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(Onze heures trente-trois minutes)
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, je
déclare donc la séance de la commission de l'agriculture, des
pêcheries et de l'alimentation ouverte. Je vous rappelle à nouveau
le mandat de notre commission: procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Garon
(Lévis) est remplacé par M. Claveau (Ungava) et M. Perron
(Duplessis) par M. Blais (Terrebonne).
Le Président (M. Richard): Grand merci. Je vous rappelle
aussi que nous étions à l'article 2. M. le ministre.
M. Pagé: À l'article 2, j'avais indiqué hier
les motifs à l'appui de la proposition formulée par le
gouvernement, à savoir de réduire le nombre, compte tenu
qu'à l'avenir, un seul commissaire pourra rendre une décision et
compte tenu que la décision d'un commissaire, si elle est questionnaire
au sens d'une partie, pourra être acheminée au tribunal d'appel en
matière de protection du territoire agricole. Il est apparu tout
à fait opportun, dans les circonstances, de réduire à la
fois le nombre de commissaires et le nombre de vice-présidents,
c'est-à-dire passer de 16 à 10 et de 5 à 2. Je suis
disposé à procéder à l'adoption de cet article.
Cependant, je voudrais saluer la présence en commission
parlementaire, ce matin, de M. Roger Nicolet, le président de l'Union
des municipalités régionales de comté et de son
équipe.
Le Président (M. Richard): Cela nous fait plaisir, au nom
de la commission, M. le ministre, de saluer M. Roger Nicolet, président
de l'UMRCQ. Bienvenue à cette commission parlementaire, M. Nicolet.
M. Brassard: M. le Président, je voudrais aussi, pour ma
part, saluer M. Nicolet et son équipe, leur souhaiter la bienvenue aux
travaux de notre commission. Je sais qu'ils sont intéressés par
le projet de loi qui est à l'étude présentement et
préoccupés aussi par divers aspects de ce projet de loi. On l'a
déjà mentionné à plusieurs reprises à
l'occasion de débats, en particulier sur les motions
préliminaires et les audiences particulières. Je ne sais pas si
le ministre - puisque M. Nicolet est ici présent - on pourrait
peut-être prendre quelque temps de la commission et l'inviter à
venir se faire entendre, sans qu'il soit nécessaire de faire une motion.
Cela pourrait nous permettre d'avoir le point de vue de l'UMRCQ.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous savez que la période des motions est
terminée. Donc, il ne peut pas être question de motion à
cette étape de nos travaux.
M. Brassard: Non. Je n'en faisais pas une motion, M. le
Président. Je recherchais une sorte de consentement ou de consensus.
Puisqu'il est présent dans la salle, ma foi, il n'aurait que deux pas
à faire. Il pourrait s'asseoir à la table des témoins et
on pourrait dialoguer pendant quelques minutes avec lui sur le projet de loi.
Ce n'est pas une motion que je fais, c'est un souhait, un voeu. À
l'époque des fêtes, c'est l'époque des voeux, vous le
savez.
Une voix: M. le Président...
M. Brassard: Je vois que le ministre, par son silence,
refuse.
M. Pagé: M. le Président, non pas que je veuille
être antipathique ou être interprété comme voulant
brimer le droit d'expression de M. le président de l'UMRCQ. Cependant,
je me limiterais à vous dire que, premièrement, j'ai
rencontré l'organisme. J'ai été convié à une
démarche à la table Québec-municipalités. J'y suis
allé de bonne foi. On m'a formulé des recommandations. J'ai
déféré le tout à un comité technique. Ce
comité technique a siégé. Mon ministère y a
participé pleinement et entièrement. Le député de
Lac-Saint-Jean référait, hier, au fait qu'on n'avait pas
siégé la semaine dernière. Si on n'a pas
siégé, c'est qu'on a été en communication
constante, à mon ministère, avec l'Union des municipalités
régionales de comté, avec l'Union des municipalités du
Québec, avec la ville de Montréal, qui a beaucoup
d'intérêt à l'égard du projet de loi et qui veut le
voir adopter, et aussi avec l'Union des producteurs agricoles, pour en venir
à accepter sept sur dix ou huit sur onze demandes formulées par
le monde municipal, qu'on a acceptées de bonne foi et qui, à ma
grande surprise, ont été rejetées du revers de la main.
J'irais même jusqu'à dire que je sentais une perception de
dédain dans la lettre qui nous a été adressée hier.
On parlait au début de dérisoire et, à la fin,
d'illusoire. Alors, je ne vois pas en quoi on pourrait ajouter à ce
débat. Il faut convenir aussi qu'il n'est pas dans les coutumes de notre
système parlementaire d'inviter à intervenir chacune des
personnes qui, parce qu'elles y sont
intéressées, viennent assister à nos travaux.
Écoutez, j'ai demandé, et ce serait tout à fait, comment
dirais-je, injuste et inéquitable pour l'Union des municipalités
du Québec et pour la ville de Montréal, qui tient à ce que
ce projet de loi soit adopté dans les meilleurs délais selon les
informations que je possède, ce serait inéquitabie et injuste
pour eux qui, parce qu'ils ne sont pas présents, ne seraient pas
entendus. De plus, comme je peux présumer, parce que l'Opposition a
décidé de s'y opposer systématiquement, j'ai
demandé à mon leader, M. Gratton, et à son personnel de
pouvoir siéger ce soir jusqu'à minuit, demain soir jusqu'à
minuit, vendredi soir, je l'espère, jusqu'à minuit et revenir
sort le 26 ou le 27 décembre ou encore le 3 janvier, mais dans les
meilleurs délais. Comme je suis avisé qu'il y a plusieurs
dizaines sinon quelques centaines...
M. Brassard: Ce serait mieux entre Noël et le Jour de l'an,
parce que ce serait plus frais à notre mémoire.
M. Pagé: ...de producteurs qui ont manifesté le
désir de venir, je ne vois pas comment on pourrait se convier, alors que
la commission aura rejeté majoritairement l'idée, et pour cause
d'ailleurs, de procéder à des auditions. Je ne vois pas comment
on pourrait se convier à de telles auditions systématiques.
Alors, je suis disposé, M. le Président, et j'en appelle au
respect du règlement pour qu'on puisse passer à l'adoption de
l'article 2.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le ministre. M. le
député de Terrebonne, vous avez un commentaire?
M. Blais: Oui. Je voudrais moi aussi, comme il est de mise Ici,
saluer la présence de M. Nicolet et lui souhaiter la bienvenue parmi
nous et me permettre de regretter que la semaine passée les discussions
aient été à huis clos avec l'UMRCQ et l'UPA, comme dit le
ministre, ils ont pris une semaine pour faire cela. C'est pour cela qu'on n'a
pas siégé en commission parlementaire. On aurait demandé
que cette semaine-là se passe à les recevoir, on n'aurait
même pas eu besoin de la semaine pour ce faire, on aurait ainsi
gagné du temps et on aurait fart la conciliation entre les
différents intervenants dans ce projet de loi. C'est pour cela qu'on a
mis beaucoup d'insistance pour recevoir les gens selon leurs voeux et que cela
a été refusé, le ministre préférant faire
des discussions à huis clos, des discussions privées. Alors, je
regrette qu'il en ait été ainsi, mais on vous offrait ce matin au
moins de recevoir une personne qui est disponible, qui est avec nous pour qu'au
moins certaines réticences à ce projet de loi venant de sa part
sort éclairées et peut-être même aplanies. Je vous
remercie, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M le
député de Terrebonne Je rappelle maintenant que nous sommes
à l'article 2. M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, c'est pour faire une
suggestion au ministre et indiquer notre préférence.
Évidemment, ce n'est pas à nous de convoquer, c'est au leader de
donner des ordres, mais on préférerait quand même entre
Noël et le Jour de l'an parce que, après le Jour de l'an, il y a
une semaine de délai et là on pourrait oublier des choses et le
dossier pourrait disparaître de notre esprit, alors on
préférerait entre Noëi et le Jour de l'an.
Le Président (M. Richard): Vous vouiez que cela demeure
frais à l'esprit.
M. Brassard: Oui, c'est une préférence
Évidemment, c'est un choix que le leader fera, mais je vous indique
notre préférence
M. Pagé: M. le Président, j'apprécie la
disponibilité manifestée par le leader.
M. Brassard: Aucun problème.
M. Pagé: D'autant plus que, comme le leader le sait
très probablement, j'ai reçu une demande de l'Union des
producteurs agricoles, comme vous le savez, qui vise à ce que le
moratoire sur l'adoption des décrets par le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation s'applique jusqu'à ce que
l'adoption sort en vigueur. J'ai adressé certaines hypothèses de
séance à mon leader. J'ai évoqué, comme je l'ai dit
tout à l'heure, soit à compter du 26 au matin, je serais
disponible à 10 heures - de toute façon, je ne suis pas loin de
Québec - ou encore le 3 ou sinon, compte tenu d'engagements qui sont
pris, qui sont fermes tant en janvier qu'en février, cela devrait aller
plus tard et auquel cas, la loi ne pourrait pas, vraisemblablement, je pense,
s'appliquer avant le 19 ou le 20 juin, ce qui veut dire sanction et mise en
oeuvre seulement avant l'automne 1989, ce qui retarde et de beaucoup, cela va
de soi, la mise en oeuvre de négocations, d'ententes qui sont
intervenues dans certains cas entre nos MRC et la Commission de protection du
territoire agricole.
Une voix: II y a déjà des ententes de
négociées et la loi n'est pas encore adoptée...
M. Brassard: M. le Président, l'adoption ou la
non-adoption du projet de loi 100 n'a rien à voir avec l'adoption de
décrets à ta suite de négociations concernant la
révision dans les MRC des territoires agricoles. Cela peut se poursurvre
en vertu de la loi actuelle telle qu'elle existe. Là négociation
avec les MRC peut se poursuivre.
Elle se poursuit d'ailleurs déjà puisque lorsque vous avez
déposé la loi, vous avez levé le moratoire. Donc, cette
révision se poursuit. Donc, éventuellement, des projets de
décrets vont parvenir au Conseil des ministres de la part de
la commission pour adoption. Alors, n'essayez pas de nous faire croire qu'il y
a un lien direct entre le projet de loi 100 et le processus de révision
du territoire agricole dans les MRC, ce n'est pas vrai. Ce processus peut se
poursuivre. Cela peut aboutir à des décrets et des décrets
qui seraient moins controversés parce que vous avez désormais
indiqué que l'UPA soit partie prenante à toutes les étapes
de la négocation. Par conséquent, ne faites pas de chantage.
N'essayez pas de nous faire croire...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse. Question de
règlement.
M. Brassard: ...que le projet de loi 100 risque d'entraver ou de
stopper le processus de révision du territoire agricole au sein des MRC,
ce n'est pas vrai.
M. Pagé: M. le Président, je veux être
très clair. Le député ne m'a certainement pas
écouté. J'ai indiqué que j'ai levé le moratoire au
moment du dépôt de la loi. L'Union des producteurs agricoles
était pleinement d'accord puisqu'il y avait une intention manifeste du
gouvernement et du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation d'adopter cette loi avant les fêtes. Les communications
préliminaires que j'avais avec mes amis d'en face à ce
moment-là m'indiquaient que nous l'aurions pour Noël. Cependant, je
ne convie pas à du chantage. Tout ce que je dis et ce que j'ai dit, je
vous le répète, je vais être très clair, c'est que
compte tenu d'une appréhension quasi très probable que la loi ne
serait pas adoptée avant les fêtes, l'Union des producteurs
agricoles m'a déjà sensibilité au fait qu'elle suit la
situation, mais qu'elle va s'inscrire en demande pour établir, pas pour
la négociation, les gens continueront à négocier, mais
pour établir de la part du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation l'engagement comme quoi aucun de ces
décrets ne serait acheminé au Conseil des ministres. Alors, je
vais recevoir cette demande. D'abord, je souhaite que la loi soit
adoptée avant les fêtes, premièrement. Deuxièmement,
si la loi n'est pas adoptée avant les fêtes, je vais accueillir
cette demande, je vais la traiter avec mes collègues du Conseil des
ministres quelque temps en janvier et on avisera en conséquence.
M. Brassard: M. le Président, si le ministre...
M. Pagé: Que le député de Lac-Saint-Jean ne
me prête pas d'intention. Je n'ai pas l'intention...
M. Brassard: Non?
M. Pagé: ...de faire de chantage à l'égard
de qui que ce soit.
M. Brassard: Très bien.
M. Pagé: Je souhaite cette loi. Si c'est impossible de
l'avoir, écoutez donc...
M. Brassard: Je sais que vous souhaitez cette loi, mais vous vous
y êtes mal pris pour l'avoir.
M. Pagé: ...comme je souhaitais des amendements. (11 h
45)
M. Brassard: Oui.
M. Pagé: Mais on a rejeté du revers de la main ces
amendements. Que voulez-vous que je vous dise?
M. Brassard: Vous souhaitez cette loi, mais vous vous êtes
mal pris pour l'avoir. Vous vous êtes entêté. Ce n'est pas
une loi banale qui corrige deux ou trois petits fions dans une loi, deux ou
trois mots qu'il faut changer, c'est une loi majeure qui introduit du droit
nouveau, et vous vous êtes mal pris pour l'avoir. Vous auriez dû
accepter dès le départ des audiences particulières, tel
que le demandaient de nombreux intervenants. Ils le demandaient
sérieusement, ce n'était pas farfelu ni frivole. Si vous l'aviez
fait la semaine dernière, si on avait siégé la semaine
dernière, probablement que vous auriez pu l'avoir. Vous vous êtes
entêté à utiliser une façon absolument inqualifiable
de légiférer et, dans ces conditions, vous êtes le seul
responsable si vous ne l'avez pas avant l'ajournement des fêtes.
M. Pagé: C'est définitif que les propos du
député de Lac-Saint-Jean sont ceux de député
d'Opposition. L'Opposition, c'est normal, ça fait partie des
règles du jeu de notre fonctionnement, est là pour blâmer
le gouvernement, c'est toujours la faute du gouvernement. Et s'il y a une chose
intéressante dans un projet de loi, à laquelle elle ne peut pas
s'opposer, c'est parce que l'Opposition elle-même l'a demandée.
Vous savez, ce matin, ce commentaire n'est pas susceptible de
m'ébranler, soyez-en certain. De plus, j'ai personnellement cru que le
mécanisme de discussion avec la table Québec-municipalités
serait positif et ferait oeuvre utile. Je pense personnellement que cela a fait
oeuvre utile en ce que la majorité des propositions a été
acceptée comme pouvant être des amendements, et les
représentants des municipalités ont rejeté ça,
hier, du revers de la main, avec une perception de dédain. Je ne veux
pas abuser des termes, mais c'est la perception que j'ai eue par le
libellé de la lettre.
Ce n'est pas mon genre de me référer à des
conversations privées, mais je dois vous dire qu'à certains
moments dans nos discussions, je pense entre autres à une réunion
que J'ai eue le 15 novembre dernier, il apparaissait a chacun que
c'était faire oeuvre plus utile d'aller à la table
Québec-municipalités que d'aller en commission parlementaire. Je
ne parle pas de l'Opposition, je parle des gens directement
concernés.
M. Brassard: C'est là votre opinion. Ce n'est pas ce
qu'ils ont dit officiellement, parce que dans leurs lettres et dans leurs avis
officiels...
M. Pagé: C'est ça le problème, M. le
député.
M. Brassard: Encore la lettre datée d'hier, signée
par M. Rouillard et par M. Nicolet est très claire, ils Insistent encore
une fois pour que les parties puissent être entendues en commission
parlementaire avant l'étude détaillée. C'est une demande
parfaitement légitime. C'est une demande constante depuis que le projet
de loi a été déposé de la part de ces intervenants.
Vous en avez fait fi, c'est votre affaire, vous avez
préféré une autre voie pour procéder à des
consultations, vous faites fi des coutumes parlementaires, c'est votre affaire,
c'est votre choix. Notre choix, c'est de dire qu'on n'est pas satisfait du
processus et de la façon de légiférer de votre part sur un
projet de loi de cette envergure. C'est pour cette raison qu'on va prendre tout
le temps qu'il faut pour l'étudier.
M. Pagé: Alors continuons à l'étudier
sereinement, calmement.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava, vous avez un commentaire, je vous mentionne que nous sommes à
l'étape des échanges amicaux.
M. Claveau: M. le Président, j'écoute ça
depuis tout à l'heure et je pense que les choses sont mal parties.
L'attitude du ministre est une attitude de désinvolture face à
l'Opposition, une attitude de mépris des droits du Parlement, des droits
de l'Opposition à s'interroger sur un projet de loi.
M. Pagé: D'où il sort, lui, ce matin! Qu'est-ce
qu'il dit là, lui? Qui êtes-vous? Vous êtes le
député de?
M. Claveau: Voilà justement une attitude
écurante envers les parlementaires.
M. Pagé: Non, il n'a jamais été
présent ici, il arrive, il sort de la boîte de Cracker Jack du PQ
et il dit: Bla-bla-bla. Voyons donc! Commencez donc par lire le projet de
loi...
M. Claveau: Vous autres, les traîtres, fermez-vous! On n'a
pas parlé aux traîtres de la nation, ce matin. C'est au ministre
que je parle.
Le Président (M. Richard): Messieurs, un instant, s'il
vous plaît!
M. Pagé: M. le Président, vous voyez...
M. Claveau: Est-ce que traître est antiparlementaire? M. le
Président, vous voyez ce qui se passe, j'ai commencé à
parler bien normalement, le ministre a tout de suite ridiculisé mon
poste, il a tout de suite...
M. Pagé: Non, j'ai demandé d'où est-ce que
vous êtes? D'où est-ce que vous arrivez? Vous ne vous êtes
jamais intéressé aux questions agricoles, bienvenue chez nous,
ça me fait plaisir, je vous incite à vous y intéresser
d'avantage, mais de façon utile.
M. Brassard: Vous devriez être satisfait, M. le ministre,
vous devriez être satisfait.
M. Claveau: Vous devriez être content de voir qu'il y a
tellement de gens qui s'intéressent...
M. Pagé: Bien oui, je dis: Bienvenue chez nous.
M. Claveau: Non, non, il m'a demandé de quelle boîte
de Cracker Jack j'étais sorti, c'est ça qu'il a dit.
M. Pagé: Je remarque que vous n'avez pas
répondu.
M. Claveau: C'est ça qu'il a dit. Si le ministre prend
ça comme ça, il n'est pas prêt de sortir d'ici, je peux
vous le promettre moi aussi, M. le Président. On est capable de s'en
occuper.
M. Pagé: Ah bien, Seigneur! Des menaces très
claires. Je demande au député de retirer ses paroles.
M. Claveau: II y a une chose que je dis.
M. Pagé: II n'est pas prêt de sortir d'ici... On va
sortir vendredi à minuit.
M. Claveau: J'arrive ici en tant que parlementaire, c'est tout
à fait dans mon droit de venir m'asseoir à cette table et de
parler, de discuter d'un projet de loi qui touche l'ensemble du Québec,
c'est mon droit le plus fondamental de parlementaire. Je n'accepterai pas qu'on
le ridiculise, je n'accepterai pas qu'on ne le prenne pas au sérieux
surtout de la part d'un ministre quand on sait comment il a agi dans
l'Opposition. C'est facile à vérifier ce qu'il disait dans
l'Opposition.
Le Préskient (M. Richard): Si vous me le permettez, M. le
député...
M. Claveau: Non, M. le Président. Je tiens à
terminer... Le projet de loi a été amené...
M. Farrah: Une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le
député.
M. Pagé: Son temps est-il puisé sur son
intervention à l'article 2?
M. Farrah: Est-ce que le terme "écurant" est un
terme antiparlementaire ou parlementaire?
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Farrah: Est-ce que le terme "écurant" est un
terme antiparlementaire? Dans le cas où il le serait, j'inviterais le
député à retirer ses propos.
M. Pagé: M. le Président, si vous voulez, on va
revenir à l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez...
M. Pagé: Le député d'Ungava a le droit de
parler pendant un certain nombre de minutes sur l'article 2, je retiens et je
comprends qu'il est en train d'épuiser son temps même s'il ne
s'est jamais épuisé pour les questions agricoles du
Québec.
Le Président (M; Richard): Alors, mesdames et
messieurs,.stvous permettez...
M. Claveau: Je suis venu au monde sur une terre et je sais
comment cela marche.
M. Pagé: C'est bien.
M. Brassard: Je dirais même, pour compléter son
information, que le député d'Ungava est venu au monde dans une
paroisse du Lac-Saint-Jean, dans mon comté, Saint-Henri-de-Taillon; un
très beau petit village...
Une voix: Albert, qu'est-ce que tu fais ici?
M. Claveau: Je peux vous dire, pour avoir étudié au
Centre international des hautes-études agronomiques
méditerranéennes de Montpellier, en France, que je suis en mesure
de parler d'agriculture probablement mieux que le ministre lui-même.
M. Brassard: Voilà!
M. Pagé: Pour revenir à ce que disait le
député de Lac-Saint-Jean, dans quel village?
M. Brassard: Saint-Henri-de-Taillon. M. Pagé:
Étiez-vous loin de l'église? M. Claveau: Dans un
rang.
M. Brassard: Dans un rang. C'est le cinq ou le quatre?
M. Claveau: Le un. M. Brassard: Le un.
M. Pagé: Est-il à l'ouest ou au nord du
village?
M. Claveau: Pas très loin, d'ailleurs la terre finit tout
à fait sur le lac. Vous pouvez voir la plage Belley sur les limites de
la terre familiale.
M. Pagé: Des terrains qui appartenaient à vos
parents. Ah c'est bien!
M. Claveau: Alors, la terre finissait sur le lac, j'ai vu le lac
Saint-Jean depuis mon enfance et j'en suis fier.
M. Pagé: Vous avez tous les motifs d'en être fier.
Je connais ce secteur-là du beau comté de Lac-Saint-Jean. Vous
avez tous les motifs d'en être fier.
be Président (M. Richard): Si vous le permettez, avant de
vous trouver de la parenté, on pourrait peut-être revenir, s'il
vous plaît, à l'article 2. Je pense que j'ai été
généreux en cette période des fêtes. Alors, nous
revenons à l'article 2, s'il vous plaît, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: J'aurais un certain nombre de questions à
poser avant de traiter de l'article. Je voudrais une information de votre part
sur le temps. Celui que j'utilise pour poser des questions est-il
également compté dans le temps qui me sera alloué pour
faire une intervention ordinaire ou normale?
Le Président (M. Richard): Au fait, en pratique, selon
l'article 245 de notre règlement, chaque intervenant a vingt minutes sur
chacun des articles.
M. Brassard: D'accord.
Le Président (M. Richard): Mais tout cela part du moment
où vous commencez incluant le questionnement.
M. Brassard: Et incluant les réponses?
Le Président (M. Richard): Oui, incluant les
réponses.
M. Brassard: Incluant les réponses.
Le Président (M. Richard): Dès l'instant où
vous posez une question - et, vous savez, c'est le jeu de l'Opposition lorsque
les gens sont dans l'Opposition, comme l'inverse aussi - l'utilisation du temps
est globale. Dès l'instant où vous êtes sur le
questionnement, où vous posez des questions au ministre, cela fait
partie du temps.
M. Brassard: Avant de poser des questions, je vais quand
même faire une intervention et exprimer une opinion sur cet article 2
qui. comme on le sait...
M. Pagé: Je vais devoir quitter à midi trente,
parce qu'il y a un mémoire au Conseil des ministres lequel se
réunit à compter de midi.
M. Brassard: II n'y a aucun problème, je pense qu'il faut
avoir un esprit de coopération. Je connais les fonctions
ministérielles et quand...
M. Houde:
M. Brassard: Ce n'est pas un décret concernant... M. le
Président, le député de Berthier pertube le climat serein
de cette commission.
M. Houde: M. le Président, c'est le député
d'Ungava qui m'attaque. Ce n'est pas le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, un contre
un, on arrête ça là, s'il vous plaît, messieurs!
M. Pagé: M. le Président, est - ce qu'on pourrait
faire motion pour trouver un salon peut-être ici, à
l'arrière du salon rouge, pour enfermer le député d'Ungava
et le député de
Berthier ensemble et on ira voir ce qui en sortira.
Le Président (M. Richard): II ne faudra pas se retrouver,
M. le ministre, avec deux élections partielles. M. le
député de Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Pagé: Autrement dit, arrêtez de vous
chicaner.
M. Brassard: M. le Président, j'ai la parole et j'en
arrive à l'article 2 de ce projet de loi. Je pense que la suggestion du
ministre est tout de même intéressante, on pourrait ouvrir le
salon - je crois que c'est 108 ou 123-123 et demander aux députés
de Berthier et d'Ungava d'aller y dialoguer.
M. Blais: Les sons qui sortent de votre orifice, vous n'appelez
pas cela parler.
M. Houde: C'est parce qu'on l'écoutait parler. Il ne
disait rien, mais on l'écoutait quand même, le
député de Lac Saint Jean.
M. Blais: Mais vous écoutez verbalement. C'est très
difficile d'écouter verbalement, M. le député de
Berthier.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. oh. là,
là! vous n'êtes pas reposants ce matin. M. le député
de Lac-Saint-Jean, s'il vous plaît. vous avez la parole.
Commission de protection du territoire
agricole
Composition
M. Brassard: Très sereinement, M. le Président,
j'aborde l'article 2. L'article 2 introduit des modifications majeures,
importantes à l'article 4 de la loi actuelle. On sait que l'article 4 de
la loi actuelle prévoit qu'il y aura 16 commissaires et parmi ces 16
commissaires, il y a un président mais, là, il nous fart
l'honneur d'être avec nous depuis le début des travaux de cette
commission, M. Blain, et cinq vice-présidents qui sont nommés par
le gouvernement pour des mandats de cinq ans.
La proposition du ministre à l'article 2 du projet de loi 100,
c'est de réduire à dix le nombre des commissaire et de
réduire à deux le nombre des vice-présidents. Je vous
dirai d'emblée que nous sommes opposés, quant à nous,
à cette modification. Pourquoi? Parce que le ministre l'a admis de
façon très claire. Je pense que ce n'était pas ambigu, ce
n'était pas équivoque de sa part. On peut se réjouir de la
clarté de son opinion ou de son point de vue. Il a dit On réduit
le nombre des commissaires à dix et le nombre des vice-présidents
à cinq pour deux raisons. Premièrement, parce que.
désormais, dans un...
M. Pagé: ...à deux.
M. Brassard: De cinq à deux.
M. Pagé: Je m'excuse, on a le sens de l'exactitude.
M. Brassard: Et ce, pour deux raisons La première raison,
nous dit-il, c'est parce que - on le verra plus loin - désormais, si le
projet de loi 100 est adopté, les plaintes et les questions qui seront
traitées par la Commission de protection du territoire agricole ne
seront plus traitées et examinées et les décisions ne se
prendront plus par ce qu'on appelle une division, la commission
constituée en vertu de la loi actuelle par deux commissaires et
peut-être trois dans des dossiers importants...
Donc, puisque désormais, si la loi 100 est adoptée, les
cas, les dossiers, les plaintes ne seront traités que par un seul
commissaire et non plus par deux, ni par trois, par un seul, par
conséquent, la conclusion du ministre, en toute logique, revient
à dire: On aura besoin de moins de commissaires.
Deuxième raison avancée par le ministre: On va
créer un tribunal d'appel et on va nommer des membres au tribunal
d'appel. Cela signifie, par conséquent, que toute la question des appels
pour réviser des décisions de la commission ne se feront plus par
la commission, parce que la commission, selon la loi actuelle, il y a un
mécanisme de révision à l'intérieur même de
la commission, ce sont des commissaires qui examinent les demandes de
révision. Donc, une partie du travail qu'ils font présentement ne
sera plus leur lot et ça va être le lot ou la fonction du tribunal
d'appel. Donc, deuxième raison pour réduire le nombre.
Cependant, M. le Président, nous admettons la logique du ministre
et de ses amendements, mais on est contre cet amendement de porter de seize
à dix le nombre des commissaires et de cinq à deux le nombre des
vice-présidents, parce que - on le dira au moment où ça
viendra - on est contre le fait que ce ne soit désormais qu'un seul
commissaire qui décide des plaintes, qui prenne des décisions
plutôt que deux et même trois. On expliquera pourquoi
tantôt.
Étant contre l'amendement qui va venir et qui fait que ce ne sera
plus désormais qu'un seul commissaire qui va décider d'un
dossier, c'est évident qu'on est aussi contre, par le fait même.
On cherche, nous aussi, à être logiques. (12 heures)
Est-ce que le député de Saint-Hyacinthe est aussi
allé voir "La lectrice" avec Miou-Miou? Oui? J'aimerais qu'on puisse en
parler après. D'accord. Je n'ai pas eu l'occasion de le voir, mais il
est de mon intention...
M. Pagé: M. le Président, j'ajoute à mon
rnmrnentaire de tout à l'heure...
M. Brassard: ...pendant les vacances, d'aller voir "La
lectrice".
M. Pagé: ...pour le bénéfice du Journal
des débats...
M. Brassard: J'aime beaucoup Miou-Miou, c'est,une excellente
actrice.
M. Pagé: ...que le député de Lac-Saint-Jean
est en train de s'entretenir avec le député de Saint-Hyacinthe,
au milieu de son discours, au sujet d'un livre que le député de
Saint-Hyacinthe a près de lui.
Je formule le même voeu. Serait-il possible que les
députés de Lac-Saint-Jean et de Saint-Hyacinthe se convient tous
les deux à la salle 108 pour aller échanger des propos sur le
livre "La lectrice"...
M. Brassard: On peut suspendre, M. le Président.
M. Pagé: ...relativement à l'actrice Miou-Miou?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Parce que, moi, je veux ma loi. Je veux que les
députés, payés par les taxes et les impôts des
citoyens, fassent oeuvre utile et cessent de perdre leur temps, M. le
Président.
M. Brassard: Non, mais...
Le Président (M. Richard): Écoutez, je dois vous
dire, M. le ministre...
M. Claveau: Oh! il est bien placé pour parler, lui.
Le Président (M. Richard): ...que, pour ma part, j'ai vu
le film. Ce ne serait pas vilain qu'il aille en discuter, honnêtement,
parce que c'est un très bon film.
M. Brassard: Oui, c'est un très bon film.
Le Président (M. Richard): Je vais profiter de l'occasion
pour donner une précision. Je vous ai induit en erreur tout à
l'heure, M. le député de Lac-Saint-Jean. Lorsque vous avez 20
minutes d'intervention sur chacun des articles ou chacun des amendements, vous
avez 20 minutes entièrement à vous.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): La période de
réponse, si vous avez posé des questions au ministre...
M. Brassard: D'accord.
Le Président (M. Richard): ...ne vous est pas
attribuée à vous.
M. Brassard: Ah! bon, très bien.
M. Claveau: Cela ne veut pas dire que...
M. Brassard: Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je tenais à le
clarifier, parce que tout à l'heure j'ai laissé sous-entendre que
votre enveloppe...
M. Brassard: Je le savais.
Le Président (M. Richard): ...incluait aussi
la réponse ministérielle, mais ce n'est pas le cas.
M. Biais: Question d'éclaicissement sur ce
règlement.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Blais: J'aimerais avoir un éclaircissement sur ce
règlement: lorsqu'une question est posée, ça compte sur
nos 20 minutes, et le temps de réponse du ministre ne compte pas.
Le Président (M. Richard): Cela ne compte pas sur vos 20
minutes.
M. Biais: Bon! Est-ce que les interventions amicales entre le
député de Lac-Saint-Jean et celui de Saint-Hyacinthe...
M. Brassard: C'est un bon film.
M. Blais: ...concernant Miou-Miou, par exemple...
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Blais: ...sont comptées dans le temps de parole des 20
minutes du ministre ou de celles du député de Lac-Saint-Jean,
parce que le provocateur de cet aparté a été le
député de Saint-Hyacinthe qui est du côté
ministériel?
Le Président (M. Richard): Cela compte dans le temps du
député de Lac-Saint-Jean dans ce cas-ci, effectivement, parce
qu'il a instigué le député de Saint-Hyacinthe et ce
dernier n'a pas apporté de réponse. À ce moment-là,
il n'y a pas d'épuisement de temps.
M. Brassard: Cela ne me dérange pas, ce n'est pas
grave.
M. Blais: Le temps de sa réponse devrait compter dans la
partie du ministre.
M. Brassard: Oui, mais j'aime beaucoup le cinéma et
j'apprécie beaucoup les grandes qualités d'actrice de Miou-Miou.
Par conséquent, ça ne me dérange pas que le temps de
réponse du député de Saint-Hyacinthe compte dans mon
temps.
M. Houde: Pardon?
Une voix:...
M. Brassard: Oui, surtout dans les...
M. Blais: Quel est le lien avec l'agriculture, est-ce la
beauté des sillons?
M. Brassard: Alors, M. le Président...
M. Blais: M. Houde! M. Houde, je vous en supplie, ne montez pas
sur vos grands chevaux!
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez...
M. Brassard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): ...un peu de sérieux,
messieurs. M. le député de Lac-Saint-Jean, vous avez toujours la
parole...
M. Brassard: Oui, tout en gardant...
Le Président (M. Richard): sur l'article 2.
M. Brassard: ...notre sérieux, nous pouvons quand
même souhaiter pouvoir travailler dans un climat de détente. Nous
ne sommes pas obligés d'être crispés, même si on
prend le temps qu'il faut.
Pour en terminer avec le cinéma, je recommande quand même
au ministre d'aller voir, pendant ses vacances, le film "La lectrice". Moi,
j'irai de mon côté et quand on reprendra la commission en 1989, on
pourra peut-être s en parler.
Une voix: Qui est le réalisateur? M. Brassard: Je
l'ignore.
M. Pagé: Avez-vous l'habitude d'aller au cinéma le
25 en après-midi, si nous revenons le 26, comme vous l'avez
souhaité tout à l'heure?
M. Biais: Nous irons ensemble le 26 au soir, M. le ministre.
M. Pagé: Non, Dieu m'en garde! J'aurai probablement encore
du courrier à signer à mon bureau.
M. Blais: Ah! beaucoup de courrier, de Mitsou?
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha! À
l'ordre!
M. Pagé: Non, non. Écoutez, là. M. le
Président, je vous promets que je n'interromprai plus le
député de Lac-Saint-Jean.
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Pagé: Est-ce que vous pourriez me dire de quoi vous
parlez?
Une voix: De l'article 2.
M. Pagé: Miou-Miou, est-ce la jeune dame du Québec
qui a fait une déclaration à un moment donné...
M. Brassard: Non, non.
M. Pagé: ...et qui chante "Mon cowboy"... puis je ne sais
trop?
M. Brassard: Non, c'est Mitsou, ça.
Le Président (M. Richard): Non, M. le ministre. On voit
bien que vous êtes marié. Ha, ha, ha!
M. Pagé: Alors, je vais continuer de m'occuper de mon
agriculture.
M. Brassard: C'est à son sujet...
M. Pagé: Continuez à vous occuper des Miou-Miou et
des Mitsou et allez-y.
M. Brassard: ...d'ailleurs qu'on demande parfois de faire une
phrase avec boule à mites.
Le Président (M. Richard): Messieurs, je pense que je vous donne
beaucoup de latitude. Je ne voudrais pas que ça devienne de la lassitude
pour la présidence. Alors, M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez la parole.
M. Brassard: Oui. Je reviens sur l'article 2 qui modifie
l'article 4 de la loi actuelle. J'exprimais mon opposition à cet
amendement parce qu'on s'oppose également à l'amendement qui va
venir plus loin, qui fait en sorte qu'un seul commissaire aura à prendre
des décisions sur des plaintes ou des dossiers concernant des demandes,
par le fait même, forcément, à partir du moment où
on est contre cet amendement qui réduit à un seul commissaire
pour régler et décider des demandes de dézonage, on est
contre le fait également qu'on baisse à dix le nombre de
commissaires et à deux le nombre de vice-présidents. Mais aussi -
on le dira plus loin également - si on aborde cette question, c'est
parce qu'on est très réticent sur la création d'un autre
tribunal administratif qui s'appelle le tribunal d'appel et qui remplacerait le
mécanisme de révision des décisions déjà
prévues dans la loi actuelle au sein même de la Commission de
protection du territoire agricole. Alors, pour ces raisons évidemment...
Je ne sais pas si mes collègues sont du même avis que moi. Je ne
les ai pas consultés. Je suppose qu'ils vont s'exprimer aussi sur cette
question. Parce que dans le cadre de l'étude de ce projet de loi, de
notre côté, en tout cas, il n'est pas question d'autoritarisme et
de dictature en termes de décisions. C'est collégial et
même, on permet la dissidence. Si le député de Terrebonne,
par exemple, n'est pas de mon avis, je n'en serai pas vexé du tout s'il
l'exprime. Il a parfaitement le droit, en tant que parlementaire, de le faire.
Pour ces raisons, on est contre cet amendement et on va voter contre, par
conséquent, lorsque viendra le temps.
J'aurais des questions à poser tout en maintenant mon opposition.
Si le ministre ne peut pas y répondre avec toute la précision
requise, je pense qu'il pourrait céder la parole au président de
la commission qui pourrait nous répondre. Mes questions portent sur le
fonctionnement même de la commission et sur le travail des commissaires
au sein de la Commission de protection du territoire agricole. Actuellement,
jusqu'à maintenant avec seize commissaires et des divisions, comment
cela fonctionne-t-il concrètement? Quels sont les motifs
d'insatisfaction du ministre à l'égard du fonctionnement actuel
de la commission, c'est-à-dire à seize commissaires, cinq
vice-présidents, des divisions à l'intérieur de la
commission, de deux, possiblement de trois... Pourquoi ce mode de
fonctionnement? Indépendamment des raisons invoquées sur le
tribunal d'appel et le fait de désigner un seul commissaire pour
décider des dossiers, indépendamment de tout cela, est-ce que le
mode de fonctionnement de la commission, actuellement, concrètement en
vertu de la loi actuelle, est satisfaisant? Est-ce qu'il y a des motifs
d'insatisfaction de la part du ministre qui l'incitent ainsi à changer
en profondeur la composition de la commission, à réduire de
façon substantielle le nombre de commissaires et le nombre des
vice-présidents? J'imagine qu'il a une idée assez exacte du mode
de fonctionnement et de la façon dont fonctionne la commission
présentement depuis qu'elle existe en vertu des Dispositions de la loi
actuelle. J'aimerais savoir quels sont les motifs d'insatisfaction et les
critiques que le ministre fait sur ce mode de fonctionnement de la commission
actuelle en vertu de la loi actuelle.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à la question du député, je lui indiquerai qu'il y a
effectivement seize commissaires qui sont nommés par le cabinet sur
proposition du ministre de l'Agriculture. Sur ces seize commissaires, on a cinq
vice-présidents. On a des affectations en ce qui concerne certaines
régions, entre autres, en référence à des
commissaires à temps partiel qui siégeaient pour
l'Abitibi-Témiscamingue, pour la Gaspésie-Bas-Saint-Laurent et le
centre du Québec. M. Guérard est au centre du Québec. La
loi actuelle prévoit que deux commissaires doivent siéger
ensemble pour l'audition d'une cause. Les deux commissaires siègent donc
ensemble, entendent la cause et chacun des deux commissaires doit apposer sa
signature. Les rôles sont établis par le président de la
commission qui a cette responsabilité d'affectation des gens. Il faut
bien convenir qu'avec des règles plus précises concernant
l'aménagement du territoire, des règles plus strictes aussi, un
meilleur encadrement des pouvoirs consentis aux commissaires, davantage de
précision, l'implantation exempte d'un secteur exclusivement
réservé à l'agriculture va très certainement - et
ce n'est même pas une probabilité, c'est une certitude -
réduire le nombre de demandes adressées à
la Commission de protection du territoire agricole.
Depuis 1978, nous avons eu 145 000 dossiers qui ont été
ouverts à la commission, qui ont dû être traités soit
pour l'utilisation d'un droit, l'utilisation du privilège jusqu'à
ce qu'il existait, l'article 31 de la loi, soit en vertu de l'article 40 qui
permet actuellement à un propriétaire, un producteur agricole de
construire d'autres résidences sur sa ferme pour autant qu'elles feront
partie de l'entreprise agricole ou encore soit des demandes formulées
par les autres articles qui réfèrent à l'usage à
d'autres fins que l'agriculture de sols situés en zone verte. Tout cela
a donné comme résultat environ 145 000 demandes qui ont
été adressées. Donc, nous en sommes venus à cette
conclusion. J'ai bien apprécié les avis qui m'ont
été donnés par mon président, M. Pierre-Luc Blain,
qui agit comme président de la Commission de protection du territoire
agricole depuis les tout débuts ou presque, qui a une connaissance
profonde, une perception, une sensibilité à l'égard des
sols agricoles au Québec, de leur affectation et de leur utilisation.
J'ai suivi, évidemment, les avis qu'on m'a donnés. Dans ce sens,
je crois qu'on va respecter intégralement les objectifs de la loi
malgré que ce sera un seul commissaire qui siégera à
l'avenir. Comme je l'ai indiqué, du côté administratif, je
pense que M. Blain qui est avec nous ce matin, qui y était d'ailleurs
hier, est beaucoup mieux habilité que moi pour y répondre. On
m'indique que du point de vue strictement du fonctionnement de l'appareil de la
commission, il deviendra plus facile de fonctionner comme cela.
Je vais céder la parole à M. le président de la
Commission de protection du territoire agricole du Québec, Me Pierre-Luc
Blain.
M. Blain (Pierre-Luc): Merci, M. le ministre. M. le
Président, le nombre de vice-présidents a été
modifié quand les dispositions relatives à la révision ont
été modifiées. La jurisprudence était
partagée, le gouvernement a tranché et a décidé
qu'en révision, il fallait des commissaires nouveaux qui n'avaient pas
du tout siégé, en aucune manière, en première
instance ou antérieurement sur la même demande. Dans ses
dispositions, la loi exigeait la présence du président et de deux
commissaires ou d'au moins deux vice-présidents. C'est à ce
moment-là que le nombre est passé de deux à cinq. Dans
cette disposition-ci, si le tribunal d'appel se charge de ce qui était
antérieurement la révision, il n'y a pas de doute qu'on n'a pas
besoin de cinq vice-présidents. Cela parle tout seul.
Quant au nombre de commissaires appelés à faire une
première décision qui a toujours été de deux,
puisque j'étais là lors du premier dépôt de la
première loi et des autres amendements, l'objectif recherché
était de faire un banc composé de deux personnes
complémentaires - je vais dire cela dans des termes bien concrets -
composé de deux personnes suffisamment à elles deux
compétentes pour en faire une. Autrement dit, quelqu'un qui a
peut-être la compétence appropriée pour présider une
audition publique, étudier des dossiers, fouiller des aspects juridiques
ou des choses semblables, et un autre qui donnerait la coloration agricole au
banc. À cause, précisément, du fait que.. Dès le
début de la commission, il y avait un juriste, c'était moi, et
des gens qui représentaient le monde de l'agriculture, un agronome ou...
En pratique, c'est une disposition particulière en matière de
droit administratif ou quasijudiciaire, parce que cela crée des
problèmes que tout le monde connaît dans les tribunaux comme les
nôtres. Le premier problème, c'est que le nombre de deux, c'est ce
qu'il y a de pire, il faudrait que ce soit un ou trois. Parce qu'à deux,
ils sont condamnés à s entendre, et s'ils ne s'entendent pas, il
en faut trois autres le lendemain pour recommencer le même dossier
pendant que le citoyen attend sa décision. (12 h 15)
Le deuxième problème est humain et concret. S'il y en a un
qui est très compétent et vaillant et que l'autre est moins
compétent ou moins vaillant, c'est à peu près comme les
examens ou les devoirs d'étudiants faits en équipe au
cégep. Ils ont la note de l'équipe, mais il s'agit de savoir
lequel est intelligent et a travaillé le plus, alors qu'officiellement
c'est attribué aux deux.
Je pense qu'à mots couverts, je vous donne le genre de
difficultés qu'on a avec les bancs de deux qui sont
équilibrés, composés de personnes humainement capables de
travailler quotidiennement ensemble, de délibérer et de
s'entendre sur une décision raisonnable à rendre. Plus on fait de
bancs de deux, bien, c'est facile. À la commission il y a seize
commissaires, mais comme il en faut au moins deux, c'est comme si on
était huit, il en faut deux pour en faire un. en termes d'assignation,
c'est deux fois moins efficace Mais comme parfois ils ne s'entendent pas
à deux et qu'il en faut trois autres, c'est encore moins efficace. Et
plus souvent qu'autrement, parfois ce sont deux commissaires vaillants et
compétents qui siègent, ils ont chacun une vingtaine de dossiers
à étudier dans une journée, il y en a un qui, comme vous
le feriez vous-mêmes, en prend dix et dit: Je vais les étudier et
on délibérera une demi-heure ensemble, pendant que l'autre en
prend dix. Alors ils se partagent le rôle. Mais quand l'inverse est vrai,
il y en a un qui en fait vingt tout seul, pendant que l'autre ne fait rien.
Cela peut aussi arriver.
En pratique, toute la commission a toujours fonctionné avec des
assesseurs, c'est-à-dire qu'il y a un analyste professionnel qui
prépare tout le dossier, et il y a un juriste qui étudie tous les
aspects juridiques, comme conseiller et consultant. Ce qui est suffisant pour
n'importe quel genre de commissaire capable de faire son travail, pour obtenir
de l'analyste tous les renseignements factuels, agronomiques ou autres
sur le dossier, et du juriste tous les renseignements juridiques qu'il
ne connaît pas s'il n'est pas juriste. En termes d'efficacité,
d'assignation des rôles, de distribution du travail, un commissaire est
toujours mieux que deux ou trois. J'ai connu d'autres régies ou
commissions qui ont eu les mêmes problèmes et qui ont fini comme
cela aussi.
Cela n'a rien à voir avec le mé ite de la décision.
Pour le fonctionnement II n'y a aucun doute, c'est beaucoup plus efficace dix
commissaires qui siègent à un, que seize commissaires qui
siègent à deux.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, je pense qu'il s'agit d'un
principe fondamental. Si on regarde le fonctionnement des régies et de
tout cela, j'ai eu a discuter dernièrement d'une Loi modifiant la
Régie du gaz et de l'électricité au Québec, et on a
formé la Régie du gaz naturel. Ce sont des régies
où on siège à plusieurs commissaires, parce que ce ne sont
pas des dossiers qui sont évidents, des choses qui font
nécessairement concensus et je crois que là comme dans toute
décision d'ordre public, on n'est pas dans le judiciaire. On dit que
c'est du parajudiciaire, oui. Mais ce sont des décisions qui doivent
prendre en considération un certain nombre de facteurs. On n'a pas
à juger s'il a volé ou non, même quand on va au criminel on
a droit à un jury de douze personnes pour discuter de votre cas si on le
demande. C'est clair qu'on veut se donner le maximum de possibilité
d'amener des gens à discuter pour jusqu'où on peut aller dans un
dossier précis.
On a affaire à une mécanique qui est quand même
globale, qui comprend énormément de points de vue,
d'intérêts différents, la qualité d'un territoire
pour l'agriculture ou non, la pertinence que ce soit une zone qui reste verte
ou qui soit dézonée, etc. Quand on prend tout cela, on dit:
Écoutez, si deux commissaires ne réussissent pas à
s'entendre sur le sujet, parce que ce n'est pas efficace et qu'à deux,
on est obligé d'aller vers le consensus, qu'on en mette trois. Mais
qu'on n'en mette pas un, parce que, là, la décision, à mon
avis, risque de devenir beaucoup trop arbitraire et expéditive, d'une
certaine façon. Les risques sont énormes, mais je pense qu'on
doit permettre qu'il y ait des débats qui se fassent sur des
décisions semblables, que ce n'est pas évident que c'est une
décision qui peut être prise par une seule personne qui va taper
du marteau sur le coin de son bureau et il va dire: C'est clair, la
décision est prise.
Quand on regarde... J'écoutais la discussion. Je voudrais bien le
croire dans la mesure où ce qui se suit va dans le même sens. On
dit: II faut restreindre le nombre de personnes. On a moins besoin de monde. Il
faut restreindre le nombre d'intervenants. Il faut faire en sorte que ce soit
plus circonscrit, que ce soit plus facile à suivre. Mais quand on
regarde ce qui vient par après, entre autres, avec l'instauration d'un
tribunal d'arbitrage, là, ce n'est plus seize personnes qui vont avoir
le nez dans les dossiers, parce que, à ce jour, on en a seize. On a
seize commissaires ou membres de la Commission de protection du territoire
agricole et s'il y a un appel à une décision prise par deux
commissaires, s'ils ne s'entendent pas, on doit revenir à trois. S'il
n'y a pas toujours entente ou s'il y a appel là-dessus, on reprend des
commissaires à l'intérieur des seize pour recréer une
espèce de tribunal d'appel qui va réentendre la cause.
Mais, là, on a seize personnes qui sont donc au courant, qui
peuvent suivre, qui peuvent coordonner des décisions, qui vont prendre
une décision et qui connaissent toute leur jurisprudence. C'est à
l'intérieur d'une même mécanique de gens qui vont faire en
sorte qu'il y ait le maximum de coordination ou le maximum d'inter-relation, de
similitude dans les causes, dans les décisions qui vont être
prises.
Là, on dit: II y a trop de monde là-dedans. Donc, on va
diminuer ça, mais on va en ramener dix. Mais, par contre, on crée
un tribunal d'arbitrage sur lequel on va nommer neuf individus. Alors, on est
rendu à dix-neuf. On n'est plus à seize. On est à
dix-neuf. Dans la mesure où tant les membres du petit tribunal
d'arbitrage que la grande majorité des membres da la commission
actuelle, à l'exception du président et des cinq
vice-présidents, sont des gens qui siègent d'une façon
temporaire, au besoin, et qui ne sont pas du personnel affecté à
temps plein...
Vous me dites que ce n'est pas ça? Ah, cela dépend du
nombre de causes. C'est certain que s'il y a des causes à
l'année, ils vont être à temps plein. Mais ce que je pense
et d'après la Loi sur la protection du territoire agricole, le seul
personnel à temps plein, c'est le président et les cinq
vice-présidents. Les autres sont au besoin. Ils sont obligatoirement
à temps plein?
M. Blain: Oui, la plupart sont à temps plein.
M. Claveau: La plupart sont à temps plein, à cause
de la nécessité qui est engendrée par fe travail à
faire. Mais dans la mesure où il y a moins de travail, ils ne seraient
pas retenus à temps plein.
M. Blain: Ils sont nommés à temps plein.
M. Claveau: Ils sont nommés à temps plein, les
seize.
M. Blain: Sauf deux dont un siège à peu près
à temps plein et l'autre siège de trois à quatre jours par
mois.
M. Claveau: Trois à quatre jours par mois. M. Blain:
Oui.
M. Claveau: Maintenant, les dix...
M. Blain: L'autre qui est payé au per diem siège
presque tout le temps, à temps plein, comme s'il était
effectivement à temps plein, parce qu'il a de l'ouvrage à temps
plein et tous les autres sont nommés à temps plein.
M. Claveau: Tous les autres. Cela veut dire qu'il y en a quatorze
à temps plein.
M. Blain: Ce que la loi dit, c'est que certains doivent
être à temps plein, le président et les
vice-présidents, c'est tout.
M. Claveau: D'accord, mais les autres, actuellement, il y en a
quatorze à temps plein et il y en a deux au per diem qui sont presque
à temps plein.
M. Blain: Oui.
M. Claveau: Dans le cas de l'alternative qui nous est
proposée par le projet de loi, on va en avoir dix. Ces dix vont
être aussi à temps plein?
M. Blain: Pas nécessairement, mais ils peuvent
l'être.
M. Claveau: Ils pourraient être à temps plein. Cela
va être les mêmes dispositions: Un président et deux
vice-présidents à temps plein.
M. Blain: II n'y a pas de dispositions de changées
là-dessus, alors, cela va être les mêmes qu'avant. Le
président et les vice-présidents sont nécessairement
à temps plein et les autres, selon leur nomination. Ils peuvent
être à temps plein.
M. Claveau: Et en ce qui concerne le tribunal d'appel?
M. Blain: Le président et les vice-présidents
aussi, je pense. C'est la même règle.
M. Claveau: C'est la même règle qui s'applique?
M. Blain: Oui.
M. Claveau: Bon dans la mesure où on dégage du
personnel ou du temps de travail des commissaires, parce qu'ils n'auront plus
à juger des appels, on va faire ça en tribunal d'appel et on
augmente le temps. Dans le fond, on enlève du temps à d'autres.
On diminue du temps plein d'un côté et on augmente du travail ou
on donne du travail ailleurs. C'est une espèce de jeu de vases
communicants.
M. Blain: Ce n'est pas le même travail. C'est parce qu'en
révision, ils sont trois ou ils seraient trois en appel. Il y en aurait
trois à temps plein nécessairement, c'est bien ça? Les
autres pourraient être nommés au per diem effectivement, pour
faire quorum et siéger au gré ou au nombre des appels. Mais c'est
une fonction, c'est un travail différent. En première instance,
ce que je disais tout à l'heure... Là. on discutait
peut-être un peu de l'article 3 qui va venir, c'est qu'un seul
commissaire avec l'analyste et le juriste comme assesseur a dix membres, c'est
plus de monde qu'actuellement à seize membres à deux et c'est
plus efficace n'importe quand et c'est plus juste aussi. Pour être
précis...
M. Claveau: Pouvez-vous, s'il vous plaît me
répéter ce que vous venez de dire en dernier9
M. Blain: Cela fait plus de monde. Cela veut dire qu'on peut
siéger, qu'on peut faire dix rôles le même matin, parce
qu'il y aurait dix commissaires qui siégeraient seuls aidés de
l'analyste et aidés de l'assesseur qui est le juriste. Il aurait alors
ses dossiers à étudier, sa décision à rendre et
à rédiger et son travail à faire. Il ne se fierait pas des
fois sur son collègue pour le faire à sa place. C'est ce que cela
veut dire, alors que, si on est seize on peut siéger seulement à
huit bancs un matin parce qu'il faut être au moins deux. En pratique, ce
n'est jamais huit bancs parce qu'il y en a en révision en plus sur cela.
Alors, c'est plus efficace et c'est plus personnalisé en disant: Ce sont
vos dossiers, c'est votre décision, travaillez cela, vous êtes
payé pour cela. À deux, vous avez un petit problème de
discipline comme je vous ai mentionné tout à l'heure comme des
devoirs d'étudiants faits en groupe.
M. Claveau: Là, il y a quelque chose qui est tout de
même un peu spécial dans ce que vous expliquez, et dans ce que le
ministre expliquait tout à l'heure. Quand le ministre a commence son
intervention, il disait: Seize, ça ne justifie plus parce qu'il n'y a
plus d'ouvrage. Au début, il y avait de l'ouvrage en masse, il fallait
se comprendre et il n'y avait personne qui savait trop où cela s'en
allait, donc, cela justifiait seize. Il dit: Maintenant, à seize, il n'y
a plus d'ouvrage pour seize, donc, on diminue à dix. Là, dans le
fond, ce que vous êtes en train de nous dire comme président de la
commission, c est que, dans la structure actuelle, le problème ce n'est
pas qu'il n'y a plus assez d'ouvrage pour seize actuellement, c'est qu'au
début il y avait trop d'ouvrage pour seulement seize. En supposant qu'on
siège à deux, il aurait fallu en avoir une trentaine
peut-être pour pouvoir siéger et entendre quinze causes à
la fois. Au moment où on se parle, dans la structure actuelle en mettant
deux commissaires, seize, ce n'est pas exagéré parce que vous
nous dites que tout le monde est occupé à temps plein. Donc, il
n'y a pas un manque d'ouvrage pour seize dans la mesure où on les met
à siéger à un, oui, là il risque d'avoir un manque
d'ouvrage, mais c'est
juste si on modifie la structure. Ce n'est pas parce qu'actuellement il
n'y a pas d'ouvrage pour les seize.
M. Blain: C'est parce que c'est suffisant, compte tenu du travail
à faire en première instance étant donné que tout
le fardeau de la révision sera référé au tribunal
du travail, c'est clair. À l'autre article, c'est-à-dire à
dix, c'est qu'ils se mettent à deux pour faire le travail s'ils
siègent tout seul à un. Actuellement, quand il y a en deux qui
siègent ensemble sur le même rôle, par exemple, pendant
trois jours s'ils sont vaillants et compétents également ils se
partagent le travail comme le ferait n'importe qui, comme le fait la Cour
d'appel, comme le font tous ceux qui siègent à plusieurs, l'un
étudiant davantage certains dossiers et l'autre étudiant
davantage les autres dans son bureau et quand ils ont fini par préparer
un projet de décision et même des fois ils ont fini de
rédiger, ils le soumettent à leurs collègues dans un petit
caucus rapide afin de délibérer pour lui demander de mettre ses
initiales s'il est d'accord. Mais s'il s'avère qu'il y en a un des deux
qui ne fait pas cela, c'est l'autre qui fait tout le travail tout seul. En
pratique, s'il y a une pile de dossiers à deux commissaires, s'ils sont
corrects, ils se les partagent en deux. S'il y en a un des deux qui fait M.
Quorum c'est l'autre qui fait tout le travail. Pourquoi, ne pas dire qu'en fait
à un commissaire c'est cela le vrai job qu'il fait. C'est moi qui ai
recommandé cela au ministre et administrativement c'est clair.
M. Claveau: Je suis d'accord avec ce que vous dites, M. le
Président, dans la mesure où il y a probablement un certain
pourcentage de dossiers qui sont plutôt d'ordre technique. Il
s'établit une certaine collégialité quant à la
façon de traiter ces dossiers. Il y a des argumentaires et des preuves
qui sont relativement similaires et on voit avec l'expérience et les
années de quelle façon on doit expédier tel ou tel dossier
dans la mesure où on a peut-être une jurisprudence de 25 ou 30
dossiers de la même espèce qui ont été
expédiés dans les années antérieures et on est
arrivé à établir une mécanique. Dans ces cas, vous
avez sûrement raison quant à la démarche que vous
expliquez. Mais dans la mesure où vous vous retrouvez, à un
moment donné, avec un dossier très particulier sur lequel ils ont
nommé deux commissaires, un dossier vraiment nouveau qui va exiger une
nouvelle recherche, créer un nouvel intérêt, à ce
moment-là, j'ai l'impression que l'on doit assister à une
véritable démarche de recherche collective et de confrontation
d'opinions et d'idées pour arriver à dégager un consensus.
Si on exclut de par la loi cette possibilité de mettre deux ou trois
commissaires sur ce genre de dossier, au lieu d'aller vers une ouverture pour
vraiment s'entendre et prendre les vraies décisions, les
décisions les plus susceptibles de résoudre le problème,
on va encadrer le commissaire dans une mécanique - il va toujours
pouvoir aller s'informer à côté, c'est évident, on
ne peut quand même pas... il va pouvoir aller s'informer à l'un ou
l'autre - et on enlève la possibilité de créer une vraie
dynamique qui va permettre de trouver une véritable solution.
Dans ce qui est proposé, on dit: Un commissaire va rendre sa
décision et si vous n'êtes pas contents, allez en appel. Point
final. Mais, j'ai l'impression que, si nous étions... d'autant plus que
le tribunal d'appel est maintenant complètement à part du travail
du commissaire, donc, là, il n'y a pas non plus de garantie que l'appel
va nécessairement faire un lien direct avec ce qui se fait normalement,
il n'y a rien qui va permettre de s'assurer que chacun des commissaires ne
travaille pas en vase clos et que, finalement, les décisions qui sont
retournées en appel avec l'un ou l'autre soient transmises et que chacun
pourra en prendre connaissance, on risque de se retrouver dans une
mécanique linéaire...
Il y a un autre danger que je vois là, c'est ce qui se passe
actuellement à la CSST où I y a une commission d'appel. Vous
savez ce qui se passe? Le commissaire rend son jugement. Paf!
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député d'Ungava. Puisque nous avons spécifié tout a
l'heure que nous pouvions suspendre à 12 h 30, pour des raisons
ministérielles - et je pense qu'il y avait consentement de part et
d'autre, je crois que c'était quelques instants avant que vous ne soyez
présent - ...
M. Claveau: J'étais là.
Le Président (M. Richard): ...si vous n'avez pas d'objection,
vous pourrez peut-être recommencer votre argumentation à partir de
la CSST à 15 heures cet après-midi.
Nous suspendons donc les travaux de la commission. Nous reviendrons ici,
dans la même salle, à 15 heures cet après-midi.
M. Claveau: D'accord, merci.
Le Président (M. Richard): Cela vous convient? Bon
appétit, mesdames et messieurs.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 21)
Le Président (M. Richard): Mesdames et messieurs, si vous
le permettez, je déclare la séance de la commmision de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Je vous
rappelle le mandat de la commission: procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole. Il n'y a pas de changement quant aux
membres qui vont participer à la commission? Le
Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
secrétaire.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Est-ce que ce serait trahir le secret du Conseil des
ministres si on pouvait savoir si le ministre a réussi à faire
adopter son décret?
M. Pagé: Quel décret?
M. Brassard: Ah! c'est un mémoire au conseil. C'est un
mémoire.
M. Pagé: J'avais deux décrets à faire
adopter par le Conseil des ministres aujourd'hui, ils ont effectivement
été adoptés. J'ai fait un rapport au Conseil des ministres
du haut degré d'inquiétude des membres de l'Union des producteurs
agricoles du Québec. J'ai aussi fait référence aux
nombreux députés qui ont fait l'objet de démarches
particulières de la part de leurs productrices et leurs producteurs
agricoles. J'ai indiqué, de plus, le cheminement parcouru depuis le 9
décembre dernier, quand j'ai été convié à
une rencontre avec l'Union des municipalités régionales de
comté et l'Union des municipalités du Québec. J'ai fait
rapport du degré de satisfaction élevé de la ville de
Montréal à l'égard du projet de loi. J'ai fait part de
discussions auxquelles je ne peux référer publiquement, mais que
j'ai eues avec l'Union des municipalités du Québec aujourd'hui.
J'ai indiqué qu'il était probable que le leader du gouvernement
convoque nos travaux, parce que nous fonctionnons dans un cadre de suspension
des règles à l'Assemblée. J'ai indiqué que, si je
n'avais pas mon projet de loi le 23 décembre au soir, à minuit,
j'allais demander à mon leader de convoquer notre commission
parlementaire pour lundi matin le 26 décembre à 10 heures.
D'ailleurs, j'ai fait part à mes collègues que l'Opposition est
d'accord, qu'elle accepte de...
M. Brassard: Vous avez très bien fait.
M. Pagé: Traditionnellement, l'Opposition se dit d'accord
avec ces choses-là. L'Opposition fait des "filibusters" comme vous le
faites, c'est-à-dire qu'elle retarde systématiquement les
travaux, prend son temps, dort sur la "switch". Généralement,
elle s'empresse de régler la dernière journée parce que
tous ont leur billet d'avion ou leur billet de vacances pour le 25 ou le 26
décembre. Il n'en demeure pas moins qu'en ce qui nous concerne, ce
projet de loi doit être adopté, ce projet de loi
réfère à des droits fondamentaux des producteurs
agricoles, il est attendu depuis longtemps, ce projet de loi fait aussi l'objet
de consensus avec le monde municipal. S'H le faut, on se reverra le 26
décembre au matin en vous souhaitant que le parc ne soit pas trop
enneigé le dimanche soir 25 décembre.
M. Brassard: M. le Président, Je dirai d'abord au ministre
que je n'ai pas de billet du tout. Je reste avec ma famille dans ma
région, dans mon comté, pendant la période des fêtes
Je n'ai pas de billet du tout, pour aucun endroit au monde. Il peut être
rassuré là-dessus.
M. Pagé: Cela ne m inquiète pas que vous ayez des
billets ou non, si on décide de siéger le 26, on va être
ici le 26.
M. Brassard: Je vous le dis, vous avez fart allusion à
cela, vous avez prétendu, vous avez laissé entendre que
peut-être les députés de l'Opposition avaient des billets.
Bien, moi je n'ai pas de billet, je vous le dis tout de suite. Cela
règle le problème, n'est-ce pas?
M. Pagé: Bon, grand bien vous en fasse si vous avez le
plaisir de siéger avec moi lundi matin.
M. Brassard: Cela règle le problème.
Deuxièmement, le 26, on y sera.
M. Pagé: Parfait.
M. Brassard: On prendra tout le temps qu'il faut.
M. Pagé: S'il le faut, on y sera.
M. Brassard: Mais, je le répète encore une fois,
c'est une manifestation cavalière, méprisante et arrogante du
ministre, cette façon de légiférer au mépris des
institutions parlementaires, au mépris de la démocratie, au
mépris des intervenants qui veulent se faire entendre. C'est votre
façon de légiférer; vous en assumerez les
conséquences et les résultats.
M. Pagé: II n'y a pas d'arrogance dans cela, M. le
Président, au contraire.
M. Brassard: Non, c'est un beau rêve. Cela fait trois
semaines qu'on vous demande si vous ne voulez pas entendre les intervenants
intéressés au projet de loi 10X3 et vous refusez
farouchement.
M. Pagé: M. Nicolet me dit lui même en privé
que c'est plus utile de rencontrer la table Québec-municipalités.
C'est ce qu'on a fait.
M. Brassard: La table Québec-municipalités et les
rencontres du ministre, je me les mets
quelque part.
M. Pagé: On a eu des échanges toute la semaine
dernière. On a négocié toute la semaine
dernière.
M. Brassard: Je ne vous dirai pas où.
Le Président (M. Richard): Non, j'espère.
M. Brassard: Je vous parle de la commission parlementaire dont je
suis membre. C'est ce qui m'importe. Vos rencontres dans les coulisses, dans
les chambres d'hôtel ou n'importe où à huis clos, je m'en
contrefous.
M. Pagé: Ce n'est pas gentil.
M. Brassard: Ce que je veux, ce sont des gens devant la
commission parlementaire qui viennent nous parler publiquement et qu'ils nous
disent ce qu'ils pensent d'un projet de loi important.
M. Pagé: Je suis persuadé...
M. Brassard: N'essayez pas de confondre les choses et de faire
passer ou d'imaginer que vos rencontres à huis clos, dans les coulisses
et derrière des portes closes, cela remplace des audiences
particulières, une consultation publique d'une commission parlementaire,
ce n'est pas vrai. Cela ne remplace pas cela du tout.
M. Pagé: J'espère que le
député...
M. Brassard: Vous n'avez pas voulu faire la consultation, vous
vous êtes buté, entêté et vous vous êtes
refusé à une consultation des intervenants en commission
parlementaire. Ce qui est la règle et la coutume, la tradition en cette
Chambre.
M. Pagé: Lorsque le député aura
terminé son petit tour de piste, j'aimerais répondre.
M. Brassard: Vous avez violé la tradition, vous l'avez
foulée au pied sur un projet de loi important. Bien vivez avec.
M. Pagé: Le député de Lac-Saint-Jean ayant
terminé son petit tour de piste, le 45 tours vient de se
compléter...
M. Brassard: J'ai un 33 tours à côté. Une
voix: Envoie ta cassette.
M. Pagé: Je l'invite à réfléchir au
fait qu'en bloquant notre projet de loi, il vient retarder...
M. Brassard: On ne vous bloque pas, on vous apprend à
légiférer.
M. Pagé: Je vous ai laissé parler, M. le
député. La politesse élémentaire commande que vous
m'écoutiez, parce que je vous ai écouté. Le
député doit être conscient et son groupe parlementaire
aussi, qu'en ce faisant, il vient retarder la mise en oeuvre, et
peut-être mâme pouvant aller jusqu'à un an, des articles de
la loi qui vont protéger les producteurs et les productrices agricoles
du Québec, toute la question de l'immunité et des poursuites dont
les producteurs sont l'objet, toute la notion de réciprocité qui
crée des conflits et c'est toujours le producteur et la productrice
agricole qui doivent en payer le prix.
Vous venez retarder la mise en oeuvre d'un fond de défense pour
appuyer nos agriculteurs devant les tribunaux qui sont obligés bien
souvent d'aller y investir pour payer les avocats. En fait, tous les revenus
nets d'une année, vous retardez tout cela. Vous serez vous aussi
jugés par vos actes. On n'est pas du tout gênés de la
façon dont le projet de loi a été présenté.
La semaine dernière, on s'est fait dire très clairement par la
voix des gens du leader du gouvernement: L'Opposition nous dit: N'amenez pas fa
loi. Vous allez perdre votre temps. J'ai passé la semaine
dernière en communication, par mes adjoints, avec le monde municipal et
c'est ce qui nous a permis de faire des amendements. D'ailleurs, je tiens
à saluer les producteurs agricoles du comté de Richmond qui sont
avec nous cet après-midi. Si ces gens-là pouvaient parier, ils
vous diraient: Adoptez-la la loi et ce soir probablement qu'il y aura plusieurs
producteurs agricoles qui vous diront à l'oreille, parce qu'Us sont
polis et respectueux des règles du Jeu parlementaire: On a besoin de
notre loi.
M. Claveau: M. le Président...
M. Pagé: Cela dit, on poursuit l'étude de l'article
2.
Le Président (M. Richard): Si vous le permettez, est-ce
que vous allez immédiatement dans l'article ou si vous avez un...?
M. Claveau: J'ai un mot à dire sur les propos du
ministre.
M. Pagé: Ce ne sont pas mes propos, c'est votre
collègue qui a amorcé les propos préliminaires en ce
début de séance.
Une voix: Non, non, non.
Le Président (M. Richard): Allez-y, M. le
député d'Ungava, s'il vous plaît, rapidement.
M. Claveau: Merci, M. le Président. De la façon
dont le ministre parie, c'est à se demander si ce n'est pas lui qui a
son billet d'avion en poche, et qu'il se croit obligé de l'annuler en
revenant le 26.
M. Pagé: Non.
M. Claveau: En ce qui me concerne, M. te Président, vous
pouvez être certain que si la commission est convoquée le 26 au
matin pour parler de cela, je vais y être, parce que moi non plus je ne
me promène pas à l'étranger dans le temps des fêtes,
je passe mes fêtes en famille, dans le beau pays du Québec que je
respecte énormément et je suis tout à fait disponible
à prendre le temps qu'il faut pour légiférer
honnêtement avec tout le respect des règles parlementaires. (15 h
30)
Le ministre a sûrement oublié qu'à partir du moment
où un projet de loi est déposé en Chambre pour son
adoption de principe, il ne lui appartient plus à lui, comme ministre,
ni à sa formation politique. Le projet de loi appartient à
l'ensemble des parlementaires qui composent la Chambre. Comme parlementaires,
nous ne siégons pas en commission parlementaire à titre de
représentant de parti politique. Nous siégons à titre de
législateur. Nous devons nous intéresser à tous les
projets de loi qui passent en cette Chambre. Nous avons le devoir de faire le
travail le plus honnêtement possible pour arriver à faire un
projet de loi qui soit le plus conforme aux voeux des groupes concernés
et aussi à l'ensemble de la dynamique et de la législation
québécoise. Dans ce sens-là, moi, je vais prendre tout le
temps qu'il faut pour essayer de le faire comprendre au ministre. Lorsque le
ministre nous envoie promener d'une façon cavalière en disant que
nous ne faisons pas notre travail, que nous retardons les travaux de la
commission, qu'il fasse son propre mea culpa. Il a lui-même avoué
qu'il avait négocié, après le dépôt en
deuxième lecture, des amendements, qu'il avait rencontré des
gens, que cela l'avait amené à faire des amendements. Nous, nous
disons au ministre: Cette démarche n'est pas la démarche
parlementaire que l'on doit utiliser dans le régime parlementaire
britannique auquel nous sommes habitués au Québec. S'il y a des
consultations à faire, s'il y a des amendements à amener, cela
doit être fait ici en commission parlementaire à la vue de tous,
avec la participation de tout le monde. Le projet de loi ne lui appartient
plus. Il appartient à l'Assemblée nationale et aux membres de
cette Assemblée nationale. À ce titre-là, le ministre ne
nous bousculera pas parce qu'il a mal lait son devoir. Nous allons prendre tout
le temps nécessaire pour étudier, expliquer, amender et discuter
tous les articles du projet de loi. Est-ce bien compris? Que nous soyons pour
ou contre, ce n'est pas à lui d'en juger. Quant à nous, nous
allons faire le travail pour savoir où le ministre veut s'en aller.
Quelles sont les intentions connues ou cachées? Quelles sont les
interprétations possibles et Imaginables, sur tous les angles, de tous
les articles un par un du projet de loi. C'est clair. C'est cela
légiférer. Légiférer, ce n'est pas croire le
ministre sur parole. Ce n'est pas discuter ou voter sur des discussions
téléphoniques ou des veillées de chambre d'hôte).
C'est de travailler à la vue de tout le monde dans ce Parlement,
à travers les instances reconnues démocratiquement comme
étant les instances que l'on utilise pour légiférer. Nous
allons le faire. Que ce/a plaise ou non au ministre, qu'il ait ou non à
revendre son billet d'avion, nous allons le faire. Est-ce clair?
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava, je vous remercie.
M. Pagé: M. le Président, je veux rectifier deux
choses. Il pourrait arriver que j'aie des billets d'avion, mais je n'en ai pas
cette année, premièrement. Deuxièmement, les
négociations n'ont pas été conduites dans des chambres
d'hôtel, comme il le dit. Elles ont été conduites dans les
locaux du ministre des Affaires municipales.
M. Claveau: Ils ne font pas partie de l'enceinte de la commission
parlementaire.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez, M. le
député d'Ungava, je constate qu'il y a très peu de membres
de la commission qui ont mangé du poisson. Les gens ne sont pas
tellement assoupis. Alors, M. le député de Berthier et
après, nous passons, si vous me le permettez, à l'article 2. M.
le député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président, je voudrais faire part
à la commission qui siège pour étudier le projet de loi
101, article par article... Le projet de loi 100, plutôt, pas le projet
de loi 101. On parie assez du projet de loi 101, on va rester au projet de loi
100 ici, par exemple. J'ai communiqué avec mon bureau à midi,
avec mon attaché politique, et il a eu plusieurs appels venant des
producteurs agricoles, venant des dirigeants de l'UPA de ma région
à moi et aussi de la MRC de Berthier, la MRC de D'Autray, qui attendent
que le projet de loi soit passé parce qu'ils seraient malheureux de voir
que le projet de loi sort reporté à plus tard. Ce que j'ai
répondu à ce moment là: Écoutez, fartes des appels
auprès de l'Opposition cela fait quelques heures qu'on prend pour
étudier le projet de loi et on est seulement à l'article 2. Il
n'y a rien qui bouge et il semblerait, d'après ce qu'on peut voir, qu'il
n'est pas question qu'on adopte le projet de loi avant le 31 décembre de
la façon que ces gens se comportent. Ce serait à eux après
d'en porter le fardeau. Quant à nous, nous sommes prêts à
discuter. Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation a rencontré des organismes la semaine passée. Il a
été sensibilisé aux amendements qu'il voulait apporter et
il en a tenu compte. Par la suite, nous étions prêts à
étudier le projet loi. C'est malheureux. Si vous ne faites pas d'appels
auprès
des personnes qui peuvent débloquer le projet de loi, bien, il
faudra vivre avec pour l'année 1989. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Berthier. Vous avez un très court commentaire,
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je veux seulement apporter,
à la commission et à ses membres, un exemple tout à fait
récent. Le projet de loi 107 du ministre de l'Éducation, un
projet de loi très volumineux comportant tout près de 700
articles, si ce n'est pas plus.
M. Pagé: 685...
M. Brassard: Oui. Il va l'avoir son projet de loi, parce qu'il
s'est comporté correctement avec le Parlement, correctement avec la
commission parlementaire et correctement avec l'Assemblée nationale.
Une voix: II y a 1000 amendements.
M. Brassard: Mon collègue d'Abitibi-Ouest a demandé
des audiences particulières avec les intervenants du milieu de
l'éducation et le ministre de l'Éducation a dit: Oui, cela a bien
du bon sens. Cela a eu lieu. Ils ont étudié le projet de loi
pendant cinq semaines. Ils n'ont pas attendu au dernier jour pour l'appeler.
Ils l'ont étudié pendant cinq ou six semaines de façon
régulière. Le ministre de l'Éducation a été
correct, a été respectueux des règles et coutumes du
Parlement. Il a été respectueux des demandes légitimes de
l'Opposition en cette matière et le projet de loi 107 va suivre toutes
les étapes, il va être adopté et sanctionné à
cette session-ci. Si le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation s'était comporté comme son collègue de
l'Éducation, en respectant les demandes légitimes du milieu, des
intervenants du milieu intéressés par le projet de loi, en
respectant les demandes légitimes de l'Opposition il y a trois semaines
quand on demandait des audiences particulières, s'il s'était
comporté comme son collègue de l'Éducation, son projet de
loi, il l'aurait. S'il ne l'a pas avant l'ajournement des fêtes, cela va
être de sa faute, de sa très grande faute et de son unique faute.
Je tiens à ce que ce soit inscrit dans le Journal des débats,
M. le député de Berthier.
Le Président (M. Richard): Si...
M. Houde: Cela va dépendre de vous autres.
M. Pagé: M. le Président, je vais faire un dernier
commentaire là-dessus. Je vais dire au député de
Lac-Saint-Jean que, premièrement, il est apparu très clairement,
entre autres, au président de l'UMRCQ qu'il serait plus utile d'avoir
des échanges autour de la table Québec- municipalités qui
n'est pas une réunion de corridor, mais qui est une réunion
formelle, structurée, présidée par le ministre des
Affaires municipales du Québec. Deuxièmement, partant de
là, à la suite de cette rencontre qui s'est tenue le 9
décembre, toute la semaine dernière, ayant reçu un
préavis de l'Opposition officielle que cela ne donnait absolument rien
de venir en commission parlementaire parce qu'en commission parlementaire,
l'Opposition officielle aurait le même comportement qu'elle a eu le 8
décembre dernier, la veille où j'ai rencontré la table
Québec-municipalités où on a présenté
motions par-dessus motions pour causer, pour jaser et pour parier. Si je prends
le raisonnement du député de Lac-Saint-Jean, s'il faut 25 jours
pour adopter 685 articles, on peut présumer - cela veut dire un rythme
de 27 articles par jour - qu'on peut, de façon utile, adopter 24
articles au moins en 3 jours. Je prends votre raisonnement, M. le
député. Si la commission parlementaire de l'éducation
travaille bien en adoptant 685 articles en 25 jours, on peut présumer
qu'on peut bien travailler en en adoptant 24 en 3 jours. On a
déjà 3 jours de passés et on est rendus à l'article
2.
Cela dit, c'est avec beaucoup d'intérêt que je vais
écouter les commentaires du député d'Ungava qui
était rendu dans la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Le Président (M. Richard): Si vous me le permettez, M. le
député, vous avez vous-même la parole sur l'article 2. Il
était 12 h 30 lorsqu'on a suspendu les travaux.
M. Brassard: Le député de Saint-Hyacinthe a
demandé la parole, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse.
M. Brassard: Je ne veux pas brimer les droits des
parlementaires.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean, de m'en aviser.
M. Messier: Merci, M. le député de
Lac-Saint-Jean.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Hyacinthe, vous avez un commentaire?
M. Messier: Je veux juste vérifier le degré de
collaboration de l'Opposition spécifiquement avec le
député de Lac-Saint-Jean. Le 24 et le 25, je vais être
à Jonquière. Il serait peut-être intéressant qu'au
retour a Québec, on fasse le voyage ensemble et on pourrait parler du
projet de loi.
M. Brassard: Pas de problème.
M. Messier: Parfait. Très ouvert, merci.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le
député d'Ungava, vous aviez terminé en disant le mot
"CSST" à midi trente.
M. Claveau: Oui, M. le Président, sur mon temps de parole,
dans la mesure où la commission parlementaire de l'éducation a
réussi à voter ses articles, c'est parce qu'il y a eu une
démarche préalable qui a été faite respectant les
règles du Parlement. Je tiens aussi à dire que ce ne sont pas aux
intervenants externes au Parlement à prendre les décisions
lorsque le projet de loi est déposé en deuxième lecture.
Il appartient aux parlementaires et l'Opposition étant membre de plein
droit de ce Parlement, elle peut demander des choses et ce ne sont pas les
volontés de ceux qui sont à l'extérieur du Parlement qui
ont prédominence à ce moment-là. Jamais je n'accepterai
comme parlementaire que l'on bafoue l'Opposition et que le pouvoir se fasse sa
propre opposition pour proposer ses propres amendements et essayer de faire
croire que l'Opposition ne veut pas faire son travail.
Cela dit, je faisais référence à la commission
d'appel de la CSST dans la mesure où je disais qu'il me semblait
dangereux de créer une commission d'appel pour l'application de la Loi
sur la protection du territoire agricole qui soit externe et n'ait pas de lien
direct, bien défini, une approche complémentaire évidente
avec le groupe des commissaires qui ont la responsabilité de discuter,
de juger de la mise en application de la Loi sur la protection du territoire
agricole. Ma référence à la CSST est pertinente dans la
mesure où on sait qu'actuellement on a créé une commission
d'appel semblable à la CSST dans le but de régler des
problèmes. Sauf que, qu'est-ce qu'il se passe? Dès qu'une partie
n'est pas satisfaite du jugement rendu par la CSST sur un accident de travail
ou une maladie professionnelle, on fait systématiquement appel à
la commission d'appel; or on est, au moment où on se parle, en retard de
8000 causes. C'est 18 mois de retard. Alors, le législateur a voulu
créer honnêtement un mécanisme qui devait
accélérer les choses et qui devient finalement, par une mauvaise
interprétation ou une utilisation exagérée, un
mécanisme à retardement, un mécanisme qui fait en sorte
qu'on ne peut plus appliquer la loi sur la CSST; on y fait appel pour toute
circonstance dès qu'une des parties n'est pas satisfaite du jugement des
commissaires de la CSST, d'un jugement rendu par un commissaire. On se retrouve
actuellement avec 8000 causes en appel, avec un délai de 18 mois pour se
faire entendre. Ma crainte, quand on présente cela, là on est
à l'article 2, on le verra plus tard quand on discutera de la commission
d'appel comme telle, mais en diminuant le nombre des membres de la Commission
de protection du territoire agricole et en transférant un certain nombre
de leurs activités à une commission d'appel, j'ai l'impression
qu'on rompt la démarche tradittonnelle qui, finalement, n'a pas
été si mauvaise, qui a permis l'application de la loi
malgré ces contraintes. Je pense qu'il y a toujours place dans n'importe
quelle société pour l'amélioration, mais
amélioration ne veut pas dire chambardement. Il y aurait eu moyen
éventuellement d'améliorer des choses à l'intérieur
de la mécanique qui a fait ses preuves sans pour autant rompre ou
créer une division entre le jugement sur la cause ou la mécanique
pour entendre la cause et une commission d'appel. Ma crainte dans la mesure
où il y a un seul commissaire a partir de maintenant qui, si la loi est
adoptée, va entendre la cause, c'est facile de contester la
décision de ce commissaire. Quand il y en a trois, on peut dire au
moins: Écoutez, il y a trois instances, trois personnes
compétentes qui se sont penchées là-dessus et on arrive a
un consensus au niveau des trois. C'est pour cela d'ailleurs que quand on
arrive à la Cour supérieure, il n'y a pas juste un juge, on le
sait. Même à la Cour suprême, il y en a plusieurs Alors,
quand on commence au niveau local, le juge municipal et tout cela,
généralement il y en a juste un et c'est en masse. Mais, plus on
avance, plus il y a de juges, pour faire en sorte d'établir un
consensus. Alors, dans la mesure où maintenant on enlève cette
possibilité de consensus au niveau de la décision de la
Commission de protection du territoire agricole, tout le monde, je peux vous le
dire, à partir de demain matin ou du mois de janvier, si la loi est en
application, toute personne qui ne sera pas satisfaite va aller en appel
immédiatement. On va avoir à se fier sur le jugement d'un seul
individu quand ce jugement aurait pu être atténué ou
donné de la force si on l'avait fait avec deux ou trois individus comme
on le faisait auparavant Maintenant, on le fait avec un individu. On n'aime pas
la gueule de l'individu, on prétend qu'il s'est trompé, qu'il n'a
pas compris, qu'il a mal interprété, qu'il n'a pas pris en
considération toutes les données, donc la partie perdante va
nécessairement se ramasser en appel. On risque de se retrouver à
plus ou moins long terme avec une mécanique qui va être beaucoup
plus lourde et avec probablement plus de délais que ce qu'on avait au
départ, parce qu'on aura rompu la démarche qui fait
qu'actuellement, la décision comme telle et l'appel sur la
décision se fait d'abord dans un contexte de collégialité
à l'intérieur d'une même structure et que tous les
commissaires ont la possibilité de pouvoir discuter, de pouvoir juger un
jour en première instance, une autre fois au niveau de l'appel, etc.,
selon le momentum dans lequel ils vont se trouver, ce qui fait en sorte qu'il y
a une continuité, il y a une approche commune, il y a une vision globale
qui se dégage et qui permet de pouvoir appliquer correctement ou du
moins avec un minimum d'authenticité l'ensemble des décisions.
Mais, là, je suis convaincu qu'en rompant avec ça et en
créant une commission
d'appel indépendante, tout le monde va se retrouver devant cette
commission d'appel, les délais vont se prolonger, il y aura
insatisfaction générale et, finalement, nous n'avancerons pas
à grand-chose. (15 h 45)
Je ne comprends pas. D'ailleurs, si la loi permet de modifier certains
éléments à l'intérieur de la Loi sur la protection
du territoire agricole, si la loi 100 veut modifier des choses, je pense que
ces choses pourraient très bien être modifiées à
l'intérieur de la structure décisionnelle existante et qu'il
n'est pas nécessaire de modifier la structure décisionnelle
existante, avec tout le bagage qu'elle a pu prendre comme connaissance au cours
des ans, pour appliquer le reste de la loi. Alors, il me semble qu'il y a
là une démarche plus administrative que politique et qui risque
d'être plutôt un élément de discorde qu'un
élément de conciliation. Je suis aussi convaincu qu'à
partir du moment où l'on veut modifier une approche globable, parce
qu'il s'agit d'une modification d'une approche globale par rapport à la
vision qu'on s'était faite de la protection du territoire agricole,
à ce moment-là, nous sommes mieux de la faire à
l'intérieur des structures décisionnelles existantes, parce qu'en
chambardant en même temps la structure décisionnelle, on risque de
se retrouver devant un certain nombre de mécontentements, de mauvaises
interprétations qui seront beaucoup plus néfastes
qu'autrement.
Selon moi, en tout cas - à moins que le ministre ne veuille me
prouver le contraire - la modification, le projet de loi 100 n'a pas comme
raison d'être, au départ, de modifier les structures
décisionnelles, mais sa raison d'être et l'impact sur les
agriculteurs et les tenants du territoire agricole sont beaucoup plus larges
que le simple fait de modifier la structure décisionnelle. Alors, qu'on
se donne donc le maximum de chances en conservant une structure
décisionnelle, une structure d'appel qui a fait ses preuves plutôt
que d'essayer de tout chambarder en même temps et de probablement
créer le plus beau capharnaùm qu'on puisse imaginer dans
l'application de la Loi sur la protection du territoire agricole.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Ungava. Est-ce que vous avez un commentaire, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: II me reste encore, je pense, quelques minutes sur
mon temps de parole. J'aurais d'abord quelques questions à poser. Est-ce
qu'il serait possible d'avoir la liste des commissaires actuellement en
poste?
M. Pagé: Oui. Elle vous parviendra avant la fin des
travaux de la commission.
M. Brassard: Merci. Autre question: Quel est l'état actuel
du rôle de la commission? Est-ce qu'il y a des retards...
M. Pagé: M. le président va répondre en mon
nom.
M. Brassard: ...dans le traitement des demandes? Est-ce que les
16 commissaires suffisent actuellement à la tâche pour accomplir
leur mandat?
M. Biain: Oui, depuis à peu près un an et demi,
maintenant, je dirais un an et demi solide. Imaginons l'exemple d'une demande
déposée à la commission ce matin, le 21 décembre,
elle devrait être au rôle entre la dernière semaine de
février, autour de deux mois, à deux mois et une semaine; cela
est une demande standard. Il y a aussi des demandes très complexes. Ce
sont neuf demandes sur dix qui sont régulièrement
analysées par les analystes du rôle ex parte, après deux
mois à deux mois et une semaine, et, en audition publique après
deux mois et demi à trois mois. Ce sont là les délais.
Quant au fardeau de travail, c'est raisonnable, ce n'est pas
exagéré, compte tenu qui y en a qui travaillent de deux à
trois jours par semaine pour rencontrer les MRC; ils sont entre trois et cinq
commissaires, cela varie d'une MRC à l'autre, parce que ce sont des
équipes différentes; il y a ceux qui siègent en
révision et ceux qui rendent des décisions constamment, tous les
jours, et ça roule. Il y a actuellement suffisamment de monde. Si nous
n'avions pas à négocier, il y aurait même un peu trop de
monde pour qu'on gagne notre paye à temps plein, dans un rythme de
travail raisonnable de 40 heures par semaine de monde qui gagne sa paye.
M. Brassard: Parce qu'actuellement, évidemment, il y a
plusieurs commissaires qui sont assignés aux négociations avec
les MRC pour la révision du territoire agricole. Est-ce qu'ils sont
assignés à temps plein à cette tâche ou est-ce
qu'ils se partagent...
M. Blain: II n'y a personne d'assigné à temps plein
à aucune fonction. Les rôles roulent, en fait, de mois en mois.
Ils sont faits deux mois d'avance. Il y en a qui sont davantage que d'autres
assignés à certaines fonctions parce qu'ils sont meilleurs que
d'autres là-dedans, mais celui qui, par exemple, avec moi ou un autre
rencontrerait la MRC en janvier, la même semaine peut, le lendemain,
siéger sur un rôle en audition ex parte et deux jours
après, sur un rôle en audition publique, avec un autre
collègue, selon l'endroit où il sera et selon son assignation et
son transport, en fait. On siège dans tout le Québec avec toutes
sortes de rôles complexes. Il y a différentes sortes de
rôles aussi, en audition publique, en enquête, en ex parte,
à différents endroits. C'est un job complexe et, plus il y a de
monde à combiner, plus c'est difficile, mais cela
roule et il y en a qui siègent davantage que d'autres dans
certains types de fonction parce que c'est là qu'ils sont aussi les
meilleurs ou c'est là qu'ils sont bons.
M. Brassard: Dans le cas des...
M. Pagé: Si vous me permettez d'ajouter un mot, M. le
président de la commission. Est-ce qu'il serait possible au
président de la Commission de protection du territoire agricole
d'indiquer aux membres de cette commission... Parce qu'on a déjà
voulu de façon associative tenter de démontrer ou d'indiquer que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation aurait
eu son mot à dire dans le choix des personnes, commissaires ou
vice-présidents, chargées de négocier. Je suis
persuadé que M. le président va se faire un plaisir d'indiquer
comment ceux qui sont mandatés pour négocier sont assignés
et pourquoi ceux-là et non pas d'autres.
M. Blain: Le plus bel exemple que je pourrais fournir, M. le
Président, à votre assemblée c'est de déposer
peut-être ici, si cela vous intéresse, ou de vous expliquer ce que
c'était les rôles des deux dernières années de mois
en mois. On a quatre ou cinq fonctions à remplir de front. À 75 %
de notre temps, il faut faire des décisions ex parte sur des demandes
où les gens ne requièrent pas d'audition publique. C'est à
peu près 5000 décisions par année. C'est du travail
courant assigné à deux commissaires le matin qui étudient
dans leur bureau des dossiers où l'analyse a été faite,
adressée aux citoyens à l'avance, les représentations
écrites sont déposées au dossier, il y a un avis juridique
de donné et les commissaires ont une décision à rendre
à deux là-dessus. Il y a des rôles d'audition publique qui
prennent en général un à deux jours à
Québec, Longueuil et en régions, par semaine. Cela prend des
commissaires là-dessus. Il y a des rôles d'audition en
révision et il y a aussi le travail à faire sur les
enquêtes et les plaintes que nous avons. Il y a au moins un rôle
par semaine à chaque endroit et il y a tout le travail d'étude
des dossiers à la commission et ensuite de rencontre des parties en
révision des 2ones agricoles avec les MRC, ce qui demande depuis un an
à peu près de deux à trois jours par semaine de
temps-commissaire ou, à défaut de règles justement, parce
que le quorum étant de trois et cela n'était pas prévu
dans la loi, il faut être au moins trois. Dans tout cela, il faut trouver
les meilleurs hommes aux meilleures places selon leurs assignations.
Sur la révision des zones agricoles ou la composition du
rôle, je peux vous déclarer clairement d'abord qu'il n'y a
absolument jamais personne qui m'a demandé d'assigner quelqu'un à
quelle que place que ce soit, ni le ministre ou d'autre. Quand dans les
journaux écrivaient que quelqu'un était intervenu
là-dedans, j'ai dit:
C'est drôle parce que je suis obligé de dire au ministre
qui siège là-dessus. En révision des zones agricoles, il
ne le sait même pas, il ne me l'a jamais demandé et je ne lui ai
jamais dit. Ce que j'ai fait, c'est bien simple, c'est ce que vous auriez fait
peut-être tout le monde. C'est comme un club de hockey. On connaît
nos joueurs. On dit: Qui peut faire ce job-là? C'est facile, on
procède par défaut. Qui ne veut pas faire cela? Cela commence
bien. Qui veut être à la maison à 17 heures, ne pas prendre
sa voiture jusqu'à une heure du matin, manger des sandwiches et revenir
à 3 heures du matin parce qu'on a rencontré la MRC à
Val-Saint-François, par exemple? Ou on s'en va à Rouyn, on prend
l'avion, on fait la tournée et on va visiter les terrains avec
l'analyste pendant trois jours et lui n'aime pas cela s'en aller à
Rouyn.
M. Brassard: M. le Président, si le président
expose cela comme cela, il ne dort plus lui en rester beaucoup.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blain: Vous avez raison.
M. Brassard: Les volontaires doivent être assez rares.
M. Blain: Vous avez dit quelque chose qui n'est pas loin de la
vérité. Alors, on procède par élimination. Il y en
a qui...
M. Brassard: Est-ce que vous avez le pouvoir d'imposer quand
même, si personne ne veut?
M. Blain: Oui. Mais il n'y a personne qui a de l'overtime" chez
nous, de temps supplémentaire. Ils sont tous payés au même
salaire. On a le pouvoir d'imposer effectivement, mais je vous suggère
ce que cela donnerait que d'aller rencontrer des maires, des préfets,
des municipalités, des gens à l'UPA, avec deux commissaires qui
n'aiment pas cela, qui ne connaissent rien là-dedans, qui ne sont jamais
allés dans ce coin-là, qui ne veulent pas faire de
négociation et qui sont furieux parce qu'ils ont été
assignés là-dessus et que vous les avez portés volontaires
conscrits. Cela commence comme cela.
Le deuxième problème, c'est que, comme dans les clubs de
hockey, vous dites: J'y vais avec ceux qui sont de bonne humeur, parce que ceux
qui ne sont pas de bonne humeur sont mieux de rester chez eux. Cela peut
arriver aussi. J'y vais aussi avec ceux qui sont capables de comprendre un peu
de quoi ils parlent, sans cela, je vais être tout seul là Cela
peut arriver aussi. Alors, avec tout ce que vous avez d'hommes, vous trouvez la
meilleure équipe de meilleurs hommes pour essayer d'être un peu
solidaires et de faire une équipe dans cela Toi, tu étudies ce
bout-là; moi, j'étudie l'autre bout, on
se fait un caucus à 8 heures du matin, tu vas être
là et on va essayer de travailler positivement. Ce n'est pas facile.
Mais c'est avec cela que j'ai pris les meilleurs hommes pour faire le travail
et inversement. J'ai gardé, à d'autres places, les meilleurs
hommes pour faire le travail parce qu'il y avait de vieux commissaires qui
connaissaient bien la routine interne de la commission et des nouveaux eu,
entre autres - c'est une bonne affaire - on va les amener sur le territoire,
ils vont négocier, entre autres, avec nous plus les anciens; ce sont les
anciens et les nouveaux mélangés, dans le fond. Ils vont aussi
apprendre le terrain, le territoire, la mentalité et la
réalité en même temps. Je ne peux pas prendre tous les
anciens pour aller négocier et prendre tous les nouveaux et leur
demander de prendre les décisions le lendemain matin, ils commencent. On
avait aussi cette difficulté-là. Cela s'est fait de façon
tout à fait concrète, complètement en dehors de toute
politique et avec les meilleurs hommes que j'ai. Chaque mois, j'ai le
même problème; le mois prochain, quelles sont les assignations? On
a telle et telle fonction et tel job à faire. Selon qu'un tel veut
prendre des vacances et un autre mois, lui, ce coin-là, il ne
connaît pas cela, je suis mieux d'y aller avec M. Guérard, parce
qu'il connaît le coin. Et le Bas-Saint-Laurent, il faut que j'en
amène un autre qui connaît bien le coin, plus un autre. Et lui, je
ne l'amène pas parce que si je l'amène avec lui, la chicane va
prendre et on ne travaillera pas du tout. On a tous ces
problèmes-là et il faut les régler concrètement.
C'est seulement cela qu'on a fait.
En général, à négocier des révisions
de zones agricoles, on est entre six, sept ou huit environ, mais cela varie
selon les régions. On fait des rôles où on est deux ou
trois permanents plus d'autres qui connaissent mieux le coin; on est de trois
à cinq à travailler le même dossier du début
à la fin, dans la même MRC. Pour d'autres MRC, on peut être
une autre équipe un peu différente. En général, je
vais vous l'avouer très franchement, ceux qui ont accepté de
faire cela avec moi se sont vraiment portés volontaires parce qu'ils
ajoutent cela souvent à d'autres travaux qu'ils font à la
commission et ils se trouvent à faire pas mal plus d'heures que les
autres pour la même paie, si vous voulez les affaires précises et
claires... C'est seulement cela que ça a donné. Pendant que
d'autres, quelquefois, viennent le matin, ils font leur rôle
tranquillement et comme ils n'ont pas d'autres fonctions, à l'heure du
midi, ils ont fini et leur semaine est faite. Alors, il faut rétablir un
certain équilibre là-dedans.
M. Brassard: Puisqu'on en est à toute la question de
révision des territoires agricoles des MRC, depuis la dernière
fois où la commission vous a rencontrés dans une séance
à huis clos, y a-t-il eu des progrès notables dans les
négociations avec les MRC? Est-ce que cela a suffisam- ment
avancé pour que le bilan que vous aviez déposé à ce
moment-là soit maintenant caduc?
M. Blain: Non, il n'est pas caduc, mais il faudrait le remettre
à jour. Il est arrivé deux choses depuis ce temps-là. Il y
avait déjà des MRC qui nous avaient dit: Très bien, on va
te donner la proposition, on l'accepte. D'autres se sont ajoutées
à cela en disant: on est prêt. Après réflexion, on
va te donner la proposition, tout le monde est d'accord là-dessus, on
l'accepte. Il y a une bonne quantité de dossiers où l'UPA nous a
dit: Ces dossiers-là, tout ce que vous avez négocié, on
est d'accord. Il y en a où on a repris des séances de rencontres,
quatre à ce jour, qui étaient déjà
négociées où il n'y avait pas de décret et on a
trouvé des compromis qui ont de l'allure. Dans d'autres où c'est
tout cédulé pour maintenant, janvier et tout cela, c'est reparti.
Mais cela va bien; comme bilan, cela va bien et tout le monde y participe.
M. Brassard: L'UPA est partie prenante...
M. Blain: L'UPA a toujours été partie
prenante...
M. Brassard: ...mais dans certaines MRC... M. Blain:
...pour être franc.
M. Brassard: ...il y avait quelques problèmes, non? (16
heures)
M. Blain: L'UPA a toujours été partie prenante,
mais pour parler pour elle - elle n'est pas là - je pourrais dire
qu'elle n'avait peut-être pas eu assez de temps pour préparer tous
ses dossiers, il n'y avait pas assez de gens à ça, et ils n'ont
pas eu le temps de travailler tous les dossiers ou de suivre tous les dossiers.
Dans certains cas, il aurait fallu qu'on dise aux préfets qu'on exige
que l'UPA soit là, et ils ne s'entendaient pas avec les MRC. En tout
cas, cela s'est nivelé, et leur présence et leur
représentation avec les MRC se fait plus facilement, maintenant; d'autre
part, l'UPA est mieux équipée pour étudier les dossiers et
donner son avis. Le temps a aidé là-dessus.
M. Brassard: Moins de résistance, parce qu'il y avait des
résistances, chez certaines MRC, admettons-le.
M. Blain: Ah, il y en a encore. M. Brassard: II y en a
encore? M. Blain: II y en a encore.
M. Brassard: Sur la présence de l'UPA, dans le
processus.
M. Blain: Ah, il y en a encore.
M. Brassard: II y en a encore? M. Blain: Ah, oui.
M. Pagé: Mais cela, c'est dans leur intérêt
qu'elles y soient.
M. Brassard: Oisons qu'elles aimeraient mieux voir l'UPA hors du
processus, mais N reste que l'UPA peut quand même faire partie du
processus.
M. Blain: Oui.
M. Brassard: Elles s'y résignent, celles qui...
M. Blain: Je ne peux pas employer ce terme-là, mais chez
certaines, peut-être, oui.
M. Brassard: Oui, cela peut aller jusqu'à la
résignation. De toute façon, on peut dire qu'actuellement, dans
les dossiers qui sont en négociation, l'UPA est partie prenante, elle
est associée au processus et que, de ce point de vue, elle est
relativement satisfaite.
M. Blain: Oui.
M. Brassard: Pour le moment, cela va. Je pense que mon
collègue de Terrebonne avait quelques commentaires à faire.
Le Président (M. Richard): M le député de
Terrebonne, vous avez un commentaire?
M. Blais: Non, j'avais des questions, parce que c'est
intéressant, il y a bien des choses là-dedans qui nous
éclairent.
Les discussions avec les MRC, vous dites que ça prend du temps
quand même, jusqu'à cinq commissaire qui discuteront. Quelle est
la moyenne, à peu près, de discussions, pour une MRC? Combien de
temps cela prend, à peu près, à régler avec une MRC
en moyenne?
M. Blain: Au mieux, trois mois, et au plus, un an.
M. Blais: Au plus?
M. Blain: Un an.
M. Blais: Moyenne, six mois?
M. Blain: Peut-être, oui.
M. Blais: Six mois.
M. Blais: Le délai de la loi, c'est six mois. Mais
après six mois, il n'y a pas de sanction, on peut continuer à
discuter pareil le septième mois. Mais il y a des MRC, c'est assez
simple, ce qu'elles nous demandent, on a une ou deux rencontres avec elles,
avec les représentants de l'UPA; on étudie toutes leurs demandes
une par une, nos analystes font l'analyse de tout le terrain, partout. Trois ou
quatre mois, cela peut aller.
Dans d'autres cas, c'est tellement parti de loin, que ça peut
prendre un an. Et cela peut prendre quatre ou cinq rencontres avec les gens,
bien sûr.
M. Blais: Bon. La deuxième question est la suivante: Vous
dites que la moyenne de discussions des commissaires avec les MRC est de six
mois. Je prends la parole du juge Maintenant. vous tombez à dix
commissaires, il y a 90 MRC. une moyenne de six mois par MRC. Disons qui y a
cinq commissaires par MRC, cela veut dire qu'il y aurait deux groupes qui se
promèneraient Divisons tout par deux, il y a 45 MRC et N n'y a que cinq
commissaires. À six mois, cela prendra 90 ans.
Est-ce que vous croyez qu'on peut attendre 90 ans avant d'avoir les
résultats?
M. Pagé: M. le Président, l'honorable
président de la Commission de protection du territoire agricole...
M. Blais: Non, mais c'est cela! Écoutez, M. le
Président...
M. Pagé: ...va fournir toutes les informations sur ce type
de...
M. Blais: M. le Président, c'est moi qui avais la parole,
ma question n'est pas tout à fait finie.
On dit qu'il y a cinq MRC, il y a cinq commissaires par MRC. La moyenne
des discussions avec chacune des MRC est de six mois. Bon. Si c'est six mois de
moyenne par MRC, ayant 90 MRC au Québec, n'ayant que dix commissaires,
cela prendra 45 ans, alors... Ou bien je ne sais pas compter.
J'ai l'impression que... On est en 1989, plus 45 ans, cela fait qu'en
2035, on aura fini; je ne sais pas si le ministre sera là pour signer
C'est cela, si on compte comme on veut On veut diminuer de seize à dix,
on dit qu'il en faut cinq par MRC, parce que ça prend six mois, alors
c'est un peu compliqué. Est-ce que le ministre ne complique pas, de
cette façon, en diminuant... Il devrait en laisser au moins quinze,
parce que...
M. Brassard: . pour dire que le ministre ne sera sans doute pas
là.
M. Blais: Oui, mais le temps pris semble tellement faramineux,
fabuleux. inconcevable, et la portée de la loi... J'espère qui
n'est pas marqué dans la loi qu'elle sera en application dès que
les discussions avec les MRC seront terminées, parce qu'à ce
moment-là, on va la voter tout de suite, car on n'a aucune chance
qu'elle s'applique.
M. Blain: Ce n'est pas six mois de temps.
M. Blais: Mais vous m'aviez dit six mois, M. le juge.
M. Blain: Non, non; c'est six mois de calendrier. Ce n'est pas
six mois comme en commission parlementaire. Il n'y a pas trois commissaires qui
commencent et au bout de six mois, ils font juste ça, et ils n'ont pas
fait autre chose entre-temps. Il y a un ou deux rôles par semaine
où trois commissaires sont assignés à rencontrer les MRC,
mais les quatre autres jours, ils font d'autre chose, et les deux autres
semaines où on attend les réponses des MRC, ils font des
rôles.
M. Blais: Je ne dis pas que... M. le juge...
M. Blain: Tout cela dure six mois, mais cela peut demander en
moyenne, dans le six mois, de quatre à six jours de travail à
trois commissaires. Si vous voulez une réponse précise...
M. Blais: Oui, pour régler le cas d'une des MRC, mais vous
ne faites qu'ajouter à mon raisonnement, M. le juge. Vous dites que vous
faites autre chose. Je le sais, que vous travaillez très fort, ce n'est
pas là-dessus que je veux en venir. Je dis que vous me dites que pour
régler le problème avec une MRC, cela prend six mois. Je sais que
vous faites autre chose, ce n'est pas là-dessus que j'en ai. Mais si
vous avez 90 MRC et qu'il y a cinq commissaires attachés à
chacune des MRC pour discuter, si vous n'en avez que dix, ces pauvres vont
régler deux MRC par année.
Il y en a cinq à une place, cinq à l'autre et chaque
groupe va en régler deux, cela fait quatre. 90 divisé par quatre,
cela va prendre combien... Vous voyez bien que ce n'est pas logique. Sort que
cela ne prenne pas six mois par MRC de moyenne, ou soit qu'au lieu d'avoir
seize, on en mette 160, pour qu'on puisse finir avant la fin du
siècle.
Le Président (M. Richard): J'ai l'impression, M. le
député de Terrebonne, qu'on a un problème technique.
M. Brassard: Ou de mathématiques. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Richard): Oui, sûrement de
thématique.
M. Blais: Je calcule bien, en tout cas.
Le Président (M. Richard): C'est là-dessus qu'on a
des doutes. On ne sait pas comment l'expliquer mais...
M. Blais: M. le Président, je vais vous l'expliquer avec
grand plaisir parce que je sais que vous allez être tout ouïe. M. le
Président, écoutez bien. Nous disons: II y a dix commissaires,
cinq commissaires s'occupent d'une MRC. Donc, il peut y avoir deux groupes qui
s'occupent des MRC; d'accord? Il y en a 90 et cela prend six mois pour
régler le problème avec une MRC. Le maximum que les dix
commissaires peuvent régler par année, c'est quatre MRC.
Il y a 90 MRC au Québec, 90 divisé par quatre, cela fait
quoi? C'est un minimum d'à peu près 24 ans et demi et 25 ans.
Voyons donc!
M. Pagé: Mais M. le Président, s'il me reste un peu
de temps...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: M. le Président, prouvez-moi... M. le juge a
dit: Cela prend six mois.
M. Brassard: M. le Président, il me reste un peu de temps
de mes vingt minutes...
Le Président (M. Richard): Je vous invite à le
prendre.
M. Brassard: Et je voudrais le prendre pour essayer d'expliquer
à mon collègue de Terrebonne que cela ne se passe pas comme
ça. Que son calcul mathématique n'est pas tout à fait
correct.
M. Blais: Allez-y, M. le député.
M. Brassard: Parce que si j'ai bien compris le président
de la Commission de protection du territoire agricole, un dossier d'une MRC se
règle en six mois de calendrier mais les commissaires qui ont à
traiter le dossier de cette MRC peuvent, dans le même délai de six
mois, traiter plusieurs autres dossiers de MRC parce qu'ils ne consacrent pas
leurs six mois complets à une seule MRC.
M. Blais: Ah! Cela, ce n'était pas clair. Je suis content
d'entendre cela.
Le Président (M. Richard): Nous pourrions, M. le
député de Terrebonne, nommer 180 commissaires et cela prendrait
trois mois.
M. Blais: Vous avez fait le calcul, M. le Président?
Alors, est-ce que c'est un amendement que vous voulez apporter?
M. Brassard: Alors, je ne sais pas si j'interprète bien
les propos du président et je ne sais pas si mon collègue de
Terrebonne va abandonner son calcul mathématique à ce sujet.
J'espère...
M. Blais: Mon calcul était bon.
M. Brassard: Vous partiez d'une prémisse qu'il y a cinq
commissaires pour une MRC pour six mois.
M. Blais: C'était à temps plein Mais de la
manière dont le juge m'avait répondu, je croyais que
c'était à temps plein. Mais si c'est concurrent avec d'autres
MRC, là c'est sûr, c'est..
M. Brassard: Voilà, M. le Président, c'est ce qu'on
appelle une ambiguïté.
M. Blais: Ce n'était pas complet. M. Brassard:
C'est un malentendu.
M. Blais: C'est pour cela qu'on aurait aimé que plusieurs
personnes viennent nous renseigner ici pour qu'on ait tous les renseignements,
pour que la loi soft bien rédigée. Voye2-vous, parfois, la loi ou
les paroles portent à mauvaise interprétation. Et que je
déteste être mal compris. J'espère que, M. le juge, il en
est de même pour vous.
Le Président (M. Richard): D'accord. M. le
député du Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Oui, je reviens un peu... Parce que cela a
peut-être été oublié en cours de route, en cours de
discussion. On a fait quand même quelques digressions sur des chemins de
traverse, comme on dit. Je reviens sur la voie principale pour dire que... Et
j'espère que mon collègue de Terrebonne va m'appuyer parce qu'il
lui reste pas mal de temps pour m'exprimer son appui, sur le fart qu'on
n'accepte pas cet amendement, et qu'on veut que le nombre de commissaires
demeure 16, et celui des vice-présidents demeure cinq, parce que, je le
répète, nous souhaitons maintenir le système des
divisions, que les dossiers soient traités par deux commissaires et non
pas un comme le prévoit un article un peu plus loin, l'article 3, qu'on
abordera un de ces jours, j'en suis persuadé.
Donc pour ces raisons, nous allons voter contre au moment où le
vote sera appelé sur cet article. Nous sommes partisans en quelque sorte
du statu quo sur cette question, de la même façon que nous sommes
partisans du statu quo sur le plan linguistique en matière d'affichage.
Le statu quo, c'est-à-dire le maintien des dispositions actuelles de la
loi 101 en matière d'affichage, on était et on demeura partisans
du statu quo sur le plan de l'afffichage, et on demeure partisans du statu quo
pour ce qui est du nombre de commissaires de la Commission de protection du
territoire agricole, ainsi que de vice-présidents, parce que nous sommes
partisans du statu quo en matière de traitement des dossiers et nous
prétendons que l'on doit maintenir le système de division de la
commission à deux et peut-être même à trois
commissaires, quand le dossier est important et suscite des divergences entre
commissaires qui ont a le traiter. Je ne sais pas si j'ai réussi a
convaincre mon collègue de Terrebonne, je l'espère, et je
souhaite qu'il puisse me dire si je l'ai vraiment convaincu, M. le
Président.
M. Claveau: Avant d'aller à une question de
règlement, M. le Président, je voudrais préciser que
lorsque l'on parle de mon collègue, on dit toujours le
député du Lac-Saint-Jean. Or c'est le député de
Lac-Saint-Jean, étant donné qu'il y a plusieurs comtés
autour du lac Saint-Jean.
Une voix: C'est vrai, vous avez raison.
M. Claveau: C'est le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Le premier ministre commet constamment cette
erreur.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie de m'en
aviser. J'espère ne pas faire cette erreur comme président de
cette commission.
M. Pagé: M. le Président, vous aurez
remarqué que je parle toujours, en ce qui me concerne, du
député du comté du Lac-Saint-Jean.
M. Claveau: Mais c'est le comté de Lac Saint-Jean.
M. Pagé: Le comté de Lac-Saint-Jean.
M. Claveau: Parce que le comté de Roberval est au
Lac-Saint-Jean, le comté de Dubuc est au Lac-Saint-Jean.
M. Pagé: Ah oui, je les ai tous farts, pas besoin de les
nommer.
M. Blais: Avez-vous aimé cela?
M. Pagé: II sont tous beaux.
M. Blais: Vous avez trouvé cela beau.
M. Claveau: Vous êtes-vous rendu en Ungava?
M. Pagé: Lequel préférez-vous? Lequel autour
du lac Saint-Jean aimez-vous le plus?
M. Claveau: Je suis né dans le comté de
Lac-Saint-Jean, ...
M. Pagé: Bien oui, vous nous l'avez dit tantôt, dans
le quatrième rang.
M. Claveau: J'ai grandi dans le comté de
Dubuc et je demeure maintenant dans le comté d'Ungava. J'ai fait
mes études dans le comté de Roberval.
M. Blais: Moi, je ne déteste pas Roberval.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, on a tendance
à glisser un peu.
M. Blais: Roberval est un beau comté. Connaissez-vous
Saint-Fulgence?
Le Président (M. Richard): J'ai {impression que cela
glisse un peu.
M. Blais: Saint-Fulgence dans le comté de
Dubuc. J'y suis allé, M. le ministre, il y a neuf ou dix ans
à des funérailles, et il y avait des gens du
Nouveau-Brunswick...
M. Pagé: ...et ils parlaient encore d'un "fender", bien
oui.
M. Blais: Bien oui.
M. Pagé: C'est ça, vous nous avez raconté
cela l'an dernier.
M. Blais: Vous l'avez entendu?
M. Pagé: Vous l'avez conté et j'ai une très
bonne mémoire. Cela dit, sur l'article 2, cela marche?
M. Blais: Vous m'avez demandé quel comté j'aimais
le plus, alors j'ai voulu.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, vous avez toujours la parole.
M. Brassard: Non, j'ai terminé pour le moment. Il me reste
un peu de temps, mais j'ai terminé sur l'article 2. Je ne sais pas si
mon collègue d'Ungava...
M. Claveau: J'ai pris mon temps là-dessus.
M. Biais: Je vais peut-être dire quelques mots.
Le Président (M. Richard): Vous n'êtes pas dans
l'obligation, M. le député de Terrebonne, évidemment.
M. Blais: Non mais c'est parce que mon confrère de
Lac-Saint-Jean..
Le Président (M. Richard): Vous avez donc la parole, M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: J'ai écouté de façon très
attentive les arguments de mon confrère de Lac-Saint-Jean, et je crois
que je vais tout de go, prendre le même raisonnement et être de
votre avis à ce sujet. Je pourrais aussi être contre.
Une voix: Oui.
M. Blais: Et je tiens à vous dire que je suis, prima
facie, pour cet amendement; mais après l'intervention de M. le juge, il
serait peut-être possible que je sois contre, parce que M. le juge vient
de nous dire qu'ils ont un travail épouvantabiement fabuleux sur les
bras. Il y a là des gens qui travaillent énormément, qui
font des heures, des heures et des heures.
Mais, je me demande comment on peut concilier un travail aussi intense
pour les 16 commissaires et une diminution à dix. Vous ne voulez pas
diminuer à dix. Ah! c'est le ministre. Le ministre et le juge ne
s'entendent pas. Ah! ça commence bien. M. le ministre voudrait diminuer
de seize à dix... (16 h 15)
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Terrebonne. C'est une question de règlement, M.
le ministre?
M. Pagé: M. le président de la Commission de
protection du territoire agricole a très bien expliqué ce matin
sa position là-dessus. D'ailleurs, premièrement, c'est sa
recommandation que j'ai acceptée. Deuxièmement, le
député de Terrebonne a assez d'expérience pour convenir
que ce n'est pas manifester beaucoup de déférence que de tenter
de mettre dans la bouche de quelqu'un qui n'est pas un élu autour de
cette table des choses qu'il n'a pas dites et auxquelles il ne croit pas, parce
que, généralement, la personne qui comparait devant nous ne peut
pas se défendre, ne peut pas participer aux débats, mais est
là uniquement pour répondre aux questions.
M. Blais: Oui. Vous avez parfaitement raison. Ce n'est pas dans
mes intentions, mais j'avais cru voir - je suis peut-être mieux de mettre
mes lunettes - qu'il avait hoché la tête. D'accord, il n'y a pas
de problème.
Donc, a fortiori, je suis de l'avis du député de
Lac-Saint-Jean, je ne veux pas dépouiller les commissaires de six de
leurs confrères. Ces gens ont une tâche extraordinaire à
remplir. Vous savez, M. le ministre, nous, nous sommes ici au Parlement. Nous
venons, nous jasons un peu, nous signons des cartes de Noël, nous signons
des certificats de reconnaissance, nous sommes là mais nous ne voyons
pas le travail à l'extérieur...
M. Pagé: On signe, comme ministre de l'Agriculture, des
permis de charcuterie...
M. Blais: Mais pour quelle compagnie, ça, monsieur...
M. Pagé: ...des permis généraux
d'insémination, etc.
M. Blais: Pour qui?
M. Pagé: Ah! il faudrait recourir à la loi
sur l'accès à l'information.
M. Blais: Ah! c'est accessible, ça: une fois signé,
c'est public.
M. Pagé: C'est ça, mais ce n'est pas encore
signé.
M. Blais: Mais, celle que vous venez de signer, là, juste
celle-là. En tout cas... Je sais que le ministre sent l'esprit des
fêtes et qu'il aime à badiner, et j'adore ça. Mais,
revenons sérieusement à la discussion.
Moi, je sais qu'ici au Parlement nous n'avons pas connaissance de tout
ce qui se passe dans les compagnies publiques ou parapubliques, ou les
sociétés dites de la couronne - c'est un terme excessivement
colonialiste, mais que voulez-vous, nous vivons avec ce que nous avons - et les
commissaires font partie de ce groupe de personnes au service de
l'État.
Moi, je suis un type qui veut que les fonds publics servent à bon
escient, ça, c'est sûr. Je ne veux pas qu'on gaspille de
façon outrancière, outrageante ou désinvolte les fonds de
l'État, c'est mon rôle de législateur, j'ai
été élu pour surveiller les fonds publics. Je suis
d'accord pour que, dans certaines sphères de nos activités
gouvernementales, nos activités paragouvernemen-tales, vu que c'est le
Parlement qui a la mainmise de façon indirecte dessus, il coupe des
personnes. Cela arrive parfois que dans certains secteurs il y ait trop de
personnel ou que les services qu'on a à rendre à la population
soient trop nombreux, mais, un instant.
Nous faisons la charte II, dit le ministre, de la loi agricole. C'est
une charte plus sévère, dit-il, et qu'il verra à appliquer
de façon totale. Pour ce faire, il veut couper le personnel qui
surveille en fait la conservation de notre zonage agricole, il permet le
dézonage, donc des gens qui sont là pour qu'il y ait le moins
possible de dézonage. Leur tâche est qu'il y ait le moins de
dézonage possible; ce sont les protecteurs du système de la terre
agricole, ce ne sont pas les protecteurs des entrepreneurs, ce sont les gens
qui sont devant les commissaires à la protection du territoire agricole.
Ils sont là pour protéger le territoire agricole. Or, ces
gens-là sont surchargés d'ouvrage. Leur rôle premier est de
protéger le territoire agricole, ils sont nommés pour cela, c'est
leur rôle premier. Alors, s'ils sont là pour protéger le
territoire agricole, qu'ils sont seize commissaires et qu'ils ont dans leur
bureau une surcharge, que beaucoup sont obligés de faire beaucoup de
surtemps, comme J'ai entendu dire il n'y a pas tellement longtemps à
cette commission, comment peut-on rendre de meilleurs services au public? En
enlevant des commissaires? C'est impossible qu'on puisse faire les deux. On ne
peut pas enlever du monde. Si on passe de seize à dix et que le service
est meilleur, je suggérerais qu'on passe de dix à deux. Moins il
y a de monde, plus le service est fort. Ce n'est pas logique, on voit bien que
c est illogique. Si le service est inversement proportionnel qualitativement au
nombre de personnes qu'il y a, on va faire un amendement pour dire qu'il n'y en
aura que deux ou un. Pourquoi y en avait-il seize? Parce qu'il y a beaucoup de
plaintes qui entrent, ils ont beaucoup de dossiers à voir. Je ne peux
pas comprendre. Plus ça va. plus je pense comme vous, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Plus ça va, plus vous renforcez ma
conviction.
M. Blais: Ah oui! Une voix:
M. Blais: De Lac-Saint-Jean Vous serez demain de corvée de
chiottes et de bonne heure; vous vous souvenez. Les "de" sont privatifs
parfois, ils ne sont pas toujours contractés.
Alors, je voudrais comprendre. Je voudrais que mes paroles ici soient
entendues par les seize commissaires actuels, pour dire que leur travail est
tellement lourd, il y a tellement de matière qui leur passe entre les
mains par semaine. Ces gens-là aussi ont tellement à voyager.
Seize, il semblerait que ce n'est pas trop. Sinon, pourquoi surcharger dix
autres personnes? Qui? On peut sélectionner, disons, les dix meilleurs
parmi les seize. Supposons qu'on fait cela, ces dix meilleurs, on les
pénaliserait en leur donnant une surcharge effarante Ces gens-là
vont dire: M. le ministre, mais on n'en peut plus. Ce serait peut-être
une façon de perdre nos meilleurs éléments comme
commissaires, si on les surcharge. Je suis persuadé que ce n'est pas ce
que le ministre veut. Il a certainement de très bonnes explications pour
diminuer le nombre, mais personnellement, je ne les vois pas Je m'oppose de
façon totale. On a même eu un petit conciliabule à l'heure
du lunch, à midi Le député de Lac-Saint-Jean, le
député d'Ungava et moi-même avons passé une
trentaine de minutes à discuter et nous envisagions de voir à
augmenter le nombre de commissaires parce que ces gens-là sont
actuellement surchargés. Je ne crois pas qu'il soit de bon aloi, dans le
contexte actuel, surtout avec une nouvelle révision, surtout avec les
discussions qu'ils ont avec toutes les MRC, qui peuvent prendre plusieurs
années à se régler. C'est une surcharge que l'on donne
à ces commissaires et là, on en enlèverait six? Je crois
que, rationnellement, cette façon d'agir ici n'est pas logique pour le
plus grand service qu'on se doit de rendre aux agriculteurs et à ceux
qui ne le sont pas mais qui veulent se servir des terres agricoles. Sur quoi
peut-on se baser? C'est une question au ministre: Sur quoi peut-on se baser
pour diminuer le nombre de commissaires, M le ministre?
M. Pagé: J'ai indiqué ce matin que, actuel-
lement, 145 000 demandes ont été présentées
en dix ans. C'est une moyenne de 13 500 à 14 000 demandes par
année. Avec un secteur réservé exclusivement à
l'agriculture, avec des normes beaucoup plus précises concernant les
critères de décision, avec un tribunal d'appel, on peut
prévoir qu'il y aura un nombre assez significatif de dossiers
présentés en moins, compte tenu des ajouts à la loi, des
nombreuses précisions et de l'encadrement, finalement, qui est
établi pour le citoyen, la citoyenne. Ces mêmes commissaires,
parce qu'il y aurait un tribunal d'appel, n'auront pas à siéger
en révision, ce qui va alléger pour autant leur tâche.
M. Blais: Sur quoi se base-ton pour dire que dans les dix
prochaines années, supposons, il y aurait beaucoup moins de dossiers
à traiter qu'il y en a eu dans les dix premières années,
surtout que là, on amène deux sortes de zonage agricole, ce qui
va compliquer de façon terrible le devoir et la responsabilité
des commissaires?
M. Pagé: Cela ne le compliquera pas, cela va
l'alléger en ce que la Commission de protection du territoire agricole
n'a aucun pouvoir pour émettre une autorisation à des fins autres
que l'agriculture dans le secteur exclusif. Autre élément, il y a
plusieurs requêtes qui ont été présentées qui
ne pourront plus l'être. Par exemple, on ne pourra demander un usage pour
des fins autres que l'agriculture dans ces secteurs. Deuxièmement, on ne
pourra pas demander non plus d'exclusion. Troisièmement, dans ces
secteurs comme dans l'ensemble du territoire, on ne pourra pas demander de
recours en vertu de l'article 31 puisque le privilège est maintenant
éteint, etc.
Cela dit, comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer longuement ce matin,
je suis persuadé que si vous demandiez à votre collègue
qui est assis à côté de vous, le député de
Lac-Saint-Jean, il pourrait vous répondre et vous dire que ce matin, la
présentation du ministre a été utile et convaincante.
C'est regrettable que pendant les 30 minutes pendant lesquelles vous en avez
jasé à midi, vous n'ayez pas eu l'occasion de discuter de ce
volet du projet de loi.
M. Blais: Quelle est votre prévision de dossiers à
étudier dans les dix prochaines années?
M. Pagé: Les prévisions sont en deçà
de la moyenne des dernières années. Cependant, ce serait
téméraire de vouloir les établir exactement.
M. Blais: D'accord. Mais, vous diminuez le nombre de commissaires
parce que vous prévoyez qu'il y aura moins de dossiers à
étudier dans les années qui viennent.
M. Pagé: D'une part. D'autre part, les commissaires auront
à siéger et pourront... On le verra à l'article 3 que le
commissaire pevU siéger seul, c'est-à-dire qu'au lieu
d'être deux... Avant cela, le maximum dans une journée... Prenons
un exemple et simplifions pour être certains que le député
puisse bien comprendre. Actuellement, c'est un maximum de huit causes qui
pouvaient être entendues en même temps alors qu'à l'avenir,
ça sera dix causes. Avant cela, il fallait être deux et là,
le commissaire va pouvoir siéger seul, ce qui veut dire que dix
multipliés par un égale dix, ce qui fait plus que huit
multipliés par un qui égale huit et dix moins huit font deux.
Donc, la probabilité mathématique, c'est qu'avec le nombre de
personnes, on puisse entendre deux causes de plus par jour. Sur dix, cela veut
dire 20 %, ce qui est quand même très appréciable. Ces 20 %
de degré, entre guillemets, d'efficience conjugués avec des
précisions dans la loi susceptible de diminuer le nombre de demandes va
faire en sorte que cela va aller beaucoup mieux qu'avant.
M. Blais: M. le ministre, une sous-question, si vous le
permettez. Vous nous dites d'un premier élan qu'il y aura moins de
plaintes, moins de dossiers à traiter dans les dix prochaines
années et que ce serait téméraire d'en établir le
nombre. Là-dessus, peut-être que j'irais. Votre calcul se fait de
la façon suivante: II n'y aura qu'un seul commissaire à qui on
attribuera un dossier. Donc, on pourra étudier un nombre double de
dossiers. S'il y a moins de plaintes - j'ai laissé le mot "plaintes", je
m'excuse, je suis porté à dire cela - s'il y a moins de dossiers
dans les dix prochaines années et que cela ne prend qu'un juge
plutôt que deux, il serait logique de descendre en bas de huit à
ce moment-là. Pourquoi ne mettez-vous pas au moins sept commissaires,
descendre à sept?
M. Pagé: Est-ce que je peux répondre? M. Blais:
Oui. C'est ce que je demande.
M. Pagé: A l'article 3, il est indiqué que le
commissaire peut entendre une cause seul et quand on arrivera à
l'étude de l'article 3, je présume d'ici quelques jours, vous
comprendrez que notre intention, dans certains cas, dans les cas plus
difficiles, plus délicats qui requièrent davantage d'expertise ou
encore que la contribution de deux ou trois personnes peut être
appelée, peut être commandée, qu'il siégera deux ou
trois personnes possiblement. Ce sera au président de la Commission de
protection du territoire agricole de juger en semblable matière.
M. Blais: Vous voulez dire que dans les cas les plus complexes et
les plus compliqués, il y aurait deux juges qui pourraient juger.
M. Pagé: Vous verrez cela à l'article 3. M. le
Président, je pense qu'il est contraire aux
règlements de passer à l'étude de l'article 3 avant
que l'article 2 soit adopté.
M. Blais: On essaie de justifier le nombre de commissaires et
toute question pertinente au nombre de personnes qui siègent est
pertinente à l'article 2. (16 h 30)
M. Pagé: Non, j'ai exposé les principes qui
sous-tendalent l'article 2. J'ai fait un long exposé, ce matin, qui a
satisfait l'ensemble de mes collègues. Les questions sont d'ailleurs
venues du côté de la majorité. Les gens avaient des
précisions à demander. On leur a répondu. Tout le monde
est satisfait sauf le député de Terrebonne qui nous arrive comme
un cheveu sur la soupe cet après-midi. Ce matin, c'était le
député d'Ungava qui semblait sortir d'une boîte de Cracker
Jack. Cet après-midi, c'est notre collègue, le
député de Terrebonne, qui arrive comme un cheveu sur la
soupe.
M. Blais: J'étais là ce matin, M. le ministre.
M. Pagé: Une partie de la matinée seulement.
M. Blais: Une bonne partie de la matinée. M.
Pagé: On a apprécié.
M. Blais: Je crois que toute question qui regarde le nombre de
commissaires est pertinente à l'article 2, M. le Président. Je
demande cela en question de règlement parce qu'on m'a dit qu'on verra
cela plus tard. A l'article 2, on parle de passer de seize à dix
commissaires. Alors, toutes les questions qui sont pertinentes au nombre de
commissaires doivent être pertinentes à l'article 2.
M. Pagé: La réponse a été
donnée.
M. Blais: Je n'entends pas.
M. Pagé: La réponse a été
donnée.
M. Blais: Je n'entends pas.
Le Président (M. Richard): Oui, c'est exact.
M. Blais: Merci. Je voulais l'entendre. C'est tout. Merci.
M. Pagé: Alors, nous sommes prêts à voter, M.
le Président.
M. Blais: Non, je ne suis pas prêt à voter.
M. Pagé: M. le Président, je n'ai pas à
demander au député de Terrebonne s'il est prêt à
voter. Je vous dis que nous sommes prêts à voter.
M. Blais: Oui, d'accord. Mol, je ne suis pas prêt. Donc,
cela veut dire qu'il pourrait y avoir deux juges dans une cause. S'il y a deux
juges dans une cause, comme anciennement, et qu'un juge penche sur un bord et
que l'autre juge penche sur l'autre, est-ce qu'on recourra à un
troisième pour qu'il tranche comme cela se fait actuellement?
M. Pagé: M. le président de la Commission de
protection du territoire agricole va répondre à la question de
l'honorable député.
M. Blain: Actuellement, c'est deux. Cela n'arrive pas trop
souvent mais suffisamment souvent que les deux ne s'entendent pas. Ce que la
loi prévoit, c'est que c'est alors déféré à
un banc de trois. On n'en appelle pas un troisième pour venir trancher.
La cause doit être rayée du rôle et réinscrite devant
trois commissaires qui peuvent être un des deux premiers, les deux
premiers plus un troisième ou trois nouveaux complètement. De
mois en mois, cela roule.
Dans des cas difficiles et complexes, il faudrait une équipe de
quelques commissaires parce que cela demanderait, par exemple, une
journée d'audition. Il y a quelques cas comme ceux-là toutes les
semaines, des dossiers plus compliqués. En matière de
législation, il suffit de déterminer un cadre. Ce que l'article 2
fait, c'est de déterminer le nombre maximal de membres de la commission.
Ce n'est pas le moment de parler encore de l'article 3 mais combien il faut de
commissaires au minimum pour rendre une décision? Ce qu'il faut
comprendre derrière cela. c'est qu'à l'article 2, la commission
ne peut comprendre qu'au maximum dix membres. Ce qui n'empêche pas le
gouvernement d'en nommer dix, six, huit, neuf. Il peut en nommer six à
temps plein et quatre à temps partiel ou au per diem. Si bien que, si on
a un surplus de travail, on demande à ces gens-là qui sont
payés à la journée: Venez nous donner un coup de main. On
a le "rush" du printemps. Cela s'appelle comme cela. On a plus de demandes au
printemps. On a plus de travail. On aurait du travail pour une dizaine de jours
d'audition pour vous au mois de mai, s'ils sont payés au per diem. C'est
la façon de garder la souplesse, parce que les demandes fluctuent selon
les saisons au Québec. C est évident. Cela suit la construction,
dans le fond.
Quant à l'article 3, tout ce que cela détermine, c'est le
minimum de membres pour rendre une décision. Dans une affaire complexe,
il peut s'avérer parfaitement logique de dire: Un instant! Ce
dossier-là est compliqué. Avec la quantité de documents
qu'on nous a produits, on devrait faire un banc de trois qui vont
étudier cela, se partager le travail et délibérer
longuement entre eux. J'ai dit ce matin, à une autre question, que
l'idéal, dans le fond, c'est un ou trois. Le pire, c'est deux. Parce que
c'est souvent inefficace. C'est un nombre pair qui arrive souvent à une
absence de décision, il faut
expliquer au citoyen qu'à deux commissaires, il faut recommencer
à zéro, le faire revenir avec son auto de Saint-Loin-Loin pour
revenir à la commission pour une deuxième audition publique
devant trois autres. Je pense que c'est de la mauvaise gestion, une mauvaise
façon d'administrer une commission si on veut être efficace. On
est dans un domaine où il faut rendre une décision rapidement.
Les gens veulent savoir cette saison-ci si cela est autorisé ou pas, pas
l'autre année après. Si on finit avec un rôle et une
gestion qui font qu'on fait des décisions un an après, c'est
effrayant. C'est trop tard pour tout le monde dans notre domaine. À dix,
j'ai expliqué ce matin que c'est mieux qu'à seize. En lisant cela
avec l'article 3, si on peut siéger à un tout seul, parce que
huit ou neuf demandes sur dix sont des demandes simples, pas très
compliquées et qui font l'objet d'une décision ex parte, sans
audition publique, c'est fixé actuellement devant deux commissaires et
ils ont souvent deux rôles de dix dossiers par jour. Deux commissaires
vaillants et également intelligents ont tout de suite le réflexe
suivant: Occupe-toi des dix premières demandes, je m'occupe des dix
autres. On va les étudier toutes, chacun de notre côté; on
va préparer un projet de décision et on se fera un caucus d'une
demi-heure. Je vais te présenter ce que j'ai préparé, et
tu me diras si tu es d'accord, tu mets ta griffe en bas.
En pratique, quand il s'agit de deux commissaires vaillants et
compétents également, chacun travaille tout seul et il demande
ensuite à un confrère de concourir à ses décisions.
S'il ne s'agit pas de deux commissaires à vaillance ou à
compétence égale, que l'un des deux se paye tout le travail,
pendant que l'autre est monsieur quorum, sur le plan administratif, cela prend
deux hommes pour en faire un, cela coûte le double pour faire le
même ouvrage; alors que neuf fois sur dix, un seul suffit, surtout
qu'avec lui, il y a un professionnel juriste comme assesseur juridique, et il y
a un professionnel analyste pour lui fournir tous les renseignements qu'il ne
connaîtrait peut-être pas en matière agricole ou en certains
domaines.
Alors appelons les choses par leur nom. C'est moi qui ai
recommandé au ministre de dire: Pourquoi ne dit-on pas dans la loi
exactement comment on travaille, quelle est la meilleure façon de
travailler et la plus claire? Pour nous, à dix, c'est plus efficace
qu'à seize. C'est plus de personnes disponibles pour faire plus
d'ouvrage, plus rapidement; bizarrement, c'est suffisant. C'est mieux
qu'à seize. Étant donné, en plus, évidemment, que
la révision sera référée à un tribunal
d'appeJ. Avant, c'était douze, c'est monté à seize
lorsqu'on s'est mis trois en révision, lors des derniers amendements, en
1985.
M. Blais: Mais vous gardez encore la révision... Il y a
une place où il y aura deux commissaires, on le verra encore. Bon.
Deux...
M. Blain: Non. Il n'y aura plus jamais deux commissaires. Il y
aura une possibilité de plus d'un commissaire, la loi est ouverte
là-dessus, mais il y aura possibilité de faire prendre une
décision par un seul commissaire; et la plupart des cas sont des cas
comme ceux-là. Mais en révision, ce sera le tribunal d'appel;
c'est une autre section, c'est ailleurs. Il n'y a plus de révision en
commission, c'est le tribunal d'appel. Mais c'est dans la loi, dans les
articles qui viennent.
Alors tout se tient. Donc, l'article 2 est en corrélation avec
les autres, pour le comprendre.
M. Blais: Est-ce que je me trompe en pensant que, vu qu'il y a un
tribunal d'appel maintenant, ce sera d'autres personnes que les seize anciens
commissaires...
M. Blain: Bien oui, il y en a neuf.
M. Blais: ...et ça pourrait justifier, maintenant, une
baisse de seize à dix? Est-ce que c'est un des arguments?
M. Blain: Ce que la loi prévoit, c'est neuf, au tribunal
d'appel, qui siègent à trois. Cela fait trois bancs de trois.
M. Blais: Donc, cela fait 19.
M. Blain: Ce n'est pas la même gang, c'est un autre
tribunal complètement...
M. Blais: Oui, je sais que ce n'est pas la même gang.
M. Blain: Alors il y en aurait neuf au tribunal d'appel, en
siégeant en groupes de trois, et dix en première instance. Ce qui
fait le double, soit 20, avec notre système actuel, parce que dans le
moment, on siège à deux et on siégera à un. C'est
mieux qu'avant.
Cela ferait prendre des meilleures décisions, avec un peu moins
de dossiers à chacun, un peu plus de temps pour les travailler, mieux
les rédiger et plus fouiller. On fait, en moyenne, 150 décisions
par semaine. Si on les fait à deux, on est moins efficace que si on les
fait tout seul; on va encore en faire, en moyenne, 150, à peu
près, soit 6000 par année.
M. Blais: 6000, pendant dix ans... M. Blain: 6000 par
année.
M. Blais: ...cela fait 60 000. On vient de me dire qu'il y en
avait 143 000 qui avaient été traitées dans les dix
dernières années.
M. Blain: C'est même 144 000, ce matin, et ça
approche 145 000. C'est parce qu'on doit aussi vérifier tous les
dossiers de déclaration, déclaration de droits acquis, etc.; cela
fait partie de
tout le travail qu'on a. Mais si on parle du processus de demande
d'autorisation - je ne parle pas des dossiers d'enquête - c'est en
moyenne 6000 par année. En nombre de décisions, on doit
être rendu, sur un total de 140 000, à 65 000 ou 70 000
décisions rédigées par les commissaires. Les autres, ce
sont tous les dossiers d'enquête, vérifications, etc. Bien oui,
mais il y a des rôles de ça, aussi.
M. Blais: En quoi - pour faciliter le travail des commissaires -
cette loi-là vient les aider?
Anciennement, tout le territoire agricole était intouchable, et
là, il n'y a que la zone 1, 2, 3, qui sera intouchable.
M. Pagé: Non. Cela, M. le Président...
M. Blais: En quoi cette nouvelle chose facilitera...
M. Pagé: Sur cette question-là, le
député affirme des choses qui sont non fondées.
M. Blais: C'est marqué 1, 2, 3. Donc, il y aura deux
sortes de...
M. Pagé: 11 y a un secteur exclusif... M. Blais:
Toute la terre..
M. Pagé: M. le Président, est-ce que je peux
intervenir?
M. Blais: ...agricole était exclusive, tandis que
là, il y a un secteur 1, 2, 3 qui devient... En quoi ceci peut-il aider
le travail des juges?
M. Pagé: Je m'excuse. Si toute l'agriculture... En vertu
de la loi 90, si tout ce qui était zone agricole étaft exclusif,
la Commission de protection du territoire agricole n'aurait pas eu à
traiter 140 000 dossiers, M. le député. Voyons, c'est clair!
M. Blais: Je suis très réticent à passer de
seize à dix.
M. Pagé: Dans ce temps-là, on vote contre.
M. Blais: Je le sais, je vais voter contre aussi, il n'y a pas de
problème.
M. Pagé: Exprimez-vous donc plus clairement par un
vote.
M. Blais: Comment dites-vous cela, je comprends mal.
M. Pagé: Je vous invite à vous exprimer encore plus
clairement dans votre opposition au conteu de l'article 2 en votant contre.
M. Blais: Cela va venir, mais j'ai toujours espoir que le
législateur me fasse changer d'idée en cours de discussion, au
cas où je serais erroné dans mon raisonnement, et c'est possible,
il m'arrive parfois de ne pas être sur la bonne ligne.
Une voix: Pas souvent.
M. Blais: C'est très rare, mais K m'arrive parfois de me
faire convaincre par le gouverne ment que ce que je pense, ce n'est pas cela,
avec de bonnes explications. Maintenant j'en ai un peu, je ne dis pas que je
suis ébranlé sur le socle de mon raisonnement. Je ne dts Das eue
mes arguments commencent à le fendiller, pas au tout. Mais je regarde et
j'essaie de voir pourquoi passer de seize à dix commissaires, quand on
nous dit que ces personnes sont surchargées d'ouvrage actuellement. Par
condescendance envers les commissaires que je respecte beaucoup, je ne voudrais
pas que ces gens soient étouffés par un travail et qu'ils
viennent se plaindre, une fois la loi votée en 1991, que cette loi les
étouffe et les empêche de faire convenablement leur travail parce
qu'ils sont surchargés.
Je me le demande. Ce sont des questions d'honnête
législateur que je me pose, de gens qui inquisittonnent un peu, jusque
dans le fond de chacun des mots de l'article 2, pour qu'on sort
éclairé sur la législation que nous faisons. C'est tout.
M. le Président, comme disait M. le ministre, je n'ai pas d'autres
questions, parce que je trouve que les réponses ne m'éclairent
pas et ne me font pas changer d'idée. Alors je vais arrêter mon
intervention à ce sujet, je pense même que nous sommes prêts
à passer au vote, pour montrer notre bonne volonté.
Le Président (M. Richard): On va passer au vote sur
l'article 2. Un vote nominal"?
Une voix: Un vote nominal, oui.
Le Président (M. Richard): C est plus compliqué,
mais cela ne vous retarde pas qu'on prenne le vote nominal
M. Blais: Un peu mais...
M. Brassard: Bien oui, évidemment. Ceia nous retarde,
c'est sûr, mais pas indûment.
Le Président (M. Richard): M. le secrétaire, vote
nominal.
Le Secrétaire: Alors sur l'article 2 du projet de loi,
quels sont ceux qui sont pour ou contre. M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: Pour l'article 2 ou contre l'article 2, II
n'y a pas d'amendement. Sur l'article 2, M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: Pour. M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Je suis contre.
Le Secrétaire: Trois pour, deux contre, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Donc l'article 2 est
adopté, tel que rédigé. J'appelle donc l'article 3.
M. Pagé: À l'article 3, M. le Président,
très brièvement, on a eu l'occasion d'y référer
dans le cadre de l'étude de l'article 2: Désormais un seul membre
pourra siéger sur une affaire, sauf lorsque la commission doit donner un
avis, comme celui accompagnant un plan de zone agricole soumis au gouvernement
pour approbation, et dans tous autres cas... parce qu'il est bien dit ici,
à l'article "Un membre seul peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider sauf lorsqu'il s'agit
d'un cas où la commission doit fournir un avis".
Ce qui veut dire qu'il arrivera à l'occasion, comme on y a
référé pour l'étude de l'article 2, qu'il puisse y
avoir plus d'un commissaire qui siégera en première instance.
M. Blais:...
Le Président (M. Richard): Vous n'en avez pas?
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Avant, j'aimerais poser une question sur la
signification du dernier membre de la phrase, "lorsqu'il s'agit d'un cas
où la commission doit fournir un avis". Est-ce que le ministre pourrait
être un peu explicite sur ces... (16 h 45)
M. Pagé: Comme on le sait, l'article 50 de la loi
actuelle, "La commission soumet au gouvernement pour approbation, le plan de la
zone agricole accompagné de son avis et, s'il y a lieu, de l'entente
conclue avec la corporation municipale. "Si le plan est approuvé par le
gouvernement, le décret l'approuvant entre en vigueur le jour qui y est
fixé".
On sait qu'il peut y avoir une révision de la zone agricole.
Cela, c'est la revision actuelle. L'article 69.1, il faut donner un avis, on
sait que ces articles ont été adoptés en 1985. Alors, en
vertu de l'article 50 de la loi actuelle, l'article 69.1. À l'article
69.3, il est dit aussi que le plan révisé transmis par la
commission au gouvernement pour approbation, dans tous les cas, est
accompagné d'un exposé des représentations faites par les
intervenants.
L'article 66, aussi, où on indique qu'un avis, encore une fois,
doit être donné. Le gouvernement peut, après avoir pris
avis de la commission, autoriser, aux conditions qu'il détermine,
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le lotissement,
l'aliénation et l'exclusion d'un lot d'une zone agricole pour les fins
d'un ministère ou organisme public. Et dans le cas de l'article 66, on
sait que le gouvernement se garde un droit de décret, un droit de
modifier l'affectation d'un sol, même dans le secteur exclusif. C'est
seulement le gouvernement qui peut intervenir, auquel cas l'avis sera
demandé à la Commission de protection du territoire agricole et
auquel cas, ils vont siéger à trois.
Il y a aussi l'article 96, si ma mémoire est fidèle.
L'article 96 indique que "Le gouvernement peut, par avis écrit à
la commission, soustraire une affaire à sa juridiction. "Lorsque le
gouvernement se prévaut des pouvoirs qui lui sont conférés
au présent article, le secrétaire de la commission doit lui
remettre une copie du dossier, etc. Le gouvernement est alors saisi de
l'affaire avec les mêmes pouvoirs que la commission et rend sa
décision après avoir pris avis de la commission."
Et dans les cas, notamment, d'avis demandés à la
commission, il est prévu à l'article 3, qui vient modifier
l'article 7, qu'à ce moment-là, ils devront être plus qu'un
seul commissaire. C'est clair.
M. Brassard: M. le Président? Le Président (M.
Richard): Oui?
M. Brassard: On sait que la loi actuelle instaure le
mécanisme suivant, qu'on retrouve d'ailleurs à l'article 7. Selon
le mécanisme en vigueur depuis l'adoption de la Loi sur la protection du
territoire agricole 1977 ou 1978, la commission qui, comme on l'a vu tout
à l'heure, était formée de seize commissaires dont cinq
vice-présidents, pouvait siéger en divisions formées...
Est-ce que le ministre nous quitte? Non?
M. Pagé: Je vous écoute.
M. Brassard: Ah, bon! M. Pagé: Divisions
formées... M. Brassard: En divisions... M. Pagé: En
divisions, oui.
M. Brassard: Formées de deux membres, deux commissaires,
dont l'un est chargé par le président de présider les
séances. Je lis l'article: "Une division peut entendre toute affaire de
la compétence de la commission et en décider sauf lorsqu'il
s'agit d'une demande de révision prévue à l'article 18 ou
d'un cas où la commission dort fournir un avis."
Donc, l'exception prévue dans l'amendement du ministre demeure
lorsque la commission doit fournir un avis. "À défaut
d'unanimité sur la décision à prendre, l'affaire est
entendue par au moins trois membres. Pour cette audition, un membre de la
division n'ayant pas fait l'unanimité peut siéger à
nouveau." C'est le mécanisme prévu dans la loi actuelle. Donc,
comme cela se produit souvent dans des tribunaux ordinaires, il peut se
créer des divisions.
Nous pensons qu'il s'agit là d'un mécanisme qu'il convient
de maintenir en place. Nous considérons qu'il n'est pas sage
d'introduire dans la loi l'amendement présenté par le ministre,
qui stipule qu'un membre seul peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider, sauf lorsqu'il s'agit
de fournir un avis.
Désormais, par conséquent, si cela est adopté,
toute affaire ne sera confiée qu'à un seul commissaire qui va
examiner l'affaire, qui va entendre les parties, si nécessaire, et qui
va ensuite rendre une décision. Nous pensons, nous, qu'il faut
déplorer l'abolition du système actuel. Pourquoi? Parce que nous
pensons que la présence minimale de deux commissaires, peut-être
trois, mais au moins deux, est nécessaire lorsqu'il y a défaut
d'unanimité, comme le dit la loi actuelle. Nous pensons que la
présence minimale de deux commissaires sur une même affaire, sur
un même sujet, sur un même dossier, sur une même demande,
permet d'avoir une décision sans aucun doute - moi, J'en suis
persuadé - plus étoffée, plus éclairée,
parce qu'ils sont deux.
Une voix: Deux focus.
M. Brassard: Ils sont deux têtes pour penser.
Une voix: Deux focus.
M. Brassard: Deux focus, deux projecteurs braqués sur le
même sujet. Donc, ils sont plus susceptibles d'en arriver à une
décision plus étoffée, plus articulée, plus
éclairée que si la décision avait été prise
par un seul commissaire, un seul qui décide, un seul qui examine, un
seul qui se trompe, aussi, parce que c'est ça qui arrive. Quand on est
tout seul, on se trompe tout seul, effectivement, et quand on se trompe et
qu'on est tout seul, il n'y a personne d'autre à côté pour
nous dire qu'on s'est trompé.
On me dit, et j'entends souffler, qu'on peut se tromper à deux.
Oui, effectivement, on peut aussi se tromper à deux, mais plus rarement.
Les risques de se tromper à deux sont plus rares que ceux de se tromper
tout seul. Donc, quand il y a un seul commissaire, les chances d'avoir des
décisions plus éclairées, plus articulées sont
moindres que s'ils sont deux, comme c'est le cas à l'heure actuelle.
Je dirais aussi que faire en sorte que ce sort un seul commissaire qui
décide de toute plainte et de toute demande, cette nouvelle
procédure risque peut-être d'affecter la cohérence des
décisions de la commission, dans la mesure où un commissaire
prend sa decision en vase clos, tout seul. Comme on sait que, si la loi est
adoptée telle quelle, les décisions de ce commissaire qui
décide tout seul, si elles sont contestées, l'appel ne se fera
plus à la commission mais à l'extérieur, au tribunal
d'appel; donc, on va aller ailleurs, on va aller dans une autre instance et il
y aura donc des risques que ça manque de cohérence au sein de la
commission.
Je m'explique très concrètement. On peut supposer que
parmi les dix commissaires, maintenant, puisque ça a été
adopté sur division. On sait que si la loi franchit toutes les
étapes, on va se retrouver non plus avec seize, mais avec dix
commissaires... Dix commissaires, j'écoutais tantôt le
président de la commission, M. Blain: et, avec raison il a
signalé à plusieurs reprises que les commissaires ont des
personnalités différentes, qu'ils ont des talents
différents aussi, des points forts différents. C'est normal Quand
il y a un groupe de seize personnes ensemble, ce ne sont pas des êtres
identiques. ils ont des qualités, des défauts qui varient d'une
personne à l'autre. Il y a des commissaires qui sont plus aptes à
aborder les questions juridiques, c'est ce qu'il mentionnait à un moment
donné. D'autres sont plus sensibles, préoccupés ou plus
compétents en tout ce qui concerne l'agriculture comme telle. Cela me
semble tout a fait normal. À partir du moment où il y a plus
d'une personne, il y a donc plus d'une personnalité et il y a donc des
talents variables et variés.
Si on instaure le système d'un seul qui décide, on peut
craindre à mon avis, qu'un même commissaire... Supposons qu'il y a
un commissaire qui est plus sensible aux demandes de dézonage, cela peut
arriver. Cela peut arriver qu'il y ait un commissaire qui est plus sensible aux
demandes de dézonage, qui fait preuve de moins de rigueur, disons, qui a
plus tendance à considérer d'un bon oeil des demandes de
dézonage, c est tout à fait possible à partir du moment
où on imagine que les commissaires ont des person-
nalités, des talents, des compétences variés,
diversifiés. Donc, on peut supposer un commissaire qui, lui, a
plutôt tendance à être, disons, sensible ou favorable aux
demandes de dézonage qu'un autre qui est plus implacable, rigoureux,
intransigeant face aux demandes de dézonage. C'est tout à fait
imaginable. À partir du moment où on décide qu'il
fonctionne tout seul, que chaque commissaire fonctionne tout seul, que chaque
commissaire prend ses décisions tout seul, les analyse tout seul,
à partir de ce moment-là, qu'est-ce qui se produit? Qu'est-ce qui
risque de se produire? Qu'est-ce qui pourrait raisonnablement se produire? Le
commissaire qui est favorable ou qui est plus sensible aux demandes de
dézonage, qui a une grille d'analyse plus favorable aux demandes parfois
légitimes - je ne le nie pas - de dézonage, comme il est tout
seul à décider, comme il n'a pas à confronter son point de
vue, sa vision des choses à celle d'un autre commissaire qui travaille
avec lui sur le même dossier, ce ne sera plus le cas, il va prendre des
décisions dans le sens de sa vision des choses, c'est-à-dire des
décisions qu'on pourra juger plus favorables au dézonage et il va
accumuler des décisions dans ce sens.
L'autre commissaire lui, plus rigoureux, plus carré, plus
intransigeant, plus sévère en matière de demandes de
dézonage va lui aussi, évidemment selon la vision qu'il a des
choses, prendre des décisions moins favorables, nettement moins
favorables aux demandes de dézonage. Donc, on va se retrouver au sein de
la commission avec possiblement des séries de décisions en
provenance d'un commissaire qui, à les regarder globalement, on pourra
juger globalement que voilà un paquet de décisions, voilà
une série de décisions qu'on peut qualifier de plus favorables
aux demandes de dézonage. Par contre, l'ensemble des décisions en
provenance d'un autre commissaire jugé plus rigoureux, on pourra les
juger comme étant nettement plus sévères à
l'égard des demandes de dézonage. (17 heures)
C'est ce qui risque de se produire. Je pense qu'il faut
reconnaître qu'en confiant désormais à un seul commissaire
le pouvoir décisionnel dans une affaire qui lui est confiée, on
risque de se retrouver dans un système où les décisions
seraient moins étoffées, moins éclairées par
rapport à une décision qui serait issue du jugement de deux
commissaires ensemble qui confrontent leur point de vue et leur vision des
choses.
Et à la longue, on risque aussi de se retrouver avec un
problème de cohérence des décisions de la commission dans
la mesure où chaque commissaire va rendre seul une décision un
peu en vase clos, d'autant plus que la révision d'une décision
d'un commissaire va désormais être transférée,
être soumise à un tribunal externe à la commission et que
ce n'est plus la commission qui, dans son sein, va traiter des demandes de
révision, et ce faisant, ce qui se passe actuellement comme les demandes
de révision parviennent à la commission, la commission, dans son
mécanisme de révision ou dans ses décisions de
révision, assure que sa décision est cohérente avec
l'ensemble des autres décisions qui ont été prises sur
cette question.
Tout à l'heure, le président de la commission et le
ministre aussi... Disons le ministre, je n'aime pas mettre en cause le
président de la commission, le ministre l'a dit aussi d'ailleurs, il a
prétendu qu'un commissaire, ce serait un système plus efficace.
C'est cela qui le guidait pour proposer cet amendement, c'est cela qui
l'inspirait, qu'un seul commissaire qui décide, ce serait plus efficace.
Je pense que oui, il a sans doute raison, cela m'apparait évident. Il
m'appa-raft évident que si vous demandez à une seule personne
d'examiner un dossier, de le traiter et de décider, cela va se faire
plus rapidement, cela va se faire sans doute plus efficacement, avec plus de
diligence que si vous demandez à deux et peut-être même
à trois personnes de travailler ensemble, d'examiner le même
dossier, la même demande, de la traiter et d'essayer d'en arriver
à une opinion unanime.
Sur ce point-là, j'admets que les remarques du ministre et les
raisons invoquées par le ministre, les motifs qu'il invoque pour
justifier son amendement, je pense que oui, il a sans doute raison. C'est sans
doute plus efficace, un seul commissaire qui décide tout seul; oui,
probablement, non pas probablement, mais sûrement. Je pense que cela ne
doit pas être la seule chose qui nous guide. L'efficacité, dans le
processus de décision, ne doit pas être le seul critère qui
doive nous guider dans l'adoption ou non d'un amendement de cette nature. Il y
a d'autres critères aussi qui doivent être pris en compte et,
à mon avis, ces critères-là sont plus importants que le
critère de l'efficacité. Il y a le critère, entre autres,
qui m'apparaît, moi, majeur de faire en sorte de mettre toutes les
chances de son côté pour que la décision de la commission
soit la plus étoffée, la plus articulée et la plus
éclairée possible. Je pense qu'on y arrive, on atteint davantage
cet objectif, s'H y a deux ou même trois commissaires qui se penchent sur
le même dossier, le même sujet. Je pense que c'est un
critère plus important que le critère de l'efficacité.
L'autre critère important, c'est la cohérence des
décisions. Je pense qu'on s'assure davantage que, dans l'ensemble des
décisions prises par la commission, il y ait une évidente
cohérence si on utilise la voie actuelle des divisions de deux
commissaires et plus. Parce que s'ils sont deux pour se parler, pour traiter le
même dossier, s'il y en a un qui a la tentation de déraper,
d'aller dans une direction qui n'est pas tellement conforme aux orientations
fondamentales de la commission, je pense qu'alors l'autre commissaire - s'ils
sont deux - ou les deux autres - s'ils sont trois - peuvent intervenir et lui
dire: Si tu vas dans ce sens, tu dérapes, tu
dévies, par rapport aux orientations fondamentales de la
commission en matière de décision. S'il était tout seul,
le dérapage se ferait probablement et ce serait dangereux. S'ils sont
deux, cela empêche les déviations, les décisions qui
constitueraient des déviances par rapport aux décisions
antérieures et à la jurisprudence.
Donc, le critère d'efficacité semble être le seul
qui guide le ministre actuellement. Alors, je m'arrête, M. le
Président, parce que je garde la minute qui me reste pour proposer tout
à l'heure un amendement.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants toujours sur l'article 3?
M. Blais: S'il vous plaît.
Le Président (M. Richard): II n'y a pas de
déclaration ministérielle entre les deux?
M. Pagé: Non.
M. Blais: M. le Président, dans ce projet de loi, on voit
peut-être un peu partout... jusque-là on veut se doter d'un double
système, on veut en fait tout doubler. On a actuellement des
commissaires. On a un commissaire actuel, on veut doubler cela d'un tribunal
d'appel. On avait une sorte de zonage actuellement, on va arriver avec deux
sortes de zonage dans cette loi. On avait une sorte d'agriculteurs, on s'en
vient avec deux sortes d'agriculteurs: les agriculteurs des zones vertes
protégées et les agriculteurs des zones moins vertes et moins
protégées. Là on arrive avec deux sortes de traitement des
dossiers. On a des commissaires pour des petites causes et des commissaires
pour des grandes causes. On aura deux sortes de demandeurs: des demandeurs
privilégiés, des demandeurs non privilégiés.
Partant de tout cela, on aura deux sortes de jugements: des jugements pour les
petits et des jugements pour les gros.
Alors, dans l'ensemble, on voit que l'on veut tout dédoubler. Je
m'oppose à ce dédoublage de façon générale,
autant le dédoublage de tribunal, en fait, de commissaire. Le
commissaire, il n'y en avait qu'un, il n'y avait pas de tribunal d'appel. On en
met un, et je m'oppose à cela Deux sortes de zonages dans la loi qui est
là, il y a deux sortes de zonages très identifiées:
zonages 1, 2, 3 privilégiés; zonages 4, 5, 6, 7 et 8 non
privilégiés. C'est impossible d'accepter cela. C'est strictement
impossible, parce que cela nous amène à avoir deux sortes
d'agriculteurs et agricultrices: des agriculteurs des zones 1, 2 et 3 qui
seront fiers d'être là et ils pourront faire de la planification
et du développement. Ils vont penser dans la décennie qui vient
de développer leur terre, leur ferme, parce que les zones 1, 2 et 3 sont
restées comme avant des zones strictes. Il y aura aussi les agriculteurs
qui sont dans les zones 4, 5, 6, 7 et 8, qui eux sont dans une période
d'attentisme, ne sachant pas ce qui peut arriver à ces zones vertes
pâles.
Pire encore, sur certaines terres et c'est très fréquent
au Québec, il y a deux, trois et même quatre ou cinq sortes de sol
sur la même terre d'une personne. Alors, sur sa même terre, il va y
avoir une partie excessivement protégée comme avant et une partie
moins protégée comme la loi amène ici. Un
dédoublement partout.
Là, on dit: "Un membre seul peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider sauf lorsqu'il s'agit
d'un cas où la commission doit fournir un avis." Alors là, dans
les gros cas où il y a un avis, dans ies cas un peu plus poussés,
qui demandent une plus mûre réflexion, on mettra plus de
commissaires les grosses causes. Cela va être les ténors des
commissaires qui vont prendre cette section sous prétexte, et cela peut
être vrai aussi, mais sous prétexte qu'ils sont plus
compétents, qu'ils connaissent plus le milieu, qu'ils ont entendu plus
de causes, qu'ils ont plus d'expérience et qu'ils veulent mettre en
valeur dans ces grosses causes leurs compétences et leur habileté
à discuter. Dans les causes bien ordinaires, bien faciles, on mettra ce
qu'on appelle les gens qui connaissent moins cela, des petits commissaires.
Donc, deux sortes de commissaires, deux sortes de tribunaux, deux
classifications de zonage, deux sortes d'agriculteurs. Cela amène quoi
ce dédoublement? Pourquoi un dédoublement comme celui-là?
Pourquoi tout vouloir dédoubler? Cela amène des demandeurs
privilégiés et des demandeurs non privilégiés: deux
sortes de demandeurs aussi. Tous les citoyens et les citoyennes sont
égaux. Tous les agriculteurs et les agricultrices devant la loi ou les
commissaires sont égaux. Pourquoi certains d'entre eux jouiraient-ils ou
auraient-ils l'usufruit d'avoir les ténors des commissaires et que
d'autres se contenteraient des moins compétents? Par définition
qu'on voit entre les lignes de la loi, pourquoi ce dédoublement?
Dans toutes les sphères de la société, dans tous
les métiers du monde, il y a des gens de compétence variable.
L'arc-en-ciel a plusieurs couleurs. Je peux vous les rappeler volet indigo,
bleu, vert, jaune, orange et rouge Ce sont les couleurs de l'arc-en-ciel. Dans
chacun des métiers, on est un arc-en-ciel de compétences autant
dans la députation, dans les cabinets, chez les médecins,
dentistes, les indépendantistes, dans tous les métiers et dans
toutes les sphères du monde. Alors, c'est normal. Mais dans nos soins
sociaux, il n'y a pas deux sortes de médecins catalogués
où on dit: Toi, tu gagnes moins de 25 000 $ par année. Tu devras
aller voir telle sorte de médecins qui est dans la compétence un
des plus bas. Toi, tu gagnes 100 000 $ par année, tu vas aller voir tel
autre groupe de médecins qui sont plus compétents, qui ont plus
d'expérience, qui vont donner un meilleur service à cause de leur
habileté et de leur compétence, de leur expérience. On
naît
avec certaines compétences. On naît avec des talents. On ne
l'a pas demandé. Pourquoi je passe pour un type intelligent? Ce n'est
pas de ma faute. Je dis cela en toute humilité. Ce n'est pas de ma
faute. On naît avec un bagage de talents naturels et seul l'effort, la
volonté et la sueur les développent. Je n'ai pas demandé
d'être un type qui a un quotient intellectuel assez fort. Je ne l'ai pas
demandé et je n'en suis pas responsable. Si j'étais né
avec un quotient... Il y en a des plus hauts que moi et il y en a des plus bas.
Je n'ai pas demandé d'être à ce niveau où je suis.
Cela m'est arrivé comme cela tout nu, tout cru, de naissance. Ce n'est
pas de ma faute. Je n'ai rien fait pour posséder les qualités que
j'ai et les défauts que j'ai aussi. Je n'ai rien fait pour cela. C'est
pour cela qu'on dit que, devant la loi, tout le monde est égal. Qu'on
vienne du fin fond du Québec ou de place noble, cela n'a rien à
voir, on a tous égalité en ce Parlement. Chaque
député n'a qu'un vote. Chaque député n'a qu'un
vote, qu'il vienne d'un coin plus reculé ou de place noble. On a vote
pour vote. Une question, M. le député? (17 h 15)
M. Dubois: Je me demande de quels bas-fonds tu viens.
M. Blais: Que je viens? M. Dubois: Oui.
M. Blais: Je viens de Pieville... une petite ville qui n'existe
plus. Je suis né là. Pieville, c'est une ville qui était
dans le Témiscamingue, près de Saint-Placide-de-Béarn,
où j'ai été baptisé en 1931. Je suis né dans
une petite place qui s'appelait Pieville, où il y avait trois maisons.
Voulez-vous que je vous en dise... Il y avait trois maisons: les Montreuil, les
Côté et les Blais. On pensait faire un village en l'honneur de Pie
X à l'époque, on voulait l'appeler Pieville, pie pas dans le sens
que le député d'en face parle, pas dans le sens de parler pour
rien, dans le sens de...
M. Houde: C'est que je t'écoute depuis quelques minutes et
c'est ce que tu dis: rien.
M. Blais: C'était pour Pie X. Je suis venu au monde dans
ce petit coin reculé qui n'existe plus. J'ai déjà
essayé d'aller voir l'endroit où je suis né et cela
n'existe pas. C'est assez rare que quelqu'un puisse dire cela.
M. Pagé: En 1930, ce n'était pas Pie X.
M. Blais: En 1931, moi.
M. Pagé: 1931, ce n'était pas Pie X.
M. Blais: C'était?
M. Pagé: Ce n'était pas le pape Pie X, il est venu
en 1933 ou 1934. M. Blais: Alors... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Alors, je suis né là, mais cela ne
m'enlève pas mon droit aujourd'hui comme député. Je suis
venu au monde dans un petit bled de trois maisons qui n'existe même plus
et cela me peine que le petit bled n'existe plus. Je suis allé pour voir
où je suis né et cela n'existe pas. Alors, cela fait toujours un
coup. Je me souviens, j'ai vécu là jusqu'à l'âge de
treize mois, où je me suis coupé le doigt d'ailleurs. J'avais
treize mois quand j'ai coupé mon doigt et je me souviens de certaines
choses. À treize mois, on a des petits "flashs" qui nous reviennent. Je
vous dis, j'étais doté assez bien.
"Des voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: C'est arrivé comment, le doigt?
M. Blais: Pardon?
M. Pagé: C'est arrivé comment, le doigt?
M. Blais: Bon, écoutez, c'était en 1932, au mois de
juillet 1932...
M. Pagé: Je le présume, si vous aviez treize
mois.
M. Blais: C'était un matin clair et ensoleillé
où il y avait une rosée qui venait à peine de lever. Le
soleil était là, il nous baignait de ses rayons et il y avait en
face de nous un puits, un puits à manivelle dans le temps, parce que
c'était, comme je vous l'ai expliqué, une campagne très
campagnarde et nous vivions dans un petit camp de bois rond, assez
élémentaire. C'était la période de la crise pour
nous, une famille qui vivait un peu dans la mendicité. Nous
étions très très pauvres. Devant la maison, il y avait
quand même une sorte d'épinette qui poussait là et qui
était assez volumineuse. Mon père avait planté une hache
dans l'épinette. On fait cela, des fois, on plante la hache dedans et on
entre dans la maison. À treize mois, on marche. Je marchais, j'ai
commencé à marcher à neuf mois, comme beaucoup d'enfants
d'ailleurs, et j'ai mis ma main gauche sur le manche de la hache qui
était plantée dans l'arbre. Elle n'était pas
plantée assez fortement pour tenir, elle a basculé, tombé
sur le manche, j'ai tombé avec et elle m'a tombé sur le doigt.
Voici l'explication de mon doigt. Ma vie commence comme un roman et je pense
qu'elle finira ainsi.
M. Pagé: On le lira un jour dans le journal.
M. Blais: Cela, c'est mon premier épisode,
dit l'épisode du moignon. De» voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: L'épisode du moignon. Le doigt était
coupé. C'est parce que du croquant, ce n'est pas un os et tout le monde
le sait. Bon. Mais, à l'époque, il n'y avait pas les soins qu'on
a aujourd'hui et on n'avait pas l'argent pour aller à l'hôpital le
faire recoudre, on n'avait peut-être même pas la technique.
Une voix:...
M. Blais: Pardon?
M. Houde: Avant treize mois, est-ce que c'est celui-là que
tu mettais dans ta bouche régulièrement?
M. Blais: Mais non, il n'est plus là.
M. Houde: Non, mais je parle d'avant treize mois, tu te
rappelles?
M. Biais: Non, non.
M. Houde: Tu ne t'en souviens pas.
M. Blais: Je me souviens. Moi, J'ai toujours été
très distingué et je n'ai jamais mis les doigts dans ma bouche,
même tout jeune, même bambin, même autre chose.
M. Houde: Que d'autre chose.
M. Biais: Même au berceau. Oui, je pourrais mettre mon
poing sur la vôtre si vous exagérez, peut-être.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blais: Mais, mon doigt dans la mienne, non.
M. Houde: On peut changer.
M. Blais: Mon doigt dans la mienne, non. Mon doigt dans la
mienne, non. Vous savez, si sous votre "hood"...
M. Houde: Je n'oserais pas. Je n'oserais pas.
M. Blais: Si sous votre "hood* le moteur chauffe, modérez
vos transports. Bon. Cela a commencé comme cela.
M. Pagé: On peut suspendre.
M. Blais: Non, je peux continuer si vous voulez. On m'a
demandé une explication, je le fais.
M. Pagé: Si vous voulez continuer à vous distribuer
allègrement des mots aigres-doux.
Le Président (M. Richard): Non, chapitre II.
M. Blais: Je me souviens quand même de cet incident et
c'est malheureux, mais ça m'a servi. II y a autre chose que j'ai,
ça me fait une main un peu plus délicate, et j'ai aussi à
l'intérieur et à l'extérieur, dans ma verbalisation,
beaucoup de délicatesse pour les gens, et, si les gens n'en ont pas pour
moi, vous allez voir que je suis capable d'en manquer, je tiens à vous
le dire. Fartes bien attention...
M. Houde: Ou bien ta capacité, ta force
M. Blais: Faites bien attention à vos allusions, parce que
les allusions...
M. Houde: Je parle à un gars fort, moi.
M. Blais: ...j'ai dit que j'avais une intelligence
supérieure, je les comprends. Faites bien attention à vous.
Alors, malgé notre mendicité, on n'a pas pu aller à
l'hôpital qui était à Ville-Marie à l'époque,
à "l'hapital".
M. Pagé: L'hôpital.
M. Blais: On ne pouvait pas y aller, c'était inutile, et
je doute qu'à l'époque nous ayons eu la technique de recoudre un
doigt coupé, même sur le bambin que j'étais à treize
mois.
M. Pagé: II n'y avait pas assez de croquant, de toute
façon.
M. Blais: Cela dit, virgule, même s'il y avait eu la
technique, nous n'en avions pas les moyens.
M. Houde: S'il y avait eu le gouvernement libéral, tu
aurais pu avoir tout ça aujourd'hui. C'est bien pour dire. Vive le Parti
libéral du Québec avec M. Robert Bourassa! C'est bon,
ça.
M. Biais: Mais ce n'est pas lui qui a inventé les soins
gratuits dans les hôpitaux.
M. Houde: Non, mais c'est le Parti libéral qui est
là actuellement, c'est ce que je te dis.
M. Blais: Ce n'est pas lui, c'est M. Daniel Johnson père,
il ne faut pas s'énerver avec ça.
M. Houde: Non, et ce n'est pas dans le temps du Parti
québécois, je peux te le dire, tu n'étais pas là
dans le temps.
M. Blais: Non, c'était fait. Nous avons fait tellement de
bonnes choses qu'on a manqué celle-là. Nous sommes arrivés
après, mais ça arrive.
M. Houde: Ah! tu étais...
M. Blais: Mais ce moignon m'a quand même servi: en classe,
j'étais très fort en mathématiques. Dans les questions
demandées, c'était trois et demi, je pouvais montrer sans montrer
que je triche, donner des réponses aux autres. J'ai aidé beaucoup
de mes confrères et c'est commode pendant la période où
l'on jase - il me reste trois minutes, trois minutes et demie, quatre minutes -
cela sert. Cela m'a aussi servi à une chose extraordinaire: cela me fait
de la peine, mais, quand est arrivée la conscription de la
dernière guerre, j'étais sur le point d'y aller, mais encore
là, je n'avais pas ce qu'il fallait pour tirer sur la gâchette et
j'ai été exempté. J'aurais été bon pour les
petites guerres, comme les commissaires sont bons pour les petites causes dans
le projet de loi que nous étudions.
M. Pagé: Vous êtes droitier, quoi?
M. Blais: Pardon?
M. Pagé: Vous êtes droitier?
M. Blais: Oui, je suis droitier.
Une voix: Vous n'êtes pas gaucher?
M. Blais: Je suis droitier.
M. Pagé: Ah! moi, je suis gaucher.
M. Blais: Mais, vous avez toujours le droit, même si vous
étiez droitier, vous auriez votre index.
M. Pagé: Non, je pensais... Je me demandais si vous
étiez droitier ou gaucher, auquel cas, si vous aviez été
gaucher, vous seriez peut-être allé défendre les pays du
monde libre, parce que vous auriez pu tirer.
M. Blais: Oui, possible. Mais, que voulez-vous, je ne peux pas
être mis à l'index autant qu'une autre personne.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Pagé: Vous auriez fait...
M. Blais: C'est sûr.
M. Pagé: ...votre effort sous l'empire.
M. Blais: Quel empire?
M. Pagé: Nous étions sous l'empire britannique,
à ce moment-là.
M. Blais: Pas en 1931?
M. Pagé: Pardon?
M. Blais: Le Traité de Westminster, c'est en 1931, c'est
l'année où je suis né...
M. Pagé: Oui.
M. Blais: ...il donnait une sorte de souveraineté au
Commonwealth du Canada? C'est en 1931, je pense.
M. Pagé: Oui, mais on se battait encore au nom de notre
appartenance au Commonwealth.
M. Blais: Nous?
M. Pagé: Notre appartenance au Commonwealth était
présente en 1942.
M. Blais: Ah! oui, oui, oui. Nous étions toujours sujets
britanniques. D'ailleurs, ça fait juste trois ou quatre ans qu'on ne le
voit plus sur nos passeports.
M. Pagé: C'est ça.
M. Blais: Ce n'est plus marqué, sur nos passeports, qu'un
citoyen canadien est un citoyen britannique.
M. Pagé: Vous êtes passé de sujet britannique
à un sujet particulier, l'agro-alimentaire.
M. Blais: Oui. Il y a certains noms sur lesquels on pourrait
jaser, si vous le voulez: il y a des nombrils ordinaires ou des
non-britanniques. Cela ne me fait rien de vous parler de l'un ou de l'autre,
selon ce que bon vous semble. Duquel des deux aimeriez-vous parler?
M. Pagé: De l'article 3. M. Blais: L'article 3.
Une voix:±tama, ha!
M. Blais: Alors, je disais, dans tout ceci, que tout est en
double: il y a des grands droits et des petits droits, il y a de grands juges
et de petits juges, des grands jugements et des petits jugements, des grandes
causes et des petites causes, des grands territoires protégés et
des petits territoires moins protèges, des agriculteurs qui sont
reconnus dans leur métier et leur profession, et des agricultrices
aussi, et d'autres, à cause du territoire qu'ils vont occuper, à
cause de cette loi, qui seront moins protégés que les autres,
deux sortes d'agriculteurs; tout est doublé. Et cela va se faire sous le
bon Parti libéral, comme le dirait le délicat et très
sympathique député d'en face, qui fait toujours attention
d'être très gentil dans ses remarques qui ne sont jamais
désobligeantes.
M. Houde: J'en suis fier, et je suis fier aussi, du Parti
libéral.
M. Blais: Vous devez certainement être fier, avec... Comme
ça, on doit en être certainement content.
M. le Président, nous arrivons ici encore avec une double sorte
de commissaires qui entendront et qui auront à décider. Je ne
peux me plier à cette demande, à cet amendement que le ministre
amène à la loi 90 de départ parce que tout
dédoublement là-dedans... Tout le monde est égal, tout le
monde a droit à des juges d'égale compétence, tout le
monde a droit à des commissaires d'égale compétence, tous
les agriculteurs, les agricultrices sont égaux et tout le monde devrait
être considéré sur le même pied. Ce
dédoublement peut ouvrir la porte à presque du parti pris. Je ne
dis pas que cela va en être, j'ai bien confiance... Mais cela ouvre
presque la porte à un double jugement. Je ne vois pas pourquoi le
gouvernement a été élu un deux et qu'on parle "d'eux" ici,
qu'on serait obligés d'accepter tout le dédoublage de toutes les
instances qu'il y a là-dedans. M. le Président, je tiens à
vous dire que je voterai contre cet article 3.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, est-ce que vous avez un commentaire sur l'article 3?
M. Dufour: Oui, j'avais, bien sûr, à parier sur cet
article qui apporte un changement pour l'avantage de la façon de
procéder de la Commission de protection du territoire agricole puisque
avant, c'était deux personnes qui portaient jugement et, aujourd'hui, on
va aller avec une personne. Quand on examine surtout les pouvoirs que la
commission a de se prononcer, c'est parce qu'il faut regarder cela...
D'après l'article, c'est "un membre seul peut entendre toute affaire de
la compétence de la commission". La compétence de la commission,
c'est assez vaste. Si on veut retourner par rapport à la loi, on peut
voir que cela prend une personne qui a beaucoup de connaissances concernant non
seulement le zonage comme tel mais ce sont les conditions, les
possibilités d'utilisation, les réservations,
l'homogénéité, etc. Je pense que la personne qui
prétendrait avoir toutes les qualités nécessaires et
personnelles pour agir serait probablement dans un mauvais pétrin ou ne
remplirait pas nécessairement et exactement ce pourquoi elle est
nommée.
Donc, il y a un problème majeur qui est soulevé, d'une
part, par les unions à l'effet que c'est difficilement acceptable
puisque, d'une part, les municipalités qui ont à se prononcer sur
la qualité ou sur l'utilisation du sol, en règle
générale, sont composées de beaucoup d'élus, de
fonctionnaires, de beaucoup d'individus. Il y a tout un processus de
consultation à l'intérieur des municipalités qui permet de
se prononcer sur des cas qui pourraient être soumis ou qui seront soumis
éventuellement à un commissaire. Le commissaire seul peut donner
un avis. Est-ce qu'il peut donner un avis aussi éclairé ou aussi
neutre que deux commissaires comme anciennement? Je comprends qu'il y a un
critère, en tout cas, il y a une certaine "raisonnabilité" par
rapport à la loi qui est amenée devant nous dans le sens que,
oui, si on n'avait qu'un commissaire. cela nous permet de diminuer le nombre
actuellement des commissaires. Au lieu de partir de seize, on pourrait tomber
à dix et on peut diminuer le nombre de vice-présidents, puisque
s'il y a moins de personnes sur le terrain, effectivement, on peut diminuer la
quantité ou le nombre de personnes qui auront à oeuvrer. Est-ce
qu'on peut raisonnablement penser? Parce que le ministre lui-même nous
dit que la protection du territoire agricole, c'est important. Ce n'est pas le
premier projet de loi. Il y a la loi 90 qui existe depuis au moins dix ans, qui
est en oeuvre sur l'ensemble du territoire du Québec, qui a accompli
certaines actions. Les responsables ont réussi à obtenir leur
lettre de créance et leur crédibilité aussi. Je pense
qu'on n'a pas à porter de jugement malsain, irraisonnable ni
irrationnel. Ces gens-là, qui ont travaillé pour la Commission de
protection du territoire agricole, ont fait un travail honnête, correct
et je pense que leur décision a été, en règle
générale, acceptée. C'est évident que tout le monde
n'était pas content mais je pense qu'un tribunal, quel qu'il soit, qui
apporterait toujours des décisions où tout le monde serait
content, on se ramasserait que tout le monde serait mécontent. On vient
d'en vivre une preuve dans les deux derniers jours. On essaie de contenter tout
le monde et cela ne se peut pas, il faut se brancher quelque part. Il faut
décider. Anciennement, c'était deux personnes qui, effectivement,
portaient des jugements. Est-ce que deux c'est plus facile qu'un, au point de
vue technique ou rapidité, une personne plutôt que deux, c'est
plus souple, cela peut aller plus rapidement, question de rapidité et de
souplesse, oui. Mais au point de vue expertise, c'est non. Il y a plus de
connaissances, mon collègue que j'écoutais avec beaucoup de
plaisir disait qu'il était très bien pourvu Deux personnes en
principe, même si elles en avaient moins, cela fait plus qu'une, en
règle générale. Et cela peut apporter des
éléments nouveaux, et permettre aussi une meilleure vision de ce
qui se passe, et de ce qui va arriver. (17 h 30)
II faut bien comprendre que quand le commissaire est appelé
à porter un jugement, c'est parce qu'il y a un litige ou un litige
potentiel, ou en fonction d'une décision qui va donner une orientation
importante et qui marque, sinon le début de l'action, souvent c'est la
continuité ou l'arrêt de l'action. C'est important. Je pense qu'on
s'est laissé convaincre pendant les dix dernières années
que la protection du territoire agricole était importante, et les
gens
l'ont accepté, ils ont appris à vivre avec cela.
Là, on diminue de moitié le nombre de personnes qui ont à
se prononcer, à étudier les questions qui relèvent de la
commission.
Si elles étaient simples, s'il n'y avait pas de
complexité, de difficulté, je pense bien qu'on aurait
proposé avant dix ans: Bien, écoutez, deux personnes pour porter
des jugements, c'est trop. Je pense qu'à chaque année, il y a des
dépôts du travail de la commission, ce qu'elle passe, ce qu'elle
fait. Il y a des rapports qui circulent, et après dix ans, on vient de
constater que deux c'est trop et qu'il faudrait tomber à un, pour les
questions.
C'est un changement de fond, pas seulement de forme, un changement
fondamental. Est-ce que c'est moins important, aussi important, ou plus
important? Je pense qu'actuellement, la Commission de protection du territoire
agricole est plus importante qu'au début. Il y avait un travail,
c'était comme la personne qui s'en va dans le bois, qui fait du
défrichage. Elle défriche, coupe des arbres, elle peut se tromper
dans les sortes d'arbres, et de temps en temps, il y en avait un bon, on a dit
c'est un sapin, on n'en coupe pas, les épinettes vont être
coupées, mais il se trompe de temps à autre, et dit: On va se
reprendre, on va examiner ça. Mais là on est rendu à un
raffinement beaucoup plus grand des décisions et des actions
après dix ans. Parce que les gens ont appris comment cela fonctionnait,
ils ont regardé la Commission de protection du territoire agricole, ils
ont dit: Bon, ils sont comme cela, orientés ainsi, fonctionnent comme
ça. Et ils ont trouvé des moyens, soit pour contrer soit pour
amener des éléments nouveaux ou les faire changer d'idée.
Ils ont tous vécu cela. Je fais confiance aux gens. Il y a beaucoup
d'avocats qui ont commencé à examiner les dossiers, et en
même temps les municipalités ont appris l'importance de
l'aménagement du territoire.
On a mis sur pied les municipalités régionales de
comté qui, elles aussi, ont commencé à manoeuvrer ou
à gérer d'une façon différente leur territoire, et
à être très fortement sensibilisées. Que cela
concerne l'environnement ou toute la panoplie des ministères, tous ces
gens qui sont venus sur le territoire, il y a aussi une sensibilisation, il ne
faut pas se le cacher, de la population pour la protection de son environnement
et à la qualité de vie, qu'elle s'appelle faune ou forêt.
Dans le fond, il y a quinze ans, quand on parlait de cela, on était
presque déconnecté de la réalité. Quelqu'un qui
parlait de l'environnement il y a quinze ans était appelé un
vert, cela n'existait pas. Il y avait du bois tant qu'on voulait, des terres,
en voulez-vous en voilà, combien voulez-vous de terrain, on va vous le
vendre. Il y avait tellement de spéculation que des Européens
sont venus et ont acheté des terres, on ne savait pas quoi en faire. On
a vécu des expériences extraordinaires. Dans le fond, on est
parti d'un état, je dirais, sauvage pour tomber à un état
civilisé, plus respectueux de son environnement, plus respecteux de
l'ensemble de son territoire. Donc, ça s'est raffiné et la mise
sur pied... Il y a eu beaucoup d'argent d'investi, il ne faut pas se le cacher,
autant dans les territoires agricoles que dans les municipalités. Il y a
eu des sommes astronomiques d'argent d'investi soit pour augmenter le potentiel
des terres, soit pour améliorer l'agriculture, soit pour
reconnaître d'une façon claire, nette et précise que
l'agriculture était devenue une industrie importante. Cela entre dans le
bagage des connaissances humaines qu'on a à examiner aujourd'hui. De
plus en plus aussi des sommes d'argent importantes sont investies par des
compagnies forestières, par le gouvernement pour le reboisement. On
parie de réseaux autant privés que publics, ils sont
obligés de gérer aujourd'hui des boisés privés ou
publics. On gère aussi la question de l'eau. C'est important de le
faire. Il y a eu des montants d'argent investis dans à peu près
tous les dossiers. Il y a aussi d'autres phénomènes où les
municipalités sont obligées, pour des raisons bien
précises, d'aller chercher dans ces territoires où elles doivent
implanter des instruments, je dirais, des équipements d'utilité
publique. Ce sont plutôt des équipements d'utilité
publique. Donc, il y a encore des montants, il y a encore des coûts
rattachés à tout cela. Il y a d'autres phénomènes
aussi qu'on doit constater, soit qu'on a mis sur pied aussi un bureau, le BAPE,
le bureau qui doit se prononcer si c'est correct ou pas.
Donc, il y a un paquet d'intervenants qui sont sur le territoire. On
n'avait pas connu cela, il y a quinze ou vingt ans. Pour mol qui ai vécu
toutes ces expériences à des paliers de décisions, quand
je regarde tout cela, je dis: Wow! Ce n'est plus pareil. En 1988, on ne vit pas
ce qu'on vivait en 1975 ni en 1970. Il y a eu une évolution
extraordinaire souhaitée et souhaitable qui faisait seulement mettre le
Québec... Tout de même, je ne pense pas qu'on a innové
d'une façon extraordinaire en faisant cela. Cela nous a mis au rythme de
ce qui se passait un peu beaucoup à l'intérieur...
Parions du pays qui existe encore et qui s'appelle le Canada auquel on
appartient, je ne sais pas pour combien de temps, mais qui existe. Cela se
rapproche un peu. L'Ontario a fait des gestes. La Colombie britannique a
posé des gestes dans ce sens, mais on se rapprochait surtout plus de ce
qui se passait dans les pays européens où tous ces endroits ont
reconnu la nécessité, l'obligation de mieux gérer leur
territoire. Si tout le monde s'est raffiné, si tout le monde s'est
sensibilité à ces actions ou à ces facettes très
précises de fonctionnement évolutif, parce que ce n'est pas un
fonctionnement statique, il faut qu'il y ait des gens de plus en plus
qualifiés qui soient à l'écoute et qui portent des
jugements par rapport à cela. Ce n'est pas le temps de prendre des
risques et de changer les règles du jeu. Quand on a une bonne formule,
on
ne change pas cela en cours de route.
On irait demander aux Nordiques, ce matin, de changer de gérant
d'équipe, je pense qu'ils diraient: Non, on vient de l'avoir et on pense
qu'on va en avoir un pas pire. Le Canadien fait pareil. Au point de vue du
hockey, on ne change pas une équipe gagnante. Je pensais et je suis en
lieu de penser par rapport à ce qu'on entend sur le terrain et ce qui se
passe que l'équipe qu'il y avait actuellement à la Commission de
protection du territoire agricole était une équipe que tout le
monde avait acceptée et qui avait atteint une crédibilité
certaine ou était prête à accepter de jouer dans ces
règles. C'est pour le bénéfice de mon collègue de
Lac-Saint-Jean, je disais qu'il y a beaucoup de formules nouvelles qui ont
été mises sur pied depuis les dernières années et
les gens se sont raffinés. Ils réussissent même avec deux
juges à la Commission de protection du territoire agricole à
apporter des changements, à contrer des décisions en disant.
Peut-être que si on faisait cela comme ça, ce serait mieux. S'il y
a seulement un juge ou un commissaire parce que le commissaire va agir comme un
juge, c'est évident, parce qu'il a un droit de rappel, il y a des
coûts qui vont s'engager quelque part immédiatement. Dès
qu'une décision se prend, cela veut dire qu'il faut qu'il prenne la
décision la plus éclairée possible. Et une personne,
est-ce qu'elle va avoir tout... Quelle que soit la personne, elle ne pourra
jamais avoir ce qu'il y a dans deux personnes. Je pense que cela, c'est
élémentaire, c'est de la mathématique. Et je sais que le
ministre nous a donné une démonstration de ses aptitudes à
compter à l'aide de chiffres beaucoup plus complexes. Hier, on parlait
de 5500 douzaines d'oeufs. C'était beaucoup plus complexe et il nous a
fait un calcul très rapide; mais le calcul qu'on fait, c'est qu'il y a
plus, normalement, de sagesse...
M. Brassard: Vous n'étiez pas là plus
tôt,
M. le député de Jonquière, mais le
député de
Terrebonne a fait un exercice de mathématiques de haute
voltige.
M. Dufour: Cela ne me surprend pas. Il m'a habitué
à me montrer des facettes de ses talents.
M. Pagé: C'était tellement de haute voltige que le
député du comté de Lac-Saint-Jean l'a ramené en bas
de son fil.
M. Brassard: C'est parce qu'il y avait un malentendu.
M. Pagé: Là, je ne voudrais pas vous faire perdre
le fil.
M. Dufour: Je ne voudrais pas perdre le fil de mes
pensées, ni de ma démonstration. Ce que j'étais en train
de dire, c'est qu'il y a en principe et en pratique plus de sagesse, plus
d'intelligence, plus de connaissances dans deux personnes que dans une. Donc,
le ministre, qui a compris, a suivi sûrement la démonstration que
je viens de faire, à savoir que cela s'était raffiné,
qu'il y avait des choses nouvelles. C'est que si on coupe en deux, on diminue
nos chances d'autant. Et ce n'est pas le temps puisqu'on est l'équipe
gagnante.
Seulement les commissaires... Il y a peut-être des moments, cette
année ou durant l'année dernière, où on a
passé certaines remarques, mais on ne sait pas tout ce qui se passe.
À travers cela, il y a des choses qui vont passer ils n'agissent pas
seulement comme juges, les gens les commissaires des territoires agricoles.
Parfois. ils écoutent, ils sont aussi redevables de leur fonction devant
un ministère, celui de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Tout cela pour amener des changements, pour amener des
orientations et je pense aussi que deux personnes peuvent résister un
peu mieux aux pressions normales.
Même si la personne est la plus honnête possible, ou la plus
honnête, devrais-je dire, parce qu'une personne ne peut pas l'être
plus ou moins, elle est honnête. Ce sont des personnes honnêtes,
des personnes assermentées. Elles font leur travail au meilleur de leur
connaissance. Et une personne peut facilement, par rapport au nombre de deux,
changer ou faire varier des opinions selon les causes, aussi, qui nous sont
présentées. Parce que quand on regarde le fonctionnement de cela,
encore là, on pourra amener des faits nouveaux en cours de route Cela va
amener des changements. Mais à ce moment-là, je pense que c'est
plus difficilement acceptable.
Quand on examine d'une façon sérieuse ce qui se passe...
Et je pense, aussi, que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, il n'est pas dupe de cela. C'est évident que moi, si
cela coûte moins cher, j'ai moins de monde, cela va me coûter moins
cher. Et je dirai au gouvernement: Vous pouvez reconnaître que je suis un
bon ministre, je suis un bon administrateur des biens publics, cela coûte
moins cher. Je pense qu'il faudrait dépasser un peu cela. Il faut
regarder un peu plus loin II faut regarder si, au point de vue
responsabilités cela vaut le coup. Il y a une façon d'
administrer, hein?
On peut dire: J'ai ménagé, je ne fais pas la job comme il
faut. Mais cela ne veut pas dire que c'est un bon administrateur. Un bon
administrateur, c'est celui qui accomplit un travail le mieux, de la meilleure
façon avec ce qu'il a. Et s'il trouve des moyens de faire des
économies, parce que sa loi va être bonifiée et qu'il y
aura moins de contestations, bravo! Donc, à ce moment-là, il
pourra enlever des commissaires. S'il y a moins de causes qui sont entendues et
qu'il y a moins de causes contestées, à ce moment-là, je
comprendrais une diminution de commissaires si on a moins de
problèmes.
Cela voudrait dire que les lois ont bien
fait, elles ont bien joué leur rôle. Lorsque les gens
auront compris, on aura ancré cela dans le milieu et les gens sauront
que oui, pour cela, ça peut marcher; cela, ça ne peut pas
marcher. iI y a une jurisprudence qui va s'établir et elle
s'établit de plus en plus. Si on recommence avec une personne,
peut-être qu'on peut changer toute sorte de jurisprudence et on va
revenir à un éternel recommencement. Peut-être que si on ne
sauve plus rien, on va peut-être recommencer avec beaucoup plus de causes
à être entendues qu'il y aurait dû normalement se faire.
Donc, c'est une tentative intéressante de la part des
gouvernements. Mais je pense qu'elle est difficilement acceptable pour
l'Opposition. Je voudrais bien qu'on... Quand cela a du bon sens, cela a du bon
sens. J'avais, hier... Je ne sais pas... J'ai montré cela à mon
collègue, le ministre de la Sécurité publique. C'est
peut-être pour cela qu'il a démissionné, il ne me l'a pas
dit. Mais il a dit que le critique de l'Opposition a fait un bon travail dans
sa loi 86 parce qu'on l'a amené - il le dit - dans un communiqué
gouvernemental... Je ne sais pas si c'est un record, mais il semble que c'est
un élément spécial. On dit dans son communiqué de
Telbec que son critique de l'Opposition avait fait un travail
intéressant et qu'il avait apporté des suggestions acceptables.
Donc, pour moi qui ne suis pas spécialiste, qui a seulement une
expérience, en fait, municipale limitée, peut-être d'un bon
nombre d'années mais c'est limité quand même, je n'ai
jamais été maire d'une grosse municipalité, comme
Québec ou Montréal... (17 h 45)
Une voix: Vous avez été maire des maires quand
même.
M. Dufour: Oui, mais j'avais beaucoup de conseillers et je les
écoutais. C'était important. Je pourrais même dire, pour le
bénéfice du ministre, lorsqu'on a fait une tournée dans
l'ensemble du Québec, que j'avais gagné le trophée des
grandes oreilles.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Cela voulait dire que je savais écouter.
J'écoutais beaucoup. Quand tu écoutes, on peut dire qu'on peut se
donner une formation. Je trouve que c'est important. Un trophée n'est
pas seulement une valeur symbolique. Cela veut dire que cela n'a pas seulement
une valeur symbolique. Cela a une valeur réelle. Ceux qui faisaient et
ceux qui connaissaient par cela, c'est que la capacité d'écoute,
on pouvait la transmettre. Cela est important dans ce qu'on discute
actuellement. La capacité d'écoute des commissaires qui vont
venir écouter les gens et ils portent un jugement qui peut être
contesté aussi. On sait, chaque fois qu'on rentre dans le judiciaire,
qu'il soit seulement judiciaire comme loi ou dans la légalité,
dans le légalisme, Dieu sait si on doit être prudent. Je pense que
le légis- lateur aussi a intérêt à être
parcimonieux dans ses actions - mon doux, j'avais encore des choses à
dire - par rapport à des décisions qu'on a à prendre,
parce que ces décisions engagent trop de partenaires. Moi, je pense que
notre position dans la discussion par rapport à cela, c'est qu'on ne
change pas une équipe gagnante. On ne change pas une équipe en
cours de route. Une équipe gagnante, pour moi, c'est un minimum de deux
commissaires. M. le Président, je regrette que mon temps soit
déjà écoulé.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, il vous reste une minute sur...
M. Brassard: M. le Président, il me reste suffisamment de
temps, je pense, pour présenter un amendement à l'article 3.
Une voix: L'article 2 est adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 3.
M. Brassard: L'article 3. Oui, c'est vrai. L'article 2 est
adopté, M. le député de Berthier. Ne paniquons pas. Il est
adopté.
M. Dufour: Du calme, du calme.
M. Brassard: Alors, M. le Président, l'article aurait pour
effet... L'article 3 du projet de loi 100 est amendé: 1° par
l'insertion après le chiffre 7 des mots "suite à une demande
conjointe en ce sens des parties intéressées;" 2° par
l'addition à la fin de l'alinéa suivant: "Cette demande conjointe
est adressée au président de la commission qui désigne
parmi les membres de la commission celui qui entend l'affaire."
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire, M. le
député de Lac-Saint-Jean que votre amendement est recevable.
M. Brassard: Merci, M. le Président.
M. Dufour: On est chanceux. On a un bon président.
M. Brassard: S'il est recevable, je voudrais quand même
donner certaines d'explications et espérer convaincre le ministre et mes
collègues de la commission pour qu'on puisse adopter cet amendement.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, pour une bonne
compréhension, l'article tel qu'amendé se lirait comme suit:
Suite à une demande conjointe en ce sens des parties
intéressées, un membre seul peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider sauf lorsqu'il
s'agit
d'un cas où la commission doit fournir un avis. Cette demande
conjointe est adressée au président de la commission qui
désigne parmi les membres de la commission celui qui entend
l'affaire.
C'est donc dire que, dans l'esprit du député, la demande
pour qu'une audition soit effectuée par un seul commissaire, il faudrait
qu'il y ait une demande conjointe de placée. C'est cela? Et, à
défaut, il n'y a rien de prévu. Ce seraient deux, trois, quatre,
cinq, six. Ce ne pourrait pas être plus que dix, parce qu'à
l'article précédent, on vient de...
M. Brassard: S'il n'y a pas de demande conjointe, M. le
Président...
M. Pagé: Ce n'est pas bien fait.
M. Brassard: ...la loi actuelle peut s'appliquer, non?
M. Pagé: Bien non. L'article 7 est tombé. Combien
en voulez-vous? Ce n'est pas précis, M. le député, je
m'excuse; je pensais que c'était mieux préparé que cela.
Cela ne marche pas.
M. Brassard: Oui, cela marche.
M. Pagé: En tout cas, c'est correct. Dix minutes.
M. Brassard: Ce n'est pas dix minutes, c'est vingt minutes.
Le Président (M. Richard): 20 minutes.
M. Pagé: 20 minutes.
M. Brassard: C'est cela.
M. Pagé: Ce n'est pas grave, 20 minutes.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Dufour: Le ministre a décidé de parler.
M. Brassard: Oui, il y a des fois qu'il parle, il y a des fois
qu'il parle, le ministre. Mon collègue de Jonquière me signalait
qu'il était surpris de voir le ministre parier. Je lui ai dit: Non, non,
il arrive fréquemment que le ministre parie, à l'occasion.
M. le Président, l'amendement aurait pour effet, finalement, de
faire en sorte que si on veut qu'une décision soit prise par un seul
commissaire, cela le soit à la demande des parties et que ce ne soit pas
une obligation comme telle de procéder avec un seul commissaire, comme
c'est le cas présentement. Je pense qu'on a fait la
démonstration, mon collègue de
Jonquière et moi-même, de même que mon
collègue de Terrebonne. qu'il n'était pas sage ni souhaitable que
l'on remplace le système actuel de deux commissaires et probablement
parfois aussi de trois par un système à un seul commissaire
général. Pour toute décision, tout dossier et toute
plainte, un seul commissaire, on a plaidé longuement là-dessus et
on a, entre autres, indiqué que si cela pouvait être
peut-être plus efficace, cela n'entraînait pas
nécessairement une meilleure décision, une décision plus
éclairée ou plus articulée, qu'il était dans les
circonstances de beaucoup préférable de maintenir le
système actuel: ce que mon collègue de Jonquière appelait
la formule gagnante. Il y a une formule gagnante qui fonctionne depuis
maintenant dix ans, qui fait l'affaire et qui a permis à la commission
d'élaborer toute une jurisprudence cohérente, un ensemble de
décisions qui sont cohérentes les unes par rapport aux autres. Il
n'y a pas de contradiction ou d'incohérence dans le corpus de
décision de la commission. Donc, c'est une formule gagnante, le
système de deux et même de trois commissaires. Pourquoi
l'abandonner? On a longuement plaidé tout à l'heure que
c'était un système qu'il fallait maintenir, qu'il ne fallait pas
entamer, supprimer. Le ministre nous arrive avec un nouveau système
à un seul commissaire qui traite de chaque dossier sans être, je
dirais, associé à un autre. Cela nous apparaît une mauvaise
orientation, une orientation qu'il n'est pas souhaitable de prendre. Toutefois,
on se dit: II peut arriver, dans certains cas ou dans certaines circonstances,
que la ou les parties concernées dans un dossier Intéressant la
Commission de protection du territoire agricole, il peut arriver que tout le
monde, s'il y a parties intéressées, supposons une MRC et un
propriétaire, ils sont d'accord pour que ce soit un seul commissaire,
à ce moment, la chose serait possible. C'est le sens de l'amendement. Il
serait possible, si tout le monde est d'accord, si toutes les parties
Intéressées sont d'accord et qu'elles font une demande conjointe,
démontrant par le fait même qu'elles souhaitent d'un commun accord
qu'il y ait un seul commissaire pour juger de leur affaire, de leur cause, le
cas échéant, cela pourrait être possible, mais on ne
voudrait pas en faire une règle générale. On voudrait que
le système du commissaire unique soit possible, mais à la demande
des parties. De cette façon, je pense que ça introduit une
certaine souplesse, un assouplissement dans le projet de loi, mais seulement
à cette condition.
On peut prendre un exemple. Dans une municipalité
régionale de comté, un propriétaire, un Individu demande
le dézonage d'une partie de sa terre, d'une partie de sa
propriété. La municipalité n'est pas d'accord.
Voilà donc un dossier où il y a deux parties
Intéressées: une municipalité et un propriétaire.
Si les deux parties sont d'accord pour dire: Écoute, on souhaiterait,
plutôt qu'un banc de deux ou trois commissaires, on est pressé, on
veut que ça aille assez vite, on
n'a aucune objection à ce que ce soit un seul commissaire qui
traite notre affaire. Les deux parties sont d'accord. À ce
moment-là, elles pourraient faire une demande conjointe à qui? Au
président de la commission, dire au président de la commission:
Écoutez, on s'est parlé, on s'est entendu, on vous fait une
demande, conjointement, et on est tous d'accord, les deux parties sont d'accord
pour que notre affaire soit entendue, traitée et décidée
par un seul commissaire. À ce moment-là, cela deviendrait
possible.
Contrairement à la nouvelle règle, au nouveau
système introduit par le ministre, qui est une règle
générale stipulant que désormais, n'importe quelle
décision, n'importe quelle affaire sera traitée par un seul
commissaire. C'est une règle générale. Nous, on dit que
c'est trop, c'est d'aller trop loin. Cela comporte des risques et des dangers,
on les a signalés et soulignés tout à l'heure. Il faut
s'engager avec prudence dans cette voie. Les amendements qu'on apporte sont
marqués sous le signe de la prudence. Il convient de ne pas s'engager
trop résolument dans cette voie, dans la voie du système à
un seul commissaire. Il faut peut-être y aller en douceur, y aller
prudemment, au départ, et ne permettre l'introduction de ce
système à un seul commissaire que dans les seuls cas où il
y a consentement des parties, ou même demande des parties. Plus que
consentement, demande formelle des parties afin de plaider leur affaire, leur
cause et qu'un seul commissaire puisse en décider.
La procédure serait très simple, les parties s'entendent
pour demander d'être entendues par un seul commissaire. Comment cela se
manifesterait-il, s'exprimerait-il? Cette demande conjointe, forcément
écrite, serait acheminée au président de la commission qui
désignerait un commissaire, parmi les membres de (a commission, pour
décider de l'affaire.
Je pense que ce sont là des amendements judicieux qui nous
permettraient peut-être de nous avancer dans cette voie beaucoup plus
prudemment que ce que nous propose le ministre qui nous dit: Allons-y
résolument, carrément, dans un nouveau système, un seul
commissaire pour tous les dossiers, pour toutes les affaires, sans restriction.
Cela nous paraît dangereux et risqué. C'est pourquoi, dans ces
circonstances, M. le Président, nous proposons cet amendement.
C'est donc dire que nous ne sommes pas en total et en complet
désaccord avec la possibilité qu'un seul commissaire puisse
examiner et décider d'une affaire. Nous disons cependant: Attention,
allons-y prudemment et abordons une introduction prudente de ce nouveau
système en inscrivant dans la loi les conditions que nous proposons
comme amendement à l'article 3 du projet de loi 100.
Le Président (M. Richard): Vous permettez, M. le
député de Lac-Saint-Jean, puisqu'il est 18 heures...
M. Brassard: il est 18 h 2, nous allons poursuivre à 20
heures.
Le Président (M. Richard): SI vous n'avez pas d'objection,
M. le ministre, nous serions de retour dans la même salle à 20
heures. Nous suspendons donc. On vous souhaite à chacun et à
chacune bon appétit.
(Suspension de la séance 18 h 2) (Reprise à 20 h 20)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mesdames et messieurs, je sais que cela vous fait plaisir, je
déclare donc ouverte la séance de la commission de l'agriculture,
des pêcheries et de l'alimentation. Je vous rappelle à nouveau le
mandat au cas où on l'oublierait, de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi 100, Loi modifiant la
Loi sur la protection du territoire agricole. Il n'y a aucun changement, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Non.
Le Président (M. Richard): Tout fonctionne. Nous nous
retrouvons à l'article 3. Vous avez la parole, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: De?
Le Président (M. Richard): De Lac-Saint-Jean.
J'espère ne jamais faire l'erreur, comme je le faisais dans le
passé.
M. le député, vous avez la parole et vous étiez sur
un amendement qui est le suivant à l'article 3: L'article 3 du projet de
loi est amendé: premièrement, par l'insertion après le
chiffre 7, des mots: "suite à une demande conjointe en ce sens des
parties Intéressées;" deuxièmement, par l'addition
à la fin de l'alinéa suivant: "Cette demande conjointe est
adressée au président de la commission qui désigne parmi
les membres de la commission celui qui entend l'affaire."
Vous avez la parole, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Je rappelle un peu les motifs qui m'incitent
à proposer un amendement semblable. Cela faisait suite à notre
opposition au nouveau système que veut introduire le ministre afin de
faire en sorte que désormais, si le projet de loi 100 est adopté,
on se retrouverait avec un seul commissaire pour entendre toute affaire, de la
compétence de la commission, et prendre une décision seul,
contrairement au système actuel où, je le rappelle, toute affaire
est entendue par une division de deux commissaires et parfois même de
trois lorsque ces deux ne font pas l'unanimité.
Nous pensons que selon le vieux proverbe
bien connu: Deux tètes valent mieux qu'une, deux commissaires
ensemble pour traiter une affaire, en se concertant, en se consultant l'un
l'autre, en confrontant leur point de vue s'il y a au départ
désaccord, divergence, afin d'en arriver à dégager un
consensus, nous pensons que le système actuel est
préférable, qu'il permet d'arriver à des décisions
meilleures, plus équilibrées, plus articulées
également, plus fouillées. Deux commissaires ensemble en arrivent
à mieux circonscrire une affaire, conjuguer leurs efforts, leur
énergie et leur intelligence pour mieux cerner un problème, une
affaire et ainsi, finalement, en fin de compte,... Merci, M. le
député de Berthier. Pour ceux qui ne font que nous entendre, M.
le député de Berthier vient de m'offrir, et j'accepte avec
plaisir, ce qu'on appelait quand j'étais petit gars et qui s'appelle
encore à l'époque, une lune de miel. C'est curieux, oui c'est
vrai normalement une lune de miel c'était dur et recouvert de chocolat,
mais là, cela a la forme d'une lune de miel cependant. Effectivement,
cela n'en est pas une.
Mme Dionne: Cela vous rappelle des souvenirs, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Pour décider si c'est une lune de miel ou
pas, deux commissaires auraient pas mal moins de chance de se tromper qu'un
seul. C'est un peu cela le principe, parce que, premièrement, un la
rompt, comme on rompt le pain à la messe, et l'autre commissaire
pourrait la goûter. De cette façon on en arrive à une
décision fondée.
Donc, nous pensons que le système de deux commissaires est
préférable à l'occasion, quand c'est nécessaire, et
qu'un seul commissaire n'est pas un système souhaitable, étanche,
suffisamment sûr pour permettre d'arriver à des décisions
solides, fondées, articulées, fouillées. Le risque
d'erreur, le risque de prendre de mauvaises décisions est plus
élevé; il est plus élevé, forcément,
lorsqu'on instaure ce système d'un seul commissaire, plutôt que de
maintenir le système actuel de deux commissaires, et même de
trois, quand cela est nécessaire.
Nous pensions également que si on instaure le système d'un
seul commissaire, il peut arriver que, parmi les commissaires, ceux qui sont
plus favorables au dézonage, ce qui peut arriver, comme il est seul, il
aura la tentation ou la tendance de céder à son penchant en
faveur du dézonage. Or, l'ensemble des décisions prises par ce
commissaire, tout seul, quand on les examinera globalement, on se rendra
peut-être compte qu'elles sont presque toutes des décisions
favorables au dézonage. Donc, une tendance pourrait se manifester. Par
contre, si ce commissaire faisait partie d'une division, était
associé à un autre commissaire plus rigoureux, plus
sévère, eh bien, les risques de voir des dérapages des
décisions en direction du dézonage sont, comment dire, moins
élevés, moins grands.
Cependant, nous faisons une ouverture, avec l'amendement que nous
proposons. L'ouverture est la suivante. SI les parties sont d'accord, si les
parties consentent, conjointement, à ce que leur affaire soit
examinée, étudiée et analysée par un seul
commissaire, on se dit, peut-être qu'il n'y a pas de raison de
contrecarrer ce consensus, ce consentement des parties, et il est
peut-être possible de permettre, dans la loi, qu'on puisse faire examiner
l'affaire par un seul commissaire, plutôt que par deux ou trois, comme la
loi actuelle le prévoit, mais seulement dans les cas où il y a
une demande conjointe. C'est le sens de l'amendement, M. le Président,
que vous apportons à l'article 3.
L'amendement se lit ainsi: "Suite à une demande conjointe en ce
sens des parties intéressées - et là, ce serait l'article
tel que proposé dans le projet de loi 100 - un membre seul peut entendre
toute affaire, etc." Mais suite à une demande conjointe en ce sens des
parties Intéressées. S'il n'y a pas cette demande conjointe, le
système actuel pourrait prévaloir et on pourrait continuer de
fonctionner avec une division de deux commissaires. Une fois qu'il y a accord
des parties intéressées, elles en font une demande. À qui?
Au président. Cela me semble aller de sol. C'est le sens du paragraphe
qu'on ajoute à l'article 3 actuel: La demande conjointe est ainsi
adressée au président de la commission qui désigne, parmi
les membres de la commission, celui qui entend l'affaire.
Cela introduit, si l'on veut, le système à un commissaire,
mais facultatif, et non pas obligatoire, comme veut l'instaurer le ministre. Le
ministre veut instaurer le système à un seul commissaire
obligatoire pour toutes les affaires, pour toutes les demandes, pour tous les
dossiers qui sont soumis à la commission. Nous disons. C'est aller trop
loin. C'est dangereux. Cela comporte des risques. À ce moment-là,
il est préférable d'y aller avec prudence, avec sagesse et
d'introduire, si on veut, de façon facultative le système
à un seul commissaire. On verra à l'usage. Si on se rend compte
par la suite, au bout d'un certain temps, de quelques années, que le
système à un commissaire, à la suite d'une demande
conjointe en ce sens des parties intéressées, donc que le
système à un commissaire facultatif a bien fonctionné,
qu'il n'a pas engendré des incohérences dans la jurisprudence,
qu'il n'a pas créé des déviances en termes de
décisions, surtout en matière de dézonage, à ce
moment-là, à l'usage, on pourra rendre plus général
ce système à un seul commissaire, mais pas tout de suite. Il me
semble que la prudence nous dicte d'y aller avec mesure...
Une voix:...
M. Brassard: Oui, je vais finir quand même ma phrase. Vous
me le permettez, M. le ministre? Il s'agit d'y aller avec mesure et
d'Introduire dans un premier temps, je dirais, un système à
un seul commissaire, mais sur une base facultative. C'est l'essence de
mon amendement, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, tel que je vous
l'indiquais précédemment, au moment du dépôt de
l'amendement, celui-ci ne m'apparaît pas légitime, parce qu'il est
très clair dans l'esprit du texte, de l'interprétation qu'on doit
donner au texte qui prévoit qu'un membre seul peut entendre toute
affaire de la compétence de la commission, que cela n'exclut pas que
dans certains cas auxquels j'ai eu l'occasion de référer cet
après-midi, dans les cas où la commission va donner un avis,
qu'il doit y avoir d'ailleurs plus d'un membre. Je crois que c'est de nature
à sécuriser les producteurs agricoles, les productrices, celles
et ceux aussi qui peuvent s'inscrire en demande auprès de la commission.
Je n'ai pas besoin de reprendre les propos que j'ai évoqués ce
matin à l'appui de l'article 2 de la loi, qui motivent ou qui justifient
plutôt la réduction du nombre de commissaires sans que la
Commission de protection du territoire agricole n'ait à reprendre et
à faire valoir au bénéfice de nos collègues les
nombreux arguments qui militent en faveur d'une modification à la loi
dans le sens d'une réduction du nombre de commissaires, ce qui vient
valider l'article 2, qui a d'ailleurs été adopté par cette
commission après près de 18 heures de débat et qui vient
valider pour autant l'article 3 qui prévoit une modification à
l'article 7.
Alors, sans prétendre à la non-pertinence des propos des
collègues du Parti québécois qui ajouteront à la
motion d'amendement, je veux d'ores et déjà vous indiquer tout de
suite qu'il n'est pas question pour nous d'accepter cet amendement. Vous pouvez
toujours en causer pendant plusieurs minutes, mais cela sera purement et
simplement une perte de temps.
Avant de terminer, avant de céder la parole à un autre
collègue, probablement celui d'Ungava ou de Dubuc, je voudrais profiter
de l'occasion, M. le Président, et je suis certain que vous allez
ajouter votre voix à celle de la majorité, pour souhaiter la plus
cordiale, la plus amicale des bienvenues à l'Union des producteurs
agricoles, représentée par son président, M. Jacques
Proulx, par le secrétaire général, M. Blanchet et
plusieurs représentants de belles et grandes régions
représentant les syndicats de gestion, représentants de la belle
région de Québec, d'autres régions du Québec,
Saint-Hyacinthe, etc., qui sont avec nous ce soir parce qu'ils sont...
J'ai cru comprendre lors des échanges que j'ai eus avec mes amis
de l'UPA qu'ils sont inquiets, non pas du projet de loi, parce qu'ils sont
satisfaits du projet de loi, mais ils sont inquiets de l'attitude
adoptée par l'Opposition à l'Assemblée nationale. Ils sont
inquiets de voir des droits fondamentaux qu'ils attendaient depuis longtemps
être retardés dans leur application. Ils se sont sentis
sécurisés quand ils ont vu, la semaine dernière, que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
passé beaucoup de temps, a mis beaucoup d'efforts afin de tenter de
sensibiliser... de négocier finalement avec l'UMRCQ et UMQ pour en
arriver à des amendements auxquels ils souscrivaient parce que Ses
agriculteurs du Québec sont des gens ouverts, des gens de consensus, des
gens qui sont conscients aussi des préoccupations des
municipalités, sans pour autant causer préjudice à leurs
droits fondamentaux. Cependant, Us sont surpris de voir qu'après
plusieurs heures de débats et d'échanges on en soit seulement
rendus à l'article 3. Ces gens s'inquiètent beaucoup de voir la
loi toujours à l'étude au moment de l'ajournement de nos travaux
prévu pour vendredi soir à minuit.
Alors, messieurs de l'Union des producteurs agricoles, vous êtes
les bienvenus ici, dans cette maison qui vous appartient. Il me fait plaisir de
vous recevoir et je ne peux que souhaiter que vous partiez d'ici avec beaucoup
de satisfaction. Pour que vous puissiez partir satisfaits, il faudrait que
l'Opposition soit un peu plus compréhensive et cesse d'utiliser des
pratiques comme celles qu'elle a utilisées depuis deux jours.
Le Président (M. Richard): Alors, merci, M. le ministre.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Vous me permettrez, moi aussi, de saluer avec
plaisir la présence dans la salle du président de l'Union des
producteurs agricoles, M. Proulx, ainsi que plusieurs membres de son instance,
et lui dire que nous sommes très honorés de sa présence et
de son intérêt toujours soutenu, constant, pour la protection du
territoire agricole.
Je m'empresse de lui signaler cependant qu'on avait beaucoup
souhaité sa présence il y a plus de deux semaines, ici
même, en commission parlementaire. Nous l'avions fait par voie de motions
préliminaires, et, au cas où il l'ignorerait, il est bon de lui
rappeler que ça n'a pas pu se faire, nous n'avons pas pu échanger
de propos avec eux sur le projet de loi, parce que le ministre n'a pas voulu.
Ce dernier a repoussé, ainsi que ses collègues
ministériels, la motion que nous avions faite de tenir des audiences
particulières sur un projet de loi de cette importante, de même
que celle d'inviter également un certain nombre d'autres intervenants
intéressés et concernés par ce dossier et par ce projet de
loi. Le ministre a fait fi de nos demandes légitimes.
Alors, aujourd'hui, maintenant, à la toute fin de la session,
à la veille de l'ajournement des fêtes, il fanfaronne, il fait le
matamore, il vous invite à venir assister à nos travaux, mais 1
est bon de dire qu'il n'avait pas du tout la même attitude quand, nous,
nous avions souhaité vous
voir ici même en cette Chambre et en cette commission pour
échanger des points de vue et dialoguer avec vous sur le projet de loi,
sachant que ce projet de loi vous Intéressait, que vous l'aviez
trouvé intéressant, que, dans l'ensemble, vous lui donniez votre
appui, mais les commentaires que nous avions lus sur le sujet de votre part
étaient un peu brefs, un peu courts. Je pense qu'il était, quant
à nous, essentiel que l'on puisse permettre à l'Union des
producteurs agricoles, à l'organisme représentant la classe
agricole du Québec, de venir en commission parlementaire, comme c'est la
coutume quand il s'agit d'un projet de loi majeur, fondamental comme
celui-là, et d'entamer un dialogue avec les membres de la commission
parlementaire, avec les élus de la population. Cela n'a pas pu se faire
parce que le ministre a fait preuve d'une arrogance inqualifiable, d'un
mépris hautain de l'Institution parlementaire et des élus du
peuple...
M. Pagé: Comme si j'étais hautain, voyons donc!
M. Brassard: Disons arrogant.
M. Pagé: Jamais.
M. Brassard: Et, en langage populaire,...
M. Pagé: Ma mère ne m'a pas élevé
comme ça.
M. Brassard: ...il y a un terme encore plus cru qu'arrogant.
M. Pagé: Je vous invite à vous en priver, parce
qu'il serait non fondé.
M. Brassard: Oui, je vais m'en priver, oui, parce que...
M. Pagé: II serait non fondé.
M. Brassard: Je ne suis pas sûr qu'il serait non
parlementaire mais, en tout cas, arrogant dit bien ce que ça veut dire,
et ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne, ce n'est pas comme ça
qu'on légifère.
Alors, aujourd'hui le ministre nous implore; aujourd'hui, le ministre
vous fait venir en commission pour... Oui, oui, oui. Le ministre vous fait
venir aujourd'hui en commission parlementaire pour qu'on se sente l'objet de
pression de façon à faire adopter le projet de loi 100 à
la toute dernière minute, à toute vitesse.
M. Pagé: Comme si, M. le Président, je voulais
créer des pressions, comme si je voulais faire de l'intimidation.
M. Claveau: Question de règlement. Qui a la parole, M. le
Président? C'est une question pertinente.
M. Pagé: C'est vous qui l'avez actuellement.
M. Brassard: C'est une façon cavalière de
légiférer, c'est ce qu'il faut qu'on sache aussi, une
façon cavalière de légiférer. Je n'accepte pas et
je n'accepterai pas non plus qu'on légifère de cette façon
quand on a un projet de loi de cette importance. Ce ne sont pas deux ou trois
petits mots qu'on change dans une loi ici. On introduit du droit nouveau, on
modifie de façon substantielle les règles et les
paramètres en termes de protection et de zonage agricole, il n'y a pas
eu une seule commission parlementaire et les intervenants n'ont pas
été invités. Pourquoi? Parce que le ministre a
refusé. C'est Important de le dire aussi cela. La semaine
dernière en plus... Le président, M. Proulx, a le droit aussi de
savoir que la semaine dernière, pendant cinq jours - et cinq jours en
fin de session, cela veut dire pas mal d'heures - son leader, à lui, n'a
pas appelé le projet de loi. On aurait pu étudier...
M. Pagé: On négociait à ce moment-là
avec les municipalités.
M. Brassard: Que vous négociiez avec tes
municipalités, cela ne me regarde pas. Que le ministre et que le pouvoir
exécutif négocient dans les bureaux du ministère des
Affaires municipales avec les unions municipales, je vous l'ai dit ce matin,
cela ne me regarde pas. Ce qui me regarde, je suis un parlementaire, je suis
membre d'une commission parlementaire et de l'Assemblée nationale, ce
qui m'intéresse, dis-je, c'est ce qui se passe à
l'Assemblée nationale. Ce n'est pas ce qui se passe dans les couloirs ou
les coulisses du pouvoir exécutif. J'appartiens au pouvoir
législatif. Or, cela m'apparaissait légitime, normal,
régulier, répondant et correspondant aux traditions
démocratiques de ce Parlement qu'on tienne des audiences
particulières, même pas une consultation générale.
On a été raisonnables dans nos demandes, on ne demandait pas une
consultation générale. Des audiences particulières qui
auraient duré pas plus d'une journée pour entendre les
différents intervenants Vous ne trouvez pas cela raisonnable, vous? Je
m'adresse à mes collègues. C'était raisonnable cela. Il
avait juste à dire oui, II y a deux semaines. Ce serait fait.
Déjà, ce serait fait depuis fort longtemps et on serait rendus
pas mal plus loin dans l'étude du projet de loi. Si on n'est pas rendus
plus loin, il en est I'unique et le seul responsable à cause de son
mépris à l'égard des traditions démocratiques de ce
Parlement, à cause de son mépris à l'égard de la
position, à cause de sa façon cavalière inqualifiable de
légiférer. Ce n'est pas comme cela qu'on fait des lois dans ce
Parlement. Vous allez l'apprendre et c'est important que vous l'appreniez.
M. Pagé: M. le Président, une chose, très
brièvement.
Le Président (M. Richard): Je me permettra! juste une mise
au point seulement, M. le ministre. Vous êtes toujours à ce
moment-ci, je pense...
M. Pagé: Sur l'article 3.
Le Président (M. Richard): ...aux discussions
amicales.
M. Pagé: Ah oui! Et elles vont se vouloir très
amicales, M. le Président. Vous savez que je suis un grand
démocrate. Mon expérience le démontre très
clairement, ici, à i'Assemblée. La semaine dernière, on
n'a pas pu siéger parce que j'étais à négocier avec
l'Union des municipalités régionales de comté et l'Union
des municipalités du Québec. J'ai maintenu un contact constant et
étroit avec l'Union des producteurs agricoles. L'Union des producteurs
agricoles n'a pas demandé de comparaître en commission
parlementaire. L'Union des producteurs agricoles est en contact constant avec
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et a
contribué de façon utile à la bonification de la loi qui
est actuellement déposée. Je veux saluer le propos du
député du comté de Lac-Saint-Jean. Le député
de Lac-Saint-Jean vient de faire son petit tour de piste. Il a sorti...
Probablement qu'il se sentait un peu ce soir en nostalgie avec les cours de
théâtre qu'il a pris lorsqu'il était étudiant, sa
contribution... C'était un peu théâtral votre intervention.
Cela va bien avec la période des fêtes.
M. Brassard: Cela va avancer plus vite pas mal. Continuez comme
cela.
M. Pagé: Cela va très bien avec la période
des fêtes. Cela va contribuer à vous donner cette pratique
théâtrale d'avant Noël.
M. Brassard: Quant au cheminement du projet de loi, c'est pas
mal.
M. Pagé: Cette pratique va très certainement
contribuer à vous rendre un peu plus serein, un peu plus calme et votre
famille s'en sentira fort aise lorsque vous arriverez le 24 décembre au
matin avant de quitter le 25 au soir.
M. le Président, nous sommes prêts à continuer et on
va entendre maintenant, je crois, le député d'Ungava qui,
même s'il n'a pas beaucoup de producteurs ou de productrices agricoles
dans son comté, s'est senti une vocation nouvelle ce matin parce qu'H
est avec nous aujourd'hui pour parler d'agriculture. Bienvenu dans le monde
agricole, M. le député. Nous sommes honorés que vous soyez
avec nous et je vais vous entendre avec beaucoup d'intérêt et
beaucoup d'attention.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava.
ML Claveau: Si le ministre veut embarquer là-dedans, je lui ferai
remarquer que le ministre de l'Énergie et des Ressources n'est pas dans
le comté qui est ie plus grand producteur d'énergie et de
ressources au Québec et c'est pourtant le ministre de l'Énergie
et des Ressources.
M. Pagé: Bah!
M. Claveau: Des centrales hydroélectriques dans le
comté de Mont-Royal, je n'en ai pas beaucoup vu. Je ne sais pas si vous
en connaissez, vous. Vous savez, M. le Président, lorsqu'on
légifère et lorsqu'on...
M. Pagé: Le député est
électrisant.
M. Claveau: ...est élu, nous avons le droit et le devoir
de légiférer et de nous prononcer sur l'ensemble de la
législation qui affecte l'ensemble de nos concitoyens.
M. Pagé: Oui. Je suis d'accord avec vous. Je vous ai dit:
Bienvenu. On est heureux.
M. Claveau: Alors, j'ai déjà eu l'occasion de
parler au ministre là-dessus en Chambre... (20 h 45)
M. Pagé: Ce n'est pas poli de montrer du doigt comme cela.
Votre mère a dû vous l'enseigner.
M. Claveau: M. ie Président, le ministre est en train de
travailler effectivement pour accélérer de beaucoup son projet de
loi.
Des voix: Ah oui.
M. Claveau: Vous voyez la façon dont il traite
l'Opposition. Si c'est comme ça qu'H veut être traité, il
n'a qu'à nous le dire, cela va prendre du temps.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez...
M. Claveau: C'est moi qui ai la parole et le ministre ne cesse de
(n'interrompre.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député d'Ungava.
M. Claveau: Ce qui dénote son peu de respect pour
l'Opposition d'ailleurs.
Une voix: Son éducation.
M. Claveau: Je voudrais en profiter pour saluer les membres de
l'UPA qui sont ici avec nous, ce soir, et en même temps pour leur dire
que nous de l'Opposition, de toute évidence, avons fait la preuve par le
passé que nous étions
très attachés au monde agricole. S'il y a aujourd'hui une
loi qui protège le territoire agricole, ce n'est sûrement pas
attribuable au gouvernement actuel.
Une voix: Non, ils ont voté contre. M. Claveau: Ils
ont voté contre.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: C'est sur mon temps de parole.
Le Président (M. Richard): Alors, cela va. Je tenais
à vous le spécifier pour ne pas qu'il y ait
d'ambiguïté.
M. Claveau: Oui, c'est sur mon temps de parole, M. le
Président, n'ayez crainte. Je voudrais aussi le dire et le redire, parce
que cela ne semble pas suffisamment clair encore dans la tête du
ministre. Lorsqu'un projet de loi est déposé devant le Parlement,
elle appartient au Parlement et aux parlementaires qui forment ce Parlement.
Les parlementaires qui ont à travailler sur cette loi ont le droit
d'être Informés et de faire le travail de la façon la plus
conséquente, la plus positive, la plus objective, la plus
complète possible pour s'assurer que ce qui est écrit dans le
projet de loi dit bien ce qu'il doit dire et que les intérêts de
l'ensemble de la population soient respectés et non pas
nécessairement et uniquement les intérêts du groupe de
pression qui revendique la loi elle-même. Si on ne prenait en
considération que les intérêts spécifiques des
groupes de pression, on Irait vite vers l'anarchie.
M. le Président, lorsque l'Opposition a demandé d'entendre
les représentants des différentes instances
Intéressées par le projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole, il est bien évident que
c'était d'abord et avant tout pour se donner les moyens de faire le
meilleur travail possible. N'ayant pu, à cause des décisions
ministérielles, Interroger en commission parlementaire, à une
consultation particulière, les différents
Intéressés et apprenant que le ministre a, d'autre part, fait sa
consultation en catimini, à sa guise, sans respecter les règles
du parlementarisme, eh bien, il est de notre devoir d'interroger maintenant le
ministre publiquement sur ses consultations, sur sa façon de voir, sur
les tenants et aboutissants des différents articles du projet de loi en
question.
Comme je l'ai dit au ministre, nous allons prendre tout le temps
nécessaire pour pouvoir le faire en législateurs conscients et
responsables des résultats que peut avoir l'application d'une loi
semblable. C'est tout. Le ministre et les différents intervenants
doivent aussi comprendre, et je pointe par en haut, M. le ministre. Vous avez
dû remarquer. Je fais bien attention. Je suis certain que vous ne vous
ramasserez pas au ciel, parti comme vous êtes là.
Des voix: Ha, ha. ha!
M. Claveau: II est clair, et cela doit être clair dans la
tête de tout le monde, que les membres de l'Opposition dans le Parlement
du Québec, comme dans n'importe quel Parlement au monde, sont des
législateurs à part entière qui ont été
élus de la même façon que ceux qui composent le
gouvernement, qui ont les mêmes droits et les mêmes
privilèges en tant que parlementaires. Il est inadmissible que le
gouvernement, par le poids du nombre, s'abaisse ou se comporte de façon
à abaisser et à ridiculiser l'Opposition qui a été
élue de la même façon, aussi démocratiquement et qui
représente une partie importante des intérêts de la
population. S'il y a des gens qui ont voté pour ceux qui se retrouvent
dans l'Opposition, ils ont le droit d'être représentés et
jamais, dans aucun Parlement, l'Opposition ne s'est laissée rabrouer,
damer le pion, bafouer et ridiculiser par le gouvernement en place.
Ce gouvernement essaie de créer sa propre opposition, pour la
rendre inopérante, chaque fois que l'Opposition veut intervenir, il
tente de la ridiculiser et de démontrer qu'on veut perdre du temps. Non,
M. le Président, je ne l'accepte pas et ne l'accepterai Jamais. Nous
avons un travail de législateur à faire. Si le ministre ne nous
donne pas les moyens de le faire autrement qu'en le questionnant dans
l'étude article par article, c'est ce que nous allons faire.
J'étais hier soir, M. le Président, à la commission
des institutions, je crois, qui étudie le projet de loi concernant les
caisses de dépôt et les Institutions financières,
demandé entre autres par les caisses populaires Desjardins. Vous savez
que l'Opposition travaille avec toutes les notes et les commentaires qui sont
disponibles au ministre. C'est ce que j'appelle de la collaboration. Les
cahiers de notes, toute la documentation, tout l'argumentaire qui sont entre
les mains du ministre ont été tranmis à l'Opposition, afin
de pouvoir faire un travail raisonnable. Et sur un projet de loi de 600
articles, on en est à 450 ou 500 articles adoptés au moment
où on se parle. Parce qu'il y a là un ministre qui a compris
qu'il fallait collaborer et faire un travail honnête avec l'Opposition,
que la meilleure façon de faire avancer un projet de loi n'était
pas de travailler en catimini et de cacher ses véritables
intérêts ou intentions à l'Opposition; mais, bien au
contraire, il avait avantage a donner ses notes, à faire part de ses
consultations, de l'ensemble de sa documentation aux députés de
l'Opposition, pour leur permettre de faire un véritable travail et ainsi
avancer dans l'étude d'un projet de loi.
Le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
n'a pas compris cela, 1 reste une façon pour l'Opposition de faire
avancer le dossier dans sa compréhension et de
légiférer honnêtement, non pas uniquement sur les
prétentions et la parole du ministre. On n'est pas là pour
légiférer sur des prétentions, des intentions, des
principes plus ou moins définis, mais pour légiférer sur
des données précises, pour établir des documents qui, une
fois adoptés, vont réorienter le comportement de certains de nos
contribuables. Cela ne se fait pas sur des paroles et des intentions et
prétentions dont on ne connaît pas les fondements. C'est pour cela
que la dernière instance qu'il nous reste pour légiférer
honnêtement, c'est de questionner le ministre, de lui tirer les vers du
nez, pour prendre une expression populaire. Comme il ne nous a pas
laissé d'autres moyens, eh bien, il va s'en faire tirer des vers du nez,
parce qu'on n'a pas fini de le questionner. C'est clair? Il ne veut pas nous
donner de moyens pour travailler, il veut nous faire des cachettes, modifier
son projet de loi en consultant l'un et l'autre en passant hors des instances
gouvernementales, là il va devoir répondre à nos
questions, et s'il ne le veut pas, il devra nous endurer longtemps et il
prendra son projet de loi lorsqu'il pourra le prendre, faute d'avoir voulu
collaborer avec l'Opposition.
Nous ne permettrons jamais que l'on ridiculise cette partie importante
du fonctionnement de notre parlementarisme, commme ce gouvernement le fart, et
en particulier le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, qui ne cesse de ridiculiser le comportement de l'Opposition
depuis qu'il a ouvert cette commission parlementaire.
De plus, il ose dire "jamais". Si c'est vraiment jamais, qu'il ait un
comportement, des propos qui soient raisonnables et respectables du
parlementarisme traditionnel dans lequel nous sommes habitués de vivre
au Québec. C'est tout. Là-dessus, il peut être certain que
nous allons prendre le temps qu'il faut pour le questionner, et plutôt
deux fois qu'une, pour être bien sûrs de connaître toutes ses
intentions et ambitions cachées qu'il pourrait y avoir derrière
le projet de loi. Car son comportement nous porte à croire, dans la
mesure où il n'a jamais voulu nous livrer l'information, où II
n'a pas accepté, il nous le disait, l'UPA n'a pas voulu se
présenter, il ne lui a pas demandé de se présenter en
commission parlementaire. Ce n'est pas à l'UPA à demander
à se présenter en commission parlementaire, lorsqu'on
étudie un projet de loi. Si les parlementaires prétendent
à juste titre qu'ils ont à entendre l'UPA ou quelque autre
instance intéressée, c'est à nous de les convoquer, et
qu'elles viennent s'asseoir et discuter. C'est comme cela que ça marche.
Qu'on ne renverse pas la vapeur, qu'on n'essaie pas de dire qu'on ne les a pas
convoqués parce que ces gens ne voulaient pas venir. Non, si on a
prétendu qu'on devait les entendre pour pouvoir légiférer
à juste titre et avec toute l'information nécessaire, c'est
à eux de venir se faire entendre, s'ils ont quelques choses à
dire, et à nous de questionner à volonté, non pas en
catimini, non pas en cachette, non pas en dehors des micros, non, devant les
micros, au public, au grand jour, pour connaître les véritables
intentions, autant de l'UPA que de toutes les autres instances
Intéressées, municipales ou autres. Dans ce sens-là, le
ministre a une argumentation très peu respectueuse des droits des
parlementaires en cette salle, et même la plupart de ses
députés, j'en suis convaincu, auraient bien aimé, aussi,
au lieu de se fier uniquement sur sa parole, pouvoir entendre les intervenants
des groupes intéressés, pour voir exactement jusqu'où
porte ce projet de loi, à moins qu'ils aient décidé de
voter aveuglément sur ce que le ministre leur dit, et il leur
appartiendra de nous l'expliquer plus tard.
Quant à l'amendement, M. le Président, puisqu'il me reste
sûrement quelques minutes pour en parler, j'ai eu l'occasion de le dire
cet après-midi, il serait dommage d'enlever la possibilité qu'il
y ait plusieurs commissaires pour travailler sur une cause, dans la mesure
où, il me semble, c'est là une façon d'établir une
mécanique de concertation, une mécanique de
collégialité qui permet d'avoir des causes qui puissent se
concorder l'une à l'autre, dans la mesure où plusieurs causes
semblables peuvent se présenter et qu'un minimum de concordance serait
pour le moins nécessaire, et, d'autre part, pour éviter aussi
qu'il y ait un amoncellement de plaintes qui se retrouveront devant la
commission d'appel, comme c'est le cas actuellement. J'ai donné
l'exemple de la CSST où il y a plus de 8000 plaintes en suspens,
actuellement, avec au moins 18 mois d'attente.
L'amendement qui est sur la table est très clair. On dit: En
règle générale, on continue de fonctionner avec deux
commissaires. Jusqu'à maintenant, il n'y a rien qui prouve que cela ne
fonctionne pas a deux commissaires. Et s'il y a quelque retard ou quelque
délai supplémentaire, c'est probablement meilleur comme
ça, cela permet qu'il y ait une discussion ou une dynamique
différente d'une relation d'individu à individu, mais une
dynamique de collectivité qui s'installe, qui permette de pouvoir
dégager l'essence même du problème. Vous savez, on dit
souvent que deux têtes valent mieux qu'une, c'est probablement vrai,
aussi, dans le cas présent.
Si, par hasard, les deux parties ou les diverses parties, dans un
même litige, sont toutes d'accord pour que la cause soit entendue par un
seul commissaire, à ce moment-là, on dit: Oui, d'accord, par
notre amendement, suite à la demande conjointe en ce sens par les
parties intéressées, certes, il sera possible que ce soit un seul
commissaire. Pourquoi pas? D'accord; mais pas d'accord n'importe comment.
La structure actuelle ne permet pas de croire que ce n'est pas efficace
à deux commissaires. On nous a dit qu'il y a du travail pour tout le
monde, tant mieux. Le ministre nous
disait môme que d'avoir moins de commissaires, ça se
justifiait, parce qu'il y avait moins de plaintes, c'était moins
compliqué qu'au début. C'était bien évident que
toute la période de mise en application de la Loi sur la protection du
territoire agricole Impliquait un manque de compréhension et un manque
d'une dynamique de rodage de la part de tout le monde, c'est clair, on
s'entend. Mais, on dit: D'accord, peut-être que le ministre a raison de
dire qu'on n'a plus besoin de seize commissaires, qu'on en aura assez de dix.
Peut-être. Bien que la démonstration qui nous a été
faite par le président de la commission, tout à l'heure, laissait
croire qu'il y avait amplement de travail pour seize commissaires. D'accord,
peut-être qu'à dix, ils pourront fonctionner, cela a
été voté; contre notre point de vue, mais cela a
été voté.
Maintenant qu'on en met dix, que l'on ne brise pas la dynamique
actuelle. On est en train d'établir une dynamique entre Individus. Cela
me fait peur. Je me demande comment il se fait que le ministre de
l'Énergie et des Ressources, même s'il n'a pas de centrale
hydroélectrique sur son territoire, même s'il ne produit pas de
gaz naturel sur son territoire du comté Mont-Royal, comment se fait-il
que dans sa Loi sur la Régie du gaz naturel au Québec, il ait
maintenu le principe de plusieurs commissaires pour entendre une cause? Oui.
Vous vérifierez. Il a maintenu le principe, même si on a refondu
la loi dernièrement, parce que lui-même était d'accord avec
ça, de dire c'est plus certain de pouvoir aller à la quintessence
du problème s'il y a plusieurs têtes qui en discutent. (21
heures)
Comme je le disais, il ne s'agit pas de juger si c'est bien ou si c'est
mal, il ne s'agit pas de donner une sentence de huit mois, dix mois, douze mois
de prison, il ne s'agit pas de savoir s'il a conduit en état
d'ébriété ou non; ce n'est pas si clair que ça.
Est-ce qu'il a tué à minuit moins cinq ou à minuit et
cinq, alors que la chasse ouvrait à minuit? Ce n'est pas si clair que
ça. Ce sont des causes qui peuvent être longues, où il peut
y avoir des documentations diverses, il peut y avoir besoin d'analyse, de
concertation, ce sont des causes dans lesquelles on se retrouve souvent dans
des zones grises, parce que si ce n'était pas des zones grises, on
n'aurait pas besoin de se prévaloir de ça, ça serait
facile à régler. Mais, dans le cas de la protection du territoire
agricole, ce sont des causes qui, dans bien des cas, sont d'analyse à
l'intérieur d'une zone grise où justement on ne sait pas comment
la définir. En ce sens, deux têtes valent mieux qu'une.
M. Pagé: On parle des zones vertes.
M. Claveau: Si le ministre veut jouer sur les mots, libre
à lui de le faire, mais il a très bien compris ce que je voulais
dire, à moins que la matière grise ne soit son
problème.
Alors, c'est ça et c'est pour ça que nous
prétendons qu'il est préférable, en première
instance, de donner le premier choix à un arbitrage à deux. Et,
si les intervenants, les parties Impliquées acceptent et disent. C'est
d'accord, un serait suffisant, à ce moment-là, on y va avec un,
en s'entendant bien que, de cette façon, dans cette conjoncture, le
jugement ou la décision prise par cet unique commissaire sera
probablement acceptée par tout le monde et ne se retrouvera pas
nécessairement devant la commission d'appel.
Mais, mol, il y a une chose que je dis au ministre. S'il fonctionne avec
un commissaire, mur à mur, toujours, à moins de cas
spécifiques où il pourrait peut-être en mettre deux, parce
que les négociations avec les MRC, on sait que ça en prend trois
ou quatre, ça c'est un autre problème, mais dans des causes plus
circonscrites, qui sont moins globales en termes d'impact territorial, s'il
fonctionne avec un sur un litige particulier, des litiges d'individus, des
litiges de voisins, de fermes voisines, des litiges d'un propriétaire
avec une municipalité, un permis de construction versus un individu,
à ce moment-là, moi, je peux vous dire qu'il va se retrouver
à peu près tout le temps devant la commission d'appel, parce que
partout ailleurs l'histoire le prouve. On démontre que, quand il y une
chance de revenir en appel pour gagner sa cause, on essaie d'y aller, parce que
ce sont souvent des sommes importantes qui sont impliquées dans ces
décisions. Il y a souvent de gros intérêts qui sont
Impliqués dans ces décisions. C'est rare que c'est pour une
histoire de clôture à 100 $ II y a des intérêts assez
particuliers, des intérêts de promoteurs immobiliers, des
intérêts d'agriculteurs qui, éventuellement seraient
intéressés à vendre ou à lotir certaines parties de
leur ferme, des intérêts quant au potentiel de productivité
agricole, des intérêts quant à la construction de
bâtiments, de bâtisses additionnelles, des intérêts
quant au passage de route, etc., etc., etc. Alors, ce sont des
intérêts qui, dans la grande majorité des cas, ne se
résument pas à quelques sous et, dans ces conditions, je peux
vous assurer que. si vous vous retranchez derrière une décision
qui, en règle générale, va être prise par un seul
commissaire, à tous les coups, vous allez vous retrouver devant la
commission d'appel. Je pense que, dans l'intérêt de tout le monde,
c'est ce qu'il serait probablement mieux d'éviter. Je pense qu'au lieu
d'accélérer le processus, on va se retrouver encore là
devant un processus qui sera beaucoup plus long, beaucoup plus coûteux et
beaucoup plus pénible pour tout le monde.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député d'Ungava. M. Desbiens, député de Dubuc,
avez-vous l'intention d'intervenir?
M. Desbiens: Oui, Je pensais que le ministre devait
répondre.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse! Au
préalable, M. le député de Berthier, vous avez une
question à poser?
M. Houde: Si vous le permettez, M. le Président, je
voudrais poser une question au député d'Ungava.
Le Président (M. Richard): Vous êtes d'accord, M. le
député d'Ungava?
M. Claveau: Bien, si le député de Berthier a
quelque chose à dire...
Le Président (M. Richard): Allez-y, M. le
député de Berthier.
M. Houde: Ce qu'on veut savoir, c'est si vous êtes d'accord
ou non. Lorsque vous avez avancé tantôt, M. le
député d'Ungava, que vous pouviez poser des questions au ministre
et qu'il pourrait vous répondre, est-ce que vous en avez posé
auxquelles il ne vous a pas répondu jusqu'à maintenant, depuis le
moment où l'on a commencé, depuis 20 heures? Est-ce que vous avez
posé des questions au ministre? Parce que vous avez dit: On va lui poser
des questions et il va falloir qu'il nous réponde. Est-ce que vous lui
en avez posé, des questions? Pour avancer dans le dossier,
là.
On traite du projet de loi 100 et on voudrait donner satisfaction aux
demandeurs dans le champ. Là, de la façon dont vous vous
comportez depuis le tout début, c'est complètement le contraire,
parce que ce soir vous dites qu'on va avancer dans l'étude article par
article et vous discutez sur un amendement. Si vous voulez vous reporter -
peut-être que je vais un petit peu vite - à l'article 22 que l'on
a devant nous, au paragraphe 79.5, pour vous sécuriser un peu pour les
commissaires, vous pouvez regarder l'article 79.4... mais je vais vous lire
l'article 79.5:
Une voix: Allez-y.
M. Houde: "Le commissaire peut convoquer les parties et les
intervenants pour obtenir leur point de vue." Cela éclaire des gens.
Vous voulez convoquer des gens pour avoir des informations, le commissaire,
lorsque ce ne sera pas clair dans son esprit, pourra convoquer, avec le
comité en place, et pourra entendre les personnes. Je pense que c'est
une bonne chose.
Vous pouvez toujours continuer à intervenir encore pendant 20
minutes, comme vous le voudrez, pour perdre encore du temps, ne pas avancer,
c'est votre choix, mais vous devrez vivre avec ensuite, par exemple. Merci,
j'ai fini.
M. Pagé: C'est pertinent, M. le Président, le fait
que le député ne m'ait posé aucune question. Je comprends
qu'il a voulu faire son petit tour de piste, il s'est enregistré sur le
pilote automa- tique pour parler pendant quelques minutes, et B s'est fait
aller, cela a été ce que j'appelle - sans aucune
vulgarité, vous savez que la vulgarité est loin de moi - la valse
des babines agissantes, et y a parlé pendant 20 minutes.
M. Claveau: C'est le droit de l'Opposition. Écoutez-le,
ça recommence.
M. Pagé: Cela dit, il dit, avec beaucoup de
véhémence: Le ministre va devoir répondre à nos
questions. Si vous voulez que je réponde à vos questions, vous
devriez m'en poser.
M. Claveau: Étant donné qu'il me reste encore
sûrement un peu de temps sur mon intervention...
M. Pagé: Non, il n'en reste plus.
M. Claveau: ...je n'ai pas pris mes 20 minutes.
M. Pagé: À votre prochain petit tour de piste. Vous
étiez sur le 45 tours tantôt, quand vous embarquerez sur le 33
tours vous me poserez des questions.
M. Desbiens: M. le Président, il a été
interpellé...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse,... M. Desbiens:
...Ha accepté de répondre.
M. Pagé: Oh! Le député de Dubuc qui sort de
ses gonds.
Le Président (M. Richard): Juste un Instant. M. le
député d'Ungava, M. Claveau, vous avez le droit, si vous voulez,
de répondre, mais le plus brièvement possible, s'il vous
plaît, à la question du député de Berthier.
M. Claveau: Je voudrais simplement rappeler au
député de Berthier que le travail en commission parlementaire se
compose de plusieurs phases. Il a des phases de questionnement, du droit
d'amendement, il y a un règlement qui régit les activités
de la commission parlementaire, I y a aussi un devoir d'argumentation pour
essayer de convaincre, même si les oreilles sont bouchées bien
dur. Alors tout cela fait partie du travail du parlementaire en commission
parlementaire. Et le ministre ne perd rien pour attendre, les questions vont
venir en temps et lieu; on l'a questionné tout l'après-midi, il
ne pouvait même pas répondre, il a passé la parole au
président, qui a répondu très honorablement et
complètement à nos questions. Le ministre, faute d'être
capable de répondre lui-même, ne connaissant pas son dossier,
alors... et il va y en avoir d'autres questions semblables.
M. Pagé: Est-ce possible!
M. Claveau: On va questionner, mais on va aussi argumenter, faire
valoir notre point de vue...
M. Pagé: Est-ce possible! L'incarnation vivante de la
méconnaissance.
M. Claveau: J'ai la parole, M. le Président? Le ministre
pourra toujours la demander.
Le Président (M. Richard): Vous l'avez, oui.
M. Pagé: Continuez, de toute façon, personne ne
vous écoute, mais ceux qui vous écoutent constatent que vous
êtes l'incarnation vivante de la méconnaissance.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava, vous avez la parole.
M. Claveau: Si le ministre est Intéressé, je
pourrai toujours déposer devant la commission certains de ses propos,
alors qu'il était lui-même dans l'Opposition, il pourra se rendre
compte, et les membres de la commission sauront ce que c'est que du blocage
systématique, car c'était un spécialiste en la
matière dans son temps.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, c'est toujours en
fonction de la question du député de Berthier.
M. Claveau: On les déposera les textes. M. Pagé:
Allez, allez! Envoyez!
M. Claveau: II va voir comme il avait l'air intelligent quand il
questionnait dans l'Opposition.
M. Pagé: C'était tellement bien fait qu'on vous a
battus.
M. Claveau: Vous nous avez battus sur des promesses, et on voit
ce que cela donne aujourd'hui avec votre loi 101.
M. Pagé: Alors le vibrant député de Dubuc,
M. le Président, est prêt, je pense qu'il s'est motivé tout
l'après-midi.
M. Claveau: Je voulais tout simplement terminer la réponse
au député de Berthier en disant qu'il ne perd rien pour
attendre...
M. Pagé: On l'écoute avec toute l'emphase qui le
caractérise, toute la vigueur qui l'identifie.
M. Claveau: ...et que ce que nous faisons est
réglementaire et régi pas la loi de l'Assemblée nationale
dans les cadres du règlement. Il n'y a pas de suspension des
règlements, en ce qui concerne les commissions. Notre droit de
questionner est conjoint, lié à notre droit d'argumenter, et nous
allons le faire dans les normes du règlement, à notre guise, et
ce n'est pas lui qui va diriger notre façon d'être dans
l'Opposition.
Le Président (M. Richard): En conclusion. M. le
député d'Ungava, si vous plaît. Avant, si vous le
permettez, M. le député de Dubuc. de passer à votre
intervention, à cause du principe d'alternance, est-ce un
commentaire?
M. Messier: Non, pas un commentaire, c'est une intervention.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Hyacinthe, faites votre intervention.
M. Messier: Merci.
Le Président (M. Richard): Vous avez droit à un
maximum de 20 minutes.
M. Messier: Non, ce sera moins que cela, je ne voudrais pas
abuser du temps. Je veux saluer la présence de M. Chagnon, qui est le
président de la fédération de Saint-Hyacinthe. Je voudrais
intervenir, en saluant M. Chagnon, auprès de M. Blain, le
président de la commission. Combien y a-t-il de députés
qui ont assisté à une audience de la Commission de protection du
territoire agricole? Je l'ai fait à une reprise, en trois ans Dans le
cas de la Louisiane, de Saint-Hyacinthe, il y avait urgence. Cela m'a permis
d'acquérir cette connaissance du fonctionnement de la commission, et
cela me permet d'intervenir sur cet article.
Il y avait deux commissaires présents un dossier très bien
monté. I! y avait quatre ou cinq intervenants dans le projet de la
Louisiane, chaque intervenant du côté municipal. les demandeurs
étaient les promoteurs de la Louisiane. Il y avait aussi des avocats qui
ont fait la plaidoirie. Cela s'est fait d'une façon très
informelle. Les deux commissaires ont entendu la cause et l'ont prise en
délibéré. Ils ont rendu une décision sur le banc.
Il semble que ce sort relativement rare. Mais à vrai dire, lorsque les
deux commissaires ont pris la chose en délibéré, un seul
commissaire a pu faire le travail et d'une façon très efficace,
très compétente, parce que le dossier, au point de vue des
techniciens qui travaillent à la commission, était très
bien monté. Il y avait toutes les décisions rendues au
préalable. La seule chose qu'ils ont faite, Us ont statué sur des
points très techniques. De mémoire, tout est enregistré,
comme ici. Ce qui fait en sorte que lorsqu'il arrive matière à
contestation, cela peut être repris en délibéré.
Mais ce que je voudrais dire, c'est que j'ai participé à
cela, j'ai trouvé cela très favorable. Je ne sais pas si vous
l'avez fart, les gens de l'Opposition. Du côté ministériel,
je ne le sais
pas. Mais ce serait peut-être intéressant d'aller voir sur
place, d'aller dans une de vos causes de cas de comté et de regarder
comment cela fonctionne. Vous allez voir qu'un seul commissaire est capable de
rendre une décision de façon équitable pour l'ensemble des
parties. J'ai trouvé cela fantastique de rendre une décision sur
le banc, comme cela. Il y avait urgence et j'ai salué la
compétence des commissaires sur ce point très précis.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Donc, M. le député de
Dubuc, vous avez la parole pour les 20 prochaines minutes.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. J'interviendrai dans
le sens que l'ont fait mes deux collègues, celui de Lac-Saint-Jean et
celui d'Ungava. C'est important de situer le contexte dans lequel les
parlementaires sont appelés à discuter et à travailler
à la réalisation d'un projet de loi. C'est bien important que ces
parlementaires aient en main toutes les informations et connaissent toutes les
facettes d'un projet de loi.
Comme je le disais la semaine dernière ici même, à
cette commission, on a fait une proposition demandant au ministre de convoquer
l'Union des producteurs agricoles du Québec, l'Union des
municipalités régionales de comté, de même que
l'Union des municipalités du Québec ici, en commission
parlementaire, pour nous éclairer. J'ai fait remarquer au ministre et
à mes collègues de la commission que tous les parlementaires ne
pouvaient pas être des experts dans tous les domaines. Si on veut faire
un travail le moindrement sérieux, dans un domaine où on n'est
pas ou peu connaissant, il est d'autant plus important qu'on puisse recevoir de
ceux qui sont les premiers agents de l'information des explications, des
réponses à des questions qui se posent normalement pour tout
député qui a l'intention d'accomplir la tâche pour laquelle
les citoyens lui ont confié un mandat. Ce que je disais, c'est que
certains députés, sans doute agriculteurs de profession, n'ont
sans doute pas besoin d'avoir des éclairages de l'Union des producteurs
agricoles pour accomplir leur tâche convenablement. Ou, dans le cas des
municipalités, j'avais à côté de moi à ce
moment mon collègue, le député de Jonquière, le
maire des maires, qui n'avait peut-être pas besoin d'un éclairage
supplémentaire de la part des représentants de l'Union des
municipalités du Québec pour pouvoir apprécier,
connaître et savoir déjà leurs préoccupations,
connaître aussi l'argumentation et les points qu'il est important de
faire ressortir dans l'étude des articles du projet de loi. (21 h
15)
Par ailleurs, moi qui ne suis ni un agriculteur, qui n'a non plus jamais
été maire comme vous, M. le Président, bien qu'on suive
comme tout législateur intéressé ce qui se passe au moins
dans tes grandes lignes, on n'est pas autant en mesure d'avoir un apport aussi
complet aux travaux d'une commission, si on n'est pas en mesure de pouvoir
questionner, de pouvoir demander aux gens qui sont les connaisseurs dans le
domaine et à ceux qui sont directement intéressés par un
projet de loi, par ses conséquences, eh bien, si on n'a pas cette
possibilité, comme parlementaire, on est obligé, à ce
moment-là... on ne remplit pas notre tâche. On ne remplit pas la
tâche. On ne remplit pas la tâche pour laquelle on est ici
délégué par la population. Je disais donc qu'H
était Important, entre autres, pour que tous les parlementaires puissent
participer activement et de façon constructive à la
législation, que nous ayons cette possibilité d'entendre, dans le
cas présent de l'étude de la Loi sur la protection du territoire
agricole, contre laquelle, d'ailleurs, je me souviens très bien,
même si Je ne participais pas à cette commission, le Parti
libéral a voté contre à toutes les étapes du projet
de loi, qu'H était nécessaire, pour moi en tout cas, pour que je
puisse remplir ma tâche, de pouvoir rencontrer et recevoir ici l'Union
des producteurs agricoles et l'Union des municipalités du Québec,
afin de pouvoir recevoir l'éclairage que je jugeais nécessaire
pour accomplir ma tâche.
On est à l'étude de l'article portant sur la formation du
nombre de membres, c'est-à-dire qu'ils doivent former une division,
présider les séances, c'est... La loi actuelle dit que: La
commission peut siéger en divisions formées de deux membres, dont
l'un est chargé par le président de présider la
séance. Une division peut entendre toute affaire de la compétence
de la commission et en décider sauf lorsqu'il s'agit d'une demande de
révision prévue à l'article 18 ou d'un cas où la
commission doit fournir un avis. À défaut d'unanimité de
la décision à prendre... Alors, cela nous Indique
déjà que le législateur, lorsqu'il a voté cette
loi, au moment où il a voté cette loi... Et on dit, encore
là - je ne suis pas un avocat - que le législateur ne parle
jamais pour ne rien dire. Alors à défaut d'unanimité, cela
veut donc dire que le législateur prévoyait déjà
qu'H pouvait possiblement y avoir des distinctions et des différences
dans la façon qu'a chaque individu, je pense que c'est normal, de juger
et de porter un jugement sur un litige ou sur un objet quelconque. L'article
disait donc: "À défaut d'unanimité sur la décision
à prendre, l'affaire est entendue par au moins trois membres. Pour cette
audition, un membre de la division n'ayant pas fait unanimité peut
siéger à nouveau." Voilà l'article 7 de la loi actuelle.
C'est ce que dit la loi actuelle.
Aujourd'hui, le ministre arrive et dit: On va changer cette loi, et ce
sera un membre seul qui pourra entendre toute affaire de la compétence
de la commission et en décider, sauf lorsqu'il s'agit d'un cas où
la commission doit fournir son
avis. On sait que les lois ne sont pas parfaites, les lois sont faites
pour être améliorées - elles ne sont pas faites pour
être améliorées, mais elles doivent être
améliorées selon les circonstances et à cause de
l'évolution, sans doute - mais quand vient le temps de les modifier, de
quelque façon que ce soit, et dans le cas présent, en changeant
le nombre de membres qui siègent sur une division, passant de deux
à un seul, il doit y avoir une justification à cette
modification. Cette justification, et mes collègues l'ont
soulevée, mon collègue d'Ungava, entre autres, donnait
tantôt l'exemple des travaux qui sont menés à la commission
des institutions financières, sur un projet de loi aussi très
important et très volumineux, où le ministre responsable - je
pense que c'est la façon normale de procéder des
législateurs - a jugé qu'il transmettait à tous les
membres de la commission les informations les plus complètes possible
qu'il pouvait avoir en main, afin de leur permettre de bien comprendre le
pourquoi des modifications proposées a la Loi sur les institutions
financières et s'assurer ainsi que tous les députés,
comprennent bien... participent bien à la rédaction du projet de
loi. Il y a sans doute dans l'esprit du ministre responsable de cette
commission la manifestation d'une volonté de s'assurer que tous les
aspects possibles de chacun des articles de son projet de loi seraient bien
compris et susceptibles aussi, en cours de route... Donc, il accepte, dans son
esprit, que ses propositions soient remises en question, analysées sous
tous leurs aspects et même modifiées -c'est ce qui arrive
d'ailleurs dans cette commission - si, à la lumière de toute
cette discussion faite en groupe entre les députés, le ministre
et ses fonctionnaires sortent de cette commission avec une loi qui
réponde le mieux possible... Quand on dit: le mieux possible... On sait,
M. le Président, que de toute façon, il y a toujours des choses
qui nous échappent, même si on y met toute l'attention et toute la
bonne volonté possible. Donc, sortir au moins avec la satisfaction
d'avoir pris toutes les précautions pour s'assurer que son projet de loi
répondra vraiment à la volonté, aux intentions du
législateur, parce que le législateur travaille pour une
population, que ce soit bien adapté aux Intentions, aux besoins de la
population qui aura à se plier ensuite aux exigences de cette nouvelle
loi telle qu'amendée.
Dans le cas présent, l'article 7 de cette loi disait auparavant
qu'il y avait deux commissaires qui devaient siéger en divisions. Le
ministre dit: II n'y en aura plus qu'un seul. Ma première question:
Pourquoi enlever cela? Quelles sont tes réponses que le ministre a
à nous donner? Si on pouvait interroger l'Union des producteurs
agricoles, on lui poserait sans doute cette question. Si on avait eu la
possibilité de recevoir en commission l'Union des municipalités
du Québec, par exemple, c'est le genre de question-Comment ces gens
voient-ils cet article, cette modification? Est-ce que dans l'esprit et selon
son expérience dans l'application de la Loi sur la protection du
territoire agricole, l'UPA trouve que cette modification, ce passage de deux
à un seul membre, est une garantie meilleure, moins bonne? Pourquoi la
modifier? Il y a sûrement des raisons. Le législateur
d'aujourd'hui en modifiant la volonté du législateur de la loi 90
veut dire quelque chose. Cette modification est justifiée par quelque
chose.
À première vue, c'est ce qu'on prétend en apportant
un amendement par la voix du député de Lac Saint-Jean. Deux
commissaires, logiquement, sont supposés fournir un meilleur travail
qu'un seul. C'est susceptible de fournir une décision plus
étoffée, mieux éclairée parce qu'il y a là
deux spécialistes qui siègent actuellement comme commissaires,
mais deux êtres humains qui ont chacun leur vision et leur façon
d'interpréter la loi. Je me souviens... Je sais très bien
à quel point il a été important dans les premières
années... C'est ce que M. le président de la commission nous
soulignait lorsqu'on avait eu l'occasion de le rencontrer, comme il
était important dans les premières années, de ce qu'il
appelait créer une jurisprudence. Pour créer cette jurisprudence,
il était important que les décisions qu'ils étaient
appelés à prendre comme commissaires, comme président,
soient les plus éclairées, les plus étoffées
possible.
Donc, je crois que les deux commissaires qui avaient à travailler
pour porter ces jugements sont mieux en mesure, actuellement, de pouvoir faire
ressortir ou de pouvoir mieux examiner, de pouvoir prendre en
considération un certain nombre de facteurs qui, vus par un, vus par
l'autre, peuvent quand même apporter un éclairage. On dit souvent
que c'est du choc des Idées que jaillit la lumière, alors si deux
commissaires travaillant sur une cause, à partir de leur formation,
parce qu'on sait que les commissaires, quand même, proviennent de... ont
une formation personnelle variée; c'est bien ça? Alors c'est
évident, aussi, que leur jugement ou que leur façon d'aborder un
problème, la façon d'étudier ou d'analyser une situation
sera aussi variable. De la variété, justement, dans la
façon de travailler, d'analyser, d'écouter, d'étudier, va
sans doute naître une réponse ou une explication ou une
décision qui sera certainement différente, quelque peu
différente, au moins au minimum différente l'une de l'autre. Et
j'imagine que les deux commisssaires se parlent entre eux, à ce
momenWà... M. le Président!
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, s'il vous
plaît, un peu...
M. Desbiens: M. le Président, s'il vous plaît! Mon
collègue, le ministre qui...
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Desbiens. C'est que je...
Une voix: M. le député de Desbiens!
Le Président (M. Richard): M. Desbiens,
député de Dubuc; je m'excuse.
M. Desbiens: Je suis très collé à mon
comté!
Le Président (M. Richard): Vous savez, moi aussi, cela m'a
tout à fait désorienté; vous avez tout à fait
raison, M. le député de Dubuc.
M. Claveau: Après 12 ans, il est très
identifié à son comté.
M. Desbiens: Si tu as quelque chose à dire, encore-Une voix:
Oui, je veux que tu l'entendes.
Le Président (M. Richard): Alors vous avez la...
J'espère, M. le député de Dubuc, que cela ne vous
empêchera pas de continuer votre intervention.
M. Desbiens: M. le Président, j'étais à
expliquer que cela m'apparaît, comme législateur, qu'il est
absolument... la loi, telle qu'elle existe, la façon dont les cas sont
étudiés, par deux commissaires, en fait, dans la logique des
choses... Mon collègue disait tantôt: II y en a toujours un peu
plus dans deux têtes que dans une; c'est cela, au fond que cela veut
dire. Cela nous apparaît, encore actuellement, la meilleure façon
que les commissaires puissent juger des cas qui leurs sont soumis.
Pourquoi passer de deux à un? Est-ce qu'il n'y a pas aussi...
C'est une des craintes qu'on exprime de ce côté-ci, c'est une des
questions, également, qu'on aurait pu poser aux membres de l'Union des
producteurs agricoles, si le ministre avait accepté que nous les
recevions, pour pouvoir les écouter, discuter avec eux, comme on aurait
pu également avoir l'opinion des membres de l'Union des
municipalités du Québec pour obtenir leur lumière sur le
sujet. Est-ce que, selon ces groupes, la façon de fonctionner dans les
jugements apportés pour régler les situations à la
commission n'est plus valable? Est-ce que cette modification a
été demandée à partir de justifications qui
viennent d'abord des principaux utilisateurs, soit à partir de l'Union
des municipalités ou de l'Union des producteurs agricoles? Si on avait
eu la possibilité d'avoir ces éclairages, peut-être
qu'aujourd'hui, justement... C'est dans ce sens-là que mes
collègues disaient tantôt au ministre: Si on avait pu recevoir
l'union des... On n'avait demandé que deux groupes: l'Union des
producteurs agricoles et l'Union des municipalités. Comme mon
collègue de Lac-Saint-Jean disait: On n'a pas exagéré, on
a pensé aux deux groupes les plus en mesure et les plus touchés
par les modifications qui sont apportées à la loi. (21 h 30)
Si on avait eu cet éclairage, avant de commencer les travaux de
la commission, on aurait pu poser toute une série de questions,
d'éclaircissements sur l'ensemble des modifications qui sont
apportées par le projet de loi. On aurait pu poser toutes ces questions
aux deux groupements: l'Union des producteurs agricoles, l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté. On aurait pu déjà obtenir un
éclairage qui nous permet de mieux apprécier, dès l'abord,
chacun des articles. C'est en ce sens que mes collègues ont
essayé de dire au ministre tantôt que nos travaux aujourd'hui
seraient sans doute beaucoup plus faciles, plus rapides. La
compréhension serait déjà là.
M. Claveau: Juste une question de règlement.
Le Président (M. Richard): M. le député
d'Ungava, oui?
M. Claveau: Est-ce que le ministre a demandé un
ajournement des travaux?
Le Président (M. Richard): Non, non, pas du tout. M. le
ministre est toujours présent dans la salle.
M. Claveau: II est toujours présent dans la salle? Ah,
pardon? C'est parce que c'est rare qu'on voit le ministre le dos tourné
à la commission. Alors, je n'avais pas remarqué.
M. Blais: Une seconde, s'il vous plaît! Je pourrais faire
une proposition d'entendre les gens de la salle, dont le ministre, pour venir
nous expliquer le projet, s'il vous plaît.
Une voix: Bonjour!
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Dubuc, vous avez des problèmes à exercer votre droit de parole.
Je vous le donne de nouveau.
M. Desbiens: M. le Président, je vous remercie. La remarque de
mes collègues est très justifiée. De toute façon,
que le ministre soit là ou ailleurs, il n'écoute rien. S'il
comprend, peut-être qu'N comprend, mais il n'écoute pas quand
même. Alors, ce n'est pas grave, si on a au moins nos collègues
ministériels qui sont là.
M. le Président, c'est de cette façon que mes
collègues ont essayé de démontrer au ministre que si on
avait pu obtenir... S'il avait accepté qu'on reçoive ces deux ou
trois groupes, selon les deux unions des municipalités qui auraient pu
se présenter ensemble... De cette façon, ayant pu poser les
questions qui nous chicotaient à ces deux groupements et obtenir un
meilleur éclairage, comme le disait mon collègue de
Lac-Saint-Jean, au moment où on se parle, on
serait peut-être plus avancé dans l'étude des
articles du projet de loi. On pourrait aller plus vite, connaissant d'avance
certaines réponses sur une série de questions qu'on n'aurait pas
à se poser, la compréhension étant déjà
là parce qu'on aurait eu le loisir de questionner ces groupes
particulièrement visés par les modifications au projet de loi
actuel, sur la modification qu'on apporte a la loi.
On craint, M. le Président, pour revenir à l'article
proprement dit, qu'un même commissaire... Supposons que c'est un
commissaire qui est plus enclin... C'est quoi, cela? Mon temps est fini? Une
autorisation?
Le Président (M. Richard): Vous pouvez terminer votre
phrase, M. le député de Dubuc. Il n'y a aucun
problème.
Une voix: Consentement pour continuer.
M. Desbiens: En tout cas, je vais poser une question, si vous me
le permettez, pour terminer. Une seule question pour illustrer quand même
ce que je voulais dire. Par exemple, il y a des commissaires qui peuvent
être plus larges que d'autres dans leur façon de juger d'un cas de
dézonage. C'est normal, c'est possible. Notre crainte, s'il y en a
seulement un... Ceux qui vont tomber toujours avec le commissaire qui, pour
lui, dézoner, cela va bien. En tout cas, c'est plus facile, il est plus
enclin à cela. Malheur à ceux qui vont tomber... Malheur ou
bonheur, selon les cas ou l'endroit où on se place. S'il y en a
seulement un... S'ils sont deux et qu'il y en a un plus enclin à
dézoner, mais l'autre plus rigoureux, plus rigide, il y a un
équilibre qui se fait. Ce sont des craintes qu'on a. C'est pour cela que
mon collègue, le député de Lac-Saint-Jean, et je le
remercie d'avoir présenté cette motion d'amendement parce que
cela m'apparaît Important pour l'amélioration du projet de loi
dont on fait l'étude. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie de votre
Intervention, M. le député de Dubuc. Maintenant, est-ce que
d'autres veulent intervenir sur l'amendement à l'article 3? M. Dufour,
député de Jonquière.
M. Dufour: Vous m'avez reconnu, M. le Président, je vous
remercie. Vous êtes bien bon.
Le Président (M. Richard): Pour les 20 prochaines
minutes.
M. Dufour: Vous êtes bien bon, M. le Président, je
vous remercie. Je suis heureux de pouvoir me libérer d'autres
occupations pour venir intervenir pour la troisième fois, je pense, au
cours de la journée.
C'est un projet de loi qui est Important. Il trouve toute son importance
parce qu'il y a eu une loi, qui s'appelait la Loi sur la protection du
territoire agricole, la loi 90 qui a fait, dans le temps, que les urbains et
même les agriculteurs ont pris conscience de leur valeur respective. Je
pense que c'est une bonne chose de réveiller les situations ou de faire
comprendre cela.
Je pense aussi que personne ne peut mettre en doute la bonne
volonté du monde municipal concernant cette loi, et il a appris à
vivre avec elle. Mais qu'est-ce qui arrive aujourd'hui avec la
présentation de ce projet de loi? C'est qu'on est en train de chambarder
tout le connu, le vécu et la façon de fonctionner de cette
loi.
Mon collègue de Lac-Saint-Jean a présenté un
argument ou un amendement particulièrement intéressant. Je pense
que le ministre devrait sauter là-dessus. Tout à l'heure, j'avais
i occasion de saluer les gens de l'UPA et je leur disais, et je le
répète, je pense qu'il est intéressant de le dire, c'est
qu'il semblerait que c'est l'Opposition qui ne veut pas que le projet de loi
soit adopté mais, dans le fond, c'est le ministre qui ne veut pas que la
loi soit adoptée. Si avait écouté les remarques
préliminaires de l'Opposition, qui a Insisté à maintes et
maintes reprises pour lui demander d'entendre différents intervenants
pour qu'on se fasse une meilleure idée du projet de loi, je suis
convaincu que ce projet de loi serait probablement adopté avec quelques
amendements dont un que je trouve plein de sens, un sous-amendement ou un
amendement que mon collègue de Lac-Saint-Jean vous a
présenté au début de cette séance. Je trouve
important qu'on le fasse dans l'ordre et qu'on le fasse aussi avec l'accord des
parties. Pourquoi le parlementaire aurait-il comme mission de diviser le monde
municipal et le monde rural? Je pense que là, on fait fausse route. Ce
n'est pas le travail d'un parlementaire ni d'un Parlement d'amener les gens
à d'éternels affrontements. Je pense que le Parlement est
là pour concilier, pour baliser, pour donner des règles et
suggérer des façons de procéder qui Invitent tout le monde
à discuter sur un pied d'égalité, et aussi à mieux
s'accepter. C'est là une force extraordinaire qu'un Parlement a entre
les mains, la concertation et l'action par rapport à ce qui se
passe.
J'ai vécu des commissions parlementaires où des ministres
qui étaient jeunes et manquaient sûrement d'expérience, je
ne parle pas de celui qu'on a, parce qu'il a une grande expérience
parlementaire, mais je peux vous faire part d'une expérience que j'ai
vécue dans une commission parlementaire où un ministre
était prêt à passer sur le dos de tout le monde...
Heureusement, un de mes collègues, dans ma formation, avait, lui aussi,
agi dans un milieu qui s'appelle la mairie municipale. On a amené non
seulement le ministre à comprendre mais les Intervenants qui
étaient venus présenter un projet de loi privé, à
négocier. Quand ils sont partis, Je ne peux pas dire qu'ils s'aimaient
d'amour tendre, mais au moins, ils n'avaient pas envie de se tomber dans
la face les uns les autres. Je pense qu'il avait compris que nous, comme
législateurs, avions un rôle à jouer, le rôle, ce
n'était pas de les renvoyer dos à dos, parce que le
problème durait depuis plusieurs années. Je parle
spécifiquement de la ville de Drummondville où, à ce
moment-là, il y avait un problème majeur, cela faisait 20 ans que
ça durait; un quartier qui se sentait complètement
délaissé, il était prêt à se battre et,
après deux ou trois heures de commission parlementaire, ces
gens-là sont partis un peu plus de bonne humeur que lorsqu'ils sont
arrivés. Je pense que, pour nous autres, pour moi en tout cas, j'avais
considéré - et c'était aussi dans le temps des fêtes
si je me rappelle bien - que c'était un peu un cadeau des fêtes
pour les parlementaires d'amener des gens à mieux s'accepter, à
mieux se comprendre et à régler un problème. On fait cela
régulièrement, comme parlementaires, dans les projets de loi
privés. Pourquoi, dans les projets de loi publics, ce serait
différent? Pourquoi n'amènerait-on pas les intervenants à
mieux s'accepter? On le sait qu'il y a un problème entre la loi 90 et la
loi 125... ce n'est pas d'aujourd'hui. Depuis le début, d'abord avec la
loi 90, il y a eu des problèmes majeurs, c'étaient
peut-être des problèmes fictifs, des problèmes dans la
tête, c'étaient surtout des problèmes d'acceptation,
d'après moi, et cela s'est fait.
L'autre problème qu'on a eu avec la loi 125... c'est que deux
sortes ou plusieurs sortes d'intervenants se sont amenés dans le milieu.
La loi 125 a affaire à un certain nombre d'intervenants qu'on peut
identifier rapidement, sans amener tous les ministères, toute la
population et tous les intérêts qu'il y a dans un milieu à
venir se négocier des ententes et à venir composer les uns par
rapport aux autres.
Dans les milieux, on peut accepter ou on peut comprendre que les
comportements ont changé. Vous comprenez que les ministères et
les ministres surtout et probablement les fonctionnaires, voient bien que leur
chasse gardée est dérangée. Cela ne marche plus comme
avant. Les ministres ou les ministères sont obligés de donner
leur point de vue à la MRC. Écoutez un peu. On a astreint les
ministères à donner au moins leur vision des choses à
l'Union des municipalités régionale de comté. Cela, c'est
quelque chose. Je ne suis pas convaincu que, d'abord, ce soient les ministres
qui sont dérangés. J'ai l'impression que les fonctionnaires ont
été plus dérangés que les ministres parce que c'est
à eux autres cela. Ne touchez pas à mon ministre. Nous, on dit:
Ne touchez pas à la loi 101. Mais pour les fonctionnaires, ne touchez
pas à notre ministre. Ne touchez pas à nos fonctions. C'est
à nous autres cela. On a réussi, après de nombreuses
tractations, négociations et encore avec beaucoup de fils
d'araignée dans le paysage à débloquer un peu ces
points-là. Il y a un problème qui a persisté,
perduré mais qui s'estompait un peu dans le temps. C'était le
monde agricole par rapport à la loi 125 jusqu'à l'acceptation des
schémas d'aménagement. Ce problème a semblé, en
tout cas, diminuer quelque peu. Mais on peut toujours admettre et c'est
d'être de bonne foi d'accepter que la Commission de protection du
territoire agricole, jusqu'à il y a un an ou un an et demi... Je pense
que son rôle était bien accepté et sa fonction était
correcte.
Il y a peut-être eu des éléments nouveaux qui se
sont produits dans le paysage. On pourrait peut-être essayer de trouver
le coupable. Je ne pense pas qu'ils soient déjà en place si
pendant huit ans et demi ils ont été corrects, que personne ou
à peu près personne n'avait quelque chose à redire et ce
sont des choses qui se disent. Il ne faut pas en vouloir peut-être
à la commission comme telle, mais c'est peut-être d'autres
éléments qui sont rentrés un peu dans le paysage.
M. Blais: Pas à la commission, il ne faut pas...
M. Dufour: Non, c'est cela. Voilà. Je pense que mon
collègue de Terrebonne est bien correct. Il porte... Son comté
est bien placé, Terrebonne, bonne terre. Je pense qu'on peut accepter
cela facilement. On parie de la terre, ce qui est à peu près la
richesse la plus forte. Ce qui reste après tout, c'est la terre, tous
les autres sont des éléments qui sont... C'est le mobilier le
plus fort, en tout cas, qui nous rattache à cet enracinement qu'on a les
uns par rapport aux autres.
Donc, on a eu... et cela, c'est en acceptation. J'ai parlé
déjà au début de la commission de la dualité des
problèmes qui existaient entre, et pas faciles à concilier, la
loi 90 et la loi 125. Autant pour le monde rural que pour le monde urbain, il y
a des difficultés de cheminement. On pourrait essayer de trouver les
thèses qu'on voudra, on est certain qu'il y a un conflit quelque part et
on ne doit pas les faire durer ces conflits-là. On avait une occasion en
or, d'après moi, après dix ans de vécu. La Commission de
protection du territoire agricole a une dizaine d'années, les MRC, un
petit peu moins longtemps, 8 ans à peu près, il me semble qu'on
avait une occasion en or de régler ces problèmes-là et
d'amener le monde à une même table. C'est le rôle des
législateurs de faire cela. On a refusé de jouer ce rôle et
je trouve que ce n'est pas correct. Ce n'est pas correct d'essayer de
régler dans un Parlement ce qui peut être réglé par
des intervenants. Une loi qui n'est pas acceptée ou inacceptable, si le
Parlement refuse, s'il veut jouer ce rôle, à ce moment-là
il amène des intervenants sur d'autres scènes. Les
problèmes se règlent ailleurs, d'autres façons. Une loi,
pour qu'elle soit bien véhiculée et qu'elle fonctionne, il faut
qu'il y ait un minimum de consensus, il faut qu'il y ait un minimum
d'intervenants qui disent oui. Si la plupart des gens ne
sont pas d'accord avec le projet de loi ou s'il y a juste une partie qui
est d'accord, cela ne peut pas faire une voix forte, cela ne peut pas faire une
loi vivable qui amène des éléments nouveaux. On a
refusé cette occasion qui, à mes yeux, était une occasion
rêvée pour un ministre qui veut mettre son nom quelque part, sur
une oeuvre majeure, c'est de faire une loi où ces Intervenants se
rencontrent En plus, dans les affaires d'agriculture, de pêcheries et
d'alimentation, I avait même le droit de venir arbitrer que le ministre
des Affaires municipales n'a pas été capable de faire ou n'a pas
voulu faire Ne nous le cachons pas, le ministre des Affaires municipales qui
s'est nommé l'ombudsman des municipalités, je ne l'ai jamais
entendu parier de ce projet de loi. Je ne sais môme pas ce qu'il pense et
ce qu'il "brette" là-dedans. Est-il là le ministre des Affaires
municipales? Il ne répond plus. J'aurai l'occasion de lui redire, on a
essayé de le convoquer. Mais le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation dit: C'est chasse gardée, ne
touchez pas à cela. Le ministre délégué aux
Forêts, on ne l'a pas entendu. On aurait pu en appeler un certain nombre.
Mais non, iI ne viendra pas parler, voyons! Je serais bien surpris qu'il vienne
nous parier sur la loi. On vous salue, M. le ministre. En tout cas, vous
êtes encore ministre, ce n'est pas peu dire. (21 h 45)
Cela dit, je pense que ce projet de loi aurait pu nous amener à
faire une évolution majeure.
Une voix: Arrogant comme vous l'êtes, vous ne serez pas
longtemps ministre.
M. Dufour: Au lieu de faire des cases, les unes par rapport aux
autres, amener les gens à travailler ensemble. Ce qui empêche le
monde rural, les agriculteurs, les agricultrices de travailler avec leur
municipalité. Pourquoi, par quel principe, accepterions-nous de faire
des divisions dans la société? Il n'y a aucune raison. Parce que,
dans le fond, et I ne faut pas connaître beaucoup l'histoire pour se
rendre compte que l'agriculture était là avant les
municipalités et les villes; on a commencé par travailler la
terre avant de construire des villes, faire des manufactures et des Industries.
C'est élémentaire, et tout le monde comprend cela.
M. Pagé: M. Dufour, j'ai toujours soutenu que Dieu a
créé la campagne, les espaces verts, l'air pur c'est l'homme qui
a créé les villes, la pollution et le bruit.
M. Claveau: Ce n'est pas Dieu qui a créé le
ministre non plus, cela paraît
Une voix: On ne parie pas du ministre non plus, on parle...
M. Dufour: On n 'est pas sur la même longueur d'onde, mais
en étant sur la même longueur d'onde, vu que l'un par rapport
à l'autre est venu avant I n'y a rien qui empêche de concilier les
deux. Le rôle d'un gouvernement je le dis, c'est d'arbitrer, mais c'est
surtout de concilier. Je pense que c'est sa plus grande fonction, bien non, ne
me dites pas, M. le ministre, que vous avez accepté cela Vous ne l'avez
pas voulu, on vous a offert, à maintes et maintes reprises, et je prends
tous mes collègues et môme les membre de votre formation à
témoin, on a dit: Pourquoi n'invitez-vous pas un tel et un tel à
venir nous dire ce qui pense du projet de loi. Est-ce que vous êtes
correct ou non, qu'est-ce qui pourrait amener une évolution? Et on n'a
pas voulu.
Et actuellement, on doit supporter seuls l'odieux de dire qu'on ne peut
pas passer la loi rapidement comme vous voudrez, mais au fond, c'est parce que
vous avez refusé. Si vous aviez accepté les recommandations sages
de mes collègues et de ma formation, on serait plus avancé dans
l'étude du projet de loi. Parce que je suis convaincu qu'il y a des
choses qui se passent ailleurs qui auraient pu Intéresser mes
collègues, qu'ils auraient pu suivre de très près. Mais la
preuve qu'ils ne sont pas Indifférents à ce qui se passe au
projet de loi 100, nous avons le droit à cinq députés de
notre formation, même au petit nombre on réussit à des
occasions Importantes comme celle-ci, à être cinq sur cinq. Donc
cela veut dire qu'on n'est pas Indifférent à ce qui se passe. On
n'est pas lâcheurs. La loi 90, c'est notre parti, c'est notre
gouvernement qui l'a mise sur pied.
M. Claveau: II était contre.
M. Dufour De plus, pour dire qu'on n'est pas des lâcheurs, non
seulement on crée, mais on le suit, on essaie de l'améliorer,
mais on ne veut surtout pas que ce soit défiguré, parce que c'est
à cela qu'on tient Et quand on demande, et c'est cela le fond de la
proposition, que lorsqu'il y aura un arbitrage quelconque à faire, les
intervenants, on dit que vous avez peut-être raison, un va plus vite et I
coûte moins cher d'avoir un juge ou un commissaire plutôt que deux,
mais I faudrait que cela se fasse avec l'accord des parties.
Il y a des gens qui se soumettent à des arbitrages, nous
n'Innovons pas et ne faisons pas de droit nouveau. Je sais qui y a des
endroits, d'autres cours ou d'autres fonctions où les gens acceptent au
départ, qu'iI n'y aura pas d'appel, par exemple. Ils vont se
présenter devant un juge et iIs acceptent à l'avance qu'il n'y
ait pas d'appel, et c'est réglé. Peut-être que notre
proposition n'est pas complète, |e pense que vous avez, bien sûr,
le droit de nous éclairer et d 'amener des éléments
nouveaux, mais on pourrait, pour certaines raisons dire oui, iI peut y avoir un
juge, iI pourrait y avoir deux |uges tout le temps Si les Intervenants
décident qu'un est
suffisant qu'ils l'acceptent au départ et cela est
réglé. On n'est pas là pour empêcher, mais pour
essayer de bonifier. Parce qu'on est aussi conscient qu'une grande partie des
responsabilités de la commission demeurent, donc probablement toutes les
responsabilités d'auparavant, avant on dit que c'était deux,
là on dit que c'est un. C'est ce qui nous est proposé. Nous
disons que ce devrait être deux; un, si les parties choisissent de le
faire. Une fois qu'ils se sont prononcés, que la personne se sera
prononcée, il faudra qu'il y ait des suites à cela. Si les gens
sont d'accord sur cela, sinon, il faudra bien que cela continue, et c'est la
grande roue, on appelle cela la grande roue, on recommencera. Et il faudrait
être bien attaché au point de vue démocratique, de la
façon dont cela s'est fait. Deux personnes - je l'ai suffisamment
démontré avant l'heure du souper - ont plus d'expérience,
de connaissance et de sagesse qu'une.
Si le ministre se rend à notre argumentation, il n'y a aucune
raison pour qu'on ne fasse pas avancer les choses. C'est entendu que si le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
décide qu'il n'y a rien à faire et qui veut présenter son
bébé tel qu'il est, il va peut-être en avoir la
paternité mais il ne fera pas beaucoup de monde heureux. Il nous a dit
à un certain moment donné: Vous savez, mes intervenants sont
d'accord. Bien non! Il a l'accord d'un intervenant. On touche à plus
loin que cela.
S'il y avait seulement l'agriculture... Quand vient le temps de savoir
si on dort mettre sur pied des programmes qui répondent à
certains critères, soit pour la protection de l'agriculture comme telle,
des cultures spéciales ou de l'élevage, s'il décide de
mettre sur pied un programme, on ne demande pas aux unions municipales si elles
sont d'accord ou non. Cela ne les concerne pas. C'est-à-dire que oui,
cela les concerne, mais pas suffisamment. D'ailleurs, elles ne font pas de
pression par rapport à cela. Elles ne bougent pas. Elles disent: Vous
avez la responsabilité, payez et arrangez cela avec votre groupe. Les
intervenants peuvent être d'accord, c'est avec eux autres. À ce
moment, tout le monde sort de là heureux. Mais cela va plus loin que
cela. Il y a d'autres intervenants. Quand on veut passer des choses nouvelles,
il faut que tous les intervenants à qui cela s'adresse devraient
être corrects.
Vous savez que ce projet de loi va dans le fondement même de la
société. On parle d'élus là-dedans, de gens qui ont
la responsabilité déléguée par le gouvernement du
Québec sur l'aménagement et l'urbanisme. Donc, sur la loi sur le
territoire. C'est une fonction bien importante, suffisamment importante pour
astreindre les ministres à donner leur orientation pour les deux, trois,
quatre et cinq prochaines années, lorsque le schéma
d'aménagement est accepté. C'est important. Pourquoi soustrait-on
des groupes par rapport à cela? On ne soustrait pas les ministres, les
ministères, mais on veut soustraire des groupes. C'est trop. On dit:
Faisons comme il faut le projet de loi qui touche différents
intervenants. Il faut les amener à se parler, à travailler
ensemble.
J'ai assisté à des congrès. Écoutez un peu.
Ne touchez pas à notre chasse gardée. L'autre dit pareil. Tout le
monde veut garder cela. J'ai l'impression que j'ai suffisamment
répété qu'il y a plusieurs intervenants et qu'on a
intérêt à les amener à travailler ensemble. C'est un
des rôles que je considère le plus important pour le
législateur. Pas seulement faire des lois, mais surtout les faire
accepter. N'importe quelle loi, lorsqu'elle est refusée par des groupes,
ne peut pas avoir de bons résultats ni produire de bons effets. Si
demain matin, les gens du Québec décidaient que les lois de
sécurité routière, quelles qu'elles soient - je ne vous
monte pas - si c'est farfelu, si cela n'a pas de bon sens, elles vont
être transgressées et on va être obligés de les
changer. Ce n'est pas compliqué. Je vous mets au défi d'essayer
de faire accepter une loi où 90 %, 95 % vont être contre. Vous
allez voir ce qu'ils vont en faire de votre loi.
La meilleure preuve, l'environnement. Le gouvernement avait
décidé qu'on allait protéger les rives,
c'est-à-dire la qualité de l'eau. Cela a pété au
"frette". Cela n'a pas duré longtemps. Pourquoi? Il n'y a pas un
élu municipal qui était d'accord avec cela. Ils ont dit: Vous
avez beau vous occuper de la qualité de l'eau, vous avez beau nous
obliger, on ne s'en occupera pas et on ne le fera pas. C'est cela, les eaux de
baignade. Cela a fini là. Le ministère a été
obligé de reprendre cela gros Jean comme devant. Des règlements,
des lois qui ne s'adressent pas à du monde, pour du monde, on ne fait
pas cela pour perdre notre temps. C'est légiférer mal. Ce n'est
pas mieux et bien, c'est mai. Cela ne donnera jamais les résultats
auxquels on s'attend.
On avait une chance en or d'amener des intervenants qui, depuis dix
ans... On a plusieurs solitudes au Québec. C'en est une autre sorte de
solitude, amener des groupes d'un bord et de l'autre. On est responsable
parfois que cela se passe comme cela. Parce que les uns par rapport aux autres,
on a décidé qu'on allait faire chacun notre chasse gardée
et notre royaume. Nous autres, on est habitués dans le royaume du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Mais il ne faudrait pas que les ministères
soient comme cela. Nos problèmes, on les règle chez nous autant
que possible. On ne voudrait pas les emmener ailleurs. Mais on vous dit que
dans cette loi, M. le ministre, j'aurais préféré que vous
écoutiez nos arguments et les suggestions que le député de
Lac-Saint-Jean vous a proposés, à l'effet qu'on devrait en avoir
deux, mais un si c'est avec l'accord des parties.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Dufour,
député de Jonquière. Je donne maintenant la parole
à M. Blais, député de Terrebon-
ne. Vous avez la parole, M. Blais, pour les 20 prochaines minutes.
M. Pagé: Est-ce le dernier intervenant sur le sujet, M. le
Président?
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Blais: Sur l'amendement, je crois que du côté
technique, vous avez parfaitement raison, M. le ministre. On voit que vous
suivez les débats.
M. Pagé: De très près.
M. Blais: M. le ministre, nous allons revenir au sujet en cours.
Vous apportez un amendement...
Une voix: Vous voulez dire que le député de
Jonquière n'était pas sur le sujet?
M. Blais: "Un membre seul peut entendre toute affaire de la
compétence de la commission et en décider sauf lorsqu'il s'agit
d'un cas où la commission doit fournir un avis."
Mon collègue de Lac-Saint-Jean veut insérer l'amendement
suivant: "Suite à une demande conjointe en ce sens des parties
intéressées." Cela veut dire que nous voulons laisser aux parties
intéressées le choix d'avoir un seul juge ou d'en avoir
plusieurs. Je tiendrais à dire ici: Où sont les grands
ténors législatifs de la cohérence, de la coordination, de
la concordance des articles du projet de loi? Je crois qu'ils sont absents dans
ce projet de loi. Cet amendement vient pour qu'il y ait une cohérence,
une concordance dans l'ensemble du projet de loi.
On a dit quelquefois cet après-midi ou en début de
soirée que tout était dédoublé à
l'intérieur de cela et qu'il y avait toujours deux choix à peu
près partout, des choix imposés ou des choix facultatifs. Il y a
dans ce projet de Soi les commissaires actuels plus le dédoublement d'un
tribunal d'appel. il y a deux sortes de zonage agricole, les zones 1, 2, 3,
très bien protégées; 4, 5, 6, 7 et 8, comme territoires,
zones pâles, beaucoup moins bien protégées. Donc, deux
sortes d'agriculteurs, deux sortes d'agricultrices. On demande pour concordance
qu'il y ait deux sortes de choix pour ceux qui veulent faire un recours. C'est
dans l'esprit du projet de loi qui nous est amené. Il y a deux sortes de
commissaires: les commmissaires pour les causes normales ou les toutes petites
causes, et les commissaires pour les causes avec préavis, de sorte qu'il
y aura deux sortes de demandeurs: des demandeurs pour des petites causes, des
demandeurs privilégiés ou des demandeurs non
privilégiés. Il y aura peut-être aussi deux sortes de
jugements: des jugements réguliers, ordinaires et des jugements pour les
personnes importantes. Alors, devant ce dédoublement partout, nous ne
sommes pas d'accord. Mais pour aider au législateur à avoir une
cohérence dans sa duplica- tion... Tout est double. Pour une fois que
nous aiderions le demandeur, nous demandons justement qu'y ait la chance
d'aller devant un seul juge ou devant plusieurs juges. Tout est double.
Lorsqu'on voit aussi... I! y aurait peut-être une autre demande à
faire qui n'est peut-être pas du ressort complètement du
législateur. Vu qu'il y aura deux sortes de zones, il devrait
peut-être y avoir deux sortes d'UPA: une UPA forte, solide pour !es zones
vertes et protégées dans le projet de loi et une petite
"upéotte" un peu plus faiblarde, pour les zones un peu plus chartreuses,
vertes pâtes, un peu moins protégées. Peut-être qu'on
pourraît voir une certaine cohérence à l'intérieur
du projet de loi et les gens de l'extérieur pourront s'adapter à
sa duplication. (22 heures)
Les agriculteurs ne sont pas sans savoir que c'est bien indiqué,
à l'article 69.01, zone exclusive: La commission identifie comme secteur
exclusif un potentiel agricole de classe 1, 2, 3 des sois organiques. Donc, si
1, 2, 3 est un secteur exclusif, excessivement protégé, la loi
agricole que nous avons actuellement protège toutes les qualités
de sol, de 1 à 8 inclusivement. On protège même les roches,
on va loin. Alors, il faudrait que les associations d'agriculteurs et
d'agricultrices à l'extérieur s'adaptent à ce projet de
loi, faire une UPA pour les terres protégées et une UPA pour les
terres en décrépitude ou mai protégées ou
susceptibles d'être dézonées. Je disais avec un peu
d'humour peut-être, qu'il y aura des zones vertes d'adultes et des zones
vertes presque de bambins, donc des adultes zones et des bébés
zones, deux sortes de zonas. J'ai l'impression, M. le Président, que les
bébés zones, tes agriculteurs qui vont avoir des terras dans les
bébés zones, les zones moins biens protégées,
comment vont-ils faire leur planification? Comment vont-ils protéger? Je
le fais un peu avec humour mais je ne comprends pas pourquoi l'UPA ne regarde
pas ça. Si on prend la peine dans un projet de loi de dire que 1, 2 et 3
est protégé et le secteur exclusif, cela veut, dire que les
autres, 4, 5, 6, 7, ne sont pas protégés de façon
exclusive donc plus susceptibles d'être dézonés.
Alors, tout est double. Nous demandons un amendement rationnai, on l'a
même fait à deux volets pour être double nous aussi. On a
demandé de rajouter 2° par l'addition à la fin de
l'alinéa suivant: Cette demande conjointe est adressée au
président de la commission qui désigne parmi les membres de la
commission celui qui entend l'affaire. Alors, comme vous Ie voyez, la constance
nous habite. C'est une constante sur toute la ligne. Deux tribunaux, deux zones
agricoles, deux sortes d'agriculteurs, deux sortes de demandeurs, deux sortes
de personnes pour rendre des jugements, donc deux choix au moins pour le
demandeur. Je crois que c'est une demande minimale à l'intérieur
de ce projet de loi. Je ne dis pas que c'est un projet de loi qui tient de la
duplicité mais de la duplication, ce
n'est pas tout à fait la même chose. Je pense que, M. le
Président, vous comprenez bien la différence. Je n'a! aucune
allusion maligne à l'intérieur même si parfois je parle au
deuxième degré.
M. le Président, notre formation politique demanderait que nous
envisagions ensemble de façon sérieuse de laisser le choix au
demandeur, d'avoir le droit d'être jugé par une seule personne ou
d'être jugé par deux ou plusieurs à son choix et une
personne seule. On n'est pas tous bâtis de la même façon. Il
n'y a pas un agriculteur, je suis le fils d'un agriculteur, qui aime la terre
au même degré, pas un. Ce sont tous des amants de la terre et des
amants de leur profession. Il n'y en a pas un qui l'aime de la même
façon. Il y en a qui aiment tellement la terre qu'ils en mangeraient
presque, d'autres aiment ça. C'est la même chose chez les juges.
Ils ne sont pas tous amoureux de la terre de la même façon. Ce ne
sont pas tous des disciples du sillon. Il peut y avoir des juges qui sont moins
portés à défendre l'agriculteur non par déformation
professionnelle mais à cause de leur passé, à cause de
leur formation, à cause des circonstances dans lesquelles ils ont
vécu et à cause aussi parfois d'autres circonstances
environnantes en dehors de leur vouloir. Il peut y avoir d'autres personnes,
par exemple, qui sont des amoureux acharnés du sol. J'aime mieux
ceux-là personnellement, des fanatiques de la terre, j'aime mieux
ceux-là. S'il y a un seul juge et si la personne qui est demanderesse
devant un dossier qui a le choix d'aller devant une seule personne, si elle
tombe sur l'amoureux de la terre, elle est normalement portée à
penser que cette personne qui sera plutôt pro-agriculteur sera plus
restrictive sur un dézonage. Tandis que la personne qui a moins de
penchant terrien, qui est moins rurale intellectuellement, mais plus urbaine
dans sa formation, aura plutôt un faible pour dézoner vers
l'entrepreneur ou la femme entrepreneur et cela va nous faire deux
jurisprudences de dézonage; deux dans la section exclusive et deux
autres dans la section non exclusive au développement agricole. Donc, on
aura quatre jurisprudences. Tout est dédoublé. Je ne dis pas que
c'est ainsi que cela se passera. Il n'y a pas un législateur qui peut se
permettre de laisser aller les choses en ce sens-là. J'ai écrit
aux 337 agriculteurs de mon comté, ce n'est pas beaucoup, pour leur dire
que lorsque le législateur prend la peine de dire dans un projet de loi:
Nous avons actuellement un territoire agricole protégé, dans tout
le territoire du Québec, le territoire agricole est
protégé et il l'est numéro 1, de a à z et mur
à mur. Quand le législateur arrive et nous dit qu'il y aura un
secteur exclusif de protection, pour les sols 1, 2, et 3, cela veut dire qu'il
y a une zone qui est moins protégée, la 4, 5, 6, 7 et 8. Donc,
faites attention à cela - on en a déjà vu des
gouvernements beaucoup plus développeurs et beaucoup plus
décentralisateurs et moins urbanisateurs - la con- centration dans les
villes pour l'étalement urbain au détriment de la terre arable
qui nous nourrit. Moi, si j'étais agriculteur j'y penserais deux fois.
Nous avons de la bonne volonté dans l'intervention que nous faisons.
Nous sommes sincères de a à z dans cela. La loi 90, c'est le
Parti québécois qui l'a faite envers et contre tous ceux qui
étaient de l'autre côté, c'est-à-dire les
libéraux. Les libéraux de façon séculaire n'ont
jamais été les grands défenseurs de l'agriculture. Cela ne
veut pas dire qu'on a un ministre qui ne défend pas les agriculteurs,
loin de moi cette idée. Jamais je n'accuse une personne. Mais la
philosophie qui a guidé à travers le dernier siècle le
Parti libéral du Québec... Ce n'était pas un parti qui
était enclin à protéger les cultivateurs. D'où nous
viendrait cette soudaine volonté, par quelle piqûre magique ou
quelle apparition serait-il devenu le défenseur des droits ruraux? Il y
a longtemps qu'on n'a pas eu d'apparition au Québec, que je sache. Cela
fait longtemps que nos politiciens n'ont pas été
transfigurés. Il y a très longtemps. Quand on regarde dans un
projet de loi... si j'étais agriculteur et que je lisais: les sols 1, 2,
3 seront protégés en secteur exclusif et que, je sais, il y a
beaucoup de terre au Québec, qui ont sur la même terre des
sections 3 et des sections 6, comment cela va-t-il fonctionner? De quelle
façon va-t-on organiser l'homogénéité du territoire
agricole? Maintenant, on dit: Quand quelqu'un viendra essayer de vous acheter
vos terres, malgré vous souvent, et que cela sera jugé par une
seule personne, vous n'aurez même pas le choix d'en avoir deux ou trois
si vous le désirez, et que vous tombiez sur une personne qui a une
formation urbaine et en toute sa bonne volonté a des tendances
"urbanocontractrices" et on a déjà vu cela dans le passé
des gens qui ont une tendance naturelle, viscérale,
"urbanocontractrice", vous comprenez bien ce que je veux dire, bien là,
l'agriculteur sera laissé pour compte. C'est très malheureux
qu'il en soit ainsi et que la possibilité soit là. La
possibilité est là. Comment va-t-on faire la gérance de
l'aménagement des territoires exclusifs 1, 2 et 3 lorsque sur les
mêmes terres on rencontre différentes sortes de terrains sur
différents secteurs? Voyons donc. Puis qu'on ne veut pas à ce
moment-là, après avoir tout "duplicaté", donner au moins
le double choix à ceux qui ont un dossier devant la commission agricole?
Les agriculteurs vont dire: Malgré que je me promène de pis en
pis, mes vaches vont de mieux en mieux. Ils vont dire cela certain. Mais diront
cela les optimistes seulement.
J'aime beaucoup la terre. Si j'étais nommé juge ou
commissaire, malgré que j'aime bien la terre, depuis beaucoup
d'années je suis un urbain. Je connais beaucoup plus les microsillons
que les sillons. Beaucoup plus. Même si j'ai travaillé dans la
construction, j'ai manipulé la brique et le ciment, je suis presque
cimenteur de profession, eh bien, n'allez pas croire que je prendrais toujours
les bonnes décisions. On est
victime de notre formation et de notre ambiance professionnelle. On est
Ici dans ce salon rouge, loin de tout ce qui gravite partout au Québec.
Sentez-vous l'atmosphère de Noël actuellement ici au Parlement?
Même si les projets déboulent, sachez qu'on peut se faire passer
un sapin avec ce projet de loi-là et on ne se rend pas compte ici
à l'intérieur, parce qu'on est là de 8 heures à
minuit et 2 heures de la nuit, des activités de la naissance de
l'Enfant-Dieu à l'extérieur.
Imaginez-vous donc les commisaires dans leur petite tour d'ivoire s'ils
ne sont pas issus de milieux ruraux, de quelle façon pourront-ils juger
et quand on laisse cela à une personne seule. Pauvre petit Jésus
qui nous voit agir et qui nous voit remplis de bonne volonté. Il nous
l'a dit: Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. Mais à
Noël, les agriculteurs doivent le savoir, on regarde beaucoup plus le
petit Jésus que le boeuf, la vache et le mouton qui sont dans la
crèche. Là on est à parler de la vache, du boeuf et du
mouton qui sont dans la crèche, mais nos yeux sont attirés vers
l'Enfant-Dieu. Oui? C'est malheureux.
Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. J'essaie, M. le
Président, d'avoir la meilleure volonté du monde pour essayer
d'envoyer l'étoile directrice de la législature au ministre, pour
que son projet soit le meilleur et que l'on puisse dire s'il accepte cet
amendement Gloria in excelsis Deo. Mais il semblerait que mon argumentation n'a
peut-être pas l'étoffe qui permettrait de réchauffer le
coeur du législateur pour qu'il change son scribe et changer les textes
que nous avons devant nous. Même ce serait meilleur pour les demandeurs
agriculteurs.
Que le temps passe vite. Tout marche par deux. Il me reste même
deux minutes. Tout est par deux dans ce projet de loi. Mais je tiens à
dire que c'est normal que tout soit par deux, c'est un parti qui a
été élu un 2 décembre et il pense faire deux
termes; on verra. Mais, si cette loi passe telle qu'elle est, les agriculteurs
se souviendront d'eux. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie doublement, M.
le député de Terrebonne. Est-ce que quelqu'un d'autre intervient
sur cet amendement ou si nous passons au vote?
M. Desbiens: Le ministre veut intervenir.
M. Pagé: Non, M. le Président, seulement pour vous
indiquer que nous sommes prêts à voter, saluer l'intervention du
député de Terrebonne, lequel a au moins le mérite
d'être drôle. Alors, nous votons.
M. Brassard: La cloche sonne. On va aller voter d'abord en
Chambre et, après cela, on votera ici.
M. Pagé: Non, c'est une question de quo- rum, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): C'est une question de
quorum?
M. Brassard: Non, c'est le vote sur l'adoption du projet de loi
178.
M. Pagé: On a le temps de voter, M. le Président,
c'est le premier son de cloche.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous demandez
l'appel nominal?
M. Brassard: Je demande l'appel nominal.
Le Président (M. Richard): On peut aller tant que les
cloches... Allez-y, M. le Secrétaire.
Le Secrétaire: M. le Président, pour ou contre
l'amendement de M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: M. Claveau (Ungava)?
M. Claveau: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: 4 pour, 6 contre.
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire qu'il est
rejeté.
Nous suspendons pour quelques instants puisque nous devons nous
transporter au Salon bleu pour un vote sur la loi 178 sur la Charte de la
langue française.
(Suspension de la séance à 22 h 17)
(Reprise à 22 h 42)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Messieurs, je m'excuse de déranger le système, mais c'est
pour vous rappeler que nous sommes en commission parlementaire pour
étudier le projet de loi 100 article par article, que nous en sommes,
grâce à Dieu, à l'article 3. Nous avions voté sur
l'amendement, nous revenons donc à l'article 3, est-ce que nous pouvons
passer au vote, M. le député de Saint-Jacques?
M. Brassard: Vote nominal.
Le Président (M. Richard): Alors le vote nominal en ce qui
a trait à l'article 3 du projet de loi 100. Alors M. le
Secrétaire, M. Comeau, si vous voulez faire l'appel.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 3 non
amendé.
Le Secrétaire: Alors le vote sur l'article 3 du projet de
loi. M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Contre.
U Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Secrétaire: Alors le résultat: 6 pour, deux
contre, M. le Président.
Le Président (M. Richard): L'article 3 est donc
adopté tel que rédigé. J'appelle immédiatement
l'article 4. L'article est adopté sur division, évidemment.
L'article 4, M. le ministre.
Juridiction
M. Pagé: Je présume, et je suis persuadé que
mon collègue, le député de Lac-Saint-Jean, va abonder dans
le même sens que moi, soit que l'article 4 ne devrait pas susciter trop
de débat, dans le sens que si on réfère au contenu actuel
de l'article 12 de la loi, il se retrouve au nouvel article 62, qui fusionne en
un seul article l'ensemble des critères sur lesquels doit se fonder la
commission, ou peut se fonder la commission pour rendre sa décision.
Donc le nouvel article 12, tel que libellé par la modification ainsi
apportée, devient plus général, en énonçant
les grandes orientations qui doivent guider la commission et sur lesquelles les
commissaires doivent s'appuyer pour décider. C'est purement et
simplement cela, M. le Président.
M. Brassard: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Pagé: Je pense qu'on notera que l'ancien article 12
référait aux territoires agricoles, alors que le nouvel article
12 y inclut évidemment les activités agricoles, parce qu'il y a
toute un section qui réfère spécifiquement aux
activités agricoles. C'est tout.
Le Président (M. Richard): Qu'en pensez-vous, M. le
député?
M. Brassard: M. le Président, j'ai des choses à
dire. On sait que dans la loi actuelle, pour rendre une décision ou
émettre un avis dans une affaire qui lui est soumise - dans un dossier
qu'elle a à traiter - la commission est tenue, par l'article 12 actuel,
de prendre en considération un certain nombre de critères, de
facteurs qui sont bien identifiés et qui sont les conditions
biophysiques du sol et du milieu, les possibilités d'utilisation du lot
à des fins d'agriculture et les conséquences économiques
qui découlent de ces possibilités, l'effet d'accorder la demande
sur la préservation du sol agricole dans la municipalité et la
région, ainsi que - ce n'est pas négligeable -
l'homogénéité de la communauté et de
l'exploitation agricoles.
M. le Président, iI y avait là tous les
critères requis pour permettre à la Commission de protection du
territoire agricole d'assumer pleinement, complètement, sans
ambiguïté possible, sans équivoque, sa mission
première qui est de protéger, d'assurer la protection du
territoire agricole.
La vocation fondamentale de la Commission de protection du
territoire agricole, c'est de protéger le territoire agricole du
Québec, tel que déterminé en vertu de la loi. Une fois ce
territoire agricole identifié, délimité, il pouvait
arriver - iI est arrivé - en cours de route, qu'il y ait des demandes de
citoyens ou de citoyennes qui avaient des propriétés en
territoire agricole et qui pouvaient demander d'être exclus du territoire
agricole. Il fallait, dans ces conditions, qu'ils fassent une demande à
la commission et c'était la commission qui prenait une
décision.
Mais la loi, à l'article 12, est claire. Elle Identifie, pour la
commission, les critères, les conditions que cette dernière doit
prendre en compte, en considération pour rendre une décision, ce
qui fait, d'ailleurs, que pendant toutes les années qui ont suivi
l'adoption de la loi 78, je pense qu'on peut dire, sans fausser la
vérité, que la commission a bien assumé sa vocation,
qu'elle a bien rempli son mandat et sa mission, la mission qui lui était
dévolue. L'une des raisons pour lesquelles la commission a bien fait son
travail, a bien fait sa besogne, a bien assumé le mandat qui
était le sien, c'est qu'elle n'avait pas à faire son travail
à l'aveuglette. Elle pouvait s'appuyer, elle pouvait asseoir ses
décisions sur des critères bien précis, bien
identifiés. Et on les retrouve à l'article 12. Pour rendre une
décision ou émettre un avis, l'article 12 dit à la
commission: Voici, vous allez prendre en considération les conditions
biophysiques du soi, tes possibilités d'utilisation du lot, les
conséquences économiques qui découlent de ces
possibilités, l'homogénéité de la communauté
et de l'exploitation agricoles. Vous allez prendre en considération ces
facteurs, ces critères pour prendre une décision.
C'est à partir de ces critères, de ces
facteurs, de ces conditions que vous allez rendre une décision. Je peux
dire, M. le Président, que je suis député depuis douze ans
d'un comté qu'on peut, à juste titre, qualifier d'agricole. Le
comté de Lac-Saint-Jean est un comté agricole et
particulièrement le secteur sud où l'on retrouve une bonne partie
de ce qu'on appelle la plaine d'Héberville, qui sont de très
bonnes terres argileuses, résultat évidemment du retrait de la
mer de Champlain autour du lac, particulièrement au sud, on se retrouve
avec une zone agricole d'excellente qualité. Donc, je viens d'un
comté fortement agricole.
Depuis dix ans, depuis que la Loi sur la protection du
territoire agricole est en vigueur, elle a été adoptée en
1978, mais dans mon comté, elle a été appliquée un
peu plus tard, en 1960, parce que cela a été d'abord la
vallée du Saint-Laurent, après cela, on a pris tes régions
périphériques, je peux dire, M. le Président, qu'il est
venu beaucoup de citoyens, c'est normal, qui veulent dézoner. Ils
viennent souvent au bureau du député - mes collègues de
l'autre côté peuvent sans doute le confirmer - viennent voir le
député pour dire: Je voudrais dézoner, je voudrais
bâtir, je voudrais vendre une partie de ma terre pour permettre du
lotissement. Cela arrive souvent. Il est évident que la réponse
d'un député, c'est toujours la même: Écoutez, fartes
une demande. Ce n'est pas à l'Assemblée nationale ni aux
députés d'en décider, ce n'est pas aux conseils municipaux
d'en décider, on a créé une institution qui s'appelle la
Commission de protection du territoire agricole, c'est la commission qui est
habilitée à prendre des décisions de cette nature. Faites
votre demande, obtenez, si possible, un appui de votre conseil municipal;
fartes votre demande et défendez votre cause. Et la commission va
décider.
Je n'ai jamais fait, quant à moi, comme député
depuis 1380, depuis que la Loi sur ta protection du territoire agricole
s'applique chez nous, je n'ai jamais fait de démarche auprès de
la commission, parce que je trouvais cela inconvenant étant donné
que c'est un quasi tribunal, en fait. Je ne pense pas qu'un
député puisse se permettre de faire des interventions politiques
auprès d'un tribunal quasi judiciaire qui a des décisions
à prendre. Je pense que ce n'est pas convenable, je ne l'ai jamais fait,
de toute façon. Je ne l'ai jamais fait parce que je ne pense pas que ce
soit de mise. Mais je peux dire une chose cependant, c'est que le territoire
agricole chez nous a été protégé, a
été très bien protégé et,
généralement, je ne pense pas, en tout cas, je n'ai pas en
tête d'exception, les décisions de la commission étaient
fondées, solides, bien appuyées. Le député de
Berthier me souffle un mot qui est tout à fait correct et que je
reprends: justifiées, les décisions étaient bien
justifiées.
La raison, c'est évident, il faut reconnaître que les
personnes nommées comme commissaires étaient compétentes
sans aucun doute, je pense qu'on ne peut pas mettre cela en doute;
également, je pense que le principale raison, c'est que leur mandat
était bien balisé et que le processus de décision
était bien encadré et que l'article 12 était très
clair. En s'appuyant sur l'article 12 et les critères qu'on y retrouve,
examiner une demande avec l'éclairage des critères de l'article
12, je pense qu'inévitablement, on arrivait à une décision
justifiée, une décision qui était fondée et qui
était difficilement contestable. Il y en a peut-être qui l'ont
constestée et qui ont fait appel, mais je pense qu'ils n'ont finalement
peu eu gain de cause parce que la décision était correcte et bien
assise sur des bases solides. Là, le ministre arrive et nous dit:
L'article 12, je l'enlève et je le remplace. Je sais qu'il nous
dira: Oui, mais un peu plus loin on a regroupé tous les
critères, on en discutera à ce moment-là, parce que
certains suscitent chez nous bien des interrogations, bien des
inquiétudes aussi. Il veut enlever l'article 12, avec ses
critères clairement déterminés. Pour le remplacer par
quoi? Par un article qui se lit comme suit: "Pour exercer sa juridiction, la
commission tient compte de l'intérêt général de
protéger le territoire et les activités agricoles. Elle prend en
considération tous les faits qui sont à sa connaissance."
Si je tentais de qualifier cet article, le mot qui me vient le plus
rapidement à l'esprit, c'est le mot flou, vague. C'est flou et c'est
vague. Cela manque de clarté, de précision. J'ai de la
difficulté à m'accommoder du nouvel article 12. Je me sens mal
à l'aise avec cet article. Quand on parle d'intérêt
général... On introduit dans le nouvel article 12 un concept
nouveau qu'on ne retrouvait nulle part dans la loi actuelle, c'est le concept
d'intérêt général. Qu'est-ce que cela veut dire?
C'est un concept trop large, intérêt général. Par le
fait même, puisque trop large, vague, même qu'on pourrait dire
équivoque, qui peut signifier trop de choses. "Intérêt
général de protéger le territoire et les activités
agricoles." Je vous avoue, M. le Président - je réfléchis
tout haut - que j'aime mieux l'article 12 de la loi actuelle. Je trouve qu'il
est pas mal plus clair, plus précis. Les critères sont bien
identifiés, bien déterminés.
On remplace cela par un concept vague, flou et qui englobe pas mal de
choses. Intérêt général. Où s'en va-t-on avec
cela? Mettez-vous dans la peau des commissaires qui n'auront plus l'article 12
avec des critères bien précis, qui vont tous dans le sens de la
protection du territoire agricole. L'intérêt de l'article 12 de la
loi actuelle, c'est cela. C'est que tout est centré, orienté vers
la protection du territoire agricole. Tous les critères vont dans cette
direction. Cela devient un ensemble de critères extrêmement utiles
pour une commission qui a à prendre des décisions en
matière de protection du territoire agricole. L'article 12 actuel
facilite les choses, admettons-le. Tandis que si vous le remplacez par ce que
propose le ministre, ma foi, je vous avoue qu'on tombe dans le clair-obscur.
Cela devient un peu du Rembrandt. Ce n'est pas clair. On passe de Michel-Ange,
où les contours sont nets, les couleurs bien identifiées,
à du Rembrandt. Je ne déteste pas Rembrandt comme peintre,
remarquez bien, mais en droit et dans le domaine juridique, c'est une autre
affaire. Le clair-obscur est à bannir, à mon avis, dans le
domaine juridique. Avec le concept d'intérêt
général, on tombe dans le clair-obscur, dans le vague, dans le
flou. On tombe dans le brumeux, dans le brouillard. (23 heures)
Mais j'imagine que, parce qu'on dit cela souvent lorsqu'on étudie
des lois, le législateur ne parle jamais pour ne rien dire. Le
législateur n'écrit jamais quelque chose dans la loi pour faire
de la littérature. Ce qu'il écrit dans une disposition
législative, c'est pour dire quelque chose. Il veut donner un sens, il
faut que cela ait un sens, sinon... En d'autres termes, ce n'est pas de la
poésie, un projet de loi. Il faut que chaque mot, chaque terme, chaque
expression ait un sens, une signification qui soit identifiable pour tout le
monde. Vous dites: Les conditions biophysiques du sol et du milieu. Cela, pour
vous comme pour mon collègue de Dubuc, comme pour le président de
la commission, comme pour le président de l'UPA, cela veut dire la
même chose, tout le monde s'entend là-dessus, il n'y a pas
d'ambiguïté. il n'y a pas d'ambiguïté. Les conditions
biophysiques du soi, on sait ce que cela veut dire, consultez un agronome et il
va vous dire la même chose qu'un autre agronome. Tout le monde sait que
vous avez quelque chose qui a une signification sans ambiguïté,
sans clair-obscur, sans brume. Mais, l'intérêt
général, qu'est-ce que cela veut dire? Pourquoi le
législateur, en l'occurrence, pour ce qui nous concerne, le ministre,
a-t-il décidé de changer l'article 12 de la loi actuelle et de le
remplacer par quelque chose de brumeux, d'impressionniste, du Claude Monet,
pour poursuivre dans la peinture, dans mes comparaisons picturales, du Monet,
la cathédrale de Rouen a toutes les heures du jour et de la nuit? Mais
cale, c'est vraiment de l'impressionnisme, de l'impression.
L'intérêt général, je vais demander à chacun
d'entre vous: Définissez-moi ce que veut dire pour vous
l'intérêt général. On va avoir un, deux, trois,
quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, onze, douze définitions. Je ne
dis pas que cela va être contradictoire, mais on va avoir douze
définitions avec des nuances et des variantes. Qu'est-ce que cela veut
dire? Le ministre devrait, je pense, être plus clair et plus
précis. Je l'invite à nous dire en quoi cela consiste et
pourquoi, en tant que législateur, cette intention de substituer
à l'article 12 actuel qui est clair, précis, net et sans
équivoque, un article brumeux.
Alors, je vais me garder les deux minutes qu'il me reste, M. le
Président, parce que, compte tenu de ce que je viens de dire au cours de
mes vingt minutes, vous comprendrez que j'aurai un amendement. J'aurai un
amendement, mais avant je suis sûr que d'autres de mes collègues
souhaiteraient intervenir là-dessus.
Le Président (M. Richard): M. le député, je
reconnaîtrai M. le député de Berthier, M. Houde.
M. Houde: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Vous avez une question à
poser à M. le député?
M. Houde: Oui, merci, M. le Président, s'il veut bien me
laisser la poser.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, est-ce que vous êtes prêt à répondre
à la question de M. Houde?
M. Houde: Du député de Berthier. M. Brassard:
Oui.
M. Houde: Tantôt le député d'Ungava se posait
des questions, comme vous M. le député de Lac-Saint-Jean, sur le
fait qu'on ne faisait pas venir les groupes pour pouvoir les entendre, pour
pouvoir s'Informer de ce qu'ils voulaient bien nous donner comme information.
Cela fait vingt minutes, dix-huit minutes pour être plus précis
comme vous dites, que vous posez des questions, que vous posez un point
d'interrogation en ce qui concerne l'intérêt
général. Pourquoi avoir pris dix-huit minutes quand vos deux
messieurs sont ici, le président de la Commission de protection du
territoire agricole et le ministre. Si vous voulez avancer dans l'étude
du projet de loi, c'est de poser la question au bout de deux minutes. Il me
semble que si on veut avancer, si vous voulez être cohérent avec
vous-même et avec le député d'Ungava, on va poser des
questions au ministre, on va poser des questions au président de la
Commission de protection du territoire agricole. Mais, vous ne les posez
jamais. Alors dites donc plutôt carrément: On ne veut pas
étudier le projet de loi 100. Merci, M. le Président.
M. Brassard: M. le Président, le député de
Berthier me prête des intentions. Il fait des procès
d'intention.
M. Houde: Vas-y.
M. Brassard: Ce n'est pas gentil.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Ce n'est vraiment pas gentil. Ce n'est vraiment pas
gentil et, effectivement, je souhaiterais que le ministre et le
président de la commission puissent s'exprimer sur cette question et
même les juristes de la commission et les juristes du ministre, du
contentieux de son ministère. Je souhaiterais les entendre. Ce n'est pas
vrai que je ne souhaiterais pas les entendre.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Dubuc, M. Desbiens, vous avez la parole pour les 20 prochaines minutes.
M. Desbiens: Je comprends que le ministre ne veut pas
répondre aux interrogations et aux propositions.
M. Houde: C'est au député de Lac-Saint-Jean, non
pas à lui.
M. Desbiens: Le ministre ne veut pas répondre...
M. Houde: C'est à lui de poser la question.
M. Desbiens: ...à la motion. C'est presque une motion
qu'il a faite d'entendre le ministre.
M. Houde: Non, ce n'est pas...
M. Desbiens: Non, ce n'est pas cela?
M. Pagé: Le ministre peut indiquer que ce que le
député de Berthier a fait, ce n'est pas une motion.
Le Présidant (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Dubuc pour les 20 prochaines minutes.
M. Desbiens: Alors, ce que je comprends de la remarque du
ministre, M. le Président, c'est que c'est lui qui pense à la
place du député de Berthier.
M. Pagé: Et ilse pense drôle.
M. Desbiens: M. le Président, je continuerai ce que mon
collègue de Lac-Saint-Jean vient de soulever comme inquiétude. Il
y a un article dans la loi actuelle qui dit que, pour prendre une
décision, émettre un avis dans une affaire, la commission prend
en considération notamment les conditions biophysiques du sol et du
milieu, les possibilités d'utilisation du lot à des fins
d'agriculture, les conséquences économiques qui découlent
de ces possibilités, l'effet d'accorder la demande sur la
préservation du sol agricole à la municipalité et la
région ainsi que l'homogénéité de la
communauté et de l'exploitation agricole. Selon le principe qui a
été posé et qui est toujours le même, comme l'a
rappelé mon collègue de Lac-Saint-Jean, voulant que, dans la loi
actuelle autant que dans les modifications à la loi que le ministre
apporte, le législateur ne parle jamais pour ne rien dire, il y a
toujours une raison à cela. Je suppose que, si le ministre apporte un
nouvel article sans même considérer ce qu'il y a à
l'intérieur de cet article, iI doit avoir des raisons. Le ministre doit
avoir des raisons qui viennent Justifier et appuyer le fait qu'il introduise
son nouvel article. C'est un nouvel article, finalement. En introduisant son
nouvel article, II vient affirmer que l'article actuel de la loi ne correspond
pas à la volonté du législateur. Il vient dire que
l'article 12 de la loi actuelle, qui énonce avec précision et
clarté les critères sur lesquels doit se guider la Commission de
protection du territoire agricole pour prendre une décision ou
émettre un avis ne sont pas valables ou ne le sont plus. S'iI nous dit
qu'ils ne sont pas valables et qu'il faut les éliminer pour les
remplacer par une autre proposition qu'il nous fait, le ministre a
certainement, lui-même et avec ses conseillers,
étudié l'article 12. Il a lui-même
évalué, sans cloute, après dix ans, en
général disons dix ans, huit ans chez nous, l'application,
l'utilisation que la commission a faite de cet article. Il devrait donc, avant
toute chose, être en mesure de nous indiquer que pour telle ou telle
raison, cet partie-là de l'article 12 de la loi actuelle a causé
tel ou tel problème, peut-être, ou n'a pas permis aux membres de
la commission d'exercer pleinement la mission pour laquelle elle a
été créée, qui est inscrite en toutes lettres
à l'article 3 de la section II de la loi: La commission a pour fonction
d'assurer la protection du territoire agricole. Cela veut dire que l'article 12
de la loi actuelle, tel qu'il est libellé, ne permet pas, ou ne permet
plus ou n'a pas permis véritablement à la commission de remplir
sa mission complètement. Ou au mieux le ministre doit avoir des exemples
ou des raisons qui viennent justifier et démontrer cela avant de le
changer, avant de dire: On le change. Avant de changer de voiture, on commence
par regarder si elle est encore convenable ou non. Donc, le ministre va nous
apporter cette justification qu'il a sans doute évaluée
lui-même avec ses légistes ou ses fonctionnaires ou les membres de
la Commission de protection du territoire agricole.
M. Pagé: M. le Président, pour être certain
que dans le temps qu'il lui reste le député de Dubuc puisse
intervenir de façon utile, je lui réponds immédiatement en
lui disant que, tout à l'heure, lors de la présentation que j'ai
faite de l'article 4 - je m'excuse pour mon enthousiasme - la modification
apportée à l'article 12 s'appuie sur le fait qu'au nouvel article
62, introduit par le projet de loi un peu plus loin, l'ensemble des
éléments ou critères prévus dans l'ancien article
12 se retrouvent. Essentiellement, l'article 12 est un article introductif de
juridiction ou de termes de référence sur lequel la commission
doit s'appuyer: quelle est sa fonction, quel est son objectif, etc. Dans
l'article 12, tel que rédigé actuellement, on indiquait que la
mission de la Commission de protection du territoire agricole était de
protéger le territoire agricole. On le réitère, sauf qu'on
ajoute un élément qui est celui non seulement de protéger
le territoire, mais de protéger aussi les activités qui ont cours
sur ce territoire, en référence au chapitre sur les
activités agricoles qui est de facture tout à fait nouvelle dans
ce projet de loi. Ce n'est pas compliqué, on s'inscrit en retrait
à l'égard d'absolument rien. Au contraire, on s'inscrit en plus
et dans l'article 12 et dans les dispositions regroupées, et on retrouve
les critères prévus à l'article 62 qui viendra un peu plus
tard. L'inquiétude du député est non fondée.
Le Président (M. Richard): Continuez, M. le
député de Dubuc, vous avez toujours la parole.
M. Desbiens: Je remercie le ministre de ses explications. Sauf
que s'il avait été avec nous quand mon collègue a fait ses
remarques, il a justement parlé de cela. On n'est pas malheureusement...
M. Pagé: M. le Président, Je m'excuse,
j'étais avec vous et j'ai formulé ces exposés dans les
commentaires préliminaires à l'appui de l'article 4.
M. Desbiens: ...ensuite vous êtes allé jaser dans la
salie au moment où mon collègue de Lac-Saint-Jean a
mentionné justement.. On n'est pas à l'article 62 et
deuxièmement que...
M. Pagé: Je ne voudrais pas en demander trop au
député de Dubuc, c'est-à-dire de lire un article par
rapport à un autre. Je sais que ce serait peut-être trop lui
demander. C'est ce sur quoi il est question ici.
M. Desbiens: II n'y a rien qui me plaît autant, M. le
Président, que de pouvoir comme cela permettre au ministre de manifester
son arrogance habituelle.
M. Page: Ce n'est pas de l'arrogance, c'est un constat.
M. Desbiens: Je sais que cela a été la façon qu'il
a de juger. Tantôt, on a vu comment il a jugé son propre
collègue de Berthier. Il a dit: Ce n'est pas le député de
Berthier qui pense, c'est moi. C'est ce que cela voulait dire. Sa façon
de penser. Là, vous voyez de quelle façon il traite
l'Opposition. C'est son habitude, je le connais et on le connaît bien.
Mais plus il sera arrogant, partisanement pariant, plus cela fait mon affaire.
Je dois vous dire combien je peux être heureux de cela, parce qu'on sait
ce que cela donne au bout, lui qui veut faire plusieurs termes comme ministre.
Il va voir ce que cela devient des ministres arrogants. Vous savez ce qui est
arrivé quand il y a eu un gouvernement qui a eu trop de ministres
arrogants. C'est toujours comme cela que ça finit.
M. Pagé: C'est ce que vous avez vécu. Vous pariez
de M. Landry, de M. Parizeau, M. Lazure...
M. Desbiens: Vous vous souvenez comme je souviens très
bien comment le ministre actuel se comportait devant... Je n'ai pas de peine
à admettre qu'il y a des ministres dans tout gouvernement qui deviennent
arrogants, c'est là le début de leur perte, comme cela va
être le début de la vôtre. (23 h 15)
M. Pagé: M. le Président, M. le
député me connaît mal, je suis l'incarnation vivante de la
modestie.
M. Desbiens: Oui? Alors, M. le Président...
M. Pagé: Mes amis me le reprochent, d'ailleurs. Ils
disent: Michel, tu es trop modeste.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desbiens: M. le Président, est-ce que j'ai toujours le
droit de parole?
Le Président (M. Richard): Vous avez toujours le droit de
parole, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Pourquoi alors le ministre parle-t-il tout le
temps?
M. Brassard: Vous connaissez le proverbe populaire: Rendu au
bout, cela revire. Vous êtes tellement modeste que cela se...
M. Desbiens: La chaîne ,est cassée. Il a
cassé sa corde.
M. Pagé: Je ne la connaissais pas celle-là.
J'espère ne pas la vivre.
Une voix: Vous êtes proche.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Dubuc, je m'excuse si...
M. Pagé: Renvenons au député de Dubuc, M. le
Président. Je confesse que c'était peut-être manquer un peu
d'appréciation à l'égard de mon honorable collègue
qui a d'ailleurs eu le privilège d'occuper la banquette que j'occupais
lorsque je suis arrivé: la banquette arrière gauche du
côté du président. Vous savez que la tradition en cette
Chambre veut qu'un député qui occupe ce fauteuil pour la
première fois lorsqu'il arrive à l'Assemblée nationale est
toujours réélu. Or, si vous avez été
réélu, M. le député de Dubuc, c'est en particulier
en raison de la tradition.
Le Président (M. Richard): M. le ministre..
M. Brassard: M. le Président, c'est une information
pertinente que j'ai à livrer à cette commission.
M. Pagé: Ce qui n'est pas le cas pour la
députée de Bellechasse.
M. Brassard: Vous savez, M. le ministre, que le
député de Dubuc a été le premier élu en
1976.
Le Président (M. Richard): Ah oui?
Une voix: Oui.
M. Brassard: En 1981 également. En 1976 et en 1981, le
premier élu au Québec. Il a été le premier
élu, le député de Dubuc.
Le Président (M. Richard): Vous me faites penser de
vérifier la banquette que j'occupe si elle a son histoire.
Une voix: Le premier du PQ.
Le Président (M. Richard): Ha, ha. ha!
M. Pagé: Sérieusement. Après
vérification, le député qui est assigné au
fauteuil, le dernier à gauche, dos à la tribune de la presse,
à la droite du président, c'est un fauteuil qui convie son
occupant à une fatalité positive, soit celle d'être
réélu. La fatalité positive fait en sorte que maintenant
vous êtes toujours avec nous et que l'on peut bénéficier
des échanges.
M. Brassard: II y a comme un croisement d'ondes qui...
M. Pagé: Oui. Bah!
M. Desbiens: Un courant d'air.
M. Pagé: II ne faut quand même pas se
référer au niveau, mais...
M. Brassard: Le fauteuil derrière le chef de l'Opposition
aussi, vous en conviendrez, que c'est un fauteuil chanceux aussi.
M. Pagé: Ah oui! Donc, compte tenu que je l'ai
déjà occupé longtemps, vous pourrez nourrir de grands
espoirs.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le
député de Dubuc, mais je sais qu'il y a eu beaucoup
d'intervenants. J'espère que cela ne vous a pas arrêté dans
votre élan. Vous avez toujours la parole.
M. Desbiens: Pas du tout. J'écoute cela avec
intérêt, M. le Président. Le ministre a-t-il encore des
choses à dire?
Le Président (M. Richard): Non. L'élan est
arrêté, je pense.
M. Brassard: Le premier élu de 1976 et de 1981 peut
reprendre la parole.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Dubuc. Pardon?
M. Messier: Quant aux spéculations sur les chances de
réélection, M. le député de Dubuc?
M. Desbiens: Les chances, il n'y a pas de problème avec
les chances.
M. Messier: Non, mais une question peut-être Inopportune,
en 1985, étiez-vous encore le premier élu ou le dernier
élu?
M. Desbiens: Le premier élu toujours du Parti
québécois, cette fois-ci.
M. Messier: En 1985 encore?
M. Desbiens: Oui.
M. Messier: Je vais suivre vos traces.
M. Desbiens: Je vais continuer comme ça.
M. Brassard: Vous savez pourquoi, non? C'est parce qu'il a un
président d'élection très efficace.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Elle est bonne.
M. Pagé: M. le Président, à ce
compte-là on va revenir. Vous étiez dans la CSST. C'est
ça?
M. Desbiens: Si on sait s'arranger avec le président
d'élection, on est capable de s'arranger avec d'autre chose.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Dubuc, vous avez toujours la parole.
M. Houde: En quelle année qu'il a été
nommé, M. le député?
M. Desbiens: En 1986.
M. Houde: Quand a été nommé votre
président d'élection?
M. Desbiens: Je ne le sais pas: en 1983 ou 1984.
M. Houde: En 1980, cela a plus de bon sens. Je comprends.
M. Desbiens: Après la nouvelle loi.
M. Houde: C'est comme les nouveaux critères. C'est comme
la protection du territoire agricole.
M. Desbiens: Les nouveaux critères.
Le Président (M. Richard): Je vais vous donner un indice:
Nous sommes...
M. Desbiens: Après avoir passé les concours
de...
M. Pagé: M. le Président, vous nous
dérangez.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, nous sommes
à l'article 4. Puisque cela déboule, j'aimerais bien qu'on
continue.
M. Pagé: Quand vous nous laissez aller, c'est un peu plus
le "fun".
Le Président (M. Richard): Puisque cela déboule,
pour prendre un jargon parlementaire.
M. Desbiens: M. le Président, c'est simplement pour
compléter. Il y a une question que j'ai acceptée de la part de
mon collègue, le député de Berthier. Il a
été nommé selon les critères...
M. Pagé: Du Parti québécois.
M. Desbiens: ...d'objectivité de nomination de
président d'élection qui ont été instaurés
par le gouvernement du Parti québécois avec entrevues et
études.
M. Houde: C'est cela, on se comprend.
Démocratiquement.
M. Desbiens: C'est cela.
M. Houde: C'est très bien fait. Je n'en ai jamais
douté non plus.
M. Desbiens: Vous les avez gardés d'ailleurs. Alors, Hs
doivent être bons.
M. Pagé: On les applique.
M. Desbiens: Oui, parce que si ce n'était pas bon, vous
les auriez déjà modifiés.
Le Président (M. Richard): Est-ce que je dois vous faire
la lecture de l'article 4?
M. Desbiens: Est-ce la réponse complète?
M. Houde: Très bien.
M. Desbiens: Oui, bon.
M. Houde: Vous pouvez continuer.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Desbiens: M. le Président, avec tout cela, je ne sais
plus où j'en étais.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): M. le député de
Dubuc, nous en sommes toujours à l'article 4.
M. Pagé: Non. Et le député de Dubuc...
M. Desbiens: II reste seulement dix minutes. Vous n'avez pas
compté ce temps-là?
M. Pagé: Oui, oui, oui.
Le Président (M. Richard): Pardon?
M. Desbiens: Parce que j'ai été interrompu par tout
le monde.
M. Brassard: Vraiment? On va soulever une question de
règlement.
M. Pagé: Le député de Dubuc était
rendu dans la CSST.
Une voix: Je suis convaincu que madame n'a pas compté ce
temps-là.
Le Président (M. Richard): Oui, madame n'a pas
arrêté de pitonner depuis tantôt, elle a...
M. Pagé: Continuez, CSST.
M. Desbiens: Cela veut dire que...
Le Président (M. Richard): Combien de temps approximatif,
madame, avons-nous...
M. Brassard: Cela s'appelle une manoeuvre dilatoire, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): ..pour M. le député de
Dubuc?
M. Pagé: Ah! Cela va donner un "break*. M. le
député de Dubuc, vous en étiez à la CSST.
Le Président (M. Richard): C'était... Je ne sais
pas là.
M. Pagé: 6. Une voix: 10,10. M. Brassard: 10.
M. Desbiens: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Richard): Non, je suis d'accord avec vous; je
suis d'accord qu'on ne peut pas vous amputer du temps qui vous appartient; sur
cela, je suis tout à fait d'accord avec vous. Il vous reste sept
minutes, M. le député.
M. Desbiens: Non, non, mais un instant il y a...
Le Président (M. Richard): Neuf minutes? Ah!
M. Desbiens: II y a une minute, elle a dit dix et là,
c'est rendu à sept.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, j'avais compris six.
M. Pagé: Là, si vous continuez, il va en rester
huit.
Le Président (M. Richard): Alors, vous en avez neuf.
Une voix: Combien?
M. Desbiens: Bon, alors...
Le Président (M. Richard): Vous en avez neuf, M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: M. le Président...
M. Houde: Si vous voulez parler, c'est le temps de commencer.
M. Desbiens: ...pour revenir à l'article... Une voix:
...6
Le Président (M. Richard): 9, c'est d'ailleurs un
numéro particulièrement sportif.
M. Desbiens: Oui, le numéro de Maurice Richard. Donc, je
reviens au projet de loi, à l'article 12, M. le Président...
Le Président (M.Richard): L'article 4.
M. Desbiens: ...c'est-à-dire l'article 4, qui a
modifié l'article 12, excusez-moi. Malgré ce qu'en dit le
ministre, il n'a pas dit pourquoi I enlève... Au fond, il n'a pas
répondu à notre Interrogation. Alors, pourquoi enlève-t-il
l'article 12 pour une meilleure administration finalement, une meilleure
gestion de la loi? Notre crainte, c'est que l'article 12 était un
article qui disait très clairement et très spécifiquement
quels étaient les critères qui permettaient à la
commission de déterminer, d'émettre un avis dans une affaire ou
encore de rendre une décision.
Quand on parie de... on remplace cela par l'Intérêt
général. On envoie cela à l'article 62, mais il garde un
article 12 quand même. SI on l'envoie à l'article 62, on doit tout
retrouver cela à l'article 62, alors il faudrait faire.. Pourquoi ne
l'a-t-il pas simplement abrogé, comme on le voit à d'autre
moment, il a abrogé certains articles? Pourquoi n'a-t-il pas
abrogé cet article-ci, si on le retrouve effectivement à
l'article 62? Il ne l'a pas abrogé, il l'a remplacé par un texte
où on parle de l'intérêt général;
l'intérêt général, c'est général.
Une voix: Généralement...
M. Desbiens: Généralement, c'est très
général. L'intérêt général, cela peut
vouloir dire à peu près n'Importe quoi, comme l'a dit mon...
M. Pagé: Les choses précisées sous un
critère de généralité.
M. Desbiens: ...collègue de Lac-Saint-Jean tantôt,
c'est brumeux. C'est-à-dire qu'on n'est
pas capable de définir, à la lecture de la loi, ce que le
ministre entend par là. C'est contre l'intérêt
général. C'est quoi? C'est tout. Alors, c'est encore bien plus
général.
M. Pagé: Un peu beaucoup.
M. Desbiens: Cela se précise un petit peu, continuez pour
voir.
M. Pagé: Cheminez vous aussi. Une voix: Faites
votre bout. M. Pagé: Cinq minutes.
M. Desbiens: Alors, c'est fa raison, M. le Président, pour
laquelle on s'oppose ici... En tout cas, je pense que le ministre comprend
quelles sont nos inquiétudes. Je ne vois pas en quoi les dispositions
actuelles de l'article 12 pouvaient poser problème ou... Pourquoi
Introduire ce critère qui est seul et unique maintenant
d'intérêt général? Ce qui m'apparait vague, et c'est
vague en soi, effectivement et qui vient affaiblir l'article 12 par rapport
à ce qu'il est et ce qu'if dit actuellement. Il donne comme obligation
à la commission, avant de rendre une décision et émettre
un avis, et aux commissaires pour remplir la mission qui leur est
confiée par l'article 3 du projet de loi... Je le répète,
vu que les commissaires le reconnaissent, mais c'est bon de le
répéter, la commission a pour fonction d'assurer la protection du
territoire agricole. Comment en affaiblissant l'article 12 peut-on mieux
assumer la fonction de la commission qui est d'assurer la protection du
territoire agricole? Cela m'apparaît être un affaiblissement
à cet égard. C'est pour cela qu'on se pose des questions qui nous
semblent pertinentes à ce moment-ci. Si on ne le fait pas, ici à
l'article 4, quand on va être rendu à l'article 62 et qu'on va
commencer à discuter des critères qui sont énoncés
à l'article 62, qu'on soulèvera le point, le ministre dira: Non,
vous n'aviez qu'à le discuter à l'étude de l'article 4.
C'est à l'article 4 qu'on va parier de cela. Là, on est à
l'article 4. En passant à l'article 4, on veut le discuter et
connaître exactement l'intention du ministre en affaiblissant ainsi -
selon la lecture qu'on peut en faire - les critères de sélection
qui doivent guider, comme l'article 12 actuel le dit, des commissaires pour
prendre une décision ou émettre un avis qui leur permettent de
remplir leurs fonctions, soit d'assurer la protection du territoire agricole du
Québec. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Dubuc. M. le député de Lac-Saint-Jean, M.
Brassard, il vous resterait quelques minutes je pense.
M. Brassard: Oui, deux minutes.
Le Président (M. Richard): Assez de temps pour...
M. Brassard: ...présenter un amendement.
Le Président (M. Richard): C'est ce que je pensais.
M. Brassard: À l'article 4 du projet de loi, remplacer les
mots "de l'intérêt général de protéger" par
les mots "en priorité de l'intérêt de protéger
l'agriculture", ce qui se lirait comme suit: "Pour exercer sa juridiction, la
commission tient compte en priorité de l'intérêt de
protéger l'agriculture, le territoire et les activités agricoles
et de prendre connaissance de tous les faits qui sont à sa
connaissance."
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire que c'est
recevable.
M. Brassard: C'est recevable? Est-ce que vous êtes
déçu, M. le Président?
Le Président (M. Richard): Pas du tout, pas du tout. Vous
avez la parole, M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, je ne reprendrai pas les
propos que j'ai tenus sur l'article 4 du projet de loi, mais j'ai trouvé
très utile de la part de mon collègue de Dubuc de rappeler
à l'article 3 de la loi actuelle la fonction même de la Commission
de protection du territoire agricole. Ce n'est pas négligeable de le
faire. La commission a pour fonction d'assurer la protection du territoire
agricole. Il l'a rappelé, à juste titre, à plusieurs
reprises et l'argument de mon collègue de Dubuc, quant à moi,
m'apparaît frappant et implacable. Quand il dit: Si, selon ce que nous
dit le ministre, les critères sur lesquels doit s'appuyer la commission
pour rendre des décisions, se retrouvent maintenant ou sont
regroupés désormais à l'article 62 et que c'est pour cette
raison que l'article 12 tel que libellé dans la loi actuelle
disparaît, pourquoi remplacer cet article par un autre? Il y a quelque
chose. Il y a une intention derrière tout cela. C'est bien
évident. (23 h 30)
Le ministre en a dit quand même suffisamment, parce que le
ministre nous dit: Écoutez, intérêt général
signifie que la commission doit prendre en compte non pas uniquement la
fonction de protéger le territoire agricole. C'est cela qu'il nous a
dit. Donc, de tenir compte d'autre chose aussi. Et cela m'apparaît un peu
inquiétant de voir que le concept vague et flou, comme je le
mentionnais, d'intérêt générai vient nous indiquer
que cela signifie que, par conséquent, la commission devra tenir compte,
non plus seulement de sa fonction, de sa mission, d'assurer la protection du
territoire agricole,
mais également de l'intérêt général:
concept d'intérêt général qui est une espèce,
s) on veut, de réceptacle qui peut recevoir à peu près
toutes sortes de significations. C'est pourquoi, dans mon amendement, je le
remplace purement et simplement ce concept d'intérêt
général par l'intérêt de protéger
l'agriculture, le territoire et les activités agricoles. C'est pas mal
plus clair et plus précis.
Désormais, la commission dont la fonction première est
d'assurer la protection du territoire agricole, oui d'une certaine
façon, voit son mandat élargi par l'article 12, mais
élargi dans la même direction, dans le même sens, approfondi
plutôt, je dirais, parce que non seulement il devra tenir compte de
l'intérêt de protéger le territoire agricole, mais
également l'intérêt de protéger l'agriculture et les
activités agricoles. Tout cela mis ensemble fera en sorte que l'on peut
désormais être assuré que la commission va vraiment se
limiter à l'exercice d'un mandat directement relié à tout
ce qui concerne l'agriculture, et uniquement cela.
L'idée d'intérêt général comporte un
danger, c'est que quand on parle d'intérêt général,
la plupart du temps, on dit cela souvent en Chambre à l'occasions
d'intervention ministérielle: L'intérêt
général commande... L'intérêt général
englobe à peu près tout. C'est ce que le ministre dit: Cela
englobe tout. Alors, cela peut aussi englober l'intérêt
général, je ne le sais pas, les besoins qu'ont des
municipalités. Il y va peut-être aussi de l'intérêt
général de construire une autoroute en territoire agricole.
L'intérêt général, c'est un mot fourre-tout, et le
ministre l'a avoué tantôt en dialoguant avec le
député de Dubuc. Cela englobe tout: l'intérêt des
municipalités, celui des MRC, celui de l'industrie et celui de la
voirie. Cela englobe tout, l'intérêt général. Cela
me semble un concept dangereux qu'il faut éliminer d'une loi comme celle
sur la protection du territoire agricole. Il faut purement et simplement, si on
veut garder un article 12, plutôt que d'abroger l'article 12 actuel, que
l'on prenne les critères précis et déterminés, mais
on nous dit: II n'y a plus besoin maintenant de l'article 12 actuel. C'est
là la réponse du ministre. Tous les critères sont
regroupés à l'article 62. On y reviendra à ce
moment-là parce qu'il y en a qui sont inquiétants. Cela se
retrouve comme l'intensité de l'agriculture. Critère
drôlement inquiétant quand on parle de l'intensité de
l'agriculture. Dans les critères, je vous avoue que j'ai sursauté
quand j'ai vu cela, parce que c'est élastique pas mal comme concept. Une
bonne terre en friche, par exemple, c'est une très bonne terre, un
très bon sol, mais comme elle est en friche, comme elle n'est pas
cultivée, l'intensité de l'agriculture: nulle; degré,
zéro. Alors, est-ce que cela veut dire à ce moment-là
qu'on peut se permettre de dézoner? Alors, iI y a le concept de
l'intensité de l'agriculture - on y reviendra - qui m'apparaît un
concept Inquiétant, drôlement élastique et dangereux en
soi.
Mais si l'article 12 actuel était devenu Inutile parce qu'on a
décidé de regrouper et d'ajouter des critères à
l'article 62 et de les remettre dans un seul article, pourquoi l'a-t-on...
M. Desbiens: Le ministre accepte l'amendement
M. Brassard: Vous acceptez l'amendement? M. Pagé:
Non. M. Brassard: Non?
M. Pagé: Mais seulement un commentaire. D'abord, je vais
vous donner...
M. Desbiens: M. le Président, pourquoi? A-t-il une
question de règlement?
Le Président (M. Richard): Pardon? M. Pagé: Non, je
ne voudrais pas... M. Desbiens: Question de règlement. Le
Président (M. Richard): Pardon? M. Desbiens: Question de
règlement.
M. Brassard: Non, mais s'il veut me répondre...
M. Pagé: Non, cela ne compte pas sur son temps.
Le Président (M. Richard): Non, je ne pense pas que...
M. Pagé: Là, je ne voudrais surtout pas, M. le
Président, que le député de Dubuc dise que je suis
arrogant et ci et ça.
M. Desbiens: Pardon?
M. Pagé: Parce que cela me fait de la peine. Je ne
voudrais pas qu'après mon propos, le député de Dubuc dise:
Bon, encore le député de Portneuf et son arrogance, cela me fait
de la peine, cela me touche quand vous me dites cela. Je sais pertinemment que
ce n'est pas cela.
M. Brassard: Non, parce que vous êtes tellement modeste, on
sait cela.
M. Pagé: Mais je vais me permettre d'indiquer au
député de Lac-Saint-Jean que lorsqu'on fait
référence à l'intérêt général,
on fait référence à une notion de droit qui commandera de
la part de la Commission de protection du territoire agricole de tenir compte,
dans ses décisions, de l'intérêt général de
l'agriculture comparativement à l'intérêt particulier qui
pourrait être soulevé dans une demande par un
requérant. C'est purement et simplement cela. 1 C'est
une règle de droit, je présume que les gens, à vos
bureaux, pourront vous confirmer cet élément de
l'interprétation à donner au texte, tel qu'il est.
Le problème, c'est le suivant. C'est que le libellé, tel
que vous l'avez rédigé, dit: Tour exercer sa juridiction, la
commission tient compte en priorité de l'intérêt de
protéger l'agriculture." Savez-vous ce que cela veut dire a contrario?
Cela veut dire qu'elle pourrait ne pas tenir compte de l'intérêt
de protéger l'agriculture. Cela pourrait aussi vouloir dire un juge qui
serait appelé à délibérer sur un litige portant sur
cet aspect-là de la loi, la première chose qu'il va se demander,
il va dire: une fois qu'elle a jugé en priorité de
l'intérêt de protéger l'agriculture, on s'appuie sur quoi?
Là, ce serait ie néant. Pour ces considérations, je suis
persuadé, connaissant le député de Lac-Saint-Jean, qu'il
va vouloir y réfléchir longuement. Compte tenu que je dois aller
déposer auprès de mon collègue, le leader du gouvernement,
ministre du Tourisme, député de Gatineau, mon plan et mon
calendrier de séances de commission d'ici au 31 décembre et au
début de janvier, si nécessaire, on pourrait se quitter
là-dessus. Pendant ce temps-là, le député de
Lac-Saint-Jean pourrait réfléchir peut-être à un
sous-amendement à présenter à l'amendement parce que tel
que l'amendement est libellé...
M. Brassard: J'admets que là, les propos du ministre
m'ébranlent...
M. Pagé: C'est ça le problème.
M. Brassard: ...les propos sur l'amendement que je viens de
déposer.
M. Pagé: Si vous êtes disposé, après
réflexion, après avoir dormi là-dessus quoi...
M. Brassard: Oui, cela mérite réflexion.
M. Pagé: ...de le modifier, moi je vous dis... J'aimerais
en adopter quelques-uns présentés par vous autres.
M. Brassard: Effectivement, quand vous dites les termes "en
priorité de l'intérêt de protéger l'agriculture",
cela peut laisser entendre que, finalement, il y a peut-être d'autres
intérêts dont la commission peut tenir compte. Ma foi! Cela
m'ébranle, je vais y réfléchir.
M. Pagé: Bonne nuit!
M. Brassard: Merci.
M. Pagé: Faites de beaux rêves.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez...
M. Pagé: Demain, en principe, vers 11 h 15.
Le Président (M. Richard): ...mesdames, messieurs, I
semble y avoir unanimité pour que nous ajournions sine die.
Effectivement, bonne nuit à chacun d'entre vous.
(Fin de la séance à 23 h 40)