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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Bélanger): Vous avez, Mme
Lamontagne, constaté le quorum?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): II y toujours un seul
remplacement indiqué, soit la députée de Maisonneuve en
remplacement du député de Gouin, c'est bien cela?
La Secrétaire: C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): Oui, alors nous
reprenons donc la session que nous avions ajournée hier sur
l'étude des crédits de la ministre déléguée
à la Condition féminine. Hier il y avait eu une demande de droit
de parole, si vous voulez, une question de la part de Mme la
député de Deux-Montagnes. On va vous permettre de commencer ce
matin. Mme la députée.
Orientation et formation dans des métiers
d'avenir
Mme Legault: M. le Président, Mme la ministre. Mme la
ministre, en mai 1984 une étude du Conseil supérieur de
l'éducation confirmait plusieurs analyses faites auparavant qui
démontraient la persistance des choix traditionnels dans l'orientation
des filles - emplois de bureau, coiffure, etc. - et de leur faible orientation
dans le domaine des sciences, des mathématiques et de la technologie.
Cette situation nous porte à croire que les jeunes filles se
préparent à un avenir incertain, puisque nous savons tous et
toutes que les changements technologiques affecteront particulièrement
les emplois de bureau et créeront une exigence professionnelle hautement
spécialisée. J'aimerais savoir, Mme la ministre, si des actions
ont été prises ou seront prises pour favoriser l'orientation et
la formation des filles vers des métiers porteurs d'avenir.
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, Mme la députée. Le
ministre de l'Éducation a entrepris, en collaboration avec le
Secrétariat à la condition féminine et le ministère
de l'Enseignement supérieur et de la Science, une étude visant
è mieux préciser quels sont les facteurs de l'environnement
scolaire et de la pratique éducative qui conditionnent ces choix. Le
Conseil de la science et de la technologie a entrepris une analyse de la
situation des femmes dans les métiers scientifiques et technologiques
qui permettra de formuler les recommandations susceptibles d'améliorer
la situation éducative des filles. Quant au Secrétariat à
la condition féminine, il a été consulté à
diverses étapes concernant cette étude et il a participé
aux audiences publiques tenues au mois de décembre 1985. Il a fait part
de ses commentaires sur une version préliminaire du rapport et sur les
recommandations proposées. L'avis du conseil sur ce sujet devrait
être produit vers le mois de juin 1986.
Ce dossier constitue une tendance forte des ministères
préoccupés de la formation des jeunes et plusieurs actions sont
prévues à court terme et à moyen terme par le
ministère de l'Éducation, et celui de l'Enseignement
supérieur et de la Science, pour sensibiliser les filles en regard de
leur orientation scolaire et professionnelle, puisqu'il est vrai qu'elles
devront s'intégrer à un monde de travail en mutation, largement
influencé par tes changements technologiques. Les mesures que ce
ministère entend prendre è ce sujet, s'adressent directement aux
jeunes filles ou au personnel d'orientation, dans la perspective du virage
technologique. Le jeu d'orientation Vire-Vie? a été
révisé. Le guide d'animation et le cahier de
l'élève ont été mis à jour et on y a
ajouté un dossier d'information. Ce jeu continue à être
diffusé dans les écoles. La documentation "Explorons de nouveaux
espaces", produite conjointement avec le MEQ, le MESS et le Conseil du statut
de la femme, l'an dernier, s'est enrichie cette année par la publication
dans la revue "Filles d'aujourd'hui" de neuf chroniques visant à tracer
le portrait de travailleuses en emploi non traditionnel. Trois autres
chroniques paraîtront dans la revue "Ressources humaines", laquelle
publiera l'an prochain un tiré à part de douze chroniques.
Le MEQ a par ailleurs développé certains instruments pour
les responsables d'informations scolaires et professionnelles. Mentionnons
entre autres un fichier de noms de femmes oeuvrant dans les secteurs non
traditionnels et qui pourraient agir comme conférencières dans
différentes régions. Le MEQ a aussi entrepris trois études
cette année concernant l'orientation des filles dans des emplois non
traditionnels. Une recherche
sur les caractéristiques des Québécoises ayant
opté pour un emploi non traditionnel doit être
complétée à l'automne 1986. Il y a également une
étude sur les facteurs limitant l'orientation des filles dans les
programmes de formation non traditionnelle dont l'échéance
devrait arriver au début de 1987. Cette étude est sous la
supervision conjointe du MEQ, du MESS et du Secrétariat à la
condition féminine. Comme je vous le disais tout è l'heure, c'est
qu'on devrait quand même avoir un rapport de cette étude au
début de l'année 1987.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
Mme Harel: M. le Président, peut-être pourrions-nous
immédiatement, si... De ce côté, il y a peut-être
d'autres personnes qui ont des questions à poser sur cette formule. Je
vais vous demander de reconnaître le partage du temps qui a
été convenu entre les bureaux du whip, à savoir 90-10, et
j'aimerais que - immédiatement, parce qu'on va entreprendre
l'étude des dossiers - s'il y a d'autres questions de cette nature...
Dans le fond, cela pourrait appeler une déclaration
ministérielle. C'est intéressant comme information, mais vous
pourriez en tant que ministre faire une déclaration ministérielle
sur ces questions. Je ne pense pas que l'étude des crédits soit
le moment le plus approprié. S'il y avait d'autres questions, je pense
qu'on devrait y procéder immédiatement et ensuite passer à
l'étude de vos crédits.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, Mme la
députée de Maison-neuve, il y a eu une entente après
vérification avec les adjoints des bureaux de whips. Il y avait eu une
entente sur la répartition de l'enveloppe de temps qui donnait à
peu près 90-10, qui semble-t-il serait basée sur une tradition
longue et donc souvent éprouvée. Comme il n'y a pas eu de demande
pour modifier cette entente-là ici à la commission, nous sommes
donc tenus de respecter cette enveloppe de temps. Alors on va essayer... De
toute façon, j'ai fait un petit peu le relevé d'hier et cela
donnait amplement 90-10, Mme la députée de Maisonneuve, alors je
vous reconnais le droit de parole madame.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Je dois vous dire que
je suis très satisfaite de nos travaux qui se sont
déroulés hier et j'espère que cela se poursuivra ce matin.
J'allais vous proposer une gestion du temps de façon à pouvoir le
plus possible, sans nécessairement avoir le temps de les approfondir,
examiner plusieurs dossiers. Je proposerais d'examiner les crédits de
l'Office des services de garde pendant une vingtaine ou une trentaine de
minutes et on pourrait aborder, par la suite, les crédits du Conseil du
statut de la femme de façon à pouvoir terminer par un survol
très important des dossiers qui concernent la condition féminine
et leur avancement dans les ministères.
D'abord, je vous remercie, Mme la ministre, d'avoir fourni aux membres
de la commission la liste des répondantes à la condition
féminine dans différents ministères et également
les travaux de l'Office des ressources humaines. Nous apprécions avoir
ces documents ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, on a
reçu comme document, ce matin, è la suite d'une demande de Mme la
députée de Maisonneuve, hier, la liste des répondants des
dossiers de la condition féminine dans chacun des ministères, un
texte nous donnant la composition de ta table de travail dans le dossier de la
femme immigrée et une lettre adressée à la ministre
déléguée à la Condition féminine en
réponse aux groupes de femmes de Décisions 85.
Tel que convenu hier entre Mme la ministre et les membres de la
commission, il y a donc eu dépôt des documents qui avaient
été demandés, à la satisfaction, je
l'espère, de tous.
Mme la députée de Maisonneuve, je vous reconnais le droit
de parole.
Office des services de garde
Mme Harel: Merci, M. le Président. Si nous examinons cette
fois les crédits de l'Office des services de garde, nous constatons
qu'il y aura donc et consolidation et développement et je dois
comprendre que vous avez reconsidéré la position que vous
adoptiez et que vous rendiez publique au début de l'hiver, je pense,
à savoir qu'è l'époque vous considériez important
de consacrer toutes les sommes disponibles à la consolidation et non pas
au développement. Finalement, vous vous êtes ralliée,
j'imagine, à une position qui a été déposée
par l'Office des services de garde, soit celle de maintenir la vitesse de
croisière déjà acquise sous l'ancien gouvernement en
termes de développement.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas exact, Mme la
députée de Maisonneuve. Dans tous les discours que j'ai tenus,
j'ai toujours mentionné aux groupes qui représentaient les
garderies que, dans les circonstances actuelles, étant donné les
compressions budgétaires qu'on devait effectuer, il y aurait lieu de
favoriser un développement rationnel tout en songeant à faire un
peu de consolidation, compte tenu de la difficulté financière que
vivaient actuellement les garderies. Il n'a jamais été question
pour moi de laisser de côté la question du
développement des garderies. C'est pourquoi je me suis
acharnée, c'est-à-dire que j'ai défendu avec acharnement
auprès de mes collègues le montant de 4 500 000 $ plus les 600
000 $ du ministère des Affaires municipales dans le but, justement, de
faire du développement cette année. Naturellement, pour moi,
c'est toujours un développement rationnel, compte tenu que les garderies
sont un élément essentiel pour permettre aux femmes de
réintégrer le marché du travail ou de s'y maintenir.
Malgré l'effort considérable que nous avons fait, c'est quand
même insuffisant.
Mme Harel: On sait qu'il y a des besoins, et j'imagine que la
présidente de l'Office des services de garde pourrait nous parler
abondamment des besoins qui se manifestent, compte tenu notamment de la
présence considérablement accrue sur le marché de
l'emploi, de femmes qui ont des enfants d'âge préscolaire. Entre
1974 et 1985, ce pourcentage, je crois, est passé de presque 30 %
à au-delà de 50 %, en dix ans à peine. C'est donc
là le signe qu'il y a, en termes de services de garde, notamment pour
les enfants d'âge préscolaire et pour les enfants d'âge
scolaire...
J'aimerais savoir où en est l'état des besoins, des
demandes et des problèmes qui se sont présentés dans le
milieu scolaire. On sait que parfois, l'attitude de certaines commissions
scolaires qui n'acceptaient pas la demande des parents d'instaurer un service
de garde à l'école, a retardé, et parfois même, a
empêché la mise en place de services de garde en milieu scolaire.
Le précédent gouvernement entendait, dans le cadre de la loi 3,
apporter un amendement législatif pour obliger les commissions
scolaires, lorsque les parents en faisaient majoritairement la demande dans une
école, à offrir un service. Où en est maintenant
l'état de la situation?
Mme Guy (Stella): Pour répondre à la
première partie qui concerne les besoins, est-ce que vous voulez savoir
quels sont les besoins en nombre de places-enfants pour les femmes qui
travaillent? On dit, par exemple, qu'actuellement, il y a 300 000 enfants de 0
à 5 ans qui ont besoin d'être gardés au Québec parce
que leurs parents travaillent, étudient ou sont en recherche d'emploi.
C'est clair que déjà, on a une clientèle très bien
identifiée. Sur ce nombre, il y en a 32 000 en garderies et 3000 en
agences de garde en milieu familial. C'est pour cela qu'on dit qu'on arrive
à répondre à peu près 16 % ou 17 % du besoin.
Pour ce qui est de la garde en milieu scolaire, le nombre d'enfants de 6
à 12 ans qui doivent être gardés parce que leurs parents
travaillent à des heures particulières est d'environ 250 000. Il
y a actuellement 15 000 places en services de garde. Mme la ministre
répondra à des démarches faites auprès du
ministère de l'Éducation avec son collègue, le ministre de
l'Éducation. Pour ce qui est des commissions scolaires, effectivement,
il y a encore des difficultés. Il y a des commissions scolaires qui
refusent, puisque la loi dit que la commission scolaire "peut". Il y a des
écoles et des commissions scolaires qui refusent de donner ce service.
Il y a un changement de mentalité qui se fait tranquillement. Il y a un
effet d'entraînement à mesure qu'il s'en ouvre. Les parents
deviennent plus revendicateurs dans ce service, mais l'évolution est
quand même assez lente.
Pour ce qui est des demandes - j'essaie de reprendre toutes vos
questions - vous avez demandé quels étaient les projets en
attente par rapport au développement. Actuellement, à l'Office
des services de garde, nous avons 292 projets de garderie enregistrés.
Nous pourrons probablement répondre à 50 d'entre eux durant
l'année en cours. Et pour les agences de garde en milieu familial, nous
avons 36 projets enregistrés. Si vous les voulez par région, je
vous les donnerai par la suite, mais cela montre que la demande au niveau des
parents... On sait que la demande vient des groupes promoteurs, soit des
parents qui disent: On veut ouvrir une garderie chez nous.
Est-ce que vous avez besoin d'autres chiffres?
Mme Harel: Non. Je pense que c'est extrêmement
intéressant. L'expérience poursuivie sur un autre type de garde
en milieu agricole a-t-elle fait l'objet d'une évaluation?
Mme Guy: Elle n'est pas terminée. Vous parlez d'Agri-garde
à Wotton, elle est encore en cours. Nous avons une évaluation sur
la première phase et ils doivent déposer leur rapport d'ici juin,
je crois. Nous allons poursuivre l'évaluation de cette expérience
et je pense que, comme c'est une expérience qui a été
financée à même les fonds de l'office, le résultat
et l'évaluation devraient être disponibles à ce
moment-là.
Mme Harel: Quels sont les projets concernant les
haltes-garderies? Est-ce qu'il y a toujours...
Mme Guy: Cette année, parmi les priorités, parmi
les fonds de développement que Mme la ministre est allée
chercher, nous avons convenu d'utiliser deux postes occasionnels pour
étudier la réalité, pour mieux poursuivre le travail avec
les haltes et les jardins; d'abord dans le but de voir comment on promulguera
les articles, parce qu'il faudrait déjà les modifier avant de
les
promulguer puisqu'ils ont été écrits il y a sept ou
huit ans et la réalité est changée; deuxièmement,
dans le but de mieux identifier leurs besoins en supports technique et
professionnel, (10 h 30)
Nous avons fait, cette année, l'inventaire de tous les jardins et
haltes-garderies. Nous avons 293 jardins d'enfants au Québec et 85 ou 87
- je pourrais vous le trouver exactement - halte-garderies qui opèrent
déjà même s'ils n'ont pas de permis, pas de subventions.
Nous leur avons demandé leurs besoins, leur fonctionnement. Pendant
cette année, avec ces deux postes, nous voulons vraiment travailler avec
eux et leur dire: Si on promulguait la loi, si on faisait la deuxième
étape, quels sont vos véritables besoins? Parce qu'on se rend
compte que ce sont les municipalités qui ont pris cela en charge. Avant
de rapatrier cela à un autre niveau, je pense qu'il faut vraiment
travailler avec les ressources qui ont déjà mis en place des
services et il faudra probablement modifier la loi pour leur
déléguer certaines fonctions au niveau local. C'est dans cette
optique... Nous avons déjà rencontré
particulièrement la ville de Montréal qui a 73 jardins d'enfants
et qui nous a dit que, si la loi était promulguée telle quelle,
elle fermerait ses jardins d'enfants, mais que, si on procédait d'une
autre façon en délégation de pouvoirs aux
municipalités, elle était prête à les maintenir.
C'est vraiment cette année que nous voulons finir la mise au point sur
les services qu'on veut donner dans l'optique de promulguer la loi d'ici
à la fin de l'année, de faire promulguer ces deux articles de
loi.
Mme Harel: Est-ce que vous avez présenté un
mémoire devant la commission Parizeau?
Mme Guy: Oui, il est disponible. Il a été
présenté le 2 avril. Il est public et il fait état de
toute cette recherche que nous avons faite auprès des
municipalités. Il compile l'ensemble des réponses des
municipalités.
Mme Harel: Quelle est l'orientation que vous préconisiez
à l'égard des municipalités?
Mme Guy: Vous savez que la commission Parizeau, pour vous
répondre vite, demande de déléguer totalement le
développement et le financement des services de garde au niveau des
municipalités. L'office est contre cette option dans l'état
actuel en raison d'un problème d'inéquité. On sait
très bien que les municipalités jusqu'à aujourd'hui n'ont
pas pris beaucoup de responsabilités dans les services de garde. Il y a
seulement deux municipalités au Québec qui opèrent des
garderies et 26 louent des locaux. Nous disons qu'il y a encore un très
grand travail de sensibilisation à faire auprès des
municipalités avant de déléguer complètement cette
responsabilité et il restera toujours des fonctions, je pense, qui
devront être assumées d'une façon provinciale,
c'est-à-dire l'application d'une loi, d'un règlement,
l'émission de permis, la planification du développement d'une
façon beaucoup plus équitable, parce qu'il y a des
municipalités qui n'ont vraiment pas les budgets pour offrir des
services de garde et qui ne les offriraient pas. À ce moment-là,
quand on peut planifier globalement au niveau de la province, je pense qu'il y
a une certaine forme de redistribution des ressources qui devient un peu plus
équitable.
L'implication des municipalités, nous le voyons à quatre
niveaux, pour faire très vite: régler tous les problèmes
de zonage, enlever toutes les barrières qu'elles mettent à
l'implantation des garderies, mettre des locaux à leur disposition, des
terrains, etc., s'occuper des jardins et des haltes-garderies - c'est
déjà énorme - et faire le lien avec les commissions
scolaires pour la garde des enfants de 6 à 12 ans pour la période
de l'été. Nous avons fait beaucoup d'expériences avec des
services de garde en milieu scolaire et avec des municipalités qui ont
ouvert l'école ou le service des loisirs de la municipalité pour
toute la période d'été de façon à offrir des
services de garde et des occupations. Nous voulons poursuivre cette
orientation. Il y a un comité de travail qui fonctionne très bien
avec l'UMRCQ et l'UMQ, le ministère de l'Éducation, le
ministère des Affaires sociales et l'Office des services de garde. Nous
avons un comité de travail pour en arriver à ces propositions qui
seront adoptées aux deux conseils d'administration des
municipalités. Ils doivent remettre leur rapport en juin.
Mme Harel: Vous ne craignez pas que votre plaidoirie, celle que
vous venez de nous faire en faveur d'une redistribution des ressources
centralisées, puisse être utilisée à un moment
donné pour justifier un transfert, cette fois, en faveur du
fédéral?
Mme Guy: Je ne crois pas parce que la juridiction... Comme c'est
dans les airs -vous le savez très bien - le rapport Cook, la commission
parlementaire et tout, la juridiction au niveau constitutionnel a vraiment
établi que les services de garde étaient de juridiction
provinciale. La commission Macdonald et le gouvernement du Québec l'ont
reconfirmé. Vous avez sûrement vu la déclaration du
ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, M. Rémillard,
qui a vraiment confirmé que le Québec maintenait sa position au
point de vue de la juridiction des services de garde et qu'il n'était
absolument pas question de faire un transfert
au niveau du fédéral. La demande du fédéral,
c'est de dire: Payez les 50 % qui sont prévus à
l'intérieur des programmes de transfert, laissez aux provinces la
responsabilité de planifier, de développer et de décider
de la distribution des sommes qu'elles mettront dans le développement.
C'est sûr qu'il y aura un débat constitutionnel, Mme la ministre a
déjà été confrontée à cette
question.
Mme Harel: Est-ce que cette question est à l'ordre du jour
de la conférence des ministres de la Condition féminine en
juin?
Mme Gagnon-Tremblay: Exactement oui. Cela fait l'objet de la
conférence en juin.
Mme Guy: Et celle des ministres de la Santé.
Mme Gagnon-Trernblay: Également oui.
Mme Harel: Et également la conférence des ministres
de la Santé. L'office poursuit une représentation au sein d'un
comité fédéral-provincial sur le financement des services
de garde. Quelle est l'état des travaux actuellement?
Mme Guy: Le rapport est terminé. Le groupe de travail a
fini de s'entendre avec toutes les provinces sur des propositions concernant la
révision des critères du RAPC, le Régime d'assistance
publique du Canada. C'est Mme la ministre qui est responsable de ce groupe de
travail. Nous avons déposé notre rapport final et c'est ce
rapport qui sera adopté à la réunion de juin sur les
ministres de la Condition féminine et déposé au niveau du
fédéral pour les recommandations qui sont faites.
Mme Harel: Ce rapport ne va pas dans le sens des recommandations
du rapport Cook.
Mme Guy: Non.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour compléter, Mme la
députée, la deuxième partie de votre question concernant
la Loi sur l'instruction publique. J'ai déjà rencontré le
ministre de l'Éducation et je l'ai sensibilisé à agir le
plus rapidement possible pour obliger les commissions scolaires à
implanter des garderies. Actuellement, il y a une note écrite qui est en
voie de préparation et elle sera acheminée au ministre le plus
rapidement possible pour lui donner la situation du Secrétariat à
la condition féminine à ce sujet.
Mme Harel: Mme la ministre, vous faites partie du comité
de législation. À ce titre, vous avez pu examiner le projet de
loi que le ministre de l'Éducation a déposé à la
session précédant Pâques, lequel venait modifier des
projets de loi antérieurs concernant les décisions rendues sur la
juridiction du Québec en matière d'éducation. Est-ce qu'il
n'aurait pas été souhaitable que, dans ce projet de loi,
déposé par le ministre de l'Éducation, il y ait, puisque
c'était possible, je pense, à ce moment-là, des
dispositions qui soient introduites dans le sens d'amener les commissions
scolaires à instaurer un service de garde lorsque la proposition leur en
était faite majoritairement par les parents?
Mme Gagnon-Tremblay: Lorsque ce projet de loi a été
déposé au comité, je dois faire une vérification,
je crois que je n'étais pas, à ce moment, membre du comité
de législation. Au tout début, il y a eu une certaine
période où je n'étais pas membre. Cette nomination a
été faite depuis quelque temps seulement. Malheureusement, je
n'étais pas là pour le défendre.
Mme Harel: II nous reste relativement peu de temps si on veut
passer à travers l'horaire qu'on s'est fixé.
Concernant les revendications des garderies à but lucratif qui
font valoir la nécessité d'une reconnaissance maintenant que le
Québec est doté d'une réglementation qui prévaut
pour l'ensemble des garderies, qu'elles soient à but lucratif ou non,
quelle est la position de la ministre quant aux demandes exprimées par
l'Association des garderies à but lucratif du Québec?
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai pris connaissance de leurs
revendications comme j'ai pris connaissance de plusieurs autres revendications,
entre autres, des travailleurs et, également, aussi des garderies sans
but lucratif. C'est justement, Mme la députée, la raison pour
laquelle je me suis dit qu'il faut maintenant que le gouvernement prenne
position et se date d'une véritable politique des garderies, une
politique des services de garde réaliste et cohérente avec
l'ensemble de toutes les mesures de support à la famille existantes et
à venir.
Nous attendons actuellement le dépôt du rapport de la
commission, c'est-à-dire du rapport sur la politique familiale, qui sera
déposé, me dit-on, à la fin d'avril ou au début de
mai peut-être. Je sais qu'il est censé y avoir tout un chapitre
sur les garderies. Nous attendons le dépôt et, par la suite, dans
le but de nous doter de cette véritable politique des garderies, nous
aurons l'occasion ou ces groupes auront l'occasion de se faire entendre et de
faire valoir leurs revendications à ce moment.
Mme Harel: Je dois comprendre que vous n'envisagez pas, par
exemple, d'accorder
la subvention par place, par enfant ou permis pour les garderies
à but lucratif présentement.
Mme Gagnon-Tremblay: II est trop tôt actuellement pour
prendre position sur cette question très précise. Dans le budget
cette année, il est clair qu'il n'en est pas question. Nous avons
plutôt financé l'aide aux parents.
Mme Guy: Dans le budget, Mme la députée, pour vous
permettre de vou3 retrouver pour les garderies à but lucratif, l'an
passé elles ont eu droit à la subvention de
réaménagement des locaux. Pour toutes les garderies à but
lucratif, comme celles sans but lucratif, nous avons fait une exception qui
leur permettait de venir chercher la subvention pour le
réaménagement des locaux. L'application du règlement ne
s'est pas faite à leurs frais, mais bien avec la collaboration du
gouvernement.
Mme Harel: Est-ce que l'Association des propriétaires de
garderies du Québec n'a pas entrepris des poursuites judiciaires pour se
voir attribuer rétroactivement des sommes qu'elle considère comme
lui étant dues?
Mme Guy: Oui, l'association a déposé... Il y a
actuellement une action et 45 ou 46 mises en demeure. Attendez, je vais vous le
donner exactement. Je vais vous donner le bon chiffre. Nous avons une action et
45 mises en demeure. La prétention, si on peut dire, de l'association,
c'est que le gouvernement n'aurait pas respecté, aurait fait de la
discrimination en vertu de leur statut corporatif qui est le but lucratif. Ces
gens poursuivent au nom de la Charte des droits et libertés de la
personne en disant que, s'ils n'ont pas eu droit aux subventions, c'est de la
discrimination puisque c'est leur statut corporatif qui a fait qu'ils ne l'ont
pas.
C'est devant les tribunaux, le procureur de la province et l'office
verront à aller faire leurs représentations en temps et lieu. Il
y a seulement une action de rendue a la Cour supérieure et les autres ne
sont encore qu'à l'étape de la mise en demeure. Il va de soi que
la première est un test pour savoir si les 45 autres passeront.
Mme Harel: Quand est prévue l'audition?
Mme Guy: En Cour supérieure, vous savez, les délais
sont très longs. Nous n'avons pas encore reçu de date pour savoir
quand la cause sera entendue.
Mme Harel: Parlant justement de la Commission des droits de la
personne, vous avez communiqué avec le président de la commission
pour demander à la commission de se prononcer, à savoir quelle
était la primauté du droit fondamental de la liberté de
conscience et de religion et d'opinion d'expression qui est prévu
à l'article 3 et du droit de tout enfant à la protection,
à la sécurité, è l'attention des personnes et des
parents qui est prévu à l'article 39 et qui viendraient,
dites-vous, en conflit dans un cas précis que vous portez à
l'attention du président de la commission. Avez-vous eu réponse
à cette demande de clarification?
Mme Guy: Je n'ai pas eu encore de réponse. La même
demande a été déposée au Comité de la
protection de la jeunesse, parce que la Loi sur la protection de la jeunesse
aussi est impliquée dans un tel cas, Alors, nous avons demandé
aux trois organismes, l'office, le Comité de la protection de la
jeunesse et la Commission des droits de la personne de voir l'analyse des lois
qui sont concernées dans de tels cas pour faire une proposition au
ministère de la Justice afin de faire les modifications qu'il faudra ou
dans la loi de l'Office des services de garde ou dans la loi du Comité
de la protection de la jeunesse parce qu'il est clair qu'actuellement - vous
vous référez à la garderie de Windsor puisque cela a
été public et passé devant les tribunaux et le litige est
réglé; ces gens ont été condamnés
-lorsqu'une garderie fonctionne illégalement, nous ne pouvons pas
utiliser la notion du bien-être de l'enfant comme intervention. Nous
sommes obligés d'intervenir parce qu'elle fonctionne
illégalement. (10 h 45)
Mme Harel: Du fait qu'elle n'ait pas de permis?
Mme Guy: C'est cela.
Mme Harel: Mais vous vous interrogez à savoir si l'office
serait tenu de lui accorder un permis, si elle le requérait.
Mme Guy: C'est cela aussi. Il y a les avant et les
après.
Mme Harel: La table exigée, demandée et
revendiquée par les travailleurs et les travailleuses des garderies pour
discuter des conditions de salaire, pour discuter du "salarial" dit-on
habituellement dans le milieu, quelle est votre intention Mme la ministre quant
à cette demande?
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez que chaque garderie,
c'est-à-dire que toutes les garderies sont des corporations, soit
à but lucratif ou sans but lucratif mais de façon autonome.
L'office de garde aussi bien que le gouvernement ne sont pas les employeurs de
ces garderies. Pour le moment il n'est nullement question de s'ingérer
dans les négociations de chacune des corporations autonomes.
Mme Harel Mme la ministre, je vous rappellerai que le
gouvernement n'est pas non plus l'employeur dans le cas des CLSC ou des Centres
de services sociaux et pourtant il y a des tables centrales où se
discutent certaines conditions de travail, notamment le salarial. Je ne crois
pas que ce soit un argument qui justifie qu'il n'y ait pas de table.
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai rencontré justement, hier, un
groupe de la CSN venu me faire part de ses revendications. Je leur ai fait
mention que, pour cette année, tant et aussi longtemps qu'on ne se sera
pas doté de la politique dont je vous parlais tout à l'heure et
qu'on n'aura pas fait le tour de l'ensemble des problèmes vécus
actuellement, notre position demeurerait la même, sauf que j'allais en
parler avec les collègues et que de plus je leur donnerais le moyen de
se faire entendre en temps et lieu concernant cette table que la CSN ou que les
travailleurs désirent avoir.
Mme Harel: Par quel mécanisme envisagez-vous de leur
permettre justement d'avoir ce forum?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un mécanisme que nous sommes
à envisager présentement et qui sera dévoilé dans
le plan d'action que je déposerai à la fin de mai.
Mme Harel: Tantôt vous parliez du rapport de la commission
qui a étudié une politique familiale et qui devrait normalement
être public très bientôt. Vous faisiez valoir qu'il y aurait
un chapitre important qui concernerait l'ensemble des services de garde.
Comment entendez-vous donner suite à ce rapport?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais commencer par en prendre
connaissance d'une part, et par la suite, naturellement si c'est conforme aux
orientations et aux engagements de notre parti, nous allons sûrement y
donner suite.
Mme Harel: Et si c'était conforme aux attentes et aux
voeux exprimés par les multiples groupes ou associations qui se sont
présentés devant la commission?
Mme Gagnon-Tremblay: Je vais les prendre en
considération.
Mme Harel: Une dernière question. Les
établissements du service de santé ont été
appelés, ou invités tout au moins dans le passé, à
mettre à la disposition des corporations des garderies, des espaces pour
l'implantation de services de garde. Quelle est l'évaluation que vous en
faites actuellement à l'Office des services de garde? Il y a plusieurs
cas qui ont été portés à ma connaissance, où
des établissements invitent finalement les garderies qu'ils avaient
accueillies, à quitter faute de locaux disponibles?
Mme Guy: II y a quelques cas problématiques à
l'heure actuelle pour les garderies qui sont logées dans un centre
hospitalier ou un CLSC. Nous avons repris le dossier avec le ministère
de la Santé et des Services sociaux, de façon justement à
reprendre le projet de politique de location pour les garderies et les services
de garde, dans les édifices du ministère de la Santé et
des Services sociaux. Mme Gagnon a représenté un mémoire
à sa collègue, Mme Lavoie-Roux. Il est à nouveau à
l'étude au ministère de la Santé et des Services sociaux
et il va dans le sens que nous avons toujours revendiqué à
l'Office des services de garde, c'est-à-dire que le réseau des
affaires sociales mette gratuitement en disponibilité, des locaux pour
les services de garde et en facilite aussi l'accessibilité et n'ait pas
le droit de les mettre dehors non plus comme ça à un mois ou deux
mois d'avis. Alors, cela va vraiment dans cette orientation. Le
ministère de la Santé et des Services sociaux est en train de
réétudier la question.
Mme Harel: Est-ce qu'il s'agit d'une réglementation
à ce moment ou si c'est simplement une suggestion qui est faite aux
établissements?
Mme Guy: Je pense que, si on le faisait exactement comme lorsque
le gouvernement a décidé de la politique pour les locaux dans la
fonction publique, c'est par décret. Ils peuvent le faire par
décret ou par une directive interne du ministère de la
Santé et des Services sociaux et c'est aussi valable qu'une
réglementation et je pense que cela a un encadrement administratif
beaucoup plus souple.
Mme Harel: Est-ce que c'est là la recommandation faite
dans le mémoire adressé à la ministre de la Santé
et des Services sociaux?
Mme Guy: Les décrets ou directives? Mme Harel:
Oui.
Mme Guy: II y a les deux possibilités et c'est de gestion
interne. Nous conseillons à la ministre les deux possibilités et
c'est elle qui verra, à l'intérieur de son ministère,
quelle est la solution qu'elle préfère, parce qu'il y a
déjà eu une directive à l'intérieur du
ministère des Affaires sociales, en 1976 et elle a été
très bien appliquée sans aucun problème. Elle peut, aussi,
décider, cette année, de procéder par décret.
Mme Harel: Lorsqu'ils sont portés è notre
connaissance, à qui faut-il transmettre les cas de garderies
déjà en activité qui sont invitées à quitter
les établissements, et que ça ne va pas dans le sens d'une
amélioration?
Mme Guy: Il y a deux endroits, Mme la députée de
Maisonneuve - vous ne devriez pas prendre de chance - à l'office - et
nous en sommes probablement déjà informées - et au
ministère de la Santé et des Services sociaux. Il faut le
signaler aux deux endroits et aussi dans les CRSSS.
Mme Harel: Et peut-être à Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine?
Mme Guy: Comme c'est notre ministre responsable, elle va le
savoir.
Mme Harel: Puisqu'elle est au comité ministériel de
la santé et de la culture, elle pourrait faire valoir...
Mme Gagnon-Tremblay: Sûrement, cela me fera plaisir de
faire valoir...
Mme Harel: Je ne sais s'il y a d'autres questions sur l'Office
des services de garde.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez...
Mme la députée de Maisonneuve..,
Mme Harel: Je peux simplement, peut-être terminer en
disant... C'est un effort exceptionnel auquel les gouvernements sont
appelés à faire dans ce secteur, parce que la vitesse de
croisière n'étant pas encore atteinte, c'est un effort plus grand
et, certainement, il faut s'attendre, chaque année, qu'il y ait non pas
des compressions. Je crois que, même dans une période de
conjoncture difficile sur le plan financier, il faut s'attendre, malgré
tout, qu'il y ait des augmentations dans ce secteur parce que la vitesse de
croisière n'étant pas atteinte, il faut se rendre compte qu'il y
a un rattrapage à faire.
C'est dans ce sens qu'on applaudit les mesures qui ont été
annoncées par la ministre et qui étaient tout à fait
semblables à celles que ses prédécesseurs avaient rendues
publiques, l'automne dernier.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une de mes grandes
préoccupations et, justement, c'est la raison pour laquelle je veux
m'attaquer immédiatement au dossier, de sorte que, l'an prochain,
j'espère que nous pourrons enfin nous être dotés d'une
politique des garderies.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il des questions
d'autres membres de la commission? Mme la députée de
Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
comme vous le savez sans doute, l'Association féminine
d'éducation et d'action sociale, l'AFÉAS, réclame, depuis
longtemps, des mesures favorisant la reconnaissance des acquis
"expérientiels" découlant du travail au foyer ou des
activités bénévoles des femmes.
Les femmes, en effet, après avoir passé plusieurs
années au foyer...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Châteauguay, si vous permettez, je voudrais
d'abord qu'on vide le point des services de garde et on arrivera à votre
question; je m'en excuse.
Mme Cardinal: Ahl les services de garde, moi, non! C'était
bien classé dans mon esprit.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Mme Cardinal:
Si vous permettez...
Le Président (M. Bélanger): En ce qui concerne
l'Office des services de garde, y a-t-il d'autres interventions des membres de
la commission? On peut donc considérer le sujet comme relativement clos.
Dois-je en conclure que la deuxième partie, le programme no 2,
c'est-à-dire des organismes relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine, à
savoir l'Office des services de garde à l'enfance est adopté?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Avant d'aller
plus à fond, je voudrais souligner que Mme la ministre a
déposé deux documents, ce matin. Le premier porte sur la
présence des femmes et des hommes dans la fonction publique du
Québec (volume 7, 1985). Le deuxième est un répertoire des
femmes en emploi supérieur dans les ministères et les organismes
assujettis à la Loi sur la fonction publique. Ces deux documents ont
été distribués, je crois. Merci.
Nous passons à la deuxième partie. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Nous allons examiner les crédits du Conseil du
statut de la femme.
Conseil du statut de la femme
Le Président (M. Bélanger): Nous passons donc
à la partie finale des études sur le programme 1, Conseil du
statut de la femme. Mme la députée de Maisonneuve, nous vous
reconnaissons.
Mme Harel: Mme la ministre, l'occasion est trop belle pour que je
ne demande pas è la présidente du Conseil du statut de la femme -
compte tenu du mandat qui est donné au Conseil du statut de conseiller
la ministre - si vous l'aviez invitée à vous conseiller quant
à l'annulation de la deuxième partie de la conférence sur
la situation économique des Québécoises.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous êtes sans doute au courant, Mme
la députée, que je ne voulais pas mettre notre présidente
du Conseil du statut de la femme dans l'embarras étant donné
qu'elle était là. Naturellement, elle avait déjà
pris position lors de la première conférence sur la situation
économique des femmes. Peut-être pouvez-vous lui demander
justement sa position sur la première et, également, sur
l'abandon de la deuxième. Peut-être que Mme McKenzie pourrait
répondre et nous donner elle-même ses...
Mme Harel: Pourrions-nous également connaître le
point de vue du conseil sur les mécanismes de concertation qui
élargissent à des partenaires autres que gouvernementaux la
discussion de fond sur les attentes en matière de condition
féminine, Mme la présidente du conseil?
Le Président (M. Bélanger): Mme
McKenzie.
Mme McKenzie (Francine): M. le Président, Mme la
députée de Maisonneuve, il est évident que, pour le
conseil, l'idée même du sommet au moment où elle a
été conçue était une idée enthousiasmante,
si je peux dire, de par la nature des partenaires autres que le gouvernement,
mais aussi de ceux du gouvernement. Le conseil reconnaissait en cela que cela
devait constituer un moment privilégié pour demander à
chacun, qu'il provienne des syndicats de l'entreprise ou du gouvernement, ce
qu'il achetait, si je puis dire, de la condition féminine, ce qu'il
était prêt à écarter, comment et jusqu'où il
comptait aller dans les différents dossiers les concernant
respectivement pour tous les aspects liés ou afférents à
la condition économique des femmes.
Le conseil était mitigé en même temps
qu'enthousiasmé, craignant les déceptions. Il y a quand
même aussi des traditions. Même le mot "sommet" signifie que c'est
bien haut. Quand on est bien haut, si on tombe en bas, on peut risquer de se
faire mal, et tout de suite, on avait attiré l'attention de la ministre
de l'époque sur la nécessité de ne pas
décevoir.
Ce qui nous amenait aussi - là-dessus je ne peux pas dire qu'il y
avait d'emblée unanimité au conseil - à souhaiter que les
femmes choisissent des points jugés essentiels et liés à
leur condition, donc qu'elles fassent un tri, une sélection.
En même temps, d'autres étaient plutôt portées
à dire: Nous allons faire en sorte que le gouvernement, lui, arbitre et
nous allons faire de ce sommet une situation où tout sera
demandé. Devant cela, la crainte de départ que nous avions
était renforcée, on se disait: Si tout est demandé, on va
assister à des périodes de récrimination par la suite et,
comme vous le soupçonnez, le conseil est très interpellé
chaque fois qu'il y a déception. Très souvent, quand il y a de
bonnes nouvelles, on n'a pas le temps d'appeler pour le manifester. Mais les
mauvaises nouvelles nous arrivent; en cela, il faut avoir confiance. C'est la
dynamique normale, je crois, dans presque tous les dossiers.
Vis-à-vis du sommet d'autre part, je crois que, à
l'époque, la presse ou certains journalistes avaient mentionné
leur étonnement de voir le conseil légèrement en retrait.
Nous avons collaboré, par des moyens précis, au
déroulement de ce sommet. Je dois rappeler notamment la rédaction
d'un bilan de toutes les actions gouvernementales qui avaient été
faites, si je peux dire, depuis la politique d'ensemble, donc depuis 1978, en
se disant: il n'est pas tout de faire un beau document, un répertoire
exhaustif, le plus important est probablement d'en faire un très
accessible aux femmes puisque le conseil a ce deuxième mandat important
qui est celui d'informer la population; de sorte que le conseil a
constitué ce bilan qui s'appelle: Oui, mais...
D'autre part, nous avons offert une collaboration technique dans
l'organisation de la structure devant donner lieu - voilà, c'est le
document que vous montrez en ce moment - au sommet lui-même qui s'est
déroulé, comme on le sait, en mai dernier. (11 heures)
À la suite de cela, je ne vous cacherai pas que j'avais eu
l'occasion le lendemain, de façon sibylline, je veux bien, mais de
rappeler que le conseil éprouvait une satisfaction mitigée.
Alors, je crois que cette fois nous aurions été malvenues, si
l'hypothèse d'une formule semblable avait été mise sur la
place, de protester très fort. C'est-à-dire que le doute de
départ que nous avions était malheureusement quand même
justifié en partie.
Cependant, et je reviens à votre deuxième question, Mme
Harel, vous nous demandez jusqu'où le conseil attachait de l'importance
à la présence des partenaires. C'est une dimension qui, à
nos yeux, est essentielle. C'est d'ailleurs ce qui nous a amenées au
lendemain de l'annonce faite par Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine à souhaiter très fort qu'il
y ait la mise en place de mécanismes au
gouvernement garantissant, pour toutes les dispositions prises
vis-à-vis de l'accès et du maintien des femmes au travail, la
présence de femmes, non pas pour venir revendiquer, la présence
de femmes, je dirais même à titre d'experts. Je disais à la
ministre que l'on cesse de nous voir comme des pee-wees sur des choses
sérieuses comme les dossiers économiques et surtout sur les
choses vitales, comme la question du travail.
Il est important que d'emblée on nous fasse place pour tout ce
qui est appelé à toucher le bassin des jobs au Québec,
parce que cela concerne les femmes. Nous devons vivre dans une situation
où, comme on le sait, elles sont d'emblée sur le marché du
travail. Il y en a une sur deux qui est un sujet actif vis-à-vis du
marché du travail. C'est la donnée, semble-t-il, essentielle
depuis la deuxième guerre mondiale. Nous devons en tenir compte, le
conseil ne veut plus plaider le droit au travail des femmes. Il ne plaide plus,
il doit faire en sorte que tous les partenaires concernés, les
syndicats, les entreprises et les gouvernements considèrent que
dorénavant, quand on parle de travail, on parle aussi de femmes et on a
brisé la vieille habitude qui consiste à dire: Retournez,
mesdames, à la maison parce que vous êtes en train de prendre les
jobs de nos enfants.
Voilà notre situation, Mme la députée.
Mme Harel: Dans le discours de Mme la ministre, on faisait
état des activités du conseil, particulièrement du soutien
que vous avez apporté aux représentantes des femmes à la
Table nationale de l'emploi.
Mme McKenzie: C'était continu durant au-delà d'un
an au moment où cette table existait. C'est très juste.
Mme Harel: Je n'ai pas entendu d'oppositions du conseil sur la
mise au rancart de cette Table nationale de l'emploi. Mme la ministre, est-ce
que vous nous confirmez aujourd'hui que cette table nationale sera maintenue?
Je vous ai déjà posé la question en Chambre mais je me
souviens que vous étiez à réfléchir sur la question
ou, en tout cas, vos collègues le faisaient. Quelle a été
la décision sur la Table nationale de l'emploi?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire que c'est mon
collègue, le ministre Pierre Paradis, qui est à prendre position
actuellement sur la question de la Table nationale de l'emploi.
Mme Harel: Quelle est votre recommandation?
Mme Gagnon-Tremblay: Quant à moi, oui; d'ailleurs, lors de
l'interpellation où vous étiez présente, Mme la
députée de Maisonneuve, M. Paradis a fait mention que je le
harcelais régulièrement concernant cette table, concernant par
contre les endroits où les femmes pourraient...
Mme Harel: C'est une sorte de harcèlement qui est
légitime.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un harcèlement qui est
légitime et qui se poursuit encore. Je discute d'ailleurs de cette
question. J'en parle régulièrement avec mon collègue et je
lui ai déjà fait transmettre également la lettre du
Conseil du statut de la femme à cet effet. Je suis le dossier de
très près pour faire en sorte que toutes les femmes soient
représentées partout et non pas seulement une seule femme comme
il y avait à la table de concertation. C'est ce que j'essaie de faire
présentement, Mme la députée.
Mme Harel: Évidemment, à ce moment-là, vous
souhaitez que le mécanisme de concertation demeure.
Mme Gagnon-Tremblay: Si ce n'est pas ce même
mécanisme de table de concertation, qu'il soit remplacé par un
mécanisme qui pourrait être aussi bien, sinon meilleur.
Mme Harel: Vous avez une hypothèse pour quelque chose de
meilleur? On dit souvent que le meilleur est l'ennemi du bien.
Mme Gagnon-Tremblay: J'en discute avec le ministre et je pense
que mon collègue, le ministre du Travail, a aussi naturellement quelques
idées à ce sujet. Nous sommes en train d'élaborer certains
mécanismes que l'on fera connaître... J'espère qu'on pourra
les faire connaître dans un avenir rapproché.
Mme Harel: II y a une consultation qui a été
menée par le conseil canadien...
Une voix: Le conseil consultatif canadien...
Mme Harel: Oui, le conseil consultatif canadien et, à
l'invitation du conseil consultatif canadien, des dizaines d'organismes se sont
prévalus de cette invitation pour se rendre à Ottawa ou à
Toronto - je ne me souviens plus où avait lieu cette consultation.
Est-ce que c'était à Toronto ou à Ottawa, Mme la
présidente? Est-ce que vous êtes au courant de cette consultation
qui s'est tenue à Ottawa, une consultation récente menée
par le conseil consultatif canadien?
Mme McKenzie: Oui, et nous avons délégué
l'animatrice de Consult-Action à
Hull, de façon à réduire les frais de
déplacement. Cela coïncidait - cela me revient en tête - avec
une conférence que je prononçais sur la question de
l'équité salariale à Toronto, le jour même.
Mme Harel: Vous avez amorcé un processus de consultation,
nous disiez-vous hier, et vous accélérez ce processus. Vous nous
parliez des rencontres que vous faisiez pour, notamment, connaître les
recommandations des organismes féminins, nous dites-vous, sur votre plan
d'action à être rendu public en mai et sur les mécanismes
de concertation et de consultation à poursuivre. J'imagine,
évidemment, que vous avez déjà procédé
à cette consultation auprès du Conseil du statut de la femme.
J'aimerais connaître les recommandations du Conseil du statut de
la femme concernant les mécanismes de concertation et de consultation.
J'imagine que Mme la ministre a déjà fait appel à vos
services pour connaître vos recommandations en matière de plan
d'action et en matière de mécanismes de concertation.
Mme Gagnon-Tremblay: Je voudrais rectifier, Mme la
députée de Maisonneuve. Lorsque je rencontre les groupes, c'est
pour connaître leurs priorités dans un premier temps et c'est pour
obtenir également leurs suggestions sur différents
mécanismes à partir de leurs priorités. Actuellement, nous
sommes en train de faire l'inventaire de toutes ces priorités pour
savoir, par exemple, quels dossiers nous pourrons mener à bien au cours
des six prochains mois ou de la prochaine année. Donc, nous n'en sommes
pas encore rendus à trouver les mécanismes de consultation comme
tels.
Le Conseil du statut de la femme sera consulté à ce
moment-là. Il faut commencer par faire l'inventaire des sujets qui
seront traités au cours de ces six premiers mois. À partir de ces
sujets, il y aura différents mécanismes qui pourront être
soumis. C'est la raison pour laquelle il est un peu trop tôt... Je vous
avoue que le temps est quand même restreint actuellement, et c'est la
raison pour laquelle je rencontre les groupes à raison de cinq ou six
par jour, les lundi et samedi, comme je vais le faire samedi prochain.
Mme Harel: II faut comprendre que vous n'avez pas encore
rencontré le Conseil du statut de la femme?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous nous rencontrons et nous nous parlons
régulièrement. Nous ne nous sommes pas encore entendus sur des
mécanismes comme tels étant que nous ne savons pas encore quels
sont les sujets qui seront traités au cours des six prochains mois ou de
la première année, étant donné que c'est un plan
d'action. J'attends de connaître toutes les priorités des groupes
de femmes parce que je ne veux pas, de façon unilatérale,
moi-même décider quel serait ce plan d'action. Je veux
connaître auparavant toutes les priorités des groupes de femmes
pour savoir exactement ce qui sera inclus dans ce plan d'action.
Mme Harel: Je pense que cette préoccupation vous honore,
Mme la ministre, mais les groupes de femmes ont déjà, abondamment
et publiquement, fait connaître leurs priorités discutées
et convenues entre elles dans un processus très large à travers
toutes les régions du Québec et dans le cadre d'une consultation
nationale. J'imagine que ces priorités vous sont déjà
connues, elles devaient même faire l'objet de la deuxième partie
d'une conférence. Vous nous dites faire un inventaire.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce qui arrive, naturellement, c'est que,
parmi les priorités de ces priorités.., Il est certain que je
connais actuellement tous les dossiers que les groupes de femmes voudraient
voir traiter le plus rapidement possible. Je vous faisais mention, justement
hier, que, compte tenu des compressions budgétaires, de l'état
financier du gouvernement actuel, il y a aussi des dossiers qui comportent des
coûts énormes. C'est la raison pour laquelle je veux prendre le
temps mis à ma disposition pour élaborer ce plan d'action parce
que, même s'il y a des priorités... Il y a peut-être des
priorités de ces groupes sur lesquelles, sans les mettre de
côté, on pourrait immédiatement travailler, mais
peut-être qu'on ne pourrait pas y travailler de façon aussi
intense que sur d'autres dossiers qui pourraient être menés
à bien d'ici à la fin de l'année.
Cours de français réclamés par
des groupes d'immigrantes
Mme Harel: Mme la présidente du Conseil du statut de la
femme, je sais que vous aviez retenu comme thème prioritaire, à
l'occasion de la Journée internationale de la femme, celui des femmes
immigrantes. Est-ce que vous avez été saisie d'une revendication
- appelons les choses par leur nom - des groupes de femmes immigrantes à
l'effet d'avoir accès aux cours de français dans les COFI? Est-ce
que vous avez transmis à cet effet un avis au gouvernement?
Mme McKenzie: Oui, c'est une revendication, d'ailleurs, qui
remonte à quelques années déjà et je rappelle que
le conseil, dès l'élaboration de son plan triennal, l'an dernier,
avait cette préoccupa-
tion de prendre en compte effectivement la présence de ces femmes
provenant de pays divers qui vivaient avec nous, que l'on connaissait assez
mal. Déjà, cela a été assorti de gestes concrets de
notre part, volonté de la Gazette des femmes, notre publication,
d'inscrire à l'agenda d'à peu près tous ses numéros
au moins un article sur la situation des femmes immigrantes. Évidemment,
l'accès aux cours de français dans les COFI, le statut de
parrainage, les problèmes que l'on a mentionnés, hier, au sein de
cette commission étaient des problèmes qui nous étaient
connus et nous y étions très sensibilisées. Je dois dire
que le fait d'avoir porté de l'avant la situation des femmes
immigrantes, le 8 mars, a été, au dire des collectifs de femmes
immigrantes, un élément fort positif qui a
déclenché, qui a inquiété les médias, qui a
permis de répercuter cette situation qu'elles vivent et qui nous
rapproche probablement plus d'une solution. Le conseil demeure très
vigilant pour y voir.
L'abolition des jetons de présence
Mme Harel: II y a eu annonce de l'abolition des jetons pour les
membres des conseils, offices, régies. Qu'en est-il pour le Conseil du
statut de la femme?
Mme McKenzie: Bon! Écoutez, je pense que nous ne sommes
pas les seules. C'est une mesure universelle visant tous les organismes du
gouvernement, que ce soit des conseils, des régies, des offices, etc. Je
vous avoue que cela nous met... On en devine l'esprit. Au Conseil du statut de
la femme, on connaît la longue tradition du bénévolat des
femmes, il n'y a rien comme des femmes pour dire: Qu'à cela ne tienne,
c'est gratis, on va continuer, notre motivation est infiniment plus forte qu'un
chèque en bout de piste. Sur cela, je ne doute pas un seul instant de la
motivation des membres. Cependant, dans les modalités d'application,
nous sommes en train d'examiner la chose. Je veux voir cas par cas, je veux
voir exactement ce que cela signifie.
Nous vivons, du côté des femmes, une situation
matérielle qui est fort différente. La loi même du conseil
ne nous met pas à l'épreuve d'avoir autour de la table des femmes
qui sont au foyer, d'avoir des femmes qui seraient des travailleuses
épisodiques, des chômeuses et des femmes à gros, gros
salaire qui font partie du 0,5 % des salaires au Québec. C'est dans un
contexte tellement varié qu'il faut, je pense, très
sérieusement avoir en tête l'objectif d'équité pour
une application.
Je dois dire que je l'examine actuellement. J'ai à coeur de faire
le tour de chacune des membres. C'est une directive qui nous est arrivée
il y a peu de temps. J'ai sensibilisé Mme la ministre à la
très grande difficulté, je crois, au même titre que
d'autres présidents d'organismes semblables au nôtre, à la
très grande difficulté de trouver une solution quelconque, mais
croyez bien qu'on va l'examiner.
Mme Harel: Avez-vous la marge de manoeuvre qui vous permettrait,
par exemple, de passer outre? Parce que je pense qu'une telle directive peut
avoir l'effet exactement inverse de celui qui est recherché, sous le
couvert de bons sentiments, cette directive peut amener des conseils,
régies, offices à n'être composés que de personnes
dont les employeurs ou les directions d'entreprises assurent le paiement de
leur salaire. Des femmes, par exemple, qui ne pourraient assurer une telle
acceptation de leur employeur ne pourraient siéger à ce type de
conseil ou de service. Je pense qu'il va falloir être très
vigilantes pour en connaître les effets sur des conseils comme l'office
ou le Conseil du statut de la femme.
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis consciente des problèmes que
cela peut causer et c'est la raison pour laquelle j'ai pris les devants et j'ai
immédiatement contacté la présidente de l'office de garde
et la présidente du Conseil du statut de la femme afin qu'elles puissent
me faire parvenir une note écrite pour connaître les
véritables problèmes ou dangers, parce qu'il y a quand même
certains cas particuliers. Il faut dire aussi que la loi prévoira
certaines mesures d'exception. C'est la raison pour laquelle avoir en main ce
document nous permettra de faire certaines interventions. (11 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre,
à la suite de cette directive, est-ce qu'il y a des gens qui ont
effectivement démissionné ou manifesté l'intention de
démissionner de l'un ou l'autre des organismes?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, il n'y a
personne. Remarquez qu'on n'en a pas entendu parler. C'est une directive qui
est toute nouvelle. À mon avis, personne... Il y a même des gens
qui en sont fort heureux. Il s'agit de savoir quel impact cela pourrait avoir,
entre autres, sur les dossiers touchant la condition féminine... le
conseil, qui touche plus particulièrement la condition féminine
et l'office de garde.
Mme Harel: Et, évidemment, de l'impact de l'origine, de
quel milieu, les membres de ces offices et régies proviendront.
Mme McKenzie: Si vous permettez, Mme la ministre, j'ajouterai un
seul mot pour la gouverne de Mme Harel lui rappelant
qu'à l'examen...
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve. Je vous prierais de l'interpeller
par...
Mme McKenzie: Mme la députée de Maisonneuve. Je
m'excuse, je n'ai pas l'habitude.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme McKenzie: Je voulais simplement vous rappeler qu'il y a une
variation dans les pratiques des syndicats au Québec et des employeurs.
En causant avec d'autres présidents, j'ai appris qu'il y a des cas
où on a décelé que les entreprises disent: Vous ne touchez
pas les jetons de présence, ils sont versés à
l'entreprise. Et la même chose se passe dans les syndicats. C'est un
contexte vraiment très variable.
Mme Harel: Et on peut, à ce moment-là, constater
que les membres qui sont issus de milieux organisés ont certainement
plus de facilités que les personnes qui viennent de milieux non
organisés, ce qui est le cas des femmes, évidemment.
Mme Gagnon-Tremblay: Permettez-moi d'ajouter par contre, Mme la
députée, qu'il faut quand même mentionner qu'on continuera
de rembourser tous les frais de déplacement. Il ne s'agit que des jetons
de présence comme tels. Les frais de garde seront remboursés
également.
Mme Harel: Jetons de présence qui peuvent compenser les
journées de travail perdues à la suite de la participation ou de
la présence à ces comités.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous savez, parfois, lorsqu'on a à
coeur de traiter un dossier, on ne regarde pas toujours les heures qu'on peut y
consacrer.
Mme Harel: II faudra en revoir les effets de toute
façon.
Mme la présidente du Conseil du statut de la femme, vous avez, je
pense, mis l'accent des travaux du conseil sur les conditions de travail, les
conditions générales pour les femmes qui sont sur le
marché du travail.
Mme McKenzie: Sur l'accès aussi. Nous mettons un accent
aussi fort sur la question de l'accès et du maintien.
Le rapport Beaudry
Mme Harel: Donc, vous aviez déposé un
mémoire auprès de la commission Beaudry.
Vous aviez une position substantielle et vous entendez poursuivre de
quelle façon les travaux du conseil à la suite des
recommandations du rapport Beaudry?
Mme McKenzie: D'abord, je dois dire que lors de leur
dernière réunion, les membres du conseil ont examiné en
détail la situation en comparant ce que nous avions demandé au
rapport Beaudry et ce que le rapport Beaudry effectivement recommande, en
faisant valoir les points de resssemblance et les points de différence,
les conséquences que les écarts entre les deux pourraient avoir.
Je dois dire qu'à peu près tous les sujets majeurs abordés
à l'occasion de cette commission sont des points que nous retrouvons
déjà dans notre programme détaillé au conseil,
c'est-à-dire dans le plan de travail. Ce sont des dossiers qui sont
appelés à rester très vivants et nous entendons continuer
à conseiller le gouvernement - c'est là notre rôle premier
- sur ces questions avec toute l'attention qu'elles méritent, sachant
quels sont les dangers et la précarité de la situation des femmes
vis-à-vis du monde du travail.
Mme Harel: Le Conseil du statut de la femme a déjà
publié une étude sur l'accréditation multipatronale, dans
une étude plus large sur l'accès des femmes au marché du
travail et les conditions générales de la syndicalisation des
femmes, je crois,
Mme McKenzie: Vous faites référence à la
première étude. Ce n'est pas depuis que je suis au conseil. C'est
une étude antérieure.
Mme Harel: Non, c'est une étude qui a été
publiée en 1980 ou 1981.
Mme McKenzie: Nous ne sommes pas revenus sur la question comme
telle. Par contre, nous avions élaboré, comme vous l'avez
mentionné, un mémoire assez substantiel à la commission
Beaudry.
Mme Harel: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres
questions...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
Les technologies de reproduction
M. Joly: Mme la ministre, hier, vous mentionniez que des
études étaient entreprises sur les technologies de reproduction.
J'aimerais que vous puissiez détailler. Un petit paragraphe dans tout ce
qui a été accompli, cela nous laisse quand même un petit
peu le désir d'en connaître davantage. J'apprécierais
beaucoup si vous
pouviez ajouter des précisions. On pourrait sûrement
à ce moment-là être en mesure d'apprécier ce qui se
fait dans ce domaine-là,
Mme Gagnon-Tremblay: Merci, M. le député. Je pense
que la personne la plus apte à répondre à cette question
très précise, étant donné que le Conseil du statut
de la femme a travaillé très spécifiquement sur cette
question, c'est Mme McKenzie. J'aimerais qu'elle vous renseigne à ce
sujet.
Mme McKenzie: Je pense que la question des technologies de
reproduction, c'est le moins connu de nos dossiers. C'est probablement le plus
grave de tous les dossiers, je dirais même du gouvernement. Ce sont
vraiment des enjeux nouveaux pour l'espèce humaine. Je n'essaie pas de
dramatiser, j'essaie simplement d'être un peu è la mesure de ce
que, à cet égard, le Québec même pratique dans ses
centres d'infertilité, dans ses cliniques, dans ses centres
médicaux où on est en train, et on le fait sans retard aucun
puisqu'on a même de la visite des pays étrangers qui vient voir
nos merveilles technologiques là-dessus, d'avoir à peu
près tous les moyens pour fabriquer les enfants.
Jouant beaucoup, sans qu'on se soit arrêté longtemps sur ce
que signifie le désir d'enfants, jouant beaucoup, sans encore là
qu'on se soit jamais arrêté sur ce qu'on est en train de faire
avec des gens dits infertiles, que l'on culpabilise à souhait, on est en
train, doucement, sans s'en rendre compte, de considérer
l'infertilité comme une maladie d'autant plus grave que, comme on
fabrique peu d'enfants, c'est comme toute les lois économiques, la
rareté commande la qualité, cela vient gonfler de façon
presque obsessive le désir d'enfants. Croyez bien que je le dis sans
créer un seul instant un terrain qui permettrait de douter que le
Conseil du statut de la femme n'est pas sensible à la question de la
natalité. À l'examen, je crois que, lorsqu'on nous regarde aller
au sein du conseil, on a quatre fois plus de congés de maternité
que partout ailleurs et que la moyenne du gouvernement. Vous me direz: Ce n'est
pas étonnant, il y a beaucoup de femmes. Chaque fois, je pense qu'on
n'allonge pas la figure quand il y en a une qui nous dit qu'elle est enceinte
et qu'elle doit nous quitter pour un certain temps.
Cela dit, je dois revenir a ces questions et je le ferai rapidement. Je
suis contente que l'occasion me soit donnée de commencer à
sensibiliser les membres de l'Opposition et du gouvernement à ces
questions sérieuses. Le conseil a mis sur pied depuis septembre dernier
un comité d'experts sur la question. Nous avons, pour en traiter, une
double approche, une approche féministe, oui, mais une approche
humaniste aussi, reconnaissant que, dans le mouvement féministe, il y a
deux écoles, grosso modo, vis-à-vis de la maternité. Une
école qui, au début, vous vous en souvenez, dès les
premières théoriciennes, nos grandes théoriciennes du
féminisme, se disait: Vis-à-vis de la maternité,
connaître "the brave new world", ce ne serait peut-être pas
mauvais. Si on pouvait déléguer cette fonction de porter un
enfant et si la science pouvait y voir, ce ne serait pas mauvais. En même
temps, on a connu le développement d'un autre rameau du féminisme
qui disait: Non, au contraire -je prends les deux extrêmes, si vous
voulez -qui a glorifié beaucoup la maternité reconnaissant
qu'elle constituait probablement l'élément premier permettant de
poser la différence entre les hommes et les femmes.
Donc, d'un côté, c'était l'idylle et de l'autre
c'était presque la porte ouverte à la production
industrialisée. Entre cela, il y a possibilité de reprendre les
choses en main, de le faire en ayant un coup d'oeil critique sur le
progrès médical qui s'opère et de sauvegarder une
dimension humaniste. Je ne doute pas un seul instant, quand le conseil veut
interpeller les femmes là-dessus, veut les sensibiliser, faire
naître des débats au Québec... Les débats n'ont pas
lieu. Quand un bébé-éprouvette arrive dans la ville de
Québec ou dans la ville de Montréal, tous les journaux font ce
qu'on appelle le "pétage de bretelles". On est extraordinaire, on
fabrique des enfants. Cela soulève des questions énormes. Cela a
amené - je terminerai là-dessus, si vous me le permettez - le
conseil à profiter un peu, je dois dire, du comité qui s'occupait
notamment de l'adoption, comme un cheval de Troie important, parce qu'il y a
une très grande ressemblance entre les adoptions et la fabrication des
enfants dans le sens que, dans les deux cas, on pourrait avoir affaire à
des individus qui seraient privés de connaître ou identifier leur
père ou leur mère.
Nous avons dit, à ce moment-là, devant ce comité:
C'est très important, nous ne voulons pas toucher aux adoptions
passées; ce ne serait pas "fair-play". Ces gens-là ont
contracté, si je peux dire, dans les conditions, des règles du
jeu données, nous n'allons pas retourner sur cela. Nous allons toucher
les adoptions futures et en même temps toucher toutes les
possibilités de fabriquer les enfants par un moyen qui est celui de
lever l'anonymat et de permettre à tout individu qui accède
à l'âge adulte, donc à compter de 18 ans, de pouvoir, s'il
le désire, aller retrouver et d'avoir pour cela les informations, donc
un droit inaliénable pour lui, un droit auquel répond une
obligation pour l'État de dire: Je me dois d'avoir en main les
informations le permettant de retrouver ton père ou la mère.
C'est ce que nous appelons cette levée
d'anonymat et vous vous doutez bien qu'elle a des conséquences.
Elle en aura - il ne faut pas se le cacher; il faut le dire - sur les pratiques
actuelles de congélation de sperme, d'ovocyte et d'embryon. Elle aura
des conséquences sur tous les individus qui seraient tentés de se
faire faire un enfant avec l'intention délibérée de cacher
le père ou la mère. Elle aura des conséquences sur des
pratiques qui consistent à mélanger du sperme en se disant que le
plus fort gagne et, è ce moment-là, l'enfant est bien
embêté pour savoir qui est son père. Elle entrave la
production industrielle d'enfants.
Quand je vous disais au début que c'est une question grave,
j'espère qu'on ne va pas en mourir d'inquiétude. Il faut compter
plutôt sur l'examen attentif de moyens qui auront l'air de ne pas
être importants, comme celui de ce droit à préserver
à l'enfant. C'est ce sur quoi le conseil travaille actuellement,
probablement pour 30 % de l'ensemble de ses activités.
Mme Harel M. le Président, si vous me le permettez. Je
pense que les travaux du conseil commencent à être connus sur
cette question et ils sont extrêmement intéressants. Durant
l'année qui vient... Le conseil a fait des interventions
articulées sur un très grand nombre de sujets. Malheureusement,
si nous poursuivons, nous ne pourrons pas, avec Mme la ministre qui doit
répondre de ses crédits devant cette commission, continuer les
travaux.
Le Président (M. Bélanger); Une question
complémentaire à Mme la présidente du Conseil du statut de
la femme. Est-ce que je dois comprendre, à partir de ce que vous venez
de dire, que votre position face au mouvement Retrouvailles qui revendique le
retour en arrière... Vous dites: Il y a une question de "fair-play".
J'aimerais connaître votre position exacte là-dessus, s'il vous
plaît!
Mme McKenzie: Elle est très claire. Nous ne touchons pas
aux adoptions passées. Nous avons recommandé la levée
d'anonymat uniquement pour les adoptions futures.
Le Président (M. Bélanger): Futures. D'accord.
Mme Harel: M. le Président, je dois vous faire remarquer
qu'il s'agit là de questions extrêmement importantes pour la
société. Elles pourraient donner lieu d'ailleurs à un
mandat d'initiatives de la part d'une commission comme la vôtre au cours
de laquelle on pourrait plus amplement entendre ce que le Conseil du statut de
la femme a d'extrêmement intéressant à dire
là-dessus. Mais j'aimerais que, è ce moment-ci de nos travaux, on
poursuive l'étude des crédits avec Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine.
Le Président (M. Bélanger): Nous accueillons votre
suggestion. En ce qui concerne la partie 1 du programme, le Conseil du statut
de la femme, est-ce que nous devons considérer les crédits
adoptés?
Mme Harel: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): C'est adapté.
Merci.
Nous revenons donc au programme 3 du Conseil exécutif, la
promotion des droits des femmes. Mme la députée de Maisonneuve,
je vous reconnais un droit de parole.
Promotion des droits des femmes
(11 h 30)
Mme Harel: M. le Président, nous avons plusieurs dossiers
à couvrir ce matin. Je pense que nous allons devoir choisir sans doute
d'aborder particulièrement ceux qui concernent les femmes les plus en
difficulté de notre société. Il est bien connu qu'il y a
une féminisation de la pauvreté, comme il est connu
habituellement que la politique se conjugue au masculin. Je ne sais pas si Mme
la ministre voudra s'expliquer plus amplement sur une déclaration
qu'elle n'a peut-être pas faite, mais que les journaux auraient reprise
selon laquelle la politique n'aurait pas de sexe et que cela se conjuguerait au
féminin et au masculin.
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai bien affirmé que la politique
n'avait pas de sexe, mais que le pouvoir avait un sexe.
Mme Harel: Bon. C'est intéressant, c'est une distinction
qui vaut la peine d'être faite. Vous aurez certainement l'occasion d'en
parler plus amplement aux différentes tribunes où vous serez
invitée.
Concernant...
Le Président (M. Bélanger): Mme
Payette avait aussi fait cette constatation.
Mme Harel: Oui. Oui, oui, effectivement.
Mme Gagnon-Tremblay: On m'a dit que le premier ministre
Lévesque l'avait déjà faite à une certaine
époque.
Le salaire minimum
Mme Harel: Alors, concernant cette situation de pauvreté
que connaissent un très grand nombre de femmes dans notre
société, même celles qui sont sur le marché du
travail, puisqu'un très grand nombre d'entre
elles, sans le rechercher, sont amenées à occuper un
emploi à temps partiel, j'aimerais connaître de la ministre
quelles représentations elle compte faire auprès de son
collègue du ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu concernant particulièrement le salaire
minimum. On sait que les travailleurs au salaire minimum sont surtout des
travailleuses pour au-delà des deux tiers d'entre elles. Alors, est-ce
qu'elle a fait des représentations ou est-ce qu'elle entend en faire sur
cette question du salaire minimum qui, au premier chef, concerne les
femmes?
Mme Gagnon-Tremblay: Je dois vous dire, Mme la
députée, que la pauvreté des femmes est une des mes
préoccupations constantes. Vous savez que, quant à l'augmentation
du salaire minimum, il y a des avantages, il y a des inconvénients.
Comme avantages, il y a naturellement l'amélioration du niveau de vie
des personnes qui en bénéficient et, ces personnes, en grande
majorité sont des femmes. Il y a une diminution de la
désincitation à travailler pour les bénéficiaires
de l'aide sociale.
Au niveau des inconvénients, le principal est la perte possible
d'emplois. Plusieurs études réalisées au Québec
montrent une perte d'emplois non négligeable pour les femmes lorsqu'il y
a une hausse du salaire minimum.
Mme Harel: ...vous demander de me référer à
ces études.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, je pense que c'est Fortin, 1979, et
Lévesque, 1983, qu'on m'a soumis. On pourrait vous fournir ces
études par écrit, Mme la députée, si vous le
désirez.
Je continue au niveau des inconvénients. Cette perte d'emplois
est notamment provoquée par la perte de compétitivité dans
tout le secteur des bas salaires. Alors, comme vous êtes fort au courant,
le niveau de notre salaire minimum et celui de nos principaux concurrents est
un élément majeur au plan de la compétitivité.
Donc, les actions récentes afin de contrer les impacts
négatifs de cette perte de compétitivité sur la
clientèle féminine... Je me réjouis naturellement de la
décision prise par le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu qui a décidé de rencontrer son
homologue ontarien dans les prochaines semaines afin, justement, de discuter
avec lui d'une hausse parallèle et identique du salaire minimum. Mais,
pour moi, ce qui est l'essentiel au niveau du salaire minimum... C'est entendu
qu'on sait que c'est la majeure partie des femmes qui travaillent au salaire
minimum, mais l'essentiel, justement, c'est de permettre aux femmes de se
recycler et d'avoir accès à une formation, à des
métiers non traditionnels pour qu'elles puissent, une fois pour toutes,
sortir ou ne plus être dépendantes d'un salaire minimum. Or, ce
qui me préoccupe davantage actuellement que la hausse comme telle, c'est
beaucoup plus d'aider ces femmes à se recycler et, autant que possible,
qu'elles ne soient plus au bas de l'échelle des salariés.
Mme Harel: C'est encore une fois une préoccupation qui
vous honore, Mme la ministre, mais pour tout de suite il y s au-delà de
150 000 personnes qui ont à vivre avec un salaire qui est bien en
deçà du seuil de la pauvreté. Pour elles, c'est
immédiatement qu'est souhaitée une intervention. Compte tenu de
la proposition qui avait été déposée par le
gouvernement précédent à la Table nationale de l'emploi
pour une hausse du salaire minimum, compte tenu également des
comparaisons que vous connaissez certainement, puisque vous faisiez état
des rencontres de votre collègue avec le ministre ontarien. Mais
déjà, dans plusieurs provinces canadiennes, qu'on pense à
la Saskatchewan, au Manitoba, le salaire minimum est de loin supérieur
à celui du Québec, il est à 4,50 $ présentement.
C'est le cas aussi chez nos voisins du Sud puisqu'en dollars américains
le salaire minimum fédéral aux États-Unis est de 4,25 $.
Je pense que, parmi vos préoccupations, il serait souhaitable qu'il y
ait, pour l'année qui vient, certainement pour les femmes qui sont sur
le marché de l'emploi maintenant, une représentation ferme
auprès de votre collègue sur la nécessité que ce ne
soit pas...
Je pense que beaucoup de travailleuses n'ont plus les moyens de
travailler. Elles n'ont plus les moyens de s'offrir un emploi. C'est trop
coûteux. Dans une large mesure, plusieurs d'entre elles ont l'impression
qu'il devrait y avoir des programmes de subventions pour que leur entreprise
reste concurrentielle, mais qu'elles n'ont pas à porter le fardeau de la
compétitivité de leur entreprise. Elles n'ont pas les moyens de
se payer cette responsabilité.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'en suis très consciente.
D'autre part, je vous parlais d'un des inconvénients qui était la
perte d'emplois aussi. C'est qu'elles n'ont pas, non plus, les moyens de perdre
leur emploi. Je dois vous aviser également que je rencontre justement,
lundi prochain, l'association Au bas de l'échelle, qui s'occupe
justement des salariées non syndiquées travaillant au salaire
minimum, pour écouter et pour connaître leurs
préoccupations. Aussi - vous parliez, tout à l'heure, de la table
de concertation -fait partie maintenant de mon personnel de cabinet la seule
femme qui était à cette table nationale de concertation, Mme
Michaud. Elle ne manque pas une journée de
me faire part de ses préoccupations.
Je dois vous dire également que je fais une intervention de
façon très énergique auprès de mon collègue
du Travail, le ministre Paradis.
Le congé de maternité
Mme Harel: Qu'en est-il de la question du remplacement du revenu
pour les travailleuses enceintes, de ce qu'on appelle, en fait, le congé
de maternité. Y a-t-il eu des représentations? J'imagine que le
Secrétariat à la condition féminine a certainement
étudié attentivement les recommandations déposées
dans les différents mémoires par les groupes de femmes
auprès de la commission Beaudry. Qu'en est-il de votre position sur la
question du congé de maternité, du remplacement du revenu de la
travailleuse enceinte. Avez-vous fait des représentations à ce
sujet?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est que tous les congés de
maternité... Est-ce que vous parlez également de la travailleuse
à temps partiel? Est-ce que vous voulez discuter, est-ce que vous
pointez spécifiquement la travailleuse a temps partiel pour les
congés de maternité?
Mme Harel: Non, pas nécessairement parce qu'on sait que
c'est évidemment l'accès, le temps partiel étant un autre
dossier sur lequel on reviendra. Mais le congé de maternité, en
tant que tel, pour l'ensemble des travailleuses dans le secteur privé,
particulièrement, pose des difficultés compte tenu des conditions
d'accès à l'assurance-chômage présentement.
Mme Gagnon-Tremblay: Là, je ne sais pas. Peut-être
que la secrétaire générale du Secrétariat à
la condition féminine pourrait répondre à cette question
précise.
Mme Brodeur (Nicole): Il y a deux séries de
problèmes pour lesquels le Secrétariat à la condition
féminine a fait des démarches. D'une part, en ce qui a trait
à la multiplicité des intervenants à qui les travailleuses
enceintes doivent faire face. On sait, à l'heure actuelle, que, pour une
travailleuse qui désire se prévaloir d'un congé de
maternité, celle-ci doit transiger avec plusieurs organismes. Il y a,
d'une part, la Commission de l'emploi et de l'immigration du Canada pour les
prestations d'assurance-chômage-maternité. II y a, en
deuxième lieu, la Commission des normes du travail pour la question de
la sécurité d'emploi. En troisième lieu, il y a le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour le PRALMA, programme qui verse les prestations durant le délai de
carence de l'assurance-chômage.
Vous êtes sans doute au courant qu'avant que les prestations
d'assurance-chômage-maternité du gouvernement
fédéral entrent en jeu, il y a un délai de quelques
semaines. En dernier lieu, la travailleuse enceinte, tout dépendant des
circonstances, dans le cas du retrait préventif, fait affaire avec la
Commission de la santé et de la sécurité du travail. Non
seulement il y a plusieurs champs de juridiction, entre autres, le
fédéral et le provincial, mais chacun des organismes en question
a adopté toute une série de critères et de normes
distincts qui sont fort difficiles à concilier,
II y a beaucoup d'intervenants qui ont maintes fois demandé
l'élaboration d'une politique globale et cohérente de
maternité au Québec. Cela fait partie, entre autres, des
démarches du secrétariat pour améliorer le système
actuel à l'intérieur des lois existantes ou encore évaluer
la possibilité d'un régime qui soit plus marqué,
c'est-è-dire plus québécois.
En ce qui concerne d'autres démarches qui ont été
faites pour la travailleuse enceinte, cela concerne la question du retrait
préventif dont j'ai parlé tout à l'heure. On sait que ce
programme a été instauré en 1981. Il relève de la
Loi sur la santé et la sécurité du travail et il est
géré par la CSST, la Commission de la santé et de la
sécurité du travail du Québec. Or, un problème se
pose, c'est qu'en 1985, il y a seulement 7000 demandes de retrait
préventif qui ont été formulées; cependant, ce ne
sont pas des statistiques finales.
Il y a un groupe de travail interministériel qui a
été mis en place en 1984, placé sous la
responsabilité, à l'époque, de la ministre
déléguée à la Condition féminine, pour faire
l'inventaire des problèmes rencontrés par les travailleuses
concernées dans leurs démarches pour obtenir un retrait
préventif, et pour apporter les correctifs appropriés. Ce rapport
a été remis à la ministre déléguée
à la Condition féminine en 1984, et les recommandations qu'on y
retrouvait portaient sur trois aspects: en premier lieu, l'accessibilité
à la mesure comme telle, l'exercice même du droit de retrait,
l'administration du programme.
En mars 1985, le rapport a été déposé au
Comité interministériel permanent à la condition
féminine et il y a eu, à ce moment-là, une demande d'avis
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail du Québec, qui s'est prononcée sur une partie des points
seulement. On a entrepris des démarches auprès de la CSST afin de
traiter les points en suspens, de sorte qu'on puisse revenir auprès des
instances décisionnelles pour qu'on donne des suites à cette
question. Ce sont les deux principales démarches qui sont en cours au
Secrétariat à la condition féminine concernant la question
du congé de
maternité.
Mme Gagnon-Tremblay: Là aussi, Mme la
députée...
Mme Harel: Attendez juste une seconde, Mme la ministre, si vous
permettez, vous faites valoir des travaux qui ont été
faits...
Mme Brodeur: Qui doivent se poursuivre.
Mme Harel: D'accord. Est-ce que cela donnera lieu, par exemple,
à une présentation devant la commission Forget? Quelle est la
suite à donner aux travaux qui se font au secrétariat?
Mme Brodeur: En ce qui concerne le retrait préventif de la
travailleuse enceinte qui allaite, le rapport devra être
déposé. Etant donné qu'il n'y a plus de comité
ministériel permanent à la condition féminine, ce sera
vraisemblablement au comité ministériel permanent sur les
affaires sociales et culturelles qui verra comment y donner suite et, s'il y a
lieu, de faire des interventions - dans ce cas-là, c'est surtout
québécois - autrement dit, donner des suites à
l'intérieur de la Loi sur la santé et la sécurité
du travail.
D'autre part, en ce qui concerne la multiplicité des
intervenants, les recommandations seront vraisemblablement acheminées
vers le comité ministériel permanent concerné.
Étant donné que c'est un dossier qui touche des champs de
juridiction fédérale et provinciale, il est pensable, à ce
moment-là, que le gouvernement veuille faire des interventions, soit
directement auprès du gouvernement fédéral ou passer par
le biais de la commission Forget. Je pense qu'il y a une décision
politique qui m'échappe, vous comprendrez, Mme la
députée.
Mme Gagnon-Tremblay: Ce que je voulais ajouter à Mme la
députée tout à l'heure, c'est que la codification des lois
du travail a fait consensus dans le rapport Beaudry. J'ose espérer,
justement, que cela pourra améliorer la condition des femmes qui
demandent des congés de maternité.
Mme Harel: Dans quel sens?
Mme Gagnon-Tremblay: À ce moment-là, si on a
réussi à avoir un consensus, il s'agit de continuer à
travailler pour pouvoir élaborer véritablement une politique de
congé de maternité. On a obtenu un consensus au niveau de la
codification de l'ensemble des lois du travail, et les congés de
maternité font partie, justement, des lois du travail. (11 h 45)
Mme Harel: Les congés de maternité, c'était
l'ordonnance 17 qui est inscrite maintenant à l'intérieur de la
loi sur les normes minimales de travail. La codification ne va pas en modifier
la nature. La codification va simplement permettre l'intégration des
différentes lois, mais ne va pas les modifier dans leur contenu.
Mme Gagnon-Tremblay: Étant donné qu'on a obtenu un
consensus, cela va probablement être plus facile au moins de les
intégrer.
Mme Harel: Actuellement, le seul congé de maternité
auquel les femmes québécoises qui sont, sur le marché de
l'emploi, nombreuses à avoir des enfants, comme nous le soulignions au
début de cette commission, ont droit, c'est donc par le biais de
l'assurance-chômage. Il faut qu'elles aient été à
l'emploi du même employeur durant plusieurs semaines. Il y a actuellement
la commission Forget qui examine l'ensemble des composantes reliées
à l'assurance-chômage. Est-ee qu'il y aura une
représentation qui sera faite sur cette question? Est-ce qu'il y a un
point de vue qui sera tout au moins articulé sur cette question?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant... Naturellement
il faut attendre aussi différents rapports, différents avis,
entre autres, l'avis de la CSST, comme on le mentionnait tout à
l'heure.
Mme Harel: La CSST, c'est concernant le retrait
préventif.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon!
Mme Harel: C'est la Commission des normes du travail concernant
le congé de maternité.
Mme Gagnon-Tremblay: Naturellement, c'est qu'il y a aussi, je
vous en parlais tout à l'heure, le dépôt de la politique
familiale qui doit se faire à la fin d'avril, au début de mai. On
va aussi parler de ces congés de maternité dans cette
politique.
Pour le moment, quant à notre participation à l'autre
commission, j'avoue qu'on doit attendre le dépôt de cette
politique auparavant.
Mme Harel: Concernant les travailleuses à temps partiel.
Je pense que durant la campagne électorale vous aviez des engagements
fermes sur cette question. Est-ce que vous entendez y donner suite
rapidement?
Mme Gagnon-Tremblay: On entend respecter nos engagements. Je vous
mentionnais tout à l'heure que Je discute régulièrement
avec mon collègue malgré que
parfois il n'a pas tellement de temps. Je peux l'interpeller un peu
partout dans les corridors et au Conseil des ministres. Ce sont tous des sujets
qui nous tiennent fortement à coeur étant donné que cela
fait partie de nos engagements électoraux. Je vais défendre ces
dossiers de façon très énergique.
Mme Harel: Je n'en doute pas. C'est là qu'on voit qu'une
seconde partie de la conférence qui devait porter sur cette question
aurait permis de vous aider à les sensibiliser en les obligeant
publiquement a se commettre. Quand projetez-vous, en termes concrets - si ce
n'est pas pour la session présente on comprendra - de pouvoir
réaliser cet engagement d'amender la loi sur les conditions minimales
afin d'accorder aux travailleuses à temps partiel des avantages sociaux
équivalant à ceux des travailleuses è temps plein? On sait
que, actuellement, 70 % des travailleurs à temps partiel sont des
travailleuses. C'étaient là des engagements fermes pour
améliorer la condition de vie des femmes québécoises; vous
les connaissez certainement, au fait.
Mme Gagnon-Tremblay: C'est toujours à l'étude. Vous
savez qu'on n'abandonne pas ces sujets très importants. Maintenant, cela
peut très bien faire partie du plan d'action qui sera
déposé à la fin de mai. On va quand même toucher
aussi... Je ne dis pas précisément que cela en fera partie, mais
c'est un sujet d'étude actuellement pour ce plan d'action.
Mme Harel: On peut s'attendre que le 29 mai on aura une
réponse à ces questions.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, vous aurez un plan d'action qui
sera déposé le 29 mai, effectivement, dans le but de
connaître ce que le gouvernement entend faire concernant la condition de
vie des femmes pour les six prochains mois et la prochaine année.
Allocation scolaire
Mme Harel: Concernant toujours les clientèles les plus
vulnérables. Présentement, Mme la ministre, vous avez
certainement été sollicitée pour accorder votre appui
à une demande répétée par les
bénéficiaires d'aide sociale dans le sens de hausser de 35 $
à 100 $ l'allocation scolaire que l'État alloue pour la
rentrée des classes, aux familles qui ont des enfants d'âge
scolaire. Je pense que tout le monde va convenir qu'un enfant qui entre
à l'école, cela coûte quelque chose. Vous savez
certainement qu'il y a une campagne de sensibilisation qui est menée
dans le Québec, de la part des organismes qui représentent des
assistés sociaux, qui réclament... Je crois que c'est encore
là un engagement qui avait été pris, je ne sais si c'est
par votre parti ou par certains candidats. Je sais que dans l'est, en tout cas,
vos collègues avaient pris cet engagement ferme de faire hausser
l'allocation scolaire de 35 $ è 100 $. Est-ce que vous êtes au
courant de cet engagement?
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis au courant, et comme on en faisait
mention hier, vous savez que le travail de la ministre
déléguée à la Condition féminine, tous les
dossiers qu'elle a à voir sont nombreux, c'est un travail de
coordination. Naturellement, c'est toujours aussi un travail de sollicitation
et j'ai déjà discuté de ce sujet avec le ministre de
l'Éducation, mais je ne peux pas vous dire, à ce moment-ci,
quelle sera la position du gouvernement; elle n'est pas arrêtée
à ce niveau.
Mme Harel: Je pense que ce sera plus efficace d'en discuter avec
le ministre responsable de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu parce qu'une seule hausse serait affectée aux allocations
versées aux bénéficiaires de l'aide sociale. Je pense que
les assistés sociaux qui ont lancé cette campagne de
sensibilisation souhaitent qu'avant la fin de la présente session, ils
puissent obtenir réponse de façon que ce soit effectif dès
septembre.
Mme Gagnon-Tremblay: J'en prends bonne note et je m'en
occupe.
Lait maternisé
Mme Harel: II y a également la question importante, je
pense, du lait maternisé. Vous êtes au courant de cette campagne
qui est menée par des intervenantes en matière sociale, plusieurs
provenant des CLSC, pour obtenir que les bénéficiaires de l'aide
sociale puissent, à titre de besoins spéciaux, avoir un
supplément leur permettant de payer les coûts très
astronomiques pour elles, compte tenu de leurs revenus, du lait
maternisé. Vous êtes au courant que l'allaitement maternel rend
possible une allocation supplémentaire, mais que pour toutes sortes de
conditions de scolarité, de conditions de vie en général,
les bénéficiaires de l'aide sociale sont souvent celles qui
peuvent ou qui ne sont pas en situation d'assurer l'allaitement maternel, et
qu'elles doivent recourir à un lait maternisé pour lequel elles
n'obtiennent aucun supplément. J'aimerais connaître votre position
là-dessus, Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: J'avoue que c'est très difficile pour
moi de vous donner ma position. Je connais le dossier, mais je ne l'ai pas
suffisamment approfondi pour
vous dire exactement quelle sera notre position. On ne peut pas
être contre ce fait. Maintenant, ce dossier ne relève pas de ma
compétence. Ce que je peux faire, c'est encore des interventions de
façon très énergique et je ne manquerai pas une occasion
d'en discuter avec les personnes concernées.
Mme Harel: Je dois comprendre, quand vous dites que ce n'est pas
de votre compétence, que vous voulez dire que ce n'est pas sous votre
autorité immédiate, mais que c'est sous la compétence de
la ministre déléguée a la Condition féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, j'avoue que cela touche
profondément la ministre déléguée à la
Condition féminine. Mais par contre, la décision à prendre
n'est pas de mon ressort sauf, comme je vous le disais, d'intervenir de
façon positive.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Il y a quelques minutes,
Mme la secrétaire générale du Conseil du statut de la
femme devisait sur le retrait préventif. Nécessairement, c'est un
dossier sur lequel on doit continuer de se pencher et y apporter tout le
sérieux que la situation peut exiger. Vous mentionnez, Mme la
secrétaire, que seulement 7000 femmes se sont prévalues de ce
droit l'an passé. Lorsqu'on mentionne un chiffre, je me demande si c'est
gros, si c'est petit. C'est par rapport a combien de maternités? Ce qui
m'inquiète - je pense que ce n'est pas beaucoup, 7000 - c'est de savoir
si c'est parce que les personnes concernées ne sont pas au courant de
leurs droits ou parce qu'il est difficile de se qualifier pour ce retrait
préventif? J'aimerais qu'on précise un peu sur cela.
Mme Brodeur: Oui. Ce qu'on me dit, c'est que c'est beaucoup par
rapport à ce qu'on pouvait évaluer. On pensait effectivement que,
pour l'année 1985, on aurait autour de 3000 demandes.
Mme Harel: M. le Président, si vous permettez...
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
Mme Harel: M. le Président, si vous me permettez. Je pense
que ce qui est le plus significatif, ce n'est pas nécessairement le
nombre de membres, c'est finalement le nombre de demandes qui ont
été rejetées et les motifs pour lesquels ces demandes
l'auraient été. Et je ne pense pas qu'on ait pu avoir ces
informations. Je ne crois pas que vous les ayez avec vous.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, Je n'en dispose pas. Cependant, si vous
le désirez, je pourrais vous faire préparer une petite note
d'information à ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez une
question additionnelle là-dessus, si cela n'a pas retenu votre
attention, est-ce que c'était parce que le volume n'était pas
suffisamment important ou les raisons étaient très bien
articulées ou...
Mme Brodeur: Est-ce que vous permettez, M. le Président,
que ma collègue intervienne?
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous comprendrez, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui.
Mme Gagnon-Tremblay: Vous avez le ministre qui est en
poste...
Le Président (M. Bélanger): Or, si elle peut
s'identifier d'abord.
Mme Gagnon-Tremblay: ...depuis quatre mois et vous avez une
secrétaire générale qui est en poste également
depuis le mois de février seulement.
Le Président (M. Bélanger): Aucun problème.
Si vous pouvez vous identifier d'abord.
Mme Morin (Ghislaine): Oui. C'est Ghislaine Morin du
Secrétariat à la condition féminine. En fait, le principal
problème par rapport au retrait préventif, ce n'est pas tellement
par rapport au nombre de personnes qui se sont prévalues de cette
mesure, mais c'est par rapport à l'utilisation elle-même de la
mesure, c'est-à-dire la mise en application de la mesure. Alors, c'est
pour cela qu'on dit que les trois principaux aspects du rapport concernaient
l'exercice même du droit de retrait, l'administration du programme. Et
par rapport à l'accessibilité à la mesure, on s'est
aperçu que, finalement, il y avait beaucoup de femmes qui se
prévalaient de cette mesure pour des raisons ergonomiques. Au point de
départ, on ne pensait pas que cela serait une des raisons d'utilisation
du programme, très peu pour des raisons soit chimiques ou physiques,
pris dans un sens plus par rapport au sens chimique. C'est dans ce sens que
l'accessibilité dont on fait mention ici, c'est plutôt en fonction
de la nature même des risques qui sont courus par les femmes. Mais, les
7000 par année, c'est plus que l'on prévoyait au départ
quand
on a instauré ce programme. Si vous voulez avoir une progression
annuelle, on pourra sortir les chiffres, et, dans le rapport de la CSST, on
donne très bien le nombre de femmes qui se sont prévalues de la
mesure. On doit dire que le nombre de demandes rejetées n'est pas
très élevé. La plupart des femmes qui font leur demande
ont droit à la mesure.
M. Joly: M. le Président. C'est important pour moi de
savoir, parce que je veux me faire l'ardent défenseur des droits des
femmes aussi. De quelle façon découvrent-elles qu'elles ont droit
a ces mesures de prévention? Est-ce que c'est leur médecin de
famille, est-ce que c'est par tout ce qui est distribué en
dépliants, et ainsi de suite, qui les amène a réaliser
qu'elles ont des droits, qu'elles peuvent les faire valoir?
Mme Morin: En fait, il y a de l'information qui est donnée
actuellement aux différents groupes, aux femmes, pour permettre la
connaissance de la mesure. Mais, justement, un des points du rapport,
c'était d'améliorer toute l'information qui était
donnée pour avoir aussi une plus grande diffusion. Le rapport touche
justement ce point, malgré le fait qu'actuellement, il y ait quand
même de l'information donnée. Cette information est donnée
dans différents milieux.
Le Président (M. Bélanger): Alors, avant de
continuer les travaux, je dois souligner qu'il est midi et qu'à la suite
d'une entente intervenue préalablement à la commission, quatre
heures devaient être dévolues à ces débats et
qu'actuellement, nous avons accompli trois heures vingt-huit minutes
précisément de débats. Il me faudrait donc le consentement
unanime des membres de la commission pour pouvoir continuer les travaux
jusqu'à midi trente-deux minutes. Est-ce que j'ai ce consentement
unanime des membres de la commmission?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Qui ne dit mot consent.
Je dois en conclure que c'est unanime. Mme la présidente, Mme la
ministre...
Mme Gagnon-Tremblay: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi.
Mme Gagnon-Tremblay: M. le Président. C'est que Mme la
présidente de l'office, Mme Guy, devra cependant quitter. Elle a un
avion à prendre à treize heures. Elle devra s'absenter. Si vous
permettez? Si on doit continuer...
Le Président (M. Bélanger): Si les membres de la
commission sont d'accord. Nous excuserons Mme la présidente de l'office
de garde. Nous la remercions de la bonne collaboration qu'elle nous a
accordée.
Mme Guy: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Merci. À la
suite du consentement que nous avons obtenu, cette commission siégera
donc jusqu'à midi trente-deux minutes. Mme la députée de
Maisonneuve. (12 heures)
Mme Harel: Une constatation que l'on peut faire, c'est que, pour
une étude ultérieure des crédits en matière de
condition féminine, je pense qu'on devrait, de part et d'autre,
souhaiter qu'encore plus de temps nous soit alloué, puisque les dossiers
sont justement à l'horizontale et, donc, nous amènent à
avoir une vue d'ensemble de presque tous les ministères. Je vois que, ce
matin, on ne pourra même pas faire un survol même rapide de
certains dossiers pourtant très importants.
Intégration des femmes au foyer au RRQ
J'aimerais tout de suite demander à Mme la ministre, quand est
prévue la commission parlementaire sur l'intégration des femmes
au foyer au Régime de rentes du Québec? Est-ce qu'il y a une date
maintenant qui a été retenue et qui pourra nous être
communiquée?
Mme Gagnon-Tremblay: Nous sommes en train de discuter d'une date
possible et cela fait également partie du plan d'action qui sera
dévoilé à la fin de mai, Mme la députée.
Mme Harel: Dans ce plan d'action, avez-vous l'intention de donner
suite à un engagement ferme dans le sens de combler, pour les personnes
de 60 ans et plus, célibataires et divorcées, la
différence entre l'aide sociale et le montant d'une rente actuellement
versée par le gouvernement fédéral aux veufs et veuves de
60 à 65 ans? Est-ce que des travaux se font actuellement sur cette
question?
Mme Gagnon-Tremblay: Cela fait partie de nos engagements
électoraux, Mme la députée. Nous travaillons actuellement
sur ce sujet. Maintenant, est-ce que cela fera partie de notre plan d'action,
il reste à voir. Nous travaillons actuellement sur le sujet,
étant donné que cela fait partie d'un engagement que nous avons
l'intention de respecter.
Mme Harel: Qui travaille sur cette question? Le
Secrétariat à la condition féminine?
Mme Gagnon-Tremblay: Pardon!
Mme Harel: II y a des travaux actuellement entrepris au
Secrétariat à la condition féminine?
Mme Gagnon-Tremblay: II y a des travaux entrepris par le
personnel du cabinet en collaboration avec le secrétariat et le ministre
concerné. Comme je vous l'ai mentionné, c'est qu'il y a
des...
Mme Harel: Vous voulez dire qu'une commande sur cette question a
été faite au Secrétariat à la condition
féminine.
Mme Gagnon-Tremblay: Non, pas sur cette question précise.
Il y a tout simplement des discussions d'entreprises actuellement avec le
ministre concerné. Je pourrais peut-être...
Mme Harel: Le ministre, c'est...
Mme Gagnon-Tremblay: Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, M. Paradis.
J'aimerais peut-être, pour vous éclairer, Mme la
députée, vous faire part un peu de la façon dont le plan
d'action sera fait.
Mme Harel: Oui, cela serait intéressant. Juste avant,
j'aimerais vous demander s'il y a des travaux qui sont entrepris par le
secrétariat, actuellement, concernant l'intégration des femmes au
foyer au Régime de rentes?
Mme Gagnon-Tremblay: On me dit qu'on travaille actuellement sur
ce dossier en collaboration avec les ministères du Travail, de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Mme Harel: Est-ce que, par exemple, la Régie des rentes
qui au premier chef était intéressée, a été
appelée à travailler et à faire des études sur
cette question?
Mme Brodeur: Mme la ministre déléguée
à la Condition féminine a indiqué qu'elle avait
effectué des démarches auprès du ministre du Travail, de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu quant aux deux
engagements dont on a parlé. J'ai eu l'occasion de rencontrer le
président de la Régie des rentes, qui a déjà
commencé à travailler sur ces questions avec plusieurs
hypothèses et aussi avec plusieurs variables de coûts.
D'autre part, une rencontre est prévue entre le président
de la Régie des rentes et la ministre d'ici la fin du mois sur ce
sujet.
Mme Harel: Quand la ministre souhaite-t-elle obtenir le
résultat des travaux de la
Régie des rentes? Est-ce qu'un calendrier a été
élaboré? Est-ce qu'il y a un échéancier?Est-ce qu'ils vont poursuivre cette étude pendant des mois et des
années?
Mme Gagnon-Tremblay: Finalement, c'est que, lorsque je vous parle
du plan d'action, c'est que, si cette étude se poursuit, il y aura quand
même certaines choses qu'on pourra mettre en oeuvre
immédiatement.
Sans plus tarder, je vous fais part de ce qu'on a l'intention de faire
au niveau de ce plan d'action. Déjà, tous les ministères
concernés ont été invités à fournir, d'ici
à la fin d'avril, l'information pertinente à l'élaboration
du plan d'action.
L'information sollicitée concerne trois volets: les
activités découlant des engagements électoraux du
gouvernement; les suivis de Décisions 85, de même que les autres
activités des ministères et organismes en matière de
condition féminine.
Les ministères auront donc à fournir les informations
suivantes: Premièrement, les activités qu'ils mettront en oeuvre,
en 1986-1987, pour opérationnaliser les engagements électoraux du
gouvernement en matière de condition féminine. Ces engagements
recoupent six thématiques: entre autres, les femmes sur le marché
du travail, les travailleuses au foyer, les femmes et la pauvreté, les
services de garde, les femmes immigrantes, les femmes victimes d'actes de
violence. En deuxième lieu, les activités découlant des
engagements pris à Décisions 85 qui devront se poursuivre en
1986-1987. En troisième lieu, les autres activités et programmes
ministériels prévus en 1986-1987, ayant pour objet
d'améliorer l'accessibilité des services des ministères ou
organismes à la population féminine ou répondant aux
attentes et besoins de cette clientèle.
Le plan d'action tiendra compte des suites à donner aux
recommandations respectives des trois comités et également sur
l'accès aux crédits, sur la déclaration du statut de la
femme collaboratrice et sur la reconnaissance du travail au foyer et le partage
de la richesse familiale. Comme vous le savez, les trois comités qui
avaient été formés lors de Décisions 85, doivent
remettre leur rapport à la fin d'avril sur ces trois sujets très
précis.
Ce plan d'action ainsi que les suivis de la conférence
socio-économique seront rendus publics le 29 mai comme je l'avais
déjà annoncé.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau.
Mme Harel: Je n'ai pas terminée, mais je vais vous
laisser...
Le Président (M. Bélanger): Non, mais
sur ce point, merci, c'est gentil.
Programmes d'accès à
l'égalité
M. Leclerc: Mme la ministre, on entend beaucoup parler de
l'implantation des programmes d'accès à l'égalité,
que ce soit dans le public et dans le privé. Je me rappelle, même
si je n'étais pas à l'Assemblée nationale, que nos
prédécesseurs en ont beaucoup parlé aussi. J'aimerais
connaître vos intentions concrètes dans ce dossier-là?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est un dossier très complexe,
très large et il y a beaucoup d'implications, naturellement. Lorsque je
suis arrivée et que j'ai pris connaissance du dossier des programmes
d'accès à l'égalité, je me suis rendu compte qu'il
y avait possibilité de confusion étant donné qu'il y a
différents comités, qu'il y a différents groupes de
formés, qu'il y a différentes sortes de programmes d'accès
à l'égalité également. Je ne sais pas si vous
êtes au courant, par contre, de l'ensemble des programmes d'accès
à l'égalité ou si vous voulez que je vous fasse,
dépendamment du temps... Mme la députée, est-ce que vous
êtes intéressée également à entendre parler
des programmes d'accès?
Mme Harel: Ce sont des sujets extrêmement
intéressants, mais la commission n'a pas nécessairement comme
objet de s'informer mutuellement sur des questions qui devraient
déjà avoir été mises à la connaissance des
députés.
M. Leclerc: Moi, ça va.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Gagnon-Tremblay: En somme, en gros, ce que peut-être je
pourrais apporter, c'est que naturellement dans les secteurs parapublic et
péripublic, nous avons continué, naturellement, le travail qui
était déjà amorcé. Nous avons consulté les
ministères des Affaires municipales, de l'Éducation, de
l'Enseignement supérieur et de la Science, de la Santé et des
Services sociaux. Actuellement, il y a une demande additionnelle de 1 333 000 $
pour 1986-1987 qui a été déposée au Conseil du
trésor, justement, en vue de la réalisation de ce plan.
Concernant l'obligation contractuelle. L'obligation contractuelle, en
passant, suppose que certaines entreprises désirant contracter avec le
gouvernement, soient soumises à des règles concernant
l'accès à l'égalité en emploi des femmes et/ou des
membres des communautés culturelles, des personnes handicapées ou
des autochtones. C'est le ministre de la Justice qui est responsable de ce
programme. Le comité a tenu, jusqu'à maintenant, neuf
réunions et doit faire rapport sur les questions suivantes: la
couverture de l'obligation contractuelle, les modalités d'application,
le contrôle et l'échéancier d'implantation. Le rapport sera
déposé au gouvernement après le dépôt de la
commission parlementaire sur le projet du règlement.
Il y a aussi le rapport du Comité des institutions qui doit
être déposé concernant le programme d'accès à
l'égalité. On me dit que ce dépôt devrait se faire,
je ne sais pas, peut-être prochainement. À ce moment-là, ce
sera naturellement au gouvernement ou au ministre de la Justice de
décider ce qu'il fait, c'est-à-dire de donner suite à ce
rapport. Je ne sais pas si...
Mme Harel: M. le député de Taschereau,
j'espère que je ne vous ai pas laissé entendre que ce
n'était pas important. Au contraire, c'est très très
majeur pour l'ensemble des groupes de femmes, compte tenu de l'évolution
actuelle des dossiers.
Mme la ministre, entendez-vous prendre position ou faire des
recommandations à vos collègues qui ont à négocier
actuellement avec les secteurs public et parapublic quant à la
recommandation ferme des comités de condition fémine des
centrales syndicales à l'effet de pouvoir négocier les programmes
d'action positive?
Mme Gagnon-Tremblay: Ce n'est pas la même chose que vos
programmes d'accès à l'égalité.
Mme Harel: Oui, ce sont des programmes d'accès à
l'égalité, oui. C'est une façon différente de dire
la même chose.
Mme Gagnon-Tremblay: Ah bon!
Mme Harel: La demande des centrales syndicales
déposée actuellement et issue de la volonté des
travailleuses est à l'effet de négocier avec le gouvernement dans
les établissements la mise en place, l'implantation, l'application et
les conditions de mise en vigueur de ces programmes.
Mme Gagnon-Tremblay: II y a des mandats actuellement qui sont
donnés? Peut-être que la secrétaire générale
du Secrétariat à la condition féminine pourrait
compléter cette réponse.
Mme Brodeur: II y a actuellement - je reprends un peu
l'intervention de Mme la ministre - des mandats patronaux qui sont
donnés par le Conseil du trésor en vue de l'insertion dans les
conventions collectives de mécanismes qui non seulement permettent mais
aussi obligent les établissements, c'est-à-dire tant les parties
patronales et
syndicales à se donner des plans d'action en matière
d'accès à l'égalité.
Mme Harel: À ce moment, ces mandats...
Mme Brodeur: C'est sur la table en ce moment.
Mme Harel: Les mandats patronaux reconnaissent la pertinence
d'une entente syndicale-patronale par établissement pour la mise en
place, l'implantation et la réalisation de ces programmes. C'est bien
cela?
Mme Brodeur: En ce qui concerne le point précis que vous
soulevez, je n'ai pas une information aussi fine quant au mécanisme ou
quant à la nature des ententes qui seraient requises entre les deux
parties locales patronale et syndicale pour mettre en place ces programmes.
Mme Harel: Je rappellerai simplement à la ministre que
c'est un aspect extrêmement important, semble-t-il. On sait bien que dans
les secteurs public et parapublic, tes deux tiers des effectifs sont
féminins et que les comités de condition féminine
considèrent comme extrêmement importants pour pallier ce qu'il
pourrait y avoir comme force d'inertie contraire à la mise en place de
tels programmes qu'ils puissent être négociés et convenus
entre les parties et non pas imposés même avec la meilleure bonne
intention du monde. Évidemment, on ne peut pas ce matin échapper
à la question des mutations technologiques. On sait très bien que
les travailleuses sont menacées plus que tous les autres travailleurs
par ces mutations technologiques. Compte tenu du sommet sur l'informatique et
les nouvelles technologies et des recommandations, est-ce qu'il y a des
représentations qui sont faites actuellement? Quel est l'état des
travaux?
Mme Gagnon-Tremblay: Mme la députée, le
Secrétariat à la condition féminine suit ce dossier de
très près. De même, il y a une étude très
poussée qui a été faite par le Conseil du statut de la
femme et peut-être que Mme McKenzie pourrait vous donner plus de
renseignements sur ce sujet. Mme McKenzie, s'il vous plaît!
Mme McKenzie: Je dois rappeler que le conseil - on l'a
mentionné tout à l'heure - a travaillé de très
près avec la table dont c'était l'objet précis
d'étudier l'impact des nouvelles technologies sur le travail des femmes.
Nous venons de terminer en plus de toutes les représentations que nous
avions faites dans le passé sur cela. Ce qui est récent c'est que
nous avons l'inventaire de toutes les études. Alors, on peut trouver
presque dans un catalogue quelles sont les choses que nous sommes en mesure
d'articuler sur l'impact de ces technologies. Je crois savoir que cette
étude vous a été transmise, Mme la ministre, probablement
cette semaine parce que cela ne fait pas longtemps que c'est parti.
Mme Harel: Mme la ministre a-t-elle un point de vue sur cette
question?
Mme Gagnon-Tremblay: J'attends l'étude, Mme la
députée.
Mme Harel: Mme la ministre, certainement qu'il y a des
représentations qui vous ont été faites par une coalition
élargie de groupes de femmes parmi tout le Québec qui
s'interrogent et qui s'inquiètent sur le maintien des services
d'interruption de grossesse dans les établissements, sur la
qualité des services. Est-ce que vous avez pris connaissance de ces
dossiers?Est-ce que vous avez des recommandations à faire sur cette
question à la ministre de la Santé et des Services sociaux?
Est-ce que cette question s'est discutée au niveau du comité
ministériel? (12 h 15)
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai pris connaissance effectivement des
problèmes qui sont soulevés dans différents secteurs ou
différentes régions. Je vous avoue que c'est un dossier
très complexe. Mme la ministre de la Santé et des Services
sociaux est déjà au courant et elle doit y apporter une attention
vraiment particulière.
Je suis au courant des problèmes et nous suivons le dossier de
très près.
Mme Harel: Entendez-vous rencontrer la coalition des organismes
et des associations?
Mme Gagnon-Tremblay: Jusqu'à maintenant, elle n'a pas
sollicité une rencontre avec moi.
Mme Harel: Bientôt, nous connaîtrons le budget de
votre collègue, le ministre des Finances. J'imagine que vous vous
êtes assurée du maintien de certaines allocations qui sont
considérées comme extrêmement importantes pour les femmes,
notamment, celles de disponibilité. Avez-vous fait des
représentations a cet effet? Devons-nous nous attendre...
Mme Gagnon-Tremblay: Comme le budget est en préparation,
naturellement...
Mme Harel: On ne vous a pas consultée, mais vous pouvez
peut-être faire des représentations avant qu'il ait l'idée
de faire des coupures.
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est bon de le porter à ma
connaissance. D'ailleurs,
remarquez que j'y avais déjà pensé, mais,
naturellement, comme je vous l'ai dît, le budget est en
préparation actuellement et c'est très difficile pour moi de
répondre à votre question de façon plus précise,
Mme la députée,
Mme Harel: Est-ce que vous avez un point de vue - ce n'est pas
simple et je sais bien que c'est là un débat qui agite nos partis
respectifs - sur l'exemption pour personnes à charge qui connaît
une progression soutenue depuis plusieurs années et qui est une sorte de
désincitation au travail des femmes?
Mme Gagnon-Tremblay: Sur l'exemption de personnes à
charge, j'avoue qu'il y a quelque chose qui m'inquiète actuellement.
Lors du budget Duhaime, entre autres, si je me souviens bien - à moins
qu'on me corrige - on augmentait l'exemption de la personne comme telle, mais,
par contre, on ne permettait plus à cette personne à charge de
travailler ou d'avoir un revenu.
Cela m'inquiète un peu pour les femmes, parce que je me dis qu'il
y a plusieurs femmes qui pouvaient gagner quelques milliers de dollars ou
peut-être 1000 $ ou 500 $ annuellement pour que le conjoint puisse
prendre son exemption globale et il semblerait que, depuis le dernier budget
Duhaime, à cause de cette modification, les femmes ne pourraient plus
rien gagner.
Mme Harel: Je pense qu'il y a toujours possibilité de
gains. C'est un montant de 1200 $, mais je crois que ce montant n'est pas
indexé depuis fort longtemps, à ma connaissance. Il y a toujours
possibilité de gains.
Mme Gagnon-Tremblay: Je pense qu'il y a plus que cela, parce
plusieurs députés de ma formation politique, comme je vous le
dis, qui sont très conscients de la condition féminine, ont
porté cela à ma connaissance en disant: Cela peut avoir
énormément de répercussions sur la condition de vie des
femmes, entre autres, sur ces travailleuses. On l'a porté à mon
attention, alors, je vais pousser davantage cette étude. On m'a dit
qu'il y avait quelque chose en ce qui concerne l'exemption.
Mme Harel: Mais avez-vous l'intention de le porter à la
connaissance du ministre des Finances?
Mme Gagnon-Tremblay: Sûrement.
Mme Harel: Dans un délai assez rapproché? Parce que
j'imagine que tout va aller sur...
Mme Gagnon-Tremblay: J'ai déjà fait les
démarches il y a quelques semaines déjà.
Mme Harel: Je veux juste m'assurer auprès de vous - je
n'ai pas été en mesure de le faire et vous comprendrez pourquoi;
comme critique de l'Opposition pour plusieurs autres dossiers que celui de la
condition féminine, je ne peux pas m'y consacrer à temps plein,
lui donner tout le temps que j'aimerais - que vous avez pu vérifier si
le programme Entrepreneurship féminin, qui relève du
ministère de l'Industrie et du Commerce, va connaître la
même vitesse de croisière, avec une augmentation, et ne sera pas
pénalisé par les coupures draconniennes qui se sont abattues sur
le ministère de l'Industrie et du Commerce.
Mme Gagnon-Tremblay: Je comprends, Mme la députée,
que vous avez beaucoup d'autres dossiers. Naturellement, vous connaissez
très bien, entre autres, le dossier de la condition féminine. Par
contre, j'espère que vos collègues ont le même
intérêt envers la condition féminine, puisque vous
êtes à peu près la seule qui avez assisté à
cette commission parlementaire.
Mme Harel: Mme la députée, si vous souhaitez qu'on
soit plus nombreuses, il faudrait le dire à la population qui verra
à rétablir l'équilibre une prochaine fois.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne parle pas uniquement de
présence féminine; je parle également de vos
collègues qui normalement assistent à cette commission.
Mme Harel: ...la présence masculine, parce qu'il faut bien
voir qu'avec le mode de scrutin que nous avons au Québec, il y a une
distorsion telle que notre pourcentage des voix n'est pas conforme à
notre pourcentage de sièges.
M. Leclerc: Vous ne l'avez pas changé. Vous avez
été là pendant deux mandats et vous ne l'avez pas
changé.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaîtl On s'en tient à la pertinence.
Mme Gagnon-Tremblay: Pour répondre à votre
question, remarquez que, pour moi, l'Entrepreneurship au féminin est
très important. J'ai déjà rencontré un groupe et je
suis très fière de ces personnes qui travaillent en
"entrepreneurship" et qui aident justement les femmes à se prendre en
main à ce niveau. Je peux vous assurer que le programme est maintenu
actuellement. Naturellement, il y a eu certaines compressions, mais le
programme est maintenu au niveau du ministère. Les gens sont en train de
chercher d'autres...
Mme Harel: ...que le programme soit maintenu, mais vous dites
certaines compressions. Le niveau de ces compressions vous apparaît-il
raisonnable?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est-à-dire qu'on est en train
d'envisager d'autres moyens d'arriver aux mêmes fins...
Mme Harel: ...que vous nous ferez connaître le 29 mai.
Mme Gagnon-Tremblay: Je ne sais pas si ce sera dans mon plan
d'action, mais j'ose l'espérer,
Mme Harel: Si ce n'est pas dans votre plan d'action, alors, les
fins seront retardées.
Mme Gagnon-Tremblay: Cela ne veut pas dire pour autant,
même si ce n'est pas dans le plan d'action, que cela ne me tient pas
à coeur et que je n'ai pas l'intention de défendre ce
dossier.
Code civil et réserve
héréditaire
Mme Harel: II y a certainement un dossier sur lequel vous pouvez
nous faire connaître votre point de vue, qui est celui de la
réforme du Code civil et de la réserve héréditaire.
Avez-vous fait des représentations auprès de votre
collègue à la Justice sur cette question?
Mme Gagnon-Tremblay: Oui, c'est déjà fait. Nous
sommes en pourparlers actuellement parce que mon collègue du
ministère de la Justice ne veut pas tarder. Il veut
accélérer le processus et faire en sorte qu'on puisse une fois
pour toutes se doter de cette politique sur la réforme des successions.
Je lui ai fait part de certains commentaires concernant la
réserve...
Mme Harel: Pouvez-vous nous en faire part? Je pense qu'il est
d'intérêt public de savoir ce que la ministre
déléguée à la Condition féminine a comme
position sur cette question.
Mme Gagnon-Tremblay: Naturellement, concernant la réserve
héréditaire, vous êtes au courant que je suis
également juriste. Au tout début, j'avais quand même
bougé aussi... Je ne suis pas contre la réserve
héréditaire. Par contre, j'y apporte certaines réserves,
entre parenthèses. Je me suis questionnée et je me suis dit: On
veut peut-être cette réserve héréditaire pour
permettre a certaines personnes d'obtenir ce qu'elles n'ont pas obtenu, ou il y
a peut-être eu certaines discriminations. Je me suis dit: Doit-on y aller
avec la réserve héréditaire ou si, par exemple, il n'y
aurait pas d'autres moyens d'arriver aux mêmes fins? Une chose au
départ, c'est que je n'ai jamais été pour changer une loi
pour protéger une minorité. Je pense que les lois sont faites
pour protéger l'ensemble de la population. Je me dis que, s'il y a
moyen, par exemple, d'arriver à protéger certaines personnes, une
minorité, pourquoi ne pas envisager des solutions
différentes?
Je suis justement en train de voir ce qu'on peut faire. Je ne 3uis pas
du tout contre cette réserve. Je suis en réflexion actuellement
pour voir s'il y a d'autres solutions. Je suis en train d'étudier les
différents mémoires qui ont été
déposés à la commission. J'en prends connaissance et je
fais mes commentaires au ministre de la Justice. On est en pourparlers à
ce sujet-là.
Mme Harel: Alors, on doit comprendre que, pour l'instant, vous
n'êtes ni pour ni contre.
Mme Gagnon-Tremblay: Non. Je peux dire que je ne suis pas contre,
mais je suis...
Le Président (M. Bélanger): ...avec des nuances,
qu'on a comprises.
Mme Gagnon-Tremblay: Je suis à la recherche de moyens
différents pour arriver aux mêmes fins. Je considère que la
liberté de tester, c'est très important. Je constate qu'il y a
beaucoup de femmes qui ont besoin d'une modification pour différentes
raisons: à cause de pauvreté, parfois à la suite d'un
choix de régime matrimonial ou quoi que ce soit. Je me dis: Est-ce que
c'est la bonne façon de le faire? C'est la raison pour laquelle je vous
dis que j'étudie actuellement tous les mémoires qui ont
été soumis a la commission.
Mme Harel: Nous aurons peut-être, M. le Président,
l'occasion de poursuivre sur cette question en sous-commission parlementaire
des institutions qui examinera ces dernières dispositions sur le livre
des biens et des personnes. Je veux simplement vous signaler que je souhaite
les échanges les plus fructueux parce que je considère qu'il en
va de l'intérêt de la cause des femmes. Dans la mesure, Mme la
ministre, où l'Opposition se révélera rigoureuse et
vigilante sur les dossiers qui vous concernent, vous aurez peut-être, par
là même, une meilleure écoute chez vos collègues qui
sont sensibles. Et c'est le cas de tout gouvernement, car le gouvernement y va
souvent au son; il faut souvent élever le volume. Les gouvernements
parmi les meilleurs y vont habituellement au son. C'est quand on lève le
volume que, souvent, on obtient et c'est ce que les femmes ont appris par la
force des choses. Je vous remercie pour les informations que vous nous
communiquez et je peux de nouveau vous assurer de toute ma collabora-
tion.
Mme Gagnon-Tremblay: De votre entière collaboration, Mme
la députée, j'ai été très flattée,
hier, justement lorsque vous m'avez offert votre collaboration et
j'espère que nous allons pouvoir... C'est bien de parler très
très fort, mais j'espère qu'on pourra plutôt passer
à l'action, surtout en l'an 1986. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, une
dernière question plus terre à terre qui relève moins de
la philosophie et qui est plus d'ordre administratif. C'est un débat qui
est en cours actuellement. En fouillant les différents crédits,
je n'ai pas la ventilation; donc, je n'arrive pas à trouver exactement
ce qu'il en est. J'aimerais savoir quelle est la masse salariale dévolue
à votre cabinet par rapport à celle qu'on avait dans le
passé?
Mme Gagnon-Tremblay: C'est une bonne question, M. le
Président. Si je me fie au tableau que j'ai ici, c'est que la masse
salariale des ministres du gouvernement, dont tous les ministres du
gouvernement antérieurs bénificiaient, était une masse
salariale de 512 829 $. Les ministres actuels manoeuvrent avec 410 200 $, il
s'agit donc d'une économie de 102 329 $ par cabinet, ce qui signifie,
finalement, une compression de 20 %.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que cela veut
dire moins d'attachés ou autant, mais moins payés?
Mme Gagnon-Tremblay: On parle de 300 personnes pour notre
gouvernement contre environ 354 qui étaient présents dans le
gouvernement précédent. C'est la masse qui compte, naturellement,
c'est la masse salariale qui est importante dans les circonstances.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Est-ce qu'il y a d'autres questions? Donc, cela nous amène à
adopter le programme 3 du Conseil exécutif. Ce sera intitulé
"Promotion des droits des femmes". Est-ce que ces crédits sont
adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que les crédits budgétaires relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine pour
l'année 1986-1987 sont adoptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Je vous
remercie. Alors, nous ajournons les travaux de cette commission sine die et je
vous remercie de votre bonne collaboration.
(Fin de la séance à 12 h 29)