. Assad (Papineau), en remplacement de M. Houde (Berthier): et M. Lincoln
(Nelligan), en remplacement de M. Mathieu (Beauce-Sud).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. ie ministre, est-ce qu'il y a des
commentaires préliminaires avant l'étude article par article?
M. Garon: Je préférerais ne pas faire de
commentaire pour qu'on puisse commencer plus tôt l'étude article
par article et répondre aux questions qui se poseront à
l'étude de chacun des articles.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Contrairement au
ministre, j'aurai des commentaires préliminaires et j'ai l'intention de
prendre le temps qu'il faut pour les faire, le temps qui m'est alloué,
évidemment, par le règlement. M. le Président, nous sommes
appelés, aujourd'hui - hier, plus précisément - pour la
première occasion, à étudier un projet de loi qui
s'appelle le projet de loi 1.
Vous vous souviendrez sans doute que, selon les délais
prévus par nos règlements, cette loi a été
déposée à l'Assemblée nationale au moment où
elle devait être déposée, selon des délais
prévus, nous en convenons. Dans l'organisation des travaux de cette
commission, de cette Chambre, il est prévu aussi que, normalement, on
doit, d'une certaine façon, étudier de façon logique ces
lots. C'est-à-dire que la deuxième lecture a lieu à un
moment donné, par la suite, il y a l'étude article par article,
la prise en considération du rapport et la troisième lecture.
Généralement, pour tous les projets de loi, nous sommes
appelés à regarder ces projets de loi, au moins, sur une
période minimale de quatre jours, cinq jours, la plupart du temps; c'est
le minimum, sauf quand il y a débordement et consentement de
façon générale. Cependant, même si le ministre a
invoqué que cette loi était déposée selon le temps,
je pense que - et c'est pour cela que nous l'avons souligné, hier, et
nous allons le rappeler à toutes les occasions où il nous sera
permis de le rappeler - normalement, s'il y avait eu prévoyance et si le
ministre voulait à tout prix voir adopter son projet de loi, il n'avait
qu'une seule chose à faire, c'était de convaincre son leader que
cette loi soit appelée de façon normale, en temps et lieu,
c'est-à-dire la semaine dernière. Elle aurait pu être
appelée la semaine dernière. Elle aurait même pu, M. le
Président, faire l'objet d'une étude dès lundi de cette
semaine. Selon les étapes normales, lundi, nous aurions fait la
deuxième lecture; mardi, nous aurions procédé à
l'étude article par article, en commission parlementaire, ce que nous
commençons aujourd'hui; mercredi, nous aurions pu prendre
considération du rapport et jeudi, dans des délais normaux - ce
qui se passe dans tous les autres projets de loi - on en serait arrivé
à l'étape de la troisième lecture. Nonobstant le
désir de chacune des formations politiques de voter comme bon lui semble
et nonobstant le désir de chacun des députés de voter
à sa guise, bien, on n'aurait pas eu besoin, d'aucune façon,
même avec un désir contraire de l'Opposition d'adopter une loi
semblable à celle-là, M. le Président, d'un consentement
officiel pour tâcher de dire que la troisième lecture est faite de
ce projet de loi là et on aurait procédé à aller
sanctionner le projet de loi au bureau du lieutenant-gouverneur, de la
même façon. Ce n'est pas cela qui s'est passé, M. le
Président.
On en voit, présentement, des projets de loi qui sont
appelés à l'Assemblée nationale. Entre autres, ce matin,
je pense qu'il y avait le projet - j'hésite à nommer le
numéro - 229, un projet de loi d'ordre privé, pour la ville de
Sainte-Foy, où, de consentement unanime, M. le Président, les
gens vont essayer, j'imagine, dans le courant de cette journée ou, au
plus tard, d'ici demain, demain soir, à l'ajournement de la session,
d'adopter ce projet de loi par consentement mais, M. le Président, cela
n'engage pas les fonds qu'on engage à l'intérieur de ce projet de
loi.
Malheureusement, n'en déplaise au ministre ou à qui que ce
soit, on a essayé par tous les moyens possibles et impossibles, au
propre bureau du ministre, d'avoir des renseignements sur ce projet de loi.
J'ai même parlé au ministre, vendredi dernier, qui m'a dit: Viens
donc m'en parler lundi. Lundi, M. le ministre n'était pas là.
C'est lui-même qui m'a dit de lui en parler lundi alors qu'il
n'était pas là. On lui a dit: On sait très peu de choses
de votre projet de loi; si vous avez vraiment l'intention de le voir adopter
vous devriez, normalement, avoir une collaboration peut-être un peu plus
efficace que celle qu'on a eue à ce joui de la part des officiers du
ministère. Evidemment, le ministre et son cabinet, ses fonctionnaires et
tout le monde peuvent bien, s'ils le veulent, garder secrets ou garder pour eux
les détails du projet de loi; je ne conteste pas cela. Il ne faut pas
que le ministre se surprenne si, après avoir essayé d'obtenir
plusieurs renseignements de part et d'autre, à son bureau, de
lui-même et d'autres personnes, à la dernière minute, alors
qu'on veut passer ça à la hâte, alors qu'on nous demande
consentement sur ron-sentement... On lui dit simplement: On n'a pas eu
suffisamment de détails, M. le ministre, et on a étudié
cela trop tard. Cela a été apporté trop tard. Je me suis
informé au leader, je m'inquiétais de ce projet de loi depuis
déjà un certain temps, quand ce projet de loi pouvait être
appelé. Le leader m'a dit, ou son représentant, qu'il serait
appelé mercredi ou jeudi de la semaine dernière. Je me suis dit,
si c'est comme cela, cela va suivre les étapes normales et on va pouvoir
possiblement adopter ce projet de loi à temps.
Pas tellement longtemps après - je pense que c'est le lendemain -
nous avions une réunion de la sous-commission agricole et j'avais
l'occasion de discuter avec un membre du personnel du bureau du ministre. Je
lui faisais part qu'on allait étudier ce projet de loi cette semaine et
la personne du bureau du ministre me répondait: Non, ne comptez pas que
ce sera appelé cette semaine; ce sera peut-être appelé - on
me disait peut-être à ce moment-là - la semaine prochaine
en parlant de cette semaine.
Donc, vous conviendrez, M. le Président, que jusqu'à jeudi
passé on me disait même au bureau du ministre que peut-être
ce serait appelé cette semaine, sans être trop sûr. Ce sont
les informations que j'ai obtenues de façon exacte du bureau du
ministre. Même si le ministre dit non, il n'a qu'à s'informer
auprès de son personnel et on lui dira que c'est ce qu'on m'a dit. C'est
exactement ce qu'on m'a mentionné.
M. Garon: Question de privilège, là-dessus.
M. Picotte: Le ministre prendra la parole quand j'aurai fini.
M. Garon: Le député lui-même vient de dire
que j'ai dit que j'étais prêt à le rencontrer lundi pour se
préparer pour le projet de loi qui devait être
étudié mardi. Je lui ai dit moi-même qu'il serait
étudié cette semaine alors qu'il dit qu'il a parlé
à quelqu'un du personnel de mon cabinet qui lui aurait dit autre chose.
Je le lui ai dit personnellement alors, il faut au moins qu'il accorde ses
flûtes.
M. Picotte: Je lui soulignais que jeudi passé - si le
ministre veut s'ouvrir les oreilles, il va comprendre - j'ai demandé
à quelqu'un de son personnel si le projet de loi allait être
appelé cette semaine. Jeudi dernier, on me disait que ce n'était
pas encore définitif, qu'on ne le savait pas trop. Cela, c'est jeudi
passé et c'est exactement ce que je vous mentionnais. Vendredi
passé, exactement vers 13 h 15 ou 13 h 30, j'ai rencontré le
ministre à la porte de la bibliothèque, ici, au parlement, et
j'ai dit au ministre: Écoute, si tu veux avoir ton projet de loi,
j'aimerais savoir quelque chose là-dessus; peux-tu nous renseigner? Il a
dit: Ce n'est pas si pire que cela, c'est quelque chose qui devrait être
pas pire. Dans son style habituel. Il m'a dit: Si tu veux m'en parler, lundi,
en Chambre, fais-y moi penser. Si tu veux m'en parler lundi, en Chambre, je
pourrai t'expliquer les détails et on devra procéder après
cela à l'étude.
J'ai dit: Très bien. Lundi, j'étais là. Je suis
arrivé en Chambre et, malheureusement, le gars, qui m'avait dit de lui
faire penser de parler de son projet de loi, n'était pas là.
Lundi, on n'a pas eu plus de détails. On avait essayé et on avait
espéré en obtenir depuis déjà quinze jours. C'est
donc dire que nous nous sommes inquiétés bien avant que le
ministre s'en inquiète hier, de l'appel de son projet de loi. On aurait
été heureux, pour les raisons que l'on a évoquées,
de participer à l'étude de ce projet dans son ensemble si les
délais normaux avaient été respectés.
Malheureusement, ce n'est pas le cas et c'est la raison pour laquelle je me
propose, en terminant mon intervention, puisqu'il est 13 heures, de vous
demander la suspension du débat. J'aurai d'autres explications à
vous donner et je demande la suspension du débat.
M. Garon: Il reste une minute.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Puisqu'il faut revenir à 15 heures
et même s'il reste une minute, comme l'indique ma montre, nous allons
suspendre les travaux, M. le ministre, selon la demande du député
de Maskinongé.
M. Garon: En comptant cette minute sur le temps du
député de Maskinongé parce qu'il ne veut pas la
prendre.
M. Picotte: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que les questions de règlement ne sont pas comptées sur
le temps du député de Maskinongé et je peux prendre une
minute pour faire une question de règlement. Le temps qui est
alloué au député de Maskinongé pour son droit de
parole, c'est le temps qu'on lui accorde pour parier du projet de loi. Je pense
que, s'il y a une minute de grâce quelque part, elle n'a à
être attribuée à personne. Si le ministre veut la prendre
sur son temps, je n'ai pas d'objection, s'il a cette
générosité mais, moi, je ne me sens pas la
générosité de vous la donner.
M. Garon: M. le Président, il faut dire une chose, tes
débats ont commencé à peu près avec trois quarts
d'heure de retard parce qu'on a attendu l'Opposition, et ils font des mesures
dilatoires; après cela, ils veulent finir les débats avant le
temps. Alors, M. le Président, comme le projet de loi l'indique, c'est
le projet 1, c'est le premier qui a été déposé
à l'Assemblée nationale cet automne. L'Opposition, qui a eu,
à part cela - ils en ont fait état dans leurs discours hier - des
ententes en discussion entre le gouvernement du Québec et la ville de
Montréal, des projets d'immobilisation, parce qu'ils en ont
mentionné une partie de la teneur, est très bien informée
du projet sauf qu'elle le trouve trop bon; elle a peur qu'il fasse trop plaisir
à la population et elle essaie d'empêcher qu'il se réalise.
Le Parti libéral n'a pas pour objet d'aider la population; il
espère qu'elle va avoir le plus de misère possible pour que les
gens soient mécontents du gouvernement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission permanente de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h 57)
Le Président (M. Tremblay): La commission de
l'éducation reprend ses travaux et le mandat de la commission...
Une voix: De l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation.
Le Président (M. Tremblay): De l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation. J'avais dit quoi?
Une voix: De l'éducation.
Le Président (M. Tremblay): C'est parce que je l'ai
présidée pendant un certain temps. J'espère que votre
commission va pouvoir s'entendre plus rapidement que cela a été
la cas dans l'éducation. Le mandat de la commission est de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 1, Loi sur la Société du Parc des expositions
agroalimentaires. On me dit que la parole était au représentant
de l'Opposition. J'imagine qu'il avait terminé son intervention.
J'appelle l'article 1.
M. Gagnon: Question de règlement. Je pense qu'on devrait
attendre quelques minutes encore ou essayer de retrouver le critique officiel
du Parti libéral.
Le Président (M. Tremblay): Combien de temps? Est-ce que
vous avez un temps limite?
M. Gagnon: Je ne sais pas, mais je pense que ce serait juste le
"fair play" de permettre à M. Picotte de finir son intervention.
Une voix: On pourrait demander aux policiers de le trouver.
Le Président (M. Tremblay): Alors...
M. Lincoln: Si vous voulez passer à l'article 1, je vais
parler pendant 20 minutes pour les remarques préliminaires parce que,
lui, il lui reste 19 minutes de son temps.
M. Gagnon: Il lui reste 10 minutes.
M. Lincoln: Il reste 10 minutes. Il a des choses à
dire.
Le Président (M. Tremblay): Je veux juste
interpréter la volonté des membres de la commission. Si les
membres de la commission me demandent...
M. Gagnon: Moi, je vous suggère
d'attendre. On a ouvert la commission, mais qu'on suspende pour une
dizaine de minutes, peut-être, pour retrouver le critique officiel.
Le Président (M. Tremblay): Je ne peux pas prendre sur moi
que c'est pour 10 minutes ou pas. Vous avez à me faire une proposition
ferme. Si vous me dites que c'est pour 10 minutes, je vais dire que j'ajourne
pour 10 minutes s'il y a consentement.
M. Gagnon: Êtes-vous d'accord avec 10 minutes?
Jusqu'à 16 heures 10? Il arrive.
Le Président (M. Tremblay): Nous nous préparions,
M. le député de Maskinongé, à ajourner pour laisser
le temps...
Une voix: De suspendre.
Le Président (M. Tremblay):... de vous rejoindre. Si vous
êtes prêt, je vous remets immédiatement la parole. Il vous
restait un temps de parole de 10 minutes.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Effectivement, je dois
vous dire que j'ai rencontré votre prédécesseur dans le
corridor, tantôt, qui m'a fait part que le ministre était en train
de "luncher". C'était ce même ministre, d'ailleurs, qui disait
avant l'ajournement de 13 heures que l'Opposition retardait les travaux. Je
pense que c'est coutumier de la part de ce ministre d'être toujours en
retard dans les débuts de commission. De toute façon, j'ai
pris...
Une voix: Est-ce qu'on pourrait passer à la partie...
M. Picotte: Oui, oui, j'y arrive.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le ministre.
M. Garon: Je dois dire que ce matin on a attendu l'Opposition
pendant une heure de temps.
Le Président (M. Tremblay): Cela va, M. le ministre.
M. Garon: Il faudrait arrêter de raconter des
mensonges.
Le Président (M. Tremblay): On va laisser la parole...
M. Garon: Ils sont arrivés à 12 heures 50 ce
matin.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, s'il vous
plaît! M. le député de Maskinongé, sur vos remarques
préliminaires.
M. Picotte: Le ministre qui parle de ceux qui racontent des
mensonges, comme champion menteur il est difficilement battable, M. le
Président.
M. Garon: Vous avez même été sorti de la
Chambre parce que vous êtes menteur.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Maskinongé et M. le ministre, je vous rappelle à l'ordre et je
vous demande que l'on passe immédiatement à nos travaux. Le
député de Maskinongé a la parole pour une période
de dix minutes.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je disais donc, comme
c'est l'habitude du ministre, qu'il est souvent en retard et que cela a
été la même chose pour son projet de loi,
c'est-à-dire qu'il l'a déposé à temps
uniquement.
M. Garon: Le projet de loi 1.
M. Picotte: Mais, à partir de ce moment-là, je
pense que nous avons été à même de constater que ce
projet de loi 1, qui devait être étudié, aurait très
bien pu l'être de façon normale, c'est-à-dire qu'il y a une
semaine ou une semaine et demie on aurait déjà pu appeler ce
projet de loi.
Nous nous sommes interrogés amplement sur ce projet de loi. Nous
avons tenté, tel que je l'ai déjà souligné et je
pense qu'il est important que je le répète, par tous les moyens
possibles d'avoir, comme cela se passe souvent avec certains autres ministres,
comme cela se passe souvent avec certaines autres lois, comme cela se passe
souvent en guise de collaboration avec plusieurs parlementaires, au moins les
éléments de base pour être en mesure de concourir - si le
fait devait être que nous devions y concourir - à ce projet de loi
et qu'il y ait des collaborations qui s'instaurent entre les différents
parlementaires. Malheureusement, nous n'avons pas eu cette collaboration. C'est
à regret qu'on doit le souligner.
J'aurais même apprécié, en ce qui me concerne, que
le ministre me dise la semaine dernière, quand je lui ai parlé
vendredi dernier: Écoute, c'est possible qu'on soit obligé de
vous demander certains consentements sur ce projet de loi parce qu'il y a tel
détail ou tel problème qui fera en sorte qu'on ne pourra pas
l'appeler suffisamment rapidement. Vous savez, quand cela fait huit ans qu'on
siège dans ce Parlement - là, je fais référence au
ministre - on sait très bien que, pour adopter un projet de loi, cela
prend une journée pour étudier au moins la deuxième
lecture et, par la suite, il faut, avant d'aller en commission, attendre une
autre séance. Il faut, après être allé en
commission, attendre une autre séance pour considérer le rapport.
Ensuite,
après avoir pris le rapport en considération, il faut
attendre à la prochaine séance pour faire la troisième
lecture. Cela fait quatre séances. Quatre séances font quatre
jours, dans notre tradition parlementaire, quand c'est la voie normale.
Si le ministre m'avait dit: On a des problèmes particuliers...
Parce que j'estime qu'il a dû avoir des problèmes particuliers,
qui sont autre chose que des discussions sur les virgules, j'imagine, avec la
ville de Montréal. Cela ne doit pas être les questions de virgules
ou les changements de mots qui ont fait en sorte que cela a été
retardé jusqu'à ce point. De toute façon, on n'a jamais su
s'il y a eu des problèmes majeurs qui ont fait qu'on soit obligé
de se dispenser des règles normales de la Chambre ou de
l'Assemblée nationale. Tout le monde sait ça. Tout le monde
étudie ses projets de cette façon-là.
Même si le ministre avait réalisé en cours de route
- cela va bien plus loin que ça - s'il s'y était pris à
temps, que l'Opposition voulait faire un "filibuster", ce qui n'est pas notre
intention, même si le ministre avait réalisé cela en cours
de route, s'il s'y était pris il y a une semaine, il pouvait se
prévaloir des règles de l'Assemblée nationale pour imposer
la motion de clôture. Un de ses collègues l'a fait. Cela fait des
dizaines de fois qu'on le fait avec ce gouvernement. Alors, il n'y a rien de
sorcier là-dedans. Tout le monde sait ça, quand cela fait un
mandat qu'on passe ici à l'Assemblée nationale. Donnons-nous la
chance, tout le monde, au moins de dire qu'on vit un mandat pour être
capable de posséder assez bien les us et coutumes de l'Assemblée
nationale. On dit que cela prend au moins un mandat. Bon.
Mais, là, il y a des gens assis en face de moi, cela fait au
moins deux mandats qu'ils sont là et ils connaissent très bien
les règles de la Chambre. L'élémentaire politesse aurait
été, de la part du ministre, d'au moins me signaler qu'il ne
pouvait pas, pour des raisons X ou Y, adopter ce projet de loi dans le temps de
la Chambre, de façon naturelle, c'est-à-dire en respectant les
usages de notre Assemblée nationale. Il aurait pu me dire: Parce que,
justement, il y a des problèmes particuliers, il va falloir vous
demander des consentements et on aimerait les avoir, ces consentements, en
prenant le soin de vous les expliquer, mais il n'y a même pas eu moyen
d'avoir cela du ministre. Peut-être qu'il n'était pas prêt,
peut-être que cela répond à ce que quelqu'un de son cabinet
m'a dit, que ce n'était même pas certain qu'il serait
appelé. Cela est possible. Mais la moindre des choses c'est qu'on puisse
nous dire: On n'était pas sûr qu'on allait l'appeler. Hier, on
aurait pu très bien entendre le ministre nous donner les raisons
fondamentales pour lesquelles ce projet de loi nécessitait des
consentements spéciaux, parce que cela nécessite des
consentements spéciaux, c'est en dehors des règles
établies par la Chambre, c'est en dehors des ententes que chacun, de
chaque côté de la Chambre, y compris les ministériels, y
compris l'Opposition, a faites pour adopter un règlement. Cela s'est
fait de bonne entente, ce règlement, et, parce que cela s'est fait de
bonne entente, j'imagine que c'est cela qu'on devrait faire. Là, il faut
passer outre. Je n'ai pas d'objection à passer outre. J'aurais
aimé en entendre parler et j'aurais aimé savoir le pourquoi et
j'aurais aimé connaître tous ces éléments.
Le ministre veut jouer à la cachette, on prendra le temps qu'il
faut et il aura son projet de loi selon le temps normal et selon les voies
normales. Qu'il blâme qui il voudra, c'est dans le style régulier
du ministre de mettre le blâme sur l'Opposition et sur tout le monde,
cela n'a aucune espèce d'importance pour nous. Il blâmera qui il
voudra, il tiendra responsable qui il voudra mais on connaît très
bien les règles de l'Assemblée nationale. Parce que justement il
n'a pas fait son job à temps, parce que justement il n'a pas
été capable de parler à son leader à temps, parce
que justement son leader et lui n'ont même pas osé faire une
consultation auprès de l'Opposition pour savoir si on était
disposé à chambarder les règlements de la Chambre, les
règlements qu'on vous demande si souvent, M. le Président, de
faire appliquer avec rigueur... Vous savez, vous avez juste à regarder
ce qui se passe à l'Assemblée nationale et, dès la minute
que cela déroge le moindrement, ce qu'on fait c'est qu'on demande
d'appliquer le règlement. Ce règlement qu'on demande d'appliquer
avec rigueur, nous allons l'appliquer avec rigueur, malheureusement, je
regrette. Si on avait eu une meilleure collaboration, peut-être - et je
ne dis pas que c'est une certitude - mais peut-être que le ministre
aurait pu nous dire, en nous donnant de bonnes raisons, qu'il fallait à
tout prix qu'il retarde à ce point mais, vu qu'on n'a pas pu le savoir,
c'est dommage!
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: Le député de Maskinongé ne dit pas
la vérité. Justement, le président a parlé de ces
questions ce matin et il a dit que le principe des travaux parlementaires
repose sur des consentements et c'est seulement en l'absence de consentement
qu'on applique des règlements. À la base même, c'est que le
député de Maskinongé et son parti souhaitent qu'il y ait
le moins possible de lois à adopter pour pouvoir dire que le bilan de la
session n'est pas bon,
alors que le projet de loi 1 - donc, cela a été le premier
déposé - ils l'ont en leur possession depuis le début de
la session et ils savent ce qu'il y a dedans, que c'est un projet de loi pour
former une société qui a les caractéristiques normales
qu'on trouve habituellement dans une société de ce genre au
gouvernement.
Il ne s'agit pas d'articles qui demandent des grands approfondissements.
Quand on dit dans l'article 2: "La société est une corporation",
cela ne prend pas une grande discussion. De même, quand on dit son nom
-elle est instituée à un autre article - la Société
du Parc des expositions agro-alimentaires; cela est un autre article, cela en
fait deux. Il y en a un où on va vous dire où est son
siège social, il y a toute une série d'articles qui sont des
articles véritablement conventionnels. Il n'y a pas d'articles qui font
en sorte que ce projet de loi rencontre des difficultés sur le plan
juridique, sur le plan constitutionnel ou sur le plan institutionnel.
L'Opposition a ce projet entre les mains depuis le 15 novembre,
c'est-à-dire depuis maintenant près de six semaines. Il y a
seulement 40 articles, même en comptant l'article 40 qui dit: "La
présente loi entrera en vigueur à la date fixée par
proclamation du gouvernement. " Il y a une série d'articles que
normalement un parlementaire a vus des centaines de fois au cours de sa vie
parlementaire dans un mandat. En plus, ils ont entre les mains le projet
d'entente - puisqu'ils y ont référé dans leurs discours
hier - entre le gouvernement de Québec et la ville de Montréal.
La dernière version du projet d'entente a été
acceptée à l'unanimité au conseil de la ville de
Montréal. Donc, ils ont ce document que certains de leurs amis leur ont
fourni. Ils ont également la liste des immobilisations envisagées
puisque le député de Nelligan y a fait allusion, hier, dans son
discours.
En plus, quand j'ai rencontré le député de
Maskinongé, la semaine dernière, je lui ai demandé de
communiquer avec moi au cours de la journée de lundi. Ça me fera
plaisir de le rencontrer pour pouvoir discuter de ces questions. Je n'ai pas pu
être présent à la période des questions. Je
n'étais pas encore au bout du monde. Il est arrivé un
décès en fin de semaine et j'ai dû aller à des
funérailles, lundi après-midi. J'ai été absent pour
le temps des funérailles et M. le député de
Maskinongé avait demandé de me rencontrer, comme je lui avais
demandé de me le rappeler lundi, de communiquer avec mon bureau pour
qu'on se fixe un moment de rencontre. Cela m'aurait fait plaisir de le
rencontrer.
Évidemment, cela ne l'intéressait pas non plus.
Aujourd'hui et hier, on a vu qu'il y avait très peu d'orateurs sur le
sujet. On a fait la deuxième lecture dans le temps de le dire parce
qu'il n'y a pas vraiment de députés du Parti libéral qui
se sont intéressés au projet. Même le député
de Saint-Jacques, qui aurait le projet dans son comté, 40 000 000 $ dans
Saint-Jacques, ce n'est pas rien... La population de Saint-Jacques n'est pas la
population la plus riche du Québec. Un montant de 40 000 000 $ de
travaux dans Saint-Jacques, c'est important. On parle de 700 emplois par
année pendant deux ans de construction. On dit qu'il y aurait entre 100
et 200 employés permanents et environ entre 600 et 700 employés
occasionnels par année dans le comté de Saint-Jacques, cela n'est
pas négligeable. J'aurais pensé qu'au moins par esprit de parti
le député de Saint-Jacques aurait pu s'abstenir de voter contre,
M. le Président.
Donc, cela veut dire d'une façon très simple que la
stratégie du Parti libéral est d'être contre le
développement économique pour pouvoir dire après cela que
c'est à cause du gouvernement, sauf que la plus grande nuisance au
progrès économique du Québec, actuellement, c'est le Parti
libéral. À la session, à tous les jours, les gens ont pu
constater que la seule chose qui les intéresse, ce sont des rapports de
police qui semblent très préliminaires; que la seule chose qui
les intéresse, ce sont des questions constitutionnelles, et jamais un
mot sur l'économie, M. le Président,
J'aurai l'occasion, au cours des prochaines journées,
d'être à Montréal pour signer une entente avec la
Communauté urbaine de Montréal. J'aurai l'occasion aussi de faire
savoir à la population de Montréal, sans doute, si c'est le cas,
pourquoi le Parti libéral et ses députés, et je nommerai
chacun de ces députés qui ont voté contre le projet... Ils
ont même voté contre le principe du projet, hier. Les
députés libéraux de Montréal, hier, ont voté
contre le principe en deuxième lecture, M. le Président. Il ne
s'agit pas tout simplement de raisons, de prétextes qu'on peut donner
pour dire qu'on n'a pas eu le temps d'étudier le projet, alors qu'on a
tous les documents entre les mains. Au sujet des renseignements, ils savent
assez bien que, par exemple, le directeur général de l'AMARC est
un de leurs anciens candidats dans Sherbrooke. Ils ont, en plus de cela, des
informations qu'ils nous ont indiquées par leurs discours. Ils ont fait
un choix, ils ont choisi d'être contre, M. le Président.
Tout ce que je leur demande, en toute bonne foi, c'est d'étudier
le projet de loi article par article. Au moins, on est là pour
travailler, on n'est pas là pour perdre du temps, on est là pour
étudier le projet de loi article par article. On verra, à la fin
de l'après-midi ou ce soir, où on est rendu, ce qu'on peut faire
demain. Je pense que, juste donner des prétextes pour dire que l'on ne
veut pas étudier le projet de loi, cela
restera de la nature des prétextes parce que les gens savent
très bien de quoi il s'agit. Il y a eu plusieurs articles dans les
journaux. Il y a même eu un compte rendu de la séance du conseil
municipal où le projet a été discuté, ce qui
voudrait dire que les députés libéraux ne
s'intéressent pas du tout à ce qui se passe à
Montréal puisqu'il y a eu une séance du conseil municipal, il y a
eu des articles de journaux. Le projet de loi est dans l'air depuis un an. Il y
a eu beaucoup de discussions à différents niveaux. Il faudrait
que les gens soient complètement décrochés de la
réalité pour ne pas savoir de quelle nature est ce projet.
Or, le projet de loi ne présente aucune difficulté. C'est
un projet de loi standard où on nomme des administrateurs, on forme un
conseil d'administration, on établit les objectifs du projet, les
fonctions et les pouvoirs des différentes instances. Au cours de
l'étude article par article, je suis prêt à fournir des
explications aux députés qui auront besoin de renseignements
additionnels. À ce moment-ci, les députés libéraux
sont déjà très renseignés sur le projet, ils ont
déjà les documents entre les mains et je suis prêt à
leur donner des renseignements additionnels dans une étude article par
article, à moins qu'ils cherchent le moindre prétexte pour
empêcher l'étude du projet de loi en disant: On va faire un
"filibuster" là-dessus. À ce moment, cela sera leur choix, leur
responsabilité et ils en assumeront eux-mêmes les
conséquences. (16 h 15)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelligan.
M. Picotte: Une question de règlement, M. le
Président, avant de procéder à une autre intervention.
Est-ce que le règlement donne droit à chacun des
députés qui le désirent de s'exprimer avant l'étude
article par article dans ce projet de loi?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Je pense que chaque intervenant a droit
à 20 minutes avant d'entreprendre l'étude article par
article.
M. Picotte: J'aimerais vous faire remarquer, dans ce cas, M. le
Président, que ce que le ministre de l'Agriculture vient de dire... Si
chacun des intervenants peut le faire, libre à chacun de le faire, c'est
dans les règlements, c'est permis. Chez nous, on n'est pas
habitué de marcher à quatre pattes avec un chef. Si chacun veut
s'exprimer, il s'exprimera. On procédera et on ne refuse pas
d'étudier article par article.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À moins d'une entente entre les deux
parties pour...
M. Picotte: On n'a jamais entendu parler d'entente, alors, M. le
Président, il n'est pas question de cela pour...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Nelligan.
M. Clifford Lincoln
M. Lincoln: Tout d'abord, je devrai faire remarquer, M. le
Président, au ministre de l'Agriculture, qu'il a une façon bien
étrange d'essayer d'obtenir notre collaboration en disant que tous les
maux sont dus au Parti libéral du Québec, qu'on n'a pas assez
parlé sur le projet de loi, on est contre le développement
économique, on ne suit pas ce qui se passe à Montréal et,
après, il vient nous dire: J'espère que vous allez collaborer
pour faire l'étude article par article. C'est la raison pour laquelle on
est ici, sinon on ne serait pas venu. C'est la raison pour laquelle on est
venu.
M. Garon: C'est vous autres qui dites que vous n'êtes pas
au courant.
M. Lincoln: Parlant de "filibuster", on n'aurait pas besoin d'en
faire un. Comme vous savez, vous avez besoin du consentement de l'Opposition.
Si l'Opposition voulait mettre fin à toutes ces choses, tout ce qu'elle
a besoin de faire, c'est de ne pas vous donner le consentement. Je ne comprends
pas pourquoi vous parlez de "filibuster". C'est vous qui avez
décidé d'apporter ce projet de loi en deuxième lecture
à la dernière minute. Si vous étiez tellement
intéressé à voir ce projet de loi, pourquoi ne l'avez-vous
pas apporté avant? Il est déposé depuis le 15 novembre,
pourquoi n'avez-vous pas fait la deuxième lecture le 16 novembre, le 17
novembre, le 18 novembre ou le 1er décembre? Vous avez attendu à
la dernière minute.
Après, vous venez mettre l'odieux de cette affaire sur
l'Opposition, disant: C'est elle qui fait des obstructions. Ce n'est pas nous
qui avons apporté le projet de loi le 18 décembre, quand vous
savez très bien que l'Assemblée nationale cesse le 21
décembre. Vous avez aussi dit: Les membres du Parti libéral ne
s'intéressent pas aux choses économiques, ne parlent pas en
Chambre. Je vais vous demander, M. le ministre, d'aller consulter un peu les
registres, d'aller voir un peu le Journal des débats. Si on regarde la
quantité de députés du Parti libéral qui ont
participé aux lois cette année comparativement aux membres du
gouvernement, vous allez voir que c'est quelque chose comme trois contre un, si
ce n'est pas plus. Je me souviens des débats sur la loi 42, la loi sur
la santé et la sécurité du travail qui affecte
l'économie
directement. Pour deux ou trois députés libéraux
qui parlaient, il y en avait un seul du gouvernement.
Ce qui m'étonne le plus dans votre intervention, c'est de dire:
La raison pour laquelle on ne veut pas de ce projet de loi, c'est qu'on ne veut
pas du développement économique, c'est qu'on veut montrer que le
gouvernement n'a rien fait et qu'il fait mal les choses. Pourtant, hier, nous
avons bien situé nos objections sur le projet de loi. Politiquement
parlant, nous avons peut-être plus de députés de la
région de Montréal que vous. Politiquement parlant, cela aurait
été beaucoup plus facile pour nous de dire: Cela, c'est dans la
région de Montréal, nous allons accepter le projet de loi parce
que c'est la région de Montréal. Au contraire, cela demande
beaucoup plus de courage politique de notre part. Parce que c'est à
Montréal, parce que nous avons tant de députés de
Montréal, nous devons avoir des réserves très
sérieuses là-dessus pour nous opposer à un projet de loi
qui a trait à notre région.
Moi-même, je suis de la région de Montréal.
J'appartiens à la Communauté urbaine de Montréal. Je
représente un comté de la région de Montréal. Cela
aurait été tout à fait logique pour moi de dire: Cela
affecte le développement de Montréal, donc, je devrai l'adopter.
Quand cela a été le cas de la loi 43 sur la CUM, dans notre
parti, il y a beaucoup de députés de la région de
Montréal qui ont pris différentes positions. Lorsqu'il s'agit de
débattre cela en commission parlementaire, ce n'est pas parce que c'est
de la région de Montréal qu'on est obligé de
l'accepter.
Ce que le ministre ne veut pas comprendre, il dit que c'est un projet de
loi tout à fait simple. Tout ce qu'on fait à l'article 2, c'est
d'établir une corporation. Â l'article 5, on nomme des membres du
conseil d'administration. À l'article 7 ou je ne sais trop, on donne des
pouvoirs au président, au directeur général et au
secrétaire. Donc, c'est un projet de loi tout à fait technique
qui ne présente aucun problème, mais ce qu'il ne comprend pas,
c'est justement que notre opposition s'est faite sur cette question: Est-ce que
cela aurait dû être une autre société d'État?
C'est cela qui est la clé de la chose. Vous dites qu'on ne
s'intéresse pas, nous, au développement économique. Nous
venons de présenter une politique sur les sociétés
d'État qui est la plus étoffée, certainement, qui ait
été faite sur les sociétés d'État
aujourd'hui. Nous disons, nous, qu'il est temps, à un moment
donné, qu'on revoie toute la question des sociétés
d'État. Alors là, c'est en contradiction avec nous-mêmes de
sanctionner encore aujourd'hui une autre société d'État
qui est toujours votre plus petite bebelle. Le fait est qu'il y a
différentes façons de faire la chose. Hier, j'ai
suggéré au ministre en seconde lecture que, s'il était
arrivé avec le projet, au lieu d'une société d'État
contrôlée par lui, d'une société à
caractère mixte, d'une société sans but lucratif qui
réunirait les intérêts de la ville de Montréal comme
actionnaire, les intérêts du gouvernement comme actionnaire, les
intérêts des utilisateurs comme actionnaires... Voyez combien il
s'intéresse à la chose. On peut parler dans le vide avec lui.
Cela ne l'intéresse pas. Il a fini de former ses idées. Il a fini
de décider que c'est comme ça, c'est comme ça. Il
n'écoutera jamais les suggestions qu'on lui fait. Si, par exemple, vous
êtes disposé... Oui, oui, attendez une minute! Si vous êtes
disposé... M. le Président, j'ai la parole. Je vous ai
laissé parler tout à fait librement. Je vous ai laissé
pérorer contre le Parti libéral et tous nos maux. Maintenant,
c'est à vous de nous écouter.
M. Garon: Qu'est-ce que vous avez dit hier? Hier, vous avez dit
que vous étiez contre 40 000 000 $ dans le parc.
M. Lincoln: Attendez une minute, là! Je vais arriver aux
40 000 000 $ pour votre parc aussi.
M. Garon: C'est ce que vous avez dit hier.
M. Lincoln: Ce que j'ai commencé par dire hier - et je
l'ai expliqué bien clairement - c'est que le ministre nous dit: On met
à l'article 2 que c'est une société. C'est très
simple. Il faudra accepter cela. Mais quel est le principe même de la
société qu'on veut? Nous, on dit que, si, par exemple, il y avait
une société qui aurait représenté les
intérêts des gens les plus impliqués... il me semble que ce
projet-là, c'est réellement pour la région de
Montréal surtout. C'est aussi pour tout le Québec. Cela devrait
représenter les intérêts du gouvernement du Québec,
qui fait la mise de fonds. Cela aurait certainement dû représenter
les intérêts de la ville de Montréal, et beaucoup plus que
par deux membres du conseil d'administration, et c'est tout. Et cela aurait
dû aussi représenter les intérêts des utilisateurs
qui vont faire marcher cette machine parce que, sans les utilisateurs, tout ce
que le gouvernement du Québec mettra en argent ou tout ce que la ville
de Montréal pourra faire, cela ne vaudra rien. C'est le premier principe
contre lequel on s'est opposé, le principe d'une société
d'État contrôlée par le ministre.
La deuxième chose que j'ai dite hier: Voilà une
société d'État où, encore une fois, le ministre
fait la même faute qu'il a faite dans toutes les sociétés
d'État où il est impliqué, qu'il contrôle à
100%. Il fait un conseil d'administration. Vous auriez pu croire à un
"joint venture" entre lui et la
ville de Montréal...
M. Garon: Newport.
M. Lincoln: Entre lui et la ville de Montréal... Pourquoi
vous n'avez pas fait comme Newport, alors?
M. Garon: Vous avez parlé contre Newport.
M. Lincoln: Pourquoi faites-vous différemment?
M. Garon: Cette affaire de "joint venture, vous avez parlé
contre.
M. Lincoln: Je n'ai pas parlé pour les mêmes raisons
à Newport.
M. Garon: Mais oui!
M. Lincoln: Oui. En tout cas, ce que je veux dire, c'est que le
ministre aurait dû faire une société où, d'abord,
les principaux intervenants auraient été
représentés; deuxièmement, dans le conseil
d'administration, il a cinq membres du conseil d'administration lui-même,
la ville de Montréal n'en contrôle que deux, il contrôle,
lui, le président, le vice-président, il contrôle en
même temps... Vous avez fini? Oui, mais est-ce qu'il a le droit de ne pas
laisser parler les gens dans le silence?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): II ne faut pas qu'il dérange
l'intervenant. La parole est au député de Nelligan.
M. Garon: Je ne parle pas.
Une voix: On vous écoute pareil.
M. Lincoln: Oui, je suis sûr qu'il nous écoute
pareil. Oui, il écoute pareil. En tout cas, si vous aviez seulement
pensé à faire un conseil d'administration où la ville de
Montréal aurait un poids par rapport à son implication dans ce
projet, au lieu de seulement deux des sept membres du conseil d'administration,
s'il y avait un mécanisme comme quoi te président serait beaucoup
plus autonome qu'un président nommé par le ministre, s'il y avait
un mécanisme comme quoi le vice-président aurait
été plus autonome qu'un président nommé par le
ministre, s'il y avait quelque chose dans la loi qui était beaucoup plus
autonome que de dire que le président peut être en même
temps le directeur général et le secrétaire... Faisons le
scénario suivant: vous avez une société, où le
ministre met tous les fonds, où il contrôle la
société à 100%. Si vous avez un contrôle de cinq
directeurs sur sept, vous contrôlez une société. La ville
de
Montréal est là purement pour accepter toutes les
décisions de la majorité qui est nommée par le
gouvernement. Si le ministre contrôle en plus le président de la
société -qui, en même temps, selon la loi, peut être
le directeur général - et le secrétaire, là nous
avons une société où le ministre fait le gros de la
capitalisation, où il a toutes les actions dans une
société d'État, où il contrôle le conseil
d'administration, cinq sur sept, où il contrôle le
président qu'il nomme, où il contrôle pour cinq ans,
où il contrôle le vice-président qui agit quand le
président n'est pas là, où il contrôle le directeur
général qui peut être en même temps le
président. Alors, là, on va s'arranger pour que ce soient des
gens très autonomes, vous pouvez être sûrs, comme tous les
gens qu'il nomme aux postes d'administration; c'est le ministre qui va
contrôler toutes les ficelles.
Si la ville de Montréal n'a pas vu cela, est-ce que nous, en
conscience, on est obligé de dire: Si la ville de Montréal a
voté avec le ministre pour avoir de l'argent, nous on est obligé
d'accepter le principe, alors que nous trouvons le principe tout à fait
faux? Le principe est faux. Le ministre aura une société qui
n'aura aucune autonomie, qui n'aura aucune initiative parce que c'est lui qui
va contrôler toutes les ficelles, comme il contrôle les ficelles
dans SOQUIA, comme il contrôle les ficelles dans Madelipêche, comme
il contrôle les ficelles dans la Raffinerie de sucre du Québec,
parce que toutes les choses se font d'après ses vues de la chose, ses
vues de l'avenir, de la chose comme il la voit. C'est là le principe
fondamental sur lequel nous nous opposons.
Nous nous sommes aussi opposés à la question des 40 000
000 $. Ce qu'on a dit, c'est ceci. On a dit: Si vous allez dépenser 40
000 000 $, essayez de faire un peu plus d'efforts, essayez d'investir... Il
faut dépenser pour investir, il faut aller trouver de l'argent quelque
part. On n'a jamais dit que c'était du gaspillage. Ce qu'on dit qui est
du gaspillage, c'est de nous arriver deux jours avant une fin de session, si ce
n'est pas un jour avant une fin de session, pour nous dire: Voilà 40 000
000 $. Acceptez cela comme une espèce de chèque en blanc.
Acceptez la chose complètement. Autrement, vous pouvez aller chercher
des informations chez les amis de votre régime à la ville de
Montréal. Vous aurez les détails. On a eu des détails.
Ceux qu'on a eus, c'est une division de 40 000 000 $ dans les différents
équipements. Ce qu'on aurait voulu avoir, nous, c'est du temps, avoir
ici un, deux, trois, quatre jours pour pouvoir interroger les gens qui ont
conçu le projet, interroger les architectes de la chose, demander si 40
000 000 $, c'est un investissement viable, valable. On aurait voulu avoir une
chance de voir les utilisateurs, les interroger. Par exemple, on aurait voulu
savoir quelles sont
les réactions du milieu agricole. Est-ce que 40 000 000 $, c'est
trop? Est-ce que 40 000 000 $, c'est assez? Est-ce que c'est bien
distribué? Voilà, là, vous nous faites accepter votre
décision comme étant réellement la parole de Dieu; parce
que vous avez décidé que c'est 40 000 000 $, que vous avez
décidé que c'est un bon investissement, nous on est obligé
de tenir pour acquis que c'est un bon investissement, que 40 000 000 $
devraient être dépensés.
Hier, je vous ai fait un parallèle des projets qui sont en
suspens, que vous avez promis depuis 1980 pour 750 000 $, maintenant c'est 1
200 000 $. Chaque année vous promettez... Je vous ai lu des lettres
catégoriques sur ce que vous avez promis à ces gens depuis 1980.
Sûrement qu'il faut une priorité industrielle au Québec.
C'est cela qu'on dit. Sûrement qu'il faut mettre de l'argent dans des
régions démunies, dans des régions qui demandent beaucoup
plus d'argent que d'autres. C'est ça la question. La question, c'est
ceci. Comme député de l'île de Montréal, il aurait
été beaucoup plus facile pour moi de voter pour cela parce
qu'à ce moment j'aurais été un héros pour la
Communauté urbaine de Montréal; on n'aurait rien dit. C'est
beaucoup plus difficile, pour nous qui sommes à Montréal, qui
allons chercher nos votes à Montréal, de voter contre quelque
chose qui fait l'avantage de Montréal. Seulement, tout ce qu'on vous
demande à vous, c'est de faire des priorités industrielles, de
mettre d'abord l'argent là où vous l'avez promis depuis quatre
ans. Si vous avez 40 000 000 $ à dépenser, allez faire l'usine
à Natashquan et à Blanc-Sablon, où les gens crèvent
de faim, les quatorze villages qui sont sans usine de salaison, qui vous
demandent cela depuis 1980. C'est ce que nous avons dit hier. On a dit: 40 000
000 $ à dépenser, est-ce que c'est, aujourd'hui, la meilleure
place pour les dépenser? Si vous avez à les dépenser,
est-ce que vous ne pensez pas que c'est insultant pour des gens comme nous qui
ont été en affaires, qui sont assez intelligents -
peut-être qu'on n'est pas les plus brillants du monde comme vous, mais on
n'est pas bêtes... On aurait voulu avoir plus de détails. On
aurait voulu avoir les détails de vous, ne pas avoir à aller
chercher en cachette à la ville de Montréal pour savoir comment
les 40 000 000 $ sont distribués. Vous nous dites: C'est simple ce petit
projet de loi. Vous faites une société, vous avez un
président, un vice-président. Acceptez-là. Quels
détails nous avez-vous donnés? Quels sont les impacts sur
l'île Notre-Dame, quels sont les impacts sur le site lui-même?
Qu'est-ce qui va se passer? On ne sait rien de votre projet. Pourquoi
n'avez-vous pas fait une commission parlementaire où on aurait eu une
chance de... (16 h 30)
M. Garon: On l'a eue.
M. Lincoln: Oui, on l'a eue. Quand?
M. Garon: On l'est, dans le moment, en commission
parlementaire.
M. Lincoln: En commission parlementaire, pas pour vous
écouter, vous qui allez nous vendre votre marchandise et qui nous dites
toujours que ce que vous croyez, c'est la parole de Dieu.
M. Garon: Vous dites que c'est moi qui mène tout. Si je
mène tout, je vais vous dire la vérité.
Une voix: À l'ordre, M. le ministre.
M. Lincoln: Je vous demande une commission parlementaire
où on aurait pu écouter les utilisateurs, où on aurait pu
interroger la ville de Montréal, où on aurait pu demander aux
gens de la ville de Montréal: Est-ce que vous êtes satisfaits,
vous, d'une société qui est contrôlée à 100%
par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation?
Est-ce que vous êtes satisfaits d'une société où
vous n'avez que deux sièges sur sept? Est-ce que vous êtes
satisfaits d'une société où le président va
être sous le contrôle du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation? Est-ce que vous êtes satisfaits
d'une société où le vice-président va être
sous le contrôle du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, le directeur général, le
secrétaire? Quelle voix au chapitre allez-vous avoir si le ministre de
l'Agriculture, après un an, décide que ses politiques à
lui, par rapport au parc industriel, sont tout à fait différentes
de celles de la ville de Montréal? Qu'est-ce qui va se passer? Qui va
gagner? Est-ce que c'est elle qui va gagner? Je vais vous le dire. Moi, je sais
que c'est vous qui allez gagner comme vous avez gagné toutes vos
batailles parce que vous contrôlez tout. C'est ce qui me fait peur. Ce
qui nous fait le plus peur, c'est que vous avez attendu à la
dernière minute pour nous en passer une "petite vite", au 18 pour nous
dire: Voilà, le projet de loi 1. J'aurais pu croire que ç'aurait
été le premier à être appelé en Chambre. Le
projet de loi 1, en toute logique, on aurait dû appeler cela. Vous le
déposez le 15 novembre; on attend là en suspens. Soudainement, le
18 décembre, en après-midi, vous nous envoyez la loi 18.
Là, nous voyons le "rack record" que vous avez eu sur toute la question
des sociétés d'État et le contrôle presque immense
que vous exercez dans le domaine de l'agriculture, dans le domaine des
pêcheries, dans le domaine agro-alimentaire, partout où vous
passez. C'est votre nature, que voulez-vous, c'est comme cela. Là, on se
demande quel
poids, au contraire...
M. Garon: Vous avez dit partout. À la
Société des pêches de Newport?
M. Lincoln: Oui, les pêches de Newport, évidemment,
ils ont beaucoup de contrôle là-bas. Ils vont le savoir.
M. Garon: On est minoritaire.
M. Lincoln: Oui, vous êtes minoritaire, je le vois.
Pourquoi ne vous faites-vous pas minoritaire ici? Si c'est bon pour les
pêches de Newport, faites-vous minoritaire, acceptez.
M. Garon: Ce n'est pas pareil, on assume les principales
responsabilités.
M. Lincoln: On va vous le demander au cours de l'étude
article par article. Si vous voulez vous faire minoritaire au sein du conseil
d'administration, si vous voulez vous faire minoritaire, laissez avoir à
cette société un président qui soit nommé d'une
façon beaucoup plus autonome, beaucoup plus impartiale et beaucoup plus
objective. Si vous nous dites que le secrétaire général et
le directeur général vont être nommés de
façon beaucoup plus objective, beaucoup plus impartiale, là
peut-être qu'on pourrait changer un peu d'idée. Si vous nous dites
que c'est une société à caractère mixte où
la ville de Montréal va avoir un droit de regard par des actions, par
une application directe, si vous nous dites que c'est une société
où les utilisateurs de ce fameux parc et ceux qui vont l'exploiter, vont
avoir, un droit de regard par des actions, par un pouvoir quelconque au sein de
la société... C'est comme cela que la société
devrait fonctionner, la société en générai. Nous,
on est contre le principe d'une autre société d'État
contrôlée par vous. C'est clair, c'est le principe de base. Alors,
quand vous ajoutez cela, un chèque en blanc de 40 000 000 $, là
on dit: "Beware", cela ne marche pas, cela ne marche pas, l'affaire. "Bewarel",
faites attention!
Une voix: "Beware!".
M. Lincoln: "Beware", "B e w a r e". On dit: Écoutez,
là cela ne marche pas. Cela ne marche pas parce que, si on regarde le
palmarès de votre ministère, depuis 1976 que vous êtes
là, c'est une série de la même chose et il faudrait savoir
un petit peu ce qui s'est passé dans vos tractations avec la ville de
Montréal. Est-ce que vous êtes prêt à laisser la
ville de Montréal nommer le président? Qu'est-ce que vous
dites?
M. Garon: Croissance de 14% au Canada et de 17% au Québec;
ce sont des chiffres du fédéral.
M. Lincoln: Ah, bon. Alors parce que les chiffres du
fédéral montrent cela, c'est une justification, selon vous, pour
accepter une société contrôlée par vous, avec 40 000
000 $. C'est une justification, on devrait tout arrêter, on devrait dire:
Là, le grand seigneur va nous approuver et cela va marcher, mais cela ne
marche pas comme cela. Nous, on se pose beaucoup de questions et on vous
demande de revoir toute cette affaire. Si vous êtes prêt à
montrer votre ouverture d'esprit, on va voir cela en cours de route, si vous
êtes prêt à changer la nature de la société,
si vous êtes prêt à vous rendre minoritaire au sein du
conseil d'administration, à ce moment-là, on va voir.
M. Garon: Responsable de l'administration et tout cela...
M. Lincoln: À ce moment-là, on va voir. Là
on est prêt à voir votre bonne volonté et, à ce
moment-là, on agira en conséquence. C'est vous qui avez pris le
fardeau de déposer la loi à la dernière minute. Vous
deviez savoir, par la loi 48, l'année dernière, que vous avez
besoin d'un consentement si vous prenez des risques. Vous avez pris le risque,
alors, vivez avec votre risque. À ce moment-là, prouvez-nous
votre bonne foi et peut-être qu'on agira en conséquence.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre, avez-vous une
réplique? Il vous reste douze minutes, si vous avez quelque chose
à rajouter.
M. Garon: Essentiellement, je dirais, M. le Président, que
le député a changé son discours depuis hier,
excepté que je vais vous dire la stratégie du Parti
libéral. Hier, cela a été de dire, dans tous leurs
discours, d'ailleurs, que je ferai parvenir aux conseillers de la ville de
Montréal, puisqu'on verra... Je soulignerai aussi les passages
importants où ils ont ridiculisé l'investissement de 40 000 000
$. Ils ont dit que 40 000 000 $, c'était niaiseux, en temps de crise,
dans un parc. Ils ont ridiculisé le projet, qui a été
conçu, au fond, autant par des gens de Montréal que des gens du
ministère de l'Agriculture, par des gens du Jardin botanique, par le
Service des jardins et parcs de Montréal, par le Service des travaux
publics de Montréal, qui ont travaillé là-dessus. Alors,
ils ont combattu ce projet en le ridiculisant. Ils ont dit qu'investir 40 000
000 $ à Montréal, c'était ridicule, au lieu de l'investir
dans l'agriculture, alors que tout ça, ce projet-là, se fait par
financement - je l'ai expliqué - sur 25 ans et qu'on n'enlève
rien au ministère de l'Agriculture. Ils ont essayé de
mépriser le fait qu'une
aussi grosse somme allait à l'agriculture. Pour eux,
c'était trop gros dans l'agriculture, 40 000 000 $. C'était
mauvais de le faire dans les expositions agricoles. Ils ont fait un paquet
d'affirmations au cours de la soirée d'hier, mais ils ont pensé
retirer des dividendes en espérant que les gens du monde rural seraient
jaloux.
Or, un des principaux promoteurs de ce parc, parmi les gens qui
souhaitent le plus avoir ce parc, c'est le Centre de promotion de l'industrie
agricole et alimentaire, qui ne veut plus aller au Stade olympique avec 2000
animaux, les meilleurs animaux du Québec, parce que ce n'est pas un site
idéal pour ça. C'est le genre d'expositions agricoles qu'ils
souhaitent, ils attendent ce projet qu'ils souhaitent voir se réaliser
le plus rapidement possible. Ce sont les producteurs agricoles eux-mêmes
qui savent qu'ils vont bénéficier de ce projet. Ce sont les gens
de la ville de Montréal qui savent qu'ils vont bénéficier
de ce projet-là. Ce sont les promoteurs de l'industrie alimentaire qui
savent qu'ils vont profiter de ce projet. Ils vont être surpris.
D'ailleurs, j'aurai l'occasion d'en parler prochainement à
Montréal, parce que j'ai l'intention de faire quelques visites
prochainement dans la région de Montréal et indiquer à
quel point ils ont élu de drôles de députés,
notamment le député de Saint-Jacques, le député de
Sauvé, le député de Marie-Victorin, le
député de Nelligan, tous les différents
députés du Parti libéral qui ont voté contre le
projet. Ils ont voté contre le principe, M. le Président.
Ce qui est important - parce qu'on pourra faire maintenant... Ils ont
fait une erreur, je le sais. Mais ils essaieront de se rattraper par tous leurs
discours. Ils ont voté contre le principe en deuxième lecture,
contre le principe d'un parc des expositions agro-alimentaires à
Montréal, sur l'île Notre-Dame. C'est contre ça qu'ils ont
voté, puisqu'il ne s'agit pas d'une étude article par article,
mais au niveau du principe d'un parc, d'une société qui
dirigerait un parc des expositions agro-alimentaires, ils s'y sont
opposés.
Cela indique, au fond, qu'ils sont contre le projet. Ils sont contre
l'investissement de 40 000 000 $ à l'île Notre-Dame. Ils l'ont
indiqué jusqu'à maintenant. Quels que soient les sparages qu'ils
feront dans les heures qui viennent pour essayer de rattraper leurs mauvaises
décisions, M. le Président, ils ont démontré, hier,
par leur vote, qu'ils étaient complètement
décrochés de la réalité, alors qu'ils avaient en
main tous les documents, puisque, eux-mêmes, ils y ont fait
référence dans leurs discours... Ils avaient les
références.
Ils peuvent aujourd'hui - et nous sommes ici depuis un bon bout de temps
-poser des questions. Ils n'ont posé encore aucune question. Ils ont
simplement fait des affirmations et essayé de faire passer le temps le
plus possible, parce que, ce qu'ils souhaitent, c'est de parler le plus
longtemps possible, pour que le projet ne soit pas adopté avant la fin
de la session, pour nuire aux gens de Montréal, en espérant
qu'ils seront assez mécontents et qu'ils voteront contre le Parti
québécois.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Yvon Vallières
M. Vallières: M. le Président, je voudrais juste
indiquer au ministre que nous aurons amplement le temps, au cours de la prise
en considération article par article, de poser toutes sortes de
questions et de demander des précisions au ministre sur son projet de
loi.
Mes premières constatations, quand j'ai pris connaissance du
projet loi, c'est qu'il s'agissait à nouveau de la création d'une
nouvelle société d'État. Compte tenu que ce gouvernement
est un spécialiste dans ce genre de créature et qu'à mon
humble avis, à ce jour, il en a déjà beaucoup trop
institué, vous comprendrez qu'au départ j'émets des
réticences sur le fait même que l'on crée une nouvelle
société d'État au gouvernement du Québec. Quand
nous rencontrons nos électeurs, on nous dit toujours: Il faudrait que
les élus du peuple gardent le maximum de contrôle sur nos
institutions. Je pense que c'est une façon de le perdre.
Quant au projet de loi que nous avons devant nous, il semblerait
à entendre les propos du ministre qu'il soit très urgent de
l'adopter. À la toute fin de nos travaux, à quelques heures en
fait de la fin de nos travaux de la présente session, le ministre nous
apporte un projet de loi qu'il qualifie lui-même de très important
et dont il voudrait que nous disposions en l'espace de quelques heures et,
probablement, de quelques minutes. Vous nous permettrez d'émettre des
réticences vis-à-vis de ce procédé quand on songe
à toute la ribambelle de spécialistes qui ont à trayailler
pour rédiger des projets de loi, aux diverses consultations qui sont
menées avant d'en arriver à la rédaction d'un projet de
loi et, maintenant, en l'espace de quelques heures, on voudrait faire en sorte
que l'on adopte un projet qui, comme l'admet le ministre, implique des
déboursés de l'ordre de 40 000 000 $. C'est quand même
important. Il faut, M. le Président...
M. Garon: M. le député veut que je donne une
information...
M. Vallières: Oui.
M. Garon:... parce que seulement un avocat du ministère a
travaillé sur le projet de loi. C'est un projet de loi très
simple qui ne présente aucune difficulté.
M. Vallières: Je voulais dire au ministre qu'il a
très certainement eu un tas de consultations puisque la ville de
Montréal est directement impliquée. Comme le mentionnait
tantôt le député de Nelligan, il aurait certainement
été intéressant de poser des questions aux élus
municipaux de Montréal sur la façon dont le gouvernement veut
implanter cette société d'État, les pouvoirs qu'il veut
lui confier.
J'ai écouté hier de façon attentive, pour ne pas
dire, à l'occasion, religieuse, le discours qu'a fait le ministre de
l'Agriculture lors du dépôt du projet de loi. Je voudrais vous
dire qu'il n'a pas réussi à me convaincre de l'absolue
nécessité que l'on procède en vitesse à l'adoption
de ce projet de loi. Il a quand même su dérider à plusieurs
reprises l'Assemblée nationale, surtout en ce qui concerne l'histoire de
la vache qu'il a inventée, j'imagine, sur le coup et qui était
pas mal bonne. Il demeure que, sur le fond du projet de loi, le ministre n'aura
pas convaincu beaucoup de gens. La preuve, c'est que ce matin, lors de la prise
en considération en deuxième lecture, beaucoup de gens ont
voté contre son projet.
M. le Président, vous me permettrez de vous dire en quelques
minutes les principaux motifs qui me justifient d'être très
réticent à ce projet de loi. Je vous ai d'abord dit que
c'était la création d'une nouvelle société
d'État et que cela va un peu à l'encontre de mes principes. Il y
a aussi un autre facteur très important, c'est qu'à mon avis le
gouvernement fait preuve d'un bien mauvais choix de priorités, compte
tenu de la situation financière du gouvernement actuel. Le ministre
reconnaîtra que nombreux sont les producteurs qui, actuellement, sont en
difficulté financière dans divers secteurs de production, qu'il
s'agisse du porc, du boeuf, du veau de grain, et même certains, dans le
secteur laitier éprouvent des difficultés financières. Les
millions dont semble disposer le gouvernement ne pourraient-ils pas être
employés à de meilleures fins, entre autres pour sauver de la
faillite ou de la liquidation plusieurs entreprises agricoles au Québec?
J'en ai un peu partout dans mon comté, dans presque chacune des
municipalités rurales de mon comté et dans beaucoup d'autres
municipalités de comtés avoisinant le mien, y compris ceux
représentés à l'Assemblée nationale par le Parti
québécois. Je crois que le ministre devrait tenir compte de ce
point de vue, à moins qu'il ne nous indique qu'il dispose de 40 000 000
$ supplémentaires dans l'immédiat pour venir aider les
producteurs en difficulté financière, dans certains cas au bord
de la faillite ou de la liquidation. (16 h 45)
Je dois lui dire que je ne partage pas, à tout le moins, ses
ordres de priorité. Ce que je veux signifier, ici, c'est que, lorsqu'un
gouvernement qui présente un déficit budgétaire comme
celui que nous connaissons actuellement au gouvernement du Québec, le
même gouvernement qui est obligé de sabrer dans les
dépenses de divers ministères, dans certains services aussi
nécessaires que ceux de la santé, dans le secteur hospitalier, ce
gouvernement qui a même été obligé, à cause
de sa condition financière précaire, de renier la signature qu'il
avait apposée au bas des conventions collectives de ses employés
du secteur public et parapublic, ce même gouvernement qui acoupé dans les salaires de ses employés du secteur public et
parapublic... M. le Président, comment, dans ces circonstances, cette
priorité de dépenser 40 000 000 $ pour créer la
Société du Parc des expositions agro-alimentaires peut-elle
être justifiée? Vous me permettrez, personnellement, d'en douter,
à ce moment-ci.
Une autre des raisons qui motivent mes doutes, c'est que ce gouvernement
qui manque d'argent dans à peu près tous les domaines, dont la
voirie rurale, entre autres, voudrait qu'en toute fin de session on accepte de
considérer comme prioritaire la formation d'une autre
société d'Etat.
Il est assez curieux de constater également, M. le
Président, que ce gouvernement trouve toujours l'argent dont il a besoin
pour faire les choses qui ont plus ou moins d'allure. Par ailleurs, il a
beaucoup de difficulté à en trouver pour faire des choses qui,
elles, pourraient correspondre à des besoins beaucoup plus
évidents que l'on retrouve dans la population du Québec. Ce
gouvernement qui veut, actuellement, injecter 40 000 000 $ pour la
création d'une nouvelle société et qui nous dit, à
toutes fins utiles, quand il justifie ses coupures, qu'il est
complètement "cassé" en a aussi trouvé pour Quebecair. Ce
gouvernement a trouvé, également, beaucoup de millions de dollars
à investir dans le secteur de l'amiante sans créer un seul
emploi. Peut-être trouvera-t-il bientôt des fonds qui sont requis
pour donner suite à la brillante idée du ministre du Tourisme
d'acheter des îles des Antilles. Cela permettrait peut-être de
rentabiliser Quebecair.
Tout cela pour vous dire que ce gouvernement choisit mal ses
priorités. Je crois qu'il est du devoir de l'Opposition de faire en
sorte que son point de vue soit entendu. Nous représentons quand
même un vaste pourcentage de la population, de l'électorat et il
est, je crois, de la responsabilité, du devoir de l'Opposition
officielle de faire savoir au gouvernement et à la population les motifs
qui font en sorte
que nous ne retenons pas ce projet de loi comme étant prioritaire
parce que, à notre point de vue, dans l'ordre des priorités que
devrait se donner ce gouvernement, il y en aurait d'autres qui devraient
devancer celles-ci.
Je vous parlais, tout à l'heure, de la diminution du budget de la
voirie en milieu rural. C'est une mesure qui sert également les
agriculteurs. Vous êtes tout aussi bien informé que moi de la
diminution catastrophique du budget à laquelle on a assisté.
Cela, c'est toujours dû au fait que le gouvernement nous dit qu'il manque
d'argent. Il manque d'argent pour privilégier des investissements dans
le secteur routier et, pourtant, il en trouve pour des projets comme ceux dont
je vous parlais tantôt, des projets comme celui dont on parle
présentement. Je vérifiais des données récentes,
qui nous indiquent qu'au niveau, entre autres, de la construction de routes en
milieu rural, les routes qui sont non numérotées, cette
année, on a assisté à une diminution réelle du
budget de plus de 10 000 000 $, sans compter que de nombreuses
municipalités rurales qui veulent améliorer leur réseau
routier se sont vues privées de certains montants, dû au fait que
le gouvernement ne pouvait pas donner suite à leurs demandes, faute de
crédits requis. Puisque le ministre nous dit que, par son projet de loi,
il veut faire la promotion de l'agriculture et que beaucoup de producteurs
agricoles vont en profiter si ce dernier se concrétise, est-ce qu'il a
également songé au nombre de producteurs agricoles qui pourraient
profiter d'un investissement massif de la part du gouvernement dans le secteur
de la voirie rurale, par le biais, par exemple, d'un vaste programme de
réfection économique de nos routes secondaires dans le milieu
rural? Je pense que tout le monde autour de cette table va s'entendre pour dire
que, lorsqu'on se déplace dans nos comtés ruraux, cela fait
toujours l'objet de demandes persistantes de la part des producteurs agricoles,
qui considèrent que cela aussi est une priorité à laquelle
le gouvernement devrait donner suite dans les plus grefs délais et dont,
malheureusement, il ne s'acquitte pas avec tout le brio qu'il devrait. Cela
aussi, M. le Président, je veux faire remarquer au ministre que cela
créerait de nombreux emplois, des milliers d'emplois si on
décidait d'aller vers un vaste projet de réfection du
réseau routier. Je veux rappeler d'ailleurs qu'il y a même un
groupe de députés ministériels, il y a quelques
années, sous la direction de M. Gilles Grégoire -parce
qu'à l'époque il était de l'autre groupe - avait
proposé ce genre d'investissements; il parlait de la création de
plusieurs milliers d'emplois.
C'est une autre des raisons qui m'incitent à croire qu'il s'agit
d'un mauvais choix de priorités que de vouloir investir ces 40 000 000 $
sans, d'ailleurs, donner le temps véritablement nécessaire aux
parlementaires pour faire toutes les consultations requises et faire en sorte
que l'on puisse voir si ce projet de loi doit vraiment être
adopté.
On ne peut pas non plus laisser passer un pareil projet de loi sans
faire remarquer à ce gouvernement qu'en plus d'être un mauvais
choix de priorités, en plus du gaspillage de nos impôts dans bien
des secteurs d'activité, on ne peut passer sous silence le fait que ces
montants d'argent dont ils veulent se servir, ce n'est rien d'autre que des
impôts ou des taxes que l'on perçoit chez les contribuables.
À ce titre, le ministre sait très bien jusqu'à quel point
son gouvernement est le champion de toutes sortes de taxes, qu'elles soient
directes ou indirectes, déguisées ou pas. J'ai devant moi un
bilan qui m'indique que, de 1977 à 1984, on a assisté à la
création de 46 nouvelles taxes, donnant au gouvernement des revenus
additionnels de l'ordre de 4 908 000 000 $. Au seul chapitre de la taxe sur
l'essence, vous savez ce que cela coûte.
Alors je pense que c'est nécessaire qu'à chaque fois qu'on
a des projets qui viennent gruger sur le budget du Québec, donc sur les
impôts et taxes que paient les contribuables québécois,
l'Opposition fasse en sorte de s'interroger sur le bien-fondé des
priorités que se donne ce gouvernement. Combien, par exemple, de nos
électeurs demandent au gouvernement d'abolir sa surtaxe sur l'essence?
Selon les prévisions 1984-1985, les revenus sont estimés à
au-delà de 1 000 000 000 $. Est-ce que les populations de nos
comtés qui ont également à payer le prix de cette
créature du gouvernement du Parti québécois sont d'accord,
compte tenu de ce qu'on leur impose, avec le genre de dépenses
auxquelles nous invite ce gouvernement? A moins que je sois dans un
comté qui n'est pas comme les autres, M. le Président, vous me
permettrez d'en douter. Dans tout le Québec, les gens nous disent qu'ils
sont surimposés, surtaxés, et ils ont hâte que le
gouvernement prenne des dispositions pour alléger leur fardeau fiscal.
C'est ce genre de message que nous passent nos électeurs qui nous
invitent à une extrême prudence vis-à-vis de l'engagement
de fonds publics dans la création de sociétés.
Évidemment, on pourrait parler longtemps des objectifs que
poursuit le ministre. On peut difficilement être contre la vertu, mais je
pense que le ministre aurait avantage à permettre à l'Opposition
de prendre tout le temps requis afin que l'on examine le projet de loi qui est
devant nous. À ma connaissance, la troisième lecture n'est pas
encore faite. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Au départ, je pense
qu'il s'agit d'un mauvais choix de priorité et, à moins
que le ministre et ses collègues ne me convainquent du contraire
au cours des minutes et des heures qui vont suivre, je devrai continuer
à maintenir ma position et à faire en sorte que ce projet de
loi... À tout le moins, je voterai contre ce projet de loi mais
espérons que nous aurons toute la latitude requise pour en prendre
connaissance dans les moindres détails.
M. le Président, j'aurai l'occasion tout à l'heure de
compléter cette période de 20 minutes qui nous est
accordée. Je vous remercie et je passe la parole à un autre de
mes collègues.
Le Président (M. Beauséjour): Donc, je passe la
parole au député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): M. le Président, si c'était
ma première semaine ou ma première fin de session, je serais
grandement étonné. Je pense que je ne comprendrais plus rien.
Après huit ans, on s'habitue à connaître les tactiques du
Parti libéral, du parti de l'Opposition. Une chance que j'étais
solidement assis parce que j'aurais été renversé par les
propos qu'a tenus le député de Richmond, en terminant. Il
s'engage d'abord à voter contre le projet de loi et, après, il
regrette de ne pas connaître le projet de loi. C'est étonnant.
Déjà, il dit: Je vais voter contre. Il ne connaît pas le
projet de loi. S'il avait pris la peine de l'étudier, on
espérerait qu'un jour il aurait compris et il se serait peut-être
engagé à voter pour.
On a passé de Quebecair à l'amiante et au réseau
routier rural. Il nous a même amenés aux Antilles dans les propos
qu'il a tenus en parlant de mauvais investissements. Ils sont souvent les
premiers, eux-mêmes, du Parti libéral, à reprocher au
gouvernement de toutes sortes de façons et à dire qu'il ne
s'occupe pas de l'agriculture et des agriculteurs, qu'on les force même -
ce sont leurs propos - à investir dans des programmes, dans des domaines
où il n'y a aucune rentabilité, où il y n'a aucun avenir.
Il paraîtrait qu'on nous reproche que le gouvernement laisse les
agriculteurs à qui mieux mieux après les avoir forcés
à investir des sommes assez considérables. Le projet de loi en
question est quand même une continuité de ce que le gouvernement
du Québec a fait depuis au moins huit ans. Tout le milieu, tous les
intervenants agricoles, tous les intervenants du secteur agro-alimentaire,
depuis de nombreuses années, parlent entre eux, discutent, cherchent,
veulent trouver des solutions pour promouvoir la vente de produits agricoles,
pour promouvoir la vente de produits qui sont fabriqués chez nous. (17
heures)
La création de cette société qui administrera, dans
la région de Montréal, un parc d'expositions agro-alimentaires
répond, à mon avis, aux attentes de tous ces intervenants du
milieu agricole pour mieux faire connaître à la population
l'ensemble des produits qui sont fabriqués au Québec, la
façon dont nos agriculteurs travaillent sur leurs terres avec toutes les
conséquences qui entourent le travail sur une ferme. Les gens, tant de
la ville de Montréal que ceux de l'étranger - on sait qu'il y a
au-delà de 1 000 000 de visiteurs, à chaque année, dans la
région de Montréal, soit sur l'île Notre-Dame ou ailleurs -
viennent pour visiter les immobilisations qui sont là. C'est un attrait
qui s'ajoute pour la région de Montréal dans le domaine de
l'agriculture, dans le secteur agro-alimentaire. L'Opposition nous fait des
remontrances en disant que c'est un mauvais investissement.
Le député de Richmond nous disait qu'on devrait investir
ces 40 000 000 $ ou des sommes d'argent beaucoup plus considérables dans
le réseau routier rural. Il est évident que tous les partis
politiques ont travaillé pour essayer d'améliorer le
réseau routier rural. Je vous informe qu'il n'y a pas un gouvernement
qui a réalisé autant dans le réseau routier rural que le
gouvernement du Parti québécois.
Quand j'entends le député de Richmond tenir des propos
comme il en a tenu tout à l'heure, au lieu de faire assermenter ses
maires pour leur faire dire toutes sortes de choses - il aurait pu m'appeler et
je les lui aurais dites aussi - il devrait leur parler avant. Eux-mêmes,
les maires du comté de Richmond, reconnaîtraient leur satisfaction
des politiques du gouvernement actuel sur l'amélioration du
réseau routier rural.
Dans le projet de loi actuel, quand on parle de mauvais placements, de
mauvais investissements, qu'on devrait réserver ou appliquer ces sommes
d'argent ailleurs, le Parti libéral devrait commencer par étudier
et prendre la peine d'arrêter les discussions et l'obstruction, et en
discuter article par article. Le ministre pourrait répondre à
toutes les questions, à toutes les interrogations qu'on peut se poser.
Quant à la somme d'argent mal investie, avec les questions qu'ils
poseraient, probablement qu'ils apprendraient que l'investissement en cause
n'est pas une somme d'argent que le gouvernement prend, qu'il dépose et
qu'il réserve tout de suite ou qu'il applique tout de suite dans cela.
C'est une société d'État...
M. Garon: Ils le savent. M. Baril (Arthabaska): S'ils le
savent... M. Garon: Ils ont le projet d'entente. M. Baril
(Arthabaska):... ils parlent
contre. Ils induisent la population en erreur en démontrant leur
ignorance. D'autant plus que, M. le ministre, si vous me dites qu'ils le
savent, je trouve que c'est encore plus regrettable. Je ne sais pas si le mot
"malhonnête" est parlementaire, mais, s'il est trop fort, disons
déplorable... En tout cas, c'est plus fort que déplorable
d'induire une population en erreur, quand on dit que le gouvernement va
investir 40 000 000 $ et que c'est de l'argent mal investi.
On sait que cette société aura un pouvoir d'emprunt
réparti sur un nombre X d'années...
M. Garon: Vingt-cinq ans.
M. Baril (Arthabaska):... et que le gouvernement - 25 ans -
pourra évidemment rembourser ces emprunts-là par les revenus qui
seront générés par les retombées économiques
que ce projet va apporter. Avec le nombre d'emplois qui seront
créés, avec les investissements, avec la vente des produits
agricoles par le biais de la publicité, la promotion de tous les
produits agricoles, le gouvernement, sans aucun doute, va, d'une façon
très large, récupérer indirectement beaucoup plus d'argent
qu'il peut en avoir dépensé directement.
J'aime beaucoup mieux un projet semblable de création d'emplois
dans l'immédiat, sans endetter le gouvernement outre mesure parce que ce
n'est pas lui qui s'endette, que le projet du Parti libéral de
créer 500 000 emplois pour les jeunes sur 20 ans. Ça, c'est de la
risée. C'est le fou rire pour tout le monde. Je pense que cela a
été lancé juste à la veille des fêtes pour
faire rire réellement le monde; 500 000 emplois sur 20 ans. C'est
quelque chose d'un peu fantastique, surtout pour les jeunes. Quand on sait que
les jeunes, dans 20 ans, auront 40 ans et attendront encore après les
emplois, voyez-vous.
Donc, en gros, j'aimerais que le Parti libéral arrête cette
obstruction et qu'on commence à étudier. On dit qu'on n'a pas
assez de temps. Depuis 15 h 30, peut-être, que nous sommes ici et nous y
étions ce matin aussi, avant l'heure du dîner. On est venu ici
pour étudier. On a attendu une secousse après eux d'abord, parce
qu'ils n'étaient pas ici. Pendant tout ce temps-là, on parle, on
fait du verbiage, on dit que c'est un mauvais placement, un mauvais
investissement. On passe par l'amiante et on dit que, même si on a
investi, cela n'a pas créé un emploi. Ce n'est pas correct de la
part du député de Richmond de dire cela parce que la
création de la Société nationale de l'amiante a permis de
faire beaucoup de recherche. À l'heure où on se parle, il y a au
moins 800 personnes qui travaillent à la transformation de l'amiante
chez nous, au
Québec, ce qui n'existait pas avant. Même si la
Société nationale de l'amiante n'avait pas été
créée, si on n'avait pas fait ces investissements, le dossier, le
secteur de l'amiante aurait connu la même baisse qu'il connaît
actuellement et il y aurait au moins 800 personnes qui ne travailleraient pas
à un emploi stable, assuré pour plusieurs années.
Il parlait du dossier Quebecair; ils se sont opposés à
mort à la décision du gouvernement de sauver Quebecair. Je lisais
la semaine dernière, dans les journaux, que Quebecair arrive à
une rentabilité, qu'il y a une bonne lueur d'espoir de rentabilisation
de Quebecair. Pourtant, ils se sont évertués à s'opposer
à ce projet de loi. On s'aperçoit que la fierté des
Québécois, pour eux, ils aiment bien mieux la fouler a leurs
pieds que d'essayer d'aider les Québécois et les
Québécoises à s'en sortir et à être fiers
d'eux-mêmes en essayant de démontrer qu'on est capable de faire
quelque chose, qu'on peut vivre bien et vivre mieux chez nous.
Un député qui représente un comté agricole,
comme le député de Richmond ou le député de
Maskinongé - le député de Saguenay a peut-être moins
d'agriculture dans son comté, malgré qu'il compte quelques bons
agriculteurs - je trouve cela aberrant, je trouve cela effrayant. J'aurais
honte de retourner dans mon comté et de dire à mes agriculteurs
que j'ai nui à leur développement, que j'ai empêché
les agriculteurs de mieux vendre leurs produits, de mieux vivre des revenus de
leur ferme. Comment peuvent-ils en même temps accuser le gouvernement de
ne rien faire pour aider ces gens, de les acculer même à la
faillite en les forçant d'investir dans des programmes? Comment
peuvent-ils s'opposer à l'autosuffisance du Québec en faisant de
la partisanerie, en traduisant l'autosuffisance du Québec par du
nationalisme aveugle de la part du gouvernement?
Ceci dit, j'inviterais mes collègues a commencer
immédiatement. Moi aussi, j'en aurais, des questions. J'aimerais en
poser des questions au ministre mais il faudrait commencer par étudier
les articles un a un. Il y en a une quarantaine, ce ne serait quand même
pas si long; si on s'y mettait tout de suite, peut-être qu'on pourrait
passer à travers. Si, toutefois, les renseignements qu'on pourrait
obtenir ne sont pas assez clairs, assez précis et qu'on n'a pas le temps
de se rendre à l'article 40, au moins, on aurait un bout de fait avant
l'ajournement des fêtes, ce qui nous permettrait
d'accélérer nos travaux et de nous avancer un peu plus pour la
reprise des travaux, au mois de mars.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Merci, M. le député. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Avant de passer aux
commentaires sur l'ensemble du projet de loi, j'aimerais faire quelques
réflexions. Depuis quatre semaines, je suis à la commission
parlementaire sur l'énergie et le travail où nous avons à
étudier un projet de loi d'au-delà de 500 articles. Le ministre
avait déposé quelque chose comme 200 amendements et nous en avons
présenté une centaine. Nous en sommes rendus à l'article
250 et nous n'avons que des félicitations à faire au ministre du
Travail qui a travaillé en collaboration avec l'Opposition. Il a admis
certaines lacunes de la loi et a accepté nos amendements.
Ce n'est cependant pas la même attitude qu'on retrouve ici. Depuis
que je suis arrivé ici, depuis 15 h 45, le ministre nous invective, nous
accuse de tous les maux de la terre. Le député d'Arthabaska a
fait la même chose pendant 20 minutes. Je trouve l'attitude du ministre
très méprisante et méprisable. Ce n'est pas de cette
façon qu'on travaille à une commission parlementaire; je tiens
à tirer les choses au clair. Quant à la stratégie
libérale, laissez faire, M. le ministre, on va s'en occuper;
occupez-vous donc de la vôtre. D'ailleurs, dans votre parti, ceux qui
avaient des idées ont sacré le camp! Ceux qui restent, ce sont
les gens qui menacent de démissionner tous les quarts d'heure, des gens
sans idées. C'est cela que vous avez.
M. Garon: M. le Président...
M. Maltais: Et taisez-vous, c'est à moi la parole.
M. Garon:... est-ce que ce serait trop vous demander...
M. Maltais: Taisez-vous, c'est à moi la parole.
M. Garon: Tenez-vous...
M. Maltais: Taisez-vous, c'est à moi la parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! À l'ordre!
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Présentement, la parole est au
député de Saguenay.
M. Maltais: II n'y a personne de fou ici.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre, il vous restera encore
douze minutes...
M. Maltais: Vous les prendrez.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... après l'intervention...
M. Garon: J'aimerais qu'il s'en tienne au sujet.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, autant que possible.
M. Maltais: Je m'en tiendrai à la pertinence du sujet
comme il me plaira, comme vous l'avez fait. Je ne vous ai pas interrompu. Ne
m'interrompez pas.
M. Garon: Vous pouvez bien vous tenir dans les "sex-bars". Vous
avez vraiment la mentalité.
M. Maltais: J'aime autant être dans un "sex-bar" que dans
une porcherie.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Maltais: Si vous voulez descendre le débat à
votre niveau...
M. Garon: Il y a beaucoup de cultivateurs dans les porcheries,
vous savez.
M. Maltais:... prenez vos claques et votre "coat" et foutez le
camp.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Garon: II y a beaucoup de cultivateurs dans les porcheries,
vous savez, et on sait que vous les méprisez.
M. Maltais: M. le Président, c'est à moi la
parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! À l'ordre!
M. Maltais: Je n'ai pas interrompu le ministre. Personne l'a
interrompu de notre côté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): En vertu de l'article 36, aucun
député peut déranger la personne qui a la parole...
M. Maltais: Alors, faites-le comprendre à votre
ministre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... sauf pour soulever une question de
règlement.
M. Maltais: Faites-le comprendre à votre ministre. On ne
l'a pas interrompu, nous.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): D'accord. La parole est au
député de Saguenay.
M. Maltais: Depuis le début de la session, il dit que
l'Opposition n'est pas prête à travailler. Je vaudrais bien
savoir, parmi nous autres, lequel a son pardessus sur la chaise et ses claques
dans les pieds. Ce n'est pas nous autres. Les gens de l'Opposition sont ici
pour travailler honnêtement, poser des questions pertinentes. Je pense
que cette mise au point, on devait la faire. M. le ministre, qu'elle vous
plaise ou qu'elle ne vous plaise pas, il fallait la faire. Votre attitude,
changez-la, sans cela jamais vous n'aurez la collaboration de personne. Vous ne
l'avez pas dans votre parti. Vous ne l'aurez pas de nous.
M. Garon: Je me fous de vous.
M. Maltais: Vous vous foutez de moi, mais imaginez-vous bien que
je me fous complètement de vous aussi. Vous n'aviez pas besoin de le
mentionner.
M. le Président, le projet de loi 1 que nous avons devant nous,
un projet qui, selon le ministre, aurait une importance capitale pour les gens
de l'île de Montréal, nous arrive, comme d'habitude, en fin de
session, à la sauvette. Si c'était un projet aussi important
qu'on veut le laisser entendre, je pense qu'on l'aurait amené avant
aujourd'hui, avant cette semaine. On sait très bien que les projets qui
ont des implications financières sur l'ensemble des contribuables
doivent être soumis à une étude détaillée et
complète des parlementaires. Je pense que c'est un travail que les
parlementaires se doivent de faire s'ils veulent bien représenter les
intérêts de leurs électeurs. Malheureusement, on nous
apporte cela le 20 décembre alors que la session, en vertu du
règlement, ajourne le 21. Si ce n'était pas urgent entre le 15
novembre et le 20 décembre, ce ne serait pas plus urgent de le reporter
à la session de mars. Si c'était aussi urgent, il n'avait
qu'à l'apporter le 15 octobre à l'ouverture de la session. S'il y
avait juste 40 articles, cela n'aurait pas pris six semaines à
l'étudier, mais on l'apporte au début de la session et non pas
à la fin. Pourquoi veut-on l'adopter à la sauvette? Il y a
certainement des raisons majeures. Ces raisons-là, le ministre ne veut
certainement pas les dévoiler. C'est un peu pour cela que l'Opposition
est très perplexe là-dessus. Lorsqu'on parle de 40 000 000 $, il
dit que cela coûte rien. Le fonds consolidé de la province de
Québec, que je sache, cela appartient à l'ensemble des
Québécois et cela n'appartient pas plus au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation que cela appartient au
ministre des Transports, au ministre du Revenu ou au ministre du Travail. Cela
appartient à l'ensemble des Québécois. À l'heure
actuelle, dans le contexte où on représente des comtés
avec des taux de chômage de 27% à 30%, on se demande si la
priorité que le gouvernement a mise dans son choix, c'est vraiment
valable pour l'ensemble des Québécois.
M. le Président, il y a beaucoup d'interrogations dans le projet
de loi. Premièrement, pourquoi une société d'État?
Pourquoi la nécessité d'une autre société
d'État? Une multiplication. Déjà, des
sociétés d'État dans le domaine des pêcheries et de
l'agriculture, il en pleut et il en pleut beaucoup trop au Québec. On
peut se poser des questions sérieuses. J'aimerais bien voir la liste des
personnes qui vont être nommées membres du conseil
d'administration par le ministre. J'aimerais bien la voir. Malheureusement, le
ministre ne l'a pas déposée. Il nous dépose un petit
projet sec de 40 articles et il dit: Adoptez ça à la vapeur.
Faites-moi confiance, tout va très bien. Je pense que l'Opposition n'est
pas dupe à ce point-là. Si, à l'intérieur du parti
ministériel, on se laisse duper par le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et s'il terrorise ses fonctionnaires et
ses députés ministériels, de ce côté-ci, il
ne terrorise personne. (17 h 15)
M. Baril (Arthabaska): Je ne suis pas tellement le gars à
me laisser terroriser par personne.
M. Maltais: Vous n'avez pas la parole, vous. Je ne vous ai pas
interrompu.
M. Baril (Arthabaska): Ah! Continuez.
M. Maltais: Lorsqu'on regarde une partie des articles de ce
projet de loi, il y en a quelques-uns qui mériteraient des explications
beaucoup plus importantes que celles qu'on retrouve dans le projet de loi. Je
pense par exemple à l'article 3. Lorsqu'on dit que "la
société est un mandataire du gouvernement", c'est sûr et
certain qu'elle est créée par le gouvernement et qu'elle en est
le mandataire. Jusqu'à quel point elle va coûter au gouvernement,
par exemple? Ce n'est pas prévu dans les articles du projet de loi.
Il n'est pas prévu non plus, l'année prochaine ou dans dix
ans, ce que le gouvernement sera obligé d'investir. Malheureusement,
dans les sociétés d'État qu'on a au Québec,
à chaque exercice financier gouvernemental, on revient, après six
ou sept mois, pour présenter les crédits budgétaires
supplémentaires pour renflouer
les sociétés d'État. À chaque année,
lorsqu'on arrive au budget; qui a des conséquences directes sur la
population, on dit: On n'a pas d'argent parce qu'on a renfloué les
sociétés d'État. Pourquoi créer alors, dès
le départ, une société d'État sans la limiter? II
n'y a rien qui limite le pouvoir d'emprunt de cette société
d'État. C'est toujours au bon plaisir du ministre.
On a qu'à regarder les sociétés d'État qui
ont ces responsabilités pour s'apercevoir comment cela fonctionne. Je
pense que c'est un point fondamental et limitatif. C'est le rôle des
parlementaires de s'assurer que l'argent du peuple est bien
dépensé, est bien distribué. On ne retrouve cela nulle
part dans le projet de loi. C'est une chose très importante pour nous.
Il y a plusieurs articles qui laissent sous-entendre... On dit, par exemple,
"la société a pour objet de pourvoir à l'administration,
à l'aménagement et à l'exploitation du Parc des
expositions agro-alimentaires établi sur l'île Notre-Dame". Est-ce
que cette société d'État se limite à cela? Qui nous
dit que, dans deux ou trois ans, le ministre ne reviendra pas pour dire: On va
en créer une autre ou on va l'étendre vers Québec ou dans
une autre ville ou à Chicoutimi? II faut que cela soit
spécifié quelque part, ça. C'est très
important.
Dans l'ensemble, je pense que le Parti libéral n'a jamais
été contre les investissements au Québec. C'est une
théorie folichonne du ministre. Le Parti libéral a toujours
été pour l'économie au Québec. D'ailleurs, c'est
sous le régime de M. Bourassa, de 1970 à 1976, que la croissance
économique du Québec a été la plus
élevée. De 1976 à 1984, c'est là où le
Québec a subi la pire décroissance économique. II ne faut
pas être économiste pour voir cela. On n'a pas besoin d'être
économiste. On n'a qu'à regarder les gens qui retirent des
prestations d'assurance-chômage ou d'assistance sociale. On n'a
qu'à parler aux gérants de banque pour voir comment va
l'économie. On n'a pas besoin de sortir des statistiques ni des articles
de journaux. C'est une façon très simple de le constater.
Je pense que le choix fait par le gouvernement d'investir 40 000 000
$... Ce qui nous chicote - mon collègue de Nelligan l'a souligné
tout à l'heure - c'est que si c'est une priorité aussi importante
pour le ministre, et je pose la question, pourquoi attendre à la fin de
la session pour présenter son projet de loi? Pourquoi ne pas avoir
engagé le débat dès l'ouverture de la session, le 15
octobre? Pourquoi? Est-ce qu'il y a une cachette quelque part? Est-ce qu'il y a
une bombe qui va exploser quelque part? C'est une mauvaise manie que le
ministre a. Et la preuve, aujourd'hui, aussitôt qu'on a un projet de loi
qui force un peu - faites bien attention à vous - on change le
ministre.
Alors qu'on votait sur le projet de loi 3 en Chambre, le ministre de
l'Éducation a été changé. C'est une mauvaise manie
de vouloir passer des sapins à l'ensemble des Québécois,
en fin de session. C'est pour cela que le Parti libéral est là.
Taisez-vous, vous n'avez pas la parole.
M. Garon:... au premier ministre de l'Agriculture.
M. Maltais: Taisez-vous, vous n'avez pas la parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Baril (Arthabaska): II est bien polisson, lui.
M. Maltais: II y a un règlement, qu'il l'applique. On
l'applique, nous autres.
M. Baril (Arthabaska): Demande au président qu'il lui la
fasse fermer. Tu es bien polisson.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Â l'ordrel La parole est au
député de Saguenay.
M. Baril (Arthabaska): Y a-t-il quelqu'un qui t'as montré
à vivre, toi?
M. Maltais: Ce n'est certainement pas toi qui vas me montrer
à vivre, mon "chum", O. K. ? Tu n'as pas la parole, tais-toi!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Baril (Arthabaska): Tais-toi. Tu fais comme M. Duplessis, mon
"chum".
M. Garon: M. le Président, est-ce que le
député de Saguenay est en état de siéger?
M. Baril (Arthabaska): Y es-tu sauvage, lui.
M. Maltais: Je n'ai pas mal dans le dos, moi, O. K. ?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Baril (Arthabaska): Tu serais mieux de reprendre à
faire un tour au Saguenay.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Saguenay. J'aimerais qu'on lui laisse son droit de parole de 20 minutes.
M. Maltais: Merci, M. le Président.
M. Garon: Chez nous, les gens de même, ils les
enferment!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Il y a des droits de réplique. Le
ministre a un droit de réplique et le député d'Arthabaska
a encore neuf minutes.
M. Maltais: Bon, il prendra son droit de réplique.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, je reviens à la
priorité gouvernementale, une très mauvaise priorité
à notre avis. Pour cette raison, nous sommes présents à
cette commission parlementaire aujourd'hui. Nous sommes ici pour poser des
questions bien précises sur des articles de loi.
M. Garon: Bien oui, mais vous trouvez que c'est une mauvaise
priorité.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! M.
le député de Saguenay, continuez.
M. Maltais: Peu importe ce que le ministre pense et essaie de
faire, il n'impressionne personne. Nous prendrons le temps qu'il faut pour
étudier le projet de loi et j'utiliserai le temps qu'il me reste tant
que j'y aurai droit. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Je n'ai pas d'autre intervenant sur ma
liste.
M. le ministre de l'Agriculture.
Il n'était pas sur ma liste, mais je vais l'inscrire. Le ministre
a demandé le droit de parole et il lui reste neuf minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, on constate que, depuis le 15
novembre, le député n'a pas lu le projet de loi. Le
député de Saguenay a démontré son ignorance du
projet par une affirmation très simple, quand il a dit qu'il craint que
la société ait des succursales un peu partout dans la
province.
S'il avait lu l'article 17, il verrait que le but du projet de loi est
très clairement exprimé: "La société a pour objet
de pourvoir à l'administration, à l'aménagement et
à l'exploitation du Parc des expositions agro-alimentaires établi
sur l'île Notre-Dame. " Il n'est pas question d'autres choses. Si le
député de Saguenay ne sait pas lire les projets de loi, c'est une
autre question. Il a quand même eu six semaines. Il explique ses raisons
de retarder le projet par des insignifiances. Un enfant saurait à la
lecture d'un projet de loi comme celui-là qu'il n'y a pas d'autre but
à la création d'une société pour l'exploitation
d'un parc des expositions sur l'île Notre-Dame. Il a dit aussi - c'est
une affirmation principale - à travers ses insultes que c'était
un mauvais choix de priorité, qu'il était contre le projet. Il
l'a affirmé.
J'ai remarqué que le député de Nelligan a
affirmé la même chose. Le député de
Maskinongé, porte-parole du parti, était tellement au courant du
projet que dans son discours, que je suis en train de regarder minutieusement -
parce qu'il y en aura des copies de faites - il a dit: C'est la faute du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, qui, il y
a quelques jours encore, harcelait la ville de Montréal pour changer une
virgule et rajouter un point et virgule à un autre endroit. Pourquoi?
Parce qu'il était au courant. Que voulez-vous, parmi les
libéraux, pour un projet comme celui-là, il y a des centaines de
personnes -au moins des dizaines et peut-être des centaines - qui sont au
courant du projet et qui sont tenus au courant des négociations d'heure
en heure ou, en tout cas, de jour en jour.
Qu'est-ce qu'il a dit un peu plus loin? Il a dit sa vraie pensées
"J'ai pris connaissance du protocole d'entente". C'est lui qui parle, le
député de Maskinongé, il n'est pas au courant, mais il a
même "pris connaissance du protocole d'entente qui doit être
signé entre le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et la ville de Montréal au sujet de ce projet de loi". Il
a dit: "Cela va représenter 39 960 000 $ -c'est assez précis,
c'est exactement cela -de fonds du gouvernement du Québec - cela, c'est
faux, parce qu'il ne sait pas lire les budgets - et 5 000 000 $ de la ville de
Montréal". Les 5 000 000 $ sont compris dans les 39 000 000 $, ils ne
s'additionnent pas. Mais, que voulez-vous, ce n'est pas ma faute s'il n'est pas
capable de lire les papiers qu'on lui fournit! "Vous comprendrez bien - c'est
toujours le député de Maskinongé qui parle - que je ne
vous apprendrai rien en vous disant que la ville de Montréal a
hâte que ce projet de loi soit adopté. " C'est vrai, le principe
de l'entente a été voté à l'unanimité;
même s'il y a des modalités qui peuvent être à
terminer, cela a été voté à l'unanimité par
la ville de Montréal.
Que dit le député de Maskinongé? II continue: "Ils
viennent chercher des coffres du Québec 40 000 000 $ contre 5 000 000 $
qu'ils mettent à l'intérieur de la même entente. Je
comprends que c'est urgent pour la ville de Montréal d'adopter ce projet
de loi. On va aller s'interroger non seulement sur les Montréalais, mais
on va s'interroger aussi sur les agriculteurs en
général. C'est cela qu'on va se poser comme question:
Quelle est la situation de l'agriculture au Québec? Je vais donner ma
bénédiction à un projet semblable dès qu'on sera
capable de me démontrer que la situation agricole au Québec est
au-dessus de la moyenne des autres provinces. " Il en a la preuve, il peut
voter le projet de loi, c'est dans la Terre de chez nous de cette semaine:
"Revenu de l'agriculture: croissance de 14% au Canada et de 17% au
Québec. " Il peut avoir l'âme en paix et voter pour le projet de
loi. On dit: La situation agricole au Québec est tellement florissante
que non seulement les gens ne se plaignent pas de ce qui se passe en
agriculture, mais les vrais agriculteurs s'offrent même auprès du
gouvernement du Québec à payer un peu plus d'impôt parce
qu'ils en ont assez pour en payer.
Le député de Maskinongé parlait au nom de son
parti. Son chef, qui n'est pas en Chambre, a déjà
déclaré à la Terre de chez nous que le seul qui
était autorisé à parler au nom du Parti libéral, ce
ne sont pas les pygmées qui ont été
désavoués ici et là, c'est le député de
Maskinongé et lui-même. Comme il n'est pas là, il n'a pas
parlé et les autres cela ne compte pas. Ce sont des gens pour "tenir le
temps". Le chef du Parti libéral l'a dit et cela a été
écrit dans trois journaux différents, c'est connu et on a cela
dans nos archives, le seul qui peut parler c'est le député de
Maskinongé et il a dit qu'il parlait contre, qu'il était contre
le projet, que ce n'était pas une priorité et que c'était
un mauvais choix de priorité et que c'était une mauvaise
affectation des fonds publics. C'est cela qui est en cause. Il a réussi
à convaincre tous les députés montréalais et
même le député de Saint-Jacques, dans le comté
où le projet va être fait. Le député de
Saint-Jacques a eu l'intelligence, imaginez-vous, de voter contre le projet ce
midi. Heureusement qu'hier nous avons demandé un vote enregistré
parce qu'on ne pouvait pas y croire quand on a entendu le député
de Maskinongé, hier, dire qu'il serait contre. Quand il a dit qu'il
serait contre et que son parti voterait contre, on a demandé un vote
enregistré pour que la postérité sache que le Parti
libéral, qui a voté contre la protection des terres agricoles en
1978 en principe, même sur le principe, a voté contre le principe
d'une société administrant un parc et contre le parc parce qu'ils
ont parlé contre le parc, le parc des expositions agro-alimentaires sur
l'île Notre-Dame. C'est la véritable question. En essayant
maintenant de chercher toutes les excuses qu'on voudra, qu'est-ce qu'ils ont
fait? Ils ont fait uniquement des discours pour dire que c'est un mauvais
choix. Au fond, ils voudraient essayer de rendre les cultivateurs de mauvaise
humeur en disant: Vous avez pris 40 000 000 $ du budget du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation pour l'affecter
à l'île de Montréal. Ce n'est pas la réalité.
La réalité, c'est que - et j'espère qu'il est capable de
lire ce bout - l'argent que le gouvernement du Québec doit mettre dans
le projet sera entièrement emprunté et sera remboursé par
le service de la dette, capital et intérêt, sur 25 ans. Ce qui
veut dire qu'il sera remboursé seulement avec les impôts sur le
revenu et la taxe de vente qu'il rapportera. Voici comment faire du
développement économique en période de crise
économique.
Je peux vous dire qu'en cela l'autre député qui disait
qu'on ne bâtit pas des parcs en temps de crise, il aurait dû dire
cela au président Roosevelt qui a rebâti l'économie
américaine dans les années trente en bâtissant des parcs
pour contrecarrer la crise. Évidemment le député de
Nelligan ne pouvait pas savoir cela à ce moment, il était en
Afrique, alors il ne pouvait pas savoir de façon aussi proche ce qui se
passait aux États-Unis. On pourra dire que le réseau des parcs
américains s'est bâti justement en temps de crise pour donner du
travail au monde. Nous sommes très fiers, nous du Parti
québécois, qui pensons au développement économique
du Québec, à ce moment-ci, à la suite d'une
décision du Conseil des ministres de Compton, dans le plan de relance,
de bâtir un parc - et c'est notre projet - d'expositions
agro-alimentaires pour aider au développement de l'agriculture et en
même temps cela va permettre du travail dans un parc qui engagera des
centaines et des centaines de personnes. Je ne veux pas encore utiliser tout
mon droit de parole. J'avais douze minutes, je viens d'en prendre trois - trois
ou quatre - Je veux dire tout simplement que le Parti libéral, au fond,
a indiqué qu'il était contre le projet parce que c'est un mauvais
choix de priorité, qu'il a dit. Il a tort, c'est un excellent choix de
priorité, c'est un excellent projet, bien financé, bien
conçu, avec une répartition administrative et une gestion que
nous avons déjà expérimentée avec les Floralies
internationales de 1980 dans une coopération entre la ville de
Montréal et le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation qui a constitué un très grand succès.
L'expérience de notre mariage de 1978 à 1980 a été
tellement de bonne fréquentation que nous avons décidé de
conserver le mariage par ce parc des expositions agro-alimentaires qui pourra
vivre d'une façon permanente.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Papineau.
M. Assad: Est-ce que le ministre peut m'indiquer si l'UPA vous a
transmis l'objectif de ce parc? Est-ce que vous avez eu le
point de vue de l'UPA?
M. Garon: Voulez-vous que je vous parle sur cela, que je vous
réponde? Je peux vous dire que le président du CPIAA - je l'ai
dit hier dans mon discours - le Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire, est M. Jacques Proulx, qui est lui-même président de
l'Union des producteurs agricoles. Dans l'entente, que vous avez lue,
d'ailleurs - le député de Maskinongé aurait dû
répondre à cette question dans votre caucus - qui parle de ces
questions, on parle de faire une entente entre - non ce n'est pas dans
l'entente c'est dans un autre papier - la société et le Centre de
promotion de l'industrie agricole et alimentaire pour faire en sorte que des
tarifs préférentiels soient accordés pour les fins
d'expositions annuelles. (17 h 30)
M. Assad: M. le ministre...
M. Garon: Le président de l'UPA est au courant. On discute
à savoir si on va pouvoir faire le projet en temps pour avoir
l'exposition l'automne prochain à l'île Notre-Dame. C'est pour
cela que le projet de loi est assez pressant.
M. Assad: M. le ministre, ceux qui vont utiliser ce parc,
évidemment, ce seront des agriculteurs et surtout l'UPA, qui est le plus
gros organisme agricole dans la province. Sans doute avant d'avoir
présenté ce projet de loi vous avez eu leur point de vue
là-dessus. N'ont-ils pas posé des questions, exprimé une
inquiétude? Par exemple, dans le comté de Papineau, nous avons
une exposition agricole tous les ans et elle s'agrandit avec les années,
mais les dirigeants de cette exposition disent que, chaque fois qu'ils font une
demande au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, ils ont toujours de l'aide mais loin de ce dont ils ont besoin.
L'investissement pour ce parc va-t-il faire disparaître ces expositions
locales comme on a chez nous ou des expositions régionales"?
M. Garon: Au contraire, par un parc d'expositions
agro-alimentaires avec l'achalandage que cela devrait susciter sur le plan du
commerce des animaux en développant un marché additionnel,
normalement une société comme celle-là, en plus de
l'exposition principale qui aura lieu à l'automne, pourra
développer d'autres expositions où les principaux éleveurs
pourront venir présenter leurs animaux. Normalement, ce
débouché plus grand et plus important offrira une meilleure mise
en marché par ce genre d'exposition d'animaux de race et favorisera
chacune des expositions locales ou régionales, parce que l'exposition
où il se fera le plus de commerce va attirer de ces animaux qui auront
été primés lors des expositions locales ou
régionales. Cela va créer un très bon marché.
M. Assad: Dans l'élaboration de votre plan d'impact,
est-ce qu'il n'y avait pas, à un moment donné, la
possibilité que ce soit fait par étapes?
M. Garon: Le parc est aménagé sur deux ans, par
étapes.
M. Assad: Mais quand vous parlez de mise en marché, est-ce
que dans ce parc vous avez songé à l'investissement que vous
allez y mettre qui est assez considérable, que peut-être vous
allez étudier le comportement des consommateurs pour améliorer
vos mises en marché que vous avez eues dans le passé?
M. Garon: II va y avoir beaucoup de renseignements à
donner aux consommateurs. J'exposais cela lors de mon discours, hier, en
deuxième lecture. Il va y avoir une place où il va y avoir
plusieurs marchés publics et où le but va être de vendre
les produits, mais surtout de faire vendre des produits par des gens qui vont
donner des renseignements aux consommateurs. Par exemple, sur l'horticulure
ornementale, pour les gens qui vont vouloir avoir des renseignements sur la
culture ou l'entretien des plantes ornementales - et on sait à quel
point dans un milieu urbain cela représente un marché important -
il y aura des représentants, ou des commerçants, ou des
producteurs québécois avec des jeunes ou des étudiants
formés dans ce domaine qui pourront donner des renseignements sur
l'entretien de ces plantes et, en particulier, vanter les mérites des
produits rustiques qui sont déjà acclimatés à nos
régions. Alors, c'est évident que ce sera un instrument de
promotion extraordinaire parce qu'il va y avoir beaucoup de renseignements
donnés dans un tel parc avec les groupes qui vont se retrouver pour
donner des renseignements aux gens, en plus de faire des expositions qui vont
se renouveler constamment.
C'est un mélange de produits agro-alimentaires, de produits
marins, de produits horticoles pour faire connaître notre production.
Évidemment, le projet dans toutes ses facettes n'a pas encore
été annoncé parce que la société est
l'enveloppe de l'organisme qui va administrer. De plus, il y a un contenu au
projet et il doit y avoir une entente avec la ville de Montréal; il doit
y avoir des investissements dont le calendrier sera précisé
après la signature de l'entente pour que l'on s'entende ensemble sur ce
que l'on va faire en premier.
J'imagine que la réfection des gabions et la construction des
guérites pour l'accès des gens seront à faire
immédiatement; pour
la rénovation de certains bâtiments pour utilisation comme
le pavillon du Québec, le pavillon de la France, il y a des montants de
prévus. Par exemple, au pavillon du Québec, on prévoit
mettre de grands aquariums pour présenter les espèces de poissons
qu'il y a au Québec pour que les gens puissent les connaître. Il y
a toutes sortes de choses de prévues. Cela va devenir en même
temps une attraction touristique considérable en termes de promotion de
la ville de Montréal, elle aura un des plus beaux parcs floraux au monde
et retrouvera tous ces équipements. Alors, c'est combiner des actifs qui
étaient sous-utilisés depuis l'exposition de 1967, qui,
grâce aux Floralies de 1980, ont pu être remis en état, qui
étaient en train de se détériorer. Certains n'ont pas pu
être remis en état, ils ont été démolis.
D'autres bâtisses doivent être démolies mais, par ailleurs,
l'ensemble de l'île doit être réorganisé avec un
agrandissement du parc floral, une ferme, différents équipements
qui vont permettre aux gens de se familiariser mieux avec les produits
québécois, la vie rurale, ces choses-là.
Qu'on regarde les équipements qu'il y a à Toronto, qui ne
sont pas de ce genre-là -je ne veux pas comparer - Epcot, en Floride,
qui est d'une autre nature que ce projet, mais un projet comme celui-là
sur l'île Notre-Dame à Montréal... Eventuellement, il va y
avoir aussi la Maison de la science et de la technologie, aux environs, et
l'île de la Ronde, cela va faire un ensemble qui va être
fantastique sur le plan récréatif et sur le plan de la promotion
de ce qu'on fait au Québec. Dans le projet, l'île Notre-Dame
deviendrait un endroit de promotion de l'industrie agricole, alimentaire et des
pêches du Québec en même temps qu'un lieu
récréatif pour trouver toutes les façons d'attirer le
monde et utiliser au maximum les équipements qu'on va y retrouver.
M. Assad: Sur le chapitre strictement agro-alimentaire, ne
trouvez-vous pas que nos expositions locales et régionales visent
à atteindre les mêmes objectifs que vous voulez atteindre avec
celle de Montréal?
M. Garon: Oui mais... Non, ce n'est pas le même but. J'en
ai parlé un grand bout dans mon discours d'hier, c'est qu'il y a des
expositions locales, il y a des expositions régionales, il y a
l'Exposition provinciale de Québec et le Salon international de
l'agriculture à Montréal. Aucune ne remplit exactement les
mêmes fins. Au niveau local, il s'agit de faire une première
élimination, si l'on veut, entre des producteurs de niveau local, et il
y a certaines conditions pour y participer. On ne peut pas participer à
l'exposition ou avoir droit aux subventions ou prix qui viennent du
ministère de l'Agricul- ture, des Pêcheries et de l'Alimentation
si on ne vient pas du niveau local.
Ensuite, il y a regroupement de comtés pour faire une exposition
régionale; par exemple, l'exposition de Montmagny est reconnue pour huit
comtés. Elle est une exposition dynamique. Ensuite, il y a l'Exposition
provinciale à Québec qui est à un autre palier. Ensuite,
il y a le Salon international de l'agriculture, à Montréal, qui
est le dernier palier, palier auquel on invite habituellement les
délégations étrangères, internationales à
venir voir les animaux qu'on a et faire du commerce.
Or, ce qu'on recherche de plus en plus, c'est organiser ces lieux de
rassemblement qui nous permettent d'amener des visiteurs étrangers. Au
lieu de leur faire faire le tour de 100 fermes, ce qui leur prendrait des
semaines et des semaines, c'est de pouvoir voir les mêmes animaux, mais
dans l'espace de quelques jours. Il y a l'exposition à Toronto aussi qui
est très importante parce que c'est une exposition de cette ampleur et
que c'est très important pour la promotion. Au contraire, c'est un ajout
ou un complément des expositions locales. Quel intérêt y
aurait-il de participer à une exposition locale s'il n'y avait pas la
possibilité ensuite pour les meilleurs d'aller à l'exposition
régionale, pour les meilleurs de l'exposition régionale d'aller
à l'exposition provinciale et pour les meilleurs de l'exposition
provinciale d'aller à l'exposition qui a un caractère
international? Tout cela est fait dans un ensemble, au fond. Cela ne se
concurrence pas. Tout cela contribue ensemble à faire la promotion de
l'élevage.
M. Assad: Dans les dépenses que vous voulez faire à
Montréal, qui sont assez considérables, cela doit être une
dépense majeure de votre ministère. Est-ce que vous-même ou
un de vos officiers de votre ministère est en mesure de nous donner
à peu près le chiffre, à savoir de combien vous
subventionnez les expositions régionales et locales à chaque
année?
M. Garon: On les subventionne de différentes
façons. Il y a l'exposition proprement dite où on paye 50% des
prix des exposants, et le fédéral paie habituellement, dans les
expositions reconnues, aussi 50%. Les prix sont payés entièrement
par les gouvernements.
Maintenant, on a toutes sortes de choses qu'on fait avec les
sociétés d'agriculture qui ne sont pas des expositions proprement
dites, mais qui font toutes sortes d'activités pour la promotion des
produits de bonne qualité. Par exemple, il y a les concours, toutes
sortes de concours, des parcelles de démonstration, toutes sortes
d'activités. Je ne pourrais pas vous faire le décompte. Il
faudrait que je fasse faire une
recherche pour additionner les montants qui viennent de
différentes sources, pour ce genre d'activités, de concours ou
d'expositions, qui sont nombreuses.
M. Assad: Êtes-vous entièrement convaincu que votre
parc à Montréal n'enlèvera pas de l'importance à
certaines expositions régionales?
M. Garant: Je pense que cela va valoriser les expositions
régionales parce que, d'avoir une exposition bien organisée
à Montréal avec des logements pour les agriculteurs qui vont
venir exposer - il y a tout un ensemble avec cela - au contraire, cela va
inciter les gens à gagner des prix au niveau local ou régional
pour pouvoir aller à cette exposition en disant: Mon animal a
gagné tel prix.
M. Assad: Je comprends cela, M. le ministre, je connais des gens
chez nous qui ont gagné différents championnats pour
différents élevages, mais souvent ils n'ont pas pu se rendre
à un autre niveau à cause des dépenses. Qu'est-ce que vous
allez faire pour assurer que les gagnants au niveau régional ou local
pourront se permettre d'aller à votre parc à Montréal?
M. Garon: À Montréal, cela va être plus
proche de chez eux. Je dois dire qu'il y a un certain nombre d'agriculteurs qui
vont à l'exposition de Toronto, où on subventionne le transport
de leurs animaux, parce qu'on ne peut pas être absent complètement
de ces expositions. Il y a des gens qui souhaitent y aller. Si on veut faire la
promotion du produit québécois, il faut aussi aller à des
expositions internationales - Toronto, ce n'est pas international - mais
à d'autres expositions qui ont une certaine importance. Les gens du
Québec vont vouloir de plus en plus aller à l'exposition de
Montréal parce qu'ils vont sentir l'importance de cette exposition et,
en même temps, ils vont continuer à aller à d'autres. Il y
en a d'autres qui vont vouloir venir chez nous aussi à cause d'un parc
d'expositions agroalimentaires à l'île Notre-Dame, il y a des gens
d'ailleurs qui vont vouloir venir aussi. Ce que cela va faire, c'est que cela
va amener des acheteurs, davantage de vendeurs et, normalement, des meilleurs
prix pour les animaux.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Il n'y a plus d'intervenant. Est-ce qu'on
est prêt à passer à l'étude de l'article 1?
M. Maltais: Est-ce qu'il me reste encore du temps, M. le
Président?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Saguenay, il
vous reste sept minutes.
M. Maltais: M. le Président, tout à l'heure j'avais
posé quelques questions au ministre et il y en a encore, naturellement.
Je prends, par exemple, l'article 10, où le gouvernement fixe, suivant
le cas, le traitement, les allocations et les indemnités. On a eu
à revoir aujourd'hui certaines augmentations de hauts fonctionnaires;
est-ce que, par exemple, le président de cette société
d'État va avoir le même salaire que le président
d'Hydro-Québec ou le président de REXFOR ou ces choses? Cela
n'est déterminé nulle part. On n'a eu aucune indication
là-dessus à savoir quel sera le salaire des membres du conseil
d'administration et dans quelles conditions ces gens vont être
nommés. Est-ce que c'est le gouvernement qui les nomme? On n'a aucune
indication là-dessus.
Alors, à l'article 10, le gouvernement installe son conseil
d'administration et décide du montant des salaires, À l'article
16, c'est normal que ce soit la société, le conseil
d'administration, qui détermine les conditions des travailleurs.
Cependant, c'est une interrogation et, lorsqu'on regarde tous les salaires des
membres de la société d'État, des membres des conseils
d'administration et présidents des sociétés d'État,
on se pose la question suivante: Est-ce que véritablement les
Québécois ont le moyen de payer de pareils salaires dans des
sociétés d'Etat pour administrer des fonds publics que le
gouvernement du Québec devra fournir en partie et garantir sur une
période de 25 ans? (17 h 45)
Un peu plus loin, il y a l'article 22. Le ministre disait que cette
société d'État allait coûter environ 40 000 000 $ ou
39 980 000 $; je pense que cet article nous permet de supposer que, sans la
permission du gouvernement, même s'il y a l'article 34 ou l'article 32
qui récidive un peu plus loin... On ne vient pas complètement
donner un contrôle gouvernemental sur la société
d'État. Cet article peut laisser beaucoup de présomptions et
beaucoup d'inquiétudes lorsqu'on sait que les déficits des
sociétés d'État sont refinancés par l'État
après chaque fin d'année. Il n'y a rien qui limite le pouvoir
d'emprunt de cette société. Il n'y a rien qui la limite dans ses
achats. Étant donné que c'est une société qui se
contrôle par elle-même, elle échappe pour autant au pouvoir
des parlementaires. Le ministre disait que c'étaient des
inquiétudes sans fondement, mais on n'a qu'à regarder ce qui
s'est passé dans certaines autres sociétés d'État
pour savoir comment le ministre des Finances est mal pris à chaque
année pour renflouer ces sociétés d'État. Les
pouvoirs limitatifs, je pense que c'est pendant qu'on fait le projet de loi
qu'ils doivent être fixés et non après.
Je pense aussi que toutes ces interrogations font, encore une fois, que
pour nous le fait de créer une société d'État pour
sdminister un parc d'expositions, ce n'est peut-être pas la meilleure
solution. On parlait de choix tout à l'heure; on parlait de choix
prioritaire du gouvernement, 40 000 000 $ pour créer une nouvelle
société d'État. Je vous donne un exemple là-dessus;
l'an dernier, REXFOR est venue chercher 66 000 000 $ additionnels et, si on
regarde les prérogatives et la loi de REXFOR, elle a quitté son
but drôlement et nos forêts du Québec sont en péril
à presque 60%. Elle n'a pas joué son rôle et elle a
dépensé des millions et des millions. Tant et aussi longtemps que
ces garanties ne seront pas fournies, je pense que l'Opposition ne pourra pas
faire un travail sérieux, ne pourra pas avoir des réponses
à ses interrogations. Depuis le 15 octobre, il y a longtemps que le
ministre aurait pu déposer ces documents, il aurait pu accompagner son
projet de loi de la réglementation qu'il entend faire. On ne l'a pas eue
encore et ce n'est pas à la veille de Noël, en quelques heures,
que... Je pense que l'Opposition, même si elle avait les documents ce
soir, ne pourrait pas faire un travail sérieux. Toutes les
interrogations qu'on a posées... Mon collègue en a posé
tantôt et il a eu des réponses très évasives.
Lorsque le ministre nous a dit en Chambre hier qu'il y a eu des ententes avec
l'UPA -et, ici, il en a parlé - entre une entente et un parlage, il y a
une différence. Je pense que ce sont des interrogations qu'on est en
droit de se poser. Merci.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Ah! D'accord.
M. Garon:... je voudrais répondre brièvement. Le
député de Saguenay, encore une fois, montre qu'il n'a pas lu le
projet de loi. La limite de pouvoir d'emprunt est prévue à
l'article 22. C'est toujours prévu dans les projets de loi comme
celui-là. En Chambre, il aurait pu se plaindre, mais dans tous les
projets de loi, dans toutes les lois du gouvernement, quand une
société est créée, il y a une limitation qui est
prévue au pouvoir d'emprunt. S'il pense qu'on va mettre dans le projet
de ioi les salaires des administrateurs, il ne trouvera cela nulle part.
Même dans le temps où le Parti libéral faisait des projets
de toi, les salaires des administrateurs... Il y aura un règlement de
normes d'emploi avec les classes d'emploi et les salaires comme dans toutes les
sociétés, privées ou publiques, mais, au moment de
l'étude d'un projet de loi, on ne peut pas indiquer quels seront les
salaires de l'entreprise, alors qu'il n'y a pas de conseil d'administration,
etc. Dans les normes des salaires, vous savez que dans l'engagement du
personnel il n'y a pas beaucoup de secrets. Il y a trois niveaux de
sous-ministres, c'est-à-dire que les salaires sont au premier, au
deuxième et au troisième niveau, parce qu'un président
d'une société comme celle-là est l'équivalent d'un
sous-chef. Normalement, c'est à peu près de l'ordre d'un salaire
qui est très connu au gouvernement et les fonctions qu'on y trouve
correspondent aux salaires qu'on trouve dans les sociétés
d'État et sont tous à l'intérieur de fourchettes
déterminées. Je ne comprends pas pourquoi le député
de Saguenay demande cela. Ou bien il n'est pas au courant, ou bien il veut
s'amuser pour passer le temps. Il devrait être au courant. Ce n'est pas
possible qu'il ne soit pas au courant de ces questions après avoir
été depuis un certain temps au Parlement.
Si vous regardez à l'article 16, vous verrez aussi que c'est
prévu. "Le secrétaire et les autres membres du personnel de la
société sont nommés et rémunérés
selon les normes, les barèmes et le plan d'effectifs établis par
règlement de la société. Ce règlement peut en outre
déterminer leurs avantages sociaux et autres conditions de travail, et
les assujettir au deuxième alinéa de l'article 11. Le
règlement est soumis à l'approbation du gouvernement et entre en
vigueur à la date de sa publication à la Gazette officielle du
Québec ou à toute date ultérieure qu'il indique. " Ce sont
les articles standards qu'on trouve pour les sociétés de ce type.
La seule chose, c'est qu'une société d'État n'est pas
à but lucratif. Quelle différence y a-t-il? Troisièmement,
si vous regardez le genre d'équipement de cette nature - il y a un autre
projet actuellement - quand je vous vois aussi rébarbatif... Je parlais
justement avec des gens ce midi en passant parce que, en sortant du parlement
-je suis arrivé quelques minutes en retard -j'ai rencontré
quelqu'un qui a eu le temps de me remettre un mémoire. On parle d'autres
projets, mais il s'agit... J'ai dit: Comme l'Opposition n'est pas très
renseignée, pouvez-vous me donner des projets de statuts de
sociétés de même nature aux États-Unis, au Canada,
dans les différentes provinces, et en Europe? Je vais pouvoir, une
prochaine fois, leur déposer cela au moins pour faire leur
éducation parce qu'ils ne sont pas au courant de cette affaire. Si vous
voulez, les statuts de ces entreprises sont à peu près standards.
Si vous alliez, par exemple, sur le marché de Toronto, voir quel genre
de lois il y a ou les différents types d'équipements... Un
équipement comme celui-là, à Toronto, demandez donc quel
est le statut de l'entreprise. Vous allez voir que c'est à peu
près de même nature.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, dans les notes
explicatives du projet de loi, au deuxième paragraphe, je vais attirer
l'attention du ministre sur ce qui me paraît être le coeur
même des objectifs qui sont poursuivis par cette société
qu'il veut fonder où on dit que c'est fondé en vue "de promouvoir
l'agriculture, les pêcheries et le secteur agro-alimentaire, de favoriser
une participation accrue de la population au développement de
l'industrie agro-alimentaire, de faire connaître les produits agricoles,
horticoles, marins ou alimentaires du Québec et de permettre à la
population d'être en contact avec la nature et de pratiquer des
activités récréatives de plein air. "
Concernant ce genre d'objectifs très particuliers que vise le
projet de loi, le ministre peut-il nous indiquer si, effectivement, c'est dans
ce sens qu'il a consulté, par exemple, les représentants de l'UPA
pour connaître leur point de vue? Si tel était le cas, quelle a
été la nature des propos qu'ils ont tenus? Est-ce qu'ils ont
été strictement favorables, à 100%, à ces mesures
ou si ce qu'on retrouve là-dedans c'est à la suite de
recommandations que vous aurait faites l'UPA avant que cela arrive ici? Le
processus qui a été suivi et les commentaires que vous avez
obtenus...
M. Garon: Disons que le Salon international de l'agriculture,
autrefois, se tenait dans des lieux qui sont devenus trop exigus. Nous avons
contribué, comme ministère de l'Agriculture, à faire
établir certains équipements au Stade olympique pour favoriser
certaines expositions, notamment le Salon de l'agriculture. On se rend compte
que ce ne sont pas des équipements qui ont été vraiment
conçus pour cela et dont l'utilisation est difficile. Depuis plusieurs
années, c'est connu dans le milieu, parce que les gens... Il y a eu des
consultations, des discussions là-dessus. Je parlais, par exemple, du
CPIAA, le Centre de promotion de l'industrie agricole et alimentaire, dont le
président est le président de l'UPA. Ce n'est pas toujours le
président de l'UPA, cela peut être le président des
entreprises de transformation, le représentant de l'industrie de la
transformation. Cela pourrait être celui du gouvernement mais on n'a
jamais mis celui du gouvernement parce qu'on a préféré
faire alterner les producteurs agricoles et les gens de l'entreprise de
transformation.
Ce projet est dans l'air, il est connu. À la dernière
réunion du CPIAA, le Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire du Québec, une partie de la réunion a porté,
justement, sur ces travaux, pour leurs échéanciers, quand ils
seraient prêts pour que, à l'avenir, les salons de l'agriculture
se tiennent là. C'est évident que c'est un projet qui a
été travaillé en fonction des besoins. Beaucoup de gens
sont au courant de ce projet. Il n'a pas été caché,
contrairement à ce qui est dit. On a même un fonctionnaire qui est
ici présent, qui travaille avec les gens du Jardin botannique
actuellement, régulièrement, à élaborer des plans
pour commencer les travaux le plus rapidement possible lorsque le projet de loi
sera adopté et que les autres ententes seront prises avec la ville. Dans
le milieu des expositions agricoles à Montréal, ce projet est un
projet connu. Les gens de l'UPA sont au courant.
M. Vallières: Compte tenu des objectifs qui sont
importants, qui apparaissent au deuxième alinéa des notes
explicatives, je voulais savoir, de façon précise, s'il y avait
eu consultation officielle auprès de l'Union des producteurs agricoles
du Québec, qui, comme vous le savez bien, poursuit aussi des objectifs
qui, dans bien des cas, sont similaires à ceux que vous avez ici, pour
connaître leur réaction vis-à-vis, par exemple, de la
nature de l'investissement que vous proposez de faire et l'atteinte des
objectifs que vous poursuivez. Est-ce que ce genre de discussions ont
été tenues?
M. Garon: L'UPA comme telle ne tient pas d'exposition. Je veux
dire que les représentants des agriculteurs sont nommés au
conseil d'administration du Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire. C'est ce centre-là qui fait affaires avec les
différents groupes d'éleveurs à l'occasion de ces
expositions. C'est évident qu'eux ils ont besoin d'espace pour faire les
expositions et, en constituant ce parc d'expositions agro-alimentaires, il doit
y avoir entre autres des conditions préférentielles pour tenir
cette exposition importante qui a lieu à l'automne. C'est connu. Ce
qu'ils attendent, les facilités, les plans, les équipements qui
sont nécessaires, les gens le savent... C'est pour cela qu'on dit un
pavillon de l'élevage ou tel genre d'équipement. Lorsque les
plans vont être faits, tous les gens qui font des expositions vont
être consultés pour savoir de quelle façon ils souhaitent
que les aménagements soient faits pour que cela réponde
idéalement à leurs besoins. Actuellement, ce que tout le monde
sait, c'est qu'ils ont besoin d'un lieu parce qu'au Stade olympique les gens ne
sont pas très chauds d'y aller parce qu'il y a trop
d'inconvénients pour les animaux dans le Stade olympique.
M. Vallières: Maintenant, de par la réponse du
ministre, est-ce que je dois
conclure que, par exemple, la question n'a pas été
posée directement à l'UPA, à savoir si, compte tenu de
l'investissement que vous vous préparez à faire et la
création de cette société, selon eux, il s'agissait du
meilleur moyen pour promouvoir l'agriculture, les pêcheries, et le
secteur agro-alimentaire? Est-ce qu'il s'agissait là du meilleur moyen
pour faire connaître les produits agricoles au Québec? Est-ce
qu'il s'agissait là du meilleur moyen de permettre à la
population d'être en contact avec la nature? Compte tenu de l'ampleur de
l'investissement, est-ce qu'il n'aurait pas été important d'avoir
la réaction du milieu que représente l'UPA, le milieu agricole?
Est-ce que, selon eux, c'était jugé comme étant le
meilleur moyen pour atteindre les objectifs que vous visez et qui peuvent
être très louables? On n'a pas la réaction de ces
gens-là présentement et ce que semble me dire le ministre, c'est
qu'il n'a pas posé les gestes comme tels pour leur demander si cet
investissement était la meilleure façon d'atteindre ces
objectifs.
M. Garon: Je ne poserais jamais cette question parce que cela ne
marche pas comme ça. C'est-à-dire que la mise en marché
est une chose, les expositions en sont une autre et la promotion aussi. Or,
actuellement, les cultivateurs font déjà des efforts de promotion
dans des expositions, il y a le Salon international de l'agriculture qui est
rendu à sa 31e année. Cela remplit un besoin d'exposition. C'est
pour cela qu'on l'appelle la Société du Parc des expositions
agro-alimentaires. Ça c'est un genre, mais ce n'est pas la question de
savoir si c'est meilleur que d'autres choses, c'est ça et d'autres
choses. Or, quand on parle de renseignements électroniques, c'est un
autre genre de renseignements qu'ils obtiennent et qui ne nécessitent
pas d'exposition. L'exposition agricole, le député qui est
à côté de vous en parlait tout à l'heure quand il
disait, par exemple, l'importance de l'exposition locale. Autant l'exposition
locale est importante, l'exposition régionale est importante, autant ce
genre d'exposition est important parce qu'il vise d'autres clientèles
plus grandes.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, M. le député de
Papineau.
M. Assad: M. le ministre, justement on parlait de cela...
C'était un grand inventeur, il est décédé: M.
Buckminster Fuller, celui qui a beaucoup d'inventions à son nom,
justement une affaire à Terre des hommes. Un moment donné, il y a
quelques années, j'avais été témoin d'une interview
où il parlait sur l'agriculture et il démontrait la grande
importance de l'agriculture comme retombée économique.
Vous-même, après huit ans comme ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, j'imagine qu'à un moment
donné vous avez saisi l'importance de l'agriculture comme
retombée économique, d'accord! À quelle époque
à peu près? J'ai un but par ma question. À quelle
époque, avez-vous réalisé que l'agriculture comme telle,
comme retombée économique pour une société,
était primordiale?
M. Garon: Depuis bien des années, parce que depuis bien
des années je faisais des discours sur la souveraineté du
Québec, depuis le début des années soixante...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Très brièvement, M. le
ministre. M. le ministre.
M. Garon: Et quand le premier ministre me nomma ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation en 1976, ce sont des
gens qui avaient connu ma préoccupation pour ces questions-là,
dans les termes dont vous venez de parler, qui ont apparemment
suggéré au premier ministre -c'est ce qu'on m'a dit - de me
nommer parce que j'avais toujours été convaincu de l'importance
économique de l'agriculture. Ils avaient entendu mes discours. Alors, en
parlant de la souveraineté...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Assad: D'accord. Mais, si j'avais été à
votre place, M. le ministre...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Papineau.
M. Assad: Excusez-moi, mais c'est juste la dernière
question.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Non mais...
M. Assad: S'il y a un but dans ma question, vous me coupez... Je
suis vraiment intéressé. M. le ministre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Cela va prendre le consentement de...
M. Assad: Je suis convaincu que vous avez des objectifs à
atteindre, mais, si vous avez eu cette préoccupation, vous me dites,
depuis plusieurs années, comment cela se fait-il que vous n'ayez pas
proposé ce parc plus tôt, après avoir été
huit ans ministre de l'Agriculture?
M. Garon: Je vais vous dire qu'au tout
début on a su qu'il fallait s'organiser davantage. Tout le monde
était convaincu qu'il fallait mieux s'organiser pour faire ce genre
d'expositions agro-alimentaires. En s'organisant mieux on en est arrivé
à aller au Stade olympique. En étant au Stade olympique pour une
exposition agro-alimentaire d'ensemble qui commençait à
être réalisée pour les premières fois au
Québec dans ce sens-là, on s'est rendu compte que le Stade
olympique n'était pas du tout un lieu pour cela. Non, pas du tout, mais
il y avait beaucoup d'inconvénients, notamment, par exemple, la question
des étages et tout cela, le ciment et l'absence de facilités pour
ces fins - d'ailleurs, cela n'a pas été bâti pour cela - et
aussi pendant plusieurs années on a été repoussés
à la fin de novembre ou au début de décembre. Ce
n'était pas le temps de faire des expositions agro-alimentaires alors
que le monde magasinait pour les cadeaux de Noël. Alors, on a
commencé à chercher un autre site. Au début, on
était tout seuls, il n'y avait pas de problème, mais rapidement,
parce qu'on était venus et qu'on avait montré qu'il y avait
d'autres facilités, d'autres sont venus, et pour d'autres raisons. C'est
une des raisons pour lesquelles on pense que c'est important que les
représentants du ministère de l'Agriculture soient majoritaires
au conseil d'administration. Pourquoi? Parce qu'il faut garder cette
vocation.
Je n'ai pas peur que la vocation récréative de l'île
soit maintenue; je suis convaincu qu'elle le sera. Mais, si, par exemple, ce
n'était pas des gens du secteur agricole qui représentaient la
majorité du conseil d'administration, j'aurais peur que la vocation
change rapidement pour autre chose. Alors c'est pour cela que cela va adonner,
un site où on va trouver différentes facilités. C'est
à force... J'ai envoyé des gens à différentes
places. L'an dernier, j'ai envoyé des gens à l'exposition d'Anuga
en Allemagne. J'ai visité moi-même avec des collaborateurs
l'exposition de Paris, l'exposition de Tokyo, l'exposition du poisson à
Seattle, l'exposition de Boston; je suis allé visiter des marchés
comme Rungis, la nuit, pour voir comment cela fonctionnait. Pas seulement une
fois, mais je l'ai fait à quelques reprises. J'ai aussi demandé
à d'autres personnes qui travaillent dans ce domaine. C'est pour cela
que, lorsque vous demandez comment c'est arrivé, je dis qu'il y a des
gens qui travaillent dans ce domaine qui sont nos conseillers et
administrateurs et qui savent ce qui se passe ailleurs. Ils ont vu comment cela
se passe ailleurs et savent qu'on a besoin d'un genre d'équipement.
Alors, c'est après les floralies que l'idée nous est venue -
parce qu'on n'avait pas pensé à l'île Notre-Dame avant de
combiner ces activités qui se compléteraient sur l'île. On
n'a pas brusqué les choses parce qu'on aurait pu le faire tout de suite
après les floralies, mais la ville de Montréal avait un autre
projet à ce moment-là et le président de l'AMARC est
devenu M. Roger D. Landry, pour lequel l'agriculture n'est pas la principale
préoccupation. On s'est dit: Ne nous obstinons pas. Que voulez-vous? Ils
ont eu un projet différent pendant une couple d'années et,
finalement, les gens qui avaient été au courant de notre projet
sont revenus à la charge et on en a rediscuté ensemble parce que
la formule du temps... On ne voulait "bulldozer" personne, contrairement
à ce qu'a dit le député de Nelligan. On s'est dit: Si la
ville de Montréal a d'autres projets avec l'île Notre-Dame,
d'accord, mais quand on a vu que les projets qu'elle avait è ce
moment-là - les gens connaissaient nos projets et, d'ailleurs, on les
avait préparés ensemble... On pensait que la meilleure
affectation serait encore peut-être les projets qu'on avait à ce
moment-là. On a rafistolé et retravaillé ces projets pour
faire de l'île Notre-Dame le centre de la nature dont je viens de
parler.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Merci, M. le ministre. Les travaux de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation sont
suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 5)
(Reprise à 20 h 19)
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation reprend ses travaux. Le mandat de la commission est
d'étudier, article par article, le projet de loi sur la
Société du Parc des expositions agro-alimentaires.
Il y aurait un changement à la commission. Le
député de Nicolet, M. Beaumier est normalement membre de la
commission. Il avait été remplacé par le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, M. Baril. Il
s'agirait de faire en sorte que M. Beaumier (Nicolet) redevienne membre,
remplace M. Baril qui le remplaçait. Est-ce qu'il y a consentement
à cet effet?
M. Picotte: Consentement.
Le Président (M. Tremblay): Alors, il y a consentement. La
parole est au député de...
M. Dubois: Huntingdon.
Le Président (M. Tremblay):... Huntingdon.
M. Dubois: Même si je n'ai pas demandé la parole, je
la demande.
Le Président (M. Tremblay): Je m'excuse, mais c'est parce
que votre chef responsable parlementaire avait dit que vous vouliez vous
exprimer. Si vous ne la voulez pas...
M. Dubois: D'accord, non...
Le Président (M. Tremblay):... je vais la donner à
un autre.
M. Dubois:... non, pas de problème.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez la parole, M. le
député de Huntingdon.
M. Garon: Si vous n'avez rien à dire...
M. Dubois: Je n'ai jamais fait cela de ma vie, contrairement au
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation!
M. le Président, j'ai eu l'occasion, hier soir, d'entendre les
propos du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
sur son projet de loi 1, ainsi que les propos de mon collègue de droite.
Je n'ai pas pu percevoir dans les propos du ministre des raisons vraiment
valables pour investir 40 000 000 $ dans un parc d'expositions à
Montréal.
La question que je me pose actuellement, c'est: Les expositions qui ont
eu lieu depuis un certain nombre d'années au parc olympique, qui ont eu
un succès assez imposant, ont donné des résultats quand
même probants, je pense; en tout cas, j'étais heureux de cette
initiative du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Les dépenses n'étaient pas
exagérées au niveau des équipements qui pouvaient
être mis en place et au niveau des coûts à l'État et
à la société pour que ces expositions puissent avoir
lieu.
Alors, je n'ai pas pu percevoir dans les propos du ministre des raisons
fondamentales qui pourraient supporter 40 000 000 $ d'investissements. Je
comprends que la ville de Montréal pourrait être
intéressée à avoir un support massif financier de
l'État, peut-être rentabiliser des équipements qui sont
désuets sur l'île Notre-Dame, je suis bien d'accord avec cela. Il
y a des priorités, quand même, au Québec qui existent, qui
sont percevables. Je pense que nos agriculteurs en sont conscients, surtout
dans plusieurs secteurs d'activité.
Je comprends qu'on ne peut pas mélanger des choux, des betteraves
et des patates, mais il reste quand même qu'il y a des problèmes
dans l'agriculture. J'aimerais savoir du ministre, premièrement: Est-ce
que c'est à l'initiative de la ville de Montréal si ce projet de
loi a été apporté ou si c'est une suggestion ou un
désir du ministre d'arriver à des installations sur l'île
Notre-Dame? C'est la question que je me pose, vraiment.
M. Garon: Je vous avais répondu.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Garon: Ce qui est un peu mon problème, c'est que les
députés libéraux se succèdent. Ils me posent les
mêmes questions tout le temps. J'ai répondu à cette
question, cet après-midi. Au fond, ce sont autant les gens de la ville
de Montréal que du ministère de l'Agriculture ou encore des gens
du Centre de promotion de l'industrie agricole et alimentaire et je dois dire
qu'au sommet sur Montréal, cela avait été une question qui
avait été étudiée, de faire un parc d'exposition
à l'île Notre-Dame.
Maintenant, si les députés libéraux sont tous
contre et qu'on ne vote pas notre projet de loi, je dois vous dire que je n'ai
rien contre le fait de me retourner et de faire des propositions à
Québec. S'il semble que le député de Saint-Jacques est
contre, le député de Marie-Victorin, le député de
Sauvé et tous les gens... Si on n'est pas capable de faire adopter notre
projet, peut-être qu'on serait mieux de... Essentiellement, on a besoin
d'un centre comme celui-là, d'un parc d'exposition pour les grandes
expositions. C'est un projet qui est bien fait et si on pense que les
députés libéraux de Montréal n'en veulent pas,
qu'ils considèrent que c'est un mauvais projet, que c'est une mauvaise
priorité, alors, peut-être qu'il y a d'autres formules. Il est
clair que ce besoin existe et que les équipements sont
nécessaires. On a déjà un Salon international de
l'agriculture à Montréal qui est rendu à sa 31e
année. Ce sont tous les gens qui sont mêlés de près
ou de loin aux expositions alimentaires qui souhaitent ce projet. Si vous
appelez au Jardin botanique, ils vont vous dire que c'est une bonne chose. Si
vous appelez au Centre de promotion de l'industrie agricole et alimentaire -
d'ailleurs, je suis étonné que vous n'ayez pas appelé, je
vous ai donné son nom depuis hier, M. Jacques Proulx qui est le
président de l'UPA - il va vous dire à quel point il souhaite que
cela se réalise. Si vous appelez le maire de Montréal ou le
président du comité exécutif, soit M. Drapeau ou M.
Lamarre, ils vont vous dire à quel point ils sont d'accord.
Il y a eu un vote sur le projet d'entente qui est en discussion avec la
ville de Montréal, un vote unanime des conseillers au début de la
semaine, lundi. Alors, cela commence à faire pas mal de gens qui sont
favorables, maintenant. Si les députés libéraux sont plus
clairvoyants et qu'ils pensent que tous ces gens font erreur, que le
maire de Montréal est dans les patates, que M. Drapeau fait
erreur, que M. Lamarre fait erreur, que M. Jacques Proulx comme
président de l'UPA fait erreur, que le Centre de promotion de
l'industrie agricole et alimentaire fait erreur, que le ministère de
l'Agriculture est dans l'erreur, que tous les organismes, que M. Léonard
Roy de la... Et les gens du secteur de la transformation sont aussi au CPIAA,
parce qu'au CPIAA, le Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire, on trouve deux représentants de l'UPA, deux
représentants de l'industrie alimentaire du Québec, quatre du
ministère qui souhaitent avoir un lieu comme celui-là. Qu'est-ce
que vous voulez? Cela veut dire qu'au fond tout le monde se tromperait. C'est
le député de Saint-Jacques qui penserait que c'est mauvais de
faire un investissement de 40 000 000 $ dans son comté. Bien là,
je prendrais acte, d'autant plus quand on dit que les libéraux m'ont
dît qu'actuellement ils n'avaient pas le temps, je viens d'apprendre
qu'ils ont donné leur consentement pour finir la session ce soir. Ils
ont demandé de finir la session ce soir plutôt que de continuer
jusqu'à demain minuit. C'est-à-dire qu'ils considèrent que
la journée de vendredi, ils ne peuvent pas la donner pour travailler
à un projet de centre agro-alimentaire à l'île
Notre-Dame.
Or, après cela, ils nous parleront du développement
économique. Je vais dire: Bien là, je prends acte.
M. Lincoln: C'est salaud de dire cela.
M. Garon: C'est une évidence. Le président de
l'Assemblée nationale...
M. Lincoln: Qui a demandé le consentement? Ce n'est pas
vous.
M. Garon:... a dit ce matin... Pourriez-vous, M. le
Président, demander au député de Nelligan de se tenir
tranquille?
M. Lincoln: Oui, M. le Président. Qui a demandé le
consentement pour siéger ce soir?
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre, s'il vous
plaît, messieursl
M. Garon: Même le ciel se révolte contre
vousî
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre! Â
l'ordre, messieurs, s'il vous plaîtl
M. Garon: Vous voyez, il rit. Le député de Nelligan
a l'habitude de dire que je contrôle tout. Même les
éléments interviennent.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre!
À l'ordre, messieurs, s'il vous plaîtl Si vous voulez
terminer l'étude de ce projet de toi, il va falloir l'étudier
sérieusement. M. le ministre.
M. Garon: C'est pour cela que, ce matin, le président de
l'Assemblée nationale a dit clairement que les règles du
parlementarisme reposent sur des consentements, et c'est seulement en l'absence
de consentement que le règlement intervient. Si nous ne pouvons pas
continuer demain - parce que le règlement nous dit qu'on peut aller
jusqu'à minuit demain -c'est parce que le Parti libéral, lui, ne
veut pas aller jusqu'à minuit demain. Il ne veut pas adopter ce projet
de loi; il ne veut pas y consacrer le temps qu'il faut.
M. Lincoln: It is just unbelievable!
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez? Je n'ai rien contre cela
sauf que je dirai publiquement aux gens que les libéraux ont
préféré prendre congé vendredi plutôt que
d'adopter le projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 1. M. le
député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, premièrement, le
ministre vient d'induire cette commission en erreur sur le fait que nous
voudrions terminer tôt ce soir, ou tôt cette nuit, en tout cas.
Selon mes informations, c'est à la demande du gouvernement, c'est
à la demande du leader du gouvernement, c'est à la suite de ses
pressions exercées auprès de notre leader et c'est votre parti
politique et votre gouvernement qui désireraient terminer cette nuit. On
a laissé entendre clairement, M. le Président, qu'on n'a aucune
objection à siéger demain jusqu'à minuit.
M. Garon: M. le Président.
M. Dubois: C'est clair de notre côté, M. le
Président.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): J'en ferai part aux deux
leaders.
M. Garon: M. le Président, tout le monde sait que les fins
de session reposent sur les consentements de l'Opposition qui n'a pas
donné son consentement pour étudier ce projet de loi de
façon définitive. Ces gens préfèrent...
M. Lincoln: Qui a demandé le consentement? Ce n'est pas
vous? Ce n'est pas votre leader?
M. Garon: Non. Je sais que vous avez donné un refus sur le
projet, vous l'avez dit à plusieurs reprises. Le leader du gouvernement
m'avait dit également que vous ne vouliez pas faire adopter ce projet de
loi avant l'ajournement. Tout cela repose sur votre consentement. Vous avez
refusé votre consentement. Je sais qu'il y a des procès-verbaux
sur ces questions. On pourrait peut-être faire sortir le
procès-verbal pour constater que vous avez refusé votre
consentement à l'adoption du projet de loi, avant l'ajournement de la
session. Cela, c'est un fait, ce n'est pas de la théorie; c'est un fait,
de la même façon que, si vous disiez immédiatement que vous
êtes prêts à adopter ce projet de loi avant l'ajournement,
vous savez que, automatiquement, le projet de loi pourrait être
adopté puisque le gouvernement est d'accord.
M. Dubois: M. le Président.
M. Lincoln: Donnez-nous les amendements qu'on voudrai
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: À la suite des propos du ministre lors de son
discours en deuxième lecture, et à la suite des propos, aussi,
d'un autre intervenant du côté ministériel à savoir
que ce projet de loi est très important et qu'il faille l'adopter avant
la fin de la session, il y a une chose que je ne comprends pas de la part du
ministre, c'est que ce projet de loi, qui était déposé
depuis le 15 novembre, ait été amené hier soir seulement
pour discussion. Étant donné qu'il est déposé
depuis 35 jours, si le ministre avait cru vraiment, fondamentalement, en la
nécessité de ce projet de loi, il aurait insisté
auprès du leader du gouvernement pour qu'il soit étudié
avant hier soir. Le ministre sait très bien que les fins de session se
terminent toujours de la même façon. Reculez de 1970 à
1976, vous verrez quand même le comportement des gens qui étaient
dans l'Opposition, dans le temps, et qui sont de votre formation politique. (20
h 30)
Quand on veut un projet de loi, on prend les moyens pour l'avoir. Si
vous aviez vraiment voulu ce projet de loi-là, M. le ministre, bien, il
y aurait eu un mois, vous l'auriez apporté en deuxième lecture.
Vous auriez fait des pressions. Je sais que votre poids semble énorme
auprès du Conseil des ministres. Vous auriez fait passer votre
volonté, c'est sûr, à moins que vous n'ayez moins de poids
que vous n'en aviez.
De toute façon, si vous aviez tenu à ce projet de
lot-là, M. le ministre, vous auriez insisté pour qu'on puisse
l'étudier en deuxième lecture bien avant hier soir. C'est bien
beau de dire: Cela dépend de l'Opposition, si jamais le projet de lot
n'est pas adopté avant la fin de la session. Mais je pense que ce n'est
pas tout à fait logique de dire des choses comme ça, M. le
Président, et ce n'est pas honnête de dire des choses comme
ça. Parce que, si vous aviez été vraiment désireux
d'avoir le projet de loi, ça ferait un mois qu'on serait en train de
l'étudier.
En plus, on aurait pu écouter, inviter en commission
parlementaire des gens comme des représentants de la ville de
Montréal, l'UPA, l'association des jardiniers maraîchers, les
intervenants dans le monde agricole, selon ce que vous dites, qui
désirent avoir un tel outil. On aurait pu inviter ces gens-là. On
n'a pas l'occasion de les inviter. On n'a l'occasion d'entendre personne.
Le ministre nous dit: J'ai un projet de loi important. Je l'amène
à la fin de la session, enfin, où on se bouscule tous, sur des
projets de loi différents. Ce n'est pas sérieux et ça ne
fait pas sérieux, non plus, de dire: C'est urgent et c'est important, ce
projet de loi-là. Je pense que le ministre devrait corriger son tir un
petit peu.
M. Garon: Le projet d'entente qui est en négociation a eu
un vote du conseil municipal à 16 heures mardi à la ville de
Montréal. C'est évident que je pense qu'il n'aurait pas
été délicat de ma part de faire voter une loi avant
d'avoir eu une entente au conseil municipal. J'ai pensé qu'il
était préférable d'attendre. Là, vous savez qu'il y
a eu un vote au conseil municipal; c'est connu, c'est public, c'est même
dans les journaux.
Plutôt que vouloir dévoiler tout le projet, en
étudiant le projet de loi, j'ai pensé qu'il était dans
l'ordre que le projet d'entente qui sous-tend ce projet de loi soit voté
par le conseil municipal, même si la négociation n'est pas
complètement terminée, mais c'est une question de détail
maintenant; c'est une question d'ajustement.
Le conseil municipal de Montréal s'est prononcé sur le
parc agro-alimentaire et sur l'ensemble de l'entente. C'est par savoir-vivre
que j'ai pensé que c'était mieux d'attendre.
Maintenant, vous voulez savoir l'opinion de ces gens. Pas besoin de
faire venir grand-monde. Ils ont voté unanimement au conseil municipal
mardi après-midi à 16 heures. Pouvez-vous avoir mieux comme
consultation? On ne peut pas avoir beaucoup mieux.
Je vous ai dit qu'au Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire il y a M. Jacques Proulx, qui est en même temps le
président de l'UPA. Vous pouvez lui téléphoner. Il sait de
quoi il est question. Au contraire, il s'est informé assez
souvent au cours de la dernière année, pour savoir de
quelle façon le projet avançait. Je n'at pas beaucoup
d'inquiétude sur l'appel téléphonique que vous pourriez
lui faire pour le consulter. Je vous ai dit ça hier
également.
Je sais également, par le discours du député de
Maskinongé, qu'il est en contact avec les gens de Montréal,
puisqu'il avait le projet d'entente, qu'il avait les documents et que le
député de Nelligan, dans son discours, a fait allusion au plan
d'immobilisation, puisqu'il a révélé les montants qu'on
entend affecter, soit pour la réfection du pavillon de la France, ou
encore, au pavillon de l'élevage, etc.
Donc, vous avez aussi les documents. En plus, je pense bien, aussi, que
parmi les gens qui sont de Montréal, vous avez de vos amis qui ont pu
vous donner toutes les informations.
Je pense, par exemple, au directeur général de l'AMARC,
qui est l'ancien candidat du Parti libéral dans Sherbrooke, qui
s'intéresse au dossier, qui a pu sûrement vous donner des
renseignements aussi.
Vous voulez peut-être que je tienne la main qui signe le document,
mais ce n'est pas dans mes habitudes et je pense qu'il y a toutes les
informations. Voulez-vous dire que ce projet-là ne rencontre pas les
assentiments? À moins que... On m'a dit que les gens du Parti
libéral avaient dit que, même si M. Drapeau appelait M. Bourassa,
M. Bourassa n'avait qu'à se faire élire pour pouvoir donner son
opinion. On m'a dit que c'étaient des députés du Parti
libéral qui avaient dit ça.
Qu'est-ce que vous voulez? S'il y a une rébellion dans le Parti
libéral, s'il y a des gens qui ne veulent rien savoir du maire de
Montréal, qui n'aiment pas le maire de Montréal, ça, c'est
une autre question. Quant à moi, je peux vous dire que nos rapports avec
la ville de Montréal sont excellents, que le maire de Montréal
est un grand maire, un maire qui a eu une histoire extraordinaire au point de
vue du développement de Montréal.
J'aimerais que vous essayiez de me donner des organismes qui sont contre
ce projet, à l'exception des libéraux et, notamment, du
député de Saint-Jacques et du député de
Marie-Victorin qui ont été sans doute manipulés par le
député de Maskinongé qui a pu réussir à
faire voter tous les députés du Parti libéral de
l'île de Montréal contre le projet. J'ai trouvé cela fort.
J'ai pensé que le chef du Parti libéral avait raison lorsqu'il a
dit qu'en matière agroalimentaire le seul porte-parole est le
député de Maskinongé et que ce que les autres disent ou
pensent, cela n'a aucune importance. J'ai réalisé que
c'était vrai. Le député de Maskinongé a dit non en
ce sens qu'il était ridicule d'investir 40 000 000 $ pour un parc
agro-alimentaire pour faire plaisir au maire Drapeau; il n'en est pas question.
J'ai le discours du député de Maskinongé, M. Picotte. Je
vais en terminer la lecture et je vais en citer différents extraits
demain lors d'une conférence de presse à Montréal.
Le Président (M. Tremblay): Je constate que vous voulez
continuer votre intervention et que vous ne désirez pas qu'on passe
à l'article 1. M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, si on veut parler de
cohérence et de logique pure, comment se fait-il que le ministre a
déposé le projet de loi le 15 novembre et que le conseil
municipal de Montréal en a discuté il y a seulement une
journée ou deux?
M. Garon: Oui, mais...
M. Dubois: II faut quand même... Dites-moi cela: où
est la logique là-dedans? Vous déposez le projet de loi en
Chambre. Cela ne touche certainement pas Québec, c'est Montréal
qui est touchée.
M. Garon: Oui, mais vous savez comme moi qu'il y a des
échéanciers.
M. Dubois: La ville de Montréal n'a pas donné son
approbation, elle n'en a pas discuté et vous le déposez un mois
avant. Qu'est-ce que c'est? Comment cela se tient-il? Vous n'avez pas
été chercher l'approbation de la ville de Montréal avant
de déposer votre projet de loi? C'est cela que vous nous dites.
M. Garon: On travaille ensemble à un projet. La date
limite de dépôt pour les projets de loi est le 15 novembre. Donc,
le projet de loi a été déposé en temps. Non
seulement cela, mais il porte le titre de projet de loi 1. Donc, sûrement
que vous avez eu le temps d'étudier le projet de loi 1 avant les projets
2, 3, 4 et 5. C'est le projet de loi 1 de la session. À leurs
interventions, je constate que la plupart des députés ne l'ont
pas lu. Le député de Saguenay a accouché d'une
série de questions qui démontraient de toute évidence ou
bien qu'il ne sait pas lire les projets de loi ou qu'il ne l'a jamais lu.
À sa lecture même, il était évident... Je l'ai dit
tout à l'heure. C'est tout simplement que nous l'avons
déposé en temps utile. C'est un projet de loi qui ne
présente aucune difficulté sur le plan juridique. La principale
question, c'est la question d'opportunité. Par le vote de ce midi du
Parti libéral contre le projet de loi, vote qui a été
reporté ce matin, j'ai pensé que vous étiez contre le
projet de loi parce que vous avez voté contre le principe du projet de
loi à la deuxième lecture. Il
m'apparaît évident que les libéraux sont contre le
projet du Parc des expositions agro-alimentaires sur l'île Notre-Dame.
Ils essaient de trouver toutes sortes de prétextes pour que cela ne
paraisse pas mal pour le public et de chercher des dividendes ailleurs. Ils se
rendront compte que, dans le monde agricole, la différence entre le
Parti québécois et le Parti libéral est que nous
n'essayons pas de diviser le monde rural et le monde urbain, nous essayons de
développer les deux en même temps en les utilisant l'un avec
l'autre pour leur propre développement économique. Le Parti
libéral a toujours essayé de diviser - et il l'essaie encore une
fois - le monde rural et le monde urbain en disant: Cet argent, vous pourriez
l'avoir dans le monde rural. Or, ce n'est pas le cas. Ce sera
entièrement financé par le Service de la dette. Cela veut dire
que les sommes seront entièrement empruntées et
remboursées à chaque année sur 25 ans parce que la
distance de ce parc, les travaux et les revenus en impôt sur le revenu et
en taxes de vente pour le gouvernement du Québec qu'il va
générer vont permettre des remboursements sous forme
d'intérêts ou de capital dans ce projet. Il n'est pas question
d'argent qui provient du fonds consolidé à ce moment-ci, il
s'agit d'un financement complet par le Service de la dette où on va
rembourser à chaque année, pendant 25 ans, le capital, les
intérêts et les frais de financement. On n'enlève rien
à personne puisque, sans ce projet, les 40 000 000 $ ne seraient pas
investis. C'est seulement grâce à ce projet que les 40 000 000 $
seront investis. Il n'y a pas de transfert de budget, rien de cela. Tout sera
financé par emprunt au fur et à mesure et remboursé parce
que certains revenus vont provenir des gens qui vont travailler dans la
construction, qui vont payer des impôts; des taxes de vente seront
payées.
Dans l'exploitation du parc, je vous disais qu'il y a des centaines et
des centaines d'emplois, ce sont des gens qui vont payer des impôts. Les
consommateurs vont payer la taxe de vente. Tout cela va contribuer à
rembourser, par le gouvernement, le capital et les intérêts.
C'est de la même façon que je vous disais tout à
l'heure que, en temps de crise, le président américain Roosevelt,
qui a passé pour un génie pour avoir contrecarré les
effets de la crise, notamment par des mesures sociales mais aussi en
construisant des parcs...
M. Lincoln: Le Roosevelt du Québecl
M. Garon:... et ce qu'on a appelé, à ce
moment-là, le "new deal" parce que cela a été une
façon de faire,.. On pense que l'exemple des Américains à
nos portes, avec un président très aimé en Amérique
du
Nord...
M. Lincoln: Mais en 1936!
M. Garon:... M. Roosevelt...
Maintenant, je sais que le député de Nelligan aimerait
peut-être qu'on suive des exemples ailleurs, mais je
préfère les exemples aux États-Unis.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Champlain.
M. Dubois: Je n'ai pas fini, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): Non, vous n'avez pas fini mais
en vertu du principe de l'alternance, je remets la parole à M. le
député de Champlain. Vous avez une enveloppe de 20 minutes, mais
vous avez fait une intervention, là une intervention de l'autre
côté et je vais vous la redonner après.
M. Dubois: C'est parce que M. le ministre nous a mis en cause
tout à l'heure. C'est strictement...
Le Président (M. Tremblay): Cela arrive. J'ai noté
que cela arrivait très souvent en cette Chambre.
M. Dubois: Je peux soulever une question de règlement?
Le Président (M. Tremblay): Ah oui! Vous pouvez faire
cela.
M. Dubois: M. le Président, sur une question de
règlement...
Le Président (M. Tremblay): Mais je vous informe que, sur
une question de règlement, cela ne donnera pas cinq minutes au ministre
pour répondre.
M. Dubois: Non? Il aura droit à quoi? Je reviendrai tout
à l'heure.
Le Président (M. Tremblay): Alors, M. le
député de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, je pense que vous avez fait la
remarque que je voulais faire dans mon intervention, c'est que, à ma
connaissance, depuis assez tôt cet après-midi, on est en train de
faire les remarques préliminaires à ce projet de loi. C'est un
projet de loi extrêmement important et...
Le Président (M. Tremblay):...
M. Gagnon:... je voudrais, M. le Président, vous demander
si le temps limite
pour les remarques préliminaires des députés de
l'Opposition et de l'ensemble de la commission parlementaire est
terminé. Et je voudrais vous demander, le plus vite possible, d'appeler
l'article 1 du projet de loi.
Le Président (M. Tremblay): C'est-à-dire qu'il y a
une période de 20 minutes par député...
M. Gagnon: Est-ce qu'il en reste beaucoup?
Le Président (M. Tremblay): Oh, il en reste encore...
M. Gagnon: Il me semble que cela fait des heures et des heures
que j'entends les 20 minutes.
Le Président (M. Tremblay): Oui, mais il faut noter
qu'après chaque intervention d'un député, quel qu'il soit,
le ministre a une période de cinq minutes.
M. Gagnon: Est-ce que vous surveillez les cinq minutes du
ministre?
Le Président (M. Tremblay): Oui. Nous le surveillons
étroitement. Mais, quand un député prend la parole, ne
serait-ce que deux minutes, le ministre a cinq minutes pour répondre.
Nécessairement, selon le temps que le ministre prend pour
répondre...
Alors, je me dois immédiatement de donner la parole au
ministre.
M. Gagnon: Juste avant, M. le Président, si vous
permettez...
Le Président (M. Tremblay): Vous n'avez pas
terminé, si je comprends bien.
M. Gagnon:... est-ce qu'on pourrait avoir un décompte? Il
reste combien de temps au député de Huntingdon concernant son
droit de parole pour les remarques préliminaires?
Une voix:....
M. Gagnon: Tant que celai
Le Président (M. Tremblay): Puis-je vous dire qu'il reste
beaucoup de temps? M. le député de Huntingdon.
M. Gagnon: N'ajoutez rien, M. le Président.
Une voix: Vous êtes habile!
M. Dubois: M. le Président, le ministre...
M. Picotte: M. le Président, une question de
règlement. J'aimerais savoir le temps exact qu'il reste au
député de Huntingdon.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon, il lui reste quatorze minutes.
M. Picotte: Merci.
Le Président (M. Tremblay): Comme quoi vous voyez que les
fonctionnaires de la commission font bien leur travail et avec diligence.
Une voix: Ils fonctionnent bien.
M. Dubois: Félicitations aux fonctionnaires de la
commission.
M. le Président, le ministre accusait tout à l'heure le
Parti libéral, l'Opposition officielle, de ne pas avoir
étudié le projet de loi avant hier. Je pense qu'il se trompe
royalement, parce qu'il y a quand même un bout de temps qu'on a
étudié le projet de loi, on l'a en main depuis 35 jours. S'il n'a
pas été considéré en Chambre, c'est à cause
du ministre, par exemple, parce qu'on ne l'a pas eu avant hier soir pour
considération.
En plus, le ministre accusait tout à l'heure les libéraux
de diviser les urbains et les ruraux. Il n'y a pas un parti politique depuis la
Confédération qui a divisé autant les
Québécois que le Parti québécois. C'est un fait.
D'ailleurs, vous n'avez qu'à considérer ce qui arrive au Conseil
des ministres! Vérifiez, vous en êtes témoin, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a un Conseil des ministres qui a déjà
été aussi divisé depuis 1867? Je ne le pense pas. Alors,
je pense que vous n'avez de leçon à donner à personne sur
la question de diviser les Québécois. Vous êtes
témoin de votre propre Conseil des ministres, vous êtes
témoin de ce qui s'est passé au référendum, vous
êtes témoin du comportement de votre premier ministre. Alors, sur
ce terrain-là, vous ne devriez même pas y pénétrer,
même pas, parce que vous n'êtes pas dans un champ de
compétence du tout. (20 h 45)
M. Garon:... parlez. Vous avez abandonné votre parti en
pleine bataille comme un capitaine qui aurait quitté le navire de peur
de la tempête.
M. Dubois: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon, je pense qu'il vous reste du temps de parole.
M. Dubois: M. le Président, j'ai toujours eu des
principes. J'ai toujours été un Canadien et
fédéraliste et je le suis encore. Je n'ai jamais changé
mes opinions.
Une voix: Il a été bleu et Union Nationale
aussi.
Une voix: Comme M. Biron.
Le Président (M. Tremblay): S'il vous plaît! Vous
noterez qu'il nous reste peu de temps dans cette session. Il faudrait en
laisser le plus possible au député de Huntingdon pour qu'il
puisse faire son intervention.
M. Dubois: Vous êtes très gentil, M. le
Président. Hier soir, dans les propos du ministre de l'Agriculture, je
n'ai pu percevoir une indication qu'il y ait eu une étude de
faisabilité et de rentabilité sur des installations qui
coûteraient 40 000 000 $. Est-ce que le ministre peut me dire, sur une
question bien précise, s'il a en main des études de
faisabilité et de rentabilité? Quand on investit 40 000 000 $
quelque part, je pense que c'est basé sur des données
précises. Est-ce que le ministre en a ou non? J'aimerais le savoir.
M. Garon: M. le Président, si vous voulez, j'aimerais que
le député pose toutes les questions qu'il a à poser et je
répondrai...
M. Dubois: Une par une.
M. Garon:... ensuite. Je ne voudrais pas qu'il...
Le Président (M. Tremblay): Vous ne pouvez pas exiger
quand même du ministre...
M. Dubois: S'il ne veut pas répondre, il n'est pas
obligé de répondre.
Le Président (M. Tremblay): Non, mais le ministre a dit ce
qu'il a dit. Vous, vous dites ce que vous voulez...
M. Dubois: Bien oui, c'est cela. Une voix: Question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Cela s'est souvent vu ici:
deux longs monologues.
M. Picotte: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Dites-moi donc de quelle façon le
député de Huntingdon aura le droit de poser des questions
additionnelles quand son droit de parole sera terminé si, effectivement,
il juge que la réponse du ministre qui sera donnée à la
fin nécessite des réponses complémentaires? Expliquez-moi
cela.
Le Président (M. Tremblay): Je vais vous expliquer
cela.
M. Beauséjour: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): Oui, sur la question de
règlement.
M. Beauséjour: M. le Président, j'ai l'impression
qu'on est aux remarques préliminaires. Si le député de
Huntingdon veut faire des remarques, qu'il les fasse. S'il a des questions,
nous allons étudier article par article, un jour - cette année ou
l'an prochain, je ne sais pas - et il pourra poser toutes les questions qu'il
voudra quand on sera rendu à l'étude des articles.
Le Président (M. Tremblay): Je vous remercie, M. le
député d'Iberville. Je reconnais en vous le président de
séance qui m'indique qu'effectivement, le député peut
poser toutes les questions qu'il veut dans son intervention, dans ses remarques
préliminaires et que, si jamais il avait des questions additionnelles,
il y aura, je crois, 40 articles où il aura droit à 20 minutes
dane chacun des cas pour poser ses questions.
M. Garon: Je pourrais répondre immédiatement que
cela pourra faire l'objet d'une question à l'article 20 puisque si le
député a étudié le projet de loi, il se rendra
compte que l'article 20 traite spécialement de cette question: "La
société doit viser è assurer la rentabilité du Parc
des expositions agro-alimentaires. "
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je pense que le ministre sait
très bien, aussi bien que tous les membres de cette commission, qu'il
est de coutume dans les commissions parlementaires et à la suite des
notes explicatives d'un projet de loi qu'on puisse poser à peu
près toutes les questions...
Le Président (M. Tremblay): C'est votre privilège,
M. le député.
M. Dubois:... relatives à un projet de loi. Je pense qu'il
n'est pas nécessaire d'arriver à un article particulier pour
poser des questions générales. Ce sont des questions
générales que je pose au ministre et je pense que c'est une
question pertinente.
Le Président (M. Tremblay): Vous avez 20 minutes, M. le
député.
M. Dubois: Je vous remercie. Une voix: Allez, allez,
M. Dubois: J'ai posé la question tout à l'heure au
ministre: J'aimerais savoir s'il y a eu des études particulières
de rentabilité et de faisabilité sur cet investissement de 40 000
000 $. Je pense que c'est une question qui se pose. C'est une question qui
mérite une réponse. Si le ministre ne veut pas y répondre,
c'est son affaire.
M. Garon: C'est-à-dire que je ne veux pas
collaborer...
M. Gagnon: Avant que vous redonniez la parole au ministre... Je
pense que c'était une question de règlement. Enfin, j'en fais une
question de règlement...
Le Président (M. Tremblay): Si c'est une question de
règlement, je dois la recevoir.
M. Gagnon: Je voudrais que le ministre prenne note des questions
du député de Huntingdon et qu'il y réponde par la suite de
façon que les 11, 12 ou 13 minutes...
Le Président (M. Tremblay): Ce n'est pas une question de
règlement.
M. Gagnon: Non, mais c'est une suggestion.
Le Président (M. Tremblay): Je pense que c'est une
suggestion et que vous pourriez parfaitement la faire par écrit au
ministre qui va certainement l'entendre.
M. Gagnon: J'aimais mieux la faire à haute voix que par
écrit.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre avait la
parole.
M. Garon: M. le Président, je peux répondre
à la fin ou plus tôt. Je préférerais répondre
à l'étude article par article puisqu'il y a deux articles qui
traitent de cette question: l'article 20 et l'article 26.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, le ministre peut
s'entêter à répondre seulement au niveau des articles, mais
il sait très bien qu'il y a une coutume en commission parlementaire de
poser des questions générales sur un projet de loi. Ceci
n'empêche pas, quand on sera rendu à l'article en question... Si
on a la réponse déjà donnée par le ministre, c'est
bien sûr qu'on ne posera pas d'autres questions là- dessus. Alors,
le temps que le ministre prendrait pour répondre à cette question
que je pose, il n'aurait pas besoin de répondre à l'article 20.
Si le ministre ne veut pas, c'est son affaire. Il n'en reste pas moins que je
pense que cela pourrait même participer à activer les travaux si
le ministre voulait répondre à la question parce que...
M. Garon: La réponse, c'est oui.
M. Dubois:... c'est une question de base.
M. Garon: La réponse, c'est oui.
M. Dubois: C'est oui? Est-ce que vous en avez à
déposer ou à nous faire connaître, des études? Non
pas les déposer, parce qu'on ne les dépose pas en commission,
mais est-ce que vous avez des études que vous pourriez nous faire
connaître là-dessus, des études de faisabilité et de
rentabilité? Ce sont 40 000 000 $ qu'on n'a pas et qu'on emprunte.
Connaissant toutes les difficultés qui existent en agriculture
actuellement, je pense qu'il serait important pour la classe agricole de savoir
au moins si les 40 000 000 $ sont bien investis, si ces 40 000 000 $ ne sont
pas pris au détriment de l'aide financière qu'on pourrait
apporter aux agriculteurs. Je pense que c'est important d'avoir une
réponse convenable, au moins, du ministre.
M. Garon: Le député oublie une question très
simple, au fond. C'est qu'à l'île Notre-Dame, cela fonctionne
depuis 1980. Il ne s'agit pas d'un nouveau projet qui n'existe pas et le Centre
de promotion de l'industrie agricole et alimentaire opère le Salon de
l'agriculture depuis 31 ans. Au fond, le Parc des expositions
agro-alimentaires, à la base, va être une combinaison des deux
avec d'autres activités qui vont s'y greffer. Les budgets de
fonctionnement sont faits. Les perspectives d'utilisation sont faites. Des
projets sont élaborés. Le nombre d'emplois prévu est fait.
Tout cela est fait. On attend seulement... C'est un objectif de
rentabilité qui est recherché. C'est ce qui est en cause.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, étant donné que
les réponses du ministre sont très minces je vais laisser un
autre de mes collègues poser les questions.
Une voix: Combien de temps reste-t-il, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay): Cela n'a pas d'importance. Y
a-t-il d'autres intervenants?
M. Garon: Cela a de l'importance un peu.
Étude détaillée
Le Président (M. Tremblay): Nous passons à
l'étude de l'article 1. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Des voix: Adopté.
Institution et organisation
Le Président (M. Tremblay): Adopté, l'article
1?
M. Picotte: Adopté,
Définition
Le Président (M. Tremblay): J'appelle l'article 2,
M. Lincoln: À l'article 2, j'aurais voulu proposer un
amendement, M. le ministre.
Le Président (M. Tremblay): Dites toujours.
M. Lincoln: J'entendais le député rigoler. Je ne
sais pas pourquoi il rit, parce que je pense qu'on parle d'une question
sérieuse. J'ai fait le point déjà avec le ministre. Je
pense que, si le ministre était prêt à considérer
des choses valables dans cette loi, on aurait pu bonifier la loi pour donner
une participation beaucoup plus étendue...
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Nelligan, vous avez annoncé un amendement. Je n'ai pas d'objection
à ce que vous vous prononciez...
M. Lincoln: D'accord, d'accord.
Le Président (M. Tremblay): Bon! D'accord.
M. Lincoln: Je reviens à mon amendement: La
société est une corporation à but...
M. Picotte: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay): Question de
règlement.
M. Picotte: Je ne voudrais pas revenir sur votre décision,
M. le Président, mais je pense qu'avant de déposer son
amendement, le député de Nelligan a le droit de parler sur
l'article 2 comme tel...
Le Président (M. Tremblay): Certainement.
M. Picotte:... et arriver par la suite et déposer un
amendement. C'est son droit le plus strict.
Le Président (M. Tremblay): Ah!
M. Picotte: Je pense que vous devez lui permettre de parler et
s'il juge à propos de déposer un amendement à la fin, il
le déposera. Si d'autres députés jugent à propos
d'intervenir, ils interviendront.
Le Président (M. Tremblay): C'est leur droit le plus
strict et au moment... Je tentais seulement d'économiser le temps de la
commission parce que...
M. Lincoln: Je ne vais pas...
Le Président (M. Tremblay):... le député de
Nelligan l'avait annoncé. J'allais lui dire: Si vous voulez intervenir
sur l'article 2, vous avez le droit de le faire, mais si vous voulez
déposer votre amendement immédiatement, vous pouvez le faire.
M. Lincoln: Je ne veux pas perdre de temps.
M. Picotte: M. le Président, je veux vous demander une
directive.
Le Président (M. Tremblay): Oui, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Est-ce que vous considérez que c'est dans vos
attributions d'économiser du temps à la commission ou si c'est
dans vos attributions de présider les débats de la
commission?
Le Président (M. Tremblay): C'est là mon devoir le
plus strict, à mon avis...
M. Picotte: De quoi?
Le Président (M. Tremblay):... de gagner du temps pour la
Chambre.
M. Picotte: Non. Je pense, M. le Président, que si vous
allez vérifier le règlement, votre droit le plus strict et votre
devoir, c'est de présider les débats en donnant à chacun
un droit de parole et en respectant surtout ce que le règlement leur
permet de faire. À ce moment-là, le règlement permettait
au député de Nelligan de s'exprimer.
Le Président (M. Tremblay): Je le reconnais sans
hésitation aucune. C'est son droit de s'exprimer 20 minutes sur
l'article 2, mais je crois être de mon devoir, autant que faire se peut,
d'économiser du temps à la commission, si c'est possible, tout en
respectant les droits et privilèges des
membres de cette commission. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, M. le ministre, je ne suis pas un
procédurier. Tout ce que je veux dire, c'est que je veux étoffer
mon argument. Ce que j'ai essayé de dire hier, quand j'ai fait mon
discours en Chambre et plus tôt au ministre, quand il ne
m'écoutait pas, quand il parlait à ses collègues, tout ce
que je veux dire, c'est qu'une des objections fondamentales que nous avons - et
c'est pourquoi, en principe, nous avons voté contre la chose - c'est que
nous ne voulons pas une société qui est contrôlée
par le gouvernement directement, qui est contrôlée par le
ministre, quand c'est une société qui a deux autres grands
intervenants qui sont impliqués là-dedans à parts
égales avec le gouvernement, soit la ville de Montréal et les
utilisateurs qui vont justifier le projet. Sans les utilisateurs, le projet ne
tient pas debout. Sans la ville de Montréal, le projet ne tient pas
debout. Sans le gouvernement, le projet ne tient pas debout.
Nous pensons qu'il aurait été beaucoup plus logique,
beaucoup plus intelligent, que cela aurait protégé la ville de
Montréal et les utilisateurs d'avoir une société à
but non lucratif où, à travers la promotion, on établirait
que le "membership" de la société se fera à parts
égales entre le gouvernement, d'une part, pour un tiers, entre la ville
de Montréal pour un tiers et entre les utilisateurs pour un tiers.
À ce moment, vous nous auriez accrochés beaucoup plus
facilement.
Une des perceptions que nous avons -et on ne peut juger que par ce qui
est arrivé déjà - c'est qu'on ne veut pas une
société purement gouvernementale, une autre société
d'État que vous allez contrôler à 100%, où vous
allez mettre tous les fonds, où vous allez être le grand bailleur
de fonds, où vous allez nommer, comme on l'a cité avant, cinq des
membres du conseil d'administration sur sept. Vous allez nommer le
président, vous allez nommer le directeur général et vous
allez nommer le secrétaire général.
Si vous avez réellement un esprit d'ouverture, si vous voulez
cette loi, montrez-nous votre bonne foi. C'est très beau de dire: Les
libéraux sont contre le principe économique...
Motion proposant que la société
soit un OSBL tripartite
Je vais proposer un amendement qui va se lire comme suit: "La
société est une corporation à but non lucratif - personne
ne peut s'opposer à cela, c'est ce que c'est -dont les membres
représentent à parts égales le gouvernement - vous avez
votre tiers - la ville de Montréal et les représentants des
utilisateurs du parc. " La motivation de cela, c'est que, sans les utilisateurs
du parc, comme je l'ai dit avant, il n'y a pas de corporation. Cela n'existe
pas parce que la corporation ne pourra pas se justifier, ne pourra pas
être viable, ne pourra pas avoir des revenus. C'est eux qui sont la
clé du projet.
Le deuxième élément le plus important, c'est
certainement la ville de Montréal qui a son droit de regard. C'est son
site, c'est elle qui a fait valoir l'exposition dès son début,
c'est elle qui l'a publicisée. Ce sont surtout les gens de
Montréal qui vont aller là, c'est sûr, les 3 000 000
d'habitants de Montréal. Et, naturellement, il y a le gouvernement du
Québec.
Alors, si vraiment vous avez l'esprit ouvert, si vous ne voulez pas une
corporation que vous allez contrôler à 100%, montrez votre esprit
d'ouverture. Acceptez notre amendement et, à ce moment, notre attitude
va être, peut-être, très différente et beaucoup plus
constructive. Je propose l'amendement, je le remets au secrétaire et
j'espère qu'on aura une réaction favorable de vous.
Le Président (M. Tremblay): Je vous remercie et nous
allons tenter d'en faire faire des copies pour tous les membres de la
commission. Je le déclare immédiatement recevable. Je vous donne
la parole, M. le député de Nelligan. Vous avez 20 minutes.
M. Lincoln: Écoutez, ce n'est pas mon idée d'aller
consommer du temps. Je pense que l'amendement est tout à fait clair. Je
pense que l'amendement se justifie dans les circonstances tout à fait
exceptionnelles qu'on connaît, ici. Je vais utiliser des
précédents qui ont trait, même, à toute la question
agricole pour prouver au ministre que ce n'est pas une suggestion farfelue, que
nous l'avons apportée comme une des grosses objections que nous
avions.
Je vais citer quelque chose au ministre, presque tout de suite, qui va
démontrer que ce n'est pas un amendement qui est fait de façon
folichonne du tout. Par exemple, parlant du Centre de promotion de l'industrie
agricole et alimentaire du Québec Incorporé, je cite M. Garon
lui-même, le ministre de l'Agriculture. Il dit: C'est une compagnie
privée. C'est une façon de dire, une compagnie privée. Ce
sont tous des organismes sans but lucratif dont les membres du conseil
d'administration sont des représentants de l'industrie alimentaire, des
représentants du secteur agricole, des représentants du
ministère. C'est divisé moitié-moitié: quatre
représentants du ministère, deux représentants de
l'industrie agricole et deux représentants de l'industrie
alimentaire.
Je suis sûr qu'au début, quand vous
avez présenté le Centre de promotion de l'industrie
agricole et alimentaire du Québec, tout cela était rose: on
allait faire de l'argent, cela n'allait demander aucun fonds. Tout cela allait
très bien, le CPIAAQ, le Centre de promotion de l'industrie agricole et
alimentaire du Québec Inc. Mais le on a eu à combler des
déficits de 98 000 $. Je suis sûr qu'au début tout
était rose, tout était épatant, mais à un moment
donné on a comblé des déficits parce que ces affaires ne
marchaient pas.
Moi, j'ai envie que les gens qui sont impliqués là-dedans,
les utilisateurs, la ville de Montréal, aient voix au chapitre et
sachent dès le début qu'ils sont membres à part
entière avec vous, qu'ils ont un tiers des actions, qu'ils prennent un
tiers de tous les risques de cette affaire. Si cela fait des déficits,
la ville de Montréal aussi est impliquée. Si cela fait des
déficits, les utilisateurs sont impliqués, et vice versa.
D'accord.
M. Garon: Oui, on va avoir beaucoup de signataires! (21
heures)
M. Lincoln: D'accord. Seulement, ce que je vous dis, c'est que
si, par exemple, vous avez un esprit d'ouverture, si, par exemple, ce n'est pas
une société que vous voulez contrôler - vous m'avez
cité la Société des pêches de Newport et je vois que
les gens sont là ce soir - prenez leur exemple, faites-vous minoritaire
dans cette corporation, faites-vous au moins actionnaire pour un tiers. Je sais
qu'il n'y a pas d'actions; on parle "d'actionnaires" entre guillemets.
Faites-vous membre d'une société sans but lucratif où vous
n'allez pas contrôler l'action, où il y aura trois parties qui
vont établir un équilibre, un genre d'équité parce
que les trois seront des intervenants aussi importants l'un que l'autre.
La ville de Montréal ne peut pas travailler sans vous, les
utilisateurs. Vous, vous ne pouvez pas travailler sans la ville de
Montréal et les utilisateurs et les utilisateurs, eux, c'est la
clé de tout. Alors, je vous propose cet amendement de bonne foi, je
pense que c'est quelque chose que nous pensons très fortement du
côté de notre parti. C'est une des raisons fondamentales pour
lesquelles nous avons voté contre le principe de cette loi. Si vous
êtes prêt à nous donner des ouvertures - et plus tard, sur
le conseil d'administration, on va revenir avec d'autres amendements - à
ce moment-là, on va pouvoir juger de votre bonne foi sur cette question
et peut-être qu'on verra la chose différemment.
M. Garon: Ce que j'aime du député de Nelligan,
c'est sa capacité de parler des deux côtés de la bouche en
même temps, parce que, maintenant qu'il voit les gens de la
Société des pêches de Newport, ici il dit: Prenez leur
exemple, mais hier il a parlé contre la Société des
pêches de Newport.
M. Lincoln: M. le Président, question de règlement,
non, non, question de règlement.
M. Garon: J'ai les épreuves.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Nelligan, dites-moi d'abord quel article du règlement vous invoquez?
M. Lincoln: Bon, très bien, je vais trouver l'article du
règlement. En tout cas, moi, il me reste du temps.
Le Président (M. Tremblay): Vous allez avoir suffisamment
de temps.
M. Lincoln: D'accord, je vais revenir là-dessus.
M. Garon: M. le Président. D'ailleurs, c'est
enregistré. Il a dit que la Société des pêches de
Newport existe, elle est située à côté de l'usine du
fédéral parce que le ministre voulait son usine à lui,
parce qu'il voulait tout contrôler, parce qu'il voulait tout avoir pour
lui, alors qu'aujourd'hui, voyant les pêcheurs de Newport qui sont ici,
il dit: C'est un exemple à suivre. Quand est-ce qu'il dit vrai? Le
député qui parle le plus...
M. Lincoln: C'est pas croyable!
M. Garon:... comme une face de Gémeaux, des deux
côtés de la face en même temps, tout le temps; jamais un
seul langage, toujours deux langages, selon que les gens sont là
où qu'ils ne sont pas là, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, j'aimerais que
vous reveniez à la pertinence du débat.
M. Garon: Je suis estomaqué, M. le Président,
devant de tels propos. Je vois ici le député de Saint-Laurent qui
avait dit...
Une voix: C'est M. Leduc.
M. Garon: Je sais que c'est M. Leduc, mais je ne savais pas le
nom de son comté. Je ne l'ai pas connu tellement par ses interventions
en Chambre, mais par un article qu'il écrivait quand il était
candidat. Alors, quand il était candidat, il disait: Il y a une chose
que je veux faire au Parlement, c'est empêcher le "placotage" inutile. Je
lui dirais: Si quelqu'un vient pour former une société de ce
genre d'activités là, est-ce qu'il lui conseillerait comme
notaire, une société sans but lucratif? Est-ce qu'il pense
que les utilisateurs qui sont là pour une activité bien
particulière participeraient aux déficits possibles, comme vient
de le dire le député de Nelligan? Moi, je vais vous dire une
chose: Comme conseiller juridique, jamais je ne donnerais un tel conseil
à une société qui va avoir des activités de cette
importance, avec des budgets de cette importance, parce qu'aucun utilisateur ne
voudrait se rendre responsable des déficits, justement.
C'est parce que nous sommes responsables et que nous croyons vraiment
que cette société doit fonctionner que nous pensons qu'elle ne
doit pas être une société sans but lucratif. Le Centre de
promotion de l'industrie agricole et alimentaire a été
formé comme société sans but lucratif, mais il rend
uniquement un service aux utilisateurs; il n'a pas une multitude d'utilisateurs
comme en aura la Société du parc des expositions
agro-alimentaires. Vouloir constituer la Société du parc des
expositions agro-alimentaires sur une base de rentabilité en la
constituant comme une société sans but lucratif, de la
façon dont vient de parler le député de Nelligan, ce
serait assurer d'une façon absolue son insuccès. Comme je ne veux
pas lier mon nom à un insuccès, c'est pourquoi nous avons
conçu une société avec une structure juridique, qui est un
habit sur mesure pour le genre de société qui va opérer
sur l'île.
Maintenant, les utilisateurs, eux, seront liés par contrat avec
la société. Il va y avoir, sans doute, des centaines
d'utilisateurs qui vont venir y faire leurs activités de promotion, mais
qui ne voudront en aucune façon être liés au conseil
d'administration et assumer la responsabilité de l'administration de
l'île Notre-Dame dans son ensemble parce que cela va représenter
des montants considérables. Ils vont vouloir assumer la
responsabilité de l'opération qu'ils feront sur l'île mais
pas plus. Il faut vraiment ne pas avoir été dans le secteur pour
s'imaginer qu'une structure comme celle que propose le député de
Nelligan pourrait réussir. Elle n'aurait aucune chance de succès.
C'est après de longues discussions avec les gens de la ville de
Montréal et du gouvernement du Québec que nous avons pensé
faire cette structure, parce que c'est la seule façon d'assurer la
responsabilité financière des gens qui vont engager des fonds
publics.
On pourrait nommer des gens utilisateurs sans responsabilité
financière et à ce moment-là on pourrait engager des fonds
publics trop facilement ou avec responsabilité financière et
à ce moment-là personne ne va vouloir s'engager. Il faut
être réaliste et avoir les deux pieds sur terre. Je comprends que
le député de Nelligan nous fait actuellement des propositions
inspirées du moment, mais il faut quand même tenir compte des
exigences d'une société comme celle qui va fonctionner avec des
investissements considérables, un budget assez important et des
centaines d'employés. Pensez-vous que les producteurs de porc voudraient
être responsables des déficits? Pensez-vous que les producteurs de
lait voudraient être responsables des déficits? Pensez-vous que
les producteurs de volaille voudraient être responsables des
déficits? Pensez-vous que les producteurs de violettes africaines
voudraient être responsables des déficits? Pensez-vous que les
gens qui feraient de la récréation sur l'île ou qui
loueraient des courts de tennis voudraient être responsables des
déficits? Pensez-vous que les gens qui patineraient l'hiver voudraient
être responsables des déficits? Pensez-vous que les gens qui
feraient du ski de fond voudraient être responsables des déficits?
Que ceux qui voudraient faire des régates ou de l'aviron voudraient
être responsables des déficits? Voyons donc, M. le
Président! Alors qu'il y aura, par définition même, dans ce
projet dont a copie l'Opposition, des centaines d'utilisateurs, la proposition
est loufoque à sa face même, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Quelques corrections. D'abord, par rapport aux
pêcheurs de Newport dont les représentants sont ici, le ministre
m'a accusé de parler des deux côtés de la face. Ce qui est
malheureux avec vous, c'est que vous êtes toujours à
détourner ce que les gens disent. Vous êtes trop intelligent pour
ne pas savoir ce que j'ai dit, hier dans mon discours.
M. Garon: Je vais aller chercher les galées.
M. Lincoln: Attendez une minute. Attendez un instant. Ce que j'ai
dit, M. le Président, c'est que je suis contre l'investissement de 15
000 000 $ à Newport. Hier, je n'ai jamais parlé de la structure
de la société, qui est une affaire toute différente. C'est
pourquoi vous êtes malhonnête, M. le ministre, en disant des choses
que je n'ai pas dites et en essayant de les faire croire aux gens pour les fins
de la cause. Si vous allez chercher le discours, vous vous excuserez parce que
ce que j'ai dit, c'est que c'est malheureux que vous ayez investi, par exemple,
14 000 000 $ à Newport quand les gens de la Basse-Côte-Nord
crèvent avec des promesses que vous avez faites, depuis 1980, de 750 000
$ et de 1 200 000 $ à Natashquan et Blanc-Sablon où on attend
toujours les usines. Là, vous êtes allé bâtir une
usine de 14 000 000 $ quand il y a déjà une usine sur place.
C'est ce que j'ai dit. Je le redis devant les
pêcheurs, mais je n'ai jamais parlé de la structure de la
société qui est une société à
caractère mixte où le gouvernement et les utilisateurs sont des
partenaires.
Alors, quand je parle de cela comme référence, ne me dites
pas que c'est ce que j'ai dit hier soir dans mon discours, parce que ce dont
j'ai parlé dans mon discours, c'est de l'investissement. Je dis la
même chose devant les pêcheurs. Je n'ai pas peur de le dire; ils
ont essayé de me battre l'autre jour à Gaspé. Ce ne sont
pas eux, ni vous qui me faites peur. Je redis la même chose. Ce que je
vous ai dit hier, c'est que c'est malheureux que vous ayez investi 15 000 000 $
à Newport quand il y avait une usine tout à côté et
que, pendant ce temps, vous ayez fait, à Natashquan et à
Blanc-Sablon, des promesses que j'ai citées dans les
procès-verbaux et dans les lettres officielles de votre
ministère, mais que vous n'avez pas tenues pendant quatre ans pour des
gens qui crèvent de faim et qui gagnent 8000 $ par an, pendant que vous
investissez 15 000 000 $ dans un endroit où il y a déjà
une usine juste à côté. C'est cela que j'ai dit. Je n'ai
jamais parlé de la structure de la société. Ne
déformez pas mes mots parce que je ne suis pas un type malhonnête.
Jamais je n'ai été malhonnête de ma vie. Si vous le faites,
moi, je ne parle jamais des deux côtés de la face. D'accord? C'est
ce que vous avez fait ce soir en essayant de détourner mes propos. Quand
le discours arrivera, excusez-vous. C'est la première chose.
J'ai cité la société de Newport aujourd'hui parce
que c'est un genre d'exemple où le gouvernement est allé
s'associer avec les pêcheurs; à tort ou à raison, il s'est
associé avec le milieu. C'est ce que je voulais vous dire, que là
il y a des intervenants.
Je vais vous soumettre un autre défi: Si vous ne voulez pas d'une
société à but non lucratif, ce n'est pas tellement
important de ce point de vue là, mais êtes-vous prêt
à considérer une corporation régulière à
actions, où les actionnaires seront le gouvernement du Québec, la
ville de Montréal et les représentants des utilisateurs, ceux qui
voudront se joindre à cette société?
Ce qui m'étonne encore plus: le ministre a essayé de nous
faire croire que vous investissez 40 000 000 $ sur une base de 25 ans. Il n'y a
aucun risque là; il n'y a aucun risque, vous nous l'avez dit: Vous avez
toute notre parole.
M. Garon: Je n'ai pas dit ça.
M. Lincoln: Attendez une minutel On va revoir aussi vos discours.
Vous nous avez fait croire que c'est un investissement de 25 ans, qu'il n'y a
rien à craindre là-dedans. Toutes les recettes vont pouvoir payer
le fonctionnement de la chose. Là, vous avez parlé de
déficit 25 fois. Qui va payer le déficit des plants de violettes,
qui va payer le déficit des porcs, qui va payer le déficit de
ceci? Vous avez parlé tellement de fois de déficit que,
là, on se pose beaucoup de questions. Vous avez
répété, vous-même, déficit au moins quinze
fois. Alors, c'est peut-être que, dans votre subconscient, dans votre
esprit, il va y avoir beaucoup de déficits dans cette
société, ce qui nous fait réfléchir.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay): Attendez un minute, M. le
ministre! M. le député de Nelligan a la parole.
M. Lincoln: Attendez une minute! Je vous ai attendu bien
patiemment pendant que vous m'avez insulté.
M. Garon: C'est lui qui a dit ça.
Une voix: C'est toi qui disais ça. Tu ne sais pas ce que
tu dis; ce n'est pas nouveau.
M. Lincoln: En tout cas, là, je vous demande...
M. Picotte: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Je pense qu'il y là un point qu'il va falloir
clarifier et je vous demande de suspendre quelques instants pour qu'on puisse
aller vérifier les galées pour savoir exactement ce que
c'est.
Le Président (M. Tremblay): Il y a une demande de
suspension. Est-ce que les membres de la commission sont d'accord pour
suspendre?
M. Garon: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. Il ne comprenait pas
ce que j'ai dit.
M. Picotte: C'est parce qu'on ne parle pas de la même
chose.
Le Président (M. Tremblay): Juste un instant! Il y a une
demande de suspension pour permettre au député de
Maskinongé de vérifier les galées. Est-ce qu'il y a
consentement pour suspendre les travaux de la commission?
Une voix: Non, il n'y pas consentement.
Le Président (M. Tremblay): II n'y a pas consentement?
M. Lincoln: II n'y a pas de consentement. Vous ne vouiez pas voir
les galées.
M. Garon: Ce n'est pas ça. C'est vous qui, dans votre
intervention, avez dit: Une société sans but lucratif, dont la
ville de Montréal, le gouvernement du Québec et les utilisateurs
seraient responsables des déficits. C'est vous qui avez posé
ça comme condition. Alors, j'ai répondu à votre
condition.
M. Lincoln: Parce que moi, je réalise... Mais, c'est vous
qui nous avez dit, au début des travaux, ici, qu'il n'y aurait pas de
déficit, que tout ça va se payer en chemin. Vous avez dit
ça.
M. Garon: Je n'ai pas dit ça.
M. Lincoln: Oui, vous avez dit ça. Vous avez essayé
de nous prouver qu'il n'y avait aucun risque pour le gouvernement du
Québec d'investir 40 000 000 $
M. Garon: Non, j'ai dit que...
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, un instant!
Laissez le député de Nelligan terminer et vous allez avoir la
parole après.
M. Lincoln: En tout cas, M. le ministre, on va avoir les
galées et on les reverra. On va avoir les galées de mon discours
aussi pour que ce que j'ai dit hier soir soit bien clair pour les gens de
Newport.
M. Garon: D'accord.
M. Lincoln: D'accord et, après ça, vous vous
excuserez. Deuxième chose, je vais vous mettre au défi,
là. Vous ne voulez pas une société à but non
lucratif, pas de problème. Est-ce que vous êtes prêt
à considérer une société régulière
à actions, où la ville de Montréal, les
représentants des utilisateurs qui voudraient se joindre à cela -
je suis sûr qu'il y en aura - et le gouvernement du Québec
participaient à un tiers chacun? Est-ce que vous êtes prêt
à considérer ça? Non?
Une voix: Pourquoi?
M. Lincoln: Cela, ça montre toute votre bonne foi. Alors,
là, le "case is made".
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Garon: Il y a une chose dont il faudrait être conscient.
Ce n'est pas le député de Nelligan qui est responsable du
succès ou de l'insuccès de l'entreprise. Actuellement, le
député de Nelligan voudrait qu'on marche sur son projet, mais que
je sois responsable du succès ou de l'insuccès. Je regrette, ce
n'est pas son projet. C'est le projet de gens qui l'ont conçu et dont
nous assumons la responsabilité.
Une voix: Avec la ville de Montréal.
M. Garon: Oui, avec la ville de Montréal.
M. Lincoln: Oui!
Une voix: C'est tout compris
M. Garon: Alors, qu'est-ce que le député a dit tout
à l'heure? II a dit qu'on utiliserait les fonds du gouvernement,
hein?
M. Lincoln: Il veut tout contrôler, ah oui!
M. Garon: Il ne faudrait pas, quand même, que le
député véhicule ses propres élucubrations.
Qu'est-ce que le député a dit? Il a dit - c'est ce que tous les
députés libéraux ont dit aussi - qu'on prendrait 40 000
000 $ des coffres du gouvernement qui auraient pu aller ailleurs. J'ai dit que
c'était faux, qu'on ne prendrait pas 40 000 000 $ qui auraient pu aller
ailleurs dans ce budget, mais qu'on fonctionnerait par service de dette,
c'est-à-dire que l'argent serait entièrement emprunté et
remboursable sur 25 ans, capital, intérêts et frais de
financement. D'ailleurs, c'est dans le projet que vous avez vu, emprunté
par la société elle-même. Ensuite...
M. Picotte: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Maskinongé. Un instant, M. le ministre, c'est une question de
règlement.
M. Picotte: Je regrette, M. le Président. Nous sommes en
train de discuter d'un amendement qui a été proposé par le
député de Nelligan et j'aimerais qu'on en ait des copies pour
qu'on puisse en parler.
Le Président (M. Tremblay): Oui, dont nous recevons
immédiatement copie...
M. Picotte: Parfait. S'il y a moyen d'en distribuer pour qu'on
puisse...
Le Président (M. Tremblay):... et qui se lit comme suit...
Je peux le rappeler aux membres de la commission, avec votre permission?
M. Picotte: S'il vous plaît, rappelez ça à
tout le monde pour qu'on sache de quoi on parle.
(21 h 15)
Le Président (M. Tremblay): "La société est
une corporation à but non lucratif dont ies membres représentent
à parts égales le gouvernement, la ville de Montréal et
les représentants des utilisateurs du parc. " Je voudrais
féliciter le député de Nelligan pour sa bonne
écriture, bien lisible.
M. Picotte: Merci, M. le Président.
M. Garon: J'aimerais poser une question au
député.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre, oui.
M. Garon: A-t-il consulté la ville de Montréal pour
voir si elle voulait d'une telle société? Avant de proposer la
mienne, moi, je l'ai consultée. Le député de Nelligan
pourrait-il répondre par oui ou par non s'il a consulté la ville
de Montréal pour savoir si elle est d'accord avec sa proposition
d'amendement?
Le Président (M. Tremblay): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Non, je n'ai pas consulté la ville de
Montréal.
M. Garon: Moi, je l'ai consultée.
Le Président (M. Tremblay): Y a-t-il d'autres
interventions? M. le député de...
M. Picotte: Maskinongé.
Le Président (M. Tremblay):... Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Je suis
particulièrement étonné d'entendre le ministre de
l'Agriculture nous parler comme il l'a fait tantôt. Il nous a
invités à discuter article par article dans le but de bonifier ce
projet de loi. Le député de Nelligan a proposé un
amendement. Cela fait exactement 24 heures - tout près, ah oui! -au
moment où on se parle que le ministre de l'Agriculture essaie de nous
vendre ce projet-là en disant: C'est un projet extraordinaire; il n'y a
pas de problème à embarquer là-dedans. Il n'y aura pas de
déficit, tout va bien fonctionner. Cela va s'administrer tout seul.
C'est un emprunt qui va être échelonné sur 25 ans. Il ne
nous a parlé, évidemment, de ce que cela coûterait en
intérêts ou quoi que ce soit. Cela fait exactement 24 heures que
le ministre nous vante son projet de loi, qu'il essaie de convaincre
l'Assemblée nationale qu'il n'y a aucun problème à
embarquer dans un projet de loi semblable, que cela va faire ses frais, que
cela va aller très bien.
Étonnement général, M. le Président, cela ne
fait pas bien longtemps, le député de Nelligan décide
d'apporter un amendement. Se fiant au ministre de l'Agriculture qui dit que
c'est un projet où i! n'y a aucun problème, le
député de Nelligan dit: S'il n'y a aucun problème, dans le
but que ce soit plus rentable, dans le but d'intéresser tout le monde,
dans le but que tout le monde se sente vraiment partie à ce
projet-là, acceptez l'amendement suivant: "La société est
une corporation à but non lucratif dont les membres représentent
à parts égales le gouvernement, la ville de Montréal et
les représentants des utilisateurs du parc. " Comme il n'y a pas de
problème dans ce projet-là - cela fait 24 heures que le ministre
nous chante cela - à ce moment-là il n'y a pas de problème
à adopter un amendement semblable. Mais voilà que le chat sort du
sac! Le ministre commence à nous dires Cela va être dangereux pour
les déficits. On ne pourra pas embarquer ces gens-là. Les gens
qui font du ski de fond, du canot, de l'aviron, ceux qui cultivent la tulipe
africaine, les producteurs de porc...
Des voix: La violette africaine. M. Picotte: La violette,
oui.
M. Dupré: Violette, c'est la soeur de l'autre.
M. Picotte: J'aurais pu parler de roses vu que le ministre
trouvait cela tellement rose aussi; depuis hier, son projet était
tellement rose. Il fait une litanie de personnes qui vont aller, tout
simplement, soit se récréer là ou qui vont participer en
tant qu'utilisateurs et il nous dit: Cela n'a pas de bon sens, je n'ai pas
l'intention que ces gens soient appelés à payer des
déficits parce que personne ne va vouloir embarquer dans ce
projet-là. "Coudon", quand le ministre va-t-il nous dire la
vérité ici à l'Assemblée nationale? Quand
conte-t-il des mensonges? Y aura-t-il un déficit ou non? S'il n'y a pas
de déficit et que le projet va bien, il n'y a pas de problème
à embarquer là-dedans, il n'y a pas de "trouble" à
convaincre ces gens-là! Au contraire, il est même important qu'on
les embarque dans ce projet pour qu'ils se sentent vraiment partie à
l'intérieur du projet et qu'il n'y ait pas seulement le gouvernement qui
travaille, mais que tout le monde mette l'épaule à la roue et
travaille à ce que cela fonctionne bien. Il n'y aura pas de
problèmel Je ne vois pas pourquoi on critique le député de
Nelligan. Je ne vois pas pourquoi on trouve qu'il est superflu d'apporter un
amendement semblable. Il y a deux choses possibles: le député de
Nelligan a raison d'apporter un amendement comme cela ou il a eu tort d'avoir
cru la parole du ministre qui dit qu'il
n'y aura pas de problème! II n'y a pas bien des portes de sortie.
Ou bien le député de Nelligan a raison et, s'il a raison, comme
on a commencé à l'étudier article par article, bonifions
cela.
Que le ministre me demande si on a consulté la ville de
Montréal avant, bien voyons donc! S'il n'a pas besoin du Parlement,
qu'il laisse cela entièrement à la ville de Montréal et
qu'il ne "bâdre" personne. Depuis quand, nous, les parlementaires, quand
on voudra bonifier un projet de loi, on va suivre aveuglément ce que les
gens de Montréal ont décidé, si on trouve d'autre chose de
meilleur? Ce n'est pas le ministre et ce ne sont pas les gens de la ville de
Montréal au d'autres intervenants qui ont la science infuse. Voyons
donc! Si on découvre d'autre chose de mieux à l'intérieur,
il n'y a pas de problème à adopter cela et à accepter
cela. Bien non!
Je regrette, le député de Nelligan a été
dupe. Il a cru ce que le ministre de l'Agriculture lui disait, à savoir
qu'il n'y aurait pas de déficit et, là, on vient de
réaliser que, finalement, il peut tellement y avoir de déficit
qu'il n'y a plus que le ministre de l'Agriculture qui va embarquer
là-dedans. Il n'y a que lui qui est intéressé parce que
c'est trop dangereux. M. le Président, on commence à avoir des
réponses et peut-être qu'on aurait dû commencer avant
l'étude article par article; on ne serait pas rendu plus loin
possiblement, mais, au moins, on aurait commencé à savoir qui
ment et qui dit la vérité, et comment tout cela fonctionne.
Le Président (M. Tremblay): M. le ministre.
M. Garon: M. le Président, si j'ai posé la question
au député de Nelligan, c'est qu'il y avait une raison. Dans la
première version du premier projet, il était question d'une
société sans but lucratif et la ville de Montréal, de
fait...
M. Lincoln: Ah bon! Ah!
M. Garon: Bien, on vient justement de me le rappeler, à
côté.
M. Lincoln: Ah! Vous venez de l'apprendre! Moi, je croyais que
c'était une idée folle.
Le Président (M. Tremblay): À l'ordre!
M. Garon: Les représentants de la ville de Montréal
nous ont indiqué qu'ils préféraient que ce ne soit pas une
société sans but lucratif, parce qu'ils ont dit:
L'expérience des sociétés sans but lucratif, c'est que,
quand il n'y a pas pour but de faire un revenu, habituellement, il n'y a pas de
rentabilité. À ce moment-là, j'ai convenu avec la ville de
Montréal que la première version de la proposition n'était
pas la meilleure proposition et que j'étais aussi de leur avis qu'il
valait mieux former une société de la nature de celle que nous
voulons former. Le projet de société sans but lucratif a
été étudié et a été
rejeté.
M. Lincoln: M. le Président, ce sera bien
intéressant, après, pour les gens de la ville de Montréal,
de regarder les galées. Quand j'ai suggéré une
société sans but lucratif, le ministre a dit: Le
député de Nelligan est fou! Il ne sait pas de quoi il parle!
Comment suggérer une société sans but lucratif? Qui va
payer les déficits? D'abord, je soulignerai au ministre que, dans une
corporation, les déficits sont absorbés par la corporation. Que
ce soit sans but lucratif ou que ce soit une société d'actions,
les déficits restent là et sont absorbés de toute
façon par la corporation. C'est sûr. Que ce soit le gouvernement
ou des actionnaires, à un moment donné, les déficits
appartiennent à la corporation, de toute façon.
M. Garon: Qu'est-ce que ça fait, cela? M. Lincoln:
Attendez une minute. M. Garon: Drôle de
comptabilité!
M. Lincoln: Je vais vous nommer des corporations en
quantité où vous avez des déficits qui s'accumulent
pendant des années. Il y en a: PF Cosmos et des quantités
d'autres. Deuxièmement, sur quoi se base-t-il pour dire que les
actionnaires, individuellement, sont responsables? C'est l'idée
même d'une corporation et cela fausse complètement sa
théorie, une corporation qui est réellement limitée.
M. Garon: Sans but lucratif?
M. Lincoln: Oui, sans but lucratif. No 2, le fait est que la
première idée de ses experts était que ce serait une
société sans but lucratif. Là, il nous dit qu'il a
été voir la ville de Montréal qui lui a dit: Bon, on
préfère une société - sans doute une corporation
à actions - dans laquelle le gouvernement sera à 100%
actionnaire. Est-ce que lui, il a suggéré à la ville de
Montréal de participer à cette corporation? Par exemple, on peut
avoir une corporation où on fait des emprunts de 40 000 000 $, mais
où le capital-actions est tout à fait limité. Est-ce que
lui, il a suggéré à la ville de Montréal une
participation là-dedans? Est-ce qu'il l'a suggéré aux
représentants des utilisateurs? Je le demande pour la seconde fois au
ministre: Si dans sa propre version qu'il avait suggérée au
début, c'était sans
but lucratif, donc, la mienne n'était pas trop folle après
tout?
M. Garon: Non. Ce n'était pas la mienne.
M. Lincoln: Ce n'était pas la vôtre. C'était celle
de vos experts, d'accord, auxquels vous vous fiez. En tout cas, il était
tellement sûr de lui qu'il est allé la proposer à la ville
de Montréal. II était tellement content de la première
suggestion qu'il est allé la proposer à la ville de
Montréal. C'est la ville de Montréal qui a changé
d'idée. Je pose un défi au ministre. Je dis au ministre que, s'il
n'accepte pas le principe d'une société sans but lucratif...
M. Garon: Cela ne fonctionne pas comme cela.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre!
M. Garon: Non, ce n'est pas comme ça que fonctionne, un
projet. Vous n'avez jamais travaillé là-dessus.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! La
parole est au député de Nelligan.
M. Lincoln: Si le ministre n'accepte pas le principe d'une
société sans but lucratif, s'il nous dit que la ville de
Montréal ne l'accepte pas non plus, je suis prêt à retirer
mon amendement. Si le ministre le veut, on parlera d'une "corporation dont les
actions seront détenues à parts égales par le
gouvernement, la ville de Montréal et les représentants des
utilisateurs. Est-ce que le principe de la chose, qui est le même,
excepté que c'est une société à actions, ferait
mieux son affaire? Est-il prêt à considérer cet amendement?
Auquel cas, je retirerai mon premier amendement pour en présenter un
autre disant: La société est une corporation dont les actions
sont détenues à parts égales par le gouvernement, la ville
de Montréal et les représentants des utilisateurs.
En tout cas, le principe fondamental pour nous, c'est que ce soit une
société où les trois grands intervenants participent
à parts égales pour qu'il y ait une balance
d'équité, pour qu'un des intervenants ne soit pas le
contrôleur des actions à 100%, pour que chacun ait sa part.
À travers les actions, chacun aura une part dans la
société. Est-ce que le ministre est prêt à
considérer cette alternative? Auquel cas, je retirerai mon premier
amendement pour en faire un autre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre, avez-vous quelque chose
à répondre à cela?
M. Picotte: Bien non, il n'a pas compris.
M. Garon: J'ai compris, sauf que je dois travailler sur des
projets dont tes gens sont responsables. Le député change d'un
projet à l'autre, d'une proposition à l'autre en disant: De toute
façon, si ça ne marche pas, ce sera la faute des autres. Je
regrette.
M. Lincoln: Quand ai-je dit cela, moi?
M. Garon: Nous avons une proposition. Il y a eu une
négociation avec la ville de Montréal. Nous sommes responsables
du projet, nous sommes responsables des fonds publics devant les contribuables.
Notre proposition, après négociation, après discussion
avec les représentants de la ville de Montréal, est une
corporation de la nature de celle dont je viens de vous parler. II n'est pas
question d'essayer de former une corporation qui ne fonctionnera pas; au
contraire, nous voulons former une corporation qui va fonctionner. On pense que
cela peut fonctionner mieux de cette façon. C'est une structure que nous
avons choisie, avec responsabilité financière partagée par
le gouvernement de Québec et la ville de Montréal, mais dans une
perspective de rentabilité, selon ce qu'on retrouve aux articles 20 et
26. C'est cela, le projet.
Ne nous trompons pas: les intervenants, pour assurer le leadership d'un
projet comme celui-là, pour le financer, l'organiser et l'assumer, ne
sont pas des milliers, d'autant plus que les buts visés sont la
promotion des produits agro-alimentaires dans un cadre d'expositions agricoles,
d'expositions agro-alimentaires. La formule que nous avons choisie, nous
l'avons indiquée dans le projet de loi et c'est pourquoi je voterai
contre l'amendement du député de Nelligan.
M. Lincoln: Est-ce que le ministre veut dire que la seule
façon dont cette société puisse fonctionner de
façon normale, objective et viable, c'est que le gouvernement
détienne, seul, 100% des actions? Est-ce qu'il veut dire par là
que, si la ville de Montréal et les utilisateurs sont impliqués
comme actionnaires, la société ne peut pas marcher? Est-ce ce
qu'il dit? Est-ce ce que vous dites?
M. Garon: Non.
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous dites, alors?
M. Garon: Je dis qu'il y a différents rôles qui
doivent être assumés dans cette société. Il y a des
objectifs qui sont poursuivis et qui sont mentionnés dans le
projet de loi. Pour en assurer la réalisation, le cadre
légal dans lequel nous avons conçu cette société
nous paraît important. Nous n'avons pas de crainte face à l'aspect
récréatif, il sera assuré, mais il serait trop facile, au
cours des années, de se dégager des responsabilités envers
le développement du secteur agro-alimentaire. C'est pourquoi nous avons
voulu en assurer la perspective autant dans le cadre de l'organisation de la
structure de la société que dans ses différents
éléments. C'est le but du projet de loi de créer une
société pour gérer un parc des expositions
agro-alimentaires. Si le Parti libéral est contre, il est contre. Il est
contre!
M. Lincoln: Là n'est pas la question, M. le ministre. Nous
sommes d'accord qu'il faut une société pour gérer le parc.
Tout ce qu'on dit, c'est que nous ne voulons pas une société
d'État..,
M. Garon: Vous êtes contre le projet.
M. Lincoln:... qui est contrôlée à 100% par
le gouvernement. C'est ce qu'on vous demande: Est-ce que vous dites que seule
une société d'État contrôlée
complètement par le gouvernement peut marcher? Est-ce que vous dites, en
corollaire, qu'une société où la ville de Montréal
et les utilisateurs seraient impliqués comme actionnaires ne peut pas
marcher? Est-ce cela que vous dites? L'un ou l'autre!
M. Garon: On dit que nous formons une société dans
laquelle chacun va assumer une part de responsabilités. Croyez-moi,
j'aurais souhaité que la ville de Montréal assume une plus grande
part des investissements...
De3 voix: Ah!
M. Garon:... ou une plus grande part des responsabilités
financières.
Des voix: Ah!
M. Garon: Mais quand vous assumez une plus grande part de
responsabilités financières ou une plus grande part des
investissements, il est normal que vous assumiez aussi une plus grande part de
la direction. Tout cela est équivalent.
M. Lincoln: Puis-je demander au ministre, dans le cas de l'usine
de Newport, qui fournit les 14 000 000 $?
M. Garon: Différentes sources.
M. Lincoln: Différentes sources. Ah oui! Est-ce que le
gouvernement ne fournit pas une beaucoup plus grande part que ses actions
là-dedans?
M. Garon: II donne des subventions à l'entreprise, qui
sont disponibles à d'autres entreprises, c'est-à-dire 20%
normalement. Quand le fédéral a été
impliqué, c'est 50% de subvention parce que le gouvernement
fédéral, au moment où M. De Bané était
ministre des Pêches, n'a voulu contribuer d'aucune façon au
projet. Or, pour cette raison, nous avons dû remplacer les subventions
que le gouvernement fédéral ne voulait pas assumer. C'est pour
ça que notre participation est beaucoup plus grande qu'elle ne l'aurait
été normalement, parce que le gouvernement fédéral
a refusé, sous la direction du Parti libéral, de contribuer
financièrement au projet.
M. Lincoln: Est-ce que le pourcentage des actions que vous avez
dans l'usine de Newport n'est pas de beaucoup moindre en proportion que vos
investissements? Quel est le montant de vos investissements par rapport
à vos actions? Quel est le montant que mettent les pêcheurs par
rapport à leurs actions? Vous êtes en train de jouer deux jeux,
là.
M. Garon: C'est différent.
M. Lincoln: C'est différent. Ce n'est pas différent
du tout, c'est exactement la même chose.
M. Garon: Non.
M. Lincoln: C'est exactement la même chose.
M. Garon: Bien non! M. Lincoln: Oui. M. Garon: Bien
non!
M. Lincoln: Bien oui, c'est exactement la même chose.
Dans Madelipêche, antérieurement, n'était-ce pas
vrai que le gouvernement du Québec avait fait toute la capitalisation,
que c'est lui qui avait mis tout l'argent et que les Pêcheurs unis
détenaient 51% des actions contre 49% du gouvernement du Québec
qui avait fait toute la mise de fonds? Ce n'est pas vrai?
M. Garon: Vous voyez ce que cela a donné.
M. Lincoln: D'accord.
M. Garon: Je ne veux pas répéter des formules comme
celle-là.
M. Lincoln: Ah bon! Est-ce que vous voulez dire qu'on ne peut pas
faire confiance à la ville de Montréal pour gérer son
tiers
de façon équitable? C'est ça que vous dites? M.
Garon: Je n'ai pas dit ça.
M. Lincoln: Non, mais vous dites que vous ne voulez pas refaire
le même système que, par exemple, dans Madelipêche.
M. Garon: Non, non, non. M. le député de Nelligan,
dites ce que vous dites, mais n'essayez pas de dire à ma place ce que je
dis. Je suis capable de parler pour moi-même. Je n'ai jamais dit ce que
vous venez de dire-là.
M. Lincoln: Je vais vous poser une...
M. Garon: Attendez un peu! Voulez-vous s'il vous plaît,
vous tenir un peu plus tranquille? Je me tiens tranquille, je ne saute pas sur
ma chaise quand je parle.
M. Lincoln: Vous avez du poids.
M. Garon: II y a deux objectifs à ce projet de loi. Il y a
un objectif qui est fondamental de créer un parc d'expositions agro|
alimentaires. Dans ce cadre-là, la principale responsabilité
revient au ministère de l'Agriculture. Par ailleurs, il y a la vocation
récréative. Nous n'avons aucune crainte qu'elle soit
laissée de côté, mais, pour assurer la réalisation
des objectifs en termes de parc d'expositions agro-alimtentaires dont les gens
du monde agricole ont une plus grande connaissance, il est important d'assurer
cette représentation aussi aux différents niveaux de l'instance.
C'est ça que nous disons simplement. Avec leurs représentants,
nous nous sommes entendus sur une foule de choses. Les ententes ne sont pas
encore complètement terminées, mais presque. C'est une entente
d'ensemble qui comprend différents éléments. La
société que nous proposons correspond à la perspective des
ressponsabilités financières qu'il y a là-dedans aussi et
c'est absolument normal.
M. Lincoln: Ce que vous voulez me dire, c'est que vous
n'êtes pas prêt...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Nelligan...
M. Lincoln: Une dernière question au ministre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiiscouata):... le temps que vous aviez pour
l'amendement à l'article est écoulé. Si aucune autre
personne ne veut intervenir sur l'amendement, on va procéder soit
à l'adoption ou au rejet de l'amendement. M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, à la suite de la
proposition d'amendement du député de Nelligan, comme
réaction, le ministre a parlé tout de suite de la question des
déficits qui pourraient subvenir. Si le ministre croit vraiment au
projet, je me demande pourquoi sa première réaction fut: s'il y a
des déficits, qui les paiera? Est-ce que ce sont les producteurs de porc
ou les producteurs de lait? Cela veut dire, tout de suite en partant, que le
ministre ne croit pas tellement à la rentabilité de ce
projet.
Cela se relie à la demande que je lui faisais initialement de
nous faire parvenir les documents relatifs à une étude de
faisabilité sur ce projet. Ce sont des fonds publics qui sont investis
là-dedans. Même si on dit qu'une partie sera
défrayée par la ville de Montréal, ce sont quand
même des fonds publics. Que cela vienne des Québécois en
général ou d'une partie des résidents de la ville de
Montréal, ce sont des fonds publics. Il y a 40 000 000 $ en fonds
publics. Le ministre dit que ces fonds seront empruntés, que la
société va emprunter des fonds sur une base de 25 ans. S'il y a
des déficits accumulés à tous les ans, les 40 000 000 $
peuvent vite atteindre 50 000 000 $ et 60 000 000 $. Le ministre ne croit pas
vraiment à la rentabilité puisqu'il parle immédiatement
des déficits.
M. le Président, il faudrait peut-être, quand même,
faire un lien entre cette nouvelle société - je ne sais pas
combien il y en a de créées depuis que le gouvernement du Parti
québécois est au pouvoir, mais je crois que, l'an passé,
il y en a eu au moins une douzaine de créées, seulement en 1983;
il y en a encore plusieurs cette année et celle-ci en est une nouvelle -
et la société d'État qui s'appelle la Raffinerie de sucre
du Québec qui connaît déficits par-dessus déficits.
Le ministre a voulu camoufler ses déficits en achetant du sucre cubain
pour le faire raffiner à Montréal, à Toronto ou aux
États-Unis. Il a fait cela pour essayer de camoufler des déficits
d'une société d'État.
Je ne sais pas de quelle façon il va s'y prendre dans cette
nouvelle société pour essayer de camoufler les déficits
qui peuvent s'accumuler année après année, mais il y a un
fait certain, c'est que le ministre ne croit pas à la faisabilité
ni à la rentabilité. D'ailleurs, si le ministre voulait
être sincère dans son projet et être logique, il accepterait
de nous faire parvenir les études relatives à la
faisabilité de ce projet. Je ne sais pas pourquoi le ministre
s'entête à ne pas le faire. J'imagine que, quand on investît
40 000 000 $, cela se base sur quelque chose de concret, de réaliste.
Cela se base sur certaines études. Je comprends que c'est une coutume
chez le Parti québécois de lancer les millions dans les airs
comme cela, comme si on en avait par-dessus la tête, comme si on
était assis sur un puits de pétrole, mais ce n'est pas le
cas.
Quand on a 25 000 000 000 $ de déficit au Québec, qu'on a
des déficits accumulés à tous les ans de 3 000 000 000 $
à 3 500 000 000 $, on prend encore 40 000 000 $ et on le met par-dessus
le tas. C'est cela, le "bag" des Québécois aujourd'hui. Aussi
bien le ministre de l'Agriculture que les autres ministres sont en train de
créer des déficits et ce ne sont pas les enfants du ministre et
ce ne sont pas ses petits-enfants qui pourront les payer. Ce sont les dizaines
de générations qui suivront. C'est le problème des
Québécois actuellement. Je pense qu'il faudrait être plus
réaliste quand on lance un chiffre de 40 000 000 $ sans que le ministre
veuille nous fournir des études concrètes, des études
réalistes sur la faisabilité de ce projet.
De plu3, M. le Président, je ne comprends pas tellement le
ministre qui ne veut pas poursuivre, premièrement, ce qui se passait au
parc olympique. On avait un parc d'expositions agro-alimentaires à tous
les ans là-bas. On avait quand même des expositions de biens
alimentaires. Cela fonctionnait bien. Ce n'était pas très
coûteux pour l'État et le public pouvait s'y rendre, y participer.
Les grossistes, les producteurs ou les associations pouvaient présenter
des produits. Le ministre décide que cela prend 40 000 000 $ pour faire
exactement la même chose qu'on faisait les dernières
années. Tant que le ministre ne voudra pas déposer ou nous faire
parvenir des études relatives à une certaine faisabilité
ou rentabilité de ce projet, c'est bien difficile d'accepter un tel
projet de 40 000 000 $.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
attendre que le ministre soit de retour? Si on a des questions à lui
poser, ce sera bien difficile de les poser.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Le ministre m'a avisé qu'il sortait
quelques secondes pour certains besoins...
M. Maltais: Est-ce qu'on pourrait l'attendre avant de poser des
questions bien précises?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si c'est le voeu de la commission, on peut
suspendre quelques minutes.
M. Maltais: C'est assez embêtant de poser des questions au
ministre qui n'est pas ici.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Cela prendrait le consentement unanime. On
suspend quelques minutes en attendant le ministre. La séance est
suspendue pour quelques minutes.
(Suspension de la séance à 21 h 40)
(Reprise à 21 h 42)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation reprend ses travaux. La parole est au député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le Président...
M. Dubois: J'aurais une question à poser avant que vous
lui donniez la parole.
M. Maltais: Consentement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On va demander au député de
Huntingdon de poser sa question maintenant que le ministre est là.
M. Dubois: C'est cela. Je n'avais pas de chance de la poser, le
ministre n'était pas là. J'ai parlé de faisabilité
et de rentabilité. Le ministre peut-il nous expliquer ces études
de faisabilité et de rentabilité, étant donné qu'il
a dit tout à l'heure qu'il pourrait y avoir un déficit? Qui
paiera le déficit? J'aimerais qu'il nous dise comment il pourrait
réaliser un profit avec cette aventure de 40 000 000 $. Peut-il nous
prouver que ce sera rentable, qu'il y aura une participation importante? C'est
sûr que, pour participer au développement de l'agriculture, une
certaine part doit être payée par l'État, mais il reste
quand même, M. le Président, qu'on investit 40 000 000 $. Je pense
que le ministre aurait intérêt à nous prouver qu'il y a un
certaine rentabilité et faisabilité dans son projet, ce qu'il n'a
pas fait du tout et ce qu'il n'a pas voulu faire jusqu'à maintenant. Je
pose la question au ministre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre, avez-vous une
réponse à cela?
M. Garon: Lorsque j'ai parlé de déficit, c'est
à la suite d'une affirmation du député de Nelligan qui a
dit qu'il proposait une corporation à but lucratif où il y aurait
une participation, au tiers du gouvernement du Québec, au tiers de la
ville de Montréal, au tiers des utilisateurs qui seraient responsables
des déficits dans la même proportion, s'il y en avait. C'est
lui-même qui a affirmé cela. C'est sur cela que j'ai
répondu. Je n'ai pas dit qu'il y aurait des déficits. J'ai
répondu
au député de Nelligan lorsqu'il a dit: S'il y a des
déficits, chacun assumera sa part, j'ai dit: Quels utilisateurs, alors
qu'il y en aura des centaines dans le projet, seront intéressés
à participer avec le tiers des actions ou le tiers de participation, en
étant responsables du tiers des déficits, s'il y en avait, comme
il le disait, à un projet comme celui-là? J'ai dit: II y aura des
centaines d'utilisateurs. Je ne crois pas cela possible de faire une structure
de cette façon. Cela a été ma réponse à son
affirmation.
C'est évident, en vertu du principe de la responsabilité
financière, qu'on ne peut pas former une société sans
prévoir qui sera responsable financièrement s'il y a des
déficits. J'ai répondu correctement à son affirmation
parce que je pense que ce qu'il disait était exact. Il peut y avoir des
déficits dans n'importe quelle société et il faut
prévoir, à ce moment-là, qui va les assumer. Ayant
l'expérience de cela - je vous dis que cela fait quand même huit
ans que je suis au ministère et il y a des fonctionnaires qui sont
là depuis plus d'années encore - je peux vous dire que les
utilisateurs de services temporaires, dans le cadre d'expositions agricoles ou
alimentaires, ne souhaitent pas être participants au déficit. Je
peux bien demander au député de Nelligan, qui est un grand expert
en ces matières, de nous indiquer quels sont les utilisateurs qui
souhaitent participer au déficit, assumer des responsabilités
financières de cet ordre, et vous verrez qu'ils ne sont pas
nombreux.
Deuxièmement, le premier rapport que vous pourriez
étudier, qui est un rapport de fait, pas une prospective, c'est celui
qui a été fait à la suite des Floralies.
Évidemment, le journal La Presse, dirigé par M. Roger-D. Landry
qui est plutôt de votre côté, n'a pas donné beaucoup
de crédit au gouvernement, mais il y a un rapport écrit,
publié, qui raconte toute l'histoire de la gestion des Floralies, des
Floralies elles-mêmes, des investissements et du fonctionnement. Vous
verrez que tout est écrit. Vous pourriez prendre cela comme
première étude de rapports. Cela a aussi compté dans nos
rapports. Vous savez qu'on administre des expositions agricoles depuis des
années...
Une voix: Oui.
M. Garon:... le Salon international de l'agriculture et de
l'alimentation, à Montréal. Les frais d'exploitation sont
connus.
Pour plus de sécurité encore, on a inscrit à
l'article 20 du projet de loi qu'il doit y avoir une rentabilité, qu'on
doit viser la rentabilité. On dit: "La société doit viser
à assurer la rentabilité du parc des expositions
agro-alimentaires. " À l'article 26 également, on dit: "La
société doit soumettre chaque année à l'approbation
du gouvernement et du comité exécutif de la ville de
Montréal ses prévisions budgétaires pour l'exercice
financier suivant. Le gouvernement détermine, après consultation
du président du comité exécutif, la date limite de
transmission, la forme et la teneur de ces prévisions. "
Dans l'entente prévue, le ministre a la responsabilité
finale au point de vue du prix des billets justement parce que, comme il assume
la plus grande part du déficit, s'il y en a un, il doit avoir un mot
à dire dans le prix des billets pour assumer un surplus. Toutes ces
dispositions ont été prises dans les projets d'entente que nous
avons actuellement pour assurer la rentabilité. Plus que cela, dans le
projet en cours, on dit également qu'il n'y aura pas de
dépassement de coûts puisque tant la ville de Montréal que
le gouvernement du Québec s'engagent à procéder dans le
cadre des prévisions et que si, à un moment donné, des
plans coûtent plus cher, on les réduira pour en arriver aux
coûts qui auront été prévus.
Ce n'est pas la première fois que je m'occupe de cela. Je
pourrais vous dire, M. le Président, que je n'ai pas eu tout le
crédit que j'aurais dû avoir en 1980 lors des Floralies
internationales de Montréal. Je peux vous dire que, sur le plan
financier, cela a été un succès retentissant et que
j'assumais, à ce point de vue, une responsabilité importante au
point de vue de la gestion du budget. Pourquoi? Parce que nous avions
prévu que nous ne voulions pas dépasser les coûts et je
peux vous dire que les coûts ont été respectés. Il y
a seulement la fois où j'ai autorisé un versement de 100 000 $
pour la transplantation des fleurs, à ta dernière minute dans la
dernière semaine. Pour le reste, tout a été
respecté en cours d'année. J'y ai vu personnellement, en suivant
quotidiennement le dossier. Je peux vous dire que mon expérience au
point de vue de ce genre de travaux, et celle des gens qui m'entourent, qui ont
travaillé aussi à ces projets, des gens du Jardin botanique, des
gens de la ville de Montréal, est assez importante puisque nous avons
déjà tenu ce genre d'activités.
Vous savez, quand on gère un parc floral, on sait combien cela
prend de jardiniers à l'hectare, comprenez-vous, parce que le Jardin
botanique existe déjà depuis l'Union Nationale, au temps de
Maurice Duplessis qui a contribué à bâtir ce Jardin
botanique avec le frère Marie-Victorin, donc depuis une cinquantaine
d'années. On sait, aujourd'hui, combien coûte, à l'hectare,
un jardin botanique au point de vue de l'entretien. Il y a eu assez
d'expositions importantes dans des endroits publics importants et
d'activités de ce genre sur l'île de Montréal pour savoir
combien cela prend de poubelles pour l'entretien au point
de vue des vidanges sur un site comme celui-là.
Les frais d'exploitation sont assez bien connus. Les projections qui ont
été faites, je suis convaincu qu'elles entrent dans les cadres de
normes normales. La seule chose qu'on peut difficilement prévoir, c'est
l'achalandage. Je peux vous dire qu'au point de départ les gens qui
étaient des experts, qui avaient prévu un certain achalandage, je
leur ai demandé de baser leurs chiffres sur un achalandage beaucoup
moins considérable pour être sûr, parce que, habituellement,
je suis assez prudent. Le père Lévesque disait qu'il fallait de
la prudence dans l'action, mais qu'il ne fallait pas être tellement
prudent qu'on n'agisse plus. Je peux vous dire qu'à ce point de vue on a
fait des chiffres qui sont plutôt prudents, en prévoyant 1 500 000
visiteurs au cours de la première année.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! Votre temps est
écoulé pour cette intervention. C'est au député de
Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, dans...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): II avait posé une question. Vous
avez encore droit de parole, vous pourrez revenir après le
député de Huntingdon...
M. Dubois: C'est toujours la même question, M. le
Président, c'est que le ministre fait reposer son projet de loi
totalement sur l'article 20, qui dit que la société doit viser
à assurer la rentabilité du parc et des installations. C'est bien
beau, c'est un voeu pieux, qu'on doit assurer une rentabilité. C'est
écrit dans le projet de loi, je suis d'accord avec vous, mais cela
n'indique pas du tout qu'on aura une rentabilité. Si vous me disiez que
cela repose sur une étude sérieuse de faisabilité, je
dirais oui, peut-être. Mais est-ce que vous avez à nous faire part
d'une étude de faisabilité? C'est la question que je vous pose
depuis le début.
Vous dites: On inscrit dans le projet de loi qu'on vise la
rentabilité. Oui, c'est strictement un voeu pieux, vous le savez comme
moi. D'ailleurs, regardez toutes les autres sociétés qui ont
été créées par votre gouvernementl Alors, si vous
avez à nous faire part d'une étude, qui peut nous prouver, hors
de tout doute, que c'est sérieux, votre article 20 qui doit viser la
rentabilité, si vous avez à nous faire part de quelque chose,
faites-le. Mais donnez-nous des documents qui nous prouvent, quand même,
hors de tout doute, que cet article repose sur quelque chose de sérieux,
parce que dire dans un article qu'on vise la rentabilité...
M. Garon: On n'est pas rendu à cet article-là,
actuellement; on est rendu à l'article 3.
M. Dubois: Non, non.
Une voix: Vous l'avez invoqué.
M. Dubois: Vous avez invoqué l'article 20...
M. Garon: Non, j'ai dit...
M. Dubois:... et vous avez parlé de la rentabilité
visée par le projet de loi. Alors, si vous avez à nous faire part
de quelque chose, sur le plan de la rentabilité et de la
faisabilité, faites-le.
M. Garon: Je viens de vous le dire.. M. Dubois: Bien
oui.
M. Garon:... de prendre le rapport des Floralies...
M. Dubois: Les Floralies...
M. Garon:... de 1980. Prenez les rapports d'utilisation...
M. Dubois:... et le parc des expositions, ce n'est pas pareil.
Écoutez, ne mélangez pas les oranges et les pamplemousses.
M. Garon: Pardon?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît!
Votre question est posée.
M. Dubois: Elle est posée et je n'ai pas de
réponse.
M. Garon: Je vous dis que vous pouvez prendre le rapport...
M. Dubois: Bien oui, le rapport des Floralies.
M. Garon: Ce sont des études.
M. Dubois: C'est brillant comme comparaison!
M. Garon: Bien, on a fait des projections. Mais on n'est pas dans
ce cadre-là, on est dans le cadre de l'étude d'un projet de loi
qui implique la coquille de la société. Mais le projet
lui-même est encore en discussion avec la ville. Les projections devront
être présentées par la nouvelle société.
Maintenant, on a fait nos propres études, mais le budget de
fonctionnement va
être présenté, en vertu des dispositions de la loi,
lorsque le projet de loi aura été adopté, par les gens qui
vont former la société à ce moment-là.
Je vous dis qu'actuellement on a évalué nos revenus sur la
base de 1 500 000 visiteurs, ce qui est un chiffre très prudent; ce
n'est pas très élevé. Je peux vous dire que les
premières projections étaient beaucoup plus
élevées, mais j'ai préféré avoir des
projections plus réalistes, plus sûres, c'est-à-dire 1 500
000, justement, parce que je souhaite qu'on ait des surplus.
Deuxièmement, au point de vue des dépenses de fonctionnement, les
prévisions qui ont été faites dans un budget de
fonctionnement normal sont fondées sur des expériences comme les
Floralies, le Salon de l'agriculture et les expositions de cette nature qu'on
trouve dans le cadre d'activités que nous connaissons très bien,
tant à la ville de Montréal qu'au ministère de
l'Agriculture. C'est là-dessus que sont fondées nos projections
et les implications financières. En plus, on a pris des engagements de
ne pas dépasser les coûts. Par exemple, tantôt, quelqu'un
faisait référence au CPIAA. Il y a un budget de fonctionnement
annuel du CPIAA. Une des principales contraintes, qu'il n'y a pas ailleurs,
c'est un loyer assez élevé, alors que, pour une activité
comme celle-là à Toronto, l'organisme sans but lucratif qui s'en
occupe ne paie pas de loyer. Ce sont des contraintes comme celles-là qui
vont être éliminées dans le cadre de ce projet.
Le Président (M. Lévesque,
Karnouraska-Témiscouata): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. Tout à l'heure,
sur l'amendement de mon collègue de Nelligan, le ministre a fondé
une grande partie de son argumentation sur le fait que, dans le projet de loi,
il ne trouverait personne qui accepterait de participer au déficit
étant actionnaire. Avant de dire que bien de gens ne connaissent pas la
loi, je ne sais pas si le ministre a pensé qu'en vertu de la Loi sur les
compagnies les membres ne sont pas personnellement responsables des
déficits- Je le réfère à l'article 226 de la Loi
sur les compagnies; j'imagine que le ministre l'a dans sa poche d'en
arrière et qu'il pourra la lire avant d'affirmer des choses gratuites
comme il l'a fait ici et, de cette façon, d'induire en erreur les
membres de la commission. Je pense que ce n'est pas le but d'un ministre
responsable et sérieux.
Une autre argumentation. Le ministre vient de nous dire carrément
que, malgré qu'il ait surveillé personnellement les Floralies,
qu'il ait quasiment planté les fleurs, que les gens de son
ministère les aient transplantées d'une serre à l'autre,
il y a eu, sur un budget de 2 000 000 $, un déficit de 100 000 $, ce qui
représente 5%. Sur un budget de 40 000 000 $, cela représente un
déficit de 4 000 000 $ par année. Si c'est aussi rentable qu'il
le dit, son projet de 40 000 000 $, pourquoi te ministre ne voudrait-il pas en
faire profiter les gens de la ville de Montréal, les
représentants des utilisateurs et le gouvernement du Québec?
À l'heure actuelle, il nous embarque dans un projet de loi dont seul le
gouvernement du Québec va payer la facture, c'est-à-dire
l'ensemble des contribuables du Québec.
Le ministre peut bien rire; il s'en fout personnellement. De toute
façon, il l'a dit cet après-midi. Il n'est pas
intéressé à ce que les contribuables aient des
bénéfices. Des dépenses, cela va, mais des
bénéfices, non. Alors, au lieu de baser son argumentation sur
cela pour détruire un amendement du député de Nelligan, je
pense que, si le ministre avait lu la Loi sur les compagnies, il n'aurait pas
dit des faussetés comme il vient de le faire tout à l'heure.
M. Garon: Vous savez, la différence entre le
député de Saguenay et moi, c'est que moi, j'ai enseigné la
Loi sur les compagnies.
M. Maltais: II ne se le rappelle plus. C'est bien beau de l'avoir
enseignée, mais il faut savoir de quoi on parle aussi.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez fini, M. le
député?
M. Maltais: À l'heure actuelle, l'article 226 de la Loi
sur les compagnies dit que les membres ne sont pas personnellement responsables
de la dette de la corporation. C'est clair. C'est peut-être lui qui l'a
écrit, cet article. Il ne se le rappelle pas. Pourquoi, tout à
l'heure, disait-il que les utilisateurs ne voudraient pas embarquer dans le
projet parce qu'ils seraient responsables du déficit? C'est absolument
faux.
M. Garon: C'est le député de Nelligan qui a dit
cela.
M. Maltais: Écoutez, à moins d'avoir les
galées, il va falloir...
M. Garon: Non, mais c'est vrai. Dans sa proposition...
M. Maltais:... l'enregistrer sur vidéo et le faire tourner
toutes les cinq minutes. Je ne sais pas s'il veut intentionnellement tromper
les membres de la commission. Il va falloir l'enregistrer sur vidéo et
le faire jouer toutes les cinq minutes, parce qu'il ne dit jamais la même
chose.
M. Garon: Non, non.
M. Maltais: Comment voulez-vous qu'on se renseigne?
M. Garon: Cela ne donne rien.
M. Maltais: Comment voulez-vous que les gens de la commission
puissent faire un travail sérieux alors que le ministre ne dit jamais la
même chose?
M. Garon: M. le Président, j'ai dit et je peux bien le
répéter.
M. Maltais: Les galées.
M. Garon: C'est que les députés veulent raisonner
en fous. Vous n'avez qu'à revoir la proposition du député
de Nelligan.
M. Maltais: Parle-toi tout seul si tu veux parler en fou.
Une voix: Voyonsl Voyonsl
M. Garon: On n'est pas dans un "sex-bar" ici, si vous voulez.
M. Maltais: On n'est pas dans une porcherie, non plus; on est
à l'Assemblée nationale.
M. Garon: Non, il y a des cultivateurs dans les porcheries et je
vous dis qu'ils savent mieux vivre que vous.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Maltais: C'est pour cela que tu n'y entres pas!
Une voix: La parole est au ministre.
M. Garon: Ce que j'ai dit, c'est que le député de
Nelligan a dit que les utilisateurs pourraient être partie au projet, le
gouvernement du Québec, la ville de Montréal et que chacun
pourrait assumer un tiers des déficits, s'il y en a. C'est ce qu'il a
affirmé au début de sa proposition. Il pourrait vous le dire
lui-même, c'est ce que j'ai compris. C'est sur cette base que j'ai
répondu que je sui3 convaincu que les utilisateurs - en tout cas, c'est
ma conviction, mais je peux me tromper; je suis convaincu de cela, j'ai assez
fait de projets maintenant que je le sais - habituellement, ne veulent pas
assumer les possibilités de déficit d'un projet où il y
aura des centaines d'utilisateurs. C'est évident qu'ils ne voudront
pas.
Maintenant, c'est évident que, pour le conseil d'administration,
il va y avoir une consultation. Quand on dit que te gouvernement nomme les sept
membres et qu'il y en a deux qui seront proposés par la ville de
Montréal - cela vient plus tard dans les articles - c'est pour assurer
une certaine représentation qui va tenir compte des objectifs
visés. C'est évident que, dans des consultations avec
Montréal, nous allons nous efforcer de nommer au conseil
d'administration des gens qui vont normalement faire l'affaire des deux.
Jusqu'à maintenant, nous avons travaillé sur assez de projets que
je puis vous dire que - bien des fois, c'est bien évident que, lors des
négociations, des discussions, c'est plus difficile de négocier
certains points - dans l'ensemble, des projets comme ceux-là sont faits
de pair, non pas en chicane, mais en travaillant ensemble pour réaliser
un projet qui a des chances de réussir.
Ce projet est un voeu exprimé depuis des années et je
pense que la structure qui est proposée sur le plan juridique est bonne.
Maintenant, comme le Parti libéral ne veut pas l'adopter, il peut
chercher n'importe quel pou au projet. Si j'avais parlé d'une
société sans but lucratif, ils auraient parlé d'une
société d'État. Si j'avais parlé d'une
société d'État, ils auraient parlé d'une
société avec participation au capital-actions. Que voulez-vous?
On a choisi une structure parce qu'on l'a discutée ensemble et qu'on en
est arrivé à penser que c'était la meilleure structure. Je
pense qu'elle est bonne, la structure.
Je peux vous dire que, quand je suis arrivé au ministère
de l'Agriculture, en 1976, dans les mois précédents, le
ministère de l'Agriculture avait créé, je pense, cinq
compagnies et qu'il y en avait cinq qui avaient fait faillite. Il y en avait
même une, dans les frites congelées, qui avait duré trois
jours. Je peux vous dire que je ne pense pas avoir de leçon à
recevoir du Parti libéral au point de vue de l'administration
d'entreprises publiques.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, afin de rendre
justice au député de Nelligan concernant l'usine de Newport, je
voudrais faire lecture - parce que les gens sont encore ici et pour
éclairer le ministre - des propos qu'a tenus hier le
député de Nelligan qui, en aucun temps, n'a parlé de la
structure de la corporation.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond, on
est sur l'amendement. Il faudrait essayer...
M. Vallières: Oui, mais si j'ai le consentement, on
pourrait éclaircir cette situation. Il y a des gens de Newport qui sont
ici et qui aimeraient être éclairés, je
pense.
M. Garon: Oui, je suis d'accord. On va voir ce qu'il donnait
comme modèle hier. Envoyezl!
M. Vallères: À R-2858, page 1, le
député de Nelligan dit...
M. Garon: R-2855.
M. Vallières:... "Sûrement, ce sera encore une autre
chose comme votre usine de Newport où vous avez jeté 14 000 000 $
quand il y avait déjà une usine sur place, à quatre pieds
de là, parce que cela faisait votre affaire, que cela vous grandissait
et que les gens qui voulaient cette usine, c'étaient vos gars,
c'étaient vos amis. "
Le député de Nelligan dit plus loin, à R-2859:
"N'allez pas faire encore une autre "bébelle" comme l'usine de Newport
où on avait déjà une usine, n'allez pas jeter de l'argent
à droite et à gauche dans des sociétés que vous
allez contrôler à 100%. "
M. Garon: Vous voyez que ce n'était pas vrai, je ne
contrôle pas à 100%, à Newport. Ce soir, il dit que je
devrais faire comme à Newport.
M. Vallières: À R-2860: "Là où il y a
des pauvres, là où il y a des démunis, n'allez pas faire
une autre "bébelle" comme l'usine de Newport quand il y avait
déjà une usine. " Tels sont les propos qui ont été
tenus par le député de Nelligan.
M. Garon: C'est exactement ce que je dis.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: II s'est prononcé...
M. Lincoln: Ce n'est pas croyablel Ce n'est pas croyablel
M. Garon: Mais oui, vous vous êtes prononcé contre
l'usine de Newport, vous avez dit que c'était ma "bébelle", que
je voulais favoriser des amis. Vous l'avez classée comme une
société d'État à capital-actions à 100% par
le gouvernement. C'est cela que vous dites dans vos propos.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: C'est ce qu'il vient de lire, tel quel.
Une voix: II est menteur, en plus.
M. Garon: Quand même, les mots ont un sens.
M. Baril (Arthabaska): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaîtl
M. Baril (Arthabaska): Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): J'entends, de l'autre côté de
la table, le député de Saguenay et le député de
Maskinongé traiter à tour de bras le ministre de menteur. Je vous
demanderais, M. le Président, de leur faire retirer leurs paroles. Il
doit y avoir un peu de respect envers cette commission.
Une voix: Le président ne l'a pas entendu.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Les députés qui sont autour
de la table et qui n'ont pas la parole doivent, autant que possible, garder le
silence et écouter les réponses et les questions qui font l'effet
de cette commission. Je demanderais aux députés qui n'ont pas la
parole, mais qui ont un droit de parole de 20 minutes pour parler sur les
amendements et les articles, de bien vouloir écouter attentivement
l'interlocuteur. Présentement, c'est le ministre de l'Agriculture qui a
la parole et ceux qui voudront intervenir en se respectant mutuellement.
M. Vallières: M. le Président, je veux vous
indiquer que je parlerai sur l'amendement également. Je ne veux pas
perdre mon droit de parole, à ce moment-ci.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez le droit de parole, M. le
député de Richmond.
M. Vallières: À moins que M. le ministre ne
veuille...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre était à
compléter une réponse, je ne sais pas s'il a terminé.
M. Vallières: On va lui en laisser tout le temps.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Garon: Je dots dire, M. le Président, que les
galées viennent démontrer que le député de Nelhgan
parlait à tort contre la société de Newport. Il disait,
par exemple, à la page 2855: "On veut ajouter d'autres
sociétés d'État à SOQUIA qui a elle-même
investi dans quelque chose comme 25 sociétés. " Il nomme les
sociétés.
M. Lincoln: Continuez à lire.
M. Garon: "La Raffinerie de sucre du Québec, la
Société québécoise des pêches, la
Société québécoise des pêches de Newport,
Madelipêche et tout l'appareil immense que s'est créé le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. "
On essaie de faire croire que Newport est une société
d'État alors que c'est faux. C'est une société
privée, la Société québécoise des
pêches, où le gouvernement est actionnaire et a une participation
minoritaire.
Plus loin, comme on vient de le dire, à la page 2858, il a dit,
encore là: "Sûrement, ce sera encore une autre chose comme votre
usine de Newport où vous avez jeté 14 000 000 $ quand il y avait
déjà une usine sur place, à quatre pieds de là,
parce que cela faisait votre affaire, que cela vous grandissait et que les gens
qui voulaient cette usine, c'étaient vos gars, c'étaient vos
amis. "
Je dois dire que j'ai beaucoup d'amis dans le territoire maritime parce
que la plupart des pêcheurs sont mes amis.
M. Lincoln: Oui, surtout ceux qui sont d'accord avec vous.
M. Garon: L'autre paragraphe qu'on vient de mentionner et que je
n'avais pas retrouvé encore à la page 2859... Encore là,
le député de Nelhgan...
M. Vallières: 2859, page 3, à 23 h 5.
M. Garon:... dit: "C'est pourquoi nous venons ici pour vous
parler et vous demander si vous voulez 40 000 000 $, montrer qu'il a besoin de
40 000 000 $. Si vous avez 40 000 000 $ à dépenser, allez les
dépenser là où il y a des pauvres, là où il
y a des démunis. N'allez pas faire encore une autre "bébelle"
comme l'usine de Newport. "
Une voix: Ah bon!
M. Garon: C'est le député de Nelhgan qui a dit
ça. L'usine de Newport...
M. Lincoln: Oui, oui, c'est moi.
M. Vallières: Où il y avait déjà une
usine.
M. Garon: Où il y avait déjà une usine.
"N'allez pas jeter de l'argent à droite et à gauche dans des
sociétés que vous allez contrôler à 100%. " Ensuite,
il parle du modèle de Newport. Je n'ai pas l'impression que ies propos
du député de Nelhgan, que je viens de lire, indiquaient que la
Société des pêches de Newport était un
modèle. Au contraire, il la décriait. C'est ce que j'ai dit qu'il
faisait, il la décriait. Je pense encore qu'il la décriait, il
disait que c'était quelque chose à ne pas imiter. Ce soir, il dit
le contraire parce qu'il y a des gens de Newport qui sont là. C'est
comme ça à la journée. C'est arrivé à
plusieurs reprises que j'ai eu à...
M. Lincoln: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelhgan.
M. Lincoln: Je pense que ça démontre
réellement le genre de mauvaise foi, le genre de détournement des
propos dont se sert le ministre.
Une voix: C'est écrit noir sur blanc.
M. Lincoln: C'est écrit noir sur blanc, mais il y a des
façons de lire noir sur blanc quand on veut le lire. Ce que j'ai dit sur
l'usine de Newport, je le dis devant ces gens-là et je leur ai dit
à leur face à Newport, je n'ai pas passé par quatre
chemins pour leur dire ce que je pensais. C'est que mettre 14 000 000 $ dans
une usine alors qu'il y en avait déjà une sur place, j'ai
toujours été contre ça, je ne m'en suis jamais
caché. Mais jamais une seule fois dans ce discours je n'ai parlé
de la formule de structure de société dont le ministre s'est
servi là-bas. Une structure mixte, je n'ai jamais parlé de
ça. Vous essayez de faire croire qu'aujourd'hui je dis quelque chose de
différent. Je dirai la même chose à M. Champoux et aux
autres...
Une voix: Des excuses.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! M. le
député de Nelhgan, à l'ordre!
M. Lincoln:... ce soir, n'importe quand, que j'ai
déjà dite et que je redirais encore.
Le Président (M. Lévesque,
Kamou-raska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Lincoln: Et s'il y a quelqu'un qui détourne les faits,
c'est toujours vous, malheureusement. C'est toujours vous, malheureusement.
C'est pourquoi...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, M. le
député de Nelligan. Ce n'est pas une question...
M. Lincoln:... il y a tellement peu de gens qui vous font
confiance.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... de règlement. C'est plutôt
une opinion que vous émettez.
M. Garon: Vous allez voir cela aux prochaines
élections.
M. Gagnon: M. le Président, je voudrais soulever une
question de règlement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: Je pense que cela serait une question de
règlement aussi. Je n'ai pas noté le temps, mais je voudrais vous
le demander, vous l'avez sûrement noté comme président. Il
m'apparaît que, sur cet amendement, cela fait déjà
passablement de temps que l'on discute et je pense que le droit de parole sur
un amendement est de 20 minutes par intervenant.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Justement, c'est 20 minutes par
député membre de la commission.
M. Gagnon: Voilà. Est-ce que c'est épuisé du
côté de l'Opposition?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): II reste encore le député de
Richmond qui a du temps, le député de Huntingdon, quelques
minutes, le député de Saguenay, quelques minutes, et le
député de Maskinongé...
M. Gagnon: Quelques minutes aussi?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui. Le député de Saguenay,
il lui reste quelques minutes. . Alors, la parole est au député
de Richmond.
Est-ce que j'ai répondu à votre question?
M. Gagnon: Oui, vous avez très bien répondu.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On pourra vous donner les minutes exactes
dans quelques secondes.
M. Gagnon: J'aimerais, oui.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Le député de Richmond, en
revenant sur...
M. Gagnon: Mais le député de Nelligan a
terminé?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est le député de Neiligan
qui a terminé.
M. Picotte: M. le Président, je vous ferai remarquer,
cependant, que le député de Nelligan avait fait une demande de
question de règlement. Alors, c'est en dehors de son temps.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, mais son temps était
déjà épuisé.
M. Picotte: Oui, c'est cela, mais il a le droit de soulever des
questions de règlement, quand même.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Ce n'en était pas une.
M. Gagnon: M. le Président, si vous me le permettez,
j'avais la parole sur une question de règlement. Je pense que,
là-dessus, on pourrait faire l'unanimité. À la commission
où on étudiait la loi 42, on avait pris une excellente habitude,
à 22 heures, de suspendre nos travaux pour une dizaine de minutes.
M. Picotte: Adopté.
M. Gagnon: Est-ce qu'on serait d'accord pour le faire et on
reviendrait dans une dizaine de minutes? Est-ce possible?
M. Picotte: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Cela prend un consentement unanime.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Est-ce qu'on est d'accord?
M. Cusano: Cela travaillait très bien.
M. Gagnon: Cela nous aide à mieux travailler, par la
suite.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Garon: Moi, habituellement, je ne suis pas fatigué,
mais s'il y en a qui sont fatigués, je suis d'accord pour leur permettre
de se reposer.
M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission suspend ses travaux pour dix
minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 8)
(Reprise à 22 h 16)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux, À l'ordre! M. le ministre, la commission
reprend ses travaux. Si chacun des députés veut prendre son
siège.
M. Gratton: Vous devez avoir bien de la misère, M. le
Président!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Ce n'est pas facile. À l'ordre!
La parole était au député de Richmond et je
voudrais lui rappeler qu'on est encore à l'amendement du
député de Nelligan et de s'en tenir, étant donné
l'heure tardive, à l'amendement. La parole est au député
de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, je reprends donc la
parole et je vous remercie de m'avoir permis de faire lecture des galées
qui indiquent clairement que le député de Nelligan n'avait pas
parlé de la structure de la corporation de Newport.
Une voix: C'est cela. Qu'il retire ses paroles.
M. Vallières: M. le Président... Une voix:
Oui.
M. Vallières:... je veux vous indiquer
immédiatement que, pour autant que cela me concerne...
M. Garon: L'État est actionnaire à 100%.
Une voix: 80% à 100%.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Vallières:... je trouve intéressante la
proposition du député de Nelligan.
M. Garon: L'actionnaire à 100%, ce n'est pas de la
structure pour vous.
M. Vallières: Je comprends mal que, finalement, le
ministre s'oppose aussi énergiquement à la formation d'une
société dite mixte. Est-ce que ce ne serait pas de nature
à responsabiliser l'attitude des partenaires qui sont inclus, qui sont
parties prenantes dans ce qu'on peut presque maintenant appeler une aventure,
compte tenu de ce qu'on a entendu de la part du ministre, lui-même qui a
aussi refusé une autre proposition de rechange présentée
par le député de Nelligan? Je suis surpris de constater que tout
ce que le ministre nous dit, finalement, c'est que le gouvernement est
prêt à accepter la facture, peu importent les coûts. Je veux
lui rappeler que, dans bien des ministères ou dans le secteur
privé, quand on veut se lancer dans une entreprise, une des
premières choses qu'on demande, c'est de voir s'il n'y a pas eu une
étude de rentabilité de réalisée afin de s'assurer
de la viabilité de l'entreprise. Il n'est pas très rassurant,
actuellement, d'entendre le ministre nous dire qu'il ne dispose pas - à
moins qu'il ait entre les mains des documents qu'il refuse de nous remettre
-qu'il ne donne pas de document précis pour répondre en
particulier aux demandes du député de Huntingdon, ce qui nous
permettrait de porter un jugement de valeur sur la viabilité de cette
société. Le ministre nous a donné comme exemple les
Floralies 1980 et semblait vouloir dire: Prenez ma parole; cela va fonctionner
comme pour les Floralies 1980. Ce que nous avons devant nous, ce ne sont pas
des floralies. C'est vraiment différent. C'est la Loi sur la
Société du parc des expositions agro-alimentaires.
M. le Président, vous me permettrez donc de vous indiquer que je
suis pour l'amendement qui a été proposé par le
député de Nelligan et que j'aimerais que le ministre nous indique
quels sont les motifs réels qui l'empêcheraient de nous
déposer les études de rentabilité qu'il a entre les mains.
Il nous a fait part tantôt de certaines données qui sont
intéressantes, mais je pense qu'il serait doublement intéressant
pour nous d'avoir toutes ces données qui lui ont permis de conclure, de
proposer le genre de société que l'on retrouve à l'article
1.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Pour répondre au
député de Champlain, il reste au député de
Saguenay, seize minutes; au député de Huntingdon, seize minutes;
à celui de Maskinongé, quatorze minutes; et celui de Richmond va
sûrement avoir quelques minutes. Et vous aviez demandé la
parole.
M. Gagnon: Non, c'était seulement la question de
règlement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Térniscouata): D'accord. On va aller au
député de Maskinongé...
M. Picotte: À moins que le ministre
réponde là-dessus?
M. Garon: Non. Cela va. J'ai déjà
répondu.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Non? Le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Compte tenu que nous
avons discuté sur ce projet, je vous demande d'appeler le vote
immédiatement, s'il vous plaît, sur cet amendement.
M. Gagnon: M. le Président, avant d'appeler le vote, par
exemple, je pensais que leur droit de parole était épuisé
ou qu'ils voulaient utiliser leur droit de parole.
M. Picotte: Je vous ai demandé le vote, M. le
Président.
M. Gagnon: J'aurais demandé la parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Le député de Champlain
n'ayant pas exercé son droit de 20 minutes a droit à 20 minutes
comme tout député autour de la table. La parole est au
député de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, nous avons devant nous un
projet de loi que je trouve extrêmement important et, de la façon
que se déroulent les travaux de la commission ce soir, on a l'impression
qu'en fait, pour l'Opposition, ce projet de loi n'est pas sérieux.
L'Opposition nous parle souvent de l'économie. Elle parle souvent de
l'agriculture. J'écoute souvent le député de
Maskinongé, par exemple, qui a de grandes critiques à faire dans
le domaine agricole. La plupart du temps, elles ne sont pas fondées,
mais je trouve assez curieux qu'on retarde à adopter un projet de loi
comme celui-là, alors...
Des voix:...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! À l'ordrel
M. Gagnon: Voulez-vous, M. le Président, me permettre de
parler? On les a écoutés, hein?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Champlain.
M. Gagnon: Quand on sait que l'industrie agricole est
certainement l'industrie la plus importante au Québec en termes de
création d'emplois et à tous points de vue, ce que je trouve
intéressant dans ce projet de loi, c'est qu'on permettrait aux
agriculteurs, on permettrait au monde agricole et on permettrait aussi aux
consommateurs, parce qu'on sait que se parler d'agriculture entre nous, le
monde agricole... En fait, si on existe, si les agriculteurs existent, c'est
parce qu'il y a des consommateurs. Par le projet de loi que nous avons devant
nous, cela permet justement d'étendre et d'aller trouver le
consommateur, de discuter avec le consommateur, de faire valoir la valeur de
nos produits agricoles et de permettre aussi de développer l'exportation
dans le domaine agro-alimentaire. Je pense que c'est un domaine où on
peut très certainement développer l'exportation. J'ai de la peine
à comprendre l'Opposition. J'écoutais tantôt le
député de Nelligan dire au ministre de l'Agriculture: Nous ne
sommes pas contre le principe. Il disait au ministre de l'Agriculture: Si on
peut bonifier la loi, nous ne sommes pas contre le principe.
M. Picotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Est-ce que je dois comprendre comme vous que le
député de Champlain parle de l'amendement à l'article
2?
M. Gagnon: Oui, effectivement, vous devez comprendre cela.
M. Picotte: C'est ce que vous comprenez, vous aussi?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui. On est toujours... Comme tout à
l'heure aussi, on a été assez large sur le débat. Alors,
la parole est...
M. Picotte: Je voulais m'assurer de cela.
M. Gagnon: Vous avez raison de dire qu'on a été
assez large sur le débat, parce qu'on a parlé des pêches.
On a parlé de toutes sortes de choses. Non, c'est vous, M. le
député de Nelligan, qui avez ouvert la porte sur les
pêches. Je voudrais seulement qu'on puisse m'expliquer, comme disait le
député de Nelligan... D'ailleurs, j'ai beaucoup d'estime pour le
député de Nelligan et je pense qu'à chaque fois qu'il
travaille sur un projet de loi...
Des voix: Bravo! Bravo!
M. Gagnon:... effectivement, il tente de le bonifier. Il apporte
des amendements. Cela
ne veut pas dire qu'on est obligé d'être d'accord avec ses
amendements, mais, au moins, il fait l'effort d'apporter des amendements sur
des articles de la loi, des amendements qui peuvent effectivement, dans son
esprit à lui, bonifier le projet de loi. Mais, le député
de Nelligan dit: Nous ne sommes pas contre le principe de la loi, alors qu'en
deuxième lecture, ils ont parlé contre. En deuxième
lecture, ils ont voté contre et si, M. le Président, je suis dans
l'erreur, je voudrais que vous me rappeliez à l'ardre, mais selon moi,
lorsqu'on fait la deuxième lecture à l'Assemblée
nationale, on vote sur le principe même. Comment le député
de Nelligan peut-il affirmer ce soir qu'il n'est pas contre le principe - et il
l'a dit à deux ou trois reprises - alors qu'en deuxième lecture,
il a lui-même voté contre le principe de la loi? J'ai un peu de
difficulté... Si le député de Nelligan voulait être
sérieux et disait: Je ne suis pas contre, je suis pour le principe du
projet de loi, mais je voudrais le bonifier, je pense qu'il serait plus
crédible si, en deuxième lecture, il avait voté pour le
principe du projet de loi.
M. le Président, je voudrais seulement vous dire aussi cela. Je
mentionnais tantôt que l'expo qu'on veut permanente, et près du
tiers de la population des consommateurs du Québec, est aussi à
un endroit où on peut dire que c'est une fenêtre ouverte sur le
monde. Je pense qu'ensemble autour de la table, on peut être à la
fin de la session, on peut probablement être fatigué et puis avoir
hâte de retourner chez nous pour la période des fêtes mais
je pense qu'ensemble autour de la table, on devrait admettre que pour la plus
grande industrie au Québec, pour la première industrie au
Québec, pour l'industrie la plus importante au Québec... Chacun
de nous, on sait se gargariser en période électorale pour aller
dire aux agriculteurs qu'on croit à l'agriculture. La différence
c'est que nous, nous l'avons prouvé, que nous croyons à
l'agriculture. Mais, pour l'industrie la plus importante du Québec,
qu'on refuse cette fenêtre sur le monde alors qu'on pourrait exposer,
qu'on pourrait faire connaître le talent de nos agriculteurs, qu'on
pourrait faire connaître l'agriculture québécoise à
la porte de la métropole du Canada, à la porte aussi du Palais
des congrès, enfin, la métropole, une des principales villes du
Canada, à la porte du Palais des congrès, là où on
reçoit à Montréal des gens d'un peu partout dans le monde,
à différentes occasions. Or, moi, je suis un peu
scandalisé de voir qu'0n ne réussisse pas à adopter ce
projet de loi plus rapidement et qu'on semble vouloir retarder les travaux
alors que je suis persuadé que sur le plan économique, c'est un
projet de loi extrêmement important.
M. le Président, c'est à peu près ce que je voulais
dire et j'aimerais bien que le député de Nelligan puisse
m'expliquer encore une fois comment il peut être d'accord avec le
principe alors qu'il va contre le principe en deuxième lecture.
Une voix: C'est parce que c'est un rouge.
M. Gagnon: Est-ce parce que c'est un rouge? Est-ce parce que le
fait d'être rouge, il faut être contre l'économie? Il faut
être contre l'agriculture?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! À l'ordre, M. le
député.
M. Gagnon: Moi, je pense que le député de Nelligan
est capable de dépasser cela, j'ai cette impression, et ce serait
intéressant de savoir comment est-ce qu'il peut être pour le
principe et voter contre le principe.
M. Dupré: La question est posée.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Je n'ai pas d'autres intervenants.
M. Picotte: M. le Président, le vote.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On va demander le vote sur l'amendement qui
se lit comme suit: L'article 2: La société est une corporation
à but lucratif dont les membres représentent à parts
égales le gouvernement, la ville de Montréal et les
représentants des utilisateurs du parc. À main levée, ceux
qui sont en faveur de cet amendement.
Une voix: Faites l'appel nominal.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On le sait d'après la liste des
membres. Il y en a cinq pour. Alors, ceux qui sont contre?
M. Picotte: M. le Président, je m'excusel Est-ce que le
fait que le nouveau ministre, que je voudrais féliciter d'ailleurs,
parce qu'il a participé souvent à nos
délibérations... C'était mon intention de vous demander la
parole pour le féliciter mais aussi bien le faire tout de suite puisque
je l'ai vu lever la main pour voter. Est-ce que du fait qu'il vient
d'accéder au Conseil des ministres, cela lui donne le droit de vote
à notre commission au moment où nous discutons?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Je ne pourrais pas vous dire s'il a le
droit de vote mais il est membre de la commission présentement et un
ministre
peut être membre d'une commission.
M. Picotte: Félicitations, M. le ministre, pour votre
premier vote.
M. Le May: Merci beaucoup.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Alors, l'amendement est rejeté
à 7 contre 5.
M. Picotte: Maintenant, on revient à l'article 2.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On revient à l'article 2.
M. Picotte: M. le Président, on est prêt à
adopter cet article 2, sur division.
Une voix: L'article 2 est adopté.
M. Picotte: Voyez-vous si cela va vite quand on veut, quand vous
voulez collaborer. Quand on ne se fait pas trop conter de mensonges, cela va
plus vite un peu.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Adopté sur division. L'article
3.
M. Picotte: M. le Président, on va prendre le temps de le
lire: "La Société est un mandataire du gouvernement. Ses biens
font partie du domaine public, mais l'exécution de ses obligations peut
être poursuivie sur ces biens. Elle n'engage qu'elle-même
lorsqu'elle agit en son nom. " Nous sommes prêts à adopter
cela.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraka-Témiscouata): L'article 3 est adopté.
M. Picotte: Pouvez-vous nous faire la lecture de l'article 4, M.
le Président?
Le Président (M. Lévesque, Kamouka-Témiscouata):
L'article 4.
M. Garon: "La Société a son siège social sur
le territoire de la ville de Montréal, à l'endroit
déterminé par le gouvernement. Un avis de la situation ou de tout
déplacement du siège social est publié à la Gazette
officielle du Québec. "
M. Picotte: M. le Président, en ce qui nous concerne, on
est prêt à adopter cela.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Adopté. J'appelle l'article 5.
Conseil d'administration
M. Picotte: En ce qui concerne l'article 5, M. le
Président, j'aimerais que vous cédiez la. parole à mon
collègue de Nelligan. (22 h 30)
M. Lincoln: À l'article 5, M. le Président, je
voudrais faire les mêmes observations que j'ai faites sur l'article 2.
Toute notre argumentation est là, je vais revenir à une des
remarques que faisait mon collègue de Champlain tout à l'heure
sur l'adoption du principe. Non, une minute.
M. Dupré: Si ce sont les mêmes, on n'a pas besoin de
les entendre.
Une voix: On va adopter les galées.
M. Lincoln: Non, non, ce ne sont pas les mêmes. Si vous
lisez les articles 2 et 5, vous comprendrez que ce ne sont pas les
mêmes.
M. Dupré: Non, mais vous avez dit que c'étaient les
mêmes.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, M. le
député de Saint-Hyacinthe. La parole est au député
de Nelligan.
M. Lincoln: Je vais m'expliquer. C'est le sens fondamental de la
participation qui est la même chose; cela ne peut pas être la
même chose. Si vous lisez l'article 2 et l'article 5 et que vous croyez
que c'est la même chose, eh bien, excusez-moi.
M. Dupré: Ce sont vos paroles, M. le
député.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, à l'ordrel
M. Lincoln: Si vous me faites la courtoisie de m'écouter
un peu plus longtemps, peut-être que cela va devenir plus simple pour
vous.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Nelligan.
M. Lincoln: Alors, ce que je voulais dire, M. le
Président, c'est que tout à l'heure le député de
Champlain a fait allusion à toute la question du vote hier sur le
principe. Vous voyez, pour parler du principe d'une loi, par exemple, sur la
loi 3, c'est sûr que, de notre côté, nous étions pour
la restructuration scolaire comme principe général, mais, au sein
de ce principe, nous avions des objections fondamentales. Nous en avions sur la
question de la constitutionnalité, etc.
Ici, c'est sûr qu'on est pour le principe d'une exposition
agro-alimentaire; cela, personne ne le discute. Mais, au sein de ce
principe, il y a d'autres principes. On était contre le principe
d'une société d'État contrôlée à 100%
par le gouvernement. On était contre le principe d'une
société où il y avait un gros investissement du
Québec et où les deux autres intervenants n'avaient pas droit de
regard.
C'est dans ce sens-là que j'interviens sur l'article 5 où,
comme je l'ai situé dès le début de notre intervention
hier soir en Chambre, on a une société administrée "par un
conseil d'administration composé de sept membres, dont un
président. " Je fais ressortir que le président peut aussi
être le directeur général de la société
à l'article 14. Le directeur général peut aussi être
le secrétaire de la société. Donc, vous pouviez avoir un
président nommé par le gouvernement, qui soit en même temps
directeur général et secrétaire de la
société.
Le personnage le plus important de la société sera
nommé par le ministre et le gouvernement; il sera à la fois
membre du conseil d'administration, président du conseil
exécutif, directeur général et secrétaire de la
société. Est-ce de la bonne gestion? Ce même
président, qui sera à la fois président du conseil,
directeur général, secrétaire de la société,
va répondre à qui? Normalement, je suis président d'un
conseil d'administration aujourd'hui dans une situation de
bénévolat où on a un gros budget financé par le
gouvernement. Je suis là, justement, comme bénévole, parce
que le directeur général vient nous donner des rapports au
conseil d'administration, il est responsable au conseil d'administration et
nous lui posons des questions tous les jours. Il n'y a pas de conflit
d'intérêts. Est-ce que vous pouvez penser à une seule
société où le président du conseil d'administration
est à la fois directeur général et secrétaire? Il
ferait ses propres procès-verbaux; il serait à la fois directeur
général; il répondrait à lui-même comme
président. C'est cela, la bonne gestion du ministre, c'est cela, la
bonne planification?
En plus, il y a la ville de Montréal qui est un des grands
intervenants. Le ministre est tellement sidéré de voir le maire
de la ville de Montréal que lui-même a admis tout à
l'heure, durant la suspension, que s'il y avait eu du retard à
présenter le projet de loi en Chambre, c'est que la ville de
Montréal n'avait pas pris la peine, tout ce temps-là, de se
décider sur le projet. Elle a attendu à mardi soir pour se
décider. Maintenant, il nous blâme pour le retard parce que la
ville de Montréal n'a pas pris de décision avant mardi. Alors, la
ville de Montréal, qui a fait attendre le ministre jusqu'à mardi,
qui est un des principaux intervenants, n'a que deux sièges sur sept au
conseil d'administration. Je suis un contribuable de la ville de
Montréal. Est-ce que vous pensez que c'est normal pour un citoyen
d'avoir une société où la ville de Montréal, un des
principaux intervenants qui donne son territoire, n'a que deux voix sur sept
et, en plus, est au sein d'une corporation où le président, le
directeur général et le secrétaire peuvent être la
même personne? J'aurais voulu voir combien il y a de lois où on
voit cette chose. Est-ce que cela se voit dans l'entreprise privée?
Est-ce que cela se voit, par exemple, dans le domaine des affaires sociales
où il y a des quantités de sociétés que le
gouvernement finance? Est-ce que le conseil d'administration est composé
d'un président qui est à la fois directeur général?
Mais cela ne se voit jamais.
Alors, je voudrais, M. le Président, demander votre permission
parce qu'il me semble que les articles 5 et 6 se rejoignent. Je vais faire un
amendement dans ce sens à l'article 5. Si vous le permettez, comme
l'article 6 suit l'article 5 et qu'on y parle du vice-président, je vais
déposer les deux et vous agirez en conséquence.
Motion proposant d'en modifier la composition
Mon amendement va faire en sorte que l'article 5 va se lire comme suit:
"La société est administrée par un conseil
d'administration composé de sept membres, dont un président et un
vice-président. Trois de ces membres sont nommés par le
gouvernement; deux sont nommés par la ville de Montréal et deux
par les utilisateurs du parc. "
Si je peux continuer - vous comprendrez pourquoi il faut que l'article 6
soit dedans - l'article 6 dira: "Le président et le
vice-président sont élus par les membres du conseil
d'administration. En cas d'empêchement du président, le
vice-président en exerce les fonctions. "
Je présente deux suggestions: la première, c'est qu'au
sein du conseil d'administration, au lieu d'avoir sept administrateurs dont
cinq du gouvernement -et le président qui peut être aussi
directeur général et secrétaire - et deux de la ville de
Montréal, il y ait trois membres du conseil d'administration qui
représentent le gouvernement, qui sont nommés par le
gouvernement, deux de la ville de Montréal, comme c'est le cas
maintenant, et deux qui représentent les utilisateurs. Cela fera sept.
Ce conseil d'administration, lui-même, élira, parmi les sept
membres, le président et le vice-président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Voulez-vous nous faire part de votre
amendement par écrit, s'il vous plaît?
M. Lincoln: Oui, certainement. Si je
peux faire l'argumentation de la chose très brièvement, le
ministre a refusé, à l'article 2, la participation de la ville de
Montréal et la participation des utilisateurs. Il nous a dit: II est
essentiel que le gouvernement contrôle cette corporation à 100%
parce que c'est nous, les gros bailleurs de fonds, c'est nous qui mettons les
40 000 000 $.
Pour une raison ou pour une autre, vous ne voulez pas d'une
société avec la participation de la ville de Montréal, la
participation...
M. Garon: Le gouvernement du Québec ne met pas 40 000 000
$. Alors, pourquoi dites-vous ça? On ne met pas 40 000 000 $.
L'investissement total prévu est de 40 000 000 $. II y a une
participation de Montréal et une participation du gouvernement du
Québec. Comme l'entente n'est pas complètement finalisée,
l'investissement total sera de 40 000 000 $ mais il n'est pas question de 40
000 000 $ de la part du gouvernement du Québec seulement.
M. Lincoln: D'accord, j'accepte la correction du ministre. Tout
ce que je veux dire, c'est que le ministre a refusé, à l'article
2, la participation de la ville de Montréal et des utilisateurs au sein
de la structure de la société.
Maintenant, on parle du conseil d'administration. Le conseil
d'administration, c'est une tout autre affaire. Par exemple, on peut citer des
cas innombrables où le gouvernement du Québec finance à
100% toutes sortes d'organisations, dans toutes sortes de secteurs, où
les membres du conseil d'administration représentent des gens de la
communauté, des groupes socio-économiques, des corporations.
Par exemple, au conseil d'administration où je me trouve, selon
la loi 27, il y a quatorze membres qui représentent quelque chose comme
sept différents groupes communautaires et autres, sept. Alors, c'est
tout à fait normal, dans ce cas, que les trois groupes d'intervenants
principaux, le gouvernement du Québec, la ville de Montréal et
les utilisateurs, soient représentés au sein du conseil
d'administration. Trois du gouvernement, deux de la ville de Montréal et
deux des utilisateurs.
Qui plus est, nous demandons que le président et le
vice-président soient nommés par le conseil d'administration, ce
qui est tout à fait normal. C'est une pratique normale dans les conseils
d'administration, je le sais. Dans le cas, par exemple, de tous les conseils
d'administration des agences gouvernementales et des corporations
gouvernementales financées à 100% par le gouvernement ça
se passe tous les jours; aux affaires sociales, par exemple, dans les conseils
d'administration des hôpitaux, des centres résidentiels qui ont
des budgets, parfois, de plusieurs millions, c'est cela qui se passe. Le
conseil d'administration représente tous les groupes qui sont
impliqués dans le champ où travaille la corporation et ce sont
les membres du conseil d'administration qui nomment le président, le
vice-président et les autres.
Ce sont mes suggestions, ce sont mes amendements. Je pense que, cette
fois-ci, le ministre n'aura aucune objection du point de vue de la structure de
la corporation même. Je me demande la raison qu'il pourrait invoquer pour
qu'au sein du conseil d'administration il n'y ait pas une représentation
équitable des trois groupes d'intervenants, surtout que le gouvernement
aura trois membres sur sept.
M. Dupré: M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Saint-Hyacinthe, je n'ai pas la copie de l'amendement.
M. Lincoln: Je m'excuse, oui.
M. Dupré: Avant qu'on passe à l'amendement, on
pourrait avoir des...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Avant de discuter, justement, de
l'amendement, au premier abord...
M. Dupré: Ce n'est pas sur l'amendement, c'est sur
l'article...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Sur l'article 5.
M. Dupré: L'article 5. On reviendra sur son amendement
quand on l'aura tantôt. C'est marqué "dont un président,
nommés par le gouvernement; deux de ces membres sont toutefois
désignés par la ville de Montréal". Par qui sont
nommés les autres?
M. Lincoln: Par le gouvernement.
M. Dupré: Oui, mais ce n'est pas explicite
là-dedans.
M. Lincoln: Ah oui! C'est cela.
M. Gagnon: Non, il ne parle pas de l'amendement; il parle de
l'article.
M. Dupré: Je parle de l'article.
M. Lincoln: Ah! L'article lui-même, oui!
M. Dupré: Non. Je comprends votre amendement. On en
discutera tantôt.
M. Lincoln: On dit: "Composé de sept membres, dont un
président, nommés par le gouvernement".
M. Dupré: Oui.
M. Lincoln: "Nommés" est écrit avec un "s". Cela
veut dire que les sept membres, dont le président, sont nommés
par le gouvernement.
M. Dupré: Deux de ces membres sont de la ville de
Montréal. Cela veut dire que les cinq autres seraient nommés par
le gouvernement.
M. Lincoln: Cinq sont nommés par le gouvernement.
M. Dupré: Deux sont de la ville de Montréal.
M. Lincoln: Dont le président. Le président est
l'un de ces cinq.
M. Dupré: Quand vous parlez des articles 5 et 6, il ne
faudrait pas oublier...
M. Garon: Non, non, ce n'est pas cela du tout. Vous êtes
dans le prochain article.
M. Lincoln: Excusez!
M. Garon: Le gouvernement va nommer les sept membres du conseil
d'administration et, parmi les sept qui seront nommés par le
gouvernement, deux vont être désignés par la ville de
Montréal; l'entente prévoit que l'un des deux viendra du Jardin
botanique parce qu'il s'agit aussi en partie d'un parc floral. Parmi les autres
membres, il est évident qu'il va y avoir des utilisateurs ou des gens
qui sont intéressés à l'affaire. On ne peut pas mettre
dans le cadre de la loi quelque chose d'aussi restrictif. On sait qu'un
intervenant important va être le Centre de promotion de l'industrie
agricole et alimentaire. Il va y avoir des contrats qui vont lier la
Société du parc des expositions agro-alimentaires et le Centre de
promotion de l'industrie agricole et alimentaire. Il faut une certaine
souplesse.
Il est évident que, parmi les cinq que le gouvernement va nommer,
il va y avoir un président-directeur général sans doute
qui ne cumulera pas, dans mon esprit, d'autres fonctions. S'il est
président-directeur général, il ne sera pas
secrétaire et directeur général. Mais si c'est un
président et un directeur général, le directeur
général pourra être directeur général et
secrétaire. Il est évident que la même personne n'occupera
pas les trois fonctions. La loi est ainsi faite pour permettre une certaine
souplesse. On peut trouver, par exemple, quelqu'un pour occuper la fonction de
président-directeur général. On peut avoir plus de
difficulté et, alors, on peut trouver quelqu'un qui est président
et un autre qui est directeur général. Il est évident
qu'il faut s'ajuster un peu et avoir un cadre de projet de loi qui permet une
certaine souplesse en fonction des personnes qu'on pourra recruter pour occuper
ces fonctions.
Il est évident que, parmi les gens que le gouvernement va nommer,
il pourra y avoir des utilisateurs, mais on ne veut pas l'introduire dans un
projet de loi parce que, dans l'éventail des gens dont on va recruter
les compétences pour participer au conseil d'administration, on veut
avoir une certaine souplesse pour permettre à différents groupes
de nous suggérer des noms, mais en fonction de la compétence des
gens, peut-être de privilégier, à tel moment, tel groupe ou
tel autre pour correspondre aux besoins du moment, aux besoins de
l'année ou du mandat. Ce n'est pas dans le but d'écarter les
utilisateurs. Au contraire, il va falloir travailler beaucoup avec les
utilisateurs, mais on ne veut pas lier de cette façon le conseil
d'administration dans la loi.
M. Lincoln: Puis-je poser une question au ministre avant?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui.
M. Lincoln: Comment le ministre peut-il expliquer, par exemple,
que, dans la loi 27 sur les affaires sociales - qui était avant la loi
48 et qui a été amendée par la loi 65 -qui régit
sans doute des centaines et des centaines de conseils d'administration dans
toute la province, on stipule que, dans les conseils d'administration, il y
aura des représentants de tel groupe, il y aura des représentants
socio-économiques, il y aura des représentants des hôpitaux
et des CLSC? En fait, c'est stipulé de façon très claire
afin que, justement, il n'y ait pas moyen de tergiverser, il faut avoir des
représentants des CLSC et des groupes socio-économiques.
Qu'est-ce qui vous empêche, puisque vous faites affaires avec les
utilisateurs et avec la ville de Montréal, de dire: Il y aura deux
sièges pour la ville de Montréal et deux sièges pour les
utilisateurs. Cela vous tracasse-t-il? Qu'est-ce qui vous tracasse
là-dedans? Vous en aurez trois pour le gouvernement. Vous pourrez y
mettre qui vous voulez. Qu'est-ce qui vous tracasse là-dedans? Si
vraiment c'est une société ouverte où il y a une
participation constructive des trois parties intéressées,
pourquoi ne voulez-vous pas mettre cela dans la loi? Vous voulez vous garder
toute la latitude de faire comme vous voulez, pour placer des gens que vous
allez nommer vous-même et que vous pourrez influencer, à cinq sur
sept. C'est cela qui nous tracasse.
(22 h 45)
Pourquoi, par exemple, dans les autres agences gouvernementales, y
a-t-il des dispositions qui sont stipulées clairement dans la loi? Je
pourrais vous trouver la loi 27 et vous nommer tout ce qu'il y a de conseils
d'administration d'hôpitaux, de centres hospitaliers, de CLSC, c'est
toujours le même système. La loi le stipule. Pourquoi pas ici? En
fait, on ne vous dit pas que, parmi les utilisateurs, il faut qu'il y en ait un
qui soit de l'agro-alimentaire, l'autre qui soit d'un autre secteur; on dit
seulement deux utilisateurs, deux représentants. Mais au moins ils
auront la chance, eux-mêmes, de suggérer leurs propres gens. Ce
n'est pas vous, qui désignerez des gens; Eux, ils vont suggérer
des gens. C'est une grande différence. Peut-être qu'ils
préféreront des gens, eux, qui seront beaucoup plus
indépendants de vous que vous ne le voudriez. C'est cela, l'idée
d'un conseil d'administration.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Garon: Je peux vous dire, moi, que quand les
sociétés d'État fonctionnent, elles ne me voient pas les
"achaler" souvent. Quand elles ne fonctionnent pas, elles me voient
apparaître souvent. C'est différent. Je peux vous dire une chose:
Dans ce cas, les utilisateurs vont tellement être variés qu'il va
falloir avoir une certaine souplesse dans la loi parce qu'il va y avoir des
utilisateurs du parc des expositions représentant de nombreux groupes.
Il y aura des gens, par exemple, de l'agriculture, de l'industrie alimentaire,
des pêches, etc. Il peut y avoir des personnes polyvalentes. On ne peut
pas se lier de cette façon dans le projet de loi. De toute façon,
cela ajouterait quoi? Alors qu'actuellement le projet de loi nous permet de
consulter tous les groupes avant de nommer les personnes et de nommer les
meilleures personnes aux fonctions, cela n'ajouterait rien de marquer ce que
vous dites.
M. Lincoln: Cela n'ajouterait rien pour vous. Cela ajoutera une
autonomie, un genre d'initiative, certainement, pour les utilisateurs qui, eux,
préféreront nommer deux des leurs, à leur choix, à
un conseil d'administration. Cela ajoutera au pouvoir de la ville de
Montréal. Pourquoi pas, s'ils le veulent? Pourquoi ne permettez-vous pas
qu'ils les nomment, plutôt...
M. Garon: Des raisons très simples, des raisons de
responsabilité financière.
M. Lincoln: Ah!
M. Garon: C'est celui qui est responsable financièrement
qui doit affronter les personnes. Cela, c'est l'enfance de l'art. Si vous
pensez qu'on va être responsable des opérations financières
au cas où cela ne marcherait pas... C'est évident. Les gens vont
pouvoir nommer d'autres personnes et, après cela, vous, vous serez
responsable si cela ne fonctionne pas. Voyons donc!
Une voix: Qui paie?
M. Garon: Celui qui paie, c'est celui qui nomme. C'est le
gouvernement du Québec qui paie et une partie est payée par la
ville de Montréal, et on nomme à peu près dans les
mêmes proportions.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordrel M. le
député de Nelligan, on va disposer...
M. Garon: Cinq à deux.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... de votre amendement. On va essayer de
voir si c'est recevable ou non. Tel qu'il est présenté, dans
votre amendement à l'article 5, vous reprenez complètement
l'article 5. Nous autres, on a beau regarder cela, il faudrait peut-être
que vous le formuliez de façon qu'après le mot "président"
vous rajoutiez "et un vice-président. Trois de ces membres sont
nommés par le gouvernement, dont deux sont nommés par la ville de
Montréal et deux par les utilisateurs du parc". C'est un rajout que vous
faites à l'article 5. Cela pourrait être acceptable,
recevable.
Des voix: Recevable.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, je dis qu'il est recevable, mais pas
dans sa forme actuelle...
M. Vallières: Non.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... parce qu'il reprend complètement
l'article 5. Si vous dites: Après le mot "président" ajouter "et
vice-président", c'est recevable.
M. Lincoln: M. le Président, excusez-moi, mais je ne
comprends pas trop le sens. Le président, maintenant, est nommé
par le gouvernement. C'est exactement ce qu'on ne veut pas faire.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelligan,
c'est que vous reprenez l'article 5 au complet. Je suis à essayer de
vous expliquer que votre amendement est un ajout à l'article 5.
Après le mot "président", vous dites "et vice-président,
trois des membres... "
ce qui veut dire la même chose, mais vous ne reprenez pas
l'article 5 au complet.
M. Lincoln: Un instant.
M. Vallières: Sur la question de règlement, M. le
Président, je veux vous indiquer que je partage tout à fait votre
point de vue. Pour faire en sorte qu'on puisse discuter de la motion...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Sur la motion d'amendement.
M. Vallières:... il faut biffer des choses dans l'article
5 et il faut ajouter des choses à l'article 5.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est cela.
M. Vallières: II faudrait que ce soit ainsi formulé
que la motion propose de biffer à tel endroit et d'ajouter à tel
endroit.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est cela, pour qu'elle soit recevable. Ou
de remplacer certains...
M. Vallières: Est-ce que vous avez déjà un
libellé que vous pourriez nous lire et qui serait conforme au
règlement?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): D'ajouter, après le mot
"président", les mots suivants "vice-président et... ", tel qu'il
a été formulé par le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, je comprends très bien.
Une voix: Bon! Tout le monde comprend.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si vous êtes prêt à
proposer cela, on va discuter sur cet amendement-là. Nous étions
partis sur une discussion qui ne portait ni sur l'amendement, ni sur l'article
5.
M. Vallières: M. le Président, il vous faudrait
biffer, à ce moment-là, dans l'article, "nommés par le
gouvernement; deux de ces membres sont toutefois désignés par la
ville de Montréal", puisque c'est repris déjà dans
l'amendement du député de Nelligan. Il faudrait également
biffer...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, c'est cela: "nommés par le
gouvernement; deux de ces membres sont toutefois désignés par la
ville de Montréal", il faut biffer cette partie pour la remplacer par,
après le mot "président", "un vice-président. Trois de ces
membres sont nommés par le gouvernement".
M. Vallières: Exactement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est cela que vous proposez comme
amendement?
M. Lincoln: Excusez-moi, je comprends très bien
maintenant. Ce que je propose comme amendement, c'est, à la
deuxième ligne, après le mot "président", d'ajouter les
mots "et un vice-président".
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est cela. "Trois de ces membres... "
M. Lincoln: Deuxièmement, biffer les mots "nommés
par le gouvernement" et tout ce qui suit jusqu'à la fin, et les
remplacer par les mots "trois de ces membres sont nommés... "
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est recevable, cela,
M. Lincoln: Oui. Je m'excuse.
Le Président (M. Lévesque,
Kamou-raska-Témiscouata): Vous proposez cet amendement?
M. Lincoln: Oui. Je propose cet amendement.
Le Président (M. Lévesque,
Karnouraska-Térniscouata): Vous avez droit de parole pour discuter
sur l'amendement.
M. Lincoln: Je crois que je l'ai déjà fait.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui. Vous étiez entré pas mal
dans...
M. Lincoln: J'ai déjà fait mon argumentation.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témi3couata): Est-ce que l'amendement est accepté?
Il est recevable, oui. Est-ce que l'amendement est accepté?
M. Vallières: J'aurais des questions à l'endroit du
ministre puisqu'il semble s'opposer beaucoup à la notion de la
représentation des utilisateurs, telle que proposée dans
le...
M. Garon: On ne peut pas le mettre dans la proposition. C'est
évident qu'on va
nommer des utilisateurs, mais on ne veut pas indiquer, dans la
proposition, le nombre de ceux qu'on va nommer. Une année, il pourrait y
en avoir un et, une autre année, il pourrait y en avoir trois.
M. Vallières: Il pourrait ne pas y en avoir aussi.
M. Garon: Il y a la disponibilité des gens,
l'équilibre dans un conseil, un ensemble de facteurs qu'on prend en
considération. Cela ne donne rien de faire des propositions comme
celle-là. C'est évident qu'on va nommer des utilisateurs, mais
cela ne donne rien de mettre des proportions. Si, à un moment
donné, on s'aperçoit, par exemple, que le président de
l'UPA est occupé sur trop d'affaires, cela peut être le
président de la Fédération des producteurs de lait, cela
peut être un autre qui est plus disponible et qui a des talents et une
expérience en administration dans ces cadres. C'est évident qu'on
va nommer des gens de ce monde, mais on ne veut pas être lié
d'avance dans un article pour dire: II y en aura tant de là et tant de
là.
Supposons que ce serait la même personne qui occupe le poste de
président-directeur général. Il faut s'ajuster en fonction
du genre de personnes qu'on recrute. S'il est plus fort dans tel secteur, on va
essayer de compenser avec quelqu'un d'autre au conseil d'administration qui est
plus fort dans d'autres domaines pour essayer de faire un équilibre.
C'est cela, le but. On ne veut pas se lier d'avance à la provenance.
Aussi, les deux personnes que va désigner la ville de Montréal
vont nous influencer. Si la ville de Montréal nomme deux personnes de
tel type, par exemple, c'est évident qu'à ce moment là, si
ce sont plutôt des gens du monde récréatif, on se sentira
moins obligé d'en nommer. Si ce sont des gens qui sont plus dans
l'horticulture, à ce moment, on n'aura peut-être pas besoin d'en
nommer. C'est dans ce sens qu'il va y avoir une consultation pour former un
conseil d'administration qui va être le plus efficace et le plus
diversifié possible.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: Est-ce que le ministre peut nous indiquer la
raison pour laquelle il insiste autant pour que, un peu partout dans le projet
de loi, on retrouve toujours la notion de président et de directeur
général?
Il semble toujours associer les deux postes très directement.
M. Garon: Pas nécessairement. C'est parce que je me suis
aperçu que, dans les entreprises où le président et le
directeur général étaient différents, souvent il y
avait des conflits et ça ne fonctionnait pas toujours aussi bien que
quand il y avait un président-directeur général.
M. Vallières: Donc, cela rejoint l'argumentation du
député de Nelligan qui disait tantôt que le
président pourrait être et président, et directeur
général, et secrétaire?
M. Garon: Non. Je pense que, si c'est un
président-directeur général, il ne sera pas
secrétaire. Mais, si c'est un président qui est différent
du directeur général, à ce moment-là, le directeur
général pourra être directeur général et
secrétaire.
M. Vallières: Vous trouvez cette nuance importante?
M. Garon: Oui, parce que...
M. Vallières: Pourquoi refuserait-on de l'indiquer
à l'intérieur du libellé de l'article 5?
M. Garon: C'est évident qu'on ne fera pas cumuler les
trois postes par la même personne. C'est...
M. Vallières: Mais c'est possible. M. Lincoln:
Possiblel
M. Garon: Oui, c'est possiblel Ce n'est pas marqué qu'on
nommera quelqu'un qui va être fou. Ce serait possible qu'on nomme
quelqu'un qui soit fou, mais on ne nommera pas quelqu'un qui va être fou.
On n'a pas besoin de le marquer. On n'est pas obligé de tout marquer
dans un projet de loi.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je peux faire
remarquer au ministre qu'on ne parle pas de fou dans le projet de loi, mais on
parle d'un président, lequel, d'après l'article 14, peut cumuler
la fonction de directeur général. Donc, le président peut
être directeur général. D'après l'article 15, on
dit: "Le directeur général est responsable de la gestion de la
société; il exerce ses fonctions à plein temps et peut
cumuler la fonction de secrétaire. " C'est lui qui a fait la loi. Selon
la loi, il peut y avoir un président qui peut être à la
fois directeur général et secrétaire. S'il ne veut pas que
cela se fasse, qu'il écrive mieux ses lois pour que cela ne se dise pas.
Voilà tout.
M. Garon: Bien non! Ce que je vous ai dit, je viens de vous le
répéter. Tout de
même, j'ai participé à la loi. Je vous dis qu'il
peut arriver que la personne qu'on recrute fasse un bon
président-directeur général. À ce moment-là,
il ne sera pas secrétaire. On peut trouver quelqu'un qui va faire un bon
directeur général, on aura quelqu'un d'autre pour faire un
président; à ce moment-là, le directeur
général pourra être secrétaire. Et cela pourrait
être trois personnes différentes aussi. Mais il est évident
qu'on n'a pas l'intention de faire cumuler tes trois postes par la même
personne. Cela est évident.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Ce n'est pas marqué "le
président", c'est marqué "le directeur général peut
être secrétaire". On espère que ce ne sera pas le
même, il va y avoir un paquet de monde qui vont vouloir s'occuper de
cela. C'est presque certain que ce ne sera pas le même.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelligan.
M. Lincoln:... par exemple, rien que pour avoir une seconde
opinion, je viens de parler à mon collègue de
Vaudreuil-Soulanges, qui a fait du droit corporatif, qui a été
vice-président d'une grosse société. Il a dit qu'il n'a
jamais vu quelque chose de pareil. On vous dit: Si ce n'est pas possible que
cela se fasse, pourquoi le mettre dans la loi? Comme la loi est
rédigée actuellement, elle le permet. Vous avez fait tellement de
choses banales dans les lois, on peut parler de toutes sortes d'exemples, que
"banal", cela veut dire extraordinaire, exceptionnel, étrange...
Qu'est-ce qui vous le défendrait si vous aviez les pouvoirs?
M. Garon: Pour moi, le mot "banal", cela ne veut pas dire
extraordinaire.
M. Lincoln: Je ne sais pas ce que cela veut dire... Un peu
étrange! En tous les cas!
M. Garon: "Banal", cela veut dire étrange!
M. Lincoln: Ce que nous vous disons, si vous ne voulez pas que la
même personne soit à la fois président, directeur
général et secrétaire....
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! À l'ordre!
M. Lincoln:... à ce moment-là, nettoyez votre loi
pour qu'il n'y ait pas cette possibilité. Là, vous avez les
pouvoirs dans la loi pour qu'une personne puisse être nommée aux
trois postes. Cela n'a pas de sens. Alors, si c'est une possibilité,
écartez-la; réécrivez vos articles pour dire que le
président peut être directeur général mais que le
président-directeur général ne peut pas être
secrétaire. C'est tout ce qu'on vous demande.
M. Garon: On ne peut pas écarter dans un projet de loi
toutes les possibilités auxquelles la rédaction d'un article peut
donner lieu.
M. Lincoln: Ah! À ce moment-là, à quoi cela
sert de faire des lois? On fait mal les lois!
M. Garon: Non. On n'écrit pas les lois dans un esprit
négatif ou dans un esprit positif.
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable! M. Garon: Bien
voyons!
M. Lincoln: Alors, on va laisser des failles dans une loi,
sachant que ce sont des failles...
M. Garon: Ce ne sont pas des failles.
M. Lincoln: Ce ne sont pas des failles! Ce n'est pas une faille
qu'une seule personne puisse être président d'une
société, directeur général et secrétaire!
Pouvez-vous me dire dans quelle quantité d'organisations vous avez vu
cela?
Une voix: La loi dit qu'on peut.
M. Lincoln: La loi dit qu'on peut. Alors si, demain matin - vous
n'êtes pas éternel, heureusement, Dieu soit loué! - vous
êtes remplacé par quelqu'un qui a décidé, dans son
for intérieur, que la meilleure chose qui pourrait se faire... Parce que
le ministre a les pouvoirs, peut-être qu'il ne sera pas aussi
préscient que vous, peut-être qu'il va nommer un président
et après cela il va dire: Écoutez, on n'a pas les fonds pour
aller chercher un secrétaire; on va nommer ce dernier secrétaire.
Il va faire les procès-verbaux de la corporation, il va rendre le
rapport du directeur général...
Une voix: Cela va être un...
M. Lincoln:... à son conseil d'administration, où
il va prédominer, où il sera nommé par vous, où le
conseil d'administration comptera cinq personnes sur sept nommées par le
gouvernement. Est-ce que vous pensez que c'est de la saine gestion? Si ce n'est
pas de la saine gestion,
changez votre loi.
M. Garon: Bien non!
M. Lincoln: Faites de façon que cela n'arrive pas. (23
heures)
M. Garon:... Vous êtes en train de nous accuser de vouloir
épargner. On dit que des personnes peuvent cumuler des fonctions. Vous,
vous voudriez qu'on dépense davantage alors que la loi donne ouverture
à économiser des fonctions,
M. Lincoln: Ce n'est pas croyable.
M. Garon: Si on nomme, par exemple, comme directeur
général quelqu'un qui a une formation juridique, pourquoi ne
jouerait-il pas le rôle de secrétaire en même temps?
M. Lincoln: Ah! bon! Vous admettez que c'est possible. Vous venez
de me dire que ce n'était pas possible.
M. Garon: Non, non. J'ai dit que c'est possible qu'un directeur
général soit secrétaire. Mais il ne serait pas possible
d'imaginer, par exemple, qu'un directeur général qui serait aussi
président soit également secrétaire.
M. Lincoln: Mais, c'est cela que votre loi dit. C'est
possible.
Une voix: Il va se parler. Il va se regarder dans le
miroir...
M. Lincoln: Changez votre loi pour que cela ne se fasse pas.
Une voix: La loi dit "peut". M. Garon: Bien oui.
M. Lincoln: La loi dit qu'il peut cumuler la fonction de
directeur général, que le directeur général peut
être secrétaire; donc, que la même personne peut faire les
trois choses. Si la loi n'est pas claire, expliquez-la. C'est vous qui faites
la loi, ce n'est pas nous.
M. Garon: Les lois laissent une latitude aux gens qui les
administrent pour exercer leur jugement.
M. Lincoln: Le texte français n'est peut-être pas
aussi clair. Si vous lisez le texte anglais, c'est très clair que le
président peut être à la fois directeur
général et secrétaire. C'est ce que cela dit. Si cela ne
dit pas cela, on ne sait lire ni le français, ni l'anglais.
Peut-être que...
M. Garon: Oui, je sais cela, 14 et 15...
M. Vailières: M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vailières: Ce qui me fascine dans cette discussion,
c'est que, finalement, le ministre semble être d'accord avec la
proposition du député de Nelligan à savoir que ce genre de
choses peuvent se produire. Mais on semble diverger d'opinion sur le
libellé comme tel qui nous permettrait d'éviter que le
président-directeur général puisse être en
même temps secrétaire de la société. Vous êtes
d'accord pour dire que cela ne devrait pas arriver. À moins que je ne me
trompe, c'est ce que vous avez dit. La proposition du député de
Nelligan vise à éviter cela. Je comprends que cela
amènerait une modification à la loi, mais j'ai l'impression que,
sur le fond comme tel, et le ministre et le député de Nelligan
sont d'accord.
M. Garon: Cela donnerait quoi?
M. Vailières: Cela donnerait ceci: quand le
président est le directeur général, il ne pourrait en
même temps occuper le poste de secrétaire.
M. Garon: C'est évident.
M. Vailières: Non, ce n'est pas évident. La loi dit
"peut". L'article 15 dit "peut". Là-dessus, je pense qu'en admettant ce
que vous nous dites, vous devenez d'accord avec la proposition d'amendement et
je comprends mal que vous vous proposiez de voter contre puisque vous visez les
mêmes objectifs.
M. Garon: Cela ne donnerait rien.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond,
avez-vous terminé?
M. Vailières: Oui, pour l'instant, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Je voudrais simplement
attirer l'attention...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez demandé le droit de parole
mais cela prendrait un consentement de...
M. Cusano: Non, cela ne prend pas de consentement. Je m'excuse,
M. le Président. Je n'ai pas le droit de vote, mais j'ai le droit de
parole.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): N'étant pas membre...
Une voix: Profitez-en.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): N'étant pas membre de la commission,
les informations.... On va prendre des informations.
M. Cusano: Non, non. Cela ne prend pas de consentement.
M. Dupré: On donne notre consentement pour entendre le
député de Viau.
Une voix: À condition qu'il dise quelque chose.
M. Dupré: II va dire quelque chose, là!
M. Cusano: Va donc prendre un autre verre. Cela va t'aider un
petit peu.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez la parole, M. le
député de Viau.
M. Cusano: Merci. Je voulais me référer au texte
anglais, M. le ministre. S'il ne veut pas écouter, on ne perdra pas
notre temps.
M. Garon: Vous, vous avez le droit de parler.
M. Cusano: Oui.
M. Garon: Alors, parlez.
M. Cusano: Voua n'avez pas besoin de m'écouter, dans ce
cas-là? Vous voulez qu'on perde notre temps?
M. Garon: Non, non. J'ai deux oreilles.
M. Cusano: Bon. Parfait. Oui, vous avez deux oreilles, mais vous
pouvez entendre seulement une personne en même temps.
M. Garon: Je ne sais pas. C'est encore drôle.
M. Dupré: Si vous ne parlez pas, on va vous enlever votre
droit.
M. Cusano: Je vais essayer.
Une voix: II est à la veille de le perdre.
M. Cusano: On dit en anglais "The president may simultaneously -
cela veut dire en même temps - hold the office of director general". Then
we say...
M. Garon: Article 14, deuxième paragraphe.
M. Cusano: Bon. Then we say that the director general - on va
passer le reste -may simultaneously hold the office of secretary. Cela veut
dire qu'il peut faire les trois. C'est cela?
M. Garon: Non.
M. Cusano: Bien oui. C'est ce que cela dit. "May simultaneously",
cela veut dire que...
M. Garon: Supposons que je vous dis... M. Cusano: Oui.
M. Garon: Écoutez bien. Supposons que je vous dis que j'ai
le droit dans ma fonction d'avoir deux automobiles, une Chevrolet et une Ford,
est-ce que cela veut dire que je peux conduire les deux en même
temps?
M. Cusano: Non. Ce n'est pas un exemple. Voyons donc! Ce n'est
pas un exemple.
M. Garon: On dit...
M. Lincoln: Voilà le ministre...
Une voix: Voilà un ministre fatigué.
M. Garon: Ce qu'on dit tout simplement, c'est qu'en fonction du
genre de personnes qu'on va recruter un directeur général
pourrait être secrétaire, surtout s'il a une formation juridique.
Si le talent de la personne qu'on va recruter fait en sorte que ce directeur
général puisse être président plutôt que
secrétaire...
Des voix: Ah!
M. Garon:... à ce moment-là, il pourrait être
président-directeur général; il ne sera pas
secrétaire.
M. Cusano: Pourquoi vous ne le dites pas?
M. Lincoln: C'est vous qui dites cela, ce n'est pas la loi.
M. Garon: On n'a pas marqué dans le projet de loi que le
président va marcher sur ses pieds non plus.
Des voix: Ha! Ha!
M. Garon: Un projet de loi n'a pas besoin de tout dire.
M. Cusano: Pourquoi?
M. Garon: II y a l'exercice du jugement qui se fait dans un
projet de loi, surtout dans la rédaction actuelle. Autrefois, au XIXe
siècle, les gens marquaient tout dans un projet de loi. Ils avaient des
projets de loi épais car on prévoyait toutes sortes de
circonstances. Aujourd'hui, on ne fait plus cela, cela fait partie de
l'exercice du bon jugement administratif de choisir en conséquence.
M. Lincoln: Ah ouii C'est un bon jugement administratif d'avoir
mis les pouvoirs...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre! La parole est au
député de Viau.
M. Cusano: Si on suit le raisonnement du ministre, cela veut dire
que chaque projet de loi, comme celui-ci, devrait contenir un article qui
dirait qu'une société est formée, point final, parce que
le grand bon sens serait certainement respecté. On n'a pas besoin de
tous ces autres articles dans le projet de loi ou dans n'importe quel autre
projet de loi, si on suit le raisonnement du ministre. Je prétends que
le texte anglais tel qu'il est veut dire que la personne peut combler un poste
si elle le décide.
M. Garon: C'est cela.
M. Cusano: Oui, mais ce n'est pas vous, c'est la personne qui va
prendre la loi où il est dit: "The president may simultaneously hold the
office of director general". Parfait, il accepte. Une fois qu'il a
accepté, il peut dire: Vous voyez, je peux aussi, en tant que directeur
général, accepter d'être secrétaire. Qu'est-ce que
vous allez faire, dans ce cas?
M. Garon: Qui va le nommer?
M. Cusano: Ah bon! Alors, c'est vous qui allez décider.
Pourquoi indiquer tout cela dans la loi puisque vous allez décider quand
même? Pourquoi cet article? Biffez-le complètement...
M. Garon: Bien non.
M. Cusano:... et vous déciderez qui est choisi, quelle
fonction vous allez lui donner, qu'il soit secrétaire
général ou téléphoniste, qu'il puisse faire
n'importe quoi. Vous pourriez le faire par règlement, il n'y a pas
besoin de l'article dans la loi.
M. Garon: La loi a été faite d'une façon
beaucoup plus fine que cela.
M. Cusano: Ah oui?
M. Garon: Oui. Le gouvernement nomme le président. M.
Cusano: Oui.
M. Garon: C'est marqué dans la loi. Il nomme le directeur
général, c'est marqué dans la loi. Si le directeur
général, une fois nommé, pense qu'il peut cumuler la
fonction de secrétaire, il peut le faire. Allez-vous empêcher les
économies?
M. Cusano: Mais ce n'est pas ce que la loi dit.
M. Garon: Pensez-vous que quelqu'un qui va être
nommé président-directeur général va vouloir
être secrétaire en même temps, avec le nombre de contrats
qu'une entreprise comme celle-là va devoir signer? Combien de contrats
par année pensez-vous avoir dans une entreprise comme celle-là?
Il y aura sûrement un secrétaire ou un directeur du contentieux
parce que l'une des activités importantes sera de signer des contrats
avec les différents utilisateurs. J'ai l'impression que le
secrétaire a peu de chance d'être...
M. Cusano: Une dernière question au ministre: Est-ce qu'il
pourrait nous donner le nom de la personne qu'il a déjà choisie
pour être directeur?
M. Garon: Je n'ai choisi personne actuellement.
M. Cusano: Actuellement, il n'y a personne de choisi.
M. Garon: Non.
M. Cusano: Mais vous devez certainement penser à
quelqu'un.
M. Garon: Non.
M. Cusano: Personne?
M. Garan: Personne.
M. Cusano: Pas du tout?
M. Garon: Non.
M. Cusano: Quand il pense à toutes ces personnes qui ont
justement toutes les qualifications, qui peuvent combler tous les postes
simultanément, il doit avoir quelqu'un à l'esprit. Vous n'avez
personne à l'esprit?
M. Garan: Actuellement, non. M. Cusano: Actuellement.
M. Garon: Je vais demander à des gens de me fournir des
noms. Je vais avoir des
listes de noms. Il peut être possible qu'on mette des annonces
dans les journaux si on n'a pas suffisamment de propositions.
M. Cusano: Pour clarifier la situation, dans ce cas, les articles
14 et 15 devraient se lire: Le président-directeur général
et secrétaire sera M. Untel. Ce serait bien plus facile et il y aurait
moins de problèmes.
Des voix: Oh!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: M. le Président, est-ce qu'on peut revenir
à l'article 5? On fera cela après.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Avant de donner la parole au
député de Maskinongé, pour ce qui est du
député de Viau, puisqu'on se demandait tout à l'heure si
vous aviez un droit de parole ou pas, à l'article 129 il est dit: "Le
député qui n'est pas membre de la commission peut, avec la
permission de cette dernière, participer à ses
délibérations mais ne peut y voter ni y présenter de
motion. " C'est clair.
M. Cusano: Je n'ai jamais demandé le droit de vote, M. le
Président. J'étais ici, tout à l'heure, et je n'ai pas
voté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Non, vous avez demandé un droit de
parole.
M. Cusano: Oui.
Une voix: Votre droit de parole est dû à nous.
M. Cusano: Oui, je vous remercie, vous êtes tellement
gentils!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Maskinongé.
M. Garon: Un autre député de Montréal qui
essaie d'empêcher l'adoption du projet.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! La
parole est au député de Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. S'il est exact que le
ministre n'a pas pensé et n'a encore demandé personne pour faire
partie du conseil d'administration, je le trouve très prudent parce
qu'il n'aura pas son projet de loi, donc, moins de personnes seront
déçues.
J'ai cru comprendre qu'il y a un certain point commun entre le
député de Nelligan et le ministre sur le fait que, selon
l'interprétation de la loi, il est possible qu'un président
puisse être à la fois président, directeur
général et secrétaire. Le ministre ne niera pas qu'une loi
est interprétée par différentes personnes. Fions-nous pour
l'instant au jugement du ministre de l'Agriculture qui dit: Moi, je ne ferais
pas ça, je trouve que ça n'aurait pas de sens de faire
ça.
Je suis bien prêt à prendre sa parole que le jugement du
ministre de l'Agriculture ne lui ferait pas faire des choses semblables mais
tout le monde sait que présentement les ministres durent à peu
près un mois, un mois et demi...
M. Dupré: Lui, ça fait huit ans.
M. Picotte: Oui, c'est pour ça que son tour s'en vient.
Disons-nous qu'au moment où on se parle, à la bonne
volonté du premier ministre, tout le monde le sait, il y a des
changements rapides de ministres. À ce moment-là, ce n'est pas
certain et il n'y a rien d'écrit dans la loi pour garantir que le
prochain ministre de l'Agriculture aura le même jugement. C'est à
partir de ce moment-là...
M. Dupré: Ce ne sera pas facile à trouver parce
qu'il en avait un bon.
M. Picotte: Compte tenu qu'il n'est pas nommé à vie
et qu'il peut lui arriver les mêmes choses, autant à moi,
d'ailleurs, dans le sens que demain matin il pourrait bien se réveiller
mort et moi aussi parce que personne ne peut prétendre être
là à vie... Ce serait malheureux, mais ça pourrait
arriver.
M. Caron: C'est rare qu'on se réveille mort!
M. Picotte: C'est rare mais ça pourrait arriver dans votre
cas et dans le mien aussi. Ça pourrait arriver autant à moi comme
à n'importe qui. De toute façon vous ne pouvez pas inscrire dans
votre projet de loi un projet de vie parce que vous n'en avez pas le
contrôle. Rien ne nous dit que demain, à la suite d'un
décès d'un ministre de l'Agriculture, d'un changement à la
bonne volonté du premier ministre ou quoi que ce soit, le même
jugement pourrait persister dans celui qui va chausser les bottines du ministre
actuel. À partir de ce moment-là, je pense qu'une loi est faite
pour ça, tout le monde en conviendra, elle doit être assez
précise, elle doit laisser le moins d'interprétation possible
puisque le jugement peut être différent.
Si, au moins, on a cette même longueur
d'onde entre les deux, on dit au ministre... J'imagine qu'on est ici
pour bonifier la loi, c'est pour ça qu'on dit qu'on étudie
ça article par article, pour arriver avec des points précis
où on trouve qu'il peut y avoir certains problèmes, certaines
anomalies, comme c'en est une effectivement. Tout le monde en convient autour
de la table, ça peut être dangereux que ça arrive.
On dit: Ça n'arrivera pas tant que le jugement du ministre actuel
va permettre de ne pas faire des choses semblables à ça, mais
sous prétexte et peut-être avec la possibilité qu'il
pourrait arriver un autre ministre avec une autre sorte de jugement, qui
pourrait procéder à une nomination semblable à
celle-là, on se dit, autour de la table: M. le ministre, c'est une
question de temps, ça ne dure pas longtemps, refaisons ces
articles-là pour l'économie de notre loi. Pour une meilleure
garantie refaisons ces articles-là et empêchons que cette
situation-là se produise parce qu'elle peut se produire, suivant le
ministre qui est là. Ce n'est pas du tout, en aucune façon, un
manque de confiance envers le ministre actuel. Au contraire, on lui dit qu'on
lui fait confiance là-dessus. Il nous a exprimé ses vues et ses
désirs mais on dit que la loi va sûrement aller plus loin, va
sûrement dépasser le ministre actuel de l'Agriculture parce que si
c'est un projet de 40 000 000 $ qui est fait pour au moins 25 ans -
j'espère parce qu'on emprunte pour 25 ans - vous me permettrez de
douter, même si ça peut être possible, que dans 25 ans il
soit encore là; vous me permettrez quand même d'en douter.
Comme je peux avoir un sérieux doute, qu'il peut aussi avoir un
sérieux doute et que toute la commission peut avoir un sérieux
doute, M. le Président, on se dit ensemble, dans le but qu'il n'y ait
aucune faille possible au projet de loi et aucune possibilité d'erreur
de jugement: Corrigeons-le. Si on le corrige, tout le monde pourrait être
sécurisé à cet effet-là. (23 h 15)
À cause de l'inquiétude que, de part et d'autre on
accepte, tout en disant que ça ne pourra pas arriver à ce
ministre de l'Agriculture, parce qu'il a du jugement, selon ce qu'il nous a
dit, ne prenons pas de chance pour ceux qui suivront et mettons cela clair dans
la loi. Quand ce sera clair dans la loi, M. le ministre, on va procéder
à l'étude d'autres articles et on va avoir bonifié le
projet de loi, ce que, probablement, Montréal n'a pas pensé
faire, et vous non plus, parce que cela s'est fait trop rapidement, sur les
derniers milles.
Le Président (M. Champagne): II n'y a plus d'intervenant.
M. le ministre.
M. Garon: On pourrait voter.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Champagne): Je vais laisser la place au
président.
M. Picotte: M. le ministre, quand même, à la suite
de l'intervention que je viens de faire, j'aimerais connaître vos
commentaires sur ce que je vous ai mentionné. Je pense que c'est logique
à ce moment-là. J'aimerais que d'autres députés qui
ne sont pas intervenus puissent le faire.
M. Dupré: Vous avez dit vous-même, M. le
député de Maskinongé, que c'est un bon ministre, que c'est
un bon projet de loi et que c'est une bonne loi.
Une voix: Cela va durer 25 ans.
M. Dupré: Donc, cela va durer 25 ans.
M. Garon: Je demanderais le vote.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): En ce moment, il n'y a plus de
députés qui m'ont demandé d'intervenir et le vote...
M. Vallières: Moi, M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Garon: J'ai demandé le vote. Il a dit que j'avais le
droit. J'ai le droit de demander le vote.
M. Vallières: Quelques questions précises au
ministre.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez le droit de le demander s'il n'y
a pas d'autres intervenants.
M. Garon: Je l'ai demandé avant.
M. Vallières: Quand on parle des sept membres qui
composeront le conseil d'administration de la société et qu'on
dit "dont un président et un vice-président", jusque-là,
pour le ministre, cela n'occasionne pas de problème? Est-ce que cela
cause des problèmes? M. le ministre, ce que j'essaie de savoir, c'est
ceci: dans l'amendement qui est devant nous, on nous dit que le conseil
d'administration de la société sera composé de sept
membres "dont un président et un vice-président".
Jusque-là, est-ce que cela vous cause des problèmes?
M. Garon: Quel article?
M. Vallières: C'est sur l'amendement.
M. Garon: On ne peut pas parler des
articles 5 et 6 en même temps. On parle de l'article 5.
M. Vallières: Oui, je parle de l'article 5. L'amendement
stipule que la société est administrée, est
composée "de sept membres, dont un président et un
vice-président". Jusque-là, est-ce que cela vous occasionne des
problèmes?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Garon: La société n'est pas administrée
par un président et un vice-président. Elle est
administrée par un conseil d'administration.
M. Vallières: Formé d'un président et d'un
vice-président. Jusque-là, est-ce que cela vous occasionne des
problèmes?
M. Garon: C'est redondant, ce que vous dites. "La
société est administrée par un conseil d'administration -
c'est cela, le pouvoir - composé de sept membres dont un
président. " Cela veut dire que le président compte parmi les
sept. Il ne s'ajoute pas. À l'article 6, on dit: "Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation désigne le
vice-président parmi les membres du conseil d'administration. " Donc, il
y a aussi un vice-président choisi parmi les membres. Pourquoi changer
par ce que vous dites? Les sociétés sont administrées par
des conseils d'administration, pas par des présidents, des
vice-présidents et des officiers. L'article qui le qualifie dit: "La
société est administrée par un conseil d'administration de
sept membres. "
M. Vallières: C'est sûr, M. le ministre, que
l'amendement qu'on retrouve à l'article 5 vient modifier l'article 6. Je
ne vois pas en quoi la première partie, à tout le moins, de la
proposition d'amendement vous cause des problèmes, puisque vous le
reconnaissez déjà dans l'article 6.
M. Garon: L'article 5 dit tout simplement que le
président...
M. Vallières: On parle de l'amendement proposé.
M. Garon: Où est votre problème? Je ne comprends
pas votre problème.
M. Lincoln: Continuez, continuez, parce qu'il...
M. Vallières: M. le ministre, quand on dit qu'il y a sept
membres, nous disons qu'il devrait y avoir un président et un
vice-président. Là-dessus, vous êtes d'accord?
M. Garon: Non. J'ai dit que c'était le gouvernement qui
nommait le président et que le ministre nommait le vice-président
au cas où il aurait besoin de remplacer le président. Ils ne sont
pas élus par les membres. C'est le gouvernement qui choisit, d'autant
plus que ce sera peut-être un président-directeur
général.
M. Cusano: Et secrétaire.
M. Vallières: Cela veut dire, M. le ministre, que non
seulement vous êtes contre des parties de la motion d'amendement, mais
vous êtes contre tout ce qu'on retrouve dans la motion d'amendement.
M. Garon: À toutes fins utiles, oui.
M. Vallières: C'est tout pour ce qui me concerne, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Bon! Est-ce qu'on est prêt à
voter? Je n'ai pas d'autre intervenant? Oui, M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Sur l'amendement, je pense que l'argumentation du
député de Nelligan était quand même, fort
justifiable. Puisque le ministre nous a indiqué au tout début
qu'avec la participation de la ville, des utilisateurs et du gouvernement cela
allait être un conseil d'administration tripartite et que
l'intérêt de chacun des partenaires était très
grand, je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, te ministre ne
ferait pas confiance aux sept membres du conseil d'administration en leur
donnant la latitude de choisir parmi eux un président, un directeur
général, un secrétaire et un vice-président. Je ne
vois pas pourquoi, non plus -à ce moment-là c'est un peu leur
enlever la confiance que le ministre leur fait - non seulement il va
désigner les membres, mais il va désigner lui-même le
président, le vice-président et le directeur
général. Si ces gens-là ont été choisis par
le ministre pour faire partie du conseil d'administration, ils devraient au
moins avoir la latitude entre eux de se choisir ce qu'on appelle
communément un exécutif avec qui cela va être
intéressant de travailler et aussi avec qui ils vont pouvoir
exécuter le mandat que la société leur confie.
Je pense que l'amendement du député de Nelligan
mérite une considération beaucoup plus grande de la part du
ministre, d'autant plus que le projet de loi laisse ouverture à
certaines choses qu'on ne retrouve pas dans l'entreprise privée et qu'on
ne retrouve pas ailleurs. Je pense que l'amendement est justifiable et que le
ministre devrait le prendre en considération.
Le Président (M. Lévesque, Ka-
mouraska-Témiscouata): II n'a pas d'autre intervenant?
S'il n'y a pas d'autre intervenant, on va passer au vote.
M. Picotte: Nous sommes disposés à voter sur
l'amendement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Ceux qui sont pour l'amendement, levez la
main, s'il vous plaît! Deux, trois, cinq. Et ceux qui s'opposent, qui
sont contre? Six. L'amendement est rejeté, à six contre cinq. On
revient à l'article 5.
M. Picotte: Adopté sur division, M. le Président.
Pour l'article 6, parce que vous vous apprêtez à appeler l'article
6...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Sur division. J'appelle l'article 6.
Le vice-président
M. Picotte:... je vous demanderais de céder la parole
à mon collègue de Nelligan.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Sur l'article 6?
M. Lincoln: Oui, sur l'article 6. Je réalise maintenant
que l'amendement que je vais présenter sur l'article 6 est en
contradiction avec l'article 5 que le ministre a rejeté. Il a
rejeté mon amendement, mais, de toute façon, pour la question de
principe et pour faire sortir le ministre de sa cachette, je vais
présenter l'amendement parce que j'ai envie que, pour les fins du
débat, il refuse mon amendement. Comme ça, si demain matin il y
avait un débat sur la loi 1, on aura réellement prouvé
notre cas. Le fait est que nous refusons que le ministre nomme cinq des membres
du conseil d'administration et le président qui est à la fois le
directeur général. L'amendement que je vais proposer est
celui-ci: "À l'article 6, remplacer...
M. Gagnon: L'amendement à l'article 6 qu'on a?
M. Lincoln: Oui, oui, c'est la même chose. Seulement, je
vais le changer, parce que je pense que ce n'est pas bien exprimé.
Remplacer les deux premières lignes de l'article 6 par les mots
suivants: "Le président et le vice-président sont élus par
les membres du conseil d'administration. " J'ai déjà
expliqué, lorsqu'on a eu une discussion à l'article 5, que nous
ne voulons pas donner le pouvoir au ministre de nommer lui-même le
président qui est aussi...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Nelligan...
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... est-ce que je pourrais avoir votre
copie? Ce ne sont pas les mêmes mots.
M. Dupré: M. le Président, sur l'amendement...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Saint-Hyacinthe, sur l'amendement qui n'est pas encore reçu.
M. Dupré: II nous l'a lu et dans ma tête, moi, je
l'ai.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): D'accord.
M. Vallières: Oui, mais il faut d'abord que le
président statue sur sa recevabilité.
M. Dupré: Avant qu'il le reçoive, on peut parler
sur la recevabilité, mon cher confrère.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Picotte: Vous pouvez même prendre vingt minutes.
M. Dupré: Si, dans un premier temps, le président
est nommé par le gouvernement, je ne vois pas comment, dans un
amendement, on pourrait demander que le président soit nommé par
les membres du conseil d'administration.
Une voix: C'est recevable, cela?
M. Dupré: Ce qui a déjà été
adopté.
M. Garon: Comme un grand philosophe a dit que la contradiction
était la preuve du génie ou de la folie, choisissons.
M. Picotte: Alors, vous vous êtes contredit pas mal de fois
depuis le début de la soirée. Laissez-nous choisir.
M. Dupré: M. le Président, j'attends votre
réponse.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On attend d'avoir la copie de
l'amendement.
M. Lincoln: M. le Président, je le réalise et, en
fait, lorsque j'ai présenté l'amendement, j'ai dit moi-même
que, du fait
même que le ministre avait rejeté l'amendement à
l'article 5, cela faisait une contradiction. J'aurais voulu savoir pourquoi le
ministre s'est apposé au principe que le président et le
vice-président soient nommés par les membres du conseil
d'administration, plutôt que par lui-même directement.
M. Dupré: M. le Président, on ne peut pas revenir
sur l'article 5 qui a déjà été adopté.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): L'article 5 a été
adopté sur division.
M. Dupré: Quand on dit dans l'article 5 que le
président est nommé par le gouvernement, je ne vois pas comment
on pourrait revenir à l'article 6 et demander que le président et
le vice-président soient élus par les membres du conseil
d'administration. Je considère qu'à sa face même c'est
irrecevable.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On va en avoir une copie officielle et on
pourra vous répondre, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Nonobstant la copie que nous pourrions avoir
dans les minutes qui suivent, je crois qu'à sa face même c'est
irrecevable.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si on relit l'amendement du
député de Nelligan, c'est: remplacer les deux premières
lignes de l'article 6 par les mots suivants: "Le président et le
vice-président sont élus par les membres du conseil
d'administration". Ayant adopté l'article 5, je pense qu'un peu comme le
disait le député de Saint-Hyacinthe on va complètement en
contradiction. Je peux prendre plus d'information, mais...
Motion proposant que le vice-président soit
élu
M. Lincoln: M. le Président, dans ce cas, j'accepte votre
décision, parce que je l'avais souligné moi-même au
début. À ce moment-là, je changerai mon amendement ou je
produirai un sous-amendement pour dire: Remplacer les deux premières
lignes de l'article 6 par les mots suivants: Le vice-président est
élu par les membres du conseil d'admi ni stra t ion.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Alors, on soustrairait le mot
"président" et la motion d'amendement ou de sous-amendement se lirait
ainsi: Remplacer les deux premières lignes de l'article 6 par les mots
suivants.
M. Vallières: J'ai une question de règlement, M. le
Président. C'est qu'il ne s'agit pas d'un sous-amendement, mais bien
d'un nouvel amendement. On retire le premier et c'est un nouvel amendement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Un nouvel amendement. On retire cet
amendement et on y va avec un nouvel amendement.
M. Lincoln: Excusez! Oui, je retire l'amendement et je
substitue...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelligan,
vous aviez parlé d'un sous-amendement.
M. Lincoln: Excusez! Je ne suis pas un procédurier, vous
allez devoir m'aider. Disons que je retire l'amendement et que je le remplace
par l'amendement suivant: remplacer les deux premières lignes de
l'article 6 par les mots suivants: "Le vice-président est élu par
les membres du conseil d'administration. "
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui, M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: Si le gouvernement nomme le président, je
ne vois pas par quel raisonnement on peut dire que le vice-président
nommé sera par le conseil d'administration.
M. Lincoln: M. le Président, sur la
recevabilité.
M. Dupré: C'est recevable; là-dessus, je n'ai pas
d'objection.
M. Lincoln: Si c'est recevable, j'ai envie de parler
là-dessus. (23 h 30)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Un instant! Je n'ai pas dit s'il
était recevable; on est à le lire. J'accepte que les
députés se prononcent sur la recevabilité.
M. Lincoln: M. le Président, il n'y aucune raison
juridique dans la Loi sur les compagnies qui défende que, si un
président est nommé par le gouvernement, le vice-président
ne puisse être nommé par le conseil d'administration. Il n'y a
rien d'illégal là-dedans. II n'y a rien dans la Loi sur les
compagnies, ni dans aucune autre loi qui défende qu'un
vice-président soit nommé par le conseil d'administration. Je
veux vous souligner, du reste, que même dans la loi comme elle est, la
nomination du vice-président est différente de la nomination
du
président, parce que le président est nommé par le
gouvernement, tandis que, dans le cas du vice-président à
l'article 6, il est désigné par le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Déjà, il y a une
différence entre l'article 5 et l'article 6. Alors, l'argument du
député de Saint-Hyacinthe ne tient pas parce qu'il essaie de dire
qu'il y a une concordance. Or, dans la loi elle-même il n'y a pas de
concordance. Ce que l'on dit, c'est qu'il n'y a rien dans aucune loi qui
défende que la nomination du vice-président se fasse
différemment de celle du président. Donc, je suggère que
cet amendement est pleinement recevable et je voudrais que...
M. Picotte: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que là il y a une mauvaise interprétation. Je ne crois
pas que le député de Saint-Hyacinthe ait parlé dans le
sens que vient de relater mon collègue, M. le député de
Nelligan, parce que ce n'était pas sur la recevabilité. J'avais
même cru entendre le député de Saint-Hyacinthe nous
mentionner que cela lui paraissait recevable.
M. Dupréî C'est recevable.
M. Picotte: Il faudrait que le président rende sa
décision.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On va relire l'amendement à
l'article 6: remplacer les deux premières lignes de l'article 6 par les
mots suivants: "Le vice-président est élu par les membres du
conseil d'administration". C'est recevable.
M. Lincoln: D'accord. Si c'est recevable, M. le Président,
j'aurais voulu défendre l'amendement, parler de l'amendement, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: D'accord. Alors, le ministre a refusé
l'amendement à l'article 5 selon lequel nous avions
suggéré qu'il y ait une répartition différente des
sièges au conseil d'administration. Nous avions proposé à
l'article 6, au cas où il aurait accepté l'amendement à
l'article 5, que le président et le vice-président soient
nommés par le conseil d'administration. Comme il n'a pas accepté
notre amendement et que le président est nommé par le
gouvernement, nous pensons qu'il serait d'abord équitable et que ce
serait un bien meilleur équilibre au sein du conseil d'administration
que le vice-président soit élu par les membres, au lieu
d'être simplement désigné par le ministre de l'Agriculture,
car s'il est désigné par le ministre de l'Agriculture, c'est
presque une nomination du ministre; qu'au moins le vice-président, qui,
lui, est un personnage important parce qu'il agit comme président quand
ce dernier est absent, surtout dans une société où le
président, dans cette loi étrange, peut être directeur
général et secrétaire à la fois, qu'au moins le
vice-président soit une personne autonome qui soit nommée par le
conseil d'administration.
Je ne peux pas concevoir que le ministre puisse ne pas accepter quelque
chose qui coule de source. Dans un conseil d'administration, il est tout
à fait normal qu'un vice-président puisse être nommé
par les membres du conseil d'administration eux-mêmes qui ont confiance
en une personne, qui connaissent la personne et qui la désignent pour
une fonction, surtout dans ce cas où le président est
nommé par le gouvernement et cumule d'autres fonctions.
Pour ces raisons, je recommande fortement que te ministre et les membres
du comité ministériel considèrent cet amendement qui est
une bonification de la loi et qui ne fait rien pour détruire le sens de
la loi et le reste de la loi. Je ne vois pas pourquoi on s'opposerait à
une suggestion qui est faite tous les jours dans tous les conseils
d'administration pour des raisons de précautions corporatives et de
précautions normales d'affaires.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: M. le Président, j'appuierai,
évidemment, cette motion d'amendement parce que je la trouve, d'abord,
en conformité avec ce qu'on a défendu à l'article 5,
à l'amendement que nous y proposions. D'ailleurs, cet article 5
prévoit déjà que le président soit nommé par
le gouvernement. Là-dessus, je pense bien que le ministre devra
s'expliquer, s'il refuse cet amendement que l'on a à l'article 6, visant
à ce qu'au moins le vice-président soit élu par les
membres du conseil d'administration et que, en cas d'empêchement du
président, ce soit le vice-président qui en exerce les fonctions.
Je pense qu'il serait absolument inconcevable que cette commission ait à
voter sur cet amendement, sans que le ministre nous explique les raisons
réelles qui motiveraient son refus d'accepter pareil amendement, qui me
paraît être très limpide.
Je ne veux pas prêter d'intentions immédiatement au
ministre, j'aimerais mieux l'entendre avant et qu'il nous indique comment il a
l'intention de se comporter face à cet amendement, afin d'éviter
de porter un jugement que je ne devrais peut-être pas porter, compte tenu
de ce que pense le ministre. J'aimerais l'entendre là-
dessus, M. le Président.
S'il est en accord avec notre proposition d'amendement, le cas va
être vite réglé. On va passer à autre chose, c'est
ce qu'on veut.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le ministre.
M. Garon: Je vais voter contre, parce que j'estime que dans une
société comme celle-là, avec le capital qui aura
été investi, les responsabilités financières, il
appartient au gouvernement de nommer le vice-président.
M. Vallières: M. le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: Est-ce que cette autorité dont veut
absolument s'investir le ministre de l'Agriculture n'est pas un peu abusive?
Est-ce qu'il veut absolument que ce conseil d'administration, dont il veut
doter la Société du parc des expositions agro-alimentaires, soit
le reflet parfait de ce que pense le ministre? En tout cas, c'est un peu la
conclusion que nous devrons en tirer, s'il refuse d'adopter cet amendement.
Ce conseil d'administration composé de gens nommés par le
ministre et qui, conséquemment, vont avoir des liens très
étroits avec lui, j'imagine, n'est-ce pas abuser un peu du pouvoir que
veut se donner le gouvernement? N'y a-t-il pas le danger, ici, d'assister
à des situations qui peuvent devenir assez incongrues, à certains
moments? Le ministre n'a-t-il pas des craintes de se voir accuser de vouloir
manipuler le conseil d'administration? À moins qu'on veuille absolument
que ce conseil d'administration soit tout simplement une bande de marionnettes
qui sont articulées par le biais du bureau du ministre ou par le
ministre lui-même?
Je pense que ce serait se couvrir lui-même que d'accepter cet
amendement. C'est aussi un amendement qui vient faire accorder un minimum de
confiance aux gens qui siégeront au conseil d'administration et qui
pourraient se choisir entre eux un vice-président. Vraiment, l'attitude
du ministre me surprend à ce niveau-là. J'aurais cru qu'il aurait
fait cette concession pour assurer aussi le bon déroulement de nos
travaux. On a quand même adopté quelques articles et on voudrait
passer à d'autres. Son assentiment sur cet article nous permettrait de
passer immédiatement à l'article 7, ce qui me paraît
très intéressant.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Vous avez fini, vous avez
terminé?
M. Vallières: J'ai terminé, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: M. le Président, je voudrais dire au ministre
que je serais peut-être prêt à voter contre la proposition
d'amendement de mon collègue de Nelligan, si le ministre nous avait
indiqué tout à l'heure, et s'il avait voulu l'indiquer au projet
de loi, qu'au moins deux membres du conseil d'administration
représenteraient des agriculteurs ou du monde de l'agro-alimentaire. On
n'a pas d'assurance dans le projet de loi que vraiment le monde agroalimentaire
sera représenté, parce que le ministre peut en nommer cinq, la
ville de Montréal, deux.
On n'est pas sûr qu'il y aura vraiment des gens du monde de
l'agro-alimentaire, de la production agricole qui seront là. On pourrait
éviter toute cette discussion-là à l'article 6 si le
ministre nous avait donné l'assurance tout à l'heure qu'au moins
deux représentants du monde agro-alimentaire siégeront au conseil
d'administration. C'est important parce que le titre du projet de loi l'indique
carrément, un parc d'expositions agro-alimentaires. Si, vraiment, on
veut se fier au titre du projet de loi, c'est particulièrement pour le
monde agricole -non pas seulement, mais particulièrement -alors pourquoi
ne le met-on pas au niveau du conseil d'administration pour s'assurer que deux
personnes du monde agro-alimentaire soient là? On n'a pas cette
assurance-là. Tant que cela ne sera pas...
M. Garon: Je comprends. Vous ne l'avez pas... Cela pourrait
être des gens du secteur du caoutchouc, du secteur minier, du secteur de
l'automobile.
M. Dubois: Cela peut être cinq fonctionnaires de
Québec qui sont nommés au conseil ou deux fonctionnaires de la
ville de Montréal. Il n'y a aucune assurance qu'il va y avoir des gens
du secteur agro-alimentaire là-dedans. Je n'ai rien contre les
fonctionnaires, mais il serait important que des gens du monde de
l'agro-alimentaire soient là. On n'a aucune assurance de cela. Cela ne
coûte pas cher de le mettre dans le projet de loi. C'est une suggestion
que je fais au ministre. Je sais que l'article 5 est passé, on est
à l'article 6, mais on s'éviterait des discussions à
l'article 6 si on l'avait introduit tout à l'heure. Le ministre va me
dire que cela n'a pas d'allure.
M. Garon: Pardon? On ne sait jamais,
voyez-vous. Si je consulte des gens du secteur agro-alimentaire et s'ils
me proposent des gens d'ailleurs...
M. Dubois: Ce n'est pas sur le caoutchouc. Ce n'est pas un projet
de loi sur te textile, c'est un projet de loi sur l'agro-alimentaire.
M. Garon: Vous pensez sérieusement qu'on va nommer des
gens qui ne sont pas dans l'agro-alimentaire.
M. Dubois: II n'y a rien qui me surprend de vous, M. le ministre.
C'est pour cela que pour avoir une certitude il faut que ce soit inscrit.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Viau.
M. Cusano: Merci, M. le Président. Une voix: Y
a-t-il consentement?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On lui a donné tout à
l'heure.
M. Cusano: Ce n'est pas nécessaire. Est-il
nécessaire de le demander à chaque fois?
M. Garon: À chaque fois, oui.
M. Cusano: Ah bon! D'accord. Voulez-vous demander le
consentement, M. le Président?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Ce n'est pas nécessaire de le
demander à chaque fois.
Une voix: Non, non.
M. Cusano: C'est très magnanime de votre part. Merci.
Une voix: On est très conscient de l'éclairage que
vous pouvez nous apporter.
M. Dupré: La parole est à vous.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La parole est au député de
Viau et non pas au député de Saint-Hyacinthe.
M. Cusano: Est-ce que j'ai la parole, M. le Président?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témtscouata): Oui.
M. Cusano: Bon, merci. M. le Président, j'appuie
assurément l'amendement qui est proposé par mon collègue
de Nelligan parce que, justement, cela peut amener une représentation...
Si on regarde les autres articles et, comme j'ai dit tout à l'heure, si
on prend le fait que le président va être en même temps
directeur général - et il peut être secrétaire - je
demande aux membres de cette commission qui ont participé à la
réforme parlementaire si c'est une façon logique ici de
procéder dans ce projet de loi. Je me demande pourquoi, dans notre
réforme parlementaire, on a procédé avec un
président, un vice-président et aussi des secrétaires,
chacun ayant des fonctions séparées. Si la réforme
parlementaire est tellement logique, on aurait dû avoir un
président qui aurait été en même temps
secrétaire de la commission et on aurait vu comment cela aurait bien
fonctionné. Là, vous ne me suivez pas, bon! Cela donnerait le
choix à ces gens de pouvoir "balancer" un peu et cela donnerait à
ce conseil d'administration une représentation moins
contrôlée par le ministre et le gouvernement. Si vous rejetez
l'amendement, comme je l'ai dit tout à l'heure sur l'autre article, il
est clair et net que le ministre veut nommer ces personnes. On peut abolir tous
les articles qui sont là lorsqu'on parle du conseil d'administration et
de son fonctionnement. La seule chose qu'on a à faire, c'est
d'écrire le nom de ces personnes et de dire; À tous les cinq ans,
on les changera - point final. On ne s'engueulera pas sur le projet de loi.
C'est cela que vous voulez? Mais si vous parlez d'un fonctionnement
représentatif, la structure qui est suggérée ici n'a aucun
bon sens. Vous voulez l'avoir de cette façon, gardez-le!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de Richmond.
M. Vallières: Oui, M. le Président, j'avais une
question à poser au ministre qui sera bien directe à cette
heure-ci. J'aimerais savoir du ministre s'il juge que son projet de loi est
perfectible ou s'il pense qu'il est parfait au point qu'on ne pourra
l'améliorer à aucun article. (23 h 45)
M. Garon: Je dois dire que je suis toujours prêt à
accueillir toute suggestion intéressante, mais, quand il s'agit de
propositions qui n'ont pas de bon sens, je ne suis pas très
réceptif. Je peux vous dire que le genre de proposition que vous faites
actuellement, où le président et le vice-président sont
nommés par les membres entre eux, si un jour vous assumez le
gouvernement, je vous rappellerai ces propositions que vous avez faites; vous
avez fait perdre toute la soirée par des propositions comme cela. Il n'y
a pas un gouvernement sérieux qui ferait des nominations de cette
façon.
M. Vallières: Vous tenez pour acquis que vous allez
être réélu.
M. Lincoln: Est-ce que vous êtes au courant, par exemple,
je vous ai cité la loi 27 sur les affaires sociales... Vous devriez
aller parler avec votre collègue, le ministre de la Justice actuel.
M. Garon: C'est différent.
M. Lincoln: Ah! oui, c'est un peu différent. Par exemple,
pour les conseils d'administration des centres hospitaliers, les conseils
d'administration des centres de réadaptation qui ont des budgets,
parfois, de millions de dollars, est-ce que le président et le
vice-président sont nommés par le gouvernement ou le conseil
d'administration? Est-ce qu'il n'y a pas des quantités de lois? Est-ce
que dans le monde des affaires ce n'est pas comme ça que cela se fait?
Le président et le vice-président sont nommés par le
conseil d'administration: l'AIcan, Power Corporation et les plus grosses
corporations, le Canadien Pacifique. Est-ce que ce n'est pas vrai pour les
agences gouvernementales elles-mêmes? II y a beaucoup plus de situations,
beaucoup plus de lois où les exécutifs de corporations
financées à 100% par le gouvernement sont nommés par le
conseil d'administration que par le gouvernement lui-même.
Peut-être que le ministre des Affaires culturelles lui-même en
citera quelques-unes. Alors, ne dites pas que c'est une espèce de
suggestion de fou qu'on vous fait. Je crois que c'est une suggestion beaucoup
plus sage, beaucoup plus normale que votre suggestion à vous parce que
les gens du conseil d'administration qui, du reste, selon l'article 5 que vous
avez insisté pour adopter, sont nommés par vous, cinq sur sept,
de toutes les façons... Vous ne leur faites même pas confiance
pour nommer le président et le vice-président et vous nous faites
croire que les présidents et vice-présidents nommés par
les conseils d'administration, ce sont des histoires presque exceptionnelles.
Peut-être que vous devriez, justement, aller discuter avec votre
collègue, le ministre de la Justice, qui a piloté la loi 27,
où c'est très clair que tous les conseils d'administration
nomment eux-mêmes le président, le vice-président, le
secrétaire et tout le conseil exécutif. Je ne vois rien
d'extraordinaire là-dedans. C'est la pratique la plus courante. La
pratique dont vous vous servez, vous, c'est la pratique exceptionnelle que vous
demandez ici pour vous donner les pouvoirs de nommer tous les gens
vous-mêmes. C'est là la question qu'on se pose.
M. Garon: Je vous ai vu en Chambre, le Parti libéral,
cette semaine. Le directeur général du Grand Théâtre
est nommé par le conseil d'administration. Vous essayiez d'accuser
à tout instant, le ministre responsable de l'application de la loi. Je
vois quel genre de cohérence, quel genre de sépulcre blanchi on
peut observer à ce moment parce que quand un directeur
général est nommé par le conseil d'administration et
qu'après cela on essaie de trouver le ministre responsable de tout ce
qu'il peut faire après, alors qu'il n'a même pas participé
à sa nomination comme directeur général...
Une voix: C'est cela.
M. Garon:... et après cela on parle de l'autonomie. Voyons
donc! Arrêtez donc de nous faire prendre des vessies pour des
lanternes.
M. Lincoln: Parce qu'il y a un cas de directeur
général nommé par un conseil d'administration qui a fait
des folies. Là, vous voulez infirmer tout le principe de la nomination
par le conseil d'administration.
M. Garon: Non, non, ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Lincoln: Ce n'est pas cela que vous avez dit?
M. Garon: Ce n'est pas cela que j'ai dit.
M. Lincoln: Qu'est-ce que vous avez dit alors?
M. Garon: Vous avez essayé de lier la
responsabilité au ministre.
M. Lincoln: Mais le ministre est toujours responsable.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lincoln: Le ministre est toujours responsable, de toutes les
façons, d'une loi...
M. Garon: Moi, quand je suis responsable, je prends la
responsabilité de A à Z.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Cusano: Vous contrôlez tout.
Une voix: Du patronage. Une voix: L'empereur.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Montmorency.
M. Cusano: Cela s'appelle le patronage. M. Picotte: C'est le roi
du patronage. M. Cusano: C'est du patronage pur.
M. Richard: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Un instant, M. le député de
Montmorency. Étant donné que vous êtes... À l'ordre,
s'il vous plaît! À l'ordre! M. le député de
Saint-Hyacinthe. À l'ordrel M. le député de Montmorency,
pour avoir droit de parole cela prend le consentement unanime de la commission
parce que vous n'êtes pas membre.
M. Picotte: M. le Président, vous me premettrez de dire
ceci: Pour l'éclairage que peut nous apporter le ministre des Affaires
culturelles, je n'ai pas l'intention de donner mon consentement, lui
suggérant d'aller commencer à préparer le prochain
spectacle de Diane Dufresne. Il sera probablement plus utile dans ce domaine et
je refuse mon consentement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! Il
n'y a pas de consentement. M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Dupré: M. le Président, on a accepté de
bonne foi, tantôt, les témoignages du député de
Viau. Je trouve cela un peu mesquin. De toute manière, il a parlé
pendant plusieurs minutes et il n'a rien apporté de nouveau au
débat.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Dupré: Je pense que le ministre des Affaires
culturelles peut...
M. Picotte:... de cette expérience, on refuse le
consentement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordrel II n'y a pas
consentement, et la parole est au député de
Maskinongé.
M. Richard: M. le Président, je fais appel à la
générosité légendaire du député de
Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je vous dirai ceci. Comme
cela appartient au leader du gouvernement de faire siéger la Chambre
jusqu'à minuit demain soir, nous sommes disposés à revenir
après la période de questions, demain, si le leader de la Chambre
nous convoque à cette commission parlementaire, et là
j'accepterai que, durant toute cette journée, le ministre des Affaires
culturelles ait un droit de parole...
M. Richard: Je suis très heureux...
M. Picotte:... alors, à demain, M. le ministre.
M. Richard:... je vais être là demain et
j'expliquerai au député de Maskinongé qu'il n'a absolument
rien compris et qu'il...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Montmorency...
M. Richard:... méprise les artistes, M. le
Président. Je l'expliquerai...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata):... vous n'avez pas droit de parole, il n'y
pas de consentement et c'est un commentaire...
M. Richard:... important. Le mépris qu'il affiche pour les
artistes, M. le Président, est inconcevable.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): C'est un commentaire que vous faites, M. le
député de Montmorency, vous n'avez pas droit de parole.
M. Vallières: M. le Président, est-ce que vous
pourriez m'indiquer si les propos du député de Montmorency vont
être consignés au Journal des débats?
Une voix: C'est malheureux.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Malheureusement ou heureusement, ils vont
être inscrits parce que la transcription... Je ne sais pas s'il a
coupé parce que je n'avais pas autorisé le droit de parole au
député de Montmorency.
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Cela a été enregistré
dans le Journal des débats.
M. Picotte: M. le Président, j'ai une question de
règlement...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Picotte: Veuillez faire appliquer le règlement.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): On va demander au député
de...
Une voix: M. le Président...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît, M. te député de
Montmorency!
M. Picotte: Un ancien président de la Chambre aussi peu
respectueux des règlements, c'est épouvantable, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, M. le
député!
M. Picotte: Cela n'a pas d'allure. Quelle erreur monumentale!
Quelle erreur monumentale!
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission suspend ses travaux pour
quelques minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 52)
(Reprise à 23 h 53)
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission reprend ses travaux et la
parole est au député de Saint-Hyacinthe et au
député de Maskinongé.
M. Dupré: M. le Président, les propos du
député de Maskinongé envers tes artistes n'ont
d'égal que te...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Dupré:... mépris qu'il a pour son
collègue de Viau.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): M. le député de
Saint-Hyacinthe, on est sur l'amendement, on n'est pas sur les...
M. Dupré: Le député de Maskinongé
refuse le droit de parole au député...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
M. Dupré:... de Montmorency.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous plaît! On
n'est pas sur la question du député de Montmorency et
j'inviterais le député de Montmorency à quitter le
siège parce que, n'ayant pas le droit de parole, il n'a pas le droit de
siège.
Une voix: Je suis convaincu...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Je m'excuse, la parole est au...
Une voix: On suspend encore, M. le Président.
M. Picotte: Victime...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre!
Une voix: Je refuse d'entendre...
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Suspension.
Une voix: Qu'on le fasse expulser. Attachez-le!
Une voix: Je vais aller le reconduire.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission reprend ses travaux.
M. Baril (Arthabaska): J'ai une question de règlement, M.
le Président.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Oui.
M. Baril (Arthabaska): Je peux vous assurer que je vais rester
à mon siège pour le reste de la commission.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Parfait. La parole est au
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, c'est la première fois
sur cet amendement, M. le député de Saint-Hyacinthe... Je pense
que c'est à juste titre et à bon droit que mon collègue,
le député de Nelligan, a apporté cet amendement. On voit
que le ministre de l'Agriculture, comme on peut le constater à la
lecture des amendements et du projet de loi, fait en sorte d'à peu
près tout contrôler à l'intérieur de cette
société.
II nous dit, peut-être à bon droit - je ne sais pas, je ne
veux pas juger cela -qu'évidemment, comme c'est le gouvernement du
Québec qui fait la plus grosse mise de fonds, comme c'est le
gouvernement du Québec qui injecte te montant d'argent supérieur
là-dedans, qu'il veut en garder un certain contrôle.
De toute façon, l'article 5, qui a été
adopté, fait déjà suffisamment état, en ce qui noua
concerne, de la mainmise qu'aura le ministre de l'Agriculture et de
l'Alimentation sur cette société. Il y a déjà cela
d'acquis. Ce que nous lui demandons à l'intérieur de cet
amendement, c'est de permettre que le vice-président soit nommé,
évidemment, par
le conseil d'administration, non pas par le ministre de l'Agriculture,
vu que déjà il nomme un paquet de monde, vu que
déjà il a la mainmise sur cette société, vu que
déjà il contrôle à peu près tout, vu que
déjà il ne nous a donné aucune garantie qu'il pourrait y
avoir... Il n'y a rien qui empêcherait, comme le soulignait un de mes
collègues, que ce sait cinq fonctionnaires du ministère de
l'Agriculture qui soient appelés à siéger
là-dessus. Tant qu'à y être, pourquoi ne pas nommer cinq
collaborateurs du ministre depuis huit ans? Cela pourrait être possible
mais cela ne veut pas dire que ce seraient nécessairement ni des bonnes,
ni des mauvaises nominations. On ne peut pas les juger; on ne les connaît
pas. Compte tenu de tout cela, compte tenu de tout ce que le ministre peut
contrôler à ce jour, je pense que l'inquiétude que
soulevait mon collègue de Nelligan et l'amendement pour lequel il a
apporté son concours à cet article 6 font en sorte que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, s'il
n'était pas mesquin, pourrait accepter un amendement semblable à
celui-là. Cela ne lui enlèverait pas de pouvoirs comme tels parce
qu'il contrôle déjà la majorité et cela permettrait
une meilleure démocratie à l'intérieur de cela. C'est la
raison pour laquelle, M. le Président, je vous dis que, en ce qui me
concerne, je serai favorable à l'amendement du député de
Nelligan.
En terminant, je vous dirai ceci, M. le Président: compte tenu du
fait qu'il est tout près de minuit, je vais vous demander le vote sur
l'amendement du député de Nelligan, en espérant que le
gouvernement, qui a la possibilité de faire siéger
l'Assemblée nationale jusqu'au 21 décembre, à minuit, nous
permettra, demain, d'avoir l'occasion de poser des questions sur les quelque 30
articles qui restent. Je pense qu'on pourra passer encore une bonne
journée ensemble à essayer de bonifier ce projet de loi. S'il est
bonifié, à la fin de la journée de demain, à minuit
moins quelques minutes, et s'il est vraiment bonifié comme on
l'espère, on pourra peut-être se permettre - à minuit moins
quelques minutes - d'accepter de modifier notre décision mais,
entre-temps, je pense que l'attitude du ministre ne nous permettra pas de
modifier notre décision. En tout cas, donnons-nous la chance et donnons
la chance à M. le leader du gouvernement, qui est le grand "boss" et le
grand maître, d'appeler, justement, demain, après la
période des questions, notre commission parlementaire pour continuer ce
travail.
M. le Président, j'ose espérer que vous allez pouvoir
mettre aux voix l'amendement de mon collègue et, par la suite, on vous
demandera la suspension des travaux pour continuer à travailler.
Le Président (M. Lévesque, Kamouras-
ka-Témiscouata): M. le député de Saint-Hyacinthe a
demandé la parole.
M. Dupré: M. le Président, bien que l'article 5 ait
été adopté tantôt sur division, je me demande,
lorsque le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
veut désigner le vice-président - à l'article 5, on dit:
"La société est administrée par un conseil
d'administration composé de sept membres, dont un président,
nommés par le gouvernement... " - s'il n'y aurait pas eu lieu d'inclure
au même moment le vice-président. En somme, qui recommande au
conseil d'administration, qui recommande au gouvernement la nomination du
président et du vice-président? C'est fini?
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): Si on veut.
M. Picotte: Sur une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Lévesque,
Karnouraska-Témîscouata): Question de règlement, M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Je vous souligne, M. le Président, que, si
vous voulez à tout prix que ce vote se prenne avant minuit, il ne vous
reste que quelques secondes. Sinon, je vais proposer l'ajournement, purement et
simplement, du débat.
M. Dupré: M. le Président, j'ai la parole. Je pense
que j'ai le droit de m'exprimer sur l'article 6 et je pense que le spectacle de
Diane Dufresne a beaucoup plus de poids que le spectacle du
député de Maskinongé. Je pense que cela fait beaucoup plus
fureur...
Une voix: II coûte pas mal plus cher.
M. Dupré: Oui, mais il y a des fois que cela vaut la peine
de payer pour avoir quelque chose.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix: Elle a plus de talent.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dupré: Je pense que, aux années que le
député de Maskinongé a passées dans cette Chambre,
il va coûter bien plus cher à l'État que Diane Dufresne,
durant toutes les années encore qu'elle va nous donner des
spectacles.
Le Président (M. Lévesque,
Kamouraska-Témiscouata): La commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à minuit)