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(Seize heures vingt-deux minutes)
Le Président (M. Bélanger): Je demanderais au
greffier de la commission de vérifier si nous avons le quorum, qui est
de six membres. Pas de problème. Est-ce que nous avons des
remplaçants au niveau de la commission aujourd'hui?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président, Mme Harel
(Maisonneuve) remplace M. Rochefort (Gouin).
Le Président (M. Bélanger): Mme Harel, on vous
souhaite la bienvenue.
Mme Harel: Merci.
Le Président (M. Bélanger): La commission se
réunit aujourd'hui pour l'étude des crédits
budgétaires de la Condition féminine, c'est-à-dire du
programme 3 du Conseil exécutif ainsi que des organismes relevant de la
ministre déléguée à la Condition féminine.
Je désirerais rappeler, avant que nous commencions la séance, les
droits de parole. On s'entend bien pour dire que chaque membre de la commission
dispose d'un temps de parole égal à vingt minutes, lequel peut
être pris en une ou plusieurs interventions, mais plusieurs interventions
ne totalisant pas plus de vingt minutes. D'accord? II faut bien s'entendre
aussi sur le fait que ces vingt minutes sont par élément du
programme que nous avons a examiner. Donc, cela peut être
différentes occasions. Les députés non membres disposent
aussi de chacun vingt minutes au niveau de l'intervention, mais ils n'ont pas
le droit de vote et la ministre qui répond des crédits de son
ministère, évidemment, peut intervenir autant et aussi souvent
qu'elle le désire selon son bon vouloir et selon la
nécessité du dossier.
Nous en sommes donc à la présentation des
éléments préliminaires et je demanderais à Mme la
ministre déléguée à la Condition féminine,
Mme Gagnon-Tremblay, de bien vouloir procéder.
Remarques préliminaires Mme Monique
Gagnon-Tremblay
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le Président. Mesdames et
messieurs les membres de la commission permanente des affaires sociales,
permettez-moi tout d'abord de vous présenter mes collaboratrices
immédiates qui m'assisteront au cours de cette étude de
crédits afin que chaque membre de cette commission obtienne satisfaction
à ses questions. 11 y a Mme Nicole Brodeur, secrétaire
générale associée au Secrétariat à la
condition féminine, qui est entrée en fonction le 3
février dernier. Il y a Mme Stella Guy, présidente de l'Office
des services de garde à l'enfance, et Mme Francine McKenzie,
présidente du Conseil du statut de la femme. Je profite de cette
occasion pour les remercier pour l'excellent travail qu'elles effectuent et, en
même temps, de leur bonne collaboration envers la ministre.
Comme je sais que le délai est relativement court pour ces trois
organismes, sans tarder, M. le Président, il me fait maintenant plaisir
de vous présenter le bilan des activités du Secrétariat
à la condition féminine au cours de la dernière
année.
Au printemps 1985, le Secrétariat à la condition
féminine a coordonné les activités préparatoires et
la mise en oeuvre de la Conférence sur la sécurité
économique des Québécoises, Décisions 85. Les
pourparlers entamés à cette occasion déboucheront en mai
prochain sur le dévoilement de documents faisant le bilan des
engagements des partenaires et du gouvernement; à cette occasion je
ferai également connaître le plan d'action gouvernemental en
matière de condition féminine pour l'année 1986-1987.
Le secrétariat s'est également vu confier le soin de
mettre en oeuvre le plan d'action sur les programmes d'accès à
l'égalité pour les femmes sur le marché de l'emploi. Dans
ce dossier majeur, ses activités sont regroupées sous 4 volets:
la mise sur pied d'un comité consultatif sur les programmes
d'accès à l'égalité des femmes en emploi dans le
secteur privé; le soutien technique et financier aux entreprises dans le
cadre de projets pilotes; le soutien aux institutions publiques et la
participation au sein du comité interministériel sur l'obligation
contractuelle.
Le secrétariat a également, au cours de cette même
année, assumé la coordination des travaux de trois groupes de
travail dans trois secteurs identifiés comme prioritaires par les femmes
elles-mêmes lors de Décisions 85, soit: la reconnaissance du
travail au foyer, le statut de la conjointe collaboratrice, l'accès
égalitaire au crédit.
J'entends faire connaître les résultats des travaux de ces
trois comités vers la fin du mois de mai prochain et j'inscrirai au plan
d'action gouvernemental 1986-1987 les suivis à donner à chacun de
ces dossiers.
Le secrétariat a participé au comité
interministériel sur l'assurance-invalidité de même
qu'à plusieurs autres comités de travail...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, si
vous me permettez; Mme Harel.
Mme Harel: M. le Président, j'apprécierais beaucoup
si les membres de la commission pouvaient obtenir une copie du discours que
nous lit Mme la ministre; sinon, je vais lui demander de le lire beaucoup
plus...
Mme Gagnon-Tremblay: Lentement?
Mme Harel: Lentement et, de toute façon, je pense que
c'est de beaucoup supérieur qu'on puisse avoir le texte pendant qu'elle
en fait la lecture.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Je n'ai pas d'autre copie
présentement. C'est peut-être par déformation
professionnelle. Je vais essayer de ralentir le débit de mon
exposé. Il est vrai que j'ai beaucoup de choses à dire en peu de
temps, 20 minutes, mais je vais faire mon possible.
Mme Harel: Si vous avez beaucoup de choses à dire en peu
de temps, on a déjà convenu d'avoir chacune 20 minutes pour
l'intervention préliminaire...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Alors, je vous inciterais à le faire
photocopier rapidement par quelqu'un qui va nous en assurer une copie, tout au
moins pour la critique de l'Opposition en matière de condition
féminine. Je pense que, dans notre système démocratique,
l'Opposition a un rôle à jouer. Mmes Lavoie-Roux et Saint-Amant
l'ont joué avec vigueur au cours des années
précédentes et je souhaiterais pouvoir le faire avec les
instruments à ma portée.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que je peux faire, Mme Harel, pour
l'instant c'est ceci: nous allons voir è vous procurer une copie, si ce
n'est immédiatement, au moins après cette rencontre et je vais
ralentir la lecture de mon texte pour que ce soit plus
compréhensible...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre...
Mme Gagnon-Tremblay: ...et il s'agira de m'arrêter, M. le
Président, si jamais la compréhension n'est pas tout à
fait à votre satisfaction.
Mme Harel: Je souhaiterais que vous repreniez quant aux trois
comités, aux rapports des trois comités qui ont été
mis sur pied.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce que vous arrêtez le temps, M.
le Président?
Le Président (M. Bélanger): Oui, on va revenir en
arrière.
Mme Gagnon-Tremblay: Je disais que le secrétariat s'est
également vu confier le soin de mettre en oeuvre le plan d'action sur
les programmes d'accès à l'égalité pour les femmes
sur le marché de l'emploi. Dans ce dossier majeur, ces activités
sont regroupées sous 4 volets: la mise sur pied d'un comité
consultatif sur les programmes d'accès à l'égalité
des femmes, en emploi dans le secteur privé; le soutien technique et
financier aux entreprises dans le cadre de projets-pilotes; le soutien aux
institutions publiques et la participation au sein du comité
interministériel sur l'obligation contractuelle. Le secrétariat a
également, au cours de cette même année, assumé la
coordination des travaux de trois groupes de travail dans trois secteurs
identifiés comme prioritaires par les femmes elles-mêmes lors de
Décisions 85, soit: la reconnaissance du travail au foyer; le statut de
la conjointe collaboratrice; l'accès égalitaire au crédit.
J'entends faire connaître les résultats des travaux de ces trois
comités vers la fin du mois de mai prochain et j'inscrirai au plan
d'action gouvernemental 1986-1987 les suivis à donner à chacun de
ces dossiers.
Le secrétariat a participé au comité
interministériel sur l'assurance-invalidité de même
qu'à plusieurs autres comités de travail, notamment sur
l'évaluation du programme Rattrapage scolaire, la prévention de
l'alcoolisme en milieu de travail et l'harmonisation des programmes de
transfert. Au cours de cette année, il a également
été actif au sein d'un comité interministériel
chargé de proposer des politiques en matière de recherche
d'antécédents sociobiologiques. (16 h 30)
Je vous fais part également de certains dossiers qui sont
présentement gérés par les différents
ministères. Reconnaissant l'apport du réseau des
répondantes des différents ministères, le gouvernement est
allé de l'avant en créant un bureau de la répondante
à la condition féminine au ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
Il y a quelques mois, mon collègue le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation faisait connaître le plan
d'action triennal de son ministère à l'égard de la
clientèle féminine. Intitulé "Du partage des tâches
au partage des pouvoirs", ce programme d'activités vise à
répondre aux besoins exprimés par les femmes en agriculture qui,
légitimement, réclament la reconnaissance de leur indispensable
apport à l'agriculture québécoise.
Environ une Québécoise sur dix est née hors
Québec. Comme vous le savez, ces femmes font trop souvent face à
une double discrimination du fait qu'elles sont femmes et Immigrées.
C'est pourquoi les politiques gouvernementales sur la condition féminine
doivent prendre en compte la situation particulière de ces femmes. Le
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration a
approuvé un plan d'action triennal à l'intention des femmes
immigrées au Québec. Il porte sur l'apprentissage du
français, l'accessibilité à l'information, les conditions
de travail et la formation des adultes, l'accessibilité aux programmes
de santé, aux services sociaux et aux services communautaires et sur des
mesures d'incitation et de soutien à la présence des femmes
immigrées dans les structures de la société d'accueil.
Dans le but de faire échec au drame social qu'est la violence
faite aux femmes, deux ministères se sont fortement impliqués au
cours de cette année. La ministre de la Santé et des Services
sociaux a présenté sa politique d'aide aux femmes
violentées. Cette politique du ministère de la Santé et
des Services sociaux vise un changement des attitudes et des mentalités
ainsi qu'une participation aux actions visant la baisse de la violence faite
aux femmes. Il entend mettre de l'avant une approche préventive visant
la complémentarité des services et privilégie des mesures
axées sur la prise en charge des victimes par elles-mêmes.
Je vous signale également que ce même ministère a,
au cours de la récente année, consenti une augmentation sensible
des subventions visant ainsi à consolider les diverses ressources pour
femmes en difficultés. Il vient notamment de dégager des fonds en
vue de mettre en place des foyers de groupes et des appartements
supervisés pour les femmes itinérantes. Ces ressources offriront
des services de désintoxication non médicale, d'évaluation
et d'orientation pour les femmes itinérantes de la région
métropolitaine de Montréal.
Sur ce dossier de la violence faite aux femmes et à partir du
constat que la violence conjugale ne reçoit pas un traitement
adéquat de la part des divers intervenants du système judiciaire,
mes collègues, le ministre de la Justice et le Solliciteur
général, ont fait récemment connaître la politique
d'intervention de leur ministère en matière de violence
conjugale. Même s'ils ne prétendent pas que les poursuites
judiciaires soient une solution à toutes les situations de violence
conjugale, ils sont cependant convaincus de leur utilité comme
élément de coercition et comme déclencheur de motivation
dans les cas où un traitement sentenciel est indiqué.
En matière de condition féminine, le ministère de
l'Éducation a mis au point un plan d'action à deux volets
principaux: la formation des femmes adultes et la scolarisation des filles. La
politique d'éducation permanente reconnaît les femmes comme
clientèle prioritaire et, à ce titre, prévoit des mesures
spécifiques destinées à faciliter la participation des
femmes au programme éducatif.
Ce ministère entend porter une attention particulière
à l'orientation scolaire et professionnelle des filles. Plusieurs
projets ont déjà été mis de l'avant afin d'inciter
les filles à s'orienter vers des métiers non traditionnels et
à diversifier leurs choix professionnels.
Parallèlement, le ministère de l'Éducation poursuit
son action afin d'éliminer des manuels et matériels scolaires les
stéréotypes sexistes. Il vise également à
instrumenter le personnel scolaire en regard du sexisme et à produire
des outils pédagogiques exempts de stéréotypes.
En ce qui a trait è la formation sur les rôles sociaux, le
ministère entend rejoindre les jeunes et leurs parents par
l'intermédiaire du programme de formation professionnelle et sociale, en
traitant des trois questions suivantes: l'éducation à la
sexualité, la sensibilisation au sexisme et le harcèlement sexuel
à l'école.
Au cours de l'année, des actions ont été
entreprises pour mieux répondre aux besoins des femmes en matière
de formation professionnelle. Ai-je besoin de vous souligner que ce dossier est
déterminant pour favoriser l'intégration des femmes au
marché du travail et faciliter l'égalité en emploi des
femmes et des hommes? C'est pourquoi le ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu a développé une
séquence d'intervention adaptée aux besoins des femmes en
matière de formation professionnelle s'inscrivant dans la "Planification
de l'emploi" mise de l'avant dans le cadre des ententes du gouvernement du
Québec et du gouvernement fédéral pour la période
1986-1987. Cette séquence d'intervention vise à faciliter aux
femmes l'accès à la formation professionnelle ou au marché
du travail en leur permettant d'acquérir une formation de base
adéquate, de pouvoir mettre à niveau leurs connaissances ou
encore de pouvoir faire rapidement du rattrapage.
Passons maintenant à l'Office des services de garde à
l'enfance. En 1985-1986, les travaux de l'Office des services de garde à
l'enfance ont été dirigés vers un
développement record du nombre de places autorisées en
garderies et en agences de services de garde en milieu familial, vers une
qualité des services de garde à l'enfance qui soit constante et
comprise par les personnes oeuvrant dans ces services et enfin vers une
promotion du réseau des services de garde auprès des partenaires
pouvant collaborer è son développement. Le plan quinquennal
1983-1986 de l'office fixait le nombre de places autorisées pour les
enfants de zéro à cinq ans è 5000 annuellement. Durant ces
cinq années, on doublait ainsi le nombre de places autorisées
pour le faire passer de 25 000 à 50 000, ce qui constituait un minimum
nécessaire dans la poursuite de l'objectif plus général
d'accessibilité physique du réseau des services de garde.
L'année 1985-1986 est celle qui se rapproche le plus de l'objectif
annuel. L'office a en effet développé 4809 places, soit 4063 en
garderies subventionnées et non subventionnées et 746 places en
agences de services de garde en milieu familial.
Pour 1986-1987, on notera que le gouvernement, malgré les
compressions budgétaires qui ont frappé la majorité des
ministères, a consenti une augmentation de 3468 places en garderies
subventionnées et en agence de service de garde en milieu familial. Si
l'on ajoute à ce nombre, la prévision qu'il se créera 1240
places non subventionnées, soit le même nombre qu'en 1985-1986, on
arrive donc à un total de 4708 places autorisées. Ces chiffres
confirment l'effort budgétaire gouvernemental et le travail
acharné du personne! de l'office à développer un
réseau de services de garde qui tend à rejoindre l'objectif
fixé par le plan quinquennal.
Malgré ces chiffres qui constituent une réponse minimale
aux besoins de garde à l'enfance, le réseau des services de garde
au Québec éprouve de nombreux problèmes. En plus du nombre
de places insuffisant par rapport aux besoins exprimés, on note
également que le développement du réseau de services de
garde se bute à une difficile accessibilité à des locaux
adéquats, particulièrement dans la région de
Montréal, et à l'impossibilité pour l'office de planifier
à long terme le développement, puisque les crédits lui
sont octroyés sur une base annuelle alors que le processus
d'implantation d'un service de garde prend entre douze et dix-huit mois. Les
problèmes de consolidation des services existants se
réfèrent à leur santé financière, aux
difficultés de gestion des services et au maintien de la qualité
du service. Si l'on ne regarde que les états financiers des garderies
subventionnées, on s'aperçoit que leur fonds de roulement
s'amenuise, ne leur laissant plus aucune marge de manoeuvre. L'effort financier
demandé aux parents usagers et leur énergie fournie à
gérer les garderies pèsent de plus en plus lourd sur la
capacité de ces services à garder les acquis et à
maintenir la qualité des services. Depuis 1983, l'office avait mis en
place le règlement sur les services de garde en garderie, un
élément essentiel dans la recherche de services de garde de
qualité sur l'ensemble du territoire québécois. Il ne
restait à mettre en vigueur, le 19 octobre 1985, que la section IV du
règlement, soit les articles liés au chauffage et à
l'éclairage des locaux de garderie pour que les garderies soient
conformes à tout le règlement. À cet égard,
l'office a offert à tous les services de garde en garderie existants
avant octobre 1983 une subvention pour les aider à rendre leurs locaux
conformes au règlement. Rappelons enfin que l'office soumettra
bientôt pour consultation un projet de règlement sur les services
de garde en milieu familial.
En avril 1985, l'office et le ministère des Affaires municipales
annonçaient un nouveau programme qui incite les municipalités
à mettre des immeubles municipaux à la disponibilité des
garderies sans but lucratif qui doivent se relocaliser. La contribution
maximale du ministère des Affaires municipales est de 45 000 $ par
projet et l'aide de la municipalité peut prendre la forme de vente ou de
location d'un local municipal. En 1985-1986, neuf municipalités se sont
prévalues de ce programme qui a été reconduit par le
gouvernement jusqu'au 1er avril 1987.
Malgré les mesures prises par le gouvernement et l'office,
malgré le travail constant et quotidien des services de garde,
malgré le dynamisme et la volonté des groupes promoteurs, il
reste encore beaucoup de travail à faire avant de doter le Québec
d'un réseau de services de garde universel et diversifié.
À court terme, l'office devra s'attacher à sa mission
première d'assurer des services de garde à l'enfance de
qualité et devra trouver les instruments nécessaires è la
mesure de cette qualité. Les agents et agentes de liaison de l'office
apporteront un support à l'élaboration ou à la
révision des programmes d'activités et le service de l'inspection
systématisera ses travaux pour s'assurer de la conformité des
services de garde au règlement. L'office s'assurera que le
développement des services de garde se fasse en harmonie avec les autres
politiques familiales et financières du gouvernement. Sur ce dernier
point, l'office à participé, au cours de la dernière
année, au Groupe de travail sur l'harmonisation des critères
d'admissibilité aux programmes de transferts-Ce groupe a
déposé son rapport en février 1986 et ses travaux auront
des conséquences sur les niveaux d'aide financière aux parents
pour la garde de leurs enfants.
L'office poursuivra également son
action au sein du Groupe de travail
fédéral-provincial-territorial sur le financement des services de
garde. Son objectif est d'obtenir que le gouvernement fédéral
partage à 50 % les coûts prévus dans le cadre du
Régime d'assistance publique du Canada. Â moyen et à long
terme, l'office doit développer le réseau de services de garde au
Québec en arrêtant une politique qui tienne compte des
problématiques actuelles et qui dégage des perspectives
réalistes.
Examinons maintenant les activités réalisées par le
Conseil du statut de la femme. Au cours de l'année 1985-1986, le Conseil
du statut de la femme a fait des représentations au gouvernement, soit
dans le cadre de consultations spécifiques tels le Comité de
consultation sur la politique familiale, mai 1985, le Comité
interministériel sur la recherche d'antécédents
biologiques, mars 1985, ou dans le cadre des travaux des commissions
parlementaires, notamment sur la réserve testamentaire, en octobre 1985,
et le projet de règlement sur les programmes d'accès à
l'égalité, en octobre 1985.
Pour la cinquième année consécutive, le Conseil du
statut de la femme a tenu le concours des prix
Éméritas-Déméritas. Trois annonces publicitaires
télévisées ont emporté ex aequo le prix
Éméritas remis chaque année par le Conseil du statut de la
femme au message qui brise le mieux les stéréotypes sexistes.
Dans la poursuite de l'objectif de l'autonomie des femmes, la tenue
d'une tournée régionale s'est avérée un moyen
priviligié pour atteindre un plus grand nombre de femmes et vulgariser
les questions économiques tant sur le plan individuel que collectif. La
tournée s'est avérée un franc succès et s'est tenue
dans quatre régions du Québec.
Dans la poursuite de l'ouverture sur le monde déclenchée
par la conférence de Nairobi et dans le but d'élargir sa
clientèle et d'atteindre le plus de femmes possible, le Conseil du
statut de la femme a souligné l'apport des femmes immigrantes à
la société québécoise le 8 mars dernier.
Au cours de la dernière année, le Conseil du statut de la
femme a adopté et transmis au gouvernement divers avis sur des questions
concernant l'égalité et le respect des droits des femmes. Un
résumé de chacun de ces avis se trouve à la section 8 du
cahier de renseignements préparé par le Conseil du statut de la
femme à l'intention des membres de cette commission. Par ailleurs,
rappelons que le Conseil du statut de la femme a suivi attentivement le dossier
de l'éducation des adultes et les questions qui en découlent. Il
a aussi porté une attention très particulière à la
question de l'emploi et du travail des femmes. À cet égard, il a
réagi positivement à la création de la table nationale de
l'emploi et a appuyé techniquement la représentante des groupes
de femmes.
Il s'est aussi intéressé à l'impact des changements
technologiques sur le travail des femmes. Dans ce cadre, il a suivi les travaux
de la Conférence sur l'électronique et l'informatique, tenue en
avril 1985, et soutenu les représentantes des femmes. Il a, de plus,
fait un recensement des recherches et actions menées au Québec
sur cette question. (16 h 45)
Une agente de recherche a été invitée à
participer aux travaux du comité mis sur pied pour étudier la
transférabilité des régimes supplémentaires de
retraite. Le Conseil du statut de la femme a, de plus, entrepris l'étude
de la question relative à l'inégalité des revenus entre
les femmes et les hommes. Enfin, les délibérations de la
Conférence nationale sur la situation économique des
Québécoises, de même que la réalisation des
engagements gouvernementaux pris à cette occasion ont fait l'objet de
l'attention du Conseil du statut de la femme.
Les filles étant majoritairement victimes des abus sexuels
à l'égard des enfants, le Conseil du statut de la femme s'est
préparé à présenter un dossier visant à
mettre en oeuvre des mesures de prévention des abus sexuels dans la
famille. Le Conseil du statut de la femme est demeuré
préoccupé à l'égard du dossier de la pornographie
et a suivi attentivement les actions qui ont été menées
par les groupes de femmes à cet égard, dispensant des appuis
lorsque c'était nécessaire. Il a de plus transmis une lettre
à tous les maires et mairesses du Québec visant à les
sensibiliser à ce phénomène, leur rappelant les pouvoirs
des municipalités et les incitant à s'en prévaloir.
Disons maintenant quelques mots sur les activités
régulières du Conseil du statut de la femme. Le programme de
renseignements téléphoniques du Service Action-Femmes permet aux
femmes de connaître leurs droits et la façon de les exercer au
besoin. Le programme est appliqué par le biais d'un service
téléphonique et d'un service de réponse par courrier. Au
cours de l'année 1985-1986, le service a répondu à plus de
6600 demandes téléphoniques et traité 230 demandes par
courrier. La Gazette des femmes a publié six numéros dont le
tirage a varié de 41 000 à 53 000 exemplaires, pour ce qui est du
service de documentation, il a constitué en 1985-1986 une
priorité au Conseil du statut de la femme. Des ressources humaines et
financières supplémentaires lui ont été
octroyées.
Conformément è son mandat, la direction de Consult-Action
a fourni un support aux groupes de femmes. Les secteurs de la santé et
de l'éducation des adultes ont
requis cette année des efforts importants, de même que la
thématique du travail. Les questions économiques ont elles aussi
mobilisé des énergies, notamment dans le cadre de !a
tournée économique dans les quatre régions visitées
et du soutien apporté aux femmes impliquées dans les sommets
socio-économiques régionaux. De plus, Consult-Action
procède à la mise à jour annuelle du répertoire des
groupes de femmes.
Le Conseil du statut de la femme aborde en 1986 la deuxième
année de son plan triennal. Il entend donc poursuivre les actions
amorcées l'an dernier en ce qui a trait è l'atteinte de
l'autonomie par les femmes. Les dossiers à caractère
économique, notamment en ce qui a trait au travail comme l'accès
à l'emploi, la revalorisation du travail des femmes,
l'égalité salariale et les effets des changements technologiques
sur le travail des femmes, occuperont une large part dans les activités
du Conseil du statut de la femme. Dans ce contexte, les questions relatives au
libre-échange et à la déréglementation capteront
son attention. Il est également prévu que des énergies
seront consacrées au dossier de la fiscalité.
En ce qui a trait au dossier santé, le conseil doit participer
à la consultation entreprise par la commission Rochon et suivre le
déroulement de ses travaux. Il poursuivra de plus ses travaux relatifs
aux nouvelles technologies de la reproduction. Parallèlement à
ces travaux, le conseil entend sensibiliser la population à ce
phénomène nouveau et fournir une information permettant
d'apprécier véritablement les enjeux de ces interventions. Il
travaillera aussi a la préparation d'un colloque international sur le
sujet.
Le souci d'atteindre le plus grand nombre de femmes, d'élargir la
clientèle et de s'assurer que les avis et recommandations du Conseil du
statut de la femme atteindront les objectifs d'informer véritablement la
population demeure omniprésent. À cet égard, la direction
des communications sera largement mise à profit.
En terminant, rappelons que le Conseil du statut de la femme
déposera, dans le cadre de l'actuelle session, le rapport des
années 1984 et 1985.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, je
vous remercie. Est-ce que vous avez l'intention, Mme la ministre, de
déposer ce document è la commission ou si...
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce l'habitude, M. le Président?
Je sais que...
Le Président (M. Bélanger): C'est pour les archives
tout simplement, si vous voulez le déposer.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Maintenant, si vous le
déposez, je vous préviens dès maintenant que le document
va être reproduit et distribué dans les meilleurs
délais.
Mme Gagnon-Tremblay: Je n'ai pas d'objection à ce qu'il
soit reproduit, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous
déposez le document?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dépose le document.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. On
dépose donc le document de Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine et nous passons au droit de
réplique de Mme Harel... Mme la députée de Maisonneuve,
excusez-moi.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Oui, M. le Président, la dernière fois
que je me suis retrouvée en présence des membres de la commission
parlementaire des affaires sociales - c'est bien le cas? - c'était, je
pense, avant que ne siège l'Assemblée nationale, au moment
où nous discutions d'une proposition de mandat d'initiative pour la
commission parlementaire oui était proposée par l'Opposition et
qui était à l'effet d'entendre les groupes ou les associations
qui avaient un point de vue à exprimer sur les trois dossiers qui
devaient être traités à la deuxième partie de la
conférence sur la sécurité économique des
Québécoises. Ils avaient souhaité un forum public pour
faire entendre leur point de vue compte tenu de l'animation de la seconde
partie de la conférence. Alors, je me rappelle qu'après presque
une journée de débats la commission, majoritairement, avait
décidé de ne pas donner suite è ce projet de mandat
d'initiative. Je me dis que nous aurons certainement l'occasion, durant les
heures qui viennent, d'examiner peut-être plus à fond cette fois
non pas le point de vue des groupes ou associations, mais le point de vue de la
ministre sur ces questions.
Mme la ministre, j'apprécie beaucoup le rapport que vous nous
avez fait. Je pense qu'il est rédigé sans partisanerie politique.
Je crois que cela vous honore d'une certaine façon. Ce dossier met en
cause beaucoup trop profondément des bouleversements importants dans la
société et des aspirations importantes pour les femmes pour qu'il
soit l'objet, entre nous, d'un jeu partisan qui n'a
certainement pas sa place dans ce type de dossier. Je connais trop bien
les personnes qui vous accompagnent, leur compétence, leur
professionnalisme et leur intégrité pour être
assurée quant à elles des orientations qu'elles prennent dans les
offices ou régies qu'elles président. J'aimerais par ailleurs
vous informer immédiatement que c'est quant aux orientations que vous
prendrez quant à différents dossiers que je compte avoir
l'occasion de vous interroger aujourd'hui.
La gestion du temps. C'est de notoriété publique, les
hommes et les femmes perçoivent différemment la gestion du temps.
Il semble, et c'est la thèse de la directrice d'Entrepreneurship
féminin au ministère de l'Industrie et du Commerce, que ce soit
une habileté performante des femmes que de gérer le temps de
façon efficace, compte tenu de la double tâche. Comme vous et moi
avons relativement peu de temps durant cette commission, nous pouvons compter,
je pense, sur une heure de travail aujourd'hui et deux heures demain. Je vais
assez rapidement vous faire part de certaines considérations
générales pour immédiatement vous amener à
répondre à certaines questions concernant les orientations que
vous entendez défendre durant la prochaine année.
D'abord, simplement en termes d'intervention préliminaire, je
voudrais certainement souligner le bilan spectaculaire des dix dernières
années en matière de condition féminine et indiquer
également que, peut-être à la surprise
générale, les sondages ont démontré un très
haut taux de satisfaction de la population à l'égard des
réalisations dans le secteur de la condition féminine. Je me
réfère à des sondages qui ont été
publiés cet été et qui démontraient que, parmi tous
les dossiers portés è la connaissance de la population, celui qui
retenait le plus sa satisfaction était justement celui concernant les
réalisations en matière de condition féminine. Je pense
qu'il faut voir là un encouragement à continuer. Nous sommes
toujours à vivre cette mutation profonde qui a bouleversé la
société québécoise et les sociétés
occidentales en particulier, cette mutation qui transforme les rôles
traditionnels dévolus aux hommes et aux femmes et qui modifie les
rapports qu'ils entretiennent entre eux. Que l'on pense évidemment
à l'impulsion de la présence des femmes dans la vie publique, que
ce soit sur le marché du travail ou dans des postes de
responsabilité, mais aussi on peut souhaiter, et encore plus, une
présence accrue des hommes dans les responsabilités conjugales,
parentales et familiales. C'est, je pense, ce nouveau rapport qui transforme
profondément les conditions de vie des femmes.
On connaît bien maintenant les chiffres. Je les rappelle parce
qu'ils sont tellement significatifs. Selon les prévisions les plus
réalistes, sur 100 adolescentes d'aujourd'hui, 86 devront, à un
moment ou l'autre de leur vie, subvenir è leurs propres besoins et
à ceux de leur famille. Alors, 86 jeunes adolescentes sur 100 ont
à se préparer à jouer ce rôle. Également, et
c'est, je pense, une autre donnée extrêmement importante, on sait
que le modèle traditionnel qui a été
prépondérant durant des siècles, qui est celui d'un
conjoint travaillant à l'extérieur et de sa conjointe au foyer,
est un modèle qui, évidemment, actuellement, coexiste toujours
dans la société québécoise, mais qui n'est plus
l'apanage des jeunes ménages puisque, actuellement, on considère
que le taux de participation à ta main-d'oeuvre des mères ayant
des enfants de moins de six ans est passé, en cinq ans, de 1976 à
1981, de 32 % à 44 %. C'est le groupe d'âge où le taux de
participation à la main-d'oeuvre a connu la plus forte augmentation.
C'est donc dire que, très majoritairement, les femmes qui sont sur le
marché du travail sont celles qui ont, pour la plupart, des jeunes
enfants de moins de six ans et qui ont donc à assumer une double
tâche.
Nous le savons, et je pense que c'est important de le souligner à
nouveau, il s'agit là d'une mutation profonde dans la
société donc, évidemment, de problèmes qui
concernent toute la société et donc de projets et de solutions
qui doivent concerner la société dans son ensemble. C'est un
dossier qui transcende les partis politiques, dans une certaine mesure. En ce
sens, je peux vous assurer de toute ma collaboration et de la collaboration de
l'Opposition pour l'application et la mise en place des mesures qui vont dans
le sens de la promotion et de la défense des droits des femmes.
Évidemment, vous comprendrez que, à ce titre-là,
nous ne comprenons toujours pas votre décision d'annuler la seconde
partie de la Conférence sur la situation économique des
Québécoises. À notre point de vue, il y avait une
nécessité d'élargir le dialogue, qui était bien
amorcé, entre les groupes de femmes, les associations et le
gouvernement. Ce dialogue étant bien amorcé, je ne mets pas en
doute qu'il se poursuive; je souhaite qu'il se poursuive avec le présent
gouvernement. Ce n'est pas cela qui est en cause. Ce qui est en cause, c'est le
fait d'élargir ce dialogue pour, justement, permettre aux partenaires
socio-économiques de se sentir concernés par ces aspirations qui
demandent à être réalisées.
C'était une idée neuve que ce somment économique
sur la condition économique des femmes. C'est un sommet qui s'est
déroulé, dans sa première partie, sans partisanerie.
Effectivement, je pense qu'aucun pays n'avait pris le risque de mettre, dans un
même forum, les représentantes des femmes et l'ensemble des
partenaires sociaux. Je pense qu'il est essentiel de comprendre que les
réalisations et la consolidation ne pourront être effectifs
que dans un élargissement des responsabilités à l'ensemble
des partenaires, que ce soient les employeurs, les syndicats, les milieux
professionnels d'affaires et financiers. Je pense aue c'est une des
responsabilités de la ministre déléguée à la
Condition féminine de voir, non pas simplement à bonifier la
relation et le dialogue entre ses collègues du gouvernement et les
groupes de femmes, mais de voir à l'élargir è l'ensemble
des décideurs, dans la société. (17 heures)
D'autre part, il y a une prise de conscience de l'ensemble des groupes
de femmes où la ministre déléguée à la
Condition féminine a un rôle certainement plus difficile à
jouer que bon nombre de ses collègues. Car l'une de ses premières
priorités consiste plutôt à convaincre ses propres
collègues d'agir, puisqu'elle n'est pas nécessairement en mesure
d'agir elle-même sur des dossiers qui relèvent de la juridiction
de ses collègues ministres. C'est donc dire qu'il en va
nécessairement de l'appui qu'elle peut obtenir pour faire en sorte que
ses collègues livrent la marchandise, qu'elle-même et que les
groupes de femmes et les associations livrent les réalisations qui sont
attendues à la suite des revendications légitimes que les femmes
expriment.
Je pense que la ministre, au premier chef, doit compter sur l'appui et
la force des associations qui, au fil des années, ont porté les
revendications des femmes sur la place publique. Dans ce sens, la ministre doit
d'abord et avant tout, être plus solidaire des revendications des
associations et groupes de femmes que de ses propres collègues. Elle se
pose nécessairement, cette question d'allégeance. L'est-on
d'abord à l'égard des revendications de femmes que l'on doit
porter à bout de bras ou l'est-on surtout à l'égard de
collègues dont on doit prendre la défense?
Dans son célèbre livre, l'ex-ministre Lise Payette, qui a
commis des réalisations spectaculaires, faisait référence
au fait qu'elle ne connaissait pas le pouvoir. C'est peut-être justement
de ce fait que la ministre déléguée à la Condition
féminine, pour agir, doit faire prendre conscience à ses
collègues. On y reviendra parce que je pense qu'il est extrêmement
important, outre les responsabilités à l'égard de l'Office
des services de garde et du Conseil du statut de la femme, d'examiner avec
vous, durant le temps qui nous sera imparti, les différents dossiers qui
relèvent autant du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation que du ministère des Affaires
municipales et de l'Habitation, du ministère de la Justice, du
ministère de la Santé et des Services sociaux, du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration, du
ministère du Travail, du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et du
ministère de l'Industrie et du Commerce en matière de promotion
des revendications des femmes.
Je veux simplement terminer, Mme la ministre, en vous assurant de ma
collaboration la plus entière et en vous demandant si le dossier
concernant votre présence au Comité des priorités a
progressé, s'il y a eu mise en place du Comité ministériel
permanent de la condition féminine que vos prédécesseurs
avaient mis sur pied et qu'ils jugeaient essentiel pour procéder
à cette sensibilisation et è cette implication de leurs
collègues et de leurs sous-ministres en matière de
réalisations dans le secteur de la condition féminine. Qu'en
est-il de ce Comité ministériel permanent de la condition
féminine? Qu'en est-il de votre présence au Comité des
priorités que l'ensemble des groupes et organismes a toujours
considéré comme essentiel?
Je reviendrai évidemment sur l'ensemble des autres questions qui
vont nous préoccuper pour la suite des choses.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. A ce stade-ci, je demanderais... À
moins que Mme la ministre ne veuille répondre dès maintenant.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, peut-être.
Le Président (M- Bélanger): Oui?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, la
parole est à vous.
Mme Monique Gagnon-Tremblay (réplique)
Mme Gagnon-Tremblay: Je remercie Mme la députée de
Maisonneuve. J'accepte avec plaisir - et je suis très heureuse qu'elle
me l'assure - sa collaboration. Je voudrais, au départ, vous parler du
Secrétariat à la condition féminine. Je suis très
consciente, Mme la députée, qu'il est vrai que ce n'est pas un
ministère facile étant donné que c'en est un de
coordination. Donc, nous devons toujours devancer les collègues dans les
différents ministères et être bien au courant de tous les
dossiers, surtout ceux qui touchent la condition féminine.
Justement, à cet égard, je suis très heureuse de
vous faire l'annonce - c'est innovateur également - aue nous avons
nommé des répondantes è la condition féminine non
pas uniquement dans les différents ministères, mais aussi dans
les cabinets des ministres - j'ai tenu la première rencontre è
cet effet il y a environ deux jours - dans le but d'être bien au courant
des dossiers que mes collègues pourraient acheminer ou sur lesquels ils
pourraient
travailler concernant les dossiers des femmes, et aussi d'aller
peut-être un peu plus de l'avant. Car il est vrai que, souvent, on se
rend compte que ceé dossiers sont étudiés au 8ein d'un
ministère, mais ils font également l'objet d'une même
étude au sein du Secrétariat de la condition féminine ou
parfois, aussi, au Conseil du statut de la femme.
Je pense qu'avec la collaboration de ces répondantes, que je
considère un peu comme des chiens de garde, je pourrai être
beaucoup plus au courant de ce qui se passe. Ces répandantes pourront
sensibiliser mes collègues à tous les dossiers concernant la
condition féminine et soyez assurée que moi-même, je ne
manque pas une occasion, lorsque je vois mes collègues ministres, de
leur soulever des questions.
Maintenant, vous me parliez aussi des groupes de femmes qui
revendiquaient. Vous me disiez que, pour revendiquer, il fallait tellement
défendre les dossiers qu'on en oubliait parfois même la
solidarité ministérielle. Je comprends, quand même, que ce
n'est pas facile. Je me dis - et c'est un défi que j'aurai à
relever - est-ce qu'on ne pourrait peut-être pas changer cette attitude
ou changer le portrait et réussir malgré tout, tout en
défendant le plus possible les dossiers, c'est-à-dire en les
défendant avec des résultats, è conserver cette
solidarité ministérielle? C'est peut-être un défi.
Naturellement, je pourrai en rendre compte seulement dans quelques
années. Pour pouvoir en parler, on pourra peut-être en parler l'an
prochain, maïs j'espère être en mesure de relever ce
défi et, une fois pour toutes, réussir, tout en conservant cette
solidarité, à défendre le plus possible les dossiers des
femmes.
Vous m'avez parlé également du comité des
priorités. C'est certain que, si on devait avoir un comité, si le
premier ministre devait permettre un comité des priorités, je
compte bien en faire partie. Je ne suis pas sûre encore que le premier
ministre mettra effectivement en place un comité des priorités,
étant donné qu'il a déjà mis plusieurs autres
comités en place. Je fais partie, entre autres, de deux comités
oui m'apparaissent d'une importance primordiale pour défendre les
dossiers des femmes. Je fais partie du Comité des affaires culturelles
et sociales et presque la majeure partie des dossiers concernant la condition
des femmes sont étudiés à ce comité, et je fais
partie aussi - et je suis la seule femme - du Comité de
législation. Encore là, je suis très au courant de tous
les projets de loi qu'on pourrait mettre en vigueur au gouvernement et cela me
permet, justement, d'avoir une attention très particulière aux
dossiers des femmes.
Quant à Décisions 85, je comprends votre déception.
Par contre, nous avons pris la décision maintenant et on a fait
connaître également les raisons pour lesquelles nous avons
décidé d'annuler la deuxième conférence sur la
situation économique des femmes. Je tiens également,
immédiatement, à vous assurer que ce n'est pas dans le but de ne
pas associer les partenaires socio-économiques et de
rétrécir le dialogue entre les femmes, au contraire. Je veux bien
permettre aux femmes de s'asseoir avec les partenaires
socio-économiques, mais d'une façon différente,
peut-être, sous un forum différent et prévoyant
également des échéanciers différents. C'est la
raison pour laquelle je dévoilerai à la fin de mai ce plan
d'action gouvernemental concernant la condition des femmes. Je tiens
immédiatement à souligner que ce plan d'action n'est pas un plan
d'action de trois ans, mais bien un plan d'action pour l'année
1986-1987, c'est-à-dire pour les six et les douze prochains mois. On a
confondu, à un moment donné, les trois années, mais j'ai
toujours parlé de plans seulement pour une année, les six
prochains mois et les douze prochains mois.
J'ai déjà commencé à rencontrer des groupes
de femmes et je continue à le faire, justement, dans le but de
connaître leurs priorités afin de pouvoir élaborer ce plan
d'action, parce que je n'ai pas l'intention, naturellement, de le faire seule.
Je le ferai à la suite de toutes ces consultations. Je les consulte
également sur les moyens de consultation et de concertation une fois
qu'on aura décidé des sujets à étudier pour les six
ou les douze prochains mois. Ce qui est important pour moi, c'est de voir
à acheminer ou à terminer, ou au moins à rendre à
point, certains dossiers dans les six ou douze prochains mois, tout en tenant
compte, naturellement, des possibilités, c'est-à-dire des
compressions budgétaires que le gouvernement doit actuellement
effectuer.
Alors, pour moi, ce qui est important, c'est que nous allons
étudier toutes les priorités de ces groupes de femmes et nous
allons voir ce à quoi on peut travailler le plus rapidement possible
pour pouvoir mener ces dossiers à bien. Il y a des dossiers qui sont
plus faciles, il y a des dossiers qui sont un peu plus difficiles et, s'il
s'avérait, par exemple - je pense, entre autres, aux femmes
collaboratrices - qu'il y ait des dossiers un peu plus compliqués, on
s'associera des personnes-ressources pour pouvoir les mener à bien.
Également, sur plusieurs sujets, quand il y aura
nécessité, je verrai à ce que les partenaires
socio-économiques participent à ces rencontres et puissent se
faire entendre avec les groupes de femmes.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres membres de la commission qui désireraient faire valoir leur
point de vue au niveau des remarques préliminaires?
Organisation des travaux
Mme Harel: M. le Président, avant que nous commencions nos
travaux, avant que nous débutions l'étude des crédits
volet par volet, j'aimerais que nous convenions de la répartition du
temps. Je pense qu'il y a déjà une répartition du temps de
prévue entre les deux leaders.
Le Président (M. Bélanger); Oui. La
répartition du temps qui est prévue pour la commission, c'est que
chaque intervenant a droit à 20 minutes, en faisant abstraction du temps
de réponse à l'introduction de Mme la ministre. Vous avez donc
droit à 20 minutes de questions ou de...
Mme Harel: Non, je vous parle de l'enveloppe de temps
réparti entre l'Opposition et le gouvernement, entre les parlementaires
qui siègent ici à cette commission. Il a été
porté à ma connaissance que c'était 90-10. L'Opposition a
90 % du temps. Je voudrais que ce soit bien établi à l'avance. Il
faut voir que nous procédons à un exercice qui est
peut-être lourd et fastidieux, mais qui est extrêmement important
en démocratie: la surveillance et le contrôle des dépenses
publiques, et c'est essentiellement un exercice qui est dévolu à
l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, là-dessus, à ma
connaissance en tout cas, il n'y a pas eu d'entente portée à ma
connaissance en relation avec le temps alloué à un parti ou
à l'autre. Je n'ai aucun document. Je n'ai rien. Je m'en excuse.
Mme Harel: M. le Président, je vous demanderais de
vérifier auprès de votre leader, parce que c'est l'information
qui m'a été communiquée.
Le Président (M. Bélanger): M. ledéputé de Laurier.
M. Sirros: Je reconnais très bien le discours que tient la
députée de Maisonneuve. Je la comprends aussi, parce
qu'effectivement il a toujours été difficile dans le passé
de définir précisément des pourcentages comme tels. On
nous faisait toujours valoir, et je comprends cela aussi, que même si la
répartition du temps selon le règlement permet à chaque
député d'intervenir pendant 20 minutes lors d'une commission
parlementaire, il a toujours été, dans le passé, de
tradition que la majeure partie du temps revenait à l'Opposition parce
qu'effectivement c'est l'occasion un peu privilégiée pour
l'Opposition de poser des questions, d'examiner les crédits, etc. Je ne
sais pas s'il y a eu une entente précise comme telle, je n'en ai pas eu
d'écho. Je pense qu'on pourrait commencer l'étude des
crédits en tenant compte du fait qu'effectivement c'est pour
l'Opposition un temps privilégié, sans pour autant limiter
è zéro ou à un pourcentage fixe de 10 % l'intervention des
députés ministériels.
Le Président (M. Bélanger): II y a une proposition
du député de Laurier, à savoir qu'on peut commencer les
travaux sans limite de temps pour le moment, s'entendre dans un esprit
d'équité et permettre à Mme la députée de
Maisonneuve de faire valoir tous ses points de vue, tous ses droits, sans
égard au temps en ce qui concerne cette première séance.
Dès que nous aurons en main la copie de l'entente, si entente il y a
eue, là on s'en tiendra au jeu des ententes.
M. Sirros: Je ne crois pas que, si la députée de
Maisonneuve croit que chacun de ce côté-ci va intervenir pendant
20 minutes, cela va effectivement prendre tout le temps, mais...
Mme Harel: Je ne vous propose pas de suspendre nos travaux pour
de plus amples informations de votre part, mais je vous propose qu'on poursuive
en prenant en considération ce que, de bonne foi, je croîs savoir
sur les travaux des commissions, à savoir que le temps est en
très grande partie dévolu à l'Opposition. Je souhaiterais
pouvoir poursuivre avec Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, on ne doute aucunement de votre bonne
foi, bien au contraire. Sur cette base, on va donc commencer l'étude des
crédits, et si les membres de la commission sentent que cela pose des
problèmes ou que cela crée des malentendus, on prendra une
décision là-dessus.
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Je crois donc comprendre, Mme la ministre... (17 h
15)
Le Président (M. Bélanger): Auparavant, Mme la
députée de Maisonneuve, comme il n'y a pas eu, non plus,
d'entente sur l'ordre que l'on va suivre pour débattre les
crédits, je propose donc que l'on suivre l'ordre qui est dans le cahier
des crédits. On commencerait par le Conseil exécutif, programme
3, Promotion des droits de la femme, si vous n'avez pas d'objection?
Promotion des droits de la femme
Mme Harel: M. le Président, il peut arriver que les
personnes qui accompagnent Mme la ministre, qui ont à défendre
les crédits en matière de services de garde et les crédits
du Conseil du statut de la femme
aient à répondre à certaines questions même
si c'est dans le cadre du programme 1. Je ne voudrais pas qu'on soit rigide,
mais qu'on s'ajuste suivant ce qui se présentera au fur et à
mesure de nos travaux.
Le Président (M. Bélanger): Selon les faits,
absolument, d'accord.
Mme Harel: De toute façon, à la fin des trois
heures, on aura à adopter à l'unanimité ou sur division
les crédits.
Mme la ministre, il n'est pas question pour vous, si j'ai bien compris,
de mettre sur pied un comité ministériel sur la condition
féminine. Vous nous avez signalé que vous étiez satisfaite
de siéger actuellement au comité santé et culture. C'est
bien ça? Enfin, j'imagine que vous référez au
comité ministériel. C'est bien le cas?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: C'est un comité ministériel qui est
chapeauté par le ministre de la Santé et le ministre de
l'Éducation. Ma question est plus spécifique: Avez-vous
l'intention de mettre sur pied un comité ministériel sur la
condition féminine où vos collègues seraient
invités à participer en tant que membres et dont vous
présideriez les travaux, qui permettrait d'entreprendre avec eux
l'étude de dossiers selon votre propre initiative? Avez-vous l'intention
de mettre sur pied un tel comité ministériel?
D'autre part, vous nous parlez des répondantes de cabinets et je
vous félicite de cette initiative. Peut-on connaître la liste des
répondantes des ministères qui, actuellement, sont en liaison
avec le Secrétariat à la condition féminine? Il est de
tradition qu'une telle liste soit déposée lors de l'étude
des crédits. Nous aimerions, si ce n'est pas possible aujourd'hui,
demain matin, obtenir la liste dans les différents ministères.
Est-ce qu'on doit tenir pour acquis que tous les ministères,
actuellement, ont une répondante qui est en liaison avec le
Secrétariat à la condition féminine?
Le Président (M. Bélanger): Au niveau du cabinet ou
au niveau du...
Mme Harel: Les répondantes dans les ministères.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, dans les ministères, madame.
Mme Harel: Vous savez que, dans les cabinets, c'est une heureuse
initiative...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, oui, c'est tout nouveau.
Mme Harel: ...mais il reste que l'appareil gouvernemental est
celui qui reste quand les gouvernements passent. Alors, on aimerait
connaître la liste des répondantes qui actuellement poursuivent
leur travail au niveau de la condition féminine.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: À mon avis, Mme la
députée, il y en a partout è temps plein actuellement,
dans tous les ministères. On ne m'a pas avisée qu'il manquait une
répondante dans un des ministères. Il y aurait des
répondantes dans tous les ministères. Si jamais il
s'avérait qu'il manquait une répondante, soyez assurée que
je verrai à ce qu'elle soit nommée le plus rapidement
possible.
Mme Harel: Très bien. Je pense qu'on apprécierait
avoir demain, lors de la reprise de nos travaux, la liste des
répondantes dans les différents ministères.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous m'avez demandé également
la liste des répondantes des cabinets en premier lieu, je pense,
madame?
Mme Harel: Non, c'était la liste...
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse, il y a confusion.
Mme Harel: ...des répondantes dans les
ministères.
Mme Gagnon-Tremblay: Nous vous fournirons cette liste, Mme la
députée.
Mme Harel: Toujours au chapitre du Conseil exécutif,
quelles sont les intentions de la ministre quant à l'implantation d'un
comité ministériel sur la condition féminine?
Mme Gagnon-Tremblay: II a été décidé
de limiter les 3 comités ministériels permanents,
c'est-à-dire, celui des affaires culturelles et sociales, celui de
l'aménagement et celui du développement économique, pour
les raisons suivantes: parce qu'on ne voulait pas disperser les
énergies, on voulait assurer une meilleure coordination des dossiers
gouvernementaux et faciliter la prise de décisions. Je vous avoue que
déjà, personnellement, je siège à deux
comités en plus de toutes les charges d'une ministre. J'avoue que c'est
quand même énorme actuellement. Justement, nous avons
décidé, au Conseil des ministres, de former ces trois
comités dans le but de ne pas disperser les énergies.
Maintenant, il n'a pas été question d'un comité
ministériel uniquement au niveau de la condition féminine. Comme
je vous le dis, il reste, quand même, que je siège à deux
de
ces trois comités. En plus, il y a la question de sensibiliser
tous les ministres. C'est la raison pour laquelle on a nommé les
répondantes de la condition féminine dans les cabinets pour
qu'elles s'assurent, justement, que, lorsqu'il y a des projets qui sont
amenés au sein de ces trois comités, on voie è
l'importance de la condition féminine. Je ne sais pas si cela
répond.
Mme Harel: Pas sur le même sujet, mais dans le même
ordre d'idées, vous parliez tantôt de votre présence au
Comité de législation. Il faut reconnaître que,
malgré l'utilité d'un tel comité, c'est là la
dernière phase de l'ensemble d'un projet de loi, en fait, c'est la phase
finale, ultime. Je pense que c'est souvent vu, d'ailleurs, comme un
comité important, mais surtout sur le plan technique, en vue de
s'assurer de la validité des dispositions qui y sont contenues. Je ne
pense pas que le Comité de législation s'intéresse
tellement à l'opportunité, mais plus, finalement, à la
validité des projets de loi. Est-ce que vous avez fait des
représentations pour être nommée à cet important
comité du Conseil du trésor, qui est déterminant pour bon
nombre des revendications des femmes? Est-ce que vous avez fait des
représentations pour siéger au Conseil du trésor?
Mme Gagnon-Tremblay: Comme je vous le disais, Mme la
députée, je siège actuellement déjà à
deux comités; alors, je dois conserver des énergies pour
travailler aux dossiers des femmes.
Mme Harel: Mais à choisir entre le Comité de
législation et le Conseil du trésor, lequel choisiriez-vous?
Mme Gagnon-Tremblay: Remarquez que le Comité de
législation, indépendamment de ce que vous dites, à mon
avis, je le trouve quand même important. Si je devais aller au
Comité de législation uniquement pour être comme un pion,
je ne l'accepterais pas. Je pense que j'ai quand même un droit de parole
et je peux encore, à ce niveau-là, bloquer certains projets de
loi. Justement, aussi, nous avons une répondante dans le cabinet du
ministre de la Justice qui va faire en sorte, avant que le projet nous
parvienne au Comité de législation, que nous en soyons
avisées pour prendre des positions différentes. Je vous disais
tout à l'heure que le but de ces répondantes dans chacun des
cabinets, c'est justement pour devancer les projets qui pourraient être
préparés par les différents ministres et qui auraient
vraiment un rapport important avec la condition féminine.
Mme Harel: J'imagine, Mme la ministre, que vous êtes
informée qu'il existait un tel réseau de répondantes, qui
a son utilité certainement autant chez les membres d'un cabinet que dans
l'appareil gouvernemental. Il doit souvent être chapeauté au
niveau supérieur, ce qui assure une reconnaissance quant aux
interventions qui peuvent se faire là où se prennent les
décisions. D'autre part, il est de tradition, lors de l'étude des
crédits, d'obtenir le rapport de l'Office des ressources humaines quant
à la situation des effectifs féminins dans la fonction publique.
Est-ce que nous pouvons compter obtenir un tel rapport durant les travaux de la
commission?
Mme Gagnon-Tremblay: Demain matin, Mme la députée,
on me dit qu'on sera en mesure de vous remettre ce rapport.
Mme Harel: Si on entreprend l'étude des crédits, je
reviendrai un peu plus tard, si vous me le permettez, sur la question de la
concertation et de la consultation et peut-être des budgets que vous
entendez consacrer à ce processus de consultation et de . concertation.
Vous procédez actuellement, dites-vous, à une consultation des
groupes de femmes. Je dois comprendre donc que vous n'avez pas donné
suite à la demande formulée par quatorze importantes associations
féminines sur le plan québécois qui demandaient de vous
rencontrer pour évaluer avec vous la forme que devrait prendre
l'étape de consultation. Vous avez choisi de les rencontrer une à
une. Est-ce que c'est cela que je dois comprendre?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous parlez de quelle lettre, Mme la
députée?
Mme Harel: De celle qui avait été signée par
quatorze groupes dont le Conseil d'intervention pour l'accès des femmes
au travail, le Centre d'aide et de lutte contre les agressions à
caractère sexuel...
Mme Gagnon-Tremblay: Elle est datée de quand?
Mme Harel: Elle est datée de mars 1986 et elle vous est
adressée. Elle dit que ces groupes vous demandent de reconsidérer
la décision d'annuler la deuxième partie de la conférence
et de les rencontrer pour évaluer avec eux la forme que devrait prendre
la dernière étape de Décisions 85. Quelle est la suite que
vous avez donnée à cette demande?
Mme Gagnon-Tremblay: Alors, justement, c'est que j'ai
répondu à cette lettre. Je leur ai dit que, naturellement, il
n'était pas question de reconsidérer cette décision, qu'il
y avait pour nous d'autres mécanismes de consultation, et c'est la
raison pour laquelle j'ai accéléré, justement, les
rencontres avec les groupes de femmes. Sur ces quatorze groupes, je
pense en avoir déjà rencontré six ou sept et je dois
rencontrer les autres lundi prochain et samedi. Je les rencontre d'une
façon très accélérée pour, justement,
connaître leurs priorités. Si vous préférez, je peux
vous lire la lettre que j'ai fait parvenir à ces personnes.
Mme Harel: Peut-être nous en remettre copie, cela serait
plus simple.
Mme Gagnon-Tremblay: Est-ce qu'on peut remettre copie de la
lettre? On peut la déposer et la remettre demain?
Mme Harel: Oui, on peut la déposer.
Mme Gagnon-Tremblay: D'accord. Parfait.
Mme Harel: Une question qui préoccupe beaucoup les femmes
et leurs porte-parole: Est-ce vous qui, de votre propre initiative, avez pris
cette décision d'annuler la seconde partie de la conférence?
Est-ce à la suite d'une recommandation de votre part que cette
décision fut prise au Conseil des ministres?
Mme Gagnon-Tremblayî C'est que nous avons proposé des
scénarios et le Conseil des ministres a tout simplement
décidé qu'il n'était pas question de prévoir une
deuxième conférence. Étant donné que nous
étions quand même un nouveau gouvernement, que nous venions
d'arriver, il y avait des thèmes qui devaient être
étudiés lors de la deuxième conférence et pour
lesquels nous devions quand même attendre le dépôt du
rapport Beaudry. À ce moment-là, le dépôt
n'était pas fait. Il y a également le rapport de la politique
familiale qui n'est pas encore déposé. Pour toutes ces raisons,
à ce moment-là, le Conseil des ministres, tous les ministres
ensemble, nous avons décidé de ne pas y donner suite. Il faut
penser que c'était quand même un événement
très ponctuel qui avait eu lieu l'année dernière, à
la suite de la décennie des femmes, et que ce groupe avait
été formé de façon ponctuelle. Moi, je croyais
qu'il serait malhonnête, par exemple, de dire: Étant donné
qu'on ne peut parler de ces sujets immédiatement en juin, on devra en
parler peut-être en septembre ou au printemps 1987. Étant
donné que ce groupe aurait été formé, justement,
pour un certain laps de temps et pour une occasion très précise,
je me sentais un petit peu mal à l'aise de dire à ces femmes:
Écoutez, on attend encore un an. Comme je vous le dis, ce sont
différents scénarios que nous avons apportés et, à
ce moment-là, le Conseil des ministres a pris cette décision
à partir des recommandations qui avaient été faites des
différents scénarios.
Mme Harel: Je dois donc comprendre que cela faisait partie d'un
des scénarios que vous recommandiez.
Mme Gagnon-Tremblay: Pas nécessairement, il y a eu quand
même argumentation. J'ai argumenté très fortement et il y a
eu naturellement des modifications aux scénarios.
Mme Harel: Donc, cela ne faisait pas partie des recommandations
de scénarios que vous présentiez.
Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, j'aurais... Naturellement,
un des scénarios était de tenter une deuxième
conférence, mais peut-être avec des sujets différents.
Mme Harel: Sur cette question, évidemment, il faut
comprendre qu'il y avait eu un très long processus de consultation qui
avait amené des rencontres régionales dans l'ensemble des
régions du Québec et qui avait amené 980 participantes
à s'interroger sur les priorités à identifier dans le
cadre des rencontres avec les partenaires, 980 participantes de toutes les
régions, de tous les milieux, de tous les âges, de toutes les
classes de la société. Cela a mené à une rencontre
nationale, je pense, en février 1985 où s'est fait un immense
brassage entre quarante associations féminines au niveau de tout le
Québec qui, là, ont déterminé dix priorités
à retenir parmi peut-être les centaines de sujets discutés
dans tout le Québec. (17 h 30)
Ce n'était donc pas ponctuel, comme vous le disiez, d'une
certaine façon, puisque cela avait été là un
très vaste processus impliquant des femmes de tous les milieux et de
toutes les régions. Les sujets retenus étaient jugés par
l'ensemble des groupes de femmes, sans exception, comme étant
prioritaires. Ces trois sujets qui avaient été
réservés pour la deuxième partie de la conférence
étaient, si on se le rappelle, le statut des femmes au foyer, les
conditions de travail des femmes, de même que l'accès des femmes
au Régime de rentes, je pense.
Mme Gagnon-Tremblay: Le financement des garderies.
Financement des services de garde
Mme Harel: Le financement des services de garde, vous avez
raison. Concernant le financement des services de garde, vous dites ne pas
avoir pensé reporter la date, compte tenu du fait que vous étiez
un nouveau gouvernement. Vous invoquez comme argument que les dossiers
n'étaient pas prêts. Par ailleurs, la Commission Beaudry a soumis
ses recommandations qui
étaient connues depuis janvier ou février. De toute
façon, je pense que si, à ce moment, vous aviez, consulté
les associations ou les groupes de femmes, vous auriez eu certainement des
recommandations quant à la manière d'envisager la suite ou la
seconde partie de la conférence sur les thèmes jugés
prioritaires.
Mme Gagnon-Tremblay: II n'a jamais été dans mon
intention et il n'est pas, non plus, dans mon intention, actuellement, de ne
pas faire l'étude des dossiers qui auraient dû faire l'objet d'une
deuxième conférence. Il ne faut pas oublier, non plus, que tous
ces sujets ou tous ces dossiers qui devaient faire l'objet de la
deuxième conférence impliquent quand même des coûts
considérables. Compte tenu également des compressions
budgétaires que le gouvernement actuel a dû faire à la
suite de son état financier, il aurait été difficile de
prendre position immédiatement sur certains sujets, certains
dossiers.
Ce qui est arrivé, c'est que, concernant, entre autres, les
législations du travail, je l'avoue, il est vrai que le rapport Beaudry
a été déposé, je pense, à la fin de
février. Il faut tout de même attendre et permettre au ministre du
Travail de prendre position sur cette question.
Concernant le financement des services de garde, lorsque je suis
arrivée en poste, j'ai rencontré plusieurs groupes et plusieurs
ont demandé à me rencontrer. C'est à ce moment que j'ai
pris connaissance des nombreux problèmes qui existaient dans les
services de garde, non pas que la présidente ne m'avait pas
déjà mise au courant de ces problèmes, mais j'ai quand
même rencontré ces groupes pour me rendre compte que les
salariés, entre autres, se plaignaient énormément du bas
salaire qu'ils reçoivent. II est vrai qu'ils sont sous-payés. Il
y a des problèmes. Les garderies à but lucratif, par exemple,
préféreraient être subventionnées comme les
garderies sans but lucratif. Toutes les garderies, actuellement, ont un fonds
de roulement qui est à peu près à zéro; elles ont
des problèmes. Tout a l'heure, je vous parlais des salaires des
travailleurs; on constate que, quand même, la masse salariale occupe tout
près de 85 %, 87 % du budget de l'office, c'est énorme. C'est
vrai que ce sont des services, mais, normalement, cela ne devrait pas accaparer
plus de 80 %.
II y a aussi la relocalisation des garderies. Il y a aussi des garderies
qui doivent être conformes aux règlements actuels de l'office.
Donc, il y a énormément de problèmes qui existent
actuellement. Aussi, je me suis rendu compte qu'on fait du
développement, mais on fait du développement annuel, alors qu'on
sait que, dans une garderie, cela peut prendre de huit à douze mois
avant de développer de nouvelles places. Il est peut-être
important, actuelle- ment, de penser à se doter d'une véritable
politique des garderies.
Alors, j'avais, quand même, besoin d'un peu de temps pour
prévoir le mécanisme de consultation qu'on pourrait faire
auprès de la population afin d'en arriver un jour à se doter
d'une véritable politique des garderies. C'est la raison pour laquelle
aussi il nous apparaissait que, actuellement, discuter de ce sujet lors d'une
deuxième conférence, c'était peut-être un peu
précipité pour en arriver à solutionner le
problème.
Mme Harel: M. le Président, le temps passe. Je veux
simplement souligner à la ministre que toute cette argumentation
souscrit à une proposition de report de la date de la deuxième
partie de la conférence. Toute cette argumentation qu'elle
développe aurait sans doute permis de comprendre que la date puisse
être reportée, mais, là, on a assisté à une
annulation, ce qui est une autre chose.
On aura l'occasion de toute façon, à défaut de
connaître les intentions gouvernementales dans le cadre d'une
conférence, lorsqu'on reviendra au dossier de la condition
féminine qui concerne les différents ministères, de
connaître les orientations de la ministre sur les recommandations du
rapport Beaudry, notamment sur la question du salaire minimum - on sait que les
travailleurs au salaire minimum sont surtout des travailleuses - et sur la
question du temps partiel et des congés de maternité. De toute
façon, on y reviendra.
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous me le permettez, Mme la
députée, j'aimerais faire une rectification immédiatement.
Vous comprenez que je ne suis pas tout à fait au courant de toutes les
questions qu'on peut me poser. Tout à l'heure, je vous ai
mentionné que la masse salariale occupait 85 % du budget de l'office; ce
n'est pas 85 % du budget de l'office, mais bien 85 % du budget des garderies.
Je m'excuse.
Mme Harel: Mme la ministre, vous allez me permettre...
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
M. le député de Laurier.
Les femmes immigrées
M. Sirros: Je sais qu'on doit terminer à 6 heures. J'avais
au moins une question à poser à la ministre, si je puis, M. le
Président. Cette question concernait un point que la ministre a
touché lors de son exposé concernant les femmes immigrées.
Je voulais savoir de façon plus précise quels sont les contacts
que la ministre a eus à ce jour et les contacts qu'elle envisage d'avoir
avec les femmes immigrées des différentes
communautés culturelles. Quelles sont ses orientations? Quels
sont les dossiers sur lesquels la ministre se penchera durant l'année
qui vient dans le cadre de ce qu'elle nous disait dans ses remarques
d'ouverture concernant les immigrées des communautés culturelles?
Pourrîez-vous expliquer un peu cette question pour mon
intérêt'
Mme Gagnon-Tremblay: Je vous remercie, M. le député
de Laurier. Je vois que cette question des femmes Immigrantes vous
intéresse particulièrement et cela me réjouit. Je dois
d'abord vous mentionner que, le 8 mars dernier, j'ai fait parvenir un message
spécifique, entre autres, aux femmes immigrées dans les
principales langues d'origine qu'elles parlent, soit en chinois, en espagnol,
en portugais, en grec, en italien, en vietnamien, en plus d'une version
française et anglaise.
J'ai aussi rencontré à cette occasion des femmes
immigrées au Centre international des femmes du Québec. Depuis le
22 mars dernier également, j'ai rencontré à
Montréal Ies représentantes du Collectif des femmes immigrantes
de Montréal qui m'ont fait part de leurs priorités, soit
l'accès aux cours de français, plus particulièrement pour
les femmes réfugiées et les femmes parrainées. L'isolement
qu'elles vivent parce qu'elles ne connaissent pas notre langue les fait
régresser par rapport à leurs conditions de vie dans leur pays
d'origine. L'expérience acquise par les femmes immigrantes dans leur
pays d'origine n'est pas reconnue, non plus. Les femmes immigrées ont
besoin de formation, mais cette formation devrait, en plus, être
explicative du milieu du travail et assortie de formation linguistique.
Toute la question du parrainage pose également un
problème, mais ce dossier relève, naturellement, de la
juridiction fédérale. J'ai l'intention de soulever ce point
è l'occasion de la prochaine rencontre
fédérale-provinciale des ministres responsables de la Condition
féminine qui se tiendra les 5, 6 et 7 juin prochain à
Vancouver.
Les représentantes du Collectif des femmes immigrantes m'ont
également exprimé leur désir d'être invitées
à la discussion de tous les dossiers de condition féminine. J'ai
déjà commencé à sensibiliser mes collègues
du Conseil des ministres è cet effet et je continuerai à le faire
afin qu'elles puissent rencontrer ceux qui ont une influence sur leur avenir.
Pour ma part, j'ai l'intention de les associer à tous mes dossiers,
ainsi qu'aux consultations que je ferai éventuellement.
M. Sirros: Avez-vous d'autres informations concernant la table de
travail qui a été constituée? Vous dites qu'il y a une
table de travail qui regroupe les femmes immigrantes des différentes
instances gouvernementales pour coordonner et voir à la
réalisation d'un plan triennal.
Mme Gagnon-Tremblay; La table de travail regroupant des organismes de
femmes, notamment de femmes immigrées, de même que
différentes instances gouvernementales dans le but d'aider à la
coordination et à la réalisation du plan triennal, est
actuellement constituée.
Par ailleurs, le MCCI a réalisé un contrat type de louage
de services pour les employées domestiques. Ce contrat est
présenté comme un outil de négociation pour
l'employée et l'employeur et reprend certaines normes minimales de
travail. Cette action du ministère pour lutter contre l'exploitation des
femmes immigrées engagées comme employées domestiques
s'ajoute à la modification du règlement sur la sélection
des ressortissantes effectuée à la demande du
ministère.
Aussi, dans le cadre de l'année de clôture de la
décennie des femmes, le ministère a réalisé
différents projets en ce qui concerne les femmes immigrantes. Je ne sais
pas si vous êtes intéressés à ce que je les
énumère. Une étude a été faite sur les
femmes immigrées et leur intégration au marché du travail
québécois. Il y a une affiche sur les femmes des
communautés culturelles, une exposition d'oeuvres d'art produites par
les femmes des communautés culturelles, un document-reportage sur des
femmes des communautés culturelles qui ont laissé leur marque au
Québec dans des domaines aussi variés que la recherche, les
affaires, les arts et les sciences, la réédition de la brochure
Entre femmes, qui se veut un outil de référence et
d'information. II y a aussi le Conseil du statut de la femme qui a
également réalisé une affiche publicitaire sur les femmes
des communautés culturelles. Cette affiche a été
lancée lors de la Journée internationale de la femme
immigrée. Il y a aussi les garderies pour les COFI.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Remarquez que c'est
extrêmement intéressant. Pour avoir été ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration pendant 63 jours, au moment
où se discutait, justement, le programme que devait mettre en oeuvre le
ministère dans le cadre de la décennie, je trouve cela
particulièrement intéressant d'avoir connu ce qui avait
été décidé à ce moment-là. Nous
reviendrons, compte tenu de l'intérêt que vous portez à
cette question, Mme la ministre, sur la question de l'accès des femmes
immigrantes
aux COFI et aux cours de langues, donc à l'accès aux cours
de français pour les femmes immigrantes qui, actuellement, n'ont pas
accès aux cours dispensés dans les COFI.
Compression
L'étude de vos crédits. Dans ce qui avait
été déposé par le président du Conseil du
trésor, en avril ou mars, nous pouvions voir à l'article
compression, un montant de 1 000 000 $. Si je peux le retrouver, cela
s'intitulait "Montant de la compression en 1986-1987. Organismes relevant de la
ministre déléguée à la Condition féminine.
C'est indiqué comme ceci: "Rationalisation interne et autres mesures: 1
000 000 $", sans autre spécification. D'entrée de jeu, dans
l'étude des crédits, j'aimerais vous demander où va
pouvoir s'appliquer cette rationalisation et j'aimerais savoir quelles sont ces
autres mesures que vous entendez prendre pour amener une compression de 1 000
000 $, si je comprends bien, dans les dépenses qui sont
réalisées en 1985-1986. Compte tenu que vous considérez,
je pense, avoir eu une augmentation de budget, à quel service sera
affectée cette compression de 1 000 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Elle est déjà affectée,
justement. À l'Office des services de garde à l'enfance, les
crédits 1986-1987 étaient de 81 767 700 $. Ce montant
représente une variation de 14,8 % par rapport à 1985-1986 qui
s'explique ainsi: reconduction et indexation du budget de base 1985-1986 de 71
200 000 $ à 77 200 000 $. Budget de développement: 4 500 000 $.
Alors, dans les mesures de compression dans les crédits 1986-1987,
Rationalisation interne et autres mesures, il y a eu une première phase
de compression: 1 % au plan de rangement, donc 176 600 $ et il y a eu
une...
Mme Harel: Au plan de...?
Mme Gagnon-Tremblay: De rangement.
Mme Harel: Rangement.
Mme Gagnon-Tremblay; Je vais demander à la
présidente de l'office d'expliquer ce plan de rangement, si vous le
voulez.
Mme Harel: Est-ce qu'il y a un plan de dérangement?
Le Président (M. Bélanger): On va commencer par les
ranger...
Mme Guy (Stella): Cela dérange! Le plan de rangement est
le terme utilisé au Conseil du trésor lorsqu'on me remet notre
revue de programmes en tant qu'organisme. On doit faire le rangement de nos
activités prioritaires et de nos activités non prioritaires. Dans
les activités du plan de rangement, on a déjà
coupé. À ce moment-là, les premiers 176 000 $ ont
été coupés dans les activités de l'office,
aucunement dans les subventions de l'office. Les 1 000 000 $ que vous demandez,
pour ce qui est de la part de l'office, ont déjà
été affectés, la coupure a déjà
été faite. Il ne se fera pas, pour être claire, sur les 81
000 000 $. Il a été fait au préalable. Est-ce que c'est
plus clair? (17 h 45)
Mme Harel: Sur quel poste?
Mme Guy: Uniquement nous l'avons pris à l'Office des
services de garde sur les budgets de fonctionnement, des contrats, diminution
d'ensemble des coûts de fonctionnement, et aussi une partie sur les
sommes qui seraient allouées en développement. II y a eu un
retard de quelque temps, mais il a été essentiellement pris sur
les budgets de fonctionnement.
Mme Harel: Donc, sur le budget de fonctionnement de l'office,
est-ce que cela s'est manifesté sous forme de diminution de personnel
ou...
Mme Guy: Sous forme...
Mme Harel: ...de diminution de personnel, de coupure de
personnel?
Mme Guy: Il y a eu un poste de coupé, effectivement, et
surtout des contrats pour... un poste permanent de coupé, des contrats
pour l'extérieur et l'ensemble du budget de fonctionnement, que ce soit
achat du matériel, frais de voyage, etc.
Mme Harel: Vous avez l'air de bien vous en porter. Est-ce qu'il
s'agissait là finalement de contrats qui n'étaient pas essentiels
pour les activités de l'office?
Mme Guy: Je ne peux pas dire que je m'en porte bien, les coupures
sont, toujours difficiles. Ce sont des contrats qui nous permettent
occasionnellement d'avoir recours à des ressources extérieures.
Vous avez, dans le dépôt qu'on vous a fait, différents
contrats. C'est sûr que cela va affecter certaines productions au cours
de l'année, puisque j'ai moins de budget. Lesquels, je ne le sais
pas.
Mme Harel: Et on doit comprendre que cela n'affecte pas
l'implantation de garderies, cela n'affectera pas... c'est dans ce...
Mme Guy: Cela n'affecterai pas le
nombre de places subventionnées que Mme la ministre a
annoncées qui est de 3000... Je m'excuse, nous avons tellement
touché les chiffres, refait les calculs. Vous l'avez dit, Mme la
ministre...
Mme Harel: On y reviendra, de toute façon, demain avec
vous...
Mme Guy: 3600, les places subventionnées. Non.
Mme Harel: 3400 de plus et...
Mme Guy: C'est cela. Plus les places en milieu familial. Cela
n'affectera pas ces places. Cela est assuré.
Mme Harel: Et cela a donc simplement... On doit comprendre que
cela a...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée, je m'excuse, il y a Mme la députée de
Deux-Montagnes qui avait demandé la parole il y a très longtemps.
Alors...
Mme Harel: Oui, mais il faudrait bien terminer d'abord, M. le
Président, si vous permettez...
Le Président (M. Bélanger): Terminez ce
point-là, d'accord. Vous êtes d'accord pour attendre?
Mme Harel: ...et puis on revient toujours à la
délimitation du temps 90-10, c'est bien le cas?
Le Président (M. Bélanger): C'est bien
balançé.
Mme Harel: C'est bien balancé dans un système
où l'Opposition a à faire cet exercice.
Le Président (M. Bélanger): On s'entend pour une
équité où chacun pourra exercer ses droits à la
commission. Alors, madame la députée...
Mme Guy: Est-ce que vous avez une autre question sur les
coupures?
Mme Harel: Est-ce que l'on doit comprendre qu'il y a eu report de
mise en place de nouvelles garderies? Il y aurait eu une sorte de moratoire sur
l'implantation, pendant quelques mois, qui aurait permis d'éponger ce
déficit?
Mme Guy: Non. Peut-être me suis-je mal fait comprendre. Ce
qu'il faut comprendre, c'est que le développement qui a
été annonçé, 3468 places en garderies
subventionnées et la balance, Les 800 places de garde en milieu
familial, cela ne les touche pas du tout.
Mme Harel: C'est pour l'avenir? Mme Guy: Pour
l'avenir.
Mme Harel: Comment avez-vous fait pour l'éponger, à
part le 176 000 $.
Mme Guy: On n'a...
Mme Harel: II reste encore quand même 824 000 $...
Mme Guy: D'accord. Je vous comprends. Voulez-vous
répondre, ou je continue?
Une voix: Continuez, continuez, cela va bien.
Mme Guy: Alors, l'autre 640 000 $, c'est parce qu'il y a eu
deux... Mme la ministre a dit la première phase...
Mme Harel: Deux phases.
Mme Guy: ...de l'activité de rangement. Et nous avons eu
une deuxième phase de coupures. Et là, la deuxième phase,
qui était de 640 000 $, il y a eu encore un montant sur
l'opération à l'intérieur des budgets d'opération
de l'office et aussi sur les crédits supplémentaires qui seraient
alloués à l'office. Il avait été, à ce
moment-là, décidé, quand Mme la ministre est allée
chercher 5 100 000 $ finalement, puisqu'elle est allée chercher 4 500
000 $ pour le développement, 600 000 $ pour la reconduction du programme
des Affaires municipales, cela fait 5 100 000 $. Alors, ils étaient
prêts à donner 5 100 000 $, et il y a eu une coupure là,
dans les possibilités de budget supplémentaire. Il y a eu un 500
000 $ de coupés à ce niveau-là. Puis les autres 150 000 $
a été pris à nouveau dans les budgets d'opération
de l'office. Mais ce qui est... Excusez, je veux être sûre que vous
m'avez bien comprise, Mme la députée, ainsi que les autres
membres de la commission. Les 1 000 000 $ ne seront pas soustraits du budget
qui est actuellement déposé à l'étude des
crédits qui est 81 000 000 $ parce qu'il est déjà
soustrait.
Mme Harel: Très bien. Doit-on comprendre qu'il en va de
même, toujours au programme 1 du Conseil exécutif: Promotion des
droits des femmes, on nous parle d'un budget de 2 500 000 $? Doit-on comprendre
que les crédits périmés en 1986-1987 se trouvent à
être inclus dans ce budget? Dans les crédits
périmés, il s'agit essentiellement de crédits pour les
programmes d'égalité en emploi. Je crois que c'est même 500
000 $ de crédits périmés au programme
d'égalité
en emploi qui ont été tout simplement reportés en
1986-1987 et additionnés, si je comprends bien?
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit que c'est déphasé,
Mme la députée. Ce qui arrive... Je reviens sur les 1 000 000 $;
peut-être que tout à l'heure, je pourrai apporter des
éclaircissements sur les autres programmes d'accès dont vous
parlez. Pour les 1 000 000 $ de tout à l'heure, si on fait le compte
pour l'Office de garde, il y a 816 600 $ de compressions budgétaires qui
ont été faites au niveau de l'Office de garde et il y a, au
Conseil du statut de la femme, 175 000 $ qui ont été
affectés également. Les crédits de 1986-1987
étaient de 3 344 300 $. Ce montant représente une variation de
2,1 % par rapport à 1985-1986 pour ajustement au traitement. Donc, les
mesures de compressions dans les crédits de 1986... c'est qu'on n'a pas
fait de compression lors d'une première phase au Conseil du statut de la
femme, on l'a faite seulement au niveau d'une deuxième phase de
compression de 5 % qui est de 175 000 $. C'est pour cela que nous avons un
total de 991 000 $ pour ces deux organismes.
Mme Harel: Un total de compressions de 991 000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire 816 600 $ pour l'Office
de garde et 175 000 $ pour le Conseil du statut de la femme.
Mme Harel: Vous savez que, cette année, c'est très
difficile de se retrouver dans les crédits. On n'a pas de point de
comparaison. Je vous assure, Mme la ministre, que si vous aviez en main les
crédits de l'an dernier avec tous les tableaux comparatifs qui
étaient remis aux parlementaires, cette année vous trouveriez que
c'est presque une indignation que de travailler avec si peu d'information. On
n'a aucune ventilation; vous venez de me la communiquer, je vous en remercie,
mais on n'avait aucune ventilation quant aux compressions qui avaient
été faîtes. Il est très difficile, parce que les
tableaux comparatifs ne permettent pas nécessairement de se retrouver
quant aux différents programmes.
Quant au programme de promotion des droits des femmes, c'est un
programme qui ne comprend pas le Conseil du statut de la femme. De quel ordre
sont les crédits du Conseil du statut de la femme?
Mme Gagnon-Tremblay: 3 344 000 $. Mme Harel: 3 344 000 $?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: Les crédits du Conseil exécutif sont de
2 501 000 $.
Mme Gagnon-Tremblay: Je m'excuse, si vous voulez me donner
quelques minutes, parce que vous savez, Mme la députée, je prends
bonne note de vos remarques concernant la ventilation, mais même si j'ai
les chiffres ventilés, pour moi, à cause de mon
inexpérience, c'est déjè quelque chose de très
ardu.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
ministre, prenez votre temps.
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous pouviez me donner quelques minutes
pour que je puisse...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Gagnon-Tremblay: Le budget du secrétariat est de 1 949
300 $ plus transferts de crédits de personnel muté: 33 531
$...
Mme Harel: Transfert de crédits...? Excusez-moi.
Mme Gagnon-Tremblay: ...de personnel muté.
Mme Harel: Ah! Très bien.
Mme Gagnon-Tremblay: Virement du fonds de suppléance de
125 000 $; il y a également un budget supplémentaire de 500 000 $
pour un total - le budget modifié 1985-1986 - de 2 607 831 $.
Mme Harel: Je dois donc comprendre, quand vous évaluez la
variation plus l'augmentation à 3 900 000 $, que vous ne prenez pas en
considération l'enveloppe additionnelle de 1 000 000 $ qui avait
été accordée pour financer les activités
reliées à la décennie. Vous êtes certainement au
courant que, dans le budget de promotion des droits des femmes, une enveloppe
de 1 000 000 $ avait été ajoutée pour financer cette vaste
consultation dont je vous parlais. En fait, tout l'ensemble des
activités reliées à la décennie...
Mme Gagnon-Tremblay: Parlez-vous des 1 333 000 $?
Mme Harel: L'enveloppe additionnelle était de 1 000 000
$.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est en demande additionnelle, Mme la
députée, je pense. Ces 1 333 000 $ sont-ils en demande
additionnelle1?
Mme Harel: C'était une enveloppe additionnelle...
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une enveloppe additionnelle.
Mme Harel: ...qui au moment des crédits 1985-1986...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Mme Harel: ...avait été octroyée aux
activités de la décennie.
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit que cela se termine le 30 juin,
Mme la députée.
Mme Harel: Le 30 juin 1986. II y a donc un budget qui demeure
dans cette enveloppe additionnelle' Par exemple, ce n'est pas de l'ordre de 193
000 $, ai-je vu dans les documents?
Mme Gagnon-Tremblay: Si vous permettez, Mme la
députée, je vais passer la parole à la secrétaire
générale associée.
Mme Brodeur (Nicole): Le budget spécial qui avait
été autorisé effectivement à l'organisation de
Décisions 1985 et le suivi des engagements, c'est un budget qui se
termine à la fin du mois de juin 1986.
Cependant, il y a un autre budget qui avait été consenti
l'an dernier spécialement pour les programmes d'accès à
l'égalité et qui va se prolonger l'an prochain. En plus de cela,
ce à quoi on référait, c'est que pour le
développement des programmes d'accès à
l'égalité dans les réseaux parapublics,
c'est-à-dire le municipal, l'éducation et les affaires sociales,
il y a actuellement sur la table une demande additionnelle pour 1986-1987 de
l'ordre de 1 333 000 $.
Mme Harel: Quand vous dites que le budget est reconduit pour les
programmes d'accès à l'égalité, vous parlez
également des budgets périmés qui ont été
déphasés dans le programme 1986-1987? C'est bien cela?
Mme Brodeur: Oui.
Programme d'accès a
l'égalité
Mme Harel: De quel ordre est le budget du programme
d'accès à l'égalité? Parce que si j'ai bien compris
tout en essayant de me retrouver dans les documents, il y a 500 000 $ de
crédits périmés qui ont été
déphasés pour 1986-1987, mais en dehors de cela, quel est
l'argent frais qui va être consacré au programme
d'égalité à l'emploi?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais laisser le temps à la
secrétaire de vérifier les chiffres. Il faut dire aussi qu'il y a
certains montants qui sont alloués au programme d'accès à
l'égalité et qui proviennent directement de chacun des
ministères concernés, c'est-à-dire du ministère des
Affaires municipales, de l'Éducation et de l'Enseignement
supérieur et de la Science et de même que de la Santé et
des Services sociaux. Il y a des sommes qui sont allouées à ces
programmes mais qui proviennent de ces ministères-là. Lorsque
l'on fera l'étude des crédits de chacun de ces ministères,
vous pourrez probablement avoir plus d'informations à ce niveau.
Le Président (M. Bélanger): J'aviserais les membres
de la commission qu'il est maintenant 18 heures et qu'à moins d'avis
contraire ou de décision contraire de la majorité des membres ou
de l'unanimité des membres, devrais-je dire, les travaux seront donc
reportés à demain matin, dix heures, dans cette même salle.
Maintenant, considérant que nous avons dû commencer en retard cet
après-midi, dû à la fin de la période des questions
et certains délais, il y a un crédit additionnel de 23 minutes
qui pourrait être techniquement ajouté à la période
de demain, si besoin en était. D'accord?
M. le député de Laurier.
M. Sirros: Je vous ferai certainement remarquer que même si
on n'a pas adopté un cadre rigide de 90-10, ce à quoi la
députée tenait tellement...
Le Président (M. Bélanger): 99-10, oui...
M. Sirros: Cela a été plutôt 99-1. Quelques
fois les choses marchent...
Mme Harel: M. le Président, je vous ferai remarquer que
les membres de la commission ont tout le loisir, en caucus, d'interroger la
ministre, compte tenu de l'importance qu'ils accordent à ce dossier de
la condition féminine.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve a tout le loisir, elle, dans les
périodes de questions en Chambre, d'en faire autant.
Mme Harel: Oui, oui. Je n'y manque pas. Je n'y manque pas.
Le Président (M. Bélanger): Je devrais donc, si
vous permettez...
M. Sirros: Elle insistait pour avoir son droit de parole,
même si elle était du côté ministériel.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président, peut-être
qu'on pourrait négocier ces quelque vingt minutes justement avec le 90
%, contre le 10 %.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que sur
l'enveloppe de temps, il est de tradition que l'Opposition ait plus de temps
à sa disposition pour l'étude des crédits. Je pense qu'en
saine démocratie, c'est normal. Nous avons reconnu ce droit-là
cet après-midi. Nous entendons fonctionner selon la même
possibilité demain, sans considérer le 90-10 ou quoi que ce soit.
Nous irons selon la bonne foi et selon le déroulement des travaux.
Messieurs, mesdames, la séance est donc ajourné à
demain, dix heures. Merci.
(Fin de la séance à 18 heures)