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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous allons ouvrir dès maintenant la séance. Je vous
rappelle que la présente commission se réunit afin de
procéder à l'étude des programmes 1 à 8 des
crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Je demanderais à Mme la
secrétaire de nous dire s'il y a des remplacements.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Camden
(Lotbinière) et M. Rochefort (Gouin) par M. Charbonneau
(Verchères).
Le Président (M. Bélanger): Je présume qu'il
y a eu entente sur les programmes concernant la disposition du temps. Oui? M.*
le député de Verchères, est-ce qu'on pourrait nous
informer?
Organisation des travaux
M. Charbonneau: Après les remarques préliminaires,
nous avions convenu avec le bureau du ministre de commencer cet avant-midi par
les programmes 6 et 7, et si le temps le permettrait, d'entamer le programme
10, Protection et dévelopement de l'emploi. Par la suite, nous irions au
programme 1 qui comprend différents éléments
d'intérêt...
Le Président (M. Bélanger): Direction et gestion
des programmes? C'est cela?
M. Charbonneau: Direction et gestion, qui comprend
différents dossiers. Par la suite, nous parlerions de la Commission de
la formation professionnelle. Attendez, je n'ai pas cela ici. La Commission des
normes du travail, pardon.
Le Président (M. Bélanger): La
Commission des normes du travail. D'accord.
M. Charbonneau: La Commission des normes du travail. Ils n'ont
pas trouvé le numéro de programme. Il n'y a pas de programme, je
suppose.
Par la suite, en soirée, nous aurions la Formation
professionnelle de la main- d'oeuvre, le programme 9.
Le Président (M. Bélanger): 9?
M. Charbonneau: Finalement, le programme 3. La semaine prochaine,
nous aurons quelques heures encore. Nous prendrions tous les
éléments qui sont autour de la notion de la
sécurité du revenu, en particulier la sécurité du
revenu à la retraite, programmes 2, 4, 5 et 8.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Avant de commencer les travaux j'aimerais faire un rappel sur la
disposition du temps. Le règlement prévoit que le ministre a 20
minutes pour présenter ses réflexions préalables, toutes
les motions préliminaires, que le représentant du parti de
l'Opposition a un temps égal pour répondre, et que chaque membre
de la commission -membre en règle si l'on peut dire - a droit à
20 minutes d'intervention.
Nous entendons donc consentir au député de
Verchères, qui a le rôle de l'Opposition, un peu plus de temps. Je
pense qu'en termes de démocratie, cela serait fort acceptable. Il est
évident que nous observerons une certaine règle d'alternance,
pour permettre à tous les membres de la commission de s'exprimer, selon
le besoin.
D'accord? M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, tout simplement afin que
l'on s'entende bien - je ne suis pas un amateur de procédurite - je
voudrais qu'on règle cela une fois pour toutes. J'en ai avisé le
bureau du ministre, je n'ai pas de texte écrit, j'ai des notes. Je n'ai
pas minuté le temps que prendraient mes remarques préliminaires.
J'imagine que le ministre a son texte. Je ne sais pas s'il a fait une lecture
finale au rythme de maintenant. Si nous pouvions dépasser d'une
vingtaine de minutes...
Le Président (M. Bélanger): On pourra avoir une
certaine souplesse. Il n'y a pas de problème.
M. Charbonneau: ...d'une part. D'autre part, si je comprends
bien, vous entendez faire respecter la tradition et l'entente entre les
leaders, concernant le privilège, si cela en est un, de l'Opposition
d'avoir le maximum de temps pour faire son travail.
Le Président (M. Bélanger): L'Opposition aura tout
le temps à sa disposition pour faire son travail. Mais il faut
considérer que les présents crédits sont un peu
l'étude des crédits et des oeuvres de l'Opposition à
l'époque. Alors, le pouvoir peut ressembler à l'Opposition en
l'occurrence. Nous essaierons donc de respecter le droit de parole et de
permettre une bonne et sérieuse étude des crédits.
M. Charbonneau: M. le Président, l'entente entre les
leaders qui nous accorde 90 % du temps environ, cela me convient très
bien.
Le Président (M. Bélanger): La seule entente que je
peux reconnaître, c'est celle qui se fera ici autour de la table. Le
règlement dit: C'est 20 minutes avec une règle d'alternance. Nous
sommes prêts à une certaine souplesse. À moins que les gens
autour de la table ici, me disent qu'ils acceptent une répartition
autre, je m'en tiendrai au règlement.
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je pense que la
commission est souveraine et ne peut pas être liée par des
décisions prises en dehors de son rayon d'action.
M. Leclerc: M. le Président, il m'apparaft que si on
applique cette supposée entente entre les leaders de 10 %-90 %, à
vouloir être trop démocrate, on ne le sera pas du tout. Lorsque
nous avons fait ensemble l'étude des crédits à la
Condition féminine, il y avait la présence d'un membre de
l'Opposition alors que nous étions dix de notre côté. Selon
cette hypothèse, un membre aurait 90 % du temps et nous dix, 10 %. Cela
fait 1 % pour chacun. Nous avons alors une règle de 90 % à 1 %
entre deux parlementaires. J'admets qu'il y a une différence entre le
pouvoir et l'Opposition, mais les problèmes de mon comté sont
aussi importants que les problèmes de comtés de l'Opposition. En
tout cas, je ne crois pas qu'on doive vivre avec cette règle dans
l'étude des crédits qui nous occupent aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): À l'instar de
Mme Payette, vous venez de découvrir que le pouvoir n'est pas là
où on le pense.
M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je vous signale tout en
respectant votre fonction - je la respecte d'autant plus que je l'occupe
moi-même pour une autre commission où j'ai eu à faire
l'étude des crédits - je vous assure - sur ce, je vais être
obligé d'être assez strict - qu'il y a eu une entente entre les
deux leaders. À cet égard, je ne pourrai pas accepter de ne pas
être capable de faire mon travail parce que cette entente existe. Si nos
collègues ministériels considèrent que leur leader a
fauté dans la répartition du temps qu'il a consenti à
l'Opposition, nous pourrons réorganiser cela. Il pourra s'organiser pour
l'an prochain. Tout ce que je peux vous dire, c'est que jusqu'à
maintenant, cela a été respecté, en tout cas, dans la
commission que je préside et le ministre ici présent, qui est
aussi ministre du Travail, a pu vivre cette expérience. Par ailleurs, je
vous signale qu'en faisant cela le leader du gouvernement a été
respectueux de la tradition. Je ne veux pas allonger inutilement le
débat, mais je vous signale que j'ai besoin du temps qui a
été convenu entre les leaders et j'entends bien l'utiliser. (10 h
15)
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères et représentant de
l'Opposition, je vous assure que vous aurez tout le temps dont vous avez
besoin. Je peux vous rassurer davantage en vous rappelant qu'à
l'étude des crédits à la Condition féminine,
à la même table, avec les mêmes membres, l'Opposition a pu
poser 128 questions et le parti ministériel en a posé 7. On n'a
pas parlé de règle; on a simplement suivi les procédures.
Nous entendons procéder de la même façon. Si au cours du
débat vous vous sentez lésé, je serai prêt è
vous entendre à ce moment-là et on avisera, si le besoin en est.
Je propose qu'on commence les travaux et, s'il y a des problèmes, on les
réglera au fur et à mesure.
M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, je vous donne la parole.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président de la
commission parlementaire, messieurs les députés, Mme la
députée, avant de vous entretenir sur ce qui s'est fait au
ministère de la Maîn-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et sur ce que j'entends mettre de l'avant dans un avenir plus ou moins
rapproché, je tiens d'abord à vous présenter les
collaborateurs qui m'accompagnent. Ils sont là pour vous donner tous les
renseignements qui leur seront demandés. Parmi ceux et celles qui sont
là, je vous présente M. Pierre Sarault, sous-ministre en titre au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
Mme Michèle Jean, sous-ministre adjointe à la formation
professionnelle, M. Jean Pronovost, sous-ministre adjoint aux programmes et aux
systèmes, M. Jean-Marie Lalande, sous-ministre adjoint au réseau
Travail-Québec, M.
Pierre-Yves Vachon, sous-ministre adjoint à l'administration, M-
Henri-Paul Chaput, directeur général de la planification et Mme
Jacqueline Noël de Tilly, secrétaire du ministère.
De plus, parmi les gens de mon cabinet, je vous présente - s'il a
encore besoin de présentation dans cette enceinte -M. Jean
Larivière, conseiller politique responsable des travaux parlementaires,
M, Benoît Laliberté, conseiller politique responsable des dossiers
de la formation professionnelle et des programmes d'employabilité, Me
Nicole Dussauit, conseillère politique spécialisée dans
les questions de l'aide sociale et M. Jacques Dupuis, conseiller politique
affecté è la Régie des rentes du Québec et à
la Commission des affaires sociales.
Lorsque le premier ministre du Québec m'a confié la
responsabilité du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, je me suis fixé trois objectifs en
regard des mandats et des clientèles de ce ministère, dans le
cadre du contexte socio-économique et budgétaire que l'on
connaît.
Le premier objectif que je me suis fixé consiste à assurer
une saine gestion financière au ministère. À ce niveau,
j'ai dû, dès le départ, limiter l'accroissement des
dépenses à l'essentiel pour que le ministère apporte sa
juste contribution à l'effort nécessaire de rationalisation des
dépenses publiques. Il m'a donc fallu procéder à une
réévaluation complète des activités offertes par le
ministère, prioriser certains types d'interventions et y concentrer des
ressourses humaines et budgétaires. Ces choix ont été
faits en fonction de notre réforme de l'aide sociale, mais,
également, en fonction de notre première richesse au
Québec, soit nos ressources humaines qui constitueront plus que jamais
dans l'histoire la pierre angulaire de notre force économique.
Deuxièmement, tenir promesse et réaliser l'engagement
électoral d'accorder la parité de l'aide sociale. Comme vous le
savez sans doute, cet engagement qui fera partie d'une réforme globale
de l'aide sociale ne peut se faire en quelques semaines. J'ai donc, au moment
où je vous parle, déjà demandé à mes
fonctionnaires de préparer des études permettant d'obtenir les
différentes hypothèses qui s'offrent à nous. Ces
études, qui sont en cours, devront nous servir de base à cette
réforme qui représente une priorité pour notre
gouvernement. D'ailleurs, lorsque je vous entretiendrai des réalisations
qui, nous l'espérons, seront enclenchées ou en vigueur au cours
de l'exercice 1986-1987, je vous donnerai plus de détails sur les
orientations que nous entendons prendre.
Nous croyons que dans une économie dominée par des
entreprises à l'affût des technologies modernes, nous devons
apporter, et c'est là mon troisième objectif, notre support
à une accentuation marquée des efforts qui doivent être
fournis en matière de formation et de développement de
l'employabilité dans le but évident d'aider
particulièrement les plus démunis de notre
société.
Les transformations de plus en rapides de notre économie, des
changements technologiques nombreux, les effets d'une compétition de
plus en plus grande des marchés rendent, d'autre part, la formation et
l'adaptation de notre main-d'oeuvre des plus impératives.
Maintenant, M. le Président, si vous me le permettez, je veux
vous faire part globalement des objectifs que nous nous sommes fixés en
termes de réformes, gestes, législation ou autres, que nous
entendons faire et ce, en conformité avec les trois priorités que
je viens d'énoncer.
L'aide sociale. En ce qui a trait à ce dossier majeur, j'irais
jusqu'à dire prioritaire, que constitue le programme d'aide sociale,
vous me permettrez de vous sensibiliser sur quelques données
démontrant la nécessité d'entreprendre la réforme
de ce programme. Réforme en profondeur, réforme
bénéfique non seulement pour les bénéficiaires de
ce programme, mais, aussi, pour tous les contribuables du Québec; somme
toute, pour l'ensemble de la société québécoise.
Ainsi, au cours des dix dernières années, des changements
importants sont survenus. Qu'il me suffise de mentionner ici,
premièrement l'accroissement considérable de la clientèle:
207 200 ménages en 1975; 410 758 ménages en novembre 1985,
correspondant à 683 287 personnes qui dépendent de l'aide sociale
au Québec.
Deuxièmement, il y a un changement de la clientèle. Alors
qu'à l'origine la majorité de la clientèle était
composée d'inaptes au travail, elle est maintenant composée de
personnes, d'individus aptes au travail.
Troisième élément, rajeunissement de la
clientèle. Â l'heure actuelle, il y a 147 616 ménages, soit
35 % de la clientèle, de moins de 30 ans, dont 116 199 sont
considérés comme aptes au travail, ce qui indique bien le
rajeunissement de cette clientèle.
Ces modifications dans les caractéristiques ne sont pas survenues
du jour au lendemain. Des correctifs appropriés auraient pu être
apportés. Les modifications pertinentes auraient pu être
adoptées par le gouvernement précédent. Cela n'a pas
été fait, M. le Président. Mais, avec l'actuel
gouvernement, cela se fera.
En effet, il ne m'a pas fallu grand temps pour me rendre compte que le
système actuel est déclassé, déphasé et
dépassé. Je ne voudrais cependant pas prendre tout le
crédit d'une telle constatation, à toutes fins utiles, assez
évidente. Que
l'on se rappelle deux des engagements majeurs du Parti libéral du
Québec lors de la dernière campagne électorale, savoir la
parité pour les moins de 30 ans et la réforme de l'aide sociale.
Oui, M. le Président, le système actuel sera
réformé en profondeur.
Premièrement, il sera scindé en deux. D'une part, il y
aura un programme d'aide ou d'assistance financière pour les inaptes
permanents, avec prestations révisées, afin de permettre aux plus
démunis de notre société de vivre un peu, et non plus
seulement d'exister.
D'une part, il y aura le programme APTE, pour Action positive pour le
travail et l'emploi. Retenons ce nom. Il dit bien ce qu'il a à dire et
c'est dans le cadre de ce programme que le gouvernement réalisera son
engagement relatif à la parité pour les moins de 30 ans. Non, M.
le Président, il n'y aura plus de discrimination basée sur
l'âge. Toute la clientèle de ce nouveau programme part
égale et le demeurera tant et aussi longtemps que tous et chacun des
participants respectera les critères et les conditions du programme.
Ces critères et conditions se retrouvent sous le vocable de
"mesures d'amélioration de l'employabilité", mesures sur
lesquelles je vous entretiendrai un peu plus tard. Je peux vous assurer
qu'elles seront souples et diverses afin de répondre aux aspirations,
aux besoins et aux capacités de chacun.
Comme vous pouvez le constater, M. le Président, c'est le
début d'un temps nouveau pour l'aide sociale. Finie la discrimination
selon l'âge. Pour le respect de l'équité et de la justice
sociale, il y aura un partage des droits et obligations entre l'État et
les participants à son programme et ce, pour le plus grand
bénéfice de l'ensemble de la société
québécoise.
Il ne faut jamais oublier que dans une société libre et
démocratique comme la nôtre, le sain exercice de la
démocratie ne saurait s'appliquer pleinement sans la contrepartie juste
et équitable des droits de chacun qui sont les devoirs et obligations de
chacun: obligation pour le gouvernement de surveiller l'emploi des sommes mises
à sa disposition par les contribuables et obligation pour le
bénéficiaire de quelque programme que ce soit de rendre compte du
bien-fondé et de la légitimité de sa participation au
programme. Avec la réforme envisagée, ces droits et obligations
seront respectés.
Quant à la formation professionnelle, comme vous avez pu le
constater, M. le Président, la réforme de l'aide sociale sera
orientée de façon telle que le bénéficiaire
participant aura la possibilité de se prendre en main et
d'améliorer son sort dans notre société. Afin d'y
parvenir, nous croyons que le participant au programme APTE aura tout avantage
à se servir des programmes de formation professionnelle et
d'employabilité qui seront mis à sa disposition.
À ce chapitre, soulignons qu'en matière de formation
professionnelle les principales responsabilités du ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu peuvent
s'énoncer comme suit: premièrement, orienter, élaborer et
mettre en oeuvre des interventions gouvernementales visant au
développement de la main-d'oeuvre et de l'emploi; deuxièmement,
gérer les programmes de formation professionnelle de la main-d'oeuvre;
troisièmement, développer la formation en entreprise;
quatrièmement, offrir des alternatives valables aux besoins des citoyens
en collaboration avec les réseaux scolaires de chaque région.
De façon générale, la formation professionnelle
vise à contribuer au développement des individus et à
permettre aux travailleurs et travailleuses de s'adapter et de se perfectionner
plus spécifiquement dans les domaines touchés par les changements
technologiques. Plusieurs sous-thèmes doivent être les lignes
directrices de nos actions. Il s'agit de préparer la main-d'oeuvre
à exercer des professions reconnues et en demande, c'est-à-dire
reliées à la nouvelle technologie et aux besoins de la
compétence recherchée par le marché du travail
québécois, répondre aux pénuries de main-d'oeuvre
qualifiée dans les secteurs en expansion au Québec, assurer le
perfectionnement des gestionnaires de l'entreprise privée, faciliter le
recyclage du personnel des secteurs économiques en perte de vitesse,
favoriser les programmes de perfectionnement en collaboration avec les
employeurs de manière que les travailleurs et travailleuses puissent
conserver leur emploi, augmenter les qualifications des personnes les plus
défavorisées en mettant en place des programmes qui leur
permettront de mieux s'intégrer au marché de l'emploi.
Afin de répondre aux besoins de la population du Québec en
termes de formation, nous entendons mettre l'accent sur les programmes, mesures
et services de formation professionnelle. En ce qui a trait aux programmes de
recyclage et de perfectionnement de la main-d'oeuvre, nous visons à
favoriser le recyclage et le perfectionnement des travailleurs et travailleuses
en emploi ou en recherche d'emploi, et espérons rejoindre le maximum de
personnes. Ce programme permettra aux personnes inscrites de s'adapter aux
changements technologiques, de répondre aux exigences du marché
du travail et de hausser leur niveau de qualification.
De plus, afin de fournir aux adultes les préalables requis dans
le but de poursuivre des études ou obtenir un emploi, le
ministère prévoit une formation générale à
plein temps, ce qui permettra à plusieurs milliers de personnes
d'acquérir un minimum de
moyens pour faire face aux .difficultés rencontrées dans
l'obtention d'un emploi.
Quant à la formation professionnelle à plein temps, le
ministère propose un type de programme qui correspond à toute
formation orientée vers l'exercice d'une fonction de travail dont les
mesures comportent des matières de formation générale et
professionnelle. Ce programme permettra aux travailleurs et travailleuses de
s'adapter aux changements technologiques, de répondre à leurs
besoins de qualification professionnelle ou d'acquérir une
formation.
Le programme de formation en entreprise englobe les projeta de
formation, de perfectionnement et de recyclage de la main-d'oeuvre travaillant
dans une entreprise. Les mesures de ce programme devraient permettre aux
participants de se perfectionner ou de se recycler afin d'améliorer leur
compétence et leur qualification professionnelle.
Le programme de soutien à la formation en entreprise, qui
reçoit des sommes considérables, vise à offrir aux petites
et moyennes entreprises et aux travailleurs et travailleuses de ces entreprises
une aide financière et technique pour appuyer leurs efforts de
formation.
Quant à l'employabilité, la fonction de
développement de l'employabilité s'accentuera au ministère
dans le contexte de la réforme globale de l'aide sociale. Nous
envisageons que les participants au programme APTE soient invités
à des mesures visant l'amélioration de leur employabilité,
mesures qui pourraient prendre plusieurs formes et qui s'inscriraient dans les
grands axes suivants.
Le premier viserait l'acquisition des connaissances académiques
nécessaires à l'obtention d'une formation suffisante pour
décrocher un emploi. Ce champ irait de l'alphabétisation
fonctionnelle de certains bénéficiaires jusqu'à la
formation professionnelle du niveau postsecondaire. Cette formation pourrait
aussi être faite en bonne partie en milieu de travail afin de coller
davantage aux besoins du marché.
Le deuxième axe d'intervention serait caractérisé
par des activités de services communautaires dont l'objectif serait
d'offrir à des bénéficiaires l'occasion de mettre à
la disposition de leur communauté leur habileté et leur
capacité tout en leur permettant de maintenir ou de développer
leur employabilité.
Une troisième série de mesures viseraient à
faciliter l'insertion permanente des bénéficiaires dans leur
secteur de compétence. Les diverses formes de subvention directe
à l'emploi entreraient dans le cadre d'intervention.
D'autre part, il ne faudrait pas passer sous silence les gestes qui
devront être posés au niveau des organismes gouvernementaux qui
tombent sous ma juridiction. Ainsi, sans vouloir les citer par ordre
d'importance, je me contenterai, à ce stade-ci de la commission
parlementaire, de vous faire part, M. le Président, des grandes lignes
directrices qui conduiront nos gestes dans les prochains mois.
Quant à la Commission des affaires sociales, le programme
essentiel et auquel il est impératif de trouver des solutions est celui
des retards d'audition, principalement à la division des accidents du
travail où nous avons hérité de l'ancien gouvernement de
plus de 6000 causes inscrites en appel qui occasionnent des délais
minimums de deux ans, sans compter les accumulations sans cesse grandissantes
à la division des rentes et à la division des accidents
d'automobile.
Ce problème sur lequel je me suis penché depuis mon
assermentation est réel et plusieurs de nos concitoyens s'en plaignent
quotidiennement et depuis fort longtemps. Afin de corriger cette situation
inacceptable, j'annoncerai très bientôt des mesures correctives
qui, j'en suis persuadé, régleront cette question. (10 h 30)
En ce qui concerne la Régie des rentes, notre formation politique
s'est engagée à trouver, au cours de ce premier mandat, pour les
conjoints au foyer, un mécanisme d'accès au régime des
rentes. Aussitôt assermenté comme ministre responsable de la
Régie des rentes, j'ai demandé à son président, M.
Claude Legault, de commander aux experts de la régie des
hypothèses de solution qui permettraient de réaliser cet
engagement. Au moment où je vous parle, nous avons déjà eu
des discussions avec nos collaborateurs de la régie et du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
qui, eux aussi, à ma demande, se penchent sur cette question. Ces
discussions ont été fructueuses et je compte en maintenir le
rythme au cours des prochains mois.
Dans le domaine des régimes privés de retraite, nous
devons revoir le projet de loi sur les régimes supplémentaires de
rentes. En effet, l'ancien gouvernement avait déposé une version
comportant plusieurs irritants et demeurait silencieux sur la question de la
création d'un régime d'accueil en matière de
régimes privés de retraite. Le secteur privé devra
être consulté sur la question et ces consultations sont
déjà entreprises. Cependant, je n'envisage pas, au moment
présent, de proposer un nouveau projet de loi.
Quant à la Commission de normes du travail, elle a pour mission
de faciliter l'application de la Loi sur les normes du travail et de la Loi sur
la fête nationale. Pour ce faire, entre autres, la commission informe la
population sur les normes, reçoit et traite les plaintes des
salariés. La Loi sur les normes du travail édicté les
conditions
minimales de travail pour des centaines de milliers de travailleuses et
de travailleurs. Ainsi, la semaine normale de travail, le temps
supplémentaire, le salaire minimum, les jours fériés et
autres éléments du même genre sont déterminés
dans cette pièce législative. Après un peu plus de six ans
d'existence, il est normal de penser à réajuster la loi aux
réalités d'aujourd'hui.
À cet effet, le rapport Beaudry, dans son chapitre V, émet
diverses hypothèses de révision. Cependant, là aussi, j'ai
à coeur de maintenir la position concurrentielle du Québec. Il
est normal de protéger les salariés non organisés et de
leur accorder les conditions de travail les plus généreuses
possible sans pour autant rendre le Québec inaccessible aux
investissements créateurs d'emplois. Le Québec a besoin d'emplois
pour nos centaines de milliers de chômeuses, de chômeurs et
d'assistés sociaux. L'État doit donc trouver un juste
équilibre. Je le concède, ce n'est pas facile.
Relativement au salaire minimum, trois problèmes concrets se
posent à nous. Un premier, celui des employés au pourboire;
faut-il maintenir un salaire différencié parce qu'ils
reçoivent une gratification ou doit-on taxer cette gratification
même s'ils ne sont pas admissibles aux mêmes
bénéfices que les autres salariés? Mon collègue, le
ministre du Revenu, est à réexaminer la loi 43 votée par
le gouvernement péquiste.
Le second est celui du taux du salaire minimum. La commission Beaudry
nous recommande de hausser ce taux pour la seule raison que celui-ci est
gelé depuis 1981. Sur ce point, j'ai entrepris des démarches
auprès de mon homologue ontarien que je dois rencontrer d'ailleurs sur
ce sujet tout prochainement. Une annonce simultanée faciliterait certes
le maintien des avantages comparatifs militant en faveur du Québec.
Le troisième aspect de ce dossier est le salaire
différencié basé sur l'âge. Depuis peu, en vertu des
Chartes canadienne et québécoise des droits et libertés,
la discrimination basée sur l'âge pour le salaire minimum doit
ainsi disparaître. Nous travaillons donc en ce sens.
Quant au conseil d'arbitrage, il a pour mandat de disposer des plaintes
des personnes qui se croient lésées à la suite de
l'application des règlements sur la formation et la qualification
professionnelle de la main-d'oeuvre. En somme, le conseil dispose des conflits
de compétence relatifs à l'exercice d'un métier ou d'une
occupation.
Le problème numéro un du conseil d'arbitrage est celui de
la manutention sur les chantiers de construction. Ce problème
découle du règlement modifiant le règlement sur la
formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre de
l'industrie de la construction, adopté par le gouvernement
péquiste en juin 1985. Un tollé d'objections s'était
produit au moment de la publication du projet de règlement. Ces
objections n'étaient pas disparues au moment de l'adoption dudit
règlement. Est-il utile de souligner que près de 80 000
travailleurs syndiqués et 13 000 employeurs de la construction sont
concernés par la juridiction des métiers? Une fois terminé
le travail des comités que j'ai formés sur l'abolition de la
carte de classification et sur la formation de la main-d'oeuvre dans
l'industrie de la construction et à la lumière des
recommandations de ces comités, nous serons appelés à
prendre les décisions qui s'imposeront.
Quant à l'Office de la sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris, sur ce sujet, je me permettrai d'être
bref, M. le Président. L'arrivée au pouvoir du Parti
libéral du Québec, et de M. Robert Bourassa, aura pour
conséquence d'accroître l'importance de cet organisme
gouvernemental et, de ce fait, du rôle majeur qu'auront à jouer
les autochtones dans le contexte d'une réalisation éventuelle de
projets d'avenir pour le Québec. D'ailleurs, je profite de l'occasion
pour rappeler aux membres de la commission que l'actuel gouvernement accorde
une attention toute particulière aux autochtones. D'ailleurs, soulignons
que nous sommes déjà entrés en communication avec eux
relativement aux programmes qui les concernent.
En terminant, et je conclurai mon intervention là-dessus, notre
intention est ferme quant au respect scrupuleux des trois objectifs que nous
nous sommes fixés dans tous nos gestes relevant du ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Quant aux
organismes gouvernementaux, nous avons des engagements ainsi que des mandats
bien précis et nous ferons tout en notre pouvoir pour effectuer le
travail conduisant ultimement à l'amélioration de notre
société. Nous aurons continuellement à l'esprit que, dans
le Québec de demain, les ressources humaines et la faculté des
Québécois et des Québécoises d'innover, de
créer, d'assumer des risques, de s'adapter aux changements seront
intimement liés à notre capacité concurrentielle. Tous,
sans exception, devront adopter de nouvelles attitudes pour faire face aux
mutations sociales profondes qui marquent notre époque. Je puis vous
assurer que notre ministère appuiera tous ceux et toutes celles qui
veulent rendre la main-d'oeuvre québécoise encore mieux
formée, qui veulent apporter leur contribution afin d'aider les plus
démunis et, enfin, qui veulent faire de notre province un endroit
où la justice et l'équité sociale sont des principes
appliqués à tous les niveaux.
Je vous remercie de votre attention.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
ministre.
Est-ce que vous avez l'intention, M. le ministre, de déposer le
document à la commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a été
distribué. Je ne sais pas si le dépôt est requis par un
membre. Je ne suis ici que comme invité pour répondre aux
questions et aux besoins de cette commission.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que quelqu'un
propose le dépôt du document?
Mme la députée de Châteauguay. D'accord.
M. le député de Verchères.
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci. M. le Président. Mesdames et
messieurs les collègues de la commission, M. le ministre, mesdames et
messieurs du ministère, mes premières remarques sont pour dire
que, lorsque le chef de l'Opposition m'a confié cette
responsabilité d'être le critique de l'Opposition officielle en
matière de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu, j'ai
fait un peu ce que le ministre a fait et qui était le bon sens
même, c'est-à-dire que je me suis organisé pour rencontrer
la précédente titulaire, Mme Pauline Marois. J'ai discuté
avec elle de la situation des dossiers de la main-d'oeuvre et de la
sécurité du revenu. Je me suis rendu compte rapidement que Mme
Marois était passionnée, non seulement pour ses dossiers, mais
aussi pour son ministère, pour les gens du ministère. Je
voudrais, à ce moment-ci, profiter de l'occasion qui m'est offerte pour
saluer les hauts fonctionnaires, les cadres supérieurs du
ministère et, par leur entremise, tous les gens qui oeuvrent au sein du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
qui - je l'expliquerai encore plus en détail tantôt - est, pour
moi et pour toute l'Opposition, un des ministères les plus
stratégiques et impartants, compte tenu des défis que notre
société a à relever.
J'ai constaté aussi que Mme Marois était passionnée
pour ses dossiers. De mon côté, je connaissais un certain nombre
de ces dossiers pour avoir été dans votre fauteuil, M. le
Président, comme président de la commission de
l'éducation, de la main-d'oeuvre et de la sécurité du
revenu. D'ailleurs, je déplore un peu que la commission de
l'éducation ait perdu la main-d'oeuvre et la formation professionnelle
parce que je crois, avec tout le respect que j'ai pour la commission des
affaires sociales, que c'était peut-être un lieu plus
privilégié et qu'il y avait peut-être une meilleure
cohérence à faire en sorte que la question de la main-d'oeuvre et
de la sécurité du revenu relève de la commission de
l'éducation qu'on appelait avant commission de l'éducation, de la
main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu. De toute
façon...
Je profite aussi de l'occasion pour non seulement vous offrir, M. le
Président, mes félicitations, mais également vous assurer
de toute ma collaboration pour l'exercice de votre fonction. Je sais ce qu'elle
est, je l'occupe encore dans une autre commission. Vous pouvez compter sur moi
pour faire en sorte que les travaux de la commission soient des plus
productifs.
Après avoir approfondi les dossiers qui ont été
laissés en plan par Mme Marois et avec les informations dont je
disposais au préalable, je me suis rendu compte que, finalement,
l'héritage qu'on laissait au nouveau ministre était important et
que le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, en fait, est un vaste chantier d'action et de réflexion sur des
questions majeures qui concernent toute notre société. C'est un
ministère aussi qui est à la charnière du
développement économique et du développement social.
À cet égard, c'est un ministère qui est confronté
et qui va être confronté longtemps à des défis
cruciaux qui se posent pour notre société, pour notre peuple,
mais qui se posent aussi, de la même façon, sensiblement selon les
mêmes problématiques, pour d'autres sociétés avec
lesquelles on est en relation et en concurrence.
La mutation socio-économique qu'on vit et les problèmes du
marché de l'emploi qu'elle engendre sont certainement parmi les
défis les plus importants. Qu'on pense, par exemple, au chômage et
à son cortège de misères et de souffrances humaines; pour
les jeunes d'abord, bloqués dans le portique de la vie active parce
qu'ils n'ont pas la chance d'intégrer le marché du travail ou
parce qu'ils sont refoulés, pour toutes sortes de raisons, plus
rapidement que les autres lorsque des soubresauts économiques
surviennent. Pour les plus vieux et les plus vieilles qui, souvent, perdent
leur emploi et se retrouvent coincés, très souvent, sans avoir la
formation requise pour faire face aux nouvelles situations, à un
âge où, malheureusement, les discours et les actions de beaucoup
d'"offreurs" d'emplois détonnent un peu; pour les femmes, aussi, qui
sont toujours plus nombreuses à vouloir entrer ou revenir sur le
marché du travail, pour des raisons diverses. Pour les handicapés
qui sont désireux d'être traités comme des personnes
à part entière. Pour les immigrants, aussi, désireux
d'échapper souvent a leur passé et, surtout, pressés de
devenir des citoyens à part entière.
Cette mutation socio-économique, aussi, cause des
problèmes d'adaption et d'employabilité de la main-d'oeuvre. Le
ministre en a parlé; on va en parler fréquemment à cette
commission et devant lui, parce que, c'est un des défis les plus
importants auxquels nous avons à faire face.
Les exigences économiques et humaines, aussi, la concurrence
féroce, à l'intérieur du Québec, comme a
l'étranger. Les exigences sans pitié de la croissance
économique et de la création de la richesse collective autant
qu'individuelle sont aussi des défis auxquels on est
confrontés.
Par ailleurs, le partage de la richesse collective, autant que le
partage du fruit des labeurs, dans une société de consommation
toujours plus attrayante et sollicitante. On pense à l'assouvissement
des besoins essentiels autant que des besoins nouveaux qui sont
créés par la publicité. Combien de gens, finalement,
regardent la télévision et n'ont pas les moyens de se payer ce
que notre société leur propose, leur offre, leur fait miroiter.
Ce sont des besoins de sécurité matérielle primaire, mais
ce sont aussi des besoins psychologiques qui sont créés et qui
s'ajoutent à ces besoins de sécurité primaire. C'est la
sécurité tout court du revenu, pas seulement à l'occasion
de la retraite, mais aussi avant la retraite.
Cet ensemble de problématiques, quand on regarde ce qu'on a
laissé au ministre, on se rend compte que c'est un vaste chantier qu'on
lui a laissé. Un vaste chantier qui bouillonne par le dynamisme de ces
gens, mais qui bouillonne parce qu'il y a du travail important qui a
été amorcé et qu'on laisse au ministre. Des défis
qui sont, dans chacun de ces cas-là, des défis importants. Le
premier, je ne les ai pas mis nécessairement par ordre pioritaire, mais
je veux en relever un certain nombre de ces défis impartants. Le
ministre constatera qu'ils sont peut-être un petit peu plus nombreux que
ceux qu'il nous a présentés dans ses remarques
préliminaires.
D'abord, le problème des programmes de développement de
l'employabilité, la lutte contre l'inactivité et l'isolement: II
y a des réformes qui ont été engagées au cours des
dernières années. Depuis deux ans, tous les programmes du
ministère à cet égard ont été revus,
réorientés, réévalués. On a mis en place des
mécanismes de réévaluation et de réorientation qui
vont permettre, aujourd'hui, au ministre de les perfectionner ou de donner
encore plus.
On a fait des expériences importantes, fructueuses et on verra
comment elles sont évaluées, à l'occasion de
l'étude détaillée des crédits, mais on peut
simplement constater qu'à l'égard de quatre de ces programmes qui
ont fait parler beaucoup d'eux, on est rendu à terme, aujourd'hui, alors
qu'on parlait d'objectif de deux ans. Cet objectif de deux ans avait
été fixé au départ pour l'expérimentation?
on avait 50 000 personnes qu'on devait remettre en activité ou dont on
devait améliorer l'employabilité et on a dépassé,
puisque près de 80 000 personnes ont été rejointes par ces
programmes, programmes qui sont maintenus, pour l'essentiel, par le ministre.
Je le félicite. Je pense qu'il a résisté à des
tentations qui devaient être importantes et, en faisant cela, il rend
service surtout aux personnes qui ont besoin de ces programmes et pour
lesquelles ils ont été très importants.
Le deuxième dossier important: la formation et le recyclage de la
main-d'oeuvre, active ou en chômage. Il y a eu la commission Jean.
D'ailleurs, maintenant, le ministre, comme sa prédécesseure, peut
jouir et peut profiter des conseils avantageux d'une de ses sous-ministres qui
était la présidente de cette commission importante. Il y a eu un
plan d'action qui a été élaboré en février
en 1984 et qui a confié au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu un rôle de premier plan dans
l'organisation des services de main-d'oeuvre et de recyclage de main-d'oeuvre.
À cet égard, on constate également que le gouvernement a
finalement décidé de continuer dans cette direction et de donner
les crédits pour compléter la mise en oeuvre du plan d'action qui
avait été initié. (10 h 45)
On a créé, à l'occasion de ce plan d'action, une
Direction générale de la formation professionnelle, dont le
ministre tantôt nous a rappelé toute une série d'objectifs,
mais qui ne sont pas des objectifs nouveaux, qui sont tous des objectifs qui
étaient là avant le 2 décembre et qui vont continuer
d'être là longtemps. On a exploré, à l'occasion d'un
travail qui a été fait dans le secteur de la formation
professionnelle, toute une série d'avenues, la formation à
l'entreprise - on en reparlera tantôt - dont le ministre a vanté
les mérites, mais qui est un programme qui a été
lancé au mois de novembre dernier seulement. Il y a toute la politique
d'apprentissage qui a été amorcée, les efforts et les
pistes de déréglementation avec plus ou moins de succès
mais qui ont été explorées; qu'on pense au secteur de la
coiffure, au secteur de l'automobile.
Un troisième dossier majeur, qui mérite d'être
porté à l'attention du bilan et des papiers de famille qu'on a
laissés au ministre, est l'élaboration d'une politique d'ensemble
de la main-d'oeuvre et de l'emploi. Non seulement y a-t-il eu, au cours des
dernières années, plusieurs réflexions et recherches qui
ont convergé et qui vont aboutir à quelque chose dans les
prochaines semaines, dans les prochains mois et dans les prochaines
années, à condition qu'il y ait une volonté politique
d'agir et de faire des choses, mais il fallait faire le travail de base, le
travail préliminaire et ce travail, pour l'essentiel, a
été fait. On a réussi à mobiliser et à
animer les partenaires socio-économiques avec la Table nationale de
l'emploi et le Secrétariat à la concertation et à
l'emploi. Et on a mis en oeuvre des
expériences essentielles, dont l'aménagement du temps de
travail, une des pistes qui nous étaient proposées par le
programme libéral au cours de la dernière campagne
électorale.
On a par ailleurs élaboré, au cours des dernières
années, des normes du travail plus humaines, plus modernes, plus
adaptées aux exigences de la croissance économique de la
compétition mais qui, compte tenu des défis nouveaux, compte tenu
de la mondialisation de l'économie, compte tenu de ta concurrence de
plus en plus féroce qui sévit sur tous les marchés
où on a à être présent... Ces normes du travail,
à l'égard de ces objectifs économiques et des objectifs de
justice sociale et de dignité humaine, vont continuer è demander
d'être améliorées, précisées,
renforcées. Que l'on prenne simplement - le ministre en a parlé -
la question du salaire minimum. Là encore, il n'y a pas de virage
è 360 degrés dans ce que le ministre nous annonce- Le
gouvernement précédent l'avait plafonné pour des raisons
économiques, des raisons dont le ministre a parlé, et le
gouvernement précédent avait entrepris lui aussi une
réflexion, et même plus qu'une réflexion, il avait
décidé de l'augmenter au début de l'été
dernier. Cette décision avait été soumise à la
consultation des partenaires è la table de l'emploi et de la
concertation. On en était là au 2 décembre. On pourra
toujours dire que l'on en était là encore, mais on en
était là pour des raisons que le ministre a reprises
lui-même tantôt, en disant que lui non plus n'était pas
pressé d'aller trop vite, parce qu'il y avait des considérations
qui étaient à être prises en compte.
Un cinquième dossier important, le ministre en a parlé, ce
n'est pas le dossier le plus important, mais c'est un dossier fondamental: la
réforme de l'aide sociale à la fois en regard des
problèmes d'explosion des dépenses de l'État, mais aussi
en regard des besoins matériels autant que psychologiques des personnes
qui sont obligées d'avoir recours à l'aide de l'État. La
distinction entre apte et inapte annoncée par le ministre, dans le fond,
a été amorcée par le gouvernement précédent
dans son livre blanc sur la fiscalité et les travaux en cours au
ministère de la Main-d'Oeuvre.
Quand le ministre nous annonçait qu'il avait commandé des
travaux, je suis convaincu que les commandes qu'il a passées vont
avantageusement être inspirées des travaux qui étaient
déjà en cours au ministère sur ces questions. Il y a du
travail qui avait été fait, il y a du travail qui restait
à faire, il y a du travail qui reste donc à faire avec le
gouvernement qui, maintenant, a la direction des affaires de l'État.
Mais la problématique politique que posent les aptes et les inaptes au
travail, de même que les chiffres et les considérations que le
ministre a mentionnés tantôt, était au coeur des
préoccupations du gouvernement précédent et de
l'équipe politique qui était à la direction des affaires
de l'État auparavant. Non seulement n'a-t-on pas escamoté le
problème, mais on a posé le problème et on a
également amorcé le travail. Plus de temps nous aurait permis...
Plus de temps permettra peut-être au ministre d'aboutir et l'on verra par
la suite, finalement, les résultats et les fruits qui seront cueillis
à cet égard.
On a également amorcé l'incitation au travail et au
développement de l'employabilité pour les aptes au travail. Ce
n'est pas une innovation libérale, ce n'est pas quelque chose que tout
à coup on sort d'un chapeau de magicien en disant: Voici la trouvaille
du siècle. D'abord, ce n'est pas la trouvaille du siècle, d'une
part, puis, deuxièmement, cette action d'incitation et de
développement de l'employabilité pour les
bénéficiaires de l'aide sociale aptes au travail est
déjà amorcée depuis deux ans. Ces programmes ont
d'ailleurs été abondamment critiqués par le ministre et
par ses collègues, à l'époque où ils étaient
dans l'Opposition, et, finalement, ils se sont révélés
beaucoup plus efficaces que tout le monde le pensait, que non seulement
l'Opposition du temps le pensait, mais que le gouvernement qui les a mis en
place le pensait. Maintenant que l'expérience a porté ses fruits,
cela va permettre de passer à une autre étape,
c'est-à-dire une fois qu'on a fait l'expérience, que cela marche
et qu'on est dans la bonne direction, on rend les choses plus permanentes, plus
fonctionnelles et plus solides.
La révision des faibles aides financières consenties aux
moins de 30 ans, tout le problème de la parité. Le ministre
pourra toujours dire que c'est encore là une trouvaille, une innovation
libérale. Ce que je peux lui dire, c'est que dans le fond la
parité dont il nous a parlé au cours de la campagne
électorale, qui était différente de la parité dont
on nous a entretenu quand on était de ce côté-ci de la
table, c'est une parité conditionnelle, alors que pendant des mois et
des mois on nous a parlé d'une parité inconditionnelle, mais la
parité conditionnelle de l'aide sociale existe déjà. Il
s'agira maintenant de faire en sorte que ce qui était possible pour
quelques-uns soit possible pour un plus grand nombre, mais l'exploration de la
possibilité d'accorder une aide sociale substantielle,
équivalente à l'aide sociale qui est accordée à
ceux qui sont inaptes au travail, a été la base même des
programmes de relance qui ont été mis en place et des
décisions que le gouvernement a prises, que l'on retrouve d'ailleurs
dans le livre des crédits de cette année et qui sont des
réajustements à la hausse des budgets qui ont fait en sorte
qu'effectivement les bénéficiaires de ces programmes ont vu
leur
situation s'améliorer. Il restait du travail è faire, j'en
conviens, mais là encore ce n'est pas une piste nouvelle. C'est une
piste qu'on a ouverte et que le gouvernement actuel va continuer d'explorer et
d'emboîter.
Finalement, le resserrement des mesures de contrôle, et on parlera
de la délicatesse de cette action qui est importante. Personne n'est
contre le fait qu'on puisse éviter la fraude au maximum et que l'on
puisse non seulement récupérer le maximum de comptes payables
à recevoir, mais également que, par la
récupération, on puisse en donner plus à ceux qui en ont
vraiment besoin. Là encore, si le ministre est de bonne foi, et je ne
veux mettre d'aucune façon sa bonne foi en doute, il conviendra que
là encore le travail avait été sérieusement
amorcé par l'équipe précédente. D'ailleurs, des
expériences étaient en cours qui, dans certains cas, ne sont pas
terminées.
Finalement, il y avait deux autres dossiers importants. La
sécurité du revenu à la retraite. C'est plus, M. le
ministre, que seulement la question du Régime de rentes pour les femmes
au foyer, c'est beaucoup plus que cela, c'est toute une problématique
fondamentale. Je vous donne trois éléments de cette
problématique. Depuis 1983, les cotisations au Régime de rentes
sont insuffisantes. En 1999, la réserve sera épuisée et en
l'an 2000 les 65 ans et plus auront passé de 8,7 % à 21,4 % de la
population. Face à cette problématique, non seulement le
gouvernement avait commandé et obtenu toute une série de
recherches préparatoires nécessaires pour la définition et
la bonne compréhension de la problématique, mais aussi la
définition des axes de solutions. Il y a eu au printemps dernier
publication de la politique québécoise de la
sécurité du revenu à la retraite: "Agir maintenant pour
demain", dont le ministre n'a aucunement parlé dans ses commentaires
préliminaires. J'espère qu'on en reparlera la semaine prochaine.
On aura l'occasion, on aura quelques heures à ce moment-là pour
en reparler. Mais tous ceux qui suivent ce dossier de près savent que
c'est une réforme majeure et importante. Non seulement il y avait
à l'égard de cette réforme le projet de loi sur le
Régime de rentes supplémentaires, mais il y avait beaucoup plus
que cela, il y avait une concertation qui avait été
amorcée. J'espère qu'il ne s'agit que d'un oubli du ministre,
mais le fait que le ministre n'en ait pas parlé, je ne peux pas faire
autrement que m'inquiéter et sans doute inquiéter ma
collègue, la députée de Maisonneuve.
Le dernier dossier dont je voudrais parler à l'égard de
l'héritage que nous avons laissé au ministre et dont on est
fiers, c'est la réorganisation administrative du ministère de la
Main-d'Oeuvre pour mieux répondre à ses missions, missions
d'ailleurs qui ont été modifiées, précisées
au cours des dernières années en ce qui a trait aux changements
que le ministre a mentionnés, par exemple, concernant l'aide sociale,
les conditions qui sont modifiées, les variations ou les modifications
en ce qui a trait à la nature de la clientèle à
desservir.
Qu'on pense en particulier à la fusion du réseau des
centres de main-d'oeuvre du Québec et du réseau des bureaux
d'aide sociale qui a maintenant donné naissance au réseau
Travail-Québec. C'est un travail colossal, il ne faut pas le
sous-estimer. Un travail qui a mobilisé beaucoup d'énergie
humaine et financière à l'intérieur du ministère et
qui maintenant peut profiter à l'équipe de direction qui est
maintenant en place et aux citoyens du Québec.
La création d'un bureau de la condition des femmes au travail,
dont le ministre ne nous a pas parlé, qui est en place, qui a fait des
choses importantes et qui peut en faire encore beaucoup dans la mesure
où on veut lui donner les moyens de faire son rôle, d'actualiser
sa mission et d'être encore plus performant.
La mise en place d'un service d'évaluation des politiques et
programmes, ce qui va permettre au ministre de faire des actions efficaces dans
la mesure où il veut mettre le temps et les énergies. Cela va
être, entre autres, l'existence au sein de son ministère
d'instruments d'évaluation, d'instruments de réorientation et de
connaissance des réalités auxquelles il a à faire face. Je
crois que déjà il a su bénéficier de ces services.
Et au cours des années qui vont venir, il va constamment pouvoir
bénéficier de l'existence de ce service qui a été
mis en place.
En fait, pris dans son ensemble, c'est un bilan impressionnant qu'on
laisse au ministre. C'est un bilan qui a été mal connu et qui n'a
pas été évalué au mérite, peut-être,
en bonne partie à cause du gouvernement qui était là, qui
n'a pas accordé suffisamment de temps et d'énergie.
Peut-être aussi - quand je relisais les propos que M. le ministre et ses
collègues tenaient dans l'Opposition - parce que ces propos qui,
aujourd'hui n'ont plus l'air d'actualité pour le ministre,
étaient des propos qui étaient franchement exagérés
et qui masquaient dans les faits un travail énorme et un chantier
considérable qui existait au ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu.
Je dois dire que quand on regarde le travail accompli, on se rend compte
aussi que les promesses libérales apparaissent peu novatrices. Elles
sont, dans la continuité de ce qui s'est amorcé, dans un certain
nombre de cas, on doit le reconnaître, fort pertinentes, bien que, comme
je l'indiquais dans cette continuité, cela n'a pas échappé
aux observateurs. Déjà les journalistes qui suivent l'action du
ministère de la Main-
d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu l'ont noté.
Dans d'autres cas, elles apparaissent pour le moins improvisées et
bâclées. En fait, c'est un héritage important et les
engagements aussi dans une certaine mesure, compte tenu des crédits qui
sont devant nous, sont importants.
Il me reste des craintes, M. le Président. On ne peut pas faire
de procès d'intention à ce moment-ci. On ne peut pas non plus
faire de bilan, ni de procès d'action. Je pense qu'on est trop
tôt, et le ministre a le droit d'avoir la chance au coureur. Je pense que
personne en disconvient. Mais j'ai des craintes, comme critique, que mes
collègues de l'Opposition partagent également. D'abord la crainte
qu'on ait devant nous un ministre un peu trop surchargé, un peu trop
occupé, pas assez disponible. Pour vous dire bien franchement, on n'est
pas d'accord, qu'aucune façon, avec la décision que le premier
ministre a prise de refusionner, d'une certaine façon, de remettre sous
le même chapeau le ministère du Travail et le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Quand on prend connaissance des propos que le ministre nous a tenus
tantôt, on est obligé de constater que, finalement, il a fait des
oublis importants et peut-être que ces oublis s'expliquent, parce qu'il
était tellement occupé à d'autres fonctions qu'il n'a pas
pris le temps nécessaire. Quand je parlais avec Mme Marois, elle n'avait
pas assez de 24 heures dans une journée pour arriver à suffire
à la demande; je crois qu'elle avait des journées très
surchargées. C'était une femme débordée et qui
mettait un temps énorme a remplir ses fonctions. (11 heures)
J'ai beaucoup de difficulté, après avoir pris connaissance
- non seulement quand j'étais un de ses collègues - de l'ampleur
de la tâche ministérielle qu'elle occupait, à comprendre
comment le ministre va réussir à mettre tout le temps qu'il faut
pour ses dossiers du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu et mettre en même temps tout le temps
qu'il faut pour agir comme un bon ministre du Travail, comme il espère
le faire pour ses électeurs - j'en doute - et j'espère aussi,
comme un bon député. Mais ça, c'est dans la partie. Avant
d'être ministre, nous a-t-on rappelé jadis, on est d'abord
député.
Le gouvernement aussi - c'est une autre de mes craintes - ne
paraît pas assez sensible aux besoins et aux aspirations des plus faibles
et des employés dans notre société. On ne peut pas
reprocher au gouvernement d'avoir des affinités particulières
avec le monde patronal. On ne peut pas lui reprocher non plus de choisir de
s'entourer d'un certain nombre de conseillers, bénévoles ou pas,
cela a peu d'importance finalement. Dans la mesure où les gens sont
compétents et qu'ils peuvent rendre des services, c'est cela qui est
important. Mais ce qui est dangereux, c'est: est-ce qu'on aura une oreille, une
écoute, pour ces gens-là? Est-ce qu'on aura aussi suffisamment
d'écoute et d'oreille pour les plus faibles, pour les employés,
pour les syndiqués et pour les travailleurs? Si on n'a pas encore de
réponse quant à la façon dont le gouvernement va se
comporter, on a au moins - le ministre en conviendra - suffisamment de raisons
déjà d'émettre ces craintes.
Finalement, on a un gouvernement qui, jusqu'à maintenant, ne
s'est pas montré bien disposé à l'égard d'une chose
qui est fondamentale si on veut vraiment régler les problèmes de
la main-d'oeuvre et de la sécurité du revenu, c'est la
concertation des partenaires socio-économiques, le dialogue avec les
parties.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je vous rappellerais que nous sommes
rendus à 25 minutes, trente secondes.
M. Charbonneau: Très bien, M. le Président. Mais je
vous rappelle la remarque qu'on a faite initialement. Je pourrais vous
rappeler...
Le Président (M. Bélanger): Cela n'est pas un
rappel à l'ordre...
M. Charbonneau: ...la tradition pour vous dire que j'ai
déjà assisté à des commentaires
préliminaires qui avaient duré une heure. Mais, je vous assure
que j'achève.
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappelle que la
procédure dit minimum ou maximum: 20 minutes.
M. Charbonneau: Je peux vous assurer, M. le Président, que
je ne me rendrai pas à une heure et que j'achève.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
Donc, le gouvernement, à ce moment-ci tout au moins, ne nous
apparaît pas très ouvert à la concertation, aux discussions
publiques et ouvertes et au choc des idées. Il préfère,
jusqu'à maintenant en tous cas, plutôt se retrancher
derrière des discussions en vase clos, à portes closes, avec
certaines parties et non toutes tes parties. Il pourrait peut-être faire
exception, par ailleurs, du dossier du règlement de placement dans la
construction. J'aurais aimé qu'il rélève de la
compétence du ministère de la Main-d'Oeuvre plutôt que de
la compétence du ministère du
Travail. Mais je sais qu'il a les deux chapeaux, on pourrait
peut-être en reparler à un moment donné. Chose certaine,
c'est que, jusqu'à maintenant, le ministre a encore toutes ses preuves
à faire s'il veut nous prouver que la concertation des partenaires
socio-économiques lui tient à coeur et qu'elle va être,
pour lui et son gouvernement, aussi vigoureuse et aussi fondamentale qu'elle
l'a été pour le gouvernement précédent.
Finalement, M. le Président, la dernière crainte c'est la
crainte que le ministre et son gouvernement n'aient pas tout le courage et
toute la détermination surtout politique pour relever un certain nombre
de défis majeurs. En tout cas, ce qui n'apparaît pas actuellement
comme une question évidente, c'est d'abord sa volonté, sa
détermination de mener à bien la réforme de la
sécurité du revenu à la retraite, pas plus que la
réforme de l'aide sociale, malgré les beaux propos qu'il nous a
tenus. Nous attendrons de voir jusqu'où le ministre ira dans ce domaine
et dans toute la question de la défense de la juridiction
québécoise en matière de main-d'oeuvre, dont le ministre
ne nous a absolument pas parlé tantôt et dont on lui parlera un
peu plus tard dans la journée.
La réforme du système de sécurité du revenu
global, pas uniquement la sécurité du revenu à la
retraite... Les pistes nouvelles qu'il va falloir ouvrir: la préretraite
et le partage du temps de travail, qui était si cher aux jeunes
libéraux et à la commission jeunesse du Parti libéral, et
la mise en oeuvre d'une politique globale de la main-d'oeuvre, maintenant que
l'on a tout ce qu'il faut pour la mettre en place, maintenant aussi - et on en
reparlera - qu'elle nous a été d'une certaine façon
promise par le programme Jeunesse, d'une part, et par le programme politique du
ministre.
En fait, si ces craintes sont réelles et fondées - je le
crois sincèrement à ce moment-ci - peut-être qu'elles se
dégonfleront avec les mois et les années. On peut
l'espérer pour la population du Québec, mais je peux dire au
ministre et à tous nos collègues de la commission, en particulier
du côté ministériel, que l'Opposition n'a pas l'intention
d'empêcher le gouvernement d'agir ni de miner ses chances de
succès, là où les actions sont nécessaires,
où les actions vont être utiles et adéquates. Nous allons
cependant - et le ministre me connaît bien -être vigilants et
studieux. Je peux vous dire une chose, c'est que la démagogie et la
paresse ne seront pas notre marque de commerce.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, merci.
Je rappelle à l'assemblée que le ministre a, en tout
temps, le droit de réponse et d'intervention suite aux remarques qui
peuvent être faites par les membres de la commission. Je
désirerais aussi rappeler que la règle du 20 minutes va
s'appliquer avec rigueur pour les prochaines interventions. Nous avons
accepté de déroger un peu pour ce qui était de
l'exposé préliminaire et des réponses à
l'exposé préliminaire, mais pour le reste de la session, s'il
vous plaît, je vous demanderais de vous conformer à la
règle du 20 minutes. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement...
M. Charbonneau: M. le Président... Le Président
(M. Bélanger): Oui.
M. Charbonneau: ...si le ministre le permet, juste pour
préciser la règle des 20 minutes. Si on se comprend bien, les 20
minutes, c'est le temps qu'un membre de la commission a à sa
disposition...
Le Président (M. Bélanger): Un total de 20 minutes
pour ses interventions.
M. Charbonneau; Cela ne comprend pas les réponses du
ministre.
Le Président (M. Bélanger): Non. M. Charbonneau:
Parfait, merci. M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De toute façon, les
réponses du ministre seront le plus claires et le plus concises
possible.
En réplique, très brièvement, je constate, M. le
député de Verchères, que vous avez certainement
rencontré Mme Marois, parce que pour 90 % de l'exposé que vous
nous avez fait, elle m'avait communiqué ses préoccupations et ses
principes. Comme vous l'avez indiqué, c'est un ministère qu'elle
a occupé avec intensité, c'est le moins que je puisse dire. Je ne
dévoile pas un secret de polichinelle en disant que nous nous sommes
rencontrés et elle m'a livré les 90 % du message que vous venez
de livrer. Je tiens à vous rassurer là-dessus, vous avez fait
cela de façon fidèle à ses propos.
M. Charbonneau: Merci pour le compliment, M. le ministre. Je ne
m'attendais pas à moins de vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deuxième
élément - je ne les reprendrai pas tous un à un, un des
éléments majeurs qui semble vous inquiéter ou que vous
avez souligné, c'est l'absence que vous pouvez constater, comme vous
dites, de concertation, c'est le terme que vous avez utilisé, de
ta part du présent gouvernement. Je suis bien prêt à
prendre des remarques sévères sans m'offusquer, etc., mais comme
vous avez fait partie d'une équipe gouvernementale qui avait
complètement, dans le passé, relégué aux oubliettes
ou tablette, comme on dit communément, le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, à partir du moment où vous aviez
émis un avis que vous ne le trouviez pas à votre pleine
satisfaction.
J'ai des réserves quant à la nature de la concertation que
vous avez effectuée dans le passé ou en tout cas, des
éléments que vous en avez dégagés. Autrement dit,
j'ai eu l'impression à l'époque, comme député de
l'Opposition, que lorsque cela faisait votre affaire, vous en dégagiez
des éléments et quand cela ne faisait pas votre affaire, vous
n'en dégagiez pas. C'est peut-être là un des
éléments sur lequel il faudra être très prudent,
comme gouvernement, c'est-à-dire de ne pas penser qu'on est, parce qu'on
a été élus, les possesseurs de la vérité
absolue. Il s'agit peut-être d'en faire un peu moins en nombre, mais plus
en qualité et d'avoir justement une oreille plus ouverte,
spécialement une oreille plus ouverte envers ceux et celles qui, au
cours des dernières années au Québec, n'ont pas pu se
faire entendre.
Je fais spécialement allusion aux employeurs et aux travailleurs
qui ne sont pas organisés, ceux et celles qui ne sont pas membres du
Conseil du patronat du Québec ou une de ces organisations patronales, ou
ceux et celles qui ne sont pas membres d'une des centrales syndicales,
finalement. Il y a 77 % des travailleurs et travailleuses du secteur
privé qui ne sont pas organisés sur le plan syndical. Est-ce
qu'on a vraiment, comme société, prêté une oreille
attentive à l'ensemble de ces employeurs et de ces travailleurs qui sont
majoritaires dans le secteur privé, au cours des dernières
années? Je tiens à vous souligner, au nom du gouvernement, je
l'affirme, que c'est une des préoccupations que nous avons de mettre en
place des mécanismes qui permettent - et cela n'est pas facile, le
défi est beaucoup plus difficile quand cela est plus
éparpillé que lorsque cela est concentré - de porter une
oreille tout à fait spéciale et attentive à cette partie
de la population qui, en fin de compte, défraie les salaires des gens
des secteurs public et parapublic, défraie les coûts des services
en affaires sociales, en éducation, en main-d'oeuvre, en
sécurité du revenu, défraie les salaires des gens ici
autour de la table, y inclus celui du ministre qui vous parle.
Le troisième élément, je comprends que vous l'ayez
abordé un petit peu rapidement, parce que vous nous avez quasiment
accusés d'avoir reculé sur le plan de la juridiction, en ce qui
concerne la place que doit occuper la main-d'oeuvre dans la juridiction
québécoise versus la place que tente d'y occuper le
côté fédéral. Je ne sais pas d'où vous tenez
vos informations. Cela m'apparaît une accusation sérieuse de
parler de la juridiction de la province de Québec en ce domaine. Je me
trompe peut-être, mais j'ai l'impression que nous avons progressé
depuis que vous avez quitté, et non pas régressé. Quand
vous lancez, sur un dossier ou un contentieux aussi important de telles
affirmations, je me dis: Il y a peut-être, quelque part, quelque chose
qui cloche. Est-ce que vos renseignements viennent d'Ottawa? Je prends mes
collaborateurs à témoins. Dans chacune des séances de
négociations que nous avons eues - et nous en avons eues plusieurs, sur
des éléments très sérieux - il n'y a pas eu
régression en matière de juridiction du Québec.
Globalement, je pense qu'on pourrait parler, non pas d'une progression
extraordinaire parce que dans ces domaines il n'y a pas de progression
extraordinaire, mais de progression tangible et sérieuse. C'est
l'attitude que nous comptons maintenir.
Ce sont les points que j'ai choisi de relever. Il y en a d'autres, mais
je préfère un échange sur les éléments de
crédits. Nous pourrions jaser tout l'avant-midi...
Le Président {M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve, d'abord.
Mme Harel: C'est une intervention d'ordre général.
Mon collègue, le député de Verchères, a l'air de
vouloir vous demander la parole, M. le Président.
M. Charbonneau: Simplement pour...
Le Président (M. Bélanger): Prenez une entente
entre vous.
M. Charbonneau: ...faire une brève réplique
à la réplique, et après, je laisserai ma collègue,
la députée de Maisonneuve, faire ses commentaires
préliminaires.
Je voudrais dire trois choses au ministre. La première c'est le
remercier d'avoir dit: II a fait un bon travail. Non seulement a-t-il reconnu
que j'avais bien couvert le sujet et bien compris ce que Mme Marois m'avait
expliqué, mais en plus, que j'avais couvert des éléments -
cela, il n'en a pas parlé - qu'il n'a pas abordés. Donc, les
devoirs de l'Opposition ont été bien faits. Je dois rendre
à César ce qui revient à César... je remercie le
ministre de l'avoir fait. Je lui revaudrai cela un jour.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
l'enregistrer, M. le député de Verchères?
M. Charbonneau: Vous pouvez enregistrer cela, M. le
Président. Par ail-
leurs, en ce qui concerne la concertation, je voudrais rappeler au
ministre que le "tablettage" du Conseil du travail et de la main-d'oeuvre
auquel il a fait allusion... On peut avoir des opinions divergentes. Nous en
avons eu la semaine dernière à la commission de l'économie
et du travail qui étudiait les crédits du ministère du
Travail. Ce dont je parlais, ce n'est pas seulement du respect ou de
l'utilisation d'un organisme qui a la responsabilité d'émettre
des avis, aussi importants soient-ils. Peut-être que le gouvernement n'a
pas utilisé le conseil précédent comme il aurait dû
le faire. C'est un jugement que les uns et les autres peuvent porter. De toute
façon, il y en a eu un jugement le 2 décembre.
Une chose est certaine, c'est que je parlais de la concertation des
partenaires socio-économiques. Le ministre est en place depuis la
mi-décembre et les craintes que j'ai formulées sont à
l'égard des actions qui ont été posées
jusqu'à maintenant, qui ne nous indiquent pas que le ministre est
préoccupé par la concertation des partenaires
socio-économiques comme le précédent gouvernement
l'était. Je ne demande pas mieux, et l'Opposition ne demande pas mieux,
que de voir le ministre et le gouvernement à l'oeuvre, et de constater,
avec regret pour la rentabilité électorale, que dans quelques
mois, dans quelques années, le ministre aura fait un bon travail.
Finalement, le dernier commentaire est à l'égard des
défenses des juridictions du Québec. Tantôt, je ne parlais
pas uniquement du problème du placement. Je parlais aussi du contentieux
fédéral-provincial sur la formation professionnelle.
Jusqu'à maintenant, il n'y a pas d'indication qu'on ait marqué de
grands pas. Nous aurons l'occasion d'y revenir, pour voir quels sont les gains
ou quelles sont les positions actuelles. Encore là, je rappelle au
ministre que ce que j'ai formulé, ce sont moins des critiques que des
craintes. Ce que j'ai dit au ministre, c'est que jusqu'à maintenant,
nous ne sommes pas encore très convaincus de l'efficacité de son
action à l'égard de la défense des juridictions du
Québec. Peut-être a-t-il fait un bon travail en vase clos,
à portes closes. Peut-être avons-nous fait des gains? Mais il n'y
a que lui et quelques-uns des membres de son entourage qui le savent. À
cet égard, nous lui donnerons toutes les occasions qu'il voudra pour
nous donner des explications plus détaillées. Je peux vous dire
que selon les informations qui proviennent de différents milieux, il n'y
a pas eu de miracle à ce jour.
Ce sont les brefs commentaires que je voulais formuler, M. le
Président, à la suite de la petite critique, ou réplique,
que le ministre a formulée. Je crois que ma collègue, la
députée de Maisonneuve a aussi quelques commentaires.
(11 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Maisonneuve,
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, il s'agit de quelques
commentaires généraux et on reviendra sur les programmes par la
suite. D'abord, je pense que la préoccupation que vous exprimiez en
réplique, M. le ministre, vous honore, celle de faire participer les non
organisés, les moins bien nantis. Conséquemment, j'attends,
compte tenu de cette préoccupation, que vous répondiez
affirmativement et positivement à la demande qui vous est faite, je
croîs, de la part du Front commun des assistés sociaux et
assistées sociales du Québec pour tenir une consultation publique
sur l'ensemble de la refonte qui est prévue pour l'autome prochain. Vous
savez que c'est leur recommandation, leur revendication prioritaire. Il y a
maintenant une pétition qui circule à travers tout le
Québec pour réclamer du gouvernement et, donc, de vous-même
qui en êtes le titulaire, une consultation sur toute la refonte de l'aide
sociale, de façon que ceux et celles qui sont les premiers
concernés puissent faire connaître leurs points de vue sur cette
question.
Je crois que vous maintenez de façon intégrale les
programmes qui avaient été mis en place par le gouvernement
précédent. On peut entretenir l'illusion que, sur la nature du
problème auquel nous sommes confrontés comme
société, ce problème serait conjoncturel, qu'il serait
dû au gouvernement précédent, en termes de
non-création d'emplois et que tout cela aurait résulté
dans cet accroissement dont vous nous avez parlé en termes d'effectifs
de bénéficiaires. Je crois que l'exercice du pouvoir, de part et
d'autre, doit faire comprendre que c'est bien plus un problème
structurel qu'un problème conjoncturel. J'imagine qu'il y a de plus en
plus de modestie dans les attentes ou les projets de réalisations
puisqu'un problème structurel commande aussi des interventions
structurelles-Ce problème structurel est très très simple:
d'une certaine façon, la croissance économique est tout à
fait inversement proportionnelle à la croissance de l'emploi. Et la
croissance économique est réelle, il y a eu toutes sortes
d'indicateurs, du Conference Board à Statistique Canada, qui l'ont
démontré. Mais cette croissance économique n'est plus
tributaire nécessairement d'une augmentation de l'emploi. Plus jeunes,
j'imagine que vous et moi, quand on entendait parler d'un investissement qui
allait se faire dans nos régions respectives, nous étions
contents en pensant que ça allait faire de la gagne. Vous savez que,
maintenant, un investissement, cela peut vouloir signifier une
diminution de l'emploi. II faut voir que des investissements, par
exemple ceux de l'Alcan au Lac-Saint-Jean, ont résulté à,
au mieux, aucune augmentation d'emplois. Il faut être
députée dans la basse-ville, dans une circonscription comme la
mienne pour voir que les travailleurs qui occupaient des emplois en bas de la
marge ont souvent été remplacés par des ordinateurs
à contrôles numériques. Il faut voir que les caisses
enregistreuses à fonctions multiples qui font, les inventaires et les
achats en même temps, cela remplace bien du monde. Comme le
contrôle numérique qui fait la coupe du matériel, de
tissus, dans le meilleur sens possible, pour la meilleure utilisation possible,
qui a remplacé à peu près tout ce qu'il y avait comme
coupeurs de métier dans ce secteur-là, et ainsi de suite. On peut
en ajouter. Il y a donc là nécessité de changements
structurels pour faire face à cette situation et les changements
structurels c'est, entre autres, éventuellement, la réduction des
heures de travail. Là-dessus, j'aimerais avoir votre opinion, M. le
ministre, au sujet de vos intentions face à cette question.
Donc, maintien intégral - c'est à cela que nous avons pu
assister avec le dépôt des crédits du 25 mars dernier -
maintien intégral des projets visant à maintenir ou à
accroître l'employabilité: stages en milieu de travail, travaux
communautaires, rattrapage scolaire, retour aux études postsecondaires
des chefs de familles monoparentales, bénéficiaires de l'aide
sociale. Dans ma circonscription, plus du tiers des familles sont
monoparentales. Poursuite des programmes visant à soutenir les jeunes,
comme Bon d'emplois plus, Jeunes promoteurs, Groupes de soutien aux Initiatives
Jeunesse, Jeunes volontaires et Services externes de main-d'oeuvre, les SEMO,
que vous avez certainement appris à connaître et à
apprécier, compte tenu du rendement qu'ils ont démontré au
cours des trois dernières années.
Quelle est donc la différence? Ce qui était
impressionnant, c'était l'ampleur des engagements, c'est-à-dire,
surtout l'ampleur de ce que les gens intéressés, les
bénéficiaires attendaient de vous. J'ai ici, par exemple, une
publicité du candidat dans Saint-Jacques, qui faisait partie de
l'équipe du bas de la ville, votre collègue Viau.
Jean-François Viau était quand même autorisé,
puisqu'il avait été de l'équipe qui avait fait
connaître publiquement ces engagements; il avait donc, au nom du
gouvernement actuel, au nom du parti, fait connaître les engagements en
matière d'aide sociale. Et, dans le fond, que laissait-on entendre?
Vous-même, vous reprenez beaucoup cette question, dites-vous, de
discrimination en fonction de l'âge. Je pense que c'est notamment
à la page 19 que vous dites: En vertu des chartes, la discrimination
basée sur l'âge doit ainsi disparaître.
D'abord, quelle est la réalité? On reviendra, sur la
distinction et la discrimination en fonction de l'âge. La
réalité, c'est qu'auparavant les moins de 30 ans, dans la mesure
où ils participaient à n'importe quel des programmes dont je
viens de vous parler, obtenaient la parité. Qu'en sera-t-il maintenant
avec ce que vous proposez? La même chose. N'importe quel jeune de moins
de 30 ans qui participera au programme pourra obtenir la parité.
Où est la différence, essentiellement? Elle est dans le fait que
les plus de 30 ans, eux, seront obligatoirement tenus de participer aux
programmes d'insertion. C'est là toute la différence dans la
réalité des choses, à part le discours, dans la
réalité concrète et tangible.
Beaucoup de gens de mon milieu viennent me voir - j'ai eu l'occasion
durant les vacances pascales d'en rencontrer, parce que j'ai les bureaux de la
DDS, de l'OPDS et du front commun dans ma circonscription -pour me dire que
pour eux, finalement, c'était l'égalité dans la malchance
et non pas l'égalité des chances qu'ils attendaient.
L'égalité dans la malchance, pourquoi? Dans la mesure où
les gens s'attendaient d'avoir accès aux programmes d'insertion pour les
plus de 30 ans, ce qui était souhaitable et ce qu'il était
convenu d'offrir dans l'immédiat, mais dans la mesure où ils sont
obligés de participer à ces programmes d'insertion...
Vous parliez tantôt des gens aptes au travail; je ne parle pas des
inaptes au travail, je parle des personnes aptes. Et quelles sont-elles, ces
personnes aptes? Quelles sont-elles à Montréal? Quelle est la
réalité montréalaise des personnes aptes au travail?
J'aimerais beaucoup que vous nous déposiez un portrait de ce que c'est
à Montréal? À ma connaissance, la personne apte au travail
à Montréal, c'est une femme de plus de 45 ans, qui a moins de 9
ans de scolarité et des enfants adolescents. Alors, est-ce un retour aux
études que vous prévoyez pour cette personne? Pour une formation
générale ou une formation professionnelle? De quelle nature
l'envisagez-vous? Quel est, finalement, pour ces personnes qui seraient le
portrait type pour Montréal - en fait, au-delà de 50 % et plus -
ce que vous prévoyez pour elles? Une obligation de participer à
ces programmes d'insertion?
Moi, j'ai toujours été favorable à ces programmes
d'insertion parce que, pour des jeunes de moins de 30 ans, je pense que ce
qu'on peut leur offrir comme société, ce n'est pas un
chèque mensuel en ayant par la suite une bonne conscience coupable mais,
tout au contraire, c'est de maintenir leur niveau d'activité. Quand je
parle des plus de
30 ans, je parle notamment de ces personnes qui ont des enfants
adolescents à la maison, qui ont un niveau de scolarité faible et
qui ont une responsabilité de chef de famille. Pour ces personnes,
qu'elles soient obligatoirement tenues d'être en recherche active
d'emploi - cela revient à cela, finalement, être en recherche
active d'emploi - qu'elles y soient obligatoirement tenues, obligatoirement...
Que ce soit volontaire, je pense que c'est plus que souhaitable, mais que ce
soit obligatoire, je pense qu'il y aura là matière à grave
problème et on aura l'occasion, durant les mois qui viennent, d'y
revenir.
Quant à la distinction ou à la discrimination selon
l'âge, dites-vous, que faire des pensions de vieillesse, puisqu'il y a
distinction à 65 ans? Que faire, notamment, vous en êtes le...
Comme ministre responsable de la Régie des rentes, que faire de la rente
d'invalidité à 60 ans seulement? Que faire du programme actuel
où les veufs et les veuves accèdent à un niveau
d'allocation supérieur à 60 ans? Notamment, vous vous êtes
engagé à combler la différence -et cet
engagement-là a été aussi ferme que celui de
l'accès des femmes au foyer, des travailleuses au foyer à la
Régie des rentes - pour les personnes de 60 ans et plus qui sont
célibataires ou divorcées, de manière à rendre leur
allocation conforme à celle des veufs et des veuves. Alors, que faire,
par exemple, de l'accès à l'école primaire à un
âge déterminé? N'est-ce pas là aussi une
discrimination fondée sur l'âge? Qu'en est-il de l'accès au
programme Logirente auquel seules les personnes de 60 ans et plus peuvent avoir
accès?
La distinction basée sur l'âge, il faudrait arrêter
de faire de la démagogie, M. le ministre, avec cette question-là.
Elle est omniprésente dans tous les programmes gouvernementaux et dans
la société en général. Cette discrimination, c'est
une distinction; donc, elle peut se justifier ou elle peut s'expliquer. Ce
qu'il faut souhaiter, c'est que, comme c'était le cas jusqu'à
maintenant, tous les jeunes de moins de 30 ans qui participaient à des
programmes, tous sans exception, avaient la parité sauf ceux qui
étaient de retour aux études. Alors là, vous allez
m'expliquer comment vous allez justifier la discrimination à
l'égard des étudiants qui ont maintenu leurs études et qui
n'ont pas accès à des prêts-bourses conformes aux montants
de l'allocation que vous allez verser à ces jeunes qui, eux, y
retourneraient. Comment ne pas voir qu'il y a discrimination entre de jeunes
étudiants qui maintiennent leur formation et qui ont accès aux
prêts-bourses et à des jeunes qui, parce qu'ils y reviendraient,
auraient, à ce moment-là, de façon discriminatoire,
à mon point de vue, accès à un niveau de revenu
supérieur?
Il y a un certain nombre d'engage- ments, et on aura l'occasion de s'en
reparler en reprenant les programmes, que, avec raison, vous aviez pris durant
la campagne électorale. Je crois que les bénéficiaires de
l'aide sociale s'attendent à leur réalisation et à leur
mise en vigueur tout prochainement, notamment l'augmentation de la prime
scolaire de 35 $ à 100 $, augmentation qu'on s'attend à voir
appliquer pour la rentrée scolaire de septembre, notamment cet
engagement de réviser à la hausse le taux de réduction des
barèmes en fonction du revenu de travail. C'était, disiez-vous
à l'époque, toujours avec raison, la mesure la plus incitative au
travail, cette révision du taux de réduction des barèmes
de l'aide en fonction du revenu de travail, de façon qu'il puisse y
avoir un gain mensuel sans qu'il y ait pour autant réduction de
l'allocation. Je porte à votre attention cette revendication des
bénéficaires de l'aide sociale d'obtenir, au titre des besoins
spéciaux, une allocation pour le lait maternîsé. Vous
êtes certainement au courant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mme Harel: Vous m'avez
répondu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Mme Harel: Alors, vous aurez peut-être l'occasion de nous
en parler. Vous savez donc qu'il y a allocation supplémentaire quand il
y a allaitement maternel, mais que les bénéficiaires de l'aide
sociale, pour toutes sortes de considérations dont on pourrait parler,
sont parmi les femmes qui allaitent le moins et que le lait maternisé,
qui est très coûteux, n'obtient pas encore de reconnaissance
à titre de besoin spécial. Les bénéficiaires de
l'aide sociale reconnaissent, comme dans tout groupe, d'ailleurs... Il faudrait
voir que dans l'ensemble des clientèles, que ce soient celles du
ministère du Revenu, il y a parfois dans toutes ces clientèles,
quelles qu'elles soient, des cas connus, il y a un pourcentage qui est parfois
de 3 % à 5 % de fraudes. C'est le cas d'ailleurs au ministère du
Revenu, Mais les bénéficiaires de l'aide sociale au-dessus de
tout réclament, avec raison, je pense, une reconnaissance de la
dignité de leur situation. Je sais que plusieurs examinent la
possibilité de mener une opération dignité de
manière à faire reconnaître les besoins qu'ils ont dans la
société.
Je vous remercie. On aura l'occasion de revenir sur chacun des
programmes.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le ministre,
avez-vous l'intention de répondre?
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, brièvement. En ce qui
concerne les consulta-
tions, qui était la première préoccupation
émise par Mme la députée, il y a effectivement des
consultations. On m'indique même qu'il y a une rencontre de prévue
avec les représentants des regroupements que vous avez
mentionnés. On les rencontre régulièrement et,
aussitôt qu'on a quelque chose de tangible dans nos travaux, on leur en
fait part pour qu'ils puissent suivre - et que cela n'arrive pas d'un coup sec
- l'évolution de notre réflexion et de la réforme qu'on
souhaite le plus rapidement possible. (11 h 30)
À ce niveau, j'ai rencontré la semaine passée - ils
se sont mélangés, de mémoire, à une manifestation
du salaire minimum - les gens du salaire minimum et je me suis rendu compte que
dans le groupe des vingt, c'était à peu près
moitié-moitié: dix pour le salaire minimum et dix pour l'aide
sociale. Je leur ai demandé de faire chacun leurs représentations
de façon à...
Mme Harel: C'est là que vous leur avez parlé de
"beurre de pinottes."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est eux qui m'en ont
parlé. Je pense que là-dessus on est disposé à les
rencontrer. Je leur ai indiqué à ce moment, je leur ai même
dit: Ne profitez pas de la manifestation des gens du salaire minimum, qui
exposaient des griefs pour tenter de faire en sorte que votre dossier soit
mélangé avec l'autre. Il s'agit de deux dossiers bien
différents. Il s'agit de tenir également, sur le plan de la norme
de l'incitatif au travail que vous avez mentionnée tantôt,
certaines différences entre celui ou celle qui est récipiendaire
des bénéfices de l'aide sociale ou celui ou celle qui travaille
dans la société au salaire minimum. Il faut toujours s'assurer
qu'il y ait une motivation que l'on peut retrouver entre ces deux
éléments.
Je leur ai indiqué... je suis à la veille de les
rencontrer. Je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de dramatique. Si on
avait eu quelque chose de fin prêt, on les aurait déjà
rencontrés. On était plus avancé sur le dossier du salaire
minimum, donc ces gens ont déjà été
rencontrés. Dès qu'on sera suffisamment avancé sur la
question de l'aide sociale, ces gens seront rencontrés avant qu'on passe
à l'action.
Vous avez souligné un élément avec lequel je ne
suis que partiellement d'accord lorsque vous avez parlé de
l'accroissement de la clientèle à l'aide sociale comme d'un
problème ou d'un phénomène qui est d'ordre structurel et
non pas d'ordre conjoncturel. Je pense qu'il y a un peu des deux. Je me suis
adressé - vous le retrouverez spécialement dans mes notes
d'introduction aux pages cinq et suivantes - au problème structurel.
J'ai indiqué que la structure avait changé au cours des
dernières années l'accroissement considérable de la
clientèle, le changement de la clientèle, niveau apte et inapte,
et le rajeunissement de la clientèle. Je pense qu'il s'agit de quelque
chose qui est structurel.
Il y a également des éléments conjoncturels dans la
société. Le nombre de faillites que le Québec a subies ou
connues ou vécues au cours du dernier mandat du gouvernement
précédent - je ne mets pas le blâme strictement sur le
gouvernement, il y avait un contexte mondial, nord-américain,
pancanadien, mais disons que le record était le pire au Québec -
a fait en sorte qu'il y a eu des pertes d'emploi et les gens ont
épuisé, à la suite de pertes d'emploi, ce qu'on appelle
les prestations d'assurance-chômage. Et à la suite de
l'épuisement des prestations d'assurance-chômage, les gens sont
devenus des bénéficiaires de l'aide sociale. À ce moment,
on a créé, pendant trop longtemps, des programmes appelés
"à la vingt semaines", par lesquels les gens faisaient quelque chose
pendant vingt semaines, parfois utile, parfois plus utile, parfois moins utile,
et après, ces vingt semaines, ils étaient repris par
l'assurance-chômage pour une autre période de 52 semaines. On a
bâti une espèce de cercle vicieux qui est devenu quasiment
structurel -pour répondre à une question - qui avait
également une importance conjoncturelle.
Lorsque vous êtes en création nette d'emplois par rapport
à la perte nette d'emplois, comme cela a été le cas
pendant certaines années, on appelle cela de la conjoncture. Pour faire
face à cette conjoncture, il faut être prudent sur le plan des
structures qu'on met en place. Peut-être qu'on a voulu mettre en place
des structures qui prévoyaient une telle conjoncture pendant de
nombreuses et de nombreuses années. Peut-être que le gouvernement
s'attendait de gagner les dernières élections, je ne sais
pas.
J'aborde le problème avec infiniment de prudence. J'évite
de me cloisonner dans des solutions qui soient strictement d'ordre structurel
en oubliant tout ce qui est conjoncturel ou d'ordre conjoncturel en oubliant
tout ce qui est struturel. Je pense que dans ce domaine, il faut faire preuve
d'un peu plus d'ouverture d'esprit que l'ancien gouvernement et ne pas
reléguer aux oubliettes une des approches qui est majeure si on veut
apporter de véritables solutions.
J'ai tenté de prendre des notes. Réduction du temps de
travail, c'est un autre élément sur lequel vous vouliez entendre
le ministre ou entendre le gouvernement. Au moment où on se parle, il y
a eu des échanges d'opinions entre la partie patronale et la partie
syndicale surtout dans ce que j'appelle le monde du travail organisé,
sur la réduction du temps de travail. Il n'y a pas eu un enthousiame
délirant de la part des partenaires malgré les moyens
incitatifs qui étaient mis à la disposition de ces parties par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Les résultats obtenus, par le passé, font en sorte qu'il faut,
nous le croyons, revoir complètement cette approche. Ça semble
être très difficile là où il y a des conventions
collectives librement négociées et c'est très difficile
pour un gouvernement quel qu'il soit: libéral, péquiste,
unioniste ou créditiste, de s'ingérer dans une convention
collective là où il y a eu libre échange de consentement,
entre les parties impliquées. Avant de s'aventurer à faire en
sorte de modifier les consentements librement exprimés par les parties
patronale et syndicale, l'actuel ministre, étant à la fois
ministre du Travail, fera preuve d'une très, très grande
prudence, parce que, quand ils ont réussi à s'entendre, ça
ne donne rien d'entrer dans le décor pour faire en sorte qu'ils ne
réussissent plus à s'entendre.
La question de la parité. J'ai entendu des bouts de phrases qui
m'ont, je ne dirai pas étonné, mais surpris. C'est moins fort un
peu quant à la parité. J'ai entendu Mme la députée
parler de l'égalité dans la malchance. C'était cela
l'approche du Parti libérai. L'égalité dans la malchance.
Je fais du bureau de comté depuis au moins cinq ans et demi et j'en ai,
comme vous, qui viennent à mon bureau de comté, etc. Lorsque je
parle à ces bénéficiaires de l'aide sociale d'une
possibilité d'emploi, d'une possibilité de contribuer à la
création de notre richesse, de notre produit intérieur brut au
Québec ou lorsque je leur parle d'améliorer leur propre
"employabilité", ils ne me parlent pas de malchance. Je peux comprendre
qu'il y ait quelques exceptions qui considèrent que de ne pas être
oisifs dans une société, ça s'appelle comme cela. Je peux
le concevoir et la réforme de l'aide sociale tiendra compte de ces
éléments, parce qu'il faut tenir compte de tous les
éléments humains à l'intérieur d'une réforme
de l'aide sociale. Mais qu'on me dise qu'avoir une possibilité de faire
quelque chose, de ne plus demeurer oisif, d'améliorer son
"employabilité", sa formation personnelle, ses capacités
intellectuelles, physiques et toutes autres ou qu'on me dise que contribuer par
l'apport de certains gestes d'action positive à l'accroissement de notre
richesse collective au Québec ou au bien-être d'autres de nos
concitoyens, c'est de la malchance, moi cela me... en tout cas.
J'ai de la difficulté avec une telle attitude et je me dis: Ou
bien les gens qui sont allés là se sont mal exprimés ou
bien Mme la députée les a mal compris ou bien cela a
été mal rapporté dans cette commission ou bien le ministre
a mal compris les propos exprimés. Mais je me dis qu'il y a une
difficulté de communication à quelque part, ça ne doit pas
être une réalité importante que l'on retrouve sur le
terrain. Je suis conscient qu'il s'agit d'une réalité minime,
j'en reçois aussi à mon bureau de comté qui me disent:
Moi, je ne veux rien faire. Trouve-moi pas de job. Trouve-moi rien. Comment je
peux faire pour avoir un peu plus à rien faire? Ça c'est un choix
de l'individu. Je le respecte et je fais mon possible pour ces gens-là,
dans la mesure où les lois et les règlements prévoient
qu'ils ont droit à des éléments. Je leur indique
clairement ce à quoi ils ont droit, etc. Mais, il ne s'agit pas, en tout
cas, à partir des cas qui m'ont été rapportés par
d'autres députés et à partir de mon expérience
personnelle d'une vaste majorité chez nos bénéficiaires de
l'aide sociale qui sont aptes au travail.
Vous m'avez parlé de la réalité
montréalaise. Je suis un peu content que vous apportiez la question en
fonction de la réalité montréalaise parce que je pourrais
vous parler de la réalité gaspésienne ou de la
réalité des Cantons de l'Est ou de la réalité de
l'Outaouais ou de la réalité de la rive sud, parce qu'il s'agit
de réalités qui sont un peu différentes à cause des
milieux, de la concentration de la population, etc. Il faut toujours prendre
garde et être prudent lorsqu'on aborde une réforme de l'aide
sociale ou un sujet ou un dossier aussi important et aussi majeur. Il faut
éviter de ne pas tenir compte de ces particularités
régionales. C'est pourquoi j'ai parlé, nous avons traité
dans le document que nous vous avons remis, les notes préliminaires, de
la souplesse que devrait avoir ou connaître un tel programme parce que ce
n'est pas vrai que c'est la même situation en Gaspésie que dans
l'est de Montréal.
Peut-être une des erreurs de l'ancien gouvernement
était-elle de faire en sorte de faire ce qu'on appelle en termes
législatifs de la "blanket legislation" si vous me permettez
l'anglicisme ou de la "blanket regulation". Tout le monde pareil. On
égalise de la Gaspésie à Montréal le même
programme pour tout le monde. On a, à travers les années
d'opposition qu'on a vécues, tiré quelques leçons de
l'administration précédente et, en tout cas, en ce qui me
concerne, c'est une des leçons que j'ai tirées de
l'administration précédente.
En ce qui concerne la notion de discrimination, toute la notion de
discrimination positive ou négative, c'est une question essentiellement
sérieuse. En tout cas, la question se pose dans à peu près
tous les exemples que vous avez cités, Mme la députée. Il
y a actuellement de la jurisprudence qui est en train de s'établir dans
l'application de la Charte canadienne des droits et libertés. Je n'ai
pas de doute qu'il y en a qui va s'établir également en vertu de
l'application plus étendue qu'on connaît à compter du 1er
janvier de la
Charte québécoise des droits et libertés de la
personne. Ce que les juristes, qui suivent la situation de très
près au moment où on se parle, me communiquent comme information,
c'est à peu près ce qui suit: Dans les cas de discrimination
négative, cela ne subit pas le test du système judiciaire, en ce
sens que, lorsque vous pénalisez une catégorie de citoyens et que
vous le faites à partir d'un critère d'âge, quel qu'il
soit, les juristes nous disent que la jurisprudence qui se dessine va dans le
sens que ces dispositions, qu'elles soient contenues dans n'importe quelle loi,
que ce soit la loi sur le salaire minimum ou la Loi sur l'aide sociale ne
subissent pas le test des tribunaux.
En ce qui concerne ce qu'on pourrait appeler - et là, je mets le
terme entre guillemets, si cela est possible pour le Journal des débats
- "la discrimination positive", c'est-à-dire des avantages qu'un
individu pourrait recevoir à cause de l'âge, là, la
jurisprudence est loin d'être claire et les critères qui font en
sorte qu'on puisse déterminer s'il s'agit d'une discrimination positive
ne sont pas encore complètement établis. Mais, comme ministre
responsable de l'application d'une série de lois où on parle,
où on mentionne, où on suggère un chiffre, quel qu'il
soit, qu'il s'agisse de mon âge, de votre âge, de l'âge de M.
le président ou de l'âge de nos prédécesseurs qui
ont siégé ici, je suis très attentif à cette mesure
parce qu'il faut s'assurer, non pas qu'on puisse justifier la discrimination
comme le précédent gouvernement a tenté de le faire, mais
qu'on puisse éviter la discrimination dans le sens d'une application
stricte et rigoureuse de la Charte canadienne des droits et libertés et
de la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne.
Un élément que vous avez touché en toute fin et sur
lequel vous aurez notre pleine collaboration - je pense qu'il s'agit d'un
élément capital, si on veut et c'est peut-être à
cela que sera jugée la réforme de l'aide sociale, finalement -
est la question de la dignité du bénéficiaire.
Présentement -et je pense que c'est une vérité de La
Palice et qu'il nous faut l'admettre - le statut de bénéficiaire
de l'aide sociale n'est pas un statut qui reçoit une
considération positive exagérée dans la
société, c'est le moins que l'on puisse dire, et je suis
très prudent en utilisant ces termes. Il y a sans doute eu par le
passé des situations qui ont fait en sorte que d'honnêtes
bénéficiaires de l'aide sociale qui répondaient à
tous les critères, les critères sur lesquels les
législateurs s'étaient entendus - tout le monde ensemble, des
deux côtés de la Chambre, on s'était entendu sur la
réglementation - ont dû subir des quolibets ou des qualificatifs
négatifs de la part d'autres éléments de la
société parce que certains autres bénéficiaires de
l'aide sociale avaient agi en marge de la réglementation et de la
législation.
La personne qui est inapte au travail, qui souffre d'un handicap
physique ou mental doit être traitée avec dignité dans
notre société, non pas seulement sur le plan financier, mais
aussi sur le plan social. Je pense que, comme parlementaires, on peut
s'ingénier à améliorer ou à retrouver un nouveau
vocabulaire pour faire en sorte que ces gens-là retrouvent une pleine
dignité humaine dans notre société. En ce qui concerne les
gens qui sont aptes au travail, j'ai aussi connu dans mon comté des
personnes, je ne sais pas, de 30 ans, 35 ans d'expérience - je peux
peut-être évoquer un cas, soit la fermeture de l'usine des meubles
Vilas à Cowansville, il y a quelques années -des gens qui
travaillaient essentiellement dans ce domaine et qui, arrivés autour de
60 ans, se sont retrouvés, après les 52 semaines
d'assurance-chômage, bénéficiaires de l'aide sociale avec
le statut que cela impliquait dans la communauté. (11 h 45)
II faut travailler, c'est également au centre de la
réforme, à redéfinir le statut de
bénéficiaire de l'aide sociale, quitte même - je n'exclus
pas cela et je suis ouvert à toutes les suggestions des
députés -à changer le vocabulaire, en partant, pour faire
en sorte qu'une personne qui a droit à des programmes gouvernementaux
parce qu'ils sont inscrits dans loi, qu'ils ont été votés
par l'Assemblée nationale du Québec et qu'ils sont
appliqués suivant une réglementation bien stricte, qu'une
personne qui est dans son droit le plus strict ne se voie pas diminuée
dans sa dignité. Qu'on reconnaisse finalement que ces personnes ont des
obligations, qu'elles rencontrent ces obligations et que, en contrepartie, le
gouvernement leur reconnaît, comme il l'a fait pour plusieurs autres
groupes de citoyens dans la société, des droits particuliers.
C'était là, Mme la députée, l'essentiel, non
pas de la réplique, mais des remarques que j'avais à faire
à la suite de vos commentaires.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Saint-Maurice.
M. Lemire: M. le Président, mes propos s'adressent au
député de Verchères. J'ai constaté tantôt,
par votre introduction, que vous aviez une manière rentable de vanter
l'ancien gouvernement. De la façon dont vous avez travaillé
depuis les dernières années, vous aviez fait tellement de choses
pour les assistés sociaux de même que pour les gens en
général que je ne comprends pas, aujourd'hui, pour quelles
raisons votre gouvernement a été défait. J'ai une question
à vous poser et c'est la suivante. Saviez-vous que...
Mme Harel: Un instant, M. le Président.... Je pense que le
député de Saint-Maurice devrait comprendre que, en commission
parlementaire, à l'étude des crédits, on adresse ses
questions au ministre. Il ne s'agit pas d'une commission parlementaire...
Le Président (M. Bélanger): Les questions doivent
s'adresser au ministre. C'est lui qui répond de ses crédits. Si
vous aviez une question...
Mme Harel: Ce n'est pas un débat entre nous,
là.
M. Lemire: D'accord, M. le Président. Tantôt, Mme la
députée de Maisonneuve a fait une parenthèse. Elle a
souligné que le Parti libéral avait des liens avec des hommes
d'affaires et des investisseurs. Cela m'a un peu choqué et
chatouillé. Je pense que je dois faire la mention suivante. Si l'ancien
gouvernement, le Parti québécois, avait eu de meilleures
relations avec les hommes d'affaires et les investisseurs, peut-être
qu'on ne serait pas dans une situation aussi difficile et que, avec un manque
de contrôle des prestations, des chèques donnés aux
assistés sociaux, le gouvernement au pouvoir, notre gouvernement, ne
serait pas présentement dans l'obligation de mettre des contrôles
et de faire des enquêtes afin de mieux contrôler les abus qui se
font dans le domaine des affaires sociales.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice, je voudrais entendre votre question,
s'il vous plaît!
M. Lemire: Voici ma question: Est-ce que M. le
député de Verchères...
Le Président (M. Bélanger): La question doit
s'adresser au ministre.
M. Lemire: M. le ministre, dans ce cas...
M. Charbonneau: M. le Président, je crois que le
député de Saint-Maurice a droit a ses commentaires
préliminaires. Alors, je verrai si je peux lui répondre ou
non.
M. Lemire: M. le député de Verchères, quand
j'aurai votre expérience, peut-être que je saurai à qui
m'adresser, mais, de toute façon, je vais m'adresser au ministre. M. le
ministre...
M. Leclerc: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, s'il vous plaît.
M. Leclerc: Je croyais que nous en étions encore à
la période réservée aux commentaires préliminaires.
Je ne vois pas pourquoi M. le député de Saint-Maurice doit
absolument poser une question.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez raison. Je vous
reconnais.
M. Lemire: De toute façon, je pense que...
M. Charbonneau: Je pourrai vous répondre, monsieur.
M. Lemire: ...de la façon dont vous avez fait vos propos
au début de même que Mme la députée de
Maisonneuve... On a fait mention dans vos propos que, dans le passé,
avec les nouvelles technologies, il y a moins d'ouvrage, il y a moins de
facilités pour les gens de se trouver des emplois. Mes commentaires
viennent à la suite de vos allocutions. Si votre gouvernement avait eu
de meilleures relations avec les investisseurs et le monde des affaires,
peut-être qu'on ne serait pas dans une situation aussi dramatique en ce
qui a trait aux assistés sociaux. Je peux vous dire aussi qu'on est dans
une situation où les assistés sociaux sont devenus chose
chronique, en ce sens qu'on est obligé de réévaluer les
gens aptes et les gens inaptes au travail. M. le député de
Verchères, est-ce que vous saviez que votre gouvernement n'avait aucun
contrôle sur les versements faits aux assistés sociaux dans les
dernières années?
M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Notre collègue de Saint-Maurice a
parlé de son inexpérience parlementaire, personne ne va lui en
vouloir. Mais avec un petit peu d'expérience, je vais lui dire qu'il y a
eu le 2 décembre et que maintenant, c'est au ministre de répondre
à ces questions. Moi, j'ai bien l'intention de lui en poser un certain
nombre. Alors, si vous le permettez, M. le Président, je vais aborder
immédiatement l'étude du programme 6.
Le Président (M. Bélanger): On va vous
reconnaître le droit de parole.
M. Charbonneau: M. le Président, je pense que si on veut
faire notre travail, et le ministre en conviendra, on s'était
donné l'avant-midi pour explorer un peu certains dossiers.
M. Leclerc: Juste un moment, M. le Président. C'est que
moi j'avais l'intention de faire des commentaires préliminaires et
M. le député de Verchères semble vouloir commencer
la période des questions proprement dite.
M. Charbonneau: Ce n'est pas la période des questions,
mais c'est parce qu'il faut une période de questions...
Le Président (M. Bélanger): On est encore au niveau
des préliminaires, alors je reconnais M. le député de
Verchères et ensuite M, le député de Taschereau.
M. Charbonneau: M. le Président, je vous le dis, mes
commentaires préliminaires sont terminés et je voudrais, comme
critique officiel, passer à l'étude détaillée des
programmes. Il y a beaucoup de gens qui sont ici, dans la salle, pour cela et
plusieurs fonctionnaires qui ont été mobilisés.
D'ailleurs, je remercie le ministre de sa collaboration. Il a eu la
gentillesse, avec son attaché politique, de prévoir un peu qui on
pourrait déplacer et à quel moment. Donc, moi, je vous le dis, je
pense que le ministre et moi avons eu abondamment l'occasion de parler de nos
commentaires préliminaires. Il me semble que le moment serait venu de
faire le travail proprement dit.
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à l'étude des programmes, je demanderais s'il y a encore des
membres de la commission qui ont des considérations préliminaires
à faire. M. le député de Taschereau, je vous
reconnais.
M. Jean Leclerc
M. Leclerc: Très brièvement, je voudrais d'abord
remercier le ministre pour cet énoncé qui m'apparaît quand
même très clair et qui nous aidera sans doute à passer
à travers les crédits. Je pense que cela encadre bien le
débat.
Je pense que la distinction que le ministre propose de faire entre les
aptes et les inaptes au travail est fort importante. D'abord, je pense - et
cela est admis par à peu près tout le monde dans la
société - que Ies inaptes en arrachent, sous le régime
actuel, parce que ce sont souvent des personnes relativement
âgées, seules, malades, que ce sont les personnes qui peuvent le
moins faire ce que l'on appelle du "proconsumérisme", comme dirait
Toffler, qui sont dépendantes de la société pour à
peu près tout et qui doivent mettre la main dans leur poche le plus
souvent. Je souhaite que la réforme sur laquelle on est en train de
réfléchir permettra d'améliorer le sort des inaptes. Quant
aux aptes, je pense que tous les contribuables de la société sont
d'accord pour aider ceux qui ont des problèmes, mais je pense que l'on
est en droit de demander un minimum de bonne volonté et qu'il y a
actuellement dans la société un certain consensus
là-dessus.
J'écoutais le député de Verchères mentionner
qu'il y aurait, à certains chapitres, des hausses de budget, et c'est
important de le mentionner. Nous sommes en période de compressions
budgétaires, mais il y a eu des...
M. Charbonneau: Coupures.
M. Leclerc: Oui, on le relèvera, M. le
député de Verchères. Vous avez dit qu'à certains
programmes, il y avait eu des augmentations de budget.
M. Charbonneau: En tout cas, on en reparlera tantôt.
M. Leclerc: D'accord. Enfin, il m'apparaît important de
mentionner que le gouvernement a bien pris connaissance de la situation des
personnes dans le besoin au Québec et que ce n'est pas sur leur dos que
des coupures vont se faire.
Je voudrais simplement terminer en disant que la remarque de Mme la
députée de Maisonneuve, quant au lait maternisé,
m'apparaît importante. Cependant, je voudrais dire que je ne croîs
pas que, toute chose étant relative, le lait maternisé soit
beaucoup plus dispendieux qu'il l'était au cours des dernières
années. Et je m'interroge à savoir pourquoi le gouvernement
précédent - et je ne veux pas le juger - n'avait pas cru bon,
à ce moment-là, d'inclure ces dépenses dans les montants
qui pouvaient être versés aux bénéficiaires de
l'aide sociale. Je ne sais pas s'il y avait des raisons particulières,
si c'étaient des raisons budgétaires ou s'ils s'apprêtaient
à le faire. Peut-être qu'au cours du débat, lorsqu'on en
reparlera, Mme la députée de Maisonneuve pourra nous renseigner
là-dessus. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques préliminaires? M. le ministre, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me le permettez, j'aurais
quelques brefs commentaires. Quant au premier point que vous avez
touché, M. le député de Taschereau, qui concerne les
inaptes au travail, à la page 7 des notes préliminaires, j'ai
clairement indiqué que, d'une part, il y aura un programme d'aide,
d'assistance financière, pour les inaptes permanents, avec prestation
révisée, afin de permettre aux plus démunis de notre
société de vivre un peu, et non plus seulement d'exister. Cela va
dans le sens de l'intervention que vous venez de faire.
Quant aux crédits totaux du ministère de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu, ils ont été
augmentés par rapport
aux crédits de l'an passé, approximativement de 5,6 %,
donc de façon supérieure à l'inflation que l'on a connue.
Au gouvernement, nous nous sommes donné comme priorité -une
partie importante de ces programmes s'adresse aux plus démunis de notre
société -dans une opération de compressions
budgétaires de plus de 1 000 000 000 $, d'accorder une
préférence ou un préjugé très favorable
envers ceux et celles que l'on retrouve au bas de l'échelle de notre
société.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, maintenant nous allons
aborder les crédits proprement dits.
Prestations d'aide sociale
Le Président (M. Bélanger): Alors donc, nous
pouvons considérer comme close la période des remarques
préliminaires. Nous passerons à l'étude du programme 6,
c'est-à-dire Prestations d'aide sociale, tel que convenu.
M. Charbonneau: M. le Président, ma première
question touche l'indexation de l'aide sociale, dossier que nous n'avons pas eu
le temps d'approfondir précédemment. Le ministre prévoit
une économie de 31 000 000 $ au chapitre de l'abandon de l'indexation
trimestrielle. Est-ce qu'il peut nous donner des détails sur la nature
de ces 31 000 000 $? Il a parlé de compressions administratives pour
éliminer la bureaucratie et faire en sorte que... A-t-il des
détails? L'autre jour en commission nous n'avons pas eu le temps d'en
parler.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous donner les
détails mais la situation me semble assez claire et assez nette. Quant
au chiffre de 31 000 000 $, je suis prudent quand je l'utilise. Si vous voulez
l'utiliser de la façon dont vous voulez, vous pouvez l'utiliser de la
façon dont vous voulez.
M. Charbonneau: Je reprends les chiffres de vos documents, je
n'invente rien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'utilise avec prudence.
M. Charbonneau: Je suis content de savoir cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez en faire ce que vous
voulez. Vous allez comprendre pourquoi avec les explications que je
m'apprête à vous donner...
M. Charbonneau: ...cela au président du Conseil du
trésor.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je l'ai fait et les
professionnels de mon ministère, qui sont des gens qui ont une vaste
expérience dans ce domaine - beaucoup plus vaste que celle du ministre,
soit dit en passant - les professionnels du Conseil du trésor se sont
entendus sur des scénarios. Vous savez de quelle façon cela
fonctionne, vous avez été au gouvernement suffisamment longtemps.
Lorsqu'on arrive avec un chiffre aussi précis, dans le cadre d'une
mesure comme celle-là, je l'utilise toujours avec une très grande
prudence. Je vous dirai toutefois que le principe de l'indexation - et
là je pèse mes mots lorsque je le dis - pleine et entière
des prestations d'aide sociale a été maintenue. Sur cela nous
avions, comme formation politique, et j'avais, comme ministre, des principes
sur lesquels il fallait absolument dégager des consensus et nous l'avons
fait au sein de notre formation politique.
De plus, tout en maintenant ce principe qui vise à
préserver le pouvoir d'achat des bénéficiaires, le
gouvernement estime nécessaire, dans le contexte budgétaire
actuel, d'en revoir les modalités en fonction de la diminution
constatée du taux d'inflation et de la capacité de payer de
l'État. Nous avons constaté deux choses: c'est que le taux
d'inflation qui était, dans les années quatre-vingt du "double
digit", si vous me permettez cette expression ou cet anglicisme, est
passé à du "simple digit" et même en bas de 5 %. Donc nous
nous sommes dit que si à 12 %, il était juste, raisonnable, et
considéré, d'indexer de façon trimestrielle, autour de 4 %
- là aussi on fait confiance à l'avenir et on peut se tromper -
il est peut-être possible de penser sur le plan de la mécanique
à un ajustement annuel, sans pénaliser...
M. Charbonneau: Cela maintient le pouvoir d'achat selon vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah oui. Le pouvoir d'achat se juge
dans une société d'ailleurs - et c'est peut-être mon
pendant de ministre du Travail que vous dénonciez tantôt - lorsque
dans une convention collective, les travailleurs et les travailleuses
obtiennent ce que l'on appelle la pleine indexation, ils utilisent
eux-mêmes dans leur vocabulaire: nous avons maintenu notre pouvoir
d'achat parce que nous avons obtenu la pleine indexation. Lorsqu'ils parlent
d'augmenter leur pouvoir d'achat, ils vont à 1 % ou 2 % ou 2,5 % en haut
du taux d'inflation. Ils disent: Non seulement nous avons maintenu notre
pouvoir d'achat, mais nous l'avons également augmenté de 2,5 %,
etc. (12 heures)
Si cette formule - il y a toujours des zones grises - est vraie pour
ceux et celles
qui, dans la société, travaillent, je ne peux pas voir sur
le plan mathématique comment elle pourrait être fausse pour ceux
et celles qui sont des bénéficiaires d'un autre programme. C'est
la même formule qui s'applique, pour rassurer le député, en
ce qui concerne la Régie des rentes du Québec, et qui s'est
toujours appliquée. Même dans la période de l'inflation
surélevée en haut de 10 % qu'on a connue, votre gouvernement
n'avait pas jugé bon, au niveau de la Régie des rentes, et on
sait combien de gens démunis bénéficient de ses
programmes, de l'indexer de façon trimestrielle. On n'a pas eu besoin de
la ramener, dans le cas de la Régie des rentes, sur une base annuelle
avec l'inflation qui a baissé.
C'est également vrai en ce qui concerne les allocations
familiales: même dans cette période où on a connu de
l'inflation supérieure à 10 %, vous ne l'aviez pas ajustée
trimestriellement. On n'a pas eu besoin de la replacer sur une base annuelle.
Cela nous paraît, avec un taux d'inflation qui se situe ou qui devrait se
situer autour de 4 %, raisonnable.
Maintenant, s'il fallait que l'inflation reparte à galoper - si
je peux utiliser cette expression équestre...
Une voix: On n'est pas à cheval sur les principes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je serais prêt à
faire certaines recommandations dans le but d'éviter... Peut-être
qu'on n'attendrait pas deux ans, je tiens à le souligner. J'ose croire
qu'on n'attendrait pas deux ans. Je ferais des revendications dans les
meilleurs délais - pour employer une expression consacrée - de
façon que ce pouvoir d'achat ne soit pas affecté.
M. Charbonneau: Si le ministre me permet, je veux lui dire que
cette réponse m'a toujours un peu intrigué depuis qu'il nous la
sert, que le premier ministre nous la sert. Ce que j'ai fait, ce sont des
petits calculs. D'ailleurs, je suis prêt à les livrer au ministre
et à tous nos collègues de la commission. J'ai fait des calculs
pour l'ensemble des catégories de bénéficiaires de l'aide
sociale. Prenons le cas d'un bénéficiaire de moins de 30 ans.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, est-ce que vous avez l'intention de
déposer le document à la Chambre? On en demanderait des
copies.
M. Charbonneau: Je pourrai le déposer. Je le mets à
la disposition des membres, mais, si quelqu'un veut qu'il soit
déposé formellement, je serais bien prêt à le
déposer.
Le Président (M. Bélanger): Cela devient un
document. D'accord, on l'accepte.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. J'ai fait deux
hypothèses, l'une où on maintenait l'indexation trimestrielle et
l'autre où on enlevait l'indexation, c'est-à-dire qu'on accordait
l'indexation tel que le gouvernement a décidé. On est à
163 $ et le 1er avril on aurait dû, si on avait eu une indexation... J'ai
pris des chiffres au taux d'inflation fictif de 4 % et je pense que le ministre
convient que c'est le taux qu'on pouvait utiliser. Ce n'est peut-être pas
le taux parfait, cela peut être un peu plus ou un peu moins.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement il baisse.
M. Charbonneau: II baisse; donc, ce pourrait être un peu
moins. Le ministre est d'accord, sernble-t-il, parce qu'il a utilisé
lui-même les 4 % tantôt comme base.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour faire des chiffres ronds,
M. Charbonneau: Cela va être plus facile. De toute
façon, comme ce sont les mêmes chiffres que ceux du ministre, on
peut s'entendre. Donc, si on avait maintenu l'indexation comme elle existait
auparavant, trimestriellement, le 1er avril dernier les prestations seraient
passées de 163 $ à 165 $. Au 1er juillet elles auraient
été à 167 $ et, au 1er octobre, à 168 $.
Naturellement, les augmentations auraient été dans la poche des
bénéficiaires de l'aide sociale, des personnes concernées,
pour trois mois à chaque fois.
On se retrouverait le 1er janvier 1987 avec une indexation, un montant
dans la poche des bénéficiaires de l'aide sociale de 170 $. Sans
indexation trimestrielle, on va se retrouver... Effectivement, la
décision que vous avez dite, c'est qu'on va maintenir l'indexation. Les
gens vont avoir 170 $ à partir du 1er janvier 1987, mais ils vont avoir
perdu 33 $ en cours d'année. Quand on regarde ce qu'est 33 $, c'est
20,25 % d'une allocation mensuelle sur 163 $, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, allez-y!
Le Président (M. Bélanger): ...
M. Charbonneau: C'est 33 $, M. le Président.
M. le Président, je vous ferai remarquer que cela ne me
dérange pas si vous voulez intervenir dans le débat, mais je vous
signale que c'est moi qui ai la parole à ce moment-ci.
Le Président (M. Bélanger): J'essayais de vous
aider, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Oui, mais laissez faire car vous verrez, vous
aurez peut-être besoin d'aide tantôt.
M. Leclerci Est-ce que vous calculez les 33 $ avec les 163 $ de
l'allocation ou si vous prenez une pleine allocation pour calculer les 33
$?
Une voix: Est-ce que je pourrais aider tout le monde...
M. Charbonneau: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): On va laisser le
député de Verchères finir son intervention et on
reconnaîtra le député de Fabre.
M. Charbonneau: Donc, une perte réelle de 33 $, et les 33
$, sur la base d'une allocation mensuelle, c'est 20,2 % d'une allocation
mensuelle, c'est-à-dire que, mensuellement, quand on donne un
chèque d'aide sociale...
Une voix: Ce n'est pas possible, c'est quasiment impossible.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez, on
va laisser le député de Verchères terminer son
intervention et tout le monde aura le loisir d'intervenir par la suite.
M. Charbonneau: C'est la perte annuelle que représentent
33 $. Mais l'important, c'est le pouvoir d'achat, et le pouvoir d'achat, quel
est-il? C'est 33 $ pour une personne bénéficiaire de moins de 30
ans. Pour une personne adulte, seule, de plus de 30 ans, la perte est de 84 $.
Pour un bénéficiaire de 30 ans et plus avec un enfant, la perte
est de 117 $. Pour un bénéficiaire de 30 ans et plus avec deux
enfants, la perte est de 123 $. Pour deux bénéficiaires sans
enfant, la perte est de 135 $. Pour deux bénéficiaires et un
enfant, la perte est de 144 $. Pour deux bénéficiaires avec deux
enfants - c'est la catégorie maximum où on peut aller chercher de
l'argent - la perte est de 153 $.
Ce que je prétends, c'est qu'il y a une différence entre
l'indexation trimestrielle et l'indexation annuelle et qu'il est faux de
prétendre qu'on maintient le pouvoir d'achat des
bénéficiaires. Si, sur une base annuelle, une famille, un couple
d'assistés sociaux avec deux enfants ont 153 $ de moins à la fin
de l'année, ils ont probablement plus d'une semaine d'épicerie de
perdue en termes de revenus. Si vous multipliez, et c'est probablement comme
cela que le Conseil du trésor a fait cette évaluation des
chiffres, que vous voulez utiliser aujourd'hui d'une façon plus
prudente, pour arriver à 31 000 000 $, il n'y a pas de magie. Ce que je
dis ce matin, c'est que, depuis que cette mesure-là a été
annoncée, le ministre et le premier ministre ont
répété à l'Assemblée nationale, en
commission parlementaire et encore ce matin qu'il y a maintien du pouvoir
d'achat et je viens de faire la démonstration que, si les gens ont moins
d'argent à la fin de l'année dans leurs poches, c'est que leur
pouvoir d'achat en est affecté. À moins que le ministre me dise
que l'indexation annuelle va faire en sorte que - prenons l'exemple maximum,
deux bénéficiaires de 30 ans et plus et deux enfants - ils ne
perdront pas 153 $ annuellement et qu'ils vont avoir, le 1er janvier 1987,
autant d'argent qu'ils en auraient eu autrement, c'est-à-dire 153 $ de
plus que ce que nous prétendons dans nos calculs. Il y a perte du
pouvoir d'achat. C'est cela le pouvoir d'achat, c'est la capacité de
payer ses comptes régulièrement, c'est ce qu'on a dans nos
poches. Si j'ai moins d'argent, que ce soit 5 $, 10 $ ou 20 % de moins par mois
dans mes poches, mon pouvoir d'achat est moins grand. Si, à la fin de
l'année, mes revenus sont moindres de 153 $, j'ai moins d'argent pour
faire l'épicerie. C'est une semaine où j'ai été
obligé de me serrer la ceinture et de faire des
réaménagements budgétaires ailleurs. Quand on est un
assisté social et qu'on n'a pas choisi de l'être, ce sont des
pertes considérables. C'est pour cette raison qu'en 1982 le gouvernement
avait accepté de répondre aux revendications des groupes
d'assistés sociaux et d'accorder cette augmentation. Le ministre nous a
parlé tantôt de la hausse du taux d'inflation. La
réalité, c'est qu'il y avait, aussi une revendication qui faisait
en sorte qu'au bout de la ligne il y avait plus d'argent dans la poche des
gens.
Le Président (M. Bélanger): M, le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux répondre.
Peut-être que le député a de la difficulté avec soit
son vocabulaire, soit ses principes, parce que c'est de cela qu'on parle dans
une société. Je vais prendre votre cas à vous, comme
député. Cela peut peut-être s'appliquer à d'autres.
Il y a une formule dans la loi qui fait en sorte, pour ne pas que vous perdiez
votre pouvoir d'achat, que vous êtes indexés une fois par
année. C'est la formule actuelle. Pour ne pas que vous perdiez, comme
député...
M. Charbonneau: Prenons donc un cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...votre pouvoir d'achat...
M. Charbonneau: M. le ministre, plutôt que de prendre le
cas d'un député...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, je vais prendre le cas,
si vous voulez...
M. Charbonneau: ...prendre le cas d'un assisté social
plutôt que d'un député.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de celui qui est au salaire
minimum, si vous voulez...
M. Charbonneau: Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Je peux prendre le cas
de celui qui est au salaire minimum. Il n'a même pas une indexation
annuelle depuis 1981, est-ce assez fort? Il n'a même pas de pouvoir
d'achat. C'est vrai qu'il ne l'a pas conservé depuis 1981. Il n'a pas
d'indexation annuelle. Qu'est-ce que les gens réclament ou qu'est-ce que
le rapport Beaudry suggère? C'est une indexation annuelle. Pourquoi?
Pour préserver le pouvoir d'achat. Il faut s'entendre, à un
moment donné. Vous êtes le seul dans la province de Québec,
à moins qu'il y ait quelqu'un de votre côté qui vous appuie
là-dessus, qui ramène le pouvoir d'achat ou le principe
d'indexation à une période d'ajustement. S'il fallait suivre
votre raisonnement, parce que vous ne les avez pas indexés à tous
les jours, combien ont-ils perdu? Vous savez ce que je veux dire. Il n'y a pas
de limite à votre raisonnement. Quand tu t'en vas dans l'absurde, on
dirait qu'il n'y a plus de frontière. Ce qu'on dît, c'est qu'en
1982, lorsque votre gouvernement a décidé d'indexer
trimestriellement comme période, c'est parce que cela faisait deux ans
d'inflation en haut de 10 % que les gens connaissaient et lorsque tu as de
l'inflation à 10 %... Je reviens un peu à ce que Mme la
députée disait tantôt: II y a des questions conjoncturelles
et il y a des questions structurelles. C'était une question
conjoncturelle et vous savez cela. Et quand vous m'indiquez non de la
tête, vous savez que vous ne dites pas la vérité, M. le
député. C'était à cause d'une situation
conjoncturelle, parce que, si ce que je dis n'était pas vrai, qu'est-ce
que vous avez fait de 1976 à 1982 quand l'inflation n'était pas
gallopante, quand elle n'était pas en haut de 10 %? Vous avez
donné l'indexation aux assistés sociaux comme on donne la pleine
indexation aux assistés sociaux. Mais si vous voulez faire des calculs
et me dire qu'au bout de l'année, si je l'indexais a tous les jours, si
ma période était à tous les jours... Je pourrais vous en
faire des calculs, on a des ordinateurs au ministère et on pourrait vous
donner exactement ce que cela donnerait de plus. Mais est-ce cela qui est
important ou est-ce que ce n'est pas sur le plan de la réforme de l'aide
sociale d'enlever la discrimination à cause de l'âge que vous avez
maintenue pendant tout votre pouvoir? Est-ce que ce n'est pas cela qui est
important? N'est-ce pas important de revoir l'ensemble des besoins? On peut
revoir l'ensemble des besoins avec une formule qui prévoit comme
période d'indexation tous les jours et, à ce moment, les besoins
vont être diminués. On peut revoir avec une indexation mensuelle
ou hebdomadaire et, à ce moment, j'imagine que les besoins vont changer,
compte tenu de la périodicité de l'indexation. On peut le
prévoir sur une base trimestrielle, on peut le prévoir sur une
base annuelle. Dans la société québécoise, les gens
qui travaillent, lorsqu'ils ont des conventions collectives à
négocier, s'entendent sur le fait que, pour maintenir leur pouvoir
d'achat, ils doivent obtenir comme augmentation salariale le taux de
l'inflation. Cela est ajusté une fois par année. Cela est pour
les gens qui travaillent.
Ce que j'ai compris de votre discours, c'est que ceux et celles qui
signent des conventions collectives au Québec n'ont rien compris du
pouvoir d'achat. Le ministère que je représente n'a rien compris
du pouvoir d'achat. Personne n'a rien compris de la pleine indexation et du
pouvoir d'achat, sauf le député... Non, non, pas l'assisté
social comme tel. Les assistés sociaux à qui j'ai eu la chance de
l'expliquer, ceux qui sont venus manifester, ont dit: Oui, on a la pleine
indexation. C'est ce qu'ils ont dit. Ils ont dit: M. Paradis, si l'inflation ne
va pas comme cela est prédit, à 3,8 % ou à 4 %, si cela va
à 5 %, est-ce qu'on va avoir seulement 4 %? Parce qu'il y a des
députés des fois qui... Je crois entendre des choses. Je leur ai
répondu: Si cela est à 5 %, vous aurez 5 %. Pourquoi allez-vous
avoir 5 %? Pour ne pas que votre pouvoir d'achat soit affecté.
M. Charbonneau: Vous avez le droit, et vous l'avez utilisé, de
faire les choix politiques. C'est vous qui êtes au gouvernement. On ne
conteste pas ce droit. Ce qu'on conteste, c'est ce que vous avez dit pour
justifier ce choix politique. C'est le camouflage que vous avez utilisé
pour présenter ce choix politique. Ce qu'on dit, c'est que vous nous
avez répondu à plusieurs reprises, et ce matin encore, que le
pouvoir d'achat était maintenu, que cela n'était qu'une question
de bureaucratie - j'ai une citation ici du Devoir, le 22 mars 1985, une
entrevue que vous avez accordée à Robert Lefebvre de la Presse
canadienne - que tout cela, c'était pour éviter que, finalement,
les fonctionnaires soient à l'ouvrage à tous les trois mois pour
travailler là-dessus et qu'on va faire cela sur une base annuelle. Cela
va être moins compliqué, il va y avoir moins de bureaucratie. Le
premier ministre, à
l'Assemblée nationale, nous a répondu la même chose.
Ce que je vous dis et les assistés sociaux ont très bien compris
parce qu'eux, en fin de compte, et vous n'avez pas fait la démonstration
que les chiffres étaient inexacts...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez... Est-ce
que votre tableau est vrai? (12 h 15)
M. Charbonneau: ...en fin de compte, deux
bénéficiaires, avec deux enfants, perdent 153 $ annuellement. Si
j'ai 153 $ de moins dan3 mes poches, à la fin de l'année, suivant
une décision politique plutôt qu'une autre, c'est que, à un
moment donné, il y en a une qui a affecté plus mon pouvoir
d'achat que l'autre. Il me semble que cela, c'est le bon sens- C'est seulement
cela qu'on dit. Donc, ce qu'on dit, c'est qu'il y a une perte. Vous nous avez
présenté cette économie de 31 000 000 $, dans les
crédits, comme des économies sur l'appareil administratif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre autres.
M. Charbonneau: Non, non, surtout. Ce n'est pas seulement "entre
autres", c'est "surtout". Dans les déclarations que vous avez faites en
Chambre et celles du premier ministre, c'est comme cela qu'on l'a
présenté en disant qu'il n'y a pas de danger. Vous venez de
répéter: Ecoutez, si c'est l'inflation de 4 % à la fin de
l'année, ce sera 4 %. Mais, dans les faits, si une mesure fait en sorte
qu'à la fin de l'année le gouvernement économise 31 000
000 $, c'est qu'il a dû les prendre quelque part, ces 31 000 000 $.
Où les a-t-il pris? Il les a pris dans les poches des gens qui sont les
plus démunis. Autrement, s'il n'y a pas d'économie, pourquoi
est-ce qu'on écrit qu'il y a une économie de 31 000 000 $? Il n'y
a pas de magie dans les chiffres. Ce que je comprends, c'est que le ministre
m'a répondu par une pirouette. Il m'a dit: Bon, bien, vous ne l'avez pas
fait pour le salaire minimum et nous, on s'en vient avec une réforme
globale de l'aide sociale. C'est très bien, tout cela, mais ce n'est de
cela qu'on parle. On parle du choix politique d'abolir l'indexation
trimestrielle pour la remplacer par une indexation annuelle et de la
présentation de ce choix politique comme une non-perte des pouvoirs
d'achat alors que, dans les faits, les gens perdent de l'argent. Voilà
ce que je voulais dire au ministre à cet égard.
Par ailleurs, M. le Président... À moins que le ministre
ait une démonstration plus claire que celle qu'il vient de nous
faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai un exemple. Parfois, cela
facilite la compréhension. Quand vous utilisez l'expres- sion "prendre
dans la poche et aller chercher quelque chose" rappelez-vous ce que vous avez
fait avec les fonctionnaires de la fonction publique. Cela, c'est aller prendre
dans la poche. Mais indexer sur une base annuelle en garantissant le pouvoir
d'achat, ce n'est pas aller prendre dans la poche. C'est seulement pour vous
faire comprendre un peu mieux.
M. Charbonneau: Vous ne répondez pas à la question,
c'est faire de la politique. C'est très bien faire de la politique. Dans
ce cas-là, on va passer à un autre sujet. On voit qu'on a
marqué le point et ce que je comprends, c'est que le ministre n'est pas
capable de répondre. Ce que nous comprenons, ma collègue et
députée de Maisonneuve et moi, c'est que surtout il y a des gens
qui auront des pertes et que l'économie de 31 000 000 $, contrairement
à ce que le premier ministre nous a affirmé et contrairement
à ce que le ministre vient de nous réaffirmer, aujourd'hui, c'est
une économie sur le dos des plus démunis alors que le premier
geste que vous avez posé comme gouvernement, c'est aussi Un choix
politique légitime qui a favorisé les plus riches. Ma
deuxième question, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Oui, j'aurais une question à poser à M.
le...
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai toujours le droit de
parole? je n'ai pas épuisé mes vingt minutes, je crois.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez raison.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
M. Lemire: La règle du 90 %, on en a disposé au
début de l'assemblée.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Je n'ai pas fini.
Le Président (M. Bélanger): II n'a pas
terminé son intervention. On le laisse terminer son intervention et on
procédera, vous avez tout à fait raison.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbornneau: Je reconnais votre grande impartialité.
M. le Président, il y a une autre question qui me préoccupe. La
députée de Maisonneuve, tantôt, a abordé trois
éléments qui sont des promesses formelles que votre parti a
faites: la hausse de l'allocation scolaire de 35 $ à 100 $; l'indexation
du revenu de travail, l'adaptation du revenu de travail en fonction de l'aide
sociale accordée et l'abolition de la discrimination fondée sur
l'âge. Dans ce cas, vous nous avez promis que cela viendrait avec la
réforme globale "apte et inapte". Je pense que vous nous avez longuement
expliqué votre point de vue.
Ce que je voudrais savoir plus précisément, c'est
où, dans les crédits que vous nous présentez aujourd'hui,
y a-t-il des fonds pour permettre, au mois de septembre, une hausse de
l'allocation scolaire, telle que promise? Est-ce qu'il y a des fonds pour,
dès maintenant, dès cette année, indexer et
améliorer le revenu de travail? Ma collègue vous a exhibé
tantôt une annonce publicitaire de votre parti, dans le comté de
Saint-Jacques. Il y a des crédits, nous sommes maintenant à
l'étude des crédits. Est-ce qu'il y a des fonds pour faire cela
cette année? Est-ce que cela va être fait cette année?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans les crédits qui sont
devant vous, la réponse est non. Maintenant, vous savez comment
procède l'appareil gouvernemental; il y a des mémoires en
préparation, pour le Conseil du trésor, sur ces sujets.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer
quand il compte soumettre au Conseil des ministres ces propositions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas avant que les mémoires
soient prêts.
M. Charbonneau: Cela je le comprends, c'est
l'élémentaire bon sens. Vous avez donné comme
échéancier à vos fonctionnaires de vous les
préparer pour quand, pour le 1er janvier 1987?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai donné des
échéanciers et j'ai également indiqué des
priorités. Sur le plan des réalisations des engagements
électoraux, ils seront réalisés; mais, sur le plan de la
"priorisa-tion", je suis allé à ce qui m'apparaissait le plus
prioritaire, et la première que j'ai soumise c'était la question
de la parité de l'aide sociale.
M. Charbonneau: Je ne peux pas comprendre que cela
n'apparaît pas dans vos priorités immédiates et qu'en
conséquence cela ne sera pas cette année que ces
promesses-là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, vous pouvez comprendre que,
dans la détermination des priorités, il y a eu quelque chose qui
a été "priorisé" parmi les priorités.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on doit comprendre la même chose
à l'égard du problème du lait maternisé auquel la
députée de Maisonneuve a fait allusion tantôt?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il n'y a pas de
décision d'arrêtée dans la correspondance que j'ai
échangée avec Mme la députée et avec d'autres
députés autour de la table. J'ai envoyé une petite note
à la main à Mme la députée de Maisonneuve, que je
souhaite rencontrer sur réception de la missive. Non, il n'y a rien
d'arrêté là-dessus.
M. Charbonneau: Dans les cahiers explicatifs, è la page...
Attendez une petite seconde que je vérifie. Dans les cahiers
explicatifs, à la page 48, vous avez un article qui s'intitule:
Modifications réglementaires diverses: 11 400 000 $. Quand on regarde le
document que le président du Conseil du trésor nous a transmis,
il y a quelques semaines, à l'égard de la liste des compressions,
on utilisait un autre vocabulaire dans ce document-la: on parlait de
rationalisation interne et autres mesures à l'égard de l'aide
sociale, 11 400 000 $, même montant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis prêt a donner la
réponse, si vous voulez. Vous voulez des détails?
M. Charbonneau: J'aimerais savoir c'est quoi, finalement les
modifications réglementaires. Est-ce qu'en particulier vous entendez
changer les règlements de l'aide sociale pour que certains
critères soient affectés à la baisse et lesquels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les mesures de rationalisation
interne à l'aide sociale portent sur des modifications à cinq
dispositions du règlement sur l'aide sociale dans une optique
d'équité entre les bénéficiaires ou d'adaptation de
ces dispositions aux réalités actuelles.
La première mesure: abolition des exemptions de 1500 $ et 2500 $
accordées lors de la réalisation d'un droit prenant la forme d'un
montant global. Là, je vous donne l'explication pour que cela soit moins
technique et plus dans l'application.
Des personnes peuvent recevoir de l'aide sociale sous forme
conditionnelle en attendant le versement d'une indemnité qui leur est
due. Je pense que vous en avez quelquefois à vos bureaux de
comté; en tout cas, moi, cela m'arrive régulièrement.
Lorsque ces personnes réalisent leur droit et viennent rembourser l'aide
sociale reçue sous
forme de prêt, le règlement est ainsi libellé
qu'elles bénéficient des exemptions de 1500 $ pour une personne
seule et de 2500 $ pour une famille, normalement prévues sur les sommes
que peut détenir un bénéficiaire en avoir liquide.
M. Charbonneau: Excusezl Je ne veux pas interrompre le ministre,
mais est-ce que le document qu'il lit serait accessible pour les membres de la
commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai mes notes.
M. Charbonneau: Ce sont vos notes, ce n'est pas un document. Cela
nous permettrait de suivre, c'est un peu technique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que moi aussi quand c'est
arrivé, j'ai voulu tout comprendre comme il le faut. Alors je me le suis
fait expliquer et j'ai préparé des notes.
M. Charbonneau: Vous avez bien fait. Cela va vous être
utile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour corriger cette anomalie, ces
exemptions ne seront plus accordées lorsque les
bénéficiaires remboursent l'aide conditionnelle obtenue en
attendant la réalisation d'un droit. Je pense qu'on se comprend,
là.
Deuxième modification: modification des modalités de
comptabilisation des revenus de travail et des allocations de formation
professionnelle.
Le règlement sur l'aide sociale prévoit que lorsque des
revenus provenant d'un travail ou de la participation à un programme de
formation professionnelle doivent être pris en considération dans
l'établissement de la prestation de l'aide sociale, ils doivent
être d'abord réduits à 10 $ près. Compte tenu que
des exemptions sont spécifiquement prévues pour de tels revenus,
ces revenus pourraient dorénavant être comptabilisés tels
quels sans les réduire à la dizaine inférieure. Vous
comprenez?
M. Charbonneau: Ça va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Troisième modification:
augmentation de 1 % à 2 % du taux mensuel imputé lorsque la
valeur des biens d'un ménage dépasse, selon le cas, 1500 $, 2500
$, ou 50 000 $, s'il s'agit d'une résidence principale. Lorsque la
valeur de certains biens, une seconde propriété, un
deuxième véhicule automobile, une motoneige ou un autre bien
immobilier non exempté par le règlement dépasse 1500 $,
dans le cas d'une personne seule, et 2500 $, dans le cas d'une famille, un taux
de 1 % de cette valeur excédentaire est imputé comme revenu et
permet donc de réduire d'autant la prestation d'aide sociale. Cette
disposition a été introduite en 1976 et visait à offrir un
choix aux bénéficiaires qui étaient, jusqu'alors,
contraints de vendre leurs autres biens pour avoir droit à l'aide. Ce
taux est porté de 1 % à 2 % sur les biens accessoires.
Augmentation du montant imputé à titre de revenu minimum
de pension. Les revenus de chambre et pension sont comptés mensuellement
dans la proportion de 40 %, avec un minimum de 60 $ pour une personne et de 30
$ pour chaque personne additionnelle. Ces montants n'ayant pas
été revus depuis 1982, ils pourraient être portés de
30 $ à 50 $ et de 60 $ à 85 $.
Cinquième élément: modification de l'article 30 du
règlement, afin que la réduction s'applique aux besoins et non
à l'aide versée. Lorsqu'un ménage vit chez un parent ou un
enfant, sa prestation d'aide sociale est réduite de 65 $. Cependant, le
libellé du règlement est ainsi fait que, lorsque des revenus
doivent être pris en considération, ils sont déduits des
besoins reconnus, plutôt que de l'aide versée, ce qui annule
l'effet de la réduction. Cette situation sera corrigée en
précisant qu'en pareil cas les revenus seront imputés sur l'aide
réduite de 85 $ plutôt que sur les besoins reconnus.
Ce sont les cinq programmes.
M. Charbonneau: Je remercie le ministre de ces précisions.
Je crois que c'est une indication...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, juste une précision,
auparavant. En principe, les travaux de la commission doivent ajourner sine die
à 12 h 30. Comme nous avons commencé avec 12 minutes de retard ce
matin, il est possible de reporter ces 12 minutes. Effectivement, les travaux
ont commencé à 10 h 12. II est possible de reporter les travaux,
avec le consentement unanime des membres de la commission. Si tout le monde est
d'accord, on pourrait poursuivre les travaux jusqu'à...
M. Charbonneau: M. le Président, je ne sais pas si cela
convient au ministre. On peut faire deux choses: soit maintenant, soit à
18 heures ce soir. Quand on regarde l'ampleur des crédits du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
on n'a pas beaucoup d'heures, nous. On en a beaucoup par rapport à
d'autres, mais on ne veut pas perdre 10 minutes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce que je veux indiquer,
c'est que, comme ministre, je tente d'être à l'heure. Je pense
que, ce matin, j'étais peut-être une minute
en retard. Je ne voudrais pas que...
M. Charbonneau: Non, je n'impute pas de blâme, d'aucune
façon, au ministre, même si le député de
Verchères, votre humble serviteur, était le premier arrivé
dans la salle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait peut-être
reprendre les 12 minutes à 18 heures. Cela m'irait mieux.
M. Charbonneau: Cela vous irait mieux?
Le Président (M. Bélanger): Cela convient. Donc,
les 12 minutes seront ajoutées à la période de cet
après-midi. Nous ajournons sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 22)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous reprenons l'étude des crédits du programme 6 du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
M. le député de Verchères, nous vous reconnaissons
le droit de parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Ce matin, quand on
a terminé, le ministre nous avait donné des précisions
quant aux modifications réglementaires diverses de 11 400 000 $. Mon
seul commentaire rapide sur cela, M. le Président, c'est que, là
aussi, finalement, un peu à l'instar de l'indexation trimestrielle, dans
les faits, les modifications réglementaires de l'aide sociale vont
pénaliser un certain nombre de personnes.
Je pense que le ministre nous a parlé abondamment ce matin de ses
intentions à l'égard de la réforme promise. I! y a une
revendication actuellement qui est faite par le Front commun des
assistés sociaux. La députée de Maisonneuve en a
parlé un peu ce matin, mais...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, voulez-vous parler un petit peu plus
fort, parce que l'on en perd des bouts?
M, Charbonneau: Je pensais que le micro absorbait tout. Vous ne
perdez rien pour attendre, M. le ministre.
Demande d'une consultation publique sur la
réforme de l'aide sociale
Donc, le Front commun des assistés sociaux a demandé une
consultation publique sur la réforme promise et qui, normalement,
maintenant est en gestation. Je voudrais demander au ministre comment il entend
accueillir cette demande-là et en particulier s'il entend associer
l'Assemblée nationale et cette commission parlementaire à cette
démarche de consultation publique. Je sais que, quand il était de
ce côté-ci de la Chambre, il était un de ceux qui
réclamaient souvent des consultations publiques, des commissions
parlementaires sur des sujets importants et je crois, à la teneur des
propos qu'il a tenus ce matin, qu'il considère ce sujet comme l'un des
plus importants. En fait, c'est une de ses trois priorités, a-t-il
mentionné. Dans ce cas-là, je présume qu'il devrait
être favorable à une réponse positive à
l'égard de cette demande de consultation publique. Je voudrais demander
au ministre s'il a l'intention, avant que les décisions finales soient
prises, avant que la réforme cesse d'être un projet pour devenir
une réalité, d'associer l'opinion publique à des
consultations publiques. Éventuellement, ces consultations pourraient
prendre la forme de l'utilisation du forum qu'est la commission parlementaire
que vous présidez, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un premier commentaire quant
à, je dirais, la brève remarque introductive de M. le
député de Verchères, visant à dire que cela
pénalise les assistés sociaux, les cinq mesures dont on avait
discuté avant de nous quitter pour la période des questions. Les
décisions que j'ai eu à prendre, ce n'est pas pour
pénaliser les gens, c'est en toute équité et en toute
justice. Si on les analyse une à une et si on veut les reprendre, moi,
je suis prêt à passer le temps que cela prendra, ce sont des
mesures qui visent à assurer l'équité entre un
bénéficiaire et un autre, et à assurer une saine
application de la loi, une saine gestion et une application honnête de la
loi qui a été adoptée par l'Assemblée
nationale.
Pour prendre juste le premier exemple - on pourrait les passer un par un
- la personne qui s'est vu avancer des sommes d'argent ne les a jamais
considérées comme un cadeau. Ceux et celles qui viennent me voir
à mon bureau de comté, dans mon comté, qui sont mal pris,
quand je leur explique que ce sont des avances, ils comprennent qu'il s'agit
d'avances et qu'une avance, ça se remet. C'était peut-être
la situation contraire avant. Il y avait un certain laxisme qui faisait en
sorte que certaines personnes étaient avantagées face à
d'autres. II s'agissait peut-être de ne pas faire sa réclamation -
parce qu'on l'ignorait ou etc. - d'aide sociale et de donner le temps à
la machine de suivre le dossier. Il s'agissait d'arriver chez le
député ou au
bureau du centre Travail-Québec en état d'urgence, et de
leur dire: Avancez-moi de l'argent pour en faire un peu plus. Ce sont des
petites échappatoires qui devenaient de plus en plus connues. La
pratique s'accentuait et c'est un souci d'équité qui nous a
animés, au ministère, lorsqu'on a pris ces décisions. Le
terme "pénaliser", j'en laisse la paternité et la
responsabilité au député de Verchères. Pour autant
que je suis concerné, bien honnêtement, il s'agit tout simplement
de saine gestion et d'équité d'un bénéficiaire de
l'aide sociale à l'autre.
Pour ce qui est de votre question plus directe quant à une
consultation publique, je considère que présentement le dossier
est déjà sur la place publique. Je ne sais pas si vos
relevés de presse sont aussi imposants sur le sujet que les
relevés de presse que je reçois, autant de la presse
écrite que de la presse électronique. C'est sain qu'il en soit
ainsi. C'est sain que le débat soit déjà sur la place
publique, qu'on n'attende pas à la dernière minute afin de tenter
de prendre les gens par surprise. Avant que cela devienne
réalité, je pense que vous n'avez pas besoin de garantie pour
être assurés que la commission parlementaire va en être
saisie. Lorsqu'on dépose un projet de loi, après la
deuxième lecture généralement ça vient en
commission parlementaire et les parlementaires sont libres de s'exprimer.
Mais d'ici là - et je n'ai pas arrêté les
mécanismes de consultation spécifiques j'écouterai tout
député qui, fort de son expérience de député
et de sa connaissance du milieu, aurait des suggestions positives à me
communiquer. Comme ministre, je pense que vous êtes des interlocuteurs,
dans toute la société, qui êtes les plus
privilégiés. Vous avez réussi, d'un côté
comme de l'autre, à vous faire élire dans vos circonscriptions
électorales respectives. Vous avez des préoccupations
économiques et sociales qui font en sorte que vous avez réussi
à vous faire élire. Vous recevez - et vous avez peut-être
une oreille très proche du terrain -des témoignages de
façon régulière. Vous pouvez, je n'en doute pas, me faire
des recommandations, des avis, des suggestions qui feront en sorte que la
réforme qu'on s'attend à proposer pour l'automne soit encore
meilleure qu'on n'osait l'espérer durant la campagne électorale.
Les premiers bénéficiaires seront les gens qui vivent de cette
aide sociale. Les deuxièmes, si la réforme connaît un
certain succès, ce seront tous les parlementaires qui auront
contribué à faire de cette réforme une réussite, si
réussite il y a.
M. Charbonneau: Je remercie M. le ministre de sa réponse.
Je voudrais juste lui faire remarquer que, dans mon esprit, la consultation
publique, c'est plus large que la discussion publique que les parlementaires
auront, s'il y a une loi, à l'occasion de l'étude
détaillée du projet de loi et de l'étude des principes du
projet de loi. Le ministre sait bien, parce qu'il commence à être
un parlementaire aguerri, qu'il y a un mécanisme qui permet à une
commission parlementaire, avant la deuxième lecture ou même avant
n'importe quoi, maintenant... Si le ministre était d'accord, je
présume que la commission pourrait se donner un mandat d'initiative, par
exemple. Ce que le Front commun des assistés sociaux demande, c'est la
garantie que non seulement les députés pourront parler de
ça et émettre leurs opinions, mais également les
principaux organismes concernés, les principales personnes
concernées. Dans la mesure où le ministre m'indique qu'il n'est
pas fermé à ces consultations, pour l'instant, on va se contenter
de cette réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aimerais apporter deux petites
remarques en ce qui concerne les mandats d'initiative. Je n'oserais pas
m'immiscer là-dedans. Je suis ici l'invité de la commission et
s'il y avait un mandat d'initiative, je reviendrais témoigner,
j'imagine, si j'étais encore une fois invité par la commission.
Cela vous appartient, madame et messieurs les parlementaires.
En ce qui concerne le genre de consultation, je ne veux pas, là
non plus, avoir quelque chose de trop rigide parce que, s'il y a des gens qui
sont, si vous me permettez l'expression, collectivement
désorganisés dans la société,
éparpillés et avec le moins de ressources pour s'organiser et
faire valoir leurs points de vue, ce sont peut-être les
bénéficiaires de l'aide sociale. C'est sans doute eux. Au lieu de
prendre l'approche traditionnelle ou la même approche qu'on a envers les
groupes très organisés - je vais encore utiliser mes exemples de
ce matin - le Conseil du patronat, les centrales syndicales très
organisées, pour faire affaires avec une clientèle qui est
totalement différente, qui est beaucoup plus diffuse sur le territoire,
je pense qu'il faut faire preuve du maximum de disponibilité en tant
qu'individus, tout le monde, pour aller recueillir ces informations et
prêter l'oreille à ces intervenants que nous rencontrons.
J'ai de la difficulté - j'ai eu l'occasion de faire le tour de la
province à quelques reprises - à concevoir les assistés
sociaux comme des individus très bien structurés, très
bien regroupés, avec la possibilité d'écrire de longs
mémoires pour répondre à de longs projets de loi, etc. Je
pense qu'il s'agit de quelque chose de beaucoup plus disparate, de situations
qui sont non pas uniformisées, mais beaucoup plus complexes qu'on ne
semble le laisser voir. II y a quelques petits groupes qui se sont
réunis.
J'en ai vu manifester, je vais les rencontrer
régulièrement et j'en ai dans mon comté. Il y a quelques
petits groupes qui réussissent à s'organiser, qui
reçoivent le support, j'imagine, d'autres organismes pour faire valoir
leurs points de vue, mais s'agit-il de l'ensemble des assistés sociaux
ou du point de vue de l'ensemble des assistés sociaux? Je me pose des
questions. J'écoute ceux-là qui sont un peu mieux
organisés et je tente, comme je demande aux députés de le
faire -on est sur la voie d'une réforme et cela va être à
l'automne - d'avoir une oreille spéciale et attentive pour les cas
individuels autant que pour ceux et celles qui ont réussi à
s'organiser en petits groupes.
M. Charbonneau: Pour ne pas s'éterniser sur le sujet, je
voudrais simplement faire remarquer au ministre qu'il sous-estime
peut-être beaucoup les gens qui bénéficient de l'aide
sociale. Sans doute certains ne sont-ils pas en mesure...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par définition.
M. Charbonneau: Je sais qu'ils ne sont pas syndiqués, sauf
que vous seriez surpris. C'est peut-être le temps qui vous a
manqué pour prendre connaissance du nombre important de regroupements
d'assistés sociaux qui existent et de leur niveau d'organisation dans
certains cas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a trente associations
d'assistés sociaux et elles ne regroupent pas la majorité des
assistés sociaux.
M. Charbonneau: C'est évident, mais je pense que dans
n'importe quelle consultation publique, n'importe quel débat public,
personne ne peut avoir la prétention de faire une consultation qui
amènerait tous les intéressés à donner leur opinion
parce qu'on n'en finirait pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas laisser passer
cela, M. le Président.
M. Charbonneau: Laissez-moi seulement terminer, M. le
ministre!
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. S'il veut faire ses
vingt minutes, je ferai mes vingt minutes tout à l'heure!
M. Charbonneau: Non, non. On ne fera pas de démagogie. La
seule chose que je veux dire, c'est que je comprends les remarques du ministre,
mais je l'invite à considérer le fait qu'il y a beaucoup de
groupes, néanmoins, qui sont capables de véhiculer la
problématique et les situations particulières de leurs membres,
c'est-à-dire la situation que vivent les gens qui sont sur l'aide
sociale, d'une part. Je crois aussi que, dans notre société,
cette réforme intéresse et concerne beaucoup d'autres organismes
qui, à l'occasion d'une consultation publique véritable, auraient
l'intention, pour le profit du gouvernement, de venir soumettre des
commentaires et des opinions. C'est seulement cela. On n'en fera pas de
plat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et on les invite à le
faire, mais ce que je voudrais...
M. Charbonneau: Oui, mais il faudrait qu'il y ait un forum, leur
garantir qu'ils vont pouvoir non seulement vous envoyer des papiers, mais
éventuellement pouvoir vous dire, dire à vos fonctionnaires un
certain nombre de choses et engager, avec les gens qui vont être les
décideurs, finalement, des discussions sur un certain nombre
d'éléments. Il faudrait probablement attendre que le ministre
produise un document de base qui donnerait de grands paramètres plus
précis que ce qu'il a pu énoncer jusqu'à maintenant. Une
fois qu'on aurait ce texte, je pense que la consultation publique pourrait
être utile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je pourrais
écrire un livre blanc, un livre vert, un livre orange ou un livre
d'à peu près n'importe quelle couleur sur le sujet, partir en
consultation publique et espérer d'ici deux ans poser des gestes. Il me
semble qu'il y a certains problèmes qui sont assez urgents. Je vous
parlerai simplement du problème de la discrimination à cause de
l'âge. Chaque semaine je fais du bureau de comté et je suis
obligé d'expliquer à quelqu'un pourquoi je n'ai pas encore
bougé. Je lui explique qu'on fait des consultations, qu'on est en
préparation et qu'il y a des risques à prendre, qu'on va prendre
des risques, mais qu'on veut les mesurer, etc. À chaque semaine, c'est
ce que je fais. Je suis prêt à faire le maximum comme vous le
dites. Cela serait peut-être la solution idéale d'écrire un
livre et de partir en tournée au Québec. Si j'étais
convaincu qu'il n'y avait pas urgence quant à la discrimination à
cause de l'âge, si j'étais convaincu que cette
question-là... Vous l'avez souligné ce matin. On est
arrivé et il n'y avait rien de fait là-dessus. Sur la question de
la discrimination, il n'y avait pas grand-chose de fait. Mais, sur d'autres
questions, il y avait des éléments qui étaient
déjà là: apte et inapte; il y avait des études qui
circulaient déjà.
Sur les grands thèmes, les grandes idées, les grands
principes, il n'y a pas de réactions très négatives dans
la société québécoise, ni de la part - je le
souligne -de l'Opposition, ni de la part des principaux
intéressés qui se sont regroupés, ni de la part des
individus que j'ai pu rencontrer au moment où on se parle. C'est
pourquoi je me suis étonné des propos de Mme la
députée de Maisonneuve, ce matin, lorsqu'elle parlait
d'égalité dans la malchance. Je me suis étonné de
ses propos. Je les ai écoutés attentivement parce que
c'était un des rares sons de cloche que j'avais entendus dans ce
sens-là et il faut tenir compte dans notre effort de ce son de cloche,
si minoritaire sait-il.
Sur le plan de la tuyauterie, aussitôt qu'on aura quelque chose,
on va le rendre public. On va dire aux gens: Voici, on est rendu là.
Apportez-nous ce que vous en pensez, vos réactions. Si vous tenez
absolument à ce que cela se fasse dans cette salle-ci, proposez des
choses. On a une Loi sur l'Assemblée nationale, on a une
réglementation, on a des mécanismes qui sont mis à la
disposition des parlementaires. Tout ce dont je vous assure - je le fais autant
avec la correspondance qui m'est adressée par les députés
qu'avec les conversations et les échanges qu'on a - c'est que je
tiendrai compte au maximum de cette vaste expertise que vous avez recueillie
comme parlementaires dans la société et que je tenterai
d'accommoder l'ensemble des expertises en effectuant des choix qui ne sont pas
faciles à effectuer. Mais, quand on a la responsabilité de
prendre des décisions, il faut à un moment donné trancher
et trancher le plus justement possible et avec le plus d'équilibre
possible de façon que ceux et celles qui sont les
bénéficiaires d'un programme en obtiennent le maximum sans
désavantager ou pénaliser outre mesure, de façon
déséquilibrée, ceux et celles qui paient pour le programme
dans la société. C'est une saine répartition de la
richesse et non de la pauvreté, comme on a vécu dans le
passé, en tenant compte que la justice sociale est la meilleure garantie
de la paix sociale.
M. Charbonneau: Et sur ces bons propos, nous allons voir comment
le ministre va mener cette consultation publique en temps opportun. En ce qui
concerne la position de l'Opposition, on verra cela au mérite à
l'égard de la réforme elle-même.
Accentuation des mesures de contrôle à
l'aide sociale
Je voudrais maintenant, M. le ministre, aborder la question de
l'accentuation des mesures de contrôle de l'admissibilité à
l'aide sociale où vous vous proposez de récupérer 68 000
000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut être prudent sur les
chiffres.
M. Charbonneau: Écoutez, j'utilise vos chiffres. Vous
devriez passer quelques messages au président du Conseil du
trésor.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Charbonneau: On les prend en bonne note, vos commentaires. On
va les lui transmettre, d'ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens juste à vous
indiquer que ce sont des gens qui ont beaucoup plus d'expérience que
celui qui vous parle dans ce domaine parce qu'ils sont depuis beaucoup plus
longtemps avec les gens au Conseil du trésor. Ce sont probablement les
mêmes gens qui étaient là sous l'ancien gouvernement, d'un
côté comme de l'autre.
M. Charbonneau: Ce que je constate, c'est qu'encore une fois le
Conseil du trésor a une omniprésence ou une omnipuissance et ne
semble pas vous avoir écouté quant aux chiffres à
divulguer et à présenter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il n'avait pas à
croire...
M. Charbonneau: Écoutez, on ne se chicanera pas sur
cela.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): ...le ministre qui n'a pas
poussé...
M. Charbonneau: Vous avez marqué 68 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'études
économiques. Vous regarderez mon curriculum vitae.
M. Charbonneau: C'est à partir de cela qu'on parle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mes études
économiques sont assez brèves, sauf une année de
maîtrise en "business administration", un peu de pratique, cinq ans en
"business". Vous dire qu'à la fin de l'année cela va arriver
à 68 000 000 $ juste, juste "à la cenne", si vous voulez le dire,
si quelqu'un d'autre...
M. Charbonneau: Si vous en récupérez 90 000 000
$...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans la société
veut le dire, qu'il le dise. Je dis: Je vous invite à la prudence.
Le Président (M. Bélanger): Un à la fois, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Très bien. Sur ces propos invitant
à la prudence, je vais néanmoins utiliser les paramètres
qui nous
sont fournis, c'est-à-dire les vôtres, pour m'indiquer un
peu un ordre de grandeur. On nous a parlé d'une économie de 68
000 000 $ et pour aller chercher cette économie, entre autres, on
prévoit un budget de développement de 9 200 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À peu près.
M. Charbonneau: Je vais vous dire en partant, un peu comme je
l'ai mentionné ce matin, qu'en soi quant à l'accentuation des
mesures de contrôle, personne ne peut s'opposer à ce que le
gouvernement prenne les moyens pour éviter au maximum les fraudes et les
"contournements" de la loi.
Mais, le ministre admettra que cela soulève un certain nombre de
questions sur la manière. Il faut être prudent compte tenu, entre
autres, des personnes à qui on s'adresse. Sans vouloir blâmer qui
que ce soit, des propos ont été rapportés, entre autres,
par l'hebdomadaire Allo Police. Cela en fait sourire plusieurs, mais il est
vendu beaucoup. Je me rappelle les années où j'étais
chroniqueur des affaires policières. C'est surtout parce que des
fonctionnaires importants de votre ministère ont accordé des
entrevues, entre autres, M. Lapointe qui est le directeur du Service
d'investigation du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Également, M. Baillargeon, qui est aux
communications. Tout cela pour dire qu'à la fois les propos de M.
Lapointe et ceux tenus par le ministre lui-même...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans Allo Police?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Charbonneau: Non, pas dans Allo Police ceux-là, mais
qui se rejoignent, curieusement. D'abord, on nous indique la méthode, on
nous donne des cibles dans cet hebdomadaire; an va s'occuper d'un certain
nombre de personnes qui pratiqueraient des métiers pour le moins
à la frange de la légalité, sinon de la
moralité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous m'attribuez ces
paroles?
M, Charbonneau: Non, non, d'aucune façon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, cela va.
M. Charbonneau: Quand viendra le temps de vous attribuer des
paroles, ne vous inquiétez pas, on va vous citer au texte s'il le faut.
On nous dit qu'on ne négligera rien pour débusquer ces personnes
qui fraudent. On nous dit également que le cas de
Montréal est un petit peu particulier; on cite ici le ministre,
d'ailleurs, cela correspond à ce que le ministre avait dit ailleurs,
soit qu'on pourra aller jusqu'à faire des fouilles et des perquisitions
pour freiner les abus. On fera des visites à domicile...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon, vous dites des fouilles et
des perquisitions?
M. Charbonneau: Oui, c'est ce qu'on a dans des textes. Je puis
vous citer le Soleil du 27 mars 1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que l'article dit, mais
le ministre n'a jamais parlé de fouilles et de perquisitions.
M. Charbonneau: Non, si le ministre me le permet, c'est justement
pour cela que je veux avoir des éclaircissements aujourd'hui, parce que
je crois - et le ministre en conviendra - qu'il est important - il y a
tellement de gens concernés, environ 100 000 personnes sont
accrochées à l'aide sociale -qu'on ait des garanties quant
à la façon dont cela va se faire.
Est-ce que le ministre peut nous indiquer comment ces contrôles
vont s'effectuer? Sera-t-il question de perquisitions à domicile,
possibilité dont on a fait état dans certains médias?
Jusqu'où ira le pouvoir des inspecteurs? Par exemple, est-ce qu'on a
donné des directives à ces inspecteurs et bâlisé
leur juridiction ou leurs méthodes de travail? On nous a parlé
d'environ 150 personnes qui seraient ajoutées à celles qui
existent déjà ou au total - cela n'est pas clair - et qui
s'occuperaient de ces fonctions de contrôle et de vérification.
Vous remarquerez que je n'utilise pas le terme qui a été
utilisé dans certains médias, parce que je pense qu'il
était abusif, bien qu'imagé et faisant comprendre très
clairement de quoi il est question.
Dans l'immédiat, ce sont les questions que je voudrais poser.
J'en ai quelques autres, mais je voudrais d'abord avoir des précisions
sur la façon dont on va procéder, si le ministre s'est
assuré qu'il y aura des mécanismes de contrôle, si des
méthodologies ont été données. On a entendu dire
qu'il y a eu des cours de formation. Vous savez, il peut y avoir des abus de
pouvoir. Il y en a dans la police et il y a une Commission de police qui est
là pour contrôler tous les abus. Il y en a dans tous les domaines.
Quels sont les mécanismes qui feront en sorte qu'il n'y ait pas d'abus
de pouvoir, de chantage auprès de personnes démunies qu'on irait
voir à domicile ou ailleurs pour tenter de les amener à payer
leur dû à l'État? (15 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux commencer par la
chronologie des mesures qui ont déjà été
appliquées à certaines
périodes et qui ont été relâchées
à certaines autres périodes pour différents motifs ou
différentes considérations. Premièrement, il y a une
révision administrative des formulaires. Strictement sur révision
administrative des formulaires, on se rend compte au ministère qu'il y a
des gens qui ont déclaré la vérité lorsqu'ils ont
fait une demande d'aide sociale, mais si on avait revu le formulaire avant
d'émettre le chèque, on n'aurait pas émis de
chèque. Pendant certaines périodes -à tous les quatre ans
- c'est plus facile, à un moment donné, qu'a d'autres
périodes.
II y a également des gens qui, è la révision,
obtiennent des augmentations. C'est-à-dire que, lorsqu'on révise
leur formulaire, on se rend compte qu'on ne leur a pas donné tout ce
à quoi ils avaient droit en vertu de la loi et de la
réglementation. Cette mesure est strictement administrative, elle
s'appelle "révision des formulaires complétés par les gens
qui croient être admissibles à recevoir des prestations d'aide
sociale".
Il y a une deuxième méthode qui existe et qui s'appelle
"la remise des chèques main à main". Cela ne vise pas les gens
qui sont handicapés, qui ont un certain âge; cela, c'est de la
discrimination positive. Cela ne vise pas les gens qui sont malades, etc. Cela
vise les gens qui sont en santé et cette procédure nous permet de
vérifier, premièrement, l'existence de l'individu. Dans certains
cas, on se rend compte que, à part un numéro d'assurance sociale
pris quelque part, il n'y a pas d'existence en chair et en os d'un individu,
etc.
Il y a des visites à domicile. C'est peut-être là
que je vous répondrai immédiatement sur la question des
perquisitions, des fouilles et des saisies. Je pense que la jurisprudence,
surtout depuis l'application, au Québec, de la Charte canadienne des
droits et libertés, fait en sorte que les gestes dont vous parlez sont
légalement - et je dis bien légalement -impossibles sans
autorisation judiciaire préalable. Je pense que, s'il y avait des cas
où on désirerait obtenir un bref de saisie ou de perquisition, le
ministère devrait faire la preuve, devant le système judiciaire,
qu'il est bien fondé d'agir ainsi, que le cas est suffisamment grave,
que les mesures administratives ont été essayées, etc.
Là-dessus, je ferais confiance au système judiciaire pour
déterminer s'il y a lieu ou non d'émettre le bref de perquisition
ou le bref de saisie, mais, sans ces brefs, ce n'est plus possible,
aujourd'hui, au Québec, d'effectuer soit des perquisitions, soit des
saisies.
Donc, la garantie que vous demandez, celle que je vous donne finalement,
ne m'appartient pas. Elle appartient au système judiciaire, qui est
impartial et indépendant, et de l'exécutif, et du
législatif.
Une autre mesure consiste, présente- ment, à
vérifier la question d'aptitude ou d'inaptitude des gens. Là, il
y a une discrimination à cause de l'âge dont on a
hérité du précédent gouvernement, pour ceux qui
sont en bas de 30 ans. On vérifie si, vraiment, ces gens sont inaptes au
travail. Dans le cas où ils sont vraiment inaptes au travail, il n'y a
pas de problème. Dans le cas où ils sont aptes au travail, oui,
cela leur cause des problèmes, encore une fois, jusqu'à la
réforme parce que, après cela, cette mesure "apte ou inapte" va
s'appliquer à tout le monde.
Ce sont à peu près les mesures qui sont mises de l'avant
pour s'assurer que la loi qui a été votée par
l'Assemblée nationale du Québec et la réglementation qui
en découle soient appliquées de façon juste et
équitable envers les bénéficiaires de l'aide sociale et
envers les contribuables.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre a pris connaissance des
déclarations qui sont parues dans les journaux ou a obtenu les rapports
de la commission MacDonald qui ont été - non pas rendus publics -
isolés à l'égard de ce problème? On y disait que le
pourcentage d'abus à l'endroit de l'aide sociale était à
peu près de 5 % et que ce taux n'est pas supérieur à celui
des fraudes commises par les particuliers et les sociétés
à l'endroit du régime fiscal. Comme je vous l'ai dit, M. le
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez comparer les
dossiers, je ne me rappelle pas combien votre gouvernement et notre
gouvernement ont engagé d'effectifs au ministère du Revenu, mais,
si je me souviens bien, dans les gels de postes qui ont été faits
par l'actuel gouvernement, tous les ministères ont été
gelés par une directive du Conseil du trésor sur les effectifs,
sauf premièrement, le ministère du Revenu - cela, c'est
peut-être pour les problèmes auxquels vous faites
référence - deuxièmement, le Solliciteur
général, si ma mémoire me sert correctement, et,
troisièmement, le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Ne venez pas me dire qu'il y a deux poids,
deux mesures.
M. Charbonneau: Je ne dis pas qu'il y a deux poids, deux mesures.
Je dis que, finalement, ce qu'on dit, c'est que, d'une part, ce n'était
pas plus grave là qu'ailleurs, mais ce qui était plus
intéressant, si j'avais pu continuer avant que vous vous emballiez sur
l'intervention, c'était que, finalement, il est possible que cela
coûte aussi cher à l'État pour déceler les abus. Je
voudrais savoir si, d'une part, il y a cette prétention-là.
D'autre part, on sait que votre ministère - Mme Marais l'avait
annoncé l'an dernier - a procédé à un certain
nombre d'expériences pilotes. Est-ce que le ministre,
même s'il ne partage pas nécessairement tout l'optimisme du
président du Conseil du trésor, pense que les évaluations
qu'il possède, des expériences pilotes qui ont été
menées par le ministère lui permettent de croire que le rendement
de ces mesures sera plus grand que le coût du contrôle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est toujours une question de
rapport coûts-bénéfices. Soyez assuré que c'est la
première question que j'ai posée à mes experts au
ministère et que je leur ai demandé de poser au Conseil du
trésor parce que, finalement, s'il n'y a pas de rapport
coûts-bénéfices, on est aussi bien de laisser le dossier
aller.
Il y a certainement un rapport coûts-bénéfices,
même si l'expérience est assez fraîche, nouvelle, etc.
Actuellement, les courbes ou les planifications, les objectifs que les
économistes, ces grands spécialistes, s'étaient
fixés pour soutenir les chiffres qu'ils avaient avancés et sur
lesquels ils ont échangé, è ce qu'on me dit, sont
respectés.
M. Charbonneau: Au niveau du gouvernement fédéral,
à un moment donné, il y a eu tout un éclat parce qu'on
avait une espèce de prime pour certains agents. Est-ce que, dans le
fond, les inspecteurs de l'aide sociale, les agents qui vont s'occuper de ces
mesures de contrôle, vont avoir des bénéfices en termes de
résultats obtenus? Est-ce qu'il va y avoir une
rémunération en fonction des résultats obtenus ou est-ce
que, finalement, la performance n'aura pas d'impact sur les revenus des agents
qui vont faire cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans votre question, je sens,
depuis le début, qu'il y a une petite nuance, je pense, qu'on devrait
faire. Il ne s'agit pas d'engager des inspecteurs de l'aide sociale.
M. Charbonneau: Comment est-ce que vous les appeler?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des ressources
humaines au ministère, on engage des gens additionnels. On engage des
ressources humaines additionnelles qui ne sont pas automatiquement
affectées, parce que nouvellement engagées, à une
escouade, si je peux utiliser un terme qui va sans doute vous faire
sourire.
M. Charbonneau: Que je connais bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des gens qui sont
déjà à l'intérieur à cause des
réorientations qu'on effectue au ministère, entre autres,
concernant la vocation placement, à cause des nouvelles directives qui
sont données, à cause de l'embauche de nouveau personnel. Il y a
tout un déplacement de personnel et il peut arriver que quelqu'un qui
est à l'emploi du ministère depuis 15 ans, depuis 17 ans, qui
possède une vaste expérience des dossiers de l'aide sociale,
parce qu'il était peut-être là avant la fusion que vous
avez expliquée ce matin entre main-d'oeuvre et aide sociale, etc., se
retrouve analyste de dossiers, visiteure à domicile, etc.
Une fois que vous avez enlevé de votre esprit la formation d'une
escouade spéciale composée d'agents de la paix, avec tous les
pouvoirs que cela peut comporter, et que vous vous retrouvez plutôt dans
la réalité de ce que je viens de vous expliquer, les questions
sont davantage nuancées. Les réponses que j'ai è apporter
sont aussi simples, limpides et claires que de vous dire: II s'agit tout
simplement d'une saine gestion administrative, je vous l'assure. J'ai
donné des directives à ce sujet et, s'il y avait des exceptions,
je vous prierais de me les souligner parce que cela serait contre mes
directives. On va respecter les droits et les libertés des individus,
les droits les plus fondamentaux qui sont garantis par nos deux chartes et qui
vont leur garantir que, s'ils ont des droits, ces droits seront
respectés et, s'il y a abus de droits, il y aura redressement de la
situation.
M. Charbonneau: Je voudrais juste faire remarquer...
Le Président (M. Bélanger): Vous êtes rendu
à la vingt-cinquième question et à trente-cinq minutes.
Alors, on peut permettre à l'autre parti de poser une question. M. le
député de Taschereau.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, mon temps n'est pas
compté.
M. Leclerc: Merci, M. le Président. M. le ministre, j'ai
une question sur l'accentuation des mesures de contrôle. On sait que dans
les mesures de contrôle, évidemment, ce qu'on exerce comme
contrôle sur le terrain, c'est important, mais ce qui est aussi
important, c'est l'autodiscipline que cela peut imposer aux
bénéficiaires. Je voudrais savoir si déjà on a pu
remarquer que, sachant que ces mesures-là s'en venaient, des
économies sont en train de se faire du simple fait que les gens savent
que ces mesures-là s'en viennent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a déjà
remarqué des choses dans le sens de ce que vous venez d'indiquer, de
l'autodiscipline. On sera en mesure de répondre de façon beaucoup
plus juste et de façon beaucoup plus précise à votre
question, lorsqu'on fera ce qu'on appelle communément au
ministère la paie du mois de mai.
M. Leclerc: Cela veut dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans quelques jours.
M. Leclerc: ...qu'il y a des gens qui ont appelé et qui
ont dit: Bon, on a peut-être moins besoin de notre chèque qu'on
n'en avait besoin, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement dans les remises de
main en main, on a vécu des expériences très
révélatrices. Il manquait de mains, il y avait plus de
chèques que de mains.
M. Leclerc:Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères et on passera au député
de Fabre par la suite.
M. Charbonneau: M. le ministre, vous nous dites aujourd'hui qu'il
n'y a pas de quotas de rendement qui ont été fixés aux
agents, aux inspecteurs - ici, on nous parle du Service d'investigation,
appelez-le comme vous voulez - aux personnes, qui vont exercer ces mesures de
contrôle. Est-ce qu'on va exiger d'eux, pour les inciter au rendement, un
rapport coûts-bénéfices avec des quotas
d'efficacité, un peu comme dans certains milieux? Dans certains services
de police, il faut faire rentrer tant de billets de circulation à la
mairie par année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On en a déjà tous
été victimes.
M. Charbonneau: Je sais. Mais est-ce qu'on peut avoir la garantie
que ce n'est pas la méthode d'approche que le ministre a
autorisée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour s'assurer d'un certain
rendement, nous avons fixé des quotas quant au nombre de visites
à effectuer, mais pas quant au nombre de dollars à
récupérer, etc. Une saine gestion requiert également qu'on
s'assure que la personne rencontre un certain nombre de
bénéficiaires dans sa journée de travail. Elle pourrait en
avoir rencontré un nombre X avec un résultat monétaire de
zéro, parce que tous les cas qu'elle aurait rencontrés pendant la
journée auraient été conformes à la loi ou aux
règlements. Il n'y aurait pas de points de démérite si
cela était le cas. Elle aurait pu également rencontrer seulement
des personnes qui n'étaient pas admissibles à l'aide sociale et
rapporter un beau magot le soir, sans que rien ne soit ajouté à
son chèque de paie ou pour sa promotion.
M. Charbonneau: II n'y aura pas de prime à
l'efficacité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous vérifions le nombre de
visites, pour nous assurer que la personne effectue son travail
régulièrement etc. Il n'y a pas ce que vous appelez de
prîmes dans le sens que tu ramènes tant de dollars et on te donne
une prime. Non, cela n'existe pas.
M. Charbonneau: D'accord. Le 1er avril 1985, il y avait 104 343
comptes à recevoir impliquant une somme globale de 148 900 000 $. Est-ce
que le ministre peut nous dire quelle est la situation au 1er avril 19867
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez...
M. Charbonneau: J'ai rappelé au ministre qu'au 1er avril
1985 il y avait 104 343 comptes à recevoir impliquant une somme de 148
900 000 $. Quelle est la situation au 1er avril 1986?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu, ils vont fouiller
dans les gros cahiers et ils vont me le livrer le chiffre exact.
M. Charbonneau: Écoutez, pendant que l'on cherche...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voudrais vous donner le chiffre
le plus précis possible.
M. Charbonneau: ...les détails, peut-être que le
ministre saurait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi ): Cela ne sera pas long, cela va
être quasiment automatique. J'ai des collaborateurs très
efficaces.
M. Charbonneau: Oui, très bien. Je sais que vos cahiers
sont utiles. J'ai regardé cela l'an passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au 31 mars 1986 - est-ce que cela
va plutôt qu'au 1er avril? Sinon...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: On peut s'entendre sur une journée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...il va falloir effectuer
d'autres calculs - il y avait un total de 112 836 comptes à recevoir
supérieurs à 1 $ impliquant 167 800 000 $.
M. Charbonneau: C'est-à-dire que, malgré le fait
qu'il y a eu accentuation au cours de la dernière année et qu'il
y a eu des expériences, on continue d'avoir une augmentation des comptes
à recevoir, du nombre de personnes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Pour faciliter votre
compréhension, mon impression, c'est que, malgré qu'on va
appliquer de façon plus sérieuse les mesures de contrôle,
je ne pense pas que ce chiffre diminue parce qu'il y a des gens qui se
retrouvent, même si on les identifie...
M. Charbonneau: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans une position
financière où ils ne sont pas en mesure de rembourser quoi que ce
soit.
M. Charbonneau: Non, d'accord. Vous avez raison.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et à ce moment-là,
le chiffre... (16 heures)
M. Charbonneau: Une dernière question sur l'aide sociale,
M. le ministre, sur le programme 6. Qu'est-ce que les déclarations de
revenu de pension alimentaire ont donné? On prévoyait,
d'après les chiffres qui m'ont été donnés,
récupérer environ 29 000 000 $ au cours de la dernière
année financière qui vient de se terminer. Est-ce que cela
été aussi performant qu'on l'imaginait au départ?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De mémoire, la projection
était d'environ 29 000 000 $, Je ne sais pas si ma
prédécesseure avait été prudente avec le chiffre,
on va vérifier.
M. Charbonneau: Je ne sais pas, je pense qu'elle avait
été prudente dans sa divulgation. Il y avait des estimations,
néanmoins, dans l'appareil du ministère.
Le Président (M. Bélanger): On comprend que
c'était un ordre de grandeur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voilà, M. le
Président!
M. Charbonneau: Et on comprend...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est quand même un dossier
important. Et je vous assure qu'on le continue. Je vais tenter de vous donner
le chiffre précis. Est-ce que vous pouvez continuer? On vous fournira
cette réponse avant 18 heures.
M. Charbonneau: D'accord. Pour moi, cela complète le
programme 6. J'aurais une ou deux questions sur le programme 7 qui est un peu
lié au programme 6 parce que c'est l'assistance-maladie pour les
prothèses.
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant, M. le
député de Verchères. Si vous le permettez, on va d'abord
terminer le programme 6. Le député de Fabre a demandé une
intervention.
M. Joly: Merci, M. le Président. M. le ministre, je
remarque qu'en 1976 il y avait 225 000 assistés sociaux, tandis qu'en
1985, on en retrouve 693 000 au fichier. Je suis ébahi par une
déclaration que vous avez faite récemment concernant les mesures
de contrôle que nous prévoyons appliquer, mais qui, juste à
l'annonce, font en sorte qu'on voit déjà des résultats. Ma
question comporte deux volets. Le premier volet est le suivant: Est-ce que
l'augmentation, entre 1976 et 1985, d'assistés sociaux est attribuable
au fait qu'on a laissé aller un peu les mesures de contrôle? Le
deuxième volet de ma question: Est-ce que, par le fait qu'on l'ait
annoncé déjà, ces gens-là, qui auraient pu
s'infiltrer dans le système et bénéficier
illégalement des mesures sociales, ont la frousse et se disqualifient
eux-mêmes en retournant des chèques? J'ai rencontré le
directeur d'un centre de Travail-Québec qui me confiait que, dans une
ville comme Laval, dans la partie qui me concerne, une ville qui est
supposément sans problèmes, où on trouve 4800 cas, dans
une période de trois mois et demi, on avait déjà
distribué 10 000 000 $. Mais, par le fait que nous avons annoncé
des mesures qui, aux yeux de certaines personnes, peuvent sembler coercitives,
mais qui sont justes et justifiables aussi, est-ce qu'automatiquement on peut
voir déjà un certain pourcentage de gens qui se disqualifient
eux-mêmes des mesures sociales auxquelles ils n'ont pas droit?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que je consulte
pour donner la réponse quant à ce qui est arrivé entre
1976 et 1985.
M. Charbonneau: M. le ministre, il y a eu une crise
économique, aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a différents facteurs.
J'étais pour l'indiquer, peut-être pas au premier chapitre, mais
parmi les phénomènes. Ce qu'on m'indique, c'est qu'à un
moment donné, le nombre des dossiers augmentant et les effectifs
n'augmentant pas, les effectifs dans les centres de Travail-Québec se
sont retrouvés inondés de dossiers et ont fait leur gros
possible. Dans les circonstances, leur possible ne suffisant pas et, la crise
économique s'accentuant, le nombre de dossiers augmentant, leur possible
étant à sa limite, les dossiers s'accumulaient et étaient
traités assez rapidement ou sommairement, si je peux m'exprimer
ainsi.
Le fait qu'il y ait des annonces que le gouvernement a l'intention
d'appliquer une gestion très saine au ministère de la
Main-d'Oeuvre fait en sorte, oui, qu'il y a des
individus qui se disent: Peut-être que je n'attendrai pas qu'ils
arrivent chez moi, je suis peut-être aussi bien d'aller déclarer
que ma situation a changé. Il y a des cas où des gens, qui
avaient, à l'origine, droit aux prestations, ont subi des changements
dans leur statut individuel et n'ont pas pris la peine de se déranger
pour aller en informer leur agent. Comme leur agent était
surchargé de travail, lui, il ne les a pas vus, donc, les chèques
ont continué à circuler.
Mais, là, le fait que le gouvernement annonce qu'il a l'intention
de reviser l'ensemble des dossiers fait en sorte que des gens qui
préfèrent ne pas attendre d'avoir de la visite ou de la revision,
qui se disent qu'on n'est jamais mieux servis que par soi-même, se
rendent au centre et leur disent: Écoutez, ma situation a changé,
voyons si j'y ai droit ou si je n'y ai plus droit. Je pense que c'est normal,
suite aux annonces qui ont été faites, à la volonté
gouvernementale qui a été publicisée, parfois
correctement, parfois...
M. Charbonneau: Avec un peu d'emphase!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avec un peu d'emphase.
Le Président (M. Bélanger): Concernant le programme
6, Les prestations d'aide sociale, est-ce qu'il y a d'autres questions? M. le
député de Sainte-Anne.
M. Laporte: Sainte-Marie.
Le Président (M. Bélanger): Sainte-Marie. J'ai
passé une sainte à côté. Excusez-moi.
M. Laporte: La question que j'aimerais poser au ministre concerne
une situation qui a été vécue, sûrement à
titre de député, mais aussi antérieurement dans une
pratique de droit qui se voulait un petit peu plus sociale. On rencontrait
souvent des réclamations, au niveau du ministère des Affaires
sociales, concernant et relativement à des sommes reçues au
niveau soit de la Régie des rentes du Québec, ou je ne sais pas
si c'est dans le sens ou si... On m'indiquait qu'il y avait une concertation
entre différents ministères, une fois par année, où
ils faisaient une espèce de nomenclature de ceux qui retiraient des
prestations de la Régie des rentes, mais ce n'était pas
nécessairement vérifié au niveau du ministère. On
pouvait accumuler des montants fort considérables, d'où toute une
trame sociale qui s'entrouvait en arrière de cela. Plusieurs cas ont
été portés à mon attention au cours des trois
dernières années et j'aimerais savoir quels sont les
mécanismes qui existent au niveau du ministère - parce qu'on se
trouve un peu à parler des mesures - pour empêcher que ces
situations perdurent,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que le sous-ministre m'indique
c'est que les cas que vous mentionnez ont existé et existent encore,
malheureusement, mais que, avec l'informatisation, cela nous permet de comparer
nos fichiers avec celui de d'autres organismes qui peuvent arriver sur le plan
du supplément de revenus, de versements de prestations, etc., en
complémentarité. L'on est en mesure d'agir de plus en plus
rapidement avant que la catastrophe ne grossisse. J'en ai eu à titre de
député, vous avez été chanceux de les avoir
à titre d'avocat, je les ai eus dans mon bureau et lorsque vous arrivez
avec une réclamation de l'aide sociale de 15 000 $ - pour prendre un
chiffre que j'ai en mémoire, et ce sont des cas réels - à
l'endroit d'une personne qui n'a comme revenu qu'un peu d'aide sociale ou un
peu de Régie des rentes, etc., - cela n'additionne plus, tu peux faire
ce que tu veux comme gouvernement - encore une fois, que l'on soit
libéral, péquiste, ce n'est pas important - on n'est pas capable
d'aller récupérer cette somme. On a des mesures â 25 $ par
mois, mais lorsque vous êtes rendus à 15 000 $ plus les
intérêts, cela prend bien des... Il faut que tu le pognes jeune!
Cela fait des situations impossibles et ce qui expliquait tantôt la
question du député de Verchères au sujet des 117
millions.
Mais vous avez raison de le souligner, il nous faut être plus
vigilants pour éviter que des individus se retrouvent devant ce qu'on
appelle des situations impossibles, intenables. Cela les décourage
même de retourner travailler parce qu'ils se disent que s'ils vont
travailler, ils vont être obligés de payer cela!
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Taschereau.
M, Leclerc: Dans la même ligne d'idées - je ne sais pas si
cela relève de votre ministère ou du ministère de la
Justice -lorsqu'il y a vraiment des cas de fraudes, non pas avoués mais
évidents, et des cas de montants très substantiels, on parle de
10 000 $, 15 000 $ ou 20 000 $, les informations que j'ai vont dans le sens que
je ne suis pas sûr qu'il y ait les ressources humaines nécessaires
en termes de procureurs pour aller plaider ces causes. Je suis d'accord avec
vous que cela s'adresse parfois à des gens qui, même si on gagne
la cause, n'auront à peu près jamais le moyen de rembourser. Mais
vous savez, M. le ministre, qu'il y a des fraudes qui sont faites par des
personnes qui ont les moyens. Ce que je me suis laissé dire, dans le
réseau, c'est qu'il manquerait peut-être de ressources pour
pouvoir recouvrer cet argent. Je ne veux embêter personne avec ma
question, mais je ne sais pas si cela a été rapporté
à vos oreilles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela a été
rapporté è mes oreilles. Cela ne dépend pas de mon
ministère, cela dépend du ministère de la Justice comme
tel. Lorsque nous avons des dossiers, nous les acheminons au ministère
de la Justice. Les cas que vous me soulignez - il y a quelques exemples -
à deux occasions depuis que je suis ministre, ont été
rapportés à mes oreilles. J'ai la ferme intention... Le Procureur
général étant une institution en soi, on ne peut pas
tellement l'influencer ou orienter ses décisions, etc., mais je lui ai
déjà souligné et j'entends lui resouligner ceci. À
un moment donné, il y a toute la question qui n'est pas simplement de
rendre justice face au cas qui est soumis, mais c'est ce que j'appelle la
question de la jurisprudence qui en découle et qui sert, quelquefois,
à convaincre des gens qu'on n'a pas avantage à le faire. Si cela
devient connu, à un moment donné, qu'il y a des gens qui s'en
sont tirés parce qu'il manquait, je ne sais pas, d'un outil de travail
quelque part au gouvernement et que cela se répand comme une
traînée de poudre, cela a des effets exactement contraires.
Maintenant, lorsque j'aborde le dossier du Procureur général ou
que je parle du Procureur général, je n'en parle jamais comme
d'un autre ministre parce qu'il a un statut différent de celui des
autres ministres. Il est lui-même une institution.
M. Lederc: Si on veut comprendre la mécanique, est-ce que
c'est votre contentieux qui transmet les dossiers au Procureur
général? Donc, vous savez exactement combien de causes latentes
vous avez. J'imagine que votre contentieux est en contact
régulièrement avec le Procureur général pour
essayer de faire accélérer les choses.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque le dossier a
été confié au bureau du Procureur général,
c'est l'entière et totale responsabilité du Procureur
général.
M. Charbonneau: Pourriez-vous nous dire combien on a soumis de
dossiers au Procureur général l'an dernier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais le vérifier. On
prend note de la question et on vous fournira l'information.
M. Charbonneau: C'est donc dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que
c'était sous l'autre administration.
M. Charbonneau: Il n'y a rien là.
M. Leclerc: Donc, à cet égard, M. le ministre, il
va falloir interroger le Procureur général là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais délicatement.
M. Leclerc: Enfin, le ministre de la Justice.
M. Charbonneau: Le ministre de...
Le Président (M. Bélanger): On tient compte de
votre avis, M. le ministre.
M. Charbonneau: ...pas toujours limité.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice et M. le député de
Verchères, ensuite.
M. Lemire: Une question, M. le ministre. Peut-être que
votre sous-ministre pourrait me répondre. Depuis qu'on a annoncé
ou qu'on a parlé des mesures de contrôle, est-ce que vous avez
reçu plus de plaintes depuis un mois ou deux, depuis le dernier mois,
par exemple? Les gens se sentent-ils un peu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que le député
parle de la dénonciation ou de...
M. Lemire: Disons que des délateurs sont peut-être
importants dans ce domaine. Il faut que le monde dise si on se fait organiser
ou s'il y a de la fraude.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux dire, c'est qu'on
n'a pas eu, de façon significative, en tout cas, ni au ministère,
ni au cabinet - je distingue les deux - davantage de plaintes. Mais on a
reçu aux deux niveaux davantage de renseignements.
M. Lemire: Ce qu'on a appris par Radio-Canada, à un moment
donné, qu'il y avait eu une fraude à Montréal de l'ordre
d'environ 120 000 $, est-ce que cela est véridique?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faudrait peut-être en
profiter pour faire une petite mise au point. Il y a une différence
entre le système d'application de l'aide sociale, avec tout ce qui se
passe, ailleurs au Québec et celui de Montréal. Il y a un
système à Montréal qui est administré - nous payons
pour, par exemple - par la ville de Montréal. À ce
moment-là, les questions
administratives relevant de la ville de Montréal, la ville
étant un gouvernement en soi, devraient être adressées
à la ville de Montréal. J'ai quand même eu, au cours des
derniers mois, des entretiens avec M. Lamarre sur ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Sur d'autres
sujets. Si je comprends bien, on aurait épuisé la période
de questions sur le programme 6. Est-ce que les crédits pour le
programme 6, Prestations d'aide sociale, du ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu sont
acceptés?
Une voix: Adopté. (16 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
Nous passons donc à l'étude du programme 7,
Assistance-maladie.
Assistance-maladie M. Charbonneau: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je n'ai pas beaucoup de questions parce que je
voudrais surtout utiliser le reste de la période, cet après-midi,
pour à la fois le programme 10 et le programme 1, qui sont des
programmes très importants, je pense que le ministre lui-même en
conviendra. On a parlé ce matin des programmes d'employabilité.
J'ai seulement une ou deux questions brèves sur le programme 7.
On nous indique que les crédits ont un peu augmenté,
finalement. On donne, aux pages 51 et 52, un certain nombre d'explications. Je
voudrais seulement savoir si, par ailleurs, il y a des compressions qui ne
seraient pas indiquées là à l'égard des services de
prothèses, d'orthèses, etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...réglementation
quelconque, il n'y a rien.
M. Charbonneau: Il n'y a rien. Bon, d'accord. Au niveau des soins
dentaires, on n'est pas affecté à cet égard?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, il y a deux éléments
dans ce programme. Est-ce que vous voulez en discuter en bloc ou par
élément?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président, parce que,
finalement, c'est ce qu'on a fait pour le programme précédent, on
a discuté de cela en bloc.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Cela convient
à tout le monde?
M. Charbonneau: C'est un peu comme cela que je voudrais
procéder tout le long. Vous savez, élément par
élément, on n'a pas toujours des discussions aussi en
profondeur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Partageant le souci de madame la
ministre de la Santé et des Services sociaux, il n'y a aucune coupure
sur les soins dentaires.
M. Charbonneau: Très bien, heureux de vous l'entendre
dire. En tout cas, M. le Président, pour moi, cela complète mes
questions sur le programme 7.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
questions sur le programme 7? Pas de questions. Donc, est-ce que les
crédits du programme 7, éléments 1 et 2, à savoir
Prestations de médicaments, d'orthèses et de prothèses, et
Prestations de services sont proposés et acceptés? M. le
député de Fabre propose...
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Voilà.
M. Charbonneau: Programme 10, M. le Président.
Protection et développement de l'emploi
Le Président (M. Bélanger): Programme 10.
Excusez-moi, que je me retrouve. Le programme 10 s'appelle Protection et
développement de l'emploi. Il y a quatre volets: Concertation,
protection et reclassement, Développement de l'employabilité et
de l'emploi, Provision pour augmenter, avec l'approbation du Conseil du
trésor, tout crédit pour la réalisation de projets
favorisant l'empîoyabilité et l'emploi, et Services externes de
main-d'oeuvre. M. le député de Verchères, je vous
reconnais.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Juste une remarque
préliminaire. Je sais qu'il y a une partie d'inévitable dans ce
que je vais dire, et je ne peux pas blâmer le ministre pour cela, mais je
suis obligé de déplorer l'espèce de suspense
précrédits qui a un peu entouré tous les programmes
d'emploi et l'espèce de psychose de coupures à laquelle on a
assisté. Je pense qu'il y a beaucoup de collègues qui
conviendront que les députés ont été pour le moins
sensibilisés par toute une série d'organismes communautaires, de
groupes qui étaient engagés dans ces programmes et qui
craignaient, parce qu'il y avait des rumeurs de ci et des rumeurs de cela, de
voir leurs efforts anéantis. On sait bien que, finalement, avant le
dépôt des crédits, il y a comme quelque chose
d'inévitable, j'en conviens. Néanmoins, si c'était
possible, M.
le ministre, de faire en sorte que, dans l'avenir, certaines
précisions ou certaines psychoses ne soient pas nécessairement,
je ne dirais pas entretenues, mais, vous savez, parfois les rumeurs servent
toutes sortes de personnes, y compris des gens qui à un moment
donné peuvent arriver avec de meilleures nouvelles après, en
disant: Regardez, on n'est pas si pire que cela, on n'est pas si méchant
que cela.
Ceci étant juste un petit commentaire, la question que je veux
surtout aborder avec le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je peux répondre sur le
préambule...
M. Charbonneau: Oui, à la condition que ce ne soit pas
plus long que le préambule.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce ne sera pas plus long que
le préambule. Ce que j'ai fait, lorsque je suis arrivé au
ministère, c'est que j'ai demandé une révision totale de
l'ensemble des programmes et des éléments de programme. Il
fallait que le fasse en toute conscience professionnelle. La psychose, si elle
est venue de quelque part, elle est venue de l'ensemble des renseignements
qu'on a demandés. Il y a des gens qui se sont imaginés que, parce
qu'on demandait un renseignement, cela voulait dire qu'on faisait une coupure.
Si cela avait été vrai, en tout cas au sein du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, tout aurait
été coupé. On a fait une révision, de a à z,
de l'ensemble de nos programmes et de nos éléments de programme,
justement dans le cadre du premier principe que j'ai fixé ce matin, qui
était une saine gestion.
Parce qu'on a demandé des renseignements - ce que j'appelle
envoyer des sondes - dans tous les services, tous les programmes et tous les
éléments de programmes, cela a pu contribuer à
créer une certaine psychose, comme vous le dites, qui a
été bien entretenue aussi. Je ne vous dirai pas que, à un
moment donné, une fois l'information sortie du ministère -
certains disent qu'il y a eu des fuites, etc. - rendue sur la place publique,
que beaucoup de gens, de ce côté de la table, ont rassuré
les gens en leur disant: Ne vous inquiétez pas, c'est normal lors d'un
changement de gouvernement, lorsqu'on nomme un sain gestionnaire, qu'il demande
de l'information sur l'ensemble des programmes.
J'ai eu l'impression, au contraire -c'est pourquoi je voulais intervenir
tout de suite sur ce sujet - que cette psychose a plutôt
été alimentée par les personnes assises è ma droite
de la table. Comme je le dis, je n'ai pas de preuve; c'est une impression que
j'ai eue parce que l'inquiétude augmentait.
On savait très bien chez nous qu'on l'avait fait partout au
ministère. On ne savait pas où on allait arrêter, non pas
les compressions ou les coupures puisqu'on ne les aurait pas fait venir de
partout si on l'avait su à l'avance.
Au lendemain de tout cela, plutôt qu'en compressions et en
coupures, on s'est retrouvé avec des augmentions de budgets
supérieures au taux d'inflation, à la suite de
négociations intenses que nous avons eues avec nos amis - parce qu'il
nous en reste encore quelques-uns - au Conseil du trésor.
M. Charbonneau: Simplement pour vous souligner, M. le ministre,
si vous ne l'aviez pas déjà noté, que votre humble
serviteur ne vous a posé aucune question à l'Assemblée
nationale quant aux compressions. Je ne crois pas non plus que mes
collègues aient abusé de ces angoisses qui existaient dans les
différents milieux. Je ne pourrais toutefois pas en dire autant de
l'Opposition qui nous a précédés. Cela dit, M. le
Président, ce qui m'intéresse maintenant d'aborder c'est...
Le Président (M. Bélanger): Des rumeurs
étant des rumeurs, on n'en lancera pas d'autres. On pourra aller
à l'essentiel.
M. Charbonneau: M. le Président, voilà l'objet de
mes propos maintenant. L'ampleur du budget de développement consenti par
le gouvernement au chapitre des programmes de formation, d'emploi et
d'employabilité, si on regarde le document - je ne sais plus si on doit
se fier à ce document car, chaque fois qu'on en parle, le ministre nous
dit de faire attention - du Conseil du trésor sur les budgets de
développement accordés, on note 20 800 000 $ aux programmes de
formation et d'emploi, programme de développement de
l'employabilité 57 600 000 $. Je n'ajoute pas l'augmentation des
ressources pour le développement de l'employabilité et de
l'emploi des bénéficiaires de l'aide sociale aptes au travail. Je
ne sais pas si les 9 600 000 $ vont dans le programme 10 ou ailleurs, mais, si
on les additionnait, cela ferait 88 000 000 $; si on ne les additionne pas,
cela ferait environ 78 400 000 $.
Quand on regarde ces chiffres et qu'on regarde un certain nombre de
chiffres, j'ai peine à faire les conciliations pour comprendre vraiment
les efforts importants que le gouvernement dit avoir consentis à cet
égard. D'abord, je note...
Une voix: ...
M. Charbonneau: ...j'ai une série de questions et cela
permettra peut-être au ministre d'aborder le problème d'une
façon plus compréhensible. D'abord, je regarde les crédits
de 1985-1986: 131 700 000 $ et les crédits de cette année: 124
800 000 $, soit
une diminution... Le ministre me dira que ce sont des crédits
périmés; dans ce cas, je regarde la différence en moins de
6 900 000 $.
Si on parle de dépenses probables, selon un autre document qui
nous été fourni par le Conseil du trésor lors du
dépôt des crédits, pour 1985-1986 elles
s'élèvent à 82 600 000 $. Donc le gouvernement ajouterait
42 100 000 $. Mais, quand on pense à la note particulière qui
nous indique que les dépenses probables, sur une base comparable, sont
plutôt de 106 500 000 $, on se retrouve avec une augmentation de 18 300
000 $.
Je ne comprends plus. Vous avez un portefeuille de développement
annoncé de 78 400 000 $ si on exclut les augmentations de ressources ou
de développement de l'employabilité. On à un budget de
développement annoncé au programme 10, au cahier explicatif aux
pages 62, 63 et 64, qui totalise 23 700 000 $. Ces 23 700 000 $
représentent 9 800 000 $ de plus au Bon d'emploi Plus, 2 900 000 $ au
Groupe de soutien aux initiatives jeunesse, 9 000 000 $ additionnels au soutien
à la formation à l'entreprise et 2 000 000 $ aux Jeunes
promoteurs, pour un total de 23 700 000 $.
Je voudrais vraiment que le ministre nous explique un peu quel est
l'effort réel. Bien honnêtement, déjà nous sommes
satisfaits de ce pas-là par rapport aux dénonciations qu'on nous
avait servies. Déjà, le fait de maintenir ces programmes, d'une
part, et de leur donner, d'une certaine façon, un caractère de
permanence alors qu'ils étaient, pour la plupart, des programmes
expérimentaux nous réjouit. Ce qu'on trouve un peu curieux, c'est
de voir que le gouvernement prétend mettre 78 400 000 $ à 88 000
000 $, selon que l'on ajoute les 9 600 000 $, et prétend arriver
à faire du développement, des programmes d'employabilité,
des programmes de soutien à la formation, etc. On croit à cela,
nous, c'est important. À propoos des programmes énoncés,
il dit qu'il met 88 000 000 $ alors que, dans les faits, quand on regarde les
chiffres, c'est plus modeste. C'est dans la continuité. Dans certains
cas, même, il y a des réductions. Dans certains autres cas, il y a
des augmentations. C'est dans la décision que le ministre a prise de
maintenir ces programmes et de leur donner un caractère de permanence.
On peut bien convenir que c'est sous l'ancien gouvernement et avec le
vocabulaire de l'ancien gouvernement, mais ce sont finalement des programmes
qui sont au service du public. À cet égard-là, on ne peut
pas tenir rigueur au ministre de les avoir conservés.
J'aimerais bien avoir des explications. Quels sont les chiffres
véritables?
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Avec grande prudence dans les
chiffres, nous allons tenter de vous en donner le maximum...
M. Charbonneau: On trouve que vous êtes pas mal prudent,
depuis ce matin, avec les chiffres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ... tout en insistant sur le fait
qu'il s'agit de montants indiqués en compression. Vous semblez
comprendre beaucoup plus facilement qu'en développement. En tout cas,
vous vous y intéressez davantage. Il s'agit peut-être ...
M. Charbonneau: Mais là, vous parlez de
développement? Vous en conviendrez avec moi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on s'en va en
développement parce que les compressions vous intéressaient au
maximum... Vous me parlez de développement et je suis heureux que vous
le fassiez parce que cela indique la priorité qu'on a voulu y mettre. Je
vais vous les donner, point par point.
Ajout de ressources pour diverses mesures de contrôle: c'est dans
le développement, au ministère, mais il y a 9 200 000 $ qui sont
à l'élément 1.
Dans les programmes de formation et d'emploi, je vais donner le
détail des 20 800 000 $. On l'avait fini, l'autre? Ce montant
réfère aux augmentations de 3 programmes: 9 800 000 $ qui
s'ajoutent aux 7 200 000 $ de report 1985-1986; cela donne un budget total de
17 000 000 $.
M. Charbonneau: Bon d'emploi Plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon d'emploi Plus. Dépense
de 2 500 000 $ en 1985-1986. Première année du programme avec des
paramètres moins élevés. La clientèle est de 3000,
en 1985-1986, l'objectif est de 4000, en 1986-1987. Cela est le programme Bon
d'emploi Plus.
Soutien à la formation en entreprise: 9 000 000 $ qui constitue
l'ajout par rapport au budget de 1985-1986, pour donner 12 000 000 $.
Dépenses de 300 000 $, en 1985-1986, dues à un départ
tardif: novembre. Clientèle...
M. Charbonneau: Je m'excuse, quel programme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Soutien à la formation en
entreprise.
M. Charbonneau: Celui dont on vient de parler, 9 000 000 $, un
des crédits de 12 000 000 $... 9 000 000 $ en développement avec
des crédits de 12 000 000 $...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça.
M. Charbonneau: Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Jeunes promoteurs: 2 000 000 $,
qui, ajoutés au report de 1985-1986, donnent un budget de 6 000 000 $.
Dépenses de 2 000 000 $, en 1985-1986, c'était la première
année du programme. La clientèle était d'environ 600
personnes, en 1985-1986. Possiblement avec les nouveaux crédits: 1000
personnes, en 1986-1987.
Quant au programme d'employabilité, un montant total de 57 600
000 $. Si on exclut un montant de 2 900 000 $ de nouvelles dépenses,
appartenant au Groupe de soutien aux initiatives jeunesse, ajouté
à ce groupe par erreur, ce montant couvre l'ensemble des crédits
pour les nouvelles dépenses de divers programmes d'employabilité.
À ces 54 700 000 $, on doit ajouter les crédits de report de
1985-1986, soit 30 100 000 $, pour obtenir le budget total de 84 800 000 $,
affectés aux mesures d'employabilité, y compris 14 000 000 $ de
dépenses administratives budgétées au programme 1.
M. Charbonneau: Qui était le programme que vous avez
transféré? (16 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est cela. Ces mesures
permettront d'accommoder une moyenne mensuelle d'environ 24 000
bénéficiaires, soit sensiblement le même nombre qu'en
1985-1986. Ceci est dû à l'entrée en scène du
fédéral avec un programme presque identique à stages en
milieu de travail ainsi que des programmes d'emploi importants qui visent
à couvrir au moins 20 % de bénéficiaires de l'aide
sociale. Les dépenses de 1985-1986 totaliseront 89 000 000 $. Les 54 700
000 $ sont inscrits en développement, parce que ces programmes
étaient expérimentaux et devaient se terminer cette année.
Aussi, en raison des directives de la revue de programmes, seuls les reports
avaient été prévus.
Quant à l'augmentation de ressources pour le développement
de l'employabilité et de l'emploi des bénéficiaires de
l'aide sociale aptes au travail, pour un montant de 9 600 000 $, ce montant
correspond à la compression placement et permet d'indiquer que les
agents actuellement occupés au placement seront graduellement
affectés à l'amélioration de l'employabilité des
bénéficiaires aptes au travail.
En ce qui concerne la conception et la réalisation du plan
directeur et des système du ministère pour 5 000 000 $, ce
montant permettra d'assurer un certain rattrapage d'équipements
informatiques dans le réseau Travail-Québec - Mme Marois a
dû vous en parler à l'occasion de votre rencontre -lignes,
écrans, imprimantes...
M. Charbonneau: Des rencontres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...en même temps que
d'amorcer la réalisation d'un plan directeur de 5 ans, de près de
70 000 000 $, dont 40 000 000 $ net visant à réviser de fond en
comble les systèmes informatisés du ministère. Ainsi, le
système d'aide sociale compte plus de 10 ans et reflète un
programme composé essentiellement d'inaptes au travail. Or, l'aide
sociale est maintenant surtout composée d'aptes, lesquels
requièrent des services que dessert très inadéquatement le
système actuel dont nous avons hérité.
Si je peux tenter de reprendre ces chiffres d'un façon un peu
plus sommaire pour vous convaincre qu'il s'agit vraiment de
développement et dans quelle proportion, je vous indiquerai que les
crédits réels dépensés en emploi en 1986-1987,
versus le budget de 161 000 000 $ voté en 1985-1986 furent assez
précisément de 156 700 000 $. Si vous comparez le montant de 156
700 000 $ au montant de 177 400 000 $, vous verrez qu'il s'agit
réellement de développement.
Maintenant, je pourrais peut-être profiter... C'est sur un autre
sujet, mais c'est une question que vous m'aviez posée
antérieurement.
M. Charbonneau: Bien, écoutez, si cela ne vous
dérange pas, on va juste finir cela pour rester dans le jus. On
reviendra sur la réponse tantôt. Ce n'est pas que je la trouve
moins importante maintenant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Charbonneau: ...mais je voudrais que l'on ne perde pas le fil
ici.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voulais juste que vous
constatiez l'efficacité du personnel qui m'accompagne.
M. Charbonneau: Je vous rappellerai que je vous ai dit que
l'héritage, à cet égard, était, en tout cas, de
bonne qualité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Meilleur en termes humains qu'en
termes de mécanographie et d'ordinateurs.
M. Charbonneau: Je peux vous dire que Mme Marois m'avait
conseillé de ne pas faire de plat sur les problèmes
d'informatique du ministère de la Main-d'Oeuvre. Vous avez
remarqué que vous n'avez pas eu de problème avec moi à cet
égard-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais on a des
problèmes, par exemple.
M. Charbonneau: Vous allez en avoir
d'autres.
Mais, quand je regarde cela, ce que je constate, M. le ministre, c'est
que finalement vous faites un effort important, louable. La seule chose, dans
le fond, que je mets en doute, c'est la présentation. On nous a
qualifiés à l'époque d'être de très bons
communicateurs et je pense que vous n'êtes pas de mauvais communicateurs,
non plus. En tout cas, si je regarde comment vous avez fonctionné aux
mois de décembre et novembre, ce n'est pas pire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est sans effort, monsieur.
M. Charbonneau: C'est peut-être sans effort, mais cela
m'amène d'autant plus à être méfiant et à
vous dire que justement, sans effort, vous avez réussi à faire
croire qu'il y avait une espèce de virage, alors que, dans les faits, ce
que vous faites, c'est maintenir ce que le précédent gouvernement
avait enclenché efficacement.
Et moi, ce qui m'étonne le plus, c'est la lecture que j'ai faite
des interventions du ministre et de ses collègues qui sont aujourd'hui
députés d'arrière-ban ou, dans certains cas, ministres,
pour ceux qui sont aussi chanceux que lui, qui prenaient tous ces
programmes-là un par un, qui les démolissaient et qui les
discréditaient à n'en plus finir. Je révisais hier soir le
programme jeunesse du Parti libéral: c'était effrayant, la
qualité des programmes que le gouvernement précédent avait
mis en place. Tout à coup, après le 2 décembre, les
programmes deviennent bons et méritent de passer du stade
expérimental au stade permanent. Je vous ferais remarquer que le 22
octobre dernier il y avait eu présentation d'un mémoire au
Conseil des ministres. Le ministre qui a précédé le
titulaire actuel avait demandé des augmentations de crédits. Les
décisions n'étaient pas prises lorsqu'est arrivé le 2
décembre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est facile à demander,
mais plus dur à obtenir.
M. Charbonneau: II y avait une augmentation de 105 000 000 $
demandée, qui aurait porté le budget à 250 000 000 $. Vous
allez me dire qu'il y aurait eu, là aussi, l'intervention du Conseil du
trésor, puis du Comité des priorités, mais qu'importe.
C'est simplement pour vous indiquer que les efforts sont dans la bonne
continuité et que, l'un dans l'autre on ne voit pas de
développement spectaculaire. Il ne faut peut-être pas non plus
charrier. Je crois que, à mesure que sont atteints des rythmes de
croisière et que nous allons en progressant, cela ne sert à rien
de mettre des crédits pour des crédits. Nous aurions des
crédits périmés. Je voudrais simplement baliser un peu les
annonces ronflantes que le président du Conseil du trésor a fait
sur le développement des programmes d'employabilité. Comme s'il y
avait tout à coup quelque chose de nouveau, comme si le gouvernement
actuellement en place avait découvert une nouvelle valeur, de nouveaux
avantages qui n'avaient pas été compris par le
précédent gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous conviendrez quand même
que vous nous avez laissé beaucoup d'espace pour
l'amélioration.
M. Charbonneau: II y a toujours de l'espace pour
l'amélioration, sinon nous fermerions boutique et nous cesserions
d'avoir la continuité et la présence. Nous sommes, vous et moi,
encore assez jeunes -pas trop de cheveux blancs - pour penser que nous
pourrions faire encore quelques affaires utiles dans ce Parlement; autrement,
nous ne serions pas ici. La troisième question, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon sous-ministre ne l'a pas
trouvée drôle.
M. Charbonneau: Oui, mais vous savez, il a des gens qui en
perdent plus rapidement que d'autres. C'est le problème peut-être
de M. le sous-ministre. Puis, il y a des gens qui blanchissent plus vite que
d'autres, prématurément, je pense à notre chef. Cela
étant dit, je voudrais analyser un petit peu plus en détail un
certain nombre de ces programmes pour voir de quoi il en ressort.
En ce qui concerne le programme Jeunes volontaires, on m'a dit que tout
le programme était transféré au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Quand on regarde les crédits
qui sont prévus cette année, mais pour des paiements de factures,
ou des paiements de comptes, d'engagements qui avaient été pris
précédemment, on se rend compte que l'enveloppe budgétaire
n'est plus aussi importante qu'on l'a présentée mais qu'elle est
ramenée à 8 000 000 $. C'est moins d'argent que nous n'en avions
dans le programme Jeunes volontaires. Est-ce que le ministre peut confirmer
que, dans le programme Jeunes volontaires, il y a une petite coupure de 2 000
000 $ ou 3 000 000 $, qu'il y a moins d'argent pour faire face...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiendrais à
préciser un élément: il n'y a pas eu de transfert effectif
au moment où on se parle...
M. Charbonneau: Pas encore.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...entre le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et le le
ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche quant à ce
programme.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est décidé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une rencontre est prévue
entre les ministres titulaires des deux ministères. Si je possède
mon agenda un peu par coeur, je pense que c'est au cours de la semaine,
à moins que nous ne soyons pris dans les crédits.
M. Charbonneau: C'est parce que votre collègue, en
commission parlementaire, a confirmé que c'était fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était confirmé,
c'était...
M. Charbonneau: Peut-être qu'il faudrait que vous lui
parliez pour lui dire que ce n'est pas comme cela qu'on négocie de
ministère à ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas simplement peut-être
qu'il faudrait se parler; nous avons un lunch prévu cette semaine.
M. Charbonneau: II a anticipé un peu sur le dessert.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est à l'agenda. Il ne m'a
pas dit qu'il vous avait invité. Je ne lui en ai pas parlé, non
plus.
M. Charbonneau: Je n'y tiens pas, vous savez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au budget alloué au
programme, en 1985-1986, il s'élevait à 10 600 000 $. Je vais
vérifier s'il a été dépensé comme tel, mais
c'était le budget alloué. En 1986-1987, le budget
s'élève à 9 600 000 $.
M. Charbonneau: Vous admettrez, M. le ministre, que quand on
regarde vos notes explicatives, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a
dans cela un montant qui est prévu pour payer les engagements
déjà pris, mais que finalement le budget opérationnel,
pour des gens qui vont présenter des programmes dans l'année
financière en cours, c'est juste 8 000 000 $. C'est moins d'argent que
l'an dernier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste quelques millions?
M. Charbonneau: Je dis que c'est 8 000 000 $, ce n'est pas 10 000
000 $ ou 11 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II apparaît, dans le tableau
de notes que j'ai, que la valve a été ouverte, l'an passé,
plus que suivant les crédits prévus. D'accord?
M. Charbonneau: Oui, cela va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que ce n'est pas parce
qu'il y a eu un changement de gouvernement que les engagements ne seront pas
respectés. Dans ce domaine comme dans d'autres, on respecte les
engagements pris sous l'ancien gouvernement qui, en année
d'élection, a ouvert la valve dans ce programme.
M. Charbonneau: Vous admettrez qu'il y a suffisamment de
problèmes de chômage pour justifier cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en aurait pour en justifier
beaucoup plus.
M. Charbonneau: On verra ce que vous ferez à l'aube des
prochaines élections.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La différence, en
respectant vos engagements, pourrait s'élever, rapidement, aux alentours
de 1 500 000 $.
M. Charbonneau: Bon, c'est cela, de moins.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans tenir compte des engagements
qu'on respecte.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on tient compte des
engagements qu'on respecte, c'est une autre...
M. Charbonneau: Oh oui! Écoutez, c'est normal qu'on les
respecte; on a été obligés de respecter les vôtres
en 1976. Je vais vous dire que cela nous a coûté pas ma! cher.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'était pas
beaucoup.
M. Charbonneau: Bien, pas mal. Vous demanderez cela à
votre chef. Au niveau du programme d'aménagement concerté du
temps de travail, le ministre nous a dit ce matin qu'il avait beaucoup de
difficultés à rendre ce programme opérationnel. On les
connaissait, ces difficultés, et il nous les confirme. Par ailleurs, il
est conscient que c'est un programme qui avait été bâti
à partir d'une concertation. II y avait même un document qui
s'appelait "L'emploi des jeunes, un défi à relever". À
partir de cela, il y avait une concertation, une consultation; on avait
bâti ce programme et les syndicats, tout le monde était d'accord.
Il y avait même un comité du suivi. Qu'est-ce qui
arrive du comité du suivi, d'une part, malgré les
difficultés, compte tenu des promesses électorales, entre autres,
à l'égard du programme Jeunesse du Parti libéral qui
annonçait que le partage du temps de travail serait une des voies
privilégiées? Ce dont on peut s'étonner, c'est, maintenant
qu'on a un peu plus d'expérience que l'an dernier, que les
fonctionnaires ont rodé un peu la machine, on n'ait pas prévu un
peu plus de budget de développement, surtout si, à l'égard
de notre programme électoral, on considérait que le partage du
temps de travail et l'aménagement concerté, c'était une
voie d'avenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela me tenterait de vous la
donner comme je l'ai reçue, mais on va faire le tour un peu.
M. Charbonneau: Attention! Parfois, cela va vite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'an passé, cela n'a
absolument pas fonctionné a cause et des entreprises et des syndicats
qui, autour d'une table de concertation ont dit oui mais qui, lorsqu'ils se
sont retrouvés en usine, ont dit non, de façon pratique. Vous
n'avez pas pu dépenser, l'an passé, des crédits qui
étaient octroyés à cette fin. Le comité du suivi
n'a pas suivi grand-chose l'an passé. Il est encore en place et il ne
suit pas grand-chose, au moment où on se parle. Il semble que l'avenue
empruntée n'était pas la bonne. Je ne blâme personne.
M. Charbonneau: Non, non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agissait d'aller
explorer...
M. Charbonneau: Des expériences, on en fait des bonnes et
des moins bonnes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement. Il n'est pas exclu
qu'on en tente d'autres, mais on n'en a pas trouvé, au moment où
on se parle, à la suite de l'expérience vécue, pour
lesquelles il vaudrait la peine, dans la même ligne d'idée, de
demander à l'Assemblée nationale de nous voter des crédits
en tentant de faire croire aux députés qu'on s'en allait dans
cette direction et qu'il y avait des possibilités de succès
à moyen terme. On a préféré dire la
vérité aux députés en disant: Écoutez, on ne
vous demande pas de voter des crédits pour une expérience qui,
sur le plan pratique, n'a pas abouti. Vous avez raison de mentionner qu'il
s'agit de quelque chose qui a été discuté - je ne sais pas
si cela l'a été chez vous, au Parti québécois -
fortement chez nous...
M. Charbonneau: Cela l'a été chez nous aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...au Parti libéral. Cela a
intéressé spécialement la clientèle des jeunes.
Cela fait peut-être au moins trois ans que c'est discuté au sein
de notre formation politique. J'ai été un peu surpris de
retrouver les éléments que j'y ai retrouvés. J'avais suivi
un peu le débat. J'avais suivi les propos de Mme Marois, ainsi que les
discours qui avaient été tenus et, même, j'avais
noté le fait que, dans la concertation, il y avait une espèce
d'approbation morale des parties impliquées. L'approbation morale s'est
limitée au niveau de la morale et il n'y a pas eu de suite pratique.
Donc, il faut reprendre le dossier.
M. Charbonneau: Dans ce cas, si je comprends bien les
denières remarques du ministre, son intention, c'est de ne pas
abandonner, de poursuivre l'exploration pour voir si on ne pourrait pas trouver
un mécanisme ou une méthode.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas parce qu'il y a une
voie qui s'est avérée infructueuse que l'ensemble des voies le
seront. Si vous pouvez même nous éclairer quant à la voie
fructueuse, nous ne refusons aucun jet de lumière. (16 h 45)
M. Charbonneau: Nous attendons avec intérêt vos
revendications. Quel est le nombre exact de participants, M. le ministre, aux
quatre programmes reliés à la problématique d'insertion
des jeunes aptes au travail bénéficiaires d'aide sociale: Travaux
communautaires, Stages en milieu de travail, Rattrapage scolaire et celui qui
s'est ajouté et qui est un peu lié au rattrapage scolaire, retour
aux études postsecondaires pour les chefs de famille monoparentale? Au
1er avril, combien y avait-il de participants, au total, avant que vous
décidiez que l'expérience méritait d'être...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Présentement, on les a de
façon séparée. Pour donner un peu de suite à notre
réponse, je vous demanderais quelques minutes.
M. Charbonneau: D'accord. Je vous signale que, dans les documents
et renseignements additionnels que vous nous avez fournis, il y a jusqu'au 21
février. Si c'était possible d'avoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que nous avons aussi.
M. Charbonneau: Vous aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut en avoir davantage, mais
on a besoin d'un peu de temps pour vous en donner davantage.
Si vous voulez jusqu'au 21 février, on peut vous le donner
immédiatement.
M. Charbonneau: Non, cela va. C'est pour cela que, ce matin, je
me suis autorisé... J'ai vu que le ministre n'avait pas retroussé
l'information que c'est au-delà de 80 000. Si on regarde les chiffres,
je ne pense pas qu'on se trompe beaucoup en disant qu'on n'est pas loin de 80
000 personnes, pour un objectif de 50 000.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez, j'agis dans la mesure
du possible, je retrousse ce qui est retroussable.
M. Charbonneau: Je comprends que vous n'en avez pas
retroussé beaucoup jusqu'à maintenant.
Plus spécifiquement au programme Travaux communautaires, à
la page 65 du cahier explicatif, on annonce des modifications dans le mode de
financement des organismes promoteurs de projets et des ministères
responsables des volets sectoriels. On parle à cet égard d'une
coupure de 6 200 000 $. Comment cela va-t-il affecter les organismes
promoteurs? Qu'allez-vous changer dans leur mode de fonctionnement pour aller
récupérer 6 200 000 $? Les organismes qui ont déjà
de la difficulté à rejoindre les deux bouts, on s'inquiète
un peu pour eux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter d'être le
plus complet possible. Il n'y a qu'un seul changement, mais, selon les
apparences, cela peut sembler pire. Le programme vise le maintien et le
développement de l'employabilité des bénéficiaires
de l'aide sociale. Pour ce faire, les bénéficiaires participants
mettent à contribution leurs capacités dans la réalisation
de projets communautaires durables "initiés" par le milieu. Ceux-ci
prennent place dans des secteurs d'activités différents sous la
responsabilité du ministère et d'organismes du gouvernement du
Québec dont, notamment, ceux de la Santé et des Services sociaux,
des Affaires culturelles et de l'Éducation.
Les allocations mensuelles versées aux participants sont les
suivantes, en sus de la prestation de l'aide sociale de base: une allocation
mensuelle de besoins spéciaux versée par le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu variant de 100 $
à 185 $ selon le statut à l'aide sociale, une allocation
supplémentaire de 100 $ versée par l'organisme promoteur au
participant détenant un diplôme d'études secondaires. Le
coût de cette allocation est assumé par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu lorsque le promoteur
est un organisme sans but lucratif.
Ces allocations permettent à ces jeunes d'être soutenus
financièrement pour une période de participation pouvant
s'étendre jusqu'à 52 semaines, d'atteindre le niveau des
prestations accordées aux bénéficiaires de 30 ans et plus
et d'obtenir ainsi la parité avec eux à l'aide sociale. Je ne
partage pas cette opinion; ce n'est pas la parité complète parce
qu'ils ont des obligations et les autres n'en ont pas. De plus, les organismes
impliqués bénéficient d'un support financier maximum de
100 $ par mois afin de couvrir les frais relatifs à la gestion et au
fonctionnement du projet.
M. Charbonneau: Je connais cela. Ce que je veux savoir, c'est ce
que vous changez. Quand vous dites, à la page 65, que vous modifiez le
mode de financement des organismes promoteurs de projets et que cela va vous
permettre d'économiser 6 200 000 $, vous devez faire des choses que vous
ne faisiez pas avant au ministère pour aller chercher 6 200 000 $ dans
des fonds qui étaient auparavant octroyés à des organismes
promoteurs. Donc, c'est une coupure qui affecte les organismes promoteurs. Ce
sont tous des organismes communautaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au premier 100 $ dont je
vous ai parlé, l'année dernière nous les payions.
Maintenant, cela devrait revenir au ministère client, si je puis
utiliser cette expression, qui les paiera. Quant au deuxième 100 $ dont
je vous ai parlé, juste au moment où vous avez demandé la
précision, cela ira moitié moitié. On en paiera 50 % et le
client paiera 50 %.
M. Charbonneau: Le client étant l'organisme promoteur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministère.
M. Charbonneau: Donc, les organismes ne sont pas affectés.
Ce sont les ministères qui seront maintenant facturés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Charbonneau: D'accord. Lors des négociations avec
Ottawa concernant l'entente Québec-Canada sur la planification de
l'emploi 1985-1987, on prévoyait que le nouveau programme
fédéral, projet subventionné, qui n'est pas
harmonisé, d'ailleurs, avec le programme des travaux communautaires,
entraînerait une baisse rapide des activités du programme
québécois. C'est à l'automne que ces avis étaient
donnés par les fonctionnaires du ministère. Avec le recul,
maintenant, est-ce que les gens qui vous conseillent au ministère
pensent toujours que ce programme fédéral,
qui n'est pas harmonisé contrairement à d'autres, va
amener une réduction dans le programme des travaux communautaires? Je
parle du programme fédéral, projet subventionné. Comme,
semble-t-il, il serait plus attrayant que le programme Travaux communautaires,
les fonctionnaires prévoyaient que cela affecterait à la baisse
la popularité du programme Travaux communautaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on me dit, c'est que la
décision du fédéral a été prise en septembre
et que son intervention est encore trop jeune dans le temps pour qu'on puisse
répondre à votre question à savoir si on a
été affectés sérieusement ou pas, etc. Le
démarrage est trop récent.
M. Charbonneau: S'il y avait une baisse, est-ce que le ministre
va respecter la décision du 9 octobre de l'ancien gouvernement d'ajouter
les fonds périmés à d'autres volets des différents
programmes québécois de soutien à la formation
professionnelle et au développement de l'employabilité? Autrement
dit, si dans six mois vous vous rendez compte que le programme
fédéral affecte à la baisse le rendement du programme
Travaux communautaires, est-ce qu'on peut s'attendre que les crédits qui
seraient périmés dans les programmes Travaux communautaires ne
seraient pas renvoyés à M. Gobeil, le président du Conseil
du trésor, mais que le ministre pourrait les affecter, comme le
précédent gouvernement en avait décidé en
réunion du Conseil des ministres, par l'arrêté 85-270,
à des programmes de formation professionnelle et de développement
de l'employabilité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas me créer
l'habitude de répondre à des questions hypothétiques, mais
je peux assurer le député que nous sommes sur le qui-vive et que
nous réagirons si la situation qu'il vient de décrire se
matérialisait dans le champ. D'ailleurs, vous verrez que, sur le plan
des travaux communautaires, nous avons réuni les éléments
pour nous permettre une réaction plus rapide et plus souple.
M. Charbonneau: Je vous assure, en tout cas, de ma collaboration
si c'était nécessaire pour rappeler à certains de vos
collègues et, en particulier, au président du Conseil du
trésor que c'était une décision gouvernementale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a toujours besoin de votre
collaboration, même quand elle n'est pas nécessaire!
M. Charbonneau: Je n'en doute point,
M. le ministre. Profitez-en. Vous en avez pour quatre ans. Mais cela
passe, vous savez! Stages en milieu de travail. Est-ce qu'on va maintenir le
niveau des effectifs occasionnels pour encadrer les projets? II y a un article
récent, dans le Soleil, qui parle d'une diminution des stages, d'abord.
On irait de 15 000 à 10 000 et le nombre d'occasionnels diminuerait. Le
sous-ministre, qui est justement à côté de vous, avait
expliqué cela par le fait qu'il y avait une présence nouvelle du
fédéral dans le secteur et que cela nous amenait maintenant
à sortir de ce champ-là. Je vous avoue que je ne comprends pas
très bien pourquoi, parce que le fédéral viendrait, il
faudrait que nous reculions. Ce n'est pas parce que le fédéral
avance qu'il faut que nous reculions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais à un moment
donné les deux y allaient assez massivement, si je peux utiliser cette
expression. Il n'y a plus d'entreprises disponibles pour
bénéficier des stages, pour pouvoir faire faire les stages. Cela
nous cause donc des problèmes fonctionnels.
M. Charbonneau: Je veux bien croire qu'il y a moins
d'entreprises, mais je pense que le ministre, avec des
réaménagements, pourrait certainement mettre un certain nombre
d'effectifs pour faire de l'exploration. Je suis convaincu qu'on n'a pas fait
le plein des entreprises au Québec qui devraient et qui sont en mesure
d'offrir des stages en milieu de travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. On vise à
en chercher 10 000, mais il y a un moment où notre taux de
productivité ou d'efficacité, si on rejoint tout le monde,
devient très discutable. Je pense que l'Opposition se ferait un devoir
de mettre en doute notre efficacité si on allait jusqu'où vous
nous invitez à aller.
M. Charbonneau: Écoutez, on ne le fera jamais si vous vous
rendez à 20 000 stages. Je peux vous dire cela. On vous
félicitera à ce moment-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le coût, pour y arriver,
a été, en bureaucratie, supérieur aux
bénéfices que les individus autres que bureaucratiques dans la
société peuvent en retirer, je suis certain que vous allez vous
faire un devoir de me questionner très sévèrement à
l'Assemblée nationale.
M. Charbonneau: À moins que vous ne me disiez que cela
vous prend 5000 fonctionnaires pour organiser 5000 stages, si vous augmentez de
5000 ou de 10 000 le nombre de stages, personne ne va vous en blâmer.
Je voudrais finalement demander à
l'égard de ces quatre programmes-là quelles sont les
intentions du ministre face à la renégociation avec Ottawa sur le
financement de ces mesures de relèvement des assistés sociaux. Si
je me le rappelle bien, c'était une entente qui venait à
échéance au mois de mars. Est-ce que les discussions avec le
fédéral sont engagées? Comment cela se
présente-t-il? Est-ce qu'il est d'accord pour continuer à
participer à ces mesures-là, d'autant plus qu'elles ont
été efficaces?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les pourparlers, les discussions
ou les négociations sont engagés par voie de correspondance. Ils
sont moins avancés que les programmes - cela est avec M. Epp - qui
relèvent de Mme MacDonald, je dois le confesser, mais ils sont
engagés, oui.
M. Charbonneau: Je présume que la position du ministre,
c'est vraiment d'obtenir ce que l'on avait obtenu. C'est qu'il n'y ait pas de
recul. Le ministre peut-il nous assurer qu'à cet égard la
revendication québécoise va être que le
fédéral continue de participer au moins autant qu'il le fait
actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À quelque égard que
ce soit, je peux vous donner quelques principes directeurs sans tomber dans le
"nitty-gritty", que l'on peut appeler, des négociations comme telles. Je
suis conscient que la population québécoise, dans son ensemble,
ne privilégie pas les dédoublements de services offerts par les
niveaux de gouvernement. Je suis également conscient que le
fédéral, à travers ce que l'on appelle son pouvoir de
dépenser, négocie, souvent habilement, en tout cas avec
détermination, de façon à accroître, dans la
pratique, ses champs de juridiction. Je peux vous assurer que les champs
de...
M. Charbonneau: C'est comme cela depuis longtemps, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous lisez l'histoire du
Québec, on peut remonter... C'est dommage, les cadres ne sont plus tous
ici, mais, à l'époque, on pouvait passer les premiers ministres
un par un et, si vous relisez l'ensemble de l'histoire - vous pouvez même
remonter à avant Alexandre Taschereau - vous allez voir que chacun des
premiers ministres qui est passé, qu'il ait été unioniste,
libéral et même, dans la vie contemporaine, péquiste, a
toujours eu à l'égard de ses dossiers et de ses juridictions, qui
sont suffisamment clairs, l'attitude pas simplement de défendre ses
juridictions, mais, lorsque le fédéral avait réussi par
quelque manoeuvre que ce soit à embarquer sur une partie du territoire
ou du champ de sa juridiction, de le retourner dans ses champs de juridiction.
C'est l'attitude que nous conservons comme gouvernement.
M. Charbonneau: Je suis content de la réponse du ministre,
mais je vous signale que, dans ce cas-là, non seulement on partage
l'opinion que c'est notre champ de juridiction, mais, en plus de cela, ce sont
des programmes, des idées, des innovations lancés par le
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non seulement dans ce
cas-là, mais dans plusieurs autres cas. Et quand on a de bonnes
idées au Québec - on ne peut peut-être pas en faire le
reproche au gouvernement fédéral - il vient y puiser abondamment.
Il y a certaines autres provinces qui sont heureuses de recevoir ces
idées par le lien fédéral et, dans le respect des
juridictions des autres provinces, je respecte leur bonheur. Je suis heureux
comme Québécois d'y avoir contribué, d'avoir permis
qu'elles aient accès à de nouvelles mesures. Mais vous avez
raison de souligner que la majorité de ces initiatives que l'on retrouve
à un moment donné d'un océan à l'autre ont pris
racine au Québec.
Le Président (M. Bélanger): Si l'assemblée
le permet et si je ne coupe pas un filon de M. le député de
Verchères, on suspendrait pour cinq minutes, histoire de faire quelques
mouvements de gymnastique, puis de revenir. Mais cinq minutes, pas plus, si
vous le permettez.
(Suspension de la séance à 16 h 59)
(Reprise à 17 h 6)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Je prierais chacun des membres de la commission de reprendre
sa place.
M. le ministre, aux fins des présentes, on avait convenu que l'on
continuerait les travaux après 18 heures pour récupérer le
temps que l'on avait un peu perdu. Alors, on me dit que vous avez un
rendez-vous à 18 h 15. Si tout le monde était d'accord, est-ce
que l'on peut reporter les 15 minutes qui manqueront à ce soir 22 heures
et finir à 22 h 15?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je dois vérifier mon...
Là, on va jusqu'à 18 h 15, je n'ai pas d'objection à
cela.
Le Président (M. Bélanger): Oui, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je courrai entre les deux
rendez-vous. Pour ce
soir, il faut que je vérifie.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis disponible. Je
n'arrête pas de travailler à 22 heures ce soir, mais il s'agit de
savoir ce que je fais.
Une voix: II y a un caucus à 18 heures?
M. Charbonneau: Comme c'est le seul endroit où ils peuvent
vraiment s'exprimer, on n'est pas pour bloquer leur caucus.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Alors, si je comprends bien, il y a un caucus à 18 heures. Donc,
les travaux arrêteront à 18 heures. Je retire cette
première partie de mon intervention. Il nous restera une demi-heure en
banque et l'on verra où on pourra l'ajouter dans les moments qu'il nous
restera. D'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, peut-être avant que
l'on reprenne les ébats ou les débats, quant aux pensions
alimentaires, il y a actuellement à l'aide sociale 4800 personnes
séparées ou divorcées qui n'ont pas toutes,
évidemment, droit à une pension alimentaire. Nous avons 9327
dossiers inscrits au système de perception des pensions alimentaires,
dont 4600 cas sont actifs et engendrent des revenus. Les autres sont des
ex-conjoints non repérés ou non solvables. Il y a aussi 8500
bénéficiaires additionnels qui déclarent des revenus de
pension alimentaire de façon régulière. Nous savons que
nous n'avons pas repéré tous les cas possibles de subrogation.
Nos mesures additionnelles de contrôle et une simplification
amorcée des procédures nous permettront, à court terme,
d'en augmenter le nombre. Les revenus des pensions alimentaires
subrogées atteignent globalement 2 600 000 $ par année.
M. Charbonneau: Si je comprends bien, on est loin des espoirs que
l'on avait laissé miroiter, à un moment donné, de 29 000
000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'où la prudence qui
m'anime.
M. Charbonneau: On transmettra vos commentaires de prudence au
président du Conseil du trésor.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et à ma
prédécesseure qui avait parlé de...
Le Président (M. Bélanger): Vous permettez?
M. Leclerc: Merci, M. le Président. Cette
réponse-là... Est-ce que le ministre est au courant qu'il y a une
pratique qui s'appelle le renoncement. Il y a des conjoints qui renoncent
à la pension alimentaire volontairement, ce qui fait que c'est le
gouvernement qui, avec les allocations de bien-être social, doit
compenser pour ce renoncement à la pension alimentaire. Est-ce qu'il n'y
aurait pas des mécanismes à envisager pour éviter que de
telles choses se produisent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y a des mécanismes
de subrogation qui sont envisageables et envisagés.
M. Leclerc: M. le Président, on me dit que les juges ne
veulent plus procéder de cette façon, sous prétexte que
c'est contre l'intérêt public.
Le Président (M. Bélanger): Ce que vous venez
d'énoncer, M. le député de Taschereau, dans votre
question...
M. Leclerc: C'est le ministre qui énonce.
Le Président (M. Bélanger): C'est une pratique qui
est abandonnée par les juges, puisqu'ils disent que c'est contraire
à l'intérêt public que de précéder de cette
façon. Cette renonciation pour ensuite avoir compensation, les juges
n'acceptent plus cela, maintenant, dans les tribunaux.
M. Leclerc: Dans les cas où cela a été
accepté, il faut vivre avec.
Le Président (M. Bélanger): II faut vivre avec, oui. Il y
a un acquis. Bien, je réponds sous réserve, écoutez, c'est
le ministre... Excusez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas contredire le
président de la commission. Je n'oserais jamais, de peur de me faire
expulser et... Mais je pense qu'il demeure des possibilités de
subrogation. On prend note de votre remarque et je tenterai, lorsqu'on
reprendra les crédits la semaine prochaine, je pense, parce que cela
demande quand même à être fouillé très
sérieusement, de vous apporter une réponse très
précise, M. le député. Cela va?
M. Charbonneau: Oui. Concernant le programme SEMO - c'est
d'ailleurs un élément de programme au niveau des crédits
-
on constate que c'est le même budget que l'an dernier mais, si on
considère l'inflation, les dépenses et tout cela, c'est une
légère baisse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a perte là du pouvoir
d'achat.
M. Charbonneau: II y a perte, là aussi, du pouvoir d'achat
et du pouvoir d'action. Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est: est-ce
que tous les groupes qui sont actuellement supportés sont assurés
de survivre et de poursuivre leur mission? Deuxièmement, pourquoi
n'a-t-on pas prévu de faire comme nous le faisions
précédemment? Je pense, par exemple, aux maisons de jeunes dans
le service des organismes bénévoles du ministère des
Affaires sociales où, à chaque année, finalement, ces
organismes communautaires voyaient leurs moyens financiers indexés ou un
peu augmentés pour être capables de mieux remplir leur râle.
Je le dis, notamment, parce que cela me surprend de ne pas voir une
augmentation plus substantielle dans ce programme-là.
Le ministre a abondamment vanté les avantages du programme SEMO,
puis l'action des organismes communautaires impliqués dans le secteur du
placement. Il a tenté de nous expliquer que, finalement, il n'avait pas
abandonné le service de placement, que les SEMO en faisaient maintenant
et très bien, etc. Ce que je considère, c'est que les gens sont
contents de ne pas avoir vu le programme aboli, mais ils s'inquiètent un
peu de ne pas voir un budget de développement accordé à ce
programme-là, alors que toutes les raisons, y compris les bonnes raisons
que le ministre a données lui-même, l'autre jour, à
l'Assemblée nationale, militeraient en faveur d'une augmentation du
budget à cet égard-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à la réponse
que j'ai donnée à l'Assemblée nationale concernant votre
question qui, une fois décodée, nous accusait quasiment d'avoir
abandonné la juridiction du placement au profit du gros méchant
gouvernement fédéral, j'ai utilisé, pour vous
répondre, à titre d'exemple, les SEMO, en disant que nos centres
externes de main-d'oeuvre effectuaient ou accomplissaient cette juridiction et
qu'il n'y avait pas évacuation, complète, comme vous avez
indiqué dans votre question.
Quant au budget des SEMO comme tel, vous dites: Tout milite en faveur de
l'accroissement et de l'augmentation des budgets. Moi, je vous dirai que les
clientèles spécifiques visées militent en cette faveur
parce qu'on vise essentiellement ceux et celles qui sont les plus
démunis dans la société.
Mais avant de s'en aller ou de s'aventurer - là, j'utilise le
terme pour dire ce qu'il veut dire - dans les accroissements de budget, j'ai
demandé aux gens au ministère de me faire une évaluation
des performances des SEMO. Il y a certains SEMO - on n'a pas de
vérification de faite, à ce qu'on m'a dit - qui performent mieux
que d'autres. Nous visons l'excellence dans la performance et, si
j'étais convaincu, au moment où on se parle, que cette excellence
existe, j'aurais plaidé encore plus fort que je ne l'ai fait à
cause des clientèles visées qui méritent qu'on n'ait pas
seulement un préjugé favorable, mais qu'on le traduise en termes
financiers et budgétaires. Je ne suis pas convaincu comme j'ai besoin de
l'être, parce que je n'ai pas les analyses en main, que tous les SEMO
sont aussi performants les uns que les autres et je veux encourager les SEMO
qui performent mieux que les autres. C'est une simple question, encore une
fois, d'appliquer le premier principe que je vous ai traduit dans mes notes ce
matin, qui s'appelle: la saine gestion.
M. Charbonneau: Concernant le programme PECEC... Remarquez que
j'avais, moi aussi, l'information venant d'organismes communautaires
impliqués dans le programme SEMO, selon laquelle tous n'ont pas le
même niveau de performance. Par ailleurs, il y en a qui performent
très bien et qui voient leurs crédits bloqués un peu ou
leur potentiel limité alors qu'on pourrait facilement les aider.
J'espère, en tout cas, que l'évaluation qui va être
faite va amener les organismes intéressés à participer
à cette évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de viser juste. Je pense
que c'est l'objectif que l'on a. Comme vous le mentionnez, il s'agit
peut-être d'augmenter les ressources financières, entre autres,
des SEMO qui ont le plus haut niveau de performance et d'évaluer la
nécessité ou le niveau dans lequel doivent continuer les SEMO qui
ont le moins bon niveau de performance. Cela ne se fait pas dans l'abstrait,
cela se fait dans le concret. Il faut suivre le dossier pendant un certain
nombre de semaines et de mois et, là, provoquer un temps d'arrêt
par suite de cette évaluation, ajuster en conséquence. On
m'indique comme renseignement additionnel qu'il y a certains SEMO qui ont
demandé une évaluation d'autres SEMO pour que sur la place
publique leur réputation ou leur statut soit le plus élevé
possible. (17 h 15)
M. Charbonneau: Est-ce que le ministère continue d'avoir
un intérêt, un lien quelconque avec le programme PECEC? C'est
à l'OPDQ tout cela mais... Le Programme expérimental...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Transféré
avec les crédits.
M. Charbonneau: Transféré avec les
crédits?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas de cadeau de Grec dans ce
cas-là.
M. Charbonneau: Donc le ministre ne serait pas en mesure de
répondre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être
répondre sur quelques-unes des questions que vous avez. Si je suis dans
l'impossibilité...
M. Charbonneau; C'est parce qu'on nous a parlé d'une
compression de 4 500 000 $. C'est un programme important qui a
été très efficace, qui n'est pas trop normé, qui
est vérifié. C'est le seul programme, à mon avis, qui a
été vérifié par le Vérificateur
général du Québec, par le Bureau de la statistique du
Québec. C'est un programme - je le signale au ministre - qui peut
être intéressant pour des gens mal intentionnés qui
voudraient faire un petit peu de patronnage dans la mesure où on
déciderait de changer les mécanismes décisionnels. C'est
pour cela que nous voudrions être certains que le programme PECEC lui
aussi, dans son intégrité, en particulier dans ses
mécanismes, qui garantissaient qu'il n'y aurait pas d'intervention
politique - pour ne rien se cacher - est-ce que cela continue d'être le
cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, moi j'ai...
M. Charbonneau: Je pourrais comprendre que vous aimeriez mieux ne
pas répondre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non je suis très
à l'aise pour répondre. Dans l'ensemble des compressions
budgétaires, il s'agit là d'un programme qui a été
menacé, à un moment donné, et que j'ai personnellement
défendu au Conseil du trésor en utilisant à peu
près les termes que vous avez utilisés sur le plan de sa
souplesse, de sa rapidité d'intervention etc., différentes
caractéristiques qui faisaient en sorte que dans plusieurs cas les
programmes de la SDI...
M. Charbonneau: Le ministre le connaît bien. Je pense qu'il
en a bénéficié dans son comté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre, parce que le besoin
était là et...
M. Charbonneau: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...parce qu'il s'occupe de son
comté en toute priorité, a obtenu, il y a quelques années
je pense, le plus important PECEC au Québec.
M. Charbonneau: II faut espérer que nous pourrons en dire
autant dans quelques années.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'espère que ce
n'était pas les liens d'amitié qui m'ont toujours uni à
l'ex-minîstre de l'Industrie et du Commerce ou à ma
prédécesseure au ministère de la Main-d'Oeuvre qui ont
fait en sorte que je l'ai obtenu. J'espère que c'est au mérite du
dossier que les gens l'ont obtenu, mais effectivement il y avait une
procédure souple et rapide d'intervention.
M. Charbonneau: ...content d'entendre le ministre en parler.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un programme qui aujourd'hui
- je pense que ce n'est pas contradictoire - relève de l'Office de
planification et de développement du Québec. Je pense qu'ils sont
aussi bien placés que nous pouvions l'être au ministère, et
même dans certains cas mieux placés, parce qu'ils
possèdent, sur le plan du développement économique comme
tel, un peu plus d'expertise que nous pouvions en avoir. 5i j'ai consenti
à ce qu'il y ait un transfert entre ministères ce n'était
pas dans le but de l'affaiblir ou d'affaiblir son efficatité d'action,
ou, comme vous disiez, qu'il y ait du patronnage, ou qu'il n'y en ait pas. Ce
n'est pas un critère qui m'a influencé dans cette
décision. C'était tout simplement pour faire en sorte qu'un
programme qui avait connu certains bons résultats puisse en
connaître dans l'avenir encore de meilleurs.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 10, Protection et développement de
l'emploi? Non.
M. Charbonneau: M. le Président, j'espère
simplement que nos amis journalistes ont écouté tous les propos
élogieux du ministre aujourd'hui et qu'ils en ont pris bonne note.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le programme PECEC il y a eu
des réussites, il y eu des faillites, comme dans l'ensemble des
programmes qui sont mis de l'avant. Mais globalement, en tout cas dans mon
comté, cela a été...
M. Charbonneau: M. le Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...un
ensemble de réussites. Peut-être parce que je me suis
impliqué dans chacun des dossiers pour apporter mon éclairage aux
fonctionnaires et aux ministres de l'époque, responsables des dossiers,
et que, dans les cas où les dossiers s'avéraient trop
risqués, j'ai donné mon opinion très honnêtement;
dans les cas où cela me semblait être un excellent investissement,
j'ai fait de même.
M. Charbonneau: J'aillais oublier un élément du
dossier qui m'intéresse dans le programme 10. C'est le programme de
protection de l'emploi dans l'entreprise et le programme de reclassement des
salariés licenciés collectivement. Je voudrais savoir si à
l'égard de ces deux programmes le ministère a été
appelé à intervenir, alerté -il devait l'être,
j'imagine - à l'égard en particulier du programme de protection
de l'emploi dans l'entreprise et quelles sont les interventions que le ministre
aurait pu faire à l'égard du dossier du licenciement collectif
qui est intervenu à la Raffinerie de sucre du Québec, une
entreprise d'État. Est-ce qu'il y a eu un comité de protection?
Je ne parle pas du comité de reclassement des salariés
licenciés, il y a une distinction. Si mes informations sont bonnes, il y
a maintenant un comité de reclassement. Avant qu'il y ait ce
comité de reclassement, pour respecter un peu l'engagement
électoral que votre parti avait pris de mettre sur pied un comité
pour évaluer toutes les avenues, toutes les possibilités, est-ce
que le ministre a été consulté par ses collègues
pour utiliser le programme de protection de l'emploi dans l'entreprise?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On tente, dans la mesure du
possible, d'éviter, sous ce nouveau gouvernement, les contradictions.
Quand le gouvernement prend la décision de se départir de
certains actifs et que, d'un autre côté, il y a un ministre
responsable de la protection de l'emploi, une fois qu'on sait que la
décision est prise, on ne tente pas de protéger les emplois,
mais, lorsqu'il est question de reclasser des gens et tout, oui, on fait le
maximum.
M. Charbonneau: Cela va, mais ma question est la suivante: On a
un programme qui dit, comme message au secteur privé et à
l'entreprise en général, et j'imagine que cela doit s'adresser
aussi à l'entreprise publique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un licenciement collectif,
non?
M. Charbonneau: Dans la mesure où il y a des dangers, des
risques qu'il y ait éventuellement un licenciement... Le programme
prévoit même que, s'il peut y avoir des informations fournies par
les médias, par toutes sortes de moyens, dans la mesure où on
l'apprend, le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu peut mettre en place les mécanismes pour voir si on ne peut pas
prévenir ces licenciements.
Ce que je dis au ministre, c'est que je n'aurais rien eu à lui
reprocher s'il avait fait son travail, d'autant plus que c'était un
engagement électoral de son parti. Ce que je constate, c'est qu'on n'a
pas fait ce travail. On n'a pas, comme on l'avait promis lors de la campagne
électorale, mis sur pied un comité de protection de l'emploi pour
voir si, dans cette industrie, dans ce secteur, on n'aurait pas pu faire autre
chose que ce qui était privilégié par les conseillers
spéciaux du ministre délégué à la
Privatisation. Là, je comprends qu'on s'est rabattu sur le
deuxième programme qui existe, le programme de reclassement des
salariés licenciés, qu'on va faire son possible, j'imagine,
auprès de ces gens-là pour essayer de les reclasser du mieux
qu'on peut. Ce que je vous dis, c'est que vous aviez un programme entre les
mains, que vous auriez pu utiliser au profit de l'industrie sucrière
autochtone du Québec, l'industrie sucrière de la betterave
à sucre, au profit des emplois qui sont concernés, et ce que je
suis obligé de constater, c'est que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tente de comprendre ce que vous
voulez...
M. Charbonneau: ...vous ne l'avez pas utilisé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...voulez et de vous en donner le
maximum ou de vous en donner pour votre argent, mais vous ne me demandez quand
même pas de dépenser des fonds publics pour utiliser des pouvoirs
de protection de l'emploi dans un dossier où le gouvernement a
décidé - qui est propriétaire par l'entremise de SOQUIA,
etc. - de se départir de l'entreprise. Si vous me demandez, sur le plan
du reclassement: Est-ce que vous faites le maximum, est-ce que vous y voyez,
etc.? Là, je vous comprends et il y a une logique à votre
question, mais le gouvernement ne peut pas, en même temps,
dépenser des fonds publics pour protéger des emplois quand ce
même gouvernement a pris la décision de se départir de
l'entreprise. Il me semble qu'il y a là une contradiction, qui
apparaît...
M. Charbonneau: M. le Président, voilà un bon
exemple d'un problème, quand on a un ministre qui est tellement
surchargé par toutes sortes de tâches. Si vous connaissiez la
nature de ce programme, ses objectifs, vous seriez obligé d'admettre que
vous aviez entre les mains un instrument qui vous aurait permis de respecter
votre engagement
électoral qui était justement, à ce
moment-là, en pleine campagne électorale, non pas de
décider de fermer la raffinerie, mais d'évaluer ses
possibilités de rentabilisation et de création d'emplois douze
mois par année. Le gouvernement, par la suite...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous répondre
qu'il y a des conditions préalables.
M. Charbonneau: Oui, mais les conditions préalables...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est quoi, les conditions
préalables?
M. Charbonneau: C'est un engagement électoral, il me
semble que c'est important.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Quelles sont les conditions
préalables pour que cela fonctionne?
M. Charbonneau: Au niveau de quoi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous les
connaissez?
M. Charbonneau: Oui, oui, je les connais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nommez-les.
M. Charbonneau: C'est à vous d'y répondre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous les indiquer. Il faut
qu'il y ait une demande qui vienne du côté des travailleurs, une
demande qui vienne du côté des employeurs pour qu'on puisse
l'exercer. Il s'agit d'une condition préalable. À ce qu'on me
dit, j'ai revérifié, on peut refaire une vérification,
mais on n'a pas eu...
M. Charbonneau: J'aimerais que le ministre vérifie...
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Verchères, on va essayer de baisser le ton.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vérifier. On est en
train de vérifier, on n'a pas eu de ces demandes préalables et,
quand...
M. Charbonneau: Écoutez, d'après...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les éléments
préalables n'existent pas, les éléments suivants ne
peuvent exister.
M. Charbonneau: D'après les informa- tions que j'ai...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va les vérifier, vos
informations.
M. Charbonneau: ...je n'étais pas ministre, mais,
d'après les informations que j'ai, è la lumière même
de certaines informations qui auraient été connues, de
notoriété publique, il aurait pu y avoir déclenchement du
processus. Il ne s'agissait pas d'attendre uniquement une demande d'une des
parties concernées, soit l'employeur qui veut fermer sa botte ou les
employés concernés. Mais, dans le mesure où c'est de
notoriété publique, parce qu'on en parle sur la place publique et
qu'à un moment donné un journal ou des journaux feraient allusion
à des possibilités de fermeture de telle ou telle entreprise, le
ministre aurait en son pouvoir, d'après mes informations, d'agir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on m'indique - vous pouvez
peut-être blâmer ie ministre d'être nouvellement
arrivé depuis le mois de décembre, mais vous ne pouvez quand
même pas blâmer les fonctionnaires d'être nouvellement
arrivés - c'est ' que, en tout cas, on me dit chez les fonctionnaires
qu'on n'intervient pas sur les rumeurs. Ça coûterait trop cher.
I
M. Charbonneau: Vous admettrez que dans ce cas-là la
rumeur s'est vite confirmée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, la rumeur s'est
vite confirmée! On n'était pas pour développer des mesures
pour protéger des emplois dans le cas où le même
gouvernement avait décidé de se départir de
l'entreprise.
M. Charbonneau: Moi, en tout cas, ce que je vous signale, c'est
que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, j'essaie de suivre votre
logique: il aurait fallu que comme ministre je consacre des fonds publics
à protéger des emplois alors que comme ministre j'étais au
courant que c'était vendu.
M. Charbonneau: Écoutez, on va finir là. Je pense
qu'on est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais là je me serais
retrouvé en contradiction avec moi-même. J'aime autant me
retrouver en contradiction avec vous qu'avec moi-même.
M. Charbonneau: ...en total désaccord. Ce que je vous dis,
c'est que, si vous me dites... Vous venez de me dire que les demandes doivent
venir soit de l'employeur, soit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...conditions
préalables...
M. Charbonneau: D'accord, dans ce cas-là, l'employeur c'est vous
et vous, vous saviez que vous vouliez faire des mises à pied. Or, vous
saviez aussi comme décideur que vous aviez promis de ne pas les faire.
Peut-être que vous auriez au moins pu utiliser ce programme-là
pour respecter l'engagement électoral que vous aviez pris qui
était effectivement de mettre sur pied un comité
d'évaluation et d'étude sur les possibilités de
rentabilisation de l'entreprise. C'est tout ce que je vous dis. C'est un bon
constat d'un programme que vous aviez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez constater ce que vous
constatez. En rétrospective, je suis fier qu'on intervienne au niveau du
reclassement et qu'on s'occupe des travailleurs...
M. Charbonneau: C'est le minimum.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...mais je suis également
fier, dans le cas d'une décision qui avait été prise, de
ne pas avoir gaspillé d'argent des fonds publics et des contribuables
alors que j'étais au courant de l'autre décision
également, parce que, là, j'aurais eu des problèmes
à justifier. Pourquoi j'aurais investi des fonds publics alors que
j'étais au courant d'une décision qui avait été
prise? Là, j'aurais eu l'air intelligent.
M. Charbonneau: Ce que vous auriez pu faire, par ailleurs,
connaissant les intentions de vos collègues, étant partie dans
cette équipe qui est maintenant l'employeur de cette entreprise, vous
auriez pu utiliser entre autres ce programme-là pour rappeler à
vos collègues que, avant de prendre la décision finale, ça
aurait peut-être été utile de respecter votre engagement
électoral. On avait une bonne poignée, un bon outil pour avoir ce
respect-là, c'est le programme de protection de l'emploi dans
l'entreprise.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et de créer chez les
travailleurs de faux espoirs et de dépenser inutilement l'argent...
M. Charbonneau: Écoutez, ce n'est pas nous qui les avons
créés, c'est vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Chacun a ses objectifs dans la
société...
M. Charbonneau: ...qui les avez créés pendant la
campagne électorale. Vous vous rappelez ce qu'on vous a
présenté à la Chambre, les déclarations que vous
avez faites, entérinées par tous vos candidats de la rive sud.
Voyons donc!
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, est-ce
que je dois comprendre par votre réponse que, lorsqu'une entreprise est
considérée comme non rentable, on va chercher à
reclassifier les employés qu'essayer plutôt de préserver
cette entreprise? Ça devient une forme de subvention
détournée, si je comprends bien.
M. Charbonneau: Ce n'est pas tout à fait cela, M. le
Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on reçoit une demande -
pas des rumeurs ou quelque chose du genre - si on reçoit une demande et
des travailleurs et de l'employeur, on va aller vérifier sur place. On
va effectuer une vérification pour s'assurer s'il y a des
possibilités ou non. Si on en arrive à la conclusion qu'il n'y a
pas de possibilité de protéger les emplois, on ne
dépensera pas d'argent, même si le député de
Verchères nous le demande. Les ressources financières de
l'État sont suffisamment limitées que les sommes d'argent doivent
être utilisées de façon prioritaire à
préserver les emplois qui sont "préservables" et à
créer de nouveaux emplois, non pas à faire croire aux gens qu'on
va préserver des emplois quand on sait que ce n'est pas le cas.
Le Président (M. Bélanger): Pas de subventions aux
canards boiteux dont on aurait hérité.
M. Charbonneau: Écoutez, je suis content à la fois
de vos réponses et des quelques commentaires du président que je
vais utiliser abondamment dans mon comté pour rappeler aux citoyens de
Verchères ce qui s'est dit pendant la campagne électorale et ce
qu'on nous dit maintenant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en avez sans doute besoin
pour votre cote de popularité.
M. Charbonneau: Ne vous en faites pas, j'en suis à mon
troisième mandat. J'en ai un d'avance sur vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous en félicite.
M. Charbonneau: En terminant, M. le Président, sur cela.
Si le ministre n'a pas les réponses, ça ne me dérangerait
pas qu'il nous les fasse parvenir dans les prochains jours. J'aimerais avoir
les statistiques sur les dossiers actifs actuellement à l'égard
de ces deux programmes, sur le nombre de comités de protection de
l'emploi et de reclassement qui sont en activité, sur les entreprises
concernées.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous les donner dans
quelques minutes.
M. Charbonneau: D'accord. Ceci, pour moi, M. le Président,
clôt l'examen du programme 10. Je suis prêt à passer au
programme 1 après approbation. (17 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 10? Dois-je en conclure que les
crédits du programme 10 dans ses quatre volets sont acceptés?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
M. Charbonneau: Adopté sous réserve des
compléments d'information que le ministre a promis de nous fournir.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Des documents
nous viendront.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez qu'on respecte nos
engagements.
M, Charbonneau: Cela va être 2 à 0 pour moi, M. le
Président. S'il y a un engagement que vous n'avez pas respecté,
c'est celui dont on vient de parler depuis 10 minutes.
Le Président (M. Bélanger): Ceci nous
amènerait à l'étude du programme 1:
Direction et gestion. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président au sujet... L'Opposition
n'est pas en nombre important mais en efficacité, M. le
député de Saint-Maurice...
M. Lemire: Ce qu'on a pas en quantité, on l'a en
qualité.
Direction et gestion
M. Charbonneau: Voilà. Au niveau des effectifs du
ministère d'abord. Encore là, si vous êtes d'accord, on ne
procédera pas nécessairement par éléments de
programme, mais par programmes dans leur ensemble et par dossiers
d'intérêt.
Le Président (M. Bélanger): Tout à fait
d'accord, on va procéder globalement.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Pour les effectifs
du ministère, on nous dit qu'il y a 29 permanents de moins et 108
occasionnels de plus. Par ailleurs, on nous parle de coupures de fonctionnement
dans le programme 10, à la page 65. On nous a fait état, au cours
des derniers jours, de 260 occasionnels, à l'égard du programme
Stages en milieu de travail, qui avaient été remerciés.
Vous avez plus d'occasionnels, semble-t-il. Quel est le mouvement des
occasionnels? Ils sont plus nombreux où, et ils sont moins nombreux
où, pour en arriver à un total de plus d'occasionnels,
globalement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de vous donner un
petit tableau qui vous expliquera le mouvement auquel vous vous
référez.
M. Charbonneau: Pendant que le ministre demande des
précisions sur cette question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand vous avez des occasionnels,
par définition ils sont là pour un certain temps et cela
occasionne des fluctuations au sein du ministère. J'ai demandé
aux gens qui sont à mes côtés de me faire les vagues, de
façon que ni l'un ni l'autre, lorsqu'on aura compris ces vagues, on ne
divague!
M. Charbonneau: Oh! Que donc est-ce bien dit! Entre-temps,
peut-être que le ministre - parce qu'il semblait avoir assez de
précisions à nous fournir sur d'autres éléments -
pourrait nous fournir des précisions sur ce qu'on a appelé
Rationalisation interne et autres mesures, une compression de 19 900 000 $,
dont on nous a parlé. Encore là, je comprends qu'il faut
procéder avec une certaine prudence à l'égard des chiffres
du président du Conseil du trésor, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Charbonneau: C'est plus précis, là? Allez-y,
ventilez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand on parle de chiffres, il y a
tout une série de chiffres dont on peut parler. Il y a les chiffres qui
ont servi à l'intérieur du ministère à la
confection des présentations qu'on a faites au Conseil du trésor.
II y a des chiffres, au Conseil du trésor, qui ont servi à la
préparation de ses dossiers dans l'éventualité d'une
rencontre avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. Les chiffres, et là-dessus - je
voudrais qu'on soit clair - sur lesquels on a à se prononcer aujourd'hui
sont les chiffres qui apparaissent dans les livres des crédits. Tous les
chiffres qui ont servi à cette préparation peuvent servir dans
certains cas à vous éclairer, dans d'autres cas à vous
mélanger. On s'en excuse. Les chiffres qu'on présente, et qu'on
traite avec prudence quand même, lorsqu'il y a des humains au bout des
chiffres - et c'est le cas du ministère dont je suis titulaire, ici,
aujourd'hui, il y a des humains au bout de ces chiffres - il faut
toujours traiter les chiffres avec prudence parce que, quelquefois, ça
peut être en surplus ou ça peut être en diminution, mais
c'est très rare qu'on arrive, comme dans d'autres ministères,
à des chiffres exacts et précis parce qu'il y a moins d'humains,
au bout du chiffre.
Rationalisation interne
Rationalisation interne et autres mesures pour 19 000 000 $. Sont
regroupés sous ce titre deux types de réduction
budgétaire. Tout d'abord, une correction, et non une compression, de 15
000 000 $, apportée au budget de base du programme de l'aide sociale.
Ensuite, des économies reliées soit à l'abandon soit au
report de certains projets, ou encore à certaines rationalisations de
dépenses. Vous n'êtes pas tellement plus avancé, je vous le
concède.
M. Charbonneau: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter...
M- Charbonneau: Je remercie le ministre de faire la
concession.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de préciser.
M. Charbonneau: Le président du Conseil du trésor
nous a dit que les ministres sectoriels pouvaient déposer le document
à cet égard. Vous n'en auriez pas un? Cela nous permettrait de
suivre cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je n'avais pas de notes
personnelles dessus, cela me ferait plaisir de vous le déposer, mais
avec mes notes personnelles...
M. Charbonneau: Écoutez, je suis prêt à
prendre même vos notes personnelles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais que vous allez les
ignorer, mais, quand même, vous allez les posséder dans votre
subconscient et je vais en être inquiet tout au long de ma
carrière politique.
M. Charbonneau: Je suis surpris de voir que le ministre pense que
ses notes peuvent être compromettantes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais, mal
interprétées, elles peuvent le devenir.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Vous savez, j'ai été journaliste
assez longtemps pour avoir du plaisir avec les interprétations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que M. Ryan me
disait.
Des voix: Hal Ha! Ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Correction, au budget de l'aide
sociale, 15 000 000 $. La totalité des prestations aux
bénéficiaires de l'aide sociale est versée à
même les crédits du programme 6, aide sociale du ministère.
Les besoins spéciaux reliés â la participation de
bénéficiaires à un programme de développement de
l'employabilité sont toutefois budgétisés au programme 10,
Protection et développement de l'emploi, et les crédits
prévus à cet égard sont transférés en cours
d'année au programme 6, selon les participations réelles
constatées chaque mois dans les programmes de développement de
l'employabilité pour assurer plus de souplesse. Il arrive toutefois que
cette anomalie a été décelée au début de
1986, que le rapport informatique qui sert de base à de tels transferts
de crédits ne tient pas compte des montants qui doivent être
versés rétroactivement, pour un ou des mois antérieurs,
aux participants de ces programmes. Il en est résulté que ces
paiements rétroactifs ont été effectués en
1985-1986 à même les crédits réguliers du programme
d'aide sociale et que cette situation a eu pour effet d'augmenter
artificiellement nos prévisions de besoins budgétaires pour
l'aide sociale en 1986-1987. Cette anomalie est en voie de correction et les
crédits de 1986-1987 du programme d'aide sociale peuvent donc être
diminués à cet égard d'une somme de l'ordre de 15 000 000
$
M. Charbonneau: Page 49 du cahier explicatif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous l'avez, à part
cela.
M. Charbonneau: Oui. C'est parce que cela n'était pas
clair tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais là cela
m'apparaît très clair.
M. Charbonneau: C'est 15 000 000 $ des 19 900 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Charbonneau: II reste 4 900 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II reste 4 900 000 $, vous avez
raison.
Autres mesures de rationalisation interne. Ces mesures portent sur
des
économies anticipées dans la gestion du ministère
et des organismes administrant par délégation des programmes de
sécurité du revenu. Soulignons, à titre d'exemple, et je
vous en donne la liste! l'abandon de la participation financière du
ministère à la publicité sur les options Déclic. On
coupe 1 000 000 $ pour la publicité.
M. Charbonneau: D'accord. Vous dites 1 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un montant de 1 000 000 $.
Le Président (M. Bélanger): Cela veut dire qu'il
n'y aura plus de chaloupes qui virent...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que vous illustrez bien mes
propos, M. le Président!
M. Charbonneau: Attention, vous savez, les vagues peuvent arriver
vite parfois sur des lacs où les eaux peuvent paraître calmes.
Le Président (M. Bélanger): C'est une information
complémentaire.
M. Charbonneau: Oui. Je vous invite...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucune malice.
M. Charbonneau: ...par expérience, M. le Président,
à la prudence dans vos interventions. 1 000 000 $ pour Déclic.
D'accord.
M Paradis (Brome-Missisquoi): L'abandon de la publication du
Journal du travail, 100 000 $.
M. Charbonneau: Combien dites-vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 100 000 $.
Une diminution du coût de l'administration du programme des
allocations familiales - j'ai bien dit du coût d'administration -300 000
$.
M. Charbonneau: Coûts administratifs. Il faut se
méfier un peu de vos coûts administratifs, mais qu'importe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez être
inspiré par la prudence, mais par la méfiance, vous devenez
très partisan.
M. Charbonneau: Jamais je ne le serai autant que le ministre l'a
été quand il était à ma place.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La fermeture du bureau
régional de Radisson, les deux CTQ du Grand-Nord étant
supervisés, à compter du 1er mai 1986, par le bureau
régional de l'Abitibi-Témiscamingue, 400 000 $. La
renégociation de l'entente avec la ville de Montréal sur
l'administration du programme d'aide sociale dans une optique de
réduction des coûts.
M. Charbonneau: Combien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans une optique de
réduction des coûts. La négociation n'est pas
terminée.
M. Charbonneau: Ah bon! Vous n'avez pas donné d'objectifs
â vos fonctionnaires. Est-ce que vous avez dit au maire Drapeau combien
vous vouliez aller récupérer? Vous savez que, lui, il est en
année électorale. Il aurait peut-être besoin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dans une optique de... Je
tiens à vous dire que j'ai eu une rencontre à ce sujet avec M.
Lamarre et que cette optique de saine gestion et de réduction des
coûts n'a pas été rejetée du revers de la main par
les autorités municipales de Montréal. Au contraire, elles se
sont engagées à poursuivre des négociations dans cette
optique de réduction des coûts. Maintenant, nous avons des
estimations à partir desquelles on négocie, mais, comme on ne les
a pas dévoilées aux parties avec qui on négocie, j'ai
l'impression que, sî on mentionnait quelques chiffres que ce soit ici
dans ces micros, cela pourrait être rapidement acheminés vers
l'autre partie, avec des conséquences, selon le chiffre
mentionné, soit heureuses, soit malheureuses. Dans le but de garder un
bonheur...
M. Charbonneau: Si je comprends bien, vous allez garder une
partie des 4 900 000 $ avec un point d'interrogation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a une idée du possible
et du faisable.
Une réduction supplémentaire des crédits de
fonctionnement du ministère compte tenu de la péremption de
crédits de plus de 3 000 000 $ constatée au programme 1 en
1985-1986...
M. Charbonneau: C'est combien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela peut varier selon les
vacations des négociations avec la ville de Montréal.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Ce que je comprends bien, c'est qu'à
partir de maintenant cela va être assez difficile d'avoir le
détail des 4 900 000 $. On a eu quelques...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non...
M. Charbonneau: ...éléments, mais le reste, je
comprends qu'on préfère l'addition à la
soustraction...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dès que la
négociation avec la ville de Montréal aura abouti sur un chiffre
précis, cela va nous donner ce chiffre-là, et, à ce
moment-là, vous pourrez déduire l'autre chiffre, calcul
mathématique très simple. Si vous voulez qu'on vous le
fasse...
M. Charbonneau: En tout cas, ce que je comprends, c'est qu'il y a
1 800 000 $ sur 4 900 000 $ d'identifiés. Le reste, c'est le maire
Drapeau qui va s'arranger avec cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas nécessairement, en
partie.
M. Charbonneau: Bon d'accord. À l'égard des
effectifs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, le sous-ministre
me le fait remarquer, sur 146 000 000 $, il y en a 143 000 000 $ de
précisés, et vous avez les orientations que l'on prend quant au
minime solde. J'aimerais...
M. Charbonneau: Vous savez, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...être capable de vous
dire: C'est fini avec la...
M. Charbonneau: J'ai encore tous mes boutons, je n'ai pas
déchiré ma chemise. Il n'y a pas de problème. Ne vous
inquiétez pas. Et les effectifs du ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez parler du cabinet
politique ou juste du...
M. Charbonneau: Pour le cabinet, le ministre n'a pas besoin de me
convaincre. Il essaie de chapeauter cela avec parcimonie. Nos doutes ne sont
pas sur les gens de cabinet - M. Larivière est très gentil
d'ailleurs - ils sont sur l'efficacité d'une surchage de travail du
ministre lui-même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous avez des réserves
jusqu'à ce jour, exprimez-les clairement et précisément.
Moi, je trouve que la journée va assez bien.
M. Charbonneau: Nous autres aussi. On a eu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): "À date", comme on dit.
Quant aux effectifs, pour répondre à votre question, la
réduction des 260 occasionnels pour Stages en milieu de travail a
entraîné une baisse du nombre de personnes-année de 620
à 560, soit une baisse de 60 sur une base annuelle. J'ai indiqué
tantôt la difficulté. Quand on parle d'occasionnels, ce n'est pas
toujours sur une base annuelle. On a transformé les chiffres sur une
base annuelle pour donner cette réponse. Les visites à domicile
entraînent une hausse de 165 personnes-année. D'autres ajustements
mineurs entraînent une hausse nette de 3 personnes-année...
M. Charbonneau: Mais juste une...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'où moins 60, plus 165,
plus 3, résultat net, clair et précis: plus 108.
M. Charbonneau: C'est intéressant. C'est 165 pour les
visites à domicile. Je présume que ce n'est pas comme dans les
CSS, M. le Président, ou les CLSC. Les services à domicile, ce
dont on parlait ce matin sur l'aide sociale, à combien cela
s'ajoute-t-il juste pour une petite précision si on fait un retour en
arrière? Combien y en avait-il qui faisaient des visites à
domicile et toutes autres mesures de contrôle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne s'en faisait pratiquement
plus, M. le député. C'était quasiment inexistant.
M. Charbonneau: Donc, c'est un nouveau contingent qu'on a
engagé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. N'allez pas dire qu'on
s'en va engager 165 "polices" ce soir...
M. Charbonneau: Je n'ai pas dit cela. C'est vous qui
parlez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais vous dites: Un
nouveau contingent...
M. Charbonneau: ...de cela. Tout le monde ici en est
témoin. Je n'ai pas prononcé le terme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de 165
personnes-année qui s'ajoutent dans ce but-là.
Maintenant, comme j'ai expliqué la mobilité des
fonctionnaires à l'intérieur du ministère, il peut s'agir
de personnes qui ont déjà fait cela dans le passé ou avant
la fusion, d'autres personnes, etc. Cela s'ajoute pour cette
fonction-là. (17 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Ce ne sont pas des
créations de postes?
M. Charbonneau: Bien oui, voyons donc!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas permanents.
Le Président (M. Bélanger): Pas permanents, c'est
cela. D'accord.
M. Charbonneau: Non, ce sont des occasionnels, d'accord. Mais
dans quel service se retrouveront-ils? Est-ce qu'il y a une unité
administrative? Vous savez, je vous ai cité un article, tantôt,
qui parlait d'investigations...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils vont être dans les
bureaux.
M. Charbonneau: Mais y a-t-il un service d'investigation au
ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Ils seront dans les
bureaux des centres de Travail-Québec. Ils feront partie d'une
équipe multidisciplinaire qui est là pour rendre des services
d'employabiiité, de formation...
Une voix: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non?
Une voix: C'est uniquement pour les bénéficiaires
de l'aide sociale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est uniquement pour les
bénéficiaires de l'aide sociale, excusez-moi.
Une voix: Pour l'aide financière.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai induit en erreur. Ils
feront partie de cette équipe juste pour l'aide financière.
M. Charbonneau: Bon, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le but d'aider ceux et celles
qui en ont besoin.
M. Charbonneau: Très bien. Le ministre nous a parlé
des occasionnels; quant aux 29 permanents réguliers, j'imagine que ce
sont des postes... À quel endroit ces postes permanents ou
réguliers ont-ils été abolis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit de postes vacants aux
centres de Travail-Québec. Si vous voulez que je vous identifie dans
quel bureau, cela peut être un peu complexe.
M. Charbonneau: La perte ou l'abandon de certains services de
placement - on y reviendra dans quelques instants - combien cela
représente-t-il d'effectifs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Environ 250 postes, en très
grande majorité des permanents.
M. Charbonneau: En très grande majorité des
permanents; donc, des gens qui seront affectés à d'autres
fonctions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À d'autres
tâches.
M. Charbonneau: C'est du monde en "mosus", vous savez!
M, Paradis (Brome-Missisquoi): C'est du monde, mais le
ministère est imposant en termes d'effectifs humains aussi. C'est plus
de 4000 individus avec les occasionnels.
Réseau Travail-Québec
M. Charbonneau: Écoutez, cela m'introduit
immédiatement dans l'autre sujet que je voulais aborder. Je voulais
justement vous parler du réseau Travail-Québec et, en
particulier, de l'abandon de ses services. Voulez-vous nous dire que c'est 260
personnes?
Une voix: 250.
M. Charbonneau: ...250 personnes qui sont maintenant
affectées à d'autres tâches. Quels sont
précisément les services qui étaient rendus par ces 250
personnes et qui ne le seront plus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'avais fait préparer...
J'avais préparé la même question.
M. Charbonneau: Je présume que le ministre avait
anticipé celle-là. Il en a au moins vu venir une.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les fonctions de placement
comprennent six activités principales: l'inscription, la
première, par laquelle différentes informations sur les
chercheurs d'emplois peuvent être colligées; cette activité
peut également servir à d'autres fins, notamment pour
établir avec les personnes un programme de développement de
l'employabilité. Deuxièmement, l'information et le "counselling",
qui visent, dans le cadre de la fonction placement, d'une part, à
informer les chercheurs d'emplois des postes disponibles sur le marché
du travail et des exigences qui y sont rattachées et, d'autre part,
à évaluer les qualifications de ces travailleurs. On profite
également de ce moment pour informer les gens sur les différentes
mesures existantes qui peuvent leur être utiles.
Une autre fonction, la prospection, consiste à inciter les
employeurs à recourir aux services du ministère pour combler
leurs
postes vacants. Il y a la fonction prise de commande par laquelle on
prend note des besoins et des exigences des entreprises en matière de
personnel, la fonction présélection, qui permet d'identifier,
parmi tous les chercheurs d'emplois inscrits, ceux qui répondent aux
exigences de l'employeur, et la fonction références, qui
constitue l'étape finale du processus pour les bureaux de placement et
qui consiste à présenter aux employeurs les candidats qui,
à notre avis, répondent le mieux à leurs besoins.
Parmi ces six activités principales, il y a cessation quant aux
non-bénéficiaires de l'aide sociale des fonctions inscription,
information et "counselling", prospection, prise de commande,
présélection et référence. Il y a également
cessation pour le bénéficiaire de l'aide sociale de la rubrique
information et prospection sur les postes disponibles et il y a maintien en ce
qui concerne les inscriptions, le "counselling", la prise de commande, la
présélection et la référence.
M. Charbonneau: Qu'est-ce qui arrive des services de placement
pour les jeunes finissants d'université? Vous aviez des services de
placement dans les universités. Est-ce que cela disparaît?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'ils ne sont pas
bénéficiaires de l'aide sociale, c'est le cas.
M. Charbonneau: Donc, cela disparaît. Et le placement
étudiant pour les emplois d'été? Est-ce que cela
disparaît aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais je veux apporter une
petite nuance pour informer le public. Si l'on n'est pas
bénéficiaire de l'aide sociale, cela disparaît, mais pas
pour cette année. C'est important de le souligner.
M. Charbonneau: Cela veut dire que, pas l'été qui
vient, mais l'autre été, on n'aura plus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'autre été
après. De toute façon, je pense que j'ai des statistiques...
M. Charbonneau: On m'indique aussi que ce service-là
était entre autres utilisé pour le placement des occasionnels
dans la fonction publique. Qui va placer les occasionnels maintenant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le
Conseil du trésor en est à établir une politique
qui fera en sorte que chaque ministère pourra pourvoir à ses
besoins, mais avec des normes.
M. Charbonneau: J'espère qu'il va y avoir des normes,
parce que si...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le moment, c'est encore nous,
tant que cela n'est pas fait. Je prends le risque de répondre à
des questions hypothétiques. On en a encore la responsabilité et
on attend que le Conseil du trésor trouve une autre formule pour cesser
cette activité.
M. Charbonneau: J'espère que le mécanisme du
Trésor va être efficace parce que le placement des occasionnels
pourrait ouvrir la porte à un sacré beau patronage aussi! Si tout
le monde un peu partout pouvait engager ses occasionnels!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai été
député dans l'Opposition assez longtemps pour avoir eu l'occasion
de m'en plaindre, oui!
M. Charbonneau: Oui, mais jamais autant que les gens se sont
plaints de cela durant le premier mandat de votre chef. Il y avait 500 000
inscriptions de personnes dont, semble-t-il, la moitié va être
coupée par la disparition... Est-ce exact?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Charbonneau: Ne trouvez-vous pas que c'est pas mal de monde?
Je vais vous dire, bien honnêtement... Sur quoi vous êtes-vous
basés pour prendre cette décision? Avez-vous des études,
des évaluations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les chiffres paraissent gros, mais
on va regarder combien on en plaçait. On gardait ces 250 000 pour, en
pratique, en placer 10 000. Cela veut dire qu'il ne faut pas partir du nombre
de 250 000 et dire qu'on plaçait 250 000 parce que si cela avait
été le cas...
M. Charbonneau: Est-ce que ce n'était pas plutôt 14
000 l'an dernier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur 250 000, on me dit que le
chiffre le plus haut va être 15 000. Sur 250 000.
M, Charbonneau: Je comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et ils ne sont pas sans service
demain matin. Il y a la question des doubles inscriptions. Combien de gens,
chez vous comme chez nous, étaient à la fois inscrits au centre
de Travail-Québec, en fonction de son placement, et au centre d'emploi
du Canada? À peu près tout le monde que je connais, chez nous,
faisait le tour des deux centres, en tout cas ceux et celles qui sont vraiment
intéressés à se
trouver une "job".
M. Charbonneau: II n'y a pas un député qui ne
conseillait pas de faire cela, d'ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous leur conseillerez d'aller
juste à une place, ils épargneront de l'énergie. Il n'y a
pas matière à juridiction ou à contentieux et cela nous
permet de dégager des ressources financières et humaines pour
s'attaquer à des problèmes qu'on a jugés très
importants et capitaux, des problèmes d'employabilité et de
formation, et de miser là-dessus avec les ressources financières
dont on disposait. On ne pouvait pas viser de façon
éparpillée et on a concentré nos cibles.
M. Charbonneau: Le premier ministre nous avait dit, en Chambre,
qu'il y avait eu des négociations avec Ottawa qui avaient
précédé cette prise de décision sur l'abandon de
ces services de placement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des pourparlers.
M. Charbonneau: Des pourparlers.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'occasion de
négociations qui portaient sur des dossiers au ministère de la
Main-d'oeuvre, avec Mme MacDonald, par courtoisie, j'ai servi non pas un
préavis officiel, mais un préavis officieux et mentionné
qu'il s'agissait d'une possibilité qu'on étudiait de façon
à ne pas prendre l'autre niveau de gouvernement par surprise lorsqu'on a
posé ce geste.
M. Charbonneau: Écoutez, c'est évident qu'on
diffère d'opinion quant à l'évaluation de la juridiction
qu'on abandonne ou pas. C'est important. S'il n'y a effectivement pas de
conséquence, on ne fera pas de... Est-ce que le ministre a eu des avis
juridiques du ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes
à cet effet?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas d'avis juridique, mais des
avis...
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre pourrait les
déposer? Je pense que cela serait utile pour la bonne
compréhension et la bonne évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai communiqué avec mon
collègue qui était ministre et qui est encore ministre. J'ai eu
de son cabinet les informations requises. Il n'y a pas eu là de
tollé. Personne n'a semblé y voir ce que vous y avez vu.
Sérieusement, dans toute négociation avec le gouvernement
fédéral ou dans tous les pourparlers même, je me fais un
devoir d'informer le ministère des Affaires intergouvernementales
canadiennes de ces négociations ou pourparlers. J'ai été
vraiment surpris de votre réaction parce que, parmi les gens qui sont
là - il ne s'agit pas que du côté politique, mais
également des fonctionnaires qui sont là depuis des années
- personne n'a eu la réaction que vous avez eue.
M. Charbonneau: Écoutez, je vais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes peut-être en
avant de tous ceux de ce ministère...
M. Charbonneau: Ma préoccupation de la défense des
juridictions du Québec m'a peut-être mené trop loin, mais
je ne suis pas encore convaincu. Est-ce que le ministre a eu un avis de son
contentieux à cet égard? Là, si on le comprend, il a eu
des avis verbaux de son collègue ou de gens du cabinet des Affaires
intergouvemementales canadiennes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Charbonneau: Mais est-ce que le propre contentieux du
ministère a émis une opinion à cet égard?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous donner les arguments
des Affaires intergouvernementales canadiennes que j'ai en résumé
sur une note. La position du Québec n'est pas affaiblie - ce ne sont pas
les arguments de mon ministère, ce sont les arguments du
ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes, mais on les
partage - parce qu'une partie du budget des centres Travail-Québec, 9
600 000 $, est réaffectée d'une façon différente au
sein des CTQ. La forme de placement que le Québec a
délaissée constitue l'approche traditionnelle au placement et
s'avère de plus en plus inefficace, particulièrement en
période de chômage élevé, lorsque l'entreprise a un
vaste choix de candidats de qualité et ne voit pas
l'intérêt de se référer aux centres
gouvernementaux.
Le rapport Nielsen souligne justement que le taux de placement des
centres d'emploi du Canada, CEC, est tombé de 20 % en 1969 à
moins de 10 %. Il recommande même d'abandonner ce service d'ici deux ans
si les employeurs ne manifestent pas plus d'intérêt et de
confiance aux centres d'emploi du Canada. 11 n'a jamais été
question de s'appuyer sur cette performance marginale pour faire avancer nos
demandes constitutionnelles en matière de main-d'oeuvre. La logique de
notre position traditionnelle a toujours été axée sur les
nécessités d'une politique globale de main-d'oeuvre. Lorsque l'on
parle
de cette logique on ne parle pas tout simplement de celle du Parti
libéral, on parle de celle des gouvernements successifs à la
tête des affaires de l'État au Québec.
Je tiendrais à vous dire que j'ai reçu par la suite de
l'information, non pas par écrit, mais de quelqu'un d'assez bien
placé au niveau du gouvernement fédérai. Ce qu'on nous a
indiqué, c'est qu'on les aurait pris de court, ils s'apprêtaient
à fermer les leurs parce que, eux non plus, ils ne voient pas
matière à juridiction et ils ne voient pas matière
à efficacité sur le plan de la performance budgétaire. Ils
sont présentement en réflexion sur cet avenir-là et le
geste qu'on a posé fait en sorte qu'ils écopent
présentement d'un certain coût additionnel. C'est pour cela que
j'avais pris la peine d'effleurer le sujet avec Mme MacDonald.
Ce que j'ai su, c'est qu'elle s'apprêtait à nous faire le
coup. Je ne veux pas parler d'un mauvais coup, je veux parler simplement de
choix et de priorités budgétaires qu'on a faits et, en tous les
cas, je n'ai pas eu de représentations, ni à l'intérieur
du ministère que je dirige, ni à l'intérieur du
ministère des Affaires intergouvernementales canadiennes, que j'ai
consulté dans le sens qu'en faisant les choix que l'on a faits, de
"prioriser" ce que l'on a "priorisé", on a affaibli en quelque mesure
que ce soit la juridiction de la province de Québec. On m'a
laissé entendre qu'au contraire, en augmentant notre action et en
"priorisant" dans le domaine de l'employabilité et dans le domaine de la
formation, on occupait davantage un champ beaucoup plus contentieux et beaucoup
plus sérieux pour l'avenir juridictionnel de notre province.
Le Président (M. Bélanger): MM. tes membres de la
commission, je vous rappelle qu'il est 18 heures et que la commission devra
suspendre ses travaux jusqu'à 20 heures. Je vous demanderais, à
20 heures, cependant d'être ponctuels, cela nous permettra de finir
à l'heure.
M. Charbonneau: Avant que vous ajourniez les travaux...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: C'est dommage, parce que je n'avais pas beaucoup
d'autres questions sur le réseau de Travail-Québec; cela aurait
permis peut-être au ministre de libérer certains de ses
fonctionnaires. Là, je vais être obligé de vous demander de
les prier d'être à nouveau ici ce soir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous autres, on leur avait
expliqué que c'était votre faute; maintenant, vous pouvez leur
dire que c'est notre faute, ce sera un blâme partagé.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Donc, on suspend
les travaux jusqu'à 20 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! On va reprendre les travaux de la commission. Nous terminions
le programme 1, Direction et gestion. La parole était au
député de Verchères. M. le député, je vous
en prie.
M. Charbonneau: M. le Président, merci. Je veux juste
revenir sur un point qu'on a abordé à la fin de
l'après-midi. Le ministre a dit, à l'égard des
occasionnels qui étaient engagés dans la fonction publique,
qu'actuellement ils sont encore engagés par ses services.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils ne sont pas engagés,
ils sont dirigés, ils sont placés.
M. Charbonneau: Dirigés. Ce que je veux dire c'est que le
recrutement et le placement se font via les centres de
Travail-Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exact.
M. Charbonneau: II nous a dit aussi que le Conseil du
trésor était en train de préparer de nouvelles directives.
Est-ce que le ministre pourrait s'engager aujourd'hui très formellement
à ce que, au moment où ses services cesseront de s'occuper du
recrutement et du placement des occasionnels dans la fonction publique, d'une
part, et que, d'autre part, il y aura en remplacement de cela de nouvelles
directives qui seront mises en vigueur, on puisse en être informé
sans délai?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'imagine que l'importance de la
décision n'échappera pas à l'observation, en tout cas, au
moins, des journalistes de la Tribune de la presse qui ont l'habitude de faire
un travail d'analyse scrupuleux et de ne pas laisser passer sous silence des
gestes gouvernementaux aussi importants. Mais...
M. Charbonneau: Je voudrais m'assurer que le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez que je vous
écrive, quoi?
M. Charbonneau: Je ne haïrais pas cela, mais je n'en
demanderais pas tant. Je vous demanderais simplement que d'une façon
très claire, si, par exemple, nous faisions l'hypothèse que vous
aurez décidé que le 1er mai vos services cesseraient d'être
opérationnels à ces égards, on le sache. Pas le 15
septembre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'était le cas et si
c'était décidé, je vous la donnerais, la date. Au moment
où on se parle, je n'ai pas de date à vous donner, mais on
travaille pour le faire dans les meilleurs délais. J'ai l'impression que
ça va arriver pendant le cours de la présente session.
M. Charbonneau: Mais là vous nous assurez qu'actuellement
dans tous les ministères du gouvernement, pour tous les ministres, tout
le monde au niveau de l'embauche des occasionnels dans les différents
ministères est encore soumis au fonctionnement qui existe
actuellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est exact.
M. Charbonneau: II n'y a d'exceptions nulle part.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, pas à ma
connaissance. Je peux répondre cela. Je ne dis pas qu'il n'y a pas
d'exceptions nulle part, mais s'il y en a, je ne les connais pas.
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a d'autres changements à
prévoir ou à venir que vous envisagez à l'égard du
réseau Travail-Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous sommes dans une
société en mutation perpétuelle. Je ne voudrais pas fixer
dans le ciment ce qui existe pour me retrouver dans une situation
dépassée six mois après. Si vous pouviez être un peu
plus précis, je pourrais peut-être le devenir aussi dans ma
réponse.
M. Charbonneau: On se comprend. Un ministère qui
fonctionne efficacement - et je ne doute pas que le sous-ministre et ses
collègues font un travail important à cet égard... Ils ont
des priorités, ils ont des objectifs. Le ministre en a
énoncé un certain nombre. Je présume que vous devez savoir
si, dans la prochaine année financière, vous avez l'intention,
outre l'abandon de ces services de placement, de procéder à
d'autres modifications importantes à l'égard du réseau
Travail-Québec. Je ne parle pas des "grenailles", je parle de
changements qui seraient importants à l'égard du
réseau.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les grands mouvements sont ceux
qu'on vous a indiqués. Des mouvements peut-être tout aussi
importants, mais moins grands peuvent survenir en cours d'exercice toujours de
façon à s'ajuster le mieux possible aux besoins de la
clientèle que l'on dessert.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre a finalement
abandonné l'idée qui avait été émise dans le
programme jeunesse de son parti, à la page 15, à savoir qu'on
mettrait en place un guichet unique avec Ottawa pour les services au chapitre
du travail et de la main-d'oeuvre? Parce que, là, il est question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre n'a rien
abandonné. Le ministre, dans le contexte où il a trouvé le
ministère, cherche à améliorer certains services. Il
cherche à "prioriser" certaines interventions et j'ai indiqué au
député tantôt que, dans le cadre des négociations
avec le gouvernement fédéral et spécialement avec Mme
MacDonald, un des principes qui nous guidaient était d'éviter les
dédoublements tout en étant très conscients qu'il faut que
le Québec non seulement conserve ses juridictions, mais les affirme
pleinement dans le domaine de la formation.
M. Charbonneau: Autrement dit, pour le moment, il n'est pas
question d'un guichet unique?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas dit cela.
M. Charbonneau: II faudrait se comprendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais, si vous me
demandez si je ferme la porte à un guichet unique, la réponse est
non. Je ne ferme pas la porte à cela. Est-ce que c'est quelque chose qui
va se réaliser dans les prochaines 24 heures? La réponse est
non.
M. Charbonneau: Mais le ministre va d'un extrême à
l'autre. J'opterais plutôt pour le juste milieu, en toute
humilité. C'est cela qui m'intéresse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On partage le même
intérêt.
M. Charbonneau: Non. J'ai appris cela en politique. Tu es mieux
de ne pas t'étouffer avec cela.
Écoutez, il semble que ce soit difficile d'avoir plus de
précisions du ministre à cet égard. On va se contenter de
celle-ci, pour le moment, quitte à ce que, plus tard, on revienne. On
verra, quant à cette idée de
guichet unique avec le gouvernement fédéra!, si le
ministre et certains de ses collègues militants et militantes sont
revenus à des analyses un peu plus correctes à l'égard des
responsabilités du Québec.
Au sujet de la Direction de la planification des programmes, on avait
des engagements libéraux importants - le ministre les a passés
sous silence ce matin -à l'égard d'une politique de main-d'oeuvre
et des suites. On nous a parlé, dans le programme électoral
portant sur la jeunesse, d'une politique intégrée des ressources
humaines.
Dans le programme politique, à la page 119, on parlait d'une
politique de gestion de la main-d'oeuvre. Qu'est-ce qui arrive à ce
sujet? Parce que cela fait des années qu'il y a tout un travail qui
s'effectue. J'en ai parlé un peu, ce matin, à l'égard
d'une politique qu'on pourrait appeler notre politique d'ensemble de la
main-d'oeuvre ou une politique-cadre, une politique globale de la
main-d'oeuvre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas en arriver à
la réalisation ou la matérialisation, de façon
concrète, de l'ensemble des importants engagements électoraux que
nous avons pris en campagne électorale pendant les quatre premiers mois
du mandat du gouvernement. Je pense que les attentes des gens sont fonction des
priorités que l'on s'est données et d'une réalisation par
étapes de ces priorités.
En ce qui concerne la question que vous venez de poser, nous
évoluons dans cette direction de façon certaine.
M. Charbonneau: Cela va?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, oui. Vous?
M. Charbonneau: Ah oui, moi, il n'y a pas de problème.
Mais j'avais l'impression que le sous-ministre pouvait peut-être vous
donner...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on se parlait, mais...
M. Charbonneau: Alors, parlez-vous encore. C'est
intéressant!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on ne parlait pas de vous!
M. Charbonneau: De temps en temps, on finit par avoir des
réponses; pas tout le temps. Qu'est-ce qui arrive, M. le ministre, de la
table de concertation sur la politique de la main-d'oeuvre que le
ministère avait mise en place?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est sur la glace pour le
moment.
M. Charbonneau: On se comprend. Ce n'est pas la Table nationale
de l'emploi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, cela va.
M. Charbonneau: Celle du ministère, autrement dit, le
ministre a mis la table de concertation sur une politique de la main-d'oeuvre
sur la glace.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est cela.
M. Charbonneau: Je comprends qu'en faisant cela il mettait aussi
sur la glace les deux engagements électoraux dont je viens de vous
parler.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais avec une
possibilité de dégel.
M. Charbonneau: Ah bon! Vous savez, le printemps est
déjà terminé et j'ai l'impression qu'il va falloir
attendre un autre hiver.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela dépend de la
région du Québec! Vous n'avez pas parlé à votre
député de Duplessis.
M. Charbonneau: Je suis content de savoir que ce n'est pas la
priorité du ministre; c'est dommage, parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que M. le
député comprendra qu'on ne peut pas tout "prioriser" en
même temps, comme l'ancien gouvernement.
M. Charbonneau: Je comprends que le ministre, qui a maintenant
plus de responsabilités - Travail, Main-d'Oeuvre - ne soit pas capable
de tout faire en même temps. Je comprends cela. C'est pour cela que je
pense qu'il en a trop.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais c'est pour cela que le
ministre est bien entouré et que les priorités, une fois
décidées, sont appliquées, non pas toutes à la
fois, mais une à une, de façon à réaliser, dans un
mandat raisonnable de quatre ans, quatre ans et demi, possiblement cinq ans,
l'ensemble des engagements électoraux...
M. Charbonneau: II paraît qu'on...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que nous avons pris envers la
population du Québec.
M. Charbonneau: ...aura encore - vous n'êtes pas
obligé de me dire cela avec un
tel sérieux, vous savez - l'occasion d'avoir d'autres
études de crédits, à moins que le ciel nous tombe sur la
tête à vous ou a moi ou aux deux en même temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous en souhaite plusieurs.
M. Charbonneau: Entre-temps, si le ministre a mis sur la glace la
table de concertation sur la politique de la main-d'oeuvre de son
ministère, qu'est-ce qui arrive de la Table nationale de l'emploi et du
Secrétariat à la concertation et à l'emploi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même chose, même
réponse.
M. Charbonneau: Tout le travail qui avait été
effectué précédemment pour définir des objectifs et
une politique de l'emploi et à l'intérieur de laquelle
s'intégrerait une politique de la main-d'oeuvre, tout cela, c'est sur la
glace? C'est dommage!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous répondre
bien simplement que la multitude des forums qui avaient été
créés sous l'ancien gouvernement a fait en sorte qu'à
notre avis - on peut diverger d'opinions à ce sujet - consultation
pardessus consultation, on aboutissait dans des sommets.
Au lendemain du sommet, on ne savait plus quoi faire, parce qu'on avait
atteint l'apogée de la consultation. Le lendemain, on ne savait plus
où on s'en allait. (20 h 15)
Face à toutes ces institutions de consultation, ministère
de l'Emploi et de la Concertation, Table nationale de l'emploi, Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, etc., nous avons
décidé de prendre le temps qu'il faut pour regarder l'ensemble de
la situation et faire de la consultation, mais ne pas simplement faire de la
consultation comme une fin, ne pas faire de la consultation pour faire de la
consultation, mais faire de la consultation face à des orientations et
à des projets qu'il nous faut réaliser et concrétiser
à la suite des consultations qui ont été
menées.
M. Charbonneau: Ce que vous me dites là, c'est que,
finalement, vous essayez de noyer le poisson. Je vous rappelle que vous aviez
des engagements électoraux qui nous promettaient une politique
intégrée des ressources humaines, une politique de gestion de la
main-d'oeuvre et, finalement, ce sont deux vocabulaires différents pour
dire qu'on parle d'une politique de main-d'oeuvre.
Je vous signale qu'il y a, au sein du ministère dont vous avez
maintenant la responsabilité, une table de concertation interne sur la
politique de main-d'oeuvre. Il y avait même un organisme et un
secrétariat qui avaient été mis en place,
précédemment, autour de l'emploi. Les partenaires
socio-économiques avaient accepté d'y participer. Vous
héritez de tout cela et vous avez décidé de mettre tout
cela sur la glace. Je veux bien comprendre que vous vouliez faire moins de
consultations, que vous vouliez consulter différemment, mais, là,
ce n'est pas ce que vous nous dites; vous nous dites que ce n'est plus dans vos
objectifs prioritaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce que vous n'avez pas
compris, c'est que l'ensemble des tables, des sommets, des forums et des
niveaux de consultation que vous aviez mis sur place et qui dépendaient
autrefois du ministère du Travail ou du ministre du Travail quant
à certains organismes, qui dépendaient autrefois de Mme la
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu quant
à certaines autres tables de consultation et de concertation, ou encore
du ministre délégué à l'Emploi et à la
Concertation, tout cela, c'est concerté sous un même ministre,
aujourd'hui. Je n'ai pas l'impression de dédoubler le travail de
consultation, mais de "détripler" le travail de consultation par la
création ou le maintien de l'ensemble de ces organismes et pour faire
avancer quelque dossier que ce soit.
De plus, si vous lisez attentivement notre programme, vous verrez que
nous avons choisi, entre autres, de privilégier un de ces outils de
consultation qui s'appelle le Conseil consultatif du travail et de la
main-d'oeuvre, que votre gouvernement avait choisi de "tabletter" lorsque ce
conseil a osé donner au ministre du Travail de l'époque - si je
me souviens bien, il s'agissait du député d'Anjou, actuellement
chef de l'Opposition - un avis avec lequel le ministre n'était pas
d'accord. Vous avez décidé, pour court-circuiter cet organisme,
de créer d'autres organismes. Lorsqu'un autre organisme vous donnait un
avis avec lequel vous n'étiez pas d'accord, vous décidiez de le
court-circuiter et de créer un autre organisme, jusqu'à
l'aboutissement de la création d'un ministère à la
Concertation.
Vous ne pouvez pas nous blâmer de reprendre le débat
à neuf, de dire que l'on va faire confiance aux gens quel l'on va
consulter, que quelquefois on recevra des avis qui feront notre affaire et que
quelquefois on recevra des avis qui, prima facie, auront l'apparence de ne pas
faire notre affaire. Mais ce n'est pas ce qui va faire en sorte qu'il y aura ou
qu'il n'y aura pas véritable consultation. La véritable
consultation s'analyse dans qui on peut rejoindre, dans quel forum on peut les
rejoindre et non par la multiplicité de la création des forums
à l'intérieur des...
M. Charbonneau: Le ministre mélange les choses. Il y a des
objectifs, puis il y a des moyens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était mélangeant
la situation dont j'ai hérité.
M. Charbonneau: Oui, mais j'imagine que vous avez choisi de faire
d'autres sortes de "tablettes". Chacun choisit le "tablettage" qu'il peut
faire.
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): Non, je n'ai pas...
M. Charbonneau: Chaque gouvernement finit par faire un peu son
opération "tablettage". Vous avez choisi d'en "tabletter" d'autres, mais
ce qui m'intéresse, ce n'est pas de savoir ce que vous avez
"tabletté", puis de ne pas savoir si vous allez prendre des moyens
différents, mais c'est de savoir si vous allez continuer à viser
un certain nombre d'objectifs qui sont importants...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je tiens à vous
rassurer...
M. Charbonneau: ...des objectifs qui sont la mise en place d'une
politique de main-d'oeuvre, une politique que vous vous êtes
engagé à mettre en place, une politique sur laquelle on
travaillait. Que vous choisissiez des moyens différents pour y arriver,
c'est votre prérogative. En temps et lieu, on fera le bilan et
l'évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en avez parlé pendant
dix ans.
M. Charbonneau: Ce que je veux savoir, c'est si vous maintenez
comme prioritaires les objectifs dont vous nous avez fait état durant la
campagne électorale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez parlé d'une
politique de main-d'oeuvre pendant dix ans et vous n'avez pas abouti. Cela fait
quatre mois qu'on est là et vous nous harcelez. Vous nous dites:
Qu'est-ce que cela veut dire que vous n'avez pas abouti? Je vous dirai...
M. Charbonneau: Ce n'est pas ce que je vous demande. Je ne vous
demande pas de la livrer aujourd'hui, je vous demande si c'est une
priorité, pour vous, dans les prochains mois, si vous comptez y affecter
des ressources humaines pour y travailler. Vous me dites que vous avez
décidé d'utiliser d'autres instruments de consultation.
Très bien. Mais ce que je veux savoir, c'est si vous allez y travailler
au cours des prochains mois et comment vous allez y travailler. C'est tout ce
que je voudrais savoir. Je ne vous demande pas de livrer la marchandise
aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui concerne les
éléments qui sont contenus dans le programme du Parti
libéral du Québec et que nous avons soumis à la population
à l'occasion de la dernière campagne électorale pour fins
de considérations, non seulement, comme ministre, je m'applique à
mettre de l'avant les éléments de ce programme, mais j'ai fait
circuler à l'intérieur des ministères dont je suis
responsable tous les éléments de ce programme en demandant au
personnel qui est à la disposition des ministères de travailler
dans le sens et dans les orientations de ce programme qui a reçu
l'approbation de la majorité de la population au Québec.
Deuxièmement, je tiens à vous annoncer, au cas où
vous ne le sauriez pas déjà, que le président du Parti
libéral du Québec, M. Robert Benoît, crée un
comité bénévole ad hoc pour s'assurer que chacun des
ministres...
M. Charbonneau: Un autre!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, de bénévoles.
Chaque fois qu'on prononce le mot "bénévole", vous vous insurgez,
vous vous insultez. Quand je vois les honoraires des consultants, je me dis
qu'on est peut-être chanceux de compter sur certains
bénévoles. C'est pour s'assurer que chacun des ministres voie,
dans le domaine de la juridiction, à l'application du programme pour
lequel on a été élu. Je tiens à féliciter
publiquement le président du parti de prendre une telle initiative.
M. Charbonneau: La publicité partisane étant
terminée, je voudrais juste avoir une réponse. Est-ce que vous
aurez un service particulier, au cours des prochains mois, à
l'intérieur du ministère, qui travaillera à cette
politique de main-d'oeuvre? Si oui, lequel?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les moyens appropriés
seront pris pour nous assurer que ce qui est contenu dans le programme soit
appliqué.
M. Charbonneau: Je pense que c'est clair, vous n'avez pas encore
d'idée la-dessus.
Qu'arrive-t-il de la nouvelle Direction des relations avec les
partenaires socio-économiques? Est-ce qu'elle aussi est sur la
tablette?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous savez, les partenaires
socio-économiques, on les rencontre...
M. Charbonneau: C'est celle de votre ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme c'était celle du
ministère de l'Emploi et de la Concertation qui disait que
c'était lui l'interlocuteur privilégié auprès des
partenaires socio-économiques, comme cela a été le cas du
Comité consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui nous disait que
c'était lui l'interlocuteur privilégié auprès des
intervenants socio-économiques, comme c'était le cas des sommets
socio-économiques où on disait que c'étaient les agents
socio-économiques qui étaient les interlocuteurs
privilégiés auprès des intervenants. Je pense qu'un peu
d'unification et de planification va aider à oxygéner l'air qui
s'est retrouvé pollué par la création d'une multitude
d'organismes qui, tous et chacun, à bon droit, se réclamaient
d'être le principal intervenant auprès des organismes
socio-économiques. On va éviter de les multiplier.
M. Charbonneau: Finalement, si je comprends bien, le
Secrétariat des conférences socio-économiques dont vous
héritez également est sur les tablettes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous commencez
è comprendre. Cela va dépendre...
M. Charbonneau: Pour être bien sûr qu'on se
comprenne, je vais faire le résumé. La politique de main-d'oeuvre
du ministère est sur les tablettes; la Direction des relations avec les
partenaires socio-économiques du ministère est sur les tablettes;
le Secrétariat des conférences socio-économiques est sur
les tablettes; la Table nationale de l'emploi et le Secrétariat de la
concertation et de l'emploi sont sur les tablettes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pourriez ajouter, au moment
où on se parle -vous n'avez pas fait le portrait complet - le Conseil
consultatif du travail et de la main-d'oeuvre qui est également, au
moment où on se parle, sur les tablettes. Savez-vous pourquoi? Parce
qu'on va décider quel sera l'organisme qui sera le principal intervenant
auprès des groupes socio-économiques et on ne recréera pas
le fouillis que le précédent gouvernement a
créé.
Je pense que là-dessus vous allez nous appuyer et vous allez nous
suivre parce que vous deviez trouver cela drôlement mélangeant
d'avoir tant d'organismes.
M. Charbonneau: Je me sens moins mélangé que le
ministre, je ne sais pas pourquoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: J'aurais une question à poser au ministre. Si
je comprends bien, on avait formé tellement d'organismes, tellement de
tables de concertation et tellement de choses que - je pense que vous allez
nous le dire - on ne savait pas où on allait. Est-ce cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On l'a vu tantôt dans un
exemple pratique.
M. Lemire: Cela ne fait pas longtemps que je suis arrivé
là-dedans.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le député de
Verchères m'a demandé ce qui était arrivé avec les
programmes de temps partagé, etc. Il a dit: Pourtant, on avait eu une
entente de principe à un des sommets, à une des tables, à
un des organismes, etc. À force de diffuser, les gens allaient à
une table, ils disaient quelque chose; ils allaient à l'autre table pour
nuancer le quelque chose dit à la table précédente; ils
allaient à une autre table et nuançaient ce qui avait
été dit aux deux autres tables, mais les ministres titulaires,
celui du Travail, celui de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et celui de l'Emploi et de la Concertation, étaient tous et
chacun satisfaits de la concertation obtenue à chacune des tables,
même si la concertation d'une table à l'autre pouvait varier.
Lorsqu'on arrivait pour proposer une action gouvernementale, on se fiait sur
des consensus de concertation. Lorsqu'on arrivait au Conseil des ministres,
j'ai l'impression que quelqu'un disait: La concertation m'appartient et un
autre disait: Non, la concertation, c'est mot. L'autre disait: Le premier
ministre vient de créer un ministère de la Concertation. Alors,
voulez-vous évacuer mon champ de la concertation. Mais, là
où il manquait de concertation, c'était là où les
décisions devaient se prendre à la toute fin.
Je tiens à souligner que les propos du député sont
quand même importants. On ne peut pas, dans des dossiers majeurs, bouger
sans faire place à la concertation. Je pense que vous l'avez
souligné, et à juste titre, ce matin.
M. Lemire: II manque d'ordre là-dedans. On va mettre de
l'ordre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsque vous étiez dans de
meilleures dispositions, vous avez dit: II se produit, au niveau du
ministère du Travail, quant à l'Office de la construction du
Québec, une concertation qui
paraît saine. Moi aussi, je pense qu'elle paraît saine,
même si elle est fragile, cette concertation.
Mais pendant que je suis en train de faire une concertation sur des
sujets très précis, si je m'aventurais à tenter une
concertation sur des sujets connexes, je risquerais de mettre en péril
la concertation sur des sujets précis. J'aime autant aboutir d'une
façon sérieuse et responsable dans un dossier, après avoir
établi la concertation nécessaire, et "prioriser" un autre
dossier pour aboutir à réaliser ainsi, mois après mois,
année après année, l'application de l'ensemble des
engagements que nous avons pris comme formation politique à l'occasion
de la dernière campagne électorale.
M. Charbonneau: On reparlera de cela lorsque ce sera le temps de
faire l'évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain que, quelles que
soient nos réalisations, vous allez trouver à redire. C'est votre
rôle et je vous en voudrais de ne pas le faire.
M. Lemire: M. le ministre, juste un éclaircissement. Cela
veut dire que si je constate, dans le domaine de la construction par exemple,
avec la CSST et l'OCQ, que l'inspecteur qui fait l'inspection pour la
prévention, c'est le même gars qui émet en même temps
les infractions, cela veut dire que cela devient une confusion. Depuis quelques
années, il y a une confusion sur des choses comme celles-là. Ce
qui saute aux yeux présentement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous mentionnez à
propos de l'inspection dans le domaine de la construction, on ne parle plus de
dédoublement, on ne parle plus de "détriplement", on ne parle
plus de "déquadruplement", on parle d'une multitude d'inspecteurs dont
on pourrait réunir les fonctions pour un seul individu. Mais que
voulez-vous? Cet éparpillement de tables de concertation a fait en sorte
qu'on s'est concertés pour un inspecteur qui faisait telle affaire, pour
un autre inspecteur qui faisait telle autre affaire, pour un autre inspecteur
qui faisait telle affaire, etc.
Le député de Verchères, de l'Opposition, me demande
aujourd'hui de maintenir cet ensemble d'institutions de concertation. Il y a,
dans certains cas - je le porte à son attention très
immédiate - des représentations qui m'ont été
soumises par divers groupes parmi les plus importants dans la
société. Ils m'ont confié qu'ils étaient
conviés à tellement de tables de concertation en même temps
qu'ils devaient "prioriser" les tables de concertation où ils devaient
envoyer leur porte-parole le plus important, parce que ces tables pouvaient se
mettre à siéger toutes en même temps, selon que si le
ministre du Travail avait décidé que c'était le dossier
prioritaire ou que Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu avait décidé que c'était
autre chose, pendant que le ministre de la Concertation avait
décidé de faire une superconcertation. Si vous êtes, je ne
sais pas, pour prendre des exemples bien connus, président de la
Fédération des travailleurs du Québec ou président
du Conseil du patronat, vous ne pouvez pas, pas plus que si vous êtes
député ou ministre, être à trois tables en
même temps. Là, il fallait "prioriser" la table de
concertation.
Ces gens se sont plaints de la multiplicité des tables que
l'ancien gouvernement, de bonne foi, avec de bonnes intentions dans chacune des
cours de chacun des ministres respectifs - je ne prête aucune mauvaise
intention - avait mises sur pied. Mais peut-être qu'au moment où
le premier ministre, M. Lévesque, avait décidé de
créer un ministère à l'Emploi et à la Concertation
il aurait dû réévaluer les mécanismes de
concertation, en tout cas dans les domaines de la main-d'oeuvre et du travail,
qui étaient déjà éparpillés au sein du
ministère du Travail et du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, et faire en sorte que M. Dean soit vraiment
le ministre de la Concertation, en lui confiant les tables de concertation.
Mais on a choisi l'éparpillement qui a mené finalement
à ce qu'on a connu. (20 h 30)
M. Lemire: On avait l'impression que, dans le domaine de la
construction, dans différents domaines, quand le gouvernement au pouvoir
ne voulait pas qu'un problème se règle, il formait un autre
comité. C'est l'impression qu'on avait depuis quelques
années.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne l'ai pas vécu comme
vous avez pu le vivre parce que vous étiez dans ce domaine, dans la
pratique privée. Nous, de l'intérieur, on n'est pas allés
aussi loin que vous de l'extérieur qui l'avez vécu...
M. Lemire: On était très malheureux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...dans les intentions qu'on a
prêtées au gouvernement. On avait l'impression qu'on tentait de
nous mélanger un peu, de semer la confusion dans la
société. C'était l'impression qu'on avait et je pense
qu'on l'a dit clairement. Maintenant, si vous me dites que vous avez eu une
perception encore plus négative, je conçois que, avec le
métier que vous exerciez et toute l'expérience que vous aviez
dans le secteur privé, vous étiez peut-être plus proche de
la vérité qu'on pouvait l'être
à l'intérieur de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, j'espère que le
député de Saint-Maurice finira par être heureux au moins
dans son rôle de député s'il ne l'a pas été
dans son rôle d'homme d'affaires.
M. Lemire: ...un bon ministre.
M. Charbonneau: Tant mieux pour vous. En attendant, je voudrais
demander au ministre s'il serait capable de nous fournir une copie de l'avis du
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre, maintenant "tablette",
sur le rapport du Bureau international du travail qui s'intitulait "Politique
de l'emploi". Je ne veux pas avoir cela ce soir, mais dans la mesure où
ils sont "tablettes", ils vont avoir le temps de trouver le document et de nous
le faire parvenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous indiquerai tout simplement
que c'est entré sous un autre gouvernement. Je vais regarder si on peut
retracer quelque chose. Cela me fera plaisir de... Cela fait au moins deux ans
que c'est entré. Vous auriez peut-être dû le demander dans
le temps.
M. Charbonneau: C'est parce que cela va nous éviter...
C'est pour cela que je vous demande cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour vous accommoder...
M. Charbonneau: De toute façon, ils vont avoir du temps
pour faire des recherches, ils sont "tablettes".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les rapports!
M. Charbonneau: Non, les gens du Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les gens chez nous sont quand
même mis à bonne contribution à l'intérieur du
ministère.
M. Charbonneau: Je ne sais pas comment on peut être
à contribution quand on est gelé sur la glace.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce sont... Je pense qu'on
s'est mal compris. On n'a pas gelé d'effectif...
M. Charbonneau: Je pense qu'on s'est bien compris. Vous avez
décidé de "tabletter" une série d'organismes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...humain. On a mis un hola
à cette multitude de tables de façon à prendre le temps de
mettre en place un organisme de consultation et de concertation qui brille plus
par son efficacité que par sa diversité. Que voulez-vous
exactement? Je veux être certain de donner suite à votre
demande.
M. Charbonneau: II y a eu un rapport du Bureau international du
travail sur la politique de l'emploi et il y a eu un avis qui a
été émis par le conseil consultatif sur ce rapport. Je ne
sais pas s'il date d'hier ou d'avant-hier, mais je suis un peu comme vous, je
n'étais pas au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la même chose. Je fais
preuve de beaucoup de souplesse.
M. Charbonneau: On se comprend. Très bien!
Le Président (M. Bélanger): Si je comprends bien,
M. le député de Verchères, vous voulez savoir si un tel
rapport existe.
M. Charbonneau: Je sais qu'il existe. Je voudrais en avoir une
copie. Je pense que le ministre peut s'organiser pour nous en faire parvenir
une.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on le retrouve. Â la
condition que ce ne soit pas au cabinet parce que lorsqu'on est entré au
cabinet, il ne restait même pas de calendrier. Remarquez que
l'année achevait...
M. Charbonneau: Je présume que le ministre connaît
les règles du jeu. Quand je suis entré député il y
a neuf ans, il n'y avait pas grand-chose dans le bureau du
député. Je n'ai pas l'impression que le ministre va nous en
laisser beaucoup quand il partira.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en apporte le minimum.
M. Charbonneau: On verra cela dans le temps comme dans le temps.
Concernant les communications du ministère, le ministre nous a
confirmé que l'opération Déclic-Jeunesse était
abandonnée et qu'on avait également abandonné la
publication du Journal du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de la publicité
de Déclic-Jeunesse, je voudrais que les propros soient
métigés. Sur le plan de la publicité de
Déclic-Jeunesse.
M. Charbonneau: C'était cela finalement
Déclic-Jeunesse. C'était une opération
de présentation et d'information d'un certain nombre de
programmes gouvernementaux. Ce n'était pas autre chose que cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il y a encore des jeunes qui sont
dans les bureaux de Déclic-Jeunesse.
M. Charbonneau: Je comprends, c'était une
présentation du bureau de Déclic-Jeunesse, on se comprend. Il y a
un certain nombre de mesures gouvernementales dont on a parlé cet
après-midi qui étaient offertes dans des cadres particuliers et
étaient...
M. Paradis (Brome-Missisquoi); C'est strictement la publicité qui
a été coupée de plus ou moins 1 000 000 $.
M. Charbonneau: S'il n'y a plus de publicité sur ces
programmes, d'une part, si par ailleurs, la publicité qui a
été effectuée au cours des deux dernières
années a donné les rendements qu'on connaît,
c'est-à-dire qu'il y a eu 80 000 participants plutôt que 50 000,
qui était l'objectif initial, le ministre a-t-il prévu d'autres
mécanismes de promotion ou de publicité pour faire
connaître les programmes existants aux jeunes et aux moins jeunes qui ont
des problèmes d'employabilité et qui doivent avoir recours, nous
le souhaitons tous, à ces programmes d'aide pour améliorer leur
situation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan de la
publicité, il y a des approches qui peuvent varier, M. le
député de Verchères. La clientèle cible que l'on
vise, c'est essentiellement les bénéficiaires de l'aide sociale.
On peut profiter de l'envoi du chèque ou de la remise de main à
main du chèque pour remettre l'information - non pas de la
publicité - relative à l'ensemble des programmes. La
publicité qui était effectuée sous l'ancien gouvernement
visait l'ensemble de la population, même si ce n'était pas des
clients potentiels. C'est l'approche qui est un peu différente. Il y a
une approche, celle qu'on veut adopter, qui s'apparente beaucoup plus à
de l'information et il y a une approche qui peut s'apparenter beaucoup plus
à de la propagande. On a choisi l'approche de l'information plutôt
que l'approche de la propagande. On pense - on peut se tromper, on est
conscient qu'il y a une marge d'erreur - qu'on peut atteindre sur le plan de la
clientèle cible les mêmes objectifs avec une approche
d'information en ne bénéficiant pas, cependant, sur le plan de la
propagande, de ce que cela peut rapporter à un gouvernement.
M. Charbonneau: II faudrait arrêter de charrier. La
propagande... Ce qu'on a donné comme publicité, c'est de
l'information. Le résultat, c'est qu'on a eu 80 000 participants
plutôt que 50 000.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais si vous l'aviez
donnée...
M. Charbonneau: Si le ministre connaissait un peu le sujet - je
présume qu'il n'est pas complètement ignorant, il fait du bureau
de comté, je sais qu'il s'occupe de son comté - il devrait savoir
combien de ces jeunes en particulier, parce qu'on parle en particulier, les
moins de 30 ans, ont été visés et rejoints pas ces
programmes-là. Souvent, ils sont rejoints par d'autres personnes qui en
ont entendu parler et qui, finalement, font tout un travail. Il ne faut pas
faire tout le temps de la démagogie. Je veux bien comprendre que, de
temps en temps, le ministre veuille nous en envoyer des petites vite, mais dans
ce dossier, comme dans un certain nombre d'autres, parfois, on aimerait avoir
des réponses qui s'élèvent un peu. Dans ce cas-là,
le ministre reconnaîtra que s'il ne choisit pas le mécanisme de
promotion que nous avions choisi, il n'est pas certain qu'il va avoir
l'efficacité. C'est bien beau de demander à des gens qui vont
faire des contrôles de faire en plus de l'information, mais je ne suis
pas sûr que lorsque la personne va voir arriver quelqu'un qui va lui
poser une série de questions sur les contrôles, elle va avoir le
goût d'écouter de l'information après cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, si
vous vous informez, si vous mettez une petite note dans l'enveloppe avec le
chèque, cela ne coûte pas 1 000 000 $ pour dire qu'il y a tels
programmes qui existent, etc. On l'a fait déjà sur le plan de
l'information lorsqu'il a été question d'informer les
assistés sociaux que l'indexation annuelle était maintenue, mais
qu'elle ne l'était plus sur une base trimestrielle. Il y a des
façons de communiquer avec les gens...
M. Charbonneau: Ce n'est pas sur cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, il y a des façons
de communiquer avec les gens pour leur indiquer quelles sont les mesures,
quelles sont les façons de fonctionner du ministère, etc. On peut
aller d'une extrême à l'autre dans la publicité et dans la
communication, mais si vous profitez des centres Travail-Québec qui sont
déjà là, si les députés sont bien
informés et font régulièrement leur bureau de
comté, si les bénéficiaires à qui s'adressent ces
programmes sont informés, ce n'est pas parce qu'on n'a pas une annonce
entre la brasserie O'Keefe et General Motors qui annoncent une joute de
baseball des Expos à Montréal qu'on n'a pas fait notre job
d'informer la population.
M. Charbonneau: Vous nous dites donc que le ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, pour l'année
en cours, ne dépensera aucune somme d'argent à l'égard de
la publicité pour ces programmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce que je veux vous dire,
c'est que nous réévaluons chaque placement de publicité de
façon à s'assurer que nous avons un maximum d'efficacité,
c'est-à-dire que la clientèle que nous voulons rejoindre est
rejointe, qu'elle n'est pas privée de cette information qui est
nécessaire au bon fonctionnement du ministère mais que, à
la fin de l'année, l'ensemble de la population qui n'est pas
visée va peut-être ignorer un peu ce qu'on a fait et on fera un
peu moins de "pétage de bretelles".
M. Charbonneau: Vous avez une stratégie des médias
différente, très bien. Combien comptez-vous affecter, dans vos
crédits, à vos différentes campagnes de publicité
et de promotion?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moins de 500 000 $. On vient de
couper 1 000 000 $ seulement dans une affaire.
M. Charbonneau: Au total, l'an dernier, Déclic et les
autres programmes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y avait environ 1 200 000 $
l'an dernier et on va passer à moins de 500 000 $ cette
année.
M. Charbonneau: Le journal Travail-Québec tirait à
combien d'exemplaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 14 000.
Le Président (M. Bélanger): II y avait combien de
lecteurs. Est-ce que c'était mesuré? On sait, par exemple, que le
Journal de Montréal est lu en moyenne par quatre personnes.
M. Charbonneau: En tout cas, je vais vous dire, M. le ministre,
que je ne sais pas combien vous pensez économiser pour le Journal du
travail, vous l'avez dit tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 150 000 $.
M. Charbonneau: 150 000 $. Je vais vous dire honnêtement,
que, compte tenu des services qui étaient rendus, de la valeur des
documents de vulgarisation qui étaient communiqués via ce
journal, vous me permettrez d'être en désaccord avec votre
décision. Je vous inviterais bien humblement à la
reconsidérer. Je crois que, dans vos services de communications, le
Journal du travail est un acquis. Je regarde les textes, y compris les textes
sur les crédits budgétaires que défend, aujourd'hui, le
ministre, c'étaient des textes corrects faits par une équipe de
professionnels. Je vais vous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais il y a peut-être
des éléments qui vous manquent. Je comprends votre intervention,
mais j'avais deux journaux.
M. Charbonneau: Moi, je parle du Journal du travail. Avec le gros
30. Le 30 veut dire, en langage journalistique - j'ai été
journaliste pendant une couple d'années - la fin, et le rédacteur
en chef nous annonce que les compressions font en sorte que le
ministère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai lu tout cela aussi. Mais
quand vous parlez de toute l'équipe rédactionnelle et tout cela,
il y a encore un journal qui s'appelle L'intermission qui reproduit - pas
essentiellement les mêmes articles - les mêmes articles
d'intérêt privilégié dans les deux. L'autre ne
fonctionne et ne circule qu'à l'interne au moment où on se parle.
Quand vous me demandez de reconsidérer, dans la planification - j'y ai
déjà pensé, je vous en sais gré de me le souligner
- la possibilité de fonctionner avec un journal qui irait à
l'externe et qui aurait un encart, comme on l'appelle, plus précis pour
l'interne... Mais conserver deux journaux, c'est, encore une fois - je vous le
dis bien honnêtement et bien sérieusement - une approche... Je ne
blâme pas le gouvernement des années de croissance
économique qu'on a connues en 1981-1985.
M. Charbonneau: Si le ministre nous dit qu'il est prêt
à considérer, mot je crois que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais toute l'équipe est
encore en place...
M. Charbonneau: C'est cela. Je crois que les gens seraient
heureux d'annoncer que le 30 est un peu prématuré et que,
finalement, cette facture de média, d'instrument d'information et de
communication peut être modifiée, mais que, pour l'essentiel, il
va y en avoir auprès de ces lecteurs, de ces abonnés. Il y avait,
entre autres, les députés et bien des gens qui, dans l'opinion
publique, s'intéressaient à cette question de
problématique de main-d'oeuvre et de travail. Je crois qu'il y aurait
intérêt à regarder cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La décision n'a rien
à voir avec le contenu
rédactionnel du journal... M. Charbonneau: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...avec la qualité du
journal. La décision a à voir avec le fait qu'on se retrouve avec
deux journaux. J'ai souligné, moi, dès mon arrivée, j'ai
dit: Deux journaux. On m'a expliqué - j'en recevais un, moi aussi,
à l'époque, comme député; je ne voyais pas l'autre
parce que je n'étais pas à l'interne. J'ai dit: Qu'est-ce que je
fais avec deux journaux? On m'a expliqué qu'il y en avait un qui
était externe et l'autre était interne, mais même celui qui
est externe est lu à l'interne; j'ai eu l'occasion de le voir un peu
partout. Je me suis demandé s'il n'y avait pas possibilité, dans
le cadre des compressions budgétaires qu'on doit faire, si
c'était pleinement justifié et prioritaire d'avoir au
ministère deux journaux. Je me suis dit: Peut-être pas.
Maintenant, je vous avoue que la décision qui a été prise
fait en sorte qu'il y a à l'externe une clientèle qui est
privée, si je puis utiliser cette expression, d'une lecture qu'elle
avait l'habitude de consommer. Je n'exclus pas la possibilité de
l'opération que je viens de mentionner, c'est-à-dire de partir de
l'autre journal qui nous reste, d'avoir un encart, soit pour l'extérieur
soit pour l'interne - on consultera les gens qu'il faut -si on a les
crédits nécessaires pour le faire. Sur le plan des publications,
je suis prudent.
Bureau de la condition des femmes au travail
M. Charbonneau: Au sujet du Bureau de la condition des femmes au
travail, est-ce que le ministre pourrait nous indiquer quels sont les sujets
sur lesquels le bureau a eu à émettre des avis sur les dossiers
sur lesquels il travaille actuellement? (20 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que c'est un bureau qui
soutient le ministère dans son travail, qui a été
consulté régulièrement par le sous-ministre et ses
officiers au cours de l'année passée et qui l'est encore. Mais ce
n'est pas l'équivalent du Conseil supérieur de l'éducation
ou d'un...
M. Charbonneau: Non, mais c'est parce que j'avais compris,
à la lecture du rapport du ministère, celui que vous avez sans
doute lu, vous aussi, à un moment donné - vous êtes
là depuis quatre mois - que ce bureau émettait aussi des avis,
avait un rôle d'information auprès du public en
général, pas juste auprès de l'appareil interne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a un rôle
général à ce niveau. Vous avez sans doute pu voir quelques
"posters", etc., qu'il a préparés pour faire valoir dans certains
dossiers plus chauds et plus prioritaires...
M. Charbonneau: Est-ce qu'on pourrait avoir un bilan du travail?
Le ministre pourrait-il nous produire un bilan du travail qui a
été effectué auprès du public par ce bureau?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux tenter de le faire mais,
à ce moment-là, vous pourriez me le demander face à
n'importe quelle unité au ministère.
M. Charbonneau: Non, mais je ne vous le demande pas pour chaque
unité au ministère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que c'est une unité
au ministère, pas plus importante, pas moins importante que l'ensemble
des autres unités.
M. Charbonneau: Bien, écoutez, pour nous, elle est
importante. Le ministre peut considérer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, pas plus, pas moins,
elle est aussi importante que l'ensemble.
M. Charbonneau: Je comprends le ministre, mais il remarquera que
je ne lui demande pas un rapport sur chacune des unités administratives.
Je le lui demande parce que, d'après le rapport du ministère,
voilà un organisme interne qui aurait un rôle d'information
auprès du public. Le ministre peut-il nous dire s'il l'a
tabletté, celui-là aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Je ne sais pas si vous
comprenez le sens de la question que vous me posez.
M. Charbonneau: Oui, je comprends bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je suis prêt à
faire les démarches. II s'agit d'actions qui ont été
faites sous - si je peux me permettre l'expression entre guillemets -"votre"
gouvernement. Je peux faire des recherches pour voir si, sous "votre"
gouvernement, il y a eu plusieurs approches qui ont été faites
face au grand public par une des nombreuses unités du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Si vous recevez
la réponse, vous allez avoir deux possibilités. Ou bien vous
direz "quand on était au gouvernement, on en a fait beaucoup" et
peut-être que, lors d'une de vos conversations avec Mme Marois, elle
pourra vous l'indiquer ipso facto, ou vous pourrez vous dire "on n'a pas fait
notre travail". Cela n'a pas de bon sens.
C'est la situation dans laquelle on se
retrouve à l'occasion des premiers crédits. En tout cas,
dans Brome-Missisquoi, ils n'en ont pas fait trop. Je n'en ai pas vu trop.
M. Charbonneau: Vous me permettrez d'attendre le bilan avant de
voir ce que cela a donné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je vous dis que dans
Brome-Missisquoi, ils n'en ont pas fait trop. J'étais là assez
souvent pour vous dire qu'ils n'en ont pas fait trop.
M. Charbonneau: Ce n'est pas Brome-Missisquoi, M. le ministre,
qui est mon critère d'évaluation, pas nécessairement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais c'est important pour
moi.
M. Charbonneau: Vous allez voir, moi, je préfère le
comté de Verchères.
Une dernière question sur le programme 1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, vous allez, s'il vous
plaît, répéter très spécifiquement votre
question, parce qu'il s'agit de quelque chose d'un peu... Quand il s'agit d'un
organisme ou de quelque chose, on peut répondre plus facilement. Je veux
bien qu'on tente de répondre à votre question, mais si vous
pouviez préciser le libellé on va tenter de s'y conformer.
M. Charbonneau: Ce que je veux connaître, c'est le
rôle d'information auprès du public qu'a joué ce
bureau-là. Il a un rôle de liaison interministérielle. Il a
aussi un rôle de conseil auprès du sous-ministre, je
présume, et d'autres fonctionnaires sur des questions concernant la
condition des femmes au travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des communications, de
la diffusion auprès du public, il va falloir que je demande aux
communications chez nous, et non à cet organisme-là - eux, comme
n'importe quel organisme, n'ont pas ce qu'on appelle la porte ouverte sur le
public directement; ils passent par l'unité des communications...
M. Charbonneau: En tout cas, ce qui est important pour nous,
c'est de faire une espèce d'évaluation du Bureau de la condition
de la femme au travail.
Je voudrais savoir du ministre s'il entend non seulement maintenir, mais
éventuellement accroître le rôle de cette unité
administrative?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va faire notre possible.
Excusez, je n'ai pas compris la question. On va faire notre possible pour vous
fournir le maximum d'information. Si vous en êtes satisfait, vous nous
l'indiquerez, mais si vous désirez poser des questions additionnelles on
fera notre possible pour vous soumettre cela.
M. Charbonneau: Je vous ferai connaître mes
réactions, éventuellement. Très bien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain qu'on va finir par
les connaître.
M. Charbonneau: N'en doutez point. Vous en avez eu quelques-unes
aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre si vous
permettez. Vous parlez de documents qui vont être transmis. Est-ce qu'ils
vont être transmis uniquement au député de Verchères
ou à l'ensemble des membres de la commission?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la commission, je vais
procéder par la commission.
Le Président (M. Bélanger): D'accord,
c'était juste pour préciser pour mon intelligence.
M. Charbonneau: Je n'ai pas d'objection, je suis convaincu que le
député de Saint-Maurice va être très
intéressé.
M. Lemire: Parce qu'il ne va pas se faire passer un sapin.
M. Charbonneau: Pardon?
M. Lemire: II ne veut pas se faire passer un sapin; il veut que
ça passe de même.
M. Charbonneau: C'est un président qui suit les conseils
judicieux de sa secrétaire de commission, ce que le président de
la commission de l'économie et du travail fait également.
Bon! Il y a un document...
Le Président (M. Bélanger): Je ne suis jamais
allé à la commission de l'économie et du travail, je ne
sais pas.
M. Charbonneau: Vous viendrez faire un tour, M. le
Président, vous allez voir qu'on fait du bon travail. Vous demanderez au
député de Taschereau, un des membres éminents de notre
commission.
M. Leclerc: C'est surtout à cause des
députés ministériels.
M. Charbonneau: Je savais que celle-là
viendrait.
M. le ministre, vous avez un document intéressant qui s'appelle
"Rapport d'information de gestion, Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu" où on a une espèce de bilan
mensuel de l'ensemble des programmes. Le document que j'ai date d'octobre 1985.
Est-ce que cette publication interne se poursuit? Est-ce publié
régulièrement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, cela existe encore.
M. Charbonneau: C'est mensuel? Je pense que ce sont toutes des
données publiques, est-ce que vous auriez des objections à ce que
l'Opposition puisse en recevoir une copie régulièrement? C'est la
transparence même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est que je ne me souviens
pas d'en avoir reçu au cours des cinq dernières
années.
M. Charbonneau: Si vous ne l'avez pas demandé; ce n'est
pas mon problème. Je vous réfère à la façon
dont votre collègue de Laurier s'acquittait de ses fonctions de critique
en matière de main-d'oeuvre et de sécurité du revenu. Je
comprends pourquoi vous aussi n'en avez pas eu de copie.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je pense que lui non plus
n'en a pas eu.
M. Charbonneau: Vous savez, si vous voulez innover et vous
démarquer, c'est le temps encore une fois. Je pourrais même vous
en faire des photocopies.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous pouvons vous assurer, en ce
qui concerne ce document comme les autres, que la Loi sur l'accès aux
documents des organismes publics et sur la protection des renseignements
personnels va être respectée.
M. Charbonneau: Cela veut dire quoi? Je ne suis pas avocat, vous
l'êtes. Mais on va se comprendre. Je comprends que vous vouliez finasser
un peu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela veut dire qu'on va faciliter
le respect de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics et
sur la protection des renseignements personnels.
M. Charbonneau: On va s'organiser pour faire toutes les demandes
officielles qui doivent être faites pour qu'à chaque mois, s'il le
faut, et on va peut-être avoir le formulaire qui fera en sorte... M. le
Président, en ce qui concerne le programme 1...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions supplémentaires des autres membres de la commission?
Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 1? Doit-on
considérer que les crédits du programme 1 sont
adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Nous passons
à "Normes du travail". Il n'y a pas de numéro de programme, je
m'en excuse.
M. Charbonneau: M. le Président... Le Président
(M. Bélanger): Oui.
M. Charbonneau: ...je voudrais suggérer au ministre, s'il
n'a pas d'objection, je voudrais passer au programme 9 avant, quitte à
ce qu'on passe, par la suite, à "Normes du travail" et à l'autre
programme qui était...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce qu'on peut faire pour
accommoder les parlementaires à condition que la commission y consente.
Moi, je ne suis qu'invité ici.
M. Charbonneau: Ah! je le sais, vous nous le rappelez
souvent.
Formation professionnelle de la main-d'oeuvre
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on a l'accord
unanime de la commission pour passer au programme 9 sur la formation de la
main-d'oeuvre? On s'entend sur cela. M. le député de
Verchères, on vous reconnaît.
Négociations sur l'entente-cadre
M. Charbonneau: Merci, M. le Président et merci à
mes collègues qui, dans leur grande magnanimité, nous ont permis
d'aborder maintenant le programme 9. Il s'agit du programme de la formation
professionnelle. Ne vous surprenez pas, M. le ministre, si je commence par le
problème des négociations avec le gouvernement
fédéral au sujet de nouvelles ententes-cadres. Je veux savoir
où en sont actuellement les négociations? Vous nous avez dit, un
peu plus tôt aujourd'hui, à l'égard d'autres sujets, que
vous aviez eu des discussions avec Mme MacDonald. Où en sont les
négociations à ce moment? Je rappelle au ministre, pour lui
rafraîchir la mémoire, parce qu'il est tellement occupé
à toutes sortes de tâches que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...
M. Charbonneau: ...c'est l'efficacité qui me
préoccupe.
Le Président (M. Bélanger): Il est travailleur, M.
le ministre, ne vous inquiétez pas!
M. Charbonneau: Vous allez voir que le député de
Verchères, aussi, est capable de le suivre à trace.
Une voix: En tant que numéro 2, on comprend cela.
M. Charbonneau: Là, le ministre sait que depuis quelques
semaines il y a eu des organismes publics impartants reconnus - eux ne sont pas
"tablettes" encore - qui ont émis des avis dont il faut tenir compte. Il
y a eu le Conseil des collèges qui a émis un avis au ministre de
l'Enseignement supérieur et de la Science, mais qui a sans doute
été acheminé également au ministre de la
Main-d'Oeuvre sur les accords Québec-Ottawa en matière de
formation de la main-d'oeuvre et de leur impact sur l'éducation des
adultes au collégial. Il y a eu la Fédération des
collèges qui a également, au cours des derniers jours,
publié un avis. Il y a eu également, et cela a même
été publié dans les journaux, en particulier dans le
Devoir au début du mois, des textes rédigés par l'Institut
canadien d'éducation des adultes, très bien faits d'ailleurs, qui
résument toute la problématique du dossier et les propositions de
part et d'autre.
Ce qu'il m'intéresse de savoir, c'est, non seulement où en
sont les négociations à ce moment-ci, mais est-ce que le ministre
peut nous répéter clairement sa position à l'égard
des trois questions qui, semble-t-il, demeurent en litige? La première,
le contrôle des programmes Acquisition de compétence et
pénurie de main-d'oeuvre spécialisée; deuxièmement,
l'abandon du projet fédéral d'instituer des comités locaux
d'estimation des besoins qui feraient double emploi avec les commissions de
formation professionnelle; et toute la question de la formation en institution
où le gouvernement fédéral a l'intention de faire des
coupures de l'ordre de 40 %, c'est-à-dire 56 000 000 $, et où on
laisserait en plus l'initiative du choix des lieux de formation aux groupes
privés.
Il semble qu'il y ait eu une entente préalable, l'automne
dernier, sur la question des programmes liés à l'emploi, sauf un
dont on a parlé tantôt qui était en relation ou en
compétition, si vous voulez, avec le programme des travaux
communautaires.
Mais sur ces trois points précisément, quelle est la
position du ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Relativement à
l'Acquisition de compétence, le dossier chemine bien. Il chemine
même vers un aboutissement que l'on souhaite dans les meilleurs
délais. En ce qui concerne l'élé- ment 2, abandon...
M. Charbonneau: La position du ministre a-t-elle changé?Je
voudrais rappeler au ministre qu'on nous indique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela dépend. Je pense ne
vous l'avoir I jamais confiée, alors comment pouvez-vous me demander si
elle a changé?
M. Charbonneau: J'ai lu quelque part que le ministre avait repris
les positions de Mme Marois et qu'il les avait endossées. C'est pour
cela que je voudrais savoir aujourd'hui si on a mal lu les journaux, si
c'étaient des déclarations qui ont dépassé les
propos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai jamais
déclaré avoir...
M. Charbonneau: J'ai ici un texte de la Presse du dimanche 26
janvier 1986 ''Formation de la main-d'oeuvre, le régime Bourassa suivra
les traces de Pauline Marois. Le gouvernement libéral de M. Bourassa
maintiendra la position de l'ex-ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu, Mme Marois, dans ses négociations avec
Ottawa sur la mise en place des deux programmes fédéraux de
formation de la main-d'oeuvre. C'est ce qu'a indiqué à la Presse,
Mme Sylvie Marier, porte-parole du ministre du Travail du Québec, M.
Pierre Paradis. Les discussions - citation - se poursuivent et actuellement
chaque ministre procède à l'étude des propositions
formulées de part et d'autre. Cependant, le Québec ne modifiera
pas sa position de principe et continuera de défendre sa
responsabilité en matière de formation professionnelle. "Mme
Marois avait refusé en septembre de donner son aval au programme
Acquisition de compétence et pénurie de main-d'oeuvre
spécialisée qui s'inscrivait dans la stratégie nationale
de planification de l'emploi mis au point par la ministre de l'Emploi et de
l'Immigration, Mme MacDonald..." Puis on poursuit sur d'autres questions.
Si le ministre peut me permettre de compléter, dans le document
qui a été rendu public par l'Institut canadien d'éducation
des adultes, on présente bien d'une façon vulgarisée la
position du gouvernement fédéral puis la contre-proposition
québécoise.
À cet égard, on dit! "À l'égard de la
formation pour les personnes en emploi, c'est-à-dire (programme
Acquisition de compétence et pénurie de main-d'oeuvre
spécialisée), le Québec revendique le contrôle de
ses programmes en vertu de ses compétences constitutionnelles et aussi
pour éviter les dédoublements inutiles." Est-ce que c'est
toujours la position du ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des grands principes
les positions de principe que nous avons mises sur la table dès la
première rencontre sont demeurées les principes en vertu desquels
nous avons continué la négociation. En ce qui concerne votre
première question quant aux trois programmes Acquisition de
compétence, dans le respect de ces grands principes, une entente semble
imminente.
Quant au deuxième élément, l'abandon des
comités locaux, là, vous comprendrez qu'on attend des
confirmations certaines avant d'exprimer des commentaires aussi certains. Quant
au troisième élément, la formation en institution, la
négociation n'est pas aussi avancée qu'on le souhaiterait. (21
heures)
M. Charbonneau: Bon, d'accord. Je voudrais formuler ma question
à nouveau de façon que ce soit très clair. Le ministre
nous dit qu'à l'égard du premier point en litige, les grands
principes... Le ministre confirme ce que son attaché de presse a dit au
mois de janvier, à savoir que le Québec continue de revendiquer
le contrôle de ces programmes en vertu de ses compétences
constitutionnelles pour ainsi éviter les dédoublements inutiles.
J'ai bien compris. C'est ce que vous nous avez dit qu'au niveau des grands
principes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est bien ce qui est écrit
dans le journal.
M. Charbonneau: ...c'est toujours la position du Québec,
parce que le ministre ce n'est pas juste le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, c'est la position constitutionnelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'ailleurs, à chacune des
rencontres que nous avons eues, nous étions accompagnés par des
gens des Affaires intergouvernementales qu'on a à l'interne au
ministère et par les gens des Affaires canadiennes qui suivaient
précisément le dossier, sauf à une rencontre où
j'ai eu un tête à tête, le jour de la Saint-Valentin, avec
Mme MacDonald.
M. Charbonneau: Vous savez, la Saint-Valentin... Hier, il y avait
une émission sur Al Capone aux États-Unis. Sur la deuxième
question en litige, le projet fédéral d'instituer des
comités locaux d'estimation des besoins, le Québec demandait
à Ottawa d'abandonner ce projet puisque la nouvelle structure ferait
double emploi avec le réseau québécois des commissions de
formation professionnelle. Est-ce que c'est toujours la revendication du
Québec?
Il me semble que c'est clair, oui ou non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez
déjà négocié quelque chose avec le
fédéral, oui ou non?
M. Charbonneau: Je ne vous parle pas de la négociation. Je
vous parle de votre position è vous. Si c'est la même, vous me
dites qu'on est en négociation. Dans un cas, ce n'est pas avancé.
Moi, ce que je vous demande c'est votre position...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nos positions visent à
assumer au maximum la juridiction québécoise.
M. Charbonneau: Écoutez, répondez donc à ma
question simplement. Je vous demande si la position du Québec a
changé ou si elle est toujours la même. C'est clair? Vous pouvez
me dire que cette position-là est une position et que là on
engage une négociation, le résultat final dans une
négociation, on en perd et on en gagne. Ça c'est "Part of the
game". Moi, ce que je vous demande, c'est votre position de départ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le domaine de juridiction, on
en perd, on en gagne. Je suis un peu plus prudent que cela. Je ne sais pas si
c'était l'attitude du gouvernement précédent dans les
négociations...
M. Charbonneau: Écoutez, dites-moi donc oui ou non. Est-ce
que c'est toujours la position?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...lorsqu'il y en a eues avec le
fédéral, on en perd et on en gagne, mais ce n'est pas ma position
à moi.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est toujours la position, la demande
à Ottawa d'abandonner ce projet puisque cette structure ferait double
emploi avec les commmissians de formation professionnelle? Il me semble que
c'est clair. Il me semble qu'il n'y a pas de cachette à faire. Si c'est
la position du gouvernement libéral, très bien. Dites-nous le. On
va être bien content. Si ce n'est pas cela, on aimerait bien
connaître votre nouvelle position?
Je ne pense pas, M. le ministre, que je vous fasse une demande
exagérée. Vos réponses vont intéresser les
organismes dont j'ai parlé tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des juridictions, nous
n'avons rien laissé tomber de nos demandes ou de nos
énoncés de principe initiaux, de nos positions de départ
sur le plan des principes.
M. Charbonneau: Pour que le monde ordinaire comprenne bien, pour
que les gens de votre comté qui lisent les journaux
comprennent...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Its me comprennent eux, c'est avec
vous qu'ils ont de la misère.
M. Charbonneau: Autrement dit - le ministre me corrigera si je
l'interprète mal -sa réponse, si on la formulait autrement,
pourrait être la suivante: Oui, le Québec demande toujours
à Ottawa d'abandonner ce projet puisque cette nouvelle structure ferait
double emploi avec le réseau des commissions de formation
professionnelle. J'ai bien compris votre réponse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le Québec maintient
toujours qu'il doit assumer sa pleine juridiction dans ce domaine.
M. Charbonneau: Je ne suis pas certain. Je vous parle des
comités locaux d'estimation des besoins, une des trois questions
à l'étude. Arrêtez donc de jouer avec moi.
Répondez-moi donc clairement, franchement.
Si vous voulez avoir la collaboration de l'Opposition, peut-être
qu'à un moment donné, il faudrait nous donner des réponses
claires quand on pose des questions précises.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais lorsque nous
sommes...
M, Charbonneau: L'Institut canadien d'éducation des
adultes, le Conseil des collèges, la Fédération des
collèges et tous les gens au Québec qui oeuvrent dans des
commissions de formation professionnelle, ce soir, ce qu'ils attendent de vous,
c'est des réponses claires. Ils veulent savoir si la position du
Québec a changé. Il y a des organismes qui ont pris la peine au
cours des derniers jours de faire des représentations publiques dans des
médias qui ne sont pas Allo Police, que le ministre a
discrédité cet après-midi, mais dans des médias des
plus réputés du Québec, qui ont pris la peine d'alerter
l'opinion publique sur l'importance de ces enjeux.
Je crois, M. le ministre, que le minimum que vous pourriez nous dire ce
soir, c'est franchement la position de votre gouvernement sur ces trois
questions en litige qui ont été très explicitement
présentées par les organismes. Écoutez, il me semble que
c'est le bon sens et que l'Opposition ne formule pas une demande
exagérée. Si vous ne voulez pas me dire ce qui se passe à
la table de négociation, je vous répondrai que je ne vous l'ai
pas demandé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'est-ce que vous pensez que vous
demandez alors?
M. Charbonneau: Ce que je vous demande, c'est quelle est votre
position de départ? Quelle est votre exigence? Quelle est la position du
Québec? Est-ce que la revendication du Québec est toujours la
même? Est-ce que la position du gouvernement du Québec et de
l'État québécois a changé depuis le 2
décembre, à cet égard, ou si elle est toujours la
même?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous l'avez vous-même
indiqué, vous ne voulez pas vous immiscer dans les négociations.
Vous connaissez les principes de base de nos discussions. Nous n'avons
reculé sur aucun de ces principes. Nous sommes, quant aux trois
éléments que vous avez mentionnés, optimistes quant
à une entente au sujet du premier élément. Nous attendons
des confirmations les plus strictes quant au deuxième
élément. Quant au troisième, les négociations des
plus sérieuses mais difficiles sont en cours.
M. Charbonneau: M. le ministre, la réponse, je vais vous
le dire bien franchement, est totalement insatisfaisante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais c'est la
vérité.
i
M. Charbonneau: Ce n'est pas la vérité. Ce
que vous me dites là, c'est du "flâsage" pour ne pas me donner une
réponse claire et précise. Ce n'est pas compliqué de
savoir si, oui ou non, la position du Québec a changé. Moi, si
j'étais à votre place et que j'avais changé de
côté de Chambre... '
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je viens de vous
l'indiquer.
M. Charbonneau: ...et qu'à un moment donné on me
demandait si...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je viens de vous l'indiquer.
Est-ce que vous voulez écouter? Je viens de vous indiquer que les
principes qui ont servi au début des négociations et sur lesquels
nous avons assis notre argumentation sont les principes qui sont toujours
là et que nous n'avons reculé sur aucun desdits principes.
Je m'excuse si ce n'est pas tout à fait le vocabulaire que vous
avez employé mais, pour vous accommoder, je ne ferai pas des efforts de
sémantique...
M. Charbonneau: Oui, mais vous savez que le vocabulaire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...avec un dictionnaire des
synonymes.
M. Charbonneau: Je comprends que la loi 101 vous embête un
peu, mais il me semble qu'en français on peut utiliser une
formule ou l'autre mais, l'important, c'est que, finalement, quand il y
a des synonymes ou des équivalences, tout le monde comprend...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous demande de
considérer à son juste mérite ce que je viens de vous
exposer et de faire preuve d'ouverture d'esprit.
M. Charbonneau: ...qu'il y a quelque chose de différent.
Oui, mais une équivalence est une équivalence. Si vous tenez des
propos, que je tiens des propos et que, finalement, le citoyen doit comprendre
que c'est la même chose, très bien, mais ce n'est pas clair dans
les propos du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que le citoyen a compris, c'est
que sous le gouvernement antérieur le Québec, dans les
négociations, a perdu beaucoup sur le plan constitutionnel et qu'avec le
présent gouvernement il est en train de récupérer
beaucoup.
M. Charbonneau: Là-dessus, ne soyez pas trop
téméraires et pas de bravade. Après quatre mois, je pense
qu'il est pas mal tôt pour porter un jugement de cette nature.
Je vais poser une troisième question sur le troisième
dossier...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes au moins d'accord
sur la première partie?
M. Charbonneau: Non, mais je laisserai les historiens
évaluer si le Québec a avancé ou reculé sur cette
question.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, avant de passer à l'autre
volet, il y a M. le député de Taschereau, sur le deuxième
point, qui aurait une question.
M. Charbonneau: Sur le deuxième point, c'est cela?
M. Leclerc: Non. C'est sur l'ensemble de la formation
professionnelle.
M. Charbonneau: Ah! Je vais finir la troisième...
M. Leclerc: Ah! D'accord. J'y reviendrai après.
Excusez-moi.
M. Charbonneau: D'accord. Le troisième dossier concerne la
formation en institution. On dit: "Le Québec propose à cet
égard une solution de compromis selon laquelle le gouvernement
fédéral reconnaîtrait qu'il y a eu des coupures dans ce
programme, au cours des dernières années. En augmentant son
budget de 10 % par rapport à celui de 1985-1986 et en l'indexant par la
suite de 5 %, le Québec, pour sa part, s'engagerait è consacrer,
d'ici à trois ans, près de 60 000 000 $ à la formation sur
mesure pour répondre aux besoins des entreprises dont les
employés seraient consultés. "La seule des quatre
contrepropositions québécoises à être
acceptée, est la première..." C'est un résumé de
l'ensemble qui concerne les quatre. Sur la question de la formation en
institution, est-ce que votre contreproposition est toujours sur la table?
Est-ce que vous vous opposez toujours à la coupure de 56 000 000 $ que
le gouvernement fédéral a l'intention de faire? Est-ce que vous
vous opposez toujours au fait qu'on laisserait maintenant le choix du lieu de
formation aux groupes privés? Est-ce que, finalement, vous êtes
conscient que tout le réseau collégial attend actuellement une
réponse du ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu pour savoir si c'est un allié ou non dans ce débat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux donner des
éclaircissements. Quant au point 2 que vous avez mentionné, nous
sommes toujours en opposition; quant au choix par l'entreprise privée du
lieu de formation, nous avons toujours été d'accord avec ce
principe.
M. Charbonneau: De quoi? Du choix, disiez-vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De l'endroit de formation.
M. Charbonneau: C'est-à-dire que vous êtes d'accord
avec le gouvernement fédéral pour cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on est d'accord avec le
principe que l'entreprise privée choisisse le lieu.
M. Charbonneau: Entendons-nous bien. Ce que vous nous dites,
c'est que vous êtes contre la position du Conseil des collèges, de
la Fédération des cégeps et de tous les organismes qui
considèrent que c'est aller à contre-courant par rapport à
tout le travail qui s'est fait au cours des dernières années.
C'est ce que vous nous dites? C'est important, ce que vous nous dites
là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on dit est toujours
important, cela dépend de la question.
M. Charbonneau: Cela n'a pas toujours été important
aujourd'hui, mais cela, c'est important.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela dépend de la question
que vous posez. Ce
qu'on vous dit, c'est qu'en matière de formation, nos commissions
de formation professionnelle demeurent le pivot sur le plan du contenu
académique, etc., et que rien ne se fait et rien ne bouge au
Québec sans que tout ce contenu soit approuvé par nos commissions
de formation professionnelle. La négociation à ce sujet est
presque réglée, ou en tout cas très avancée, pour
être un peu plus prudent.
M. Charbonneau: Ce que vous nous dites, c'est que vous partagez
le point de vue du gouvernement fédéral - c'est nouveau dans la
position québécoise - et que vous incitez le réseau public
québécois à s'inscrire en concurrence dans le libre
marché de la formation? C'est ce que vous nous dites?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Notre priorité, c'est de
s'assurer...
M. Charbonneau: C'est un recul.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, pour vous, c'est
comme dans le placement. C'était un recul, et vous avez
réalisé par la suite ce que vous aviez dit, et vous avez
reculé. Là, vous êtes encore dans un dossier où
vous...
M. Charbonneau: Vous verrez les réactions dans les
prochains jours, si j'ai mal compris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous vous embarquez! Notre
préoccupation au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu est de s'assurer, pour tout le contenu
académique, que la juridiction du Québec soit assumée, et
on l'assume par le biais de l'approbation, de la correction, etc., des cours
par nos commissions de formation professionnelle. Je pense que vous n'avez rien
contre cela. Je pense que, sur le plan de la juridiction, on est bien
protégé.
Maintenant, quant à l'endroit où doivent se dispenser les
cours, il y a des approches qui sont conflictuelles sur le marché, des
approches qui disent que les cours doivent être décidés,
les besoins des entreprises, des travailleurs, des employeurs doivent
être décidés par le monde académique. Il y en a
d'autres qui disent que cela doit être décidé par les gens
qui vivent ces problèmes chaque jour, c'est-à-dire le monde des
employeurs et le monde des travailleurs.
Au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, on s'assure que, quelle que soit l'orientation
préconisée, c'est une orientation de marché qui est
retenue. On veut éviter, autant que faire se peut, que des cours Boient
donnés pour le simple fait de donner des cours sur le plan
théorique. On veut s'assurer - c'est là un des objectifs qu'on a
à coeur - que les cours de formation qui sont donnés
répondent au maximum au besoin du marché. Si le besoin du
marché exige un cours en institution, le cours est donné en
institution. Si le besoin du marché indique que le cours doit être
donné en entreprise, le cours est donné en entreprise. Nous ne
sommes pas des dogmatiques, nous sommes des gens très pratiques face aux
cours de formation.
M. Charbonneau: Je vais vous citer un paragraphe de l'avis du
Conseil des collèges. Le ministre était très
empressé, au cours des derniers jours, à nous rappeler
l'importance de respecter l'avis de ces organismes, et il nous a
blâmés de ne pas l'avoir fait, d'avoir mis sur la tablette le
Conseil consultatif du travail et de la main-d'oeuvre. Là, vous avez un
conseil consultatif important, réputé, qui n'a pas
été "tabletté", celui-là, au cours des
dernières années...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, et ce n'est pas notre
intention de le "tabletter" non plus.
M. Charbonneau: ...qui vous dit: "La proposition
fédérale renverse aussi la priorité que le Québec a
toujours prônée du financement de l'éducation des adultes
dans les établissements d'enseignement. La proposition d'Ottawa
conduirait le Québec à ne considérer la formation en
établissement qu'à titre de recours résiduel lorsqu'une
entreprise décidera bien d'y faire appel. Une telle approche fait fi des
investissements faits au Québec depuis 1967 dans le réseau
public."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux vous replacer
dans le contexte? Ce que vous dites est différent de ce que vous disiez
avant. Lorsqu'on vous place dans le contexte de la diminution des sommes
allouées, nous nous opposons. Est-ce que c'est clair? Ce n'est pas le
même contexte que l'autre question que vous m'aviez posée
précédemment.
M. Charbonneau: Non, c'est parce qu'il y a deux
éléments.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous prenez deux
éléments, vous tentez d'en faire un seul et vous voulez obtenir
la même réponse pour les deux éléments. Nous
traitons les deux éléments de façon différente.
M. Charbonneau: Je vais vous les... (21 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux qu'on s'entende, on va
essayer d'en régler un à la fois. Sur l'élément que
vous venez de mentionner en le replaçant dans son contexte. Nous nous
opposons à la baisse des
crédits par le gouvernement fédéral quant à
l'élément que vous venez de mentionner. On s'entend?
M. Charbonneau: Sur cela, c'est clair.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Allons à l'autre
élément maintenant. Venez.
M. Charbonneau: Je vais citer un paragraphe du texte de
l'Institut canadien d'éducation des adultes qui parlait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ne citez pas hors contexte.
M. Charbonneau: ...de la position fédérale. On va
citer intégralement. Si le ministre n'a pas confiance en moi, je pourrai
lui en fournir une copie. La formation en institution. Désormais, c'est
autour des axes - c'est la position fédérale -
précédents qu'évolueront les interventions
fédérales dans le domaine de la formation professionnelle.
Qu'adviendra-t-il alors du programme de formation en institution contenu dans
l'accord 1982-1985?
À ce niveau, le gouvernement fédéral propose une
coupure de 40 % sur trois ans, c'est-à-dire 56 000 000 $, dont
près de 22 000 000 $ allaient aux coûts de base dans les
réseaux publics d'enseignement.
En cohérence - c'est cela votre deuxième affaire - avec sa
nouvelle stratégie, il laisse - le gouvernement fédéral -
l'initiative du choix des lieux de formation aux groupes privés,
incitant ainsi le réseau public à s'inscrire en concurrence dans
le libre marché de la formation qu'il crée de toutes
pièces par sa planification de l'emploi.
Est-ce que le ministre est d'accord avec cette position
fédérale? Est-ce qu'on doit comprendre, de sa réponse, que
c'est cela, que le ministre a changé la position du Québec et
que, maintenant, il partage l'avis du gouvernement fédéral sur
cette question?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de vous expliquer,
M. le député, si vous voulez porter attention, quant au
deuxième élément. En vertu de ce qui est proposé
par le fédéral, ou ce qu'on demande en vertu des
négociations qui ont lieu, une entreprise peut choisir - soit
l'institution, soit l'entreprise - mais ce choix doit s'inscrire dans une
planification qui permet aux institutions d'obtenir les crédits de base.
Est-ce que cela vous situe?
M. Charbonneau: C'est quoi? C'est la position du
Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est notre position.
M. Charbonneau: C'est changé. Il y a un changement par
rapport à celle de l'automne dernier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'automne passé, je
n'étais pas à la table, mais...
M. Charbonneau: II y a du monde autour de vous qui y
était.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour cela que je
vérifie. Les gens qui étaient là, l'automne passé,
me disent que c'est la même position que l'automne passé.
M. Charbonneau: Donc, comprenons-nous bien. Le Québec
continue de s'opposer au fait que le gouvernement fédéral demande
de laisser l'initiative du choix des lieux de formation aux groupes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a la question des
crédits de base.
M. Charbonneau: ...et aux entreprises. Je comprends les
crédits de base, mais il y a deux affaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une fois que les crédits de
base sont satisfaits, les institutions ont un nombre de cours, une fois les
crédits de base alloués. Après cela, s'il y a du
supplémentaire, on laisse le choix libre aux secteurs privés, et
cela fait l'objet de négociations présentement mais les
crédits de base, c'est quelque chose qu'on tient à obtenir.
M. Charbonneau: II me semble que ce n'est pas clair; c'est
nébuleux, vos explications. Il me semble que si votre position n'a pas
changé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Soyez plus précis dans vos
questions et on va tenter de vous éclairer davantage. Allez-y.
M. Charbonneau: Je vous ai lu le texte du document de l'Institut
canadien d'éducation des adultes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sortez du texte et posez ce que
vous ne comprenez pas comme question.
M. Charbonneau: Je vous pose la question bien simplement. Il y a
deux éléments dans le problème de la formation en
institution. Il y a les coupures...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a un qu'on a
réglé. On a réglé les coupures?
M. Charbonneau: ...et, le deuxième, l'initiative du choix
du lieu de formation aux groupes privés. Dans les deux cas, la
position
du Québec était de s'opposer aux deux demandes du
fédéral, premièrement. Deuxièmement, tous les
groupes concernés dans la société
québécoise, les réseaux publics d'enseignement, le
réseau de la Commission de formation professionnelle, tout le monde
appuie cette opposition à ces deux demandes fédérales.
Ma question est simple: Est-ce que, dans le deuxième cas, la
position du Québec a changé, oui ou non? C'est oui ou c'est
non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la même
réponse. C'est la même position qu'à l'automne. Si vous
n'êtes pas d'accord, vous vous en prenez aux deux gouvernements.
M. Charbonneau: Vous affirmez aujourd'hui à la commission
que la position n'a pas changé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Que la position du Québec
à la table des négociations n'a pas changé.
M. Charbonneau: N'a pas changé sur les deux questions?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vérifier sur la
première, parce que je viens de vérifier sur la deuxième.
Je n'étais pas là l'automne passé.
Après une longue consultation avec plusieurs des intervenants qui
étaient là au mois de novembre de l'année passée,
la position du Québec à la table n'a pas changé.
M. Charbonneau: Bon. Cela a pris du temps à avoir la
réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand on n'était pas
là, il faut consulter.
M. Charbonneau: Je comprends. Vous n'aviez pas besoin de faire
tout le baratin tantôt, vous n'aviez qu'à faire ce que vous venez
de faire. Ça aurait pris deux minutes et on aurait eu la
réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la première fois que
vous posez cette question.
M. Charbonneau: Voyons donc!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères, je propose qu'on suspende pour cinq
minutes, le temps de...
M. Charbonneau: Je n'ai aucune objection. À condition
finalement qu'on conserve les cinq minutes.
Le Président (M. Bélanger): On va revenir à
vous, il n'y a pas de problème.
M. Charbonneau: Je suis pour la gymnastique douce. L'exercice
physique. Je suis un amateur, M. le Président. Donc, ça ne me
dérange pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, est-ce
qu'on peut savoir si vous allez être disponible après 22 heures?
Vous deviez nous donner cette réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu. J'ai
demandé à quelqu'un d'aller vérifier tantôt.
Une voix: L'ajournement, c'est juste pour prendre une
bière tablette!
M. Charbonneau: Je les aime froides.
Le Président (M. Bélanger): Tu ne perdras pas de
temps. Je fais tout mesurer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un négociateur avec des
offres très précises.
Le Président (M. Bélanger): On suspend pour cinq
minutes, s'il vous plait!
(Suspension de la séance à 21 h 23)
(Reprise à 21 h 29)
Le Président (M. Bélanger): À la suite d'une
discussion avec les représentants de l'Opposition et le ministre, sur la
disponibilité de chacun, nous avons convenu que la commission ajournera
ses travaux à 22 heures et que les 40 minutes approximatives que nous
avons en banque, 38 minutes pour être précis, seront
reportées à la prochaine session, celle du 30 avril où
nous siégerons de 10 heures à 11 h 30. Nous siégerons donc
de 10 heures à 12 h 10, qui sera l'ultime limite où nous pourrons
aller puisque le ministre devra partir à 12 h 15 pour participer
à un Conseil des ministres, semble-t-il. D'accord?
Nous revenons donc aux questions. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, dans le programme 9, le
premier point concernait les négociations avec Ottawa sur
l'entente-cadre. Juste une dernière précision sur cette question
avant d'aborder un autre sujet relié à la formation
professionnelle. Je vais poser une question assez claire au ministre. Compte
tenu du contenu du programme politique du Parti libéral et du livre
beige qui semble, selon le programme politique toujours, être la bible
constitutionnelle du Parti libéral, est-ce que le ministre partage le
point de vue que le Québec doit avoir l'autorité exclusive en
matière de formation
professionnelle des adultes et que les fonds fédéraux
devraient à terme être rapatriés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est la position
fondamentale.
Nouvelle politique de formation
M. Charbonneau: Merci. Au sujet de l'évaluation, parce que
le deuxième sujet que je voudrais aborder, c'est le plan d'action, la
nouvelle politique de formation professionnelle des adultes qui a
été mis en branle à partir du mois de février 1984,
qui a donné naissance a la Direction générale de la
formation professionnelle au ministère.
Je voudrais d'abord connaître l'opinion du ministre sur cette
réforme. Quand a-t-elle été annoncée? Si mes
souvenirs sont bons, j'étais à ce moment-là
président de la commission de l'éducation et de la main-d'oeuvre
qui comprenait la formation professionnelle. Je me rappelle que le critique de
l'Opposition en matière d'éducation, qui est aujourd'hui ministre
de l'Éducation, avait formulé des critiques et des
réserves importantes a l'endroit de ce transfert de juridiction, ce
nouveau partage entre le ministère de l'Éducation et le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
Est-ce que depuis le 2 décembre il y a eu des discussions, des
pourparlers avec le ministre de l'Éducation pour essayer de renverser la
vapeur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai eu des échanges, des
discussions avec le ministre responsable du dossier de l'éducation et
les discussions que nous avons eues à ce jour sont teintées de
cordialité et...
M. Charbonneau: Sur la forme ou le fond?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était aussi cordial sur
le fond que sur la forme.
M. Charbonneau: Je veux bien, mais généralement le
fond, vous savez, le fond en soi ce n'est pas cordial, le fond cela a un
contenu. Je vais poser ma question autrement. Vous savez, le ministre
tantôt me reprochait de ne pas lui avoir posé des questions
claires. J'ai surtout l'impression qu'il fait exprès de ne pas
comprendre îes questions, parce que peut-être cela lui donne plus
de temps pour se trouver une bonne réponse. Ce que je lui demande...
Une voix: Ah non!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ou cela vous permet de trouver une
bonne question.
M. Charbonneau: M. le Président, c'est à lui
à répondre. Est-ce que le ministre peut me dire s'il est question
de la part du gouvernement de modifier la trajectoire dans laquelle on s'est
engagé depuis le mois de février 1984? Ou est-ce que c'est une
décision ferme: il y a eu un changement de gouvernement mais on continue
à aller de l'avant pour terminer l'opération qui avait
été amorcée en février 1984? D'ailleurs il y a des
crédits de prévus dans le budget que vous nous présentez
aujourd'hui. Est-ce qu'on peut s'entendre pour dire que maintenant c'est
quelque chose d'acquis, qu'on ne reviendra pas en arrière, qu'on
n'essayera pas de récupérer une partie de ce que
l'Éducation a perdu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Il n'y a pas eu de discussion de
fond là-dessus depuis l'assermentation du nouveau gouvernement.
M. Charbonneau: Cela c'est intéressant parce que
finalement cela nous indique un petit peu, un petit peu plus que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne veut pas dire qu'il n'y en
aura pas.
M. Charbonneau: Écoutez, ne me tentez pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je veux juste...
M. Charbonneau: Parce que là si le ministre ouvre une
porte...
M- Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dis toute la
vérité.
M. Charbonneau: Toute la vérité, rien que la
vérité, vous êtes un avocat, dites "je le jure", et est-ce
que dans ce cas-là vous pouvez nous jurer que vous allez
maintenir...
Le Président (M. Bélanger): Pas devant cette
commission.
M. Charbonneau: ...M. le Président, devant cette
commission ou ailleurs... Est-ce que c'est l'intention du ministre de maintenir
les acquis à l'égard de la formation de la main-d'oeuvre, tels
qu'ils ont été décidés depuis février
1984.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les acquis qui apportent le
maximum d'avantages à la population qui reçoit ces services
seront maintenus.
M. Charbonneau: Y a-t-il des avantages ou des acquis qui ont
été évalués au ministère comme
méritant un retour en arrière depuis?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas à
l'heure où l'on se parle.
M. Charbonneau: Vous allez avoir des problèmes avec nous
si cela continue, je peux vous dire cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va être tout à
l'heure.
M. Charbonneau: L'apprentissage et la qualification
professionnelle. D'abord, j'ai déjà émis l'opinion que si
le ministre se demandait encore pourquoi c'est votre humble serviteur qui est
le critique en matière du règlement de placement, c'est parce
qu'on considérait que le règlement de placement tout compte fait,
c'était une problématique de main-d'oeuvre, plus que de relations
du travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais que c'était
parce qu'il y avait beaucoup de division chez vous.
M. Charbonneau: Oh non, ne vous en faites pas. On fait un bon
partage des tâches, vous allez voir cela. II y a eu une
déréglementation de l'industrie de la coiffure qui a
été contestée, vous vous en souviendrez. II y a par
ailleurs une volonté de déréglementation du gouvernement
actuel qui est non équivoque. Il y a même un ministre responsable
de la déréglementation, il me semble, le ministre de la
Justice.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre.
M. Charbonneau: C'est ce que je vous dis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'avais compris "la" ministre.
M. Charbonneau: Non, non. Donc au sujet de l'apprentissage et de
la qualification professionnelle, est-ce qu'il y a d'autres intentions de
déréglementation qui sont actuellement à l'étude au
ministère, d'autres pistes de déréglementation qui sont
actuellement à l'étude au ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le premier ministre a formé
un comité de sages et de bénévoles sur la
déréglementation. Jusqu'à maintenant, ce comité de
sages et de bénévoles m'a indiqué que comme ministre
responsable des dossiers du Travail et de la Main-d'Oeuvre, le rapport qui
semble être en voie d'être terminé contiendrait des
chapitres importants quant au ministère dont j'ai la
responsabilité.
M. Charbonneau: C'est intéressant. Est-ce que vous pouvez
nous dire si vous avez eu ce type d'information? Je présume que vos
sages ont dû vous donner un peu plus de jus. Est-ce que le ministre
pourrait être un peu plus précis en nous disant sur quoi on
envisage une déréglementation actuellement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si j'avais les informations que
vous insinuez, je vous les communiquerais, mais je ne les ai pas.
M. Charbonneau: J'espère que vos sages vont produire
rapidement parce qu'on va douter de leur sagesse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez douter de leur
rapidité mais pas de leur sagesse. '
M. Charbonneau: Leur sagesse, on regardera cela au niveau du
contenu. Mais de votre propre initiative, j'imagine que le ministre n'attend
pas juste la sagesse des autres, mais qu'il a des idées. Quand un
ministre a du temps pour s'occuper de ses dossiers, il finit par avoir des
idées. Est-ce qu'il y a des dossiers de déréglementation
qui sont actuellement envisagés venant des initiatives
d'évaluation du ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y en a, mais je
préfère, dans le but d'harmoniser nos propres initiatives avec
celles du comité des sages là où il y a harmonisation
possible, attendre le rapport du comité des sages avant d'émettre
des commentaires.
M. Charbonneau: Allez-vous vous concerter pour que l'on ait
éventuellement une idée d'ensemble de vos objectifs de
déréglementation en matière de main-d'oeuvre et de
sécurité du revenu? L'apprentissage?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va se concerter mais on ne
créera pas un ministère juste pour cela.
M. Charbonneau: Vous avez déjà un ministre
responsable de la déréglementation. Qu'est-ce qui va arriver du
travail et des consultations entreprises pour l'élaboration de la
politique d'apprentissage et de la définition d'un système
cadre?
Il y a un document qui avait été produit par le
ministère qui s'intitulait et qui, j'imagine, s'intitule toujours "Pour
une politique d'apprentissage". Il y avait une consultation qui avait
été organisée et menée par le ministère.
Qu'est-ce qui arrive de cette consultation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La consultation est
terminée; elle est sous analyse.
M. Charbonneau: Elle est terminée
depuis quand?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À peu près 30
jours.
M. Charbonneau: II y a une trentaine de jours. Le ministre
peut-il nous indiquer s'il a une idée de l'étape suivante'' II y
a un document et il y a une consultation de terminée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est l'analyse, je l'ai
indiqué. Présentement, elle a cours.
M. Charbonneau: D'après le ministre ou ses hauts
fonctionnaires, on prévoit que cette étape d'analyse pourrait
s'étendre sur combien de temps?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'analyse peut être
brève ou plus longue selon le degré de consensus entre les
analystes et la profondeur de l'analyse.
Des voix: Ha! Ha!
M. Charbonneau: Vous n'avez pas inventé les boutons
à quatre trous. C'est profondl Je pense qu'il va être temps
d'ajourner bientôt parce que c'est rendu dans... Dans l'ensemble, est-ce
que le ministre a comme objectif personnel d'aboutir, d'ici la fin de la
session, d'ici la fin de l'année, dans deux ans, à la fin de son
mandat?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant le remaniement
ministériel.
M. Charbonneau: M. Bourassa a dit qu'il n'en faisait pas. Vous
devriez être rassuré, M. Bourassa a dit qu'il n'en faisait
pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on m'indique, étant
donné l'état très peu avancé de l'analyse, c'est
que, oui, on peut aboutir comme, non, on peut ne pas aboutir, parce qu'on a
fait une consultation non pas dans le but d'aboutir, mais dans le but de
vraiment tenir compte de la consultation. L'aboutissement, si aboutissement il
y a, peut être partiel, fragmenté ou complet selon les
résultats de l'analyse de la consultation et de ce que les
consultés ont dit.
J'aimerais vous donner une date fixe de calendrier et vous dire: ce sera
le jour de votre fête...
M. Charbonneau: Je ne vous demande pas une date. Je voudrais
savoir du ministre s'il a l'intention de faire en sorte que cette politique
d'apprentissage que nous avions lancée, enclenchée... Encore une
fois, ce n'est pas une question de savoir qui a commencé et qui va
finir, c'est une question de savoir si on peut finir par en avoir une et
qu'elle puisse être utile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut s'engager peut-être
dans le but de chercher un compromis, à vous fournir des rapports
d'étape sur demande et sur disponibilité. On m'indique qu'il
pourrait y avoir un rapport d'étape à l'automne qui pourrait
être un rapport d'étape soit intérimaire, soit final si
c'est fini et intérimaire si ce n'est pas fini.
M. Charbonneau: Le ministre s'engage, quand il est remis, de nous
en faire parvenir une copie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans ce cas aussi, la Loi sur
l'accès à l'information va être respectée.
M. Charbonneau: Écoutez! Je comprends que vous pouvez vous
réfugier derrière la Loi sur l'accès à
l'information, mais le ministre, de bonne foi, s'il veut avoir la collaboration
de l'Opposition, pourrait très bien nous dire: Je n'ai rien à
cacher, ne vous en faites pas, quand cela va être le temps, je vais vous
fournir le document. Si vous voulez qu'on fasse des demandes avec des
formulaires et tout... vous êtes contre la bureaucratie, mais vous nous
encouragez à en faire en sacrifice!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on vous a
déjà refusé quelque chose quand vous l'avez demandé
de façon précise? Tout au long de la commission, depuis le
début, chaque fois que vous nous demandez quelque chose, quand c'est
disponible de façon précise, on vous le fournit. Quand vous nous
demandez des rapports pour dans deux ans ou pour dans six mois, etc., nos
réponses sont un peu plus vagues. Quand c'est disponible, on vous dit,
oui, on vous le fournit. Je pense qu'on n'a rien refusé.
M. Charbonneau: Dans ce cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vous
prends à témoin, je pense qu'on n'a rien refusé. Peut-on
être plus transparent que cela? Si vous me demandez dans trois mois ce
qu'il y aura dans les rapports que je n'ai pas encore vus, qui consistent en
une analyse de consultation, de vous les faire parvenir, je ne voudrais pas
vous dire oui et oublier.
M. Charbonneau: Ce que je dis au ministre, ne vous en faites pas,
je ne l'oublierai pas, je vais vous le rappeler.
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me le rappelez et que ce
soit disponible...
M. Charbonneau: Ce que je dis au ministre, c'est qu'il ne nous
renvoit pas à la
Loi sur l'accès à l'information. Il veut avoir la
collaboration de l'Opposition, et je pense qu'il a vu au cours des
dernières semaines et de cette journée en particulier qu'on n'a
pas fait un travail de démagogie. On a essayé de faire un travail
constructif et, pour faire ce travail, vous le savez, on a besoin d'instruments
aussi. Je crois que cette politique d'apprentissage est importante à nos
yeux, on y a travaillé beaucoup. Je suis conscient que ce n'est pas une
chose qui se règle en 24 heures. Le ministre nous dit qu'il y a une
évaluation et une analyse qui est en cours, tout ce que je lui
demande... Premièrement, il nous a ouvert la porte pour obtenir cette
évaluation éventuellement, je l'en remercie. Ce que je lui dis et
ce que je lui demande c'est: Est-ce qu'il a l'intention, bien sûr avec
les contraintes ou les balises de la nature du rapport qui lui sera remis,
néanmoins d'accélérer le processus dans la mesure du
possible?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis prêt à vous
entendre si vous avez une plainte à l'endroit des informations que vous
avez demandées au ministère. Je pense qu'on va conserver la
même attitude...
M. Charbonneau: Je ne parle pas de cela, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'ouverture pour faciliter le
travail de l'ensemble des parlementaires que celle qu'on a eue au cours des
quatre derniers mois. Je peux vous assurer que tant que je serai titulaire, en
tout cas, cette attitude sera maintenue. Maintenant, quant à des
questions hypothétiques, je pourrais me réfugier derrière
le règlement et refuser d'en discuter même. Je vous dis que je
suis prêt à en discuter, mais ne me demandez pas de vous signer,
sur des questions hypothétiques, des engagements en blanc que vous
pourrez me servir de nouveau à satiété à l'avenir.
Je pense que la confiance règne mais...
M. Charbonneau: Elle a ses limites.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...l'expérience
parlementaire enseigne également que la prudence, même si la
confiance règne, doit avoir une petite place dans les propos qu'on
s'échange. Mais ce n'est pas autre chose que de la confiance et de la
prudence.
Il n'y a même pas de méfiance.
M. Charbonneau: On jugera dans ce cas-là en temps et lieu
si vous réussirez à livrer la marchandise à temps, dans un
délai raisonnable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas m'engager à
la livrer avant de l'avoir.
M. Charbonneau: Je suis bien d'accord. Il y a ce qu'on appelle un
délai raisonnable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
Formation en entreprise
M. Charbonneau: Au sujet du programme de formation en entreprise
que vous avez transféré du programme 10 au programme 9, qui est
un programme qui a été amorcé ou lancé au mois de
novembre, comment ça se présente pour que vous ayez
décidé de mettre autant de crédits en
développpement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oisons que ça a bien
démarré, qu'on reçoit une excellente collaboration des
entreprises, qu'on a le sentiment de répondre à des besoins
réels de la population.
M. Charbonneau: Mais le ministre a l'air...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous l'avez indiqué,
nous avons fait démarrer le programme au mois de novembre. Nous avons
tenté de l'accélérer au maximum.
M. Charbonneau: Est-ce que dans le cas du programme de formation
en entreprise, compte tenu des crédits que vous avez alloués
à ce programme, vous vous êtes fixé des objectifs
particuliers pour la première année?
Le Président (M. Bélanger): On suspend pour une
seconde.
(Suspension de la séance à 21 h 45)
(Reprise à 21 h 49)
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez. M.
le député de Verchères, êtes-vous satisfait de la
réponse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens quand même à
répondre à la question. Nous n'avons pas les chiffres
précis, mais nous visons l'évolution maximum de ce programme.
M. Charbonneau: D'accord. On peut rassurer nos collègues
de la commission que c'est dans l'intérêt supérieur du
Québec.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sherbrooke avait une question, si vous permettez. M. le
député de Sherbrooke.
M. Hamel: M. le ministre, j'aimerais
savoir quels sont les services que vous offrez à la PME dans le
cadre de la formation professionnelle et de la main-d'oeuvre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux faire, je peux vous
donner une brève description qui sera peut-être un peu technique -
il est 9 h 50 - de quelques-uns des programmes. Le programme de soutien
à la formation en entreprise. La mesure consiste à offrir aux
petites et aux moyennes entreprises, aux travailleurs et aux travailleuses de
ces entreprises, une aide financière et technique pour appuyer leurs
efforts de formation.
Cette aide vise l'élaboration d'un plan de développement
des ressources humaines et la formation dans le cadre de ce plan pour
répondre aux besoins de l'entreprise.
Les objectifs sont d'accroître le développement de la
formation en entreprise au Québec, aider les PME à planifier la
formation de leur main-d'oeuvre, inciter les PME à investir davantage
dans la formation de leurs travailleurs et de leurs travailleuses
déjà en emploi, permettre aux PME de répondre à des
besoins de formation liés aux changements technologiques et à
l'accroissement de la productivité par une aide non disponible en vertu
des programmes actuels et permettre la participation des travailleurs et
travailleuses à l'élaboration du plan de développement des
ressources humaines de l'entreprise, favoriser une formation des travailleurs
et travailleuses de ces entreprises qui les rende aptes à s'adapter
à l'évolution du marché du travail et qui développe
leurs compétences.
En résumé, nous avons constaté que, dans la grande
entreprise, entre autres, on était traditionnellement plus sensibles
à l'importance de la formation et des cadres et des travailleurs et
travailleuses, tandis qu'à la PME, on fonctionnait un peu plus au jour
le jour dans les opérations et on négligeait de prévoir
les besoins en formation et d'être équipés de programmes de
formation.
Ce programme vise à sensibiliser et les travailleurs et les
travailleuses et les employeurs de la nécessité
d'améliorer la formation des travailleurs et des travailleuses pour
s'ajuster aux changements et on les aide de façon financière, de
façon que l'incitation ne demeure pas que dans le théorique, mais
devienne quelque chose de pratique.
On a un autre programme qui s'appelle Gestion des affaires PME. Il
s'agit d'une aide aux gestionnaires des petites et moyennes entreprises. On
investit à peu près 1 300 000 $ dans ce programme.
Le Président (M. Bélanger): La réponse
est-elle complète, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il y en a d'autres.
Le Président (M. Bélanger): Mais on comprenait que
M. le député de Sherbrooke cherchait à connaître les
principaux programmes. Alors, voilà les principaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont les spécifiques.
Mais nous sommes en collaboration avec d'autres ministères dont le
ministère de l'Industrie et du Commerce, dans le cadre de l'implantation
de l'industrie. Je vais vous donner un exemple très pratique,
peut-être que celui qui a été le plus publicisé au
cours de la dernière campagne électorale.
Lorsqu'on tente d'attirer des industries au Québec, bien
sûr que le ministère de l'Industrie et du Commerce intervient et
met à la disposition des entreprises l'ensemble de ses programmes. Mais
un volet qui devient de plus en plus important et essentiel et qui attire de
plus en plus d'entreprises, c'est celui des programmes de formation qui forment
un tout avec les programmes de l'Industrie et du Commerce qu'on met à la
disposition de l'entreprise.
L'entreprise à laquelle je me référais, c'est
Hyundai. On est en négociation et le fédéral aussi. On
tente d'avoir de la complémentarité de façon que la
formation devienne quelque chose de capital. Plutôt que de donner
strictement des subventions à la capitalisation ou à l'achat
d'équipement, etc., on investit davantage dans la ressource humaine, qui
devient de plus en plus importante pour l'entreprise qui vient s'établir
au Québec.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le ministre.
Je reconnais le député d'Ungava.
Les autochtones
M. Claveau: Merci, M. le Président. Une brève
intervention pour demander au ministre s'il est sensibilisé au
problème spécifique de la formation professionnelle en milieu
autochtone. Si oui, est-ce qu'il entend prendre des mesures pour faciliter la
formation des autochtones aux différents niveaux professionnels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a été
sensibilisé. Ce sont des groupes qui sont assez bien structurés
et auxquels on prête une oreille très attentive. Nous sommes
présentement en négociations avec ces gens pour s'assurer qu'on
répond adéquatement à leurs besoins et qu'ils y jouent un
rôle parce qu'il ont des façons, parfois, qui leur sont propres de
donner les services. Mais notre objectif est d'améliorer le service.
Il y a des négociations, ils ont leurs demandes et leurs
revendications, il y a la
position du ministère. Il n'y a pas tellement
d'éloignement, sur le plan pratique, entre les deux positions.
Étant donné que nous sommes en négociation, je
préfère, encore une fois, faire preuve d'une extrême
prudence dans les propos que je tiens. Si vous nous demandez: Est-ce que vous
êtes sensibilisés? Oui, ils ont sensibilisé tout le
personnel du ministère, tout !e cabinet du ministère et le
ministre lui-même..
M. Claveau: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, compte tenu de l'entente
qu'on a prise tantôt de poursuivre la semaine prochaine, je ne pense pas
qu'il y ait lieu d'aborder un autre programme, mais je voudrais m'excuser
auprès des gens de la Commission des normes du travail et de la
Commission des affaires sociales. J'aurais bien aimé, aujourd'hui,
pouvoir regarder un peu les crédits qui les concernent, mais on
espère qu'ils sont disponibles et que, la semaine prochaine, on aura
l'occasion, dans le temps qui nous est imparti, de pouvoir regarder un peu
leurs dossiers spécifiques.
Par ailleurs, c'est clair qu'on devrait consacrer une bonne partie du
temps, mercredi prochain, à étudier les questions de
sécurité du revenu, en particulier la sécurité du
revenu des personnes è la retraite. Il y aura sans doute moyen, selon le
déroulement des travaux, de prendre quelques instants pour ces deux
organismes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a quand même
réussi à passer au travers de l'agenda qu'on s'était
fixé, sauf les deux éléments que vous venez de mentionner,
normes du travail, direction et gestion de la Commission des affaires sociales.
Il nous reste 2 h 15. Il y aurait peut-être lieu d'avoir une rencontre
entre l'Opposition et les gens de mon cabinet pour qu'on donne priorité
à certains éléments dans les 2 h 15 qui nous restent. Je
vous laisse bien libres, mais le menu m'apparaît, avec les normes du
travail, la Commission des affaires sociales, l'administration
déléguée de programmes de sécurité du
revenu, les allocations familiales, assez chargé pour 2 h 15. Si vous
pouviez nous préciser, de façon qu'on dérange les gens qui
doivent être dérangés - nous sommes ici - mais les autres
personnes...
M. Charbonneau: J'espère qu'on ne les a pas trop
dérangés aujourd'hui. Je suis convaincu que cela a
été très instructif pour eux de voir "performer" leur
ministre, je n'oserais pas dire leur ministre bien-aimé, mais leur
ministre, tout au moins.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et leur critique.
M. Charbonneau: Et leur critique. Pour le reste, il n'y a pas de
problème, je pense que M. Larivière pourra entrer en
communication avec vous et on prendra les ententes nécessaires dans le
corridor. Cela va. Pour le programme...
Le Président (M. Bélanger); Est-ce qu'on
considère que les crédits du programme 9 sont adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Merci.
Avant d'ajourner, je voudrais d'abord remercier les gens qui ont eu
cette patience puisque cela fait quand même 7 h 30 de travail et
d'efforts ensemble. On vous remercie pour la pertinence de vos propos et pour
la qualité des réponses. Je remercie tout le monde pour la
discipline dont on a fait preuve. La commission ajourne donc ses travaux sine
die. Merci.
M. Charbonneau: M. le Président, vous n'avez pas
parlé de la qualité des questions!
(Fin de la séance à 21 h 54)