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(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s' il
vous plaît! Je prierais chacun de bien vouloir prendre sa place.
Projet de loi 208
La commission des affaires sociales se réunit ce matin aux fins
d'entendre les intéressés et de procéder à
l'étude détaillée du projet de loi d'intérêt
privé 208, Loi modifiant la Loi constituant en corporation
l'Hôtel-Dieu de Lévis.
Mme la secrétaire, est-ce que nous avons constaté le
quorum?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. Il est
à remarquer que, pour les fins de ce projet de loi, M. Garon
(Lévis) qui est parrain du projet de loi ainsi que Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie) sont membres de la commission. Il n'y a pas de remplacement.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
remplacement. Je vous remercie.
Nous en sommes donc à la présentation des motions
préliminaires s'il y a lieu. Non? Est-ce qu'il y a des
déclarations à faire à ce sujet? Nous demanderions au
député de Lévis et parrain de ce projet de nous faire les
déclarations préliminaires qui s'imposent pour le projet. Nous
vous attendons.
Remarques préliminaires
M. Garon: Essentiellement, M. le Président, ce projet est
nécessaire, car l'an dernier, la collaboration un peu exceptionnelle
entre l'hôpital de Giffard, l'Hôtel-Dieu de Lévis et le
ministère des Affaires sociales a permis qu'un endroit qui était
disponible, un pavillon, une bâtisse avec un terrain, soit acquis par
l'hôpital de Giffard en vue d'être administré par
l'Hôtel-Dieu de Lévis qui est déjà, après
l'hôpital de Giffard, l'hôpital le plus impliqué dans les
soins psychiatriques avec l'ancienne école des gardes-malades qui est
utilisée pour les soins psychiatriques.
C'était un pavillon ou un centre d'accueil de l'Hôtel-Dieu
de Lévis, mais il fallait toutes sortes de contrats. D'ailleurs il a
fallu presque un an pour faire tous les papiers. Il a fallu une collaboration
exceptionnelle car, sur le plan administratif, on sait à quel point il
aurait été facile que ce projet de loi ne fonctionne pas.
La corporation de l'Hôtel-Dieu n'est pas habilitée, en
vertu de sa loi constitutive, à gérer un tel type
d'établissement. Le but du projet de loi privé est de permettre
à la corporation de l'HÔtel-Dieu de Lévis de pouvoir
gérer ce type d'établissement. Les avis ont été
demandés. Je pense que tout le dossier a été
acheminé normalement au ministère des Affaires sociales.
Mme Lavoie-Roux: Cela ne présente pas de problème,
M. le Président, du point de vue des affaires sociales. C'est une
demande pour que la corporation puisse acquérir un immeuble et nous
sommes d'accord.
Le Président (M. Bélanger): À ce stade-ci,
je présenterais d'abord les gens directement intéressés
par le projet de loi, en l'occurrence soeur Marguerite Lambert,
présidente de l'Hôtel-Dieu de Lévis, M. Robert Carrier,
président du conseil d'administration, M. Gilles Fortin,
vice-président du conseil d'administration, M. Édouard Roy,
membre du conseil d'administration qui est absent, Me Marcel Gravel, procureur,
ainsi que le directeur général de l'HÔtel-Dieu de
Lévis que je salue, M. Roger Lepage.
Une voix: M. Marc Gravel.
Le Président (M. Bélanger): M. Marc Gravel,
excusez-moi.
M. Gravel (Marc): II n'y a pas de faute.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
des commentaires à émettre?
M. Gravel: M. le Président, si vous me permettez, comme il
a été dit par le député de Lévis, l'objet
principal du projet de loi est d'autoriser l'Hôtel-Dieu de Lévis
à administrer, outre un hôpital, un centre d'accueil pour les fins
qui vous ont été explicitées par le député
de Lévis.
Je vous soulignerai simplement que ce ne serait pas un
précédent que d'adopter un projet de loi semblable puisque, en
1982, l'hôpital d'Argenteuil, par le chapitre 92 des Lois du
Québec de 1982, a aussi été autorisé à
administrer un centre d'accueil. L'objet principal du projet de loi, c'est
celui-là. Accessoirement, nous devons prévoir quelle sera la
composition du conseil
d'administration de l'institution qui gérera à la fois un
hôpital et un centre d'accueil. On prévoit simplement, à
cet égard, en modifiant l'article 10 de la Loi constituant en
corporation l'Hôtel-Dieu de Lévis, que le conseil d'administration
actuel, qui est constitué comme le conseil d'un centre hospitalier, sera
maintenu.
Par ailleurs, par la même occasion, vous noterez que
l'Hôtel-Dieu de Lévis demande également que l'on abroge
certaines dispositions qui ont trait à des pratiques qui n'ont plus
cours, tout simplement. C'est plus accessoire relativement au projet de loi,
mais c'est quand même dans le projet de loi. Je parle notamment de
l'abrogation de l'article 7 qui créait l'obligation pour la corporation
de disposer des immeubles non utilisés pour ses fins pendant une
période de sept ans, de les vendre si elle ne les utilisait pas pour ses
fins. Maintenant, la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, comme vous le savez, prévoit de quelle façon l'on
procède avec les immeubles.
De la même façon, à l'article 12 de la loi
constitutive de l'Hôtel-Dieu de Lévis, il y avait l'obligation
pour l'hôpital de maintenir un fonds d'amortissement pour les
émissions de bons et obligations émis par elle et qui
n'étaient pas payables par annuités. Encore là, c'est une
pratique qui n'a plus cours depuis l'entrée en vigueur de
l'assurance-hospitalisation. Comme vous le savez, le gouvernement autorise ces
émissions et assume les obligations qui s'y rapportent, ce qui veut dire
que, dans les budgets des institutions, on ne prévoit plus rien à
cet égard. Alors, on demande également que l'on abroge cette
disposition.
Finalement, M. le Président, on demande également
d'abroger les dispositions qui ont trait au visiteur de la corporation. Comme
vous le savez, le visiteur, c'était l'autorité morale ou
l'autorité ecclésiastique qui, sous l'ancien système,
existait à l'époque où les corporations étaient
administrées ou propriétés des corporations religieuses.
Nous avons obtenu l'autorisation du cardinal Louis-Albert Vachon, qui
était le visiteur actuel de la corporation, pour le projet de loi qui a
été déposé et qui comporte l'abolition de cette
institution du visiteur.
En résumé, M. le Président, c'est là
l'essence du projet de loi qui est devant vous.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
Est-ce que Mme la ministre a des commentaires?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, on est heureux d'accueillir la
direction de l'Hôtel-Dieu de Lévis. Comme je le disais tout
à l'heure, je pense que vous avez rencontré de toute façon
le contentieux du ministère de la Santé et des Services sociaux.
Ces choses-là ont été discutées et tout le monde
est d'accord. Je leur souhaite de pouvoir acquérir leur pavillon.
Continuez votre bon travail. Je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le
Président.
Étude détaillée
Le Président (M. Bélanger): Merci. J'appelle donc
l'article 1 du projet de loi.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté, merci.
J'appelle l'article 2 du projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adapté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 3 du projet
de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 4 du projet
de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 5 du projet
de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): L'article 6 du projet
de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Et l'article 7.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Le préambule du
projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Et le
titre du projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le projet de
loi est adopté?
M. Sirros: Je constate qu'il y a 1, 2, 3, 4, 6.
Le Président (M. Bélanger): II manque
effectivement...
M. Sirros: II manque le 5. Une voix: Le 5.
Le Président (M. Bélanger): ...le 5, je ne sais pas
à quoi cela est dû. C'est une erreur...
M. Sirros: II va falloir renuméroter.
Mme Lavoie-Roux: C'est une erreur qui va être
corrigée.
M. Rochefort: L'erreur, quelle est-elle? Est-ce que c'est une
erreur de numérotation ou est-ce qu'il manque un article?
M. Sirros: De numérotation.
Mme Lavoie-Roux: La numérotation.
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'on
pourrait faire une motion pour la renumérotation?
M. Sirros: Je fais motion, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous faîtes
motion, c'est bien. Alors, la motion est adoptée. Je vous remercie.
Est-ce que le projet de loi est adopté?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Le projet de loi est
adopté. Messieurs... Oui?
M. Carrier (Robert): Je voudrais, au nom du conseil
d'administration, remercier les membres de la commission pour autant de
démarches pour une modification qui semble minime, mais qui est
très importante pour l'Hôtel-Dieu de Lévis. Alors,
sincères remerciements.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je me joins aux propos
de Mme la ministre pour vous souhaiter bonne chance dans la poursuite de vos
objectifs et de votre oeuvre. Nous espérons que vous continuerez
à être un des fleurons de gloire de ce réseau. Merci.
Nous suspendons et nous reprendrons immédiatement les travaux
pour procéder à l'étude du projet de loi 75.
(Suspension de la séance à 11 h 37)
(Reprise à 11 h 38)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Projet de loi 75
Si vous le permettez, la commission se réunit afin de
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de santé et les services
sociaux.
Préavis de 60 jours
Nous étions rendus à l'article 4 et, comme nous venons de
faire un exercice de procédure rapide, je présume que nous
procéderons ainsi aujourd'hui.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc
l'article 4.
M. Rochefort: ...j'imagine que ce n'est pas un jugement sur ce
qui s'est déroulé comme travaux très constructifs
hier.
Le Président (M. Bélanger): Le président ne
juge jamais.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Motion proposant un droit d'appel (suite)
Mme Lavoie-Roux: ...si nous reprenons l'article 4, vous vous
souviendrez que le député de Gouin, porte-parole de l'Opposition,
nous avait remis une série d'amendements - en fait, il y en avait quatre
- qui visaient à accorder un droit d'appel au médecin ou au
dentiste qui ne s'était pas conformé au préavis de 60
jours et qui jugerait que son désengagement ou la pénalité
qui lui est imposée ne serait pas justifiée. Nous avons
examiné soigneusement ce que l'amendement proposait, à savoir
qu'il puisse faire appel à la Commission des affaires sociales. Nous
avons examiné de plus près le fonctionnement de la Commission des
affaires sociales et avant même que les gens soient entendus, dans les
plus brefs délais ou de la façon la plus expéditive, il y
a un délai de dix à vingt jours et, avant que la décision
soit rendue, c'est un délai d'au moins un mois. Alors, M. le
Président, c'est une raison pour laquelle je crois qu'il n'est pas
approprié de retenir l'amendement de l'Opposition et nous croyons encore
une fois que, si les gens se sentent vraiment lésés, il demeure
toujours le recours aux tribunaux ordinaires.
De plus, en ce qui a trait au deuxième paragraphe, il s'agit, en
fait, d'un pouvoir discrétionnaire du conseil d'administration auquel,
je pense, selon nos coutumes et nos traditions, du moins à
l'intérieur du ministère de la Santé et des Services
sociaux, ne répond pas un droit d'appel. Mais, encore une
fois, la possibilité de recourir aux tribunaux ordinaires nous
semble suffisante dans les circonstances, si nous voulons vraiment atteindre
les fins que nous visons, c'est-à-dire protéger la population et
ne pas se trouver dans des situations d'ambiguïté, par exemple,
où tout le monde ferait appel en même temps et ce, même en
dépit de la disposition que le député de Gouin
prévoyait stipulant que la décision du conseil d'administration
aurait effet jusqu'au moment où la décision de la Commission des
affaires sociales serait rendue. Cela nous apparaît aussi difficile parce
que être obligé d'établir ce genre de preuve deux mois
après ou même davantage, ce sera un exercice très
difficile. Pour toutes ces raisons, M. le Président, nous ne retiendrons
pas l'amendement que nous a présenté le député de
Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Alors, nous rappelons
qu'hier soir, au terme des travaux, nous avions convenu que le
député de Gouin sursoirait au dépôt de sa motion,
sous réserve de nouvelles mesures apportées par Mme la ministre
qui pourraient répondre à la recherche d'un mécanisme de
recours pour les médecins.
Alors, nous avons la réponse de Mme la ministre. M. le
député de Gouin, est-ce que vous désirez
réagir?
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Compte tenu de
l'absence de volonté, du côté gouvernemental, de donner un
droit d'appel, comme cela existe dans toute autre loi et pour toute autre
situation, comme on en a un catalogue complet dans la Loi sur la Commission des
affaires sociales, je fais donc motion pour que l'article 132.1 soit
amendé de la façon suivante: II s'agit d'ajouter, après
l'article 132.1, le suivant: "132.1.1. Un médecin ou un dentiste qui
n'est pas satisfait de la décision rendue par le conseil
d'administration en vertu de l'article 132.1 peut en appeler à la
commission. La décision rendue par le conseil prévaut jusqu'au
jugement rendu par la commission."
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est l'amendement, je pense...
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous revenez
avec l'amendement que vous aviez proposé hier...
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): ..qui était le
premier.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Le Président
(M. Bélanger): Bien.
M. Rochefort: Si je peux, je le représenterai.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. Rochefort:
II est reçu?
Le Président (M. Bélanger): II est reçu,
effectivement.
M. Rochefort: M. le Président, je pense que, comme nous
avons eu l'occasion de le dire dans nos interventions en deuxième
lecture, nous partageons entièrement les préoccupations de la
ministre de la Santé et des Services sociaux quant à
l'établissement d'un mécanisme par lequel un médecin doit
donner un avis de 60 jours pour pouvoir se retirer d'un plan d'effectif
médical.
Cela dit, nous croyons que la pénalité, la sanction est
très lourde; c'est une sanction qui est sévère et
radicale. Pour permettre de donner de la légitimité à
cette sanction, pour permettre à cette sanction d'être bien
comprise et, en même temps, d'être appliquée de façon
objective, correcte et totalement respectueuse des droits et libertés
des personnes concernées, nous réitérons notre appel
à la ministre et aux députés de sa formation politique
pour qu'un droit d'appel soit prévu. Je répète que, telle
que libellée, la proposition d'amendement que je viens de déposer
ne comporte aucun problème d'application pour la mesure des 60 jours
puisque, dans les amendements qui suivront, on y va par une procédure
expéditive. Si, pour la ministre, la procédure de la Commission
des affaires sociales n'est pas suffisamment expéditive, on peut la
rendre encore plus expéditive par des amendements additionnels, puisque
la Commission des affaires sociales, au fond, est un organisme public, un
organisme d'État qui peut fonctionner a partir des
échéanciers que nous lui fournissons. (11 h 45)
Deuxièmement, par la disposition qui fait en sorte que la
décision rendue par le conseil d'administration prévaut
jusqu'à ce que la commission ait entendu et disposé de l'appel
logé par un médecin, il n'y aura donc aucun problème de
désengagement de médecins, individuel ou collectif, dans un
établissement, dans une municipalité ou dans une région,
comme l'objectif que vise la ministre.
M. le Président, si on nous dit que l'objection, c'est que si
jamais la Commission des affaires sociales renversait la décision d'un
conseil d'administration, on ne saura pas trop comment rembourser le
médecin qui aura été désassuré pour une
période de dix, quinze ou vingt jours, je dis que voilà une
façon superficielle, une façon expéditive de traiter des
droits et libertés des personnes au Québec.
Je pense qu'il s'agit d'une demande parfaitement légitime de
l'ensemble des intervenants et je pense qu'une façon comme celle qui est
prévue au projet de loi, qui ne prévoit aucun mécanisme
d'appel, relève de procédés qui découlent de la
dictature, M. le Président, puisque nous devons permettre, comme partout
dans l'ensemble des autres lois, la possibilité d'un droit d'appel qui
est parfaitement cohérent et conforme aux prescriptions du projet de loi
puisque, jusqu'à ce que l'appel ait été entendu et
décidé, la décision du conseil d'administration
prévaudra. Si le conseil d'administration a décidé de
désassurer, de retirer le droit de participation au Régime
d'assurance-maladie à un professionnel de la santé, il n'aura pas
le droit de participer.
M. le Président, c'est là le moyen que la ministre a
retenu pour s'assurer que les professionnels ne se retireront pas. On ne va pas
en deçà du moyen qu'elle utilise; on prend le même moyen
qu'elle, mais à l'intérieur duquel on prévoit un
mécanisme d'appel qui est conforme aux pratiques, aux traditions et
à l'ensemble des lois québécoises en matière de
droits et de libertés des personnes. Je soumets cet amendement à
la considération des membres de la commission.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. le
député de Gouin. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on
n'enlève pas les droits aux personnes qui sont là, puisqu'elles
pourront toujours aller devant les tribunaux civils pour faire valoir leurs
droits si elles se sentent lésées. Je n'ai rien à ajouter
et je pense qu'on peut appeler le vote, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai un commentaire sur la
dernière intervention de Mme la ministre. Si on nous dit que les gens
concernés auront un droit d'appel comme celui qui est prévu aux
tribunaux, je dirai, d'une part, que, si on trouve que les délais de la
Commission des affaires sociales sont longs, je pense qu'on devrait
peut-être prendre trente secondes pour évaluer quels seront pour
les individus en question les délais de comparution et d'audition de
leur cause devant un tribunal de droit civil.
Deuxièmement, je servirais à la ministre un argument que
je n'accepte pas, que je ne partage pas, mais qu'elle nous a servi hier. Si
pour elle cela pose un problème que la Commission des affaires sociales,
dix jours après, vienne renverser une décision et qu'elle se
demande comment on fera pour rembourser le médecin auquel on a
retiré temporairement le droit de participation au Régime
d'assurance-maladie alors que la commission dit que c'est une décision
qui ne devait pas être prise, imaginez-vous, M. le Président,
après un an, deux ans, trois ans, comment on pourra rembourser ce
même médecin qui aura subi une désassurance pendant toute
cette période, peut-être, au moins durant le double de soixante
jours!
M. le Président, je considère qu'il faudrait être un
peu cohérent dans la discussion qui prévaut actuellement et je
répète que, pour une formation politique qui s'est toujours faite
le porte-étendard de la défense des droits et libertés de
la personne au cours des neuf années où elle a été
dans l'Opposition, je pense que nous pourrions, là aussi
concrètement, dans les faits et non seulement dans le discours,
respecter les droits et libertés de la personne, d'autant plus que le
mécanisme qui est ici prévu, d'aucune façon, ne viendra
assouplir ou ne viendra diminuer l'impact et l'effet direct du délai de
soixante jours avec la sanction qui est prévue au projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, juste une
dernière remarque. Je voudrais faire remarquer que, quand le
député de Gouin dit que ce sont des droits, etc., il ne s'agit
pas d'un droit dans le cas du deuxième paragraphe: il s'agit d'un
privilège que le conseil d'administration peut accorder. Ce n'est pas un
droit qu'on enlève. C'est tout ce que j'avais à ajouter, M. le
Président. Nous sommes prêts à voter.
Le Président (M. Bélanger): Nous sommes prêts
à passer au vote sur cet amendement. Est-ce que l'amendement est
accepté?
M. Rochefort: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté.
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté sur
division. Cela nous amène à l'article 4 globalement.
M. Rochefort: M. le Président, si vous le permettez, juste
un instant.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Rochefort: M. le Président, concernant l'article 4, je
crois qu'hier on a eu l'occasion d'interroger la ministre sur l'article 132.1.
Je veux juste qu'on prenne quelques minutes sur l'article 132.2.
Le Président (M. Bélanger): Nous vous
écoutons, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, juste une seconde.
D'une part, M. le Président, quand on dit que le médecin
devient non participant a compter de la date fixée par la régie,
à quoi se réfère-t-on? Quel est le délai qui peut
intervenir?
Mme Lavoie-Roux: C'est que la régie, je l'ai
expliqué hier, par les modifications qui sont apportées à
la Loi sur la Régie de l'assurance-maladie, pourra décider de la
date où la pénalité s'applique, tout simplement. Elle sera
avisée du non respect du délai de 60 jours et, comme je le
signalais hier, après consultation avec le conseil d'administration de
l'hôpital, on pourra juger de l'étalement des dates,
c'est-à-dire de la date au moment où la pénalité
s'appliquera.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je comprends pour les
amendements qu'on veut apporter au projet de loi 74 quant à la
possibilité pour la régie d'étaler des dates, mais, compte
tenu de la rigidité avec laquelle la ministre souhaite que soit
appliqué le mécanisme des 60...
Mme Lavoie-Roux: L'information qu'on me donne, c'est que la
régie doit faire une prépublication de désengagement dans
la Gazette officielle, comme on le fait pour la non-participation des
médecins. Après cela, il y aura consultation avec
l'établissement et, après cela, la régie
déterminera la date où la pénalité
s'appliquera.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais essayer de
voir, compte tenu de la réponse de la ministre, un petit calendrier. Le
premier du mois, pour que cela soit facile, l'établissement
décide d'aviser la régie que le médecin X s'est
retiré d'un plan d'effectif sans avoir respeeté les
délais, que l'établissement n'a pas donné l'autorisation
de le faire, et avise la régie qu'il faut enclencher le processus de
cessation de l'assurance. Là, on est le premier du mois. J'aimerais que
vous m'expliquiez, le temps que cela se rende à la régie, le
temps que la régie prenne une décision, le temps que la
régie publie un avis dans la Gazette officielle, quels sont les
délais?
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous donner toute la
mécanique.
M. Rochefort: Vous parlez de la mécanique prévue au
projet de loi?
Mme Lavoie-Roux: Non, celte qui apparaît dans la
Régie de l'assurance-maladie parce que c'est la combinaison des
deux.
M. Rochefort: Allez-y.
Mme Lavoie-Roux: La régie, dès qu'elle
reçoit un avis d'un établissement en vertu de l'article 132 de la
Loi sur les services de santé et les services sociaux, émet une
ordonnance écrite constatant la non-participation du médecin ou
du dentiste visé dans l'avis. C'est la règle habituelle. Cette
ordonnance doit indiquer la date à partir de laquelle le médecin
ou le dentiste est un professionnel non participant et la période au
cours de laquelle elle s'applique. La régie doit par la suite envoyer,
par courrier recommandé, une copie de cette ordonnance à ce
médecin ou à ce dentiste à sa dernière adresse
connue de la régie, et faire publier un avis dans la Gazette
officielle.
Le papillon que nous ajoutons: "Lorsque plus d'un médecin ou d'un
dentiste d'un même établissement est visé par de tels abus,
la régie peut, après consultation de l'établissement
concerné, déterminer des dates différentes pour le
début de la période de non-participation de ces médecins
ou dentistes et les échelonner sur la période qu'elle juge
appropriée." Alors, ce sont les dispositions prévues.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, la ministre nous
a donné la séquence des événements. J'aimerais que
l'on essaie de situer cela sur un calendrier, dans le temps. Entre le moment
où l'établissement prend acte que le médecin se retire
d'un plan d'effectifs et le moment où la pénalité qui est
la non-participation au Régime d'assurance-maladie intervient dans les
faits, il y a combien de temps qui s'écoule.
Mme Lavoie-Roux: II faut d'abord que le professionnel soit
informé de la date fixée. À ce moment-là, il y aura
parution dans la Gazette officielle. J'imagine que, si
l'établissement informe la régie le 1er décembre, à
ce moment-là, selon qu'il s'agisse d'un ou de plusieurs individus, il y
aura des consultations. Normalement, c'est à peu près une
quinzaine de jours avant que cela puisse paraître dans la Gazette
officielle? Une semaine à peu près avant que cela puisse
paraître dans la Gazette officielle.
M. Rochefort: Puisqu'il faut que cela se rende à la
régie, avec la mécanique du courrier recommandé, on parle
d'au moins deux semaines.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: Donc, M. le Président, pendant deux
semaines, la ministre n'a aucune mesure qui lui permette d'assurer à la
population le maintien du service médical pour lequel elle introduit
toute cette mécanique.
Mme Lavoie-Roux: Non. Cela n'est pas nécessairement la
journée où les gens décident de sortir. Il va, d'abord,
falloir calculer le nombre de jours. La pénalité va s'appliquer
et c'est à ce moment-là que le mécanisme est prévu
pour que l'on puisse discuter avec le conseil d'administration de
l'hôpital pour, justement, étaler cela dans le temps. Supposons
qu'il part le 1er décembre et qu'il n'a pas donné son avis de 60
jours et que cela nuit au fonctionnement de l'établissement, puis qu'il
lui reste 20 jours de carence, pendant ces 20 jours de carence,
évidemment il va être pénalisé pour 40 jours. Il va
avoir un désengagement de 40 jours de l'assurance-maladie, mais quant
è la date où cela commencera et où cela finira - cela
finira d'après le nombre de jours - cela sera après consultation
avec l'établissement.
M. Rochefort: D'accord, mais...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, mais il y
avait le député de Laurier auparavant.
M. Sirros:M. le Président, je voulais simplement dire
qu'il est bien évident que, si le médecin fait fi des
conséquences prévues par la loi, on ne peut pas l'obliger
à rester en poste ou à travailler contre sa volonté. S'il
est prêt à subir les conséquences, ce que l'on fait, on
établit qu'il y aura des conséquences à la suite de son
geste.
Maintenant, que cela prenne une semaine ou dix jours avant que les
conséquences commencent à s'appliquer, elles sont là; ce
qui n'était pas le cas au préalable. Il est bien évident
que, si le médecin dit: Je suis prêt à assumer ces
conséquences-là, je suis prêt à être
désassuré pour 120 jours et je quitte sans aucun préavis,
c'est sûr qu'on ne pourra pas le forcer et qu'on n'a pas de mesure pour
se protéger contre ce genre de décision d'une personne, mais tout
au moins on instaure dans la loi une mesure dissuasive quant à ce genre
de pratique, ce qui en fera, nous en sommes certains, réfléchir
plusieurs avant de le faire.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le Président, je note que les
deux dernières réponses sont teintées uniquement de la
préoccupation de l'application de la pénalité. On dit: II
n'y a pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: C'est un article prévu pour
protéger la population pour qu'elle ne soit pas tenue en otage et qu'on
ne soit pas continuellement sous le coup de menaces que les gens vont partir ou
ne partiront pas. Normalement, c'est un élément de dissuasion.
Ils peuvent partir et, s'ils partent, on fera ce qu'on a fait dans le
passé. Mais généralement et, je dirais, dans la
presque-totalité des cas, les gens vont respecter l'avis de 60 jours qui
existe dans tous les autres domaines, dans les entreprises, partout. On
n'introduit pas ici une notion qui est si épouvantable. C'est pour la
protection. C'est le seul objectif et, pour qu'elle ait un effet quelconque, il
faut un pouvoir dissuasif qui y soit attaché. C'est pour cela qu'il y a
une pénalité qui y est attachée. (12 heures)
Une voix: On s'étonne que vous ne vous inquiétiez
pas tant de la population.
Mme Lavoie-Roux: Oui, la population, cela n'a pas l'air de vous
tracasser trop, des fois.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Rochefort: M. le Président, j'avais compris que la
ministre m'avait interrompu et que je n'avais pas terminé mon
développement. J'avais au moins compris cela.
Le Président (M. Bélanger): On vous laisse
continuer et on reconnaîtra le député de Fabre par la
suite. Allez-y.
M. Rochefort: Je pense que c'est assez évident que
j'ai...
Le Président (M. Bélanger): Vous avez droit
à 20 minutes au total.
Une voix: Depuis combien de temps parle-t-on de cet article?
M. Rochefort: Non, ce n'est pas une question de droit aux 20
minutes. Je pense que c'est clair que...
Une voix: On a parlé hier pendant une heure
là-dessus.
M. Joly: II me semble que j'avais été reconnu, M.
le Président.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie,
procédez.
M. Rochefort: Merci. M. le Président, je pense
qu'effectivement, si la ministre m'avait permis de compléter mon
intervention, elle n'aurait pas fait l'intervention qu'elle a faite. Ce que je
suis en train de lui dire, c'est à partir des réponses
mêmes qu'elle nous a fournies hier. Devant la proposition d'amendement
que je faisais quant à la possibilité d'appel, la ministre nous a
dit - j'ai compris une des objections qu'elle nous formulait et c'est
pour cela qu'on a apporté un sous-amendement à notre
proposition d'amendement. Ma crainte, c'est que, pendant que le médecin
pourra aller en appel à la Commission des affaires sociales, la
décision du conseil d'administration ne sera pas en vigueur. Donc,
pendant cette période, le médecin allant en appel de la
décision qui est rendue par le conseil d'administration, je me retrouve
dans une situation...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On va respecter le droit de parole du député de Gouin. M. le
député, je vous rappellerais que l'amendement a été
battu. Évidemment, il faudrait être pertinent.
M. Rochefort: M. le Président, si vous me le permettez, je
vais développer. Oui, je suis très pertinent. On vient de prendre
du temps sur le processus qui s'enclenche une fois que l'établissement
observe, constate que le médecin se retire d'un plan d'effectif. Ce que
je dis, c'est que dans la réponse que la ministre nous fait, entre le
moment où l'établissement fait ce constat et le moment où
la sanction est appliquée, il y a au moins deux semaines qui
s'écoulent. Ce que je dis, c'est que je pense qu'elle nous dit: Oui,
mais de toute façon, la sanction sera appliquée à un
moment donné. C'est une chose, mais c'est une réponse en fonction
d'une préoccupation d'application de sanctions. L'intervention que je
tente de faire est en fonction, justement, des réponses pertinentes,
justifiées que la ministre nous faisait hier quand elle disait: Je ne
veux pas qu'il y ait un mécanisme d'appel parce que, s'il y a un
mécanisme d'appel, pendant qu'il va être en appel de la
décision, la décision ne sera pas applicable, ne sera pas
opérationnelle -la décision, quant à la sanction, donc
quant à la désassurance - et je vais me retrouver avec des
médecins qui se retirent de plans d'effectifs et pendant une
période de dix, quinze ou vingt jours, ils ne seront pas
désassurés du régime.
Ce que je dis, c'est qu'on avait cette préoccupation qui
était légitime et c'est pour cette raison qu'on avait
proposé un sous-amendement pour faire en sorte que la décision du
conseil soit applicable jusqu'à ce que l'appel ait été
entendu et jugé. Eu égard à cette préoccupation
pour les services médicaux à la population, je pense qu'une fois
que le conseil d'administration constate, reconnaît qu'il y a un ou des
médecins qui se retirent du plan d'effectifs sans tenir compte des
délais de 60 jours on va se retrouver quand même dans une
situation, pendant à peu près deux semaines, où on n'aura
pas de sanction, donc où on aura moins de possibilité de retenir
le médecin dans son plan d'effectifs. Alors, c'est cela, le sens de mon
intervention. Ce que je voulais savoir de la ministre, c'est si elle ne pense
pas que cette période de deux semaines peut quand même amener des
problèmes de la nature de ceux qu'elle veut, justement, corriger et pour
lesquels elle veut se doter de cet instrument pour éviter de se
retrouver dans des situations pénibles pour la population comme celles
auxquelles elle a fait allusion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons dit que,
justement, nous ne voulions pas que les sanctions s'appliquent d'une
façon automatique. Alors, qu'il y ait deux semaines qui
s'écoulent entre le moment où le médecin part et le moment
où la sanction lui est appliquée, on s'y attend, à ce que
cela soit comme cela. Alors, je n'ai rien d'autre à ajouter, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Avez-vous d'autres
commentaires, M. le député de Gouin?
M. Rochefort: Oui, M. le Président, je complète une
dernière lecture de l'article. Quand on mentionne, au dernier paragraphe
de l'article 4, donc au troisième paragraphe de l'article 132.2, que le
conseil d'administration doit aussi en aviser la Corporation professionnelle
des médecins du Québec ou des dentistes, selon le cas, cet avis
sert à quoi au juste? Dernier paragraphe, on dit: "Lorsque le conseil
d'administration juge que ce départ a pour effet d'affecter la
qualité ou la suffisance des services médicaux ou dentaires
offerts à la population desservie par un établissement, il en
avise par écrit la Corporation professionnelle des médecins du
Québec ou la Corporation professionnelle des dentistes du Québec,
selon le cas".
Mme Lavoie-Roux: Cela existe déjà dans les
règlements. Dans un cas de désengagement, vous avisez la
corporation. Il n'y a rien de particulier.
M. Rochefort: Cela n'a aucun effet, au fond, entre nous.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. M. Rochefort: Cela ne
retire...
Mme Lavoie-Roux: Cela doit être pour les registres,
j'imagine, de la corporation. C'est simplement pour l'information de la
corporation.
M. Carignan (Raymond): Si vous le permettez, c'est que
déjà dans les règlements, à l'instant où il
y a des privilèges qui sont modifiés par un conseil
d'administration, c'est automatique, la corporation en est saisie.
M. Rochefort: D'accord, mais cela ne pourrait pas avoir pour
effet, par exemple, que la corporation soit appelée à retirer le
droit de pratique?
Une voix: Non.
M. Rochefort: D'aucune façon?
Mme Lavoie-Roux: D'aucune façon.
M. Rochefort: D'aucune façon. Cela va pour l'article 4, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 4
est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Roehefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. J'appelle
donc l'article 5.
Règlements
Donc, l'article 5: "L'article 173 de cette loi est modifié:
"1° par l'addition, à la fin du paragraphe i, des mots "ainsi que la
forme du plan d'organisation, les éléments qu'il doit contenir et
les méthodes ou règles suivant lesquelles il doit être
élaboré;"; "2° par l'insertion, après le paragraphe i,
du suivant: "i.01) déterminer, dans le cas d'un conseil régional,
la forme du plan régional des effectifs médicaux et dentaires,
les éléments qu'il doit contenir et les méthodes ou
règles suivant lesquelles il doit être
élaboré;".
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais juste savoir
comment on va fonctionner. La ministre va devoir nous présenter
l'article. Plusieurs questions soulevées jusqu'à ce jour ont
été reportées à ce moment de la discussion.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien
ça.
M. Rochefort: Je vois, sauf erreur, dans les documents de la
ministre, qu'elle a des amendements à apporter à cet article.
J'en aurai peut-être. Je voudrais juste qu'on organise et le débat
et la discussion.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me le permettez,
je vais...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...proposer un papillon qui va se lire comme
suit: "Par l'insertion, après le paragraphe i, des suivants: "i.01)
déterminer, dans le cas d'un conseil régional, la forme du plan
régional des effectifs médicaux et dentaires, tes
éléments qu'il doit contenir et les méthodes ou
règles suivant lesquelles il doit être élaboré;".
Cela reste similaire.
M. Rochefort: C'est identique.
Mme Lavoie-Roux: Oui. C'est identique. "i.02) déterminer,
pour les fins de l'élaboration d'un plan régional des effectifs
médicaux et dentaires ou d'un plan d'organisation d'un
établissement, les méthodes ou règles relatives au calcul
des effectifs médicaux et dentaires, lesquels peuvent varier selon les
régions, les catégories, classes ou types d'établissements
et les activités d'un établissement."
Ces articles viennent compléter des pouvoirs
réglementaires relativement au plan d'organisation des
établissements et aux plans régionaux de manière que
ceux-ci puissent être évalués et traités de
façon uniforme. Finalement, je pense que le deuxième parle de
lui-même. C'est pour tenir compte des différences
régionales auxquelles on a fait allusion hier, les différents
types d'établissements et les différentes activités qu'on
peut retrouver à l'intérieur d'un établissement.
M. Rochefort: Pour les fins de la discussion, M. le
Président, est-ce qu'on peut prendre ça comme un tout?
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a un
accord là-dessus? Tout le monde est d'accord pour qu'on considère
l'amendement de Mme Lavoix-Roux comme un tout.
Mme Lavoie-Roux: Oui, i.01 ou i.02.
M. Rochefort: D'accord. Présupposons que tout cela est
adopté et qu'on discute de l'article globalement. M. le
Président, j'aimerais que la ministre nous précise un peu ce
qu'elle entend par la forme du plan d'organisation, par les
éléments qu'il doit contenir, par les méthodes ou les
règles suivant lesquelles il doit être élaboré.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez...
M. Rochefort: Je rappelle, M. le Président, qu'on a eu
beaucoup de questions au début des travaux et, comme c'était
légitime de sa part, et juste de le faire, la ministre nous a dit:
Dès qu'on discutera du règlement, on le fera. Je pense que c'est
important. Finalement, jusqu'à ce jour, on a dit: Oui, il va y avoir des
plans d'effectifs et tout ça. Là, on entre dans ce qu'il va y
avoir dans les plans d'effectifs, à partir de
quoi un plan d'effectifs va être élaboré, va
être conçu et ce qu'il va devoir contenir. J'aimerais qu'on nous
précise un peu ce qu'est ce règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. ie Président, il apparaît
évident que, pour que ces modifications à Loi sur les services de
santé et les services sociaux puissent atteindre leurs objectifs, il
faut convenir au plan régional d'une forme de plan qui va définir
de quelle façon seront colligés les effectifs médicaux. Il
faudra définir cette cueillette et cette forme de plan régional
en fonction des besoins divers qui sont reliés aux différentes
régions, aux établissements et au type d'activités d'un
établissement. Nous avons commencé à élaborer un
règlement. Il est trop tôt, actuellement, pour donner des
indications définitives quant à la forme de ce règlement.
Tout ce que je peux dire au député, c'est que ceci
nécessitera, une fois le règlement accepté, une
prépublication dans la Gazette officielle que nous entendons faire assez
rapidement pour pouvoir respecter l'échéance qui est
prévue à l'intérieur de la loi, du 1er janvier 1987.
M. Rochefort: Si vous le permettez, on va commencer par la
dernière partie de la réponse de la ministre. Quel est son
échéancier pour le règlement? II faut l'élaborer.
Elle nous dit qu'ils ont commencé à travailler là-dessus.
Par la suite, elle nous dit qu'il sera prépublié pour
consultation; c'est cela? On parle de prépublication par la suite pour
consultation.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: C'est soixante ou quatre-vingt-dix jours?
Mme Lavoie-Roux: Soixante jours.
M. Rochefort: Ensuite, vous allez retravailler cela, compte tenu
des représentations qui vous seront faites, retourner au Conseil des
ministres, publier dans la Gazette officielle un règlement qui entrera
en vigueur dès ce moment-là. On parle d'au moins trente jours
encore, j'imagine?
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense qu'on peut imaginer trente
jours.
M. Rochefort: Vous évaluez combien de temps pour en
arriver à la prépublication, donc, l'élaboration, la
conception... Je ne demande pas une promesse à la minute près,
mais je veux avoir une idée de ce que l'on prévoit comme
délai.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est une opération de cinq
mois.
M. Rochefort: En tout et partout ou pour l'élaboration
simplement?
Mme Lavoie-Roux: Non, pour l'ensemble.
M. Rochefort: Vous parlez de cinq mois. Admettons que la loi est
adoptée le 21 juin. Cela veut dire qu'au mois de novembre 1986, le 21
novembre 1986, l'ensemble des établissements connaîtrait la forme
du plan, les éléments qu'il doit contenir, les méthodes et
les règles suivant lesquelles il doit être élaboré.
C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Normalement oui, s'il est adopté comme
règlement. Il sera transmis officiellement aux
établissements.
M. Rochefort: Est-ce que je dois comprendre que ça
laisse...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre. (12 h
15)
Mme Lavoie-Roux: Nous avions déjà des
interrogations nous-mêmes sur le laps de temps qu'on s'était
donné. Nous croyons qu'il serait plus réaliste de prévoir
une extension de trois mois dès maintenant, pour ne pas être
obligés de revenir et de le changer. Alors, au lieu d'obliger les
établissements ou les conseils régionaux à le soumettre le
1er janvier, nous nous donnerions trois mois d'extension. Donc, janvier,
février et mars, pour le 1er avril.
M. Rochefort: M. le Président, simplement pour les fins
d'une bonne compréhension, cela impliquera, par exemple, à
l'article 7...
Mme Lavoie-Roux: Une modification...
M. Rochefort: ...qu'on modifiera "1er janvier" par "1er avril" et
j'imagine qu'à l'article 10 on modifiera "1er juillet" par...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas nécessairement cela.
M. Rochefort: Oui, mais avril, mai, juin, juillet: quatre mois
pour faire le plan régional.
Mme Lavoie-Roux: Normalement, la raison pour laquelle on le
prolonge de trois mois, on croît que c'est plus sage... On pourrait
arriver dans l'échéancier qui est là. On pourrait avoir
une adoption des règlements vers la mi-octobre ou même vers la fin
octobre, selon l'échancier qu'on avait. Mais, pour ne pas être
serré et pour ne pas être obligé de revenir, je pense qu'il
est plus prudent de se donner un délai de trois mois. À ce
moment-là, on a amplement le temps
de demander aux conseils régionaux de remplir l'obligation qui
est la leur.
M. Rochefort: Je pense que, sur l'échéancier, cela
replace les choses.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous avez raison.
M. Roehefort: De la manière dont on s'en allait,
l'espérais qu'on n'applique pas trop rigoureusement l'article 179, car
il y aurait eu bien des candidats à cela.
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, ce n'est pas un exercice pour
respecter l'année fiscale. C'est un exercice pour essayer de planifier
la main-d'oeuvre. Si on la planifie trois mois avant ou trois mois
après, je ne pense pas que cela...
M. Rochefort: Je comprends un peu ce que la ministre nous dit, M.
le Président-Mais, quand elle nous dit que l'année fiscale n'est
pas...
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est important de...
M. Rochefort: Non, mais les budgets devront refléter les
plans d'effectifs.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais tant que les plans d'effectifs
médicaux n'auront pas été modifiés...
M. Rochefort: II sera difficile de les refléter.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: Je suis d'accord avec vous là-dessus.
Deuxièmement, M. le Président, si on met de
côté la question du calendrier, je pense qu'on vient de voir un
peu comment tout cela se situera dans le temps. On peut revenir au contenu.
Avec raison, !a ministre nous dit toute l'importance qu'elle accorde au contenu
des plans des établissements régionaux. La ministre nous dit que,
dans son projet de loi, il est clairement prévu que le conseil
régional pourra approuver ou modifier un plan d'effectifs
d'établissement, que la ministre pourra approuver ou modifier un plan
d'effectifs de conseil régional et, ce faisant, elle pourrait, le cas
échéant, modifier de façon équivalente le plan
d'effectifs d'un établissement.
J'ai posé une question hier et, c'est d'accord, la ministre m'a
renvoyé è l'article 5 pour en discuter. J'ai dit: Oui, mais
à partir de quels critères dira-t-on qu'on peut approuver tel
plan? Â partir de quels critères dira-t-on que, dans tel plan, il
y a trop de ceci ou pas assez de cela? Où sont ces critères?
Prenons un exemple, la région du SaguenayLac-Saint-Jean, quels
sont les critères qu'on utilisera pour dire à l'hôpital de
Dolbeau: Oui, votre plan d'effectifs correspond aux besoins de la région
ou: Non, vous avez mis un peu trop de ceci ou pas assez de cela? De la
même façon, quels sont les critères qu'on utilisera, de
Québec cette fois-ci, pour dire au SaguenayLac-Saint-Jean: Votre
plan d'effectifs régional est juste et on est prêt è
l'approuver ou: Non, on le modifie de Québec, car on trouve, encore une
fois, qu'il y a un peu trop de ceci ou pas assez de cela?
J'imagine que cela ne se fera pas au pifomètre. Avec quoi cela se
fera-t-il? Quels sont les instruments à la disposition d'un conseil
régional et quels sont les instruments à la disposition de la
ministre de la Santé et des Services sociaux pour décider de
l'approbation ou de la modification d'un plan d'effectifs?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'on peut
discuter de cela très longuement. Une chose est certaine: il ne faut pas
dire, non plus, qu'on fait tabula rasa et qu'on part de rien. On travaille avec
les conseils régionaux et les conseils régionaux conservent une
première responsabilité. Ils ont déjà, depuis un
bon nombre d'années, travaillé, par exemple, à la
planification des services sur l'ensemble de leur territoire. Sur la nature des
services qui étaient dispensés et, selon les catégories
d'établissements, sur la nature des départements et des services
qu'il y a à l'intérieur d'un établissement, vous avez
déjà des critères qui existent. On ne part pas comme si
demain matin on planifiait pour l'ensemble du Québec ce que devraient
être les effectifs médicaux. Je pense qu'il existe
déjà des données importantes sur lesquelles on peut se
reposer. On sait que, déjà, il existe des critères au
niveau des établissements puisque les établissements ont
déjà, dans un certain nombre de cas, établi des plans
d'effectifs médicaux. On veut le faire maintenant au plan
régional. Je pense qu'il faut le rattacher à la nature des plans
de services que l'on prévoit dans une région donnée. Ceci
doit se faire étroitement avec les conseils régionaux. Il y a
déjà une réflexion qui a été faite
là-dessus, mais, si le député de Gouin veut que je lui
remette aujourd'hui le règlement avec tous les critères et toutes
les modalités, je suis incapable de le faire parce que, justement, les
délais que nous donnons, c'est pour parfaire et développer dans
certaines circonstances des critères qui ne nous paraissent pas encore
satisfaisants. C'est une opération qui sera en oeuvre dans les mois
à venir.
M. Rochefort: Vous dites: On va travailler en étroite
relation avec le conseil
régional et tout cela. Lui, le conseil régional, quels
sont les guides qu'il va utiliser pour approuver ou modifier les plans de
l'établissement?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est comme si les conseils
régionaux avaient été inexistants depuis dix ans! Les
conseils régionaux font déjà une planification à
partir des caractéristiques sociales qu'elles soient reliées
à la démographie, à l'âge, etc. Pourquoi on
développe un centre d'accueil à tel endroit et qu'on n'en
développe pas à tel autre? Pourquoi on a un ou deux
hôpitaux de soins prolongés ou de longue durée dans une
région et on n'en a pas dans l'autre? Ordinairement, il y en a plus d'un
par région, mais pourquoi y en a-t-il dans un district et n'y en a-t-il
pas dans un autre? C'est qu'on est parti déjà de données
socioculturelles, économiques, prises dans un sens large, qui font qu'on
fait tel type de planification plutôt que tel autre dans une
région. Maintenant, cela ne veut pas dire qu'on répond toujours
aux besoins de la planification; c'est un autre problème. Je pense qu'on
ne part pas comme si on ne savait pas du tout ce qu'il y avait dans la
région de l'Abitibi-Témiscamingue ou du
Saguenay~Lac-Saint-Jean.
M. Rochefort: Par exemple, dans le règlement qu'elle veut
préparer et les décisions préalables qu'elle va prendre,
mettons, pour la région de l'Abitibi, est-ce que la ministre va donner
comme mandat de préparer des plans qui prévoient la
présence de toutes les spécialités de base dans cette
région ou non? Vous reconnaissez la pertinence de la question. C'est une
information.
Mme Lavoie-Roux: On va certainement suggérer des
éléments de base à partir desquels, du point de vue des
services qui sont dans une région, on pourra faire la planification.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre et on
entendra ensuite M. le député de Roberval.
Mme Lavoie-Roux: Le sous-ministre dit que, déjà, il
y a des rencontres MAS-CRSSS pour déterminer les éléments
sur lesquels vont s'édifier, si on veut, cette planification et cette
détermination, d'une part, des ressources et, d'autre part, des
effectifs correspondants.
M. Gauthier: Mme la ministre, est-il pensable qu'on retrouve dans
cette réglementation des principes du genre: dans toutes les
régions du Québec, par exemple, il y a 15
spécialités ou 18 spécialités de base qui se
retrouvent nécessairement; dans les sous- régions, il y a au
moins six spécialités essentielles? Est-ce qu'on peut retrouver
dans votre réglementation des choses aussi précises que
celles-là?
Mme Lavoie-Roux: C'est déjà un principe acquis que
dans toutes les régions du Québec on doit avoir accès
à des services médicaux de base. Je pense que, là
où il y a de la population, c'est un principe acquis. Maintenant, du
côté de la spécialisation, c'est peut-être un peu
plus flou dans les faits. Peut-être qu'il faudra à ce moment
décider exactement ce qu'on veut. Du côté de la
surspécialisation, c'est évident qu'il ne peut pas y avoir de la
surspécialisation dans toutes les régions du Québec.
Même dans la spécialisation, il faudra peut-être y voir
aussi, compte tenu des populations qui y sont. Si par hasard ils ne les avaient
pas, là je pense que - je ne dis pas que cela va être cela ou que
cela ne le sera pas, on fait des hypothèses - à ce
moment-là, il faudrait y pallier d'une autre façon, car ces gens
ont droit à des services.
M. Gauthier: Mais, au moment où on se parle, Mme la
ministre, on est en train d'étudier un projet de loi dont le contenu
réel se retrouve dans la réglementation. D'abord, je dois vous
dire que je trouve cela un peu frustrant comme parlementaire qu'il en soit
ainsi, qu'on n'ait pas plus de détails que cela. Est-ce que vous n'avez
pas déjà, quelque part, je ne le sais pas... Si je me
réfère aux discussions que j'ai déjà eues, dans le
cas de l'hôpital de Dolbeau, on avait déterminé que les
cinq ou six spécialités essentielles, comme l'anesthésie,
la cardiologie, l'orthopédie, devaient se retrouver dans un sous-centre
comme Dolbeau.
Au ministère, au moment où l'on se parle, est-ce qu'au
moins les grandes orientations ne sont pas disponibles quant à des
éléments comme ceux-là?
Mme Lavoie-Roux: Je vous ai dit tout à l'heure, ou au
député de Gouin, qu'on ne partait pas de rien. Il y a
déjà énormément de choses qui existent. Quant
à la frustration du député, je peux la comprendre parce
que je l'ai éprouvée assez souvent quand j'étais dans
l'Opposition. Je vous rappellerai que le projet de loi 27 comprenait une
série de règlements, de A jusqu'à XX, YY, si ma
mémoire est bonne. Les règlements ne sont sortis qu'en 1984,
après que la loi eut été adoptée en 1981. Moi, je
peux au moins vous garantir que cela ne prendra pas trois ans.
M. Gauthier: Si Mme la ministre comprend ma frustration et si
elle a vécu dans le passé des situations difficiles, n'aurait-il
pas été plus sage de sa part d'apporter ce projet de loi devant
ce Parle-
ment avec au moins, sans avoir toute la réglementation, quelques
orientations fermes, sérieuses, sur lesquelles les députés
auraient pu se prononcer?
Mme Lavoie-Roux: Les règlements, je ne peux pas les
déposer à ce moment-ci; ils ne sont pas prêts. Nous sommes
à les préparer, nous y travaillons. Ils seront en
prépublication; donc, vous aurez le temps de réagir.
M. Gauthier: Une dernière question qui s'adresse à
la ministre, si mon collègue me le permet. Dans le cas - on a
parlé, tout à l'heure, du SaguenayLac-Saint-Jean, c'est un
cas qui me préoccupe, vous comprendrez pourquoi - où la
proposition du CRSSS serait basée sur une certaine philosophie, une
certaine vision du développement médical régional et que
celle-ci irait en opposition, disons-le franchement et clairement, avec tout un
secteur de la région, est-ce que la ministre ne croit pas qu'il risque
d'y avoir un problème assez particulier? À titre d'exemple, si le
CRSSS du Saguenay--Lac-Saint-Jean, parce que la représentation... Hier,
c'est le président de notre commission qui faisait état de la
représentation à Montréal. C'est vrai aussi dans les
régions périphériques. Ce ne sont pas toutes les
institutions qui sont représentées de la même façon.
Est-ce que la ministre ne considère pas qu'il puisse y avoir dans les
propositions de CRSSS, dans certains cas, de grandes différences de vues
avec les propositions des secteurs et des régions? S'il n'y a pas plus
de chair que cela, en tout cas, pour nous faire comprendre la pensée de
la ministre et ses intentions, est-ce qu'on n'est pas en train de voter en
quelque sorte un mandat en blanc, sans savoir qui va avoir raison?
Vous nous parlez du CRSSS depuis tantôt. Je trouve
qu'évidemment on doit partir des acquis. Je suis d'accord avec vous
là-dessus. Sauf que, dans certains, il y a des acquis négatifs,
il faut bien le dire, parce qu'il y a eu des guerres internes, des situations
qui ont fait que cela nous rend encore plus méfiants que vous abordiez
le problème de cette façon.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, M. le Président, je pense
que l'exercice que nous allons faire devrait améliorer les choses. Si
les choses demeurent encore aussi vagues et floues dans certaines
régions, je pense que l'exercice que nous allons faire avec l'ensemble
des CRSSS et aussi les établissements va permettre d'arriver à
des données un peu plus fermes que celles que vous décrivez, en
tout cas. (12 h 30)
Maintenant, s'il y a des litiges entre une région ou une autre,
je pense que, les gens peuvent discuter avec le ministère. Il y a eu des
litiges dans le passé et les gens ont essayé de les
régler. C'est ce qu'on a l'intention de faire dans l'avenir s'il y a des
oppositions vraiment marquées qui seraient à rencontre du
bien-être de la population dans un secteur donné.
M. Gauthier: Une dernière question. Est-ce que la ministre
a l'intention - peut-être l'avez-vous dit déjà avant que
j'arrive ici - de permettre que cette réglementation se discute, non pas
au niveau des différents CRSSS, mais au niveau d'un ensemble
d'institutions et de l'ensemble des régions du Québec avant d'en
faire une publication officielle et de la mettre en vigueur? Je parle de
consultations prévues pour les députés
également.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense qu'il n'y a rien qui
empêche... Il y a une prépublication de soixante jours. Je pense
que les gens pourront réagir. Quand les règlements du projet de
loi 27 sont sortis, il y a eu une prépublication. Je peux vous assurer
que, si je reçois des représentations, je vais essayer de les
écouter, d'en tenir compte, contrairement à ce qui a
été fait pour la loi 27.
M. Gauthier: Mme la ministre, puisque vous abordez ce sujet,
est-ce qu'il n'y aurait pas lieu à ce stade-ci de prévoir - cela
serait original, cela vous honorerait, vous qui depuis tout à l'heure
dites que vous étiez frustrée au temps où vous
étiez dans l'Opposition de ne pas voir les règlements -je ne sais
pas, une commission parlementaire, un groupe de travail qui permette
d'étudier la réglementation avant d'en faire la publication et de
recevoir même des organismes des hôpitaux régionaux, de
permettre aux députés en régions de venir s'exprimer sur
des règlements qui auront été faits par des
fonctionnaires?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, il est toujours loisible
à une commission de faire l'étude d'un règlement quel
qu'il soit.
M. Gauthier: Alors, vous êtes ouverte à cette
suggestion?
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez convoquer...
Le Président (M. Bélanger): C'est dans les
prérogatives des commissions.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans les prérogatives des
commissions parlementaires.
M. Rochefort: M. le Président, tantôt, la ministre
ou le sous-ministre nous a dit qu'il y avait déjà des rencontres
entre le ministère et les conseils régionaux pour
essayer de définir quels étaient les besoins auxquels on
voulait répondre dans les différentes régions du
Québec. Les conseils régionaux, eux, vont associer qui à
cette réflexion à laquelle ils participent et pour laquelle ils
ont des échanges avec le ministère?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on a l'impression que le
député de Gouin n'est jamais passé par le ministère
des Affaires sociales, ce qui n'est pas le cas, je le sais fort bien. Les
conseils régionaux, normalement, sont des organismes de concertation,
entre autres, et de planification. Je pense que vous connaissez les commissions
administratives des CRSSS, vous savez qu'ils doivent travailler avec les
établissements. Je pense qu'ils ont une responsabilité à
cet égard et je présume qu'ils vont l'assumer.
M. Rochefort: D'autre part, M. le Président, est-ce que la
ministre reconnaît que c'est un préalable de définir, avec
les conseils régionaux, le type de services que l'État
québécois doit offrir dans l'ensemble des établissements
et des régions du Québec pour être en mesure de
procéder aux approbations et, selon le cas, aux modifications des plans
d'effectifs?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais assurer encore
une fois le député de Gouin que le projet de loi, qui sera
adopté d'ici la fin de la session, a pour but, justement, que la
population où qu'elle se trouve au Québec soit le mieux servie.
Nous allons tenter, dans la mesure du possible, évidemment, l'humain
étant l'humain, d'obtenir tous les éléments qui nous
permettront d'atteindre cet objectif.
M. Rochefort: M. le Président, quand le président
du Conseil du trésor déclare que l'État devra cesser de
croire et de faire croire qu'il doit dispenser à tous les citoyens de
toutes les régions du Québec l'ensemble des services, est-ce que,
dans le cas qui nous occupe, on pourrait avoir des reflets d'une telle
préoccupation du président du Conseil du trésor, d'une
telle orientation?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, vous irez le demander au
président du Conseil du trésor.
M. Rochefort: Non, mais il nous a dit de vous le demander; moi,
je veux bien.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je vous ai répondu assez
clairement depuis au moins une heure.
M. Rochefort: Ce n'est pas drôle d'être impatient
comme cela.
M. le Président, quand on parle des éléments qu'il
doit contenir, est-ce que la ministre pourrait nous en donner une idée?
Je comprends que cela répond pour les formes, les méthodes, les
règles d'élaboration, mais les éléments d'un plan,
cela peut Être quoi? Est-ce que, par exemple, cela peut être, au
niveau régional, justement cette connaissance des polycliniques
privées?
Mme Lavoie-Roux: M, le Président, si j'avais
déterminé à l'avance tous les éléments qui
vont constituer le règlement et si le règlement était
prêt, cela me ferait plaisir de le donner au député. Cela
fait dix fois que je lui rappelle que le délai que nous nous donnons de
X mois, c'est pour parvenir à faire cette opération d'une
façon adéquate.
M. Rochefort: Je pose la question spécifiquement. Je ne
demande pas à la ministre la liste des éléments, je lui
demande si dans les éléments, elle compte demander d'inclure les
cabinets privés, les polycliniques privées.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas de réponse à donner
là-dessus.
M. Rochefort: Donc, la ministre refuse de donner l'assurance aux
membres de la commission et à ceux qui suivent ces travaux que les
éléments des plans d'effectifs pourraient contenir les
polycliniques privées et les cabinets privés?
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas que je refuse ou que je veuille;
c'est que je ne suis pas en mesure de donner une réponse à ce
moment-ci.
M. Rochefort: Votre décision n'est pas prise. Je comprends
un peu les manifestations d'impatience de la ministre eu égard aux
questions qu'on lui pose, mais je veux quand même que la ministre prenne
conscience que le pouvoir réglementaire dont il est question à
l'article 5 est un pouvoir extrêmement large, qui peut donner prise
à beaucoup de choses. La meilleure preuve - et je ne lui en fais pas
reproche, bien au contraire - c'est que la ministre nous dit: 5ur telle chose,
on est en réflexion, je ne sais pas, on va voir, etc. Quand on demande
à l'Assemblée nationale, donc au pouvoir législatif, de
donner des pouvoirs de cette ampleur au pouvoir exécutif sans plus de
précisions, nous souhaitons vraiment avoir le maximum de renseignements
avant de procéder à l'adoption d'un texte législatif qui
donne un pouvoir, qui appartient jusqu'à maintenant à
l'Assemblée nationale, au pouvoir exécutif. C'est pour cette
raison qu'on accorde de l'importance à cela, d'autant plus qu'en ce qui
nous concerne le contenu, ta chair du projet de loi est dans
l'article 5, dans les règlements, parce que c'est comme ça
qu'on va définir quels sont les effectifs que l'État
québécois veut offrir à la population des régions,
quels sont les critères à partir desquels les conseils
régionaux et le ministère pourront approuver et/ou, selon le cas,
modifier des plans d'effectifs régionaux et, donc, quels seront les
services dont bénéficiera la population une fois l'ensemble des
dispositions de ce projet de loi mis en place.
En conséquence, oui, on considère cela très
important. On considère qu'on nous demande de donner un pouvoir
considérable au Conseil exécutif. C'est pour cette raison qu'on a
des questions très précises à poser autour de ces
différentes dispositions législatives.
Je n'ai pas d'autre remarque à faite sur 1 et 2 , quoiqu'il y ait
1 , 2 et 3 , d'une certaine façon, avec l'amendement de la ministre.
Le Président (M. Bélanger): On a donc un amendement
proposé par Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Est-ce que cet amendement est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Une voix: Adopté.
M. Rochefort: M. le Président, vous parliez du texte de
2° ?
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Le texte
que Mme Lavoie-Roux nous a soumis avec les modifications.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce que je vous ai remis hier. Je peux bien
le relire pour les fins du Journal des débats.
Le Président (M. Bélanger): Je peux le relire.
L'article 5 de la Loi modifiant la Loi sur la santé et les services
sociaux est modifié par le remplacement du paragraphe 2 par le suivant:
"2° par l'insertion, après le paragraphe i, des suivants: "i.01
déterminer, dans les cas d'un conseil régional, la forme du plan
régional des effectifs médicaux et dentaires, les
éléments qu'il doit contenir et les méthodes ou
règles suivant lesquelles il doit être élaboré;
"i.02 déterminer, pour les fins de l'élaboration d'un plan
régional des effectifs médicaux et dentaires ou d'un plan
d'organisation d'un établissement, les méthodes ou règles
relatives au calcul des effectifs médicaux et dentaires, lesquelles
peuvent varier selon les régions, les catégories, classes ou
types d'établissements et les activités d'un
établissement."
Je vous demande si cet amendement est adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'article 5...
M. Rochefort: Non. M. le Président, j'ai un amendement
à apporter.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je voudrais apporter une
proposition d'amendement à l'article 5 du projet de loi, qui se lirait
comme suit: "Le projet de loi 75, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, est modifié par l'insertion,
après l'article 5, de l'article suivant: 5.1 Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 173.2, de l'article
suivant: "173.3 Tout projet de règlement à être
adopté en vertu des paragraphes i, i.01 et i.02 de l'article 173 est
publié par le gouvernement à la Gazette officielle du
Québec, avec un avis indiquant le délai après lequel ce
projet sera déposé devant la commission parlementaire des
affaires sociales et indiquant qu'il pourra être adopté
après l'expiration des 30 jours suivant le dépôt du rapport
de cette commission devant l'Assemblée nationale. "Le gouvernement peut,
par la suite, modifier le projet de règlement. Il doit alors, dans ce
cas, publier le projet modifié à la Gazette officielle du
Québec avec un avis indiquant qu'il sera adopté sans modification
a l'expiration des 30 jours suivant cette publication. "Un tel règlement
entre en vigueur à la date de sa publication à la Gazette
officielle du Québec ou à une date ultérieure qui y est
indiquée."
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut avoir
copie de l'amendement, s'il vous plaît?
M. Rochefort: II y a une correction à faire, par
exemple.
M. Sirros: J'ai une question, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: II me semble que le règlement prévoit
déjà que la commission peut se saisir d'un projet de
règlement pour étude. Dans ce sens-la, l'amendement est en
quelque sorte une redondance dans le sens qu'il faudrait expressément,
avec l'adoption
d'un projet de loi, que la commission fasse l'étude du projet de
règlements, tandis que notre règlement prévoit que la
commission des affaires sociales peut se saisir d'un projet de
règlements. Alors, je me pose cela comme question, M. le
Président. Je ne sais pas si c'est redondant.
Mme Lavoie-Roux: II faudrait qu'on ait la copie.
M. Rochefort: M. le Président, on peut peut-être
attendre deux secondes que vous ayez la copie. Moi aussi, je...
Le Président (M. Bélanger): On va avoir les copies.
On va le relire.
M. Rochefort: ...voudrais plaider sur la recevabilité, si
vous avez des interrogations là-dessus.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Rochefort: Est-ce que je peux plaider, M. le
Président?
Le Président (M. Bélanger): Non, non. C'est parce
qu'on en avait une copie; on était à le lire ensemble.
M. Rochefort: Je vous pose une question, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Non, elle faisait des
commentaires pendant que je lisais et qu'elle lisait.
Mme Lavoie-Roux: On n'a jamais vu cela dans une loi, M. le
Président. C'est d'accord, vous pouvez y aller. M. le Président,
êtes-vous prêt è en déclarer la
recevabilité?
Le Président (M. Bélanger): Oui, je vais juste le
lire comme il faut pour être sûr de...
M. Rochefort: II y a des lois, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: Nommez-en une seule!
M. Rochefort: Je ne les ai pas avec moij mais non, très
sérieusementl
Le Président (M. Bélanger): Vous vouliez tout
à l'heure parler, avant qu'on prenne une décision, qu'on se
prononce sur la recevabilité.
M. Rochefort: Si, effectivement, M. le Président, vous
avez des interrogations...
Le Président (M. Bélanger): J'ai des doutes; alors,
je vous permets d'intervenir brièvement, par exemple.
M. Rochefort: M. le Président, la motion d'amendement
qu'on fait est, quant à nous, totalement recevable, parce que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on va essayer de respecter le droit de parole du député de Gouin.
Je vous en prie. (12 h 45)
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, la proposition
d'amendement qui vous est présentée est une proposition qui fait
que le pouvoir législatif accepterait de se départir d'un pouvoir
qui est le sien qu'il confierait au pouvoir exécutif pour autant que le
pouvoir exécutif soumette aux membres de l'Assemblée nationale,
donc, au législatif, un avis obligatoire, de ta part de la commission
des affaires sociales, sur le projet de règlement, avant que ce projet
de règlement soit adopté dans sa forme définitive dans la
Gazette officielle. Je vous dirai, M. le Président, que c'est une
chose qui est totalement différente d'une autre chose qui est
prévue dans notre règlement et qui permet, par mandat
d'initiative, par vote à la double majorité, à une
commission parlementaire, en tout temps, de se saisir, de sa propre initiative,
d'un projet de règlement.
Aujourd'hui, nous ne sommes pas en séance de travail ayant pour
but de nous donner un mandat d'initiative ou ayant pour but de décider
à la double majorité d'étudier un règlement X, Y,
Z. Le règlement dont on parle n'existe pas. M. le Président, ce
dont on parle à l'heure actuelle, c'est d'un pouvoir que le
législatif serait prêt à confier au pouvoir exécutif
pour autant que le pouvoir exécutif soumette d'obligation,
législativement, au pouvoir législatif un projet de
règlement.
D'autre part, quand on nous dit, M. le Président, qu'on a les
pouvoirs de le faire, je vous souligne que vous avez participé, comme
moi, à la commission de l'Assemblée nationale la semaine
dernière et que le président de notre Assemblée nous a
bien dit que, quant aux pouvoirs des commissions parlementaires
d'étudier les règlements découlant notamment de notre
règlement, mais aussi du projet de loi 12 déposé par le
gouvernement à l'Assemblée nationale, cette réglementation
quant è la façon d'opération-naliser n'était pas
décidée, n'était pas arrêtée et que,
jusqu'à nouvel ordre, c'était un pouvoir un peu théorique,
difficile d'application. C'est pour cette raison que notre commission, à
laquelle vous comme moi siégeons, a décidé de confier
à une sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale
le pouvoir de définir et d'élaborer une méthode permettant
aux commissions parlementaires d'assumer les
responsabilités prévues à notre règlement
quant à leur pouvoir d'étudier des règlements. En
conséquence, M. le Président, je considère qu'il est
pleinement recevable et je répète, je m'excuse, que je n'ai pas
les précédents avec moi, à moins que quelqu'un n'en
ait.
Le Président (M. Bélanger): Cela me convient comme
cela. L'amendement est effectivement recevable.
Mme Lavoie-Roux: On écoute l'argumentation pour se faire
convaincre.
Le Président (M. Bélanger): Si vous voulez passer
à l'argumentation, il est recevable.
M. Rochefort: Oui, mais, juste pour les fins de la question que
la ministre m'a posée tantôt, un de nos spécialistes en
législation nous informe que, d'ailleurs, la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec, en matière de
programme...
Mme Lavoie-Roux: C'est le seul endroit.
M. Rochefort: C'en est un.
M. Sirros: C'est pour cela que c'est recevable.
L'argumentation.
Mme Lavoie-Roux: On voulait dire que c'était recevable
aussi.
M. Rochefort: M. le Président, il y a un deuxième
précédent. Le ministre des Transports, cette semaine, a
accepté de soumettre un règlement à la commission de
l'aménagement et des équipements avant que ce règlement...
Alors, cela en fait deux et cela va en faire trois.
Le Président (M. Bélanger): C'est recevable, il n'y
a pas de problème. Alors, on vous entend sur le fond de la motion, M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, l'objet de
l'amendement que nous proposons est le suivant: nous sommes prêts, comme
membres du pouvoir législatif dans nos institutions politiques, à
confier au pouvoir exécutif, représenté ici par la
ministre de la Santé et des Services sociaux et assumé par
l'ensemble des membres du Conseil des ministres du gouvernement du
Québec, un pouvoir qui nous appartient puisque, aujourd'hui, dans
l'article 5 du projet de loi 75, on vient nous demander de remettre ce pouvoir
qui nous appartient au pouvoir exécutif quant à la
définition du contenu des plans d'effectifs d'établissements et
des plans d'effectifs régionaux. On nous demande, par exemple, de leur
donner le droit de définir la forme d'un plan d'organisation, les
éléments que ce plan doit contenir et les méthodes ou
règles suivant lesquelles il doit être élaboré. On a
vu l'importance que les membres de la commission ont accordée à
cette question des deux côtés de la Chambre, tant dans les
discussions qu'on a eues en commission que dans les discussions qu'on a eues
à l'Assemblée nationale, en deuxième lecture.
M. le Président - et je répète que je n'en fais pas
du tout reproche à la ministre de la Santé et des Services
sociaux - on a vu par les réponses qu'elle nous a fournies
qu'elle-même n'a pas toutes les informations nécessaires pour bien
voir ce qu'il y aura en termes de forme, en termes d'éléments ou
en terme de méthodes ou de règles suivant lesquelles ce plan
devra être élaboré. Elle nous dit: On est en train de
préparer cela, on est en consultation avec des CRSSS. D'autre part, au
ministère - j'imagine que c'est un peu aussi au contentieux du
ministère - on est en train de préparer des
éléments là-dessus. Donc, M. le Président, on voit
que ce n'est pas quelque chose de simple.
En même temps, reconnaissons tous ensemble, pour donner du sens,
de la mesure et de la portée aux propos que tout le monde a tenus depuis
le début de l'étude du projet de loi 75, en Chambre comme ici en
commission, que c'est là qu'est la viande, la chair, le contenu
réel du projet de loi. C'est par l'application du règlement
découlant de l'article 5 que l'on saura quels seront les services qui
seront dispensés à la population du Québec, dans les
différentes régions du Québec, quelles seront les
spécialités médicales que l'on retrouvera dans la
région de l'Abitibi, dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
dans la région de la Gaspésie, du Bas-du-Fleuve, des
Îles-de-la-Madeleine, sur la Côte-Nord, à Montréal ou
à Québec. C'est donc à partir de ces règlements que
nous serons en mesure de servir la population et de répondre à
ses besoins.
M. le Président, nous considérons qu'il s'agit là
de questions fondamentales. C'est à partir du contenu de ces
règlements que les conseils régionaux pourront adopter, approuver
ou modifier, le cas échéant, des plans d'effectifs locaux. C'est
à partir du contenu de ces règlements que la ministre de la
Santé et des Services sociaux pourra approuver ou modifier, le cas
échéant, des plans d'effectifs régionaux et des plans
d'effectifs d'établissements.
M. le Président, je pense que, tout en étant prêts
à remettre entre les mains du pouvoir exécutif le pouvoir
d'élaborer ces règlements, c'est la moindre des choses que, avant
que ce règlement ait force juridique, s'applique concrètement sur
le terrain, soit appliqué quant à la définition des
services
qui seront dispensés à la population, les membres de la
commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale du
Québec puissent, une dernière fois, se pencher non pas sur
l'ensemble du projet de loi - on en aura disposé - mais sur le contenu
du règlement, de façon à bien s'assurer qu'il est conforme
à ce que les membres de l'Assemblée nationale souhaitaient
lorsqu'ils ont remis entre les mains du pouvoir exécutif ce pouvoir qui
leur appartient jusqu'à maintenant.
M. le Président, à partir de la mécanique qui est
prévue dans l'amendement que je dépose, il n'y a aucune lourdeur
et il n'y aura aucun délai additionnel qui sera apporté à
la procédure et à l'échéancier que s'est
fixés la ministre et que nous étudierons un peu plus loin, mais
pour lesquels elle a déjà annoncé des amendements qui, je
pense, permettront d'atteindre l'ensemble des objectifs que l'on se fixe.
Je dirai en dernier lieu à la ministre de la Santé et des
Services sociaux que je pense que c'est peut-être aussi une façon
d'imiter les gestes qu'elle a posés lorsqu'elle présidait la
commission des affaires sociales, lorsqu'elle était critique de sa
formation politique, alors dans l'Opposition, en matière de santé
et de services sociaux où, à plusieurs reprises, et
c'était bien qu'elle le fasse, M. le Président, elle a
souhaité que sa commission étudie des projets de règlement
déposés par l'exécutif. Je pense que, l'on a vu que
c'était un exercice qui n'était pas inutile puisqu'elle a
récidivé sur ces questions, et avec raison quant à moi, M.
le Président. Je pense que si l'on veut aussi donner un certain poids,
un certain sens, une certaine dimension concrète à la
réforme parlementaire dont nous nous sommes dotés à
l'unanimité des partis et des membres de l'Assemblée nationale,
il y a là un moyen intéressant de permettre à des
députés de pouvoir mieux assumer leur rôle.
Là-dessus, je m'adresse à tous les membres de la
commission; on sait qu'une des plaies non pas seulement du nôtre, mais
des régimes parlementaires de type britannique, c'est que, de plus en
plus, la législation, dans les faits, se fait à partir du pouvoir
réglementaire, donc, par l'exécutif et non par le pouvoir
législatif. Combien de fois on entend, quand on discute entre nous,
quand des gens font des études sur la réforme parlementaire, des
députés ou des ex-députés nous dire: Dans le fond,
on n'est plus les législateurs; la législation, cela se fait par
législation déléguée, donc, par le Conseil
exécutif. Pourtant, on a été élus pour aller
à Québec faire des lois, on a été élus parce
qu'on représentait la population dans le cadre de l'élaboration
des lois et pour revaloriser notre rôle, pour lui donner plus de poids,
pour renouer avec la tradition et avec le rôle qui était celui des
députés il y a trente ou quarante ans, on voudrait retrouver
notre pouvoir d'un meilleur contrôle, notamment, sur la
législation.
Je pense que, par l'amendement que nous apportons, nous concilions
à la fois l'évolution qu'a connue la façon de
légiférer qui est celle, de plus en plus, de
déléguer à l'exécutif des pouvoirs qui
relèvent de l'Assemblée nationale, mais, en même temps, qui
est opérationnelle, fonctionnelle et qui, quand même, permet d'y
aller dans un rythme et dans des délais qui permettent de donner leur
sens, leur portée et leur pleine mesure aux lois. Mais, en même
temps, M. le Président, cela répond à cette
préoccupation des parlementaires en général de dire: Oui,
on va quand même assumer notre rôle de législateur mais,
tout en donnant notre pouvoir au Conseil exécutif de
légiférer sur certaines matières, on aura l'occasion aussi
de se pencher sur le contenu des règlements.
M. le Président, il s'agit là d'un exercice auquel
l'ensemble des députés de cette commission sera heureux de
participer, d'autant plus que ceux-ci proviennent de régions
différentes les unes des autres et qu'ils voudront bien voir, par
exemple, comment tel règlement appliqué dans leur région
donnera les services que leur population souhaite obtenir. Il y aura
déjà là un lieu pour eux de faire des
représentations auprès de l'exécutif quant à la
façon retenue par celui-ci pour offrir des services de santé dans
leur circonscription.
M. le Président, c'est une façon réelle pour un
député de participer au pouvoir législatif pour lequel il
a été élu et pour lequel, plus souvent qu'autrement, il
exprime des frustrations légitimes et fondées.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le souci du
député de Gouin d'assumer totalement son rôle de
législateur est tout à fait justifié. Mais je voudrais
vous faire remarquer - d'ailleurs, il l'a souligné lui-même et
m'en a même félicité - qu'au moment où
j'étais présidente de la commission des affaires sociales, et ce
à quelques reprises - cela n'a quand même pas une très
longue vie; maintenant, cela fait tout près de deux ans, mais, en tout
cas, depuis la création de la réforme parlementaire - les
commissions parlementaires avaient et ont encore toute la latitude pour
convoquer. Si les membres - à ce moment-ci, je n'ai pas à
m'immiscer là-dedans - de la commission des affaires sociales
désirent étudier un règlement en commission parlementaire,
ils ont tout le loisir de le faire et c'est la prérogative que j'ai
utilisée lorsque j'étais présidente de la commission des
affaires sociales avec le consentement de
mes collègues. Ceci pourra se faire tout aussi bien maintenant et
je ne vois pas pourquoi on vient introduire...
Quelqu'un souligne qu'il devrait suivre mon exemple, mais, à mon
point de vue, il n'y a rien qui empêche les parlementaires d'utiliser la
commission parlementaire, si tel est leur désir, pour étudier un
règlement. C'est prévu. Ce n'était pas le cas autrefois;
on dépendait de la bonne volonté du ministre et, si le ministre
s'y opposait, on ne pouvait pas. Mais, aujourd'hui justement, les
règlements peuvent être étudiés en commission
parlementaire à partir de l'initiative des commissions parlementaires.
Pour cette raison, nous n'accepterons pas de voter pour l'amendement du
député de Gouin.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: M. le Président, Mme la ministre nous a
avoué tout à l'heure que son projet de loi, évidemment,
sans la réglementation est très incomplet. Elle nous avoue cela,
elle nous demande d'étudier le projet de loi, puis elle nous dit: C'est
bien sûr que la réglementation peut changer plein de choses
là-dedans. Elle nous demande comme parlementaires de poser un geste, de
se prononcer sur des principes généraux, sachant très bien
que la chair, le contenu réel du projet de loi est dans la
réglementation et que cela sera fait par son équipe de
fonctionnaires.
La ministre dit également qu'au temps où elle était
députée elle aurait souhaité qu'on puisse étudier
en commission parlementaire les règlements des différents projets
de loi déposés. J'essaie de concilier une pareille attitude:
quelqu'un qui avoue que son projet de loi trouvera sa substance dans la
réglementation, qui avoue également que la réglementation
n'est pas prête, qui avoue l'importance pour les parlementaires
d'étudier son projet de loi et de se prononcer sur lui et qui arrive au
bout et dit: Non, je n'accepte pas de m'imposer cette obligation de soumettre
la réglementation à la commission parlementaire. Hier, alors que
l'on demandait à la ministre de déposer la réglementation
et qu'elle évoquait le fait qu'elle n'était pas prête
à ce moment-ci pour ne pas la déposer, on va être
obligé de croire que cela n'était qu'un faux-fuyant. La ministre,
même si elle avait eu la réglementation, de par son attitude
aujourd'hui, nous démontre simplement qu'elle n'est pas
intéressée du tout à ce que la commission étudie
cette réglementation. Elle se cache pour cela derrière un certain
mandat d'initiative que l'on pourrait éventuellement demander, ici,
à la commission.
Elle sait très bien que la commission, M. le Président, a
déjà entrepris ses travaux, a déjà des pistes de
mandat d'initiative, a déjà commencé à faire des
recherches et elle voudrait qu'on ajoute avec la question de la double
majorité - on sait que c'est nécessaire - cette
question-là, sachant très bien que, dans sa formation politique,
les députés prendront sur eux l'odieux de dire non, alors qu'elle
sortira blanchie de cette opération.
M. le Président, il nous apparaît juste et
raisonnable...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Roberval, je m'excuse de vous interrompre. Il est
présentement 13 heures et nous devons suspendre nos travaux. Je dois
vous rappeler que...
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais qu'on essaie de
préciser comment on fonctionne cet après-midi. On se retrouve
à 15 heures, mais c'est pour la loi sur le Régime de rentes.
Le Président (M. Bélanger): C'est ce que j'allais
vous dire. Si vous le permettez, nous suspendons jusqu'à 15 heures.
À 15 heures cet après-midi, selon l'ordre du leader et ce qui a
été déposé au feuilleton, nous commencerons par le
projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur le Régime de rentes du
Québec. Nous continuerons ensuite l'étude article par article du
projet de loi 75. Donc, nous suspendons jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 11)
Projet de loi 77
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaîti Je demanderais à chacun de reprendre sa place. La
commission des affaires sociales se réunit aux fins de faire
l'étude détaillée du projet de loi 77, Loi modifiant la
Loi sur le régime de rentes du Québec. Mme la secrétaire,
est-ce qu'il y a des remplacements à annoncer?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Chevrette
(Joliette) sera remplacé par M. Charbonneau (Verchères). C'est
tout.
Le Président (M. Bélanger): C'est tout? La
Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Bélanger): La séance est
ouverte et j'appelle le projet de loi. M. le ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu.
Remarques préliminaires
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le
Président, très brièvement, je rappelle l'objet du
projet de loi. Le seul objet du projet de loi est de hausser annuellement le
taux de cotisation au Régime de rentes du Québec pendant cinq ans
à compter du 1er janvier 1987. Le taux passera de 3,6 % à 4,6 %
à la cinquième année.
Le projet de loi contient à peine neuf articles. Le premier fixe
les taux et les autres articles sont de concordance. Étant donné
que tous les ministres des Finances provinciaux et le ministre des Finances du
Canada se sont prononcés en signant une entente à ce sujet, et
que le gouvernement qui nous a précédé, sous la plume de
l'ex-ministre des Finances, M. Yves Duhaime, le 25 avril 1985, a fait
connaître la position de ceux et celles qui nous ont
précédé comme gouvernement, je dois conclure que tous les
ministres des Finances, c'est-à-dire les onze ministres actuels au pays
et un douzième, s'il faut ajouter le nom de Me Yves Duhaime, se sont
prononcés en faveur de cette augmentation du taux de 0,2 % par
année au cours des cinq prochaines années.
Je constate - et je la remercie - que l'Opposition a voté en
faveur du principe du projet de loi en deuxième lecture et que le seul
principe du projet de loi est d'augmenter de 0,2 %, au cours des cinq
prochaines années, le taux de cotisation a la Régie des rentes du
Québec. Je soutiens respectueusement, M. le Président, que nous
sommes prêts à passer à l'étude, article par
article, dudit projet de loi. Nous vous indiquons, encore une fois, que
l'article 1 est celui qui prévoit l'augmentation des taux et, à
moins que l'Opposition nous indique le contraire, nos spécialistes nous
indiquent que les autres articles sont des articles de concordance.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je comprends que le ministre ait parfois beaucoup
de difficulté à résister à la tentation de nous en
envoyer quelques "petites vîtes". Je sais parfois qu'il demande que nous
ayons nos propres documents pour pouvoir mieux utiliser ses talents de
batailleur, ceci dit dans le sens noble du terme.
La seule chose que je voudrais dire à ce moment-ci, à la
suite des remarques du ministre, c'est qu'il n'y a pas de contradiction dans le
fait que le ministre Duhaime, alors qu'il était ministre des Finances,
ait indiqué qu'il était favorable à cela, car
c'était la position minimum. Le livre orange allait plus loin et
débordait le problème initial. Au moment où M. Duhaime a
signé cette lettre, rien n'avait été, premièrement,
arrêté par le Conseil des ministres et globalement
présenté. Je ne crois pas que la position de M. Duhaime...
Pouvez-vous nous donner encore la date de la lettre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Concernant la position de M.
Duhaime, la date de la lettre est le 25 avril 1985.
M. Charbonneau: Bon.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant au document en tant que tel,
j'ai tenté de retrouver une date. La seule date que j'ai pu retrouver,
peut-être la plus tardive, c'est celle du dépôt
légal, deuxième trimestre 1985, Bibliothèque nationale du
Québec. Aucune autre date n'est inscrite au document.
M. Charbonneau: II semble que le document ait été
déposé la même journée que la lettre si on regarde
la revue de presse pour se souvenir. Finalement, dans le fond, ce qu'il faut
comprendre c'est qu'il y avait une position minimale qui était
expliquée par la lettre de M. Duhaime, d'une part, et il y avait aussi
une ouverture plus grande qu'on retrouvait dans le livre orange qui
était toute la problématique de la sécurité du
revenu à la retraite. Si on voulait l'aborder d'une façon plus
globale, se donner les moyens de bonifier le régime, non pas uniquement
d'assainir la situation financière de la caisse, et faire en sorte
qu'elle ne se vide pas, il fallait se donner les moyens de faire cette
bonification. On ne refera pas les débats de deuxième lecture,
mais je crois qu'on a dit au ministre qu'on était d'accord avec le
minimum, d'autant plus qu'il nous a rappelé cette lettre. Je crois que
c'était normal qu'il le fasse mais, comme je l'indique, il n'y a pas de
contradiction. Nous ne serions donc pas mal à l'aise. Sauf que la seule
chose, comme je l'ai dit au ministre, est qu'on croit qu'il aurait
peut-être été préférable de ne pas se
précipiter lors de cette conférence
fédérale-provinciale pour signer le minimum maintenant, le
lendemain de l'assermentation. De toute façon, on a débattu de
cela longuement à l'Assemblée et on pourra toujours y revenir
à l'occasion des discours de troisième lecture.
Juste une question préliminaire au ministre. Il y avait deux
choses dans l'entente fédérale-provinciale du 13 décembre.
Il y avait la hausse du taux de cotisation et il y avait un mécanisme de
financement, les modalités de financement, si je me rappelle bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison, il y avait deux
éléments. Il y avait un premier élément qui portait
sur les cinq premières années, il y avait un autre
élément qui portait sur un engagement du gouvernement, sans fixer
les taux, pour 25
ans. La décision du cabinet, je me le rappelle très bien,
a été de ne lier aucun gouvernement futur, quel qu'il aoit, pour
plus de cinq ans. C'est pourquoi le projet de loi est limité à
cinq ans. Les autres gouvernements auraient souhaité qu'il y ait une
décision ministérielle qui liait, en fonction d'une formule, pour
25 ans et nous nous sommes opposés à lier les gouvernements
futurs de la province de Québec.
M. Charbonneau: II n'y a donc pas ce qu'on avait dit à
l'issue de cette conférence fédérale-provinciale, une
espèce de formule de financement qui faisait qu'à tous les deux
ans... C'est-à-dire qu'on prévoyait un renflouement en tenant
compte de deux années d'approvisionnement de la caisse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais ce que vous voulez dire,
de conserver en caisse... Il n'y a pas eu de consensus, M. le
député de Verchères, sur la réserve basée
sur un facteur de deux ans.
M. Charbonneau: II n'y a pas eu de consensus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Charbonneau: On avait dit qu'il y avait eu un compromis sur un
mode de financement et que les ministres auraient retenu une version
amendée de la formule 5.20.2 décrite dans l'énoncé
d'orientation» donc dans le livre orange, et l'échelle des taux
était étalée sur 25 ans, la révision des
barèmes se ferait à tous les cinq ans et les réserves
seraient équivalentes à deux années de prestations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que le Conseil des
ministres a refusé.
M. Charbonneau: Vous avez refusé cela!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a refusé cela. On a
accepté ce que vous retrouvez dans le présent projet de loi, pour
les cinq prochaines années, 0,2 % par année. Il n'y a rien
d'autre pour les années futures, ayant voulu laisser au gouvernement
actuel et au gouvernement futur la marge de manoeuvre nécessaire pour
effectuer les ajustements requis en fonction des orientations
économiques et sociales que les gouvernements voudront bien prendre.
M. Charbonneau: Très bien. Est-ce que les partenaires de
la fédération ont été informés par
lettre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas vous indiquer si
c'est par lettre, mais ils ont été informés de cette
décision parce qu'ils ont choisi de prendre une autre décision.
Mais le fait est que pour les cinq prochaines années la décision
prise au Québec concorde exactement avec la décision prise dans
les autres provinces et au niveau fédéral. Le système,
pour les cinq prochaines années, est donc un système
homogène sur le plan pancanadien. On m'indique que le ministre des
Finances du Québec a communiqué la position du gouvernement du
Québec aux autres ministres des Finances.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est possible...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que ce n'est pas par
lettre.
M. Charbonneau: Ce n'est pas par lettre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ignore si c'est par lettre.
Vous retrouverez sans doute un jour le dossier.
M. Charbonneau: On lui demandera tantôt à son
trentième...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans vos caisses de documents.
M. Charbonneau: Malheureusement, cela arrête au 2
décembre. On est en train de se faire un réseau, mais pour le
moment... Il faut que je remette à profit ma technique
journalistique.
Le Président (M. Bélanger): Qu'est-ce qui s'est
passé le 2 décembre?
M. Charbonneau: Un accident de parcours qui vous permet
d'être là, d'ailleurs. Cela va, je pense qu'on peut y aller.
Le Président (M. Bélanger): Cela va? Donc, on peut
passer à l'étude de l'article 1, si je comprends bien. D'accord.
J'appelle l'article 1. M. le ministre.
Étude détaillée Taux de
contribution
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 1 vise à modifier
l'article 44.1 de la Loi sur le régime de rentes. Pour les 1966 à
1986, le taux de contribution est de 3,6 %. Pour les années 1987, 1988,
1989, 1990 et 1991, le taux de contribution est pour chaque année 3,8 %,
4 %, 4,2 %, 4,4 % et 4,6 % respectivement. Le taux de contribution pour les
années 1987 à 1991 inclusivement a fait l'objet d'un consensus
des ministres des Finances du Canada et des provinces lors de leur
réunion du 13 décembre 1985. Il y a également une lettre
de M. Yves Duhaime,
du 25 avril 1985, confirmant la position du gouvernement
précédent au même effet.
M. Charbonneau: M. le Président, le ministre tient
vraiment à ce qu'on mette les points sur les i.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les virgules aussi.
M. Charbonneau: Les virgules aussi, moi je peux mettre même
les points-virgules, s'il le veut. Je trouve qu'il a lu une bonne analyse d'un
de ses fonctionnaires, mais qu'il aurait dû, par ailleurs, ajouter que la
lettre du ministre des Finances était peut être une position
minimale du précédent gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'a indiqué simplement
cette partie de la lettre du ministre voulant sans doute éviter que je
nV'autofilibuste".
M. Charbonneau: Connaissant sans doute votre propension et votre
habilité à "filibuster", ils ont bien fait, mais la
vérité a de ces droits qui nécessitent qu'on fasse les
arrimages entre une certaine lettre et un certain document orange. Juste aux
fins du Journal des débats - le ministre, j'en suis convaincu, le sait
très bien et ne peut pas l'ignorer - il y a une position minimum et une
position maximum et, entre les deux, il faudrait avoir une marge de
négociation, mais là ce qu'on a, c'est la position minimale,
point.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux bien retenir
l'argumentation du député de Verchères quant à
l'arrimage qu'il y aura sans doute possibilité de faire un jour
lorsqu'on relira l'histoire entre le document qui est paru la même
journée que la lettre du ministre des Finances a été
adressée au ministre des Finances du Canada. Ce que je retiens, c'est
qu'au moment où on s'en va pour consultation, quant au Régime de
rentes, "Agir maintenant pour demain", c'est-à-dire maintenant, au
même moment le gouvernement du Québec indique que pour les cinq
prochaines années sa position va être une augmentation de 0,2 %
par année et, au même moment, on dit à la population qu'on
la consulte à partir d'une base qui n'est pas celle-là. J'imagine
que, si on veut effectuer l'arrimage dont me parle le député de
Verchères, il faut se projeter dans le temps et indiquer que la
consultation était pour les années après 1991, et sans
doute pas pour les années où le gouvernement avait
déjà pris position.
Le gouvernement ayant pris position, s'il faisait semblant de consulter,
cela aurait été scandaleux. Je tiens pour acquis que l'arrimage
dont il me parle, s'il n'y a pas de contradiction entre les deux documents,
c'est que, pour les cinq premières années, le gouvernement a pris
sa décision, l'a indiquée aux autres ministres des Finances. Ce
n'est pas le ministre des Finances qui avait pris position, mais le
gouvernement du Québec, du Parti québécois, et, la
même journée, on a décidé de consulter la
population. Ce n'est sans doute pas sur une décision qui était
déjà prise qu'on consultait la population. Cela devait être
pour les autres années plus tard, et, là, je pourrais voir une
certaine forme d'arrimage. Sinon, si c'était pour les mêmes
années, on serait en pleine contradiction. Je suis certain que le
député en aurait été informé.
M. Charbonneau: On va juste arrimer un peu le ministre et cela va
bien aller après, vous allez voir cela. il n'y a pas de contradiction
parce que, dans la mesure où le gouvernement aurait décidé
après la consultation de bonifier le système, et qu'il y aurait
eu un consensus dans la société, rien n'aurait
empêché le gouvernement de faire cavalier seul à cet
égard et d'augmenter les hausses, c'est-à-dire de hausser plus
que le minimum sur lequel il pouvait y avoir une espèce de
possibilité d'entente avec l'ensemble des partenaires de la
fédération canadienne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a renié sa signature.
Est-ce que vous avez lu la lettre?
M. Charbonneau: II ne s'agit pas de renier parce que dans la
mesure où, par exemple... Vous venez de nous parler d'une partie
d'entente que vous avez laissé tomber. Vous n'êtes pas pour nous
faire la leçon. Écoutez, vous venez de nous dire que le 13 vous
vous étiez entendus sur deux éléments et vous en avez
laissé tomber un au Conseil des ministres, et puis vous ne le retrouvez
pas dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non...
M. Charbonneau: Ce que je vous dis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'excuse, M. le
Président...
M. Charbonneau: M. le Président, je vais terminer mon
intervention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Je veux lui expliquer
qu'on n'a pas renié d'ententes parce que les ententes qui avaient
été prises par le ministre des Finances étaient sujettes
à confirmation par le gouvernement...
M. Charbonneau: Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...du Québec tandis que
cette lettre indique la position du gouvernement. C'est différent.
M. Charbonneaue M. le Président, on ne fera pas de chicane
pour savoir qui va marquer le plus de points sur cela, on n'augmentera pas nos
sondages de 3 % en faveur de l'un ou de l'autre avec cela. Je pense que le
ministre va en convenir aussi. Puis encore, puis encore!
Une voix: Parlez-vous du quotient ou bien du sondage?
Des voix: Hal Ha! Ha!
M. Charbonneau: J'aime autant ne pas répondre à
cela, M. !e Président. Cela pourrait être compromettant pour
certains.
Ce que je dis au ministre, dans le fond, c'est qu'il n'y a pas de
contradiction parce qu'il y avait possibilité, è la suite de la
consultation qui devait être entreprise à l'automne...
Une voix: À l'été,
M. Charbonneau: Non, à l'automne. Je vous fournirai le
calendrier des consultations. Vous pourriez peut-être trouver cela dans
vos boîtes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, dans l'agenda de Mme Marois
pour sa tournée, c'était à l'été.
M. Charbonneau: Non, à l'automne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'été. Je les
ai.
M. Charbonneau: En tout cas, M. le Président, que ce soit
l'été ou l'automne - je maintiens que c'est l'automne - de toute
façon.».
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela tombait pendant sa campagne
au leadership.
M. Charbonneau: Ce que je dis au ministre, c'est que si cette
consultation avait été positive dans le sens d'aller plus loin
que la lettre du ministre des Finances, autrement dit la position que le
Québec était prêt à défendre parce qu'il ne
faut pas oublier qu'à cet égard-là, quand le gouvernement
a écrit aux autres ministres des Finances, un peu partout au Canada,
eux, ils voulaient 1,5 %... Que le ministre révise ses points.
C'était 1,5 % qu'ils voulaient. Donc, déjà, on mettait un
plancher qui, pour nous, était vraiment... En bas de cela, on n'y va
pas. Par la suite, la consultation s'engageait. C'est évident - on ne
l'a pas caché dans les discussions qu'on a eues jusqu'à
maintenant - que d'augmenter plus que ce que le gouvernement a accepté
d'augmenter, soit 0,2 %, cela avait des conséquences et des fardeaux
additionnels à imposer aux entreprises et aux salariés et qu'on
ne pouvait pas aller au-delà de cela sans qu'il y ait un assez large
consensus dans la population et que les gens voient les enjeux et qu'ils
comprennent le principe de l'assurance, parce que c'est un système
d'assurance, dans le fond. Si tu t'assures aujourd'hui, tu paies aujourd'hui
pour quelque chose qui va arriver plus tard. C'est clair que c'est le genre de
discussions souvent difficiles à faire accepter parce que les gens
voudraient payer tout de suite et avoir les bénéfices maintenant.
Dans la mesure où on paie tout de suite et qu'on a les
bénéfices dans 25 ans ou dans 20 ans, au moment de la retraite,
en politique, ce n'est souvent pas facile de gouverner pour les 25 ou 30
prochaines années et de prendre des décisions qui peuvent
être difficiles à avaler maintenant, moins populaires maintenant,
mais qui, néanmoins, peuvent avoir un effet bénéfique.
Donc, c'est clair qu'il fallait un consensus plus large. Vous pouvez
différer d'opinion sur l'interprétation de la lettre du ministre
Duhaime, mais quoi qu'il en soit, à notre avis, il n'y avait pas de
contradiction. Il y avait un plancher avec lequel on s'apprêtait à
négocier et, de toute façon, on était conscient qu'il
fallait qu'on le fasse assez rapidement. Quant au consensus qu'on souhaitait
développer à travers la consultation, si elle avait pu se faire
et si, effectivement, il avait pu y avoir un consensus suffisant pour que,
politiquement, quel que soit le gouvernement, on puisse avancer dans cette
direction de bonification et augmenter le pourcentage de cotisation, je pense
qu'on y serait allé.
De toute façon, M. le Président, quant à l'article
1, il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc
l'article 1. Est-ce qu'il est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 2.
Il se lit comme ceci: "L'article 50 de cette loi est modifié par le
remplacement de ce qui précède le paragraphe a par ce qui suit:
50. Le salarié doit, par déduction à la source, payer une
contribution égale au produit de la moitié du taux de
contribution pour l'année par le moindre des deux montants suivants:"
C'est cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vos
commentaires.
M. Charbonneau: C'est bien clair, c'est bien technique. (15 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit, comme je l'ai
indiqué tantôt, d'un amendement de concordance avec le nouvel
article 44.1. Le taux de 1,8 % est remplacé par "la moitié du
taux de contribution". Cela ne change rien à la situation actuelle.
Quant aux salariés: employés 50 %, employeurs 50 %, exemple
à 4 %, 2 %, 2 %, travailleurs autonomes, je vous réfère
à l'article 53.
M. Charbonneau: Très bien. Des voix:
Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article 3.
L'article 3 se lit comme suit. "L'article 51 de cette loi est modifié
par le remplacement de ce qui précède le paragraphe a par ce qui
suit: 51. Un salarié est censé avoir versé un
excédent de contribution lorsque, pour une année donnée,
la totalité des déductions à la source faites sur son
salaire en vertu de la présente loi ou d'un régime
équivalent excède le produit de la moitié du taux de
contribution pour l'année par le moindre des montants suivants". M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit encore une fois d'un
amendement de concordance avec le nouvel article 44.1. Cela ne change rien
à la situation actuelle. Le taux de 1,8 % est remplacé par la
moitié du taux de contribution. Si c'est plus de la moitié,
l'excédent est remboursé au moment où il y a ajustement
sur la formule d'impôt du contribuable.
M. Charbonneau: Le ministre est tellement convaincant, M. le
Président, que l'on va adopter l'article 3.
Le Président (M. Bélanger): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4. "L'article 53 de cette loi est
modifié par le remplacement de ce qui précède le
paragraphe a par ce qui suit: 53. Le travailleur autonome doit payer, pour
chaque année, une contribution égale au produit du taux de
contribution pour l'année par le moindre des montants suivants". M, le
ministre.
M. Charbonneau: ...montants suivants, c'est dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit d'un amendement de
concordance avec le nouvel article 44.1. Cela ne change rien à la
situation actuelle. Le taux de 3,6 % est remplacé par le taux de
contribution lorsqu'il passe à 3,8 %, à 4 %, à 4,2 %,
etc.
M. Charbonneau: Comme on a un taux variable qui va changer
à toutes les années...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À tous les ans.
M. Charbonneau: ...on a un système qui ne nous oblige pas
à revenir à chaque fois. Très bien!
Le Président (M. Bélanger): L'article 4 est-il
adapté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adapté, merci.
L'article 5. "L'article 56 de cette loi est modifié par le remplacement
de ce qui précède le paragraphe b par ce qui suit: 56. Le salaire
d'un travailleur sur lequel une contribution a été versée
pour une année est égal au montant obtenu en divisant par la
moitié du taux de contribution pour l'année la somme des montants
suivants: a) le total des déductions à la source prescrites pour
l'année, moins le montant de tout remboursement de telles
déductions fait en vertu de l'article 78, ou qui aurait
été fait en vertu de cet article si aucune entente n'était
intervenue en vertu de l'article 79;" M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme M. le député
de Verchères aura sans doute compris...
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...le début de cet article
est modifié en concordance avec le nouvel article 44.1. Cela ne change
rien à la situation actuelle, mais cela tient compte du fait que le taux
de contribution change à chaque année. L'amendement à
l'alinéa a vise à corriger une faute de grammaire. J'ai une note
ici qui indique que 500/9 est une autre façon de dire 1,8%.
C'est-à-dire que, lorsqu'on divise 1,8%, on multiplie par 500/9. Cet
article est utilisé pour permettre à la régie de
retranscrire dans ses listes le salaire sur lequel un individu a
contribué au régime. En effet, la régie ne reçoit
du ministère du Revenu que la contribution au régime.
M. Charbonneau: Les notes de la régie étant
à ce point précises, ma limpidité égale celle du
ministre, M. le Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, à partir du
moment où on a compris que diviser 1,8 %, cela équivaut à
multiplier par 500/9, on a compris l'essence même de cet amendement.
M. Charbonneau: M. le Président, les
abc sont toujours essentiels quand on veut bien fonctionner.
L'impartant, c'est de ne pas oublier la barre. L'article 5 est
adopté.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Bélanger): L'article 5 est
adopté. C'est clair obscur, mais on se comprend. C'est ce que je
retiens.
M. Charbonneau: M. le Président, quand le projet de loi
sur la réforme de l'aide sociale sera aussi clair et limpide, il n'y
aura pas de problème.
Le Président (M. Bélanger): L'article 6. A
l'article 6, on dit: "L'article 58 de cette loi est remplacé par le
suivant: 58. Lorsque la déclaration produite par un employeur indique le
montant du salaire sur lequel une contribution a été
versée par un salarié pour une année, un montant
égal au produit de la moitié du taux de contribution pour
l'année par le montant indiqué dans cette déclaration
peut, dans les circonstances prescrites, être substitué, dans le
calcul du montant visé à l'article 56, au montant indiqué
dans cette déclaration comme la totalité des déductions
à la source pour l'année à l'égard de ce
salarié."
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit strictement d'un
amendement de concordance qui ne change absolument rien à la situation
actuelle.
M. Charbonneau: M. le Président, est-ce que le ministre
ainsi que ses collègues pourraient demander aux légistes de
mettre des points de temps en temps pour faire des phrases un peu plus
courtes?
Le Président (M. Bélanger): Celui qui rédige
ça, cela lui prend du souffle pour le lire.
M. Charbonneau: Cela prend du souffle pour le lire et cela prend
une maudite bonne mémoire pour ne pas oublier le début.
Le Président (M. Bélanger): Mais c'est juste pour
la concordance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'il s'agit
simplement de règles de concordance avec le ministère du Revenu.
Cela n'affecte pas le citoyen. S'il fallait que cela affecte le citoyen, en
vertu du principe que nul n'est censé ignorer ou
méconnaître la loi, on aurait certaines difficultés
d'application. Étant donné qu'il s'agit de règles internes
entre les fonctionnaires de la régie et les fonctionnaires du
ministère du Revenu et que la clientèle visée n'est pas
affectée, je vous soumets que, la phrase étant bien longue, nous
pouvons compter sur la disponibilité d'un président qui est
encore jeune et qui, suivant les derniers témoignages que j'ai entendus,
avait encore un certain souffle.
Une voix: À ne pas lire par un asthmatique.
M. Charbonneau: Néanmoins, le ministre conviendra... Moi,
j'ai toujours reproché depuis dix ans... Je ne suis pas avocat, mais lui
il l'est; je ne sais pas lequel de nous a le problème, d'ailleurs. M. le
Président, si on veut faire en sorte que nos lois soient un peu plus
accessibles au monde ordinaire, il faudrait ne pas avoir besoin de formation en
droit, de maîtrise en droit pour les lire. Il me semble qu'il y aurait
moyen d'écrire les choses autrement. D'abord, on réussit toujours
avec les notes explicatives. On est toujours surpris de voir que les notes
explicatives sont claires et que, lorsqu'on arrive aux articles de loi, eux,
ils ne sont pas clairs. Je comprends que la technique juridique et
législative a ses contraintes, mais il y a une marge parfois. Ceci
étant dit, adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. S'il
vous plaît, il faut comprendre que les lois sont faites pour faire vivre
les avocats. Il faut le croire, enfin.
M. Charbonneau: M. le Président, c'est le temps des
compressions.
M. Rochefort: De la part d'un président de commission,
c'est intéressant.
Le Président (M. Bélanger): Article 7. "L'article
98 de cette loi est modifié par lg remplacement des sous-paragraphes 1
et 2 du paragraphe b du premier alinéa par les suivants: "1° Le
total de son salaire sur lequel une contribution a été
versée et du montant obtenu en divisant sa contribution à
l'égard de ses gains d'un travail autonome par le taux de contribution
pour l'année; "2° le total, déterminé de la
manière prescrite, de son salaire sur lequel une contribution a
été versée en vertu d'un régime équivalent
et du montant obtenu en divisant sa contribution en vertu d'un tel
régime à l'égard de ses gains d'un travail autonome par le
taux de contribution pour l'année pour un travailleur autonome
déterminé en vertu d'un tel régime, et," Cela
s'arrête là.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on peut vous demander de nous
l'expliquer un peu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, si vous me
le permettez, cela
semble clair pour autant qu'on se rappelle le principe que j'ai eu
l'occasion d'expliquer, il y a deux articles, a l'article 5. C'est un
amendement, encore une fois, de concordance avec l'article 44.1 qui ne change
rien à la situation actuelle. Mais étant donné que vous
avez déjà accepté et adopté le principe que 1,8%
égale 500/9, vous comprendrez aisément que 3,6% égale
500/18.
Une voix: Avec la barre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plattl Y
a-t-il d'autres commentaires?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Article
B. "L'article 216 de cette loi est remplacé par le suivant: "216. Au
moins une fois tous les cinq ans, la régie doit faire préparer
une évaluation actuarielle de l'application de la présente loi et
de l'état du compte de la régie. Le rapport consécutif
à cette évaluation doit contenir notamment, pour chacune des 10
années subséquentes et pour chaque cinquième année
d'une période globale d'au moins 20 ans par la suite, une estimation des
revenus et des dépenses de la régie ainsi qu'une étude de
leur effet à long terme sur l'accumulation de la réserve. "Cette
évaluation se fait en utilisant les taux de contribution fixés
à l'article 44.1. Au cas où, pour une année donnée,
aucun taux n'aurait été fixé, c'est celui fixé en
dernier lieu qui est utilisé."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est encore plus
facilement compréhensible. Cet article est modifié pour indiquer
que le rapport quinquennal de la régie doit contenir des recommandations
relatives à la hausse du taux de contribution permettant d'assurer la
sécurité financière du régime. Cet article est
important. Au lieu -je vous indique les changements - de "analyse actuarielle",
on parle maintenant de "évaluation actuarielle"; au lieu de "Cette
étude doit contenir, en particulier", on indique "Le rapport
consécutif à cette évaluation doit contenir notamment". Il
est plus spécifique que par le passé, de façon que, dans
le rapport, les parlementaires aient une compréhension plus facile de la
solidité, si je peux utiliser cette expression, actuarielle de notre
régime lorsqu'ils seront appelés, dans cinq ans, à
réévaluer la position et à statuer sur des taux de
diminution mais j'en doute - ou des taux d'augmentation des contributions et
qu'ils aient de meilleurs renseignements pour le faire.
M. Charbonneau: Deux choses, M. le Président. "Au moins
une fois tous les cinq ans", j'ai l'impression qu'on pourrait avoir un
problème avec cela. On a adopté des augmentations pour les cinq
prochaines années. Si on l'interprétait très rigidement,
on pourrait attendre à la fin de la période pour avoir une
évaluation pour la suite...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et on serait trop tard.
M. Charbonneau: ...et on serait trop tard.
Je me demande si le ministre ne pourrait pas trouver une formulation qui
ferait en sorte que, au moins un an avant la fin de la période de cinq
ans, ou même deux ans avant, on puisse avoir une évaluation, parce
qu'on aurait au moins une année, par la suite, pour
évaluer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour réagir.
M. Charbonneau: ...les impacts et voir ce qui pourrait arriver.
C'est mon premier point.
Le deuxième, c'est: À qui est remise cette
évaluation? Peut-être qu'on pourrait prévoir que cette
évaluation pourrait être déposée à
l'Assemblée nationale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le dépôt à
l'Assemblée est prévu, sauf erreur. Mais, pour la période
de deux ans, je fais preuve d'une ouverture d'esprit, on va vérifier,
car c'est quelque chose qui m'apparaît essentiel pour que les
parlementaires aient accès à ce type d'information et qu'ils ne
soient pas en position de réaction, mais bien en position d'action face
aux modifications. En vertu de l'article 218, le rapport actuariel est
déposé à l'Assemblée nationale. Cela règle
cette partie de vos interrogations. Quant à la période de deux
ans avant...
M. Charbonneau: C'est ce rapport actuariel en particulier, celui
dont on parle; sauf qu'on parle du délai, maintenant. Cela va. Donc...
Si on pouvait faire en sorte qu'une fois tous les trois ans... Ou on pourrait
dire: Au moins une fois tous les cinq ans, mais deux ans avant la fin de
l'expiration de la période; ou une fois tous les cinq ans, à
partir de 1989...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avez-vous un amendement prêt
pour cela?
M. Charbonneau: Non, je viens de le voir un peu comme vous. On
peut suspendre la séance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce que cela a du bon sens
et on va essayer de faire quelque chose.
M. Charbonneau: Juste pour qu'on se comprenne bien, il y a deux
objectifs: premièrement, qu'on ait assez de temps pour réagir,
donc, qu'on ne se retrouve pas en 1991 avec le début d'une étude
qui devrait déjà être complétée, parce qu'on
va rajuster les taux en 1991 ou avant; deuxièmement, que cette
étude soit déposée à l'Assemblée nationale.
Cela veut dire que, si, en 1989, on a accès à une étude,
cela permet un débat pour savoir ce qu'on fait dans les cinq prochaines
années.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas de problème -
il me restera à vous en convaincre - en vertu du dépôt
à l'Assemblée nationale qui est prévu à l'article
218. Là où j'ai un problème, c'est de l'obtenir...
Maintenant qu'on sait que l'échéance est de cinq ans, deux ans
avant cette échéance, il faudrait apporter...
M. Charbonneau: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...un amendement pour qu'il y ait
une obligation de le déposer à l'Assemblée nationale deux
ans... L'obligation de le déposer est là, mais qu'on ait un
rapport deux ans avant l'échéance de 1991.
M. le député de Verchères, vous m'aviez
demandé une quasi-permission, qu'à 15 h 45 vous puissiez vaquer
à certaines occupations. Si on pouvait suspendre la séance cinq
minutes, cela nous donnerait peut-être le temps de...
M. Charbonneau: Très bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...rédiger l'amendement
dans le sens...
Le Président (M. Bélanger): Nous suspendons la
séance cinq minutes. Je prierais les autres députés de ne
pas quitter la salle afin d'être prêts à commencer dans cinq
minutes.
(Suspension de la séance à 15 h 47)
(Reprise à 15 h 54)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, dans le sens des observations
du député de Verchères, auxquelles nous concourons, je
présente l'amendement suivant: Que le paragraphe 216 de l'article 8 soit
modifié en ajoutant après le premier alinéa
l'alinéa suivant: "Nonobstant le premier alinéa, une
évaluation actuarielle doit être disponible le 31 décembre
1989."
M. Charbonneau: Même si à l'article 218... Est-ce
qu'on ne pourrait pas préciser que ce rapport...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est redondant. Je peux vous lire
l'article 218, si vous voulez.
M. Charbonneau: C'est toujours ce que les avocats disent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, si vous avez des
doutes... "Les rapports prévus aux articles 216 et 217...
M. Charbonneau: Non, c'est d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...doivent être
préparés par un actuaire membre de l'institut, etc. Ces rapports
sont transmis au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu, qui les dépose sans délai à l'Assemblée
nationale, si elle est en session. Si elle n'est pas en session, c'est la
règle habituelle.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Est-ce que
l'amendement proposé par M. le ministre est accepté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 8
est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
Est-ce que l'article 9 est adopté? C'est l'entrée en vigueur.
Des voix: Adopté.
M. Charbonneau: M. le Président, on se rend compte qu'il
n'y a pas la clause "nonobstant". Cela nous désole beaucoup. Mon
collègue de Gouin m'a incité à faire un long débat
sur cela mais je veux résister à la tentation, M. le
Président. Je ne répéterai pas les remarques qu'on a
longuement faites sur ce problème particulier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le
préambule du projet de loi 77 est accepté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le titre du
projet de loi 77, Loi modifiant la Loi sur le régime de rentes du
Québec, est accepté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le projet de
loi 77 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger: Je vous remercie. Nous
suspendons pour deux minutes et nous reprendrons sur le projet de loi 75.
Nous reprendrons dans trois minutes, c'est-à-dire à 16
heures.
(Suspension de la séance à 15 h 56)
(Reprise à 15 h 59)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Projet de loi 75 (suite)
Nous étions à l'étude du projet de loi 75 et nous
étions à l'article 5. Le député de Roberval avait
la parole. M. le député de Roberval.
M. Gauthier: Merci, M. le Président. Je vois que mes
collègues d'en face se réjouissent...
Mme Lavoie-Roux: Cela nous fait plaisir de vous voir
là.
M. Gauthier: Merci, Mme la ministre.
M. Rochefort: Cela va nous faire plaisir de vous entendre.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
on respecte le droit de parole du député de Roberval! Vous pouvez
procéder.
Règlements
M. Gauthier: M. le Président, je reconnais là votre
grande impartialité. J'en étais à dire, au moment
où on s'est laissé, que je m'expliquais mal l'attitude de la
ministre dans le cas qui nous occupe présentement, puisqu'elle a une
chance inespérée, à mon point de vue, de faire preuve de
beaucoup d'ouverture d'esprit et de beaucoup de respect envers cette commission
parlementaire et envers les députés qui la constituent, des deux
côtés de la Chambre. Elle a une occasion que, je pense, elle aura
de la difficulté à retrouver, de permettre à des
députés de travailler sérieusement, comme mon
collègue de Gouin d'ailleurs le fait depuis déjà
au-delà d'une journée, sur son projet de loi qui a des incidences
importantes en régions. Je suis sûr que, si la ministre sourit,
c'est parce qu'elle accueille favorablement les propos que je tiens
actuellement.
Le contenu du projet de loi, pour se résumer et pour terminer
là-dessus, la ministre le sait et elle nous l'a dit, est beaucoup plus
dans les applications pratiques de la réglementation qui accompagnera le
projet que dans les grandes lignes qui nous sont données là. La
ministre l'a reconnu, et je pense que les parlementaires, au-delà de
toute partisanerie, reconnaîtront que c'est dans la réglementation
qu'est le jus, véritablement, et qu'on va savoir ce qui va se
passer.
Mon collègue a demandé à la ministre, hier, si elle
acceptait de déposer la réglementation. La ministre a
répondu: M. le député de Gouin, j'aimerais bien cela, mais
je ne l'ai pas, ce n'est pas prêt, vous comprendrez, etc. Et on a
accepté cette réponse qui sous-entendait que, si la ministre
avait eu, par-devers elle, toute la réglementation, elle l'aurait
déposée avec plaisir. On a pris, hier, sa parole
là-dessus. Aujourd'hui, on réalise qu'il y aurait une
possibilité pour la ministre de déposer cette
réglementation, non pas aujourd'hui - on comprend que, dans le temps, ce
soit un peu serré, et on comprend que la ministre n'a pas eu l'occasion
de terminer son projet de réglementation puisque la loi n'est pas encore
loi, elle n'est que projet de loi -mais on offre à la ministre de
déposer cette réglementation un peu plus tard pour permettre aux
membres de la commission de terminer l'étude complète du projet
et des règlements pour en comprendre vraiment les conséquences
dans le milieu régional. Il me semble que c'est une initiative louable,
d'autant plus qu'elle est cautionnée, dans une certaine mesure, par la
ministre qui déplorait tout à l'heure, avant qu'on se quitte pour
le lunch, le fait qu'au moment où elle a été dans
l'Opposition, à un moment donné, elle a dû étudier
des projets de loi sans avoir accès à la réglementation et
que celle-ci est venue de façon beaucoup tardive. Or, on sait maintenant
de la parole de la ministre que la réglementation arrivera dans quelque
temps. D'ici quelques semaines, quelques mois peut-être, nous aurons une
réglementation. Elle l'aura en sa possession. Pourquoi ne pas faire
preuve de bonne foi? Pourquoi ne pas se rendre aux arguments qu'elle-même
a déjà tenus dans le passé concernant l'étude d'une
réglementation par une commission parlementaire? Pourquoi ne pas
admettre, pourquoi ne pas se rendre également à ses arguments
d'hier concernant son intention de la déposer si elle l'avait en sa
possession? Pourquoi ne pas admettre que les députés, pour faire
un travail sérieux, auraient besoin de cette réglementation en
inscrivant à l'intérieur du projet de loi, en appuyant la motion
de mon collègue de Gouin, l'intention formelle de la ministre de
déposer cette réglementaiton à la commission
parlementaire et de permettre aux députés de poursuivre le
travail nécessaire? M. le Président, je voudrais simplement vous
dire, en terminant là-dessus, que je voterai avec plaisir pour
l'amendement de mon collègue de Gouin. Je voterai pour cet amendement
parce que je pense que c'est légitime pour un parlementaire, et
peut-être qu'on devrait se le demander de l'autre côté
aussi, de vouloir étudier, non seulement le squelette d'un projet qui va
influencer le développement des régions, le développement
des ressources médicales en régions, non seulement le squelette,
mais tout le système, tout le projet avec les grandes lignes soit, mais
aussi la chair qu'il y a autour de ça. On sait que cela peut avoir une
influence importante. La ministre qui a certainement discuté de cela
à son heure de lunch, peut-être qu'elle est revenue sur sa
position initiale et qu'elle acceptera d'appuyer la proposition de mon
collègue de Gouin. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons
indiqué tout à l'heure que nous étions prêts
à voter.
Le Président (M. Bélanger): Alors, donc...
M. Rochefort: Donc, M. le Président, si tel est le cas, je
voudrais ajouter un élément à la présentation que
j'ai faite et que le député de Roberval a faite aussi de son
côté. Je veux souligner, M. le Président, que dans le refus
qu'exprime au nom de ses collègues ministériels la ministre de la
Santé et des Services sociaux au sujet de la proposition d'amendement
que nous faisons là, non seulement la ministre refuse-t-elle que la
commission puisse regarder sa proposition de réglementation, mais elle
agit comme si on lui demandait de suspendre l'adoption de sa
réglementation à un vote, à une étude menant
à un vote de la commission parlementaire. Ce que l'on demande, M. le
Président, ce n'est pas cela. On demande qu'à l'intérieur
du processus de prépublication et d'élaboration finale du
règlement la ministre le dépose en commission parlementaire et
que la commission étudie le projet de réglementation. On ne
demande même pas que ce projet soit adopté en commission
parlementaire. On prévoit simplement qu'il doit être
discuté en commission parlementaire, que l'on puisse faire des
recommandations à la ministre et on reconnaît explicitement dans
le texte de l'amendement que nous déposons que la ministre pourra par la
suite modifier son règlement dans le sens qu'elle voudra bien le faire,
M. le Président. On ne demande pas à l'exécutif de se
soumettre à l'autorité du législatif, on lui dit: On vous
demande de permettre au législatif de faire connaître son opinion
en cours d'élaboration avant que les décisions finales soient
prises par l'exécutif, c'est-à-dire par la ministre dans le cas
qui nous occupe.
M. le Président, si une telle motion est refusée, cela
nous donnera encore une fois une illustration du manque de transparence, du
manque d'ouverture de la part de la ministre, de cette façon de faire
qui a été dénoncée par tous les groupes ou presque
qui est celle de faire cela à la sauvette, de faire cela en vase clos
derrière des portes de bureau fermées et sans que l'on permette
à ceux et celles qui ont reçu un mandat tout aussi
légitime que le sien de la part de la population de participer de
plain-pied à la préparation des lois qui régissent
l'ensemble des citoyens et citoyennes du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Je demande le vote, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le vote est
appelé. Je demande donc à ceux qui sont...
M. Rochefort: Vote nominal, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Alors nous
procéderons à un vote nominal, tel que demandé par M. le
député de Gouin. Ceux qui sont pour l'acceptation de la motion
présentée par le député de Gouin? Voulez-vous que
je relise la motion? Cela va.
Alors, M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)? Il n'est pas
là. M. Bélanger (Laval-des-Rapides)? Contre. Mme Cardinal
(Châteauguay)?
Mme Cardinal: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Gervais
(L'Assomption)?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Joly (Fabre)?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Lemire
(Saint-Maurice)?
M. Lemire: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Sirros
(Laurier)?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. Gauthier
(Roberval)?
M. Gauthier: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. Roche-fort
(Gouin)?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme Vermette
(Marie-Victorin)?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Alors, voici le
résultat du vote; trois pour et sept contre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce qu'on peut voter
sur l'ensemble?
Le Président (M. Bélanger): Alors, est-ce qu'on
peut procéder au vote sur l'ensemble de l'article? Est-ce que l'article
est adopté?
M. Rochefort: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle l'article 6.
Dispositions diverses
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article 6 c'est
strictement pour corriger une traduction incorrecte des termes
"bénéficiaire" et "directeur général" de même
que "soins de longue durée" dans la version anglaise qui avaient
été traduits par des termes inappropriés. L'article se
lit: "La version anglaise de cette loi est modifiée par le remplacement
du mot "recipient" par le mot "beneficiary", des mots "general manager" par les
mots "director general" et des mots "long-stay care" par les mots "longterm
care" partout où ils se trouvent."
M. Rochefort: Est-ce une erreur située dans un ou deux
articles de la loi ou si c'est partout dans la loi où on faisait
référence à ces...?
Le Président (M. Bélanger): C'est partout dans la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Je parle de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
M. Rochefort: Oui, oui, je parle de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Mr. Speaker, I just want to say a few words to make
sure that everybody understood that these are very good amendments that are
being made. This is going to correspond to the real sense of the word in the
Social Services sector and I full y support these amendments, Mr.
President.
Mme Lavoie-Roux: Vous pourriez peut-être parler en grec
aussi.
Le Président (M. Bélanger): Ah, bien là, il
va nous perdre. J'appelle l'article 7: "Tout centre hospitalier qui, le
(indiquer ici la date de la sanction de la présente loi), n'a pas soumis
au conseil régional de la santé et des services sociaux la partie
du plan d'organisation visé à l'article 70 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux doit, avant le 1er janvier
1987, soumettre au conseil régional cette partie du plan,
élaborée conformément aux articles 69 et 70 de cette loi.
"Tout autre centre hospitalier doit, avant le 1er janvier 1987, soumettre au
conseil régional la partie du plan d'organisation révisée
conformément aux articles 69 et 70 de cette loi." Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, nous avons
déjà suffisamment donné d'explications. Je voudrais quand
même, pour la concordance, indiquer deux petites modifications. À
l'article 7, dans la parenthèse, au lieu d'écrire "Indiquer ici
la date de la sanction de la présente loi", il faudrait indiquer "la
date de l'entrée en vigueur du présent article".
Également, le où il est indiqué "avant le 1er janvier
1987", remplacer le mot "janvier" par le mot "avril", de même que, dans
le paragraphe suivant où l'on réfère encore à la
date du 1er janvier, remplacer le mot "janvier" par le mot "avril".
Le Président (M. Bélanger): L'entrée en
vigueur de cette loi, est-ce cela?
Mme Lavoie-Roux: Ou présent article.
Le Président (M. Bélanger): Je ne comprends pas
pourquoi c'est seulement l'article. En adoptant la loi...
Mme Lavoie-Roux: Tout centre hospitalier, c'est...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Je viens d'allumer. Excusez-moi. Mme la ministre, est-ce qu'il y a
d'autres commentaires?
Mme Lavoie-Roux: Non.
Le Président (M. Bélanger); M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Oui, je veux juste, dans un premier temps, qu'on se
comprenne bien avec ces amendements. Bon, 1er janvier par 1er avril, c'est
clair, on en discutera un peu plus tard. L'autre amendement, au lieu de date de
la sanction, ce serait la date d'entrée en vigueur.
Le Président (M. Bélanger): Du présent
article.
Mme Lavoie-Roux: Du présent article.
M. Rochefort: C'est ce que j'ai dit: la date d'entrée en
vigueur. Je n'ai pas parlé de la loi. La date d'entrée en
vigueur?
Mme Lavoie-Roux: Du présent article.
M. Rochefort: Oui, d'accord, mais on parle plutôt de date
d'entrée en vigueur.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
problème. On se comprend. Vos commentaires, M. le député
de Gouin.
M. Rochefort: Oui, juste une seconde, je vais prendre la
note.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y, M. le député.
M. Rochefort: Oui. M. le Président, compte tenu du premier
amendement apporté à l'article par Mme la ministre, il faut tenir
compte, je présume...
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez y aller, M.
le député de Gouin. Il n'y a pas de problème.
M. Rochefort: Oui, oui, je suis d'accord qu'il n'y a pas de
problème, mais je veux juste être sûr que...
Mme Lavoie-Roux: On vous écoute attentivement. Allez-y, M.
le député.
M. Rochefort: Pour la date d'entrée en vigueur, M. le
Président, compte tenu de cet amendement, j'imagine qu'il faut
également tenir compte de l'amendement que la ministre nous soumettra
à l'article 11.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Exactement.
M. Rochefort: Bon, alors je m'excuse, mais c'est pour bien
comprendre la portée de ce dont on parle.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je vous comprends. Moi aussi, il a
fallu que je fasse la concordance.
M. Rochefort: À quel moment la ministre compte-t-elle
faire entrer cet article en vigueur, l'article 7?
Mme Lavoie-Roux: Le plus tôt possible, probablement au
moment de l'adoption, c'est-à-dire non pas...
M. Rochefort: Au Conseil des ministres qui va suivre?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: D'accord. M. le Président, si je comprends
bien l'article, d'une part, on distingue les centres hospitaliers qui, au
moment de l'entrée en vigueur de l'article, n'auront pas encore soumis
la première version d'un plan d'effectifs; ceux-ci ont jusqu'au 1er
janvier pour soumettre un premier plan.
Mme Lavoie-Roux: Jusqu'au 1er avril.
M. Rochefort: Jusqu'au 1er avril. Excusez-moi, je n'étais
pas rendu au deuxième amendement. Dans le deuxième paragraphe, on
précise que, pour ceux qui auraient déjà remis cette
première version, ils devront remettre, avant le 1er avril, une copie
révisée du plan d'effectifs.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: C'est cela. Bon. Sauf erreur, j'ai peut-être
sauté cela dans l'étude des articles qu'on a faite jusqu'à
maintenant, mais est-ce qu'on fait allusion quelque part, notamment dans le
pouvoir réglementaire, aux éléments qui permettront de
définir ce qu'est une révision de plan d'effectifs?
Mme Lavoie-Roux: Non, pas dans le projet de loi. (16 h 15)
M. Rochefort: Dans le pouvoir réglementaire, il n'y a rien
de prévu à savoir comment une révision doit être
faite.
Mme Lavoie-Roux: Cela sera fait de toute façon. Si ce sont
les mêmes critères qui ont été utilisés que
ceux qui sont définis pour faire la préparation des plans
d'effectifs, il n'y aura même pas de révision è faire, sauf
s'il y avait d'autres contingences, population ou autres, qui pourraient faire
modifier les choses. Si ce sont des critères différents, il
faudra qu'ils les révisent selon les nouveaux critères.
M. Rochefort: Les critères étant définis
dans le règlement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Rochefort: Mais les critères ne portant pas sur la
révision des plans mais portant sur l'élaboration des plans.
C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Si les critères portent sur
l'élaboration des plans ou la révision des plans, c'est
ça?
M. Rochefort; C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, les plans peuvent demeurer les
mêmes où ils peuvent être modifiés.
M. Rochefort: Donc, c'est cela, il n'y aura pas de
critères particuliers pour la révision de pians.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Rochefort: D'accord. Deuxièmement, M. le
Président, si je comprends bien, on reporte le tout au 1er avril 1987.
Comment la ministre peut-elle concilier cette disposition du projet de loi qui
reporte en avril 1987 l'entrée en vigueur des plans d'effectifs alors
que, dans son plan de désengorgement des salles d'urgence de
Montréal et de Québec, elle demandait que les plans d'effectifs
des centres hospitaliers de ces deux régions soient
préparés et fournis aux conseils régionaux, sauf erreur,
pour le 1er juin ou le 1er juillet 1986? Qu'est-ce qui va s'appliquer le 1er
juillet 1986 ou 1er avril 1987 pour ces établissements?
Mme Lavoie-Roux: Pour ces établissements, la demande du
1er juin demeure toujours et, si par hasard, à partir du
règlement, il y a des modifications, il y a des critères
différents qui sont élaborés ou des plans
différents qui sont élaborés, cela fera partie de leur
révision.
M. Rochefort: Sauf que, M. le Président, la ministre
reconnaît que, jusqu'à ce que la loi 75 soit en vigueur, elle n'a
aucune mesure de sanction, moyen d'application à sa disposition de plan
d'effectifs pour le 30 juin 1986 dans le cas des régions de
Montréal et de Québec dans le cadre de son plan de
désengorgement des salles d'urgence.
Mme Lavoie-Roux: Les indications que j'ai à ce moment-ci,
M. le Président, c'est que les établissements, dans une large
mesure déjà, s'étaient conformés parce que cela
n'est pas d'aujourd'hui, les plans d'établissements. Dans les autres
cas, évidemment, le conseil régional, il n'y a pas de mesure
particulière parce que le plan des urgences, ce n'est pas une loi, c'est
un plan d'action.
M. Rochefort: C'est cela. Techniquement il y a des centres qui
participent au plan de désengorgement des salles d'urgence à
Montréal et à Québec qui auront jusqu'au 1er avril 1987
pour présenter une première version d'un plan d'effectifs parce
que c'est seulement dans le cadre de l'application de la loi qu'il y a des
sanctions prévues.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense que les gens... Il
faudrait faire attention quand on parle de sanction, il faudrait
peut-être nuancer cela. De toute façon, je pense que sans parler
de sanction, tel que cela existe présentement, il y en a plusieurs qui
se sont conformés. Est-ce qu'ils ont fait des plans d'effectifs qui
soient adéquats ou pas? Cela, c'est autre chose. Il n'y avait pas de
sanction et cela leur était demandé dans la loi, pas en
totalité, mais on me dit que c'est environ 70 %, je pense, ou 75 % qui
s'y sont conformés.
M. Rochefort: Je répète ma question, M. le
Président. La ministre, au fond, ultimement, pourra utiliser la loi 75,
une fois l'article entré en vigueur, pour forcer les quelques
établissements récalcitrants pour une raison ou pour une
autre.
Mme Lavoie-Roux: C'est-à-dire forcer, ce qui va arriver,
c'est qu'à ce moment-là ils ne pourraient pas, à moins de
faire une démonstration à un conseil régional, comme on le
verra dans l'article 9...
M. Rochefort: C'est cela, mais en dehors de cela, s'il y avait
quelques établissements qui ont reçu des sommes dans le plan de
désengorgement des salles d'urgence qui ne respectaient pas la demande
du 30 janvier 1986, on n'a rien avant...
Mme Lavoie-Roux: Je pense que, quand on a décidé du
plan d'urgence et qu'on l'a affecté à certains
établissements en particulier, c'est qu'on voulait résoudre un
problème réel. On n'a pas rendu cela conditionnel,
c'est-à-dire l'obtention des sommes n'est pas conditionnelle à la
définition d'un plan d'effectifs.
M. Rochefort: Je comprends cela. Donc, c'est cela. On pourrait se
retrouver dans une situation où cela pourrait aller jusqu'en avril 1987,
dans un certain sens.
Mme Lavoie-Roux: Je trouve que cela n'est pas impossible. Il n'y
a rien techniquement qui les oblige absolument.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Mme la ministre, cela m'amène à vous
poser une question. Cela saus-entend finalement que,.. Vous m'avez dit en ce
qui concerne les régions, surtout pour la région de la
Montérégie, qu'il devait y avoir des réponses d'ici
quelques semaines au sujet du problème des engorgements de la rive sud.
Finalement, on voit que, dans un premier temps, il devait y avoir un plan
d'organisation pour 1986-19B7 au mois de juillet et que maintenant, compte tenu
de la promulgation de cet article, cela va au mois d'avril 1987; pour vous
finalement, pour votre plan d'ensemble en ce qui concerne la
réorganisation des urgences dans les régions -je soulève
le problème de la Montérégie -celles-ci devront attendre
1987 pour répondre à leurs problèmes qui sont d'une
acuité de plus en plus grandissante.
Mme Lavoie-Roux: ...Mme la députée.
Le Président (M. Bélanger): Cela va? Alors, est-ce
que l'amendement proposé par Mme la ministre...?
M. Rochefort: Les deux amendements?
Le Président (M. Bélanger): Les deux amendements,
c'est cela: celui changeant la date de janvier pour avril et l'autre, au lieu
d'indiquer la date de la sanction de la présente loi, ce sera celle de
l'entrée en vigueur du présent article. Alors, ces deux
amendements sont-ils adoptés?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
L'article 7 est-il adapté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 8. "Tout centre local de services communautaires ou centre
d'accueil doit, avant le 1er janvier 1987, soumettre au conseil régional
de la santé et des services sociaux la partie du plan d'organisation
visé à l'article 70.0.1 de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux, élaborée
conformément aux articles 69 et 70.0.1 de cette loi."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'article parle par
lui-même. Il est identique, sauf qu'on ne parle pas de révision de
plan parce qu'ils n'en ont jamais fait. Il faudrait également modifier
la date et apporter l'amendement...
Le Président (M. Bélanger): Janvier devient
avril.
Mme Lavoie-Roux: Janvier devient avril.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien. M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
L'amendement de l'article 8 est adopté. L'article 8 est adopté.
Merci. J'appelle l'article 9: "Le conseil d'administration d'un centre
hospitalier, d'un centre local de services communautaires ou d'un centre
d'accueil qui, le 1er janvier 1987 n'a pas soumis la partie du plan
d'organisation ou la partie du plan d'organisation révisée
prévu aux articles 7 ou 8 de la présente loi, ne peut à
compter de cette date procéder a la nomination d'un médecin ou
d'un dentiste tant que cette partie du plan d'organisation n'aura pas
été soumise et approuvée par le conseil régional de
la santé et des services sociaux conformément aux articles 70 et
70.0.1 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux,
selon le cas."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
M. Rochefort: II y a un amendement. Il faudrait étudier
les deux en même temps.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. D'abord, il faudrait ajouter un
amendement encore une fois ici: modifier la date de janvier pour avril. M. le
Président, il y a un papillon à l'article 9 qui se lit comme
suit: L'article 9 de la Loi modifiant la Loi sur les services de santé
et les services sociaux est modifié par l'addition de l'alinéa
suivant... Et encore une fois avant de le lire, toujours janvier par avril.
Le Président (M. Bélanger): Avril, oui.
Mme Lavoie-Roux: "Toutefois, le conseil d'administration d'un
centre qui a, avant le 1er avril 1987, soumis la partie du plan d'organisation
ou la partie du plan d'organisation révisée prévu aux
articles 7 ou 8 de la présente loi, peut, avant que cette partie de son
plan ne soit approuvée, procéder à la nomination d'un
médecin ou d'un dentiste, sur approbation préalable du conseil
régional de la santé et des services sociaux." Je ferai remarquer
au député que j'ai modifié le mot "autorisation" par
"approbation". Alors, ceci est la raison de ce papillon: Sur approbation
préalable du conseil régional de la santé et des services
sociaux.
La raison pour ceci, c'est qu'on nous a fait valoir - je pense que
c'était juste, compte tenu de la rédaction du premier
alinéa de l'article 9 - que, si un plan d'effectifs médicaux
n'était pas approuvé, cela gelait, à toutes fins utiles,
l'engagement
d'effectifs médicaux dont on aurait pu avoir besoin. Comme je
l'expliquais hier, même si un établissement peut - prenons un cas
extrême - se trouver en surplus d'effectifs médicaux, il se peut
qu'à l'intérieur d'une spécialité il soit en
pénurie. Mais si, durant cette période d'attente, il se
présentait quelqu'un, par exemple, pour occuper un poste en
anesthésie et s'il n'y avait pas une possibilité de ce que
j'appelle dérogation ou approbation, dans ces cas-là, c'est
l'hôpital qui s'en trouverait pénalisé. C'est donc
l'objectif du deuxième alinéa ou de l'amendement qui est
apporté.
M. Rochefort: Une première question: Je ne retrouve pas
où on a changé autorisation par approbation?
Mme Lavoie-Roux: C'est moi qui me suis trompée dans la
lecture. C'est approbation.
M. Rochefort: D'accord. Deuxièmement, si je comprends bien
le sens de l'amendement, c'est qu'il sera possible à un centre
d'engager, de recruter, d'ajouter à son plan d'effectifs médicaux
des ressources médicales, même si le plan n'a pas
été approuvé par le conseil régional, pourvu qu'il
reçoive l'approbation pour ce geste, pour cet ajout d'effectifs du
conseil régional et pourvu que son plan ait été soumis
avant le 1er avril 1987?
Mme Lavoie-Roux: Oui, avant le 1er avril 1987. C'est
ça.
M. Rochefort: Dans le cas d'un établissement qui n'aurait
pas soumis de plan avant le 1er avril 1987, ce sera impossible, quelles que
soient les circonstances, d'ajouter des effectifs médicaux à son
plan d'organisation?
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. M. Rochefort: C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: Oui. Par contre, l'approbation peut - parce
qu'il y aurait révision ou discussion, etc. - retarder et on ne voudrait
pas, à ce moment-là, pénaliser l'institution.
M. Rochefort: Je ne veux pas faire... On dit dans le premier
article... Je veux juste voir, je veux être sûr qu'on ait bien
intégré les deux articles les uns aux autres. On dit "ne peut
à compter de cette date procéder à la nomination d'un
médecin ou d'un dentiste tant que cette partie du plan d'organisation
n'aura pas été soumise et approuvée par le conseil
régional", mais toutefois... Les gens se sont mis à regarder
cela. Je ne veux pas faire d'exercice inutile- ment, mais on dit la même
chose dans les deux articles. On parle du 1er avril 1987, tout cela. On parle
les deux fois du 1er avril 1987. Dans un article, on dit qu'il doit avoir
été soumis et approuvé par le conseil régional,
mais on revient et on dit: toutefois, s'il a été soumis avant le
1er avril 1987... Ce qui est prévu de toute façon dans le
début de l'article, là, il y a une procédure
particulière...
Le Président (M. Bélanger): Me permettez-vous?
M. Rochefort: Oui, bien sûr. Je vous en prie.
Le Président (M. Bélanger): Dans le premier
article, on dit que si le plan n'a pas été soumis au 1er avril
ils ne peuvent engager qui que ce soit. D'accord?
Dans le deuxième article on dit: pour l'établissement qui
a soumis son plan avant le 1er avril mais dans le processus d'approbation du
conseil régional. Le deuxième paragraphe, c'était tout
simplement dans l'hypothèse ou le plan a été soumis et que
le conseil régional prend du temps à approuver; l'hôpital
pourrait être en bon droit mais à cause du conseil régional
pourrait ne pas procéder.
M. Rochefort: Cela va. Oui et les médecins
maîtrisent bien le droit à l'occasion.
Mme Lavoie-Roux: Le premier article, c'est la règle
générale et le deuxième, c'est l'exception ou la
dérogation.
M. Rochefort: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que la motion
d'amendement est adoptée?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, c'est adopté? Oui.
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'article 9
est adopté?
M. Rochefort: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 10. "Tout conseil régional de la santé et des
services sociaux doit, avant le 1er juillet 1987, soumettre au ministre de la
Santé et des Services sociaux un plan régional d'effectifs
médicaux et dentaires élaboré conformément à
l'article 70.0.2 de la Loi sur les services de santé et les services
sociaux."
M. Rochefort: Est-ce qu'on maintient le premier? (16 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Le 1er avril.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Ce n'est pas le 1er avril. On est
rendu en juillet parce qu'il est décalé par rapport à
l'autre.
M. Rochefort: Là, reconnaissons qu'il va rester trois
mois.
Une voix: Oui, trois mois au lieu de six.
Une voix: Le 1er juillet devient quoi là-dedans?
Mme Lavoie-Roux: Non, non, une minute.
M. le Président, je proposerais - enfin, il ne s'agit pas d'un
gros amendement - que "le 1er juillet" soit remplacé par "le 1er
septembre".
Le Président (M. Bélanger): À cause de la
période d'été, c'est sage.
Mme Lavoie-Roux: Non, et je pense que c'est suffisant aux
conseils régionaux.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Un amendement est
proposé ici: remplacer "1er juillet" par "1er septembre". C'est une
question d'être concordant avec le reste. Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Rochefort: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, M. le
député.
M. Rochefort: Quelle est la date d'admission à la
faculté de médecine en première année?
Mme Lavoie-Roux: C'est au mois de mars, je pense.
M. Rochefort: Précédent. Et les dates
d'entrée en spécialités?
Mme Lavoie-Roux: En avril et en mai.
M. Rochefort: D'accord. Oui, l'amendement est adopté, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien, est-ce qu'on veut
encore discuter sur l'article 10? Est-ce que l'article 10 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 11: "La présente loi entre en vigueur le" et la date
de la sanction.
Mme Lavoie-Roux: II y a une modification, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Lavoie-Roux: L'article 11 de la Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux est remplacé par le
suivant: "La présente loi entrera en vigueur à la date
fixée par décret du gouvernement, sauf les dispositions exclues
par ce décret qui entreront en vigueur aux dates ultérieures
fixées par décret du gouvernement."
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Vous allez me
donner du papier pour qu'on l'insère. Est-ce que tout le monde mesure
bien la portée de cet article 11?
M. Rochefort: L'avez-vous eu?
Mme Lavoie-Roux: Non, tout le monde l'a.
Le Président (M. Bélanger): Je l'avais? Ah!
Excusez-moi.
M. Rochefort: Une question, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Rochefort: La ministre peut-elle nous donner une petite
idée de son calendrier d'entrée en vigueur des différents
articles, pour ce qu'elle possède maintenant?
Mme Lavoie-Roux: La raison est très simple. Il aurait pu
entrer en vigueur la journée de sa sanction, n'eût
été le fait que l'Opposition nous a avertis qu'elle ne nous
donnerait pas la loi 74; l'article 4 est relié à la loi 74.
M. Rochefort: Je m'excuse, M. le Président. Non, les
propos qui viennent d'être tenus ne sont pas justes.
Mme Lavoie-Roux: Non? M. Rochefort: Non.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on va l'avoir ce soir?
M. Rochefort: Non, nous avons dit, M. le Président - et la
ministre est au courant tout comme le leader parlementaire du gouvernement
depuis le début des travaux -que l'Opposition collaborerait à
l'adoption du
projet de loi 75 avant le 21 juin prochain. Mme La voie-Roux:
C'est cela.
M. Rochefort: Quant au projet de loi 74, dans la forme qu'il a
actuellement, oui, l'Opposition serait prête à collaborer à
son adoption avant le 21 juin.
Une voix: Le projet de loi 74?
M. Rochefort: Je répète: Dans la forme qu'il a et
qu'on lui connaît actuellement, dans la forme et selon les dispositions
qu'il contenait le jour de son dépôt à l'Assemblée
nationale du Québec donc, probablement, le 13 mai. Il n'y avait pas de
problème là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le projet de loi
74?
M. Rochefort: Oui, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Oui. J'ai annoncé en...
M. Rochefort: Vous n'avez pas annoncé...
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui, je l'ai...
M. Rochefort: ...vous avez laissé entendre. Ah oui! dans
un communiqué de presse, vous nous avez dit vos intentions.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. M. Rochefort: C'est une
autre chose.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Je l'ai annoncé. Dans le
communiqué de presse, j'ai fait part des restrictions qui seraient
imposées au programme de soins dentaires pour les enfants. À ce
moment-là, j'ai indiqué qu'il y aurait un amendement à la
Loi sur l'assurance-maladie. Comme nous modifions la Loi sur
l'assurance-maladie pour deux raisons particulières, il est
évident que cela en fait une troisième.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le Président, je
répète que, si la ministre souhaite et a besoin du projet de loi
74 pour appliquer dès maintenant la loi 75, elle n'a qu'à faire
un nouveau projet de loi pour le dossier des soins dentaires, ce qui lui
permettra d'avoir la pleine et entière collaboration de l'Opposition
pour faire adopter le projet de loi 74, dans la forme qu'on lui connaît
à l'heure où nous nous parlons. Je veux juste qu'on s'entende
bien, M. le Président, l'Opposition n'empêchera pas l'adoption du
projet de loi 74, dans la forme qu'on lui connaît actuellement et pour
les raisons pour lesquelles il a été déposé,
jusqu'à maintenant. L'Opposition est prête à collaborer
pour qu'il soit adopté avant le 21 juin. Il est clair que, si on se met
à y ajouter un volet sur les soins dentaires, là, cela devient un
tout autre débat, mais je dis que ce sera un choix que le gouvernement
fera de lui ajouter ou non l'élément des soins dentaires, en
étant conscient que, ce faisant, il s'empêche lui-même de
faire adopter un projet de loi auquel, par rapport à la question des
effectifs médicaux, par rapport à la question des vasectomies et
des questions qui sont importantes, nécessaires pour la population, on
est prêt à collaborer.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, de toute façon,
je pense que la prévoyance ou la prudence, devrais-je dire, nous indique
qu'il est nécessaire de modifier l'article 11, dans le sens où
nous l'avons modifié pour parer à toute
éventualité.
M. Rochefort: Dans ces conditions, je reviens à ma
question. Est-ce que la ministre a déjà un avant-projet, ou des
idées, quant à l'entrée en vigueur des différentes
dispositions du projet de loi 75?
Mme Lavoie-Roux: Le plus tôt possible, M. le
Président.
M. Rochefort: L'ensemble. Donc, il n'y a pas un certain nombre
d'articles que vous prévoyez faire entrer en vigueur un peu plus tard
que les autres? Vous allez probablement y aller d'un bloc?
Mme Lavoie-Roux: Non. La seule difficulté que nous ayons
est reliée à la concordance que nous devons établir avec
le projet de loi 74 et l'adoption de ce dernier.
Le Président (M. Bélanger): L'article 11 est-il
adopté?
M. Rochefort: C'est un amendement?
Le Président (M- Bélanger): C'est un amendement.
Oui. L'amendement à l'article 11 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'article 11 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les notes
explicatives sont adoptées?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le titre de
la loi est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le projet de
loi est adopté?
Des voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. Je vous remercie. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais vous
remercier, à titre de président, pour la façon dont vous
avez dirigé nos travaux. Je tiens à remercier mes
collègues du côté ministériel, qui, à
certains moments, ont trouvé que les développements
étaient longs. Je pense qu'il faut également remercier
l'Opposition, qui a aussi voulu faire son devoir, comme elle entendait le
faire.
Je souhaite maintenant que le projet soit è l'Assemblée
nationale pour adoption en troisième lecture.
Le Président (M. Bélanger): La commission, ayant
terminé son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 40)