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(Dix heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre! La
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation est
réunie pour procéder à la vérification des
engagements financiers des mois de septembre, octobre, novembre et
décembre 1984.
Avant de commencer les travaux, je demanderais au secrétaire de
la commission de nous indiquer s'il y a des changements dans la liste des
membres.
Le Secrétaire: Non, il n'y a aucun changement.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Avant de
commencer les travaux par le mois de septembre, je voudrais savoir de la part
du ministre et des membres de la commission si vous avez des
déclarations d'ouverture.
M. le ministre.
M. Garon: Vous m'avez demandé si j'avais des
questions.
Le Président (M. Beauséjour) Une déclaration
d'ouverture ou des commentaires avant de commencer.
M. Garon: La principale question que je me posais à
l'ouverture des travaux de la commission, c'est si le critique agricole du
Parti libéral a toujours la confiance de son chef. Je remarque ce matin
qu'un de leurs députés, qui est critique en matière
d'affaires sociales, a été désavoué par son chef
sur la privatisation partielle des services hospitaliers. Je vois que le chef
du Parti libéral n'est pas d'accord avec les critiques de son parti dans
la matière où ils ont été nommés. Comme, ce
matin, je vais entendre le député de Maskinongé, critique
agricole du Parti libéral, je me demande s'il a la confiance de son chef
ou s'il parle en son nom personnel, et si une politique a été
déterminée par le Parti libéral.
Le Président (M. Beauséjour) Cela regarde-t-il les
engagements?
M. Garon: Bien oui! C'est important, vis-à-vis des
engagements, de savoir s'il s'agit d'une politique officielle ou d'un
député qui parle en son nom personnel. Je suis persuadé
que le public serait intéressé à savoir cela. C'est
pourquoi je me demande ce matin si les députés du Parti
libéral vont parler en leur nom personnel ou s'ils parlent au nom de
leur parti.
Le Président (M. Beauséjour) M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je pense bien que cela
mérite une réponse. Je crois comprendre qu'avant d'étudier
les engagements financiers il est question de soins hospitaliers. Est-ce que le
ministre de l'Agriculture en aurait besoin, comme son chef en a eu besoin, de
soins hospitaliers? Est-ce qu'on peut procéder aux engagements
financiers en étant sûr que le ministre de l'Agriculture est sain
d'esprit?
Le Président (M. Beauséjour): Bon. Il y a deux
questions laissées en suspens; ce n'est pas moi qui vais trancher.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Picotte: Comme nous sommes venus ici pour travailler, M. le
Président, je pense que ces remarques étaient complètement
antiréglementaires de la part du ministre. Mais comme on est
habitué à ce genre de remarques de la part de celui qu'on doit
appeler l'honorable ministre, je vous suggérerais qu'on procède
à l'étude des engagements financiers.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires des membres de la commission?
M. Baril (Arthabaska): De ce côté-ci, je pense que
de la façon dont c'est parti, on ne continuera pas. On va passer aux
engagements financiers.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Garon:... il ne faut pas sous-estimer la question que je viens
de poser. Vous savez que le député de Brome-Mtssisquoi est le
critique officiel de son parti en matière d'affaires sociales, qu'il a
fait des déclarations et qu'il a été
désavoué par son chef. Cela veut dire: un critique d'un parti
dans une matière déterminée, en matière
d'affaires sociales, en matière agricole, en matière
financière, est-ce qu'il a l'aval de son parti ou de son chef? Ce n'est
pas n'importe quel député du Parti libéral qui a
parlé, c'est M. Paradis qui est responsable de ces questions-là,
comme le député de Maskinongé est critique officiel de son
parti. Si le député de Maskinongé considère que
c'est une question sans importance, insignifiante, de simple d'esprit, le
public appréciera. Si j'avais à faire des déclarations
comme ministre et que le premier ministre disait: Le ministre est dans les
patates à toute minute, j'ai l'impression que le monde dirait: Ça
ne peut pas marcher comme ça.
Quand, au Parti libéral, on voit que le chef désavoue son
critique officiel dans une matière en disant: Ça ne marche pas,
il n'est pas question de ça et on n'a aucunement l'intention de faire ce
que le critique officiel en matière d'affaires sociales a
déclaré, on se dit: Est-ce que celui qui a été
désigné par son parti dans une matière - ce matin, le
critique officiel du Parti libéral parlera en matière agricole
-parle au nom de son parti ou en son nom personnel? C'est très
important. Le public considère ces matières-là importantes
aussi parce que, quand, par rapport à des problèmes, il y a des
prises de position, il est très important de savoir si le
député parle en son nom personnel ou d'une façon
officielle au nom de son parti parce que ce n'est pas le même
engagement.
Quand le député de Brome-Missisquoi parlait au nom de son
parti en matière de santé, je pensais que c'était la
pensée officielle du Parti libéral. Or, j'apprends par le journal
de ce matin qu'au contraire le chef du Parti libéral dit: Je ne suis pas
d'accord du tout avec ce qu'il a dit, il n'est pas question de ça.
Je pense que ce n'est pas une question simple, une question
dénuée de bon sens. Au contraire, ce que je dis, c'est le bon
sens. En matière politique, si le député de
Maskinongé veut dire que ça n'a pas d'importance, ce sera son
jugement, les gens apprécieront. C'est ça que je lui demande ce
matin. Est-ce que les positions qu'il va prendre sont en son nom personnel ou
au nom de son parti? Est-ce qu'il peut être désavoué demain
matin pour ce qu'il va dire ou s'il a l'aval de son parti pour dire ce qu'il va
dire? Je pense que ce n'est pas dénué de sens, au contraire. S'il
ne répond pas, c'est parce qu'il n'est pas sûr que son parti
l'appuie et son chef non plus.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, je ne sais pas sur quelle
"bibite" le ministre a pilé ce matin en se levant, mais si on relevait
toutes les déclarations contradictoires du ministre,
particulièrement au sein de son parti, je pense qu'on pourrait passer
plusieurs semaines ici.
D'ailleurs, le ministre ne parle pas au nom de son parti puisqu'il s'est
toujours vanté d'être un indépendantiste pur et c'est un
à-plat-ventriste devant le gouvernement fédéral. M. le
Président, je pense qu'on n'est pas ici pour régler cette
question-là. Il ne parle qu'au nom de 60% de ses membres, au nombre de
80 000. Alors, cela ne fait pas beaucoup. Cela fait 48 000 personnes. Je pense
qu'on n'est pas ici pour parler de cela. On est ici pour parler des
crédits. Si le ministre veut continuer, je n'ai aucune objection, mais
je vais lui en parler longtemps. Des déclarations contradictoires du
ministre de l'Agriculture, on peut en relever à partir de 1964. On peut
être ici très longtemps et on va s'apercevoir que, devant la
population québécoise, si le ridicule ne tue pas, il blesse.
À partir de là, M. le Président, je vous invite à
commencer l'étude des crédits.
Septembre
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Nous allons
entreprendre l'étude des engagements du mois de septembre. Si les
membres de la commission ont des questions sur un des engagements, ils n'ont
qu'à me l'indiquer. Ce n'est pas nécessaire de passer chaque
engagement, mais de me l'indiquer au fur et à mesure, d'un
côté ou de l'autre.
M. Garon: Quel numéro d'engagement, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Beauséjour): J'attends qu'un des
membres, d'un côté ou de l'autre, me l'indique pour le mois de
septembre. M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Dans les engagements
du mois de septembre, on remarque, à la fin, à l'engagement
18...
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce qu'il y a
d'autres engagements avant sur lesquels on voudrait poser des questions? Un
instant!
M. Picotte: Dois-je comprendre que je dois y aller avec le no
18?
Le Président (M. Beauséjour): D'accord.
M. Picotte: Merci, M. le Président. On parle d'une
subvention de 80 000 $ "à Elevage d'abeilles de Beauce Inc., à
titre d'aide financière pour lui permettre de poursuivre son projet de
mise au point d'une technique de production d'abeilles, " J'aimerais demander
au ministre quel est l'engagement total. La part que le
gouvernement fournit, on parle de 80 000 $.
Quelle est la mise de fonds précisément d'Élevage
d'abeilles de Beauce inc., et, finalement, qu'est-ce qui doit résulter
d'une telle recherche?
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Garon: Un des principaux problèmes dans l'élevage des
abeilles, ce sont les nuclei, les souches des élevages. Parce que,
essentiellement, ces produits sont importés et qu'il y a des maladies
qui sont propres à des pays d'où viennent les abeilles qui sont
amenées en même temps, il est souhaitable, pour la production
d'abeilles au Québec et éventuellement la production de miel,
qu'on produise davantage nos propres nuclei, c'est-à-dire de
manière indigène, pour avoir des abeilles adaptées
à notre climat, qui sont résistantes aux maladies ou qui n'ont
pas, au point de départ, les maladies qui viennent d'autres pays.
Nous avons un programme, par exemple, pour faire la fumigation des
abeilles ou des ruchers qui ont les maladies, avec un programme d'indemnisation
aussi pour faire disparaître ces maladies. Par ailleurs, il faut autant
que possible, par l'implantation de nouveaux nuclei, ne pas amener au
Québec ou dans les ruchers du Québec les maladies d'ailleurs.
Pour cela, il faut en arriver à produire nous-mêmes, et à
produire sur une grande échelle, une échelle quasi industrielle -
quand on dit industrielle, entendons-nous, il ne s'agit pas d'une usine - en
plus grande quantité les nuclei qui vont approvisionner les
propriétaires de ruches au Québec.
Un projet a été présenté par Élevage
d'abeilles de Beauce. Un éleveur de Beauce, qui, si ma mémoire
est bonne, est un agronome, un technicien agricole, s'est
intéressé à la matière; il a présenté
un projet pour produire lui-même des nuclei et également
développer des techniques de multiplication des abeilles de façon
accélérée.
Il y a toutes sortes de nouvelles technologies pour l'élevage des
abeilles. Le monsieur en question a mis au point ces techniques et des
méthodes de production en grande quantité de nuclei d'abeille.
Comme il s'agissait d'un premier projet, il a fallu le supporter davantage afin
que cela puisse se réaliser. Comme c'était aussi la
première fois qu'on faisait cela nous-mêmes au Québec,
évidemment, il y a eu, à un moment donné, des pertes de
nuclei pendant l'hiver, qui n'avaient pas été anticipées
et pour lesquelles on a donné une certaine compensation. C'est un projet
d'un peu plus de 200 000 $ pour lequel les subventions sont d'environ 80 000
$.
M. Picotte: La participation gouver- nementale est de 80 000 $.
Est-ce une participation d'ores et déjà fermée dans le
sens que c'est 80 000 $ ou si, effectivement, s'il y avait d'autres
inconvénients au moment de cette étude ou quoi que ce soit, le
ministère pourrait ajouter des fonds ou augmenter sa participation
à l'étude de ce projet?
M. Garon: Il y a deux aspects dans ce projet: il y a la
production de nuclei et le projet de recherche. La recherche était faite
avant au ministère, mais elle est faite maintenant chez cet
éleveur de la Beauce avec un protocole d'entente. Elle est suivie par
des fonctionnaires du ministère, mais cela coûte sans doute
beaucoup moins cher que si on la faisait nous-mêmes dans des
établissements du gouvernement. Alors, il y a deux
éléments à ce projet: la recherche et aussi la production
de nuclei. De plus en plus, on essaie de sortir la recherche des stations du
gouvernement pour la faire chez les producteurs, parce qu'ils croient beaucoup
plus à la recherche qui est faite chez eux. Lorsqu'elle est faite au
gouvernement, ils disent: On sait bien, les stations du gouvernement sont
connectées sur le fonds consolidé du Trésor et les
coûts ont moins d'importance. Lorsqu'on fait une recherche chez un
cultivateur, les autres cultivateurs la voient et ils l'apprécient. Ils
ont les commentaires du cultivateur qui la fait et, une fois que les
résultats sont au point, les cultivateurs y croient
déjà.
Je pourrais vous donner un exemple bien simple. On a
décidé, à un moment donné, expérimenter dans
douze fermes pilotes en Abitibi des méthodes de culture, de coupe et de
conservation du foin et du mil dans l'espace à un point tel que, lorsque
j'y suis retourné un an et demi plus tard environ, j'ai
été estomaqué de voir qu'il y avait à peu
près 300 à 400 producteurs qui avaient adopté les
méthodes des douze fermes pilotes. Pourquoi? Parce que, dans les douze
fermes pilotes, ils voyaient exactement comment cela se passait et puis ils
disaient: Moi aussi, je suis capable de faire cela. Ils voyaient les
résultats et ils disaient: Moi aussi, je suis capable de faire cela.
Lorsque c'est fait sur une ferme du gouvernement, quand on voit les
fonctionnaires, qui sont nombreux, avec les pauses-café à 9 h 45
tout le "kit" d'une station de recherche normale - je n'ai rien contre cela -
le cultivateur se dit: Si je mets cela au point, je ne suis pas certain des
coûts de production, tandis que, lorsque c'est fait chez le cultivateur
lui-même, il le croit plus.
On a tendance à faire cela davantage et, dans ce cas en
particulier, il s'agit de -je vais essayer me rappeler son nom de famille -
Mario Rousseau qui est un gars spécialisé dans cela, qui croit
à cela. Je suis persuadé qu'il travaille 24 heures par jour
à
toutes fins utiles, sauf les heures de sommeil, à son projet
auquel il croit beaucoup. Il fait avancer considérablement la question
des nuclei d'abeilles et la recherche là-dessus. C'est à cela
qu'on a contribué dans un projet avec un protocole d'entente.
M. Picotte: Le protocole d'entente, c'est 80 000 $ sur une
possibilité de 200 000 $ et c'est un budget fermé.
M. Garon: Non.
Une voix: C'est la deuxième suggestion.
M. Garon: Le projet initial prévoyait une mise de fonds de
la part de l'État de 166 000 $, mais, dans le protocole signé le
26 février 1982, on n'avait pas inscrit les montants d'argent. Une aide
partielle de 75 000 $ avait été accordée. Là, les
80 000 $, cela vient compléter ce que nous avions prévu, soit 166
000 $. Il y a eu 75 000 $ et là on revient pour 80 000 $.
M. Picotte: Le montant total du projet est de 200 000 $ environ,
c'est cela que j'ai cru comprendre.
M. Garon: De plus de 200 000 $. La mise de fonds de l'État
était de 166 000 $ prévue initialement.
M. Picotte: Pouvez-vous me donner le montant total de la
recherche approximativement?
M. Ouellet (Ferdinand): Comme c'est un projet de recherche,
après que cette étape va être terminée, il est
possible qu'on reprenne la même personne pour aller encore plus loin. Le
projet initial était d'à peu près 160 000 $, on a 166 000
$ ici. Le projet initial prévoyait 166 000 $ mais on va se rendre
possiblement à 200 000 $. Maintenant, il ne faut pas se tromper
là: ce dont on parle, c'est du coût du projet de recherche, mais
M. Rousseau a financé son affaire. La ferme n'est pas à nous,
n'est pas au ministère. Il a mis 100 000 $ pour acheter une ferme, il a
mis 15 000 $ pour l'améliorer et il a une marge de crédit de 60
000 $ en plus. C'est son exploitation. Nous avons utilisé une
exploitation qui est en place et nous lui avons dit: Sur ton exploitation
où tu produits du miel, si tu veux faire un projet de recherche pour
nous - comme l'a expliqué M. Garon tout à l'heure - on va te
donner les fonds parce que cela coûte encore bien meilleur marché
que si nous avions à monter toute une exploitation pour faire cette
recherche. Une fois que la mise au point technique va être faite dans la
production de colonies, cela peut durer trois ans. Il faudrait acheter tous les
ruchers, il faudrait monter une équipe de personnes et c'est de plus en
plus difficile de monter des équipes de personnes
spécialisées, surtout dans cette production-là. La
meilleure façon de le faire, c'est de faire ce qu'on a fait
là.
M. Picotte: Il y a évidemment une collaboration de
certains professionnels du ministère...
M. Ouellet (Ferdinand): Oui, de chez nous.
M. Picotte:... au projet.
M. Ouellet (Ferdinand): On fait le suivi technique, c'est
cela.
M. Picotte: Le ministère est-il
régulièrement mis au courant de l'avancement du projet? Y a-t-il
des rapports qui sont faits assez régulièrement...
M. Ouellet (Ferdinand): Ah, oui, oui! Il y a un suivi
quotidien.
M. Picotte:... au ministère concernant l'étude qui
est faite actuellement?
M. Ouellet (Ferdinand): Oui, oui.
M. Picotte: Des correctifs sont apportés en cours de
route?
M. Ouellet (Ferdinand): Ah oui! Certainement! Comme c'est de la
recherche, il y aussi des imprévisibles; c'est, d'ailleurs, pour cela
qu'on appelle cela un projet de recherche. C'est pour cela qu'on met de
l'argent parce que, si c'était quelque chose qu'on peut faire
régulièrement, on n'investirait pas de fonds, mais c'est quelque
chose qui est à développer. Au fond, on pourrait résumer
l'idée: essayer de produire avec une ruche douze colonies d'abeilles par
année, douze paquets d'abeilles. Présentement, on importe environ
10 000 paquets d'abeilles des États-Unis et c'est de là qu'entre
beaucoup de maladies dans nos productions de miel. L'idée, c'est
d'essayer de produire nos paquets chez nous et de venir à être
capable, avec une ruche... Si on n'en produit pas douze, c'est une
opération qui n'est pas rentable parce que vous ne vendez pas les
paquets d'abeilles 300 $. Plus vous pouvez produire une grande quantité
de paquets d'abeilles à partir d'une ruche, au printemps, si vous en
produisez douze dans l'année, vous rentabilisez beaucoup plus votre
opération. Le monsieur vend des paquets d'abeilles. Cela est bien
connu.
M. Picotte: Dans le même ordre d'idées, à
moins que le député de Saint-Jean n'ait une question
additionnelle.
M. Proulx: Oui, une petite question. De plus en plus, on parte de
privatisation des compagnies. Vous dites: c'est beaucoup mieux que des
individus fassent cela plutôt que le gouvernement. Est-ce dans l'esprit
de ce dont parlait M. Parizeau, M. Garon, de donner cela à l'entreprise
privée? M. Parizeau a pris des positions en fin de semaine. Est-ce dans
cet esprit?
M. Garon: Depuis le début de mon mandat, en 1976, on a
essayé de remettre à l'entreprise privée le maximum de
choses qu'il n'était pas nécessaire que le gouvernement fasse.
Par exemple, le ministère de l'Agriculture ne fait plus de travaux de
drainage depuis plusieurs années; on ne creuse plus de puits
artésiens. On a remis cela à l'entreprise privée depuis
plusieurs années. On a vendu nos camions. On a vendu tous nos garages.
On faisait nos réparations nous-mêmes; alors, on a vendu cela et
on fait faire nos réparations par les garages ordinaires que tout le
monde utilise.
M. Proulx: Vous vous débarrassez des canards boiteux.
M. Garon: Non, depuis 1976, je dois dire que je fais cela d'une
façon systématique. Actuellement, par exemple, on a presque fini
de vendre tous nos entrepôts frigorifiques.
Je dirais plutôt que M. Parizeau a volé une de mes
idées, parce que moi, je ne le dis pas; je le fais depuis 1976. Depuis
1976, je peux vous indiquer tous les secteurs du domaine agro-alimentaire qui
étaient au gouvernement et qui sont maintenant dans l'entreprise
privée. C'est peut-être en constatant le succès de ce qu'on
faisait à l'Agriculture que M. Parizeau a eu l'idée de dire que
les autres devraient imiter notre ministère, peut-être. Je ne sais
pas, moi, mais je peux vous dire qu'en termes de privatisation,
seulement...
M. Proulx: C'est un peu l'esprit. Vous aimez mieux donner.
M. Garon: Je peux vous dire une chose. En 1980, quand on m'a
passé le secteur des pêches, sur 350 employés, il y en
avait 175 qui étaient des gardiens de frigidaires. En 1936, dans le
temps de l'Union Nationale, il n'y avait pas d'électricité en
Gaspésie ou en 1944. L'électricité est arrivée en
Gaspésie dans les années cinquante, au début des
années cinquante. À ce moment-là, il était normal
peut-être pour le gouvernement d'investir dans des entrepôts
frigorifiques du gouvernement parce qu'il n'y avait pas
d'électricité. Cela prenait toute l'organisation pour faire de
l'électricité sans avoir de lignes électriques. Alors
aujourd'hui ce n'est peut-être pas aussi nécessaire et on a rendu
cela à l'entreprise privée.
C'est une politique, je peux vous dire, chez nous, depuis plusieurs
années. Je pourrais un jour, si vous me posiez la question, vous
produire la liste de tout ce qu'on a privatisé au ministère
depuis 1976. Je suis persuadé que les gens seraient
édifiés de voir à quel point cette politique a
été mise en place à tous les niveaux. Au niveau de la
recherche aujourd'hui, je vous parlais des fermes d'Abitibi, il y a quelques
années, il y a les abeilles de la Beauce et on pourrait vous nommer de
nombreux autres projets qui sont faits avec l'entreprise privée, mais
avec l'encadrement scientifique du ministère. Nous, ce qu'on fait - et
je pense que cela devrait être de plus en plus comme cela - c'est fournir
l'encadrement scientifique et travailler avec des producteurs qui sont
là, des producteurs réguliers en agriculture, mais des gens qui
sont peut-être plus sensibilisés à tel genre de question.
Dans le cas de M. Rousseau, c'est un fanatique des abeilles qui
s'intéresse à tout ce qui concerne les abeilles. Il est
évident qu'il...
Une voix: Il est piqué par cela. M. Garon: Il a la
piqûre.
M. Proulx: La piqûre. Donc, en général, vous
partagez la même pensée, la même philosophie que votre
ex-collègue du Conseil des ministres.
M. Garon: Non, je pense que M. Parizeau, au fond, a la même
pensée que le gouvernement.
M. Picotte: M. Parizeau était rendu tellement à
court d'idées qu'il fallait qu'il parte.
M. Garon: Non, il a...
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon:... la même philosophie que le gouvernement.
Une voix: C'est cela.
M. Garon: Il faut rendre au privé ce qui est mieux fait
par l'entreprise privée.
M. Picotte: Il faut garder les canards boiteux.
M. Proulx: Il faut donner au privé ce qui appartient au
privé.
M. Garon: Hein? Sauf qu'il n'avait pas tendance à
capitaliser assez les sociétés d'État.
M. Proulx: Ah bon! À quoi faites-vous allusion,
là?
M. Picotte: Cela a fait boiter les canards.
M. Garon: C'est-à-dire que quand on veut qu'une
société d'État marche, il faut lui donner autant d'argent
qu'elle en aurait dans l'entreprise privée pour fonctionner. C'est
souvent le défaut des gouvernements de ne pas assez capitaliser leurs
sociétés d'État en disant: Si elles ont des
déficits, de toute façon, c'est le gouvernement qui va les payer.
Si, au point de départ, vous avez une compagnie d'État et que
vous ne mettez pas la capitalisation suffisante, votre apport d'emprunts est
très important et, à ce moment-là, c'est évident
qu'il y a des intérêts à rembourser. Si on voit les taux
d'intérêt qu'il y a eu en 1981, 1982 et 1983, par exemple, qui ont
été très élevés, c'est évident que,
quand une société est sous-capitalisée, elle peut
difficilement générer des profits lorsque les
intérêts sont très élevés et qu'il n'y a pas
beaucoup de capitalisation dans la société.
Si vous regardez, par exemple, le cas de la raffinerie, depuis 1944,
cela a été une entreprise qui a été
sous-capitalisée sous tous les gouvernements. Moi, la bataille que j'ai
faite, cela a été d'essayer, au contraire, de la capitaliser
convenablement. Si elle avait été capitalisée
convenablement, elle n'aurait jamais fait de déficit
véritablement. J'ai l'intention de rendre publics bientôt les
profits et les pertes générés par la raffinerie depuis
1944. On verra que les deux colonnes s'égalisent. Si une entreprise, au
fil des ans, soit 40 ans, a fait autant de profits que de pertes au
gouvernement, c'est-à-dire qu'il y a autant de profits que de pertes si
on additionne tout cela, et que cela a fait travailler au cours des
années des milliers de personnes... L'entreprise est bonne ou elle n'est
pas bonne. Moi, je dis que le rôle du gouvernement est d'être un
agent du développement économique. Si une entreprise est capable
de vivre dans ces conditions, au contraire, je dis qu'elle est très
bonne pour le développement économique. Mais si je pense comme un
comptable, qui fait des équilibres budgétaires une fois par
année, c'est une autre affaire, car un comptable a une vision
très restreinte de la réalité. Un homme politique qui
s'occupe de développement économique doit avoir une vision
beaucoup plus à moyen et à long termes.
Quand il parle de la raffinerie, M. Parizeau raisonne comme un comptable
qui a une vision à court terme.
M. Picotte: C'est un comptable de H & R Block.
M. Dubois: Je ne faisais pas allusion à cela du tout.
M. Picotte: Mais avec la vision sophistiquée du ministre
dans le domaine des finances, je comprends maintenant la rumeur qui voulait, en
pleine crise au mois de décembre, que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation soit nommé ministre des Finances.
Je pense que c'est une erreur que le premier ministre a faite encore une fois
de ne pas l'avoir nommé là. Cela aurait réglé une
bonne partie des finances de l'État ainsi que de toutes les
sociétés d'État. (10 h 45)
M. Garon: Cela démontre plutôt qu'au gouvernement,
il y a beaucoup de personnes qui pourraient jouer plusieurs rôles.
C'est-à-dire qu'il y a plusieurs personnes qui pourraient bien jouer le
rôle du ministre des Finances. Je suis convaincu que mon collègue,
Yves Duhaime, le député de Saint-Maurice, va être un
excellent ministre des Finances.
Il y a aussi plusieurs personnes au sein du gouvernement qui pourraient
jouer ce rôle-là. Cela montre la richesse de la députation
du Parti québécois.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre. M. le
ministre. Je dis oui mais c'est...
M. Garon: Mais je me méfierais, par exemple, si M.
Bourassa était premier ministre et que son ministre des Finances soit
Pierre Paradis. J'ai l'impression que cela ne marcherait pas.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre. M. le
ministre.
M. Proulx: L'équipe diminue un peu. Vous savez qu'elle est
maintenant à 60.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Saint-Jean. Là, évitez les piqûres
à côté des abeilles.
M. Picotte: Ou les piqûres d'abeille; un des deux.
M. Proulx: D'accord.
M. Picotte: J'aimerais aborder aussi une question peut-être
un peu plus générale, puisqu'on parle de l'élevage de
l'abeille et qu'on parle des abeilles. Le ministre se souviendra que nous avons
voté une loi à l'Assemblée nationale, il y a un an.
D'ailleurs, cela faisait suite à une manifestation où une
gentille abeille avait eu le culot de piquer notre ministre de l'Agriculture,
ici en face du parlement.
M. Garon: Elle a aimé mon sang.
M. Picotte: D'ailleurs, cette abeille doit être morte
depuis longtemps.
M. Garon: Elle avait du goût. C'est une abeille qui avait
du goût.
M. Picotte: En tout cas, si elle n'avait pas de goût, elle
avait de la place.
Une voix: Elle n'a pas nécessairement produit de miel, par
exemple.
M. Garon: Peut-être qu'elle avait un plus grand
appétit que les autres.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Picotte: Cette loi a été, d'ailleurs plusieurs
mois après, amenée devant l'Assemblée nationale. On a
été appelé à voter une loi concernant
l'assurance-récolte du côté des apiculteurs.
J'aimerais savoir du ministre, puisqu'on parle d'abeilles, si cette loi
est en vigueur présentement. Combien cela a coûté dans ce
domaine jusqu'ici? Quels sont les résultats en ce qui concerne les
apiculteurs? Est-ce que les apiculteurs se sont montrés satisfaits de
participer maintenant à l'assurance-récolte et de
bénéficier des retombées dans le domaine de l'apiculture
entre autres?
M. Garon: On avait dit, l'an dernier, qu'on adopterait la loi
pour qu'elle soit en vigueur pour l'année en cours et de façon
rétroactive, mais comme la loi a été adoptée au
mois de juin et qu'il fallait faire les règlements, on s'est rendu
compte en cours d'année que c'était inutile finalement parce que
c'était à peu près une année record en 1984,
à cause de la température et que dans le domaine de la production
de miel, les gens ne s'assureraient pas rétroactivement alors qu'ils
avaient eu une bonne année. À toutes fins utiles, finalement, le
régime va être mis en place pour l'année 1985.
Habituellement, il faut s'assurer avant la période et la période
commence, si ma mémoire est bonne, le 1er avril. On a mis cela
rétroactif au 1er avril, mais comme on l'a adoptée au mois de
juin, personne ne se serait assuré parce que c'était une bonne
année. Ce qu'on a fait, à ce moment-là, on a
travaillé sur le règlement. Le règlement sera
annoncé bientôt, pour l'année d'assurance qui va commencer
en 1985. Mais l'année dernière...
M. Picotte: Quand on a adopté la loi, on avait
parlé d'ajustements; même s'il était déjà
tard, on a dit qu'ils pourraient bénéficier de cela. Finalement,
ils n'en ont pas bénéficié parce que, en fait, le
ministère ne l'a pas mise en vigueur.
M. Garon: Cela aurait été inutile. L'an dernier, on
avait dit: On va appliquer le règlement et on pourra s'assurer
rétroactivement. Comme on a fait la loi en juin et que, pour faire le
règlement, cela nous aurait menés au mois d'août, on avait
déjà une bonne idée de ce qu'était la
récolte et voyant la situation, cela n'aurait eu aucun effet. On aurait
pu adopter le règlement en septembre ou en octobre, mais on s'est dit:
Cela va donner quoi au juste d'essayer d'assurer du monde alors que
l'année est bonne et qu'il n'y aura pas de dommages? Le règlement
sera annoncé et mis en vigueur prochainement, pour l'année 1985.
Pour 1984, il n'aurait eu aucun effet; on aurait fait une campagne d'assurance
inutile parce qu'on n'aurait pas payé. Cela aurait même
été incorrect pour le gouvernement, sachant d'avance qu'il ne
paierait pas, d'essayer d'assurer les gens rétroactivement en 1984.
Quand on assure au début de l'année, comme en 1985, on ne
sait pas si on va payer ou non. Avoir fait une campagne de publicité,
avoir rencontré les gens pour leur dire "assurez-vous" en sachant
d'avance qu'on ne paierait pas, cela n'aurait pas été très
correct.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Maskinongé, les questions sur les engagements
financiers doivent porter sur l'engagement lui-même. Là, nous
débordons le cadre de notre règlement, ce qui n'est pas permis
dans la discussion. Je veux bien spécifier que, quand il y a le mot
"abeille", cela ne permet pas de discuter de tous les sujets qui touchent les
abeilles. C'est l'engagement qu'il y a ici. C'est pour cela que je demande aux
membres d'être plus pertinents, dans le respect de notre
règlement.
M. Picotte: M. le Président, j'aimerais soulever une
question de règlement, à ce moment-ci, non pas pour contester
votre décision, mais simplement pour rappeler, le plus gentiment
possible - je ne sais pas, mais je pense que c'est la première fois que
vous présidez nos travaux, en tout cas, à ma connaissance...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Maskinongé, juste une remarque. J'ai
assisté antérieurement à de nombreuses séances des
engagements financiers; vous étiez là et d'autres de vos
collègues étaient là avant.
M. Picotte: Je ne sais pas ce qu'en pensent mes collègues,
mais je sais qu'il est de coutume, lors de l'étude des engagements
financiers, d'avoir le plus d'éclairage possible du ministre concernant
certaines questions.
C'est d'ailleurs pour cela qu'on en est arrivé, au mois de
septembre, à étudier le cas 18. On dit: Compte tenu qu'à
d'autres endroits on ne peut pas aller poser des questions ou quoi que ce soit,
cela sert d'éclairage généralement. Je ne crois pas que
mes collègues d'en face ou mes collègues de ce
côté-ci soient opposés à ce qu'on parle de certaines
questions qui sont susceptibles de fournir un éclairage sur
l'administration de l'agriculture comme telle. C'est un peu cela. M. le
Président, je vous en fais simplement la remarque. Il me semble que ce
serait de bon aloi qu'on accepte de poursuivre une discussion franche qui vient
apporter certains éclaircissements dans certains domaines.
Le Président (M. Beauséjour): Avant de laisser
l'adjoint parlementaire et député d'Arthabaska faire son
intervention, j'aimerais vous signaler que nous avons trois heures pour
discuter des engagements des différents mois à l'ordre du jour.
Nous avons environ une heure d'écoulée sur un engagement. Je vous
rappelle que la seule raison qui serait acceptable pour prolonger la discussion
sur un engagement serait sur consentement de tous les membres de la commission.
M. le député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Justement, M. le Président, sur
l'engagement 18 qu'on discute actuellement, tout en respectant votre
volonté, je crois que les questions qui ont été
posées sont pertinentes et visent à informer tant les
députés que l'ensemble de la population sur
l'assurance-récolte au niveau des abeilles. De ce côté-ci,
on donne notre consentement pour approfondir davantage la situation tant et
aussi longtemps qu'on s'en tiendra, sur différents articles, à
des questions pertinentes qui touchent de près ces
articles-là.
Le Président (M. Beauséjour): Sur la question qui
était en discussion tantôt et que je ne considère pas
pertinente, selon l'engagement qui est ici, je voudrais qu'on poursuive et
qu'on s'en tienne aux engagements tel que le règlement nous le
demande.
M. Picotte: M. le Président, je sollicite le consentement
pour poser une ou deux questions additionnelles sur le sujet que j'avais
abordé parce que je pense qu'il est important qu'on ait certains
éclaircissements là-dessus.
Le Président (M. Beauséjour): Y a-t-il
consentement?
M. Baril (Arthabaska): J'ai déjà donné mon
consentement.
M. Picotte: Merci.
Le Président (M. Beauséjour): Il y a consentement.
M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le ministre, est-ce que vous auriez eu des
représentations de la part de certains producteurs ou de certains
apiculteurs concernant justement la mise en vigueur de cette loi dans les
meilleurs délais? Personne ne s'est plaint de cela jusqu'à
maintenant? Est-ce que les gens veulent que cette loi soit opérante dans
les meilleurs délais?
M. Garon: Cela va être dans les meilleurs délais. Le
règlement a été acheminé au Conseil des ministres
et au Conseil du trésor pour être annoncé prochainement,
aussitôt que ça va être adopté.
En 1984, quand le projet de loi a été adopté, on a
dit: On voudrait adopter le règlement pour 1984, mais
rétroactivement au 1er avril. Il ne sera pas adopté pour 1982,
1983, les années antérieures. Comme le projet de loi a
été adopté en juin 1984, on travaille sur le
règlement. Vous savez qu'en juillet, au gouvernement, il y a beaucoup
d'absences à cause des vacances. On se retrouve au mois d'août ou
au mois de septembre pour dire: Est-ce qu'on adopte le règlement pour
1984? On se rend compte, si on adopte le règlement pour 1984 et qu'on
retire des cotisations, qu'on ne paiera pas pour les abeilles parce que les
récoltes ont été excellentes, sont excellentes, tout va
bien dans le domaine des abeilles.
Pour en donner une idée, on vient de me produire la moyenne de
production par ruche: en 1980, c'est 21 kilos par ruche; en 1983, 48, 3 kilos;
en 1984, 64, 1 kilos. On sait d'avance, d'après ce qui se passe dans les
ruchers, que c'est une année où on ne paiera pas. Est-ce qu'on va
mettre en vigueur un règlement, commencer à faire une campagne
pour faire assurer des gens alors qu'on sait que la maison n'a pas
brûlé? C'est un peu comme si j'avais dit, en 1984: Je suis
prêt à vous donner une assurance rétroactive sur votre
maison. Et, en 1985, je viens pour vous assurer pour 1984,
rétroactivement, mais votre maison n'a pas brûlé en 1984.
Vous me diriez: Es-tu fou? Je ne suis pas pour m'assurer, ma maison n'a pas
brûlé. C'est ça qui serait arrivé pour les abeilles.
En 1984 ça ne donne rien de mettre un règlement en vigueur, de
mettre des gens qui vont l'administrer, d'essayer de vendre une assurance alors
que tout est correct. Ce qu'on a préféré faire, c'est
qu'on va l'appliquer pour 1985 et le règlement, actuellement, est en
préparation et il va être prêt pour annonce dans quelques
jours plutôt que dans quelques semaines.
M. Picotte: Est-ce que vous avez eu des représentations
d'apiculteurs face à ce problème?
M. Garon: Pourquoi?
M. Picotte: Ceux qui s'interrogeaient sur le fait que cette loi
n'était pas entrée en vigueur et qui vous demandaient quand elle
devait entrer en vigueur?
M. Garon: C'est possible, ça. Cela dépend à
quelle période. Au mois de juin, les gens voulaient tous qu'on mette le
règlement en vigueur, une fois la loi adoptée. Mats les semaines
ont passé et quand les gens voyaient leurs récoltes, voyaient ce
qui s'en venait, comment cela se passait, le climat, la saison, et tout cela,
il y en avait de moins en moins qui devaient penser cela. À partir de
septembre, à toutes fins utiles, on n'avait pas vraiment de
demandes.
M. Picotte: De toute façon, M. le Président, je
voulais tout simplement souligner à...
M. Garon: Pour 1985, les gens ont hâte que ce soit
annoncé.
M. Picotte: Je voulais souligner à M. le ministre - je ne
sais pas s'il en a reçu - que j'ai reçu une cinquantaine de
lettres d'apiculteurs qui pressent le gouvernement d'agir dans ce domaine dans
les meilleurs délais. C'est en date du 2 février. J'ai un exemple
de lettre et j'en ai plusieurs, d'ailleurs.
M. Garon: Avez-vous une copie de vos 50 lettres?
M. Picotte: Oui, je vais vous les envoyer, toutes les 50. Je me
prépare à vous envoyer une lettre aujourd'hui.
M. Garon: J'aimerais avoir une copie de vos 50 lettres.
M. Picotte: C'est cela.
M. Garon: J'additionnerai cela avec les miennes pour montrer au
gouvernement que c'est vraiment demandé.
M. Picotte: Vous les ajouterez à vos 50, mais
répondez seulement une fois, cependant, et toujours la même chose,
j'espère!
M. le ministre, est-ce qu'on peut d'ores et déjà
être assurés que, pour cette année, cette loi sera
opérante et que les apiculteurs auront la possibilité de
s'assurer par l'entremise de l'assurance-récolte, pour les dommages
pouvant être causés dans le domaine de l'apiculture? Est-ce que,
pour les apiculteurs, c'est une certitude qu'ils vont pouvoir
bénéficier de l'assurance-récolte en 1985 - maintenant
qu'on est assez tôt, on est presque au mois de mars - et que ce
règlement sera adopté ou si !e ministre prétend que cela
peut prendre encore un an avant que tout cela devienne opérant?
M. Garon: Je ne peux vraiment pas préjuger des
décisions du gouvernement, mais je peux vous dire que la loi est
adoptée, que le ministère est favorable et qu'il n'y a pas de
raison de croire que ce ne sera pas adopté pour l'année 1985.
M. Picotte: Vous avez dit qu'au mois de juillet,
évidemment, cela devient difficile de faire travailler les
fonctionnaires à cause de leurs vacances annuelles, j'en conviens, mais
il y a eu quand même six ou sept bons mois depuis ce temps-là.
J'imagine que votre règlement doit être prêt...
M. Garon: Oui.
M. Picotte:... au moment où on se parle. Cela veut dire
que c'est une question de jours pour que cela paraisse dans la Gazette
officielle et que la loi soit promulguée.
M. Garon: C'est cela que j'ai dit tantôt. C'est
plutôt une question de jours qu'une question de semaines.
M. Picotte: Cela veut dire qu'en 1985 les apiculteurs vont
pouvoir bénéficier de l'assurance-récolte.
M. Garon: Toujours sous réserve de l'approbation
gouvernementale.
M. Picotte: La décision n'est pas prise de ce
côté-là.
M. Garon: C'est en processus.
M. Picotte: Très bien. M. le Président, en ce qui
concerne l'engagement 18, pour ma part, c'est réglé pour
l'instant.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 18 est
vérifié.
M. Picotte: Oui.
Le Président (M. Beauséjour): II y a un autre
engagement du mois de septembre.
M. Baril (Arthabaska): L'engagement 21.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 21. M.
le député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): À l'engagement 21, "subvention
à la Communauté urbaine de
Montréal à titre d'aide financière dans le cadre de
l'entente sur le programme d'inspection concernant les aliments sur son
territoire pour l'année 1984. " M. le ministre, c'est le programme
d'inspection des aliments sur le territoire des villes.
M. Garon: Quel numéro?
M. Baril (Arthabaska): 21, On sait que c'est un programme que
vous avez mis en place conjointement avec les villes, Je voudrais savoir, pour
ce qui est de la Communauté urbaine de Montréal, si les
coûts pour le ministère sont l'équivalent de ceux de l'an
passé, 1983. Sont-ils plus élevés, moins
élevés, est-ce le même prix? (11 heures)
M. Garon: Il y a eu une baisse graduelle je vais avoir les
chiffres bientôt puisqu'il y a eu, si on veut, une systématisation
de l'inspection au point de vue des aliments. Un des objectifs principaux, je
dirais même l'objectif principal en 1978, à la conférence
socio-économique ou sommet agro-alimentaire qui avait eu lieu en avril
1978, c'était l'uniformisation de l'inspection au Québec. Si on
se rappelle, dans le temps, il y avait des règlements
fédéraux, provinciaux, municipaux qui étaient
différents à Montréal, Québec, Sherbrooke, etc. Il
fallait adopter l'uniformisation. On a travaillé très fort
là-dessus même si ce n'est pas cela qui fait trémousser le
monde dans les estrades quand on dit qu'on est en train de réformer
l'inspection alimentaire. Sauf qu'aujourd'hui, avec les lois qui ont
été adoptées, les règlements qui ont
été faits, on peut dire qu'il y a une grande charte de
l'inspection alimentaire au Québec, qui est la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments, qui couvre tous les produits
agricoles, les produits de la mer et les produits transformés. Il a
fallu faire des ententes avec les villes dont la Communauté urbaine de
Montréal, pour la région de Montréal, avec Sherbrooke et
la ville de Québec - actuellement, à ce sujet, il y a des
discussions avec la ville de Trois-Rivières -pour en arriver à
une réglementation qui entre dans le cadre de la Loi sur les produits
agricoles, les produits marins et les aliments.
La loi 49 qu'on a adoptée en 1982, dont les règlements
n'ont pas encore été faits mais sont en discussion actuellement,
ont pour but de terminer l'opération, d'aller plus loin. Je peux vous
dire que, là-dedans -je fais cela pour faire un tour d'horizon -les deux
décisions de la Cour suprême: l'arrêt Labatt au
Québec en 1979 et, en 1980, l'arrêt Dominion en Ontario, ont
établi de façon sûre la juridiction du gouvernement du
Québec au niveau de la production alimentaire et au niveau du commerce
local. La juridiction fédérale demeurera uniquement au niveau du
commerce interprovincial et international.
Comme on sait qu'au niveau international, ce qui est préoccupant,
ce sont beaucoup plus les normes des pays importateurs que des pays
exportateurs, la juridiction fédérale actuellement est beaucoup
plus en état de recherche. Les gens se demandent sur quoi ils peuvent
l'appliquer exactement. Même s'ils ont continué un peu à
faire ce qu'ils faisaient avant, ils savent qu'ils n'ont pas l'autorité
juridique pour le faire comme auparavant. Ils sont en état de recherche,
tant au ministère de la Santé qu'au ministère de
l'Agriculture à Ottawa. Ils ont communiqué avec nous et nous leur
avons dit que nous avions l'intention d'occuper nos juridictions.
Tout cela se fait d'une façon coordonnée. Il fallait
d'abord faire notre ménage dans notre propre maison et faire la
coordination entre les municipalités et le gouvernement du
Québec. Maintenant, c'est chose faite à toutes fins utiles.
Dans les coûts que vous avez mentionnés, c'est qu'en 1982,
cela avait coûté 5 300 000 $, en 1983, 4 500 000 $ et, en 1984, 3
893 250 $. Donc, une diminution des coûts et non pas une diminution de la
qualité de l'inspection parce que l'organisation de l'inspection est
faite d'une façon différente, uniforme et selon les mêmes
barèmes. Parce que aujourd'hui, par exemple, cela ne donne rien
d'envoyer des vétérinaires deux ou trois fois par année
visiter une ferme alors qu'on analyse le produit chaque fois qu'il entre dans
l'usine laitière pour voir sa qualité. Si on allait visiter une
ferme pour savoir son état, au cours de l'année, et qu'ensuite le
lait qui entre, qui vient de cette ferme, est bon, il n'y a pas de raison
d'aller faire des tours sur la ferme régulièrement. S'il arrivait
que le lait qui entre de la ferme ne soit pas bon, il faudrait retourner sur la
ferme pour voir ce qui se passe. C'est ce qu'on fait de façon
méthodique, alors que la méthode utilisée par la
Communauté urbaine était beaucoup plus coûteuse, pour ne
pas donner de meilleurs résultats.
Évidemment, tout cela a fait une standardisation, a
évité des dédoublements d'inspection et, par la suite, a
comblé les zones grises. Maintenant, on essaie de ne pas aller à
deux ou trois inspecteurs dans la même entreprise alors qu'autrefois,
pouvaient arriver dans l'entreprise, l'inspecteur de la Communauté
urbaine de Montréal, l'inspecteur du gouvernement du Québec,
l'inspecteur fédéral. Maintenant, on a essayé de faire le
ménage, à notre point de vue. Cela ne veut pas dire que
l'inspecteur du gouvernement du Québec n'ira pas, occasionnellement,
comme superviseur de l'ensemble de l'opération, mais, de façon
systématique, selon les ententes, le
gouvernement du Québec va à tel endroit, le gouvernement
municipal à tel autre endroit, même si le gouvernement du
Québec maintient son rôle de coordination et de surveillance. Je
pense que c'est une des plus belles réalisations du gouvernement actuel,
car, habituellement, les gouvernements ne font que des choses qui sont
très rentables politiquement. Je peux vous dire que, dans ce cas, la
rentabilité politique est peut-être neutre au fond, sauf que
l'entreprise est moins achalée qu'avant par toutes sortes
d'opérations. Je n'aimerais pas que, demain, M. Parizeau me demande de
le faire, c'est déjà fait. Le but, c'est d'arrêter des
emmerdements dans l'entreprise, de dédoubler les inspections. Cela a
été une grosse opération, difficile à
réaliser, mais elle est faite. Maintenant, il faut faire l'autre
étape entre les services fédéraux et les services du
Québec. Comme la nouvelle mentalité fédérale, qui a
commencé du temps des libéraux, qui fut établie en
principe du temps des libéraux, est de faire payer l'inpection faite par
le gouvernement fédéral, évidemment, dans ce cadre,
l'uniformisation de l'inspection entre le gouvernement fédéral et
le gouvernement du Québec est beaucoup plus facile. Je pense que,
éventuellement -on peut l'imaginer maintenant dans une période
beaucoup plus rapprochée - le gouvernement du Québec assurera
l'inspection totale sur son territoire et les inspecteurs
fédéraux viendront vérifier les normes qu'ils
établiront concernant l'exportation du commerce interprovincial. S'il y
a lieu de le faire, ils peuvent le faire. Actuellement, c'est évident
qu'il y a encore des dédoublements. Je n'accepte pas qu'actuellement,
par exemple, certaines épiceries ou certaines chaînes alimentaires
veuillent avoir absolument du boeuf "Approuvé Canada" alors que les
normes d'inspection du Québec sont aussi sévères que
celles du fédéral et que les normes de construction des
établissements sont plus sévères au niveau du
Québec qu'au niveau fédéral, alors que l'inspection n'est
même plus permanente au niveau fédéral; le caractère
de permanence de l'inspection qui est garanti par l'inspection du Québec
est maintenu et que celui du gouvernement fédéral n'est pas
maintenu. Ce n'est pas une attaque, cela veut tout simplement dire que,
lorsqu'une chaîne alimentaire fait croire qu'il y a une meilleure
inspection lorsque que c'est "Canada Approved" plutôt que "Québec
Approved", ce n'est pas exact et, s'il y a quelque chose, c'est même le
contraire.
M. Baril (Arthabaska): Est-ce qu'il reste à signer une
entente avec la ville de Trois-Rivières seulement ou s'il y en a
d'autres au Québec?
M. Garon: Non, c'est le contraire. On a signé avec la
Communauté urbaine de Montréal. On a d'abord signé avec la
ville de Québec, ensuite avec la ville de Sherbrooke. Il y a eu, par la
suite, un avenant avec la ville de Québec et avec la communauté
urbaine. Des ententes sont signées avec ces municipalités et les
communautés urbaines. Il reste à signer seulement avec la ville
de Trois-Rivières actuellement. Un processus est entamé. Si la
ville de Trais-Rivières veut entrer dans ce cadre, elle peut le faire,
c'est prévu dans la loi. Elle vient de soumettre sa
réglementation. Elle a été plus lente que les autres
à la présenter, mais il n'y a pas de date, elle peut le faire
lorsqu'elle le veut. Elle vient de le faire. Actuellement, normalement, le
même processus est engagé avec Trois-Rivières et cela
devrait donner les mêmes résultats. Je m'attends qu'avant
longtemps on ait une entente aussi avec Trois-Rivières. Les principales
villes du Québec, ce qui était prévu dans la loi, ont
signé des ententes avec le gouvernement du Québec, comme toutes
les communautés municipales de plus de 100 000 de population, dans
l'avenir, pourront le faire également, si elles le souhaitent.
M. Baril (Arthabaska): D'accord, c'est bien.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 21 est
vérifié. Engagement 22? M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Une subvention additionnelle à l'Association
coopérative des pêcheurs de Carleton. Pourquoi y a-t-il une
subvention additionnelle?
M. Garon: À l'engagement 22, qui a posé une
question?
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Saguenay.
M. Proulx: Ce n'est pas la même réponse selon le
côté?
M. Garon: Pardon?
M. Prouîx: Ce n'est pas la même réponse si
cela vient d'un côté ou si cela vient de l'autre?
M. Picotte: Il attend la réponse, il a posé sa
question.
M. Garon: Quelle est sa question?
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Saguenay.
Une voix: Pourquoi le dépassement?
M. Garon: Ah! le dépassement, parce que l'Association
coopérative des pêcheurs de Carleton avait présenté
un premier projet. Elle pensait bâtir à même la vieille
usine, sur deux étages. Ce projet respectait les normes. On l'avait
accepté, mais beaucoup de gens avaient des réserves sur le fait
de bâtir une usine de cette façon, sur deux étages. On lui
a dit, nous autres aussi: C'est votre projet. Vous avez le droit de bâtir
sur deux étages, sur trois étages, sur dix étages, si vous
voulez. C'est assez rare dans ce genre d'entreprise, mais c'est votre projet.
On l'a accepté. Mais ils se posaient un certain nombre de questions eux
aussi, et ils ont décidé de faire un deuxième projet qui
était sur un étage avec une construction neuve plutôt
qu'à même l'ancienne bâtisse qui était vraiment
vieille. Cela aurait été un peu faire une nouvelle usine ou une
nouvelle automobile avec un Ford 1940, il y a une certaine limitation. C'est un
peu cela qu'il y avait dans le portrait. Ils ont décidé de faire
un nouveau projet et on leur a fait une offre de subvention en fonction du
nouveau projet, mais il était un peu plus cher que le premier.
M. Maltais: Mais lorsque les plans de la première usine
ont été approuvés par te ministère c'est là
que vous avez établi le montant de la subvention par rapport à
leur investissement, par rapport à leurs plans qui sont approuvés
par le ministère?
M. Garon: C'est cela.
M. Maltais: En cours de route ils changent d'idée et vous
approuvez les nouveaux plans de l'usine.
M. Garon: Oui.
M. Maltais: Là, est-ce qu'ils ne changeront pas
d'idée en cours de route?
M. Garon: Je ne le sais pas parce que...
M. Maltais: S'ils changent d'idée allez-vous continuer
à mettre des subventions additionnelles?
M. Garon: Non, je ne pense pas. S'il y a quelque chose qui est
changé dans leur idée, on va peut-être réduire les
investissements.
M. Maltais: Bien écoutez...
M. Garon: Je n'ai pas l'impression qu'ils vont augmenter.
M. Maltais:... cela n'a pas démontré cela
encore.
M. Garon: C'est toujours dans le cadre du programme. Ils
respectent le programme entièrement.
M. Maltais: Je ne dis pas qu'ils ne respectent pas le programme,
M. le ministre, mais je trouve que vous changez souvent de programme.
M. Garon: Non, non. Le programme ne change pas, c'est qu'ils
changent de projet. Un propriétaire d'une usine qui veut changer son
programme, s'il respecte les normes et les règlements sur la
construction des usines de produits marins, il peut changer de projet aussi
souvent qu'il le veut.
M. Maltais: Ce n'est pas là une façon d'augmenter
les montants de subventions additionnelles à chaque fois?
M. Garon: II y a un cadre au programme, il y a un maximum et tout
est prévu dans le programme. S'ils sont dans le cadre du programme on ne
peut pas refuser.
M. Maltais: Ce n'est pas une subvention dans le cadre du
programme, c'est une subvention additionnelle au programme.
M. Garon: Oui, mais en dedans du maximum prévu par le
programme
M. Maltais: C'est quoi le maximum dans leur cas?
M. Garon: Le maximum dans le cadre c'est 400 000 $.
M. Maltais: Vous êtes rendus à environ 300 000 $,
347 000 $.
M. Garon: C'est cela, on est encore en dedans de la limite. On a
droit jusqu'à 400 000 $ sans autorisation spéciale; c'est dans le
cadre du programme régulier pour des investissements de 2 000 000 $.
M. Maltais:.. encore une fois.
M. Garon: On ne les encourage pas à changer d'idée,
on ne les encourage pas à augmenter leurs investissements.
M. Maltais: Une chose bizarre... Lorsqu'un plan est adopté
par votre ministère à une entreprise il devrait être
final.
M. Garon: Non.
M. Maltais: Non.
M. Garon: Si vous êtes propriétaire d'une entreprise
et que vous faites un plan et qu'à un moment donné en cours de
route vous vous rendez compte que votre plan
respecte nos normes mais qu'il pourrait être meilleur, qu'il
pourrait être mieux fait... Cela vous démontre la
flexibilité de nos programmes et de notre administration.
M. Maltais: Et la façon aussi d'augmenter les
subventions.
M. Garon: C'est cela. M. Maltais: Merci.
M. Garon: Habituellement vous dites qu'on n'en donne pas assez.
Là vous trouvez qu'on en donne trop à la Coopérative de
Carleton.
M. Maltais: Non, je n'ai pas dit que vous n'en donniez pas assez
ni que vous en donniez trop, je posais des questions sur les crédits,
c'est mon droit, et je reçois vos réponses et je les prends.
M. Garon: C'est cela.
M. Maltais: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. L'engagement
22.
M. Picotte: M. le Président, c'est l'engagement 23.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 22 est
vérifié. L'engagement 23. M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: C'est simplement pour demander au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation... 3e remarque qu'il y
a une subvention à M. Desrochers, à titre d'aide
financière dans le cadre du programme agricole Développement des
cultures abritées; tout près de 40 000 $. J'aimerais qu'il parle
un peu de son programme. Comment le programme des serres fonctionne-t-il
présentement? Est-ce qu'il y a plusieurs projets en marche? Est-ce que
de ce côté il y a eu pas mal de demandes d'aide de la part des
producteurs dans le cadre du programme des cultures abritées? Autrement
dit, je voudrais que le ministre me fasse un résumé de la
situation dans le domaine des serres?
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre.
M. Garon: On va vérifier si on a ces données
ici.
Une voix: On n'a pas cela ici.
M. Garon: On n'a pas le total actuellement ici. On va avoir une
période de temps pour les crédits bientôt et on va analyser
cela dans le cadre des crédits généraux. On ne l'a pas ici
avec nous, on a ces renseignements mais on ne les a pas avec nous ici.
Une voix: Il faudrait s'entendre. Vous voulez avoir des
données sur les chiffres et non pas sur le contenu du programme, M.
Picotte?
M. Garon: Il veut avoir les résultats.
M. Picotte: Je voudrais savoir comment fonctionne le programme au
moment où l'on se parle.
M. Garon: On peut vous dire comment fonctionne le programme, mais
on ne peut pas vous donner les résultats financiers, si c'est cela que
vous voulez avoir.
M. Picotte: Non, non. Je veux savoir comment fonctionne le
programme présentement. (11 h 15)
M. Garon: Il y a une possibilité de 40 000 $ au maximum
sur l'isolation des serres. Le programme prévoit une aide
financière égale à 50% des investissements reconnus
admissibles, jusqu'à 10 $ par mètre carré en culture,
jusqu'à un maximum de 40 000 $ par exploitation agricole. Pour M.
Desrochers, dans ce cas-ci, il s'agissait de réaliser une isolation de
cinq serres, l'achat et l'installation de système de couverture thermale
pour une superficie de 3920 mètres carrés et les investissements
se chiffrent à 85 124 $. Il a eu droit à cause du nombre de
mètres, à ce moment c'est le moindre des deux, dix fois le nombre
de mètres, à 39 204, 60 $ en fonction de la superficie couverte
qui est un peu moins de 50% des investissements qu'il a
réalisés.
M. Picotte: Y a-t-il plusieurs cas comme cela en province ou
si... ?
M. Garon: Oui. M. Picotte: Oui. M. Garon: Oui.
Une voix: On ne peut pas vous les donner tout de suite, mais on
l'aurait et on pourrait vous le donner...
M. Picotte: M. le Président, en ce qui nous concerne, on
est prêt à adopter...
Le Président (M. Beauséjour): Les engagements... M.
le député d'Arthabaska.
Une voix: Et-ce que cela arrive souvent que des montants
supplémentaires sont accordés pour l'amélioration des
cours d'eau?
M. Garon: Je ne dis pas que cela n'arrive jamais, mais que
voulez-vous? C'est impossible. On ne peut pas faire les sondages des cours
d'eau à creuser sur toute la longueur du cours d'eau. Vous savez que,
dans un cours d'eau, il y a une couche de terre plus ou moins épaisse,
de roc plus ou moins près, cela peut être de la "gornotte" entre
les deux. Alors quand on donne le cours d'eau, on a une approximation.
Maintenant, si cela coûte plus cher, le taux horaire est prévu
dans le contrat et on fait le coût additionnel en fonction d'un taux qui
a été prévu au moment du contrat. Il arrive des
dépassements. Comme ici, la note que j'ai dans ce cas-ci: "Cette
majoration du coût des travaux est due à la présence de
roc, classe A, en plus forte proportion que celle prévue au moment de la
préparation du projet. " Il y a un peu plus de roc à creuser.
C'est cela qui fait que les coûts ont été un peu
augmentés. Ici, j'ai une statistique très intéressante. Je
suis content de voir que les fonctionnaires ont dû prévoir la
question parce qu'elle revient souvent. Sur le nombre de travaux
réalisés: Nombre de contrats des travaux terminés du 1er
avril 1984 au 25 février 1985. Il y avait le nombre de contrats en
cours: 650; le nombre de contrats terminés: 427. C'est un grand nombre.
En bas du prix, il y en a eu 263, soit 61, 6% où le coût du
contrat a été plus bas. Au même prix, cela n'a pas
coûté rien de plus ni de moins: 62, donc 14, 5%? et en haut du
prix, plus cher que prévu: 102, soit 23, 9%. Si on regarde le total de
cet ensemble, cela a coûté 9 000 000 $... Pardon! On avait
prévu 9 934 000 $ et cela a coûté 9 671 700 $; donc le
total des crédits en bas est périmé par rapport aux
contrats: 262 300 $ de moins que le montant prévu. Ce qui veut dire au
fond, si on regarde cela, que l'on ne peut pas facilement faire mieux que
cela.
M. Baril (Arthabaska): Vous avez des données
intéressantes.
M. Picotte: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous
sommes prêts à reconnaître avoir vérifié les
engagements du mois de septembre 1984.
Le Président (M. Beauséjour): Les engagements
financiers du mois de septembre sont considérés
vérifiés. Nous passons aux engagements financiers du mois
d'octobre.
Octobre
M. Picotte: Merci, M. le Président. Octobre 1984.
J'attends - parce que le ministre a l'air d'être en train de se
démêler dans l'histoire des cours d'eau - pour ne pas
répéter ma question comme l'a fait mon collègue
tantôt.
M. Garon: Je vais vous dire une chose...
M. Picotte: Non, non, je n'ai pas d'objection à cela.
M. Garon: Je suis contente de la question parce que les
résultats sont encore meilleurs que ce que je pensais.
M. Picotte: Bon, alors...
M. Garon: Habituellement, on m'accuse d'être trop
optimiste.
M. Picotte: M. Bégin en prend bonne note et il enverra un
écrit de vantardise au Soleil pour tâcher de vanter le ministre de
l'Agriculture de sa performance. Il n'y a pas de problème là.
M. Garon: Cela adonne bien. C'est un article dans le Soleil pour
éclairer l'Opposition.
M. Picotte: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Beauséjour): L'enga- gement, s'il
vous plaît!
M. Picotte: Vous n'aurez sûrement pas de misère
à éclairer M. Florent Plante non plus.
M. le Président, octobre 1984 l'engagement 2.
M. Garon: Oui. Les journalistes nous disent actuellement qu'ils
reçoivent dix communiqués des libéraux par rapport
à un du Parti québécois. Alors, je ne sais pas qui essaie
de monopoliser les journaux...
Le Président (M. Beauséjour): Engage- ment 2, M. le
ministre.
M. Garon:... parce que, nous on envoie très peu de
communiqués de ce temps-là.
Une voix: Engagement 2.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Huntingdon. L'engagement 1?
M. Dubois: 2.
Le Président (M. Beauséjour): 2
M. Dubois: M. le ministre l'engagement 2, contrat donné
à Terratech...
M. Garon: À qui?
M. Dubois: Terratech, engagement 2...
M. Garon: Terratech.
M. Dubois:... pour une étude géotechnique
comportant des sondages, des travaux d'exploration dans le bassin du Norton
Creek; pouvez-vous me dire si les travaux sont réalisés, puisque
c'est un engagements du mois d'octobre...
M. Garon: Je ne comprends pas.
M. Dubois:... ou, s'ils ne sont pas réalisés,
à faire du progrès des travaux? Est-ce que les travaux sont
réalisés actuellement?
M. Garon: Ils sont en cours.
M. Dubois: Pouvez-vous nous faire état du progrès
des travaux, puisque c'est un engagement du mois d'octobre? Est-ce que ces
travaux-là doivent se terminer bientôt?
M. Garon: Il y a trois contrats en cours en même temps. On
espérait avoir les résultats pour le mois de mars, mais on me dit
que cela va plutôt aller au mois de juin, peut-être juillet, parce
que ce sont des travaux complexes et tout cela va être de front. Il y a
le contrat de gérance et d'expertise sédimentologie qui, lui, est
en cours. Il y a lecontrat Hamel, Beaulieu et
Associés pour la conception des ouvrages et la préparation
des plans, qui est un contrat important et il y a le contrat à Terratech
en même temps pour les sondages, les travaux d'exploration et les
analyses en laboratoire. Tous ces travaux se font en même temps et c'est
pour cela qu'on espère avoir tous ces plans pour la fin du printemps, le
début de l'été.
M. Dubois: Il ne semble pas y avoir eu d'appel d'offres pour le
contrat à Terratech. On dit à l'astérique "choisi par un
comité de sélection". Est-ce que c'était le seul
fournisseur de ce genre de services? Est-ce que c'est la raison?
M. Garon: Non. On me dit que cela a été fait selon
les critères habituels par les fichiers, tout cela, sortir les noms des
firmes et... Il y a cinq firmes qui ont été sorties du fichier.
On a fait appel au fichier central des fournisseurs conformément
à la directive 378 en vue d'adjuger un contrat de services
professionnels pour la présente étude géologique et les
cinq firmes suivantes ont été invitées à
présenter une proposition et ont toutes répondu à cette
invitation, soit Fondatec inc., de Longueuil, Terratech (Division de SNC inc. )
de Montréal et Les Iaboratoires Bétonsol de Laval, Consultants
Géocontrol Ltée de Dollard-des-Ormeaux et Laboratoire d'essais
Universels (1964) inc. de Saint-Laurent. Conformément à la
même décision 378, l'évaluation des dossiers des firmes a
été faite à partir de la table de décision
prévue à l'annexe 1 et la firme Terratech de Montréal a
obtenu la plus haute note, soit 92, comme en témoigne le
procès-verbal du comité de sélection. C'est comme cela que
Terratech a été choisie.
M. Dubois: Mais dans l'ensemble des contrats de services qui ont
été alloués, qui ont été donnés pour
le bassin du Norton Creek, vous disiez tout à l'heure que c'était
pour se terminer vers le mois de juin. Est-ce que c'est l'ensemble des services
qui sera terminé ou si c'est ce contrat-là?
M. Garon: L'ensemble. M. Dubois: L'ensemble.
M. Garon: Tout cela se fait en même temps. On ne peut pas
faire les plans et les sondages. Tout cela se fait en même temps. Il y a
une coordination entre les trois. C'est pour cela qu'on di. qu'il y a une
gérance, un contrat de gérance. Pour l'expertise en
sédimentologie, il y a Hydrotech Sainnte-Foy, pour la conception et la
préparation des plans et devis d'un projet de détournement des
eaux de crue du Norton Creek. Il y a les contrats... Tous ces
contrats-là se font en même temps, en vue des aménagements
nécessaires au contrôle des crues du Norton Creek. Tout cela se
fait en même temps et doit arriver en même temps.
M. Dubois: Ce qui veut dire que le futur ministre de
l'Agriculture sera prêt à aller en soumissions aussitôt ces
services donnés, soit après le mois de juin.
M. Garon: C'est-à-dire le ministre actuel de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, à la demande du
monde rural, espérons-le. C'est là qu'on voit ça. Nous,
nous passons à l'inspection à tous les quatre ans et on verra ce
que les gens vont dire. Ils vont dire: On espère continuer avec le
même groupe ou changer. Les gens sont libres de décider. Mais je
suis persuadé que le monde agricole de la région dira: Enfin,
c'est le gouvernement actuel qui est le premier gouvernement à
décider de faire des travaux dans ce secteur-là. C'est lui qui
s'est embarqué dans tous ces travaux et qui veut faire ces travaux. Les
gens vont se dire qu'il est mieux de confier les contrats et l'administration
des travaux à ceux qui ont conçu les plans au cas où le
gouvernement changerait et voudrait recommencer les travaux, parce qu'ils
veulent donner des contrats à leurs "chums" et retarder les travaux
encore pour un autre mandat. Ils se diront peut-être qu'ils sont mieux de
demander le même groupe pour avoir l'assurance que les travaux vont
être faits parce que les plans sont faits et que tout est prêt.
Je peux vous dire que, si les plans peuvent être
complétés à temps, on a l'intention de procéder le
plus rapidement possible dans ce dossier.
M. Picotte: Si le gouvernement change, on confiera cela à
Mme Jocelyne Ouellette, à M. Yves Michaud et à quelques autres et
on est sûr que cela va bien fonctionner.
M. Dubois: Je peux assurer le ministre que personne dans la
région du sud de Montréal n'a de fleurs à envoyer au
ministre, parce que cela fait huit ans qu'on attend la réalisation des
plans. Ils étaient promis depuis 1977 et on ne les a pas encore. On nous
dit au mois de juin. On nous disait, il y a deux ans, que ce serait en 1983 ou
l'an passé. On nous l'a dit en 1978, en 1979 et en 1980. Enfin, cela
fait huit ans qu'on attend ces plans-là. Alors, le ministre n'a pas de
fleurs à se lancer personnellement. Quand même! C'est pour cela
que je vous dis, au point où on est rendu, qu'il est certain que ce sera
un nouveau ministre de l'Agriculture qui va procéder à la
réalisation des travaux. J'en suis sûr. En tout cas...
M. Garon: Vous savez que le Norton Creek n'a pas commencé
à inonder en 1977.
M. Dubois: Mais vous aviez fait des promesses à ce
moment-là, par exemple.
M. Garon: Nous autres, avant 1977, nous n'avons pas
été plusieurs années au pouvoir tandis que les
libéraux ont été au pouvoir pendant des
générations alors que le Norton Creek a connu ses beaux jours
d'inondation régulière annuelle. Tandis que, sous le gouvernement
actuel, on a fait un certain nombre d'efforts et on s'est rendu compte,
heureusement, que, si on avait suivi la méthodologie du temps, on
était en train de dilapider les terres. Si on regarde le rapport du
Sénat du Canada, on dit qu'il y a eu érosion des sols dans ces
régions-là. Or, avant 1977, le gouvernement actuel n'a jamais
été au pouvoir. Alors, si les terres, la couche...
M. Houde: Vous n'étiez pas au monde à ce
moment-là; alors, il n'y a pas de problème.
M. Garon: Si la couche a baissé, si on a fait du mauvais
drainage dans cette région-là, c'est grâce surtout au Parti
libéral ou à d'autres gouvernements, mais pas au gouvernement
actuel. Ce que nous avons fait, nous, c'est de faire faire des travaux
d'ensemble dans tout ce coin-là pour avoir le meilleur système
hydraulique qu'on puisse imaginer. On a utilisé les meilleurs cerveaux
qu'on a pu trouver pour faire ces plans, pour faire les conceptions
nécessaires pour faire les travaux.
Comme le premier ministre vous a dit qu'il n'y aurait pas
d'élection avant l'automne, je peux vous dire...
M. Houde: II dit bien des affaires, lui. Beaucoup.
M. Garon: Comme il ne doit pas y avoir d'élection avant
l'automne, je peux vous dire qu'il y a de bonnes chances que les contrats
soient signés avant qu'on déclenche les
élections.
M. Dubois: Alors, vous aurez attendu à votre
deuxième et même à votre troisième élection
pour procéder à quelque chose. Huit ans.
M. Garon: Non, ce n'est pas ça. C'est parce qu'il a fallu
faire les travaux de conception...
M. Dubois: Vous avez voulu organiser votre "timing" du creusage
du Norton Creek avec une troisième élection. Ce sont les gadgets
politiques que vous avez dans votre manche.
M. Garon: Mais vous autres, vous l'avez promis à chaque
année sans jamais rien faire.
M. Dubois: Ne revenez pas sur le passé. Cela fait neuf ans
que vous êtes là et vous n'avez rien fait.
M. Garon: Vous avez même été dans les deux
partis qui ont été su pouvoir dans les gouvernements
précédents. Vous auriez pu faire quelque chose, vous.
M. Dubois: Je n'étais pas là avant 1976. Je
n'étais même pas en politique.
M. Garon: Vous avez été avec les bleus et avec les
rouges...
Le Président (M. Beauséjour): À l'ordre! M.
le ministre, M. le député de Huntingdon, vous vous adresserez
directement au président à partir de maintenant.
M. Dubois: Oui, M. le Président. C'est fait. J'ai fini. On
a assez parlé. Passez à un autre engagement.
M. Garon: Les partis du député de Huntindgon ont
été au pouvoir de 1900 à 1976 et ils n'ont rien fait.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministre,
à l'ordre! M. le député de Huntingdon.
M. Dubois: Quant à moi, l'engagement
2 est terminé.
Le Président (M. Beauséjour): C'est
complété.
M. Baril (Arthabaska): Il a essayé deux partis, deux
gouvernements et cela n'a pas été mieux.
M. Houde: M. le député d'Arthabaska, à
l'ordre!
M. Picotte: M. le Président, je serais disposé
à passer à l'engagement 9, s'il n'y a pas de questions d'autres
collègues.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce que d'autres
membres ont des questions...
M. Baril (Arthabaska): L'engagement 4.
M. Picotte: Si vous voulez intervenir sur l'engagement 4, il n'y
a pas de problème.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Arthabaska, sur l'engagement 4.
M. Baril (Arthabaska): L'engagement 4 est le "Renouvellement du
contrat de services pour le maintien du Programme d'analyse des troupeaux
laitiers du Québec, pour l'année financière 1984-1985, 2
400 000 $. " On sait que, depuis un certain temps, je pense, il y avait eu une
sorte de moratoire sur l'analyse des troupeaux des nouveaux producteurs; il y
avait eu un ralentissement, je crois, il y a deux ou trois ans. Pour les
producteurs qui voudraient actuellement bénéficier de ce service,
est-ce qu'il est disponible? (11 h 30)
M. Garon: On a augmenté le budget de 400 000 $. De 2 000
000 $, il est passé à 2 400 000 $ en grande partie pour
prévoir un plus grand nombre d'adhérents au programme. Le
programme est actuellement en demande. L'augmentation du budget de 2 000 000 $
à 2 400 000 $ devrait nous permettre de répondre à la
demande.
M. Baril (Arthabaska): Pouvez-vous me dire à combien par
tête revient le coût de la participation au programme?
M. Garon: Oui. C'est 0, 43 $ par vache par mois pour les
coûts de la mécanographie, du transport et des analyses
d'échantillons et 44 $ par mois pour chaque troupeau inscrit à la
section dite PATLQ officielle.
M. Baril (Arthabaska): Peu importe le nombre de bêtes qui
font partie du programme, c'est 44 $ par troupeau par mois.
M. Garon: Il y a un montant de base, plus un montant par vache
par mois.
M. Baril (Arthabaska): Ah, c'est cela!
M. Garon: II y a un montant de base pour inscrire le troupeau et
après cela, une fois que vous avez fait l'inscription de base de votre
troupeau à 44 $ par mois, c'est la part versée...
Une voix: Il n'y a pas de coût pour cela.
M. Garon:... au gouvernement, plus la part de l'agriculteur. On
verse ce montant pour participer au programme. Il faut établir le
troupeau; il y a un montant de base, plus un montant variable selon le nombre
de bêtes du troupeau inscrit au PATLQ.
M. Baril (Arthabaska): Vous n'avez pas le montant versé
par l'agriculteur?
M. Garon: En gros, si on regarde l'ensemble, on peut dire qu'on
verse 35% et l'agriculteur 65%.
M. Baril (Arthabaska): Bon.
Une voix: On pourrait vous le donner en détail.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 4 est
vérifié.
Engagement 9? M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: C'est un "contrat pour travaux de réfection de
trois bâtiments égout sanitaire et traitement à la station
de recherche de Les Buissons". Cela fait justement suite à une loi que
nous avons adoptée concernant l'inspection de la pomme de terre. Nous
avions demandé à ce moment-là au ministre si des
discussions s'étaient engagées entre le ministère et la
station de La Pocatière, entre autres, pour bien s'assurer qu'il n'y a
pas de dédoublement de services, c'est-à-dire que la station de
Les Buissons ne fait pas ce que celle de La Pocatière fait, et de voir
à ce que les services qui se donnent aux deux endroits puissent se
compléter au lieu de venir en contradiction les uns avec les autres.
J'aimerais savoir du ministre, au sujet des aménagements et des
dépenses du côté de la station de recherche de Les
Buissons, si des discussions sont en cours avec la station de La
Pocatière. Est-ce que vous allez donner là les mêmes
services qui sont offerts à La Pocatière ou si ce sont deux
choses complètement différentes, si effectivement il n'y a pas
d'entente de services?
Le Président (M. Beauséjour): M. le
ministre.
M. Garon: Les Buissons, c'est une station de recherche, ce n'est
pas la ferme. Dans la région de Baie-Comeau-Hauterive, il n'y a pas
seulement une station de recherche; il y a la station de recherche de Les
Buissons et la ferme Manicouagan. Il s'agit de deux entités
différentes. Au point de vue de la recherche, il y a une collaboration
avec le gouvernement fédéral; au point de vue de la production de
nos plants souches, nous avons l'intention de créer un système
complètement autonome. On n'a pas le choix parce que... Certaines gens
pensent que ce que j'ai dit n'était pas sérieux parce qu'ils
veulent faire de la politique mais ce que j'ai dit est totalement
sérieux. Le Canada est sorti du marché de la pomme de terre de
semence de l'Europe à toutes fins utiles parce qu'il n'est pas capable
d'offrir des normes de qualité assurée pour ses pommes de terre,
parce que son système d'inspection n'est pas bon. Je
répète ce que j'ai toujours dit.
Ceux qui m'en ont avisé le plus, ce sont les fonctionnaires
fédéraux eux-mêmes. J'ai un grand nombre de notes internes
du ministère de l'Agriculture du Canada où le système
d'inspection fédérale est condamné par ses propres
fonctionnaires.
Si on veut véritablement développer la production de
pommes de terre de semence au Québec, je pense qu'on a un potentiel, et
les gens qui sont chez nous, les experts, pensent la même chose.
Pourquoi? À cause de notre climat. Il est rare qu'on ait avantage
à produire dans un climat froid mais, dans le cas de la pomme de terre
de semence, c'est plus avantageux de produire dans un climat froid. Pour
ça, si on veut se faire vraiment une réputation, la station Les
Buissons et la ferme de Manicouagan ont déjà une
réputation internationale à cause du nombre de personnes qui sont
allées voir ce qui se passe là.
Les gens me disent qu'on est plusieurs années en avance sur tout
ce qui se fait n'importe où ailleurs, à cet endroit, et que, si
on veut profiter, en termes de production, de la mise au point technique et des
découvertes qui ont été faites là, il faut y aller
au plus "sacrant" pour mettre au point les installations.
Est-ce qu'on sera capable d'offrir une garantie de qualité
lorsque la production des méristèmes se fait à La
Pocatière qui est en même temps le centre de recherche sur les
maladies? On met des maladies aux alentours pour essayer de trouver des
solutions aux maladies. On aurait peut-être été mieux de
mettre le centre sur les maladies ailleurs, mais on a décidé de
le mettre au Québec. On a habituellement ça, nous autres, parce
qu'on a les déchets toxiques. On considère souvent au Canada que
le dépotoir c'est le
Québec.
Quand on regarde la production des méristèmes à
l'Île-du-Prince-Édouard, la production se fait près des
champs de production. Il faut véritablement faire une unité
étanche, complètement autonome et indépendante pour
pouvoir assurer cette garantie de qualité. C'est ça qu'on veut
bâtir et à Les Buissons à Manicouagan.
Au point de vue de la recherche, il n'y a pas de dédoublement. Il
y a des ententes avec le gouvernement fédéral. Il y a surtout des
choses où on est plus en avance et je voudrais qu'on profite le plus
possible de notre "know-how". Pourquoi est-ce qu'on le répandrait
à tout le monde en disant: Voici! nous avons fait des recherches et
depuis les années quarante que les chercheurs du gouvernement du
Québec sont dans le bout de Baie-Comeau. Ils sont très
avancés. Maintenant on dirait: le résultat de notre recherche, on
vous le donne comme ça. Je dis: non. Profitons-en au maximum pour
établir le Québec dans la production de pommes de terre de
semence.
Les plans qu'on a cette année sont très ambitieux. On va
développer la production de pommes de terre de semence non seulement
dans le Bas-Saint-Laurent mais aussi dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean et
même dans l'Outaouais. Pourquoi? Parce" qu'on a des avantages. Pourquoi
n'en profiterions-nous pas?
Le Québec deviendra éventuellement un centre. La loi est
adoptée, les règlements sont en train d'être
finalisés, les installations sont en train de se bâtir pour
arriver à faire en sorte que nous devenions un producteur important de
pommes de terre de semence sur le plan local mais aussi sur le plan
international.
On me dit qu'on commencera l'exportation l'an prochain parce que
ça y va. Là, c'est encore un domaine dans lequel le Parti
libéral ne m'a pas suivi. Il a préféré m'attaquer
mais je peux vous dire que les producteurs de pommes de terre de semence savent
qu'on s'en va dans cette direction-là et qu'on basera notre production
sur une qualité supérieure avec des normes et des contrôles
supérieurs et plus sévères pour établir notre
réputation.
On va vendre nos patates en vendant notre système d'inspection.
On va dire: notre système d'inspection au Québec, c'est
ça. Si vous voulez savoir ce que ça va donner les patates du
Québec, vous viendrez voir en Floride où on les produit d'avance.
Vous allez savoir ce qu'elles vont donner, si vous les semez.
Que voulez-vous? Si le fédéral veut continuer l'inspection
au "latex"... en peinturant les patates... Il y a un système qui n'est
pas sécuritaire et pas aussi bon que le nôtre. Si on veut vendre
véritablement nos pommes de terre de semence, il faudra
expliquer la sécurité de nos pommes de terre et garantir
leur qualité.
M. Picotte: M. le Président, je ne voudrais pas que le
ministre soit dans les patates plus longtemps mais s'il relit les discours qui
ont été faits en deuxième lecture et en troisième
lecture, lors de l'étude de ce projet de loi, il va s'apercevoir que le
Parti libéral était sur la même longueur d'onde que lui,
sauf que cela ne nous empêche pas de poser certaines questions pour voir
s'il n'y a pas de dédoublement, si on ne fait pas les mêmes choses
qui se font à quelques kilomètres plus loin et s'il y a une
possibilité d'économie d'argent. En ce qui concerne tout cela, je
pense que le ministre a simplement à se donner la peine de lire et il va
se rendre compte que, finalement, notre position était exactement comme
la sienne et même, dans certains cas, est peut-être allée un
peu plus loin que la sienne.
En ce qui me concerne, M. le Président, je pourrais... Je ne sais
pas s'il y a d'autres collègues qui ont d'autres questions, mais je sais
que mon collègue de Huntingdon a un point additionnel à soulever
en ce qui concerne l'étude de l'engagement 11.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 11. M.
le député de Huntingdon.
M. Dubois: Oui, M. le Président. À l'engagement 11,
subvention à la Raffinerie de sucre du Québec, organisme
qualifié de canard boiteux par M. Parizeau, je veux demander au
ministre...
Une voix:...
M. Dubois:... d'expliquer un peu la raison de la subvention. On
indique ici la "fabrication de sucre granulé à partir du sirop
d'érable et de betterave sucrière. " Dans la betterave
sucrière, la technologie, je pense qu'elle est connue.
Une voix:...
Une voix: Ne parle pas pour rien. M. Dubois: Toujours la
même chose.
Une voix: Vous devriez savoir que...
M. Garon:... une lettre d'offres à la raffinerie qui nous
avait demandé un projet. Il faut dire qu'à ce moment-là,
lorsque tout s'est élaboré, il y avait des surplus importants de
sirop d'érable. Ils ont moins de surplus importants. Maintenant, la
raffinerie ne considère plus ce projet comme prioritaire. La lettre
d'offres a été écrite à la raffinerie qui ne s'en
est pas prévalue parce que actuellement les approvisionnements en sirop
d'érable ne permettraient pas l'utilisation optimale de la ressource,
parce qu'il n'y a pas assez de sirop.
M. Dubois: Est-ce qu'il était question de procéder
à la fabrication de sucre blanc granulé avec du sirop
d'érable?
M. Garon: Oui.
M. Dubois: Ce qui veut dire qu'on aurait pris un sirop qui vaut 2
$ la livre, ou à peu près, et on aurait fait du sucre blanc avec
quand on peut acheter...
M. Garon: Non, non, non, pas du sucre blanc.
M. Dubois:... du brut à 0, 06 $ ou 0, 07 $. C'est cela que
vous venez de dire.
M. Ouellet (Ferdinand): C'est un procédé de
conservation du sirop.
M. Garon: Non, non, non.
M. Ouellet (Ferdinand): C'est un procédé pour
conserver plus longtemps le sirop d'érable. On ne peut pas avoir autre
chose que cela là-dedans.
M. Dubois: La "fabrication de sucre granulé à
partir du sirop d'érable". II me semble...
M. Garon: II y a toutes sortes de choses dans le projet.
M. Ouellet (Ferdinand): Du sucre d'érable granulé,
quand vous prenez un pain de sucre, vous le hachez...
Le Président (M. Beauséjour): Un à la fois,
s'il vous plaît!
M. Dubois: C'est la question que je posais. On indique "sucre
granulé".
M. Garon: Non. C'est qu'il y a plusieurs choses dans ce projet.
À ce moment-là, il était question, par exemple,
d'entreposage de grandes quantités de sirop d'érable et, ensuite,
faire du sucre de spécialité.
M. Dubois: Le projet est abandonné? M. Garon: Le
projet est abandonné... M. Dubois: Cela veut dire que...
M. Garon:... mais ce n'était pas de faire du sucre
granulé blanc pour mettre dans le café. C'était pour faire
du...
Une voix: Non, c'est du granulé pour...
M. Dubois: Les 95 000 $ qui auraient été
appliqués ne le sont plus. Est-ce que c'est un crédit qui
persiste ou s'il est périmé?
M. Garon: II ne sera pas dépensé. Il n'y avait pas
de prévisions budgétaires là-dedans. Je ne le pense pas en
tout cas. C'est à même les crédits généraux
du ministère qu'on prenait cela en faisant des affectations. C'est dans
la section du développement de nouvelles technologies, sauf que la
raffinerie ne s'en est pas prévalue.
M. Dubois: Les 95 000 $ n'ont pas été versés
à la raffinerie.
M. Garon: Non.
M. Dubois: C'est cela. Pourquoi est-ce que c'est là pour
étude?
M. Garon: Pardon?
M. Ouellet (Ferdinand): Parce qu'il est approuvé.
M. Garon: Il a été approuvé.
M. Ouellet (Ferdinand): On vous soumet des choses qui sont
approuvées. Cela a été soumis à la commission
ici.
M. Dubois: D'accord, mais il n'a plus lieu d'être là
aujourd'hui.
M. Garon: Regardez ce qui est marqué en haut du CT. C'est
marqué: "Autoriser le ministère de l'Agriculture à verser
une subvention maximale de 95 000 $. " Cela a été
autorisé. J'ai écrit une offre à la raffinerie qui nous a
dit qu'elle ne s'en prévaudrait pas parce que les conditions avaient
changé et que pour elle ce projet n'était plus prioritaire. (11 h
45)
M. Houde: Depuis quand il n'est plus prioritaire pour la
raffinerie de sucre?
M. Garon: Elle nous a répondu cela à la suite de
notre lettre d'offre.
M. Houde: C'est quand? Ce sont les dates que je veux avoir, le
mois, si vous voulez.
M. Garon: Le projet a été autorisé au mois
de septembre 1984. La lettre a dû suivre par la suite. Il y a eu une
réponse, je n'ai pas copie de la lettre ici qu'on a envoyée, mais
c'est entre le 31 juillet et aujourd'hui.
M. Bourbeau: C'est un engagement qui tombe caduc.
M. Houde: D'accord, merci.
Le Président (M. Beauséjour): Est-ce qu'il y a
d'autres engagements?
M. Picotte: M. le Président, l'engagement 16.
Le Président (M. Beauséjour): Un instant!
M. Picotte: Il y en a d'autres avant, je n'ai pas d'objection, je
suis prêt...
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député d'Arthabaska.
M. Baril (Arthabaska): Rapidement, les engagements 12, 13 et 14
parce que cela semble être la même chose, le même programme.
Est-ce que ces usines de transformation vont être en exploitation pour la
prochaine saison de pêche?
M. Garon: À quel endroit?
M. Baril (Arthabaska): Les engagements 12, 13 et 14.
M. Garon: D'accord.
M. Baril (Arthabaska): La subvention à Pêcherie
Malbaie inc, celle à Poisonnerie de Cloridorme Inc et celle à
Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan Ltée.
M. Garon: Pêcherie Malbaie Inc, quand je suis passé
au cours de l'été, les travaux étaient commencés.
À Saint-Georges de Malbaie, on me dit que les travaux sont très
avancés. Poissonnerie Cloridorme Inc, quand je suis allé annoncer
la subvention, è ce moment les travaux devaient commencer incessamment.
Il y a quelques semaines, j'ai rencontré M. Denis qui me disait qu'il
prévoyait être prêt pour l'ouverture de la saison de
pêche au printemps, dans quelques semaines. Quant à
Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan Ltée, il n'aura pas
beaucoup le choix d'être prêt puisqu'il a démoli ses
anciennes bâtisses. Sur huit bâtisses qu'il avait sur son site,
cinq ont été démolies déjà. Il garde une
bâtisse pour ses bureaux, une autre pour entreproser ses boîtes de
carton, son papier, etc et une autre pour certaines petites opérations.
Si sa bâtisse n'est pas prête, il ne pourra pas exploiter parce
qu'il a démoli les anciennes bâtisses, mais tout cela est en
construction et cela devrait être prêt pour le printemps.
Cela va être un feu roulant d'inaugurations dans le territoire
maritime au printemps, au cours de l'année 1965, parce que cela a
été un chantier à la grandeur du
territoire au cours de l'hiver. Je peux vous dire que les coins qui
n'ont pas encore été faits, comme la Côte-Nord, ou des
coins qui sont restés non faits parce que c'est plus difficile,
actuellement nous travaillons très fort là-dessus et nous
entendons aussi faire en sorte que les travaux soient réalisés.
Je peux vous dire que je m'attends que tous ces travaux soient prêts pour
le printemps, à l'ouverture de la pêche, les trois projets, 12, 13
et 14.
M. Baril (Arthabaska): Est-ce que la flotte de pêche, les
bateaux de pêche sont prêts, sont suffisants, sont en bonne
condition pour répondre à la demande de ces usines de
transformation?
M. Garon: Le sous-ministre de l'inspection des aliments, M.
Bernard, vient de me dire que dans le cas des trois entreprises qu'on vient de
mentionner dans ces projets, il y a des engagements écrits des
présidents de ces sociétés pour indiquer qu'ils seront
prêts pour l'ouverture de la pêche au 1er avril.
M. Baril (Arthabaska): Est-ce que la flotte de pêche, les
bateaux de pêche sont suffisants pour répondre à la demande
de ces usines de transformation?
M. Garon: Chaque usine au permis a un quota. Les usines qui ont
des quotas de transformation maximums pour respecter les normes de
qualité... On peut peut-être parler sur le quota, mais quand le
permis est émis à chaque année, il y a un quota de
prévu et normalement c'est en fonction de l'approvisionnement dans la
région. De sorte que si l'usine peut prendre l'approvisionnement, on ne
bâtit pas et on ne subventionne pas d'autres usines à
côté pour faire en sorte que les usines exploitent à 40% de
la capacité. Comme on est dans un territoire où les usines
exploitent environ sept ou huit mois par année, ce serait mauvais qu'en
plus elles fonctionnent à 40% ou 50% de leur capacité.
Idéalement, comme elles fonctionnent sept ou huit mois par année,
elles devraient produire le plus de mois par année avec un plus fort
pourcentage de fonctionnement. Si elles pouvaient fonctionner à 70%, 80%
et 90% pendant le temps où elles fonctionnent, cela aiderait la
rentabilisation du secteur des pêches.
M. Baril (Arthabaska): C'est bien pour l'engagement 14. Je ne
sais pas si je peux passer à l'engagement 15.
M. Picotte: Oui, j'ai aussi une question à poser
concernant l'engagement 15.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: M. le Président, je remarque qu'à
l'engagement 15 c'est un montant de 40 000 $ qui est injecté par le
ministère pour des activités promotionnelles visant à
écouler la production de 1984. Le mercredi 13 février, j'ai lu un
reportage de M. Michel Girard de la Presse qui disait: La pomiculture
québécoise est en crise. II disait que la pomme Mclntosh du
Québec reculait devant la Granny Smith importée qui occupe
déjà 18% du marché.
Une voix: Oui.
M. Picotte: Compte tenu de cette situation et des engagements
pris jusqu'à maintenant par le ministère, celui-ci va-t-il
s'engager davantage et mettre un peu plus d'argent du côté de la
promotion et du côté d'une aide quelconque, afin que la
pomiculture ne se dégrade pas davantage dans les mois à venir ou
si ce sera le seul montant qui sera accordé? Le ministère
considère-t-il que l'Injection de 40 000 $ qu'il a faite est
suffisante?
M. Garon: Le problème n'est pas là. Le principal
problème dans le domaine de la pomme, c'est que les producteurs ne
s'entendent pas entre eux. On m'a même dit à une assemblée
générale des producteurs, il y a quelques mois, qu'il a fallu
s'assurer d'un certain gardiennage afin qu'il n'y ait pas trop d'agitation
à l'assemblée. C'est pour vous dire à quel point les
producteurs ne s'entendent pas entre eux au point de vue de leur mise en
marché. Il y a des producteurs emballeurs, des emballeurs, la
façon de vendre, tout cela. Ils veulent que j'adopte des
règlements afin de ne pas empêcher la vente de telle ou telle
pomme entre telle ou telle date. On n'est pas dans un pensionnat de la pomme.
Que voulez-vous, on ne peut pas faire fonctionner un plan d'organisation de la
mise en marché sans que les gens qui produisent les pommes soient
d'accord. Actuellement, les producteurs de pommes ne s'entendent pas entre eux
sur la façon de faire la mise en marché.
Une voix: Les trois acheteurs s'entendent.
M. Garon: Le problème, c'est que les acheteurs s'entendent
trop.
Une voix: Ils sont trois et ils s'entendent entre eux.
M. Garon: Non, les acheteurs s'entendent trop par rapport aux
vendeurs. S'il y avait autant d'ententes entre les vendeurs de pommes qui sont
les producteurs et les acheteurs, on serait au paradis terrestre. Que
voulez-vous?
M. Picotte: Oui, mais la pomme était dangereuse au paradis
terrestre, M. le ministre.
M. Garon: C'est la pomme entre les mains de la femme qui est
dangereuse au paradis terrestre.
M. Picotte: Oui, effectivement. Compte tenu de cette situation,
qu'est-ce que le ministère entend faire si, effectivement, il y a
dégradation? Je ne sais pas s'il y a dégradation à ce
point, parce que c'est un article de journal qui rapporte, qui
révèle ou qui peut justement révéler l'impression
de certains producteurs, d'autant plus que le ministre me dit que, du
côté des producteurs, il n'y a pas nécessairement une bonne
entente, qu'il y a des conflits quelconques. Cela peut refléter
uniquement une partie de la vérité. Je ne sais pas si le
ministère s'est penché sur le fait de savoir si, effectivement,
il y a une dégradation aussi forte qu'on semble le dire, qu'elle se
poursuit et quels sont ou quels pourraient être les correctifs qu'on
pourrait apporter à cette situation ou si on va laisser aller comme cela
et dire: Que les producteurs de pommes s'entendent et, quand ils se seront
entendus, tant mieux et si, finalement, il ne reste plus de pomme ou il ne
reste plus de producteur de pommes, tant pis pour eux.
M. Garon: Voyez-vous, quand un groupe négocie des prix
entre les producteurs de pommes, les transformateurs et les acheteurs, les
grossistes, pour fins de vente aux consommateurs et que le comité de
concertation n'a pas encore fixé le prix et que les coupures commencent
à se faire, s'il n'y a pas un minimum de solidarité au niveau des
producteurs il n'y a pas de système qui puisse fonctionner. Les
producteurs qui ne veulent pas, on ne peut pas... Si la majorité le
veut, il est possible de contraindre les récalcitrants, mais, si
l'ensemble des producteurs, le nombre est trop grand de ceux qui ne veulent
pas... Un système de mise en marché par plan conjoint peut
fonctionner à la condition qu'il y ait un appui très fort des
producteurs. S'il n'y a pas un appui très fort des producteurs, cela est
impossible. On n'est pas capable de mettre une discipline dans une mise en
marché ordonnée sans que les producteurs le souhaitent et le
veuillent véritablement. Je comprends que, dans certaines productions,
cela a été difficile et même, pour certaines productions,
on a voté à 90%, des fois. Cela a été difficile
parce que ceux qui ne veulent pas, habituellement, ce sont ceux qui sont les
mieux organisés eux-mêmes. Dans le secteur de la pomme, on est
loin de la solidarité minimale nécessaire pour faire une mise en
marché ordonnée par plan conjoint. Cela ne veut pas dire qu'ils
ne doivent pas continuer à essayer, mais cela ne marche pas.
M. Picotte: Vous êtes en train de me dire qu'il n'y aura
pas d'intervention du ministère, c'est-à-dire qu'on dit: Bon,
entendez-vous et tant pis si vous ne vous entendez pas; quand cela se sera
dégradé à un point tel, on verra ce qu'il y a à
faire. S'il reste des meubles à sauver, on les sauvera si,
effectivement, l'article...
M. Garon: On continue à les aider, voyez-vous; on est
d'accord sur un plan de promotion de la pomme avec la Fédération
des producteurs de pommes. L'on paie jusqu'à 50% de la promotion; cela
doit coûter 80 000 $ et on va payer 40 000 $, au maximum 50%. On pourrait
aller jusqu'à 100 000 $ dans un programme de subvention. Le
problème n'est pas là. On aide et on est prêt à
travailler à sa promotion, mais le problème n'est pas dans la
promotion. Le problème est dans la concertation des producteurs, des
transformateurs, des détaillants et le respect des engagements.
M. Picotte: Est-ce que la fédération des
producteurs vous a demandé d'intervenir d'autres façons que celle
de faire de la promotion? Par exemple, est-ce qu'on a fait des revendications
auprès du ministère pour dire: II faudrait que le
ministère prenne telle orientation ou essaie de faire un rassemblement
de ces producteurs pour tâcher de corriger certaines situations ou si, en
fait, les demandes de la fédération sont uniquement dans le sens
de dire: Faisons de la promotion et, en faisant de la promotion,
peut-être que notre pomme va se vendre mieux?
M. Garon: Je pense bien que la fédération
souhaiterait être capable d'organiser son plan conjoint, sauf que vous
avez les producteurs maraîchers, tant les producteurs de légumes
que les producteurs de pommes et de fruits. Ce sont des gens très
individualistes. Ils sont plus individualistes que dans d'autres productions
parce que ce sont les contrats avec la nature qui les ont peut-être... Si
vous allez dans cette production, vous avez un tempéramment qui est
différent de celui d'un autre. Si vous êtes un producteur de
fraises, je vais vous dire une chose. Prenons les fraises, par exemple, les
risques sont considérables. S'il pleut trop, les fraises ne se
conservent pas longtemps, il faut que vous les vendiez vite, il faut quasiment
les manger vite. Autrement, elles sont moins belles. Il y a des conditions
difficiles dans ce domaine. Vous vendez des produits qui se conservent moins
longtemps.
Quant à la pomme, les gens ont pu s'organiser au point de vue de
l'entreposage,
de la conservation, sauf que la mentalité du producteur
maraîcher est demeurée. C'est une mentalité plus
individualiste et qui a plus de difficulé à concevoir ou
organiser la mise en marché pour coordonner les produits; c'est
là qu'est le problème. Ce n'est pas le problème de ce
qu'on voudrait faire ou ne pas faire. Nous, on est prêt à
collaborer au maximum, sauf que, si vous avez cinq personnes qui ont cinq
opinions différentes, moi, je veux bien collaborer, mais je vais dire:
Qu'est-ce que vous voulez au juste? D'abord, il faut me dire ce que vous
voulez.
Le problème, actuellement, c'est beaucoup plus ce que la
fédération veut pour l'ensemble de ces producteurs qui est en
cause. Ce n'est pas ce qu'on voudrait. Nous, on est prêt à
collaborer, mais, d'abord, il faut savoir ce que les gens veulent. Alors, il y
a beaucoup de divisions dans le monde des pomiculteurs. Il y a peut-être
bien des causes à cela. Vous savez, c'est un peu comme vouloir garder un
couple ensemble qui veut se séparer. À moins de mettre la police
à la porte, durant toute la journée, s'ils ne veulent plus rester
ensemble, c'est fini. Je ne peux pas mettre la police à la porte de la
maison et dire: Vous allez rester de force. Dans le plan conjoint de la pomme,
si les gens ne sont pas capables de s'entendre entre eux et d'en arriver
à un modus vivendi opérationnel pour tout le monde, qu'est-ce que
vous voulez qu'on fasse? On ne peut pas mettre la police après les
producteurs. On leur dit: On va attendre que vous ayez des solutions, que vous
soyez capables d'effectuer une mise en marché mieux ordonnée.
Il y a aussi une période difficile qui est due au changement des
goûts des consommateurs. Qu'est-ce que vous voulez? Les gens mangent plus
de pommes vertes qu'avant. Avant, on ne mangeait pas cela des pommes vertes. On
disait que ce n'étaient pas des pommes mûres. Aujourd'hui, on
mange plus de pommes vertes qu'avant. Même, il y a un bout de temps, il a
fallu avertir nos nutritionnistes d'arrêter de mettre une pomme verte sur
les posters, pour montrer que les pommes étaient bonnes pour la
santé. Les enfants voulaient des pommes vertes parce qu'ils voyaient la
pomme sur le poster et on ne produit pas de pommes vertes au Québec. Ce
n'était pas bien extraordinaire.
Ce qui arrive, c'est que, si vous regardez les étalages dans les
épiceries, vous avez beaucoup de pommes qui viennent de
l'extérieur. Quand est arrivé le gel des pommiers pendant l'hiver
de 1981, l'année suivante, il y a eu beaucoup moins de production de
pommes. La demande des consommateurs était encore là; qu'est-ce
que les détaillants ont fait? Ils ont fait venir des pommes de
l'extérieur. Elles ne venaient pas auparavant parce que les pommes du
Québec occupaient beaucoup plus de place. À cause d'une
pénurie de pommes due au gel pendant l'hiver, on a comblé la
demande des consommateurs par des pommes d'ailleurs et les consommateurs ont
pris goût à ces pommes. Maintenant, il y a une demande pour des
types de pommes qu'il n'y avait pas auparavant et qui sont des pommes qu'on ne
produit pas. On va devoir faire un effort plus grand de mise en marché,
mais aussi produire de nouvelles variétés. C'est ce qui est en
train de se faire. C'est un très grand virage qui se fait actuellement;
on va vers des pommiers nains, des pommiers semi-nains, vers de nouvelles
variétés de pommes qui correspondent davantage au goût des
consommateurs.
Autrefois, les gens demandaient des pommes moins dures parce qu'ils
disaient que c'était dur pour les gencives. Aujourd'hui, ils disent
qu'ils veulent manger des pommes plus dures pour endurcir leurs gencives.
Concernant la formation des gens de la nutrition, c'est un changement assez
fort de mentalité. Les gens ont mangé plus de Mclntosh parce que
c'est une pomme plus tendre, qui est moins dure. Aujourd'hui, les
nutritionnistes recommandent des pommes plus dures, alors, il faut faire des
pommes plus dures, nous autres aussi. Cela suppose aussi un changement dans
notre production pour s'adapter au goût des consommateurs. Mais je dirais
que le point important là-dedans au point de vue des habitudes de
consommation a été une conséquence du gel des pommiers de
l'hiver 1981. (12 heures)
À titre d'exemple, en 1980, la production au Québec a
été de 6 200 000 boisseaux. Il faut dire que 1980 a
été une grosse année de production. Le climat avait
été bon et cela a été une année record. En
1981, la production a été de 2 400 000 boisseaux. Vous voyez tout
de suite là que les 6 200 000 boisseaux en 1980 ont été
vendus. Il y a eu un peu plus à la transformation, mais on a les a
vendus. En 1981, on a eu 2 400 000 boisseaux. Il est évident que la
différence est venue d'ailleurs pour les marchés, mais les
consommateurs se sont habitués.
Moi, je fais l'épicerie tous les samedis. J'ai pris l'habitude de
faire l'épicerie tous les samedis. Je fais au moins quatre magasins par
samedi. Habituellement, c'est un Métro, un Provigo. Avant, il y avait un
Dallaire, mais il n'y en a plus. Il a fusionné avec Métro. Il y a
un Steinberg et un IGA Boniprix. Pas à chaque samedi chez IGA Boniprix,
parce que c'est plus loin de chez nous. Pourquoi est-ce que je fais le tour?
C'est pour voir comment évoluent les différences de prix et, en
même temps, saluer mes électeurs. Je remarque une chose...
M. Picotte: Vous chantez la pomme à
vos électeurs.
M. Garon: Oui. Nous autres, on est à peu près le
seul couple au Québec où la femme et le mari veulent faire
l'épicerie. Ma femme voudrait bien y aller seule, mais je dis non. Comme
ministre de l'Agriculture, il faut que je fasse le marché. Si tu veux,
tu viens avec moi. Il faut y aller ensemble parce que je veux savoir ce qui se
passe sur le marché. La meilleure façon, c'est de visiter
régulièrement les marchés.
Une chose qui m'a frappé, c'est le changement dans
l'étalage des épiceries au point de vue de la présentation
des pommes. Depuis les quatre dernières années, c'est un
changement radical. Si vous avez une photographie de ce qu'était un
étalage de pommes en 1980 et une photographie d'un étalage de
pommes en 1984 ou en 1985, vous verrez que ce n'est pas pareil. Le point
tournant s'est fait en 1980 et en 1981. La rareté des pommes en 1981 a
amené un tas de pommes nouvelles et il y a eu une concurrence chez les
exportateurs pour vendre des pommes. Les épiciers ont dû trouver
intéressant de présenter différentes
variétés, mais, maintenant, la demande est là. Il faut
donc réorienter la production en fonction des goûts des
consommateurs et sans doute qu'il y aura une consommation de pommes plus forte.
Cette année, en 1984, on est remonté à 4 500 000
boisseaux. En 1982, c'était remonté à 4 200 000; en 1983,
3 400 000 et, cette année, à 4 500 000 boisseaux. Là, il
arrive un petit engorgement. Pourquoi? Parce que la pomme importée qui
est entrée sur le marché et à laquelle les consommateurs
se sont habitués est encore là. Il faut présenter de plus
en plus des nouvelles variétés.
Au point de vue de la consommation du jus de pomme, c'est aussi Je jour
et la nuit par rapport à ce qu'il y avait au Québec auparavant.
On en boit du jus de pomme. À part cela, il va falloir faire une
promotion. On hésite à faire une promotion trop forte, parce
qu'on n'en produit pas assez. Je vais vous dire qu'aujourd'hui on ne peut pas
se gêner de faire la promotion du jus de pomme, car les recherches
récentes démontrent que le jus de pomme est supérieur au
jus d'orange. Avant, on n'avait pas ces recherches scientifiques, mais,
maintenant, il y a des vitamines qui correspondent aux besoins des personnes en
fonction de notre climat. Ces vitamines sont supérieures dans le jus de
pomme par rapport au jus d'orange. Il va falloir renseigner le consommateur
là-dessus. Il va falloir en même temps demander à
l'industrie du jus de pomme de produire et on en fera la promotion ensemble.
C'est un jus qui est supérieur pour la santé. C'est celui qu'on
peut produire le mieux, chez nous.
Apparemment, d'après les recherches scientifiques, il y a des
genres de vitamines qui correspondent aux besoins alimentaires qui existent
dans un climat comme le nôtre, au cours des saisons.
M. Picotte: M. le ministre, vous devriez, comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, faire votre
marché une fois par semaine en changeant de comté rural et faire
le tour du Québec.
M. Garon: Non, je ne pourrais pas comparer. Cela ne serait pas
bon car je ne pourrais pas comparer.
M. Picotte: Bien oui.
M. Garon: C'est parce qu'il faut comparer pour voir ce qui se
passe. Par exemple, je vois qu'on vend bien plus de "peanuts" qu'avant dans les
épiceries. Avant, il y avait une sorte de "peanuts": les Planters.
Aujourd'hui, il y a toutes sortes d'arachides. Vous pouvez même faire
faire votre beurre d'arachides sur place. Ce sont toutes sortes de choses
différentes d'auparavant. Pourquoi? Parce que cela correspond à
un changement dans les goûts des consommateurs. Les consommateurs
recherchent un produit plus naturel. Ils se méfient plus qu'avant.
Vous voyez les producteurs de beurre qui font à mon avis, une
belle publicité, où ils marquent, d'un côté, tout ce
qu'il y a dans le beurre et de l'autre côté, tout ce qu'il y a
dans la margarine. Il faut quasiment faire un cours de chimie pour savoir ce
qu'il y a dans la margarine et comprendre ce qu'il y a là-dedans. II y a
un tas de produits qui sont compliqués là-dedans, tandis que,
dans le beurre, vous voyez que ce sont seulement quelques lignes.
Essentiellement, c'est du lait brassé.
M. Baril (Arthabaska): J'avais une question à poser, mais
vous y avez répondu dans tous vos exposés.
J'aimerais passer un commentaire pour féliciter votre femme pour
la patience qu'elle a d'aller avec vous faire votre épicerie parce que,
quand je vais faire la mienne avec ma femme, elle déteste ça
parce qu'elle dit: Cela prend cinq fois plus de temps quand tu es avec moi pour
faire l'épicerie. On n'en finit plus, tu parles à tout le monde.
Je félicite votre femme. En plus, surtout, faire quatre
épiceries, il faut le faire, c'est quelque chose.
M. Picotte: Plus on le connaît, plus sa femme doit
être félicitée quotidiennement dans tous les domaines.
M. Baril (Arthabaska): Je ne veux pas aller trop loin. Mes
félicitations arrêtent là.
M. Garon: Elle trouve que ça me prend trop de temps. Mes
enfants venaient au début; ils viennent moins parce qu'ils disent que je
parle à tout le monde. Ils trouvent que ça prend trop de
temps.
Le Président (M. Beauséjour): J'aurais une question
à poser là-dessus. Dans le Richelieu agricole de cette semaine,
vous pourrez probablement prendre connaissance de la rencontre des producteurs
de pommes qu'il y a eu - si je me souviens bien, c'est jeudi dernier - à
Mont-Saint-Grégoire, organisée par vos fonctionnaires, entre
autres sur la commercialisation. Vous pourrez en prendre connaissance.
M. Garon: On travaille avec les producteurs.
Le Président (M. Beauséjour): Une question me
revient souvent au niveau des producteurs de pommes qui indiquent que le
programme de replantation de pommiers que vous avez mis en place,
c'était très bon. Par contre, ils ont une inquiétude.
N'importe quelle personne peut avoir droit à ce programme-là, pas
juste ceux qui ont eu des pertes de pommiers. L'inquiétude qu'on me
manifeste souvent est celle-ci. On me dit: Dans deux ou trois ans, il risque
d'y avoir tellement de pommes produites qu'il peut y avoir un engorgement de
pommes sur le marché et le problème va venir. C'est sûr que
cela a un rapport avec la promotion aussi et, je dirais, trouver des moyens
d'être capables d'écouler ces produits-là. Au niveau du
programme, en rapport avec le marché de la pomme et la promotion, est-ce
que vous avez cette crainte-là? Avez-vous fait cette
évaluation-là au ministère?
M. Garon: À toutes fins utiles, il n'y en a presque pas de
nouveaux. Les gens se content des histoires. Ils disent: On surveille ça
de près. C'est évident qu'on n'est pas intéressé
à créer du trouble avec notre programme. Je peux vous dire que
c'est négligeable les gens qui ne sont pas des producteurs de pommes qui
s'inscrivent au programme. J'ai vérifié une année, je
pense que c'était 12 sur près de 400. C'étaient des
acrages infimes. Ce n'est pas exact ça.
Il arrive souvent que, lorsqu'un producteur a
bénéficié du programme, il a eu son montant maximum, il
aimerait bien mieux qu'on l'arrête tout de suite, qu'il n'y ait pas trop
de compétition. Sauf que le programme, c'est pour l'ensemble des
producteurs. Je peux vous dire qu'en termes de nouveaux producteurs qui
s'implantent ce n'est pas exact.
Actuellement, il y a des producteurs qui profitent du programme pour
améliorer leur verger, peut-être l'agrandir un peu et s'organiser.
Il y a beaucoup de plantations, maintenant, de pommiers nains et semi-nains et
très peu de pommiers standards. La rentabilité d'un hectare ou
d'une acre de pommiers nains ou semi-nains par rapport à des pommiers
standards, ce n'est pas la même affaire. En termes de coût de la
cueillette, en termes de rendement, ce n'est pas la même affaire.
C'est évident qu'actuellement ce qu'on est en train de faire au
Québec, c'est un changement complet dans l'industrie de la pomme qui
s'opère sur une courte période de temps à cause du gel de
1981. Normalement, le changement qui va se faire dans quelques années
seulement au Québec aurait dû prendre une
génération. Comme il est arrivé un gel considérable
des pommiers qui a eu des effets par les années qui ont suivi pour
d'autres arbres qui sont morts l'année suivante et l'année
d'après, il y a un remplacement très rapide des pommiers
actuellement.
Je dis que, dans 20 ans, quand on analysera l'industrie de la pomme, on
dira: Dans le fond, ce gel-là a eu un effet très important au
Québec. On va peut-être dire aussi que cela a été un
point tournant.
C'est évident que, pour ceux qui le subissent pendant la
période où ils le subissent, c'est très difficile à
subir. En termes historiques, cette phase-là oblige l'industrie de la
pomme à faire un tournant rapide dans une brève période de
temps. C'est évident qu'à ce moment-là il y a plus
d'inquiétudes. Les gens sont plus inquiets. Je peux vous dire que je
reçois aussi des lettres de producteurs qui ont
bénéficié du programme et qui m'invitent à visiter
leurs vergers. Ils sont heureux comme des pinsons. Pourquoi? C'est quelque
chose. C'est un programme qui aide vraiment à réorganiser les
vergers.
Il faudrait peut-être faire le point, M. le Président, dans
votre comté. Je viens précisément de demander à mon
attaché de presse si on ne pouvait pas aller faire une petite
tournée dans votre comté prochainement pour faire le bilan,
rencontrer un certain nombre de producteurs, jaser avec eux, et tout cela.
L'industrie de la pomme, actuellement, est en réorganisation. La mise en
marché: au lieu d'avoir une nouvelle régie agricole, nos
fonctionnaires travaillent avec les producteurs et on souhaite qu'il y ait plus
de cohésion chez les producteurs.
Vous savez, il y a aussi eu une période pour les producteurs de
lait, où cela brassait pas mal: il y avait du "tiraillage" entre les
producteurs de lait industriel, les producteurs de lait nature, ceux qui
vendent aux compagnies privées et ceux qui vendent au secteur
coopératif. Je n'ai pas essayé de mettre de l'huile sur le feu.
Vous ne m'avez pas entendu parler dans ce temps-là et dire: C'est ceci
et c'est cela, et essayer de diviser. Au contraire, on a essayé
d'unifier.
On a toujours essayé qu'il y ait le plus de cohésion
possible chez les agriculteurs. Jamais on n'a essayé de diviser.
Aujourd'hui, vous n'entendez pas beaucoup parler du secteur laitier. Pourquoi?
Parce qu'il y a une foule de problèmes qui ont été
réglés, le lait industriel, le lait nature. Les compagnies
privées et le secteur coopératif, ce n'est pas encore
réglé, mais il y a eu du cheminement de fait.
Dans le secteur des pommes, ils vivent actuellement cette
période. Est-ce qu'ils vont réussir à passer à
travers et à faire une meilleure organisation? L'avenir nous le dira.
Notre rôle en période intérimaire, c'est de ne pas mettre
de l'huile sur le feu. Je comprends qu'ils ont essayé de faire de la
politique dans le secteur de la pomme avec M. Whelan, mais il y a moins de
politique dans l'agriculture au niveau fédéral, et j'en suis
très heureux. Cela contribue à faire en sorte, actuellement... Il
y a eu un peu de politique en 1983, en 1984. Maintenant, la parole est aux
producteurs et nos fonctionnaires travaillent avec eux et essaient de trouver
des solutions avec eux au point de vue de la mise en marché.
Le Président (M. Beauséjour): Je vous remercie.
Votre invitation, bien sûr, j'en profiterai éventuellement pour
que vous puissiez venir faire le point directement avec les producteurs, dans
le milieu. Cela pourra peut-être éclairer de part et d'autre.
M. Picotte: M. le Président...
M. Garon:... de le faire chaque année au cours du mandat,
d'attendre la fin du mandat pour faire un genre de bilan de l'oeuvre
réalisée au cours des années qui ont
précédé, pour permettre à un électeur mieux
éclairé des réalisations gouvernementales de mieux faire
son choix lorsque le moment viendra.
Le Président (M. Beauséjour): M. le
député de Maskinongé.
M. Picotte: Engagement 16, M. le Président.
Le Président (M. Beauséjour): Engagement 16.
M. Picotte: M. le Président, engagement 16: "Subventions
à titre d'aide financière dans le cadre du programme agricole
Aide spéciale aux producteurs de visons. " Je ne vous cacherai pas que,
depuis que nous avons commencé à regarder les engagements
financiers, on se rend compte, en tout cas depuis mars 1984, au moment
où on a commencé à examiner les engagements financiers -
je ne sais pas si c'était comme cela antérieurement, parce que
c'était étudié par d'autres formes de commissions
parlementaires que celles qui existent présentement - que les
producteurs de visons ont reçu, si je ne m'abuse, tout près de 1
000 000 $ jusqu'à présent en guise de compensation. Il y aurait
eu un bon moyen pour le ministre de l'Agriculture d'augmenter sa
popularité. Il aurait très bien pu offrir à chaque femme
au Québec un manteau de vision à ce prix-là et,
possiblement, il aurait pas mal augmenté sa popularité. En tout
cas, au moins, il aurait eu un souvenir d'un ancien gouvernement. Cela aurait
pu aussi remonter la cote de popularité. Je ne vous cacherai pas que je
m'inquiète un peu de cette situation.
Uniquement pour l'élevage du vison, le programme d'aide
spéciale aux producteurs de visons, on parle de 1 000 000 $, tout
près de 1 000 000 $, et ce sont les engagements que nous pouvons relever
à partir de mars 1984. On est en février 1985 et on étudie
présentement octobre 1984. Alors, de mars 1984 à octobre 1984, ce
qui fait pas beaucoup de mois, six mois au maximum, huit mois, on est
forcé de se rendre compte que c'est à coups de centaines de
milliers de dollars qu'on intervient dans ce domaine. J'aimerais que le
ministre vide cette question et me fasse le portrait, à savoir si cela
va continuer longtemps, à quoi cela a trait. Ce programme, j'imagine,
n'existe plus ou on ne veut plus qu'il existe. Qu'est-ce que cela
représente en dollars pour les années à venir, dans le
domaine du vison? (12 h 15)
M. Garon: Ce qu'on a fait, c'est essayer de sauver ceux qui
étaient sauvables dans le secteur du vison. L'engagement 16 vise
à faire passer l'aide de 1 300 000 $ à 1 371 855 $ pour deux
producteurs. Leurs analyses n'avaient pas été faites, ils avaient
été simplement omis dans l'analyse des différents cas
alors qu'ils devaient être aidés au même titre que les
autres. C'est pour cela qu'il y a un engagement pour deux producteurs: un dans
le comté de Charlevoix et un à Saint-Paul-d'Abbotsford, dans le
comté d'Iberville.
Si on n'avait pas offert cette aide gouvernementale pour aider les
producteurs à passer au travers, l'industrie du vison aurait pu presque
disparaître, peut-être disparaître. Les années
passées ont été très dures. Que voulez-vous? Il y a
une crise économique. En 1981, les taux d'intérêt sont
montés quasiment à 25%; en 1982 et 1983, les taux
d'intérêt étaient autour de 20%. La demande pour le vison a
baissé un peu. Quand on se retrouve avec des taux d'intérêt
semblables, il y a beaucoup de gens qui sont serrés
financièrement et leur première préoccupation n'est pas
d'acheter un manteau de vison. Le vison a baissé de prix
considérablement et, en plus, nos producteurs
produisaient beaucoup plus de couleurs pastel que de vison noir ou
"semi-buff", les couleurs foncées, alors que la demande de ces
années-là était plus pour les couleurs foncées que
pour les couleurs pâles. Il y a eu une évolution dans les couleurs
et nos gens étaient plus dans les couleurs pâles et les couleurs
pastel, à une époque où la demande a diminué dans
son ensemble.
Évidemment, c'était un dur coup, mais ce n'était
pas anormal. La demande pour les produits plus chers a baissé au cours
des années 1981, 1982, 1983. Ce n'est pas anormal, c'est
complètement normal, parce que plus de gens ont des difficultés
financières à cause des taux d'intérêt et ils
consacrent plus d'argent aux taux d'intérêt qu'à l'achat
d'un manteau de vison.
Là-dedans aussi, la production du vison a démarré
dans différentes régions et a contribué à faire
travailler des gens dont un grand nombre antérieurement, peu
d'années auparavant, étaient des assistés sociaux qui
devenaient de petits entrepreneurs, des producteurs de visons. Je pense
à Charlevoix, Bonaventure et aussi Port-Cartier où, quand les
mines ont fermé, un certain nombre de personnes se sont recyclées
dans le vison. C'est un excellent climat pour ça, surtout, à part
ça, que les visons mangent habituellement des déchets de poisson
et des déchets de poulet. Donc, une entrée aux fruits de mer et
ensuite un plat principal à la viande.
M. Picotte: Une coquille Saint-Jacques.
M. Garon: C'est en même temps une façon de donner
une valeur ajoutée à nos déchets de poisson et de
volaille. Comme c'est une industrie qui est bien adaptée au
Québec, qui se fait dans des régions principalement
périphériques où les possibilités de gagner de
l'argent ne sont pas considérables - dans Charlevoix, il n'y a pas 50
domaines où tu peux gagner ta vie -c'était donc une façon
de bâtir une industrie. Je pense que c'est une industrie qui était
bien adaptée au Québec, à son climat et ces déchets
d'industrie sont assez importants au Québec sans qu'on fasse un effort
spécial.
On s'est dit qu'il est important de maintenir les gens dans le secteur
du vison, de les aider, de leur donner un coup de main, parce qu'ils n'ont pas
une grosse équité; ce ne sont pas des millionnaires qui sont dans
le secteur du vison. Cependant, ils travaillent, gagnent leur vie et il y a des
effets d'entraînement, des effets secondaires. Ça fait travailler
d'autres personnes et c'est une industrie en voie d'établissement. On a
donc pensé que c'était le rôle du gouvernement de leur
donner un coup de main et on l'a fait. Je peux dire que, actuellement, avec la
reprise économique, la demande pour le vison augmente. Les prix ont
été meilleurs cette année, de sorte que les prix vont
permettre de faire face aux coûts de production. On a les derniers prix
ici pour le vison. Cette année, par rapport à l'an dernier, pour
le pastel, en février 1984, c'était 25, 73 $ par peau alors que,
cette année, le prix moyen était de 33, 41 $; donc une
augmentation de 30%.
Je me rappelle quand on disait: II faut recycler l'industrie pour le
noir. Moi, je disais: Oh! N'allons pas trop vite, parce que dans ces
affaires-là les goûts des femmes sont tellements changeants. On
dit: Pour le vison, c'était le pastel dans les années cinquante,
c'est le noir dans les années soixante-dix, quatre-vingt et cela peut
revenir au pastel. Vous voyez?
En février 1984, le noir était à 42, 65 $. Il a
augmenté à 48, 15 $, une augmentation de 13%. Le "demi-buff" de
32 $, en février 1984, a augmenté à 36, 83 $ la peau en
1985; donc, 15% d'augmentation. On voit que c'est le pastel qui a
augmenté ie plus, production dans laquelle étaient nos
producteurs. On a dit: II faudrait en recycler un certain nombre dans le noir -
parce que le noir est encore plus cher - mais avec une certaine prudence, ne
pas essayer de virer l'industrie entièrement vers le noir, faire une
diversification pour qu'un producteur ait les deux. On dit au producteur:
Idéalement, tu devrais produire les deux de sorte que, si le noir monte,
tu as du noir et, si c'est le pastel qui monte, tu as du pastel. Tu vas faire
une moyenne qui a du bon sens. Si tous nos producteurs étaient à
moitié dans le noir, à moitié dans le pastel, que le prix
de l'un ou l'autre augmente, ils seraient indifférents à cela
parce qu'il s'établirait une moyenne du prix qui serait une combinaison
des deux prix. C'est ce qu'on a souhaité faire et on a un programme pour
cela, qu'on a établi en même temps que l'aide financière
aux producteurs de visons en difficulté.
M. Picotte: Dans ce genre de production, M. le Président,
j'aimerais que le ministre me dise... Cela nous amène où, cela
donne combien d'emplois à peu près au Québec? D'abord, il
y a combien de producteurs de visons? Cela crée combien d'emplois? Au
point de vue économique, quel est le montant d'argent que cette
production rapporte et est-ce que le ministère continue encore de
promouvoir ce genre de production?
M. Garon: Il y a 162 producteurs de visons au Québec, mais
le nombre d'emplois... Il faudrait faire une compilation. On ne tient pas
compte du nombre d'emplois par production de façon permanente.
M. Picotte: En termes de dollars, en volume de dollars, cela
représente quoi?
M. Garon: Ah! Quelques millions de dollars. Vous comprenez
qu'avec des changements dans les prix cela change d'une année à
l'autre, selon la valeur des productions.
M. Picotte; Y a-t-il encore des demandes dans ce
domaine-là, des demandes d'aide?
M. Garon: Ce qu'il faut actuellement, c'est améliorer...
Il n'y a plus de demandes pour ce programme-là. Cela a été
un coup, une aide financière pour 1982 et 1983 sous forme de subventions
ou de prêts, selon le programme, pour les aider à passer à
travers. Maintenant, le programme, c'est pour améliorer leur production
et on veut consolider avec ces gens-là. On n'essaie pas d'ajouter de
nouvelles personnes dans le secteur du vison, mais on essaie de consolider avec
l'industrie existante pour rendre plus efficace cette industrie. On dit:
Rendons notre industrie plus efficace parce que, en fonction de notre climat,
on n'est pas de gros producteurs de fourrure. Si on compare, par exemple, avec
d'autres pays qui ont un climat comme le nôtre, qui sont des producteurs
de fourrure, des pays qui sont moins avantagés quant au climat, on n'est
pas un très gros producteur de fourrure au Québec quant aux
produits d'élevage. Pour cela, il faut... Travaillons avec les gens
qu'il y a là pour avoir l'alimentation animale, toutes les conditions
idéales pour faire une production plus efficace qu'ailleurs. On a des
conditions de base pour cela. Il y a tout un ensemble de données
à mettre en application pour rendre l'industrie plus efficace. C'est ce
qu'on veut faire avec l'industrie existante avant de mettre une grande phase de
développement.
M. Picotte: Vous parlez de 162 producteurs de visons. Cela veut
dire que le ministère, pour l'instant, a l'intention de limiter cela
à 162, vu que...
M. Garon: Oh non! Non, on n'empêche personne d'aller dans
le vison. On n'incite pas à avoir de nouveaux producteurs. Si quelqu'un
veut aller dans le vison et qu'il a un projet pour aller chercher du
crédit agricole, s'il est rentable, il doit marcher.
M. Picotte: Il y a eu combien de faillites dans ce domaine depuis
deux ou trois ans? Est-ce qu'il y avait beaucoup plus de producteurs que cela
il y a deux ou trois ans, quatre ans?
M. Garon: Moins de dix, pas plus de dix.
M. Picotte: Une dizaine de faillites?
M. Garon: Oui.
M. Picotte: Cela veut dire qu'il y avait environ 175 producteurs
au début de la crise, faillites, abandons ou...
M. Garon: On me dit qu'il n'y en avait pas plus que cela, pas
plus qu'une dizaine. On a essayé de sauver tous ceux qu'on pouvait
sauver, mais quand on n'a pas... Qu'est-ce que vous voulez? Quand quelqu'un...
Ce n'est pas "sauvable".
M. Picotte: Mais, dans les prévisions du ministère,
il semblerait que ce soit fini maintenant, l'injection d'argent dans ce
programme, parce que le pire de la crise est passé...
M. Garon: Le programme qui fonctionne toujours, c'est celui de
l'amélioration de la qualité des peaux.
M. Ouellet (Ferdinand): Pour le croisement des visons et les
couleurs, ça marche.
Le Président (M. Beauséjour): M.
Ouellet, si vous voulez que ce soit inscrit au Journal des
débats, il faut parler plus fort.
M. Garon: Si on veut améliorer la qualité des peaux
avec de meilleurs croisements, de l'amélioration génétique
pour faire en sorte qu'il y ait une meilleure qualité des peaux.
M. Picotte: Ce n'est pas le même type d'intervention que
celui qu'on connaît à l'étude des crédits.
M. Garon: Sauf que, concernant le vison, ce que le
ministère fait quand il conseille quelqu'un, c'est qu'il ne l'oblige pas
à entrer de force et à faire ce qu'il veut; d'ailleurs, ce n'est
jamais comme cela. On dit: On pense que ce serait mieux que quelqu'un
diversifie plus sa production en ayant plus d'équilibre entre les
pastels et le noir. Si le producteur est spécialisé dans tel
domaine et s'il ne veut pas, on ne l'oblige pas. C'est l'entreprise
privée. D'autant plus que cela peut se passer différemment de ce
qu'on a prévu. Celui qui est capable de prévoir les prix des
produits dans un an, deux ans et trois ans d'une façon sûre,
dites-moi son nom et on va l'engager tout de suite, et il n'y aura pas de
limite pour son salaire.
Ce n'est pas cela la réalité. C'est pour cela que M.
Parizeau disait que les prix du sucre en 1984 ne sont pas les mêmes que
ceux qu'on avait prévus en 1978. On dit: Si quelqu'un est capable de
prévoir ces prix, on l'engage tout de suite, vendu. Si on avait un gars
comme cela au ministère, ce serait
fantastique. Ce gars serait également millionnaire. Il ne serait
sans doute pas chez nous.
Ce n'est pas possible de prévoir la conjoncture économique
de façon parfaite. Il n'y a plus personne qui essaie de prévoir
sur 30 ans, 50 ans, comme avant. Au Moyen Âge, on pouvait voir sur un
siècle, les choses ne changeaient pas. Dans les années où
on vit actuellement, où il y a plus de chercheurs en vie que tout ce
qu'il y a eu depuis le début de l'humanité, où les
conceptions des choses sont moins traditionnelles, où les gens sont
moins conservateurs de mentalité, sont plus prêts à
changer, vous n'êtes plus capable de prévoir des choses des
années à l'avance. La conjoncture est difficile à
prévoir.
M. Picotte: M. le Président, d'accord, je suis prêt
à passer à l'engagement 17 parce que j'aurais une question sur
cet engagement.
Le Président (M. Beauséjour): L'engagement 17.
M. Picotte: "Supplément pour porter 1 019 006, 65 $ le
coût des travaux de drainage dans le cours d'eau rivière du Sud,
partie inférieure, dans le comté d'Iberville". C'est dans votre
comté, M. le Président...
Le Président (M. Beauséjour}: Oui.
M. Picotte: On parle d'un montant additionnel...
Le Président (M. Beauséjour): J'avais des
questions, mais je vais vous laisser poser les vôtres.
M. Picotte:... de 228 995 $. Est-ce que le ministre est capable
de m'indiquer la raison pour laquelle il y a une différence aussi
marquée? Quand on parle de 228 000 $ sur 1 000 000 $, c'est le
cinquième de ce qui avait été prévu. Je trouve que
c'est beaucoup.
M. Garon: On est dans la rivière du Sud où c'est
difficile, c'étaient des gros travaux. C'est un peu comme quand on a
parlé du Norton-Creek, il s'agit de travaux considérables. Dans
la rivière du Sud, j'étais content, je n'ai pas été
trop badré par toutes sortes d'intervenants. Je peux vous dire que, pour
les aboiteaux de Kamouraska, aujourd'hui, c'est le même genre de travaux,
ce sont des travaux d'aménagement des eaux. Les gens des
ministères fédéraux m'avaient combattu à mort dans
les travaux de Kamouraska. Aujourd'hui, ils ont subventionné une petite
bâtisse pour presque faire croire que c'est eux qui ont fait faire les
travaux des aboiteaux de Kamouraska, tellement c'est bon et tout le monde est
content.
Dans les travaux de la rivière du Sud, on a réussi
à s'entendre avec tout le monde, avec les gens de Canards
Illimités, les loisirs, les écologistes. Il y en a quelques-uns
qui voudraient que ce soit comme dans le temps de Jacques Cartier, mais,
qu'est-ce que vous voulez, on n'empêchera jamais cela.
Là, ce sont des travaux considérables. Vous savez, il y a
le lac Champlain, le fleuve, la rivière Richelieu, le niveau de l'eau;
c'est une rivière qui ne coule pas vite, elle bouge à peine. Cela
demande des travaux spéciaux. Ce qui est arrivé là-dedans,
par rapport à l'augmentation des coûts que cette
société demande, c'est-à-dire un montant de 228 995 $ sur
des travaux de 1 019 000 $, c'est que cette majoration du coût des
travaux est principalement due à une augmentation appréciable des
quantités de matériel qu'il a fallu manipuler pour
aménager les cours d'eau et surtout pour ériger la digue
projetée. La digue, c'est le travail que demandaient les gens pour mieux
protéger l'écologie.
En effet, les variations importantes dans la qualité des
matériaux disponibles pour la construction de la digue, et cela
même si des sondages à tous les 150 mètres avaient
été pratiqués préalablement environ aux 500 pieds -
nous ont obligés à nous ajuster le plus efficacement possible au
cours du déroulement des travaux. Ainsi, il nous a fallu recourir
à des bancs d'emprunt plus éloignés de la digue, ce qui a
eu pour effet de faire augmenter les quantités pour les
opérations de double manipulation et de transport de matériaux
pour les apporter sur le site de la digue. (12 h 30)
Aussi la profondeur très variable et, en plusieurs endroits, plus
profonde que prévu de la couche de terre organique a exigé
l'extraction de ce matériel impropre, soit du site de la digue, soit du
site du banc d'emprunt et les quantités d'extraction de matériel
de classe B, de mise en place et de régalage des déblais ont
été considérablement accrues.
On dit en même temps que le ministère pourra
bénéficier de prix unitaires relativement bas pour faire
exécuter ces travaux, car l'entrepreneur complétera son mandat
aux taux soumis. Même si les taux avaient été
établis antérieurement pour la continuation des travaux, il va
respecter les mêmes. Il s'agit de travaux complexes.
Le Président (M. Beauséjour): Les travaux, je
crois, sont complétés. Il y avait justement des problèmes
de rétention de l'eau. C'est pour cela qu'il a été
obligé d'aller chercher des produits.
M. Garon: II reste de petits ajustements. La mise au point de la
station
de pompage devrait être terminée au printemps. Je peux vous
dire que j'ai l'intention de faire une inauguration en grande pompe. Je me suis
assez fait charrier dans ce genre de travaux, dans les aboiteaux, partout, que
les écologistes seront invités, ainsi que tout le monde qui veut
voir ce qu'on fait et surtout, j'espère, les gens qui ne sortent jamais
de leur bureau comme le journaliste Francoeur, du Devoir. J'espère
qu'une journée ils vont prendre leur bicyclette écologique et
venir voir le site afin de ne rien polluer dans la nature.
Ces travaux qu'on fait, au contraire, sont bénéfiques.
Personne n'écrit aujourd'hui dans les journaux que, dans les aboiteaux
de Kamouraska, il y a plus de canards que jamais. C'est ce qu'on avait dit,
d'ailleurs. Il n'y a pas un de ces pseudo-experts aujourd'hui qui écrit,
parce que, la plupart du temps, ils n'étaient jamais allés
là avant et ils n'y vont pas plus aujourd'hui et n'iront pas plus
demain. Aujourd'hui, aux aboiteaux, tout le monde est heureux; les canards sont
heureux, les cultivateurs sont heureux, les touristes sont heureux, les
chasseurs sont heureux, ce qui n'est pas peu dire; on a fait la coalition de
tout ce monde.
Pour les travaux d'aménagement de la rivière du Sud, c'est
la même chose. Des gens, à un moment donné, voulaient se
greffer à notre projet. Vous étiez là, M. le
député. Lorsqu'on a rencontré tous les maires de la MRC,
j'ai demandé, avant d'annoncer le projet officiellement: Est-ce que tout
le monde est d'accord? J'ai dit: Autrement, si les gens ne sont pas d'accord,
on n'annoncera pas le projet. Tout le monde était d'accord. Il y avait
un maire, le maire de Sainte-Brigide, vous vous le rappelez, qui a dit: La
seule chose que je vous reproche, M. Garon, c'est de ne pas aller plus loin
dans les travaux, de ne pas prendre une plus grande partie du territoire pour
les fins de l'agriculture par rapport à la faune. J'ai dit: Non, il faut
maintenir un équilibre. On a fait un aménagement qui satisfait
à peu près tout le monde, pas parfaitement, mais dans une affaire
où on essaie d'arranger quelque chose et de faire un compromis, je pense
que presque tout Je monde est heureux. J'étais très content qu'on
le fasse.
C'est la même chose dans la baie Lavallière. Ils ne vous le
diront pas les gens. Les gens de Canards illimités ont fait leurs
propres travaux et ils sont en train de se rendre compte que nos travaux sont
plus productifs pour les canards que les leurs. Mais qui va dire cela
publiquement? S'ils le disent publiquement, pensez-vous que Francoeur, du
Devoir, va le dire? Pensez-vous que Gagné du Soleil va le dire? Ils ne
le disent jamais, sauf qu'ils se rendent compte habituellement, après
coup, dans tous les cas, que les travaux de l'agriculture sont
bénéfiques pour la faune et plus que ce qu'on avait dit les trois
quarts du temps. Pourquoi? Parce que rien ne vit mieux ensemble que la faune et
l'agriculture. Aux États-Unis, ils ont réalisé cela. Nous
autres, nous ne l'avons pas encore réalisé. Aux
États-Unis, ils l'ont réalisé lorsqu'ils ont creusé
des étangs sur les fermes pour faire rentrer les oiseaux sur les fermes.
Tu as le droit de les tirer lorsqu'ils sortent des étangs, tu n'as pas
le droit de les tirer lorsqu'ils rentrent, afin qu'ils s'habituent à
rentrer. Les Américains ont compris cela. Chez nous, nous n'avons pas
encore compris cela et on les tire tout le temps. L'oiseau est malheureux de se
faire tirer ainsi. Aux États-Unis, aujourd'hui, sur les fermes
agricoles, il y a des étangs. C'est vrai, j'ai de la documentation
là-dessus. On a rendu l'agriculture encore plus productive.
Pensez-y une seconde. Le plus beau mariage que les Américains ont
réalisé, c'est celui de la faune et de l'agriculture. J'essaie
cela depuis le début et j'ai de la difficulté.
Qu'est-ce qu'ils ont fait? Ils ont fait des étangs pour les
oiseaux migrateurs. Les oiseaux migrateurs vont sur ces étangs et, quand
ils arrivent, ils rentrent dans l'étang. C'est interdit de chasser.
L'oiseau n'est pas craintif quand il arrive dans l'étang; il s'en va
dans l'étang et il n'y a jamais un coup de fusil. Quand il sort de
l'étang, là les chasseurs ont le droit de le tirer. L'oiseau a
tendance à rester dans l'étang - le père, la mère
et les enfants ensemble - et à essayer de manger un peu dans le champ du
cultivateur. Mais, comme le cultivateur, c'est lui qui a l'étang de
ferme, c'est lui qui encaisse pour faire tirer les oiseaux, il est
intéressé à ce qu'il y ait des oiseaux et qu'ils se
multiplient. Alors, ils ont réussi le tour fantastique, comprenez-vous,
de rendre l'agriculture plus rentable avec la faune en en faisant profiter les
agriculteurs et en faisant de ceux-ci des gens qui sont
intéressés au développement de la faune. Aujourd'hui les
gens essaient ici de faire de la provocation. Nous, ce n'est pas cela qu'on
voudrait. Nous pensons que le modèle américain
d'aménagement est meilleur que le modèle de conservation. La
conservation, cela veut dire penser et espérer revenir comme dans le
temps de Champlain ou de Jacques Cartier avant qu'il y ait des Blancs. Si on
écoutait ces gens, on rebâtirait les bateaux et on renverrait le
monde en Europe, et cela serait comme autrefois. J'aime autant penser à
l'aménagement. L'aménagement, cela veut dire qu'il y a de la
faune, la faune évolue comme nous. On ne peut pas dire que les gens vont
être en 1985 et que la faune va rester en 1534. Cela ne marche pas; on
vit ensemble. Il faut faire avancer les choses.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): Qu'est-ce qui
arrive quand il y en a qui rentrent et qui sortent en même temps?
M. Garon: Il arrive comme pour les choucas, ils vont se faire
tuer par les gens de la faune.
Le Président (M. Beauséjour): C'est complet pour
l'engagement 17.
M. Picotte: Est-ce que vous avez donné ce cours à
vos collègues, le ministre des Loisirs, de la Chasse et de la
Pêche et le ministre de l'Environnement?
M. Garon: Le ministère, dans le fond.,.
M. Picotte: Il a peur des coups de fusil.
M. Garon: Non. Je vais vous donner un exemple encore meilleur. Il
n'y avait pas de débat politique sur la rive nord de la Mauricie; dans
tout cela, les intervenants ne disaient pas un mot. Tous les travaux ont
été faits l'an passé, plusieurs travaux ont
été faits, et pas un son. On a fait des travaux du même
genre sur la rive sud. Là, tous les travaux sont effectués et
tout marche. Du côté sud, il y a eu des débats. À la
baie Lavallière, qu'est-ce que vous voulez faire? Vous faites une digue
qui monte le niveau de l'eau de trois pieds et vous voudriez que les gens
inondés ne disent pas un mot. C'est cela le débat. Ceux qui
pensent en ces termes sont malades. On ne peut pas inonder, même sur le
plan juridique, augmenter le niveau de trois pieds et dire: Les gens ne
pourront pas organiser l'écoulement de leurs eaux. Tout ce que l'on
demande dans la baie Lavallière, c'est de faire les travaux qui
étaient convenus dès le départ pour que
l'écoulement des eaux soit plus rapide, si le niveau de l'eau est
écoulé, pour que le niveau de l'eau ne soit pas plus
élevé et fasse des inondations sur des terres et empêche le
drainage des terres. C'est très simple aujourd'hui. Les gens se sont
embarqués dans des affaires et il y a toujours des batailles
idéologiques. Moi, je n'ai jamais pu faire de batailles
idéologiques, mais des batailles de bon sens en disant: Il faut que les
cultivateurs, les chasseurs, tout ce monde-là, les oiseaux soient le
plus heureux possible. Il faut que les travaux fonctionnent; et, si les oiseaux
aiment mieux avoir des petits buttons, faisons des petits buttons. Avec nos
travaux de régalage, les gens pensent que nos petits buttons ne
devraient même pas être régalés pour que les oiseaux
puissent jouer dans cela. Il faut jouer dans les petits carrés de sable.
Les gens évoluent en se rendant compte de ces choses.
J'ai d'autres demandes et, si je vous énumérais les
demandes que j'ai des gens du milieu actuellement pour des travaux... J'aime
autant ne pas le dire pour ne pas ameuter la population, mais j'ai encore
d'autres demandes. Ces travaux sont tellement bénéfiques. Mais
parce qu'il y a une presse spécialisée dans la protection de
l'environnement qui n'écoute que les milieux de pression, il y a ce
débat. C'est un débat qui n'a ni queue ni tête.
Aujourd'hui, par exemple, on ne vous dit pas en écologie qu'aller
visiter les baleines et passer trois pieds à côté de leur
tête avec des moteurs qui circulent, que des gars qui se promènent
parmi les baleines, les baleines n'aiment pas trop cela; elles trouvent cela
étourdissant. Elles aussi ont droit à la protection de leur
environnement contre le bruit. Les baleines, pourquoi les achale-t-on ces
maudites baleines? Qu'on les laisse tranquilles! Là, ce sont des gens de
l'écologie qui disent: Il faut aller voir les baleines. Qu'y a-t-il de
mieux qu'une baleine heureuse, une baleine toute seule avec ses enfants, le
père et la mère? Pourquoi va-t-on leur mettre des moteurs tout
autour pour les promener et les étourdir? Au nom de l'écologie?
Je ne crois pas à cela. Soyons logiques jusqu'au bout. Je crois à
l'écologie, mais je ne crois pas au fait qu'on agit d'une façon
irrationnelle. La faune et l'agriculture, il n'y a pas de meilleur mariage. On
ne me fera pas croire que, sur le bord du fleuve, pour la faune, ce qu'il y a
de mieux, ce sont des chalets. C'est bien mieux de l'agriculture 'jusqu'au
fleuve et, après cela, les milieux humides. Quand le canard aime mieux
être dans le milieu humide, il va dans le milieu humide. Quand il aime
mieux aller faire un tour dans le champ du cultivateur, il va y faire un tour.
Quand il y a des chalets autour, qui sont les défenseurs des chalets? Ce
n'est pas nous, au contraire, la Protection du territoire agricole. J'aime
autant que les canards soient tranquilles sur le bord de l'eau.
M. Picotte: M. le Président. Pour poursuivre un peu plus
loin, puisqu'on est arrivé...
Le Président (M. Beauséjour): Des baleines, il n'y
en a pas beaucoup dans la rivière du Sud. Il faudrait revenir à
la rivière du Sud.
M. Garon: Les anguilles?
M. Picotte: Oui, je comprends, mais on y a mêlé la
baie Lavallière. D'ailleurs, notre premier engagement dans le mois qui
suit concerne le lac Saint-Pierre et les terres alluviales du lac Saint-Pierre,
Mais, de toute façon...
Le Président (M. Beauséjour): Alors, est-ce que
vous êtes d'accord qu'on reprenne là?
M. Picotte: Moi, je suis bien prêt à adopter, par
exemple...
Le Président (M. Beauséjour): Alors, les
engagements financiers du mois d'octobre sont considérés comme
vérifiés.
M. Picotte: Oui.
Le Président (M. Beauséjour): Nous passons
maintenant au mois de novembre.
M. Picotte: Merci. Dans le même ordre d'idées, M. le
Président, puisque cela va continuer, on parle du lac Saint-Pierre.
Le Président (M. Beauséjour): À l'engagement
1.
M. Picotte: C'est ça. Est-ce que le ministre pourrait me
dire - parce qu'on a entendu souvent, en tout cas, des versions fort
différentes de la part de gens ou de ministères
différents. Le ministère du Loisir a une position
là-dessus, le ministère de l'Agriculture a la sienne et elle est
connue, le ministère de l'Environnement surveille adéquatement,
justement, ces travaux-là. Est-ce qu'avant de procéder à
certains travaux le ministre a toujours en sa possession des études
d'impact effectuées non seulement à son ministère, mais
aux différents ministères concernés? J'imagine qu'il y a
au moins trois ministères concernés là-dedans:
Environnement, Loisir, Chasse et Pêche et Agriculture. Ce sont trois
types de ministère qui sont concernés par les
améliorations que fait le ministre.
À partir de ce moment-là, est-ce que le ministre
procède uniquement quand il est en possession d'un dossier de son
ministère où il trouve que c'est valable? Je ne nie pas cela
parce qu'on n'a peut-être pas assez vérifié les
détails techniques de ces discussions et de ces études. Comme il
s'agit là d'un dossier où il doit y avoir trois écoles de
pensée pratiquement, où en tout cas il y a trois
intérêts différents du côté de trois
ministères différents, est-ce que le ministre, quand il
procède à des travaux, que ce soit au lac Saint-Pierre, à
la baie Lavallière ou ailleurs, a en sa possession des études
d'impact et des discussions qui ont été effectuées aux
trois paliers des ministères différents pour faire un certain
consensus avant de procéder à des travaux?
M. Garon: Prenons le cas de la baie Lavallière. Tout le
monde est rendu d'accord sur nos travaux actuellement, ce n'est rien qu'au
point de vue juridique qu'il y a un imbroglio. Ils sont tous d'accord sur nos
travaux maintenant, tant les gens de la faune, les gens de Canards
Illimités, les gens de l'Environnement, du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche. Ils ont un imbroglio juridique parce qu'ils prétendent que
nos travaux sont de nouveaux travaux par rapport à la continuation de
travaux. Alors, il y a un problème juridique, mais les travaux sont
bons. Il y a des gens à travers cela qui comptent des histoires au monde
et ce ne sont pas les ministres. Les ministres, au fond, ils sont
"poignés" souvent avec des avis contradictoires, ou des affaires de
même nature.
Il faut dire que, dans le passé, au sujet des cours d'eau, il y a
eu des critiques qui ont été faites au ministère de
l'Agriculture et qui étaient fondées. Je peux vous dire, moi, que
les premières critiques qu'il y a eu... Quand une critique paraît
dans un journal, moi je peux vous dire que je la vérifie. Je me dis:
Est-ce vrai ou pas? Quand j'entends parler de certains travaux qui avaient
été faits ou qui avaient pour but de canaliser les
rivières, je fais vérifier cela par les gens de mon cabinet. M.
Ouellet, lui-même, est allé visiter le Bras Saint-Nicolas à
Montmagny avec Jean-Pierre Gagnon, de mon cabinet. J'avais demandé
à Jean-Pierre d'y aller et, après cela, il m'a dit: M. Garon, ce
qu'on dit est fondé. Cela a été mal fait. Bon, alors,
allez-y donc avec M. Ouellet. Ils sont allés marcher le cours d'eau.
À la suite de cela, qu'est-ce que j'ai fait? Cela se passe au
début de mon mandat, il y a plusieurs années. J'ai dit: À
l'avenir, il n'y a pas un cours d'eau qu'on va faire sans présenter nos
projets au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour
qu'il dise s'il y a des problèmes au point de vue de la faune
ailée ou marine pour proposer des devis techniques différemment
ou faire des suggestions. Nous autres, on n'a pas d'objection. Par exemple,
autrefois, les gens du ministère, dans les travaux, pouvaient creuser un
rapide en creusant le cours d'eau. S'il y a un rapide, c'est parce que l'eau
passe plus vite. Cela ne donne rien de creuser le rapide; l'eau passe vite.
C'est un rapide parce que l'eau passe vite. (12 h 45)
Il y a plusieurs années, il y a plus de cinq ou six ans, certain,
avant que les critiques fortes se fassent, j'étais sensible à
ça dès le départ. On a dit: D'accord, on va faire
contrôler nos devis. Aujourd'hui, on a toujours un avis technique du
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour chacun des
travaux.
Quand on a fait une entente avec le ministre de l'Environnement au point
de vue des impacts, on a dit: Il y a des types de cours d'eau où il
devrait y avoir des études d'impact, d'autres non. On a dit: Nous
autres, on pense que ça devrait être une étude
administrative. On fait des centaines de cours d'eau par année. S'il
faut faire une étude d'impact pour chacun, c'est fini. Le
ministère va avoir plus de monde pour les études d'impact que
dans le ministère. Cela n'a pas de bon sens, il y en aurait des
centaines.
Par ailleurs, on dit: On va vous
montrer nos projets et si vous trouvez que nos projets ont quelque chose
qui devrait être modifié - vous autres, vous connaissez ça,
ce sont des choses que vous surveillez, la protection de l'environnement ou de
la faune - vous nous ferez vos recommandations. On va marcher avec ça.
On va travailler avec vous autres, là-dessus. C'est comme ça
qu'on a fonctionné, sauf qu'il y a des gens qui pensent qu'on devrait
faire des études d'impact. Ce n'est pas possible de faire des
études d'impact sur tous les travaux. Actuellement, quand le
gouvernement les fait, il les fait pour améliorer les choses. Nous
autres, on les fait pour les fins de l'agriculture, mais en respectant la faune
et en respectant l'environnement. C'est pour ça qu'il s'agit, sur le
plan administratif, d'analyser nos travaux pour dire ce qui doit être
fait pour tenir compte de ce qu'ils ont la responsabilité de
protéger.
M. Picotte: En ce qui concerne le creusage des cours d'eau et
tout ça, je comprends qu'il y a des minimums qui sont respectés
avec l'environnement. Mais quand il s'agit de travaux considérés
comme plus importants qui causent un impact et où les gens se
questionnent davantage...
M. Garon: Comme quoi?
M. Picotte: La baie Lavallière, par exemple. Moi,
personnellement, je n'ai pas eu le temps de regarder cela parce que j'ai
reçu, il y a quelques jours seulement, un rapport de la
Fédération québécoise de la faune, qui me semble
bien étoffé, mais que je n'ai pas lu, je vous le dis
déjà. Il a l'air d'avoir 75 ou 100 pages. Eux, ils semblent dire,
de prime abord, selon une conversation téléphonique que j'ai eue
avec quelqu'un, que certains de ces travaux seraient préjudiciables
à la faune. À partir de ce moment, il y a déjà une
opinion. La Fédération québécoise de la faune a
quand même une certaine crédibilité. Il y a des gens qui
s'y connaissent un peu là-dedans.
M. Garon: Oui, du genre je chiale, donc j'existe.
M. Picotte: Oui, mais quand même, peu importe...
M. Garon: Je vais vous dire l'histoire de la baie
Lavallière.
M. Picotte: Il y a eu...
M. Garon: Je vais vous la conter, l'histoire. Au milieu des
années soixante-dix, les gens de la faune ont le projet de la commune de
Yamaska et de la baie Lavallière, avec des digues et tout ça et,
en même temps, de rendre ça un territoire public et d'acheter les
terres des cultivateurs.
Le ministère de l'Agriculture dit: Pas d'objection à une
condition, c'est que ça ne nuise pas au drainage des terres des
agriculteurs pour que le drainage des terres se fasse et aussi que la situation
ne soit pas empirée par ces travaux au point de vue des cultivateurs.
Tout le monde dit: D'accord, dans ce cadre. La commune, les terres sont
achetées et, là, les cultivateurs enlèvent les vaches de
la commune.
Je vais vous dire ce qui s'est passé après.
Premièrement, les gens de la faune -ce n'est écrit dans aucun
journal, mais parlez avec eux - les gens responsables des oiseaux vous disent
aujourd'hui: C'était plus productif, ce territoire, quand il y avait des
vaches sur le territoire. Pour une raison ou pour une autre, les vaches qui
"pilotent", cela a des effets au point de vue des herbes qui poussent et tout
ça. Cela veut dire qu'un territoire qui n'a plus de vaches...
Une voix: Cela nettoie à part de ça.
M. Garon:... le territoire devient un peu en friche. La friche,
ce n'est pas bon pour la faune. La faune est aussi intelligente que l'animal
d'élevage. Elle n'est pas heureuse dans la friche. Alors, les vaches
étant parties, le territoire change. Le territoire, au lieu de devenir
plus productif, devient moins productif. Allez-vous voir un gars de la faune
écrire ça dans le journal et, même s'il le dit, les
correspondants réguliers de l'environnement dans les journaux
l'écrire? Jamais! Parce que ça vient contredire tout ce qu'ils
ont dit dans le passé. Voyez-vous, ils n'ont pas de connaissances si
poussées que ça et ils se rendent compte, avec
l'expérience, que les choses se passent différemment, sauf que
ça prend une certaine dose d'humilité dans la vie pour dire: Bien
là, j'ai pensé telle chose, mais je me suis trompé.
Aujourd'hui, ils aimeraient bien que les vaches reviennent dans le territoire,
pour "piloter" aussi encore.
Deuxièmement, à la baie Lavallière, pour les
cultivateurs, nous faisons tout simplement ce qui avait été
convenu au point de départ, des travaux pour les agriculteurs. Je le
dirai aux gens de la faune: Pourquoi mettre un barrage et l'augmenter de trois
pieds? Ce n'est pas naturel. Si on pense tant que cela à la nature,
pourquoi faire des barrages pour provoquer des inondations? Ce n'est pas la
nature, cela! Ce sont des travaux humains, contre nature. Pour faire
fonctionner la nature différemment, on met un barrage. On fait un
barrage de trois pieds et les gens de la faune vont dire: Maintenant, le
cultivateur est inondé, qu'il reste inondé, il n'y a rien
à faire contre cela. Je regrette! On fait des travaux pour changer la
nature et, après
cela, on dit au cultivateur de ne plus bouger, comme si la nature
l'avait voulu comme cela. Voyez-vous dans une seule société
civilisée au monde, vous allez faire un barrage de trois pieds et ceux
qui seront inondés n'auront pas un mot à dire. Ils devront se
faire inonder, être heureux et considérer que c'est un bienfait!
Je ne pense pas comme cela et, si la Fédération
québécoise de la faune pense comme cela, elle est dans les
patates.
M. Picotte: M. le Président, ce que je veux demander au
ministre, c'est qu'il y a possiblement des choses avec lesquelles il n'est pas
d'accord dans le rapport de la Fédération
québécoise de la faune, c'est sûr. Peut-être que des
choses sont exagérées, je ne le sais pas. Il y a peut-être
là-dedans certaines personnes qui pensent de façon
différente et qui n'ont pas raison de penser de cette
façon-là, d'après ce que j'entends du ministre. Mais
j'imagine que, dans un rapport aussi important et aussi volumineux, il doit y
avoir des inquiétudes que la Fédération
québécoise de la faune a et qui sont susceptibles d'être
véridiques. Elle ne doit pas avoir tort sur toute la ligne. Ces
gens-là ne doivent pas écrire pour le plaisir de dire: on envoie
du papier et on prétend que notre position est complète et tout
cela. Il doit y avoir des inquiétudes là-dedans qui sont
fondées, peu importe ce que le ministre en pense.
M. Garon: Bien oui, c'est évident.
M. Picotte: À partir de là, qu'est-ce que le
ministre a fait en collaboration avec ses autres collègues pour
tâcher d'amoindrir ou d'éviter que ces inquiétudes se
produisent?
M. Garon: Non, non. Je vais vous dire une chose: Si les
cultivateurs n'avaient pas voulu que les travaux se fassent dans la baie
Lavallière, ils ne se seraient sans doute jamais faits. Quand, au point
de départ, on a dit: D'accord, on va permettre les travaux d'inondation
à la baie Lavallière, en contrepartie, il devait y avoir des
travaux de drainage, des travaux pour l'écoulement des eaux de sorte
qu'on ne nuirait pas aux terres agricoles qui sont en amont du barrage. C'est
cela qui a été dit. Une fois que le barrage est fait, on vient se
soulever pour dire: Pas de travaux pour les agriculteurs, qu'ils restent comme
cela. On aimerait mieux des inondations. Cela ne marche pas, on vit dans une
société civilisée; on n'est pas dans le Far West. Le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, à ce que
je sache, est d'accord avec ces travaux-là.
M. Picotte: Le ministère de l'Environnement aussi?
M. Garon: Le ministère de l'Environnemment ne me
paraît pas contre actuellement. Canards Illimités me dit
même plus - on ne me l'a pas dit personnellement, je le dis sous
réserve - Si on laisse les résidus plutôt que de faire le
régalage, ce serait plus productif encore pour la faune ailée que
les travaux qu'ils voulaient faire, eux, et qui auraient coûté
beaucoup plus cher. Cela devient une forme d'aménagement qui sera
bénéfique pour la faune. Sauf que tout ce monde de grands
seigneurs, comprenez-vous, ne veut plus dire la réalité parce que
cela va contre ce qu'ils ont dit dans le passé, contre leurs prises de
position passées. La réalité, c'est celai Nos travaux,
apparemment seraient bénéfiques pour la faune. C'est ce que les
fonctionnaires me disent, à moins qu'ils ne m'induisent en erreur, mais
c'est cela qu'ils me disent.
M. Picotte: Cela veut dire que, malgré les rapports qui
sont présentés, quand le ministère a l'intention de
procéder, il procède, peu imparte s'il y a des torts qui sont
causés par la suite. On dit: On y verra en temps et lieu. Tant pis s'il
y a des torts! Il ne semble pas y avoir une certaine coordination entre ce que
pense un ministère en fonction de tel autre.
M. Garon: La Fédération québécoise de
la faune n'était sans doute pas au dossier au point de départ
lorsque les gens ont donné leur accord au niveau agricole dans une
lettre au sous-ministre, M. Gaétan Lussier, à condition que les
travaux d'écoulement des eaux et de drainage des cultivateurs puissent
être réalisés et qu'on ne dise pas après: On ne peut
pas les faire. Cela était au point de départ. À ce
moment-là, vous comprenez qu'à la commune de Yamaska, si les gens
avaient dit: Ce qu'on veut faire, c'est vous inonder, ils auraient dit: Un
instant! On ne vend pas nos terres. Avant de faire. des expropriations
obligatoires, forcées et tout cela avec tout le monde, il a fallu un
certain consensus local pour réaliser cela... Là, on se revire de
bord et on dit: Vous n'avez plus le droit de faire vos travaux pour
l'écoulement des eaux.
Vous savez que des travaux d'écoulement des eaux, cela a l'air
drôle. J'ai regardé le projet au début. Je trouvais cela
drôle. Ils creusent le fond du lit. Autrement, il va pousser des algues
dans le fond du lit et les algues du fond du lit réduisent la vitesse
d'écoulement des eaux, de sorte que le barrage qui a trois pieds a un
effet plus fort qu'un barrage de trois pieds, parce que le barrage bloquant les
eaux, faisant un genre de système d'inondation, crée une
végétation nouvelle dans le fond des cours d'eau qui a pour effet
de ralentir l'écoulement des eaux. Ce qu'il faut faire, c'est creuser de
nouveau le fond
des cours d'eau pour permettre à ce niveau-là
l'écoulement plus rapide des eaux parce que, dans un cours d'eau, ce
n'est pas nécessairement un seul cours d'eau qui coule. Il peut y avoir
différents niveaux d'eau qui coulent à différentes
vitesses.
J'avais déjà lu cela et je trouvais cela bien drôle,
mais je vais souvent en hélicoptère au-dessus du fleuve
Saint-Laurent, Quand vous voyez la rivière Yamaska et les
différentes rivières qui entrent dans le fleuve Saint-Laurent et
que vous regardez cela en hélicoptère, vous voyez que ces
rivières coulent sur des milles et des milles dans le fleuve
Saint-Laurent. C'est comme si vous aviez dans le fleuve Saint-Laurent trois ou
quatre rivières qui coulaient côte à côte sans se
mélanger sur des milles et des milles de long, Cela veut dire, au fond,
qu'il y a une position différente qui se fait au niveau des eaux. Dans
les rivières, les gens disaient aussi qu'il y a différents
niveaux de vitesse et tout cela. Cela a pour but de corriger l'effet de la
digue de le faire de cette façon-là.
Nous autres, ce qu'on voudrait, au lieu de faire des batailles de
clocher, des batailles de chapelle... À part cela, ce sont des domaines
où il y a beaucoup moins d'experts qu'on ne le pense. Quand je suis
allé aux aboiteaux de Kamouraska, l'expert qui était là,
comprenez-vous... Je vais vous en conter une bonne. Vous pourriez le demander
à Yves Duhaime pour vérifier cela. C'est quelque chose!
J'étais aux aboiteaux de Kamouraska - et le député de
Kamouraska, qui le sait, rit avant de l'entendre - avec le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche du temps. L'expert qui était
là nous est présenté et il nous explique les affaires,
à quel point ces travaux pourraient Être dommageables pour la
faune. À un moment donné, il y a des oiseaux qui apparaissent
dans le firmament. Il les regarde et il me dit: Vous savez, M. Garon, si on
n'était pas ici... Parce que je remarquais que dans les aboiteaux il n'y
avait pas d'oiseaux, nulle part. Il n'y avait pas foule. Pourtant,
c'était un temps maussade et les oiseaux ne voyagent pas beaucoup. Ils
sont localisés, mais je n'en vois nulle part. Quand il en passe, il dit:
Vous savez, ceux-là qui passent, les canards qui passent se seraient
arrêtés ici si nous n'avions pas été ici. J'ai dit
à l'expert: Quels canards? II a dit: Les canards dans le ciel. J'ai dit:
Non, ce ne sont pas des canards; quels canards? Il a dit: Voyons donc, M.
Garon, ce sont des canards! J'ai dit: Non, monsieur, ce sont des outardes, pas
des canards.
Des voix: Ah! Ah!
M. Garon: Il a voulu s'obstiner un peu. Le ministre Duhaime qui
connaissait les outardes et les canards et qui les différenciait a dit:
Ne t'obstine pas là-dessus, ce sont vraiment des outardes. Je vais vous
dire ce qu'elles font, les outardes. Il était cinq heures le soir. Vous
qui avez resté sur le bord du fleuve, M. le député de
Maskinongé, vous devez savoir cela, vous aussi. Les outardes qui vivent
dans le fleuve le jour, à la brunante ou à la fin de la
journée, montent dans les terres des cultivateurs pour manger pendant la
nuit. D'ailleurs, les chasseurs d'outardes ne chassent pas les outardes
à midi. Habituellement, c'est en fin d'après-midi et le
matin.
Le Président (M. Beauséjour): M. le ministrel
M. Garon: Je vais terminer, M. le Président. Ce qui est
arrivé, j'ai dit: Les outardes sont en train de monter dans les champs
des cultivateurs. Elles vont y passer la nuit et elles vont redescendre au
matin pour aller passer la journée dans le fleuve. C'était
l'expert! Je lui ai demandé aussi: Avez-vous fait un cours de biologie,
vous? Il a dit oui. Dans votre cours, vous avez étudié combien
d'heures la faune ailée? Il n'a jamais voulu me le dire.
Vous savez, dans ce domaine-là, on n'a pas des experts à
la pelle et il faut commencer un peu à travailler ensemble sur ces
choses-là au lieu de faire des batailles de chapelle, doctrinaires pour
dire qu'on sait tout. Ce n'est pas vrai. Il faut travailler ensemble pour
trouver de meilleurs aménagements qui respectent la faune et
l'agriculture. C'est dans cette façon de penser qu'on voudrait, nous,
que les gens s'assoient à la table. Remarquez bien qu'il y a beaucoup
moins de débats qu'il n'y en avait il y a quelques années.
Maintenant, il y a une bon-collaboration entre Canards Illimités et le
ministère de l'Agriculture. Nous souhaiterions que la
Fédération québécoise de la faune s'assoie avec
nous et on va travailler ensemble. On ne veut pas d'affrontement
là-dedans. On voudrait travailler ensemble pour trouver les meilleurs
aménagements qui feront l'affaire de tout le monde.
Le Président (M. Beauséjour): Merci. Nous devons
terminer nos travaux. Comme de raison, les engagements de novembre ne sont pas
vérifiés puisqu'il y a d'autres questions.
M. Picotte: Ni novembre, ni décembre. Cela veut dire qu'on
va reporter les engagements de novembre et de décembre à la
prochaine séance des engagements financiers.
Le Président (M. Beauséjour): Il y aura alors cinq
mois de vérification avec les mois qui suivent. Étant
donné que te temps qui était à notre disposition est
terminé, la commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 1)