Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales se réunit afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Mme la secrétaire, est-ce qu'il y
a des remplacements à annoncer?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Hamel
(Sherbrooke) sera remplacé par M. Tremblay (Iberville).
Le Président (M. Bélanger): Bien, merci. L'entente
qu'il y a eu entre Mme la ministre et nos représentants du groupe de
l'Opposition serait de procéder de la façon suivante. D'abord,
les remarques préliminaires sur l'ensemble des programmes. Il semblerait
qu'on pourrait prendre une bonne période de temps sur ce sujet. On
parlait d'une période de quelques heures. D'accord? Ensuite, on passera
à l'étude des programmes 1, 2, 4, 6, 7 et 9. Si le temps nous le
permet, on pourra en ajouter d'autres, mais j'ai l'impression que le menu pour
la journée serait assez complet.
Il y a une entente qui nous régit au niveau du temps. On sait que
les leaders des deux partis se sont entendus pour une répartition du
temps d'étude des crédits qui est de 90-10. Jusqu'à
maintenant, on s'est entendu pour respecter le droit et le temps de parole de
chacun des membres de la commission, puisque 20 minutes sont possibles pour
chaque membre. Dans la pratique, il est évident que cette entente a
été plus que totalement respectée. On va le faire sur une
base de "gentlemen's agreement", considérant que l'Opposition a un
rôle à jouer là-dedans. On lui donnera toute !a marge de
manoeuvre possible, mais il est évident que, en aucun cas, on
n'empêchera les gens de la partie ministérielle d'exprimer leurs
points de vue ou de poser leurs questions. On s'entendra sur une question de
"fair play" pour permettre à l'Opposition d'avoir tout le temps dont
elle a besoin pour poser ses questions.
M. Rochefort: M. le Président, pour préciser les
propos que vous venez de tenir, au-delà du "gentlemen's agreement", du
"fair play", du droit de parole des membres de la majorité
ministérielle, donc, vous confirmez qu'il y a une entente 90-10?
Le Président (M. Bélanger): II y a eu,
effectivement, une entente. Je dois le confirmer.
M. Rochefort: Et vous confirmez que nous appliquerons cette
entente?
Le Président (M. Bélanger): Oui, que nous
appliquerons comme paramètres... je ne voudrais pas partir d'une
façon rigide et s'obstiner à la seconde près. On se donne
ces paramètres et on s'entend pour, relativement, les respecter.
À ce jour, il n'y a eu aucun problème. Cela s'est fait
très facilement.
Mme la ministre, avant de vous céder la parole, je vous
demanderais de nous présenter vos principaux collaborateurs et, par la
suite, de passer aux remarques préliminaires. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Bonjour, M. le Président! Il me fait
plaisir d'être ici à la commission parlementaire de la
santé et des services sociaux. Je pense qu'elle s'appelle encore la
commission des affaires sociales, en fait. C'est dans le sens le plus
large.
Une voix: Les ministres vont toujours plus vite.
Mme Lavoie-Roux: Je veux saluer les membres tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
particulièrement les deux porte-parole du côté de
l'Opposition. Il me fait plaisir de vous présenter les membres de
l'équipe ici: M. Réjean Cantin, le nouveau sous-ministre en titre
au ministère de la Santé et des Services sociaux; à ma
droite, M. André D'Astous, directeur du budget; en arrière, M.
Lecours, du service du budget également; M. Halley, sous-ministre
à l'administration et aux programmes; M. Munn, sous-ministre
associé aux relations du travail; M. Dumas, sous-ministre associé
aux programmes de services sociaux; Mme Mireille Fillion, responsable des
services communautaires, et M. Champoux qui est...
M. Champoux (Édouard): Secrétaire de la
coordination.
Mme Lavoie-Roux: ...secrétaire de la coordination. Je le
vois beaucoup, mais je ne lui avais jamais demandé son titre exact.
J'espère que je n'ai oublié personne. Il y en aura d'autres,
comme vous le verrez, qui
s'ajouteront. Mais, comme on savait que ce matin cela devait porter sur
des questions générales, on a pensé limiter la
présence des fonctionnaires qui ont quand même eux aussi d'autres
travaux à continuer.
Remarques préliminaires Mme Lavoie-Roux
M. le Président, il me fait plaisir d'entreprendre aujourd'hui,
avec les membres de la commission parlementaire des affaires sociales,
l'étude des crédits budgétaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux pour l'année financière
1986-1987. Je dois dire d'ailleurs que j'entreprends ce mandat avec beaucoup de
plaisir, ayant toujours été très motivée par les
gens auxquels est continuellement confronté le réseau des
affaires sociales. Ce plaisir est double cette année alors que des
efforts considérables ont été réalisés pour
que le secteur de la santé plus particulièrement mais
également celui des services sociaux bénéficient,
malgré la situation financière difficile du gouvernement, de
crédits de développement très appréciables.
Atteignant tout près de 8 000 000 000 $, plus
précisément 7 966 402 000 $, le budget accordé à la
santé et aux services sociaux se retrouve cette année et pour les
quelques années à venir au coeur d'un débat fondamental
sur son orientation ainsi que sur son financement. Les travaux de la commission
d'enquête sur les services de santé et les services sociaux en
sont les premiers témoins.
Non seulement au Québec, mais également dans les autres
provinces canadiennes, tous s'interrogent sur la nature des services qu'il nous
faut dorénavant financer, mais en plus s'interrogent sur
l'efficacité ainsi que la portée de ceux qui ont
été jusqu'à maintenant offerts.
Les sondages ainsi que les enquêtes d'opinion publique
démontrent que la santé demeure une priorité pour la
majeure partie de la population, je dirais la très grande
majorité de la population. En ce sens, les efforts du gouvernement
respectent cette volonté populaire. Par ailleurs, à
l'intérieur même de ces paramètres, cela n'empêche
pas de profondes remises en question. Notre système de services de
santé et de services sociaux en est à un point tournant et il
doit relever un défi de taille: reprendre un débat positif et
progressif sur tout ce qui touche la santé et les conditions sociales de
vie de la population québécoise à l'intérieur d'un
budget qui ne peut être de façon illimitée croissant. De
plus, la conviction de plus en plus répandue chez les intervenants que
des dépenses accrues n'améliorent pas véritablement
l'espérance de vie en bonne santé de la population nous oblige
à redéfinir ou à revoir nos priorités.
Les crédits budgétaires 1986-1987. 11 y a 28 % des
crédits totaux gouvernementaux qui sont consacrés à la
santé et aux services sociaux en 1986-1987. Ceci inclut une provision de
6 300 000 000 $ pour le réseau même des affaires sociales et de 1
700 000 000 $ pour les programmes administrés par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Le réseau de la santé et
des services sociaux s'est vu imposer au cours des dernières
années un train de compressions budgétaires qui, de façon
générale, a profondément affecté la distribution
des services. Cette année - je suis heureuse de le dire - aucune
compression budgétaire n'est imposée au réseau. Et
même 465 000 000 $ y sont injectés. Tout d'abord, une indexation
des masses salariales des syndiqués de 1,05 % a été
prévue pour ne tenir compte que du coût du système ainsi
que la pleine indexation des autres dépenses de 3,1 %. (10 h 15)
De plus, des crédits nouveaux de développement ont
également été accordés et totalisent plus de 200
000 000 $. On y retrouve 133 000 000 $ qui ont été
provisionnés afin de réviser la base budgétaire des
centres hospitaliers et éliminer les déficits, ainsi que pour
tenir compte du coût de système de l'année 1986-1987. Une
autre montant de 45 000 000 $ servira à financer la première
étape du plan d'ensemble visant à désengorger les salles
d'urgence. 13 000 000 $ sont prévus pour aider les centres d'accueil
d'hébergement ainsi que les centres hospitaliers de soins de longue
durée à alléger la pression due à l'alourdissement
de leurs clientèles et à la demande de soins. Finalement, 10 000
000 $ visent d'autres types de dépenses de fonctionnement relatives aux
immobilisations dans le réseau.
Les réseaux des centres d'accueil de réadaptation ainsi
que des CLSC ne bénéficient peut-être pas d'une hausse
budgétaire de la même ampleur que celle accordée au
réseau hospitalier, mais iI faut tout de même souligner que 12 700
000 $ de crédits nouveaux leur ont été accordés.
Les crédits visent, dans le cas des centres d'accueil de
réadaptation, la révision des bases budgétaires ainsi que
le financement de l'impact de la Loi sur les jeunes contrevenants.
Dans le cas des CLSC, la majorité de ces sommes viennent couvrir
les frais afférents au partage des responsabilités entre les
centres de services sociaux et les CLSC, partage qui, rappelons-nous, ne devait
engendrer aucun coût supplémentaire mais qui, selon nos
estimations, s'élève à 12 245 945 $, dont 9 000 000 $ de
façon récurrente, incluant également les transferts
provenant des DSC.
Finalement, dans le cadre d'une réallocation budgétaire, 7
800 000 $ ont pu être dégagés afin de permettre aux CSS et
aux CLSC de faire face à des situations déficitaires. Ceci est
particulièrement le cas des CLSC où il est important de souligner
que, à mon arrivée au ministère, j'ai découvert un
manque à gagner de 3 800 000 $ que le gouvernement a
décidé de combler. À l'intérieur de ces 3 800 000
$, un budget de 935 000 $ a été retenu à même la
marge de manoeuvre ministérielle afin de maintenir les équipes de
secteur en place dans différentes communautés.
Ainsi, la variation des crédits 1986-1987 par rapport aux
crédits votés en 1985-1986 est de 4,65 %. Si on compare ces
crédits aux dépenses probables en 1985-1986, l'augmentation est
de 6,07 %. Il faut finalement souligner que ces sommes ne tiennent pas compte
des augmentations salariales des syndiqués du réseau qui seront
éventuellement transférés au ministère en
provenance du fonds de suppléance et qui s'ajouteront aux 465 000 000 $
déjà injectés dans le réseau.
Le budget de la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
pour sa part, atteindra 1 685 845 000 $ en 1986-1987, soit une augmentation de
3,9 % par rapport aux dépenses probables de 1985-1986.
Les crédits que nous étudierons aujourd'hui et mardi
prochain . comportent finalement deux nouveaux aspects. En effet, le
Secrétariat à la politique familiale ainsi que l'Office des
personnes handicapées du Québec sont maintenant sous la
responsabilité de la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Dans le premier cas, des crédits de 538 000 $ ont
été prévus en 1986-1987 afin de permettre au
secrétariat de remplir son mandat en rapport avec la consultation sur la
politique familiale. Le comité de consultation doit d'ailleurs rendre
public son rapport le 29 avril prochain.
Dans le second cas, l'Office des personnes handicapées du
Québec bénéficie cette année de crédits de
37 988 300 $, budget maintenu pour l'essentiel à son niveau de
dépenses de l'an dernier. Une part substantielle de ces crédits
est attribuée au financement des centres de travail adapté et aux
programmes d'aide matérielle. Dans une vision à plus long terme,
l'office poursuit une planification stratégique pour le transfert des
programmes et des responsabilités vers les ministères, comme le
veut son mandat Initial.
Les points marquants de l'action gouvernementale depuis quatre mois. Les
quatre derniers mois de l'action gouvernementale ont donné lieu à
un certain nombre de décisions que l'on peut juger fondamentales autant
pour le réseau hospitalier que, par exemple, pour le réseau des
CLSC. Tout d'abord, les décisions prises par le gouvernement touchant le
redressement de la base budgétaire des centres hospitaliers modifient
considérablement le portrait d'une situation à laquelle un peu
tous s'étaient résignés, soit les déficits
accumulés d'année en année par les hôpitaux. Et,
d'année en année, le réseau hospitalier contestait le
train de coupures budgétaires et invoquait l'augmentation de la demande
de services pour réclamer une hausse de budget.
Une étude attentive de leur budget a permis d'évaluer
sérieusement la situation des centres hospitaliers en déficit et
de constater que plusieurs étaient sous-budgétisés. Un
coup de barre s'est donc avéré essentiel dans la mesure où
il fallait arrêter la hausse continue des déficits. D'autre part,
une attitude passive de la part du gouvernement n'avait pour effet que de
déresponsabiliser davantage les administrations hospitalières.
Par conséquent, le gouvernement consent un montant de 133 000 000 $ qui
permet, d'une part, de redresser la base budgétaire et d'éliminer
les déficits et, d'autre part, de budgétiser l'évolution
du coût du système de santé. Un coût de
système sera donc attribué à tous les hôpitaux de
courte durée et de soins psychiatriques afin de tenir compte de
l'évolution de la clientèle (volume et lourdeur), du nombre de
dispensateurs ainsi que de l'impact technologique.
Toutefois, ceci implique pour les années à venir une plus
grande responsabilité de la part des établissements afin de
respecter l'équilibre budgétaire. Autant les déficits qui
se sont accumulés depuis 1982 et qui totalisent 264 000 000 $ seront,
dans la majeure partie des cas, assumés par le gouvernement, autant la
volonté gouvernementale exige, en contrepartie, l'absence
dorénavant de dépassement budgétaire. Un contrôle
serré sera effectué par mon ministère afin de
prévenir à l'avance la possibilité d'un déficit et
d'ainsi prendre les mesures qui s'imposent afin de l'éviter.
Pour permettre d'établir la vocation spécifique de chaque
établissement et de s'en servir par la suite comme tableau de bord dans
le processus de contrôle et également de
complémentarité des services, il y a lieu de procéder
à la confection de plans de services régionaux ou
sous-régionaux, suivant la configuration de la région. Ce plan
sera indicatif et non normatif, mais il touchera les secteurs santé et
social, facilitera les décisions relatives au développement et
à la rationalisation des services, aux investissements technologiques et
aux travaux d'immobilisation.
De plus, dorénavant, toute décision qui, en cours
d'année, implique du développement en sus du budget
autorisé devra être préalablement, avant sa
réalisation,
approuvée par le conseil d'administration et sanctionnée
par le ministère. Une définition très exhaustive de ce
qu'on appelle du développement sera d'ailleurs utilisée.
Finalement, dans le but d'aider les hôpitaux à mieux
planifier leur budget, le ministère fera un effort particulier, cette
année, en faisant connaître aux établissements, dès
avril, les règles budgétaires - en fait, je pense, qu'ils
devraient les connaître cette semaine ou au début de la semaine
prochaine - ce qui ne s'est jamais fait aussi tôt par les années
antérieures. Il s'agit là, à mon avis, d'un maillon
très important de cette opération de redressement
budgétaire et de responsabilisation administrative, d'autant plus que,
par exemple, l'an dernier, les hôpitaux n'ont jamais connu leur budget de
façon précise.
Le gouvernement a aussi posé un geste majeur en rendant public,
le 19 mars dernier, un plan d'ensemble visant le désengorgement des
salles d'urgence des centres hospitaliers de Montréal et de
Québec. Donc, 156 000 000 $ ont été prévus sur
trois ans, soit 90 000 000 $ récurrents è titre de
dépenses de fonctionnement, soit 66 000 000 $ è titre de
dépenses d'immobilisation.
Les recherches menées pendant près de trois ans par les
groupes de travail qui avaient été mandatés - pendant
trois mois, pardon - ont permis de dégager les causes réelles de
l'engorgement des services d'urgence et d'en ressortir les balises qui ont
guidé le choix des solutions. Ainsi, l'ensemble des mesures, au nombre
de 28, permettra d'agir non seulement au plan médical, mais
également sur des facteurs qui sont directement reliés aux
besoins des patients de l'urgence et qui permettent d'y réduire leur
durée de séjour. Elles respectent aussi une conception
sociosanitaire de plus en plus globale et écologique, où les
dimensions sociales et psychologiques sont prises en compte autant comme
facteurs explicatifs de la santé que comme résultats pour les
personnes.
Aussi, non seulement les centres hospitaliers, mais également les
CSS et les CLSC y sont mis à contribution. Par exemple, 12 000 000 $
seront injectés afin de mettre sur pied des services intensifs de
maintien à domicile; onze centres de jour seront consolidés et
cinq autres seront développés; quatre hôpitaux de jour
verront leurs services rehaussés et quatre autres seront
implantés. Ce plan prévoit également le
développement et la consolidation de dix-neuf unités de
gériatrie active, ainsi que la mise sur pied de onze équipes de
psychogériatrie à domicile.
Outre de nombreuses autres mesures de type non institutionnel, le
gouvernement a prévu libérer un certain nombre de places en soins
de courte durée, occupées par la clientèle
âgée, et effectuer une meilleure répartition des lits de
soins de courte durée. Ainsi, 1228 places en centres d'accueil
d'hébergement et en centres hospitaliers de soins prolongés
seront ajoutées au réseau au cours des trois prochaines
années. De plus, 700 lits fermés durant l'été
seront rouverts, 125 lits fermés en permanence le seront
également, 65 lits de soins de longue durée seront convertis en
lits de courte durée et, finalement, 100 places seront ajoutées
dans l'est de Montréal. Sur ce point particulier, nous sommes à
terminer les études.
En ce qui concerne la clientèle des malades psychiatriques, cinq
centres de crise d'urgence de première ligne, en santé mentale,
seront créés. De plus, des ententes de service entre l'ensemble
des CLSC, des CSS et des centres hospitaliers seront réalisées
afin d'assurer les transferts, les références, le suivi et
l'hébergement temporaire de cette clientèle. Il y aura
également ajout de professionnels en santé mentale dans les
salles d'urgence, afin d'effectuer plus adéquatement une
évaluation et un tri de la clientèle avec des problèmes
psychiques.
La clientèle des femmes itinérantes -et j'en suis
très heureuse - a pu également bénéficier, è
l'intérieur du plan concernant les services d'urgence, d'une somme de
600 000 $ annualisée à 800 000 $, permettant d'offrir des
services de désintoxication non médicale, d'évaluation et
d'orientation à cette clientèle, dans la région
métropolitaine de Montréal. Il faut souligner qu'un tel type de
ressource existait déjà pour tes hommes, mais que les femmes
avaient été négligées et que leur situation avait
fait l'objet de nombreuses représentations, au cours des
dernières années.
En tout dernier lieu, j'aimerais souligner l'implantation, à
titre de projet pilote et de projet assez innovateur, d'un hôpital
à domicile sur le territoire du département de santé
communautaire de Verdun. D'autres régions du Québec nous ont
également signifié des problèmes importants d'engorgement,
dans certains de leurs centres hospitaliers. À cet égard,
j'annoncerai très prochainement un autre train de mesures leur
étant adressées. Des discussions ont présentement lieu, et
déjà depuis plusieurs semaines, afin de compléter ce
plan.
Dans un autre domaine, d'importantes décisions ont
été prises en ce qui concerne le réseau des CLSC.
L'annonce, l'an dernier, du parachèvement du réseau par l'ajout
de 17 CLSC nécessitait un budget supplémentaire de 5 000 000 $.
Le Conseil du trésor, n'ayant pas autorisé, à
l'époque, ces fonds, il nous a fallu effectuer un choix entre le
développement ou la consolidation du réseau.
J'ajouterais également, et je l'ai mentionné plus haut,
que l'opération transfert
CLSC-CSC a aussi engendré des coûts pour un montant d'au
moins 9 000 000 $. Les sommes sont récurrentes, et il nous faut
également combler ces sommes.
Considérant, d'une part, la nécessité de
réserver des budgets importants pour le désengorgeaient des
salles d'urgence, considérant de plus que des sommes importantes
devaient déjà être injectées en raison du
déficit conséquent au partage des ressources entre les CSS et les
CLSC, considérant également que le pian sur les urgences comporte
d'importantes sommes pour des services offerts par les CLSC, considérant
finalement que les CLSC qui restent à implanter se situent, à
l'exception de un ou peut-être de deux, en milieu urbain où,
déjà, on retrouve de nombreuses autres ressources sociales ou
dans le domaine de la santé, le ministère a fait, pour cette
année, le choix de la consolidation.
Dans l'optique de mieux évaluer les responsabilités, le
niveau de développement des services offerts en CLSC ainsi que leurs
liens de complémentarité avec les autres ressources du
réseau, un comité d'étude, dont le mandat devrait
être terminé dans les prochaines semaines, se penchera très
prochainement sur la question.
Parmi les gestes posés au cours des quatre derniers mois, il me
faut absolument souligner les modifications qui ont été
apportées au mandat, à la composition et à
l'échéancier de la commission Rochon, dans le but,
principalement, de rendre ces travaux plus opérationnels et d'y inclure
également la dimension de "services sociaux" qui en était
absente, sauf en corollaire des services de santé.
De plus, des améliorations très importantes seront
annoncées très bientôt en détail, dans le dossier
des effectifs médicaux- En effet, des postes supplémentaires
d'entrée en spécialité seront prévus pour les
médecins acceptant d'aller travailler en régions
éloignées ainsi que pour les médecins immigrants qui
acceptent également ces conditions. Ces mesures attendues depuis
longtemps permettront d'améliorer l'accessibilité aux services
médicaux spécialisés pour ces populations et permettront
finalement à un bon nombre d'immigrants étrangers qui sont
déjà au Québec depuis plusieurs années de tenter de
prendre leur place au soleil. Il me fait plaisir d'ajouter que cette
décision a été prise hier par le Conseil des ministres et
qu'il y aura 50 médecins en spécialité pour les
régions éloignées, c'est-à-dire 50 postes en
internat pour les médecins en régions éloignées.
Également, ce que nous avions promis, sur une période de trois
ans, pour les immigrants qui étaient arrivés ici avant janvier
1985, par une mesure qui visera 30 de ces personnes par année, cet
échéancier de trois ans sera respecté. J'en suis d'autant
plus heureuse que mon prédécesseur n'avait pas eu la même
chance auprès du Conseil du trésor l'an dernier. (10 h 30)
Dans le dossier de la main-d'oeuvre oeuvrant dans le domaine des soins
infirmiers, un comité d'étude a également
été mis sur pied et a même commencé ses travaux afin
d'examiner le problème chronique du rôle et de la place
qu'occupent les différentes catégories de travailleurs et de
travailleuses en soins infirmiers. Certains groupes se sentent menacés
et craignent la perte de leur emploi, leur déqualification
professionnelle, le fractionnement ou le morcellement de leurtâche, la dévalorisation de leur profession, etc. Et c'est
dans le but de mesurer l'évolution de cette situation et d'en comprendre
les principaux paramètres que ce groupe de travail a été
formé.
Finalement, il me semble intéressant de souligner l'accord qui
est intervenu entre l'Association québécoise des pharmaciens
propriétaires et le gouvernement, à la suite des
négociations qui traînaient depuis plus de deux ans, ainsi que
l'accord plus récent avec la Fédération des
médecins omnipraticiens concernant l'assurance-responsabilité,
qui, me dit-on, serait peut-être une première au pays.
M. Laporte: Sous cette forme-là.
Mme Lavoie-Roux: Sous cette forme-là, me dit-on. Il y a
une nuance.
Les objectifs en matière de santé et de services sociaux.
Permettez-moi maintenant de profiter de cette occasion pour exposer les grandes
lignes des orientations ainsi que des actions que je compte privilégier
à titre de ministre de la Santé et des Services sociaux. Cinq
principes, entre autres, sont à la base de mon action. Tout d'abord, il
faut maintenir et travailler à maintenir le principe de
l'universalité, ainsi qu'améliorer l'accessibilité et la
qualité du réseau de la santé et des services sociaux.
Deuxièmement, nous devons privilégier dans toute la mesure du
possible le maintien dans le milieu de vie naturel des différentes
catégories de bénéficiaires auxquelles s'adressent les
services du réseau. Troisièmement, il est essentiel de valoriser
les personnels par un plus grand respect de leur compétence respective
et de leur autonomie, afin de leur assurer une évaluation
professionnelle satisfaisante. Quatrièmement, il est important
d'investir dans les services plutôt que dans les structures. Finalement
il faut redonner au secteur de la santé et des services sociaux une
place prioritaire dans l'allocation des budgets gouvernementaux. Il
m'apparaît que les crédits que nous étudions aujourd'hui
sont à cet égard fort éloquents.
Comme je l'ai déjà démontré, certains gestes
majeurs ont déjà été posés. D'autres
défis aussi majeurs se dressent par contre à l'horizon, et
ils sont connus d'ailleurs depuis assez longtemps. Plus près de nous il
y a les négociations avec les secteurs public et parapublic, sorte de
boussole du climat qui prévaut et prévaudra à
l'intérieur de nos établissements.
Dans un avenir rapproché, deux autres dossiers retiendront notre
attention. Dans le secteur de la déficience intellectuelle, il
s'avère absolument nécessaire de définir les
paramètres de la désinstitutionnalisation. En effet, quoiqu'il y
eut plusieurs expériences heureuses, d'autres centres d'accueil de
réadaptation sont confrontés à une réticence
très grande, soit de la part de certains parents, de la population ou de
celte des travailleurs syndiqués et ce, bien souvent en raison de
l'absence d'un plan d'action et de critères de base clairs dans la
réalisation de la réintégration sociale des personnes
handicapées mentalement. C'est dans ce contexte que le ministère
rendra public très bientôt un document relatif à ses
orientations en regard de l'intégration et de la
réintégration sociales de ces personnes.
Dans le dossier de la santé mentale, un travail énorme se
doit d'être fait. Qu'il s'agisse de compléter la politique en
santé mentale, ou d'établir un plan d'action pour soutenir les
centres hospitaliers psychiatriques dans leurs démarches de
désinstitutionnalisation ou tout simplement dans la qualité des
services qu'ils doivent offrir, qu'il s'agisse encore de revoir la loi de
protection du malade mental, qu'il s'agisse également de la politique
à l'égard du suicide, notre responsabilité à
l'endroit de la santé mentale est grande. Souvenons-nous seulement que
les troubles mentaux apparaissent comme l'une des principales sources de
limitation d'activités d'une personne et accaparent près de 18 %
des dépenses publiques de santé au Québec.
Dans un autre domaine, il me faut absolument faire état de mes
préoccupations à l'égard de l'évaluation des
programmes et des services mis sur pied par mon ministère. Au cours des
derniers mois, j'ai, à quelques reprises, donné comme exemple
l'absence d'évaluation des services de maintien à domicile. Ceci
ne veut pas dire les remettre en question mais vraiment évaluer si les
ressources qui sont mises là sont utilisées à bon escient.
Encore à titre d'exemple, nous ne possédons aucune étude
nous permettant d'étudier la portée des activités des
centres de jour pour les personnes âgées alors qu'il y a un plan
au ministère pour en implanter un dans chaque territoire de CLSC. Je
juge qu'à ce moment-ci il y a suffisamment d'expériences de
faites pour s'arrêter et dire: Est-ce qu'on continue, c'est la bonne
direction?
C'est, je pense, ce genre de programme qui a besoin d'être
évalué plus soigneusement. Ou encore nous ne possédons
aucune étude nous permettant d'étudier la portée des
effets du partage des responsabilités entre les CSS et les CLSC dans la
dispensation des services à la population. Les problèmes les plus
aigus auxquels la Direction de la protection de le jeunesse fait actuellement
face nous font nous poser quelques questions à cet égard, sans
vouloir y voir nécessairement un rapport de cause à effet.
Il est, à mon avis, fondamental que nous nous dotions de
méthodes d'évaluation des ressources que nous mettons è la
disposition de la population ainsi que de systèmes d'information
adéquats afin de s'assurer que ces ressources correspondent
réellement aux besoins des clientèles que nous desservons et que
les ressources budgétaires dont nous profitons sont utilisées
rationnellement et pleinement.
Finalement, parmi les autres dossiers que nous entendons suivre de
près au cours des prochains mois, notons celui de la protection des
personnes âgées ainsi que le dossier relatif au rôle et
à la responsabilisation des conseils d'administration des
établissements. Le questionnement qui en découle n'est
certainement pas quelque chose de nouveau. Toutefois, le malaise qui entoure et
qui existe au sein même des conseils d'administration nous amène
à examiner de plus en plus près ce problème et à
tenter d'y apporter des améliorations législatives.
M. le Président, j'ai brossé brièvement un portrait
des crédits budgétaires du ministère de la Santé et
des Services sociaux ainsi que des actions réalisées
jusqu'à maintenant, et finalement, des dossiers sur lesquels mon
ministère entend se pencher attentivement au cours des prochains
mois.
La liste pourrait s'allonger. Mais nous aurons l'occasion, au cours des
quinze heures qui nous sont réservées, d'examiner toutes ces
questions en profondeur et il me fera plaisir de répondre, au meilleur
de ma connaissance, aux interrogations des membres de cette commission. Je suis
convaincue que les personnes du ministère qui m'entourent sauront aussi
fournir les réponses que je ne saurais donner.
Je vous remercie M. le Président,
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, je
vous remercie. Je reconnais le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Nous nous retrouvons
ici ce matin pour procéder à l'étude
détaillée des crédits du ministère de la
Santé et des Service sociaux pour l'exercice 1986-1987. Processus
extrêmement important de notre système
parlementaire, l'étude des crédits constitue un moment
privilégié où le pouvoir exécutif se soumet au
contrôle du pouvoir législatif. Cette démarche implique
transparence, franchise et ouverture de la part de l'exécutif à
l'égard des députés, quant aux orientations, aux
politiques, aux choix, aux priorités et aux décisions du
gouvernement.
L'étude détaillée des crédits sera donc
l'occasion de faire le point sur l'ensemble des dossiers majeurs du
ministère. Cet exercice revêt d'autant plus d'importance, dans le
cas de la Santé et des Services sociaux, que ce ministère draine
la part la plus importante des ressources budgétaires de l'État
québécois, soit près de 28 % de son budget global.
D'ailleurs, 15 des 200 heures consacrées à l'étude des
crédits de l'ensemble des ministères sont réservées
à la Santé et aux Services sociaux. Premier volet et volet
essentiel de la qualité de vie, ce ministère touche et concerne
tous les citoyens et citoyennes du Québec par définition.
Je veux profiter de l'occasion pour saluer à nouveau la nouvelle
titulaire de ce ministère, ainsi que l'ensemble de ses fonctionnaires
qui l'accompagnent. Je veux assurer la ministre de ma collaboration, de ma
compréhension, de même que je veux assurer l'ensemble des
Québécois de mon intérêt pour ces questions et de ma
vigilance quant aux acquis que nous avons obtenus au fil des ans.
Comme peuple, les Québécois ont su innover en
bâtissant progressivement un système de santé qui fait
aujourd'hui l'envie de plusieurs pays à travers le monde tant par son
accessibilité que par la qualité des soins. Nous avons investi
beaucoup dans ce système et ce, à tous les niveaux. En peu de
temps, nous avons obtenu des résultats concrets et réalisé
des progrès gigantesques. L'accroissement substantiel du niveau de
l'espérance de vie, la guérison totale ou partielle de nombreuses
maladies autrefois incurables, la chute absolument phénoménale du
taux de mortalité infantile ne constituent que quelques manifestations
qui témoignent des progrès réels et majeurs accomplis
grâce à ce système universel et gratuit, de santé et
de service sociaux.
De 1976 à 1986, le Parti québécois a
contribué de façon majeure au développement de notre
système de santé et de services sociaux. Reconnaissant
l'importance de ces questions, les gestes posés par le Parti
québécois ont permis non seulement de maintenir, mais aussi de
consolider et d'accroître notre système sociosanitaire. En
dépit de la pire récession économique que le Québec
ait connue depuis 1929, le Parti québécois a réussi
à respecter et à renforcer les principes fondamentaux de la
gratuité, de l'universalité et de l'accessibilité de notre
système de santé et de services sociaux.
Au-delà de la consolidation des acquis, nous avons investi
massivement dans le développement des services et des ressources.
Pensons, notamment, à l'instauration pour les personnes
âgées de la gratuité des médicaments et du transport
ambulancier, à l'élaboration d'une politique de maintien à
domicile et à l'accroissement substantiel des budgets afférents,
à l'extension de la gratuité des soins dentaires aux enfants de
moins de seize ans et au développement d'un réseau
intégré et efficace de prévention dentaire en milieu
scolaire.
Misant sur la prévention et la nécessité d'un
réseau dit de première ligne efficace et intégré,
nous avons consacré des sommes importantes au développement,
à l'extension et à la consolidation des CLSC dans toutes les
régions du Québec. Cette volonté nous a, d'ailleurs,
amenés à revoir le partage des effectifs entre les CSS et les
CLSC afin de respecter l'évolution du réseau et des besoins de la
population.
Nous avons vu à la mise en place de mesures favorisant le
maintien de la personne handicapée dans son milieu naturel. Les
ressources et les services à la disposition de ces personnes ont
augmenté substantiellement, de même que la place de ces personnes
à l'intérieur des organismes responsables de la mise en place de
cette politique.
Dans le secteur hospitalier, plus de 2600 lits de courte durée
ont été ouverts dans la grande région de Montréal.
Le Centre de coordination des urgences-santé a vu le jour et un
changement de vocation de deux grands centres hospitaliers a été
entrepris.
Dans le secteur de l'hébergement des personnes âgées
en perte d'autonomie, c'est plus de 10 000 places en centre d'accueil qui ont
vu le jour et 4000 lits qui se sont ajoutés en pavillon.
Des centres de gériatrie active, des centres de jour, des
hôpitaux de jour, des programmes de chirurgie de jour ont
été mis en place, répondant ainsi aux défis
auxquels nous avons été confrontés. Des mesures
courageuses, dont l'efficacité commence à se faire sentir, ont
été entreprises pour faire face au problème de la
répartition des médecins dans les régions
éloignées. Il s'agit d'un bilan considérable dont
profitent aujourd'hui les Québécois et les
Québécoises et dont nous sommes fiers.
Toutefois, malgré ces nombreux efforts, plusieurs
problèmes subsistent. L'évolution des besoins sociosanitaires, de
même que les changements démographiques supposent des changements
dans l'évaluation des priorités, dans la répartition des
ressources financières, matérielles et humaines, de même
qu'une révision du financement et du fonctionnement de ce vaste
réseau de dispensation de soins et de services sociaux.
C'est ce qui nous a amenés à instituer en juin dernier la
commission d'enquête Rochon, du nom de son président. Ses travaux
sont bien amorcés et nous avons hâte de connaître ses
recommandations. Ce rapport constituera, quant à nous, un
élément déterminant dans la réorganisation de nos
services sociosanitaires afin de répondre efficacement aux besoins et de
faire face de façon responsable et positive aux défis
d'aujourd'hui et de demain, tout en tenant compte de l'état
présent et futur des dépenses publiques. Voilà pour ce qui
est de nous.
Quant au Parti libéral du Québec, voyons d'un peu plus
près son attitude face à ces questions. Alors que le Parti
québécois, en 1976, avait refusé
délibérément d'utiliser à des fins partisanes et
électoralistes le piètre bilan en matière de santé
du gouvernement libéral qui nous avait précédés, il
en fut tout autrement au cours de la dernière campagne
électorale. Ainsi, le Parti libéral, décidant de rompre
avec cette tradition, fit en sorte que la santé fût au coeur d'un
invraisemblable discours politique et d'un déluge de promesses
électorales plus improvisées les unes que les autres. Tout allait
mal! Tout était mauvais! Nous vivions une médecine de guerre
comme on la pratique à Beyrouth. Mais, Dieu soit loué, le Parti
libéral avait des promesses et des solutions pour chaque problème
et des budgets sans limite pour financer le tout: ce serait "la priorité
prioritaire".
Mais voilà qu'une fois au gouvernement on ne parle plus de la
médecine de guerre, il n'y a plus péril en la demeure. Les
solutions miracles, pourtant toutes prêtes avant le 2 décembre et
devant être réalisées à très court terme,
doivent être tout à coup réfléchies,
discutées, évaluées, soumises à la consultation,
redéfinies, chiffrées, reportées, etc. Quel changement
d'attitude!
Mais on oublie que les promesses ont créé des attentes
bien légitimes chez les intervenants dans les régions, dans les
établissements, partout dans le réseau. Et le psychodrame
budgétaire du début du mandat a tellement fait craindre tous ces
gens qu'ils ont posé de nombreux gestes visant à maintenir et
à intensifier au maximum la pression sur la ministre et son gouvernement
pour obtenir quelque chose, le plus possible, on leur avait tant promis. (10 h
45)
Quant à elle, la population a non seulement subi ce discours
électoral démagogique et irresponsable, mais elle a subi les
pressions faites sur la ministre. Le résultat de tout cela est bien
simple. On a créé de l'insécurité dans la
population, des attentes et des illusions chez les intervenants et un climat
malsain dans tout le réseau. Déjà, après quatre
mois et demi d'un gouvernement libéral, nous sommes en mesure de
constater l'énorme fossé entre le discours et les promesses et
les actions concrètes posées depuis le 2 décembre.
Aujourd'hui, le Parti québécois vient demander, dans une
démarche positive, à la ministre de la Santé et des
Services sociaux de lever le voile, de faire connaître enfin ses
orientations réelles, ses priorités politiques et
budgétaires, son plan de travail pour l'année qui vient, le fil
conducteur de son action, la cohérence de ses décisions.
Nous devons avouer que jusqu'ici nous sommes déçus du
manque total de transparence de la ministre, de sa façon de faire
à la cachette et à la sauvette comme l'ensemble de ses
collègues. Nous sommes aussi déçus du peu d'énergie
qu'elle semble déployer pour défendre les acquis, pour maintenir
les grands principes d'universalité, d'accessibilité et de
gratuité qu'elle avait promis de protéger pleinement durant la
dernière campagne électorale.
Nous sommes surpris qu'elle ne se soit pas vu confier la
présidence du Comité ministériel permanent du
développement social qui lui revenait d'office comme le voulait la
pratique sous le Parti québécois. Nous sommes inquiets de sa
discrétion absolue face aux déclarations nombreuses du
président du Conseil du trésor qui nous dévoile, lui,
à chaque jour ses propres orientations en matière de santé
et de services sociaux.
Pendant cette étude des crédits, nous donnerons la parole
à la ministre. Nous voulons connaître sa position sur la politique
de tarification des services du président du Conseil du trésor.
Nous voulons connaître les effets concrets des décisions de
celui-ci visant "à établir un nouvel équilibre entre la
demande et l'offre des services". Nous voulons connaître la
différence dans les faits et les conséquences qui en
découleront entre "les services de base et les services accessoires",
notion qu'introduisait récemment dans le débat le
président du Conseil du trésor.
Nous voulons savoir comment se traduira dans les faits l'affirmation du
député de Verdun quand il dit: "Le gouvernement doit cesser de
croire et d'affirmer qu'il doit fournir dans toutes les régions,
à tous les citoyens, toute la gamme de services publics possibles". Nous
voulons aussi savoir quelles seront les décisions qui seront prises pour
réaliser l'objectif, toujours, du président du Conseil du
trésor qui dit vouloir "limiter la pratique du magasinage d'un
médecin à l'autre et d'un centre hospitalier à l'autre".
Enfin, nous voulons savoir, les Québécois veulent savoir. Mme la
ministre, voici le moment d'informer tout le monde, voici le moment d'agir en
toute franchise et en toute transparence.
Quant aux crédits eux-mêmes, nous les étudierons en
profondeur. Nous aurions,
évidemment, souhaité qu'un nombre d'heures plus grand nous
soit consacré, mais nous tenterons tout de même de faire un survol
utile et constructif de ces crédits budgétaires
déposés le 25 mars dernier.
Nous questionnerons la ministre notamment sur les sujets suivants: la
coupure de 30 000 000 $ au programme des soins dentaires et l'impôt sur
les enfants qu'elle a décrété; le problème de
l'engorgement des salles d'urgence et les solutions apportées qui 8ont
bien en-deça des promesses, des demandes et des attentes; la diminution
des budgets des CLSC et le refus de la ministre de parachever et de consolider
ce réseau; l'insuffisance des crédits consacrés aux
organismes bénévoles, notamment aux maisons de jeunes, aux
centres et aux maisons de femmes et aux organismes de maintien à
domicile; la diminution du budget de l'Office des personnes handicapées
et l'absence d'indications d'une décision d'aller de l'avant quant
à la politique d'accessibilité des personnes handicapées
à l'ensemble des édifices publics; la situation financière
des établissements de santé et les promesses faites à ce
sujet; les ressources qui seront consacrées à la poursuite d'une
meilleure répartition des effectifs médicaux en régions;
les reculs importants accumulés en peu de temps dans le domaine de la
famille.
Voilà donc, M. le Président, à grands traits les
préoccupations de l'Opposition dans le secteur de la santé et des
services sociaux. Nous souhaitons que cette étude
détaillée des crédits nous permettra de mieux
connaître les intentions réelles du gouvernement et de la ministre
dans ce secteur. Nous espérons que la ministre acceptera d'animer, de
participer pleinement et franchement aux débats que ses décisions
à la sauvette et en cachette, de même que les déclarations
du président du Conseil du trésor soulèvent dans
l'ensemble de la population.
En terminant, M, le Président, je tiens à assurer une
nouvelle fois la ministre de ma collaboration et de ma disponibilité
afin qu'ensemble nous puissions faire face aux défis d'aujourd'hui et de
demain en matière de santé et de services sociaux pour le
mieux-être de nos concitoyens et nos concitoyennes du Québec.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
(réplique)
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je désire
remercier le député de Gouin, un des porte-parole officiel en
matière de santé et de services sociaux. Je le remercie de son
offre de collaboration et de compréhension. II a déjà
été adjoint parlementaire, si je ne m'abuse, aux Affaires
sociales dans le temps; alors, il sait que les problèmes sont
multiples.
Il a fait deux types de commentaires, mise à part sa philosophie
générale que je peux apprécier, un touchant les
engagements électoraux du Parti libéral et l'autre touchant les
propos de mon collègue, le président du Conseil du trésor.
Pour cette dernière partie, j'aimerais le référer au
président du Conseil du trésor. Pour la première partie,
puisque c'est ma responsabilité...
M. Roehefort: Je n'ai pas entendu ce que vous avez dit concernant
les propos du président du Conseil du trésor.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai référé au
président du Conseil du trésor.
M. Rochefort: Ah!
Mme Lavoie-Roux: Pour la première partie... Ou le
député de Gouin n'a pas voulu entendre ou il n'a pas voulu voir,
c'est évidemment toujours de bonne guerre. Je voudrais simplement,
très très brièvement, non pas relire les 20 pages du
texte, M. le Président, mais lui redire qu'il y a cette année,
dans le domaine de la santé et des services sociaux, du
développement pour au-delà de 200 000 000 $ et que, dans
l'ensemble, compte tenu de l'indexation, etc., c'est un montant nouveau de 465
000 000 $ et ceci fait abstraction, je pense... Évidemment, ce qui est
exclu ce qui reste, je le comprends, ce sont des négociations.
Le député de Gouin a dit: On voudrait que la ministre nous
donne des explications sur la diminution des budgets des CLSC. Je voudrais
faire remarquer au député - je peux le comprendre; parfois, moi
aussi, lorsque j'étais dans l'Opposition, je me mêlais un peu dans
les chiffres - à la page 13 de son document, que la croissance
réelle des crédits accordés aux centres locaux de services
communautaires est de 3,7 %. Évidemment, ce qui a pu créer la
confusion, ce sont des réaménagements budgétaires, c'est
la contribution au RREGOP qui a diminué de l'ordre de 9 000 000 $ et
ainsi de suite. Mais il y a une augmentation réelle de 3,7 % aux centres
locaux de services communautaires. Je ne prends que celui-là et,
d'ailleurs, il y aura d'autres questions sur les CLSC. Mais je voulais
seulement donner un exemple.
Il nous fait des reproches pour le manque de diligence à agir.
Après trois mois, nous rendions - peut-être était-ce trois
mois et demi, il faudrait vérifier la date exacte -public le programme
d'action pour le désengorgement des urgences. Le problème
était là, M. le Président, depuis sept, huit ou neuf
ans...
M. Rochefort: Dix ou onze?
Mme Lavoie-Roux: ...peut-être dix ou onze, mais il
était allé en s'aggravant. En trois mois et demi, on arrive avec
des solutions qui ont reçu, de la part des établissements et de
la part des intervenants... Il me fera plaisir d'apporter des
témoignages que j'ai reçus à cet égard sur la
cohérence de ce programme. Je me sens un peu gênée de
vanter un programme comme cela.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
gêne, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux; Je laisserai d'autres le faire.
C'est simplement pour indiquer que, même si je peux voir que les
reproches du député de Gouin sont de bonne guerre, ils ne me
semblent pas très fondés, pour dire le moins. Après cela,
vous voulez des réponses sur différents points. Peut-être
qu'il serait mieux, à ce moment-ci, de passer aux questions d'ordre
général plutôt que de s'étendre sur d'autres
commentaires.
Discussion générale
Le Président (M. Bélanger): On aura l'occasion de
revenir sur chacun des programmes de façon plus détaillée.
Alors, on pourra creuser plus à fond les sujets. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, effectivement, M. le Président,
seulement un commentaire sur les propos de Mme la ministre à la suite de
mon intervention. D'abord, je lui dirai qu'on a chacun notre façon de
concevoir la politique et le rôle de chacun des intervenants dans la vie
politique. Je ne suis pas ici pour jouer un jeu, jouer un rôle ou pour
tenir des propos qui sont de bonne guerre. Je suis ici pour dire ce que je
pense. La population jugera ultérieurement, comme elle le fait à
des fréquences régulières, les positions de chacun des
individus.
Deuxièmenent, sur les CLSC et le budget, j'aurai l'occasion
à l'étude du programme 1, celui des CLSC, de poser des questions
très précises à la ministre et de soulever les
problèmes de budgétisation du réseau des CLSC à
partir des différents crédits qui ont été
déposés le 25 mars dernier.
Quant au dossier des urgences, il fera l'objet d'une discussion
importante que je vais avoir, justement, avec la ministre et où on
pourra comparer témoignage pour témoignage, si c'est son
intention. Je pense qu'il s'agit d'une pièce maîtresse qui devra
faire l'objet d'une discussion un peu plus précise, un peu plus tard
dans les discussions que nous aurons probablement ce matin.
Objectifs de la ministre
Quant aux questions d'ordre général que je vous avais
annoncées et sur lesquelles on s'était entendus, Mme la ministre
et moi, en vue de l'organisation des travaux de notre commission, la ministre a
répondu partiellement, tantôt, dans son allocution d'ouverture en
nous disant ses objectifs, ses orientations et ses actions. J'ai pris des
notes. Elle nous a parlé de ses cinq objectifs: travailler au maintien
de l'universalité et de l'accessibilité, au maintien, le plus
possible, de la personne dans son milieu de vie naturel, la revalorisation du
personnel, l'investissement dans les services plutôt que dans les
structures et faire en sorte qu'une place prioritaire au budget de la
Santé et des Services sociaux soît accordée dans le budget
global de l'État du Québec. Si je comprends bien, ce sont les
cinq grands objectifs, les grandes orientations et ce qui va
caractériser le mandat de la ministre à la tête de son
ministère au cours des quatre prochaines années.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des principes qui, normalement,
devraient sous-tendre les actions que le ministère posera.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez d'autres grands objectifs
auxquels vous voulez vous attaquer au cours des quatre prochaines années
dans votre ministère. Autrement dit, si vous me le permettez, dans
quatre ans, supposant que vous serez titulaire du même ministère
pendant quatre ans, l'ensemble du réseau des soins et des services
sociaux au Québec ressemblerait à quoi après avoir
été travaillé, orienté, encadré,
aligné par la députée de L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Ce que le député de Gouin me
demande, il ne l'a peut-être jamais demandé à ses
collègues qui m'ont précédée. Au point de
départ, nous voulons maintenir, dans la mesure du possible, les acquis
du système de santé et de services sociaux que le Québec
s'est donné, plus particulièrement à partir des
années soixante-dix. Pour les maintenir, nous devons, d'une part,
être bien conscients des défis, au plan économique, qui
nous sont posés par le vieillissement de notre population, par une
situation économique qui n'est pas toujours facile, qui est loin
d'être facile. Une de mes marques de commerce, quand je quitterai le
ministère, est que j'espère qu'au plan de l'administration et de
l'organisation des services, de l'interrelatlon entre le social et la
santé, dans la complémentarité des services rendus par les
différentes institutions, on aura progressé dans le sens
où le rapport Castonguay-Nepveu, nous dirigeait, soit celui d'une
approche globale de la santé et des services
sociaux au Québec. C'est la réponse que je peux donner au
député de Gouin. (11 heures)
M. Rochefort: Pour vous, les défis qui vous attendent, les
défis qui sont sur le chemin de la ministre de la Santé et des
Services sociaux pour assumer son rôle mais qui, finalement, sont des
défis auxquels est confronté l'ensemble de notre
société. Quels sont-ils, ces grands défis pour les quatre
prochaines années dans le secteur de la santé et des services
sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai indiqué au
député de Gouin ce qu'ils étaient. Il faut d'abord
préserver les acquis. Il faut une meilleure collaboration, une meilleure
intégration de ce qui existe dans le réseau. Il ne s'agit pas de
tout remettre en question et de dire: On n'a plus de social ou on a juste du
médical ou enfin... Je pense qu'on veut faire cette meilleure liaison
entre le social et la santé parce que je pense qu'on a peut-être
des perspectives différentes, à l'endroit du bien-être des
citoyens, de celles qu'on avait il y a, je ne sais pas, 20 ou 25 ans, qui
étaient trop strictement reliées uniquement à des
problèmes physiques. Cela est un défi qui m'apparaît
important. Il y a aussi une sensibilisation de la population à
l'utilisation des ressources et à la prise en charge de sa propre
santé, de ses responsabilités vis-à-vis de sa propre
santé. Je pense que ce sont là des défis à relever
qui sont importants.
M. Rochefort: M. le Président, on sait que dans à
peu près n'importe quel ministère, mais je pense que c'est
particulièrement vrai dans les gros ministères comme
l'Éducation, la Santé et les Services sociaux, la Main-d'Oeuvre
et la Sécurité du revenu, un ministre est obligé de
consacrer beaucoup de temps à la gestion quotidienne de son
réseau, de son ministère et à faire face aux
problèmes spécifiques qui se posent quotidiennement, au jour le
jour, qui nécessitent des interventions, des réponses, des
solutions rapides. Mais, en même temps, quand on gère des budgets
aussi considérables, quand on fait face à des changements aussi
importants dans notre société, à une évolution
aussi grande des besoins, il faut être en mesure de poser le plus
possible de gestes aujourd'hui pour faire face à des problèmes
qui se présenteront dans quelques années ou qui prendront plus
d'importance dans un certain nombre d'années.
J'aimerais savoir un peu de la ministre comment elle croit être en
mesure de bien concilier cette dimension de la gestion quotidienne de
l'ensemble du réseau et des gestes qui doivent être posés
pour faire face à ces problèmes multiples qui se posent à
chaque jour dans le réseau, mais, en même temps, de réussir
à travailler aux grandes orientations, aux perspectives, aux gestes qui
doivent être posés, aux réformes qui doivent être
entreprises aujourd'hui pour faire en sorte que, dans quelques années,
les problèmes qui se poseront, qu'on a vu venir et qu'on voit venir
aujourd'hui, ne nous mettent pas dans des situations où finalement on
sera en retard, car on n'aura pas posé les gestes qu'il faut. Ces
situations, ces changements poseront de nouveaux défis plus
accentués, plus percutants, vu que les gestes n'auront pas
été posés aujourd'hui pour faire face à ces
problèmes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que
déjà dans le budget qui est présenté aujourd'hui il
y a des indications qu'on pose des gestes qui auront des répercussions
à plus long terme. Si on prend, par exemple, le fait que nous nous
attaquions immédiatement au redressement budgétaire des
hôpitaux, des centres hospitaliers, que nous y injections les sommes qui
nous apparaissent nécessaires pour responsabiliser les gens, le fait que
nous nous soyons attaqués au problème des urgences d'une
façon résolue, en y mettant aussi ce que nous croyons être
les ressources suffisantes, ce que d'ailleurs la population reconnaît, je
pense que vous avez là la preuve que ce ne sont pas juste des gestes
quotidiens en vue de combattre le feu qui est à l'institution X ou
à l'établissement Y, mais vraiment des gestes d'une envergure
beaucoup plus grande, qui vont permettre de prévenir ce à quoi on
assistait: une détérioration considérable du
système de la santé.
Évidemment, je ne veux même pas réutiliser le terme
que le député de Gouin a utilisé tout à l'heure,
quand on parlait de l'état de la santé au Québec ou des
ressources en santé au Québec parce que, d'abord, je ne l'ai pas
utilisé, mais il y avait une observation générale que la
santé ne recevait pas l'attention suffisante, bien que ce soit une
priorité pour l'ensemble de la population. Alors, je pense que les
gestes que nous posons aujourd'hui dans le sens de ce que nous consentons, au
plan budgétaire, dans une situation économique extrêmement
difficile - pour l'ensemble du réseau, on a une augmentation de 4,65 %
qui, si on tient compte de ce qui probablement aura été
dépensé en 1985-1986, se traduira par une augmentation de 6,7 % -
sont une indication d'un gouvernement qui répond aux attentes que la
population a placées en lui et qui remplit ses engagements.
Je voudrais en citer un autre: le règlement du problème
des médecins immigrants qui était un engagement que vous
retrouviez. On avait promis de se pencher sur la question des effectifs en
régions éloignées et nous l'avons fait. Je crois que vous
avez là des points très précis qui, justement, vont
prévenir une détérioration plus grande de ce qu'on
a connu. Également, il y a ce programme d'urgence où, pour la
première fois, M. le Président, on fait une jonction -si le mot
est français - entre le social et la santé d'une façon
aussi claire et qui a été bien reçue par tout le monde,
qu'on soit dans la santé ou qu'on soit dans le social, si on veut
continuer les divisions avec les murs, etc. Pour une première fois, dans
des gestes concrets, on nous donne les outils pour, justement, réaliser
ce lien entre la santé et le social. Ce sont là des indications
claires des intentions du gouvernement et de la façon dont la ministre
veut remplir son mandat. Sur cela, ce n'est pas clair-obscur, je crois que
c'est très clair.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, s'il vous plaît!
M. Rochefort: Un instant!
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse. Oui, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: II y avait quand même des liens. J'ai six ou
sept questions qui se suivaient les unes les autres. Je suis bien d'accord
après pour faire une alternance et revenir sur des blocs précis.
II serait peut-être utile de pouvoir fermer des boucles.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: Sans vouloir d'aucune façon...
Le Président (M. Bélanger): Non, non, j'accepte
bien, d'accord. Allez-y, on ira après.
M. Rochefort: Prenons un dossier précis ou une question
précise, quelque chose de connu aujourd'hui qui est le vieillissement de
la population. Quand on sait le nombre de personnes du troisième
âge que le Québec aura dans 10, 15 ou 18 ans, quand on sait
combien on aura de personnes de plus qui auront 75 ans et plus, 80 ans et plus,
quand on sait aujourd'hui combien ces personnes nécessitent des
attentions particulières, notamment au niveau de la santé et des
services sociaux, quels sont les gestes que la ministre entend poser dans
l'année qui vient, par exemple, pour, qu'autour des années 1990,
1995, 1997 nous ne nous retrouvions pas avec le problème en entier sur
les bras et que le réseau n'ait pas vu venir ce problème et,
donc, n'ait pas commencé à poser de gestes et à se
structurer de façon telle que nous puissions être prêts
à temps pour faire face à ce problème majeur, à
cette évolution démographique très importante?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me demande si le
député de Gouin a vraiment lu le dossier sur les urgences. Nous
avons identifié, dans le dossier sur les urgences, deux
clientèles particulières, entre autres, soit les malades
psychiatriques et les personnes âgées. Les mesures qui ont
été mises de l'avant dans ce programme pour les personnes
âgées sont considérables, que ce soit au plan de
l'hébergement, que ce soit au plan de l'établissement des
unités de gériatrie, des équipes mobiles de
psychogériatrie. Je crois que vous avez là une reconnaissance de
l'attention qu'on veut apporter aux personnes âgées. Si on ajoute,
dans le présent budget, le fait qu'on ait 13 000 000 $ de prévus
pour l'alourdissement des clientèles, c'est quand même, là
aussi, une autre indication du fait que pour nous le vieillissement de la
population est un problème dont on s'occupe dès maintenant.
Éventuellement, dans l'année - je l'ai dit dans mes notes du
début - on veut examiner aussi toute la question de l'exploitation des
personnes âgées, ce qui est aussi une promesse électorale
dont nous allons nous acquitter.
Le député de Gouin voudrait que, dans quatre mois, tout
soit fait et complété. On pourrait peut-être fermer
l'Assemblée nationale aussi si tout cela était fait. Je crois
qu'il n'y a pas de doute que nos préoccupations à l'endroit des
personnes âgées ont été exprimées. J'ai eu
l'occasion de les exprimer depuis plusieurs années. Je l'ai traduit sur
le plan des urgences. Nous le traduisons dans le budget et nous le traduirons
aussi éventuellement dans les ressources d'hébergement qui seront
mises d'une façon plus large à la disposition de nos concitoyens
ou, encore, de maintien à domicile. Cet effort considérable de
maintien à domicile qui est fait sur le plan des urgences est aussi une
indication de la place où nous voudrions qu'ils puissent vivre le plus
longtemps possible.
M. Rochefort: M. le Président, avant de passer à
une question additionnelle, toujours sur le même sujet. Non, je ne
prétends pas que l'ensemble des promesses doit être rempli en
quatre mois, sauf qu'il faut que les actions correspondent au discours qui a
été tenu.
Deuxièmement, je ne vois pas le lien avec la fermeture du
Parlement. Je pense que le Parlement est justement un lieu où on peut
faire des débats majeurs qui permettent à notre
société de progresser au lieu de croire que c'est en le fermant
que notre société progresse.
Cela fait neuf ans et demi que vous êtes députée
à l'Assemblée nationale; pendant un an, vous avez
été critique en matière de santé et des affaires
sociales; vous avez occupé le poste qu'occupe
aujourd'hui le député de Laval-des-Rapides pendant
quelques années. Vous vous êtes sûrement déjà
dit: Si, un jour, je deviens ministre de ce ministère, je vais changer
cela. C'est un problème inadmissible ou c'est une question qui
nécessite une intervention majeure ou il y a des changements importants
à réaliser. Mot, si j'arrivais un jour, voici les choses que je
voudrais changer. Y a-t-il des changements majeurs au-delà de ce que
nous avez dit depuis le début des interventions et dont j'ai pris bonne
note? Y a-t-il des changements additionnels que vous souhaitez apporter, des
choses qui, pour vous, sont vraiment un objectif personnel, je dirais, pas au
sens négatif du terme, au contraire, mais auxquelles vous avez
décidé de vous attaquer dans ces quatre années, en termes
de changements, de modifications majeures?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ou le
député de Gouin n'entend pas ou ne comprend pas ou je m'exprime
mal. Chacun pourra juger. Je pense que j'ai indiqué mes
préoccupations du point de vue de la gestion générale, de
l'évaluation, comme une façon essentielle de répondre aux
défis des années qui s'en viennent et qui vont devenir de plus en
plus lourdes du point de vue des ressources qu'il faudra affecter au
vieillissement de la population.
Je pense que cela a été indiqué. J'ai
indiqué également mes préoccupations vis-à-vis des
personnes âgées et vis-à-vis de certaines
problématiques, qu'il s'agisse de la santé mentale ou qu'il
s'agisse de l'institutionnalisation. Je peux vous dire une chose, M. le
Président: Cela fait huit ans qu'on parle de santé mentale; cela
fait huit ans qu'on parle de désinstitutionnalisation. Tout cela est
encore un monde inconnu, parce que le gouvernement qui nous a
précédés n'a jamais pris ses responsabilités dans
ce domaine. J'ai annoncé très clairement dans le discours mes
intentions à cet égard.
M. Rochefort: M. le Président, je dirais à la
ministre qu'il est tôt pour s'impatienter. J'ai très bien
écouté. J'ai même pris des notes durant chacune de vos
interventions. Je voulais simplement vous permettre de préciser des
choses d'un autre niveau que vous souhaitiez faire. Il n'y avait pas de
mauvaise foi derrière cette question. Je ne voulais pas froisser
d'aucune façon la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je ne me sens pas froissée.
M. Rochefort: D'accord. Je croyais comprendre cela. Pour
l'ensemble des priorités des prochaines années, notamment de
l'année qui vient, par rapport aux dossiers qui vont se
présenter, quelle est la méthode que la ministre a
décidé de retenir pour en arriver à établir des
priorités? C'est clair qu'on peut faire une liste exhaustive de
problèmes, de défis, mais, évidemment, compte tenu des
ressources budgétaires disponibles, il faut en arriver à
établir des priorités.
Est-ce que la ministre a retenu une façon à elle, une
façon personnelle? Est-ce qu'elle a mis en place une façon de
faire à son ministère, dans son cabinet pour en arriver à
un choix de priorités, quant à une priorisation des gestes, des
allocations de ressources qu'elle entend faire?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement -
je ne reviendrai pas, je renvoie de nouveau le député de Gouin
à mes notes - vous dire que, pour une première fois, on fait de
la planification stratégique au ministère de la Santé et
des Services sociaux. Cela me semble fondamental.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait développer
un petit peu cela, M. le Président?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'autre chose à ajouter, M.
le Président. (11 h 15)
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je termine cette
série de questions avec la question suivante. Est-ce que la ministre a
établi, dans sa planification stratégique, son programme
législatif pour l'année prochaine?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai fait allusion
à deux types de lois, la révision de la Loi sur la protection du
malade mental et, également, des mesures législatives qui
toucheraient la formation des conseils d'administration ou, enfin, les conseils
d'administration des établissements. Il y a déjà là
deux éléments précis et qui m'apparaissent très
importants. Il y a aussi d'autres projets de loi qui seront
déposés soit maintenant ou à l'automne, mais pour le
moment ce sont les deux seuls dont je veux faire part à mes
collègues.
M. Rochefort: Y a-t-il un échéancier pour ces deux
projets législatifs quant, au minimum, au dépôt et quant
à la date où vous souhaitez voir ces lois adoptées par
l'Assemblée?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai pas à
indiquer au député de Gouin si ce sera déposé le
1er septembre ou le 29 novembre. Pour l'année qui vient, ce sont deux
projets de loi auxquels nous nous
intéressons et auxquels nous travaillons.
M. Rochefort: M. le Président, je suis surpris de voir,
dans cette courte liste que la ministre consent bien à nous livrer
aujourd'hui, qu'il n'y ait pas l'autre pièce législative à
laquelle elle a fait allusion à quelques reprises, notamment dans une
entrevue au Devoir. Au sujet des garanties qu'elle voulait accorder à la
minorité anglophone quant aux services de santé et aux services
sociaux, elle avait indiqué, sauf erreur, le dépôt d'un
projet de loi pour cette session-ci, donc avant l'ajournement du 21 juin. Cela
fait-il toujours partie de vos priorités législatives?
Mme Lavoie-Roux: Cela fait toujours partie de nos
priorités législatives. Quant à savoir si j'ai dit que ce
serait déposé à cette session-ci ou à l'automne, il
faudrait que je révise, je ne m'en souviens pas.
M. Rochefort: Je pense que c'était au printemps. Mais, en
tout cas, de toute façon, ma question valait...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, c'est cela.
M. Rochefort: ...autant pour le printemps que pour l'automne.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, c'est toujours dans nos
priorités législatives.
M. Rochefort: Donc, ce sont les trois priorités
législatives que vous consentez à énumérer
maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont celles dont je veux bien vous faire part
à ce moment-ci.
M. Rochefort: Mais cela n'exclut pas qu'il y en ait d'autres?
Mme Lavoie-Roux: Cela n'exclut rien.
M. Rochefort: Merci, M. le Président, quant à cette
partie...
Le Président (M. Bélanger): Je reconnais le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, c'est strictement sur les
commentaires. Je voulais vous dire comment je trouve les questions, l'approche
ou le souci plutôt philosophique qui nous semble être
apporté ici par le député de Gouin pour l'Opposition. En
écoutant ses questions qui disaient: Quelles sont vos priorités?
Comment allez-vous faire cela? Quelle sera votre marque de commerce durant les
quatre années prochaines et peut-être plus? la question qui me
venait à l'esprit très spontanément, M. le
Président, c'était qu'il me semble que ce dont la ministre nous a
fait part ici, c'est qu'effectivement il y avait eu un manque presque total de
réflexion dans le ministère en termes de planification
stratégique, en termes d'évaluation des programmes durant huit ou
neuf ans. Je me serais senti rassuré, lorsque j'étais du
côté de l'Opposition, pendant cinq ans, d'avoir eu du
côté ministériel le même souci pour la planification
et l'évaluation que celui qu'a le député de Gouin
aujourd'hui.
J'aimerais revenir sur un point que la ministre a touché dans son
allocution d'ouverture lorsqu'elle disait qu'il n'y avait pas eu vraiment
d'évaluation faite de plusieurs programmes dans lesquels on investit
énormément d'argent. Il ne s'agit pas simplement de voir la
question en termes d'une évaluation budgétaire, etc., si on fait
des choix. Le maintien à domicile - c'est l'exemple qu'elle a
donné - c'est quelque chose qu'on fait au Québec depuis dix ou
onze ans. On a commencé à investir pour maintenir les personnes
dans leur milieu, etc. J'ai bien saisi qu'il n'y a eu aucun effort pour
évaluer l'impact de cette mesure et d'autres programmes comme cela et
que c'est effectivement l'une des choses qu'elle pourrait laisser au
ministère comme marque de commerce, d'avoir un souci beaucoup plus grand
quant à l'évaluation des efforts que nous consentons en tant que
société.
Mme Lavoie-Roux: À ma connaissance, il n'y a pas eu
d'évaluation formelle. D'ailleurs, le député de Laurier se
souviendra que l'an dernier, au moment de l'étude des crédits,
nous avions tenté d'obtenir des chiffres quant aux prévisions de
développement, compte tenu d'études qui auraient pu avoir
été faites. Elles étaient inexistantes.
Or, il y a une chose qui est certaine: on sait fort bien que tout te
monde s'entend pour qu'il y ait plus de services à domicile, car c'est
un des outils pour garder les gens dans leur milieu naturel le plus longtemps
possible. Quand on parle d'évaluation, on sait fort bien que cela
coûte très cher, que les demandes vont en augmentant, que la
population vieillit également. À ce moment-là, il faut
s'assurer que l'argent que l'on y ajoute et que l'on pourrait y ajouter - on
pourrait parler d'une centaine de millions, éventuellement - va donner
le meilleur rendement possible et que cela serve la population le mieux
possible. C'est dans ce sens-là qu'il y a lieu, avant d'y injecter
d'autres sommes qui doivent être prises ailleurs, d'évaluer d'une
façon plus serrée, car les évaluations, à ma
connaissance, n'existent pas présentement.
M. Sirros: Vous avez aussi parlé, à un moment
donné, d'un manque à gagner de 3 800 000 $ dans les CLSC. Vous
avez fait
la jonction entre les équipes de secteur, ou les engagements qui
avaient été pris pour le maintien de certains services des
équipes de secteur, et le manque à gagner de 3 800 000 $.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, ne préféreriez-vous pas attendre
au moment où on fera l'étude du programme des CLSC pour
approfondir cela ou si vous voulez le faire dans ces remarques?
M. Sirros: Ce n'est pas une question très
spécifique par rapport à cela; c'est très lié avec
ce dont on discutait tout à l'heure en termes de planification, en
termes d'évaluation, etc. Si j'ai bien compris, cela veut dire que des
décisions avaient été prises, à un moment
donné, sans aller au-delà du très court terme concernant
des annonces de maintien de services, sans pouvoir planifier au
ministère de la Santé les ressources nécessaires pour ces
services. Il y a là une approche très différente que la
ministre nous présente ici aujourd'hui quand on dit, finalement, qu'il
faudrait effectivement être en mesure de ne pas leurrer les gens, qu'il
faudrait être capable de dire qu'on va faire ceci, parce qu'on sait qu'on
va pouvoir le faire. Or, ce que Mme la ministre semblait nous dire, c'est qu'il
y avait effectivement des paroles, des discours qui étaient tenus, mais,
par contre, il y avait des fonds qui manquaient pour donner suite à ces
discours. Je voudrais simplement vérifier si j'ai bien compris, si vous
voulez.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, même si on peut
toujours déplorer que les discours soient tenus et que la marchandise ne
soit pas livrée, cela aurait été un demi-mal, mais ce que
j'ai trouvé, c'est que les discours avaient été tenus, la
marchandise avait été livrée, mais qu'il n'y avait
personne pour payer les comptes. Alors, c'est un peu plus compliqué.
Cela a été le cas, par exemple, dans des développements
pour une somme de 2 200 000 $ de services à domicile qui ont
été autorisés, alors qu'ils n'avaient pas
été autorisés par le Conseil du trésor.
Dans le cas des équipes de secteur, les conseils régionaux
avaient puisé à même leurs fonds pour financer les
coordonnateurs des équipes de secteur, pour lancer les équipes de
secteur dans ce grand projet de parachèvement des CLSC. Cette
année, apparemment, il n'y avait plus d'argent; alors, je dois le
financer à même la réserve ministérielle, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: Merci, M. le Président. Mme la ministre,
j'étais très heureux de vous entendre parler du problème
que le vieillissement de la population nous apporte. Il est là, il est
présent. On sait qu'actuellement on nous dit que 9 % de la population a
plus de 65 ans et que, d'ici à une vingtaine d'années, ce sera
à peu près 17 %. Alors, je suis content de voir que vous vous
penchez sur le problème de façon sérieuse et que,
très bientôt, on sera en mesure d'apporter des solutions à
tout cela.
Hébergement de personnes âgées
dans les presbytères
Ceci m'amène à demander si on étudie toutes les
ressources possibles, à savoir les écoles
désaffectées, les presbytères non utilisés, toutes
les ressources mal utilisées ou pas utilisées du tout. J'ai, dans
mon comté, de grands presbytères, Mme la ministre. J'ai fait
jusqu'à maintenant une approche qui semble plaire - et même,
parfois, cela les favoriserait - à certains curés qui, parfois,
sont en perte de revenus et qui seraient prêts à héberger
déjà des personnes âgées. On sait que, dans la
province, il y en a quand même 1902 actuellement; on pourrait en
dénombrer dans tout cela environ 1000 qui seraient facilement habitables
sans que, pour autant, nous ayons è investir de grosses sommes. Si on
continuait de se pencher sur ce problème, je me demande si nous, du
gouvernement provincial, serions prêts à aller plus loin dans
l'idée et faire en sorte qu'on puisse, à très court terme,
régler une partie du problème des personnes âgées
qui, souventefois, vivent en foyers clandestins, qui n'ont pas tous les
services ou qui n'ont pas tous les égards et tout le respect que,
normalement, elles devraient recevoir vu leur âge et ce qu'elles ont
accompli dans le passé, aussi parce que ce sont des humains qui
demandent considération comme tout le monde, mais qui, malheureusement,
parfois, sont sans défense ou pratiquement sans défense.
Il y a beaucoup de ressources dans notre province qui n'ont pas
été imaginées dans le passé, qui n'ont pas
été projetées parce qu'il n'y avait pas de politique
globale pour favoriser les personnes âgées, les personnes qui,
parfois, pouvaient être légèrement handicapées. Je
me demande si nous, en tant que gouvernement, allons être en mesure de
regarder cela sérieusement sans, pour autant, nous engager de
façon officielle à investir des sommes fantastiques. Est-ce que
vous croyez que l'approche peut être envisagée à plus ou
moins court terme, de nous servir des ressources qui sont déjà
à notre disposition, qui n'ont pas été utilisées ou
mal utilisées?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la proposition du
député de Fabre présente de
l'intérêt. Maintenant, il y a plusieurs
considérations. J'en ai déjà soufflé un mot, parce
que le député m'en avait déjà parlé; il
avait même transmis la demande au service du ministère. Il faut
bien comprendre que, avant de décider, il y a plusieurs
éléments qui entrent en ligne de compte. Juste pour vous en
donner quelques-uns, il faudrait d'abord déterminer s'il y a des besoins
dans votre région. Parce qu'il y a toujours des besoins pour placer les
gens. Ce n'est quand même pas nécessairement la philosophie vers
laquelle on tend, de placer les gens le plus possible.
S'il s'agit d'un contrat de location, que des presbytères
loueraient des places, je pense que, déjà, il n'y a rien qui les
empêche de faire cela, s'ils veulent louer des places à des
personnes âgées. Sauf que, s'il y avait un regroupement de
personnes âgées, à ce moment, probablement, il y aurait une
question de permis qui devrait entrer en ligne de compte aussi. Ils
deviendraient une sorte de foyer de groupe ou de famille de groupe. Ce sont
tous ces éléments qui doivent être examinés.
Compte tenu des besoins, pris d'une façon générale,
compte tenu des coûts importants, je pense que toutes les suggestions qui
sont faites doivent être examinées à leur mérite.
Dans ce sens, je pense que la proposition du député mérite
qu'on lui accorde l'attention nécessaire.
Budgets connus d'avance
M. Joly: J'apprécie votre réponse, Mme la ministre.
Tantôt, vous avez fait mention aussi dans vos remarques
préliminaires que vous allez confier, leur budget à l'avance aux
hôpitaux. Je pensais que c'était fait depuis des années. Je
me demande comment les hôpitaux pouvaient fonctionner sans
connaître leur budget. Comment faire une planification sérieuse
s'ils ne connaissaient pas leur budget?
Dans vos remarques préliminaires, vous mentionnez que vous ferez
un effort particulier cette année. Est-ce que cela veut dire que c'est
strictement cette année, mais que la politique sera endossée pour
les années ultérieures? Cela m'inquiète. Si on a un bon
point... Je pensais vraiment que c'était fait depuis nombre
d'années, mais cela ne semble pas être le cas. Est-ce que c'est
simplement cette année qu'on va faire cet effort ou si on va continuer
la pratique pour les années à venir? (11 h 30)
Mme Lavoie-Roux: C'est évident que ce n'est pas uniquement
pour cette année. Je pense qu'avec de meilleurs outils, avec un suivi,
etc., avec l'appui, que ce soit des conseils régionaux, que ce soit du
ministère, vu que les gens prennent, comme on dit, des bons plis, cela
devrait avoir des effets dans les années qui vont suivre. Ce serait un
peu comme la solution de tous les problèmes qu'on puisse... C'est
évident que cela fait partie de la planification de ce suivi et c'est
évidemment pour les années à venir. On demeure toujours
responsable en fin de compte des ressources qui sont mises à la
disposition des centres hospitaliers. Chaque année, les conseils
d'administration doivent rendre des comptes, sauf que cette année -pas
seulement cette année, mais pour les années à venir - ce
sera un suivi plus serré que dans le passé.
Vous mentionniez le fait que cette année ils connaîtraient
leur budget au mois d'avril. J'aurais même souhaité que ce soit le
1er avril, mais ce sera le 30.
Le Président (M. Bélanger): Pas un poisson,
j'espère!
Mme Lavoie-Roux: Non, non, ce sera le 30. C'est extrêmement
important pour responsabiliser les gens. D'ailleurs, je pense que dans la vie
ordinaire des gens, quand on sait ce qu'est son budget, si on est un peu
responsable, on dépense en conséquence. Mais quand on sait que
peut-être cela va s'ouvrir, cela va se fermer, cela va s'ajouter ou se
soustraire, n'importe qui dans une réalité beaucoup plus simple
que l'administration d'un hôpital serait un peu mal pris. Alors, cela
nous apparaît au point de départ essentiel que cette connaissance
des budgets soit la plus rapide possible.
Le Président (M. Bélanger): Avant de
reconnaître Mme la députée de Marie-Victorin, je voudrais
rn'excuser pour tout à l'heure. Il y avait la règle de
l'alternance, mais je n'avais pas vu que vous aviez levé la main. Je
m'en excuse et on sera plus vigilant la prochaine fois. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Mme la ministre, j'en profite pour vous saluer
ainsi que tous les membres de votre ministère. Il me fait plaisir de
pouvoir participer à cette commission. J'ai déjà
oeuvré à l'intérieur du milieu et à
différents autres niveaux en ce qui concerne les affaires de
santé, ce qui m'amène, justement, à m'intéresser
particulièrement à tout ce qui touche la qualité de vie.
Vous pouvez compter sur ma collaboration en ce qui concerne cet aspect qui nous
touche tous.
Collaboration des intervenants du
réseau
J'aimerais vous poser une question. Quand vous parlez de plan
organisationnel, cela ne se fait jamais d'une façon unilatérale,
nous avons affaire avec les différents intervenants du réseau.
Comme on le sait, à l'intérieur du réseau, chacun est
jaloux de ses prérogatives et il y a beaucoup de
réactions. Les gens ne sont pas toujours faciles ou ne sont pas toujours
enclins, justement, à s'asseoir à une même table et a
discuter des différents intérêts qu'ils pourraient avoir en
commun très souvent.
Alors, vous avez parlé tantôt d'une meilleure
collaboration, d'une meilleure liaison entre les gens du réseau. Comment
vous allez vous y prendre avec les intervenants du réseau, connaissant
déjà la problématique qui doit exister à
l'intérieur de ce réseau-ci, et comment allez-vous arriver
à atteindre votre objectif d'établir un meilleur climat entre les
différents intervenants à l'intérieur du réseau?
Comment allez-vous réaliser les objectifs que vous avez mis de l'avant
au point de départ de votre discours?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que c'est en posant des
gestes qui ont une signification. Je me réfère encore à
l'exemple des urgences où, justement, on a dit... je pense que vous
parlez du point de vue organisationnel. À l'intérieur d'une
institution ou à l'intérieur du réseau?
Mme Vermette: À l'intérieur du réseau parce
qu'il y a plusieurs acteurs. En fin de compte, cela va aussi loin que de
l'exécutant jusqu'aux personnes décisionnelles et l'ensemble de
tous les organismes qui peuvent exister aussi qui sont parallèles au
réseau.
Mme Lavoie-Roux: J'avais cru comprendre au début que
c'était le réseau mais, comme je savais que vous aviez
siégé à un conseil d'administration d'un
établissement de santé, j'ai eu cette hésitation.
Je disais que c'est en posant des gestes significatifs où
justement on invite plusieurs personnes à collaborer. Je pense que c'est
déjà un moyen de le faire. Il y a aussi, de plus en plus, au fur
et à mesure, des comités d'étude qui n'ont pas toujours un
rayonnement spectaculaire, mais qui sont mis sur pied, par exemple dans le cas
du comité d'étude qu'on a établi pour les effectifs
infirmiers, où on fait appel le plus possible à des acteurs ou
à des intervenants qui proviennent de plusieurs milieux. Je pense que
c'est dans la mesure ou on pourra aussi franchir les frontières de son
propre établissement, de sa propre fédération ou de sa
propre association, parce qu'on sait que tout le monde est regroupé en
association, que les gens pourront travailler plus facilement ensemble. Je
pense aussi que les efforts du ministère, des fonctionnaires du
ministère et également des conseils régionaux pour
favoriser ce dialogue-là vont aller en s'accentuant.
Il y a aussi - c'est peut-être cela notre chance -
présentement les désirs, d'une part, des intervenants qui sont
dans le réseau de vouloir maintenir des acquis. Je crois que c'est pour
tout le monde. Qu'on soit infirmière, qu'on soit psychologue, les gens
le veulent sincèrement pour l'intérêt de la population.
D'autre part, il y a les difficultés de plus en plus grandes ou les
limites de plus en plus grandes au plan financier, ce qui fait que les gens
sont peut-être à ce moment plus prêts à parler et
plus prêts à collaborer. Je vous concéderai qu'il y a dans
cela une part qui est de l'espoir et qui n'est pas encore de la
réalité. En changeant le dialogue, même strictement au
moment des négociations avec les différents intervenants, je
croîs que déjà on fera un pas de l'avant. Dans le
passé, trop souvent... Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de
confrontations au moment des négociations. Évidemment, je suis
comme tous les autres, je souhaite qu'il n'y en ait pas. Il faut savoir
séparer ce qui est l'objet d'une négociation, ce que sont les
contraintes d'une négociation, tant pour la partie patronale que
syndicale, de ce qui est aussi la pratique générale des
intervenants, leur action dans l'ensemble d'un réseau. Si les gens se
sentent aussi respectés à cet égard c'est de la semence
pour justement permettre cette plus grande collaboration, cette plus grande
ouverture des uns envers les autres. C'est un travail de longue haleine mais
j'ai l'impression que les intervenants sont plus prêts aujourd'hui.
Nous avions recommandé nous-mêmes une commission
d'enquête ou une commission d'étude. C'est une commission
d'étude qui est devenue une commission d'enquête nommée par
l'ancien gouvernement. Un des objectifs que nous nous fixions ou que nous
croyions devoir être fixé à cette commission d'étude
c'était précisément de recréer ce climat de
collaboration et aussi de recréer certains consensus parmi les
différents groupes d'intervenants.
Il y a plusieurs facteurs qui à ce moment-ci nous permettent de
penser... Aussi je peux vous assurer de la présence de la ministre non
seulement dans son bureau, sur la rue Joffre, mais également pour
rencontrer le plus de personnes possible, que ce soit par lettre ou que ce soit
de vive voix. Ce sont tous des moyens qui permettent de créer de la
confiance. Comme je vous le dis, il reste dans cela une part d'espoir mais il
faut l'entretenir, il faut la cultiver, il faut permettre que cet espoir
devienne la réalité. Sans ça on va s'en aller vers des
culs-de-sac où des gros pans de notre système pourraient sauter
ou menaceraient de sauter. Les gens sont plus conscients que ça. Les
barrières sont moins grandes qu'elles n'étaient.
Le Président (M. Bélanger): Madame.
Mme Vermette: J'ai une autre petite question que j'aimerais vous
poser. Vous avez aussi parlé de votre approche globale qui était
d'essayer de conjuger la santé et les services sociaux, ou de l'aspect
social, en fin de compte, de la santé. Il me semble que dans certains
cas cette perspective est vue comme étant une dichotomie par certains.
D'une part, des gens préfèrent garder les gens malades, cela les
favorise en fait sur le plan de l'équilibre budgétaire et, par
contre, quand on parle de l'amélioration et de la qualité de vie
on fait appel à la prévention. Si, mon doux! les gens
étaient moins malades il y en aurait quelques-uns qui auraient un manque
à gagner quelque part. Cela fait aussi partie de ce que je vous posais
tantôt comme question. Comment allez-vous concilier justement ces deux
objectifs qui en fait devraient être le mieux-être du patient ou du
bénéficiaire et qui très souvent quand on arrive au niveau
des acteurs à l'intérieur... Je me souviens très bien que
quand j'étais au conseil d'administration c'est quand on n'avait plus
rien a se dire, quand on était arrivés au point de non retour que
tout le monde pensait au mieux-être du patient.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est évident que chaque
intervenant a des intérêts qui sont les siens. On ne vivra pas
même dans cinquante ans dans une société d'anges. Je crois
que les gens sont des humains et ces forces jouent toujours. Comme je le disais
tout à l'heure, du fait que les gens aient réagi - dans cela vous
aviez toutes les professions, tous les types d'intervenants - de façon
aussi positive à une action conjointe entre les deux dimensions,
santé et service social, je crois que c'est un signe positif.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
Universalité et gratuité des services
sociaux et de santé
M. Rochefort; M. le Président, maintenant, je voudrais,
toujours dans les questions d'ordre général, aborder la question
de ces grands principes qui sont les fondements mêmes de notre
système de santé et de services sociaux au Québec.
Il faut se rappeler qu'au cours de la campagne électorale la
ministre et sa formation politique ont pris des engagements très clairs
quant au maintien, quant à la protection pleine et entière de
l'universalité, de la gratuité et de l'accessibilité aux
services de santé et aux services sociaux. La ministre, d'ailleurs, a
réaffirmé cet engagement à l'occasion d'une réponse
à l'Assemblée nationale le 18 décembre dernier. Elle l'a
confirmé dans une entrevue au Devoir à laquelle j'ai fait
allusion tantôt.
Ce matin, dans les questions que je lui ai posées quant à
ses objectifs, ses orientations, en tête de liste, elle nous a dit qu'il
fallait maintenir et travailler à maintenir les principes
d'universalité, d'accessibilité et de gratuité.
Mme Lavoie-Roux: ...de qualité.
M. Rochefort: Oui, de qualité aussi. Pour moi, ce n'est
pas indissociable, bien au contraire. M. le Président, cela se fait
à l'occasion de grands discours. Mais, un peu plus discrètement,
de façon un peu moins transparente, on s'aperçoit qu'il y a des
gestes, des décisions, des actes qui ont été posés
et qui, un à un, remettent en question de plus en plus, de façon
majeure, l'ensemble de ces grands principes.
D'une part, prenons les intentions de la ministre à
l'égard du programme de soins dentaires. Il est évident
qu'à partir du moment où cela coûte quelque chose à
une certaine classe de la population on ne peut plus parler
d'universalité, qu'à partir du moment où on
prélève et on ne rembourse pas à 100 % les
prélèvements on ne peut plus parler de gratuité. Quand on
remet en question ces deux principes, on remet automatiquement en question
l'accessibilité pleine et entière du service à l'ensemble
de la population.
On peut regarder du côté de l'implantation de la clinique
privée à l'intérieur même des murs de
l'hôpital Notre-Dame qui fera une distinction entre les citoyens: ceux
qui ont les moyens de suivre des examens rapides, efficaces et complets et ceux
qui n'ont pas les moyens de le faire et qui doivent le faire dans les cliniques
externes usuelles. On n'a qu'à penser à la réflexion
à haute voix de la ministre lors du colloque de la
Fédération des CLSC où celle-ci se questionnait non pas
à savoir s'il y aurait ou non frais modérateurs, mais se
demandait par où on commencerait, et elle évoquait la
possibilité de commencer par les soins à domicile. On peut penser
aussi aux nombreuses déclarations du président du Conseil du
trésor qui, jusqu'à nouvel ordre, est toujours membre du Conseil
des ministres, même peut-être l'idéologue en chef,
finalement, et qui y est allé de bon nombre de déclarations, qui
sont des déclarations gouvernementales. Celui-ci nous dit: On va mettre
fin au magasinage d'un docteur à l'autre, d'un centre hospitalier
à l'autre. Comment va-t-on réussir cela? Comment va-t-on limiter
ce qu'il appelle des abus, sans remettre en question l'universalité, la
gratuité et l'accessibilité?
Comment allons-nous pouvoir concilier la politique de tarification des
services mise de l'avant de plus en plus par le président du Conseil du
trésor dans différents services, dans le domaine de
l'éducation, dans le
domaine de la santé et des services sociaux, avec toujours ces
grands principes d'universalité, de gratuité et
d'accessibilité?
Comment allons-nous pouvoir concilier le maintien et la protection de
ces principes avec les déclarations du président du Conseil du
trésor qui dit: II y a une très grande différence, une
différence importante entre l'enseignement obligatoire et des sessions
de cours de perfectionnement, entre les services de santé de
première ligne et certains services accessoires? Toutes les
prothèses ne sont point indispensables, dit-il, tous les soins ne sont
pas des droits fondamentaux.
Comment allons-nous pouvoir concilier ces grands principes des promesses
électorales avec la déclaration du président du Conseil du
trésor, toujours, quand il dit ceci? Les questions prioritaires qui se
rattachent à la problématique budgétaire et qui ont
été examinées par le comité - son comité de
sages - se regroupent sous deux chapitres. Elles concernent tout d'abord la
carte de gestion des réseaux décentralisés,
éducation et services sociaux. Le comité est d'avis que des
changements importants devraient être apportés à ce
chapitre, notamment en repensant le mode de financement pour obtenir un
meilleur équilibre entre l'offre des services et une demande qui
s'exprime actuellement sans aucune considération des prix et des
coûts. (11 h 45)
Comment pourrons-nous concilier la protection pleine et entière
de ces grands principes avec, donc, l'ensemble des gestes qui ont
été posés, souvent très discrètement, par le
gouvernement, et avec l'ensemble des déclarations que le
président du Conseil du trésor a faites? Pensons à sa
déclaration où il dit: Le gouvernement doit cesser de croire et
d'affirmer qu'il doit fournir, dans toutes les régions du Québec,
à tous les citoyens, toute la gamme de services publics. Il laisse ainsi
sous-entendre qu'on n'offrira pas nécessairement les services dans
toutes les régions, qu'on ne les offrira pas nécessairement
à tous les citoyens et qu'on n'offrira pas nécessairement toute
la gamme de services. Comment concilier tout cela avec ces promesses formelles,
avec ces discours répétés, encore une fois ce matin, par
la ministre qui nous dit: Ma première priorité, mon premier
objectif, ma première orientation sera celle de maintenir
l'universalité, l'accessibilité et la gratuité?
M. le Président, je veux savoir ceci de la ministre: Où
allons-nous quant aux grands principes fondamentaux sur lesquels elle a commis
bon nombre de discours, sur lesquels elle et sa formation politique ont pris
des engagements formels, clairs, au cours de la campagne électorale et
pour lesquels ils ont obtenu un mandat très net de la part de la
population? Où allons-nous quant à ces principes fondamentaux qui
constituent les fondements mêmes de notre système de santé
et de services sociaux? La ministre peut-elle nous donner l'heure juste quant
à ce qui va se faire réellement et quant aux promesses qui ont
été faites?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a beaucoup de
questions, mais je pense que je peux répondre assez brièvement.
La première des choses, quand on parle d'universalité,
d'accessibilité et de qualité et qu'on affirme que tout est
gratuit, je pense que c'est trop facile. Evidemment, le gouvernement
antérieur a voulu nous faire croire que tout était gratuit quand
ils ont incorporé en 1978-1979 à l'ensemble du fonds
consolidé des revenus ce qui était payé pour la RAMQ. La
loi avait prévu que la contribution à la RAMQ serait visible sur
les chèques, sur la paie des individus.
Mais, en 1978, le ministre des Finances du temps - je vous dis 1978, je
ne me chicanerais pas si on me disait que c'est en 1979 - avait
décidé, parce qu'il avait découvert un surplus d'environ
150 000 000 $ à la Régie de l'assurance-maladie, de prendre ces
150 000 000 $, d'incorporer à l'ensemble de l'impôt sur le revenu
ce qui était normalement dévolu à la santé, plus
une hausse, qui pouvait être légitime, de la contribution des
corporations au paiement de la Régie de l'assurance-maladie. Depuis ce
temps, on est resté avec l'impression que cela ne coûte plus rien,
que c'est la gratuité. Écoutez, M. le Président, je pense
que tout le monde est fort conscient, si on s'arrête quelques secondes,
que c'est payable et que ce n'est pas gratuit.
Deuxièmement, je voudrais rappeler que, eu égard à
des tarifications possibles -je pense que le député de Gouin
n'était pas le ministre de l'Habitation à ce moment, je ne crois
pas - il y a maintenant une tarification pour la Régie du logement, eu
égard à certaines dispositions ou à certains appels qu'on
peut interjeter à la Régie du logement. Il y a également,
je pense, l'aide juridique - je ne sais pas si cela a été
accepté ou non - mais il a aussi été question de
tarification. Le député me fait signe que non, alors je prends sa
parole, il n'y a pas de tarification du côté de l'aide juridique.
Mais dire que la tarification en soi, c'est quelque chose de mauvais pour un
service donné, et là je me place dans un contexte
général, je pense que même l'ancien gouvernement en a mis
à certains endroits.
En ce qui a trait à l'universalité, je voudrais mentionner
que cela veut dire que les revenus d'une personne ne font pas que son droit de
recourir à un service de santé ou encore qu'une tarification ne
le disuade pas d'utiliser un service de santé...
M. le Président, je profite de l'occasion pour dire, et c'est
d'ailleurs ce que j'ai dit
depuis le début, que dans le cas du programme dentaire ni
l'universalité ni l'accessibilité ne seraient touchées.
Quant aux modalités de la demande de la contribution du public à
une partie du financement, elle sera connue en temps et lieu et fort
probablement au moment du budget. Je peux d'ores et déjà, et
comme je l'ai fait depuis le début, dire que l'universalité et
l'accessibilité ne seront pas réduites, dans le sens qu'il n'y
aura pas de tarification qui empêcherait les gens de s'en servir selon
leurs besoins. Évidemment les gens pourront décider que oui ou
non, mais que ce soit fondé sur ce que l'on pourrait appeler un frein ou
un ticket modérateur, il n'en a jamais été question.
Vous avez aussi posé la question de la gratuité, quant
à ce qui se passe à l'hôpital Notre-Dame pour la clinique
particulière qui a été mise sur pied. J'enverrai une
réponse écrite au député de Gouin. Je regrette de
ne pas l'avoir fait parce que je lui avais promis en Chambre. Elle n'a pas
été faite, je m'en excuse. Mais je peux quand même lui
répondre à ce moment-ci qu'il s'agit de services non
médicalement requis, et que c'est un arrangement entre des entreprises
et un hôpital; arrangement qui existait depuis, me dit-on, 20 ans
déjà dans le cas - j'ai les noms précis, je peux les
donner - du Royal-Victoria, de l'Hôpital Général, mais
depuis moins longtemps, et peut-être aussi de l'Hôpital
Général Juif, mais cela je le dis sous toutes réserves.
Alors, déduire de là qu'on laisse les gens ou les
établissements surfacturer ou encore que l'on va créer une
médecine de riches ou une médecine de pauvres... Ce sont
là des revenus qui retournent à l'établissement et qui ne
viennent pas... Il y avait toute la question de freiner la réponse aux
besoins d'autres individus. Ce sont des cliniques qui sont mises sur pied
à des moments bien précis et qui peuvent toucher... On m'a
parlé du Royal Victoria, qui a à peu près 500 personnes
par année; d'aucune façon - c'est ce qui m'inquiétait
moi-même - cela ne vient restreindre ou allonger la liste d'attente d'un
bénéficiaire qui ne passe pas par ce truchement, soit pour des
services de radiologie ou de laboratoire ou quoi que ce soit.
Là-dessus je peux rassurer le député de Gouin. Son
inquiétude était fondée, je l'ai eue moi aussi, cela a
été ma première réaction, mais les explications qui
m'ont été fournies et que je lui transmettrai d'une façon
plus spécifique dans une lettre nous permettent de croire qu'il n'y a
pas là d'accroc à l'universalité ou à
l'accessibilité des soins.
Ce que je veux dire au député de Gouin, c'est qu'il n'y a
pas d'indication; dans le domaine de la santé et des services sociaux -
je reviendrai sur la question des CLSC tout à l'heure - qu'il y ait un
frein modérateur. Enfin, il n'y en a pas au moment où l'on se
parle.
Ce que je peux dire relativement à ce que j'ai prononcé
à la Fédération des CLCS, où on m'avait
demandé d'aller livrer des réflexions et j'y suis allée...
Ils venaient de rendre public un mémoire demandant que l'on augmente de
80 000 000 $ les ressources financières pour les services à
domicile. On disait même qu'idéalement on aurait besoin de 360 000
000 $. On sait qu'il y a déjà quelque chose de l'ordre de 80 000
000 $ à 84 000 000 $ - c'est peut-être 84 000 000 $ si on y inclut
les organismes bénévoles - d'argent dépensé en
services à domicile. Cela rejoint la question de l'évaluation de
tous les programmes de maintien à domicile. Les gens trouvent qu'ils
n'en ont pas assez; les demandes vont en augmentant. Jusqu'où est-ce que
la demande peut devenir illimitée? Est-ce qu'on peut fournir à
tout le monde? Je pense que le principe qu'il faut conserver c'est que tout le
monde puisse y avoir accès et d'une façon universelle. Ce qui
réduit l'universalité, c'est que la ressource ne soit pas
accessible ou encore que des gens doivent s'en priver parce qu'ils doivent
payer des frais. Là on peut parler d'une réduction de
l'accessibilité ou de l'universalité. Tant et aussi longtemps que
ce principe de frein modérateur pour des personnes qui ne peuvent pas se
les payer n'est pas là, je pense qu'on ne peut pas parler de frein
modérateur. À tout événement, je voudrais
simplement lire un bout de lettre que j'ai reçue d'un CLSC, M. le
Président, si le ministre me le permet.
M. Rochefort: Le ministre va sûrement vous le permettre,
mais le député de Gouin aussi!
Mme Lavoie-Roux: Je voulais dire M. le Présidentl Un CLSC
nous dit qu'il a accepté une procédure de frais
modérateurs dans le sens des personnes qui ont des revenus les plus
élevés: "Cette politique nous a permis, dans bien des cas,
d'éviter l'exagération des demandes de services par les usagers
et nous a donné la possibilité de réinvestir ces revenus
dans de nouveaux services à la population." Je vais passer les autres
lignes. Ceci, pour indiquer que ces choses se passaient; nous ne le savions
pas. Je ne le savais pas, de toute façon. Je pense que c'est une remise
en question qui est faite: Quelle est la limite de nos possibilités dans
le sens de donner à tous, quel que soit leur revenu, des services qui ne
sont pas les services de santé de base protégés par la Loi
sur l'assurance-maladie?
Ce sont des réflexions qu'on fait. Je pense que ce sont des
questions qu'on peut se poser. Est-ce qu'elles seront retenues? Est-ce qu'elles
ne seront pas retenues? Je
pense que personne ne doit arrêter de réfléchir
à partir d'une donnée qui se veut un absolu. Je reviens encore
à ceci: L'universalité et l'accessibilité doivent
demeurer, mais il faut comprendre ce que veut dire l'universalité et
l'accessibilité, c'est qu'elles ne soient pas réduites par des
frais qui empêchent les gens de s'en prévaloir ou encore par
l'absence de service. M. le Président, je peux dire au
député de Gouin que, au moment où on se parle, il n'y a
pas de frais modérateurs pour freiner l'accessibilité, sauf ceux
dont je viens d'entendre parler, dans les CLSC.
Le Président (M. Bélanger): Mme ia ministre...
M. Rochefort: Je n'ai pas terminé sur ce sujet.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: M. le Président, on est loin des promesses
électorales faites par la ministre elle-même en campagne
électorale. On est très loin aussi des propos, des objectifs et
des décisions de ceux et de celles qui ont bâti notre
système de santé et de services sociaux dans les années
soixante-dix. On est en train de se faire donner une toute nouvelle
définition, ce matin, de l'universalité des services de
santé et des services sociaux.
À partir de maintenant, si je comprends bien,
l'universalité c'est de faire en sorte que tout le monde ait les moyens
de se payer les services. Donc, ceux qui ont de l'argent peuvent payer et ceux
qui n'en ont pas, on va les protéger. Je m'excuse, M. le
Président, mais voilà quelque chose qui va en contradiction
totale avec les objectifs, avec les gestes qui ont été
posés par tous ceux qui, de toutes les formations politiques, ont,
jusqu'à ce jour, contribué à l'édification de ce
système de dispensations de soins et de services sociaux.
Cette nouvelle définition que donne ce matin la ministre
m'inquiète grandement. Cela veut donc dire que la porte est aujourd'hui
toute grande ouverte; maintenant, après les soins dentaires ce sera
quoi? Les médicaments gratuits, les services opto-métriques, les
prothèses, peut-être l'hospitalisation, peut-être les
services donnés par des professionnels de la santé comme les
médecins omnipraticiens ou spécialistes? C'est maintenant une
porte grande ouverte. À partir d'aujourd'hui, l'universalité
c'est simplement que nous, du gouvernement, de l'Assemblée nationale,
puissions évaluer que ceux qui n'ont pas les moyens ne soient pas
empêchés de profiter des services. (12 heures)
Tous les autres, ils utiliseront leurs moyens financiers. Qui va
déterminer à partir de quel niveau de revenu on sera en mesure de
pouvoir profiter des services de santé? Où étaient ces
distinctions fondamentales - non pas ces nuances - que vous faites aujourd'hui
dans l'universalité quand vous avez pris vos engagements au cours de la
campagne électorale? Quel endroit, quel chapitre, quel paragraphe la
ministre peut-elle nous citer de son programme, de sa plate-forme
électorale où elle faisait, je le répète, non pas
cette nuance, mais cette distinction de taille fondamentale sur la
définition de l'universalité? L'universalité des services,
l'universalité des soins, cela veut dire que tout le monde profite
pleinement des services sans avoir à débourser de sa poche. C'est
cela, Mme la ministre, l'universalité. Dieu soit loué que ceux et
celtes qui ont mis en place notre système ne soient pas morts parce que,
aujourd'hui, ils se retourneraient dans leur tombe. C'est vraiment un
changement radical, et un changement dont on n'a jamais entendu parler au cours
de la campagne électorale.
Sur la question de la tarification, je rappellerai, premièrement,
à la ministre que ce qu'elle dit quant à la Régie du
logement est juste. Je n'y étais pas quand cela a été fait
et c'était une bonne décision. Non, Mme la ministre. Vous avez
pris l'engagement, au cours de la campagne électorale, de ne pas
remettre en question et, au contraire, de protéger pleinement
universalité, gratuité et accessibilité. Nous n'avions
jamais dit qu'il n'y aurait pas de tarification à la Régie du
logement ou des choses comme cela. Là, on parle des services de
santé et des services sociaux. La porte est en train de s'ouvrir
grandement, largement à la tarification dans les services de
santé et les services sociaux. La nouvelle définition que vous y
donnez ce matin est vraiment le début d'une ère nouvelle sous un
gouvernement libéral qui contredit même ce que les gouvernements
libéraux qui vous ont précédés et qui nous ont
précédés avaient posé comme gestes dans ce
domaine.
Quant aux soins dentaires, on aura l'occasion d'y revenir justement
mardi matin, au moment de l'étude des crédits de la Régie
de l'assurance-maladie. Mais laisser sous-entendre ce matin qu'un impôt
qui sera remis simplement en partie à ceux qui n'utiliseront pas le
service ou à ceux qui ont certains revenus ne met pas fin à
l'universalité et à l'accessibilité, M. le
Président, c'est complètement aller à l'encontre de ce sur
quoi tout le monde non seulement au Québec, mais au Canada s'entend
quant aux définitions, quant au sens à donner à ces
questions, à celui que les rédacteurs de vos engagements
électoraux pouvaient y donner à l'époque et à ce
que la population percevait et comprenait de tels engagements
électoraux.
Quant au service médical de l'hôpital Notre-Dame, Mme la
ministre, ce que vous dites est juste. Mais, si quelqu'un peut ouvrir un
établissement de nature privée dans un établissement
public, il y a là une brèche à la privatisation d'un
certain nombre de services. Si quelqu'un est capable d'obtenir les
résultats d'examens généraux complets dans l'espace de 24
heures, expliquez-moi pourquoi quelqu'un qui va à la clinique externe
avec plusieurs rendez-vous étalés sur quelques semaines, lui, ne
peut avoir ses résultats avant quelques semaines. S'il n'y a pas
là distinction, différence de services, deux classes de citoyens,
dites-moi ce que c'est dans la réalité.
Et, si vous me dites que cela se fait depuis 20 ans, je suis
opposé à ce que de telles choses se fassent è partir des
promesses que vous avez faites. Vous n'étiez pas obligés de faire
ces promesses. Vous n'étiez pas obligés de promettre aux
Québécois une telle chose. Vous l'avez fait en toute connaissance
de cause parce que j'imagine que vous aviez étudié vos dossiers
quand vous avez pris ces engagements électoraux.
Quant aux propos que vous avez tenus à la
Fédération des CLSC, je vous sortirai cet après-midi la
transcription de votre intervention à l'occasion de l'émission
Présent québécois sur les ondes de CBF Radio-Canada
à 17 h 40. Vous parliez aux journalistes. Vous avez très bien
dit: La question est de savoir si on commencera à mettre des frais
modérateurs dans le maintien è domicile ou ailleurs. C'est ce que
vous avez dit. Je vous rappellerai vos propos.
Quant à la lettre d'un CLSC à laquelle vous faisiez
allusion, M. le Président, en vertu de notre règlement, je
demanderais è la ministre de la déposer. Je vous dis
immédiatement que je suis opposé à ce qu'un CLSC
décide de changer les fondements de notre régime. Cela doit se
faire à partir d'un débat public, d'un débat franc, d'un
débat transparent et d'un débat ouvert auquel tout le monde doit
prendre part. Cela ne se fera pas en cachette, cela ne se fera pas à la
sauvette.
Je vous rappellerai que ce CLSC auquel vous faites allusion, si les
règles budgétaires ont été respectées et les
informations que j'ai sont qu'elles ont été respectées,
s'est vu couper d'autant son budget quant aux revenus qu'il est allé
chercher par cette politique de tarification. Quant à mot, des sanctions
additionnelles doivent être prises tant et aussi longtemps que ce
débat n'aura pas été fait et tant et aussi longtemps que
les conclusions de ce débat n'auront pas été connues.
Je vous rappelle que, quelles que soient les conclusions de ce
débat, cela va à l'encontre des promesses électorales que
vous avez faites, de la plate-forme sur la base de laquelle vous avez
été élus et vous avez reçu un mandat très
clair comme vous nous le rappelez très souvent.
Finalement, M. le Président, je reconnais que personne ne doit
refuser de réfléchir; moi, le premier, je réfléchis
à l'ensemble des questions auxquelles est confronté le
réseau de la santé et des services sociaux au Québec.
Mais, M. le Président, les réflexions ne viennent pas
après les promesses, elles doivent venir avant les promesses
électorales. Aujourd'hui, quand la ministre nous dit: On doit tenir
compte des limites du possible, je lui dirai qu'aujourd'hui nous
découvrons les limites et les dessous de ses promesses
électorales. Je sens qu'elle veut réagir et j'attends
effectivement une réaction. Je reviendrai tantôt sur les propos du
président du Conseil du trésor quand il dit: L'État devra
cesser de croire et d'affirmer qu'il doit fournir dans toutes les
régions, à tout le monde, toute la gamme de services; quand il
fait une distinction entre les services de base et les services accessoires en
matière de santé; quand il dit: On va mettre fin aux abus chez
les gens qui magasinent d'un docteur à l'autre, d'un centre hospitalier
à l'autre. Comment allez-vous poser ces gestes? Comment allez-vous
réaliser les politiques du président du Conseil du trésor
sans une nouvelle fois, une fois de plus, enlever, éliminer
l'universalité, la gratuité et l'accessibilité des
services?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, on vous a
demandé de déposer un document. Est-ce que vous acceptez de
déposer le document?
Mme Lavoie-Roux: Je ne crois pas qu'en commission parlementaire
je sois tenue de déposer un document.
Le Président (M. Bélanger): Absolument pas, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je ne le déposerai pas, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question que vous
venez de soulever, je prends bonne note que la ministre refuse pour la
septième ou huitième fois de donner réponse à des
questions de l'Opposition, ce qui souligne jusqu'à quel point nous
avions raison dans notre intervention d'ouverture de montrer jusqu'à
quel point la ministre travaille en l'absence totale de transparence, de
franchise et d'ouverture.
Le Président (M. Bélanger): C'est la
première fois, à ma connaissance, que Mme la ministre... Selon
ses prérogatives et les règlements de cette commission, elle peut
refuser de déposer un document. C'est la
première fois, à ma connaissance.
M. Rochefort: Sur votre intervention, M. le Président, je
n'ai pas dit que c'est la septième fois qu'elle refuse de déposer
un document. J'ai dit: C'est la septième ou huitième fois qu'elle
refuse de répondre à une question et je vous ferai porter...
Le Président (M. Bélanger): Alors, cette fois-ci,
elle va sûrement répondre.
M. Rochefort: ...copie du Journal des débats.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je maintiens de nouveau
que les engagements que nous avons pris de préserver
l'universalité, l'accessibilité et la qualité des services
demeurent toujours et que nous allons faire tout ce qu'il faut pour les
conserver. La démonstration que notre gouvernement a faite qu'il voulait
les préserver a été de faire des compressions dans
d'autres domaines qui nous apparaissaient moins essentiels pour la population.
Ces efforts ont été faits, si bien que l'ajout dont j'ai
parlé ce matin, au plan financier, dans le domaine de la santé et
des services sociaux, a été considérable.
Évidemment, le député de Gouin aime bien entretenir
l'idée qu'il y aura des frais modérateurs pour les dents, les
frais modérateurs, pour ceci, des frais modérateurs pour cela,
mais il n'a pas encore fait la démonstration concrète qu'il y
avait des frais modérateurs. Deuxièmement, M. le
Président, je pense qu'un gouvernement responsable doit se poser des
questions et je n'ai aucune hésitation à poser des questions, que
ce soit dans le domaine de la santé, des services sociaux ou autres. Je
pense que si nous arrivons à un cul-de-sac où nous devons
retrancher l'essentiel des services à l'ensemble de la population, nous
aurons été irresponsables. Alors, que nous nous posions des
questions vis-à-vis des développements ultérieurs et
à savoir comment nous les financerons, je pense que c'est là
être responsables, M. le Président. Je n'ai aucune
hésitation à dire que je continuerai de le faire, justement pour
préserver cette universalité, cette accessibilité et cette
qualité des soins à l'ensemble des citoyens du Québec. Il
y a toujours bien un maudit bout!
M. Rochefort; M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...deux réactions précises plus des
questions qui suivront sur ce même sujet. Quant à la
réponse de la ministre, je lui dirai que, si je n'ai pas fait la preuve
que des frais modérateurs sont maintenant imposés dans le
système, il semble que l'ensemble des Québécois le
comprennent, quand on regarde les réactions qui nous ont
été acheminées, notamment dans le dossier des soins
dentaires. Je retournerai aussi la ministre à un éditorial
récent de Jean Francoeur qui disait que ce qu'elle fait dans le domaine
des soins dentaires est pire que des frais modérateurs. Alors, si je
n'ai pas fait la démonstration, il y a probablement une seule personne
au Québec chez qui cela ne s'est pas rendu et c'est celle qui avait fait
toutes les promesses que nous connaissons.
Quand la ministre vient nous dire aujourd'hui qu'on n'empêchera
pas son gouvernement de se poser des questions, de réfléchir,
nous en sommes, M. le Président. Il faut que ce gouvernement
réfléchisse. Mais je veux simplement lui rappeler qu'ils ont
été neuf ans et demi dans l'Opposition. Ils auraient
peut-être dû profiter de cette période pour
réfléchir avant plutôt qu'après avoir fait les
promesses électorales qu'ils ont faites car c'est là un refus de
remplir le mandat électoral qu'ils ont reçu de l'ensemble de la
population.
Tous les jours le premier ministre se lève en Chambre pour dire:
Ah, j'ai été élu là-dessus, c'est à la page
97, chapitre 2 de mon programme, j'avais ce mandat. Je l'ai déjà
dit, une fois, en anglais qu'on changerait la loi 101. Il ne l'a pas dit en
français. Ah, c'était dans le programme...
M. Lemieux: Question de règlement!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
M. le député de Gouin, est-ce qu'on pourrait s'en tenir à
la pertinence du débat, du dossier qui nous intéresse, les
crédits du ministère de la Santé?
M. Lemieux: II y a un article des règles de
procédure que le député de Gouin connaît très
bien, la règle de la pertinence. Je comprends qu'on doit être
extrêmement large lors de l'étude des crédits
budgétaires. Mais, quand même, cela doit se rapporter aux
crédits budgétaires comme tels du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Il le sait très bien. Et venir
parler du programme électoral du Parti libéral ici, en commission
parlementaire, je pense que ce n'est pas le but et le mandat de cette
commission. On doit faire l'étude des crédits, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on pourrait s'en
tenir à la pertinence du débat.
M. Rochefort: M. le Président...
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Laurier.
M. Sirros: Elle est très courte. J'aimerais simplement
rappeler au député de Gouin que les caméras se trouvent
dans le salon bleu.
Le Président (M. Bélanger): M, le
député.
M. Rochefort: M. le Président, je ne suis pas surpris que
le député de Laurier me fasse cette remarque parce que l'on sait
que c'est ce qu'il recherche à longueur d'année, mais il semble
que cela ne lui a pas permis de devenir ministre.
Sur la question...
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais, M. le
député de Gouin, de vous en tenir à l'étude des
crédits.
M. Rochefort: ...de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
M. Rochefort: Sur la question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: ...soulevée par le député de
Vanier, si rappeler des promesses électorales qui ont été
faites il y a moins de quatre mois et qui concernent directement le sujet que
j'aborde, celui de l'universalité, de l'accessibilité et de la
gratuité des soins, n'est pas pertinent, vous me direz bien ce qui est
pertinent. Si vous avez honte de votre programme, c'est votre problème.
Maintenant que vous avez reçu le mandat de l'appliquer, nous allons
être vigilants quant aux gestes que vous poserez, quant à
l'application de ce programme électoral.
Le Président (M. Bélanger): II y aura d'autres
forums.
M. Lemieux: M. le Président, ce n'est pas le forum pour la
loi 101.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Vanier, s'il vous plaît! Alors, il y aura
d'autres forums pour faire ces débats. Ce qui est important ici, c'est
de faire l'étude des crédits et non pas les évaluations
des programmes électoraux ou des promesses qui ont été
faites à ce moment-là. Alors, je vous prierais de vous en tenir,
pour les besoins de la cause, à l'étude des crédits.
M. Rochefort: M. le Président, sur votre question de
règlement, je m'excuse...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin...
M. Rochefort: ...on est ici...
Le Président (M. Bélanger): ...est-ce qu'on
pourrait s'en tenir à l'étude des crédits et
procéder? Je vous remercie.
M. Rochefort: M. le Président, sur votre intervention de
règlement...
M. Lemieux: Question de règlement, M. le Président.
C'est l'article 41, paragraphe 2. J'aimerais faire remarquer au
député de Gouin que, lorsque le président rend une
décision, on n'a pas à commenter ni à intervenir sur la
décision du président.
Une voix: C'est clair et net.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Vanier, vous m'enlevez les mots de la bouche, j'allais
faire appel à cet article. Je vous demanderais maintenant de
procéder, s'il vous platti
M. Rochefort: M. le Président, je procéderai, mais
je ne peux mettre de côté les promesses qui ont été
faites dans le dossier de la santé et des services sociaux, ce qu'on
étudie ce matin; cela fait partie intégrante des discussions.
M. le Président, je dirai que, s'il y avait des réflexions
à faire ou des questions qu'on voulait se poser, il fallait le faire
avant de faire les promesses électorales et de recevoir le mandat que la
population leur a donné. Je veux que la ministre nous indique de quelle
façon elle est associée aux réflexions que mène le
président du Conseil du trésor sur l'ensemble des questions qu'il
a soulevées dans son discours de la semaine dernière devant un
groupe d'administrateurs, où il a repris ces questions: il faut mettre
fin aux abus de magasinage d'un médecin à l'autre, d'un centre
hospitalier à l'autre; on ne pourra plus offrir tous les services, dans
toutes les régions, à tous les citoyens, ou on devra commencer
à tarifer certains services de santé et services sociaux.
L'ensemble des déclarations du président du Conseil du
trésor, cela ne me gênera pas d'en faire parvenir une copie
à la ministre si elle n'a pas eu le temps d'en prendre connaissance.
Je veux qu'elle nous dise comment les gens de son ministère et
elle sont associés à ces réflexions du président du
Conseil du trésor, qui y va largement de ses orientations sur la place
publique en matière de santé et de services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, au
point de départ, puisqu'on parle toujours d'universalité,
d'accessibilité et des promesses dans le domaine de là
santé que notre formation politique a faites durant la campagne
électorale, je suis très fière de dire que, au moment
où nous parlons, dans le domaine de la santé et des services
sociaux, une grande partie des promesses électorales a été
remplie et ceci, à peine quatre mois après l'élection du
gouvernement libéral.
Quant à la deuxième question du député de
Gouin, je pense qu'au Conseil... Il n'était pas au Conseil des
ministres. Mais je pense que chaque ministre a toute la latitude pour exprimer
ses points de vue. Le président du Conseil du trésor l'a fait. Je
pense qu'il a utilisé ce qui était sa latitude et ses
privilèges. C'est tout. (12 h 15)
M. Rochefort: Est-ce que je dois comprendre que la ministre est
en désaccord avec le président du Conseil du trésor?
Est-ce que je dois comprendre que la ministre a déjà posé
des gestes ou est sur le point de poser des gestes visant à
réaliser les orientations du président du Conseil du
trésor en ce qui concerne son propre ministère, dont elle a la
responsabilité ultime devant cette commission et devant
l'Assemblée nationale?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai à
être ni en accord ni en désaccord sur le fond. Je pense que le
président du Conseil du trésor a simplement fait part... Je ne
l'ai pas lu en détail, mais je pense qu'il parlait à une
conférence...
M. Rochefort: Je vous l'enverrai, c'était lors d'une
conférence.
Mme Lavoie-Roux: Dans une conférence, il a adressé
les propos qu'il a voulu faire, il a fait part de ses réflexions. Je
pense que c'est tout à fait son droit et je n'ai pas à être
en accord ou en désaccord.
M. Rochefort: À ce moment-là, comment
appliquez-vous le principe de la solidarité ministérielle?
Mme Lavoie-Roux: Je ne vois pas du tout où le principe de
la solidarité ministérielle...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, voyons
donc!
Mme Lavoie-Roux: Franchement!
Le Président (M. Bélanger): Elle n'est pas
responsable des propos des autres, voyons donc!
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, je l'accepte.
M. Rochefort: D'abord, M. le Président, l'intervention que
vous avez faite, je ne sais pas en vertu de quoi vous l'avez faite.
Le Président (M. Bélanger): Comme membre de la
commission.
M. Rochefort: Oui, il faudrait peut-être me laisser le
temps de finir mes interventions et intervenir à votre tour comme membre
de la commission. Comme président, je vous soulignerai que le principe
de la solidarité ministérielle est au coeur des institutions
politiques dans lesquelles nous oeuvrons tous. J'ai le droit de demander
à un ministre ce qu'il fait de la solidarité ministérielle
lorsqu'il se démarque des propos tenus par un de ses collègues.
C'est pertinent comme question.
Le Président (M. Bélanger): Vous adressez la
question à Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il ne s'agissait pas
d'une décision gouvernementale, il ne s'agissait pas d'une question qui
était discutée au Conseil des ministres. Je pense que la
solidarité ministérielle ne s'applique pas dans de telles
circonstances.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends que la
ministre ne veut pas commenter les propos du président du Conseil du
trésor et ne nous indique d'aucune façon si elle a
été associée à cela ou pas et si elle entend donner
suite aux orientations du président du Conseil du trésor.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas à faire ceci. Je n'ai rien
d'autre à ajouter, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, j'aborderai maintenant le
dossier...
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à un autre sujet, j'aurais une question à poser à Mme la
ministre. D'abord, j'ai un passé d'administrateur dans ce réseau,
je n'ai pas besoin de le rappeler, je pense. J'ai vécu toutes les
subtilités du langage administratif, c'est-à-dire les coupures
budgétaires, les compressions budgétaires, les
rétablissements de base budgétaire, la rationalisation,
l'économie de ressources, on les a tous vus. Cela se traduisait par
moins d'argent pour faire la même chose année après
année et cela a posé des problèmes.
Un autre élément, j'apprécie
énormément la nuance que vous faites entre
accessibilité et gratuité. Si je comprends bien,
l'accessibilité pour un handicapé en chaise roulante, c'est de
pouvoir entrer au cinéma parce qu'il y a une rampe qui le permet, il y a
une place pour y assister, mais cela ne l'empêche pas de payer son billet
quand même. Je comprends qu'il y a une différence entre
accessibilité et gratuité. Je comprends aussi que ce n'est pas
toujours facile pour vous de défendre les crédits de vos
précédesseurs, mais dans ce contexte, compte tenu de la
façon dont les compressions budgétaires se sont faites dans les
années antérieures, dans les sept ou huit dernières
années, quelle serait votre approche vis-à-vis de toute forme de
rationalisation ou vis-à-vis de toute forme d'intervention que vous
auriez à faire à ce niveau?
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire du point de vue...
Le Président (M. Bélanger): Au cours des
années passées, on a eu des compressions faîtes à la
tondeuse. C'était un pourcentage imposé à tout le monde,
justifié ou pas, quelles que soient les conséquences,
c'était envoyé. Si vous aviez de telles interventions à
faire - on connaît la situation économique de la province - vous
les feriez selon quel principe d'intervention?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, du point de vue du coût du
système, c'est déjà une façon de procéder
pour que, justement, les établissements puissent remplir leurs
obligations. Ce que nous avons voulu faire cette année, c'est contrer ce
qu'avaient été les résultats de nombreuses années
de compressions budgétaires. Quand on accumule en quatre ans - de 1982
à 1986 - ou en trois ans, des déficits de l'ordre de 264 000 000
$, pour parler d'un seul type d'établissements, on est obligé de
faire des redressements de base budgétaire dans les CSS, les centres de
réadaptation et les CLSC, je les ai à peu près tous
nommés. L'ensemble du réseau a été
sous-budgétisé. Le résultat net de cette soi-disant
rationalisation - on pourra lui donner le qualificatif qu'on voudra parce que
les gens ne manquent pas d'imagination là-dedans -c'est que l'ensemble
du réseau était sous-budgétisé, avec les
conséquences et les tensions que cela crée et la diminution de la
qualité des services pour la population qui y a recours.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre. M. le député de Gouin.
La commission Rochon
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je voudrais aborder la
commission Rochon avec Mme la ministre. Dans un premier temps, je voudrais lui
souligner que je pense que non seulement des promesses ont été
faites avant de réfléchir au contenu de celles-ci, mais
qu'aujourd'hui on est en train d'échafauder des chambardements majeurs
dans le réseau de la santé et des services sociaux, alors que la
commission Rochon est en plein cours de réalisation de son mandat. Il
s'agit là, d'une certaine façon, d'une attitude qui me porte
à m'interroger quant à la confiance réelle qu'accorde la
ministre aux membres de la commission Rochon.
En juin 1985, la commission Rochon était instituée,
composée de douze commissaires. Le gouvernement de l'époque,
celui du Parti québécois, avait pris bien soin de s'assurer que
le mandat et la composition assureraient à cette commission toute la
crédibilité nécessaire quant à l'accomplissement de
ce mandat majeur pour l'évolution de notre système de
dispensation de soins et de services sociaux, et que cette composition
obtiendrait et accorderait à la commission toute la confiance de
l'ensemble des intervenants.
Huit mois plus tard, la ministre arrive au ministère et
procède à des chambardements majeurs dans le mandat, dans les
échéanciers, dans le budget et dans la composition de la
commission. Huit mois plus tard, c'est après une période
importante, déterminante quant au fonctionnement de la commission,
qu'avaient traversée ensemble tous les commissaires. Ils avaient appris
à se connaître, ils avaient appris à occuper chacun des
rôles pour lesquels ils étaient là, ils avaient
préparé leur plan de travail, ils étaient tout juste sur
le point de lancer la première tournée de consultations au
Québec. Déjà, des consultations privées avaient eu
lieu avec bon nombre d'intervenants. Tout à coup, on vient briser le
rythme, on vient procéder à des changements de commissaires et de
mandats.
Ma première question est la suivante: Comment la ministre
peut-elle concilier d'avoir élargi le mandat et d'avoir en même
temps réduit l'échéancier de la commission Rochon?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis contente de
l'occasion que le député de Gouin me donne de préciser
certaines choses sur la commission Rochon. D'abord, nous l'avions
annoncé, c'était dans notre programme électoral...
M. Rochefort: Je le reconnais.
Mme Lavoie-Roux: ...de réviser le mandat, la composition
et l'échéancier de la commission.
M. Rochefort: Cela aussi.
Mme Lavoie-Roux: Une autre promesse
qui a été remplie.
Une voix: C'est pas mal en quatre mois.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous...
Le Président (M. Bélanger): Le député
devrait féliciter Mme la ministre!
M. Rochefort: Vous intervenez à quel titre, M. le
Président?
Mme Lavoie-Roux: Que nous soyons intervenus au niveau de
l'échéancier, du mandat et de la composition, je pense que
c'était tout à fait connu du public. D'ailleurs, on me pressait
pour que j'intervienne au niveau du mandat, de l'échéancier et de
la composition. La raison pour laquelle je l'ai fait, ce n'était pas
à cause des pressions de la population, mais vraiment parce que, sur la
façon dont le mandat avait été donné,
c'est-à-dire une commission d'enquête sur la santé et les
services sociaux connexes, il y avait une confusion très grande.
D'ailleurs, tous les membres de la commission à qui j'ai parlé
-parce que j'ai parlé à tous les membres de la commission -
trouvaient que c'était très confus. Cela créait pour eux
des difficultés quand il s'agissait d'interpréter l'extension
qu'il fallait donner aux services sociaux ou autres. Depuis, d'ailleurs, les
membres de la commission ont eu l'occasion de me dire que cela avait
facilité leur tâche, que cela avait facilité la
compréhension des intervenants quant au véritable mandat
"santé et services sociaux." Je pense que, dans toute la discussion que
nous avons eue plus tôt ce matin, cela rétablissait justement
cette interconnexion entre la santé et les services sociaux, ceux-ci
n'étant pas des corollaires de la santé, mais faisant
véritablement partie de l'ensemble du réseau. Je pense que, pour
le mandat, il n'y a eu aucun problème.
Quant à la composition, je pense que j'ai réussi à
garder là ceux qui avaient formé l'exécutif, en somme, de
la commission Rochon. Ils y sont tous demeurés. Je ne reviendrai pas sur
les noms. Il y avait le président, le secrétaire
général, la vice-présidente, etc. Ce sont eux qui avaient
travaillé davantage pour faire partir la commission et ils s'y
retrouvent tous. J'y ai ajouté quelqu'un qui, à mon point de vue,
pouvait apporter la dimension services sociaux. C'était une personne
très qualifiée et il n'y a, d'ailleurs, eu aucune contestation
quant à la nomination de ce dernier membre.
Je dois vous dire que les échos que j'ai des commissaires depuis
qu'ils ont commencé la tournée, entre autres, c'est qu'ils sont
très heureux de voir que la commission a été
réduite pour la rendre plus fonctionnelle et qu'ils auraient
trouvé extrêmement difficile de faire les auditions publiques avec
un aussi grand nombre de commissaires. D'ailleurs, l'expérience
démontre que, dans la plupart des commissions - nous avons pris la peine
d'examiner lés différents modèles - on peut ordinairement
être cinq, six ou sept, mais quand on va au-delà de dix, onze ou
douze, cela rend les décisions et tout le fonctionnement
extrêmement difficiles. La commission est donc devenue beaucoup plus
opérationnelle et je n'ai eu, au contraire, que de la reconnaissance de
la part des membres de la commission, à savoir que cela avait
été un bon choix.
Quant à l'échéancier et au budget... Le
député de Gouin me dit de réduire le budget. C'est ce que
vous avez dit?
M. Rochefort: Non, non, non. J'ai dit: Comment conciliez-vous
d'élargir le mandat et de réduire l'échéancier?
Mme Lavoie-Roux: Vous avez parlé de budget aussi?
M. Rochefort: C'est dans mon intervention générale,
mais la question précise...
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce que vous avez dit dans votre
intervention générale sur le budget?
M. Rochefort: J'ai simplement fait état de la liste des
changements apportés à la commission Rochon, incluant le
changement du budget.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. J'y arrive à
celle-là.
M. Rochefort: La question précise que je vous posais
portait sur le fait que vous élargissez le mandat et vous
réduisez l'échéancier.
Mme Lavoie-Roux: Sur le budget, la commission avait
demandé un budget de 5 800 000 $ à l'ancien gouvernement qui l'a
réduit à 3 000 000 $. Nous sommes présentement en
pourparlers pour savoir si la commission peut véritablement fonctionner
et terminer son travail. Nous sommes à examiner cela. Je voudrais quand
même faire remarquer que l'ancien gouvernement avait réduit le
budget qu'avait demandé la commission Rochon.
Quant à l'élargissement du mandat et à la
réduction de l'échéancier, je voudrais vous faire
remarquer que le premier mandat était aussi très large.
C'était une commission d'enquête sur la santé. Une telle
commission devait d'abord faire état de la santé des
Québécois et des Québécoises. Vous entriez dans un
champ extrêmement large. Nous l'avons également réduit en
disant: les
services de santé et les services sociaux. En ce qui a trait
à l'évaluation, il y avait aussi une disposition pour
évaluer tous les programmes existants, etc. Si on voulait vraiment faire
ce qui était décrit dans le mandat, cela aurait pu vouloir dire
une étude qui se serait étendue sur plusieurs années,
puisqu'il faut développer des instruments de mesure, comme ils
n'existent pas; il faut qu'ils soient valables, etc. Je pense que cela a
été réduit.
Je n'ai pas le mandat devant moi tel qu'il a été
réécrit, mais il y en a aussi un autre qui allait beaucoup plus
loin dans toute la participation du public. Nous l'avons réduit aux
intervenants du réseau, aux institutions du réseau et
également aux institutions connexes dans le sens peut-être des
municipalités ou de tous ceux qui interviennent dans le réseau de
la santé.
Le mandat a été élargi du point de vue des services
sociaux pour le rendre plus cohérent et pour que les gens sachent ce
qu'ils voulaient vraiment étudier. D'autre part, dans des
éléments qui nous apparaissent beaucoup plus larges, nous l'avons
rétréci. Je peux affirmer ici que le président de la
commission Rochon, M. Rochon lui-même, m'a affirmé qu'il pourrait
respecter cet échéancier tel que nous l'avons fixé.
Le Président (M. Bélanger): Avant d'accepter une
autre intervention, j'aurais besoin du consentement unanime de cette commission
pour prolonger de cinq minutes, histoire de terminer les remarques
préliminaires, ce qui nous permettra de passer à l'étude
des programmes cet après-midi.
M. Rochefort: M. le Président ce n'est pas exactement ce
que j'ai dit. Si vous m'accordiez cinq ou six minutes, on pourrait
compléter le volet de la commission Rochon. J'aurais cependant encore
des questions d'ordre général au début de
l'après-midi.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: On terminerait donc le volet de la commission
Rochon plutôt que de le faire sur deux séances.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on est
d'accord? Compte tenu que nous avons quand même commencé cinq ou
six minutes en retard...
M. Rochefort: À 10 h 9.
Le Président (M. Bélanger): ...neuf minutes en
retard, est-ce qu'on accepte de prolonger de cinq minutes pour clore le sujet?
J'ai le consentement unanime.
M. le député de Gouin. (12 h 30)
M. Rochefort: M. le Président, c'était bien connu
dans votre programme, je le reconnais d'emblée, j'ai bien
étudié votre programme. Mais je pense que la question aurait
dû se poser à savoir si on devait procéder ou non, compte
tenu que la commission est en place depuis huit mois et s'apprêtait, dans
les jours qui suivaient, à se lancer en consultations. Mme la ministre,
d'autre part, nous dit: J'ai parlé à tous les membres sur le
mandat. J'aimerais bien qu'elle nous précise si, quand elle dit qu'elle
a parlé à tous les membres, c'est à tous les membres ou si
elle a parlé à tous les membres au moment où elle a
annoncé à un certain nombre d'entre eux que, de toute
façon, ils ne faisaient plus partie de la commission.
D'autre part, M. le Président, elle a beau nous dire que les gens
reconnaissent que les modifications qui ont été apportées
à la commission sont bien accueillies, je lui dirai qu'elle a eu droit
à une intervention majeure, virulente, de la part du président de
la Fédération des médecins spécialistes du
Québec, qui était accompagné du président de la
Fédération des médecins omnipraticiens du Québec,
où tous les deux se sont élevés vigoureusement contre
l'évacuation cavalière de deux médecins praticiens de la
commission elle-même.
Je soulignerai aussi, M. le Président, le fait de retrancher
cavalièrement le représentant des CLSC qui sont le réseau
de première ligne en matière de santé et de services
sociaux au Québec, qui sont ceux qui vont jouer un rôle
considérable puisque, comme Mme la ministre nous le disait tantôt
dans ses orientations, le maintien à domicile, c'est l'avenir compte
tenu de l'évolution démographique, du vieillissement de la
population. Comment expliquer l'absence, le retrait cavalier, je le
répète, du représentant des centres locaux de services
communautaires qui occupent une place privilégiée dans le
système de dispensation de soins et de services sociaux au
Québec? Comment justifier que le représentant du Conseil
régional de Montréal à l'époque, qui fut aussi
président de la Conférence des CRSSS du Québec, donc des
organismes de coordination des interventions sur le terrain en matière
de santé et de services sociaux, se voie aussi exclu
cavalièrement de la commission d'enquête sur la santé et
sur les services sociaux? Donc, comment justifier d'éliminer les deux
seuls médecins praticiens qui siégeaient au conseil,
d'éliminer le seul représentant des centres locaux de services
communautaires qui sont à la pointe des services d'avant-garde en
matière de maintien à domicile puisque, Mme la ministre nous l'a
dit dans ses orientations, il faut aller de plus en plus vers le maintien
à domicile, les ressources alternatives à l'hospitalisation,
etc.? Comment les éliminer,
eux qui ont un apport considérable à fournir au cours des
prochaines années dans ce réseau et qui ont une connaissance
substantielle du réseau? Comment justifier aussi qu'on retire le
représentant du CRSSS de Montréal? Tout le monde au Québec
reconnaît qu'à Montréal il y a des problèmes
considérables, très complexes et particuliers dans la
dispensation des soins et des services sociaux au Québec. Pourquoi le
retirer, d'autant plus qu'il avait la crédibilité et la confiance
de tous ses pairs puisqu'il a été président de la
Conférence des CRSSS du Québec?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais dire -
d'abord, j'aurais voulu le faire tout à l'heure; j'ai oublié -
que la commission Rochon a toute ma confiance. D'aucune façon, ni moi ni
mon ministère n'essaient de s'insérer ou d'influencer les travaux
de la commission. Il faut reconnaître son autonomie. Le président
de la commission pourrait confirmer ce que je vous dis.
Quant aux représentations que le député de Gouin
fait à l'égard de certaines personnes qui ne sont plus à
la commission, je lui dirai, au point de départ, qu'il y avait un choix
à faire. Puisque j'avais décidé que, pour le
fonctionnement de la commission, pour une plus grande facilité de
travail, il fallait réduire le nombre des commissaires, il fallait donc
que certains partent. J'ai tenu à garder quelqu'un des régions
et, dans ce sens-là, celui qui a été nommé aux
services sociaux était aussi dans un CRSSS, un conseil régional
dans la région de l'Estrie, et il y a également une personne qui
était déjà là, de la région de Rimouski. Je
pense que les CRSSS sont bien représentés. Les régions
sont représentées. Il se trouve encore deux médecins
à la commission Rochon. La personne qui a été
nommée pour représenter les services sociaux est une personne
tout à fait qualifiée. Si j'avais à reformer la commission
Rochon, je poserais les mêmes gestes qu'au mois de décembre.
Le député de Gouin dit: Ils travaillaient depuis huit mois
quand nous sommes arrivés. On m'avait toujours dit que le noyau avait
travaillé davantage, mais ce fut très lent. Les gens ont
été assermentés au mois de juin, même
peut-être au mois de septembre. Ils ont été nommés
au mois de juin et, avant que tout parte, il n'y avait pas tant de travaux.
Mais j'ai tenté, comme je l'ai dit tout à l'heure, de respecter
le noyau qui avait vraiment travaillé en équipe et c'était
davantage des permanents. Ils se retrouvent tous à la commission et je
pense, M. le Président, que les propos de M. le député de
Gouin sont encore une fois peut-être de bonne guerre pour lui.
Le Président (M. Bélanger): II vous reste une
minute.
M. Rochefort: M. le Président, je dirais à la
ministre que je ne suis pas ici pour avoir des propos de bonne guerre. Je suis
ici pour faire le travail que les citoyens de mon comté m'ont
confié. Je rappelle à la ministre que, pour moi, il y a une
différence entre un membre de conseil d'administration d'un CRSSS dans
l'Estrie et le président de la Conférence des CRSSS du
Québec qui est, en plus, président du CRSSS de Montréal,
où les problèmes sont les plus aigus; qu'il y a une
différence entre deux médecins qui ne pratiquent plus et deux
médecins qui sont aujourd'hui pratiquant dans des domaines
différents l'un de l'autre, et que je n'ai pas entendu de réponse
de la part de la ministre quant à l'exclusion cavalière du
représentant des centres locaux de services communautaires. Je veux
finalement poser une question, M. le Président, à la ministre:
Est-ce qu'elle a l'intention d'utiliser une provision dans le mandat de la
commission Rochon, qui est de permettre au gouvernement, à l'occasion,
de lui demander des avis particuliers en cours de mandat sur des questions
particulièrement importantes aux yeux de la ministre, et non pas
d'attendre le rapport final?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est fort possible, M. le
Président, que nous nous servions de cette disposition. Je voudrais
également ajouter ceci, parce qu'au point de départ le
député, en mettant en cause la confiance que je pourrais avoir ou
ne pas avoir à l'endroit de la commission, a dit qu'on posait des gestes
qui peut-être allaient, non pas compromettre les résultats de la
commission Rochon, mais d'une certaine façon compromettre un peu le
travail de la commission Rochon ou les résultats du travail de la
commission Rochon. Je trouve cela assez en contradiction, M. le
Président, avec le fait qu'il trouve on n'agit pas assez vite. Soit
disant, on n'aurait rien fait depuis quatre mois et là il voudrait qu'on
attende et qu'on ne fasse rien d'ici, si je ne m'abuse, décembre
1987.
Il y a aussi une disposition disant que le travail de la commission - ce
n'est pas explicité dans ce sens, mais j'imagine... Il doit se faire
dans des conditions satisfaisantes en respectant son autonomie, ça ne
doit d'aucune façon porter préjudice à des actions
législatives ou administratives que le gouvernement jugerait à
propos de poser entre-temps.
M. Rochefort: Une toute dernière question. Quand la
ministre dit qu'elle envisage peut-être de faire appel à la
commission Rochon pour obtenir des avis spéciaux, est-ce qu'elle entend
soumettre ses intentions au niveau des soins dentaires et
les propos du président du Conseil du trésor sur la
tarification, la désassurance et la limitation de l'universalité
de l'ensemble des programmes à la commission Rochon?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le député de Gouin
est tellement obsédé par cette question qu'il pourrait
peut-être faire la démarche lui-même.
Le Président (M. Bélanger): La commission ajourne
ses travaux sine die. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 39)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si chacun pouvait prendre place! Avant de commencer, il y
aurait des demandes de remplacement et, semble-t-il, on les aurait
acceptées à la suite d'ententes. M. Gobé, vous remplacez
M. Baril, député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue. Est-ce
qu'il y a d'autres remplacements? Nous avons six membres, nous avons donc
quorum pour débuter. Est-ce que j'ai le consentement unanime de cette
commission pour le remplacement?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, Merci. On peut
donc commencer les travaux. M. le député de Gouin, je vous
cède la parole.
Les salles d'urgence
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Nous allons
maintenant, si vous le voulez bien, aborder un dossier important auquel la
ministre a accordé beaucoup d'importance, je le reconnais jusqu'à
aujourd'hui, mais sur lequel nous avons fait un certain nombre d'interventions.
Je comprends que la procédure parlementaire, l'institution ne s'est pas
prêtée à permettre un débat sur ces questions et
surtout à apporter des éclairages et des réponses de la
ministre. Donc, on va prendre quelques minutes, si vous le permettez, pour
aborder le dossier des urgences médicales dans les centres
hospitaliers.
M. le Président, la ministre a déposé, il y a
quelques semaines un plan d'ensemble pour faire face à l'engorgement des
salles d'urgence qui découlait en partie d'un engagement
électoral que la ministre et son parti, sa formation politique avait
pris. Je rappelle la réaction globale, générale puisque,
par la suite, j'irai sur des points précis que j'avais exprimés
au nom de ma formation politique. Nous avons reconnu qu'il s'agissait là
d'un pas dans la bonne direction, que ce plan ne contenait, à
première vue, rien de mauvais en soi. Mais nous avons aussi
souligné que ce plan allait en deçà des promesses, des
demandes et des attentes et qu'il s'agissait-là d'un document incomplet
quant ô nous. D'ailleurs, je rappellerai qu'il y a eu bon nombre de
réactions qui allaient aussi dans ce sens.
M. le Président, plutôt que de reprendre l'ensemble des
commentaires que j'ai faits, on va les prendre un à un et essayer d'en
discuter plus globalement. Ma première question s'adresse à la
ministre évidemment: À quand le volet régional
particulièrement pour la Montérégie et pour la
région de la Mauricie? On sait que pour la Montérégie, il
y a l'hôpital Charles-Le Moyne, qui est le deuxième plus important
service d'urgence en milieu hospitalier qui existe au Québec, et que
dans la région de la Mauricie, il y a là aussi des situations
auxquelles nous avons eu droit d'assister dans les dernières semaines et
pour lesquelles des engagements ont été
réitérés à de maintes reprises par la ministre ou
par des membres de la majorité ministérielle.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais
répéter ce que j'ai dit ce matin, que des rencontres et des
discussions ont lieu particulièrement avec la Mauricie et la
région 6C de la Montérégie où se trouve
l'hôpital Charies-Le Moyne auquel le député de Gouin fait
allusion et que ces discussions, particulièrement dans la région
de la Mauricie, sont très avancées, peut-être un peu moins
dans le cas de la Montérégie, mais cela ne veut pas dire que
c'est parce qu'on marche à reculons, mais c'est un peu plus long et
j'espère, dans les prochaines semaines, rendre public ce plan touchant
les urgences ou le désengorgement des urgences de certains centres
hospitaliers de ces régions.
M. Rochefort: Je ne veux pas être -comme disait ma
grand-mère - malcommode. Je veux quand même noter que cela fait
quelques fois que la ministre nous dit: Oui, dans quelques semaines,
j'arriverai avec cela. Vous pensez y arriver d'ici au mois de juin?
Mme Lavoie-Roux: Avant le mois de juin.
M. Rochefort: Avant le mois de juin. Merci. Deuxièmement,
je veux souligner ma surprise très sincère qu'on soit moins
avancés dans la Montérégie qu'on ne l'est dans la
région de la Mauricie. Je répète qu'en
Montérégie le service d'urgence du centre hospitalier est le
deuxième des plus occupés dans tout le Québec et qu'il
s'agit d'une région à laquelle des promesses formelles ont
été faites et qui est en attente, qui est
suspendu aux lèvres de la ministre pour avoir une décision
pour enfin obtenir ce qu'ils considèrent être leur part des
investissements gouvernementaux dans le secteur des urgences.
Troisième remarque qui est une question: Où sont, alors
que nous nous parlons, les budgets prévus, compte tenu que les
crédits budgétaires dans leur ensemble, ont été
déposés par le président du Conseil du trésor, le
25 mars... Où sont les budgets prévus ou réservés
pour la Montérégie, la Mauricie et l'ensemble des autres
régions du Québec?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, quant à l'étonnement du
député de Gouin à savoir que ce serait un peu plus lent
dans la Montérégie, ce n'est pas que les gens se traînent
les pieds. Je pense que cela peut être une question un peu plus complexe.
Je ne pourrais pas vous donner des détails précis sur cela. Il y
a une chose quand même, une remarque que je voudrais faire et je ne sais
pas si cela s'applique à la Montérégie, mais il y a aussi
certaines propositions qui ont été faites dans certains cas
où on a tenté par les urgences de résoudre l'ensemble des
problèmes du réseau dans une région donnée.
Évidemment, les mesures qu'on propose doivent être
reliées directement à l'urgence. Comme je vous dis, les choses
vont bon train et je répète ce que j'ai dit tout à
l'heure: normalement, c'est sur le point d'être rendu public. Quant
à la deuxième question: Où sont les fonds? Ils sont au
fonds de suppléance, les fonds qui sont prévus pour les
régions éloignées.
M. Rochefort: De quel ordre de grandeur sont-ils?
Mme Lavoie-Roux: C'est un ordre de grandeur de 7 000 000 $
à 8 000 000 $.
M. Rochefort: Pour qui 7 000 000 $, 8 000 000 $? Pour toutes les
autres régions qu'ils restent à couvrir?
Mme Lavoie-Roux: Pour les cas et pour les régions qui
présentent des cas particuliers, des problèmes.
M. Rochefort: Y compris la Montérégie, la rive sud
de Montréal.
Mme Lavoie-Roux: Je parle du fonctionnement. Je ne parle pas de
l'immobilisation.
M. Rochefort: Combien comptez-vous mettre dans l'immobilisation,
dans l'ensemble des régions?
Mme Lavoie-Roux: Cela dépendra des besoins qui seront
identifiés.
M. Rochefort: Je veux aborder un autre élément du
plan des urgences qui est la question des médecins coordonnateurs. J'ai
trois questions. Pourquoi a-t-on choisi délibérément de ne
pas prévoir la présence d'un médecin coordonnateur dans
toutes les salles d'urgence des établissements des régions
concernées jusqu'à ce jour, Montréal, 6A, et
Québec? Deuxièmement, pourquoi ne pas leur avoir donné de
pouvoirs d'admission? Troisièmement, pourquoi ne pas leur avoir
donné de priorité d'admission? Trois éléments qui
vont à l'encontre de l'ensemble des recommandations faites au
gouvernement, le nôtre comme le vôtre, dans le dossier des urgences
et pour lesquelles nous avions amorcé un certain nombre de choses?
Mme Lavoie-Roux La première question touchait les
médecins coordonnateurs. La deuxième...
M. Rochefort: Les trois questions touchent les médecins
coordonnateurs. Pourquoi pas partout, pourquoi pas de pouvoir d'admission
à ces médecins et pourquoi pas de priorité d'admission aux
médecins coordonnateurs des services d'urgence?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que nous avons répondu aux
demandes qui nous ont été faites dans le cas des hôpitaux
pour obtenir des médecins coordonnateurs. Je pense qu'on s'est
arrêté aux hôpitaux qui avaient des problèmes
d'urgence, et ils les ont, maintenant, leurs médecins coordonnateurs;
surtout les hôpitaux universitaires. Maintenant, ce sont des
coordonnateurs à l'urgence et à l'admission; je pense que c'est
clairement indiqué dans le mémoire.
M. Rochefort: M. le Président, je veux qu'on soit un peu
plus précis. D'une part, quand je dis: Pourquoi pas partout? je pense
qu'il s'agit, comme j'y ai fait allusion ce matin, de voir venir les coups un
peu. Aujourd'hui, on nous dit qu'on va placer des médecins
coordonnateurs là où il y a des problèmes. C'est ce que
j'ai compris de l'ensemble des rapports qui nous ont été soumis,
Spitzer, AMOM et les autres. Est-ce qu'on ne devrait pas immédiatement
prévenir les coups en prévoyant la présence
immédiatement de médecins coordonnateurs dans toutes les salles
d'urgence pour éviter que dans trois mois, six mois, un an, deux ans, on
dise: Ah! il y a un nouveau problème d'engorgement des salles d'urgence
et il faut tout à coup prévoir la présence de
médecins coordonnateurs dans les centres hospitaliers concernés.
Pourquoi ne pas prévoir les coups maintenant? C'est une question de
perspective et de visibilité.
Deuxièmement, vous me dites: Oui, ils
ont des responsabilités pour l'admission. Ma question est
précise: Ont-ils un pouvoir d'admission et ont-ils une priorité
d'admission?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): J'aimerais faire
préciser ceci: Une priorité d'admission dans l'hôpital?
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Non, mais il faut faire
la nuance.
M. Rochefort: Je pense que c'est clair. Je ne vois pas où
ils pourraient admettre des gens en dehors de l'hôpital.
Le Président (M. Bélanger): Ils pourraient
peut-être les envoyer dans les CHSP ou...
M. Rochefort: Non, un médecin coordonnateur coordonne les
services de l'hôpital, voyons donc!
Le Président (M. Bélanger): Non, le problème
s'est posé concrètement.
M. Rochefort: Citez-moi le cas d'un médecin coordonnateur
qui placerait ailleurs.
Le Président (M. Bélanger): C'était ce qui
était demandé au début.
Mme Lavoie-Roux: Pour la première question, dans le cas de
l'urgence et l'admission, cette personne est directement responsable au
directeur des services professionnels qui, lui, a comme responsabilité,
justement, d'accorder certaines priorités selon les besoins touchant les
admissions. Je pense que le fait de l'avoir directement rattaché au DSP,
qu'il soit quelqu'un responsable de coordonner à la fois l'admission et
l'urgence et également, compte tenu des autres dispositions qui sont
prévues, la priorité aux laboratoires, etc. -je ne l'ai pas
devant moi... Je pense que les problèmes qu'on veut corriger le
seront.
Maintenant, vous demandiez également pourquoi on n'en a pas mis
partout pour prévoir. La réponse que je peux vous donner, c'est
qu'il faut aussi tenir compte de l'achalandage. Premièrement, je
voudrais vous dire qu'à la fois la région de Québec et la
région de Montréal se sont déclarées satisfaites du
nombre de coordonnateurs qui étaient prévus; deuxièmement,
il se pourrait même que là où ils sont prévus, ce ne
sera pas nécessaire que ce soit un coordonnateur à temps plein.
Je pense que, probablement, partout dans les grands hôpitaux, ce seront
des coordonnateurs à temps plein, mais il faut quand même tenir
compte de l'achalandage. On n'est pas pour mettre des coordonnateurs pour dire
qu'on met des coordonnateurs.
Je ne sais pas si le Dr Carignan voudrait ajouter quelque chose.
M. Rochefort: M. le Président, je reviens rapidement. Je
pense qu'on devrait prévoir la présence de médecins
coordonnateurs dans toutes les salles d'urgence, quitte à ce que ce soit
à des moments particuliers, mais qu'il y ait quelqu'un, enfin, en
autorité dans les salles d'urgence. Deuxièmement, je pense que la
réponse de la ministre est très claire et nous indique dans quel
sens, à ce chapitre les décisions annoncées vont en
deçà des recommandations des rapports Spitzer, AMOM et des autres
qui demandaient des médecins coordonnateurs avec, eux-mêmes, un
pouvoir d'admission et une priorité d'admission dans les
départements, et non pas l'organigramme, sinon "l'organigrouille",
où le coordonnateur relève du DSP etc., là, ils se
parlent... Toutes les études qu'on a eues jusqu'à maintenant nous
disent qu'il faut que le médecin coordonnateur possède en propre
une autorité dans la salle d'urgence et particulièrement en
matière d'admission. Non seulement on ne lui accorde pas une
priorité dans les admissions, mais on ne lui reconnaît même
pas un pouvoir personnel qu'il peut assumer seul en matière d'admission.
Je pense que c'est un problème.
Concernant la remarque de la ministre sur la présence des
coordonnateurs, à savoir que les conseils régionaux se sont dits
satisfaits, oui, je l'ai noté, mais je note aussi qu'ils en avaient
demandé partout.
Mme Lavoie-Roux: Si vous vous référez au plan des
urgences vous allez trouver que, dans les modalités de l'engagement du
médecin coordonnateur à l'urgence et à l'admission, le
coordonnateur voit à l'application de la politique d'admission des
bénéficiaires en vigueur dans le centre hospitalier, il
accélère les prises de décision sur l'admission et la
sortie des bénéficiaires et voit à la rapidité
d'intervention du service tant sur le plan médical, paramédical
qu'administratif. Il est embauché sous la responsabilité du
directeur des services professionnels, de médecins coordonnateurs des
activités des services d'urgence et de l'application des politiques
d'admission des bénéficiaires. Pour ce faire, ce médecin
sera investi des pouvoirs nécessaires à l'accomplissement de son
mandat.
Pour revenir à vos remarques sur le rapport Spitzer, je pourrais
aussi vous lire l'appréciation que le Dr Spitzer m'a fait parvenir, dans
laquelle il dit que non seulement c'étaient les recommandations qu'il
faisait, mais que nous allons au-delà des
recommandations qu'il faisait et qu'il trouve fort innovatrices
plusieurs mesures que nous avons mises de l'avant.
Je voudrais rappeler au député de Gouin qu'il ne
s'agissait pas pour nous de sortir des listes d'épicerie et de dire:
C'est ça, c'est ça, c'est ça. On aurait pu vous faire cela
dans trois jours, Ce que nous avons fait, ce fut de tracer et d'articuler un
problème cohérent qui tenait compte de toutes les dimensions du
problème de l'urgence. On sait, par exemple, que le Dr Spitzer avait
beaucoup mis l'accent, dans son rapport, sur le fonctionnement interne de
l'urgence et le fonctionnement interne de l'hôpital. Mais il avait,
peut-être pas tout à fait ignoré, mais mis peu d'accent sur
ce qui doit être en aval et en amont. Dans ce sens-là, je pense
que le programme que nous avons mis de l'avant est beaucoup plus complet,
beaucoup plus articulé. Je le répète: J'ai eu l'occasion
de recevoir l'appréciation du Dr Spitzer qui n'avait pas de reproche
à nous adresser lui non plus.
M. Rochefort: M. le Président, une conclusion, quant
à moi, là-dessus. Je répète que de dire qu'on est
responsable d'une politique d'admission, qu'on a un mandat de faire de
l'accélération, tout cela, ce n'est pas identique à avoir
un pouvoir propre en matière d'admission, et c'est encore bien en
deçà d'avoir une priorité en matière d'admission.
Je pense qu'il s'agit là d'une lacune et j'espère très
sincèrement que cela ne posera pas de problème qu'on pourrait
envisager.
Un autre aspect, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si le
député me le permet.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que toutes ces mesures sont
encadrées d'une évaluation très serrée, d'un suivi
très serré sur les lieux et en collaboration. Justement, s'il y a
lieu de faire des corrections non seulement vis-à-vis du médecin
coor-donnateur, mais vis-à-vis de toutes les autres mesures
prévues et qui ne se révéleraient pas
nécessairement les plus efficaces et les meilleures, le tir sera
corrigé. Je pense qu'on a mis en place toutes les dispositions pour
assurer ou donner le plus de chances possible au programme de produire les
fruits que nous en attendons.
Le Président (M. Bélanger): Avant de passer
à une autre point, M. le... Sur le problème...
M. Rochefort: On est toujours sur les urgences.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Cela va.
M. Rochefort: Sur la question de la présence des
médecins spécialistes, quels changements le plan que vous avez
déposé apporte-t-il dans les faits aujourd'hui, la semaine
prochaine, dans les prochains temps parce que cela était rapide, cela
nécessitait une décision? Quels changements cela apporte-t-il
quant à une présence soutenue, réelle, effective de
médecins spécialistes, puisque la difficulté d'avoir
recours aux médecins spécialistes a été là
aussi identifiée comme une raison de l'engorgement? Les patients qui
étaient alités devaient rester longtemps à l'urgence sous
observation, en attente, parce que les spécialistes n'étaient pas
disponibles, n'étaient pas présents suffisamment rapidement pour
permettre qu'ils assument leur responsabilité et qu'ils portent un
diagnostic et prennent une décision d'admission ou non.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est à chaque hôpital
et à chaque médecin coordonnateur investi des pouvoirs
nécessaires, non seulement à l'urgence mais à l'admission,
de faire des plans en conséquence pour assurer cette présence
plus rapide des spécialistes que peut-être elle ne l'a
été dans le passé. Je pense qu'on ne peut quand même
pas attacher tous et chacun à l'hôpital. Il faut quand même
que les établissements eux-mêmes se donnent des politiques. C'est
dans ce sens-là, je pense, que nous parviendrons à corriger ces
difficultés.
M. Rochefort: Je prends bonne note de la réponse de la
ministre, M. le Président, mais j'aurais souhaité là aussi
une décision d'en haut pour nous assurer que cela sera fait rapidement,
parce que cela était simple à régler. Au sujet des
radiologistes et des techniciens en radiologie, il y avait aussi des
recommandations très formelles quant à une présence sept
jours par semaine, 24 heures par jour de techniciens. Je pense que
c'était une présence de 16 heures par jour et d'au moins cinq ou
six jours par semaine du radiologiste lui-même. Est-ce que là
aussi on se fie au jugement des centres hospitaliers, à l'action du
médecin coordonnateur, ou...?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il faudrait
bien comprendre qu'on a mis en place suffisamment d'outils et d'encadrement
pour que les hôpitaux soient capables de prendre leurs
responsabilités. Un des reproches que nous avons entendus - pas à
notre endroit, remarquez bien - c'est que la notion de médecin
coordonnateur était connue et qu'il y en avait eu deux ou trois de
nommés. D'autres l'avaient fait d'eux-mêmes et il n'y avait pas de
rémunération
pour ces médecins coordonnateurs. C'était fait dans un
cadre beaucoup moins strict, si je peux dire, que ce que nous
prévoyons.
Nous n'allons quand même pas gérer chacune des institutions
pour dire à quel moment, à quelle heure le radiologiste doit
être là, le technicien de laboratoire. Je pense qu'à un
moment donné il faut donner les outils, il faut donner les moyens de le
faire et on les leur donne, pas strictement au plan budgétaire, mais
également au plan de l'encadrement général. Je pense que
nos établissements sont encore des établissements responsables et
qu'ils doivent assumer des responsabilités. Il ne faut pas
continuellement se substituer aux établissements pour rétablir
des détails importants, je l'admets, de fonctionnement interne des
hôpitaux.
M. Rochefort: Je suis...
Mme Lavoie-Roux: La gérance appartient aux
établissements et non au ministère, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Je serais curieux de savoir, M. le Président,
étant donné qu'on semble tellement parti à critiquer tout
ce qui a été mis de l'avant concernant le plan des urgences, si
la ministre, quand elle est arrivée, a trouvé une ébauche
de plan pour régler la question des urgences, s'il y avait eu au
préalable des efforts réels de coordination, d'approche globale
dans la question des salles d'urgence. Je serais curieux de savoir si le
député de Gouin estime que les choses sont pires maintenant
qu'avant, quand il n'y avait rien. Maintenant, il y a au moins un effort de
coordonner et de voir l'ensemble des choses d'une façon
cohérente.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand je suis
arrivée au ministère, on discutait d'urgence. On en discutait
peut-être depuis huit ou neuf ans, je ne sais pas.
M. Rochefort; Dix ou onze ans.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez toujours en mettre. Il y en a
peut-être depuis Mathusalem aussi. De toute façon, on en discutait
depuis bon nombre d'années et je n'ai pas trouvé, à
l'intérieur du ministère, un plan cohérent d'intervention
touchant à l'engorgement des urgences des hôpitaux. Il y a eu, ici
et là, des mesures ad hoc qui ont été prises, mais qui, de
toute évidence, étaient, je m'excuse de le dire, un tant soit peu
improvisées, des mesures quand la pression devenait trop forte. À
ce moment-là, on intervenait au niveau de quelques hôpitaux et on
disait: On va vous donner un médecin coordonnateur ou on va vous trouver
des places d'hébergement. Ces mesures ont produit des résultats
jusqu'à un certain point, mais ce n'était pas vraiment toucher le
coeur du problème. Il n'y avait pas de programmes ou de projets
d'intervention pour le désengorgement des urgences, un projet qui ait
été articulé en essayant d'y inclure le plus possible tous
les volets de cette problématique.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, un commentaire rapide.
D'une part, je référerai la ministre au document qui existait au
ministère et à la politique qui avait été mise en
place annonçant, en janvier dernier... ce que d'ailleurs le journaliste
de la Presse, Mario Roy, a reconnu comme étant un plan de la même
nature que celui qui avait été amorcé et qui était
cohérent. Quant à son jugement sur le fait qu'il n'était
pas cohérent, qu'il était improvisé, c'est son jugement,
M. le Président. Il y avait un plan. Je pense que c'est injuste que de
dire qu'il n'existait pas de plan intégré.
Je voudrais aborder, et je pourrais faire référence
à des choses, M. le Président, mais...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre voulait
réagir à cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, les paroles que j'ai
dites, je tiens à les répéter. Je n'ai pas trouvé
de plan global, articulé, cohérent, touchant à une
approche qui pourrait avoir un effet significatif sur la solution des
problèmes des urgences. Des listes, j'en ai trouvées. Encore une
fois, des mesures ad hoc avaient été prises; j'en ai
trouvé, je le répète. Jamais je n'ai trouvé, au
ministère...
Le Président (M. Bélanger): II n'y avait pas de
plan d'ensemble.
Mme Lavoie-Roux: II n'y avait pas de plan d'ensemble.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, M. le Président, même
ces mesures ad hoc et ces listes que j'ai trouvées, je pourrais ajouter
qu'à plusieurs reprises il y a eu des lettres à des
périodes données disant que même ces demandes n'avaient
jamais eu de suivi de la part du gouvernement antérieur. (16 heures)
M. Rochefort: M. le Président, je répète que
je prends note des nuances et des épithètes utilisées par
la ministre. Elle ne dit pas qu'il n'y avait pas de plan; elle dit
qu'il n'était pas cohérent, articulé et que
c'était improvisé. Je lui laisse ces qualificatifs.
Sur la question des places en centres d'accueil, cela occupe une part
importante...
Le Président (M. Bélanger): Un instant. Est-ce
qu'il s'agit toujours du système des urgences?
M. Rochefort: Ah ouii M. le Président.
La question des places en centres d'accueil occupe une part importante
du plan et une part importante des budgets, notamment, évidemment, en
matière d'immobilisations. La ministre m'a dit ce matin que cela
constituait, avec le maintien à domicile - sur lequel on va revenir
tantôt et qui est compris dans son plan - un élément
important qui nous permettait de poser aujourd'hui des gestes qui nous
préparaient au phénomène de vieillissement de la
population que nous connaîtrons demain.
Premièrement, je rappelle a la ministre qu'on demandait, pour le
CRSSS de Montréal, 1500 places et qu'on en a obtenu 1147; on en
demandait quelques centaines de plus à Québec que ce que l'on a
obtenu. Je veux aussi lui dire que c'est dans trois ans probablement...
D'ailleurs, je lui demanderais quand la dernière place prévue
dans ce plan échelonné sur trois ans sera ouverte. Dans quelle
mesure le fait d'avoir moins de places de prévues que ce qui est
demandé pour faire face aux problèmes d'aujourd'hui nous
prépare-t-il au phénomène de vieillissement de la
population à venir? Puisque cela est intégré, j'avais cru
comprendre qu'il y avait consensus chez tous les intervenants pour dire que
l'absence de places et donc parallèlement le problème
d'engorgement se faisaient sentir plutôt dans l'est de Montréal.
Lorsque je lis la liste des endroits où seront créées de
nouvelles places en hébergement, il me semble qu'elles ne sont pas dans
une proportion correspondant aux problèmes et aux analyses, dans l'est,
par rapport au nombre qu'on retrouve dans l'ouest de Montréal?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, à cette question,
je répondrai que nous avons encore une fois répondu aux demandes
des deux régions. Quant aux dates...
Le Président (M. Bélanger): C'est une demande qui a
été formulée par quel organisme à ce moment?
Mme Lavoie-Roux: Par les conseils régionaux.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je ne ferai pas la nomenclature de tous les
endroits qui sont prévus, mais les dates d'ouverture sont: septembre
1987; il y en a certains pour 1986, évidemment, en 1986, cela ne donne
pas grand temps, on a lancé le plan en 1986. C'est toujours 1986 et 1987
et les derniers sont en 1988. Celui qui semble être situé le plus
tard, en 1988, c'est septembre 1988.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de l'est ou
l'ouest?
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, nous avons tenu compte des
recommandations qui nous ont été faites. Il reste, dans l'est, la
question des 100 lits et, je l'ai mentionné ce matin, les discussions
sont en cours au sujet de la localisation de ces 100 lits.
M. Rochefort: Je veux revenir à la question que j'ai
soulevée. La ministre nous dit: Ahî cela correspond aux demandes
des CRSSS. Vous avez même fait préciser lesquels. Je vous dis que
d'après les documents que j'ai - si la ministre a d'autres documents, je
serai heureux d'en prendre connaissance - le CRSSS de Montréal demandait
1500 lits et qu'il en a obtenu 1147 et que le CRSSS de Québec en
demandait quelques centaines de plus que ce qu'il a obtenu. Toujours sur la
question des lits, la ministre nous a indiqué que, dans son plan de
développement, 65 lits en CHSP accordés et créés
sous l'ancien gouvernement seraient transformés en lits de courte
durée. Ce que j'ai soulevé à l'Assemblée nationale,
dans mes réactions - je pose la question à la ministre -
j'imagine bien qu'on n'a pas tout simplement créé des lits, ils
étaient occupés ces 65 lits? Qu'est-il advenu des 65 patients ou
patientes qui occupaient ces lits, puisqu'on a transformé ces lits en
lits de courte durée? Où sont-ils rendus dans le réseau?
Quel impact cela a-t-il eu sur les changements auxquels ils ont dû faire
face?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine que le lendemain matin, les 65 lits
n'étaient pas transformés de longue durée à courte
durée...
M. Rochefort: J'en suis bien content!
Mme Lavoie-Roux: II faut quand même donner à un plan
le temps de s'appliquer. D'abord, d'une part, il y a des mesures très
énergiques qui sont prises du côté des soins à
domicile, du côté de l'hôpital à domicile, qui, selon
les informations que nous avons eues, vont permettre de rapatrier là
où ils devraient être des patients qui sont gardés
même en centre hospitalier de courte durée, parce qu'il n'y a pas
d'autres endroits et parce qu'il n'y a pas assez de ressources
d'hébergement.
On parle également d'appartements supervisés pour les
personnes âgées, de places en ressources d'accueil. Vous nous
dites: Vous
n'avez pas obéi à la lettre, là où supposons
il y a 12 000 places, vous en avez mis 11 000 ou si c'est 14 000, vous en avez
mis 12 000. L'objet de l'étude que nous avons faite a été
d'équilibrer tous ces éléments pour essayer d'en faire un
tout cohérent qui réponde aux besoins.
Je dois vous dire, au moment où on se parle, M. le
Président, que ni de la part de la région de Québec ni de
la part de région de Montréal nous n'avons eu des échos
qu'on manquerait de places. C'est évident que si on se situe
vis-à-vis de 1995 ou de l'an 2000, il y a encore de la place pour
ajouter des lits en centres d'hébergement.
Mais quand nous voulons solutionner le problème du
désengorgement des urgences, il faut quand même le voir dans un
moyen terme. C'est évident que, parallèlement, à
côté, les besoins doivent continuer d'être
évalués en fonction du vieillissement de la population. Ceci
pourra peut-être se traduire - je ne suis pas en mesure de vous le dire
à ce moment-ci - fort probablement en des places additionnelles, soit en
centres d'hébergement soit en hôpitaux de soins
prolongés.
M. Rochefort: Une autre question, M. le Président, la
question des lits d'été. Je me souviens que dans la motion
d'urgence que nous avions déposée, nous avions
particulièrement attiré l'attention de la ministre sur cette
question qui nécessitait une intervention rapide pour que toute la
question de l'affichage des vacances puisse se faire, et tout cela. La ministre
a annoncé des éléments sur cette question encore
récemment à la radio. Dans la région de Montréal,
on entendait qu'au moins 150 lits prévus dans le plan comme devant
être ouverts au cours de l'été qui vient ne seraient
probablement pas ouverts, compte tenu du retard avec lequel on a annoncé
les mesures pour que l'ensemble des établissements puisse les
appliquer.
Donc, ma question est la suivante: Est-ce que la ministre a des
assurances qu'on obtiendra 100 % de l'ouverture des lits d'été
prévus dans son plan, à Québec comme à
Montréal, malgré les retards quant au système
d'affectation et de répartition des vacances?
Mme Lavoie-Roux: II y a deux réponses à votre
question. D'abord, je voudrais faire une petite rectification avant...
C'est-à-dire ne pas faire une rectification, j'aimerais - je pense qu'il
n'aura pas d'objection, puisque cela lui tient beaucoup à coeur - que le
député de Gouin nous dépose son chiffre de 1500 qui
était demandé en centres d'hébergement. Nous, il ne semble
pas qu'on l'ait, ce chiffre. Si vous l'avez, cela me ferait plaisir d'en
prendre connaissance.
Relativement à votre question, d'une part, je voudrais faire
savoir au député de Gouin que, compte tenu des délais
impartis pour la planification de l'ouverture de lits d'été, nous
avions fait connaître officieusement et au CRSSS de Québec et au
CRSSS de Montréal que cette mesure serait retenue, bien avant que le
plan lui-même soit rendu officiel à l'égard de ces deux
mesures, pour qu'ils puissent se permettre de faire la planification
nécessaire. Ils avaient été avertis. Je pense que
là, la question de délai ne compte pas.
Il y a, par contre, une difficulté qui semble surgir. C'est la
question de la main-d'oeuvre en soins infirmiers. Ceci pourrait être un
facteur de ralentissement quant au nombre de places qui pourraient être
ouvertes durant l'été ou qui pourraient rester ouvertes durant
l'été. C'est une difficulté.
M. Rochefort: M. le Président, on me reconnaît bien
pour mes qualités de transparence. Il me fera plaisir mardi matin - je
n'ai pas apporté tout mon dossier sur les urgences; je l'ai à mon
bureau - je m'y engage devant tous les membres de la commission, de vous
déposer les documents auxquels j'ai fait allusion et que vous avez
repris.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Rochefort: Donc, si je comprends bien, mis à part les
problèmes de recrutement d'effectifs médicaux...
Mme Lavoie-Roux: Infirmiers.
M. Rochefort: ...oui, d'effectifs infirmiers, excusez-moi, vous
êtes certaine que l'ensemble des lits dont vous avez prévu
l'ouverture au cours de la période estivale qui vient seront
ouverts?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je vous dis, c'est si la question du
recrutement du personnel infirmier ne crée pas un problème, ce
que je ne peux pas garantir, évidemment, dans la connaissance des choses
à ce moment-ci. En ce qui a trait aux délais qui ont
été impartis, les gens ont été avertis à
temps pour justement éviter ce premier problème dont vous
parliez.
M. Rochefort: Je prends la parole de la ministre, M. le
Président, il n'y a pas de problème là-dessus, mais je
veux lui dire que, de toute évidence, selon les informations que je
possède et que je tiens de bonne source, cela ne s'est malheureusement
pas rendu à temps à l'autre bout de la filière, parce que
certains centres hospitaliers n'ont été informés que dans
les jours qui ont suivi la présentation du plan qu'ils auraient droit
à des lits additionnels au cours de l'été.
M. le Président, une autre dimension, un autre aspect important
de ce plan, c'est toute la question des ressources alternatives à
l'hospitalisation et de maintien à domicile. L'un des problèmes
majeurs identifiés toujours par l'ensemble des spécialistes
était que, notamment avec le phénomène de vieillissement
de la population, avec la sectorisation de la psychiatrie, la porte
d'entrée du réseau de la santé et des services sociaux
pour un bon nombre de malades psyhiatriques, pour des personnes du
troisième âge en perte d'autonomie, était devenue la salle
d'urgence.
Quand je regarde le plan qui a été présenté
par la ministre, il est clair que, compte tenu qu'on a refusé de
confirmer le leadership des CLSC dans ces matières, compte tenu qu'on a
réparti les responsabilités entre les différentes
ressources alternatives qu'on développe ou qu'on consolide, quant aux
ressources de maintien à domicile qui se sont ajoutées... pensons
notamment aux équipes multidiscipîi-naires en psychiatrie
gériatrique qui seront reliées aux unités de
gériatrie plutôt qu'aux Centres locaux de services communautaires
alors qu'elles interviennent directement pour la clientèle de maintien
à domicile. Pensons à d'autres éléments, il est
clair, M. le Président, que, à moins que la ministre ne m'en
fasse une démonstration autre, j'ai le sentiment que, en fin de compte,
le citoyen qui a un problème de placement particulièrement au
troisième âge, la porte d'entrée du réseau va
demeurer la salle d'urgence. La ministre comprend-elle cela différemment
de moi? Et, si oui, je serais bien heureux qu'elle me fasse la
démonstration selon laquelle le système de ressources
alternatives et de maintien à domicile, qui est ajouté ou
consolidé, nous permet de faire en sorte que la porte d'entrée
des personnes du troisième âge dans le réseau de la
santé et des services sociaux ne soit plus la salle d'urgence.
Mme Lavoie-Roux: L'équipe de gériatrie dans le
milieu hospitalier est celle qui a le plus d'expérience avec les
bénéficiaires à la fois de gériatrie et de
psychiatrie. Nous y avons greffé l'équipe de
psychogériatrie, qui est une équipe mobile et qui doit faire les
ponts entre la gériatrie à l'hôpital et les patients
à domicile. Je pense que c'était là qu'étaient,
à notre point de vue, les ressources en gériatrie et en
psychiatrie actuellement en place.
Il y a également les centres de crise qui seront articulés
à fois avec les CLSC et les CSS, avec les CSS dans le but
d'établir des ressources d'hébergement temporaire, que ce soit
des ressources d'accueil ou que ce soit des appartements supervisés,
pour permettre justement que ces gens ne retournent pas nécessairement -
et ils seront suivis - à l'urgence quand il y aura un problème.
À ce moment-ci, on était devant une absence totale de ressources
à peu près en psychiatrie. On se dit: Maintenant, des gens
peuvent intervenir rapidement à l'urgence de l'hôpital. Il y aura
quelqu'un spécialisé en santé mentale, que ce soit un
psychiatre, un psychologue ou une équipe multidisciplinaire et, avec les
centres de crise, s'il n'y a pas une nécessité d'hospitalisation,
ils pourront être référés à ces centres de
crise qui, eux, feront l'articulation avec les différentes ressources
alternatives du milieu aux ressources intermédiaires du milieu.
Dans ce plan d'urgence, on a essayé de tenir compte de tous les
établissements, de toutes les ressources qui y sont, mais on n'a pas
essayé de régler, à travers cela, les chicanes de
chapelles; cela, je tiens à le dire au député de Gouin.
Si, par hasard, une autre formule ou un autre lien s'avérait plus
efficace, je vous ai dit, au point de départ, qu'il n'y a rien de
figé dans le béton. Les ressources sont là, nous avons
essayé de les articuler le plus raisonnablement possible, ce qui nous
apparaissait le plus efficace possible, mais si cela s'avère
nécessaire il y a possibilité qu'il y ait des changements. Mais
à ce moment-ci nous croyons répondre le mieux possible. Ces
gens-là arrivent quand même à l'hôpital, il ne faut
pas l'oublier. (16 h 15)
M. Rochefort: M. le Président, c'est cela le
problème. C'est exactement, on s'entend...
Mme Lavoie-Roux: Mais la raison pour laquelle ils reviennent
à l'hôpital, c'est qu'il n'y a rien d'autre pour les soutenir dans
la communauté. Si, par exemple, il y a quatre centres de crise - c'est
d'ailleurs ce qui a été demandé par beaucoup, parce qu'il
y en aura un à Québec - qui fonctionnent bien, déjà
vous allez avoir beaucoup moins de gens qui vont se présenter à
l'urgence des hôpitaux par la force des choses et les
références se feront moins à l'hôpital qu'elles ne
se feront pour les cas moins sérieux dans les centres de crise.
M. Rochefort: M. le Président, je reconnais qu'en
matière de psychiatrie la réponse de la ministre est assez juste.
Avec la mise en place de ces centres de crise, on va probablement
réussir au fil des ans - et je le souhaite - à faire en sorte que
la porte d'entrée soit de moins en moins la salle d'urgence. Mais j'ai
le goût de poser une question très sincère à la
ministre, j'ai revu le plan deux fois en ayant cela en tête: Je vais
être généreux, disons donc, pas demain matin, mais dans un
an, vous vous retrouvez avec une personne du troisième âge dont
vous avez la responsabilité, qui arrive à un stade où elle
perd totalement son autonomie
en raison des manifestations que nous connaissons bien de certains
problèmes attribuables au phénomène du vieillissement.
Quand on regarde l'ensemble des mesures que vous avez ajoutées et
surtout consolidées et de la répartition des liens structurels,
si vous me passez l'expression, de ces différentes ressources, où
irez-vous pour que cette personne puisse commencer à faire son
entrée dans le réseau? Pensez-vous vraiment que c'est clair pour
les gens et que ce le sera dans un an de dire: Non, on n'a plus besoin d'aller
à la salle d'urgence, on appelle à un tel endroit. Je parle d'une
personne âgée, je ne parle pas des services en psychiatrie
où il y aura des centres de crise qui, je l'espère,
fonctionneront. Pour une personne du troisième âge, où
irez-vous, sinon à la salle d'urgence pour que là, ils vous
réfèrent au service de gériatrie, maintien à
domicile du CRSSS et des choses comme celles-là?
Mme Lavoie-Roux: C'est important de réaliser que ceci est
un plan pour le désengorgement des salles d'urgence.
M. Rochefort: Oui, oui, et si vous me permettez...
Mme Lavoie-Roux: Non, une minute. Il n'exclut pas ce qui existe
comme ressource à l'heure actuelle. Dans le moment, si votre personne
est en si grande perte d'autonomie, il doit y avoir au moins un voisin, si ce
n'est pas un parent ou un proche, qui va faire la démarche habituelle
qui est de s'adresser maintenant au CLSC pour un placement en
hébergement pour une personne âgée. À ce
moment-là, à Montréal vous avez le processus
d'info-admission, etc. Il ne faut pas dire que les ressources n'existent plus
du tout, parce qu'il y a un plan de désengorgement des salles
d'urgence.
M. Rochefort: Je suis d'accord avec Mme la ministre, M. le
Président, mais ce que je dis c'est que non seulement on a
été à même de le constater elle et moi comme tout le
monde que c'est vrai que la porte d'entrée pour les personnes du
troisième âge à l'ensemble des services était la
salle d'urgence, mais l'ensemble des rapports qui nous ont été
soumis allait dans ce sens-là. Elles existent pourtant ces autres
ressources auxquelles vous faites allusion, mais il me semble que dans le plan
qui nous est présenté, il manque un élément qui
ferait en sorte qu'on ferait appel à quelque chose d'autre, non pas
quand vient le temps de faire une demande de placement, parce que ce que la
ministre me répond c'est quand des gens considèrent que ce n'est
pas l'urgence urgente, quand ils sont prêts à garder la personne
à domicile et d'attendre tout le processus du placement. Le
phénomène qui est décrit et auquel je fais allusion, c'est
que la porte d'entrée, c'est quand on décide que ce n'est plus
possible d'attendre le placement. Là la porte d'entrée c'est la
salle d'urgence et une fois rendu là, il se passe quelque chose de
plus.
Ce que je dis, c'est que je ne sens pas dans ce plan-là un
élément nouveau qui nous permette de faire en sorte que la porte
d'entrée, que donc la conséquence: l'engorgement des salles
d'urgence, ce problème soit éliminé. Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu cependant qu'il y ait un genre de numéro de
téléphone unique, de ieu unique mais qui s'en occupe dès
le moment où la crise intervient? Au fond, est-ce qu'on ne devrait pas
avoir, je ne le sais pas je réfléchis tout haut... Vous nous
dites: Pour les malades psychiatriques, il y aura les centres de crise. Cela
pourrait fonctionner, mais pour la personne âgée qui est en crise,
on n'est plus capable de la garder à la maison, ce soir, c'est la salle
d'urgence, sauf erreur, à l'heure où l'on se parle.
Mme Lavoie-Roux: C'est évident qu'il y a beaucoup de gens
qui vont continuer à s'adresser à l'urgence, mais le
problème des urgences... La problématique qu'on a établie,
ou enfin, on pense que la façon dont on l'a analysée cette
problématique de l'urgence, c'est que les gens se présentaient
à l'urgence, puis là il n'y avait personne pour les recevoir,
sauf pour les mettre sur une civière ou en général les
garder sur une civière parce qu'il n'y avait pas d'autres ressources.
Souvent, il y avait à l'urgence une équipe uniquement
composée - ce n'est pas un reproche, c'était la situation - d'un
médecin et d'une infirmière qui ont à poser des gestes
médicaux ou infirmiers extrêmement urgents. Celui-là, ne
semblant pas aussi urgent du point de vue médical, était
probablement mis sur une civière en attente, etc.
La solution qu'on apporte au problème des urgences, c'est
justement de mettre, à l'intérieur de l'urgence même, plus
de ressources au point de vue d'équipe multidisciplinaire, au point de
vue de ressources en santé mentale pour permettre d'orienter le plus
rapidement possible les personnes vers les ressources appropriées. On ne
peut pas établir des règles et dire: Plus personne ne peut se
présenter à l'urgence, les personnes âgées ne
doivent plus y aller et les personnes qui souffrent de troubles psychiatriques
ne peuvent plus y aller. Ce qui était impartant, c'était de
dénouer à l'intérieur de l'urgence, les difficultés
qui empêchaient une orientation appropriée et plus rapide des
patients qui s'y présentaient.
M. Rochefort: M. le Président, si je comprends bien la
réponse de la ministre... Évidemment mon objectif n'est pas
de
fermer les portes des salles d'urgence, bien au contraire, on ne l'a
jamais fait d'ailleurs, mais c'est vraiment d'essayer de répondre
à un des problèmes importants soulevé par tous les
intervenants, soit le fait que, pour les personnes du troisième
âge en situation de crise, la porte d'entrée était
l'urgence. Donc, il fallait essayer de faire en sorte que la porte
d'entrée ne soit plus l'urgence.
Ce que la ministre me dit, c'est qu'il va y avoir plus de ressources
à l'urgence et qu'ils vont commencer par là en situation de
crise. J'aurais souhaité qu'on trouve une façon de faire en sorte
que, justement, cette porte d'entrée ne soit plus la salle
d'urgence.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, là-dessus, on peut différer
d'opinion. Il y a peut-être autant d'opinions qu'il y a de gens autour de
la table. Je pense que, quand on parle de personnes en état de crise
physique et mentale et dont l'autonomie est presque totalement réduite
selon la description que vous en faites, il y a de fortes chances que, quoi que
l'on fasse, elles vont se présenter à l'hôpital, parce
qu'on sait très bien que, dans l'esprit des gens, l'hôpital
héberge et que le CLSC n'héberge pas.
Alors, on va continuer de recevoir, mais ce qu'il faut, c'est de
permettre que les gens ne bloquent pas l'urgence et qu'on les oriente vers les
ressources appropriées. Je pense qu'on a mis suffisamment de ressources
dans le plan pour le permettre parce que, justement, les cas graves pourront
être maintenus à domicile le plus longtemps. Je pense qu'on fait
une bonne injection de ressources en maintien à domicile.
Écoutez, évidemment, je ne peux pas répondre
où vont se présenter tous les gens d'ici 1990 dans les salles
d'urgence. Ce qu'on a prévu, c'est de désengorger les salles
d'urgence, et je pense qu'on a mis en place les moyens pour les
désengorger.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, est-ce
qu'il n'y a pas eu des distinctions fermes faites entre l'achalandage et
l'engorgement, en disant que l'achalandage n'était pas
nécessairement une cause d'engorgement.
M. Rochefort: On ne parle pas des urgences ambulatoires, c'est
évident, on s'entend bien là-dessus.
Le Président (M- Bélanger): On s'entend bien
là-dessus. D'accord.
M. Rochefort: On ne parle pas des urgences ambulatoires.
Le Président (M. Bélanger): Parce que le
problème d'achalandage, je veux dire.
M. Rochefort: Oui, mais on s'entend bien. On ne parle pas des
urgences ambulatoires. On parle des gens sur civière, c'est clair.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a des dispositions pour que
justement on réduise le séjour de ces personnes qui sont sur les
civières. Le programme s'adresse, entre autres, à deux
clientèles particulières qui occupent à peu près 40
% des urgences sur les civières et qui y restent le plus longtemps, les
malades psychiatriques et les personnes âgées. Je pense que les
ressources alternatives ou intermédiaires, appelons-les comme on voudra
pour le moment, mais à l'extérieur de l'hôpital, sont
justement dans le but de réduire ces séjours dans un endroit qui
n'est pas approprié pour eux.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
M. Rochefort: En ce qui me concerne, je conclus sur la question
des urgences. Je sais que ma collègue de Marie-Victorin aura une
question à poser là-dessus. Je veux dire que je suis un petit peu
déçu globalement que la ministre n'ait pas donné plus de
directives quant aux médecins coordonnateurs, quant à la
présence des spécialistes, quant aux services de radiologie. Je
pense que les systèmes d'évaluation qu'elle a mis en place,
l'amèneront à conclure qu'il faudra procéder en ce
sens.
Finalement, je souhaite que, rapidement, les régions, notamment
la Montérégie et la Mauricie, où il y a des promesses
importantes qui ont été faites, puissent bénéficier
du plan auquel elles s'attendent et pour lequel des engagements
électoraux ont été pris.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Je ne peux pas dire que je suis déçu de
l'attitude du député de Gouin. Je m'attendais à peu
près à cela. Je reste avec la nette impression qu'il s'agit
surtout d'une... Tout à l'heure, j'ai essayé de trouver le titre
dans les fables d'Ésope, M. le Président... quand on n'a pas pu
faire, dans ce cas-ci, quelque chose soi-même et que quelqu'un d'autre
l'a fait, le tout est "sour grapes". C'est l'expression en anglais. C'est un
peu à cela que toute cette discussion me fait penser, M. le
Président.
Je pense qu'il y aurait lieu de reconnaître tout au moins que,
après quatre mois de gouvernement, devant une situation, une
problématique qui traînait depuis des années, qui n'avait
pas été réglée, il y a eu des efforts réels,
concrets, cohérents, globaux de faits pour la régler. Qu'il
puisse y avoir encore des choses à réexaminer, à
réévaluer et à réorienter, je pense que toute
personne raisonnable va accepter cela.
D'ailleurs, c'est une des choses qu'il va falloir commencer à
faire de façon systématique, c'est-à-dire évaluer
ce qu'on fait. C'est aussi vrai dans la question du plan des urgences, il va
falloir exactement évaluer les actions faites, et non pas simplement
mettre les choses dans la machine et les laisser aller. Cela a
été trop longtemps le cas.
M. Rochefort: M. le Président, une remarque sur les
remarques du député de Laurier. Je lui dirai que je ne suis pas
sûr d'aucune façon, sûr avec un accent circonflexe. Les
remarques que j'ai faites sont positives, de nature constructives, et visent
à avancer sur une question importante. S'il avait été
parmi nous au début de mon intervention, comme lorsque la ministre a
déposé son plan, j'ai dit d'emblée, que je reconnaissais
qu'il s'agissait d'un pas dans la bonne direction et que ce plan ne constituait
rien de mauvais en soi.
Je veux dire au député que, s'il veut insister pour faire
un débat politique et partisan sur la question des urgences, on pourrait
se rappeler les problèmes que les Montréalais ont vécus en
1975 quand plus de 2000 lits ont été fermés, en courte
durée, et que des Montréalais sont morts è la porte de la
salle d'urgence qui était cadenassée, sans aucun préavis,
alors qu'aujourd'hui, il n'y a aucune salle d'urgence qui est fermée aux
patients ambulatoires.
Le Président (M. Bélanger): On revient au
débat qui nous préoccupe. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, pour continuer de
rassurer mes collègues, ceux qui ont besoin davantage d'être
rassurés, je voudrais si vous me le permettez, lire un extrait du
journal Artère, de l'Association des hôpitaux du Québec qui
renferme les témoignages du président de l'Association des
hôpitaux du Québec: "Le ministre de la Santé et des
Services sociaux a posé des gestes extrêmement significatifs et
très attendus par la population de Montréal et de Québec.
Ces gestes, de poursuivre M. Brousseau, nous apparaissent d'autant plus
intéressants qu'ils s'insèrent à l'intérieur d'une
approche globale et s'écartent résolument du cataplasme
posé en catastrophe. Ces mesures n'auront pas toutes un effet
immédiat et la population doit comprendre que ce n'est que graduellement
qu'elle ressentira l'efficacité de l'action du gouvernement. "L'ajout de
90 000 000 $ au budget de fonctionnement (personnel et fourniture) des salles
d'urgence ainsi que l'addition de 66 000 000 $ en dépenses
d'immobilisation et d'équipement nous apparaît comme
extrêmement positif et dénote que la ministre Lavoie-Roux a
véritablement décidé de livrer la marchandise et ce, en
dépit d'un contexte économique difficile. "La présence
d'un médecin coordonnateur des admissions et des salles d'urgence,
doté du pouvoir nécessaire pour prendre les décisions qui
s'imposent nous apparaît aussi comme une solution intelligente qui a fait
ses preuves. L'ajout, et dans certains cas la réouverture d'un nombre
important de lits de courte durée, combinés avec d'autres mesures
comme l'addition de 1147 lits de longue durée, l'accroissement des
services de soins à domicile, etc., contribueront de façon
très significative à résorber de façon permanente
la situation maintes fois chaotique des salles d'urgence." Il ajoutait qu'il y
avait des problèmes dans d'autres régions. Je veux bien faire la
lecture au complet. (16 h 30)
Je voudrais ici vous faire part d'une lettre que j'ai reçue du
président de la Conférence des CRSSS. Justement, ce matin, vous
avez fait allusion au président de la Conférence des CRSSS. Je
lis: "Pour la conférence, les décisions prises par votre
ministère correspondent à nos attentes et se traduisent pour nous
de façon très significative par différentes
réalités, soit: la concrétisation de l'organisation d'un
réseau de services continus, adaptés et actifs visant à
répondre globalement aux problèmes de santé et aux
problèmes sociaux de la population en difficulté; "une incitation
et un exemple d'implication du milieu et d'ouverture des différents
intervenants à se responsabiliser face à des problèmes de
la population d'un territoire à trouver des solutions et à les
mettre en oeuvre ensemble; - Ce paragraphe m'a fait particulièrement
plaisir, c'était un objectif que nous poursuivions. "une preuve de la
possibilité de souplesse et d'ouverture tant souhaitée par les
conseils régionaux des structures ministérielles pour
décloisonner et unir les secteurs social et de santé au plan des
orientations et des budgets et ce, dans l'intérêt de la population
- je pense que cela répond à des questions que vous posiez ce
matin. "un support politique majeur aux instances régionales, conseils
d'administration, gestionnaires, établissements oeuvrant à
promouvoir et appliquer des consensus régionaux pour ajouter les
ressources aux besoins des populations; "la réalisation d'autres
attentes de la conférence des conseils régionaux face au
ministère que nous avons déjà manifestées, savoir:
de responsabiliser le milieu, de donner des orientations et des outils, et de
réaliser les contrôles pertinents a posteriori, de
reconnaître les particularités régionales. "En terminant,
nous tenons è préciser
que les décisions", etc.
M. le Président, en tout cas, j'espère qu'au moins cela
va... Cela ne veut pas dire que tous les résultats sont dans le sac. Il
ne faut pas être na?f, non plus, mais je pense que cela confirme ce que
j'ai essayé d'expliquer particulièrement au député
du comté de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, question de règlement.
M. Rochefort: Une seconde, M. le Président. Je pourrais
faire allusion, moi aussi, à des éditori aux, des prises de
position des directeurs généraux de Maisonneuve-Rosemont, de
Charles-LeMoyne, des prises de position du Dr Augustin Roy. Je pourrais moi
aussi déposer une liste. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là-dessus. Puisque la ministre nous a lu une lettre, mon Dieu! je lui
demanderais s'il est possible de nous en déposer une copie.
Mme Lavoie-Roux: Certainement. Il y en a un, c'est un journal et
l'autre, si vous voulez la copie...
M. Rochefort: Le journal, je l'ai lu, mais j'aimerais avoir la
copie de la lettre.
Le Président (M. Bélanger): La lettre de la
Conférence des CRSSS, est-ce que vous en faites dépôt
à la commission?
Mme Lavoie-Roux: Oui, certainement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
La Montérégie
Mme Vermette: Mme la ministre, mot, ce qui me préoccupe
c'est la rive sud, la Montérégie. Je me demande encore comment
vous allez régler le problème des urgences de Montréal
sans régler les problèmes des urgences de la
Montérégie, la région 06-C, parce que ces deux
problèmes sont intimement liés. Il n'y a que des ponts, en fait,
entre les deux régions. Tout ce qu'on fait actuellement, c'est
d'appauvrir, justement, au niveau des ressources, la région de la
Montérégie pour mieux grossir l'entonnoir de Montréal.
Comme vous l'aviez dit ce matin, parce que je reprends votre discours de ce
matin, pour faire la jonction entre la santé et le social, vous
déracinez des gens dans leur milieu pour les intégrer dans un
milieu qui n'est pas le leur et qui, justement, a des influences sur tous les
aspects que vous aviez défendus tantôt concernant la santé
mentale et l'isolement de ces personnes-là, très souvent.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je maintiens toujours
mon affirmation qu'il faut tenter de faire la jonction entre le social et la
santé. Je pense qu'on vient de confirmer que c'est l'opération
que nous faisons.
Quant à la question de savoir que, si vous ne désengorgez
pas la rive sud, les gens vont continuer à aller sur la rive nord, je le
répète pour la nième fois, parce que j'ai
déjà eu l'occasion de répondre à cette
question-là à Mme la députée de Marie-Victorin
à l'Assemblée nationale, j'ai eu l'occasion de le dire au moins
trois fois depuis que je suis ici, nous nous penchons sur les problèmes
de la rive sud et en particulier sur celui de Charles-LeMoyne. J'espère
que les solutions que nous apporterons seront satisfaisantes.
Il ne faut quand même pas s'illusionner. J'ai l'impression aussi
que, compte tenu de la surspécialisation de certains centres
hospitaliers de Montréal, probablement il y en a qui vont, même
dans la meilleure des hypothèses, sentir le besoin de traverser les
ponts.
Le Président (M. Bélanger): J'aurais une
intervention à ce stade-ci, si vous permettez. Mme la ministre. Je
comprends de vos propos qu'il est des problèmes qui ont l'air facile
mais qui, quand on les creuse, sont vraiment plus difficiles qu'on ne le croit.
Le problème des urgences en est un. C'est vraiment une structure
d'ensemble où il ne faut absolument pas négliger aucun des
éléments si on veut arriver à prendre des mesures qui
soient efficaces.
Je vois aussi que vous avez agi dans le respect des lois existantes, qui
donnent au conseil d'administration de l'établissement des pouvoirs et
des responsabilités, et que vous avez tablé sur te sens des
responsabilités et sur le vouloir de ces établissements pour
faire votre intervention.
Il est un point sur lequel j'aimerais entendre vos commentaires. On sait
qu'il y a eu, depuis quelques années, des politiques de
désinstitutionnalisation assez massives, pour ne pas les qualifier
autrement. Est-ce que ces politiques de désinstitutionnalisation ont eu
un impact sur les engorgements de l'urgence dans des cas de psychiatrie, par
exemple?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est une question
intéressante. Je me sentirais tout à fait incapable d'y
répondre d'une façon absolue. Il y a de plus grands
spécialistes que moi qui pourraient répondre à cette
question, mais je ne crois pas me hasarder trop loin en disant que du fait que,
d'une part, nous ayons tenté avec des objectifs valables, je crois, de
ne pas remettre dans les hôpitaux de soins prolongés les cas de
psychiatrie et qu'on ait tenté de les garder dans la communauté,
malheureusement, trop souvent sans les appuis nécessaires... Là,
je
ne fais de reproche à personne, je suis fort consciente qu'il
manque encore de soutien pour toutes ces personnes. Leur seule porte
était l'urgence des hôpitaux, particulièrement pour les
patients psychiatriques adultes.
On a souvent fait allusion au phénomène de la porte
tournante. On se présente à l'urgence, on est en état de
crise ou on nous renvoie et on nous redonne un rendez-vous dans trois semaines,
ou encore on nous héberge pour un bout de temps et, après cela,
on retourne et on revient. C'est évident que toute l'approche qu'on a
eue à l'égard des soins psychiatriques dans les derniers 20 ans,
certainement dans les derniers 15 ans, puisqu'il y a maintenant toute une
génération qui n'a jamais connu l'hôpital psychiatrique
chronique, fait que compte tenu des situations souvent difficiles dans
lesquelles ces personnes se retrouvent, isolées ou autrement, dans les
grands centres cela a certainement un impact sur l'engorgement des urgences.
C'est dans ce sens qu'on a tenté de prévoir des mesures touchant
les malades psychiatriques. Les centres de crise devraient normalement
être un moyen d'essayer de faire diminuer cette pression qui s'exerce sur
les salles d'urgence des hôpitaux généraux.
Le Président (M. Bélanger): Globalement, l'ensemble
des mesures prises -vous avez sûrement aussi certains mécanismes
d'évaluation... Est-ce que vous croyez - je comprends qu'il y a peu de
temps qu'ils sont en place et que cela n'a pas donné tous les
résultats et les performances auxquels on s'attendait - que,
déjà, on commence à mesurer les effets positifs de ces
mesures?
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous répondre. Je demanderai
peut-être au sous-ministre d'ajouter quelque chose sur cela. Les seules
indications positives que je puisse vous donner à ce moment, c'est de
vous dire: II semble que les urgences soient moins bloquées. II faut
aussi comprendre qu'on est dans une saison où, apparemment, on est moins
malade Dieu merci! II y a toutes sortes de facteurs qui jouent...
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...dans l'engorgement des salles d'urgence. Ce
que je peux vous dire à ce moment-ci, c'est que les premières
nouvelles que j'ai eues des CRSSS sont qu'on s'est activé vraiment pour
justement créer cette concertation. Des rencontres ont eu lieu avec les
directeurs généraux et avec les personnes responsables de mettre
les choses en place. J'imagine que tout n'est pas au même point. Ce qui
me frappe, c'est que je sens chez ceux qui seront responsables de la mise en
oeuvre de ce plan une volonté réelle de dire: Enfin, on a des
outils. On va vraiment prendre nos responsabilités et on va essayer de
réaliser le plan. Ce sont des rapports qui m'ont été faits
verbalement par les conseils régionaux de Québec et de
Montréal. Je ne sais pas si le sous-ministre veut ajouter quelque chose.
Vous en avez un.
M. D'Astous (André): Ce qu'on nous rapporte
également, c'est que dans les établissements qui avaient mis de
l'avant la mesure concernant les médecins et les coordonnateurs il y a
déjà des changements qui sont constatés. Également,
la semaine dernière, on nous indiquait, entre autres à
l'hôpital Sacré-Coeur, qu'il y avait une affluence beaucoup moins
grande que par les périodes passées. Je dois vous dire
également qu'il y a tout un mécanisme de suivi qui est
élaboré avec les conseils régionaux et les
établissements et, de mois en mois, la situation sera vue et des
rapports seront présentés à Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): Si je comprends bien,
vous vous êtes donné tous les mécanismes pour réagir
rapidement pour amener les correctifs qu'il faut?
Mme Lavoie-Roux: Nous avons mis les outils en place. Il y a un
suivi fait par le ministère et en collaboration avec les CRSSS.
Normalement, on devrait savoir ce qui advient.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
Les crédits du ministère
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu de l'heure et
de l'échéancier qu'on s'est donné et qu'on essaie de
suivre, quelques questions sur les crédits généraux et,
après cela, on pourra aborder le premier programme.
Première chose, dans les documents qui nous ont été
remis et dans les communiqués de presse, on souligne qu'il y a eu une
augmentation générale du budget, des crédits 1986-1987
quant aux dépenses probables 1985-1986. Je conviens qu'il s'agit d'une
pratique qui n'a pas été instaurée par le nouveau
gouvernement, mais est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de comparer crédits
votés avec crédits votés et dépenses effectives
1985-1986 avec dépenses effectives 1986-1987 pour avoir une mesure
comparable réellement plutôt que de comparer des crédits
votés avec des dépenses probables qui ont été
faites?
Je trouve qu'il y a nécessité de comparer des choses
comparables. La ministre nous dira peut-être: Oui, mais c'est parce que
nous, on n'aura pas de crédits périmés. Je lui sauve la
réponse. Ma question
est la suivante: Le président du Conseil du trésor, au
moment où il déposait l'ensemble de ses crédits
budgétaires, a déjà escompté dans son document,
dans ses équilibres budgétaires, 175 000 000 $ de crédits
périmés qu'il s'est engagé à
récupérer au cours de l'année qui vient pour l'ensemble du
ministère du gouvernement du Québec.
Je voudrais savoir combien il a demandé à la ministre de
la Santé et des Services sociaux de périmer dans les 175 000 000
$ qu'il s'est fixé d'aller chercher au cours des prochains mois, d'ici
à la fin de l'année financière?
Mme Lavoie-Roux: Zéro.
M. Rochefort: Est-ce que cela veut dire que la ministre ne
s'attend à aucune demande de cette nature et qu'elle ne croit pas qu'on
fera appel à son ministère pour atteindre l'objectif de 175 000
000 $ de crédits périmés?
Mme Lavoie-Roux: Le budget vient d'être signifié. Je
pense qu'on ne peut pas décider qu'on va périmer 75 000 000 $ ou
80 000 000 $. Évidemment, ce que j'ai dit ce matin, c'est que nous
allons essayer d'administrer avec le plus de rigueur possible, pour aller le
plus loin possible avec les dollars qui nous sont accordés. Mais
à ce moment-ci, je pense qu'il faut prendre les chiffres à leur
valeur réelle.
M. Rochefort: Non seulement vous n'avez pas reçu de
directives, mais il n'y a pas eu de pourparlers d'amorcés entre votre
ministère et le Conseil du trésor sur la part des 175 000 000 $
qu'on attendrait de vous en cours d'année?
M. D'Astous: Absolument pas. Ce qu'on peut prévoir, par
ailleurs, ce sont des crédits périmés qu'on dit de
"machines". Il est possible que, par la friction, par les délais, il y
ait 1 000 000 $, 2 000 000 $ ou 3 000 000 $.
M. Rochefort: Mais cela se limitera à ce niveau?
M. D'Astous: Au moment où on se parle, absolument.
M. Rochefort: Merci, cela va... M. D'Astous: Si on
regarde...
M. Rochefort: Si vous voulez compléter, il n'y a pas de
problème.
M. D'Astous: Si vous regardez les crédits
périmés 1985-1986, ce sont des crédits
périmés qui sont soit pour des changements de processus de
gestion, comme les revenus de suppléments de chambres, ou pour des
activités qui sont ne sont pas du ressort du ministère, par
exemple, hors Québec ou le service de la dette. Mais sur le plan des
crédits de fonctionnement des institutions hospitalières et de
services sociaux qui touchent les activités, il n'y a rien en
crédits périmés de prévu, ni en 1985-1986, ni en
1986-1987.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu qu'on aborde
immédiatement les crédits périmés, on va y aller.
Pas aujourd'hui?
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant, si
vous me permettez. Sur les discussions générales, est-ce qu'on
peut dire que c'est conclu?
M. Rochefort: Non, j'ai quelques questions qui touchent les
crédits en générai...
Le Président (M. Bélanger): En
général, d'accord.
M. Rochefort: ...et, par la suite, on abordera l'étude
programme par programme d'ici quelques minutes.
Le Président (M. Bélanger): D'accord, il n'y a pas
de problème.
M. Rochefort: Puisque M. D'Astous a fait allusion aux
crédits périmés 1985-1986 -je ne demande pas cela pour
aujourd'hui, évidemment - est-ce qu'il serait possible qu'on nous
dépose la ventilation des crédits périmés
1985-1986? (16 h 45)
M. D'Astous: Vous l'avez...
Mme Lavoie-Roux: Vous l'avez reçue.
M. D'Astous: ...dans les questions préalables de
l'Opposition...
M. Rochefort: Est-elle complète? Mme Lavoie-Roux:
Oui.
M. D'Astous: Elle est complète, en date de trois
jours.
M. Rochefort: J'ai cela, mais j'avais le sentiment qu'il y
avait... D'accord. La ministre pourrait-elle nous dire, dans le même
ordre d'idées, si les décisions prises, budgétées,
annoncées ou adoptées par le Conseil du trésor sous
l'ancien gouvernement, ont été annulées, stoppées
ou reportées dans l'année financière 1985-1986 durant la
période où elle a été ministre de la Santé
et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Aucune.
M. Rochefort: Aucune. Le centre d'accueil Windsor, par
exemple.
Mme Lavoie-Roux: Bien écoutez... M. Rochefort: Ce
n'est pas mon seul.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas le Conseil du trésor qui a
fait cette opération.
M. Rochefort: Je parle du ministère.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Vous parlez du ministère.
M. Rochefort: Je ne parle pas du Conseil du trésor, je
parle de chez vous.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! Dans le cas de Windsor, de fait...
M. Rochefort: C'est cela, mais...
Mme Lavoie-Roux: Bien là, vous étiez dans
l'immobilisation et je pensais au budget d'opération. Dans le cas de
Windsor, voulez-vous que je vous en donne les détails?
M. Rochefort: Non, Windsor, on pourra l'aborder lorsqu'on
discutera des centres d'accueil et d'hébergement. Justement, non
seulement dans les crédits d'opération, mais dans les
immobilisations, quelles sont les décisions prises par l'ancien
gouvernement qui ont été reportées, stoppées,
annulées? Si vous pouvez me déposer une liste, ce n'est pas
nécessaire que vous...
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des immobilisations, je dois vous
dire que lorsque je suis arrivée au ministère, j'ai
retrouvé dans les cartons du ministère pour au moins 900 000 000
$ de projets d'immobilisations de toutes sortes, que ce soit réfection,
construction, agrandissement, vétusté, enfin tout ce qu'on
voudra. Un bon montant, que je vous donne quand même avec réserve
-peut-être qu'on pourra me corriger tout de suite - au moins 300 000 000
$ à 350 000 000 $, était prévu pour des projets qui
avaient été mis de l'avant dans les quatre ou cinq derniers mois
de l'ancien gouvernement. Il est évident que le gouvernement actuel,
même si tout cela était dans un bout de la machine et
peut-être pas très avancé, se devait de réexaminer
tous ces projets. À ce moment-ci, je n'ai pas encore reçu
l'approbation officielle ou définitive du projet annuel
d'immobilisations. Il semblerait qu'il soit d'environ 250 000 000 $. Mais il y
a des choses pour lesquelles on veut non seulement obtenir l'approbation pour
le budget d'immobilisation, mais obtenir également un cadre plus
flexible pour que le ministère puisse opérer son budget
d'immobilisations et probablement faire avancer la machine plus rapidement,
parce que vous savez comment c'est lent tout cela. C'est un autre objectif
qu'on se fixe dans le cas des immobilisations. Ce que je peux dire au sujet des
immobilisations, c'est qu'il n'y a rien qui était en construction qui
ait été arrêté ou qui pourrait être
arrêté. Je peux vous dire cela. Pour le reste, nous aurons notre
enveloppe globale. Il y a des projets qui sont déjà soumis. Nous
attendons le retour et, après cela, je peux vous rassurer, de même
que tous mes collègues du côté ministériel qui, jour
après jour, et comté après comté, me demandent
où est rendu tel projet, telle chose. Dès que nous aurons ces
choses d'une façon plus définitive, il me fera plaisir aussi de
vous faire part, ainsi qu'aux députés du côté
ministériel, des projets qui seront retenus et qui pourraient vous
toucher.
M. Rochefort: Vous faites allusion à une liste d'environ
300 000 000 $ de projets d'immobilisations qui ont été
arrêtés et tout cela? Serait-il possible de déposer la
liste -pas aujourd'hui j'imagine bien, mais dans les prochains jours - de
l'ensemble des projets qui ont été stoppés, annulés
ou reportés et qui étaient ici?
Mme Lavoie-Roux: Ils n'ont pas nécessairement
été stoppés et arrêtés. Ce que je vous dis,
c'est que tous ces projets, à un moment ou l'autre, sont entrés
dans ce que j'appelle le carton ou la machine, cela dépend où ils
sont. Une foule de demandes sont arrivées et il continue d'en affluer
beaucoup aussi depuis que je suis rendue au ministère. Nous sommes
évidemment dans l'impossibilité financière, comme l'ancien
gouvernement l'aurait été lui aussi d'ailleurs, de dire à
tout ce monde, pour ces projets: écoutez, d'ici trois ans, tout cela va
être réalisé.
Nous devons refaire une sélection parmi ces projets. La seule
garantie que je vous donne, au moment où je vous parle, s'applique aux
projets dont la construction est commencée et qui seront
terminés, j'imagine, selon les échéanciers qui ont
été prévus.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que la ministre
pourrait nous déposer, toujours plus tard, le...
Mme Lavoie-Roux: La liste qui s'est ajoutée, c'est 500 000
000 $. Dans les combien? Dans les quatre ou cinq derniers mois?
M. Rochefort: Mais c'est dans des demandes.
M. Cantin (Réjean): Les quatre ou cinq derniers mois par
rapport à des demandes de
quelque 980 000 000 $. Il y a 500 000 000 $ de projets qui
n'étaient pas inscrits dans le plan antérieur, qui était
le plan triennal d'immobilisations du ministère.
M. Rochefort: Donc, il reste un montant. Est-ce que la ministre
ne pourrait pas nous déposer un document d'information où on
ferait le point sur le PAI de 1985-1986, ce qui était prévu, ce
qui a été décidé et ce qui a été
fait?
Mme Lavoie-Roux: Je peux juste répondre, à cet
égard, à une partie du PAI. Le reste, je n'ai pas d'objection
à demander les informations, sauf qu'il y a peut-être
là-dedans des projets de 1986-1987 qui n'ont pas été
réalisés, mais qui y restent.
M. Rochefort: II n'y a pas de problème. Simplement un
document où l'on ferait le point sur le plan annuel d'immobilisation de
1985-1986.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui était le PAI de 1985-1986. Il n'y
a aucun problème, mais ce que je peux vous dire, c'est que du
côté de la vétusté le gouvernement antérieur
avait annoncé un plan de 1Z0 000 000 $ sur deux ans: 60 000 000 $ en
1985-1986 et 60 000 000 $ en 1986-1987, et, en ce qui a trait aux 60 000 000 $
qui devaient être dépensés en 1985-1986, c'est 0 % qui a
été dépensé. Alors, cela veut dire que
déjà une bonne partie sera reconduite. J'imagine que ces projets,
compte tenu que c'étaient des projets de vétusté et de
sécurité, demeurent prioritaires et seront reconduits en
1986-1987 et en 1987-1988.
M. Rochefort: Cela va, M. le Président. Merci. Donc, vous
me ferez parvenir un document faisant le point sur le PAI de 1985-1986.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rochefort: M. le Président, en ce qui me concerne, cela
fait le tour des questions d'ordre général que je souhaitais
aborder, même si, évidemment, j'avais une bonne liste qui reste en
suspens. On trouvera d'autres forums, j'imagine, pour les aborder, mais, compte
tenu de l'heure et de l'échéancier fixé, je serais
prêt à aborder le programme 1.
Services des CLSC
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'il y a
d'autres questions sur les remarques préliminaires et
générales? Cela va? Alors, nous passons donc au programme 1,
Services des centres locaux de services communautaires.
M. Rochefort! M. le Président, d'entrée de jeu,
j'ai une première question à poser à Mme la ministre:
Quelles sont ses orientations personnelles quant au rôle et à la
place des centres locaux de services communautaires dans le réseau pour
l'année qui vient et pour les prochaines années?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est quand même
une question assez longue, je vais essayer d'être la plus brève
possible. On se souviendra que le gouvernement antérieur, durant une
période d'au moins trois ans, à toutes fins utiles, avait
gelé le développement des CLSC. Si je ne m'abuse, c'est en
1982-1983 qu'il a décidé du parachèvement des CLSC. Pour
compléter ce parachèvement, on a tablé sur le fait que,
d'une part, il y avait déjà eu des transferts de DSC qui avaient
été faits du côté des CLSC existants et on s'est
dit: L'opération du parachèvement peut être
complétée en transférant non seulement les ressources
humaines et financières qui les accompagnent de la part des DSC, mais
également de la part des CSS, indiquant que ce parachèvement
pouvait se faire sans coût supplémentaire.
Alors, l'opération a pris place avec tous les problèmes
qui ont eu lieu - je ne veux pas revenir là-dessus, on est tous au
courant - et, finalement, au moment où je suis arrivée au
ministère - j'ai les chiffres - il restait 17 CLSC dont le
parachèvement n'était pas complété,
c'est-à-dire que les conseils régionaux avaient pris sur eux
d'établir des équipes de secteur en nommant un coordonnateur pour
ces équipes de secteur et là où c'était possible -
c'est évidemment à l'extérieur de Montréal et de
Québec - on a fait le transfert des effectifs des CSS et des DEC
vis-à-vis de ces équipes de secteur. Pour ces équipes de
secteur qui fonctionnent avec un coordonnateur - je l'ai mentionné ce
matin - il n'y avait même pas de fonds de prévus pour payer ces
chefs de secteur, si bien que c'est à même la marge
ministérielle cette année parce que je ne veux pas que les
équipes de secteur disparaissent, que 1 000 000 $, à toutes fins
utiles, vont être utilisés pour payer les coordonnateurs des
équipes de secteur, pour la bonne et simple raison que maintenant, des
efforts dans la communauté ont été faits et que je pense
qu'il faut essayer de les soutenir.
Comme j'ai suivi ce dossier assez longuement, j'ai fort bien
réalisé que de plus en plus, on mettait en place des CLSC sans
vraiment les équiper avec toutes les ressources dont ils avaient besoin.
Si bien que même des directeurs de CLSC - je me demande même si ce
n'est pas la Fédération des CLSC - avaient protesté,
à un moment donné, contre les vrais CLSC, les pseudo CLSC
puisqu'on avait multiplié des structures administratives sans
suffisamment de
ressources à l'intérieur.
Quand je suis arrivée, je me suis dit: Est-ce qu'on continue dans
cette veine? Je savais que les ressources étaient limitées. Je
l'ai un peu expliqué dans le texte de ce matin. Aussi, on essaie de
consolider ce qui existe en gardant en tête que le parachèvement
des CLSC doit se faire, que les équipes de première ligne ou les
services de première ligne doivent continuer d'être disponibles
pour la population. C'est d'ailleurs dans le document d'orientation que j'avais
rendu public il y a déjà plus d'un an, je pense. Je pense que,
sur ce point précis, c'est l'intention du gouvernement d'offrir à
l'ensemble de la population des services de première ligne
adéquats.
Nous croyons que, à ce moment-ci, il est tout aussi important de
consolider ce qui existe et de ne pas créer des attentes dans la
population que les CLSC ne peuvent pas remplir. J'ai discuté de cela
avec la Fédération des CLSC qui est d'accord là-dessus.
Quand vous avez un CLSC avec toute la gamme de services et que vos ressources
sont tellement minces que vous ne pouvez pas répondre à cela, je
pense que c'est plus négatif que c'est positif pour les CLSC, dans le
sens que les gens disent: On y va, mais il n'y pas de service. Ils sont ouverts
tant d'heures. On leur demande une telle chose... Enfin, il y a une partie
là-dedans qu'il faut voir comme de la critique, comme tout type
d'établissement, il faut faire la part des choses. Il reste que c'est
fondé aussi sur une réalité. Et c'est là-dessus que
nous avons voulu réfléchir. C'est un élément de la
réflexion.
Le deuxième, c'est sur les coûts qui peuvent être
impliqués. Nous sommes rendus maintenant avec 152 CLSC et 17 qui
demeurent des équipes de secteur, je pense que c'est cela. Il s'agit de
construire ces CLSC ou de les localiser quelque part. Il y a aussi les points
de service. On m'a informé que même maintenant, il y a certains
points de service qui n'ont pas nécessairement été
construits, mais que maintenant des points de service sont propriétaires
de leurs édifices.
Il y avait aussi un examen à faire du point de l'ensemble des
baux des CLSC. Des baux ont été, dans certains cas, conclus pour
une très longue période de temps, quelquefois et je ne peux pas
affirmer de nombre ici, mais dans plusieurs cas, à des taux trop
élevés. Je pense que, dans cet examen général du
financement du réseau, il faut se pencher sur ces problèmes avant
de laisser la machine continuer - je parle au plan financier à ce
moment-ci - sans qu'on essaie d'y voir un peu plus clair.
Il y a aussi la possibilité de certains regroupements,
croyons-nous, au plan administratif, particulièrement, dans les centres
urbains en opposition à des milieux semi-urbains ou plus ruraux, et
essayer de voir un peu plus clair dans le coût de l'administration des
multiples établissements que nous avons souvent dans un rayon
très limité. C'est une préoccupation d'ordre financier. Ce
qu'on ne dépense pas en structure, ce qu'on dépense mieux en
baux, en location, en achat, en construction, je pense que ce sont des sommes
qui peuvent être aussi, peut-être, affectées davantage aux
services directs à la population.
C'est dans ce sens que j'ai fait une demande et on est actuellement
à définir le mandat qu'un groupe de travail - j'ai eu des
échanges avec la Fédération des CLSC à ce propos -
examine les responsabilités des CLSC. (17 heures)
Dans ce mandat d'examiner les responsabilités, est-ce qu'on peut
mieux baliser les responsabilités des CLSC? Un reproche qu'on entend
souvent, c'est qu'un certain nombre d'entre eux devraient davantage axer leurs
services sur ce qui est prioritaire pour la population, sur d'autres types
d'activités, particulièrement dans les milieux urbains où
des rôles complémentaires peuvent se jouer entre les
différents établissements. Il faut aussi examiner la place des
CLSC en fonction des rôles complémentaires qui doivent être
joués entre les différents établissements. Ce
comité doit produire un rapport assez rapide. Il ne s'agit pas d'une
autre commission Rochon, il s'agit vraiment de pouvoir agir rapidement et mieux
canaliser les ressources humaines et financières qui sont consenties
à l'ensemble du réseau des CLSC.
M. Rochefort: Je prends bonne note de l'ensemble des
réponses que la ministre vient de nous fournir. Je lui dis tout de suite
qu'on sent dans le milieu, à tort ou à raison, une
réticence de la part de la ministre d'aller de l'avant dans tout ce qui
touche les CLSC. D'une part, il y a le refus de parachever le réseau.
Dans le domaine des urgences, on a refusé de leur confier les budgets de
maintien à domicile, on a refusé de leur reconnaître le
rôle de leader en matière de maintien à domicile. Ce matin,
quand la ministre nous a fait état de ses préoccupations au plan
de l'évaluation, beaucoup de choses étaient reliées aux
CLSC: le maintien à domicile, les centres de jour, partage CSS-CLSC. La
ministre nous dit: On a formé des groupes de travail pour essayer de
baliser les responsabilités des CLSC, on envisage des regroupements au
plan administratif.
Je voudrais que la ministre nous rassure quant à sa
volonté réelle d'accorder un rôle tout aussi important que
celui qu'ils ont eu jusqu'à maintenant à l'ensemble des CLSC du
Québec. J'aimerais qu'elle nous rassure quant au rôle qu'elle veut
consacrer aux CLSC dans ce réseau de dispensation de soins et de
services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si ceci peut rassurer le
député de Gouin, je lui répète qu'il est de
l'intention du gouvernement et de la ministre en particulier d'offrir è
l'ensemble de la population du Québec des services de première
ligne qui soient cohérents, mais qui doivent répondre aux
priorités des citoyens. Quand on sait, par exemple, que la population
âgée, à ce moment-ci, requiert des services qui sont
assurément prioritaires par rapport à d'autres, je pense qu'il
est important que nous fassions une revue de ce qui nous apparaît des
populations plus cibles que d'autres, si je puis m'exprimer ainsi.
Compte tenu des ressources qui ne sont pas illimitées, je le
répète, je pense qu'un effort de rationalisation dans le sens de
mieux baliser les responsablités compte tenu de ces différents
contextes, urbain, rural, etc., auxquels j'ai fait allusion tout à
l'heure, compte tenu aussi de la complémentarité des
établissements dans une région donnée où il y
è des fois même un surplus de ressources, je pense que c'est
important que cet effort de rationalisation soit fait.
Finalement, cette dernière préoccupation que j'ai, quand
je parle d'une rationalisation administrative, c'est que - et j'y tiens
énormément - le plus d'argent possible soit dirigé vers
les services directs à la population et non pas à servir des
structures. On parle de celles des CLSC, on pourrait dire la même chose
à l'égard d'autres types d'établissement.
Ce sont là des préoccupations qu'il nous faut avoir. Je
pense que cela ne met pas en cause d'aucune façon le fondement
même de l'existence des CLSC. J'ai eu l'occasion de le dire à la
fédération. Je me suis entretenu avec certains d'entre eux. J'ai
rencontré l'exécutif, du moins des représentants de la
fédération. Je pense que, pour l'ensemble des CLSC, c'est
peut-être plus difficile de saisir ces préoccupations. Je ne crois
pas me tromper en disant qu'ils étaient sensibles aux
préoccupations que j'avais, et, de fait, ils se sont montrés
très ouverts à une participation dans «un comité qui
essaierait de faire cette rationalisation ou cette réflexion.
M. Rochefort: Quand la ministre nous dit qu'elle est favorable
à ce qu'on se dote des ressources dont la population a besoin et que
c'est dans le cadre d'une réponse à une question sur les CLSC, ma
question va être plus précise à l'endroit de la ministre:
Est-ce que la ministre évalue que la population a besoin des services
des CLSC?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que ce que j'ai dit avant...
M. Rochefort: On s'entend bien là- dessus.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je veux que vous compreniez bien, pour
qu'il n'y ait pas d'équivoque, c'est que je veux que les
responsabilités des CLSC répondent aux besoins prioritaires de la
population.
M. Rochefort: On sent quand même... effort de
rationalisation, regroupement administratif, comité où on va
réévaluer, on va mieux baliser et, en même temps, refus de
parachever tout cela, pendant ce temps. Est-ce qu'il n'y a pas un peu une
hésitation qui est peut-être incohérente par rapport
à d'autres orientations de la ministre? Par exemple, on a des
problèmes d'engorgement des salles d'urgence dans les régions de
Montréal, de Québec et de la Mauricie. C'est, comme par hasard,
trois régions où le réseau de CLSC n'est pas
complété. Prenons par exemple la Mauricie. Il reste un CLSC
à mettre en place, celui de Cap-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il n'y a pas
là une indication qu'il faut vraiment aller de l'avant au niveau des
ressources de première ligne tout en étant bien certain qu'elles
seront orientées dans le sens des orientations générales
du ministère? J'inviterais un peu la ministre à donner des
détails là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le député
veut faire un lien entre l'urgence... Sur la rive sud, ils sont
développés, me dit-on!
M. Rochefort: ...parler de rive sud?
Mme Lavoie-Roux: On y a aussi des problèmes d'urgence. On
vient de m'en faire la démonstration, et ils sont encore plus aigus que
partout ailleurs. J'admets que j'exagère peut-être un peu, je
m'excuse, Mme la députée de Marie-Victorin.
M. Rochefort: Le correctif est fait. Une voix: On vous
pardonne.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de Cap-de-la-Madeleine, puisque vous
parlez de la Mauricie, c'est le seul endroit où il y a une équipe
de secteur dans toute la région de la Mauricie, selon ce que je
comprends.
M. Rochefort: À ma connaissance. Vous êtes mieux
placé que moi pour en parler.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, si c'est cela qui cause tous les
engorgements ou les problèmes de la Mauricie, ce serait un peu
dramatique. Ce que je veux dire au député de Gouin, c'est qu'ils
ont une équipe de secteur, on leur conserve leurs coordonnateurs, if n'y
a pas de coupure à l'équipe de secteur du CLSC de Cap-de-la-
Madeleine. On ne devrait même pas parler du CLSC de
Cap-de-la-Madeleine parce que ce n'est pas un CLSC, c'est une équipe de
secteur. Il va fonctionner également avec les mêmes ressources
qu'ils avaient l'an dernier et il pourrait peut-être - je l'ignore parce
que géographiquement je me situe ma! le CLSC de Cap-de-la-Madeleine par
rapport aux problèmes d'urgence, ce peut être dans le même
coin, je l'admets - même être mis à contribution comme
d'autres équipes de secteur vont être mises à contribution
à Montréal dans le développement de services de maintien
à domicile pour répondre aux besoins des urgences.
Je pense qu'il ne faut pas relier le fonctionnement d'un CLSC ou la
nature des service qu'il peut offrir, strictement au fait qu'on ait un
équipe de secteur ou qu'on ait un directeur général en
place. Je pense qu'à ce moment on s'attache à des structures et
c'est justement... Je ne dis pas qu'en temps et lieu cela ne doive pas venir -
c'est une autre chose - mais je pense qu'il faut éviter de faire ce
lien, tant que les ressources qui sont là demeurent celles qu'elles
étaient l'an dernier. Ils auront leur part comme les autres cette
année.
M. Rochefort: Je comprends la réponse de la ministre. Je
n'ai pas essayé de prétendre qu'il y avait là une relation
de cause à effet. J'ai établi qu'il y avait un lien possible
entre les deux. Il faut reconnaître qu'il peut exister.
J'aimerais que la ministre développe un peu plus... oui?
Mme Lavoie-Roux: Je partage... c'est-à-dire, c'est
difficile d'établir, comme vous dites, une relation de cause à
effet. Je pense que le fait, dans la région de Montréal, dans le
plan d'urgence, et aussi dans la région de Québec, de demander
à un certain nombre de CLSC de travailler dans les endroits plus
névralgiques, d'une façon plus particulière dans le
désengorgeaient des urgences, c'est qu'on pense qu'ils ont un rôle
à jouer là-dedans. En ce sens il y a une relation, mais pas
au-delà de ça.
M. Rochefort: J'aimerais maintenant, M. le Président, que
la ministre exprime beaucoup plus sa vision des CLSC en milieu urbain. La
ministre nous a dit: J'ai mis des groupes de travail sur pied. Je pense
à faire des regroupements administratifs. Il faut rationaliser, il faut
baliser. Où allons-nous en milieu urbain avec les CLSC?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Évidemment, si
j'avais une vision complète et parfaite, je me retirerais dans mes
terres pour deux jours et je vous écrirais un rapport. Cela
éviterait beaucoup de tracas à tous ces gens qui vont contribuer
à cette réflexion. Même, nous n'aurions pas besoin de faire
appel à personne de l'extérieur.
Ce que j'ai établi pour le député et
également aux fonctionnaires de mon ministère, c'est que j'ai des
préoccupations pour assurer le meilleur fonctionnement possible avec le
plus grand rendement possible de tous nos établissements. À ce
moment-ci, on parle des CLSC. C'est tout ce que j'ai à dire.
M. Rochefort: Oui, mais, si vous permettez on va...
Mme Lavoie-Roux: Bien, si vous voulez que je dise d'autre chose,
posez-moi une autre question.
M. Rochefort: Je vais essayer de mériter ma
réponse.
Je pense qu'il faut aller plus loin que cela. Il y a quand même de
l'incertitude qui existe, il y a des rumeurs qui circulent. Je pense que la
ministre les a probablement entendues. Par exemple, est-il dans l'intention de
la ministre de parachever dans la forme actuelle, le réseau des CLSC,
particulièrement à Montréal et à Québec,
donc dans les milieux urbains?
Mme Lavoie-Roux: Êcoutez! Si vous parlez de la forme au
plan administratif...
M. Rochefort: Je pense par exemple à des structures...
Le Président (M. Bélanger): À des genres de
partage? C'est ça?
M. Rochefort: Non, ce n'est pas cela du tout. Je pense à
des structures qui sont gérées par des gens du milieu et qui sont
près de milieux à un niveau où vraiment se retrouvent la
préoccupation, les besoins, et la façon de faire des gens d'un
secteur donné. Donc, pour être plus précis, je pense
à une forme, à une structure, qui permette de desservir une
population de l'ordre de 50 000 à 60 000 personnes plutôt que des
structures qui, par exemple ou par hasard, auraient la taille de DSC C'est
à cela que je pense.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, la réflexion n'est pas
complétée là-dessus. Je sais que dans la région de
Montréal, que je vais prendre comme exemple - je ne sais pas si un jour
je serai obligée de changer d'idée, mais pour le moment je n'ai
vraiment pas l'impression... On m'a souvent cité - et un jour j'irai
pourtant le visiter. J'en ai visité d'autres, mais pas celui-là -
le CLSC de Montréal-Nord, où il n'y a pas d'hôpital assez
loin, comparativement à d'autres endroits de la ville de Montréal
ou de la région de Montréal, qui dessert une
population de tout près de 100 000 ou au-delà de 100 000
et qui, peut-être, est arrimé avec certains centres d'accueil qui
sont aux alentours. J'imagine qu'il doit y en avoir dans
Montréal-Nord.
M. Rochefort: ...gère un ou deux centres d'accueil, sauf
erreur.
Mme Lavoie-Roux: II gère un ou deux centres d'accueil.
Voyez-vous, vous avez même la réponse. Je pense qu'à ce
moment-là, on a probablement fait les efforts de rationalisation
administrative. On répond à des besoins auxquels on ne
répondrait pas autrement, parce que les ressources ne sont pas assez
près. Je pense que c'est dans ce sens qu'il faut faire l'analyse de la
structure et de l'organisation du réseau des CLSC dans la région
de Montréal. C'est cette réflexion qui se fait
présentement.
Je n'ai pas, dans le moment, l'idée de réduire cela
à des territoires de DSC. Il y en a huit à Montréal, je
pense. Encore une fois, dans tout ceci, il faut tenir compte des populations.
Il y a des CLSC qui sont dans des zones où se retrouvent un grand nombre
d'immigrants qui ont des problématiques particulières. Dans ce
sens, il faut identifier ces populations cibles et dans d'autres coins, ce sont
des populations plus âgées. (17 h 15)
Enfin, chaque coin a ses problématiques. Mais je pense qu'il faut
faire un effort de rationalisation administrative, de rationalisation des
ressources. C'est le sens de l'exercice que nous nous proposons de faire.
M. Rochefort: Toujours sur le même volet de ma question, M.
le Président. Tantôt, la ministre a parlé de regroupement
administratif. Est-ce que la ministre envisagerait, par exemple, de regrouper
des CLSC qui existent présentement de façon autonome les uns avec
les autres?
Mme Lavoie-Roux: Je vous dis que nous faisons la réflexion
sur l'ensemble.
M. Rochefort: Ce n'est pas exclu?
Mme Lavoie-Roux: On verra les recommandations et nous ferons ce
travail en relation avec les gens du CRSSS de Montréal, entre autres.
Ils seront appelés à contribuer aux comités de travail;
c'est dans ce sens. Si on veut regarder et faire une réflexion sur
quelque chose, au point de départ, il ne faut pas exclure - je vous le
dis par hypothèse - Montréal-Nord. Si j'en connaissais un autre
mieux, peut-être que j'en nommerais un autre. Mais c'est l'ensemble que
nous allons examiner.
M. Rochefort: Ne considérez-vous pas, dès
aujourd'hui, comme un plus, comme un acquis, comme un aspect positif, utile,
voire essentiel à l'accomplissement du rôle des CLSC que ceux-ci
oeuvrent de façon atomisée, donc, à un niveau
réduit en termes de population à desservir, de façon que
la présence de gens du milieu corresponde vraiment à un milieu
qui a ses caractéristiques propres, ses besoins propres et ses
priorités à lui?
À l'intérieur des grandes orientations, je reconnais qu'un
des rôles majeurs qui a été et qui devra être
confié encore aux CLSC, c'est le maintien à domicile. On s'entend
bien là-dessus. Mais est-ce que la ministre ne peut pas, dès
aujourd'hui, reconnaître que cela ne devrait pas être remis en
question, le fait que les CLSC oeuvrent sur des territoires où il y a
une population qui peut correspondre à un coin de pays propre?
Je sais que la ministre me parle de Montréal-Nord et c'est
très juste ce qu'elle dit. Mais il faut penser que, quand le CLSC de
Montréal-Nord a été créé, il n'y avait pas
eu de phénomène de déplacement de population aussi grand
que celui qu'on connaît, même s'il était déjà
amorcé et tout cela. Les gens du milieu ont reconnu, tous ensemble,
qu'il était préférable d'y aller avec un CLSC qui suivrait
un peu la taille que la population a maintenant, plutôt que d'y aller par
une division du territoire pour créer deux CLSC qui correspondraient un
peu plus au quantum auquel j'ai fait allusion.
Mais la ministre est-elle en mesure, dès aujourd'hui,
d'éviter de l'incertitude autour de cette question, au minimum, quant
à la dimension sur laquelle un CLSC peut intervenir dans le sens qu'on
le connaît à l'heure actuelle?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je suis d'accord avec le
député qu'on doit, autant que possible, cerner des milieux. Mais
il ne faudrait quand même pas exagérer. Quand vous avez, par
exemple, le CLSC X dans une région moins urbanisée que
Montréal, qui est la maison mère d'une région
donnée ou, enfin, peut-être pas une région
nécessairement, mais une sous-région, et qu'il a cinq ou six
points de service... Est-ce qu'ils peuvent en avoir autant que cela, M. le
sous-ministre? On peut avoir jusqu'à cinq ou six points de service dans
des petites municipalités. Est-ce qu'on devrait conclure de votre
raisonnement que, pour vraiment respecter le milieu... Il semblerait qu'ils
devraient tous coller à ce grand milieu de cinq ou six
municipalités qui peuvent être aussi différentes que
Montréal et Québec entre elles, même si elles sont
situées dans un rayon de X milles. Il faut connaître... Je vais
vous en nommer: Windsor et Richmond. Je ne voudrais pas en nommer trop, mais je
pourrais vous donner bien d'autres exemples.
M. Rochefort: Vous parlerez d'un certain nombre d'exemples plus
tard.
Mme Lavoie-Roux: Mais il reste que, si je suis votre
raisonnement, il faudrait que chaque municipalité, qui est un milieu
donné avec ses caractéristiques culturelles, sociales, sa
sous-culture, si on veut, même, ait son CLSC propre, parce que ce que
vous dites, c'est qu'il faut absolument que cela colle à un milieu
donné et que, dès qu'on s'en écarte, on rompt avec la
vocation originelle des CLSC. Je pense que tout cela doit être
pondéré et c'est ce que nous essayons de faire.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends que la
ministre caricature pour bien illustrer sa pensée. Mais tel
n'était pas le sens de ma question. On parlait du milieu urbain, puisque
c'est sur la dimension urbaine que porte son étude, si j'ai bien compris
ses premières réponses. Je faisais allusion à des
regroupements de 50 000 à 60 000 personnes. Cela est vrai pour les
quartiers électoraux et municipaux, c'est vrai pour les circonscriptions
électorales, c'est vrai pour beaucoup de choses, pour les maisons de
jeunes. C'est plus vrai pour beaucoup de structures de nature communautaire que
pour d'autres structures du réseau de la santé et des services
sociaux. C'est vraiment cet aspect. J'accepte que la ministre ne veuille pas se
compromettre si tel est son choix, mais je dis, quant à moi, que,
dès maintenant, même si je suis favorable à ce qu'on fasse
une réflexion là-dessus, comme on doit en faire sur beaucoup
d'autres choses, cela fait partie des acquis et qu'il faut respecter cette
dimension. Cela ne devrait pas faire l'objet, pour moi, de réflexion en
profondeur et de remise en question.
J'avoue, M. le Président, que la compréhension que j'ai
des réponses que me fournit la ministre sur l'état de ses
réflexions, les demandes d'études qu'elle a confiées
à ses collaborateurs auxquels elle veut associer, j'imagine, un certain
nombre de personnes, je comprends un peu, par les réponses qu'elle me
fournit depuis tantôt, qu'elle ait précisé, au
départ, quand elle a fait allusion à ses groupes de travail,
qu'il ne s'agissait pas de commissions d'étude aussi importantes que la
commission Rochon, mais que... Je sens qu'il y a donc une volonté de
questionner fortement, solidement.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président, je vais
donner deux exemples, j'en ai parlé ce matin et j'en reparle. J'ai
parlé beaucoup d'évaluation. Je crois comprendre que le
député n'est pas en désaccord fondamentalement.
M. Rochefort: Au contraire, quand on me connaît bien, on
sait que cela fait partie de mes réflexes.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, il y a des politiques... Enfin, je
ne sais pas jusqu'à quel point c'étaient des politiques.
Finalement, quand on décide d'un plan, cela finît toujours par
s'appeler une politique sans que ce soit toujours véritablement une
politique. Disons "politique" dans le sens très large où on
l'entend quelquefois. Par exemple, une politique comme celle des centres de
jour dans chacun des territoires des CLSC, c'est peut-être bon, mais
peut-être qu'il n'est pas nécessaire d'aller dans cette direction.
Mais on est parti dans cette direction et, si on n'arrête pas, si nous ne
faisons pas un point d'arrêt, nous allons continuer. Peut-être
qu'on va trouver, après coup, qu'il y aurait, je ne sais, un tiers de
ces centres de jour qui n'auraient pas toute l'utlité ou la
nécessité qu'on croit qu'ils devraient avoir.
La même chose... J'ai parlé du maintien è domicile.
Quand je pense que, et vous le savez fort bien vous-même, les coûts
sont très élevés et qu'ils devront aller en augmentant,
etc., on peut se dire: A-t-on une courbe de production dans les soins à
domicile? Vers quoi se dirige-t-on? Vers quoi va-t-on? C'est dans ce
sens-là qu'on fait l'évaluation de ces autres choses. Je ne peux
pas partir avec des conclusions dont je vais vouloir faire faire la
démonstration par les gens qui seront à l'étude. J'ai des
préoccupations, je demande à un comité de travail de se
pencher sur ces préoccupations, et j'attends les résultats.
M. Rochefort: Je comprends très bien les réponses
que vous me donnez. Ce que je souhaitais, c'est que vous donniez un certain
nombre d'assurances de base, minimales, à ceux et celles qui vivent
actuellement dans ce réseau et qui seront sûrement placés
dans une situation d'incertitude qui n'aidera sûrement pas le climat de
travail dont le réseau a besoin. Comme vous y avez fait allusion ce
matin dans votre intervention d'ouverture, je pense que, dans la mesure
où on peut éviter de créer de l'incertitude auprès
d'hommes et de femmes qui travaillent à desservir la population dans des
conditions souvent difficiles, on doit le faire. Mais, évidemment, c'est
votre prérogative de vous limiter aux réponses que vous m'avez
données. Je note aussi qu'on parle de moment d'arrêt pour le
développement des centres locaux de services communautaires et d'un
certain nombre de services qu'ils donnent ou qu'ils ont commencé
à donner à la population alors que, jusqu'à maintenant, je
n'ai pas senti de moment d'arrêt dans d'autres éléments du
réseau de la santé et des services sociaux. Tout en reconnaissant
-la ministre me demandait de corroborer son point de vue - que le maintien
à domicile
coDte cher, je reconnais que cela coûte beaucoup moins cher que
bien d'autres activités qu'on connaît dans le réseau et
que, en ce sens-là, pour moi, je pense qu'il faut faire attention,
être prudent quant à la justification de cette réflexion
à partir de: cela coûte cher. J'ai des réserves
là-dessus et je voudrais ajouter une question. Quel lien y aura-t-il
entre la réflexion qui s'amorce sur le groupe de travail auquel vous
avez fait référence à quelques reprises et la commission
Rochon elle-même?
Mme Lavoie-Roux: La commission Rochon examine l'ensemble du
réseau...
M. Rochefort: Incluant donc cela.
Mme Lavoie-Roux: ...des services sociaux, mais nous ne sommes pas
obligés d'être irresponsables d'ici à deux ans et demi
parce que la commission Rochon est en opération. Nous sommes
appelés à dépenser davantage; on veut être sûr
que les ressources profitent le plus possible aux bénéficiaires
et aux personnes qui y ont recours. Cela nous oblige à des examens, et
nous devons le faire. Cela ne compromet nullement les conclusions de la
commission Rochon. Nous n'irons pas dans des directions tellement
opposées par rapport à ce qui existe présentement; je ne
crois pas, du moins. Ce sont simplement des redressements à faire, s'il
y a lieu; s'il n'y a pas lieu, on continuera notre bonhomme de route avec les
ressources qui seront mises à notre disposition, mais s'interroger,
c'est de la responsabilité.
M. Rochefort: M. le Président, là-dessus, j'ai un
commentaire à faire. Cela fait quelques fois que Mme la ministre semble
dire que je l'inciterais à être irresponsable en suspendant toute
action au rapport de la commission Rochon. Tel n'est absolument pas le sens de
mes interventions et je reconnais que ce serait effectivement irresponsable que
de suspendre toute action jusqu'à ce que la commission Rochon ait
déposé son rapport. Là-dessus, on s'entend très
bien, mais, à partir du moment où l'on dit à un organisme
comme la commission Rochon, qui a été confirmée dans son
mandat, de ce que j'ai pu comprendre des gestes que la ministre a posés,
dans le sens de réfléchir à l'ensemble du réseau de
dispensation des soins et des services sociaux et qu'en même temps on
crée un groupe de travail pour réfléchir à la
dimension importante qui est l'ensemble de la première ligne, je
m'interroge sur les liens entre tous ceux qui réfléchissent,
disons donc.
L'autre point que je veux soulever est le suivant: Compte tenu de
l'importance, qu'il faut reconnaître et dont je prends acte, de la
réflexion qui s'amorce autour de la ministre sur cette question, est-ce
que la ministre pourrait être plus précise quant à ceux et
celles qui seront associés pleinement à cette
réflexion?
Mme Lavoie-Roux: La composition du groupe de travail n'est pas
arrêtée. Ce que je souhaite, c'est évidemment que les gens
au premier chef qui ont la compétence et qui travaillent ou qui sont
associés de très près aux CLSC... Je pense, et cela a
été l'attitude du gouvernement depuis qu'il est au pouvoir, d'y
associer des personnes qui sont dans le réseau, mais d'autres aussi qui
peuvent être de l'extérieur. Nous l'avons fait dans le cas du plan
d'urgence, même si le coeur du groupe était formé
d'intervenants des centres hospitaliers ou, enfin, du milieu. Nous avons
essayé d'élargir un peu et cela apporte des dimensions qui, des
fois, peuvent échapper à un groupe qui, quotidiennement, est
confronté à une problématique particulière. Dans le
sens d'élargir un peu, c'est certainement ce que nous allons faire, mais
ce n'est pas arrêté d'une façon définitive.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait nous assurer que
des gens de la Fédération des CLSC seront associés
à cela et que des gens qui travaillent dans le milieu, sur le terrain,
seront associés à cette réflexion?
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous donner une réponse
affirmative dans le cas de la fédération. D'un autre
côté, normalement, il devrait y avoir un praticien du milieu. Cela
m'apparaît au moins un minimum. Je ne veux pas non plus qu'on en arrive
à un groupe de quinze parce que dans ce sens-là...
M. Rochefort: Ce n'est pas ce que je propose.
Mme Lavoie-Roux: ...je pourrais dire: Deux de la
fédération, deux, etc., et à ce moment-là,
même si vous ajoutez quelques autres individus, vous allez vous retrouver
avec un groupe de dix. Alors, je peux rassurer le député et lui
dire que ce serait un non-sens qu'on étudie sans qu'il y ait un
représentant de la fédération des CLSC. D'ailleurs, elle
le sait et je le lui ai dit.
M. Rochefort: À cette heure-ci, on peut sûrement
faire un peu d'humour, M. le Président. J'imagine donc que les gens des
CLSC ne seront pas remplacés par des gens des CSS.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est cela qui vous...
M. Rochefort: J'ai dit que je faisais de l'humour. Vous voyez, M.
le Président, même
à 17 h 30, on ne peut pas faire d'humour. On décode des
choses. Je m'engage, M. le Président, à ne plus faire d'humour
ici...
Le Président (M. Bélanger): II faut que ce soit
drôle.
M. Rochefort: ...jusqu'à la fin de nos crédits. (17
h 30)
Le Président (M. Bélanger): Par définition,
c'est drôle!
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez retrouver quelqu'un qui est
maintenant dans un CLSC et qui était dans un CSSS avant.
M. Rochefort: Absolument.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'incompatibilité entre les
deux, j'espère.
Budget général des CLSC
M. Rochefort: Bien au contraire quant à moi. C'est pour
cela qu'on avait fait des propositions où l'ensemble des intervenants
était bien représenté. Je ne fais plus d'humour.
M. le Président, on pourrait aborder cette question du budget
général des CLSC. La ministre me dit: Oui, mais il n'y a pas de
baisse réelle, c'est une diminution de la contribution au RREGOP. Quelle
est l'augmentation en ce qui concerne les frais d'exploitation du budget des
CLSC pour l'année qui vient?
Mme Lavoie-Roux: Une augmentation, vous voulez dire dans
l'ensemble des crédits?
M. Rochefort: Des frais d'exploitation.
Mme Lavoie-Roux: Des frais d'exploitation.
M. Rochefort: Mais oui, c'est là que le service se donne,
dans les trois éléments, j'imagine?
Mme Lavoie-Roux: 3,7 %.
M. Rochefort: Quelle est l'augmentation de l'IPC?
Mme Lavoie-Roux: 3,1 %. Non? M. D'Astous: Vous permettez.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. D'Astous: 3,70 %, cela implique une inflation de 3,1 % pour
les autres dépenses qui ne sont que 20 % de la masse. Les 80 %, ce sont
les cadres et les syndiqués. Les cadres ont eu 0 et les syndiqués
1,05 % seulement. Si on fait un taux composite de la croissance de cela, c'est
de l'ordre de 1,3 %, le reste étant au fonds de suppléance pour
des négociations qui sont en cours actuellement. Si on y voit une
incohérence, non, il y a une croissance normale de 1,3 %; les 3,70 %,
c'est ce qui s'ajoute en plus dans cela. Ce sont des bases budgétaires
qui sont redressées, c'est le développement obligatoire qui
s'ajoute, ce sont les éléments particuliers, etc.
M. Rochefort: Mais vous confirmez qu'en termes de
développement, il y a 1,3 %.
M. D'Astous: En termes de développement?
M. Rochefort: Au niveau des frais d'exploitation, donc
d'augmentation.
M. D'Astous: Non. Pour chaque CLSC, si on enlève les
aspects de développement qui ne sont pas propres à son
établissement à lui, il y a une croissance normale qui fait en
sorte que ses inflations pour ses autres dépenses et son coût de
système pour ses employés sont couverts à 100 %. Cela est
couvert.
M. Rochefort: Bon. C'est le service à la population.
M. D'Astous: Voilà! Si on ajoute les autres
éléments qui sont le développement, qu'on appelle ici
révision de base budgétaire, pour 1 999 000 $; une
révision pour tenir compte du déficit de quelques CLSC de 3 800
000 $; les crédits pour le développement 1986-1987; les
crédits pour les éléments particuliers, 1 660 000 $, la
croissance de l'ensemble des frais d'exploitation des CLSC, c'est 3,70 %.
J'enlève le RREGOP par ailleurs, j'enlève les revenus et les
réaménagements budgétaires. Je compare, comme vous le
disiez tantôt, les choses qui se comparent, donc, crédit sur
crédit, mais je corrige pour faire en sorte que les crédits 5-6
sur 6-7 soient comparables.
M. Rochefort: Une fois que tout cela est fait, vous dites que
cela donne 3,70 %.
M. D'Astous: Exactement. En plus des sommes prévues au
fonds de suppléance pour les conventions collectives et pour les
cadres.
Mme Lavoie-Roux: II s'ajoutera également, pour un certain
nombre de CLSC, ce qui est prévu au plan d'urgence pour les soins
à domicile en particulier.
M. Rochefort: Qui seront gérés par les CRSSS?
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais qui sont quand même
considérés... Écoutez, est-ce qu'on en veut du
maintien?
M. Rochefort: Ce sont des activités, mais cela va
être facturé aux CRSSS, on s'entend bien là-dessus. On ne
leur a pas confié le budget.
Mme Lavoie-Roux: Non. Mais éventuellement, cela n'est pas
impossible. On va voir si on peut faire l'évaluation et si on peut
être sûrs que les budgets soient vraiment utilisés à
ces fins pour faire le lien entre le remède et la guérison. Je
crois que pour un certain temps, c'est ...
M. Rochefort: On va finir par obtenir quelque chose, c'est bien.
D'accord, cela va pour le budget général.
Une question que j'adresserais à Mme la ministre et j'imagine
qu'un de ses collaborateurs pourra nous fournir les montants ventilés,
pas nécessairement aujourd'hui mais j'aimerais bien les avoir au cours
des prochains jours: Dans le budget 1986-1987 et dans les budgets des
années financières antérieures, quelle somme est
consacrée aux programmes de prévention et de soins dentaires
gérés par les CLSC?
Mme Lavoie-Roux: ...dans la ventilation par CLSC?
M. Rochefort: Non, pas par CLSC, les ventilations par
année financière, combien en 1986-1987 et les années
précédentes depuis 1982 dans le dossier de la prévention
dentaire, programme géré par les CLSC, à l'occasion par
les équipes de secteurs, à l'occasion par les DSC?
Mme Lavoie-Roux: On vous le rapportera mardi pour vous donner des
chiffres exacts.
M. Rochefort: Vous ne l'avez pas du tout actuellement? Est-ce
qu'un de vos collaborateurs a une idée de l'ordre de grandeur?
Mme Lavoie-Roux: Moi j'en ai un chiffre. L'argent qui est
donné aux DSC et aux CLSC pour les soins dentaires, dans le moment,
payés par ces 9 000 000 $...
M. Roehefort: Payés par qui? Continuez donc.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire, c'est...
M. Rochefort: Payés par le ministère. On s'entend
bien. Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est 9 000 000 $ à la
fois...
M. Rochefort: 9 000 000 $ pour 1986-1987.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non. C'est cela que je voudrais
vérifier.
M. Rochefort: C'est pour 1985-1986, les 9 000 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Oui, est-ce que c'est 1985-1986 ou 1986-1987, on
va le vérifier pour vous. Mais c'était de l'ordre de 9 000 000 $
à la fois pour les DSC et...
M. Rochefort: Pour une année?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Pour une année.
M. Rochefort: Vous ne savez pas laquelle, mais pour
l'année.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Merci. Finalement, M. le Président, dans le
dossier des CLSC, en ce qui me concerne, j'ai deux questions
particulières. D'une part, une question que j'ai eu l'occasion de
discuter à quelques reprises avec Mme la ministre. Non pas que je mette
sa parole en doute, bien au contraire, mais je veux permettre aux intervenants
de pouvoir dire: Oui, il y a des engagements formels. Nous avons eu l'occasion
de discuter ensemble à de multiples reprises depuis quelques mois, plus
particulièrement depuis deux mois, de la question du siège social
du CLSC de La Petite Patrie.
Si je comprends bien, d'après les réponses que vous m'avez
données, vous êtes prête à recommander au Conseil du
trésor de faire l'acquisition du centre communautaire
Saint-Édouard et le président du Conseil du trésor vous a
donné comme indication que d'ici à trois semaines il serait en
mesure de donner une réponse finale. C'est bien le cas?
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même donner un peu la
petite histoire de la...
M. Rochefort: Ah! La petite histoire de La Petite Patrie? Cela va
être intéressant.
Mme Lavoie-Roux: Non. Pas la petite histoire de La Petite Patrie
mais du CLSC ou du plan d'hébergement du CLSC de La Petite Patrie. C'est
évidemment dans le comté de Gouin mais cela chevauche aussi le
comté de Dorion.
M. Rochefort: Une partie du comté de Laurier aussi, celui
de votre adjoint
parlementaire.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Bon. Et c'est la possibilité de loger
ce CLSC dans le presbytère de l'église
Saint-Édouard...
M. Rochefort: Le centre communautaire.
Mme Lavoie-Roux: Dans le centre communautaire de l'église
Saint-Édouard qui est prêt à s'en départir. Cela a
été présenté au Conseil du trésor. Cela a
été refusé. Cela a été
représenté. Cela a été refusé. J'ai eu des
pourparlers avec le président du Conseil du trésor qui m'a dit
être prêt à examiner cette possibilité. Il n'est pas
question de le construire cette année parce qu'il n'y aura pas - en tout
cas à ma connaissance, sauf ceux peut-être qui sont en
construction, comme je le disais tout à l'heure - de nouvelles
initiatives dans la construction des CLSC cette année. C'est une
question de ressources financières. Il y en a qui devraient être
construits. Il examinera donc la possibilité de l'acquérir pour
en faire une salle pour la prochaine commission parlementaire s'il n'est pas
encore occupé par le CLSC. Cela impliquerait des déboursés
de l'ordre de 325 000 $. Éventuellement, le coût total serait
d'environ 2 600 000 $, je pense, ou 2 500 000 $. C'est cette possibilité
que le Conseil du trésor examine. Ma lettre au président du
Conseil du trésor est dans ce sens. Il m'a dit que normalement d'ici
à trois semaines il pourrait me donner une réponse. Je connais
l'échéancier de...
M. Rochefort: ...du curé entre autres. Mme
Lavoie-Roux: ...de M. le curé.
M. Rochefort: Donc, en ce qui vous concerne, à votre
niveau, vous avez fait une recommandation positive au Président du
Conseil du trésor quant à l'acquisition...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: ...par la Corporation d'hébergement du
Québec du centre communautaire afin de loger le siège social du
CLSC de La Petite Patrie.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Et je dois aussi vous dire que ce qui avait
aussi retardé c'est qu'il y avait certaines réticences de la part
du CRSSS eu égard aux possibilités de stationnement, aux
possibilités de fenestration. Enfin, il semble y avoir eu un certain
imbroglio qui a...
M. Rochefort: Mais on s'entend sur le fait que la recommandation
du CRSSS est favorable, la vôtre aussi...
Mme Lavoîe-Roux: Ma recommandation est dans le sens
d'examiner la possibilité qu'on en fasse immédiatement
l'acquisition ou qu'on s'engage d'une façon plus formelle à en
faire l'acquisition.
M. Rochefort: Et qu'on reconnaisse, tout te monde ensemble, qu'il
n'y a pas de solution pour l'avenir.
Mme Lavoie-Roux: Bien, écoutez, je ne suis pas allé
visiter tout le comté de Gouin.
M. Rochefort: Bien, mon Dieu! M. le Président, j'invite
officiellement, formellement, la ministre à venir faire une belle
tournée dans mon comté à la date qui lui conviendra. On
aura l'occasion de faire cela.
Le Président (M. Bélanger): C'est le samedi soir
surtout qu'elle y va.
M. Rochefort: Le samedi soir, M. le Président,
malheureusement, je suis occupé à faire des visites à mes
concitoyens.
Mme Lavoie-Roux: Je pourrai vous accompagner.
M. Rochefort: Je serais très heureux. Même s'ils ont
obtenu beaucoup du ministère de la Santé et des Services sociaux
des neuf dernières années, ils ont encore des besoins. Ils seront
très heureux de pouvoir les soumettre directement à la ministre.
D'ailleurs, comme on parle de mon comté -en dix secondes - la ministre y
était récemment puisque c'est un établissement de mon
comté qui a obtenu le prix Persillier-Lachapelle et je veux d'ailleurs
les féliciter ici même.
Mme Lavoie-Roux: Le prix Persillier-Lachapelle.
M. Rochefort: Autre dossier ad hoc. Un dossier que la ministre
connaît bien. CLSC de Brandon.
Une voix: Qui ne le connaît pas?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le connais. Alors, posez-moi une
question.
M. Rochefort: La ministre peut-elle faire le point, à
l'heure où on se parle, de l'évolution du dossier? Où s'en
va-t-on dans le dossier du CLSC de Brandon?
Mme Lavoie-Roux: Je vais faire le point. Je pense que je vais
faire un petit historique aussi. Il faut se rappeler que c'était un
projet de fusion qui était sur la table depuis - là on doit
être rendu à près de quatre ans - au moins trois ans et qui
avait créé passablement de secousses ou de
contestations dans le milieu, particulièrement de la part du CLSC
de Brandon. C'était une proposition de fusion des CLSC de Berthier et de
Brandon, en faveur - pour utiliser l'expression - de Berthier. Apparemment,
c'était une situation tellement délicate que le ministre Johnson,
à l'époque n'avait jamais pris de décision finale. Le
ministre Laurin qui l'a suivi devait aussi en prendre une. Il est parti.
Le dernier ministre, celui qui m'a précédé, M.
Chevrette, député de Joliette, l'a prise, c'est-à-dire a
fait un décret - je pense que je ne me trompe pas - le 27 novembre,
quelques jours avant l'élection. Si je donne ces détails, c'est
simplement pour indiquer le contexte de la difficulté et de la
contestation très grande qui avait eu lieu eu égard à
cette fusion - il faut bien l'appeler par son nom - forcée, à ce
moment, puisqu'une des parties ne voulait pas, contrairement à toutes
les autres fusions qui se sont faites, probablement avec peut-être
certaines petites résistances, mais qui se sont faites, sans grand
vacarme. Du moins, c'est l'historique qu'on me donne.
M. le Président, je peux vous dire que si j'errais dans mes
explications, il y aurait de part et d'autre des gens pour me remettre sur la
bonne voie. Quand la population de Saint-Gabriel-de-Brandon - je tiens à
donner tous les faits, il n'y a rien à cacher là-dedans - m'avait
rencontrée -parlons de l'élection, cela va être plus simple
- au moment de la campagne électorale, elle m'avait soumis le
problème. Je n'avais pris aucun engagement, sauf que si nous
étions portés au pouvoir, et que par hasard si j'étais
ministre de la Santé - ce que je ne savais absolument pas à ce
moment - j'étais prête à examiner le problème
à partir de zéro. C'est ce que j'ai fait.
Ce qui m'est apparu, à ce moment, c'est que je n'ai pu trouver
aucune justification rationnelle pour expliquer la décision qui avait
été prise de fusionner en faveur de Berthier plutôt qu'en
faveur de Brandon. On devait respecter le territoire de la MRC, mais que la
fusion se fasse en faveur de Berthier ou qu'elle se fasse en faveur de Brandon,
il semblait que ce respect était fait. Il y avait des raisons qui,
probablement, justifiaient le choix de Brandon, le fait qu'on était
déjà propriétaire de la bâtisse et de
l'édifice, que c'était un CLSC qui avait dix ou onze ans
d'existence. Mon souffleur me dit que c'était le plus vieux du
Québec.
M. Rochefort: C'est le souffleur qui est le plus vieux du
Québec?
M. Houde: Ne soyez pas inquiet, c'est le plus jeune. C'est le
plus vieux CLSC du Québec qui est implanté à
Saint-Gabriel-de-
Brandon.
M. Rochefort: Ne vous fâchez pas, on s'occupe de vos
dossiers.
M. Houde: Non, je ne me fâche pas, c'est mon
tempérament de parler fort.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le
député de Berthier surveille ses intérêts. (17 h
45)
Mme Lavoie-Roux: Je vois que le député de Gouin
surveille les intérêts du comté de Berthier.
Écoutez, il faut faire une longue histoire courte. C'est juste, je
dirais, les antécédents du problème. Nous avons
tenté, d'un commun accord, compte tenu -mon Dieu! il me semble que le
député de Gouin devrait être sensible à cela, que
les gens du milieu de Brandon tenaient tellement à ce qu'on respecte
leur milieu... Ils y étaient attachés, ils y avaient
développé des services communautaires, ils avaient fait toute
cette belle action dont vous nous avez parlé tout à l'heure -
avec conviction d'ailleurs - et ils se disaient: Nous, on veut le garder, notre
CLSC, qui est devenu un point de service par rapport à Berthier.
Encore une fois, pour faire une longue histoire courte, on a
essayé, par des négociations, d'arriver à une entente,
d'autant plus que les informations que j'avais eues de source autorisée,
non plus des CLSC eux-mêmes... Encore une fois, il n'y avait aucune
justification rationnelle pour avoir choisi un endroit plutôt que l'autre
comme siège de la fusion, ce qui me paraît encore un
mystère, mais personne ne semble comprendre pourquoi. Alors, je laisse
à chacun le soin de faire ses propres hypothèses. Mais, pour
conclure, les gens sont encore en discussion et cette entente que j'aurais
souhaitée en recréant les deux CLSC, celui de Berthier et celui
de Brandon, n'a pas été aussi facile que je l'aurais
souhaité. C'était vraiment uniquement pour tenir compte... Il
s'agît vraiment de gens dans le même coin.
Je vous ai parlé, tout à l'heure, de municipalités
qui sont dans un même petit coin et que, même si on dit qu'il faut
respecter le milieu, quelquefois, les milieux sont assez différents
d'une municipalité à l'autre. Il semblait que c'était
justement le cas.
On est encore dans cette négociation -c'est un grand mot - cette
période de discussion où je souhaiterais, évidemment,
qu'on tienne compte à la fois des désirs de Berthier et de ceux
de Brandon. J'ai agi, compte tenu du fait que les gens de Berthier m'avaient
dit que, pour eux, ils n'avaient jamais demandé la fusion et que, s'ils
avaient été à la place des gens de Brandon, ils auraient
réagi de la même façon que ces derniers, me laissant
entendre que cela ne
présenterait pas de difficulté. À leur
décharge, je dois ajouter que, depuis ce temps - un jour, je ferai aussi
un pèlerinage à cet endroit; il me semble y avoir plus de CLSC
dans ce coin de Québec que nulle part ailleurs: Joli-Mont, Montcalm,
joliette - ils m'ont l'air de tous être ensemble... Le résultat,
je l'attends encore et je souhaiterais que cela se règle le plus vite
possible parce que, encore une fois, je pense que c'est au détriment des
populations. Je pense aussi que c'est difficile pour les personnels.
M. Rochefort: Deux questions précises, M. le
Président. La première, c'est une question d'information. Quand
la ministre compte-t-elle prendre une décision finale?
Deuxièmement, est-ce que la ministre est d'accord avec l'orientation du
gouvernement précédent, c'est-à-dire un CLSC par
municipalité régionale de comté?
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que nous avons
reçu - je ne l'ai pas en main - j'ai interrogé mon
collègue des Affaires municipales, qui est aussi responsable des MRC,
à savoir si c'était un dogme - je ne lui ai pas posé la
question comme cela...
M. Rochefort: J'imagine bien.
Mme Lavoie-Roux: ...MRC-CLSC, etc. Je n'ai pas la réponse
devant moi, mais ce qu'il m'a écrit, je vous le donne de mémoire,
c'est à peu près ceci. Ce dont il fallait tenir compte,
c'était que, pour eux, justement, ce n'était pas une notion
qu'ils retenaient désormais: CLSC-MRC... Est-ce que je me trompe? On n'a
pas la lettre? Ce qui était plus important, c'était la
qualité des services qu'une population désirait offrir et,
finalement, de ne pas subordonner un jugement à une notion de
coïncidence géographique, si je puis dire, de MRC et de CLSC.
M. Rochefort: Est-ce que vous auriez objection à
déposer copie de la note du ministre, en temps et lieu?
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, je vous la donnerai.
Le Président (M. Bélanger): Mardi, ce sera
déposé. Mme la ministre, je dirais en
complémentaire...
Mme Lavoie-Roux: Il n'a peut-être pas fini sur Brandon
parce qu'on en a long, vou3 savez.
M. Rochefort: II y avait juste la question du délai.
J'avais posé une question à deux volets: les MRC et le
délai.
Mme Lavoie-Roux: Le délai, je souhaite que ce soit le plus
tôt possible que le problème se règle.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre,
est-ce qu'il y a d'autres CLSC qui ont des problèmes
d'incompatibilité de territoire avec les MRC?
Mme Lavoie-Rouxs Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Ce problème que
vous avez à Brandon, est-ce qu'il existe dans d'autres endroits?
Mme Lavoie-Roux: À ma connaissance, au moment où
nous nous parlons, il semble que les fusions qui ont été faites
se soient faites dans des conditions relativement faciles puisqu'on n'en a pas
entendu parler.
Ce que je voudrais ajouter, ce que j'appelle cette notion de
coïncidence entre les MRC et les CLSC, dans ce coin, déjà,
on avait violé cette coïncidence. Par exemple, le ministre qui m'a
précédé ne semblait pas avoir eu... Je pense que
c'était le bon sens, ce n'est pas ce que je remets en question; c'est le
bon sens qu'il faut suivre. La population avait décidé que...
Est-ce que c'est Sainte-Élizabeth? Dans le cas de Chambly-Carignan, mais
Saint-Thomas fait maintenant partie de la MRC de Joliette quoiqu'il appartienne
à la MRC de D'Autray.
M. Houde: ...Saint-Thomas à la...
M. Rochefort: ...certaines municipalités des MRC en cours
de route.
M. Houde: Non, non. M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Là, on a le spécialiste,
géographiquement.
M. Houde: La paroisse de Saint-Thomas fait partie de la MRC de
D'Autray et elle fait partie du CLSC de Joliette.
M. Rochefort; II y a un des deux découpages qui est
antérieur à l'autre.
M. Houde: Auparavant, elle faisait partie...
Le Président (M. Bélanger): C'est une question de
proximité.
M. Houde: Par contre, il y a un autre problème, lorsqu'on
parle de la paroisse de Saint-Damien-de-Brandon qui fait partie de la
Matawinie, elle ferait partie de la MRC de D'Autray. C'est ce dont il avait
été question à un moment donné. Quand cela fait
l'affaire, on peut la transférer.
Mme Lavoie-Roux: ...était moins forte.
M. Houde: Si je ne fais pas erreur, le CLSC de Berthier a
été ouvert seulement en 1980, sous l'ancien gouvernement, et
celui de Saint-Gabriel existait depuis 1974-1975.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais ajouter - on
a un peu babillé autour de l'histoire - c'est que s'il y a une logique
à ce que les CLSC coïncident avec le territoire de la MRC, je n'ai
aucune objection de principe, mais je pense que ce qui a guidé mon
action dans ce dossier particulier, c'était vraiment le désir de
la population de pouvoir conserver son CLSC. Les représentations qui
m'ont été faites étant que c'est la chose la plus normale
et la plus bénéfique pour la population du CLSC de Brandon, c'est
la seule motivation que j'ai eue là-dedans et je n'ai pas d'objection de
principe. Si cela coïncide, bravo!
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions?
M. Rochefort: Pas pour Brandon, pour le programme des CLSC. Mais
si vous en avez...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, est-ce
qu'il y a eu des crédits de développement pour les CLSC en
1985-1986, qui avaient été autorisés par le Conseil du
trésor ou alloués, par des affectations, à d'autres
programmes ministériels?
Mme Lavoie-Roux: Pouvez-vous répéter votre
question, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a eu des
crédits de développement pour les CLSC en 1985-1986, qui auraient
été autorités par le Conseil du trésor et qui ont
été alloués, par des réaffectations de programmes
ministériels?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. D'Astous: En 1985-1986, il y a eu 7 000 000 $ de
crédits de développement et de consolidation des CLSC, plus 820
000 $ à même les marges du ministère qui ont
été alloués pour les CLSC, et aucun de ces montants n'a
été redonné par la suite à d'autres programmes du
ministère.
Le Président (M. Bélanger): Ils n'ont pas
été donnés à d'autres programmes. D'accord. Est-ce
que ces crédits étaient sur base annuelle?
M. D'Astous: Les crédits de développement
prioritaire sont toujours sur une base annuelle.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Est-ce qu'ils
ont été entièrement versés au réseau?
M. D'Astous: En 1985-1986, ils ont été
entièrement versés parce qu'il y a 100 000 $ de crédits
périmés au programme 1, ce sont les crédits de
stabilité d'emploi des cadres.
Le Président (M. Bélanger): Au sujet des services
de maintien à domicile, je pense que la ministre nous a fait savoir ce
matin que 2 000 000 $ avaient été versés, mais qui
n'avaient pas été autorisés par le Conseil du
trésor. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il y a un coût de récurrence
de services à domicile pour 2 026 000 $ précisément. Pour
les équipes de secteur, j'ai parlé tout à l'heure de 900
000 $; des frais afférents è la pratique dentaire, 200 000 $; des
frais administratifs réliés au cadre de partage CSS, CLSC, pour
un montant global de 3 826 000 $, qui lui, en partie, est pris, à
même la marge ministérielle; et dans l'alourdissement de
clientèle, il y a deux millions qui seront affectés au programme
de maintien à domicile des CLSC.
Le Président (M. Bélanger): Dans le fond, vous
avez, je ne dirais pas un handicap de 2 000 000 $, mais pas loin.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que nous sommes
obligé, cette année, de couvrir des choses qui normalement
auraient dû être récurrentes. À moins de se mettre
à couper dans le maintien à domicile... mais je ne pense pas que
ce soit le désir, ni du côté ministériel ni du
côté de l'Opposition. Il reste que cela fait des montants à
couvrir, qui autrement auraient pu être affectés à
d'autres... peut-être un ajout supplémentaire de maintien à
domicile, ou à d'autres services.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 1, Services des centres locaux de services
communautaires? Est-ce que les crédis pour le programme 1 sont
adoptés.
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
Considérant l'heure, est-ce que nous passons tout de suite à
l'autre programme? Oui?
M. Rochefor:i Non, M. le Président,
compte tenu qu'il reste trois minutes, si mes collègues sont
d'accord, je souhaiterais que nous reprenions la séance à 20
heures avec le programme 2,
Le Président (M. Bélanger): Nous suspendons les
travaux jusqu'à 20 heures et je vous demanderais, s'il vous plaît,
à 20 heures d'être ici. 20 heures précises.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
(Reprise à 20 h 4)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Elle se réunit pour poursuivre
l'étude des crédits du ministère de la Santé et des
Services sociaux. Nous sommes rendus au programme 2, Soutien des organismes
bénévoles.
M. Rochefort: Juste avant de céder la parole à ma
collègue de Marie-Victorin qui a la responsabilité de ce
programme, je voudrais déposer, tel que je m'y suis engagé
à la demande de la ministre, le communiqué de presse émis
par le Conseil régional de la santé et des services sociaux de
Montréal métropolitain en date du 16 janvier 1986. J'attire
particulièrement l'attention de la ministre sur la page 2,
troisième paragraphe. Ce n'est pas 1500 mais 1488, je m'en excuse.
Le Président (M. Bélanger): On autorise le
dépôt du document. Il vous parviendra, Mme la ministre, dans
quelques instants. Mme la députée de Marie-Victorin.
Soutien des organismes bénévoles
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je voudrais, en ce
qui concerne le programme 2, d'une façon générale, vous
poser certaines questions pour ce qui est de la ventilation du budget.
J'aimerais avoir la ventilation détaillée du soutien
apporté en 1986-1987 par catégories d'organismes,
c'est-à-dire les maisons de femmes, les centres de femmes, les
organismes de santé mentale et les maisons de jeunes.
Ventilation du budget de soutien
Mme Lavoie-Roux: Je vais tenter de répondre à votre
question. À moins qu'on ne l'ait de façon ventilée, en ce
qui a trait aux maisons de femmes en difficulté, aux maisons de jeunes,
aux organismes de maintien à domicile, je peux vous dire que les
montants sont identiques à ceux de l'an dernier. Je pense qu'au point de
départ, pour éviter beaucoup de questions - cela pourra
peut-être en susciter au lieu de les faire diminuer - je dois vous dire
qu'en ce qui a trait aux organismes bénévoles, pour le maintien
à domicile pour 1986-1987, c'est 4 885 000 $ par rapport à 4 821
000 $, en 1985-1986, ce que vous retrouvez à la page 24.
Si vous prenez la page 23, ils ne sont pas ventilés. Les
crédits de 1986-1987 sont de 20 816 000 $ et les crédits
modifiés par rapport à 1985-1986 sont de 19 000 000 $, soit une
augmentation de 1 455 000 $, ce qui est dû, évidemment, à
l'indexation des fournitures. Il n'y a pas d'indexation salariale
là-dedans. C'est un taux moyen de 1,345, plus la récurrence du
budget supplémentaire qu'on avait adopté au mois de
décembre, au moment des crédits supplémentaires, qui est
de 5 450 000 $ pour 1986-1987, et les crédits étaient de 4 198
000 $ pour 1985-1986, soit une différence de 1 251 700 $; pour le total,
c'est 1 455 000 $; si on arrondit, c'est 1 500 000 $ de plus pour
1986-1987.
Pour revenir à votre question, dans le cas des maisons de jeunes
et de celles pour les femmes battues, les subventions qui sont
accordées, cette année, sont identiques à celles qui ont
été accordées l'an dernier.
Mme Vermette: Si je comprends bien, le statu quo est maintenu, il
n'y a pas d'indexation à ce niveau.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas d'indexation pour la bonne et
simple raison que nous avons des demandes considérables et toutes ne
recevront pas une réponse, car, de mémoire, je pourrais vous dire
qu'en 1985-1986 il y a eu un montant de 20 000 000 $ d'accordé pour des
demandes de 54 000 000 $. Mais il reste que nous désirons garder une
certaine marge de manoeuvre peut-être pour faire démarrer soit des
maisons de jeunes, non pas avec les montants habituels, mais pour leur donner
un coup de pouce ou, encore, dans le cas de demandes qui nous sont faites de
maisons pour femmes violentées.
Mme Vermette: On va aller dans la ventilation, à ce
moment-ci, parce que cela sous-tend d'autres questions quand vous dites: C'est
pour aller plus directement avec les mêmes budgets, pour en donner plus
à plus de monde et sans indexation. Je trouve que cela fait une
drôle d'équation à la fin.
On va s'attarder davantage, au chapitre de la ventilation, à
savoir exactement où vont les sommes d'argent. Il y a combien
d'organismes qui, l'année dernière, ont eu de ces sommes d'argent
et combien prévoit-on qu'il va y en avoir, cette année, qui
pourront être visés par ces budgets?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, l'indexation de cette
année est de 203 000 $ plus
64 000 $, soit un total de 268 000 $ ou 270 000 $. Nous aurions pu faire
le choix de l'ajouter aux montants qui avaient été
accordés en 1985-1986. Le choix que nous faisons, c'est que, compte tenu
des nombreux autres besoins qui nous ont été manifestés et
que nous ne pourrons pas tous satisfaire, de toute évidence, nous
voulons donner, dans certains cas, un coup de pouce à des groupes de
jeunes ou des groupes de femmes battues qui n'ont jamais rien eu et qui
attendent depuis deux ou trois ans, même quatre ans, dans certains cas.
Évidemment, cela va être, comme je le disais tout à
l'heure, des coups de pouce et non des sommes importantes. C'est le choix que
nous faisons. Nous croyons, par exemple, que d'indexer - si j'avais l'argent,
cela me ferait bien plaisir -des maisons de jeunes qui reçoivent dans le
moment... Je pense qu'il y en a qui sont rendues à 81 000 $, il y en a
d'autres qui sont rendus à 60 000 $. Je crois que de leur ajouter un
montant de 800 $ à 1000 $ dans certains cas, même pour les plus
élevés, à peu près... Nous croyons que nous
pourrons rendre davantage service en aidant ces maisons de jeunes ou de femmes
qui n'ont jamais pu démarrer parce qu'elles sont toujours, je dirais, en
liste d'attente. Je pense que c'est cela que nous voulons signifier par cette
décision que nous avons prise.
M. Rochefort: Question rapide, M. le Président, avant que
la députée de Marie-Victorin ne continue. La ministre nous dit,
au début de l'étude de ses crédits, dans les documents
budgétaires déposés: J'ai reçu du Conseil du
trésor une indexation pleine et entière de l'ensemble des mes
crédits, 3,7 %.
Mme Lavoie-Roux: Cela reste.
M. Rochefort: Elle nous dit: Dans le cas des organismes
bénévoles, je n'indexe évidemment que les fournitures
puisqu'il n'y a pas de salaire. Je m'excuse, M. le Président, mais il y
a des gens qui sont salariés dans un certain nombre d'organismes
bénévoles et qui sont des salariés à très
faible revenu, ce qui aurait impliqué pour eux aussi des indexations de
salaire, comme vous allez en accorder à l'ensemble des autres
employés du réseau au minimum. Je dis "comme" parce que ces
gens-là sont, je le répète, M. le Président,
à de très très bas salaires actuellement dans
l'échelle salariale. Je pense que ce n'est pas parce qu'on veut avoir
une part importante de bénévolat dans notre action, dans notre
travail de tous les jours qu'on doit en plus se faire remercier en disant:
Votre salaire ne sera pas indexé.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me dit, c'est que certaines
années cela n'a jamais été indexé et qu'on l'a
toujours indexé à partir du taux moyen ministériel. Ce
n'est pas nouveau. Mais nous faisons le choix politique, humain et social, avec
les montants d'argent qui seront disponibles, d'appuyer certains groupes qui,
dans ces secteurs, adressent des demandes année après
année au ministère. Et même, ces groupes, nous ne pourrons
pas tous les faire démarrer, mais, au moins, je pense qu'ils sont dans
des conditions encore extrêmement plus difficiles que ceux qui sont
rendus à la troisième étape - je pense que c'est trois
étapes - de leur financement.
Mme Vermette: Je voudrais savoir, pour aller de l'avant avec les
sommes d'argent qui sont distribuées à ces organismes, s'il
existe actuellement des normes encadrant le soutien de ces organismes.
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a des normes présentement.
Mme Vermette: Est-ce qu'on pourrait les...
Mme Lavoie-Roux: ...des subventions.
Mme Vermette: Est-ce qu'on... (20 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera plaisir de vous donner le mode de
sélection des demandes. Elles doivent être reliées à
certains critères, et je vais vous les énumérer: la
pertinence par rapport aux objectifs du ministère de la Santé et
des Services sociaux, l'aspect bénévole, la
complémentarité, la concordance avec le besoin, la
créativité et l'initiative, la collaboration aux services
concrets, le dynamisme et l'impact dans le milieu, les ressources
financières diversifiées, l'utilisation des subventions aux fins
accordées, la garantie d'une saine administration, le réalisme du
budget demandé, être incorporé, remplir le formulaire. Je
pense qu'il y a là une grille qui était au ministère quand
je suis arrivée. Je ne crois pas qu'elle ait été
modifiée d'aucune façon cette année. C'est la grille qui
existait et dont nous nous servons pour déterminer le choix des quelques
groupes que nous pourrons ajouter à la liste des organismes
subventionnés.
Maintien à domicile
Mme Vermette: Merci. En ce qui concerne le maintien à
domicile, le gouvernement, par ses actions, a voulu privilégier
l'autonomie de la personne âgée. Il a tâché de la
maintenir le plus possible à l'intérieur de son milieu de vie.
Alors, pour faire cela, on a toujours essayé de prendre des moyens qui
favorisaient justement le
maintien à domicile par des groupes qui oeuvrent dans ce secteur,
les visites amicales, l'accompagnement, l'aide pour les courses, la vigilance
postale, un peu de toutes ces choses.
Comment se fait-il qu'à l'heure actuelle il n'y ait que 63 000 $
de plus pour ces organismes de maintien à domicile, alors que la
politique est d'investir beaucoup plus massivement que cette somme
prévue, puisque cela va dans le sens du maintien à domicile et
que c'est beaucoup moins dispendieux d'être à domicile qu'en
institution?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je le répète, nous
avons eu pour les organismes bénévoles cette indexation de 1,345.
C'est dans ce sens que les organismes bénévoles ont
été... Maintenant, il y a les soins à domicile aussi. J'ai
indiqué, à plusieurs reprises, au cours de la journée, que
nous ajoutions beaucoup, par le truchement du programme des urgences, dans les
services à domicile. Je peux vous dire également - nous aurons
l'occasion d'en reparler quand nous arriverons aux centres d'accueil
d'hébergement, dans le cas de Windsor, par exemple -qu'encore là
une somme importante sera affectée aux services de maintien à
domicile. Nous ajoutons dans les CLSC, nous l'avons vu avant le souper, un
montant de 2 026 000 $ - je pense que je commence à avoir la
mémoire des chiffres - qui, somme toute, est de l'argent neuf pour les
services à domicile. Je pense qu'il y a un effort définitif de
fait, du côté du maintien à domicile, dans toutes ces
mesures. À ce moment-ci, évidemment, l'ajout qui a
été fait, c'est celui de l'indexation moyenne du
ministère.
Mme Vermette: Mme la ministre, si je me souviens bien des propos
que nous avons tenus avant le souper, ce ne sont pas toutes les régions
qui sont comprises dans le plan des soins d'urgence dans les hôpitaux.
Alors, il y a des régions qui n'en ont pas, qui sont laissées
pour compte à l'heure actuelle. On ne sait pas quelles sommes leur
seront distribuées. Donc, est-ce vrai ce que vous venez de dire,
c'est-à-dire qu'il y aura des régions laissées pour compte
en ce qui concerne le maintien à domicile?
Mme Lavoie-Roux: Ce que je peux vous dire, c'est que dans tout le
gouvernement, dans tous les ministères, c'est le seul réseau qui
a été indexé. Dans le cas des autres, c'est zéro;
je ne sais pas si c'est moins de zéro là où il y a des
compressions. Je pense que ce sont des efforts que nous avons faits. Les 2 000
000 $ dont je parlais avant, j'imagine qu'ils vont aller dans l'ensemble des
régions; d'ailleurs, ils avaient été distribués par
les régions. Ce sont les sommes que nous investissons cette
année.
Maisons de jeunes
Mme Vermette: Je vous remercie. Quant à l'autre volet, les
organismes bénévoles, les maisons de jeunes, quand on regarde la
ventilation des crédits on pourrait dire que ce gel se traduit par une
coupure réelle de 4 %, avec ce que vous avez expliqué aussi
tantôt. Donc, c'est la première fois depuis 1979 que le budget des
maisons de jeunes subventionnées n'est pas augmenté.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! il n'y aura pas moins d'argent
pour les jeunes. L'argent, pour une faible marge, sera peut-être
distribué autrement mais il n'y aura pas moins d'argent pour l'ensemble
des jeunes du Québec.
Mme Vermette: En fait, il y a une réalité
fondée, c'est la première fois qu'il n'y aura pas une
augmentation dans ce sens-là pour favoriser justement le
développement de cette initiative par les jeunes, c'est-à-dire la
prise en charge par les gens du milieu concerné.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le gouvernement antérieur,
en 1902 ou 1983, avait gelé... Quand vous dites que c'est la
première fois, il faudrait être... Cela avait été
gelé par le ministre des Finances de l'époque, M. Parizeau. Il
n'y avait même pas eu la petite indexation, c'était
zéro.
Mme Vermette: De toute façon je ferai remarquer à
Mme la ministre que, par contre, nous ne sommes pas présentement en
crise économique comme en 1982. Cela m'amène aussi à vous
demander, en ce qui concerne les maisons de jeunes, parce que je pense que
c'est très important, c'est une préoccupation constante, les
jeunes dans une société... Surtout quand des jeunes se prennent
en main, ils devraient être encouragés à mon avis. Quand on
est l'objet de coupures ou d'un genre de statu quo et qu'au 31 mars les jeunes
se disent qu'ils n'ont reçu aucune avance et que très souvent il
y a des maisons de jeunes qui ont de la difficulté à se financer,
je me demande, quand on est l'objet de telles coupures ou de telle attitude de
la part de la ministre en ce qui concerne les maisons de jeunes... Cela doit
faire l'objet d'un "rationnel". Si tel n'avait pas été le cas je
pense que vous auriez sûrement utilisé vos ciseaux ailleurs.
J'aimerais savoir quel est le "rationnel" qui fait qu'on choisit justement de
maintenir le statu quo quand on connaît la problématique actuelle
chez les jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Premièrement, vous dites que nous ne
sommes pas en crise économique. Je voudrais quand même vous
rappeler que lorsque le gouvernement a fait
l'inventaire des finances de l'État il s'est retrouvé avec
un trou de 1 700 000 000 $. On peut peut-être ne pas parler de crise
économique, mais on peut quand même parler d'un état des
finances assez difficile.
Pour revenir à votre point précis je vous
répète... D'abord je pense qu'on ne doit pas parler de coupures.
Il n'y a pas de coupures, il y a eu une indexation. Nous faisons un choix
social et politique de se garder une petite marge de manoeuvre pour servir
davantage de jeunes. Quand on me dit par exemple que 600 $ sur un budget de 60
000 $ - évidemment si on pouvait leur en donner 2000 $ de plus on
dirait: Bravaî -cela va défavoriser ces jeunes au point où
ils ne pourront plus se prendre en charge... Ce n'est peut-être pas
exactement ce que vous laissez entendre, je ne voudrais pas déformer
votre pensée... Il y a une chose certaine, je pense que cet argent va
aux mêmes fins, soit servir les jeunes.
Mme Vermette: Mme la ministre, quand je vous dis que ce sont des
jeunes qui se prennent en main, c'est important effectivement. On connaît
les problèmes que la société vit et qui touchent
malheureusement nos jeunes. Je ne sais pas si vous êtes au courant du
nombre de jeunes itinérants, de jeunes au travail au noir, des abus
sexuels que les jeunes subissent actuellement. C'est toute cette
problématique qui vise les jeunes qui sont
récupérés par ces maisons de jeunes, ce qui leur permet
justement d'avoir un toit où ils peuvent s'exprimer, se parler. Si ces
jeunes ne sont pas pris en main rapidement, on les met en institution et ils
nous coûtent 60 000 $ à 70 000 $ par année, alors que,
quand c'est ce genre de maisons de jeunes qui les prennent en main, cela peut
revenir au gouvernement à 250 $ à 500 $ par année.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends Mme la
députée de Marie-Victorin de faire un plaidoyer relatif aux
jeunes et aux problèmes auxquels les jeunes font face. Là-dessus,
je suis d'accord avec elle que la situation des jeunes n'est pas facile au
Québec.
Une voix: C'est leur faute.
M. Rochefort: La faute des jeunes?
Une voix: La faute à vous autres.
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre! Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, je peux souscrire aux propos qu'elle
tient, mais c'est de l'argent que nous avions et nous l'avons indexé
comme c'était habituellement fait, sauf pour l'année que j'ai
mentionnée. Je pense que c'est ce que nous devons faire.
Tout ce qu'on peut leur donner d'encouragement, si on peut encourager le
développement, etc., j'en suis, mais penser qu'il va y avoir une
relation de cause à effet entre tous leurs problèmes et le fait
qu'on ne leur donne pas, dans une maison de jeunes, 600 $ ou B00 $ et qu'on
choisisse de l'affecter à une autre maison de jeunes, je ne pense pas
que cela va modifier considérablement la situation par rapport à
celle qu'ils ont connue cette année.
Mme Vermette: Mme la ministre, je me préoccupe de cette
situation et je sais qu'on est tous limités par l'enveloppe
budgétaire, à quelque niveau que ce soit. Par contre, on me dit
toujours que c'est un choix de gouvernement et un choix de gouvernement, cela
repose sur un "rationnel". Précisément, comme on vit actuellement
une problématique avec la jeunesse, je pense que cela en fait
l'élément d'une priorité pour un gouvernement. Je me dis
qu'on a une ressource alternative qui est, à mon avis, une ressource de
prévention chez la jeunesse et qui ne coûte pas très cher,
qui répond vraiment au milieu, parce que c'est une prise en charge par
les principaux concernés qui sont des jeunes. Ce sont surtout les jeunes
qui sont laissés pour compte; les moins de 18 ans, qu'on rencontre
très souvent, c'est cette clientèle-là. Est-ce vraiment
déraisonnable pour un gouvernement d'investir dans une ressource
alternative qui est gérée d'une façon collective par des
jeunes?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que le
problème encore plus profond des jeunes, c'est celui du travail, c'est
celui de l'emploi.
Une voix: Exactement.
Mme Lavoie-Roux: Si nous faisons, cette année, des efforts
considérables - on le demande à l'ensemble de la population
-c'est justement pour tenter de dénouer cette impasse, de remettre les
finances du Québec sur pied. Vous parliez de "rationnel". C'est une
cachette pour personne que le gouvernement a choisi, cette année, de
"prioriser" le réseau de la santé et des services sociaux. Je
vous rappelle, encore une fois, qu'il n'y a pas de coupure dans le
réseau et, non seulement cela, le réseau a été
indexé, contrairement, je dirais, à l'ensemble des autres
ministères. Je vais le dire sous réserve au cas où il y en
aurait un autre qui aurait eu le même sort que nous, mais j'en doute
fort, je pense que nous sommes le seul ministère en développement
et le seul ministère qui ait reçu l'indexation
complète.
Mme Vermette: Alors, cela me...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, sur le même sujet? M. Sirros:
Oui.
Mme Vermette: Est-ce que je peux terminer ma série de
questions...
Le Président (M. Bélanger): Oui, d'accord.
Mme Vermette: ...parce que c'est toujours dans le même
sens? C'est vrai que la création d'emplois est une préoccupation
pour les jeunes, mais mon souci actuellement, quand je vous parle surtout des
maisons de jeunes, ce sont les moins de 18 ans. Donc, ce n'est pas encore tout
à fait une préoccupation majeure dans leurs cas de créer
des emplois.
En ce qui me concerne, je me demande ceci. Parce qu'ils n'ont même
pas reçu de réponse, à savoir si leurs fonds vont
être reconduits ou non pour gérer précisément ces
maisons de jeunes, quelques-unes de ces maisons risquent d'être
fermées parce qu'ils ne seront plus capables de les gérer. Que
va-t-il rester comme solution à ces jeunes-là s'ils n'ont pas de
réponse à leurs besoins? Est-ce qu'on va en faire des jeunes
délinquants? À ce moment-là, ils vont coûter
très cher au système et à la société. (20 h
30)
Mme Lavoie-Roux: J'ai rencontré des représentants
du Regroupement des maisons de jeunes il y a déjà, je dirais, au
moins un mois. Je leur ai dit qu'il n'y aurait pas d'augmentation, mais qu'il
n'y aurait pas de coupure. Ils le savent, ils ne sont pas complètement
dans l'inconnu, à savoir si on reçoit quelque chose ou si on est
coupé. J'ai reçu des lettres de jeunes à qui on a fait
écrire: Ne fermez pas ma maison, redonnez-nous notre... Et je pourrais
vous en lire quelques-uns. Redonnez-nous notre maison ou gardez notre maison
ouverte, etc. J'avais averti le Regroupement des maisons de jeunes que ce
serait le statu quo. II me fait plaisir de dire aussi à la
députée de Marie-Victorin que les chèques d'avances seront
dans la poste lundi matin.
M. Rochefort: Seront?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Seront.
Mme Vermette: II y avait des maisons de jeunes qui devaient
justement engager des sommes et aller de l'avant. Actuellement, eux aussi ne
savent pas si oui ou non ils auront ces sommes d'argent pour ouvrir leur
maison. Qu'est-ce qui va arriver de ces maisons qui, actuellement, ne sont pas
ouvertes, et qui attendent une réponse?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, j'ai essayé de vous
expliquer à plusieurs reprises que dans la mesure où on aura une
mince marge on essaiera de donner un coup de pouce pour en faire ouvrir
quelques-unes. Je pense qu'il ne faudrait pas non plus mettre la
responsabilité complète des maisons de jeunes ou du
fonctionnement des maisons de jeunes uniquement sur le ministère de la
Santé et des Services sociaux. Il y a aussi d'autres ressources qui
peuvent faire leur part. Je pense que... Enfin, c'est tout ce que j'ai à
dire sur le sujet. C'est le choix que nous avons fait.
Mme Vermette: Bon. J'ai certains cas qui me viennent en
tête; notamment dans ma région, la Montérégie, il y
a une maison de jeunes qui devrait ouvrir à Saint-Pie-X. Ils devaient
avoir une réponse le 1er mai 1986. Actuellement, ils ne savent pas si
oui ou non ils pourront ouvrir. Ils n'ont pas encore eu de réponse. Ils
avaient eu antérieurement une autorisation selon laquelle, oui, le
projet était approuvé. Mais maintenant, ce qui manque, ce sont
les sous.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais savoir qui a approuvé leur
projet alors qu'il n'y avait même pas d'argent de prévu. Cela fait
peut-être partie d'une série de promesses...
Mme Vermette: Au moins, on s'occupait de la jeunesse...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait peut-être partie d'une
série de promesses et d'engagements que j'ai vus.
Mme Vermette: D'accord. Dans la région de Québec,
notamment, on sait qu'il y a trois maisons de jeunes qui risquent la fermeture
permanente et, justement, le député de Taschereau a fait
remarquer qu'il s'engage lui-même à intervenir auprès de la
ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Lavoie-Roux, de
manière que les maisons de jeunes de la région de Québec
soient exemptées des coupures budgétaires. Est-ce qu'il y a des
choix de région ou si Québec aura le même traitement que
l'ensemble des autres régions du Québec?
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas dont vous me parlez, on m'informe
que deux de ces maisons reçoivent déjà 80 000 $ chacune.
C'est dans le comté de Taschereau. Dans le cas des deux autres... Enfin,
je ne sais pas combien il y en a. Il faudrait peut-être que vous les
identifiiez au complet.
Il y a une chose que j'aimerais affirmer ici. S'il y a une modification,
que je peux apporter dans les subventions aux organismes
bénévoles, c'est d'essayer justement de faire en sorte que chaque
région du Québec ou même chaque circonscription
électorale ait une part un peu plus juste que ce qu'elle a eu dans le
passé. Si vous voulez que je vous
tire des chiffres, vous seriez assez étonnée, Mme la
députée de Marie-Victorin,
Mme Vermette: J'ai entendu quelqu'un a dit que 80 000 $
étaient suffisants pour une maison de jeunes qui peut toucher à
peu près une moyenne de 20 à 30 jeunes par soir et que, dans le
réseau de la province de Québec, cela peut toucher à peu
près 23 000 jeunes, actuellement. Je pense que c'est faire fi
très facilement du problème des jeunes et c'est trouver des
solutions très rapides aux problèmes des jeunes. J'espère
que ce ne seront pas tous les députés de votre formation qui ont
ce raisonnement.
En ce qui concerne aussi une autre façon de voir les choses, on a
dit que ces maisons pourraient trouver un autofinancement. Cela pourrait leur
être beaucoup plus favorable. Cela m'amène à vous poser
cette autre question. Si un gouvernement croit plus ou moins à cette
ressource alternative, comment pensez-vous que l'entreprise privée,
elle, sera intéressée à débourser des sommes
d'argent pour favoriser le développement de ces maisons de jeunes?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la députée de
Marie-Victorin saute aux conclusions assez rapidement. Depuis une demi-heure,
elle m'interroge pour savoir quelle est l'indexation. Je lui ai expliqué
l'utilisation que nous ferions des sommes. Tout à coup, elle semble
conclure qu'il n'y a pas d'intérêt pour les maisons de jeunes. Si
c'était le cas, quand on cherchait des millions, on aurait
peut-être pu aller en chercher là, les 5 000 000 $ ou 6 000 000 $
qui sont à eux. Cela ne nous a même jamais effleuré
l'esprit. Je pense que notre intérêt pour les maisons de jeunes
est là. Mais nous les développons au fur et à mesure des
ressources financières qui sont les nôtres.
Mme Vermette: Mme la ministre, je vous ferai remarquer que
l'année dernière c'était l'année internationale de
l'enfant, de l'enfance ou des jeunes? il y a eu des sommes qui ont
été votées. Normalement, par le passé, quand il y a
eu l'Année internationale de la femme ou l'Année internationale
des handicapés, ces sommes d'argent demeuraient pour d'autres
activités après ces années. Cette année, on ne voit
plus cela. C'est complètement coupé. Les sommes d'argent qui
avaient été versées, c'est complètement
coupé. Donc, cela aurait été une des façons...
Mme Lavoie-Roux: Oui. Maintenant, là-dessus je ne vous
répondrai pas d'une façon absolue, Mme la députée
de Marie-Victorin. Cela me fera plaisir de m'informer pour savoir s'il restait
des sommes quand le nouveau gouvernement est entré, a été
formé. Pour ma part, quand je suis arrivée au ministère de
la Santé et des Services sociaux, alors qu'il restait quatre mois de
fonctionnement de ce ministère, il ne restait plus un sou à la
marge ministérielle. Je ne peux pas vous répondre de la
même façon pour ce que vous venez de soulever. Je vais
certainement m'en enquérir et tenter de vous donner une
réponse.
M. Sirros: Je ne sais pas si je pourrais avoir une seconde. La
députée de Marie-Victorin parlait de sommes d'argent
supplémentaires qui sont coupées. Je voulais simplement m'assurer
que tout ce que j'entends jusqu'à maintenant laisse croire, finalement,
qu'il n'y a pas eu de coupures dans les sommes dévolues aux organismes
bénévoles. Par rapport à l'année passée, on
s'en tient aux mêmes montants, même une augmentation
légère d'après ce qu'on voit dans les crédits.
J'avais de la difficulté à comprendre de quelles sommes au juste
la députée parlait quand elle parlait des sommes additionnelles
qui avaient été consenties et que, normalement, on devrait
retrouver dans les crédits.
Mme Vermette: Quand je disais qu'il y avait des sommes
tantôt, je parlais des années internationales. Quand il y a une
année internationale, l'année passée c'était
l'Année internationale de la jeunesse, il y a eu des sommes de
votées pour des projets spéciaux parce que c'était cette
année-là qui était une année spéciale. C'est
ça.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste comme information
supplémentaire dire à la députée de Marie-Victorin
que, durant l'Année internationale de la jeunesse, à mon
ministère, il n'y a pas eu de budgets spéciaux ou de projets
spéciaux pour les maisons de jeunes.
Mme Vermette: Ce n'est pas ça non plus. Je voudrais bien
me faire entendre correctement. Ce que je voulais dire, c'est qu'il y avait des
sommes d'argent pour l'année internationale, mais pas
nécessairement pour les maisons de jeunes. Ce que je veux dire, c'est
qu'antérieurement, les années subséquentes, ces sommes
étaient dispersées dans différents programmes, en fait.
C'était 10 000 000 $, si je me souviens bien, qui avaient
été votés l'année dernière et que cette
année on ne retrouve nulle part. Je pense que cela aurait pu être
un choix de gouvernement à ce niveau.
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire 10 000 000 $ qui avaient
été votés l'an dernier pour...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, s'il
vous plaît.
Mme Vermette: Je vérifierai si c'était dans les
crédits.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si la députée de
Marie-Victorin... On m'informe que celui qui était responsable de
l'année de la jeunesse...
Mme Vermette: ...internationale de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'était le président du
Conseil du trésor qui avait cette provision de 10 000 000 $, mais dont
une bonne partie devait aller pour l'opération
OMET.
Mme Vermette: Non, pas nécessairement. C'étaient
les chantiers des jeunes, cela allait dans différents... C'était
au secrétariat de la jeunesse que ces sommes d'argent étaient...
C'était pour des projets spéciaux.
Mme Lavoie-Roux: Dont ONET. J'espère qu'on l'a
dépensé à d'autres choses pour les jeunes.
Mme Vermette: Sauf que cette année il n'est réparti
nulle part. Mais ce que je voulais relever, c'est qu'habituellement, quand il
s'agissait des femmes ou des personnes handicapées, en fait, cela
débordait. En guise de conclusion, ce que je trouve un peu navrant,
c'est que cette initiative qui répond bien à un besoin chez nos
jeunes ne peut pas être plus encouragée par des sommes d'argent.
On a beau faire appel au bénévolat... Quand on connaît les
moniteurs qui s'occupent de ces jeunes, ce sont des gens réellement
très convaincus du rôle qu'ils doivent jouer dans la
société. Ce sont des gens qui récupèrent des
enfants qui, normalement, auraient tout pour devenir des délinquants.
Quand je vois un monsieur pour lequel j'ai énormément de respect,
le ministre de l'Éducation, au Sommet socio-économique des
Laurentides, répondre aux jeunes en leur disant que c'est une ressource
qu'on va couper parce qu'on n'a pas de budget, pour des raisons
budgétaires, cela m'attriste beaucoup que ce soient les gens les plus
directement concernés par la jeunesse qui aient de tels raisonnements et
qui ne favorisent pas qu'on fasse des efforts importants pour fournir des
ressources et répondre à ces besoins dans notre
société, alors qu'on vit un problème de
société face à nos jeunes, où nos jeunes sont
laissés pour compte et sont laissés une fois de plus sur le
carreau.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux quand
même...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même rectifier certaines
choses. Lorsque Mme la députée de Marie-Victorin nous dit qu'avec
des subventions qui sont indexées selon la même forme qu'elles le
furent dans les années passées on laisse les jeunes sur le
carreau, je trouve qu'elle fait une légère
exagération.
Le Président (M. Bélanger): Je dois dire, pour le
bénéfice des membres de la commission, qu'il y a une entente pour
donner un bloc minimal de 20 minutes par programme pour la critique, et ensuite
on peut passer aux questions, pour respecter la règle de l'alternance.
Mais Mme la députée de Marie-Victorin n'a pas
complété ses 20 minutes; il lui reste 3 minutes et quelques
secondes. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Bien. À propos des deux
éléments qui concernent les programmes pour les
bénévoles. Je sais que le gouvernement dont vous faites partie a
toujours privilégié pendant la campagne électorale
l'apport des bénévoles. C'était une ressource à
privilégier. Je suis donc obligée de conclure que je ne sais pas
de quelle façon on va privilégier cette ressource. Ce sera fait
avec les moyens du bord et, encore une fois, ce ne seront que de belles paroles
et la bourse sera encore vide ou à peu près.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne sais pas si cela
vaut encore la peine de répondre, parce que Mme la députée
est tellement convaincue de son point de vue -et je le respecte - mais il reste
que je voudrais rectifier. Le montant consacré cette année aux
organismes bénévoles augmente de 1 450 000 $. Je pense que c'est
une réalité; il ne faut quand même pas nous fermer les
yeux. Je voudrais ajouter également que, par exemple, dans le plan des
urgences, par les centres de crise, il y a de l'argent et les
bénévoles sont appelés â y participer. Dans le cas
de la maison Préfontaine où nous investissons 600 000 $
annualisés à 800 000 $, je pense qu'il y a là
également des montants qui sont investis précisément pour
permettre l'apport des bénévoles, entre autres. Je veux
simplement rectifier ces choses, parce que je pense qu'il faut quand même
respecter au moins un cadre qui... Si on pouvait nous reprocher d'avoir fait
des coupures ou d'avoir sabré dans les maisons, mais tel n'est pas le
cas. Alors, je voulais simplement rectifier ces choses, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Cela va, Mme la députée de Marie-Victorin?
(20 h 45)
Mme Vermette: C'est fini pour le programme 2,
Le Président (M. Bélanger); Je reconnais le
député de Sainte-Marie.
M. Laporte: On reste toujours un peu surpris des
intérêts subits, ne serait-ce peut-être que par le
déplacement des sièges qu'on occupe, concernant la jeunesse. Que
ce soit dans mon comté et particulièrement dans les secteur
très défavorisés de la ville, on n'a peut-être pas
senti l'impact, l'année dernière et les années auparavant,
de l'Année internationale de la jeunesse, sous l'ancien gouvernement.
C'était une remarque préliminaire avant d'aborder le volet de la
maison des jeunes. Je me surprends toujours du fait qu'on prête des
intentions au ministère, comme c'était souligné
tantôt, concernant les maisons des jeunes alors que nulle intention ou
nulle indication ne laissait présager cela.
Des représentations ont été faites tantôt
à la ministre relativement aux maisons des jeunes. J'ai d'ailleurs
rencontré moi-même avec mes collègues les
représentants des maisons des jeunes de Québec. Lorsqu'on
m'indique que le député avait fait une promesse formelle au sujet
des maisons des jeunes dans la région de Québec, ce n'est pas
à tout le moins ce qui semble avoir ressorti d'une rencontre que nous
avons eue avec eux la semaine dernière. J'ai aussi rencontré des
gens des maisons des jeunes, comme je le soulignais, dans mon comté. Je
pense que le dialogue qu'on peut établir avec eux est
intéressant, on peut parler franchement, justement, des problèmes
et des solutions qui peuvent être apportées, avoir un
échange direct avec cette clientèle particulière.
J'ai d'ailleurs entendu des représentants des maisons des jeunes
à plusieurs reprises parler d'engagements financiers se rapportant aux
maisons des jeunes et d'un plan de financement se rapportant à
celles-ci. Il me semble avoir cherché et il ne me semble pas y avoir
quelque chose de précis là-dessus.
Ma question à la ministre par rapport à ce sujet
particulier est afin de mieux me situer: À partir de quel moment cette
espèce de plan de financement a-t-il commencé et sur quelles
modalités? Est-ce qu'il existe réellement une politique sur le
plan de financement? Est-ce que des engagements précis ont
été donnés aux maisons des jeunes par rapport au plan de
financement? Si ces renseignements pouvaient nous être fournis, je suis
persuadé que cela éclairerait passablement les membres de la
commission.
Mme Lavoie-Roux: Les informations que je peux vous donner sont
qu'à l'intérieur du ministère il y avait ce qu'on pourrait
appeler un plan officieux de financement progressif des maisons des jeunes. Je
sais qu'au temps où le Dr Lazure était ministre des Affaires
sociales il avait eu des rencontres avec les représentants des maisons
de jeunes et on avait élaboré des possibilités de financer
les maisons de jeunes d'une façon progressive. La première
année 25 000 $, puis 45 000 $, 55 000 $, 65 000 $ et 70 000 $ pour la
cinquième année. Il semble qu'on ait essayé au
ministère, dans la mesure des ressources financières, de
travailler dans ces paramètres.
Officiellement ceci n'a jamais fait l'objet d'un décret, par
exemple, par l'ancien gouvernement à savoir que cela devenait une
politique officielle et que c'était ce qui était appliqué,
si bien que je pense que les efforts ont été faits pour tenter de
respecter cette progression mais pas à partir d'une politique formelle
ou officielle de l'ancien gouvernement.
Femmes itinérantes
M. Laporte: Un autre point concernant les organismes
bénévoles qui a été souligné tantôt,
dans le plan de financement, par la ministre, concernant plus
précisément les femmes itinérantes. On sait tous que, pour
de multiples raisons, c'est quand même une clientèle cible et on
retrouve assurément dans plusieurs régions, dans plusieurs grands
centres, cette problématique. Malheureusement, c'est une
clientèle qui est fortement touchée à cause de sa
situation et on sait qu'il n'existait aucune ressource particulière pour
les femmes itinérantes. J'ai pris connaissance, à un certain
moment, des travaux parlementaires où Mme la ministre, alors
porte-parole dans l'Opposition, avait soulevé à plusieurs
reprises ce fait concernant les femmes itinérantes. C'est un fait qui
lui tenait bien à coeur et je pense que c'était aussi
justifié. On dénombre actuellement - le chiffre avait
été avancé -au-delà de 300 000 - 300 000, cela
commence à être un chiffre vertigineux -au-delà de 3000
femmes itinérantes à Montréal selon un recensement. Les
indications qu'on possède concernant les crédits que vous allouez
aux femmes itinérantes, à la maison Préfontaine qui, je
dois le dire, est dans un beau comté...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'elle est dans le vôtre?
M. Laporte: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ah! Je ne le savais pas.
M. Laporte: C'est réparti, 600 000 $ d'un
côté et 200 000 $ de l'autre.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire que...
M. Laporte: On peut quand même avoir de l'information. On
l'a soulevé tantôt, c'est sa problématique. Je suis
persuadé...
Le Président (M. Bélanger): Ce que M. le
député de Gouin nous fait remarquer, c'est que la maison
Préfontaine a été traitée avec les urgences tout
à l'heure et en préambule. Il faudrait faire attention.
M. Laporte: C'est cela, mais il y a aussi plusieurs organismes
communautaires qui font du travail dans ce sens-là et c'est un peu dans
ce cadre que je le présentais afin d'y voir un peu le cheminement qu'il
y avait eu face à l'évolution à ce sujet. Je vous remercie
bien.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis heureuse que le
député de Sainte-Marie soulève ce point-là. Il faut
bien dire que le problème des femmes itinérantes est un
problème considérable, très important. On parle de 3000
femmes itinérantes parmi lesquelles il peut y avoir des femmes
alcooliques, des femmes qui souffrent de problèmes psychiatriques et
autres, et qui ont vraiment été laissées pour compte.
C'est exact que cela me tenait beaucoup à coeur parce que je trouve que,
dans tout le mouvement féministe où des actions ont
été prises et des décisions ont suivi, j'ai toujours eu
l'impression que, souvent, ce sont ces 3000 femmes qui sont les plus
démunies ou, enfin, parmi les femmes démunies de notre
société. Cela ne paraîtra peut-être pas énorme
en fonction des besoins mais qu'on puisse leur consacrer 600 000 $ cette
année et B00 000 $ annualisés, je trouve que c'est un
départ intéressant. C'est exact que j'avais soulevé ce
problème avec Mme la ministre déléguée à la
Condition féminine l'an dernier. Je trouve que c'est une chose dont on
n'a pas suffisamment parlé parce que, précisément, ce sont
des femmes obscures et elles sont trop souvent laissées pour compte.
Le Président (M. Bélanger): Les sans voix de notre
société. Mme Vermette?
Mme Vermette: C'est terminé pour le programme 2.
Le Président CM. Bélanger): M.
Rochefort? Est-ce qu'il y a d'autres questions sur le programme 2?
Mme la ministre, est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste des
organismes bénévoles qui ont obtenu des subventions l'an dernier,
en 1985-1986?
Mme Lavoie-Roux: J'imagine, mais...
Le Président (M. Bélanger): Pas
présentement, mais mardi cela pourrait nous être remis.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais vous allez en avoir ça
d'épais. La voulez-vous?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Une voix:
C'est disponible.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela? Ce n'est pas si mal.
Une voix: C'est pas pire.
Mme Lavoie-Roux: C'est pas pire, sauf que c'est...
Une voix: C'est ça d'épais.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que tout le monde en veut une?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Bélanger): Pour les fins de la
commission, on va la déposer.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rochefort: Une copie au porte-parole aussi.
Mme Lavoie-Roux: Pour le porte-parole officiel, d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Pour le porte-parole,
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: II faut quand même ménager le
papier aussi.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Bélanger): Non, on la fera
circuler. Il n'y a pas de problème.
M. Rochefort: II serait quand même intéressant de
dire que la brique est assez volumineuse. Elle parle par elle-même.
Le Président (M. Bélanger): II faudra l'analyser et
la faire parler effectivement.
M. Rochefort: On serait heureux de cela.
Une voix: Ce n'est pas dans le nombre, parfois c'est dans
l'efficacité.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions? Est-ce que les crédits du programme 2, Soutien des
organismes bénévoles, sont acceptés?
M. Rochefort: En vertu de l'article 157, M. le Président,
sur appel nominal.
Le Président (M. Bélanger): Sur appel nominal.
Bien.
Un instant. Je vais faire les corrections sur ma feuille. Le
député de Lafontaine?
M, Gobé: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Vous votez pour?
M. Gobé: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député de Laval-des-Rapides? Pour. Le député de
L'Assomption?
M. Gervais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député d'Iberville?
M. Tremblay (Iberville): Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député de Saint-Maurice?
M. Lemire: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député de Laurier?
M. Sirros: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Pour. Le
député de Gouin?
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Bélanger): La
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, donc, les
crédits sont acceptés. Ils sont approuvés, sept pour et
deux contre. Aucune abstention.
Services des centres de services sociaux
Nous passons donc à l'étude du programme 4, en
l'occurrence, Services des centres de services sociaux. M. le
député de Gouin, je vous reconnais... Excusez. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Transfert des CSS vers les CLSC
Mme Vermette: Voilà. Alors, je vais parler d'une
façon générale sur le rôle des CSS, ainsi que sur le
parachèvement du transfert des CSS vers les CLSC. Depuis le début
de la journée, j'ai entendu Mme la ministre, à différentes
occasions, parler des CSS. Je me suis posé une question quand on a dit
qu'on enlevait les représentants des CLSC et qu'on mettait un
représentant des CSS à la commission Rochon. Cet
après-midi, on gèle, on a un moratoire sur le
parachèvement des CLSC. Ce qui m'amène à la question de
savoir ce qui s'en vient avec les CSS. Est-ce qu'on est en train de les
renforcer? Cela me semble un petit peu paradoxal, compte tenu du mouvement qui
est emboîté actuellement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que le
député de Gouin disait en boutade cet après-midi
m'apparaît une inquiétude réelle quand j'écoute la
députée de Marie-Victorin. Mais, pour répondre à
votre question, j'ai parlé des CSS à une seule occasion, quand on
m'a interrogée sur la commission Rochon cet après-midi. De toute
façon, je pense que ce qu'il faut examiner, ce sont les crédits
qui sont consentis aux CSS cette année. Il y a une révision des
bases budgétaires de 4 000 000 $, une croissance selon les
paramètres de base de 1,20, une croissance réelle de 3,60. C'est
l'ajout qui est consenti aux centres de services sociaux. Je voudrais bien les
renforcer davantage, remarquez bien, si j'avais de l'argent. Comme d'ailleurs
les CLSC, j'aimerais bien en consolider davantage si j'avais l'argent. C'est
cela la réponse.
Mme Vermette: Est-ce que la ministre entend compléter le
transfert des responsabilités et des effectifs qui en découlent
des CSS vers les CLSC, particulièrement dans la région de
Montréal?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que j'ai déjà
donné cette réponse au mois de décembre. Il me fait
plaisir de la répéter au mois d'avril. Il me semble que dans la
majorité des cas... Je demanderais à mon sous-ministre
associé aux services sociaux de donner cette réponse. Je pense
que le transfert est fait...
M. Rochefort: M. le Président, juste pour préciser
le sens de la question de Mme la députée de Marie-Victorin.
L'intérêt de l'Opposition - on sait que c'est fait à peu
près partout au Québec - à Montréal, qu'est-ce qui
se passe?
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez, dans le cas de
Montréal...
M. Rochefort: Je veux simplement, non pas que je veuille
bâillonner M. le sous-ministre, mais, si cela va pour l'ensemble du
Québec, è Montréal, où allons-nous? (21 heures)
Mme Lavoie-Roux: II reste quand même dans certaines
régions du Québec un certain nombre de cas en fiducie avec le
CRSSS pour 182 postes, me dit-on, et un montant de 5 000 000 $.
Pour le cas de Montréal, c'est, évidemment, le
problème qui n'a pas encore été résolu et qui avait
été laissé en suspens par l'ancien gouvernement. Il y a
trois CSS à Montréal. Dans le cas du CSS juif, c'était le
statu quo compte tenu de la masse critique. Dans le cas des deux autres, le CSS
Ville-Marie s'y est refusé, demandant d'abord des garanties pour
conserver son identité et voulant être reconnu comme une
institution anglophone. On aurait peut-être pu commencer les transferts
avec le CSS de Montréal métropolitain. À ce moment, le
président du CRSSS de Montréal a décidé -c'est la
personne dont vous nous avez parlé cet après-midi - qu'il ne
bougerait pas tant que les mouvements ne pourraient pas être faits par
les deux CSS simultanément.
Nous travaillons - je l'ai indiqué, ce matin - à la
préparation d'une loi touchant justement cette question de la
reconnaissance des institutions anglophones. Selon les communications que j'ai
eues avec les personnes touchées, il n'y aurait pas d'objection,
après cela, à ce qu'un certain nombre de postes soit
transféré dans les CLSC, s'ils existent, ou ailleurs qu'au CSS
Ville-Marie. Nous attendons simplement que les choses soient
réglées dans ce sens pour faire les transferts.
M. Rochefort: Deux questions sur ce sujet spécifique.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même ajouter une chose
pour dire tout ce qu'il en est dans le cas des transferts, dans
l'hypothèse où ceci serait réglé. Il y a une partie
des transferts qui touchait les services sociaux scolaires. On se souviendra
que la commission ad hoc qui a examiné les transferts des ressources et
du personnel ainsi que le CRSSS de Montréal ont indiqué que,
compte tenu du trop petit nombre d'effectifs en services sociaux scolaires et
du grand nombre d'écoles, ce serait éparpiller et diluer des
ressources et que ceci, en fin de compte, ne servirait pas la population. En ce
qui a trait aux services sociaux scolaires, dans la région de
Montréal, c'est-à-dire pour l'île de Montréal, il
n'y aura pas de transferts tant qu'il n'y aura pas de ressources qui pourront
être ajoutées.
M. Rochefort: Sur cette question spécifique, Mme la
ministre nous dit: Je déposerai un projet de loi sur la reconnaissance
de garanties linguistiques et culturelles pour la minorité anglophone
et, par la suite, je procéderai. Cela veut dire quoi comme
échéancier?
Mme Lavoie-Roux: Comme quoi?
M. Rochefort: Cela veut dire quoi comme échéancier?
Le calendrier, c'est quoi?
Mme Lavoie-Roux: Dès que le projet de loi sera
prêt.
M. Rochefort: Vous avez l'intention de le déposer à
quel moment?
Mme Lavoie-Roux: Soit au printemps, soit à l'automne.
M. Rochefort: D'ici ce temps, c'est le statu quo?
Mme Lavoie-Roux: C'est le statu quo.
M. Rochefort: Est-ce que Mme la ministre reconnaît au moins
que le Centre de services sociaux Ville-Marie, qui est au coeur un peu des
objections, est un CSS qui est surbudgétisé?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je suis au courant. Je voudrais vous donner
cette information sous toute réserve. On me dit qu'on a fait une
évaluation de ce problème de surbudgétisation ou de
soi-disant surbudgétisation du CSS Ville-Marie. Selon le territoire qui
sera retenu pour le CSS Ville-Marie, s'il s'agissait de l'ensemble du
territoire de l'île et même de desservir des populations à
l'extérieur de l'île, la question de la surbudgétisation ne
se présenterait pas de la même façon que si on le restreint
a la division du territoire dont... La question du territoire n'est pas encore
claire. Alors, si on divise le territoire en trois, ce qui donne l'ouest de
Montréal par opposition au reste de l'île de Montréal, je
pense qu'on pourrait probablement parler de surbudgétisation. S'il
devait desservir une plus grande clientèle sur l'ensemble du territoire
et même à l'extérieur du territoire de Montréal,
parce qu'il n'y a pas de ressources anglophones de même nature à
l'extérieur, enfin, c'est une hypothèse, à ce
moment-là, le problème de surbudgétisation pourrait
être évalué de façon différente.
Mme Vermette: Mme la ministre, vous avez parlé du projet
de loi qui serait déposé au printemps ou à l'automne. Je
me demande quel sera le contenu de ce projet de loi. Est-ce que vous pouvez
nous donner des détails concernant les garanties linguistiques pour les
anglophones, à l'intérieur du partage des responsabilités
des CSS et des CLSC, que
vous comptez proposer dans le projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: À la première partie de votre
question que j'ai bien comprise, je vais répondre. Je pense que le
contenu du projet de loi, il serait prématuré d'en faire
part...
M. Rochefort: Vous avez des orientations, j'imagine. Si vous avez
donné une commande à des fonctionnaires de préparer un
projet de loi sur un sujet, vous leur avez donné vos orientations.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. On leur a demandé de nous
préparer un projet.
M. Rochefort: Non, non, ne vous fâchez pas. Je vous demande
quelles sont les orientations qui sont les vôtres et que vous avez
données aux fonctionnaires.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans le sens de prévoir des
garanties pour les institutions anglophones et de prévoir aussi
l'accessibilité dans leur langue aux citoyens anglophones. C'est le sens
du projet de loi. Quand il sera complété, nous le
déposerons à l'Assemblée nationale et vous pourrez en
prendre connaissance d'une façon plus précise. Mais il y avait un
deuxième volet à votre question que je n'ai pas tout à
fait saisi, Mme la députée.
Mme Vermette: En fait, je me demandais quels étaient les
détails de ce projet de loi qui garantiraient précisément
les droits linguistiques des anglophones quand on en viendra à faire les
transferts dans les CSS versus les CLSC. C'était vraiment le sens de ma
question.
Mme Lavoie-Roux: La question du partage des ressources ne sera
pas dans le projet de loi. Je pense que c'est un problème
différent.
Mme Vermette: Non, non. Je voulais avoir les détails en ce
qui concerne le projet de loi.
Primes aux familles d'accueil
J'aurais des questions à poser en ce qui concerne les primes aux
familles d'accueil. De nouveaux tarifs devaient être appliqués le
1er janvier 1986 incluant une rétroactivité couvrant la
période du mois de juillet au 31 décembre 1985. Au 10
février 1986, les discussions se poursuivaient toujours entre les CSS et
le MAS. Les CSS, dans la lettre qu'ils ont fait parvenir à leurs
bénéficiaires, disaient qu'ils doivent surseoir à
l'application des nouveaux taux. Les CSS ont envoyé une lettre à
leurs bénéficiaires leur disant que, normalement, ils devraient
avoir une réponse au mois de mars. Encore là, il n'y a rien. Ils
sont toujours dans l'attente d'une réponse. On m'a avisée que les
sommes d'argent avaient été déposées pour les CSS,
mais que c'est bloqué à leur niveau et que la directive vient du
ministère. Qu'est-ce qui se passe avec cela? Quand les gens auront-ils
une réponse satisfaisante?
Mme Lavoie-Roux: On m'informe que, pour régulariser cette
situation, on a besoin d'un décret pour rendre officiels ces nouveaux
taux touchant les familles de réadaptation, que ceci est en cheminement,
mais que ce n'est pas encore rendu au Conseil des ministres.
M. Rochefort: Est-ce que les budgets nécessaires à
l'application du décret sont inclus dans vos crédits
budgétaires?
Mme Lavoie-Roux: Non. M. Rochefort: Pourquoi?
Mme Lavoie-Roux: Ils ne sont pas inclus parce que le
décret n'était pas adopté.
M. Rochefort: Donc, ce montant-là est au fonds de
suppléance?
Mme Lavoie-Roux: II faudra probablement aller le chercher
à même des crédits supplémentaires au fonds de
suppléance, mais il n'est pas inclus dans les crédits.
Mme Vermette: Cela veut dire que les familles seront encore
obligées d'attendre. Quand prévoyez-vous que ces gens pourront
recevoir les sommes qui leur sont dues puisque ces taux faisaient suite
à une catégorisation et à l'alourdissement des cas?
Mme Lavoie-Roux: On me dit que cela prend deux décrets, un
pour la catégorisation, ce qui est fait, et un autre pour le
financement, ce qui n'est pas fait.
Mme Vermette: Quand prévoyez-vous que ce décret
sera adopté? Les foyers qui s'occupent de ce genre de
bénéficiaires ne sont pas les plus fortunés; ils doivent
même, certaines fois, piger dans leurs poches pour défrayer
certains petits plaisirs de la vie pour leurs bénéficiaires.
Mme Lavoie-Roux: Nous examinons la question. J'espère que
le décret ira au Conseil des ministres le plus tôt possible, mais
je suis incapable de vous donner une date.
Mme Vermette: Je peux, en tout cas, faire un souhait pour ces
familles. C'est un sujet auquel je suis toujours assez sensible et je pense que
beaucoup de femmes s'occupent
de ce genre de foyers; c'est la seule façon pour elles de pouvoir
s'en sortir et de trouver un petit pécule dans la vie. Je pense qu'elles
se sentent très défavorisées actuellement parce que,
justement, on n'a pas pris leur problème en considération.
Mme Lavoie-Roux: J'en prends bonne note, madame.
Mme Vermette: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
d'autres questions?
Foyers illicites
Mme Vermette: Oui, les foyers illicites, tout ce qui touche les
personnes âgées. On sait qu'il y a beaucoup de foyers illicites,
que cela a été toléré jusqu'à un certain
point et que les conditions de vie ne sont pas toujours des plus enviables.
Quelle est la politique que la ministre entend adopter à l'égard
des foyers clandestins ou illicites pour personnes âgées qui se
multiplient au Québec?
Mme Lavoie-Roux: Le problème des foyers illicites est
soulevé chaque année. C'est un problème réel. Je
peux vous dire que l'examen habituel qui a toujours été fait dans
les années antérieures se continue, mais que ce n'est pas
suffisant pour contrer toute cette problématique des foyers illicites.
Même si la loi a été modifiée en 1979-1980 - parce
que c'était encore le Dr Lazure qui était là - pour
essayer de rendre cela plus étanche, cela reste encore difficile de
cerner vraiment suffisamment le problème pour pouvoir agir avec plus de
sévérité. J'ai demandé à mon
ministère d'examiner s'il y aurait possibilité d'intervenir d'une
façon un peu plus serrée par la loi que ce que prévoit la
loi actuelle.
J'ai ici une liste d'installations illicites qui ont été
identifiées par des CSS. On me dit que c'est avec l'agrément du
ministère qu'on fait les enquêtes et que les CSS interviennent
strictement pour évaluer la condition des bénéficiaires.
Les critères appliqués par le ministère des Affaires
sociales sont: d'abord, le libre choix du bénéficiaire s'il est
capable de décider, deuxièmement, si le
bénéficiaire est incapable de décider, l'avis du
répondant est pris en considération et, finalement, le
ministère peut même passer outre à l'avis du
répondant s'il y va de l'intérêt du
bénéficiaire. (21 h 15)
Encore une fois, j'ai devant moi une liste de résidences qu'on
considère comme des installations illicites, mais il semble que des
représentations sont faites, dans un cas, a la Cour supérieure
pour soi-disant faire valoir un point de vue. Il y a plusieurs exemples, mais
ce n'est peut-être pas nécessaire de les rendre publics ici. C'est
un problème réel.
J'ajouterai, Mme la députée de Marie-Victorin, que quand,
ce matin, dans mes notes d'introduction, j'ai parlé de ma
préoccupation pour le problème de l'exploitation des personnes
âgées, je pense que c'est un des éléments. C'est
aussi dans ce sens-là qu'à mon ministère on va essayer de
se pencher là-dessus d'une façon plus sérieuse -
peut-être pas tellement plus sérieuse, mais plus organisée,
si je puis dire pour cerner tous ces aspects de l'exploitation des personnes
âgées dans la problématique des foyers illicites est un
aspect très important.
Mme Vermette: Est-ce qu'on peut conclure que cela pourrait faire
l'objet d'une révision de politique, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Vermette: Est-ce que cela pourrait faire l'objet d'une
révision de politique ou d'une loi?
Mme Lavoie-Roux: Concernant la protection des personnes
âgées, il n'y a pas de politique dans le moment. Nous n'avons pas
eu le temps de la faire. J'ai indiqué ce matin que c'est aussi un
engagement électoral qui me tient beaucoup à coeur, mais on ne
peut pas brûler toutes les étapes en quatre mois et tout faire. Ce
n'est pas parce que c'est secondaire, mais je pense qu'il faut prendre les...
J'ai fait connaître mes intentions ce matin. Cela pourrait
intéresser Mme la députée de savoir que, durant les quatre
dernières années, 524 dossiers ont été
analysés par un comité regroupant des représentants du
ministère, des conseils régionaux et des centres de services
sociaux.
Par l'observation de la clientèle âgée, selon
qu'elle était autonome ou en besoin de soins ou de protection sociale,
les installations ont été orientées vers le statut
suivant: 301 installations pensionnaient 3014 personnes âgées
autonomes et étaient reconnues comme l'équivalent d'une ressource
de chambres et pension; 96 installations hébergeaient 2256 personnes
âgées en besoin de protection sociale et ont été
orientées comme pouvant être accréditées centres
d'accueil privés ou autofinancés; 9 installations
hébergeaient 203 personnes âgées en besoin de protection
sociale et ont été orientées comme pouvant être
accréditées pavillons; 34 installations hébergeaient 213
personnes âgées en besoin de protection sociale et ont
été orientées comme pouvant être
accréditées familles d'accueil; 84 installations
hébergeaient 880 personnes âgées
en besoin de protection sociale et ont été
orientées comme devant faire l'objet d'évaluation et de
relocalisation de clientèle, soit 524 installations pour 6566 personnes
âgées.
Durant les années 1981 et 1982 - il semble qu'on n'ait pas de
chiffres pour les années subséquentes, M. le sous-ministre...
Une voix: Non, je ne le crois pas.
Mme Lavoie-Roux: ...la Direction de l'agrément a
effectué des visites de contrôle et d'observation de
clientèles auprès des installations déjà
orientées vers un statut de chambres et pension, plus d'une centaine par
année. La conclusion de cette opération était que les
tenanciers ont respecté les critères d'autonomie que nous leur
avions signifiés au sujet de la clientèle à
pensionner.
Est-ce que c'est suffisant comme ressources humaines pour
précisément faire le suivi? Cela aussi, c'est une autre question
qui doit être examinée.
Les directeurs de la protection de la jeunesse
Mme Vermette: Je vous remercie, Mme la ministre. Un sujet et non
le moindre en ce qui concerne les CSS, c'est tout ce qui touche le DPJ pour les
jeunes. Plus de 500 cas d'enfants négligés, victimes de rejets
affectifs, d'abus physiques et sexuels ou encore présentant des troubles
de comportement sont actuellement en attente d'évaluation par le bureau
du directeur de la protection de la jeunesse dans la région 03 faute
d'effectifs suffisants. Dans plusieurs régions, notamment la
région de Québec et dans la Montérégie, l'on
observe une insuffisance des ressources consacrées aux directeurs de la
protection de la jeunesse. Cette insuffisance se traduit par des délais
d'attente très importants pour faire l'évaluation de ces cas.
Je demande à la ministre si elle compte poser des gestes à
court terme qui vont pallier l'insuffisance de ressources au service de la
protection de la jeunesse.
Mme Lavoie-Roux: Le problème de la protection de la
jeunesse est important. Je m'y suis, d'ailleurs, déjà
intéressée vivement au moment de la commission parlementaire
spéciale pour réviser la Loi sur la protection de la jeunesse.
Nous avons noté, comme vous et comme, d'ailleurs, les journaux l'ont
relaté dans les derniers jours plus particulièrement, ce qui
apparaissait une recrudescence de signalements de cas d'enfants en besoin de
protection.
On me remet - quoiqu'on ne me les ait pas remis pour cette année
- les signalements reçus en mars 1984 par rapport à mars 1985, et
c'est une baisse. Oui, j'aurais cru, moi aussi, que c'était le
contraire. Pour les signalements reçus, j'opposerai toujours 1984
à 1985.
M. Rochefort: Pour tout le Québec?
Mme Lavoie-Roux: Oui, pour l'ensemble...
M. Rochefort: Juste pour bien comprendre, vous citez 1984
comparé à 1985.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Rochefort: Mais on n'a pas évidemment 1985 à
1986.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est cela. Je signale d'un
côté 1984-1985: signalements reçus, 35 858 par rapport
à 34 438, soit une diminution de plus de 1000, de 1500 environ;
signalements retenus en 1984, 20 946 par rapport à 19 105, ce qui est
encore une diminution de près de 2000; évaluations, orientations
réalisées, en mars 1984, 15 852 par rapport à 14 319, ce
qui donne encore près de 1500. Et l'attente au placement provincial, me
dit-on, n'est pas plus élevée cette année que l'an
dernier, au 23 avril, soit 399 jeunes en attente de placement au comité
provincial d'admission.
Une chose est certaine, on m'indique qu'à cette période-ci
de l'année qui semble coïncider - je ne sais pas si on peut faire
une relation de cause à effet - avec la fin de l'année scolaire,
il semble y avoir une recrudescence.
Le Président (M. Bélanger): Mme Lavoie-Roux, est-ce
que vos chiffres tiennent compte de la Loi sur les jeunes contrevenants?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Bélanger): Ah! D'accord.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
Mme Lavoie-Roux: Ce dont je parle est uniquement l'article
38.
Le Président (M. Bélanger): Article 38, n'est-ce
pas? Seulement en vertu de l'article 38. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Mais effectivement, M. le Président, on
s'entend bien sur cette dimension de la question. Je pense qu'il faut tous
reconnaître qu'une des grandes raisons
des problèmes particuliers que nous vivons actuellement dans ce
secteur est l'application de la nouvelle lot. Là-dessus, j'aimerais
poser une question à la ministre et, par la suite, j'aurai une
deuxième question. Cela clôturera le programme, quant à
nous.
Où en sont rendues les négociations avec le gouvernement
fédéral quant à sa participation financière au
coût des nouvelles dispositions de la loi fédérale
concernant les cas qui sont signalés et pris en charge par le DPJ?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que le mémoire est
prêt pour être acheminé au Conseil des ministres, enfin
après une légère révision, si je ne m'abuse. C'est
vraiment un point important que vous soulevez parce que, si on
réussit... Mais je ne peux pas commencer à dire que le
fédéral ne veut pas nous le donner. Il se fait un peu tirer
l'oreille. Je peux, au moins, vous dire cela puisqu'on doit revenir a la
charge...
M. Rochefort: Tirez fort!
Mme Lavoie-Roux: Tirez fort! ...pour faire des nouvelles
représentations. Mais ce dont je veux assurer le député de
Groulx...
M. Rochefort: De Gouin.
Mme Lavoie-Roux: De Gouin. Je ne sais pas pourquoi.
Une voix: On vous comprend.
Mme Lavoie-Roux: ...c'est que nous procédons et nous
continuons, et entendons bien continuer, les démarches de la
façon la plus ferme possible parce qu'il pourrait y avoir là un
recouvrement d'argent passablement important.
M. Rochefort: Dernier volet. Je comprends bien que nous sommes en
négociation avec le fédéral. C'était le cas sous le
gouvernement précédent. Je souhaite que la ministre ait beaucoup
de succès dans cette négociation. Je pense que c'est important
pour le Québec. D'ici ce temps, est-ce que la ministre entend ajouter
des budgets pour permettre aux différents CSS, particulièrement
à Québec et dans la Montérégie où il y a un
problème particulier - de faire face à cet afflux de nouveaux cas
dont ils ont la responsabilité, à la suite de cette nouvelle loi
fédérale, malgré l'absence des budgets afférents
qui auraient dû suivre? C'est évident qu'on peut dire: C'est de la
faute au fédéral et qu'il finance! Mais, entre-temps, il y a des
jeunes qui sont pénalisés. Alors, est-ce que la ministre a
l'intention de poser un geste financièrement, budgétairement,
pour nous permettre de faire face à cette nouvelle responsabilité
qui nous incombe maintenant, quitte à rattraper cela
ultérieurement dans une solution positive, je le souhaite, de la
négociation fédérale-provinciale?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que nous avons
déjà, dans le cas du CSS Richelieu, justement de la région
de la Montérégie, autorisé 20 postes, 1 000 000 $, tout
récemment.
M. Rochefort; Pour Québec? Est-ce que vous avez des
projets pour Québec?
Mme Lavoie-Roux: 4 000 000 $ pour l'ensemble des CSS,
particulièrement ceux qui étaient déficitaires. Dans le
cas du centre de Québec, 909 000 $; dans l'Estrie, 334 000 $;
Québec, 296 000 $. Dans le cas de Québec, je dois dire, et vous
Pavez sans doute vu dans les journaux, qu'il y a eu un
réaménagement de budget et que, sur la demande que le DPJ faisait
pour un montant de 200 000 $, il en aura 176 000 $ à sa disposition.
M. Rochefort: Dans les prochains jours? À court terme?
Mme Lavoie-Roux: C'est le réaménagement interne du
budget du CSS qui a libéré 176 000 $, en plus des sommes...
M. Rochefort: Qui sera attribué au DPJ?
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. Rochefort: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire -puisque nous y sommes, je
pense que c'est bon qu'on en parle - qu'il y a aussi des problèmes
d'hébergement qui ne sont pas des problèmes nouveaux,
particulièrement dans la région de la Montérégie.
Il y en a eu un autre dans la région de Québec, qui est
plutôt le réaménagement, je pense, du centre de Tilly et
également dans la région de l'Outaouais. Mon sous-ministre me
faisait signaler - excusez-moi, je pense que la journée est
avancée - me signalait que nous pourrions en reparler dans le cadre de
la réadaptation, tout à l'heure quand nous parlerons des centres
d'accueil. Cela reste un problème encore très aigu qui attend
depuis longtemps.
Mme Vermette: Cela va pour le programme.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a des
questions? J'aurais peut-être, Mme la ministre, une question à
vous poser. Le cadre de partage était une opération qui ne devait
rien coûter. Cela a été affirmé et
réaffirmé, écrit dans les journaux; enfin, on a
beaucoup de correspondance là-dessus. Est-ce qu'on pourrait savoir,
jusqu'à maintenant, combien a coûté cette opération
qui ne devait rien coûter?
Mme Lavoie-Roux: Pour cette opération du transfert des
ressources des CSS et des DSC vers les CLSC, l'estimation des coûts
additionnels, au total, est de 12 245 945 $ dont 9 897 000 $ - je vais laisser
tomber les centaines - tout près de 10 000 000 $ sont récurrents,
et 2 300 000 $ ne sont pas récurrents. Sans vouloir - à moins que
je ne l'aie dit tout à l'heure - établir une relation de cause
à effet, il apparaît que les transferts ont eu un impact
également sur les disponibilités ou les ressources humaines pour
les DPJ. Je ne sais pas dans quelle proportion, mais un certain nombre ont
été transférés vers les CLSC. Compte tenu du fameux
schème de référence, en institution et hors de
l'institution, en milieu naturel et en milieu surnaturel... (21 h 30)
Des voix: Hal Hal Ha!
Mme Lavoie-Roux: ...cela a créé certaines
difficultés et n'a certainement pas enrichi, en tout cas, les ressources
humaines qui étaient disponibles pour les DPJ, compte tenu
également du fait qu'est venue s'ajouter la dimension des jeunes
contrevenants. Quand on regarde l'ensemble du tableau... Je ne veux pas porter
de jugement sur le transfert des ressources; je l'ajoutais comme étant
peut-être un coût non chiffré, mais qui représente
quand même un coût social.
Le Président (M. Bélanger): Bien. J'aurais une
deuxième question qui, elle, touche les foyers illicites. On sait que,
dans certaines régions, ils sont en très grand nombre. Ll est
aussi très difficile de les dépister et il est encore plus
difficile d'intervenir. Vous parlez d'amendements législatifs possibles
pour soutenir ces efforts et je souscris à cela, on ne peut plus. Je
sais que la région de la Montérégie est l'une des
régions où il y a, et de loin, le plus de foyers illicites
puisque, dans la région du grand Longueuil, si on peut l'appeler comme
cela, on avait évalué à 980 et plus le nombre de personnes
dans des foyers qui n'avaient pas de permis et qui ne répondaient
à aucune norme acceptable dans le réseau. Par contre, cette
étude avait démontré que plusieurs de ces foyers,
moyennant certains petits aménagements et un certain suivi ou un certain
appui, auraient pu être des familles d'accueil acceptables. Ils auraient
pu être accrédités dans ce sens. Est-ce que vous avez
l'intention de faire quelque chose en ce sens?
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me dit, c'est que, lorsque c'est
possible, on en accrédite. D'ailleurs, je pense que les statistiques que
je vous ai données tout à l'heure indiquaient qu'un certain
nombre avaient été accrédités.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais revenir sur la question d'une
législation possible -c'est-à-dire pas d'une législation
possible...
Le Président (M. Bélanger): D'amendements
législatifs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'amendements législatifs à
la loi qui existe présentement. Je ne veux pas ici donner de garantie
que cela pourra être fait, mais on examine sérieusement les
possibilités d'amélioration et, s'il y a lieu, c'est ce que nous
ferons.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur le programme 4, Services des centres de services
sociaux?
Une voix: Non.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du programme 4, Services des centres de services sociaux, sont
adoptés?
M. Rochefort: Adopté.
Services des centres de réadaptation
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
Cela nous amène au programme 6, Services des centres de
réadaptation. Je rappelle qu'il y a eu entente ce matin, à savoir
de terminer les travaux de la commission à 9 h 45 puisque certains
membres doivent prendre l'avion. Je vous en informe. Il nous reste donc une
douzaine de minutes. Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Le réseau des centres de réadaptation
compte actuellement cinq types de clientèles: les personnes
handicapées mentales, les personnes handicapées physiques, les
mésadaptés socio-affectifs, les mères en difficulté
d'adaptation et les toxicomanes. Quand on regarde le budget, on peut presque
dire que c'est le statu quo ou qu'il y a un gel en ce qui concerne le programme
Services des centres de réadaptation. Je demande à Mme la
ministre si elle entend privilégier le développement des services
dans les centres de réadaptation.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais simplement, dans un premier temps,
répondre à la première remarque de Mme la
députée, à savoir qu'il y a eu une révision des
bases budgétaires de l'ordre de 2 700 000 $. Il y a également 700
000 $, de prévus pour
l'impact sur la Loi sur les jeunes contrevenants; la croissance, selon
les paramètres de base, de 1 300 000 $ pour une croissance réelle
de 1 900 000 $. Il n'y a pas de gel, il y a croissance.
Mme Vermette: II y a croissance?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Vermette: Quand on regarde, à la lecture des chiffres,
c'est quand même à la baisse.
Mme Lavoie-Roux: II y a le RREGOP et tout cela là-dedans
aussi.
M. D'Astous; Le dernier chiffre en bas, à la page 56, 1,85
%.
Mme Vermette: D'accord. Merci. Je voudrais savoir si vous avez
l'intention de développer certains services à l'intérieur
de ces clientèles quand on regarde les cinq types
développés à l'intérieur de ce service.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de projet de
développement pour cette année. Cela n'exclut pas que nous
procédions afin de prendre des mesures - mais je pense qu'il faut
traiter cela à l'extérieur - pour les centres d'accueil des
régions que j'ai mentionnées tout à l'heure: la
Montérégie, l'Outaouais et la région de Québec.
Mme Vermette: A la Montérégie, en ce qui concerne
les toxicomanies, il y a un problème de manque de ressources; il y a
aussi les mères en difficulté d'adaptation. Ce sont des
problèmes d'une acuité actuelle. Est-ce qu'on envisage une
répartition des sommes allouées actuellement au niveau des
régions?
Mme Lavoie-Roux: Nous allons financer les ressources qui existent
actuellement. Il n'y a pas de nouveaux développements.
La désinstitutionnalisation
Mme Vermette: Je me suis laissé dire qu'on aurait
probablement affaire à une loi qui pourrait favoriser la
désinstitutionnalisation. Actuellement, au niveau de la
réadaptation, il n'y a pas vraiment de hausse sensible des budgets.
Quand on parle d'une telle orientation, cela implique des ressources
additionnelles ou c'est un transfert de ressources dans le milieu. Cela demande
un certain temps avant de pouvoir y parvenir complètement, d'atteindre
l'objectif pour lequel on fait ces orientations, c'est-à-dire permettre
a la personne en institution de retourner dans le milieu le plus naturel
possible. Comment va-t-on s'y prendre, si tel est le souhait de
Mme la ministre, pour pouvoir entreprendre des démarches en vue
d'arriver à une politique de désînstitutionnalisation?
Où prendra-t-on les sommes pour atteindre cet objectif
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas de la
désinstitutionnalisation, il s'agira d'une orientation et d'un
encadrement de la désinstitutionnalisation. Je ne voudrais pas
prétendre appeler cela une politique de désinstitutionnalisation,
mais il s'agira au moins de baliser davantage, compte tenu des problèmes
et de l'expérience qu'on a eus durant un certain nombre d'années
relativement à la désinstitutionnalisation.
Jusqu'à maintenant, la désinstitutionnalisation s'est
faite pour la plus grande partie par un transfert de ressources de
l'institution ou du centre d'accueil vers d'autres types de ressources plus
légères ou intermédiaires. Par exemple, dans le cas de la
désinstitutionnalisation, en ce qui touche Louis-Hippolyte-Lafontaine,
il y a, je pense... Seulement pour les CAR, il y a 1 000 000 $ et on peut en
retrouver à d'autres programmes. Mais directement relié à
ceci, il n'y a pas d'argent supplémentaire.
J'aimerais ajouter un point. Si la désinstitutionnalisation
commence à être un principe un peu plus difficile à
appliquer, c'est relié, d'une part, au fait que déjà des
institutions ont fait les efforts qu'elles pouvaient faire et qu'il faudrait
des ressources additionnelles si on veut qu'elle se fasse dans des conditions
qui soient correctes. Dans d'autres cas, on pourrait encore disposer de cette
possibilité de transfert de ressources, mais on a quand même un
signal d'alarme, à savoir qu'on peut se targuer de faire de la
désinstitutionnalisation, mais il y a des limites sans ressources
additionnelles. C'est ce que nous examinons. Cela ne nous empêche pas,
dans des cas où, déjà, les plans sont prévus,
où les transferts sont prévus et où les ressources sont
là parce que ce sont des planifications qui ont été faites
déjà depuis un bon bout de temps, d'assurer que cette
désinstitutionnalisation puisse se faire.
Le Président (M. Bélanger): C'est
complémentaire à cela. Est-ce qu'on a identifié ce seuil
acceptable au-delà duquel on a des effets négatifs à la
désinstitutionnalisation? Est-ce qu'on a des critères qui nous
permettent de l'identifier?
Mme Lavoie-Roux: II y a plusieurs critères qui entrent en
ligne de compte. Il y a des communautés qui sont plus rapides, plus
prêtes à vouloir accepter et intégrer des personnes qui ont
vécu en institution. Il y a aussi d'autres critères qui sont
reliés à la préparation ou à l'acceptation des
parents, surtout quand on arrive avec des cas plus
lourds; peut-être que la désinstitutionnalisation pourrait
se faire, mais la résistance des parents semble aller en grandissant
selon la lourdeur des cas, quoique cela ne soit pas une vérité
absolue, non plus. Enfin, à un moment donné, il y a aussi la
collaboration de toutes les personnes qui oeuvrent à l'intérieur
d'une institution, qui fait que, dans certains cas, la
désinstitutionnalisation et le recyclage, si je puis dire, du personnel
sont plus faciles que dans d'autres. Il y a plusieurs paramètres qui
seraient des indicateurs de ce seuil absolument infranchissable...
Le Président (M. Bélanger): Ce seuil de
tolérance.
Mme Lavoie-Roux: ...ou qui apparaît infranchissable
à un moment donné. Mais, d'une façon rigoureuse, on n'a
pas d'études qui pourraient déterminer ce seuil de
tolérance ou non.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
Mme Vermette: Une dernière brève question, parce
que je sais que l'heure avance et que c'est jeudi soir. J'aimerais savoir, Mme
la ministre, si vous allez tenir compte des revendications des parents qui sont
impliqués parce que, précisément, vous avez soulevé
une problématique. II y en a certains qui sont pour la
désinstitutionnalisation, mais cela dépend toujours de la
gravité et de la lourdeur des cas. Il y a certaines gens dans la
population à qui cela fait très peur parce qu'ils ne sont pas
habitués de côtoyer et de vivre avec cette population. Cela
implique plusieurs intervenants. Est-ce que la consultation sera faite au
moment où les décisions seront prises?
Mme Lavoie-Roux: Tous les éléments que vous
soulevez sont des éléments importants. Je demeure personnellement
convaincue qu'on ne peut pas faire la désinstitutionnalisation quand la
majorité de ces facteurs est négative. Les parents n'en veulent
pas, le milieu n'en veut pas. Même si on avait les sommes d'argent, le
milieu n'en veut pas. Enfin, il y a une foule de facteurs qui peuvent agir
d'une façon négative et, à ce moment-là, il faut en
tenir compte. Dans ce que j'appellerais peut-être un papier d'orientation
ou un état de fait sur la désinstitutionnalisation, on va tenter
de pondérer tous ces facteurs sachant fort bien que c'est un domaine
extrêmement délicat. Je pense qu'avec les meilleures intentions du
monde on n'arrivera pas avec la solution parfaite.
Ce dont on veut assurer les familles, le milieu et les intervenants ou
ceux qui travaillent à l'intérieur des institutions, c'est que,
d'une part, les consultations soient faites et que, d'autre part, on les appuie
dans cet effort de désinstitutionnalisation, non seulement au moment de
la désinstitutionnalisation, mais par la suite également. Il y a
également toute la question du suivi des personnes qui ont
été désinstitutionnalisées, à savoir pendant
quel laps de temps, à quel moment décide-t-on qu'elles sont
autonomes, etc. Enfin, ce sont d'autres dimensions qui doivent toutes
être examinées. Mais, au moins, je pense que si la population -
par la population, j'entends tout le monde que j'ai mentionné tout
à l'heure - sent qu'on veut mieux l'encadrer, qu'on veut le faire d'une
façon sérieuse, en mettant en place certaines garanties, on
pourra peut-être procéder, possiblement après quelque
temps, d'un façon plus rapide.
Le Président (M. Bélanger): Nous avions convenu de
l'ajournement des travaux à 21 h 45, mais avant de procéder
à cet ajournement, je voudrais nous rappeler que 57 minutes n'ont pas
été utilisées aujourd'hui, soit à cause des
retards, soit parce que nous avions convenu d'ajourner plus tôt. Il
faudrait donc la semaine prochaine ajouter ces 57 minutes, si nous en avons
besoin au temps qui nous restera. Donc, la commission ajourne ses travaux au
mardi 29 avril, à 10 heures. Nous commencerons par la RAMQ puis ce sera
les programmes 3, 6, 7, 9, 10.
Mme Vermette: On peut adopter le programme 6.
Mme Lavoie-Roux: Programme 6, adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que je comprends
que les crédits du programme 6, Services des centres de
réadaptation, est adopté?.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
La commission ajourne donc ses travaux au mardi 29 avril, a 10 heures.
S'il vous plaît! Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait demander quand le
programme 5 sera étudié et ensuite adopté?
M. Rochefort: Les centres d'accueil? Après la RAMQ et les
CHCD.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Rochefort: Mardi
après-midi.
Le Président (M. Bélanger): La commission remercie
tous les gens qui ont collaboré à ses travaux aujourd'hui.
À mardi prochain.
(Fin de la séance à 21 h 48)