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(Neuf heures quatorze minutes)
Le Président (M. Richard): Messieurs, je sens que vous
êtes passionnés. Donc, nous allons commencer nos travaux, si vous
le permettez. Je déclare la séance ouverte et je rappelle
à nouveau le mandat de notre commission qui est de procéder
à des consultations particulières et tenir des auditions
publiques dans le cadre de l'étude détaillée du projet de
loi 100, Loi modifiant la Loi sur la protection du territoire agricole.
M. le secrétaire, il y a un remplacement ce matin.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata) est remplacée par M. Forget
(Prévost).
Consultations particulières
Le Président (M. Richard): Bienvenue, M. Forget. Nous
recevons ce matin l'Union des municipalités régionales de
comté et des municipalités locales du Québec, qu'on
appelle l'UMRCQ. Je vous rappelle que l'entente qui est intervenue concernant
le partage du temps entre les deux formations politiques est celle-ci: La
présentation doit prendre environ 20 minutes et il y aura 35 minutes
pour la partie ministérielle et 35 minutes par la suite pour
l'Opposition officielle.
Sans plus tarder, je demande à M. Roger Nicolet, président
de l'UMRCQ, et à ses collègues de prendre place, s'il vous
plaît. M. Nicolet, puisque vous êtes un vétéran des
commissions parlementaires, vous en connaissez bien la mécanique. Alors,
vous avez la présentation et je vous demanderais aussi de nous
présenter les gens qui vous accompagnent.
UMRCQ
M. Nicolet (Roger): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, j'aimerais, comme vous le suggérez, vous
présenter mes deux collègues. À ma gauche, quelqu'un que,
je crois, plusieurs d'entre vous connaissent déjà, M. Léo
Roy, maire de Barnston-Ouest, préfet de la MRC de Coaticook et, bien
sûr, un agriculteur bien connu en Estrie et dans l'ensemble du
Québec qui, depuis de nombreuses années, exerce sa profession.
À ma droite, Me Michel Poirier, qui est a été conseiller
juridique de l'UMRCQ dans le dossier de l'analyse du projet de loi 100.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole.
M. Nicolet: M. le Président, tout d'abord, au nom de
l'Union des municipalités régionales de comté et des
municipalités locales du Québec, qui représente quelque
1250 municipalités locales et régionales, j'aimerais vous
remercier, vous et les membres de la commission, d'avoir bien voulu nous
accueillir ce matin et de nous donner l'occasion de vous présenter ces
quelques remarques concernant un projet de loi fort important pour l'ensemble
du monde municipal et, nous le croyons, pour l'ensemble des
Québécois.
Notre exposé, ce matin, se fera en deux temps. Je vous adresserai
quelques remarques d'ordre général qui se veulent peut-être
davantage politiques et, après ça, je demanderai à Michel
Poirier d'élaborer davantage sur certaines considérations plus
techniques quant au libellé du texte.
Avec votre permission, je lirai mon commentaire, parce que je pense que
chaque mot est important et qu'il est peut-être opportun que les
remarques que nous avons à vous adresser soient consignées au
procès-verbal des délibérations de la commission
d'aujourd'hui.
De longue date, l'UMRCQ demande l'harmonisation de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme et de la Loi sur la protection du
territoire agricole. Comment, en effet, faire des schémas
d'aménagement le principal instrument d'une vision régionale de
l'aménagement du territoire quand une des composantes essentielles d'une
telle planification, en l'occurrence l'activité agricole,
échappe, à toutes fins utiles, aux interventions des acteurs
régionaux? Comment allier une conception essentiellement
évolutive de la planification des besoins d'une société
que sous-tend la confection des schémas d'aménagement à la
perception immuable d'un zonage agricole figé dans le temps?
Malheureusement, il faut bien le constater, le projet de loi 100 ne
touche pas cette problématique. Bien au contraire, par la
création de "secteurs exclusifs" et surtout par les dispositions y
afférentes, il vient consacrer la constitution de parties du territoire
québécois qui ne seront pas fonctionnellement
intégrées et dont les populations ne seront pas impliquées
dans une démarche collective de développement.
L'interprétation des effets du projet de loi est confirmée du
reste par M. Pagé lui-même qui, le 20 novembre dernier,
déclarait dans le cadre d'une émission de
télévision - il se référait
présumé-ment aux élus municipaux: "...ils pourront
développer et aménager leur zone blanche et nos producteurs
pourront développer et surtout avoir la paix en zone verte." Vision d'un
Québec bipolaire qu'aucun porte-parole municipal ne pourra jamais
accepter.
Dans cette même perspective, concrètement, comment le
gouvernement peut-il véritablement
prétendre enfermer la société dans le carcan de
l'article 69.08, deuxième alinéa, du projet de lof? Les terres de
plus haut potentiel agricole, c'est-à-dire les secteurs exclusifs
projetés, se situent dans les plaines du Saint-Laurent, principalement
à proximité des grands centres urbains du Québec. D'autre
part, personne ne peut prétendre aujourd'hui prévoir les besoins
futurs de cette société en constante évolution. Quelle que
soit l'importance qu'on accorde à l'objectif "national* de protection du
territoire agricole, il est inconcevable que l'on subordonne la
réalisation d'équipements publics encore à définir
à une configuration inaltérable d'une zone agricole
décrétée unilatéralement par une commission, en
l'occurrence la CPTA. Pour l'UMRCQ, une meilleure protection des terres
à haut potentiel agricole qui, faut-! le rappeler, est un objectif
qu'elle poursuit n'implique certainement pas une remise en question des
principes mêmes d'une planification polyvalente du territoire
québécois que la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme est
venue concrétiser. Seuls les schémas des MRC, par leur
définition même, peuvent harmoniser les différents usages
du territoire.
La définition des secteurs exclusifs par la procédure
esquissée par le projet de loi 100 vient confirmer
l'incompréhension profonde du MAPAQ face aux mécanismes de
participation populaire à la gestion du territoire que la loi 125 a
instaurés. À l'heure où le gouvernement du Québec
approuve les derniers schémas d'aménagement et les confirme comme
base d'évaluation de toute nouvelle intervention, tant publique que
privée, il est difficile de comprendre que le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation puisse proposer que la
délimitation des secteurs exclusifs soit confiée à une
commission dont le caractère est essentiellement celui d'un tribunal
administratif et dont les termes de référence ne comprennent
aucune corrélation des secteurs exclusifs proposés avec les
schémas d'aménagement ni aucune consultation des instances
municipales pourtant directement impliquées.
Sur un tout autre plan, le projet de loi 100 vient consacrer un statut
particulier aux agriculteurs qui exploitent des terres situées en zones
protégées. Un train de mesures qui incorpore la
réciprocité, la nomination d'un commissaire aux plaintes contre
les règlements d'urbanisme municipaux, l'immunité et
l'institution d'un fonds de défense des activités agricoles est
évidemment lourd de conséquences tant sur le plan de la gestion
des affaires municipales que directement sur l'équilibre et
l'équité à préserver dans la société.
Le MRCQ ne peut qu'exprimer ses appréhensions face à de telles
propositions.
Le gouvernement municipal a été voulu par le
législateur comme le palier administratif le plus proche du citoyen, de
tous les citoyens. Pour l'élu municipal, M est primordial de pouvoir
s'acquitter équitablement face à tous ses électeurs du
mandat qu'ils lui ont confié. La notion même qu'un groupe
particulier de la société devrait jouir de privilèges
spéciaux et mérite un régime de protection distinctif face
aux gestionnaires municipaux est à la fois offensante et
antidémocratique. Offensante, parce que par l'adoption éventuelle
de telles dispositions le législateur viendrait formellement tancer les
quelque 10 000 élus municipaux du Québec. En fait, les
dispositions en question, et particulièrement la nomination d'un
commissaire aux plaintes, constitueraient une consécration des
prétendues insuffisances des élus municipaux face à leurs
commettants agriculteurs ou inversement, si vous préférez, parce
qu'ils ont tellement bien fait leur travail que finalement les agriculteurs ont
besoin d'une protection spéciale face à l'ensemble de la
société. Cela, finalement, vient alimenter mon deuxième
point, à savoir antidémocratique parce que, pour une
première fois, une classe de la société et, dans ce cas
particulier, définie par son activité professionnelle et son lieu
d'exercice pourrait se prévaloir d'un cadre juridique distinct qui
serait refusé à d'autres groupes de la société.
Je passerais, si vous me le permettez, ta parole à mon
collègue ici présent, Me Poirier, qui vous parlera davantage sur
certains aspects techniques du texte.
Le Président (M. Richard): Me Poirier.
M. Poirier (Michel): M. le Président, M le ministre, MM.
les membres de la commission, je n'ai pas l'intention de reprendre devant vous
ta lecture du mémoire, compte tenu du fait qu'il s'agirait d'un exercice
fastidieux, particulièrement pour vous. Je vais simplement reprendre les
points principaux du mémoire quitte, par la suite, à discuter sur
les points sur lesquels vous avez besoin d'information
supplémentaire.
Tout d'abord, le début du projet de loi traite des changements
quant aux structures et au processus décisionnel; ce sont à peu
près les articles 1 à 20 du projet de loi. L'UMRCQ tient à
faire savoir son appui à la plupart de ces dispositions, notamment la
mise sur pied d'un tribunal d'appel indépendant qui est, à notre
avis, une mesure de nature à assurer une meilleure justice pour les
justiciables québécois qui auront à se présenter
devant les instances dans ce domaine. Un seul point nous apparaît, de
notre point de vue, moins acceptable, c'est celui des critères de
décision de la commission. Vous savez qu'en vertu du projet de loi, tel
que rédigé, i y a des critères qui sont obligatoires. Je
réfère à l'article 62 de la loi, modifié par
l'article 17 du projet de loi. Il y a des critères obligatoires, des
critères facultatifs et des critères que la commission ne doit
pas prendre en considération. À cet égard, l'UMRCQ
voudrait que les trois critères qui sont facultatifs actuellement dans
la version du projet de loi deviennent des critères obligatoires et,
deuxièmement, que le projet de loi ne soit pas rédigé dune
façon telle qu'il semble y avoir une hérarchie
dans la définition des critères obligatoires, que des
critères obligatoires soient plus obligatoires que d'autres
critères obligatoires.
La question des secteurs exclusifs. La Loi sur la protection du
territoire agricole est la loi sur la protection des terres agricoles la plus
draconienne sur le continent. On a souvent référé à
d'autres lois similaires, particulièrement dans les provinces de
l'Ouest, mais il reste, à notre avis, que rien ne s'approche du
caractère draconien de la Loi sur la protection du territoire agricole.
On peut se demander, compte tenu de la rigueur des termes actuels de la loi,
s'il y avait lieu de rendre encore plus rigoureuses les dispositions par
l'instauration de secteurs exclusifs. Malgré ses doutes, l'UMRCQ donne
son aval au principe de la création de secteurs exclusifs, sujet
toutefois à deux remarques.
La première remarque, c'est la question de la délimitation
des périmètres des secteurs exclusifs. Vous savez qu'en vertu de
la loi originale la définition des zones agricoles se faisait à
la suite d'un processus de négociation entre la Commission de protection
du territoire agricole et les institutions municipales. La réforme, de
1985, qui permet la révision des zones agricoles à la suite de
l'adoption, par les MRC, des schémas d'aménagement - je
réfère en particulier aux articles 69.01 et suivants de la loi
actuelle - prévoit également un cadre formel de
négociation entre les intervenants du milieu et les autorités
gouvernementales pour en arriver à la définition des
périmètres des zones agricoles et leur révision. L'UMRCQ
demande que la définition des périmètres des secteurs
exclusifs fasse également l'objet d'une négociation entre les
intervenants intéressés et que la loi prévoie un cadre
formel à cet effet.
Deuxièmement, comme vous l'a déjà mentionné
M. Nicolet, l'UMRCQ demande que l'implantation de certaines infrastructures
publiques dans les secteurs exclusifs ne soit pas assujettie aux
critères plus rigoureux qu'implique l'implantation de certains usages
autres qu'agricoles dans les secteurs exclusifs. Nous pensons notamment aux
réseaux d'aqueduc et d'égout, les systèmes
d'épuration des eaux, les dépotoirs, les lieux de
dépôt des neiges usées de même que les
infrastructures du système routier. Il faut se rendre compte que
l'assujettissement aux critères très rigoureux prévus dans
les secteurs exclusifs de ces infrastructures impliquerait des coûts
additionnels très importants. Que l'on songe uniquement aux
équipements d'épuration des eaux. L'UMRCQ demande que ces
infrastructures, dont la mention est faite aux pages 11 et 12 du
mémoire, soient assujetties aux critères habituels en zone
agricole.
Il faut bien comprendre que l'UMRCQ ne demande pas que l'implantation de
ces infrastructures se fasse n'importe comment, n'importe où et qu'elle
ne requière pas l'autorisation de la Commission de protection du
territoire agricole. Ce que l'UMRCQ demande, c'est que, lorsque ces demandes
d'autorisation sont soumises à la commission, la commission applique
à l'étude de l'opportunité ou non d'implanter ces
infrastructures les critères qui sont utilisés en zone agricole,
et non pas dans les secteurs exclusifs. (9 h 30)
La section du projet de loi sur les activités agricoles. La
question de la responsabilité restreinte, l'UMRCQ s'y oppose parce que
nous estimons que la preuve n'a pas été faite que les
agriculteurs québécois font l'objet de poursuites abusives devant
les tribunaux. Cela ne s'est pas fait et, compte tenu de cela, nous estimons
qu'on ne devrait pas introduire dans la loi des dispositions très
larges. On ne sait pas trop où on s'en va avec de telles dispositions.
Je vous donne un exemple. L'article 79.13 du projet de loi tel que
rédigé, combiné avec l'article 79.1 qui élargit
considérablement fa définition d'activités agricoles pour
inclure, par exemple, toutes les questions d'usines d'empaquetage sur certaines
fermes maraîchères, à notre avis, tel que
rédigé, empêcherait un travailleur de ces usines
d'empaquetage d'invoquer certains droits en vertu de la Loi sur la santé
et la sécurité du travail, notamment l'article 12. Cela
empêcherait un travailleur de dire: Moi, je refuse de travailler parce
que j'estime que ma santé est actuellement mise en danger compte tenu de
la poussière ou du bruit qui est émis dans l'usine d'empaquetage
située sur la ferme maraîchère. Ce n'est qu'un exemple qui
vous permet de voir que, compte tenu de sa largesse, les conséquences de
cette disposition sont relativement imprévisibles. Nous avons d'ailleurs
fait part aux fonctionnaires du ministère de l'Agriculture de ces
problèmes d'interprétation.
La création du fonds d'activités agricoles. Nous vous
faisons remarquer que, tel que rédigé actuellement, la loi
permettrait au gouvernement de financer un agriculteur poursuivi par le
même gouvernement en vertu de la Loi sur la qualité de
l'environnement, puisque la section sur le fonds de défense ne
réfère pas à la Loi sur la protection du territoire
agricole, contrairement à la section sur la responsabilité
restreinte où nommément on exclut la question des recours
fondés sur la Loi sur la qualité de l'environnement. Cela
voudrait donc dire, d'une part, que, si le gouvernement décidait qu'un
agriculteur pollue et enfreint les dispositions de la Loi sur la qualité
de l'environnement et que le gouvernement décide de poursuivre cet
agriculteur, ce même gouvernement financerait la défense de ce
producteur agricole. D'autre part, le projet de loi n'assure aucune balise
quant à l'accessibilité au fonds en fonction de la situation
financière du producteur agricole. Quelle que soit la richesse ou la
pauvreté de celui-ci, la loi ne prévoit aucune balise.
Enfin, la loi ne prévoit pas, par exemple, qu'un producteur
agricole qui est poursuivi, qui est condamné en dépit d'une
défense financée par le gouvernement remette au gouvernement
les
sommes dont il a bénéficié pour sa défense
compte tenu de sa culpabilité. Nous estimons que, compte tenu des
maigres ressources que le gouvernement a à sa disposition et de
l'ampleur des problèmes environnementaux, ce ne soit pas
nécessairement une priorité de financer les gens, notamment ceux
qui sont poursuivis par le ministère de l'Environnement pour des
présumées infractions.
Quant à la section sur les plaintes, je n'y reviendrai pas compte
tenu du fait que M. Nicolet a suffisamment insisté sur le
caractère inacceptable de ces dispositions. La réciprocité
est une mesure dont on a invoqué la nécessité du
côté du ministère de l'Agriculture à de nombreuses
reprises. Tel que rédigé, le projet de loi va
générer une complexification des processus d'émission des
permis de construction et des coûts additionnels. Vous êtes tout
aussi sensibles que moi au fait que nous parions de petites communautés
municipales avec des moyens restreints, et que les inspecteurs municipaux ne
sont pas toujours à temps plein ni n'ont pas toujours toute la formation
qui leur serait nécessaire. Nonobstant ces difficultés, dans un
contexte de reconsidération de la section sur les activités
agricoles, l'UMRCQ est prête à accepter le principe des
dispositions relatives à la réciprocité.
Ce sont dans l'ensemble les principaux commentaires qu'on avait à
faire sur le plan technique concernant le projet de loi. Je vous remercie.
Le Président (M. Richard): Merci. Me Poirier. Merci, M.
Nicolet. M. le ministre.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
remercier et souhaiter la bienvenue à l'Assemblée nationale
à M. Nicolet, M. Roy, de la MRC de Coaticook, à Me Poirier, et
leur dire que c'est avec beaucoup d'intérêt qu'on prend
connaissance de leur mémoire ce matin, même si le contenu et les
prises de position ou encore les demandes formulées ne nous sont pas
étrangères en ce que de telles prises de position ou de telles
requêtes ont été portées à mon attention il y
a déjà un certain temps.
Vous vous Inscrivez contre le projet de loi. Vous exprimez une
opposition qui se veut assez vive si je me réfère, entre autres,
au libellé du préambule formulé par M. le président
de l'UMRCQ. Vous dites que c'est une attitude offensante et
antidémocratique.
Je voudrais revenir sur un élément qui doit être
formulé pour situer dans son juste contexte la pertinence du projet de
loi qui est déposé aujourd'hui. La loi 90 a été
adoptée en 1978. La loi 125 a été adoptée en 1979.
Cette dualité législative marquée par une manque de
précision, tout au moins en ce qui concerne le partage ou la
primauté des lois, a eu comme résultat des aspirations
exprimées par le monde municipal qui voudrait bien avoir Juridiction sur
l'aménagement du territoire à l'intérieur de la zone
agricole. Pour bien comprendre la portée de la loi, la
nécessité non seulement de la maintenir mais d'en renforcer
plusieurs dispositions, I faut aussi avoir à l'esprit le fait que, si
les municipalités du Québec et particulièrement les
municipalités rurales que vous représentez, M. le
président, avaient été solidaires de l'agriculture au
Québec, si ces mêmes municipalités avaient eu une vision de
développement qui aurait tenu compte de l'agriculture et de son devenir,
probablement ou possiblement tout au moins que le législateur n'aurait
pas eu besoin d'adopter la Loi sur la protection du territoire agricole, en
1978. Personnellement, je demeure convaincu que la loi que nous
présentons ici pour étude en commission parlementaire,
lorsqu'elle sera en application, permettra d'établir des règles
du jeu beaucoup plus claires et précises, susceptibles d'éliminer
de nombreux affrontements.
Je m'explique. Des affrontements. par exemple, quand on voit une MRC ou
des municipalités qui voudraient réglementer les activités
agricoles en zone agricole et qui demandent de régir la production et
les activités agricoles, la manière dont ces activités
devront être conduites, etc. Cela donne place à des affrontements,
à des dualités et à des interprétations
différentes. Vous considérez comme antidémocratiques les
dispositions portant sur le droit de produire et sur le rôle, le mandat
qui sera dévolu au commissaire aviseur. D'abord, dans notre esprit, le
commissaire aviseur est une personne qui sera nommée par le ministre de
ta Justice et assistée de deux personnes nommées par le ministre
des Affaires municipales et de deux personnes nommées par le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, avec comme mandat de
rapprocher les parties et seulement de formuler un avis. En fait, c'est un peu
un comité ou une structure susceptible de refroidir le débat
lorsqu'il y a un affrontement dans une municipalité pour donner un avis
qui, nous l'espérons et nous le croyons, permettra d'en arriver à
une solution.
C'est la même chose pour la question de la
réciprocité qu'en fin de compte vous convenez d'appuyer. Quel est
l'objectif? C'est d'éviter des conflits entre des producteurs agricoles
et des citoyens. Vous indiquez que c'est offensant et antidémocratique.
Si tel était le cas, nous ne sommes pas les seuls à l'être.
Plusieurs provinces canadiennes se sont dotées de lois analogues
à celle que je présente aujourd'hui. Plusieurs dizaines
d'États américains ont la même prise de conscience que nous
ici, à savoir que les sols agricoles constituent une ressource non
renouvelable. C'est une ressource sol qui, dans la très grande
majorité des cas, lorsqu'elle est affectée à d'autres fins
que l'agriculture, est perdue de façon irrévocable. On doit
protéger ces sols qui sont agressés par d'autres
éléments, que ce soit la nature, les produits chimiques,
l'érosion éolienne, les problèmes d'érosion
près des cours
d'eau, etc.
Cela dit, je comprends la position que vous adoptez parce que, par le
projet de loi 100 et aussi par les autres mesures qui ont été
adoptées par notre gouvernement depuis un certain temps, il est devenu
très clair dans notre esprit que les municipalités du
Québec ont des juridictions, des pouvoirs qui sont importants. C'est
vrai que vous êtes le palier de gouvernement très près des
citoyens, etc., et cette fonction doit s'exercer via les schémas
d'aménagement que vous êtes à rédiger actuellement.
Quand j'ai indiqué, en novembre dernier, que les municipalités
allaient pouvoir développer, agir en zones blanches, que les
agriculteurs allaient pouvoir développer leurs entreprises en zones
vertes et que tout le monde aurait la paix, je ne voulais pas vous insulter.
Loin de moi l'intention de vouloir insulter quiconque, mais c'était une
image qui, je pense, est assez fidèle de nos intentions,
c'est-à-dire faire en sorte que les municipalités puissent
développer, aménager, améliorer la qualité de vie
de leurs citoyens par un aménagement à l'intérieur de ces
zones blanches qui sont nombreuses, ces zones blanches qui, à la suite
de la négociation des zones agricoles et urbaines entre la Commission de
protection du territoire agricole et chacune des MRC, doivent vous donner les
superficies de terrain requises pour répondre à vos besoins de
développement. Mais une fois que la ligne va être tirée,
cependant, vous comprendrez qu'en zone agricole et en agriculture les
investissements, les engagements financiers des producteurs ne sont pas faits
seulement pour quelques années. On doit investir à long terme. On
doit sécuriser l'affectation de ces sols et sécuriser
l'activité qui s'y tient. C'est mon commentaire préliminaire.
Je vais répondre à quelques-unes des interrogations que
vous formulez aujourd'hui. Vous dites: La délimitation des territoires
exclusifs, l'article 21 de la loi, ça va se faire au-dessus de notre
tête, etc. À la suite de l'échange que nous avons eu
à la table Québec-municipalités et à la suite du
comité technique qui a siégé, je me suis engagé
à faire en sorte de prévoir un amendement pour être certain
que les municipalités puissent être consultées dans le
cadre de ce processus d'établissement de la délimitation des
territoires exclusifs. De plus, toujours en rapport avec l'article 21, pour ce
qui est des infrastructures, vous voudriez que le deuxième alinéa
de l'article 69.08 concernant les conditions particulières en
matière d'utilité publique ne s'applique pas dans les cas
suivants: réseaux d'aqueduc et d'égout, y compris les usines de
traitement et d'épuration, les lieux d'élimination des
déchets domestiques, et vous ajoutez les sites d'entreposage de la neige
qui a été recueillie sur le réseau routier. Je me suis
engagé à apporter certaines modifications qui seront quand
même limitées et, lorsque l'étude du projet de loi article
par article reprendra, nous vous démontrerons que nous sommes d'accord
sur certains éléments des demandes que vous formulez. (9 h
45)
Vous avez porté à mon attention le fait que
l'immunité, telle que vous l'interprétez, pouvait
déborder, pouvait bénéficier à des entreprises
autres que des entreprises agricoles. Vous vous inquiétez qu'une
entreprise, par exemple, de transformation de produits bioalimentaires pourrait
alléguer cette disposition. L'intention du législateur et du
gouvernement, c'est de protéger les entreprises agricoles. C'est
définitif, notre objectif n'est pas de protéger une grande
entreprise qui ferait la transformation d'un légume quelconque en zone
agricole. À cet égard, des modifications seront apportées
pour vraiment circonscrire l'application de la notion d'immunité, pour
l'identifier exactement selon notre intention, c'est-à-dire
protéger le producteur agricole. Par exemple, un producteur qui fait de
l'emballage ou qui fait du conditionnement de produits sur sa ferme, pour
autant que la principale activité du propriétaire soit
l'agriculture, comme producteur ou comme productrice agricole, il pourra
bénéficier de cette immunité.
Cependant, je vous donne un exemple, supposons qu'une entreprise, comme
Catelli, Campbell ou une autre, a une entreprise de transformation;
l'immunité ne pourra servir à des entreprises comme
celles-là. Cela aussi est susceptible, encore une fois, je pense, de
vous satisfaire parce que c'est vous qui l'avez demandé.
Concernant le fonds de défense, Me Poirier, vous utilisez des
termes qui manifestent votre inquiétude. Vous dites: On ne fait pas de
distinction des riches ou des pauvres; l'agriculteur qui a le moyen, qui n'a
pas le moyen, etc. Mais vous devez certainement savoir, vous aussi, comme
avocat, que dans le cadre du recours collectif on ne fait pas de distinction,
lorsqu'une demande est formulée pour obtenir le droit de recourir
collectivement, à savoir s'il y a un requérant dans le groupe qui
est plus riche que son voisin, etc.
Vous vous inquiétez des critères sur lesquels nous nous
appuierons au gouvernement et au ministère pour valider le recours
à ce fonds de défense professionnelle. Je vous indique tout de
suite un des éléments importants. Pour pouvoir
bénéficier de ce fonds, le producteur ou la productrice agricole
devra agir selon les règles de l'art, devra respecter les
règlements. Hier, j'ai dit aux représentants de l'Union des
municipalités, qui manifestaient un peu d'inquiétude sur le
même sujet, que le fonds de défense et la notion
d'immunité, ça ne doit pas être interprété
comme étant un passeport ou une caution de l'illégalité et
de la pollution. C'est d'établir des règles du jeu, encore une
fois, qui seront plus claires, plus précises et qui ne pourront
bénéficier qu'à l'ensemble de la collectivité.
Il y aura aussi un règlement qui sera établi, qui mettra
un peu de chair sur cette ossature qui
est dans la loi et qui viendra préciser les conditions auxquelles
devra répondre une personne désireuse de recourir à ce
fonds de défense. J'apprécie beaucoup la solidarité que
vous démontrez à l'égard du gouvernement dans une
perspective de gestion saine et rigoureuse des fonds publics. Ne soyez pas
inquiets, on s'en occupe. D'ailleurs, souventefois, les municipalités
que vous représentez - il y en a 28 dans mon comté - sont les
premières à s'en plaindre.
Cela dit, J'apprécie beaucoup votre témoignage ce matin.
Je note vos commentaires. Certains des éléments contenus dans
votre mémoire recevront une réponse positive, en ce qu'on se
prépare à présenter des modifications. Cependant, je
voudrais, encore une fois, être bien honnête, bien ouvert et aussi
bien direct avec le monde municipal. La loi 90 a eu cours pendant plusieurs
années et le présent projet de loi vise à apporter des
précisions, à l'actualiser. C'est très important pour le
milieu agricole de pouvoir produire sur les terres, dans une perspective
à long terme, avec des règles du jeu qui ne seront pas
modifiées par une municipalité comparativement à une
autre; d'ailleurs, on s'y réfère indirectement dans votre
mémoire. Hier, l'Union des municipalités nous a dit: Vous savez,
les plaintes c'est quand même très limité; il ne faut pas
adopter une loi provinciale pour les cas de Pintendre et de Sabrevois, etc.
Vous avez très certainement fait la même analyse que moi et, si
vous ne partagez pas mon opinion, je vous invite à me le dire. Mais vous
devez convenir que, dans plusieurs schémas d'aménagement
proposés pour adoption par les MRC, il y avait des dispositions
particulières, différentes d'une MRC à l'autre, qui
s'appliquaient pour régir l'agriculture. C'est une question
fondamentale. L'agriculture ne peut pas être régie par des normes
différentes d'une MRC à l'autre et, par surcroît, d'une
municipalité à l'autre. C'est pourquoi le principe de zonage de
production et d'établissement de zones tampons a été
complètement exclu par le gouvernement du Québec, dans sa
déclaration, par cinq ministres, en novembre 1987.
De notre côté, nous croyons que ce projet de loi viendra
établir une situation où chacun pourra agir dans le cadre de ses
juridictions sur son territoire. Les règles du jeu qui vont
éliminer les conflits entre municipalités et producteurs
agricoles et entre propriétaires à l'intérieur de la zone
agricole, cela veut dire quoi? Cela veut dire plus d'harmonie, de meilleures
relations. J'apprécie ce matin la réponse que vous me donnez en
disant: Nous sommes prêtes, les municipalités, via notre
personnel, à participer à la mise en oeuvre du projet de loi en
regard des responsabilités qui nous sont imparties en ce qui concerne,
entre autres, les permis de construction et la validation des normes de
réciprocité.
J'apprécie beaucoup ça et je vous remercie. Si vous avez
des questions ou des commentaires, n'hésitez pas.
Le Président (M. Richard): M. Nicolet.
M. Nicolet: M. le Président, j'aimerais remercier M. le
ministre de ce long exposé. Comme M. le ministre l'a souligné
lui-même, le mérite, c'est de mettre l'accent sur la franchise des
échanges. Par contre, vous me permettrez, M. le ministre, de m'inscrire
en faux contre un certain nombre d'allégations que vous avez faites sur
le contexte dans lequel vous situez le rôle ou l'intervention du
gouvernement en cette matière.
Dans un premier temps - et je vais commencer à rebours de la
ligne de votre exposé puisque c'est ce qui est peut-être encore le
plus frais à mon esprit vous faites allusion à Sabrevois et vous
mettez, dans un même contexte, Sabrevois, Pintendre et un certain nombre
d'autres dossiers célèbres qui ont fait ta manchette depuis deux
ans. Vous enchaînez là-dessus, si je comprends bien, avec un
raisonnement, à savoir que le producteur agricole ne peut pas être
assujetti à des conditions ou des contraintes différentes suivant
la municipalité ou la municipalité régionale de
comté dans laquelle il exerce sa profession. Là-dessus, bien
sûr, il est bien simple de répondre pourquoi. Tous les autres
intervenants de la société civile oeuvrent en fonction de
contraintes qui leur sont bien particulières. Tout agriculteur qui
commence à labourer un champ axe son intervention en fonction des
particularités topographiques du sol, du climat, dont il doit tenir
compte pour cultiver une matière ou un produit particulier. Pourquoi
vouloir, à un moment donné, faire fi de cette divergence qui est
justement la richesse et qui est de l'essence même de la
société et de l'activité de l'agriculteur? Même pour
un agriculteur, au sein de sa propre exploitation, chaque champ est propice
à une culture distincte, à une façon d'aborder et d'en
retirer le meilleur. Pourquoi, tout d'un coup, voudrait-on superposer à
un niveau absolument artificiel une espèce d'uniformisation qui est
contraire à la réalité même du monde dans lequel on
vit? Nous nous inscrivons en faux contre cela. La société dans
laquelle ce producteur agricole doit s'intégrer par la force des choses,
quant à nous, doit se refléter dans cette harmonie qui est
à créer avec le citoyen, qu'il soit agriculteur ou autre, qui
vient faire partie d'une entité sociale distincte.
Tout cela parce que je crois, et c'est là que ceci
m'amène, que nous partons d'une conception fondamentalement
différente du rôle du municipal dans l'organisation sociale
québécoise. Vous parlez du municipal comme étant une
structure qui s'applique et dont la légitimité n'est finalement
acquise que pour certains éléments de cette
société, tandis que d'autres, en l'occurrence les agriculteurs,
ont droit à un régime d'exception. Pour nous, la
délégation que le législateur nous a faite est globale,
totale, et elle couvre l'ensemble des citoyens et des territoires. Il n'a
jamais été question, quant à nous, d'accepter qu'on nous
compartimente ou
qu'on nous oblige à fonctionner selon différents
schèmes pour un groupe par rapport à un autre ou selon certains
secteurs d'un territoire par rapport à d'autres. Notre
délégation de responsabilités est globale, totale, et elle
couvre l'ensemble du territoire. Dans la mesure où on réussira
à s'entendre sur ces prémisses, je pense qu'on pourra resituer
les besoins de la société agricole par rapport à
l'ensemble de la société québécoise.
Vous avez fait allusion brièvement, lors de votre introduction,
à l'historique de l'adoption des lois 90 et 125 et j'y souscris bien
volontiers. Mais il faut bien reconnaître à la décharge du
monde municipal qu'avant l'adoption de la loi 90 c'était l'ensemble de
la société qui n'avait pas identifié le besoin de
protection des terres agricoles comme une priorité collective. De jeter
aujourd'hui, rétroactivement, la pierre et dire: On a
légiféré parce que vous ne faisiez pas votre job... On ne
faisait pas notre job tout simplement parce que l'ensemble des
Québécois n'avait pas perçu la nécessité de
protéger les terres agricoles comme étant une priorité
collective. Dans le contexte nouveau, dans une plus grande sensibilité
du... Finalement, nous sommes l'émanation d'une société
et, dans la mesure où nous sommes élus par des gens comme vous et
moi, comme tous les citoyens qui nous élisent aux fonctions que nous
occupons, dans la mesure où nous reflétons des valeurs sociales,
nous agissons. Que le législateur ait pris l'initiative de
protéger les terres agricoles, nous y souscrivons et nous sommes bien
d'accord parce que, à ce moment-là, cela correspondait à
un besoin éclairé d'un impératif national.
Concernant deux points plus précis dans vos remarques, M. le
ministre, j'aimerais revenir sur la question des zones vert foncé
où vous parlez d'une consultation. Je vous remercie d'avoir ouvert ou
entrouvert la porte à une consultation, mais je crois - j'aimerais le
rappeler - que, pour nous, ce n'est pas seulement une consultation, mais c'est
véritablement une négociation que nous demandons. Nous voulons
être partie entière aux échanges qui mèneront
à la définition d'une zone, d'un périmètre agricole
ou d'un secteur exclusif.
Il y a aussi la question du fonds de défense. Vous avez
apporté certains éclaircissements que nous apprécions.
J'aimerais vous demander si vous seriez disposé, dès à
présent, à dire que tous les recours pris en vertu de la Loi sur
la qualité de l'environnement seraient exclus de la protection du fonds
de défense, et ce dans la loi. Ce serait, pour nous, un
éclaircissement qui nous permettrait d'avancer notre réflexion
sur toutes les dispositions qui touchent le fonds de défense.
Vous parlez également, toujours concernant le même fonds de
défense, de la possibilité, par le biais de règlements, de
le baliser. Notre remarque là-dessus est très simple. Si, dans
votre esprit, il est bien clair qu'il y aura certaines limites qui seront
fixées, pourquoi ne pas les établir ou les définir dans la
loi? Je pense que tout le monde serait sécurisé si,
effectivement, le texte législatif, dès à présent,
balisait les recours et les interventions du fonds de défense. Quant
à nous, cela semblerait essentiel.
C'est un premier tour d'horizon, M. le ministre, en réponse
à vos commentaires.
M. Pagé: Pour répondre à votre question,
j'apprécierais bien que vous précisiez le sens de la question, la
teneur ou le contenu de la question ou du sujet de l'environnement par rapport
à la norme d'immunité.
M. Poirier: Ce que nous aimerions, c'est que la loi
précise qu'en aucun moment un agriculteur ne peut avoir recours au fonds
de défense lorsqu'il est poursuivi en vertu d'une disposition de la Loi
sur la qualité de l'environnement ou des règlements
adoptés sous son empire. (10 heures)
M. Pagé: Bien, cela ne peut pas s'appliquer. Vous
connaissez comme moi, Me Poirier, l'article 20 de la Loi sur la qualité
de l'environnement. L'article dit: Toute personne qui se sent affectée
dans son confort peut demander la cessation de l'activité. C'est un
article très général, universel. Je vous donne un exemple
concret. Ce matin, à Donnacona, dans le comté de Portneuf, une
personne pourrait se lever et dire: La compagnie Domtar, qui a quelques
émanations, m'affecte dans mon confort; je demande donc au gouvernement
et au ministre de l'Environnement de fermer Domtar; Domtar m'affecte. Quelle
serait la réaction à une telle demande, non seulement dans mon
comté, mais dans toutes ces petites villes mono-industrielles?
Très probablement que la première réaction viendrait du
conseil municipal qui dirait: Bien, voyons donc, c'est farfelu; la compagnie
travaille à améliorer la qualité de son environnement,
à répondre à des normes qui sont en révision, etc.;
c'est le principal donneur d'emplois dans la municipalité; il faut vivre
en société, il faut accepter certaines contraintes. Par
surcroît, une entreprise comme Domtar, qui recevrait un tel avis d'une
requête à être présentée au ministre de
l'Environnement pour faire cesser ses activités, dirait: On va prendre
ça en considération; on va envoyer ça à notre
contentieux; on va se défendre devant les tribunaux; on va plaider et on
verra. Sauf que le recours en vertu de l'article 20 est utilisé, a
déjà été utilisé et est parfois
allégué par des citoyens qui viennent s'installer en zone verte,
qui viennent se construire une résidence en zone verte, près
d'une entreprise agricole qui, bien souvent, est là depuis quelques
générations. C'est l'entreprise, c'est le gagne-pain.
Aujourd'hui, la valeur moyenne d'une ferme, par exemple, d'une
entreprise laitière, c'est quoi? C'est 400 000 $. Ce sont de
véritables entreprises économiques, sauf que, dans le cas d'un
recours exercé contre un producteur agricole, ce dernier n'a pas le
privilège de dire: II n'y a pas de
problèmes, je vais envoyer ça à mon siège
social. Non. C'est lui qui doit se défendre, c'est lui qui doit aller se
bagarrer devant les tribunaux, c'est lui qui doit embaucher des avocats et
c'est lui qui doit faire l'objet de plaintes... Vous le savez comme moi, on a
eu des cas où des producteurs, produisant en toute
légalité, conformément aux normes et aux directives, ont
fait l'objet d'au-delà de vingt plaintes de la part des voisins. C'est
ça qu'on veut régler. On veut établir des règles du
jeu plus claires, plus précises.
Cependant, ce que je vous dis, c'est que nous sommes disposés -
on va en discuter Ici autour de la table et on va prendre la décision la
plus éclairée, parlementaires que nous sommes - à faire en
sorte que l'accès au fonds ne serve pas à cautionner des gens qui
seraient dans l'illégalité par rapport à des normes. Mais
nous demander de subordonner l'application de ce concept d'immunité et
de le limiter ou le soustraire en vertu de toutes les dispositions de chacune
des lois de l'environnement, ce serait annuler purement et simplement cette
disposition.
Un commentaire et une question. M. Nicolet, vous dites: Vous
créez deux classes; vous créez une zone verte et vous nous
conférez une juridiction en zone blanche. Il faut quand même bien
avoir ceci à l'esprit. Les municipalités du Québec,
malgré le projet de loi 90, malgré la loi 100, conservent des
juridictions en zone agricole. Les règlements de construction
adoptés par une municipalité continuent à s'appliquer. Les
règles régissant la superficie des terrains - par exemple, pour
être conforme, pour obtenir un permis d'autorisation de construire, de
rénover, etc. - ou les règles de conformité s'appliquant
à la gestion de l'environnement - par exemple, les fosses septiques -
c'est le règlement de contrôle intérimaire, c'est la MRC,
ce sont les municipalités qui ont juridiction. Ce n'est pas le
gouvernement du Québec qui a juridiction.
En ce qui concerne les aqueducs et les égouts, vous avez toujours
juridiction dans la zone agricole. En ce qui concerne l'acquisition des
terrains, vous êtes, les municipalités rurales du Québec,
partenaires du gouvernement du Québec dans la rénovation du
réseau routier. On demande aux municipalités de procéder
à l'acquisition des terrains, de conclure des actes notariés. On
donne 7000 $ ou 8000 $ le kilomètre. Vous procédez à
l'acquisition des terrains; vous voyez à la réfection des
clôtures; vous payez les actes notariés. Ce sont les
municipalités qui ont juridiction.
Vous gardez votre pouvoir d'expropriation en zone agricole. Les cours
d'eau que vous nettoyez en zone agricole en collaboration avec le
ministère, le maître d'oeuvre, c'est la municipalité. Nous
sommes heureux, comme ministère, de vous avoir comme partenaires. Mais
là où le projet de loi 100 vient limiter le pouvoir des
municipalités, c'est en ce qui concerne la possibilité pour une
municipalité de gérer les activités. Est-ce que, selon
vous, M. le préfet, la municipalité de Cap-de-la-Madeleine
devrait avoir Juridiction pour statuer que la compagnie Consol ne devrait pas
ou ne pourrait pas se doter, par exemple, d'un équipement à
pâte thermomécanique pour fabriquer sa pâte? Est-ce que vous
croyez que la ville de Donnacona, dans mon comté, devrait avoir le
pouvoir de dire à Domtar: Votre procédé à
pâte thermomécanique, vous ne l'installerez pas parce qu'on ne
veut pas? Vous allez me dire: Non. Croyez-vous que la ville de East-Angus
devrait avoir juridiction pour dire à la compagnie Domtar: Vous
n'opérerez pas de nuit; vous allez opérer le jour seulement; vous
n'opérerez pas les fins de semaine? Vous allez me répondre: Non.
La vilIe de Donnacona, la ville de Shawinigan, la ville de Cap-de-la-Madeleine
et la ville de East-Angus n'ont pas cette juridiction. Mais ce que les
municipalités ont demandé, entre autres, lors de
représentations concernant la régie des activités
agricoles, c'est de limiter le producteur dans sa production, qu'il n'ait pas
le droit d'augmenter sa production, par exemple, dans le domaine du porc, du
veau de lait, du veau de grain. Mais pourquoi? Ce que vous demandez et ce qui a
été demandé par plusieurs MRC, c'est le droit pour la
municipalité de dire: Dans notre municipalité, les
séchoirs à foin ne fonctionneront pas les samedis et les
dimanches. C'est la même chose, M. Nicolet. Alors, ce ne sont pas des
règles du jeu différentes. Cela sous-tend une perception, et
c'est cela qui m'Inquiète, selon laquelle le milieu municipal pourrait
faire ce que bon lui semble en zone agricole alors que ce sont des entreprises
tout aussi importantes que les compagnies de pâtes et papiers qui sont
dans la ville ou dans le village.
M. Poirier: M. le ministre, avant que M. Nicolet réponde
aux questions que vous avez posées, j'aimerais répliquer à
ce que vous avez dit antérieurement au sujet des recours pris en vertu
de la Loi sur la qualité de l'environnement La demande qui vous a
été formulée est la suivante: Êtes-vous
disposé à préciser dans la loi que le fonds ne pourra pas
servir à la défense d'un producteur agricole poursuivi en vertu
de la Loi sur la qualité de l'environnement et ses règlements?
Vous avez répondu: On ne peut pas faire cela, parce que ce serait
exposer, notamment, les producteurs agricoles, à des poursuites
farfelues et générant des coûts importants pour eux. Je
suis convaincu que vous savez aussi bien que moi que tous les
Québécois et les Québécoises savent que prendre un
recours en injonction et embaucher des avocats, c'est coûteux, et qu'on
n'assiste pas à des multiplications à la folie de poursuites
frivoles devant les tribunaux contre les producteurs agricoles. Quand des
citoyens décident d'aller devant les tribunaux et d'investir les sommes
importantes que des poursuites de cette nature impliquent, c'est parce qu'il y
a a priori un problème sérieux.
Deuxièmement, le droit auquel vous avez fait
référence à l'article 20 de la Loi sur la
qualité de l'environnement, c'est le droit, qu'a reconnu
l'Assemblée nationale, de tout Québécois à la
qualité de son environnement. C'est l'un des droits fondamentaux. Est-il
acceptable que le gouvernement du Québec finance les opposants à
des Québécois qui invoquent un droit fondamental comme
celui-là devant les tribunaux? Vous me rétorquez que vous allez,
avant de décider si une personne est admissible au fonds,
vérifier si le gars ou la femme est coupable ou pas. Je ne pense pas que
ce soit le rôle du gouvernement du Québec a priori de porter un
jugement sur la culpabilité ou la vraisemblance de culpabilité
d'un individu poursuivi avant de vérifier si on va financer ou non sa
défense. Je pense que cette personne-là est
présumée innocente si elle est poursuivie au pénal ou si
c'est un recours en injonction, elle a une défense, elle a le droit de
poursuivre son activité en principe, à moins qu'on fasse la
preuve que tel n'est pas le cas. Partant de là, pourquoi des citoyens
québécois qui invoquent un droit fondamental, le droit à
la qualité de l'environnement, se retrouveraient en face d'autres
Québécois qui, au nom d'un droit qui est difficile à
préciser, qui est certainement, en termes de hiérarchie, moins
important que le droit à la qualité de l'environnement, seraient
financés par des deniers publics?
M. Nicolet: M. le Président, si vous me permettez, sur
l'autre volet de la question ou de la réponse - c'est une réponse
à une réponse - de M. le ministre, j'aimerais revenir sur une
distinction fondamentale. Vous avez énuméré, M. le
ministre, un certain nombre de droits ou de pouvoirs d'intervention des
instances municipales en zone verte, et c'est justement là que j'en ai.
La longue énumération que vous avez faite ne comprend qu'un
pouvoir sur des usages non agricoles. En d'autres termes, implicitement, vous
venez confirmer notre allégation à savoir que, dans votre optique
et dans la perspective que vous désirez impartir par le biais de ce
projet de loi, vous retirez au monde municipal tout pouvoir ou tout droit
d'intervenir dans des domaines qui touchent l'activité agricole. Du
reste, c'est toute la difficulté que nous avons vécue au cours
des derniers mois quant à l'approbation des schémas
d'aménagement. Vous vous rappellerez que les longs débats entre
les MRC qui se sont retrouvés sur la table du COMPADR, qui, finalement,
ont bloqué un processus pendant de longs mois sont fondamentalement dus
au fait que votre ministère prétendait appliquer en zone verte
d'autres normes que celles qui s'appliquaient de l'autre côté de
cette ligne parfaitement artificielle qui a été tracée sur
une carte entre les zones protégées et les zones non
protégées. On ne planifiait plus en fonction d'une
réalité physique du territoire ou en fonction de besoins d'une
société, on planifiait en fonction d'une limite arbitraire
tracée. Épargnez-moi de devoir expliciter ici dans quel contexte
et comment ça avait été fait.
La distinction - là-dessus, je vous suis bien volontiers - nous
n'avons pas compétence pour légiférer sur
l'activité agricole. Par contre, pour reprendre votre exemple, nous
avons le pouvoir, et nous le préservons jalousement, de dire à
Domtar: Tu ne feras pas telle activité à tel endroit; par contre,
tu pourras le faire à tel autre endroit. C'est tout ce que nous
réclamons. Nous voulons maintenir notre entière compétence
de légiférer en matière d'usage, en matière de
nuisance; par contre, nous ne prétendons pas - tel n'est pas notre
objectif - dire aux agriculteurs comment cultiver.
Le Président (M. Richard): M. le porte-parole de
l'Opposition.
M. Brassard: Merci, M. le Président. Je voudrais d'abord,
moi aussi, remercier M. Nicolet et ses collègues d'avoir bien voulu
accepter de venir témoigner devant cette commission parlementaire. Je
sais que c'est ce qu'ils réclamaient depuis des semaines, sinon des
mois. Finalement, c'est chose faite. Je vous remercie également pour le
mémoire que vous avez déposé et que vous nous avez
transmis.
Le premier sujet que j'aborderais, c'est celui, évidemment, que
vous venez d'aborder avec le ministre. Je commencerais en vous disant un peu ce
que j'ai dit hier à l'Union des municipalités du Québec,
des remarques sur l'ampleur du problème. Avant de prévoir dans
une loi des dispositions nouvelles, des dispositions qui introduisent du droit
nouveau dans notre législation, il me semble important au
préalable de mesurer avec le plus d'exactitude possible l'ampleur du
problème des relations entre les municipalités, d'une part, et
les producteurs agricoles, d'autre part, l'ampleur du problème,
également, entre les producteurs agricoles, d'une part, et des citoyens
du Québec qui se plaignent des retombées des activités
agricoles. Cela me semble important de savoir cela, parce que, comme le
signalait hier votre collègue président de l'UMQ, avant de sortir
le bazooka ou le canon, il faut peut-être d'abord connaître comme
il faut la cible. Est-ce un maringouin qu'on a à abattre ou un monstre
extraterrestre? C'est important de le savoir. Cela nous indique quoi choisir
dans l'arsenal. (10 h 15)
II y a toute une série de questions: Quel est le bilan des
relations producteurs agricoles-municipalités? On cite toujours
Sabrevois et Pintendre, mais en vous demandant aussi, parce que j'imagine que
vous n'avez pas plus de réponse que M. Desrosiers, hier... Par
conséquent, je me tourne vers le ministre, c'est lui qui a
parrainé le projet de loi et qui l'a présenté à
l'Assemblée nationale. Comme parlementaire, j'exige un bilan, une
évaluation exacte des problèmes vécus entre les
municipalités et les producteurs agricoles. Ils doivent le savoir au
ministère de l'Agriculture et au ministère de
l'Environnement. Combien y a-t-il de municipalités au
Québec, sur les 1500, qui sont en conflit avec des producteurs agricoles
relativement à des réglementations municipales? Combien y a-t-il
de plaintes portées au ministère de l'Environnement par des
citoyens du Québec contre des producteurs agricoles qui exercent des
activités agricoles Jugées, selon les citoyens qui portent
plainte, néfastes ou nuisibles à l'environnement? Combien y en
a-t-il au Québec? Jusqu'à maintenant, ce qu'on sait relativement
aux municipalités, c'est qu'il y en a 2 qui ont causé des
problèmes, 2 sur 1500; ce n'est pas beaucoup cela, hein? Combien de
citoyens ont porté plainte effectivement au ministère de
l'Environnement? Ce serait important de le savoir. Nous, en tout cas, on va
exiger de le savoir comme parlementaires avant d'aborder l'étude de ces
articles.
J'espère que le ministre a des réponses à cela.
S'il n'en a pas, je me demande comment il légifère. il introduit
dans un projet de loi des dispositions sur des problèmes dont il ne
connaît pas l'ampleur et dont il est Incapable d'évaluer et de
mesurer l'importance. Cela m'apparaît essentiel et je pense que les
questions qu'on se pose à ce sujet sont tout à fait
légitimes et pertinentes. Si le problème n'est pas si grave que
cela, s'il n'a pas autant d'ampleur, à ce moment-là,
peut-être que les moyens proposés ne sont pas pertinents.
Tout à l'heure, le ministre disait: Oui, mais, via les
schémas d'aménagement, les MRC peuvent introduire des contraintes
à l'activité agricole, à la production agricole. Je vous
signale qu'en vertu de la loi 125 le schéma d'aménagement doit
être adopté par décret du Conseil des ministres. Vous savez
cela? Vous le savez sûrement, vous qui êtes président de
l'UMRCQ. C'est comme cela que c'est prévu dans la loi. Donc, il y a
là un pouvoir énorme du gouvernement, du Conseil des ministres
pour épurer les schémas d'aménagement si le gouvernement
juge qu'il y a des dispositions ou des éléments dans les
schémas d'aménagement qui vont à rencontre de la
production agricole ou qui comportent des contraintes exagérées
ou abusives à l'égard de la production agricole. Vous avez un
moyen de le faire. On n'a pas besoin de nouvelles dispositions à ce
moment-là. Le schéma d'aménagement est adopté par
décret du Conseil des ministres. Vous le savez? Bon, à ce
moment-là, si le problème n'est pas si énorme que cela, il
y a déjà, à mon avis, des moyens pour arriver à
aplanir les difficultés et à éliminer les contraintes
jugées exagérées ou abusives par le gouvernement qu'on
veut ou qu'on entend imposer aux producteurs agricoles.
Quant au fonds spécial, iI me semble que vous apportez des
éléments importants. Avant de créer un fonds de cette
nature, cela mérite d'être examiné sérieusement,
parce que, vous avez raison, à ce moment-là, vous créez
une catégorie de citoyens privilégiés par rapport aux
autres. Les producteurs agricoles poursuivis, contre qui on porte plainte,
pourront recourir à un fonds spécial qui va financer les
coûts découlant de cette plainte. Par exemple, si cela va devant
les tribunaux, ce sera assumé par ce fonds. Le ministre répond:
Oui, mais les producteurs agricoles, écoutez, ce n'est pas comme la
Domtar, comme la Consol, iIs n'ont pas de contentieux, ni une armée
d'avocats et de conseillers juridiques, ni la fortune pour les aider et
soutenir leur démarche devant les tribunaux. J'en conviens. Je suis
convaincu que la compagnie Abitibi-Price, chez nous, n'a pas besoin de fonds
spécial. Si y a des plaintes portées contre elle, elle n'a pas
besoin de fonds spécial. Elle a ses avocats et elle est capable de
financer ses démarches devant le système judiciaire; je suis
sûr de cela.
Mais prenons le cas des PME, par exemple. Les petites entreprises n'ont
pas de contentieux. Les PME ne sont pas capables de se payer des avocats
à temps plein en permanence. Et Dieu sait qu'il y a des centaines et des
milliers de PME au Québec. En vertu du raisonnement du ministre,
à partir du moment où le projet de loi 100 est adopté,
pourquoi les PME du Québec ne réclameraient-elles pas un fonds
spécial pour les aider contre les citoyens qui portent plainte contre
elles en vertu de la Loi sur la qualité de l'environnement? Même
exemple que tantôt du citoyen de Donnacona qui porte plainte et qui dit:
La compagnie papetière nuit à la qualité de mon
environnement. Il porte plainte. La compagnie dont il est question est capable
de se défendre. Mais les PME, au Québec Pourquoi les PME et les
organismes représentant les PME, une fois qu'on aura adopté le
projet de loi 100, n'iraient-ils pas voir le ministre de l'Industrie, du
Commerce et de la Technologie pour lui dire: Écoutez, on est sans
moyens, on n'a pas les ressources pour se défendre lorsque des plaintes
sont portées contre nous par des citoyens du Québec, en vertu de
la Loi sur la qualité de l'environnement? On veut être
aidés. Quand on est pris dans une telle situation, auriez-vous
l'obligeance de créer un fonds d'aide pour nous soutenir et pour
financer nos démarches quand il y a des plaintes portées contre
nous? Etc., etc., etc.
J'ai cru entendre à travers les branches que les groupes
écologiques aimeraient bien, eux aussi, avoir un fonds d'aide pour leur
permettre - pour eux, c'est l'inverse - de porter des plaintes. Où
va-t-on de cette façon? Vous avez raison de dire que la loi n'est pas
claire. L'article de la loi sur le fonds spécial est le suivant: Un
fonds est institué pour assurer la défense des producteurs contre
qui une action, une procédure, une ordonnance est intentée ou
émise en raison des poussières, des odeurs ou des bruits qui
résultent d'activités agricoles en zone agricole. C'est seulement
cela que ça dit Cela veut dire que le producteur agricole qui viole la
Loi sur la qualité de l'environnement pourra aussi y avoir recours.
À moins qu'on amende la loi, il pourra aussi y avoir recours. Vous
avez
raison, ce fonds pourrait servir à la défense d'un
producteur agricole poursuivi par le ministère de l'Environnement en
raison d'une infraction à la Loi sur la qualité de
l'environnement. C'est évident, d'après la loi, cela pourrait
arriver que le ministère de l'Environnement poursuive un producteur
agricole et que ce dernier fasse appel au fonds pour financer ses
démarches judiciaires. Remarquez que c'est peut-être en train de
devenir une coutume chez ce gouvernement. On sait que ce gouvernement a
déjà financé les avocats d'Alliance Québec qui
contestaient la loi 101 défendue par le même gouvernement en Cour
suprême. Alors, peut-être qu'on assiste à la naissance d'une
tradition chez ce gouvernement-là d'être présent des deux
côtés...
Une voix: Des deux côtés de la bouche.
M. Brassard: ...quand il y a conflit ou quand il y a plainte
devant un tribunal; on aide le plaignant et on est à la fois le
défenseur de la loi. C'est peut-être ça. C'est
peut-être une innovation. Parce que, si on fait référence
à Alliance Québec, c'est exactement ça qui s'est
passé et c'est exactement ça qui va se passer aussi avec le
fonds. Et vous avez raison de dire que la loi ne prévoit même pas,
pour le producteur, le remboursement des sommes avancées par le fonds
dans l'hypothèse où ce dernier est reconnu responsable. Au moins,
il pourrait y avoir cette balise-là. Vous avez raison de le mentionner.
Si un producteur qui a eu recours au fonds ou a obtenu de l'aide du fonds, est
reconnu coupable de violation de la Loi sur la qualité de
l'environnement, il devrait au moins être tenu de rembourser. Ce serait
le minimum qu'on puisse demander.
Donc, je pense que vous apportez des éléments pertinents
et nous, de notre côté, nous nous interrogeons,
premièrement, sur l'ampleur. Si, comme président des MRC et des
petites municipalités rurales, vous avez des commentaires à faire
sur l'ampleur du problème, je pense qu'il serait important de nous le
signaler. D'après ce qu'on en sait, il n'est pas si grave, il n'atteint
pas un tel niveau de gravité qu'on puisse justifier des dispositions
comme celle-là.
Deuxièmement, est-ce que vous ne pensez pas que, compte tenu de
l'ampleur du problème, il y a actuellement des dispositions dans la loi
125, par exemple l'adoption du processus, l'adoption du schéma
d'aménagement, qui peuvent être utilisées pour
régler des problèmes de cette nature-là qui peuvent surgir
entre municipalités et producteurs agricoles? Est-ce que ces
dispositions-là vous apparaissent suffisantes? Une fois que vous aurez
commenté ces questions-là, j'aurai peut-être une autre
question.
M. Nicolet: M. le Président, j'aimerais peut-être
répondre en trois temps à l'exposé de M. Brassard.
J'aimerais tout d'abord demander à mon collègue, M. Léo
Roy, de revenir un petit peu sur cette relation agriculteurs - entre
parenthèses, UPA - et le monde municipal parce que je pense que
ça permet de situer la problématique telle qu'elle se vit sur le
terrain. Après ça, je demanderai à M. Poirier de parier de
l'ampleur de la problématique quant aux poursuites judiciaires et je
conclurai avec votre permission.
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M.
Roy.
M. Roy (Léo): M. le Président, M. le ministre,
messieurs, c'est sûr qu'il me fait plaisir d'être ici aujourd'hui.
Avant de répondre à votre question, j'aimerais quand même
revenir dans le temps parce que ça fait au-delà de douze ans que
je suis maire d'une municipalité. Disons que, dans les premiers temps
où j'étais maire, nous avions les conseils de comté. On se
réunissait tous les trois mois. Quand l'assemblée avait
duré une demi-heure, il y en avait beaucoup qui bâillaient et qui
disaient que cela avait assez duré. Je pense qu'on ne réglait pas
grand-chose au niveau régional au conseil de comté.
Là, la loi 125 est arrivée. La loi 90 est arrivée
avant mais, quand même, la loi 125 est arrivée et nous a
obligés réellement à nous regrouper. Et, à ce
moment-là, on nous a obligés aussi à regarder ce qu'on
pouvait faire dans la région. J'étais peut-être un de ceux
qui n'étaient pas d'accord sur le regroupement avec les villes parce que
c'est toujours un problème de se regrouper et pour les villes et les
campagnes de parler ensemble. Disons qu'on l'a fait, mais seulement on nous a
obligés à faire nos devoirs. On nous a obligés à
engager du personnel pour établir un schéma d'aménagement.
On nous a, autrement dit, donné la piqûre de regarder de plus
près à nos affaires. C'est sûr qu'avant ça,
protéger le territoire agricole... Nous étions agriculteurs. Nous
faisions partie des conseils municipaux. Nous le faisions sans nous en rendre
compte. Peut-être qu'il y avait certaines municipalités qui
avaient des problèmes avec ça, mais au niveau agricole on n'en
avait pas parce qu'on était dedans. (10 h 30)
C'est sûr qu'on ne pensait pas à interdire de construire
partout comme la loi a fait, mais quand même. Quand on a fait les
schémas d'aménagement, on a mis sur pied des comités. On
avait cinq comités. Il y en avait un pour l'agriculture, li y avait des
représentants de toutes les municipalités aux comités.
À ce moment, le schéma d'aménagement a été
fait selon ce que tout le monde voulait dans les MRC. On n'a pas
créé ça dans le bureau. On ne l'a pas fait de toutes
pièces, pour le présenter par la suite. Ce n'est pas ça
qu'on a fait. On a fait de la consultation. On a consulté pendant trois
ou quatre ans, je ne me rappelle pas. C'est de là que le schéma
d'aménagement est sorti. On a fait deux colloques en plus de ça.
Cela donne quoi de faire ça si, en 1988 ou 1989, après que
les schémas sont en vigueur - nous autres, ça fait deux
ans qu'il est en vigueur - on dit: II y a 90 % de ton territoire sur lequel tu
n'as pas grand-chose à faire? En tout cas, concernant ma
municipalité, je pense qu'il y a 2 % en zone blanche. Si
j'aménage la zone blanche, ça ne coûtera pas cher. On va
pouvoir faire ça par téléphone probablement.
Donc, c'est là que je me pose la question. Quand on a fait la
préparation du schéma d'aménagement, les producteurs
agricoles ont été impliqués, tout le monde a
été impliqué, on n'a eu aucun problème. Pour
répondre à votre question, je pense que la plupart des
municipalités, la grande majorité des municipalités n'ont
pas eu de problème avec les agriculteurs. Les agriculteurs n'en ont pas
eu non plus avec les autres résidents. Peut-être que là
où le problème s'est créé, c'est quand les zones
ont été renégociées. À ce moment, les
municipalités pour la plupart, les MRC pour la plupart ont établi
des critères de sélection pour dire que tel et tel territoire ne
seront pas négociés. Il y a peut-être certaines exceptions.
Je suis d'accord. Mais va-t-on établir une ligne de conduite sur
quelques exceptions? C'est la question qu'on peut se poser.
En tout cas, je trouve ça un peu difficile à accepter
comme administrateur de municipalité et aussi comme administrateur
agricole. Je me pose la question: Est-ce que nous autres, producteurs
agricoles, on n'est pas assez matures pour être capables d'administrer
une municipalité sans se faire dire par le gouvernement: On va vous
mettre des lois et vous allez marcher dedans? Ce sont des réflexions
personnelles. Je pense que M. Poirier et M. Nicolet ont pris plus le temps
d'étudier. Ce sont des réflexions que j'ai en tant que producteur
agricole et en tant qu'administrateur de municipalité. Il y en a
même qui me disent: Tu as deux sièges. Non. Moi, j'ai juste un
siège et je me sens bien assis sur ma chaise. Je suis capable
d'être administrateur de municipalité et je suis capable
d'être producteur agricole en même temps et ça ne me
gêne pas du tout.
Des problèmes, je n'ai pas eu connaissance, à part les
deux cas qui ont été cités, qu'il y en ait eu
réellement entre les municipalités. Tous les schémas
d'aménagement ont été soumis à tous ceux qui
voulaient bien les regarder et, s'ils avaient des commentaires à faire,
ils pouvaient les faire. Vous savez, les conseils de comté anciennement,
c'est sûr qu'ils étaient là juste pour la forme, ou
peut-être pour régler certaines choses. Les MRC ont essayé
de prendre leurs choses en main. Mais on se pose la question: Est-ce qu'on a
dépensé de l'argent pour rien à ce moment-ci? En tout cas,
pour tout de suite, je pense que j'ai fait un bout.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Roy. Me Poirier.
M. Poirier: Sur la question de l'ampleur de la
problématique, il faut distinguer deux choses: les recours devant les
tribunaux et les plaintes au ministère de l'Environnement. Pour ce qui
est des recours devant les tribunaux, je suis convaincu qu'il n'y a pas
actuellement 20 causes pendantes devant l'ensemble des tribunaux
québécois de citoyens qui poursuivent les producteurs agricoles
pour des matières visées au projet de loi. D'ailleurs, lorsque
nous avons rencontré les autorités du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mis à part
quelques cas qui peuvent être pénibles, mais dans tous les cas 'i
y a des cas pénibles, on n'a pas réussi à nous
établir un dossier factuel de statistiques qui nous permette de voir
qu'il y a un problème important de poursuites de producteurs agricoles
par des citoyens devant les tribunaux.
Pour ce qui est des plaintes devant le ministère de
l'Environnement, on nous a parié de 1000 plaintes. Je n'ai pas
vérifié. Je prends la parole des fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture, mais je ne comprends pas tellement le
raisonnement. S'il y a 1000 plaintes devant l'Office de la langue
française, va-t-on adopter une loi pour protéger les gens contre
qui on porte des plaintes? Si, devant l'ombudsman, le nombre de plaintes
croît, va-t-on adopter des lois pour protéger les gens contre qui
on porte des plaintes devant l'ombudsman? En d'autres termes, s'il y a 1000
plaintes devant le ministère de l'Environnement, c'est peut-être
parce qu'il y a des problèmes. Il n'y a rien de mal à ce qu'un
citoyen québécois porte plainte au ministère de
l'Environnement si un producteur agricole - il n'y en a pas beaucoup, mais il y
en a peut-être - fout son purin dans la rivière. Il ne faut pas
déduire que, s'il y a des plaintes au ministère de
l'Environnement, il faut tout de suite adopter des lois pour protéger
les gens contre qui on porte des plaintes. Il y a des fonctionnaires qui sont
payés pour étudier le bien-fondé des plaintes et qui
rejetteront les plaintes farfelues et qui agiront pour les plaintes bien
fondées. Mais ce sont des citoyens québécois qui exercent
leur droit et je ne comprends pas pourquoi on adopterait une loi pour
protéger les gens contre qui on porte des plaintes.
Le Président (M. Richard): M. Nicolet
M. Nicolet: Très brièvement, M. le
Président, pour revenir à la question de cohabitation entre le
monde agricole et le monde municipal, nous avons reconnu qu'effectivement iI y
avait des irritants. II y a des cas-problèmes. Nous avons eu l'occasion
de rencontrer l'UPA directement, les dirigeants des deux unions, l'automne
dernier et, par des échanges à ce niveau, nous pourrions au moins
nous donner le temps de dégager certaines avenues de solutions sans
nécessairement devoir avoir recours à certaines dispositions
législatives comme celles qui nous sont proposées
actuellement.
Le processus de concertation entre l'UPA et l'UMRCQ a été
pour le moment mis en veilleuse puisqu'un des sujets principaux de ces
échanges devait justement être l'ensemble des
problématiques que ce projet de loi tente de régler et, tant que
le projet de loi est en suspens, définir matière à
dialogue entre les deux unions est peut-être mal fondé. Mais je
crois que fondamentalement un certain nombre d'irritants pourraient être
réglés par les mécanismes dont on dispose actuellement. Ce
que nous avons toujours dit par contre, c'est qu'il y a matière à
légiférer. J'aimerais revenir à ce thème central
à toutes nos représentations depuis de nombreux mois
déjà, à savoir que la situation conflictuelle entre la loi
90 et la loi 125 doit être tranchée. Il faudra que le
législateur, à un moment donné, harmonise les dispositions
des deux textes de loi. Cela, on n'y échappera pas à brève
échéance. Là aussi il faut avoir le courage de le dire, il
faut regarder à nouveau ce qui a été fait dans les zones
agricoles protégées: 6 800 000 hectares protégés
quand, de l'aveu même du ministre de l'Agriculture, on sait que sont
propices à l'agriculture au plus 5 000 000. Que fait-on avec tout ce
territoire qu'on a zone peut-être allègrement dans l'enthousiasme
initial? Il faut reconnaître que 25 % du territoire qui est actuellement
protégé, à toutes fins utiles, est exproprié. C'est
du territoire dont des dizaines de milliers de Québécois qui sont
propriétaires de ces terres actuellement zonées n'ont aucun usage
commercial: territoire que les municipalités ne peuvent même pas
penser à bonifier, à développer, puisqu'il est assujetti
à une législation aveugle. C'est toute cette
réalité qu'il faudrait avoir le courage... Je sais que
politiquement ce n'est pas rentable, mais il faut, en tant que responsables
pour la société québécoise, regarder cela et en
parler. C'est ça, quant à nous, les priorités.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: M. le Président, relativement aux secteurs
exclusifs, vous en acceptez le principe, contrairement à nous qui sommes
en divergence sur cette question. Vous acceptez le principe des secteurs
exclusifs et nous pas, c'est connu. Cependant, à ce sujet-là,
vous réclamez deux choses. D'abord que, en matière de protection
du territoire agricole, les critères économiques prévus
à l'article 17 qui amende l'article 62 de la loi actuelle deviennent
obligatoires. Actuellement, l'article 62 énumère un certain
nombre de critères pour permettre à la commission de prendre une
décision. Il y a des critères qui sont inquiétants,
d'ailleurs, à ce sujet. Il y a huit critères obligatoires et il y
a trois critères facultatifs. Elle peut prendre en considération
l'effet sur le développement économique de la région, les
conditions socio-économiques et les conséquences d'un refus pour
le demandeur. De même que l'UMQ, vous avez réclamé que ces
trois critères à caractère économique deviennent
obligatoires comme les huit autres et que ce soit non pas elle "peut" mais elle
"doit* prendre en considération. Vous l'avez réclamé
évidemment au sein du comité technique. Est-ce que vous avez eu
une bonne oreille de la part du ministre à ce sujet? Et, d'autre part,
qu'est-ce que vous visez? Quel est votre objectif en voulant rendre
obligatoires ces trois critères et quel est le motif qui vous incite
à exiger cela? J'ai l'impression que, si on les rend obligatoires, cela
va avoir pour effet d'affaiblir, à mon avis, la protection et la rigueur
de la protection du territoire agricole. Du moins, c'est comme cela que je le
vois, si cela devient obligatoire. Est-ce cela, l'objectif? Est-ce que vous
voulez assouplir? Est-ce que votre objectif visé en les rendant
obligatoires, c'est d'en arriver à un assouplissement de la loi en
matière de protection du territoire agricole?
M. Nicolet: M. le Président, sans vouloir me faire le
porte-parole du gouvernement, il faut comprendre, je crois, les dispositions de
l'article 62. dans le contexte, bien sûr, de la constitution et de la
création des secteurs exclusifs. Dans la mesure où le
gouvernement procède à la création de ces secteurs
exclusifs, on peut, à ce moment-là, regarder le reste, et j'y
faisais allusion tout à l'heure, l'ensemble du territoire
québécois. On peut regarder toute cette immensité, 6 800
000 hectares, toute la problématique des régions
périphériques. Je n'ai pas besoin de les énumérer.
Cela commence en Estrie et je pourrais vous amener dans ma municipalité
et vous montrer ce type de territoire. Cela inclut La Mauricie, le
Bas-Saint-Laurent, la Côte-Nord, la Gaspésie, l'Abitibi et tous
ces territoires où on a initialement zone sans préoccupation
valable du véritable potentiel agricole de ces régions
périphériques. Je reviens et je répète que, de
l'aveu même du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, il y a un million et demi d'hectares au Québec qui sont
zones vert actuellement sans qu'aucun chrétien vivant ou à
naître ne pense jamais y pratiquer une forme quelconque d'agriculture.
Qu'est-ce que cela signifie comme hypothèque sur les régions
éloignées et sous-développées du Québec et
toutes les régions qui ont besoin de maximiser le potentiel dont elles
disposent? Pourquoi leur imposer cette contrainte? Alors, dans la perspective
d'une véritable protection du potentiel agricole, comment peut-on
justifier de ne pas tenir compte de ces critères facultatifs quand on
regarde le zonage ou la protection à accorder aux régions
périphériques? (10 h 45)
Les critères, c'est un débat qui est pertinent, à
l'heure où on se parle, entre les droits collectifs et les droits
privés. Comment peut-on ne pas tenir compte des conséquences d'un
refus pour le demandeur? Comment peut-on l'ignorer et en faire abstraction? Je
ne veux pas me faire le défenseur aveugle des droits individuels.
Mais,
dans une circonstance comme celle-là, comment peut-on Ignorer et
ne pas en faire un critère de référence? Je pense que
c'est dans cette perspective que, pour nous, iI y a lieu de regarder
tous ces critères comme étant un moyen, progressivement, de
regarder à nouveau ce qu'on a fait en 1979,1980,1981 et 1982.
M. Brassard: Qu'est-ce que le ministre vous avait laissé
entendre relativement à cette revendication?
M. Nicolet: Je n'ai eu aucune communication personnelle avec le
ministre au sujet du comité technique. Nous avons eu un commentaire sur
un document qui émane du MAPAQ qui dit: Nous prenons bonne note de votre
demande et nous sommes à compléter nos consultations à ce
sujet.
M. Brassard: Une dernière question, M. Nicolet,
relativement à ces secteurs exclusifs. Tantôt, vous avez
revendiqué non pas simplement une consultation lorsque viendra le temps
de les délimiter, mais également une négociation. À
ce sujet, est-ce que le mécanisme déjà prévu dans
la loi actuelle en vue d'en arriver à la révision des zones
agricoles dans les MRC, en vue de réviser la zone agricole totale vous
agréerait, vous conviendrait quant à la délimitation des
secteurs exclusifs?
M. Nicolet: Sous toutes réserves de vérification
avec nos instances, à première vue, ma réponse serait
oui.
M. Brassard: Merci. Mon collègue de
Jonquière...
M. Nicolet: Si vous me permettez, M. le Président, en
complément de réponse à M. Brassard tout à l'heure,
nous avons également reçu un projet de papillon qui nous a
été transmis concernant l'article 62 et c'est un texte d'une
demi-page qui se lit comme suit: L'article 62 introduit par l'article 17 du
projet de loi est de nouveau modifié par le remplacement du
troisième alinéa par les suivants: 'Après avoir tenu
compte des dispositions du deuxième alinéa, la commission doit
prendre en considération..." Donc, il y a cette notion de subordination
qui est dans cette lecture "Après avoir tenu compte des dispositions du
deuxième alinéa." Là, on reprend: "1° l'effet sur le
développement économique de la région; 2° les
conditions socio-économiques." Mais on escamote le troisième,
c'est-à-dire les références aux conséquences d'un
refus pour le demandeur et le papillon se termine par: "Elle peut prendre en
considération les conséquences d'un refus pour le demandeur".
M. Brassard: Mais ce papillon, M. Nicolet, vient du
ministère de l'Agriculture?
M. Nicolet: À ma connaissance, oui.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
M. Brassard: Donc, est-ce que vous l'avez considéré
comme étant une proposition d'amendement venant du ministère de
l'Agriculture? Vous l'avez perçue comme ça?
M. Nicolet: Dans les événements qui se sont
précipités dans les derniers jours qui ont
précédé les fêtes, nous avons eu une réunion,
un comité technique, réunion qui s'était soldée, je
crois, par une certaine ouverture qui a été confirmée par
le texte auquel je faisais référence. Mais, par la suite, je
crois qu'on m'a rapporté que M. Pagé avait retiré les
commentaires qui avaient été faits par ses porte-parole.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
M. Dufour: Merci, M. le Président, juste un court
commentaire, peut-être une question en plus. Vous savez qu'hier on a eu
l'occasion de discuter avec plusieurs municipalités du Québec et
le ministre a avoué durant la discussion que le projet de loi 100
découlait en partie de la loi 82 où vous devez vous rappeler
qu'on parlait de mettre en place une commission d'urbanisme composée
d'agriculteurs. À ce moment-là, les unions et aussi l'Opposition
avaient fait une opposition très forte pour empêcher ça. On
voit bien que le projet de loi est un peu beaucoup le pendant de ce qui avait
été refusé ou retiré dans ce projet de loi, de ce
qui avait été laissé inopérant, dans le sens qu'il
y avait une coquille vide dans le fond. On disait: Oui, il peut y avoir une
commission d'urbanisme, mais il faudrait qu'on adopte un projet de loi ou un
décret pour permettre de la rendre opérante. Donc, à ce
moment-ci, on se rend compte que la loi 100 est en train de remplacer cette
commission et cela donne des pouvoirs supplémentaires ou des irritants
supplémentaires aux municipalités.
On n'a pas parlé beaucoup, et malheureusement on ne pourra pas le
faire tellement, mais j'aimerais que vous puissez parler un peu plus sur la
question du commissaire. Selon votre expérience municipale et selon
l'expérience des différents intervenants, on ne connaît pas
beaucoup cela des ombudsman qui se promènent sur le terrain et qui
viennent dire si cela marche ou non, qui viennent porter des... Normalement, le
vécu des municipalités se passe en cour. S'il y a des plaintes,
on passe par des mesures que les gens connaissent. Actuellement, la venue d'un
commissaire, comment pensez-vous que cela va se produire ou quelles actions ou
quels phénomènes aurez-vous à vivre par rapport à
cela? Pouvez-vous détailler un peu plus par rapport à ce qui y a
dans votre mémoire?
M. Nicolet: Je pense que, fondamentalement, le réflexe de
toute communauté est de tâcher de
s'efforcer de régler ses problèmes au sein môme de
la communauté. Déjà, l'élargissement du
débat sur tout l'aménagement du territoire, du local au
régional, région MRC, a fait l'objet d'un long cheminement et a
dû faire l'objet de beaucoup de compréhension et de modification
des mentalités. Nos Québécois des régions aiment
régler les problèmes entre eux, en fonction de leur vision
particulière et de la connaissance de leur milieu. Est-il
nécessaire, à ce titre, de se référer à tous
les problèmes que vivent les communautés qui doivent absorber un
certain nombre de villégia-teurs et qui doivent faire place dans leur
structure décisionnelle, administrative et politique à une
présence extérieure à la vie des résidents à
temps plein du milieu? Dans cette perspective, le commissaire est une
conception tellement étrange et étrangère à nos
façons de fonctionner que cela semble une abstraction qui ne
reflète aucune des réalités profondes de nos milieux.
C'est pour cela que nous avons beaucoup d'appréhension quant à la
constitution de ce commissaire et du rôle qu'il pourrait être
appelé à jouer. Je crois que Me Poirier...
Le Président (M. Richard): Me Poirier, je vous demanderais
d'être bref, s'il vous plaît.
M. Poirier: A l'égard de cette disposition, ce que je
craindrais, c'est que les agriculteurs l'interprètent comme signifiant
qu'ils n'ont pas à aller à l'Hôtel de ville. Cette
disposition dit: Si vous vous sentez lésés par la
municipalité, allez voir le commissaire. Il me semble que ce qu'il y
aurait de plus dangereux dans les petites communautés rurales, c'est le
jour où les agriculteurs n'iront plus à l'hôtel de ville,
le jour où ils auront la possibilité d'un autre forum, parce que
cela voudra dire qu'ils ne seront plus intégrés à ia
communauté. Cela voudra dire que les institutions municipales et le
milieu agricole vont s'appauvrir. Tant et aussi longtemps que les élus
municipaux et les producteurs agricoles auront des discussions, fussent-t-elles
très vigoureuses, à l'intérieur d'un hôtel de ville,
ce sera la santé; le jour où ils ne se parleront plus et qu'on va
institutionnaliser les mécaniques qui vont permettre de ne plus se
parler, c'est là qu'on va aller vers un appauvrissement de nos
institutions.
Le Président (M. Richard): Merci. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais une autre question pour vous qui avez la
chance, M. le président, d'assister et de travailler à la table
Québec-municipalités, présidée par le ministre des
Affaires municipales. Il a certainement eu connaissance de ces échanges.
Je vous l'ai dit, je l'ai même demandé à l'Assemblée
nationale, à savoir ce que le ministre des Affaires municipales faisait
par rapport à cela. Je ne l'ai pas entendu parler.
Avez-vous des éléments qui pourraient nous permettre...
N'êtes-vous pas laissés pour compte un peu dans ce
dossier-là? Je comprends que la question est très politique, vous
n'êtes pas obligé de répondre, mais je vous la pose.
M. Nicolet: M. le ministre des Affaires municipales, à la
demande des deux unions municipales, a favorisé la tenue d'une rencontre
avec son collègue, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, rencontre qui a eu lieu le 9 décembre...
Une voix: ...le vendredi 9 décembre.
M. Nicolet: ...au début de décembre en tout cas, et
qui a permis d'avoir un premier échange en présence du ministre
des Affaires municipales sur toutes les dispositions du projet de loi 100.
Le Président (M. Richard): Merci. Sur ce, le temps qui
vous était alloué...
M. Brassard: M. le Président, pour conclure, étant
donné que le ministre a évoqué à plusieurs reprises
des amendements qu'il compte apporter au projet de loi 100, étant
donné qu'on a terminé l'audience particulière, je
souhaiterais, pour une analyse et une étude plus approfondies du projet
de loi, que le ministre dépose maintenant les amendements qu'il entend
apporter au projet de loi 100.
Le Président (M. Richard): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, pour répondre
à la question du député et pour reprendre certains
éléments du calendrier des discussions que nous avons eues avec
l'UMRCQ, comme on l'indiquait tout à l'heure, j'ai rencontré la
table Québec-municipalités le 9 décembre et, à
compter du lundi 12 décembre, si ma mémoire est fidèle, le
comité technique a siégé, formé de
représentants de l'Union des municipalités et de
représentants de mon ministère...
M. Brassard: Où l'UPA était absente.
M. Pagé: Oui. Cependant, vous devez comprendre que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est en
communication constante avec ces producteurs, par le biais de l'Union des
producteurs agricoles.
M. Brassard: L'UPA n'était pas partie prenante du
comité technique.
M. Pagé: L'Union des producteurs agricoles n'a pas
jugé pertinent de s'asseoir à cette table, confiante d'une
défense pleine et entière des intérêts des
agriculteurs par le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation du Québec.
Deuxièmement, des documents ont été
échangés, des projets de textes ont été
échangés. Vous nous demandez ce matin quelle sera la teneur des
amendements. Nous en sommes à l'article 4, on a commencé à
étudier le projet de loi. Je présume qu'à compter de la
reprise de nos travaux, après les auditions particulières que
nous sommes à compléter, on reprendra à l'article 4 ou
l'article 5. Je pourrais peut-être, d'ici le début de
l'après-midi, vous déposer les amendements qui viendront, pour
nous donner le temps de les étudier.
M. Brassard: Je ne pense pas que ce soit une demande frivole.
M. Pagé: Ce n'est pas une demande frivole, je vous te
dis.
M. Brassard: Je compte que les amendements seront
déposés, et pas uniquement à la pièce et un
à la suite de l'autre, mais l'ensemble des amendements. Ce n'est pas une
règle formelle qu'on retrouve dans nos règlements d'agir ainsi,
mais la plupart des ministres qui veulent que le travail d'étude et
d'analyse d'un projet de loi se fasse sérieusement et en profondeur le
font. Je pense au ministre de l'Éducation qui a déposé je
ne sais combien d'amendements dans le cadre de l'étude du projet de loi
107...
Une voix: 106.
M. Brassard: 106 et 107. J'imagine que les amendements sont
déjà prêts. Donc, vous pourriez les déposer
dès maintenant, pour permettre aussi aux Intervenants d'en prendre
connaissance, non seulement nous, non seulement les parlementaires, mais les
intervenants, en particulier ceux qui ont témoigné devant cette
commission depuis hier.
M. Pagé: Ils vont en prendre connaissance lorsqu'ils
seront déposés en début d'après-midi.
M. Brassard: À 15 heures?
M. Pagé: Je vous l'ai indiqué tout à
l'heure, M. le député. On reprend à 14 heures.
M. Brassard: 14 heures? Cela veut dire qu'on suspend
maintenant?
M. Pagé: Si vous le souhaitez, M. le député.
On est bien ouverts.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, pour des
raisons techniques, on pourrait...
M. Pagé: On va reprendre à 14 heures, M. le
Président, les amendements seront déposés, on
légifère en toute transparence.
M. Brassard: Nous aussi.
Le Président (M. Richard): Si vous permettez, nous allons
terminer l'audition des gens que nous avons convoqués, qui ont
daigné se déplacer pour venir ici à notre demande. Je vous
demanderai, M. le ministre, si vous avez une conclusion pour...
M. Pagé: Je veux seulement remercier l'Union des
municipalités régionales de comté de leur
témoignage de ce matin. Merci.
Le Président (M, Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean, représentant de l'Opposition officielle.
M. Brassard: Moi de même, évidemment, je vous
remercie d'avoir accepté cette invitation. Je pense que le
mémoire que vous nous avez transmis comporte des éléments
plus qu'intéressants qui vont aider cette commission, je pense, à
faire un travail législatif sérieux et responsable.
Le Président (M. Richard): Merci, M. Nicolet.
M. Nicolet: M. le Président, je me permets d'ajouter ma
voix à ces remerciements. Votre patience et votre attention sont
gratifiantes. Merci, messieurs.
Le Président (M. Richard): Merci d'avoir été
là.
Maintenant, nous étions à l'article 4 et nous avions un
amendement J'ai cru comprendre qu'il pouvait y avoir suspension jusqu'à
14 heures cet après-midi?
M. Brassard: 14 heures. On se retrouve avec les amendements,
à 14 heures.
M. Pagé: C'est bien ça.
Le Président (M. Richard): Nous suspendons les travaux de
ta commission pour revenir ici, dans la même salle, à 14 heures
cet après-midi. Bon appétit à tous.
(Suspension de la séance à 11 heures)
(Reprise à 14 h 23)
Étude détaillée
Le Président (M. Richard): Mesdames, messieurs, si vous me
le permettez, je déclare ouverte la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries -et de l'alimentation. Notre mandat, je vous
le rappelle, est de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 100, Loi modifiant la Loi sur la
protection du territoire agricole du Québec. Nous en étions
à l'étude article par article.
CPTA
Je vous rappelle que nous étions à l'article 4 et que nous
avions, sous discussion, une modification, un amendement qui avait
été présenté par M. Brassard, député
de Lac-Saint-Jean, sur lequel, M. Brassard vous aviez parlé huit
minutes. Vous aviez droit à 20. Vous n'étiez pas obligé,
évidemment, de les utiliser mais vous en aviez utilisé huit.
L'amendement était le suivant: À l'article 4 du projet de loi,
remplacer les mots "de l'intérêt général de
protéger" par les mots "en priorité de l'intérêt de
protéger l'agriculture."
M. Brassard: M. le Président, si le ministre exige que je
prenne mes 12 minutes, je veux bien essayer.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Vous avez la parole, M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Mais avant, M. le Président, qu'advient-il
des amendements que nous avions demandés?
Le Président (M. Richard): Voici les amendements devraient
nous arriver...
M. Brassard: Est-ce qu'ils sont bientôt prêts?
Le Président (M. Richard): ...dans les minutes qui
suivent.
M. Pagé: Ils sont faits. Ils sont nombreux, mais la
très grande majorité, ce sont des amendements de concordance. Il
y a seulement quelques dispositions qui se réfèrent, entre
autres, au concept d'immunité pour que le concept d'immunité, tel
que je l'indiquais plus tôt en commission et au début des travaux,
s'applique uniquement dans les cas où un producteur respecte les
règles de l'art, la réglementation, les ordonnances de
l'environnement pour les poussières, les odeurs et le bruit. Il y a
aussi une modification qui se réfère à la
possibilité, pour une municipalité, d'installer des
infrastructures d'aqueduc, d'égout et d'usine d'épuration dans le
secteur dit "exclusif, mais non les sites d'enfouissement et il ne faut pas non
plus que ce soit pour les...
M. Brassard: Les neiges usées.
M. Pagé: ...neiges usées.
M. Brassard: Alors, ça vient dans les prochaines
minutes.
M. Pagé: II n'y a aucun amendement sur les
critères. Je ne proposerai aucun amendement sur les critères par
rapport à la loi.
M. Brassard: Cela va, à condition qu'ils nous arrivent
dans quelques minutes.
M. Pagé: Sauf un amendement technique à l'article
62, 2° qui va dans le sens de ce qui était demandé par
l'Union des producteurs agricoles. Même les municipalités
l'avaient demandé aussi. Mais, pour le reste, il n'y a pas de passage
d'un groupe à l'autre.
M. Brassard: Pour la délimitation des secteurs exclusifs,
est-ce qu'il y a quelque chose, un mécanisme de...
M. Pagé: De consultation? Oui. M. Brassard:
...consultation?
M. Pagé: Oui, il y a un mécanisme de consultation
pour l'Union des producteurs agricoles, pour les municipalités et les
MRC.
M. Brassard: On en prendra connaissance.
M. Pagé: D'ici quelques minutes. Ils sont terminés,
ils sont à la reprographie.
Le Président (M. Richard): Cela vous convient, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: D'accord. Je pense avoir expliqué le sens de
mon amendement. On peut en disposer par un vote par appel nominal.
Le Président (M. Richard): L'amendement que j'ai lu il y a
quelques instants. Un vote par appel nominal. M. Comeau, vous vous mettez au
travail.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Pour ou contre
l'amendement de M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
La Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: 5 contre, 2 pour, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Cela ne va pas bien.
L'amendement est donc rejeté. Est-ce qu'on est prêt à
disposer de l'article 4 dans son ensemble?
M. Brassard: Le ministre n'a pas d'amendement à cet
article-là?
Le Président (M. Richard): Non, je pense qu'il y a un
nouvel article 4.1
M. Pagé: Après l'article 4, il y aura un nouvel
article 4.1.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on considère
que l'article 4 comme tel est adopté?
M. Brassard: Sur division, parce qu'on continue de maintenir de
notre côté qu'on devrait conserver l'article 12 tel qu'on le
retrouve dans la loi actuelle. Donc, sur division.
Le Président (M. Richard): L'article 4 est donc
adopté sur division.
Est-ce que nous avons le papillon pour le nouvel article, M. le
ministre?
M. Pagé: Pour le libellé de l'article 4.1
Abrogation de l'ancien mécanisme de
révision
Le Président (M. Richard): Merci. Donc, si tout le monde
était d'accord, on insérerait le nouvel article 4.1 qui se lit
comme suit: "L'article 15 de cette loi est modifié par le retranchement,
à la première ligne du deuxième alinéa, des mots
"demandes de révision"."
M. Pagé: M. le Président, il s'agit d'une
modification de concordance parce qu'il n'est plus opportun de garder dans la
loi le libellé "demandes de révision* adressées à
la Commission de protection du territoire agricole puisque, comme on le sait,
le projet de loi prévoit la mise en place d'un tribunal d'appel en
matière de protection agricole.
M. Brassard: Vous enlevez ça parce qu'il y aura...
M. Pagé: Antérieurement, la commission, à
l'article 15...
M. Brassard: Cela veut dire que le tribunal d'appel aura son
propre greffe...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...où les demandes de révision seront
déposées
M. Pagé: ...adressées.
M. Brassard: C'est une concordance.
Le Président (M. Richard): Le nouvel article 4.1 est donc
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté Nous appelons
donc l'article 5.
M. Pagé: En fait, les articles 18 à 18.4 de la loi
sont abrogés. Les articles 18 à 184 se référaient
au mécanisme de révision d'une décision de la Commission
de protection du territoire agricole. Il n'y aura plus de révision des
décisions à la commission par d'autres membres de cet organisme,
car cette procédure est remplacée, comme on le sait, par un appel
au tribunal d'appel qui est institué en vertu des articles 21.01
à 21.011.
La loi actuelle dit, comme on le sait: La commission peut, sur demande
de toute partie intéressée, réviser une décision ou
une ordonnance: 1° lorsqu'est découvert un fait nouveau (...);
2° lorsque, partie ou litige, le demandeur n'a pu, pour des raisons
jugées suffisantes, se faire entendre, etc.' Tous ces
éléments, de l'article 18 à 18.4, sont abrogés
purement et simplement et seront remplacés par des dispositions qui
viendront aux nouveaux articles 2101 à 21.011.
M. Brassard: M. le Président, nous l'avons
déjà exprimé à maintes reprises avant les
fêtes, à l'occasion du débat de deuxième lecture et
aussi ici, en commission, à plusieurs reprises nous ne sommes pas
d'accord avec la mise en place d'un tribunal d'appel, d'un tribunal
administratif autonome, indépendant pour juger des demandes de
révision. Notre préférence très nette et
très marquée va pour le maintien du mécanisme de
révision qui se retrouve à l'intérieur même de la
commission et qui a été prévu par des amendements à
la loi en 1985. Par conséquent - évidemment, on reparlera de tout
cela lorsqu'on abordera les dispositions concernant le tribunal d'appel - il
est évident que, pour être cohérents, nous nous devons de
nous opposer à l'abrogation de ces articles puisque nous étions
favorables au maintien du mécanisme de révision
déjà prévu dans la loi actuelle. Alors, nous ne pouvons
pas consentir à cette abrogation. Nous sommes contre. Nous voterons
contre l'abrogation.
Le Président (M. Richard): Est-ce que je constate que
l'article 5 est adopté sur division? M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais poser une question sur le plan technique. Il
y avait un organisme de révision à la Commission de protection du
territoire agricole qui établissait la jurisprudence. Cet organisme
disparaissant et en instituant un nouvel organisme appelé tribunal
d'appel qui sera extérieur à la Commission de protection du
territoire agricole, est-ce que sur le plan technique ça veut dire que
toute la jurisprudence sera à refaire et qu'à toutes fins utiles
avec le nouveau tribunal ce sera l'insécurité juridique à
peu prés complète? En effet la jurisprudence étant celle
de la commission de protection qui deviendra uniquement un tribunal de
première instance, maintenant, il y aura un tribunal d'appel qui se
trouvera à refaire la jurisprudence en fonction de ce qu'il
établira. À toutes fins utiles, la jurisprudence de
deuxième instance de la Commission de protection du territoire agricole,
je comprends bien qu'on peut s'y référer, qu'on peut la regarder,
qu'on peut la lire, mais que maintenant on donne la vocation, le rôle de
l'établissement de la jurisprudence à un nouvel organisme. Je
n'ai pas vu ça souvent. C'est pour ça que je demande ce que
ça veut dire techniquement en droit.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, je
voudrais indiquer au député de Lévis que la Commission de
protection du territoire agricole a pris des milliers de décisions en
fonction de dispositions d'une loi qui s'applique depuis 1978 et dont les
principaux critères demeurent les mêmes, sauf que certains
deviennent obligatoires, d'autres deviennent facultatifs et d'autres ne peuvent
pas être pris en considération.
D'après la lecture que j'en fais, parce qu'on parle de l'avenir,
il est certain que la jurisprudence qui s'est dégagée en
référence aux dispositions qui ne sont pas modifiées par
le projet de loi, et je me réfère, entre autres, au secteur
exclusif, va continuer à s'appliquer. Par contre, de la jurisprudence au
secteur exclusif, il n'y en a pas. C'est là qu'il va s'en
dégager. Vous savez, on ne met pas la loi de côté. On la
renforce, cette loi.
M. Garon: Ce ne sont pas des opinions. Moi, des opinions sur la
gueule, je n'en ai pas besoin. Ce que je veux savoir, c'est sur le plan
technique. L'article 12, à toutes fins utiles, il n'y en a plus.
L'article 12 établissait, quand même, une orientation. Ce
n'était pas une notion vague, générale, du genre: "Pour
exercer sa juridiction, la commission tient compte de l'intérêt
général de protéger le territoire et les activités
agricoles. Elle prend en considération tous les faits qui sont à
sa connaissance." Il n'y en aurait pas eu et ça aurait été
pareil, au fond, à toutes fins utiles. L'article 12 vient de tomber. Les
facteurs à considérer viennent de disparaître. L'article 12
était quand même l'article...
M. Pagé: Allez à l'article 62.
M. Garon: L'article 62, c'est une autre affaire.
M. Pagé: Ce n'est pas une autre affaire, c'est
ça.
M. Garon: Non. L'article 62, c'est une autre affaire. Il faut
lire les articles tels qu'ils sont. Alors, à l'article 62, on dit: "La
commission peut autoriser, aux conditions qu'elle détermine,
l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, le lotissement,
l'aliénation..." C'est un cas, c'est une affaire. Mais l'orientation de
la commission demeure maintenant l'intérêt général.
Ici, on dit: "Pour exercer sa juridiction, la commission tient compte de
l'intérêt général de protéger le territoire
et les activités agricoles." C'est pour ça que le
député de Lac-Saint-Jean était intervenu, à
plusieurs reprises. Il faut dire que la commission va devenir autant une
commission d'aménagement que de protection des terres agricoles. Son
objectif, ça devient de tenir compte de l'intérêt
général. Alors, "de protéger les terres et les
activités agricoles. Elle prend en considération tous les faits
qui sont à sa connaissance", entre vous et moi, cela ne serait pas
marqué et ça ferait pareil.
Je ne comprends pas, même, qu'on soit obligé de dire
à un tribunal de prendre en considération les faits qui sont
à sa connaissance. Normalement, elle prend connaissance de ce dont elle
peut prendre connaissance.
Maintenant, on change ça et on a l'article 62. Cela, c'est pour
des utilisations à des fins autres que l'agriculture. Maintenant, on va
fonctionner avec un cadre nouveau, avec un territoire prétendument
exclusif et un autre qui ne l'est pas, avec des cas d'exclusion, d'autres cas
d'utilisation à des fins autres que l'agriculture, avec d'autres
critères qui devront être pris à considération.
Cela veut dire, aujourd'hui, que toute la jurisprudence, c'est gentil,
on va la lire, c'est évident. Mais peut-on dire que ça vaut
quelque chose, la jurisprudence qui est établie jusqu'à
maintenant par la Commission de la protection du territoire agricole, non pas
comme une vue de l'esprit ou une opinion en passant, mais sur le pian
technique? Est-ce que maintenant le tribunal d'appel va se sentir lié
techniquement, légalement et juridiquement par ce qui était la
jurisprudence de la commission qui devient maintenant un tribunal de
première Instance? Est-ce qu'il va prendre connaissance, mais comme il
prendrait connaissance d'une décision de première instance ou si
maintenant on devra interpréter la loi à la lumière des
nouveaux facteurs en établissant maintenant une nouvelle jurisprudence
à partir de la mise en vigueur de
la loi?
M. Pagé: M. le Président, je comprends que le
député de Lévis peut apprécier les commentaires que
je fais ou les réponses que je lui donne, c'est son droit le plus
strict. Cependant, le député de Lévis doit convenir que
les critères sur lesquels la Commission de protection du territoire
agricole devait s'appuyer dans la loi actuelle sont contenus aux articles 12.
62 et 65 Ces trois articles sont regroupés maintenant sous l'article 62.
Il s'est dégagé une jurisprudence à la Commission de
protection du territoire agricole, tout comme il se dégagera à
l'avenir une jurisprudence qui sera adaptée aux dispositions de la
nouvelle loi. Cela, le député ne peut pas le nier.
Autre élément, en aucun cas dans ce Parlement comme dans
d'autres Parlements, je présume, parce qu'ils ne siègent pas, on
ne peut établir dans une loi qu'un tribunal d'appel qui est
créé devra s'appuyer sur telle ou telle chose En fait, il devra
s'appuyer sur ta loi La jurisprudence qui s'est dégagée à
la Commission de protection du territoire agricole va définitivement
être portée à l'attention du tribunal d'appel lorsque des
requérants s'y adresseront. C'est ainsi que la jurisprudence sera
actualisée en fonction de deux Instances de décision et en
fonction d'une loi qui est modifiée, qui prévoit d'autres
dispositions ou des dispositions qui sont actualisées.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 5 est
adopté comme tel?
M. Garon: Cela veut dire, au fond, M . le Président, quand
on regarde ça, que tout ce qui a été fait, à toutes
fins utiles, depuis 1978 jusqu'à la mise en vigueur de la nouvelle loi
ne sera pas totalement caduc, mais va être revu par les nouvelles
personnes que le ministre va nommer et qui vont évaluer ça
à la faveur de leur conception des nouveaux critères que le
ministre met en application.
M. Pagé: M. le Président, je ne partage pas le
propos, encore moins l'opinion du député de Lévis Une
analyse rigoureuse du texte actuel et du projet de loi démontre
très clairement que les articles 12, 62 et 65 sont maintenant refondus.
Dans la loi actuelle, dans la loi de 1978 telle que modifiée par la
suite, mais non modifiée aux articles 12, 62 et 65, la Commission de
protection du territoire agricole pouvait aussi bien se référer
au troisième alinéa de l'article 65 actuel qu'à tout autre
article. "À l'examen de la demande, la commission peut considérer
l'effet du projet sur le développement économique de la
région et la disponibilité d'emplacements autres que ceux qui
font l'objet de la demande, en tenant compte des critères prévus
à l'article 12."
Le nouveau projet de loi prévoit que la commission et vous allez
voir tout ça à l'article 62 lorsqu'il va venir tout à
l'heure - doit premièrement, deuxièmement... jusqu'à
huitièmement. C'est, donc, une obligation qui lui est impartie et elle
pourra - elle ne devra pas. mais elle pourra - en plus tenir compte d'autres
facteurs. L'Interprétation qu'on lui donne, que tout le bureau des
légistes lui a donnée et c'est ce que nous, on recherchait, c'est
d'établir un cadre beaucoup mieux défini des critères sur
lesquels la commission peut s'appuyer.
Quand vous dites: Ils vont pouvoir en prendre ou non, je m'excuse, I y a
une tradition à la commission, il y a une interprétation, I y a
des orientations et ce pro|et de loi constitue un engagement très clair
du gouvernement pour l'agriculture au Québec Je ne vous oblige pas
à partager mon opinion, mais ne m'obligez pas à partager la
vôtre, parce que la vôtre m'apparaît non fondée si
vous procéder à une analyse et à une étude
rigoureuse et exhaustive du projet de loi qu'on présente
aujourd'hui.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple. M. le Président,
l'article 12 qui vient d'être modifié disait: "La commission prend
en considération notamment les conditions biophysiques du sol et du
milieu." Dans les nouveaux critères de l'article 62, toujours sur la
question de l'utilisation à des fins autres que l'agriculture, on dit:
"La commission doit se baser sur I'utilisation actuelle du lot, plus
particulièrement le type et l'intensité d'agriculture qui s'y
pratique ..."
M. Pagé: M. le Président, Je pense qu'il y a un
amendement là-dessus. Vous parlez de l'article 62, deuxième
alinéa?
M. Garon: Deuxième alinéa.
M. Pagé: II y a un amendement qui s'en vient.
M. Garon: On ne les a pas eus, les amendements.
Des voix: Oui.
Le Président (M. Richard): Oui. il y a quelques
minutes.
M. Garon: Ah, oui, qu'une terre soit en friche ou ne soit pas en
friche. C'est évident que si on dit qu'il faut tenir compte du fait
qu'elle est en friche. C'est évident que le potentiel de la terre,
qu'elle sort en friche ou qu'elle ne soit pas en friche, cela n'a pas
d'importance La terre peut être bonne et être en friche.
Deuxièmement, il y a bien des terres qui n'étaient pas
utilisables II y a quelques années pour des productions
céréaIières parce qu'on n'avait pas des
variétés en fonction des unités thermiques qu'on avait
à certains endroits;
maintenant on les a. Alors, on ne peut pas regarder ça d'une
façon statique. Au contraire, il faut regarder ça en fonction
d'un potentiel, beaucoup plus que de l'utilisation actuelle qui n'est pas
importante. Sur l'île de Laval, il y a quelques années, on ne
faisait pas de cantaloup et maintenant on en fait, on ne faisait pas de brocoli
et maintenant on en fait. C'est une notion qui évolue. (14 h 45)
Par exemple, les gens me disaient que, sur le territoire de la
Gaspésie, on a des sols de première qualité, mais avec des
restrictions sur le plan climatique. C'est peut-être moins un
caractère de plaine, mais ils peuvent être classés 5 parce
qu'il y a des côtes et des vallons. Cela n'enlève pas au sol sa
qualité parce qu'il y a des vallons, sauf que ça monte et
ça descend quand on se promène avec son tracteur sur le terrain.
Cela n'enlève pas au sol sa qualité.
Alors, l'Inventaire des terres du Canada qu'on introduit
là-dedans, tous reconnaissent que c'est un concept un peu
dépassé qui date déjà d'au moins une vingtaine
d'années. Ce sont toutes des notions qui sont introduites dans cette
nouvelle loi et que les tribunaux ne pourront pas Ignorer. Les notions sont
là et tout ça sera plaidé. Les concepts nouveaux qui sont
introduits vont être plaidés et les faits vont être
interprétés à la faveur de critères nouveaux qui
ont été ajoutés non pas aux mêmes endroits, non pas
dans le concept général, mais pour des utilisations à des
fins autres que l'agriculture. À toutes fins utiles, cela veut dire que
la dynamique est nouvelle.
En Colombie britannique, quand le gouvernement a changé et qu'on
a décidé d'un coup sec - parce que personne n'est contre la vertu
- de cesser de protéger les terres, mais sans le dire, la commission a
commencé à reconnaître qu'une terre décapée
n'était plus une terre bonne pour l'agriculture. Alors, les gens ont
trouvé un moyen. Ils ont commencé par décaper la terre. Si
elle n'était pas décapée, on refusait, on disait: C'est
une terre propice à l'agriculture. Alors, on prenait un "bull", on
enlevait la terre arable et on l'envoyait à la fin du lot et,
après ça, on disait: Maintenant, on voudrait demander le
dézonage, cette terre n'est plus bonne pour l'agriculture. La commission
disait: Maintenant que cette terre n'a plus de matières organiques sur
le dessus, qu'elle n'est plus bonne pour l'agriculture, accordé,
dézonée.
Tout ce qu'on avait fait au fond, c'est changer les commissaires, on n'a
pas changé grand-chose dans la loi, pour en arriver à un
résultat de dézonage général. À toutes fins
utiles maintenant, il n'y a plus vraiment de protection des terres agricoles en
Colombie britannique et j'ai le sentiment qu'on prend le même
mécanisme au Québec pour arriver aux mêmes fins. Mais comme
c'est bien difficile d'être contre la vertu - ce n'est pas de la
condamnation de Joli-Corps qu'on parle - comme tout le monde est pour la vertu,
alors habituellement on met des concepts qui paraissent bien à
première vue, mais qui, actuellement, établissent un
mécanisme d'ensemble qui va permettre, à mon avis, de
dézoner tout ce qu'on voudra, à toutes fins utiles.
Et c'est pour ça que je demande: Techniquement, en quoi le
nouveau tribunal d'appel se sentira-t-il lié par ce qui a
été fait jusqu'à maintenant, sauf pour s'en servir un peu
comme des documents historiques qui ont prévalu dans le temps...
M. Pagé: M. le Président, j'ai répondu au
député de Lévis...
M. Garon: ...mais qui sont, comme le disent les Anglais - on est
à l'intérieur, on peut le dire - "obsolete"?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 5 est
adopté? Oui, M. le député de Lévis.
M. Garon: J'ai posé une question, M. le Président.
Si le ministre... Je peux demander au président de la commission ce
qu'il en pense.
M. Pagé: Au président de la commission?
Pas de problème. M. le président, j'ai déjà
répondu au député de Lévis, si vous voulez
ajouter...
M. Blain (Pierre-Luc): Sur un premier point, pour toutes les
dispositions de la loi qui ne seront pas modifiées, bien, c'est la
même loi, c'est la même jurisprudence. Il faut croire que les gens
qui vont appliquer la loi vont le faire exactement comme avant. Pour les
dispositions de droit nouveau, ça va être du droit nouveau.
J'ajouterais que, pour toute décision rendue avant qui avait de l'allure
et qui était intelligente, ça devrait faire une jurisprudence que
le tribunal d'appel va reconnaître. Mais quand c'étaient des
décisions qui n'avaient pas de bon sens, bien, j'espère qu'il ne
les reconnaîtra pas. C'est tout ce que je peux dire. Mais ils vont faire
leur ouvrage en appliquant la loi comme elle va être au moment où
ils vont travailler. Mais pour toutes les régies ou commissions qui ont
un tribunal d'appel, c'est le même phénomène partout.
M. Garon: Mais, sur le plan technique, il ne se sentira pas
lié par vos décisions. Il va les prendre en considération.
S'il les trouve bonnes, il va dire: D'accord. S'il ne les trouve pas bonnes, il
ne s'en occupera pas.
M. Blain: Mais, M. le Président, il n'y a personne de
lié par la décision de personne
quand I y en a une à rendre en matière quasi judiciaire.
Mais si, sur une question précise, I y a eu 22 décisions
Intelligentes rendues dans le même sens et qu'il y a trois nouveaux
commissaires qui veulent inventer du droit un matin et être dans les
patates, c'est leur affaire. Mais c'est ça, le métier. Et
l'inverse va arriver aussi: s'il y a une décision ou deux qui ont
été rendues avant et qu'il y a trois nouveaux commissaires qui
disent: On va appliquer la loi correctement et qu'ils rendent une bonne
décision, il faut juger la décision et examiner celle qu'ils
rendront à ce moment-là C'est chaque jour qu'il faut faire ce
métier-là de cette manière-là. Bien oui. Dans la
mesure où les critères essentiels de la loi, les objectifs de la
loi, le fond de la loi ne sont pas profondément modifiés et
qu'ils sont renforcés, bien, ce qui était valable avant devrait
être encore valable aujourd'hui et continuer à l'être dans
huit ans. Il s'agit de demander aux gens de faire leur travail comme il faut,
d'être compétents et de défendre les décisions
qu'ils rendront. C'est tout ce qu'il y a à dire. Que ce soient eux, que
ce soit le tribunal d'appel ou que ce soit la Cour supérieure ou la Cour
suprême en interprétant la loi pour faire la jurisprudence qui va
à rebours s'appliquer à la commission, comme dans l'affaire de
Gauthier et de Winzine Land Corporation, et tout ça, c'est le
réseau connu de droit. Mais oui.
M. Garon: Ne pensez-vous pas que ça va dépendre un
peu des gens qui seront nommés là par le ministre et de leur
conception de la chose?
M. Blain: Non, M. le Président. Mais non. M. Garon: Sur
l'appréciation des faits?
M. Blain: Oui et de la loi qu'on a à appliquer.
M. Garon: Je voudrais demander au ministre si, au tribunal
d'appel. Il a l'intention de nommer des juristes ou des gens d'autres
formations.
M. Pagé: Évidemment, je vais formuler des
recommandations au Conseil des ministres dans le sens d'y nommer des gens qui
ont de l'expérience et une très bonne connaissance de
l'agriculture. Il faudra aussi des gens qui ont une connaissance de la
protection du territoire agricole, de la loi telle qu'elle est actuellement et
de la nouvelle loi.
M. Garon: Vous savez que le Barreau a fait des recommandations
là-dessus. Puisque les faits seront évalués au niveau de
la première instance et que le tribunal d'appel se prononcera surtout
sur des questions de droit, est-ce que ça veut dire que les gens qui
seront nommés au tribunal d'appel auront une formation juridique
puisqu'il sera question principalement d'interpréter le droit au niveau
du tribunal d'appel?
M. Pagé: II y aura très certainement des gens avec
une expérience juridique.
M. Garon: Mais pas exclusivement.
M. Pagé: Mais pas nécessairement exclusivement Dans
presque tous les cas d'organismes qu'on appelle les tribunaux administratifs ou
qui ont à rendre des décisions quasi judiciaires, le Barreau
demande toujours que ces fonctions soient attribuées à des
avocats. C'est courant, vous savez. Je vous dis qu'il y aura très
certainement des gens qui auront une expérience juridique qui vont agir
au niveau du tribunal d'appel, ça va de soi.
M. Garon: Mais ce ne seront pas nécessairement uniquement
des gens avec une formation juridique.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Vous voulez dire qu'au niveau du tribunal d'appel, ce
ne seront pas nécessairement des gens qui auront une formation
juridique?
M. Pagé: J'attends que la loi soit adoptée et, par
la suite, on regardera ça. Je vais faire des recommandations au Conseil
des ministres et on tentera de nommer les gens qui sont les plus aptes à
remplir les fonctions qui leur seront dévolues en vertu de la loi. Je
vous dis qu'il y aura des gens, ça va de soi, qui auront une
expérience juridique.
M. Garon: Quand même, par la loi, vous abolissez des postes
à la Commission de protection du territoire agricole dont le nombre va
passer de seize à dix.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Et, alors que vous formez un autre organisme, il y aura
neuf personnes qui vont juger en appel.
M. Pagé: Oui II y a des gens à la Commission de
protection du territoire agricole que je vais inviter, je ne sais pas s'ils
vont accepter, à aller au tribunal d'appel. On va commencer par adopter
le projet de loi avant de les nommer et, ensuite, on va les nommer.
M. Garon: On est dans le cadre de l'adoption du projet de loi. Le
Barreau vous a déjà fait des recommandations.
M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: ...vous disant que, comme en matière d'appel on
traitera de droit Immobilier
essentiellement, que ce sera sur des questions de droit puisque l'appel
se fera principalement sur des questions de droit, l'interprétation des
faits aura surtout lieu en première Instance et que les jugements qui
seront rendus en appel vont tous avoir des connotations juridiques et
établir une jurisprudence.
M. Pagé: Pour le bénéfice du
député de Lévis, l'appel n'est pas seulement sur une
question de droit, mais sur des questions de fait aussi. Le
député de Lévis, que je sache, quand M a eu à
recommander au Conseil des ministres, en 1978, des membres pour agir à
la Commission de protection du territoire agricole, ce n'étaient pas
seulement des gens d'expérience juridique.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: Ce n'étaient pas seulement des gens
d'expérience juridique.
M. Garon: Non, mais ils agissaient en groupe. Ce n'était
pas le même fonctionnement dans les faits que maintenant. Il y avait un
seul organisme qui référait au...
M. Pagé: En appel, ils ne siègent pas tout seuls,
non plus, Ils siègent à trois. En appel, ils vont siéger
à trois. Ne vous inquiétez pas.
M. Garon: Non, mais je pose des questions qui se posent.
M. Pagé: Oui, oui, et je vous donne des
réponses.
M. Garon: Le Barreau lui-même a fait des recommandations.
Je veux savoir tout simplement quel est le... Je ne m'inquiète pas, je
pose des questions pour avoir des réponses.
M. Pagé: Les représentations du Barreau ont
été nécessairement, ça va de soi, prises en
considération.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 5 est
adopté sur division?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 6.
Appel au tribunal d'appel
M. Pagé: À l'article 6, on Indique qu'on modifie la
section II. 1.
M. Brassard: On va prendre ça alinéa par
alinéa, paragraphe par paragraphe.
M. Pagé: Oui, oui. Alors, on crée en fait, l'appei
au tribunal d'appel en matière de protection du territoire agricole.
C'est un organisme Indépendant, séparé de la commission,
chargé d'entendre les appels des décisions de celle-ci. On y
prévoit la procédure de nomination de ses membres, qui s'inspire
de celle des membres de la commission, en référence à
l'article 4 de la loi.
Le tribunal d'appel en matière de protection du territoire
agricole est constitué, est formé de neuf membres, tel qu'on
l'Indiquait, dont un président et un vice-président. Le
gouvernement fixe le traitement. Les membres demeurent en fonction à
l'expiration de leur mandat pour finir les causes pendantes devant lui. Le
président et le vice-président du tribunal d'appel exercent leurs
fonctions à plein temps. C'est l'article 21.01. À l'article
21.02, il s'agit d'un article... Oui?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le ministre. Je
pense que M. Brassard voulait qu'on l'étudié paragraphe par
paragraphe.
M. Brassard: Oui, paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. Richard): Alors, si on parle de l'article
21.01...
M. Pagé: Le premier paragraphe.
Le Président (M. Richard): Le premier paragraphe. M. le
ministre a fait son commentaire. Est-ce qu'H y a une discussion?
M. Brassard: D'abord, neuf membres. Pourquoi neuf membres? Trois
possibilités de trois prises de décision ou d'examens.
M. Pagé: Trois bancs de front: un à
Montréal, un en région, un à Québec.
M. Brassard: Mais sur la nomination et la durée du mandat,
on l'a rappelé à plusieurs occasions, on sait qu'un groupe de
travail nommé par le gouvernement avait examiné l'ensemble des
tribunaux administratifs et en était arrivé à la
conclusion qu'il fallait, d'une part, modifier le mode de nomination des
membres de façon à faire en sorte que le danger de nominations
politiques, en quelque sorte, soit écarté. Alors, on proposait un
processus de sélection et un jury de sélection. C'est ce que
proposait le rapport Ouellet Également, il proposait un mandat d'au
moins sept ans plutôt que de cinq ans pour assurer davantage
l'indépendance des membres des tribunaux administratifs. (15 heures)
La question qu'on se pose, c'est: Pourquoi, à partir du moment
où le gouvernement décide de créer un nouveau tribunal
administratif, un Tribunal d'appel en matière de protection du
territoire agricole, n'avez-vous pas profité de
cette circonstance pour innover et appliquer les recommandations
extrêmement positives et judicieuses contenues dans un rapport remis au
gouvernement du Québec et qui concernait précisément tes
tribunaux administratifs? À tout le moins pourquoi n'avaz-vous pas
commencé par l'application de la recommandation concernant la nomination
et de celle concernant la durée du mandat? Vous aviez là une
occasion en or, la mise en place d'un nouveau tribunal administratif et non pas
des amendements concernant un ancien, une occasion rêvée pour
innover en matière de nomination et en matière de durée.
Vous ne l'avez pas fait. Vous êtes restés dans le sillon, comme on
dit, vous êtes restés dans la tradition des nominations par le
Conseil des ministres, durée du mandat, cinq ans, comme c'est le cas
pour tous les autres tribunaux administratifs.
Je trouve regrettable et déplorable que vous n'ayez pas saisi
cette occasion d'innover positivement en matière de mise en place de
tribunaux administratifs au Québec. J'aimerais savoir du ministre
pourquoi il s'en est tenu à la routine.
M. Pagé: La question du député de
Lac-Saint-Jean est tout à fait pertinente. C'est le cas que le
gouvernement étudie actuellement les recommandations qui ont
été formulées dont certaines vont dans le sens de celles
évoquées par le député. J'ai eu l'occasion de
discuter de cette question au Comité de législation lorsqu'on a
préparé la loi. Il en ressort que, lorsque le gouvernement aura
pris une décision concernant les tribunaux administratifs, cette
décision s'appliquera, je présume, par voie législative
à l'ensemble des tribunaux administratifs. Chacun des organismes sera
traité de la même façon et selon les mêmes
dispositions dans une loi générale et non pas dans chacune des
lois. C'est ce qu'on entrevoit jusqu'à maintenant. C'est ce qui semble
se dessiner.
Je n'ai pas à parler pour et au nom du ministre de la Justice,
mais ma perception est que, si un geste doit être posé allant dans
le sens des recommandations du rapport, ça devra prévoir une
disposition d'ordre général et universel s'appliquant à
chacun des organismes visés par la loi.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Brassard: J'aurais un amendement à suggérer,
à proposer au ministre concernant le président du tribunal,
à tout le moins; on voudrait que ce soit un juge de la Cour du
Québec qui soit président du tribunal d'appel. J'ai un amendement
dans ce sens, M. le Président.
M. le Président, je n'ai pas l'Intention de parler
là-dessus pendant des heures. il me semble qu'il est nécessaire
qu'à la tête d'un tribunal de cette nature, de cette Importance,
on retrouve un juriste. J'admets avec le ministre que, pour ce qui est des
autres membres, ce ne soit pas obligatoire ou requis que ce soient tous des
juristes, des hommes ou des femmes ayant une formation juridique. Quant
à moi, il me semble qu'il faut s'assurer que les décisions sur le
plan juridique soient les plus solides possible et les mieux appuyées,
les mieux assises possible. Dans ces conditions, compte tenu de cet objectif,
je pense que la meilleure façon, c'est de faire en sorte que le chef, en
d'autres termes, du tribunal d'appel, le président du tribunal d'appel
sort un juge de la Cour du Québec.
Je pense que, de cette façon, on a au moins la quasi-certitude -
toute erreur est possible -que les décisions prises vont être
correctes, je dirais, sur le plan légal et vont avoir des assises
juridiques solides, fermes. Je pense que c'est un moyen d'arriver à cet
objectif que tout le monde souhaite et que tout le monde recherche. C'est pour
cette raison, M. le Président, que je propose cet amendement qui me
semble raisonnable et acceptable.
M. Pagé: M. le Président, l'amendement du
député de Lac-Saint-Jean est très intéressant. Je
dois vous dire que, personnellement, je n'ai aucune objection de principe
à ce qu'éventuellement le président du tribunal d'appel en
matière de protection du territoire agricole soit un juge de la Cour du
Québec et qu'il soit nommé pour une période, comme on
l'indiquait tout à I heure, de plus de cinq ans. Cependant, l'amendement
du député est prématuré. Tel que je l'indiquais
tout à l'heure au député de Lévis, il va de soi que
des juristes, des gens d'expérience juridique auront à assumer
des fonctions et je ne vois pas comment un tribunal comme celui-là
pourrait être présidé par une personne qui n'a pas
d'expérience juridique.
Par contre, je m'en remets à ce que je disais au
député de Lac-Saint-Jean tout à l'heure, il ne
paraît pas opportun de légiférer en semblable
matière tant et aussi longtemps que le gouvernement n'aura pas pris une
décision et cette décision sera d'application universelle et
générale en fonction d'une politique visant l'ensemble des
tribunaux administratifs au Québec. Éventuellement, que le
président du Tribunal d'appel en matière de protection du
territoire agricole soit une personne qui a non seulement une expérience
juridique, mais art le statut d'un juge de la Cour du Québec, moi, je
n'y verrais aucune objection, au contraire, je serais très sympathique
à une proposition comme celle-là pour véritablement lui
conférer l'indépendance qu'il faut et s'assurer qu'un organisme
quasi judiciaire comme celui-là prenne des décisions, se
développe une jurisprudence, etc., parce que c'est un tribunal, en
fait.
Sauf que vous comprendrez qu'à la lumière de la
réponse que je vous ai donnée tout à l'heure on ne pourra
pas adopter cet amendement, non pas parce qu'il n'est pas
intéressant,
non pas parce que nous sommes contre, non pas que moi comme ministre
responsable de l'application de cette toi, je sois contre le fait que le
président du tribunal ait le statut de juge. Cependant, cet amendement
m'apparaît prématuré pour le moment. Deuxièmement,
je vous ai donné l'assurance que de nombreuses personnes auront une
expérience juridique. Évidemment, avec trois bancs, je peux
présumer qu'il y en aura certainement trois et plus. Autre
élément, le président du tribunal aura une
expérience juridique en matière de protection du territoire
agricole, cela va de soi.
Le Président (M. Richard): Sur ce, M le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aurais peut-être autre chose. Je ne sais pas
si je suis hors du sujet par rapport à l'amendement qui est là.
Je voulais poser des questions concernant l'article 21.01, quatrième
alinéa, où on dit: "Le président et le
vice-président du tribunal d'appel exercent leurs fonctions à
plein temps". Si vous marquez que c'est à plein temps, cela veut dire
que les neuf ou huit autres personnes pourraient ne pas être à
plein temps.
M. Pagé: Elles pourraient ne pas être à plein
temps et le gouvernement pourrait faire en sorte qu'elles le soient aussi.
M. Dufour: Mais si vous faites cela, ça va faire une
drôle d'application de la justice. Ces gens vont faire cela par mandat,
quand cela va faire leur affaire; ils ne seront jamais en conflit
d'intérêts. Que va-t-il arriver?
M. Pagé: C'est une clause standard et, d'ailleurs,
à la commission, tel qu'elle fonctionne actuellement, il y a des gens
qui travaillent à temps partiel. Actuellement, nous avons trois
commissaires à temps partiel à la Commission de protection du
territoire agricole.
Une voix: Lesquels?
M. Pagé: II y a M. Cliche qui vient de quitter, M.
Philibert et M. Guérard.
M. Dufour: Mais vous en aviez seize avant. Vous ne donnez pas
beaucoup de marge de manoeuvre. Cela veut dire que, si vous voulez en nommer un
dixième, vous êtes obligé de faire rouvrir la loi.
Actuellement, vous dites qu'il y a neuf membres.
M. Pagé: C'est un tribunal d'appel.
M. Dufour: Oui, c'est cela. Vous pariez du tribunal d'appel. Vous
parlez de neuf.
M. Pagé: On en a deux à plein temps. Le
président et le vice-président doivent être à plein
temps.
M. Dufour: Je vous al bien écouté. Vous avez dit
tout à l'heure que ça siège trois par trois - trois fois
trois font neuf - sauf qu'il y a peut-être un point qui a
été oublié, c'est que le président, qui est
à plein temps, n'aura peut-être pas toujours le temps ou le
goût de siéger. Il va probablement faire beaucoup
d'administration, de temps en temps, parce qu'il y a une partie administrative
là-dedans. Trois fois trois font neuf, mais ça ne fait pas dix.
Je pense que je peux peut-être rejoindre l'amendement de mon
collègue en disant...
M. Pagé: Écoutez, c'est une clause, M. le
député, qu'on retrouve avec le même libellé dans
d'autres organismes de même nature. Le président et le
vice-président doivent être à plein temps au tribunal
d'appel, dans le cas qui nous occupe. C'est très probable, pour ne pas
dire très certain, que d'autres membres seront à plein temps,
mais cela ne veut pas dire qu'ils le seront tous. C'est cela que ça veut
dire.
M. Garon: Oui, mais il y a quelque chose de différent,
quand même. Quand on parle de MM. Philibert et Cliche, ce sont
plutôt des commissaires régionaux qui siègent pour des
causes régionales et il n'y a pas assez de causes pour siéger
à plein temps. Ils sont nommés pour cinq ans, mais ils
siègent une, deux ou trois journées, au besoin, par semaine.
Quand on parle de tribunal d'appel - toutes les causes viendront en appel - il
aura un caractère, forcément, moins régional. Au fond,
c'est l'équivalent de la commission de révision, de la commission
qui siégeait en révision. Cela va maintenant s'appeler tribunal
d'appel, mais c'est la commission qui siégeait en révision,
à toutes fins utiles. C'est cela que ça veut dire.
M. Pagé: M. le Président, on m'indique que c'est le
même libellé que dans la loi actuelle. Il est probable que des
membres auront à agir à plein temps, tout comme il est possible
que des membres aient à agir à temps partiel. Alors, on dit ici
ce qu'on dit dans toute autre loi. Le président et le
vice-président sont à plein temps et les autres seront
prévus au décret qui procédera à leur nomination,
comme cela a toujours été. Écoutez, on ne bâtit pas
le monde ce matin dans cet article. On crée un tribunal d'appel et on se
réfère aux autres dispositions.
M. Dufour: À l'exception, M. le Président...
M. Pagé: M. le Président, avant que le
député de Jonquière ne poursuive, je voudrais, au nom de
mes collègues, membres de la commission, saluer la présence parmi
nous du chef de l'Opposition officielle à l'Assemblée nationale
et lui souhaiter nos meilleurs voeux non seulement de bonne année, mais
particulièrement aujourd'hui,
parce que c'est son anniversaire de naissance, un joyeux anniversaire et
beaucoup de grandes satisfactions. Pour le bénéfice du Journal
des débats, M. le Président, on doit dire à ceux qui
nous liront que l'ensemble des membres présents dans la salle ont joint
leurs applaudissements aux miens pour saluer M. Chevrette Vous pouvez
continuer, M. le député.
M. Dufour: En parlant d'un tribunal - avant, on pariait d'une
Commission de protection du territoire agricole - à mon point de vue,
à moins que les mots ne veuillent rien dire, il me semble que le mot
tribunal a un caractère beaucoup plus légaliste.
M. Pagé: La Commission des transports est devenue le
Tribunal des transports.
M. Dufour: Ils n'appellent pas cela un tribunal, la Commission
des transports.
M. Pagé: La commission décide en matière
quasi judiciaire. (15 h 15)
M. Dufour: Regardons les faits. On va arrêter de
mêler tout le monde. SI on parie d'un tribunal, normalement, tout de
suite cela fait image. Je pense que cela fait partie de notre
responsabilité que les gens comprennent les termes et que ceux-ci disent
la même chose partout. Partout où l'on parie d'un tribunal,
normalement, ce sont des gens qui sont nommés de façon
permanente. Il y a un seul endroit, et ce sont les cours municipales, où
il s'agit d'un tribunal où I n'y a pas de permanence qui est
accordée. Mais, partout ailleurs, tout le monde s'entend pour dire
qu'à un tribunal ce sont des gens qui sont nommés à temps
plein pour faire leur job, parce qu'il pourrait y avoir des conflits
d'intérêts; toutes sortes de choses pourraient arriver. Avant, ils
étalent seize, là, ils sont neuf. Donc, vous baissez de sept d'un
coup sec. Avant, il y avait seize membres à la Commission de protection
du territoire agricole.
M. Pagé: Dix. Au tribunal d'appel, ils vont être
neuf. Alors, au lieu de seize, dix et neuf, dix-neuf.
M. Dufour: Dans l'ancienne loi, ils étaient combien?
M. Pagé: Ils étaient seize. Dans la nouvelle loi,
iIs sont dix à la commission et neuf au tribunal d'appel. Dix-neuf moins
sei2e, cela fait trois de plus.
M. Dufour: Vous n'avez plus de "chums" à nommer.
M. Pagé: Alors, l'article est-il adopté?
M. Dufour: Tout de même, par rapport au projet de loi qu'on
a devant nous, c'est évident qu'avant iI y avait une disposition
semblable, mais cela ne portait pas le nom de tribunal On parie dans
l'amendement de nommer un juge de la Cour du Québec, parce qu'on parie
d'un tribunal. Avant, on n'en parlait pas. Un tribunal pas de juge, cela fait
drôle.
M. Pagé: C'est mieux qu'un juge pas de tribunal.
M. Dufour: Est-ce que c'est le terme qui est mal choisi? Moi, |e
me pose des questions.
Le Président (M. Richard): M. le députe de
Lévis.
M. Garon: Essentiellement, un président qui est un Juge de
la Cour du Québec donne un caractère de permanence. Cela permet
aussi de ne pas Influencer le tribunal, le fait que quelqu'un qui
préside un tribunal d'appel sort un juge de la Cour du Québec,
soit quelqu'un qui est nommé Indéfiniment, qui n'est pas
nommé uniquement pour cinq ans, car, même s'il est nommé
pour cinq ans comme président du tribunal, s'il cesse d'être
président du tribunal. il retourne à la Cour du Québec.
C'est quelqu' un qui a une sécurité d'emploi totale et qui n'est
donc pas sujet aux pressions qui pourraient survenir. On a vu, même si le
ministre le nie, qu'en septembre 1986 M a donné des directives J'ai le
sentiment très net que, si ce caractère de permanence avait
été établi par un juge de la Cour du Québec comme
président, il n'est pas impossible que le juge se serait senti beaucoup
plus à l'aise pour dire que le ministre n'avait pas à lui donner
de directives, il n'en a pas le droit en vertu de la loi, d'aucune façon
Ne nous racontons pas d'histoires. Un ministre, en aucune façon, ne peut
donner de directives à un tribunal ou à un organisme quasi
judiciaire, si la loi ne le prévoit pas de façon expresse En
septembre 1986, le ministre a donne formellement des directives dans une
conférence de presse à la Commission de protection du territoire
agricole.
M. Pagé: M. le Président, ce que M. le
député de Lévis dit n'est pas exact. J'ai eu l'occasion
d'y référer en deuxième lecture.
M. Garon: Pourquoi un juge? Parce que, même s'il est
nommé pour cinq ans à la Commission de protection du territoire
agricole ou au tribunal d'appel qui est l'équivalent du comité de
révision, cela aura un caractère de permanence car même si
au bout de cinq ans, il n'est pas affecté là, il retournera sur
le banc de la Cour du Québec et le juge en chef l'affectera aux
tâches normales auxquelles sont affectes les juges. C'est pourquoi cet
amendement vient donner un caractère beaucoup plus stable et plus de
crédibilité à la fonction de président du tribunal
C'est pourquoi ta proposition est faite.
Je pense que c'est une bonne proposition qui va donner plus de latitude
et plus de liberté pour interpréter les lois. Quand on a un
organisme comme celui-là auquel on semble vouloir donner un
caractère plus juridique, il faut aussi le faire dans les formes. La
proposition de nomination d'un juge comme président du tribunal d'appel
va dans ce sens.
Le Président (M. Richard): Puisque l'amendement est
apporté et que chacun a émis ses arguments en fonction de cela,
est-ce que nous considérons que l'amendement est recevable?
M. Pagé: II est recevable et le débat a eu lieu.
S'il n'y a pas d'autres interventions, à moins que mon collègue
ne veuille...
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous demandez le
vote par appel nominal sur l'amendement?
M. Brassard: Sur mon amendement? Oui.
Le Président (M. Richard): M. Comeau, s'il vous
plaît. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: Sur l'amendement de M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), les pour et les contre. M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean)?
M. Brassard: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Quatre pour, cinq contre, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Donc, l'amendement à
l'article 21.01 est rejeté. Je reviens donc à l'article
21.01.
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): L'article est donc
adopté sur division. J'appelle maintenant l'article 21.02, toujours
à l'intérieur de l'article 6, globalement.
M. Pagé: C'est un article général et
classique qui vise à assurer la présidence et à fixer le
quorum lors d'une séance de travail. Il est indiqué que le quorum
est de trois membres.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires
là-dessus, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Je pense que ce sont des articles qu'on retrouve
à peu près dans...
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 21.02 est donc
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article
21.03.
M. Pagé: À l'article 21.03, on prévoit que
"les articles 5, 8 à 13 et 15 à 21 de la loi s'appliquent, en les
adaptant, au tribunal d'appel." Cela se réfère à des
dispositions actuelles de la loi qui concernent la commission, qui
s'appliqueront à l'avenir au tribunal, et qui portent sur le
siège social, les conflits d'intérêts, le personnel,
l'engagement d'experts et les règles de fonctionnement prévues
aux articles 11 et suivants.
M. Brassard: Cela veut dire que ce sont des articles qui
concernent les commissaires, actuellement.
M. Pagé: Ils concernent la commission,
rétablissement de son siège social et le personnel qu'elle
embauche. En fait, le tout est transposé au tribunal d'appel, selon les
mêmes règles. Le tribunal d'appel devra procéder à
la nomination de son personnel suivant les mêmes règles
établies à l'article 9 de la loi, par exemple.
M. Brassard: À l'article 5, c'est le siège
social.
M. Pagé: Le siège social. À l'article 8, ce
sont les conflits d'intérêts, à l'article 9, le personnel,
à l'article 10, l'engagement d'experts
et, aux articles 11 et suivants, les règles de
fonctionnement.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 21.03 est
adopté?
M. Brassard: Attendez un peu, s'il vous plaît. De 15
à 21, ce n'est pas tout à fait exact,
M. le Président. Oui, c'est vrai - on en a abrogé - en
tenant compte des articles abrogés.
M. Pagé: Ils ne sont pas là. M. Brassard:
Oui, d'accord.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: À l'article 21, est-ce inclusivement? Cela
veut dire que le tribunal doit de plus fournir au ministre tout renseignement
ou rapport qu'il requiert sur ses activités". Oui?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Aussi.
M. Pagé: Comme cela l'est ailleurs. Le rapport annuel, ces
choses-là.
M. Brassard: Et le rapport du tribunal d'appel sera
également déposé à l'Assemblée
nationale?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article 21.03 est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais savoir si le tribunal d'appel va
siéger au môme lieu où siège la Commission de
protection du territoire agricole en première instance,
c'est-à-dire à Québec, dans les mômes bureaux, ou
à Montréal, à Longueuii, dans les mômes bureaux.
M. Pagé: En fait, ce qui est important, c'est que le
gouvernement assure aux requérants l'accès au tribunal. Dans mon
esprit, on devra prévoir, dans les règles de fonctionnement, que
le tribunal pourra siéger ailleurs qu'à Québec et à
Montréal. Le tribunal pourra siéger en région. C'est
Indiqué à l'article 5. L'article 5 s'applique. Alors, on pourra y
lire que te tribunal a son siège social à l'endroit
déterminé par le gouvernement; un avis de l'établissement
ou de tout changement du siège social devra être publié
dans la Gazette officielle du Québec. Le tribunal peut avoir des
bureaux et tenir ses séances à tout endroit au
Québec."
M. Garon: C'est ça que je vous demande au fond.
M. Pagé: Je ne crois pas que ça sera dans les
mômes bureaux nécessairement.
M. Garon: Ce sera dans d'autres bâtisses, d'autres
lieux.
M. Pagé: Pas nécessairement non plus. Cela
dépend. On va voir.
M. Garon: On va voir.
M. Pagé: On va commencer par adopter la loi.
M. Garon: Je comprends, mais...
M. Pagé: On va nommer les membres...
M. Garon: ...habituellement, les...
M. Pagé: ...et, après ça, on va les
loger.
M. Garon: ...règlements sont souvent disponibles en
même temps que la loi quand le travail a été bien fait,
planifié un peu.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: M. le Président, d'autant plus que ]e suis bien
placé pour le dire, parce que les règlements, dans mon cas, ont
souvent été disponibles en même temps que la loi. Tout
simplement, le ministre fait une loi actuellement qui dit maintenant - ce n'est
pas à la commission - que l'article 5 doit s'appliquer mutatis mutandis
au Tribunal. C'est ça qu'on voit à l'article 21.03. "Les articles
5, 8 à 13 et 15 à 21 s'appliquent, en les adaptant, au tribunal
d'appel." Que dit l'article 5? "La commission a son siège social
à l'endroit déterminé par le gouvernement."
M. Pagé: Par décret. M. Garon: Oui.
M. Pagé: Donc, ça ne sera pas dans les
règlements. Cela sera dans le décret.
M. Garon: Alors, les intentions du ministre ou du gouvernement
sont-elles de mettre le tribunal dans des lieux différents ou dans les
mômes lieux que la Commission de protection du territoire agricole qui
siège, à Québec, au 200, Chemin Sainte-Foy, ou à
Longueuil, dans des bureaux qui sont un lieu physique, ou si on a l'intention
de louer d'autres bureaux, de fixer un deuxième endroit de vote que les
gens, qui sont allés en première instance à la commission,
iront
en appel dans un autre lieu, dans un autre endroit, à Une autre
adresse? C'est simplement ce que je demande. Il me semble que ce n'est pas le
secret de la bombe atomique.
M. Pagé: Alors, en réponse, M. le
Président...
M. Garon: S'il n'y a pas de gène... M. Pagé:
II n'y a pas de plaisir. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: À moins qu'on n'ait des amis à qui on
veut louer des bureaux. Où seront les bureaux? Ce n'est pas une grosse
question, je pense bien.
M. Pagé: Le siège social du tribunal et les
endroits où le tribunal pourra siéger seront prévus dans
le décret, pas dans les règlements, mais dans le décret
qui sera adopté par le Conseil des ministres lorsque la loi sera
adoptée, cela va de soi. Et je vais répéter ce que
l'indiquais au député tout à l'heure: Le tribunal aura
à siéger très certainement à Québec,
à Montréal et aussi en région. On verra s'il est possible
- vous parliez du 200, Chemin Sainte-Foy - que le tribunal soit logé au
200, Chemin Sainte-Foy. Si c'est possible physiquement, peut-être. Si
c'est possible qu'il soit à Longueuil, peut-être aussi.
Écoutez, ne me demandez pas aujourd'hui de vous donner l'adresse; on est
en train d'étudier la loi.
M. Garon: Est-ce que ça sera...
M. Pagé: Je vais terminer là-dessus. Dans les
meilleurs délais après l'adoption de la loi on va voir à
remplir toutes ces obligations qui seront imparties en vertu de la loi,
premièrement. Deuxièmement, ce qui m'a fait sursauter, ce n'est
pas l'objet de la question du député de Lévis, mais c'est
quand le député de Lévis nous a dit: il est de coutume que
les règlements soient déposés en même temps que la
loi. Voyons donc! Personne, je pense, à l'Assemblée, ne pourrait
le soutenir. Que le député de Lac-Saint-Jean le soutienne pour la
période où il a été au ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, je le comprendrais, mais pas le
député de Lévis! Vous avez adopté de nombreuses
lois et les règlements sont venus un an, deux ans et, dans certains cas,
au-delà de deux ans après. Alors, ne venez pas me dire, surtout
vous, que c'est la coutume de déposer les règlements en
même temps que la loi. Voyons donc! (15 h 30)
M. Garon: M. le Président, dès 1977, dans une loi
qui amendait la Loi sur les produits agricoles, les produits marins et les
aliments, il y avait une réglementation sur les petits abattoirs qui
était beaucoup plus volumineuse que la loi.
Les règlements ont été déposés
à l'Assemblée nationale bien avant l'étude du projet de
loi. Évidemment, à ce moment-là, votre conseiller
juridique n'était pas là. Il n'est pas au courant. SI vous le
demandez aux gens, ils vous diront que le projet de loi a été
débattu, que les règlements étaient disponibles,
même pas au moment de la commission, mais avant, à
l'Assemblée nationale, pour que les gens puissent en disposer parce
qu'on était fiers d'avoir fait des règlements qui étaient
utiles, bien pensés, bien conçus.
Le ministre se donne l'avantage actuellement de faire un siège
social pour le tribunal d'appel qui sera situé à un autre
endroit.
M. Pagé: Dois-je comprendre que le député de
Lévis voudrait l'avoir à Lévis?
M. Garon: II dit que ça pourrait être à un
autre endroit. Dans cette perspective où les gens parlent davantage de
guichet unique... Ou encore, est-ce parce que le ministre ne veut pas nous le
dire? Parce qu'on sait qu'actuellement les ministres du Parti libéral de
la région de Québec ne sont pas très forts; les organismes
s'en vont plutôt à Montréal, les fonctionnaires
déménagent, il y a de moins en moins de réunions à
Québec d'à peu près tous les organismes gouvernementaux et
Québec devient de moins en moins une capitale. Est-ce parce que le
ministre ne veut pas nous dire que son siège social sera dans la
région de Montréal?
M. Pagé: M. le Président, le député
de
Lévis veut m'imputer des intentions que je n'ai pas J'ai pris la
commission des courses et j'ai amené le siège social de
Montréal à Québec.
M. Garon: Ouf, oui, une boîte à lettres.
M. Pagé: Je ne l'ai pas amené à
Lévis, par exemple, je l'ai amené à Québec. Je peux
vous donner l'assurance que le siège social ne sera pas dans
Portneuf.
Le Président (M. Richard): Je suggérerais au centre
du Québec, M. le ministre, dans le comté de Nicolet.
M. Pagé: À Nicolet? Bon, le président fait
motion pour que ce soit chez lui. Vous voyez comment ça peut devenir
subjectif lorsqu'on discute de siège social.
M. Garon: Vous avez des chances d'être
dézoné, vous allez être dans du sol 4. Il y a beaucoup de
sols 4 dans votre coin.
M. Pagé: Non, pas nécessairement. Je prends note de
la demande du député de Lévis pour que le siège
social soit à Québec, pour qu'il soit leplus près
possible du 200, Chemin Sainte-Foy ou encore à l'intérieur de
l'immeuble au 200, Chemin
Sainte-Foy et je le remercie de ses commentaires.
Le Président (M. Richard): L'article..
M. Garon: M. le Président, il faudra poser plus de
questions si on n'a pas les règlements ni les réponses. Il faudra
poser plusieurs questions pour avoir les réponses. C'est l'article 5, au
fond, qui va s'appliquer au tribunal d'appel. La commission a son siège
social à l'endroit déterminé par le gouvernement; un avis
de l'établissement ou de tout changement du siège social est
publié dans la Gazette officielle du Québec* Est-ce que le
gouvernement a été saisi de l'endroit où doit être
situé le siège social du tribunal d'appel?
M. Pagé: Non. Le gouvernement en sera saisi après
que le projet de loi aura été adopté.
M. Garon: Dans un projet de loi, il y a souvent une analyse des
coûts Impliqués pour le gouvernement et pour les contribuables et
un plan d'organisation administrative supérieure. Combien de membres du
personnel seront affectés au siège social prévu à
l'article 5? Est-ce qu'on a fait un projet de loi sans avoir analysé
d'aucune façon les coûts administratifs qu'il y aura à le
faire?
M. Pagé: Depuis le dépôt du projet de loi,
j'ai demandé au ministère de prévoir ou de
m'établir les coûts dans la perspective du prochain budget qui
devra être déposé à l'Assemblée nationale, un
budget de dépenses tout au moins, avant le 31 mars prochain. On
prévoit donc un président et un vice-président à
temps plein, sept membres du tribunal dont certains seront à temps plein
et certains possiblement à temps partiel, on prévoit le personnel
de soutien requis, on prévoit aussi des coûts de fonctionnement,
de logement, de déplacement, d'équipement, etc. Le tout est en
train d'être préparé actuellement. On ne sera certainement
pas en retard parce que le projet de loi n'est pas encore adopté.
M. Garon: Non, mais comme le ministre s'attendait qu'il soit
adopté pour Noël, j'imagine qu'il était prêt. Dans sa
planification, combien de membres du personnel seront affectés au
tribunal d'appel et combien à la Commission de protection du territoire
agricole qui agira en première instance? Est-ce que le personnel
technique sera le même et sera-t-il sous l'autorité du tribunal
d'appel ou sous l'autorité de la Commission de protection du territoire
agricole? Ou est-ce que chacun aura son personnel technique à tous les
niveaux, autant au niveau de première instance qu'au niveau de
deuxième instance, des personnels complètement
séparés les uns des autres?
M. Pagé: Chacun va avoir son personnel.
L'adoption de la loi va Impliquer une réévaluation des
besoins d'effectifs de la commission et une évaluation des besoins
d'effectifs du tribunal, et c'est cela qui est en train de se faire. Cela sera
fait pour le moment où la loi entrera en vigueur, M. le
député.
M. Garon: Alors, combien de personnel additionnel
prévoit-on par l'adoption de la loi et comment va se faire la
répartition?
M. Pagé: Je suis...
M. Garon: Est-ce que, dans un cas, il y aura tant de personnel
additionnel au tribunal d'appel, qui grugera les effectifs de la commission de
protection qui agit en première Instance ou s'agira-t-il de personnel
additionnel qui sera affecté au tribunal d'appel?
M. Pagé: J'hésite à donner des chiffres
parce que je n'ai reçu qu'un rapport très préliminaire. On
m'indiquait que cela serait peut-être entre dix et quinze personnes qui
devraient être affectées au tribunal d'appel, mais j'attends le
rapport, j'attends des choses plus concrètes, des documents, etc.,
à partir d'une évaluation plus exacte des besoins et cela va
venir. Au moment de l'étude des crédits du ministère, vous
pourrez me poser ces questions, ce sera le temps.
M. Garon: À la faveur de ces nominations... Il y a seize
postes à la Commission de protection du territoire agricole. Il y en
aura maintenant dix et il y en aura neuf au tribunal d'appel, cela veut dire
qu'il y en aura six qui devront sauter, à toutes fins utiles.
M. Pagé: Pas nécessairement.
M. Garon: Un Instant, il y en aura dix. Il ne peut pas y en avoir
plus. Il y en aura dix.
M. Pagé: Mais non. 10 plus 9, cela fait 19, moins 16, cela
fait 3. SI on les garde tous, il en manque 3.
M. Garon: À la Commission de protection du territoire
agricole - première instance - il va y avoir dix personnes,
d'après la loi. Au tribunal d'appel, il va y en avoir neuf. Donc, tant
de nominations en première instance qui ne pourront pas durer, puisqu'il
y aura seulement dix postes prévus après la mise en vigueur de la
loi. Est-ce qu'à la faveur de ces remaniements de nominations, tant en
première instance qu'au tribunal d'appel, le ministre a l'intention d'en
profiter pour faire sauter des commissaires ou a-t-il l'intention de nommer au
tribunal d'appel des gens qui sont commissaires en première instance
pour compléter ses cadres?
M. Pagé: M. le Président, il n'est pas dans les
habitudes du ministre de l'Agriculture d'éli-
miner des commissaires. Mon prédécesseur a
procédé à la nomination de deux commissaires, le 4
décembre 1985, c'est-à-dire deux jours après la
défaite de son gouvernement, et j'ai endossé entièrement
et pleinement ces nominations, môme si elles avaient été
faites deux jours après l'élection et dix jours avant le
changement de gouvernement, alors que le premier ministre de l'époque,
M. Johnson, s'était engagé auprès du premier ministre
à ne procéder à aucune nomination.
Cela étant dit, il est très probable, pour ne
pas dire certain, que des gens qui sont actuellement à la commission
auront à agir au niveau du tribunal, mais ne me demandez pas aujourd'hui
de vous dire qui va être nommé. D'abord, II faut que le Conseil
des ministres accepte ces recommandations et, à ce moment-là,
cela sera connu.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je demande. Je dis
qu'avec la nouvelle loi il y a un tribunal d'appel où il y a neuf postes
qui ne sont pas occupés; ils n'existent pas à l'heure actuelle.
Il y en a dix qui vont exister à la Commission de protection du
territoire agricole qui, actuellement, prévoit seize postes. Donc, il y
en a six qui vont disparaître. Je demande au ministre s'il va en profiter
- parce qu'il a fait sa loi d'une certaine façon; elle aurait pu
être faite différemment, mais elle est faite comme cela - pour
faire en sorte que des gens ne siègent plus en première instance
et qu'ils ne soient pas, non plus, nommés au tribunal d'appel. C'est
ça que je lui demande. Est-ce qu'il va profiter de la mise en vigueur de
la loi pour faire sauter les commissaires qui sont actuellement à la
Commission de protection du territoire agricole et dont le mandat n'est pas
terminé?
M. Pagé: J'ai indiqué au député que
je me propose des personnes qui sont actuellement... Je vais attendre que le
député m'écoute...
M. Garon: Ah non! J'écoute.
M. Pagé: ...puisque c'est pour son bénéfice
que je réponds.
Je me propose d'inviter des personnes, qui sont
actuellement à la commission, à siéger au tribunal
d'appel. Si ma mémoire est fidèle, le mandat de certains
commissaires qui siègent actuellement est échu. Je crois que le
mandat de certains autres commissaires devrait être échu à
l'été, en septembre... Une voix: Au printemps.
M. Pagé: ...au printemps et d'autres à
l'été. Il faudra voir si, premièrement, ils sont
intéressés à poursuivre leur mandat à la commission
ou ailleurs, au tribunal d'appel, et, deuxièmement, si le gouvernement,
par le décret du Conseil des ministres, est prêt à les
renouveler, s'ils sont intéressés. Écoutez, ne me demandez
pas de faire le tour aujourd'hui et de dire: Lui, iI va rester; lui, I ne
restera pas; lui, il va aller au tribunal. Voyons donc, la loi n'est pas encore
adoptée. Ma responsabilité et le respect que J'ai envers des
fonctionnaires de l'État qui ont donné des services à
l'État me commandent de voir avec eux s'ils sont
intéressés à s'associer à une démarche
où Us auraient à travailler à un autre palier qu'à
celui de la commission. Ce n'est pas autour de la table de la commission
parlementaire que ça se fait.
M. Garon: Je n'ai pas demandé si les gens étaient
intéressés, j'ai demandé les intentions du ministre. Je
n'ai pas demandé les intentions des commissaires...
M. Pagé: Je vous les donne, les Intentions du
ministre.
M. Garon: ...parce que c'est évident que je ne peux pas
demander les intentions des commissaires à la commission parlementaire.
C'est clair. J'ai demandé les intentions du ministre; c'est ça
que j'ai demandé.
M. Pagé: Alors, je vous les ai données, mes
intentions.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 21.03 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 21.04,
toujours à l'intérieur de l'article global 6.
M. Pagé: Alors, à l'article 21.04, il est
indiqué: "Une partie intéressée peut interjeter appel
d'une décision ou d'une ordonnance de la commission devant le tribunal
d'appel." Il s'agit d'un droit d'appel général sur toute question
de droit ou de fait et non plus d'une révision lorsqu'on découvre
des faits nouveaux ou, encore, lorsqu'une partie, comme c'était le cas
dans le temps de la révision, n'a pu se faire entendre, tel que
prévu à l'article 18 de la loi actuelle.
M. Brassard: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Brassard: ...sur cette question importante, quand on
réfère au mécanisme de révision prévu dans
la loi actuelle, on constate qu'une demande de révision, c'était
très bien balisé, dans le sens qu'on pouvait demander une
révision sous certaines conditions, lorsqu'il y avait un fait nouveau
qui n'avait pas été connu en temps utile, lorsque le demandeur
n'avait pas pu se faire entendre pour des raisons jugées suffisantes ou
lorsqu'un vice de fond ou de procédure, de
nature à invalider cette décision, cette ordonnance,
pouvait être exposé, de sorte que ça limitait,
effectivement, le droit de demander une révision.
Dans le projet de loi actuel, II n'y a plus de balises. Toute personne
qui n'est pas satisfaite d'une décision de la commission peut en
appeler, a le droit d'en appeler. Je vous dis que ça m'inquiète
un peu parce que j'ai l'appréhension suivante. Actuellement, la pratique
veut que ceux qui demandent une révision le font parce qu'ils se sont vu
refuser par la commission une demande de dézonage.
Généralement, c'est ça. Ils ont demandé qu'on
dézone telle ou telle partie de leur propriété et
ça a été refusé, alors ils demandent une
révision. C'est ça, actuellement. Quand le dézonage est
accordé, généralement, Ils ne vont pas en révision.
(15 h 45)
On limitait les demandes de révision pour qu'on ne se retrouve
pas, de façon quasiment générale, avec une contestation
des décisions de la commission n'accordant pas le dézonage,
refusant le dézonage. C'est pour ça qu'il y avait des balises,
des paramètres délimités. Ce n'est pas n'importe qui qui
pouvait demander une révision; on ne pouvait pas le faire, non plus,
n'importe quand et dans n'importe quelles conditions.
Là, si le droit d'appel est accordé sans aucune balise,
sans aucune limite, moi, je crains qu'à ce moment toute personne qui
s'est vu refuser sa demande de dézonage par la commission,
automatiquement, ne se retourne de bord et n'allie devant le tribunal d'appel.
Je crains qu'à ce moment le tribunal d'appel ne devienne une
espèce de machine à dézonage, une espèce de
répondeur automatique; si vous n'êtes pas satisfait de la
commission, vous pouvez faire appel, pas de problème. Il n'y a pas de
condition, il n'y a pas de paramètre, il n'y a pas de balise. N'importe
qui peut faire appel. Si vous n'êtes pas satisfait, vous pouvez faire
appel.
Ma crainte, c'est que le tribunal ne se retrouve avec une avalanche de
demandes d'appels qu'il ne pourra pas refuser. Il va être obligé
de les considérer. À ce moment-là, ou II va confirmer les
décisions de la commission ou il va commencer à les remettre en
cause. Là, la machine est en marche. Cela m'apparait dangereux. Je me
demande pourquoi le ministre n'a pas jugé utile de maintenir les balises
actuellement prévues dans la loi en ce qui concerne l'appel, en ce qui
concerne la révision. J'aimerais le savoir.
M. Pagé: Là-dessus, M. le Président, il y a
plusieurs choses. D'abord, le tribunal d'appel sera formé de trois
membres. Il siégera à trois membres comparativement à un
membre qui siégera au niveau de la commission. Il est certain que va se
dégager une jurisprudence. Par surcroît, ces gens auront une
expérience juridique et une expérience agricole. Certains auront
assurément une expérience de longue durée, s'ils sont
depuis longtemps à la Commission de protection du territoire agricole.
Ce type d'appel de novo, si je peux utiliser ce terme, est de même
nature, ni plus ni moins, que ce qui était prévu dans le texte de
loi adopté en juin 1985, qui prévoit ou qui prévoyait un
appel de novo ou une révision de novo.
Pour ajouter à cet aspect de la question, je vais demander
à M. le président de la Commission de protection du territoire
agricole de compléter les renseignements à donner à cette
commission sur ce sujet.
M. Blain: M. le Président, ce serait pour nous la
quatrième forme de droit de révision. C'est un problème
difficile, en droit comme en pratique, que nous avons depuis le début de
la commission. Cela découle, d'abord, de la nature du recours. C'est un
recours hybride de droit anglo-saxon. La révision, ce n'est pas un
appel, c'est le droit, pour un organisme, de changer sa décision pour
cause avec les mômes membres. Il y a des règles assez restreintes
à ça, c'était du droit Incertain en 1975, 1978. Dans la
première version, on pouvait aller en révision, mais pour cause
seulement. Les gens ne savaient pas ce que ça voulait dire pour cause.
Alors, pendant des années, ils venaient en rappel à la
commission, ils venaient en révision. En tout cas, ils voulaient
s'essayer une deuxième fois et on leur disait: Monsieur, vous vous
êtes trompé, on n'a juridiction que pour cause. Vous n'avez pas de
cause, alors retournez chez vous.
Il faut comprendre une affaire essentielle chez nous, c'est que, quand
on donne un recours à quelqu'un pour aller en révision ou pour
s'essayer une deuxième fois, M pense qu'il peut aller en convaincre
d'autres et les faire changer d'idée pour obtenir ce qu'il voulait
avoir. Si on lui dit qu'il n'y a pas de cause, la semaine suivante, il fait une
nouvelle demande et cela lui coûte 20 $, parce qu'on n'est pas un
tribunal où, comme en matière judiciaire, la décision est
finale et ses droits sont déterminés jusqu'à la fin de ses
|ours. Alors, il s'essaie trois mois après.
Il faut examiner la situation bien attentivement. Est-ce qu'on veut
qu'il aille en Cour supérieure pendant trois ans pour nous forcer
à revoir notre décision si on a mal fait notre travail ou est-ce
qu'on veut dire aux citoyens: On peut s'enfarger, sur 6000 décisions par
année, et là, vous viendrez en révision? Le
problème de la révision est un problème légal et
constitutionnel; légal en ce sens que la révision ne peut viser
que les cas de révision administrative connus en jurisprudence. Si on se
déguise en tribunal d'appel, on est ultra vires parce qu'on va en appel
de nous-mêmes. Alors, toutes les fois que, dans l'exercice de notre
pouvoir de révision, on a l'air de quelqu'un qui va en appel de
lui-même - parce qu'on peut siéger full bench", si on veut - on
est ultra vires et n'importe quel tribunal supérieur pourrait nous dire:
Votre
décision est nulle. Il faudrait un "board" séparé,
une commission ou un organisme totalement séparé pour aller en
appel, mais le même organisme ne peut aller en appel de
lui-même.
En 1985, cela faisait déjà au moins deux ou trois ans que
les gens disaient: Votre affaire de révision pour cause, on perd notre
temps avec ça. On leur disait: Bien oui, mais c'est juste ça, le
recours en révision. On ne peut l'étirer jusqu'à ce que
ça devienne un appel. Le Tribunal des transports a pété en
Cour suprême à cause de ça, entre autres. Alors, ou c'est
un "board" séparé ou, si on va en révision de
nous-mêmes, c'est une révision pour cause seulement, pour les
faits existant au moment de la première demande et, si vous n'avez pas
de cause, bien vous recommencerez avec un nouveau 20 $. C'était pas mal
frustrant pour le monde et pour la commission parce que, neuf fois sur dix, on
disait: Écoutez, il n'y a absolument rien de neuf. Vous nous demandez de
rendre une décision différente des deux autres et on n'a aucun
fait différent. Alors, pas de cause: rejeté. Là, il avait
fait un tour en révision et il recommençait avec un autre 20 $,
avec une autre demande. Cela en faisait, des papiers.
Le ministre du temps a amendé la loi à la suite des
recommandations du Barreau et de toutes sortes de gens pour dire: II faudrait
que ce soit une révision "at large" de piano, sans cause. Cela,
c'était en 1985. Le danger que nous avions - tout le monde le
connaissait - c'est que c'était un peu à la limite du droit
constitutionnel: on se déguisait en appel de nous-mêmes. Dans un
"bill" omnibus de la Justice, du 16 février 1987, ils ont dit:
Là, on va régler le problème. Il y a plusieurs organismes,
comme la commission, qui ont à faire de la révision. Il y a
à peu près huit sortes de révision administrative au
Québec. Il y en a qui sont légales, d'autres qui sont
illégales, d'autres qui sont ultra vires. On va faire une loi omnibus
qui détermine bien le champ du recours en révision, en droit
administratif ou quasi judiciaire. Ce champ-là va être le
même pour tous les organismes et on va amender la loi de toutes ces
régies et commissions pour que le recours en révision soit le
même partout et soit limité de la même manière
partout, pour passer le test de la Cour suprême et de la Cour
d'appel.
Alors, dans une loi du ministère de la Justice qui faisait le
ménage...
M. Brassard: Quand?
M. Blain: Le 16 février 1987... l'article 18 est à
nouveau amendé pour nous ramener à la révision pour cause,
selon les critères que vous avez là. C'est le champ clos de
juridiction. On dit: À partir de cette date, ce n'est plus la
révision de piano. De 1985 à 1987, c'était sans cause. Ils
venaient en appel pour n'importe quoi et ils appelaient ça de la
révision. De 1987 à maintenant, c'est pour cause et, encore
là, neuf fois sur dix, on dit aux gens: Écoutez, on n'est
peut-être pas d'accord avec la première décision qui a
été rendue, mais I n'y a aucun fait nouveau, I n'y a aucune cause
de révision. Recommencez donc avec une nouvelle demande, parce qu'en
révision on ne peut rien changer. Alors, dans la mesure où les
gens disent: On s'essaie une première fois, huit fois sur dix, c'est une
décision ex parte. On a le rapport d'analyse, on fait nos
représentations écrites. Cela prend deux mois, deux mois et demi.
On reçoit notre décision. On n'est pas contents. Est-ce qu'on
peut aller en appel ailleurs qu'en Cour supérieure; parce que cela
coûte cher, ça?
S'il faut créer un recours en révision aussi large que sur
le fond, le mérite et le droit, pour excéder le champ clos de la
révision, il faut un appel et, pour faire un appel, il faut un tribunal
séparé. Alors, c'est ça qui est dans le projet de loi
actuel. S'il n'y a pas d'appel, on ne peut faire que la révision
prévue maintenant, qui ne donne pas grand-chose, et si la
révision ne donne pas grand-chose, cela provoque des nouvelles demandes.
Alors, on recommence ou bien le débat va se faire devant les tribunaux,
ce qui est bien plus cher et plus long pour les citoyens. Il faut qu'on donne
une deuxième chance aux gens parce que ça tourne sur deux mois
à deux mois et demi. Ce sont des formulaires, des documents qui sont
transmis par courrier, un rapport d'analyse résumé, 6000
décisions par année et les gens disent: On va commencer par voir
la première décision avant de savoir si on va plus loin. Cela,
c'est constant et il faut que cela tourne régulièrement vite. Il
y a à peu près 800 à 1000 demandes de révision par
année sur 6000 décisions. Évidemment, I y en a qui sont
accordées...
M. Brassard: Vous allez en avoir bien plus.
M. Blain: Pourquoi?
M. Brassard: Pourquoi?
M. Blain: II n'y en avait pas plus que ça en appel.
Écoutez, aussi étonnamment...
M. Brassard: Parce que si le droit d'appel...
M. Blain: ...que cela puisse se présenter, M. le
Président, les gens pensent que cela veut dire que, lorsqu'on n'est pas
content, on va en révision. Laissez faire 'pour cause" etc. On leur
explique ça, ils ne lisent pas l'article 18, eux. Il y en a
peut-être un sur dix qui a un conseiller juridique. Cela donne quoi? De
toute façon, I y en a qui ne font pas de demande en révision,
mais qui font une nouvelle demande. Il y en a qui font six demandes, qui sont
rendus à huit demandes pour le même dossier en huit ans à
la commission, une par année, et ils recommencent chaque année,
parce que la décision n'est jamais finale. L'année suivante, 1s
s'essaient à nouveau.
Alors, soyons réalistes On se dit: S'iI n'est pas content, est-ce
qu'on peut aller en appel de nous-mêmes? On répond: Non. Si c'est
un appel, c'est un autre "board". Est-ce qu'on peut continuer la
révision comme ça? On dit qu'on peut, sauf que les gens pensent
tous qu'en révision iIs ont une chance d'avoir un oui, quand ils se sont
fait dire non. Mais, neuf fois sur dix, iIs n'ont pas de cause, iIs perdent
leur temps, iIs sortent de là frustrés et nous aussi. Cela, on le
savait, en 1965. lors de l'adoption de l'amendement, mais iI y a eu un recul
à cause du ministère de la Justice qui, à bon droit,
à notre avis, a dit: Écoutez, ta révision, si on veut
respecter la constitutionnalité, c'est juste ça, ce n'est pas un
appel; sans ça, cela va péter en Cour d'appel. Là, on va
en appel de nous-mêmes, à l'Intérieur d'un môme
'board', et ce n'est pas correct.
C'est ça, le fond du problème. il n'est pas fade, mais I
faut le régler quelque part. Cela va être notre quatrième
façon de fonctionner. C'est toujours le môme problème; les
gens disent: Je ne suis pas satisfait, est-ce que Je peux aller en
révision? Mate le voisin vient en révision des fois ou l'opposant
vient en révision. Lui. il ne s'oppose pas. Il attend la décision
et. quand il n'est pas content, I va en révision. Alors, c'est tout
ça. C'est pour ça qu'on dit: 'Une partie
intéressée". Quelqu'un qui a un Intérêt peut aller
en révision. C'est assez ouvert comme ça. J'ai assez
parlé.
M. Brassard: Le problème, M. le Président, c'est
que, les gens voyant qu'il y a un seul commissaire qui décide de leur
cause, il est évident que toutes les décisions qui ne satisferont
pas les demandeurs vont aller en appel. Cela va être quasiment
automatique, parce que vous avez juste un commissaire. Le ministre vient de le
dire: Pourquoi fait-on un tribunal sans cause, un droit d'appel sans cause?
C'est parce qu'il y a juste un commissaire qui décide. On était
contre, on l'a dit quand on a adopté ces articles. A partir du moment
où. il y a juste un commissaire qui décide, les demandeurs, quand
iIs ne seront pas satisfaits de la décision prise par un seul
commissaire, vont aller en appel.
Je comprends un peu le président de la commission quand iI dit
que le mécanisme de révision interne est soumis à des
contraintes d'ordre constitutionnel en particulier; c'est le cas pour tous les
tribunaux administratifs. Mais voici la question que je me pose: Pour ce qui
est du droit d'appel, comme tel, à une autre instance, c'est ce que.
dans les autres cas. ce droit d'appel est accordé *at large', sans
restriction. sans contrainte, ailleurs?
M. Pagé: Lorsqu,il y a un tribunal d'appel? M. Brassard:
Oui. M. Pagé: Oui.
M. Brassard: S'il y a des droits d'appel, par exemple, à
la Commission des affaires sociales où à la Régie du
logement...
M. Pagé: Sur des questions de droit et des questions de
fait.
M. Brassard: est-ce que ce sont des droits d'appel qui sont sans
balise?
M. Pagé: Ce sont des droits d'appel autant sur des
questions de fait que sur des questions de droit.
M. Brassard: Sans restriction ni contrainte?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: C'est comme ça?
M. Pagé: Comme cela a été le cas de 1985
à 1987
M. Brassard: A la CSST, par exemple, si vous n'êtes pas
satisfait d'une décision de la CSST...
M. Pagé: De piano.
M. Brassard: le droit d'appel...
M. Pagé: À la Commission des affaires sociales?
M. Brassard: ...*at large*? M. Pagé: Oui.
M. Brassard: A la Régie du logement, 'at large"?
M. Pagé: Oui.
M. Blain: L'appel, c'est l'appel, point.
M. Brassard: Le droit d'appel qu'on retrouve au niveau de tous
les tribunaux administratifs actuellement existants est libellé de cette
façon? Enfin, iI n'est pas...
M. Pagé: Sauf pour les cas de révision.
M. Brassard: Je ne parle pas de révision, je parle du
droit d'appel. Je fais la distinction...
M. Pagé: Le Tribunal des professions, c'est la même
chose. On pourrait faire l'inventaire, mais...
M. Brassard: ...fine, subtile et nécessaire que le
président Blain vient de faire entre la révision à
l'Interne...
M. Pagé: D'accord.
M. Brassard: ...et le droit d'appel comme tel. Ce n'est pas la
môme chose.
M. Pagé: Le tribunal d'appel...
M. Brassard: Le droit d'appel. il faut que cela se fasse à
une autre instance.
M. Pagé: Distincte et cela réfère...
M. Brassard: Non? Vous avez l'air de faire la moue? Non? Un droit
d'appel, il ne faut pas que cela se fasse à une autre instance?
M. Blain: Non, c'est qu'à cause de la jurisprudence
traditionnelle l'appel, de par sa nature, doit être entendu par un
tribunal distinct de celui qui a rendu la première décision.
M. Pagé: C'est cela, donc par une autre Instance. (16
heures)
M. Blain: II faut absolument que ce soit un "board"
séparé, une commission totalement séparée.
M. Brassard: Une Instance distincte, autre; c'est ça que
je dis.
M. Blain: Oui, tout le temps. Et, par définition, l'appel
porte toujours sur une chose, soit sur la première demande qui a
été faite et sur toute la première demande qui a
été faite, en disant: En appel, cela a été
refusé, mais vous pouvez l'accorder.
M. Brassard: Mais il n'y a pas de contrainte...
M. Blain: Non. En appel...
M. Brassard: ...dans les droits d'appel, comme on en retrouve
à l'article 18 de la loi actuelle?
M. Blain: Non. La nature même de l'appel, c'est de demander
à un tribunal de plus haute instance, distinct du premier...
M. Brassard: De réviser une décision dont on n'est
pas satisfait.
M. Blain: Non, c'est de demander la même chose qu'on
demandait en première instance, autant sur le fond que sur le droit.
M. Brassard: II y a des juristes qui vous entourent, alors
pouvez-vous me confirmer que ce droit d'appel, en ce qui concerne d'autres
tribunaux administratifs, est de même nature, qu'il n'est pas
balisé?
M. Pagé: La Commission des affaires sociales est
habilitée à recevoir une demande de modification, non seulement
pour des questions de droit, mais aussi pour des questions de fait. C'est une
audition tout à fait nouvelle, par exemple, pour le versement des
prestations d'aide sociale ou l'admissibilité à une rente en
vertu de la Loi sur le régime de rentes du Québec et de celle de
la Commission de la santé et de la sécurité du
travail.
M. Brassard: Dans le cas de l'aide sociale, avant d'aller en
appel, il y a d'abord un mécanisme de révision?
M. Blain: Oui, ils ont les deux. M. Brassard: Ils ont les
deux.
M. Blain: Le Tribunal du travail et les commissaires.
M. Brassard: Pardon?
M. Pagé: Le Tribunal du travail peut modifier une
décision rendue par le commissaire du travail. On ne prévoit pas
plus de demandes que celles qu'on a reçues entre 1985 et 1987.
M. Brassard: Je suis convaincu que vous allez en avoir plus.
M. Garon: M. le Président, je vais vous poser une
question. En première instance, dans certaines demandes, même si
on est en matière de protection du territoire agricole, iI peut y avoir
des questions juridiques complexes importantes, alors que dans d'autres iI
s'agit de l'appréciation de questions plus agricoles. Celui qui va
affecter quelqu'un à ce rôle, comment sera-t-il capable de
déterminer que celui qui va siéger seul, en première
Instance, sera un commissaire de formation juridique ou non? SI on est en
première Instance et qu'il s'agit de trancher sur des questions de droit
et que vous avez un commissaire qui n'a pas de formation juridique...
Auparavant, on essayait d'avoir deux commissaires: un de formation juridique et
un autre qui n'en avait pas nécessairement, mais qui avait une
connaissance agricole plus approfondie, afin de taire un mélange des
deux, pour que tout soit bien évalué par la commission. Mais,
quand on aura un seul commissaire, comment pourra-ton faire pour faire bien
remplir ce rôle? Il y a des commissaires qui ont une formation juridique,
d'autres, une formation agricole ou...
Une voix: D'incendie.
M. Garon: Non, dans le développement régional, il y
a différents types de commissaires. Alors, pour former une commission
qui sera capable de saisir différents aspects, bien qu'on veuille
changer la commission en disant: Maintenant, ce sera seulement un
commissaire...
Comment le commissaire dont les connaissances sont plus limitées
sur tel ou tel aspect va-til pouvoir se prononcer aussi adéquatement que
lorsqu'il devait y avoir au moins deux commissaires pour entendre la question,
l'un de formation agricole et l'autre de formation juridique?
M. Pagé: M. le Président, l'ensemble de cette
question a déjà été traité lors de
l'étude de l'article 3 qui a été adopté par cette
commission. Mais, quand môme, malgré que la question, en principe,
est hors de sujet, par déférence...
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: ...pour le député, je peux lui
indiquer que cet article a été longuement discuté. On a
fait valoir les nombreux motifs à l'appui de la position du
gouvernement, à savoir qu'à l'avenir la commission aura seulement
un commissaire qui siégera en première Instance. Mais, pour le
bénéfice de mon collègue, le député de
Lévis, Je vais demander au président de la commission d'ajouter
à la réponse que je lui formule.
M. Blain: M. le Président, je pense que j'ai eu
antérieurement l'occasion d'exprimer à votre commission comment
fonctionne l'affectation des commissaires et comment peut se présenter
ce changement à la loi, à l'occasion de cet article-ci et de
l'article 3, qui ferait qu'en première instance iI y aurait un seul
commissaire qui siégerait plutôt que deux.
Examinons le statut actuel des commissaires. Ils siègent à
deux. De deux choses l'une: ou ce sont deux commissaires compétents et
vaillants et, effectivement, depuis toujours ils se partagent le travail, l'un
étudiant davantage certains dossiers ou la moitié des dossiers
à l'étude ce jour-là et l'autre, l'autre moitié,
pour se réunir ensuite et faire un consensus sur la décision
à rendre. Mais, si, à l'inverse iI y en a seulement un des deux
qui est compétent ou vaillant, ou les deux, iI travaille pour deux et
l'autre est payé à ne rien faire. Cela s'appelle comme
ça.
Dans le cas actuel, comme dans l'avenir et de tout temps à la
commission, tous les commissaires, quels qu'ils soient, n'ont pas des
compétences professionnelles Identiques. Mais ils ont tous recours et
accès à un analyste professionnel pour ce qui est des questions
de fait, des questions agronomiques, des questions de sols ou des questions de
foresterie; ils ont tous les services professionnels d'analystes, comme support
ou assesseurs. Ils ont tous aussi un parrain juridique qui est un juriste de la
commission - il y en a seize comme ça - pour leur mâcher la gomme
en droit s'iIs ne connaissent rien en droit. Bon.
Malgré ça. il y en a qui n'écoutent ni l'analyste,
ni le juriste et qui sont dans tes patates. Ils ne comprennent rien. Mais il y
en a d'autres qui n'en ont pas besoin parce qu'ils sont aussi compétents
que les professionnels. On ne peut pas changer ça; qu'ils soient un ou
deux, cela ne change rien. Alors iI y en a que ça ne dérange pas
du tout d'être un ou deux et d'autres que ça dérange
beaucoup parce que tout seul, là, ils vont avoir l'air fou, parce
qu'avant ils étaient deux et c'est l'autre qui leur couvrait les fesses.
Mais ça. c'est la réalité concrète qu'il faut
expliquer à tout le monde. C'est juste ça.
Quand le ministre m'a demandé si ça siégeait aussi
bien à un qu'à deux, j'ai dit: Oui, il n'y a aucun doute. C'est
moi qui lui ai dit. C'est aussi bien à un, dans le fond, sinon, iI y en
a un des deux qui travaille et l'autre ne connaît rien ou ne travaille
pas. Ou bien, s'ils sont deux bons. iIs partagent le travail en deux et,
à midi, ils ont fini. Alors, mettons-en juste un. S'iI a des
problèmes techniques ou professionnels, iI a un juriste pour
mâcher sa gomme et iI y a un analyste pour traîner ses papiers et
lui faire toutes les études qui veut. Alors là, qu'il soit
juriste, agronome ou cultivateur, I est capable de siéger pareil. Il
s'agit qu'il ait une tête sur les épaules, qu'il prenne une
décision, qu'il décide. Mais, là, il ne pourra pas dire
que c'est l'autre. Cela va être lui qui va prendre la décision.
Alors, je ne peux pas être plus clair que ça.
M. Garon: Vous ne pouvez pas être plus clair que ça.
mais je commence à comprendre pourquoi les gens vous trouvaient parfois
arrogant quand iIs allaient devant la commission.
M. Pagé: M. le Président.
M. Blain: II faut administrer...
M. Pagé: M. le Président, excusez-moi. Le
président a répondu en mon nom et je ne pense pas que quiconque
soit légitimé...
Une voix: Mais iI n'est pas obligé de se comporter comme
le ministre.
M. Pagé: Tout parlementaire peut avoir son
appréciation à l'égard d'un président d'organisme,
d'un membre d'organisme ou d'un fonctionnaire de mon ministère, mais Je
ne peux accepter - vous comprendrez - qu'un parlementaire puisse s'attaquer ou
profite de son statut pour s'attaquer au.
M. Garon: Je laisse les gens évaluer.
M. Pagé: Laissez les gens évaluer et passons
à l'article suivant.
M. Garon: J'ai fait un commentaire. J'ai le droit de faire les
commentaires que je voudrai. Mais je dois vous dire que je suis surpris des
commentaires du président de la commission parce qu'à ce
moment-là, comprenez-vous, ça revient à dire: On
dépense de l'argent, au fond,
on devrait en nommer seulement un. Une seule personne pourrait
s'organiser avec tous les services techniques. Alors que ce n'est pas
ça. Les services techniques sont là pour apporter un
éclairage...
Une voix: Un support.
M. Garon: Vous me faites penser, M. le ministre, que vous devez
être dans une curieuse de situation quand vos fonctionnaires vous
conseillent quelque chose et que vous décidez autre chose. Je suppose
que c'est parce qu'Us ne vous ont pas assez bien mâché la
gomme.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Ils ne vous ont peut-être pas assez bien
mâché la gomme. Quand vous décidez différemment de
vos fonctionnaires, c'est peut-être que vous...
M. Pagé: C'est moi qui en prends la responsabilité,
c'est moi qui porte la décision et c'est moi qui va être
jugé en fin de compte.
M. Garon: C'est ça que je pense aussi. Je pense que,
finalement, ceux qui décident ce sont les commissaires, ceux qui sont en
fonction. Mais ceux qui leur donnent des avis techniques ou tout ça,
parce qu'il y a toutes sortes d'avis dont il faut tenir compte avant de rendre
une décision... Quand on rend une décision il faut tenir compte
de l'ensemble de l'éclairage qu'on a, avec son jugement. La connaissance
technique, c'est une affaire. On peut avoir beaucoup de connaissances
techniques et ne pas avoir de jugement. Habituellement, la principale
qualité que doivent avoir les juges et ceux qui rendent des jugements -
on dit bien "jugements" - c'est d'avoir un bon jugement. Des fois, les
diplômes n'en donnent pas. On peut avoir beaucoup de connaissances
techniques, mais manquer de jugement. Je pense qu'au niveau d'un organisme les
gens qui peuvent avoir un meilleur éclairage-Toute cette question n'est
pas si simple. Dans le passé, les agriculteurs ont souvent
demandé d'avoir des tribunaux agricoles - pourquoi l'ont-ils
demandé? - ou avoir des tribunaux spécialisés en
agriculture. Cela a été une grande demande de l'UPA pendant des
années. C'était pour avoir des gens qui comprenaient leurs
problèmes, ce qui se passait sur une terre. Ce n'est pas facile à
imaginer pour quelqu'un qui ne connaît pas ça. Pourquoi? Parce
qu'il y avait des jugements qu'ils trouvaient aberrants parce que,
malgré tout, la personne n'avait pas pu se faire une idée, selon
l'opinion des agriculteurs, de ce qu'ils avaient à trancher. Ils ont
souhaité avoir des tribunaux agricoles.
La commission avait réussi à devenir un genre de tribunal
agricole, qu'on soit d'accord ou non avec ça. Aujourd'hui, on parle de
la question du nombre des appels et le député de Lac-Saint-Jean a
dit avec beaucoup de justesse, à mon avis, que même si on dit
qu'il n'y a pas d'appréhension le fait qu'on ait changé la nature
de la première instance va susciter un grand nombre d'appels.
Pensez-vous que l'avocat qui Ira plaider devant le commissaire ne sera pas
conscient que celui-ci n'aura qu'à initialer ou signer une opinion qui
aura été écrite par d'autres? Il va le sentir, iI sera
là, il va plaider. Ceux qui iront plaider devant le commissaire se
rendront compte qu'ils ont plaidé telle ou telle chose, mais que dans la
décision qui a été rendue iI y a un manque parce que
l'éclairage ne sera sans doute pas aussi bon. Il y aura alors une
multiplication des appels pour dire: Je pense qu'en première instance la
gomme n'a pas été suffisamment mâchée. Surtout si
c'est de la gomme balloune, les gens vont dire: II serait mieux de la
mâcher un peu plus longtemps parce que le goût est moins
prononcé. Il y en a peut-être qui voudront justement revenir
à d'autres mâcheurs de gomme en espérant qu'Us la
mâchent eux-mêmes, par exemple, celui qui va présider le
banc ou qui va être sur le banc.
Remarquez que je n'ai pas posé des questions inutiles. J'ai
demandé, et le ministre n'a même pas été capable de
me répondre: Qu'est-ce qu'il y aura comme groupe en arrière de
tout ça? Comment va se répartir le personnel technique? Comment
tout cela va-t-il se répartir pour avoir deux tribunaux, un de
première instance et un de deuxième instance? Le président
de la commission vient de nous dire, au fond, que le commissaire est assis sur
la chaise et qu'iI regarde les gens qui sont là, mais ce sont d'autres
qui écrivent tout ça. Il mâche de la gomme. Si on
était au temps des Français qu'il y a quelques siècles, on
aurait pu apposer le sceau avec une gomme mais, apparemment, ce sont eux qui
signeront une décision. Comment cela aura-t-il été
mâché si ceux qui mâchent et ceux qui signent ne sont pas
les mêmes? (16 h 15)
Quand vous irez en appel, vous voudrez peut-être que celui qui
signe soit celui qui mâche. Cela va certainement susciter un certain
nombre de problèmes parce qu'il ne faut pas prendre le monde pour des
fous. Quand ils iront devant la commission, ils sentiront ou ne sentiront pas
que celui qui avait à prendre la décision de commissaire
était capable de mâcher. Si on sent qu'il n'a pas
mâché la gomme du tout, qu'il n'y a même pas
goûté et qu'il a signé une décision, cela va
susciter, à mon avis, un accroissement du nombre des appels. C'est pour
cela qu'on dit que la jurisprudence va en revenir à être faite sur
une base différente et les gens voudront s'essayer davantage. D'autant
plus qu'on dit que ce ne seront pas des causes de révision pour cause et
qu'à ce moment-là la décision en appel va avoir un
caractère plus final. C'est pour cela que je pense que ce qu'a dit le
député de Lac-Saint-Jean...
M. le Président, j'aimerais demander au ministre s'iI y a des
études qui ont été fartes sur les prévisions du
nombre de causes qu'il y aura en appel et du nombre d'affaires qu'il y aura en
première instance. Je parle des causes devant les commissaires. Je ne
parle pas d'Interjeter appel, de faire un avis ou d'envoyer une
déclaration à la commission. Dans une étude des
coûts-bénéfices qui a dû être faite - cela a
été fait sous le nouveau gouvernement... Sous l'ancien
gouvernement, I fallait établir combien on prévoyait que
coûterait une loi tant au gouvernement qu'aux contribuables. Alors, le
ministre a dû faire une étude, une analyse pour savoir combien il
y aurait de causes en première instance et de causes en appel pour
évaluer les coûts administratifs du tribunal d'appel et de la
commission en première Instance, en plus de prévoir le personnel
requis pour les services techniques et tous les services qui sont
nécessaires. Est-ce qu'il y a moyen d'avoir une copie des
prévisions qui ont été faites par le ministre, par son
personnel ou par le personnel de la commission?
M. Pagé: M. le Président, j'ai répondu
à la môme question, ou tout au moins à une question
analogue, iI y a quelques minutes, posée par le député de
Lévis.
M. Garon: ...sur le nombre de causes.
M. Pagé: Je lui al indiqué à ce
moment-là que nous travaillons présentement sur le plan
d'organisation du tribunal, à savoir combien de personnes exactement
devront être embauchées comme personnel de soutien et combien de
professionnels, le tout en fonction d'une adoption de la loi qui devrait
intervenir d'ici la fin mars tout au moins. Nous prévoyons sensiblement
le môme nombre d'appels que lorsqu'un recours en révision pouvait
être déposé autant pour des questions de droit que des
questions de fait et, entre 1965 et le début de 1967, c'est environ 1000
causes qui ont été déposées en révision. On
peut prétendre, à juste titre ou non, compte tenu de
l'instauration d'un tribunal d'appel, d'une nouvelle loi, qu'il y ait pendant
un certain temps un nombre un peu plus élevé que 1000 causes en
appel, et peut-être qu'on peut se tromper aussi La
référence, parce que c'étaient des révisions sur
des questions de droit et de fait, c'est la situation qui a prévalu
entre 1985 et le début de 1987, c'est-à-dire environ 18 mois, sur
une base de 1000 causes annuellement.
M. Garon: Quels sont les délais d'appel actuellement?
Quels délais prévoit-on pour les appels? Quels sont aussi les
délais en première instance et les délais qui sont
prévus?
M. Pagé: Je peux vous Indiquer que nous prévoyons
une procédure qui, sans être bâclée, sera sous
l'égide de l'efficacité, c'est-à-dire moins longue,
évidemment, que devant la Cour supérieure et, comme
c'était le cas à la commission, quelques mois. A la commission,
c'est environ trois mois, douze ou treize semaines au maximum entre le moment
où une requête est adressée à la commission et celui
où la décision est rendue. C'est pourquoi je vous indiquais tout
à l'heure qu'il est très probable qu'un nombre de commissaires
seront affectés à temps plein et d'autres à temps partiel.
S'il était nécessaire que davantage de membres du tribunal
d'appel soient affectés à temps plein, davantage le seront.
M. Garon: Je ne demandais pas à partir du moment de la
requête, parce que ce n'est pas cela le principal critère
.À partir du moment où le dossier est complet, quel est à
l'heure actuelle le délai pour rendre une décision et quel est le
délai anticipé autant au niveau de la première instance
que de l'appel?
M. Pagé: M. le président de la commission.
M. Blain: En première Instance, je pense que j'ai eu
l'occasion de le dire antérieurement aussi, c'est deux mois, deux mois
et une semaine. Et même, depuis quatre ou cinq mois, c'est moins de deux
mois en première instance, parce qu'on est à jour depuis plus
d'un an, pas loin de deux ans maintenant.
En révision, pour toute la région de Québec,
c'est-à-dire la moitié du Québec du coté est, c'est
deux mois et, demi et dans la région de Montréal, c'est trois
mois environ. Ce sont les délais.
M. Garon: Et quel est le délai anticipé?
M. Pagé: On aspire à la même performance.
Le Président (M. Richard): Votre utilisation du temps
serait terminée, M. le député de Lévis. Est-ce
qu'il y a d'autres commentaires ou d'autres interrogations sur l'article 21.04?
Sinon, est-ce qu'il est adopté?
M. Brassard: Adopté sur division, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Adopté sur division.
J'appelle donc l'article 21.05
M. Pagé: A l'article 21.05. il s'agit de procédures
d'inscription en appel qui s'inspirent des articles 18 2 et 21.5 de la loi
actuelle. 'L'appel doit être déposé au greffe du tribunal
d'appel dans les 60 jours de la date de la décision ou de l'ordonnance
qui en est l'objet. 'Le tribunal d'appel peut, pour cause, prolonger ce
délai pourvu qu'il ne se soit pas écoulé plus de six mois
depuis la date de la décision ou de l'ordonnance."
L'article 21.06: "Sur demande du tribunal d'appel, la commission
transmet au greffe du tribunal la décision ou l'ordonnance
attaquée
ainsi que toute autre pièce pertinente."
À l'article 21.07, j'aurai une modification.
M. Brassard: Qu'est-ce que ça veut dire "pour cause"? Le
tribunal d'appel peut, "pour cause". Qu'est-ce que ça signifie?
M. Pagé: C'est une reproduction presque In extenso de ce
qui doit normalement être lu dans une loi ou un appel,
c'est-à-dire que, si le tribunal d'appel ou la commission d'appel veut
accorder un délai additionnel au délai de 60 jours, il doit y
avoir un motif à l'appui d'une telle requête et, par
conséquent, un motif jugé valable a l'appui de la décision
du tribunal ou de la commission d'appel d'autoriser la prolongation du
délai de 60 jours. C'est la jurisprudence de la Cour d'appel qui
prévaut en semblable matière.
À l'article 18.2 de la loi actuelle, c'est la même chose,
le même libellé. On dit: "La commission peut, pour cause,
prolonger ce délai pourvu qu'il ne se soit pas écoulé plus
de six mois depuis la date de la décision ou de l'ordonnance qui fait
l'objet d'une révision."
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 21.05 est
adopté. J'appelle l'article 21.06.
M. Pagé: "Sur demande du tribunal d'appel, la commission
transmet au greffe du tribunal la décision ou l'ordonnance
attaquée ainsi que toute autre pièce pertinente."
M. Brassard: J'imagine que ça va de soi.
Le Président (M. Richard): L'article 21.06 est
adopté. J'appelle l'article 21.07 et nous avons un papillon.
M. Pagé: "L'article 21.07, introduit par l'article 6 du
projet de loi. est remplacé par le suivant: "L'appel suspend
l'exécution de la décision, sauf dans le cas où le
tribunal d'appel permet l'exécution provisoire. "L'appel ne suspend pas
l'exécution d'une ordonnance sauf quant aux conclusions de celle-ci qui
ordonnent la remise en état. "L'appel d'une ordonnance doit être
entendu d'urgence par le tribunal d'appel."
En principe, l'appel suspend l'exécution de la décision de
la commission, mais pas l'exécution d'une ordonnance puisque, dans ce
dernier cas, la situation serait irréversible. Par exemple, s'il y a eu
une ordonnance de cesser de couper du bols dans une érablière, si
l'appel suspendait l'ordonnance, la personne pourrait continuer à couper
du bois. Le but de cet amendement, c'est strictement pour être
conséquent avec nous-mêmes, être plus clair et plus
précis.
M. Brassard: C'est-à-dire que l'appel sus- pend
l'exécution de la décision.
M. Pagé: Oui. L'appel suspend l'exécution de la
décision de la commission, sauf dans le cas où le tribunal
d'appel permet l'exécution provisoire. Il peut le permettre.
M. Brassard: Donc, dans le cas d'une ordonnance, cela a des
effets concrets.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Des effets concrets, et il serait difficile,
à ce moment-là, de revenir en arrière.
M. Pagé: Ce serait irréversible.
M. Brassard: C'est pour ça que, dans le cas d'une
ordonnance, l'ordonnance est maintenue.
M. Pagé: Supposons que la commission rend une ordonnance
dans le cas d'un propriétaire d'une terre qui est en train de
décaper ou d'enlever le soi, la couche végétale. Il y a
une ordonnance de la commission et si l'appel suspendait l'ordonnance la
personne pourrait continuer...
M. Brassard: La personne pourrait accélérer les
travaux et enlever toute la terre végétale.
M. Pagé: C'est ça. C'est pour être plus clair
encore une fois.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
21.07 est adopté. Est-ce que l'article, tel qu'amendé, est
adopté? C'est donc adopté. J'appelle donc l'acticle 21.08.
M. Pagé: À l'article 21.08, c'est un autre
libellé qu'on retrouve généralement dans une loi lorsqu'un
organisme a à décider, c'est-à-dire qui assure
l'application de la règle audi alteram partem reconnue par la charte des
droits. Donc, on y lit: "Avant de statuer sur un appel, le tribunal d'appel
doit donner aux parties intéressées et à la commission
l'occasion de se faire entendre."
M. Brassard: Est-ce que les parties intéressées
peuvent être accompagnées ou représentées par
des...
M. Pagé: Tout le temps. M. Brassard:... conseillers
juridiques? M. Pagé: Oui. C'est dans la charte.
M. Brassard: C'est dans la charte.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que ça peut donner aux parties
Intéressées suffisamment de temps? C'est parce qu'on peut bien
dire que le tribunal peut leur donner l'occasion de le faire, mais si, pour une
raison ou une autre, l'une des parties demande un délai pour
représenter n'Importe quoi...
M. Pagé: C'était à un article
précédent, 60 jours, sauf que, pour cause, le tribunal pourra
autoriser une prolongation de délai.
M. Dufour: Cela va.
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 21.08 est-il
adopté? J'appelle l'article 21.09 et nous avons un papillon.
M. Pagé: On dit, à l'article 21.09: "L'appel doit
porter, en tout ou en partie, sur ce qui fait l'objet de la demande initiale,
mais ne peut viser ce qui n'était pas alors demandé' On ne peut
pas...
M. Brassard: ...ajouter une nouvelle demande à
l'appel.
M. Pagé: C'est ça. Il s'agit d'une modification qui
veut apporter plus de clarté au texte, à la situation
visée au deuxième alinéa de l'article Dans le projet de
loi, on lit: 'II est loisible en appel de faire la preuve de tout fait survenu
avant la décision ou l'ordonnance dont il est fait appel, qu'il ait ou
non été mis en preuve précédemment.' Ici, on
précise le deuxième alinéa et on dit: 'La preuve en appel
ne peut porter que sur tout fait survenu avant la décision ou
l'ordonnance dont il est fait appel, qu'il ait ou non été
mis en preuve précédemment* En fait, ce qu'on veut
éliminer, c'est toute possibilité qu'on porte à la
connaissance du tribunal en appel des faits qui seraient survenus après
la décision. C'est une inversion plus directe.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
21.09 est-il adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 21.09, tel
qu'amendé, est-il adopté? J'appelle donc l'article 21.010 et nous
avons à nouveau un papillon.
M. Pagé: L'objet de l'article 21.010, c'est que le
tribunal peut donner raison à la commission ou encore se substituer
à celle-ci pour rendre une autre décision. Cette modification a
pour but de préciser que le tribunal d'appel, pour rendre une
décision, doit se fonder sur les mêmes critères que la
commission parce que, comme I y a une distinction.. Comme vous voyez qu'aux
articles 62 à 62.2, ce sont des critères en matière
d'autorisation, d'exclusion ou d'Inclusion et qu'à l'article 69.07 on
fait référence à l'interdiction d'autoriser des exclusions
dans un secteur exclusif, c'est pour donner au tribunal d'appel la même
juridiction que la commission, les mômes critères et les
mômes guides.
M. Brassard: Cela me semble Introduire, je dirais, une
cohérence.
M. Pagé: C'est ça, et c'est demandé par
l'Union des producteurs agricoles. Trop fort casse pas, dans ce cas.
M. Brassard: Autrement dit, le tribunal d'appel doit s'appuyer
sur les mômes assises juridiques dans sa décision que la
commission.
M. Pagé: C'est ça.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté?
M. Brassard: C'est ça que cela veut dire.
M. Pagé: C'est plus clair, c'est ça. Cela veut dire
que le tribunal d'appel devra s'appuyer sur la môme assise juridique que
la commission pour décider en appel. Un exemple concret: La commission
n'aura pas à appliquer, n'a pas ta môme Juridiction.. Pour le
secteur exclusif, la Commission de protection du territoire agricole ne
traitera pas ce territoire de la même façon qu'elle traitera le
reste du territoire.
M. Brassard: Le tribunal aussi?
M. Pagé: Le tribunal aussi. C'est ce qu'on vient
préciser ici.
Le Président (M. Richard): L'amendement est-il
adopté?
M. Brassard: Adopté. (16 h 30)
Le Président (M. Richard): L'article 21.010, tel
qu'amendé, est donc adopté. J'appelle l'article 21 .011.
M. Pagé: A l'article 21.011, la décision du
tribunal est communiquée à ceux qui peuvent être
affectés par celle-ci. Cette disposition s'Inspire de l'article 64
actuel applicable à la communication des décisions de la
commission. En fait, on dit qu'une fois que le projet de loi entrera en vigueur
le tribunal devra se comporter de la môme façon que la commission
pour ceux qui font l'objet d'une décision.
M. Brassard: C'est-à-dire la transmettre aux parties.
M. Pagé: Informer les parties. C'est l'article 64
actuel.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. Est-ce que
l'article 6, globalement, tel qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Sur division.
Le Président (M. Richard): Donc, l'article 6 est
adopté globalement sur division. J'appelle maintenant l'article 7.
Appel à la Cour du Québec
M. Pagé: L'article 7, M. le Président, fait
référence à l'article 21.1. Il s'agit d'une modification
de concordance qui tient compte de la création du tribunal d'appel. Ce
sont désormais les décisions du tribunal d'appel qui seront
elles-même sujettes à un appel devant la Cour provinciale sur des
questions de droit ou de compétence. Selon la loi actuelle, "une
personne intéressée peut interjeter appel d'une décision
finale de la commission devant trois juges de la Cour provinciale sur toute
question de droit ou de compétence. L'appel ne peut être
interjeté qu'avec la permission d'un juge de la Cour provinciale. Le
juge accorde la permission s'il est d'avis qu'il s'agit d'une question qui
devrait être examinée en appel.* Donc, ce n'est pas de facto, ce
n'est pas de piano. C'est un appel sur des questions de droit ou de
compétence. En vertu du droit qui était accordé à
une personne qui est Insatisfaite, pour une question de droit ou de
compétence, de la décision de la commission, on veut qu'elle
puisse faire de môme dans le cas de la décision du tribunal.
M. Brassard: Concordance?
M. Pagé: Tout simplement.
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 7 est donc
adopté. J'appelle l'article 8.
M. Pagé: L'article 8 fait référence à
l'article 21.3. C'est la môme chose, une modification de concordance.
Celui qui désire en appeler d'une décision du tribunal d'appel
devra en donner également un avis au tribunal d'appel en plus d'en
donner avis aux parties et à la commission.
M. Brassard: L'article 21.3?
M. Pagé: Oui, l'article 8 qui fait référence
à l'article 21.3 de la loi actuelle.
M. Brassard: Apres "avis aux parties et à la commission*,
donc au tribunal d'appel.
M. Pagé: C'est cela.
M. Brassard: D'accord.
M. Pagé: Concordance seulement.
M. Brassard: Adopté.
M. Pagé: C'est la même chose à l'article 9
qui fait référence à l'article 21.4. Encore une fois,
c'est une modification de concordance qui tient compte de la création du
tribunal d'appel. Il s'agit dorénavant d'un appel à la Cour
provinciale d'une décision du tribunal d'appel. Alors, on donne au
tribunal d'appel les mêmes dispositions qui s'appliquaient
antérieurement à la commission.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Pagé: M. le Président, je constate que le
député de Lac-Saint-Jean s'interroge sur le contenu de l'article.
Je tiens à lui rappeler que c'est une modification de concordance
uniquement qui tient compte de la création du tribunal d'appel comme
dans les articles précédents.
Le Président (M. Richard): L'article 8 est donc
adopté.
M. Brassard: Cela va.
M. Pagé: C'est l'article 9, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci. J'aimerais, c'est une
question d'ordre technique, que l'on adopte les 'introduits* qu'on appelle,
c'est un beau mot...
Une voix: Les Intitulés.
Le Président (M. Richard): Les intitulés. Par
exemple, à l'article 6, Appel au tribunal d'appel, et, juste avant
l'article 7, Appel à la Cour du Québec. Ce sont les titres, en
fait.
M. Pagé: C'est davantage les titres que les 'introduits*.
Ce sont les titres introductifs.
Le Président (M. Richard): Les titres introduits.
D'accord.
M. Brassard: D'accord. Cela ne va pas de soi? Non?
Le Président (M. Richard): Non. mais au cas. Apparemment,
la force double est toujours préférable. Est-ce que c'est
adopté?
M. Brassard: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Richard): Merci J'appelle donc l'article
9, qu'on a fait.
M. Pagé: Nous étions à l'article 9, mais
l'article 9, M. le Président, je crois, n'est pas adopté, parce
que vous avez demandé: Est-ce que l'article 8 est adopté?
Le Président (M. Richard): C'est cela. L'article 8 est
adopté.
M. Pagé: Oui, il l'était.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 9, et
vous en avez discuté: est-ce qu'il est adopté?
M. Brassard: C'est aussi de la concordance C'est
adopté.
M. Pagé: C'est ça, tout simplement.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 10.
M. Pagé: À l'article 10, c'est encore de la
concordance, tel que je l'Indiquais. II s'agit d'une modification de
concordance qui tient compte du fait qu'il y a appel d'une décision du
tribunal d'appel. On remplace les mots 'La commission" par les mots 'Le
tribunal d'appel*.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est
adopté?
M. Pagé: À la première ligne du
deuxième alinéa, on remplace le mot 'Elle', mis pour "La
commission en révision", par le mot "II*.
M. Brassard: Par "II".
Le Président (M. Richard): Cela va?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. J'appelle
l'article 11. Je tiens à vous féliciter en ce qui concerne le
rythme de nos travaux.
M. Pagé: Quand ce sont seulement des amendements de
concordance qui ne touchent pas au fond, I n'y a pas de problèmes.
L'article 11 fait référence à l'article 21.7 de la loi
où on ajoute, après le premier alinéa, le suivant... Comme
on le sait, l'article 21.7 de la loi dit que. si elle accueille l'appel, la
Cour provinciale ordonne, le cas échéant, à la commission
de statuer sur le mérite de l'affaire dont elle est saisie. En
rétrospective, une décision de la commission peut faire l'objet
d'un appel devant la Cour provinciale où trois juges siègent.
C'est décidé par un juge de la Cour provinciale qui autorise un
dit appel s'II est bel et bien pour cause. Actuellement, si elle accueille
l'appel, la Cour provinciale retourne le dossier à la commission pour
que celle-ci rende la décision qui aurait dû être rendue.
Essentiellement, dans le régime de droit actuel, lorsque la Cour d'appel
est saisie d'une requête, elle décide, elle retourne le dossier
à la commission et elle oblige, par sa décision, la commission
à rendre la décision quelle-même, la Cour provinciale,
croit qui aurait dû être rendue. Dans ce cas-ci, on ajoute,
après l'article 21.7: "Dans le cas d'un appel d'une décision du
tribunal d'appel relative à une ordonnance de la commission, la Cour du
Québec peut confirmer ou annuler cette ordonnance" Elle décide.
Dans le cas d'une ordonnance de la commission Intimant l'ordre à
quelqu'un de faire ou de ne pas faire quelque chose, la Cour provinciale
devrait pouvoir confirmer ou infirmer cette ordonnance sans avoir à
retourner le dossier à la commission. Pour une décision qui ne
réfère pas à une ordonnance, la cour oblige le tribunal
d'appel à rendre telle décision alors que. dans le cas d'une
ordonnance, elle l'accepte ou elle la casse, un ou l'autre.
M. Brassard: Reprenez cela.
M. Pagé: II peut y avoir appel d'une
décision...
M. Brassard: Du tribunal. M. Pagé: ...du tribunal,
d'une décision... M. Brassard: A la Cour du Québec? M.
Pagé: Oui, cela, tout le temps.
M. Brassard: C'est réglé, cela. Cela existait
déjà.
M. Pagé: Oui. et cet appel peut porter, soit sur...
M. Brassard: Une décision..
M. Pagé:... une décision...
M. Brassard: ..soit sur une ordonnance.
M. Pagé: ...soit sur une ordonnance. Dans le cas d'une
décision, lorsque la Cour du Québec en appel du tribunal d'appel
siège, dans sa décision, elle avise le tribunal d'appel de
décider dans ce sens D'accord? Sauf que, dans le cas d'une
ordonnance...
M. Brassard: C'est-à-dire qu'elle infirme ou elle confirme
la décision du tribunal d'appel.
M. Pagé: C'est cela, oui. Plus que cela, elle ordonne de
statuer sur le mérite de l'affaire dont elle est saisie, à
l'article 21.7.
M. Brassard: Oui. c'est cela, l'article 21.7; c'est la loi
actuelle.
M. Pagé: Cela n'est pas changé, on ajoute un
alinéa.
M. Brassard: Cela n'est pas changé.
M. Pagé: C'est dans le cas d'une ordonnance, dans le cas
d'un appel d'une décision...
M. Brassard: D'accord, c'est un alinéa qui s'ajoute.
M. Pagé: C'est cela.
Une voix: II n'y avait rien là-dessus.
M. Pagé: II n'y avait rien là-dessus. Il y avait un
trou concernant les ordonnances. Quel peut être le contenu de la
décision de la Cour provinciale dans le cas d'une ordonnance? Dans le
cas d'une ordonnance, à l'avenir la Cour provinciale devrait pouvoir
confirmer ou Infirmer cette ordonnance sans avoir à retourner le dossier
à la commission. Alors, elle casse l'ordonnance ou elle la confirme.
M. Brassard: Si vous n'aviez pas cet amendement dans la loi,
qu'est-ce qui se produirait?
M. Pagé: Très bonne question que je pose au
président de la Commission de protection du territoire agricole et, en
même temps, je lui demande: Dans les cas d'ordonnance où, par
exemple, la Commission de protection du territoire agricole ordonnait...
Généralement, les ordonnances viennent pour des Infractions: une
personne enlève la couche végétale ou est en train de
couper une érablière. Dans les cas où il y a eu un recours
en appel d'une décision de la commission et que ce recours a
été inscrit à la Cour provinciale, quelle était la
teneur de la décision de la Cour provinciale?
M. Blain: II y en a eu en Cour supérieure. Cela, c'est
clair, en Cour supérieure...
M. Pagé: C'est un bref d'évocation?
M. Blain: Oui. Le tribunal peut nous dire si la commission a eu
raison ou tort, casse ou maintient, c'est une question de droit. Mais il faut
retenir une chose: Comme l'appel en Cour provinciale ne porte que sur les
questions de droit - il ne peut pas porter sur le mérite - les trois
juges de la Cour provinciale ne décident pas s'ils dézonent ou
non à notre place, iIs retournent le dossier pour qu'on recommence la
décision. En matière d'ordonnance, I y a quelques
procédures en Cour provinciale actuellement. Il y a un trou juridique
là. Rien n'est prévu pour donner un pouvoir à la Cour
provinciale en matière d'ordonnance, pour lui dire: Est-ce que vous
allez constater que la commission a bien ou mal fait son travail en droit? et,
en conséquence, lui retourner le dossier pour qu'elle refasse
l'ordonnance ou annule elle-même son ordonnance. Imaginons qu'on
émet une ordonnance et que trois juges de la Cour provinciale disent:
Vous êtes dans les patates, en droit 1 n'y a pas d'infraction là
et ce gars a parfaitement raison de faire ce qu'il fait, il a des droits
acquis, etc. Est-ce que la Cour provinciale va nous retourner le dossier pour
qu'on annule nous-mêmes notre ordonnance? Cela n'a pas de bon sens, c'est
nous qui l'avons émise. Alors, il faut prévoir - c'est plus clair
- le pouvoir de la cour de disposer de l'ordonnance de façon
définitive, parce que c'est sur des questions de droit, de dire:
L'ordonnance est bien fondée en droit, donc on la confirme ou elle est
mal fondée et on l'annule, mais ne pas retourner le dossier à la
commission pour qu'on adjuge de nouveau nous-mêmes sur le même
dossier. Mais il n'y a rien de prévu et iI n'y a encore aucune
décision de la Cour provinciale siégeant en appel rendue sur une
ordonnance. Il y a un ou deux recours, me dit-on, qui sont pendants.
M. Brassard: La disposition de la loi actuelle couvre les
décisions...
M. Pagé: Oui. Elle ne couvre pas les ordonnances.
M. Brassard: ...mais ne couvre pas les ordonnances. Est-ce que
c'est ça?
Une voix: Oui.
M. Brassard: La disposition de la loi actuelle couvre les
décisions.
M. Blain: Actuellement, l'appel en Cour provinciale couvre toute
forme de décision de la commission, donc, elle couvre les
ordonnances.
M. Brassard: Elle couvre les ordonnances, sauf que, telle qu'elle
est libellée, cela veut dire que si elle accueille l'appel la Cour
provinciale ordonne, le cas échéant, à la commission de
statuer sur le mérite de l'affaire dont elle est saisie.
M. Blain: Pour des juristes habitués à la loi, le
texte actuel pourrait être suffisant. Pour bien des gens, même des
juristes et, disons-le, même des juges de la Cour provinciale qui sont
pour la première fois devant cette loi, I faut qu'ils comprennent que
les mots "te cas échéant" couvrent le cas où I n'est pas
nécessaire de
retourner le dossier à la commission parce qu'il s'agit d'une
ordonnance que le juge, etc Alors, c'est sorcier. C'est encore le genre trop
fort casse pas. Il s'agit que ce sort clair, Tout le monde, au deuxième
paragraphe, a le doigt dessus et dit: Voici les pouvoirs clairs de la Cour
provinciale en matière d'ordonnance. C'est surtout plus clair pour les
praticiens qui souvent ne sont pas toujours des juristes et pour les citoyens
afin qu'Us puissent lire la loi et savoir ce qu'il y a dedans. Il faut qu'ils
comprennent que, dans cet article, la cour... En tout cas, c'est juste
ça. Ce n'est pas sorcier, mais c'est plus clair comme ça et c'est
mieux. Les mots "1e cas échéant", cela veut dire "si
nécessaire", au fond Si c'est une ordonnance, le juge l'annule et
bonjour. Mais ce n'est pas clair, ni pour lui, ni pour les citoyens, ni pour
les juristes. C'est juste ça. Ce n'est pas un gros problème.
C'est plus clair comme ça pour administrer la loi.
Le Président (M. Richard): Est ce que cela va?
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): L'article 11 est donc
adopté. Nous amenons maintenant un nouvel article, l'article 11.1.
M. Pagé: A l'article 11.1, on recommande purement et
simplement l'abrogation de l'article 29.1. Cet article n'a jamais
été mis en vigueur parce qu'il est difficile, sinon impossible de
l'appliquer. On se rappellera que. selon cet article, l'acte
d'aliénation devrait contenir une déclaration
énonçant l'effet des dispositions pertinentes de la loi. Or, la
plupart des articles de la loi ont des effets sur une aliénation. La
Chambre des notaires est d'accord pour dire qu'il est à peu près
Impossible de prévoir dans l'acte tous les effets de la loi. D'ailleurs,
ce n'est pas pour rien que l'article n'est jamais entré en vigueur.
M. Brassard: ...premièrement.
M. Pagé: Oui. À l'article 29.1, on dit: Tout acte
d'aliénation...
M. Brassard: Tout acte d'aliénation d'un lot...
M. Pagé: ...d'un lot...
M. Brassard: ...auquel s'applique...
M. Pagé: ...auquel s'applique la présente loi dans
une région agricole désignée doit contenir une
déclaration énonçant l'effet des dispositions pertinentes
de la présente loi sur l'alinéation et le lotissement de ce lot,
sur son utilisation à des fins autres que l'agriculture ainsi que sur
l'enlèvement du sol arable, l'utilisation d'une érablière
à une autre fin et la coupe des érables" Écoutez, je
n'étais pas là en 1978 pour ajouter. On m'Indique que cet article
aurait été demandé par la Chambre des notaires en 1985 et
que. finalement, M n'est jamais entré en vigueur parce que non
applicable. Et là c'est la Chambre des notaires qui nous demande de le
retirer en disant. Comment prévoir dans un acte toutes les
conséquences possibles de l'application de la loi? Imaginez-vous les
écritures dans un acte, pour un lot. si obligation est faite à
celui qui authentifie l'acte d'écrire dans l'acte tous les effets
prévisibles possibles de l'application de la loi? (16 h 45)
M. Brassant: Mais avant. . Revenons à 1985. M. Blain
était là.
M. Pagé: Oui. Pas moi.
M. Brassard: Même l'ancien ministre est Ici aussi. Quels
étaient les motifs invoqués par... Vous dites que c'est la
Chambre des notaires?
M. Blain: Oui
M. Brassard: Quels étalent les motifs Invoqués pour
une disposition comme celle-là? Pourquoi réclamaient-Ils
ça? Étaient-Us les seuls à réclamer ça?
M. Blain: Oui. M. le Président...
M. Brassard: Est-ce que d'autres organisations rédamaient
ça et pourquoi réclamaient-elles ça?
M. Blain: Comme c'est la coutume, le mandataire, juriste du
ministre du temps, avait dans sa serviette les représentations
d'à peu près tout le monde, y compris le mémoire de la
Chambre des notaires que j'avais consulté avec lui. Le savant
représentant de la Chambre des notaires Invoquait quelque chose de
positif et d'intéressant. Il disait: En matière de zonage
agricole, vos affaires sont compliquées. Si, dans les contrats, les
notaires étaient obligés d'écrire toutes les dispositions
relativement à la loi, quand nous faisons nos examens de titres, ce
serait bien mieux. Et là ce serait Inclus dans chaque contrat. On aurait
une espèce de garantie et de sécurité juridique en
étudiant les titres. Alors, bizarrement...
M. Brassard: Prenons un exemple, M. Blain.
M. Blain: Une vente. Jos Bleau vend à Arthur
Latrémouille un bout de sa terre et il ferait une disposition
Intitulée 'déclaration relative à la Loi sur la protection
du territoire agricole" Alors, au premier paragraphe, I dirait: Le morceau que
je vends est en zone agricole. Deuxièmement, j'ai eu l'autorisation de
la
commission. Et, troisièmement, voici tous les effets. Je vais
prendre le texte: Tous les effets de la présente aliénation*,
etc., et là ça part. Il faudrait qu'il écrive tout
ça. Moi, j'appelle ça du folklore juridique parce que le ministre
et représentant du ministre, Juriste dans le temps, a dit: La Chambre
des notaires demande ça. Ils disent que ça va être une bien
bonne affaire pour tous les notaires qui vont faire l'examen des titres. Ils
vont le savoir tout de suite en lisant le contrat. Et les notaires ont l'air
d'accord pour faire ça. On a pris le texte de la Chambre des notaires.
Je le lis comme vous. Je le lis depuis que la loi a été
adoptée en 1985. Je ne sais pas trop ce qu'il veut dire. Et, le
lendemain de l'adoption de la loi, la même Chambre des notaires a dit:
Wo! wo! ne mettez pas ça en vigueur tout de suite. Cela va être
compliqué de demander à tous les notaires de faire ça dans
leurs contrats. Et cela n'est jamais entré en vigueur.
Aujourd'hui, la Chambre des notaires dit. Cet article-là, c'est
assez sorcier, enlevez ça de là. Cela ne doit pas être le
même conseiller qui conseille la Chambre des notaires.
M. Brassard: Mais d'un autre côté...
M. Blain: Et nous, nous n'en avons pas besoin.
M. Brassard: ...vous ne trouvez pas...
M. Blain: La commission n'en a pas besoin. On n'ira pas lire tous
les contrats au bureau d'enregistrement. Cela n'a aucun bon sens.
M. Brassard: Mais d'un autre côté, ne trouvez-vous
pas que ce serait pertinent de retrouver dans un acte enregistré que
telle partie de terrain qui est vendue fait partie d'un territoire agricole
protégé et que, par conséquent, ça implique des
contraintes et des obligations?
M. Pagé: Le problème qu'il y a, c'est le suivant:
cela serait peut-être bien intéressant mais ce serait assez
exhaustif, merci. La Chambre des notaires elle-même, dans une missive
qu'elle me faisait parvenir, évaluait à 118 les mentions de la
loi pouvant être contenues dans un texte faisant l'objet de l'article
29.1. Alors en fait, ce que l'article prévoyait - mais il n'a jamais
été en vigueur - c'est qu'un notaire devait décrire de
façon exhaustive et complète tous les effets de la loi sur le
sol, sur la partie de terrain ou de terre qui fait l'objet de la transaction.
En fait, c'est en quelque sorte de reprendre la loi et de l'écrire dans
le contrat. Alors Imaginez-vous! Je présume que les notaires - je
m'appuie seulement sur des présomptions - lorsqu'ils ont pris
connaissance de la disposition introduite dans la loi de 1985 et qui pouvait
leur être applicable, ont certainement fait valoir le fait que
c'était exhaustif, comme on dit chez nous, sur un temps riche.
C'était compliqué. C'était long. C'était
fastidieux, exorbitant parce que la loi s'applique, de toute façon.
Alors, cela n'a jamais été mis en application.
M. Brassard: J'imagine que la Chambre des notaires qui l'a
réclamé en 1985 dans un mémoire s'est manifestée
d'une certaine façon pour réclamer son abrogation... Est-ce qu'il
y a une lettre? Est-ce qu'ils ont écrit?
M. Pagé: M. Cavanagh.
M. Cavanagh (Robert): C'est la dernière position de la
Chambre des notaires pour demander l'abolition... Le 13 décembre 1988,
ils adressaient à M. Michel Pagé certaines demandes d'amendement.
On en a accordé une précédemment et il y en a une autre.
La Chambre des notaires vous a soumis, dans une lettre datée de juin
1986, ses inquiétudes concernant cette disposition. C'est une reprise.
Elle estime que si cet article était mis en vigueur 1 affecterait
grandement la validité des transactions et la transparence des titres de
propriété. En effet, I est Impossible d'imaginer une
déclaration énonçant l'effet des dispositions pertinentes
de la loi sur l'aliénation et le lotissement de ce lot, sur son
utilisation à des fins autres que l'agriculture ainsi que sur
l'enlèvement du sol arable, l'utilisation d'une érablière
à une autre fin et la coupe des érables. Pour qu'une telle
déclaration soit conforme, faudra-t-il que le notaire reproduise les 118
dispositions de la loi, fasse état des restrictions non applicables au
lot vendu, par exemple, droits acquis, construction d'une résidence, ou
encore explique dans l'acte d'aliénation la notion de lotissement, de
morcellement, d'enlèvement du soi arable, la coupe des érables et
l'utilisation du soi à une fin autre que l'agriculture? Le contenu de
cette déclaration est beaucoup trop incertain pour qu'on puisse penser
à mettre en vigueur cet article. La Chambre des notaires recommande donc
que l'on profite de l'adoption du projet de loi 100 pour abroger purement et
simplement l'article. Il sera barbouillé, c'est ma copie.
M. Brassard: Ils ont de bonnes explications pour l'abroger. Je
trouve curieux...
M. Pagé: M. le président de la commission pourra
vous donner de bons arguments à savoir pourquoi ils le demandaient.
M. Blain: Je me souviens, M. le Président, qu'en 1985 la
Chambre des notaires disait qu'un notaire, en faisant une transaction
immobilière et en examinant les titres antérieurs, ne pouvait
pas, par l'examen des titres antérieurs, assurer à ses clients
que toutes les transactions étaient conformes à la Loi sur la
protection du territoire
agricole. Alors, I fallait une technique pour régler cette
difficulté de recherche de titres. Peut-on forcer maintenant un notaire
à faire tout ce ménage-là en faisant un contrat et nous
dire noir sur blanc en quoi tout ça est conforme à toute la loi.
pour mettre ça clair dans le contrat, et l'autre notaire qui fera
l'examen de titres s'assoira là-dessus et I sera assis sur un steak
solide? C'était ça, l'objectif, en gros. Ils ne sont pas capables
de faire la première job, ce n'est jamais entré en vigueur.
Là, ils nous demandent de l'abroger.
Le Président (M. Richard): Qu'en pensez-vous, M. le
député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: J'en pense que je cherche les motifs de leur demande
en 1985. Je ne sais pas si c'était pour augmenter leurs tarifs
peut-être.
M. Blain: En tout cas, mettre du stock dans le contrat. J'ai
encore les documents...
M. Pagé: Chose certaine, ça aurait bien paru mais
ça aurait été épais.
M. Brassard: Mais oui.
Le Président (M. Richard): Le nouvel article...
M. Brassard: La lettre date de quand?
M. Cavanagh: Le 13 décembre 1988. C'est une
réaction au projet de loi tel que publié.
M. Brassard: C'est après le dépôt.
M. Cavanagh: Ils reprennent une chose de 1986. Paraît-il
qu'ils auraient demandé la même chose en 1986.
M. Pagé: ...la même chose en 1986 et on a dit: On va
attendre.
M. Brassard: Comment se fait-il que vous ne l'avez pas mis tout
de suite dans le projet de loi initial? Est-ce un oubli?
M. Pagé: Non, non. J'hésitais à modifier ce
qui n'était pas encore entré en vigueur. On cherchait. Je dois
vous confesser que je le lisais mais je ne comprenais pas pourquoi
c'était là par le caractère qui m'apparaissait exorbitant
de reproduire dans chacun des contrats du Québec toutes les
possibilités d'application de la Loi sur la protection du territoire
agricole pour un lot qui pouvait représenter une superficie très
limitée. Tu vends le bout d'une terre et tu écris pendant quinze
pages. Lorsqu'on a travaillé ensemble pour la révision. Me
Cavanagh, qui est au contentieux du ministère de l'Agriculture, a
actualisé... D'ailleurs, iIs sont Intervenus le 13 décembre pour
dire: M. le ministre, n'oubliez pas qu'on avait déjà porté
ça à votre attention et on vous demande de radier cet article
purement et simplement, de le révoquer.
M. Brassard: À partir du moment où le ministre nous
dit que, compte tenu des difficultés d'application. I n'avait en aucune
façon l'Intention de le mettre en vigueur, c'est évident qu'iI
vaut mieux l'abroger, tel que le demande la Chambre des notaires.
Adopté.
Le Président (M. Richard): Le nouvel article 11.1 est
adopté. J'appelle donc l'article 12. Nous avons une surprise, un petit
papillon.
Région agricole désignée
M. Pagé: A l'article 12, M. le Président, on
réfère au droit pour une personne d'aliéner une superficie
de 100 hectares ou plus pourvu que la superficie restante soit d'au moins 100
hectares. Cet article, essentiellement, permet la constitution de
propriétés foncières d'au moins 100 hectares. 100
hectares, cela représente 240 ou 245 acres. C'est plus que la moyenne
des fermes du Québec. La moyenne des fermes du Québec, selon les
données qu'on m'indique, serait autour de 190 acres.
Pour nous, cet article vise à simplifier les procédures et
faire en sorte que. dès qu'une personne a une superficie de 100
hectares, elle puisse se construire une résidence et, peut-être
pas l'extraire de la superficie, mais délimiter une superficie d'un
demi-hectare pour s'y construire une résidence. Cet article va donc
permettre la constitution de propriétés foncières d'au
moins 100 hectares dont la superficie est suffisante pour y pratiquer
l'agriculture, selon nous, au sens du paragraphe 8 de l'article 62 qu'on
retrouve dans ta loi actuelle.
La loi actuelle dit: 'Une personne ne peut, sans l'autorisation de la
commission, effectuer un lotissement dans une région agricole
désignée. Toutefois une personne peut, sans l'autorisation de la
commission, identifier comme lot distinct par le dépôt d'un plan",
etc. En fait, c'est une modification à l'article par l'insertion de
l'article 29.1 Le papillon qu'on présente a pour objet d'introduire la
notion de contiguïté fictive prévue aux articles 28 et 29
actuels de la loi. à savoir que des terrains peuvent être
considérés comme contigus même s'iIs sont
séparés par un chemin public, tel que c'est prévu aux
articles 28 et 29 de la loi. Une personne pourrait avoir 70 hectares d'un
côté de la rue et 30 hectares de l'autre, cela sera
considéré comme contigu.
M. Brassard: Est-ce que vous vous appuyez sur des demandes, des
revendications?
M. Pagé: C'est une recommandation de la commission.
M. Dufour: Si je comprends bien, avant, les
gens qui pouvaient se bâtir, il fallait qu'ils gardent une
espèce de droit qui se perpétuait. Quand venait le temps de se
bâtir sur un lot...
M. Pagé: Cela ne change pas ça.
M. Dufour: Cela ne change pas?
M. Pagé: Ce sont des droits acquis.
M. Dufour: Mais vous avez prolongé ce délai.
M. Pagé: C'est fini. Le privilège s'est
éteint le 1er juillet 1988.
M. Dufour: Vous ne l'avez pas prolongé.
M. Pagé: C'est-à-dire qu'on l'a prolongé en
1986, si ma mémoire est fidèle...
M. Dufour: Oui.
M. Pagé: ...jusqu'en 1988.
M. Dufour: Cela n'a pas de...
M. Pagé: Cela n'a pas rapport à ça.
M. Dufour: Cela n'a pas d'affaire non plus avec la question du
lien de parenté?
M. Pagé: Non.
M. Dufour: C'est complètement en dehors.
M. Pagé: Oui. Lorsqu'on a préparé le projet
de loi, on a étudié cette question, on l'a regardée sous
différentes coutures, si je puis utiliser le terme. Il n'existait aucune
norme de référence pour du lotissement d'une ferme. Il n'existait
pas de référence pour la superficie jugée
nécessaire pour une entreprise agricole et la notion à laquelle
nous référons Ici, qui est de 100 hectares... 100 hectares, c'est
une superficie assez grande; c'est au-delà de la moyenne des fermes du
Québec. Cependant, exemple concret, il se pourrait qu'une personne soit
propriétaire d'une terre de 200 hectares et pourrait y construire deux
résidences, sur deux lots de 100... (17 heures)
M. Brassard: En vertu de la loi actuelle?
M. Pagé: L'aliénation. Il faut que
l'aliénation soit lue avec ce qui s'en vient.
Une voix: Oui, ça va avec l'autre.
M. Brassard: Mais, l'aliénation, ça veut dire la
vente ou la location.
M. Pagé: Oui. L'aliénation constitue un transfert
de propriété.
M. Brassard: La vente.
M. Blain: Le morcellement d'une ferme, oui.
M. Brassard: Mais il est évident que ça ne change
pas la vocation de la terre, n'est-ce pas?
M. Pagé: Non, non. Du tout.
M. Brassard: Cela demeure toujours voué à des fins
d'agriculture.
M. Pagé: Toujours en zone verte. M. le président
peut ajouter, avec la permission de la commission.
M. Brassard: Cent hectares en acres, ça fait...?
M. Pagé: Cela fait 245 acres. M. Brassard: Cela
fait 245 acres.
M. Pagé: La moyenne des fermes au Québec est de 190
acres.
M. Brassard: Elle est de 190 acres. M. Pagé: J'ai
reçu...
M. Brassard: J'aimerais entendre le président. Vous me
dites que c'est la commission qui vous a surtout recommandé ça.
Quels étaient les motifs?
M. Blain: À plusieurs reprises, pour deux motifs, en fait.
On a dû rendre des décisions, tristement, avec des
collègues, pas souvent mais de temps à autre, où on devait
demander à (a commission l'autorisation de morceler une ferme pour en
vendre une partie à un des fils et l'autre partie à l'autre fils.
Mais c'est une ferme de 850 acres, 400 acres à l'un et 450 acres
à l'autre, avec les terrains, bâtisses, tout. Là, on se
dit: On a une loi, qui est la première au Québec dans le fond,
qui réglemente la superficie des fermes; c'est une norme de lotissement,
c'est une réglementation de lotissement. En cela, le gouvernement avait
suivi les recommandations de la commission de la Colombie britannique, des gens
de l'Ontario, un peu partout, qui disaient: Contrôlez le lotissement
sinon, si vous ne contrôlez pas la grandeur des fermes, vous pourrez
arriver avec toutes sortes de petits morceaux, trop petits pour faire de
l'agriculture, d'où les articles 28 et 29.
Mais toutes les lois sur le lotissement comprennent une norme minimale
autorisée par la loi. Par exemple, depuis 100 ans, dans tout l'Ouest,
c'est un quart de section; une section a un mille sur un mille, un quart de
section a 160 arpents carrés ou acres, 160 acres. Dans l'Ouest
américain, 200 acres; dans plusieurs États américains, 100
acres; dans tout l'Ontario, 100
acres. Alors, quand on parle de normes de lotissement en zone rurale
dans le reste de l'Amérique du Nord, iI y a des normes qui disent: Le
lotissement minimal est 100 acres. On avait une loi où, pour n'Importe
quelle forme de lotissement ou de grandeur de terrain, I (allait venir voir la
commission. Ma recommandation a toujours été de dire au ministre:
Pourquoi n'écrivons-nous pas de façon positive quelle serait la
grandeur minimale d'une ferme raisonnable dans la zone agricole, laquelle ne
nécessiterait pas d'autorisation de la commission? Quelqu'un qui aurait
actuellement 300 hectares, il peut vendre 125 hectares à un et garder le
reste sans venir voir la commission. À l'oeil, comme grandeur de
terrain, c'est quand môme assez pour être une entreprise agricole
en campagne.
Mais, en cela, nous sommes au-delà des normes en matière
de contrôle de terrain rural en Amérique du Nord. En Ontario, la
norme est de 100 acres, dans l'Ouest, 160 acres, aux États-Unis, entre
100 et 200 acres. C'est le minimum de propriété. Cela a un effet
très positif en Ontario et ailleurs parce qu'ils vont plus loin que
nous. Ils se servent de la norme de lotissement, depuis longtemps d'ailleurs,
parce qu'ils ne vendent pas de terrains par morceaux par contrat de notaire,
eux. Il faut faire modifier son cadastre et obtenir deux certificats
cadastraux.
Alors, Ils émettent un permis sur un certificat cadastral. Donc,
ça prend 100 acres pour mettre une maison et ils n'ont pas beaucoup de
maisons empilées à côté des porcheries parce qu'ils
ont de grands terrains. C'est leur façon de contrôler la zone
rurale. Ils disent: Ça prend un lot pour avoir une maison. Dans l'Ouest,
si vous n'avez pas 160 acres dans la zone rurale, vous n'avez pas de permis de
construction et ils n'approuveront pas de subdivision. Mais nous, 80 % des
subdivisions, malgré le cadastre officiel, sont faites par des ventes
par tenants et aboutissants. Il faut absolument mettre une norme minimale de
lotissement dans une loi.
M. Brassard: Cette norme minimale de 100 hectares, est-ce que
ça fait l'affaire de l'UPA, de l'organisme qui représente les
producteurs agricoles? Considèrent-ils que c'est une superficie
viable?
M. Pagé: Oui. D'ailleurs, je pensais ou l'aurais pu avoir
des représentations pour diminuer un peu la superficie parce qu'on est
bien au-delà de... Exemple, on aurait pu faire référence
à la superficie moyenne, à 190 acres. On a
préféré faire référence à 100
hectares.
M. Brassard: Concrètement, cela veut dire que quelqu'un
qui a une propriété, disons, de 160 acres et qu'il veut en
aliéner 60, il lui faut l'autorisation de la commission.
M. Pagé: Oui, comme avant.
M. Brassard: Même s'il veut en aliéner 100, iI lui
faut.. Parce qu'il va en rester 60 La partie résiduelle est
inférieure à 100, ça lui prend l'autorisation aussi.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Finalement, tu joues au-delà de 200
hectares.
M. Pagé: 500 acres.
M. Brassard: 500 acres ou 200 hectares. II faut que tu joues
au-dessus de ça.
M. Pagé: C'est beaucoup.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
12 est-il adopté? L'article 12, tel qu'amendé, est-il
adopté? J'appelle donc l'article 13. Nous avons un amendement à
l'article 13.
M. Brassard: C'est un amendement de concordance tout simplement,
M. le Président. Cela fait référence à l'article 31
qui, introduit par l'article 13 du projet, est modifié. On remplace dans
la troisième ligne, les mots "peut être" par le mot "est"
L'expression "est éteint" ne laisse plus de place à la
discrétion dans l'application de cet article. On se rappellera que
l'article 31, c'était le privilège. L'article 31 a permis
à des personnes situées en région agricole
désignée de construire, avant le 1er Juillet 1988, une
résidence sur un lot vacant dont elles étaient
propriétaires. L'article 31 ne prévoyait pas, cependant, que ce
droit d'usage résidentiel pouvait être éteint si la
personne, à la suite de la destruction de la résidence, laissait
le terrain sous couverture végétale pendant plus d'une
année. Le nouvel alinéa 6 vient assurer une concordance avec les
articles 101 et 102 actuels qui concernent les résidences construites
avant l'entrée en vigueur de la Loi sur la protection du territoire
agricole L'article 102 prévoit que les droits acquis sont éteints
par le fait de laisser sous couverture végétale la superficie sur
laquelle ils portent. Je m'explique.
Assez curieusement, tel que rédigé, ça voulait dire
qu'une personne qui s'était prévalue de son privilège
voyait son droit étendu, avait plus de droits qu'une personne qui
s'était prévalue d'un droit acquis. En vertu des articles 101 et
102, une personne qui, après la destruction de la maison, par exemple
par un Incendie, remettait une couche végétale, après un
an, elle perdait son droit acquis, alors que, dans le cas d'une construction en
vertu de 31, par un privilège, tel que libellé, si la maison
était détruite et que la superficie était laissée
sous couverture végétale pendant un an, on pouvait toujours
reconstruire. C'est strictement de concordance afin qu'on soit
conséquent et qu'on atteigne le véritable objectif qui
était recherché. Cela avait été oublié et en
1985 et en 1966.
M. Brassard: En 1986, vous avez apporté des amendements
à la loi.
M. Pagé: Oui. On a étendu le privilège
jusqu'en 1988. C'est-à-dire que l'avis devait être donné
avant le 1er juillet 1987 et la construction devait se faire avant le 1er
juillet 1988. Donc, le droit de construire en vertu du privilège contenu
à l'article 31 est devenu éteint à partir du 1er juillet
1988.
M. Brassard: Combien se sont prévalus de cette
disposition?
M. Pagé: Combien, M. Cardinal?
M. Blain: Un paquet. 1500 au 1er juillet 1985.
M. Brassard: 1500 qui ont donné l'avis prévu, qui
ont dit: Nous, on a l'intention d'exercer notre droit. Il y en a 1500?
M. Blain: II y en a eu à peu près 1500, et qui
avaient une année supplémentaire pour construire, effectivement.
Là, on ne l'a pas, le bilan. Combien y en a-t-il qui se sont construits
là-dessus...
M. Brassard: Cela prenait fin au 1er juillet 1989.
M. Blain: Au 1er juillet 1988. M. Brassard: En 1988.
M. Blain: Et ceux-là devaient faire une autre
déclaration ensuite, mais une déclaration en vertu de l'article
32 pour se bâtir, cette fois-là, un permis de construction.
Là, on recevait un deuxième papier attestant et confirmant leur
déclaration d'Intention qu'ils bâtissaient.
M. Brassard: II y en a combien?
M. Blain: Me Cardinal m'a dit une couple de 100 sur les 1500.
M. Brassard: Deux à trois cents qui ont
confirmé.
M. Blain: ...qui ont construit.
M. Pagé: ...qui ont effectivement construit.
M. Brassard: Ils ont effectivement construit. Cela veut dire que
les 1200 qui restent perdent leur droit.
M. Pagé: Le privilège a été
éteint.
M. Brassard: Le privilège est éteint.
M. Cardinal (Serge): Parmi ces 1200 là, certains n'avaient
pas le droit auquel ils prétendaient. C'est ce qui explique en partie la
différence entre les 1500 et les 200 à 300 déclarations
d'exercice.
M. Dufour: Avez-vous eu des représentations de
prolongation?
M. Pagé: Pour rouvrir? M. Dufour: Oui.
M. Pagé: J'en al eu quelques-unes de la part de
collègues mais la réponse a été
négative.
M. Dufour: Mais pas de pression de groupes.
M. Pagé: Non, quelques demandes derrière le
fauteuil du président et de la part de députés des deux
côtés de la Chambre.
M. Dufour: Je comprends aussi que le fait même vous ayez
dit non, cela a pu faire l'affaire de certaines personnes.
Une voix: Incluant le député de Berthier.
M. Houde: Mes commettants me l'ont demandé.
M. Pagé: Et il y a eu la même réponse que les
autres.
M. Houde: C'est cela. Mes commettants m'ont demandé de
faire mon travail, je l'ai fait et j'ai eu la réponse que je leur al
transmise.
M. Dufour: Vous auriez pu faire votre travail en disant non tout
de suite plutôt que de faire la commission.
M. Houde: Cela arrive de temps en temps. On dit: Demandez et vous
recevrez. Là, j'ai eu un refus.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement
à l'article 13 est adopté?
M. Dufour: Un instant. Quelqu'un qui aurait des droits acquis, si
quelqu'un s'était bâti et que sa maison est détruite pour
une raison ou une autre, est-ce qu'il conserve ses droits même si,
pendant un an, il a été sous couverture?
M. Pagé: En vertu des articles 101 et 102, après un
an, son droit était perdu alors qu'en vertu de l'article 31 ce
n'était pas un droit, c'était un privilège, et il
n'était pas perdu, à cause du libellé; ce n'était
pas une Intention du législateur.
M. Brassard: C'est un peu ce qu'on prétendait au moment
où on a adopté la loi en décem-
bre 1986, si je me souviens bien. En tout cas, on dit: 'Lorsqu'une
résidence a été construite conformément aux
dispositions du présent article - II s'agit de l'article 31 - le droit
d'usage résidentiel conféré est conservé
après les délais d'exercice mentionnés
précédemment, et n'est pas éteint par la destruction
partielle ou totale de la résidence.' Cela fait que, comme le
mentionnait le président, si ma mémoire est exacte, c'est un peu
ce qu'on prétendait aussi à l'époque, celui qui voit sa
résidence détruite acquiert, à cause du libellé de
l'article, plus de droits que celui qui n'a pas encore exercé son
droit.
M. Pagé: Qui avait un droit.
M. Brassard: C'est presque cela. En y mettant le feu, il avait
quasiment un droit perpétuel.
M. Pagé: Avant une ordonnance de démolition.
M. Brassard: Donc, on revient finalement à la règle
qui existait avant, c'est-à-dire que tu as une date limite et,
au-delà de cette date, le droit est éteint. (17 h 15)
M. Blain: Parce qu'il y avait deux problèmes à
couvrir. On en a couvert un et on a oublié l'autre. C'est nous, à
la commission, et on ne l'a pas vu. Les municipalités à bon droit
nous disaient: Si quelqu'un construit ou a déjà construit en
vertu de l'article 31 et passe au feu. * faut qu'il fasse une nouvelle
déclaration, avec copie à ta commission, pour qu'on émette
un nouveau permis de construction. Comment va-t-il faire cela s'il n'a plus le
privilège de l'article 31? C'était dans les semaines qui
suivaient l'incendie. Il n'était pas question du problème de
prescription. Une fois voté et adopté. il s'est posé
quelques cas où on s'est dit: On n'a pas vu cela. Si effectivement cela
lui prend quatorze ans pour rebâtir, il n'y a pas de prescription. Cela,
c'est éteint mais sur un plus long terme par l'effet de la prescription,
mais ce n'est pas cela qu'on voulait couvrir. Plusieurs municipalités
nous disaient: Écoutez, iI faut prévoir cela, parce que, nous, on
n'a pas les moyens de lui redonner un nouveau permis, il n'y a plus d'article
31, le délai va être expiré. C'est cela qui était
couvert. Mais le bout de prescription qui a fait qu'un détenteur de
privilèges finissait avec plus de droits que celui qui avait des droits
acquis, cela, on ne l'avait pas vu.
M. Brassard: Ce que je me demande aussi, c'est pourquoi, dans le
libellé de l'article 13, dans le projet de loi - il y a un amendement -
il est Indiqué "peut être éteint"? Pourquoi cette
espèce d'aspect discrétionnaire?
M. Pagé: Là, on m'a dit que c'était du
purisme en lettres majuscules.
M. Dufour:Le mot "peut" veut dire "doit".
M. Brassard: "Peut être éteint", qui va
décider qui peut?
M. Pagé: Qui va l'éteindre? M. Brassard:
Bien oui, qui va l'éteindre? M. Pagé: Là, on
dit qu'il est éteint.
M. Blain: Oui, c'est mieux.
M. Brassard: Avec l'amendement, cela va être ça?
M. Pagé: Oui
M. Brassard: II est éteint.
M. Pagé: II est éteint.
M. Blain: C'est mieux parce que ce sont les mêmes mots
qu'à l'article 102; il n'y a pas de confusion.
M. Brassard: Après un an, il est éteint.
M. Pagé: Le feu aussi, le privilège aussi.
M. Blain: L'article 102 est écrit de même. Si on
l'écrit autrement, le monde va penser que cela veut dire autre
chose.
M. Brassard: SI on gardait cela comme ça, 'peut être
éteint', cela serait la commission qui aurait le pouvoir
d'éteindre ou pas? Non?
M. Blain: Non, M. peut s'éteindre tout seul. Il n'est pas
nécessairement éteint, mais il pourrait être éteint
si on le laisse sous couverture pendant plus d'un an. C'est cela que ça
veut dire.
M. Brassard: C'est de l'auto-extinction.
M. Blain: Mais comme ça s'adonne que ce n'est pas
écrit comme à l'article 102, quelqu'un va dire: Le
législateur a écrit cela autrement qu'à l'article 102
où c'est écrit "est éteint". Donc, cela doit vouloir dire
autre chose. La guerre va reprendre devant les tribunaux.
M. Pagé: Donc, cela va prendre une requête.
M. Blain: C'est cela.
M. Pagé: Une personne qui lirait l'article 102, tel que
l'article 31 est actuellement rédigé dans le projet de loi.
dirait: SI le législateur a choisi deux libellés
différents, c'est parce qu'il y a une différence. Donc, pour
être éteint, I faut
une requête. Comme il n'y a pas eu de requête, il pourrait
glisser encore.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'amendement est
adopté, M. le député de Lac-Saint-Jean?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 13, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 14.
Nous avons un amendement.
M. Pagé: Cela réfère au droit pour une
personne de construire une résidence sur un lot ou un ensemble de lots
qui totalise au moins 100 hectares. Alors, on modifie l'article 31.1 et on
pourra lire l'article ensemble. Cela réfère au droit pour une
personne de construire une résidence sur un bloc de 100 hectares. Le
calcul de cette superficie peut tenir compte de la notion de continuité
effective des articles 28 et 29, mais, en vertu de ces derniers articles, cette
personne ne pourra lotir cette superficie de 100 hectares en parcelles ni
aliéner ce lot. On y dit: Malgré l'article 26, une personne peut,
sans l'autorisation de la commission, construire une seule résidence sur
un ou plusieurs lots contlgus ou qui seraient contigus selon les cas
prévus aux articles 28 et 29 et qui sont des lots vacants ou sur
lesquels des droits ne sont pas reconnus en vertu de la section IX, et dont
elle est propriétaire, si la superficie de celle-ci ou de ces lots est
ou forme un ensemble d'au moins cent hectares. Elle peut utiliser à
cette fin une superficie n'excédant pas un demi-hectare pour la
construction de la résidence. "Pour ce faire, elle doit déposer
préalablement au greffe de la commission une déclaration
accompagnée de son titre de propriété et d'un plan
décrivant la superficie sur laquelle la résidence sera
construite. "La construction d'une résidence, en vertu du présent
article, n'a pas pour effet de soustraire le lot ou la partie de lot sur
laquelle elle est construite à l'application des articles 28 à
30. Les articles 28 à 30 réfèrent au lotissement; ils
réfèrent aussi à un acte qui peut être
annulé, l'aliénation. On sait qu'en vertu de l'article 30 un
lotissement ou une aliénation fait en contravention des articles 28 ou
29 est annulable, à moins que ce lotissement ou cette aliénation
n'ait été subséquemment autorisé par la commission.
Le papillon se limite à introduire la notion de continuité
fictive telle qu'elle apparaissait aux articles 28 et 29. À la fin,
quand on dit, au troisième paragraphe: "La construction d'une
résidence en vertu du présent article n'a pas pour effet de
soustraire le lot ou la partie de lot sur laquelle elle est construite à
l'application des articles 28 à 30", c'est trop fort casse pas, encore
une fois.
M. Brassard: Qu'est-ce qui vous incite à proposer cette
disposition? Est-ce qu'il y a une relation avec...
Une voix: L'article 29.1, ouf.
M. Brassard: ...oui, l'article 29.1?
M. Pagé: À l'article 29.1, on permettait le
lotissement à 100 hectares, et là...
M. Brassard: 100 hectares.
M. Pagé: ...on permet de construire sur les 100 hectares.
On reste en zone agricole. Le demi-hectare n'est pas distrait, il est seulement
identifié. Ce sont les mêmes dispositions, sauf qu'on y ajoute.
Si, pour le gouvernement, le fait d'avoir 100 hectares de terre, c'est un lot
suffisamment grand pour pratiquer l'agriculture au Québec, on doit
accompagner à cette reconnaissance par le droit de s'y construire.
M. Brassard: C'est pour cela que je dis que c'est en relation
avec l'article 29.1. C'est-à-dire qu'à partir du moment où
vous permettez l'aliénation, la vente, sans même l'autorisation de
la commission, d'au moins 100 hectares à la condition que ce qui reste
excède aussi 100 hectares, la personne qui acquiert 100 hectares ou
peut-être plus, si elle a l'intention de pratiquer l'agriculture sur
cette terre - c'est sûrement le cas parce qu'on est en zone agricole -
s'il n'y a pas de résidence sur sa propriété, a le droit
de se construire. L'article 31.1, en quelque sorte, vient compléter
l'article 29.1. Mais il faut qu'elle en avise la commission.
M. Pagé: Lorsqu'elle se construit.
M. Brassard: Oui. J'imagine qu'il faut qu'elle obtienne aussi le
permis de construction de la municipalité.
M. Pagé: Oui.
M. Dufour: Normalement, un lot, c'est toujours 100 acres.
Pourquoi, dans la phraséologie de l'article, jamais vous ne vous
référez au lot comme tel? Vous parlez d'un propriétaire de
100 hectares; donc, c'est 245 ou 250 acres, deux lots et demi. À un
moment donné, on parle des lots et, ensuite, on tombe aux hectares. Je
trouve qu'il y a de quoi se poser des questions. Anciennement, quelqu'un
disait: J'ai une terre, j'ai un lot. On se disait: II a 100 acres. Quelqu'un
qui avait deux lots, c'était quelqu'un qui avait un peu plus les moyens,
il avait une plus grande terre.
M. Pagé: Là, c'est deux et demi.
M. Brassard: On a adopté le système métrique
depuis.
M. Dufour: On parle des lots...
M. Pagé: L'agriculture s'est développée. On
est passé du ministère de la Colonisation au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. On parle
maintenant...
M. Brassard: On est surtout passé du système
anglais au système métrique.
M. Dufour: Dans la phraséologie de I' article, on dit
'construire une seule résidence sur un ou plusieurs lots contigus*.
Donc, un lot, cela voudrait dire 100 acres. Mais, tout de suite après,
on parle de 100 hectares. C'est juste cela. Peut-être qu'un |our on
trouvera une façon pour que les mots correspondent à ce qu'on
veut dire juste dans un jet. Quelqu'un pourrait dire: J'ai un lot. Non, il faut
qu'il lise l'article. Ce n'est pas un lot, c'est 100 hectares.
M. Pagé: C'est expliqué un peu plus loin.
Auparavant, dans le temps de l'autosuffisance à la ferme, on pouvait
vivre très convenablement sur 100 acres, mais aujourd'hui on vit sur 240
acres.
M. Dufour: Cela dépend de la culture qu'on peut faire. On
pourrait, sur 100 acres..
M. Pagé: On vit sur 190 acres C'est dans la moyenne.
M. Brassard: Qu'est-ce qui se passe actuellement?
M. Pagé: Rien de grave.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Pour l'aliénation, on doit avoir
l'autorisation de la commission. Cela n'empêche pas quelqu'un de se
construire une résidence, sauf qu'il faut avoir l'autorisation de la
commission. Est-ce que c'est cela?
M. Dufour: II faut qu'il ait le O.K., c'est important.
M. Blain: Actuellement, tous les cas d'aliénation qui
Impliquent un morcellement, le démembrement d'une ferme contlguô
quelle que soit la grandeur - c'était l'autre amendement avant - doivent
être devant la commission. Des fois, ils le sont Inutilement, mais ils
sont tous devant nous. Cela fait du *red tape'. Mais, en plus, tous les cas de
construction de résidence par une personne dont ta principale occupation
n'est pas l'agriculture doivent faire l'objet d'une autre demande à la
commission. On a eu des demandes, vous savez, où on doit décider
si on autorise une maison, avec comme preuve qu'ils vont acheter des boeufs et
50 affaires. Mais iI y a 500 acres de terre ensemble. Et, dans le fond, la
réponse traditionnelle depuis sept ou huit ans de la commission, c'est
que, s'il y a une maison sur 400 à 500 arpents, cela ne fait pas partie
Intégrante d'une entité assez grande pour faire une ferme, parce
que ce n'est pas sur la tête du gars que ta décision doit
être rendue. SI est docteur aujourd'hui, demain un autre gars peut
être dans la maison et cultiver la terre. Et si, à l'Inverse, il
est cultivateur, il peut vendre sa maison au docteur. Alors, ce qu'il faut,
c'est autoriser la maison comme partie intégrante d'une entité,
d'une propriété assez grande pour être zonée
agricole. On dit Oui, une maison sur 400 acres, il n'y a rien là. SI ce
n'est pas lui qui cultive, c'est un autre et elle fera partie des 400 acres.
Mais il fallait autoriser cela parce qu'il n'y avait rien dans la loi
là-dessus. À tout coup, quelqu'un qui achetait 500 acres de bonne
terre n'avait pas le droit de bâtir.
M. Brassard: Bien, ce n'était pas automatique
M. Blain: Ah, non.
M. Brassard: II pouvait l'obtenir de la commission.
M. Blain: Le seul qui avait le droit, c'est à l'article
40. La personne dont la principale occupation est l'agriculture peut construire
une maison sur la terre où elle exerce sa principale occupation. C'est
tout II n'y a personne qui pouvait acheter 200 acres et bâtir une maison
sauf un cultivateur et un cultivateur qui aurait gagné sa vie là
comme cultivateur.
M. Brassard: Vous dites qu'actuellement quelqu'un qui
achète avec l'autorisation de la commission 300 hectares, c'est une
superficie considérable, en territoire agricole.
M. Blain: Oui, oui, mais il n'a pas le droit de vivre
là.
M. Brassard: Mais l'agriculture n'est pas son activité
principale.
M. Blain: C'est ça II n'a pas le droit de bâtir et
il n'a pas le droit de rester là.
M. Brassard: II n'a pas le droit de se construire.
M. Blain: Non.
M. Cavanagh: Je n'ai pas le droit de me construire en
Gaspésie et j'ai trois terres.
M. Dufour: Vous avez des conflits d'Inté-
rêts.
M. Cavanagh: Je ne suis pas en conflit d'intérêts,
ma principale activité n'est pas l'agriculture. Justement, c'est la
preuve.
M. Dufour: iI y a presque conflit d'intérêts; il est
intéressé à ce qu'on adopte cela.
Une voix: Il va avoir plus avec "peut" qu'avec "doit".
M. Cavanagh: Mais je ne l'aurai pas, non plus, parce que je ne
fais pas 100 hectares.
M. Brassard: Vous, M. Blain, vous avez combien d'hectares?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Blain: Pas du tout. J'ai vendu en décembre 1979, avant
le décret des Cantons de l'Est, je pense. Et dans le plan provisoire du
ministre, le coin que j'avais dans la montagne à Sutton était
dans la zone non agricole. Mais je n'ai pas de terres. Je n'en ai pas du
tout.
M. Brassard: Le problème que je vois avez l'article 31.1
et 29.1 aussi, c'est que, au fond, on laisse les personnes juges. Ce sont les
personnes impliquées dans la transaction ou dans la volonté de
construire qui sont juges, qui ont à se dire: Est-ce que je suis
obligée d'aller à la commission ou pas? Et qui répondent
elles-mêmes: Non, je n'ai pas...
M. Pagé: Les notaires vont être avisés de
ça.
M. Brassard: Ce sont les notaires qui vont les mettre dans le
droit chemin?
M. Pagé: D'ailleurs, on prévoit des séances
d'information, évidemment, pour les corporations professionnelles qui
auront a agir avec ces lois-là. Cela va de soi. Et 100 hectares,
ça commence à être une superficie très
appréciable.
M. Brassard: Non, mais, en d'autres termes, si quelqu'un, par
exemple, veut aliéner 60 hectares...
M. Pagé: il faut qu'il présente une demande.
M. Brassard: En bas de 100, oui, d'accord. Mais il peut dire.
Pour 60 hectares, je ne vais pas devant la commission. À ce
moment-là, qui le ramène à l'ordre? C'est le notaire au
moment de la transaction qui lui dit: Écoutez, monsieur, je regrette,
mais cet acte-là ne sera pas valide si vous n'obtenez pas l'autorisation
de la commission.
M. Pagé: II y a de fortes chances qu'après que les
Informations sur les modifications à la loi auront été
transmises, entre autres, aux notaires qui sont les professionnels
instrumentants, dans un cas comme celui-là, le notaire indique:
Écoutez, excusez-moi, mais en vertu des dispositions de la loi, vu que
vous n'avez pas 100 hectares, ça prend un avis, une autorisation de la
commission.
M. Brassard: Mais s'il y a une transaction qui se fait sans avis,
est-ce que la transaction est invalidée par le fait même?
M. Blain: Non. Elle est annulable au sens de la loi.
M. Brassard: Elle n'est pas Invalidée? M. Pagé:
Elle est annulable.
M. Brassard: Elle est annulée par le fait même.
M. Pagé: Annulable.
M. Brassard: Ce n'est pas automatique?
M. Blain: Ce n'est pas de droit absolu. C'était la demande
de la Chambre des notaires lors de l'adoption de la première version de
la loi, ce qui est une bonne affaire, parce que c'est du droit privé et,
théoriquement, ça pourrait être autorisé
ultérieurement. L'article 30 a toujours prévu qu'une transaction
Immobilière, en contravention aux dispositions de lotissement ou de
morcellement, à l'article 28 ou 29 de ta loi, peut être
annulée par un juge sur requête. C'est l'article 30. Avec les
années, généralement les notaires informent bien les
parties et elles font une demande à la commission quand elles font un
lotissement ou un morcellement qui serait contrôlé par la loi. Des
fois, c'est la commission qui les attrape un peu et je pense même que
c'est la plus grande partie des ordonnances que nous avons à faire. Ce
sont, d'ailleurs, ces ordonnances-là qui, très
généralement, sont volontairement exécutées par les
parties qui refont les titres et corrigent leur affaire après coup parce
qu'elles ne s'en sont pas aperçues en vendant. Il y en a encore
quelques-unes.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
14 est-il adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 14, tel
qu'amendé, est donc adopté. J'appelle l'article 15.
M. Pagé: À l'article 15, il s'agit encore une fois,
M. le Président, d'une modification de concordance. On se rappellera
que, dans la loi actuelle, l'article 18 prévoyant que la commission
pouvait réviser ses décisions a été
abrogé.
D'autre part, les décisions de la commission sont
désormais, comme on le sait, appelables devant le tribunal d'appel. On
parie, dans l'article 44 actuel, de l'obligation de la commission de
"transmettre au demandeur, par lettre recommandée, sa décision
motivée. Elle en avise toute personne intéressée, de
même que la communauté et la corporation municipale dans
lesquelles est situé le lot faisant l'objet de la demande. Sous
réserve de l'article 18, la décision de la commission est finale
et sans appel."
II convient donc, pour ces motifs, de supprimer purement et simplement
le cinquième alinéa parce que ce n'est pas le cas que la
décision de la commission est finale et sans appel.
M. Brassard: Parce qu'il y a un tribunal d'appel.
M. Pagé: C'est ça.
Le Président (M. Richard): L'article 15 est adopté.
J'appelle donc l'article 16. Nous avons un papillon.
Zone agricole
M. Pagé: À l'article 59. c'est une demande qui nous
a été formulée par le monde municipal. L'article 58 de la
loi prévoit qu'une personne qui désire poser un acte pour lequel
une autorisation de la commission est requise doit d'abord en faire la demande
à la corporation municipale. Dans sa recommandation, ta corporation
municipale devra dorénavant Indiquer si la demande est conforme ou non
à ses règlements. En vertu du nouvel article 62.2, la commission
pourra refuser une demande qui n'est pas conforme aux règlements
municipaux.
Le môme principe s'applique aux municipalités
régionales de comté. On dit ici qu'il s'agit d'une modification
de concordance avec l'article 5 de la Loi sur l'aménagement et
l'urbanisme, lequel prévoit que c'est le document complémentaire
et non pas le schéma d'aménagement qui contient les normes
minimales à respecter. Les municipalités nous ont dit: Le contenu
de la matière à respecter est prévu non pas au
schéma d'aménagement, mais au document complémentaire.
Donc, pourriez-vous modifier l'article 16? Le paragraphe 2° de l'article 16
du projet de loi est modifié, à la troisième ligne, par le
remplacement des mots "schéma d'aménagement" par les mots
"document complémentaire".
M. Brassard: Est-ce qu'on pourrait suspendre cet
article-là, s'il vous plaît?
Le Président (M. Richard): l'article 16 et l'amendement
à l'article 16 sont suspendus. Nous sautons donc, on devient
agités...
M. Pagé: Est-ce qu'on peut suspendre pour deux ou trois
minutes?
La Présidant (M. Richard): Nous suspendons nos travaux
pour trois minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 35)
(Reprise 17 h 42)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! Cela me fait grand plaisir de reprendre les travaux de la
commission.
On avait fait un saut terrible, on avait sauté par-dessus
l'article 16. Nous revenons donc à l'article 17.
M. Pagé: Quel article 16? L'article 16 est
adopté''
M. Dufour: Suspendu jusqu'à demain.
La Présidant (M. Richard): Non, l'article 16 est suspendu.
Je ne sais pas pourquoi, mais I est suspendu avec l'amendement aussi...
M. Pagé: II est suspendu jusqu'à quand?
Le Président (M. Richard): Je ne le sais pas.
M. Dufour: Demain matin, à la reprise des travaux.
M. Brassard: Oui, à demain, d'accord?
Le Président (M. Richard): La nuit portant conseil,
à demain. Nous sautons donc a l'article 17 pour ne pas retarder
indûment les travaux de la commission Nous avons à l'article 17 un
papillon.
M. Pagé: Alors, l'article 16 est suspendu?
Le Président (M. Richard): L'article 16 est suspendu
jusqu'à demain.
M. Pagé: Bon! Je ne comprends pas pourquoi, c'est à
la demande des municipalités. On suspend.
Le Président (M. Richard): L'article 17. M. le
ministre.
M. Pagé: À l'article 17, on réfère
à l'article 62 qui est remplacé par un article 62 maintenant plus
exhaustif, plus complet, parce qu'il reprend certaines dispositions qui
étaient contenues à l'article 12 et qu'on retrouvait aussi
à l'article 65, alinéa 3. On réfère aussi au fait,
dans cet article, que la commission ne peut exclure un lot d'un secteur
exclusif. Les autorisations accordées par la commission dans un tel
secteur sont également soumises à d'autres critères
mention-
nés à l'article 69.08. Un exemple d'utilisation de cette
disposition, c'est qu'il faudra démontrer qu'il n'y a pas d'espace
approprié disponible ailleurs dans la région, etc.
L'amendement qu'on propose ici - d'ailleurs je l'ai Indiqué au
député de Lévis plus tôt ce matin, si ma
mémoire est fidèle - vise le remplacement du deuxième
paragraphe du deuxième alinéa par le suivant... C'est ça,
au deuxième alinéa, on disait: "Pour rendre une décision
ou émettre un avis ou un permis dans une affaire qui lui est soumise, la
commission doit se baser sur: "1° le potentiel agricole du lot et des lots
avoisinants."
Le texte actuel dit: "2° l'utilisation actuelle du lot, plus
particulièrement le type et l'intensité d'agriculture qui s'y
pratique et les possibilités d'utilisation du lot à des fins
d'agriculture." Cela pouvait prêter à confusion à un point
tel que ça laisse place à une ouverture, à une expression
- entre guillemets, sans référence aucune à la politique -
très libérale, très ouverte des dispositions contenues
dans cet article.
Donc, il y a lieu d'enlever la notion "d'utilisation actuelle du lot,
plus particulièrement le type et l'intensité d'agriculture qui
s'y pratique" parce que ce critère aurait pu être utilisé
à l'inverse pour autoriser des utilisations à des fins autres que
l'agriculture dans le cas de terrains à bon potentiel agricole, mais
laissés en friche, par exemple, comme on en volt dans la région
de Montréal où il y a des sols à très bon
potentiel. L'Union des producteurs agricoles nous le demandait dans son
article.
À l'avenir, l'article 62, deuxième alinéa,
deuxième paragraphe, devrait se lire: "Pour rendre une décision
ou émettre un avis ou un permis dans une affaire qui lui est soumise, la
commission doit se baser sur les possibilités d'utilisation du lot
à des fins d'agriculture." C'est tout.
M. Brassard: M. le Président, avant d'aborder ça
paragraphe par paragraphe, parce que je pense qu'on est au coeur de la loi,
ça m'apparaît évident, j'aurais quelques questions à
poser. La première porte sur la directive du ministre du 23 septembre
1986.
M. Pagé: Ce n'était pas une directive.
M. Brassard: Non? Qu'est-ce que c'était d'abord, un
communiqué de presse?
M. Pagé: Je n'ai jamais donné de directive à
la Commission de protection du territoire agricole. Jamais. Je vous l'ai dit en
deuxième lecture et je vous le répète: Je n'ai jamais
donné de directive à la Commission de protection du territoire
agricole sauf que...
M. Brassard: C'est sur cette base que la commission a fait...
M. Pagé: J'ai peut-être péché par
transparence. J'ai Indiqué publiquement les critères sur lesquels
on s'appuierait au Conseil des ministres pour approuver ou modifier un projet
de décret.
M. Brassard: Sauf que vous savez très bien, M. le
ministre, que la commission s'est basée, s'est fondée, s'est
appuyée là-dessus dans le cadre de la négociation avec les
MRC. Le communiqué que j'ai ici, le tel bec daté du 23 septembre
est très clair. Je vous cite l'annexe I: "Éléments de la
politique gouvernementale en matière de révision des zones
agricoles. Lors de la révision d'une zone agricole, la CPTA, la
Commission de protection du territoire agricole, devra se conformer à la
présente compte tenu de son mandat de protection du territoire
agricole." Donc, ce n'est pas uniquement pour l'usage du ministre ou du
gouvernement en vue de...
M. Pagé: M. le député.
M. Brassard: Cela veut dire que la CPTA devra se conformer
à la présente.
M. Pagé: C'est dire qu'on se réserve le droit,
nous...
M. Brassard: Les principes de base de la révision de la
zone agricole...
M. Pagé: ...si ces objectifs ne sont pas respectés,
de les appliquer. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Cela se lit
tel quel.
M. Brassard: Lors de la préparation, la CPTA doit tenir
compte des critères suivants. Si vous n'appelez pas cela une directive
à la Commission de protection du territoire agricole, je me demande ce
que c'est. C'est évident que... D'ailleurs, en commission parlementaire,
quand on a siégé à huis clos, M. le président a
reconnu que ce document...
M. Pagé: Je ne le sais pas, je n'y étais pas,
mol.
M. Brassard: Eh bien, moi, j'y étais.
M. Pagé: Comme c'était à huis clos, je ne
l'ai pas su.
M. Brassard: Ce document lui était d'une grande
utilité et, en quelque sorte, il en tenait compte dans sa
négociation avec la révision. Donc, n'essayez pas de dire que ce
n'est pas une directive à la CPTA.
Je reviens à ma question première: Lorsque la loi sera
adoptée, si la loi est adoptée telle qu'amendée par
l'amendement que vous proposez à l'article 62, est-ce qu'à ce
moment cela signifie que la directive va être annulée et que la
commission ne devra, dans ses pourparlers
avec les MRC, dans ses décisions, s'appuyer que sur ta loi et que
sur les dispositions de la loi prévues à l'article 627
M. Pagé: On ne peut pas annuler ce qu'on n'a pas
promulgué, ce qu'on n'a pas décrété. Le
président de la Commission de protection du territoire agricole est ici.
Je vous invite à lui demander s'il a reçu des directives du
ministre, premièrement. Deuxièmement, si j'avais émis des
directives, peut-être qu'elles auraient été suivies. J'ai
été placé devant une situation cet été
où j'ai imposé un moratoire, vous vous le rappelez. J'ai
simplement indiqué, dans ce document du 23 ou du 27 septembre 1986, peu
importe - j'ai peut-être commis un péché d'excès de
transparence - sur quoi mol, comme ministre, je m'appuierais pour valider,
c'est-à-dire signer un projet de décret à la suite d'une
entente intervenue entre la CPTA et une MRC ou encore pour le modifier et j'ai
indiqué les critères sur lesquels je m'appuierais pour le
modifier.
M. Brassard: On joue sur les mots, M. le ministre.
M. Pagé: Écoutez, c'est votre
appréciation.
M. Brassard: Parce que vous savez très bien qu'une fois
ça connu, c'est évident que le message devient clair et que la
Commission de protection du territoire agricole - d'ailleurs, le
président l'a en quelque sorte admis - va tenir compte de cette
directive, de cet ensemble de principes et de critères dont plusieurs ne
se retrouvaient pas dans la loi. Il y en a qui se retrouvaient dans la loi et
qui reprenaient des critères de la loi, mais il y en a plusieurs qui
étaient tout à fait nouveaux. C'est évident qu'à
partir de ce moment vous comprendrez bien que la commission, dans ses
négociations avec les MRC, va tenir compte de cette directive.
M. Pagé: Le mandat fut donné à la Commission
de protection du territoire agricole de négocier avec chacune des MRC du
Québec la révision de la zone agricole et urbaine, ce qui
était prévu comme devant arriver après un certain temps
d'application de la loi 125, c'est-à-dire au moment de la confection des
schémas d'aménagement Pourriez-vous me produire, M. le
député - parce que c'est à la suite d'une loi
adoptée à la fin de juin 1987 - les critères sur lesquels
le ministre devait s'appuyer pour faire ses recommandations ou non au Conseil
des ministres? Pouvez-vous me produire ici les critères sur lesquels la
commission devait s'appuyer? Il n'y en n'avait pas.
M. Brassard: L'article 12.
M. Pagé: Non. ce n'est pas le même mandat. L'article
12, l'article 62.. Si vous voulez me laisser terminer, s'il vous plaît,
on est dans le jus, on est. comme on le dit en droit, dans le "pith and
substance'. En vertu des dispositions des articles 12. 62 et 65, lorsque la
commission agit, elle agit dans un procossus quasi judiciaire Or. la
renégociation de la zone agricole et urbaine, tout comme le mandat qui
lui avait été dévolu au moment de l'adoption de la loi en
1978 pour réviser avec chacune des municipalités à ce
moment-ià ce qui allait demeurer vert et ce qui allait devenir blanc, ce
n'était pas un mandat quasi judiciaire. La commission ne remplit pas un
mandat quasi judiciaire à ce moment-là, c'est complètement
différent, et j'invite le président à répondre
à certains éléments des questions que vous poserez.
M. Brassard: Avant d'inviter le président, je vous signale
que l'article 12 de la loi actuelle stipule ce qui suit: 'Pour rendre une
décision - là, la commission fonctionne comme tribunal, en
quelque sorte - ou émettre un avis dans une affaire qui lui est
soumise..." La révision du territoire agricole dans les MRC peut fort
bien équivaloir à cela puisque fa décision finale, c'est
le Conseil des ministres qui la prend par décret.
M. Pagé: L'avis auquel on réfère à
l'article 12, c'est lorsque le gouvernement demande à la commission de
lui donner son avis sur une question donnée. Exemple: est-ce qu'on doit
dézoner une partie des terres de Mirabel pour autoriser Bell Helicopter?
Dans ce cas, normalement, je présume que l'avis a été
demandé à la commission. Cet élément de l'article
12 auquel vous référez s'appuie non pas sur un avis à
donner au gouvernement pour aller remplir un mandat général de
négocier, mais sur un avis formel et limité à l'objet
d'une demande ainsi formulée et portant sur un avis à donner par
le gouvernement du Québec, ce qui a été le cas, |e pense,
pour l'autoroute 55.
M. Brassard: C'est votre interprétation.
M. Pagé: Non, non, ce n'est pas mon Interprétation
Le président de la Commission de protection du territoire agricole est
ici pour y répondre.
M. Brassard: II n'en reste pas moins que cela aurait
été à la commission elle même de définir en
s'appuyant sur la loi le cadre dans lequel les négociations allaient se
faire et non pas au ministre. Or, on se retrouve avec une directive qui
comporte.
M. Pagé: C'était impossible.
M. Brassard: des critères et des principes qu'on ne
retrouve pas dans la loi.
M. Pagé: M. le président, pourriez-vous ajouter
à cet échange très intéressant que nous
avons, mais qui, pour être complet, Implique votre
participation?
M. Blain: Nous avions depuis le début une
difficulté particulière. Dans notre rôle de
négociateur - appelons cela comme ça - avec, au départ,
les 1200 ou 1500 municipalités dans les années quatre-vingt et,
ensuite, après l'amendement de 1985, avec les MRC et les
municipalités, il n'y a jamais eu de critères là-dessus
pour nous dire: Voici quelles sont les règles, quels sont les principes
ou les paramètres que vous allez suivre dans votre négociation
avec la municipalité de Saint-Profond ou de Saint-N'importe-Quoi. Il y
avait, en 1978, une espèce de document général
d'information émanant de la DPTA du ministère de l'Agriculture
qui, lui, préparait les plans provisoires, qui était le document
général d'information donné à tout le monde. Il y
avait, d'autre part, une espèce de grand document d'information par une
équipe technique, qui a eu une durée de deux ans, d'une trentaine
de professionnels des Affaires municipales. C'était une équipe
technique pour aider les municipalités à négocier avec la
commission. Il y avait des paramètres d'urbanisme
élémentaires de la part de l'équipe technique des Affaires
municipales et des paramètres essentiels et je dirais aussi un peu
élémentaires, à cause des circonstances, de la part du
ministère de l'Agriculture en disant: Trouvons un
périmètre d'urbanisation, négocions pour une
période provisoire de trois à cinq ans. Disons cinq ans.
En général, sur le plan de l'aménagement, du zonage
et de tout ce qui est devenu ensuite sous la juridiction de la loi 125, on
était comme à l'abc de l'aménagement au Québec. En
1985, la première question qui nous a été posée
après l'adoption de la loi par diverses MRC est la suivante: Quels
principes allez-vous suivre pour réviser les zones agricoles? On a dit:
Écoutez, il n'y a rien d'écrit là-dessus dans la loi. Les
premiers à avoir travaillé sur deux choses, le bilan de tout ce
qui s'était fait jusqu'en 1985 et ce qu'on devrait donner comme document
de travail aux MRC pour qu'elles préparent leur demande, c'est la
commission qui l'a fait avec Alain Leduc et d'autres, qui sont tous d'anciens
professionnels de la commission. Cela s'est terminé par un document,
dont il y a eu trois ou quatre versions, en octobre 1985. Cela a
été diffusé à l'UPA et aux MRC. C'était le
document générai d'information émanant de la commission
sur les documents, les plans, les principes à suivre et les
paramètres qu'on pouvait utiliser pour renégocier et
réviser les zones agricoles avec la commission.
Parallèlement à cela, il y a une équipe de travail
qui était encore dirigée par l'ancien directeur de la DPTA dans
le temps de l'ancien ministre, qui, justement, étudiait ce
problème parce que le ministre allait avoir à prendre des
positions dans le COMPA et à recommander ou non des révisions de
zones agricoles au
COMPADR et au Conseil des ministres. Là-dedans, la commission
n'est pas quasi judiciaire. On faisait de bonne foi un travail de
révision des zones agricoles pour ensuite soumettre le résultat
final au ministre et au Conseil des ministres qui, lui, adopterait un
décret révisant les zones agricoles.
Les demandes les plus constantes qu'on a eues, c'est de la part des MRC;
elles étaient les suivantes: Êtes-vous capables de nous dire
où on va? Est-ce qu'on doit réviser pour cinq ans, huit ans ou
dix ans? Est-ce qu'on doit négocier uniquement les
périmètres d'urbanisation ou d'autres affectations du sol dans
tout notre territoire de MRC?
Je vous réfère au document que j'ai déposé
à la demande de votre commission à huis clos iI y a quelques
mois, qui était le document de Leduc ou de la DST, Direction des
services techniques d'octobre 1985, et aux réponses que je vous donnais,
en disant: J'ai eu connaissance du texte que le ministre avait donné et
qui contenait en annexe l'annexe du travail fait par l'équipe de Jacques
Landry qui recommandait au gouvernement ou au ministre de faire une directive
générale qui aurait donné aux MRC et à la
commission un cadre général en disant: Dans ces
paramètres, cela aurait de l'allure; sans cela, on perd notre temps
à réviser des zones agricoles si ce n'est pas conforme à
la politique gouvernementale. Mais cela ne peut pas être une directive
à la commission comme à un organisme quasi judiciaire parce que,
là-dedans, on est un agent négociateur. C'est un peu comme
définir notre mandat d'une certaine manière. Mais ce que j'ai
dit, qui est encore bien plus sur le fond, c'est: Cela tombe bien, Landry, qui
était depuis le début à la DPTA, Leduc, qui était
là depuis le début avec les mêmes gars qui avaient
négocié et qui connaissaient le terrain et les problèmes,
en général, arrivaient à peu près aux mêmes
constatations, aux mêmes recommandations, aux mêmes
paramètres. J'ai dit: Très bien. Le document de Landry, c'est un
maudit bon papier parce qu'il ressemblait pas mal à celui qu'on
avait...
Le Président (M. Richard): M. Blain, je m'excuse...
M. Blain: Cela nous donnait un cadre pour...
Le Président (M. Richard): Je m'excuse, M. le président de
la commission, puisqu'il est 18 heures, est-ce que nous ajournons ou si...
M. Brassard: On va ajourner. On reprendra. M. Pagé:
Oui. À quelle heure demain? M. Brassard: À 10 heures.
Le Président (M. Richard): Cela va?
M. Pagé: Pas d'objection.
Le Président (M. Richard): Nous ajournons tes travaux et
les reprendrons à 10 heures demain matin.
M. Pagé: En indiquant, toutefois, M. le Président,
qu'il est possible que je doive m'absenter demain, probablement à partir
de 11 h 30
M. Brassard: A partir de...
M. Pagé: 11 h 15 ou 1l h 30 C'est ce pourquoi l'aurais
peut-être aimé siéger à 9 h 30 parce qu'on a un
Conseil des ministres demain et commencer plus tôt demain
après-midi.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y aurai
consentement de la part des membres de la commission afin de commencer plus
tôt demain matin?
M. Pagé: L'idéal, ce serait...
M. Brassard: De 9 h 30 à 11 h 30?
M. Pagé: ...de 9 h 30 à 11 h 15 et on pourrait
reprendre vers 14 heures.
M. Brassard: D'accord.
Le Président (M. Richard): Cela va. Alors, demain matin,
au même endroit. Nous ajournons à 9 h 30 demain matin.
(Fin de la séance à 18 h 3)