Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Si vous le permettez, nous allons commencer les travaux de la commission
des affaires sociales. Mme la secrétaire, est-ce que vous avez
constaté le quorum?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Nous avons quorum.
Est-ce qu'il y a des remplaçants?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Pas de
remplaçants. Nous déclarons donc la séance ouverte.
La commission des affaires sociales se réunit afin
d'étudier en détail le projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur
les services de santé et les services sociaux.
Est-ce qu'il y a des déclarations préliminaires? Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Auparavant, Mme la
ministre, auriez-vous l'obligeance de nous présenter votre
équipe, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Le sous-ministre adjoint à la
Santé, le Dr Raymond Carignan.
M. Carignan (Raymond): Bonjour, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Mme Demers, directrice du contentieux. Est-ce
cela, directrice du contentieux? Et Mme Liette Harvey, qui est aussi au
contentieux du ministère. Je pense que l'autre est bien connue.
Le Président (M. Bélanger): Excellent. Je vous
remercie et je vous inviterais à procéder aux remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne vais prendre que
quelques minutes simplement pour recadrer les objectifs de la loi 75. Je pense
que cette loi se veut un outil supplémentaire pour permettre au
gouvernement de faire une meilleure planification des effectifs médicaux
ou de la main-d'oeuvre sur l'ensemble du territoire du Québec. On sait
que - et je ne voudrais pas reprendre les discours de deuxième lecture
-il y a une main-d'oeuvre médicale suffisante au Québec, mais qui
est mal distribuée dans l'ensemble du territoire et qui est aussi mal
distribuée si l'on tient compte de la proportion entre les
spécialistes et les omnipraticiens.
La loi 27 de 1981 était très très vaste. Elle
contenait de nombreux éléments, mais elle contenait un
élément particulier qui était celui de demander aux
centres hospitaliers de préparer un plan d'organisation et de faire
connaître leurs besoins en effectifs médicaux et dentaires, plan
qui devait être approuvé ou soumis à l'approbation du
Conseil régional des services de santé et des services
sociaux.
À l'usage, on a réalisé qu'il n'était pas
suffisant d'avoir simplement cette disposition et que, si l'on voulait faire un
véritable plan de rationalisation et arriver éventuellement
à une meilleure distribution de la main-d'oeuvre médicale, on
devait également avoir les outils nécessaires pour établir
un plan d'effectifs médicaux au plan régional et au plan
sous-régional. C'est dans ce sens que le projet de loi 75 apporte une
modification à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, plus particulièrement peut-être à la loi 27, qui
n'est plus appelée par ce nom, pour étendre l'obligation des
plans d'effectifs médicaux aux niveaux régional et
sous-régional.
Évidemment, pour faire ce plan; il fallait étendre
l'obligation de faire connaître le plan d'effectifs médicaux non
seulement dans les centres hospitaliers, mais dans tous les
établissements. Alors, c'est pourquoi nous étendons cette
obligation des établissements aux centres locaux de services
communautaires et aux centres d'accueil qui s'ajoutent aux centres
hospitaliers.
Les conseils régionaux devront élaborer un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires nécessaires
à la population de la région. C'est évident que les
conseils régionaux au moment de l'adoption de la loi 27 adoptaient les
plans des établissements et que le ministre se gardait, j'appellerai
cela aux fins de la discussion, un droit de regard; il en faisait
l'approbation, mais il n'avait pas le pouvoir de les modifier. Si bien que
si,
par exemple, le conseil régional pouvait évaluer que
c'était 90 médecins au lieu de 100 qui étaient requis dans
un établissement, il ne pouvait pas le modifier. Ceci ne veut pas dire
que, si la même constatation se faisait que, dans un établissement
il faut 90 médecins plutôt que 100, on va dire aux dix qui sont
là: Allez-vous-en ailleurs, parce qu'il en faut 90. Je pense que c'est
une planification à moyen et à long terme où on devra
procéder par attrition.
Le deuxième point important est celui de la
nécessité d'un préavis de 60 jours quand les
médecins quittent les centres hospitaliers ou les établissements
de santé. Je pense que, d'une façon générale, M. le
Président, ceci est bien accueilli comme étant une mesure
réaliste. Les centres hospitaliers se sont trouvés dans des
situations parfois très difficiles où, sans avis, les
médecins ont quitté l'urgence, etc. Évidemment, il s'agit
d'un préavis qui va toucher le départ de médecins, qui
affecterait le fonctionnement des centres hospitaliers. Il y a une disposition
à cette fin dans le deuxième alinéa. Si, pour des raisons
autres et qui n'affectent pas le fonctionnement d'un centre hospitalier, pour
des raisons qui peuvent être d'ordre personnel ou autres, un
médecin doit quitter, il est loisible au conseil d'administration de lui
permettre de quitter. Alors, c'est vraiment pour éviter de mettre les
centres hospitaliers sous pression par un départ d'un certain nombre de
médecins quand les médecins veulent exercer ce type de pression.
J'ai donné à la Chambre plusieurs exemples où ceci
s'était produit, que cela soit Dolbeau, que cela soit l'hôpital du
Sacré-Coeur ou un autre. Je pense que, dans l'intérêt de la
population, il faut absolument prévoir cette disposition dans la
loi.
Il y a un autre élément qui ne me paraissait pas tellement
important, mais, comme il a été un peu mal
interprété, je pense qu'il est peut-être important que j'y
revienne, c'est celui des motifs d'inéligibilité qui sont
ajoutés à la fonction d'un membre d'un conseil d'administration
d'un établissement. Il existe déjà, dans la loi, des
raisons d'inéligibilité. Nous en ajoutons deux. Au cours des
trois années précédentes, si quelqu'un a été
déchu de ses fonctions comme membre d'un conseil d'administration d'un
établissement en vertu du paragraphe a de l'article 170, il ne peut pas
être de nouveau eligible à un autre conseil d'administration avant
trois ans, et selon qu'il a été aussi, au cours des trois
années précédentes, reconnu coupable d'une infraction en
vertu des articles 179 ou 180. Il peut s'agir d'un conflit
d'intérêts ou il peut s'agir... Il y a très peu de cas
comme ceux-là, mais ils n'avaient pas été prévus
dans la loi.
Je voudrais immédiatement corriger l'interprétation qu'on
a faite, non pas de mauvaise foi, mais que, par exemple, quelqu'un qui ne
ferait pas son plan d'effectifs médicaux à l'intérieur de
l'établissement serait destitué. Il ne s'agit nullement de cela.
Il s'agit vraiment que les raisons de destitution puissent avoir des effets qui
se traduiront par le fait qu'il ne pourra pas être éligible de
nouveau à un poste à un conseil d'administration avant trois ans.
Le reste est un détail, je n'en parle pas.
Les deux objectifs principaux, M. le Président, visent vraiment
une meilleure planification de la main-d'oeuvre sur l'ensemble du territoire.
Je voudrais ajouter tout de suite que les fédérations des
médecins ont été rencontrées. Nous avons tenu
compte de remarques qu'elles nous ont faites. J'avais déjà
annoncé, le 9 mai, qu'il y aurait une table de concertation - j'avais
même fait un communiqué de presse à cet égard -
où les fédérations, la corporation, les universités
et j'en passe seraient appelées à travailler sur ce plan triennal
d'effectifs médicaux. Déjà, la première rencontre
est prévue pour le 18 juin.
Une voix: Mercredi.
Mme Lavoie-Roux: C'est mercredi de cette semaine. On est
déjà rendu au 18 juin? C'est cela, c'est prévu pour
mercredi. C'est tout. C'était simplement pour resituer les objectifs de
la loi 75 et peut-être prévenir qu'on lui donne des proportions
qu'elle n'a pas et vraiment la cerner à l'intérieur des objectifs
véritables qu'elle poursuit. Je vous remercie, M, le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
M. le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je reprendrai aussi,
de mon côté, un peu l'essentiel de l'argumentation que nous avons
développée jusqu'à ce jour autour du projet de loi 75 pour
bien introduire les travaux de notre commission pour les prochaines heures dans
le cadre de l'étude plus en détail de ce projet de loi.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire, pour nous, la question des
effectifs médicaux est aussi une question importante, une question qui
mérite qu'on y consacre les énergies que la situation commande.
J'ai fait état des décisions et des actions qui ont
été prises, qui ont été mises en place par le
gouvernement alors qu'il était dirigé par le Parti
québécois et qui ont été des décisions
prises en concertation, à la suite de consultations soutenues et
très intenses de l'ensemble des gens concernés, les gens
concernés étant, évidemment, M. le
Président, les professionnels de la santé, les
médecins, mais aussi les gens qui, dans les régions, subissent
les conséquences d'une pénurie d'effectifs médicaux.
Comme j'ai eu l'occasion de le dire, je crois qu'en ce qui concerne les
médecins omnipraticiens, pour l'essentiel, nous avons réussi
à régler la situation, même s'il reste un certain nombre de
situations qui doivent encore être suivies très attentivement.
Pour l'essentiel, du côté des omnipraticiens, ces mesures, ces
actions ont permis d'arriver à des solutions assez intéressantes,
assez satisfaisantes pour l'ensemble des régions qui vivaient des
pénuries inadmissibles du côté de la présence
d'omnipraticiens chez elles.
Du côté des spécialistes, même si des mesures
que nous avons utilisées et qui ont permis de régler, pour
l'essentiel, le problème de la pénurie des médecins
omnipraticiens en régions nous ont permis d'ajouter un nombre
intéressant de spécialistes dans la plupart des régions
où il y avait pénurie, nous reconnaissons que ces mesures n'ont
pas, à ce jour, donné des résultats satisfaisants et des
résultats suffisants pour permettre de faire face aux problèmes
importants vécus par nos concitoyens d'un certain nombre de
régions plus éloignées du Québec.
Je veux aussi dire que, quant à nous, il est évident qu'il
faut poursuivre dans le dossier des effectifs médicaux en
régions, qu'il faut continuer d'accorder à cette question
l'attention et les énergies du ministère aux niveaux politique et
administratif, et aussi les budgets qui nous permettent d'en arriver à
une solution définitive et à caractère permanent d'une
situation dont sont victimes, dont subissent les préjudices les citoyens
et les citoyennes du Québec qui sont dans cesdites régions.
Quant au contenu du projet de loi 75 lui-même, eu égard au
volet de la répartition des effectifs médicaux en régions,
comme j'ai eu l'occasion de le dire, nous reconnaissons aussi que la mise en
place de plans d'effectifs pour l'ensemble des établissements du
réseau de la santé et des services sociaux, comme la mise en
place de plans d'effectifs médicaux pour l'ensemble des régions
du Québec sont, quant à nous, des instruments qui nous
permettront de mieux planifier, de mieux connaître quels sont les
besoins, quelles sont les situations où il y a des carences et, donc, de
mieux identifier les régions et les spécialités où
il y a pénurie, pour l'ensemble des régions du Québec. (10
h 30)
En ce sens-là, on reconnaît qu'il s'agit d'un instrument
additionnel que pourra utiliser le ministère de la Santé et des
Services sociaux eu égard au problème que nous identifions tous
comme étant un problème qui doit impliquer une certaine
priorité d'action de la part du ministère de la Santé et
des Services sociaux et qui doit impliquer aussi une contribution très
solide, très positive, de la part des professionnels de la santé.
De la même façon, pour nous, l'idée du préavis de 60
jours quant au retrait éventuel d'un médecin d'un plan
d'effectifs médicaux, là aussi cela nous semble un outil de
gestion qui est intéressant, qui va nous permettre d'apporter une
certaine stabilité aux plans d'effectifs régionaux qui auront
été élaborés. Je pense que cela nous permettra,
comme je l'ai dit, de nous assurer qu'on procède au recrutement des
médecins pendant que la population continue à recevoir des
services de santé pour lesquels les médecins sont présents
dans des plans d'effectifs, alors qu'on a souvent vécu, et encore
aujourd'hui, des situations où on doit recruter en l'absence de
ressources médicales dans les établissements dans un certain
nombre de régions. En ce sens-là, pour nous, là aussi, il
s'agit d'un instrument, d'un outil de gestion qui est intéressant et qui
s'ajoute aux instruments dont on a besoin pour faire face à la
pénurie de médecins, notamment de médecins
spécialistes dans un certain nombre de régions du
Québec.
Cela dit, M. le Président, d'une part, nous souhaitons que ces
plans d'effectifs, tant au niveau des établissements qu'au niveau des
conseils régionaux - j'aurai l'occasion d'y revenir tout à
l'heure - n'aient pas pour effet de donner des instruments à quiconque
vaudrait faire autre chose qu'apporter des solutions au niveau de la
répartition des effectifs médicaux sur le territoire du
Québec. Deuxièmement, nous souhaitons qu'au cours de
l'étude article par article du projet de loi la ministre apporte des
précisions, à l'occasion, des amendements et des nuances, qui
nous assureront que ces plans ne deviendront pas des monstres bureaucratiques
inutilement. Il faut que ce soit un exercice simple, un exercice concret et un
exercice qui associe le plus possible l'ensemble des intervenants afin que cela
demeure un instrument qui est adaptable et qui est utilisable facilement par
tous ceux et toutes celles qui auront à intervenir dans ce dossier. Il
ne faut pas que cela devienne des objets de lourdeur administrative et
bureaucratique qui pourraient desservir l'objectif pour lequel nous souhaitons
que ces plans soient mis en place.
D'autre part, je réitère mes inquiétudes tout en
étant d'accord avec la notion du préavis de 60 jours quant aux
situations que pourrait créer l'application un peu trop automatique
d'une telle clause dans un certain nombre de municipalités du
Québec qui sont éloignées d'autres centres et où on
retrouve à peine cinq, six ou sept médecins. Dans
l'éventualité où, même si, de mauvaise foi, ils
décidaient de se retirer des plans d'effectifs médicaux et qu'on
appliquait tout
ce qui est prévu dans le projet de loi 75, on pourrait se
retrouver totalement dans une situation inverse de celle qu'on a voulu
solutionner et de celle pour laquelle nous voulons instituer ce
mécanisme du préavis de 60 jours. L'application de toute la
notion du préavis de 60 jours nous mènerait dans des culs-de-sac.
Voulant doter les populations de certaines régions de ressources
médicales en nombre et en qualité suffisants pour faire face aux
besoins qu'elles ont, on se retrouverait dans des situations où
l'application de cette disposition du projet de loi ferait en sorte qu'on
serait en l'absence totale de médecins participant au Régime
d'assurance-maladie dans des municipalités comme celles-là et
pour des périodes qui pourraient être assez longues. Pensons que
deux fois 60 jours, cela fait 120 jours. C'est le tiers d'une année. Je
pense qu'il faut mieux baliser l'ensemble des dispositions concernant cette
clause de 60 jours si on veut être certain qu'elle nous permette
d'atteindre nos objectifs. Dans les cas où des professionnels de la
santé ne les respecteraient pas, on se retrouverait nous-mêmes,
comme société, comme État, dans une dynamique où on
doit, pour imposer des sanctions, pour être crédibles ailleurs,
décider qu'il n'y aura plus de médecins participants dans des
municipalités du Québec où on a des besoins
évidents et pour qui, essentiellement, le projet de loi est fait.
D'autre part, je veux réitérer aussi l'observation que
j'ai faite au cours de l'étude du principe du projet de loi à
l'Assemblée nationale quant aux plans d'effectifs des
établissements, aux plans régionaux. Autant je dis qu'il s'agit
là d'outils utiles, d'outils qui nous permettront de mieux progresser
dans un cheminement de solution à la répartition des effectifs
médicaux en régions, autant je dis que cela soulève une
question fondamentale très importante et à laquelle nous
souhaitons obtenir des réponses.
Comment un conseil régional pourra-t-il modifier le plan
d'effectifs d'un établissement et comment la ministre - ou le ministre,
éventuellement - de la Santé et des Services sociaux
pourra-t-elle modifier un plan d'effectifs régionaux ou l'adopter tel
quel si, au préalable, une décision n'a pas été
prise quant au type, quant à la quantité et quant à la
diversité des services médicaux que l'État
québécois est prêt à payer dans les régions
X, Y ou Z? Donc, l'utilisation du pouvoir d'adoption ou de modification des
plans d'effectifs des établissements et des plans d'effectifs
régionaux par les conseils régionaux et par le ministère,
donc, par la ministre, en l'occurrence, présuppose que, au
préalable, une décision a été prise quelque part
quant au nombre, à la qualité et à la diversité des
services médicaux que l'État québécois est
prêt à assumer financièrement dans l'ensemble des
régions du Québec.
Nous disons que cette décision doit en être une qui est
connue et sue, et à laquelle on a invité à participer les
principaux intervenants, c'est-à-dire, oui, les conseils
régionaux, mais aussi les gens qui autour desdits conseils participent
actuellement à l'application des mesures incitatives, par exemple,
où il n'y a pas que les conseils régionaux qui interviennent,
mais aussi les chambres de commerce, les groupes sociaux, les ressources
communautaires et ceci, afin de vraiment s'assurer que la région a une
force d'attraction sur les professionnels de la santé dans le cadre de
ces mesures incitatives, mais aussi que la région est en mesure
d'établir une certaine rétention auprès de ces
professionnels de la santé.
Si on est capable de faire jouer ce rôle à ces intervenants
et ils l'ont bien assumé jusqu'à ce jour, il faut aussi qu'on
soit correct à leur endroit et qu'on leur permette de participer
à la définition des types de ressources, en termes qualitatifs,
quantitatifs et de diversité, qu'on est prêt à financer
à partir des budgets de l'État québécois dans
l'ensemble de ces régions. Ce n'est qu'une fois qu'on possédera
ces instruments, ces définitions par région et qu'on y aura
associé l'ensemble des intervenants que l'on pourra décider que
oui, un conseil régional peut adopter ou modifier un plan
d'établissement et que oui, la ministre peut adopter ou modifier un plan
régional, d'autant plus que, lorsqu'elle intervient dans un plan
régional, automatiquement le dossier indique à
l'établissement concerné quelles sont les conséquences
pour lui.
Là aussi, M. le Président, il me semble qu'il y a quelque
chose qui nécessite d'être bien clarifié si on ne veut pas
tomber, justement, dans des instruments bureaucratiques entre les mains des
fonctionnaires uniquement alors que la population ne fera qu'assister
béatement à l'apparition ou à la non-apparition de tel ou
tel type de services médicaux dans sa région, alors qu'on lui a
dit qu'avec cela on résoudrait ses problèmes.
D'autre part, je veux aussi dire que, en ce qui nous concerne, il n'est
pas possible d'étudier le projet de loi 75 sans tenir compte du contenu
de la décision 86-84 du Conseil des ministres eu égard à
l'ensemble de la répartition des effectifs et aussi au contrôle de
la pratique médicale. Même si nous sommes conscients, nous avons
pris bonne note des changements qui sont intervenus dans la rédaction de
la décision 86-84, il demeure qu'il y a une disposition qui
prévoit une utilisation totalement autre des plans d'effectifs
médicaux dont il est question, aujourd'hui, dans le projet de loi 75 et
pour lesquels la ministre nous dit que c'est pour des fins de
répartition des effectifs médicaux en régions. Cette
décision
nous indique clairement qu'en adoptant le projet de loi 75, donc, en
mettant en place des plans d'effectifs dans l'ensemble des
établissements du réseau et dans l'ensemble des régions du
Québec, ultérieurement, ces plans seront utilisés -
puisque la ministre reconnaît en avoir reçu le mandat du Conseil
des ministres - à des fins non pas de répartition des effectifs
médicaux en régions, donc de meilleure répartition des
professionnels de la santé pour répondre aux besoins, aux
pénuries réelles qui existent, notamment de spécialistes
dans certaines régions du Québec, mais qu'on utilisera ces plans
qu'on nous demande aujourd'hui de mettre en place par le projet de loi 75 pour
définir des droits de participation au Régime d'assurance-maladie
pour les nouveaux médecins qui sortiront des facultés de
médecine au cours des prochaines années.
Quant à nous, de deux choses l'une. Ou bien, oui, le projet de
loi 75 vise aussi cela et, auquel cas, on souhaite qu'on nous le dise
clairement et qu'on accepte que le débat porte là-dessus, ou
bien, effectivement, c'est une mauvaise lecture que nous faisons de la
décision 86-84 en complémentarité au projet de loi 75 et,
auquel cas, nous serons heureux de discuter d'amendements au projet de loi 75
qui viendront baliser de façon très étanche l'utilisation
que nous pourrions faire, comme État, de l'existence de plans
d'effectifs médicaux, de façon à nous assurer qu'ils
seront utilisés uniquement à des fins de meilleure
répartition des effectifs médicaux dans l'ensemble des
régions du Québec.
D'autre part, M. le Président, je veux aussi dire que j'ai pris
bonne note de la conclusion de l'intervention de Mme la ministre qui nous dit
que les fédérations ont été rencontrées. Je
dirai: Oui, c'est vrai, mais il serait plus juste et plus précis de dire
qu'elles ont été rencontrées après le
dépôt du projet de loi 74 et du projet de loi 75 et après
la décision 86-84 du Conseil des ministres à laquelle je viens de
faire allusion. Nous aurions souhaité que, comme cela s'est toujours
fait jusqu'à maintenant dans le dossier des effectifs médicaux en
régions, non seulement les fédérations, mais l'ensemble
des intervenants, y compris ceux et celles qui aujourd'hui apportent un appui
au projet de loi de la ministre, c'est-à-dire la conférence des
conseils régionaux et l'Association des hôpitaux du Québec,
même s'ils nuancent l'appui qu'ils font au projet de loi, même s'il
ne s'agit pas d'un appui total parce qu'ils ont demandé des
modifications, eux aussi, soient associés à l'élaboration
du projet de loi et à l'élaboration des décisions du
Conseil des ministres qui lui donnent très clairement sa portée.
Ceci nous aurait permis de mieux voir la mesure réelle de ces projets de
loi avant que ces projets de loi soient déposés.
Je pense qu'il est toujours plus facile d'aller chercher des consensus
que d'aller obtenir la collaboration, la confiance et la contribution des
intervenants lorsqu'on les associe dès le départ à un
processus et non pas une fois que les données, les paramètres,
les balises d'un processus sont déjà déposées sur
la table. Quand la ministre nous dit que sa table de concertation est
déjà convoquée pour cette semaine, qu'elle fonctionnera et
qu'elle permettra de donner des résultats intéressants, je dirai:
Oui, effectivement, nous sommes heureux qu'une telle table de concertation
siège, sauf que, là aussi, nous croyons que cette table de
concertation aurait peut-être dû se réunir avant que ces
projets de loi soient déposés et que ces décisions soient
prises.
Deuxièmement, quant à nous, concernant cette table de
concertation, on a bien noté que les fédérations et la
Corporation des médecins nous ont bien dit que, pour elles, ce
n'était ni le forum ni le lieu pour discuter des projets de loi 74 et 75
et de la décision 86-84, dans le cadre du processus législatif
dans lequel le gouvernement, le ministère, la ministre ont
décidé de les engager contre leur propre gré. Mais, pour
elles, la table de concertation, une fois que ces projets de loi auraient
été non pas déposés, mais en préparation,
oui, cela aurait été une table intéressante pour faire ces
discussions.
Je souhaite, M. le Président, que la ministre pose des gestes qui
permettront de rechercher, de retrouver, de renouveler la confiance, la
collaboration et la participation de l'ensemble de ces intervenants aux
discussions pour lesquelles nous sommes réunis et pour lesquelles la
ministre dit souhaiter les réunir dans l'avenir. La façon de
procéder avec le dépôt des projets de loi 74 et 75 sans
consultation, le dépôt de la décision 86-84 du Conseil des
ministres sans aucune consultation, la façon de convoquer les
intervenants par la suite à une table de concertation, c'est
déjà convoquer des gens à une table de négociations
avec des revolvers chargés sur la table. On pense qu'il s'agit là
d'une façon de procéder qui n'est pas porteuse de solutions,
comme l'ensemble des gestes et des décisions qu'on a vus jusqu'à
maintenant dans ce dossier. (10 h 45)
Nous aurions souhaité que, dans la façon de faire aussi,
non pas le Parti libéral du Québec, mais l'État
québécois ne prête pas flanc à une absence de
confiance ou d'ouverture d'esprit de la part de ceux et celles dont on a
absolument besoin de la collaboration positive si nous voulons nous assurer
qu'ils soient en mesure de rencontrer les demandes que nous avons à leur
faire.
Je conclus, M. le Président, mes remarques préliminaires
en vous disant que, dès que cette étape sera terminée,
j'aurai
une motion à déposer pour permettre de faire entendre
différents intervenants par les membres de la commission.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de la
règle de l'alternance, Mme la ministre, et, ensuite, je
reconnaîtrai le député de Joliette.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M, le Président, je ne peux pas relever
tous les points qu'a soulevés le député de Gouin, mais je
voudrais quand même en soulever quelques-uns. Quand il dit que le
problème des omnipraticiens est réglé, à toutes
fins utiles, dans les régions éloignées, je voudrais
être aussi optimiste que lui. Il en manque encore et leur
répartition en régions éloignées n'est pas toujours
adéquate. Quand il dit qu'en ce qui a trait aux spécialistes cela
n'est pas atteint, mais que c'est réglé en bonne partie, je pense
que cela fait un bon bout de temps qu'il n'est pas allé dans les
régions éloignées pour entendre ce que la population a
à nous dire. Quand on nous dit, par exemple, qu'il n'y a pas un seul
gynécologue-obstétricien dans la région de la
Côte-Nord et qu'il n'y a pas de cardiologue dans la région de
l'Abitibi-Témiscamingue, etc., je pense que ce n'est pas seulement parce
que ce n'est pas atteint, c'est aussi qu'il y a des problèmes
drôlement sérieux vis-à-vis desquels le gouvernement doit
prendre ses responsabilités.
Il ne faudrait pas oublier, non plus, qu'il ne s'agit pas uniquement des
régions éloignées ou de celles qu'on est toujours
habitué à identifier, comme la Gaspésie et la
Côte-Nord. Il y a les régions intermédiaires et je
parlerais même de problèmes interrégionaux, même
à Montréal, à l'égard de la distribution des
ressources médicales, et même à l'intérieur de la
ville de Québec. Il y a des exemples qu'on pourrait donner
là-dessus. Enfin, je pense que c'est important et cela n'a pas
été réglé.
Je relisais en fin de semaine l'éditorial de M. Dubuc qui disait
que, de toute évidence, malgré les mesures incitatives et
mêmes punitives que l'ancien gouvernement a mises en place, le
problème n'est pas encore résolu et qu'il faut prendre ses
responsabilités. Je ne voudrais pas dire que les mesures incitatives
n'ont pas eu d'effet, mais je pense qu'il est encore trop tôt pour en
faire un bilan complet, compte tenu que plusieurs ne sont pas encore en
vigueur, mais je pense que cela vaut la peine de les laisser agir avant de
tirer des conclusions. Le problème lui-même n'est pas
résolu. Je pense qu'il devient de plus en plus injuste que l'ensemble
des Québécois supporte des services auxquels ils n'ont pas
accès eux-mêmes. C'est dans ce sens-là que le projet de loi
75 est présenté. Je redis que le projet de loi 75 ne vise
qu'à se donner un outil -là-dessus, le député de
Gouin m'a paru d'accord - qui permette véritablement une meilleure
planification des effectifs médicaux. On aura l'occasion d'y revenir au
cours de la discussion.
Je voudrais aussi parler de sa remarque sur les 60 jours et de son
inquiétude qu'une municipalité ou qu'un endroit particulier
puisse se trouver privé en même temps d'un certain nombre de
médecins. Je dois lui dire qu'il y a un amendement qui sera
apporté, mais, évidemment, dans la loi 74 pour, justement,
prévenir cette chose et éviter que cette situation ne se
présente. Dans la loi 74...
Le Président (M. Bélanger): Dans la loi 74 qui va
suivre, il y aura des amendements qui permettront de corriger cette
situation-là.
Mme Lavoie-Roux: De corriger cette situation-là...
Le Président (M. Bélanger): C'est dans l'autre
projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: ...afin que, justement, on ne se retrouve pas
avec un départ en bloc d'un certain nombre de médecins.
Maintenant, en ce qui a trait à la table de concertation, elle
faisait partie de la décision du ministre; elle faisait, d'ailleurs,
partie de notre programme électoral, M. le Président. Une table
de concertation a été mise sur pied antérieurement, mais
elle n'a pas siégé. Nous la voulons permanente. C'est à
partir des avis de toutes les personnes qui seront à cette table que
nous jugerons des meilleures mesures à prendre pour faire cette
répartition des effectifs médicaux de la façon la plus
satisfaisante possible pour l'ensemble de la population.
La décision du Conseil des ministres à laquelle veut
continuellement se rattacher -je comprends pourquoi - le député
de Gouin a déjà été corrigée. J'ai
rencontré les fédérations sur ce point particulier et
d'autres modifications seront apportées. Elles ont été
averties par lettre de ceci et, en temps et lieu, elles connaîtront la
nature de ces modifications, comme nous leur avons indiqué aussi la
nature des modifications que nous entendions apporter au projet de loi 75.
Le Président (M. Bélanger): Quand vous parlez de
modifications, vous faites allusion aux modifications à la
décision?
Mme Lavoie-Roux: À la décision et aussi à la
toi, à la suite des rencontres que nous avons eues. M. le
Président, évidemment, je sais que la motion qui va
être déposée, c'est pour faire entendre des gens.
Ils ont été entendus trois jours le printemps dernier,
strictement sur cette question des effectifs médicaux, sur laquelle tout
le monde semblait d'accord pour que, justement, il y ait un outil aux plans
régional et sous-régional qui rende efficace ou, en tout cas,
plus efficace ou permette cette meilleure planification des effectifs
médicaux. Je pense qu'à cet égard on pourrait
répéter l'exercice, mais il ne faudrait pas donner au projet de
loi 75 des dimensions qu'il n'a pas. Le projet de loi 75, je l'ai dit, si je
mets de côté les motifs d'inéligibilité, a deux
volets importants, l'avis de 60 jours et la planification aux plans
régional et sous-régional des effectifs médicaux. Quant
aux autres qui ont participé, la conférence des CRSSS,
l'Association des hôpitaux du Québec, etc., ils nous ont dit
qu'ils ne croyaient pas nécessaire d'avoir une commission parlementaire
sur un projet qui avait quand même des objectifs relativement
limités. Évidemment, si on veut lui donner une
interprétation beaucoup large, c'est la responsabilité de
l'Opposition, elle peut faire ce qu'elle veut, mais je réitère
que les deux objectifs principaux sont ceux que j'ai toujours expliqués
et exprimés en public et en privé. M. le Président, mes
commentaires s'arrêtent là.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Je reconnais le député de Joliette, toujours dans les remarques
préliminaires.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: M. le Président, d'abord, si Mme la ministre
compte proposer un amendement au projet de loi 74, je suis obligé de lui
dire qu'elle doit consulter le leader du gouvernement puisque c'est tout juste
si, grâce aux consentements qu'on peut donner présentement, le
projet de loi 75 peut passer. Je serais énormément surpris si son
objectif était de voir adopter le projet de loi 74 d'ici à jeudi
ou vendredi. Cela m'apparaît théoriquement impossible. Je ne suis
même pas certain qu'il pourrait être appelé. N'ayant pas vu
son contenu, je me permettrai, comme partie prenante au consensus
éventuel, de dire que, si l'amendement est d'une importance telle qu'il
doit passer avant le 30 juin, il ne doit sûrement pas venir lors du
projet de loi 74. Je serais surpris qu'an puisse passer le cap de la
deuxième lecture seulement.
Cela dit, voici mes remarques préliminaires maintenant sur le
projet de loi 75. Sur l'objectif fondamental, je ne pense pas qu'il y ait un
grand nombre de personnes qui ne soient pas d'accord avec une meilleure
distribution des effectifs médicaux sur le territoire
québécois. Je pense que tout le monde acquiesce à ce voeu;
c'est sur la façon d'y parvenir qu'on peut diverger d'opinion, c'est
évident. À mon avis, l'outil que se donne Mme la ministre,
l'outil théorique, en tout cas, qu'elle se donne, ne vient en rien
clarifier une situation, ne vient en rien donner des médecins le
lendemain matin aux régions du Québec. Afin de clarifier le type
d'outil, de lui donner une certaine efficacité par la suite, cela aurait
été, au moins, pour le ministère l'occasion de
déposer simultanément les critères de base devant rendre
efficient cet outil.
Je vais vous donner un exemple. M. le Président va comprendre
sans doute, lui qui a travaillé au niveau d'une région, comment
cela peut être divergent d'une région à l'autre si on ne
donne pas les balises pour que cet outil puisse faire une analyse rigoureuse.
Je prends un exemple comme la Montérégie. Il y a certains
hôpitaux dits spécialisés en plus de ça. Qu'on
prenne Charles-Le Moyne par rapport à Pierre-Boucher, ce ne sont pas les
mêmes vocations. Une région qui pourrait être comparable
pourrait être Laurentides-Lanaudière, mais même pas en
population. Au point de vue identification de centres hospitaliers, qu'on
prenne le centre hospitalier régional Lanaudière par rapport
à Charles-Le Moyne, si on le compare à Pierre-Boucher, encore
là, ce n'est pas la même chose. On pourrait arriver à des
nuances extrêmement fortes dans l'établissement du plan
d'effectifs médicaux d'une région à une autre.
Je suis convaincu que les CRSSS qui ont un pouvoir de sanction
régional, dans un premier temps, pourraient avoir des perceptions
différentes quant aux effectifs médicaux et à plus forte
raison si la ministre se garde un pouvoir ultime d'amendement. Quelle sorte de
portrait cela va-t-il faire? Aussi bien dire à ce moment-là:
Recueillons les données de chacune des régions et agissons
unilatéralement. Mais on est convaincu à ce moment-là que
le ministère aurait une version unique. J'espère qu'il n'y aurait
pas quatre critères différents au ministère pour
étudier le portrait ou l'ensemble des données qu'il a recueillies
au Québec. À mon avis - je ne dis pas que c'est l'objectif
poursuivi par la ministre - le résultat peut faire en sorte que vous
faites travailler du monde exactement pour rien.
Faites vos plans d'effectifs. Je ne vous donne pas de balises, je ne
vous donne pas de "guide-lines", puis je me garde le pouvoir de les changer.
À partir de là, si on avait tous les mêmes critères
dans l'élaboration du plan d'effectifs de base, je pourrais comprendre
qu'on ne fait pas travailler le monde pour rien. Est-ce que la ministre a
décidé qu'elle consentirait qu'il y ait les 18
spécialités de base dans chacune des régions
du Québec? C'est une donnée fondamentale. Est-ce que l'on
veut d'ores et déjà qu'à l'avenir au Québec on
retrouve au niveau d'une région les 18 spécialités de
base? Si c'est une décision politique qui a été prise,
cela aide à définir quels sont les effectifs requis,
peut-être pas demain matin, mais dans cinq ans, dans dix ans. On ne
bâtit pas un plan d'effectifs médicaux imposé par une loi
en plus, parce que deux ou trois régions, soit dit en passant, n'ont pas
fait leur travail.
Cette loi ne vient pas blâmer l'Abitibi, la
Montérégie, la Gaspésie et ia Côte-Nord. Elle vient
dire à Québec et à Montréal: Vous n'avez pas fait
votre job, je vous l'impose par une loi. Ailleurs au Québec c'est fait;
partout où il manque des docteurs ou des médecins au
Québec, que ce soit des omnipraticiens ou des spécialistes; c'est
fait ailleurs au Québec. Il faut bien le dire: C'est parce qu'il y a des
régions qui ont suffisamment de médecins et même trop et
qui ne veulent surtout pas dans un cadre d'effectifs médicaux être
obligées de dire qu'elles en ont trop. Leur rôle va être de
justifier ce qu'elles ont. Voilà ce que cela vient dire. Il ne faut pas
se leurrer. II ne faut pas donner l'impression qu'en Abitibi le plan
d'effectifs n'est pas préparé; cela fait un an et demi qu'il est
préparé. Cela fait un an et demi qu'il est préparé
en Gaspésie. Il y a eu de la chicane à Chicoutimi pour la
préparation, mais il est fait. Au CRSSS, ils ont fait leur plan
d'effectifs.
Donc, à mon point de vue, ce projet je n'en ferais pas une grosse
montagne si ce n'est qu'il vient dire à Québec et à
Montréal: Vous allez le faire. Mais il aurait une efficacité, ce
projet de loi, si on disait à Montréal et à Québec
dans la façon de faire leurs plans d'effectifs médicaux: Vous
allez le faire avec telles balises et ce que je veux, ce n'est pas que vous
fassiez une justification du nombre en place. Il se peut, si je fixe des
critères et des balises justes que j'arrive avec 300 ou 400
médecins en trop à Montréal actuellement et que j'arrive
avec 150 et 200 médecins en trop à Québec actuellement.
C'est là la grande faiblesse que Mme la ministre ne semble pas vouloir
accepter du projet de loi.
À mon avis, et j'y ai quand même travaillé assez
sérieusement, je peux vous dire que j'ai la conviction qu'il ne donnera
rien, ce projet de loi. Il laisse le pouvoir ultime... Cela, c'est bien. C'est
bien sûr que cela prend un pouvoir ultime pour corriger. Mais laisser un
pouvoir ultime quand on n'a pas donné de balises au départ,
à mon point de vue, c'est dire: Je veux faire toute la "job", mais
entre-temps je vous amuse et je vous donne l'impression que vous avez des
choses à décider. Il serait préférable que ces
gens-là puissent préparer un plan d'effectifs médicaux
à partir précisément de certaines données de
base.
Dans les pourparlers avec les médecins, on avait oublié il
y a quelques années - je ne veux pas dire qu'on était parfait sur
toute la ligne - qu'il y avait des médecins en CLSC qui devaient faire
partie du décompte. Lorsqu'on a réuni au printemps dernier les
fédérations, la corporation et les résidents et internes,
on a dit à ces gens-là: Corrigez vos plans d'effectifs parce que
vous n'avez pas tenu compte des CLSC sur votre territoire et il y a des
effectifs médicaux là. Comptez-les dans vos plans d'effectifs.
C'était déjà une approche. Mais plus on y pense, plus on
chemine vers cette répartition qui, à mon avis, s'impose, plus on
se rend compte que l'on doit préciser. J'ai toujours été
un de ceux qui ont préconisé que, pour les 17 ou 18
spécialités de base, il fallait prendre la décision parce
que cela influence le plan d'effectifs médicaux par la suite. (11
heures)
Puis, je suis drôlement inquiet aussi du fait que le
président du Conseil du trésor ait demandé à Mme la
ministre de revoir les mesures incitatives. À court terme, si on veut
maintenir des médecins, que ce soit l'itinérance ou d'autres
modes, il va falloir qu'on maintienne quelque chose. En médecine, cela
prend huit ou neuf ans pour un spécialiste et quatre ou cinq ans pour un
omnipraticien. Ce n'est pas pour demain matin.
Si on veut corriger les "courts termes", il va falloir maintenir quelque
chose. Cela, c'est mon point de vue. Mais qu'est-ce qui va sauter dans la
rationalisation? C'est un débat qu'il faudrait peut-être faire
entre nous. Quelles sont au moins celles, parmi les quatorze mesures
incitatives, qui rapportent le plus à court terme? Quelles sont celles
utilisées qui n'ont rien donné? En faisant l'analyse de cela, on
pourrait conclure qu'il faut absolument garder telle ou telle mesure et faire
sauter une telle autre. Cela m'apparaît important qu'on s'interroge
là-dessus, sinon on risque encore une fois de manquer le bateau et de
rendre la situation pire qu'elle ne l'est présentement.
Je pense actuellement que les objectifs de la loi sont bien. On ne
s'attaquera pas aux objectifs fondamentaux. Mais, pour que cet outil dont parle
Mme la ministre soit vraiment efficace, pour qu'il serve à quelque
chose, pour qu'il ne donne pas l'illusion de régler des choses alors
qu'il n'en règle pas, je pense qu'il faudrait y joindre un guide avec
des balises précises pour permettre un travail constructif et prendre
les décisions qui s'imposent déjà face aux
spécialités de base. Si la décision n'a pas
été prise à ce niveau, cela prendrait des décisions
formelles pour ne pas se retrouver avec un projet de loi qui ne veut rien dire
en fin de compte et qui donne l'impression à du monde, parce qu'ils
travaillent à court terme... On peut les faire rêver en couleur et
vous le savez, M.
le Président, pour avoir été dans une
région. Il y a une région qui peut décider de se "chromer
au bout" en médecins, arriver avec un projet d'effectifs médicaux
qui n'a ni queue ni tête parce qu'elle se voit comme une région
quasi universitaire, mais elle n'en sera jamais une, par exemple. Elle voit des
effectifs à moyen terme arriver là parce que Mme la ministre aura
un contingentement a posteriori et non pas a priori. Donc, on pourrait
rêver d'avoir X médecins au Québec dans le plan
d'effectifs, ce qui, entre vous et moi, serait illusoire. Mais les
spécialités de base, ce n'est pas une illusion. Je pense que les
régions ont le droit de les avoir.
Deuxièmement, cela n'oblige pas les régions à
concentrer nécessairement les 18 spécialités de base
à un endroit. Je prends une région comme l'Abitibi, par exemple.
Il peut y en avoir à La Sarre, à Rouyn, à Val-d'Or et
c'est admissible d'avoir dans un rayon régional les 18
spécialités de base, mais pas nécessairement d'avoir la
superstructure à un seul endroit. Cela a cheminé beaucoup. Les
gens sont même prêts à accepter cette façon de
procéder sans avoir la concentration à un seul endroit. C'est
là un aspect assez important.
Ce que j'ai pu constater aussi lors de mon bref passage à la
Santé et aux Services sociaux, c'est qu'il est difficile d'attirer les
médecins pour les motifs suivants: On a toujours concentré les
superéquipements ou l'équipement de base dans les grands centres
urbains. Quand on se retrouve avec des appareils de radiologie qui ont 80 ou
100 ans, dans certaines régions, c'est difficile de faire venir un jeune
radiologiste qui vient de faire son internat ou son temps d'apprentissage dans
une cité universitaire avec un scanner, quelle que soit sa
génération, pour aller travailler sur les vieilles tables de
radiologie. Il est difficile d'avoir... C'est un peu commet On n'attire pas une
mouche avec du vinaigre. On ne dit pas à ce jeune qui a travaillé
sur de l'ultramoderne de s'en aller travailler sur un vieil équipement,
de vieux appareils.
Personnellement, au cours de la dernière année, j'avais
pris l'orientation d'équiper nos régions prioritairement. Par
exemple, en Abitibi, je sais qu'il y a un projet pour un scanner pour les gens
dits itinérant ou non itinérant... Il y a de la discussion dans
l'air. Mais au moins une région peut avoir un minimum
d'équipement. Encore une fois, cela ne veut pas dire chaque centre
hospitalier de la région, mais au moins un endroit en régions
où on peut retrouver, par exemple, l'hémodialyse à
Val-d'Or, la médecine nucléaire à La Sarre et le scanner
à Rouyn, Mais au moins, dans une région, qu'on ait un minimum
d'équipement pour permettre d'attirer des jeunes
spécialistes.
Quand je regarde les budgets depuis peut-être 25 ou 30 ans au
Québec, on a du rattrapage de 25 ans et 30 ans à faire à
ce niveau-là purement et simplement parce que les cités
universitaires - il faut se le dire -chaque fois qu'elles en ont eu besoin en
ont eu. Il y avait leur fondation, à part cela, pour aller en chercher
davantage, ce qu'on ne retrouve pas nécessairement dans nos petits
centres hospitaliers avec nos petits bassins de population. C'est un tout. Pour
attirer un médecin, cela lui prend aussi de l'équipement, parce
que rares sont les jeunes qui voudront aller oeuvrer quand on n'a pas
l'équipement de base requis. Je pense à Dolbeau. Je pense
à plusieurs endroits où on a eu des difficultés avec les
corps médicaux. Ils nous disaient: Écoutez! on n'a même pas
ce qu'il nous faut de base; donnez-nous au moins un équipement de base
assez sophistiqué, assez moderne; on ne vous demande pas de
l'ultraspécialisation qui devra toujours demeurer à des endroits
spécifiques. D'ailleurs, on s'est donné, en décembre il y
a deux ans, un amendement disant que les hôpitaux ne pourraient pas
s'équiper avec des types d'équipement
ultraspécialisé sans avoir au préalable l'aval ou le
consentement des autorités gouvernementales, plutôt que
d'être placé devant une situation où les gens
achètent et, après, nous demandent la permission d'installer. On
sait ce qu'est le fonctionnement. C'est le gouvernement qui paie; ce sont les
deniers du Québec, des citoyens du Québec.
Je vous avoue que tout cela, on ne le retrouve pas dans l'esprit, dans
le discours même de Mme la ministre. J'aurais aimé retrouver cet
ensemble d'analyses qui fait partie du décor, qui fait partie d'un tout.
On peut avoir l'air dur, on peut avoir l'air politiquement bien
décidé, on peut avoir un objectif fondamental, formidable
même, mais, si on gratte un tant soit peu, on se rend compte que cela ne
donne rien. Je pense qu'il faut, comme législateurs, rechercher
l'efficacité d'un outil. Ce n'est pas se donner un outil et ne pas
être capable de faire quelque chose avec. Je me donne un outil, mais je
ne suis même pas capable de m'en servir. Je pense qu'il faut que l'outil
qu'on se donne soit d'une efficacité au point d'être capable de
rendre immédiatement efficace son travail après. Je donne un
exemple. Même si Mme la ministre décidait, par son plan
d'effectifs, qu'elle a besoin de 400 spécialistes de plus, comme elle a
limité simultanément, au moment où elle se donne un outil
pour envoyer des gens en régions, comme elle a limité à 50
le nombre pour un an, c'est un tout; c'est lié. Vous ne les aurez pas
plus. Comment l'outil va-t-il vous parvenir avec un montant X si, dans la
même foulée, d'autres décisions viennent contrer, viennent
atténuer ou viennent diminuer purement et simplement la
possibilité de vous servir de l'outil? Je ne
sais pas, vous avez un tuyau qui est vissé. Vous voulez en
dévisser 40 avec l'outil que vous vous êtes donné, mais il
y en a seulement 19 devant vous; vous allez arrêter à 19. Vous
allez avoir un excellent outil, mais vous ne pourrez plus le faire fonctionner,
le faire travailler. Cela a l'air "bebête", mais c'est cela exactement
qu'on retrouve avec le projet de loi 75. Je sais que Mme la ministre pourra me
contredire très facilement, fort probablement, mais je peux vous dire
une chose: Cela a l'air d'un outil politique. Point. Vous dites que vous vous
êtes souciés des régions éloignées, que vous
autres, n'avez pas eu peur de foncer, mais, dans les faits, vous vous serez
dotés d'un outil qui ne vous permettra même pas de rendre a
César ce qui est à César, c'est-à-dire aux citoyens
des régions, un nombre adéquat de médecins à court
terme et dans les meilleurs délais, parce qu'eux aussi ont droit
à des services d'égale qualité.
C'est cela que, de notre côté, on met en doute. On est
surpris que Mme la ministre veuille faire tout cela sans consulter du monde. Ce
n'est pas parce qu'un président de CRSSS appuie les données... Je
pourrais vous sortir des discours, peut-être même de ce même
président de CRSSS ou d'autres, qui mentionnaient: On n'a pas de balise
pour faire nos plans d'effectifs, mais on les voit, nous, avec les yeux qu'on a
dans notre région, avec les lacunes qu'on observe. Si on donnait les
mêmes données de base sur lesquelles on doive s'appuyer pour en
arriver à établir des plans d'effectifs médicaux corrects,
j'ai l'impression qu'on n'aurait pas de surprise, qu'on pourrait planifier non
seulement sur un an ou deux, mais sur 25 ou 30 ans d'une façon
très efficace. Entretemps, améliorer, encourager ou mettre encore
plus d'argent dans les mesures incitatives qui, elles, sont fonctionnelles,
puis, peut-être, transférer des sommes de celles qui sont non
fonctionnelles dans les budgets de ceux qui sont fonctionnels. On pourrait
à ce moment-là avoir des incitatifs qui, au moins, à court
terme, réduiraient l'effet négatif qu'on a eu à long terme
d'une politique... De plus en plus, les jeunes ne sont pas
nécessairement attirés vers les centres régionaux. Je
répète que, s'ils ne sont pas attirés vers les centres
régionaux, c'est peut-être les lacunes qui remontent à 20
ou 25 ans en arrière. J'en suis persuadé. Quand on va dans
Pontiac-Témiscamingue -vous le demanderez à M. Middlemiss de
votre côté - quand on va à Saint-Eustache, quand on va
à l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, où on a
décidé d'investir passablement, à Laval où on a
décidé d'investir 15 000 000 $, c'est précisément
que, si on a senti le besoin de bâtir Pierre-Boucher sur la rive sud,
cela n'était pas pour rien. Les gens se plaignent qu'ils vont à
Montréal. Je comprends qu'on aille à Montréal, quand il
n'y a pas d'hémodialyse sur la rive nord ou sur la rive sud de
Montréal et qu'il faut que tu y ailles quatre fois par semaine... Mais
si tu mets un service d'hémodialyse à Pierre-Boucher, par
exemple, tous les hémodialysés vont y aller. Ils n'iront pas
à Montréal et l'encombrement de Montréal va être
d'autant réduit. Il me semble que cela va de soi.
À Joliette, on avait 18 patients qui allaient à
Maisonneuve-Rosemont chaque semaine, quatre fois par semaine. Aujourd'hui, ils
sont à Joliette. Ils en sont à 21 patients, à
l'hémodialyse. Comment se fait-il? Parce qu'on a donné un
instrument là. Sur le plan économique, ces gens-là
économisent quatre voyages par semaine à Montréal et cet
appareil, uniquement en transfert de patients chroniques qu'on envoyait
à Montréal, est payé exclusivement par le coût des
ambulances et de transport. Il y a une façon d'administrer, bien
sûr, qu'il faut analyser. Je pense que, pour ces gens-là...
Je me rappelle les beaux discours du député de
Brome-Missisquoi quand il était critique en santé et services
sociaux, lui qui avait tous les remèdes à tous les maux. Il me
semble qu'il devrait tenir compte des remarques qu'on lui fait et administrer
avec une vision de l'avenir, une vision globale et une compréhension
surtout des problèmes qu'on vit. Je pense qu'on pourrait réaliser
de grandes choses dans le domaine de la santé avec les mêmes
données qu'on a là.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Juste deux petites remarques, M. le
Président. La première, c'est que je suis d'accord avec le
député de Joliette qui dit: Si on met strictement une loi et si
on dit: Le conseil régional doit élaborer conformément aux
règlements un plan régional des effectifs médicaux et
dentaires et point final, même si on y introduit les autres
établissements, cela n'aura pas de résultats très
concrets. C'est d'ailleurs ce qui est arrivé dans le cas de la loi 27
qui avait prévu que les établissements devaient faire des plans
d'organisation. Mais comme ils n'avaient pas d'outil, le député
de Joliette l'a dit lui-même, il y a des établissements -
peut-être pas en grand nombre, on ne le sait pas - qui ont fait des plans
farfelus, d'autres qui en ont fait de plus raisonnables, etc. Même quand
il y avait des plans farfelus, c'était fait à partir de... Jamais
de la réglementation ou des outils n'ont été donnés
aux établissements pour leur servir de point de base pour travailler.
À part cela, les conseils régionaux ne pouvaient même pas
modifier. Alors, ils recevaient cela et ils disaient! Il y a un plan farfelu
ici.
J'imagine qu'il y en a un plus raisonnable là et un très
raisonnable là. Là s'arrêtait l'opération de la loi
27. Alors, nous disons que nous allons déterminer, dans le cadre des
règlements, des balises que les conseils régionaux et les
établissements doivent avoir pour arriver à des résultats
qui soient un peu cohérents et un peu rationnels. Vous allez retrouver
cela dans le projet de loi déjà et cela va aussi tenir compte des
différences régionales, des différentes catégories
d'hôpitaux et ainsi de suite. Je vais apporter un amendement au
paragraphe i.01 dans ce sens-là. Je pense que là-dessus il n'y a
pas de cloute que, si on veut avoir quelque chose, il faut procéder
comme cela. De même qu'il va falloir que les régions se donnent
aussi des plans de services, qui sont inexistants à ce moment-ci,
c'est-à-dire qui ne sont pas inexistants, mais qui sont un peu, à
certains égards, incohérents les uns par rapport aux autres, etc.
Ce sont deux éléments fondamentaux et je peux vous assurer qu'on
va le faire.
Maintenant, du point de vue des mesures incitatives, ce que j'ai
toujours dit, en campagne électorale et depuis, en public et en
privé, c'est que ces mesures doivent être évaluées
à leur mérite, qu'elles soient incitatives ou
désincitatives comme dans le cas de la rémunération
différenciée et, que selon que les résultats seront bons,
pas bons ou mauvais, je pense, il faut réajuster notre tir car, sans
cela, ce serait ridicule et on peut tous s'en aller chez nous. (11 h 15)
Pour vous donner un bon exemple, je sais que, durant la campagne
électorale la fédération des internes et dentistes a
rencontré le ministre ou ses représentants pour leur vendre
l'idée que la rémunération différenciée ne
devait exister que pour un an, et il semblerait que le ministre ait
donné son accord. Je n'ai jamais voulu accepter de me prononcer en
faveur d'une diminution de la rémunération
différenciée sans savoir exactement là où cela
fonctionnait, parce qu'on sait qu'il y a des problèmes reliés
à cela, et là où cela fonctionnait moins bien.
Alors, l'idée de revoir les mesures incitatives et
désincitatives, je l'ai dit au député de Gouin tout
à l'heure, c'est dans le sens de renforcer celles qui fonctionnent, de
donner à celles qui ne sont pas encore en place, qui ne sont pas encore
opérationnelles, la chance d'être en place, puis de faire le bilan
de l'ensemble et de corriger selon les résultats de ce qu'on
trouvera.
M. Chevrette: En vertu de l'article 212, je ne voudrais pas
lancer un débat. Je voudrais tout simplement dire à Mme la
ministre que ce à quoi elle fait allusion quant aux résidents,
c'est qu'on voulait les inciter à demeurer en milieu régional de
sorte que celui qui restait un an était pénalisé et celui
qui restait deux ans pouvait tout de suite toucher la
rémunération différenciée pour qu'il puisse
demeurer plus longtemps. C'est une proposition des résidents qui n'a
jamais été sanctionnée en fin de compte parce que, quand
les élections ont été déclenchées, il n'y a
pas eu d'autres rencontres avec le ministre, contrairement à ce que vous
dites. C'est avant les élections qu'on préparait des...
Mme Lavoie-Roux: Bien, je pense qu'il y en a eu avec les
fonctionnaires après.
M. Chevrette: Ah! peut-être. Oui, parce que les
comités de travail ont continué...
Mme Lavoie-Roux: Officiellement, ils sont allés les
rencontrer en campagne électorale, me dit-on.
M. Chevrette: Je sais que je n'ai rencontré personne du
groupe des médecins.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, l'interprétation
qu'ils en ont faite, c'est que maintenant on devrait se rendre à cette
décision. Peut-être qu'elle est bonne, peut-être qu'elle ne
l'est pas, mais je pense que je n'ai pas les données pour décider
qu'il faut diminuer la période des trois ans - c'est ce qui est
examiné présentement - et, également, relativement
à d'autres problèmes qui nous ont été
apportés, mais je n'ai pas les réponses.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Oui, merci, M. le Président. Je
considère que la ministre s'attaque là à un
problème extrêmement important, un problème aussi
très large dans tous les sens du mot. Ce n'est pas facile,
évidemment, avec un projet de loi, d'en arriver à régler
ce problème. Si un autre type de professionnels au Québec
bénéficiait d'un traitement comparable à celui des
médecins, c'est-à-dire que, si on décidait demain matin de
payer, par exemple, les avocats à peu près sous la forme de
l'assurance-maladie pour toute consultation qui pourrait être faite par
un citoyen et qu'on ne déterminait pas d'avance de postes, d'endroits
où doivent se répartir ces professionnels, j'ai toujours
pensé qu'on aurait une concentration extrêmement forte des autres
professionnels, ingénieurs, avocats, comptables et ce que vous voudrez,
dans les régions où la vie est peut-être un peu plus
facile, où l'environnement est plus valorisant, dans des endroits
immédiatement avoisinant l'université où, souvent, le
professionnel a fait ses études. Les régions du Québec
un
peu partout se trouveraient nettement défavorisées puisque
personne n'aurait intérêt à venir pratiquer dans ces
régions puisqu'on aurait la clientèle voulue, la
rémunération assurée dans des milieux beaucoup plus
avantageux à bien des points de vue.
C'est malheureusement, ou heureusement, ou historiquement, peu importe,
la situation dans laquelle se retrouvent les médecins au Québec.
Ce sont des gens qui retirent un revenu relativement confortable, payé
par l'État, et qui rendent des services essentiels à la
population. Mais, tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de
détermination d'endroits ou qu'il n'y aura pas de limitation quant au
nombre de professionnels installés dans tel ou tel secteur, on risque,
forcément, d'en retrouver des concentrations beaucoup plus fortes dans
les milieux urbains.
Voilà ce qui arrive dans les régions
périphériques. J'ai vécu, très durement,
très longuement, très péniblement, toute la situation
qu'il y a eu a l'hôpital de Dolbeau - Dolbeau étant située
au nord de mon comté - un hôpital de cent lits desservant une
population d'environ 30 000 habitants et, sur lesdits cent lits, 60 lits
étaient occupés par des malades a long terme. C'est une
région où il se fait beaucoup d'exploitation forestière,
ce qui en fait, en quelque sorte, un région qui bat quasiment des
records d'accidents de travail, de problèmes d'accidents professionnels.
Un jour, les gens de ce secteur se sont décidés à
renvendiquer plus haut et plus fort leurs besoins d'autant plus que des
événements de dernière minute avaient
précipité les choses dans le secteur de Dolbeau. Donc, je dois
dire que je vois d'un bon oeil tout projet de loi, toute mesure gouvernementale
susceptible de régler des problèmes comme ceux-là. Ce qui
s'est vécu à Dolbeau et qui se vit toujours, d'ailleurs, à
Dolbeau actuellement, même si c'est moins aigu comme problème,
cela se vit également encore sur la Côte-Nord, dans l'Abitibi ou
à certains endroits plus éloignés.
La ministre a tout à fait raison quand elle s'oppose au fait que
les citoyens du Québec dans leur ensemble paient des services qui ne
sont finalement utilisés, dans certains cas, que par des groupes plus
privilégiés ou mieux localisés géographiquement et
que, dans certains cas on doive se résigner en quelque sorte à
des déplacements fort nombreux pour obtenir des soins ou encore on doive
se résigner à des soins de second ordre. Je dirai simplement
à cet égard, à titre d'exemple, pour montrer comment les
choses peuvent se dérouler dans certaines régions
éloignées, qu'il y a eu à l'hôpital de Dolbeau un
effort fait par l'ancien ministre des Affaires sociales relativement à
certains équipements de pointe. On m'apprenait récemment que,
quelques jours après qu'un certain équipement que je ne connais
pas - et c'est un terrain sur lequel je ne m'aventurerai pas parce que je ne
suis pas un spécialiste de la médecine, bien au contraire - a
été rendu à l'hôpital de Dolbeau, on a sauvé
une vie, et les médecins sont unanimes pour dire que, n'eût
été de cet équipement sur place, il y aurait quelqu'un qui
ne serait plus aujourd'hui de ce monde. Je me disais que cette seule
argumentation, ce seul exemple était suffisant comme remerciement pour
tous les efforts qui avaient été faits par les ministres, par les
fonctionnaires, par le député, par les gens de Dolbeau, par tous
ceux qui sont intervenus dans le dossier pour faire en sorte que
l'hôpital soit un peu mieux équipé.
Je voudrais revenir davantage à la question des effectifs
médicaux, M. le Président, et mentionner que je suis un peu mal
à l'aise face au projet de loi qu'on a ici parce que, évidemment,
la chair du projet de loi, les éléments qui vont lui donner sa
force ou son efficacité vont se retrouver en grande partie dans une
réglementation complémentaire qui va permettre de mieux
comprendre comment ce projet de loi va agir dans les régions, va agir
partout au Québec pour régler le problème qu'on veut bien
régler en le présentant à l'étude de cette
commission parlementaire et du Parlement. M. le Président, je suis de
ceux qui, au moment de la réforme parlementaire, souhaitaient vivement
que les projets de loi présentés en commission parlementaire
soient toujours accompagnés d'une réglementation complète
afin que les parlementaires puissent véritablement jouer leur
rôle. Il est possible que je puisse voir et que la ministre puisse nous
expliquer là-dedans qu'il y a des avenues, des ouvertures, des pouvoirs
qui lui sont donnés et qui lui permettront de régler
éventuellement tel ou tel problème. Mais on connaît,
malheureusement, beaucoup de projets de loi qui ont été
déposés devant la Chambre, devant l'Assemblée nationale,
étudiés en commission parlementaire par des
députés, études au cours desquelles on avait
exprimé des intentions bien claires et bien précises. On voulait
que les projets de loi fassent telle chose, permettent de régler tel
problème, mais, par la suite, on en est arrivé à conclure
que, malheureusement, un an, deux ans, trois ans après, les
députés qui avaient travaillé aux projets de loi, qui les
avaient défendus, qui les avaient bonifiés d'une certaine
manière s'apercevaient que ces projets de loi ne réglaient pas le
problème parce que la réglementation qui était faite par
les haut fonctionnaires ne traduisait pas fidèlement l'intention du
législateur.
J'aurais aimé, bien sûr, que, dans ce projet de loi, d'une
part, on puisse avoir la réglementation ou du moins les grandes lignes
dans lesquelles cette réglementation s'inscrira pour que l'on puisse
davantage se
prononcer pour ou contre différents articles, pour que l'on
puisse davantage apporter des arguments pertinents comme représentants
des citoyens et comme représentants des régions
éloignées et parfois de régions touchées par ces
choses-là. Malheureusement je vais être obligé de constater
que mes commentaires ne seront enregistrés que dans le
procès-verbal. J'ose espérer que la ministre, à qui je
prête toute la bonne foi du monde, voudra bien tenir compte de mes
commentaires et des commentaires qui seront faits de ce côté-ci
pour essayer de bonifier le contenu du projet de loi 75. Je voulais faire
remarquer à la ministre cette inquiétude qui est la mienne de ne
pas avoir davantage de précisions. J'ose croire que la ministre va nous
en donner au fur et à mesure, mais on aurait aimé en avoir un peu
plus que le contenu du projet de loi. Si ce n'était pas de cela, on
aurait pu également, et cela aurait été intéressant
- mon collègue l'a mentionné tout à l'heure - avoir
l'occasion comme parlementaire de rencontrer, d'échanger et de partager
des points de vue parfois bien différents avec des corporations
professionnelles ou avec des groupes, des CRSSS, par exemple, ou des conseils
d'administration d'hôpitaux ou des associations de directeurs
généraux ou de cadres en milieu hospitalier. Cela aurait
été également intéressant en ce sens que cela nous
aurait permis de vérifier un certain nombre de choses et de faire des
recommandations davantage appropriées sur le projet de loi.
J'aimerais ajouter que lorsqu'on parle de plans des effectifs - c'est
une question que j'adresse à la ministre et pour laquelle j'aimerais
bien avoir une réponse - fait dans des régions comme la mienne,
vous me permettrez de prendre l'exemple du SaguenayLac-Saint-Jean, j'en
suis sûr, Mme la ministre, est-ce que ces plans des effectifs vont tenir
compte des médecins qui pratiquent à temps partiel? Par exemple,
dans les petits hôpitaux de régions, il y a des médecins
qui, pour les deux tiers de leur temps, font de l'administration
professionnelle comme être directeur des soins professionnels dans un
hôpital ou, pour le tiers ou la moitié de leur temps, vont faire
de la pratique médicale. Les plans des effectifs vont-ils tenir compte
de ces personnes? Par exemple, si on détermine qu'à Dolbeau au
Lac-Saint-Jean il serait souhaitable qu'on ait quinze omnipraticiens dans le
secteur et que, sur les quinze, il faille prendre la moitié ou les deux
tiers du temps d'un omnipraticien pour lui faire jouer le rôle de
directeur des services professionnels ou prendre une autre moitié du
temps d'un médecin pour le faire intervenir dans le domaine de la
médecine préventive ou au niveau du CLSC ou je ne sais trop quel
exemple apporter à la ministre, est-ce que les plans des effectifs
laisseront une certaine marge de manoeuvre pour ces cas-là qui sont
fréquents dans les régions? On peut avoir besoin d'être
participant à demi-temps à l'assurance-maladie et à
demi-temps donner du service professionnel dans un hôpital comme
administrateur. Alors comment les plans des effectifs tiendront-ils compte de
cette réalité? Nos hôpitaux sont souvent trop petits pour
avoir un directeur des services professionnels à temps plein. Cela
amène évidemment un jeu. Il deviendrait assez difficile de
compléter un poste dans une région comme la mienne de
demi-médecin participant à l'assurance-maladie. J'aimerais que la
ministre prenne acte de cette question et peut-être tout à l'heure
me donner une réponse ou au moins soumettre à ses hauts
fonctionnaires cette dimension.
Il y a également un autre élément que je voudrais
soumettre à la ministre concernant les plans des effectifs
médicaux. C'est toute la question de ce que j'appelle les pratiques
restrictives. Il y a des médecins chez nous - et on en avait à
Dolbeau dans le temps; c'est pour cela que je peux me permettre de soulever le
problème ici aujourd'hui - qui avaient décidé de faire une
belle petite médecine de campagne avec un bureau ouvert de 9 heures
à 5 heures, quatre jours par semaine, avec des vacances d'un mois et
demi à deux mois par année, et qui refusaient
systématiquement leur concours alors que les urgences étaient
fermées dans les hôpitaux chez nous et qu'un citoyen du
Lac-Saint-Jean - on n'est quand même pas dans les régions
nordiques - devait faire au-delà d'une heure de route pour avoir les
secours d'un simple médecin généraliste à certaines
époques. Voilà deux ans cela se vivait comme cela chez nous. On
comprend mieux tout ce qui s'est passé par la suite quand on a
vécu cela. (11 h 30)
II y a des médecins qui étaient chez eux et qui faisaient
du 9 à 5 dans leur bureau et qui refusaient systématiquement
d'apporter quelque concours que ce soit à l'urgence de l'hôpital,
alors que celle-ci était fermée et que personne ne pouvait plus
avoir de soins médicaux. Je pensais à un cas d'infarctus, par
exemple. Quelqu'un qui aurait fait un infarctus à
Saint-Félicien... Et ce n'est pas le tiers monde, c'est une ville de 10
000 habitants voisinée par deux autres villes de 12 000 et de 10 000
habitants. L'hôpital le plus proche, les services du médecin le
plus proche, dans un cas d'infarctus au mois de juillet 1984 dans le
comté de Roberval, c'était, certains jours, à une heure de
voiture et une heure de voiture en ambulance, c'est-à-dire en roulant
à "train d'urgence".
Je pense que ces choses sont anormales. Ces médecins qui
refusaient d'accorder leur aide dans les urgences des
hôpitaux seront encore considérés dans les plans
d'effectifs, c'est bien sûr. S'il arrivait, dans une région comme
Dolbeau où il y a une douzaine ou une quinzaine de médecins
omnipraticiens, que sur les douze ou quinze il y en ait sept ou huit, comme
cela est déjà arrivé, qui ne veulent pas du tout faire
d'urgence à l'hôpital, ils ne veulent faire que du bureau, il se
produit quoi? Comment fait-on pour organiser une urgence avec sept ou huit
médecins qui sont obligés de faire de la pratique privée
et de l'urgence? J'aimerais que Mme la ministre - peut-être qu'elle a des
choses à me dire là-dessus - en tienne compte aussi parce que
c'est une réalité qui existe.
Concernant les CRSSS, j'ai beaucoup de choses à dire, M. le
Président. En tout cas, si je n'ai pas fini, tantôt on reprendra
autrement. Concernant les CRSSS, Mme la ministre, je pourrais vous en parler
longuement. Je souhaite - je vais vous le dire franchement - que vous gardiez,
comme ministre, bien sûr, un certain pouvoir discrétionnaire
concernant les plans d'effectifs. Les CRSSS, à mon avis... Mme la
ministre, c'est le député de Roberval qui vous parle.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse...
M. Gauthier: Je ne suis pas le porte-parole officiel de
l'Opposition en matière de santé.
M. Rochefort: Mme la ministre voulait concilier ces faits.
Le Président (M. Bélanger): Continuez, M. le
député, je vous en prie.
M. Gauthier: Mme la ministre, je voudrais simplement vous dire
que, tant et aussi longtemps que les CRSSS ne seront pas - je vais le dire
comme je le pense - plus représentatifs qu'ils le sont actuellement de
la population, je pense qu'il va devoir y avoir un mécanisme quelconque
qui permette à la ministre de rester, finalement, la seule personne
élue qui peut encore intervenir.
Cela m'étonne toujours de savoir qu'un CRSSS peut être
présidé par un médecin d'une institution
hospitalière qui, dans certains cas, est "concurrente" d'une certaine
manière, entre guillemets, d'une autre institution hospitalière
plus loin dans la région. C'est sûr que quand on est directeur
d'un hôpital, cadre, médecin ou je ne sais trop quoi, et qu'on est
président, en même temps, du CRSSS, et qu'il s'adonne qu'au
conseil de direction du CRSSS il y ait des personnes qui proviennent davantage
d'un secteur que de l'autre - parce que non élues par la population mais
nommées pour représenter des institutions et renommées
entre elles pour se donner des responsabilités au sein de cet organisme
- je vous avoue que je regarde avec beaucoup d'inquiétude un pouvoir de
détermination de plans d'effectifs ou d'approbation de plans
d'effectifs. Car il peut y avoir - je le dis, ce n'est pas
nécessairement toujours le cas, et je ne veux blesser personne en disant
cela - des conflits d'intérêts, tout simplement. Si j'étais
médecin - je suis sûr que personne ne m'en veut, parmi mes
collègues de l'Assemblée nationale, d'avoir un parti pris pour le
comté de Roberval dans une institution hospitalière...
Mme Lavoie-Roux: C'est un beau comté.
M. Gauthier: C'est un très beau comté, Mme la
ministre.
M. Rochefort: C'est plus beau que...
Mme Lavoie-Roux: Avez-vous le lac Saint-Jean?
M. Gauthier: J'ai tout l'ouest du lac Saint-Jean, chère
madame.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Gauthier: Je pense que, comme on ne m'en veut pas comme
député de représenter le comté de Roberval avec une
préférence, bien sûr, sur les autres comtés du
Québec, on n'en voudrait pas à un médecin ou à un
président de centre hospitalier qui se retrouverait président du
CRSSS d'avoir un préjugé favorable pour son institution. Alors,
cela m'inquiète toujours, Mme la ministre, de voir le jeu qui peut se
faire. Vous savez que dans le dossier de l'hôpital de Dolbeau - je vais
le dire clairement, je pense que le sous-ministre est certainement au courant
de ce que je vais dire - la moitié du temps a été
passée en querelles de l'institution contre le CRSSS, où on se
refusait obstinément à un certain moment à
reconnaître qu'il y avait un problème. Cela m'apparaît
inquiétant, une chose comme celle-là, et je souhaiterais - je
vous le dis franchement et mes collègues du côté de
l'Opposition savent ce que je pense là-dessus - que la composition
même des CRSSS soit révisée par la ministre un de ces
jours, dans un projet de loi subséquent, peut-être. Ce n'est pas
le travail qui manque, de toute manière, au niveau des affaires
sociales.
Également, le député de Joliette a parlé des
équipements. Effectivement, le problème des hôpitaux
sous-équipés, Mme la ministre, et le problème du manque de
places dans les hôpitaux de régions font souvent que les
spécialistes refusent d'y venir. À titre d'exemple, dans le
secteur de Dolbeau, on aurait à un certain moment
obtenu un anesthésiste - on en a d'ailleurs obtenu un, finalement
- un deuxième anesthésiste pour compléter le travail du
premier. On sait qu'ils aiment bien travailler en équipe, ces
gens-là, pour avoir un peu de liberté, sauf que le manque de
places a fait en sorte que les spécialistes ne voulaient pas venir. Les
places et les équipements font en sorte qu'on devrait regarder tout cela
globalement, en plus des plans d'effectifs. Il faut permettre à ces
spécialistes qu'on a formés de pratiquer dans des conditions
convenables et d'être intéressés aussi à venir
pratiquer chez nous.
Le président m'indique, Mme la ministre, que je dois mettre fin
à mon intervention. Il me reste encore plusieurs éléments,
mais j'aurai certainement l'occasion, tout à l'heure... Je suis
convaincu que mon collègue, le député de Gouin, le
porte-parole officiel de notre formation politique, aura la gentillesse de me
donner encore quelque vingt minutes pour compléter cette
intervention.
Le Président (M. Bélanger): Je sens qu'il va
être gentil. Je vous remercie, M. le député de Roberval. En
vertu de la règle de l'alternance, avant de céder la parole
à Mme la députée de Marie-Victorin, est-ce que
quelqu'un...
Mme Lavoie-Roux: Un mot, M. le Président. Je trouve que le
député de Roberval, dans la dernière partie de son
intervention, eu égard aux problèmes que vivent non seulement les
régions très éloignées, mais même des gens
qui sont relativement près de centres importants, a fait une description
très éloquente et, dans ce sens-là, sans aucun doute qu'il
va collaborer à l'adoption de ce projet de loi qui veut corriger cela.
Plus précisément, il faisait part de certaines circonstances
particulières qui peuvent survenir. Quand le règlement sera
élaboré pour donner les balises, les paramètres selon
lesquels non seulement les conseils régionaux, mais les
établissements eux-mêmes devront procéder, on va essayer de
mettre à contribution le plus grand nombre d'intervenants possible pour
saisir, au niveau régional et au niveau local, des circonstances qui
peuvent être particulières et dont il faut, dans la mesure du
possible, tenir compte.
Le Président (M. Bélanger): Je pense aussi à
un autre niveau. Vous parlez des conseils régionaux. Mme la ministre a
déjà manifesté l'intention d'agir dans ce sens-là
pour modifier la position des conseils d'administration et j'espère
qu'on bénéficiera de votre appui, je ne dirais peut-être
pas inconditionnel, mais formel, pour qu'on puisse mener à bon terme
cette réforme qui est envisagée. C'est l'objet de plaintes,
depuis des années, dans le réseau. Il y a effectivement des
situations de conflits d'intérêts qui devront être
corrigées.
M. Gauthier: L'ouverture d'esprit des députés de
l'Opposition est bien connue en ce Parlement.
Le Président (M. Bélanger): Elle peut être
ouverte, mais cela ne veut pas dire qu'il y a des choses qui rentrent. Ha! Ha!
Ha! Mme la députée de Marie-Victorin.
M. Rochefort: Vous allez continuer de présider, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il des choses
contre l'opinion du président?
M. Gauthier: Souhaitez-vous que le vice-président prenne
votre place pour pouvoir intervenir de façon partisane dans le
débat? C'est ce que mon collègue veut vous demander.
Le Président (M. Bélanger): On y procédera
en temps et lieu, s'il y a lieu de le faire. Mme la députée de
Marie-Victorin, je vous en prie.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Après avoir entendu mes collègues et
aussi après avoir entendu les interventions de Mme la ministre, on
s'aperçoit bien que, quand on parle d'un plan d'effectifs, il ne s'agit
pas uniquement d'une évaluation comptable, mais que, au-delà de
l'évaluation comptable contingentée, il y a tous les
problèmes des aspects humains auxquels on doit faire face et surtout les
résistances auxquelles on doit faire face, notamment, lorsqu'on parle...
C'est un problème de taille, effectivement, il faut beaucoup de courage
à un moment donné pour s'attaquer à ce problème
d'envergure et qui perdure, comme on l'a bien fait ressortir, depuis plus de 20
ou 25 ans. En fin de compte, ce n'est pas un problème nouveau.
Actuellement, il y a différentes façons de faire et, très
souvent, quand on s'attaque à des changements de mentalité ou, en
tout cas, à travailler à un partage de pouvoirs ou à une
orientation de partage de pouvoirs, ce que je regarde toujours en gestion, la
place qui fait toujours défaut, c'est la période avant la phase
d'implantation, la période de préparation des individus. C'est
pour cela que je trouve importantes les consultations et important de permettre
à tous et à chacun de se faire entendre ou d'intervenir sur des
sujets qui demandent beaucoup d'abnégation de la part de tous. Il y en a
qui sont jaloux de leurs privilèges, de leurs prérogatives et
d'autres pour qui ce sont de nouveaux pouvoirs qu'ils
doivent mettre en application et, très souvent, sans savoir
exactement jusqu'où peuvent déborder ces pouvoirs. Il faut faire
travailler tout ce monde-là dans un mieux-être, toujours en
fonction d'améliorer les services à la population relativement
aux besoins médicaux.
Qu'on parle de régions éloignées, on parle de
régions et de sous-régions. Je connais davantage la question des
sous-régions, notamment la rive sud. Quelquefois, on se considère
comme une région aussi pauvre que certaines régions dont on a
voulu parler tantôt, notamment Dolbeau ou la Côte-Nord. J'ai
dû vivre, à certains moments donnés, notamment en
siégeant à un conseil d'administration, des plans d'organisation
des effectifs médicaux. Nous avons dû en faire et ce
n'était pas toujours facile, parce que, très souvent, c'est un
exercice qui demande, au risque de me répéter, des choix, et
faire des choix n'est pas toujours facile. Cela implique un esprit de
participation au plan régional. Je me souviens que, quand j'ai
commencé mes études en administration de la santé, dans
les années 1968-1970, on parlait d'un plan régional. Je
m'aperçois qu'on est rendu en 1986 et que, tout compte fait, cela a
été difficile à réaliser. Cela part de loin, c'est
avec le rapport Castonguay-Nepveu, si je me souviens bien. J'étais toute
pleine d'enthousiasme à l'époque parce que je trouvais cela
extraordinaire de pouvoir vivre enfin une pensée régionale. On
s'est aperçu en cours de route que ce n'était pas facile, non pas
à cause des hommes politiques qui étaient en place, mais à
cause de la volonté des gens, des intervenants, des principaux
intéressés. Cela est un problème de taille, à mon
avis, et c'est là où est le plus gros problème.
Le pouvoir médical, il ne faut pas se leurrer, il existe. Il a
toujours fait des pressions, il a toujours fait le lobbying qu'on
connaît, très imposant et très impressionnant. Demander
à ces gens-là de changer leur orientation et de permettre un
meilleur partage de leur pratique médicale, compte tenu, certaines fois,
des avantages de l'ensemble de la population, plutôt que de leurs
avantages personnels, ce n'est pas une mince tâche. Je le comprends
très bien. J'estime aussi, dans notre société, que ces
gens-là ont pu bénéficier de l'apport de l'ensemble de la
population qui a permis que ces gens puissent faire des études
supérieures, des études d'ordre médical et qu'ils ont
aussi un rôle social important à jouer. Je pense que la
mentalité des jeunes médecins, à l'heure actuelle, a
évolué un peu plus vers ce sens-là. C'est peut-être
plus facile pour eux de s'apercevoir que leur rôle social est important.
J'écoutais leurs revendications, quand on parlait de l'imposition des
effectifs médicaux en régions éloignées. Ils
disaient: Oui c'est vrai, nous reconnaissons notre mission sociale. Mais, leur
mission sociale, ils ne voudraient pas se la faire imposer. Je trouve cela tout
à fait normal et naturel aussi. Je pense qu'on est tous
réfractaires à des choses qui nous sont Imposées. C'est
beaucoup plus facile d'arriver à des ententes négociées et
de favoriser un dialogue qui va dans le sens des objectifs et des
possibilités de chacun de donner ce qu'il est capable de donner ou de
recevoir ce à quoi il est en droit de s'attendre. (11 h 45)
Quand je parlais de problèmes d'un autre ordre, je disais que
c'était des problèmes d'ordre humain. On parlait des
médecins. J'ai vu, l'été dernier, un hôpital,
l'hôpital Charles-Le Moyne, qui est un hôpital reconnu, qui a son
permis, qui est un hôpital ultra-spécialisé et qui n'avait
plus de cardiologue. On arrive et, du jour au lendemain, plus de cardiologue
dans les plans d'effectifs. Ce n'est pas parce que les plans d'effectifs
n'avaient pas été faits. Les plans d'effectifs avaient
été faits. Nous savions pertinemment et très bien combien
il nous fallait de médecins spécialistes si nous voulions donner
le service de cardiologie à la population, sauf qu'on revient à
des problèmes de gestion. Est-ce que les gestionnaires ont prévu
qu'à un moment donné il leur faudrait renouveler les effectifs
médicaux, parce que la population est vieillissante au niveau même
des professionnels de la santé? Il faut prévoir aussi à ce
niveau-là et, très souvent, il y a des gens qui sont en place et,
pour eux, cela n'est pas facile, soit parce que la clientèle devient de
plus en plus exigeante, ou parce qu'on a parlé beaucoup de
l'équipement qui devient désuet et que, finalement, c'est
beaucoup plus facile d'aller pratiquer dans un hôpital qui vient de
s'installer avec de nouveaux appareils beaucoup plus sophistiqués, qui
permettent beaucoup moins de manoeuvres et qui donnent un service beaucoup plus
adéquat aux bénéficiaires. C'est peut-être aussi
normal que l'on cherche à donner un meilleur rendement en tant que
professionnel, sauf qu'il y a une population qui est laissée pour compte
et qui ne reçoit pas de soins.
Au-delà du plan d'effectifs, il y a le plan d'organisation, et le
plan d'organisation, c'est à partir des institutions en tant que telles
et c'est aussi dans l'interdépendance des institutions au niveau
régional que cela doit se faire. Actuellement, on ne le voit pas. On
sait combien de médecins on peut avoir dans une région
donnée, mais est-ce que le CRSSS aura la prérogative de modifier
et de dire: Vous avez trop de spécialistes dans ce domaine-ci, vous
devez aller dans un autre hôpital et vous allez donner le service dans un
autre hôpital? Si te! est le cas, c'est important que les gens puissent
se parler parce qu'on a souvent
relevé le rôle que jouent les CRSSS et on ne leur
reconnaît pas toujours cette facilité d'intervention au niveau des
institutions et encore moins... On considère que c'est de
l'ingérence et, finalement, c'est très difficile pour eux de
mettre à profit cette partie qui leur est dévolue par le plan
d'organisation au niveau des effectifs. Connaissant les hommes tels qu'ils
sont, il faut souvent les encadrer pour qu'ils puissent répondre
adéquatement aux objectifs qu'on se donne au point de départ.
Cela n'est pas toujours facile, j'en conviens, mais, sachant que cela n'est pas
facile, c'est important de leur donner un encadrement beaucoup plus
précis avec des points de référence propices pour qu'on
arrive à atteindre les objectifs que l'on s'était fixés au
point de départ.
Alors, je ne pense pas que strictement la loi, quand on la regarde dans
son ensemble, puisse atteindre les objectifs, louables, à mon avis - on
ne peut pas être contre la vertu, évidemment. Je pense que c'est
vrai qu'il y avait une lacune, une carence dans le plan d'effectifs
médicaux, surtout dans les régions et les sous-régions,
mais c'est un projet de loi inachevé et je ne sais pas si on peut le
considérer comme une grande oeuvre, parce qu'on parle souvent des
grandes oeuvres inachevées, mais actuellement il aurait besoin de
beaucoup de précisions. S'il y a des règlements qui doivent
découler de ce projet pour que l'on soit au courant, parce que cela
touche profondément à la pratique médicale dans ses
habitudes et c'est une orientation, un projet de société quand on
touche aux effectifs médicaux... Quand on sait la place qu'occupe la
profession médicale dans nos sociétés, toucher à
cette partie-là, c'est toucher au coeur même d'une orientation
sociale. C'est important à ce moment-ci que plusieurs personnes
touchées puissent nous faire part de leurs préoccupations, parce
qu'à mon avis les implications sont très grandes et beaucoup plus
profondes qu'on semble le croire à première vue en disant: On
sait maintenant de façon comptable le nombre de médecins que nous
pouvons avoir dans une région donnée. Cela va bien au-delà
de cela.
Tantôt, on a fait appel au problème, parce que vous allez
voir que je vais revenir souvent à des implications d'ordre humain parce
que tout est relié à ce niveau-là. On parlait des
incitatifs chez les jeunes recrues pour qu'elles puissent aller pratiquer en
régions éloignées. Lorsque j'étais au conseil des
services essentiels, au printemps 1984-1985, nous avions fait une
tournée régionale pour voir comment on pourrait appliquer les
services essentiels en régions éloignées, et, la
réponse qu'on nous donnait, c'était que pour eux tout est
essentiel parce qu'ils n'ont même pas de services de base. Effectivement,
il y a un problème de taille à ce niveau-là. Ce n'est pas
uniquement le cas des spécialistes, on l'a bien souvent relevé,
mais surtout le cas des généralistes, très souvent.
Je me suis aperçue que les gens, par contre, avaient appris
à vivre avec ce problème-là, et ils nous disaient: S'il
fallait attendre qu'il y ait une volonté chez les médecins de
venir en régions éloignées, très souvent il serait
trop tard pour notre santé, ou l'évolution de notre santé
ne nous permettrait pas d'attendre qu'il se passe des changements majeurs
à l'intérieur des comportements. Ce que les gens ont
développé comme réflexe, c'est qu'ils descendent vers les
grands centres. Ils viennent à Montréal ou à
Québec. Pour ces gens-là, ce sont des frais, très souvent,
parce que, leur santé ne leur permettant pas de prendre les moyens
ordinaires de transport, cela devient très coûteux. Quand ils
attendent à la limite de leur condition physique pour consulter un
médecin, c'est toujours dans un état de
détérioration vraiment profond qu'ils font appel aux services
médicaux. Sur le plan social, cela engendre des coûts
astronomiques et, qui plus est aussi, sur le plan strictement humain, on perd
de la qualité de vie chez des individus qui pourraient encore être
rentables à la société, à tous les niveaux, parce
que, très souvent, ce sont des pères de famille, des mères
de famille, cela peut être des enfants, cela peut être des gens
pleins d'espoir et qui auraient été capables de jouer, dans la
société, un rôle important. Mais, comme chacun pense que
ses prérogatives personnelles dominent sur des considérations
beaucoup plus globales qui sont celles d'une société, on arrive
avec des problèmes comme ceux que nous avons dû vivre très
souvent en régions éloignées ou dans différentes
régions. C'est pour cela que je me dis que, juste avec une
équation comptable, à mon avis, on ne touche rien. On ne touche
réellement pas au coeur du problème. Le coeur du problème
est vraiment beaucoup plus profond. Il implique vraiment des orientations
à long terme et à court terme évidemment, mais aussi qui
touchent la pratique médicale.
J'ose espérer, Mme la ministre, qu'on pourra reprendre le
débat à ce niveau-là, parce que le débat se trouve
réellement à ce niveau-là. À mon avis, cela
répondait à un besoin effectivement, parce qu'il faut savoir de
quoi on parle avant d'orienter notre action. C'est un point de départ
pour une orientation d'une action et sur quoi va reposer cette action. J'aurais
aimé avoir davantage d'éléments qui me permettent de
savoir exactement, honnêtement, où s'orientera cette action et les
conséquences sur l'ensemble des gens de la population régionale
et sous-régionale.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez
terminé, madame?
Mme Vermette: Pour l'essentiel du message, oui. Je vois les
problèmes qu'on touche. Il y a des problèmes
d'équipements, en régions, qu'on a souvent relevés. Je me
suis aperçue souvent, quand j'étais étudiante - on avait
des histoires de cas - ce qui faisait le chantage ou les pressions. Je n'aime
pas le mot "chantage", mais disons certaines pressions qui étaient
exercées par certains spécialistes pour aller pratiquer dans
certaines régions. Cela faisait partie du marchandage. On disait, pour
aller pratiquer dans une région donnée: II nous faut tel ou tel
appareil. Si on n'a pas cet appareil, pour nous, il est impensable d'aller
travailler dans ces régions-là. Plus d'une fois c'est
arrivé où, quelques fois, on a répondu è ces
exigences et les personnes, très souvent, une fois rendues sur place, ne
restaient pas, pour des raisons personnelles, parce que ce n'était pas
toujours le professionnel en tant que tel... Ce professionnel avait une
famille, une femme, et très souvent ne pouvait pas s'habituer à
vivre en régions éloignées. On peut parler des raisons
incitatives d'ordre économique tant qu'on veut. Il y a d'autres raisons
majeures. Ce n'est pas si facile que cela de trouver des raisons incitatives,
j'en conviens. C'est aussi un volet qu'il faut regarder, sur lequel il faut
s'attarder. Je pense qu'on ne peut pas imposer aux gens de partir en
régions donner du temps parce que c'est une question
d'équité envers la société. Ces gens-là
aussi vivent des problèmes personnels et familiaux. Très souvent
ce sont des jeunes qui doivent commencer à s'impliquer au niveau social
en même temps que familial. Je pense que c'est aussi une dimension
très importante qu'il ne faut pas laisser de côté; c'est
une question humanitaire à mon avis pour tous ces jeunes qui finissent
et qui veulent rendre service à la population. Ils sont prêts
à donner du temps à la population dans le sens d'une mission
sociale, mais il faut aussi prendre en considération les
problèmes qu'ils doivent vivre en tant qu'êtres humains. On
pourrait en parler et en parler. Avant tout, quand on s'attaque aux
problèmes de la réforme des effectifs médicaux, je pense
qu'on fait appel à un état d'esprit. Un état d'esprit cela
se prépare, cela ne s'impose pas.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la
députée. Est-ce que du côté ministériel il y
a des remarques?
Une voix: Ça va bien.
M. Baril: J'en ai mais en temps et lieu.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres remarques du côté de l'Opposition?
M. Rochefort: Compte tenu de l'heure et avant qu'on aborde la
motion dont je vous ai donné un préavis tantôt, je pourrais
peut-être adresser à la ministre deux ou trois questions. Je ne
sais pas si elle est en mesure de les recevoir?
Une voix: Votre temps de parole est épuisé.
Le Président (M. Bélanger): C'est vrai. Vos vingt
minutes sont épuisées.
M. Rochefort: En effet mais je demande le consentement de la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non. On poursuit. Le Président (M.
Bélanger): On poursuit.
Motion proposant de tenir des
consultations particulières avec un groupe
d'intervenants
M. Rochefort: Pas de problèmes. Comme je vous l'ai dit
avant que je ne termine mon intervention préliminaire au cours de
laquelle j'ai eu l'occasion de situer à nouveau la position de ma
formation politique, j'aurais une motion à déposer pour
considération par les membres de la commission et qui se lirait comme
suit: Que la commission tienne, avant d'entreprendre l'étude
détaillée du projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende: la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec, la Fédération
des médecins spécialistes du Québec, la
Fédération des médecins résidents et internes du
Québec, la Fédération des centres locaux de services
communautaires, la Conférence des conseils régionaux de la
santé et des services sociaux, l'Association des centres d'accueil du
Québec, l'Association des hôpitaux du Québec, l'Ordre des
dentistes du Québec, l'Association des dentistes du Québec, le Dr
Yves Bergevin et le Dr Jean Rochon.
Le Président (M. Bélanger): On peut avoir copie de
cet avis de motion? Est-ce que vous avez des commentaires
supplémentaires à ajouter sur votre avis de motion? Vous avez
droit à trente minutes pour la présenter ou l'expliquer.
M- Rochefort: Est-elle recevable, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Elle est recevable,
effectivement. En vertu de l'article 244, elle est tout à fait
recevable.
M. Rochefort: M. le Président, je souhaiterais qu'on
suspende nos travaux jusqu'après la période de questions pour
qu'une intervention de trente minutes n'en soit pas une de deux minutes
maintenant et de ving-huit après la reprise des travaux, pour des fins
de...
Mme Lavoie-Roux: ...qui seraient perdues.
M. Rochefort: Non, non.
Mme Lavoie-Roux: On va suspendre.
Le Président (M. Bélanger): On ajourne sine die.
Cependant, je vous prierais de rester a l'affût, car cet
après-midi deux hypothèses seront possibles. Après la
période de question, s'il y a avis du leader nous siégerons
à la présente commission. S'il n'y a pas cet avis, rappelez-vous
que nous siégerons à propos des crédits de la Condition
féminine. Mais, comme les travaux de la Chambre priment tout autre
travail, s'il y a avis du leader, nous siégerons à ce moment pour
étudier le présent projet de loi. D'accord?
(Suspension de la séance à 11 h 58)
(Reprise à 14 h 26)
Le Président (M. Bélanger): Mme la
Secrétaire, avons-nous maintenant quorum?
La Secrétaire: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire: Avec le consentement de la commission, il y
aurait peut-être Mme Pelchat qui remplacerait M. Joly (Fabre).
Le Président (M. Bélanger): A-t-on le consentement
pour que Mme Pelchat remplace M. Joly (Fabre)?
M. Rochefort: Je n'ai pas d'objection, évidemment. La
seule chose, c'est que je vous dis très sincèrement que, si
j'avais su qu'on essaierait d'obtenir des consentements pour faire des
changements pour les deux prochaines séances, je vous avoue
honnêtement que j'aurais eu des changements. Mais je pensais qu'on
fonctionnerait selon les règles. Si jamais cela devait être le cas
pour ce soir, j'imagine que le même consentement serait mutuel?
Le Président (M. Bélanger): Le même
consentement, à chaque fois. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Pourvu que vous ne nous donniez pas un
ordre.
M. Rochefort: Non, mais compte tenu qu'on donne notre
consentement cette fois-ci, cela vaudrait aussi pour nous.
Mme Lavoie-Roux: Si ce n'est pas un ordre.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui. Il n'y a pas
deux poids, deux mesures. Alors, nous sommes d'accord. Mme la
députée de Vachon, nous vous souhaitons la bienvenue à nos
travaux.
Nous en étions à l'étude de la motion du
député de Gouin, qui se lisait comme suit et dont vous avez le
libellé devant vous: "Que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 75, Loi modifiant la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, des consultations
particulières quant à tous tes articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende: la Corporation professionnelle des
médecins du Québec, la Fédération des
médecins omnipraticiens du Québec, la Fédération
des médecins spécialistes du Québec, la
Fédération des médecins résidents et internes du
Québec, la Fédération des centres locaux de services
communautaires, la Conférence des conseils régionaux de la
santé et des services sociaux, l'Association des centres d'accueil du
Québec, l'Association des hôpitaux du Québec, l'Ordre des
dentistes du Québec, l'Association des dentistes du Québec, le
docteur Yves Bergevin et le docteur Jean Rochon.
Sur la motion, M. le député de Gauin, vous qui l'avez
déposée, vous avez 30 minutes pour nous la présenter.
Une voix: Pour nous la vendre. Une voix: C'est un projet
d'été. M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: M. le Président, à entendre toutes
les remarques, j'ai l'impression qu'on va avoir droit à un bon
débat où on pourra appliquer la règle de l'alternance
parce qu'il y aura certainement des membres de la majorité
ministérielle qui souhaiteront se faire entendre.
M. le Président, j'ai déposé la motion que vous
venez de lire, d'une part, pour permettre à la ministre de corriger une
erreur dans la façon qu'elle a retenue pour procéder dans le
cadre du projet de loi 75 qui, on le sait, a été
déposé sans que personne, mais absolument personne, ne soit au
courant qu'un tel projet de loi s'en venait et deuxièmement, sans que
personne n'ait été consulté d'aucune façon sur le
contenu d'une ou des dispositions du projet de loi 75.
M. le Président, nous considérons que
ce n'est pas la façon de procéder dans ces dossiers, qui a
été retenue, jusqu'à ce jour, par les ministres
libéraux, unionistes, tout comme les péquistes qui se sont
succédé à la tête du réseau de la
santé et des services sociaux au Québec depuis la mise en place
du Régime d'assurance-maladie du Québec. Deuxièmement, M.
le Président, cette façon de faire, cette façon de
procéder ne correspond pas du tout, mais d'aucune façon, à
l'ensemble des plaidoyers que faisait, alors qu'elle était assise de ce
côté-ci, la ministre de la Santé et des Services sociaux au
cours des neuf dernières années et demie pendant lesquelles elle
a occupé des fonctions de critique de sa formation politique en
matière, comme on appelait cela à l'époque, d'affaires
sociales et aussi lorsqu'elle a assumé ces responsabilités
importantes qu'aujourd'hui vous assumez comme président de la commission
des affaires sociales de l'Assemblée nationale du Québec.
M. le Président, nous considérons qu'on ne peut assumer
les responsabilités de ministre de la Santé et des Services
sociaux et les assumer de façon responsable si on traite de façon
aussi cavalière, de façon aussi irrespectueuse l'ensemble de ceux
et de celles à qui, en même temps, on demande à chaque jour
confiance, collaboration, participation, positivisme dans le cadre des
responsabilités qui sont celles de la ministre, mais pour lesquelles
elle doit compter sur une participation positive de la part de l'ensemble de
ceux et de celles qui font chaque jour la santé et les services sociaux
au Québec. On ne peut assumer ses responsabilités de ministre si
on ne permet pas à ces gens d'assumer leur rôle chaque jour de
façon positive et de façon constructive.
On a vu tout le débat qui a entouré le dépôt
de ce projet de loi et ses premières discussions, combien cette
façon de faire a irrité, a "antagonise" la profession
médicale et les autres intervenants. Je pense qu'il faut donner la
possibilité aux intervenants de venir ici même en commission
parlementaire, non pas dans un bureau de député ou de ministre,
derrière des portes closes, venir dire en privé, à huis
clos, ce qu'on pense des lois ou amorcer une négociation d'amendements
possibles ou de compléments possibles qu'on pourrait ajouter à un
projet de loi.
Mais, M. le Président, ce sont là des étapes qui
auraient pu être franchies avant le dépôt du projet de loi,
avant la prise de décision du Conseil des ministres qui a mené au
dépôt de ces projets de loi. Ce sont des discussions qui auraient
pu avoir lieu, qui auraient dû avoir lieu entre la ministre de la
Santé et des Services sociaux et l'ensemble de ces intervenants.
Mais, une fois qu'un projet de loi est déposé pour
discussion et adoption par l'Assemblée nationale du Québec, on ne
doit plus se limiter à des discussions dans des bureaux aux portes
closes, à huis clos, en privé autour des projets de loi; on doit
permettre à ceux et celles qui devront vivre, qui devront appliquer, qui
devront travailler à l'intérieur des cadres fixés par un
tel projet de loi de venir ici même dans le salon de l'Assemblée
nationale. Comprenons-nous bien, c'est là que l'ensemble des
députés concernés par ces questions, qui sont membres de
la commission des affaires sociales, pourraient non seulement entendre
l'ensemble des représentations que chacun de ces groupes pourrait faire
eu égard aux questions soulevées par le projet de loi 75, mais
aussi que l'ensemble des membres de la commission, la ministre comme tous les
autres membres de la commission, pourraient confronter positivement dans un
cadre constructif leurs opinions, leurs visions, leurs orientations et
éventuellement leurs projets de décisions aux opinions, aux
commentaires et au vécu quotidien de l'ensemble de ceux et de celles
qui, je le répète, font à chaque jour que la santé
et les services sociaux au Québec sont ce qu'ils sont.
M. le Président, je pense qu'on ne peut, d'une part, dire
à des groupes: Faites un bon travail, assurez-vous que le climat est
positif, faites en sorte que la santé soit de très grande
qualité partout au Québec, que les services sociaux soient en
nombre suffisant pour permettre aux citoyens qui ont des besoins précis
de bien satisfaire leurs besoins en ces matières et en même temps
leur dire: Vous savez, on va vous traiter cavalièrement, on va vous
refuser le droit de vous faire entendre, on va vous refuser le droit de venir
participer à la définition d'orientations politiques qui, chaque
jour par la suite, viendront orienter votre travail, la façon d'assumer
votre travail et le cadre à l'intérieur duquel vous devrez
assumer votre travail pour lequel je reviendrai vous demander de travailler
positivement et dans une collaboration pleine et entière, dans un climat
de confiance totale à l'endroit de la ministre de la Santé et des
Services sociaux.
Je pense que les gens qui sont compris dans la motion que j'ai
présentée doivent pouvoir se présenter ici en commission
parlementaire et rencontrer non seulement la ministre, mais l'ensemble des
membres de la commission pour nous sensibiliser au vécu quotidien qu'ils
observent chaque jour dans les responsabilités professionnelles
très importantes qu'ils assument et pouvoir aussi permettre à la
ministre non seulement de corriger l'erreur qu'elle a commise en
procédant de façon aussi cavalière, mais aussi, M. le
Président, d'assumer ses convictions.
La ministre nous dit: Je suis convaincue que le contenu du projet de loi
est bon, qu'il s'agit là d'une loi dont le Québec a besoin, dont
moi j'ai besoin comme ministre de la
Santé et des Services sociaux pour atteindre certains objectifs
qui sont partagés par tout le monde. Si la ministre est vraiment
convaincue de ces choses, elle doit en être suffisamment convaincue pour
être prête à venir confronter ses opinions à celles
des autres, de ceux et de celles qui vivront sous le joug de cette loi. Aussi,
faut-il permettre à la ministre soit de voir ses orientations
confirmées par les gens qui évoluent sur le terrain ou permettre
à ces gens travaillant sur le terrain, dans le quotidien, de venir
préciser des choses, de venir compléter les orientations de la
ministre et, à l'occasion, de venir corriger des processus que mettrait
en place un projet de loi è partir d'une vision un peu trop
éloignée de la réalité concrète, celle que
connaît le réseau de la santé et des services sociaux eu
égard aux questions qui sont ici soulevées.
Deuxièmement, vous noterez dans la motion que j'ai
présentée, il y a la Corporation professionnelle des
médecins du Québec. Celle-ci, faut-il le souligner, contrairement
aux croyances populaires et à ce qu'on voudrait tenter de laisser croire
dans certains milieux, n'est pas un syndicat de professionnels de la
santé, mais a une responsabilité légale que lui a
donnée l'Assemblée nationale du Québec pour officier dans
le cadre d'une meilleure protection des intérêts du public, dans
le cadre des services médicaux qui sont dispensés à la
population québécoise. Cette corporation devrait venir
puisqu'elle est là pour défendre les intérêts du
public dans le cadre des services de santé et, particulièrement,
des services médicaux qui sont dispensés au Québec. Elle
devrait donc pouvoir venir assumer au grand jour cette
responsabilité.
Troisièmement, oui, il y a des syndicats de médecins
omnipraticiens, de spécialistes, de résidents et internes qui
devraient venir nous le dire, parce qu'en même temps ce sont eux qui,
chaque jour, dispensent les services médicaux dont les
Québécois et les Québécoises ont besoin et dont ils
se disent satisfaits pour l'essentiel. Il y a aussi des organismes importants;
la Fédération des centres locaux de services communautaires qui,
je l'ai dit dans mon discours, sont inquiets et remplis de certaines
appréhensions quant à l'utilisation qui pourrait être faite
de certaines dispositions du projet de loi telles qu'on les connaît
actuellement, quant à des budgets qu'on serait prêt au
ministère à consentir ou non aux centres locaux de services
communautaires en milieu urbain pour des services médicaux qu'ils
pourraient offrir ou ne pas offrir.
Compte tenu de l'importance des déclarations ou des
réflexions que la ministre tient autour du rôle des CLSC,
particulièrement en milieu urbain, on ne peut exclure et on ne peut
demander à la fédération des CLSC d'exclure de ses
préoccupations les propos qu'a tenus le président du Conseil du
trésor quant au rôle des centres locaux de services
communautaires. Ils sont donc inquiets lorsqu'ils voient apparaître ce
projet de loi, toujours dans les formes et avec la façon de faire que
j'ai décrites tantôt, c'est-à-dire, où ils
l'apprennent parce qu'un jour quelqu'un décide de leur envoyer les
projets de loi qui ont déjà été
déposés à l'Assemblée nationale.
De la même façon, la Conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux pourrait nous
éclairer. Nous avons noté que l'appui qu'ils ont donné
à la ministre a été déformé par certains
députés au cours du débat en deuxième lecture
à l'Assemblée nationale. Je pense que la présence, ici,
parmi nous, de la Conférence des conseils régionaux de la
santé et des services sociaux permettrait à ses
représentants de préciser de façon très claire le
sens des appuis qu'ils sont venus donner au projet de loi. Je me permets de
rappeler qu'ils ont dit qu'ils appuyaient le projet de loi, eu égard aux
instruments additionnels qu'ils donnaient au gouvernement et aux intervenants
pour régler le problème des effectifs médicaux en
régions. En même temps, la même conférence des
conseils régionaux est venue dire qu'elle souhaitait que nous allions,
comme société, à la limite des mesures incitatives avant
de procéder aux mesures coercitives et qu'elle jugeait que,
jusqu'à maintenant, nous n'étions pas allés à la
limite des mesures incitatives avant d'en arriver aux mesures coercitives.
Quand des gens nous ont dit, en débat de deuxième lecture,
que la Conférence des conseils régionaux de la santé et
des services sociaux était venue donner un appui unanime et un appui
sans limite au projet de loi, je pense que sa présence ici même en
commission parlementaire lui permettrait au moins de rétablir les faits
et de bien faire saisir toute la portée réelle des propos qu'elle
a tenus dans le débat.
L'Association des centres d'accueil du Québec, qui est une
association importante, M. le Président - la ministre est allée,
justement la semaine dernière, participer à son congrès
annuel - est une association qui, elle aussi, n'avait pas entendu parler du
projet de loi avant qu'il soit déposé et qui vient jeter un
éclairage très particulier lorsqu'on discute avec elle du projet
de loi 75. Ces gens nous disent que, pour eux, ce sera beaucoup plus un
exercice bureaucratique qu'un exercice leur permettant d'obtenir plus de
médecins et des médecins dans des spécialités pour
lesquelles ils ont des besoins précis, notamment la gériatrie et
la gérontologie, dans leurs établissements. Ils n'ont eu aucune
garantie, ni même d'indication que la mise en place de tels
mécanismes leur permettrait de
profiter des services d'un plus grand nombre de professionnels de la
santé dans leurs établissements dans l'intérêt de
leurs bénéficiaires.
Quant à l'Association des hôpitaux du Québec,
deuxième et seul organisme panquébécois à
être venu appuyer le projet de loi de la ministre, la aussi, M. le
Président, des gens sont venus nous dire, au débat de
deuxième lecture, que cet organisme appuyait sans limite, dans sa
totalité, le projet de loi déposé par la ministre, alors
que l'Association des hôpitaux du Québec - c'est
considérable quand on regarde le projet de loi - s'oppose à ce
que ces plans soient adoptés ou modifiés par les conseils
régionaux de la santé et des services sociaux, puisque,
prétendent-ils, et, je pense, avec raison, les budgets ne proviennent
pas des conseils régionaux, mais du ministère de la Santé
et des Services sociaux. Or, c'est à ce niveau, au niveau de cette
instance, qu'ils souhaiteraient que les plans soient adoptés ou, selon
le cas, modifiés, de façon qu'on tienne véritablement
compte des budgets que l'État québécois sera prêt
à consentir pour permettre la mise en place, la réalisation de
ces plans d'effectifs.
Mêmes commentaires que pour les fédérations de
médecins tantôt et pour la Corporation professionnelle des
médecins quant à l'Ordre des dentistes du Québec et quant
à l'Association des dentistes du Québec, qui sont directement,
eux aussi, concernés par la mise en place éventuelle du projet de
loi 75 dans la forme qu'on lui connaît.
Je demande que nous invitions ici parmi nous le Dr Yves Bergevin qui,
dois-je le rappeler, est le haut fonctionnaire du ministère de la
Santé et des Services sociaux qui est responsable du dossier des
effectifs médicaux en régions. C'est un haut fonctionnaire qui
suit le dossier depuis un certain temps, qui a commis une étude
d'évaluation importante, intéressante et qui mérite
d'être connue par l'ensemble de ceux et celles qui se pencheront sur le
projet de loi. Elle nécessite sûrement que ce haut fonctionnaire
vienne nous expliquer le sens et la portée des recommandations qu'il a
faites dans son étude, datée de septembre dernier, dans laquelle,
d'ailleurs, il recommande que les mesures incitatives, telles que nous les
connaissons actuellement, soient maintenues, alors qu'on sait qu'il y a une
décision du Conseil des ministres qui dit de soumettre au Conseil du
trésor un plan de rationalisation de ces mesures incitatives. On sait
très bien, M. le Président, que rationalisation, au Conseil du
trésor, cela veut dire réduction et coupures. Je pense que ce
n'est pas trop demander que de demander au haut fonctionnaire
québécois responsable du dossier des effectifs médicaux en
régions de venir participer à nos travaux pour prendre peut-
être une heure ou deux avec l'ensemble des membres de la commission et
bien nous faire connaître l'ensemble des tenants et des aboutissants du
dossier tel qu'il est aujourd'hui, dans les faits, à partir des
nombreuses études, des nombreuses évaluations, de la progression,
de l'évolution que ce dossier a connue au cours des derniers mois.
Finalement, M. le Président, je demande par cette motion que nous
invitions le Dr Jean Rochon qui, on le sait, est président de la
commission d'enquête qui a été mise en place par le
gouvernement précédent et qui a été reconduite dans
ses travaux par le nouveau gouvernement élu le 2 décembre
dernier. On sait que ce président et l'ensemble de ses commissaires
viennent d'effectuer deux tournées dans toutes les régions du
Québec où ils ont pu observer, prendre connaissance
concrètement des positions, des attentes, des commentaires, des
critiques de l'ensemble des bénéficiaires du réseau de la
santé et des services sociaux par les organismes représentatifs
dont ils disposent, et aussi de ces même remarques, commentaires et
attentes de l'ensemble des intervenants, de ceux et de celles qui, chaque jour,
font, dispensent des services de santé et des services sociaux au
Québec. (14 h 45)
Je pense, M. le Président, qu'il serait intéressant que
nous puissions entendre le président de cette commission d'enquête
venir nous faire part de ses commentaires en tenant compte des consultations
qu'il a menées, mais aussi des études internes que la commission
a menées au cours des derniers mois. Je pense que ce serait là
une façon, non seulement pour la ministre, mais aussi pour les membres
de l'Assemblée nationale du Québec, de venir utiliser un
élément du mandat de la commission Rochon qui permet au
gouvernement, à l'occasion, de demander des éclairages sur des
projets qui sont en cours, pour lesquels des décisions sont prises,
avant que le rapport final de la commission soit déposé au
gouvernement du Québec.
Qu'il s'agisse de la question des effectifs médicaux en
régions ou de la question du contrôle de l'exercice de la pratique
de la médecine au Québec, voilà deux questions qui seront
sûrement prises en considération de façon importante par
les commissaires de la commission Rochon dans le cadre des travaux qu'ils
mènent actuellement.
Je pense que, si on veut leur permettre de nous faire connaître,
aujourd'hui, tout ce qu'ils ont accumulé comme réflexions, comme
pistes de solutions éventuelles, il faut aussi permettre à ces
représentants, au moins au président de la commission, de se
retrouver parmi nous pendant quelques minutes pour lui permettre de venir
nous
donner un éclairage additionnel sur le projet de loi qui est
à l'étude et sur l'ensemble des autres décisions qu'a
prises et qu'a annoncées le gouvernement jusqu'à ce jour dans le
dossier - je le répète - des effectifs médicaux en
régions comme dans le dossier du contrôle de la pratique de la
médecine au Québec.
M. le Président, je me permettrai d'ajouter un
élément additionnel au débat entourant la motion qui est
présentement à l'étude. C'est aussi un appel que je fais
aux députés de la majorité ministérielle, de
même qu'à la ministre de la Santé et des Services sociaux
pour venir donner suite à la lettre, mais particulièrement
à l'esprit d'un engagement électoral pris par le premier ministre
actuel, alors chef de l'Opposition, le 11 novembre 1985.
Dans une lettre qu'il transmettait à la présidente de
l'Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec, eu
égard à un sujet que nous avons eu l'occasion de discuter
vendredi à l'Assemblée nationale, qui est le règlement sur
l'organisation des établissements de santé, on se rappellera les
engagements spécifiques pris par le premier ministre à
l'égard de cette question. Le premier ministre concluait cette lettre -
je le répète, datée du 11 novembre 1985, donc en plein
coeur de la campagne électorale -en disant: Notre parti a
déjà indiqué qu'il fera du dossier de la qualité
des soins de santé au Québec l'une de ses priorités. Donc,
il réitérait déjà là un engagement
électoral. Il nous disait: Pour atteindre l'objectif d'excellence qui
s'impose - je le répète pour atteindre l'objectif d'excellence
qui s'impose - il faudra qu'il se dégage un consensus entre les parties
afin de préserver et d'accroître la qualité des services
offerts à la population.
Or, déjà, le chef de votre formation politique, en pleine
campagne électorale, disait que, quant à lui, la façon de
faire en sorte que les services de santé et les services sociaux au
Québec et leur qualité soient une priorité pour son
gouvernement, ce serait de travailler par consensus, par association, par
implication des parties, pour être bien certain - et je reprends ses mots
-"de préserver et d'accroître la qualité des services
offerts à la population".
Or, dans le dossier qui nous occupe actuellement, c'est l'absence totale
de commission parlementaire, de consultation subséquente au
dépôt du projet de loi, comme de consultation préalable au
dépôt et à l'élaboration des projets de loi
concernés de même que des décisions qui ont
été prises par le Conseil des ministres le 23 avril dernier dans
le dossier des effectifs médicaux en régions comme dans le
dossier du contrôle de la pratique médicale au Québec. Or,
le premier ministre lui-même, au cours de la campagne électorale,
exactement 31 jours avant la prestation de serment de ses ministres et de
lui-même comme premier ministre du Québec pour diriger le
Québec, disait que le moyen qu'il privilégiait pour atteindre,
pour préserver et pour accroître cette qualité des services
de santé et des services sociaux offerts à la population serait
de fonctionner par consensus. Il faudrait fonctionner par consultation, par
association de l'ensemble des intervenants.
La motion qui est aujourd'hui déposée a pour but de
permettre - puisque cela aurait dû être fait bien avant que nous
nous rendions à l'étape actuelle - de donner suite en partie
à un engagement électoral du premier ministre,
député de Saint-Laurent, qui avait pris cet engagement le 11
novembre 1985. Je pense que, oui, il avait raison à ce moment de dire
que la façon de préserver et d'accroître la qualité
des services de santé se ferait par des consensus. Mais dans le dossier
qui nous occupe, les consensus se font une fois les décisions prises, si
on comprend bien, parce que, une fois tout le processus complété,
on nous dit: On va convoquer une table de concertation pour essayer de
s'entendre autour des décisions qui sont déjà prises.
Je répète: L'objectif de la motion est de venir corriger
une erreur grave posée par la ministre dans la façon de faire
entourant les dossiers qui nous concernent, qui nous occupent actuellement.
Deuxièmement elle a pour but, aussi, de marquer de la
considération, de récréer un climat de confiance
auprès des intervenants à l'endroit du gouvernement et de
l'Assemblée nationale pour leur permettre de bien jouer leur rôle.
Troisièmement, elle veut permettre à ceux et à celles qui,
chaque jour, au Québec et dans toutes les régions du
Québec, dispensent des services de santé et des services sociaux
de nous assurer que les mesures que nous prenons sont les bonnes et
constitueront au bout de la course un plus et non un moins dans la solution des
problèmes auxquels nous faisons face comme société. Elle
veut permettre aussi à un expert, probablement au plus grand expert que
la ministre de la Santé et des Services sociaux possède en
matière des effectifs en régions, M. Yves Bergevin, de venir
compléter la connaissance qu'ont les parlementaires du dossier pour
lequel ils ont été réunis et permettre à M. Jean
Rochon, qui est le président de la commission d'enquête sur la
santé et les services sociaux, de venir, lui aussi, par sa contribution,
ajouter aux connaissances que nous avons du dossier. Mais aussi, l'objectif de
la motion est de permettre, pour une fois, aux députés
libéraux de laisser leur chef prétendre qu'il aura rempli cet
engagement électoral de maintenir, de préserver et
d'accroître les services et la qualité des services de
santé et des services
sociaux offerts à la population par des mécanismes de
consultation plutôt que par la coercition. Je pense que la motion qui est
présentée aujourd'hui, si elle était adoptée,
permettrait aux députés libéraux de rencontrer tous ces
objectifs, de même qu'aux députés de l'Opposition.
Je veux donner toutes les garanties qui s'imposent à l'ensemble
des membres de la commission que, quant à nous, le déroulement de
cette consultation particulière se tiendrait de façon à
permettre au gouvernement, une fois cette consultation faite, de faire franchir
au projet de loi 75 les étapes nécessaires pour lui permettre
d'être adopté dans les délais requis. Il est évident
que, si la ministre avait répondu positivement à nos demandes
dès le jour où elle a déposé son projet de loi, ce
serait plus facile. Si elle avait répondu par l'affirmative dès
le jour où les groupes ont demandé aussi des commissions
parlementaires, ce serait plus facile de le faire.
Je répète que je suis convaincu que nous aurons la bonne
collaboration de l'ensemble des groupes pour que cela puisse se faire
rondement, dans les délais prescrits par notre règlement; et que
l'Opposition, par la voix de l'ensemble de ses membres, posera les gestes qu'il
faudra, donnera les consentements qui s'imposent pour que l'audition de ces
groupes fasse progresser le dossier de la loi 75 plutôt que d'être
utilisée - ce qui n'effleure absolument pas notre esprit - pour ralentir
les travaux. Bien au contraire, nous souhaitons le faire à
l'intérieur des délais impartis par le calendrier
réglementaire, par les règlements de notre Assemblée
nationale. Cela va permettre de faire les discussions à partir
d'éclairages soumis par ceux et celles qui connaissent les dossiers
vraiment et aussi permettre au gouvernement, si telle devait être sa
décision, de faire en sorte que le calendrier législatif qu'il
s'est fixé dans le cadre de ses projets de loi puisse être
respecté sans que, d'aucune façon, une telle décision
vienne faire en sorte que le projet de loi soit automatiquement, pour des
raisons de calendrier, de temps, reporté à l'automne. Au
contraire.
Nous pensons, d'ailleurs, qu'à la suite d'une telle commission
parlementaire ces projets de loi seraient bonifiés et
réussiraient donc à obtenir un accord sûrement plus grand
de la part des membres de l'Opposition, en tenant compte non seulement des
amendements qui ont déjà été annoncés, mais
des amendements que, de toute évidence, le gouvernement et l'ensemble
des membres de cette commission apporteraient au projet de loi à partir
de l'éclairage d'un groupe de personnes aussi connaissantes et
éminentes dans les dossiers qui nous occupent.
M. le Président, je fais appel je le répète
à l'ensemble des députés de la majorité
ministérielle et, particulièrement, à la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Il est important, pour qu'elle remplisse
de façon positive, efficace, satisfaisante pour l'ensemble des
Québécois et des Québécoises son mandat comme
ministre de la Santé et des Services sociaux au cours des quatre
prochaines années, qu'elle corrige l'impression et la perception qui se
dégage de sa façon de faire dans le dossier qui nous occupe,
c'est-à-dire le projet de loi 75 et la décision 86-64 du Conseil
des ministres, de façon que les groupes sentent qu'il ne s'agit
là que d'une erreur de parcours, qu'au fond elle ne recommencera plus et
qu'elle associera à l'avenir tous ceux et toutes celles qui ont des
choses à dire parce qu'ils font des choses au niveau de la dispensation
des services de santé et des services sociaux au Québec. En
conséquence, elle pourra, par la suite, et de façon solide, de
façon soutenue, de façon intense, compter sur la collaboration,
sur la participation, sur la confiance, sur une contribution positive, chaque
jour, de l'ensemble de ceux et de celles qui dispensent les services de
santé et les services sociaux au Québec. Cela, non pas pour
améliorer la cote du gouvernement libéral ou améliorer la
cote d'une autre formation politique, M. le Président, mais pour faire
en sorte que les bénéficiaires et la population du Québec
jouissent d'une santé qui est toujours, et plus qu'avant, de plus grande
qualité.
Je pense que c'est par des gestes comme ceux-là, M. le
Président, qu'on fait en sorte que ceux et celles à qui on
demande beaucoup par la suite le font dans un esprit positif et dans un esprit
de franche et soutenue collaboration, de façon que la ministre, comme
première responsable du dossier de la santé et des services
sociaux au Québec, puisse pleinement et de façon positive assumer
ses responsabilités.
Or donc, M. le Président, c'est une motion importante à
laquelle nous accordons beaucoup d'importance puisque, je vous le rapelle,
dès le jour où la ministre a déposé son projet de
loi, j'ai demandé une telle consultation. Je le lui ai redemandée
à l'Assemblée nationale à quelques reprises. Nous avons
même tenu une séance de travail de notre commission pour nous
permettre de décider de le faire. Mais, jusqu'à maintenant, non
seulement la ministre a-t-elle commis un impair majeur, mais la ministre, comme
l'ensemble des collègues de la majorité ministérielle, a
renchéri sur la même erreur et refusé toute consultation
officielle, publique, ouverte dans une salle, pas à huis clos, pas
derrière des portes closes, en privé, faisant en sorte de priver
l'ensemble de ceux et de celles qui auront à prendre des
décisions.
Faut-il le rappeler, M. le Président, les décisions qui se
prennent ici, ce ne sont pas les ministres qui les prennent, ce sont les
membres de l'Assemblée nationale? Je pense qu'il faut leur permettre de
connaître, au moins, autant d'éléments d'information pour
prendre leurs décisions que ce que les ministres ont peut-être
réussi à obtenir lors de conversations privées qu'ils ont
eues. Je répète que, dans le cas qui nous occupe, ils n'ont eu
aucune conversation privée avant le dépôt du projet de loi.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. Mme la
ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais être
très brève afin de laisser parler les membres de l'Opposition
qui, de toute évidence, ont l'intention d'utiliser tout leur temps de
parole - ce qui est leur droit, d'ailleurs - sur une motion qui, dans le cas
qui nous préoccupe, ne me semble pas essentielle.
Je voudrais simplement rappeler, M. le Président, qu'il y a eu de
nombreuses consultations sur la nécessité de faire des plans
d'effectifs médicaux. La loi 27 établissait le principe de la
nécessité de faire des plans d'effectifs médicaux en ce
qui touche les établissements. La loi 75 reprend le même principe,
mais vient opérationnaliser ce principe sur lequel l'ensemble de
l'Assemblée nationale avait voté d'une façon unanime. Des
auditions ont eu lieu au moment de la loi 27. Au moment de la commission
parlementaire sur la réglementation de la loi 27, cette question n'a pas
été reprise comme un problème, ce principe n'a pas
été remis en cause et, finalement, en mai 1985, nous avons tenu
une commission parlementaire sur la planification des effectifs médicaux
d'une façon générale, mais particulièrement en
régions éloignées où tous les
intéressés dont le député de Gouin nous parle ont
eu l'occasion de se faire entendre. (15 heures)
À ce moment-là, M. le Président, je pense que tout
le monde reconnaissait la nécessité de faire des plans
d'effectifs régionaux et sous-régionaux afin de permettre que ces
plans d'effectifs médicaux qui étaient prévus pour les
établissements deviennent vraiment fonctionnels. Comme nous l'avons dit
ce matin, ce sont des plans d'effectifs médicaux qui ne reposent sur
rien parce que le gouvernement antérieur n'a jamais, même avec la
réglementation, établi des balises ou des paramètres selon
lesquels les établissements fixeraient leur plan d'établissement.
Il y avait également une approbation qui devait être obtenue des
conseils régionaux, mais qui, à toutes fins utiles, devenait
inapplicable puisqu'ils pouvaient les recevoir, mais ne pouvaient les
modifier.
M. le Président, le projet de loi 75 ne touche pas au principe
que nous avons discuté à maintes reprises. Il s'agit uniquement
de l'opérationnaliser. Encore une fois, le député peut
dire qu'il faut le faire sans coercition, etc. Je répète qu'il
n'y a aucune coercition dans le projet de loi 75 en ce qui a trait au plan de
rationalisation des effectifs médicaux sur l'ensemble du territoire
québécois.
Le député de Gouin essaie de minimiser l'appui qui nous a
été donné par les conseils régionaux. Il dit qu'il
faudrait bien les entendre. J'ai devant moi un document des conseils
régionaux concernant l'appui qu'ils nous ont donné. C'est un
appui absolument inconditionnel qui se lit comme suit - je ne lirai pas les
trois pages, je ne veux surtout pas occuper beaucoup de temps - "La
décision de la ministre de la Santé et des Services sociaux de
modifier les lois actuelles pour les rendre plus opérationnelles - et ce
n'est pas moi qui leur ai dicté les mots - par le projet de loi 74 et le
projet de loi 75, répond aux attentes et aux objectifs de la
conférence des conseils régionaux du Québec. Le projet de
loi 75 modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux contient les modifications suivantes: il ajoute à celle des
hôpitaux l'obligation des CLSC et des centres d'accueil" qui, soit dit en
passant, au moment de la commission parlementaire sur les effectifs
médicaux le printemps dernier étaient venus dire qu'eux voulaient
être impliqués dans les plans d'établissement et qu'il
était important d'établir des plans d'effectifs régionaux
et sous-régionaux, ce qui avait été confirmé,
à ce moment-la, par la Corporation des médecins du Québec
qui se prononçait en faveur de plans d'effectifs médicaux
régionaux et sous-régionaux. Je pense que tout le monde à
la commission en avait reconnu la nécessité. Il faut bien se
rappeler que le projet de loi 75, en soi, ce qu'il prévoit, ce sont des
plans d'effectifs médicaux régionaux et sous-régionaux,
plus ce que je considère comme une deuxième partie,
c'est-à-dire la question du préavis, mais qui ne touche pas ceci.
C'est sur cela que le député en a. J'ai reçu une autre
position de la Fédération des établissements de
l'Abitibi-Témiscamingue qui vient m'appuyer aussi. Ce sont les
établissements. Nous avons reçu le même appui de
l'Association des hôpitaux du Québec. Les centres d'accueil nous
ont dit qu'ils ne voyaient pas la nécessité d'une commission
parlementaire. Il est vrai que les fédérations en ont
demandé une. Elles ont aussi demandé à me rencontrer,
ainsi que le ministre de l'Éducation, ce que nous avons fait. Je les
ai
rencontrées durant deux heures et demie. Nous avons correspondu.
Je leur ai fait part de la façon dont je recevais leur demande. Nous
avons reçu la Corporation des médecins du Québec. Le
député a raison de dire qu'il ne faut pas confondre cette
corporation avec un syndicat ou une association pour la défense des
membres. Elle a des responsabilités particulières eu égard
à la pratique de la médecine sur le territoire. Ses membres nous
ont fait part de leurs réticences.
M. le Président, on tient une commission parlementaire quand
entrent en ligne de compte des principes nouveaux. Dans le cas de l'objectif
principal du projet de loi 75, qui est celui d'établir des plans
d'effectifs médicaux régionaux et sous-régionaux, il n'y a
pas de principes nouveaux, il y a simplement une opérationnalisation
d'un principe qui avait été discuté à plusieurs
reprises et autour duquel les gens faisaient consensus. Le député
nous parle de concertation. Justement, M. le Président, j'ai eu
l'occasion de l'indiquer ce matin, je pense que c'est exact que la concertation
demeure l'élément le plus important pour venir à
opérationnaliser et définir ces paramètres et ces balises
qui devraient être le fondement de la réglementation. Toute
réglementation devrait être discutée avec eux. Ils sont
invités à cette table de concertation dont la première
rencontre aura lieu le 18 juin.
M. le Président, on aura beau brandir de l'autre
côté tous les qualificatifs que l'on voudra. Je dois dire que,
pour une fois, le député de Gouin a été assez
raisonnable dans ses qualificatifs, comparativement à d'autres fois
où je l'ai entendu. Alors, je ne peux quand même pas lui en faire
reproche. Ce qui est important et ce que tout le monde nous demande, c'est:
Enfin, faites donc un pas significatif qui nous donne un outil qui nous aide
à mieux planifier la main-d'oeuvre médicale sur l'ensemble du
territoire du Québec! Cela répondrait, d'une part, au
désir de la population et, d'autre par, c'est une obligation pour le
gouvernement de voir à ce que l'ensemble de la population du
Québec reçoive des services équivalents, compte tenu des
différentes variables dont il faudra tenir compte dans
l'établissement du règlement dont nous parlerons au moment de
l'étude article par article.
M. le Président, je n'ai rien d'autre à ajouter et je suis
prête à écouter les interventions des trois autres
députés pendant 60 minutes, puisqu'ils ont 20 minutes chacun.
Le Président (M. Bélanger): Dix minutes.
M. Rochefort: Quatre autres.
Mme Lavoie-Roux: Où est le quatrième?
M. Rochefort: M. Chevrette va venir.
Mme Lavoie-Roux: On n'a pas encore accepté le
quatrième qui n'y était pas ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Tous les gens qui sont
ici sont membres de la commission.
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de 60 minutes, ce sera 80 minutes. C'est
votre droit, vous pouvez les utiliser et on va vous écouter. Mais encore
une fois, ce qui est important, c'est qu'enfin on prenne les décisions
qui s'imposent. Ce qui est assez étrange, c'est qu'un bon nombre de ceux
dont le député de Gouin a évoqué le
témoignage comme étant réticent à l'endroit du
projet du gouvernement sont des gens qui nous reprochent de ne pas aller assez
loin. C'est justement pourquoi nous n'avons pas voulu aller plus loin. Nous
pensons qu'il faut d'abord mettre un outil en place, appeler la concertation
autour de cet outil et autour de l'application qu'on pourra en faire tous
ensemble. Ce sont là les deux volets qui seront en place et qui
normalement devraient faire progresser les choses, sans être
obligé d'aller dans les prédictions apocalyptiques dont
l'Opposition nous parle de temps à autre. Alors, merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Je veux rappeler que le temps de parole lors du dépôt d'une motion
est de 30 minutes pour celui qui dépose la motion et que la tradition
veut que le ministre ou la ministre ait 30 minutes de réponse, mais tous
les autres intervenants ont 10 minutes. C'est sur une motion de fond.
M. Rochefort: M. le Président, par les propos tenus par la
ministre, on croyait qu'il y avait consentement de sa part pour permettre 20
minutes à chacun...
Mme Juneau: D'avoir 20 minutes. M. Rochefort: ...des
membres.
Le Président (M. Bélanger): Non, il n'y a pas eu
consentement ni de la ministre ni de personne et je vous rappelle que c'est un
droit de parole de 10 minutes.
Mme Juneau: La ministre nous a invités à parler
pendant 20 minutes.
M. Gauthier: M. le Président, j'aimerais avoir une
information, j'ai une demande de directive. Si quelqu'un croit bon d'apporter
un sous-amendement à une motion, il a droit à combien de
minutes?
Le Président (M. Bélanger): II devient l'auteur
d'une motion nouvelle dont on jugera de la recevabilité; auquel cas, les
mêmes règles de pratique s'imposent.
M. Gauthier: Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): À ce stade-ci,
je reconnais Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Madame m'avait dit qu'elle avait donné son
nom...
Le Président (M. Bélanger): C'est l'ordre de...
Mme Juneau: ...avant moi. Je ne vaudrais pas utiliser son temps
de parole.
Une voix: Chicanez-vous pas!
Mme Vermette: On ne se chicanera pas.
Le Président (M. Bélanger): Vous ne lui
enlèverez rien, madame. Elle l'aura tout de suite après, je vous
le garantis.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Cela va, M. le Président. Si vous êtes
d'accord, je vais commencer mon intervention. Si mon collègue, le
député de Gouin, a apporté cette motion aux fins
d'entendre différentes corporations, fédérations,
conférences ou associations, l'ordre des dentistes ou des
médecins en particulier, c'est qu'éventuellement, comme critique
en matière de santé et de services sociaux, il a jugé
très important que nous puissions, nous les membres de la commission
parlementaire des affaires sociales, avoir le privilège d'écouter
des gens qui sont très impliqués dans le milieu et qui vivent des
situations que le projet de loi qu'on est en train d'étudier pourrait
peut-être changer, comme leur milieu de vie ou l'endroit où
exercer leur profession. C'est important non seulement pour les principaux
intervenants du milieu, mais aussi pour les gens du gouvernement qui sont en
voie de faire adopter un projet de loi qui implique ces personnes dont mon
collègue de Gouin fait mention dans sa motion.
Je pense que la ministre, tout autant que tous les autres ministres du
gouvernement, aurait intérêt à accepter des consultations
avec des gens qui sont fortement impliqués dans le projet de loi qu'on a
déposé à l'Assemblée nationale.
Ce n'est pas la première fois qu'en commission parlementaire on
exige des ministres concernés le privilège d'avoir en audiences
publiques des personnes fortement intéressées au projet de loi
que l'on discute. Malheureusement, il nous semble que, depuis que le Parti
libéral a pris le pouvoir, c'est très difficile pour ces gens du
gouvernement de permettre que des commissions parlementaires soient tenues en
vue de recevoir ici des personnes intéressées, des personnes qui
pourraient grandement nous éclairer sur différents articles de la
loi.
La ministre, que je connais depuis un bon bout de temps, m'a surprise
d'une certaine façon parce que, lorsqu'elle était dans
l'Opposition, j'ai eu l'occasion, a plusieurs reprises, de l'entendre
débattre et exiger qu'on ait des commissions parlementaires pour
entendre des gens concernés par un projet de loi. Je trouve cela tout
à fait bien qu'on puisse recevoir, pas Pierre, Jean, Jacques, mais des
gens réellement concernés par le projet de loi en question, des
gens qui sont bien informés et qui, à notre point de vue,
pourraient aider la ministre à faire de ce projet de loi un projet de
loi qui sera beaucoup plus adéquat et qui pourra rendre les services
auxquels on s'attend à des populations éloignées.
Il ne faut jamais perdre de vue, dans tout projet de loi qu'on
étudie ici, à l'Assemblée nationale - et je reviens
souvent sur cette facette d'un projet de loi parce que, pour moi, cela occupe
une grande place - son côté humanitaire. Bien souvent, on
s'éloigne un peu de ce côté qui est extrêmement
important et, quand on parle d'humains, on parle de gens. On ne parle pas de
caisses enregistreuses, on ne parle pas de numéros, on parle de
personnes qui nécessitent une attention particulière. J'insiste
beaucoup auprès de la ministre pour qu'elle puisse accepter de recevoir
ces gens qui, du côté humain, pourraient nous donner des
renseignements très éclairants concernant les besoins que les
gens en régions éloignées ont comme ceux des centres
urbains.
J'habite une région qui, heureusement, est près des
centres urbains et qui est quand même bien représentée pour
les services sociaux, des services de santé. Quand je songe aux gens du
Grand-Nord, quand je songe aux gens de l'Abitibi, quand je songe à tous
ces gens éloignés qui n'ont pratiquement pas le service le plus
prioritaire, le plus humble, je pense qu'à ce moment-la on doit
redoubler d'efforts pour être capables d'apporter à ces
gens-là des services auxquels ils sont en droit de s'attendre.
À mon point de vue, lorsqu'on touche à une loi qui va
changer une situation - on n'en disconvient pas - qui doit être
réglée, cela doit être fait avec le plus d'éclairage
possible. Il faut que la ministre, lorsqu'elle ira en phase finale avec son
projet de loi, ait pu, elle aussi, avoir l'éclairage nécessaire
pour ne pas faire d'erreur, parce que je suis sûre que la ministre
comprend que ni elle, ni personne d'autre ici, en ce bas monde, ne
possède la vérité vraie sans pouvoir éventuellement
faire d'erreur en prenant des
décisions. (15 h 15)
C'est un choix politique que la ministre fait, mais elle devrait le
faire en toute connaissance de cause, c'est-à-dire en ayant la
possibilité de recevoir ces gens. Je pense que, si mon collègue
de Gouin a déposé cette liste de gens qui sont réellement
reliés au projet de loi, ce ne sont pas des discussions futiles que nous
aurions ici; au contraire, ce seraient des éclairages particuliers.
À mon point de vue - et c'est aussi celui de ma formation politique - il
serait extrêmement important qu'on puisse les recevoir, les uns
après les autres. Je pense que cela n'occasionnera pas des longueurs de
temps négatives. Bien au contraire, ce seront des gens qui pourront nous
aider à prendre des décisions éclairées.
La ministre est consciente qu'en ce qui concerne certains articles du
projet de loi elle aurait pu agir ou les présenter de façon
différente. Mais, si ces personnes pouvaient venir se faire entendre,
éventuellement, sur certaines choses où il y a eu des
tollés de protestation, je pense bien que la ministre pourrait
réécrire son projet de loi; cela s'est fait pour d'autres projets
de loi. Il n'y a rien de honteux, à mon point de vue, à dire
qu'il y a place à de l'amélioration. Nous sommes d'accord pour
évaluer ce qu'il s'est dit et ce qui nous a été permis
d'entendre à cette commission afin d'éclairer tous les membres de
la commission. À ce compte, la ministre pourrait facilement
réécrire son projet de loi, certains articles en tout cas, ce
qui, du côté humanitaire, rendrait un plus grand service que ce
qu'elle va faire avec le projet de loi existant. Ce sera pour le plus grand
bien des gens des régions éloignées.
Donc, j'invoque, auprès de la ministre, le besoin de rencontrer
ces différentes associations et fédérations dont mon
collègue a fait mention dans sa motion. J'espère bien qu'elle va,
après les interventions des membres de la commission de notre formation
politique, pouvoir fléchir son autorité pour recevoir ces gens
afin qu'ils puissent nous éclairer grandement pour que nous ayons un
projet de loi qui puisse combler beaucoup plus les besoins des régions
éloignées. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Madame. Est-ce que, du
côté ministériel, il y a un intervenant? Non? Alors,
madame.
M. Sirros: M. le Président, je voulais simplement faire
remarquer à la députée de Johnson que je trouve que le
progrès est fantastique depuis qu'on se connaît. Je constate
qu'elle a pu parler pendant dix minutes...
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Laurier, vous enfreignez le règle- ment. Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Juneau: C'est ce que j'allais dire, M. le
Président.
M. Sirros: Non. Ce n'est pas mesquin.
M. Rochefort: II enfreint le règlement et il est mesquin,
M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Mme la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je ne voudrais pas
entrer dans des débats de personnalité car on n'en finirait plus;
c'est toujours très long et très compliqué. De toute
façon, c'est une question de perception.
Voilà, nous sommes rendus à la motion que mon
collègue, le député de Gouin, a déposée ce
matin pour des consultations particulières avec différents
intervenants des services de santé et des services sociaux.
Mme la ministre, tantôt, disait que oui, des consultations avaient
été faites, que son rôle avait été bien
clair, quant à elle, en ce qui concerne les consultations et qu'elle ne
se sentait pas du tout laissée pour compte à ce niveau. Elle
avait pris tous les moyens nécessaires pour aller chercher les
informations qui lui permettaient d'aboutir à son projet de loi 75. Je
serais tentée de dire, surtout dans le milieu des affaires sociales, le
milieu que l'on connaît, où on essaie de plus en plus
d'établir une pensée réseau, que ce n'est pas en
consultant des gens d'une façon individuelle et sectorielle que nous
allons arriver à l'établir. Il est important, de plus en plus,
d'asseoir et de consulter ces gens autour d'une même table pour qu'enfin
on puisse vivre ensemble nos différences et en arriver à un point
de convergence.
J'aurais apprécié dans un débat aussi important que
celui que nous sommes en train de faire actuellement... En ce qui concerne les
effectifs médicaux, ce n'est pas facile. Préalablement, j'ai fait
ressortir que nous touchons a des prérogatives jalousement
gardées de la part des uns et des autres et qui, pour chacun, font
l'objet de discussions. C'est terriblement difficile d'arriver à une
pensée plus homogène qui permette d'atteindre les objectifs que
l'on se fixe.
Je pense, Mme la ministre, que votre intention était très
bien fondée au départ. Effectivement, on m'a souvent
reproché, en tant que toute nouvelle, de faire preuve de beaucoup
d'ingénuité. Lors de l'étude des crédits, j'ai vu
aussi à quel point, Mme la ministre, vous étiez confiante en un
changement des mentalités dans le milieu des
affaires sociales et de la santé. Si je n'ai pas l'avantage
d'être depuis .neuf ans à l'Assemblée nationale, j'ai eu -
l'avantage de travailler en milieu hospitalier et j'ai vu à quel point
les mentalités sont enracinées et qu'il est difficile de faire
avancer les gens dans le sens du changement. Vous aviez une occasion
extraordinaire de permettre à des gens de s'asseoir à une
même table et d'être confrontés sur des
éléments qui, pour chacune de ces différentes associations
ou fédérations, représentent des valeurs fondamentales qui
les empêchent très souvent d'arriver à déborder du
cadre pour lequel elles sont en place. Je pense que cela aurait
été plus que louable pour le projet de loi. Cela aurait permis
aussi d'aborder les effets que peut avoir cette loi qui tend à orienter
des médecins dans différentes régions
éloignées et même dans les sous-régions.
Je pense qu'on s'attaque à la pratique médicale
elle-même. Tantôt, Mme la ministre nous a dit qu'elle avait
rencontré les corporations professionnelles et les
fédérations, que tout cela avait été fait. Cela
aurait été intéressant qu'elle nous donne, au moins, un
résumé des discussions qu'elle a eues. Nous aurions pu être
doublement éclairés en sachant exactement comment tous ces gens
pouvaient entrevoir ces nouvelles orientations et dans quel esprit. Souvent,
dans un projet de loi, l'attitude des gens concernés dépend d'un
état d'esprit. C'est important de cerner dans quel état d'esprit
se trouvent ces gens qui sont appelés, justement, à mettre en
application une loi qui va changer profondément leur pratique, leur
gestion et comment tous ces gens réagissent face à cette loi en
tant qu'interdépendants les uns des autres. Finalement, il faut toujours
prendre le système de santé dans une relation
d'interdépendance. C'est comme un jeu de dominos, le système de
santé. Finalement, tout influe sur autre chose. C'est important,
justement parce qu'on est très conscients de cette
réalité, qu'on veuille à asseoir des gens à une
même table pour établir des consensus. C'est un rôle qui
sera de plus en plus dévolu à nos gouvernements parce que,
justement, c'est souvent difficile, pour des gens qui ont à
défendre des intérêts particuliers, de penser aux
intérêts de la majorité.
Je me dis qu'on aurait pu avoir ici, en commission, l'occasion de nous
éclairer davantage sur l'état d'esprit de ces gens, de nous faire
comprendre jusqu'à quel point ils sont prêts à mettre en
application cette nouvelle orientation et jusqu'à quel point ils sont
prêts à respecter les obligations qu'impose cette nouvelle
orientation quant aux effectifs médicaux. Je pense que cela aurait
été bien important, parce que, d'une part, il y a les
professionnels qui sont impliqués et, d'autre part, il y a tous les
gestionnaires des institutions qui sont impliqués. Il y a aussi les
principaux intéressés, qui sont, finalement, les
bénéficiaires, les gens qui doivent recevoir des soins. À
travers tout ça, il aurait pu sortir différentes variables qui
nous auraient permis de déceler une direction, justement, et quelles
étaient les possibilités de succès pour ce projet de
loi.
Il y a beaucoup de lois qui ont été mises de l'avant et
très souvent, quand on va vérifier jusqu'à quel point ces
projets de loi sont mis en application ou sont respectés, on
s'aperçoit que, si la phase de préparation avait
été davantage élaborée, si on avait pris davantage
de temps pour écouter, justement ces gens, pour travailler ensemble,
probablement cela aurait été beaucoup plus facile. Il aurait
été plus souhaitable pour l'ensemble des
bénéficiaires de permettre aux gens de s'exprimer sur ce qui doit
apporter des changements profonds quant à leur comportement et c'est une
priorité à côté de laquelle on ne peut passer.
Tantôt, on disait qu'il aurait été important
d'entendre le Dr Yves Bergevin qui est un haut fonctionnaire et qui
connaît très bien la situation quant aux effectifs médicaux
et quelle est la problématique dans son ensemble. Je pense que, pour
nous ici qui sommes des représentants, des élus du peuple, il est
important de recevoir le plus d'information possible pour, justement, arriver
à une efficacité quant aux décisions que nous avons
à prendre. Je pense que la meilleure façon d'être efficaces
est de recevoir les renseignements, les éclaircissements qui nous
favorisent quant à une prise de décision. II aurait
été aussi souhaitable d'entendre le Dr Jean Rochon qui
présentement fait une tournée dans toute la province.
Déjà, pour eux, certaines nouvelles orientations, certains
besoins pointent à l'horizon et leurs renseignements auraient pu
permettre, en tout cas, de voir si vraiment le projet de loi répondait
à un besoin profond et si le projet de loi tel qu'il nous est
présenté actuellement ne fait pas tout simplement que bonifier
une situation dont depuis longtemps tout le monde est au courant. Tout le monde
est déjà soumis à ces règlements. Parce que les
intérêts étaient tellement diversifiés et
différents, aujourd'hui on revient encore avec les mêmes projets
de loi où on encadre davantage les CRSSS avec un pouvoir beaucoup plus
mordant que celui qu'on avait antérieurement. Mais, toutefois, les gens
étaient déjà au courant de leurs obligations en ce qui
concerne, justement, les plans d'effectifs médicaux. Souvent, chacun
passait à côté, passait outre parce qu'il était
astreignant de faire un tel devoir.
Le Président (M. Bélanger): Nous reconnaissons
maintenant M. le député de Roberval.
M. Michel Gauthier
M. Gauthier: Merci, M. le Président. La motion qui est
devant nous pour fins de discussion est extrêmement intéressante
en ce sens qu'elle relève, je pense, du souci qu'a le
député de Gouin, porte-parole officiel en cette matière
pour notre formation politique, d'entendre avant d'accepter et de discuter, de
travailler un projet de loi comme celui qui est devant nous, toutes les
personnes qui sont, il faut bien le dire, des spécialistes, des gens qui
connaissent à fond la question dont on doit parler ici, davantage, je
dois le dire, que la plupart des parlementaires qui sont autour de cette table
et qui, malgré toute la bonne volonté du monde, malgré
leur désir profond de régler dans les régions un
problème qui est très grave, il faut bien le dire, ont quand
même besoin non seulement de l'éclairage de la ministre qui
probablement connaît bien son dossier, mais aussi de l'éclairage
de personnes un peu plus neutres, moins engagées sur le plan politique
et qui sont impliquées, par contre, quotidiennement dans la
résolution de ce problème de la répartition des effectifs
médicaux. (15 h 30)
M, le Président, je m'inquiète également de voir
que les collègues du parti ministériel ne sont pas plus loquaces
à ce sujet. En effet, je me serais attendu à autre chose de
collègues comme celui de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, par
exemple, qui, on le sait, vit des problèmes sérieux - je vois le
Dr Augustin Roy, que je salue en passant, sourire lorsque je dis cela - quand
on sait combien les gens de Rouyn-Noranda et de tout le secteur de l'Abitibi
souffrent d'une absence de ressources médicales complètes.
Il y a eu des choses de faites dans le passé. On sait que les
mesures incitatives ont donné dans cette région des
résultats fort intéressants. C'est pour cela que mon
collègue de Gouin aurait aimé qu'on puisse entendre les
fédérations professionnelles, tous ces gens qui connaissent le
dossier et également le député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue à ce sujet.
M. Leclerc: Est-ce que ça fait partie de votre motion?
M. Rochefort: Est-ce que le député de Taschereau
propose un amendement, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
un rappel à l'ordre, tout le monde! M. le député de
Taschereau, s'il vous plaît!
Mme Juneau: On discutera sa proposition tout à
l'heure.
Des voix: Ha! Ha!
Le Président (M, Bélanger): Mme la
députée, si vous voulez qu'on respecte l'ordre, on va faire des
efforts de part et d'autre. M. le député de Roberval, si vous
voulez continuer.
M. Gauthier: M. le Président, je comprends qu'un
député comme celui de Taschereau ne soit pas très
sensibilisé à ces questions. Il habite en plein coeur de la ville
de Québec. La ville de Québec, on le sait, n'est pas l'objet du
présent projet qui est devant nous. C'est surtout, d'abord et avant
toute chose, afin de donner justice a l'ensemble des citoyens du Québec,
non pas à ceux qui ont la chance de vivre en milieu urbain, dans des
circonscriptions représentées par des députés comme
le député de Taschereau, non pas aux médecins ou aux gens
qui sont de comtés représentés par la ministre, par
exemple, ou par des députés comme ceux de Laurier ou de Gouin,
mais bien aux gens qui sont dans des régions comme celle du
SaguenayLac-Saint-Jean.
J'en ai fait état ce matin et j'espère que mes
collègues...
Mme Lavoie-Roux: Même si je suis de L'Acadie, il y a des
problèmes en plein coeur de ville.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
je demanderais qu'on respecte le droit de parole du député de
Roberval.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le Président.
M. Gauthier: M. le Président, je n'ai aucun
problème à entendre la ministre à tout propos lors de mon
intervention pour autant qu'on me prévienne deux secondes à
l'avance...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, M. le député.
M. Gauthier: II n'y a pas de problème, Mme la ministre. Je
sais que mon intervention soulève beaucoup d'intérêt, parce
que j'ai vécu ces problèmes au Saguenay Lac-Saint-Jean. Le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue devrait prendre
exemple sur les députés de l'Opposition qui vivent ces
problèmes et qui sentent le besoin de bonifier le projet devant nous.
Aux fins de bonifier ce projet, on a une liste d'organismes et de personnes
qu'on aimerait entendre.
J'aime bien voir la présence du Dr Roy, mais je trouve la
ministre fort peu courtoise à son endroit quand elle a dit, tout
à l'heure, qu'il n'est pas essentiel qu'on rencontre les
fédérations, que cela n'a aucune importance. Écoutez, j'ai
fait mes consultations et je suis prête à procéder. Je
ne trouve pas cela courtois à l'endroit du Dr Roy qui,
malgré ces propos de la ministre, vient assister aujourd'hui à
notre commission parlementaire. Cela dénote un intérêt
certain pour la question et cela dénote également qu'il veut
transmettre à ses membre les préoccupations
véhiculées par les parlementaires - je dois le dire, Dr Roy, je
m'en excuse - par les parlementaires de l'Opposition, puisque les gens du
pouvoir, même ceux concernés par ces problèmes, ne disent
mot. Je suis certain que les médecins en prendront note.
M. le Président, j'aurais aimé entendre les
fédérations de médecins nous parler, entre autres choses
des mesures incitatives. On en a parlé ce matin. D'aucunes sont
extrêmement efficaces. D'autres sont moins bonnes, il faut le dire.
D'autres encore n'ont peut-être pas donné les résultats
auxquels on s'attendait. J'aurais aimé que les médecins puissent
venir nous dire, à nous, les parlementaires: Telle mesure incitative
n'est pas bonne pour telle raison. On vous suggérerait d'insister sur
tel aspect qui a donné, dans tel endroit, des résultats
positifs.
Je disais, tout à l'heure, au député de
Rouyn-Noranda-Témiscamingue que j'aurais aimé entendre les
fédérations parler des gens de la région de l'Abitibi qui
ont été bien servis par les mesures incitatives. J'aurais
aimé qu'on nous dise pourquoi cela a marché là, pourquoi
cela semble vouloir fonctionner au SaguenayLac-Saint-Jean et pourquoi
cela ne fonctionne pas dans certains endroits du Québec. J'aurais
aimé que ces gens nous le disent parce qu'ils connaissent cela.
Même si je suis prêt à prendre la parole de la ministre, je
suis davantage prêt à entendre ces gens qui sont objectifs dans le
dossier.
M. le Président, tout à l'heure, la ministre parlait de la
conférence des CRSSS du Québec qui lui donnait un appui total,
unanime, entier. D'abord, le porte-parole, c'est le Dr Voisine qui est
président du CRSSS du Saguenay-Lac-Saint-Jean. J'ai eu l'occasion ce
matin d'indiquer comment les choses étaient perfectibles aussi au niveau
des CRSSS. J'ai eu l'occasion ce matin de dire que j'aimerais qu'on
élargisse ce débat et qu'on puisse entendre les gens des
CRSSS.
J'aimerais cela que le Dr Voisine puisse être ici au nom de son
organisme pour nous expliquer son appui entier et total que la ministre
prétend avoir. J'aimerais également le mettre un peu face
à ses déclarations quand il disait: Effectivement, les projets de
loi résoudront en partie seulement la mauvaise répartition des
effectifs. Bien d'autres mesures devront être adoptées.
Vous m'indiquez qu'il me reste deux minutes, M. le Président. Je
commençais à peine à expliquer à la ministre
pourquoi il aurait été important que le Dr Voisine vienne nous
dire qu'il trouve tout à fait insuffisants les contingentements
proposés par la ministre, que le Dr Voisine puisse venir nous dire
pourquoi il refuse de commenter certains aspects du projet
présenté par la ministre. J'aurais aimé qu'il vienne ici
pour qu'on puisse, comme parlementaires, faire notre devoir, lui poser des
questions.
J'aurais aimé voir le Dr Roy également témoigner.
J'aurais aimé voir des représentants des centres hospitaliers qui
doivent avoir quelque chose à dire, il me semble, dans un projet comme
celui-là. J'aurais aimé cela que les gens du comté de
Roberval, de l'hôpital de Dolbeau, puissent venir en commission
parlementaire pour dire à la ministre de quelle manière ces
mesures risquent d'être vécues chez nous et quels sont les
problèmes qu'ils rencontrent quotidiennement.
Vous m'indiquez qu'il me reste une minute, M. le Président. Je ne
présenterai pas de sous-amendement à la proposition de mon
collègue. Je sais que, de l'autre côté, on attendait avec
impatience que je le fasse parce que, effectivement, on aurait peut-être
pu bonifier encore la proposition de mon collègue de Gouin, mais je ne
le ferai pas parce qu'on a le souci en régions, on a le souci chez nous,
de faire en sorte qu'on puisse quand même procéder dans
l'étude de ce projet de loi, qu'on puisse y aller avec une certaine
célérité, qu'on puisse s'assurer que les parlementaires
vont pouvoir faire leur travail, non pas sur les remarques
préliminaires, mais en tenant compte du refus de la ministre
d'interroger et de permettre aux parlementaires d'interroger les intervenants
qui sont mentionnés ici. Je pense qu'on devra, comme parlementaires, se
contenter de notre expérience personnelle pour faire en sorte de
bonifier le mieux possible, de faire modifier le mieux possible ce qui sera
présenté dans le projet de loi.
M. le Président, c'est bien sûr que je voterai tout de
même, en désespoir de cause, en espérant avoir convaincu
mes collègues du pouvoir, pour cette motion qui est
présentée par le député de Gouin et qui
procède du plus grand souci démocratique de consulter les
intervenants qui connaissent cela.
Le Président (M. Bélanger): Merci.
Mme Juneau: Demande de directive.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, madame.
C'est une question de règlement?
Mme Juneau: De directive, s'il vous plaît. Étant
donné que mon collègue n'a pas présenté
d'amendement, est-ce qu'on pourrait discuter de celui du député
de Taschereau?
M. Leclerc: Je ne me souviens pas d'en avoir
présenté.
Mme Juneau: Oui, oui. Il a présenté un
amendement du fait qu'il voulait que le député soit...
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, madame.
Votre question n'est pas recevable. Je pense qu'il y a d'autres façons.
Alors, Mme la ministre, est-ce que vous désirez réagir?
Mme Lavoie-Roux: Très brièvement, je veux remercier
les députés de l'Opposition qui ont tenté de faire valoir
leur point de vue et de faire entendre des gens. Je pense que c'est la
députée de Marie-Victorin qui a insisté beaucoup pour dire
que c'était important d'avoir des gens autour d'une table pour essayer
d'établir un consensus dans le réseau, etc. Je pense qu'à
une commission parlementaire on apporte de l'éclairage, je suis d'accord
avec vous, mais, pour essayer de faire travailler des gens ensemble, je pense
que c'est davantage autour d'une table de concertation où chacun ne
vient pas nécessairement faire valoir juste son point de vue, mais tient
compte aussi des points de vue des autres dans la recherche de décisions
et de consensus.
Le Président (M. Bélanger): Excusez-moi, Mme la
ministre. Si vous le permettez, je rappellerais les gens à l'ordre et je
souhaite qu'il n'y ait qu'un seul intervenant à la fois.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, M. le Président,
j'ai terminé. Si maintenant l'Opposition décide qu'on
procède à l'étude article par article, au fur et à
mesure des quelques amendements qui sont devant nous -parce qu'il ne faut quand
même pas parler d'un projet de loi qui a 50 articles avec 75 amendements
- il me fera plaisir de lui faire part des représentations si certaines
correspondent à des besoins qui ont été exprimés.
D'ailleurs, je pense que l'Opposition va s'en rendre compte puisqu'elle a
été bien alimentée par les différentes
fédérations, entre autres. Alors, elle verra d'où
origine...
Une voix: Mais on a fait notre réflexion.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui, sans aucun doute! Je ne veux absolument
pas minimiser votre contribution. C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants qui ne se sont pas exprimés sur
la motion?
M. Baril: Deux mots. M. Rochefort: Pas deux!
M. Baril: Mon droit de parole, M. le Président, si vous le
permettez. J'espère qu'on me donnera l'occasion, en troisième
lecture, de lire le discours que j'avais préparé pour la
deuxième lecture. Je pense que cela va donner une bonne
réponse.
M. Rochefort: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Une question de
règlement, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais que le
député...
Mme Pelchat: Quel article?
M. Rochefort: Est-ce que la députée de Vachon veut
parler, M. le Président?
Mme Pelchat: Je veux savoir quel article.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais que le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue nous assure que le
règlement de notre Assemblée a justement été bien
respecté et que personne ne l'a privé de son droit de parole
plein et entier que prévoit notre règlement au moment de
l'étude du projet de loi en deuxième lecture.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Rouyn-Noranda-Témiscamingue, vous avez à
intervenir sur la motion; alors, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Baril: Je vais garder cela pour la troisième
lecture.
Le Président (M. Bélanger): Bien, je vous
remercie.
Mme Juneau: II va être trop tard. M. Baril:
J'approuve ma ministre.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous avez
exercé votre droit de parole sur la motion, on ne peut pas revenir, je
m'excuse. On est prêt à procéder au vote?
Une voix: Oui, au vote, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, je vous demanderais un vote
par appel nominal et je vous indique immédiatement que, par la suite,
j'aurai une proposition préliminaire à faire.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors,
j'appelle le vote par appel nominal. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Bélanger); M. Bélanger
(Laval-des-Rapides)? Contre. Mme Cardinal (Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme
Pelchat (Vachon)?
Mme Pelchat: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Laporte
(Sainte-Marie)?
M. Laporte: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. Leclerc
(Taschereau)?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Lemire
(Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme
Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Gauthier
(Roberval)?
M. Gauthier: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme
Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M.
Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme
Vermette (Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre: 9
Pour: 4 Donc, la motion est rejetée.
Une voix: Cela ne fonctionne pas. M. Rochefort: M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...je voudrais faire motion pour que la ministre de
la Santé et des Services sociaux dépose à la commission
des affaires sociales les règlements découlant de l'article 5 du
projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur la santé et les services
sociaux, qui accorde à la ministre un pouvoir de réglementation
quant aux paramètres devant présider à
l'élaboration des plans d'effectifs médicaux et dentaires, tant
au niveau régional qu'au niveau des établissements.
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant, je
vais juger de la recevabilité de la motion.
Une voix: Vous pouvez suspendre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Cela va aller vite. Si
vous le permettez, nous allons suspendre deux minutes afin de vérifier
un point du règlement.
(Suspension de la séance à 15 h 45)
(Reprise à 15 h 51)
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
c'est un rappel à l'ordre. S'il vous plaît! S'il vous
plaît!
Nous avons analysé la motion et nous la jugeons non recevable
pour les raisons suivantes. Il nous apparaît difficile ou inacceptable de
demander des règlements qui découlent d'un projet de loi qui
n'est pas encore adopté. Les règlements n'ont aucune valeur tant
que la loi n'est pas adoptée. On suppose que la ministre n'exercera son
pouvoir de réglementation qu'une fois la loi adoptée. Il y a une
question de logique là-dedans. Pour ces raisons, nous refusons la
motion.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...j'ai une nouvelle motion à
déposer. Cette nouvelle motion se lirait comme suit: "Que la ministre de
la Santé et des Services sociaux dépose à la commission
des affaires sociales les projets de règlements prévus à
l'article 5 du projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur la santé et
les services sociaux, qui accorde à la ministre un pouvoir de
réglementation quant aux paramètres devant présider
à l'élaboration des plans d'effectifs médicaux et
dentaires, tant au niveau régional qu'au
niveau des établissements."
Une voix: Voulez-vous la relire?
Mme Lavoie-Roux: Là, il veut les projets au lieu des
règlements.
Le Président (M. Bélanger): Je relis la motion:
"Que la ministre de la Santé et des Services sociaux dépose
à la commission des affaires sociales les projets de règlements
prévus à l'article 5 du projet de loi 75, Loi modifiant la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, qui accorde à
la ministre un pouvoir de réglementation quant aux paramètres
devant présider à l'élaboration des plans d'effectifs
médicaux et dentaires, tant au niveau régional qu'au niveau des
établissements.
M. Rochefort: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): Sur la
recevabilité, M. le député de Gouin, je vous
écoute.
M. Rochefort: M. le Président, sur la recevabilité,
je vous soumets respectueusement que j'ai tenu compte à 100 % des
remarques que vous avez faites sur la motion précédente quant aux
raisons qui les justifiaient. Je respecte la décision que vous avez
rendue de juger cette motion irrecevable puisque vous disiez que, la loi
n'existant pas encore, les règlements ne pouvaient pas exister et qu'il
ne pouvait pas y avoir de règlements découlant d'une loi qui
n'est pas encore une loi. Là, ce qui est prévu, M. le
Président, c'est qu'il y ait dépôt des projets de
règlements parce que le projet de loi 75 existe bel et bien. Nous sommes
convoqués ici pour étudier ce projet de loi 75 et il est bien
prévu, à l'article 5 du projet de loi 75, qu'il y aura des
règlements qui définiront le contenu des plans d'effectifs
médicaux et leur forme. Ce que je demande par la motion d'amendement,
c'est donc que ces projets de règlements qui ont sûrement
été préparés en fonction du projet de loi 75 soient
rendus disponibles aux membres de la commission de façon qu'on puisse en
prendre connaissance. M. le Président, je répète que l'on
parle de projets de règlements et non de règlements. Vous aviez
raison, la loi n'ayant pas été adoptée, les
règlements ne pouvaient pas exister. Je ne parle pas de
règlements découlant du projet de loi puisque, la loi n'ayant pas
été adoptée, ils ne peuvent en découler, mais ils
sont bel et bien prévus à l'article 5 de la loi pour laquelle
nous avons été convoqués ici.
Je pense, M. le Président, qu'il s'agit là non seulement
du respect le plus total de la décision que vous avez rendue
tantôt, mais que toute intervention visant à débattre la
recevabilité de l'amendement viendrait indirectement contester la
décision que vous avez rendue tantôt puisque cette nouvelle motion
correspond en tout aux raisons que vous avez évoquées et
auxquelles je souscris pour justifier la non-recevabilité de ma
motion.
Le Président (M. Bélanger): On va suspendre deux
minutes, s'il vous plaît, histoire de ne pas créer de
précédent à ce niveau.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 16 h 11)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La motion est jugée irrecevable parce qu'en vertu du code
Geoffrion, article 690, dans les notes, il est dit qu'on ne peut demander la
communication d'un document qui n'est pas public et officiel. Alors, je m'en
tiendrai donc à Geoffrion, article 690, qui dit que le document est
irrecevable. La motion est donc considérée irrecevable. Est-ce
que nous pouvons appeler l'article 1?
M. Rochefort: Une minute, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, loin de moi l'intention de
contester votre décision, bien au contraire, je voudrais seulement me
faire éclairer sur une donnée. Je comprends bien que vous venez
de citer un article du code Geoffrion, mais...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député, je vous en prie.
M. Rochefort: ...M. le Président, est-ce que la
présence dans notre nouveau règlement de l'article 162 qui ne
traite pas de la même façon cette question n'aurait pas pour effet
que l'article 162 aurait prédominance sur un article désuet du
code Geoffrion?
Le Président (M. Bélanger): L'article 162 dit qu'un
document ne peut pas être déposé en commission qu'avec la
permission de son président. Effectivement, une motion ne peut pas
enlever ou abroger ou limiter le pouvoir du président en matière
de recevabilité. Donc, en ce qui nous concerne, le président
pouvait ou non décider à ce sujet-là, sauf que le
président a basé sa décision sur l'article 690 du code
Geoffrion qui nous dit qu'on ne peut pas demander la communication d'un
document qui n'est pas
public et officiel, ce qui appuie la décision que nous avions
rendue dans la précédente motion sur l'irrecevabilité.
M. Rochefort: Donc, si je comprends bien..
M. Sirros: ...parfait.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends bien que votre
décision est une façon d'appliquer l'article 162 en ce qui vous
concerne.
Le Président (M. Bélanger): À mon sens, cela
ne limite d'aucune façon l'article 162 que l'application de cet
article.
M. Rochefort: Merci. M. le Président, je vous demande,
avec la permission de la ministre, de suspendre pour deux minutes.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
(Suspension de la séance à 16 h 13)
(Reprise à 16 h 14)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
J'appelle l'article 1 du projet de loi 75.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais qu'il y a eu une
demande du député de Gouin de suspendre. Je voudrais savoir quand
même pour combien de temps.
M. Rochefort: Tel que nous nous étions entendus, la
ministre et moi tantôt, le temps qu'on puisse prendre connaissance des
amendements que la ministre m'a dit qu'elle était prête à
nous remettre, parce que je pense que ce projet de loi ne peut être
étudié de façon stricte et cloisonnée, article par
article, mais constitue un tout. Même, reconnaissons-le, avec l'article
qui est mis dans le projet de loi 74 et compte tenu des amendements qui
pourraient découler des remarques qu'on a faites, on veut essayer de
voir un peu la pertinence, la séquence et la cohérence des
amendements qui pourraient être apportés de notre
côté ou par la ministre elle-même.
Mme Lavoie-Roux: Pour permettre à tout le monde de faire
un travail sérieux, il me fait plaisir de déposer les
amendements. Je n'ai pas celui qui touche la modification à la loi de la
Régie de l'assurance-maladie, relativement à la
pénalité, c'est-à-dire qui prévoit étendre
ou étaler la pénalité. C'est la seule chose que cela
prévoit. Je ne l'ai pas, étant donné que nous sommes au
projet de loi 75, mais je vais vous remettre les quatre qui sont prévus
pour le projet de loi 75.
M. Rochefort: M. le Président, sans vouloir aller plus
vite qu'il faut, je comprends bien que le sens de l'amendement que la ministre
apportera au projet de loi 74, quant aux dispositions de corrélation
avec le projet de loi 75, c'est de faire en sorte que, si jamais on devait
retirer la participation à un groupe de médecins d'une
localité précise à la Régie de l'assurance-maladie,
on étalerait cela dans le temps pour qu'il y ait toujours au moins un ou
deux médecins qui soient participants au régime de
l'assurance-maladie dans cette municipalité.
Mme Lavoie-Roux: Particulièrement, dans des petits
hôpitaux, cela pourrait créer un problème important. Alors,
la Régie de l'assurance-maladie pourrait étaler la
non-participation due à la pénalité que certains
médecins auraient pu encourir à la suite de leur non-respect du
préavis sur une certaine période de temps. C'est cette latitude
qui serait laissée pour empêcher les effets que vous avez
vous-même apportés ce matin.
Le Président (M. Bélanger): Si je me fais un peu
l'avocat du diable, une seconde, supposons, pour prendre un contexte
très bien délimité, aux îles-de-la-Madeleine, les
médecins ne veulent plus aller à l'hôpital, ne donnent pas
l'avis de soixante jours. Si on leur enlève la participation au
régime, pour éviter qu'il n'y ait plus de médecins sur
l'île, on le ferait de façon étalée.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
Le Président (M. Bélanger): Parfait.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'étalement de la
pénalité.
M. Rochefort: Est-ce qu'on peut suspendre?
Mme Lavoie-Roux: Oui, on peut suspendre.
M. Rochefort: Une dizaine de minutes.
Le Président (M. Bélanger): Une dizaine de
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Une dizaine de minutes, parfait.
Le Président (M. Bélanger): Alors, quelle heure
est-il?
Une voix: 16 h 16.
Le Président (M. Bélanger): II est 16 h 16, nous
reprendrons à 16 h 26.
Une voix: Bien, à 16 h 30. On est pas pour...
Le Président (M. Bélanger): 16 h 30. (Suspension de
la séance à 16 h 18)
(Reprise à 16 h 36)
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaîtl
Nous avions appelé l'article 1.
Administration des établissements
Pouvoir d'approbation du conseil
régional
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article 1 vient
modifier l'article 70 de la Loi sur les services de santé et les
services sociaux afin de permettre au conseil régional d'approuver, avec
modification au besoin, la partie du plan d'organisation qu'il reçoit
des centres hospitaliers en vertu de l'article 70.
J'ai expliqué ce matin ou peut-être cet après-midi,
lors de la discussion, qu'auparavant le plan d'organisation et des effectifs
devait être approuvé par le conseil régional. Cependant, il
était impossible de faire des modifications au plan, même si on
constatait des "anomalies" - entre guillemets - quant au plan d'approbation
soumis par les établissements. Tout s'arrêtait là puisqu'il
n'y avait aucune mesure prévue. C'est le sens de la modification
à l'article 1. Il est modifié par le remplacement, dans la
cinquième ligne du deuxième alinéa, des mots "pour
approbation" par les mots "qui l'approuve avec ou sans modification."
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, avant que j'aborde
carrément l'article 1, je voudrais qu'on s'entende sur une formule assez
souple de questions-réponses à l'occasion afin de préciser
des choses et afin de bien les comprendre.
Le Président (M. Bélanger): Pas de problème.
Je suis tout à fait d'accord avec vous.
M. Rochefort: La première question que je voudrais poser
à Mme la ministre concerne le libellé de l'article 1 qui amende
l'article 70 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Ne donne-t-il pas un pouvoir de modification des plans d'organisation
des départements cliniques et des services cliniques des
établissements aux conseils régionaux alors que jusqu'à ce
jour cela ne pouvait pas aller jusque-là? Je comprends la logique du
projet de loi 75 concernant les plans des effectifs. Mais, si on lit comme il
faut l'article 70, les premier et deuxième paragraphes, notamment le
premier paragraphe, on est bien loin des plans des effectifs. On est dans la
formation des départements cliniques et des services cliniques des
établissements. Est-ce qu'il n'y a pas un danger qu'à un moment
donné un CRSSS plus fébrile qu'un autre, plus animé qu'un
autre, entre carrément dans des départements cliniques et des
services cliniques d'un établissement et qu'il aille beaucoup plus loin
que ce que la ministre, ses fonctionnaires ou les membres de la commission ou
de l'Assemblée nationale pourraient souhaiter par une telle mesure?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Tout d'abord, je voudrais réitérer
que dans le passé il avait ce pouvoir d'approbation. Ce que l'on veut
prévoir c'est que si un établissement arrivait avec la
planification d'un nouveau service -et on sait qu'à toutes fins utiles
cela équivaudrait à un plan de développement - je pense
qu'il est normal, et d'ailleurs il est prévu que tout plan de
développement doit être approuvé par le conseil
régional... À ce moment-là, on ne pourrait plus parler de
planification au point de vue des ressources puisque chacun pourrait
développer ou voir à la formation de nouveaux départements
ou de nouveaux services. C'est dans ce sens-là qu'on pense que le
conseil régional, dans le cas d'un nouveau service qui n'est pas requis
ou qui n'entre pas dans la planification générale, pourrait le
modifier. Il faut bien dire que, de toute façon, s'il se retrouvait une
situation de conflit où, précisément, le jugement que le
conseil régional exercerait à l'égard de ce nouveau
service ou de ce développement de nouveau service était
erroné - c'est possible dans un conseil régional comme n'importe
ou ailleurs - il y a toujours le ministre qui peut demander de surseoir
à la modification ou à l'approbation jusqu'à ce qu'il ou
qu'elle l'autorise. On est toujours habitué de dire "qu'il". Il va
falloir dire "qu'elle".
M. Rochefort: Cela ne serait-il pas préférable,
compte tenu de la réponse que vous faites, de baliser le pouvoir de
modification du conseil régional en faisant allusion
spécifiquement au nouveau service possible plutôt que de laisser
cela aussi large que la rédaction l'amène? Cela pourrait
même faire en sorte qu'un conseil régional modifie quelque
chose qui existe depuis longtemps en termes de service ou de département
clinique dan3 un établissement. Là, on va commencer à
remettre en question des choses.
Mme Lavoie-Roux: Par exemple, on sait fort bien que, dans le
passé, dans la planification, même si elle n'était pas
formalisée comme la loi 27 voulait le faire, on a procédé
à l'abolition de certains services dans les hôpitaux. Je pense que
ce qui nous vient le plus facilement à l'idée, ce sont les
services d'obstétrique où, à un moment donné,
à partir d'une planification régionale, même si,
traditionnellement, tel hôpital avait un service qui existait
probablement depuis l'existence de l'hôpital, on a décidé
de les concentrer ailleurs, et ainsi de suite. Je pense qu'il faut quand
même laisser au conseil régional au moins un pouvoir de regard
là-dessus puisqu'il a aussi la responsabilité de la planification
générale au niveau de la région et des ressources
médicales. On va parler de ressources médicales pour le
moment.
M. Rochefort: Précisément, dans les cas que vous
citez, les départements d'obstétrique, vous faites probablement
particulièrement allusion à ce qui s'est fait à
Montréal dans les dernières années.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que j'avais à l'esprit.
M. Rochefort: Sauf erreur, cela s'est fait toujours avec l'accord
de l'établissement, alors que, tel que rédigé, on n'aurait
pas besoin de l'accord de l'établissement. Dans le cas de...
Mme Lavoie-Roux: On me dit que cela s'est toujours...
M. Rochefort: ...l'hôpital Bellechasse, qui est plus
près de chez moi, qui a été concerné par cela il y
a trois ans ou quatre ans, le conseil d'administration était
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela se fait toujours après
consultation, mais il reste qu'à un moment donné cela n'a pas
été des administrations qui ont toujours été
faciles pour les ministres qui étaient en place quand, enfin, la
rationalisation l'exigeait. On peut prendre, par exemple, même si on se
réfère au changement de vocation des hôpitaux...
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est quand même de même
nature. Enfin, je ne veux pas entrer dans le problème de
Sainte-Jeanne-d'Arc ou dans celui de l'autre, mais ce n'était
certainement pas fait avec le consentement des hôpitaux puisqu'ils sont
même allés en cour; maintenant, c'est rendu en appel. Je pense
que, dans un cas qui deviendrait très litigieux, après que les
parties auront toutes été entendues, il faudra que la ministre
tranche dans un sens ou dans l'autre. Je pense que c'est cela,
déjà, dans la pratique qui existe.
M. Rochefort: Je vous avoue, M. le Président, que la
réponse de la ministre m'éloigne du sujet, ne me convainc pas,
bien au contraire, parce que, pour moi, que le gouvernement puisse intervenir
dans les vocations des établissements, c'est une chose, mais que le
conseil régional puisse intervenir dans l'organisation des
départements et des services cliniques d'un établissement et non
pas uniquement dans la volonté que pourraient avoir certains
établissements de se doter de nouveaux départements cliniques ou
de nouveaux services cliniques... Dans le cadre d'établissements qui ont
déjà des services cliniques, que le CRSSS, d'autorité,
décide qu'on abolit, qu'on ferme un département ou un service
clinique d'un établissement... (16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Si on interprète bien la loi, le CRSSS ne
pourrait pas, de sa seule initiative, fermer un service ou un
département, parce que cela ne serait plus d'autorité. S'il peut
le faire, c'est qu'il est arrivé à dégager un consensus ou
une concertation quelconque dans certains établissements. Dans les cas
où cela devient litigieux, à ce moment-là les cas arrivent
au ministre qui, selon les données des représentations qui lui
sont faites, prend la décision finale.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Que l'on ait le moins de bruit possible pour que l'on puisse continuer nos
travaux en toute quiétude. J'ai une question à poser à Mme
la ministre dans ce sens-là aussi. C'est mon côté d'ancien
directeur général qui remonte à la surface. Je serais
aussi un peu prudent vis-à-vis du rôle des conseils
régionaux et des formes de consultations qui peuvent se faire pour
arriver à décider ce qui doit rester ouvert à une place ou
s'il y a des réaménagements. Il arrive quelquefois, par le
mécanisme des commissions administratives dans les grandes
régions, que beaucoup d'établissements ne soient pas
représentés. À ce moment-là, ils ne sont pas
capables de faire valoir leur point de vue et sont pris devant des
décisions qui n'ont pas d'allure. J'ai des exemples très
précis en ce qui concerne Montréal.
Mme Lavoie-Roux: C'est évident. Pour
toutes les faiblesses que vous soulignez, il pourrait y avoir un conseil
régional très autoritaire ou un conseil régional où
il y aurait des conflits d'intérêts, comme le député
de Roberval en parlait. Â ce moment-là, quand il y a litige et
qu'on ne parvient pas à s'entendre, je ne connais pas beaucoup
d'hôpitaux ou d'établissements qui ne connaissent pas la route de
Québec. C'est justement pourquoi on prévoit qu'en ultime recours
c'est le ministre qui va l'autoriser ou ne pas l'autoriser.
Un autre exemple qui me vient à l'esprit, c'est le cas des deux
hôpitaux de la Beauce où il y avait énormément de
difficultés. Cela a été décidé par le
ministre à ce moment-là. Cela a été une
opération difficile et elle avait été tentée
pendant plusieurs années. La même chose vaut dans le cas des
vocations. Alors, je ne connais pas de centre hospitalier en particulier
à qui le conseil régional pourrait, uniquement à partir de
son autorité, imposer, si l'hôpital n'est pas consentant, la
fermeture d'un département ou d'un service. Je n'en connais pas.
M. Rochefort: Vous n'aviez pas terminé.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, je vous en
prie.
M. Rochefort: M. le Président, c'est très
sincère. Je trouve que l'on parle de deux choses... Vous pouvez aller
faire une marche si cela vous dérange.
M. Sirros M. le député de Gouin, si cela vous
dérange trop, je le regrette beaucoup, mais...
Le Président (M. Bélanger): Je vous prierais de
vous en tenir à la pertinence des débats. M. le
député de Gouin, on vous reconnaît.
M. Rochefort: Avec la façon dont on rédige
l'article 1, donc qu'on amende l'article 70 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, on reconnaît
qu'antérieurement le conseil régional avait un pouvoir
d'approbation par rapport à maintenant un pouvoir de modification. Cela
pourrait vraiment nous mener dans des situations qui vont au-delà de ce
que l'on a vécu jusqu'à ce jour et qui, je le
répète, à partir des exemples que la ministre nous a
donnés, se sont toujours déroulées à la suite des
consultations, parce qu'effectivement le conseil régional n'avait pas de
pouvoirs de modification du plan d'organisation.
Donc, s'il voulait intervenir dans une modification, il devait
forcément obtenir l'accord de l'établissement concerné
et/ou du ministre ou de la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mais là, tel que rédigé, quant à moi, cela va
au-delà du sens et de la portée que la ministre y donne dans ses
réponses. Une fois cet article en vigueur, on pourrait très bien
se retrouver dans des régions où le conseil régional
commencerait à dire: On va aussi se pencher sur les services cliniques
de tous les établissements de la région. On vient de
décider que tel département clinique de tel établissement
n'existe plus et on va concentrer tous les départements cliniques dans
tel domaine dans un tel établissement. Puis, je vois déjà
des gens dans certains conseils régionaux commencer à nous
réorganiser d'un bout à l'autre le réseau et la
localisation de certains services dans une mesure absolument pas comparable
avec celle qu'on a connue jusqu'à maintenant à cause de l'absence
ultime de pouvoir de modification des plans d'organisation tels qu'on les
connaît.
Je voudrais vraiment qu'on balise cela comme il faut. Je comprends
très bien l'utilisation première de l'article. C'est de permettre
à un CRSSS de pouvoir modifier un plan des effectifs médicaux.
Cela, c'est une chose. Je comprends même la réponse de la ministre
tantôt qui nous dit que cela permettrait à un conseil
régional de refuser l'ajout, l'addition d'un nouveau service, d'un
nouveau département clinique dans un établissement de la
région concernée. Là aussi il me semble que c'est
discutable, c'est quelque chose qui peut être pertinent. Mais, demain
matin, donner un pouvoir aux conseils régionaux de se retourner de bord
et de regarder les services cliniques et les départements cliniques qui
existent déjà dans tous les établissements de la
région et leur donner le pouvoir, sans d'autres formalités, de
décider de ce qui reste ou de ce qui ne reste pas, je pense qu'on peut
se retrouver dans une situation qui irait beaucoup plus loin que celle qu'on a
souhaitée, envisagée et à laquelle on est prêt
à faire face comme gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: Mais, M. le Président, d'une part, il va
y avoir des paramètres établis à partir du
règlement qui sera fait pour déterminer ou faire le calcul des
effectifs médicaux qui sont requis à partir du type
d'hôpital, à partir des services existants. D'autre part, c'est
une responsabilité du conseil régional de voir à une
planification de l'ensemble des services à l'intérieur de son
territoire - quand on parle de l'ensemble des services, je vais me restreindre
aux services médicaux - et, à l'intérieur de
l'hôpital, du type de services. C'est lui qui doit le faire et qui le
fait déjà, d'ailleurs. Quand on a décidé de
regrouper des services d'obstétrique ou autres, cela s'est fait à
partir d'une planification du conseil régional. Je pense que si ce n'est
pas le conseil régional qui, dans un premier temps, tente
d'établir cette concertation, tente d'établir les consensus, la
seule autre
chose, c'est qu'il faudra que cela se fasse au niveau du
ministère. Je pense qu'on serait les premiers et peut-être
même qu'à l'Opposition on serait les premiers à
déplorer que du jour au lendemain le ministère soit tout à
coup responsable de cette planification.
Et je pense qu'il reste, dans le cas où cela n'est pas
acceptable, à un centre hospitalier quel qu'il soit, ou à un
établissement quel qu'il soit, de faire des représentations
auprès du ministre. Je répète, et je pense que le
député de Gouin le sait fort bien, que les situations
conflictuelles se rendent auprès du ministre qui, a ce moment, va
demander au conseil régional de surseoir jusqu'à ce qu'il ait
examiné toutes les données de la situation pour ensuite dire:
Bien, écoutez, on doit aller de l'avant ou on doit reculer ou ne pas
faire de modification ou en faire une différente. Il faut quand
même voir que ce ne serait pas réaliste de demander... Ou encore,
à ce moment-là, abolissons les conseils régionaux.
Si le conseil régional approuvait et avait le pouvoir de faire
des modifications et que cela se termine là, je pense que
l'inquiétude du député de Gouin serait justifiée.
Mais il y a le fait que justement, sur demande du ministre, un conseil
régional doit surseoir à son approbation. Si demain matin on dit
qu'on ferme l'hôpital Notre-Dame, là, je pense qu'il n'y aurait
pas besoin d'avoir de représentations auprès de la ministre, elle
s'en rendrait compte. Elle dirait: Expliquez-moi donc pourquoi vous fermez.
Mais, si on parle de services et de départements, c'est
évident que la ministre ou le ministre devra en être touché
et examinera la situation. Sinon, vous reportez tout au niveau du
ministère, toute décision de modification. Et s'il n'y avait pas
cette disposition pour que le ministre puisse demander de surseoir,
manifestement pour examiner et autoriser ou pas... Je pense qu'on n'a pas
à s'inquiéter d'un pouvoir trop grand du conseil
régional.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, votre
réponse, en ce qui me concerne, me satisfait. Ce que j'aimerais
souligner, c'est que c'est beaucoup plus un problème de confiance envers
la structure des conseils régionaux qu'on dénote dans les
régions qu'un problème... Sur un plan strictement
théorique, je pense que tout est parfaitement vrai, mais il y a des
humains là-dedans et des intérêts. Il est donc très
important qu'il y ait un mécanisme de recours qui soit possible pour
l'ensemble du réseau face à cette situation, sinon on risque
d'avoir énormément de difficultés et de conflits.
Pour ma part, c'était la base de mon intervention. Ce
problème de confiance, il ne se règle pas par la loi. C'est par
autre chose qu'il faudra le régler, éventuellement. Je suis
conscient que vous avez tout à fait raison de dire cela. Si l'on se fie
à la raison d'être de ces organismes et leurs fonctions
premières, ce que vous nous dites est rigoureusement exact. Si le
processus est bien suivi, il ne devrait pas y avoir... Mais, où il y a
des hommes, il y a de "l'hommerie".
Mme Lavoie-Roux: Ce que je rajouterais, pour le
député de Gouin, c'est qu'il est évident que tout ceci
rejoint ce à quoi, de part et d'autre, on a touché dans les notes
préliminaires ou dans les commentaires qu'on a faits. L'Opposition a
soulevé d'une façon particulière la
nécessité de décider des effectifs à partir de
plans de services dans l'ensemble d'un territoire donné. Une fois ces
plans de services établis, il faut aussi avoir un droit de regard sur
les services ou les départements qui se trouvent à
l'intérieur d'un établissement. Je pense qu'il y a
nécessité, dans une première étape, que ceci se
fasse; ce qui apporte - c'était votre inquiétude de tout à
l'heure - une réponse à votre question. Est-ce qu'on va aller au
pifomètre un peu partout? Alors, il y a deux étapes. D'une part,
pour établir les effectifs médicaux, il y a une première
étape qui consiste à établir des plans de services
à l'intérieur des établissements et, ensuite, dans
l'ensemble du territoire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Ma question s'adresse à Mme la
ministre. Quand vous parlez de plans de services et de plans d'organisation
dans les institutions comme telles, actuellement, combien de centres
hospitaliers, de courte, de moyenne ou de longue durée, ont leurs plans
de services en fonction de leur mission? Combien de centres régionaux,
les CRSSS, ont établi leurs plans de services en fonction d'une
région donnée? Ce qui m'amène à poser une autre
question: J'imagine que plusieurs hôpitaux, actuellement, sont en train
de préparer leur plan d'organisation en fonction de la mission de
l'hôpital et de la mission régionale aussi. Vous devez
sûrement avoir beaucoup de personnes qui voyagent à Québec!
Donc, ma question: Combien, actuellement... Ne trouvez-vous pas que c'est
prématuré ou, en tout cas, c'est donner beaucoup trop de pouvoirs
alors que tout le processus est en cours?
Mme Lavoie-Roux: Les plans d'organisation et les plans de
services sont prévus pour toutes les régions, sauf, comme on le
signalait ce matin, peut-être Montréal et les régions les
mieux pourvues. D'ailleurs, c'est ce que je disais dans mon intervention
lors de la deuxième lecture, hier. Là, il reste encore
passablement de travail à faire parce que cela semble plus difficile et
on peut imaginer pourquoi. Je pense - je le répète - que si les
choses suivent le déroulement qui est prévu je ne crois pas qu'il
y ait là un abus de la part du conseil régional. Je pense qu'au
plan fonctionnel... Parce que la seule autre possibilité, ce serait de
renvoyer cela au ministre. Je procède par déduction puisque vous
dites: II ne faut pas que ce soit le conseil régional qui modifie.
À ce moment-là, les établissements vont attendre vraiment
longtemps et il va falloir faire le détour et retourner aux conseils
régionaux de toute façon. (17 heures)
Mme Vermette: Ma question allait dans le même sens que
tantôt. M. Bélanger a dit: Ce n'est pas ce projet de loi qui va
faire que cela va changer les mentalités, parce que, déjà,
quand on parle de mission, de vocation d'un hôpital et d'un plan
d'organisation, de toute évidence, le CRSSS a toujours été
impliqué. Cela a déjà existé de toute façon.
Mais c'est très difficile pour les gens en place, les gestionnaires, de
composer avec le CRSSS, pour différentes raisons et, souvent, parce que
ce sont toujours les gros centres et que c'est toujours beaucoup plus difficile
pour les petits centres de se faire entendre à l'intérieur des
grands centres. Inévitablement, des voyages se font à
Québec. De toute façon, des voyages se font à
Québec et indépendamment de l'implication du CRSSS. C'est dans la
mentalité des gens encore actuellement; c'est très fort. Nous
avons déjà essayé, pour notre part, de faire des
changements et je peux vous dire que c'est drôlement difficile.
Même si le CRSSS avait voulu nous faire faire des changements, je pense
que cela n'aurait jamais été possible.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a une part d'exactitude dans ce
que dit Mme la députée. Par contre, est-ce qu'on veut viser une
plus grande centralisation à Québec ou est-ce qu'on est quand
même convaincu qu'au niveau des régions il doit également
se faire de la planification et de la rationalisation? On a, semble-t-il, une
vue très centralisatrice et tout cela doit se faire à
Québec. C'est évident qu'il le faut, parce qu'on est élu.
C'est évident qu'en fin de compte, la responsabilité revient
à Québec quand il y a conflit ou litige. Mais je pense que ce qui
peut se résoudre normalement avec satisfaction au niveau
régional, il faut le laisser au plan régional. En tout cas, je
peux vous dire que c'est évident que les conseils régionaux sont
l'objet de critiques souvent répétées de la part des
établissements - j'en suis bien consciente -ce qui nous oblige
également à vouloir réfléchir sur les conseils
régionaux. Mais, quoi qu'il advienne, je pense qu'il n'y a personne qui
remette en question, à ma connaissance, le fait qu'on ait besoin d'un
organisme de planification et de concertation au niveau régional, ce qui
était tout de même la vocation première des CRSSS. Si on
veut les appeler autrement, on pourra en décider en temps et lieu.
Je pense qu'il faudrait également nommer les domaines où
cela a été très satisfaisant, par exemple, dans la
répartition des équipements et des priorités
immobilières ou de différentes natures. Alors, je serais d'accord
avec vous si vraiment cela s'arrêtait au conseil régional, de
toute façon. Mais il y a une disposition qui permet des recours, en cas
de litige. Dieu merci! Espérons que le plus possible va se
résoudre au niveau régional plutôt que d'arriver au niveau
provincial.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président. Quand la ministre nous dit:
Mais Dieu soit loué que cela ne s'arrête pas au conseil
régional, il y a possibilité...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois m'excuser pour
quelques minutes, parce que je dois aller d'urgence au Conseil des ministres.
Mais je vais demander à mon adjoint parlementaire de continuer sur ceci.
Je vais être de retour le plus tôt possible.
M. Rochefort: Dans combien de temps, à peu
près?
Mme Lavoie-Roux: Je dirais vingt minutes au plus et il est dans
les convenances que l'adjoint parlementaire puisse me remplacer pendant cette
période de temps.
M. Rochefort: Je veux bien, M. le Président, mais compte
tenu de la discussion qu'on a sur l'article 1 et où cela doit nous mener
pour le reste - non pas que je ne fasse pas confiance à l'adjoint
parlementaire, bien au contraire - je pense qu'il faut qu'il y ait une certaine
intégration de la discussion qu'on a sur l'article 1. Je
préférerais qu'on l'attende, mais vraiment pas pour être
inconvenant à l'endroit de l'adjoint parlementaire, bien au contraire,
M. le Président. Je suis très sincère
là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): II y a donc une demande
de motion pour suspendre les travaux. Est-ce qu'on doit aller au vote? Non? On
peut décider.
Une voix: C'est vous qui organisez les travaux, alors vous pouvez
vous-même répondre.
Le Président (M. Bélanger): On va suivre la
recommandation de Mme la ministre. On va continuer les travaux. S'il y a des
problèmes et qu'on est vraiment dans un cul-de-sac, on décidera,
à ce moment, si on doit poursuivre ou non. D'accord?
M. Sirros: M. le Président, le député de
Gouin veut vraisemblablement attendre la ministre. Tout ce que je peux dire, si
c'est pour le disposer mieux par après, en termes d'une étude,
comme il le faut, du projet de loi, on serait peut-être prêts
à attendre les quinze à vingt minutes. Je recommanderais que, si
on constate que cela prend plus de quinze à vingt minutes, la commission
reprenne ses travaux pour ne pas nous retarder indûment, étant
donné que souvent les retards de cette nature sont un peu
imprévisibles. Alors, concrètement, je...
Le Président (M. Bélanger): Les retards sont
conséquents dans des semaines comme aujourd'hui.
M. Sirros: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Je dis que, dans des
périodes comme aujourd'hui, les retards ont toujours des
conséquences. Or, il faut être très vigilants sur le temps,
il faut l'administrer avec parcimonie. Vous faites une proposition
concrète, M. le député de Laurier?
M. Sirros: Qui serait peut-être de suspendre pour une
quinzaine de minutes, en attendant la ministre, et de reprendre d'ici à
quinze minutes.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il est 17 h 5,
si je vois bien l'heure d'ici. À 17 h 20 - non pas 17 h 21 mais 17 h 20
-on reprend les travaux, que Mme la ministre soit présente ou pas.
D'accord? Je prierais tout le monde d'être présent ici à 17
h 20. Pour plus de sûreté, arrivez à 17 h 19 pour qu'on
commence à 17 h 20. On ajourne donc jusqu'à 17 h 20.
M. Rochefort: ...
Le Président (M. Bélanger): On verra cela à
17 h 20. On suspend jusqu'à 17 h 20.
(Suspension de la séance à 17 h 7)
(Reprise a 17 h 32)
Le Président (M. Bélanger): Tel que convenu tout
à l'heure, nous avions ajourné jusqu'à 17 h 20. Nous avons
un petit peu dépassé, ce qui nous a permis de vérifier
comme il faut une des affirmations qui étaient faites tout à
l'heure, selon laquelle l'adjoint parlementaire pouvait remplacer le
ministre.
L'article 25 de la Loi sur l'Assemblée nationale dit ceci: "Le
gouvernement peut nommer, parmi les députés, un ou plusieurs
adjoints parlementaires à un ministre pour l'assister dans l'exercice de
ses fonctions; l'adjoint parlementaire peut répondre aux questions
adressées au ministre ou en prendre avis en son nom." Donc, l'adjoint
parlementaire, en l'occurrence le député de Laurier, est
autorisé à répondre aux questions ou tout au moins
à prendre avis et à les remettre à la ministre qui nous
fournira les réponses satisfaisantes tout à l'heure. Donc, en
vertu de cette...
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. Sur la question de règlement, je
connais bien les dispositions de notre loi auxquelles vous faites
référence. Je voudrais attirer votre attention sur le fait
qu'elles s'appliquent particulièrement à la période des
questions orales des députés au moment des affaires courantes
à l'Assemblée nationale, puisque, quand on fait
référence au fait de prendre avis des questions, cela ne fait
référence à absolument aucune procédure qui se
déroule en commission parlementaire, où les ministres ne prennent
pas avis des questions formellement au sens que notre règlement y donne.
Je vous soumets donc, M. le Président, que je pense que cela prendrait
le consentement des membres pour qu'on poursuive nos travaux en l'absence de la
ministre, et je vous dis tout de suite qu'il n'y a pas consentement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, en vertu de la
citation que je vais faire, la décision que je prends est la suivante:
Nous pouvons procéder avec l'adjoint parlementaire, bien que je
reconnaisse la pertinence de votre intervention, mais je pense qu'il faut lui
donner un sens plus large. Lorsque le législateur a prévu cette
partie de règlement, ce que la Loi sur l'Assemblée nationale a
voulu, c'est que la Chambre ou les travaux de cette Chambre ne soient jamais
arrêtés par l'absence d'un ministre, mais qu'ils puissent
continuer en présence des adjoints parlementaires. C'est une des
fonctions des adjoints parlementaires.
Je pense que nous pouvons donc procéder à l'examen de
l'article 1.
M. Gauthier: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, je comprends votre bonne
intention. Je comprends également... Je connais le député
de Laurier. Je sais que c'est un homme très capable de répondre
à beaucoup de questions et de bien remplir ses tâches d'adjoint
parlementaire. Cependant, dans le cadre de l'étude d'un projet de loi
article par article, comme on le fait présentement, il n'est pas
d'usage, effectivement, que le ministre qui siège à
l'Exécutif se fasse remplacer par son adjoint parlementaire. Je veux
simplement vous dire, M. le Président, que vous voulez économiser
du temps, c'est bien évident, mais il ne nous apparaît pas que la
procédure que vous êtes en train de choisir à cette fin
soit la bonne. Il ne nous semble pas qu'il soit possible, malheureusement, sans
faire offense à mon collègue de Laurier, de gagner du temps par
cette procédure.
M. Leclerc: M. le Président, sur la même question,
si vous me permettez, je crois qu'il y a lieu de rappeler un certain
précédent, avant les fêtes; à la commission du
budget et de l'administration, où j'étais remplaçant,
l'adjoint parlementaire du ministre du Revenu a répondu aux questions
lors de l'étude article par article du projet de loi 2.
M. Rochefort: M. le Président, je soutiens que ce que le
député de Taschereau dit est juste et correspond
entièrement aux représentations que je viens de vous faire, dans
le cadre d'un consentement des membres de la commission pour progresser dans
l'étude article par article d'un projet de loi.
M. Leclerc: M. le Président, on me corrigera si j'ai tort,
mais je ne crois pas qu'il y avait eu de consentement demandé, en tout
cas, pour autant que je sois concerné.
Le Président (M. Bélanger): Pour mettre fin au
débat, en vertu de l'article 41, le président a rendu une
décision. Je vous demanderais donc, en termes d'éthique envers
cette commission, de vous en remettre à cette décision et de
procéder aux travaux. Donc, nous en étions à l'article 1.
M. le député de Laurier.
M. Sirros: Est-ce que je pourrais suggérer, étant
donné qu'il y a eu une discussion d'entamée avec la ministre sur
l'article 1, que l'on suspende l'adoption de l'article 1 en attendant son
retour et que l'on procède à l'étude de l'article 2?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que nous avons
le consentement de l'Assemblée?
M. Rochefort: M. le Président, ce que le
député de Laurier dit est juste, mais nous avons des questions de
même nature, eu égard aux articles 70.0.1 et 70.0.2, qui tiendront
compte des réponses que la ministre va nous fournir à l'article 1
du projet de loi. Tant et aussi longtemps que l'on n'aura pas obtenu les
réponses ni eu l'occasion de tenir les discussions entourant l'article
1, on ne peut progresser dans l'étude de l'article 2 ni de l'article 3
parce qu'il s'agit là du coeur du projet de loi: Est-ce que, oui ou non,
on donne des pouvoirs aux conseils régionaux de modifier les plans
d'effectifs et de modifier rétroactivement les plans d'organisation des
départements cliniques et des services cliniques d'un
établissement?
M. le Président, la réponse même du
député de Laurier donne raison aux représentations que
nous vous faisons. Étant donné que nous n'avons pas réussi
à compléter l'étude de l'article 1 avec la ministre, nous
ne pouvons pas procéder plus avant. De toute façon, M. le
Président, il est 17 h 40 et j'imagine que la ministre, à 20
heures, sera disponible. Alors, on va pouvoir poursuivre l'étude de
façon cohérente et dans ta cohésion législative que
nécessite l'étude d'un tel projet de loi.
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président, que je sache, sans le
consentement exprès de l'Opposition, un adjoint parlementaire ne peut
s'arroger les pouvoirs d'un ministre pour conduire l'étude d'un projet
de loi. Seul un membre dûment assermenté du Conseil des ministres
peut piloter un projet de loi. En l'occurrence, les membres de l'Opposition
n'ont pas donné de consentement, purement et simplement parce qu'on n'a
pas eu de demande préalable. Subito presto, comme cela, la ministre
quitte pour aller étudier d'autres points; c'est son droit. À ce
moment-là, un consentement, cela se demande, cela se prépare; des
ententes, cela se fait. Sinon, si l'on fait fi de l'Opposition, un Parlement
n'aurait pas besoin de siéger. Il n'aurait qu'à nous convoquer
une fois par année pour faire entériner les décisions.
En l'occurrence, vous savez pertinemment que votre pouvoir, comme
président de la commission, ne peut pas aller à l'encontre de la
Loi sur l'Assemblée nationale qui ne donne qu'à un ministre
dûment assermenté à cette fin le pouvoir de piloter ou de
parrainer un projet de loi, à moins d'un consentement de l'Opposition,
chose que l'on vous reproche à ce moment-ci. Je vous demande de statuer
immédiatement.
Le Président (M. Bélanger): Si vous permettez un
instant de réflexion sur la matière.
Il rn'apparaît qu'il y a deux cas où il faut l'assentiment
de la commission parlementaire afin de faire des modifications aux travaux.
C'est en vertu de l'article 143 et c'est lorsqu'il s'agit de s'entendre sur la
répartition du temps et sur l'horaire des travaux. Ce sont les deux
seuls cas prévus au règlement où la commission peut
déroger et où elle doit agir avec le consentement unanime de tous
les membres.
Précédemment, nous avons rendu une décision en
fonction de l'article 25 qui dit ceci: "Le gouvernement peut nommer, parmi les
députés, un ou plusieurs adjoints parlementaires à un
ministre pour l'assister dans l'exercice de ses fonctions; l'adjoint
parlementaire peut répondre aux questions adressées au ministre
ou en prendre avis en son nom." Sur la base de cet article, nous avons
décidé tout ô l'heure que nous pouvions continuer à
avoir la présence de l'adjoint parlementaire.
M. Chevrette: M. le Président.
Non, je ne le remettrai pas en question. Je voudrais poser une question
qui peut être très réelle. Est-ce qu'un adjoint
parlementaire ou un député, ici, peut engager le Conseil des
ministres sur une modification de l'article 1?
M. Rochefort: C'est cela.
M. Chevrette: C'est impossible. Seul un ministre peut se
compromettre pour et au nom du gouvernement. C'est clair et net dans
l'économie de nos lois. Je comprends qu'on pourrait discuter longuement
sur le droit de parole mais quand on n'est pas ministre... J'ai
été adjoint parlementaire pendant quatre ans, pour le
bénéfice du député de Laurier, et pendant quatre
ans je n'ai eu aucun pouvoir d'engager un sou ou d'engager le gouvernement dans
une procédure sans être dûment assermenté. C'est
clair. À moins d'avoir un mandat écrit sur tel sujet disant qu'il
accepterait telle modification si elle était présentée,
comment le député de Laurier, au moment où on se parle,
peut-il présumer des amendements qu'on va faire sur l'article 1? C'est
impossible. On peut bien ne pas vouloir écouter les groupes de
l'extérieur mais on va au moins écouter les parlementaires qui
ont quelque chose à dire. Ce n'est pas en présence de quelqu'un
qui n'a pas les pouvoirs d'amender les choses qu'on va commencer à jouer
avec les amendements. On va faire nos amendements quand la ministre sera
là. En bonne et due forme. Depuis quand va-t-on se mettre à
étudier des projets de loi dans ce Parlement parrainés par un
ministre qui n'assiste même pas aux délibérations d'une
étude article par article? C'est de l'indécence par rapport au
parlementarisme.
M. Sirros: M. le Président, sur la question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez.
M. le député de Joliette, vous faites votre intervention en vertu
- je présume - de l'article 192 qui dit que seul un ministre peut
présenter une motion visant soit l'engagement de fonds publics, soit
l'imposition d'une charge aux contribuables, la remise d'une dette envers
l'État ou l'aliénation de biens appartenant à
l'État. C'est en fonction de cet article que vous avez fait votre
intervention? C'est cela?
M. Chevrette: En vertu de quoi?
Le Président (M. Bélanger): L'article 192 qui dit
que seul un ministre peut présenter une motion visant l'engagement de
fonds publics, l'imposition d'une charge aux contribuables, la remise d'une
dette envers l'État ou l'aliénation de biens appartenant è
l'État.
M. Chevrette: M. le Président. M. Sirros: Question
de règlement.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, sur une question de règlement.
M. Sirros: II ne faudrait pas trop "charrier" sur cette question.
Il n'est nullement de mon intention de vouloir engager la ministre ou le
Conseil exécutif sur des amendements, sauf que je me demande si cela
veut dire que l'Opposition a l'intention de présenter des amendements
sur tous les articles qui sont dans le projet de loi. N'y aurait-il pas des
questions d'information que l'Opposition pourrait avoir et on pourrait adopter
les choses qu'on pourrait adopter. De toute façon, je pense que sur
l'article 1 il y a déjà eu une bonne discussion. La ministre a
donné ses explications quant à sa décision de maintenir
l'article 1 tel qu'il est présentement. Je crois qu'il ne faudrait pas
dire que la ministre n'assiste pas à l'adoption de son projet de loi. Je
pense qu'elle a été appelée pour une affaire urgente au
Conseil des ministres. On peut continuer dans ce sens concernant les travaux de
la commission.
M. Chevrette: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: M. le Président. Je crois
qu'on en est rendu - à moins d'être sourd -à
l'étude article par article. On ne commencera pas à questionner
le député de Laurier sur l'article 4 au cas où il serait
capable de répondre. On ne lui fera pas passer un test sur les articles
auxquels il pourrait apporter des réponses. C'est sérieux une
étude article par article. On les suit dans l'ordre. À moins que
de consentement -vous le savez très bien - on suspende l'étude
d'un article pour aller à un autre. C'est la règle même.
Votre conseillère vous dirait certainement cela. Clairement et sans
hésitation. À moins d'un consentement, on procède article
par article. On vide un article avant de passer à un autre. On en est
à l'article 1. On s'excuse mais on veut la présence de la
ministre. On veut que la ministre assiste aux amendements qu'on pourra faire
éventuellement et qu'elle soit capable de les appuyer, de les
défendre ou de prendre l'engagement de les présenter. Et cela, il
n'y a aucun député de ce côté-là de la
Chambre, n'en déplaise aux députés, qui peut le faire,
sauf quand il est accrédité en fonction d'une décision du
Conseil des ministres. Ce n'est pas pour blaguer qu'on fait cela, c'est
sérieux un Parlement. Quand on présente...
Je voudrais attirer votre attention surtout sur l'aspect parlementaire,
M. le Président, ce à quoi vous allez être très
sensible comme législateur, parce que vous êtes d'abord
législateur. Un législateur, M. le Président, ne peut pas
se permettre, à mon sens à moi, de souffrir l'absence d'un
ministre pour l'étude d'un projet de loi, à moins que, sur un
sujet bien donné, comme cela a été le cas, par exemple,
quand on a autorisé M. Séguin à parler au nom de M.
Gratton parce que c'est un fiscaliste, c'est un gars qui a une
compétence reconnue et on acceptait d'emblée...
Une voix: ...
M. Chevrette: Si cela ne vous dérange pas, on n'est pas
obligé de faire nos jugements de valeur devant tout le monde et quand
cela ne nous tente pas. Deuxièmement...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le droit de parole du député de Joliette.
M. Chevrette: Oui, mais, si on voulait faire cette
comparaison-là, on pourrait parler jusqu'à 18 heures
là-dessus, assez allègrement.
Ceci dit, il y a eu déjà dans le passé quelques
précédents, comme Gérald Godin qui a piloté une loi
- je pense que c'est sur la Société des alcools - alors qu'il
était adjoint parlementaire et il y a eu Mme Harel qui a
également piloté une commission parle- mentaire sur le Code
civil...
Une voix: Avec consentement.
M. Chevrette: ...mais avec consentement des deux partis. Vous
n'êtes pas seuls dans le Parlement même si on n'est pas gros. Il
faut bien se comprendre. Vous n'êtes pas seuls dans ce Parlement
même si on n'est pas nombreux et vous allez nous respecter et les
ministres vont prendre suffisamment leurs lois au sérieux pour
être capables de les piloter de alfa à oméga. S'ils
considèrent que ce ne sont pas des lois sérieuses, qu'on ne les
appelle pas au rôle. Si les ministres n'ont pas le temps de venir
assister à l'étude article par article, qu'ils demandent au
leader du gouvernement de ne pas les appeler en commission parlementaire. On
vient d'une commission parlementaire pour la création du
ministère des Approvisionnements et Services, ce qui explique mon
absence ici et, c'est drôle, le ministre était là pour
toute la durée de sa commission. On a été en commission
parlementaire sur l'agriculture pour la privatisation de la raffinerie de sucre
et le ministre Fortier est là. Donc, si la ministre de la Santé
et des Services sociaux ne pouvait pas y être, c'était à
elle de dire au leader qu'il ne l'appelle pas ou que le leader vienne nous voir
et qu'il nous dise: Pour une période d'une heure, est-ce qu'on peut
suspendre les travaux ou bien si on peut continuer dans tel sens? Cela se
discute. Il faut apprendre qu'on est deux partis dans ce Parlement et vous
devrez composer avec l'autre, que vous nous aimiez la binette ou pas. Vous
allez respecter les normes, la décence du parlementarisme et on ne
continuera pas à discuter sans la présence de la ministre. C'est
aussi clair que cela.
Une voix: Vous êtes bien, dans le fond. Une voix:
Pas si bien que cela.
M. Chevrette: Vous autres aussi, mais ils ne vous ont pas
nommés ministre de la Santé ni l'un ni l'autre.
Une voix: Ils n'auraient pas dû vous nommer vous non
plus.
M. Chevrette: Pardon? M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de...
M. Chevrette: Moi, j'ai été élu
malgré la vague, pour votre information.
Le Président (M. Bélanger): Je pense qu'il faut
respecter le fait que chaque membre de cette Assemblée est
dûment
mandaté et que...
Est-ce qu'on peut suspendre encore cinq minutes pour vérifier une
dernière fois avec Mme la conseillère?
Une voix: On peut suspendre cinq minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 17 h 49)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! J'ai en main, ici, la décision exacte à
laquelle on a fait allusion tout à l'heure. Selon, exactement, la
même argumentation et la même rationalité que j'avais
développées à partir de l'article 25: "Le gouvernement
peut nommer...", nous pouvons conclure que l'adjoint parlementaire n'a pas pour
fonction de remplacer le ministre à l'Assemblée nationale. Son
rôle est plutôt restreint à assister et è
représenter le ministre concerné, selon la manière que ce
dernier prescrit, et, s'il y a lieu, à répondre aux questions,
lors de la période des questions. Le ministre concerné est
toujours responsable des paroles prononcées et des actes accomplis en
son nom par son adjoint parlementaire. Lors de l'étude d'un projet de
loi à l'Assemblée, un adjoint parlementaire peut toujours
représenter le ministre concerné lors de l'adoption du principe
en Chambre, ou encore lors de l'étude détaillée dudit
projet de loi en commission parlementaire. Le ministre concerné demeure
néanmoins le parrain du projet de loi.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Bélanger): Par conséquent,
seul le ministre qui présente le projet de loi a droit à un temps
de parole de cinq minutes après chaque intervention.
Cela mettait des limites dans les droits, mais notre décision
était rendue, était légitime et elle était
bonne.
M. Sirros: M. le Président, est-ce que cela veut dire, si
je comprends bien, que l'argumentation qui a été faite tout
à l'heure par le député de Joliette était à
côté de la "track"?
Le Président (M. Bélanger): Le député
de Joliette l'a tenue en fonction de l'article 192, mais je maintiens la
décision que nous avions prise. Cependant, comme Mme la ministre est
revenue, de toute façon, cela met fin ipso facto au débat. Nous
reprenons l'étude de l'article 1.
M. Chevrette: Je voudrais redire de la part de notre formation
politique qu'on considère qu'il y va d'un consentement des deux partis.
La ministre n'a pas à jaser dans les corridors avec son monde à
tous les jours ou à toutes les demi-heures. Elle n'a pas à
transiger dans le parlement, mais avec l'Opposition, sur le plan officiel des
débats. On pense que la ministre peut avoir d'excellentes raisons. On ne
veut pas discuter du fond de l'absence de la ministre et des raisons qui la
conduisent à être absente.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas ou de toute façon, je suis
rendue.
M. Chevrette: Oui, mais je m'excuse. Avant qu'il ne se
crée un précédent... Je pense que le député
de Laurier insiste à bon droit. Je dis carrément que, pour nous,
au-delà de l'interprétation qu'on peut en faire, s'il n'y a pas
eu de consentement, nous ferons des pieds et des mains pour empêcher que
les débats se fassent en l'absence de la ministre. Nous ferons des pieds
et des mains; nous irons jusqu'à nous retirer, s'il le faut, pour bien
démontrer qu'un Parlement, c'est sérieux, M. le Président.
On ne rira pas des parlementaires. Je pense que seule la ministre est
reponsable devant le Conseil des ministres et seule la ministre, au point de
vue de la santé et des services sociaux, est responsable devant
l'Assemblée nationale; ce n'est aucun député, n'en
déplaise à leur titre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je reconnais la pertinence de ce que vous
dites, mais avec les nuances suivantes. En vertu de l'article 192, seul un
ministre peut présenter une motion visant l'engagement de fonds publics;
l'imposition d'une charge aux contribuables; la remise d'une dette envers
l'État ou l'aliénation de biens appartenant à
l'État. Actuellement, à l'article 1 que nous sommes à
étudier, il n'est question d'aucun de ces quatre points. Donc, les
seules contraintes qui étaient mises étaient de cet
ordre-là. Donc...
M. Chevrette: M. le Président!
Le Président (M. Bélanger): ...nous maintenons la
décision que nous avions prise.
M. Chevrette: Oui, mais, M. le Président, vous venez
d'ouvrir une porte. Je m'excuse! Question de règlement...
Le Président (M. Bélanger): Je vous rappelle...
M. Chevrette: En vertu de l'article 192...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous rappelle l'article 41 du
règlement...
M. Chevrette: Oui. Mais c'est vous qui venez d'argumenter.
Le Président (M. Bélanger): ...et je vous
demanderais, à partir de maintenant, de procéder avec...
M. Chevrette: Vous venez d'argumenter, M. le Président.
Vous ne nierez toujours pas les propos que vous venez de donner. Vous avez lu
vous-même l'article 192.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous rappelle l'article 41...
M. Chevrette: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement.
M. Chevrette: M. le Président, vous venez d'utiliser
l'article 192 qui dit que seul un ministre peut engager des fonds publics.
Savez-vous qu'on pourrait vous passer un amendement en l'espace de 30 secondes,
possiblement, en l'espace d'une minute ou deux ou d'une demi-heure, qui vise
à la préparation d'effectifs médicaux, qui peut
coûter des centaines de millions de dollars aux Québécois?
Savez-vous cela? Ce ne sont pas toujours les frais directs. Je pense qu'il y a
des gens qui peuvent témoigner qu'un plan d'effectifs médicaux
peut coûter des fortunes aux contribuables québécois. C'est
sérieux, cette histoire-là, voyons!
Le Président (M. Bélanger): C'est le
président qui juge de la recevabilité, à ce moment, des
modifications.
M. Chevrette: Vous n'utilisez pas l'article 192. On vient de vous
donner un exemple.
Le Président (M. Bélanger): Je disais que vous
m'aviez cité l'article 192. Je vous citais à ce moment. De toute
façon, je vous prierais de revenir au coeur du débat. J'appelle
la suite des travaux sur l'article 1. Je veux juste trouver mon projet de
loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai rien à
ajouter sur l'article 1.
Une voix: Est-ce qu'on peut demander le vote, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Alors, sur l'article 1,
est-ce qu'il y a d'autres commentaires?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, dans ses
réponses, la ministre nous a dit que le dernier alinéa de
l'article 70 qui dit: "Sur demande du ministre, un conseil régional doit
surseoir à son approbation jusqu'à ce que le ministre
l'autorise." ...Donc, la ministre reconnaît d'une certaine façon
un mécanisme, que je qualifierais, pour les fins de notre discussion,
d'appel, au fond, parce qu'elle-même, tantôt, disait: Si la limite
c'était le conseil régional, je l'accepterais mais puisqu'on peut
aller jusqu'à la ministre... Est-ce que la ministre ne serait pas
d'accord pour clarifier de façon législative le fait qu'un
établissement qui ne serait pas satisfait d'une décision quant au
plan d'organisation des départements et des services cliniques qui
existent à l'heure où nous nous parlons, que
l'établissement en question pourrait en appeler ou demander la
suspension de la décision jusqu'à ce que la ministre en ait pris
connaissance et l'ait autorisée en bonne et due forme? C'est pour
éviter qu'on se retrouve dans des situations où, finalement, on
se fera dire: C'est bien de valeur, le ministre était en mission ou je
ne sais quoi de cette nature.
Pour reprendre l'esprit même des propos de la ministre qui dit
qu'au fond il y a une possibilité d'appel, hé bien! est-ce qu'on
ne devrait pas être plus clair dans la rédaction de la loi pour
bien baliser l'utilisation des dispositions de l'article 1 du projet de loi
pour que ce soit bien clair que ce n'est pas uniquement à partir d'une
initiative ministérielle qu'on peut suspendre une décision mais
qu'un établissement non satisfait pourrait demander à la ministre
d'intervenir?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que cette
disposition existe dans la loi depuis, je ne dirais peut-être pas 1981
parce que je ne sais pas si cela avait été sanctionné en
décembre 1981, et, à ma connaissance, il n'y a pas eu de
problèmes qui aient été soulevés, par exemple,
même avec les plans...
M. Rochefort: ...
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais même pour... il y avait
déjà un...
M. Rochefort: Un pouvoir d'approbation et non pas de
modification.
Mme Lavoie-Roux: Un pouvoir d'approbation et... Moi, je pense
qu'on peut fonctionner de cette façon. Je pense que même pour
l'approbation il y a, à ma connaissance... Y a-t-il eu beaucoup de cas
qui ont été litigieux quant à l'approbation des plans
d'effectifs? En fait, l'approbation des plans d'effectifs n'a pas eu beaucoup
d'effet puisque ce n'était pas très efficace,
de toute façon.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez un
commentaire à ajouter, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Ce que j'allais dire de plus, c'est que je pense
que nos lois prévoient que les plans d'organisation ou les plans
d'effectifs ou la planification se fassent au niveau régional et se
fassent à partir de concertation. Cela a été, je pense, le
rôle - l'ont-ils toujours joué avec un succès parfait? cela
est une autre affaire -mais cela a été le rôle des conseils
régionaux de, justement, créer cette concertation. On sait qu'ils
l'ont fait avec succès dans la fusion de certains services, dans la
modification des services à l'intérieur d'un centre hospitalier.
Je le disais tout à l'heure, il l'ont fait du point de vue de la
distribution des équipements. Et là, on va parler juste des
centres hospitaliers. Et je pense que c'est à ce niveau que cette
collaboration doit d'abord se créer, à moins que, je le redis
encore une fois, à moins qu'on veuille centraliser de nouveau à
Québec. Je pense que ce n'est pas l'esprit dans lequel nous voulons agir
et je pense qu'il y a peut-être des tâches des conseils
régionaux - j'en ai déjà parlé, quoique pas d'une
façon précise - qui peuvent être visées, mais je
pense que, quand il s'agit de plans d'organisation, c'est encore au niveau
régional que cela peut se faire le mieux, et je vois difficilement
comment cela pourrait être opérationnel si tout devait se faire
à Québec. La minute où vous mettez dedans "un
établissement peut toujours en appeler" -ce n'était pas votre
formulation mais en fait...
Une voix: Le sens.
Mme Lavoie-Roux: ...oui, en appeler. C'est qu'à ce
moment-là vous invitez à peu près tout le monde à
venir ici à Québec demander, alors que, là où il y
a vraiment des cas litigieux, ils peuvent venir à Québec. La
députée de Marie-Victorin, justement, notait qu'il y avait
déjà des pèlerinages à Québec quand les
choses n'apparaissaient pas satisfaisantes aux institutions,
particulièrement du point de vue financier, je pense, entre autres.
M. Rochefort: Or donc, M. le Président, je comprends de la
réponse de la ministre que cela ne l'agace pas que le pouvoir
d'approbation ou de modification qu'elle confère ou qui reste dans
l'article 1 porte, non seulement sur les pians d'effectifs médicaux
eux-mêmes, mais aussi qu'il puisse permettre à un conseil
régional d'abolir, par exemple, des services ou des départements
cliniques qui existent, à l'heure où on se parle, sans d'autres
formalités avec, comme unique mesure de protection, si vous me passez
l'expression aux fins de la discussion, pour l'établissement que le
ministre, s'il le demande, peut suspendre le mécanisme d'autorisation et
de modification.
Mme Lavoie-Roux: Je répète ce que je disais tout
à l'heure. Je pense que ce n'est pas... À moins d'une situation
vraiment extraordinaire où la ministre pourrait, d'elle-même,
noter qu'il semble y avoir une anomalie qui saute aux yeux. Je donnais tout
à l'heure l'exemple extrême que, demain matin, on décide de
fermer l'Hôtel-Dieu et Notre-Dame à Montréal. Je pense que
je dirais: Que se passe-t-il? Le reste, je pense, que c'est l'initiative...
Même si on dit "sur demande du ministre", il reste que l'initiative vient
des établissements eux-mêmes qui sont insatisfaits d'une
décision qui est prise. Quand le député de Gouin dit:
Peut, demain matin, abolir un service, je pense qu'un conseil régional
demanderait d'abord, j'imagine, à un établissement de modifier
son plan de service dans un esprit de concertation- Si, à un moment
donné, rendu en bout de la ligne, l'un et l'autre demeurent convaincus
de son point de vue, c'est à ce moment que les choses vont se
redresser.
Le Président (M. Bélanger): Juste une remarque et
on va ajourner. Je vais juste rappeler qu'en vertu de l'article 18 de la Loi
sur les services de santé et les services sociaux, dans la partie qui
traite particulièrement des conseils de la santé et des services
sociaux, on précise bien les fonctions des conseils régionaux, en
particulier le pouvoir de demander les plans d'organisation et toutes ces
mesures. Alors il faudrait abroger cette loi, il faudrait retourner en
arrière, et repenser la loi des conseils régionaux. Je pense que
ce n'est pas l'objet du présent projet de loi. Nous suspendons nos
travaux jusqu'à 20 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 17)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaîtî Nous allons reprendre les travaux de la commission sur
la loi 75, à l'article 1. Auparavant, Mme la secrétaire, y a-t-il
des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Toutefois, il
faudrait le consentement de la commission...
Le Président (M. Bélanger): Le consentement
unanime, oui.
La Secrétaire: ...pour que M. Joly (Fabre) soit
remplacé par M. Hétu (Labelle).
Le Président (M. Bélanger): M. Hétu remplace
Mme Pelchat.
Des voix: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
consentement?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Consentement. Merci.
Alors, M. Hétu vous êtes "la" bienvenue.
Mme Lavoie-Roux: Le bienvenu.
Le Président (M. Bélanger): Le bienvenu, oui.
Qu'est-ce que j'ai dit?
Mme Lavoie-Roux: La bienvenue. Le Président (M.
Bélanger): Oui?
Mme Lavoie-Roux: Vous lui souhaitiez la bienvenue pour qu'il soit
le bienvenu.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui. De toute
façon, "welcome".
M. Hétu: Cela dépend de la langue.
Le Président (M. Bélanger): Pas de débat.
Alors, nous en étions à l'article 1. Encore là?
M. Sirros: Combien de temps nous reste-t-il sur l'article 1,
seulement pour mon information?
Le Président (M. Bélanger): On n'avait pas
statué de temps, M. le député de Laurier. Alors sur
l'article 1?
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien à ajouter.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, vous
n'avez rien à ajouter. M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, si je comprends bien les
propos de la ministre cet après-midi, elle souhaite maintenir le projet
de loi tel quel, donc avec pouvoir de modification aux conseils
régionaux des plans d'organisation des départements cliniques et
des services cliniques qui existent présentement dans les plans
d'organisation des centres hospitaliers et des autres établissements du
réseau tel que nous les connaissons actuellement. Je prends bonne note
de cela.
Deuxièmement, je veux demander à la ministre comment elle
réagit, toujours eu égard au pouvoir que l'on donne aux conseils
régionaux, à la remarque de l'Association des hôpitaux du
Québec qui nous dit: On est d'accord avec l'économie
régionale du projet de loi, mais on est absolument opposés
à ce que les pouvoirs d'approbation ou de modification des plans
d'effectifs soient accordés aux conseils régionaux, parce que les
budgets ne proviennent pas des conseils régionaux, mais proviennent du
ministère. On souhaite - je parle toujours de l'Association des
hôpitaux du Québec - que ces plans ne puissent être
approuvés et/ou modifiés que par le ministère, compte tenu
que ces plans impliqueront des budgets importants et que ces budgets ne
proviendront que du ministère.
La ministre a-t-elle eu l'occasion de réfléchir à
ces questions? J'aimerais qu'elle nous fasse part un peu de l'état de
ses réflexions quant à cet argument d'un des deux organismes qui,
globalement, appuyaient sa démarche.
Mme Lavoie-Roux: L'argument apporté par l'AHQ n'est pas
dénué de tout fondement quand elle dit que cela pourra vouloir
dire indirectement, dans certains cas, des approbations de montants importants.
Mais il faut bien dire que c'est déjà un rôle que les CRSSS
remplissent dans une large mesure à l'égard d'autres montants
très importants qui leur sont et qui leur ont été
confiés au cours des années. Je pense, par exemple, au fait que,
grosso modo, bon an mal an, dans le cas des immobilisations pour les montants
inférieurs à 1 000 000 $, ce sont eux et, en
général, je dirais que c'est probablement de l'ordre de 40 000
000 $ par année que déjà les CRSSS administrent et
distribuent, après concertation, etc., à l'ensemble des
établissements de leur territoire. C'est déjà un montant
considérable.
Également, dans le cas des immobilisations - quoique là
ils n'ont pas l'argent eux-mêmes - ils font annuellement des
recommandations sur ce plan qui peuvent vouloir dire aussi des sommes
importantes, même s'ils n'ont jamais l'argent en main. Je regarde ce que
l'ancien gouvernement leur a confié - c'est un exemple précis qui
me vient à l'esprit - en ce qui a trait à l'administration des
fonds qui vont à Louis-Hyppolite-Lafontaine, c'est une opération
de l'ordre - de mémoire - d'au moins 30 000 000 $, sinon 40 000 000 $.
Ce sont eux qui ont l'administration de ces sommes-là et on ne les a
même pas remises alors que, dans ce cas-là, peut-être
aurait-on pu, pas en ce qui concerne les immobilisations, mais pour ce qui a
trait à de l'argent qui doit aller au plan général le
remettre à... mais je ne reviens pas là-dessus.
Alors, ce n'est pas nouveau. Maintenant, il faut bien dire, dans le cas
qui nous préoccupe, que j'ai l'impression que,
d'une façon générale, ce n'est pas demain matin
qu'on va se mettre à modifier des services ou des départements.
Je pense que le député de Gouin a reconnu, d'une part, que, du
côté du développement, il était d'accord pour que,
dans un premier temps, les gens ne puissent pas faire des développements
sans qu'il y ait une approbation du conseil. D'ailleurs, même avec les
montants des fondations, par exemple, que les hôpitaux ont en main lors
des campagnes de financement - je pense que c'est le Royal Victoria qui a
dû se ramasser près de 40 000 000 $ et demain, ce sera un autre
qui s'en ramassera 25 000 000 $ ou 30 000 000 $ -on leur dit: Oui, d'accord,
vous pouvez les utiliser, mais toujours conditionnellement aux approbations du
conseil régional. On sait que cela doit avoir trait à certaines
activités. Mais encore là, c'est un pouvoir quand même
important.
Comparativement, je ne peux pas croire que, dans tous les services ou
les départements qui sont à l'intérieur des hôpitaux
présentement, même avec un plan d'effectifs plus balisé, on
va procéder à des réaménagements
considérables de ces services-là ou on va se mettre à en
abolir d'une façon régulière. Je pense qu'on va continuer
à fonctionner de façon peut-être plus serrée, plus
rigoureuse que ce qui s'est déjà fait dans les années
passées.
Dans ce sens-là, je pense qu'on continue de reconnaître aux
CRSSS des responsabilités importantes, j'en conviens, mais, à ce
moment-ci, à partir d'un projet qui, à mon point de vue,
n'impliquera pas des sommes plus considérables que celles qui leur sont
déjà confiées. Au contraire, je pense que cela va
être moins que celles qui leurs sont déjà confiées.
Je me dis qu'avec le tempérament qui se trouve inscrit dans la loi du
fait que le ministre peut toujours intervenir, pour le moment c'est mieux de
laisser aux CRSSS cette responsabilité-là.
M. Rochefort: La ministre nous dit que les sommes
concernées ne seront sûrement pas plus importantes que les sommes
impliquées par les pouvoirs dont les CRSSS ont déjà la
responsabilité, mais je veux rappeler la remarque de l'Association des
hôpitaux du Québec. C'est que l'ensemble des plans d'effectifs
implique des budgets substantiels à comparer aux pouvoirs dont les CRSSS
ont déjà la responsabilité et ces budgets viennent en
totalité du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Ce n'était pas seulement pour quelques éléments
additionnels ou complémentaires, mais c'est pour l'ensemble des
coûts amenés par des plans d'effectifs que l'Association des
hôpitaux faisait cette remarque.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les sommes, qui sont
déjà administrées par les
CRSSS sont considérables. Peut-être sont-elles trop
considérables, mais c'est une autre question. Je ne leur en fais pas un
reproche, quoique je me pose parfois des questions. Le gouvernement
antérieur a confié aux CRSSS toute la question des ambulances, ce
qui représente un grand nombre de millions. Ils ont
Urgences-santé, ils ont les ressources alternatives et ils ont les plans
d'immobilisations dont je vous parlais. Je pense qu'on aurait dû
s'interroger avant aujourd'hui. Évidemment, on approuve l'ensemble des
services, mais les services sont déjà existants et, pour la
majorité, j'imagine qu'ils vont rester là à moins qu'il
n'y ait des dédoublements irrationnels.
M. Rochefort: II y a une autre remarque, M. le Président,
que je voudrais faire. La ministre pourrait-elle nous dire à partir de
quel instrument un conseil régional pourra approuver ou modifier un plan
d'organisation d'établissement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que là,
on s'en va à l'article 5.
Le Président (M. Bélanger): À l'article 5?
Vous souhaitez aborder cela là.
Mme Lavoie-Roux: À moins que vous ne vouliez...
M. Rochefort: Non, c'est juste parce que, avant, justement, qu'on
termine l'étude de l'article 1, je pense que...
M. Sirros: Les articles 1, 2, 3 et 4. On arrive à
l'article 5.
M. Rochefort: Je pense que c'est important dans le cadre des
discussions qui entourent l'article 1 parce que c'est là qu'on donne le
pouvoir même si, par la suite, on définira un peu comment ce
pouvoir sera administré. Vous souhaitez le faire à l'article 5.
C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, je pense que cela est mieux.
M. Rochefort: D'accord. Alors, M. le Président, en ce qui
me concerne, mes questions et mes interventions sur l'article 1 sont
complétées.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres questions ou d'autres commentaires sur l'article 1? Est-ce que
l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
Passons à l'article 2.
Plan d'organisation d'un CLSC ou d'un centre
d'accueil
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, mes commentaires seront
très brefs. On prévoyait, dans la loi 27, des plans
d'organisation pour un type d'établissements. On a manifesté le
désir, lors de cette commission parlementaire en mai dernier, que les
CLSC et les centres d'accueil soient aussi compris dans ces plans d'effectifs
pour les établissements. L'article 70.0.1 prévoit exactement les
mêmes dispositions pour les centres locaux de services communautaires et
les centres d'accueil que celles qui étaient prévues au plan
d'effectifs médicaux pour les centres hospitaliers.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Dans ce cas, évidemment, cela se limite
aux effectifs. Il n'y a pas de départements et de services.
M. Rochefort: Une première question, M. le
Président, peut-être technique. J'avoue que je fais mes classes,
moi aussi, tranquillement pas vite. Les départements de santé
communautaire, les DSC, est-ce que leurs plans d'effectifs sont compris dans
les plans d'effectifs de l'établissement auquel ils sont
rattachés?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: C'est clair? C'est parce qu'on sait qu'il y a des
médecins qui sont rattachés aux DSC. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: II y a un amendement là-dessus.
M. Rochefort: Je n'ai pas vu cela. Sur les DSC?
Mme Lavoie-Roux: Non. Pas sur les DSC, sur l'article 70.0.1,
pardon.
M. Rochefort: Je ne l'ai pas eu, j'ai l'article 70.0.2.
Mme Lavoie-Roux: L'article 70.02, pardon. Excusez-moi. (20 h
30)
M. Rochefort: Qu'est-ce que la ministre répond à la
crainte, qui a été formulée et qui s'est, j'imagine,
rendue à elle aussi et pas seulement par mon intermédiaire, que
suscite l'extension des plans d'effectifs aux centres locaux de services
communautaires chez certains administrateurs, certains membres de conseils
d'administration de centres locaux de services communautaires en milieu urbain,
qui nous disent: On est un peu inquiets de voir que les plans d'effectifs vont
nous couvrir? On se demande si cela ne pourrait pas être un premier geste
dans un plan qui aurait pour objet ou pour effet de retirer la présence
de médecins dans les centres locaux de services communautaires en milieu
urbain, et ce compte tenu de l'ensemble des réflexions qui ont
été faites jusqu'à maintenant, tant par la ministre que,
à l'occasion, par le président du Conseil du trésor,
autour des CLSC en milieu urbain.
J'ai eu des remarques de la part de permanents locaux de CLSC, non pas
d'organismes comme l'association des directeurs généraux de
Montréal ou de la fédération, mais d'un certain nombre de
directeurs généraux ou de membres de conseils d'administration de
CLSC en milieu urbain, à Québec comme à Montréal.
Ils nous disent: Est-ce qu'il n'y a pas là un pas de plus dans le sens
de dire, à un moment donné: Dans les CLSC en milieu urbain, il
n'y aura pas de médecins?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je peux dire au
député de Gouin que, jamais dans mon esprit, je n'ai fait de lien
entre les deux. Maintenant, on se pose des questions sur la rationalisation
administrative, des CLSC en milieu urbain par exemple; on se pose des questions
sur l'accent qu'ils devraient mettre sur des populations cibles. Mais, dans mon
esprit, je n'ai jamais fait ce lien entre les deux.
M. Rochefort: Mais, dans le cadre des réflexions,
auxquelles vous venez de faire allusion, que vous menez actuellement autour des
CLSC en milieu urbain, n'y a-t-il d'aucune façon des hypothèses
de travail qui pourraient nous mener à l'élimination de la
présence de médecins dans les CLSC en milieu urbain?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, ce projet de loi a
été fait pour, d'une part, répondre à une demande
même des représentants des CLSC quand ils sont venus en commission
parlementaire, l'an dernier; ils souhaitaient être intégrés
à l'intérieur de ces plans d'effectifs médicaux. Si on
veut faire des plans d'effectifs médicaux valables à
l'intérieur d'un territoire, je pense qu'il faut au moins les retrouver
à l'intérieur des établissements, parce qu'on a des gens
qui vont d'un CLSC à l'autre, enfin, plusieurs.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: C'est cela que je voulais vérifier avec Mme
la ministre. Il y a beaucoup de médecins de CLSC, notamment
en ce qui touche la santé et la sécurité du travail
ou la médecine familiale, dont le poste doit être
entériné par le conseil d'administration d'un
établissement de santé de courte durée. Je voulais
vérifier avec Mme la ministre ce qu'il va arriver dans ces plans
d'effectifs.
Le Président (M. Bélanger): Ils doivent être
approuvés via le DSC, le département de santé
communautaire. Non?
M. Rochefort: Je vous ai manqué...
Le Président (M. Bélanger): Par le
CLSC?
Mme Vermette: '. Non. Ce n'est pas nécessairement par le
département de santé communautaire. Il y a des médecins
qui doivent passer par les conseils d'administration des hôpitaux pour
pouvoir travailler dans un CLSC, notamment en ce qui touche la santé et.
la sécurité du travail.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! La responsabilité qu'ont les DSC
eu égard à la santé et à la sécurité
du travail.
Mme Vermette: Les DSC. Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est pour cela que
cela passe par l'hôpital, parce que c'est le DSC qui...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...détermine les
programmes et les effectifs.
Mme Vermette: D'accord.
M. Rochefort: Sur la question des plans d'effectifs dans les
centres d'accueil ou d'hébergement, quel est l'état de la
situation quant au recrutement des médecins pour desservir ces centres,
à l'heure où vous nous parlez?
Mme Lavoie-Roux: C'est très inégal. La
Fédération des centres d'accueil m'a fait part que, justement,
elle avait des difficultés à recruter dans certains cas.
Évidemment, cela dépend aussi - c'est un peu comme pour les
hôpitaux - pas nécessairement du type de centre d'accueil, mais
d'abord du nombre de bénéficiaires qu'il y a l'intérieur,
de la lourdeur des cas, etc. Mais, d'une façon générale,
on souhaiterait qu'ils puissent en attirer davantage. D'une part, ils ne
veulent pas d'un médecin qui vienne strictement pour "passer" des
bénéficiaires, mais ils veulent aussi quelqu'un qui, du point de
vue de son intérêt et de sa formation, s'y intéresse
vraiment. Pour eux, le recrutement des médecins pose encore un
problème.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez l'impression qu'avec des plans
d'effectifs médicaux on va apporter une solution, un coup de pouce au
problème du recrutement des médecins en centres d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que le but de préparer des plans
d'effectifs médicaux, c'est, d'une part, de savoir où se
retrouvent les médecins. Comme je le disais tout à l'heure, les
centres d'accueil vont être à cette table de concertation comme
les centres hospitaliers et les autres, la Fédération des CLSC,
et ils pourront faire valoir leurs besoins. On espère qu'à partir
de cette concertation il y ait une plus grande sensibilisation au fait qu'il y
a des besoins auxquels on ne répond pas et qu'éventuellement,
à partir de l'analyse des effectifs médicaux qui existent, il
pourra peut-être y avoir des recommandations de faites à cette
table de concertation pour corriger des choses.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai eu l'occasion
brièvement de discuter avec les représentants des centres
d'accueil de l'article 70.0.1 du projet de loi 75. Ils m'ont dit "qu'ils
étaient un peu sceptiques quant à l'apport que ce projet de loi
pourrait leur fournir et qu'au contraire ils avaient beaucoup plus l'impression
qu'ils tombaient dans une obligation qui serait assez lourde
bureaucratiquement. Ils avaient l'impression que, pour eux, cela
s'arrêterait à un exercice bureaucratique. Je ne sais pas quelles
sont les assurances qu'on peut leur donner que, par la contribution - il faut
le reconnaître -qu'ils apporteront en participant à
l'élaboration des plans d'effectifs médicaux, comme l'ensemble
des autres établissements du réseau, ils pourront, en fin de
compte, tirer profit d'une telle mesure qui est celle des plans d'effectifs.
Ils sont très sceptiques actuellement face à cela.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que leur participation aux plans
d'effectifs médicaux, pour chaque centre d'accueil, ne sera pas une
tâche aussi lourde qu'elle l'est, même pour un petit centre
hospitalier, compte tenu qu'ils n'ont pas l'organisation de services, de
départements, etc. Du point de vue de la lourdeur, je pense que leur
inquiétude vient davantage de leur scepticisme vis-à-vis du fait
qu'ils contribuent à la définition, si je puis dire, des
effectifs médicaux dont ils ne croient pas retirer un avantage
immédiat ou rapide. Dans ce sens-là, peut-être qu'ils
pensent que l'exercice n'est pas absolument utile. Je voudrais quand même
rappeler que les centres d'accueil avaient eux-mêmes demandé, le
printemps dernier, d'être
participants à ces plans d'effectifs. Je pense que c'est encore
de cette façon qu'on peut arriver à développer davantage,
au plan des effectifs médicaux, des rôles complémentaires,
en tout cas, entre les établissements hospitaliers ou les centres
hospitaliers et les centres d'accueil. Je pense que le premier travail qui va
se faire, à partir de paramètres qui vont être
définis, cela en sera un de sensibilisation non seulement auprès
des centres hospitaliers, mais aussi auprès des universités.
Est-ce que les universités font tout ce qu'elles devraient faire pour
vraiment mettre l'accent, dans la mesure où il devrait être mis,
sur les services en gériatrie aux personnes âgées? Au
moins, il faut commencer par faire cette prise de conscience et je pense que,
pas pour demain matin - il y a pas personne, d'ailleurs, pour demain matin -
mais sur une période de deux ou trois ans, on devrait arriver au moins
à apporter des premières corrections à une situation qui a
besoin d'être corrigée parce que cela ne s'allège pas en
centres d'accueil, cela s'alourdit. Les besoins d'effectifs médicaux
sont là.
Mme Vermette: M. le Président, précisément
sur la dernière phrase que vient de dire Mme la ministre, è
savoir que dans les centres d'accueil les clientèles s'alourdissent.
C'est parce qu'à l'article 70.0.1, on dit: "...en fonction de son permis
et des ressources financières dont il dispose." Est-ce que ces deux
choses-là sont compatibles compte tenu des situations dans lesquelles,
justement, dramatiquement, les centres d'accueil tentent d'aller actuellement?
Même au niveau des CLSC, je me pose une autre question: Est-ce qu'on ne
les limite pas, finalement, par cette disposition: selon les ressources
financières? Donc, on peut avoir au permis un nombre selon la demande,
mais, par contre, selon les ressources financières, cela va
complètement à l'encontre du besoin ou de la demande.
Qu'adviendra-t-il des pouvoirs des CRSSS à ce niveau-là? C'est
une grosse question à se poser.
Mme Lavoie-Roux: Je ne saisis pas votre question. Auriez-vous
objection a la reformuler?
Mme Vermette: Actuellement, c'est écrit: "en fonction de
son permis et des ressources financières dont il dispose." Je vois une
certaine incompatibilité entre ces deux notions puisque, souvent, compte
tenu de l'alourdissement de la clientèle, les besoins en effectifs
médicaux peuvent augmenter. Si les besoins en effectifs médicaux
augmentent, peut-être que les centres d'accueil n'ont pas
nécessairement les ressources financières pour aller selon le
permis normalement reconnu. Alors, qu'est-ce qui se passe avec le CRSSS qui
comptabilise les effectifs, alors que...
Mme Lavoie-Roux: II faut quand même tenir compte que la
question que vous posez va également pour les centres hospitaliers qui
doivent aussi faire leur plan d'effectifs médicaux en fonction de leurs
ressources financières; "en fonction de son permis et des ressources
financières", il y a la même disposition dans le cas des
établissements de santé. Je pense que, à ce moment-ci, les
ressources financières qui sont mises à la disposition des
centres d'accueil, on peut déplorer qu'elles ne soient pas suffisantes
et dire qu'elles devraient être augmentées. Il reste qu'elles
doivent être en fonction aussi de la capacité de payer de
l'État. C'est dans ce sens que l'on dit: Ils pourraient bien faire un
plan d'organisation qui doublerait ce qu'un établissement peut se payer.
Il faut quand même leur demander de faire cela à
l'intérieur de normes qui soient réalistes, qui sont celles des
ressources financières que l'État met à leur
disposition.
Mme Vermette: Est-ce que le CRSSS va faire l'évaluation
des ressources financières à partir de l'ensemble de la
région ou de l'ensemble des besoins de l'institution?
Mme Lavoie-Roux: De la région, évidemment.
Mme Vermette: Cela peut changer énormément,
à ce moment-là. Il y a une répartition.
Mme Lavoie-Roux: II reste que, déjà, chaque centre
d'accueil a à sa disposition, au moment où l'on se parle, un
budget précis qui est soit indexé, soit développé,
s'il y a des efforts de faits dans des domaines particuliers. Il reste que l'on
va au moins se donner un cadre pour aider à préciser ce que
devraient être les ressources médicales d'un centre d'accueil,
encore une fois, à partir de la grosseur, de la lourdeur, du type de la
clientèle, etc.
M. Rochefort: M. le Président, je veux revenir à la
question des ressources financières dont ils disposent. La ministre nous
répond que ce sera en fonction des ressources financières de la
région et des besoins régionaux. Qu'est-ce que cela va impliquer
pour les établissements quant aux budgets qu'ils ont, à l'heure
où nous nous parlons, qui n'ont pas nécessairement
été attribués en fonction d'une intégration de
l'ensemble des uns aux autres par rapport à une région
donnée?
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, je pense qu'on ne va quand
même pas leur demander de définir cela strictement à
partir
de ce qu'est leur situation. Pour le conseil régional, il va y
avoir des paramètres d'établis qui vont tenir compte de plusieurs
variables. Le centre d'accueil va aussi utiliser ces paramètres ou ces
variables. À partir de cela, ils vont peut-être trouver qu'ils
devraient avoir, disons, cinq médecins et qu'ils en ont un ou qu'ils en
ont quatre et qu'ils devraient en avoir deux. Je pense que c'est cela, le but
de l'exercice: préciser quel devrait être le programme à
l'intérieur de leur établissement.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il n'y a pas
aussi un objectif sous-jacent qui est d'empêcher jusqu'à un
certain point les établissements de faire du développement, en
disant: J'ai tant de besoins, donc, je réponds aux besoins et je me
donne les effectifs qu'il faut; et que l'on perde le contrôle sur les
plans d'effectif et sur l'organisation?
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'ils doivent toujours fonctionner
à l'intérieur de leur budget, tel qu'il existe
présentement.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Ce que l'on appelle du développement,
dans le cas des centres d'accueil, c'est du développement qui peut
être, eu égard... Haï Ha! Ha!
M. le Président, vous allez être obligé de ramener
des gens à l'ordre. Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Bélanger): II y a du
laisser-aller.
(20 h 45)
Une voix: Elle voulait éteindre le feu!
Mme Lavoie-Roux: En ce qui a trait au développement,
évidemment, cela dépend de ce que vous voulez dire par
développement. On le voit davantage dans les centres hospitaliers
où on veut développer de nouveaux services. Dans le cas d'un
centre d'accueil, c'est davantage relié au type de personnel dont ils
ont besoin. C'est très étroitement relié aux ressources
budgétaires mises à leur disposition.
M. Rochefort: Est-ce que vous avez terminé, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Oui, cela va.
M. Rochefort: Tout de même, la ministre donne l'exemple
d'établissements qui pourraient vouloir se doter de plans qui vont
au-delà des ressources budgétaires dont ils disposent; c'est une
chose. Mais il pourrait se trouver que des conseils régionaux
décident de modifier des plans en fonction d'une réduction des
ressources budgétaires dont l'établissement profite depuis
longtemps.
Est-ce qu'il y a des balises eu égard à cette
possibilité réelle que permettra le texte de loi, une fois
voté?
Mme Lavoie-Roux: J'ai déjà indiqué que, par
l'article 5, quand on parle de déterminer la forme du plan
régional et des effectifs médicaux, les éléments
qu'il doit contenir et les méthodes, il va y en avoir de
développés autant pour les centres d'accueil que pour les centres
hospitaliers.
M. Rochefort: Pour les fins de la discussion, M. le
Président - je m'excuse, cela fait deux fois que je voulais le
préciser à la ministre - je ne pense pas exclusivement aux
centres d'accueil quand je parle de cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Je comprends que la ministre pouvait penser que je
me limitais aux centres d'accueil. Je parle des établissements. Si on
veut se référer à l'article lui-même ou aux CLSC ou
à d'autres établissements du réseau, je ne pense pas que
le règlement auquel elle fait allusion à l'article 5 va
éviter qu'un conseil régional ne tente de réduire le
budget d'un établissement par le biais de son plan d'effectifs. Je ne
pense pas qu'on ait des balises dans ce règlement pour contrer de telles
possibilités.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que chaque établissement a
déjà un budget. Il doit fonctionner à l'intérieur
de ce budget. À moins qu'il n'y ait réduction des
activités, soit parce que la population diminuerait ou qu'un
hôpital qui s'ouvre à côté diminuerait l'achalandage
à l'hôpital même, je n'ai pas vu grand centres hospitaliers
qui aient vu leurs ressources financières diminuer dans les
dernières années. Il y a peut-être l'hôpital de
Schefferville.
M. Rochefort: Ce n'est pas encore adopté, M. le
Président; on ne le sait pas.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais prenons-le comme hypothèse.
Le Président (M. Bélanger): Ils étaient 4000
et ils sont 200. Je présume que cela va baisser.
Mme Lavoie-Roux: Même si cela restait un hôpital,
j'ai l'impression que les ressources financières diminueraient. Mais, en
général, jusqu'à maintenant, on n'a pas beaucoup
assisté à des allégements de clientèle dans nos
établissements. Au contraire, on a vu un accroissement partout. Je dis
"partout" entre guillemets.
M. Rochefort: M. le Président, quand on dit: "le nombre de
médecins et de dentistes qui peuvent exercer leur profession dans
l'établissement en fonction de son permis", est-ce qu'on peut me
décrire ce qu'il y a dans les permis qui définit le nombre de
professionnels ou de médecins?
Mme Lavoie-Roux: "En fonction de son permis", c'est la nature. Si
vous êtes un hôpital de courte durée, c'est la vocation de
l'établissement, dans le fond.
M. Rochefort: C'est à cela qu'on fait allusion simplement,
à la vocation?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Merci pour le café. Je ne sais pas
qui est gentil comme cela.
M. Rochefort: C'est nous, madame! Mme Lavoie-Roux: C'est
pour moi?
M. Rochefort: C'est du café qui appartient au Parti
québécois.
Mme Lavoie-Roux: On vous remercie doublement.
Une voix: On vous a fait penser, à le commander, par
exemple.
M. Rochefort: Je ne savais pas qu'il était encore
là.
Le Président (M. Bélanger): De toute façon,
cela ne crée pas un précédent. Un pot de café, ce
n'est pas un pot de vin!
Est-ce qu'il y a d'autres commentaires ou d'autres réactions sur
l'article 2?
M. Rochefort: M. le Président, une minute.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: J'ai compris qu'on y allait par étapes et
que, là, on faisait l'article 70.0.1.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Parce que même sur d'autres
éléments, la ministre elle-même a des amendements à
présenter.
Mme Lavoie-Roux: Oui, nous sommes à l'article 70.0.1.
Ensuite, on va aller à l'article 70.0.2.
M. Rochefort: C'est cela. Attention! II ne faut pas aller trop
vite. Les limites de vitesse sont mieux contrôlées maintenant.
L'article 70.0.1, cela irait en ce qui me concerne. Il serait peut-être
utile, par contre, qu'on dispose de l'article 70.0.2 au cas où, pour le
vote.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. On peut le retenir en cas de
besoin.?
Le Président (M. Bélanger): On le retient et on les
acceptera tous les deux ensemble. Cela va?
Plan régional d'effectifs médicaux et
dentaires
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Sur l'article 70.0.2, il
y a un amendement que j'ai déjà remis. Il se Ht comme suit. Je ne
sais pas si c'est moi qui dois le lire ou vous. "L'article 2 de la Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux est
modifié par le remplacement de l'article 70.0.2 par le suivant: "Le
conseil régional doit élaborer conformément au
règlement un plan régional des effectifs médicaux et
dentaires nécessaires à la population de la région
à partir notamment de chacun des plans d'organisation qu'il a
approuvés en vertu des articles 70 et 70.0.1."
Je vous ferai remarquer que ce qui est biffé, c'est: "et de
l'ensemble des activités professionnelles des médecins et des
dentistes dans la région". Également, disparaît le
deuxième paragraphe: "Aux fins de l'élaboration du plan
régional, un médecin ou un dentiste..." Le deuxième
paragraphe disparaît. Je n'ai pas besoin de le lire. J'expliquerai
pourquoi après. "Ce plan régional doit être
révisé au moins à tous les trois ans. Ce plan
régional accompagné des plans d'organisation qui ont servi
à son élaboration, doit être soumis au ministre qui
l'approuve avec ou sans modification. Lorsque le ministre modifie le plan
régional, il doit, le cas échéant, aviser un centre
hospitalier, un centre local de services communautaires ou un centre d'accueil
des modifications qui affectent son plan d'organisation."
Je reprends le premier paragraphe. La raison pour laquelle nous l'avons
biffé, c'est que nous avons eu des représentations faites...
M. Rochefort: Lequel, cela? Le premier?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je suis revenue à l'article 70.0.2.
C'est la dernière partie de phrase du premier paragraphe.
M. Rochefort: C'est celui qui parle des activités
professionnelles des médecins et dentistes dans la région.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: C'est pourquoi cela?
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi nous l'excluons?
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Nous l'excluons parce qu'on nous a fait valoir
que ceci n'était pas nécessaire pour réaliser les plans
d'effectifs médicaux. C'était une demande des
fédérations. Compte tenu qu'on pouvait quand même produire
nos plans d'effectifs médicaux et fonctionner, je me suis rendue
à la demande des fédérations en particulier et de la
Corporation des médecins, je pense, qui avait également fait
cette demande.
M. Rochefort: Quant au deuxième paragraphe qui a
sauté?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Si on l'avait eu dans l'ensemble,
cela aurait peut-être été préférable. Mais
cela soulevait tellement de crainte; on voyait cela comme une...
M. Rochefort: Comme une mesure de contrôle.
Mme Lavoie-Roux: ...mesure de contrôle, s'immisçant
dans les activités professionnelles possiblement des cabinets
privés. Comme nous pouvions quand même fonctionner et qu'il ne
nous semblait pas absolument essentiel de le conserver, nous le biffons.
Il y a une autre modification dans laquelle, au lieu d'écrire "de
l'ensemble des plans d'organisation", on parle "de chacun". Il y a une autre
modification.
Le Président (M. Bélanger): Voudriez-vous reprendre
tranquillement s'il vous plaît, Mme la ministre?
M. Rochefort: On va y aller tranquillement.
Mme Lavoie-Roux: Je vais finir celui-là parce que j'avais
commencé par celui-là. Celui-là, vous le comprenez?
M. Rochefort: Le premier paragraphe?
Mme Lavoie-Roux: Je suis toujours dans le premier paragraphe.
Mais, il y a une autre modification dans le premier paragraphe.
M. Rochefort: Je comprends l'explication de la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Il y a une autre modification. Au lieu de "en
tenant compte notamment de l'ensemble des plans d'organisation", c'est
modifié pour dire: "en tenant compte de chacun des plans
d'organisation."
Le Président (M. Bélanger): Cela se lirait:
"...dentaires nécessaires à la population de la région
à partir." C'est là que votre modification entre en ligne de
compte.
M. Rochefort: Vous faites une nouvelle modification?
Mme Lavoie-Roux: Non, elle est dedans. M. Rochefort: Ah
bon! D'accord.
Le Président (M. Bélanger): "À partir
notamment de chacun des plans."
M. Rochefort: "À partir notamment de chacun des plans
d'organisation."
Le Président (M. Bélanger): ...d'organisation qu'il
a approuvés en vertu de l'article..." Moi aussi, j'avais l'impression
qu'on corrigeait ce qui avait déjà été
corrigé.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Bélanger): Cela va bien.
Mme Lavoie-Roux: Je l'avais escamoté et comme je ne veux
rien cacher, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Excusez-moi,
j'étais aussi dans l'erreur.
Mme Lavoie-Roux: ...je voulais vous en faire part. L'avez-vous
vu?
La raison pour laquelle on remplace "ensemble" par "chacun", c'est qu'on
veut vraiment avoir le plan de chacun et non pas un plan d'ensemble, et c'est
le but de remplacer "l'ensemble" par "chacun". On pourra revenir sur
l'ensemble, si vous voulez.
M. Rochefort: On peut y aller pour la présentation.
Mme Lavoie-Roux: Le deuxième alinéa, nous le
biffons parce que nous faisons entrer dans la réglementation
prévue à l'article 5 les éléments de calcul devant
être utilisés pour la détermination des effectifs
médicaux. Cela peut varier d'une région à l'autre et ainsi
de suite. L'autre reste tel quel. L'autre, cela devrait faire plaisir à
l'Opposition.
M. Rochefort: L'autre, c'est quoi?
Mme Lavoie-Roux: "Ce plan régional, accompagné des
plans d'organisation - c'est un peu plus précis - qui ont servi à
son élaboration, doit être soumis au ministre", au lieu de...
C'est plus serré, ce qui doit être présenté au
ministre comme plan régional à
être approuvé avec ou sans modification.
Le Président (M. Bélanger): Ce que le CRSSS vous
envoie, c'est une recommandation, finalement? Non?
Mme Lavoie-Roux: II doit nous envoyer non seulement une
recommandation, mais les plans d'organisation qui ont servi a son
élaboration pour chacune des institutions...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: ...qui ont permis de faire le plan
régional.
Le Président (M. Bélanger): Je l'aime,
celle-là.
Mme Lavoie-Roux: Le dernier, c'est la même chose.
Le Président (M. Bélanger): "Lorsque le ministre
modifie le plan régional, il doit, le cas échéant, aviser
un centre hospitalier, un centre local de services communautaires ou un centre
d'accueil des modifications qui affectent son plan d'organisation."
Mme Lavoie-Roux: C'est de la courtoisie.
Le Président (M. Bélanger): Oui. C'est quand
même intéressant, cela va rassurer. Est-ce qu'il y a d'autres
commentaires? M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Maintenant que
l'amendement de la ministre nous est présenté, je dirais, en
détail, je voudrais revenir, dans un premier temps, au premier
paragraphe. Est-ce que je dois comprendre de la part de la ministre qu'il est
de son intention de retirer l'inclusion des activités professionnelles
des médecins qui ne se font pas en établissement des plans
d'effectifs régionaux?
Mme Lavoie-Roux: Exactement, dans l'exercice de la profession en
cabinet privé.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu que telle est
effectivement l'intention de la ministre, l'objectif visé par la
ministre, pourquoi maintenons-nous dans le premier paragraphe du nouveau texte
soumis par la ministre: "nécessaires à la population de la
région à partir notamment de chacun des plans d'organisation
qu'il a approuvés", notamment n'étant pas limitatif à ces
plans d'organisation d'établissement et "nécessaires à la
population de la région" débordant les besoins de la population
en établissement?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il peut y avoir d'autres besoins
à l'extérieur des établissements existants qui peuvent
être identifiés.
M. Rochefort: La ministre a-t-elle un exemple, M. le
Président? Je veux être sûr qu'on ne parle pas pour ne rien
dire, comme législateurs.
Mme Lavoie-Roux: Comme quoi?
M. Rochefort: Comme législateurs. On m'a dit ça
souvent. Je ne suis pas avocat, M. le Président, pas plus que je ne suis
médecin, mais on dit toujours: Le législateur n'a pas voulu
parler pour ne rien dire. Je veux juste savoir ce qu'on va vouloir nous faire
dire un jour par de telles dispositions légales.
M. Sirros: Vous n'auriez pas pu penser à cela plus
tôt aujourd'hui? Il me semble que plus tôt aujourd'hui on a
parlé souvent pour ne rien dire.
M. Rochefort: M. le Président, c'est un jugement de valeur
que le député de Laurier porte sur nos actions, mais, ce faisant,
j'ai l'impression qu'il porte un jugement sévère sur les actions
que lui a menées dans l'Opposition pendant quatre ans et demi.
M. Sirros: Je n'ai pas parlé autant que cela, M. le
Président.
M. Rochefort: II manque de mémoire en plus.
M. Sirros: ...sans rien dire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre. (21
heures)
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il peut y avoir d'autres
ressources qui sont près des établissements, par exemple. Vous
avez des cliniques privées considérables parfois à
côté d'un établissement. Évidemment, on sait
qu'elles existent. Par exemple, s'il y a une grosse clinique de radiologie
à côté d'un établissement de santé, on peut
en tenir compte. On sait quand même ce qui existe comme ressources. On
sait qu'il existe des cliniques privées, mais ce à quoi les
fédérations s'opposaient, c'est à ce qu'on aille à
l'intérieur. Elles s'imaginaient qu'on entrerait à
l'intérieur des cliniques pour je ne sais quoi. Il peut y avoir aussi
des régions où il y a des besoins particuliers. Par exemple dans
la région de l'Amiante, cela peut être différent de ce qui
existe. On peut trouver pour la population des besoins autres que ceux que
généralement on identifie uniquement dans les
établissements et qui devraient être développés.
M. Rochefort: M. le Président, je veux
bien, mais je n'accroche pas du tout. Les cliniques privées sont
dedans ou elles ne sont pas dedans. Les plans d'effectifs couvrent ou ne
couvrent pas les cliniques privées, qu'elles soient grosses, moyennes ou
petites; qu'il y ait beaucoup ou pas beaucoup de monde dedans; qu'elles soient
près ou pas près d'un établissement de santé.
Mme Lavoie-Roux: Je pense... Oui.
M. Rochefort: Si vous me le permettez, deuxièmement, je
veux bien qu'il y ait des besoins différents dans certaines
régions du Québec, que ce soit dans celle de l'Amiante ou
ailleurs, mais il demeure que la médecine va être pratiquée
en établissement ou en cabinet privé. Les plans d'effectifs
couvrent tous les établissements de façon exclusive ou couvrent
les établissements et aussi les cabinets privés. Même si
les besoins sont autres, il va demeurer que la médecine va devoir se
pratiquer quelque part au Québec et jusqu'à ce jour c'est en
établissement ou en cabinet privé.
M. le Président, je veux être bien certain que j'ai bien
pris la parole de la ministre tantôt. Ses propos étaient clairs
que l'objectif qu'elle vise par l'amendement qu'elle apporte au premier
paragraphe de l'article 70.0.2 est de sortir l'exercice professionnel des
médecins en dehors des plans d'effectifs régionaux. Je veux
être bien certain qu'on est en train de disposer d'un amendement dont le
texte sur lequel les juges auront à se pencher un jour est conforme aux
volontés que nous exprime ici la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a une
différence entre connaître l'existence de cabinets privés -
laissons les cabinets -de cliniques privées...
M. Rochefort: II y a peut-être des cabinets qui sont...
Mme Lavoie-Roux: Oui, sans nécessairement les
contrôler, c'est qu'à ce moment-là on pourra savoir
qu'à la clinique X sur la rue Jean-Talon, je ne sais pas s'il y en a une
là...
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II y a une clinique privée -
peut-être trois - sur la rue Jean-Talon qui peut répondre
possiblement à des besoins à telle heure du jour, etc., mais je
ne contrôle pas l'arrivée ou la sortie des médecins. Ils
seront peut-être dix médecins ou ils pourront peut-être en
ajouter cinq s'ils le veulent, mais je n'aurai pas de contrôle sur les
gens qui entrent dans les cabinets privés.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez l'information
sur les effectifs du cabinet privé, mais vous ne les contrôlez
pas. De telle sorte qu'ayant cette information-là, s'il est plus
pertinent de ne pas mettre tel équipement à côté ou
tel personnel, vous tenez compte de la présence de cette clinique.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Sans pouvoir la
contrôler, mais pour éviter des dédoublements à des
endroits où on a déjà un service.
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, cela existe à certains
endroits, particulièrement dans le secteur de Maisonneuve. Je ne sais
pas si cela existe encore, mais il y avait des arrangements entre le CLSC et
les cliniques privées du point de vue des relais exercés, du
point de vue de l'ouverture des cliniques, etc. Alors, tout le monde sait qu'il
y a une clinique privée dans ce coin-là ou une polyclinique,
comme on les appelle. D'autre part, vous avez les CLSC et, à ce
moment-là, cela permet de faire une meilleure planification des services
à la population, mais on n'exercera pas de contrôle pour savoir
s'il y en a quinze qui travaillent à la polyclinique, s'il y en a douze
ou s'il y en a dix-huit. Tout ce que l'on sait, c'est qu'il y a l'existence
d'une polyclinique privée avec un nombre X de médecins dont le
nombre ne sera pas contrôlé par le truchement du plan d'effectifs
médicaux, celui-ci n'existant strictement que pour les
établissements. Ils n'auront ainsi pas besoin d'approbation pour ajouter
ou soustraire un médecin. Pour le moment, la loi ne les affecte pas de
cette façon-là. Ils sont une ressource dans la communauté,
mais on n'exerce pas de contrôle sur les effectifs médicaux qui se
trouvent à l'intérieur de ces cliniques.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre a complété?
Avez-vous quelque chose à ajouter?
Mme Lavoie-Roux: Non.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien prendre bonne
note du discours que la ministre nous fait, mais, je m'excuse, je ne lis pas
cela du tout dans le texte qui est déposé devant nous. Cela dit
que le conseil régional, le CRSSS, doit élaborer,
conformément au règlement qu'on étudiera plus loin,
semble-t-il, un plan régional des effectifs médicaux et dentaires
nécessaires à la population de la région. Si on dit
"nécessaires à la population de la région", le sens qu'on
veut donner, c'est la polyclinique près du CLSC Maisonneuve ou des
choses comme cela. C'est donc que cela est inclus
et que c'est partie prenante du plan régional. "À partir,
notamment - ce qui n'est pas exclusif, il faut bien comprendre le sens du mot
"notamment" - de chacun des plans d'organisation qu'il a approuvés en
vertu des articles 70 et 70.0.1."
M. le Président, quant à moi, cela maintient la
possibilité que les plans d'effectifs régionaux aient
éventuellement aussi à couvrir l'activité des
professionnels de la santé à l'extérieur des
établissements de santé, donc à l'intérieur des
cabinets privés, puisqu'on dit bien que "le conseil régional doit
élaborer un plan régional des effectifs médicaux et
dentaires nécessaires à la population de la région,
à partir notamment - entre autres - de chacun des plans d'organisation".
Alors, ce n'est pas limitatif au plan d'organisation des établissements
à cause de "notamment" et de "nécessaires à la population
de la région".
La ministre nous dit: Oui, mais il peut y avoir des ressources en
dehors, dans les cabinets privés, dans les polycliniques, dont on doit
tenir compte. M. le Président, je souhaiterais qu'on arrive à un
article qui atteigne parfaitement l'objectif énoncé par la
ministre, tantôt, qui disait que les plans d'effectifs régionaux
n'auront pas à tenir compte des activités en dehors des
établissements.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, je pense
qu'on va tomber dans l'incohérence. Oublions, pour un moment, les
effectifs médicaux, le nombre d'effectifs. Il reste que, dans une
région donnée, on devrait normalement tenir compte de ce qui
existe du point de vue des ressources, qu'elles soient privées ou
qu'elles soient en établissement, pour servir une population.
Déjà, dans leur planification, en tout cas dans certains secteurs
- je suis, évidemment, plus familière avec Montréal, mais
même en dehors de Montréal - on tient compte du fait,
jusqu'à un certain point, qu'il y ait une polyclinique et qu'il y ait un
CLSC. Souvent, les deux essaient de jouer un rôle complémentaire
du point de vue des effectifs médicaux ou des ressources
médicales qui sont mis à la disposition d'une population.
Ce serait faire un pas en arrière si demain on faisait totalement
abstraction du fait que, dans tel secteur donné, il y a une polyclinique
et un CLSC. Je suis certaine qu'il y aura moins d'effectifs médicaux si
l'on sait qu'il y a une polyclinique qui, à certaines heures,
répond aux besoins de la population. Cela fait déjà partie
de la planification générale. Je ne dis pas qu'elle est parfaite.
C'est certainement une chose dont on doit se préoccuper et je pense que,
des deux côtés de la Chambre, on" en a souvent parlé. Au
plan médical, ces cliniques, CLSC et hôpitaux devraient jouer des
rôles complémentaires. On en a même parlé au moment
des urgences, il y a déjà quelques années. On n'est pas
pour faire un pas en arrière et faire comme si elles n'existaient pas ou
comme si, tout à coup, il n'y avait plus aucune polyclinique
privée, surtout qu'il y en a je ne sais pas combien dans tout le
Québec. Il y a une différence à faire entre ce type de
ressources et la possibilité que le gouvernement s'était
donnée - cela a été interprété comme cela,
en tout cas - d'aller faire le décompte dans les cabinets privés
ou dans les polycliniques et même de les soumettre à la production
d'un plan d'effectifs médicaux comme on le fait pour les
établissements.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien, mais quel est
l'exemple que nous donne la ministre? On sait très bien qu'il y a des
centres locaux de services communautaires qui...
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais...
M. Rochefort: Allez-y. Pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le député avait
un amendement, mais, pour clarifier la chose...
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: ...on pourrait mettre "...des effectifs
médicaux et dentaires dans les établissements nécessaires
à la population de la région à partir notamment de chacun
des plans d'organisation qu'il a approuvés". Je pense que cela
corrigerait l'ambiguïté.
M. Rochefort: On recommence cela tranquillement en le
relisant.
Mme Lavoie-Roux: "Le conseil régional doit
élaborer, conformément au règlement, un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires dans les
établissements..."
Une voix: De la région.
Mme Lavoie-Roux: De la région? Non, "dans les
établissements"; on ne va pas répéter "région".
"Dans les établissements nécessaires à la population de la
région à partir notamment de chacun des plans d'organisation
qu'il a approuvés en vertu des articles 70 et 70.0.1".
Une voix: Est-ce qu'on pourrait enlever le mot "notamment"?
M. Rochefort: Non, il y a un article au début.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
reprendre la lecture de cet amendement?
M. Rochefort: Je lis le texte à Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Allez-y! S'il est mieux que le
nôtre, on va le prendre.
M. Rochefort: On réfléchit à haute voix
ensemble. Cela va?
Le Président (M. Bélanger): Oui, cela va bien
jusque-là.
M. Rochefort: Pourquoi pas plutôt: "Le conseil
régional doit élaborer, conformément au règlement,
un plan régional des effectifs médicaux et dentaires de la
région à partir de chacun des plans d'organisation qu'il a
approuvés en vertu des articles 70 et 70.0.1."
Mme Lavoie-Roux; Non. Je veux conserver le mot "notamment", parce
qu'il y a d'autres variables.
M. Rochefort: Écoutez! Je vais écouter votre
amendement et on verra par la suite.
Mme Lavoie-Roux: On relit: "Le conseil régional doit
élaborer, conformément au règlement, un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires dans les
établissements nécessaires à la population de la
région à partir - le reste demeure tel quel -notamment de chacun
des plans d'organisation qu'il a approuvés en vertu des articles 70
et..."
Je reviens à l'exemple que je donnais tout à l'heure.
Pourquoi dit-on "notamment"? C'est qu'il peut exister - j'en ai un en
tête; je ne le nommerai pas - un hôpital qui, à
côté de chez lui, a une clinique de radiologie où vous
retrouvez, par exemple, quatre radiologistes. Pourquoi faudrait-il en ajouter
trois à l'hôpital ou vice versa? Le vice versa, on ne pourrait pas
le faire, parce qu'il faudrait qu'ils trouvent leur clientèle et on
n'interfère pas avec les cabinets privés. Dans le cas des CLSC et
des cliniques privées, c'est la même chose. Un
député m'a rapporté ce qui suit. Il y avait une clinique
privée. Ce n'était pas dans une grande ville, en tout cas, ce
n'était ni à Montréal ni à Québec, ou
même Trois-Rivières ou Sherbrooke. C'était plus petit que
cela. Il y avait une polyclinique avec, disons, cinq ou six médecins. Il
y a un CLSC qui s'est ouvert en face et qui voulait aussi avoir cinq ou six
médecins pour desservir une population qui était peut-être
de 7000, 8000 ou 10 000, peu importe. (21 h 15)
À ce moment, je pense que c'est peut- être mieux que le
CLSC, à part ses vocations particulières qui sont la
périna-talité, etc. ou peut-être certaines heures
d'ouverture, utilise ses ressources à d'autres besoins qui ne sont pas
comblés. Si on accepte qu'il y ait des polycliniques, on peut accepter
aussi qu'elles aient des rôles complémentaires et non pas
multiplier les ressources médicales inutilement.
C'est pour cela que le "notamment" est conservé, sans compter
qu'il fait aussi référence à d'autres variables. On a
parlé tout à l'heure de régions particulières. On
peut parler aussi de particularités des populations, que ce soit
l'âge, enfin, d'une foule de variables qui peuvent entrer en ligne de
compte. Alors, on ne veut pas fermer cela complètement.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Est-ce qu'on
peut le relire pour voir si on se comprend bien? "Le conseil régional
doit élaborer, conformément au règlement, un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires dans les
établissements à partir notamment de chacun des...
Mme Lavoie-Roux: "Nécessaires a la population de la
région", cela reste.
Le Président (M. Bélanger): ...dans les
établissements nécessaires à la population de la
région à partir notamment de chacun des plans d'organisation
qu'il a approuvés en vertu des articles 70 et 70.0.1." Après
"population de la région, virgule, à partir notamment de chacun
des plans..." Hein?
Mme Lavoie-Roux: On pourrait écrire "des
établissements".
Le Président (M. Bélanger): Bien, c'est cela. Au
lieu de "dans les établissements", cela serait mieux "des
établissements". C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: "Dans les établissements de la
région - c'est peut-être, comme aurait dit le Dr Laurin,
superfétatoire -"nécessaires à la population."
M. Rochefort: Si on disait "un plan régional des effectifs
médicaux et dentaires des établissements de la région" et
non pas "dans les".
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
M. Rochefort: Pas "dans les".
Le Président (M. Bélanger): Non, non. D'accord.
Mme Lavoie-Roux: "Des établissements
de la région, à partir notamment."
M. Rochefort: On va finir par arriver à quelque chose de
bien, n'est-ce pas? "Le conseil régional doit élaborer,
conformément au règlement, un plan régional des effectifs
médicaux et dentaires des établissements de la région,
à partir notamment de chacun des plans d'organisation qu'il a
approuvés en vertu des articles 70 et 70.0.1." Là, j'ai lu le
texte refondu tel quel. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est en plein cela.
M. Rochefort: Bon. Alors, M. le Président. Vous
permettez?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Oui. Bon. On va revenir sur "notamment". On va
essayer de creuser ce bout, puis après on va revenir sur le bloc. M. le
Président, j'ai beau écouter la ministre avec attention, je n'ai
pas sa connaissance, mais quand elle me parle de variables auxquelles elle
pense - tantôt elle nous a parlé de la région de l'Amiante
- je ne vois pas quelles sont les variables qui font que des gens pratiquent en
dehors des établissements ou dans un cadre où ils ne sont pas
reliés à un établissement ou à un cabinet
privé.
Par exemple, on sait que certains DSC se sont déjà
dotés de roulottes, mais les professionnels de la santé qui se
retrouvent dans ces roulottes sont dans le plan d'effectifs de
l'établissement parrain du DSC. Je ne comprends pas ce qu'il peut y
avoir comme besoins variables qui fassent que tout à coup un acte
médical ne soit pas posé en établissement ou en cabinet
privé. Je ne vois pas à quoi on peut penser. M. le
Président, je suis prêt à me faire convaincre, mais je veux
vraiment me faire convaincre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Rochefort: Je veux être sûr qu'on ne parle pas
pour ne rien dire.
M. Sirros: Je vais peut-être essayer, M. le
Président, de convaincre le député de Gouin. L'article dit
ceci finalement: "Le conseil régional..." M. le Président, il
n'écoute même pas. J'essaie de vous convaincre, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort; Oui, mais M. le député de Laurier
pourrait peut-être, voyant qu'effectivement je consultais, attendre deux
secondes et je l'aurais écouté avec toute l'attention que ses
propos requièrent.
M. Sirros: Excusez-moi! Je n'ai pas regardé une seconde.
J'attendrai. Voilà, on est prêt? On y va?
Le Président (M. Bélanger): Tout le monde
écoute. Vous pouvez parler, M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, voici ce que je comprends et
je pense que c'est le sens de l'article: Le conseil régional
élabore des plans d'effectifs régionaux qui décrivent,
finalement, les effectifs médicaux nécessaires dans les
établissements. Pour ce faire, il faut que le conseil régional
tienne compte, dans certaines situations, des effectifs qui peuvent exister
dans la région, comme les exemples que donnait la ministre. Par exemple,
à côté d'un hôpital, vous avez une clinique de
radiologie; vous avez des radiologistes qui y exercent. Alors, dans le plan des
effectifs médicaux de la région, le conseil régional, en
ce qui concerne l'établissement public qu'il couvre, tiendra compte du
fait qu'il y a à côté de l'hôpital trois ou quatre
radiologistes pour dire à l'hôpital, par exemple, que le plan des
effectifs dans son cas, c'est tel nombre. Cela ne vient pas limiter ou
contrôler le nombre de personnes qui peuvent exercer la profession en
clinique privée, en polyclinique ou quoi que ce soit, mais pour
être efficace en fonction d'un plan régional, il faut tenir compte
des effectifs qui existent dans la région et, dans des cas
précis, par exemple, la clinique de radiologie à
côté de l'hôpital. Je ne sais pas si cela a convaincu le
député de Gouin.
M. Rochefort: Non, cela ne m'a pas convaincu, M. le
Président. Cela couvre un aspect sur lequel je vais intervenir
tantôt; c'était clair de ce point de vue. Sur l'autre aspect
où la ministre nous parle de ces variables, de ces situations
particulières de besoins imprévus, etc., je répète
que je ne peux pas m'imaginer ce que c'est, si ce n'est pas dans un
établissement ou dans un cabinet que cela se pratique.
Mme Lavoie-Roux: Mais si, par exemple, il manque des ressources,
elles ne seront pas dans les établissements. 11 n'y a peut-être
pas nécessairement le type d'établissement requis pour desservir
une population. C'est un élément, c'est un volet. Le
deuxième volet, c'est pour éviter un double emploi ou je ne
dirais pas une utilisation nécessairement inutile, mais une
multiplication d'effectifs médicaux qui ne sont pas
nécessairement requis. Je reviens avec mon exemple des CLSC par rapport
à une polyclinique privée, qui peuvent jouer un rôle
complémentaire. Même qu'on se rappelle le rôle
complémentaire de la polyclinique privée, qui n'est pas encore
créée, mais, en tout cas, dont on parlait durant la campagne
électorale, à Maisonneuve-Rosemont, où vous
auriez votre polyclinique privée qui serait érigée
sur le terrain - ce n'est pas cela que je voulais dire - et l'hôpital. Si
on veut que les ressources médicales, dans une certaine mesure, soient
complémentaires et ne s'additionnent pas inutilement, je pense qu'on ne
peut pas faire abstraction d'autres ressources médicales qui existent
dans un territoire. Comme, on l'a dit, on n'ira pas voir quels sont les
effectifs è l'intérieur, quoiqu'on puisse bien avoir le nombre,
et qu'on n'exercera pas de contrôle sur leurs entrées ou sur leurs
sorties, je pense que, par contre, on peut au moins tenir compte que, dans un
endroit précis, il y a une clinique médicale qui est adjacente
à un établissement public et qu'à ce moment-là ce
sont des choses qu'on ne peut pas ignorer.
M. Rochefort: M. le Président, la réflexion qui me
vient à entendre la ministre, c'est la suivante. Je ne prête pas
de mauvaises intentions à la ministre, mais je vous livre ma
réflexion. Le projet de loi tel que rédigé aurait permis
de contrôler l'activité médicale, y compris en clinique
privée, et permis de limiter les cliniques privées, et patati et
patata. On sait, quand on lit cela en fonction de 86-84 du 23 avril, que cela
aurait permis aussi de refuser éventuellement le droit de participation
au Régime d'assurance-maladie, y compris aux médecins qui
pratiquent, qui auraient pratiqué en clinique privée. La ministre
nous dit: Bon, cela soulève un tollé, je retire cela. Mais j'ai
l'impression que la ministre s'est dit: Mais je vais au moins me rattraper par
l'autre côté. Si je ne peux pas contrôler ce qui se fait en
pratique privée, je vais au moins contrôler ce qui se fait en
pratique publique et qui pourrait être complémentaire à ce
qui se fait en pratique privée. C'est exactement cela que je comprends.
Ce que la ministre nous dit, c'est: Puisque je ne pourrai pas contrôler
ce qui se fait en pratique privée, d'accord, je ne le contrôlerai
pas, mais je vais en tenir compte et je vais refuser ou un conseil
régional va refuser à un centre local de services communautaires,
pour ne pas le nommer, d'avoir un plan d'effectifs médicaux qui comprend
un certain nombre de professionnels de la santé en raison de la
présence sur le coin de la rue, en face, d'une polyclinique
privée où il y a 88 médecins, omnipraticiens et
spécialistes de telle ou telle spécialité. C'est ce que
cela veut dire, absolument et parfaitement cela. C'est bien cela?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Peut-être qu'on ne l'a pas
fait jusqu'ici et qu'on a vu s'ériger côte à côte des
polycliniques privées, des CLSC, des centres hospitaliers qui, à
certains égards, remplissaient tous les mêmes fonctions, disons,
de première ligne, que ce soit l'urgence de l'hôpital, que ce soit
la polyclinique, que ce soit le CLSC: quoique, en général, on
passe les urgences dans les hôpitaux, on sait que cela sert aussi
à des services de première ligne - il ne faut pas se raconter
d'histoires - particulièrement à Montréal. Je pense qu'il
faut essayer de coordonner cela un peu mieux et surtout d'empêcher une
multiplication de services qui, finalement, ne rendent pas des services
différents, mais rendent des services identiques, à bien des
égards, j'entends.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que c'est une
proposition d'amendement que la ministre a faite?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: C'est cela. Alors, je vais avoir un sous-amendement
à présenter, M. le Président, au premier paragraphe de
l'amendement présenté à l'article 70.0.2 par la ministre.
Je ne sais pas s'il faut que je rédige ça. Il s'agit de
retrancher le mot "notamment" à la ligne 4. Voulez-vous que je vous
rédige ça, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): Je vais faire un effort
pour...
M. Rochefort: C'est moins compliqué que ce qu'on a fait
tantôt.
Le Président (M. Bélanger): "Le conseil
régional doit élaborer, conformément au règlement,
un plan régional des effectifs médicaux et dentaires des
établissements de la région à partir de chacun des plans
d'organisation qu'il a approuvés...
Mme Lavoie-Roux: Ah, c'est le vôtre! Excusez-moi.
M. Rochefort: Vous ne voulez vraiment pas...
Le Président (M. Bélanger): ...en vertu des
articles 70 et 70.0.1". C'est ça?
M, Rochefort: Oui, M. le Président. Alors, si je comprends
bien, je n'ai pas besoin de vous rédiger mon sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Cela va.
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'effectivement -
j'ai eu l'occasion de le dire à quelques reprises - l'objectif
avoué du projet de loi présenté par la ministre de la
Santé et des Services sociaux est de se doter d'un instrument qui lui
permette de mieux gérer les effectifs médicaux en fonction de
préoccupations qu'elle a, d'une part, et prioritairement des effectifs
médicaux en régions, et à l'occasion de pénurie de
certaines spécialités y compris dans les
grands centres, à partir d'une préoccupation qui
était celle de la pratique médicale en établissement.
Soit, M. le Président, mais si tel est le cas, je pense que la
proposition telle que sous-amendée respecte et rencontre absolument les
objectifs évoqués publiquement par la ministre par une telle loi.
j'ai fait remarquer que, quant à moi, ce projet de loi, tel qu'il
était rédigé, permettait aussi de contrôler la
pratique médicale de façon bien particulière, de
façon très rigide et que la mise en place de tous les
mécanismes prévus au projet de loi 75 nécessiterait la
réalisation du mandat que le Conseil des ministres a donné
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux le 23 avril
dernier en lui demandant de préparer un projet de loi établissant
la corrélation entre le droit de participation au Régime
d'assurance-maladie du Québec et les plans d'effectifs
médicaux.
M. le Président, la ministre nous dit que finalement on va
retirer ce qui concerne les cabinets privés, l'exercice en pratique
privée, pour éviter que d'autres comme moi ne donnent un tel sens
à la mise en place de toute la mécanique prévue au projet
de loi 75. On dit que c'est très bien mais on découvre qu'on va
s'en servir plutôt pour contrôler le développement des
ressources médicales dans certains établissements du
réseau. Il ne faut pas se le cacher, l'ensemble de l'argumentation qui a
été développée jusqu'à maintenant porte
notamment - et là, quant à moi, le mot est bien choisi - sur la
présence d'effectifs médicaux dans les centres locaux de services
communautaires, particulièrement dans les régions fortement
urbanisées. Je souhaite que le projet de loi soit conforme au discours
de la ministre, qui est la volonté politique de la ministre. Mais ce
projet de loi s'est fait sans consultation préalable au
dépôt du projet de loi, sans consultation subséquente au
projet de loi, sans commission parlementaire et sans aucun débat comme
la société aurait dû en connaître un autour de ces
questions. Particulièrement, si on veut effectivement, de deux choses
l'une: contrôler la pratique médicale incluant l'activité
en cabinet privé ou utiliser la présence de ressources
privées pour contrôler les ressources médicales dans les
établissements publics, cela doit se faire au grand jour et en associant
tout le monde. C'est un choix légitime que le gouvernement peut faire,
mais je pense qu'il doit le faire en présence de l'ensemble des
intervenants. Cela n'a jamais été débattu à la
commission parlementaire entourant la loi 27 ou à la commission
parlementaire qui a été tenue l'an dernier sur les gardes des
résidents et des internes qui a débordé sur les
problèmes d'effectifs médicaux en régions.
Avec un sous-amendement tel qu'on le retrouve là, je peux dire
que ma formation politique serait prête à appuyer le texte de
l'article 70.0.2 tel qu'amendé et sous- amendé.
(21 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, je réagirais au "notamment", mais différemment. Je
comprends le "notamment" de la façon suivante, Mme la ministre. C'est
qu'il peut arriver que, dans un conseil régional, par exemple, une
commission administrative donne un avis sur ce que devrait être
l'organisation des services, mais que, par un lobby puissant, un
établissement puisse arriver à faire dévier les objectifs
ou ce que les établissements comme tels veulent.
Par exemple, dans la région de Montréal qui est une grande
région, on sait que ce ne sont pas tous les établissements qui
peuvent être sur la commission administrative. Ce sont des
représentants de représentants, finalement. Il peut arriver que
l'établissement fasse mal parvenir son point de vue et le "notamment"
vient appuyer sur la nécessité de tenir compte d'abord du plan
d'organisation de l'établissement avant les autres instances qui
auraient pu... Je pense que le "notamment" ne fait que renforcer la
nécessité de regarder d'abord le plan d'organisation de chacun
des établissements et le travail que chacun des établissements a
fourni. On met l'insistance là-dessus. Je ne vois pas le "notamment"
dans un autre sens que cela. Il m'apparaît mettre l'accent
là-dessus. Je ne sais pas si je suis profondément dans
l'erreur.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, malheureusement, je ne
pourrai pas - je ne sais pas si on dit "voter" - voter pour le sous-amendement
du député de Gouin. Je pense que ce qu'on veut faire,
déjà la loi 27 le voulait en demandant des plans d'effectifs
médicaux par établissement. Elle voulait, justement, que soient
élaborés des plans d'établissement régionaux qui
soient conformes aux besoins, qui soient conformes aux vocations
différentes des hôpitaux. On sait que ceci est resté en
plan pour les raisons que j'ai maintes fois expliquées.
Aujourd'hui, pour arriver vraiment à faire une planification
rationnelle des effectifs médicaux, il ne faut pas se le cacher, si on
veut parler de planification des effectifs médicaux qui,
éventuellement, va avoir une répercussion sur des régions
intermédiaires ou même des répercussions
interrégionales - on en a parlé - et évidemment, a
fortiori, on l'espère, sur les régions éloignées il
faut faire une planification de la main-d'oeuvre. On aurait souhaité
faire une planification de la main-d'oeuvre dans l'ensemble des
établissements et les cabinets privés. Je ne m'en cache pas,
c'était dans la loi. Alors, je n'ai pas à nier cela. Si on avait
fait la même opération pour les cabinets privés qu'on fait
pour les
établissements, on aurait eu, avec les obligations qui sont
faites à l'article 9, à présenter des plans d'effectifs
médicaux qui auraient aussi valu pour tout le monde et c'est
évident qu'on aurait eu, au poil, si on veut, le nombre d'effectifs
médicaux qu'on désirait.
Nous croyons, quand même, pouvoir réaliser des plans
d'effectifs médicaux qui soient adéquats, qui nous permettent une
meilleure planification, d'une part, au plan régional et qui,
éventuellement, nous permettent aussi de faire une planification plus
large sur l'ensemble du territoire à partir des plans d'effectifs
médicaux des établissements. Mais, à partir des craintes
que les gens ont exprimées et surtout à partir de la fameuse
autre décision par laquelle on a établi un lien de
corrélation entre ce qu'il y avait dans l'article 70 et ce qu'il y avait
dans la décision du ministre stipulant qu'à partir de cela on
viendrait empêcher les gens de s'en aller en pratique privée -
c'est la conclusion qu'on avait tirée - on vous dit: Maintenant, on
retire la partie qui touche les cabinets privés, mais on ne peut quand
même pas empêcher un gouvernement qui veut faire une planification
rationnelle des effectifs médicaux - enfin la plus rationnelle possible
- qui veut aussi permettre une distribution plus adéquate sur le
territoire, de tenir compte de l'ensemble des éléments qui
existent sur un territoire donné ou dans l'ensemble des régions
données.
Si, d'une part, nous croyons que l'élément le plus
important, ce sont les plans d'effectifs dans les établissements, je
pense qu'on ne peut pas ignorer, sans pouvoir y exercer aucune espèce de
contrôle, ce qu'on ne voulait pas - enfin, je ne reviendrai pas sur la
décision - l'ensemble des ressources médicales, mais on ne pourra
pas le faire d'une façon aussi poussée qu'on ne l'aurait fait si
on avait eu la possibilité de le faire quant aux cabinets
privés.
Nous nous sommes rendus aux craintes et aux appréhensions qui ont
été exprimées. Je pense qu'on peut, quand même,
faire une planification adéquate des ressources médicales, sinon
tous les discours qu'on a faits depuis ce matin, de part et d'autre... On dit
qu'on souhaite qu'il y ait une distribution plus équitable des
ressources médicales; il faut, quand même, tenir compte dans une
certaine mesure de ce qui existe dans un territoire.
Je pense que le député de Gouin veut nous faire dire
qu'à partir, par exemple, d'une clinique privée qui existerait on
s'en servirait pour refuser à un CLSC d'ajouter des ressources. En
général, ce sont peut-être les deux qui pourraient
être le plus, je n'ose pas dire en concurrence, mais, disons,
complémentaires.
Au point de vue des ressources humaines et des ressources
financières dont l'État dispose, je pense qu'il serait même
irresponsable de ne pas considérer qu'à côté d'un
type de ressource médicale on a besoin ou on n'a pas besoin, ou on a
besoin à un degré moindre dans un autre établissement que
ce soit une polyclinique privée ou un CLSC - on peut inverser les choses
- de ressources additionnelles. C'est dans ce sens-là qu'il faut garder
le mot "notamment" et c'est pour cela que je ne pourrai pas appuyer le
sous-amendement du député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Moi, je veux appuyer le sous-amendement que mon
collègue vient de déposer parce que, justement, je suis devant
les mêmes interrogations face au contingentement qu'on tient à
faire au niveau de l'ensemble des effectifs médicaux d'une région
donnée et compte tenu aussi de la pratique privée versus le
système dans le réseau des établissements de
santé.
Comme une loi est toujours sujette à interprétation, on
peut avoir de bonnes intentions, de bons motifs au départ, mais il faut
savoir aussi comment on peut donner une interprétation à une loi.
Je pense que c'est notre rôle de vérifier afin, justement, de
protéger certains acquis. Quand je regarde la pratique dans les CLSC qui
ont un rôle très important, complémentaire à celui
des polycliniques, je crains que cela ne pénalise certains organismes
reconnus à l'intérieur du système de santé
actuellement pour le rôle qu'ils doivent jouer. À mon avis, je
pense qu'il faut prendre toutes les précautions nécessaires pour
que de telles choses ne se passent pas.
Je ne sais pas si au niveau du contrôle de la pratique
médicale des cabinets privés... Évidemment, c'est une
libre entreprise. C'est difficile de pouvoir le vérifier, mais je me
pose toujours des questions quant aux coûts, parce que ces entreprises
privées ont des coûts. Il faut des infrastructures pour faire
fonctionner la machine, il faut qu'on fasse nos frais. Tout compte fait, je me
dis que, oui, ils sont importants, c'est une ressource importante qu'il faut
comptabiliser, mais pas au détriment de certaines ressources qui
existent déjà dans le système. C'est pour cela que j'ai
des craintes en ce qui concerne le libellé actuel et que je suis en
faveur de la motion qui est présentée par mon
collègue.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur le sous-amendement proposé par le
député de Gouin? Il n'y a pas d'autres commentaires sur le
sous-amendement de M. le député de Gouin? Oui.
M. Rochefort: M. le Président, je ne sais pas si j'ai
encore le droit de parole.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on a
convenu...
M. Rochefort: On a plusieurs interventions, c'est cela. M. le
Président, je veux simplement dire sur l'intervention faite par la
ministre que, si tel était son objectif, tel aurait dû être
son discours tout au long du cheminement du projet de loi et elle aurait
dû accepter que l'ensemble des intervenants puisse, là-dessus,
pour une première fois, se faire entendre au grand jour. Je
répète, M. le Président, qu'il s'agit là d'un
changement légitime pour un gouvernement, mais important, substantiel
par rapport à l'économie générale du fonctionnement
du réseau de la santé et des services sociaux au Québec
depuis sa mise en place. Si tel était l'objectif de la ministre, elle
aurait dû l'avouer dès le départ, en faire part à
l'ensemble des intervenants et accepter qu'un débat puisse avoir lieu
sur ces nouvelles orientations de société, parce qu'il s'agit
d'implications considérables, substantielles et dont les
répercussions ne sont pas mesurées aujourd'hui dans toute leur
portée.
Je répète que nous avons offert la possibilité
à plusieurs reprises à la ministre de tenir ce débat. Nous
réitérons, quant à nous, que si tel est l'objectif du
gouvernement en place qui, je le répète, est un objectif
légitime, nous croyons qu'un changement aussi important ne doit pas...
Même si la rationelle - que je ne prête pas à la ministre,
mais que certains auraient pu avoir -est: chaque fois qu'on a voulu le faire au
grand jour, on s'est fait bloquer; on va essayer de le faire un peu plus
rapidement pour essayer de se le donner, je considère que, sur ces
matières, sur ces questions, il s'agit que les choses se fassent comme
elles doivent se faire et comme elles se sont toujours faites.
Si notre système de santé et de services sociaux est ce
qu'il est aujourd'hui, s'il est un objet de fierté pour les
Québécois et s'il est un objet d'envie pour certaines autres
sociétés, c'est parce qu'il s'est toujours fait à partir
de consultations, de concertations, pas toujours dans l'accord ou dans
l'unanimité, bien au contraire. Ce n'est pas ce qu'on demande. Mais on
pense qu'il s'agit là de changements majeurs qui doivent être
faits avec les gens et qu'on doit permettre à ceux et celles qui ont des
choses à dire et à faire dans le réseau de la santé
et des services sociaux de les dire pour qu'un débat réel
s'élève et qu'on puisse vraiment mesurer dans toute leur
portée les changements que de telles dispositions amènent.
Je ne comprends pas tellement que de telles modifications soient
apportées sans tenir compte, par exemple, des travaux qui se font
à la commission Rochon actuellement. Je veux bien croire que la ministre
me dira encore une fois que la commission Rochon ne doit pas être un
empêchement de faire quoi que ce soit. Je suis pleinement d'accord avec
cela. Mais on est vraiment en train de faire une modification majeure à
ce qui a prévalu jusqu'à aujourd'hui. Je pense qu'on fait cela
à l'occasion de l'étude article par article d'un projet de loi
où, pour la première fois, on apprend la portée des
objectifs souhaités par la ministre sur ces questions. Je pense qu'on
doit faire cela au grand jour et avec l'ensemble des intervenants.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais seulement
ajouter quelques mots avant que quelqu'un demande le vote. Je pense qu'il
faudrait quand même convenir qu'il n'y a pas de changement de cap par
rapport à la loi 27. La loi 27 faisait l'obligation aux
établissements à ce moment-là, il n'y en avait qu'un type,
c'étaient les centres hospitaliers - de faire des plans d'effectifs
médicaux qui devaient être approuvés. Évidemment,
l'objectif de cette obligation, qui était faite aux centres hospitaliers
de faire des plans d'effectifs médicaux, était de contrôler
les effectifs à l'intérieur des établissements. Il ne faut
quand même pas se raconter d'histoires.
Aujourd'hui, on l'étend aux autres établissements pour
avoir un portrait plus complet. On se dit que, dans une planification
générale de l'organisation des services médicaux, on ne
peut pas ignorer qu'il existe aussi des cliniques privées ou des bureaux
privés qui sont généralement à l'intérieur
des polycliniques, mais sans exercer aucun contrôle sur eux et sans leur
faire la même obligation de présenter leur plan d'effectifs.
Dire qu'on change le cap, qu'on prend une orientation nouvelle, que ceci
est quelque chose dont on n'a jamais entendu parler... Je le
répète une dernière fois: Cette obligation qui avait
été faite, ce désir de contrôler à partir des
établissements quels étaient les effectifs médicaux, on
n'a pas pu les réaliser à cause des lacunes de la loi 27 et du
fait qu'on n'avait pas pris les dispositions pour que ceci se
concrétise. Pour que cela puisse se concrétiser et devenir un peu
significatif, il fallait le faire aux plans régional et
sous-régional pour l'ensemble des établissements. C'est vraiment
ce qu'il y a dans le projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Simplement pour reprendre certains
éléments, M. le Président. Je suis d'accord avec ce que la
ministre a dit quant à ce qui était prévu au projet de loi
27, à la portée et aux objectifs poursuivis par ce projet de loi
27. Quand je parle de changement de cap, c'est qu'à partir d'aujourd'hui
on inclut dans les préoccupations qui amènent la rédaction
des plans régionaux l'exercice qui se fait en cabinet privé.
C'est ce que la ministre vient de nous dire. Non seulement on fait cela, mais
on va utiliser cela pour contrôler l'existence, le développement
ou le maintien de ressources dans les établissements publics comme les
CLSC. Cela, pour moi, M. le Président, c'est un changement de cap
important. En ce qui me concerne, M. le Président, cela fait le tour de
la question. (21 h 45)
Le Président (M. Bélanger): Cela fait donc le tour
du sous-amendement. Est-ce que je dois comprendre qu'il est accepté ou
rejeté?
Une voix: Adopté. Une voix: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas
unanimité, on va passer au vote. Quels sont ceux qui sont pour le
sous-amendement?
M. Rochefort: Par appel nominal?
Le Président (M. Bélanger): Non, à main
levée. Quels sont ceux qui sont pour l'amendement?
M. Rochefort: Le sous-amendement.
Le Président (M. Bélanger): Pour le
sous-amendement, pardon. Vous avez tout à fait raison. Pour: 3; contre:
7. Alors, le sous-amende ment est rejeté. Cela nous ramène
à l'amendement maintenant.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Sur l'amendement, je veux poser une question
à la ministre, qui peut sembler grosse un peu, mais à laquelle
j'accorde beaucoup d'importance. Tantôt -quand je dis tantôt, je
veux dire au début de nos travaux, je n'ai pas noté l'heure - la
ministre nous a dit: II y a suffisamment de médecins au Québec,
mais ils sont mal répartis. Pour l'essentiel, c'est un des messages que
la ministre nous a livrés.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que tout le monde est d'accord.
M. Rochefort: Non, mais vous nous avez dit cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, j'ai sûrement dû le dire
à un moment ou à l'autre.
M. Rochefort: Parfait. Mais ils sont mal répartis.
Mme Lavoie-Roux: Distribués.
M. Rochefort: Distribués. Parfait. Alors, M. le
Président, s'ils sont ma! distribués, c'est donc dire que, dans
les plans d'effectifs qui seront élaborés par
établissement et par région, on va sûrement se retrouver
avec des plans - M. le Vice-Président, je vous salue -d'effectifs qui,
dans certains grands centres, vont comporter plus de médecins
déjà admis que les besoins normalement évalués pour
la région...
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Rochefort: ...et, à l'inverse dans certaines
régions du Québec...
Mme Lavoie-Roux: On le sait déjà.
M. Rochefort: ...des plans d'effectifs comportant beaucoup de
postes, mais peu de médecins pour remplir ces postes. J'ai une question
très précise, M. le Président, à poser à la
ministre: Que fait-on dans les grands centres avec les médecins en trop
quant au nombre de postes prévus ou qui seront prévus dans les
plans d'effectifs? Que va-t-il arriver?
Mme Lavoie-Roux: Prenons, par exemple, Sacré-Coeur. Tous
les chiffres que je donne, évidemment, sont hypothétiques.
M. Rochefort: Vous ne savez pas cela par coeur?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Des voix: Ha! Ha!
M. Rochefort: C'est une farce, M. le Président, c'est
important pour le Journal des débats.
Le Président (M. Bélanger): Abstenez-vous.
M. Rochefort: Ce n'est pas un reproche.
Mme Lavoie-Roux: Disons qu'à Sacré-Coeur il y a 200
médecins et qu'on conclut qu'il devrait y en avoir 175. Par contre, je
suis toujours très peinée de savoir qu'à Amo3 - quoique
Amos n'est peut-être pas le pire coin - ou à Rouyn...
M. Baril: Vous tombez pile.
Mme Lavoie-Roux: ...il y a 30 médecins et qu'il devrait y
en avoir 50. C'est fort!
Non, j'aurais dû mettre cela égal. Il y en a 30, 25 de
plus: 55. Il devrait y en avoir 25 de plus. Il y en a qui d'une façon
très simpliste pourraient dire: On expédie les 25...
M. Rochefort: On espère sincèrement qu'il n'y a pas
trop de simplistes qui travaillent au dossier.
Mme Lavoie-Roux: ...de Sacré-Coeur à Rouyn et tout
le monde est heureux et tout le monde file le parfait bonheur.
M. Rochefort: Tout le monde, sauf quelques exceptions.
Mme Lavoie-Roux: Enfin, les planificateurs, disons.
M. Rochefort: Les comptables.
Mme Lavoie-Roux: C'est évident que cela ne peut pas se
faire comme cela. Demain matin, même si on présentait un plan
d'effectifs à la baisse pour Sacré-Coeur - toujours
hypothétiquement - Sacré-Coeur va continuer de vivre avec son
surplus de médecins, qui est de 25 en l'occurrence. Cela n'est que par
attrition et encore une fois faudra-t-il tenir compte des spécialistes.
Peut-être que l'attrition se fera au niveau des cardiologues alors qu'ils
sont peut-être en carence de cardiologues. Par contre, peut-être
que l'attrition se fera au niveau des psychiatres alors qu'ils sont en surplus
de psychiatres. Celle-là est exacte. C'est la seule sur laquelle
j'oserais dire que c'est moins hypothétique. S'ils sont 40 psychiatres
il y aura une attrition, petit à petit, jusqu'à 30; je pense que
c'est ainsi que cela se fait. Évidemment, il faudra tenir compte du type
de spécialités parce que c'est un hôpital où ce sont
tous des spécialistes, un peu d'omnipraticiens, mais presque pas. Il y a
toutes ces choses. C'est évident que tous les gens qui sont
présentement dans des établissements vont, quel que soit le plan
d'effectifs auquel on arrive, à la baisse ou à la hausse,
demeurer là ou vont vouloir continuer de pratiquer là où
ils sont.
Je pense que ce dont cela va nous rendre conscients, c'est, par exemple,
d'une part, des admissions en spécialité. On sait
présentement - je m'excuse auprès des universités si ce
n'est pas exact; je n'aurais pas d'objection à ce qu'on me corrige
même publiquement - que le choix des spécialités au niveau
des facultés de médecine n'est pas toujours en fonction des
pénuries dans les différentes spécialités, et
là j'oublie la ville et les régions éloignées.
À ce moment, il y aura peut-être une correction à apporter
de ce côté. Il y aura peut-être, du point de vue de
l'entrée en spécialités, comme on le fait cette
année, des correctifs à apporter relativement aux pénuries
qui existent dans des régions éloignées,
intermédiaires ou autres.
Je pense qu'un plan d'effectifs va d'abord être assez long
à élaborer. Par la suite, les moyens qui seront mis de l'avant,
normalement, devraient être le résultat des travaux de la table de
concertation. C'est à partir de cela que, progressivement, les choses
pourront être corrigées. Je ne sais pas si cela répond
à la question du député.
M. Rochefort: En partie, oui. Cela apporte un bon
éclairage sur les intentions de la ministre quant à l'utilisation
qu'elle fera des plans d'effectifs.
Si l'on prend l'autre bout de la ligne, dans les régions
où on a observé que, pour 55 postes nécessaires, il y a 30
professionnels, que fait-on?
Mme Lavoie-Roux: Voici ce qu'on fait présentement. Cette
année, on a déterminé les spécialités en
pénurie dans les régions éloignées - c'est toujours
ce dont on parle, des régions éloignées - et on a
décidé que 50 postes seraient accordés en sus des 270
postes, pour être assuré d'avoir 50 postes additionnels en
spécialités pour les régions éloignées. Je
pense que d'autres hypothèses pourraient être envisagées
pour les années à venir. Ce sont 270 postes en
spécialités, selon le contingentement général, mis
à part les 50 postes. Si, l'an prochain, ce chiffre de 270 demeurait
à 270, je pense que la table de concertation pourra décider
qu'une partie plus grande de ces 270 postes soit accordée à des
médecins qui iraient pratiquer en régions éloignées
et qui se spécialiseraient, encore une fois, dans les
spécialités en pénurie dans les régions
éloignées. Je pense que petit à petit on va corriger, le
problème.
Personne n'a prétendu que, demain matin, parce que, demain matin,
on ne l'aura pas, le plan d'effectifs. Même si on l'avait demain matin...
Qu'est-ce qu'il dit?
M. Rochefort: Demain matin, vous n'aurez pas encore la loi.
Le Président (M. Bélanger): Vous n'avez pas envie
de nous tenir jusque-là.
Mme Lavoie-Roux: II aime cela être avec nous.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, on va
faire une autre offre. On va faire un party.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est cela, l'autre façon.
Maintenant, il y a les mesures incitatives aussi, etc., qui continuent
d'exister et qu'on va analyser, dont on va faire le bilan. Je pense que cela va
être, pour corriger cela le plus rapidement
possible, de cette façon. Il va aussi falloir faire cette -
comment dirais-je - étude ou prendre ces décisions concernant les
spécialités, même à Montréal et même
dans les régions que Mme la députée de Marie-Victorin
appelle sous-régionales; c'est ce que je l'ai entendue dire, mais, en
tout cas, peu importe, je pense qu'on se comprend. Je pense que c'est comme
cela qu'on va procéder.
M. Rochefort: Est-ce que vous envisagez l'utilisation de mesures
correctives?
Mme Lavoie-Roux: Non. Je pense que personne n'est obligé.
Il faut que ces mesures-là soient prises. Il faut que les conditions
soient connues avant que les personnes s'y engagent. Je pense que, dans le cas
des 50 en spécialités cette année, personne n'est
forcé d'aller en régions éloignées. Il y a une
autre mesure que nous avons mise de l'avant dans notre programme
électoral et qu'on n'a pas poussée davantage, mais je pense
qu'elle vaudrait peut-être la peine d'être examinée. On a
dit: Est-ce qu'à l'admission en médecine il n'y aurait pas un
certain nombre - sans engagement de personne - d'étudiants provenant des
régions éloignées qui pourraient avoir priorité
parce que leur chance serait plus grande?
M. Rochefort: Indépendamment des notes?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Il faudrait, évidemment, qu'ils
aient, quand même, des résultats convenables. Par exemple,
à notes égales - quoique j'ai toujours des doutes très
forts vis-à-vis des notes égales d'un cégep à
l'autre, mais, en tout cas, c'est pour jouer la règle soi-disant
évidente de l'équité parce qu'on sait qu'il y a un grand
nombre d'inscriptions en médecine - des personnes qui viennent des
régions éloignées seraient privilégiées sans
même aucun engagement de leur part, présumant que, possiblement,
sur ce nombre-là, un bon nombre retournerait en régions
éloignées. En tout cas, ils ont plus de chances de retourner en
régions éloignées que celui qui a été
élevé sur la rue Dunlop à Outremont.
M. Rochefort: M. le Président, je ne veux pas faire
sursauter la ministre, mais je pense qu'on ne peut pas penser que cela n'a
jamais été écrit. La ministre a reconnu que cela avait
déjà été écrit par inadvertance.
Mme Lavoie-Roux: Pas ce que je viens de vous dire!
M. Rochefort: Non, ce que je vais dire. Mme Lavoie-Roux: Sauf
dans notre programme.
M. Rochefort: Ce que je vais dire. Mais je pense qu'on ne peut
pas discuter de ces questions sans tenir compte de ce qui a déjà
été écrit, même par inadvertance. L'idée
qu'on retrouve dans la version première puisque, paraît-il, il
existe une deuxième version de la décision 86-84, d'exiger de
tous les candidats qui sont admis en spécialités un engagement
par lequel ils iront pratiquer en régions pour une période de
quatre ans, est-ce que la ministre nous dit que c'est quelque chose de
totalement exclu dans son esprit?
Mme Lavoie-Roux: Au moment où on se parle, dans la
connaissance des choses que l'on a, dans la mesure où les choses sont
prévisibles, parce que je ne suis jamais assez téméraire
pour dire que cela ne se produira pas dans quinze ans, mais dans un avenir
prévisible, je pense d'abord que cela ne serait pas réaliste,
puisque j'admets moi-même qu'il y a pénurie dans certaines
spécialités à Montréal, de dire que demain matin
tous ceux qui entreraient en spécialités iraient pratiquer en
régions éloignées. N'est-ce pas ce que vous avez dit?
M. Rochefort: Si la ministre me le permet, M. le
Président, je fais allusion à la décision 86-84 telle que
rédigée dans ce qui s'appelle, paraît-il, sa
première version...
Mme Lavoie-Roux: Allez-yl
M. Rochefort: ...qui n'était pas de dire que tout le monde
allait pratiquer en régions, mais qui disait que tout le monde qui
serait admis en spécialités devrait s'engager à aller en
régions, si nécessaire.
Mme Lavoie-Roux: Non. Cela n'a jamais été...
M. Rochefort: Vous excluez cela.
Mme Lavoie-Roux: Absolument. Seulement, si dans quinze ans il n'y
a plus personne en régions, les gens prendront les décisions
qu'ils voudront, je ne serai sûrement pas ici dans quinze ans.
M. Rochefort: Moi non plus.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez plus de chances que moi.
M. Rochefort: Non, non. Ne vous en faites pas!
Le Président (M. Bélanger): À la chefferie,
non?
M. Rochefort: On a un chef qui va faire quinze ans au moins
encore.
Deuxièmement, M. le Président, l'autre disposition de la
décision 86-84 discutée, aujourd'hui célèbre, qui
était d'assujettir dans la politique d'entrée en première
année de médecine...
Mme Lavoie-Roux: C'est retiré de la décision, je
vous l'ai dit.
M. Rochefort: Oui, oui. Je vous ai dit que je voulais qu'on
discute de cela sereinement. Ne vous fâchez pas!
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand même, est-ce
qu'on discute de la décision ou est-ce qu'on discute de la loi?
Le Président (M. Bélanger): En ce qui concerne la
pertinence du débat, je voudrais qu'on s'en tienne quand même
à l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien qu'il me pose quelques questions,
mais si on fait tout le tour de cela!
Le Président (M. Bélanger): Écoutez! Je
m'aperçois qu'on s'en va sur le fond de l'article. On en était,
tout à l'heure, à discuter sur l'amendement qui a
été proposé par Mme la ministre, à savoir: "au plan
régional des effectifs médicaux et dentaires des
établissements de la région..." On devait disposer de cela
d'abord. (22 heures)
M. Rochefort: M. le Président, je vous dis: Qu'on fasse la
discussion avant ou après en avoir disposé, quant à moi on
parle de l'article et je comprends que vous vous êtes absenté pour
des raisons sûrement très justes...
Mme Lavoie-Roux: Très humaines.
M. Rochefort: ...de nos travaux, mais...
Le Président (M. Bélanger): Une question de
pression.
M. Rochefort: ...on a engagé, je pense, une discussion
très importante, la ministre et moi, sur ce qu'on va faire avec les
plans d'effectifs. On va avoir trois médecins dans des places et,
à d'autres endroits, il va manquer des médecins par rapport aux
postes, et tout cela...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je vous ai expliqué ce que
l'on avait l'intention de faire.
M. Rochefort: M. le Président, je pense que la ministre a
couvert en partie, puisque j'aurai quelques questions sur lesquelles
revenir...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse.
M. Rochefort: Je pense, M. le Président, que la ministre a
couvert en partie ce qui se produirait avec les médecins dits en surplus
quant aux postes qui seront définis dans les plans d'effectifs des
établissements et des régions, mais on discute des gestes qui
seront posés pour aller combler les postes en pénurie quant aux
plans d'effectifs locaux et régionaux qui auront été
élaborés. Or, on a couvert comment la ministre voyait cela
à partir de ses 50 postes réservés, peut-être plus,
comme elle nous a dit, è partir de la table de concertation. On vient
disposer d'une hypothèse de travail qui a déjà
existé quelque part, mais non pas au ministère de la Santé
et des Services sociaux, à ce qu'on nous en dit - je prends la parole de
la ministre - et la ministre nous dit que cette hypothèse, de toute
façon, non seulement n'a jamais existé chez elle, mais qu'elle
n'existe pas non plus pour l'avenir en ce qui la concerne. Dans ce qui est
prévisible, on parle plus de moyen terme, quinze ans, c'est à
l'intérieur du moyen terme.
L'autre idée qui avait été discutée,
c'était celle que tous les étudiants qui seraient admis en
médecine aient à signer un engagement par lequel ils
reconnaîtraient qu'ils ne seront pas automatiquement des médecins
participants au régime d'assurance-maladie une fois qu'ils auront
terminé leurs études. Est-ce quelque chose que la ministre pense
qui pourrait être envisagé pour combler les...
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit que ce n'était plus dans
la décision.
M. Rochefort: Non, non... Oui, M. le Président, je l'ai
dit dans mon introduction, oui, je prends la parole de la ministre que ce n'est
plus dans la décision, d'accord. Mais il y a quelqu'un, quelque part,
qui a déjà pensé à cela. Je reconnais que ce n'est
pas la ministre, que ce n'est pas son ministère. On est en train de
parler de moyens qui peuvent être envisagés pour aller combler les
postes qui sont en pénurie quant aux plans d'effectifs qui ont
été retenus. Ce que je dis, c'est quelque chose qui, pour la
ministre, n'est pas à envisager, ce n'est pas quelque chose qui,
d'après elle, devrait être proposé à la table de
concertation.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier, sur le même sujet.
M. Sirros: Oui et non, M. le Président. C'est la question
du sujet qui me préoccupe. Je trouve cela peut-être très
intéressant comme discussion philosophique qu'on pourrait avoir à
un moment donné, mais il reste quand même que nous sommes en
train
d'adopter le projet de loi 75 article par article et je pense que
même le député de Gouin reconnaîtra qu'il faudrait,
à un moment donné, se rapprocher des articles qu'on étudie
et éviter les tangentes qui nous amènent sur des terrains
éloignés des articles qu'on discute.
M. Rochefort: M. le Président, le seul commentaire que je
peux faire, c'est qu'on est en train de progresser dans l'étude article
par article d'un projet de loi qui va doter le Québec de plans
d'effectifs médicaux en fonction d'un objectif visé par le
ministre qui est une meilleure répartition des effectifs
médicaux, notamment dans les régions et dans les
spécialités en pénurie, y compris dans les grands centres.
Ce que j'essaie de voir, c'est qu'une fois qu'on va avoir ces plans on va voir
qu'il y a des médecins dits en surplus dans certaines régions et
des médecins qui ne sont pas présents dans des plans d'effectifs
qui les prévoient. On tente d'essayer de voir comment on va se comporter
comme société avec ceux qui sont dits en surplus et ceux qui sont
dits manquants ou en pénurie.
Donc, je pense qu'il est important de voir un peu comment on va faire,
justement, pour que ces plans donnent des résultats. Tout le monde le
reconnaît, la ministre aussi l'a dit tantôt, le plan lui-même
nous donne une connaissance, un instrument de gestion.
Le Président (M. Bélanger): On reconnaît que
c'est pertinent au débat et la question est posée. Mme la
ministre, pouvez-vous répondre à la question du
député de Gouin?
Mme Lavoie-Roux: Sa question originelle ou originale...
Une voix: La question originale. M. Rochefort:
Originale.
Le Président (M. Bélanger): Celle du
début.
M. Rochefort: C'est le péché qui est originel.
Mme Lavoîe-Roux: C'est peut-être un
péché.
Le Président (M. Bélanger): Originale, originelle
étant...
Mme Lavoie-Roux: Sa question originale était: La ministre
a-t-elle l'intention d'utiliser des mesures coercitives pour envoyer le monde
dans les régions éloignées?
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: J'y ai répondu et je vais
répéter. J'ai dit: Une mesure coercitive est une mesure qui
engagerait les gens sans que les gens aient eu la chance de dire oui ou non, de
faire un choix. Si quelqu'un qui n'a pas fait un choix se voit imposer quelque
chose, je pense qu'à ce moment-là c'est coercitif. Mais quand
quelqu'un, de lui-même - j'ai donné l'exemple des 50
médecins - se porte volontaire, je pense qu'il n'y a pas de coercition.
Alors, dans ce sens-là, je n'envisage pas de mesures coercitives. Pour
le reste, M. le Président, il m'apparaît que j'ai répondu
à beaucoup de questions. Il m'apparaît que la table de
concertation, mais il faut d'abord examiner toute cette question des plans
d'effectifs, va examiner la question des pénuries en régions
éloignées, intermédiaires ou autres, même à
Montréal, si on veut, et c'est à eux de proposer des solutions.
J'ai bien l'intention de les laisser prendre le leadership dans ce
domaine-là en espérant que, d'une part, ils auront le "know how"
- je voudrais trouver l'expression française...
M. Rochefort: Le savoir-faire.
Mme Lavoie-Roux: ...le savoir-faire, merci... Ils ont un meilleur
savoir-faire en ce domaine que la ministre elle-même. J'attendrai avec
beaucoup d'intérêt les résultats des travaux de cette table
de concertation.
M. Rochefort: Une dernière question spécifiquement
là-dessus, M. le Président, et après cela je reviendrai
avec une question sur Montréal là où on aurait normalement
des effectifs en surplus. Quand la ministre -elle a reconnu avoir ce mandat que
je sais qu'elle va discuter à la table de concertation - reconnaît
avoir un mandat du Conseil des ministres pour établir une
corrélation entre l'obtention de postes dans les plans d'effectifs
médicaux qu'on est en train d'adopter et le droit de participation au
régime d'assurance-maladie, est-ce que là aussi la ministre
compte baliser cette façon de faire à partir de la
définition qu'elle nous a donnée de ce qui n'était pas
coercitif tantôt?
Mme Lavoie-Roux: De quoi parlez-vous?
M. Rochefort: Pour combler toujours les postes en pénurie
en régions, vous reconnaissez avoir eu un mandat du Conseil des
ministres qui est de soumettre au Conseil des ministres un projet de loi visant
è...
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais rappeler au - excusez, je peux
répondre - député de Gouin que le mandat qui a
été confié aux ministres respectifs de la Santé et
des
Services sociaux, d'une part, et de l'éducation, d'autre part,
est d'établir un plan triennal quant aux effectifs médicaux pour
les trois prochaines années et que ceci doit se faire en concertation
avec les différents intervenants à partir des études qui
seront faites, même si différentes considérations ont
été faites a l'intérieur de la décision dont
plusieurs ont été modifiées, lesquelles
modifications...
M. Rochefort: Je ne commenterai pas.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne commenterai pas. Je pense que toutes
ces décisions que vous pouvez retrouver, dont plusieurs ont
été modifiées, et même celles qui restent pourront
être modifiées à partir des travaux qui résulteront
de la table de concertation...
M. Rochefort: Vous n'avez pas I'intention d'imposer une
corrélation entre le droit de participation au régime
d'assurance-maladie et l'obtention d'un poste dans un plan d'effectifs?
Mme Lavoie-Roux: J'attendrai les recommandations qui me seront
faites.
M. Rochefort: Par la table de concertation.
Mme Lavoie-Roux: Par la table de concertation.
M. Rochefort: Parfait. Une dernière question eu
égard à ce volet important, M. le Président, qu'on a
soulevé pour voir vraiment comment on va utiliser ces plans d'effectifs.
Pour revenir aux grands centres deux secondes, la ministre nous dit: Pour les
médecins "dits en surplus", toujours entre guillemets, on ne fera pas
cela de façon cavalière un matin en leur disant: Vous prenez tous
un avion de Quebecair et vous vous en allez à Rouyn pour le restant de
vos jours, mais elle nous dit: On va y aller par attrition. Est-ce que je dois
comprendre qu'en y allant par attrition cela veut dire que, du même
souffle...
Mme Lavoie-Roux: Non, cela va. Continuez.
M. Rochefort: Est-ce que cela veut dire que, du même
souffle, pendant la période où l'attrition devrait nous amener
è des effectifs équivalents aux postes prévus dans les
plans d'effectifs des établissements régionaux, il n'y aura pas
non plus d'entrées de jeunes médecins dans ces
établissements et dans ces régions-là?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas nécessairement, puisque
l'attrition, ce ne sont pas tous des médecins identiques, si je peux
dire, ce ne sont pas tous des spécialistes identiques... À
Montréal, même si les effectifs médicaux, reprenons
Sacré-Coeur comme exemple, ont été établis - on
avait dit 175 tantôt - à 175, il peut arriver qu'à
l'intérieur de Sacré-Coeur on se trouve en pénurie,
à un moment donné, de cardiologues, pour donner un exemple,
même si le plan d'effectifs détermine 175 médecins, - parce
que cela se fait aussi par département, par service. Selon là
où l'attrition se fera, il y en aura d'ajoutés si l'attrition se
fait aux dépens du plan d'effectifs prévu pour tel service, par
exemple.
M. Rochefort: Mais on s'entend, si je comprends bien la
réponse de la ministre, juste avant de donner la parole à la
députée de Marie-Victorin, M. le Président, je voudrais
qu'elle me corrige si je comprends mal, c'est que...
Mme Lavoie-Roux: On aime trop ça, ça continue.
Allez-y, M. le député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Ça va bien. C'est que ces jeunes nouveaux
médecins ne pourront obtenir de poste que dans la mesure ou cela se
ferait, par exemple, dans des spécialités en pénurie. Ce
que je comprends bien de la réponse que vous m'avez fournie, c'est que
la possibilité de sang neuf, dans les établissements, les grands
centres, les établissements où, théoriquement, par
l'exercice des plans d'effectifs, on dénote un surplus que la
possibilité de sang neuf dans ces établissements ne se fera que
dans les spécialités où il y a pénurie.
Mme Lavoie-Roux: C'est fort probablement ce qui arrivera, il peut
aussi y avoir des développements de nouveaux services, alors vous aurez
aussi du sang neuf qui arrivera dans les nouveaux services. Il ne faut pas
oublier que ces plans d'effectifs vont être révisés tous
les trois ans.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une chose statique, pour
l'éternité ou même pour quinze ans.
M. Rochefort: Mais je veux simplement, M. le Président,
dire ceci à la ministre; je pense que je l'ai fait dans mon discours de
deuxième lecture et je veux le refaire maintenant. Je pense qu'il faut
prendre des moyens pour nous assurer de l'arrivée
régulière et constante de sang neuf dans le réseau. Je
pense qu'on l'a vécu dans d'autres secteurs d'activité, dans
notre société, et que cela a posé et pose, encore
aujourd'hui,
des problèmes.
Mme La voie-Roux: Écoutez, M. le Président -
j'espère que c'est la dernière question là-dessus - il n'y
a pas un surplus de 3000 médecins au Québec, quand même. Ce
dont on se rend compte c'est qu'il y a en trop dans certains centres par
rapport à d'autres, dans certaines spécialités par rapport
à d'autres. Ça roule, on dit - peut-être que, lorsque la
table de concertation me donnera les chiffres exacts, je les corrigerai -
grosso modo qu'il entre 600 médecins dans le système, qu'il y en
a 200 grosso modo qui partiraient par année soit parce qu'ils prennent
leur retraite, soit parce qu'ils s'en vont dans une autre province, s'en vont
aux États-Unis, pour une foule de circonstances, ou ils
décèdent. Je pense qu'on n'est pas dans une situation où
le surplus est tel que, finalement, on va être dans un état
absolument statique où il ne se produira aucun renouvellement. Je pense
qu'on n'a pas à s'inquiéter de cela.
Mme Vermette: J'ai juste un commentaire à faire face aux
propos que Mme la ministre vient de dire. C'est parce que j'ai
déjà vécu dans certains hôpitaux, justement,
où on ne pensait pas au renouvellement et qu'à un moment
donné, compte tenu du fait qu'on parle d'attrition... Quelle est la
moyenne d'âge d'un spécialiste dans nos établissements
actuellement et combien de temps demeurent-ils en poste dans nos
établissements? Cela serait peut-être important de le savoir,
compte tenu que, dans certaines spécialités, c'est plus facile
d'avoir un certain mouvement parce qu'il y a plus d'ouvertures, donc c'est plus
perméable, en fin de compte, quant aux institutions, mais ce n'est pas
partout pareil dans toutes les spécialités. On est très
limités et cela décourage des jeunes d'entreprendre certaines
spécialités parce que, notamment, on sait que les postes sont
maintenus pour longtemps. (22 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, la table de concertation a
certainement examiné ces problèmes et, par cela, je pense qu'il
ne faut pas multiplier les effectifs en surplus pour le sang neuf. Je pense
qu'il y a assez de renouvellement, actuellement, il y a assez de roulement dans
ta profession médicale. Si, un jour, cela devient une
préoccupation ou un problème réel, je suis certaine qu'on
s'en occupera. M. le Président, est-ce qu'on peut voter?
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Alors, est-ce
que l'amendement proposé par Mme la ministre est adopté?
Adopté?
M. Rochefort: Vous parlez de l'article 70.0.2...
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. M.
Rochefort: ...au complet?
Le Président (M. Bélanger): On va d'abord adopter
l'amendement et, ensuite, on adoptera l'article, si vous le permettez, pour
être cohérent. Alors, l'amendement se lisait comme suit: "Le
conseil régional doit élaborer, conformément au
règlement, un plan régional des effectifs médicaux et
dentaires des établissements de la région à partir
notamment de chacun des plans d'organisation qu'il a approuvés en vertu
des articles 70 et 70.0.1." Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Est-ce
que l'article 70.0.2 est adopté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
M. Rochefort: L'article 70.0.1 aussi.
Le Président (M. Bélanger): L'article 70.0.1,
maintenant. Tout à l'heure, nous avions convenu qu'ils étaient
concomitants. Alors, est-ce que l'article 70.0.1 est adopté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté,
merci.
M. Rochefort: M. le Président, avant que... Non, non,
justement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Et l'article...
M. Rochefort: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): L'article 2, tel
qu'amendé...
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: ...j'aurais une motion...
Le Président (M. Bélanger): Cela allait bien,
j'étais parti.
M. Rochefort: Ah oui! Cela va bien, il ne faut pas se
décourager. J'aurais une motion d'amendement à faire à
l'article 2 qui se lirait comme suit:...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, je
vous en prie. On va donner deux
minutes à Mme la ministre pour terminer sa consultation.
M. Rochefort: On est bien d'accord avec cela.
Le Président (M. Bélanger): Alors, il y a une
proposition d'amendement à l'article 2 présentée par le
député dé Gouin. M. le député.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. L'article 2 du projet
de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, est modifié par l'addition, après l'article
70.0.2, du suivant: 70.0.3 L'inscription ou la non-inscription d'un
médecin ou d'un dentiste dans les plans d'organisation prévus aux
articles 70, 70.0.1 et 70.0.2 ne peut servir de critère aux fins de
l'application des dispositions de la Loi sur l'assurance-maladie (L.R.Q.,
chapitre A-29).
Le Président (M. Bélanger): Maintenant,
donnez-le-moi. Avez-vous des copies qu'on puisse distribuer?
M. Rochefort: J'en ai une.
Le Président (M. Bélanger): L'article 2 du projet
de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les
services sociaux, est modifié par l'addition, après l'article
70.0.2, du suivant... On ajouterait un article 70.0.3. L'inscription ou la
non-inscription d'un médecin ou d'un dentiste dans les plans
d'organisation prévus aux articles 70, 70.0.1 et 70.0.2 ne peut servir
de critère aux fins de l'application des dispositions de la Loi sur
l'assurance-maladie. L.R.Q....
Mme Vermette: Lois refondues du Québec, chapitre...
Le Président (M. Bélanger): ...Lois refondues du
Québec, chapitre A-29. C'est cela, je cherchais. Je m'excuse. J'apprends
vite, n'est-ce pas? Question de règlement, M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Est-ce que je peux voir l'amendement un instant, car
j'ai l'impression qu'il parle complètement d'autre chose?
Le Président (M. Bélanger): J'avoue que j'ai de la
misère à vous suivre.
Mme Lavoie-Roux: ...que la Loi sur l'assurance-maladie...
M. Sirros: Oui, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cet amendement est irrecevable
parce qu'il n'est pas pertinent à la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, mais à la Loi sur
l'assurance-maladie.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement.
M. Rochefort: M. le Président, je souhaiterais que vous me
permettiez de me faire entendre avant de conclure.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, si l'article 70.0.3 que je
soumets n'est pas recevable parce qu'il concerne la Loi sur l'assurance-maladie
du Québec, je vous demanderais de prendre la même décision
quant à l'article 4 du projet de loi qui est présentement
è l'étude, aux alinéas 132.1 et 132.2, qui est
relié à des décisions que devra prendre et qui concernent
la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Par exemple, je vous
lirai l'article 132.2: "Un médecin ou un dentiste qui cesse, sans
l'autorisation du conseil d'administration, d'exercer sa profession dans un
établissement sans avoir donné un préavis ou avant la fin
de la durée de celui-ci devient, à compter de la date
fixée par la Régie de l'assurance-maladie du Québec, un
professionnel non participant, aux fins de la Loi sur l'assurance-maladie, pour
une période", etc. "Le conseil d'administration avise sans délai
la régie", etc. Je peux continuer, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez tout à
fait raison, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Donc, l'article 4 est exclu du projet de loi, c'est
cela?
Le Président (M. Bélanger): Ce n'est pas ce que je
dis. Je vous dis que votre amendement est recevable.
M. Rochefort: M. le Président, si vous me permettez, je
vais présenter mon amendement.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: Oui? Alors, la proposition d'amendement que je
soumets à l'attention des membres de la commission et dont vous venez de
décider de la recevabilité, étant donné que
l'article 4 a été jugé recevable au projet de loi, a pour
but de préciser de façon très claire et très
formelle, pour l'ensemble de ceux et de celles qui auront à utiliser la
loi 75, une fois que celle-ci aura
été adoptée par l'Assemblée nationale du
Québec - puisque je présume que celle-ci sera un jour
adoptée par l'Assemblée nationale du Québec - et de bien
baliser l'utilisation que Ton pourra faire des plans des effectifs qui ont
été définis - on appelle cela des alinéas - aux
alinéas 70.0.1 et 70.0.2. Cela fera en sorte que le fait qu'un
médecin ou un dentiste soit inscrit ou non dans un plan d'organisation
d'établissement, que ce soit à 70.0 pour un centre hospitalier,
è 70.0.1 pour un centre local de services communautaires ou un centre
d'accueil, ou à 70.0.2 relativement à un plan des effectifs
régional, ne puisse servir de critère aux fins de l'application
des dispositions de la Loi sur l'assurance-maladie. C'est-à-dire que le
fait que quelqu'un n'ait pas un poste dans un plan d'effectifs d'un
établissement ou d'un conseil régional ne puisse être
utilisé pour retirer ou refuser le droit de participation au
régime d'assurance-maladie à un médecin qui n'aurait pas
obtenu un poste dans le plan des effectifs d'un établissement ou dans le
plan des effectifs d'un conseil régional.
Je pense que l'amendement que je dépose est pleinement conforme
à ce que la ministre a évoqué tantôt, comme quoi son
but était de ne pas couvrir, par exemple, les cabinets privés, et
comme quoi ce n'était pas son intention d'appliquer une des dispositions
de la décision 86-84 du Conseil des ministres avant d'avoir eu
l'occasion d'en discuter à la table de concertation. Je pense qu'avec un
tel amendement on lève toutes les ambiguïtés majeures qui
ont régné et qui régnent encore autour du projet de loi
75, eu égard à la décision 86-84 du Conseil des ministres,
et on fait en sorte que l'on puisse recréer un climat positif, sain et
constructif, non seulement pour la dispensation des services de santé et
des services sociaux au Québec, mais aussi pour les activités,
les travaux, les discussions et les réflexions qui seront menés
à la table de concertation sur laquelle la ministre fonde des espoirs
considérables. Toutes les réponses qu'elle nous a fournies
l'illustrent de façon très éloquente, la ministre fonde
beaucoup d'espoirs sur la table concertation. Je pense qu'avec l'adoption d'une
disposition comme celle que nous soumettons à l'attention des membres de
la commission, aux alinéas 70.0 et 70.3, cela fera en sorte que tout le
monde ira de plain-pied, de bonne humeur, positivement et dans une confiance
complète à l'endroit des collègues de la table de
concertation et des représentants du ministère et, donc du
gouvernement, participer aux décisions qui auront pour but d'apporter
des solutions intéressantes, satisfaisantes et complètes aux
problèmes des effectifs médicaux en régions, mais sans
jamais penser aux épées de Damoclès qu'on a eu
l'impression, faussement ou à raison, que l'on suspendait au-dessus des
têtes dans le cadre des discussions qui seraient tenues à la table
de concertation et auxquelles on les convie.
Je pense que la proposition d'amendement que je fais vise simplement
à inscrire dans la loi cette balise è laquelle la ministre a fait
allusion tantôt et avec laquelle j'ai compris qu'elle était
d'accord, selon quoi ce n'était pas son intention de procéder
dans le court et le moyen terme. Je pense, M. le Président, que le fait
que ce soit inscrit dans la loi va vraiment faire en sorte d'abord que toutes
les appréhensions seront levées et que, non seulement ces
appréhensions seront levées, mais qu'il y aura une participation
pleine, entière, positive et en toute confiance de l'ensemble des
intervenants à la table de concertation à laquelle la ministre a
fait allusion à plusieurs reprises et pour laquelle elle fonde - je le
sais - des espoirs nombreux et très légitimes, quant à
moi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...d'abord, je ne veux pas mettre en cause votre
décision, M. le Président. Je l'accepte, mais je voudrais
simplement faire la remarque suivante. Je ne pense pas que ce soit exactement
de la même nature que ce qui est prévu à l'article 132.2.
À l'article 132.2, c'est un avis que le conseil d'administration donne
à la Régie de l'assurance-maladie du non-respect d'un
préavis. Alors, ce n'est pas de la même nature que celui qu'on
veut inscrire dans la Loi sur la santé et les services sociaux, eu
égard directement à l'inscription ou la non-inscription d'un
médecin ou d'un dentiste dans les plans d'organisation dont on ne peut
se servir aux fins d'application. Je demeure convaincu et je pense que ceci est
différent et relève directement de la Régie de
l'assurance-maladie.
L'autre chose, c'est que je pense que c'est un article qui est
superfétatoire. C'est comme si c'était une menace
appréhendée. On met dans un projet ce qu'on veut faire et non pas
ce qu'on ne veut pas faire. À l'heure actuelle, il n'y a rien dans les
modifications qui sont apportées ni dans la loi 74 qui est notre loi de
concordance dans ce cas-ci, stipulant que, même si on a exclu des plans
d'effectifs régionaux et sous-régionaux des activités
professionnelles qu'on retrouve dans les cabinets privés, etc., ces
gens-là ne seraient pas inscrits ou seraient "désinscrits", si on
veut, de leur participation ou ne pourraient plus participer à
l'assurance-maladie. Je pense que si jamais ceci devait être fait il
faudrait revenir avec la Loi sur l'assurance-maladie et la modifier pour dire
que les gens qui ne seront pas
inscrits dans les plans d'organisation devront être exclus de la
Loi sur l'assurance-maladie. À ce moment-là, on ferait la
modification qui s'imposerait dans la loi. Mais on ne met pas dans une loi une
chose qu'on ne veut pas faire.
Une voix: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Alors, pour cette raison, je pense qu'on ne peut
pas voter pour un amendement qui est, à mon point de vue... Donc, je
respecte votre décision mais je pense que cela ne doit pas être
dans cette loi-ci. À part cela, on met dans une loi ce qu'on veut faire
et non ce qu'on ne veut pas faire.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, je
respecte votre point de vue, mais...
Mme Lavoie-Roux: J'accepte votre décision, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors, je ne plaiderai
donc pas sur la pertinence. C'est tout simplement qu'à l'article 132.2
on fait une allusion directe aux professionnels non participants aux fins de la
Loi sur l'assurance-maladie, Lois refondues du Québec, chapitre A-29,
pour une période. Alors, c'était une allusion très
directe. J'y voyais le même genre d'allusion. C'est pourquoi j'ai
jugé recevable l'amendement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin. Excusez, M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je dirai, d'un part, que,
oui, on peut mettre dans une loi des choses qu'on ne fera pas avec une loi.
Cela se fait régulièrement et cela s'appelle baliser, cela
s'appelle limiter la portée et l'utilisation qu'on peut faire d'une loi
qui est votée par le Parlement. Non seulement une loi prévoit de
faire ou permet de faire des choses, M. le Président, mais à
l'occasion une loi prévoit qu'on ne pourra faire des choses qu'à
partir des dispositions législatives X, Y ou Z. Je dirai qu'en ce
sens-là il est très pertinent d'apporter un tel amendement,
compte tenu, M. le Président, de l'existence de la décision 86-84
et de l'article que la ministre reconnaît et qui est que le Conseil des
ministres lui a donné le mandat d'établir une corrélation
entre le droit de participation au régime d'assurance-maladie et
l'obtention d'un poste dans un plan d'effectifs d'établissement ou
régional. (22 h 30)
M. le Président, je suis conscient que l'amendement que je
dépose est un amende- ment qui est d'ordre pédagogique aussi. Pas
uniquement mais aussi d'ordre pédagogique, et il vise, M. le
Président, à rétablir le climat nécessaire à
la bonne marche des travaux de la table de concertation. M. le
Président, ne serait-ce que pour des fins pédagogiques,
même si je prétends que cela va bien au-delà de fins
pédagogiques, mais ne serait-ce que pour des raisons pédagogiques
et pour des raisons qui visent à rétablir le climat autour de la
table de concertation concernant les questions de plans d'effectifs
médicaux, de postes et de droits de participation au régime
d'assurance-maladie, je pense que la ministre et ses collègues de la
majorité ministérielle auraient avantage à appuyer un tel
amendement, d'autant plus que la ministre nous dit être d'accord, ne pas
avoir l'intention de rattacher le droit de participation au régime
d'assurance-maladie à l'obtention d'un poste dans un plan d'effectifs.
M. le Président, si...
Le Président (M. Bélanger): Je voudrais qu'on
respecte le droit de parole du député de Gouin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, on le respecte.
M. Rochefort: Si, effectivement, la ministre est sincère
lorsqu'elle dit qu'elle ne veut pas relier le droit de participation au
régime d'assurance-maladie à l'obtention d'un poste dans un plan
d'effectifs, je pense qu'elle pourrait très bien voter en faveur de la
disposition 70.0.3 que je soumets. Je soumets encore respectueusement et
modestement à Mme la ministre que je suis convaincu que l'inclusion dans
la loi 75 d'une telle disposition va changer de façon substantiellement
positive le climat entourant la table de concertation convoquée pour
cette semaine et qu'elle veut voir se réunir de façon
régulière et constante et avec laquelle elle veut travailler bras
dessus bras dessous à la résolution des problèmes auxquels
nous faisons face comme société dans le dossier de la
répartition des effectifs médicaux dans tout le Québec et
en particulier dans les régions qui sont en pénurie. Je le
répète. Je pense qu'il est très sain qu'une loi
prévoie non seulement ce qu'on peut faire, mais aussi ce qu'on ne peut
pas faire avec des dispositions législatives -cela se fait couramment
dans nos lois, M. le Président. Je répète aussi que, si la
ministre est vraiment d'accord avec cette disposition, comme elle l'a dit
tantôt, ce n'est pas forçant de l'appuyer, de voter pour. Je pense
que c'est un moyen que nous lui fournissons de recréer un climat de
franche collaboration, de détermination positive et constructive
à participer, avec la ministre, aux efforts de la ministre, à la
solution des problèmes pour lesquels elle convie tous les
intervenants à la table de concertation. Je pense qu'avec
l'adoption d'une. telle mesure sa table de concertation va vraiment
fonctionner, dès les premières minutes où elle se
réunira pour la première fois, dans un esprit de franche
collaboration et de détermination à y aller chacun de ses
solutions et de sa contribution pour apporter une solution positive et
satisfaisante aux problèmes pour lesquels la ministre conviera les
intervenants à la table de concertation.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ajoute tout simplement
que le député de Gouin me demande d'inscrire dans la loi ce que
je n'ai pas l'intention de faire. Ce sont exactement ses mots. Je trouve cela
un peu fort. Encore une fois, je pense que dans une loi on inscrit ce qu'on
veut faire et non pas ce qu'on ne veut pas faire. Je n'ai rien d'autre à
ajouter, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce que
l'amendement proposé par M. le député de Gouin est
accepté ou rejeté?
M. Rochefort: Vote nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M. Bélanger): Vote nominal. Bien. Je
vais chercher ma petite feuille, pour appeler le vote, si vous permettez. Tout
le monde réfléchit... J'appelle le vote. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
M. Baril: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M.
Bélanger (Laval-des-Rapides), contre. M. Gervais (L'Assomption).
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Hétu
(Labelle).
M. Hétu: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Contre. M. Laporte
(Sainte-Marie).
M. Laporte: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme
Cardinal (Châteauguay).
Mme Cardinal: Vous m'avez oubliée, cher ami. Contre.
Le Président (M. Bélanger): Vous êtes trop
discrète, madame. M. Leclerc (Taschereau) n'est pas là. Mme
Legault et M.
Lemire (Saint-Maurice) ne sont pas là. M. Sirros (Laurier).
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme
Vermette (Marie-Victorin).
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M.
Rochefort (Gouin).
M. Rochefort: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Contre: 8; pour: 2.
Un instant. Il faut que j'inscrive le vote de Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas généralement
dedans. C'est ça?
M. Sirros: On n'a pas expliqué l'article 2.
Le Président (M. Bélanger): Nous revenons donc
à l'article 2. Est-ce que je peux considérer l'article 2 comme
accepté?
M. Rochefort: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 3.
Motifs d'inéligibilité
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article 3 a pour but
d'ajouter deux motifs d'inéligibilité à ceux existants
déjà à l'article 86 et applicables aux membres des
conseils d'administration d'un établissement. Le premier motif vise les
membres des conseils d'administration des établissements
destitués de leur charge d'administrateur par le gouvernement à
la suite d'une administration provisoire. Je voudrais simplement clarifier,
parce que l'administration provisoire veut dire les cas où il y a eu un
fondé de pouvoir, un tuteur qui décide, à la suite de la
tutelle qu'il a exercée, qu'il y a cause pour destituer les personnes.
Actuellement, aucune disposition législative n'empêche ces
personnes de se porter candidates lorsque des élections ont lieu
à la suite de l'administration provisoire pour former un nouveau conseil
d'administration. Le deuxième motif d'inéligibilité
concerne les personnes reconnues coupables d'une infraction à la Loi sur
les services de santé et les services sociaux ou aux
règlements
adoptés en vertu de cette loi. C'est d'ajouter ces deux motifs:
"au cours des trois années précédentes, elle a
été déchue de ses fonctions comme membre du conseil
d'administration d'un établissement en vertu du paragraphe a de
l'article 170;" et: "au cours des trois années
précédentes, elle a été reconnue coupable d'une
infraction en vertu des articles 179 ou 180." Je ne sais pas si quelqu'un veut
que... Ce sont les infractions et peines qui sont prévues aux articles
179 et 180, à la section XI de la Loi sur les services de santé
et les services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Grosso modo, est-ce
qu'on peut énumérer ces...
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous lire les articles, si vous voulez.
L'article 179: "Quiconque enfreint l'une des dispositions de la présente
loi ou des règlements du gouvernement ou du ministre commet une
infraction et est passible, sur poursuite sommaire, en outre du paiement des
frais, d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus 1000 $ s'il s'agit d'un
individu ou d'une amende d'au moins 500 $ et d'au plus 5000 $ s'il s'agit d'une
corporation.
La partie II de la Loi sur les poursuites sommaires (chapitre P-15)
s'applique."
Dans le cas de l'article 180: "Lorsqu'une corporation commet une
infraction à la présente loi ou à un règlement,
tout administrateur, employé ou agent de cette corporation qui a
prescrit ou autorisé l'accomplissement de l'infraction ou qui y a
consenti, acquiescé ou participé, est réputé
être partie à l'infraction et est passible de la même peine
que celle qui est prévue pour la corporation, que celle-ci ait ou non
été poursuivie ou déclarée coupable."
C'était simplement parce que quelqu'un qui avait
été destitué, enfin, pour les raisons a), b) et c), et,
ensuite, quelqu'un qui a été destitué à la suite
d'une enquête ou d'une tuelle...
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Une voix: Le paragraphe d).
Mme Lavoie-Roux: Le paragraphe d). Le e), c'est: "au cours des
trois années précédentes, elle a été
reconnue coupable d'une infraction en vertu des articles 179 ou 180."
Mme Vermette: ...ce n'est pas tellement sérieux, mais,
s'il y a une façon de modifier les conseils d'administration par le
vide, c'est bien celle-ci. On n'aura plus jamais de problème avec les
conseils d'administration parce qu'il n'y aura plus jamais personne qui voudra
y aller. Quand on sait, à ce moment-ci, les conséquences que
pourraient subir les gens, j'ai l'impression que...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Cela existe déjà
dans la loi, sauf qu'on dit: s'ils ont été destitués en
fonction de ces raisons-là. S'ils sont déjà dans la loi,
ce sont des motifs suffisamment graves. J'imagine que ce n'est pas pour une
raison légère et on dit qu'il serait juste que les personnes qui
sont destituées ou condamnées, etc., ne puissent pas, pour trois
ans, siéger à un conseil d'administration. Cela m'apparaît
tout à fait normal. On retrouvait des gens qui avaient été
destitués pour motif sérieux, que ce soit en raison de conflits
d'intérêts, etc. Finalement, vous pouviez les retrouver le mois
suivant à un conseil d'administration d'un autre établissement du
réseau. C'est le seul objectif.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, en ce qui a trait à
l'article 3d, cela ne pose pas de problème. Mais, en ce qui a trait
à 3e, ce qu'on est en train de nous dire, c'est que, dans les
dispositions de la loi telles qu'elles existent, quelqu'un qui, par exemple,
n'aurait pas, comme membre d'un conseil d'administration, participé
à l'adoption d'un plan d'effectifs médicaux se verrait contraint
par l'article 179 et quelqu'un qui aurait été reconnu par un
tribunal comme n'ayant pas participé à l'adoption d'un plan
d'effectifs médicaux de son établissement, en plus, serait
reconnu comme inéligible à siéger au sein d'un conseil
d'administration.
M. le Président, je pense que mettre tout le monde dans un
même sac et sur un pied d'égalité, égaliser les
têtes par le haut, je trouve cela dangereux en la matière. Je
pense qu'il faut distinguer le type de situations à laquelle on fait
face, le type de sanctions par lesquelles on sanctionne des infractions
à une loi et, ultimement, les pénalités ultimes qu'on fait
miroiter devant les gens qui auraient pu poser des gestes qui étaient
à l'encontre d'une disposition de la loi sur la santé et les
services sociaux ou d'un règlement qui en découle.
M. le Président, je souhaiterais qu'en fonction du principe de
gros bon sens, et, aussi, comme le disait ma collègue de Marie-Victorin,
je pense qu'il y a du vrai dans ce qu'elle dit et que ses propos sont
très fondés... M. le Président, à un moment
donné, il va être difficile de recruter des gens pour participer
à des conseils d'administration. Ce qu'on va devoir dire dans les
conseils d'administration, c'est: Si vous n'adoptez pas votre plan d'effectifs
médicaux, non seulement on va appliquer
l'article 179 avec les peines, amendes de 200 $ minimum à 1000 $,
etc., et, ensuite, si vous êtes reconnus coupables de cela, vous n'aurez
plus le droit de siéger à un conseil d'administration pendant au
moins trois ans. Je trouve que mettre cela au même niveau que quelqu'un
qui fraude un budget, qui détourne des fonds, qui est reconnu comme
ayant posé des actes criminels, c'est vraiment....
Une voix: C'est gros.
M. Rochefort: Je trouve cela gros, M. le Président, et je
trouve cela excessif. Je le dis comme je le pense, je trouve cela excessif. Si
on me disait que... Pour d, je reconnais qu'il y a vraiment une situation
très bien identifiée, très particulière et qui,
quant à moi - je donne mon appui de principe à l'article 3d -
justifie que quelqu'un soit rendu inéligible a siéger. Mais
concernant l'article 3e, M. le Président, je trouve qu'on va tomber,
comme je l'ai déjà dit... Il y a un vieux dicton qui dit: Trop
fort casse pas. Je pense que quelquefois trop fort casse fort.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais juste faire remarquer au
député de Gouin qui a fait un lien de cause à effet entre
l'organisation des plans d'effectifs et l'article. Je dois vous dire
qu'à notre point de vue il n'y avait aucune relation entre les deux.
C'était vraiment pour empêcher que des gens qui s'étaient
rendus coupables de quelque chose ne puissent siéger automatiquement,
non pas automatiquement, mais se retrouver dans un autre conseil
d'administration. Il ne faut pas oublier que ces personnes ont d'abord dû
être poursuivies et reconnues coupables d'une infraction et que ce n'est
qu'après cela que ces personnes seraient... Si elles ont
été poursuivies et reconnues coupables d'une infraction, je pense
que c'est... À ce moment-là, si elles sont trouvées
coupables, il est normal que..
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, telles que les choses sont
actuellement, on peut poursuivre quelqu'un, le trouver coupable, lui faire
subir les amendes qui sont prévues actuellement à l'article 179
et la personne continue de siéger au conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Sirros: Alors, tout ce que l'article ici fait finalement,
c'est que, si on a poursuivi quelqu'un, s'ils ont pris la peine de poursuivre
quelqu'un, de le trouver coupable, de le condamner à des amendes, il me
semble que c'est logique et cohérent que la même personne qu'on
vient de poursuivre et trouver coupable ne puisse pas siéger au conseil
d'administration, et cela, à partir de ses fonctions pour lesquelles il
avait été trouvé coupable. D'ailleurs, on peut toujours
lire des choses qui ne sont pas dans la loi, mais il me semble que c'est
très cohérent et très logique. Si on a pris la peine de
poursuivre quelqu'un et de le trouver coupable, il me semble qu'une
conséquence logique serait que la personne ne puisse pas continuer de
siéger au même conseil d'administration où elle a commis
une infraction et pour laquelle elle a été poursuivie et a
été trouvée coupable, pendant trois ans.
Mme Lavoie-Roux: Je vais vous donner l'exemple qui me vient
à l'esprit sur les règlements de la loi 27. Les conseils
d'administration sont obligés de faire une série de
règlements. Il y a 22 ou 17 règlements qu'ils ont à faire,
je ne m'en souviens plus. On en a eu l'évidence au moment de
l'enquête sur Rivière-des-Prairies. Je parle de
Rivière-des-Prairies parce que c'est arrivé dans cette
situation-là, mais on sait fort bien que dans d'autres
établissements de même nature les règlements ne sont pas
complétés et probablement dans les hôpitaux en
général. C'est uniquement à cela que l'on voit qu'on ne
les poursuivrait pas pour les condamner à 200 $ à 500 $ d'amende
parce qu'ils n'ont pas fait leurs règlements. Par contre, j'ai
profité de l'occasion pour faire un rappel aux autres
établissements de même catégorie, compte tenu du
bien-être de la population, pour qu'on accélère la
préparation de règlements qui permettent d'encadrer les
activités. Cela n'est pas à cela qu'on se réfère.
Comme on faisait des modifications à la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, on a dit: On va faire cette modification.
Dans notre esprit, il n'y a aucun lien entre cela et la préparation des
plans d'effectifs médicaux.
M. Rochefort: Si je comprends bien, c'est un projet de loi
omnibus.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce sens-là, c'est un petit
omnibus.
Le Président (M. Bélanger): C'est un minibus.
M. Rochefort: C'est un minibus, bon. Mais, M. le
Président, profitant d'une loi amendant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux pour écrire d'abord l'article 3d,
je pense que oui on aurait pu compléter cela de cette
façon-là. Dans le fond, l'article 179, aussi, je l'aurais
accepté, mais que l'on dise que l'on maintient l'article 179 tel quel et
que cela devienne en
plus un motif d'inadmissibilité à siéger pour trois
ans, je vous rappelle que quiconque... Quand la ministre ou le
député de Laurier -je ne sais pas lequel des deux ou les deux
-nous a dit: Oui, mais si quelqu'un a été reconnu coupable de ne
pas avoir fait sa "job", si quelconque enfreint l'une des dispositions de la
présente loi' ou des règlements, alors une disposition peut
être d'adopter un plan d'effectifs, une des dispositions peut
être... Il fut un temps où on n'avait pas le droit de refuser
l'admission d'un médecin dans un plan d'effectifs. Cela n'est pas
quelque chose de grave, c'est quelque chose de pas correct, c'est quelque chose
qui empêche le bon fonctionnement de l'établissement. Je reconnais
cela, mais on ne peut pas le mettre sur le même pied que quelqu'un qui
détourne des fonds, que quelqu'un qui manque gravement à ses
devoirs et obligations.
Le Président (M. Bélanger): Un établissement
où le conseil d'administration refuse de mettre sur pied le
comité de bénéficiaires, cela existe.
M. Rochefort: Pensez-vous que c'est une raison suffisante pour
poursuivre et rendre les gens inadmissibles à siéger?
Le Président (M. Bélanger): C'est une disposition
importante de la loi.
Mme Lavoie-Roux: II y a des poursuites sommaires. On ne peut pas
sur... Excusez-moi, M. le député de Laurier.
M. Sirros: C'est une décision qui aurait dû
être prise, c'est un article qui est déjà dans la loi
depuis un bon bout de temps. Donc, il ne s'agit pas d'un autre processus pour
destituer des gens d'un conseil d'administration, mais l'article qui
prévoit que les gens sont susceptibles d'avoir des amendes allant de 200
$ à 1000 $ ou de 500 $ à 5000 $ est toujours là,
même actuellement, pour les gens qui ne font pas, par exemple, adopter
des règlements. Le fait que le gouvernement n'a pas décidé
de poursuivre ces gens-là, c'est une indication de quelque chose. Si on
prend la peine de poursuivre quelqu'un susceptible de payer des amendes
prévues là, il me semble que la personne qui vient d'être
trouvée coupable et qui a à payer des amendes, cela serait
logique que cette personne ne puisse plus continuer à siéger au
même conseil d'administration pour les actions pour lesquelles elle a
été poursuivie. Ces dispositions existent depuis un bon bout de
temps.
M. Rochefort: M. le Président, si la ministre a
l'intention de maintenir l'article 3e tel quel, je veux bien, mais cela sera
sur division.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Donc, l'article 3 est
adopté sur division.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, on peut suspendre pour
trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Bélanger): On peut suspendre pour
cinq minutes, histoire de s'aérer les esprits un peu.
M. Rochefort: On est rendu à 4, on en a presque la
moitié de fait.
Le Président (M. Bélanger): Oui. On suspend pour
cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 50)
(Reprise à 22 h 57)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre s'il
vous plaît!
Nous reprenons les travaux de la commission des affaires sociales.
Préavis de 60 jours
J'appelle l'article 4. Ce projet de loi est modifié par
l'insertion, après l'article 132, des suivants: "132.1 Un médecin
ou un dentiste ne peut cesser d'exercer sa profession dans un
établissement avant d'avoir donné au conseil d'administration un
préavis écrit d'au moins 60 jours. "Le conseil d'administration
peut toutefois autoriser un médecin ou un dentiste à cesser
d'exercer sa profession dans l'établissement sans préavis ou
à la suite d'un préavis de moins de 60 jours s'il juge que son
départ n'a pas pour effet d'affecter la qualité ou la suffisance
des services médicaux ou dentaires offerts à la population
desservie par cet établissement." "132.2 Un médecin ou un
dentiste qui cesse, sans l'autorisation du conseil d'administration, d'exercer
sa profession dans un établissement sans avoir donné un
préavis ou avant la fin de la durée de celui-ci devient, à
compter de la date fixée par la Régie de l'assurance-maladie du
Québec, un professionnel non participant, aux fins de la Loi sur
l'assurance-maladie (L.R.Q., chapitre A-29), pour une période
égale à deux fois le nombre de jours qu'il restait à
écouler avant l'expiration du délai de préavis applicable.
"Le conseil d'administration avise sans délai la régie de ce
départ et lui indique la période pour laquelle ce professionnel
devient non participant.
"Lorsque le conseil d'administration juge que ce départ a pour
effet d'affecter la qualité ou la suffisance des services
médicaux ou dentaires offerts à la population desservie par un
établissement, il en avise par écrit la Corporation
professionnelle des médecins du Québec ou la Corporation
professionnelle des dentistes du Québec, selon le cas."
Tel est en substance l'article 4.
Mme Lavoie-Roux: En totalité, M. le Président.
J'ai assez donné d'explications sur cet article. Je n'ai rien
à ajouter sauf - comme je l'ai indiqué peut-être un peu
informellement au député de Gouin - qu'il a soulevé une
difficulté que d'autres auparavant avaient soulevée. Nous nous
proposons, lorsque nous devrons faire la concordance dans la Loi sur
l'assurance-maladie, de donner la latitude d'étaler le non-engagement
des différents médecins quant à la pénalité,
c'est-à-dire de pouvoir étaler la pénalité de
non-engagement dans le temps pour ne pas priver un établissement de la
totalité de ses médecins. C'est la seule chose que je voulais
ajouter.
M. Rochefort: Sur cela spécifiquement, M. le
Président, dans un esprit de collaboration, si la ministre avait entre
les mains, au cours de nos travaux demain, par exemple, copie de cet
amendement...
Mme Lavoie-Roux: Je crois qu'on l'a ici. Avez-vous copie...
M. Rochefort: ...j'aimerais pouvoir en prendre connaissance.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait même vous la donner ce
soir.
M, Rochefort: Cela nous permettrait de voir vraiment, vu
l'importance que vous accordez à cela. Pour nous...
Mme Lavoie-Roux: On peut vous la donner tout de suite
même.
M. Rochefortï Mon Dieu! J'en serais heureux.
Mme Lavoie-Roux: Je ne l'avais pas, mais il l'a.
Le Président (M. Bélanger): L'article 5? Non,
l'article 4...
M. Rochefort: Non, non, on est à l'article 4, mais cela va
aller dans le projet de loi 74...
Mme Lavoie-Roux: C'est de la concordance.
M. Rochefort: C'est un élément de concordance
important qui vient baliser un des problèmes qu'on a
soulevés.
Le Président (M. Bélanger): On vous donne deux
minutes pour faire votre lecture.
M. Rochefort: Deuxièmement, M. le Président, j'ai
une question à poser à la ministre. Je ne vois nulle part... Vous
n'avez pas d'autres amendements à apporter à l'article 4?
Mme Lavoie-Roux: Non. L'amendement qu'on apporte, c'est dans la
loi 74.
M. Rochefort: D'accord. Est-ce que je dois comprendre que la
ministre n'a pas retenu les représentations qui lui ont
été faites par l'Opposition et par bon nombre d'intervenants
quant à l'absence totale de droit de se faire entendre ou de droit
d'appel pour un médecin à l'article 4 de son projet de loi tel
que rédigé?
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, je me suis interrogée
sur ce point. La suggestion qui avait été faite, c'était
un recours devant la Commission des affaires sociales. L'information qu'on m'a
donnée, c'est qu'on a toujours un droit de recours devant les tribunaux
ordinaires, que c'est suffisant et probablement plus rapide, de toute
façon.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, devant les tribunaux
ordinaires, cela peut être quelque chose d'assez lourd. Ce n'est pas du
tout...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est une
illégalité, dans le fond, si on ne respecte pas... La ou les
personnes qui se mettent dans une situation d'illégalité pour
laquelle une sanction est prévue, si elles trouvent que cela n'est pas
justifié, c'est, devant le non-respect de la loi, le recours
habituel.
M. Rochefort: M. le Président, je me serais attendu
à ce que la ministre ait des amendements à l'article 4 pour
prévoir le droit d'appel et le droit de se faire entendre de la part des
professionnels de la santé qui, faut-il le rappeler, seront sous le coup
d'une sanction très grave, très lourde, qui n'est rien de moins
que la non-participation au régime d'assurance-maladie pour une
période équivalant au double du nombre de jours pour lequel ce
préavis n'a pas été donné. Je pense que, comme dans
n'importe quelle autre loi, on aurait dû prévoir que la personne
intéressée puisse se faire entendre et, peut-être,
même porter appel, demander une révision de la décision. Si
la ministre nous dit qu'elle n'a pas d'amendements à déposer
à cet effet, je vous indique immédiatement que j'ai des
amendements à déposer.
Le Président (M. Bélanger): Alors, M. le
député de Gouin, on attend vos amendements.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, vous comprendrez que
c'est un petit peu compliqué, j'ai quatre amendements pour permettre de
faire le tour de cela.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie des quatre
amendements, s'il vous plaît?
M. Rochefort: On va aller en faire des copies parce que c'est
absolument essentiel.
Le Président (M. Bélanger): On suspend deux
minutes, le temps de faire...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, on reste ici...
Le Président (M. Bélanger): Non, non, on ne sort
pas de la salle, on suspend les travaux deux minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 5)
(Reprise à 23 h 6)
Le Président (M. Bélanger): La commission reprend
ses travaux. La parole est au député de Gouin.
M. Rochefort: Alors les quatre amendements que je soumets
à l'attention des membres de la commission, à l'article 4, se
liraient comme suit. Je lis les quatre articles et, ensuite, on les
redonnera.
Mme Lavoie-Roux: Oui, on a une bonne mémoire; on va
retenir cela.
Motion proposant un droit d'appel
M. Rochefort: C'est bien, surtout le député de
Labelle, je le sais.
Le projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, est modifié par l'insertion
après l'article 4 du suivant: "4.1 La Loi sur la Commission des affaires
sociales (L.R.Q., ch. C-34) est modifiée par l'insertion, après
le paragraphe g de l'article 21, du paragraphe suivant: g.1 Les appels
logés par des médecins ou dentistes en vertu de l'article 132.1
de ladite Loi sur les services de santé et les services sociaux."
Deuxièmement, on ajoute un nouvel article 4.2 qui se lit comme
suit: "La Loi sur la Commission des affaires sociales (L.R.Q., ch. C-34) est
modifiée: 1. par l'insertion de la deuxième ligne du premier
alinéa de l'article 28, après la lettre "g", de la lettre "g.l";
2. par l'insertion, dans la première ligne du deuxième
alinéa de l'article 28, après les mots "visés dans", des
mots "les paragraphes g.1 et h.1"; 3. par l'insertion, dans la première
ligne du troisième alinéa de l'article 29, après la lettre
g, de la lettre g.1."
Troisièmement, l'article 4 du projet de loi 75 est modifié
par l'insertion, après l'article 132.1, du suivant: "132.1.1 Un
médecin ou un dentiste qui n'est pas satisfait de la décision
rendue par le conseil d'administration, en vertu de l'article 132.1, peut en
appeler à la commission." On parle de la Commission des affaires
sociales.
Finalement, l'article 132.2, tel qu'inséré par l'article 4
du projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur la santé et les services
sociaux, est modifié par l'insertion, dans la deuxième ligne du
premier alinéa, après les mots "conseil d'administration", des
mots "ou, le cas échéant, de la commission".
Ce que ces amendements prévoient, c'est la possibilité,
pour un médecin qui est sous le coup de l'application des dispositions
de l'article 4 du projet de loi 75, donc des articles 132.1 et 132.2, de faire
appel de la décision prise à la Commission des affaires sociales,
mais de permettre à la Commission des affaires sociales d'entendre ces
causes à partir d'une procédure expéditive qui est bien
connue dans la loi, pour laquelle on fait des modifications de concordance et
avec - je pense qu'on appelle cela - un banc qui est réduit, mais sur
lequel il y a automatiquement la présence d'un assesseur qui est
médecin, pour faire en sorte que cet appel puisse être entendu.
Les deux derniers sont des amendements, aux articles 132.1 et 132.2, de
concordance, si les amendements des nouveaux articles 4.1 et 4.2 sont
adoptés.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Est-ce que je pourrais demander si j'ai bien entendu
que le deuxième amendement que le député de Gouin propose
est un amendement à la Loi sur la Commission des affaires sociales?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Sirros: À ce moment-là, il me semble que ce
serait le mauvais endroit pour un amendement, en termes de services
réhabilités, étant donné qu'on est en train
d'amender la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
M. Rochefort: C'est juste, M. le Président, que l'article
4.2 modifie la Loi sur la Commission des affaires sociales, mais, a partir du
moment où l'on déciderait de permettre, dans le cadre de
l'application de l'article 4, un droit d'appel à la Commission
des affaires sociales, il est évident qu'il faut faire les
amendements de concordance avec la Loi sur la Commission des affaires sociales.
Sinon, on ne pourrait quand même pas décider ici, dans le projet
de loi 75, de permettre un droit d'appel à la Commission des affaires
sociales d'une décision prise à l'égard d'un
médecin et plus tard, un jour, quand on amendera la Loi sur la
Commission des affaires sociales, amender la Loi sur la Commission des affaires
sociales pour faire les concordances nécessaires et permettre que soit
applicable plus tard, on ne sait trop quand, une décision que la
commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale du
Québec et que l'Assemblée nationale du Québec auraient
prise. Si on décidait de retenir l'idée d'un droit d'appel, il
faut que l'on rendre opérant ce droit d'appel, un peu comme on le fait
dans d'autres lois. D'ailleurs, on l'a reconnu dans celle-ci, car on amende la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, la Loi sur la
Régie de l'assurance-maladie du Québec...
M. Sirros: Non.
M. Rochefort: ...on l'a vu tantôt.
M. Sirros: Non, on n'amende... Mais, M. le
Président...
M. Rochefort: Bien oui, on amende, on donne de nouveaux pouvoirs
à la régie, de façon à permettre de rendre cet
appel opérant. Je vous dirai que c'est de procédure courante de
faire cela.
M. Sirros: M. le Président...
M. Rochefort: Si on amende le projet de loi qui est
présenté, il est clair qu'en même temps les amendements de
concordance aux autres lois concernées doivent être
apportés, sinon je ne vois pas tellement... Ce ne sont pas de nouveaux
principes qu'on amène dans d'autres lois - là je serais d'accord
avec l'argumentation du député de Laurier - c'est strictement de
la concordance pour rendre effectif un amendement qui est pleinement recevable
dans la loi actuelle, à savoir de permettre d'appliquer l'article 4,
donc les articles 132.1 et 132.2, à partir d'un droit d'appel pour le
médecin concerné.
Le Président (M. Bélanger): Alors, à ce
stade-ci, on va lire le texte. Je n'ai pas le texte en main, il m'est difficile
de débrouiller cela. On jugera de la recevabilité de
l'amendement. M. le député de Laurier, vous avez demandé
la parole.
M. Sirros: En effet, M. le Président. Il s'agit dans ce
cas-ci de modifier la Loi sur la Commission des affaires sociales qui
relève d'un autre ministère. Il me semble qu'il est clair qu'on
ne peut pas procéder par un amendement à la Loi sur les services
de santé et les services sociaux pour arriver à modifier la Loi
sur la Commission des affaires sociales. Dans ce sens-là, je vous
suggère que ce n'est pas ici qu'on peut recevoir cet amendement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
M. Rochefort: M. le Président, si vous me permettez,
est-ce que je peux plaider? Je vais vous donner cela clairement.
Mme Lavoie-Roux: Peut-on avoir copie des amendements?
Le Président (M. Bélanger): Ils s'en viennent,
c'est parce qu'il y en a quatre. Alors, M. le député de Gouin, on
vous entend sur les...
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Pouvez-vous les traiter
tous les quatre en même temps, s'il vous plaît?
M. Rochefort: Oui, oui, exactement, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Et dans l'ordre
où vous voulez qu'on les entende pour qu'on se comprenne.
M. Rochefort: C'est cela, c'est cela. Allons à la page -
on ne les a pas paginés -mais allons à celui qui concerne
l'article 132.1.1.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
M. Rochefort: Après cela, on ira à l'article 132.2;
ensuite, on reviendra aux deux premiers, aux articles 4,1 et 4.2 de la Loi sur
la Commission des affaires sociales.
Le Président (M. Bélanger): "Un médecin ou
un dentiste qui n'est pas satisfait de la décision rendue..." Est-ce
bien celui-là?
M. Rochefort: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): On commence par lui.
On va le numéroter "1".
M. Rochefort: Alors, l'article 132.1 dans le projet de loi qui
nous occupe, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: D'accord. On dit: On ajoute un article additionnel
à l'article 132.1, qui dit: "Un médecin ou un dentiste qui n'est
pas satisfait de la décision rendue par le
conseil d'administration, en vertu de Particle 132.1 - qui est contenu
là - peut en appeler à la commission." D'accord?
Le Président (M. Bélanger): Parfait.
M. Rochefort: On sait, dans cette loi, quand on parle de
commission, il s'agit de la Commission des affaires sociales.
Deuxièmement, on s'en va à la page suivante, à
l'article 132.2, l'article qui suit. On dit: "L'article 132.2 tel
qu'inséré par l'article 4 du projet de loi 75 Loi modifiant la
Loi sur les services de santé et les services sociaux est modifié
par l'insertion dans la deuxième ligne du premier alinéa,
après les mots "conseil d'administration" des mots "ou le cas
échéant de la commission". Cela se lirait donc: "Un
médecin ou un dentiste, qui cesse sans l'autorisation du conseil
d'administration ou le cas échéant de la commission - on fait
toujours référence à la Commission des affaires sociales
d'exercer..." et on continue.
Ce sont les deux amendements de fond ou de principe au projet de loi que
nous étudions aujourd'hui et pour lequel nous avons le mandat de faire
l'étude article par article.
Les deux autres amendements que je vous soumets, aux articles 4.1 et
4.2, sont, effectivement des amendements à la Loi sur la Commission des
affaires sociales. Ils ont pour but de rendre opérante une
décision que nous aurons prise quant à la Loi sur la santé
et les services sociaux, aux articles 132.1 et 132.2. Mais ils ne sont pas
reliés, en aucune façon, à d'autres amendements qu'on
pourrait vouloir apporter à la Loi sur la Commission des affaires
sociales.
Mais, je répète, il faut lire, premièrement,
l'amendement qu'on veut apporter è l'article 132.1, ensuite celui
à l'article 132.2, lesquels, de toute évidence, sont recevables
puisqu'ils amendent un texte qui est devant nous. Les deux autres sont
là pour faire la concordance et faire en sorte que ces amendements qu'on
apporterait à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux soient opérationnels rapidement, de façon qu'on puisse
mettre en application l'ensemble des dispositions de l'article 4. Si un
médecin décide d'aller en appel, voici comment, à la
Commission des affaires sociales, cela devrait être traité.
Notamment, on veut s'assurer que cela soit traité en priorité
afin de permettre à Mme la ministre de bien faire jouer son
mécanisme des 60 jours. Entre autres, on dit qu'il faudra un banc
réduit, mais qu'il y ait la présence d'un assesseur
médecin, comme cela se fait dans d'autres dispositions. Je
répète qu'il faut voir les amendements à 132.1 et à
132.2 et, si c'est adopté, faire des amendements de concordance avec les
autres lois.
(23 h 15)
M. le Président, si on légiférait mal, on pourrait
très bien adopter les amendements à 132.1 et à 132.2 et
laisser le reste une patte en l'air à la commission des affaires
sociales, en attendant qu'une loi, un jour, vienne amender cette loi, mais je
pense que ce serait mal légiférer. Donc, je rappelle qu'il faut
premièrement lire les deux amendements aux articles 132.1 et 132.2.
Le Président (M. Bélanger): Alors, deux de vos
amendements sont en relation directe avec la loi et deux autres visent à
la rendre concordante avec d'autres lois. C'est ce que je retiens de votre
intervention jusqu'à maintenant.
M. Rochefort: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Si vous prenez deux
secondes, je vais seulement... Je vais donner des notes explicatives. Alors,
sans créer de précédent, jugeons-les recevables et on les
débattra au vote, s'il y a lieu. D'accord? M. le député de
Gouin, nous les jugeons recevables, mais sans créer de
précédent et sans admission. Je ne veux pas qu'on s'en serve pour
dire ailleurs: On a déjà accepté cela dans telle
commission. Simplement pour fins d'accélérer les travaux, nous
discuterons sur le fond et on jugera au mérite par la suite.
M. Rochefort: Je veux bien qu'on se comprenne pour les articles
132.1 et 132.2, il y a un précédent. Il n'y a pas de
problème, c'est dans la normalité des choses.
Le Président (M. Bélanger): Ceux-là sont
recevables sans aucun problème. D'accord? M. le député de
Laurier.
M. Sirros: L'amendement proposé est 132.1.1. On y dit: "Un
médecin ou un dentiste qui n'est pas satisfait de la décision
rendue par le conseil d'administration en vertu de l'article 132.1 peut en
appeler à la commission." Il me semble bien que, dans le projet de loi
75, il ne s'agit pas d'une décision du conseil d'administration qui rend
le médecin inadmissible. La loi stipule que le médecin qui quitte
ses fonctions sans préavis...
Le Président (M. Bélanger): C'est automatique.
M. Sirros: Oui, oui. L'amendement n'a absolument aucun rapport
avec l'article en question, M. le Président, et je vous suggère
de dire que c'est irrecevable.
Le Président (M. Bélanger): Oui, c'est ce que
j'avais dans la tête tantôt.
M. Sirros: C'est déconnecté
complètement.
Le Président (M. Bélanger): C'est qu'on ne peut pas
être insatisfait d'une décision rendue par le conseil
d'administration. C'est un automatisme. Vous avez un délai de 60 jours
è respecter lorsque vous remettez votre décision; si vous ne
respectez pas ce délai, c'est automatique. Cela n'est pas...
M. Rochefort: Je peux?
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: M. le Président, on demanderait à
tout le monde de prendre son temps et de lire l'article au complet. Au
deuxième paragraphe, il se lit comme suit: "Le conseil d'administration
peut toutefois autoriser un médecin ou un dentiste - il s'agit là
d'une décision - à cesser d'exercer sa profession dans
l'établissement sans préavis ou à la suite d'un
préavis de moins de 60 jours s'il juge que son départ - on va
continuer - n'a pas pour effet d'affecter la qualité ou la suffisance
des services médicaux ou dentaires offerts è la population
desservie par cet établissement."
Si le conseil juge qu'il refuse son autorisation parce que cela peut
affecter la qualité ou la suffisance, il y a donc là
décision et la personne qui n'est pas satisfaite de cette
décision peut en appeler. Je veux bien, M. le Président, mais si
cela n'est pas une décision d'un conseil d'administration...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, vous avez raison.
M. Sirros: M. le Président, il y a quelque chose. Si je
comprends bien l'article 4, il y a un automatisme dans le sens suivant: Avant
de pouvoir quitter, tout médecin doit donner un préavis de 60
jours.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela.
M. Sirros: Le conseil d'administration peut établir des
exceptions...
Mme Lavoie-Roux: C'est un privilège à ce
moment-là.
Le Président (M. Bélanger): C'est un
privilège.
M. Sirros: C'est un privilège. En ce sens, l'amendement
pourrait avoir un rattachement par rapport à la décision du
conseil d'administration de rendre un privilège ou non au
médecin, mais tous les médecins sont tenus de donner un avis de
60 jours à l'exception des cas que le conseil d'administration pour des
raisons particulières et personnelles par rapport à la situation
du médecin...
Le Président (M. Bélanger): II y a toujours...
M. Sirros: Si c'est cela que le député vise, oui,
il a raison. II peut présenter cet amendement, mais je pense que son
intention n'est pas celle-là.
Le Président (M. Bélanger): Je pense qu'il y a
toujours...
M. Sirros: Si je comprends bien, son intention était de
prévoir la question de 60 jours dès le départ.
Le Président (M. Bélanger): Sur le fond, je pense
qu'il y a toujours décision. Le conseil d'administration...
Mme Lavoie-Roux: Le conseil d'administration.
Le Président (M. Bélanger): Vous permettez?
Mme Lavoie-Roux: Non, le conseil d'administration n'aura pas
à rendre de décision sur le préavis qui doit être
donné.
M. Rochefort: Je ne parle pas du préavis.
Mme Lavoie-Roux: Mais oui, mais...
M. Rochefort: Voulez-vous que je parle du préavis?
Mme Lavoie-Roux: Alors...
Le Président (M. Bélanger): La décision. Je
pense qu'il y a toujours décision. Le conseil d'administration, ne
serait-ce que du moment où il regardera si cela pose un problème
ou pas, il vient de porter un jugement sur la situation.
M. Rochefort: Ne serait-ce qu'à partir du moment où
il accepte d'autoriser ou qu'il refuse d'autoriser un médecin à
cesser d'exercer sa profession, il s'agit d'une décision. On ne parle
pas du préavis. On dit que le conseil d'administration peut toutefois
autoriser un médecin ou un dentiste à cesser d'exercer sa
profession dans l'établissement sans préavis. Ce que cela veut
dire, tel qu'amendé, M. le Président, c'est que si l'amendement
est reçu, un médecin pourra ne pas donner son préavis et
ne pas demander au conseil d'administration de l'exempter d'avoir donné
son avis, auquel cas il tombe dans le processus prévu au projet de loi.
Si, effectivement, il n'a pas donné son préavis et qu'il compte
utiliser le deuxième alinéa
de l'article 132.1 et demander quand même au conseil
d'administration la permission de se retirer du plan d'effectifs, même
s'il n'est pas à l'intérieur du délai de 60 jours, si la
décision qui est rendue par le conseil ne le satisfait pas, il peut
aller en appel. C'est un tout bien cohérent.
Mme Lavoie-Roux: C'est le même résultat. Par
exemple, si je suis votre raisonnement, si tous les médecins voulaient
exercer des pressions en même temps, les dix qui seraient là par
hasard, ils pourraient se prévaloir du deuxième alinéa.
 ce moment-là, tout est paralysé. Les effets voulus ne
sont pas atteints parce qu'il y aura l'appel. On a beau avoir une
procédure expéditive, on sait fort bien que la Commission des
affaires sociales va prendre au moins un an et même plus avec la
procédure expéditive.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais seulement qu'on
décide de la recevabilité ou pas...
Le Président (M. Bélanger); Écoutez, c'est
recevable. On l'a déclaré recevable...
M. Rochefort: ...pour embarquer dans le débat.
Le Président (M. Bélanger): ...et l'argument du
député de Laurier n'était pas recevable. Donc, monsieur,
procédez à l'explication de votre...
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'on en a
débattu un peu à travers la discussion entourant la
recevabilité. Pour répondre spécifiquement à
l'intervention de la ministre, cette dernière nous dit que si tous les
médecins demandent au conseil d'administration d'être
autorisés à se retirer sans avoir donné un avis de 60
jours, on va avoir un problème. Non, M. le Président, il n'y aura
pas de problème. Ou le conseil d'administration va accepter de donner
cette autorisation, auquel cas, le conseil d'administration a le droit de le
faire parce que la ministre lui donne le droit de le faire. Il doit cependant
tenir compte si cela affectera la qualité ou la suffisance des services
médicaux. Si le conseil refuse de donner ce droit, ce dernier est
refusé. On dit alors que le médecin peut aller en appel du refus
d'autorisation.
Mme Lavoie-Roux: Quand il est en appel, cela ne pourra pas...
M. Rochefort: Oui, l'autorisation a été
refusée pendant qu'il était en appel. Il va en appel devant la
Commission des affaires sociales. Il n'y a pas de problème sur ce point
de vue, M. le Président. Deuxième- ment, je répète
qu'avec les procédures expéditives prévues aux paragraphes
4.1 et 4.2, si on se rend tantôt à l'amendement à la Loi
sur la Commission des affaires sociales... Ce sont des procédures
très expéditives qui permettent de régler cela de
façon prioritaire par un banc réduit. Ces décisions
peuvent être prises très rapidement. Je répète que
mon intention est que la portée de mon amendement n'a pas pour but,
d'aucune façon, de rendre inopérante la clause de 60 jours. Je
dis et je répète que l'idée du mécanisme de 60
jours est un mécanisme qui nous apparaît intéressant, qui
nous apparaît utile et que nous souhaitons voir retenu. Nous avons dit
essentiellement et particulièrement deux choses autour de ce
mécanisme: d'une part, qu'il pouvait créer des situations
totalement à l'inverse de celles qu'il vise... La ministre nous a
donné une copie d'un amendement qu'elle souhaiterait apporter à
l'article 74 pour permettre d'étaler dans le temps afin de faire en
sorte que les médecins déclarés non participants, cela ne
se fasse pas tout en même temps, ce qui répond à une de nos
préoccupations.
La deuxième préoccupation que nous avons
évoquée, c'est de dire que cela se fera sans aucun droit de se
faire entendre et droit d'appel par qui que ce soit. Par l'amendement qu'on
apporte, on réglerait la possibilité d'aller en appel de la
décision. Je répète qu'avec ces deux
éléments, M. le Président, je pense que là, non
seulement on maintient notre appui à l'outil des 60 jours, mais on fait
en sorte que c'est un outil qui ne créera pas de situations où on
pourrait se retrouver carrément dans une situation qui va à
l'inverse du but recherché. Deuxièmement, on respectera les
droits de citoyens qu'ont les médecins, comme n'importe quel autre
citoyen qui est l'objet d'une décision d'un organisme sous
l'autorité duquel il est placé, M. le Président, d'aller
en appel de cette décision.
M. le Président, je répète que l'objectif est de
mieux baliser l'utilisation des 60 jours, mais aussi de permettre que ces 60
jours puissent être utilisés de façon qu'on ne puisse pas
paralyser, par des moyens d'appel, de révisions ou des moyens
judiciaires ou parajudiciaires, l'application du processus des 60 jours.
Le Président (M, Bélanger): Est-ce qu'il y a...
M. Rochefort: M. le Président, qu'on me nomme d'autres
situations où quelqu'un pourrait être sous le joug d'une telle
décision sans aucun droit de se faire entendre et d'aller en appel
quelque part. Je répète: Autant j'adhère au
mécanisme, autant je pense qu'il faut reconnaître tous ensemble
qu'il s'agit d'un mécanisme, M. le Président,
qui est grave.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai quand même
écouté attentivement le député de Gouin et je pense
que son amendement part d'une bonne intention. Je ne mets pas en doute son
intention, au contraire, j'ai moi-même été
préoccupée à la suite des représentations qui
m'avaient été faites. Est-ce qu'il y avait possibilité
d'établir un droit d'appel ou, enfin, un recours quelconque? Mais la
solution que nous présente le député de Gouin a pour effet
de paralyser les effets - excusez la redondance - a pour effet de paralyser ou
d'empêcher d'atteindre l'objectif qu'on veut atteindre,
c'est-à-dire de ne pas pénaliser la population par un
départ des médecins. Du moment où un ou des
médecins, individuellement là, parce qu'il faudrait qu'ils y
aillent individuellement, décident d'aller en appel, dès que
l'appel est interjeté, cela suspend l'application de ce qui est
prévu dans la loi. Alors, à toutes fins utiles, les effets qu'on
veut empêcher vont se produire parce que, même dans la
procédure la plus rapide ou la plus expéditive à laquelle
on peut penser, cela ne pourra pas être fait dans quatre, cinq ou six
jours. À ce moment-là, ce qu'on veut prévenir ne sera pas
empêché. Je me suis inquiété qu'il n'y ait aucun
droit de recours. On m'a dit: II reste que c'est un geste illégal qui
est posé. La loi prévoit qu'il doit donner - à moins qu'il
n'en soit exempté pour des raisons particulières - un avis de 60
jours. Si on défend quelque chose, il faut prévoir une sanction.
Je pense que cela fait partie de nos lois. À ce moment-là, vous
paralysez tout le processus, et l'objectif qu'on veut atteindre risque de ne
pas l'être. Par contre, s'il y avait injustice et que réparation
devait être faite, que la pénalité ne s'applique pas ou que
la pénalité doive être remboursée, etc., il demeure
un recours devant les tribunaux ordinaires.
Alors, je pense que la préoccupation du député
l'honore, et je l'ai partagée moi aussi, mais d'un autre
côté, si on paralyse tout... Ensuite, ce n'est pas un cas obscur.
C'est généralement pour un groupe de médecins qui veulent
exercer une pression et s'en aller pour obtenir des conditions de travail
différentes ou une réorganisation différente. Enfin, on
sait les raisons générales auxquelles cela est rattaché.
(23 h 30)
Ce que je voudrais dire au député, c'est que cela n'est
pas inhabituel que, dans le monde de la médecine, à
l'intérieur d'un contrat - il y a quand même un contrat de
signé avec un hôpital quand un médecin exerce sa profession
ou exerce des activités médicales - dans d'autres contrats qui se
font entre médecins dans les cabinets privés ou ailleurs, il y
ait aussi des avis qui doivent être donnés et qui doivent
être respectés.
M. le Président, je dois dire que l'idée d'introduire un
désincitatif et même une pénalité à l'endroit
des médecins qui partiraient sans donner un préavis... J'ai
été très troublée par ce qui s'est passé -
j'en avais déjà entendu parler pour d'autres -dans le cas de
Saint-Hyacinthe où, en fait, on a respecté les 60 jours - je
tiens à le dire parce qu'on me l'a indiqué - mais tous les jours
on était menacé que les médecins partent et que la
population reste sans services. Je me suis dit: Dans d'autres situations, que
ce soit les infirmiers, que ce soit les infirmières ou les
préposés aux malades, il y a, je pourrais vous le lire, tous les
recours possibles lors d'une grève illégale qui sont
prévus, dans le cas des salariés. Je pense que, à cet
égard, on a la même obligation de protéger la population
que dans le cas d'une grève illégale touchant d'autres membres du
personnel des établissements de santé.
Je regrette, mais je pense que l'objectif que l'on voudrait atteindre
qui est, en fait, un objectif de dissuasion, les médecins ne
l'utiliseront pas. Je voudrais aussi dire, en passant, que cela va avoir un
effet de pression sur le gouvernement lui-même, puisque c'est le
gouvernement qui met l'obligation de 60 jours d'avis. Au bout des 60 jours, si
le gouvernement n'a pas agi ou si le gouvernement a été un peu
trop relaxe, c'est lui, à ce moment-là, qui sera à
blâmer. Je pense que cela a un effet aussi du côté des
obligations du gouvernement de régler des conflits le plus rapidement
possible. Dans ce sens-là, on aurait peut-être dû mettre 90
jours au lieu de 60 jours, mais je pense qu'on va essayer avec 60.
C'est dans ce sens-là que je ne peux pas accepter l'amendement du
ministre.
M. Rochefort: Du député. M. le Président,
quels sont...
Le Président (M. Bélanger): On ne peut pas accepter
l'amendement du député de Gouin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, du député de Gouin.
M. Rochefort: Pas du ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non, pas tout de suite.
M. Rochefort: C'est cela. M. le Président, juste une
question technique. Je vois que Mme la ministre est accompagnée d'un
certain nombre de membres de son contentieux. Quand on applique l'article 28 de
la Loi sur la Commission des affaires sociales, deuxième alinéa,
qui dit: "Les appels visés dans le paragraphe h.1... doivent être
entendus et jugés d'urgence", quel est le
délai, généralement? On nous dit que le
délai va être long. Quel est-il?
Mme Lavoie-Roux: Dix à vingt jours.
M. Rochefort: Bon. Alors on ne parle pas de quelques mois et d'un
an; on parle de dix à vingt jours. On s'entend là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, dans un hôpital, c'est quelque
chose. Oui, je vous écoute.
M. Rochefort: M. le Président, si on disait que le
médecin a un droit d'appel.
Mme Lavoie-Roux: On m'indique que cela prend de dix à
vingt jours, à la condition que toutes les parties soient prêtes
à procéder; sinon, cela peut aller à deux ou trois mois,
ou même davantage.
Le Président (M. Bélanger): Règle
générale, c'est deux mois, d'après mon expérience
dans le réseau.
Mme Vermette: Ce qu'il faut retenir, c'est que le médecin
qui s'en va juge qu'il a été lésé parce que,
d'après lui, il ne cause pas de préjudice à
l'hôpital, dans le fond. Il a un contrat, je suis bien d'accord avec
vous, sauf que ce qu'il dit... Le contrat est en fonction du plan d'effectifs
médicaux. Un contrat avec un établissement, cela n'existe pas
comme tel pour un médecin, si ce n'est pour donner des services a la
population. Il n'y a pas de contractuels comme tels.
Mme Lavoie-Roux: Ho! Ho! Ho!
Pratiquer dans un établissement, cela vous donne des droits et
des privilèges.
Mme Vermette: Oui, oui, c'est cela, c'est donné par le
CMD, ce n'est pas donné par la direction générale. Les
droits et privilèges, c'est entériné par le conseil
d'administration.
Mme Lavoie-Roux: C'est le conseil d'administration.
Mme Vermette: C'est cela, voilà. Je veux dire qu'il n'y a
pas de contrats proprement dits qui lient l'hôpital, si ce n'est que le
niveau professionnel se donne des privilèges en fonction des plans
d'effectifs médicaux. Si un médecin juge qu'il peut partir sans
causer de tort ni de préjudice à l'ensemble du plan
d'organisation des effectifs médicaux, qu'il ne met pas en danger en
tout cas les services que doit notamment recevoir la population et qu'il
décide de partir. L'hôpital dit: Non, parce que l'on
considère que vous faites partie de notre plan d'effectif. Lui, il
allègue que non, il n'y a pas de problème s'il part parce que,
même s'il fait partie des plans d'effectifs, il a des motifs et il a un
droit de recours pour cela. Je pense que, à un moment donné, cela
fait partie...
Le Président (M. Bélanger): II faut se
référer aux notes explicatives que présente le texte de
loi, où il est dit: "II prévoit en outre qu'à moins d'y
être autorisé, le médecin ne pourra quitter sans
préavis - à moins d'y être autorisé, un
médecin ne pourra quitter sans préavis - ou avant l'expiration de
celui-ci un établissement dans lequel il exerce ses fonctions, à
défaut de quoi, il deviendra un professionnel non participant aux fins
de la Loi sur l'assurance-maladie pour une période établie en
fonction de la durée non écoulée du préavis."
M. Sirros: Ce qu'on fait, on dît clairement qu'aucun
médecin n'a le droit de quitter lorsqu'il veut. Il doit donner un avis
de 60 jours. Tout le monde. On le fait parce que la première
considération qu'on a est en fonction des besoins en termes de
santé de la population. On veut s'assurer qu'on aura le temps, comme
dans toute autre profession, de planifier et de pouvoir prévoir les
conséquences d'un départ quelconque. Les amendements
proposés... C'est peut-être très bien pour la
défense qui est apportée en termes du droit d'appel des
médecins, mais je pense que cela va bloquer clairement le système
qui est de protéger la population par rapport à des gestes qui
sont faits par les médecins comme moyens de pression. Cela va à
l'encontre de la décision qu'on veut prendre, qui est de dire qu'aucun
médecin n'a le droit de partir. C'est un privilège que le conseil
d'administration peut lui accorder de quitter avant 60 jours de préavis.
C'est un privilège. Ce n'est pas une question de droit. 5i, dans ce
processus, il peut y avoir un médecin qui particulièrement, se
sent lésé par la décision du conseil d'administration qui
ne veut pas lui accorder ce privilège, il peut toujours comme tout autre
citoyen avoir recours aux tribunaux pour se faire rembourser du fait qu'il a
été exclu de la Régie de l'assurance-maladie pendant un
certain temps ou tout autre dédommagement que les tribunaux pourraient
lui donner.
Dans l'ensemble, il est clair que la volonté du gouvernement est,
à ce moment-ci, de protéger la population et de retirer aux
médecins le droit qu'ils ont de quitter quand ils veulent. Je pense que
l'Opposition devrait se brancher sur cela. Oui, M. le député de
Gouin. Branchez-vous sur cela. Nous comprenons le souci - et je partage l'avis
de la ministre - cela vous honore de vous préoccuper des droits des
médecins. Effectivement, il faut choisir et il reste toujours le recours
aux tribunaux pour protéger les droits individuels des personnes
qui auraient pu être lésées par une décision
d'un conseil d'administration de ne pas accorder le privilège de quitter
avec un préavis de moins de 60 jours.
M. Rochefort: M. le Président, pourriez-vous me dire
à quel recours il fait allusion?
M. Sirros: Pardon?
M. Rochefort: À quel recours faites-vous allusion?
M. Sirros: Le recours aux tribunaux. M. Rochefort:
Lequel?
Le Président (M. Bélanger): Aux tribunaux
civils.
M. Sirros: Les tribunaux civils.
Une voix: Les droits sur la personne.
M. Rochefort: Cela se déroulerait de quelle façon
et sous quel motif?
M. Sirros: Parce qu'il a été lésé
dans ses droits. II avait des justifications.
M. Rochefort: Cela serait pour abus de pouvoir?
M. Sirros: Pardon?
M. Rochefort: Cela serait pour abus de pouvoir?
M. Sirros: On entre dans des hypothèses. Je ne sais pas.
Il y a des recours civils qui peuvent être exercés par un
médecin devant les tribunaux civils. Ses avocats lui diront sur quoi il
pourra se défendre. Ce n'est pas à moi de dire cela.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que le moyen
qu'il pourrait invoquer devant le tribunal civil est très simple. Le
médecin prétendrait qu'il n'a porté préjudice
à qui que ce soit, ni à l'hôpital, ni à son plan
d'effectif, ni aux patients qui sont à l'hôpital. L'hôpital
aura la présomption contraire puisqu'il ne lui a pas donné le
droit de partir avant. Donc, en vertu de cela, il y a un recours au civil. Il
peut procéder par là. Il n'y a pas de... Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires sur...
M. Rochefort: M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Je vous écoute. Je vous
écoute.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Je vous écoute. Sérieusement.
M. Rochefort: Ouais.
Mme Lavoie-Roux: Sérieusement.
M. Rochefort: Ouais. On peut vous donner deux minutes pour
échanger des renseignements.
Mme Lavoie-Roux: C'est seulement pour donner un numéro de
téléphone.
M. Rochefort: C'est cela. On va prendre dix secondes pour
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je suis prête à vous entendre.
M. Rochefort: M. le Président, pour nous, il est clair
qu'on ne peut pas demander à un conseil d'administration d'être
juge et partie et de faire en sorte qu'une décision soit rendue sans que
l'intéressé ait été entendu, sans qu'il ait eu un
droit d'appel comme cela est prévu dans toutes les lois. On n'a
qu'à lire la Loi sur la Commission des affaires sociales pour voir la
multitude, la panoplie de droits d'appel qu'ont ceux et celles qui sont
régis par la Loi sur la Commission des affaires sociales, pour voir
jusqu'à quel point, dans le dossier qui nous préoccupe, il
s'agirait là d'une procédure absolument extraordinaire et unique
qu'un conseil d'administration soit juge et partie et que quelqu'un n'ait pas
un droit d'appel pour une raison, M. le Président, qui est plus grave et
qui est plus lourde de conséquences et qui va jusqu'à la
non-participation au régime d'assurance-maladie qui, quand on
connaît bien le régime dans lequel nous évoluons dans ce
domaine...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais juste faire
remarquer...
M. Rochefort: Je voulais juste compléter mon affaire.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y.
M. Rochefort: M. le Président, faut-il le rappeler, dans
notre régime de santé et de services sociaux tel qu'on le
connaît, c'est la sanction ultime, reconnaissons-le tous ensemble.
M. le Président, je serais prêt à apporter un
sous-amendement, si on ne veut pas l'intégrer à l'amendement, qui
irait dans le sens de dire que la décision rendue par le conseil
prévaut jusqu'au jugement rendu par la Commission des affaires sociales
pour éviter ce que la ministre nous dit, qu'on ne se retrouve, pendant
dix ou vingt jours, exactement dans la situation dans laquelle on
ne voulait pas se retrouver, c'est-à-dire qu'il n'y ait plus de
médecins dans un hôpital ou dans une municipalité. Mais, M.
le Président, je répète qu'il est absolument fondamental
qu'on ait un droit d'appel là au moins autant qu'ailleurs dans
l'ensemble de nos lois qui relèvent de la Commission des affaires
sociales et de nos lois de santé et de services sociaux. Sinon, on est
train d'écrire du droit nouveau, des conseils d'administration qui sont
juge et partie sans droit de se faire entendre, sans droit d'appel...
Mme Lavoie-Roux: J'ai bien compris votre... Si vous voulez me
donner deux minutes.
M. Rochefort: Ah oui! Je vais vous donner plus de deux
minutes.
Mme Lavoie-Roux: M. le député, j'ai pris conseil
parce qu'il y a un autre problème qui se pose. Si la Régie de
l'assurance-maladie le déclare non-participant et que pendant un bout de
temps il ne participe pas et que la décision de la Commission des
affaires sociales venait renverser cela, comment va-t-on faire pour le
rembourser?
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'on pourra voir
quels sont les services qu'il aura peut-être dispensés pendant ce
temps-là. On pourra peut-être voir le manque à gagner dont
il aura été l'objet. Je répète, M. le
Président, qu'on parle de droit d'un citoyen et, à moins que
simplement, on trouve un autre prodécure, je suis prêt à
suspendre l'article. Je vous dis tout de suite que je tiens mordicus à
la possibilité d'un appel. Je suis prêt à le baliser, comme
je viens de le faire. Je suis ouvert à toute autre méthode que
pourraient nous proposer les membres du contentieux du ministère de la
Santé et des Services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Il faut bien se
rappeler que cet article de loi vise à désinciter les
départs sans respect des délais. Il faut qu'il ait des dents et
il faut qu'il fasse mal. Si on met trop de dispositions qui l'empêchent
de faire mal, il m'apparaît qu'on le rend nul et sans effet.
M. Rochefort: Non. M. le Président, cela n'est pas
empêcher un article de faire mal que de permettre à quelqu'un de
pouvoir aller en appel d'une décision, surtout si, en plus, avec ce que
je viens de dire, la décision est maintenue jusqu'à ce que
l'appel soit entendu. Là, vous ne voulez plus faire mal au monde, vous
voulez...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, je
proposerais qu'on le suspende, qu'on l'examine et qu'on passe à
l'article suivant.
M. Rochefort: M. le Président, je veux juste qu'on
s'entende sur la façon de fonctionner. Est-ce qu'il y a un mandat qui
est donné aux gens de votre contentieux ou... (23 h 45)
Mme Lavoie-Roux: On va l'examiner et je pense bien que cela va
être cette nuit. On va l'examiner de toute façon pour voir ce
qu'on peut faire. Je dois vous dire que nous étions
préoccupés de cette inquiétude qui nous avait
été communiquée. J'ai moi-même pensé à
la Commission des affaires sociales, c'est toujours celle à laquelle on
pense. Je ne trouvais pas que c'était très fonctionnel. Il reste
qu'on se trouve vis-à-vis d'une inégalité réelle.
J'imagine bien que les conseils d'administration ne s'amuseront pas à
refuser des dispensations pour de justes causes. Quelqu'un est malade, et
même à ce moment-là, il ne quitte pas parce qu'il n'est pas
en cessation d'emploi; même s'il était malade... et comme il avait
un droit d'appel auprès des tribunaux, mais... En tout cas, on va
l'examiner mais je suggérerais qu'on passe à l'article
suivant.
M. Rochefort: M. le Président, je veux juste qu'on
s'entende sur le fonctionnement. Je pense que cela va se faire dans un cadre -
compte tenu de la discussion qu'on vient d'avoir, Mme la ministre et moi - non
partisan. Vous allez nous redonner des nouvelles?
Mme Lavoie-Roux: On va se revoir demain?
M. Rochefort: Oui, c'est cela, je veux qu'on parle de cela.
Le Président (M. Bélanger): Alors, à la
reprise des travaux demain, Mme la ministre, nous reprendrons cet article avec
une modification que Mme la ministre proposera.
M. Rochefort: Sinon, on reviendra à mes amendements.
Le Président (M. Bélanger): On reviendra aux
amendements. D'accord?
M. Rochefort: Bon, M. le Président, je voudrais juste
qu'on s'entende pour ce qu'on suspend parce que j'ai des questions sur
l'article. J'aimerais qu'on suspende mes amendements...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Rochefort: ...donc, tout ce qui concerne le droit d'appel,
mais on va revenir.
Le Président (M. Bélanger): On reprend l'article au
complet demain.
M. Rochefort: Non, non, suspendons pour ce soir "droit d'appel"
mais on peut faire l'étude de l'article 4 dans ses autres dispositions.
J'ai des questions sur d'autres dispositions de l'article 4 et je pense qu'ils
nous permettent d'avancer sans aucun problème.
Le Président (M. Bélanger): Parfait. Vous
êtes d'accord, Mme la ministre'' D'accord? On ne touche plus au droit
d'appel et on continue sur les autres.
M. Rochefort: On se redonne des nouvelles là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): Cela va bien.
M. Rochefort: Une première question que j'avais
notée et qui me vient doublement, à cause d'une allusion qu'a
faite la ministre tantôt. Ce n'est pas une question pour poser une
question, au contraire. Pourquoi 60 jours?
Mme Lavoie-Roux: Cela nous a paru un délai
raisonnable.
M. Rochefort: J'imagine qu'au-delà du fait que cela
apparaisse comme un délai raisonnable, j'imagine que vu l'ensemble des
expériences qu'a vécues le ministère dans des situations
comme celles auxquelles on fait allusion, 60 jours permettaient de
régler les problèmes?
Mme Lavoie-Roux: À condition que nous fassions
diligence.
M. Rochefort: C'est serré. En même temps, M. le
Président, pendant une période de 60 jours où... oublions
des situations de conflits, mettons donc de nature de relations de travail
auxquelles, je pense, on fait allusion...
Mme Lavoie-Roux: C'est en général. C'est cela qu'on
a voulu dire.
M. Rochefort; C'est ce que vous voulez faire, mais il y a
d'autres situations. Est-ce que 60 jours pour remplacer un, deux ou trois
médecins qui décident de se retirer pour des raisons X, Y ou Z,
est-ce qu'un délai de 60 jours est suffisant pour recruter un, deux ou
trois nouveaux médecins pour occuper les postes au plan des effectifs
occupés par les médecins qui décident de se retirer?
À partir des expériences vécues.
Mme Lavoie-Roux: À partir des expériences
vécues, je pense que ce qui est arrivé, c'est que quelquefois on
a été obligé - et je demanderai au sous-ministre adjoint
de me corriger là-dessus, si je me trompe -on a été
obligé d'agir par, disons, de la suppléance temporaire. Cela, je
pense, a dû arriver pour certains cas. C'est cela? On a trouvé
à remplacer les gens pour satisfaire aux besoins d'urgence. Allez-y, M.
le sous-ministre, c'est le sous-ministre adjoint, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On vous
reconnaît.
M. Carignan (Raymond): II y a peut-être deux
éléments: Le premier, pour les 60 jours comme tels, on pourrait
se référer au niveau hospitalier. Pour un directeur
général, par exemple, ce qui apparaît dans la loi, c'est
qu'on va toujours parler de 60 jours d'avis. C'était un des
éléments de corrélation, je veux dire d'avertissement, par
exemple.
M. Rochefort: ...pour un directeur général, c'est
quand il se retire?
M. Carignan: Oui, quand quelqu'un veut se retirer, on lui demande
un avis de 60 jours.
M. Rochefort: D'accord.
M. Carignan: C'est une espèce de contractuel. À la
limite, on a songé à 90 jours, en partant du fait que le
processus pour avoir un médecin prend, à toutes fins utiles, 90
jours. Toutefois, cela pouvait paraître bien long et dans les
circonstances, pour pouvoir invoquer des situations d'urgence, de compensation
- évidemment, il y en a qui, à quelques jours d'avis, mais de
façon courante, si on veut au moment où il y a une masse de
médecins qui démissionnent - faire appel à une
quantité appréciable d'autres médecins, il faut penser
qu'il faut un certain temps, pour d'autres médecins qui se retrouvent
ailleurs, avant d'être disponibles. Le temps exact... Je vous avoue que
le 60 jours, on l'a pris plus par rapport à ce qui apparaissait dans les
règlements et cela paraissait aussi potable par rapport à ta
réalité d'aller chercher d'autres médecins.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est surtout basé sur le
fait que, comme je le disais tout à l'heure, il faut faire diligence.
Normalement, on peut sentir venir un conflit avant même que l'avis soit
donné. On devrait normalement déjà s'en préoccuper
et il y aura ensuite le 60 jours pour essayer de trouver une solution.
M. Rochefort: Deuxièmement, on parle toujours de
médecins quand on parle des situations qu'on veut corriger par cette
disposition. La loi, toutefois, et avec raison,
traite de médecins ou de dentistes. Est-ce qu'on a eu des cas
où cela s'appliquerait spécifiquement à des dentistes?
M. Carignan: Aux dentistes? Pas à ma connaissance.
Mme Lavoie-Roux: Non, c'est parce que c'est...
M. Rochefort: Non, je comprends, c'est une question de
concordance et c'est un article qui est rédigé dans la forme des
autres. D'autre part, M. le Président, à l'alinéa suivant,
on dit; "Le conseil d'administration peut toutefois autoriser un médecin
ou un dentiste à cesser d'exercer sa profession dans
l'établissement sans préavis ou à la suite d'un
préavis de moins de 60 jours s'il juge que son départ n'a pas
pour effet d'affecter la qualité ou la suffisance des services
médicaux ou dentaires offerts à la population desservie par cet
établissement." Je vous avoue honnêtement, M. le Président,
que je ne saisis pas trop. Je comprends mais je ne saisis pas trop. Au fond,
comment un plan d'effectif peut-il aller au-delà de ce qui est
nécessaire à la qualité et à la suffisance des
services médicaux?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez... Je pensais à d'autres
choses.
M. Rochefort: Comment un plan d'effectif médical, s'il y a
moins de médecins que le nombre prévu au plan, comment cette
diminution de l'effectif par rapport à celui prévu au plan qui a
suivi tout le processus qu'on connaît, d'approbation, etc., à tous
les niveaux, peut-elle se produire sans affecter la qualité et la
suffisance, encore pire la suffisance? On parle de quantité. Il y avait
17 postes de prévus et tout à coup, on va se retrouver avec 16 ou
15. Comment, en même temps, cela peut-il ne pas toucher la suffisance et
donc, puisque les plans d'effectifs correspondent aussi à un niveau de
qualité de service, la qualité des services médicaux?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que l'objectif visé par cet
alinéa ou cette partie de 132.2, c'est justement de permettre une
certaine latitude pour tenir compte de conditions personnelles.
Évidemment, peut-être que ce sera plus serré à
l'intérieur de l'établissement, mais la santé de la
population ne sera pas mise en danger comme ce qu'on a connu dans le cas du
conflit de Saint-Hyacinthe, qui est celui que j'ai connu d'un peu plus
près. On pourrait toujours se chicaner sur la qualité ou la
suffisance. C'est un peu la même chose. Est-ce que, par exemple, quand,
dans une grève, le Conseil des services essentiels décide que
dans tel type d'établissement, c'est 90 %, dans tel autre, c'est 70 % -
ce n'est pas le Conseil des services essentiels qui le décide, c'est la
loi qui le décide - et que l'autre, c'est 50 %... On pourrait dire aussi
que la qualité ou la suffisance, ce n'est peut-être pas là.
Mais on a décidé que les services essentiels étaient
toujours là. Je pense que c'est vraiment une latitude pour permettre les
cas d'exception qui, pour des raisons personnelles "pour cause" décident
de partir. Mais s'il y en avait cinq sur un personnel de quinze qui, pour des
raisons ou des motifs personnels, demandaient de partir en même temps, je
pense que normalement le conseil d'administration demanderait un
étalement aussi. Je pense qu'il s'agit vraiment de cas individuels et
que l'ensemble des services médicaux ne serait pas affecté pour
la population.
M. Rochefort: La ministre pourrait-elle...
Mme Lavoie-Roux: Parce qu'on pourrait se poser la même
question chaque fois qu'un médecin décide... Normalement, je
pense que d'une façon générale, à moins d'une
raison particulière, les médecins vont accepter de donner un avis
de quinze jours, ce qui d'ailleurs est le genre d'arrangement qu'ils font quand
ils signent des contrats entre eux, à l'intérieur de cliniques ou
à l'intérieur de services privés. C'est le genre de
contrat qu'ils ont et ils donnent un avis souvent même qui peut aller
jusqu'à trois mois. Je pense que, d'une façon
générale, c'est simplement dans ce que j'appellerais un cas
d'urgence pratiquement où un médecin demanderait d'être
exempté de l'avis de 60 jours. Et même si on n'est pas dans un cas
de conflit, je pense qu'il est normal, comme il est demandé à
bien d'autres employés dans toutes sortes de secteurs, de donner des
avis de départ.
M. Rochefort: À quel genre de situation fait-on allusion
quand on dit une situation exceptionnelle, un cas particulier?
M. Sirros: On peut penser, M. le Président, à
quelqu'un qui a des problèmes personnels et qui décide de
demander une exemption pour pouvoir partir; quelqu'un qui serait en train de
faire une dépression, par exemple.
M. Rochefort: Je prends cet exemple et le ministre va m'en donner
un autre et je pense que cela ne s'applique pas.
Mme Lavoie-Roux: Quel exemple avez-vous donné?
M. Sirros: J'ai donné un exemple de situation. Un
médecin, pour des raisons de
santé, ne peut plus continuer et demande à être
exempté. Il fait, par exemple, une dépression nerveuse ou il a
une difficulté particulière dans sa famille immédiate et
il demande d'être exempté.
M. Rochefort: Avez-vous un autre exemple?
Mme Lavoie-Roux: Non, je pense que c'est... Ou encore il arrive
une catastrophe dans sa famille ou enfin... Je pense que c'est davantage pour
raisons personnelles.
M. Rochefort: M. le Président, je suis un peu plus heureux
d'entendre l'idée de la catastrophe, parce que le médecin qui
fait une dépression n'a pas de pénalité. J'imagine que
pendant sa dépression, autant il ne pourra pas être dans un plan
d'effectif, autant il ne pourra pas utiliser la carte de l'assurance-maladie
pour donner d'autres services, donc la pénalité n'est pas
opérationnelle. II ne travaillera pas d'aucune façon.
Mme Lavoie-Roux: La personne qui est malade et qui doit
s'absenter n'est pas en cessation d'exercice à l'intérieur d'un
établissement. Elle ne quitte pas l'établissement.
M. Rochefort: Je comprends qu'elle ne quitte pas, on s'entend
bien, mais techniquement elle ne participe pas au Régime de
l'assurance-maladie pendant la période où elle n'exerce pas sa
profession.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'est pas question de
pénalité pour cette personne, de toute façon.
M. Rochefort: D'accord. Mais la situation est la même.
J'essaie de voir ce qu'on corrige vraiment, ce qu'on vient limiter vraiment, eu
égard toujours à la disposition du 2e alinéa de l'article
132.1.
Le Président (M. Bélanger): Si vous le permettez,
M. le député de Gouin, il est minuit. Est-ce que nous avons le
consentement pour continuer les travaux?
M. Rochefort: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le règlement
étant qu'une commission ne siège pas après minuit à
moins d'avis contraire, nous ajournons à demain dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 58)