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(Quinze heures vingt minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare donc la séance ouverte, mesdames et messieurs.
Je vous rappelle le mandat de notre commission qui est de procéder
à la vérification des engagements financiers du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec
pour les mois de juillet à décembre 1988.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Dubois
(Huntingdon) est remplacé par M. Khelfa (Richelieu).
Réponses déposées
Le Président (M. Richard): Bienvenue, M. Khelfa.
Maintenant, nous faisons un dépôt de documents, M. le
secrétaire. Vous avez reçu, de part et d'autre, une belle brique
d'informations qui avaient été demandées lors de la
dernière étude des engagements financiers. Donc, les documents
sont déposés.
Engagements Juillet 1988
Sur ce, nous commençons par juillet. Est-ce que vous avez des
remarques préliminaires? Non?
M. Brassard: Non. M. Pagé: Non.
Le Président (M. Richard): Merci beaucoup. Nous vous
remercions.
M. Pagé: Je m'amenais ici me disant qu'on allait
probablement terminer assez tôt, car je croyais que les engagements se
limitaient à septembre, octobre, novembre. Si je comprends bien, nous
revenons à juillet.
M. Brassard: En plein été.
Le Président (M. Richard): C'est ça. Juillet
à décembre.
M. Brassard: Avec le froid de canard qu'il fait dehors, ça
va peut-être nous réchauffer un peu. M. le Président, je
n'ai pas de questions à tous les engagements, j'en ai à certains.
Alors...
Le Président (M. Richard): ...M. le ministre?
M. Pagé: Pas de commentaires.
M. Brassard: Ceux que je n'aborderai pas, on pourra les
considérer comme vérifiés.
Le Président (M. Richard): On les considérera comme
vérifiés?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Excellent.
M. Brassard: L'engagement 4 de juillet porte sur
rétablissement d'une ferme-école en Colombie. Il y a une
subvention de 50 000 $. Est-ce que c'est un projet qui s'inscrit dans une
entente de coopération entre le Québec et la Colombie? Dans quel
cadre ce projet est-il inscrit?
M. Pagé: M. le Président, cette dépense
s'inscrit dans le cadre de nos politiques de développement commercial.
Je vais m'expliquer. Vous savez que nous sommes la province identifiée
au Canada, en Amérique du Nord et même dans plusieurs pays, comme
celle qui atteint le niveau de performance le plus exceptionnel au regard de la
qualité génétique, de la productivité, des
méthodes et des régies d'élevage dans la production
laitière. Depuis 1987, nous avons mis en place des programmes qu'on veut
assez agressifs au chapitre du support donné aux associations
d'éleveurs, aux éleveurs pour la vente de notre cheptel à
l'extérieur.
On a constaté dans ce cas-ci, comme on l'a constaté dans
d'autres, que souventefois, dans les transactions commerciales entre
associations d'éleveurs du Québec et acheteurs d'autres pays, une
fois que ces transactions étaient complétées, on avait un
problème, comme je me permets de l'appeler, de service après
vente. C'est beau d'acheter des vaches du Québec, mais encore faut-Il
appliquer les mêmes méthodes ou régies d'élevage que
celles qu'on applique ici pour obtenir les rendements qu'on obtient ici. On a
convenu d'y aller d'une subvention de 50 000 $ imputable sur deux ans à
une firme du Québec, Arcand BBS, afin d'établir une
ferme-école en Colombie. Qu'est-ce qu'on va y faire? Ce n'est pas
compliqué, on va transmettre les connaissances à ceux qui vont
travailler sur tes troupeaux, sur les élevages achetés au
Québec par les gens de Colombie pour être certains de bien
profiter du capital investi. Surtout, le point intéressant qu'on y voit,
c'est le marché potentiel très appréciable là-bas,
comme on l'a fait au Venezuela, comme on le fait en Europe, continuellement,
quoique, en Europe, c'est davantage du transfert d'embryons, maintenant, que de
la vente de cheptel. Le ministère du Commerce extérieur et du
Développement technologique
verse 50 000 $ lui aussi dans le cadre du volet de formation.
Voilà ce qui en est, M. le Président. Nous, c'est 50 000 $, et le
Commerce extérieur, 50 000 $.
M. Brassard: Pourquoi la Colombie? Est-ce parce que c'est le pays
qui, jusqu'à maintenant, a acheté le plus de cheptels
québécois?
M. Pagé: C'est le marché potentiel. À court
terme, on prévoit des retombées de 385 000 $ et, à moyen
terme, de 5 000 000 $. M. le sous-ministre.
M. Leblond (Ghislain): La demande est tout simplement venue de
Colombie. C'est un promoteur particulier, une firme colombienne. Et, comme
l'Amérique du Sud est un marché qu'on vise, c'est pour nous une
vitrine, tant pour les producteurs québécois de bétail que
pour le CDMV et le CIAQ. Évidemment, tout cela suit. On entrevoit des
retombées économiques très appréciables pour le
Québec.
M. Brassard: Est-ce que c'est le seul établissement du
genre...
M. Pagé: C'est-à-dire qu'on s'associe
là-bas...
M. Brassard: ...à l'étranger, actuellement?
M. Pagé: Actuellement, c'est la première
démarche d'association d'une entreprise privée d'ici avec une
entreprise privée de là-bas. Il faut dire que ce qui nous
intéresse... Pour votre information, la Federacion de los Cafeteros de
Colombia, un organisme privé dont les activités sont
basées sur la culture du café, a décidé de
s'engager dans un vaste programme de diversification de ses actvitiés,
dont le développement d'une qualité de race laitière, de
cheptel laitier amélioré. Pour nous, comme le dit M. le
sous-ministre, c'est la vitrine ou le véhicule privilégié,
compte tenu de la pénétration de cette fédération
dans l'ensemble du secteur agricole. Je n'ai pas rencontré ses
représentants, j'y suis encore moins allé, mais on m'a
indiqué que le comité du Tolima, à lui seul, comptait
réorganiser 500 fermes. Imaginez-vous que la réorganisation de
500 fermes, à partir d'un cheptel originant du Québec, nous ouvre
des portes immensément grandes pour la vente de nos produits, de nos
troupeaux. À moyen terme, on se réfère à un
potentiel de 6000 vaches.
M. Brassard: Si cela va bien, j'Imagine qu'il y aura
peut-être possibilité d'implanter ce genre d'établissement
dans d'autres parties du monde?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Cela va. Engagement 5. M. le Président, on
fait référence ici à l'entente
Canada-Québec, volet 2B, dans le cadre du programme d'aide
à la commercialisation des produits agro-alimentaires. C'est une
subvention à l'entreprise Montpak Itée pour...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...te transfert au Québec de la technologie
Serval servant à la fabrication d'aliments pour animaux
d'élevage". Est-ce qu'il serait possible, dans le cadre de cette
entente, de faire le point? Est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste des
projets et l'aide financière versée en 1988 dans le cadre de
l'entente auxiliaire. On l'a en 1987, je pense. Si c'était possible, en
1988...
M. Pagé: Vous vous référez au volet... M.
Brassard: 2B.
M. Pagé: ...2B de l'entente sur l'innovation
technologique. Pour nous, il n'y a aucune objection, on pourra vous
informer...
M. Brassard: Est-ce qu'il y a plusieurs entreprises qui ont
été aidées?
M. Pagé: Dans le volet 2B, on a quatre projets qui
impliquent des déboursés de 417 061 $...
M. Brassard: Incluant Montpak Itée.
M. Pagé: ...et qui génèrent des
investissements de 3 128 000 $, ce qui veut dire environ 12 % de participation.
Dans le cas de Montpak, c'était intéressant parce que c'est le
leader au Québec dans l'abattage et la transformation primaire de la
viande de veau. Vous serez peut-être surpris d'apprendre qu'on exporte du
veau en Italie. Montpak a un marché qui se développe assez bien
en Italie, en Europe. On en vend de plus en plus en Ontario. Elle
développe aussi ses marchés actuellement en Angleterre et aux
États-Unis. Ce projet permet d'obtenir des retombées très
positives, une meilleure valorisation des jeunes veaux en les engraissant
davantage au Québec. Comme vous le savez, notre structure de production
et surtout de commercialisation fait ou faisait - on voudrait qu'elle le fasse
de moins en moins, cependant - en sorte que de nombreux veaux, à la
naissance ou presque, soient vendus au Québec et engraissés en
Ontario. Alors, le projet qui nous est soumis nous permet une meilleure
valorisation des Jeunes veaux en les engraissant davantage au Québec et
ce sont des emplois chez nous, une valeur ajoutée chez nous. (15 h
30)
Le projet nous permet une utilisation importante des surplus de poudre
de lait écrémé, plutôt que de la vendre à un
prix Inférieur sur le marché international; c'est un veau qui est
engraissé au lait. Cela permet une meilleure
utilisation des sous-produits d'abattage, l'exportation de viande, de
produits carnés, etc. C'est pourquoi nous y sommes allés dans le
cadre de ce projet. Ce projet a passé par toutes les étapes
d'approbation, les tables, etc.
M. Brassard: Donc, vous prenez note... M. Pagé: De
votre demande?
M. Brassard: ...de nous faire parvenir le bilan de l'année
1988, de l'entente...
M. Pagé: Je vais vous le donner tout de suite.
M. Brassard: ...pour l'année 1988, peut-être pas
juste le volet 2B, mais l'ensemble des volets.
M. Pagé: D'accord. Je pourrais vous donner le volet 2B
aujourd'hui...
M. Brassard: Oui.
M. Pagé: ...et les autres volets plus tard.
M. Brassard: Le volet 2B aujourd'hui, le reste plus tard.
M. Pagé: Les quatre entreprises. Aliments Delisle, dans le
secteur laitier que vous connaissez, le projet: traitement aseptique et contenu
de fruits. On sait qu'Aliments Delisle fabrique beaucoup de yogourt, il y a une
division fromage aussi, mais ils sont surtout connus pour leur yogourt, un
yogourt de haute renommée. L'aide financière est de 137 000 $.
Aliments FBI Ltée de Montréal: innovation technologique visant
à faciliter la fermeture et l'ouverture des emballages flexibles; c'est
une subvention de 94 000 $. Bexel: un projet de transformation de la
mécanique de désossement de la volaille, 60 000 $. Montpak, c'est
125 000 $ pour la production, comme je vous l'indiquais tantôt, de
lactoremplaceur dans l'alimentation des veaux de lait, selon la technologie
Serval. L'ensemble des autres, on pourra vous les faire parvenir.
M. Brassard: Cela va. Je passerais à l'engagement 9, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci.
M. Brassard: L'engagement 9. Est-ce possible d'avoir le bilan du
programme "Aide à l'innovation technologique", donc avoir la ventilation
- ce sont des subventions à plusieurs entreprises agricoles
québécoises - et le nombre d'entreprises aidées pour
l'ensemble de l'année 1988. Là, c'est 420 960 $, mais ce n'est
pas ventilé. Alors, combien d'entreprises, lesquelles..?
M. Pagé: Les serres À fleur d'eau inc. de
Stanbridge dans le comté de Missisquoi, dévelop- pement
technologique de la culture des plantes aquatiques et des plantes riveraines
québécoises; un montant de 50 000 $, dont 18 389 $ ont
été payés jusqu'à maintenant; la corporation
2530-6960 Québec inc. de Lennoxville, culture en serre du concombre
européen, une subvention de 67 400 $, dont 25 398 $ ont
été payés jusqu'à maintenant; la Ferme André
Morier et Fils de Saint-Damase, utilisation de mousse de tourbe pour la gestion
des odeurs et la conservation de la valeur fertilisante du lisier de porc, 31
540 $, dont 15 000 $ ont été payés jusqu'à
maintenant. N'est-ce pas ça que vous vouliez? Là, j'ai un CT de
420 000 $, je vous donne la liste pour ces 420 000 $.
M. Brassard: Oui, cela va.
M. Pagé: D'accord.
M. Brassard: On l'a déjà, M. le ministre.
M. Pagé: Vous l'avez?
M. Brassard: Oui, oui.
M. Pagé: L'ensemble du programme...
M. Brassard: Je demandais l'ensemble du programme.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Pas jusqu'à maintenant, mais pour
l'exercice...
M. Pagé: On va vous le faire parvenir jusqu'à
maintenant.
M. Brassard: D'accord. L'engagement 14.
Le Président (M. Richard): L'engagement 14.
M. Brassard: À l'engagement 14...
M. Pagé: Je vous dirai que les documents que je vais vous
faire parvenir réfèrent à 133 projets qui ont
été recommandés pour un montant de 3 086 000 $,
jusqu'à maintenant.
M. Brassard: L'ensemble du programme Aide à...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...l'innovation technologique.
M. Pagé: C'est bien ça.
M. Brassard: C'est ça. Parfait.
L'engagement 14, M. le Président. Il s'agit de travaux de
remplacement des toitures de l'Institut de technologie de La Pocatière.
On a procédé par soumissions publiques, par appel
d'offres.
M. Pagé: On a quoi?
M. Brassard: On a procédé par appel d'offres...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...et on n'a pas choisi le plus bas
soumissionnaire.
M. Pagé: On m'a indiqué que la soumission... Moi
aussi, j'ai posé la question avant de signer le CT le 30 juin 1988.
M. Brassard: Ils ont choisi le deuxième, en fait?
M. Pagé: Oui, le plus bas étant à 124 307
$...
M. Brassard: 124 000 $, oui.
M. Pagé: ...on m'a indiqué que c'est parce que la
soumission n'était pas conforme.
M. Brassard: Pas conforme.
M. Pagé: Vous rappelez-vous, M. Abgral?
M. Brassard: Pas conforme aux devis, aux...
M. Pagé: On va vous dire ça. M. Abgral va
répondre pour et en mon nom, M. le Président.
M. Abgral (André): D'accord? C'est parce que le montant
comme tel est de... Les Constructions V. Turgeon inc,....
M. Brassard: Oui.
M. Abgral: ...la soumission comme telle est de 120 046 $,
d'accord? Et lorsqu'on ajoute, disons, 5 % de contingence - on aurait dû
le faire avec tous les autres pour les rendre comparables - on arrive à
un montant de 126 048 $ mais la soumission comme telle est de 120 046 $.
Qu'est-ce qui fait la différence entre les 126 048 $ et les 120 046 $?
Ce sont les 5 % de contingence. C'est pour ça qu'on est obligé de
faire approuver l'engagement budgétaire. Mais le contrat est allé
au plus bas soumissionnaire avec un montant de 120 000 $.
M. Brassard: Est-ce que vous ajoutez les 5 % dans tout
contrat?
M. Abgral: Dans tout contrat, oui, pour les contingences.
M. Brassard: Alors à ce moment-là c'est
peut-être la présentation... il serait peut-être bon... Il
aurait peut-être été préférable, à mon
avis, de mettre 120 000 $...
M. Abgral: Oui, ce que je peux vous mentionner, quand même,
c'est que dans les autres engagements, dans les autres documents d'engagements,
vous allez voir qu'on a ajouté la contingence à la soumission
réelle. Vous allez le voir dans les autres documents.
Une voix: À partir du moment...
M. Brassard: Est-ce que les 5 % de contingence sont
ajoutés aussi dans les 124 000 $?
M. Abgral: Oui.
M. Brassard: II n'est pas le plus bas de toute façon.
M. Abgral: Regardez les soumissions conformes, il y en a une
à 124 000 $, sans contingence et l'autre est de 120 000 $,. sans
contingence.
M. Brassard: D'accord.
M. Abgral: Donc le plus bas soumissionnaire a été
pris et on a ajouté 5 %, ce qui fait 126 000 $.
M. Brassard: Donc, c'est 124 000 $ sans contingence?
M. Abgral: C'est ça, effectivement oui. M. Brassard:
Alors donc...
M. Abgral: II est le plus bas soumissionnaire.
M. Brassard: C'est ça que je vous dis. La
présentation, ça peut prêter à confusion.
M. Pagé: Je suis complètement d'accord avec vous,
M. le député.
M. Brassard: Vous pouvez ajouter les 5 %, j'en conviens mais
à ce moment-là si vous ne les ajoutez pas aux autres, on...
Une voix: On se pose des questions.
M. Brassard: ...arrive à la conclusion à laquelle
je suis arrivé et M. le ministre aussi.
C'est que vous n'accordez pas le contrat au plus bas
soumissionnaire.
M. Abgral: Oui, mais voyez-vous, c'est parce qu'il s'agit d'une
ancienne présentation qui a été modifiée, quand
même, depuis le début du mois d'août. On peut dire qu'on
s'est aperçu de ça à partir du mois d'août et,
dorénavant, toutes les soumissions seront au montant de la soumission et
on indiquera effectivement les contingen-
ces apportées.
M. Brassard: D'accord. M. Abgrai: D'accord.
M. Pagé: Alors, plus vite vous viendrez au mois
d'août, plus vite vous verrez la correction.
M. Brassard: D'accord. L'engagement 20, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): L'engagement 20.
M. Brassard: C'est dans le cadre du programme d'aide au
développement de la commercialisation des produits agricoles. C'est
intéressant. C'est pour faire de la promotion pour ces produits sur les
marchés américains.
M. Pagé: C'est ça oui.
M. Brassard: C'est lui-même un producteur de fromage? M.
Philippe Bonnet est lui-même un producteur de fromage?
M. Pagé: II est le président de Château du
connaisseur français inc.
M. Brassard: Donc, c'est une fromagerie?
M. Pagé: II a appliqué dans le cadre d'un
programme, oui.
M. Brassard: C'est une fromagerie qui produit des fromages
fins.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Et la subvention est pour lui permettre de
prospecter de nouveaux marchés...
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: ...en dehors du Québec, soit New York...
M. Pagé: Ce qui identifie bien l'entreprise, c'est qu'ils
mettent en marché un fromage qui... Le fromage Faisselle, le Damablanc,
le Super Melun, Super Chaource, Brie double crème et triple crème
et le Damasix. Ce sont des fromages réduits en gras. Ce sont des
fromages qui sont dans la gamme des fromages fins, qu'on pourrait même
qualifier de très fins et qui vont satisfaire les besoins d'un
consommateur qui a quand même une très bonne connaissance ou qui
fait bon usage des fromages, à des prix dont la valeur ajoutée
est intéressante. C'est un bon marché pour le Québec.
M. Brassard: C'est un marché qui est en expansion?
M. Pagé: Sur le marché des fromages fins...
M. Brassard: Le marché américain en
particulier.
M. Pagé: ...nous avons en trois ans repris notre place,
c'est-à-dire qu'on a rejoint, en trois ans, l'Ontario sur le
marché des fromages fins au Québec. C'est-à-dire...
M. Brassard: Sur le marché américain?
M. Pagé: Sur le marché canadien. Sur le
marché américain, c'est seulement dans certaines gammes de
fromages parce que...
M. Brassard: Les fromages fins, en particulier.
M. Pagé: ...ils ont évidemment leur propre
production; cela va de soi. Mais, sur le marché canadien, nous sommes
maintenant à égalité avec l'Ontario pour la fabrication et
la mise en marché de fromages fins, alors que nous étions 12 %
en-deçà, il y a trois ans. M. le député. Un exemple
concret: j'étais dans une entreprise, il n'y a pas si longtemps, qui ne
faisait pas de fromage feta il y a trois ans et qui fabrique aujourd'hui 40 %
du fromage feta au Canada, entre 38 % et 40 % du fromage feta canadien. C'est
une subvention accordée dans le cadre du programme de
développement de la commercialisation des produits agricoles, dans le
cadre d'innovactions que j'ai annoncé en 1987.
M. Brassard: Est-ce un cas unique ou si plusieurs producteurs de
fromages fins québécois ont sollicité et obtenu
également des subventions à cette même fin?
M. Pagé: Si je me rappelle bien, il y a Les fromages John
inc, ici à Québec - on va le retrouver un peu plus loin - qui ont
une propriété particulière. Par exemple, ils vont mettre
en marché un fromage contenant seulement 2 % ou 4 % de matières
grasses, développé selon une technique ici, à Vanier.
C'est un propriétaire individuel. On va trouver d'autres projets. Ce
n'est pas unique qu'une entreprise dont le principal actionnaire est le
président et en même temps le fromager reçoive de l'aide.
Au contraire, ce sont souvent des entreprises de petite taille qui ont besoin
d'aide pour aller jouer dans des ligues ou dans des créneaux de
commercialisation qu'on peut qualifier de majeurs. Ce programme est
normé, M. le député, dans le sens que, si on est
admissible, suivant les critères, il y a automatiquement une subvention
de tel pourcentage, etc.
M. Brassard: Cela va. Nous passons au mois d'août.
Le Président (M. Richard): Les engagements
de juillet sont donc vérifiés.
Août M. Brassard: Mois d'août, engagement 8.
Le Président (M. Richard): Oui, cela va. Maintenant, pour
l'Office du crédit agricole, de 1 à 6 Inclusivement?
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): Cela va aussi?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): C'est donc
vérifié.
M. Pagé: Fiez-vous à M. le député, M.
le Président. Quand il dit que c'est vérifié, c'est
vérifié.
Le Président (M. Richard): Ah oui! Je n'insiste pas.
M. Pagé: Vous sembliez insister.
Le Président (M. Richard): Ah non! Je m'excuse, M. le
ministre. Je ne voulais vraiment pas Insister.
M. Pagé: N'insistez plus.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc les engagements
du mois d'août.
M. Brassard: L'engagement 8 du mois d'août concerne
Agrinove, une coopérative agro-alimentaire dont on a parlé tout
récemment dans les journaux Cela concernait le financement du Parti
libéral. Est-ce que le ministre a été informé, et
quand l'a-t-il été, que des cadres de l'entreprise Agrinove
avaient contribué, lors de la dernière campagne
électorale, au financement du Parti libéral et s'étaient
fait rembourser leurs contributions par l'entreprise elle-même? Est-ce
que vous l'avez appris dans les journaux ou en avez-vous été
Informé?
M. Pagé: M. le Président, même si cette
question est sous enquête actuellement, je peux vous dire, de mon
siège, comme député de Portneuf, que je n'ai jamais
été informé que des administrateurs de la
coopérative Agrinove auraient contribué à notre formation
politique en 1985. J'ai su, comme probablement la majorité d'entre vous,
qu'une enquête était en cours, ta semaine dernière, soit
jeudi matin dernier, en ouvrant la radio ou en lisant le journal.
Dans le cas qui nous occupe ici, c'est un projet intéressant qui
s'inscrit entièrement dans les... Pourquoi riez-vous?
M. Brassard: Non, non.
M. Pagé: Je veux être très clair avec vous.
Il n'en a jamais été question. Je ne le savais même pas, M.
le député.
M. Brassard: Je n'en doute pas du tout. C'était simplement
pour vous demander si vous aviez été informé avant
de...
M. Pagé: Non. M. Brassard: Non.
M. Pagé: Et je vous le dis de mon siège. Jamais, ni
directement ni indirectement, je n'ai su ou été informé
que quelque personne a cette coopérative ait contribué au Parti
libérai du Québec et je n'ai pas été davantage
Informé que quelque personne à cette coopérative ait pu
contribuer au Parti québécois.
M. Brassard: Je n'a! pas à mettre votre parole en doute,
M. le ministre.
M. Pagé: Je suis disponible pour répondre aux
questions du député.
M. Brassard: Non, cela va. C'était.. Le programme d'aide
aux entreprises du secteur bioalimentaire, ce n'est pas très
précis, mais quel est le projet spécifique de cette entreprise?
400 000 $ de subvention, c'est quand même assez substantiel. Par des
investissements de quel ordre, cette subvention se traduit-elle? (15 h 45)
M. Pagé: C'est un investissement de 2 044 793 $. C'est une
addition de 25 nouveaux emplois aux 400 emplois existants. Agrinove ne pouvait
répondre à deux besoins bien identifiés de deux de ses
très bons clients qui sont Wyeth Canada et J. René Ouimet. On
sait que Wyeth Canada a besoin pour ses produits de suppléments
nutritionnels. Le second, J. René Ouimet a besoin de différentes
sauces, de produits qui, dans ces sauces, doivent être pasteurisés
selon la méthode de UHT, aseptisés et emballés dans des
contenants Tétrapac.
Tant pour ces deux acheteurs que pour Agrinove, ces produits seront une
première au Québec. Ces nouveaux produits offriront des
caractéristiques supérieures de qualité, de saveur et de
facilité d'utilisation par rapport aux produits existants. Cet atout est
susceptible de nous permettre, à nous du Québec, d'augmenter nos
ventes et d'atteindre les autres provinces avec cette technologie, d'atteindre
même les États-Unis avec des produits québécois.
C'est une subvention qui peut atteindre un maximum de 400 000 $ en vertu du
programme, toujours dans le cadre du programme Innovactions que j'ai
annoncé en 1987 et les investissements comme ceux-là... Le
programme Innovactions entre 1987 et décembre 1988 aura
généré des investissements
de 87 000 000 $ au Québec. Parce que vous avez dû lire les
documents que j'ai rendus publics lundi sur les perspectives économiques
du ministère, c'est ce qui explique, pas en totalité mais en
partie, le programme la performance aussi remarquable des investissements dans
le secteur manufacturier en 1988. Pour la première fois, on a atteint le
chiffre record d'investissements de 341 000 000 $ dans le secteur
bioalimentaire du Québec, une hausse de 41,6 %, alors que la moyenne
provinciale dans le secteur manufacturier est de 13 %.
Le secteur qui a été le plus, entre guillemets, dynamique,
est le secteur agro-alimentaire, le secteur de l'agriculture que j'ai l'honneur
de représenter et auquel on a tous l'honneur de s'intéresser.
C'est un projet comme un autre. C'est un montant de 400 000 $. C'est de
l'argent bien investi.
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Concernant les perspectives économiques le
holding Labatt veut se départir de sa filiale Catelli. Une des sept
entreprises de Catelli est à Saint-Hyacinthe.
M. Pagé: Une des sept usines, oui.
M. Messier: Oui. Je voulais savoir si vous aviez des nouvelles
concernant la vente de cette filiale par le holding Labatt?
M. Pagé: Le groupe Labatt a manifesté le
désir de se départir de sa filiale Catelli en décembre
dernier. Des offres ont été déposées à
l'entreprise. J'ai personnellement rencontré le président du
groupe Labatt en décembre. On a maintenu le contact. Des acheteurs
québécois se sont manifestés. Il y a eu des
échanges. Il y a plusieurs acheteurs, parce qu'il faut bien avoir
à l'esprit que, depuis un an environ, plusieurs entreprises
américaines ou canadiennes oeuvraient traditionnellement dans des
secteurs où la consommation est en baisse. Un exemple concret est le
secteur du tabac qui a souscrit des capitaux très importants pour se
porter acquéreur de la majorité ou, encore, pour prendre le
contrôle d'entreprises par le biais d'offres publiques d'achat. Cela
s'est passé au Canada comme aux États-Unis.
Cela crée une situation, un marché de vendeurs. Cela veut
donc dire que les offres sont très exorbitantes. Vous savez, il y a deux
ans, quand on vendait une entreprise treize fois ses profits, on parlait d'une
transaction de nature commerciale normale. Dans certains cas, ça va
à 20 fols les profits maintenant. Dans certains cas, ça va
à 25 fois les profits.
Tout ça a été analysé. Je ne peux vous en
dire plus pour le moment. La seule chose que je peux vous dire, c'est que le
gouvernement du Québec, le ministre de l'Agriculture, mes
collègues du Conseil des ministres ont manifesté de
l'intérêt pour maintenir, au Québec, le pouvoir
décisionnel de Catelli. Pour nous, c'est ce qui est important.
M. Brassard: À l'engagement 22, je constate qu'une entreprise de
mon comté a été subventionnée. Les bleuets sauvages
du Québec inc.
M. Pagé: Nous l'avons annoncé ensemble, non?
M. Brassard: C'est dans le cadre...
M. Pagé: Non. C'est dans le cadre de la production,
ça.
M. Brassard: Oui, parce que c'était la recherche.
M. Pagé: La prochaine fois on va l'annoncer ensemble.
M. Brassard: C'est une bonne idée. Au cours de la
période électorale, peut-être, M. le ministre?
M. Pagé: Si vous me faites venir un jour avant ou un jour
après... Je fais référence au déclenchement.
M. Brassard: Là il faudrait que je sois dans le secret des
dieux, à ce moment-là. Engagement 23. Il arrive assez
fréquemment qu'il y a des dépassements comme ça, dans le
cadre de travaux mécanisés, d'amélioration de cours d'eau.
On voit ça souvent. C'est fréquent qu'il y ait des
dépassements.
M. Pagé: C'est pour autoriser le ministère à
dépenser un montant additionnel de 3077,68 $.
Généralement...
M. Brassard: Ce sont des imprévus. Ce sont des choses
normales.
M. Pagé: Ce sont des imprévus. C'est-à-dire
- et là, je ne fais pas référence à ce cours
d'eau-ci que cela arrive à l'occasion. Pas souvent, mais cela arrive.
Cela arrive, c'est l'information que je peux vous donner, soit parce que le
calcul des matériaux à transporter n'a pas été
exactement calculé, quoi qu'il y ait toujours une marge de manoeuvre
dans ces appels d'offres, ou encore, soit que les matériaux extraits du
cours d'eau nettoyé doivent être transportés plus loin
qu'originellement prévu. Ce sont des choses comme ça. C'est rare
et quand cela arrive, là évidemment, on n'émet pas le
chèque sur réception de la facture. Il y a une
vérification. Il y a une analyse. Parfois même, il y a une
négociation entre l'entrepreneur qui a eu le contrat et le
ministère, pour en arriver à une entente qu'on veut juste
et équitable, parce qu'il faut que ce soit évidemment hors
prévision, hors contrôle et que cela ne s'inscrive pas dans le
cadre des travaux réguliers à faire.
M. Brassard: C'est vrai parce que sinon, cela fausserait tout le
système d'appel d'offres.
M. Pagé: Regardez, Je ne me suis pas trompé, j'ai
une note Ici. Cette augmentation des travaux est due, en majeure partie,
à un surplus d'excavation de classe B, de régalage, de transport
classe B et d'arbres isolés pour disposer d'une digue de roches qui se
situait Immédiatement en bordure du cours d'eau. Probablement que cette
digue de roches... Je n'ai pas d'ingénieur avec moi... C'est ça.
Je n'ai que d'humbles agronomes. Cela étant dit, c'est ce qui explique
les surplus. C'était imprévu.
Il faudrait corriger, M. le Président. Apparemment, je viens
d'insulter mon sous-ministre adjoint au développement industriel qui me
prie de vous dire qu'il n'est pas agronome, qu'il est économiste.
M. Brassard: C'est rare. C'est une grave atteinte au monopole des
agronomes au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. L'engagement 27 concerne la maison CROP de Montréal.
M. Pagé: Pardon? La maison...
M. Brassard: La maison CROP, la maison de sondage, j'imagine.
Faire l'acquisition de leur recherche - j'avoue que j'ai été
intrigué - 'L'observatoire des moeurs alimentaires*, 40 000 $.
J'aimerais bien avoir plus de détails sur ce projet ou cet achat et sur
l'utilisation qu'on compte faire.
M. Pagé: C'est une analyse qu'on a reçue vendredi
dernier, qui porte sur les habitudes alimentaires des Québécois.
Je peux vous dire... Je vais faire d'une longue histoire, une histoire courte.
Je vais y aller quand même assez brièvement. L'orientation qu'on
veut donner aux actions de notre ministère chez nous, celle qu'on lui
donne en particulier depuis la fin de 1386, est différente de
l'orientation ou de la façon de faire des gouvernements
précédents ou encore des ministres de l'Agriculture qui m'ont
précédé.
Dans le passé, on disait... D'ailleurs, le ministère
était davantage identifié à un ministère de
production. On produisait beaucoup plus qu'on ne donnait une image de
commercialisation, de mise en marché de produits, etc. On se devait de
produire. Plus on augmentait la production, plus on se satisfaisait pendant
certaines années, alors que l'orientation qu'on a voulu - que j'ai voulu
- donner au ministère, en est une qui se réfère davantage
à une meilleure connexion de notre production avec les besoins des
consommateurs et des consommatrices.
Souventefois, notre terme de référence pour certains
programmes, c'est le besoin du consommateur. Le consommateur est
évolutif et 1 a changé beaucoup. Le consommateur est beaucoup
plus éveillé à la qualité des produits. Selon nous,
selon mol, on a même dépassé le stade pur et simple du
contrôle de qualité. On devra faire plus dans les prochaines
années. C'est ce pourquoi des choses particulières vont
être annoncées au cours de l'année 1989 visant à
garantir davantage cette qualité des produits québécois
pour le consommateur.
Donc, c'est un consommateur exigeant et c'est normal qu'il le sort,
parce que, en moyenne, c'est 30 % du budget familial qui est consacré
à l'alimentation. C'est un consommateur qui a évolué. Vous
savez, M. le député, vous comme moi, on a vécu cette
période dans nos comtés ruraux respectifs où, le jeudi
soir ou le vendredi soir, c'était le soir du marché. Mais,
maintenant, c'est de moins en moins ça. La taille des familles a
été réduite. C'est quoi? 23 % des familles au
Québec sont monoparentales. Cela amène des modifications à
des habitudes alimentaires, ça.
Les gens vont plus fréquemment aux centres d'alimentation, au
marché pour s'approvisionner. Dans les cas où les conjoints
vivent ensemble, 50 % sont des couples dont les deux travaillent; cela modifie
substantiellement les habitudes alimentaires. Il y a cinq ans de ça,
c'était quoi? 27 % ou 28 % des familles qui cuisinaient au micro-ondes.
Maintenant, c'est près de 60 %. Cela veut donc dire... En plus de tout
ça, c'est un repas par jour, par citoyen, que les
Québécois prennent.
Nos analyses, quand on regarde la croissance du secteur de la
restauration qui augmente encore cette année de 9 %, pour atteindre le
cap de 3 146 000 000 $...
M. Brassard: Un repas par jour au restaurant.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Vous n'avez pas ajouté 'au restaurant".
M. Pagé: Au restaurant un repas par Jour au
restaurant.
M. Brassard: Vous n'avez pas complété votre
phrase.
M. Pagé: C'est donc dire que notre consommateur est
très évolutif et si on veut que notre production, notre
transformation, notre conditionnement de produits bio-alimentaires
correspondent à ces attentes, I faut les connaître, ces attentes.
C'est dans ce sens que cette démarche a été faite. On a
constaté qu'aucune
recherche précise et ponctuelle n'avait été
réalisée jusqu'à maintenant sur le consommateur
d'aujourd'hui, tant par le gouvernement fédéral que par celui du
Québec, en raison des coûts. Parce que faire une étude sur
les besoins des consommateurs, c'est, dites-vous bien, pour avoir quelque chose
de détaillé, pour rejoindre 2500 personnes au Canada, dont 1000
personnes au Québec, dispendieux. Et, évidemment, en faire tout
le traitement par la suite.
Une analyse spécifique des préoccupations du
ministère en fonction des outils dégage une vision globale du
marché. Cette analyse fera et a fait l'objet d'un rapport
spécifique et est basée sur l'administration au Québec
d'une série de quinze unités d'information expressément
posées pour le ministère. C'est donc dire que notre recherche
s'est faite dans un cadre global d'analyse. On a reçu le rapport
d'environ 250 pages, vendredi dernier. Il porte sur les habitudes alimentaires
au foyer et hors du foyer. Nous serons en mesure d'établir le profil
à partir des données sociodémographiques qu'il
contient.
M. Brassard: Cela va déboucher sur une publication?
M. Pagé: Chose certaine, ça va déboucher sur
des actions, parce qu'on se prépare à... Quand je dis qu'on se
prépare, cela fait partie du cheminement normal. (16 heures)
M. Brassard: Ce n'est pas ma question. Est-ce que ça va
déboucher sur une publication?
M. Pagé: Oui. Je ne l'exclus pas. Oui, c'est possible.
M. Brassard: Si je comprends bien, c'est le
ministère...
M. Pagé: Mais là, on va prendre le temps de le
lire.
M. Brassard: ...qui a commandé à CROP? Ou si c'est
CROP qui a fait une étude sur les moeurs alimentaires, dont le
ministère a acheté les résultats de la recherche?
M. Pagé: C'est une étude nationale que fait CROP
pour des clients. Cela peut être, par exemple, pour des grands
réseaux de distribution. Nous nous sommes portés
acquéreurs du volet du Québec...
M. Brassard: D'accord.
M. Pagé: ...pour être capable, non seulement de
mieux définir, mieux saisir, mieux identifier quel est le profil du
consommateur québécois, mais aussi et surtout de s'adapter en
conséquence. C'est cela qui est important pour nous: passer des signaux
dans la distribution et adapter nos programmes de commercialisation et de
développement industriel. Je pense que c'est un secret de polichinelle.
Vous savez, les gens veulent des viandes maigres. Les gens veulent... Et moi,
je vous donne une opinion personnelle, et cela va se traduire dans les actes
ministériels. Pour moi, on a un problème; on doit faire plus pour
l'identification des produits. On va en faire plus. Vous avez suivi avec moi
tout le débat sur les poulets de grain, il n'y a pas longtemps. Il
faudra donner une garantie additionnelle, dépasser le stade du
contrôle de la qualité, informer davantage le consommateur sur ce
qu'il attend. On devra même aller, dans certains cas, sur
l'identification de produits n'ayant pas été conditionnés
de telle façon. Par exemple, je fais référence à
l'irradiation des aliments. Si on veut continuer, s'inscrire à
l'excellence, si on veut être les leaders au Canada, ce sont des choses
comme celle-là qu'on doit faire.
M. Brassard: Oui, là-dessus, vous avez entièrement
raison. Je pense que le consommateur est de plus en plus exigeant. Il a raison
d'ailleurs d'exiger de connaître avec le plus de précisions et le
plus de détails possible ce qu'il consomme. Donc, il faut des
informations accessibles aux consommateurs. Il y a des problèmes
majeurs, comme ceux que vit présentement l'Angleterre avec la
salmonellose dans les oeufs et le poulet. C'est devenu une véritable
tragédie là-bas, cela a provoqué une chute radicale des
ventes, de la consommation et, par conséquent, des oeufs avec tous les
impacts négatifs que cela peut avoir sur les producteurs eux-mêmes
et leurs revenus. Il y avait visiblement, d'après ce qu'on peut lire sur
ce qui se passe là-bas, un manque d'information ou en tout cas des
informations cachées, dissimulées, non publiées et, dans
bien des cas, délibérément. Donc, il est important
à la fois de bien identifier les produits et de donner le plus
d'informations possible sur la façon dont ils ont été
produits, sur les processus de production.
M. Pagé: Cela s'applique aussi non seulement par des
mesures, par des réglementations, par des obligations de renseignements,
mais cela s'applique évidemment par les obligations de renseignements,
par le contrôle de la qualité et, aussi, par des mesures
préventives. Le cas auquel vous faites référence...
Malheureusement, on en a vécu quelque cas au Québec,
peut-être de façon moins dramatique...
M. Brassard: ...dont l'un chez nous au Lac-Saint-Jean.
M. Pagé: Prenez le cas, les problèmes qu'on a eus
avec la viande de boeuf haché, l'été dernier. J'ai
émis immédiatement des communiqués; on a émis des
avis. Dans le dossier des moules, à la fin de novembre et au
début de décembre 1987 - le député des
Îles-de-la-Madeleine se rappelle très bien - j'avais
été saisi
par mon sous-ministre adjoint au contrôle de la qualité des
aliments de la problématique soulevée par nos analyses. J'ai
posé des questions. Il m'avait dit, à ce moment-là,
n'avoir aucune information comme quoi nos produits pouvaient être
affectés. Je lui ai posé la question: Pouvez-vous me donner la
garantie qu'aucun produit n'est affecté? À partir du moment
où il m'a dit non, la responsabilité que j'avais comme
ministre... Notre problématique était d'imposer ou pas un
embargo. Le député se rappelle très bien qu'après
avoir raccroché le téléphone - j'étais dans mon
auto - je l'ai rejoint à sa résidence. Dans de tels cas, on ne
peut se permettre aucun relâchement. Il y va de la santé du
public, il y a va aussi de la crédibilité de nos productions et
de nos produits. Il suffit d'un geste ou d'un événement
malheureux pour mettre en cause bien souvent des années de labeur.
Alors, si cela peut vous sécuriser... M. le député,
d'abord, j'apprécie votre commentaire, mais je peux vous dire, entre
autres, que le sous-ministre adjoint à la qualité des aliments et
à la santé animale, M. Rouleau qui est avec moi, peut me
rejoindre en tout temps parce qu'il y a des décisions qui doivent
intervenir, qui ne peuvent même pas souffrir d'attendre au lendemain
matin.
M. Brassard: Puisqu'on est dans ce domaine, cela crée
cependant des problèmes graves pour les producteurs affectés. Je
pense, entre autres, à la salmonellose, c'est devenu
d'intérêt public dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean
depuis quelque temps...
M. Pagé: Où un porteur a dû être
abattu...
M. Brassard: ...où un producteur a dû liquider,
vendre tout son cheptel de race ce qui, évidemment, a
entraîné des pertes, non seulement des pertes au chapitre des
ventes, mais à celui du manque à gagner très substantiel,
en plus d'occasionner une perte de revenu. Depuis un bon bout de temps, son
étable est vide. Probablement qu'il ne demeurera pas dans la production
laitière, iI va peut-être s'orienter ailleurs, dans la production
de boeuf de boucherie, mais pendant tout ce temps, il perd des revenus, il n'a
pas de revenu. Les programmes d'indemnisation du ministère, visiblement,
tous les observateurs sont d'accord sur cela, sont insuffisants. Je ne sais pas
si c'est de votre intention d'améliorer les programmes dans des cas
comme celui-là, dans des cas de maladies qui entraînent la
liquidation complète ou totale de tout un troupeau. Dans ce cas,
c'étaient des vaches laitières, mais cela peut être aussi
des poulets, cela peut être un autre type de production. Ce que cela nous
a révélé, c'est que finalement les programmes
d'indemnisation sont insuffisants, à la fois pour combler et le manque
à gagner quand il y a liquidation ou vente du troupeau et la perte de
revenu que ça entraîne puisqu'il se retrouve sans occupation.
M. Pagé: Là-dessus, votre commentaire est tout
à fait pertinent, M. le député. L'intervention du
ministère jusqu'à maintenant, s'identifie à un programme
d'indemnité jusqu'à un maximum de 25 000 $ par
événement, une aide technique pour que tout le vide sanitaire
puisse être fait, une aide technique et professionnelle des
vétérinaires. Les laboratoires du ministère sont à
la disposition des producteurs et ils sont gratuits. On est conscient de cela,
parce que des cas comme ceux-là arrivent généralement une
ou deux fois par année parmi les 16 000 producteurs laitiers du
Québec; on en voit un ou deux au maximum, par année,
jusqu'à maintenant. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas plus
éventuellement. J'ai posé trois gestes. Le premier a
été d'apporter des modifications à la loi qu'on a
d'ailleurs débattue - et je ne me rappelle pas si vous avez eu
l'occasion d'intervenir à ce moment-là, en 1987 - qui donne
davantage de pouvoirs au ministre pour intervenir dans ces cas. Cela, c'est
à la lumière de l'expérience que j'avais vécue en
1986, celle d'un troupeau affecté comme celui-là. Les
fonctionnaires du ministère m'indiquaient que ce bovin - ce
n'était pas la salmonelle - ne devait pas être
commercialisé. On a constaté dans la loi que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, même dans un cas
de santé publique, de risque que la santé publique ne soit
affectée, n'avait aucun pouvoir d'ordonner, par exemple, l'abattage, ou
de prendre des dispositions pour que La viande ne soit pas
commercialisée. Ce n'était pas compliqué, on va appeler
les choses comme elles le sont. Le propriétaire me disait: M. le
ministre, si je n'ai pas tel montant, je le fais abattre et je le livre la
nuit; il va se manger. Vous comprenez que ce n'est pas le genre de chantage
auquel on se convie. Je ne pense pas que ce soit le lot des hommes
politiques.
Cela fait un bon bout de temps que vous êtes en politique, vous
aussi, et vous savez que des choses comme celles-là peuvent parfois
arriver. Partant de là, on a modifié nos réglementations.
Elles sont beaucoup plus serrées. Nous nous sommes donné plus de
pouvoirs pour intervenir. Vous vous souvenez très certainement du fameux
débat qu'on a eu en Chambre sur les dispositions de la loi, en 1987,
où un de vos collègues de la minorité disait: Cela a-t-il
du bon sens, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation se donne le pouvoir de fermer des entreprises! C'était
pour ça, c'était pour contrôler la qualité, et
surtout pour qu'on puisse se prémunir contre des menaces comme celle
dont le ministre et le ministère avaient été l'objet en
1986.
On a fait trois choses, donc. La deuxième, c'est qu'on a mis un
accent particulier sur les programmes de prévention dans le cadre de
l'assurance-santé animale du Québec. Je vais tenter de vous
donner les statistiques exactes. Nous sommes passés, en 1985-1986,
à... Combien de programmes de prévention? Je pourrai vous
les donner d'ici à quelques minutes. On note une augmentation
très substantielle de producteurs participant aux programmes de
prévention, c'est-à-dire que le vétérinaire, au
lieu de venir uniquement pour du curatif, donne un portrait de l'état
sanitaire du cheptel, du troupeau et ce troupeau est continuellement suivi pour
qu'on ait la garantie d'exemption de toute maladie.
Le troisième geste qu'on a posé, toujours en 1987,
à partir de l'expérience vécue en 1986, à la suite
du cas auquel je référais tout à l'heure... J'ai
évoqué la possibilité de mettre en place au Québec
un régime d'assurance bétail, non pas dans le sens...
M. Brassard: II y a un comité qui avait
siégé là-dessus.
M. Pagé: II y a un comité qui a
siégé, le rapport a été déposé, j'ai
transmis le rapport aux intervenants du secteur agro-alimentaire, notamment aux
producteurs agricoles. On m'a fait part que ce programme serait peut-être
intéressant, mais qu'on en voyait plus ou moins l'opportunité, la
nécessité à ce moment-ci, compte tenu du nombre
très faible de cas de contamination ou d'affectation, comme vous l'avez
vécu dans votre comté. En fait, ce régime, de la
manière dont le comité le voyait, c'était, non pas pour
indemniser le producteur si, par exemple, sa vache se cassait une jambe dans le
champ ou sur une clôture, mais pour indemniser un producteur s'il doit
remplacer totalement son troupeau affecté. La réponse que j'ai
reçue a été que ce serait relativement lourd à
administrer pour quelques problèmes par année, donc, on
préférait que le ministre concentre ses efforts sur d'autres
questions. Partant de là, j'ai dit: D'accord.
M. Brassard: Cela, ce sont les réponses officielles des
Intervenants, y compris l'UPA? C'est vrai que l'UPA, chez nous, a
été davantage sensibilisée, parce qu'il y a un gros cas
à Saint-Bruno. Elle semble avoir changé singulièrement
d'avis à ce sujet. Je les ai rencontrés il n'y a pas tellement
longtemps, ils souhaitaient que les recommandations du comité en
question sur ce dossier trouvent une application et se traduisent par la mise
en vigueur d'une politique ou d'un programme. Si ça ne prend pas la
forme d'une assurance bétail, tel que recommandé par le
comité. Il n'en reste pas moins, étant donné que les cas
sont peu nombreux par année... (16 h 15)
M. Pagé: Pour votre information, je dois vous dire une
chose que j'ai omis de vous dire tout à l'heure. Il y a une entreprise
d'assurances, au Québec, qui étudie très
sérieusement la possibilité de mettre en oeuvre une telle
proposition pour les agriculteurs. De la façon dont je le voyais - je
vais vous dire la façon dont je le voyais originellement - les
producteurs agricoles du Québec se donnaient eux-mêmes un genre
d'assurance collective pour couvrir de tels risques. J'étais prêt
à proposer au Conseil du trésor et au Conseil des ministres que
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
verse un montant substantiel pour une dotation dans le fonds de réserve.
C'était cela, mon plan tout en me disant que si les agriculteurs veulent
se doter d'une telle structure, bravo, on ne demande pas mieux. Par contre,
l'Intérêt manifesté fut plus ou moins fort. Partant de
là, je peux vous dire qu'il y a une entreprise très active et
très présente dans le monde de l'assurance en milieu rural qui
étudie actuellement très sérieusement la
possibilité de présenter un tel programme pour les agriculteurs
du Québec.
M. Brassard: Mais actuellement, est-ce qu'il y a un programme qui
permet d'accorder une certaine indemnité à un producteur aux
prises avec un problème de ce genre?
M. Pagé: Oui, on a un programme. En attendant que je vous
indique les coordonnées du programme... Des programmes de
prévention, en 1985-1986, on en avait un peu moins de 1700 et cela nous
coûtait environ 1 000 000 $. En 1988-1989, nous sommes rendus à
3800 plans de prévention.
M. Brassard: Ce sont les programmes de prévention dont
vous avez parlé tantôt.
M. Pagé: C'est cela, pour 2 500 000 $.
M. Brassard: Maintenant, je parle d'un programme
d'indemnisation...
M. Pagé: II s'en vient. M. Brassard: D'accord.
M. Pagé: Je vais vous donner les réponses pleines,
complètes et entières. C'est le programme d'indemnisation pour
des pertes de bovins, d'ovins ou de caprins. Pour bénéficier du
présent programme, le troupeau du requérant doit compter au moins
25 unités animales bovines ou au moins 60 unités animales ovines.
On considère qu'un troupeau est une réunion d'animaux domestiques
qu'on élève et nourrit... etc. À la suite de la demande
d'un exploitant agricole, le médecin vétérinaire
précité... Non, c'est le programme de gestion sanitaire.
D'accord. Dans le cas d'un problème rencontré par un
producteur, ce dernier s'adresse au vétérinaire qui Intervient
dans la région. À la suite de la demande d'un exploitant
agricole, le médecin vétérinaire proposera au
requérant un programme d'assainissement de troupeau et un plan de
gestion sanitaire appliqué à son élevage. Le
ministère offre une aide financière seulement lorsque les animaux
sont morts ou ont été abattus à cause de l'une des
maladies suivantes - j'ai toute la liste des maladies: la salmo-
nellose, la rhino-trachéite, la pasteurellose, la mamite
incurable, la maedé-visna, l'empoisonnement, la dysenterie, la
diarrhée néo-natale - on voit cela chez les veaux notamment. On
peut compenser l'exploitation agricole jusqu'à 25 000 $ par année
financière du gouvernement. Il est à noter qu'une franchise
représentant 15 % de la valeur totale du troupeau, avant le début
des pertes, sera appliquée à chaque réclamation. Pour les
bovins de race pure, vaches, taureaux en gestation, taureaux de 18 mois et
plus, notre évaluation est de 1000 $. Pour les NIP, c'est 850 $ et les
croisés, 700 $. Pour les bovins de 12 mois à 24 mois, c'est 675 $
dans le cas de races pures. C'est moins dans le cas des NIP, 575 $ et 475 $
dans le cas des croisés. Le NIP, comme on le sait, est un bovin laitier
inscrit au programme national d'identification. Pour les ovins, je les ai
aussi, etc. C'est cela, notre programme.
Pour ce qui est des conditions à remplir, le producteur doit
fournir un certificat délivré par un médecin
vétérinaire attestant la nature de la maladie qui a causé
la mort de chacun des animaux, présenter les factures
détaillées de l'abattoir pour les animaux qui ont
été abattus sur demande d'un vétérinaire, les
originaux de certificats d'enregistrement, parce que chaque animal est
enregistré, évidemment, et une demande à un bureau de
renseignements agricoles. En 1988, cela nous a coûté 195 000 $.
Alors, cela se réfère à ce que je vous indiquais
tantôt, deux cas, trois cas au maximum.
M. Brassard: C'est un peu la remarque que je faisais
tantôt. Compte tenu du fait qu'il n'y a pas beaucoup de cas et qu'il n'y
a pas beaucoup de producteurs qui ont recours à un tel programme, il me
semble - j'arrive à cette conclusion avec l'UPA de la région
quand on examine le cas de M. Gagnon, chez nous - qu'on pourrait être
plus généreux. Cela n'entraînerait pas de dépenses
énormes, le nombre de cas est tellement minime. Je vais donner un
exemple. Si je comprends bien le programme, quelqu'un qui a un troupeau
à l'état sain d'une valeur marchande d'environ 150 000 $, c'est
un chiffre comme ça...
M. Pagé: Vous pouvez avoir 25 000 $ au maximum.
M. Brassard: ...mais qui réussit à le vendre 100
000 $ pour abattage parce qu'il est atteint d'une maladie, subit un manque
à gagner de 50 000 $. Par contre, les premiers 15 %, si j'ai bien
compris, du manque à gagner, c'est la franchise, ça dépend
de lui, alors ça fait 7500 $ qu'il faut retrancher; il reste 42 500 $ en
manque à gagner, mais il ne peut pas avoir plus de 25 000 $. C'est
ça que je comprends, ça ne peut pas aller au-delà de 25
000 $.
M. Pagé: Pas au-delà de 25 000 $.
M. Brassard: Bon! À cause de l'expérience
vécue, Je vous le dis, M. le ministre, il me semble qu'il y aurait une
révision à faire. S'il n'est pas possible de mettre en place un
régime d'assurance-bétail, il me semble que le programme, compte
tenu du petit nombre de cas, donc du budget insignifiant, finalement, par
rapport à l'ensemble du budget du ministère, pourrait être
plus généreux, de façon que les pertes assumées par
le producteur soient minimisées, réduites.
M. Pagé: Là-dessus, je dois vous dire que je prends
note de votre commentaire. C'est le cas... Jusqu'à maintenant, ce sont
des déboursés de 75 000 $, 95 000 $ à 100 000 $ par
année. Mais inversez votre exemple. Pour un producteur laitier, un des
éléments principaux de son actif, c'est la qualité de son
cheptel. Selon notre évaluation, une évaluation très
simple, on a 17 000 producteurs laitiers au Québec. Une contribution
d'assurance de 10 S par producteur donne une dotation de 170 000 $ par
année. Mettez-la à 15 $, on est à 255 000 $ par
année, ce qui veut dire la possibilité de se créer un
fonds de réserve. Par surcroît, si le gouvernement du
Québec avait injecté quelques centaines de milliers de dollars
comme fonds de réserve, parce que c'est probablement à partir de
paramètres comme ceux-là qu'un projet pourrait être soumis
aux producteurs éventuellement par une entreprise privée
d'assurance coopérative, on aurait pu avoir ou on pourrait atteindre les
mêmes fins sans qu'il en coûte trop cher aux producteurs, en leur
garantissant une sécurité pleine et entière. Je note votre
commentaire.
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): Les engagements financiers pour
le mois d'août sont vérifiés.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela inclut aussi
l'Office du crédit agricole pour le mois d'août?
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Et l'arrivée de
l'assurance agricole pour le mois d'août aussi.
M. Brassard: Oui.
Septembre
Le Président (M. Richard): Donc, ils sont
vérifiés. J'appelle les engagements financiers de septembre.
M. Brassard: Encore là, je constate à l'engagement
2 qu'une entreprise de ma région a été
subventionnée pour organiser un regroupement des producteurs de tomates
du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Pagé: Oui, Tomate-O-Bec. M. Brassard: Oui. C'est
excellent.
M. Pagé: Le député serait délicat de
constater en même temps qu'il n'y a aucun projet d'autorisé
jusqu'à maintenant pour Port-neuf.
M. Brassard: Ah, mais on en a déjà vu passer des
gros.
Une voix: Au mois de juillet.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y en a en
septembre?
M. Pagé: Dans Nicolet?
M. Brassard: L'engagement 4, M. le Président. Septembre,
engagement 4. Il s'agit d'une compagnie à numéro et d'une
subvention quand même substantielle "pour l'implantation d'un parc
serricole dans la région de Dorion-Vaudreuil". C'est probablement une de
ces mégaserres dont le ministère veut implanter un réseau
dans tout le Québec.
M. Pagé: C'est ça.
M. Brassard: Qu'est-ce que ça veut dire comme
investissement par rapport à la subvention?
M. Pagé: C'est un investissement de 2 000 000 $.
M. Brassard: Pour produire quoi?
M. Pagé: Attendez un petit peu. Non, non, c'était
plus que ça. C'est un projet de... C'est-à-dire que la garantie
du gouvernement peut aller jusqu'à 2 000 000 $. C'est un projet de 7 000
000 $ ou 8 000 000 $. Le coût du projet est de 8 150 000 $. La mise de
fonds est de 4 170 000 $, s'y ajoute un emprunt à long terme de 3 380
000 $, une subvention de 600 000 $ d'Hydro-Québec dans le cadre de
Biénergie, dans le cadre de son programme régulier et une somme
de 440 000 $ pour couvrir le paiement des intérêts sur un emprunt
de 3 000 000 $ pendant une période de...
M. Brassard: Et pour produire quoi? M. Pagé: Des
tomates. M. Brassard: Des tomates seulement? M. Pagé:
Oui.
M. Brassard: Est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste des
administrateurs?
M. Pagé: ...2,1 hectares... M. Brassard: Pardon?
2...
M. Pagé: ...2,1 hectares de serres. Et ce qui était
intéressant dans ce projet-là, ce pourquoi nous avons opté
pour le paiement des intérêts sans nous limiter a une garantie de
prêt, c'est que c'est une entreprise qui est une filiale des Serres
Naturtek Greenhouse inc. qui a développé une façon de
produire qui donne un rendement au mètre carré beaucoup plus
élevé que ce que nous avons traditionnellement. Et notre
subvention, c'est-à-dire notre garantie d'emprunt et le paiement des
intérêts, implique l'acceptation par l'entreprise du transfert de
cette technologie au bénéfice des autres serres qui sont
déjà en opération ou en voie de l'être.
M. Brassard: C'est signé ça...
M. Pagé: La spécificité.
M. Brassard: ...dans un contrat?
M. Pagé: Oui, oui.
M. Brassard: Cela fait partie du contrat.
M. Pagé: La spécificité du projet
réside dans le fait que cette entreprise utilisera pour son complexe
agricole un système de culture basé sur la technique la plus
utilisée en Angleterre, c'est-à-dire la récolte en
longueur. Ce système produira une récolte des plans en place pour
une période allant jusqu'à 42 semaines comparativement à
20 semaines habituellement. Cette technique n'a jamais été
utilisée de façon continue sur une grande échelle par des
producteurs québécois. Le présent projet apportera au
Québec une nouvelle façon de cultiver la tomate en serre. Cette
technologie permettra de faire évoluer cette culture en
améliorant les rendements des serres qui sont déjà en
opération. Les Serres Naturtek, avec cette nouvelle technologie, ont
obtenu des rendements continus de 62 kilogrammes au mètre carré.
C'est beaucoup, puisque normalement on parle de 24 ou 27 kilogrammes. Cela peut
aller dans certains cas à 40 kilogrammes au mètre carré.
Ici, on parle d'un indice de productivité pouvant aller à 62
kilogrammes au mètre carré. Pour cette raison, le projet doit
être considéré comme admissible aux avantages de la
première phase du plan de développement des mégaprojets de
l'industrie serricole, etc. c'est-à-dire garantie d'emprunt de 2 000 000
$ et paiement des intérêts sur ces 2 000 000 $ pendant un certain
temps, pendant deux ans.
M. Brassard: C'est une compagnie à numéro. Est-ce
qu'il serait possible d'avoir la liste des administrateurs?
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: Engagement 6. Non. Cela va. Cela aussi c'est encore
une entreprise de mon comté. Je vous en sais gré, M. le ministre.
Mais je veux juste vous rappeler qu'en dressant votre bilan de comté,
vous pourrez aussi... Il y a l'engagement 17 de juillet, la Fromagerie Cayer de
Saint-Raymond a été subventionnée.
M. Pagé: Ah, vous voyez, je n'avais pas vu.
M. Brassard: Donc, il y a quand même des entreprises de
votre comté qui...
M. Pagé: Bien oui. Vous savez que... (16 h 30)
M. Brassard: Vous ne l'avez pas annoncée, cette
subvention-là. Ha, ha, ha! Cela va.
M. Pagé: C'est relativement à leur nouvelle
lignée de fromages. Ils ne sont que dans les fromages fins.
M. Brassard: Pour fins d'implantation d'un système de
gestion de la qualité.
M. Pagé: C'est ça. C'est un fromage fin. En
avez-vous déjà mangé, M. le député, du
fromage Cayer?
M. Brassard: Non, monsieur.
M. Pagé: Je vais vous en apporter.
M. Brassard: Pour la prochaine séance de la commission de
l'agriculture.
M. Pagé: Je vous en apporte. Vous constaterez qu'ils sont
très bons; ce sont des fromages fins.
M. Brassard: Dégustation de fromages de la fromagerie
Cayer.
M. Pagé: Vous, M. le...
Le Président (M. Richard): Je vais essayer ça, M.
le ministre.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que vous en vendez
dans vos supermarchés des fromages Cayer?
Le Président (M. Richard): Ah! Il faudrait que je
vérifie ça. C'est à voir.
M. Pagé: Vendez-vous des bleuets du Lac-Saint-Jean?
J'espère que oui.
M. Brassard: J'espère que oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): En saison, seulement.
M. Pagé: C'est ça.
Le Président (M. Richard): Et durant les heures
d'affaires, évidemment.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): Jamais le dimanche.
M. Pagé: Si j'étais à votre place, je
passerais à l'autre engagement.
Le Président (M. Richard): Ha, ha, ha!C'était mon Intention, M. le ministre.
M. Brassard: J'ajouterais, M. le ministre, qu'il serait
Intéressant d'avoir des produits de la fromagerie Cayer parce que,
depuis un certain temps, notre président se néglige beaucoup.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: On n'a plus droit à aucun bonbon.
Le Président (M. Richard): Oh! Ha, ha. ha!
Une voix: C'est peut-être un signe avant-coureur de
récession.
M. Brassard: Cela va.
Le Président (M. Richard): Cela va pour l'engagement de
septembre.
M. Pagé: Nous sommes en octobre maintenant, M. le
Président.
M. Brassard: Octobre...
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'Office du
crédit agricole de septembre est vérifié?
M. Brassard: Avant, pour septembre, il y avait l'engagement 7,
Marché central métropolitain, une subvention de 460 000 $.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: II s'agit d'une étude de marché et
d'un pian d'aménagement du marché.
M. Pagé: Une étude de? Je m'excuse.
M. Brassard: Une étude de marché et un plan
d'aménagement du marché lui-même.
M. Pagé: Ah oui! C'est un très gros projet. M.
Brassard: Cette étude est-elle complétée?
M. Pagé: C'est un projet en plusieurs phases. Comme vous
le savez, le Marché central métropolitain de Montréal a
toujours été le centre des transactions à partir duquel
sont établis les prix au Québec. J'ai visité le
marché au mois d'août 1987. On a constaté qu'il y a de
moins en moins d'acheteurs qui...
M. Brassard: M. le Président, on dérange le
ministre.
M. Pagé: Je m'excuse de vous déranger. Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Richard): M. le ministre, vous avez la
parole.
M. Pagé: J'étais à parler du Marché
central métropolitain à Montréal. C'est là en fait
que s'établissent les prix des produits maraîchers. On a
constaté un vieillissement - et le terme n'est pas exagéré
- des équipements, des infrastructures, des services à donner
autant aux vendeurs, c'est-à-dire aux producteurs, qu'aux acheteurs que
sont les distributeurs, ou même au public qui peut s'y rendre pour
acheter des fruits et des légumes etc.
Le marché est ouvert à l'année et ce, depuis
très longtemps. Comme on le sait, il est situé à
Montréal, tout près du boulevard Métropolitain. Les
terrains sont immenses. Ces gens-là m'ont présenté un
projet de rénovation complète du marché avec un meilleur
équipement fourni aux producteurs qui viennent y vendre leurs produits.
Un exemple concret, il n'y avait aucun toit au-dessus des produits et au-dessus
des gens qui les vendaient. Alors, imaginez-vous, une belle journée
pluvieuse de septembre! Ce n'était pas drôle. On avait des
problèmes d'entreposage du matériel. En fait, l'ensemble des
facilités devait être rebâti. On a regardé ça
avec eux. Ils ont élaboré un projet sur deux ans, pouvant aller
jusqu'à trois ans avec l'ajout de tous ces équipements. C'est un
projet global qui ira chercher un investissement de 9 800 000 $. Dans la
première phase, on y contribue pour un montant de 460 000 $. En plus de
tout ça, évidemment, il y a une étude de
marché...
M. Brassard: ...et un plan d'aménagement.
M. Pagé: ...un plan d'aménagement. On se dirige
vers la mise en place à Montréal d'un marché qui sera
véritablement un centre commercial bio-alimentaire d'envergure
provinciale.
Autre élément, ce projet, entre autres, va permettre de
moderniser - je parlais d'entreposage tantôt - la section du poisson, les
réfrigérateurs et faciliter le transport. Ce qui est
intéressant dans le projet, et ça m'a fait "tiquer" si je peux
utiliser le terme, c'est que le Marché central métropolitain va
devenir la bourse, l'en- droit susceptible d'établir les prix des
produits horticoles au Québec. Cela est très important,
très intéressant pour nous puisqu'une infrastructure comme
celle-là permettra aux producteurs d'avoir davantage leur juste prix. On
pourra savoir quel est le prix des oignons de telle grosseur et de telle
catégorie à Toronto ce matin-là. Les gens de
l'extérieur de la province pourront savoir quels sont les prix au
Marché central métropolitain de Montréal. Même les
gens de l'Ontario pourront savoir à quels prix s'y transigent les
carottes, la salade, etc.
C'est un gros projet. Premier niveau de participation, 460 000 $ pour
ces deux volets qui sont importants. Il n'est pas exclu que je revienne devant
cette commission au cours de l'année 1989 pour justifier des
crédits additionnels qui pourront leur être versés.
M. Brassard: Cette fois-ci, on passera alors à la phase de
réalisation du plan d'aménagement. Donc, ce n'est pas exclu que
le ministère participe également au financement du plan
d'aménagement.
M. Pagé: Ce n'est pas exclu.
M. Brassard: Bien. Octobre.
Le Président (M. Richard): M. le député.
M. Brassard: Oui.
Le Président (M. Richard): Alors, les crédits de
septembre et l'Office du crédit agricole aussi sont
vérifiés.
M. Brassard: Oui.
Octobre
Le Président (M. Richard): J'appelle donc octobre.
M. Brassard: À l'élément 3, il s'agit de
rémission La Fourchette d'Or.
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: C'est l'émission de soeur Berthe.
M. Pagé: De soeur Angèle.
M. Brassard: De soeur Angèle, pardon.
M. Pagé: Je vais lui dire que vous l'appelez soeur
Berthe.
M. Brassard: II y a trop de soeurs dans les cuisines. C'est
ça le problème.
M. Pagé: Ah non! On manque de soeurs au Québec.
M. Brassard: Coscient inc., a obtenu le contrat pour
préparer la série d'émissions.
Comment se fait-il que vous n'ayez pas jugé utile de
procéder par voie de soumissions publiques?
M. Pagé: Parce que ce n'est pas nous qui contrôlions
ça. C'est le réseau Quatre-Saisons
M. Brassard: C'est le réseau Quatre-Saisons qui
produit...
M. Pagé: Oui. C'était un projet du réseau
Quatre-Saisons. Vous savez, que ce soit Quatre-Saisons ou d'autres
réseaux privés, ces entreprises de
télécommunications font de plus en plus affaire avec des
entreprises privées pour le concept et même, dans certains cas,
pour la production de l'émission. On le voit dans... Pardon?
M. Brassard: Surtout à Quatre-Saisons.
M. Pagé: Surtout à Quatre-Saisons, mais ils ne sont
pas les seuls.
M. Brassard: Non, non. Je suis d'accord.
M. Pagé: Et le réseau Quatre-Saisons nous est
arrivé avec un projet de 195 émissions entre le 5 septembre 1988
et le 4 juin 1989. Pour nous évidemment, une émission comme
celle-là, et par surcroît, avec une personne qui attire autant
d'intérêt...
M. Brassard: ...qui a beaucoup de couleur.
M. Pagé: ...de la part des auditeurs du Québec que
soeur Angèle, c'est un véhicule formidable pour une meilleure
sensibilisation des Québécoises et des Québécois
à la qualité des produits de chez nous, de nos régions, de
nos comtés. C'est un montant de 110 000 $ sur le budget de 1 104 000 $
que l'émission a coûté.
M. Brassard: C'est votre participation. D'accord.
M. Pagé: Et Coscient inc, avait été choisi
avant qu'on arrive. Probablement, possiblement que si on avait eu à
choisir, on l'aurait choisi parce que c'est bon, cela va bien.
M. Brassard: Bien. Engagement 15, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Engagement 15 à
l'agriculture?
M. Brassard: A l'engagement 15, on est vraiment en face de
dépassements considérables. Tantôt c'était
explicable, dans le cas de travaux sur des rivières. Tout à
l'heure c'était 3000 $, 1000 $. Mais là, on a un
dépassement de 123 976 $ pour des travaux d'amélioration du cours
d'eau Rivière du Moulin, branche 3, circonscription de Bellechasse.
C'est beaucoup. Cela double le montant du contrat prévu initialement.
Là, c'est vraiment étonnant, inquiétant.
M. Pagé: M. le Président, vous me permettrez de
faire au député de Lac-Saint-Jean le commentaire que j'ai fait
quand j'ai vu le document qui m'a été soumis pour signature. Je
me suis dit: Qu'est-ce que c'est ça cette affaire là? Pourquoi un
dépassement aussi appréciable? J'ai vérifié avec
mon sous-ministre. C'est le cours d'eau Rivière du Moulin dont le
contrat était originellement prévu pour un montant de 162 210 $.
Le coût total prévu pour les travaux s'élève
maintenant à 286 000 $. On m'a expliqué que l'augmentation du
coût des travaux était certainement dû à un
problème majeur - pas un petit, un gros - d'instabilité de talus
lors de l'aménagement de la partie inférieure de la
rivière.
M. Brassard: Et on ne pouvait pas le prévoir.
M. Pagé: Pardon?
M. Brassard: On ne pouvait pas le prévoir.
M. Pagé: C'est ce qu'on m'a indiqué. C'était
complètement imprévisible. Il a fallu perrer la rivière
sur toute la longueur, ce qui a entraîné une augmentation de
matériel à excaver...
M. Brassard: C'est curieux. Vous devez connaître la nature
du sol des rives.
M. Pagé: On me dit ici, on voit ici que les
quantités de perré sont passées de 1970 à 9578
mètres cubes. Cela explique l'instabilité du sol de la
rivière. C'est une région qui est strictement agricole. Un
très haut potentiel.
M. Brassard: À mon avis, il y a une défaillance.
Quant à l'évaluation des coûts, qu'il y ait des
dépassements, de temps à autres, ça peut toujours se
comprendre, mais, normaJement, on aurait dû connaître la nature du
sol, la nature du terrain le long du cours d'eau. Donc, on aurait dû
être en mesure, déjà, au départ, de connaître
l'instabilité du sol, de savoir que des problèmes surviendraient
par la suite et de prévoir les coûts là-dedans. En tout
cas...
M. Pagé: Je vais céder la parole à M. le
sous-ministre qui va ajouter. Je dis bien... Il peut arriver parfois que des
problèmes surviennent sur un chantier de nettoyage de cours d'eau ou
autres, lorsqu'un entrepreneur n'a pas beaucoup d'expérience, etc.
Souventefois, les compagnies, les entreprises, une entreprise qui n'a pas
beaucoup d'expérience va se tromper et faire une
job à refaire, ce qui est susceptible de nous coûter plus
cher à cause du manque d'expérience. Dans ce cas-ci et dans la
très grande majorité des cas, vous regarderez, cette entreprise,
je ne la connais pas, je ne sais pas à qui elle appartient, je vois
souvent passer le nom parce que je signe beaucoup de ces choses... Les
excavations Sainte-Croix est une firme qui semble avoir une très bonne
expertise en semblable matière. Regardez sa participation à
presque tous les contrats au Québec, elle en a plusieurs et n'a pas
l'habitude, d'après ce que je vois, de se tromper de montant. Si la
soumission est de 162 210 $, je me dis que c'est parce que ça valait
ça. S'il y a eu un imprévu, M. le sous-ministre va ajouter, je
vous l'ai dit, j'ai tout le détail. On a le détail. Il a fallu
perrer 9578 mètres cubes au lieu de 1970. C'est six fois plus. Il arrive
que des contrats comme ça impliquent des déboursés
additionnels. M. le sous-ministre.
M. Leblond: Le dilemme qu'on a, auquel on fait face relativement
à la précision des relevés techniques préalables
est proportionnel à la valeur des travaux envisagés. La plupart
des travaux donnés dans le cadre du programme actuel, le programme qui
est considéré ici, sont relativement bas. Alors, il ne serait pas
très économique d'aller dans le très fin détail
pour chacun des projets, afin d'éviter des dépassements,
lorsqu'il y en a, qui sont finalement peu élevés. (16 h 45)
II est statistiquement démontré que, dans la très
grande majorité des cas, le degré de raffinement de nos
relevés préalables est suffisant pour estimer avec une assez
grande précision et il n'y a pas de dépassement. Nous pensons que
c'est plus économique pour l'État d'avoir à faire face a
des situations qu'on pourrait sans doute prévoir, mais qui
amèneraient des coûts d'analyses préalables beaucoup plus
grands que les coûts qu'on voudrait éviter par la suite.
Au ministère des Transports, j'y étais auparavant, vous
avez toute une section, tout un service qui, malgré des relevés
préalables beaucoup plus poussés que les nôtres -
évidemment, dans le domaine routier, les relevés des travaux sont
beaucoup plus importants et un service de 25 personnes s'occupe des
réclamations de dépassement s'arrête aussi à un
certain degré de raffinement, parce que cela n'est plus
économique à un moment donné. Le meilleur sondage, c'est
le travail lui-même.
M. Brassard: II reste qu'on est là en face d'un cas
extrême. Le dépassement atteint une ampleur telle qu'il y a de
quoi s'interroger et se poser des questions sur la façon dont les choses
se passent. C'est quasiment le double du montant initial. C'est énorme.
Même si c'est, sans doute, une entreprise avec une bonne feuille de
route, il reste que, dans ce cas-là, il y a eu, sans aucun doute, une
défaillance.
M. Pagé: Dites-vous bien que ces contrats sont
donnés en fonction d'une estimation se référant, par
exemple, à tant de mètres cubes de terre à
déplacer, tant de pieds à creuser. Cela se mesure en pieds
unitaires. Mais quand vous arrivez avec... vous passez de 1970 à 9500...
En droit... Cela, ce n'est pas seulement pour nous. Dans l'ensemble des
ministères où des travaux comparables se font, des clauses se
réfèrent au droit pour l'entrepreneur de demander un montant
additionnel, sans quoi il ne serait pas obligé de terminer les
travaux.
M. Brassard: Cela va. Enfin, je maintiens mes
réserves.
M. Pagé: Dites-vous bien que ce n'est pas l'entrepreneur
qui décide de cela...
M. Brassard: Ah, oui, je le sais.
M. Pagé: ...assis dans son camion ou sur sa pelle
mécanique. Il y a un représentant du ministère sur le
chantier et... c'est ça.
M. Brassard: Cela va. Novembre, M. le Président.
Novembre
Le Président (M. Richard): Pour ce qui est d'octobre,
Commission des courses de chevaux, Régie de l'assurance-agricole, Office
du crédit agricole et ministère de l'Agriculture, c'est
vérifié. Novembre, en ce qui a trait à l'agriculture.
M. Brassard: L'engagement 3. Là, encore, est-ce que c'est
parce qu'on a ajouté 5 %?
M. Pagé: Imprévus...
M. Brassard: On n'a pas choisi le plus bas soumissionnaire.
M. Pagé: Contrat, 70-785 $; Imprévus, 4000 $.
M. Brassard: Donc, c'est encore le même... On est rendu en
novembre, là.
M. Pagé: Oui, on est passé août.
M. Brassard: Quand est-ce qu'on change?
M. Leblond: C'est au tout début du mois de novembre que
vous avez la présentation globale dont on parlait tout à l'heure.
Cela, c'est pour le Conseil du trésor, lorsqu'on va au Conseil du
trésor.
M. Brassard: Donc, c'était 70 000 $, la soumission?
M. Leblond: C'est ça.
M. Pagé: Soumission, 70 785 $.
M. Brassard: Cela va. L'engagement 7 concerne l'accident ou le
désastre écologique de Saint-Basile-le-Grand et j'ai
été étonné de voir... Qu'on ait
négocié des contrats, je trouve ça acceptable dans les
circonstances. Il faut faire vite. Il y a urgence. Alors, on négocie les
contrats et c'est normal. C'est justifiable, en tout cas, qu'on passe outre
à la procédure d'appel d'offres. Mais que l'on négocie
deux contrats avec deux entreprises ontariennes, là, je me suis
posé la question: comment se fait-il que de tels contrats aient
été accordés à des entreprises ontariennes? Il n'y
avait pas de firme au Québec capable...
M. Pagé: Aucune.
M. Brassard: ...d'assumer cette tâche?
M. Pagé: M. le député...
M. Brassard: Vous avez fait des efforts et cela...
M. Pagé: ...je peux vous confirmer, et je vous prie de
vérifier si vous avez des doutes ou des réserves sur mon
commentaire, que lorsque l'accident écologique est survenu, nous avions
chez nous, au ministère, un nombre assez imposant de tests à
faire à partir des prélèvements. On faisait
référence, quant à nous, en ce qui nous concerne, aux
bovins, aux agneaux, à la production animale, aux chevaux, au lait
évidemment, tous les prélèvements du lait, aux produits
maraîchers. Dans le secteur, on a confisqué dans certains centres
de distribution parce que la théorie voulait que si l'air était
contaminé, certains produits exposés, non emballés,
même dans les centres de distribution du secteur, pouvaient l'être.
On a fait des tests, on a même fait des prélèvements au
Marché central de Montréal, dans des marchés publics de la
région de Montréal pour être certain que les produits
venant de cette région... Nous avons fait de nombreux tests de sols, de
prélèvement de sols. Pour ce qui est du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation - et là ce n'est
pas moi qui parle - des spécialistes venus de plusieurs pays ont
été très agréablement surpris de la qualité
et de l'excellence finalement des laboratoires administrés, qui
appartiennent au ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Le problème, c'est qu'on manquait de laboratoires. Nos
laboratoires ont fait plus de 375 analyses en six semaines entre le 23
août et la fin de septembre concernant les BPC, les furannes et les
dioxines. Le seul autre laboratoire susceptible de mener les épreuves
requises, c'est Bio Research à Montréal. Si elle n'a pu faire ces
analyses si elle ne les a pas faites, c'est qu'elle n'en était pas
capable avec le degré de précision demandé. Je vais vous
reparler de la précision.
M. Brassard: C'était le seul laboratoire
québécois...
M. Pagé: Oui.
M. Brassard: ...qui pouvait être apte, qui avait
l'expertise pour faire cela.
M. Pagé: II faut dire que l'ensemble des laboratoires au
Canada était complètement engorgé pendant cette
période-là; on ne parle pas de miliers de tests, on parie de 375
tesls Par contre, ce sont des tests qui coûtent 1500 S, environ. On le
voit ici: Mann Testing. 30 échantillons: 43 875 $. Zenon Environnemental
inc, 3C échantillons, 51 000 $. Bio Research travaillait pour le
ministère de l'Environnement sauf que, pour nous, en raison des normes
internationales, des normes acceptées sur le plan international, il nous
fallait des analyses beaucoup plus précises.
Pour revenir sur les précisions, mon sous-ministre adjoint
à la qualité des aliments et à la santé animale et
moi avons été très surpris... Un moment donné dans
le temps, pour votre information, les spécialistes qui sont
arrivés pour analyser les résultats de ces
échantillonnages, de ces tests-là, nous ont fait livrer un
message disant qu'il faudrait probablement recommencer tous les tests
effectués par le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation. Pas besoin de vous dire que nous sommes restés
surpris. Pourquoi nous avait-on envoyé ce message à la suite d'un
constat préliminaire des spécialistes? Leur position était
la suivante. Pour eux, il était quasiment impossible, disaient-ils - et
là, je suis certain que le député de Lac-Saint-Jean va
ajouter sa fierté à la mienne - qu'un gouvernement provincial et
qu'un ministère d'un gouvernement provincial ait des équipements
aussi sophistiqués. Quand ils ont vu nos méthodes d'analyse et
nos équipements, ils ont dit: Chapeau! Le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec est
très bien équipé. L'ensemble de nos tests était non
seulement exact, mais la démonstration a été faite qu'on
était bien équipé au ministère. Cela veut dire quoi
concrètement, M. le Président? Des fois, quand on venait ici pour
demander des crédits pour les laboratoires, pour nos équipements
de laboratoire - je n'en tiens pas rigueur au député de
Lac-Saint-Jean - j'ai déjà vu, autour de cette table, passer 25
minutes ou une demi-heure sur une question, sur un engagement de quelques
milliers de dollars pour l'achat d'un petit appareil gros comme ça, long
comme ça - pour le bénéfice du Journal des
débats, un pied de long par douze pouces de haut - parce que le
député de Lévis se questionnait sur l'opportunité
de l'acheter. Là, on est fier parce que nos laboratoires ont bien
fonctionné. Cela a
été négocié.
M. Brassard: J'aurais une dernière question, M. le
Président. Cela concerne Saint-Basile-ie-Grand puisqu'on y est. Est-ce
que tous les producteurs qui devaient être indemnisés l'ont
été, à l'heure actuelle?
M. Pagé: Je peux vérifier s'il reste des
chèques à émettre, mais je peux vous dire que, dès
le lendemain de l'accident, j'ai établi un premier contact avec les
représentants des producteurs. J'ai rencontré les producteurs
à plusieurs reprises. Ils se sont déclarés très
satisfaits du mode de règlement que je leur ai proposé et ils
l'ont accepté. L'information toute fraîche que j'ai à ce
moment-ci... Vous savez d'abord que c'est nous qui avons négocié
avec les producteurs le contenu du programme. C'est le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui a défendu le
contenu du programme devant le Conseil des ministres, mais le programme, en ce
qui a trait aux indemnités, est administré par la Protection
civile. Les informations les plus fraîches que j'ai, c'est qu'il
resterait un producteur à régler avec lequel il y a un
contentieux.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Jonquière, vous avez une question pour M. le ministre.
M. Dufour: À l'engagement 8, est-ce que vous pourriez me
dire combien de spectrophoto-mètres vous avez au ministère?
Est-ce que vous en avez plusieurs ou seulement un?
M. Pagé: C'est justement sur cela qu'on se questionnait il
n'y a pas longtemps. Le député de Lévis posait les
mêmes questions que vous, il n'y a pas longtemps.
M. Dufour: Je vous fa pose, mais la différence avec le
député de Lévis, c'est que je sais peut-être, de
quoi je parle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je connais cela. Je sais de quoi je parle en
parlant... Je vais continuer. Vous allez me donner la chance d'expliquer...
M. Pagé: J'abonde dans le même sens que le
député de Jonquière.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Je me comprends... Je voulais dire dans... Quand je
parle d'un spectrophotomè-tre je connais exactement l'appareil. Je sais
ce que cela peut faire et j'ai même travaillé avec cela. C'est
dans ce sens. Je sais que le député de Lévis n'a pas
travaillé avec cela et c'est normal que... Quand je vous pose une
question sur cela, ce n'est pas pour dire que le député de
Lévis ne connaît pas cela, c'est pour vous demander - c'est le
sens de ma question - combien vous en avez au ministère pour faire ce
travail?
M. Pagé: En ce qui a trait à la santé
animale et au contrôle de la qualité, nous en avons trois. En ce
qui a trait à la production, c'est-à-dire dans nos laboratoires
d'analyse, on a quatre laboratoires, on en a un minimum de quatre.
M. Dufour: Au complet, cela veut dire sept?
M. Pagé: C'est possible. Je pourrai vous donner le chiffre
exact.
M. Dufour: Ils ne sont pas situés tous au même
endroit?
M. Pagé: Non. Le ministère a 97 points de chute au
Québec. Alors, c'est un peu partout au Québec.
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez m'identifier des endroits?
M. Pagé: Je vais me faire un plaisir de vous les
identifier dans les meilleurs délais, à la fin de cette
séance.
M. Dufour: Et les tests que vous poursuivez...
M. Pagé: On a des tests dans les laboratoires
d'analyses...
M. Dufour: Les analyses sont...
M. Pagé: On a des analyses en ce qui a trait aux
productions végétales, des analyses qui concernent les
productions animales. I! y a des analyses au laboratoire... Je vais demander au
Dr Rouleau de...
M. Rouleau (Yvon): Au laboratoire d'expertises alimentaires,
c'est particulièrement sur la composition des aliments. On a aussi un
spectro-photomètre de masse qui fait la lecture des poids
moléculaires et avec lequel on fait la détermination de la
plupart des aliments.
M. Dufour: Est-ce que vous travaillez sur une base de 24 heures
ou de 8 heures seulement?
M. Pagé: Au moment de l'accident de Saint-Basile, nous
travaillions sur une base de 20 heures par jour, sept jours par semaine.
M. Dufour: C'était un peu normal, mais sur une base
régulière?
M. Pagé: C'est selon l'horaire régulier.
M. Dufour: L'horaire régulier, c'est huit
heures?
M. Pagé: Oui.
M. Dufour: Des heures de fonctionnaire ou de vraies huit
heures?
M. Pagé: Vous me permettrez de ne pas la trouver
drôle.
M. Dufour: Les techniciens qui travaillent
là-dessus...
M. Pagé: M. le Président...
M. Dufour: ...est-ce qu'ils travaillent 40 heures par semaine, 32
heures ou 35 heures?
M. Pagé: M. le Président, si je suivais le
raisonnement de M. le député de Jonquière, on devrait se
lever, parce qu'il est 17 heures, mais on restera assis parce qu'on est
travaillants...
M. Dufour: Je vous posais la question: Est-ce que c'est 32
heures, 35 heures ou 40 heures? En principe, ce sont des techniciens qui
travaillent là-dessus.
M. Pagé: Ce sont des techniciens, mais ça
dépend des analyses à effectuer, si elles sont urgentes,
ça peut dépendre des périodes de l'année, ça
peut dépendre du produit. Quel est le problème? Vous trouvez que
ce n'est pas assez, que c'est trop...
M. Dufour: Non, mais les questions que je vous pose... Je sais
qu'on peut produire pas mal d'analyses dans une journée, ça peut
même être informatisé, je sais un peu de quelle façon
ça fonctionne. Vous me dites qu'il y a deux ou trois appareils au
même endroit, à cause du prix d'achat, etc., [e voulais savoir
s'il y avait moyen de mieux rationaliser les activités. C'est dans ce
sens.
M. Pagé: Si je comprends bien, vous souhaiteriez que les
techniciens, dans les laboratoires, travaillent sur des quarts, pour qu'on ait
moins de spectrophotomètres.
M. Dufour: Je pose la question à savoir si on a
examiné cela dans cette optique.
M. Pagé: Je vais envoyer la liste des
spectrophotomètres que nous avons, où Ils sont localisés,
combien par laboratoire. D'accord?
M. Farrah: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Oui, M. le député
des Iles-de-la-Madeleine.
M. Farrah: Je ne sais pas si le député de
Jonquière pourrait nous dire comment fonctionne cet appareil et à
quoi ça sert, exactement.
M. Dufour: C'est un appareil, en fait, qui..
M. Farrah: Pour le bénéfice de la commission.
M. Dufour: Je ne sais pas si je devrais aller aussi loin et dire
que ça devrait apporter des éléments nouveaux, mais
après avoir décomposé, si on veut, par brûlage, par
des couleurs qui sont sur un spectre, vous pouvez déterminer la
quantité et les éléments que vous recherchez. C'est un
travail très valable, il y en a à l'AJcan. Ce n'est pas pour les
mêmes buts, mais je sais qu'on a fait des analyses, aussi, sur des
poissons. C'est la même chose, c'est exactement le même
principe.
Le Président (M. Richard): Les engagements financiers du
mois de novembre du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, de l'Office du crédit agricole, de la Commission de
protection du territoire agricole, de la Régie de l'assurance agricole
sont donc vérifiés?
M. Brassard: Vérifié.
Le Président (M. Richard): En ce qui a trait à
décembre, pour l'Office du crédit agricole...
M. Pagé: M. le Président, j'aurais peut-être
une question qui m'est glissée à l'oreille par mes
fonctionnaires. Mes fonctionnaires apprécieraient savoir de la part du
député de Jonquière combien d'heures par jour, à
l'AJcan, il travaillait sur son spectrophotomètre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Cela dépendait, bien sûr. Vous savez
comment ça fonctionne à l'Alcan. Je peux vous donner une partie
de la réponse, si ça peut vous intéresser et
intéresser vos fonctionnaires. Il y a plusieurs techniciens à
l'Alcan. On y travaillait à tour de rôle, on s'organisait pour
avoir des heures disponibles, mais on sait une chose, c'est que l'appareil
fonctionnait plus que huit heures par jour.
M. Pagé: Merci.
Le Président (M. Richard): Alors, je déclare que la
vérification des engagements financiers du ministère est
terminée, sous réserve de l'obtention des réponses aux
questions qu'on a notées. Merci.
M. Pagé: Merci, messieurs.
Le Président (M. Richard): Nous ajournons sine die.
(Fin de la séance à 17 h 5)