Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Dauphin): Je déclare ouverte la
séance de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation. Cette commission a pour mandat d'entendre un avis
d'interpellation du député de Saguenay au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation sur le sujet suivant:
La situation de l'industrie de la pêche commerciale.
M. le secrétaire, y a-t-il remplacement des membres de la
commission?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M.
Côté (Charlesbourg) remplace M. Mathieu (Beauce-Sud).
Le Président (M. Dauphin): Je rappelle donc les
principales règles de la séance d'interpellation. Le
député qui a donné l'avis d'interpellation, en
l'occurrence le député de Saguenay, intervient le premier durant
dix minutes. Ensuite, le ministre interpellé, le ministre de
l'Agriculture, intervient durant dix minutes également. Il y a ensuite
alternance entre les députés de l'Opposition, le ministre et les
députés ministériels. Les interventions à la suite
de celles du député interpellant et du ministre sont de cinq
minutes. Suivant l'entente entre les deux principaux leaders des formations
politiques, à la fin de la séance, vingt minutes sont
prévues pour que le président accorde un droit de parole de dix
minutes au ministre de l'Agriculture et la séance se termine par un
droit de réplique de dix minutes au député de
Saguenay.
Le Secrétaire: M. le Président, il y a un autre
remplacement: M. Blais (Terrebonne) remplacera M. Beaumier (Nicolet).
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Merci, M. le
secrétaire. On commence avec l'intervention de dix minutes du
député de Saguenay.
Exposé du sujet M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. Si nous convoquons
aujourd'hui le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, c'est pour tenter d'obtenir des réponses aux nombreux
témoignages d'inquiétude qui nous sont parvenus du milieu des
pêches. Encore une fois, à quelques jours de l'ouverture de la
saison de la pêche, les intervenants du milieu, pêcheurs,
travailleurs d'usine et producteurs, ne savent pas à quoi s'en tenir.
Malgré la déclaration ministérielle faite hier, les
pêcheurs et les producteurs ont encore des points d'interrogation. Les
uns se demandent s'ils devront obtenir un double permis, s'ils devront
décharger leur poisson ailleurs qu'au Québec, comme le feront
sans doute les pêcheurs de Newport. Les autres se demandent s'ils seront
réintégrés dans leur usine, s'ils travailleront
suffisamment longtemps pour être admissibles à
l'assurance-chômage. Les derniers se demandent s'ils auront leur permis
d'exploitation à temps. D'autres se demandent s'ils l'auront encore l'an
prochain.
Cette situation pour le moins intolérable se répète
année après année depuis que l'actuel ministre du Parti
québécois a hérité de la responsabilité du
dossier. Au point où on peut se demander s'il ne prend pas plaisir
à faire planer sur les hommes et les femmes qui vivent de l'industrie de
la mer un climat de crainte et d'incertitude. À plusieurs reprises
déjà, nous avons pressé le ministre de tenir une
commission parlementaire pour faire le point sur la situation des pêches
au Québec et pour permettre aux véritables intervenants du milieu
de s'exprimer. Ces derniers cherchent à comprendre ce qui se passe dans
une industrie où les gouvernements ont complètement faussé
les règles du jeu.
Ainsi, l'industrie des pêches au Québec ressemble à
un immense champ de bataille où l'on peut faire le décompte des
victimes après le combat de titans que se sont livré les deux
gouvernements sur le dos des pêcheurs. La même incertitude
règne dans les usines contrôlées par Québec et
Ottawa. Du côté de Pêcheries Cartier, pêcheurs et
travailleurs sont tenus à l'écart d'un débat qui se fait
au-dessus de leur tête concernant la privatisation des usines et à
propos desquelles on ne se demande même pas si elles ouvriront à
temps, mais plutôt si elles ouvriront tout court.
Les pêcheurs et les travailleurs qui ont cru à cette
formule se sentent abandonnés de tout le monde, y compris de leur
ministre québécois qui doit se frotter les mains d'aise.
"L'opération Garon force la société fédérale
à la retraite" titrait le Soleil pour
exprimer ce sentiment d'abandon.
Du côté des usines contrôlées par le MAPAQ et
des sociétés d'État, les travailleurs et les travailleuses
des îles-de-la-Madeleine se demandent encore et se demandaient encore
récemment si l'acquisition de National Sea Products n'allait pas les
priver d'emploi. À Newport, deux usines qui totalisent ensemble plus de
20 000 000 $, deux usines côte à côte, 20 000 000 $ de fonds
publics, seront encore fermées à l'ouverture de la pêche en
1985. À Matane, les deux crevettiers-usines de Québec sont
immobilisés au quai depuis un an. 3 février 1985.
"Développement de l'industrie des pêches au Québec. "
"L'opération Garon force la société fédérale
à la retraite". C'est ce que les journaux titraient, "Mauvaise surprise
pour les travailleurs de Madelipêche à Havre-Aubert"; le journal
Le Radar, le 19 février 1985. Journal de Québec du 12
février 1985: "Entente Québec-Canada. Garon a refusé d'y
associer son ministère. " Le Soleil, 19 janvier 1985: "Les pêches
québécoises à la merci de Québec et d'Ottawa, "
"Favoritisme dans l'octroi des contrats. " "La crainte plane sur l'Association
des constructeurs et des réparateurs de bateaux"; la Voix
gaspésienne du 30 janvier 1985. "Réorganisation des pêches
aux îles. Les travailleurs ont des craintes"; le 5oleil du 2
février 1985. "Société des pêches de Newport. Cinq
pêcheurs quittent le conseil d'administration"; le Soleil du 14 mars
1985. "Le contrôle de la pêche à Newport et en
Gaspésie. Une querelle Ottawa-Québec engendre le gaspillage de 15
000 000 $ de fonds publics"; le journal Les Affaires du 16 mars 1985.
Les intervenants du milieu sont inquiets devant l'implication
financière croissante de l'État dans certaines entreprises de
pêche, Nous avons nous-mêmes mis en garde le ministre contre une
nationalisation aveugle et débridée de l'industrie
québécoise de la pêche. Nous l'avons sommé de
respecter sa parole et de redonner véritablement cette industrie
à ses principaux artisans. Aujourd'hui, tous les Québécois
et les Québécoises sont à même de constater que le
ministre a englouti des millions dans ces usines sans souci de
rationalité économique, seulement pour satisfaire ses rêves
de grandeur, et personne n'est capable d'en voir la fin.
En 1983, le ministre adoptait, à toute vapeur, le projet de loi
pour permettre la reprise des activités de Madelipêche,
jugées alors rentables par le ministre, et pour rembourser sa dette de 3
000 000 $ avec promesse de remettre l'usine aux gens du milieu. Résultat
en 1985: les engagements du MAPAQ dans Madelipêche approchent les 20 000
000 $ et le ministre annonce qu'il injectera une autre tranche de 13 000 000 $
dans Madelipêche. Que vient faire un déficit d'opération de
3 000 000 $? Le ministre ne parle plus de remettre Madelipêche au milieu;
au contraire, il veut acheter National Sea Products. Pourtant, est-ce qu'un
producteur privé peut se comparer à un gouvernement?
En 1983, le gouvernement du Québec injectait un peu plus de 1 000
000 $ dans une usine à Rivière-au-Tonnerre pour permettre aux
pêcheurs coopérateurs de faire l'acquisition de cette usine qui
avait près de 500 000 $ de profit. Résultat en 1984: les
pêcheurs coopérateurs étaient obligés de faire
effectuer leur mise en marché par Madelipêche et leur usine
faisait un déficit de 300 000 $.
Le ministre est intervenu dans le dossier de Madelipêche d'une
façon déraisonnable. En 1983, il annonçait sa
participation dans un projet d'usine coopérative à Newport
évalué à 13 000 000 $. Cette usine était
censée symboliser la prise en main des usines par le milieu.
Résultat en 1985: l'usine coopérative est évaluée
à près de 20 000 000 $. Les pêcheurs, membres du conseil
d'administration, accusant le ministre actuel de les avoir utilisés. On
se demande encore qui épongera le déficit d'opération.
En 1983, le MAPAQ a acheté à grands frais deux
crevettiers-usines, le Krîstina Logos et le Lumaaq, pour permettre au
Québec d'accroître, de façon significative, sa
présence dans les eaux territoriales de pêche à plus de 200
milles sur le plateau continental. Résultat: le Québec est
très présent 200 milles à l'intérieur des terres,
et les deux bateaux moisissent depuis un an au quai de Matane. Voilà un
investissement rentable pour le Québec.
Ces exemples illustrent l'incompétence du ministre actuel. Le
ministre confond le mot "gérer" avec le mot "magasiner". Le ministre ne
gère pas les pêches, il achète. Il achète les
usines, les bateaux, les installations, les producteurs, à coups de
subventions. Il achète les pêcheurs et le silence du milieu. Quand
on n'achète pas, il les force à dépenser.
La rationalisation progressive de l'industrie de la pêche par le
ministre actuel constitue un gaspillage sans précédent de fonds
publics et une source d'injustice pour les pêcheurs et les producteurs
indépendants face à l'État. Non content de concurrencer
les intervenants de la pêche avec les gros moyens de l'État, le
ministre les écrase sous le poids des lois et des règlements.
Nous avons dénoncé à plusieurs reprises le climat
d'improvisation qui a présidé à l'adoption de la loi sur
la normalisation des usines. La preuve, le ministre a été
obligé de faire une excuse publique hier, à l'Assemblée
nationale. Pas plus tard qu'hier, le ministre nous a donné raison sur ce
dont
nous l'avertissons depuis un an. Nous avons dénoncé,
à plusieurs reprises, les pouvoirs discrétionnaires et
exorbitants que confère au ministre la loi 49 sur la qualité du
poisson et qui n'ont d'équivalent nulle part ailleurs au Canada.
Nous avons dénoncé, à plusieurs reprises, le projet
de loi 48 dont le ministre n'a pas eu le courage d'effectuer la
réglementation, le double permis qu'il imposera aux pêcheurs, sans
parler des risques de réprésailles des autres gouvernements
maritimes. Nous avons dénoncé, à plusieurs reprises, le
caractère obligatoire de la loi 82 qui peut forcer les producteurs
à entrer dans un consortium d'exploitation malgré leur
volonté et qui, lui aussi, confère des pouvoirs discriminatoires
au ministre.
À l'évidence, le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a oublié que les pêches
commerciales sont d'abord et avant tout une industrie. Pour s'épanouir,
elle doit s'établir sur des bases de saine gestion. Notre industrie de
la pêche doit affronter chaque jour une concurrence de plus en plus
féroce et acharnée autant sur notre propre marché que sur
les marchés extérieurs. C'est pourquoi nos pêcheurs et nos
producteurs d'usines sont condamnés à l'excellence à tous
les niveaux, c'est-à-dire à la qualité, à
l'efficacité et à la "concurrentialité" du produit qu'ils
ont à offrir. Pour permettre è l'industrie de la pêche
d'atteindre cette excellence, l'État a le devoir d'aider les hommes et
les femmes qui bâtissent eux-mêmes et de leur permettre
d'accéder à de meilleures conditions de vie; il doit les aider
à faire de leur industrie une industrie viable qui leur assure des
revenus décents; il doit les aider à acquérir une plus
grande stabilité dans leurs emplois et surtout il doit mettre un terme
au climat d'insécurité et de chantage dans lequel l'actuel
ministre a depuis déjà trop longtemps tenu l'industrie
québécoise de la pêche.
Nous espérons que le débat qui s'amorce ce matin permettra
la renaissance d'une certaine démocratie au sein d'une industrie qui a
suffisamment souffert de l'arbitraire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Merci, M. le
député.
Maintenant, la parole est au ministre pour un temps de parole de dix
minutes. M. le ministre.
Réponse du ministre M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je ne suis pas
étonné d'entendre les paroles du député de Saguenay
quand il parle de témoignages d'inquiétude. C'est évident
que, lorsqu'on fait des changements dans une industrie qui était
à l'abandon et dans le marasme dans le temps du gouvernement
libéral et qui aujourd'hui montre des signes de reprise de croissance
vigoureuse, ces changements peuvent susciter une certaine inquiétude.
Les gens sont toujours un peu inquiets des changements qui se passent. Par
ailleurs, il faut aller sur le territoire pour voir à quel point les
gens sont heureux des changements et des nouvelles responsabilités qui
leur incombent. Les résultats sont là pour le
démontrer.
Le député de Saguenay pourra dire qu'à Newport on a
dépensé 20 000 000 $, ce n'est pas vrai. Les investissements ont
été d'un peu plus de 1 000 000 $ pour une usine à glace
qui n'existait pas à Newport, sauf une vieille usine du temps de l'Union
Nationale, bâtie dans le temps de Maurice Duplessis, avant la guerre,
où on faisait d'immenses blocs de glace qu'après cela on
concassait. C'était une usine qui avait une cinquantaine
d'années, qui était complètement désuète,
malgré de nombreuses années sous une administration
libérale ou de l'Union Nationale. Ce que nous avons fait, c'est une
usine moderne qui va appartenir aux gens de la région, qui va être
administrée par eux et qui va être en opération dès
l'ouverture de la pêche cette année.
Aussi une usine d'environ 13 500 000 $ à Newport. Ceux qui ont
péroré jusqu'à maintenant pour dire que c'était un
gaspillage de fonds publics constateront, lors de l'inauguration de l'usine...
Des centaines sinon des milliers de personnes viendront voir l'usine de Newport
qui est aujourd'hui un symbole, non seulement au Québec, mais dans tout
l'Est du Canada. Récemment, des gens qui avaient été dans
le territoire maritime de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse nous
disaient que les gens souhaitaient venir visiter cette usine.
D'ores et déjà, les gens savent que l'usine de Newport
sera l'usine la plus moderne au monde dans sa catégorie. Si remplacer
une usine désuète, qui avait été bâtie il y a
une quarantaine d'années, par une usine ultramoderne, avec des
équipements ultramodernes, c'est faire du gaspillage de fonds publics,
je vais vous dire que nous avons l'intention de continuer à investir
dans le territoire maritime, ce que les autres gouvernements n'ont jamais fait
antérieurement. Autrefois, le Parti libéral n'investissait pas
dans le territoire maritime, les députés allaient faire un tour
dans le temps de la saison de la pêche pour manger du homard. J'ai eu
l'habitude d'aller surtout dans le territoire maritime l'hiver pour
préparer la saison qui s'en venait.
Je vous dis que l'inauguration de l'usine de Newport montrera
l'évidence à tout le
monde. D'ailleurs, j'ai l'intention d'amener là tous les
acheteurs principaux du Québec pour venir constater sur place ce qu'est
une usine du Québec moderne. J'en garderai aussi une vieille que je
montrerai pour voir ce qu'était une usine dans le temps des
libéraux. J'irai en faire montrer une autre - j'en ai gardé une
qui ne sera pas démolie - pour justement montrer ce qu'était la
pêche dans le temps des libéraux. Je peux vous dire qu'il est
aussi question que le ministère du Tourisme la garde, pour montrer ce
qu'était la pêche autrefois, dans le temps du misérabilisme
libéral. Et les gens pourront voir à côté l'usine de
Newport, qui sera l'usine la plus moderne au monde dans cette
catégorie.
Aux Îles-de-la-Madeleine, les gens savent que National Sea est en
train de quitter les Îles-de-la-Madeleine. Elle a fait une année
financière désastreuse. Les chiffres de son bilan
paraîtront avant longtemps. Évidemment, on ne les verra pas
tellement dans les journaux du Québec, parce qu'il n'y a pas
véritablement de chroniqueurs économiques au Québec. Il
faut lire les journaux comme le Globe and Mail pour voir des nouvelles
économiques.
On véhicule souvent dans nos journaux des rumeurs, des cancans,
mais pas beaucoup d'analyses économiques de la situation. Je peux vous
dire qu'aux Îles-de-la-Madeleine, la National Sea s'en allait. Une grande
partie du poisson qu'elle traitait aux Îles-de-la-Madeleine, qu'elle
recevait aux Îles-de-la-Madeleine était expédiée
vers d'autres usines de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick pour
être traitée ailleurs.
Alors, nous nous sommes rendu compte - après avoir acquis
National Sea parce que, autrement, les usines n'auraient pas
opéré cette annéee - que les investissements
nécessaires étaient plus considérables, parce qu'il y
avait une grande partie des poissons qui n'étaient pas traités
sur place, mais étaient expédiés ailleurs. L'acquisition
de National Sea va permettre deux modernisations d'usines, l'une à
l'île de la Grande Entrée qui est en train de se faire
actuellement et l'autre à Havre-Aubert dont les plans sont en train de
se faire.
Tout ça, sans arrêter les opérations dans cette
entreprise qui aurait vu la perte possible de 600 emplois, alors qu'il y a plus
de 450 pêcheurs qui livrent leur poisson à ces usines.
M. le Président, c'est évident que l'Opposition n'est pas
là pour faire des compliments. L'Opposition est là pour se
contenter d'essayer de susciter le malheur et, si les gens sont heureux, pour
essayer de les rendre malheureux le plus possible. Les bateaux Kristina Logos
et Lumaaq, tout le monde sait que, s'ils ne pêchaient pas, c'est parce
que le gouvernement fédéral, le gouvernement libéral ne
voulait pas renouveler leur permis. C'était la principale raison pour
laquelle les bateaux n'ont pas pu pêcher. Les permis ont
été renouvelés, finalement, par le gouvernement
conservateur, seulement à la fin de l'automne.
J'ai entendu, avec un certain sourire et une certaine tristesse, le
député de Saguenay qui a dit: Les gens du territoire maritime
sont condamnés à l'excellence. Vous savez, être
condamné à l'excellence dans le domaine alimentaire, c'est
plutôt la norme, parce que les gens n'ont pas l'intention de manger,
comme par le passé, des produits qui ne sont pas à la hauteur de
la consommation humaine.
Vous savez, je peux vous montrer des enquêtes qui ont
été faites dans le secteur des pêches, avec le
régime libéral, alors qu'il y avait plus de poisson qui
était impropre à la consommation humaine que propre à la
consommation humaine. C'est le même gouvernement qui a connu le scandale
de la viande avariée. Il n'y a pas eu de scandale dans le poisson, parce
qu'il n'y a pas eu d'enquête; c'était trop loin, les journalistes
ne font pas d'enquête si loin que ça.
Mais, je peux vous dire que la situation n'était pas plus rose
dans le poisson dans le temps du Parti libéral qu'elle ne l'était
dans le domaine de la viande avariée, alors que les consommateurs
québécois ont dû manger de la charogne, parce que le
gouvernement libéral ne s'occupait pas de l'inspection des poissons. Il
est exact que, dans le secteur des pêches, il est dans mon intention de
viser l'excellence; ce n'est pas une intention, nous visons l'excellence et un
produit de qualité supérieure. Je vais vous dire les
résultats que cela donne, par exemple.
Dans le temps du misérabilisme libéral, dans le temps des
libéraux, le degré d'autosuffisance au Québec... On n'a
pas les chiffres pour 1971-1972. On a les chiffres pour 1973, c'était
62, 4% sous Robert Bourassa en 1973, avec 102 députés. En 1974,
c'est baissé à 45, 8% d'autosuffisance dans le domaine des
produits marins; en 1975, à 44, 5%; en 1976, cela a baissé
à 26, 6%. Si le gouvernement libéral avait été
élu, avec Robert Bourassa, sans doute que nous serions disparus du
secteur des pêches.
On voyait la différence avec la rentrée au gouvernement du
Parti québécois. Dès 1977, on augmente à 39% parce
qu'il y a une volonté de faire quelque chose dans le secteur des
pêches; en 1978, 47, 7% d'autosuffisance dans les produits marins; en
1979, 52, 8%; en 1980, 59, 6%; en 1981, 71, 1%; en 1982, 71, 6%. L'augmentation
continue à se faire. Je n'ai pas encore les chiffres d'autosuffisance,
ils sont plus longs à calculer, mais ils sont calculés en
fonction des statistiques qu'on peut obtenir et qui sont complètes. Vous
pourrez voir tantôt, avec d'autres chiffres, que la progression continue
en 1983 et en 1984.
Le résultat net d'avoir eu un gouvernement du Parti
québécois de 1976 jusqu'à aujourd'hui, c'est d'être
passé d'un taux d'autosuffisance de 26, 6% où, dans un territoire
maritime comme le nôtre, on importait au Québec 75% des produits
qu'on consomme dans le secteur des pêches... Aujourd'hui, la situation
est complètement renversée. Près de 75% des produits
marins que l'on consomme sont produits au Québec; 71, 6% en 1982.
Maintenant on produit beaucoup plus parce qu'on a développé le
secteur des pêches.
Il est évident que cela fait des changements et sème de
l'inquiétude, mais je peux vous montrer ce que cela donne, par exemple,
en termes de confiance. Je n'aurai peut-être pas le temps, je ne sais pas
combien j'ai de minutes d'utilisées, mais je peux vous dire une chose:
en termes d'investissements, il ne s'en faisait pas au Québec dans le
temps des libéraux. Je vais parler un peu plus tard de la construction
de bateaux de pêche: il ne se construisait pas de bâteaux de
pêche dans le temps des libéraux. Les chiffres sont simples:
c'était à 0 en 1976, dans le temps des libéraux, pour la
construction de bâteaux. Il y avait eu la réparation de trois
bateaux dans l'année, imaginez-vous! (10 h 30)
Les investissements depuis qu'on a mis en place notre programme de
modernisation du secteur des pêches. En 1981, l'année où on
annonce notre programme; évidemment, cela n'a pas commencé
très rapidement en 1981, parce que la loi a été
adoptée et le règlement a été ensuite adopté
au printemps 1981. Je peux vous dire qu'on a procédé assez
rapidement. Vous verrez qu'en 1981-1982 c'était 1 943 240 $
d'investissements. En 1982, cela a augmenté à 2 548 000 $; en
1983, 6 913 000 $ et, en 1984, pour une année dans le marasme, comme le
dit le député de Saguenay, c'est l'année record de tous
les temps de l'histoire du Québec, sans doute plus que toutes les
années du Parti libéral réunies depuis la
Confédération: 32 232 000 $ d'investissements dans le secteur des
pêches dans le territoire maritime du Québec, en 1984-1985. C'est
un record de tous les temps. Je peux vous dire que je suis persuadé que,
si l'on additionne tout le temps de Taschereau et depuis la
Confédération - je ferai faire les chiffres -il n'y a sans doute
jamais eu autant d'investissements dans toute l'histoire du Parti
libéral au pouvoir qu'il y en a eu dans la seule année 1984 du
gouvernement actuel, avec 32 000 000 $ d'investissements. Ceci fait que, depuis
que la loi a été adoptée, on peut dire les
règlements et tout cela, cela a engendré dans le territoire 43
638 000 $ d'investissements avec des offres de subventions de 17 065 000 $ dont
déjà 10 000 000 $ ont été déboursés
et, d'ici l'année financière, une autre partie va être
déboursée avec la fin des travaux.
Argumentation
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, les dix minutes
sont maintenant écoulées. Je passe la parole au
député de Saguenay et, comme je le mentionnais au début,
les interventions à partir de maintenant sont de cinq minutes. Si un
député n'utilise pas ses cinq minutes, évidemment, le
temps qui reste est non réutilisable et perdu.
M. le député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, M. le Président. J'aimerais faire
remarquer au ministre à ce stade-ci de l'interpellation qu'il y a
beaucoup plus de fonctionnaires autour de lui aujourd'hui qu'il n'y en a dans
le milieu des pêches et qu'il n'en délègue aussi lors des
colloques des pêcheurs et des industriels de la pêche. Le ministre
est très fort à l'Assemblée nationale dans ses
déclarations et dans ses chiffres; il a suivi un cours du
député de Matane, le coin comme on l'appelle dans le comté
de Matane, et c'est le poing que les gens veulent lui mettre à la bonne
place.
Le ministre a beau dire que, dans le temps des libéraux,
c'était cela, on ne vit pas dans le passé, on vit dans le
présent. Le ministre est un éternel viveur dans le passé
et ce que les gens regardent, ce n'est pas le poisson qui est pourri, c'est la
situation; c'est le ministère qui est pourri. C'est ce que les gens nous
disent dans le milieu. Si vous y alliez dans le milieu; nous y allons. Vous
n'avez pas le courage d'aller dans le milieu. Vous envoyez des fonctionnaires
de deuxième ordre. C'est cela qu'est le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation: c'est un peureux. Ce n'est pas moi qui le
dis, c'est son honorable député de Duplessis qui le dît
dans un article du 18 octobre paru dans le Soleil. C'est cela qu'est le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Il est
fort ici: ses petits chiffres, ses millions à gauche, ses millions
à droite, mais, dans le milieu des pêcheurs et des industriels de
la pêche... Il est venu au congrès des industriels de la
pêche et il rampait. C'est un à-plat-ventriste; c'est un lombric.
Je n'ai jamais vu un ministre ne pas être capable de se tenir debout
comme cela. Jamais cela ne s'est vu au Québec. C'est un ministre du
Parti québécois. C'est le ministre des Pêcheries.
En fait, il y a deux jours, il y avait un colloque à
Sept-Îles. M. le ministre n'a délégué personne, il
n'y a pas un député du Parti québécois qui y
était. Il avait peur de rencontrer les industriels et les
pêcheurs.
Pourquoi? Parce que hier en Chambre, il disait: Le député
de Saguenay ne sait pas ce qu'il dit. Je vais dans le milieu, M. le ministre.
Je n'ai pas peur. Mon parti n'est pas à la maîtrise d'un petit
vote en Chambre. On est encore capables de rencontrer la population. On ne se
tient pas cachés en arrière des portes comme vous le faites
présentement. Il n'y a plus de gouvernement; c'est un gouvernement
défait et en sursis. C'est ce que les pêcheurs vous reprochent
dans le milieu.
Non seulement vous tentez de les écraser, mais vous les
écrasez de par vos lois dans la tour d'ivoire de votre ministère.
Vous avez une peur bleue d'aller dans le milieu. C'est cela que les
pêcheurs vous reprochent. Vous n'aviez qu'à venir. Vous en avez,
un fonctionnaire, en arrière de vous. Son nom est M. Vagneux.
Demandez-lui ce que les gens lui ont dit. Ils lui ont posé quinze
questions et il n'a pas été capable de répondre à
une. Pourquoi? Parce que vous avez émis des directives à toute la
"gang" de gars qui sont en arrière de vous. Ils n'ont pas le droit de
parler au nom du ministère. Vous les avez émises l'an dernier. Ce
sont tous des gens qui ont le couteau sur la gorge. Je les plains, pauvres
diables, de travailler pour un empereur des mers comme vous, hein? Ce n'est pas
un cadeau! Mais la population dans le milieu a son voyage. Elle a son voyage.
C'est ce qu'ils ont dit, les gens de Sept-îles, de Natashquan, des
Escournains, de Blanc-Sablon, de La Tabatière. C'est ce qu'ils ont dit,
les gens. C'est cela. Il nous écrase. Je vais vous donner un exemple.
Vous avez écrasé l'usine de La Tabatière avec votre
normalisation, 400 emplois de perdus. C'est quoi, ce que vous faites pour ces
gens-là? Vous n'avez rien. C'est quoi, ce que les gens ont
demandé à votre fonctionnaire? On ne le sait pas. Lorsque vous
parlez des permis de normalisation et que vous faites les affirmations que vous
avez faites à l'Assemblée nationale hier après-midi, vous
ne savez pas de quoi vous parlez, M. le ministre. C'est votre problème.
C'est là que cela se passe. C'est là.
La réalité est tout autre dans un champ où les
pêcheurs ont des choses importantes à dire. C'est pour cela qu'on
réclame une commission parlementaire et, si vous n'avez pas peur, du
tout des pêcheurs, des propriétaires d'usine, pourquoi ne pas les
convoquer en commission parlementaire? Ils vont nous le dire. Vous avez trop
peur, parce qu'à chaque fois qu'il y a une commission parlementaire
convoquée ici vous savez le savon que le gouvernement actuel se fait
passer. Bon! Vos députés sont obligés de présenter
des pétitions tous les jours pour être contre les projets de loi
déposés par les ministres du gouvernement actuel. C'est ce que
les pêcheurs aimeraient venir vous dire et vous ne leur donnez pas la
chance, ni l'occasion, jamais, de venir se faire entendre sur une place
publique. On a un autre son de cloche comparé à ce qu'on
reçoit ici, à l'Assemblée nationale. On investit des
millions, mais ce sont des millions des Québécois. Vous ne prenez
pas cela dans votre coffre-fort à vous. Vous ne parlez jamais de vos
déficits. On va vous en parler tantôt, de vos déficits, de
votre administration. Vous camouflez les chiffres. On va vous en donner des
tableaux tantôt. Vous allez trouver cela moins drôle et je pense
que la population qui est en arrière de la caméra va trouver cela
moins drôle aussi quand elle va savoir ce que l'opulent ministre des
Pêcheries fait avec les fonds québécois.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le ministre, pour
cinq minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Saguenay a l'habitude de remplacer la compétence par l'insulte, de faire
des affirmations grossières au lieu d'étudier ses dossiers. Les
gens des îles-de-la-Madeleine qui me connaissent - puisque je vais plus
souvent aux Îles-de-la-Madeleine que n'importe quel ministre y allait
normalement dans le secteur des pêches - je les ai rencontrés
à la suite d'une invitation publique. Ils étaient plus de 600
dans la salle pour discuter de l'organisation des usines qui sont en voie de
modernisation cette année. Il y a plus d'investissements aux îles
qu'il n'y en a jamais eu dans toute l'histoire des îles. J'ai aussi
invité les journalistes à venir voir les cabanes qu'il y avait
pour traiter le poisson auparavant et, quand le député de
Saguenay... Je peux vous dire que je peux me promener n'importe où dans
le territoire maritime. Je vais vous dire que les gens vont me
reconnaître et qu'ils ne reconnaîtront pas beaucoup le
député de Saguenay. Ils ne l'ont pas vu souvent. Ils savent
à peine qu'il existe. Je peux vous dire que, lorsqu'il a fait une
tournée avec le député de Nelligan dans certaines places
autour de la Gaspésie, les pêcheurs m'ont dit: Ils étaient
mieux de sortir, parce que cinq minutes de plus et on les sortaient sur la
tête. Alors, je peux vous dire que, dans le territoire maritime, je me
sens assez bien à l'aise, M. le Président, puisque j'y vais
régulièrement et j'ai beaucoup plus le sentiment d'avoir la
confiance des gens que n'importe quoi d'autre.
Je peux vous dire que le député de Saguenay connaît
peu le milieu des pêches. Aux Îles-de-la-Madeleine, les gens sont
très heureux de ce qu'on fait. Les négociations qui ont
été faites avec le gouvernement fédéral cette
année vont faire en sorte que
les quotas de pêche seront plus importants que jamais aux
Îles-de-la-Madeleine, de sorte qu'il y aura sans doute plus de travail
que jamais aux Îles-de-la-Madeleine, tant dans les usines qu'au niveau de
la pêche. C'est quand même le résultat du travail de
quelqu'un et ce n'est pas le résultat du travail du député
de Saguenay. Autour de la Gaspésie, actuellement, il y a des
investissements qui se font partout. Les gens sont très fiers de ce qui
se réalise actuellement, qu'il s'agisse des usines de
Sainte-Thérèse avec Lelièvre et LeMoignan qui sont en
modernisation, de celle des frères Gagnon où il y a eu des
investissements pour la modernisation, qu'il s'agisse des ports de pêche
de Gascon où il y a des investissements importants qui se font
actuellement, qu'il s'agisse du port de Newport, qu'il s'agisse de la vente,
actuellement, de Pêcheries Cartier à Cloridorme à des
intérêts du milieu, comme les gens le souhaitent. Il y a des gens
qui ont fait leur preuve dans le secteur des pêches jusqu'à
maintenant. Je pense que les gens sont heureux dans le milieu et ils savent
qu'il y a des gens qui investissent de l'argent maintenant dans le milieu.
Ce que le député de Saguenay a dit principalement
jusqu'à maintenant, c'est qu'il est furieux parce qu'on dépense
de l'argent, parce qu'on investit de l'argent dans le secteur maritime. Il
s'est soulevé à l'emporte-pièce. L'argent va où?
Les gens des Îles-de-la-Madeleine qui ne sont pas bêtes voient les
fonds qui ont été dépensés, qui ont
été investis dans Madelipêche pour en faire une usine
moderne au lieu d'une usine qui commençait à être
dépassée. Les gens voient aussi ce qu'il y avait comme usine
à Grande-Entrée et à Havre-Aubert et ils voient ce qui est
en train d'être mis en place.
D'une façon générale, je peux vous dire que les
gens sont très heureux de ce qui se passe aux
Îles-de-la-Madeleine. Sur le territoire gaspésien, je peux vous
dire la même chose, les gens sont très heureux de ce qui se passe.
Pour les malheureux, sur la Côte-Nord, les changements seront un peu plus
lents, surtout sur la Basse et la Moyenne-Côte-Nord, alors que, sur la
Haute-Côte-Nord, des changements se font actuellement. La pêcherie
Soucy a été modernisée, la pêcherie Tremblay
à Sheldrake a été modernisée, les pêcheries
Fortier sont en train de faire un grand projet de modernisation qui sera, pour
l'avenir de la Côte-Nord, un projet exceptionnel en termes de
diversité de la production qui va se faire dans cette usine où il
y aura autant des plats transformés que des plats cuisinés et,
éventuellement, des produits fumés, différents types de
produits qui verront le jour grâce à la modernisation.
J'incite le député de Saguenay, si on a encore
l'enregistrement des témoignages des gens du milieu lorsque j'ai
été annoncé ces projets, à les écouter nous
dire à quel point ils sont heureux de la modernisation du secteur des
pêches qui se fait actuellement. Sauf qu'on est parti de rien. Avec
l'héritage libéral, on est parti de rien. Il n'y avait rien dans
le secteur des pêches, rien que des cabanes, des bâtisses
délabrées.
Quand on a défait l'usine de Newport, les rats couraient partout
dans le village. Quand on a défait les vieilles usines à
Grande-Rivière, il y a eu quasiment une épidémie de
coquerelles. C'était cela, les pêches, dans le temps du
régime Bourassa. C'était la vermine qui courait parce qu'on ne
modernisait rien. Aujourd'hui, on a dans le secteur des pêches des usines
modernes, qui ont été faites d'une façon moderne, qui
répondent aux plus hauts standards. C'est cela, le changement qui se
fait.
Le député de Saguenay, avec son parti, au lieu de
collaborer, est l'un des principaux adversaires de cette modernisation. Comme
des vautours qui se promènent sur un territoire pour ramasser les
charognes, le Parti libéral ne veut collaborer d'aucune façon
à la modernisation qui se fait dans le secteur des pêches alors
qu'il est le principal responsable du marasme survenu parce qu'il a
laissé un territoire à l'abandon, des pêches à
l'abandon, des quais à l'abandon, un secteur totalement à
l'abandon.
Le Président (M. Dauphin): Selon l'entente et selon le
règlement, la parole est maintenant à un député
ministériel. Le député de Terrebonne a demandé la
parole.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. M. le ministre,
je suis bien d'accord avec vous pour dire que l'Opposition, actuellement, saute
sur vous comme de vrais oiseaux de proie. Je comprends bien la comparaison des
vautours. Ils essaient de vous accrocher avec leurs griffes comme des faucons
d'argent, mais ils sautent sur vous, peut-être, comme des vrais condors.
Mais cela me surprend parce que, normalement, lors d'une interpellation, on est
censé faire valoir de façon très calme, d'un
côté ou de l'autre, chacun nos points. On dirait que c'est plus
"poing" actuellement que "point".
Je comprends indirectement que l'on soit obligé de tomber dans
l'irascibilité plutôt que dans l'argumentation à cause du
bilan très positif que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation a à vous offrir. Vous savez, dans
le domaine de l'agriculture, jamais, depuis la Confédération, on
n'a eu un ministre aussi près des agriculteurs et qui a fait autant pour
l'agriculture. C'est reconnu
partout.
Soit dit en passant, parce que le ministre lui-même ne peut pas le
dire - mais un député ministériel peut le dire avec joie
-c'est la plus grosse vedette - dans tous les sens, allez-vous me dire de
l'autre côté -c'est la plus grande vedette du parti. Pourquoi?
Parce qu'il est présent sept jours par semaine, 16 et 18 heures par
jour, il connaît ses dossiers et il défend ceux qu'on lui demande
de défendre; il les défend avec compétence, il les
défend aussi avec goût, c'est sûr.
Arrive ceci, maintenant. L'Opposition s'apercevant que, dans le domaine
de l'agriculture, le ministre actuel, qui est là depuis 1976, a fait un
travail remarquable et surtout remarqué non seulement sur le territoire
québécois, mais dans l'ensemble canadien, parce que, quand il a
pris l'agriculture... Sous Bourassa, on s'est tellement peu occupé
d'agriculture, de 1970 à 1976, que je ne parle pas d'agriculture sous
Bourassa. L'agriculture était sous la norme à laquelle les
agriculteurs devaient s'attendre durant cette période-là.
L'agriculture a monté en flèche. C'est ce qui fait la grande
popularité du Parti québécois en territoire hors des
grandes villes pour l'agriculture. (10 h 45)
Le même ministre s'occupe maintenant des pêcheries.
Là, pour que la réussite ne soit pas aussi forte, dans le domaine
des pêches, dans l'ennoblissement du métier de pêcheur qui a
été entrepris par notre gouvernement, que celle qu'on a
donnée au noble métier d'agriculteur, c'est là que vous
regimbez, que vous vous dressez, non pas comme des redresseurs de budget, mais
presque comme des éleveurs de mulets. C'est là que vous regimbez.
Vous avez peur de la réussite; alors, vous avez demandé,
peut-être par député provincial de Matane défait
interposé, de connivence avec le député
fédéral de Matane de l'époque qui était très
bien placé dans le domaine des poissons, d'essayer d'arrêter cet
ennoblissement que le ministre de l'Agriculture voulait faire du métier
de pêcheur. Eh bien! là, on a essayé de barrer le
Québec partout.
Je considère l'Opposition comme des adversaires politiques et non
pas comme des ennemis. Mais ciel! qu'il y a des propos qu'on entend et qui se
tiennent qui pourraient nous faire dire que non seulement les libéraux
actuellement, dans le domaine des pêches, sont des ennemis du parti au
pouvoir, mais ils sont des ennemis de l'ensemble des pêcheurs parce qu'il
y a une limite à essayer, dans le temps, par maison mère
interposée, de s'organiser pour que les bateaux restent sur les
grèves plutôt que d'aller en mer, de s'organiser pour que des
usines ne se développent pas et ne se modernisent pas. Il vient un temps
que cela crève les yeux.
Je ne voudrais pas que les gens disent - on va en venir à aller
en élection - que, d'un côté comme de l'autre, s'il n'y
avait pas coopération pour ennoblir leur métier, ce que les
pêcheurs doivent s'attendre des élus du peuple... Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Je cède la
parole maintenant au député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, je suis
extrêmement heureux ce matin de pouvoir participer à cette
interpellation, étant moi aussi d'origine gaspésienne, ayant
vécu dans ces milieux pendant 27 ans, ayant aussi travaillé au
niveau de la pêche sous les régimes dénoncés par le
député de Lévis et ministre responsable du dossier des
pêches. Il y a quand même eu certaines réussites et ce qui
me désole un petit peu ce matin, c'est lorsque le ministre parle des
établissements de pêche qu'il y avait en Gaspésie à
l'époque et qu'on parle des rats. Vous vous trompez, les
Gaspésiens ne sont pas des cochons. En passant, il y a des gens un peu
plus respectueux que ça au niveau de la Gaspésie. Il y a des gens
qui ont quand même travaillé aussi à redresser la
pêche avec les moyens qu'ils avaient à l'époque. Il y a des
vérités qu'il faut dire. On y reviendra ultérieurement. Je
ne pouvais pas laisser passer cette occasion. Il y a d'autres questions qui
vont venir.
Je voudrais d'abord m'attarder au menu législatif du ministre.
Depuis que vous êtes responsable des pêcheries, vous avez beaucoup
légiféré, réglementé, régi et surtout
contrôlé. Pour réussir à exercer votre
contrôle, vous avez franchi tous les obstacles à un point tel
qu'on ne parle pas aujourd'hui des lois du ministère des Pêcheries
et de l'Alimentation, mais des lois Garon dont la marque de commerce est le
nombre incroyable de pouvoirs discrétionnaires pour mieux être
capable de contrôler et d'étouffer tous ceux qui travaillent dans
ces domaines. D'ailleurs, c'est un secret de Polichinelle que ce que vous
appliquez au niveau, des pêches, vous l'appliquez au niveau du
ministère aussi.
Mon collègue de Saguenay l'a précisé
précédemment. Vous êtes intervenu à toutes les
étapes: contrôle du territoire; contrôle de la
transformation; contrôle de la mise en marché. Il serait trop long
de faire la rétrospective de toute la législation adoptée,
mais j'aimerais attirer votre attention, bien sûr, sur la pièce
maîtresse du ministre, la trilogie: les projets de loi 48, 49 et 82. Avec
ces lois par lesquelles vous avez fini de couvrir le moindre aspect de
l'industrie, vous avez semblé comblé, satisfait, pleinement
réjoui, jouissant. Vous avez qualifié le projet
de loi 82 sur la commercialisation de couronnement. On couronne le roi
Garon de l'important menu législatif de son gouvernement!
Tous se souviennent sans doute du climat d'affrontement et de
confrontation qui a entouré l'adoption de ces lois. Le ministre peut
faire des gorges chaudes et parler de l'ancien gouvernement
fédéral et de l'ancien gouvernement libéral, comme il sait
si bien le faire depuis le début. Mais vous refusez, M. le ministre,
d'avouer que, dans les faits, c'est avec les intéressés qu'il y
avait les plus gros points de désaccord.
Mais la véritable couronne est certainement la nouvelle loi sur
le mérite du pêcheur. Chapeaul Elle va sûrement contribuer
très largement à redresser l'industrie et à offrir des
revenus décents aux pêcheurs. Bravol Une autre belle couronne. La
principale caractéristique de votre loi, c'en est une de volonté
d'isolement de l'industrie québécoise des pêches, de
repliement sur nous-mêmes, d'absence d'harmonisation avec ce qui se fait
au niveau fédéral et dans les autres provinces.
Dédoublement, d'abord. Ce dédoublement est
particulièrement présent dans l'inspection. Vous qui, comme
l'ensemble de vos collègues non orthodoxes, avez fait le virage le 4
septembre dernier, il serait peut-être temps d'harmoniser les politiques
d'inspection. Vous êtes capables de vous parler, même si, dans
votre cas, au moment où François Gendron, ministre du
Développement régional, vous a demandé de déposer
au ministère des projets d'entente avec le gouvernement
fédéral, au printemps dernier, vous ne l'avez pas fait, parce que
les libéraux fédéraux étaient là. Vous ne
l'avez pas fait. Ce serait peut-être intéressant, aujourd'hui, que
vous profitiez de la situation pour déposer vos demandes
vis-à-vis du gouvernement fédéral.
Mais le plus grave problème de tout cela, ce sont les pouvoirs
exorbitants que vous avez entre les mains. Dans les lois elles-mêmes, on
retrouve des pouvoirs de saisie, de perquisition, différents de ce qu'on
retrouve ailleurs, donnant ouverture à la discrétion
frôlant l'arbitraire. Un cas: Paradis, de Rivière-au-Renard, avec
le bateau; deux ans après, vous venez de régler le dossier. Et
que dire de votre réglementation tant promise mats non adoptée,
ou de l'époque de la mise en application des lois? La loi 48 sur les
permis et les droits de pêche. Où en est-on rendu exactement? Les
pêcheurs sont inquiets et ce sont des gens du milieu. La loi 82, la
normalisation...
Finalement, M. le ministre, en terminant - et on aura l'occasion de se
reparler - j'aimerais qu'on aborde dans votre réplique votre important
menu législatif et ses objectifs, qui ont fait de vous le roi du domaine
de la pêche, avec tous les pouvoirs discrétionnaires et
arbitraires, pour être capable de faire dans le milieu des pêches,
comme vous le faites au ministère: présider et trôner, mais
par la terreur.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. La parole est
maintenant au ministre pour cinq minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté les
durs propos du député de Charlesbourg. Évidemment, comme
il est plutôt un député d'asphalte, il n'est plus au
courant du secteur et je répondrai très facilement à ses
propos.
Quand il dit que le ministre est isolé, je vous ferai savoir -
parce que cela n'est pas encore connu - que la première
conférence fédérale-provinciale des pêches qui aura
lieu en dehors d'Ottawa aura heu au Québec, au mois de mai prochain, et
qu'elle durera au moins deux jours. Je vous ferai remarquer aussi,
comparativement à ce qui se passait auparavant où les
conférences fédérales-provinciales étaient
escamotées dans des réunions qui commençaient à 10
heures, avec un lunch à 12 heures et où à 14 h 30, la
réunion était finie parce qu'on n'avait rien à dire -
c'était le fédéral qui menait avec De Bané, LeBlanc
et consorts - qu'il y a eu une conférence
fédérale-provinciale en décembre qui a duré deux
jours. Sur ma proposition, il y a eu une conférence
fédérale qui a été ajournée pour être
poursuivie en février et encore parce que j'en ai parlé avec mes
collègues des autres provinces où je pense être un ministre
des Pêches respecté. Ils m'ont proposé eux-mêmes,
parce qu'ils savaient que j'avais abordé le sujet dans des discussions,
que la réunion ait lieu au Québec au mois de mai. J'ai
proposé aussi, comme dans le domaine agricole, que les
conférences sur les pêches, au lieu d'avoir lieu seulement
à Ottawa, au mois de décembre, une demi-journée par
année, qu'à l'avenir, on fasse le nombre de conférences
nécessaires. Je peux vous dire que, lors de ma dernière rencontre
avec M. Fraser, dont je vais vous parler tout à l'heure, M. Fraser qui
était à Québec récemment, dans une rencontre qui a
duré deux jours complets entre lut et moi, je peux vous dire qu'il
convenait que la réunion de mai devrait être ajournée au
mois de septembre pour, après cela, revenir au mois de décembre,
de sorte que les conférences fédérales-provinciales sur
les pêches maintenant vont avoir lieu à peu près quatre
fois par année, d'après ce qui est en train de s'établir
dans les nouvelles traditions. Pourquoi? Parce qu'on a réussi à
se débarrasser des libéraux qui étaient un parti
autocratique, qui dirigeait avec des mangeurs de hot dogs, mais personne
n'avait rien à dire. Aujourd'hui, je peux vous dire que, dans
le secteur des pêches, il y a beaucoup plus de discussions
qu'auparavant.
Deuxièmement, quand vous parlez des ententes avec le
fédéral, je suis heureux de vous dire que cela n'a pas
été rendu public parce qu'il n'est pas nécessaire de faire
toujours des fla-flas pour les journaux. Je peux vous dire que le ministre
fédéral des Pêches est venu ici, il a été
présent deux jours. Nous avons discuté un vendredi et un samedi,
deux jours de temps, sur le développement des pêches et
l'harmonisation de nos politiques pour ne pas se marcher sur les pieds les uns
et les autres. Contrairement à ce que vous pensez, la rencontre a
été très fructueuse. Je peux vous dire qu'au cours des
prochaines semaines certains résultats de cette réunion vont
être annoncés. Vous êtes malheureux parce qu'il n'y a pas de
chicane avec le fédéral actuellement et qu'il y a un dialogue.
Est-ce que cela va donner tous les résultats souhaités? Je ne le
sais pas, mais je peux vous dire qu'actuellement au moins on discute avec des
gens qui sont intéressés à entendre ce qu'on a à
dire, alors qu'auparavant il n'y avait même pas de discussions et
même pas de rencontres parce que le fédéral ne le voulait
pas.
Je peux vous dire qu'actuellement, comme ministre, j'ai
réglé le problème de l'assurance-récolte pour
laquelle le fédéral ne payait pas depuis 1980; entre 1980 et
1984, 27 000 000 $. Je peux vous dire que le fait d'avoir eu le chèque
dans mes poches a hâté le règlement des 16 000 000 $ qui
restaient parce que j'ai réussi la négociation; à ma
façon, mais elle a donné des résultats. Du temps des
autres, elle ne donnait pas de résultats.
Je peux vous dire qu'on vient de signer l'entente sur les dommages de
1983, une entente de 31 000 000 $, avec le gouvernement fédéral,
entente qui n'était pas possible auparavant parce que les
libéraux avaient dit non. Je peux vous dire qu'actuellement Mirabel est
en train de se régler. Je négocie depuis 1977 pour Mirabel. Cela
veut dire que j'ai négocié pendant sept ans avec les
libéraux pour n'avoir aucun résultat. J'ai fait les mêmes
propositions au gouvernement conservateur et, en moins de cinq mois, cinq mois
et demi, le dossier va être réglé. C'est drôlement
différent.
Ceux qui pensent que le ministre est isolé, les libéraux
se trompent. C'est le Canada qui était isolé, c'était le
Québec qui était isolé, c'était tout le monde qui
était isolé sous le gouvernement Trudeau. C'étaient
même les Américains qui se sentaient isolés avec le
gouvernement Trudeau. Pourquoi? Parce que c'était cela. Vous aviez, en
face du gouvernement Trudeau, un premier ministre au Québec qui se
sentait méprisé, qui se faisait traiter de mangeur de hot dogs,
qui faisait rire de lui par le premier ministre du Canada. C'était cela
la situation.
Actuellement, c'est très différent. Maintenant, quand le
député de Charlesbourg qui, encore là, est peu
connaissant... Vous savez, le mérite du pêcheur prend
modèle sur le mérite agricole. C'est sans doute le seul
mérite qui dure depuis cent ans. On fêtera le centième
anniversaire du mérite agricole dans quatre ans, M. le Président.
J'ai pensé que les pêcheurs avaient droit à un
mérite professionnel semblable ou analogue à celui qu'ont les
agriculteurs. Les agriculteurs ont trouvé une façon de
reconnaître l'excellence professionnelle à travers toutes sortes
de concours qui se cristallisent dans le concours du mérite
agricole.
Nous allons - et je termine là-dessus -établir un
mérite du pêcheur, un mérite professionnel qui va permettre
de reconnaître l'excellence des pêcheurs du Québec, de sorte
que ceux qui voudront apprendre de ceux qui sont les meilleurs sauront par ce
concours qui sont les meilleurs et qui ils doivent suivre comme
modèles.
Le Président (M. Dauphin): Bon, la parole est maintenant
au député d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): Oui, M. le Président. Cela fait
déjà trois ou quatre interventions que le Parti libéral
fait en face de nous et, que ces gens chaque fois font une intervention, ils
haussent le ton plus ou moins selon la force de leurs cordes vocales. Chaque
fois qu'ils haussent le ton, c'est pour se moquer des pêcheurs, c'est
pour mépriser les pêcheurs. On les traite de pas bons parce qu'on
n'a pas confiance en ce qu'ils peuvent faire, à la capacité de
travailler des pêcheurs, à leur capacité d'être
capables de vivre décemment comme les autres. On a fait pareil avec les
agriculteurs. On continue à faire pareil avec les agriculteurs parce que
le Parti libéral n'a jamais cru à une agriculture
prospère. Il n'a jamais cru que nous, en tant que
Québécois, nous étions capables de nous nourrir
décemment comme n'importe quel pays. (11 heures)
Jamais le Parti libéral n'a fait pour l'agriculture ce que nous
avons fait et jamais il ne fera pour les pêcheurs ce que nous avons fait.
Ce qui est assez surprenant: pendant qu'en face on nous dit que le gouvernement
du Québec gaspille l'argent, qu'il investit mal, etc., on regarde les
statistiques, que ce soit au niveau de l'évolution de la pêche au
crabe, de la pêche à la crevette, que ce soit le degré
d'autosuffisance, comme le ministre l'a montré tout à l'heure, il
y a une remontée fulgurante dans chacun de ces domaines. La
création d'emplois, sous le régime du Parti
québécois par rapport au régime Bourassa, est
encore marquée.
Je me souviens, l'an passé, que l'Association des pêcheurs
acadiens est venue au Québec rencontrer le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation et le ministre des Affaires
canadiennes parce qu'avec ce que nous faisions au niveau des pêches ces
pêcheurs voyaient la montée fulgurante des pêches et ils
étaient inquiets. Ce ne sont pas les pêcheurs
québécois qui sont inquiets, comme le député de
Saguenay aime tant le dire, ce sont nos voisins. Ils s'aperçoivent qu'on
est en train de s'approprier de ce qui nous revient, ce qu'on a laissé
aux autres, ce dont on n'a pas voulu s'occuper, ce qui est chez nous. Ils
s'aperçoivent que tout à l'heure, lorsque notre flotte de
pêche sera équipée décemment comme elle doit
l'être, pour donner les outils aux pêcheurs comme ils doivent les
avoir, il sera possible que les autres pêcheurs voient leur place
diminuer.
Je vais juste citer ici une entrevue exclusive donnée au journal
Le Canada français par M. Robert Bourassa: "II ne voit pas
l'autosuffisance comme une priorité absolue. L'autosuffisance ne doit
pas empêcher d'être compétitif. D'ailleurs, il ne faut pas
oublier que l'autosuffisance est reliée à l'idéologie
politique du Parti québécois. " Imaginez-vous, c'est le chef du
Parti libéral qui dit cela lors d'une entrevue exclusive donnée
au journal Le Canada français. Ce n'est pas surprenant de l'entendre le
dire parce que, quand on voit le programme du Parti libéral en
agriculture, qui a seulement une page et demie avec aucun chiffre, avec aucun
projet, avec aucune chose affirmative qu'il s'engage à réaliser,
cela va être la continuité de ce qu'on a vu de 1970 jusqu'en
1976.
Quand le député de Saguenay dit que les pêcheurs
sont inquiets, ils ne sont pas inquiets du gouvernement actuel, ils ne sont pas
inquiets du ministre actuel de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation; leur plus grande inquiétude c'est de voir revenir Robert
Bourassa à la tête du gouvernement du Québec pour les
ramener dans le marasme des pêches dans lequel ils étaient de 1970
à 1976.
On parlait du mérite du pêcheur; on n'a pas l'air à
y croire. Pourtant, le mérite agricole c'est une chose, comme le
ministre l'a dit, qui existe depuis longtemps. Dimanche dernier, je rencontrais
des agriculteurs chez nous. Cela fait déjà un an et demi qu'ils
se préparent à participer l'an prochain - ce sera notre
région qui sera couverte - au mérite agricole qui aura lieu chez
nous. Cela donne une fierté aux agriculteurs. Quelqu'un qui se
prépare un an et demi, deux ans d'avance pour être capable de
participer à un concours, il me semble qu'il y a quelque chose là
qu'il vaut la peine de souligner et c'est cela qu'on veut faire pour les
pêcheurs. L'important, c'est de donner de la fierté à ces
gens. Ils ont la capacité de travailler, ils ont la volonté de le
faire, ils ont la volonté de faire vivre leur famille en travaillant et
non en se laissant vivre par les autres. C'est ce que le ministre actuel des
Pêcheries est capable de donner à ces gens.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Je comprends la crainte du ministre, n'ayant pu se
trouver de députés de son parti qui représentent les
régions maritimes. Je comprends que c'est triste pour lui. Au moins,
avec la batterie de fonctionnaires que vous avez, vous auriez pu leur donner
des documents pour qu'ils se renseignent un peu. Je pense que c'est manquer de
respect envers les pêcheurs du Québec, la façon dont vous
agissez. On n'est pas ici pour parler d'agriculture. Dans un autre temps, on
parlera d'agriculture. Il y aura d'autres interpellations et on parlera des
vrais problèmes. Présentement, on est ici pour parler des
pêcheurs, de la législation avec laquelle les pêcheurs
doivent vivre... M. le Président, le député d'Arthabaska a
eu son temps, on l'a écouté, s'il vous plaît! On est ici
pour parler des législations dont les pêcheurs sont
drôlement inquiets et en particulier de la loi 82 qui a
créé les offices de commercialisation. Les producteurs craignent,
avec raison, que la loi sur les offices de commercialisation des pêches
soit un moyen utilisé par l'État pour contrôler leurs
activités. Lorsqu'on contrôle l'activité d'une entreprise,
lorsqu'on veut contrôler l'activité d'une entreprise, on lui dit
comment elle doit fonctionner et la loi 49 leur indique comment ils vont
fonctionner, la loi 82 va leur dire à qui ils vont vendre les poissons,
à qui ils vont vendre leur production. Elle va contrôler leurs
états financiers; donc, c'est un contrôle total et parfait. C'est
de cela que les industriels de la pêche ont peur. Les industries
d'État, qui appartiennent à l'ensemble des
Québécois et pour lesquelles vous avez dilapidé des
millions des fonds publics, vous pouvez en faire ce que vous voulez, mais quand
cela appartient à l'entreprise privée, elle a le respect
d'elle-même, elle a le respect de ses travailleurs et vous n'avez pas le
droit de l'obliger à s'associer, vous n'avez pas le droit d'aller jouer
dans sa comptabilité afin de savoir quels sont les revenus que cette
industrie va faire. C'est de cela que l'industrie s'inquiète:
l'ingérence totale du gouvernement dans la vie privée des gens.
Vous le savez très bien, M. le ministre, et d'ailleurs vous l'avez dit
au congrès des
industriels de la pêche: L'État ne veut pas aller fouiller
dans vos poches, il ne veut pas aller fouiller dans vos livres. Mais, tout de
suite après, vous changez d'attitude. Les gens ne comprennent plus votre
attitude. Vous leur prêchez une journée que la loi va être
appliquée de telle façon et, le lendemain, vous vous retournez de
bord et vous leur prêchez une autre façon. Pourquoi? Parce que
vous contrôlez d'une façon royale. C'est vous qui décidez
tout au ministère. Les fonctionnaires qui vous entourent, lorsqu'ils
vont rencontrer des industriels ou des pêcheurs, ne peuvent faire
autrement que de dire: Cela dépend du ministre, cela dépend de
l'humeur du ministre. Mais là les gens, les pêcheurs et les
industriels de la pêche ont d'autre chose à faire que de savoir de
quelle humeur vous allez vous lever le matin parce qu'ils ont des
responsabilités à prendre vis-à-vis de leurs
employés, vis-à-vis de leurs familles et cela les inquiète
drôlement.
Prenez le fait que vous ayez retardé à hier votre annonce
ministérielle pour la prolongation des permis de normalisation. Ne
pensez pas que, dans le milieu des pêches, cela a été un
cadeau. Depuis les fêtes, depuis le mois de janvier, ces gens ne savent
pas comment ils vont fonctionner. À la dernière minute, pour
mieux les contrôler et pour mieux les laisser un peu dans le doute, vous
avez attendu à la dernière minute pour l'annoncer et encore
faut-il qu'ils se conforment à vos exigences. Il faut que je vous donne
la permission à la condition que. C'est cela le gouvernement du Parti
québécois. Les libertés, vous les rayez, vous les
cataloguez dans les lois et vous vous en servez comme vous voulez. C'est cela
que les gens vous reprochent dans le milieu, l'insécurité dans
laquelle ces gens doivent vivre. L'office de commercialisation
s'inquiète drôlement des industriels. Pourquoi? Parce que, de
force ou d'amitié, ils seront obligés de s'associer et ils ne le
veulent pas. Quand vous dites: Cela en prend quatre sur sept, les trois autres,
s'ils ne sont pas de bonne humeur, ils vont avoir à payer la facture et
c'est bien dommage, mais ces gens ne le veulent pas.
Tout à l'heure, vous parliez d'une loi qui a fait un débat
immense à l'Assemblée nationale. Depuis que vous êtes
devenu fédéraliste, que vous avez laissé vos idées
de côté et que vous avez caché votre véritable
visage, la loi 48, est-ce qu'elle a encore des effets présentement?
Est-ce que vous n'allez pas tout simplement l'enlever après avoir
bataillé pendant trois ans?
Le Président (M. Dauphin): La parole est maintenant au
ministre.
M. Jean Garon M. Garon: M. le Président, je vais expliquer
pourquoi certains dossiers doivent venir sur mon bureau. Cela
intéressera les gens sans doute de savoir que la première fois
qu'une toilette a été acceptée à bord d'un bateau
de pêche, qui était financée par le gouvernement, il a
fallu que cela vienne sur mon bureau parce que, dans le temps des
libéraux, c'était interdit. On disait: Un bateau de pêche,
ce n'est pas un bateau de plaisance et on ne pouvait pas avoir de toilettes
à bord des bateaux. Aussi vrai que vous êtes là, c'est venu
sur mon bureau et j'ai dit: Oui, on permet dans la construction des bateaux des
toilettes à bord parce que les pêcheurs sont trois ou quatre jours
en mer.
Un autre dossier qui est venu sur mon bureau, ce sont les douches
à bord des bateaux. Il n'y avait pas de douches à bord des
bateaux. Le gouvernement disait, dans le temps des libéraux: On ne peut
pas avoir de douches à bord des bateaux parce que le bateau de
pêche n'est pas un bateau de plaisance. J'ai dit, quand c'est venu sur
mon bureau, parce que c'est venu sur mon bureau... C'est vrai parce que les
fonctionnaires à Gaspé pensaient que cela continuait comme dans
le temps des libéraux: un bateau de pêche, ce n'est pas un bateau
de plaisance. C'est venu sur mon bureau et j'ai dit: Oui, il y aura des douches
à bord des bateaux et le gouvernement, dans le coût de
construction, dans les subventions, subventionnera également les
douches. Pourquoi? Parce qu'on s'est dit: Si le poisson doit être de
bonne qualité, si la cale doit être
réfrigérée, s'il doit y avoir des bons produits dans le
bateau, on ne peut pas demander aux pêcheurs de rester trois, quatre,
cinq jours à bord du bateau, de travailler quinze, vingt heures par jour
dans l'eau salée, au soleil et dans la sueur, de coucher sur des
grabats, ne pas se laver, pas de toilette, pas de douche. C'était cela
les bateaux dans le temps des libéraux. Pourquoi est-ce venu sur mon
bureau? Parce que tes fonctionnaires, ne connaissant pas les nouvelles
directives, ne savaient pas jusqu'à quel point la politique pouvait
être changée.
Dans chacun de ces cas, pour de nouvelles orientations, pour qu'on
permette la construction de bateaux avec des toilettes, la construction de
bateaux de pêche avec des douches, la construction même pour une
chaise de capitaine, c'est venu sur mon bureau. Vous le demanderez aujourd'hui
au pêcheur Armand Sinotte, à M. Lorenzo Albert, à M.
Cotton, de Rivière-au-Renard, et même au frère de M.
Paradis, justement, qui est venu dans mon bureau lui aussi. Ces gens
étaient favorables... J'en oublie un cinquième, M. Dupuis. Ils
sont venus dans mon bureau, pourquoi? Parce qu'ils voulaient avoir une chaise
de capitaine. Ils ont dit: M. Garon, on passe des heures en mer, parfois,
quinze, vingt, trente heures en mer et on a
le droit d'avoir une chaise qui a un certain confort. Moi, je pensais
que c'était un fauteuil. J'ai même été voir le
bateau à deux heures du matin pour me rendre compte sur place du
débat qu'il y avait entre les fonctionnaires et les pêcheurs. Dans
le temps des libéraux, ce n'était pas permis ces
chaises-là. Les gens disaient: Après cela, on est malade, on a
des tours de rein, on a des maux dans la colonne vertébrale parce qu'on
n'a pas le droit d'avoir des chaises normales dans un bateau. Alors, je suis
allé voir. Ce n'était pas un fauteuil qui était
refusé, c'était une chaise à peine plus confortable qu'une
chaise ordinaire. C'était refusé parce que, dans le temps des
libéraux, cela avait été refusé.
Vous vous demandez pourquoi un certain nombre de dossiers sont venus sur
mon bureau? Parce qu'il n'y avait rien de possible dans le domaine des
pêches dans le temps des libéraux, il n'y avait rien de permis.
Aujourd'hui, les gens viennent. Pourquoi? Parce que les fonctionnaires, je ne
les blâme pas, ils ne le savaient pas. Je vous dirai que, lorsque je suis
passé à Matane, après avoir eu la responsabilité
des pêches, j'ai vu la lettre qu'un fonctionnaire avait envoyée
à un pêcheur qui avait demandé d'obtenir une cale
réfrigérée. Le fonctionnaire lui avait répondu
qu'il poursuivait sa réflexion là-dessus. Alors que je
recommandais qu'on fasse des améliorations dans le secteur des
pêches, un pêcheur voulait avoir une cale
réfrigérée. Le gouvernement du Québec n'avait
jamais prêté, il n'avait jamais subventionné pour une cale
réfrigérée, M. le Président. Aujourd'hui, on se
demande comment cela se fait. Oui, j'ai pris la lettre et c'est venu sur mon
bureau. J'ai dit oui à des cales réfrigérées.
On parlait d'acier inoxydable ou d'aluminium. C'est venu aussi sur mon
bureau parce qu'il y avait un débat là-dessus. Les gens se
demandaient de quelle façon cela devait être fait pour que, cinq
ans après, on ne se retrouve pas avec une cale rouillée parce
qu'on aurait permis des matériaux dont on n'avait pas la garantie de
durabilité.
Plusieurs dossiers sont venus sur mon bureau, M. le Président,
parce que, dans le secteur des pêches, il y a eu des changements et les
fonctionnaires, qui connaissaient les politiques dans le temps des
libéraux, appliquaient les politiques du temps des libéraux.
Beaucoup de dossiers sont venus sur mon bureau justement parce qu'on
modernisait les pêches et il fallait dire non aux politiques
libérales et oui à de nouvelles politiques de modernisation.
Quant au député de Saguenay, il faudrait qu'il apprenne
à lire les lois. La loi 82 ne crée pas d'offices de
commercialisation, elle les permet. Avec l'adoption de la loi 82, aucun office
de commercialisation n'est créé. La loi 82 permet seulement
à des gens de se regrouper dans des offices de commercialisation et de
demander au gouvernement d'établir des offices de commercialisation
à condition qu'ils soient un certain nombre à le demander. Le
gouvernement peut recommander leur groupe, l'étendre suivant
différentes possibilités. Tout cela est permis par la loi, mais
la loi ne crée rien d'autorité. Le député de
Saguenay devrait apprendre à lire les lois.
Moi, j'ai une chose à dire: si les libéraux n'aiment pas
la loi 48, la loi 49 et la loi 82, s'ils n'aiment pas les nouveaux bateaux
qu'on construit et qui sont des bateaux confortables pour les pêcheurs,
avec des chambres, des lits confortables, des cuisines confortables, des
douches confortables... J'ai même permis deux douches à bord d'un
bateau, voyez-vous. Pourquoi? Parce que je pense que les pêcheurs doivent
pêcher dans des conditions confortables en 1984 au lieu de pêcher
comme si on était encore au temps de Jacques Cartier. Les bateaux dans
le temps des libéraux se comparaient à peu près aux
bateaux de Jacques Cartier, des bateaux en bois avec aucun confort pour les
pêcheurs qui vivaient dans la misère, dans l'humidité et
qui se retrouvaient bourrés de rhumatisme dès l'âge d'une
quarantaine d'années. (11 h 15)
Le Président (M. Dauphin): La parole est maintenant du
député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: Je vois, M. le Président, que le
débat commence à s'animer, que le ministre commence à
devenir même un peu rouge. Peut-être, tantôt, qu'il nous
parlera des poissons rouges! Toujours est-il qu'il y a quand même
certaines affirmations qu'il faut relever. C'est bien beau de toujours dire:
C'est la faute du fédéral, c'est la faute des libéraux.
Cela fait quand même quelques années que vous êtes
là. Cela achève, heureusement, mais ça fait quelques
années que vous êtes là. Il faudrait préciser qu'en
termes de prises, M. le ministre - je pense que vous avez au moins
l'honnêteté politique de l'admettre - entre 1970 et 1976,
effectivement, les captures, au niveau du Québec, ont baissé et
le député de Matane -celui qu'on appellera bientôt
l'ex-député de Matane - avait de beaux petits tableaux
rouges...
M. Garon:... vous-même.
M. Côté: Voulez-vous me laisser finir? Je ne vous ai
pas interrompu quand vous avez parlé. D'accord? De toute façon,
selon les sondages des journaux, vous allez le devenir, vous aussi,
ex-député de Lévis; cela ne sera pas très long. De
toute façon, ce n'est pas pour ça qu'on est là.
Aurez-vous
l'honnêteté d'admettre qu'entre 1970 et 1976, si les prises
ont diminué au Québec, elles ont aussi diminué dans
l'ensemble de l'Est du Canada? Aurez-vous aussi l'honnêteté
d'admettre - je ne suis pas là pour défendre le
fédéral; je pense qu'il est arrivé au gouvernement
fédéral ce qu'il méritait et c'est exactement ce qui va se
produire dans votre cas aussi - que le gouvernement fédéral a
aussi imposé des quotas et qu'il y a eu l'extension de la zone à
200 milles qui vous a quand même aidés?
Ceci dit, pour rétablir certains faits, M. le ministre, vous
êtes toujours à dire: Du temps des libéraux, il ne s'est
rien fait, absolument rien fait. Mais votre prédécesseur à
la direction et à la responsabilité des pêches, M. Rodrigue
Tremblay, qui vous a quittés depuis, a produit un petit document en mai
1979, qui était le plan quinquennal des pêches. On retrouve,
à la page 24, on parle de production au niveau de trois périodes
précises: Une analyse de "profitabilité" des chalutiers moyens
pratiquant la pêche au poisson de fond sur dix ans nous
révèle trois périodes: 1966-1968 où le rapport
profits-vente est élevé pour toutes les catégories de
bateaux; 1969-1971 où les profits sont minces ou même
négatifs; 1972-1975 - c'étaient les libéraux, ça; -
ce n'était pas si pire que vous le disiez - où les profits ont
été généralement bons pour toutes les
catégories. C'est vous autres. Ce ne sont pas les libéraux qui
ont fait ce document-là, c'est vous autres, c'est votre gang è
vous autres... Un instant! Vous répondrez, vous allez avoir le temps,
vous aurez cinq minutes.
Mais, dans ce beau document, il y avait aussi des intentions très
clairement exprimées qu'on retrouve à la fin où on disait:
Rénovation de la flotte... Je prends la précaution de me dire...
M. le ministre, ne sortez pas vos tableaux de pêche, je vous pose des
questions sur la flotte. Si vous avez des tableaux, vous les sortirez, on va
voir ça.
M. Garon:...
M. Côté: Je ne vous ai pas interrompu quand vous
avez parlé? Laissez-moi finir mon affaire.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, à
l'ordre!
M. Côté: Un document très volumineux, un
état et un constat de la situation des pêches a été
déposé à l'époque par votre
prédécesseur qui parlait d'investissements dans le domaine de la
rénovation de la flotte qui totalisaient 210 000 000 $ sur cinq ans.
Je prends connaissance du journal La Presse du 15 mai 1984: "Flotte de
pêche, le renouvellement prend du retard, admet Jean
Garon. " Ce n'est pas moi qui l'ai dit, c'est encore vous, c'est
ça. Vous n'avez pas dit ça? Ah non, c'est encore un journaliste
qui a menti, qui a mal interprété vos paroles. C'est ce que M.
Garon disait. Cela me paraît quand même assez clair. Là, je
l'ai sous les yeux et pas seulement un exemplaire, dans les autres journaux
aussi. Donc, tous les journaux ont menti en même temps.
On parle de rénovation de la flotte et vous vantez vos
mérites. Je pense que, sur le plan politique, sur le plan de
l'administration gouvernementale, vous avez les moyens de le faire et c'est
votre privilège et votre droit, à vous, de le faire, sauf que,
dans un cas bien particulier... Là, ne venez pas me répondre que
du temps des libéraux il ne s'est rien fait; ça fait neuf ans que
vous êtes là. Vous commencez à ressembler à un
dirigeant d'entreprise qui, avant de partir, a préparé trois
lettres pour son successeur. Il dit: Quand ça ira mal, tu ouvriras la
première lettre. À l'intérieur de la première
lettre, c'était indiqué: Si tu as des problèmes, dans la
première crise, dis que c'est la faute du prédécesseur.
Là, il y a eu une autre crise. Il a ouvert la deuxième lettre.
Dans la deuxième lettre, c'était marqué: C'est la faute de
la conjoncture. Là est arrivée une troisième crise. Il a
ouvert la troisième lettre et, dans la troisième lettre,
c'était écrit: Écris donc trois lettres comme celles que
tu as eues et remets ta démission.
Sur la flotte de pêche, donnez des statistiques sur ce que vous
avez fait, compte tenu,.. Parce que vous êtes bons dans les papiers, dans
les beaux plans quinquennaux: C'était vous autres, ce ne sont pas les
libéraux qui l'on inventé celui-là. Quel est le
résultat de l'investissement au niveau de la flotte? Je voyais le
ministre, député du comté de Matane, nous parler hier de
statistiques qui manquaient dans les années 1972-1973 quant à la
pêche. Je regarde votre production qui est là: en 1982, il n'y a
pas de chiffres. Ils sont disparus, c'était la crise ou le lendemain des
élections. Qu'est-ce que vous avez fait concrètement dans le
domaine de la pêche? Dites-nous tout! Si vous ne le dites pas ici,
ça va sortir ailleurs. Qu'avons-vous fait en fonction de cela?
C'était votre politique à vous, celle de votre
prédécesseur et c'est cela que vous aviez comme livre de chevet
au moment où vous êtes arrivé au ministère.
Le Président (M. Dauphin): D'accord. La parole est
maintenant au ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je trouve cela très
intéressant d'entendre parler l'ex-député de Matane devenu
député de
Charlesbourg parce que les gens de Matane ont connu le
député de Charlesbourg et ils s'en sont
débarrassés. Je comprends un peu pourquoi quand il me dit qu'en
1976 ce qui nous a aidés, c'est la zone de 200 milles...
M. Côté:... en 1976...
M. Garon: Le député, après...
M. Côté:... en 1976, d'accord?
M. Garon:... après 1976...
M. Côté: Ne commencez pas à jouer à
cela, vous allez avoir du trouble ce matin. D'accord? J'ai été
assez poli dans mes répliques, ne commencez pas cela parce que vous
allez vous faire organiser.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, messieurs! Allons,
allons!
M. Garon: M. le Président, je pense que vous êtes
capable de faire tenir tranquille le député de Charlesbourg. Il
ne connaît pas le secteur, il dit des affaires et, après cela, il
est malheureux. Il a dit que la zone de 200 milles nous avait aidés. La
zone de 200 milles, au cas où il ne le sait pas, a été
créée en 1976. Il ne le sait peut-être pas. Il se choque
parce que je dis que la zone de 200 milles est là depuis 1976. La zone
de 200 milles a été créée en 1976. Je lui apprends
peut-être cela.
Deuxièmement, elle ne nous a pas aidés parce qu'on ne
pêche pas véritablement dans les 200 milles au Québec; on
pêche, quant à nous, dans le golfe, on pêche dans le
même territoire où on pêchait avant. Il y a seulement deux
bateaux qui pêchent dans les 200 milles, ce sont le Kristina Logos et le
Lumaaq. Les autres bateaux pêchent à l'intérieur du golfe.
Alors, nos bateaux ne vont pas plus dans les 200 milles aujourd'hui qu'ils n'y
allaient hier parce que les 200 milles sont situés très loin des
côtes du Québec, à moins qu'on n'ait des permis
additionnels pour pêcher dans les 200 milles. Comme on a de la
misère à avoir nos permis pour les Kristina Logos et le Lumaaq,
qui sont deux bateaux qui vont dans la zone de 200 milles, le
député de Charlesbourg erre.
Tantôt, j'ai parle des investissements dans les usines et je vais
revenir à mon propos. J'ai souligné les investissements dans les
usines pour montrer à quel point il y avait accélération
de ces investissements sous le gouvernement actuel. Je vais lui montrer en
même temps les débarquements. Je termine pour montrer, en fait,
que c'est un investissement considérable dans le territoire maritime qui
est un véritable chantier de construction et qui va l'être encore
en 1985: 43 000 000 $ d'investis, à cause de la loi actuelle, qui
favorise la modernisation, mais avec une aide gouvernementale importante aussi
de 17 000 000 $.
Je prends un autre tableau pour vous montrer les débarquements de
pêche. Sous les libéraux, cela stagnait: en 1971, au total 10 000
000 $ pour le débarquement; en 1972, 10 000 000 $; en 1973, 12 000 000
$; en 1974, 18 000 000 $; en 1975, 14 000 000 $; en 1976, 14 000 000 $.
Arrive le changement de gouvernement. En 1977, 20 000 000 $; en 1978, 28
000 000 $; en 1979, 39 000 000 $; en 1980, 41 000 000 $; en 1981, 46 000 000 $;
en 1982, 49 000 000 $; en 1983, 55 000 000 $; et, en 1984, ce sont des chiffres
préliminaires qui ne sont pas complets parce que l'année vient de
se terminer, 54 000 000 $.
Voyez toute la progression qu'il y a eu dans le temps du gouvernement du
parti actuel alors que c'était la stagnation dans le temps des
libéraux. Il ne faut pas une 500 watts pour comprendre cela, M. le
Président. Les chiffres sont là. On va dire que les gens sont
plus malheureux quand ils vendent du poisson pour 55 000 000 $ que lorsqu'ils
en vendent pour 14 000 000 $. Voyons donc! L'ex-député de Matane,
le député de Charlesbourg, est peut-être le seul à
penser cela. Mais les gens des territoires maritimes s'en sont
débarrassés.
Si on regarde maintenant la valeur des expéditions des produits
transformés, M. le Président, qu'est-ce qui arrive? Dans le temps
des libéraux, qu'est-ce qu'on vendait? Cela stagnait. En 1971, 22 000
000; en 1972, 22 000 000 $; en 1973, 31 000 000 $. En 1974, c'est
l'année des élections; en 1974, 28 000 000 $; en 1975, 29 000 000
$; en 1976, 28 000 000 $. Comment se fait-il que, lorsque le gouvernement
actuel arrive au pouvoir, les chiffres changent radicalement? En 1977, 42 000
000 $. Voyez-vous, dans le temps de le dire! Pourquoi? À cause de notre
volonté politique de faire un changement. 42 000 000 $i En 1978, 51 000
000 $; en 1979, 71 000 000 $; en 1980, 78 000 000 $; en 1981, 83 000 000 $; en
1982, 102 000 000 $; en 1983, 118 000 000 $; en 1984, 115 000 000 $. Ce sont
des chiffres préliminaires, on n'a sans doute pas encore tous les
chiffres, cela va augmenter encore un peu là aussi. Dans le temps des
libéraux, c'était 28 000 000 $ en 1976 et cela n'a pas
augmenté seulement un peu, mais presque quatre fois plus dans le temps
du gouvernement actuel. Dans l'espace de quelques années, quatre fois
plus de valeur des expéditions de produits marins. Pourquoi? Parce qu'il
s'est construit des bateaux.
La construction de la flotte de pêche, je vais vous l'indiquer. Je
pense bien qu'on n'a pas le temps, mais tout de suite après, dans les
prochaines cinq minutes, j'aurai
l'occasion de montrer ces chiffres-là pour que les gens voient
à quel point, dans le temps des libéraux... Je vais vous donner
un chiffre pour vous amuser en attendant que mon tour revienne. En 1976,
construction de la flotte: 28 000 $ dans le temps des libéraux.
C'était la réparation des trois bateaux, des trois grosses
chaloupes dont je vous parlais tantôt.
Le Président (M. Dauphin): Maintenant, la parole est
à un député ministériel. M. le député
d'Arthabaska.
M. Jacques Baril
M. Baril (Arthabaska): Oui, M. le Président. Même
si, tout à l'heure, j'ai fait un rapprochement entre l'agriculture et
les pêches, je crois que j'ai parlé plus de pêche que
d'agriculture. On m'a encore une fois reproché de parler d'agriculture;
cela ne fait rien. Cette fois-ci, je vais m'en tenir uniquement aux
pêches. Je ne ferai aucunement allusion à d'autres secteurs de
l'économie.
Et je voudrais démontrer que les investissements que nous avons
faits dans le domaine des pêches sont des investissements
planifiés, pour que cela rapporte aux pêcheurs et à
l'économie québécoise. Ce ne sont pas des investissements
à peu près, comme on est porté à le faire à
côté. On a mis les choses en place, tout en investissant dans les
bateaux de pêche et dans les usines de transformation; et on a
également investi dans l'inspection du poisson. Il faut se souvenir
qu'il n'y a pas très longtemps les bateaux de pêche arrivaient au
quai et des poissons pêchés de trois jours, cinq jours ou plus
s'en allaient tous à la même place sans aucun triage, rien. Ce
poisson-là était vendu comme cela. À plusieurs reprises,
quand notre poisson arrivait sur le marché américain, même
s'il était estampillé "inspection fédérale", les
Américains réinspectaient notre poisson parce qu'ils ne se
fiaient pas à l'inspection fédérale, parce qu'ils savaient
comment cela fonctionnait.
C'est pour cela que nous avons établi une politique qui est
unique dans tout l'Est du Canada. Maintenant on trie le poisson à son
arrivée. Le poisson qui est de telle grandeur, de telle qualité
et qui a été pêché depuis tant de jours, est
déposé différemment et il est inspecté. Et c'est
comme cela qu'il s'en va sur le marché américain ou sur le
marché canadien. On est en train de refaire notre nom internationalement
quant au produit de la pêche, notre produit marin. C'est pour cela que je
vous dis que, si on veut investir dans la pêche, dans notre flotte de
pêche et dans l'usine de transformation, il faut s'assurer d'être
capable de le vendre et de faire une bonne mise en marché. Et avec
l'inspection que nous faisons actuellement, cela ne prendra pas bien des
années avant que les autres pays, les acheteurs, sachent quelle est la
qualité de notre poisson. Et ce sera beaucoup plus facile pour les
pêcheurs d'épuiser le stock de leurs prises.
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le
député. La parole est maintenant à un député
de l'Opposition. M. le député de Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: M. le Président, j'ai entendu le
ministre et j'espère qu'il m'entend de façon que l'on puisse, au
moins dans un cas, avoir une réponse sur une question qu'on lui pose. Je
veux bien que le ministre fasse sa petite parade habituelle. Probablement que
les sondages lui indiquent qu'il faut faire telle chose ou dire telle chose,
mais, autant que possible, il ne faut pas le faire sur le dos des
pêcheurs. Il est quand même très surprenant que le ministre
soit pleinement satisfait de son oeuvre et qu'avec ses statistiques il constate
que tout va bien. Cela va bien dans le domaine des usines, dans le domaine des
pêcheurs, à tel point qu'il faut maintenant passer au couronnement
du tout avec l'Ordre du mérite du pêcheur. D'ailleurs, ce n'est
pas d'aujourd'hui que ce ministre pile dans les plates-bandes de tout le monde.
L'Ordre du mérite de la restauration, c'est aussi lui qui
l'amène. Il a pilé partout dans les plates-bandes d'à peu
près tout le monde depuis qu'il est au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Il va nous donner tantôt des statistiques sur le renouvellement de
la flotte: en 1976, 28 000 $ d'investissements dans la flotte. En tout cas, je
lui demanderais de vérifier auprès de ses fonctionnaires pour
qu'il puisse avoir la réponse. Personnellement, comme
député de Matane avec un dénommé Gilles Barras qui
était aux pêches à l'époque, on est allé
chercher quatre bateaux pour des pêcheurs de Saint-Joachim-de-Tourelle
qui, à l'époque... Au moment où je suis arrivé, en
1973, dans le comté de Matane, il y avait un pêcheur professionnel
à Saint-Joachim-de-Tourelle. On a monté jusqu'à 60
pêcheurs, et ces gens-là se sont sortis du trou par la
pêche, parce qu'au départ il y a eu une volonté du
gouvernement de l'époque, du gouvernement libéral. La
communauté de Saint-Joachim-de-Tourelle, aujourd'hui, produit
annuellement de 4 000 000 à 6 000 000 de livres de poisson. Il y a quand
même eu des choses de faites dans ce sens. (11 h 30)
Je préférerais que le ministre, au lieu de nous parler de
la période avant 1976, nous parle de la nouvelle ère des
relations cordiales et fraternelles avec son homologue
du gouvernement fédéral, parce que c'est de tout cela
qu'il nous a parlé, de ce qui va venir, des perspectives des belles
conférences. Il ne nous a pas dit ce qu'il allait déposer sur la
table, ce qu'il allait demander. Il ne nous a pas dit quelle réponse il
avait donnée à l'invitation que François Gendron lui
faisait le printemps dernier, quant à la soumission au
fédéral... Non, non! C'est le temps de profiter de cela
aujourd'hui. Mettez vos projets sur la table. Avez-vous peur d'en
déposer de façon qu'il y en ait de refusé et que vous ayez
l'air fou? Ce n'est pas cela du tout. Mettez sur la table vos projets d'avenir.
Mettez-les sur la table.
Quand on a dit tantôt: Le ministre est isolé, le ministre
n'a pas compris. On n'a pas dit que le ministre s'était isolé du
gouvernement fédéral. On a dit que le ministre rapatriait tout
sous son couvercle et avait l'autosuffisance comme leitmotiv. Quand le ministre
nous passe ses statistiques sur l'investissement comme tout à l'heure,
c'est intéressant, très intéressant. Dites-nous dans les
prochaines interventions, M. le ministre, quelle est la part du gouvernement en
termes d'investissements par rapport au secteur privé. Dites-nous donc,
M. le ministre, si le domaine des pêches est suffisamment important pour
être une industrie au lieu d'un service. Dites-nous donc cela, M. le
ministre, et de quelle manière vous allez y parvenir.
Quant è la flotte, vous nous répondrez tantôt. Vous
nous arrivez avec toutes sortes de statistiques, pensant éberluer la
foule qui, finalement, va être très impressionnée par
toutes vos statistiques. Vous nous dites qu'il y a eu tant de prises de poisson
en 1976, tant en 1970, tant en 1973, tant en 1984. C'est extraordinaire, la
croissance phénoménale. Le budget de votre gouvernement est aussi
passé de 12 000 000 000 $ en 1976 à 25 000 000 000 $ aujourd'hui.
C'est une croissance phénoménale aussi. Il faut en tenir compte.
Et quand vous nous parlez des pêcheurs, ceux que vous voulez
défendre, ceux que vous voulez couronner avec une belle médaille,
ce ne sont pas les libéraux qui ont déclaré cela. Si cela
va si bien que cela, pourquoi en arrive-t-on avec un titre comme
celui-là: "Les pêcheurs québécois ont perdu 1 000
000 $?" Le Soleil, le vendredi 25 janvier 1985. Ce n'est pas le 25 janvier
1975. Ce n'est pas dix ans en arrière. Comment pouvez-vous expliquer
qu'aujourd'hui des articles comme cela circulent alors que vous venez
trôner en nous disant: C'est extraordinaire, la croissance et le volume
des prises au Québec. Vous venez nous dire cela. La triste
réalité, M. le ministre, c'est celle-là. Comment
faites-vous pour répondre à cela, 1 000 000 $? Ah! ce doit
être la faute du journaliste qui a mal interprété. Les
mauvaises statistiques... M. Garon: Ils l'ont perdu comment?
M. Côté: Un instant! Les mauvaises
statistiques...
M. Garon: Ils l'ont perdu parce qu'ils n'ont pas
été payés.
M. Côté: Oui? Encore une fois... Bien sûr,
quand cela vous est défavorable, c'est la faute de la presse. C'est la
faute des statistiques qui sont mauvaises. C'est la faute du gouvernement
fédéral. C'est la faute des libéraux de 1976. Mais
dites-nous donc, M. le ministre, ce qui fait qu'il y a cela comme article de
journal. C'est important. Répondez-nous. Répondez aux questions
précises. Si la pêche au Québec doit être une
industrie ou un service, dites-nous quel est l'apport de l'investissement du
gouvernement dans les pêches par rapport au secteur privé? Ce sont
des questions précises et vous aurez l'occasion de passer votre petit
tableau, votre commercial au sujet de votre flotte. Allez-y, M. le ministre, on
vous écoute avec beaucoup d'attention.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, les gens sont à
même de constater à quel point l'ex-député de
Matane, le député de Charlesbourg, dit n'importe quoi. On a
l'impression que le journal Le Soleil et son bureau de recherche... Comme il ne
se donne pas la peine de travailler les dossiers, il cite des articles de
journaux qui, le plus souvent, ne procèdent pas d'une très grande
recherche. Il vient de lire un titre de journal. Or, tout le monde sait que
celui qui écrit le titre ne fait pas l'article. Il dit: Les
pêcheurs ont perdu 1 000 000 $. Il n'a pas dit comment ils ont perdu 1
000 000 $, de quelle façon, de quoi il s'agit dans l'article. Il n'a
peut-être même pas lu l'article, le député de
Charlesbourg. Je vous dirai que ce n'est pas fort, comme argument. Il s'agit
essentiellement de gens qui ont vendu leur poisson à des acheteurs qui
ne les ont pas payés. Ce qu'il n'a pas dit, le député de
Charlesbourg. Il aurait dû dire cela. Mais ce que je dirai à ce
moment-ci, pour répondre à une de ses questions, c'est qu'il est
évident que, dans le temps de M. De Bané, à la suite de
ses gestes, il n'y avait pas lieu de discuter véritablement d'une
proposition d'entente fédérale-provinciale dans le cadre d'une
entente auxiliaire parce qu'il n'y avait pas d'entente-cadre. Ce que j'ai dit
dans le domaine des pêches, je l'ai dit aussi dans le domaine agricole:
Tant qu'il n'y aura pas une
entente-cadre négociée, cela ne donne rien de faire des
ententes et de discuter sur des projets sectoriels.
C'est pourquoi, aussitôt que l'entente-cadre a été
signée entre le gouvernement du Québec et le nouveau gouvernement
fédéral au début de l'année 1985,
immédiatement j'ai parlé au ministre responsable des relations
intergouvemementales canadiennes pour lui dire que j'étais prêt
à entamer des négociations avec le gouvernement
fédéral dans le cadre d'une entente auxiliaire sectorielle, tant
dans le secteur de l'agriculture que dans le secteur des pêches. Je peux
vous dire que j'ai rencontré à ce sujet le ministre de
l'Agriculture, M. Wise, pour le saisir de cette ouverture de
négociation, de même que le ministre des Pêches, M. Fraser.
Je lui ai écrit également pour lui dire que nous sommes
prêts à négocier une entente auxiliaire dans le secteur des
pêches dans le cadre de l'entente générale.
Pourquoi? Parce que les conditions de base sont maintenant posées
et qu'il y a une entente générale. Autrement, il aurait
été inutile de faire des spéculations, sans qu'il y ait de
montants d'argent déterminés et de cadre général.
C'est pourquoi on voit depuis quelques mois des ententes nouvelles qui sont
signées dans le cadre de l'entente générale de 1 600 000
000 $ conclue entre le gouvernement du Québec et le nouveau gouvernement
conservateur à Ottawa.
Maintenant, le député de Saguenay dit que je ne rencontre
pas les gens et que je suis allé rencontrer les industriels de la
pêche; c'est vrai. J'ai rencontré les industriels de la
pêche et j'ai longuement parlé ce soir-là, justement pour
faire connaître nos politiques, l'ensemble de nos politiques. Il
était présent, il y a assisté parce que, dans
l'équipe, il y a évidemment quelques organisateurs
libéraux qui ont invité le député de Saguenay. Il
était présent et il a pu entendre l'allocution que j'ai faite.
J'ai fait le tour de nos politiques en les expliquant bien comme il faut. Je
suis content de constater que les industriels les ont mieux comprises que le
député de Saguenay.
Moi, je peux vous dire, M. le Président, que j'aime mieux les
faits que les élucubrations. Un des faits touche la construction des
bateaux de pêche. Je veux revenir sur ce sujet dont on a discuté
tout à l'heure. Dans le temps des libéraux, les subventions
à la construction des bateaux de pêche, en 1976-1977,
étaient de 28 000 $, qui ont servi à la réparation de
trois grosses chaloupes. Le gouvernement change en 1977 et le montant passe
à 852 000 $; en 1978, 614 000 $; en 1979, 475 000 $. Je vous ferai
remarquer qu'en 1980 le secteur des pêches est joint au ministère
de l'Agriculture et les subventions augmentent à 1 863 000 $. En 1981, 1
802 000 $; en 1982, 1 346 000 $; en 1983-1984, 2 379 000 $ et, en 1984-1985, 2
756 000 $ pour le renouvellement de la flotte de pêche. Actuellement,
pour les bateaux de plus 45 pieds au Québec, plus de la moitié de
la flotte a été renouvelée. On dit même que la
flotte serait renouvelée autour de 60 % actuellement pour les bateaux de
plus de 45 pieds.
Dans la construction des petits bateaux, il y a également de
grandes sommes d'argent qui sont attribuées. J'ai un autre propos sur
les petits bateaux. Si on regarde les petits bateaux, ce sont des bateaux de
moins de 35 pieds. Dans le temps des libéraux, il s'en faisait un peu.
On maintenait la petite pêche, 25. Pour les autres bateaux? 0. Dans le
temps des libéraux, il n'y avait rien. En 1976, seulement 25 grosses
chaloupes. En 1977, il y a eu 36 petits bateaux, parce, même si on a
travaillé sur les gros bateaux, on n'a pas négligé les
petits bateaux pour autant. En 1978, 58; en 1979, 85; en 1980, 106; en 1981,
79; en 1982, 102; en 1983, 111; en 1984, 81.
Si vous regardez les bateaux de moins de 35 pieds, encore là
l'action du gouvernement actuel est de trois ou quatre fois plus que ce qui se
faisait par année dans le temps des libéraux. C'est cela, la
différence, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, vous aurez
droit à dix minutes tantôt.
M. Garon: Je continuerai tout à l'heure, M. le
Président.
Le Président (M. Dauphin): Le député de
Terrebonne m'a demandé la parole.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci, M. le Président. On vous reproche de ne
pas aller très profondément dans le domaine des pêches. Je
crois que le ministre s'en tient au domaine des pêches de façon
totale et absolue. Bien sûr, à cause des ouvertures qu'on nous
donne de l'autre côté, on parle un peu d'autres choses que les
pêches, mais toujours de choses qui sont connexes aux pêches.
Personnellement, je voudrais dire au député de Saguenay et au
député de Charlesbourg que le côté de
l'ennoblissement de la tâche du pêcheur qui a été
entreprise par notre gouvernement, j'y tiens. Les réalisations qu'on
voit par des tableaux très simples mais complets démontrent que
le respect du pêcheur, c'est d'abord la priorité du ministre.
II parlait, dans ses tableaux, des investissements, des permissions dans
des bateaux. Il faut donner des bateaux convenables a des gens, si on veut
qu'ils
soient respectés. Il faut qu'on fasse des investissements
marqués pour montrer que l'on respecte ces gens, pour toujours donner un
chiffre d'affaires et faire produire, contribuer au progrès au
Québec. Les pêcheurs sont des Québécois, et eux
aussi ont droit au progrès et à l'aide des gouvernements, autant
du côté des investissements dans les bateaux que du
côté des subventions lorsqu'ils ont des problèmes.
On n'a pas encore parlé du respect des quotas et du territoire
québécois. Il y a tout de même une guerre qui s'est faite
avec le fédéral là-dessus. J'espère que, dans les
nouvelles ententes que le ministre est en train de discuter, cela se
réglera très bien parce qu'il y a eu de gros problèmes
là-dessus. Sans suivre les dossiers, je ne veux pas me faire qualifier
de quelqu'un - comme je dirais de certaines personnes de l'autre
côté - qui semble vouloir connaître le dossier, mais celui
qu'il connaît le mieux, c'est souvent le dossier de sa chaise. Je ne
voudrais pas qu'on me dise ça, mais il demeure quand même que
c'est d'abord le respect des investissements, les analyses et les contacts avec
les pêcheurs qui font que les plans de développement, de ce
côté-ci de la Chambre, par le ministre des Pêcheries, et les
investissements sont plus nombreux.
La modernisation des usines, malgré les réticences des
libéraux, autant de la maison mère du temps que de ceux de
l'autre côté, le marketing et la publicité pour les
produits de nos pêcheurs sont d'une extrême importance. L'ouverture
de tous les marchés. Il n'y a pas que les États-Unis. C'est
sûr que les États-Unis achètent beaucoup de notre poisson,
mais il y a des ouvertures. Le Japon est un grand consommateur de poisson. Il y
a beaucoup de pêcheurs là-bas, mais il y a des ouvertures partout
dans le monde.
Tout ça pour ennoblir toujours la tâche du pêcheur et
son métier afin que lui aussi soit fier et ne vive pas dans des milieux
misérables, dans des bateaux misérables comme dans l'ancien
temps, mais dans des endroits qui lui permettent d'accomplir son travail de
façon noble et de façon digne.
C'est pourquoi, la semaine prochaine, le ministre déposera aussi,
pour encourager et pour respecter les agriculteurs et pour valoriser ce
métier... Il le fera adopter; il est déposé, je le sais.
C'est une façon de m'exprimer. C'est le mérite du pêcheur:
c'est sûr que cela va donner le goût à ces gens-là
d'être encore meilleurs qu'ils n'étaient et qu'ils ne sont
aujourd'hui. Ce mérite-là se compare beaucoup au mérite
agricole que les cultivateurs regardent dans les salons de ceux qui ont
reçu cette espèce de certificat - appelez-le comme vous voulez -
comme un honneur pour un village, quand c'est dans un village, où
quelqu'un est honoré. Il y a beaucoup de villages de pêcheurs tout
le long de la côte au Québec, sur la Côte-Nord, autour de la
Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine, et je suis persuadé
que, si jamais, dans un petit village du Saguenay, un des pêcheurs de mon
ami le député de Saguenay de l'autre côté recevait
le premier le mérite des pêcheurs, il serait le premier à
se rendre chez ce pêcheur pour l'en féliciter. Eh bien! c'est
l'ennoblissement du métier, le respect que l'on doit à ces
gens-là. C'est pour cela que, de notre côté, on fait tout
en notre pouvoir pour leur donner la chance de se développer dans la
noblesse et le respect de l'ensemble de la population et surtout de cette
Assemblée nationale. C'est ce que je vous demande pour les
pêcheurs. Merci beaucoup, M. le Président. (11 h 45)
Le Président (M. Dauphin): M. le député de
Charlesbourg.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté: C'est très beau. M. le
Président, j'ai hâte au moment où le député
de Terrebonne et moi-même irons voguer sur la mer, revoir ces
splendeurs.
Je veux quand même revenir aux propos du député
d'Arthabaska qui parlait tout à l'heure du programme du Parti
libéral. Je le trouve un peu culotté de venir parler du programme
du Parti libéral, lui qui a vécu des moments très
pénibles sur le plan interne quant à l'article un du programme de
son parti. Je le trouve passablement culotté de faire des leçons
au Parti libéral au sujet de son programme. C'était juste en
passant.
Quant au ministre qui parlait du service de recherche du Parti
libéral, M. le ministre, je peux vous dire que nous sommes très
fiers du travail que font les deux ou trois personnes qui sont à notre
service, comparativement à la centaine de fonctionnaires que vous avez
pour vous défendre et c'est...
M. Blais: Arrêtez donc de descendre les fonctionnaires.
M. Côté: Un instant! Je ne descends pas du
tout...
M. Blais: Ces gens-là font leur métier avec
noblesse aussi. Il y a une limite à rire des gens.
M. Côté: Un instant!
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, à
l'ordre!
M. Côté: II ne faut pas s'énerver, je n'ai
jamais descendu les fonctionnaires. J'ai dit qu'ils font du travail...
M. Blais: C'est ce que vous faites
depuis le début.
M. Côté: Un instant! M. le Président, je
n'irai pas sur le fleuve avec le député de Terrebonne.
Le Président (M. Dauphin): La parole est au
député de Charlesbourg.
M. Côté: On a entendu le ministre, à
plusieurs occasions, nous vanter ses mérites; c'est de l'habile
politique et je suis prêt à jouer le jeu. Je lui ai parlé
d'un déficit de 1 000 000 $. Le ministre a dit: Le député
n'a pas lu complètement tout cela. On a parlé d'investissements
par rapport au domaine des pêches. Dans Madelipêche, M. le
ministre, vous avez investi 20 000 000 $ et vous vous apprêtez à
investir 13 000 000 $, avec un objectif de rentabilité. Peut-être
que vous pourriez nous dire que vous avez perdu 3 000 000 $ en 1984. Est-ce que
c'est cela, un bon placement? Je comprends maintenant davantage M. Parizeau qui
vous identifiait comme l'un de ceux qui mettaient au monde certains canards
boiteux.
Concernant Newport, les faits sont... Très rapidement, pour
situer les gens qui peuvent nous écouter et pour qu'ils soient capables
de comprendre le problème qui a été largement
diffusé. Il y avait une usine là-bas et est survenue une belle
bataille entre deux coqs - j'ai déjà eu l'occasion de le dire ici
- deux rois, chacun dans son domaine: l'ex-député de Matane au
fédéral et le député de Lévis au provincial.
Deux coqs qui se lançaient des messages par le biais du
Téléjournal de Radio-Canada, les yeux larmoyants, en demandant:
Est-ce qu'on peut se rencontrer au moins pour s'entendre, pour ne pas que les
pêcheurs et les gens du milieu ne fassent pas les frais de toute cette
aventure? De sorte que le ministre a décidé, à un certain
moment, qu'il y allait: fédérai, pas fédéral, usine
à côté ou pas usine, on y va. Vous avez annoncé
à ce moment une usine de 13 000 000 $ ayant une capacité de 20
000 tonnes. Vous avez fait miroiter aux gens du milieu que ce serait leur
usine, comme vous seul êtes capable de le faire: "On s'est donné
des forces". Cela allait selon vos sondages.
Mais le résultat est là. Vous avez maintenant englouti 20
000 000 $ dans la seule usine de Newport. Vous le direz tantôt si ce
n'est pas 20 000 000 $, mais il y a des investissements dont on parle et cela
finira par 20 000 000 $ ou on s'en reparlera, éventuellement; 13 000 000
$, 14 000 000 $, 15 000 000 $, on verra. Tous les intervenants du milieu et
principalement les gens de la Côte-Nord se sentent frustrés par
l'importance que vous avez accordée au projet de là-bas. La
population et les pêcheurs de Newport ont, aujourd'hui, au bout de leur
quai, deux usines qui totalisent 25 000 000 $, à même les fonds
publics dans les deux cas. L'usine de Newport, votre usine de Newport ne sera
vraisemblablement pas prête avant juillet, alors qu'il y aura des mois de
pêche d'écoulés.
Pour répondre à cela, pendant ce temps, où nos
pêcheurs vont-ils aller faire les débarquements? Au
Nouveau-Brunswick? Ailleurs? On verra. Vous pourrez nous dire le contraire. On
vérifiera en cours de route et, à ce moment, vous aurez le temps
de faire le tour de la Gaspésie.
Quant à l'usine du milieu que vous aviez promise, les
pêcheurs ont quitté le conseil d'administration en claquant la
porte et en accusant le ministre de les avoir utilisés pour sa bataille
politique. Ils disent que l'usine de Newport est contrôlée par les
fonctionnaires du Québec. Bien sûr, il y a une trêve
maintenant... Est-ce qu'on dérange votre adjoint? Or il y a une
trêve maintenant. On verra. Mais il y a des questions précises qui
se posent dans le cas de l'usine de Newport.
Maintenant que vous venez d'annoncer que vous achetez l'usine de
Pêcheries Cartier è Newport, comment est-ce que cela va se faire?
Est-ce que ce seront des usines complémentaires ou une seule usine? Quel
est le nombre d'emplois qui seront épargnés? Quelles
espèces de poisson à l'une ou à l'autre des usines?
Comment allez-vous faire tout le lien entre les deux usines? Pourquoi, M. le
ministre, ne pas avoir laissé Purdel acheter l'usine? Vous allez me
répondre: Pas assez cher. On ne donnait pas assez. M. le ministre,
comment expliquer les accusations de chantage dans ce dossier lancées
par vos amis les capitaines de Newport?
Conclusions
Le Président (M. Dauphin): D'accord. Maintenant, nous
sommes rendus au stade du dernier temps de parole. M. le ministre, vous avez
droit à dix minutes. Ensuite, le député de Saguenay aura
droit à la réplique de dix minutes. M. le ministre.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Charlesbourg est peu au courant du dossier de Newport. Le dossier de Newport,
essentiellement, est un dossier où il y a trois groupes d'actionnaires:
les pêcheurs pour un tiers, les investisseurs locaux, qui sont des
industriels de la pêche pour une bonne partie, pour un autre tiers, et la
Société québécoise des pêches pour un tiers.
Donc, l'usine de Newport est contrôlée essentiellement par les
gens de la région puisqu'ils ont les deux tiers des actions.
Deuxièmement, la réunion du conseil d'administration vient
d'avoir lieu. Il y a trois pêcheurs qui ont été
élus, trois
industriels du secteur du milieu de la pêche qui ont
été élus et également trois représentants de
la Société québécoise des pêches. Donc, au
conseil d'administration, là encore, le gouvernement du Québec
est minoritaire.
Nous avons voulu le faire parce que les pêcheurs se sont
engagés à verser 53 000 $ par année pendant cinq ans. Pour
maintenir la participation au tiers des pêcheurs, j'ai fait en sorte
qu'un montant de 1 500 000 $ soit avancé sous forme de parts
privilégiées par la Société
québécoise des pêches. Vous savez, si on avait voulu
prendre le contrôle, cela aurait été très facile.
Comme le gouvernement du Québec mettait plus d'argent que n'importe quel
autre, il aurait été très facile pour lui d'avoir le
contrôle. Malgré cela, le contrôle est resté dans le
territoire. Tous ceux qui font du placotage et du verbiage nient la
réalité. Alors, le conseil d'administration, c'est public
maintenant. La liste est fournie. La réunion a eu lieu le 26 mars et
c'est terminé.
Aux Îles-de-la-Madeleine, Les Crustacés des îles est
une compagnie indépendante de Madelipêche. La compagnie Les
Crustacés des îles est formée de façon
indépendante parce que, précisément, on veut faire un
autre modèle comme Newport où il y aura -on va l'offrir -
à la restructuration de l'entreprise, un tiers des parts à
l'ancienne compagnie qui était National Sea Products aux pêcheurs,
un tiers aux investisseurs des Îles-de-la-Madeleine et un autre tiers
à la Société québécoise des pêches,
essentiellement, ou à Madelipêche, l'une ou l'autre, pour que,
là encore, Les Crustacés des îles redevienne une entreprise
sous contrôle des gens du territoire maritime.
Évidemment, tout cela ne se fait pas facilement. Quand on dit que
Madelipêche a perdu 3 000 000 $ en 1984, je dis à
l'ex-député de Matane, député de Charlesbourg:
C'est faux. Il y a eu une perte de 1 500 000 $ quand on sait tous les
problèmes qu'on a eus au point de vue des permis, on les a reçus
trois mois en retard par rapport à la saison normale; Madelipêche
a dû demander ses permis de pêche à chaque voyage
plutôt que de les avoir pour la saison comme toute autre entreprise dans
tout le Canada, parce que M. De Bané était malade de
contrôler et d'écraser le Québec. C'était l'ancien
collaborateur du député de Matane au provincial, le
député de Charlesbourg aujourd'hui, deux amis qui ont
contribué à nuire au secteur gaspésien, mais ils se sont
fait sortir tous les deux.
M. le Président, je dirai que Madelipêche va s'en tirer,
avec cette saison, sans perdre plus d'argent, alors que, si on regarde dans
Terre-Neuve, Fisher Products va perdre environ 100 000 000 $, des entreprises
des Maritimes perdent de l'argent par dizaines et dizaines de millions. On peut
dire que le secteur des pêches du Québec est terriblement
sain.
Ce que nous avons fait au Québec, M. le Président, au
cours des dernières années, c'est de moderniser les bateaux de
pêche du Québec, les petits comme les gros, pour avoir une flotte
moderne avec des cales réfrigérées, avec des cales faites
avec des matériaux qui ne favorisent par la multiplication des
bactéries ou de la contamination. Il faut avoir des matériaux
modernes, des usines modernes également et ceux qui assisteront à
l'inauguration de ces usines dans le territoire maritime, dont la construction
est commencée, le verront. Ceux qui veulent retourner à la
misère, qui -veulent voter libéral, auront le choix aux
prochaines élections. Je peux vous dire que je vais parcourir le
territoire maritime d'un bout à l'autre en disant: Si vous voulez
retourner à la misère d'antan, votez libéral. Si vous
voulez continuer dans la modernisation de vos bateaux, dans la modernisation de
vos usines, vous savez pour qui voter parce que c'est nous qui l'avons faite,
essentiellement. Je n'ai pas honte du tout de mon bilan, du bilan de
l'administration que j'ai dirigée pendant ces années.
Au point de vue du triage du poisson, aujourd'hui, c'est un
système qui est institutionnalisé: 5 usines en 1982, 22 usines en
1983 et toutes les usines en 1984. Aujourd'hui, tout le poisson qui entre dans
les usines subit une première inspection et celui qui n'est pas propre
à la consommation humaine n'entre pas dans l'usine, il est
rejeté; alors qu'auparavant tout entrait dans l'usine dans le temps des
libéraux.
Aujourd'hui, un système d'inspection? Oui. Des jugements de la
Cour suprême du Canada, en 1979, le jugement Labatt, et l'arrêt
Dominion en Ontario en 1980, ont indiqué que le contrôle de la
production était une juridiction du Québec et que le commerce
local était une juridiction québécoise également.
Nous n'avons fait qu'assumer nos responsabilités en termes d'inspection
du poisson parce que, si l'on voulait établir un système
d'excellence de la qualité des produits au Québec, il fallait
établir notre propre système d'inspection. Ce que nous avons fait
jusqu'à maintenant. C'est cela que nous voulons changer, le poisson du
Québec devait passer par Boston pour être racheté au
Québec. Les acheteurs québécois de poisson achetaient le
poisson à Boston parce qu'il n'y avait pas de système
d'inspection au Québec. Aujourd'hui, vous remarquerez que les
entreprises les plus prospères sont celles qui vendent la majeure partie
de leurs prises dans le territoire québécois. Je vous dirai que
les entreprises les plus prospères vendent 100% de leurs prises dans le
territoire québécois. Pourquoi? Parce que le prix payé par
les Québécois pour consommer du bon poisson est plus
élevé que dans n'importe quel autre pays avec des
coûts de transport moins élevés, alors que, jusqu'à
maintenant, essentiellement, tout notre poisson était exporté.
Nous sommes en train de changer.
Je regarde le député de Saguenay qui est là et qui
pourrait demander, par exemple, à des industriels de son coin, à
qui il n'a peut-être jamais parlé, ceux des Pêcheries Soucy,
des Pêcheries Fortier: Où vendent-ils leur poisson? Vous verrez en
même temps le dynamisme de ces entreprises qui se font une chaude
concurrence, mais en même temps qui sont les principaux artisans du
modernisme des pêches au Québec, parce que ces gens sont les
premiers à s'être débarrassés de l'esprit de
colonialisme qui est de se sentir obligés de vendre à
l'étranger pour vendre son poisson. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'ils font?
Ils ont d'abord fait un produit d'excellente qualité qui satisfait aux
normes des acheteurs et des consommateurs du Québec. Ceux qui ont
préféré continuer à vendre à des acheteurs
qui sont moins exigeants au point de vue de la qualité ont eu des prix
moins élevés également pour leur poisson. Si vous allez
sur le marché de Boston, vous vous rendrez compte que les producteurs ou
les vendeurs islandais, danois ou norvégiens obtiennent des bien
meilleurs prix que les Canadiens sur le marché des États-Unis.
Pourquoi? Parce qu'on n'a jamais été capable de correspondre aux
standards de qualité exigés par les Américains. Notre
poisson a toujours été classé comme un produit de
deuxième et de troisième classes. Ce que nous sommes en train de
faire dans les usines et dans les bateaux de pêche au Québec,
c'est de faire avec les produits marins du Québec un produit de
qualité supérieure, un produit qui sera comparable au produit des
Islandais et des Danois qui, eux, vendent un produit de première
qualité et obtiennent des prix supérieurs. C'est ce que nous
sommes en train de faire. Madelipêche, dans son histoire, jusqu'à
maintenant, a vendu l'an dernier 75 000 à 80 000 livres de poisson -du
sébaste frais - par semaine, en filet, alors que, dans le temps du
régime Bourassa, tout cela était vendu en bloc congelé. Il
n'y avait pas de filet frais.
On est en train aussi de moderniser la façon d'apprêter le
poisson. Au lieu de vendre du sébaste avec la peau, et il a mauvais
goût lorsqu'il est cuit avec la peau, on l'enlève pour
présenter un produit de première qualité. C'est ça
qu'on est en train de faire dans le secteur des pêches. Ce n'est pas
facile de changer les habitudes des gens, de passer du poisson salé,
comme dans le temps de Jacques Cartier, au poisson congelé, au poisson
en filet, aux plats cuisinés, à la transformation la plus
avancée qu'on puisse trouver sur les marchés internationaux. Ce
n'est pas facile à réaliser.
C'est ça que nous sommes en train de faire.
Que le député de Saguenay se fasse le complice des esprits
les plus retardataires dans le secteur des pêches, qu'il se fasse le
défenseur de ceux qui ne veulent pas bouger, c'est son droit. Si le
Parti libéral veut dire que, s'il prenait le pouvoir, il ne continuera
pas la normalisation, il le dira. Je vais vous dire une chose, moi, je vais lui
faire dire si, d'ici aux prochaines élections, il va continuer la
modernisation que nous avons engagée, la normalisation que nous avons
engagée depuis 1981, où s'il va y mettre fin. Le Parti
libéral devra dire aux gens qu'il va continuer avec des usines vieilles
comme autrefois, que les dernières qui ne sont pas encore
modernisées, il va permettre que ça continue, que ça
prolifère, ou il va continuer à faire appliquer la loi que nous
avons votée pour faire en sorte qu'on ait des produits de
première qualité, des produits excellents. Oui, nous visons
l'excellence. Il va nous dire aussi s'il va arrêter le triage, il va nous
dire s'il va continuer à faire l'inspection des produits marins, il va
nous dire s'il va continuer la modernisation des bateaux de pêche ou bien
s'il va arrêter tout cela parce que lut, il n'y croit pas. (12
heures)
Nous, nous avons cru au territoire maritime. C'est pourquoi nous avons
dépensé des millions en argent, nous avons investi des millions
de dollars dans le territoire maritime. Le député de Saguenay,
depuis tantôt, nous dit qu'on dépense trop d'argent dans le
territoire maritime, grâce à un premier ministre qui est
Gaspésien. Le premier ministre du Québec, M. Lévesque, est
un Gaspésien, qui m'a donné toute la marge de manoeuvre pour
faire les transformations, les investissements pour qu'on fasse enfin que les
produits qui sortent du territoire maritime québécois soient dans
les plus hauts standards de qualité au monde. On va arrêter de
considérer le Québec, la Gaspésie, les
îles-de-la-Madeleine et la Côte-Nord comme un territoire de
troisième ordre.
Maintenant, que cela ait été un peu plus long sur la Basse
et la Moyenne-Côte-Nord, j'en conviens, parce que c'était plus
difficile. On part d'une époque où on fait le poisson comme on le
faisait dans le temps de Jacques Cartier, on le sale comme autrefois.
Aujourd'hui, il y a de nouvelles espèces de crabe et de crevette. Il
faut savoir exactement le nombre de permis -c'est ce que j'ai dit au ministre
fédéral -dont on peut disposer pour voir quels types d'usines
polyvalentes seront construites. Dans le territoire de la
Haute-Côte-Nord, la modernisation va se faire en même temps qu'en
Gaspésie ou aux îles-de-la-Madeleine; mais, pour la Moyenne et la
Basse Côte-Nord, étant donné qu'on part de beaucoup plus
loin, en termes de produit, de
modernisation, il va falloir donner un délai additionnel, ce que
j'ai annoncé hier.
Je vous remercie, M. le Président...
Le Président (M. Dauphin): D'accord, M. le ministre,
mais...
M. Garon:... et je vais vous dire que nous continuerons, comme
gouvernement, notre politique vers l'excellence du territoire maritime,
l'excellence des produits marins. Nous demandons aux consommateurs d'être
plus attentifs pour les acheter, parce qu'ils sont bons maintenant.
Le Président (M. Dauphin): M. le ministre, c'est
terminé. Maintenant, le droit de réplique du député
de Saguenay, l'interpellant.
M. Côté: On a mangé du poisson frais,
auparavant, avant que vous arriviez...
M Ghislain Maltais
M. Maltais: M. le Président, nous avons eu droit à
un dernier discours électoral du présent ministre des
Pêcheries, sauf qu'il n'a pas répondu à toutes les
questions qu'on a posées ici. Il change ses statistiques. Il avait
préparé des tableaux, parce qu'il pensait qu'on en poserait
là-dessus, mais ce ne sont pas ces questions-là qui
intéressent les pêcheurs du milieu, qui intéressent les
industriels.
Le Parti libéral ne reproche pas au gouvernement de ne pas
investir ou de trop peu investir dans le milieu des pêches, comme le
ministre le prétend. Le Parti libéral reproche au ministre de mal
dépenser, de gaspiller de l'argent dans les pêches, comme il le
fait actuellement. C'est ça, la différence. Pas besoin
d'être un professeur de droit pour comprendre ça. Il faut juste
des gens logiques. Malheureusement, le ministre actuel ne l'est pas.
Cependant, les pêcheurs ont posé des questions à vos
fonctionnaires, votre batterie de fonctionnaires que vous aviez
délégués à Sept-îles. Il y en a une qui est
très importante pour les pêcheurs québécois.
Qu'est-ce que le ministre des Pêcheries va faire? Est-ce qu'il va faire
des représentations auprès du ministre du Travail pour que le
taux de cotisation à la CSST baisse un petit peu? II est à 9, 78
$ les 100 $. Est-ce que le ministre va s'y engager? Je demande que le ministre
y réponde à un moment donné, quelque part dans les
journaux ou à l'Assemblée nationale. Qu'est-ce qu'il va faire?
Est-ce qu'il va rencontrer son homologue du Travail et en discuter?
C'est une inquiétude des pêcheurs, non pas de savoir
combien il y a de statistiques et combien il s'est prêté ou
investi d'argent depuis 1976. À vous entendre parler, vous avez
inventé la roue. Je pense que les gens de votre comté, dans
Lévis, sont en tram de vous dire qu'ils vont casser les barreaux
à la prochaine élection. Vous n'avez qu'à lire le journal,
ce matin: Les libéraux en avance dans Lévis. C'est
ça...
M. Garon: Oui, 85 personnes sondées.
M. Maltais: Je ne vous ai pas interrompu, ne m'interrompez pas!
Le ministre nous a fait une panoplie de réalisations. La seule chose
qu'il a oubliée, c'est de savoir si les gens sont satisfaits. Quel est
le revenu des pêcheurs? De quelle façon les pêcheurs
vont-ils vivre? Juste le statut du pêcheur, par exemple, sur la
Basse-Côte-Nord, alors qu'on sait que la pêche dure, en moyenne, de
six à sept semaines. Les travailleurs de la mer ne peuvent pas accumuler
des timbres d'assurance-chômage. Dès qu'ils vont travailler
ailleurs pour compléter leurs dix semaines, ils perdent leur statut de
pêcheurs professionnels et ces gens-là ne peuvent plus retourner
à la pêche l'année suivante, alors qu'on sait que c'est la
principale industrie. J'espère que vos fonctionnaires vous ont transmis
ces revendications. Vous me répondrez une autre fois.
M. Garon: Question de privilège.
M. Maltais: Non, non, il n'y a pas de privilège ici.
M. Garon: Le député ne peut pas m'accuser de choses
qui dépendent du gouvernement fédéral et qui ne
dépendent pas du gouvernement du Québec.
M. Maltais: M. le Président, personne ne l'a pas
interrompu, personne. Un instant!
M. Garon: II n'a pas posé de questions quand
c'était le temps...
M. Maltais: M. le Président, je regrette infiniment, mais,
si le ministre n'est pas capable d'écouter, il n'a qu'à prendre
la porte et à s'en aller.
M. Garon: Ce sont des questions qui dépendent du
gouvernement fédéral. L'assurance-chômage ne dépend
pas de nous autres.
M. Maltais: S'il ne veut pas entendre les revendications des
pêcheurs.., Chaque fois qu'on lui parle des besoins des pêcheurs,
c'est cela qu'il fait. Il n'est pas capable de connaître le milieu.
M. Garon: Bien oui, mais cela dépend du gouvernement
fédéral.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs! Messieurs! À
l'ordre! À l'ordre! Messieurs!
M. Garon: Êtes-vous tombé sur la tête? Vous
posez des questions qui ne dépendent pas du gouvernement du
Québec.
M. Maltais: M. le Président, je n'ai pas interrompu le
ministre, alors qu'il ne m'interrompe pas.
Le Président (M. Dauphin): Messieurs, si vous me....
M. Maltais: S'il n'est pas capable d'entendre les revendications
des pêcheurs, il n'a qu'à prendre la porte et s'en aller.
M. Garon: Quand c'était le temps des questions, vous
n'avez même pas posé la question.
M. Maltais: Ce n'est pas de vos affaires!
Le Président (M. Dauphin): Si vous me laissez un
instant... Le droit de parole est au député de Saguenay, il
utilise son droit de réplique. Maintenant, il n'y a pas de question de
privilège en commission parlementaire. Evidemment, M. le ministre, vous
avez utilisé votre droit de parole de dix minutes. Il y a des questions
de règlement qui sont possibles, mais il n'y a pas de questions de
privilège. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: M. le Président, quand on parle du statut du
pêcheur, le ministre est au courant de cela, ses fonctionnaires lui ont
demandé et il n'a pas donné de réponse comme il n'en donne
pas ailleurs.
D'ailleurs, les propos qu'il a tenus ce matin ne sont pas de nature
à réjouir qui que ce soit dans le domaine des pêches. De la
façon dont le ministre se conduit lorsqu'il parle de ses
réalisations, il oublie toujours une chose, la personne humaine: que
fait-elle là-dedans? II se décharge toujours de ses
responsabilités, c'est toujours la faute du gouvernement
fédéral, des libéraux, des autres. Ce n'est jamais sa
faute quand cela va mal. Mais les pêcheurs ont seulement un ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au Québec et ils
ont hâte de le changer. Le ministre a plutôt choisi de nous
répéter encore une fois le même discours: la cassette. Cela
fait deux ans qu'on l'entend à l'Assemblée nationale. Il nous a
démontré que l'industrie de la pêche est menée, est
gérée de ses impulsions. D'ailleurs, on n'a qu'à aller
dans la région pour savoir comment cela se passe.
Depuis qu'il est responsable des pêcheries commerciales, l'actuel
ministre a prôné un mode de fonctionnement dans l'industrie des
pêches et il s'est servi plus d'une fois, continuellement, de son
autorité pour l'imposer au milieu. Pas de consultation! Imposition! La
vérité vient de moi. Point. Pour arriver à ses fins, il a
augmenté les contraintes administratives dans lesquelles plus personne
ne se retrouve dans le milieu des pêches. Il a centralisé les
pouvoirs en s'assurant d'un contrôle étouffant. C'est cela que les
pêcheurs et les industriels vous reprochent.
Au nom du principe de la qualité, il a passé à
côté des vrais problèmes. Il a écarté les
autres objectifs. Le défi que le MAPAQ aurait aidé à
relever est celui de devenir concurrentiel, de trouver de nouveaux
marchés. Cela n'a pas été fait. Le ministre avait pour
mission de rendre l'industrie concurrentielle et d'ouvrir des nouveaux
marchés. Il a plutôt choisi de se mêler de la production et
il s'est substitué aux producteurs. Les résultats, on les
connaît!
En plus d'imposer des contraintes énormes qui ont eu pour effet
d'étouffer le milieu, il a livré une concurrence déloyale
aux pêcheurs et aux industriels. C'est cela que le Parti
québécois a fait en région. Que peuvent faire les petits
industriels et les petits pêcheurs propriétaires de leur bateau
face à Madelipêche, face à Newport, face à une
flotte de pêche de plus de 200 pieds? Qu'est-ce que la compétition
devient là-dedans? Des mesures coûteuses qu'on a imposées
aux producteurs s'appliquent aussi, il va de soi, aux usines
possédées par l'État, mais l'État puise ses fonds
dans le trésor public alors que le petit entrepreneur est obligé
de puiser dans ses poches. Cela devient déloyal et c'est de cette
façon que le gouvernement du Parti québécois, et
particulièrement son ministre, a agi. C'est un gouvernement
d'irresponsables.
Je pense que, depuis 1981 que le ministre a le dossier des
pêcheries commerciales, il a investi de l'argent, mais il l'a investi
d'une façon démesurée sans savoir les résultats.
S'en aller dans des aventures comme Madelipêche! Pourquoi ne
dépose-t-il pas à un moment donné le bilan de
Madelipêche à l'Assemblée nationale? Pourquoi? Parce que
les fonds publics ont été mis là-dedans. Il a
créé une commission d'enquête sur Madelipêche et
Pêcheurs unis. Le ministre s'est tu là-dessus parce qu'il avait
encadré certaines normes. Jamais on n'a entendu un commentaire, parce
que les conclusions n'étaient pas belles à voir. Le ministre a vu
gros; il a imposé ses règles sans tenir compte de la situation et
des besoins de l'industrie québécoise. Il a voulu lui imposer des
modèles qu'il a trouvés ailleurs, sans les adapter. Il a fait
tout cela sans tenir compte de nos voisins qui partagent les mêmes
ressources. La preuve est que la loi 48, sa réglementation n'est pas
sortie. Il a toujours refusé d'écouter les premiers
intéressés que sont les pêcheurs et
les industriels québécois. Il a refusé de tenir une
commission parlementaire que nous avons réclamée à
plusieurs reprises et que l'on continue de réclamer pour que les
véritables intervenants du milieu de la pêche puissent se faire
entendre devant une commission de l'Assemblée nationale. Il a
préféré essayer d'identifier des coupables en donnant une
commission d'enquête dont le mandat était restreint. Mais il sait
fort bien que, dans ce milieu comme dans d'autres, il est le seul coupable.
Il est urgent que des mesures immédiates soient prises pour
assurer la viabilité de l'industrie québécoise de la
pêche et sa rentabilité. C'est bien beau d'investir des millions,
mais c'est de savoir où va la rentabilité. En 1985, il faut
parler de rentabilité des pêcheurs et des industriels.
M. le Président, en terminant, je pense que je ferai comme bien
des collègues ont fait ici à l'Assemblée nationale...
Devant l'échec total du ministre des Pêcheries, je pense que le
premier ministre n'aura pas d'autre choix que de lui retirer ce dossier, comme
il a fait au ministre de la Justice pour le dossier de la Sûreté
du Québec, comme il a fait à Michel Clair pour le dossier de la
jeunesse, comme à Clément Richard dans les dossiers des affaires
culturelles. Si le premier ministre veut respecter, lui qui est d'origine
gaspésienne, je suis convaincu qu'il va respecter les gens de la mer en
retirant immédiatement à celui qu'on a qualifié d'empereur
des mers, le dossier des pêches. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dauphin): Mesdames et messieurs, la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ayant
accompli son mandat, je mets donc fin aux travaux de ladite commission.
(Fin de la séance à 12 h 10)