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(Dix heures sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation est reunie ce matin, afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, volet pêcheries,
programme 10, pour l'année financière 1988-1989.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Pêcheries
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente; on m'a
communiqué le remplacement de M. Richard (Nicolet) par Mme
Bélanger (Mégantic).
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
secrétaire. J'inviterais le ministre à faire ses remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, Mme la Présidente. Si vous le
permettez, je vais faire mon allocution. À la fin de mon allocution, je
pourrai vous présenter les membres de mon personnel qui m'accompagnent,
pour les identifier davantage. C'est avec beaucoup de plaisir que nous nous
retrouvons ensemble à cette commission parlementaire dans le but
d'étudier les crédits budgétaires d'une section du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je
suis persuadé que nos échanges seront, comme à
l'accoutumée, très fructueux, Mme la Présidente, et nous
permettront d'apporter tous les éclairages nécessaires dans le
but de bien comprendre les différents programmes, et de bien saisir
l'importance de ce secteur au niveau économique dans plusieurs
régions du Québec dans lesquelles on n'a plus à
démontrer cette importance.
Les crédits 1988-1989 du secteur des pêches et de
l'aquiculture commerciales sont de 22 025 700 $, en hausse de 9,4 % par rapport
aux crédits de 20 130 700 $ en 1987-1988. En regard de ces
crédits de 20 130 700 $ accordés en 1987-1988, les
dépenses probables atteindront 20 100 700 $, ce qui laisse seulement 30
000 $ de crédits périmés ou 0,1 %. Ce faible pourcentage
de crédits périmés se compare avantageusement au
pourcentage moyen de 13 % des cinq dernières années. À
tout le moins, on peut dire que notre planification budgétaire est assez
précise et efficace.
Les budgets 1987-1988 et 1988-1989 du secteur des pêches et de
l'aquiculture commerciales reflètent la rationalisation majeure des
activités du gouvernement dans ce secteur et les nouvelles orientations
qui ont été données à l'organisation, maintenant
mieux axée sur le développement. À titre d'exemple de
rationalisation, mentionnons notamment le transfert de la surveillance des
pêches au ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
la privatisation des placements du gouvernement dans le secteur des
pèches qui s'est terminée avec la vente de Crustacés des
îles en février dernier, la réforme de l'aide
financière à la construction des bateaux semi-hauturiers et le
retrait de l'exploitation d'une bonne partie des installations de services.
Toutes ces mesures ont permis de réduire les besoins financiers tout en
dégageant des crédits pour de nouvelles activités
prioritaires comme l'aquiculture.
L'augmentation budgétaire de 1 895 000 $ demandée en
1988-1989 sera affectée à la réalisation d'infrastructures
industrielles, principalement aux Îles-de-la-Madeleine et sur la
Basse-Côte-Nord.
En ce qui concerne les dépenses de transfert et
d'infrastructures, elles représentent 59 % du budget, soit 13 000 000 $
sur 22 000 000 $, ce qui se compare avantageusement à l'année
1985-1986, alors que les dépenses de transfert et d'infrastructures
étaient de 14 000 000 $ sur 29 000 000 $, ou de 48 %. Cette
année-là, les dépenses de fonctionnement étaient de
l'ordre de 15 000 000 $ et elles sont maintenant de 10 000 000 $ seulement.
Voyons maintenant, en effectuant un bref survol des principaux secteurs
d'activité, quels ont été les résultats de
l'année 1987-1988 et quelles sont les perspectives pour 1988-1989.
En ce qui concerne la ressource et l'exploitation, Mme la
Présidente, dans le secteur de la pêche proprement dite,
l'année a été très bonne pour les pêcheurs,
la valeur totale des captures s'étant élevée à 122
000 000 $, une hausse de 42 % par rapport à 1986. Cette hausse,
soulignons-le, est attribuable à une progression fulgurante des prix des
principales espèces: la morue, entre autres, passant de 0,50 $ à
0.75 $ le kilo, la crevette de 1,71 $ à 2.39 $, le crabe de 1.74 $
à 3,17 $ et le homard de 5,99 $ à 6,83 $ le kilo.
En volume, le total des captures s'est élevé à 95
600 tonnes, une augmentation de 6 % par rapport aux 89 970 tonnes de 1986.
Notons toutefois une baisse de 30 % dans les captures de crabe et une baisse de
11 % dans les captures de morue
Pour cette dernière espèce, la baisse a été
particulièrement importante sur la Basse-Côte-
Nord. Dans cette région, la flotte de pêche est
composée presque entièrement de petits bateaux côtiers (il
y a seulement trois chalutiers de 55 pieds, entre autres) et n'est pas capable
de capturer la ressource disponible les années ou elle ne s'approche pas
de la côte ou quand les conditions climatiques sont mauvaises. Devant
cette situation, nous faisons des démarches pour obtenir des
aménagements à la politique fédérale
d'émission des permis de pêche qui autoriseraient le remplacement
de certaines embarcations côtières par des bateaux de plus grande
taille. Par la suite, nous aiderons les pécheurs à
acquérir la formation adéquate et le financement
nécessaire, il va de soi. (10 h 15)
Toujours en ce qui concerne la morue, qui est la principale
espèce capturée au Québec en volume et la deuxième
en valeur, soulignons que les captures sont en baisse depuis 1981. De plus, en
1986 et en 1987, à cause du système de contigents saisonniers,
les captures sont devenues très Irrégulières et rendent
difficile le fonctionnement des usines de transformation.
Afin de corriger cette situation, comme il ne semble pas que les stocks
traditionnels de morue du golfe puissent soutenir un accroissement des
captures, le Québec a décidé d'encourager et de soutenir
la création d'un consortium de pêche dans la zone des 200 milles.
Nous avons soutenu avec vigueur les demandes de ce consortium pour des
contingents hauturiers, face à l'opposition farouche de Terre-Neuve et
des entreprises hauturières de cette province et de la
Nouvelle-Ecosse.
En ce domaine de la gestion et de l'allocation des ressources
halieutiques par le gouvernement fédéral, l'année qui
vient sera une année charnière Le programme d'allocation aux
entreprises hauturières pour le poisson de fond prend en effet fin en
1988 et son remplacement par un programme du même ordre ou
différent aura des conséquences majeures sur les pèches de
l'Atlantique et, conséquemment, sur celles du Québec.
Au chapitre de l'aide financière aux pêcheurs, plusieurs
améliorations ont été apportées aux programmes
d'aide, de manière à les simplifier et à leur donner le
maximum d'impact.
En ce qui concerne le programme d'aide financière pour les
bateaux de plus de 10,7 mètres, il a permis 40 nouvelles mises en
chantier en 1987-1988, pour des investissements d'environ 25 000 000 $ et,
déjà, 25 demandes sont acceptées pour l'année
1988-1989, représentant des garanties de 15 000 000 $. Cette excellente
performance est attribuable à l'augmentation des prix payés pour
les captures, mais aussi à une réforme du programme d'aide
financière.
D 'abord, la subvention de 35 % du coût de construction a
été remplacée par un rabais dégressif
d'intérêt établi en fonction de la rentabilité de
chaque type de pêche. Ce changement a permis de diminuer le coût du
program- me, c'est-à-dire 1 800 000 $ en 1987-1988 par rapport à
5 700 000 $ en 1986-1987, tout en augmentant le nombre de bateaux mis en
chantier. En second lieu, l'introduction en septembre dernier d'un
régime de garantie de prêt a eu pour effet de réduire les
besoins financiers nets du gouvernement, c'est-à-dire que le
gouvernement garantit le prêt plutôt que de prêter
lui-même, et d'injecter dans l'économie des régions
maritimes un montant égal à la valeur de rabais
d'intérêts consentis par le gouvernement sur ses prêts aux
pêcheurs. Enfin, un amendement a été apporté
à la Loi sur le crédit aux pêcheries maritimes en
décembre, afin de porter de 10 000 000 $ à 30 000 000 $ le total
des prêts et garanties de prêt pouvant être autorisés
annuellement pour le financement des bateaux semi-hauturiers.
Le quatrième élément de cette réforme, soit
la vente aux institutions financières du portefeuille existant, devrait
se réaliser au cours de la présente année.
Pour ce qui est de l'aide à la flotte de pêche
côtière, nous nous préparons, là aussi, à
apporter des bonifications. En effet, en plus des subventions habituelles
prévues à ce programme pour la construction de bateaux, l'achat
de moteurs et d'équipement, nous introduirons une prise en charge de 50
% des intérêts sur les prêts consentis aux pêcheurs
par les institutions financières, jusquà un maximum de 50 000 $
pour le bateau et de 15 000 $ pour les équipements. Cette mesure
remplacera le crédit maritime mis en vigueur en 1974 et qui, à
titre d'exemple, permettait une prise en charge de 50 % des
intérêts sur un prêt maximum de seulement 7 500 $ pour un
bateau de 35 pieds
En ce qui concerne, finalement, les installations de services encore
exploitées par le gouvernement, leur transfert au milieu s'est poursuivi
en 1987-1988. La cession des fabriques à glace, des entrepôts
frigorifiques et des autres immeubles est pratiquement complétée
Les négociations vont bon train pour le transfert des parcs industriels
aux municipalités. Quant aux centres de services pour bateaux de
pêche, le transfert de celui de Rivière-au-Tonnerre et de celui de
Cap-aux Meules aux associations de pêcheurs est presque
complété. Celui de Blanc-Sablon pourrait être
transféré au cours des prochains mois. Les salines de la
Basse-Côte-Nord seront cédées dans le cadre de la
réorganisation de l'industrie des pêches dans cette
région
Tout en se retirant de l'exploitation de ces installations le
gouvernement maintient, par contre, son aide à leur
développement. Pour I année 1988 1989, les pro|ets prévus
sont, notamment, la construction d'un centre de services à La
Tabatière, des infrastructures à Havre Aubert et à Cap aux
Meules
Dans le domaine de la transformation, il faut dire qu'au tout
début de I'année 1987 pour remplacer le programme de
normalisation des
usines qui était terminé, le ministère a mis en
place un nouveau programme. Le premier volet de ce programme porte sur la
valorisation des produits et a pour but de soutenir leur diversification. Les
autres volets visent à aider les entreprises à améliorer
leur gestion, à développer leur marketing, à
réaliser des innovations technologiques et à stimuler des projets
de deuxième et troisième transformation. À ce titre, en
1988-1989, on prévoit dépenser près de 1 000 000 $
auxquels viendront s'ajouter des aides de 2 500 000 $ pour des projets
spéciaux.
Plusieurs projets de recherche et de développement ont
été réalisés en 1987-1988 dans le secteur de la
transformation. Près de 900 000 $ ont été consacrés
à ces projets. Le principal a porté sur la détermination
des normes et des procédés de conservation de la qualité
pour la morue et le sébaste. Un autre a porté sur l'ensilage des
résidus de produits marins. Pour la prochaine année, la
valorisation des produits marins demeurera une priorité de
recherche.
Le triage des produits marins a été effectué pour
94 % des captures acheminées à 65 usines de transformation. Plus
de 50 % des produits triés appartenaient aux catégories Extra et
A, soit d'excellentes et de très bonne fraîcheur. Le moratoire sur
le remboursement des frais de triage par les pêcheurs et les usines a
été maintenu en 1987-1988 et le coût total du triage pour
le ministère a été de l'ordre de 1 100 000 $. Ce moratoire
est également reconduit en 1988-1989. Un programme-cadre et des
modalités d'application d'un programme de contrôle de la
qualité en usine ont toutefois été préparés
en collaboration avec les industries afin de remplacer graduellement le triage
dans les usines qui se doteront d'un tel programme.
Une mesure majeure adaptée en 1987-1988 afin de mettre fin
à la vente de produits marins non transformés a été
la Loi sur la transformation des produits marins. Cette loi oblige un niveau
minimal de transformation des principales espèces et permet un
contrôle des acheteurs par l'introduction d'un permis d'acquéreur.
Quatorze personnes ont suivi un entraînement intensif pour veiller
à l'application de cette loi sur l'ensemble du territoire maritime.
Un effort soutenu a également été consacré
à la régularisation des problèmes de certaines usines en
regard de la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments. L'été dernier, lors de ma nomination à titre de
ministre délégué aux Pêcheries, il y avait 73 usines
qui ne détenaient pas de permis d'exploitation. Depuis cette date, 31
dossiers ont été réglés. Il en reste donc 42 qui
n'ont pas encore de permis. Sur ces 42 il n'y a que 17 dossiers à
régulariser: 4 sont ou seront, dans un avenir très
rapproché, en poursuite. 1 établissement prévoit cesser
ses opérations, 12 sont en voie de normaliser cela. Pour les 25 dossiers
qui restent, il s'agit des cas particuliers: 5 usines sont nor- malisées
à 100 %, mais ont des problèmes d'environnement; 5
établissements fédéraux de la Basse-Côte-Nord sont
normalisés et les procédures administratives sont en cours pour
émettre les permis; 7 établissements du MAPAQ en
Basse-Côte-Nord sont en voie de normalisation dans le cadre de l'entente
sur le développement des pêches, le calendrier des travaux est
conditionné par cette entente qui se termine en 1990; 6 ateliers de
conditionnement obtiendront leur permis prochainement à la suite de
l'adoption récente des modifications du règlement sur les
établissements reconnaissant ce type d'activité; 2 cas
spéciaux, il s'agit de charcuteries qui ont diversifié leurs
activités en fabriquant des aliments à base de produits marins,
la réglementation actuelle sur les produits carnés ne leur permet
pas cette diversification.
Concurremment aux mesures prises pour résoudre les
problèmes d'approvisionnement d'eau et de disposition des eaux
usées de certaines usines de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine, une attention constante et énergique a
été apportée pour matérialiser les
développements de l'industrie des pêches sur la
Basse-Côte-Nord. L'entreprise Primonor de La Tabatière est
maintenant grandement avancée dans la modernisation de ses installations
qui représente des investissements totaux de 5 600 000 $ pour lesquels
la participation du gouvernement du Québec s'élèvera
à 1 300 000 $. Les projets de modernisation des salines de Blanc-Sablon
et de Harrington-Harbour sont en bonne voie. Les investissements prévus
sont de l'ordre de 950 000 $ par saline. D'autres projets sont en
préparation et pourraient voir le jour au cours de l'année.
Nous en arrivons maintenant à la commercialisation. Des signes
d'essoufflement des marchés se font présentement sentir et sont
caractérisés par une certaine résistance des consommateurs
face aux prix des produits marins et une prospection plus intensive des
grossistes auprès de sources d'approvisionnement meilleur marché.
Les entreprises québécoises de transformation des produits marins
sont, on le sait, majoritairement de petite taille et peu d'entre elles
possèdent les ressources humaines et financières
nécessaires pour maîtriser véritablement la
commercialisation. Un regroupement de l'offre s'impose.
Dans cette- optique, les rencontres ont eu lieu avec plusieurs
entreprises afin de constituer un consortium de mise en marché. À
ce jour, une dizaine d'entreprises ont engagé des discussions avec le
ministère et elles se proposent de constituer une société
qui les regrouperait et qui, dans un premier temps, réaliserait une
étude de faisabilité. Le Conseil du trésor a
autorisé le ministère à accorder une aide qui pourrait
atteindre 150 000 $ pour cette première phase.
Comme il a été mentionné
précédemment, les possibilités d'approvisionnement en
produits halieutiques par la pêche traditionnelle ont atteint leurs
limites dans le golfe. C'est donc
vers une autre façon d'augmenter les approvisionnements qu'il
fallait se tourner et cette autre façon, c'est l'aquiculture. La pleine
exploitation du potentiel du Québec en ce domaine pourrait
représenter une production primaire de l'ordre de 700 000 000 $. Pour le
moment, elle est de 8 000 000 $. Le Québec, comme il apparaît,
accuse un retard important en ce domaine et nous avons décidé de
le combler avec l'adoption, en juillet 1987, d'un plan triennal de
développement et d'un programme d'aide financière.
Ce programme permet de subventionner les projets d'identification de
sites à fort potentiel hydrique et comporte une aide financière
au démarrage d'entreprises, laquelle peut être
complétée par une garantie de prêt de la part de la
Société québécoise des pêches.
L'aquiculture est également devenue une priorité d'action
pour la Direction des services aux usagers et pour la Direction de la recherche
scientifique et technique. Cette dernière y a consacré environ 1
750 000 $ en 1987-1988. De cette somme, 1 500 000 $ ont été
utilisés à des travaux sur l'élevage des moules aux
Îles-de-la-Madeleine et dans la Baie-des-Chaleurs, la réalisation
d'un projet pilote d'élevage commercial de l'omble de fontaine en milieu
marin et l'élevage de pétoncles et d'écrevisses. De plus,
la Direction de la recherche a appuyé techniquement et
financièrement six projets de recherche avec des entreprises qui ont
ainsi bénéficié de subventions totalisant 247 400 $. Par
ailleurs, six autres subventions de recherche totalisant 201 300 $ ont
été accordées à même le Fonds de recherche en
agriculture, pêcheries et alimentation.
En 1988-1989, les activités prévues au plan d'action
triennal seront poursuivies. La priorité portera sur le
développement des marchés, le développement de la
production de saumon et de pétoncles ainsi que le développement
technologique et l'identification des sites à fort potentiel hydrique.
Les dépenses reliées à ces activités sont
estimées à 2 800 000 $.
Un dernier sujet d'importance, les relations
fédérales-provinciales. En 1987-1988, nous avons signé
deux ententes importantes avec le gouvernement fédéral,
c'est-à-dire l'Entente auxiliaire sur le développement des
pêches et l'Entente d'harmonisation sur l'aquiculture commerciale. En
1988-1989, nos objectifs sont les suivants: obtenir une portion
équitable de la ressource canadienne dans le golfe où se trouve
l'essentiel de nos activités; avoir un système de gestion des
ressources qui permette à l'industrie de planifier à moyen et
à long terme les activités de pêche et de transformation;
modifier les règles d'accès à la ressource de façon
à rationaliser les opérations de pêche et réduire la
concurrence interprovinciale; harmoniser et coordonner les activités des
deux gouvernements dans le secteur des pêches, notamment dans les
domaines de l'inspection, de la recherche scientifique et des statistiques.
En guise de conclusion, Mme la Présidente, le budget des
pêches pour l'année 1988-1989 marque la fin d'une étape et
le début d'une ère nouvelle. Pour la première
année, depuis fort longtemps, le budget des pêches ne comporte pas
de crédits pour les frais de fonctionnement des fabriques à glace
et des entrepôts frigorifiques. Le délestage de ce type
d'entreprise de services s'achève. Il en est de même de la
privatisation des parcs d'hivernement de bateaux. Les discussions concernant la
municipalisation des parcs industriels de pêche se poursuivent
normalement. Dorénavant, l'action du ministère sera
centrée sur l'orientation et la stimulation du développement, la
recherche ainsi que certaines fonctions de contrôle. Au cours de
l'année dernière, le ministère a engagé quatre
agents de développement qui ont pour mandat de travailler avec les
promoteurs des régions maritimes et à fort potentiel aquicole.
Quatre autres agents de développement seront engagés au cours de
l'année et plusieurs personnes, présentement à l'emploi du
ministère, recevront une formation leur permettant de réorienter
leur travail vers des activités de soutien au développement. (10
h 30)
En voulant donner au ministère un rôle de catalyseur des
forces en présence, nous avons identifié des cibles qui cadreront
nos interventions au cours des prochaines années. Ces cibles sont les
suivantes, Mme la Présidente: l'accès à la zone canadienne
des 200 milles; la rationalisation de la flotte de pêche dans le golfe;
le développement de nouvelles productions, aquiculture, deuxième
et troisième transformation, la rentabilisation des productions
existantes, l'amélioration de la qualité des produits,
l'organisation de la mise en marché, la concertation des partenaires et
le développement de la solidarité et, enfin, la promotion des
intérêts du Québec aux niveaux national et
international.
Voilà, Mme la Présidente, un tour d'horizon assez vaste de
nos différents programmes du domaine des pêches, de ce qui s'est
fait l'an passé et ce que nous prévoyons effectuer au cours de
l'année qui vient. Je suis persuadé qu'ensemble, avec mes
collègues, plus précisément ceux de la commission et ceux
qui s'intéressent énormément à ce secteur des
pêches dans les régions que nous connaissons déjà et
qui ont un fort potentiel de développement économique, nous
apporterons des suggestions et des discussions autour de cette table nous
permettant - je le souhaite et j'espère en cours d'année - de
bonifier certains de nos programmes et d'envisager l'avenir avec un meilleur
intérêt de développement pour ces régions. Cela nous
permettra, sans aucun doute ensemble, Mme la Présidente, de faire en
sorte que le secteur des pêches soit vraiment un secteur à fort
potentiel d'activités économiques et de développement de
nos régions.
Comme je l'avais mentionné au début, vous allez me
permettre de vous présenter les gens
qui m'accompagnent. Il y a d'abord M. Diamant qui est
immédiatement à ma droite comme sous-ministre adjoint du secteur
des pêches; M. Jean Carbonneau qui est le directeur de DSAU; M. Jules
Poirier, directeur DSA; M. Lucien Poirier, directeur du DRST; M. André
Abgral, directeur du service du budget; M. Jean-Paul Lussiaa-Berdou, conseiller
senior; M. Gilles Bourget, adjoint exécutif; M. Robert Lemieux,
directeur du développement industriel; M. Jean-Marie Bélanger,
directeur du service d'aide technique et financière; M. Jeannot Richard,
conseiller et analyste financier. Il y a aussi, plus précisément
au personnel politique, mon directeur de cabinet, M. Bolduc; l'attaché
politique de ce secteur, M. Pierre Lacoursière et celle qui est
responsable des relations avec la presse, Mme Elizabeth MacKay.
M. le Président, je suis prêt à écouter les
interventions de mes collègues, les brillantes interventions de mes
collègues, comme d'habitude.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Duplessis.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, Mme la Présidente. Comme le ministre,
j'aimerais bien sûr souhaiter la bienvenue à tous les
fonctionnaires qui sont ici présents pour représenter
différentes activités du secteur des pêches. Croyez-le ou
non, Mme la Présidente, je voudrais aussi souhaiter la bienvenue aux
ministériels qui sont ici présents et très en force ce
matin ainsi qu'au personnel politique du bureau du ministre.
Selon les habitudes que nous avons en commission parlementaire lors de
l'étude des crédits, il est normalement de rigueur que l'on
procède de façon à s'entendre entre nous concernant le
fonctionnement de la commission. Je demanderais au ministre, et je lui
demanderai de me répondre par la suite, s'il est d'accord pour que l'on
procède d'une façon globale puisqu'il y a seulement un programme
et deux éléments au programme 10 des crédits du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
Bien sûr, Mme la Présidente, je viens d'entendre le
ministre qui trouve que tout va bien dans son ministère. Il me permettra
sûrement de lui rappeler certains faits qui se sont passés au
cours des deux dernières années. Après de
sévères ponctions successives à ses budgets qui, en moins
de deux ans, voyaient leur volume amputé de moitié, le ministre
délégué aux Pêcheries soumet de nouveau ce secteur
névralgique de l'économie québécoise à un
rythme décéléré de développement en se
révélant incapable d'exprimer un significatif, et combien
nécessaire, redressement de ses crédits. Telle est la
constatation que je fais comme critique de l'Opposition officielle en
matière de pêcheries pour l'étude des crédits
1988-1989 de ce ministère. Je vais démontrer et ce, avec
pertinence, que le défi face auquel le ministre ne peut se
dérober nécessite une contribution dépassant largement les
seuls 1 800 000 $ additionnels qu'il a réussi à soutirer à
son collègue du Conseil du trésor. La volonté de
l'administration du Parti québécois de soutenir de façon
tangible le secteur des pêcheries avait imprimé au budget qui lui
était dévolu une constante et prodigieuse progression lui faisant
subir un bond de 11 000 000 $ en 1975-1976 à 20 000 000 $ en 1980-1981,
suivi d'un autre saut jusqu'à 39 000 000 $ en 1985-1986.
Or, et voilà où le bât blesse, le gouvernement du
Parti libéral décidait, dès son arrivée, aux
affaires du gouvernement, de faire chuter violemment ces crédits de 39
000 000 $ à 30 000 000 $ en 1986-1987 puis à 20 000 000 $ en
1987-1988, procédant de la sorte à une véritable
dilapidation des efforts consentis antérieurement. Je déplore
vivement cette attitude du gouvernement du Québec.
Par ailleurs, Mme la Présidente, je fais remarquer que le passif
du gouvernement libéral dans le domaine des pêcheries ne s'inscrit
pas qu'au plan des budgets. Ainsi le Québec devait-il de nouveau essuyer
une sévère rebuffade de la part d'Ottawa qui, au début de
l'année, sans motif aucun, refusait d'accorder au consortium Nova Nord
un accès à la zone économique canadienne de 200 milles
marins. Ce consortium de douze entreprises de transformation du Québec
et du Nouveau-Brunswick agissait en parfaite légitimité en
exigeant que le gouvernement fédéral lui accorde, dès
1988, un quota de 34 500 tonnes métriques de poisson de fond, ce qui
aurait permis d'augmenter sensiblement le taux d'utilisation des usines de
transformation et de mettre fin au parti pris déséquilibré
qu'affiche le gouvernement d'Ottawa au seul avantage de Terre-Neuve et de la
Nouvelle-Ecosse. Entre autres conséquences de ce refus devant lequel
Québec est resté impuissant, Purdel devait annoncer au
début de mars dernier que, faute d'un approvisionnement suffisant, elle
devait procéder à la mise à pied de quelque 250
travailleurs et travailleuses à son usine de
Rivière-au-Tonnerre.
De la même manière, soit tout aussi passivement, le
gouvernement du Québec a refusé d'intervenir dans le conflit qui
oppose le Canada et la France au sujet de la pêche au large des
îles Saint-Pierre-et-Miquelon, dont le règlement ne peut qu'avoir
des incidences sur l'allocation des quotas au Québec dans la zone
atlantique. La dérobade du premier ministre du Québec ne
constitue certes pas la meilleure façon de défendre les
intérêts du Québec. Croyez-moi, Mme la Présidente,
il en est de même pour le ministre délégué aux
Affaires intergouvernementales canadiennes.
L'industrie québécoise des pêches martimes peut,
à juste titre, tout autant revendiquer le
droit à un soutien du gouvernement que constater l'absence
déplorable de cet important prérequis à son
développement.
Au cours de l'étude de ces crédits, j'ai l'intention, bien
sûr, de discuter de l'ensemble de la question budgétaire, mais
aussi de différents dossiers très importants pour nos
régions maritimes du Québec. J'entends discuter et poser
certaines questions sur les sujets suivants: la zone de 200 milles; le conflit
franco-canadien; les pêcheurs et la constitution canadienne face à
M. McKenna; la normalisation des usines de transformation des produits marins;
la loi sur la transformation; la construction de bateaux; la production
aquicole; l'entente auxiliaire Canada-Québec; la tarification des
services aux pêcheurs et aux industriels; la privatisation; le plan de
pêche du ministre; la pêche commerciale au saumon; la pêche
commerciale en eaux douces; la chasse aux phoques gris; l'industrie de la
pêche versus la CSST, et j'en passe, Mme la Présidente.
Je crois qu'il est nécessaire de voir de fond en comble
l'ensemble de tous ces dossiers que je viens de mentionner. Si l'on prend
différents dossiers, le ministre délégué aux
Pêcheries réalisera combien il est essentiel de traiter l'ensemble
de tous ces sujets et d'obtenir des réponses. Bien sûr que
j'expliciterai certains dossiers, et c'est normal. Je ferai le point sur
différents dossiers qui sont actuellement litigieux, et c'est aussi
normal. Je poserai des questions au ministre délégué aux
Pêcheries et j'entends bien obtenir des réponses à toutes
ces questions. Cela aussi, Mme la Présidente, c'est normal. Bien
sûr, j'ai hâte d'entendre les ministériels, qui semblent ce
matin très intéressés au secteur des pêches
maritimes. Mais cela m'inquiète de voir la façon dont les
ministériels vont traiter l'ensemble du dossier des pêcheries au
Québec au cours de l'année 1988-1989. Malgré que je sois
très ouvert à ce que les ministériels interviennent lors
de cette commission parlementaire pour l'étude des crédits, je
doute fort des attitudes, pas de celle du ministre bien sûr, mais
plutôt de celles des ministériels. Et j'aimerais bien sûr
entendre ceux-ci sur les programmes de subvention aux différents
secteurs, sur la question de la normalisation des usines de transformation, sur
la question de la construction des bateaux, sur leur position concernant le
saumon, soit la pêche sportive ou la pêche commerciale. Et pourquoi
pas accepter que les ministériels interviennent, puisque la
démocratie l'exige, Mme la Présidente.
Lorsque l'on constate, comme je le mentionnais tout à l'heure,
que le budget 1985-1986 était de l'ordre de 40 000 000 $, plus ou moins,
et qu'il est passé à 22 000 000 $, au plan des crédits, en
1988-1989, on ne peut faire autrement que de se poser de sérieuses
questions sur les attitudes négatives qu'il y aurait dans
différents secteurs d'activité des pêches maritimes. Mme la
Présidente, vous me permettrez sûrement, et ce avec l'accord du
ministre délégué aux Pêcheries, de faire le tour de
piste qui s'impose pour discuter de différents sujets.
Il nous faut bien sûr sensibiliser la population du Québec
à l'essentiel des pouvoirs et à l'essentiel des attitudes du
ministère des Pêcheries. Il nous faut sensibiliser la population
du Québec à la question de la qualité, à la
question des programmes, à la question de la mise en marché,
à l'achat chez nous, bien sûr, à la transformation locale
et régionale, aux emplois, au marché international, aux travail
des pêcheurs et aux équipements. Et puisque je parle du travail
des pêcheurs, et comme je suis moi-même d'une région
maritime, et comme d'autres ministériels le sont aussi, ces derniers et
moi-même avons sûrement constaté qu'au cours des
dernières années les pêcheurs ont fait leur marque dans
notre société, et Dieu sait combien le travail de ces
pêcheurs est ardu, même s'il n'est pas pour une période de
douze mois par année! C'est que, lorsque les pêcheurs se rendent
à leur travail et prennent la mer, le travail qui leur incombe est
énorme, et cela dure des heures et des heures, à chaque
journée de la semaine, sept jours par semaine. Et je crois que la
population du Québec n'est pas assez sensibilisée à tout
ce travail que font les pêcheurs.
Je crois aussi que la population du Québec devrait être
sensibilisée aux travailleurs et travailleuses d'usine qui eux,
permettent, à la suite des normalisations qui sont faites ou qui
devraient être faites dans les usines, d'avoir une meilleure
qualité de nos produits marins sur les marchés autant locaux,
régionaux qu'internationaux.
Et, Mme la Présidente, j'en passe, mais je déplore le fait
qu'à cette commission parlementaire on nous alloue seulement trois
heures pour discuter d'un domaine aussi important que la question des
pêches maritimes. C'est peu, et j'espère que dans l'avenir on
pourra avoir plus de temps pour l'étude des crédits. Vous me
permettrez, Mme la Présidente, de faire un petit commentaire à la
suite du sourire que vient de me faire le ministre, quant au temps qui nous est
alloué, pour lui dire qu'il va constater qu'au cours de l'étude
de ces crédits tous les sujets qui ont été
mentionnés, et d'autres qui n'ont pas été
mentionnés, seront discutés. C'est pour cela que je vous dis, en
ce qui a trait aux trois heures, qu'il n'y a pas assez de temps pour discuter
de l'ensemble des projets et de l'ensemble des attitudes du ministère
des Pêcheries et du ministre lui-même. (10 h 45)
Mme la Présidente, j'ai bien entendu le ministre qui a ouvert
cette commission parlementaire d'une façon, pour lui, assez
élégante. Il me permettra sûrement, au cours des
échanges que nous aurons, de procéder à obtenir des
éclaircissements dans tous les domaines. J'espère, tout comme
lui, que ces échanges seront extrêmement fructueux.
Le ministre a soulevé la question des
installations de services et du retrait gouvernemental dans les dossiers
de parcs de pêche et des usines à glace. Le ministre a
également parlé des permis de chalutage qui sont actuellement
délivrés par le gouvernement fédéral au
Québec et ce, par région maritime.
J'aurais certaines questions à lui poser sur ces sujets qu'il a
mentionnés, Mme la Présidente. Je termine en souhaitant à
tous et à toutes bonne chance pour cette commission parlementaire qui
étudie les crédits 1988-1989 du ministère des
Pêcheries. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis. J'appelle le programme 10. M. le ministre,
vous voulez répliquer à ces commentaires?
M. Yvon Picotte
M. Picotte: Oui. Merci, Mme la Présidente. Je voudrais
saisir l'occasion de prendre quelques minutes au sujet de la réplique
qu'on reconnaît habituellement dans nos us et coutumes à
l'Assemblée nationale, pour commencer à répondre à
certaines questions en disant immédiatement que je n'ai pas l'intention
de prendre la période de 20 minutes que je pourrais prendre normalement,
parce que ce qui est beaucoup plus intéressant, c'est de répondre
aux différentes questions de mes collègues d'un côté
et de l'autre de la Chambre pour avancer dans l'étude des
crédits.
J'aimerais quand même souligner qu'il y a certains points qu'il
m'est obligatoire de relever à ce moment-ci de nos discussions.
Évidemment, je ne ferai pas référence à l'enveloppe
de trois heures qui est dévolue à notre ministère pour
étude, parce que je pense qu'on sait très bien, moi qui commence
à être un vétéran de cette l'Assemblée
nationale, je sais très bien que ces enveloppes sont, de part et
d'autre, partagées entre l'Opposition officielle et le gouvernement, si
bien que c'est l'Opposition officielle qui a une enveloppe de temps pour
l'ensemble des crédits et qui décide - vous le savez bien, Mme la
Présidente, et je pense que mon ami, le député de
Duplessis le sait très bien par son sourire que je vois
présentement - et si l'Opposition officielle avait voulu avoir six
heures pour les pêcheries, on aurait pu s'accorder six heures.
En ce qui me concerne, je n'ai aucune objection à passer deux,
trois, quatre ou six heures à cette assemblée, à cette
commission pour répondre aux questions de mes différents
collègues. Donc, c'est un partage d'enveloppe qui est fait d'abord par
l'Opposition officielle. On met une enveloppe à la disposition de
l'Opposition officielle et elle la partage comme elle le veut.
Alors, je trouve un peu drôle qu'on nous fasse la remarque qu'il
n'y a pas assez d'heures. De toute façon, je pense que ce serait une
chose que vous devrez discuter avec votre leader de l'Opposition qui pourrait
vous permettre de nous donner plus d'heures dans les prochaines études
de ces crédits. Sachez qu'en ce qui me concerne et en ce qui concerne
les membres du gouvernement il n'y a aucune espèce de problème
qu'on accorde plus d'heures pour l'étude de ces crédits.
Ceci étant dit, Mme la Présidente, comme je ne suis pas un
spécialiste de ces relations en ce qui concerne la Chambre, je voudrais
plutôt démystifier un peu l'histoire des montants d'argent
attribués à notre ministère comme tel.
Je voudrais faire l'échantillonnage des budgets des cinq ou six
dernières années qui étaient alloués au
ministère, de ce qui a été utilisé et de ce qui a
été périmé. Prenons 1981-1982 où les
crédits autorisés étaient de 26 090 000 $. Les
crédits utilisés étaient de 19 450 000 $ et on a
périmé 25 % de l'ensemble de ces crédits
budgétaires, 6 636 000 $. En 1982-1983, 27 342 000 $ d'attribués
au ministère, 21 210 000 $ d'utilisés, 6 132 000 $ de
crédits périmés, ce qui fait un total de 22,4 % de
crédits périmés. En 1983-1984, 30 100 000 $, 29 296 000 $
d'utilisés, 804 000 $ - c'est une année qui a été
plus performante pour nos amis de l'Opposition - c'est-à-dire seulement
2,7 % de crédits non utilisés.
Revenons à l'année 1984-1985, où il y avait 45 000
000 $ dévolus à ce ministère et où 44 000 000 $ ont
été utilisés. Il y a donc un montant de 1 676 000 $
d'inutilisé, soit 3,7 %. C'est encore une année qui n'a pas
été si mal. Il faut dire que c'est une année qui
précède un peu les élections. Les gouvernements se forcent
toujours un peu plus, d'après ce que j'ai pu comprendre de ce qui s'est
fait dans le passé. En 1985-1986, 39 201 000 $ de crédits
accordés au ministère; 29 267 000 $ d'utilisés.
Près de 10 000 000 $ de crédits inutilisés pour un total
de 25 %. En 1986-1987, on change évidemment de gouvernement. Un montant
de 30 371 000 $, 26 911 000 $ d'utilisés, 3 461 000 $
d'inutilisés, soit 11,4 %. Déjà, on a commencé
à diminuer le pourcentage des crédits périmés.
Je vous dis respectueusement, Mme la Présidente, qu'il est
très intéressant de constater que, l'an passé, avec 20 130
000 $ de crédits, 20 100 000 $ ont été utilisés. Il
y a seulement 30 000 $ de crédits inutilisés. Donc, depuis
environ une dizaine d'années, c'est donc 0,1 % de crédits non
utilisés. On aurait très bien pu se faire donner une enveloppe
budgétaire de 30 000 000 $ et faire comme cela s'est fait certaines
années, de ne pas en utliser 10 000 000 $. Alors, on aurait
été dans la moyenne de mes prédécesseurs,
c'est-à-dire 25 % de crédits périmés. On aurait pu
se vanter comme ça. Je préfère qu'on se vante avec 0,1 %
de crédits non utilisés que de faire un peu de
tape-à-l'oeil devant les gens en disant: On a des gros crédits,
mais, à toutes fins utiles, quand on ne les utilise pas, cela ne donne
rien de plus aux pêcheurs. Cela ne donne pas plus de services aux
pêcheurs. Cela ne donne rien de plus aux régions
du Québec non plus.
J'aimerais maintenant vous expliquer brièvement pourquoi,
certaines années, on se retrouve avec des crédits de 45 000 000 $
au ministère, bien que seulement 44 000 000 $ ont été
utilisés et que, des 39 000 000 $, seulement 29 000 000 $ ont
été utilisés. Je pense que cela a une histoire qu'il faut
bien se raconter entre nous.
D'abord, au point de départ, il y a 3 000 000 $ qui
étaient dans ces crédits pour des questions de protection qui
existaient dans ce temps et qui n'existent plus au ministère parce qu'on
a transféré les agents de protection au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. C'est donc le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui absorbe le montant de 3 000 000
$. Il faut donc amputer les crédits de 3 000 000 $ déjà.
Cela n'a pas changé grand-chose, mais c'est un transfert de 3 000 000 $
qui a été fait à mon autre ministère et qui
n'apparaît pas évidemment au budget du ministère des
Pêcheries.
Je veux bien, puisque ces agents de protection sont encore en poste et
qu'ils sont utilisés, qu'on les ajoute... Enfin, soustrayons-les de
l'autre ministère et ajoutons-les à celui-ci, mais je pense, de
toute façon, entre nous, que cela ferait 23 000 000 $ de crédits
au lieu de 20 000 000 $. On aurait donc fait un gain, mais cela ne voudrait
rien dire, à toutes fins utiles. Comme je l'ai dit, ces 3 000 000 $
existaient et ils sont maintenant transférés à un autre
ministère. Le budget ne contient plus les crédits de 3 000 000 $.
Cette direction était pratiquement sans travail. Il faut bien dire que,
depuis 1983, c'était une direction qui était sans travail,
à la suite du rapatriement par le gouvernement fédéral de
l'essentiel de l'autorité administrative déléguée
au Québec d'appliquer les règlements de pêche sur son
territoire.
Vous vous souviendrez que le gouvernement fédéral a
rapatrié cela. Ce qui a fait que les gens qui ont été
embauchés et qu'on payait, parce qu'on était obligés de
les payer et de leur donner la sécurité d'emploi, ils
étaient presque assis dans la maison chez eux; on se disait:
Voilà, c'est le gouvernement fédéral qui fait cela
maintenant. Nous ne le faisons plus. Nous n'avons pas de travail à
donner à ces gens. On les paie pour rester chez eux.
Évidemment, il est bien certain que, si on ne les avait pas
rapatriés au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, pour qu'ils fassent de la protection de la faune, ces gens
auraient continué d'être payés pour rester assis dans la
maison chez eux, ce qui n'était pas très valorisant pour les
fonctionnaires en question. Ce n'était pas tellement utile non plus sur
le terrain, finalement. On a valorisé cela davantage, ce sont 3
000 000 $ qui n'apparaissent plus aux crédits comme tels, mais qui sont
utilisés ailleurs. Il faut au moins retenir cela.
Il faudrait vous dire aussi que, et je pense que c'est important, quand
on parle de crédits de 45 000 000 $ et 39 000 000 $, il faudrait que
vous vous rappeliez que c'est dans le temps où mon
prédécesseur, M. le député de Lévis, M.
Garon, avait les yeux très grands et fonctionnait à coup de
sociétés d'État. Moi, je dois vous dire, Mme la
Présidente, que Newport et Madelipêche, entre autres, que ces deux
sociétés d'État, ces gens-là, ces deux
sociétés d'État allaient cherchera l'intérieur des
budgets 15 000 000 $.
Or, qu'est-ce qui s'est passé depuis ce temps-là? Il y a
eu de la privatisation. Puis, cela a été très
bénéfique, je dois vous le dire. D'abord, il n'y a plus de 15 000
000 $ ou il n'y a plus de déficits que le gouvernement paye à
même les deniers de l'État et qui figurent dans nos
crédits, parce qu'effectivement cela a été
privatisé.
Dans certains cas, cela n'a pas été si mal, la
privatisation. Cela a été la première année
où depuis longtemps ces gens-là, les travailleurs de l'usine,
pouvaient se payer un party de Noël. Avant, ils travaillaient dix semaines
par année et maintenant on s'en va vers une période de dix mois
par année. La privatisation n'a pas été si mauvaise que
cela. En plus d'enlever 15 000 000 $ d'obligations dans les crédits du
ministère pour créer une société d'état, eh
bien, à ce moment-là, on n'a plus ces 15 000 000 $ et l'argent
qu'on a, on le met au service des pêcheurs, de la clientèle, et
effectivement, Mme la Présidente, c'est que les gens travaillent dix
mois, vont travailler bientôt dix mois au lieu de travailler dix
semaines. Cela fait une large différence à tous points de vue, si
on calcule tout. Alors cela, je pense que c'est important de le dire, mais ce
sont des crédits qui n'apparaissent pas.
Si demain matin le gouvernement libéral décidait,
même si ce n'est pas dans sa politique - on ne le ferait pas, ne partez
pas avec un "scoop" là-dessus, cela ne se fera pas - si on
décidait de créer des sociétés d'État dans
d'autres régions maritimes, eh bien, il faudrait, nous autres aussi,
ajouter 15 000 000 $ ou 20 000 000 $ à l'intérieur de nos budgets
pour les créer et puis, on en arriverait à cela. Mais je pense
que cela ne serait pas la meilleure des occasions de faire en sorte de
développer les pêches maritimes. Ce n'est pas la façon dont
on les a développées le mieux.
Pour comble de malheur, Mme la Présidente, je suis allé
moi-même les visiter et de cela, j'ai été très
surpris. Croyez-le ou non, entre autres à Madelipêche, on m'a
montré, j'ai même touché certains équipements
achetés par mon prédécesseur, le député de
Lévis, à coups de centaines de milliers de dollars, et qui sont
inutilisables à l'industrie, parce que pas faits pour cette
industrie-là, mais payés à même les deniers
publics.
Quand on a privatisé quand les gens qui ont acheté cela
ont pris ces équipements-là, ils les ont envoyés au rebut,
parce qu'effective-
ment - et cela n'avait pas été utilisé une fois -
cela n'avait pas été acheté et cela ne fonctionnait pas
bien dans cette industrie-là. Donc, des erreurs... On a appelé
cela des erreurs de calcul, des erreurs d'achat, etc., mais payées
à même les deniers publics. Cela a fait grimper, sans doute, la
masse monétaire du ministère. Encore, vous savez, quand on met au
rebut des équipements vieillots pour moderniser, eh bien, on dit qu'ils
ont fait leur temps, qu'ils ont servi et que, finalement, ils ont gagné
le montant d'argent pour lequel on les avait payés. Mais là,
c'est pire, c'était complètement neuf, mais inutilisable,
inutilisable dans les circonstances. Pas fait pour le genre de pêche, le
genre de poisson traité, etc. Complètement inutilisable! Du
gaspillage, évidemment, à même les budgets des
ministères. Cela, je l'ai vu, j'ai touché moi-même ces
équipements-là, je les ai vus. Et n'importe quand on pourrait
organiser une visite ensemble pour aller le constater. On garde cela maintenant
je ne sais pas si c'est comme oeuvre d'art ou comme objet pour mettre dans un
musée quelconque, objets de sociétés d'État. Mais,
en tout cas, c'est vérifiable en n'importe quelle occasion.
Cela, c'est un autre point, Mme la Présidente. Il est important
de dire qu'il y a maintenant 15 000 000 $, parce qu'on ne finance plus de
sociétés d'État, parce qu'on ne paie plus de
déficits qui sont sortis de notre ministère. Maintenant on fait
du développement de pêche. Quand on enlève ces 15 000 000
$, quand on enlève les 3 000 000 $ de protection, cela fait 18 000 000
$. Alors, si on ajoute cela aux 22 000 000 $ qu'on a cette année, si on
y ajoutait 18 000 000 $, cela ferait 40 000 000 $. On serait aussi bons qu'au
cours des bonnes années de 1985 et de 1986 où il y a eu 39 000
000 $ puis 30 000 000 $, Mme la Présidente. On ne serait pas plus
performants qu'au cours de ces années-là, cependant, mais on
serait aussi bons dans le tape-à-l'oeil en ayant des budgets pour
montrer qu'on a de bons chiffres, de gros chiffres, puis des chiffres
intéressants. (11 heures)
Mais je pense que ce n'est pas cela qui intéresse tout le monde
à la table, y compris le député de Duplessis. Je sais
qu'il a un travail à faire et qu'il doit dire des choses. Il doit lancer
certains chiffres aussi; je pense que c'est de bonne guerre. J'ai
été dans l'Opposition assez longtemps et je sais que, de temps en
temps, il faut utiliser les chiffres un peu pour que cela nous fasse un peu
plaisir. Et je ne le blâme pas pour cela en aucune façon. Je
connais tellement la bonhomie du député de Duplessis et son sens
développé du discernement pour savoir qu'il fallait,
évidemment, qu'il le dise. C'est de bonne guerre et je lui en sais
gré, Mme la Présidente. Je ne lui en fais pas reproche, loin de
là, mais je pense que j'ai le droit de vous dire, au moins, qu'il y a ce
point de vue là qu'il est important de souligner.
Un dernier point, Mme la Présidente. On parlait de la zone de 200
milles. Je voudrais dire au député de Duplessis que c'est nous,
et non pas Nova Nord et non pas Pierre, Jean, Jacques, qui avons
décidé de forcer - le mot est un peu fort, parce qu'on n'a
cassé le bras de personne - disons de convaincre les gens de former un
consortium et de dire: II y a une zone de 200 milles. Partout ailleurs, on va
chercher du poisson et nous, nous ne sommes pas là. Pourquoi ne
serions-nous pas là? Donc, c'est le gouvernement qui a
démarré cela, qui en a financé une partie avec les
entreprises pour former ce consortium.
Bien sûr, le député de Duplessis dit: C'est
épouvantable, on n'a rien dans la zone de 200 milles et ce sont des
rebuffades d'Ottawa. Moi, je suis convaincu d'une chose, Mme la
Présidente. Si mon collègue, le député de
Lévis, ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, avait fait des efforts, avait lui-même songé
à former ce consortium en 1983, 1984... Cela existait, la zone de 200
milles. Je comprends que M. Garon ne parlait pas tellement souvent avec M. De
Bané et qu'il y avait là un litige fort intéressant pour
les politiciens et fort peu intéressant pour la population. Mais si
déjà M. Garon, M. le député de Lévis - je
m'excuse, Mme la Présidente - avait dépensé autant
d'énergie que nous l'avons fait pour former un consortium, savez-vous ce
qui se produirait aujourd'hui? On aurait probablement accès à la
zone de 200 milles. Donc, on ne serait pas au stade de le demander. Parce que
d'autres l'auraient demandé et qu'on aurait crié tout le monde
ensemble pour l'obtenir, on espère qu'on aurait obtenu quelque chose.
D'autant plus, parfois, que le député de Lévis se vante
d'être un bon négociateur. Ce n'est pas toujours ce qui va rester
dans les annales du Québec, mais, en tout cas, probablement qu'avec le
concours de l'Opposition dans le temps et avec tout le monde, il aurait
réussi à l'obtenir. On serait rendu, à propos de la zone
de 200 milles, pas à demander à y avoir accès, Mme la
Présidente, mais à demander des quotas additionnels.
Mais, parce qu'il y a eu, justement, cette zone grise là, parce
qu'il y a eu, à un moment donné, un entêtement de
politiciens que j'appellerai irresponsables - j'avais un autre mot en
tête, mais ce serait antiparlementaire - un entêtement entre M.
Garon et M. De Bané dans le temps, on n'a pas eu accès à
la zone de 200 milles et on n'a même pas pensé à y avoir
accès. On n'a même pas crié pour y avoir accès. On
voulait jouer plutôt aux cow-boys politiques. À partir de ce
moment-là, on n'a pas eu accès à la zone de 200 milles et,
aujourd'hui, on en est à faire la demande, ce qui aurait pu être
fait depuis trois ou quatre ans. On aurait pu avoir des quotas de poisson
additionnels. Mais je pense qu'il ne faut pas revenir en arrière et
capitaliser sur les erreurs, sur ce qui a été fait et ce qui n'a
pas été fait. Je pense que cela a dû être fait avec
de la bonne volonté. Sûrement, il n'a pas
dû y avoir des gens de mauvaise foi là-dedans.
Ce qu'il faut faire, maintenant qu'on a constaté, tout le monde,
qu'on n'est pas là, dans la zone de 200 milles, c'est de s'atteler, tout
le monde ensemble, avec le poids du député de Duplessis, avec mon
poids à moi - cela en fait déjà pas mal - avec
André Beaudin et tous les députés de cette région.
Les Îles-de-la-Madeleine, c'est un peu plus petit, mais cela ne fait
rien; il peut, en poussant très fort, faire en sorte que notre poids
politique, du moins, des deux côtés de la Chambre, puisse nous
faire avoir accès à cette zone de 200 milles. À partir de
ce moment-là, j'espère que, dans un an ou deux, on en sera
à demander déjà des quotas additionnels pour cette
zone-là.
Alors, c'est un peu, Mme la Présidente, les points que je voulais
relever. Je suis persuadé que, maintenant, les questions qui seront
posées seront ponctuelles au niveau des éléments du
programme et de tout cela. En tout cas, j'espère lui donner, avec la
collaboration de mes fonctionnaires, les meilleurs éclaircissements
possible.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M le
ministre.
M. le député de Duplessis.
Période de questions
M. Perron: Oui, Mme la Présidente. Je comprends
très bien aussi l'attitude du ministre délégué aux
Pêcheries. Il l'a dit lui-même tout à l'heure, ce n'est pas
d'hier qu'il fait de la politique. Quant à moi, ce n'est pas d'hier, non
plus, bien sûr.
Maintenant, quant aux engagements de l'État et face aux
crédits périmés, je voudrais lui rappeler deux choses.
D'abord, sur le budget 1985-1986, quant aux crédits
périmés de 9 573 000 $, le ministre a oublié de mentionner
une chose extrêmement importante. C'est que, lorsque son gouvernement a
pris le pouvoir en décembre 1985, il a fait un blocage
systématique de l'ensemble du dossier des pêcheries. Cela n'a pas
fonctionné pendant à peu près quatre mois, sauf pour les
engagements qui avaient été pris antérieurement par le
député de Lévis. Deuxièmement, le ministre pourra
extrapoler et dire ce qu'il voudra sur la question des dépenses
gouvernementales antérieures et sur les 15 000 000 $ dont il parlait
tout à l'heure, il reste, tout de même, lorsqu'on parle de
dépenses gouvernementales, qu'en 1985-1986, 1986-1987, 1987-1988 les
dépenses ont été réduites substantiellement par le
gouvernement actuel par rapport aux années antérieures.
Zone de 200 milles
Sur la question de la zone de 200 milles, le ministre
délégué aux Pêcheries fait des accusations gratuites
se rapportant au député de Lévis, l'ancien ministre
responsable du domaine des pêcheries. Ces accusations gratuites, il les
porte sans connaissance de cause, je crois, puisque le député de
Lévis est intervenu à plusieurs reprises auprès du
gouvernement fédéral dans deux domaines en particulier: la
question de la zone de 200 milles et la question de l'obtention de permis de
chalutage de la part de Québécois qui pourraient faire de la
pêche hauturière.
Bien sûr, le ministre délégué aux
Pêcheries a complètement oublié de mentionner que,
lorsqu'en 1976 le Parti québécois a été élu,
tout était à faire dans les pêcheries. Qu'il se rappelle la
façon dont on traitait les pêcheurs sans subvention pour la
construction de bateaux Qu'il se rappelle comment fonctionnaient les usines de
transformation des produits de la mer sans normalisation, donc sans
qualité en fin de compte. L'ancien gouvernement s'y est attaqué.
Aujourd'hui, le ministre a encore quelques problèmes avec certaines
usines qui ne sont pas encore normalisées, bien sûr, mais si la
normalisation n'avait pas été faite par un programme particulier
établi par l'ancien gouvernement, donc, par le député de
Lévis lorsqu'il était responsable des pêcheries, le
ministre délégué aux Pêcheries que nous avons
actuellement en face de nous aurait beaucoup plus de problèmes qu'il
n'en a actuellement. Ces usines qui ont été normalisées
sont actuellement des usines modernes et cela a amené des conditions
extrêmement objectives pour pousser sur le gouvernement
fédéral dans les deux cas précis que je viens de
mentionner, sur la question de la zone de 200 milles et sur la question des
permis de chalutage.
Mme la Présidente, je vais écouter les commentaires du
ministre et, quant à moi, par la suite on va passer directement aux
crédits.
La Présidente (Mme Bélanger): J'aimerais vous faire
remarquer que, si on veut faire l'étude des crédits et passer au
programme..
M. Picotte: Mme la Présidente, on a convenu ensemble qu'au
fur et à mesure qu'il y aurait des questions, autant des membres du
gouvernement que du parti de l'Opposition, on y répondrait. C'est un peu
notre façon de procéder, comme l'a souligné le
député de Duplessis au début. On s'interroge sur un
ensemble général et, à la fin, cela devient plus facile
d'adopter rapidement les éléments et le programme comme tel. On a
convenu de cela et j'ai l'impression que, comme présidente, vous
êtes sans doute heureuse de cet assentiment général sur la
façon d'étudier nos crédits.
Brièvement, Mme la Présidente, je dirai au
député de Duplessis que c'est en 1977 que la zone de 200 milles a
été créée. Il y a une chose que le
député de Lévis ne pourra jamais faire, c'est dire: Je
suis arrivé là au dernier moment ou quoi que ce soit. Il a
été là de 1976 à la fin de 1985, comme ministre de
l'Agriculture. Les pêcheries sont arrivées en 1979; cela
donne,
quand même, six bonnes années et c'est depuis 1977
qu'évidemment la zone des 200 milles a été
créée. Le député de Lévis aurait pu mettre
tout en oeuvre et mettre toutes (es chances de son côté pour
obtenir...
Mais, je connais bien le député de Lévis, je l'ai
côtoyé longtemps, on a discuté ensemble à
l'Assemblée nationale. Parfois, quand on veut mettre toutes les chances
de son bord pour obtenir quelque chose, on fait le maximum pour l'obtenir et,
parfois, cela fait notre affaire dans certains cas de ne pas signer d'entente
avec le gouvernement fédéral pour avoir un bon cheval de
bataille. Je ne veux pas prêter d'intentions au député de
Lévis, mais, le connaissant comme je l'ai connu, qu'il ait songé
un petit peu à cette façon de procéder ne
m'étonnerait aucunement. Peut-être que, lorsqu'il écrira
ses mémoires politiques, il pourra nous révéler cela. On
ne fera pas de spéculation sur ses intentions, mais je le connais assez
bien. Je lui ai sondé les reins et le coeur déjà et je
pense qu'on peut dire que le député de Lévis s'amusait
énormément de ces contentieux avec Ottawa. Cela lui permettait de
faire de bons discours nationalistes et de préparer un
référendum qui, d'ailleurs, a échoué, selon la
volonté du gouvernement. Cela lui permettait de faire cela et il n'a pas
eu trop de succès. Mais je ne lui prêterai pas de mauvaises
intentions; de toute façon, je lui en ai déjà assez
prêté comme ça.
Tout cela pour vous dire que, quand on parle de projets, je pense bien,
Mme la Présidente, qu'on a pris le pouvoir le 2 décembre 1985. On
a fait allusion, justement, aux crédits de 1985-1986, avec tout
près de 10 000 000 $ de crédits périmés. Nous avons
pris le pouvoir le 2 décembre 1985. L'assermentation des ministres a eu
lieu le 12 décembre 1985. Il a fallu regarder les dossiers pour voir si
ce qui était enclenché pouvait être fait parce que je pense
bien que tout le monde a réussi à faire des choses qui
étaient déjà enclenchées. Mais on connaît,
encore là, la spécialité du député de
Lévis, la foulée d'annonces qu'il a faites quelques jours avant
les élections. Par exemple, un projet de restructuration des
pêches de la Basse-Côte-Nord, que le député de
Duplessis connaît bien, a été annoncé par M. Garon,
au coût d'environ 40 000 000 $, la veille des élections ou pas
longtemps avant les élections. Les spécialistes et tout le monde
autour de la table vous diront - je suis certain que le député de
Duplessis pourra me le dire, mais on s'en reparlera privé-ment - que ce
n'était pas faisable, pas praticable et pas opérationnel.
Alors, on a annoncé un projet de 40 000 000 $ la veille des
élections. C'est trop facile, le lendemain, de dire que l'autre
gouvernement ne l'a pas fait. Mais, avec toutes les fantaisies que certains
politiciens mettaient sur pied dans le but d'avoir une rentabilité
électorale, on savait très bien que celui qui prenait la
succession n'avait pas, en l'espace de deux mois et demi ou trois mois,
à mettre sur pied des choses qui n'étaient même pas
faisables. Je pense que c'est aussi quelque chose de renommée
commune.
En tout cas, on s'en reparlera un autre tantôt, M. le
député de Duplessis. Je suis bien prêt à examiner,
élément par élément, les brillantes questions que
vous voudrez bien nous acheminer.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
On passe maintenant au programme 10, volet Pêcheries. M. le
député de Duplessrs.
M. Perron: Mme la Présidente, j'aurais le goût de
dire au ministre qu'il devrait remercier son sous-ministre pour les
informations qu'il lui glisse. Ha, ha!
M. Picotte: Ah! Mais c'est pour cela que les sous-ministres sont
là, Mme la Présidente. Ils exercent une certaine
continuité.
M. Perron: Oui, les sous-ministres demeurent et les ministres
s'en vont.
M. Picotte: Oui, chez vous, on l'a appris curieusement. Il en est
passé plusieurs.
Crédits du MLCP alloués aux
pêcheries
M. Perron: J'aurais, d'abord, quelques questions à poser
sur l'enveloppe budgétaire du cabinet du ministre
délégué aux Pêcheries qui est aussi ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Si je comprends bien, on retrouve,
à l'intérieur des crédits du ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, l'enveloppe globale qui s'adresse à
son cabinet en tant que ministre délégué aux
Pêcheries.
M. Picotte: C'est cela.
M. Perron: Combien de cette masse salariale de 681 400 $ est
actuellement alloué au ministre délégué aux
Pêcheries, à même cette enveloppe globale?
M. Picotte: C'est difficile à déterminer comme
cela. Je pourrai vous fournir, et je suis bien disposé à le
faire, la liste de l'ensemble des membres du cabinet et tous ces détails
concernant le Loisir, la Chasse et la Pêche, et vous pourrez faire le
détail de ce que peut coûter un attaché politique qui
s'occupe directement des pêches.
Mais prenons le cas de l'attaché de presse, entre autres, qui
travaille à la fois pour le Loisir, la Chasse et la Pêche et pour
les Pêcheries. On ne quantifie pas à savoir si la partie de son
salaire imputable aux Pêcheries comparativement au Loisir, à la
Chasse et à la Pêche est de
10 %, 20 % ou 30 %. Alors, on fait une masse salariale pour l'ensemble
des deux. Je vous fournirai cette masse salariale du ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, cela vous donnera une bonne
idée. Je peux vous dire qu'elle est d'environ 40 % moins
élevée que ce qu'avaient mes prédécesseurs comme
masse salariale.
(11 h 15)
M. Perron: Quant à la question que j'ai soulevée au
ministre délégué aux Pêcheries, je pense que le
ministre se rappellera très bien que, lorsqu'il était dans
l'Opposition, il se faisait un devoir, à toutes les commissions
parlementaires qui étudiaient les crédits, de demander une liste
détaillée des membres de cabinet avec leur poste et tout cela,
accompagnée du salaire de chacun des employés politiques du
bureau. Et on ne retrouve pas cela à l'intérieur de ce qu'on a
obtenu...
M. Picotte: Écoutez, c'est sans doute une erreur.
M. Perron: ...quant à la liste du personnel du cabinet du
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, ministre
délégué aux Pêcheries.
M. Picotte: C'est sans doute une erreur. Il y a sûrement eu
une incompréhension quelque part, parce que, effectivement depuis des
années, on fournit la liste, les salaires à côté et
la masse salariale. C'est public, ces choses-là.
Alors, le MLCP a dû fournir une liste, mais 11manque des
détails, je suppose.
M. Perron: Effectivement, sur la liste qui a été
fournie à l'Opposition à sa demande, on ne retrouve que le
personnel du cabinet du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
au 31 mars 1988, et il n'y a pas de division faite entre le ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et les Pêcheries...
M. Picotte: II y a une masse salariale.
M. Perron: ...dont le ministre est responsable. Il y a une masse
salariale globale. Mais ce que je voudrais savoir, c'est la partie qui
s'adresse directement aux Pêcheries, avec le nom des employés et
la répartition salariale.
M. Picotte: C'est très facile, M. le député
de Duplessis. Quand vous regardez le poste où est indiqué Pierre
Lacoursière, qui travaille directement aux Pêcheries, cela, c'est
imputable directement aux Pêcheries. Quand vous regardez la
secrétaire de M. Lacoursière, qui est Mme Betlerive, c'est un
salaire imputable directement aux Pêcheries. Maintenant, pour mon
directeur de cabinet, je ne suis pas capable de vous le dire parce que mon
directeur de cabinet reçoit des appels des gens des Pêcheries
comme des gens du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Est- ce que je
pourrais lui demander si c'est 10 % de son temps qu'il répond pour les
Pêcheries? Si c'est 10 %, il s'agirait de dire: On l'impute. Cela devient
plus difficile à imputer. On pourra vous les identifier comme tels. Les
deux personnes permanentes qui travaillent aux Pêcheries et qui ne font
que cela chez nous, dans le cabinet, ce sont M. Pierre Lacoursière et sa
secrétaire, Mme Bellerive.
En ce qui concerne le directeur de cabinet, évidemment, il
travaille pour les deux en même temps. Alors, dans quelle proportion de
son temps, je ne le sais pas. Quelle est la proportion de temps de
l'attachée de presse qui fait des communiqués de presse
occasionnellement pour les Pêcheries, via le Loisir? Elle aussi, il y a
une partie de son salaire qui est imputable et pour la
téléphoniste. Évidemment, on a jumelé les
téléphones et on répond à une seule console. Au
lieu d'avoir deux téléphonistes aux Pêcheries et deux
téléphonistes au Loisir, à la Chasse et à la
Pêche, on en a seulement deux, mais les appels
téléphoniques entrent à la même place. Au lieu
d'avoir deux messagers, un aux Pêcheries et un au Loisir, à la
Chasse et à la Pêche, on a un messager qui fait l'ensemble. Donc,
cela devient un peu difficile à quantifier comme tel.
M. Perron: D'accord, est-ce que le ministre, qui a actuellement
la liste qui m'a été fournie par son ministère, pourrait,
au moins, à chacun des noms qui sont mentionnés là,
inclure le salaire de chacun de ces employés-là et, dans la
mesure du possible, les identifier comme étant soit aux Pêcheries
ou au Loisir, à la Chasse et à la Pêche?
M. Picotte: Oui, Mme la Présidente, on identifiera ceux
qui sont uniquement aux Pêcheries et ceux qui, à la fois,
travaillent aux Pêcheries et au Loisir, à la Chasse et à la
Pêche, avec la masse salariale, non seulement la masse totale, mais leurs
salaires seront inclus, puisque c'est public.
M. Perron: D'accord, Mme la Présidente. Des questions
d'ordre général. On voit que le ministère a subi deux
importantes ponctions successives en 1986-1987 et en 1987-1988, aux
Pêcheries, depuis que le gouvernement libéral est aux affaires.
Là, il y a une augmentation de crédits. Pourquoi, toutefois,
cette hausse est-elle si faible, passant de 20 100 000 $ à 22 000 000 $,
soit une augmentation, bien sûr, de 1 900 000 $?
M. Picotte: Quand on parle dune hausse qui est faible, Mme la
Présidente, c'est, quand même, relatif. Je vous ai donné
une partie des explications tantôt, mais cela, c'est pour les
comparaisons de budgets comme tels. Je vous ai dit, entre autres, si je me
souviens bien, dans mon allocution d'ouverture, qu'on avait modifié
certains programmes; par exemple, avec la prise en charge
d'intérêts, déjà, cela coûte
passablement moins cher au ministère et, là, il reste plus
d'argent à donner en services aux utilisateurs. Je pense que cela
n'apparaît pas comme une augmentation de budget, mais c'est effectivement
une augmentation de budget. Je ne sais pas si on peut me fournir les chiffres
rapidement.
Je vous donne un exemple. C'est sûr que ces chiffres seront
échelonnés sur un certain nombre d'années, il s'agirait
d'en établir la proportion. L'année avant qu'on modifie notre
programme de prêts aux gens qui achètent des bateaux, le
ministère avait donné l'autorisation de construire 27 bateaux.
Cela avait coûté 6 000 000 $ en subventions au ministère.
L'an passé, on a autorisé 40 bateaux; donc, de 27 à 40,
une fois et demie, le moins qu'on puisse dire, de ce qui s'était
construit. La part absorbée par le ministère est de 2 000 000 $,
échelonnée sur un certain nombre d'années. Vous voyez
là, tout de suite en partant, pour un plus grand nombre de bateaux, une
économie de 4 000 000 $ échelonnée sur un certain nombre
d'années. Cela veut dire que l'économie que nous faisons
là n'est pas diminuée comme telle, mais qu'elle vient grossir
l'argent des autres programmes que nous mettons à la disposition des
utilisateurs. Cela, c'est une partie de l'explication.
Il serait, donc, difficile de dire qu'il y a juste eu une augmentation
de 1 800 000 $, parce que les économies qu'on a réalisées
dans d'autres secteurs en rationalisant et en modifiant certains programmes
s'ajoutent en services qu'on dispense à la population. À titre
d'exemple, avec des effectifs identiques, l'an passé, la Direction des
services aux usagers a réduit ses dépenses de fonctionnement de
264 000 $, entre autres. Alors, on a réduit les dépenses de
fonctionnement de 264 000 $; par contre, on a donné un petit peu plus de
services. Notre politique est orientée vers les services aux
utilisateurs. Le moins d'argent possible va du côté de la fonction
administrative comme telle. Je pense que j'ai les chiffres dans mon cahier de
crédits sur le pourcentage qu'on accorde à l'administration et
celui qui est accordé aux services aux utilisateurs. C'est là
qu'on va voir que la philosophie du gouvernement actuel est nettement
orientée vers les services à donner aux utilisateurs comme
tels.
Prenons comme exemple le programme 10, Développement des
pêches maritimes, entre autres. À l'élément 1, vous
remarquerez qu'en 1988-1989 5 879 000 $ sont imputés à la gestion
des ressources, au développement et à l'administration.
L'année précédente, il y avait 5 698 000 $; donc,
seulement une augmentation de 193 000 $, soit 3,4 %, à peine ce que cela
coûte pour les conventions collectives qui ont été
signées, etc. Mais, quand on regarde où va la grosse proportion
du budget, où l'augmentation se situe, c'est au volet 2, contribution
à l'exploitation et à la transformation de la ressource; cette
année, ce sera 16 146 000 $ alors que, l'année passée,
c'était 14 444 000 $. Alors, 1 700 000 $ de plus seront affectés
à la contribution, à l'exploitation et à la transformation
de la ressource, donc directement affectés aux clientèles et aux
services à la clientèle. La grosse part du gâteau, c'est
une augmentation de 11,8 %. Donc, on a diminué de beaucoup les frais
administratifs.
C'est au point de vue de la gestion que la part du gâteau augmente
le moins pour nous permettre de donner plus de services aux utilisateurs et,
malgré une augmentation de budget à l'élément 1, de
donner cette année 190 000 $ de plus en subventions de recherche, entre
autres, comparativement à l'année passée. Dieu sait que ce
n'est peut-être pas ce que tout le monde souhaite, on souhaiterait un
montant supérieur, mais c'est 190 000 $ de plus affectés à
la recherche. Je pense que c'est déjà un pas de géant qui
est accompli comparativement à ce qu'on faisait. On tend aussi à
l'augmenter. Mais la recherche ira directement à l'utilisateur et au
développement, contrairement à la gestion qui, elle, ne profite
pas toujours nécessairement, en termes de dollars, je veux dire, aux
utilisateurs comme tels. Donc, moins d'argent dans la gestion.
Dépenses de transfert
M. Perron: Mme la Présidente, si on regarde le tableau des
supercatégories: fonctionnement personnel, fonctionnement autres
dépenses, capital autres dépenses, transfert, prêts,
placements et avances, on remarque que, dans le cas des transferts, si on se
reporte en 1985-1986, les crédits initiaux étaient de 20 683 000
$, les crédits modifiés par la suite sont arrivés à
20 991 400 $ et les dépenses de transfert, à ce moment-là,
ont été de 11 589 000 $. Pour l'année 1986-1987, il y a
des crédits initiaux de 15 092 000 $ avec des crédits
modifiés à 14 899 000 $ et des dépenses de transfert de 12
768 000 $. Maintenant, cette année, pour 1987-1988, on a des
crédits initiaux de 8 189 000 $ et des crédits modifiés de
7 944 000 $, pour des dépenses probables de 7 944 000 $.
Ma question au ministre est la suivante: Le ministre ne croit-il pas que
l'essentiel de l'augmentation des crédits de 2 000 000 $, donc les 2 000
000 $ dont il vient de parler et que j'avais mentionnés
antérieurement, passe plutôt dans la machine, alors que les
dépenses de transfert n'ont enregistré qu'une augmentation de 300
000 $, dans l'ensemble, par rapport aux crédits initiaux à ce
chapitre en 1987-1988?
M. Picotte: II faut comprendre que ces dépenses en capital
sont faites pour être affectées à l'industrie comme telle.
Je vous donne des exemples: 2 500 000 $ seront imputés à La
Tabatière; il y a aussi l'approvisionnement en eau salée à
Cap-aux-Meules. Ce sont des services
que l'on vient donner à l'industrie pour avoir une meilleure
performance et faire en sorte que l'on donne plus de services aux utilisateurs.
Alors, c'est inscrit comme ça du côté du fonctionnement,
mais cela vient ajouter un plus à l'industrie et non pas en
matière de gestion. Quand on investit, par exemple, des montants
d'argent pour l'approvisionnement en eau salée à Cap-aux-Meules,
on va drôlement améliorer la performance et aider tout ce
secteur-là des pêches. Alors, il est inscrit là, mais il
sert directement au développement des pêches et non pas à
la gestion.
M. Perron: Dans le cas des dépenses de transfert, est-ce
que le ministre pourrait en dire davantage sur ce qui a fait qu'en 1986-1987 et
en 1987-1988, au chapitre des transferts eux-mêmes, les crédits
initiaux ont été modifiés à la baisse d'une
façon aussi substantielle, passant respectivement de 15 000 000 $
à 14 800 000 $ et de 8 100 000 $ à 7 900 000 $?
M. Picotte: M. Diamant vous donnera les détails sur les
transferts de crédits.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis. (11 h 30)
M. Perron: Mme la Présidente, en tant que membre de cette
commission, on doit accepter, pour les questions posées au niveau
technique, que le sous-ministre aux Pêcheries puisse répondre
à la place du ministre et cela, on le comprend très bien. Il n'y
a pas de problème de ce côté-là, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le sous-ministre,
si vous voulez vous identifier.
M. Diamant (Claude): Oui, mon nom est Claude Diamant.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Diamant.
M. Diamant: En 1986-1987, la diminution des dépenses de
transfert ou la modification apportée au budget, la variation, si vous
aimez mieux, s'explique par une autorisation du Conseil du trésor de
l'ordre de 975 000 $. Cette autorisation-là permettait au
ministère de subventionner Madelipêche pour une étude,
justement, l'étude de restructuration de l'industrie sur la
Basse-Côte-Nord.
En 1987-1988, il y a eu trois demandes au Conseil du trésor qui
expliquent, si vous voulez, la variation. La première... Il y a 1 600
000 $ qui étaient pour, si vous voulez, le règlement hors cour du
contentieux qui existait entre une entreprise de pêche de la
Nouvelle-Ecosse et le gouvernement à propos du Ralli et du Nadine, le
montant s'élevait à 1 600 000 $. L'autre explication, c'est un
montant de 2 400 000 $... C'est cela? Alors, il y a eu 1 100 000 $
transférés de prêts et avances pour Crustacés des
îles lors de la privatisation de cette entreprise.
M. Perron: Est-ce que, dans le cas des transferts, ce ne serait
pas dû à certains critères extrêmement serrés,
extrêmement sévères qui sont imposés par le Conseil
du trésor, ce qui fait qu'il y a une réduction assez
substantielle, incluant, bien sûr, ce que vient de dire le
sous-ministre?
M. Picotte: Oui, c'est cela, Mme la Présidente. Je pense
qu'on a dépensé tous les crédits; donc, on ne
périme pas. Alors, cela ne peut pas être dû à cela.
En fait, il y a 30 000 $ de périmés. Alors, ce n'est pas dû
à cela comme tel. Mais ce sont des prévisions qu'on avait. La
mémoire m'est revenue, à un moment donné, puisque je me
rappelle être allé défendre cela auprès de mon
collègue du Conseil du trésor et m'être questionné
un peu. Entre autres, quand M. Diamant vous a parlé tantôt de 1
600 000 $ qui sont à l'intérieur des transferts, le Conseil nous
autorisait, comme ministère, à procéder à un
virement au montant de 1 600 000 $ de la supercatégorie transfert
à la supercatégorie fonctionnement à l'intérieur du
programme 10, à cause, justement, du fait qu'en 1980, Pêcheries du
Golfe Saint-Laurent inc, vous vous en souviendrez, a acquis les bateaux de
pêche Nadine et VM Ralli II pour le solde des hypothèques dû
au gouvernement du Québec, au montant respectif de 1 136 543,17 $ et 1
163 518,07 $ et contre un versement additionnel d'environ 3 000 000 $ à
l'ancien propriétaire. Par cette transaction, Pêcheries du Golfe
Saint-Laurent s'engageait à rembourser au ministre, pour chaque bateau,
la somme minimale annuelle de 110 000 $ payables en huit versements
égaux de 13 750$.
Après l'acquisition, ces chalutiers ont été
transformés en senneurs, mais n'ont, finalement, pas été
utilisés à cette fin à cause de l'interdiction de la
pêche au hareng. Cela a eu pour effet que l'acquéreur n'a pas
remboursé au ministre les sommes minimales payables chaque année,
de sorte qu'en 1983 il y avait un retard dans les remboursements de 300 000 $
pour chacun des bateaux.
Le 21 septembre 1983, par un télex, le procureur du ministre
mettait Pêcheries du Golfe Saint-Laurent en demeure de payer les soldes
dus au ministre sur ces bateaux, sans quoi, ce dernier exercerait les droits
conférés au créancier hypothécaire maritime
impayé par l'article 51 de la Loi sur la marine marchande. Le 23
novembre 1983, le ministre exerçait effectivement ses droits en vendant
les deux bateaux à SOQUIA. En contrepartie, SOQUIA assumait la prise en
charge des soldes hypothécaires de 1 002 001,99 $ pour le VM Nadine et
de 1 027 645,53 $ pour le VM Ralli II, soit un total de 2 029 647,52 $. Au
début de 1984, ces deux navires ont été vendus par SOQUIA
à Madelipê-
che afin de permettre à ce dernier de profiter au maximum des
nouveaux contingentements de sébastes dans le golfe Saint-Laurent. Au
mois de mars 1985, Pêcheries du golfe Saint-Laurent inc a pris une action
contre ie procureur général pour réclamer du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation la somme de 4 000 000 $
pour dommages à la suite de la vente de ces deux navires par le ministre
à SOQUIA. Évidemment, nous avons réglé, à ce
moment-là, hors cour pour un montant de 1 600 000 $. Alors, c'est la
raison pour laquelle on retrouve ces montants et les deux autres qui vous ont
été soulignés par M. Diamant.
M. Perron: Toujours dans la supercatégorie fonctionnement,
autres dépenses, en ce qui concerne les services, qu'est-ce qui justifie
une hausse des crédits de 450 000 $, en 1987-1988, à 542 000 $ en
1988-1989?
M. Picotte: Répétez donc votre question, M. le
député.
M. Perron: C'est cela. Lorsqu'on regarde la supercatégorie
fonctionnement, autres dépenses...
M. Picotte: Oui.
M. Perron: ...c'est bel et bien inscrit dans un document que le
ministère a fourni à l'Opposition, qu'en 1987-1988 il y a un
montant de 450 800 $ et, en 1988-1989, un montant de 542 800 $. En ce qui
concerne ces services, qu'est-ce qui justifie une hausse de crédits de
cet ordre?
M. Picotte: Mme la Présidente, quelqu'un va me trouver les
détails. Il semblerait que ce soient des subventions, des ententes avec
le CRIQ, entre autres, pour de la recherche. Mais je vous dis cela sous toutes
réserves en attendant qu'on me trouve les détails.
M. Perron: Comme le CRIQ, de mémoire, est sous la
juridiction du ministère de l'Industrie et du Commerce... Ce n'est pas
sous la juridiction du ministère de l'Industrie et du Commerce?
M. Picotte: Oui, mais il a des contrats avec nous en ce qui
concerne le domaine des pêches. C'est une augmentation, effectivement,
à ce qu'on médit...
M. Perron: Mais est-ce qu'il y a une participation de la part du
ministère de l'Industrie et du Commerce dans ces contrats que vous
signez avec le CRIQ?
M. Picotte: C'est nous, comme ministère, qui
défrayons la note et qui payons pour. Il n'y a pas de participation du
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Perron: C'est payé entièrement. M. Picotte:
C'est cela.
M. Perron: Mais, quant à la différence de plus ou
moins 90 000 $ qu'on voit entre les crédits 1987-1988 et 1988-1989, si
je comprends bien, la réponse va venir ultérieurement ou si on
peut la donner tout de suite?
M. Diamant: C'est une augmentation du rythme ou du volume des
activités dans ce domaine.
M. Picotte: Une augmentation du rythme et du volume des
activités dans ce domaine.
M. Perron: Dans quel domaine...
M. Picotte: Dans le domaine de la recherche.
M. Perron: Dans le domaine de la recherche. . M. Picotte:
Oui.
M. Perron: Et la recherche porte sur quel domaine?
M. Diamant: À l'heure actuelle, nous sommes en
discussion...
M. Picotte: M. Diamant va répondre. M. Perron:
D'accord.
M. Diamant: À l'heure actuelle, le ministère est en
discussion avec le CRIQ pour, d'une part, regrouper nos ressources et
probablement constituer une société, une corporation qui sera
responsable de l'ensemble de la recherche dans le domaine des pêches et
qui a pour objectif d'intéresser l'entreprise privée à
participer activement à cette recherche, à définir les
orientations, les objectifs de la recherche, les travaux de recherche et,
aussi, à participer à son financement. Alors, c'est pour cela
qu'à l'heure actuelle nous faisons avec le CRIQ des études de
marché pour savoir si cette approche que nous considérons
présentement est opérationnelle, praticable.
M. Perron: Est-ce que ces études de marché portent
actuellement sur le marché intérieur, le marché canadien,
le marché international ou l'ensemble?
M. Diamant: Surtout le marché intérieur, dans un
premier temps, quitte ensuite, si les résultats sont positifs, à
examiner la possibilité d'étendre ce marché à
d'autres provinces canadiennes et éventuellement aussi à d'autres
pays.
M. Perron: Donc, c'est sur le marché
québécois d'abord... M. Diamant: Oui.
M. Perron: ...pour procéder ensuite,
éventuellement, dans d'autres provinces canadiennes et probablement, par
la suite, à l'échelle internationale.
M. Picotte: C'est cela. Effectivement Mme la Présidente,
c'est le marché intérieur.
M. Perron: En ce qui a trait à la supercatégorie
des prêts, placements, avances on remarque, à l'item 13 que vous
avez dans les crédits, qu'il y a un montant de 50 000 S en 1987-1988
d'alloué et que c'est ce même montant; il n'y a aucune
augmentation dans les avances. Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer
cette partie? En d'autres mots, ce que je veux savoir, Mme la
Présidente, c'est pourquoi ces crédits sont demeurés
stables en 1988-1989, stables à 50 000 $, par rapport à
1987-1988.
M. Picotte: Avec le nouveau programme que nous mettons en place,
on va utiliser de moins en moins cette formule, d'autant plus que pour
l'aquiculture comme telle, dans ce domaine en particulier, SOQUIA peut faire
des avances de prêts et des garanties de prêts .
Mais le montant de 50 000 $ auquel vous fartes référence,
c'est en ce qui concerne les mytiliculteurs, c'est-à-dire les
éleveurs de moules, où il y a un montant qui était
déjà entendu, soit 50 000 $, comme participation.
M. Perron: En ce qui a trait aux mytiliculteurs, quels sont les
mytiliculteurs qui sont touchés par ces avances?
M. Picotte: Ils sont tous aux Îles-de-la-Madeleine et au
nombre de huit. On pourra peut-être bien vous donner les noms de ceux qui
sont concernés, c'est-à-dire de l'ensemble, des huit
mytiliculteurs qui sont aux Îles-de-la-Madeleine.
M. Perron: Maintenant, n'est-il pas exact de dire qu'il n'y a pas
seulement aux Îles-de-la-Madeleine qu'il y a des mytiliculteurs?
M. Picotte: Effectivement, il y a d'autres mytiliculteurs. Mais,
en attendant que le programme d'aquiculture soit mis en vigueur, au
début de l'été dernier, je me rappelle que j'étais
allé aux Îles-de-la-Madeleine. On avait discuté avec eux et
le programme devait entrer en vigueur au début de l'été.
Alors, c'est justement comme palliatif, en attendant que le programme soit mis
en vigueur, que ce montant d'argent a été dévolu aux huit
mytiliculteurs des Îles-de-la-Madeleine.
M. Perron: Maintenant que le programme d'aquiculture est en
place, depuis l'été dernier, est-ce que le ministre pourrait nous
dire combien de mytiliculteurs, de personnes, de compagnies ou d'associations
ont bénéficié de ce programme et pour quel montant?
M. Picotte: J'ai la liste ici. On parle d'une liste qui existe
déjà. Mytiliculture Rimbo inc, Moules Bleues de Carleton, Moules
de La Baie enr, Moules Solomon enr, Libousi inc, Moules de culture Mano inc,
Moules bleues Clark inc, Moules de l'est des îles, inc, Moules bleues de
Grande-Entrée, inc, J.A.D enr. et Moules de culture des îles inc,
ce qui fait onze participants, pour un montant d'aide total de 258 565 $ et du
côté des garanties de prêts, un montant de 245 000 $.
Vous n'avez sûrement pas ces détails. On ne vous les a pas
fournis. Si vous ne les avez pas, je n'ai pas d'objection à ce qu'on
donne à la commission, évidemment, cette information avec les
onze participants, les montants d'aide à chacun, les garanties de
prêts et le total des montants d'argent dépensés dans ce
programme. Cela va?
M. Perron: D'accord, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis. M. le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, Mme la Présidente. Seulement pour des
fins de compréhension, M. Diamant vient de dire qu'au niveau de la
recherche...
La Présidente (Mme Bélanger): Un peu plus fort, M.
le député des Îles-de-la-Madeleine, vous êtes loin.
(11 h 45)
M. Farrah: D'accord, Mme la Présidente, c'est pour amener
une meilleure compréhension. M. Diamant a dit tantôt, au niveau de
la recherche, qu'il peut y avoir fusion du ministère avec le CRIQ,
incluant l'entreprise privée. Est-ce que cela veut dire que le service
de la recherche sera aboli au niveau du ministère?
M. Picotte: Non, non, cela n'a rien à voir. Je pense que
la question du député est importante, Mme la Présidente.
M. le député des Iles-de-la-Madeleine, cela n'a rien à
voir. Il n'y aura pas d'abolition du service de la recherche comme tel. C'est
une collaboration et un regroupement des forces que nous avons avec le CRIQ,
mais cela ne fait disparaître, d'aucune façon, notre service de la
recherche; loin de là.
M. Farrah: D'autre part, est-ce qu'il peut y avoir un impact sur
les centres de recherche dans les régions?
M. Picotte: Cela n'a aucun impact sur les centres de recherche
dans les régions. C'est
uniquement une entente de collaboration.
M. Farrah: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Dans le cas de la ventilation des paiements de
transfert pour le développement de la production aquicole, qui est
destinée à la consommation, il y a une aide financière au
développement de la production aquicole qui est destinée à
tout cela. Le total de la subvention prévue est de 350 000 $. Est-ce que
le ministre a la ventilation de cela? Pas prévue, mais
dépensée en 1987-1988.
En fait, Mme la Présidente, c'est qu'il y avait des subventions
prévues en 1987-1988 de l'ordre de 350 000 $. Est-ce qu'on peut avoir la
ventilation des dépenses encourues dans* ces paiements de transfert?
M. Picotte: Tantôt, dans la réponse que je vous ai
donnée, M. le député de Duplessis, sur le programme d'aide
au développement de la production aquicole à des fins de
consommation, je vous en ai donné pour un montant de 258 000 $.
M. Perron: C'est cela.
M. Picotte: II reste tout près de 100 000 $, mais nous
avons reçu tout dernièrement d'autres' factures, parce que la
date d'échéance était le 31 mars. Dès que cela sera
complété, nous les ajouterons à la liste,
complétant les 350 000 $, et nous ferons parvenir aux membres de la
commission cette information. Je pense que le secrétaire du
ministère a bien pris note de cela pour vous fournir, quand tout sera
terminé pour ce qui est de l'analyse de la différence du montant,
entre 258 565 $ et 350 000 $, pour vous faire parvenir les renseignements
additionnels.
M. Perron: Parfait, Mme la Présidente. Une autre question
se rapportant aux employés permanents. On remarque, dans le document qui
a été fourni par le ministère, qu'en 1987-1988 il y avait
157 employés permanents et que cela passe à 148. Est-ce que le
ministre peut nous expliquer le pourquoi de cette chute d'employés, qui
n'est pas substantielle, mais qui est tout de même une chute du nombre
d'employés? Est-ce que ce serait une commande du président du
Conseil du trésor ou si c'est une décision...?
M. Picotte: On m'explique que, évidemment, dans la
compression normale des effectifs, cela viserait trois employés, et non
pas le nombre d'employés que vous avez souligné,
c'est-à-dire de 148 à 157; neuf employés. Les six autres
employés dont il est fait mention, ce sont soit des retraites
accélérées ou des mutations que certains de ces
employés permanents ont demandées. Donc, il y eh a six qui ont
demandé des mutations ou pris une retraite anticipée. Je
tiendrais à vous souligner là-dessus, M. le député,
qu'effectivement il faut rajouter à ces 148 employés que nous
avons, 82 fonctionnaires additionnels qui sont uniquement à l'emploi des
Pêcheries, mais qui sont à l'emploi du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation comme tel, en termes
d'inspection et de développement industriel, etc. Ils travaillent pour
nous, mais ils sont au budget du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation comme tel. Ce qui fait un total de 230
employés à peu près. Mais la compression dont vous faites
état, le nombre d'employés permanents de moins, il y en a trois,
c'est pour les effectifs de 2 %, et les six autres sont soit en retraite
anticipée ou encore il y a une demande de transfert de la part de ces
employés-là à d'autres ministères.
M. Perron: Mme la Présidente, en rapport avec
l'élément 1 du programme 10, c'est-à-dire au centre de
responsabilité 1011, la Direction de la recherche scientifique et
technique, quels étaient les crédits totaux en 1987-1988 puisque
ces derniers sont inscrits comme étant en 1988-1989 de 2 563 900 $?
M. Picotte: Alors, vous avez fait référence au
tableau...
M. Perron: Je fais référence au tableau du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation,
aux crédits détaillés 1988-1989 par centre de
responsabilité, d'accord? Si on remarque le total de la
responsabilité 1011, c'est qu'on est en 1988-1989 à 2 563 900 $.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire quels étaient les
crédits alloués en 1987-1988 et combien de ces crédits ont
été dépensés?
M. Picotte: M. Diamant va vous donner les explications.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Diamant.
M. Diamant: Dans votre tableau, vous n'avez pas, si vous voulez,
en haut, prenez le 1011, première ligne, vis-à-vis du mot
traitements, vous n'avez pas le montant des traitements, d'accord? Si vous
l'aviez, additionné avec le total en bas de 2 563 00.0 $, vous auriez un
grand total de 4 231 500 $, d'accord? Si vous comparez cela avec l'année
1987-1988, vous auriez un total de 4 525 000 $. Donc, la différence
entre 4 525 000 $ et 4 231 000 $, soit moins de 300 000 $, s'explique en grande
partie par une diminution des dépenses de fonctionnement,
communications, etc., et aussi par une légère diminution en ce
qui concerne les traitements du personnel.
Aide aux associations de pêcheurs
M. Perron: D'accord. Maintenant, si on se
reporte à l'élément 2 concernant la Direction des
services aux usagers, on remarque que l'aide financière pour les
associations de pêcheurs bondit de 105 000 $ à 175 000 $ pour
l'année 1988-1989. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi?
M. Picotte: Brièvement, en attendant qu'on trouve les
chiffres, il y a une certaine aide accordée aux associations de
pêcheurs par des programmes existants, etc. Quand je suis arrivé
au ministère, étant donné qu'il y avait plusieurs
associations de pêcheurs qui voulaient travailler en collaboration avec
nous et qu'on leur demandait souvent une étroite collaboration dans
plusieurs domaines, j'ai dit: On ne peut pas leur demander une collaboration et
les laisser à eux-mêmes avec leur seul budget, on doit leur
apporter une aide substantielle, dans bien des cas, pour qu'ils soient capables
de nous fournir des expertises, des éclairages additionnels, etc J'ai
demandé de hausser ce programme d'au moins 30 % pour être capable
de mieux cerner, de regarder avec les associations quelles seraient les
meilleures avenues à prendre en ce qui concerne les programmes ou
l'orientation de certains programmes, etc.
Je vous donne un exemple précis. Il y a déjà eu un
programme du ministère pour les pêcheurs de maquereau aux
Îles-de-la-Madeleine. Il y avait un programme où le gouvernement
donnait un certain montant d'argent à la livre, si ma mémoire est
fidèle, une espèce de subvention. On a réalisé en
cours d'année que cette subvention n'allait pas aux pêcheurs de
maquereau, mais plutôt aux industriels et aux gens qui achetaient le
maquereau. Finalement, cela ne donnait pas un cent de plus, sauf que cela
apportait plus d'argent aux industriels. On a modifié cela. Je me suis
assis avec l'association des pêcheurs aux Îles-de-la-Madeleine,
entre autres, et je leur ai dit: On ne reconduira pas ce programme, puisqu'il
ne vous est pas directement bénéfique. Mais on serait prêts
à remplacer ce programme par une aide qu'on fait à l'association.
Vous devrez l'utiliser comme bon vous semblera, pour que cela vous rapporte
à vous et non pas à d'autres instances.
C'est un des programmes qu'on a mis sur pied et on a voulu intensifier
cette collaboration avec des associations de pêcheurs qui en ont toujours
besoin. On sait jusqu'à quel point, quand on discute de toutes sortes de
choses. Exemple: Les associations de pêcheurs qui viennent assez
régulièrement à Québec pour discuter, avec les gens
de mon ministère, de l'amélioration de certains programmes. On
sait jusqu'à quel ^ point cela peut coûter cher de partir des
Îles-de-la-Madeleine, de la Gaspésie ou de la
Basse-Côte-Nord pour venir discuter avec nous. C'est un programme qu'on
met à la disposition des associations pour tâcher de bonifier
notre collaboration avec les associations et les discussions avec le
ministère. C'est dans le but d'obliger les différentes
associations à travailler en concertation les unes avec les autres et de
développer cette solidarité si importante entre les associations
et la collaboration que nous devons avoir dans les discussions que nous avons
avec les divers intervenants.
M. Perron: Si je comprends bien la réponse que vient de
nous donner le ministre, c'est un programme régulier et non pas un
programme discrétionnaire?
M. Picotte: C'est cela. C'est un programme régulier et
"norme".
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait, dans les jours qui
viennent, me transmettre la ventilation de l'aide financière aux
associations de pêcheurs? Une dernière question là-dessus.
Est-ce que cette aide financière s'adresse aussi à l'Alliance des
pêcheurs commerciaux du Québec?
M. Picotte: Dans le prochain programme, pour l'année qui
vient, l'alliance pourrait être bénéficiaire de ce
programme. Pour cette année, non, elle n'a pas été
bénéficiaire. Je n'ai pas d'objection à expédier
aux membres de la commission la ventilation de ce qui a été
donné cette année et nos prévisions pour l'année
qui vient, de même que le programme "norme". (12 heures)
M. Perron: Donc, il est très possible que la
différence entre les 105 000 $ et les 175 000 $...
M. Picotte: En bonne partie, oui.
M. Perron: ...qui est de 70 000 $, s'adresse
éventuellement à l'Alliance des pêcheurs commerciaux du
Québec.
M. Picotte: Oui, en bonne partie.
M. Perron: Une autre question concernant le centre de
responsabilité 1021 se rapportant à la direction des services aux
usagers. C'est une dernière question sur ces sujets. On remarque,
à la sous-catégorie 80, pêches, aide financière
à la flotte de pêche côtière: 170 000 $; en-dessous,
on remarque du divers pour un montant de 575 000 $. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire à quel divers s'adressent ces 575 000 $?
M. Picotte: On me dit que, dans le divers, ce sont des dossiers
qu'on peut cataloguer comme étant des dossiers ad hoc. Par exemple, on a
accordé une subvention de 150 000 $ à Nova Nord pour la zone des
200 milles, entre autres. Cette somme a été prise à
l'intérieur des crédits intitulés, à
l'élément 80, "Divers", où on retrouve la somme de 575 000
$. J'ai Nova Nord, 150 000 $, mais je n'ai pas d'objection à ce que la
liste soit acheminée aux gens de la commis-
sion. Le responsable du ministère, au secrétariat, pourra
éventuellement faire la ventilation du montant de 575 000 $ qui a
été utilisé à même ces crédits qu'on
appelle divers. Il y a eu, entre autres, un programme pour le crabe, si ma
mémoire est bonne. Vous vous souviendrez qu'on a complété
la main-d'oeuvre par des stages, surtout du côté du crabe
où les gens n'avaient pas eu à travailler le nombre de semaines
requis. On a voulu les perfectionner et leur donner des stages, et cet argent a
été puisé au point 80, "Divers". Est-ce que cela
répond à votre question, M. le député? On va vous
acheminer la ventilation.
M. Perron: Oui, la ventilation.
La Présidente (Mme Dionne): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Bonjour, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Bonjour, M. le
député.
M. Perron: Vous êtes tout à fait nouvelle à
votre poste de présidente.
La Présidente (Mme Dionne): Je remplace pour le moment.
C'est cela.
M. Perron: Mme la Présidente, si le ministre me le permet,
j'aimerais maintenant toucher les dossiers à caractère
général pour les régions maritimes du Québec.
Loi sur la transformation des produits marins
Le premier que je voudrais aborder, c'est celui de la Loi sur la
transformation des produits marins. La Loi sur la transformation des produits
marins, c'est-à-dire la loi 38, a été sanctionnée
en juin 1987 et mise en vigueur le 22 juillet suivant, alors que le
règlement afférent sur les permis d'acquéreur de produits
marins a été adopté le 9 septembre. Cette loi entendait
favoriser au maximum la transformation des produits marins au Québec en
introduisant une série d'obligations réciproques entre
pêcheurs titulaires de permis d'acquéreur et exploitants
d'établissement de préparation de produits marins.
Selon les estimations du ministre délégué aux
Pêcheries, la transformation de la ressource à l'extérieur
du Québec a représenté, en 1986, une perte de 180 000
heures-personnes, soit l'équivalent de 300 emplois à 15 semaines.
J'ai plusieurs questions sur ce sujet. Est-ce que le ministre est en mesure de
porter une première évaluation sur les impacts de l'application
de la loi 38, sans pour autant - et je pense qu'on peut s'accorder
là-dessus - dévoiler le nom des entreprises?
M. Picotte: Mme la Présidente, je pense qu'il est un peu
tôt pour faire un bilan complet de cette première année. On
aura, d'ici quelques mois tout au plus, un bilan à présenter et,
quand ce bilan sera fait, je pense que nous ferons ce que nous faisons
habituellement. Je n'ai pas d'objection à ce qu'on puisse le faire
parvenir comme tel aux membres de cette commission. Cependant, on a
déjà pu s'apercevoir d'une nette amélioration en ce qui
concerne la transformation comme telle. Entre autres, il y a eu une saisie aux
Îles-de-la-Madeleine d'effectuée concernant un bateau qui
s'acheminait ailleurs pour aller faire transformer... Je pense que cela a '
permis que cette transformation s'exerce au Québec, tel que nous
l'avions si bien exposé lors de l'adoption de la loi 38 ou de la loi
C-51.
C'est bien évident, Mme la Présidente, que c'est une loi
que nous sommes en train de mettre en vigueur et nous sommes en train aussi de
faire en sorte que les gens qui doivent la faire appliquer soient bien
formés. Entre autres, je vous l'ai mentionné un peu dans mon
discours d'ouverture, il y a quatorze personnes qui sont chargées de
surveiller l'application de la loi qui, au moment où on se parle, ont
suivi des cours et ont suivi des stages pratiques pour savoir de, quelle
façon se comporter face à l'application de cette
loi-là.
En ce qui concerne le contrôle de la Loi sur la transformation des
produits marins, il y a des points de service qui ont été bien
identifiés. Par exemple, en Gaspésie, de Rivière-du-Loup
à l'Anse Pleureuse, il y a un enquêteur à temps plein
à Rimouski, au bureau des renseignements agricoles, dont le point
d'attache est là mais qui couvre cette partie-là. De Madeleine
à Percé, entre autres, il y a deux enquêteurs à
temps partiel jusqu'à Gaspé qui sont au bureau régional de
la Gaspésie. De l'Anse à Beaufils à Matapédia, , il
y a un enquêteur à temps plein qui est au bureau régional
de la Gaspésie. Aux Îles-de-la-Madeleine, par exemple, il y a deux
enquêteurs à temps partiel, à Cap-aux-Meules, au bureau
régional des Îles-de-la-Madeleine. Du côté de la
Côte-Nord, de Tadoussac à la rivière Pentecôte, il y
a un enquêteur à temps plein à Baie-Comeau, dans la station
des Buissons. Du côté de Port-Cartier, à Moisie, il y a
deux enquêteurs à temps partiel à Sept-îles, au
bureau régional de la Côte-Nord. De la rivière Pigou
à Havre-Saint-Pierre, il y a un enquêteur à temps plein
à Havre-Saint-Pierre, dont le port d'attache est au MLCP. De
Kégashka à Blanc-Sablon, il y a deux enquêteurs à
temps partiel à Lourdes-de-Blanc-Sablon, au bureau régional de la
Côte-Nord. Enfin, à Québec, il y a deux enquêteurs
à temps partiel, au bureau régional de Québec. Ce sont des
points de service qui sont situés aux endroits que je viens de vous
énumérer.
L'automne dernier, entre autres, il y a eu une consultation qui a
été effectuée pour l'adoption d'un règlement fixant
le niveau de transformation. On a établi une table de travail avec
les
gens du milieu dans le but de faire en sorte qu'on procède
à l'adoption d'un règlement fixant un niveau de transformation.
Une équipe est en place pour la pêche d'automne, entre autres.
Aussi, comme je vous le mentionnais tantôt, en novembre dernier, il y a
eu une saisie aux Iles-de-la-Madeleine dans le but de faire appliquer ou de
commencer à faire appliquer la loi et de bien faire comprendre aux gens
que cette loi est là pour être appliquée et qu'il s'agit
d'un plus pour le Québec, si on réussit à l'appliquer au
maximum. Je voudrais préciser que ce ne sont pas uniquement à ces
inspecteurs de faire respecter la loi, je pense qu'il faut bien se le dire.
Cette responsabilité incombe à l'ensemble des intervenants des
pêches maritimes. Rappelons-nous que nous avons instauré cette loi
afin d'augmenter' le volume de transformation des produits
débarqués au Québec par nos usines. Il est
indéniable que les personnes chargées de faire respecter la loi
auront besoin de l'aide des gens impliqués dans l'industrie de la
pêche. C'est bien évident qu'on ne pourra jamais se permettre
d'avoir - en tout cas, pas pour l'instant - autant d'inspecteurs que cela en
nécessiterait. Il s'agit d'un travail de collaboration qui doit
être fait si on veut que le tout soit fait de façon
productive.
M. Perron: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si, tel que
le souhaitait le législateur, il y a eu un accroissement de la valeur
ajoutée à la première transformation au Québec?
Auquel cas, à combien est-il estimé?
M. Picotte: Je ne peux pas vous répondre au moment
où on se parle, mais, dans le bilan que nous ferons de cette
première année d'opération - quand je dis première
année, il faut bien s'entendre, c'est finalement une demi-année
bien plus qu'une première année, puisqu'on a commencé
cela, comme vous le savez, au mois de juillet, ou à peu près -
dans un avenir rapproché, on pourra examiner tout cela. Je pense que
l'ensemble du bilan qui sera fait par nos services pourra nous démontrer
si, effectivement, il y a eu une nette amélioration. Nous croyons qu'il
y a eu une nette amélioration. Uniquement dans la saisie des
Îles-de-la-Madeleine, entre autres, il y a eu une augmentation de 24 000
$.
M. Perron: Compte tenu de la loi actuelle qui, à mon sens,
en tout cas, rend les pêcheurs captifs des transformateurs
québécois, est-ce que cette loi ne contribue pas a faire pression
à la baisse sur le prix des captures?
M. Picotte: Si on se fie encore, - le bilan viendra nous le
démontrer - à une partie de l'an passé, les captures ont
été à la hausse. Donc, cela n'aurait pas influencé
comme tel.
De façon générale, on me dit que les prix de
débarquement au Québec sont plus forts, plus élevés
que n'importe où dans le domaine mariti- me. Donc, cela n'aurait pas eu,
selon toute vraisemblance et selon les premières données que nous
avons, une influence - au contraire - que cette loi-là soit
adoptée. Comme je le disais si bien... Cela n'empêche pas,
évidemment, les pêcheurs d'aller livrer aux usines qu'ils veulent
au Québec. Ils n'ont pas de carcan comme tel. Ils ne sont pas
obligés d'aller à un endroit plutôt qu'à un autre.
Ils peuvent quand même livrer à l'endroit où ils veulent au
Québec.
Comme je le disais si bien, quand j'ai rencontré ces
gens-là, pour en avoir discuté, entre autres, aux
Îles-de-la-Madeleine et en Gaspésie, je leur mentionnais que,
comme nous sommes en période de rodage comme tel avec les tout nouveaux
règlements, il n'est pas impossible que, dans un avenir
rapproché, on puisse corriger des choses, modifier certains
règlements, réorienter certaines choses. Je pense qu'il faut le
voir dans cette perspective-là. Quelqu'un me faisait part que, pour une
catégorie, il n'y avait pas possibilité de faire la
transformation au Québec ou que cela ne semblait pas rentable de faire
une certaine transformation au Québec. Donc, à partir de ce
moment-là, je dis: C'est possible, il s'agira de nous le
démontrer. En nous le démontrant, il s'agit, pour nous, le
gouvernement, de modifier les règlements en conséquence. Ce qu'on
ne veut pas, c'est brimer ou empêcher que des choses se fassent, si on
n'est pas capables de les faire, ou empêcher des industries de les faire
à l'extérieur si cela ne semble pas rentable de les faire ici.
Mais ce qu'on veut, c'est au maximum ce qui est faisable. Ce qui est
transformable au Québec, qu'on le fasse dans le but d'une meilleure
création d'emplois, dans le but que les gens travaillent de façon
additionnelle dans nos usines et dans le but que ce développement
économique, que nous trouvons important, reste au Québec comme
tel.
Il y a des associations de pêcheurs qui se sont prononcées,
à ce jour, favorablement et très favorablement à
l'égard de cette loi. Mais c'est évident qu'il ne faut pas voir
cela en fonction de quelque chose d'immuable comme tel. Il faut,
régulièrement, quand il y a lieu de s'ajuster, le faire. Entre
autres, un pêcheur exportait 3 000 000 de livres de poisson par an et la
loi l'incitait à investir dans une usine et à créer 80
emplois. Juste pour vous donner un exemple, je sais qu'il y avait un
pêcheur qui exportait 3 000 000 de livres de poisson par an à
l'extérieur. Maintenant, la loi l'a incité à investir dans
une usine et à créer 80 emplois. Bien, ce sont 80 emplois de
plus, c'est un peu du développement pour le Québec. Mais, comme
je le disais si bien, il ne faut pas le voir de façon ex cathedra. S'il
y a des choses à améliorer, je pense qu'il faut avoir cette
constante collaboration des associations, des transformateurs et de tout le
monde des pêches. (12 h 15)
Effectivement, je pense que c'est aux îles-
de-la-Madeleine où on me disait que le sébaste, qui a
moins de dix pouces et que les gens prenaient, mais moins de dix pouces,
ça ne s'avérait pas rentable de le transformer au Québec
et il y a un marché pour le vendre directement aux États-Unis.
Alors, on a dit: Effectivement, on va regarder cela et, si c'est la
réalité, il y aura peut-être lieu de regarder dans notre
réglementation pour que cette distinction soit faite. Mais, comme je
vous le dis, on est en pleine période de rodage et on a un bilan
à faire qui s'échelonnera sur environ six mois, donc un bilan
nettement incomplet à cause du temps que nous avons pris à mettre
tout cela en branle; mais qui sera assez révélateur et qui nous
permettra de nous ajuster en cours de route.
M. Perron: Mme la Présidente, est-ce qu'il y a
actuellement des poursuites en justice en rapport avec cette loi?
M. Picotte: II y a présentement un cas. M. Perron:
Dans quelle région maritime? M. Picotte: Les
Îles-de-la-Madeleine.
M. Perron: Une dernière question sur ce sujet. Le ministre
a mentionné tout à l'heure qu'il y avait des inspecteurs
supplémentaires qui avaient été mis en place dans
différentes régions maritimes du Québec. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire combien il y a d'inspecteurs? Je n'ai pas fait
l'addition quand on l'a mentionné tout à l'heure.
M. Picotte: En tout, comme je l'ai mentionné tantôt,
il y a quatorze personnes chargées de faire appliquer cette loi.
À l'intérieur, il y a des gens occasionnels puis des gens du
ministère, mais, en tout, c'est quatorze personnes situées aux
différents endroits que j'ai mentionnés, aux points de service.
Cela a nécessité quatre occasionnels de plus.
M. Perron: Comme il y a eu plainte dans un dossier, qui, par la
suite, a été portée en justice, est-ce qu'il y a eu
d'autres plaintes face à cette loi?
M. Picotte: À ma connaissance, il n'y a pas eu d'autres
plaintes, sauf - je ne sais pas si je peux m'exprimer ainsi - une plainte non
fondée qui avait été faite au printemps et, après
vérification des gens du service, il n'y avait pas lieu de poursuivre
plus avant notre enquête là-dessus.
Conflit franco-canadien sur la zone de pêche
M. Perron: Mme la Présidente, sur un autre sujet se
rapportant au conflit franco-canadien sur la zone de pêche, l'actuel
litige entre Paris et Ottawa et pouvant porter le nom de "guerre de la morue",
comme l'a si bien titré un journal du Québec, repose sur un
double volet, à savoir le partage des zones économiques
revendiqué par les deux capitales au large de Saint-Pierre-et-Miquelon,
ainsi que la détermination, par le gouvernement canadien, des
contingents de captures alloués aux chalutiers français,
incluant, bien sûr, la flotte métropolitaine. Le règlement
de ce conflit aura sûrement des incidences extrêmement importantes
au Québec, dans la mesure où le consortium Nova Nord revendique
des droits similaires à ceux réclamés par Paris.
La question est la suivante: Québec a appuyé la position
fédérale qui favorisait la mise en place de conditions de
réalisations additionnelles à des projets tel celui de Nova Nord.
Ainsi, Québec croit-il que la réduction des quotas alloués
à la France pourrait favoriser l'accès à la zone de 200
milles par des bateaux québécois, incluant Nova Nord. Est-ce que
le ministre pourrait me répondre à cela?
M. Picotte: Oui. en fait, en ce qui concerne le litige
Canada-France du côté des pêches, il est bien important
qu'on se dise ceci: Nous faisons partie d'ailleurs de la
délégation canadienne. Nous sommes là à titre
d'observateurs dans les négociations qui se passent. Le Québec
fait partie de la délégation canadienne. Nous souscrivons
à la thèse défendue par le Canada et nous sommes
persuadés, en ce qui nous concerne, que c'est un peu le même
problème. Je regardais cela et je regardais les doléances des
gens de Saint-Pierre-'et-Miquelon dans ce domaine-là. On disait: II y a
de moins en moins de poissons. Effectivement, c'est la réalité
que l'on retrouve aussi au Québec. On sait jusqu'à quel point le
non-accès à la zone de 200 milles a fait, puisque vous l'avez
souligné un peu tantôt, en sorte que Purdel a dû -
momentanément, nous l'espérons - faire des mises à pied
parce qu'effectivement il faut aller chercher du poisson dans la zone des 200
milles. Évidemment, plus on donne des quotas dans cette zone-là
ou dans d'autres zones à la France, moins il reste de poissons pour les
Québécois. À partir de ce moment-là, c'est notre
prétention, et nous avons aussi l'obligation, comme parlementaires, de
faire valoir le point de vue des Québécois de ce
côté-là, c'est la raison pour laquelle nous épousons
la thèse du Canada. Je ne dis pas que le ministre des Pêcheries
pourrait aller jusqu'à faire une grève de la faim pour
démontrer cela, mais au moins faire en sorte que cela soit bien clair
qu'effectivement il y a là aussi des quotas pour le Québec
à aller chercher, puis qu'il faut aller les chercher. Et si on en donne
à d'autres, il y en a moins pour nous. C'est comme cela qu'il faut
envisager /a situation. La journée où l'on démontrera
qu'il y en a amplement et suffisamment et qu'il y a même
débordement pour tout le monde, bien, on verra si on doit faire un autre
partage mais jusque-là, moi, je pense que notre
position est de défendre la position canadienne comme telle dans
le but de protéger nos pêcheurs québécois.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député des îles-de-la- Madeleine.
M. Farrah: Merci, Mme la Présidente. En parlant de
relations internationales, est-ce que le ministre est en mesure
d'évaluer l'impact du libre-échange, eu égard à
l'industrie de la pêche au Québec?
M. Picotte: Je pense que, dans la mesure où les
barrières tarifaires sont enlevées aux États-Unis et
maintenues pour d'autres pays, cela peut être bénéfique
pour le Québec. Il y aura sûrement un marché fort important
advenant que l'accord du libre-échange soit ratifié de part et
d'autre. Il y a là un accès fort important pour les
pêcheurs québécois, pour exporter notre poisson du
côté des États-Unis. Comme on a toutes les raisons de
croire que d'autres pays auront des barrières tarifaires qui leur sont
imposées, je pense que c'est un marché qui devient très
intéressant pour le Québec. C'est notre perception, du moins.
La Présidente (Mme Bélanger): M le
député...
M. Picotte: On me dit aussi - et c'est un point auquel je n'avais
pas pensé - que cela toucherait aussi les produits de deuxième et
de troisième transformation. Alors, je pense que de ce
côté-là il y a encore un plus important; il faut ajouter
cela à cela.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis.
Normalisation des usines de transformation
M. Perron: Concernant la normalisation des usines de
transformation. Le ministre a mentionné, dans son exposé du
début, qu'il y avait 73 usines dans l'illégalité depuis le
1er avril 1986 et qu'il y avait eu des modifications en cours de route à
la suite de normalisations II y avait, au 1er mars l'an dernier, selon la liste
fournie par le ministère pour l'étude des crédits
1988-1989, encore 42 usines en fonction sans permis. Et cela, le ministre l'a
mentionné.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre entend
accélérer le processus de normalisation et est-ce que le ministre
entend modifier la loi ou continuer à permettre que ces usines
fonctionnent dans l'illégalité par des tolérances?
M. Picotte: Mme la Présidente, je pense que, quand le
député de Duplessis parle d'accélération, cela est
déjà fait. On a mis l'accélérateur au maximum du
côté de la normalisa- tion des usines. Pour l'instant, je suis
encore d'avis, moi, que de modifier la loi, comme le demande le
député de Duplessis, comme l'a fait mon collègue, le
député de Lévis, quand il était à la
tête de ce ministère, fart en sorte de sécuriser les gens
du milieu qui disent: Bien, la loi a été reconduite, on a
modifié la loi; donc, il n'y a rien qui presse, on peut se donner encore
une autre bonne année de grâce.
Cela était un petit peu - et je vous l'ai expliqué l'autre
fois - je pense que ce sont deux théories un petit peu
différentes. Nous croyons, et moi je crois pertinemment que le fait de
modifier la loi vient dire aux gens du milieu: Bon, le ministre a
modifié la loi à l'Assemblée nationale; il a donné
encore 12 mois; on est certain que, dans 11 mois, si on ne s'est pas
conformé ou s'il ne s'est pas fait quelque chose de bien draconien de ce
côté-là, le ministre ne voudra pas qu'on soit dans
l'illégalité, puis il modifiera la loi pour une autre
année.
Alors, j'ai coutume de dire, dans mon langage à moi, que c'est un
petit peu de gâteau pour finir le sucre à la crème, un
petit peu de sucre à la crème pour finir le gâteau, un
petit peu de gâteau pour finir le sucre à la crème, mais
cela ne finit jamais, finalement. On finit tous par être
diabétiques à ce compte-là. Alors, à partir de ce
moment-là, il faut leur dire, à mon avis: Écoutez, le
gouvernement est sérieux et, à l'intérieur des normes
permises, des normes administratives que le ministre peut utiliser, vous allez
nous fournir un plan de rationalisation; on est sérieux et vous allez
devoir vous conformer et vous normaliser. Cette façon de penser a
permis, comme l'a si bien dit le député de Duplessis tantôt
- et je pense qu'il a bien compris le discours que j'ai fait au début -
de faire diminuer de beaucoup, c'est-à-dire de faire passer le nombre
d'établissements sans permis de 73 à 42 au moment où on se
parle, ce qui veut dire qu'il y a déjà... On n'a pas fait de
modification à la loi et on n'a pas reconduit pour un autre douze mois
des gens qui ont dit: Le gouvernement est sérieux et, si on ne se
conforme pas, il va se passer quelque chose II y a 31 établissements qui
sont déjà sous permis additionnel. C'est déjà un
gros gain. Tant et aussi longtemps que les gens vont suivre l'entente qu'ils
ont eue avec nous pour se normaliser, c'est-à-dire que les dates
d'échéance vont être respectées, le ministre va se
fier à la bonne foi des gens du milieu pour dire... Mais dès
qu'il y aura un accrochage, ils savent très bien, et je le dis encore
publiquement, qu'on va intervenir et sans pitié. Sans pitié, cela
veut dire faire ce qu'on a fait à ce jour. Il y a déjà un
cas qui est devant les tribunaux; il y a déjà trois autres
dossiers qui sont soumis au ministre de la Justice et il y aurait des gens qui
seraient poursuivis parce qu'ils ne veulent pas se conformer? Mais c'est notre
nouvelle philosophie. On prétend qu'on fait plus de pas à
participer comme cela qu'on pourrait le faire en disant. On
vous donne encore douze mois additionnels et, dans douze mois, on vous
en donnera encore douze autres sous prétexte que vous ne pouvez pas...
Au point de vue administratif, on préfère être
tolérant en faisant le suivi dossier par dossier et en faisant respecter
les échéances que les gens ont établies avec nous
plutôt que de procéder autrement. À reporter la loi, on
n'en finira pas. Tant et aussi longtemps qu'il y aura des ministres, on va
reporter des lois. On va se retrouver en l'an 2000 et il y aura encore des
usines qui n'auront pas de permis.
M. Perron: Mme la Présidente, en 1987-1988, pour la mise
aux normes des usines de transformation des produits de la pêche
maritime, le gouvernement a versé en subventions 353 471 $ par le
programme de rationalisation du secteur de la transformation des produits
marins et 34 550 $ par le programme de compensation à la
désuétude des conserveries et des usines de , préparation
des produits marins, pour un total de 388 021 $. Quels sont les paiements de
transferts prévus à ces programmes pour 1988-1989?
M. Picotte: M. le député de Duplessis, dans vos
notes, vous avez effectivement un programme de rationalisation de 353 471 $
plus un programme de désuétude, à l'annexe 2, de 34 550 $.
Mais il y a eu plus d'argent de versé que cela en 1987-1988 dans le sens
qu'il y a eu des dossiers ad hoc pour une valeur de 1 140 621 $. Les dossiers
ad hoc comme tels, si je regarde à l'annexe 3, je pourrais vous donner,
entre autres, les cas de Primonor, une usine de fabrique à glace, pour
un montant de 598 876 $, et la fabrique à glace de
Sainte-Thérèse-de-Gaspé, 127 500 $. Il y a ces
deux-là, soit 600 000 $ plus 127 000 $, où on eu des
interventions. Il faut ajouter à cela le programme bio-aquatique qui est
de 21 147 $, ce qui fait un total, dans les montants d'argent versés par
les programmes de rationalisation, les programmes de désuétude,
les programmes ad hoc, le programme bio-aquatique et l'entente auxiliaire
Canada-Québec, de 1 549 789 $. (12 h 30)
M. Perron: Mais là, le ministre me parle de montants qui
ont été versés. Ce que je lui demande comme question,
c'est: Quels sont les paiements de transferts prévus à ces
programmes pour 1988-1989?
M. Picotte: On va vous donner le montant des transferts que nous
avons pour l'année 1988-1989; ce sont des montants de l'ordre de 3 542
000 $, avec quelques cents additionnels probablement. Il y a 1 000 000 $ qui
est consacré, entre autres, au développement du secteur de la
transformation et de la commercialisation des produits bio-aquatiques; il y a
un montant de 2 500 000 $ pour ce qu'on appelle des dossiers ad hoc, comme
celui que j'ai mentionné tantôt, certains dossiers. Donc, les
paiements de trans- ferts pour l'année qui vient: 3 542 000 $.
M. Perron: Mme la Présidente, concernant la loi dont on
parlait tout à l'heure face à la normalisation, quels sont les
cas qui ont été portés à l'attention du
ministère de la Justice et combien font l'objet de poursuites
actuellement?
M. Picotte: Je préférerais, M. le
député, si vous y tenez à tout prix, vous mettre en
relation, de même que les membres de la commission, avec mon
attaché politique qui pourra vous donner les cas. Étant
donné que le ministère de la Justice n'a pas encore
décidé si on poursuivait ou pas, je pense qu'il pourrait
être un petit peu dangereux de souligner publiquement ces cas-là,
mais je n'ai pas d'objection à ce qu'on vous en fasse part et à
ce qu'on vous tienne au courant, le cas échéant, si le
ministère de la Justice décidait de procéder.
M. Perron: D'accord. M. Picotte: D'accord? M.
Perron: Cela va.
M. Picotte: À tous les membres de la commission qui y
tiendraient, mon attaché politique pourra vous donner ces
détails-là.
Construction de bateaux de pêche
M. Perron: Construction de bateaux de pêche. Selon les
renseignements fournis pour l'étude des crédits 1988-1989
relativement à l'aide financière pour la construction de bateaux,
la ventilation des paiements de transferts s'établit en
différents secteurs, par exemple: construction de bateaux de pêche
pour le Québec nordique; construction de bateaux de 6 à 10,6
mètres; construction de bateaux de 10,6 mètres et plus. Le
ministre peut-il nous expliquer la légère baisse des
crédits pour les bateaux de 10,6 mètres et plus, ainsi que
l'importante majoration pour le Québec nordique? Pourquoi cette
importante majoration?
M. Picotte: Mme fa Présidente, je pense que vous n'aurez
pas d'objection à ce que M. Diamant puisse donner certains
détails techniques à ce sujet-là.
M. Diamant: La diminution, dans le cas de l'aide à la
construction des bateaux de plus de 10,7 mètres s'explique uniquement
par les modifications apportées aux modalités du programme.
Dorénavant, nous verserons des subventions d'intérêts au
lieu de verser des subventions à fa construction même des bateaux.
La subvention d'intérêts étant versée sur un certain
nombre d'années, c'est-à-dire théoriquement sur la
durée du prêt, le montant est moins élevé
annuelle-
ment, si vous voulez. C'est l'explication.
Dans l'aide à la construction de bateaux de pêche pour le
Québec nordique, l'année dernière, ce programme-là
a requis des crédits de l'ordre de 100 000 $ seulement. Alors, on
anticipe des demandes un peu plus élevées en 1988-1989 et, dans
le cas où ces demandes-là ne seraient pas aussi
élevées qu'anticipé, nous aurons des discussions avec les
représentants des groupes concernés, Inuit ou autres groupes
ethniques, et nous réaffecterons les sommes qui ne seront pas
utilisées à d'autres types d'activités.
M. Perron: Merci. Mme la Présidente, la modernisation de
la flotte de pêche a provoqué, bien sûr, un accroissement de
la puissance de pêche, ce qui entraîne, comme le rappelle le
document du MAPAQ "L'industrie bio-alimentaire en 1987: performances et
perspectives pour 1988" une forte réduction de la durée de
pêche dans le cadre des contingents stables et une baisse de la
rentabilité de la flotte elle-même. On peut retrouver cela
à la page 81 du document que je viens de mentionner. Or, poursuivait le
même document, un groupe de travail fédéral-provincial
devait aborder ce sujet au cours de 1988 à la fois par le biais de la
révision de la politique canadienne d'émission des permis de
pêche et par des études sur des méthodes de rationalisation
de la flotte de pêche canadienne dans l'Atlantique. Ce groupe de travail
a-t-il été mis sur pied? A-t-il entrepris ses travaux et selon
quels devis?
M. Picotte: M. Diamant.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Diamant.
M. Diamant: Pour l'instant, le groupe de travail n'a
abordé que les questions concernant le programme d'allocation aux
entreprises. Il n'a pas abordé pour l'instant, même à la
suite de nos insistances, la question de la rationalisation de la flotte. Lors
de la dernière rencontre des ministres des pêcheries, le ministre
qui représentait le Québec, M. Picotte, a insisté
auprès de ses collègues des autres provinces et du gouvernement
fédéral pour que la rationalisation soit considérée
dans les prochains travaux du groupe de travaï. Nous nous attendons
à une réponse à ce sujet au cours des prochains mois.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Perron: J'ai d'autres questions sur le même sujet, Mme
la Présidente. La rationalisation de la flotte de pêche canadienne
dans l'Atlantique signifiera-t-elle la fin des espoirs du consortium Nova
Nord?
M. Picotte: Je pense, Mme la Présidente, qu'il n'y a pas
de crainte à avoir de ce côté-là. Au contraire,
c'est peut-être l'occasion d'entrer dans la zone des 200 milles comme
telle. Cela va sûrement nous permettre de bien faire comprendre que notre
appartenance à la zone des 200 milles est là et que nous y avons
un intérêt, d'autant plus qu'on me dit que, même à
l'intérieur de la zone des 200 milles, les quotas accordés
à d'autres provinces ne sont même pas utilisés au complet.
Dans certains cas, une certaine quantité de poissons demeure
inutilisée à l'intérieur du quota.
M. Perron: Périmée
M. Picotte: Oui, des poissons périmés! À
partir de ce moment-là, on dit qu'il devrait y avoir un nouveau partage.
Ce nouveau partage tiendrait compte des poissons moins convoités et il
permettrait de refaire une juste redistribution.
M. Perron: Une dernière courte question là-dessus.
Puisqu'il s'agit d'un groupe de travail Canada-Québec, comment se
manifeste la participation du Québec à ce groupe de travail?
M. Picotte: Pour l'instant, cela concerne les fonctionnaires
comme tels. À chacune des réunions commandées pour
discuter de ces éléments, nos fonctionnaires sont présents
à la table et font valoir notre point de vue. Il est bien évident
que, quand tout cela est fait, un rapport est acheminé aux
différents ministres concernés, que ce soit dans ce
domaine-là ou dans un autre; par la suite, cela amène des
discussions lors des rencontres interministérielles, c'est-à-dire
entre les ministres des provinces et le ministre fédéral. Mais
nos fonctionnaires sont assis aux tables, discutent de ce sujet-là et
nous font rapport.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Merci, Mme la Présidente. Comme on le sait, le
nouveau programme de construction de bateaux a amené une augmentation
substantielle de la construction au cours des cinq dernières
années. Je pense que le ministre l'a mentionné dans son discours
d'ouverture. L'an passé a pratiquement été une
année record.
J'aimerais savoir si c'est la tendance que les constructions
s'exécutent principalement dans les régions maritimes,
contrairement aux années antérieures.
La Présidente (Mme Bélanger): M le ministre.
M. Picotte: Oui, Mme la Présidente. Je pense qu'on ne
pourrait pas de façon définitive et catégorique affirmer
que ces constructions se font dans des régions maritimes comme telles.
Tout ce qu'on peut dire cependant, c'est qu'un chantier maritime a
été ouvert à Paspébiac, entre autres, qui est dans
une région maritime du Québec. Il y a le chantier maritime de
Matane
qui a investi dernièrement pour construire des bateaux d'acier.
Il y a eu la réouverture du chantier de Gaspé et, dans votre
propre région, il y a une expansion assez importante qui est en voie de
se réaliser au chantier Leblanc. C'est donc dire que la construction de
bateaux profite, hors de tout doute, aux régions maritimes. Dans quelle
proportion? Il est peut-être un peu trop tôt pour le dire, mais il
y a des retombées importantes qui se font.
M. Farrah: Je pose la question, Mme la Présidente, parce
que je sais que, dans ma région, les Îles-de-la-Madeleine, il y a
un constructeur qui s'appelle Léo Leblanc. Comme vous venez de le
mentionner, son carnet de commande est rempli pour pas loin de deux ans, je
pense. Cela ne s'était pas vu depuis longtemps. On me dit que le nouveau
programme fait en sorte que le pêcheur peut déterminer où
son bateau sera construit. Cela peut avoir un impact bénéfique
dans les régions maritimes. Je voulais savoir s'il y avait une tendance
ailleurs qu'aux îles. Je sais qu'aux îles nous l'avons
constaté nous-mêmes. Je vous remercie.
M. Picotte: On parlait aussi du chantier Doucette, dans
Saint-Omer, si ma mémoire est fidèle, qui est en train de
s'installer pour construire des bateaux en fibre de verre. Lors de mon passage
en Gaspésie, avec le ministre des Finances, je suis allé
visité une de ces usines. On nous mentionnait qu'il y avait reprise du
développement économique important de ce
coté-là.
Bien sûr que nous ne pouvons dire si ces retombées se font
à 100 % dans des régions maritimes; probablement pas à 100
%, mais il y a déjà un fort pourcentage et une augmentation
intéressante.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Duplessis.
M. Perron: Dans le cadre de l'ententeauxiliaire
Canada-Québec sur le développement des pêches maritimes et
pour le volet développement des infrastructures de pêche en
Basse-Côte-Nord, le ministère accorde cette année des
crédits de l'ordre de 2 000 000 $. Est-ce que le ministre peut nous dire
quels seront les projets qui seront privilégiés dans le cadre de
cette entente?
M. Picotte: Les principaux cas qu'on pourrait vous souligner
rapidement - car il y a des cas encore à l'étude - sont d'abord
La Tabatière, un port de pêche où il y a une
possibilité de 2 500 000 $ d'intervention; il y a Primonor, du
côté des usines, où il y a là aussi une expansion de
5 600 000 $; il y a une saline à Blanc-Sablon où il y a une
projection de 1 000 000 $; Harrington, entre autres, modernisation d'une saline
pour la valeur d'environ 1 000 000 $. Ce sont, en gros, les projets qu'on
envisage, qui sont suffisamment avancés et qui sont approuvés. Il
reste d'autres projets à l'étude, pour lesquels on n'a pas encore
d'acceptation de donnée. (12 h 45)
M. Perron: Qui pourraient faire partie de l'entente
Canada-Québec?
M. Picotte: Oui, qui pourraient faire partie de l'entente
Canada-Québec.
M. Perron: Avec des budgets qui sont déjà
prévus dans l'entente?
M. Picotte: Effectivement.
M. Perron: Merci.
M. Picotte: C'était bon, n'est-ce pas?
M. Perron: C'était bon, oui, surtout que cela concernait
mon comté.
M. Picotte: Ha, ha, ha!
M. Perron: J'aurais seulement une autre question
là-dessus.
M. Picotte: Vous allez voir, votre discours va changer l'an
prochain.
M. Perron: Sur la question des millions de dollars par rapport
à Blanc-Sablon, est-ce que c'est l'Association des pêcheurs ou si
c'est une entreprise privée qui est impliquée?
M. Picotte: C'est l'Association des pêcheurs.
M. Perron: Dans le cas du parc de pêche de
La Tabatière, on n'est pas encore sorti en soumissions dans ce
dossier-là. Quand entend-on le faire?
M. Picotte: On me dit que nous en sommes rendus aux plans et
devis. Mon sous-ministre me dit que ce serait au cours des prochaines semaines,
mais parlons des deux prochains mois au maximum.
M. Perron: Le ministre veut se protéger. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Perron: Est-ce que cela a rapport avec le remaniement
ministériel qu'entend faire le premier ministre du Québec? C'est
pour cela, les deux mois?
M. Picotte: Je ne le pense pas. Moi, je n'ai pas entendu parler
de cela. Où est-ce que vous avez vu cela, cette affaire-là? C'est
pour cela que ma précaution était... Et là, on m'ajoute
des
mots... Vous voyez comme on finit par être prudent, et très
prudent. À moins que le ministère de l'Environnement ne nous
exige une étude d'impact, ce qui viendrait retarder un petit peu - pour
ne pas dire un gros peu - la possibilité d'aller en soumissions. Mais,
selon nos informations et selon nos prévisions, je pense bien que cela
devrait se dérouler très rapidement et qu'on n'aura pas besoin
d'étude d'impact de ce côté-là. En tout cas,
croisons-nous les doigts.
M. Perron: Dans ce projet de La Tabatière concernant le
parc de pêche, est-ce qu'il y a, actuellement, des pressions qui sont
faites par le milieu amérindien montagnais, comme cela a
été le cas dans le cadre d'Hydro-Québec au lac
Robertson?
M. Picotte: Pas à notre connaissance.
M. Perron: D'accord. Pour la tarification des services aux
pêcheurs et aux industriels, ma question est la suivante: Le ministre
peut-il nous expliquer comment il se fait que, de 1986-1987 à 1987-1988,
les tarifs dans les parc d'hivernement pour les bateaux de pêche aient
pour l'essentiel doublé? J'explique: Le bateau de moins de 15 tonnes, de
88 $, passe à 110 $; de 15 à 55 tonnes, de 100 $, passe à
180 $; de 35 à 80 tonnes, de 150 $ en 1986-1987, cela passe à 300
$, et plus de 80 tonnes, de 200 $ en 1986-1987, cela passe à 400 $ en
1987-1988.
M. Picotte: C'est pour une raison administrative tout simplement.
On n'a pas à se le cacher, il faut bien le mentionner, c'est qu'il y
avait un déficit d'opération de 350 000 $. Dans le cadre de la
rationalisation des dépenses et pour faire partager ces
dépenses-là par les utilisateurs, il y a eu une augmentation dans
le but de diminuer le déficit.
M. Perron: Est-ce que c'était une consigne qui vous avait
été donnée par le président du Conseil du
trésor?
M. Picotte: Non, non. Pas à mon niveau, en tout cas. Je
n'ai pas eu de consigne là-dessus, sauf qu'il y a une volonté
politique, effectivement, autant de celui qui vous parle que, je pense, de
l'ensemble du Conseil des ministres, de rationaliser davantage les
dépenses et de faire en sorte que l'utilisateur puisse être mis
à contribution selon des normes qui nous paraissent plus acceptables en
1987-1988.
Tout le monde sait que, s'il y avait privatisation, cela ferait que les
tarifs seraient dans une proportion beaucoup plus agencée à 1988.
C'est toujours plus facile quand c'est gouvernemental. Les déficits sont
toujours payés par l'État. Je pense qu'il y a une juste
proportion qu'il faut établir. Cela ne viendra pas surprendre qui que ce
soit lorsqu'il y aura des privatisations, parce que cela reflétera le
prix qui doit être demandé pour ces services.
M. Perron: Si je comprends bien, comme c'est le ministre
lui-même qui fixe les tarifs pour les bateaux, selon leur tonnage et
selon le type de ces bateaux, c'est que le ministre entend continuer à
permettre des augmentations substantielles pour que le ministère n'ait
plus à subventionner ce genre d'opération pour en arriver
à une privatisation éventuelle.
M. Picotte: II ne faut pas le voir nécessairement dans ce
sens-là. Ce que je constate dans bien des domaines, et je vais
peut-être ignorer ce domaine, malgré le fait qu'il doit
refléter pas mal les autres choses que j'administre dans l'autre
ministère et dans d'autres domaines, c'est que tes tarifs n'ont pas
toujours suivi depuis quelques années les augmentations du coût de
la vie, si bien qu'on se retrouve dans des situations où il y a un
écart vraiment épouvantable entre ce qui devrait être
demandé, avec les augmentations du coût de la vie qui ont eu lieu
depuis quelques années, et ce qui est demandé en
réalité. Donc, il y a bien des façons de regarder cela.
Soit qu'on dise un bon matin: On laisse porter cela et la journée
où c'est un autre qui s'en occupe ou même si nous, on
décide de dire: Vous allez payer à peu près ce que cela
vaut, là, on fait un saut épouvantable, tout le monde tombe sur
le dos et dit: Cela n'a pas de bon sens. Soit qu'on commence déjà
à augmenter les tarifs en faisant bien comprendre aux gens cette
augmentation. Lorsqu'on discute avec eux, on peut leur démontrer que
pour les services qu'ils ont, compte tenu de ce que cela coûte, c'est
tout à fait normal d'augmenter les tarifs pour ne pas en arriver
à une augmentation sauvage, si je peux m'exprimer ainsi, à un
certain moment donné, qui prenne tout le monde par surprise.
Alors on le fait de façon plus graduelle en disant. C'est normal
de payer ceci pour des services qui vous sont offerts. Si ces gens-là se
donnaient eux-mêmes leurs propres services... Quand on privatise et que
c'est une association de pêcheurs qui prend des choses semblables
à cela, ils sont obligés eux aussi de constater qu'il faut qu'ils
ramènent cela à des prix plus normaux et plus acceptables de
1988, et non pas vivre avec des prix de 1982, de 1980 ou de 1975.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Mme la Présidente, à des fins de
comparaison dans les tarifications des centres de services, est-ce que vous
avez regardé ce qui se faisait ailleurs, dans les autres provinces, pour
des services similaires en ce qui concerne la tarification? Est-ce vraiment
plus dispendieux qu'au Québec ou si cela s'équivaut? Je ne sais
pas si cela a été regardé par le ministère.
M. Picotte: On me dit qu'après avoir augmenté notre
tarification, maintenant qu'elle est augmentée et qu'on la compare au
Nouveau-Brunswick, on dit que c'est comparable à ce qui se fait au
Nouveau-Brunswick.
M. Perron: Est-ce aussi comparable à ce qui se fait
à Terre-Neuve et a l'île-du-Prince-Édouard?
M. Picotte: On me dit que, toute proportion gardée, avec
la qualité des services, cela pourrait être comparable, mais,
compte tenu qu'à Terre-Neuve la qualité est pas mal moindre qu'au
Nouveau-Brunswick et qu'au Québec, il serait bien difficile de faire une
comparaison de même étage.
M. Perron: Dans le cas des tarifs, qui sont aussi fixés
par le ministre, se rapportant à la vente de glace, on sait qu'en
1985-1986 pour les bateaux de pêche et les producteurs, le prix de la
glace était de 9,65 $ la tonne métrique et qu'il y a eu une
augmentation substantielle après l'arrivée du gouvernement
libéral en 1986-1987. Dans le cas des Pêcheurs du Québec
enr., cela montait à 25 $ la tonne et, en 1987-1988, à 30 $ la
tonne. Est-ce que le ministre entend permettre une augmentation substantielle,
comme cela se fait pour les bateaux, pour en arriver à avoir des tarifs
comparables et lui permettre par la suite une privatisation?
M. Picotte: Êtes-vous en train de me dire qu'on refroidit
les ardeurs de ceux qui croyaient avoir de la glace à bon marché?
Je veux vous mentionner ici qu'on n'est plus dans le domaine de la glace. On en
est sortis complètement, on est allés en privatisation et ce sont
maintenant, la plupart du temps, des associations de pêcheurs qui
exploitent ces usines.
M. Perron: Donc, les tarifs ont été
autorisés par le ministre avant la privatisation.
M. Picotte: Ils ont été autorisés avant pour
les ramener à un taux uniforme, un peu comme je vous le disais
tantôt, à un taux de 1987.
M. Perron: Pour permettre cette privatisation.
M. Picotte: À partir de ce moment-là, les
associations de pêcheurs le prennent et ils réalisent eux aussi
qu'il faut qu'ils s'en tiennent non pas à des profits exorbitants, bien
sûr - parce qu'il n'y a pas de profits à faire là, au
contraire, il n'y avait que des déficits quand le gouvernement
l'exploitait - mais de faire en sorte qu'au moins ils entrent dans leurs
frais.
M. Perron: Mais le ministre admettra avec moi que ce sont encore
les pêcheurs qui paient la note.
M. Picotte: Ils ont accepté...
M. Perron: ...par suite de décisions gouvernementales.
M. Picotte: ...de bon gré, parce qu'on a discuté.
Je les ai rencontrés. Entre autres, je me rappelle être
allé dans la région du comté de mon ami, M. Beaudin, de
Gaspé. Là, les gens étaient tout fiers d'avoir pris une
usine et disaient: Venez voir comme on est bien meilleurs que vous autres, bien
plus performants. On fait cela bien mieux que vous autres. Effectivement, j'ai
dit: Vous faites cela mauditement mieux que nous autres. Alors, tant mieux
s'ils améliorent la qualité et le service. S'ils
améliorent tout, cela vaut un petit peu plus cher. Ils avaient l'air
bien satisfaits, bien contents. Ils nous ont même payé un petit
lunch, un petit goûter.
La Présidente (Mme Bélanger): II reste cinq
minutes.
M. Perron: Mme la Présidente, je voudrais vous faire
remarquer, si vous permettez, qu'on a commencé une douzaine de minutes
en retard. Alors, j'aimerais qu'on puisse passer au moins les dossiers
essentiels parce qu'il m'en reste encore un joli paquet.
M. Picotte: En ce qui me concerne, on pourrait se permettre de
prendre douze minutes, Mme la Présidente.
M. Perron: Une dizaine de minutes, cela pourrait aller, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va, si les
membres de la commission sont consentants.
Cotisation des pêcheurs à la CSST
M. Perron: L'industrie de la pêche et la CSST. Un dossier
qui est actuellement extrêmement chaud et qui est dû à un
certain problème qui est arrivé antérieurement se
rapportant à ce qu'on a baptisé la "crabose". Selon des
informations qu'on a obtenues, il appert que la "crabose" n'existerait
même pas, mais cela a contribué à ce que les taux des 100 $
soient extrêmement élevés en 1988 par rapport à ceux
de 1979, 1983 et 1984, et cela, dans les trois cas suivants: pêche
côtière en 1979, 3,59 $ les 100 $ et en 1988, 13,25 $; usines de
transformation, en 1983, 2,96 $ et en 1988, 9,52 $; pêche
hauturière, en 1984, 7,83$ et en 1988, 15,45$.
Il y a plusieurs raisons, bien sûr, qui causent ces augmentations
substantielles quant au taux prélevé par cotisation auprès
des différentes instances. Je n'élaborerai pas sur le sujet parce
que je pense que cela est dû au fait... Par exemple, si on prend le cas
des pêcheurs, il y a plusieurs pêcheurs qui, actuellement, à
la suite
de pressions qui sont faites par des assureurs privés, vont
s'assurer dans le domaine privé parce que les taux sont moins
élevés, mais tout en détournant la loi parce que la loi de
la CSST oblige les pêcheurs à cotiser. Alors, il est arrivé
un cas où, par exemple - cela s'est produit en 1984 - le bateau d'un
pêcheur propriétaire, d'un capitaine de bateau, avec trois
pêcheurs à bord, a coulé. Lui est
décédé. Son épouse n'a jamais rien reçu de
la CSST parce que c'était sa responsabilité. Par contre,
c'était aussi sa responsabilité de faire en sorte que les trois
pêcheurs cotisent à la CSST, ce qui n'a pas été le
cas. Donc, les épouses des deux pêcheurs qui sont
décédés, en plus du capitaine du bateau, ont reçu
de la CSST, même s'il n'y avait pas eu de cotisation de payée. Je
parie ici du cas de M. Osborne. Ce qu'on veut savoir, et je crois que les
députés ministériels qui sont impliqués dans le
domaine des pêches ont rencontré les gens de l'Association
québécoise de l'industrie de la pêche... Ce problème
n'existe pas seulement à l'Association québécoise de
l'industrie de la pêche. Cela touche l'ensemble des pêcheries, les
travailleurs et travailleuses des usines, les propriétaires de ces
usines, les pêcheurs eux-mêmes. Cela existe aussi pour la
pêche hautu-rière. Quand je parlais des pêcheurs
eux-mêmes, je parlais, bien sûr, des pêcheurs
côtiers.
Qu'est-ce que le gouvernement, qu'est-ce que le ministre entend faire
pour corriger cette situation dans un avenir rapproché?
M. Picotte: Vous avez bien raison, M. le député de
Duplessis. Je pense qu'à toutes fins utiles, à quelques
exceptions près, vous avez bien résumé la situation de ce
qu'on appelle la fameuse "crabose", à laquelle j'ai eu l'occasion de
participer, à la demande des députés de Gaspé, des
Îles-de-la-Madeleine et de Matane. Entre autres, j'ai eu l'occasion de
rencontrer des associations de pêcheurs. Tout dernièrement,
pendant la Semaine sainte, justement, quelques jours avant la crucifixion, j'ai
eu l'occasion de rencontrer ces gens-là qui se sentaient
crucifiés par les taux de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. (13 heures)
Ce qui est drôle dans cela, c'est que je ne suis pas un
spécialiste de la "crabose" et je me suis posé
énormément de questions tout le long de la période de
questions à laquelle j'assistais à l'Assemblée nationale
me disant: Que peut bien venir faire la "crabose" dans tout cela? Pour
apprendre finalement, bien que n'étant pas spécialiste, que ce
serait une maladie qui n'existerait même pas. À toutes fins
utiles, on n'est pas capables de démontrer facilement l'existence d'une
telle maladie. On me dit que c'est un cas fait par une de nos collègues
dans le temps aux Îles-de-la-Madeleine. Avec beaucoup d'insistance, Mme
LeBlanc-Bantey avait peut-être tordu les bras de la Commission de la
santé et de la sécurité du travail pour faire accepter
qu'un ou que quelques cas soient indemnisés à la suite d'une
maladie qui se serait appelée la "crabose". Cela a eu pour effet, ces
quelques cas bien minimes, de faire augmenter les primes de façon
spectaculaire. Pensant que tous ceux qui travaillaient dans les usines à
pêche pouvaient être atteints d'une maladie semblable, cela a eu
pour effet d'augmenter. Si bien qu'on se retrouve aujourd'hui avec, selon ma
perception du dossier, une injustice assez flagrante du côté de la
perception des primes de la CSST pour un ou des cas qui n'auraient, selon toute
vraisemblance, pas existé du tout de la façon dont on l'a
prévu à la CSST. J'avais exigé à ce
moment-là, lors de la rencontre à laquelle m'avaient
convié les trois députés mentionnés tantôt
avec les gens des pêches, qu'un représentant de mon
collègue, M. Pierre Paradis, qui est ministre responsable de la CSST,
assiste à cette rencontre pour bien faire comprendre le cas aux gens du
ministère qui, par la suite pourraient en discuter avec la CSST on me
disait que c'était très urgent, donc il y a sûrement eu
à ce jour des pourparlers d'entrepris, mais je n'ai pas le détail
où peut en être rendu le dossier au moment où on se parle
pour que cette injustice soit corrigée. Évidemment, comme vous
connaissez un peu les moyens que peut posséder ou que possède un
ministre quand il a un organisme comme une commission. C'est beaucoup plus par
la persuasion, la discussion qu'il réussit parfois à faire
modifier l'idée d'un organisme comme celui-là, que par imposition
comme telle.
Tous les efforts sont faits présentement et ils ont eu ma
colllaboration. Ils ont eu mon assentiment comme ministre
délégué aux Pêcheries. Tous les efforts sont faits
dans le but de corriger cette injustice-là qui est vraiment flagrante et
qui peut mettre en danger l'industrie des pêches, jusqu'à un
certain point, à cause des taux prohibitifs demandés par la
CSST.
M. Perron: Le ministre vient de mentionner le cas
spécifique de la "crabose". Maintenant, il y a les autres domaines, la
pêche hauturière et celui de la pêche côtière.
Ce sont les pêcheurs qui sont directement touchés. Il y a aussi
les propriétaires de navire usines, etc. Lorsque le ministre mentionne
les taux qui sont fixés par la CSST, on sait que la présidente,
c'est-à-dire la Commission de la santé et de la
sécurité du travail, a l'obligation - cela lui est imposé
par le gouvernement - de rentabiliser en quelque sorte ses opérations.
Cela fait en sorte que les tarifs grimpent en flèche dans tous les
domaines. Ce que je veux savoir, ce ne sont pas les voeux du ministre, mais
quelles sont les intentions du ministre délégué aux
Pêcheries. Deux choses: premièrement, est-ce qu'il a l'intention
de faire en sorte que la commission fixe des tarifs beaucoup plus bas dans les
trois domaines que j'ai cités et de déclarer un moratoire en
même temps et, par la suite, ou parallèlement à cela, de
former un comité ad hoc pour régler ce
problème vécu non seulement par les propriétaires
d'usines mais aussi par les hauturiers et par les côtiers?
M. Picotte: Avec les gens que j'ai rencontrés, la
discussion portait sur le volet de la "crabose". L'autre volet a
été porté à notre connaissance. Il n'y a pas eu de
rencontre comme telle avec les pêcheurs, mais nous sommes
persuadés - et là-dessus il y a, je pense, un comité qui
travaille en collaboration avec le fédéral - de notre
côté, qu'il faut nettement prendre des actions sécuritaires
en collaboration avec la garde côtière pour améliorer cette
situation. Je pense qu'il faut faire prendre conscience à tout le monde
qu'on a, tout le monde ensemble, des actions à poser pour la
sécurité à poser dans le but que ces taux puissent
être arrêtés. Faire diminuer le taux des accidents par des
actions sécuritaires bien ponctuelles, c'est bien sûr que cela va
agir. Je pense qu'il faut bien le dire, la participation de tous les
pêcheurs quant à ce volet des cotisations à la CSST... Ce
n'est pas toujours ce qui se passe et c'est ce qui vient faire augmenter
à ce moment-là. Moins il y a de cotisants, plus les primes sont
élevées. Alors, il y a ces deux volets qu'il ne faut pas oublier.
Je pense qu'il faut en faire prendre conscience à tout le monde tout en
espérant que le comité de discussion que nous avons avec le
fédéral du côté de ces actions, entre autres, pour
la sécurité, vienne faire diminuer les taux. Je vais continuer
à faire en sorte que mon collègue prenne bien... En tout cas,
qu'il fasse le nécessaire pour protéger les pêcheurs du
Québec, justement, contre les augmentations abusives.
M. Perron: Toujours dans le cadre de la CSST, si on se reporte
à la loi elle-même au sujet du statut du pêcheur, la Loi sur
les accidents du travail et les maladies professionnelles est en vigueur depuis
le 19 août 1985 et, pour le statut de pêcheur, il y a trois
catégories. Vous avez le pêcheur employeur, le pêcheur
travailleur et le travailleur autonome, ce qui complique encore beaucoup plus
la question du pêcheur lui-même quant à son statut. Mais les
tarifs sont imposés à toutes ces catégories de la
même façon par la CSST. D'autre part, il y a une obligation de la
part du pêcheur employeur qui embauche au moins un travailleur
rémunéré de s'inscrire à la CSST dans les quatorze
jours qui suivent le début de ses activités. Il doit aussi
présenter à la CSST une estimation des salaires bruts qu'il doit
verser à ses travailleurs jusqu'au 31 décembre de chaque
année.
Compte tenu de la complexité de ce dossier, est-ce que le
ministre peut me confirmer qu'il fera tout en son pouvoir pour que,
premièrement, il y ait une réduction des tarifs d'une
façon substantielle, un moratoire de décrété et
qu'on se mette au travail au plus sacrant pour aider non seulement les
pêcheurs hauturiers et les pêcheurs côtiers, mais aussi les
propriétaires d'usines et régler l'ensemble de ce problème
qui existe depuis quelques années? En fait, cela prendrait un
comité tripartite où on verrait la CSST, la division des
pêcheries et le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu travaillant conjointement pour régler
ce problème.
M. Picotte: Mme la Présidente, je pense que ce qu'on doit
dire au moment où on se parle, c'est qu'on s'est
intéressés à un dossier en particulier qui nous avait
été soumis. On a fait valoir des points à peu près
identiques à ceux que souligne le député de Ouplessis. On
a fait valoir ces points à la CSST. Je me donne l'autorisation, Mme la
Présidente, sans doute de réfléchir au comité dont
parle le député de Duplessis, un comité tripartite. Il
faudrait qu'effectivement on puisse pousser certaines études pour
être capables d'arriver à la CSST avec quelque chose en main nous
permettant de leur démontrer qu'il y a peut-être là une
injustice de créée en exigeant le même taux pour trois
catégories différentes et avec des intensités
différentes du côté des charges à être
effectuées aux utilisateurs.
Alors, je vais regarder cela avec beaucoup d'attention. Sans doute que
cela va dans le même sens que le dossier que nous avions acheminé
auprès de la CSST et pour lequel nous avons des discussions avec eux. On
essaiera de voir s'il n'y a pas possibilité de prolonger davantage et de
prendre cela plus globalement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Duplessis, je vous permets une dernière
question.
M. Perron: Oui, Mme la Présidente. Est-ce que le ministre
pourrait regarder, et d'une façon très attentive, l'aspect du
fonds spécial de la CSST, en fait, de la Loi sur les accidents du
travail? À titre d'explication, je vais vous lire juste un paragraphe.
La commission peut, si elle le juge à propos, ajouter à la
cotisation imposée une ou plusieurs unités ou à toutes les
classes d'unité un pourcentage et un montant additionnel pour
créer un fonds spécial qu'elle tient en réserve pour faire
face aux pertes causées par un désastre... On sait que la
question de (a "crabose", c'est un désastre... 46 personnes qui ont
bénéficié de montants assez substantiels de la CSST
à la suite pressions qui auraient été faites par le DSC de
Gaspé pour que la "crabose" soit déclarée maladie
professionnelle. Et je continue: ... et par toute autre circonstance qui, dans
l'opinion de la commission, surchargerait les employeurs d'aucune des
unités et classes d'unité".
Alors, je crois que le gouvernement peut faire le nécessaire
auprès de la commission pour que ce fonds spécial puisse servir
à éliminer le montant de près de 2 000 000 $ qui a
été versé
par la CSST, mais qui est actuellement chargé aux employeurs en
augmentant d'une façon extrêmement substantielle les cotisations
les 100 $. Sur ce plan ce serait peut-être une très bonne
idée que le ministre regarde attentivement ce fonds spécial et
qu'il fasse les pressions qui s'imposent pour que la CSST... On sait
très bien que la présidente de la commission est une amie du
gouvernement actuel. Alors, c'est facile de lui parler, probablement,
puisqu'elle a été nommée par le gouvernement.
M. Picotte: C'est comme dans tous les gouvernements, vous savez,
il y a plusieurs personnes qui sont nommées. Parfois, on dit que ce sont
des amis, d'autres fois non, cela dépend. Mais je pense que cela n'a
rien à voir avec la fonction et la tâche que ces gens ont à
exercer. Il faut être capable, avec un bon dossier, de démontrer
que c'est rationnel, qu'effectivement il y a préjudice ou des
injustices.
Alors, Mme la Présidente, je pense qu'effectivement ce point a
été souligné lors de notre rencontre avec les industriels,
l'autre fois, et qu'il en a été pris bonne note par celui qui
représentait mon collègue M. Paradis. Sans doute que cette option
soulignée par le député de Duplessis, et qui a
été soulevée aussi par les gens du milieu, va être
prise en sérieuse considération. Je ne sais pas si on utilisera
cette façon de procéder, mais ce sera pris en sérieuse
considération. Je pense qu'il y aura aussi à examiner, et
j'entends bien en parler avec mon collègue, le ministre responsable de
la CSST, s'il n'y a pas lieu de modifier la loi, parce qu'il y a une loi qui
existe, qui est là depuis 1985 et il est fort probable, comme je l'ai
dit dans d'autres cas, qu'il y a des choses qui doivent être
changées, améliorées et modifiées, et cela sera
plutôt un autre volet. Le ministre responsable de la CSST devra prendre
en considération, s'il doit procéder de cette façon, mais
c'est porté à l'attention de la CSST, tel que l'a souligné
le député de Duplessis tantôt avec ce fonds de
réserve.
M. Perron: Les trois cas. Il faudrait regarder les trois cas
précis. Il ne faudrait pas prendre juste un cas, puis régler
celui-là. Il faudrait régler les deux autres aussi.
M. Picotte: Je vais m'enquérir auprès de celui qui
représentait M. le ministre responsable de la CSST pour que tout cela
soit bien spécifique et envisagé en même temps. Je vais
sûrement lui faire rapport de cela.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, M.
le ministre. Est-ce que le programme 10, Développement des pêches
maritimes, est adopté?
M. Picotte: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Je remercie les
membres de la commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation de leur collaboration.
M. Picotte: Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez des
remerciements, M. le ministre? Je m'excuse.
M. Picotte: Oui. Vous allez sans doute me permettre de remercier
mes collègues des deux côtés de la Chambre pour cette
participation si intéressante à l'étude de nos
crédits, hélas, trop courte. De toute façon, on verra s'il
y a des choses à corriger pour l'avenir. Je veux vous remercier, Mme la
Présidente, pour l'habileté, le doigté avec lequel vous
avez dirigé nos débats. Je veux remercier les fonctionnaires, les
gens de mon personnel politique qui m'accompagnent et qui nous ont
été très utiles dans l'étude de ces crédits.
Je remercie également les gens de 'Opposition, je l'ai fait
tantôt, députés, re-cherchistes de l'Opposition et membres,
le personnel de bureau, le personnel de la commission et du Journal des
débats. Tout cela s'est très bien déroulé, dans
la plus grande sérénité. J'espère que cela va
concourir à améliorer la situation des régions maritimes
au Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Duplessis.
M. Perron: Mme la Présidente, bien sûr que j'endosse
entièrement les paroles du ministre. J'aimerais, en conclusion, lui dire
que, personnellement et sincèrement, j'aime pas mal mieux travailler
avec le ministre délégué aux Pêcheries parce que
lui, il répond dans l'ensemble aux questions qu'on lui pose,
contrairement au ministre des Affaires municipales. Même si le ministre
charrie de temps en temps par habitude politique, je pense qu'on dort accepter
cela en commission parlementaire, surtout à l'étude des
crédits. Je remercie tout le monde, comme le ministre l'a fait
d'ailleurs.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Duplessis. La commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 13 h 15)