Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation entreprend ce matin l'étude des crédits
budgétaires 1985-1986. Les membres de la commission pour cette
séance sont les suivants: MM. Baril (Arthabaska), Beaumier (Nicolet),
Beauséjour (Iberville), Dubois (Huntingdon), Dupré
(Saint-Hyacinthe), Houde (Berthier): Mme Juneau (Johnson): MM. Laplante
(Bourassa), Le Blanc (Montmagny-L'Islet), Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), Maltais (Saguenay), Mathieu (Beauce-Sud),
Picotte (Maskinongé) et Vallières (Richmond).
Nous passons immédiatement à la déclaration
d'ouverture de M. le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jean Garon
M. Garon: L'étude des crédits est l'occasion par
excellence, à chaque année, pour examiner le travail accompli par
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
au cours de l'année écoulée et de discuter publiquement de
ses projets pour l'année qui commence.
Cet exercice me paraît plus important que jamais, cette
année, puisque nous approchons de l'heure des bilans et des
comparaisons. Le gouvernement du Parti québécois vient en effet
d'entreprendre la dernière année de son deuxième mandat et
je n'aurai pas d'autres occasions de défendre les crédits du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
avant les prochaines élections.
Avec votre permission, j'aborderai l'étude des crédits de
cette année par un survol plus général et sur une
période de temps plus longue des activités du ministère.
Pourquoi? Tout simplement parce que les Québécois auront, au
cours de la prochaine année, à choisir entre deux gouvernements:
celui de M. Bourassa, qui a été au pouvoir de 1970 à 1976,
et celui du Parti québécois, avec M. Lévesque è sa
tête, depuis 1976. Ce n'est pas souvent, dans l'histoire d'un peuple,
qu'on a des conditions aussi propices pour faire un choix
éclairé. C'est un peu comme si quelqu'un, à la veille d'un
troisième mariage, avait le choix entre les deux conjoints avec lesquels
il a déjà vécu.
Dans le domaine de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, le choix ne serait pas difficile. Un journaliste a
déjà écrit que j'avais réussi à faire des
changements importants au cours de mon stage au ministère, en parlant du
ministère et des organismes qui relèvent de mon autorité.
Je considère que c'est encore plus vrai en 1985 qu'au moment où
cela a été écrit. J'aurai l'occasion d'en parler plus tard
et de le démontrer.
Mais, d'abord, un petit regard sur le passé. En 1970, Robert
Bourassa prend le pouvoir alors que les agriculteurs et les pêcheurs
québécois réussissent à produire environ 60 % des
aliments que nous consommons au Québec.
En 1976, il est mis à la porte par les Québécois,
après nous avoir engagés sur la pente extrêmement
dangereuse de la dépendance alimentaire. Le Québec ne
réussit plus, en effet, à se nourrir par lui-même que dans
une proportion de 47, 4 %; même pas 50 % d'autosuffisance
alimentaire.
En 1985, c'est le même Robert Bourassa qui nous a fait reculer de
dix ans, qui veut nous donner des leçons. Pourtant, le gouvernement du
Parti québécois a réussi un exploit qui a peu
d'équivalent ailleurs dans le monde, celui d'avoir accru notre taux
d'autosuffisance alimentaire d'environ 50 % en moins de dix ans. Selon les plus
récentes estimations, le Québec réussit maintenant
à se nourrir par lui-même dans une proportion de plus de 73 %, en
1984.
Ces trois chiffres - 60 % en 1970, 47, 4 % en 1976, 73 % en 1985 -
constituent à la fois le réquisitoire le plus accablant contre la
performance agro-alimentaire de Robert Bourassa et la preuve la plus
éclatante du bien-fondé de nos politiques dans ce domaine. On a
de la difficulté à réaliser ce que signifie une
augmentation de 50 % de notre taux d'autosuffisance alimentaire en termes
d'investissements, d'emplois créés, d'utilisation du territoire
et d'augmentation des exportations.
A-t-on idée de quelle sorte de désert aurait l'air le
Québec rural si on avait laissé Robert Bourassa continuer son
oeuvre de destruction? Pensons seulement à la protection du territoire
agricole. Ce n'est pas faute d'en avoir parlé que les libéraux du
temps n'ont rien fait au niveau de la
protection du territoire agricole. Dès 1970, Robert Bourassa en
avait fait un engagement majeur en agriculture. Pourtant, jamais les meilleures
terres arables du Québec, celles de Laval, de Mirabel, de
Saint-Hyacinthe, etc., n'auront été aussi massacrées que
sous son règne.
Les terres arables du Québec disparaissaient au profit de
l'urbanisation sauvage et de la spéculation eu rythme d'environ 180 000
acres par année, entre 1970 et 1976, au profit de la spéculation
foncière et de l'urbanisation sauvage. En 1975, dans la seule plaine du
Saint-Laurent, on évaluait à 840 000 acres les superficies sous
spéculation. Une part importante de la richesse collective du
Québec était sacrifiée aux intérêts des
développeurs, amis du régime et souscripteurs à la caisse
électorale. Bourassa aurait-il voulu protéger le territoire
agricole qu'il ne l'aurait pas pu. Il lui aurait fallu bousculer des
intérêts trop puissants, les mêmes qui alimentaient la
caisse électorale. M. Lévesque a bien raison de dire qu'un des
pires dangers qui guettent le Québec, si jamais Bourassa revient au
pouvoir, c'est le retour des caisses électorales secrètes.
La protection du territoire agricole demeure le fleuron de notre
politique agricole. Elle a marqué un tournant psychologique tant
auprès des agriculteurs qui se sont sentis sécurisés face
à l'avenir qu'à celui des urbains qui ont reconnu à
travers cette loi l'importance de l'agriculture dans notre
société et le droit pour elle de passer avant et non après
les autres modes d'utilisation du territoire rural.
Aujourd'hui, Bourassa propose de maintenir le principe de la protection
du territoire agricole tout en s'assurant que les modalités
d'application soient révisées en tenant compte des
réalités du monde agricole. Le signal d'alarme doit s'allumer
dans l'esprit de tous ceux qui croient en la nécessité de
protéger le territoire agricole de façon efficace. Il s'agit
d'une mesure fragile parce que contraignante et, comme l'a
démontré l'exemple de la Colombie britannique, il est possible de
maintenir une apparence de protection du territoire agricole tout en faisant de
tels trous dans la loi qu'on revient à la situation anarchique
d'auparavant. Tout l'élan du Québec vers son autosuffisance
alimentaire et la pleine utilisation de ses ressources agricoles s'en
trouverait brisé.
Le développement des productions et des marchés. En 1970,
Robert Bourassa promettait la prospérité aux agriculteurs par une
gestion éclairée, très économiste du
développement des productions en fonction des marchés. La
réalité, sous son règne, fut tout autre.
Sous Robert Bourassa, le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation était essentiellement axé
sur la production sans réelle perspective de mise en marché. Les
exemples ne manquent pas de goulots d'étranglement, non pas faute de
marchés, mais seulement parce que nos agriculteurs et nos industriels de
la transformation n'étaient pas équipés en fonction de ces
marchés. Un des plus grands rôles que jouaient certains
fonctionnaires, c'était de se chicaner entre bleus et rouges.
D'ailleurs, certains de vos conseillers sont là pour en
témoigner.
En voici quelques-uns: 1° Le marasme dans l'industrie
laitière, avec une surcapacité de production au niveau du beurre
et de la poudre, alors que nous étions presque complètement
absents des marchés en expansion du yogourt, des fromages fins et des
produits de spécialité, etc. En même temps, nous
étions au plus fort de la guerre des deux laits qui empêchaient
une utilisation rationnelle de notre plus importante production agricole.
2° L'incapacité de notre réseau d'abattoirs d'assurer une
pénétration de nos viandes sur les marchés exigeant de la
qualité en raison de leur vétusté et de l'insuffisance des
systèmes d'inspection. Il faut se rappeler le scandale de la viande
avariée, alors que les Québécois ont appris avec stupeur,
lors d'une commission d'enquête sur le crime organisé, qu'on leur
faisait manger de la charogne approuvée. 3° L'impossibilité
pour nos maraîchers d'écouler leur production au-delà de la
période des récoltes faute de capacité d'entreposage
adéquate ou d'équipement permettant d'améliorer la
présentation des fruits et des légumes. 4° Les veaux
naissants et les vaches de réforme étaient les deux seules
sources de viande bovine alors qu'en Ontario, dans des conditions s'apparentant
aux nôtres, on avait développé une industrie
prospère de finition de bovin de boucherie en parc d'engraissement.
5° L'insuffisance de capacité d'entreposage de
céréales faisait que toute incitation à produire
était un piège pour les agriculteurs confrontés avec la
nécessité d'écouler leur production à rabais,
à l'automne, faute d'espace pour les entreposer.
Aujourd'hui, Robert Bourassa revient avec la même rengaine de
recherche de nouveaux marchés, mais encore faut-il avoir la production -
il a ramené notre autosuffisance alimentaire de 60% à 47, 4%
pendant qu'il était là - et les instruments pour atteindre ces
marchés. Voyons donc ce que le gouvernement du Parti
québécois a mis en place dans cette perspective.
Les réalisations du Parti québécois. Le seul
changement de nom du ministère de l'Agriculture en celui de
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation résume toute l'évolution survenue dans
l'orientation de notre principal outil de développement
agro-alimentaire. Le ministère embrasse maintenant tous les niveaux de
la chaîne agro-alimentaire et peut ainsi agir de façon plus
cohérente.
Il en résulte des plans intégrés de
développement où nous agissons à la fois sur les
capacités de production et de transformation et les marchés. En
voici quelques exemples. Premièrement, les céréales: 1
Intensification des mesures de mise en valeur du sol. On a posé au
Québec, depuis 1976, 213 000 kilomètres de drain agricole
souterrain, soit plus que pendant toute l'histoire antérieure du
drainage souterrain au Québec. Le favoritisme ayant été
éliminé de l'octroi des contrats, on a réussi avec moins
d'argent à améliorer plus de cours d'eau utiles è
l'agriculture. Cette accélération des travaux a permis de rendre
propices à la culture céréalière des centaines de
milliers d'acres jusque là sous-utilisés faute d'un drainage
adéquat. 2° Création de la Régie des grains du
Québec qui permet, aujourd'hui, de vérifier et de
reconnaître au niveau du prix la qualité des grains produits au
Québec. 3° Réalisation du plan quinquennal 1977-1982 et du
plan triennal 1983-1986 concernant le développement de la production
céréalière. Ces plans ont permis la mise en place de 12
000 silos à grains, de 8400 séchoirs à foin et de 3000
silos à fourrages sur les fermes du Québec, ce qui
représente des investissements, si on inclut les moissonneuses-batteuses
et les moulanges, de presque 121 000 000 $ et des prévisions, pour
1985-1986, de presque 21 000 000 $ seulement pour l'année 1985-1986,
avec des silos à grains et des moulanges. 4 Construction par des
entreprises privées ou des coopératives de 20 centres
régionaux de traitement et d'entreposage des céréales -
pardon! 25, avec les centres d'entreposage des semences - au coût de plus
de 20 000 000 $. 5 Aide à l'achat de moissonneuses-batteuses qui a
permis des investissements de 4 000 000 $ entre 1978 et 1982. 6 Alors que les
libéraux avaient renoncé à développer la culture
céréalière au Québec au profit des producteurs de
l'Ouest, le gouvernement du Parti québécois, par une action
concertée et intense, a permis à notre production de passer de
830 000 tonnes en 1977 à 2 400 000 tonnes en 1984. Cette augmentation de
300 % en 7 ans n'a d'équivalent nulle part ailleurs dans le monde. En
termes d'autosuffisance, nous sommes passés d'un inquiétant 34 %
en 1976 à près de 72 % en 1984, alors que nos besoins ont
considérablement augmenté au cours de la même
période à cause de nos élevages d'animaux qui ont
augmenté considérablement.
Deuxièmement, la viande bovine: 1 Mise en place de programmes
d'aide à la construction d'ateliers vaches-veaux pour la production de
veaux de qualité destinés à être engraissés
et de parquets d'engraissement où cette étape de la production
est réalisée. Depuis 1977, l'un et l'autre de ces programmes
complémentaires ont aidé plus de 2000 producteurs agricoles
à réaliser des investissements de l'ordre de 28 300 000 $.
L'Ontario, qui avait l'exclusivité de cette production de viande de
très haute qualité, doit maintenant compter avec le
Québec. 2° Rationalisation du secteur de la transformation des
viandes, une vaste opération qui, entre 1977 et 1982, a permis
l'émergence au Québec d'un réseau d'établissements
de premier ordre grâce à des investissements de 75 500 000 $,
auxquels l'État du Québec a contribué dans une proportion
de 35 %. 3 Afin d'améliorer la qualité de notre cheptel, nous
avons lancé en 1983 un double programme d'aide à l'achat de
femelles reproductrices de qualité et à l'amélioration
génétique des troupeaux reproducteurs. Ces mesures se font
déjà sentir au niveau du poids moyen des bêtes mises en
marché. 4° Alors que les 390 000 veaux laitiers disponibles chaque
année pour la production de veaux d'abattage étaient abattus
à quelques jours ou vendus à l'extérieur du Québec,
les mesures incitatrices pour l'élevage de veaux lourds que nous avons
mises en place ont permis, l'an dernier, la production de près de 60 000
veaux représentant une valeur économique d'environ 22 000 000 $.
On prévoit atteindre 100 000 veaux lourds en 1985. 5° Mise en place
récente d'un programme de médecine vétérinaire
préventive qui, avec le volet curatif déjà en place,
constitue le système le plus complet en Amérique du Nord pour
l'amélioration de la santé des animaux. 6° Contrôle
systématique des résidus médicamenteux dans les viandes
avec des mesures qui ont été adoptées sous ce
gouvernement, concernant les antibiotiques, en 1977, dans le lait, en 1982, et
contrôle des sulfas dans les viandes de porc Actuellement, avec les
programmes que nous mettons en place, il y a un contrôle complet pour
avoir les viandes les plus saines qu'on puisse produire sur le marché.
Ces efforts ont permis d'augmenter considérablement la qualité et
la quantité de la viande bovine produite au Québec, un des
secteurs où nous avons le plus d'espace pour nous développer.
Troisièmement, l'horticulture: 1° Mise en place de
près de 400 entrepôts à fruits et légumes
réfrigérés ou à atmosphère
contrôlée. Cela faisait des années, au Québec, qu'on
parlait d'avoir en place des entrepôts régionaux. Cela a fait
l'objet de
promesses électorales, autant des bleus que des rouges, pendant
des années. Cela s'est réalisé sous le gouvernement
actuel, cette mise en place de près de 400 entrepôts à
fruits et légumes réfrigérés ou à
atmosphère contrôlée, de même que la
réalisation de 185 projets visant à améliorer la
présentation des fruits et légumes par le
prérefroidissement, les chaînes de conditionnement, etc. Cela a
changé du tout au tout le visage de ce secteur. Les horticulteurs
québécois exportent maintenant leurs produits sur les
marchés du nord-est des États-Unis, de l'Ontario et même
jusqu'en Floride. 2 L'avenir de l'horticulture québécoise passe
par le développement des serres. Des progrès importants ont
déjà été réalisés grâce
à deux programmes d'aide visant l'utilisation d'énergies non
conventionnelles et l'isolation des serres. Par ailleurs, un vaste programme
triennal faisant largement appel à nos ressources
hydroélectriques est présentement en voie de parachèvement
et est susceptible de faire du Québec la Hollande de l'Amérique
du Nord d'ici à l'an 2000. (10 h 30)
Quatrièmement, la production et la transformation
laitière: 1° Avec l'aide financière du gouvernement du
Québec, plusieurs entreprises laitières ont
réorienté leur production de beurre et de poudre vers de nouveaux
produits dont la demande est en hausse, qu'il s'agisse des fromages fins, des
yogourts ou des jus à base de lait. Les investissements ainsi
réalisés s'élèvent à 145 800 000 $,
grâce à des subventions de 25 000 000 $ du gouvernement du
Québec. 2 Alors que les producteurs laitiers étaient
continuellement en guerre les uns avec les autres, il y a maintenant une
fédération unique qui est à même de mieux
gérer l'approvisionnement des usines de transformation en
matières premières. 3 Le programme de lait-école, avec un
budget de 14 000 000 $ en 1985-1986, constitue une autre implication
concrète du gouvernement du Québec dans le développement
du marché des produits laitiers et de saines habitudes alimentaires chez
nos jeunes. Actuellement, nous sommes en préparation d'une vaste
campagne de sensibilisation de la population aux vertus du lait, à
partir de la mère de famille qui est enceinte et qui a besoin de boire
du lait pour que l'enfant ne prenne pas une alimentation déficiente pour
ses os, l'enfant naissant, l'enfant en bas âge, l'adolescent, les gens
quand ils arrivent à l'âge d'une quarantaine d'années
où les problèmes de l'ostéoporose font que leurs os
deviennent fragiles, jusqu'aux personnes âgées. Ce programme est
en préparation actuellement pour montrer à quel point
l'utilisation, la consommation du lait peut être bonne pour la
santé de la naissance même jusqu'à la mort.
Nos outils de développement. Ces programmes ont été
rendus possibles parce que nous avons mis en place des outils de
développement qui n'existaient pas sous Robert Bourassa ou qui, s'ils
existaient dans le cas de quelques-uns, étaient totalement
sous-utilisés. La Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires était inopérante alors que,
depuis 1976, elle s'est impliquée avec du capital de risque dans 34
projets qui n'auraient sans doute pas vu le jour sans elle.
La Raffinerie de sucre du Québec, è Saint-Hilaire,
était menacée de fermeture sans qu'on ait vraiment tenté
de la viabiliser. Malgré les difficultés que connaît
l'industrie du sucre partout au Canada, en raison de l'absence d'une
véritable politique sucrière, la raffinerie de Saint-Hilaire
demeure un précieux outil de développement économique face
à l'avenir. Selon les annonces qui viennent d'être faites, comme
dans le journal de ce matin, par le gouvernement fédéral, si cela
se réalise d'ici à un an, cette politique sucrière
canadienne, je pourrai dire que j'ai été pendant des
années l'unique défenseur d'une politique sucrière
canadienne qui, actuellement, semble être la voie que suit l'ensemble des
gens, parce qu'on pourrait créer des milliers d'emplois au Canada. C'est
un autre projet auquel M. Robert Bourassa s'est opposé. Il avait promis
de fermer la raffinerie ou encore de ne jamais la développer. Encore un
projet qui n'aurait pas vu le jour sous lui! II n'y aurait pas eu de politique
canadienne sucrière si la raffinerie n'avait été un cheval
de Troie important dans toute l'industrie canadienne, qui vivait surtout du
dumping du sucre étranger. C'est beau publier des livres à
l'étranger, mais il faudrait peut-être avoir des politiques pour
les gens d'ici.
L'assurance-stabilisation des revenus agricoles ne couvrait, en 1976,
qu'une production et ce, avec un régime tellement mal conçu qu'il
incitait les éleveurs de bovins de boucherie à faire abattre
leurs animaux à l'extérieur du Québec. Pourquoi fallait-il
changer certains fonctionnaires aussi au gouvernement? Pour avoir des
politiques axées sur le bon sens plutôt que sur le passé.
Depuis, la sécurité financière face aux chutes de prix
agricoles qui permet la stabilisation des revenus a été
étendue à une vingtaine de productions, grâce à
douze régimes, et rejoint maintenant 13 530 producteurs.
Le nombre d'utilisateurs de l'assurance-récolte était de
11 890 en 1970, à l'arrivée de M. Bourassa, et à la fin de
son régime le nombre des assurés avait baissé à
6850. Grâce à l'introduction de l'assurance collective à
adhésion libre, ce nombre atteint maintenant 14 000 agriculteurs.
Alors que seulement 19 productions étaient assurées,
l'assurance-récolte en couvre maintenant 61. Cela a
éliminé les
pèlerinages annuels des producteurs agricoles à
Québec, alors qu'il leur fallait quémander des indemnisations
pour les dommages non assurables, une autre belle occasion pour les
libéraux d'exercer leur talent de patroneux.
Le ministère de l'Agriculture avait dépensé, en
1976, 211 000 000 $, dont seulement 47 % étaient distribués aux
agriculteurs et aux entreprises de transformation sous forme de transfert. Ce
budget était dépensé par deux ministres de l'Agriculture
puisqu'il y avait, en plus du ministre en titre, un ministre d'État
chargé exclusivement du programme 5ol-Plus travaux
mécanisés, drainage souterrain, creusage de cours d'eau. C'est le
programme où il y a le plus de contrats à distribuer et le
ministre d'État avait, en fait, la tâche de gérer le
patronage libéral.
Il a été aussi admis en commission parlementaire que les
entrepreneurs de travaux mécanisés devaient verser un dollar
à la caisse électorale libérale pour chaque heure de
contrat octroyée. De plus, en ce qui concerne le drainage souterrain et
le creusage des cours d'eau, les libéraux avaient
spécialisé quelques bureaux d'ingénieurs,
c'est-à-dire environ six bureaux. En 1976, ces bureaux se sont
partagé des contrats totalisant 6 500 000 $, la grosse part du
gâteau allant à deux d'entre eux qui, par hasard, avaient
été fondés par des députés
libéraux.
En 1985-1986, le budget du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation s'élève à 524 000 000
$. Sous le gouvernement du Parti québécois, la part du budget
retournée aux agriculteurs, aux pêcheurs ou aux entreprises n'a
cessé de croître, atteignant, en 1984-1985, 68, 3 %
comparativement à 47 % dans le temps de Robert Bourassa. C'est la
différence entre l'inefficacité et l'efficacité. Ce qui
veut dire qu'en 1976-1977, sur 1 $ de transfert aux agriculteurs, il fallait 1,
13 $ de fonctionnement et de dépenses en capital pour l'administrer. En
1985-1986, sur 1 $ pour les transferts, il en coûte 0, 47 $ en
fonctionnement et en dépenses de capital.
L'élimination du patronage explique, à elle seule, une
bonne part de cette performance.
L'Office du crédit agricole était limité dans son
action par l'obligation qui lui était faite de recourir au pouvoir
d'emprunt du gouvernement afin de répondre aux demandes de fonds des
agriculteurs.
Cette situation a été radicalement changée en 1978
par la Loi favorisant le crédit agricole à long terme par les
institutions privées et coopératives. Le réservoir
d'épargnes des Québécois est devenu accessible aux
entrepreneurs agricoles.
La qualité des produits alimentaires. 5ous le régime
libéral de 1970, il n'est presque pas question de la qualité des
produits alimentaires. Le ministère de l'Agriculture était,
à cette époque et jusqu'en 1976, orienté presque
exclusivement vers la production sans véritable préoccupation
pour les marchés. Cette attitude a eu des conséquences graves, la
plus connue étant le scandale de la viande avariée, alors que la
Commission d'enquête sur le crime organisé a
révélé aux Québécois qu'ils mangeaient de la
charogne. Une proportion importante des échantillons de lait et de
viande examinés contenaient des résidus médicamenteux. Si
les gens sont intéressés, je pourrai dire - je le dirai
éventuellement - quel était le pourcentage de lait qui contenait
des antibiotiques dans le temps de Robert Bourassa. Ils sauront à quel
point ils étaient protégés. Le développement de
notre industrie agro-alimentaire était de plus entravé par
l'existence au Québec de plusieurs systèmes d'inspection des
aliments fonctionnant en parallèle.
Le document "Maîtriser l'avenir" ne parle tout simplement pas de
la qualité des produits alimentaires québécois. Ce n'est
pas une préoccupation de Robert Bourassa. Pourtant, la qualité
est, avec l'autosuffisance et le développement des marchés, un
des grands thèmes autour desquels ' s'articule notre stratégie
agro-alimentaire. Le gouvernement du Parti québécois mène
une politique énergique et cohérente afin de faire du
Québec le Danemark de l'Amérique du Nord en ce qui a trait
à la qualité supérieure de ses produits alimentaires.
Voici quelques-uns des gestes posés: rationalisation des secteurs
des viandes qui a permis l'émergence d'un réseau d'abattoirs
très modernes sous inspection permanente; établissement d'un
système de contrôle systématique de la qualité du
lait, des produits laitiers et des viandes; le taux d'échantillonnage de
lait contenant des résidus de médicaments est passé de 3 %
en 1975 - pas 0, 3 %, mais 3 % - à moins de 0, 027 % actuellement pour
un nombre d'échantillons d'à peu près quinze fois plus
grand ou plus élevé, ce qui veut dire que le taux d'antibiotiques
dans le lait a baissé de 100 fois moins, il est 100 fois moins
élevé sous le gouvernement actuel qui exige les contrôles
de qualité, 100 fois moins d'antibiotiques dans le lait que dans le
temps de Robert Bourassa. Au point de vue...
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, il
faudrait conclure.
M. Garon: J'achève, je termine. Le Président (M.
Vallières): Oui.
M. Garon: Au point de vue des résidus de sulfas dans la
viande de porc, le Québec qui avait le plus haut taux au Canada a
actuellement le plus bas; la nomination aussi d'un sous-ministre adjoint
à l'inspection et à la qualité des aliments; le
Québec est devenu la seule province canadienne où
l'uniformisation des aliments est chose faite; le Québec est la seule
province où le triage des produits marins en fonction de leur
qualité est obligatoire avant leur entrée dans les usines de
transformation; le Québec est la seule province où il existe une
politique de médecine vétérinaire comprenant des
programmes d'aide aux éleveurs, tant pour le curatif que pour le
préventif, l'adoption de lois et de règlements beaucoup plus
à point au point de vue de la qualité des produits marins, le
renouvellement de la flotte, la modernisation des usines, l'organisation d'une
mise en marché plus efficace, tout cela est en train de
révolutionner le secteur des pêches au Québec.
L'établissement d'un niveau de qualité supérieure
pour les produits alimentaires du Québec constitue un des plus beaux
défis que nous puissions relever, un des plus créateurs d'emplois
durables et de prospérité. Il s'agit d'une question de niveau et
de qualité de vie.
Comme le temps n'est pas plus long, M. le Président, et que j'ai
dû lire mon texte le plus rapidement possible pour entrer au maximum dans
le cadre des 20 minutes qui m'étaient allouées, j'aurai
l'occasion de revenir sur différents points au cours de la
période de discussion qui nous est dévolue.
Le Président (M. Vallières): Très bien.
Merci, M. le ministre. La parole est maintenant au député de
Maskinongé.
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. La bouche parlant
d'abondance du coeur, ce n'est pas surprenant que le ministre ait parlé
de charogne à quelques reprises et à quelques paragraphes aussi
dans son intervention. De toute façon, je n'ai pas l'intention d'entrer
dans ce genre de considération. Cela me fait plaisir aussi de constater
que, finalement, le nom de Robert Bourassa revient aussi souvent ici
qu'à l'Assemblée nationale dans la bouche du ministre et qu'il
revient dans la population en général. C'est fort encourageant.
Continuez d'en parler, M. le ministre. Cela nous intéresse.
M. le Président, notre commission se réunit aujourd'hui
pour faire l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et pour questionner
à cet effet le ministre responsable de l'action gouvernementale dans cet
important secteur de l'activité économique et sociale du
Québec.
Nous aurons l'occasion de questionner le ministre sur ses
réalisations passées et sur l'utilisation qu'il entend faire des
524 600 000 $ qui lui seront dévolus par le trésor public en
1985-1986.
Avant d'aborder l'étude des crédits 1985-1986 comme tels,
j'aimerais aborder brièvement un sujet d'actualité que le
ministre affectionne plus particulièrement, c'est-à-dire celui de
ses réalisations depuis qu'il a la maîtrise du secteur
agroalimentaire au Québec.
Comme nous avons tous pu nous en rendre compte au cours des
dernières semaines, M. le ministre n'a pas manqué une seule
occasion, une seule tribune pour nous faire état, avec moult
statistiques à l'appui, de l'interprétation qu'il faisait de ses
réalisations en termes d'autosuffisance agroalimentaire au
Québec.
Pour ma part, je vous dirai, M. le Président, qu'il n'y a qu'un
seul tableau de statistiques qui retient mon attention; c'est celui des revenus
nets des agriculteurs et agricultrices du Québec. Ce tableau-là,
le ministre a bien pris garde de ne pas le montrer et prend bien garde à
chacune de ces occasions de nous en révéler la teneur, les
chiffres exacts et précis.
Pour votre information, M. le Président, et pour fins de
comparaison, en 1982, le revenu net des agriculteurs était de 591 500
000 $; en 1983, de 549 800 000 $; soit une baisse de 1982 à 1983. Si on
poursuivait dans cette veine, on aurait d'autres chiffres
révélateurs. Si on exprime ces revenus nets en termes de dollars
constants de 1981, parce que c'est la réalité d'examiner les
dollars courants qui existaient et de parler aussi des dollars constants parce
qu'il est bien important de faire la comparaison, tous ceux qui sont un peu
forts en chiffres et tous ceux qui veulent faire des points de comparaison font
toujours la comparaison entre dollars courants et dollars constants... Je vous
dis que, si on exprime ces revenus nets en termes de dollars constants de 1981,
on s'aperçoit qu'en 1972 par exemple, pour revenir à des
comparaisons qu'affectionne plus précisément le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et à
l'époque d'un autre gouvernement, le revenu net des agriculteurs
était à 542 100 000 $; en. 1973, à 740 300 000 $.
C'était à l'époque des libéraux, ça.
Évidemment, le ministre n'en a pas parlé.
En 1976, le revenu baisse à 657 800 000 $; en 1977, il baisse
à 537 000 000 $; en 1978, à 672 000 000 $. Je vous ai
parlé tantôt d'une comparaison entre 1972, 1975 et 1976 en dollars
constants. Plus récemment, en 1982, on est à 533 900 000 $ et en
1983 - des chiffres tout récents avec un ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui se vante, qui dit avoir tout fait,
avoir tout créé, avoir tout bâti,
avoir tout développé; je répète que
c'était sous l'administration du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation - le revenu net des agriculteurs
était de 469 100 000 $ alors que je vous ai mentionné qu'en 1972,
à l'époque de Robert Bourassa justement, il était
déjà à 542 100 000 $.
Donc, à toutes fins utiles, le revenu net des agriculteurs
était de 70 000 000 $ supérieur en 1972 à ce qu'il
était en 1983. Bonne progression! Bon ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation! Oui. On constate une perte nette de 70
000 000 $ dans le revenu des agriculteurs de 1972 à 1983. Si c'est cela
qu'on veut faire comme comparaison et si c'est ce qu'on veut faire accepter aux
agriculteurs, je dis au ministre de ne pas être inquiet; il y aura
l'autre côté de la cassette qui sera très bien
expliqué. Il y aura aussi des chiffres qui seront donnés. Il peut
continuer sur le plancher sur lequel il a bien voulu lui-même embarquer,
mais je dois vous dire que, finalement, quand on fait toutes les comparaisons
possibles, on pourra parler du temps de la charogne régulièrement
et dans d'autres occasions. (10 h 45)
Ces statistiques parlent d'elles-mêmes. Toujours selon la valeur
du dollar constant de 1981, d'un revenu net de 786 500 000 $ en 1975 - que je
sache, en 1975, le ministre de l'Agriculture actuel ne connaissait même
pas l'agriculture - le revenu net des agriculteurs est passé à
469 100 000 $ en 1983. Cela, c'est environ 300 000 000 $ de moins sous le
gouvernement du Parti québécois. C'est la réalité,
c'est le point de comparaison du dollar courant et du dollar constant, ce que
tout économiste fait quand il brosse un tableau et qu'il veut avoir la
réalité des chiffres. Non pas quand il veut maquiller les
chiffres ou quand il veut des chiffres faits par lui, non pas quand il veut se
vanter à même ses chiffres; quand il veut avoir la
réalité des chiffres, c'est ce qu'il fait. Maintenant, libre au
ministre de se vanter, libre au ministre de faire les chiffres qu'il voudra, de
se conter les peurs qu'il voudra et d'essayer de conter les peurs qu'il voudra
aussi, la réalité est là et ce sont des chiffres
exacts.
À ce sujet, le récent sondage de la Société
du crédit agricole est assez explicite. C'est au Québec que l'on
retrouve le taux d'endettement le plus élevé de toutes les
provinces du Canada. Et que dire des faillites? C'est un record de tous les
temps! En 1979, le Québec enregistrait 14 faillites agricoles; en 1980,
44; en 1981, 54; en 1982, 143; en 1983, 125 et en 1984, 162. Je sais que le
ministre de l'Agriculture affectionne les chiffres, il aime toujours que les
chiffres soient gros, il aime toujours que les chiffres soient volumineux.
Effectivement, dans son temps, les chiffres sont plus volumineux. Depuis 1979,
depuis qu'il est là, on est passé de 14 faillites agricoles au
Québec à 162 en 1984. C'est vrai qu'on grossit avec le ministre
de l'Agriculture dans tous les domaines, même dans les faillites.
C'est exact, M. le ministre. C'est un volet dont vous ne nous avez pas
parlé et on sait pourquoi. On sait que, quand vous allez nous en parler,
vous allez fabriquer des chiffres en parlant de vos chiffres à vous.
Mais cela n'a pas d'importance, les faillites sont là, les gens qui ont
failli sont là aussi, ceux qui ont eu des difficultés sont
là. C'est la réalité du milieu que l'on rencontre dans nos
rangs du milieu rural, c'est la réalité que l'on rencontre chez
nos agriculteurs, dans nos municipalités. N'importe quand, on pourra
amener le ministre dans certains rangs, dans certaines municipalités
pour comparer le nombre d'agriculteurs en 1975-1976 et le nombre actuel
d'agriculteurs. Les portes fermées, on ira les voir. Aucun
problème là-dessus, on est prêt à prendre une telle
gageure. Cela, c'est la prospérité du ministre de
l'Agriculture.
Avec de telles statistiques, on peut dire que oui, le ministre a fait du
développement de la production agricole. C'est vrai, c'est exact, le
ministre a fait du développement, il a augmenté le taux
d'autosuffisance et d'auto-approvisionnement du Québec. Cela aussi,
c'est exact. Ce développement, le ministre ne pouvait toutefois pas le
réaliser sans la collaboration des agriculteurs et sans la collaboration
des producteurs et des productrices agricoles. C'est aujourd'hui seulement que
nos agriculteurs et nos agricultrices se rendent compte de l'ampleur du
désastre d'un développement agricole axé sur une course
effreinée à l'indépendance alimentaire du Québec.
C'est vrai que cela a existé et c'est vrai qu'il a tenté
l'autosuffisance et l'auto-approvisionnement, c'est vrai, mais à quel
prix et avec combien d'énergie dépensée ou
gaspillée. Combien d'individus, combien de professions brisés?
Combien de ménages brisés aussi à cause de cette situation
due à un ministre non clairvoyant et sans prévoyance.
Le ministre Garon est peut-être un bon professeur de droit,
assurément un excellent pédagogue à sa façon,
évidemment; on connaît sa grande passion pour la
souveraineté du Québec et l'effort qu'il a manifesté pour
nous en faire la démonstration sur le seul secteur dont il avait pleine
maîtrise, soit l'agriculture. Je ne sais pas si les
Québécois et les Québécoises pourront
réaliser un jour le prix qu'ont effectivement payé nos
agriculteurs, nos agricultrices et leurs familles de même que tous les
contribuables avec leurs impôts pour ce genre de politique établie
par le ministre de l'Agriculture.
Voyons maintenant ce que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation propose en
termes d'orientation et de budget pour le secteur agro-alimentaire en
1985-1986. Après avoir lu et relu ses prévisions, je ne puis
qu'en conclure que le budget que nous présente aujourd'hui le ministre
sonne le glas au développement du secteur agro-alimentaire au
Québec.
Coupure de 55, 6 % du budget des dépenses de transfert de l'aide
à la transformation des produits laitiers; coupure de 40 % de l'aide au
secteur de la transformation des viandes; coupure de 11. 6 % à la
production bovine; coupure de 13. 7 % à la production, l'entreposage et
la mise en marché des fruits et légumes; coupure de 15 % au
développement de la pomiculture; coupure de 20 % aux
améliorations foncières; coupure de 46, 8 % à la mise en
valeur des exploitations agricoles; coupure de 50, 8 % dans les dépenses
de transfert à la promotion des produits agro-alimentaires.
C'est dans son budget que l'on reconnaît les vraies intentions du
gouvernement.
Quels sont les objectifs du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation?
Premièrement, développement du secteur laitier par
l'analyse des troupeaux, l'insémination artificielle et les services
vétérinaires. C'est l'orientation que prend le gouvernement en
matière agricole.
Deuxièmement, augmentation du budget des
assurances-stabilisation.
Troisièmement, engagement de 60 employés occasionnels au
service du crédit agricole. Tout un suivi à donner aux
agriculteurs. On veut offrir aux agriculteurs un suivi dans leur gestion, mais
on engage des occasionnels pour cela. À l'occasion, ils pourront suivre
les agriculteurs en difficulté.
 peu près tous les autres services accusent une baisse
plus ou moins importante de leurs crédits. Je vous fais grâce de
la liste parce qu'on pourra la scruter, l'analyser et regarder la ventilation
des différents crédits du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
L'actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation les agriculteurs et les fonctionnaires qu'il dirige d'une main
de fer à la limite de son rêve souverainiste... Je pense que c'est
un peu ce que nous donne le portrait. Très peu de choses encourageantes
avec le budget qu'on nous présente.
Aujourd'hui, il revient sur ses positions. Il doit reconnaître les
problèmes d'endettement des agriculteurs et des agricultrices, les
difficultés d'établissement de la relève; en un mot, que
le développement accéléré de la production agricole
n'allait pas nécessairement de pair avec l'augmentation des revenus.
Le ministre avait oublié une notion importante dans son
rêve souverainiste, celle de la rentabilité. Tous se sont
chargés de le ramener sur terre. Son premier ministre le premier.
M. le Président, pour le Parti libéral du Québec,
le secteur agro-alimentaire est un secteur de première importance pour
le développement socio-économique du Québec.
Sans dévoiler tous les éléments de la
stratégie d'intervention que nous avons l'intention de mettre de
l'avant, disons que nous privilégions une approche du marketing au
développement agricole. En d'autres mots, notre vision du
développement diffère fondamentalement de l'approche
péquiste en ce qu'elle se base sur les besoins et les
réalités du marché plutôt que d'essayer de produire
de tout à n'importe quel prix, comme ce fut le cas.
Pour le Parti libéral du Québec, le développement
du secteur agro-alimentaire dans son ensemble, qu'il s'agisse de la production
primaire, de la transformation, de la distribution, de la restauration, du
marché institutionnel ou à l'exportation, tout
développement doit se faire sous le signe de la rentabilité et de
l'harmonisation des forces du marché.
Pour l'Opposition, le budget qui nous est présenté est
pour le moins aberrant en ce qu'il ferme la porte sur la recherche de nouveaux
marchés pour nos produits en coupant dans ses crédits pour l'aide
au secteur de la transformation et à ta promotion. Avec toutes les
difficultés que le secteur rencontre sur le marché à
l'exportation ces derniers temps, la situation n'est guère reluisante de
ce côté-là non plus.
Où sont nos espoirs de rentabilité si l'État
catalyseur des forces du secteur porte si peu d'attention au
développement des marchés?
Quand l'État va-t-il cesser d'assurer le revenu minimum
décent des producteurs et des productrices à même
l'augmentation du régime de stabilisation?
Pour le Parti libéral, cela veut dire: recherche des
marchés, diminution des coûts de production, information
marketing, vulgarisation, innovation.
Je peux vous prédire ceci, M. le Président, lorsqu'on
regardera la performance de nos producteurs et productrices agricoles, de notre
industrie dans quatre ou cinq ans. On pourra voir que, sous un gouvernement
libéral, les revenus auront enfin recommencé à monter,
tels qu'ils étaient avant l'avènement du Parti
québécois et avant ce ministre-là.
En terminant, je voudrais bien prendre toutes les paroles que le
ministre nous donne, prendre évidemment aussi toutes ses vantardises et
essayer de le féliciter comme il se félicite lui-même.
Vous me permettrez, M. le Président, de faire allusion à
certaines expériences que nous avons vécues. Vous étiez
là, des membres du Parti québécois y étaient, des
parlementaires y étaient. Heureusement, avec la réforme
concernant les commissions parlementaires, nous avons eu l'occasion de circuler
un peu en province pour demander aux gens de nous entretenir et de nous parier
des conditions agricoles et de constater les problèmes que vit la classe
agricole au Québec. Je prends à témoin tous ceux qui sont
ici et qui étaient présents à cette commission. Ce ne sont
pas des félicitations qu'on a reçues en province sur les
politiques du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Les gens ne sont pas venus nous dire: Continuez comme vous
êtes partis. Cela va très bien dans le secteur agro-alimentaire.
Cela va dans le meilleur des mondes.
Moi, j'aurais espéré, j'aurais compris et j'aurais
même été prêt à donner au ministre toute la
possibilité de continuer si, partout en province, quand on a fait nos
tournées, les gens nous avaient dit: Ne dérangez pas le ministre,
il est bien parti, ça va bien, on n'est pas endettés, il n'y a
pas de problèmes, pas de faillites agricoles, il n'y a pas de troubles;
s'il y avait eu des gens parmi le lot de personnes qui sont venues nous
rencontrer qui nous avaient demandé de le laisser aller. Au contraire,
vous avez pu le constater comme moi, les gens nous ont dit: Cela n'a plus de
bon sens en agriculture. Il ne faut pas que cela continue. On est
déjà trop endettés. Les gens nous parlaient de la faillite
quasi totale des politiques du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. Et cela, c'est tout le monde. Et, je vous prie de croire
que ce ne sont pas des libéraux qui sont venus nous parler, au
contraire. Je vous prie de croire que des organismes aussi responsables que
l'Union des producteurs agricoles et différentes
fédérations sont venues nous dire la même chose. N'en
déplaise au ministre, ces gens ne sont pas des "charrieux". Ce sont des
gens qui veulent l'avancement de la classe agricole. En ce qui me concerne, je
préfère croire ceux qui sont dans le champ, je
préfère croire ceux qui travaillent dans le domaine de
l'agriculture plutôt que de me laisser emplir et de me laisser dire par
un ministre que tout va bien, que tout est bon, que tout va comme dans le
meilleur des mondes. De toute façon, on aura l'occasion de
vérifier cela dans un avenir qui n'est pas tellement
éloigné. On aura l'occasion de vérifier ce genre de
politique et je pense qu'on aura les réponses à ce
moment-là.
Ce qui nous intéresse surtout, après avoir dit ce que nous
avions à dire, c'est de commencer, comme, sans doute, nous allons le
faire dans quelques instants, l'étude des différents programmes,
programmes 1 et suivants, au sujet desquels nous aurons plusieurs questions
à poser à l'honorable ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Merci, M. le
député de Maskinongé. Nous pourrions maintenant
procéder à la période d'échanges concernant les
différents programmes en les prenant dans l'ordre. M. le ministre.
M. Garon: À la suite de l'argumentation du
député de l'Opposition, j'aurais le droit à une
réponse, parce qu'il a posé un certain nombre de questions.
J'aimerais répliquer à ses affirmations.
Le Président (M. Vallières): Oisons que le
règlement à; cet effet ne prévoit pas de réplique
comme telle aux discours d'ouverture. Je pense que, par ailleurs...
M. Garon: Je ne pense pas que le règlement prévoie
non plus des discours d'ouverture...
Le Président (M. Vallières): M. le
député d'îberville.
M. Beauséjour: M. le Président, on n'entend pas
bien.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, on a
de la difficulté à vous entendre. Le microphone est
peut-être un peu loin. M. le ministre.
M. Garon: Je pense que le règlement ne prévoit pas
non plus de discours d'ouverture, sauf qu'à la discussion des
crédits, habituellement, chacun prend la parole à tour de
rôle et, selon le thème sur lequel on discute... Actuellement,
nous sommes dans le cadre général. Le député de
Maskinongé a fait plusieurs affirmations qui ne me paraissent pas
exactes et, normalement, à l'étude des crédits, il y a
alternance dans les propos qui sont tenus. C'est pourquoi je demande de parler
à mon tour, parce qu'il n'y a pas de procédures
particulières prévues è l'étude des crédits,
sauf qu'en pratique cela a toujours été l'alternance qui a
prévalu.
M. Picotte: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Je pense que le ministre a fait sa déclaration
d'ouverture. Je suis libre de faire la mienne. Je l'ai faite, effectivement,
dans les règles prescrites et le
ministre également. S'il y a d'autres députés qui
veulent faire des déclarations d'ouverture, ils sont les bienvenus. Mais
il n'y a pas de réplique à cela. Au fur et à mesure de
l'étude des crédits, tous les messages que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation voudra passer, toutes
les petites commandites qu'il voudra faire, tout le charriage qu'il voudra
ajouter, il sera libre de le faire. Il a 20 minutes toutes les fois qu'on lui
pose une question. Alors, on va enclencher l'étude des crédits et
je vous demande d'appliquer le règlement, M. le Président. Il n'y
a pas de réplique à ces discours d'ouverture. C'est aussi simple
que cela. On est ici pour étudier les crédits programme par
programme dans leur ventilation. C'est tout simplement cela. (11 heures)
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Cela fait plusieurs commissions que je fais depuis
l'étude des crédits. Le ministre a toujours eu un droit de
réplique. Ce serait la première fois seulement que le ministre
n'aurait pas de droit de réplique à l'ouverture des
crédits. Je me demande, M. le Président, si c'est vous qui
présidez ou le député de Maskinongé. Je regarde
gesticuler le député de Maskinongé à votre
égard, il veut vous dire à qui donner la parole, quoi faire avec
cela. Je crois que vous êtes adulte, M. le Président, vous avez
été élu par les membres de cette commission, vous
êtes capable de prendre des décisions sans vous laisser influencer
par le député de Maskinongé.
Dans les règlements, cela le dit bien aussi: Après chaque
intervention, le ministre a droit à cinq minutes, si on applique le
règlement de l'Assemblée nationale. Le député de
Maskinongé a posé de nombreuses questions. S'il les a
posées, c'est parce qu'il voulait avoir des réponses. Le
règlement ne défend pas au ministre de répondre aux
questions du député de Maskinongé. J'aimerais que ce soit
vous qui preniez une décision, et non pas le député de
Maskinongé, parce qu'il est là comme un membre, comme nous aussi,
même s'il est le porte-parole officiel de l'agriculture pour
l'Opposition.
Le Président (M. Vallières): Merci, M. le
député de Bourassa. Une dernière intervention sur la
question de règlement. M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: Sur la même question de règlement, je
dois dire au député et je dois vous faire part, M. le
Président, tel que vous l'avez entendu dans mon discours d'ouverture,
que je n'ai posé aucune question au ministre. Je n'ai fait que des
constatations. Je n'ai posé aucune question au ministre. Je vous ai bien
dit en terminant que je vais m'enclencher, je vais m'organiser pour commencer
l'étude des crédits, programme par programme, pour poser des
questions au ministre. Il aura tout le loisir de répondre à mes
questions. Pour l'instant, je n'ai fait que des constatations comme lui en a
fait. Cela entre dans les règles du jeu.
J'aimerais, M. le Président, qu'on m'indique quel est l'article
du règlement qui permet d'avoir une réplique dans ces discours
d'ouverture. Si, effectivement, il y a un article du règlement qui dicte
qu'il doit y avoir un droit de réplique, qu'on me le lise. À ce
moment, j'accepterai la décision. S'il n'y a pas d'article de
règlement, qu'on commence immédiatement l'étude des
crédits pour ne pas se retrouver dans la même situation que celle
qu'on a eue dans le passé où on avait eu le temps
d'étudier trois ou quatre programmes au maximum. On n'avait pas fait la
moitié de l'ouvrage. Je pense, M. le Président, qu'il faudrait
suivre les règlements pour qu'on puisse aller plus en profondeur.
J'aurai des questions et il aura tout le loisir de me répondre. Je
n'empêcherai en aucune façon le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation de me répondre.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, sur la
question de règlement.
M. Garon: Je veux dire que cela fait quand même depuis
1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984, 1985 - c'est la neuvième
année - que je participe à l'étude des crédits. Je
peux vous dire que cela a toujours été la règle de
l'alternance. Les libéraux disaient leurs affaires; ensuite, nous
disions nos choses. Cela a toujours été la règle de
l'alternance. Ce n'est pas une question de réplique. Cela a
été tout simplement la règle de l'alternance.
Habituellement, j'ai eu mes 20 premières minutes et le
député de Maskinongé a eu ses 20 minutes. Cela a toujours
été ainsi, c'est ce que j'ai vu dans le passé. Je dois
même dire que, habituellement, dans les années antérieures
-cela ne me fait rien de changer de système - les questions
préliminaires à l'étude des crédits programme par
programme duraient habituellement trois à quatre heures. Il y avait des
discussions d'ensemble sur le budget. Ensuite, on étudiait les
programmes un par un. Ce que je fais valoir ici, c'est que le
député de Maskinongé a pu répondre à ce que
j'ai dit et ensuite il a répliqué. Il a dit ce qu'il a dit et il
a pu répliquer à ce que j'ai dit, et je n'ai pas pu
répliquer è ce qu'il a dit.
Je pense qu'en vertu de la règle de l'alternance j'aurais le
droit, normalement, à mon tour, sans qu'il détermine sur quel
sujet je parle, de parler sur les remarques géné-
rales avant d'étudier les crédits programme par
programme.
Le Président (M. Vallières): Peut-être pour
éclaircir la situation, je vais indiquer qu'à l'article 287 il
nous est dit que d'abord le ministre qui répond de ses crédits en
commission peut, premièrement intervenir aussi souvent qu'il le
désire. Deuxièmement, il y a un autre article du
règlement, l'article 217, qui dit qu'en commission il n'y a aucun droit
de réplique.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Vallières): Donc, je pense que le
règlement est clair là-dessus. Tous les intervenants pourraient
donc se servir d'une période de 20 minutes présentement, sauf
qu'il n'y a pas de droit de réplique comme tel à être
exercé. Ma décision là-dessus est rendue, sauf que le
ministre, dès qu'il aura la parole, aura le loisir de s'exprimer
librement sur les sujets qu'il voudra bien aborder. On passera
immédiatement à l'étude de l'élément 1, au
programme 1.
M. Garon: J'aimerais pouvoir m'exprimer avant de passer à
l'élément 1.
Le Président (M. Vallières): Si les membres de la
commission sont unanimement d'accord pour qu'on procède de cette
façon, à ce moment, on déroge au règlement qui dit
qu'il n'y a aucun droit de réplique en commission.
M. Garon: II n'y a pas de réplique. C'est l'alternance. Je
ne demande pas de réplique.
M. Beauséjour: Question de règlement.
Le Président (M. Vallières): Question de
règlement, M. le député d'Iberville.
M. Beauséjour: Selon ce que vous avez indiqué, le
ministre a toujours le droit de prendre la parole après une
intervention. Ne l'appelez pas réplique, on n'est pas obligé de
juger si c'est une réplique ou non, mais c'est son droit de parole qui
doit être préservé. Puisque le ministre veut prendre la
parole, si je me souviens, c'est quelque chose comme une période de cinq
minutes après chaque intervention à laquelle il a droit.
Le Président (M. Vallières): II y a une disposition
du règlement qui indique que le temps de parole est de 20 minutes pour
chacun des individus qui a à s'exprimer.
M. Beauséjour: Je pense qu'il y a déjà des
précédents concernant les cinq minutes; on pourrait suspendre les
travaux pendant deux ou trois minutes afin de prendre une décision qui
soit des plus éclairées.
M. Picotte: Sur la question de règlement. Il aurait
été possible au ministre de l'Agriculture de prendre cinq
minutes, s'il avait pris quinze minutes au début et qu'il lui restait
cinq minutes sur son intervention préliminaire. Je ne sais pas ce qui
s'est passé. Je vous dis que je ne donne pas mon consentement. Je suis
prêt à étudier le programme 1, élément par
élément, et j'aurai une question. Si vous me donnez la parole,
j'ai déjà des questions à poser à l'honorable
ministre. S'il veut donner la réponse, il répondra. Il prendra
ses cinq minutes à chacune des questions que j'aurai à lui
poser.
M. Laplante: Sur la même question...
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Bourassa.
M. Laplante: Je pense que le règlement est drôlement
difficile à appliquer pour vous à ce moment-ci. Le ministre a le
droit à n'importe quel moment de faire une intervention, c'est
exactement ce qui se fait depuis le début des travaux dans les autres
commissions. Je pense que, si vous rendiez une décision contraire
actuellement, vous irez à rencontre du règlement qui dit que le
ministre peut prendre la parole à n'importe quel moment. Je suis
d'accord aussi avec vous pour dire qu'il n'a pas droit à une
réplique. Ce n'est pas une réplique qu'il veut faire
actuellement. C'est une intervention à la suite d'une autre
intervention. Cela se fait partout dans toutes les autres commissions. Pourquoi
cela serait-il différent ici? Ce n'est pas votre faute si le
règlement est ambigu. Appliquez ce qui se fait ailleurs.
M. Dupré: Le règlement n'est pas ambigu, le
ministre a le droit de prendre la parole n'importe quand. Je pense que les
précédents vont de soi. Cela a toujours été
l'alternance. Je ne vois pas pourquoi ce matin, une fois que le
député de Maskinongé a fini son intervention le ministre
n'aurait pas le droit lui aussi... Il n'est pas question d'appeler cela un
droit de réplique. Le ministre a le droit de prendre la parole n'importe
quand.
Le Président (M. Vallières): J'ai été
suffisamment éclairé sur la question. Je vous ai fait part
tantôt de mes observations. À mon avis, l'article 287 porte
effectivement à interprétation, dans le sens qu'il dit que, lors
de l'étude de ses crédits en commission, le ministre peut
intervenir aussi souvent qu'il le désire. Par conséquent, sans
considérer qu'il s'agit d'une réplique au député de
Maskinongé, je cède la parole au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Jean Garon
M. Garon: Merci. Le député de Maskinongé,
dans son allocution, a fait plusieurs affirmations. Il a travaillé avec
les statistiques, mais en prenant les années de base, évidemment,
qui pouvaient tronquer les chiffres. C'est évident que, si vous prenez
dans les statistiques une année de base, soit l'année 1978, 1979,
1980 ou 1981, vous pouvez faire dire ce que vous voulez aux chiffres. Mon
professeur de statistiques à l'Université Laval disait: Figures
can't lie but liers can figure. Ce qui veut dire que les chiffres ne mentent
pas, mais les menteurs peuvent faire des chiffres. C'est ce qui s'est produit
dans l'allocution du député; en utilisant des années de
base différentes, on peut faire dire des choses.
Je vais être beaucoup plus simple dans mes remarques. Je dirai
simplement, M. le Président, qu'entre 1970 et 1976 ce fut une curieuse
de période où, selon le député de
Maskinongé, les cultivateurs faisaient plus d'argent que jamais, mais
abandonnaient plus que jamais; ils quittaient l'agriculture, abandonnaient
leurs animaux, faisaient des démonstrations où ils abattaient
leurs animaux en public. Il aurait fallu croire à ce moment-là
que les agriculteurs étaient vraiment des gens masochistes qui disaient:
Quand cela va bien, il faut quitter; quand cela va mal, il faut augmenter. Dans
le temps de Robert Bourassa, tout s'en allait, tout diminuait et, dans le temps
du gouvernement actuel, entre 1976 et 1984, tout augmente. Le
député de Maskinongé nous a démontré que,
dans le temps de Robert Bourassa, cela allait très bien; ils faisaient
de l'argent plus que jamais, mais ils se disaient, que parce qu'ils faisaient
de l'argent - il faut dire que les agriculteurs n'ont peut-être pas
l'esprit capitaliste - ils devaient quitter. Sous le gouvernement actuel, ils
ne quittent pas; au contraire, leur production augmente dans tous les
domaines.
Je vais vous donner seulement un chiffre très
général, M. le Président. Le recensement du Canada en 1971
indique qu'il y avait 61 257 agriculteurs un an après que Robert
Bourassa a pris le pouvoir. En 1976, il y en avait 10 000 de moins.
C'était descendu 51 787. Il y avait 10 000 agriculteurs de moins;
à toutes fins utiles, 16 % de moins, non pas 14, 15 ou 17 faillites; on
peut faire dire n'importe quoi aux chiffres. 10 000 agriculteurs ont disparu
sur une période de cinq ans; ils ont abandonné, ils sont partis;
ils n'ont même pas pris le temps de faire faillite. Ils ont dit: Nous
autres, on s'en va, et ils sont partis. C'est passé de 61 000 à
51 000; 10 000 agriculteurs de moins sous le gouvernement de Robert
Bourassa.
En 1981, il y avait 48 144 agriculteurs. Pourquoi? Le temps d'appliquer
nos politiques, vers 1978, le nombre des agriculteurs sous le gouvernement
actuel, à toutes fins utiles, est resté stable. Pourquoi? Si on
regarde aussi les chiffres de 1984, ceux qu'on a en termes d'enregistrement, on
peut dire que le nombre des agriculteurs est presque stable également.
Si le nombre des agriculteurs est presque stable sous le gouvernement actuel,
c'est parce que les choses vont beaucoup mieux, alors que, dans le temps de
Robert Bourassa, ies agriculteurs s'en allaient, abandonnaient. Les
agriculteurs ne s'assuraient plus - je l'ai indiqué tout à
l'heure - ils quittaient l'assurance, alors que le nombre d'assurés en
assurance-récolte, en assurance-stabilisation, a presque
quadruplé sous le gouvernement actuel, passant d'environ 7000 à
27 000 agriculteurs assurés. Dans le temps de Robert Bourassa, ils
abandonnaient même l'assurance tellement ils étaient
découragés.
On essaie de me dire qu'ils faisaient de l'argent. La spéculation
sur les terres, c'étaient des centaines et des centaines de milliers
d'acres qui disparaissaient de l'agriculture sous le gouvernement de Robert
Bourassa. Vous allez me dire que c'est cela la prospérité quand
les terres s'en vont en friche. Sous le gouvernement actuel, on parle d'une
remise en valeur des terres d'une façon constante, les chiffres sont en
progression partout, sous le gouvernement actuel. Les veaux de grain, il n'y en
avait pas sous le gouvernement de Robert Bourassa. On s'en va vers 100 000 en
1985. Cela n'existait pas. Les veaux disparaissaient; ils s'en allaient en
Ontario et aux États-Unis, ils les trouvaient bons, mais, sous le
gouvernement de Robert Bourassa, on disait que nos veaux n'étaient pas
bons. Les Américains et les Ontariens venaient les chercher. Ils
n'étaient pas bons pour nous autres. Le gouvernement actuel trouve
qu'ils sont bons et on s'en va vers 100 000 veaux lourds, c'est-à-dire
qu'au lieu d'être vendus à 125 livres ils vont être vendus
à 450 ou 500 livres au Québec, abattus au Québec, avec des
effets d'entraînement au point de vue des emplois.
Si on regarde le boeuf, sous le gouvernement de Robert Bourassa, il ne
s'en faisait pratiquement pas parce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce du temps et son chef, Robert Bourassa, et M. Saint-Pierre, disaient
que le boeuf et les grains, c'était pour l'Ouest. Aujourd'hui, on est
rendu à près de 80 000 têtes dans l'élevage du
boeuf. Je peux vous dire que, lorsque je vais dans les encans - le
député de Maskinongé et moi ne voyons sûrement pas
les mêmes gens - quand je vois les éleveurs de boeuf, même
libéraux, ils me disent: On est assez découragés â
la pensée
que vous pourriez perdre les élections. Je leur dis: Aidez-nous!
Ils disent: On sait à quel point Robert Bourassa et les libéraux
ne croient pas à cela; il y a même des libéraux qui me
disent cela. Il y a même des gens qui sont venus m'arrêter, alors
que j'étais en vacances en Gaspésie cet été, pour
me dire: M. Garon, s'il fallait que les libéraux prennent le pouvoir, la
production du boeuf au Québec, c'est terminé; ils ne croient pas
à cela. J'ai été à l'encan de Saint-Romuald -cela a
été le sujet de conversation - avec l'un de mes amis qui se
promenait librement, il n'était pas avec moi, mais avec d'autres. Je lui
ai demandé: De quoi ont parlé les gens quand je n'étais
pas là? Il a dit: Ils ont assez peur que le Parti
québécois perdent les élections parce que Robert Bourassa
ne croit pas à cela, au boeuf. Voyez-vous, ces gens ne croient pas
à cela.
Le Président (M. Vallières): S'il vous
plaît!
M. Garon: Je parle de choses...
Le Président (M. Vallières): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Garon:... je parle de choses réelles que je retrouve...
(11 h 15)
Le Président (M. Vallières): S'il vous plaît!
À l'ordre, s'il vous plaît! Je voudrais seulement vous indiquer
que je vous ai donné tantôt la permission d'intervenir et que, par
ailleurs, l'esprit du règlement - on est ici aujourd'hui pour
étudier les crédits - ne prévoit justement pas de
réplique. C'est pour éviter que peut-être on ne prenne une
heure ou une heure et demie à débattre de questions
générales sans qu'on pénètre à
l'intérieur des crédits. Je vous demanderais de conclure et de
nous permettre d'aborder immédiatement le programme 1,
élément 1.
M. Garon: Oui, mais je suis à l'intérieur des
crédits. Je vais vous dire pourquoi.
Le Président (M. Vallières): Vous n'êtes pas
à l'intérieur des programmes comme tels.
M. Garon: Mais oui! Parce que, justement, le député
de Maskinongé a dit tantôt que plusieurs...
M. Picotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): C'est parce que... Je
voudrais indiquer au ministre...
M. Garon:... budgets ont diminué.
Le Président (M. Vallières):... que je n'ai pas
appelé les programmes. Il faudrait appeler d'abord les programmes et on
commencera.
M. Picotte: M. le Président, question de
règlement.
M. Garon: Non, non, mais le député de
Maskinongé a fait...
M. Picotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le député de Maskinongé.
M. Garon: M. le Président, j'étais justement en
train de parler d'une question de règlement avec vous. Vous êtes
intervenu là-dessus.
M. Picotte: Question de règlement.
M. Garon: Je pourrais peut-être bien finir mon
intervention. Il me semble qu'on devrait avoir un minimum d'éducation
dans cette Assemiblée et parler chacun à notre tour.
M. Picotte: Question de règlement.
Le Président (M. Vallières): S'il vous
plaît!
M. Garon: Ce que je disais simplement, c'est que le
député de Maskinongé a affirmé qu'un certain nombre
de programmes ont diminué. J'étais en train de faire la
démonstration du contraire, à savoir que des programmes ont
augmenté, mais il faut que je finisse mon argumentation.
M. Picotte: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Vallières): Sur la question de
règlement, M. le député de Maskinongé.
M. Picotte: Merci, M. le Président. Tel que vous l'avez
mentionné tantôt, vous n'avez pas appelé les programmes. Je
vous demande d'appliquer le règlement et d'appeler le programme 1. Nous
aurons amplement l'occasion d'avoir des réponses du ministre et de poser
des questions au ministre tel que le prévoit le règlement.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, je
vous demanderais de conclure sur ce que vous venez de dire.
M. Garon: Non. M. le Président, j'aimerais établir
une chose une fois pour toutes; autrement, je vais demander d'en
appeler de votre décision, parce que je veux clarifier un point.
Je n'ai pas l'intention de me faire interrompre à toute minute. Je pense
que chaque intervention a le droit de durer 20 minutes. Elle ne dure pas
nécessairement 20 minutes chaque fois, mais j'ai le droit d'intervenir
aussi souvent que je le veux. C'est le règlement qui le dit. Et 20
minutes chaque fois, M. le Président, c'est le règlement qui le
dit aussi. J'aimerais tout simplement qu'on applique le règlement et, si
vous ne voulez pas l'appliquer, je devrai en appeler de votre
décision.
M. Picotte: M. le Président, sur la question de
règlement, je vous demande d'appliquer le règlement et d'appeler
le programme 1, tel que convenu par les us et coutumes, les traditions et le
règlement de notre Assemblée. Je vous demande de le faire
immédiatement, si c'est possible.
Le Président (M. Vallières): Je suis
suffisamment...
M. Laplante: Question de règlement.
Le Président (M. Vallières):...
éclairé sur la question de règlement, M. le
député de Bourassa. Je vais rendre immédiatement ma
décision. J'ai indiqué tantôt au ministre que je lui
donnais la parole. Le règlement prévoit qu'effectivement, chaque
fois qu'il veut s'exprimer, on lui donne la parole. Il a droit à 20
minutes qu'il peut épuiser ou ne pas épuiser, sauf que je faisais
appel à sa collaboration afin qu'on respecte l'esprit du
règlement, afin d'éviter qu'on ne s'engage dans des discussions
peut-être pendant deux heures et demie ce matin et qu'on n'ait pas
abordé l'étude des programmes et les différents
éléments qu'on y retrouve. Là-dessus, je cède
à nouveau la parole au ministre en lui demandant
d'accélérer, si possible, ses remarques préliminaires.
M. Garon: M. le Président, j'en étais à dire
que la Société fédérale du crédit agricole a
fait une enquête, mais elle a fait une enquête dans ses dossiers
à elle. La Société fédérale du crédit
agricole, à toutes fins utiles, ne prête pas au Québec.
J'entends les libéraux citer l'enquête de la Société
fédérale du crédit agricole, une société
fédérale qui ne prête à peu près pas au
Québec, c'est-à-dire qu'elle prête aux agriculteurs qui
sont refusés par l'Office du crédit agricole ou qui n'ont pu
emprunter par leurs propres moyens. Ils empruntent à des taux
exorbitants à la Société fédérale du
crédit agricole et ensuite on se base sur une telle étude dans
ces dossiers pour dire que la situation financière des agriculteurs
n'est pas bonne au Québec. M. le Président, il y a des limites.
Les meilleurs emprunteurs ne sont pas à la Société
fédérale du crédit agricole.
Ils sont à l'Office du crédit agricole parce que,
normalement, quelqu'un qui va à la Société
fédérale du crédit agricole, c'est parce qu'il a
été refusé à l'Office du crédit agricole. Il
n'y a pas un emprunteur qui va être intéressé à
emprunter à 13 %, 14 %, 15 % ou 16 % quand il peut avoir un
crédit à 8 % à l'office. C'est seulement quand il n'a pas
eu son prêt de 8 % à l'office, parce qu'il a été
refusé pour différentes raisons, qu'il va à la
société fédérale. Or, sur les enquêtes de la
société fédérale, je vous dis une chose: cela ne
vaut rien pour établir la situation du crédit des agriculteurs au
Québec. C'est l'analyse de la situation des emprunteurs dans les pires
difficultés, c'est-à-dire des emprunteurs qui sont à la
société fédérale, ceux qui, à toutes fins
utiles, ont été refusés partout ailleurs. C'est un peu la
compagnie de finance. Vous vous rappelez autrefois quand Réal Caouette
parlait des compagnies de finance qui pouvaient faire 2 % par mois parce que
les gens dont le crédit n'était pas assez bon ne pouvaient pas
emprunter aux banques. Les gens allaient à la compagnie de finance. Ils
empruntaient des banques à 6 % et après ils prêtaient
à 2 % par mois.
La Société fédérale du crédit
agricole, à toutes fins utiles, c'est une société de
dernier ressort pour les gens désespérés dont le
crédit a été refusé ailleurs. Ne nous racontons pas
d'histoires. C'est ça, la réalité. À toutes fins
utiles, à ce moment-là, quand on voit une analyse de ceux qui ont
emprunté à la société fédérale, on ne
peut pas dire que c'est une analyse du crédit des agriculteurs
québécois. J'aimerais que les gens fassent les distinctions.
Le député a parlé de certains programmes dont les
postes budgétaires ont diminué. Certainement. On ne rebâtit
pas les abattoirs au Québec. Ils sont bâtis. On ne rebâtira
pas les usines laitières. La modernisation a été faite au
prix d'investissements considérables au cours des dernières
années dans les usines de transformation laitière où ils
peuvent faire à peu près tous les produits actuellement. Il y a
seulement des projets additionnels qui s'ajoutent aux investissements
antérieurs très considérables qui ont été
faits. La modernisation, la haute technologie a été
installée dans les industries laitières au cours des
dernières années, sous le gouvernement actuel, à partir de
1979.
Concernant les entrepôts à légumes et à
pommes de terre, on en a bâti 400. Maintenant, on accepte des projets
communautaires qui représentent des groupes parce qu'à toutes
fins utiles le réseau d'entreposage des pommes de terre et des fruits et
légumes est implanté. On ne va pas mettre des entrepôts qui
vont entreposer à 10 %, 25 % ou 30 % de leur capacité. Il y a
plus de 400 entrepôts qui ont été bâtis.
Quand le député de Maskinongé essaie
de nous dire qu'il y a différents montants qui diminuent dans le
budget, cela doit augmenter quelque part puisque le budget augmente de 16 000
000 $, presque 16 225 000 $, à 525 000 000 $. Il a mentionné des
chiffres qui ont diminué. Oui, mais pourquoi? Parce que ces
investissements ont été réalisés au cours des
dernières années. Ils n'ont plus besoin d'augmenter parce que les
investissements ont été réalisés dans certains
secteurs.
Enfin, il a mentionné que le nombre de faillites... Vous savez
que, plutôt que de prendre la parole du député de
Maskinongé, je prendrai la parole d'un banquier qui est un important
prêteur dans le secteur des prêts agricoles. C'est M. Cyrille
Parent, de la Banque Nationale; il est considéré parmi ceux qui
contribuent à analyser le plus de prêts agricoles. Il disait: Le
secteur agricole au Québec, au cours de la crise qu'on vient de
traverser, a été le secteur le plus stable, le secteur où
il y a eu le moins de faillites, le secteur où il y a eu le plus de
succès. Les gens ont traversé une crise économique, dans
le secteur agricole, où il n'y a à peu près pas eu de
faillites. C'est un banquier, M. Cyrille Parent, de la Banque Nationale du
Canada, qui le disait. Je préfère voir une banque qui n'a pas
intérêt à dire qu'il n'y a pas de faillite quand il y en a,
qui n'a pas intérêt à dire que c'est stable quand ce n'est
pas stable; s'il y a quelque chose qui est prudent au point de vue de la
stabilité, habituellement, ce sont les banques. Or, si les banquiers
disent que le secteur agricole est stable, sécuritaire, et qu'il y a de
l'avenir dans le secteur agricole, j'ai l'impression que les banquiers ne sont
pas intéressés à placer leur argent dans des domaines qui
ne sont pas stables.
Enfin, et je terminerai là-dessus, M. le Président, le
député de Maskinongé a dit que le Parti libéral du
Québec aurait une approche de marketing. Cela ne m'étonne pas. Le
Parti libéral, sous son chef Robert Bourassa, et Robert Bourassa
lui-même sont essentiellement une approche de marketing. Un livre qui est
en train d'être critiqué partout et qui laisse entendre qu'il va
fournir de l'électricité à l'Amérique du Nord alors
que tous ceux qui sont des acheteurs d'électricité disent que ce
projet est farfelu, alors que les lobbyists dans le domaine de la vente de
l'électricité aux États-Unis disent que c'est un livre qui
n'est pas sérieux, mais il a une approche de marketing. C'est un livre
publié en anglais aux États-Unis pour impressionner, un peu comme
les publicitaires qui annoncent des produits au Québec avec des
annonceurs qui cassent leur français. On se dit: Le
Québécois est un petit peu colonisé. Il n'est pas
sûr de lui. On va faire faire l'annonce par un autre, par quelqu'un qui a
un accent, pour qu'il pense que, lorsque quelque chose est annoncé par
quelqu'un d'ailleurs, c'est meilleur.
Robert Bourassa a utilisé le même principe. Il a dit: Le
Québécois va être impressionné, si je fais une
conférence de presse à New York. J'en ai déjà fait
des conférences de presse à New York et à Boston; ce n'est
pas plus impressionnant qu'à Québec. Au contraire. La presse est
beaucoup plus tranquille à New York, parce qu'elle en a
déjà vu d'autres. La presse n'est pas trop énervée
à New York, vous savez. Tout ce qui peut s'imaginer dans le monde est
passé par New York. Quand ils voient arriver un chef d'Opposition
provincial, qui vient leur dire: Je suis prêt à vous donner mon
électricité, je suis prêt à vous donner mon eau
alors qu'en même temps, à pleines pages dans les journaux, on dit
qu'il y a des pluies acides partout, les gens qui écoutent cela ne sont
pas tellement impressionnés.
Sauf qu'on se dit que le pauvre diable qui ne connaît pas trop New
York et qui a seulement vu la photo de l'Empire State Building pourrait
être impressionné par le fait qu'un chef de parti fasse une
conférence de presse à New York. Je peux vous dire, M. le
Président, que vous avez remarqué que, depuis le gouvernement
actuel, les gouverneurs des États américains sont souvent en
visite au Québec, régulièrement. Encore
dernièrement, sur les pluies acides, vous avez vu les gouverneurs des
différents États américains qui sont venus au
Québec, parce qu'il y a des ententes entre les États de l'Est des
États-Unis, de la Nouvelle-Angleterre, et les États de l'Est du
Canada, qui se rencontrent de façon régulière ou en
alternance, sur des sujets qui sont conjoints. L'électricité a
déjà été, avec le premier ministre du
Québec, M. Lévesque, un sujet de discussion entre Ies
différents États; le plus gros vendeur
d'électricité est le gouvernement actuel. Il y a eu de ces
rencontres régulières, mais, surtout, les Américains
viennent chez nous de plus en plus parce qu'ils se sentent davantage en
sécurité devant un gouvernement qui s'affirme que devant un
gouvernement qui a un peu une attitude de mendicité.
Les Américains, qui sont habitués à faire affaires
avec le gouvernement actuel, qui exigent des conditions plutôt qu'une
attitude de quémandeur, savent que l'approche de marketing est une
approche qui peut être très superficielle et avoir pour effet de
cacher la vérité des choses. Quant à nous, au lieu d'avoir
une approche de marketing, nous avons une approche fondamentale, qui va au fond
des choses, qui touche les gens, afin d'essayer de bâtir ensemble
l'agriculture, le secteur agroalimentaire qui va nourrir le peuple
québécois.
Enseignement agricole
Le Président (M. Vallières): Nous allons
procéder à l'étude du programme 1 et de ses
différents éléments: planification, recherche et
enseignement. On passe aux questions des députés à
l'endroit du ministre.
M. Garon: Un point, M. le Président, J'ai dit que M.
Bourassa avait fait une conférence à New York et on me dit que
c'est à Washington,
Le Président (M. Vallières): Très bien,
merci de la précision. M. le député de
Maskinongé.
M. Picotte: De toute façon, ce n'est pas grave. Le
ministre est tellement mêlé qu'il se trompe de ville. Cela me
surprend même qu'il sache qu'il est à Québec
présentement. Je lui dirai simplement, avant de lui poser une
première question, que des agriculteurs ont quitté l'agriculture
entre 1970 et 1976 comme il y en a qui quittent l'agriculture maintenant, sauf
que, dans le temps, on quittait l'agriculture honorablement et on n'avait pas
besoin d'être ministre pour être honorable dans ce temps-là,
tout simplement. On quittait l'agriculture de façon honorable tandis
qu'aujourd'hui on la quitte à la suite de faillite ou d'un abandon
obligatoire; on met des gens dans la rue, comme cela s'est passé dans
des cas qu'on ne rappellera pas, qu'on ne nommera pas.
Programme 1, élément 3: Enseignement agricole. Il y avait,
en 1984-1985, 13 049 000 $ alors que, cette année, on parle de 12 769
000 $. Vous vous rappellerez sans doute, M. le Président, que dans
toutes les discussions que nous avons eues concernant la relève
agricole, on nous avait dit que le problème numéro un de la
relève agricole était probablement aussi un problème
d'enseignement, de formation. Tout le monde était unanime à dire
qu'il faudrait injecter beaucoup plus d'argent dans l'enseignement et la
formation agricole afin que nos jeunes qui prennent la relève en
agriculture, qui ont à administrer de petites et moyennes entreprises,
soient bien formés de ce côté. Là, je remarque une
baisse ou une diminution du côté de l'enseignement agricole; c'est
quoi, la diminution, et n'y a-t-il pas eu une réorientation? Le
ministère pense-t-il à réorienter ses programmes dans le
domaine de l'enseignement agricole?
Le Président (M. Vallières): M. le ministre, vous
avez la parole.
M. Garon: Pourriez-vous demander au député de
Maskinongé de reformuler sa question? Je ne sais pas si c'est pareil
pour tous les coins de la table, mais ici, il y a des grands bouts qu'on
n'entend pas. Je pense que le système de micros n'a pas
été fait pour les gens qui sont au milieu de la table parce que,
habituellement, il n'y a personne ici. J'aimerais lui demander de
répéter ce qu'il a dit. À plusieurs reprises, quand il
parle... Je lui demanderais peut-être... Je ne dirai rien, je lui demande
seulement de répéter.
Le Président (M. Vallières): M. le
député de Maskinongé, voulez-vous répéter
votre question? (11 h 30)
M. Picotte: Oui, M. le Président. Je disais qu'à
chacune des interventions que nous avons faites tout le monde s'entendait pour
parier de la relève agricole. On disait que le problème
numéro un de la relève agricole était sa formation,
souventefois, et aussi un problème du côté de
l'enseignement agricole. On nous a même dit: C'est tellement mal
adapté et pas adapté, cet enseignement, dans certains coins. Pour
nous faire une image, des gens nous disaient: Cela fait X années qu'on
travaille sur une ferme, qu'on aide nos parents. On veut aller chercher de la
formation, on arrive dans certaines écoles, dans certains endroits pour
aller chercher cette formation et, la première chose qu'on sait, c'est
qu'on nous présente une vache en plastique pour nous expliquer ce qu'est
une vache alors qu'on connaît ça depuis déjà fort
longtemps. Donc, enseignement orienté de façon
inadéquate.
On nous a demandé partout de mettre l'emphase là-dessus,
de rajouter beaucoup d'argent et de changer un peu les orientations et
là, je constate qu'il y a une diminution de budget. D'abord, pourquoi
une diminution de budget? Est-ce que le ministre a envisagé de modifier
justement l'orientation de l'enseignement agricole au Québec?
M. Garon: Essentiellement, il y a eu des dépenses de
capital faites en 1984-1985 qui ne sont pas récurrentes. Je donne un
exemple: le système de chauffage de l'ITA à Saint-Hyacinthe a
nécessité, l'an dernier, des investissements importants de
près de 400 000 $ qui ne sont pas répétitifs, ce qui
explique une diminution au niveau de ce budget, puisque des dépenses de
capital ont été effectuées en 1984-1985.
En 1985, on doit offrir deux nouveaux programmes qui sont en
préparation pour la relève. On doit offrir aussi des cours par
correspondance à l'ITA de La Pocatière, qui sont en
préparation également. II y a des milliers de personnes qui
s'inscrivent à ces cours. En termes de développement des
cours...
De plus en plus aussi une coordination est faite et va s'accentuer au
cours des années. Cela a été une des raisons de la
nomination d'un sous-ministre adjoint à la recherche et à
l'enseignement, pour qu'on fasse une coordination au point de vue des
contenus dans les polyvalentes et dans les cégeps parce que de
plus en plus de cours, de programmes ont été mis au point dans
les cégeps et dans les polyvalentes. On commence actuellement à
travailler davantage avec le ministère de l'Éducation et aussi
avec des écoles pour une plus grande collaboration, une meilleure
coordination, une meilleure préparation.
Il faut dire qu'aujourd'hui l'enseignement agroalimentaire se fait dans
plusieurs secteurs: à la base, dans les polyvalentes, où de plus
en plus de cours agricoles sont donnés; dans les cégeps du
réseau public également; à nos deux ITA, où il y a
environ 160 finissants par année, cela veut dire 320 finissants dans nos
deux ITA. Il y a également l'Université Laval, le Collège
Macdonald, certaines facultés de médecine
vétérinaire et d'autres facultés qui donnent un certain
nombre de cours dans des matières qui touchent le domaine
agroalimentaire.
Je vais donner un exemple des cours par correspondance. En 1984-1985, il
y a eu 2147 inscriptions, alors que cela n'existait pas il y a quelques
années. Cela a été mis en place il y a quelques
années. En termes d'enseignement, il y a de plus en plus de gens qui
sont touchés par les cours donnés dans le secteur
agro-alimentaire.
Le laboratoire pilote de transformation des aliments
de l'ITAA de Saint-Hyacinthe
M. Picotte: M. le Président, puisque le ministre y a fait
allusion tantôt, je voudrais revenir sur une question précise.
Lorsque la commission a visité l'ITAA à Saint-Hyacinthe, en mars
1985, les dirigeants nous ont fait état de la désuétude de
leur laboratoire pilote en transformation des aliments et aussi de l'absence
d'une ferme expérimentale pour leurs étudiants. On nous a fait
part à ce moment-là que c'étaient des dossiers importants
à réaliser et même des dossiers qui tardaient, selon les
dirigeants, qui nous ont si bien reçus d'ailleurs, en passant. On nous a
dit qu'on espérait que des sommes seraient investies rapidement et
prochainement, peut-être au cours de l'année qui vient. Compte
tenu de l'aspect budgétaire, j'aimerais savoir, d'abord, quelles sont
les intentions du ministre concernant les doléances de l'Institut de
technologie agricole de Saint-Hyacinthe, c'est-à-dire en ce qui concerne
la désuétude de son laboratoire pilote en transformation des
aliments et l'absence d'une ferme expérimentale.
Le Président (M. Vallïères): M. le
ministre.
M. Garon: II y a plusieurs années, le ministère de
l'Agriculture, qui avait une ferme annexée à l'Institut de
technologie agricole et alimentaire de Saint-Hyacinthe avait prêté
à la faculté de médecine vétérinaire qui
n'en avait pas une partie de sa ferme. Comme l'étude des médecins
vétérinaires est spécialisée en grande partie dans
l'étude des animaux, il avait été jugé par le
ministère, à l'époque... Cette année, le
ministère de l'Éducation doit aider la faculté de
médecine vétérinaire à établir sa propre
ferme. À ce moment-là, le ministère va
récupérer sa ferme à Saint-Hyacinthe qui va être
affectée à l'Institut de technologie agricole et alimentaire de
Saint-Hyacinthe. Ceci veut dire qu'à cause des investissements
importants qui ont été faits par le gouvernement actuel à
la faculté de médecine vétérinaire de
Saint-Hyacinthe qui n'avait pas bénéficié
d'investissements majeurs depuis sa fondation, il y aura une ferme et
l'Institut de technologie agricole en aura une également.
M. Picotte: Êtes-vous en train de me dire que ces deux
projets vont se concrétiser au cours de l'année?
M. Garon: Le moratoire n'est pas... Vous parlez de la ferme?
M. Picotte: Oui, je vous ai parlé à la fois de la
désuétude du laboratoire pilote en transformation des
aliments...
M. Garon: Bah! vous savez, la désuétude du
laboratoire pilote, il faut... L'usine pilote de Saint-Hyacinthe n'est pas une
usine désuète. Simplement, elle souhaiterait avoir des
équipements additionnels, nouveaux. Elle en a fait part au
ministère. Mais ce n'est pas une usine pilote en
désuétude. C'est une très bonne usine pilote sauf que,
comme dans toute usine, les gens souhaiteraient avoir de nouveaux
équipements. Ce n'est pas prévu dans les budgets cette
année, mais, en cours d'année, il n'est pas impossible qu'il y
ait des changements d'orientation à ce point de vue. On me dit que les
fonctionnaires qui ont analysé le dossier au ministère n'ont pas
retenu d'investissements dans l'usine pilote pour cette année.
M. Picotte: II n'y a rien de prévu dans votre budget, au
niveau des investissements, au niveau de la masse budgétaire, pour la
désuétude. Moi, je dis bien désuétude, parce qu'on
est allé sur place, on l'a constatée. Les fonctionnaires auxquels
vous faites allusion précisément calculent que c'est très
désuet. Cela a quinze ans de retard sur bien d'autres choses et ils
trouvent que c'est loin d'être suffisant. Au contraire, cette usine est
même en retard par rapport à des usines privées alors que
l'ITAA de Saint-Hyacinthe est là pour dispenser ce qu'il y a de mieux,
ce qu'il y a de plus adéquat. On dit:
Malheureusement, on fait des demandes depuis des années et non
seulement on n'a jamais de réponses qui nous permettraient
d'améliorer la situation, mais notre usine est de plus en plus
désuète. Souventefois, on relie le manque d'intérêt
des gens à aller à Saint-Hyacinthe à ces points, Cela a
déjà été un dossier prioritaire. D'ailleurs, si je
ne m'abuse, le député de Saint-Hyacinthe avait corroboré
cela lors de notre rencontre avec les dirigeants de l'ITAA en disants
Effectivement, c'est un dossier qui est prioritaire. De toute façon,
vous dites qu'il n'y a rien de prévu chez vous pour
l'amélioration de cette situation?
M. Garon: C'est-à-dire que vous ne pouvez pas dans une
usine, institution d'enseignement... C'est évident que les
fonctionnaires souhaiteraient cela, les plus belles fermes pilotes, etc., sauf
que l'orientation de plus en plus grande qui est prise, c'est d'aller dans les
entreprises existantes. Prenez seulement Sodispro à Saint-Hyacinthe. Les
libéraux en ont beaucoup parlé quand elle était en
difficulté, mais ils n'en ont plus reparlé lorsqu'elle a
été remise en marche et qu'il pouvait même y avoir des
agrandissements. Il y a la plus haute technologie qu'on puisse imaginer dans le
domaine de l'ultrafiltration. On n'installera pas d'équipements
additionnels à Saint-Hyacinthe dans une école d'ultrafiltration
alors que l'usine à côté les a déjà.
Il y a actuellement à Granby une des usines les plus modernes de
produits laitiers. Une usine d'école ne peut pas amalgamer toutes les
nouvelles technologies dans le domaine laitier parce que c'est une usine
pilote. C'est de connaître le principe des choses, connaître le
fonctionnement des choses. Cela ne veut pas dire de retrouver dans l'usine tous
les équipements de tout le secteur du lait dans la même usine.
Cela n'aurait ni queue ni tête.
C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles une conférence
socio-économique sur la recherche pourrait faire le point sur ces
questions, quoi qu'en dise Jean Marchand, parce qu'il n'a pas trouvé la
formule lui-même. Je dirai que dans le domaine de la recherche, notre
orientation est beaucoup plus de faire travailler les gens sur des fermes des
agriculteurs, de faire travailler les gens avec des usines existantes dans des
projets collés avec l'entreprise que de bâtir des fiefs de
fonctionnaires où les gens vont prendre la pause-café et vont
tout simplement... On pourrait toujours avoir des équipements plus
modernes mais qui seraient utilisés seulement quelques mois par
année, quelques fois par année. Nous préférons
beaucoup plus que nos gens sortent des institutions pour aller voir ce qui se
passe dans les véritables usines qui font des produits, qu'ils voient la
technologie moderne, parfois des équipements moins modernes, le
développement, mais qu'ils sortent des écoles pour aller voir ce
qui se passe dans différents types d'entreprises.
Les nouveaux stages aussi, la nouvelle formation qu'on donne aux gens,
prévoient beaucoup plus de formation à l'usine. C'est une
orientation du gouvernement actuel alors qu'autrefois, on élevait tes
étudiants en serre chaude. Cela faisait des gens qui avaient moins de
pratique, qui étaient moins collés sur l'entreprise, qui
connaissaient moins les besoins de l'entreprise. Aujourd'hui, il y a plus de
stages pratiques dans l'entreprise. Il doit y avoir - c'est ce qu'on souhaite -
plus de visites aux entreprises.
À ce moment, dans l'école c'est plutôt une formation
qu'on donne sur les mécanismes de fonctionnement sans qu'on trouve
nécessairement dans l'école tous les équipements modernes
qu'on trouve dans les usines, ce qui ne veut pas dire non plus qu'il n'y a pas
des équipements qui ne seront pas changés au cours de cette
année. L'an passé, la bouilloire à Saint-Hyacinthe
n'était pas prévue dans le budget, sauf qu'il y a eu un besoin et
on l'a pris à même les budgets qu'on avait. Dans les
équipements qu'il y a à l'institut de Saint-Hyacinthe, il y a une
analyse qui est faite au ministère, mais dans la perspective que je vous
mentionne. Selon l'analyse qui sera faite, il y aura achat ou non
d'équipements cette année.
M. Picotte: Vous nous mentionniez qu'il y a une orientation de
stages en usine ou en entreprise qui est faite ou qui doit être faite.
Est-ce qu'il y a déjà eu des expériences dans ce sens?
Est-ce que vous avez déjà indiqué à l'ITA, par
exemple, que vous préconisez ce genre? Quand cela doit-il entrer en
opération si ce n'est pas commencé ou, si c'est
déjà fait, quel est le genre de fonctionnement? Est-ce salutaire?
Est-ce que les gens aiment cela, est-ce qu'ils préfèrent
cela?
M. Garon: C'est dans les programmes de formation des
étudiants depuis septembre 1984. Ils savent qu'ils vont faire des
stages,
M. Picotte: Oui. Et cela se. fait où et comment?
Décrivez-nous donc une expérience entre autres. Les gens, quand
on est allé visiter cela, ne trouvaient pas cela tellement concluant
comme tel.
M. Garon: II y a des ententes avec les usines de
transformation.
M. Picotte: L'ITA a quelle entente, avec qui et quoi et dans quel
domaine? C'est ce que je veux savoir.
M. Garon: C'est un programme de trois ans. Les étudiants
qui sont entrés en
septembre 1984 sont entrés dans un curriculum où il y a
des stages. Il n'y a pas de stage la première année, mais les
ententes sont en train de se discuter avec les entreprises pour des stages. Il
y aura des stages dans les entreprises et c'est prévu dans le
curriculum. (11 h 45)
M. Picotte: II n'y a pas d'entente de conclue au moment où
on se parle?
M. Garon: Elles sont en discussion avec les entreprises.
M. Picotte: Quand prévoyez-vous que ces ententes seront
faites? Sans connaître les ententes exactes qui sont faites, ce n'est pas
cela que je veux savoir, mais donnez-moi un exemple d'une entente qui est en
train de se bâtir.
M. Garon: Les ententes devraient fonctionner en 1986. Il y a deux
programmes. Il y avait un programme antérieurement et il y a un nouveau
programme. Le programme en vigueur depuis septembre 1984 prévoit un
cours de trois ans. Le programme a commencé il y a trois ans, en
septembre 1984. C'est à partir de la deuxième année que
des stages en entreprise ont lieu, c'est-à-dire que les stages vont
commencer l'automne ou l'hiver prochain.
M. Picotte: Ce que je veux que vous me disiez, c'est quel genre
d'ententes et de stages vont avoir lieu?
M. Garon: Ce sont des ententes qui sont faites avec des
entreprises, comme les cégeps en font avec ies entreprises pour que des
étudiants soient intégrés à la main-d'oeuvre d'une
entreprise pendant tant de temps. Il y a des ententes avec des entreprises et
l'institution pour que l'étudiant travaille dans l'entreprise pendant
une période de temps.
M. Picotte: Ce sont des stages de combien de temps?
M. Garon: Cela dépend des programmes.
M. Picotte: J'imagine que l'étudiant, dans son plan de
cours, quand il arrive là, doit savoir, évidemment...
M. Garon: Oui, il sait...
M. Picotte: Moi, je veux que vous me brossiez une image, un
tableau de ce qu'un étudiant...
M. Garon: II y a plusieurs cours, alors, il peut y avoir
plusieurs...
M. Picotte: Prenez-m'en un au hasard pour m'indiquer... Peu
importe, n'importe lequel. Indiquez-moi de quelle façon cela se fait,
quel genre de formation va être donnée?
M. Garon: M. Vézina, le sous-ministre adjoint à
l'enseignement va vous en dire un mot.
M. Vézina (André): On va en prendre un dans
l'industrie alimentaire. En général, ce sont des stages... Je
n'ai pas le curriculum détaillé des programmes quand
l'étudiant s'inscrit, c'est prévu dans l'annuaire qu'on lui
donne, dans le prospectus, le programme est détaillé par
crédits. Suivant les programmes, le nombre de crédits
accordé aux stages varie. Tous les programmes de l'ITAA et des deux
institutions ont été révisés, mais ceux
particulièrement du domaine de la transformation de l'aliment,
c'est-à-dire les programmes de production laitière, de
transformation laitière, de génie industriel et de transformation
alimentaire en général. Dans ces programmes, on a
intégré des stages qui durent maintenant en moyenne de trois
à six semaines. Cela varie d'un programme à l'autre. On peut vous
envoyer tous les curriculum, si vous voulez, de chaque programme. Ce sont des
stages qui durent de trois à six semaines. Chaque stage est variable.
Ces stages ont lieu dans les entreprises, comme cela a déjà eu
lieu dans certains de nos programmes et cela fonctionne selon des ententes fort
simples.
L'industriel, dans le cas des programmes alimentaires, s'engage à
encadrer l'étudiant dans le milieu de travail pour une durée
définie suivant un programme de travail prédéfini, mais
qui est le programme de travail de l'usine. Cet étudiant est
visité par un professeur de l'institut une fois pour un stage de trois
semaines, à deux reprises pour un stage de plus longue durée. Le
seul engagement que prend l'employeur est de le faire travailler selon les
normes et les exigences régulières de l'usine, de lui donner, par
ailleurs, un encadrement particulier et de faire une évaluation de la
performance de l'étudiant pour l'institut, donc pour le
ministère. C'est la même formule d'entente qui existe dans un tas
de programmes d'enseignement dans tout le Québec, une entente qui est
fort simple finalement où l'employeur s'engage simplement à
recevoir l'étudiant et à lui faire réaliser, avec un
encadrement minimal, les travaux normaux de l'industrie en question.
M. Picotte: Comme il s'agit d'une orientation prise par le
ministère dans ce sens-là, cela veut dire, à toutes fins
utiles, que dans les années futures...
M. Garon: Voulez-vous parler dans le micro? On ne comprend
pas.
M. Picotte: Je parle dans le micro, M. le ministre,
écoutez je ne suis tout de même pas pour aller m'asseoir sur la
tablette ici pour parler dans le micro,
M. Garon: Non, mais comme vous êtes tourné de
côté, on ne comprend pas.
M. Picotte: Nous, ici, on comprend très bien.
M. Garon: C'est parce qu'on parle dans le micro ici.
M. Picotte: Je n'aurais pas d'objection si vous voulez faire
asseoir le ministre dans une banquette. Je pense qu'on se comprend bien. Cela a
été fait pour cela d'ailleurs. Il est vrai que ce n'est pas fait
pour avoir des gens dans le * milieu. Si le ministre veut s'asseoir dans une
banquette, cela va éviter de faire répéter continuellement
et cela va probablement lui permettre de mieux comprendre les
interventions.
J'aimerais...
Le Président (M. Vallières): Un point
là-dessus. On va régler cela immédiatement. Si le ministre
était d'accord, on lui ferait occuper une banquette, ce qui fait que le
son serait assurément meilleur pour vous et pour les autres.
M. Garon: C'est parce que nous avons le micro juste devant la
face, on parle dedans. Mais le député, quand il regarde ici, il
regarde de côté et il ne parle pas dans son micro.
Le Président (M. Vallières): Si vous n'avez pas le
microphone devant vous, alors...
M. Picotte: Si vous venez vous asseoir en face de moi, M. le
ministre, on va vous regarder.
M. Garon: Après-midi, là il reste 40 minutes.
M. Picotte: Bon.
Le Président (M. Vallières): Non, alors on
recommencera nos travaux de cette façon-là.
M. Picotte: Alors, faites un effort de compréhension.
M. le Président, cela veut dire qu'à toutes fins utiles -
le député de Saint-Hyacinthe qui était ici tantôt
aurait pu m'aider à débattre de cette question-là - on
tend de plus en plus à laisser toutes les demandes d'innovation ou de
modernisation au ministère parce qu'on fait des ententes de stage. C'est
une orientation que je ne veux pas discuter. Cela veut dire qu'à toutes
fins utiles, ce sont surtout des matières scolaires qui vont se donner
dans nos instituts et la pratique va se faire en usine.
M. Garon: II y a aussi un autre facteur dont il faut tenir
compte. Voyez la différence quand je parle dans le micro!
M. Picotte: C'est parce que vous pouvez le promener, moi, je ne
peux pas.
M. Garon: Oui.
M. Picotte: C'est un autre avantage que vous avez et que je n'ai
pas. Vous, c'est du côté de la compréhension, moi c'est
pour me promener.
M. Garon: C'est pour cela que vous voulez me l'enlever, en me
faisant changer de place.
Le Président (M. Vallières): M. le ministre.
M. Garon: Je veux vous dire qu'il y a cela d'abord, l'entreprise.
Il y a autre chose aussi dont il faudra tenir compte. Je ne veux pas
préjuger de ce qui va se faire cette année. Mais il y a quand
même une bâtisse, un centre de recherche fédéral qui
est en train de se bâtir d'environ 30 000 000 $. L'un des aspects
importants qui sera collé sur les instituts de technologie agricole et
alimentaire: il va y avoir là-dedans des laboratoires qui pourront
être utilisés par l'entreprise. Il n'est pas impossible
qu'à ce moment-là, comme ce sera dans l'entreprise pour ses
projets de recherche, que ce type d'équipement qui, sans savoir d'avance
ce qu'il va y avoir là-dedans entièrement, puisse permettre de
faire l'objet d'un protocole d'entente entre le ministère de
l'Agriculture et le centre de recherche fédéral s'il y a de
l'équipement très sophistiqué, qui vaut beaucoup d'argent,
pour essayer de doubler, à quelques centaines de pieds l'un de l'autre,
le même équipement. C'est pour cela que je vous disais
tantôt qu'il n'y a pas de réponse à donner encore parce
qu'on veut analyser tout cela dans un cadre d'ensemble au point de vue de
l'équipement.
Pour les stages en entreprise, c'est une orientation qui a
été prise sous le gouvernement actuel de faire
véritablement une orientation vers les centres - on a commencé
pour l'agriculture. De plus en plus, les recherches sont faites en dehors des
fermes du gouvernement. Je peux vous dire, quant à moi, qu'on pourrait
augmenter encore beaucoup plus la recherche qui est faite sur des fermes
réelles des agriculteurs plutôt que des fermes du gouvernement. De
la même façon, dans le secteur secondaire, la même
orientation est en train de se prendre pour
faire des travaux avec l'entreprise et la formation des étudiants
en entreprise. C'est une orientation globale autant pour la recherche que
l'enseignement.
M. Picotte: Pendant que le sous-ministre adjoint à la
recherche et à l'enseignement est là, les doléances dont
on nous a fait part lors de nos discussions étaient dues au fait... On
nous disait que, finalement, pour l'option agricole dans certaines de nos
écoles ou encore l'ITAA, et tout cela, le gros problème de la
relève agricole qui veut aller chercher de la formation, c'est qu'on
dit: Les programmes ne sont pas adaptés à nos besoins. Certains
disaient, par exemple, que des cours de septembre à juin, pour eux, ce
n'étaient pas des cours adaptés à leurs besoins. D'abord,
au point de vue du temps, en partant, ils disaient: On
préférerait avoir une formation de novembre à avril parce
que, là, nos parents ont moins besoin de nous sur la ferme. On est moins
utile, en tout cas, à nos parents. Par contre, on dit: Comme ce n'est
pas ou c'est mal adapté, selon ce que les gens du milieu nous disaient,
s'il y avait une autre façon, une autre orientation, cela faciliterait
davantage cette formation qui est fort importante et qui est de toute
nécessité selon tous les intervenants. Est-ce que vous avez
déjà pensé, au moment où on se parle, à
modifier les programmes, pas nécessairement les programmes pour les
modifier, mais modifier le temps, entre autres, et modifier le genre de
scolarité qu'on donne dans ces institutions ou dans les options
agricoles, peu importe où en province?
M. Garon: Oui. Dans les cours de formation, les deux ITAA sont
très bien cotés dans l'industrie. Je suis allé
moi-même cette année remettre les diplômes aux deux
instituts. J'ai demandé à chaque étudiant s'il
était placé de façon permanente ou s'il était
placé dans le milieu où il préférait travailler. Je
peux vous dire que les réponses ont été positives. Sur 320
que j'ai rencontrés, un par un, la réponse était positive
dans 310 cas, je pense, sur 320 ou 305 cas, presque totalement. Â plus de
95 %, les étudiants sont placés et dans le domaine de leur choix.
Au point de vue de la formation, il y a des changements qui sont
apportés de façon continue dans les programmes pour qu'ils soient
le mieux adaptés possible à un enseignement qui est en
évolution. Tout le monde sait aujourd'hui que... Dans l'enseignement,
autrefois, quand quelqu'un allait à un cours, il était
formé pour toute sa vie quasiment parce que les changements
étaient très lents. Aujourd'hui, tous les gens savent que, quand
ils font leur cours, même dans les années qui suivent la fin de
leur cours, il y a des choses qui peuvent être désuètes
parce qu'il y a plus de chercheurs qui vivent actuellement dans
l'humanité qu'il y en a eu dans toute l'histoire de l'humanité
jusqu'à aujourd'hui. C'est évident que les changements vont
être très rapides. Dans cette perspective, il y a deux nouveaux
programmes en préparation actuellement. Il y a des demandes qui ont
été faites pour approbation au ministère de l'Enseignement
supérieur, de la Science et de la Technologie, des programmes
très souples avec la reconnaissance des acquis d'expérience, des
acquis scolaires. Ces programmes seront un mélange d'enseignement ou de
stages pratiques qui pourraient se dérouler dans le cours de
l'année quasiment sur mesure. C'est en train de s'élaborer, deux
nouveaux programmes en préparation à ce sujet, parce qu'on pense
qu'à l'avenir, de plus en plus, l'enseignement va être
mi-théorique, mi-pratique, et la partie pratique, on souhaite qu'elle
soit faite dans le milieu réel dans lequel travaillera
éventuellement l'étudiant quand il aura fini ses
études.
M. Picotte: Avec de nouveaux programmes, c'est évident que
cela peut aider, mais la réalité, c'est qu'il y a quoi? II y a
à peu près 1200 personnes qui prennent la relève en
agriculture chaque année, aux environs de 1200. On parle de formation
pour à peu près le tiers selon ce que nous a dit. Il y en a le
tiers qui va se chercher une formation. Plusieurs intervenants nous ont dit -
les banquiers nous l'ont dit - tous les intervenants, les professeurs qui sont
venus nous rencontrer à la commission pour discuter nous ont dit cela.
On a dit: L'idéal, il faudrait que chacun des individus puisse
bénéficier d'une bonne formation. Les points qu'on rencontre qui
accrochent à cette formation, c'est le fait, par exemple, entre autres,
qu'il y ait un mauvais horaire de cours pour les jeunes de l'agriculture. On
dit: De septembre à la fin d'octobre, on sait très bien que le
gars, qui est avec son père, qui va prendre la relève bien
souvent, doit rester sur la ferme. C'est là que le père a le plus
besoin de lui, de septembre à octobre. Finalement, aux mois de mai et
juin, il a encore besoin de lui. Or, comme nos cours se prolongent de septembre
à la fin de juin ou vers la fête de la Saint-Jean-Baptiste, on dit
que c'est déjà un empêchement ou un obstacle à ce
que des jeunes aillent se chercher une formation parce que nos horaires ne sont
pas organisés comme ils devraient l'être. Notre façon de
travailler est complètement différente de ce que peuvent donner
toutes sortes de cours de formation alentour. (12 heures)
Là-dessus, est-ce qu'il y a eu des démarches de faites
pour arriver avec des changements majeurs? Si oui, de quels changements majeurs
parle-t-on pour attirer
le plus possible de jeunes à cette formation agricole qui est
essentielle?
M. Garon: Disons d'abord qu'il fallait commencer par faire un
cheminement là-dedans. Il fallait d'abord s'organiser pour qu'il y ait
une formation agricole. Quand on est arrivé au gouvernement en 1976, )e
dois vous dire que j'ai rencontré plusieurs personnes pour leur demander
leur opinion là-dessus. On m'a dit que dans nos écoles
secondaires, dans nos cégeps, l'enseignement agricole est
considéré comme quelque chose de folklorique. On a beaucoup plus
de spécialistes des plantes exotiques que de l'agriculture du
Québec. Si on veut parler des plantes africaines ou des plantes
haïtiennes, il y a des gens qui connaissent cela tandis que l'agriculture
du Québec, il n'y en avait pas beaucoup dans nos écoles à
ce moment-là.
II fallait d'abord commencer par parler de curriculum,
d'établissement des cours dans nos différentes écoles.
Aujourd'hui, il y a un réseau de polyvalentes qui donnent des cours dans
la gestion agricole ou dans le domaine agricole. Dans nos cégeps,
aujourd'hui, on peut dire qu'il y a un certain nombre de cégeps, un
réseau de cégeps - par exemple, je pense aux cégeps de
Saint-Jean, de Juliette, de Lévis-Lauzon à partir de l'an dernier
- qui ont un enseignement dans le secteur agricole ou agro-alimentaire. Il y a
également nos deux ITAA. À la suite de cela, il arrive qu'il est
maintenant passible de mettre en place des programmes qui tiennent compte d'un
ensemble de contraintes. En plus de cela, depuis 1981, on a commencé des
cours par correspondance avec le ministère de l'Éducation
à partir de l'ITAA de La Pocatière. Ces cours ont connu des
milliers d'inscriptions. On a commencé par des cours sur la gestion
agricole, sur des questions d'administration agricole précisément
qui étaient le plus grand besoin.
J'ai dit à plusieurs reprises qu'on a commencé à
exiger aussi dans le crédit agricole une formation ou une
expérience ou une combinaison de formation scolaire et
d'expérience, ce qui n'était pas le cas auparavant. Mais on ne
pouvait pas procéder d'un coup sec là-dedans parce qu'il n'y
avait pas d'instruments en place. Il fallait d'abord mettre les instruments en
place. Aujourd'hui, on peut dire que les instruments sont en place, à
différents niveaux. C'est pour cela que, récemment, j'ai
demandé la nomination au premier ministre d'un sous-ministre adjoint
à la recherche et à l'enseignement, pour assurer cette
coordination. Que cela ne soit pas seulement un directeur de service mais
quelqu'un à un niveau plus élevé sur le plan
administratif, soit un sous-ministre adjoint à la recherche et à
l'enseignement, pour qu'il y ait une meilleure organisation de l'enseignement
et de la recherche au Québec. Entre autres, par exemple, les services
techniques, qui étaient sous la juridiction du sous-ministre adjoint
à la production, sont maintenant sous la juridiction du sous-ministre
adjoint à la recherche et à l'enseignement. Pourquoi? Afin qu'au
niveau de l'enseignement, l'on considère qu'il faut mettre ensemble la
formation scolaire, la formation pratique de même que la connexion entre
la recherche théorique et la recherche appliquée avec
l'enseignement et la vulgarisation des connaissances.
Cela a été la raison de la nomination de M. André
Vézina. J'ai choisi M. André Vézina, parce qu'il avait
montré de l'initiative à l'ITA de La Pocatière, en
organisant les cours par correspondance qui avaient été un
succès sur le plan de l'enseignement. M. Vézina est
présentement avec moi et je vais le laisser dire un mot sur
l'organisation actuelle de nos programmes sur mesure. Nous sommes maintenant de
plus en plus en état d'habiller sur mesure mais pour cela il fallait
s'organiser. Par exemple, on a négocié - ce n'est pas encore
annoncé publiquement et il faudra peut-être faire une signature
publique pour que les gens le sachent davantage - le rôle de chacun au
Jardin botanique, à l'ITA de La Pocatière, à l'ITA de
Saint-Hyacinthe, au collège Macdonald, à l'Université
Laval, au point de vue du développement de l'horticulture pour faire en
sorte qu'on sache, qui fait quoi. M. Vézina a aussi comme mandat - je le
lui ai dit quand il a été nommé; il ne pouvait pas tout
faire en même temps, c'est évident -de travailler à la
coordination des contenus de l'enseignement, de la cohérence de
l'enseignement dans les polyvalentes et les cégeps afin qu'il y ait,
même si c'est la responsabilité du ministère de
l'Éducation, une connexion avec le ministère de
l'Agriculture.
Actuellement, nous sommes à mettre au point des programmes qui
vont pouvoir habiller sur mesure des étudiants qui ont des contraintes
souvent parce qu'ils sont des fils ou filles d'agriculteurs et qu'ils doivent
travailler sur la ferme. Je vais laisser M. Vézina vous en dire un mot.
Mais il fallait d'abord mettre en place une foule de choses qui n'existaient
pas, d'instruments qui n'existaient pas. Vous n'êtes pas sans savoir que
lorsque le gouvernement a décidé d'abolir les écoles
d'agriculture. Sous le Parti libéral, les écoles d'agriculture
qui dépendaient du ministère de l'Agriculture ont
été abolies, il y a un certain nombre d'années par le
ministère de l'Éducation. Votre conseiller, qui est un
fonctionnaire à la retraite, pourrait vous le dire, il était
sûrement là dans ce temps-là. Quand je suis arrivé
au ministère en 1976, cette décision des libéraux
n'était pas encore acceptée. Beaucoup de monde était sur
les freins parce
qu'ils n'avaient pas accepté cette décision qui datait
quand même d'un certain nombre d'années d'abolir les écoles
d'agriculture au Québec.
À ce moment-là, au lieu de m'arcbouter pour essayer de
refaire le passé, j'ai travaillé avec différentes
personnes, avec les institutions en place afin de bâtir des programmes
qui correspondent aux besoins des gens d'aujourd'hui. Les producteurs agricoles
ayant accepté de travailler dans les écoles publiques, je me suis
dit: Ne boudons pas le système, essayons, au contraire, de travailler
avec le système afin que les meilleurs services d'éducation
soient offerts aux agriculteurs, aux jeunes qui veulent devenir agriculteurs,
aux fils d'agriculteurs qui auront la meilleure formation théorique et
pratique.
Je laisse M. Vézina, le nouveau sous-ministre adjoint à la
recherche et à l'enseignement, vous dire un mot sur les deux nouveaux
programmes qui vont habiller sur mesure les étudiants en agriculture,
soient qu'ils veuillent s'établir en agriculture ou parce qu'ils sont le
fils ou la fille d'agriculteur qui souhaitent continuer en constituant la
relève de leurs parents.
M. Vézina: Ces deux nouveaux programmes viennent
compléter, en fait, comme vient de le souligner le ministre, la gamme
complète qui est offerte aux producteurs agricoles, c'est-à-dire
les programmes réguliers de niveau secondaire et collégial. On
avait un programme de cours par correspondance auquel tout agriculteur ou
candidat à la relève agricole peut s'inscrire et des cours aux
adultes qui sont offerts partout dans la province via une collaboration entre
le ministère de l'Éducation et le ministère de
l'Agriculture.
Le problème qui restait à régler, c'est ce qu'on
appelle des programmes sur mesure pour ceux qui ne peuvent pas suivre les
programmes réguliers et qui veulent quand même obtenir un
diplôme, une certification d'étude en agriculture. Les programmes
qu'on est à préparer sont de deux ordres et ils sont
déposés au ministère de l'Enseignement supérieur
pour approbation. C'est ce qu'on appelle un programme d'attestation
d'études collégiales en exploitation agricole. Il y a un
programme de certificat d'études collégiales en exploitation
agricole.
Ce sont des programmes qui ont ceci de particulier: L'étudiant
vient nous rencontrer et on reconnaît tous ses acquis académiques;
c'est-à-dire que s'il a suivi des cours aux adultes, s'il a suivi des
cours par correspondance, s'il a suivi quelque part des bribes de programmes
réguliers, son programme est bâti en fonction de cela.
M. Garon: Pas des bribes.
M. Vézina: S'il a suivi des cours dans un programme
régulier, une partie d'un programme régulier...
M. Garon: Ce n'est pas beaucoup, des bribes.
M. Vézina: En tout cas, des parties de programme
régulier. On bâtit son programme en tenant compte de cela et en
tenant compte aussi de ce qu'on appelle tes acquis d'expérience,
c'est-à-dire de son expérience pratique. Si c'est un bonhomme qui
travaille déjà depuis trois ans en production fourragère,
on va lui bâtir un programme adapté à cela et adapté
à ce qu'il veut faire par la suite. Si c'est un bonhomme ou une bonne
femme qui veut s'orienter du côté d'une production animale
quelconque, on va lui bâtir un programme sur mesure, tenant compte de ce
qu'il a fait antérieurement comme études à tous les
niveaux et de ce qu'il compte faire à l'avenir comme producteur ou
productrice agricole. C'est ce qu'on appelle un programme sur mesure. C'est
assez complexe parce que c'est très différent de tout ce qu'on
faisait en éducation jusqu'à maintenant, mais c'est
déjà prêt et déposé pour approbation.
M. Garon: Cela va permettre 'd'établir un curriculum. Vous
pourriez demander à M. Jourdain, fonctionnaire à la retraite de
la Beauce et conseiller agricole de vous dire comment cela était dans le
passé. Au point de vue des méthodes actuelles d'enseignement
c'est révolutionnaire d'avoir maintenant un système qui va
permettre de bâtir un curriculum avec l'étudiant en fonction de ce
qu'il souhaite faire.
M. Picotte: M. Jourdain m'informe assez bien sur ce qui s'est
fait dans le passé. Il disait que des cours par correspondance, cela a
déjà existé.
M. Garon: Cela ne marchait pas, cela a été
aboli.
M. Picotte: Cela ne marchait pas parce que, évidemment, il
faut que la clientèle le veuille. Il y a des choses qui existent et qui
ne fonctionnent pas parce que la clientèle ne veut pas s'en
prévaloir.
M. Garon: Dans ce temps-là, ils parlaient beaucoup plus de
la beauté de la nature que des techniques agricoles.
M. Picotte: C'est déjà pas mal que la beauté
de la nature existait dans ce temps-là. J'avais l'impression que la
beauté de la nature avait commencé avec vous quand vous
êtes arrivé en 1976 au ministère de l'Agriculture. Vous
auriez peut-être eu la tentation de nous le dire.
Pour les options agricoles dans les polyvalentes, qui a le
contrôle des professeurs d'abord qui y enseignent, puis des programmes,
qui supervise tout cela? Est-ce que le ministère de l'Agriculture fait
une entente avec le ministère de l'Éducation et qu'ensuite cela
fonctionne au niveau d'une polyvalente, ou si le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a quand même un
contrôle assez rigide de ces situations pour ce qui est des
options?
M. Garon: Non. Le contrôle relève du
ministère de l'Éducation. Il faut dire que dans une polyvalente
il y a des cours agricoles. L'étudiant dans une polyvalente ne fait pas
un cours d'agriculteur. Il apprend les mathématiques, il apprend le
français et différentes matières, mais il peut suivre
certains cours, une concentration de cours dans le domaine agricole.
Actuellement tout cela est sous la responsabilité du ministère de
l'Éducation, mais lors de mes visites dans différentes
écoles, les gens m'ont dit qu'ils souhaitaient un rapprochement avec le
ministère de l'Agriculture. C'est pour cela qu'en nommant le
sous-ministre adjoint à la recherche et à l'enseignement je lui
ai demandé d'établir une façon de travailler avec les
polyvalentes et le ministère de l'Éducation pour la coordination
des contenus des curriculum, et aussi avec les cégeps où il y a
des cours spécialisés dans le domaine agricole - il y en a
maintenant un certain nombre au Québec - même au niveau de
certains travaux parce que certains cégeps auront des
équipements, comme des jardins, au point de vue de l'enseignement ou de
la pratique, sans négliger la formation dans le champ parce qu'on leur a
dit qu'on favorisait la formation dans le champ également.
M. Vézina doit établir et c'est une de ses tâches...
Il y a certains aspects qui sont terminés, d'autres sont en voie
d'élaboration, mais on souhaite ultimement, dans un avenir le plus
rapproché possible, établir un protocole d'entente entre les
maisons d'enseignement, les polyvalentes, les cégeps, le
ministère de l'Éducation et le ministère de l'Agriculture
au point de vue de l'enseignement agricole.
Je peux vous dire aussi qu'une collaboration existe déjà.
Par exemple, hier, je suis allé remettre au cégep
Lévis-Lauzon un logiciel sur la coupe des viandes. C'est ce qu'il y a de
plus moderne comme équipement. Il y a aussi des institutions
d'enseignement de la Beauce qui étaient présentes, notamment
l'école polyvalente de Saint-Anselme et Sainte-Marie. C'est ce qu'il y a
de plus moderne au point de vue de l'établissement des prix et des
coupes de viande dans le boeuf, le veau, le porc, etc. C'est tout nouveau. Ce
sont des équipements qu'on va offrir également à
l'entreprise privée aussi bien qu'à des maisons d'enseignement
pour qu'elles puissent, dans la formation qu'elles dispensent, disposer des
meilleurs équipements, beaucoup plus sophistiqués que dans le
passé. Vous savez que c'est un problème, l'établissement
des prix, des coupes. (12 h 15)
Quand vous achetez une carcasse ou une demi-carcasse d'un animal de tant
de livres, les poids varient. Quelles sont les proportions que vous allez
retrouver là-dedans? À quel prix devriez-vous vendre vos viandes
en fonction du prix que vous avez payé si vous ne voulez pas faire de
pertes, en fonction du taux de bénéfice que vous voulez faire?
Nous avons établi un modèle au ministère qui va être
utilisé par des maisons d'enseignement et également par les
entreprises. C'est là une forme de collaboration. Cela est en train
d'être complété. Ce n'est pas terminé. Il fallait un
réseau et il commence à y avoir un réseau assez
intéressant. Éventuellement, je l'ai mentionné à
l'Office du crédit agricole - je ne sais dans combien d'années -
il faudra penser à agir un peu comme au Danemark, mais pas trop vite. Au
Danemark, avant d'avoir accès au crédit agricole, vous devez
avoir un cours de trois ans et cinq ans de pratique. Si on appliquait cela d'un
seul coup au Québec, évidemment, ce serait peut-être un peu
vite. Mais il va falloir aller beaucoup plus rapidement vers l'exigence de
formation académique et pratique avant de pouvoir disposer de moyens
tels que le crédit agricole. Aujourd'hui, quand on parle d'une ferme, on
parle de plus en plus d'un investissement de 500 000 $. On ne parle plus des
fermes d'autrefois dont pourrait parler en connaissance de cause votre
conseiller agricole, M. Jourdain.
M. Picotte: Est-ce que, du côté des polyvalentes,
entre autres, puisqu'on en était à ce niveau, il y a quelqu'un
qui contrôle, dans l'option agricole... Je comprends que les
étudiants suivent des cours de mathématiques et toutes sortes
d'autres cours, mais dans l'option agricole comme telle, quand on leur dispense
une formation qui touche l'agriculture, de quelle façon le
ministère s'assure-t-il que les professeurs. qui sont là sont des
gens spécialisés en agriculture et qu'ils ont la
compétence en agriculture? Est-ce que le ministère s'assure de
cette exigence au niveau de la formation dispensée par les enseignants
ou si c'est la commission scolaire qui décide et si cela fonctionne
comme dans les réseaux de l'éducation, depuis déjà
un certain temps, par "bumping"? Vous savez ce que c'est du "bumping" dans le
réseau de l'éducation? Un professeur qui a de l'ancienneté
et qui veut s'assurer une place peut aller "bumper" un autre professeur qui en
a moins que lui. Est-ce qu'au moins, quand il s'agit d'agriculture, on
s'assure
qu'un professeur d'arts plastiques, de musique, de mathématiques,
ne vienne pas dispenser des cours en agriculture? À mon avis, si
c'était comme cela, cela pourrait être regrettable, dans le sens
qu'on pourrait comprendre par la suite que l'étudiant qui fait une
espèce d'expérimentation au niveau de la polyvalente ne soit pas
attiré à aller plus loin parce qu'il trouve que sa formation est
peut-être moins adéquate. Je ne suis pas certain que cela se passe
comme cela. Je me demande s'il y a un contrôle, si on exerce un
contrôle ou si on ne le sait pas.
M. Garon: Disons que c'est le ministère de
l'Éducation qui exerce ce contrôle. Vous ne pouvez pas enseigner
n'importe quoi. Vous savez que dans le domaine professionnel il y a quand
même des contraintes auxquelles tout le monde est assujetti. Le
contrôle se fait par le ministère de l'Éducation à
l'heure actuelle. Je peux vous dire, par exemple, que lorsque je parlais avec
les gens hier - je ne nommerai pas la place - mais dans une des écoles
qui étaient représentées par les gens que j'ai
rencontrés, on me disait: Untel travaille chez nous, il enseigne les
coupes de boucherie, mais en même temps c'est le dirigeant d'une
boucherie importante.
J'ai le sentiment aussi que, pour des enseignements plus
spécialisés dans le domaine agricole ou alimentaire, les
polyvalentes engagent occasionnellement des gens à temps partiel qui
viennent de l'industrie, qui viennent donner quelques cours. Le contrôle
lui-même sur l'engagement est fait par les écoles et par le
ministère de l'Éducation; il n'est pas fait par le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Est-ce qu'il serait bon ou non qu'il... Il serait sans doute bon qu'on ait un
mot à dire là-dessus un peu, mais disons que, dans ce qu'on veut
élaborer comme protocole entre ces différentes institutions et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
cela pourrait être un sujet de discussion.
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées...
M. Garon: Mais il y a déjà eu des discussions
à ce sujet entre le ministère de l'Éducation et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
à la fin des années soixante-dix, en 1977, 1978, 1979. À
ce moment, j'ai eu l'occasion de parler avec les gens de la sélection du
personnel et des gens qui connaissent le secteur agro-alimentaire
québécois.
Crédits consacrés à la recherche
agricole
M. Picotte: Dans un autre ordre d'idées, M. le
Président, je remarque - je vais peut-être revenir un peu en
arrière - dans la ventilation des crédits qui nous avaient
été présentés l'année dernière qu'en
1984-1985, au niveau de la recherche agricole, on parlait d'un montant de 11
073 900 $. C'est là la ventilation de l'année dernière.
Cette année, quand on nous représente la ventilation, on nous
donne toujours deux années de comparaison, deux points de comparaison,
c'est-à-dire 1985-1986 et 1984-1985. Le montant de 11 000 000 $ qui
était prévu en 1984-1985, dans l'étude des crédits
de l'an passé, à l'élément 2, programme 1,
lorsqu'on le reporte pour fins de comparaison à l'élément
2, programme 1 cette année, on parle de 19 946 000 $. Où est la
différence? Qu'est-ce que cela veut dire qu'il y ait une
différence de 8 000 000 $, presque 9 000 000 $, dans le report des
chiffres qui ont été faits il y a deux ans et qui ont
été faits l'année passée, pour la même
année?
M. Garon: Les services techniques se retrouvaient à la
production agricole, au programme 3, Aide à la production agricole. Ils
vont maintenant relever du sous-ministre adjoint à la recherche et
à l'enseignement. C'est ce que je vous disais tout à l'heure, que
dans les nouvelles orientations du ministère on veut que les services
techniques soient le pont entre la recherche et la vulgarisation pour qu'ils
soient toujours connectés sur ce qu'il y a de plus moderne, sur les
recherches les plus récentes et qu'ils aient comme tâche de les
transmettre dans le milieu, soit à nos agents de vulgarisation, soit aux
agriculteurs eux-mêmes, soit aux maisons d'enseignement. Tout le secteur
des services techniques en production végétale et en production
animale a été transféré au sous-ministre à
la recherche et à l'enseignement. C'est pourquoi le chiffre qui
apparaît ici reflète l'addition de ces services techniques
à ce sous-ministre.
M. Picotte: J'ai déjà eu une lettre ou une
communication écrite de l'association des propriétaires ou des
producteurs de balles rondes au Québec qui expérimentent ou qui
veulent expérimenter et qui veulent voir certaines recherches
effectuées au niveau de certaines fermes. Justement, sur ce nouveau
procédé de balles rondes, ils disaient dans leur documentation
que cela allait être une économie assez forte du côté
des agriculteurs en procédant ainsi. Est-ce que l'étude est
avancée? Est-ce qu'il y a eu des recherches de faites dans ce sens? S'il
y a des projets, est-ce qu'il y a des montants de dévolus? Où se
fait la recherche?
M. Garon: Quel est l'initiateur du projet dont vous parlez?
M. Picotte: Je ne peux pas vous dire qui est l'initiateur parce
que c'est de la
documentation que j'ai reçue. J'ai même rencontré,
à un moment donné, certaines de ces personnes dans une
expérience qu'elles faisaient. J'étais allé voir cela par
curiosité. Par la suite, on m'avait informé par document qu'on
avait demandé au ministère un projet de recherche. Je n'ai pas
plus de détails que cela. Je me demande si le ministère
considère cela comme quelque chose d'intéressant et s'il y a eu
des démarches de faites dans ce sens.
M. Garon: Si vous avez rencontré ces gens, vous devez
connaître leurs noms.
M. Picotte: II me semble que c'est un nommé Girard, mais
je n'ai pas plus de détails que cela.
M. Garon: De quel endroit?
M. Picotte: De la Beauce. On me dit que c'est Saints-Anges, dans
la Beauce.
M. Garon: II doit savoir le nom. Je pense bien que, si vous le
lui demandez, il devrait le savoir de façon plus précise.
M. Picotte: Je n'ai pas plus de détails que cela.
M. Garon: Je le vois qu'il fait signe qu'il le sait, en
arrière.
M. Picotte: On me dit qu'on sait que c'est à Saints-Anges.
De toute façon, je pense que ce n'est pas cela qui est important. C'est
comme le ministre quand il rencontre différentes gens au niveau de
l'agriculture et qu'on lui parle de certains projets ou quoi que ce soit. Moi,
je m'informe pour savoir s'il y. a eu des développements dans ce projet.
C'est ce que je veux savoir, si le ministère croit cela suffisamment
intéressant pour activer un projet de recherche dans ce sens ou si c'est
un projet qui n'a pas encore attiré l'attention du ministère dans
le sens qu'on le trouve quantité négligeable pour l'instant.
C'est tout ce que je veux savoir.
M. Garon: Je veux savoir de quoi vous parlez parce que, de fait,
des travaux se font actuellement. Je voudrais savoir si vous faites
référence aux mêmes cas.
M. Picotte: Je...
M. Garon: Des travaux se font actuellement avec les producteurs
agricoles sur la conservation des balles rondes, mais on me dit que ce n'est
pas avec le producteur que vous mentionnez.
M. Picotte: Peu importe. L'important...
M. Garon: Ce serait plutôt dans la région de Nicolet
où ces projets se feraient actuellement avec les producteurs à la
ferme sur la question de la conservation des balles rondes.
M. Picotte: Je ne sais pas si c'est assez avancé. Je suis
bien plus heureux de voir que cela se fait dans ma région, à
Nicolet, plutôt qu'ailleurs. Est-il exact qu'il s'agit là d'un
projet quand même assez valable, qui pourrait faire économiser de
l'argent aux producteurs, ceux qui voudraient, évidemment, prendre cette
orientation? Est-ce concluant jusqu'à maintenant? Êtes-vous assez
avancés pour cela? Sinon, qu'est-ce que le ministère s'est
fixé comme but, à la fin de cette recherche?
M. Garon: On dit que c'était une piste
intéressante, que l'ensilage d'une balle ronde se fait aussi en Abitibi,
que cela se fait en Europe. Mais, actuellement, ce qu'il faut regarder, ce sont
les conditions dans lesquelles cela se fait. Est-ce vraiment très
économique ou un peu économique? On sait que, sur le plan
technique, cela est possible, mais c'est de voir dans quelles conditions
idéales on peut le faire et la rentabilité d'exploitation. C'est
là-dessus que se font les recherches à la ferme avec des
agriculteurs.
M. Picotte: Quelle est la part et l'implication budgétaire
du gouvernement sur ce qui se fait comme recherche à Nicolet, entre
autres? J'imagine que c'est un projet spécifique ou est-ce que ce sont
des fonctionnaires qui vont travailler là? Y a-t-il eu un projet ou une
entente de signée ou si on fait cela tout simplement en amateur un peu
pour commencer?
M. Garon: C'est dans le cadre du programme de l'introduction de
techniques nouvelles. On a un programme qui permet de donner des subventions
à des agriculteurs. On a un programme général sur
l'introduction de techniques nouvelles sur lesquelles il y a plusieurs projets
dans chacune des années. C'est dans le cadre de ce programme-là
qu'il y a eu une acceptation. Le budget de ce programme est de 300 000 $ dans
son ensemble, ce qui nous permet d'accepter plusieurs projets, qui ne sont pas
nécessairement des projets considérables, mais qui sont bons.
Dans le cadre de ce programme, il y a un projet de recherche et,
habituellement, il y a un suivi qui est fait par des fonctionnaires du
programme pour voir les résultats de l'introduction de ces nouvelles
techniques, quels sont les résultats ou, parfois, étudier
certains aspects dans le cadre de l'introduction de cette nouvelle
technique.
M. Picotte: Est-ce que cela se fait
chez un agriculteur, entre autres, et chez qui? Quel est le nom de celui
qui a obtenu, je ne sais pas si c'est un budget ou...
M. Garon: Je n'ai pas le nom des bénéficiaires ici,
du ou des bénéficiaires. Je sais simplement que c'est fait
à Nicolet et qu'il y a eu un montant de 4900 $ pour cela.
M. Picotte: Est-ce qu'il serait possible, M. le ministre, dans
les jours qui viennent, de nous faire parvenir le nom du ou des
bénéficiaires de cette subvention?
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Vallières): Je m'excuse de vous
interrompre.
M. Picotte: Et en terminant... Le Président (M.
Vallières): Oui.
M. Picotte:... juste une petite seconde, le temps que doit durer
ce genre d'expérience aussi, si c'est possible d'avoir des
détails là-dessus.
M. Garon: Cela marche. M. Picotte: Merci.
Le Président (M. Vallières): La commission a
maintenant épuisé la période qu'elle s'était
donnée ce matin. Par conséquent, nous ajournons nos travaux sine
die.
(Fin de la séance à 12 h 30)