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(Onze heures quarante-trois minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit ce matin 16
décembre pour procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 139, Loi modifiant la Loi sur la
protection de la jeunesse concernant l'adoption internationale et, par la
suite, du projet de loi 124, Loi modifiant de nouveau la Loi sur
l'assurance-maladie. Nous commençons nos travaux par l'étude du
projet de loi 139.
Auparavant, j'aimerais savoir, Mme la secrétaire, s'il y a des
remplacements ce matin.
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Gauthier
(Roberval) sera remplacé par M. Blais (Terrebonne) et Mme Juneau
(Johnson) par M. Jolivet (Laviolette).
Le Président (M. Bélanger): Pour l'étude du
projet de loi 124.
La Secrétaire: Le projet de loi 124.
Le Président (M. Bélanger): Comme nous les
étudierons l'un à la suite de l'autre, nous acceptons les
changements pour les deux projets de loi, afin d'être sûrs qu'il
n'y aura pas d'équivoque. D'accord? Est-ce qu'il y a consentement pour
ces remplacements?
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Consentement? Je vous
remercie. Donc, il n'y a pas d'autres modifications. C'est bien. Nous passerons
donc aux déclarations préliminaires sur le projet de loi 139. Mme
la ministre.
Remarques préliminaires Mme
Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai déjà
eu l'occasion, au moment du discours de deuxième lecture, d'expliquer
les raisons pour lesquelles, d'une part, le gouvernement avait cru bon d'agir
par décret pour tenter de contrer une partie des problèmes
reliés à l'adoption internationale. Il y a quelque temps
était discuté le projet de loi 139, qui accorde au gouvernement
le pouvoir de préciser par règlement les modalités
d'intervention en matière d'adoption internationale du Directeur de la
protection de la jeunesse ou d'un organisme reconnu par le ministre.
On va faire l'historique très brièvement, M. le
Président. Depuis environ une dizaine d'années, compte tenu de la
rareté des enfants québécois, les Québécois
adoptent des enfants en provenance de différents pays. Compte tenu de
l'évolution de ce phénomène, en 1983, le gouvernement du
Québec amendait le Code civil, te Code de procédure civile et la
Loi sur la protection de la jeunesse, afin d'édicter des règles
précises en matière d'adoption internationale.
Néanmoins, à la suite de l'adoption de la loi amendant le
Code civil, en 1983, par le truchement du projet de loi 55, si ma
mémoire est bonne, on édictait des règles précises
en matière d'adoption internationale. Mais même si ces
règles ont été édictées, on se trouve
toujours - j'allais dire dans une certaine confusion - je vais dire dans une
confusion certaine à l'endroit de bon nombre d'enfants qui sont
adoptés en pays étrangers. Je vais juste mentionner quatre
facteurs de situations irrégulières que nous rencontrons parfois,
compte tenu du fait que les responsabilités sont mal identifiées
ou mal précisées entre le Secrétariat à l'adoption
internationale, le Directeur de la protection de la jeunesse et les organismes
reconnus aux fins d'adoption internationale. Il y a des situations qui se
présentent, notamment le cas d'un enfant qui est arrivé au
Québec sans qu'il y ait eu l'autorisation du secrétariat, sans
examen du Directeur de la protection de la jeunesse et sans jugement
émanant de son pays d'origine. Ou encore, l'enfant est ici sans
l'autorisation du secrétariat, sans examen du Directeur de la protection
de la jeunesse et avec un jugement d'adoption simple émanant de son pays
d'origine. Je reviendrai, juste aux fins du Journal des débats,
sur ce problème de fond de l'adoption simple et de l'adoption
plénière, mais d'une façon très brève,
néanmoins.
Une troisième situation. L'enfant est ici sans l'autorisation du
secrétariat à l'adoption, sans examen du Directeur de la
protection de la jeunesse et avec un jugement d'adoption plénière
émanant de son pays d'origine. Enfin, l'enfant est ici avec
l'autorisation du secrétariat, avec examen du Directeur de la protection
de la jeunesse,
mais avec un jugement étranger d'adoption simple.
Toutes ces situations faussent les règles ou la position que le
législateur avait prise eu égard à l'adoption
internationale, règles qui se retrouvent à l'intérieur du
Code civil amendé qui, au moment de son adoption, voulait que pour tous
les enfants, qu'ils soient adoptés ou non - et même s'ils sont
adoptés de l'étranger, s'ils sont en provenance d'un pays
étranger - le principe retenu soit l'adoption plénière,
c'est-à-dire la rupture de filiation avec les parents d'origine afin que
les enfants puissent, ici, avoir des droits égaux, être tous
traités sur le même pied. Compte tenu du fait, probablement, que
l'adoption simple... En tout cas, plus près de chez nous, entre autres,
en Amérique centrale, la plupart des pays, sinon ta totalité, ne
reconnaissent que l'adoption simple.
Le Président (M. Bélanger): Si tout le monde est
d'accord, on pourra accepter que Me...
Mme Lavoie-Roux: Elle parlait tantôt. Je vais continuer.
Comme les Québécois vont assez souvent en Amérique
centrale pour l'adoption internationale et que ces pays reconnaissent
l'adoption simple, c'est-à-dire qu'ils ne reconnaissent pas une rupture
complète de la filiation avec les parents, ces enfants arrivent ici et
se retrouvent dans une situation - même si tout était fait selon
les formes - d'ambiguïté qui met dans un climat d'incertitude
à la fois l'enfant, les parents adoptifs et même les parents du
pays d'origine.
C'est à partir de ces situations problématiques qui, entre
1980 et 1983, avaient créé certains problèmes que le
gouvernement d'alors avait décidé d'agir en 1983 en modifiant le
Code civil. Malgré cela, encore aujourd'hui, nous nous retrouvons avec
des situations telles que celles que j'ai décrites plus haut et qui,
sans compter le tort qui peut être fait aux droits des différents
intéressés, ont créé passablement de frustrations,
et même de frustrations assez sérieuses, chez certains citoyens du
Québec qui procèdent quelquefois par l'entremise
d'intermédiaires privés pour amener un enfant ici, au
Québec. Ils se retrouvent devant un imbroglio judiciaire lorsqu'ils
veulent obtenir pour cet enfant un jugement d'adoption
plénière.
C'est simplement pour situer, M. le Président, en gros, les
problèmes auxquels nous avons à faire face. Je pense qu'à
peu près tout le monde, directement ou indirectement, a entendu parler
des difficultés qui subsistent. Les efforts du gouvernement en ce moment
sont de tenter d'au moins clarifier les responsabilités respectives du
secrétariat à l'adoption, du
Directeur de la protection de la jeunesse et des organismes reconnus
pour éviter le plus possible les difficultés auxquelles nous
faisons face.
En terminant, il y a eu cette impression de créée que, par
ce projet de loi ou par le décret gouvernemental, on modifiait le droit
ou on créait un nouveau droit. En fait, M. le Président, on ne
fait que réaffirmer le droit existant voulant qu'au Québec, ne
soient reconnus comme enfants adoptés que des enfants qui ont
été adoptés en vertu d'une adoption
plénière. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: M. le Président, j'ai écouté
la ministre en ce qui concerne le projet de loi 139 et, malgré ses
propos, à savoir que ce n'est que la réaffirmation d'un droit qui
existait déjà et que ce projet de loi ne fait que confirmer... Il
y a une différence en ce qui concerne la procédure qu'on pourrait
remettre en cause, notamment, fonctionner par un décret qui a
été fait le 19 novembre 1986 et qui prime sur la loi comme telle;
c'est le décret qui prime sur la loi, ce qui nous semble assez
particulier - et singulier, même - en ce qui a trait aux
procédures. Cela nous fait demander à la ministre: Pourquoi avoir
agi de cette façon, alors qu'il aurait été peut-être
beaucoup plus simple de fonctionner par consultation? Justement, cela fait
partie, je sais, d'un... Quand on est ministre, on a certaines
prérogatives, effectivement. Par contre, c'est de travailler d'une
façon exclusive et qui empêche un certain fonctionnement des
mécanismes de nos lois. Il aurait été davantage
intéressant de favoriser la consultation, notamment parce que c'est un
sujet très litigieux et qui, au niveau du tissu social, du tissu humain
implique énormément d'émotions et aussi une
rationalisation importante des différents intervenants dans le
domaine.
Avant de fonctionner ou de procéder de cette façon, par
décret, et après, écrire la loi, je pense qu'il aurait
été important pour la ministre de démontrer sa
volonté de consulter. Lorsqu'elle a envoyé sa lettre pour
expliquer le décret aux différents organismes consultés,
aux organismes impliqués par le projet de loi ou l'application du projet
de loi, la ministre elle-même disait qu'il était important de
rechercher, en collaboration avec les intervenants impliqués, notamment
le Barreau du Québec, les parents, les différents organismes et
intermédiaires. La problématique, à mon avis, est une
notion pour les intermédiaires. Effectivement, c'est à ce niveau
que se trouve la problématique.
Très souvent, il y a certains intermédiaires. Ici, le DPJ
fait son boulot. Peut-être qu'on pourrait repenser le rôle du
secrétariat à l'adoption.
Par contre, dans le râle et la notion d'intermédiaire, il y
a les intermédiaires privés. Quelquefois, le DPJ joue le
rôle d'intermédiaire et quelquefois, c'est le secrétariat
à l'adoption qui joue ce rôle. Cette notion demande à
être éclairée et les règles du jeu demandent
à être précisées quant aux fonctions que doit tenir
l'intermédiaire autorisé.
Si, antérieurement, nous avons eu à subir certains
inconvénients et qu'il est arrivé des problèmes autant
pour les familles que pour les enfants, je pense que c'est justement à
cause des délais que doivent subir les parents car il y a tout un
processus établi qui fait que, dès qu'on enclenche la
mécanique, les délais s'accumulent. Très souvent, des
parents qui sont anxieux et qui ont vraiment le goût de vivre les joies
d'une famille, de créer une famille s'impatientent et passent par
certains intermédiaires qui agissent d'une façon très
rapide moyennant certaines sommes d'argent ce qui, j'en conviens,
débouche sur un paquet de problèmes internationaux et
juridiques.
Je pense qu'à ce moment il aurait été
préférable d'attendre et de regarder beaucoup plus en profondeur,
de s'attarder sur les particularités de cette situation et de trouver
des solutions qui correspondent beaucoup plus à cette
problématique plutôt que d'utiliser le genre de décret
qu'on vient d'établir et qui limite actuellement les possibilités
d'adoption dans différents pays parce qu'on impose la loi
québécoise sur l'ensemble des lois d'autres pays. À notre
avis, à ce moment-là cela devient excessivement restrictif pour
l'ensemble des familles québécoises, des parents qui n'ont pas la
chance de concevoir eux-mêmes leurs propres enfants, mais qui peuvent par
le biais de l'adoption internationale créer une famille. Je pense que
les principaux concernés devraient porter de la considération
à ces individus pour qui ce n'est pas toujours facile, parce que pris
émotivement dans certains cas.
Vous savez, quand on attend un enfant ou qu'on veut créer une
famille, c'est toujours émouvant et on s'implique, comme n'importe quel
couple, dans toutes les étapes de l'attente. On peut se poser la
question: Est-ce qu'on va l'avoir? Est-ce que je vais le porter durant les neuf
mois? C'est la même chose en fin de compte. Qui sera l'enfant? It y a
tous les délais qui sont, à mon avis, une source d'angoisse pour
beaucoup de parents. Il y a des parents qui m'ont dit que, quand on fait appel
au secrétariat à l'adoption, c'est tellement long et c'est
gênant parce qu'il faut vraiment se dévoiler complètement
pour répondre aux exigences du secrétariat.
Je ne dis pas que je suis contre ce genre d'évaluation des
familles, mais je dis que c'est assez difficile pour les familles de la subir.
Il faut vraiment se livrer complètement pour démontrer que, oui,
on est capable d'éduquer selon la morale bien établie, selon
aussi la décence d'une société et des enfants.
Je pense que pour ces raisons qui me semblent humaines, en tout cas,
pour ces raisons vraiment humanitaires, pour ces parents qui doivent subir
différentes étapes et subir à chaque étape cette
anxiété - dans certains cas je pourrais même dire
jusqu'à une certaine angoisse - à savoir si, oui ou non, ils
auront la possibilité... Je pense que ce sont des considérations
importantes à retenir et qu'il faut les aider dans ce processus
d'adoption qui n'est pas toujours facile, j'en conviens avec Mme la ministre.
(12 heures)
II y a des implications très importantes effectivement, comme
transiger avec d'autres pays, ayant d'autres coutumes et avec d'autres moeurs.
J'imagine que c'est possible d'avoir des ententes entre ces différents
pays et ces différents États et de maintenir autant ce lien de
filiation qu'on nous dit comme étant la filiation simple et les autres
inconvénients que faisait ressortir la ministre, à savoir les
problèmes de l'enfant. Une fois arrivé au pays, celui-ci ne peut
pas se faire respecter selon les droits de nos lois québécoises.
Il y a les tribunaux qui se sont déjà penchés sur ce
sujet. Il y a aussi la "loi" 594, dans le Code civil, qui reconnaît les
droits de ces enfants. Je dis bien l'article 594 du Code civil qui stipule que
tous les enfants dont la filiation est établie ont les mêmes
droits et les mêmes obligations, quelles que soient les circonstances de
leur naissance.
Le lieu d'origine doit être une circonstance de naissance,
j'imagine, qui doit être pris en considération au même titre
que par les enfants qui sont nés ici, au Québec. Du fait que pour
ces enfants il y a une filiation bien établie, ils deviennent partie
intégrante de la famille et ils ont les mêmes droits que les
autres membres de la famille ou les autres enfants de la famille. Pour nous,
c'est une mise en garde que l'on fait à la ministre en disant: II y a
des tribunaux qui sont aptes à faire les nuances et les
interprétations juridiques. C'est pour ces raisons et c'est pour ces
motifs que nous demandons à la ministre de pouvoir entendre, avant
d'adopter le projet de loi, en commission parlementaire, au moins le Barreau,
qui s'est déjà prononcé sur la question. Dans ce cas, il y
a déjà des lois, il y a le Code civil, pour faire
l'interprétation. Il y a déjà eu de la jurisprudence dans
ce domaine. Nous demandons à la ministre si, actuellement, il ne serait
pas mieux de retarder ce projet de loi et de se pencher
davantage sur ce qui se fait actuellement au Québec en cette
matière, compte tenu des procédures civiles qui existent
actuellement et compte tenu de la législation civile.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que vous avez fini, madame? Oui.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
(réplique)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il y a plusieurs points
que la députée de Marie-Victorin a soulevés. Au point de
départ, je vais redire ce que j'ai dit tout à l'heure. Ce projet
de loi ne touche pas au fond du droit. Il faut bien comprendre cela. C'est la
prétention du bâtonnier, mais il ne touche pas au droit.
Écoutez, je pense que nous avons discuté, lors du débat en
deuxième lecture, de la possibilité qu'une commission
parlementaire, qui se traduirait par un mandat d'initiative de la commission
des affaires sociales, fasse le tour de toute la question. Évidemment,
c'est une décision qui relève de la commission des affaires
sociales. J'ai quand même indiqué mon intérêt et ma
sympathie pour une telle démarche.
Voici ce que je peux dire à la députée de
Marie-Victorin: En ce qui a trait au règlement que nous sommes à
préparer, j'ai l'intention de le soumettre à la commission des
affaires sociales. À ce moment, on pourra voir, si vous décidez
de retenir ce mandat d'initiative, à quel moment vous êtes rendus
dans vos délibérations ou dans la marche de ce mandat
d'initiative. Quoi qu'il en soit, ce projet de règlement sera soumis
à la commission parlementaire pour entendre les personnes qui pourraient
être intéressées. Or, à ce moment-ci, je n'en vois
pas l'opportunité, vu que nous ne modifions en rien le fond du droit en
ce qui concerne l'adoption plénière qui est la règle, si
on peut dire, du Code civil. Là où les gens auraient
peut-être davantage à s'exprimer, c'est sur le règlement
dans lequel seront précisées les différentes
responsabilités de chacun des intervenants.
Pour commenter quelques-unes des remarques que la députée
de Marie-Victorin a faites, je voudrais revenir sur le fait que le gouvernement
a agi par décret. Je voudrais qu'elle se reporte à la Loi sur la
protection de la jeunesse, dans laquelle il est prévu que le ministre de
la Santé et des Services sociaux peut, avec l'approbation
préalable du gouvernement, donner des directives aux
établissements pour assurer l'atteinte des objectifs de l'intervention
sociale. Ces établissements sont tenus de s'y conformer.
Évidemment, la meilleure façon de donner une assise à ce
genre de directive, c'est officiellement de la faire décréter par
le gouvernement, avec une approbation gouvernementale. Dans ce sens-là,
on n'a pas outrepassé de quelque façon ou on n'a pas voulu
court-circuiter de quelque façon qui que ce soit. Il y a un
problème qui est relié à l'intervention sociale prise dans
son sens large qui remplit telle fonction pour assurer que l'adoption se fasse
selon les règles du Code civil. Je pense qu'il est de la
responsabilité de la ministre responsable de l'adoption internationale
de prendre les moyens pour corriger les problèmes qui se vivent
présentement.
Il y a d'autres points que la députée de Marie-Victorin a
soulevés eu égard aux attentes, aux frustrations dans d'autres
cas, à l'anxiété vécue par les parents qui veulent
adopter ou qui ont même fait des démarches personnelles, en dehors
du cadre établi, pour adopter des enfants. Je souscris aux remarques
qu'elle a faites. Je voudrais simplement ajouter que c'est avec un objectif de
diminuer justement cette anxiété et ces frustrations, cette
espèce de dédale de procédures dans lequel les parents,
sans le vouloir au point de départ, tout à coup se voient
engagés parce que les règles n'étaient pas clairement
précisées, ils n'ont pas procédé par les canaux
habituels.
C'est justement l'objectif de ce projet de loi qui est devant nous.
J'ose espérer -sans nécessairement penser que tous les
problèmes seront résolus - que les règles seront au moins
plus claires. Il serait assez étonnant, si on allait dans le public pour
faire un petit échantillonnage, de constater le nombre de personnes qui
savent vraiment quelles sont les règles qui doivent présider
à l'adoption internationale. Si je l'avais fait à
l'Assemblée nationale, on aurait probablement été
étonné. Il ne faut pas s'en étonner, car c'est quand
quelqu'un veut adopter un enfant que, finalement, il prend l'information
requise.
Un certain nombre de préjugés se sont
développés non seulement récemment, mais depuis
déjà un bon nombre d'années, et pas uniquement à
l'endroit de l'adoption internationale mais aussi à l'endroit de
l'adoption canadienne ou québécoise, à savoir qu'il n'y a
pas de mesure d'évaluation de prise. Tout le monde se dit: Je suis le
meilleur parent possible, mes intentions sont bonnes, etc. On ne met pas cela
en doute, mais il reste que l'adoption, ce n'est pas un acte de tous les jours.
C'est un geste très important qui a des conséquences, comme je le
disais tout à l'heure, d'abord sur l'enfant. Je rappellerai en passant
à la députée de Marie-Victorin - je suis sûre
qu'elle est d'accord - que, dans toutes ces mesures touchant la protection de
la jeunesse, c'est l'intérêt de l'enfant qui prime. Il faut
s'assurer qu'il soit bien protégé et que ce soit le plus
étanche possible.
J'ajouterais également qu'il faut
protéger aussi les parents adoptifs, les parents qui adoptent.
Sans vouloir faire de tragédie ici, parce qu'on pourrait toujours
trouver des situations où on va .tomber dans le pathos, il ne s'agit pas
de dramatiser, je pense qu'on est tous conscients que des problèmes
existent. Quand on me dit, par exemple, que des enfants provenant d'un certain
pays très pauvre - je ne le nommerai pas, c'est un pays de
l'Amérique centrale où les gens pensent que leurs enfants s'en
viennent en vacances au Québec - sont pris dans des familles et vont
faire une espèce de séjour au Canada pour refaire leur
santé et, peut-être, recevoir un peu d'éducation et
qu'après cela ils vont revenir dans leur famille sans que les choses ne
soient plus claires que cela, je pense qu'il y a, à ce moment-là,
un déni de droit absolument fondamental à l'égard des
parents naturels de l'enfant, si je peux m'exprimer ainsi.
Dans la mesure où nous pouvons corriger des choses, nous croyons
que, par la précision des responsabilités de chacun des
intervenants, ce n'est pas créer une nouvelle règle en
réaffirmant que c'est l'adoption plénière qui joue au
Québec. Je pense que cela permettra, en tout cas, d'atténuer
passablement l'incertitude et la méconnaissance des choses telles
qu'elles existent au Québec.
Je voudrais également dire un mot sur les ententes.
Évidemment, l'adoption plénière avec un pays qui a les
mêmes règles, cela peut être relativement simple à la
condition que lui aussi, il veuille laisser aller des enfants pour adoption.
Dans le cas des adoptions simples pour réduire les
ambiguïtés, on se dit: II y a moyen de conclure des ententes avec
des pays pour des adoptions simples dans le cas d'enfants qui sont vraiment
abandonnés et qui n'ont aucun lien qui demeure.
Est-ce que je peux demander à l'Opposition d'attendre, je n'ai
besoin que de deux ou trois minutes pour terminer.
Le Président (M. Bélanger): D'accord, vous avez le
consentement Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Mme la députée de Marie-Victorin,
si j'ai bien entendu, a dit: On a déjà parlé d'ententes
dans le passé, cela n'a pas été facile. Il faut,
peut-être, dire qu'il y a eu aussi une évolution du
côté de ces pays et je voudrais, à cet égard, me
référer au douzième congrès de l'association
internationale qui a été tenu à Rio de Janeiro pour les
magistrats de la jeunesse et de la famille auquel ont participé, en
particulier, un bon nombre - ça allait de soi - de gens de
l'Amérique du Sud et de l'Amérique centrale.
En ce qui a trait à l'adoption nationale et internationale, ces
gens chez qui on va chercher un bon nombre d'enfants...
J'aimerais juste vous énoncer un peu les grands principes qu'ils
ont adoptés: ils ont prié les pays qui, eux, recourent à
l'adoption internationale, de faire en sorte que leurs lois prévoient
que ces principes soient respectés.
Alors, je vous les lis, cela va prendre plus que trois minutes,
mais...
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie, Mme la
ministre, procédez.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. C'est une page, mais je pense que
cela en vaut la peine. Je n'avais pas l'intention de la lire, mais: Toute
adoption nationale ou internationale doit être judiciairement
contrôlée dès le moment de la garde et accordée par
une décision de justice. Quand il s'agit d'adoption internationale, le
tribunal pourra compter sur la collaboration d'institutions
spécialisées, publiques ou privées, ces dernières
devant avoir la reconnaissance, l'autorisation et le contrôle des deux
pays. On sait que, dans le moment, ce n'est pas toujours comme cela,
malheureusement. Les États devront établir par convention
bilatérale une communication directe entre les autorités
judiciaires au cours de la procédure d'adoption.
Deuxièmement - cela m'apparaît bien important, c'est un
principe que, pour ma part, j'avais mis de l'avant et je pense que le ministre
du temps était aussi d'accord -l'adoption internationale doit être
utilisée seulement après qu'ont été
épuisées toutes les possibilités de maintien de l'enfant
dans sa propre famille ou dans une nouvelle famille dans son pays
d'origine.
Dans le fond, ce qu'ils disent, c'est: Allons a la limite pour garder
nos enfants chez nous. Il n'y a aucun pays, je pense, qui, spontanément,
laisse aller de gaîté de coeur pour adoption ses enfants. Cela
n'est pas dans le texte, c'est de moi.
Troisièmement, le congrès recommande que la formation des
magistrats, avocats, assistants sociaux, psychologues et sociologues incluent
la discipline de l'adoption dans une perspective interdisciplinaire qui couvre
tous les aspects techniques de ces spécialités. Le congrès
recommande au gouvernement de signer la convention interaméricaine sur
les conflits de loi en matière d'adoption de mineurs. Là, c'est
un autre domaine. (12 h 15)
Mme Houde, qui est conseillère juridique au ministère, a
assisté à ce congrès. Je pense qu'elle pourrait vous
indiquer dans quelle mesure ces pays d'Amérique du Sud, en particulier,
en ont fait une question de principe fondamentale et importante. Alors, si nous
voulons aller adopter des enfants là-bas, je pense que, dans un respect
mutuel, et je mets de côté
les autres, l'intérêt de l'enfant, etc., il est important
que nous jouions les règles du jeu que ces pays désirent. Ils ne
le font pas, je pense, par caprice. Ils le font, eux aussi, à partir des
principes du respect de l'enfant et du respect de ses intérêts. Il
y a peut-être des éléments que vous avez dits et que j'ai
oubliés mais, en gros, je pense que cela couvre assez.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Oui. Là-dessus, Mme la ministre, il y avait
deux choses sur lesquelles je voudrais vraiment aller un peu plus en
profondeur, mais je vais commencer par la dernière, ce que vous avez
évoqué tantôt. Je suis heureuse de voir que, finalement,
l'esprit évolue à l'intérieur de l'adoption
internationale. Et c'est la même chose à l'intérieur de
notre formation politique à nous aussi. On a pris certaines positions
et, compte tenu des circonstances et de l'évolution des faits, nous
aussi, nous nous sommes aperçus qu'il y avait des problématiques
auxquelles il fallait s'ajuster et, en tout cas, qu'il fallait répondre
à certaines interrogations, aux demandes des gens qui sont les plus
touchés ici, d'une part.
D'autre part, ce que je voulais aussi apporter, c'est que, Mme la
ministre, tantôt, au tout début de votre allocution, vous avez
dit: Je ne touche pas au fond. C'est là que je trouve cela difficile
à accepter parce qu'un décret... Vos gens vont avoir à
appliquer des règlements qui, inévitablement, touchent au fond
et, actuellement, on change vraiment les règles du jeu en ce qui
concerne... On parle de l'adoption simple, de la filiation simple à la
filiation plénière. Donc, on touche vraiment au fond,
actuellement.
Mme Lavoie-Roux: En réponse à la question de la
députée, M. le Président, je voudrais, et je pense que la
députée de Marie-Victorin est capable de vérifier cela...
La règle de l'adoption plénière, la règle de fond
ou le droit, a été inscrite dans le Code civil en 1980.
Aujourd'hui, par le décret, nous ne faisons que réaffirmer cela.
Nous ne créons absolument pas de droits nouveaux, nous ne modifions
rien. Nous réaffirmons, compte tenu de l'ambiguïté...
Écoutez, cela va-t-il enlever I'ambiguïté dans l'esprit de
la population en général? Peut-être pas, mais il reste
qu'il y a eu des jugements divergents qui ont été rendus. C'est
également - le ministère de la Justice a été
consulté là-dessus - la position du Procureur
général du Québec dont j'ai demandé l'avis, selon
laquelle cette règle du Code civil s'applique en matière
d'adoption internationale et le décret ne fait que réaffirmer
ceci en même temps qu'il officialise, si on veut, cette capacité
du ministre de la Santé et des Services sociaux de donner une directive
aux établissements en matière d'intervention sociale pour
améliorer l'intervention sociale qui peut se faire dans ce domaine,
Mme Vermette: Mme la ministre, je comprends qu'actuellement le
projet de loi 139 interprète les dispositions du Code civil qui sont
déjà faites en ce domaine. Je me demande, en imposant par
décret votre interprétation - en fin de compte, vous
interprétez le Code civil - et en reconnaissant l'adoption
plénière, si vous ajoutez quelque chose, vraiment une
interprétation du Code civil dans votre loi. Le Barreau pourrait
s'élever contre une telle pratique. C'est à ce sujet-là...
Je me dis que cela aurait été intéressant parce que,
effectivement, il y a beaucoup de juridique à l'intérieur de
cette loi, parce qu'on touche vraiment au fond, on touche vraiment aussi
à des tribunaux qui sont déjà existants et on touche
à une institution qui a sa propre juridiction et qui a sa propre
capacité de rendre des jugements. C'est à cet égard que je
dis qu'il aurait été fort intéressant de pouvoir entendre
au moins le Barreau là-dessus et qu'il nous donne son
interprétation, à savoir jusqu'où la loi actuelle ne joue
pas le rôle de nos tribunaux, puisque déjà quand il y avait
interprétation on pouvait se prévaloir du Code civil pour faire
valoir les droits de ces enfants. D'autant plus que dans la Charte des droits
et libertés on reconnaît ce droit essentiel, eu égard aussi
à la non-discrimination en vertu de l'origine ethnique ou nationale.
Mme Lavoie-Roux: En réponse aux remarques de la
députée de Marie-Victorin, je veux simplement lui dire encore une
fois qu'on ne change rien au fond du droit. C'est toujours ce qui est
prévu dans le Code civil: les enfants sont sur un pied
d'égalité. Cela requiert l'adoption plénière.
Prenons l'hypothèse où il n'y a pas de décret, à ce
moment-là, c'est toujours l'interprétation du Procureur
général qui s'applique et qui interprète les dispositions
du Code civil. Mais la raison pour laquelle nous avons procédé
par décret, c'était pour officialiser davantage et
réaffirmer publiquement la position gouvernementale, à savoir que
la règle qui doit être observée, c'est la règle de
l'adoption plénière.
Les réserves du bâtonnier du Québec ne sont pas
quant au fond, elles sont peut-être quant au moyen retenu, mais nous
croyons que c'était la façon la plus certaine ou la plus
sûre de... Nous sentions le besoin de réaffirmer cela, compte tenu
des cas qui se présentaient où on se disait: Vous êtes un
peu difficile quand vous voulez juste l'adoption plénière et non
pas l'adoption simple, quoique je ne sois pas certaine que
tout le monde, même ceux qui sont des parents adoptants, en
saisissent tous les éléments, mais c'était
véritablement le but du décret.
Je voudrais savoir de la députée de Marie-Victorin si
c'est sur le fond de l'adoption plénière qu'elle s'en prend.
Mme Vermette: En fait, par ce projet de loi c'est comme s'il y
avait de l'ingérence. On fait l'interprétation que les tribunaux
font normalement. Je me pose la question à ce sujet. Quant au droit
comme tel, actuellement le DPJ devait faire la reconnaissance dans le pays
d'adoption d'un lien de filiation. C'était le rôle. Il n'y aura
plus d'adoption s'il n'y a pas de reconnaissance d'adoption
plénière, ce qui n'était pas le cas, mais le deviendra par
ce projet de loi.
Mme Lavoie-Roux: On ne fait qu'appliquer ce qui est dans le Code
civil. On n'enlève pas aux personnes le droit de contester. Elles
pourraient même contester le décret sur le fond. En même
temps, elles vont se trouver à contester ce qui est prévu dans le
Code civil pour l'adoption.
C'est évident que si j'écoute vos derniers propos - c'est
là-dessus que je vais être bien claire - vous ne m'avez pas encore
répondu à savoir si, en principe, vous êtes pour l'adoption
plénière ou si vous êtes pour l'adoption simple. À
mon point de vue, vos derniers propos créent une certaine
ambiguïté. Vous dites: À partir de demain, les gens ne
pourront plus faire des adoptions simples, ils pourront simplement
procéder par adoption plénière. C'est justement ce que
nous voulons: dans les pays où il y a simplement l'adoption simple de
prévue, qu'on crée les circonstances pour assurer qu'il s'agisse
d'une adoption plénière et qu'elle se pose selon ce qui est
prévu au Code civil que nous ne modifions en rien. Ce n'est pas facile
de modifier le Code civil.
Mme Vermette: Oui, mais, Mme la ministre, pour enlever toute
ambiguïté, je vais tout de suite donner ma position par rapport au
projet de loi ou par rapport aux liens de filiation. Ce que je trouve important
à l'heure actuelle, compte tenu de nouvelles circonstances sociales et
de l'évolution de l'adoption internationale, parce que vous pouvez bien
me dire que les ministres antérieurs de notre gouvernement avaient
déjà pris certaines dispositions... J'en conviens et je respecte
ces positions. C'est un peu comme ce que vous m'avez dit tantôt pour ce
qui est du colloque sur l'adoption internationale: on sent un mouvement, un
changement, une nouvelle orientation. C'est bien sûr que tout le monde
protège ses enfants, j'en conviens.
Ce que je voulais dire, c'est qu'au
Québec il y a un taux de natalité décroissant, il y
a des problèmes familiaux, il y a des problèmes de diverses
natures qui font que certains parents ne peuvent avoir des enfants bien qu'ils
désirent en avoir. Ils sont obligés d'aller à l'adoption
internationale pour combler leur désir de créer une famille. Cela
se fait, c'est sûr. Ce dont je veux m'assurer c'est que le projet de loi
ne restreigne pas le droit d'adopter dans des pays. Actuellement, si la loi
québécoise ne s'applique pas dans certains pays, la porte est
fermée à l'adoption dans ces pays. De plus en plus, il y a des
pays qui ne correspondent pas à notre nouvelle façon de faire,
à cette reconnaissance plénière, et c'est ce qui limite
actuellement les possibilités d'adopter des enfants.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je comprends des
propos de Mme la députée de Marie-Victorin, c'est qu'elle fait
intervenir un contexte qui est celui de la dénatalité et la
nécessité d'adopter davantage d'enfants sans doute pour contrer
la dénatalité. Même si vous ne l'avez pas exprimé
comme cela, je pense que c'était votre intention et à cause de ce
contexte particulier, on ne devrait pas fermer les pays à l'adoption
simple. Je le répète, M. le Président, il ne s'agit de
fermer aucun pays, aucune frontière. Mais on dit: Pour
l'intérêt de l'enfant, à cause de notre Code civil, nous
devons établir des circonstances, même pour les pays où
l'on ne reconnaît que l'adoption simple par entente pour, justement,
stabiliser au point de vue des règles de droit du Québec la
situation judirique d'un enfant et que cette situation soit la même que
celle qui prévaut pour tous les enfants du Québec.
Je pense que, là-dessus, l'égalité pour les enfants
du Québec, c'est un principe de base, fondamental qui, à mon
point de vue, a indiqué un progrès quand on l'a affirmé
dans le Code civil, par rapport à ce qui existait autrefois. Je pense
qu'on ne veut pas revenir là-dessus. Vous ne voulez pas que je cite.
Vous ne m'avez pas défendu de les citer, pour être plus juste,
mais vous avez dit: Vous allez peut-être me citer ce que certains
ministres ont dit avant. De fait, je vais vous citer ce que le ministre des
Affaires sociales du temps, M. Johnson, député d'Anjou et aussi
chef de l'Opposition actuelle, disait: II ne s'agit pas de procurer à
des familles des enfants abandonnés, mais bien de trouver pour un enfant
abandonné une famille. C'est une distinction importante dans l'approche
que nous devons avoir de l'adoption internationale. Il y avait aussi une autre
citation plus loin.
En tout cas, au nom de notre gouvernement je vaudrais affirmer le
principe suivant que j'affirmais en 1983 également. C'était dans
le même sens, je pense, que le
ministre du temps. Je disais: Le problème qui se pose pour les
parents du Québec qui désirent adopter un enfant, c'est vraiment
de concilier - il ne faut jamais perdre cela de vue - ce désir fort
légitime d'une famille de vouloir adopter un enfant et le droit des
enfants eux-mêmes. S'il y a un choix à faire entre les deux, c'est
îe droit de l'enfant qui doit être d'abord considéré
et qui ne doit pas être soumis à toutes sortes d'aléas qui
émanent des meilleures intentions du monde. (12 h 30)
Je pense que nous ne fermons pas de porte, mais nous disons:
Régularisons, de telle sorte que ni les enfants adoptés ni les
parents adoptifs, ni les parents naturels ne se trouvent dans des situations
où finalement on va brimer - il y aurait peut-être un meilleur
mot, mais c'est le seul qui me vient à l'esprit - leurs droits ou leurs
intérêts de quelque façon que ce soit. Encore une fois, je
veux signaler - je pense que la députée de Marie-Victorin l'a
reconnu - qu'il y a un mouvement, dans les pays qui laissent aller des enfants
pour adoption, pour s'assurer que l'adoption se fasse selon des règles
qu'ils acceptent et de la meilleure façon possible pour les enfants.
Je voudrais juste ajouter une information. On me dit qu'il y a eu une
mission exploratoire, il y a un mois, dans certains pays et que
déjà on peut présumer qu'il y a des possibilités
d'entente. Ils se sont montrés favorables à la politique du
Québec. En ce sens, ils sont prêts à travailler en
collaboration avec nous, même si ce sont des pays où on ne
reconnaît que l'adoption simple pour permettre, néanmoins, que
leurs enfants, dans des circonstances précises, puissent être
adoptés au Québec.
Mme Vermette: Mme la ministre, j'aimerais vous rappeler
qu'actuellement il y a des pays où ce n'est plus possible d'adopter des
enfants, notamment à Haïti. Depuis le 20 novembre, c'est impossible
maintenant d'adopter des enfants en Haïti. Il y a aussi d'autres endroits.
Il y a le Guatemala, il y a la république Dominicaine, il y a
l'Équateur, il y a le Mexique et il y a le Brésil. Pour la
plupart des parents qui veulent adopter des enfants, il y a une
préférence nette qui est exprimée pour les pays
d'Amérique latine, parce que leur façon de vivre ou leur
façon de s'exprimer, en fin de compte, est beaucoup plus près de
la nôtre. C'est pour cela qu'il y a une demande beaucoup plus importante
pour ces pays que pour d'autres pays actuellement. Ce sont ces pays qui par ce
projet de loi ne pourront plus permettre les adoptions actuellement. Ce sont
ces parents qui se sentent lésés. Pour eux, habituellement,
c'était l'endroit privilégié pour des adoptions à
cause des choix et des affinités aussi entre ces régions et le
Québec.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je ne peux que
répéter que nous ne fermons pas les frontières à
qui que ce soit. Nous voulons nous assurer que les adoptions se fassent selon
les règles du Québec tout en respectant les pays étrangers
et en nous entendant avec eux pour que les principes qu'eux aussi jugent
importants soient respectés. Je pense que d'informer même ici
aussi au Québec les parents adoptifs, c'est leur rendre service. On
sait, par exemple, que présentement il se fait au Brésil, par
exemple, du trafic d'enfants - il faut bien le dire - et que les parents qui
veulent adopter ne le font pas de mauvaise foi, mais ne connaissent pas
exactement toutes les règles et ne savent pas exactement quelles sont
les règles dans un pays comme celui-là. Dans un esprit de
protection pour tout le monde, il faut éviter ces situations. C'est
l'intention du gouvernement... Maintenant, il y aura une commission
parlementaire qui sera très longue. Il ne s'agira pas juste d'aborder...
C'est quand même un principe de fond. Je voudrais encore demander
à la députée de Marie-Victorin si je dois conclure que
votre formation politique est à la fois pour l'adoption
plénière et pour l'adoption simple. À ce moment, il
faudrait nous dire si vous avez l'intention de demander des modifications au
Code civil.
Mme Vermette: On ne veut pas du tout demander cela. Je vais vous
lire une interprétation du Barreau, Mme la ministre. Peut-être que
vous comprendrez davantage mes préoccupations que je veux aussi vous
faire partager. Je vais vous lire un peu ce que le Barreau a écrit.
Celui-ci disait: "Or, par l'intermédiaire du décret 1728-86
concernant l'approbation de la directive pour assurer l'atteinte des objectifs
de l'intervention sociale en matière d'adoption internationale, vous
qualifiez maintenant le projet de loi 139 et interprétez des
dispositions du Code civil en ce domaine". Donc, c'est ce que vous disiez.
"Permettez-nous, tout d'abord, de vous indiquer qu'un tel décret ne nous
apparaît pas être le véhicule législatif
adéquat pour exprimer les politiques gouvernementales concernant ce
domaine important. On ne saurait en effet décider ou modifier les droits
fondamentaux des individus en procédant par simple décision
ministérielle ou même par voie réglementaire, comme vous
vous proposez de le faire dans le projet de loi 139. En proposant, par
décret, une interprétation du Code civil ne reconnaissant que
l'adoption plénière, non seulement ajoutez-vous au texte de loi,
mais vous exercez alors des fonctions qui relèvent du pouvoir
judiciaire. Le Barreau du Québec ne peut que s'élever contre une
telle pratique. La règle du partage des pouvoirs a toujours voulu que le
pouvoir judiciaire soit exercé de façon distincte des
pouvoirs
législatif et exécutif afin de garantir
l'indépendance nécessaire à l'intégrité dans
notre système politique et juridique. Une telle ingérence dans
l'exercice du pouvoir juridique ne devrait être admise dans notre
société québécoise."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux
réitérer que nous ne modifions en rien les règles qui
existent présentement en vertu du Code civil et que nous n'enlevons
à personne le droit d'aller devant les tribunaux pour faire
interpréter le fond du droit, si on le désire. Je veux
également - je pense que je l'ai déjà dit - assurer la
députée que ceci n'a pas été fait uniquement par la
ministre de la Santé et des Services sociaux. Vous pouvez être
assurée que cela a fait l'objet d'un comité spécial auquel
ont contribué le ministère de la Justice, le ministère des
Relations internationales, le ministère des Communautés
cutlurelles et de l'Immigration et mon ministère. C'est après une
étude attentive des problèmes que ceci a reçu
l'approbation de tout le monde. Non seulement cela, mais le ministère de
la Justice m'a également envoyé un avis à savoir que nous
n'irions pas en procédant de cette façon-là.
M. le Président, je n'ai vraiment pas d'autres remarques à
faire au début.
Le Président (M. Bélanger): Merci, madame. Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Compte tenu des remarques de la ministre, je suis
convaincue qu'actuellement on touche réellement au fond. Ce qui se
passait antérieurement était une adoption simple, de filiation
simple. Actuellement, les politiques mises de l'avant par le décret, les
règlements qui en découleront et les directives que les gens
devront faire appliquer touchent directement au fond et impliquent directement
le fond.
Motion proposant la tenue
de consultations particulières
avec le Barreau du Québec
J'aimerais, à ce stade-ci, M. le Président, déposer
une motion pour tenir des consultations particulières, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi,
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption
internationale, quant à tous les articles du projet de loi et
qu'à cette fin on puisse entendre le Barreau du Québec.
Le Président (M. Bélanger): Pourrais-je avoir la
copie écrite de votre proposition, madame? L'article 244 de notre
règlement stipule, en deuxième partie, sur les consultations
particulières: "Avant d'entreprendre l'étude
détaillée, la com- mission peut décider de tenir des
consultations particulières dans le cadre de son mandat". Votre motion
est donc recevable, madame. Voulez-vous nous la présenter?
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'ai
présenté cette motion parce que, compte tenu des
événements et compte tenu aussi du décret qui a
été présenté par la ministre et de
l'interprétation aussi qu'en fait le Barreau du Québec, je pense
qu'il était essentiel de faire la lumière là-dessus avant
qu'on aille plus loin dans l'étude détaillée du projet de
loi. C'est un projet de loi qui, comme on le voit, est complexe et aussi
à teneur humanitaire autant pour la protection des enfants que pour les
familles de parents d'adoption. C'est à cause de cette complication qui
peut exister dans un autre pays et des parents qui vivent au Québec et
d'avoir toujours à maintenir le désir des parents de créer
une famille ici, au Québec, par le biais de l'adoption internationale...
Je pense qu'il est essentiel que des gens compétents, des gens qui se
sont penchés sur l'analyse de ce projet de loi, nous apportent certaines
recommandations dans le sens d'aller prudemment et de se faire entendre.
Notamment, le Barreau du Québec, à mon avis, est un organisme des
plus crédibles dans le domaine juridique: il nous fait une mise en
garde, en disant: Cela peut créer un précédent, parce que,
dans notre société, on reconnaît deux pouvoirs: le pouvoir
législatif et le pouvoir exécutif, ce qui est très
différent du pouvoir judiciaire et il faut respecter ces deux
entités.
Il faut également respecter les règles de partage de ces
deux pouvoirs. À mon avis, je pense qu'il est important à ce
stade, avant même d'aller plus loin sur le plan du projet de loi, de
vérifier si on n'est pas en train de créer un
précédent et si, effectivement, on n'est pas en train de
s'immiscer dans te pouvoir judiciaire, ce qui créerait un paquet de
problèmes et de procédures beaucoup plus importantes que ce qu'on
voudrait vivre actuellement. Je pense à l'ensemble des parents qui
désirent des enfants.
C'est sûr et évident qu'il y a des modifications - on l'a
toujours dit - à apporter. Quant à nous, nous croyons que le
problème réside dans le fait qu'il est arrivé des cas
malencontreux où des enfants ont été presque
littéralement arrachés à des familles de leur pays
d'origine pour être adoptés par des familles d'accueil d'ici qui
attendaient des enfants.
On aurait été davantage... De deux choses l'une: soit que
les normes du secrétariat à l'adoption soient inadéquates,
soit que les intermédiaires autorisés ne
jouent pas leur râle adéquatement, C'est là que
devraient être mis les efforts s'il y a des correctifs à
être apportés ou à être maintenus.
Quant au reste, nous disons qu'il faut y aller avec prudence et avec la
collaboration des gens qui se sont penchés, qui interprètent nos
lois et qui, eux, vivent régulièrement en tant que principaux
interprètes de nos lois. Effectivement, nous devons rédiger nos
lois en fonction de certains besoins. Mais il faut laisser ceux dont le
râle et le mandat est d'interpréter les lois faire
adéquatement leur travail.
C'est pour cela que je pense qu'il leur aurait été
nécessaire et qu'il est nécessaire actuellement qu'on puisse
entendre le Barreau du Québec et les principaux concernés, afin
qu'ils puissent se prononcer sur ce projet de loi, qu'ils viennent nous faire
part de toutes leurs craintes et nous disent pourquoi ils interprètent
déjà le décret comme une atteinte, dans les
différents paliers législatifs, de pouvoirs judiciaires et
pourquoi, quant à eux, ils demandent à la ministre d'être
entendus. Le Barreau nous fait cette mise en garde sur les conséquences
de cette loi, la Loi modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse
concernant l'adoption internationale.
C'est un projet de loi trop complexe et trop important pour qu'on puisse
l'adopter rapidement. On ne peut adopter ce projet de loi sans avoir toutes les
informations pertinentes pour prendre une orientation, à mon avis, qui
est des plus importantes, parce que c'est une loi - je le répète
humanitaire qui touche autant les garanties de l'enfant que celles des familles
et il faut également empêcher qu'il y ait des mésententes
entre les pays.
C'est extrêmement complexe. Il y a déjà des lois qui
existent actuellement. Il y a des mécanismes quand surviennent certains
problèmes. Il y a des reconnaissances pour les enfants, tel qu'il est
écrit dans le document que le Barreau nous a fait parvenir. Il nous dit
que la charte garantit des droits essentiels, à commencer par la
non-discrimination eu égard à l'origine ethnique ou nationale des
enfants. Cette protection est également garantie par l'article 594 du
Code civil, qui stipule que tous les enfants dont la filiation a
été établie ont les mêmes droits et les mêmes
obligations, quelles que soient les circonstances de leur naissance. (12 h
45)
De plus, l'article 595 du Code civil précise que l'adoption ne
peut avoir lieu que dans l'intérêt de l'enfant et aux conditions
prévues par la loi. Donc, c'est bien sûr, toutes les garanties
sont déjà établies à l'intérieur du Code
civil. Ce qui est important et ce sur quoi le projet de loi ne se penche pas
actuellement, c'est justement sur les problèmes les plus importants. Ce
n'est pas la reconnaissance des droits des enfants, mais beaucoup plus la
mécanique qui se passe dans les différents pays, la façon
dont la transition des enfants se fait, non pas par la reconnaissance, mais
souvent par un intermédiaire et des entreprises privées, parce
qu'il faudrait peut-être se pencher sur nos mécanismes ici au
secrétariat à l'adoption. C'est peut-être plus là
qu'on devrait mettre l'accent et qu'on aurait dû s'arrêter et
regarder ce qui est à faire et quelles sont les améliorations
à apporter à ce niveau-là.
À notre avis, si on ne se penche pas sur ces données, il y
aura toujours des cas illicites de toute façon, il y aura toujours un
genre de marché noir d'enfants, ce qui fera que des gens, finalement,
quand ils ne pourront pas avoir des enfants par le biais normal, se diront: On
est capables d'avoir facilement des enfants. Il y aura toujours d'autres pays
d'origine. Dans ces pays-là, on rencontre toujours plus de gens
analphabètes que partout ailleurs dans le monde et il y aura toujours
des gens qui ne sauront pas vraiment ce qui se passe entre des personnes qui
viennent pour adopter un enfant.
Il est beaucoup plus essentiel et plus important de se pencher sur les
intermédiaires actuels, eu égard aux ententes qui peuvent exister
entre les pays. À mon avis, la racine des problèmes, c'est
comment les intermédiaires réagissent dans les pays, comment les
intermédiaires fonctionnent à l'intérieur des pays et le
rôle qu'ils doivent jouer, et qui doit jouer ce rôle-là en
tant qu'intermédiaire.
Actuellement, je trouve inadmissible que des parents soient
obligés d'aller dans d'autres provinces du Canada pour adopter des
enfants, alors qu'ils ne sont pas soumis aux mêmes règles de
procédure que nous, à l'heure actuelle, ici. C'est pour cela
qu'il est essentiel que le Barreau puisse se faire entendre sur ce
débat, avant même que l'on entreprenne l'étude du projet de
loi pour faire la lumière nécessaire sur l'ensemble de la
problématique dans la légalisation, finalement, et la
reconnaissance des droits de filiation en ce qui concerne les enfants, les
parents et les pays d'origine.
Ce n'est pas quelque chose de facile, c'est très complexe, j'en
conviens, et, à cause de cette complexité d'interprétation
du droit, il est essentiel que des gens qualifiés en la matière
puissent venir nous donner cette information pour que l'on puisse faire d'une
façon intelligente, de la façon la plus éclairée
possible, la lecture du projet de loi et la compréhension de ses
articles, et vraiment nous faire saisir toute la notion dans son ensemble et
les conséquences que pourront apporter de tels articles de loi et de
telles modifications en ce qui concerne le projet de loi 139.
Effectivement, ce n'est pas facile et c'est une situation qui n'a jamais
été facile, on le reconnaît très bien. En tant
qu'Opposition, on ne dit pas que c'est quelque chose de simple et qu'il ne faut
pas apporter des solutions. Tout ce que nous disons en tant qu'Opposition,
c'est qu'il ne faut pas y aller rapidement dans ce problème, qu'il faut
faire attention et respecter les différents paliers qui existent dans
les pouvoirs judiciaire et législatif, et que c'est dans cette
compréhension et dans cet échange-là, qui semble le plus
adéquat actuellement pour entreprendre l'étude du projet de loi
139, qu'il nous apparaît légitime de demander que cet organisme
qu'est le Barreau du Québec puisse se faire entendre.
Mme la ministre, je ne le sais pas, mais la lettre donnée par le
Barreau était très significative en fin de compte en ce qui
concerne sa préoccupation. Bien plus, il s'est réellement
penché et a fait l'étude du projet de loi. Il en a vraiment pris
connaissance. Et, à mon avis, il y a urgence que ces gens-là se
fassent entendre puisqu'ils ont eu à interpréter par le
passé des cas qui semblaient litigieux ou compliqués.
Si le projet de loi qui a été proposé n'apportait
pas de problème ou n'apportait pas de changement significatif et ne
remettait pas en cause le fond, je pense qu'on n'aurait pas eu de la part du
Barreau une si grande manifestation et un si grand souci de vouloir se faire
entendre et, de déposer à votre attention toutes leurs
préoccupations face à ce projet de loi. Le Barreau est un
organisme sérieux, c'est un organisme qui n'a jamais parlé pour
ne rien dire et qui s'est toujours penché sur des questions importantes.
Lorsqu'ils ont voulu se faire entendre, c'était justement pour
empêcher que par certaines législations on puisse avoir des
difficultés d'interprétation, en ce qui concerne nos tribunaux.
C'est ce que je voudrais qu'on prenne en considération et je pense que
c'est important aussi.
Je pense que le Barreau comprend très bien les désirs de
la ministre actuellement, mais le Barreau veut plus, même s'il comprend
les désirs de la ministre et la problématique qu'on doit vivre
avec les autres pays. Il veut pouvoir venir ici demander à la ministre
le pourquoi d'un décret, et surtout faire la démarcation entre
ces deux niveaux, ces deux paliers, le judiciaire et le législatif, et
indiquer qu'il faut être respectueux de l'autonomie des différents
niveaux des tribunaux et qu'il faut être respectueux aussi de l'autonomie
législative des autres pays. C'est dans un esprit d'ouverture que le
Barreau du Québec fait sa demande.
Ce projet de loi aurait fait l'objet d'une très bonne discussion
et je pense qu'ils auraient pu nous apporter des éléments
importants, une expertise importante parce qu'il y va de l'autonomie
législative des autres pays et d'un désir qui est très
important: le désir des parents de pouvoir fonder une famille par le
biais de l'adoption internationale. Au Québec actuellement, ce n'est
plus la revanche des berceaux comme on l'a connue il n'y a pas si longtemps,
mais on doit présentement faire appel à l'adoption internationale
pour pouvoir réaliser le voeu le plus cher de certains couples, celui de
fonder une famille. C'est ta problématique sur laquelle nous devons nous
pencher par le biais du projet de loi 159.
Je pense qu'il serait intéressant de réévaluer avec
le Barreau du Québec les différents aspects de l'adoption
internationale, qu'on puisse se pencher avec eux sur cette question pour cerner
l'ensemble de la problématique de l'adoption internationale, d'autant
plus que c'est vraiment de la législation, c'est un problème
très complexe, c'est un problème d'interprétation de nos
lois. Il y a des garanties qui existent déjà dans le Code civil,
qui sont reconnues à l'intérieur du Code civil.
Avant même de faire l'étude du projet de loi, il est
important à mon avis que les gens qualifiés dans le domaine du
droit, notamment, le bâtonnier du Québec, M. Serge Ménard,
qui nous faisait la demande afin de pouvoir être entendu, puissent au
moins déposer un mémoire sur tout l'aspect actuel de l'adoption
internationale au Québec en vue d'un projet de loi qui modifierait quoi
qu'en dise la ministre, sur le fond l'adoption internationale au
Québec.
Ce n'est pas un projet facile. Cela touche les structures au
Québec et cela permettrait peut-être aux législateurs
québécois d'accomplir un travail beaucoup plus appréciable
actuellement et beaucoup plus conforme à la problématique et cela
toucherait davantage les vrais problèmes actuels. Je conviens qu'il y a
beaucoup de problèmes et que ce n'est pas facile pour toutes les raisons
que la ministre et moi avons évoquées. Tout ce que l'on peut
souhaiter, c'est de ne pas procéder trop rapidement dans ce dossier,
même si, déjà, on se penche sur la question de l'adoption
internationale. Ce n'est pas un domaine où les mentalités
changent rapidement; les mentalités finissent progressivement par
évoluer parce qu'on a affaire à différents pays, à
différents États.
Ce n'est pas facile de transiger dans une pensée homogène
quand cela touche l'adoption internationale. Par contre, il est sûr et
certain qu'il faut respecter l'autonomie législative des autres pays, il
faut respecter l'autonomie législative du Québec, bien sûr,
mais comme plusieurs pays sont concernés par ces échanges et ces
ententes, il est important, à ce stade-ci, avant même d'aller au
projet de loi qui
touche en profondeur la nouvelle orientation il me semble
nécessaire en tout cas, de reconnaître un droit qui, finalement,
était assuré par le biais des tribunaux et très bien
reconnu dans le Code civil et qui ne nécessite pas actuellement qu'on
procède par décret pour arriver à faire reconnaître
ces droits.
À mon avis, cela peut créer un précédent.
C'est pour cela, à propos de ce projet de loi, que nous voulons
procéder avec prudence. Nous demandons à la ministre d'entendre
les gens qui nous permettraient de nous pencher sur cette question et
d'apporter un travail plus qu'appréciable en ce qui concerne la
compréhension et toute la dimension que représente l'adoption
internationale. Nous voulons faire en sorte qu'actuellement l'adoption
internationale devienne un processus répondant davantage, d'une part,
aux obligations que nous avons en tant que pays et aussi respectant l'autonomie
législative des autres pays, afin qu'on permette à l'ensemble des
parents du Québec désireux d'adopter un enfant et de créer
une famille de trouver les meilleures garanties possible, les meilleures
façons de fonctionner, tout en maintenant leur désir, de la
façon la plus souple possible avec les autres pays de sorte que
l'ensemble des principaux concernés, le secrétariat à
l'adoption, le DPJ et les intermédiaires autorisés,
répondent aux attentes des parents et aussi à des exigences qui,
à mon avis, demanderaient peut-être une certaine souplesse, dans
certains cas, et, dans d'autres cas, beaucoup plus de rigueur et beaucoup plus
de contenu.
L'important actuellement, c'est qu'il faudrait, avant même de
statuer sur le projet de loi, regarder ces différentes instances qui
nous préoccupent beaucoup par l'adoption internationale, notamment le
secrétariat à l'adoption et les intermédiaires
autorisés. II serait important qu'on se penche davantage sur le
rôle qu'ils ont è jouer à l'intérieur de l'adoption
internationale avant même de travailler directement sur le fond de cette
loi.
D'autres peuvent faire appel pour être entendus en commission
parlementaire, ce qui nous permettrait d'entendre les principaux
concernés, les différents intervenants et aussi le Barreau du
Québec. J'espère que nous pourrons entendre le Barreau du
Québec, avant même la lecture du projet de loi, qui nous apportera
toutes les expertises importantes et qui nous apportera l'interprétation
et la compréhension que comporte l'adoption internationale dans sa forme
actuelle et dans la forme qu'on voudrait bien lui donner pour les prochaines
années, ici, au Québec.
C'est une mise en garde parce que, quoi qu'en dise Mme la ministre, il y
a des pays où il est impossible d'adopter des enfants. Actuellement,
depuis le 20 novembre, il est impossible d'adopter des enfants en Haïti,
au Guatemala, en république Dominicaine, en Équateur ou au
Mexique. On sait déjà que la possibilité d'adopter des
enfants est limitée actuellement, et on rend la tâche beaucoup
plus compliquée et complexe aux parents parce que, justement, par le
projet de loi, là où les lois québécoises ne
s'appliquent pas, l'adoption devient impossible dans ces pays-là.
Le Président (M. Bélanger): Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin, je suis dans l'obligation de vous
interrompre parce qu'il est 13 heures et que nous devons suspendre nos travaux
jusqu'à 15 heures. Il vous restera encore sept minutes d'intervention si
vous voulez vous en prévaloir au moment du retour. Alors, nous
suspendons les travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 15 h B)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission reprend ses travaux. Nous en étions à
l'étude du sous-amendement présenté par Mme la
députée de Marie-Victorin. In absentia, nous reprenons les
travaux. Est-ce que M. le député de Terrebonne veut continuer le
débat?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la députée
de Marie-Victorin n'est pas ici, elle a donc perdu son droit de parole. Alors,
c'est au gouvernement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, on
vous reconnaît.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est parce que je veux l'empêcher de
parler. Vous comprenez.
Le Président (M. Bélanger): Non, non.
Mme Lavoie-Roux: Je l'écouterai avec plaisir par la
suite.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y, madame.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai
écouté les arguments répétés,
répétés, répétés,
répétés et répétés de Mme la
députée de Marie-Victorin. D'abord, je voudrais... Au cas
où son collègue ne le saurait pas, elle a demandé que la
Barreau soit entendu, compte tenu d'une lettre que le bâtonnier nous a
envoyée et dans laquelle il
demande, entre autres, d'être consulté sur le
règlement. Ce matin, j'ai indiqué deux choses dans les notes
préliminaires, d'une part, je me suis montrée favorable à
un mandat d'initiative - quoique la décision ne me revient pas - tel que
proposé par le député de Gouin. Ce dernier a
demandé qu'il y ait une commission ou un mandat d'initiative pris par
l'ensemble de la commission qui se pencherait sur toute la question de
l'adoption internationale. Évidemment, c'est à la commission de
prendre sa décision, mais j'ai indiqué ma sympathie pour un tel
genre de chose.
La deuxième chose, c'est que le projet de règlement est
déjà en préparation et on essaie de préciser
davantage les rôles des différents intervenants du
secrétariat de l'adoption, du Directeur de la protection de la jeunesse
et des organismes reconnus. Je le dirigerai a la commission parlementaire des
affaires sociales pour qu'il soit discuté en commission parlementaire
et, s'il y a lieu, il y aura des audiences. Je pense que devant ces
engagements, le Barreau du Québec est satisfait et le voit même
dans un débat plus large que celui qu'il avait prévu, eu
égard strictement à la loi 139. Dans ce sens-là, nous ne
pouvons pas voter pour la proposition de Mme la députée de
Marie-Victorin, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur ce sous-amendemenf
M. Blais: Avec ces explications, madame, je dois
reconnaître que vous avez pris une position normale sur ce sujet,
d'ailleurs demandé par le député de Gouin,
c'est-à-dire le mandat d'initiative du député de Gouin.
Dans ce sens-là, je n'ai rien à ajouter, madame.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle donc le vote.
Je m'excuse, mais vous n'étiez pas là, et on fonctionne. Je
demandais s'il y avait d'autres intervenants?
M. Rochefort: Est-ce que Mme la députée de
Marie-Victorin...
Le Président (M. Bélanger): On a commencé
depuis dix minutes.
M. Rochefort: M. le Président, vous me permettrez de
souligner que Mme la députée de Marie-Victorin est critique de
notre formation politique sur le dossier et que c'était elle qui avait
la parole au moment de la suspension de nos travaux à l'heure du
dîner et qu'il n'est pas dans la pratique de commencer une commission
sans la présence du ministre et du critique. Vu qu'il n'est que 15 h 10
et que vous me dites que vous avez commencé il y a cinq minutes, je
pense qu'on aurait pu appliquer le délai qu'on applique raisonnablement
habituellement et qui est d'une quinzaine de minutes.
M. Joly: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre.
M. Joly: J'aimerais souligner que, ce matin, on a attendu quand
même une demi-heure. Alors, je ne pense pas qu'on ait un jeu pour
commencer à étirer le temps indûment. S'il y a de bonnes
raisons, il serait quand même bon de le savoir avant l'ouverture. Alors,
comme madame ne s'est pas manifestée, j'ai suggéré qu'on
commence. Je persiste à dire qu'on devrait continuer. On avait quorum
à part cela, M. le Président.
M. Leclerc: M. le Président, au moins...
Mme Lavoie-Roux: II y avait un représentant de
l'Opposition.
M. Leclerc: D'abord, il y avait un représentant de
l'Opposition. Au moins pourrait-il déléguer un recherchiste pour
nous dire: Écoutez, elle s'en vient. La voilà!
Une voix: Elle est arrivée, elle est arrivée.
Le Président (M. Bélanger): Nous n'avions pas eu
d'avis contraire. Alors, nous avons donc procédé. Je pense que
nous ne dérogeons à aucune règle d'éthique. Il
serait de bon aloi... Tout le monde qui devait être là
était présent. Je pense que cela a été unanime. Les
gens des deux côtés ont donné leur consentement pour qu'on
commence. Donc, nous avons commencé.
M. Rochefort: M. le Président, sur la question de
règlement. D'une part, contrairement à ce qu'insinue le
député de Fabre, contrairement aux dispositions des paragraphes 6
et 7 de l'article 35 de notre règlement, il n'y a personne qui tente
d'étirer le temps. Je lui ferai remarquer qu'il est 15 h 12 et que ce
serait un des meilleurs scores de début des travaux de la commission.
Donc, s'il veut prétendre que des gens ont voulu étirer le temps,
il faudrait peut-être qu'on se pose des questions sur les gens qui sont
arrivés avec de bonnes raisons, ce que je reconnais largement, aux
autres séances de notre commission.
Deuxièmement, M. le Président, je répète
qu'il y a une tradition ici en cette Chambre et que peut confirmer Mme la
députée de L'Acadie, ministre de la Santé et des
Services sociaux, qui siège dans cette Chambre depuis plus de dix ans,
selon laquelle on attend la présence des deux critiques.
Généralement, on se donne au moins un délai de dix
à quinze minutes pour entreprendre nos travaux. C'est effectivement la
pratique que vous avez respectée jusqu'à ce jour depuis que vous
êtes à la présidence de notre commission.
Troisièmement, M. le Président, je vous indique
immédiatement qu'il est effectivement de mon intention de prendre la
parole là-dessus. Je sais que Mme la députée de
Marie-Victorin n'avait pas terminé son intervention sur la question.
M. Joly: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre. Une dernière intervention sur le sujet et
ensuite, on passe...
M. Joly: Je tiens à souligner que le député
de Terrebonne était d'accord pour qu'on commence.
M. Rochefort: Oui, peut-être, M. le Président.
Une voix: Vous aviez quorum.
M. Rochefort: Mais la porte-parole n'était pas
là.
Le Président (M. Bélanger): Nous ne savions pas ce
qui arrivait avec la porte-parole. Nous avons essayé de... Personne ne
nous a donné d'information, et le député
représentant votre formation était d'accord. Il y avait eu
demande d'un côté pour qu'on commence les travaux. Le
député de votre formation nous a autorisés à
commencer les travaux. La ministre a même fait son intervention à
la suite de l'intervention de votre représentante qui était
absente. Je pense qu'il était dans l'ordre des choses qu'on commence. M.
le député de Taschereau.
M. Leclerc: Je voudrais humblement vous rappeler que vous aviez
déjà demandé le vote.
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse. On va se
parler franchement. Lorsque vous avez demandé s'il y avait d'autres
demandes d'interventions, j'ai dit: Oui, je veux parler. J'étais debout
à peu près au quatrième fauteuil.
Le Président (M. Bélanger): C'est tout à
fait vrai.
M. Rochefort: Si le député de Taschereau n'a pas
l'intention de procéder à l'étude du projet de loi 139,
c'est son problème. Il l'assumera comme il assumera les autres
décisions. Si vous avez l'intention de bâillonner la commission
à ce moment-ci, dites-le...
M. Leclerc: II ne s'agit pas de bâillonner personne.
M. Rochefort: ...sinon, laissez-nous nous prévaloir de nos
droits de parole.
Le Président (M, Bélanger): Non, je pense
que...
M. Rochefort: Nos mandats sont aussi légitimes que les
vôtres.
Le Président (M. Bélanger): Un intant! Un instant!
Un instant!
M. Leclerc: Du calme! Du calme!
Le Président (M. Bélanger): II a demandé un
droit de parole au moment où on parlait du droit de vote. Je pense que,
en toute objectivité et pour éviter toute ambiguïté,
nous allons vous reconnaître. Je devrais vous dire quand même qu'il
ne s'agit pas de prêter d'intention à personne. Il n'y a personne
ici qui a parlé de retarder les travaux ou quoi que ce soit. Au
contraire, on a simplement voulu débuter. Les gens veulent
procéder avec diligence dans le dossier.
Je pense que de part et d'autre, sur ce projet de loi, il n'y a pas
d'ambiguïté, il n'y a pas de... M. le député de
Gouin, vous avez demandé le droit de parole. Vous avez donc dix minutes
de réplique.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui. Et, M. le Président, je vous souligne
que vous aviez indiqué à ma collègue, avant l'ajournement,
qu'il lui restait sept minutes et qu'elle avait indiqué son intention
d'utiliser son droit de parole de sept minutes.
M. le Président, nous nous retrouvons ici à la commission
des affaires sociales sur un projet de loi qui touche beaucoup de personnes
qui, comme nous avons eu l'occasion de le dire à l'occasion du
débat en deuxième lecture, a pour but de corriger un certain
nombre de situations pour au moins nous permettre de faciliter les choses
à un nombre assez important de familles qui font face à des
problèmes entourant le projet de loi 139, qui est toute la question de
l'adoption internationale.
Mais, M. le Président, il faut être conscient qu'on se
retrouve encore une fois avec un projet de loi qui arrive en fin de session,
avec un projet de loi qui ne fait pas consensus, un projet de loi pour lequel
une demande formelle a été faite par le Barreau
du Québec et par un certain nombre d'autres groupes qui
souhaitent formellement être entendus en commission parlementaire de
façon à pouvoir participer, comme nos règlements le
permettent, aux réflexions et aux discussions qui doivent entourer
l'adoption du projet de loi 139.
M. le Président, il faut reconnaître qu'on se met dans des
situations où, immanquablement, on va se retrouver avec des projets de
loi qui devront être "rerecorrigés", avec des projets de loi dans
lesquels on va retrouver des coquilles, dans lesquels on va retrouver des
dispositions qui auront été mal évaluées parce
qu'on légifère trop rapidement.
Quand j'observe l'évolution de la session de l'hiver 1986 qui
s'achèvera dans quelques jours, je suis à me poser la question
s'il faudra en arriver à des règles comme celles, par exemple,
qui existent à la Chambre des communes à Ottawa qui font en sorte
qu'un projet de loi, pour être adopté à une session
précise, doit absolument avoir été déposé
à la session qui précède.
Légiférer, ce n'est pas quelque chose d'anodin, quelque
chose qu'on fait en toute rapidité, qu'on fait à toute vapeur.
Légiférer, c'est de plus en plus complexe. On sait que de plus en
plus, et c'est une évolution qu'a connue notre société
comme d'autres sociétés au cours des 10, 20 ou 30
dernières années, les lois sont contestées devant les
tribunaux. De plus en plus de tribunaux invalident des chapitres ou des lois
complètes, de plus en plus des gens qui croyaient avoir obtenu des
droits par une loi adoptée à l'Assemblée nationale,
sanctionnée par le lieutenant-gouverneur, se retrouvent dans des
situations où ils se font contredire, retirer ces droits qu'ils
pensaient avoir obtenus par législation ou des citoyens qui retrouvent
des droits qu'ils avaient perdus par des lois, à cause de l'intervention
des tribunaux qui viennent corriger à l'occasion des lois qui ont
été faites un peu trop rapidement par l'Assemblée
nationale.
À d'autres reprises, c'est le législateur lui-même
qui s'en aperçoit, le gouvernement, qui a l'initiative
législative, qui se voit dans l'obligation de venir déposer des
lois additionnelles pour corriger telle ou telle disposition d'un projet de
loi, pour compléter une disposition, pour ajouter des
éléments à un article de loi, une disposition
législative pour faire en sorte de ne pas se retrouver dans des
situations qu'on avait mal évaluées mais qui, effectivement, sont
l'aboutissement concret de l'adoption d'une loi.
M. le Président, je pense qu'il faut qu'on se dote de
règles qui font en sorte qu'on légifère plus
rigoureusement, plus sûrement quant à la qualité du produit
législatif qui sort de tout ce processus auquel nous sommes les premiers
associés. Dans le dossier qui nous occupe, oui, l'Opposition est
d'accord avec le projet de loi. Oui, l'Opposition reconnaît qu'il s'agit
d'un pas en avant. Oui, l'Opposition reconnaît que cela devrait permettre
de faciliter les choses è un nombre important de familles du
Québec qui sont en attente, en voie d'être inscrites ou
déjà inscrites dans un processus d'adoption internationale. En ce
sens, il faut qu'on permette à ces gens de procéder et de leur
faciliter les choses.
Autant j'avais dit dans mon intervention de deuxième lecture que
je souhaitais que l'Assemblée nationale et que notre commission se
donnent un mandat d'initiative pour faire le tour de toute la question de
l'adoption internationale - ce à quoi je crois toujours et ce que je
réitère comme demande et comme offre de collaboration et de
travail de l'Opposition à la majorité ministérielle -
autant je dois dire que, dans le cas qui nous occupe, nous avons des demandes
formelles d'un certain nombre de groupes qui, dans ce cas-ci,
précisément, ont probablement entendu la ministre sur le projet
de loi 142, nous demandent d'être entendus en commission parlementaire eu
égard au projet de loi 139.
M. le Président, un des groupes les plus importants qui est celui
qui fait l'objet de la motion de ma collègue, la députée
de Marie-Victorin, c'est le Barreau du Québec, l'organisme
représentant l'ensemble des juristes du Québec. Si ces gens nous
disent qu'ils souhaitent être entendus dans une étape aussi
importante du processus législatif qui est celle de l'étude
article par article d'un projet de loi, j'imagine qu'on ne peut pas, nous,
traiter cela du revers de la main. J'imagine que, si on nous demande
d'être entendu, c'est probablement parce qu'on veut nous apporter un
éclairage additionnel basé sur la reconnaissance professionnelle
des lois, mais aussi basé sur des connaissances des faits vécus
qu'ils ont sûrement accumulée au fit des ans à partir de
leur pratique qui faisait en sorte que des citoyens et des citoyennes du
Québec faisaient appel à leurs services pour leur permettre de
mieux fonctionner à l'intérieur des lois concernant l'adoption
internationale.
En ce sens, je pense qu'il s'agirait là d'une façon un peu
téméraire et péremptoire que de procéder plus avant
dans l'étude du projet de loi sans qu'on ait accepté d'entendre
le Barreau du Québec. Moi, je souhaite que, oui, le projet de loi 139
soit adopté. Je souhaite que, oui, un mandat d'initiative soit
adopté par la commission des affaires sociales pour, le printemps
prochain, faire le tour largement et profondément de cette question.
Mais, moi, je me sentirais plus "sécure" comme législateur, comme
représentant de la population du Québec dans le processus
législatif qu'on permette à un organisme de l'importance du
Barreau de venir participer pendant quelques heures à
nos travaux pour bien nous assurer que nous avons bien pesé
l'ensemble des dispositions du projet de loi 139 et que, même si au bout
de cette audition, nous n'étions pas d'accord avec les
représentants du Barreau, même s'ils ne nous avaient pas
convaincus de corriger dans un sens ou dans l'autre des dispositions ou d'aller
ou pas de l'avant avec le projet de loi, au moins qu'on le fasse en toute
connaissance de cause et après avoir rigoureusement assumé nos
responsabilités, c'est-à-dire avoir bien pesé l'ensemble
des dispositions en toute connaissance de cause des problèmes, des
inconvénients ou des conséquences que l'application de ces
dispositions pourraient créer.
Deuxièmement, en nous assurant aussi que l'Assemblée
nationale a assumé sa responsabilité qui est celle aussi de
bonifier les projets de loi, peut-être que le Barreau nous convaincra et
convaincra même Mme la ministre d'apporter des modifications à son
projet de loi dont profiteront plus de personnes, et qui posera moins de
problèmes a des personnes qui devront vivre avec ce projet de loi. Mon
collègue de Laviolette a cité à quelques reprises
l'exemple d'un projet de loi dans le domaine de l'éducation, à la
dernière session, où le ministre de l'Éducation nous
disait: Non, je ne convoque pas de commission parlementaire. Il n'y a pas de
problème. Tout le monde est d'accord. Il y a un groupe qui, finalement,
a réussi à se faire entendre après de multiples reprises.
Le ministre de l'Éducation s'est rendu aux arguments du groupe, a
changé carrément le projet de loi et est allé en
réimpression du projet de loi pour en arriver avec une loi qui
correspondait mieux et plus parfaitement d'abord à ce que le ministre
visait lui-même et, deuxièmement, qui correspondait mieux aux
demandes, aux attentes et aux caractéristiques propres du groupe
visé par le projet de loi. En ce sens, l'objectif de la motion de la
députée de Marie-Victorin est simplement de donner une suite
concrète à une demande formelle du Barreau du Québec qui
est celle de se faire entendre dans le cadre de l'étude du projet de loi
139.
Je le répète, il faut que de plus en plus nous
légiférions de façon responsable, en nous assurant qu'on
ait toutes les chances de notre côté, donc du côté de
la population du Québec, afin que ce qui sort du Parlement du
Québec, ce soit des lois bien faites, qui correspondent à leurs
objectifs et qui tiennent compte de l'ensemble des situations qu'elles veulent
corriger, de l'ensemble des situations qu'elles veulent favoriser et dont on
aura bien évalué toute la portée et les effets juridiques
prévus ou imprévus.
En ce sens, donc, j'appuie fortement la motion de Mme la
députée de Marie-Victorin, ma collègue responsable de ce
dossier pour notre formation politique, qui veut simplement donner suite
è une demande du Barreau du Québec d'être entendu par les
membres de la commission à l'occasion de l'étude du projet de loi
139.
Mme Thérèse Lavoie-Roux Mme Lavoie-Rouxs M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: ...très brièvement, d'abord, on a
toujours droit aux mêmes insinuations: Que ce projet de loi a
été déposé tardivement, sur le tard, etc. Il a
été déposé le 10 ou le 13 novembre - je ne pourrais
pas vous dire la date exacte - selon les règles de notre Parlement, les
règles de procédure que nous avons adoptées.
Le député de Gouin a fait des remarques pour dire qu'il
faudrait peut-être procéder autrement pour
légiférer, etc. Je lui ferai remarquer que c'est alors que son
gouvernement était au pouvoir que nous avons adopté les
règles qui régissent les travaux du Parlement au moment où
nous agissons. Ceci ne veut pas dire que ce sont des règles immuables et
qu'elles ne pourraient pas être changées, je pense qu'il y en a
d'autres dont c'est la fonction et je pense que c'est excellent.
On nous dit, encore une fois, qu'il y a bien du monde qui attend
à la porte aussi. Il y a le communiqué du Barreau du
Québec, signé par le bâtonnier; il y a un organisme
d'adoption, qui s'appelle Le Soleil des nations mais, à part cela, nous
n'avons reçu aucune autre demande. La seule autre lettre que j'ai
reçue...
Une voix: Le Barreau!
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela, le Barreau, mais vous avez
mentionné que plusieurs organismes avaient demandé d'être
entendus.
Mme Vermette: Oui, mais il y en a d'autres, madame.
Mme Lavoie-Roux: Le seul autre groupe de qui nous avons eu des
remarques, c'est l'Association des centres de services sociaux du Québec
qui a décidé d'accorder son appui au projet de loi 139, modifiant
les dispositions de la Loi sur la protection de la jeunesse, de même que
les directives sur la politique gouvernementale en matière d'adoption
internationale, moyens de mise en oeuvre.
Je pourrais vous la lire, c'est assez long: "Par la politique que vous
mettez de l'avant, nous croyons que le public saura plus clairement à
quoi s'attendre dans ce domaine et en ce sens, une campagne de
sensibilisation auprès de la population s'impose. De plus, la
clarification des rôles par voie réglementaire des
différents intervenants facilitera l'exercice des fonctions de chacun.
Nous souscrivons à cette approche et nous collaborerons à la
préparation du règlement avec les experts de votre
ministère."
Je pense que le député de Gouin n'était pas ici ce
matin quand j'ai dit, en ce qui a trait aux règlements en
préparation que je suis tout à fait disposée... Je pense
que dans ce cas, il est nécessaire qu'il soit soumis à la
commission des affaires sociales pour qu'on puisse l'examiner en commission
parlementaire. C'est évidemment un cas où il faut un consensus.
Encore une fois, j'ai redit ma sympathie très sincère à
l'endroit d'un mandat d'initiative mais, ce n'est pas de mon ressort. Je pense
qu'avec ces dispositions, et compte tenu du fait que ce projet de loi - il faut
le répéter - ne modifie pas le droit relié à
l'adoption internationale, mais vient simplement donner à la ministre un
pouvoir de règlement pour préciser les fonctions respectives du
Directeur de la protection de la jeunesse, du Secrétariat à
l'adoption internationale et des organismes qui se vouent à l'adoption
internationale, nous voterons contre cette motion. (15 h 30)
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cette motion?
Mme Vermette: M. le Président, je pourrais reprendre les
cinq minutes qui me restaient de...
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, Mme la
députée, on n'a qu'un droit de parole et nous avions l'accord du
député de Terrebonne pour continuer à ce moment-là.
Je m'excuse.
Mme Vermette: C'est le même droit de parole, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse. Ma
décision est rendue.
M. le député de Terrebonne avait donné son
consentement pour que les travaux commencent. Il y avait unanimité. Nous
avons donc commencé les travaux conformément à la demande
des gens présents. Il y a une intervention par motion. Je m'en
excuse.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette...
M. Rochefort: M. le Président, je réitère ma
question de règlement de tantôt. Combien de fois depuis que vous
présidez notre commission avez-vous commencé l'étude d'un
projet de loi quatre minutes après l'heure prévue en l'absence
d'un des deux porte-parole officiels des formations politiques
concernées? On s'est entendu, au moment de l'ajournement de nos travaux
à 13 heures, qu'il restait sept minutes de droit de parole à Mme
la députée de Marie-Victorin et que c'était à elle
de compléter son intervention au moment où nous reprendrions nos
travaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, nous avons toujours commencé...
M. Rochefort: Pardon?
Le Président (M. Bélanger): Nous commençons
toujours les séances de commission lorsque les gens présents en
font la demande et qu'il y a commun accord des deux côtés de
l'Assemblée pour que nous commencions nos travaux. À cet effet,
les travaux ont commencé et c'est dans cette perspective et avec
l'accord des deux côtés de la Chambre qu'une décision a
été rendue et je ne reviens pas là-dessus.
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Vous demandez le
vote.
M. Rochefort: M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): Vous pouvez vous
excuser, le vote est demandé. Est-ce qu'il y a consentement pour qu'on
procède au vote?
Une voix: Consentement.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement sur la recevabilité de la motion de mise aux voix.
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement sur la recevabilité.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Il y a jurisprudence
d'une décision de M. le président Richard Guay sur la
recevabilité d'une demande de mise aux voix à savoir que cette
demande était recevable dans la mesure où l'ensemble des membres
d'une commission étaient intervenus sur une motion de fond. Dans le cas
qui nous occupe, je sais que mon collègue de Laviolette souhaite prendre
la parole sur cette question. Je sais que seuls la ministre de la Santé
et des
Services sociaux, la députée de Marie-Victorin, qui n'a
pas complété son intervention, et moi-même avons pu prendre
la parole sur cette question. II y a jurisprudence autour de ces motions de
mise aux voix stipulant qu'on doit faire en sorte de respecter le droit de
parole des membres de la commission qui souhaitent se faire entendre sur une
motion. Dans la mesure où des membres n'ont pas été
entendus, il faut respecter leur droit de parole. Dans la mesure où des
membres souhaitent être entendus, on doit leur permettre de participer au
débat. C'est le sens de toute la jurisprudence entourant la demande de
mise aux voix immédiate sur une motion de fond que l'ensemble de vos
prédécesseurs ont établie, y compris le président
de l'Assemblée nationale de l'époque, M. Richard Guay.
Le Président (M. Bélanger): Effectivement, è
l'article 202, il y a eu cette décision du 13 mars 1985 de M. Richard
Guay è laquelle vous faites allusion. Le contexte était le
suivant: Lors de l'étude d'une motion proposant le nom d'un
député afin de combler un poste de président de
commission, un député présente une motion de mise aux voix
immédiate. Question: Cette motion de mise aux voix immédiate
est-elle recevable? Le président juge cette motion recevable puisque les
membres de la commission ont suffisamment délibéré sur la
motion de fond et que tous ont eu l'occasion de s'exprimer.
M. Rochefort: Pas tous, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le président n'a
pas l'intention d'empêcher quiconque d'exercer son droit de parole - et
je serai très large dans l'interprétation que je donne, elle est
sous toute réserve et je ne veux pas créer aucun
précédent - mais je vous ferai remarquer que le
député de Laviolette était dans la porte, regardait et
vous l'avez appelé pour qu'il vienne s'asseoir et qu'il puisse y avoir
un vote.
M. Jolivet: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bélanger): Tout le monde ici est
conscient de cela.
M. Jolivet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Laissez-moi terminer mon intervention. Vous ferez votre question de
règlement après.
M. Jolivet: D'accord. Mais, vous m'avez attaqué, M. le
Président. J'ai le droit a mon droit personnel d'avoir
été... Si j'étais dans la porte, j'ai...
Le Président (M. Bélanger): Bon, un instant!
M. Jolivet: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Allumez les micros
seulement lorsque je donne la parole à quelqu'un, s'il vous plaît!
Je ne vous ai attaqué d'aucune façon. J'ai simplement
relaté que vous étiez dans la porte lorsqu'il vous a
appelé après que quelqu'un eût demandé le droit de
parole. Néanmoins, compte tenu de l'intention de cette commission de
n'empêcher personne de s'exprimer ni de brimer d'aucune façon le
droit de parole des membres de la commission, je reconnaîtrai le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, avant de commencer à
exercer mon droit de parole, je dois vous dire une chose. Effectivement,
j'étais dans la porte, je vais vous expliquer pourquoi et, après,
je commencerai à exercer mon droit de parole, parce que j'ai
été offusqué de la façon dont vous l'avez
présenté. Non, non, écoutez!
Le Président (M. Bélanger): ...se sont
déroulés. Point.
M. Jolivet: Oui, mais avant, il ne faut pas prêter
d'intentions à personne et je vous explique ce qui en est. Est-ce que je
suis membre de cette commission, oui ou non?
Le Président (M. Bélanger): Vous êtes membre
en vertu du remplacement. Vous remplacez la députée de
Johnson.
M. Jolivet: Si je suis membre, je dois vous dire que, lorsque je
suis entré ici, je venais de terminer un discours à
l'Assemblée nationale. C'est moi qui étais le premier intervenant
en Chambre et, comme nous ne sommes que 23, mon collègue m'avait dit de
venir immédiatement après avoir terminé, et c'est ce que
j'ai fait. Je suis venu voir parce que j'avais l'intention d'intervenir
à cette commission parlementaire. Donc, mon but était bien
normal. Il fallait que j'ouvre cette fameuse porte. Je ne pouvais pas
être dans la porte sans avoir eu au moins la chance de l'ouvrir. Or, je
dois vous dire que j'étais de l'autre côté, au salon bleu,
en train de faire un discours sur une loi qui abolit la loi sur les grains, la
Régie des grains et, une fois mon discours terminé, je suis venu
directement ici.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que nous
sommes suffisamment intervenus sur
cet incident. L'incident est clos. Je vous demande donc d'exercer votre
droit de parole. Vous avez dix minutes pour parler sur la motion.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Sur les affirmations que vous avez faites
tantôt, je vous dirai respectueusement, M. le Président...
Une voix: Sur quel article le député se
base-t-il?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Laissez le député de Gouin s'exprimer sur sa question de
règlement. On décidera après.
M. le député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, sur l'article 35, 6° et
7°. Respectueusement, M. le Président, je vous dis que les
affirmations que vous avez faites, quant à moi, pourraient laisser
croire à certaines personnes qui suivent nos travaux, ou à
certains membres de la commission, que vous m'imputez des motifs. Je dis bien
"pourraient laisser croire". M. le Président, parce que je sais que vous
ne voulez laisser croire cela à personne, je pense que vos propos ont
probablement dépassé ce que vous vouliez relater pour situer
votre décision.
M. le Président, quand j'ai effectivement fait signe au
député de Laviolette, c'est que, comme nous sommes 23 membres de
l'Opposition et que nous devons suivre trois commissions parlementaires en
même temps, plus les débats è l'Assemblée nationale,
j'avais effectivement invité le député de Laviolette
à venir nous retrouver dès qu'il aurait terminé son
intervention en Chambre. Je lui avais dit que, si nous avions encore d'autres
droits de parole à exercer, il aurait l'occasion de retourner faire les
deux appels téléphoniques qu'il m'avait dit qu'il souhaitait
absolument faire avant la fin de l'après-midi. Puisque j'achevais mon
droit de parole, je lui ai fait signe qu'il devait venir maintenant pour qu'il
puisse procéder à l'exercice de son droit de parole
maintenant.
M. le Président, je voulais situer cela dans les faits pour
éviter que des gens puissent croire ou entendre que vous avez
peut-être voulu me prêter des motifs, ce qui, je sais,
n'était absolument pas votre intention, M. le Président, parce
que vous êtes un président bien respectueux des règles qui
régissent le fonctionnement de notre Assemblée.
Le Président (M. Bélanger): J'avais reconnu le
député de Laviolette. Je vous demande donc de faire votre
intervention. Vous avez dix minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: M. le Président, je m'excuse si j'étais
un peu à pic, comme on dit chez nous, mais je dois vous dire qu'en
même temps, j'interviens à la commission parlementaire, en bas,
qui étudie le projet de loi 150 sur les forêts Je n'ai pas le
choix, M. le Président. Nous ne sommes que 23 pour travailler dans un
"bulldozage" continuel de la part de ce gouvernement qui, malgré le fait
que la ministre nous indiquait qu'elle était une personne respectueuse
des gens, je dois vous dire que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: Je reviens.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: Je dois vous dire, M. le Président, que je
vais expliquer pourquoi aussi j'en viens à cette situation dans le
contexte où on travaille jour et nuit, comme on l'indiquait dans les
journaux aujourd'hui et à la radio.
M. le Président, la motion qui est actuellement devant nous est
à l'effet de permettre une audition particulière, une
consultation particulière du Barreau du Québec. Si nous
étions des gens qui n'étaient pas respectueux des gens, nous
n'aurions qu'à faire ce que nous propose la ministre,
c'est-à-dire de ne pas les entendre. Mais ce n'est pas nous qui avons
demandé à être entendus. Je vous donne un exemple bien
typique; cela s'est passé ce matin, M. le Président. C'est un
parallèle que je veux faire. Vous vous en souvenez, j'en parle souvent,
parce que je pense que ce parallèle est important. L'étude d'un
projet de loi article par article était censée être faite
après l'étude du principe à l'Assemblée nationale.
Le projet de loi portait sur la commission scolaire du Nouveau-Québec.
Le ministre de l'Éducation avait accepté notre invitation
d'entendre, de façon particulière, la commission scolaire
Joutel-Matagami. Cela a été fait et il y a eu des
résultats positifs. Ce matin, sur un projet de loi qui est actuellement
en discussion en deuxième lecture à l'Assemblée nationale,
la loi qui amende la Loi sur l'instruction publique, la Loi sur le
ministère de l'Éducation et la Loi sur le Conseil
supérieur de l'éducation, la CEQ a demandé d'être
entendue et le président de la commission et moi-même, qui en suis
le vice-président, avons accepté de les
rencontrer dans la mesure du possible, sî le projet de loi
était appelé avant Noël. S'il n'était pas
appelé avant mais après Noël, que les gens soient entendus.
Le ministre de l'Éducation est d'accord. On n'a même pas eu besoin
de faire de commission parlementaire pour demander des consultations
particulières, le ministre est d'accord. II veut entendre ce que la CEQ
a à dire sur les clauses 7, 8 et 9 ou quelque chose... 8, 9 et 10 de la
lot qui est devant nous, la loi 131 qui parle des clauses "nonobstant."
Pourquoi la ministre ne permettrait-elle pas au Barreau de se faire
entendre? Il y a un télex qui a été envoyé par le
responsable des communications, M. Léon Bédard, qui indique les
raisons pour lesquelles il veut être entendu. Ce télex date du 12
décembre 1986. Ce n'est pas vieux, c'est il y a quelques jours, c'est
vendredi dernier. Nous nous retrouvons avec une lettre du 10 décembre
dans laquelle le Barreau donne ses vues sur le projet de loi, Loi modifiant la
Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption internationale.
Pourquoi s'entêter à refuser de les recevoir et de les
entendre? Je n'en reviens pas. Pour tout ce qui a pour effet de bonifier des
projets de loi, la ministre nous dit non! Regardez tous les exemples que nous
avons à l'Assemblée nationale. Elle nous dit non! Je trouve que
cela n'a pas de bon sens. Si elle acceptait une fois, dans un cas. Il ne doit
pas y avoir urgence à étudier ce projet de loi pour l'adopter
immédiatement avant Noël.
M. le Président, j'en suis rendu à tout simplement dire
qu'on devrait peut-être agir comme à Ottawa, présenter des
projets de loi qui soient à ta session de l'automne comme on a
actuellement, et, après, aller au printemps pour faire en sorte qu'on
puisse les étudier. Cela ne me foute rien que cela ait été
ou n'ait pas été dit avant. Moi, au moins, je prends mon droit de
parole, si vous ne le prenez pas vous. Il y a une chose certaine, c'est que je
vais le dire et le redire.
Comme un enseignant qui est habitué à la
psychopédagogie, on frappe toujours sur le même clou
jusqu'à ce qu'il entre. Si la ministre ne comprend pas elle qui
était commissaire d'écoles à l'époque, on va
essayer de lui faire comprendre qu'effectivement il faut en arriver à
s'assurer que les projets de loi ne sont pas étudiés en
catastrophe.
Je suis en train d'étudier le projet de loi 150 en bas de la
même façon. Ce sont des parallèles que je fais, M. le
Président, si le député de Laurier ne comprend pas. C'est
une parallèle, 178 amendements, et on en attend encore quatre ou cinq
autres sur un projet de loi de 228 articles alors qu'il était
envoyé en Chambre à 113 articles. Un avant- projet de loi de 113
articles qui est devenu un projet de loi de 228 articles avec 178 amendements,
vous comprenez que cela nous oblige à travailler jour et nuit.
On travaille en Chambre, on travaille en commission, mais il faut
préparer nos affaires. Il faut avoir au moins des choses à dire
sur des choses aussi importantes que la forêt et l'adoption
internationale. J'ai des cas dans mon comté où j'ai
été obligé d'intervenir pour essayer d'aider des gens qui
ont été mal pris parce qu'il y a eu des choses qui se sont
produites. Les réciprocités entre les pays n'existent pas tel
qu'on l'explique. On ne parle pas de choses qui datent du déluge. On
parle de choses qui se sont produites cette année et l'année
dernière en particulier, des cas du Brésil ou d'ailleurs.
Il me semble que Mme la ministre devrait comprendre que le Barreau est
un élément important dans ce dossier. Ce sont ces gens qui ont
à regarder, comme avocats, l'ensemble de toute l'interprétation
de l'adoption internationale. Le Barreau le dit très bien par
l'intermédiaire de son bâtonnier, Me Serge Ménard. Il
réclame la tenue d'une commission parlementaire sur la situation
prévalant en matière d'adoption internationale afin de permettre
à l'ensemble des intervenants dans ce domaine - et on parle, entre
parenthèses, les organismes intermédiaires, avocats, centres de
services sociaux, etc. - de s'exprimer.
Pourquoi veut-on les en empêcher? Pourquoi ne leur permettons-nous
pas de venir parler sur ce qui se produit actuellement au Québec. On
dit: Le Barreau s'élève également contre le récent
décret concernant l'approbation de la directive pour assurer l'atteinte
des objectifs de l'intervention sociale en matière d'adoption
internationale, décret qui qualifie le projet de loi 139 et
interprète les dispositions du Code civil en ce domaine. S'il y a
quelqu'un qui est capable de bien interpréter l'ensemble de tout cela,
c'est bien le Barreau par l'intermédiaire des gens qu'il
représente. (15 h 45)
Je n'en reviens pas. C'est là que je deviens un peu
émotionnel. On vibre avec nos fibres, M. le Président, de ce
qu'on croit et de ce qu'on vit. La personne qui est venue dans mon coin qui
avait des enfants en Haïti ou ailleurs ou que ce soit à
5éoul en Corée, ces gens avaient des problèmes. Ces gens
avaient été de bonne foi. Ceux du Brésil, en particulier,
que j'ai rencontrés dans mon propre bureau. Ce n'est pas parce que je
demeure dans un comté éloigné que des gens ne demandent
pas cela. Il y a des gens qui ont compris dans les nouvelles, à la
télévision, qu'il y a du monde dans le besoin et qui veulent les
aider. Autrefois, on avait des crèches au Québec pour
remplir...
Aujourd'hui, ce n'est plus comme cela que cela marche. Il y a des
familles monoparentales au Québec qui n'existaient pas il y a une
trentaine d'années. C'est ailleurs que cela se produit. Il y a aussi des
problèmes ailleurs. Il y a des pays qui ne veulent pas faire partir
leurs jeunes et ils ont des raisons pour le faire; ils veulent protéger
ces choses. C'est leur avenir.
D'un autre côté, il y a des gens qui veulent venir en aide
à la souffrance universelle. On ne peut pas empêcher ces choses.
Moi je ne comprends pas l'entêtement de la ministre à vouloir
adopter ce projet de loi à la vapeur, à l'automne, sans avoir eu
au moins l'occasion de le regarder à fond et avec des gens qui
connaissent cela. Le Barreau reprend une opinion qui est maintes et maintes
fois exprimée à ce sujet: c'est dans le corps même d'un
texte de loi que doivent se trouver clairement énoncés les droits
et obligations des citoyens. Pourquoi disent-ils cela? C'est bien simple. Il y
a des personnes qui font des demandes. Ils pensent être de bonne foi. Il
y a quelqu'un qui les a enguirlandés en cours de route et, tout à
coup, ils s'aperçoivent qu'ils sont illégaux. Ces gens deviennent
"insécures". Quand ils sont attachés à l'enfant qu'ils
voulaient aller chercher parce qu'ils l'ont vu... on ne donnerait pas à
ces personnes une chance de pouvoir, parce qu'ils étaient de bonne foi,
adopter un enfant au point de vue de l'adoption internationale.
Motion d'amendement proposant
d'entendre aussi une association
de parents du SaguenayLac-Saint-Jean
M. le Président, moi je n'en reviens pas. En conséquence,
l'amendement que je veux apporter a pour effet de permettre justement
qu'à ceux du Barreau soient ajoutés des gens qui agissent dans ce
secteur. En conséquence, je propose que la motion d'amendement a pour
but d'inviter l'Association des parents requérants en adoption
internationale du SaguenayLac-Saint-Jean. J'attends votre
décision, M. le Président, pour savoir si elle est recevable ou
pas.
Le Président (M. Bélanger): Votre motion est
recevable, M. le député de Laviolette. Je vous prie donc de la
débattre.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je m'attendais qu'elle soit recevable, mais je dois
vous dire que j'espère qu'elle va être reçue par la
ministre et, s'il y avait quelque chose qu'elle devait faire
immédiatement, c'est de dire: Arrêtons le débat et
convoquons plutôt une commission parlementaire. La ministre a le droit de
dire non à cela. Je vous rappelle qu'il y a d'autres ministres qui ont
accepté sans même les débats qu'on fait là.
Mme Lavoie-Roux: Question de règlement.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Seulement pour l'information du
député. Est-il au courant que - il ne peut pas être au
courant, il n'était même pas ici; je ne lui reproche pas, il avait
d'autres responsabilités - j'ai dit que c'est un projet de loi qui
touche strictement un pouvoir de règlement et que ce règlement va
être soumis à la commission parlementaire pour audiences
publiques. Cela ne touche même pas au fond de la loi. Écoutez, je
sais que vous voulez faire durer cela indéfiniment, jusqu'à
minuit ce soir. C'est à vous la décision, mais prenez-en la
responsabilité.
M. Jolivet: Vous appelez cela une question de règlement.
C'est une question de règlement, M. le Président?
Mme Lavoie-Roux: Cela vaut au moins ce que vous dites tout le
temps.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, si vous voulez continuer votre
intervention.
M. Jolivet: Merci. Que la ministre vienne me dire qu'elle est
choquée, c'est bien son droit.
Une voix: Déçue.
M. Jolivet: Non, choquée. Cela se sent dans sa voix, M. le
député.
Le Président (M. Bélanger): On respecte le droit de
parole du député de Laviolette.
M. Jolivet: C'est cela. Je n'ai interrompu personne. D'ailleurs,
la ministre m'a dit à bon escient que je n'étais pas ici. Je ne
pouvais pas les interrompre. Je ne les aurais pas interrompus quand même.
Je dois dire une chose...
M. Blais: Vous êtes trop poli pour interrompre les gens de
toute façon.
M. Jolivet: Ne m'interrompez pas, vous. M. Blais:
Merci.
M. Jolivet: Écoutez, Mme la ministre a raison de
réagir comme cela. Je ne lui en veux pas. Ce n'est pas moi qui
étais dans l'Opposition, il y a quelque temps, et qui
disais que le règlement devait passer au crible des discussions
en commission parlementaire. Ce n'est pas mot qui ai adopté une loi au
mois de juin, il n'y a pas longtemps, en 1986, le 12 juin 1986, un projet de
loi 12 ou 112 si je ne me trompe pas, je ne me souviens pas, mais quelque chose
comme cela. Cela a été adopté par quelqu'un ce
règlement, en loi. On les invite ces gens à étudier
à fond un règlement. Pourquoi l'étudier à fond?
Nous avons un ministre et, parallèlement encore à ce que je veux
exprimer pour l'exprimer comme il faut, M. le Président, qui
actuellement, en commission parlementaire, sur la Loi sur les forêts,
nous a donné les synopsis en vertu de cette loi. Mais il a fallu le
demander. En regardant le synopsis, en regardant la loi et en faisant les
concordances qui s'imposent, il y a des corrections qui ont été
apportées.
La ministre ne veut pas que le règlement soit le plus parfait
possible? Veut-elle que ce règlement soit imparfait? Ne veut-elle pas
entendre des gens qui disent que le règlement aussi doit être
étudié en commission parlementaire et entendre des gens à
cet effet? La ministre a beau me dire que je n'étais pas là quand
elle a parlé du projet de loi, cela ne m'empêche pas de l'avoir lu
et d'avoir eu les renseignements nécessaires pour savoir de quoi je
parle.
Il y a, dans ce projet de loi 139 qui concerne l'adoption
internationale, des gens qui nous disent qu'effectivement il y a un
débat qui est difficile parfois entre le secrétariat à
l'adoption et le Barreau du Québec ainsi qu'avec l'Association des
parents requérants en adoption internationale et les parents
eux-mêmes. Je le sais et je l'ai vécu, M. le Président. Les
gens qui sont représentés par Me Estelle Tremblay dans le groupe
du SaquenayLac-Saint-Jean l'expriment fortement. Ces personnes disent: On
vient parfois mêlé par ce qui se passe à tous et chacun des
niveaux où on doit intervenir. Le parent qui est seul chez lui, qui a
écouté ce qui a été dit sur l'adoption
internationale aux nouvelles, qui veut faire l'adoption, et qui "s'enganse" -
comme l'expression qu'on a chez nous - dans un processus dont il ne sait plus
en fin de compte quel sera l'aboutissement, demande simplement d'être
entendu.
De quoi se plaignent ces personnes sinon des attitudes du
secrétariat à l'adoption à leur égard et des
dispositions prises par le secrétariat? C'est pour elles que je parle,
j'aimerais bien mieux qu'elles soient ici et qu'elles s'expriment
elles-mêmes, mais c'est pour elles que je l'exprime. Elles ont
l'impression que le secrétariat se sent au-dessus de la loi. Combien de
fois dans d'autres organisations parfois a-t-on eu l'impression qu'il y a des
gens qui s'arrogent le droit d'être au-dessus de la loi? Les gens ont
l'impression que le secrétariat est au- dessus de la loi et au-dessus de
la décision même des tribunaux.
Vous savez tout le processus qui doit être suivi pour arriver
à ces fins. C'est de cela que les gens veulent nous parler et on ne
voudrait pas les entendre. Si je reprenais l'expression de l'ancien chef du
Parti libéral, devenu ministre de l'Éducation maintenant, je
dirais: ils sont loin, ils manquent d'information. Parce qu'ils sont du
Saguenay--Lac-Saint-Jean, il faudrait peut-être les considérer
comme des gens qui n'ont pas d'information. M. le Président, ils sont
comme tout le monde, ils suivent ce qui se passe un peu partout.
On donne des exemples de ce qu'ils prétendent être la
réalité actuelle et ce depuis le mois d'août dernier. Le
secrétariat a interdit les adoptions dans les pays suivants: le
Guatemala, la république Dominicaine, l'Équateur, le Mexique et
le Brésil, parce que la loi sur l'adoption de ces pays n'est pas
compatible avec la loi sur l'adoption du Québec. Je pourrais vous parler
longuement, M. le Président, d'un cas identique provenant du
Brésil que j'ai eu dans mon propre comté. Une personne est venue
me voir en pleurs parce que tout était adopté...
Une voix: Une personne en pleurs?
M. Jolivet: Une personne qui pleurait. Donc, une personne qui,
dans mon bureau, disait: M. le député, j'ai tout fait ce qu'on
m'a dit de faire et je me retrouve devant le fait que je ne puis pas avoir
devant moi l'enfant qui m'était promis par l'adoption
internationale.
M. le député de Terrebonne est un peu surpris parce que
selon l'expression: II sortait du café en pleurant ou elle sortait
en pleurant du café, c'est bien différent en français vous
savez. Vous sortez du café en pleurant ou sortir en pleurant du
café, ce n'est pas pareil.
M. Blais: C'est vrai. M. Jolivet: C'est vrai. M. Blais:
...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On laisse le député de Laviolette s'exprimer.
M. Jolivet: La raison qu'on donnait dans ce cas est exactement ce
que donnent les gens du SaguenayLac-Saint-Jean, c'est qu'on disait que la
loi sur l'adoption des pays, le Brésil en particulier, comme je le
donnais en exemple, n'était pas compatible ou n'est pas encore
compatible avec la loi sur l'adoption du Québec.
Qu'est-ce que la ministre de la Santé
et des Services sociaux demande par l'intermédiaire du
secrétariat dont elle a la responsabilité? Elle demande que les
pays rendent leur loi sur l'adoption conforme à la nôtre. C'est la
première chose exprimée par les gens du
SaguenayLac-Saint-Jean. Ils ont des problèmes parce que la loi du
pays d'où proviennent les enfants d'adoption n'est pas compatible avec
la loi du Québec. La ministre de la Santé et des Services sociaux
dit, par l'intermédiaire de son secrétariat à l'adoption:
Rendez les lois du Brésil - c'est l'exemple que je vous donne -
conformes à la loi du Québec.
Là, on doit vous dire que la demande que fait la ministre va
même à l'encontre d'un article du Code civil, l'article 622.1.
L'article 622.1 du Code civil du Québec est diamétralement
opposé à ce que propose la ministre. Elle le propose par
l'intermédiaire de son secrétariat à l'adoption. Que dit
l'article 622.1? C'est bien simple, il dit que le Tribunal de la jeunesse,
appelé à reconnaître un jugement d'adoption rendu hors du
Québec, s'assure que ce jugement a pour effet, en vertu de la loi
étrangère, de créer une filiation. Ce qu'on recherche,
donc, c'est qu'il y ait un lien entre l'enfant et la famille, homme ou femme,
qui doit recevoir cet enfant en ligne de filiation.
Ce sont des choses un peu compliquées. Le Barreau, je vous le
rappelle, dans ses textes en fait mention. Vous n'avez qu'à regarder la
lettre du 10 décembre 1986 où on lit: II nous apparaît
aussi important de vous faire part de notre inquiétude sur la
résistance d'un tel décret au exigences de la Charte des droits
et libertés de la personne. Cette charte garantit des droits essentiels,
à commencer par la non-discrimination, eu égard à
l'origine ethnique ou nationale. À l'égard des enfants, cette
protection est aussi garantie par l'article 594 du Code civil, qui stipule,
premièrement, que tous les enfants dont la filiation est établie
ont les mêmes droits et les mêmes obligations quelles que soient
les circonstances de leur naissance.
Pour l'enfant né au Brésil et qui reçoit une
filiation avec une personne du Québec, il est évident que, en
vertu de l'article 622.1 du Code civil, il faut que le Tribunal de la jeunesse
soit appelé à reconnaître un jugement d'adoption rendu hors
Québec et qu'il s'assure que ce jugement a pour effet, en vertu de la
loi étrangère, de créer une filiation.
Si, en plus, l'adoptant est domicilié au Québec au moment
de l'adoption, le tribunal s'assure en outre que la demande a fait l'objet d'un
examen par le Directeur de la protection de la jeunesse et que l'adoptant a agi
par l'intermédiaire de la ministre de la 5anté et des Services
sociaux, du Directeur de la protection de la jeunesse et d'un jugement reconnu
par la ministre à cette fin.
C'est ce que les gens veulent venir nous dire, ils veulent convaincre
les gens du côté ministériel que les problèmes
causés par les mésententes entre différents intervenants
n'empêchent pas l'adoption internationale.
Que doit vérifier le Tribunal de la jeunesse, dans un cas comme
celui-là? Il doit vérifier que le jugement d'adoption crée
un lien de filiation en vertu de la loi étrangère. Il doit
vérifier et reconnaître ces choses, il doit s'assurer que ces
choses existent. Cela vient de l'interprétation donnée par le
juge Dorion dans un jugement qu'il a rendu et qui conteste et dénonce le
rôle et les attitudes du secrétariat à l'adoption. Il est
important que les gens qui vivent cette situation tous les jours, dans des
organismes qui représentent les personnes qui veulent adopter un enfant
en vertu de la Loi sur l'adoption internationale, puissent être entendus
convenablement. (16 heures)
En quoi consiste le mandat du secrétariat à l'adoption,
dans le fond? C'est quoi, en réalité, son rôle? Son
rôle, selon les gens qui veulent nous rencontrer, est d'être un
intermédiaire. Par le fait même, s'il est un intermédiaire,
il doit faciliter les choses, non pas les compliquer. Il ne doit pas
empêcher; il doit faciliter. S'il facilite l'adoption internationale, il
ne doit pas être là pour nuire. Par le fait même, ce dernier
ne doit pas s'arroger les droits qui sont accordés au Tribunal de la
jeunesse. Le secrétariat à l'adoption ne doit pas s'arroger des
droits qui ne lui sont pas propres - ce sont les droits du Tribunal de la
jeunesse -et, par la suite, décider de couper tous les liens avec les
pays dont la loi sur l'adoption n'est pas compatible avec les lois du
Québec. C'est beaucoup plus au Tribunal de la jeunesse que revient le
rôle, le devoir de s'assurer que la loi étrangère
créera un lien de filiation pour l'enfant. C'est au Tribunal de la
jeunesse, pas au secrétariat à l'adoption. Moi, j'ai toujours
compris cela, et c'est ce que les gens ne comprennent pas. Ils disent: Le
secrétariat m'a dît: Fais ceci, fais cela. J'ai tout fait cela et,
à la fin, ils me disent: Tu n'as pas le droit. Ils disent: J'ai
dépensé de l'argent et de l'énergie pour me faire dire, au
bout de la course, au point de vue émotif: L'enfant que tu devais avoir,
tu ne l'auras pas. J'ai les photos à la maison, je suis allé le
voir là-bas, j'ai tout payé pour l'avoir et il faut l'emmener au
Québec maintenant. On dit: Ah! c'est bien de valeur, le Brésil ne
veut pas! C'est l'exemple que je donne toujours, parce que c'est celui que j'ai
eu. J'en ai eu un autre de Corée, mais je prends celui du Brésil.
On dit: Ah! le Brésil, c'est bien de valeur, il n'a pas une loi
compatible avec celle du Québec et il ne crée pas un lien de
filiation! Ce n'est pas au secrétariat de décider cela. Les gens
du secrétariat disent quelquefois: On ne veut
pas leur faire dépenser d'argent pour rien, avoir des
problèmes avec les juges. Il y avait même une décision qui
devait être prise, un correctif qui devait être apporté.
Finalement, ce correctif a été apporté. Cela n'a pas
changé convenablement, selon le jugement qui avait été
rendu, et cela a encore compliqué les choses.
Donc, je répète: À qui revient le devoir, le
rôle, le mandat de s'assurer que la loi étrangère va
créer un lien de filiation pour l'enfant? C'est au Tribunal de la
jeunesse. Il y a un décret qui porte le no 1728-86, qui a
été adopté le 19 novembre 1986. Ce décret,
adopté par le gouvernement, vient dire que l'adoption simple est
interdite. Cela veut dire quoi? Cela veut dire que si le lien d'adoption
créé n'est pas celui du Québec, l'adoption est interdite.
Que vient-on faire par ce décret? On vient simplement ratifier
rétroactivement tout ce qui a été fait depuis le mois
d'août. Je vais seulement dire à Mme la ministre qu'il y a
quelqu'un dans le gouvernement, qui est ministre actuellement et qui est assis
à sa gauche à l'Assemblée nationale, le ministre de
l'Éducation, qui, chaque fois que, comme porte-parole de l'Opposition,
je lui parle d'une loi rétroactive, il sursaute, les cheveux lui
dressent sur la tête, le poil devient hérissé. Qu'est-ce
qui se passe? Le ministre est rébarbatif à toute loi qui a pour
but... Rébarbatif... Qui est une personne...
Une voix: Rébarbative.
M. Jolivet: ...qui ne veut pas de loi rétroactive. Le plus
drôle de tout, c'est qu'il est dans le même gouvernement que Mme la
ministre, il est dans le même Conseil des ministres et il lui donne la
permission -parce que, normalement, avant de venir ici, les projets de loi
passent par le Conseil des ministres - il lui permet de ratifier,
rétroactivement, des gestes qui ont été posés
depuis le mois d'août 1986. Les gens qui vivent ces choses ne l'entendent
pas de la même façon. Le projet de loi tel que
présenté devant nous... La ministre a beau me dire que, demain
matin, il va y avoir une commission parlementaire; ce n'est pas demain matin
que je lui demande, c'est immédiatement avec les gens qui veulent, avant
que le projet de loi soit adopté, avant qu'il soit trop tard.
Le projet de loi donne le pouvoir de réglementation au ministre
qui viendra appliquer ces décrets. Imaginez, à moins que je ne me
trompe, le projet de loi... Les gens veulent le dire à ce gouvernement
qui décriait l'ancien gouvernement, qui est maintenant l'Opposition, de
tout réglementer, de tout régimenter. C'est la même
ministre qui était dans une autre Législature, à ce
moment-là membre de l'Opposition, qui disait au gouvernement d'en face:
Vous voulez tout régimenter. C'est la première à passer un
règlement et, pire que cela, è adopter une loi qui va amener un
règlement. Il ne faudrait pas que je devienne à mon tour
rébarbatif.
C'est la seule façon pour les gens du
SaguenayLac-Saint-Jean qu'on veut vous présenter, Mme la
Présidente, pour que vous les connaissiez et qu'ils vous expliquent de
vive voix ce qu'ils pensent, ce qu'ils vivent tous les jours. On veut qu'ils
viennent vous dire que la seule façon qu'ils ont d'intervenir, ce sera
d'attaquer la légalité du règlement adopté en vertu
de l'article adopté à la suite du projet de loi 139. Vous vous
imaginez? C'est déjà assez compliqué, un projet de loi,
pour qu'on ne complique pas cela de même. En plus, qu'on dise à
ces personnes: Écoutez, si vous n'êtes pas contentes, allez devant
tes tribunaux; allez voir les tribunaux, ils vont vous régler cela. Et
Mme la ministre ne voudrait pas qu'on les convoque pour qu'ils viennent nous
dire qu'ils ne veulent pas cela, qu'ils ne veulent pas être
obligés d'avoir un recours collectif même. Moi, je n'en reviens
pas!
La position que la ministre tient dans ce dossier est de demander aux
autres pays de changer leurs lois, de s'ajuster à la loi du
Québec et, à mon sens et au sens de tout le monde, c'est
irréalisable et cela n'a pas de maudit bon sens. L'expression de chez
nous le dit: C'est dénué de bon sens. Cela n'a pas de maudit bon
sens. Pourquoi est-ce comme ça? C'est de même que c'est
arrivé. La personne dont je parle, qui est venue m'expliquer cela dans
mon bureau, c'est cela qu'elle a dit. Elle a dit: Vous vous imaginez, je suis
obligée de demander, par l'intermédiaire d'un juge, de forcer la
main au secrétariat pour me donner ce à quoi j'ai droit, et le
ministre, de son côté, dit: Que le Brésil change sa loi. Le
Brésil est là pour protéger sa jeunesse; il n'est pas pour
l'envoyer partout. C'est de même que le secrétariat m'avait
expliqué la situation la dernière fois. Il m'avait dit:
Écoutez, M. le député, le cas que vous me
présentez, c'est bien simple: le Brésil a une tendance normale
à protéger sa jeunesse qui va être son avenir; il serait
bien plus intéressé à envoyer un enfant de 18 ans que
d'envoyer un enfant de 2 ans ou de 6 mois. Donc, pensez-vous que le
Brésil va changer sa loi pour faire plaisir au Québec? Jamais!
Vous vous imaginez, si les autres pays demandaient au Brésil de changer
pour eux autres, dans quel micmac on serait rendu. Une vraie tour de Babel. Je
n'en reviens pas que la ministre vienne nous dire, par un décret, que...
Aie! Ce n'est pas des farces comment les gens disent cela. Au Saguenay
Lac-Saint-Jean, ils disent: La seule façon d'intervenir pour les gens
concernés... À ceux qui, tous les jours, émotivement, sont
pris parce que le secrétariat leur a dit de poser
tel ou tel geste qu'ils ont posé pour se retrouver au bout de la
course et que cela ne fonctionne plus, savez-vous la réponse qu'on m'a
donnée? Ils ont dit: On ne conseillera plus aux gens de poser ces
gestes-là. Mais cela ne règle pas le problème. Eux autres,
ils en veulent quand même des enfants adoptés de façon
internationale.
Qu'est-ce que cela veut dire? La seule façon d'intervenir pour
les gens concernés sera d'attaquer la légalité du
règlement adopté en vertu de l'article adopté à la
suite du projet de loi 139. Sapristi! C'est compliqué, ça, pour
une personne qui, tous les jours, a bien autre chose à faire que de
savoir ce que les lois disent, pour s'assurer si c'est légal ou
illégal. Donc, elle se fie sur quelqu'un. Sur qui se fie-t-elle? Sur les
gens qui doivent appliquer une loi. Au bout de la course, les gens
s'aperçoivent, une fois qu'on les a envoyés dans le dédale
administratif... Voilà qu'on dit à ces gens-là: C'est bien
dommage, mais tout ce que vous avez fait, cela a été fait pour
rien parce que vous n'y avez pas droit. Ce monde-là, c'est cela qu'il
veut dire. L'attitude du secrétariat à l'adoption
vis-à-vis de ces parents qui se présentent pour faire une
adoption et des positions prises par la ministre a pour effet d'obliger les
gens qui veulent faire une adoption dans de très courts délais de
déménager au Nouveau-Brunswick ou aux États-Unis et,
ainsi, utiliser les mécanismes légaux de cette province pour
faire l'adoption. Vous vous imaginez, aller dans une province
étrangère et un pays étranger pour faire des choses qu'on
pourrait faire au Québec.
M. le Président, vous avez l'air de dire que cela n'a pas de
maudit bon sens. C'est vrai que cela n'a pas de maudit bon sens faire des
choses de même. Mais c'est vrai quand même et, parfois, c'est parce
que ce sont des questions administratives, des questions techniques. Vous
pensez que ce n'est pas vrai, hein? Ce n'est pas vrai ce que le
député dit, cela n'a pas de bon sens, ce n'est pas vrai.
Pourtant, c'est ce qui est arrivé. Il y a des gens du
Saguenay-Lac-Saint-Jean qui ont fait ces gestes-là pendant une
période d'un an au Nouveau-Brunswick, où l'attitude du
ministère et des différents organismes est plus respectable et
plus humaine. Imaginez-vous, pour une ministre qui veut faire adopter une loi
pour des motifs humanitaires et elle ne règle même pas ces
problèmes. Cela, ce n'est pas mot qui le dis. C'est la
représentante du groupe dont j'ai fait mention tout à l'heure, Me
Estelle Tremblay. Est-ce que vous croyez qu'elle a raison ou pas? Convoquez-la
ici. Demandez-le-lui. Quand elles viennent ici, elles nous disent la
vérité.
On va voir, de part et d'autre, si on comprend la même chose. Si
on ne comprend pas, on lui posera les questions qui s'imposent. Est-ce que
c'est bien cela, madame, que vous venez de me dire? Vous venez de me dire: Des
gens qui habitaient au SaguenayLac-Saint-Jean sont
déménagés un an au Nouveau-Brunswick parce que la loi du
Nouveau-Brunswick est plus humanitaire, plus humaine. Moi, je dis que
l'attitude du secrétariat à l'adoption et du ministère
dans ce dossier a pour but d'inviter des gens à défier la loi et
à ne pas respecter les jugements. Je vais dire aussi qu'il y a des
groupes qui s'occupent de ces enfants adoptés du point de vue
international, le groupe Monde-Enfants, qui propose des enfants à des
parents qui habitent l'Ontario et le Nouveau-Brunswick, privant ainsi les
parents du Québec d'enfants adoptés.
Qu'est-ce qu'il y a? Est-ce que je vous dérange? M. le
Président, les gens de l'autre bord passent des commentaires. Vous ne
les entendez pas, mais moi je les entends. Ils sont en face de moi. Le son est
en face. Je suis très pertinent.
Le Président (M. Bélanger): Bien. M. le
député de Laurier, s'il vous plaît, vous voulez intervenir
en vertu de...
M. Sirros: De la pertinence.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette, en revenant au sujet de votre motion.
M. Jolivet: Sur quoi ne suis-je pas pertinent? Je m'excuse.
Expliquez-moi comment je ne suis pas pertinent. M'écoutiez-vous?
Le Président (M- Bélanger): Je pense que les lois
du Nouveau-Brunswick ne sont pas pertinentes avec ce qu'on a à discuter
ici. Vous présentez une motion.
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président, je vais
contester votre décision. Un instant. C'est justement l'exemple que je
donne. Je ne parle pas des lois de l'Ontario et du Nouveau-Brunswick, je vous
dis qu'il y a un groupe qui s'appelle Monde-Enfants qui, au lieu de proposer
à des Québécois d'adopter des enfants de façon
internationale, les propose à d'autres parce qu'ils savent, eux aussi,
que la loi du Québec n'a pas de bon sens et que le secrétariat
à l'adoption applique drôlement la possibilité pour ces
gens d'avoir des enfants adoptés internationalement. Voyons donc! S'il
n'y a pas quelque chose de plus pertinent, c'est parce qu'ils ne
m'écoutent pas. Ils se parlent entre eux et, en plus, ils nous
dérangent.
En ce qui concerne le projet de loi 139, on dénonce quoi? M. le
Président, le député de Saint-Maurice ne parle jamais dans
des commissions parlementaires. Il dit que je
le dérange. Qu'il s'en aille.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: C'est bien simple. Je ne le dérangerai
pas.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Lavîolette, voulez-vous continuer votre
intervention, s'il vous plaît?
M. Jolivet: Écoutez, M. le Président, vous ne
l'entendez pas, mais moi je l'entends de l'autre bord de la salle. Il est juste
en face de moi. Il dit que je le dérange. Je m'explique sur un projet de
loi. Je ne dérange personne et, s'il pense que je le dérange, il
n'a qu'à partir.
Le Président (M. Bélanger): D'accord, d'accord.
Est-ce qu'on peut s'entendre pour respecter le droit de parole du
député de Laviolette? Je prierais le député de
Laviolette de continuer son intervention.
M. Jolivet: Oui, mais je n'aime pas être
dérangé quand je dis des choses qui sont sensées, M. le
Président, et dont des personnes de mon comté... Si le
député de l'autre côté n'en a pas vu, moi j'en ai vu
dans mon comté. C'est de cela que je parle. Je parle de gens qui sont du
SaguenayLac-Saint-Jean, qui nous le disent correctement et qui veulent le
dire ici, mais qu'on ne veut pas entendre. Qu'est-ce qu'on dénonce?
Mme Lavoie-Roux: Moi, il ne me dérange pas, M. le
Président, mais il me fait mal aux oreilles. Il crie fort.
Une voix: Vous parlez pas mal fort.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît! On respecte le droit de parole du député
de Laviolette. M. le député, si vous voulez continuer.
M. Jolivet: M. le Président, je vais prendre un ton plus
bas pour la ministre, si elle ne veut pas être dérangée
dans sa lecture. Je dois dire que cela me fait de la peine de voir que la
ministre ne nous écoute pas plus parce que, si elle écoutait ce
qu'on dit, peut-être qu'elle comprendrait mieux et qu'elle accepterait
notre position. La ministre, c'est une personne - on la vit à tous les
jours depuis un bout de temps - très entêtée. Elle a le
droit d'être entêtée, mais elle a aussi, je pense,
l'obligation de nous écouter pour essayer de comprendre et de changer
son opinion. Le ministre de l'Éducation, qui est son collègue
social-démocrate, et la soi-disant sociale-démocrate de ce
gouvernement sont des gens drôles depuis qu'ils sont au pouvoir. Ils ont,
à l'inverse de ce qu'ils étaient dans l'Opposition, des gestes
diamétralement opposés. C'est cela qu'on veut lui dire.
Écoutez, Mme la ministre, faites donc comme votre collègue de
l'Éducation qui a dit que le jour où on s'est trompé, ce
qui est pire, c'est de ne pas corriger l'erreur et de la perpétuer en
restant dans l'erreur. (16 h 15)
On dénonce donc le ' pouvoir de réglementation que se
donne le gouvernement. Imaginez-vous dans ma bouche, comme membre de
l'Opposition maintenant, être obligé de dire è ceux qui,
dans le passé, nous accusaient de telles choses, les voir faire le
même travail que nous. Ils n'ont pas à faire les mêmes
choses que nous, on a été mis à la porte. Je ne vois pas
pourquoi ils seraient obligés de faire la même chose, à
moins qu'ils n'aient l'intention de se faire mettre à la porte au plus
vite. Un an après, M. le Président, faire pire, cela n'a pas de
bon sens.
Donc, le pouvoir de réglementation que se donne le gouvernement
dans ce projet de loi est exorbitant et va obliger, par la suite, les parents
à contester le règlement en cours alors que beaucoup d'entre eux
n'ont même pas les moyens de le faire. Qu'est-ce qui va arriver? Les gens
ne le feront pas, à moins d'avoir recours à ce qu'on appelle le
recours collectif. Il y a des gens qui sont les plus démunis de la
société, M. le Président, qui sont des
bénéficiaires de l'aide sociale, qui ont été
obligés de prendre un recours collectif pour faire comprendre à
ces gens leurs promesses électorales.
C'est ce qui a été fait. C'est cela qui a
été dit et c'est ce qui existe. Cela a été
décidé par le juge. Imaginez-vous, dans cela, il y a des gens qui
ont été obligés de prendre des moyens comme cela; ils vont
devoir faire appel à des deniers publics, les recours collectifs, pour
se défendre et pour défendre le droit qu'ils ont de pouvoir faire
de l'adoption internationale. Les pénalités qui sont
imposées aux parents qui voudraient faire l'adoption privée sans
passer par les intermédiaires du ministère reflètent,
quant à nous, une façon injuste, une attitude injuste d'une
ministre qui nous dit depuis le début qu'elle agit par humanité.
Voyons donc!
Je l'ai dit au député de Laurier ce matin, c'est de la
tartuferie. Ils sont tartufes. Sépulcres blanchis, disait le Christ dans
l'Évangile. Des gens qui ont un langage à gauche et des gestes
à droite. Des gens qui n'ont pas la capacité d'avoir le langage
en plein centre pour indiquer effectivement ce qu'ils pensent par rapport
à ce qu'ils disaient autrefois. Des gens qui sont là pour
créer des injustices plutôt que pour réparer des
injustices. Il y a des parents qui sont forcés d'agir ainsi à
cause des politiques du secrétariat à l'adoption et des attitudes
négatives envers les parents, que ce soit
pour retarder l'entrée d'un enfant au pays, de longs
délais d'évaluation des adoptants, des lenteurs administratives
qui mettent en péril même la vie de ces enfants et
découragent souvent les parents.
M. le Président, vous vous en souvenez, vous avez toute la
question de la Corée, comment on a été obligé de
faire des batailles pour permettre à des enfants qui étaient en
difficulté d'être traités, ici, au Québec. Ce ne
sont pas des choses qui se sont passées il y a une cinquantaine
d'années, Ce n'est pas après la guerre de Corée, c'est
cette année. Qui, parmi vous, n'a pas participé à cette
campagne qui était, à mon avis, intéressante,
personnellement, individuellement, et à laquelle on peut participer par
nos deniers personnels pour aider des gens à aller chercher des enfants
qui sont malades et qui méritent d'être opérés et
traités, ici, au Québec.
Le gouvernement devrait régulariser le statut des enfants qui
sont entrés au Québec le plus tôt possible plutôt que
d'imposer aux parents adoptants des pénalités, alors qu'ils sont
eux-mêmes victimes des injustices du système et de tout l'ensemble
des intermédiaires dans ce système.
La ministre de la Santé et des Services sociaux continue de
refuser d'entendre les revendications des parents, du Barreau et agit
rapidement en adoptant un arrêté en conseil qui légalise
une situation décriée et injuste envers les parents. Qu'est-ce
que la ministre attend pour aider ces personnes qui, dans bien des cas, sont
presque considérées comme des gens qui ont volé des
enfants à l'extérieur, alors que leur seul but était
plutôt humanitaire: fonder une famille dans certains cas et, ensuite,
faire en sorte que ces enfants soient dans les meilleures conditions possible
pour le reste de leur vie et cela, avec des déboursés
énormes - ces gens pourraient vous le dire - soit entre 10 000 $ et 15
000 $ dans certains cas.
M. le Président, je fais un appel additionnel à la
ministre et je lui demande: Mme la ministre, retraitez, reculez, ce n'est pas
quelque chose de mauvais que de le faire, de reconnaître qu'on aurait
dû faire tel geste. En conséquence, M. le Président, je la
réinvite à demander à ces gens d'être
présents, d'arrêter la commission parlementaire et d'envoyer un
télégramme à tout le monde. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres... M. le député de Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: Très rapidement, M. le Président, pour
rétablir certains faits. Il est clair que le député qui
m'a précédé voulait remplir le temps pour des raisons qui
sont propres à l'Opposition. Je vous ferai remarquer simplement que la
ministre a bel et bien dit que le seul but de ce projet de loi est de donner le
droit de faire des règlements. Elle a dit que les règlements
seraient soumis à des audiences publiques avant leur adoption. Dans ce
cadre, le filibuster que mène actuellement l'Opposition a de moins en
moins de sens, et je souhaiterais qu'on passe au vote sur les motions et qu'on
puisse appeler l'article 1 par la suite, M. le Président. Étant
donné que l'Opposition nous avait dit qu'elle était d'accord avec
le projet de loi - elle avait voté pour en deuxième lecture -
l'exercice auquel se prête l'Opposition devient de plus en plus non pas
un mépris, mais quelque chose qui ne tient pas compte du sérieux
de l'affaire; c'est un non-respect du Parlement et du sérieux de
l'affaire que nous avons devant nous. C'est tout ce que j'avais àdire.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Yves Blais
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. C'est avec tout
le sérieux du monde que nous demandons que ce groupe du Lac-Saint-Jean
vienne nous voir. Je tiens à le préciser, M. le Président,
devant les remarques faites par le député de Laurier. Il faudrait
absolument que vous voyiez, si vous ne l'avez pas, déjà
près de quatre pages dactylographiées d'une conversation
téléphonique avec Me Estelle Tremblay. Cette lettre-conversation
téléphonique est une dissertation philosophique qui plaide en
faveur du respect des êtres humains et, surtout, en faveur des enfants.
Dans cette lettre, on voit de façon très claire que cette loi
139, voilà une loi humanitaire et non pas une loi linguistique.
C'est vrai, je suis content que nous soyons autour de cette table
où on s'entendra, au moins sur le principe de base, contrairement
à ce qui s'est passé avec la loi 142, qui était une loi
linguistique que vous vouliez nous faire croire humanitaire. Voici que celle-ci
est une loi que nous disons humanitaire. Je vous vois, de l'autre
côté, d'accord avec l'Opposition au moins sur la base de la
discussion. Avant de discuter des détails d'une loi, il est de bonne
guerre -ouf! de bon aloi! - de s'entendre au moins sur la base de la
discussion. Cette lettre, en soi, porte de façon intrinsèque une
philosophie de la défense du droit de vivre des êtres humains.
Cela sous-tend une chose d'une importance capitale et que, souvent, nous
oublions comme législateurs.
Nous faisons des lois pour répondre aux us et coutumes, aux
besoins et au mieux-être des êtres humains qui habitent un
territoire. Trop souvent, nous pensons que nous faisons des lois pour que les
êtres humains qui
habitent le territoire épousent la phraséologie ou te
verbalisme souvent futile et inutile de certaines lois et
règlements.
Je vois que les gens de l'autre côté ont la même base
de discussion que moi, Ayant la même base, on peut engager la discussion
qui promet d'être très longue sur ce sujet; la discussion sera
très étoffée à cause de la nature importante,
à cause des personnes qui sont mises en cause - c'est bien le cas de le
dire - qui sont des enfants. Tout repose sur ce qu'on appellerait le respect
des diverses souverainetés: souveraineté d'abord des pays,
souveraineté des familles et souveraineté des enfants. C'est la
trilogie de la souveraineté qui sont les trois souverainetés
élémentaires du modus vivendi de tout peuple sur terre dans leurs
échanges, mais aussi dans leur façon d'agir sur leur propre
territoire.
Je vois le député de L'Assomption qui écoute avec
toute l'attention qu'on lui connaît et qui a certainement eu à son
bureau des cas de comté, des gens qui viennent le voir et disentî
M. le député, vous savez qu'au Québec on vit assez
grassement, on est tous assez dodus. Nous aimerions adopter des enfants d'un
autre pays, le Guatemala, le Venezuela ou le Pérou, ou que sais-je
encore, le Chili, le Brésil, l'Équateur ou quelque pays que ce
soit de l'Amérique du Sud, en passant par la Bolivie ou l'une des trois
Guyanes. M. te député a tellement voyagé. Je suis
persuadé qu'il sait que j'oublie certains petits pays, malgré que
je les aie presque tous nommés. À part l'Uruguay, j'ai à
peu près nommé tous tes pays d'Amérique du Sud. Il y a
l'Équateur, je pense, que j'avais oublié. Il y a aussi tes pays
d'Amérique centrale: Costa Rica, Panama et différents pays. On
pourrait parler du San Salvador, du Honduras, du Nicaragua, malgré les
troubles. Partout, dans ces pays où l'on parle, pour la plupart, la
langue espagnole, sauf le Brésil qui parle le portugais... Il y a le
Mexique aussi qui est un des pays... Tout le bas des États-Unis, en
partant de la bottine qui est le Rio Grande, qui vient rejoindre le golfe du
Mexique avec une Floride qui donne un coup de langue à l'Amérique
du Sud. Avez-vous remarqué? Autant la Gaspésie est à la
main québécoise le pouce qui nous dit d'aller vers le Sud, autant
la Floride donne une sorte de coup d'envoi vers les pays d'Amérique du
Sud. Cet envoi, nous allons en parler dans cette loi parce que c'est vers ces
pays que se dirigent les désirs de la plupart des
Québécois d'adopter des enfants, parce que ces gens-là ont
un besoin.
Sachant qu'au Québec, comme je le disais, on vit dans l'opulence
matérielle et non pas politique, puisqu'on est encore une province - on
vit dans l'opulence matérielle, on est un pays riche - les
Québécoises et les Québécois étant de nature
généreuse, étant très tolérants, très
hospitaliers, veulent adopter ces enfants qui, pour plusieurs, ont d'abord des
difficultés d'une vie saine, une vie où, souvent, il manque les
besoins primaires, sans vouloir les déprécier. Et il y a aussi la
baisse du taux de natalité sur notre territoire. Il y a donc deux
raisons majeures qui font que les Québécois et les
Québécoises s'intéressent à l'adoption. Chose
curieuse, ce respect de la famille et de l'enfant, nos lois semblent venir les
contredire plus souvent qu'autrement.
Pourquoi nos lois ne s'adapteraient-elles pas aux us et coutumes des
pays? Ce n'est pas cela. Dans cette loi, on pousse l'arrogance
législative jusqu'à une ingérence de mauvais aloi dans tes
lois étrangères qui, en réalité, ne sont pas du
tout sous notre joug juridique. Je ne peux pas comprendre une telle incursion
du législateur québécois. Lui qui souffre du
protectionnisme outre-rivière Ottawa, qu'il s'ingère par une de
ses lois dans les Législatures de pays outre-Rio Grande, cela
dépasse tout entendement. Je crois que, par respect pour les pays qui
reçoivent les Québécois et les Québécoises
qui veulent aller chercher des enfants pour les adopter, je ne peux pas voir
comment ces pays peuvent tolérer une telle loi qui est une incursion
directe dans leur législation. (16 h 30)
Parfois, nous avons des ententes et, juste sur le point d'une adoption -
une entente est comme une parole donnée - on se dit: Nous sommes
d'accord. On vient pour signer et, tout à coup, qui se lève? Une
personne dans l'entente qui ne veut plus, qui part à la course,
consulter le Code civil pour voir si l'adoption peut se concrétiser.
Vous me comprenez très bien, M. le député de Laurier.
Cette adoption, ce n'est pas que nous n'étions pas volontaires pour la
faire. Il y avait d'abord une entente entre la personne qui voulait être
adoptée et nous qui voulions adopter cette personne. Mais dans ce cas,
il y a eu une transaction justement à cause d'un dentier; on a
frappé une dent. Cela nous arrive parfois. On a eu mauvaise dent. Alors,
faisons contre mauvaise fortune bon coeur, M. le Président. À
cause de cette dent, ces enfants qui vivent dans des taudis ne pourront pas
venir ici vivre dans un palais. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci. M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Je voudrais ajouter ma
voix à celle... Est-ce que le député de Fabre veut prendre
la parole, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On respecte le droit de parole...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que je n'ai pas un droit de parole
à la fin?
Le Président (M. Bélanger): Vous avez un droit de
réplique, Mme la ministre, en vertu de la règle de l'alternance
et aussi, comme ministre, à chaque article. Mme la ministre.
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: Ce sera très bref, M. le
Président, d'autant plus qu'on vient de m'annoncer qu'on ne
siégera pas ce soir. Si on veut essayer d'adopter un projet de loi qui,
selon les informations que j'avais eues, pouvait être appelé avant
13 heures, peut-être faudrait-il se mettre à l'oeuvre et essayer
de l'adopter avant 18 heures.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, Mme la
ministre. Je veux simplement vérifier votre information parce que
l'ordre de la Chambre, c'est que nous siégions jusqu'à minuit.
Est-ce qu'il y a un ordre contraire?
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, attendez les ordres du leader. Vous
verrez.
Le Président (M. Bélanger): D'accord. Je
m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Parfois, quand on a de bonnes nouvelles, il faut
les annoncer.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, très
brièvement, à la suite des propos du député de
Terrebonne. Est-ce bien cela? Quand je pense à vous, je ne pense pas
à Terrebonne.
M. Blais: Vous pensez au bel air que j'ai plutôt
qu'à la bonne terre où j'habite.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Blais: Vous êtes d'une extrême gentillesse,
madame, et vous avez toute ma coopération pour que ce projet de loi soit
adopté dans les plus brefs délais. Je ne garderai pas de dent
contre vous de 20 heures à minuit, ce soir.
Des voix: Ha! Ha!
Une voix: Le monde entier semble très heureux.
Mme Lavoie-Roux: Et M. Jobin aussi. M. le Président, plus
sérieusement...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Est-ce qu'on peut, d'une façon sérieuse, continuer les
débats? Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en réponse
à l'intervention du député de Terrebonne que,
malheureusement, je n'ai pas suivie au complet... C'est ordinairement celui de
l'Opposition qui me tient le plus éveillée dans ces circonstances
où l'on fait de l'obstruction systématique...
M. Rochefort: ...d'aide, M. le Président?
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
Mme Lavoie-Roux: Mais je réagis à...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je veux dire que je ne suis pas certaine que le
député de Terrebonne, comme d'ailleurs ses collègues, ait
lu le projet de loi, un projet de loi qui ne vient d'aucune façon
modifier le droit existant touchant l'adoption internationale, et je le
répète, quoique depuis ce temps-là j'aie aussi appris
autre chose pendant qu'il parlait. Quelqu'un m'a rappelé cette phrase
célèbre de George Bernard Shaw: On ne devrait parler que lorsque
c'est un progrès sur le silence. Malheureusement, personne parmi eux n'a
écouté.
Plus sérieusement, je veux dire que le projet de loi ne modifie
rien en ce qui a trait aux dispositions du Code civil relatives à
l'adoption. Ce que le projet de loi qui est devant nous vient faire, c'est
strictement préciser par règlement les fonctions des
différents intervenants dans l'adoption internationale, qui sont le
Secrétariat à l'adoption internationale, le Directeur de la
protection de la jeunesse et les organismes voués à l'adoption
internationale.
M. le Président, on peut bien vouloir prêter au
gouvernement toutes les intentions machiavéliques, parler de situation
incroyable que le gouvernement veut imposer. Je pense qu'on fait simplement
remplir du temps sans vraiment discuter de ce que contient le projet de loi. Je
le répète encore une fois, compte tenu des difficultés que
l'application des dispositions du Secrétariat à l'adoption
internationale, enfin tout ce qui touche à l'adoption internationale, a
créées, il m'apparaît important que ces précisions
qui seront apportées quant aux responsabilités respectives des
trois groupes que j'ai mentionnés plus haut fassent l'objet de
consultations. Je le répète pour la nième fois, c'est ce
que j'ai proposé dès le départ: que la commission
parlementaire des affaires sociales se penche pour examiner justement ces
dispositions qui seront précisées par règlement.
Ce qu'on souhaite vraiment, c'est que... Tout le monde a parlé
ici, et avec raison, des appréhensions des uns, avec les
appréhensions des parents, des enfants, etc. Ce sont justement
ces problèmes que l'on veut atténuer. Nous croyons que la
meilleure façon de les atténuer, c'est de procéder le plus
rapidement possible à cette précision des responsabilités
respectives de chacun. II reste peut-être une centaine de cas d'enfants
qui sont ici, qui sont entrés soit par l'adoption privée ou,
enfin, une adoption directe, mais non conformément aux dispositions de
nos lois. Il y a présentement un comité qui se penche sur cette
centaine de cas pour essayer de trouver les solutions les plus humanitaires
possible, qui tiennent compte, en premier lieu, des intérêts de
l'enfant sans pour autant négliger ce que peuvent être aussi les
intérêts des parents adoptifs et même des parents
naturels.
De toute évidence, on veut essayer de donner à ce projet
de loi des proportions qu'il n'a pas. Si nous éprouvons aujourd'hui ces
problèmes, je n'en tiens pas rigueur au gouvernement qui nous a
précédés. On l'a dit et redit: c'est un domaine complexe.
C'est dans cet esprit que je me suis dite sympathique à l'idée
que notre commission, à partir d'un mandat d'initiative, l'examine dans
un contexte beaucoup plus large, mais nous ne pouvions tarder à corriger
ce qui, chaque jour, créait des situations de plus en plus difficiles,
à la fois pour les enfants, les parents adoptifs et les parents
naturels.
D'ailleurs, j'ai été assez étonnée quand je
suis revenue dans la salle, d'entendre le député de Terrebonne
parler, parce que tout le monde se souvient qu'il est arrivé à 15
heures, au moment où s'est ouverte cette commission. Sa première
déclaration a été à peu près ceci - je n'ai
pas le texte devant moi - compte tenu que tout le monde est sympathique
à ce fameux mandat d'initiative de la commission des affaires sociales,
compte tenu que le député de Gouin s'est prononcé en
faveur de ce projet de loi... moi j'aurais ajouté: Compte tenu que vous
avez aussi voté en faveur de ce projet de loi il a dit: Je suis
d'accord. Allez-y. Il n'avait rien à dire à ce moment.
Une voix: ...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaîtl
On respecte le droit de parole. S'il vous plaît! S'il vous plaît!
On respecte le droit de parole de Mme la ministre. S'il vous plaît!
Mme Lavole-Roux: M. le Président, je ne voudrais surtout
pas commencer à filibuster du côté gouvernemental. Si je
dis ces choses, c'est que, compte tenu de ce qu'on entend, il y avait des
choses à vous faire frémir de ce qu'on a entendu du
député de Laviolette et je ne saurais dire du
député de Terrebonne, mais, ordinairement, il n'essaie pas
d'effrayer le monde. Il essaie de les faire rire; c'est beaucoup plus positif.
J'arrête ici mes propos, mais je pense qu'il est important de resituer ce
projet de loi dans son contexte réel. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur la motion d'amendement? M. le député de
Gouin.
M. Jacques Rochefort
M, Rochefort: Oui. La mémoire est non seulement une
faculté qui oublie, comme disaient nos grands-parents, mais surtout une
faculté sélective, paraît-il, c'est-à-dire une
faculté qui fait en sorte qu'on se rappelle ce qu'on veut bien se
rappeler et qu'on oublie ce qu'on veut bien oublier. Chaque fois que j'entends
la ministre prendre la parole sur une motion visant à donner suite
à une demande d'audition d'organismes, je m'aperçois que la
sélectivité de sa mémoire est allée
jusque-là. Oui, l'Opposition dit qu'elle était d'accord avec le
projet de loi 139. Oui, l'Opposition a dit qu'elle considérait que
l'adoption du projet de loi 139 constituait un pas en avant. Oui, l'Opposition
a proposé la tenue d'une commission parlementaire, dans le cadre d'un
mandat d'initiative, pour faire la lumière sur l'ensemble des questions
touchant l'adoption internationale.
M. le Président, ce n'est pas incompatible avec le fait que nous
assumions les responsabilités de l'Opposition, qui est aussi de donner
des voix à ceux qui n'en ont pas ici à l'Assemblée
nationale, ce n'est donc pas incompatible de dire qu'en même temps qu'on
est d'accord avec tout cela on veut donner une suite et une possibilité
au Barreau du Québec et è l'Association des parents
requérants en adoption internationale du SaguenayLac-Saint-Jean,
qui demandent formellement à être entendus ici à
l'Assemblée nationale, de pouvoir le faire.
Il me semble que c'est facilement conciliable de dire qu'on peut
être pour quelque chose et, quand on est en faveur de cette même
chose, on est d'accord pour en discuter avec d'autres. On n'a pas peur d'en
parler. Je pense que cela s'inscrit dans une volonté franche,
sincère, rigoureuse et responsable de vouloir adopter de bonnes lois,
des lois qui auront peut-être connu des bonifications après leur
adoption en deuxième lecture à l'Assemblée nationale,
parce qu'on n'est pas ici pour le plaisir de la chose, mais pour faire de
bonnes lois. C'est de cette façon que nous entendons assumer nos
responsabilités, dans le projet de loi 139 comme dans tous les autres
projets de loi qui sont devant nous, et que cela impatiente ou indispose les
membres de la majorité ministérielle, cela, M. le
Président, c'est leur problème, ce n'est pas le nôtre.
M. le Président, de toute évidence, la ministre de la
Santé et des Services sociaux n'a pas l'intention d'accepter la demande
du Barreau du Québec et de l'Association des parents requérants
en adoption internationale du SaguenayLac-Saint-Jean, qui ont
exprimé formellement leur demande d'être entendus ici en
commission parlementaire. On sait que ce qui pose problème,
particulièrement pour ces deux groupes, ce n'est pas tellement la loi,
mais beaucoup plus le règlement qui en découlera. Ces groupes,
avec raison, ont identifié la présence de dispositions
réglementaires considérables dans le projet de loi, qui ne sont
pas connues à l'heure où on se parle, qui n'ont pas
été déposées à l'Assemblée nationale
avant ou pendant l'étude du projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
un peu moins de bruit pour qu'on entende le député de Gouin.
M. Roehefort: C'est parce que j'aimerais avoir l'attention de la
ministre, M. le Président, car je vais avoir une demande à lui
faire pendant mon exposé. Je m'excuse, c'est parce que j'ai une demande
à faire.
Ce que je dis, c'est que, compte tenu que pour les deux groupes qui ont
demandé à être entendus le problème majeur n'est pas
tellement le contenu du projet de loi comme l'éventuelle
réglementation qui en découlera, est-ce que la ministre ne
pourrait pas s'engager à faire en sorte qu'une fois le règlement
adopté par te Conseil des ministres, ce règlement puisse
être rediscuté?
Mme Lavoie-Roux: Cela fait trois fois que je le dis, M. le
député de Gouin. Cela fait quatre fois que j'en parle.
M. Rochefort: Vous parlez du mandat d'initiative.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. J'en ai parlé ce matin au tout
début, et je pense que la députée de Marie-Victorin
pourrait le confirmer. Je lui réponds immédiatement, cela va
prendre une demi-seconde, M. le député de Gouin. Je pense qu'il y
a des gens ici pour en témoigner, on pourrait demander au
président. J'ai dit: Compte tenu - et je leur ai dit tout
récemment - de la nature de ces règlements, de l'importance et de
la complexité de toute cette problématique de l'adoption
internationale, si vraiment on veut que la situation soit la plus claire
possible pour le plus grand nombre - je n'ai pas dit cela ce matin, mais je
l'ajoute - de personnes possibles, ce règlement devrait être
soumis à la commission des affaires sociales pour discussions publiques.
Vous avez votre réponse. Je l'ai dit au moins quatre fois
aujourd'hui.
M. Rochefort: M. le Président, je suis extrêmement
peiné. Si la ministre m'avait laissé poursuivre, ce n'est pas
exactement ce que j'allais lui demander.
Mme Lavoie-Roux: Allez-y!
M. Rochefort: M. le Président, ce que j'allais dire
à la ministre au moment où elle a cru que je n'avais pas saisi
toute la portée de ses affirmations, ce n'était pas seulement que
nous discutions entre nous...
Mme Lavoie-Roux: Non, j'ai dit: invités, audiences
publiques.
M. Rochefort: Avec audiences publiques. Mme Lavoie-Roux:
Oui, s'il y a lieu.
M. Rochefort: Non, la ministre nous dit: S'il y a lieu. C'est
cela. Si, M. le Président, la ministre me permet de conclure, on va
peut-être réussir à faire le tour complet du dossier.
M. le Président, on ne veut pas "s'il y a lieu" et si on est de
bonne humeur...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, voulez-vous me
permettre... La seule réticence que j'ai mentionnée, j'ai dit: Je
ne pense pas que cela puisse coïncider. Si, par hasard, votre mandat
d'initiative - cela ne démarre pas toujours aussi vite qu'on le veut -
coïncidait, on pourrait l'introduire ici en commission parlementaire, au
moment des audiences et inclure tout le règlement et peut-être
qu'il faut que cela se fasse séparément. Cependant, que le monde
puisse parler de ce règlement, en discuter. Quand je dis "le monde", je
dis la population intéressée. (16 h 45)
M. Rochefort: M. le Président, j'avoue que je suis
convaincu de la pertinence de mon propos parce que plus j'avance, plus la
ministre prend des engagements clairs, formels et avec les portes
fermées.
Mme Lavoie-Roux: Je les ai pris ce matin.
M. Rochefort: J'imagine que le député de Laurier
avait compris avant même que vous le disiez, Mme la ministre. On en est
conscient. Le député de Laurier comprend tout avant tout le
monde, avant même que les choses arrivent. Oui, on parle de
gargouille.
M. le Président, ce que je dis donc, c'est que oui, nous
souhaitions donner suite à la demande formelle des deux groupes
concernés d'être entendus à ce moment-ci. La ministre
refuse. Elle va utiliser le poids de la majorité ministérielle
pour refuser ce droit à ces deux groupes qui ont des droits
et qui savent de quoi ils parlent dans le dossier. Ce que nous disons,
c'est qu'on veut que ce soit formellement arrêté comme
décision de la commission, donc ultérieurement de
l'Assemblée nationale, au moment de la poursuite de l'étude sous
forme définitive du projet de loi, qu'il y ait discussion... Ah! Ah! Ah!
Vous voyez, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas pour créer un
précédent.
M. Rochefort: Vous voyez, M. le Président. La ministre me
dit: Mais, si le député de Gouin m'avait
écoutée...
Mme Lavoie-Roux: II veut mettre cela dans le projet de loi.
M. Rochefort: ...je l'ai dit quatre fois. S'il était
là. Le député de Laurier me dit: J'avais même
compris avant qu'elle le dise. Elle l'avait tellement dit, M. le
Président, et le député de Laurier avait tellement compris
qu'elle est en train de me dire que, oui, encore une fois, ses paroles seront
une chose, mais sa loi sera une autre chose. Non, ce n'est pas cela l'intention
de l'Opposition. Ma collègue de Marie-Victorin m'a déjà
fait part de son intention formelle de faire en sorte que les lois de la
ministre correspondent à ses discours.
M. le Président, notre façon de nous retourner devant ce
refus, cet entêtement de permettre à ces deux groupes, pas
à 200 000 groupes, à deux groupes de venir participer à
nos travaux, ce sera de faire en sorte, comme pis-aller, comme mesure de repli,
que formellement la loi comprenne une telle disposition. Dans la mesure
où la loi ne comprendra pas une telle disposition, nous resterons avec
nos doutes quant à la volonté réelle de la ministre de la
Santé et des Services sociaux. M. le Président, quand des choses
sont claires, on n'a pas peur de les mettre dans des lois.
M. le Président, je conclus mon intervention en disant que, oui,
nous aurions souhaité que ces deux groupes soient entendus à
l'occasion d'une demi-journée de séance, peut-être, de
trois heures de séance, sur le projet de loi 139. La ministre nous dit:
Avec mon équipe ministérielle, on va empêcher que ces
groupes viennent ici. Ce que nous disons, M. le Président, c'est non pas
que la ministre nous dise: Oui, dans la mesure du possible ou j'espère
que je pourrai. Oui, je vous dis que je vais le faire. Il y aura commission
parlementaire sur le règlement. Nous, ce qu'on dit - et ma
collègue, la députée de Marie-Victorin a
déjà préparé un amendement depuis le tout
début où elle s'est penchée sur le projet de loi et elle
en débattra tantôt - c'est qu'il faudra qu'il y ait une commission
parlementaire sur le règlement découlant de l'adoption du projet
de loi 139 avec audition d'organismes intéressés à se
faire entendre sur ce règlement et que ce règlement ne puisse
être mis en vigueur avant que la commission n'ait débattu cette
question entre elle et avec les groupes qui auront voulu comparaître en
commission parlementaire sur cette question.
M. le Président, c'était la conclusion de mon
intervention. Je m'aperçois que j'ai eu raison de faire mon intervention
jusqu'au bout de la corde.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur ce sous-amendement? Allez-y, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, probablement qu'on aura
l'occasion de le discuter tout à l'heure si la députée de
Marie-Victorin apporte un amendement. Mais comme je sais que le
député de Gouin va peut-être nous quitter, la raison pour
laquelle je n'accepterai pas que ce soit inscrit dans le projet de loi, c'est
que ce serait un précédent. La seule chose dont vous ne m'ayez
jamais parlé, ce n'est pas la même chose, c'est une question
reliée au ministère des Transports. J'ai vérifié
une affirmation que vous aviez faite au printemps, à un moment
donné, au sujet d'un autre projet de loi. Je ne l'inscrirai pas dans un
projet de loi, je ne créerai pas un précédent de la sorte.
Même si ta ministre était de mauvaise foi, parce que c'est ce que
vous semblez dire, même si la ministre...
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président, à l'article 35.6.
Le Président (M. Bélanger): M. le député de
Gouin, à l'article 35.6
M. Rochefort: M. le Président, la ministre conclut trop
rapidement. La ministre tente de faire dire des choses trop vite. C'est un
mauvais tour qu'elle va se jouer cette fois-ci comme toutes les autres fois, M.
te Président. Je n'ai pas dit que la ministre était de mauvaise
foi. J'ai dit que la ministre ne voulait pas passer des paroles aux actes.
C'est différent.
Mme Lavoie-Roux: Oh!
M. Rochefort: Si, pour elle, cela veut dire être de
mauvaise foi, c'est son problème. Mais jamais je n'ai eu l'intention de
laisser sous-entendre qu'elle serait de mauvaise foi sur cette question
précise.
Mme Lavoie-Roux: Je félicite le député de
Gouin pour ses nobles pensées. Ce que je dis, c'est que même dans
l'hypothèse où la ministre ne respecterait pas la parole
qu'elle
a donnée à plusieurs reprises aujourd'hui, la commission
des affaires sociales a toujours le loisir, à partir d'un mandat
d'initiative, de convoquer les gens et de décider la forme selon
laquelle ils travailleront. L'engagement que j'ai pris, c'est de m'assurer que
moi-même je la porte à l'attention de la commission des affaires
sociales pour les fins que j'ai expliquées tout à l'heure. Bon.
Point final.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants sur cette motion? Non. Est-ce que la motion est
acceptée?
Mme Lavoie-Roux: Rejeté.
Le Président (M. Bélanger): Rejeté.
Une voix: Vote! Vote!
Le Président (M. Bélanger): Vote sur appel
nominal.
Mme la députée de Châteauguay? M. le
député de L'Assomption?
M. Gervais: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Fabre?
M. Joly: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Marie?
M. Laporte: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau?
M. Leclerc: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice?
M. Lemire: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Deux-Montagnes?
Mme Legault: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier?
M. Sirros: Contre.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre de la
Santé et des Services sociaux?
Mme Lavoie-Roux: Contre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne?
M. Blais: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Pour.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin?
M. Rochefort: Pour.
Le Président (M. Bélanger): Trois pour et neuf
contre, avec le vote du président. Donc, l'amendement est rejeté.
Nous revenons à la motion principale: Motion pour tenir des
consultations particulières. "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 139, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption
internationale, des consultations particulières quant à tous les
articles dudit projet et qu'à cette fin elle entende le Barreau du
Québec?
Mme Vermette: Même vote, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Même vote? Mme
Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Le même vote est
enregistré et la motion est rejetée. J'appelle donc, à ce
stade-ci, l'article 1 du projet de loi 139.
Étude détaillée
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Conditions d'adoption
réglementées
Mme Lavoie-Roux: ...très brièvement. "L'article
72.3 de la Loi sur la protection de la jeunesse est modifié par
l'insertion, après le premier alinéa, du suivant: "Dans le cadre
de l'application du présent article, le directeur ou un organisme
reconnu intervient selon les conditions et modalités prévues par
règlement."
J'ai eu l'occasion de l'expliquer à plusieurs reprises, il s'agit
d'une loi qui veut accorder un pouvoir de règlement. Le but de
l'article, plus précisément, est de clarifier le rôle du
Directeur de la protection de la jeunesse et d'un organisme reconnu en
matière d'adoption d'un enfant domicilié hors Québec. On
l'a dit et redit, depuis le temps où on s'écoute. II existe une
certaine confusion, actuellement, du fait que la loi ne précise pas les
conditions et les modalités selon lesquelles chacun intervient.
C'est
l'objet de ce premier article, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Sur cet article, M. le Président, j'ai un
amendement à vous présenter qui se lirait comme suit: L'article
72.3, te! qu'édicté par l'article 1 du projet de loi 139, Loi
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse concernant l'adoption
internationale, est modifié par l'addition de l'alinéa suivant:
"Le projet de règlement mentionné au deuxième
alinéa doit faire l'objet d'un examen par la commission des affaires
sociales avec audition des parties intéressées avant qu'il puisse
être adopté par le gouvernement."
Mme Lavoie-Roux: Acceptez-le donc. On va en discuter et on va
procéder.
Le Président (M. Bélanger): Pour éviter de
faire de trop longues délibérations et sans vouloir créer
de précédent, on va juger l'amendement recevable.
Mme Lavoie-Roux: Montrez-moi donc l'amendement, s'il vous
plaît! Non, j'étais prête à aller rapidement mais,
d'un autre côté, quant à la recevabilité, il ne faut
quand même pas créer de précédent.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, la motion serait non recevable pour les motifs suivants en vertu de
l'article 197 du règlement: "Les amendements doivent concerner le
même sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son
principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à
remplacer des mots." Si on se réfère aux notes explicatives de la
loi, ce projet accorde au gouvernement le pouvoir de préciser par
règlement les modalités d'intervention, en matière
d'adoption internationale, du Directeur de la protection de la jeunesse ou d'un
organisme reconnu par le ministre. Il prévoit également une
infraction pour la personne qui fait entrer ou qui contribue à faire
entrer au Québec un enfant né hors du Québec en
contravention aux dispositions de la loi et des règlements
d'application. L'amendement aurait pour effet de créer un devoir
supplémentaire qui n'est pas compris dans les notes explicatives de la
loi et, à cet effet, il devient irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: C'est un bien bon jugement, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Non, c'est le
règlement, ce n'est pas moi.
Mme Vermette: M. le Président, vous disiez tantôt
que ce n'était pas dans l'esprit de la loi, mais je pense que, si on
veut discuter de la loi, cela va dans l'esprit même de la loi. Si on veut
en discuter, il faut tenir compte du projet de loi.
Le Président (M. Bélanger): C'est que vous
créez une obligation pour la ministre qui dépasse de loin le
cadre prévu dans les notes explicatives et dans le projet de loi,
À sa face même et en vertu de l'article 197 de notre
règlement, il devient irrecevable.
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: M. le Président, j'aimerais vous demander une
directive pour essayer de défendre l'amendement qui représente
l'esprit qu'on veut donner... Nous voulons rencontrer les gens avant
l'approbation du règlement qui va découler de cette loi. C'est
cela, en fait, que nous voulons.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Blais: Au lieu de te présenter à l'article 1,
après le deuxième paragraphe, est-ce qu'on pourrait le proposer
comme article A, qui deviendrait l'article 5? Est-ce qu'il serait recevable?
Les notes explicatives disent: "Ce projet de loi accorde au gouvernement le
pouvoir de préciser par règlement les modalités
d'intervention." Ce règlement... J'achève, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Juste un instant,
c'est une question de procédure. Je vais vous entendre sur la
recevabilité de ce que vous proposez.
Mme Lavoie-Roux: Il le propose à l'article 4, il ne le
propose pas là.
M. Blais: Je demande s'il serait recevable rendu là.
Mme Lavoie-Roux: Ah! vous le proposerez à l'article 4! Il
vous le dira.
M. Blais: Écoutez, on va traîner jusqu'à
minuit, si cela continue.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
J'avais rendu une décision. On va écouter le député
de Terrebonne sur la recevabilité...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...brièvement
et, ensuite, on rendra notre décision. Je pense que cela va
éclairer les travaux.
M. Blais: Je veux simplement vous demander, justement pour
accélérer l'adoption de ce projet de loi... Quand même, les
propositions que nous avons faites depuis le tout début... Vous dites
dans les notes explicatives: Ce projet accorde au gouvernement le pouvoir de
préciser par règlement les modalités d'intervention. Nous
n'avons rien contre, c'est l'esprit de ce projet de loi. Cependant, nous
aimerions - nous en avons exprimé le désir, autant par la
députée de Marie-Victorin que par le député de
Gouin -que ce règlement, avant d'avoir effet de loi, avant d'être
effectif, il soit rendu public et que nous ayons des intervenants qui viennent
en discuter ici pour en déterminer son sens le plus profond.
Voilà ce que nous disons.
Le Président (M. Bélanger): Si je vous...
M. Blais: Et, à ce moment-là, nous aimerions, s'il
n'est pas recevable à l'article 1, que vous nous disiez s'il est
recevable à l'article 4, et l'article 4 deviendrait l'article 5, s'il
était recevable. (17 heures)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
afin que je comprenne bien! Si je comprends bien votre intervention, M. le
député de Terrebonne, c'est que vous voudriez avoir la certitude
que ce règlement sera soumis à une commission parlementaire avant
qu'il soit coulé dans le ciment.
M. Blais: C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): II faut bien se
comprendre.
M. Blais: Je m'adressais à vous parce que je sais que vous
connaissez bien le ciment. Vous êtes un parti de cimenteurs reconnus.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier...
M. Sirros: C'est simplement pour s'assurer...
Le Président (M. Bélanger): ...sur la
recevabilité de l'amendement.
M. Sirros: De quel amendement? Il me semble que vous avez
statué que l'amendement présenté était non
recevable. Si vous me le permettez, le député de Terrebonne
présente une hypothèse pour évaluation à ce
moment-ci. Il me semble que le règlement est clair, on ne peut pas
répondre sur des hypothèses. À l'article 4, quand on y
arrivera, le député de Terrebonne pourra présenter un
amendement en bonne et due forme sur lequel vous pourrez statuer quant à
sa recevabilité. Pour l'instant, il me semble que vous avez
déjà statué...
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Sirros: ...et nous devrions entamer l'étude de
l'article 1, M. le Président.
M. Blais: ...obstruction, M. le député de
Laurier.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
L'hypothèse de travail que vous nous soumettiez, toujours pour les
mêmes raisons que j'évoquais tout à l'heure... En vertu de
l'article 197, on dit très bien que les amendements doivent concerner le
même sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son
principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à
remplacer des mots. C'est la seule façon dont peut être recevable,
à ce stade-ci, une motion ou un amendement. La motion est donc non
recevable. Je m'excuse, l'amendement est non recevable. Sur l'article 1, est-ce
qu'il y a encore des intervenants?
M. Blais: On aura essayé, hein? Dites-le: On aura
essayé de toutes nos forces.
Mme Vermette: On aura essayé, M. le Président, de
faire en sorte que l'ensemble des gens qui sont concernés par le projet
de loi puissent se faire entendre en cette Chambre et aussi aient la certitude
de pouvoir se faire entendre en commission parlementaire. Je pense que tout ce
qu'on demande, c'est que la démocratie puisse s'exercer pleinement et
que les gens qui en font la demande puissent à leur tour se faire
entendre dans les lieux, dans les enceintes destinées à cette
fin.
Mme Lavoie-Roux: Ils me dégoûtent. Il y a toujours
bien un bout à charrier!
Le Président (M. Bélanger): Madame, je pense que
votre message est bien reçu.
Mme Lavoie-Roux: Elle ne connaît même pas les
règlements et procédures de notre Assemblée, M. le
Président, avant d'affirmer des choses comme celles-là.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que
l'intention du législateur est très précise
là-dessus. Tout amendement ne doit changer que les mots, mais ne doit
pas créer d'obligation supplémentaire. Là-dessus, c'est
malheureusement irrecevable.
Mme Lavoie-Roux: Franchement!
Le Président (M. Bélanger): À l'article 1,
est-ce qu'il y a encore des interventions?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la députée de
Marie-Victorin ne fait pas cela par mauvaise volonté; au contraire.
Quand elle parle de vouloir faire respecter la démocratie, en
présentant un tel amendement que vous n'avez pas reçu d'ailleurs,
M. le Président... C'est pour rectifier des choses. Je ne mets pas en
doute ses bonnes intentions. Mais si elle était peut-être un peu
plus familière - je ne le lui reproche pas encore puisque cela ne fait
qu'un an qu'elle est ici - elle saurait fort bien que, justement, un des
objectifs de la réforme parlementaire que nous avons eue dans ce
Parlement il y a déjà au moins deux ans, probablement davantage
maintenant, c'était de donner cette flexibilité aux
parlementaires de rencontrer des gens, de tenir des commissions parlementaires,
d'entendre qui ils voulaient. C'est dans cet esprit que, maintenant, on a
ouvert largement et on ne laisse plus uniquement au ministre ou au pouvoir
exécutif la décision d'entendre ou de ne pas entendre les gens.
Les commissions parlementaires peuvent prendre toutes les initiatives qui leur
semblent bonnes pour justement permettre cette consultation plus large si tel
est leur désir. Dire que pour faire appliquer la démocratie il
faut mettre une chose qui existe déjà, je trouve que, sans
mauvaise volonté de la part de qui que ce soit, cela m'apparaît
peut-être un peu exagéré.
Mme Vermette: M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Article 1, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): On continue sur
l'article 1. Je pense que, là-dessus, il y a une décision de
rendue. Cela ne donne rien de...
Mme Vermette: M. le Président, je voudrais tout simplement
ajouter à ce que Mme la ministre vient de dire. Effectivement, elle
avait une très belle foulée et je pense que les mécanismes
sont ici en place. Il y a tout ce qu'il faut. Il y a des enceintes pour que les
gens puissent se faire entendre. J'aimerais donner, aux gens qui nous ont
écrit, qui ont même écrit à la ministre, certaines
certitudes. Pour ces gens-là qui attendent, qui sont dans l'expectative
par rapport à nos décisions, est-ce que la ministre peut nous
donner une date à laquelle elle pourra faire entendre ces gens qui
désirent éclairer les membres de la commission et qui ne veulent
qu'une chose, nous aider dans notre tâche de législateur?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je vais répondre
à la question de Mme la députée de Marie-Victorin. Je n'ai
jamais entendu une telle question à l'Assemblée nationale:
À quelle date, au moment où nous sommes à adopter le
projet de loi, vais-je convoquer la commission parlementaire pour entendre les
parties? M. le Président, je pense que notre volonté est de faire
adopter ce projet de loi avant Noël, alors que pendant un bon nombre
d'heures on a tenté de faire une obstruction systématique dans
l'Opposition. Pourquoi sommes-nous encore ici? C'est que nous croyons
extrêmement important qu'il soit adopté avant Noël et qu'en
conséquence les règlements soient prêts le plus tôt
possible et, dès qu'ils seront prêts, de les soumettre è la
commission parlementaire.
On me demande une date, M. le Président. Je n'ai jamais eu une
semblable question qui m'ait été posée avant
aujourd'hui.
M. Blais: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je pense que ce sujet est clos. Nous allons revenir au débat sur le
fond, c'est-à-dire l'article 1. Est-ce qu'il y a d'autres interventions
sur l'article 1?
M. Blais: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Terrebonne.
M. Blais: Merci. À l'article 1: "Dans le cadre de
l'application du présent article, le directeur ou un organisme reconnu
intervient selon les conditions et modalités prévues par
règlement." C'est prévu par règlement. La question a
été posée depuis le début. Ce qui a retardé
l'Opposition à y aller tout de go dans cette loi - en soi, nous sommes
d'accord pour le principe - c'est justement le règlement. Je suis
très surpris de voir que Mme la ministre dit qu'elle ne s'est jamais
fait demander, quand elle étudie une loi, quand elle prévoyait
que les règlements de cette loi seraient prêts?
Mme Lavoie-Roux: Demander une date. M. Blais: Bien
oui.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela va être prêt le 12
mai ou le 14 mai? Le 12 mars ou le 14 mars? Voyons!
M. Blais: Mme la ministre, j'aurais pu être plus exigeant
et vous demander l'heure. Ce n'est pas cela, Mme la ministre. Nous voulions
savoir approximativement vers quel mois. Mme la députée de
Marie-Victorin a reçu nombre de lettres et des gens attendent une
réponse. Si on leur dit: Voici que la loi est adoptée avant
Noël à cause de la grande
coopération de l'Opposition, qu'il n'y a plus d'objection
à cette commission de sorte que nous sommes là et que nous
faisons notre travail et même si les règlements ne disent rien qui
vaille, nous allons certainement améliorer ce projet de loi de sorte que
nous sortirons d'ici avec une loi normale, dans les circonstances,
malgré qu'on soit bousculé aux portes. Mais, vers quel mois ou...
La date, c'est une façon de s'exprimer.
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, si c'est une façon de
s'exprimer. Mais moi, quand on me demande quelle est la date...
M. Blais: Eh bien, aujourd'hui, c'est le 16 décembre. On
le sait. Tout le monde le sait.
Mme Lavoie-Roux: L'autre date possible est peut-être le 14
mars, mais ce n'est pas la date que je... Écoutez... Avez-vous des
problèmes, M. le député de Terrebonne?
M. Blais: J'ai un morceau de plastique dans mon café,
madame.
Mme Lavoie-Roux: Selon les informations que j'ai, et
déjà dans la préparation préliminaire, si je peux
m'exprimer ainsi, du règlement, il y aura certaines personnes qui seront
consultées pour ne pas... Le gouvernement le fait toujours pour
être sûr qu'on est au moins dans la bonne direction. Avant que ces
consultations ne soient terminées et que le règlement soit
vraiment rédigé, moi je dirais, je souhaiterais, en tout cas, que
ce soit d'ici à la fin de février.
M. Blais: Est-ce que...
Mme Vermette: Ces gens, en fin de compte, sans leur donner une
date précise, mais approximativement dans le temps, on pourrait leur
dire que ce sera d'ici à février, pour qu'ils puissent se
préparer eux aussi et nous apporter, justement, des données
intéressantes et cumuler leurs doléances.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est que ça va
être...
Le Président (M. Bélanger): Et dans la mesure
où la commission pourra se réunir. II y a aussi les gens de la
commission qui ont à décider et qui sont maîtres de leurs
travaux.
Mme Vermette: Si je comprends bien, c'est selon votre
disponibilité et votre convenance.
Le Président (M. Bélanger): Absolument pas. Mais je
sais que, l'autre jour, on a discuté de l'examen d'un organisme et on
avait certains problèmes de dates. Je voudrais aussi préciser que
cette réserve vient de nous, et non pas de la ministre.
Mme Vermette: Non, mais c'est simplement que je veux avoir une
assurance que dans une période de temps donnée, disons fin
février ou début mars peut-être, il y aura
possibilité pour ces gens de se faire entendre. Pour eux, c'est
important qu'on puisse justement leur dire pour qu'ils se préparent en
conséquence.
Mme Lavoie-Roux: Je ne voudrais pas allonger le débat.
S'ils veulent se prononcer sur un règlement, ils vont quand même
devoir avoir le projet de règlement. On peut peut-être, pour les
rassurer, dire: Vers la fin de février. En tout cas, à cette
époque, les chances nous apparaissent raisonnables que vous soyez
consultés. Nous allons donner une indication dans le même sens
probablement dans notre réponse au bâtonnier du Québec. Je
pense qu'on s'entend.
Mme Vermette: M. le Président, vu que l'ensemble de ces
groupes qui ont manifesté le désir de se faire entendre peut
avoir une date approximative, je pense que, compte tenu des garanties que Mme
la ministre me donne à cet effet, on peut adopter l'article 1.
Le Président (M. Bélanger): L'article 1 est
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 2.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, "L'article 132 est
modifié par l'addition, après le paragraphe f) du premier
alinéa, du suivant: "g) déterminer les conditions et les
modalités selon lesquelles le directeur ou un organisme reconnu peut
intervenir en vertu de l'article 72.3."
Cet article ajoute un paragraphe à l'article 132 afin de
créer le pouvoir réglementaire de déterminer les
conditions et modalités selon lesquelles le directeur ou un organisme
reconnu peut intervenir en vertu de l'article 72.3. Il est de concordance avec
le nouvel alinéa prévu à l'article 72.3.
Mme Vermette: En fait, c'est un article de concordance
uniquement.
Mme Lavoie-Roux: II crée le pouvoir
réglementaire.
Mme Vermette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: À l'article 1, c'était
pour...
Mme Vermette: Selon les conditions et modalités.
Mme Lavoie-Roux: ...prévoir le règlement et,
à l'article 2g, pour déterminer les conditions et tes
modalités selon lesquelles te directeur ou un organisme reconnu peut
intervenir en vertu de l'article 72.3, qui était l'article
précédent.
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): J'appelle l'article
3.
Infractions
Mme Lavoie-Roux: L'article 3, M. le Président, c'est un
article qui ajoute un paragraphe à l'article 135.1 afin de clarifier
l'infraction relative au fait de faire entrer ou de contribuer è faire
entrer au Québec un enfant né hors Québec contrairement
aux prescriptions de la Loi sur la protection de la jeunesse. Cet article est
devenu nécessaire en regard du paragraphe c de l'article 135.1 qui
disait: "ne peut recevoir d'application pratique, car il ne permet pas
d'identifier et de prouver des actes faits au Québec".
Conséquemment, il y a plusieurs adaptions qui s'effectuent actuellement
sans respecter les conditions prévues à la loi. En d'autres
termes, il est difficile de faire la preuve, puisqu'il n'y a pas
d'intermédiaire reconnu, qu'il n'y a pas eu respect de la loi et,
également, ces actes peuvent avoir été faîte
à l'extérieur du Québec aussi.
Mme Vermette: Mme la ministre, je suis d'accord avec vous que,
quand les gens font entrer illégalement des enfants au pays, ils sont
passibles de sanctions.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Vermette: Ils savent à quoi s'en tenir. Il faut qu'ils
soient responsables des gestes qu'ils posent.
Mme Lavoie-Roux: Mais on n'était pas capables
d'établir la preuve.
Mme Vermette: Cela m'amène à poser une autre
question. Est-ce qu'on ne pourrait pas aussi remettre en cause les attitudes du
Secrétariat à l'adoption internationale? S'il y a des gens qui le
font d'une façon illégale, c'est parce que le secrétariat
ne joue peut-être pas le rôle qu'il devrait jouer actuellement ou
ne le remplit pas conformément aux différentes attentes des -
comment les appelle-t-on? - intermédiaires? C'est pour cela justement
que cela se multiplie ici, au Québec, actuellement. (17 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Je vais répondre à la question de
Mme la députée de Marie-Victorin. Si elle me le permet avant,
j'ai dit tout à l'heure que la loi telle qu'elle existe ne nous permet
pas d'identifier et de prouver des actes qui sont faits à
l'extérieur du Québec. Évidemment, les actes
n'étant pas faits au Québec... Vous mettez en cause, sans lui
donner un sens péjoratif tout à fait, le fait que peut-être
il y a des actes illégaux qui seraient faits hors Québec - cela
pourrait être aussi au Québec - qui pourraient être
attribuables au fait que le Secrétariat à l'adoption
internationale ne s'acquitte pas de ses fonctions, ne montre pas suffisamment
de diligence ou pourrait créer des obstacles difficiles à
surmonter. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de lien entre les deux, mais je ne
suis pas capable de vous prouver cela séance tenante, dans un sens ou
dans l'autre.
Mais l'objet précis de l'article, c'est, si les gens ne
respectent pas la loi, qu'il faut se donner des moyens même si les actes
sont faits hors Québec. Il reste que le problème que vous
soulevez est un problème réel. Comme je l'ai dit dans le discours
de deuxième lecture, des questions ont été
soulevées quant à la performance, si on veut, du
Secrétariat à l'adoption internationale ou encore, à
certaines occasions, quant à la performance du Directeur de la
protection de la jeunesse quant à faire les évaluations, etc.
Évidemment, il y a deux aspects. Le premier, c'est que, souvent, il peut
arriver -pas souvent - que les parents qui essuient un refus soient
portés à faire porter le blâme sur les organismes qui
doivent pourvoir aux services. L'autre chose, c'est qu'il peut y avoir des
lacunes réelles dans la façon dont les services sont
dispensés. À ce moment-là, le recours habituel dans le cas
du Directeur de la protection de la jeunesse, ce sont des plaintes au CRSSS ou
encore au Comité de la protection de la jeunesse et, dans le cas du
Secrétariat à l'adoption internationale, ce sont des plaintes qui
devraient venir, j'imagine, au ministère. Et même, à
l'occasion, les tribunaux peuvent se prononcer.
Mme Vermette: Porter les causes à votre attention pour
justement...
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. C'est vraiment pour se donner, comme
les gens disent ici, è l'Assemblée nationale, une poignée
concernant les infractions qui seraient commises à l'extérieur du
Québec, mais qui, quand même, ne correspondraient pas aux
politiques du Québec en matière
d'adoption internationale. C'est ,1a conclusion, M. le
député de Terrebonne? Parfait.
Mme Vermette: J'ai autre chose concernant les amendes de 2000 $
et 5000 $. Très souvent, ce sont des parents qui l'ont fait de leur
initiative parce que les corporations, les autres groupes ou les
intermédiaires... Des amendes de 1000 $ et 5000 $... Je suis d'accord
qu'ils ont posé un geste illégal, mais, quelquefois, je me dis
qu'ils ont l'air de voleurs d'enfants alors que ce n'est pas leur objectif que
de voler des enfants. C'est tout simplement parce qu'ils se sentent, à
un moment donné, tellement sans solution que c'est un geste ultime dans
leur cas et qu'ils y vont de leur propre initiative. Très souvent, ce
sont eux qui se font prendre dans cette initiative.
Le Président (M. Bélanger): Avec cet article, cela
les protège de ce genre de choses.
Est-ce que l'article 3 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté,
J'appelle l'article 4. "La présente loi entrera en vigueur à la
date fixée par le gouvernement."
M. Blais M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Blais: Normalement on dit: entre en vigueur le jour de sa
sanction. Est-ce à cause des règlements? Beaucoup de projets de
loi ont des règlements et on dit: le jour de sa sanction. Quelle est la
réticence à ne pas avoir le même libellé qu'à
l'accoutumée?
Mme Lavoie-Roux: Tout simplement parce que cela ne pourra pas
être mis en vigueur demain matin.
M. Blais: On le sait.
Une voix: II n'y a pas de règlements.
Mme Lavoie-Roux: II y a des règlements.
M. Blais: Je m'excuse, M. le ministre. Je parle à Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est un pouvoir de règlement que l'on
donne au ministre responsable de l'adoption internationale pour faire des
règlements dans tel ou tel domaine. Avant que cela puisse être en
vigueur, il faut que...
M. Blais: Mme la ministre, j'ai une sous-question. Si cette loi
était en vigueur...
Mme Lavoie-Roux: Et l'autre chose qui va...
M. Blais: ...plus tard, je ne sais pas, supposons que vous
décidiez qu'elle entre en vigueur le 1er mars, ils ne peuvent pas
commencer les règlements s'ils n'en ont pas l'autorisation par cette
loi.
Mme Lavoie-Roux: Non, non, non.
M. Blais: C'est pour cela que, normalement, même s'il y a
des règlements, on dit: à la sanction. Les règlements se
font et sont en application après leur adoption par le cabinet ou la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: L'autre chose, M. le Président, c'est
qu'on prévoyait aussi par cet article 4 de tenir une commission
parlementaire sur la réglementation compte tenu de la délicatesse
- je ne sais pas si le terme est exact - de la sensibilité...
M. Blais: De l'Opposition.
Mme Lavoie-Roux: ...de cette réglementation.
M. Blais: On ne peut pas indiquer qu'on aura une commission parce
que ce serait un précédent, mais on l'enregistre très bien
que vous allez faire une commission. Et après tout cela, cela sera en
application.
Mme Lavoie-Roux: Oui, si vous voulez. Écoutez! J'ai la
réputation de tenir parole, monsieur.
Une voix: ...Journal des débats.
Mme Lavoie-Roux: Sur les engagements que je prends, j'ai la
réputation de tenir parole, M. le député de
Terrebonne.
Le Président (M. Bélanger): L'article 4 est-il
adopté?
Mme Vermette: L'article 4 est adopté, M. te
Président.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Est-ce
que le titre du projet de loi qui se lit comme suit: Loi modifiant la Loi sur
la protection de la jeunesse concernant l'adoption internationale, est
adopté?
Mme Vermette: Adopté avec l'assurance d'avoir notre
commission parlementaire.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas adopter à moitié.
Il faut que vous adoptiez
pour vrai ou pas.
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Mme Vermette: On a l'assurance de la ministre.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que le projet de
loi 139 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Adopté.
Avant de suspendre et de passer à un autre projet de loi, je
voudrais apporter un complément à la décision que j'ai
rendue tout à l'heure à la suite d'une vérification.
Au surplus, la motion d'amendement de la députée de
Marie-Victorin aurait pour effet d'obliger le ministre à donner
communication d'un document, en l'occurrence le projet de règlement qui
n'est pas encore publié et officiel, ce qu'on ne peut pas faire en vertu
du règlement annoté de Geoffrion, article 690, première
note, etc. De toute façon, on ne pouvait pas en vertu d'un autre
règlement.
On suspend pour une seconde et on reprend avec le projet de loi 124.
M. Blais M. le Président, voulez-vous attendre une
seconde, s'il vous plaît? J'aurais quelque chose à dire.
Le Président (M. Bélanger): Oui.
M. Blais: J'ai une question à poser à Mme la
ministre, s'il vous plaît!
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
M. Blais: Est-ce que nous arrêtons nos travaux
jusqu'à 18 heures, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Le leader ne vous a pas donné...
Le Président (M. Bélanger): À moins qu'il
n'y ait consentement unanime pour suspendre jusqu'à 18 heures...
M. Blais: C'est exact.
Le Président (M. Bélanger): ...mais les ordres que
j'ai, c'est de continuer avec le projet de loi 124.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on continue avec le projet de loi
124?
Le Président (M. Bélanger): Ce sont les ordres que
j'ai de la Chambre. À moins d'avis contraire...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas eu d'ordre. Ce n'est pas moi qui
reçois les ordres là-dessus. Je ne pense pas, en tout cas.
Le Président (M. Bélanger): Les avis de ce matin se
lisent comme ceci: À la salle du Conseil...
Mme Lavoie-Roux: Ils ont les mêmes informations que nous,
mais il faudrait qu'il les...
M. Blais: Madame, si vous faites cela, vous...
Le Président (M. Bélanger): Non,
écoutez...
Mme Lavoie-Roux: Non, non, je ne veux pas vous faire cela, c'est
parce que je voulais...
Le Président (M. Bélanger): Je ne veux pas me fier
è une rumeur. Je suis prêt à suspendre les travaux pour
cinq minutes, le temps que tout le monde ramène tout le monde.
M. Blais: S'il vous plaît, j'aimerais qu'on suspende les
travaux.
Mme Lavoie-Roux: Je suis tout à fait d'accord pour qu'on
vérifie cela. Je pense que ce n'est pas moi qui dois normalement...
Le Président (M. Bélanger): Aux affaires courantes,
ce matin, on a bien dit de...
M. Blais: Je vais demander la suspension pour cinq minutes, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais auparavant...
M. Blais: J'aimerais faire suspendre pour cinq minutes avant
votre remarque, s'il vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
Je ferai ma remarque et je suspendrai après.
Alors, ce matin, à l'ordre du jour tel que déclaré
par le leader en Chambre, il disait qu'aujourd'hui, des affaires courantes
jusqu'à 13 heures, de 13 heures à 18 heures et de 20 heures
à 24 heures, à la salle du Conseil législatif, la
commission des affaires sociales procédait à l'étude
détaillée des projets de loi suivants et ce, dans l'ordre-ci
après indiqué: a) projet de loi 139, b) projet
de toi 124. Ce sont donc les ordres. Je suspends pour cinq minutes et
nous reviendrons. On va vérifier entre-temps.
(Suspension de la séance à 17 h 24)
(Reprise à 17 h 25)
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît,
Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais proposer que
la commission soit suspendue sine die jusqu'à ce que nous ayons un
nouvel ordre de la Chambre.
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend
ses travaux jusqu'à ce que nous ayons un nouvel ordre de la Chambre ou,
en l'occurrence, que l'on nous demande d'appliquer celui que nous avions ce
matin. Alors, les travaux sont suspendus.
Il y a habituellement un avis nous disant que la commission peut
ajourner ses travaux sine die et qu'à cet effet elle ne siégera
pas ce soir. Donc, la commission des affaires sociales ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 28)