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(Quinze heures dix-neuf minutes)
Le Président (M. Dupré): La commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation commence ses travaux.
Nous allons procéder à l'étude des crédits du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
pour l'année financière 1985-1986. Avant de procéder
à l'étude du programme 10, si je ne m'abuse, je crois que le
ministre avait un complément de réponse ou une rectification
à donner au député de Richmond. Est-ce que cela tient
toujours? Sinon, on va procéder à l'étude du programme
10.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Dupré): Oui? Vous avez la
parole.
M. Garon: M. le Président, lors de l'étude des
crédits pour l'année 1985-1986 effectuée le 9 mai dernier
en commission parlementaire, les membres de l'Opposition et moi avons
discuté du sujet concernant le paiement de subventions au montant de 4
000 000 $ accordées à même les crédits
budgétaires 1984-1985, pour le programme précité. Le
programme qui a été transmis par le ministère le 28 mars
1985 aux membres de la commission parlementaire concernant la justification des
crédits périmés indiquait que les crédits non
utilisés de 4 000 000 $ provenant du programme d'aide aux structures
d'entreposage des fumiers devaient assurer le financement du programme
d'indemnité pour les pertes de fourrage de 1983.
L'indication que j'ai donnée n'était pas exacte et c'est
pour cela que je crois important de préciser qu'ultérieurement
à la préparation du document mentionné
précédemment le ministère... On aurait souhaité
prendre cela de cette façon mais il en a été
décidé autrement et nous avons donné suite à la
recommandation du contrôleur des finances émise le 10 avril 1985,
d'imputer les subventions à verser pour les pertes de fourrage à
même les crédits du programme 4, Assurances agricoles,
plutôt qu'au programme 3, Aide è la production agricole, où
l'utilisation des crédits périmés était
possible.
Cette recommandation obligeait donc la Régie des assurances
agricoles à obtenir des fonds additionnels provenant du fonds de
suppléance du ministère des Finances. Vu que les documents
financiers pertinents n'ont pu être transmis avant le 31 mars 1985, le
Conseil du trésor a autorisé, le 16 avril 1985, l'octroi de fonds
de suppléance demandés sur l'exercice budgétaire de 1985-
1986. Ainsi, les subventions versées par la Régie des assurances
agricoles ont été comptabilisées en 1985-1986.
Toutefois, les dépenses administratives de ce programme, au
montant de 1 000 000 $, ont été imputées tel que
mentionné à la séance du 9 mai, soit 450 000 $ en
1984-1985 et 550 000 $ en 1985-1986.
Je voulais faire cette mise au point parce qu'une partie des
explications que j'avais données à ce moment-là, lors de
la séance, n'était pas exacte. J'avais dit au président,
en terminant la séance, 'que je voulais le faire parce que,
immédiatement après la séance, je me suis rendu compte, en
parlant avec les fonctionnaires, que j'avais dit une chose qui était
inexacte. Comme je ne veux pas laisser des choses inexactes dans les documents,
immédiatement, je l'ai avisé que je ferais cette
déclaration au début de la prochaine séance de la
commission parlementaire qui étudierait les crédits du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec.
Développement des pêches
maritimes
Le Président (M. Dupré): Merci, M. le ministre.
Programme 10, Développement des pêches maritimes. M. le ministre,
est-ce que vous avez l'intention de faire une intervention d'ouverture?
M. Garon: Cela ne sera pas long. Le Président (M.
Dupré): Merci. Remarques préliminaires M. Jean
Garon
M. Garon: J'essaie de me retrouver dans les nombreux papiers qui
m'entourent.
M. le Président, c'est un grand plaisir pour moi de vous parler
du programme 10 sur le développement des pêches maritimes. Vous
savez que l'année 1984 a représenté une année
record dans toute l'histoire des
pêches du Québec en termes de développement à
tous les niveaux. Parmi les lois que nous avions adoptées dans les
années antérieures, en 1981, la Loi sur les produits agricoles et
les aliments est devenue la Loi sur les produits agricoles, les produits marins
et les aliments. Avec la réglementation qui a suivi, les programmes de
modernisation des usines qui avaient été adoptés durant la
même période ont permis des investissements considérables
au cours de l'année 1984-1985 qui vont se poursuivre également en
1985-1986.
Le programme 10, Développement des pêches maritimes, vise
à stimuler et à promouvoir le développement des
pêches commerciales. Il fournit aux pêcheurs, aux entreprises de
transformation des produits marins et aux travailleurs de ces entreprises des
aides financières, des services et des équipements d'appui aptes
à améliorer les performances économiques de ce secteur
d'activité essentiel pour toute la partie maritime du Québec.
Si on fait un sommaire des réalisations de 1984-1985, on constate
que l'enveloppe budgétaire pour ce programme était de 41 700 000
$ en 1984-1985. Plus de 16 500 000 $ étaient prévus pour le
programme d'aide financière à la rationalisation des usines de
transformation des produits marins. Il s'agit là d'une des actions
d'aide au développement de ce secteur les plus importantes jamais
entreprises au Québec. Elle vient compléter l'action que nous
avions entreprise depuis plusieurs années pour améliorer la
qualité des produits alimentaires d'origine marine, pêchés
et transformés au Québec.
C'est grâce à ce programme que nous avons pu aider les
entreprises à se moderniser et à se normaliser par rapport
à la réglementation qui avait été adoptée.
C'est grâce à ce programme que nous avons pu aider les
pêcheurs de Newport avec un montant de plus de 7 000 000 $ à
construire une usine qui sera parmi les plus modernes au monde en ce domaine.
Évidemment, les articles qui ont été écrits dans
les journaux n'ont jamais rendu tout l'hommage qu'il faudrait faire à
cette entreprise. Mais, lorsque l'inauguration se fera et que les gens de la
Gaspésie auront l'occasion de visiter cette entreprise, ils se rendront
compte à quel point cette dernière est moderne, la plus moderne
au monde dans sa catégorie. La société Madelipêche,
qui est une des principales sources d'emploi aux îles-de-la-Madeleine, a
pu moderniser et rationaliser ses installations de Cap-aux-Meules, grâce
à une aide de plusieurs millions de dollars qui lui a été
consentie, plus précisément 2 500 000 $, ainsi que d'autres
engagements pour l'avenir concernant d'autres travaux qui vont être
faits.
Nous sommes aussi intervenus dans ce secteur qui subit une
période difficile à cause des prix de la morue sur le
marché international et de la faiblesse des monnaies européennes
par rapport à la nôtre par des garanties de prêt totalisant
13 000 000 $ à diverses entreprises de transformation et de
commercialisation du poisson dans la région maritime du
Québec.
Il y a, tout autour de la péninsule de la Gaspésie et aux
îles-de-la-Madeleine, de nombreuses entreprises qui se sont
modernisées, de même que sur la Côte-Nord. Nous aurons
l'occasion, bientôt, de faire un bilan de cette modernisation.
Parallèlement à cet effort important mis dans
l'amélioration et la modernisation dans le domaine de la transformation
des produits de la pêche, nous avons maintenu nos actions, en 1984-1985,
pour ce qui est du renouvellement de la flotte de pêche. En plus, sept
programmes d'aide financière s'adressaient directement aux 1481
pêcheurs professionnels et couvraient la construction de bateaux de
pêche, l'acquisition de moteurs marins et de barques de manutention des
produits de la mer et l'assurance des bateaux de pêche. Seize
pêcheurs ont bénéficié d'aide pour la construction
de bateaux de plus de 35 pieds en 1984-1985, de subventions totalisant 2 358
000 $ et 72 pêcheurs ont bénéficié d'aide totalisant
233 000 $ pour la construction de bateaux de moins de 35 pieds. Les cinq autres
programmes représentent une aide totale de 985 780 $, dont 564 814 $
pour l'assurance maritime. (15 h 30)
Parallèlement à ces aides financières, nous avons
consenti des prêts, à très bas taux d'intérêt,
pour la construction de bateaux, la réparation, l'achat de bateaux
usagés, la consolidation de dettes, pour un montant total de 7 807 033
$.
Cependant, notre action dans le domaine des pêches maritimes ne se
traduit pas uniquement sous la forme d'aide financière. En 1984-1985,
comme par le passé, nous avons continué à fournir une aide
technique importante aux pêcheurs, tant en ce qui concerne la
préparation et la révision des plans qu'en ce qui touche
l'homologation de chantiers maritimes navals et en refaisant toute la
procédure dans le secteur des pêches, à partir de la
demande d'un pêcheur jusqu'à la livraison du bateau. Nous avons
mis en opération des centres de services pour les bateaux de
pêche: un à Newport qui a été inauguré
l'automne dernier; un à Blanc-Sablon que nous devons inaugurer
bientôt, de même qu'un à Cap-aux-Meules qui sera
inauguré bientôt aussi, en plus de ceux qui existaient
déjà.
En ce qui concerne la recherche et le développement, les efforts
portaient, en 1984-1985, aussi bien sur les engins de pêche, la
transformation des produits marins que l'aquaculture et le développement
de
nouvelles exploitations. En particulier, des travaux ont
été effectués pour fournir aux pêcheurs de crevettes
un chalut semi-pélagique plus performant. Des essais d'élevage de
saumon en Gaspésie et de pétoncles sur la Basse-Côte-Nord
ont été réalisés. Nous avons aidé
l'établissement de mytîliculteurs aux îles-de-la-Madeleine.
Pour ce qui est des produits marins à bord des bateaux, une vaste
étude a été entreprise afin d'aider les pêcheurs
à rationaliser leurs opérations à bord et à
améliorer la qualité. En dernier lieu, nous avons engagé
des fonds de 520 000 $ et fourni une aide technique importante pour
réaliser un projet de développement de la pêche commerciale
par des Inuit dans la baie d'Ungava.
En 1985-1986, nous continuerons notre action en ce qui a trait à
la rationalisation et la modernisation des usines. Un budget de transfert de
près de 19 000 000 $ pour cet exercice financier a été
prévu, ce qui représente une augmentation de 3 000 000 $
par rapport à 1984-1985. Déjà, plus de 3 000 000 $ ont
été engagés pour aider les entreprises de transformation
des produits de la pêche. En 1985-1986, nous compléterons les
actions entreprises aux Îles-de-Ia-Madeleine et en Gaspésie et
nous accélérerons le développement des usines polyvalentes
sur la Côte-Nord. Le développement et l'amélioration des
structures de transformation des produits marins accapareront la majeure partie
de notre attention, surtout si le milieu collabore autant dans l'avenir qu'il
l'a fait dans le passé. Nous avons l'intention également d'aider
à mettre en place les infrastructures nécessaires en
entrepôt pour la bouette ou en usine à glace, là où
c'est nécessaire.
Nous continuerons à favoriser le renouvellement et la
modernisation de la flotte de pêche avec un budget d'aide
financière totalisant près de 3 900 000 $. De cette somme, 2 600
000 $ seront consacrés à l'aide et à la construction d'au
moins 20 bateaux de plus de 10, 6 mètres représentant des
investissements totaux de l'ordre de 11 000 000 $. Le volume des prêts
pour la préparation, la réparation et l'achat de bateaux
usagés, pour l'acquisition d'équipements, la consolidation de
dettes d'entreprises de pêche et le refinancement devrait augmenter
d'environ 35 % par rapport à 1984-1985. Un nouveau programme d'aide
financière à l'acquisition d'équipements de pêche
pour les bateaux de moins de 10, 6 mètres est prévu avec un
budget de 175 000 $.
L'année 1985-1986 verra la mise en place d'une nouvelle
procédure d'homologation des chantiers de construction navale par le
ministère, ce dont je vous parlais tout à l'heure, et pour
laquelle nous avons consacré beaucoup de temps en 1984-1985. Nous
continuerons notre politique de vente des entrepôts et des installations
frigorifiques que possède encore le ministère à des
intérêts privés du milieu des pêches et nous
viendrons en aide, si cela est justifié, aux associations de
pêcheurs ou regroupements du milieu des pêches désirant
établir et gérer des entrepôts frigorifiques pour la
bouette et des unités de production de glace. En ce qui concerne le
domaine de la recherche et du développement, nous continuerons à
accentuer nos actions sur les engins de pêche et la manipulation du
poisson à bord des bateaux.
Ces travaux se réaliseront de plus en plus en collaboration
étroite avec les associations de pêcheurs comme dans le cas des
essais d'un chalut à crevettes semi-pélagique ou d'une bouette
synthétique. En ce qui concerne l'étude des ressources marines
disponibles et le développement de nouvelles exploitations, l'accent
sera mis en 1985-1986, comme en 1984-1985, sur la Côte-Nord de
façon à fournir des solutions à la diversification des
activités de pêche dans cette région.
M. le Président, les années 1984 et 1985 constitueront les
deux plus importantes années en termes de tournant dans le secteur des
pêches au Québec puisque le renouvellement de la flotte de
pêche s'accélérera, la modernisation des usines se
complétera dans le territoire de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine et, avec le projet de loi que nous avons
déposé à l'Assemblée nationale récemment sur
les produits agricoles, les produits marins et les aliments, son adoption
permettra l'émission de permis temporaires au cours des deux prochaines
années sur la Basse-Côte-Nord en attendant que les emplacements
permanents, les entreprises, les usines permanentes et polyvalentes soient mis
en fonction. Tout cela a demandé des efforts considérables au
cours de dernières années pour voter les lois nécessaires,
voter les règlements nécessaires mettant au point les programmes
nécessaires. Mais, actuellement, nous en sommes à la phase
d'opérationalisation, nous en sommes à la phase de
concrétisation, de mise en valeur des lois et des règlements qui
ont été adoptés antérieurement et qui
étaient nécessaires pour permettre cette modernisation et cette
normalisation.
Par ailleurs, nous devons accentuer le travail sur le
développement de la commercialisation des produits marins au
Québec, puisque les consommateurs québécois paient un bon
prix; je dirais que, la plupart du temps, c'est un prix de beaucoup
supérieur à ce qu'on peut obtenir sur les marchés
d'exportation. Mais comme souvent l'exportation a présenté une
solution de facilité vers des marchés qui ne sont pas
nécessairement toujours aussi exigeants que le marché
québécois, il y a eu des pertes de revenus pour ceux qui ont
préféré exporter
plutôt que prendre d'assaut le marché
québécois. Actuellement, et dans les semaines et les mois qui
viennent, nous allons mettre en place des instruments pour développer la
commercialisation des produits marins québécois vers les
marchés québécois. Il fallait en même temps se
donner des instruments avec le ministère des Transports et la
société Quebecair, qui veulent davantage transporter de produits
pour approvisionner les marchés. Vous remarquerez, M. le
Président, qu'aujourd'hui, dans le secteur des pêches, ceux qui
font les meilleures années sont ceux qui vendent le plus sur le
marché québécois, parce que c'est un marché qui est
prêt à payer le prix pour un poisson qui est d'excellente
qualité. Il est évident que, si vous voulez obtenir un meilleur
prix pour votre poisson de bonne qualité, il faut aller vers les
marchés qui y sont prêts, qui exigent, qui requièrent un
poisson de grande qualité pour pouvoir les approvisionner. Les
marchés qui sont moins exigeants sont prêts à payer un
prix, mais un prix moins élevé pour le poisson, de sorte que la
recherche de marchés qui demandent un poisson de bonne qualité
est importante. Or, il se trouve que ces marchés sont à nos
portes, que ces marchés se trouvent en grande partie chez nous
également. Pourquoi ne commencerions-nous pas à tenter de vendre
chez nous des produits de chez nous? Je vais vous donner un exemple. La semaine
dernière, l'exécutif du Parti québécois du
comté de Lévis a décidé d'organiser une fête
et a trouvé que la meilleure façon d'organiser cette fête
et de me faire plaisir était d'organiser une dégustation de
produits de la pêche du Québec. Ils ont acheté des produits
de pêche de bonne qualité qu'on trouve chez nous. Je peux vous
dire que tous les gens ont trouvé que la veillée, avait
été un régal, parce que les produits avaient
été expédiés du territoire maritime le matin pour
être consommés le soir même, de sorte que les pYoduits
étaient d'une fraîcheur exceptionnelle. Tous les gens
présents ont souligné à quel point ils avaient
apprécié les produits qui avaient été
dégustés.
Le Président (M. Dupré): A quelle date avait lieu
la réception?
M. Garon: Je ne voudrais pas être plus long, M. le
Président, je veux terminer sur une bonne note; pour montrer ma
docilité, je vais arrêter immédiatement pour donner la
chance à quelqu'un d'autre de prendre la parole.
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Saguenay.
M. Ghislain Maltais M. Maltais: Merci, M. le Président.
J'ai écouté avec beaucoup d'attention le ministre faire la
panoplie de ses réalisations dans le domaine des pêches. II a dit
des choses intéressantes, il a dit des vérités
également, en disant que 1984 avait été une année
record. Le seul record qu'il a oublié d'ajouter à ses
trophées est le record de l'endettement des pêcheurs et des
industriels. Il va de soi qu'une bonne partie de la normalisation des usines et
du renouvellement de la flotte a créé cet endettement, mais
encore faut-il se rappeler que le monde de la pêche n'est pas
sécure. Lorsqu'on prend des décisions d'endettement à long
terme, on endette les générations futures.
M. le Président, j'aurais aimé voir dans les
crédits, dans l'énoncé du ministre, tel qu'il l'annonce si
bien à l'extérieur de l'Assemblée nationale, sa politique
vers la deuxième et la troisième transformation. Il e3t
resté col sur le sujet, alors qu'on sait très bien qu'au
Québec les générateurs d'emplois sont les usines de la
deuxième et de la troisième transformation. On en a eu un exemple
flagrant à Newport; il y avait là une chance inouïe de faire
une usine de deuxième et de troisième transformation, mais,
à cause des chicanes fédérales-provinciales, à
cause de l'entêtement du ministre, on se retrouve avec deux usines, une
fermée et l'autre qui est en train d'ouvrir. Ces deux usines auraient pu
avoir deux vocations différentes, ces deux usines auraient pu se
compléter, auraient pu démontrer aux Québécois
toute l'importance du monde de la pêche, sa véritable importance
et comment cela pourrait créer de nouveaux emplois dans la
deuxième et la troisième transformation.
Le ministre a pour leitmotiv que les Québécois devraient
tous manger du poisson. On n'a qu'à regarder les chiffres de
l'exportation. On sait que le Québec exporte 80 % de ses produits
marins. Le ministre voudrait nous en faire manger 80 % et en exporter 20 %. Il
est utopique de penser que les Québécois consommeront à
l'avenir plus de poisson qu'ils veulent bien en manger. C'est sûr et
certain qu'on trouvera de plus en plus d'adeptes, mais de là à
dire qu'on vendra la totalité de nos prises au Québec, c'est
utopique. On a qu'à penser à Gaspé Cured. Je ne vois pas
un gros marché dans le poisson salé et séché au
Québec. La majorité du crabe qui est pris au Québec s'en
va vers l'exportation. Il ne faudrait pas se chanter de chansons entre nous,
ici. Il faudrait savoir de quoi on parle exactement et vers quoi on se dirige
dans l'avenir quant à la transformation. Cependant, le ministre a
parlé avec beaucoup d'aisance des lois qui ont été
votées en 1984. II y a malheureusement des lois qui sont restées
en blanc, c'est-à-dire que la réglementation n'est pas encore
arrivée sur la table. Quand la réglementation de la loi 48
va-t-elle
sortir? Quand la réglementation de la loi sur les produits
aquacoles va-t-elle sortir? On sait qu'il y a présentement beaucoup
d'industriels québécois qui voudraient se lancer dans ce
marché. Malheureusement, à cause de l'inconnu sur la loi des
crédits aquacoles et de la réglementation, ces projets sont tous
sur la table. Les officiers de son ministère le savent très bien.
Les industriels pressent de plus en plus le gouvernement actuel de demander au
ministre de sortir sa réglementation; cela urge. Il est beaucoup plus
important, par exemple, de parler de réglementation que de votre dernier
"party". Cela intéresse bien des gens de chez vous, mais, dans
l'ensemble du Québec, la réglementation aurait eu plus de saveur
pour les producteurs de produits marins et aurait créé beaucoup
plus d'emplois que votre "party". (15 h 45)
Également, il y a des choses très importantes, il y a des
points d'interrogation dans vos chiffres que vous nous avez donnés au
début concernant le renouvellement de la flotte. Je vous demanderais de
bien vérifier, parce que vous nous avez affirmé que vous avez
accordé 233 000 $ pour l'aide à la construction de 72 bateaux de
pêcheurs. Il y a certainement eu une erreur qui s'est glissée
quelque part dans vos papiers et je suis sûr que c'est involontaire.
J'aimerais avoir le chiffre exact. Un montant de 233 000 $, cela me
paraît nettement insuffisant. C'est pour cela que je vous demanderais de
revérifier, cela a dû se glisser par erreur.
Vous nous avez parlé d'une augmentation de 3 000 000 $ concernant
les transferts qui vont être investis. Lorsqu'on regarde votre budget,
les crédits, on ne voit pas ces 3 000 000 $ additionnels, puisque, en
réalité, entre 1984-1985 et 1985-1986, il y a une diminution de
l'ordre de 100 000 $. Alors, à moins que je fasse erreur et que je n'aie
pas tous les chiffres, je voudrais bien savoir d'où viennent ces 3 000
000 $ et à quel endroit ils s'appliquent exactement, puisque, dans
l'ensemble du budget, des crédits que vous présentez, il y a une
nette diminution de 6, 1 % à comparer avec 1984, à moins que vous
ayez eu des addenda ou d'autres chiffres que vous pourrez nous fournir. Si on
fait la comparaison entre les chiffres de 1984-1985 et ceux de 1985-1986, il y
a une diminution de 100 000 $ ou à peu près. Or, il est important
que ces correctifs soient apportés.
M. le Président, je ne prendrai pas de temps indûment pour
faire le tour de la situation des pêches, on aura l'occasion de le faire
en un autre lieu qui s'appelle l'Assemblée nationale. Cependant, j'ai
énormément de questions è poser au ministre. Alors, quand
vous serez prêt, M. le Président, on sera prêt à
passer aux questions. Merci.
M. Jean Garon (réplique)
M. Garon: M. le Président, je suis content de voir que
j'ai convaincu le député de Saguenay puisqu'il indique que des
réglementations seraient très utiles sur des projets de loi qu'il
a combattus. Je suis content de voir qu'il dit que, lorsque nos
réglementations seront adoptées, cela va permettre de faire un
certain développement. La loi 48 est une des lois que le Parti
libéral a combattues. Aujourd'hui, il souhaite la réglementation
sur l'aquaculture, qui fait partie de cette loi, parce qu'il dit qu'elle va
être créatrice d'emplois, ce que nous avons toujours
affirmé lorsque nous avons présenté le projet de loi 48.
Il est adopté maintenant. Il y a des réglementations qui vont
être adoptées avant longtemps, et elles sont complexes. Je pourrai
vous dire que, justement, le Parti libéral m'accusait de vouloir adopter
des réglementations à toute vapeur que les gens ne
connaîtraient pas.
Alors, il peut constater, fidèles à ce que nous avons dit
lors de l'adoption de ces projets de loi, que nous n'avons pas
procédé à toute vapeur, justement pour mettre en place des
règlements qui auront été bien pensés, bien
conçus parce qu'ils tiendront compte de la réalité. Vous
remarquerez, si vous avez lu le rapport du Conseil économique du Canada,
qu'il indiquait qu'à différents endroits au Canada il pourrait y
avoir un grand nombre d'emplois de créés si des lois et des
réglementations sur l'aquaculture étaient mises au point, que le
fait qu'il y ait une absence de lois et de réglementations en
aquaculture empêchait le développement de ce secteur pour lequel
il y avait un avenir extraordinaire au Canada. Je vous dirai que le
Québec, là-dedans, a fait figure de pionnier. Le Conseil
économique du Canada disait en même temps que, à son avis,
cela prendrait au moins une dizaine d'années avant de clarifier ces
questions. Je ferai remarquer au député de 5aguenay que le
gouvernement actuel a adopté la loi 48 justement pour clarifier ces
questions sur le plan législatif. Maintenant, nous sommes à
compléter - il y a la loi 49, aussi, qui touche certains aspects - les
réglementations concernant tant la loi 48 que la loi 49 en
matière de pisciculture ou d'aquaculture sont en cheminement et je
souhaite les voir adoptées avant la fin de la présente
session.
M. le Président, le député s'interrogeait sur des
subventions de 233 000 $ aux bateaux. Il s'agît de subventions à
des bateaux de moins de 35 pieds, ce qui représente des montants
beaucoup moins considérables: dans certains cas de 2000 $, de 3000 $, de
4000 $ ou de 5000 $; parfois aussi de 1000 $ pour de petits bateaux de
pêcheurs côtiers. Il n'y a pas d'erreur, c'est
vraiment le chiffre qui a été mentionné.
Concernant la modernisation des pêches, l'année que l'on
vient de traverser est une année extraordinaire en termes
d'investissements. Un grand nombre d'entreprises ont investi des sommes
d'argent considérables pour se moderniser. Seulement en termes
d'investissements qui étaient prévus et dont la compilation
devrait, être faite prochainement, ce sont des sommes entre 30 000 000 $
et 40 000 000 $ d'investissements qui ont été
réalisés, en 1984-1985, dans le territoire des pêches
maritimes, avec des subventions de plus de 13 000 000 $ de la part du
gouvernement du Québec. C'est évident que ces montants
représentent une révolution dans le secteur des pêches,
mais vous remarquerez - je connais plusieurs entreprises - que les entreprises
qui font le plus d'argent, qui ont les meilleurs revenus dans le territoire
maritime, ce sont les entreprises qui se sont modernisées.
Quand le député libéral de Saguenay mentionne que
les entreprises se sont trop endettées, il indique qu'il est contre le
développement du secteur des pêches. Si vous développez une
usine, si vous achetez de l'équipement, si vous modernisez l'usine, si
vous faites des investissements, c'est évident qu'il y a une aide des
gouvernements sous forme de subventions, mais il y a une partie qui est de
l'emprunt ou du capital-actions qui est généré par
l'entreprise elle-même. Il n'y aura pas de développement sans
investissement. À moins d'avoir l'argent comptant, les investissements
vont susciter des emprunts. Si on dit: Parce que les gens ont emprunté,
ils se sont endettés et c'est mauvais, il n'y aura jamais de
développement. C'est sans doute pourquoi les gens disent, dans le
territoire rural, que le Parti libéral est contre les investissements,
autant dans le secteur agricole que dans le secteur des pêches, parce
qu'il trouve que les gens s'endettent. Habituellement, les gens les plus
riches, ce sont également les gens qui ont beaucoup de dettes. Si j'ai
un immeuble à revenus de 50 000 $ et que je dois 40 000 $ sur
l'immeuble, j'ai mis 10 000 $ qui m'appartiennent et j'ai un immeuble de 50 000
$. Si je vais acheter un immeuble de 100 000 $ ou de 200 000 $, j'aurai sans
doute plus de dettes mais plus d'actifs aussi qui vont générer
des revenus.
Dans une entreprise, dans le secteur des pêches, l'endettement ou
les emprunts nécessaires pour faire des investissements ne sont pas des
aspects négatifs du développement économique. Ils
représentent des investissements dans l'entreprise sous forme de
bâtisses, d'équipements et de machinerie qui permettent d'aller
chercher une valeur ajoutée plus grande au poisson. C'est ce que j'ai
indiqué au député. Vous remarquerez, par exemple,
Lelièvre, Lelièvre et Le Moignan, à
Sainte-Thérèse, un projet qui est en voie d'être
complété de 1 152 771 $, avec une subvention du gouvernement du
Québec de 230 554 $. Pêcheries Malbaie, à
Saint-Georges-de-Malbaie, a un projet de 212 620 $, avec une subvention de 42
524 $. La Société des pêches de Newport avait un
investissement prévu de 13 825 000 $ pour l'usine et la machine à
glace, avec une subvention prévue de 6 912 500 $. La machine à
glace est à part; 900 000 $ pour la machine à glace, avec une
subvention de 675 000 $. Pêcheries Fortier & Frères,
Sept-Îles, 1 338 974 $, avec une subvention du gouvernement du
Québec de 234 000 $. Pêcheries Sheehan, Cap-d'Espoir, dans la
comté de Gaspé, 203 827 $ avec une subvention de 40 765 $.
Madelipêche, avec des investissements prévus de 7 600 000 $ et une
subvention du gouvernement du Québec de 3 800 000 $, mais qui fera
travailler près de 600 personnes. La conserverie
Rivière-Portneuf, à Rivière-Portneuf, comté de
Saguenay, 127 743 $; offre de subvention de 25 548 $.
Une voix:...
M. Garon: Pardon? La poissonnerie Jean-Guy Laprise Inc. à
Chute-aux-Outardes, comté de Saguenay, 120 468 $, avec une subvention de
20 294 $. Je pourrais continuer comme cela, M. le Président, presque
indéfiniment. J'ai des pages " et des pages de projets qui sont en voie
de réalisation, des projets importants. Je pense à un beau
projet, par exemple, la Coopérative du Gros-Cap à Gros-Cap,
Îles-de-la-Madeleîne. J'ai eu l'occasion de voir cet hiver l'usine
en construction: 584 200 $, et une subvention de 116 840 $. Les pêcheurs
étaient fiers parce qu'en plus ils vont vendre une partie de leur
poisson directement au consommateur, dans un petit restaurant au
deuxième étage, pour que les gens puissent s'acheter un homard et
le manger en même temps qu'ils vont regarder ce qui se passe dans
l'usine, ou y aller en soirée une fois que les travaux sont
terminés, M. le Président, je ne lirai pas toute la liste, parce
que j'y passerais l'après-midi, mais je peux vous dire qu'il y a une
transformation radicale qui est en train de se faire dans le secteur des
pêches au Québec pour le plus grand bonheur des gens du
territoire.
Maintenant, avant de parler de la deuxième et de la
troisième transformation, il faut d'abord compléter la
première comme il faut. Par exemple, il faut d'abord que l'usine de
Newport commence à fonctionner avant de faire la deuxième
transformation. Lancer une usine de 14 000 000 $, avec une machine à
glace de 1 000 000 $ pour un total d'à peu près 15 000 000 $
à Newport, cela prend quand même quelques semaines de
rodage pour mettre cela au point, Mais le projet d'une deuxième
transformation est toujours là. Vous remarquerez qu'à Newport les
gens ont été engagés. Il y avait certaines craintes. La
modernisation amène toujours certaines craintes. Mieux que cela, aux
îles-de-la-Madeleine, il y a un journal local qui a publié un
numéro spécial où quasiment tous les commerces des
Îles-de-la-Madeleine ont payé des annonces pour souhaiter bonne
chance à Madelipêche pour la saison qui s'en venait. C'est une
belle usine dont les gens du territoire maritime sont fiers. Aujourd'hui, on
peut estimer qu'on a ce qu'il y a de mieux comme usine parce qu'on a la
technologie la plus au point, la plus moderne. Je peux vous dire qu'on
travaille actuellement à un projet de deuxième transformation
à Newport, aux Îles-de-la-Madeleine. Je vous dirai que
Pêcheries Fortier, à Sept-Iles, par exemple, avec tous les
différents produits qui doivent y être offerts, ce sera une
entreprise de première, de deuxième et de troisième
transformation dans la même usine. Tout cela est en marche, M. le
Président, et on remarquera qu'au cours des cinq dernières
années, depuis 1980 et 1981, au Québec, les pas qui ont
été faits représentent des pas qui, normalement, auraient
pu prendre 25 ou 30 ans, mais qui ont été réalisés
dans une période de temps très accélérée
pour s'en venir vers la meilleure position, être les premiers dans le
monde au point de vue de la qualité de nos produits. (16 heures)
Le Président (M. Dupré): M. le député
de Saguenay.
Période de questions
M. Maltais: M. le Président, je vais tenter d'être
beaucoup plus bref que le ministre si on veut toucher à quelques
secteurs, vu le peu de temps qu'on a. J'imagine qu'il me parlait d'un journal
des Îles-de-la-Madeleine. Cela ne doit pas être le même que
celui que je vois ce matin dans lequel on dit: "Les règlements nouveaux,
souvent jugés mal adaptés sont mal accueillis. Ils
considèrent le ministre responsable, Jean Garon, trop
discrétionnaire, politique avant tout, cachotier. " Cela ne doit pas
être pour cela que les gens ont payé une annonce.
M. Garon: Quel journal citez-vous là?
M. Maltais: C'est dans le 5oleil du... Je ne sais pas trop de
quelle date.
M. Garon: C'est un journal qui est loin du territoire. Je vous
parlais du journal Le Radar aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Maltais: Le journaliste est cantonné à
Gaspé; j'imagine qu'il est sur le bord de la mer. Il dit plus loin que
"dans le milieu des pêches, c'est le ministre Garon qui mène tout,
laissant entendre que la "game" est encore tout aussi politique qu'elle
l'était. " On parlait naturellement des chicanes
provinciales-fédérales.
M. Garon: II n'y a pas de chicanes
fédérales-provinciales dans les pêches.
M. Maltais: Tout à l'heure, le ministre vantait la loi 48.
Faut-il lui rappeler que, lorsqu'il a amené la loi 48 à
l'Assemblée nationale, ce n'était pas avec le même esprit
qu'il lui donne présentement puisque c'était une loi,
avant tout, qui se voulait vraiment dans un Québec
complètement séparé? Faut-il le lui rappeler? Lorsqu'on
lui avait dit que cela prenait une loi-cadre au Québec, le Parti
libéral était entièrement d'accord avec cela. Il voyait
l'urgence de cette loi et, un an après, la réglementation n'est
pas encore sortie. Particulièrement la loi 48, aujourd'hui, devient
presque inopérante à cause du tournant fédéraliste
de ce gouvernement qui avait prêché pendant dix ans la
séparation du Québec. Alors, qu'on ne vienne pas nous faire
accroire que c'était pour sauver le peuple! C'étaient, tout
simplement, des visées étatiques et séparatistes qui ont
été contrées par un premier ministre qui a changé
l'article 1 de son programme. C'était cela, l'esprit de votre loi et,
présentement, les pêcheurs du Québec doivent vivre avec.
Alors, qu'on ne vienne pas lui attribuer d'autres relations.
Diminution des transferts
Particulièrement, j'ai parlé d'une diminution de 100 000 $
et j'aimerais bien savoir pourquoi il y a diminution de 100 000 $ dans le volet
10. Dans l'ensemble des deux volets, on aura une diminution de 6, 1 % et je
n'ai pas eu de réponse là-dessus encore. Le ministre parlait
tantôt de 3 500 000 $ de transferts. Ils n'apparaissent pas dans ses
crédits; alors, je ne sais pas où il les a pris parce que moi, en
1984-1985, dans les transferts, à l'élément 10, j'avais 23
789 000 $. En 1985-1986, j'ai 23 683 400 $, ce qui est une diminution grosso
modo de 100 000 $. Alors, qu'on ne vienne pas nous dire qu'on augmente les
budgets, on les diminue.
Il y a aussi des questions d'actualité qui sont restées
dans les airs, dont le ministre a bien pris garde de parler. Quel est le
coût de l'inspection qui sera attribuée aux pêcheurs et aux
propriétaires d'usine cette année? Qu'est-ce que cela
représente? Qu'est-ce que cela représentait en 1984? Il est
évident que les pêcheurs et les propriétaires d'usine ne
peuvent pas compétitionner avec les usines qui
appartiennent, soit à SOQUIA ou à Madelipêche, qui
sont des propriétés du gouvernement. Ils ne sont pas soumis
à la même compétition.
On parlait d'investissements tout à l'heure. J'aimerais rappeler
au ministre que, dans les usines dont il est propriétaire par ses
différentes sociétés d'État, il est facile
d'investir. Il est facile de faire une réglementation quand on puise les
fonds à même le Trésor public pour se moderniser Mais,
c'est plus difficile quand on les puise dans sa poche. Faut-il savoir compter,
faut-il savoir se moderniser à un rythme qui nous permette de faire face
aux paiements! Vous ne me ferez pas avaler cela. On a beau ne pas être
professeur de droit, on sait compter, quand même! II y a des
propriétaires d'usine qui ont un rythme de capacité de payer.
C'est à ce rythme que le ministre aurait dû aller et non pas
à son rythme, lui qui puise impunément dans les poches de
l'État pour faire fonctionner ses usines modèles. C'est cela, la
différence entre l'entreprise privée et l'entreprise
d'État.
Alors, j'attends les réponses à mes questions sur le
chiffre de 3 000 000 $, à savoir où il l'a pris et où il
va exactement.
M. Garon: Les 3 000 000 $ dont j'ai parlé...
M. Maltais: Dans votre déclaration d'ouverture, vous avez
dit tout à l'heure que vous aviez 3 500 000 $ de transferts
additionnels. Où vont-ils là-dedans?
M. Garon: Mais oui.
M. Maltais: Mais où sont-ils?
M. Garon: J'ai dit: Plus de 3 000 000 $ ont déjà
été engagés pour aider les entreprises de transformation
de la pêche pour l'année 1985-1986.
M. Maltais: Ah bon! Vous aviez dépassé votre budget
en 1984-1985 et vous avez anticipé sur le budget de 1985-1986.
M. Garon: Le programme était encore en vigueur.
M. Maltais: D'accord. Mais ce n'est pas de l'argent neuf.
M. Garon: C'est le nouveau budget...
M. Maltais: Ce n'est pas de l'argent neuf. Cela ne donne pas une
augmentation du budget.
M. Garon: C'est dans le budget.
M. Maltais: C'étaient des crédits engagés en
1984 sur l'année 1985.
M. Garon: Dans le budget 1984-1985, pour la rationalisation du
secteur de la transformation des produits marins, c'était 16 400 000 $.
En 1985-1986, cela va être 18 735 000 $.
M. Maltais: Est-ce qu'il y en a d'engagés sur 1986-1987
là-dedans? Sur ces 18 000 000 $, est-ce qu'il y en a d'engagés
sur 1986-1987?
M. Garon: Non, non, c'est le budget de 1985-1986.
M. Maltais: Écoutez, vous venez de nous dire - je pense
que votre sous-ministre nous fait signe que c'est cela - qu'en 1984 vous aviez
engagé des crédits de 3 500 000 $ sur l'année 1985. Je
voudrais savoir...
M. Garon: Depuis le début de l'année, on envoie des
lettres d'engagement...
M. Maltais: Bien oui.
M. Garon:... à des gens. Bien oui, mais, lorsque j'envoie
une lettre au mois d'avril, c'est évident que je sais que c'est pour des
réalisations qui, dans le cadre du programme, vont se faire au cours de
l'année 1985-1986. C'est évident:
M. Maltais: Je comprends très bien cela, M. le
ministre.
M. Garon: Alors, qu'est-ce que vous ne comprenez pas?
M. Maltais: Je veux dire que les 3 500 000 $ ne sont pas
additionnels.
M. Garon: Bien oui, mais ils sont dans le budget de
1985-1986.
M: Maltais: Comparez le budget 1984-1985 à celui de
1985-1986...
M. Garon: Oui.
M. Maltais:... il n'y a pas 3 500 000 $ de plus.
M. Garon: Je n'ai pas dit cela.
M. Maltais: Bien non, mais c'est cela que je vous dis. Je vous
demande si c'est 3 500 000 $ de plus, vous me dites oui. C'est non, ce sont des
engagements pris en 1984, payés en 1985. Est-ce cela?
M. Garon: Eh ouU Je ne comprends pas votre affaire.
M. Maltais: On ne se comprendra jamais. C'est clair comme bonjour
qu'en 1984 vous avez engagé des crédits de 3 500 000 $...
M. Garon: Oui. Mais...
M. Maltais:... pour l'année 1985.
M. Garon:... j'ai fait la même chose en 1983-1984 par
rapport à 1984-1985.,.
M. Maltais: Ce n'est pas 3 500 000 $ de plus.
M. Garon:... et en 1984-1985 par rapport à 1985-1986. Cela
va sans doute être un montant qui va être beaucoup plus faible pour
1985-1986 et 1986-1987.
M. Maltais: Prenez votre budget total; il est de 39 150 400 $ en
1985-1986 et il était de 41 688 600 $ en 1984-1985.
M. Garon: Oui.
M. Maltais: Cela ne fait pas une augmentation de 3 500 000 $,
cela fait une diminution.
M. Garon: Bon! Commençons au commencement! Le budget total
comprend plusieurs programmes différents. Le budget des usines augmente
là-dedans, il passe de 16 400 000 $ en 1984-1985 à 18 735 000 $
en 1985-1986; pour l'aide à la construction des bateaux de pêche,
il y a 3 000 000 $ en 1984-1985, cela monte à 3 050 000 $ en 1985-1986.
C'est une augmentation là aussi. Mais, c'est évident que la
désuétude des usines, cela va coûter moins cher, parce
qu'on a de vieilles usines qui ont été démolies; il y a eu
des compensations de payées en 1984-1985. Une grande partie de la
modernisation de ces usines s'est faite en 1984-1985; de vieilles entreprises
ont été démolies au cours de l'hiver dernier et il y a eu
des compensations. Donc, il en reste moins, de sorte qu'il y a une baisse de
budget, sur les désuétudes.
Également, l'an dernier, on a payé 3 142 000 $, non
récurrents, pour les parcs industriels à Cap-aux-Meules, à
Newport, à Rivière-au-Tonnerre, à Blanc-Sablon, de sorte
que c'est fait. Alors, il n'y a pas de montant additionnel pour les parcs
industriels, actuellement. Si on s'entend avec le gouvernement
fédéral sur un parc industriel à Sept-Îles,
là, on pourrait peut-être faire des virements de crédits
pour le centre de services à Sept-îles, parce qu'on est favorable
à l'implantation d'un tel centre. Alors, ce qui arrive, c'est qu'il y a
des dépenses, dans un budget, qui sont non récurrentes. Vous
devez vous référer surtout aux sommes d'argent pour les centres
de services bâtis au cours de l'année 1984-1985. Si vous
additionnez ce montant, plus le montant des désuétudes, en termes
de baisse de budget pour ces deux postes, parce que les choses sont
réalisées, cela monte à peu près à 4 000 000
$.
M. Maltais: En 1984, vous aviez une entente auxiliaire d'environ
3 000 000 $. Elle n'apparaît pas aux crédits 1985-1986. Est-ce
qu'elle est terminée et non renouvelable?
M. Garon: Elle est terminée et l'argent a
été utilisé à 100 %, ce qui ne s'était
jamais réalisé dans le secteur des pêches
antérieurement, sous tous les gouvernements libéraux qui m'ont
précédé.
M. Maltais: Pouvez-vous m'expliquer quelle était cette
entente?
M. Garon: Pardon'
M. Maltais: Pouvez-vous m'expliquer quelle était cette
entente?
M. Garon: C'était une entente qui portait sur
différents types de sujets.
M. Maltais: Quels types?
M. Garon: II y avait toutes sortes de choses
là-dedans.
M. Maltais: Quoi, par exemple?
M. Garon: II y avait toutes sortes de choses
là-dedans.
M. Maltais: La protection?
M. Garon: Pardon!
M. Maltais: La protection?
M. Garon: Pas la protection.
Une voix: Des aménagements physiques,
M. Garon: Des aménagements physiques, pas des
fonctionnaires.
M. Maltais: Bien. Je vous pose la question.
M. Garon: Ce qui est arrivé, dans le cours de l'entente,
comme j'ai vu que l'argent qui avait été prévu pour
l'entente auxiliaire ne serait pas utilisé, j'ai demandé qu'on
place dans l'entente des parcs de pêche des centres de services qui
pourraient, eux, être construits immédiatement afin de permettre
l'utilisation des sommes qui étaient dans l'entente. On a
travaillé très rapidement, mais on a réussi, en
même
temps, à utiliser les fonds qui étaient prévus par
l'entente,
M. Maltais: Est-ce que ces ententes vont être
renouvelées? Est-ce qu'elles vont être renégociées
au cours de l'année 1985-1986?
M. Garon: Il y a des discussions, actuellement, avec le
gouvernement fédéral sur la possibilité d'une nouvelle
entente, sauf que le gouvernement n'a pas beaucoup d'argent de ce
temps-là.
Effet du transfert de la protection au
fédéral
M. Maltais: Les gouvernements, règle
générale, on peut dire qu'ils sont pauvres. Avec la loi 48, vous
avez eu le transfert de la protection, qui est passée au gouvernement
fédéral. Que sont devenus vos 62 agents dans la région du
Bas-Saint-LaurentGaspésie qui étaient affectés
à la protection?
M. Garon: Depuis l'avènement de la loi 48, nous
travaillons à la mise au point de règlements, notamment, par
exemple, des règlements sur la pêche au crabe puisque les
pêcheurs nous ont demandé de réglementer cette pêche
en vertu de la loi 48, J'ai avisé le ministre fédéral des
Pêches, lors d'une rencontre que nous avons eue à mon bureau, que
c'était mon intention de réglementer la pêche au crabe
à partir de notre loi 48. Je vous ferai remarquer que la loi a
été adoptée bien après le référendum.
Ce n'était pas une loi qui avait été faite pour le plaisir
de la chose, mais pour que le Québec occupe le maximum de ses
juridictions. J'ai indiqué au ministre fédéral des
Pêches que nous avions l'intention de préparer une
réglementation, que cette dernière commencerait par le crabe et
que, au fur et à mesure que les pêcheurs souhaiteraient avoir une
réglementation en vertu de la loi 48, cette réglementation serait
adoptée. Le première demande nous est déjà
parvenue; les pêcheurs hauturiers m'ont fait savoir qu'ils souhaiteraient
une réglementation sur la pêche au crabe et, actuellement, nous
travaillons pour réglementer la pêche au crabe en vertu de la loi
48.
M. Maltais: Sur la réglementation, cela va, mais est-ce
que vous êtes en train de me dire que les 62 agents que vous avez dans ce
secteur travaillent sur la réglementation de la loi 48?
M. Garon: Non, ils travaillent sur différentes choses. Ils
travaillent...
M. Maltais: Comme quoi?
M. Garon:... d'abord sur la surveillance de la pêche au
saumon puisque...
M. Maltais: Cela ne relève pas du MLCP?
M. Garon: Ah! Il y a des annonces qui n'ont pas
été faites encore et qui vont être faites dans les
prochains jours sur la pêche commerciale au saumon. Il y a eu un ensemble
de mesures qui ont été adoptées. La Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune a été
adoptée récemment et la loi 48 en même temps, sur
l'aquaculture et la pêche commerciale. Nous avions indiqué,
à ce moment-là, que le gouvernement avait décidé de
concentrer toute l'administration de la pêche commerciale au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
que la pêche sportive serait confiée au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, dans le cadre d'un plan de
pêche qui serait élaboré en consultation entre ces deux
ministères, mais sous la juridiction du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, qui est reponsable de la conservation de la
faune. (16 h 15)
Nous aurons l'occasion d'annoncer bientôt que, justement, ce
premier plan de pêche e été réalisé. Il y
aura le transfert de la juridiction de la pêche commerciale au saumon au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, de
même que la pêche commerciale dans les eaux sans marée du
Québec sera sous l'administration du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Si on tient compte également
du fait que certaines pêches sont à surveiller dans le territoire
à ce point de vue là, nous avons nos effectifs, mais en nombre
moins grand qu'ils ne l'étaient, qui travaillent actuellement pour
s'occuper de ces ressources. Au fur et à mesure que la
réglementation sur la loi 48 aura été adoptée, ils
vont être affectés aussi à la protection de ces ressources.
Ils offrent actuellement un plus grand service au point de vue de la protection
du saumon et de la pêche commerciale et vont commencer à y
travailler dans les eaux sans marée.
Est-ce qu'il y aura une nouvelle entente avec le gouvernement
fédéral? J'ai eu de longues discussions avec le ministre
fédéral des Pêches. Je lui ai indiqué comment les
choses étaient envisagées par le gouvernement du Québec et
je lui ai dît que j'aimerais savoir si le gouvernement
fédéral était intéressé à signer une
nouvelle entente ou si nous occuperions chacun le maximum de nos champs de
juridiction. J'ai bien expliqué au ministre des Pêches lors de
cette rencontre ce que nous avions l'intention de faire. Je ne lui ai pas
demandé une réponse immédiate parce que c'étaient
des sujets nouveaux pour lui, mais, actuellement, il y a
des discussions au sujet d'une entente entre le gouvernement du
Québec et le gouvernement fédéral dans le secteur des
pêches. Il serait trop tôt à ce moment-ci pour indiquer les
conclusions de ces discussions.
M. Maltais: M. le ministre, vous allez convenir avec moi que vous
avez pour 2 000 000 $ de crédits concernant la protection. J'aimerais
bien que le ministre dépose la feuille de route de ces gens depuis le
mois de juin 1984. Qu'est-ce qu'ils ont fait exactement, puisque la protection
ne relève plus du gouvernement provincial, mais du gouvernement
fédéral? Qu'est-ce que ces agents-là, les travailleurs
occasionnels, le personnel de soutien, ont fait, combien ont-ils
coûté et quels services ont-ils rendus à la province?
M. Garon: C'est évident qu'on n'engage pas le même
nombre de personnes qu'on engageait antérieurement dans ces
services!
M. Maltais: Vous les avez encore. Ce sont des fonctionnaires qui
ont leur permanence. Qu'est-ce que vous avez fait avec les bateaux
patrouilleurs? Vous me dites que vous allez transférer les agents
à la conservation de la faune et à la pêche au saumon en
eaux sans marée. Vous conviendrez avec moi que vos bateaux patrouilleurs
ne sont pas des bateaux qui vont aller dans les rivières. Il faut bien
s'entendre là-dessus. Qu'est-ce que ces trois bateaux vont faire?
Combien vous coûtent-ils cette année? Vont-ils continuer à
servir d'hôtels aux agents des pêcheries qui attendent toujours une
affectation quelque part? Je n'ai rien contre le fait que vous les envoyiez au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, je suis
entièrement d'accord avec cela. Le MLCP a tellement coupé ses
crédits qu'on manque d'agents de conservation sur le territoire. Il est
évident que, si vous y envoyez ces 62 agents, cela va boucher quelques
trous et que cela va rendre d'utiles services à la population. Il est
aussi évident que vous n'enverrez pas vos bateaux patrouilleurs dans les
rivières à saumon. La pêche au saumon va commencer le 1er
juin, à partir de la Basse-Côte-Nord, mais on sait très
bien que la pêche au saumon est limitée à une très
petite quantité. Vous n'aurez pas besoin de tout ce monde-là pour
surveiller la pêche commerciale au saumon. Qu'est-ce que vous allez en
faire? Combien vont-ils coûter? Pourriez-vous vous engager à
déposer ici ou à l'Assemblée nationale la fiche de travail
de tous ces employés, à partir du directeur de la protection en
baissant, des employés permanents et occasionnels? Qu'ont-ils fait en
1984, qu'est-ce qu'ils vont faire en 1985? Combien ont-ils
coûté?
M. Garon: Pour la saison de pêche 1984, la direction a
délivré 1765 permis de pêche commerciale, 930 permis
d'aide-pêcheur et 2317 immatriculations de bateaux de pêche
commerciale et sportive en eaux à marée. La direction a
utilisé quatre navires de patrouille de 50 à 100 pieds pour
effectuer la surveillance des pêches côtières dans les eaux
à marée du Québec. La direction a procédé,
en 1984, à la mise sur pied d'un système de gestion
informatisé pour l'émission des permis de pêche,
l'immatriculation et l'enregistrement des pêcheurs commerciaux du
Québec.
Vous comprenez que l'activité de protection ne consiste pas
seulement à se promener en bateau pour faire de la surveillance.
L'émission des permis et des enregistrements en fait partie
également.
Maintenant, on surveille également d'autres types de pêche.
J'ai mentionné le saumon, parce qu'on fournit une aide qui devrait
être donnée par le ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche; ce dernier ne fournissait pas cette aide pour la protection du
saumon; elle est davantage fournie par le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Maintenant, j'aurais pu mentionner la
pêche à l'anguille, qui est une activité qui relève
du ministère. Il y a aussi l'application de la nouvelle loi 48 qui peut
constituer un besoin additionnel de ressources également. On n'a pas
engagé le même nombre de personnes en ce qui concerne les
occasionnels; le nombre de ces derniers a été diminué, car
il est évident qu'on n'en a pas besoin de beaucoup, parce qu'il y a une
partie des activités qui sont faites par le gouvernement
fédéral plutôt que par notre service.
Il ne faut pas penser qu'il n'y a pas de délivrance de permis; au
contraire, il y a de la délivrance de permis, il y a de la surveillance.
Que vous surveilliez un grand nombre ou un petit nombre d'espèces, c'est
souvent la même surveillance. Si la pêche au saumon n'est pas
surveillée par le gouvernement du Québec, après cela, on
se plaindra que les activités de surveillance ne sont pas
réalisées. Nous fournissons là des ressources en plus
grand nombre, parce que le ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, dans une entente qu'il y a entre les deux, souhaite que nous le
fassions. Si nous ne le faisions pas, il devrait le faire lui-même. Cette
surveillance demande beaucoup de...
M. Maltais: M. le Président...
M. Garon:... personnes, parce que le territoire est vaste, le
nombre de rivières est important. Si vous surveillez en même temps
d'autres espèces... Vous savez, l'administration, il faut se mettre une
chose dans l'idée...
M. Maltais: Ne charriez pas, M. le ministre. Répondez-moi
donc! Combien avez-vous de permis de pêche commerciale au saumon au
Québec?
M. Garon: Les gens ne surveillent pas les permis de pêche
commerciale au saumon.
M. Maltais: Combien avez-vous de permis de pêche
commerciale au saumon au Québec?
M. Garon: Les gens surveillent la ressource sur tout le
territoire.
M. Maltais: Vous en avez combien?
M. Garon: Ils ne surveillent pas seulement les permis de
pêche commerciale au saumon.
M. Maltais: Attendez, attendez, on reviendra aux autres poissons
tantôt.
M. Garon: Là, si le député ne comprend pas
comment cela se passe...
M. Maltais: Je comprends très bien comment cela se
passe.
M. Garon: Les gens ne surveillent pas...
M. Maltais: Ce n'est pas en racontant des balivernes, M. le
ministre, je vous demande ce que ces gens font. Il reste à peu
près combien de pêcheurs au saumon au Québec pour la
pêche commerciale? Je ne parle pas de la pêche sportive, cela ne
vous regarde pas encore. Pour la pêche commerciale, combien vous en
reste-t-iP Tous ces agents sont affectés à la pêche
commerciale au saumon. Il reste l'éperlan et l'anguille...
M. Garon: Bien non, bien non! Ce n'est pas comme cela que cela se
passe.
M. Maltais: Vous vous occupez de cela.
M. Garon: La plus grande surveillance se fait sur les prises
accidentelles, pas par rapport aux pêcheurs commerciaux. La surveillance
de la pêche au saumon, ce n'est pas ce que vous indiquez. Ce n'est pas la
surveillance des gens qui font la pêche commerciale au saumon qui demande
le maximum d'efforts, c'est plutôt la pêche...
M. Maltais: II n'y en a plus de pêche accidentelle au
saumon, M. le ministre. Vous avez reculé toutes les dates pour les
pêches à fascines, il ne reste plus de pêche commerciale qui
peut être accidentelle.
M. Garon: Les pêches accidentelles ne sont pas des
pêches à fascines non plus.
M. Maltais: Vous avez reculé toutes les dates.
M. Garon: Là, si vous voulez...
M. Maltais: Vous pêchez l'éperlan du 15 août
au 15 septembre.
M. Garon: Non, non. Ce qui est surveillé du point de vue
de la pêche au saumon...
M. Maltais: Alors, pour...
M. Garon:... ce n'est pas la pêche par des engins fixes,
c'est la pêche par des engins mobiles, la pêche aux filets
maillants, quand les filets sont mis à certaines hauteurs où ils
vont prendre du saumon alors qu'on veut faire croire qu'on prend d'autres
espèces. Si vous pêchez, par exemple, de la morue, normalement,
vos filets ne seront pas à la surface de l'eau.
M. Maltais: Cela ne se pêche pas beaucoup au filet, non
plus, la morue.
M. Garon: Pardon? Si vous ne comprenez pas cela, qu'est-ce que
vous voulez, je ne peux pas vous faire un cours pour vous dire...
M. Maltais: Non, non. Vous n'avez pas besoin de m'en faire
un.
M. Garon:... comment se fait la surveillance. Quand les gens
pêchent le saumon de façon illégale, qu'est-ce qu'ils font?
Ils mettent des filets dans la mer à une certaine hauteur. Le saumon ne
se promène pas dans le fond de l'eau. Il se promène beaucoup plus
en surface. Alors, si les gens ont des appareils, des engins de pêche,
des filets et qu'ils les mettent en surface et disent qu'ils pèchent la
morue, les filets ne sont pas à la bonne place. Il y a différents
types de pêche. La grande partie de la surveillance que nous faisons est
celle que nous faisons en mer pour surveiller l'ensemble des engins de
pêche qui pêchent ou qui pourraient pêcher en mer le saumon
qui y circule.
M. Maltais: II faut être logique. La surveillance
relève du gouvernement fédéral. Vous êtes en train
de nous dire que, malgré que la surveillance ne relève plus de
vous, de votre ministère, vous gardez le même personnel...
M. Garon: J'ai dit non.
M. Maltais:... et que vous l'affectez en entier au saumon. Cela
veut dire que vous ne faisiez pas votre job avant, que ce n'était pas
contrôlé, pas inspecté, que c'était mal
surveillé, mal fait. Écoutez...
M. Garon: Je n'ai jamais dit cela.
M. Maltais:... en perdant le contrôle de la surveillance de
la pêche commerciale, il vous reste la pêche au saumon. Je vous ai
demandé combien il restait de permis de pêche au saumon au
Québec. Vous ne voulez pas me répondre, parce que vous
n'êtes pas capable de justifier le nombre d'agents pour ces
pêcheurs. C'est cela, quelque 2 000 000 $.
M. Garon: Non, non. Sur la Basse-Côte-Nord...
M. Maltais: Et l'opération des permis, ne me chantez pas
de chansons, c'est de l'ouvrage pour trois mois, soit les mois de janvier,
février et mars. Ne me chantez pas de chansons avec cela. On sait
comment cela fonctionne, nous aussi. Alors, vous ne me ferez pas croire que
tout le service de la protection travaille douze mois par année pour
émettre des permis aux aides-pêcheurs et des plaques
d'immatriculation. C'est l'ouvrage de trois mois. Il ne faut pas charrier avec
cela.
Ce que j'aimerais que vous me déposiez à
l'Assemblée nationale, c'est le programme de travail depuis le mois de
juin 1984 de tous ces employés du service de la protection. N'en oubliez
pas, je les connais tous. C'est bien important de savoir ce qu'ils ont fait, ce
qu'ils ont coûté. Vous ne me ferez pas croire que tout ce monde
travaille à la protection de la pêche au saumon, qui dure du 1er
juin au 15 juillet.
M. Garon: Alors, il y a 250 permis de pêche au saumon sur
la Basse-Côte-Nord. Vous vouliez savoir le nombre? C'est 250.
M. Maltais: Oui.
M. Garon: C'est 250 permis sur la Basse-Côte-Nord.
M. Maltais: Combien avez-vous d'agents de protection?
M. Garon: Mais ils ne surveillent pas les permis de pêche
commerciale au saumon. C'est ce que je viens de vous expliquer. Ce n'est pas
comme cela que se fait le braconnage...
M. Maltais: Ils surveillent...
M. Garon:... ou la prise illégale de saumon.
M. Maltais: Ils ne surveillent pas le saumon chez les
pêcheurs commerciaux, d'accord. Je suis d'accord avec vous. Qu'est- ce
qu'ils font? Du braconnage?
M. Garon: Ce n'est pas comme cela que cela fonctionne. Il
faudrait que vous compreniez...
M. Maltais: Ah! C'est comme cela que ça fonctionne.
Écoutez...
M. Garon:... comment cela fonctionne.
M. Maltais:... je ne suis pas venu au monde à
Lévis, je suis venu au monde sur la Côte-Nord. Vous ne m'en
montrerez pas là-dedans. Faîtes attention...
M. Garon: Mais cela ne paraît pas.
M. Maltais:... nous aussi, on connaît cela. Cela ne
paraît pas, mais on peut vous en montrer. Vous êtes en train de
nous chanter des chansons.
M. Garon: Mais le...
M. Maltais: Vous êtes en train de nous dire que vous n'avez
plus de protection à assumer, mais que vous employez le même
nombre de personnes et le même budget,
M. Garon: Je vous l'ai dit depuis tantôt qu'on n'employait
pas le même nombre de personnes.
M. Maltais: Vous êtes en train de nous faire croire que vos
patrouilleurs vont se promener dans les rivières.
Le Président (M. Dupré): S'il vous plaît,
veuillez laisser répondre le ministre et, après, vous pourrez
intervenir.
M. Maltais: II peut répondre, mais qu'il nous donne des
réponses justes.
M. Garon: Je vous ai dit depuis tantôt qu'on n'a pas le
même nombre de personnes; deuxièmement, que nous avons la
juridiction que nous prenons sur toutes les pêches commerciales au
Québec; troisièmement, qu'il y a également
l'enregistrement des pêcheurs, la professionnalisation des pêcheurs
pour tout le financement des bateaux, qui est fait par les gens de la
protection. Il y a la cueillette des données dans la pêche, les
statistiques. Il y a également la loi 48 qui aura éventuellement
sa réglementation et qui devra avoir sa surveillance. (16 h 30)
Actuellement, les gens qui sont permanents - qu'est-ce que vous voulez
que je vous dise? - au service des pêches sont affectés, en tant
d'employés du ministère que nous avons de toute façon,
pour faire la protection de la ressource du saumon en mer, pour effectuer les
concessions, car, il
va y avoir de nombreuses concessions en vertu de la loi 48. Les gens qui
font ce travail, c'est évident qu'ils font moins de surveillance en mer,
mais ce n'était pas la seule opération qu'ils faisaient. Avec la
loi 48 qui a été adoptée, avec les affectations qui leur
ont été données concernant la protection, ils font ce
travail. On engage moins de personnes qu'auparavant, car ce sont ces gens qui
font ce travail.
Ce n'est pas parce que le gouvernement fédéral a pris la
juridiction des pêches qu'on est disparu du secteur des pêches.
Toutes les espèces - anadrome et catadrome - sont toujours de la
juridiction du gouvernement du Québec. Les piscicultures sont toujours
de la juridiction du gouvernement du Québec. La pêche au saumon
est toujours la responsabilité du gouvernement du Québec. Le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
font des ententes pour utiliser davantage ce service plutôt que des
services du MLCP, parce que nous avons du personnel disponible. Au fur et
à mesure que la réglementation sera adoptée, sous la loi
48, ils feront d'autres opérations. Ces gens sont permanents, de toute
façon. Ils font ce travail-là actuellement, mais ils font
d'autres opérations parce qu'ils ont moins d'activités de
protection qu'auparavant. Ils ont d'autres activités, mais ils ne sont
pas à rien faire.
M. Maltais: En tout cas, on n'en sait pas plus qu'on n'en savait.
Cela tourne autour du pot et cela ne veut rien dire.
M. Garon: Je vous donne la réalité telle qu'elle
est.
M. Maltais: Justement, telle qu'elle est. Vous avez du monde et
vous ne savez pas quoi en faire. Vous auriez dû prévoir cela dans
votre loi 48. Vous nous dites: On les a affectés à d'autres
affectations. Cela fait bien, mais cela veut dire quoi? C'est quoi, l'affection
précise qu'ils ont? Combien avez-vous présentement d'agents de
pêcheries? Vous avez diminué de combien comparativement à
l'an passé?
M. Garon: II y avait environ 75 personnes dans ce service;
aujourd'hui, il y a une soixantaine de personnes. Les emplois occasionnels sont
moins nombreux parce qu'il y a une partie du personnel permanent qui fait le
travail qui était fait auparavant par des occasionnels. Ensuite, ils
font des cueillettes de statistiques qu'ils ne faisaient pas auparavant. Il y a
des données de pêche qui ne se faisaient pas auparavant et pour
lesquelles il aurait fallu affecter des gens et pour lesquelles ils n'ont pas
été affectés. On la fait faire par le service de la
protection, cette cueillette de statistiques. Il y a des opérations
qu'ils font pour le MLCP aussi -comme je vous l'indiquais tantôt - qui
n'étaient pas faites auparavant, dans la même proportion. Comme ce
personnel est disponible, il fait ces opérations de surveillance pour
lesquelles il faudrait engager des gens au MLCP. Ces gens travaillent, mais ils
font un travail différent. Au fur et à mesure que les
juridictions et le secteur des pêches commerciales et de l'aquaculture
vont se développer, ils vont être affectés au
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
ils vont assumer ces responsabilités. On ne pourrait pas les mettre
dehors de toute façon, puisqu'ils ont leur permanence au
gouvernement.
M. Maltais; M. le Président, comment voulez-vous qu'on se
retrouve dans ces chiffres? Le ministre vient de me dire qu'il en reste une
soixantaine. En 1984, il y en avait 34. Donc, il vient de dire qu'il a
diminué: 60 moins 54, cela fait une augmentation de 6. Il n'y a plus
rien à comprendre là-dedans. Je ne comprends pas du tout
cela.
M. Garon: Que dites-vous?
M. Maltais: Prenez votre rapport annuel de 1983-1984, vous en
aviez 54 et vous venez de me dire qu'il en reste 60 et que vous avez
diminué leur nombre. Je ne comprends pas votre histoire du tout. 60
moins 54, cela fait une différence de 6, mais en plus. Cela s'apprend.
Comment veux-tu essayer de jouer avec cela? Il raconte seulement ce qu'il
veut.
M. Garon: Ne nous affolons pas.
M. Maltais: Ne nous affolons pas! Nous ne sommes pas
affolés du tout, mais il n'y a quand même rien à y
comprendre.
M. Garon: Oui, mais il n'y a pas seulement des agents de la paix.
Il y a d'autres personnes que des agents de la paix à la protection. Il
y a des agents de bureau, il y a des secrétaires.
M. Maltais: Ils sont tous différenciés, ils sont
tous spécifiés. Vous en aviez 263 en 1984...
M. Garon: Mais ceux que vous avez là ne sont pas tous
affectés.
M. Maltais:... à la protection.
M. Garon: Je ne comprends pas votre affaire, là.
M. Maltais: Moi, non plus. On ne se comprendra jamais, non plus.
Il n'y en a pas
un qui a les mêmes chiffres. Pourtant, j'ai les chiffres du
minîstèrel En tout cas! Il me reste seulement une question
à poser, on aura la réponse aux calendes grecques. Dans le
programme 10, catégorie 4: services, vous avez une augmentation de 130
000 $. Quels sont les services qui ont augmenté?
Il n'y a rien à savoir ici! On ira voir le Vérificateur
générai. On va le savoir!
M. Garon: Qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. Maltais: Dans le programme 10, catégorie 4, services,
il y a un accroissement de 130 000 $ si l'on compare avec l'année
dernière. Je voudrais savoir quels services exactement justifient
cela.
M. Garon: Dans quel document êtes-vous?
M. Maltais: Programme 10: Développement des pêches
maritimes, élément 1, gestion des ressources, exercice 1985-1986.
Fonctionnement du personnel, à la catégorie 4. C'est écrit
services. Cela vous donne 250 500 $. Cela fait une augmentation de 130 000 $ si
on compare cela avec 1984-1985. Je voudrais savoir à quoi s'appliquent
ces 130 000 $. De quelles affaires s'agit-il là?
M. Garon: Êtes-vous dans le livre bleu des
crédits?
M. Maltais: Oui.
M. Garon: Cela ne correspond pas aux chiffres que vous me
donnez.
M. Maltais: C'est vous qui me les avez donnés.
M. Garon: Redonnez donc vos chiffres. Cela ne marche pas. Je
pense qu'on ne parle pas de la même chose.
M. Maltais: Programme 10, dans le livre bleu.
Élément 1. Vous avez les catégories: traitements, autres
rémunérations, cela va, Fonctionnement de personnel. Vous avez 3,
4. Â 4, comparativement à 1984-1985, vous avez une augmentation de
130 000 $. Qu'est-ce que c'est, ce personnel? Qu'est-ce qui justifie cela?
M. Garon: C'est quoi, votre chiffre, là? M. Maltais:
250 500 $.
M. Garon: Comment se fait-il que je n'aie pas ces
chiffres-là?
M. Maltais: C'est vous qui me les avez donnés. Ce n'est
pas moi qui les ai faits.
M. Garon: Il faudrait s'entendre. On parle du livre bleu et moi,
j'ai le livre...
M. Maltais: C'est ce que je vous ai dit, le cahier bleu des
crédits. Nous les mettons dans le cahier bleu.
M. Garon: Ah! Celui-là! Nous ne sommes pas dans le
même document!
M. Maltais: On le met dans le cahier bleu. Vous devez
avoir cela quelque part.
M. Garon: C'est pour la prise d'eau de mer à
Cap-aux-Meules.
M. Maltais: La quoi?
M. Garon: Une étude de faisabilité sur la prise
d'eau de mer à Cap-aux-Meules, parce qu'il y a là des
problèmes d'eau.
M. Maltais: Merci.
M. Garon: Vous me parlez du livre bleu des crédits. Je
parle du livre bleu des crédits que le gouvernement a
déposé et vous avez un petit document interne, qu'est-ce que vous
voulez? Il faudrait que vous le disiez!
M. Maltais: Cela vient du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Je comprends. Ce sont des feuilles
détachées et vous ne me dites même pas de quoi il
s'agit!
M. Maltais: Pas besoin d'être...
M. Garon: Je parle du budget. Le livre bleu, pour moi, c'est le
budget.
M. Maltais: Je n'ai pas besoin d'un catalogue d'Eaton pour me
comprendre!
M. Garon: Je le sais.
Le Président (M. Dupré): Le programme 10 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Dupré): La commision a rempli son
mandat et ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 40)