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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger): La commission se
réunit ce matin pour poursuivre l'étude des crédits du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
pour l'année financière 1987-1988.
Nous en étions au programme 6, sur les prestations... Auparavant,
est-ce qu'il y a des remplacements? M. Charbonneau, vous remplacez toujours M.
Gauthier?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce qu'il y a
d'autres remplacements? Non, excellent!
Ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu
Régie des rentes (suite)
Nous en étions hier à ta Régie des rentes du
Québec. C'est bien cela? Oui. Je vais recevoir les galées d'hier
dans quelques minutes et je vous dirai ce qui s'est exactement passé
quant à l'imbroglio de la fin. Les voilà!
M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, de
façon à clarifier le déroulement de nos travaux avec les
membres de la commission, j'aimerais savoir si j'ai bien compris, hier, lorsque
le député de Verchères, porte-parole de l'Opposition en la
matière, m'a indiqué que, compte tenu de l'enveloppe de temps
restreinte dont la commission dispose, l'élément 4, Allocations
familiales, l'élément 8, Sécurité du revenu des
chasseurs et piégeurs cris, l'élément 5, Allocations de
maternité, et l'élément 3, Direction et gestion de la
Commission des affaires sociales, ne feraient pas l'objet de questions de la
part de l'Opposition.
M. Charbonneau: Cela va.
Le Président (M. Bélanger): C'est bien cela?
D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux vérifier
auprès de membres de la commission, du côté
ministériel, s'ils ont des questions portant sur ces sujets?
Le Président (M. Bélanqer): Messieurs, est-ce que
vous avez des questions sur les programmes 5, 3...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 3, 4, 5, 8.
Le Président (M. Bélanger): 3, 4, 5, 8, c'est cela.
Non? Je vous remercie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on peut tenir pour
acquis, pour utiliser des termes que l'on retrouve plus souvent devant les
tribunaux, que les représentants de la Commission des affaires sociales,
dont M. le juge Poirier, qui sont ici ce matin, sont libérés?
Le Président (M. Bélanger): Ils sont
libérés, M. le ministre.
M. Charbonneau: M. le ministre, ce n'est pas que leur travail et
leurs performances ne nous intéressent pas, mais c'est compte tenu du
temps. Si on avait quinze heures, comme certains autres...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le juge m'a indiqué
qu'il serait satisfait d'une motion unanime de félicitations pour ses
travaux.
Des voix: Hal Hal Hal
M. Charbonneau: J'ai peur qu'en le félicitant je vous
félicite aussi, et cela, je ne veux pas le faire.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
féliciter M. le juge Poirier sans féliciter le ministre, pour le
moment?
M. Charbonneau: Écoutez, on pourrait simplement
libérer le juqe.
Le Président (M. Bélanger): On félicitera le
ministre sous réserve. Ha! Ha! Ha!
M. Joly: Le juge garderait le ministre prisonnier.
Le Président (M. Bélanger): M. le juqe,
on s'excuse de vous avoir fait déplacer et on vous remercie. On
met donc la rondelle au jeu. M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Voilà, M. le Président! On pourrait
peut-être terminer notre discussion sur la Régie des rentes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je souligne que, ce matin, en
remplacement du président, M. Legault, c'est le vice-président
aux opérations, M. Jean-Yves Uhel, que vous retrouvez assis è ma
droite.
M. Charbonneau: M. le Président, en novembre dernier, le
Vérificateur général du Québec adressait certaines
critiques à la Régie des rentes, notamment sur le retard dans le
versement des chèques aux nouveaux bénéficiaires, sur
l'absence de dépôt direct dans les comptes des 930 000
bénéficiaires d'allocations familiales, mesure qui pourrait
entraîner à elle seule une économie de 1 000 000 $, le
coûteux programme de communications, sur sort système informatique
coûteux, etc.
Le 30 avril 1986, soit sept mois avant le dépôt du rapport
du Vérificateur général, paraissait dans ta Gazette
officielle le décret 443-86 du 9 avril modifiant le rèqlement
de régie interne de la Régie des rentes du Québec. Dans
cette modification au rèqlement, on pouvait lire, à l'article
14.6, qu'un comité a pour objet d'étudier et d'examiner les
rapports du Vérificateur général et du vérificateur
interne de la régie, et le plan de vérification interne de la
régie, annuel et quinquennal. L'article 14.7 indiquait également:
"Le comité, une fois étude et examen terminés, fait
rapport par écrit au conseil d'administration de ses commentaires et
recommandations."
Est-ce qu'on peut savoir, M. le Président, si le président
de la Régie des rentes ou la régie entend apporter certaines
modifications à l'administration de la régie à la suite du
rapport du vérificateur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de faire le point
le plus précisément possible en vous indiquant qu'en plus du
rapport du Vérificateur général auquel vous faites
maintenant allusion vous retrouviez, dans les médias, entre autres, dans
le journal Les Affaires du samedi 23 mai 1987, un article qui
s'intitulait "Le gouvernement du Québec et l'informatique semblent
incompatibles." "Québec gaspille des millions de dollars" - pour son
développement informatique. Une partie de l'article était
consacrée à la Régie des rentes et à son
système informatique.
À la suite de cet article qui est paru dans le journal Les
Affaires, comme je vous l'ai indiqué, le samedi 23 mai 1987, le
président de la Régie des rentes, Claude Legault, a
apporté une réponse écrite à Jean-Paul
Gaqné, éditeur adjoint et rédacteur en chef au journal
Les Affaires. Je considère qu'une lecture de la lettre
adressée à l'éditeur adjoint et rédacteur en chef
du journal Les Affaires constitue à la fois la réponse du
président de la réqie et au vérificateur et à
l'article paru dans le journal Les Affaires. La lettre est brève,
et je vous en fais lecture immédiatement.
M- Charbonneau: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Il me fera plaisir, vu que le
dépôt n'est pas permis, d'en transmettre copie à
l'Opposition. "Monsieur le rédacteur en chef - et c'est signé, je
le répète, Claude Legault, président-directeur
général, Réqie des rentes du Québec - Au nom de la
Régie des rentes du Québec, je me dois de protester contre le
traitement réservé à notre organisme dans l'édition
du 23 mai dernier du journal Les Affaires. Sous le titre "Québec
gaspille des millions de dollars" - pour son développement informatique
- le journaliste Gilles Desroberts qualifie de cul-de-sac technologique la
situation de l'informatique à la Régie des rentes et affirme
qu'après des investissements de 21 000 000 $, il lui faut "tout
reprendre à zéro". L'article s'appuie larqement sur le dernier
rapport annuel du Vérificateur général du Québec,
M. Rhéal Châtelain, et sur une entrevue que ce dernier lui a
accordée. Pourtant, rien dans le rapport du vérificateur ni dans
ses propos à votre journaliste - le vérificateur nous l'a
confirmé lui-même - ne justifie un tel jugement. En effet, 85 %
des systèmes seront livrés durant l'année et les
dépenses encourues à ce jour sont de 8 000 000 $. "Les nouveaux
systèmes bientôt en opération. En 1983, la Réqie des
rentes du Québec s'est dotée d'un plan directeur de
développement de systèmes dans le but justement d'éviter
de se retrouver dans un cul-de-sac technologique face au viellissement des
systèmes en place, à l'évolution de notre clientèle
et à des changements législatifs anticipés. "La
Régie des rentes a implanté le 23 mars dernier la première
phase du fichier d'inscription des clientèles, un nouvel outil
informatique particulièrement puissant qui est appelé à
devenir le pivot de toute notre organisation en ce qui a trait aux informations
nominatives sur notre clientèle. D'ici quelques semaines, la
régie prendra livraison de la première tranche du registre des
cotisants, un système plus performant permettant de déterminer
les droits à des prestations des personnes qui cotisent ou ont
déjà cotisé au Régime de rentes. Le taux de
fiabilité visé lorsque l'ensemble des systèmes sera
opérationnel est de 99,75 %. Tout indique que nous l'atteindrons. Il est
important de prendre conscience de l'envergure de ces systèmes.
Près de 6 000 000 de personnes cotisent ou ont déjà
cotisé au Régime de rentes du Québec, ce qui
représente près de 100 000 000 d'inscriptions dans notre registre
des gains. Chaque mois, la régie émet 650 000 paiements de rentes
totalisant 180 000 000 $. Les systèmes informatiques de support doivent
avoir des niveaux de qualité et de fiabilité très
élevés. C'est exactement ce à quoi s'est appliquée
la Régie des rentes au cours des trois dernières années.
Pas question donc de tout reprendre à zéro. "De plus,
contrairement à ce qu'on laisse entendre dans l'article, la régie
n'a pas investi à ce jour 21 000 000 $ mais plutôt 8 000 000 $ sur
des prévisions de l'ordre de 18 000 000 $ lorsque les projets seront
terminés. "En conclusion, compte tenu de l'importance de plus en plus
grande qu'occupent les systèmes informatiques dans les dépenses
publiques et dans la vie quotidienne des citoyens, il est tout à fait
légitime et nécessaire que le Vérificateur
général exerce une grande vigilance sur cet aspect de
l'administration publique. Il est tout aussi légitime et
nécessaire que la presse fasse écho aux recommandations qui
découlent de ces examens. Cependant, ni la régie ni, j'en suis
persuadé, le Vérificateur général ne peuvent
accepter qu'un journal dénature cet exercice en en tirant de fausses
conclusions. "Veuillez agréer, Monsieur le rédacteur en chef,
l'expression de mes salutations distinguées, Claude Legault,
président-directeur général, Régie des rentes du
Québec."
Je demande qu'on procède à une photocopie pour vous la
remettre.
M. Charbonneau: À la suite de cela, est-ce que le ministre
peut nous dire quand les résultats vont commencer à
paraître? Là, vous mettez en place un nouveau système. Dans
quel délai peut-on espérer que les correctifs vont effectivement
apparaître pour les bénéficiaires, surtout à
l'égard des retards?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'informe qu'à
l'occasion des crédits de l'an prochain le ministre sera en mesure de
répondre que cela est chose accomplie.
M. Charbonneau: Bon! Le ministre nous a lu la lettre du
président. Mais le comité dont on annonçait la
création dans la Gazette officielle avait pour objectif d'étudier
et d'examiner le rapport du Vérificateur général et du
vérificateur interne de la régie, ainsi que le plan quinquennal.
Est-ce qu'on a les recommandations de ce comité? Est-ce qu'il serait
possible d'en avoir une copie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est impossible d'en avoir une
copie parce que la régie ne les possède pas encore. Il s'agit
d'un comité du conseil d'administration de la Régie des rentes du
Québec. Le rapport devrait être prêt dans à peu
près un mois.
M. Charbonneau: À ce moment-là, est-ce qu'on
pourrait en avoir une copie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Charbonneau: Avant l'étude des crédits de l'an
prochain?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, aucun problème.
D'ailleurs, concernant toute la question de l'informatisation, qu'il s'agisse
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, nous avons pris le temps, à l'occasion de la dernière
commission des engagements financiers, d'inviter le sous-ministre à nous
faire une présentation en ce qui concerne le pourquoi, les coûts,
etc., de l'ensemble des changements informatiques. Je vous dirai que je regarde
également de près ce qui se passe à la Commission de la
santé et de la sécurité du travail au moment où
nous nous parlons. Oui, l'Opposition aura accès à toutes ces
études parce qu'il s'agit là d'investissements importants de la
part du gouvernement dont le but est de rendre de meilleurs services à
la clientèle, aux citoyens du Québec. Toutes les études
que nous posséderons dans ce domaine seront, pour autant que je serai
ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
disponibles pour l'Opposition.
M. Charbonneau: D'accord. Une autre question à propos des
demandes de renseignements personnels sur les individus. Le 18 mars dernier,
paraissaient encore une fois dans la Gazette officielle deux
décrets, l'un portant le numéro 282-87 et l'autre le
numéro 281-87. L'un faisait suite à une demande de renseignements
personnels du département de santé communautaire de
l'Hôpital général de Montréal et l'autre à
une demande du CLSC provisoire, du secteur Charlevoix-Ouest. Il y a eu
également la même chose pour le département de santé
communautaire de l'Hôtel-Dieu de Roberval. Dans tous ces cas, on
demandait à la Régie des rentes de permettre l'utilisation de
renseignements personnels des enfants ou des personnes handicapées.
Est-ce que le ministre pourrait nous indiquer si ce genre de pratique est
régulier à la Régie des rentes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon?
Est-ce que vous voulez répéter la fin de votre question?
Strictement la fin.
M. Charbonneau: Est-ce que ce genre de pratique est chose
courante à la Régie des rentes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Courante, non, parce qu'à
chaque fois, comme vous le voyez, il faut procéder par décret. La
procédure est lourde, si je peux utiliser l'expression. Le Conseil des
ministres doit rendre une décisions Les décisions sont rendues
lorsque, sur le plan de l'utilité publique, le gouvernement est
convaincu que la balance des inconvénients joue en faveur du public en
général et de la clientèle à rejoindre. Il s'agit,
finalement, des fichiers qui concernent les allocations familiales et qui
permettent soit aux DSC, soit aux CLSC, soit aux centres hospitaliers, de
procéder à des programmes de vaccination chez les enfants.
M. Charbonneau: Dans le cas des personnes handicapées, on
me fait remarquer que c'est plutôt le recensement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que les
données peuvent également servir à l'établissement
de programmes. Mieux on connaît, mieux on identifie la clientèle,
plus le programme peut être ajusté en fonction de cette
clientèle.
M, Charbonneau: Dans le fond, je ne mets pas en cause les
objectifs des demandes, mais qu'est-ce qu'on a comme mécanismes de
contrôle pour s'assurer qu'on respecte la confidentialité des
informations? Est-ce qu'on demande des garanties particulières aux
institutions? Est-ce qu'il y a des mécanismes de contrôle pour
s'assurer de la façon dont on utilise ces renseiqnements ou dont on les
transmet? C'est peut-être plus cela qui est important. Un
département de santé communautaire ou un CLSC qui veut avoir la
liste des handicapés sur son territoire, c'est sans doute pour
améliorer les services et vraiment identifier toute la
clientèle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a un protocole d'entente qui
gère, si je peux dire, cet échange de renseignements. Ce
protocole d'entente est agréé par la Commission d'accès
à l'information qui s'assure, comme c'est son rôle de le faire, du
maximum de confidentialité des données qui sont transmises.
M. Charbonneau: En terminant, au sujet de la Régie des
rentes, est-ce qu'il serait possible d'avoir la liste complète des
membres du conseil d'administration, ainsi que la date d'échéance
de leur mandat?
Également, la profession des membres du conseil d'administration
et d'où ils viennent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut joindre à la liste
des membres du conseil d'administration, ainsi qu'à la date
d'échéance de leur mandat un curriculum vitae, ce qui vous
indiquera ce qu'ils ont fait pendant leur vie.
M. Charbonneau: Oui, d'accord. En fait, la profession nous aurait
suffi, mais le curriculum vitae, c'est correct. Je n'en demandais pas tant.
Une voix: On en donne toujours plus que le client n'en
demande.
M. Charbonneau: Ce n'est pas toujours vrai. Cela va. M. le
ministre, cela complète nos questions sur la Régie des rentes. M.
le Président, si je comprends bien, à l'égard du
problème des régimes supplémentaires de rentes, il y a
quelque chose qui devrait être presque prêt d'ici la fin de
l'année, si je comprends bien les informations qui m'ont
été fournies avec enthousiasme par le ministre, hier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les réponses de ce matin
sont les mêmes que celles d'hier soir.
M. Charbonneau: C'était pour voir si le ministre ne
reculait pas, encore une fois.
Avant de revenir à l'aide sociale et aux programmes d'emploi,
comme on en avait convenu hier, peut-être qu'on pourrait discuter
brièvement de la question des normes du travail...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De la question?
M. Charbonneau: De la Commission des normes du travail.
Commission des normes du travail
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Vous avez indiqué
à mon personnel que les questions s'adresseraient au ministre; donc,
nous avons libéré M. le président.
M. Charbonneau: Cela va. Écoutez, ma question sera assez
simple. Il y a eu modification à la hausse du salaire minimum. Le
ministre l'avait, à ce moment-là, réajusté en
fonction du barème ontarien. Depuis cette date, beaucoup d'organismes
dont l'Association des gens à pourboire, Action travail des femmes, le
Front commun des assistés sociaux du Québec, le Service d'aide
aux Néo-Québécois immigrants, etc., et le groupe qui, l'an
dernier, avait mené l'Opération beurre de pinottes, dont le
ministre se souvient bien, réclament, dans le fond, la
révision annuelle du salaire minimum. On demande au gouvernement
d'ajuster annuellement le salaire minimum.
En fait, ma question est simple: Est-ce que le ministre est prêt
à mettre en place un mécanisme de révision
périodique, sinon annuelle, du salaire minimum? Je ne demande pas au
ministre s'il s'engage, aujourd'hui, à le réviser à la
hausse chaque année. Est-ce qu'il est en mesure de répondre
positivement à la demande de ces groupes et à la demande que
l'Opposition a également formulée?
Je vous signalerai simplement la position que nous avons prise. Le
ministre m'a fait la lecture d'une lettre. Je vais également lui faire
la lecture d'une lettre que j'ai adressée au Front de défense des
non-syndiqués du Québec, en date du 7 avril: "J'ai bien
reçu votre lettre (...) concernant le dossier du salaire minimum et les
revendications de votre organisme. Â titre de critique de l'Opposition
officielle en matière de main-d'oeuvre et de sécurité du
revenu, je veux vous informer que les députés du Parti
québécois ont adopté, à l'occasion de leur dernier
caucus, la position suivante à l'égard de la question du salaire
minimum. L'Opposition officielle est d'accord avec la mise en place d'un
mécanisme d'ajustement périodique du salaire minimum afin
qu'annuellement une décision soit prise à cet effet. L'Opposition
officielle croit que le mécanisme d'ajustement périodique doit
être un comité ou un organisme qui regrouperait des
représentants du gouvernement, du monde syndical, du monde patronal, des
gens au salaire minimum et des économistes-conseils choisis
conjointement par les parties, dont le gouvernement. L'Opposition
considère qu'outre le maintien et l'amélioration du niveau de vie
et le non-appauvrissement des gens à faibles revenus, le critère
principal de décision pour l'augmentation du salaire minimum doit
être l'impact sur l'emploi."
Je vous fais grâce des autres considérations. On ajoutait:
"Les députés du Parti québécois considèrent
que, pour nous, l'amélioration de la situation des personnes
démunies et à faibles revenus passe par la priorisation politique
et économique du plein emploi." En fait, cela revient à ce que je
disais hier. Je rappelais que, finalement, on ne peut pas faire abstraction de
l'impact sur l'emploi.
Finalement, j'ai fait cette réponse. Je pense qu'elle a
été rendue publique. Il y a eu un entrefilet; je ne sais pas si
le ministre a eu l'occasion d'en prendre connaissance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour ne courir aucun risque,
est-ce qu'on pourrait vous demander de nous communiquer votre lettre
intégralement?
M. Charbonneau: Certainement. Je demanderais à la
secrétaire de la commission de vous la transmettre, M. le ministre.
Je reprends la question, maintenant que le ministre est mieux
informé et qu'il aura même la lettre en main. Est-ce qu'il ne
convient pas qu'après une bonne action l'important est de s'assurer que
d'autres bonnes actions suivront et qu'on procédera à la mise en
place d'un mécanisme où le gouvernement serait, bien sûr,
partie prenante, où les autres parties intéressées
seraient associées, le monde des affaires autant que le monde ouvrier,
syndiqués et non-syndiqués, et aussi des
économistes-conseils? On sait que, dans le monde économique, chez
les experts en économie, les thèses s'affrontent à cet
éqard. C'est la raison pour laquelle on a suggéré au
ministre que les experts-conseils soient choisis par les parties. (10 h 30)
Autrement dit, si le ministre dit: Moi, je préférerais
avoir tel économiste et que les non-syndiqués disent qu'ils
voudraient plutôt tel autre qui est plus sympathique, si tout le monde
s'entendait sur le choix de quelques experts, on pourrait peut-être
penser que l'organisme que le gouvernement mettrait en place et qui lui ferait
régulièrement des rapports et des suggestions permettrait au
moins de s'assurer que le problème d'appauvrissement des qens serait
pris en considération sur une base régulière. D'autant
plus que, par exemple, dans le domaine de l'aide sociale et dans hien d'autres
domaines, on indexe annuellement, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un
mécanisme pour tout au moins vérifier l'a-propos de cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi) Je peux indiquer au
député de Verchères - peut-être qu'il n'a pas encore
eu le temps d'en prendre connaissance, le projet de loi n'ayant franchi que
l'étape de la première lecture - que j'ai déposé,
il y a quelques semaines, à l'Assemblée nationale du
Québec le projet de loi 41 qui porte sur le Conseil consultatif, sur
l'emploi et la sécurité du revenu. L'un des objectifs du projet
de loi est d'élargir la composition du CCTMO que nous connaissons
actuellement dans le but de l'ouvrir à des groupes qui, dans la
société, ne sont pas représentés au moment
où nous nous parlons - je parle spécialement des groupes de
femmes, des groupes d'autochtones, des groupes de...
M. Charbonneau: Non-syndiqués.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...non-syndiqués, etc. - et
d'élargir éqalement le mandat de ce conseil. Dans
l'élargissement du mandat, la question du salaire minimum tomberait, sur
le plan consultatif, sous l'emprise de cette loi.
M. Charbonneau: On sait qu'on n'est pas à l'étape
de l'étude du projet de loi; cela viendra d'ici trois semaines. Est-ce
que le ministre accepterait ou se montrerait ouvert à une suggestion
d'amendement qui, d'une façon formelle, donnerait le mandat à cet
organisme, sur une base annuelle, de transmettre des avis au ministre? Parce
que là, on aurait un mécanisme...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le gouvernement évaluera
cela en temps et lieu. Il y a toujours dans toute formule ce que j'appelle le
bon côté de la médaille et l'autre côté de la
médaille. Je vous écoutais tantôt décrire la
composition que, peut-être, vous qualifieriez d'idéale: des
représentants syndicaux, des représentants patronaux, des
représentants des travailleurs non-syndiqués, des
économistes, etc. Dans ma courte expérience comme ministre, j'ai
eu à faire affaire avec de tels types de comités et, souvent,
lorsque les parties démarrent aux antipodes dans un dossier, on n'en
arrive pas nécessairement plus rapidement aux compromis
nécessaires pour faire en sorte que les bas salariés dans la
société, lorsqu'on les compare aux autres travailleurs
organisés, structurés, ne perdent pas du terrain. On se rend
compte quelquefois qu'on en arrive à des pertes de terrain importantes.
Je vous ai indiqué, à l'occasion des crédits de l'an
dernier et même, au moment du rapport Beaudry sur les relations du
travail, qu'une des préoccupations prioritaires de l'actuel gouvernement
concernait les bas salariés. L'an passé, nous sommes
passés à l'action en décidant une augmentation du salaire
minimum. Depuis ce temps, nous continuons de travailler très
assidûment sur le sujet.
M. Charbonneau: Écoutez, c'est bien beau tout cela, mais
ce que je demande au ministre, sans rire... C'est une belle réponse qui
ne veut rien dire. Hier, le ministre avait l'excuse que c'était en fin
de journée, il pouvait toujours plaider la fatigue, mais ce matin, il
devrait être un peu plus en forme. Ce que je lui demande, ce n'est pas la
fin du monde. Est-ce que le ministre, plutôt que de décider seul,
serait prêt à mettre en place un mécanisme? Il nous
réfère à l'organisme...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux assurer le
député de Verchères que le ministre ne prend pas de
décisions seul dans de tels dossiers.
M. Charbonneau: Ce que je demande au ministre, c'est dans quelle
mesure pourrait-il offrir à la société
québécoise, aux intéressés, aux gens d'affaires
autant qu'aux travailleurs et travailleuses concernés, la garantie
qu'annuellement on aura un avis public sur l'opportunité d'ajuster les
niveaux du salaire minimum?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'ai répondu lorsque
le sujet a été abordé par le député de
Verchères, c'est que le projet de loi 41 déposé qui
prévoit la modification du CCTMO actuel en élargissant, comme on
s'était engagé à le faire à l'occasion de la
dernière campagne électorale, et le rôle du CCTMO et la
composition du CCTMO qui deviendra le Conseil consultatif sur l'emploi et la
sécurité du revenu, aura juridiction sur ces sujets. À cet
organisme, siégeront les représentants des travailleurs non
organisés, donc souvent les représentants de travailleurs qui
travaillent au salaire minimum. Nous verrons quel type d'avis, quel type de
travaux mènera ce conseil. Si cela s'avère satisfaisant, je sais
que le député de Verchères se joindra au ministre pour les
féliciter de leur travail et, si cela ne s'avère pas
satisfaisant, nous apporterons les modifications appropriées en temps et
lieu.
M. Charbonneau: M. le Président, je comprends que la
réponse du ministre, c'est: Non, je ne suis pas prêt à
garantir qu'il y aura en place un mécanisme qui, sur une base
périodique et annuelle, offrira un avis public au gouvernement et
à tous les intéressés sur les possibilités. Il nous
dit: Bon, cela sera les...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que j'ai compris, M. le
Président, c'est que le député de Verchères n'a pas
encore - et je ne l'en blâme pas, il a beaucoup de travail -pris
connaissance du projet de loi.
M. Charbonneau: Ah! J'en ai pris connaissance, mais ce que le
ministre nous donne ce matin n'est pas une garantie. Nous, ce que nous voulons
savoir, c'est: Est-ce que le ministre serait ouvert à la
possibilité d'inclure, formellement, dans te mandat de cet
organisme-là la question de l'évaluation périodique,
annuelle du salaire minimum?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je dis au
député de Verchères, c'est que le gouvernement fait un pas
important dans la direction souhaitée par plusieurs groupes de femmes,
par plusieurs groupes représentant les travailleurs non
organisés, par plusieurs groupes représentant des travailleurs
autochtones et que ce pas en avant, dans la bonne direction, pensons-nous de ce
côté-ci, est fait à la suite de représentations qui
nous viennent de ces groupes-là. C'est un pas que vous n'aviez jamais
osé faire. Je vous dirai même que c'est un pas qui est difficile
à faire parce que vous verrez tantôt fort probablement les
oppositions bien structurées et bien orchestrées et du monde
patronal et du monde syndical qui manquent un peu de spontanéité
à vouloir associer à ces tables de
concertation, à ces commissions consultatives, des gens qui n'ont
plus raison d'être absents de ces tables. Nous aurons alors besoin de
toute la collaboration de l'Opposition de façon à nous assurer
que ces progrès de société vont dans le sens
souhaité, c'est-à-dire une pleine participation de l'ensemble des
représentants dans la société.
M. Charbonneau: M. le Président, ce qui est important, ce
ne sont pas seulement les intentions, ce sont aussi les résultats. Dans
ce cas, l'idéal souhaitable, c'est qu'on s'assure que, sur des questions
où l'on veut avoir des opinions, on donne le mandat de les fournir. On
arrivera probablement avec un amendement au projet de loi
éventuellement, je vous le dis tout de suite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous le savez, lorsque
l'Opposition présente des amendements qui sont constructifs... Je pense
que je n'ai pas parrainé un seul projet de loi, au moment où l'on
se parle, qui a été adopté dans sa phase finale, en
troisième lecture, sans avoir subi d'amendements.
Tout ce que je dis, c'est que, de ce côté-ci, nous
déposons des projets de loi, au cours de l'étude des projets de
loi, nous faisons preuve du maximum de souplesse; nous sommes à
l'écoute des besoins de la population; nous sommes même à
l'écoute des idées constructives de l'Opposition lorsqu'elle en
a. Nous procéderons normalement et avec la même ouverture d'esprit
à l'occasion de l'étude du projet de loi 41.
M. Charbonneau: On verra cela à l'occasion de
l'étude du projet de loi.
L'an dernier, à l'occasion de l'étude des crédits,
le ministre nous disait avoir une grande priorité:
l'égalité. Il nous en a, d'ailleurs, reparlé hier soir. 68
% des travailleurs à temps partiel sont des femmes. L'écart de
revenus entre les hommes et les femmes se situe autour de 57 %. 72 % des
travailleurs au salaire minimum sont des travailleuses, en fait. C'est donc
dire que les femmes sur le marché du travail ne
bénéficient guère de bannes conditions de travail par
rapport aux hommes. Lors de la dernière campagne électorale,
votre parti s'était engagé par la voix de son chef, l'actuel
premier ministre, à amender la loi sur les conditions minimales de
travail afin d'accorder aux travailleuses à temps partiel des avantages
sociaux équivalents à ceux des travailleuses à temps
plein, notamment le congé de maternité et
l'assurance-chômage. Â ce sujet, d'ailleurs, le Parti
libéral s'engageait à prendre le leadership des
négociations avec le gouvernement fédéral. Est-ce qu'il y
a des gens au ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu ou à la Commission des normes du
travail qui travaillent à cette question-là? Après un an
et demi où en est-on?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiendrais à
préciser votre prémisse. Oui, les femmes sont affectées
majoritairement et dans les proportions que vous avez indiquées.
J'ajouterais la dimension des jeunes également. Vous retrouvez ces deux
dimensions lorsque vous parlez de normes minimales de travail, de
clientèle de la Commission des normes du travail, vous parlez de
femmes...
M. Charbonneau: Si ce sont de jeunes femmes c'est deux fois plus
pénible.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement. De jeunes, de femmes,
et de jeunes femmes finalement. Oui, il y a du travail qui se fait au niveau de
la Commission des normes du travail et ailleurs également. À
titre d'exemple, à la Régie des rentes du Québec, parce
que certains aspects des conditions égales que l'on souhaite donner
dépendent d'autres organismes gouvernementaux ou paragouvemementaux.
M. Charbonneau: Quel est l'échéancier?C'était un engagement électoral formel du premier ministre.
Maintenant, quand peut-on s'attendre que la marchandise soit livrée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les engagements électoraux
se doivent d'être livrés à l'intérieur du premier
mandat du gouvernement.
M. Charbonneau: Mais là on est quasiment rendu à
mi-mandat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour votre information, à
peu près 18 mois. S'il s'agit d'un mandat de 36 mois, vous êtes
à mi-mandat. S'il s'aqit d'un mandat de 48 mois, de 50 mois, vous
n'êtes pas à mi-mandat.
M. Charbonneau: On ne se chicanera pas pour le savoir. De toute
façon, ni vous ni moi n'avons à prendre cette
décision.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une chance que vous n'avez pas
à la prendrel
M. Charbonneau: Vous, non plus. Vous auriez peut-être voulu
la prendre, mais c'est une autre histoire du passé. Est-ce que des
négociations sont entreprises avec le gouvernement fédéral
au sujet de l'assurance-chômage pour les travailleuses?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai qu'à
l'occasion de la dernière conférence
fédérale-provinciale des ministres responsables de la
Sécurité du revenu sur le plan provincial et de l'Emploi et
de
l'Immigration sur le plan fédéral, qui se tenait le 31
mars à Ottawa, j'ai, comme représentant du Québec,
traité du sujet.
M. Charbonneau: Dans le plan d'action de la ministre
déléguée à la Condition féminine, on pouvait
lire à la page 17 que: "Seront réalisés pour l'automne
1986 - je vous rappelle qu'on est le 27 mai 1987 - les analyses et les
recherches d'impact concernant la promesse libérale visant à
consentir aux travailleuses à temps partiel les mêmes avantages
sociaux qu'aux femmes travaillant à temps plein." Est-ce que
l'échéance a été respectée et est-ce qu'on
peut prendre connaissance des études? En fait, si je comprends bien la
réponse que le ministre m'a donnée tantôt...
M. Paradis (Brome-Missisquai): La même qu'hier soir.
M. Charbonneau? ...encore une fois, un peu comme dans le cas de
la participation au Régime de rentes du Québec des femmes au
foyer, il n'y a pas de relation entre ce que le ministre dit et ce que sa
collègue déléguée à la Condition
féminine dit. Elle nous donne un échéancier et à la
Main-d'Oeuvre il ne semble pas qu'on soit d'accord ou au courant de ces
échéanciers.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je dirai au député
de Verchères que, contrairement à ce qu'il affirme, les liens et
les rapports entre Mme la ministre déléguée à la
Condition féminine et le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu sont excellents. Qu'en plus d'être,
comme je l'ai indiqué hier, voisins obliques de banquettes è
l'Assemblée nationale, nous faisons le point hebdomadairement sur
l'ensemble des dossiers qui préoccupent Mme la ministre et qui me
préoccupent également comme ministre responsable de leur gestion,
de leur application ou de leur conception dans le quotidien.
M. Charbonneau: Je vais vous poser une question
complémentaire. Qu'est-ce qui explique le retard de six mois pour la
publication de ces données et de ces études?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas si vous pouvez
parler de retard. Je vous dirai que ce qui explique que les travaux n'aient pas
encore abouti à des publications résulte du fait que deux niveaux
de gouvernement, entre autres, sont impliqués, que plusieurs
ministères y participent. Les ministères des Finances de toutes
les provinces canadiennes ou de la majorité des provinces canadiennes et
du gouvernement fédéral se penchent sur le sujet, de même
que les ministères, tant provinciaux que fédéral, de
Sécurité du revenu et de Main-d'Oeuvre, de même que les
ministres déléguées à la Condition féminine
- Mme McDougall au niveau fédéral - dans les provinces où
ce poste existe.
M. Charbonneau: Quel est votre nouvel échéancier?
(10 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprendrez que l'interaction
entre l'ensemble de ces ministères apporte des délais qui ne sont
pas négatifs, qui peuvent être constructifs parce qu'ils apportent
une multitude de connaissances, de talents, de capacités dans le but de
s'assurer que le projet arrive à terme. Comme il s'agit d'un engagement
électoral, la réponse demeure la même: Les engagements
électoraux ont été pris pour être
réalisés à l'intérieur du premier mandat que la
population confie au Parti libéral.
M. Charbonneau: Quel est le nouvel échéancier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je viens de vous l'indiquer.
M. Charbonneau: C'était l'automne 1986. On est en mai
1987. Quand, maintenant, le ministre entend-il livrer la marchandise? Quel est
l'échéancier"? C'est bien beau de dire que c'est dans le
programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce qu'il y a interaction
entre différents programmes.
M. Charbonneau: Je comprends mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme je vous l'ai dit hier, vous
avez le don de simplifier.
M. Charbonneau: Non. Juste un instant. La ministre
déléquée participe à l'interaction. Vous nous
l'avez dit et répété à plusieurs reprises,
tantôt. Elle nous donne des échéanciers. On demande des
explications à son collègue, vous en l'occurrence, et vous nous
donnez toutes sortes de belles explications pour nous dire que les
échéanciers, cela n'a pas fonctionné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et bonnes. Belles et bonnes.
M. Charbonneau: On vous en demande à vou3, des
échéanciers. Qu'est-ce que c'est?
M, Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai
énuméré à peu près tous les intervenants qui
étaient au dossier. Vous pouvez tenter de vous amuser, aujourd'hui, en
me demandant quel est mon échéancier comme ministre
responsable de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu et, cet après-midi, placer un appel à Ottawa et demander
à M. Wilson quel est son échéancier comme ministre des
Finances fédéral dans ce sujet. Je vous dis que le travail se
fait. Il se fait très sérieusement, il se fait avec des mandats
clairs aux équipes qui sont aux tables. Tant Mme la ministre
déléguée à la Condition féminine que celui
qui vous parle, que te ministre des Finances du Québec poussent sur le
dossier. Il s'agit pour nous d'un engagement électoral que nous avons.
Nous conservons l'intention de livrer la marchandise avant de nous
représenter devant le peuple. C'est cela,
l'échéancier.
M. Charbonneau: Qu'est-ce qui arrive des négociations avec
le gouvernement fédéral sur le congé de
maternité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même chose. Ce sujet, dans
le cadre de la conférence fédérale-provinciale sur
l'assurance-chômage, a fait l'objet de discussions où, comme
représentant du Québec, j'ai fait des représentations
à mes homologues des autres provinces et à mon homologue
fédéral. Vous avez l'air sceptique, comme dirait...
M. Charbonneau; Vous admettrez qu'il y a un peu de quoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je vous dirai qu'il y a des
transcriptions de ces conférences
fédérales-provinciales.
M. Charbonneau: Ce qui m'intéresse, moi, c'est la
marchandise livrée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Mais vous avez l'air de
mettre en doute...
M. Charbonneau: Non, non. Je ne mets pas en doute. Ce que je
constate, c'est que le gouvernement, de saison en saison, reporte
l'échéance, un peu comme la réforme de l'aide sociale et
un peu comme la participation des femmes au Régime de rentes du
Québec. C'est de saison en saison qu'on nous reporte. Je constate. Que
voulez-vous que je fasse? C'est vous qui êtes au gouvernement, ce n'est
pas moi. Mais moi, je suis obligé de constater.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous constatez que le
gouvernement, dans ses engagements électoraux, est fort bien
avancé et que, s'il continue à ce même rythme, d'ici
à la prochaine élection, il aura rempli tous ses engagements
électoraux? Est-ce que vous constatez cela également, de saison
en saison?
M. Charbonneau: Cela est loin d'être acquis pour le
moment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Si le constat est
unanime, nous en ferons part à la population.
M. Charbonneau: On verra cela à la prochaine campagne
électorale. C'est là qu'on fera le bilan. En attendant, ne vendez
pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. J'ai peur que le bilan
que vous pourriez faire s'éloigne de la vérité.
M. Charbonneau: Bon. En ce qui concerne les normes du travail,
cela va aller. On va attendre la marchandise. On verra l'attitude du ministre
à l'égard du projet de loi dont on parlait tantôt pour la
question du mécanisme d'ajustement du salaire minimum.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en profite pour vous indiquer
que, du bout des lèvres, vous avez souligné l'an passé
l'augmentation décidée du salaire minimum et que vous
n'êtes pas revenus souvent à la charge pour faire part au
gouvernement - je ne vous ai jamais entendus - de vos commentaires sur
l'abolition de la discrimination quant à l'âge dans le salaire
minimum comme tel, dans les échelles du salaire minimum, discrimination
qui a été abolie l'an passé. On n'a pas eu de
réactions de l'Opposition. Je ne sais pas si vous êtes d'accord ou
contre.
M. Charbonneau: Vous n'avez pas eu de critiques?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Charbonneau: Bon. Bien, contentez-vous de cela. Mais moi, ce
dont je me méfie toujours, c'est des problèmes d'abolition de
discrimination parce que, dans le cas de l'aide sociale, cela ne donnera rien
aux jeunes. Si le ministre veut reprendre le débat, cela ne me
dérange pas. On va le conserver pour ce soir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai de la difficulté
à positionner votre formation politique quant à la discrimination
dans les différentes législations dont j'ai hérité.
Je lis des déclarations de votre chef à l'occasion de la
dernière campagne électorale. Je vous écoute en Chambre.
Lorsque le gouvernement procède de façon pratique a l'abolition
de la discrimination chez les bas salariés, en faveur des jeunes, aucun
commentaire. Lorsque la discrimination dont on a hérité au niveau
de l'aide sociale n'est pas encore abolie, c'est le cri quotidien, sinon .
hebdomadaire, dans les médias. J'ai de la difficulté
à suivre la logique des interventions. C'est tout.
M. Charbonneau: J'ai beaucoup de difficulté à
suivre la ligne de pensée du ministre à l'égard de la
parité de l'aide sociale. Si le ministre veut ouvrir la "canne", cela ne
me dérange pas, mais je suis convaincu que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Consi, dérez-vous que ce
que nous avons fait pour le salaire minimum constitue la parité?
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question de parité dans
ce cas-là. C'est une question d'abolition... Je suis d'accord avec cela.
Ce n'est pas cela, le problème. Si le ministre veut poser des questions,
je vais lui en poser une.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aimerais mieux une
réponse à une question.
M. Charbonneau: Le ministre est-il prêt à me donner
la réponse qu'il ne m'a pas donnée hier? Est-ce que, oui ou non,
les jeunes de moins de 30 ans vont avoir encore, après sa réforme
ou avec le document qu'il a présenté au Conseil des ministres et
qui a été approuvé, l'obligation de participer à
des mesures de relèvement de l'employabilité pour avoir droit
à la prestation maximum? Oui ou non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je répondrai au
député, c'est ce que je lui ai déjà répondu,
je pense, à l'occasion d'un mini débat un jeudi ou un mardi soir
à l'Assemblée nationale. Je sais que notre cote d'écoute
était peut-être basse, en tout cas, à l'époque,
à 22 heures. La parité, cela veut dire que des individus dans une
société sont traités de façon pareille, de
façon égale, sans...
M. Charbonneau: II y a deux façons d'avoir la
parité: c'est de monter les plus bas ou de descendre les plus hauts.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Charbonneau: Ce que je comprends, c'est la parité des
plus hauts vers les plus bas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans discrimination quant à
leur âge. C'est ce que veut dire la parité.
M. Charbonneau: C'est ça, mais on n'est pas des enfants
d'école. Même si on n'a pas une grosse cote d'écoute, on
n'est pas obligé de se prendre pour des parfaits imbéciles. Il y
a deux façons d'atteindre la parité. Tu montes ceux qui sont en
bas vers le niveau des plus hauts ou tu descends les plus hauts vers les plus
bas. Dans les deux cas, il n'y a plus de discrimination en fonction de
l'âge et on a la parité. On conviendra que ce n'est pas du tout le
même résultat pour les gens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le député de
Verchères présume, pour parler à partir de cas très
concrets, que la réforme de l'aide sociale en ce qui concerne le
proqramme APTE consisterait à prendre un individu de 35 ans, par
exemple, et à lui donner une prestation de 170 $ par mois qui est
nettement insuffisante pour qu'il puisse subsister, rejoindre ses besoins de
base, de loqement, de vêtement ou de nourriture, le député
de Verchères, encore une fois, erre et, en errant, peut induire beaucoup
de gens dans la population en erreur.
M. Charbonneau: Les jeunes de moins de 30 ans seront-ils
obligés de participer à des mesures de relèvement de
l'employabilité pour avoir droit à la prestation maximum? On
s'entend? Je ne veux même pas à ce moment-ci savoir si le ministre
a l'intention de hausser le plancher qui est actuellement de 170 $.
Peut-être le ministre a-t-il l'intention de le hausser à 270 $,
par exemple? Mais le résultat, c'est que, même s'il était
à 270 $ et que le plafond était de 475 $, par exemple, la
question que je vous pose est: Les qens qui sont actuellement sur le plancher,
même si le plancher est surélevé, seront-ils obligés
pour atteindre le plafond, de participer à des proqrammes de
relèvement de l'employabilité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, la
discrimination basée sur l'âge est tellement ancrée dans la
tête, pour le moins, du député de Verchères qu'il me
pose encore (a question en fonction des jeunes de moins de 30 ans. Vous verrez
dans le document qui sera rendu public, tel que nous l'avons annoncé, au
cours de la période estivale qu'avec le nouveau proqramme de
sécurité du revenu ce type de discrimination basée sur
l'âge sera abolie et que la nouvelle loi en matière de
sécurité du revenu sera conforme à la charte canadienne et
à la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne.
M. Charbonneau: On continuera le débat à la
télévision ce soir. On verra quel sera le jugement de la
population. Il y aura un peu plus d'auditeurs. J'espère que le ministre
n'aura pas le front de reprendre le même genre de baratin. En tout cas,
s'il le fait, ce sera à ses risques et périls et ce sera tant
mieux pour nous.
Prestations d'aide sociale (suite) Allocation
scolaire
On est déjà dans le programme d'aide sociale, aussi bien
s'y engager pour la suite. L'allocation scolaire. Lors de la dernière
campagne électorale, le Parti libéral du Québec
s'engageait à augmenter l'allocation scolaire de 35 $ à 100 $.
L'an dernier, à pareille date, le 22 avril, en réponse à
une question sur la prime scolaire, le ministre nous répondait: "Dans
les crédits qui sont devant vous, la réponse est non. Maintenant,
vous savez comment procède l'appareil gouvernemental. Il y a des
mémoires en préparation pour le Conseil du trésor sur ces
sujets." Est-ce que le ministre a déposé ces mémoires au
Conseil du trésor, au Conseil des ministres? Qu'est-il arrivé de
ces mémoires? Où en est-on quant à la réalisation
de cet autre engagement électoral?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'indiquerai au
député de Verchères que cette question spécifique
d'un besoin spécial fait partie et faisait, à l'époque,
partie de l'ensemble de la réévaluation des besoins
spéciaux et qu'effectivement les différents projets de
réforme de l'aide sociale qui ont été acheminés,
entre autres, au Conseil du trésor et à d'autres comités
interministériels traitaient de la question.
M. Charbonneau: Donc, il n'y a pas eu, contrairement à ce
que vous nous disiez l'an dernier, de mémoires spécifiques en
préparation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu un mémoire qui
portait, entre autres, sur ce sujet.
M. Charbonneau: ...au Conseil du trésor sur l'allocation
scolaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me demandez si cela a
été isolé dans un mémoire fait juste pour cela, la
réponse, c'est non. Si vous me demandez si cette question faisait partie
de mémoires présentés au Conseil du trésor, la
réponse, c'est oui.
M. Charbonneau: Très bien. Si je comprends bien, on verra
la couleur du résultat quand on verra la couleur du document
gouvernemental.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'espère que vous ne vous
arrêterez pas à la couleur.
M. Charbonneau: Non, mais j'ai hâte, au moins, de voir la
couleur parce que, si je vois la couleur, c'est un peu comme voir la
lumière au bout du tunnel. Au moins, je me dis qu'il y a quelque chose
qui s'en vient.
Mais là, il n'y a rien. C'est le vide total, sauf les fuites.
Une voix: Les fuites?
M. Charbonneau: En ce qui concerne le lait
maternisé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moins les fuites vous
confirment que nous sommes à l'ouvrage.
Des voix: Hal Hal Hal
M. Charbonneau: Vous savez, il y a toutes sortes de façons
de travailler. On peut même tourner en rond longtemps tout en travaillant
très fort, en s'essoufflant même et en se tuant à
l'ouvrage, en tournant en rond.
Aide pour le lait maternisé
Les plus récentes statistiques démontrent que la
pauvreté décourage l'allaitement maternel des nouveau-nés.
Chez les bénéficiaires de l'aide sociale, la situation est
criante. Parce que le lait maternisé est à un prix inabordable,
les nouveau-nés vivant dans des familles d'assistés sociaux
souffrent bien souvent de malnutrition, de carence alimentaire susceptible de
les marquer pour le reste de leurs jours. C'est pourquoi - le ministre est bien
au courant - plusieurs organismes, oeuvrant auprès des milieux
défavorisés, réclament du gouvernement
l'intégration du lait maternisé à la
carte-médicaments des bénéficiaires de l'aide sociale.
L'an dernier, à pareille date, à la suite d'une question
que je lui ai posée en regard du lait maternisé, le ministre me
signalait que rien n'était arrêté en ce qui concerne ce
dossier. Par ta suite, il y a eu des revendications de plusieurs qroupes qui
ont maintenu cette demande. Je vois ma collègue, la
députée de Maisonneuve, qui est revenue à la charge, elle
aussi. Qu'est-ce qu'il en est de cela? Est-ce qu'on peut savoir si le
gouvernement entend accorder et intégrer dans les prochaines semaines,
les prochains mois, le lait maternisé à la
carte-médicaments des assistés sociaux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez mentionné, entre
autres, le nom de votre collègue, Mme Harel, députée de
Maisonneuve. Elle m'a écrit à ce sujet le 22 avril 1986 et elle
est revenue à la charqe, à quelques occasions, à
l'Assemblée nationale. D'autres députés libéraux
m'ont écrit également sur le sujet. J'ai rencontré, depuis
les derniers crédits, des représentantes de groupes de femmes qui
revendiquent les 20 $ ou ce que cela prend pour que le gouvernement
défraie les coûts du lait maternisé
comme tel. Je vous dirai qu'à l'occasion de ces rencontres et
après avoir pris le temps de fouiller le dossier à fond, nous en
sommes venus à la conclusion que la réponse recherchée
à un besoin qui se manifeste par de la malnutrition surtout chez les
plus démunis dans la société ne réside pas
nécessairement dans une allocation spécifique, estampée,
afin que ces gens-là se procurent, dans les pharmacies ou dans les
endroits où il est vendu, le lait maternisé comme tel, mais qu'il
est également important que ces gens puissent jouir d'une certaine
autonomie quant à l'établissement du budget familial, mais il
demeure que le gouvernement et ses ministères ont un travail
d'éducation quant à la qualité de la nourriture que
doivent recevoir les enfants en bas âge. (11 heures)
M. Charbonneau: On s'entend tous qu'il y a un travail quant
à la qualité, entre autres, du ministère de la
Santé et des Services sociaux. La question, pour ces gens, c'est
l'Enfalac, le Similac... J'ai un enfant de deux ans, on a eu du lait
maternisé, on était capable de se le payer quand il fallait lui
en donner. Le problème, c'est que les familles d'assistés sociaux
sont souvent incapables de se payer ces produits.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous demandez s'il y a un
non-sens dans la réglementation actuelle dont nous avons
hérité, ma réponse est oui. Lorsque nous ajoutons, comme
ministère...
M. Charbonneau: Qu'est-ce que vous attendez pour la corriger, si
c'est un héritage que vous ne partagez pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas dans le cadre de
quelle campagne électorale ce non-sens a été inclus. Les
spécialistes s'entendent pour dire que les besoins financiers de la
femme qui n'allaite pas, pour procurer l'équivalent nutritif à un
nourrisson, sont plus importants que dans le cas d'une femme qui allaite son
enfant. Je pense que cela se comprend comme résultat d'étude. Au
moment où nous nous parlons, la décision de l'ancien gouvernement
a été d'intervenir à raison de 20 $ par mois dans le cas
de grossesse et de lactation, pour les femmes qui allaitent, alors que le
coût est moindre.
Maintenant, je vous indiquerai que dans les cas où les risques de
malnutrition sont présents - ce n'est pas une situation parfaite, c'est
une situation sur laquelle nous travaillons encore - dans les cas où le
médecin traitant juge qu'il y a risque de malnutrition pour un
bénéficiaire de l'aide sociale - là, ce n'est pas
élargi à l'ensemble de la clientèle - le médecin
peut prescrire le lait maternisé comme médicament et, à ce
moment-là, la facture en est défrayée par le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu.
M. Charbonneau: Actuellement, en vertu de la
carte-médicaments, ils ne peuvent pas aller à la pharmacie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si le médecin juge qu'il
s'agit d'un cas où il y a malnutrition ou risque important de
malnutrition à cause de la pauvreté dans laquelle se retrouvent
la mère et l'enfant, si je peux utiliser l'expression, il peut prescrire
l'Enfalac - pour utiliser celui-là, il y en a d'autres - et le prix de
l'Enfalac, qui est à peu près 45 $, 50 S la caisse, est
ajouté...
M. Charbonneau: Dans le fond, le ministre ne fait pas
économiser d'argent à l'État, parce qu'il exige un
dépistaqe. Quand on a dépistage, c'est déjà un
problème. La visite chez le médecin, cela coûte de
l'argent, cela ne paraît peut-être pas, mais le ministre est
conscient que la carte soleil coûte quelque chose aux contribuables.
Pourquoi exiger tous ces mécanismes alors qu'une femme qui n'allaite pas
naturellement pourrait très bien se rendre à la pharmacie avec la
carte-médicaments, non pas pour acheter du Jell-O, mais elle pourrait
acheter spécifiquement ce produit pour son enfant? J'imagine qu'elle ne
mettra pas cela dans son café. Quels sont les risques? Cela
coûterait finalement moins cher au gouvernement, il y aurait moins de
bureaucratie pour obliger les femmes à aller chez le médecin.
Pourquoi attendre de voir des signes de malnutrition chez le nourrisson alors
que, finalement, dans une approche préventive, une femme qui ne nourrit
pas pourrait avoir le droit, avec sa carte-médicaments, d'aller chercher
le meilleur produit en pharmacie? II me semble que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'indiquerai au
député de Verchères qu'il y a deux approches. Il y a
l'approche où le gouvernement peut intervenir en disant: Lorsqu'un
enfant vient au monde dans une unité familiale d'assistés
sociaux, le gouvernement décrète qu'il y a augmentation de 20 $
par mois pour améliorer la nutrition de l'unité familiale, qu'il
y a 10 $ par mois pour améliorer la condition financière pour le
vêtement, qu'il y a 5 $ par mois, etc., et de s'assurer, par des mesures
administratives et bureaucratiques, que l'argent est vraiment
dépensé à ces fins.
Il y a une autre approche, et les deux peuvent faire l'objet d'une
discussion entre l'Opposition et le gouvernement. D'ailleurs, nous avons des
discussions à l'interne dans le cadre de la réforme quant aux
besoins spéciaux ou quant à cette possibilité qu'a le
bénéficiaire de l'aide sociale de se prendre
en main et d'être autonome face à son budget, à la
condition que le budget soit établi à un niveau suffisant, il
n'est pas question d'être autonome à 170 $ par mois; il n'y a
personne qui peut arriver à faire le calcul de ses dépenses.
Je vous dirai que lorsqu'un premier enfant vient au monde dans les cas
suivants, le premier enfant d'une famille monoparentale, ajouté sur une
base mensuelle, vous avez 233,80 $. Dans le cas d'un premier enfant d'une
famille biparentale, vous ajoutez 125,80 $ par mois. Dans le cas du
deuxième enfant d'une famille monoparentale, vous ajoutez pour le
deuxième enfant 130,69 $ et, dans le cas du deuxième enfant d'une
famille biparentale, 125,69 $. Je pourrais continuer pour les troisième
et quatrième enfants, mais je m'arrêterai au deuxième. Les
montants que je viens de vous énumérer incluent les allocations
familiales fédérales, les allocations familiales provinciales, le
crédit d'impôt pour enfants sur une base mensuelle, l'aide
sociale, mais la part de l'enfant seulement, parce que, lorsqu'il y a un enfant
qui arrive dans le ménage, le chèque d'aide sociale est
augmenté. Prenons un cas typique et répandu au Québec:
famille monoparentale, premier enfant qui vient au monde, 233,80 $ sont
ajoutés par mois par l'interaction de ces divers programmes.
M. Charbonneau: Oui, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne répond pas à
votre question?
M. Charbonneau: Non, parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voudriez 253
$...
M. Charbonneau: Ce qu'on vous demande...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ou est-ce que vous voudriez 20
$ pour le lait?
M. Charbonneau: ...ce que les groupes demandent, ce n'est pas de
l'argent en soi, c'est la possibilité de pouvoir se procurer un produit
qui peut être considéré comme un médicament, et
uniquement ce produit. Ils ne demandent pas de l'argent avec la
possibilité que les gens disent: On leur en donne encore plus pour
qu'ils fassent n'importe quoi avec. Ce qu'ils veulent, c'est la
possibilité de limiter l'ouverture que le qouvernement ou que
l'État ferait pour leurs enfants. Il y aurait une garantie que les fonds
publics seraient spécifiquement orientés vers tes besoins de
l'enfant. Ce n'est pas compliqué, cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux retenir de
votre intervention, M. le député de Verchères, que ce que
préconise l'Opposition, en ce qui concerne ce cas-là
précisément, c'est un peu le parallèle du "food stamp", le
timbre que l'on donnerait pour se procurer spécifiquement ce type de
nourriture?
M. Charbonneau: Appelez-le comme vous voulez. Ce que les groupes
demandent, c'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, ce que les groupes
demandaient...
M. Charbonneau: Mais les médicaments, c'est cela
aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, ce que les groupes
demandaient - je suis enregistré lorsque je te dis - en tout cas, les
groupes que j'ai rencontrés, à leur entrée au bureau, la
demande était résumée à peu près comme vous
venez de la résumer. Mais, après une discussion sur l'autonomie
budgétaire, après une discussion sur le "food stamp", je ne vous
dirai pas que les groupes avaient complètement changé
d'idée, mais qu'ils se posaient des questions quant au mode
d'intervention gouvernementale le plus souhaitable, et pour le contribuable et
pour l'autonomie du bénéficiaire d'aide sociale, et que les
groupes n'étaient pas unanimes à dire: Ce que cela prend, c'est
ce que le député de Verchères... Cela n'était pas
rejeté, je veux qu'on se comprenne bien, mais la réflexion sur le
sujet est engagée. Est-ce que je dois comprendre de l'intervention du
député de Verchères que, quant à lui, la
réflexion est terminée et que la méthode qu'il
préconise, c'est le "food stamp", parce que votre opinion est importante
dans le dossier?
M. Charbonneau: Écoutez, les vérifications qu'on a
faites auprès d'un groupe d'infirmières, par exemple, nous
indiquent qu'elles considèrent que c'est encore la meilleure
méthode. Ce que je voudrais donc demander au ministre à ce sujet,
en terminant, c'est: Quand la réponse gouvernementale, quelle qu'elle
soit, va-t-elle venir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse gouvernementale
sera incluse dans le document d'orientation.
M. Charbonneau: II y a bien des choses qui vont être
incluses là-dedans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, lorsque vous parlez...
M. Charbonneau: On a hâte qu'il arrive, votre document.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...de sécurité du
revenu pour tes familles qui travaillent à faible revenu, lorsque vous
parlez de sécurité du revenu pour les gens qui sont incapables de
travailler, lorsque vous parlez de sécurité du revenu pour les
gens qui sont aptes à travailler, vous parlez de fiscalité, vous
parlez de programmes, de choix de société qui sont importants.
Mais, j'ai encore besoin de votre éclairage, est-ce que je dois retenir
que l'Opposition serait déçue si, dans le document d'orientation,
il n'y avait pas un paragraphe, une page, un principe consacré à
l'intention des bénéficiaires de l'aide sociale pour identifier
un montant mensuel dans le cas d'enfants qui viennent au monde dans ces
ménages, montant spécifiquement affecté à l'achat
de lait maternisé?
M. Charbonneau: Je suis assez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, c'est un...
M. Charbonneau: ...grand garçon pour savoir que le
ministre va sans doute avoir un paragraphe ou deux avec un sous-titre en plus
pour mettre cela en évidence et qu'il veut déjà me
demander ce que j'en pense. Je vais attendre de voir le paragraphe avant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais le principe est
facile. Voulez-vous...
M. Charbonneau: Je vais attendre de voir votre paragraphe, votre
document ou votre page sur la question.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous faites preuve d'une
très grande...
M. Charbonneau: Je ne vous donnerai jamais de chèque en
blanc. Si c'est bon, je vous le dirai.
Administration de l'aide sociale à Montréal
On a parlé à l'étude des engagements financiers, il
y a un mois et demi environ, de toute la question de l'administration de l'aide
sociale par la ville de Montréal et des coûts
supplémentaires que cela occasionne. À ce moment-là, le
ministre nous avait dit qu'il était en négociations avec la
ville, il avait même rencontré ou il s'apprêtait à
rencontrer le maire de Montréal; en tout cas iI...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était M. Lamarre à
l'époque.
M, Charbonneau: Oui, M. Lamarre. Je pense qu'il avait
mandaté quelqu'un pour voir le nouveau secrétaire exécutif
de la ville de Montréal, M. Lefrançois. Il devait y avoir des
rencontres de négociations entre le secrétariat
général de la ville de Montréal et le sous-ministre, M.
Pronovost. Si je ne me trompe pas, il devait y en avoir une le 9 avril à
l'hôtel de ville de Montréal. Le ministre peut-il nous dire si ces
rencontres ont effectivement eu lieu et ce qu'elles ont donné? Peut-on
s'attendre à quelque chose à cet égard, surtout si on
regarde les crédits que vous nous avez présentés? Le
budget de 19B6-1987 pour l'administration de l'aide sociale à
Montréal était de 26 500 000 $ et cette année, en
19B7-1988, 29 000 000 $, soit une hausse de 2 400 000 $, ou 7 %. La ville de
Montréal demandait 29 700 000 $ en 1987 et le ministre trouvait, quand
on en a parlé à l'étude des engagements financiers, que
c'était beaucoup, que cela coûtait plus cher. Il y a des
négociations, mais pourtant dans le budget vous en mettez plus à
la ville de Montréal. Est-ce que cela veut dire que les
négociations ont échoué et que, finalement, vous vous
rangez aux arguments de la ville de Montréal?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas. La rencontre que
vous avez mentionnée a eu lieu. Je ne sais pas si vos renseignements
proviennent d'ici ou de la ville de Montréal...
M. Charbonneau: Ah! Je pense que c'est vous qui en avez
donné les indications aux engagements financiers.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, cela vient d'ici.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, vous n'avez pas besoin de
courir après mes sources.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, cela vient d'ici. À
l'occasion de cette rencontre, les facteurs qui expliquent la différence
importante dans le coût des services lorsqu'ils sont rendus par la ville
de Montréal ou lorsqu'ils sont rendus par le ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu ont été
isolés. Ces facteurs ayant été isolés, des groupes
de travail procèdent maintenant à l'analyse desdits facteurs et
une autre rencontre est prévue d'ici un mois entre les mêmes
personnes, de façon à poursuivre et, idéalement, terminer
lesdites négociations.
M. Charbonneau: Donc, l'objectif, c'est que d'ici quelques
semaines il y ait une conclusion quelconque à ce litige.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'objectif que nous recherchons
est à peu près celui qui serait recherché par
n'importe
quel gouvernement soucieux d'une saine gestion. Nous nous rendons compte
que la prestation des services aux bénéficiaires de l'aide
sociale per capita est de loin plus coûteuse sur le territoire de
l'île de Montréal lorsque les services sont rendus par un
mandataire, si je peux utiliser l'expression, du gouvernement du Québec
qu'elles le sont à l'extérieur de l'île de Montréal,
sur des territoires beaucoup plus étendus, beaucoup plus vastes
où cela devrait normalement être plus coûteux, par les
fonctionnaires du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Lorsque l'on constate, à première vue, les
différences importantes entre les coûts de ces services, nous nous
posons des questions et nous demandons à la ville de Montréal:
Pourquoi n'êtes-vous pas capables, sur un territoire beaucoup plus
restreint, de rendre des services de qualité à des coûts
compétitifs avec le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu? C'est l'objet des rencontres qui ont Heu
présentement.
Maintenant, je vous ai indiqué que les facteurs qui sont
responsables de cette différence ont été isolés
à l'occasion de la dernière rencontre, que des analyses ont
présentement lieu pour tenter de les expliquer et qu'il y a une nouvelle
rencontre de prévue au cours du mois prochain.
M. Charbonneau; Êtes-vous au courant que, à
Montréal, il y a des coupures dans les services è la
clientèle? Par exemple, le bureau de l'aide sociale de la ville de
Montréal, de Saint-Henri et Ville-Émard, a été ou
est sur le point d'être fermé. Donc, finalement, pour un
coût supérieur, il y a des services qui sont diminués. (11
h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon sous-ministre m'indique qu'au
ministère on est au courant de la fermeture de ce bureau mais on est
également informé qu'il n'y a pas de coupures de services
à la clientèle.
M. Charbonneau: Quand on parle de coupures de services, si vous
avez un point de services plus près des bénéficiaires ou
d'une population, si vous fermez ce point de services et que vous obligez les
gens à se déplacer plus loin pour aller chercher les mêmes
services, il y a un service à la clientèle qui est brisé,
qui est compromis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M, le député de
Verchères, je suis très sensible à ce type d'intervention.
Je suis sensible au maximum lorsque votre collègue, le
député de Ouplessis, me fait des représentations dans le
sens où vous me les faites. Je suis très sensible lorsqu'un
député en régions me fait ce type de remarque. Je demeure
sensible lorsqu'un député me fait le même type de remarque
sur l'île de Montréal mais lorsque je regarde - pour prendre mon
comté, à titre d'exemple - les distances qu'ont à
parcourir, pour obtenir les services, les gens qui demeurent à
Mansonville, à Austin, à Eastman, à Lawrenceville,
à Saint-Armand ou à Bedford, etc. - je pourrais vous en nommer -
comparativement à à peu près n'importe quel citoyen de la
ville de Montréal, je me dis que le citoyen de la ville de
Montréal est chanceux de ne pas avoir plus de distance à
parcourir pour avoir accès aux services gouvernementaux ou
municipaux.
M. Charbonneau: Oui, on peut toujours le prendre de ce point de
vue là, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, je le prends
sérieusement de ce côté-là. Je ne le sais pas, je
n'ai pas fait l'analyse des services gouvernementaux dans votre comté
comme tel mais je suis certain qu'il y a des électeurs de votre
comté qui sont, souvent même, sans transport en commun.
M. Charbonneau: Écoutez! si le ministre me fait une offre
que je ne peux pas refuser, j'aimerais bien qu'il demande à ses services
de vérifier s'il n'y a pas possibilité d'avoir un point de
services à Beloeil, parce que les gens sont obligés d'aller soit
à Saint-Hyacinthe, soit à Saint-Hubert,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'ils ont du transport en
commun pour y aller, oui ou non?
M. Charbonneau: Un transport en commun plus ou moins
adéquat. Vers Saint-Hubert oui, mais vers Saint-Hyacinthe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand je vous dis que c'est
important de rapprocher le service de la population, le point sur le plan du
principe que vous apportez...
M. Charbonneau: Mais ça, c'est pour ceux qui sont dans
l'axe; pour tous les autres...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que dans
Brome-Missisquoi, sur 34 municipalités, il n'y en a pas beaucoup dans
l'axe. Il y a peut-être Cowansville qui est dans l'axe et les 33 autres
n'y sont pas.
M. Charbonneau: Ce qu'on aimerait c'est que le ministre soit dans
l'axe.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre n'est pas dans le
même axe que le député mais on pourrait avoir des arguments
longs et fastidieux à savoir lequel est
désaxé.
M. Charbonneau: Je ne sais pas lequel est le plus
désaxé mais je ne suis pas sûr que, finalement, on ne se
retrouve pas aux deux extrêmes à des moments donnés. De
toute façon, sur une autre question à l'égard du programme
d'aide sociale...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique, M. le
député, et je vous le dis parce que ça me vient de
l'administration du ministère comme tel, qu'il y a présentement
des études en cours au ministère quant aux besoins d'un CTQ
à Beloeil.
M. Charbonneau: J'apprécierais que le ministre m'informe
le plus tôt possible parce que je peux vous dire que ça fait des
années qu'on tente de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain que pendant dix
ans vous avez subi des fins de non-recevoir. Avec l'arrivée d'un bon
gouvernement...
M. Charbonneau: Quel que soit le gouvernement qui donnera le
service, on lui en sera reconnaissant. Ne m'amenez pas à dire des choses
que je ne veux pas dire.
Des voix: Ha! ha! ha!
Aide aux revendicateurs du statut de
réfugié
M. Charbonneau: À l'égard des
réfugiés et du programme d'aide sociale, en mai 1984 le Conseil
des ministres décidait de rendre admissibles à certains
programmes gouvernementaux, dont l'aide sociale, les requérants du
statut de réfugié et à qui le ministère des
Communautés culturelles et de l'Immigration aurait remis une attestation
d'identité aux revendicateurs de statut. À la suite d'une
question au feuilleton posée par mon collègue de Mercier, le
député Gérald Godin, à la ministre des
Communautés culturelles et de l'Immigration, la ministre indiquait le 6
mai dernier qu'une évaluation préliminaire pour 1987-1988
permettrait de penser que 50 000 000 $, dont 20 000 000 $ pour l'aide sociale,
seraient déboursés par les différents ministères, y
compris le ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité
du revenu. Est-ce possible d'obtenir un portrait statistique précis de
la situation des réfugiés à l'aide sociale et du
coût?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je vous indiquerai en partant
que tout citoyen, toute personne qui se retrouve sur le territoire du
Québec dans un état de dénuement est admissible...
M. Charbonneau: On connaît la loi, c'est nous qui avons
modifié certains règlements. Ce qu'on veut savoir: Combien y
a-t-il de réfugiés contraints d'avoir recours à l'aide
sociale pour subvenir à leurs besoins? Combien est-ce que cela
coûte? Ces réfuqîés ou ces revendicateurs de statut
sont obligés de s'éjourner combien de temps à l'aide
sociale avant de pouvoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le passé, nous pouvons
vous fournir les précisions que vous demandez. Pour l'avenir, c'est
beaucoup plus difficile. Je vais vous donner un exemple: Si, l'an passé,
au moment des crédits vous m'aviez adressé la même
question, je vous aurais fourni des chiffres qui se seraient
avérés, en cours d'année, complètement
erronés et faux parce que c'est impossible de prévoir l'afflux de
réfugiés car ce robinet - si je peux utiliser l'expression - est
contrôlé par un autre niveau de gouvernement. Pour autant que le
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu
est concerné, lorsque quelqu'un est en territoire
québécois et...
M. Charbonneau: Je ne veux pas savoir si vous contrôlez
bien le robinet, parce que ce n'est pas vous qui... La question c'est de
savoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous n'avons aucun
contrôle.
M. Charbonneau: ...quand le robinet est ouvert par votre
collèque, et on n'est pas contre le fait qu'on l'ouvre, combien il y en
a au cours de la dernière année qui ont pu en
bénéficier? Combien est-ce que cela a coûté? Combien
de temps y restent-ils' II y a beaucoup de préjugés qui donnent
l'impression que ces immigrants nouveau qui arrivent, ces
réfugiés, coûtent bien cher à la
société québécoise. On nous indique, et
peut-être qu'on pourrait vérifier, que ces gens demeurent moins
longtemps sur l'aide sociale que d'autres types de bénéficiaires.
Il s'aqit de voir qui dit vrai, qui dit faux et si cela
s'équivaut...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez deux questions.
Premièrement, vous avez une question de nombre et de coût et,
deuxièmement, vous avez une question de durée de présence
à l'aide sociale. Concernant votre première question, les
premières statistiques que je possède, quant à
l'évolution de la clientèle et des coûts à l'aide
sociale pour les requérants du statut de réfugié, sont les
suivantes: De juillet 1984 à mars 1985, nombre mensuel de ménages
moyens, 1227 ménages; le déboursé: 3 705 200 $.
M. Charbonneau: Pour combien de
mois?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De juillet 1984 à mars
1985. Je vous le donne à partir de ces dates parce que le fichier ne
permet pas d'isoler cette clientèle avant juillet 1984. Depuis ce temps,
en 1985-1986, une année complète, 3014 ménages, en
moyenne, par mois; les déboursés: 13 232 900 %, Les estimations,
je ne vous les donne pas comme un chiffre final, du ministère pour
l'année 1986-1987, l'année vient de se terminer, 6010
ménages, en moyenne, par mois; déboursé: 27 940 300 $.
M. Charbonneau: Le déboursé mensuel ou annuel?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le déboursé, c'est
annuel. Le nombre de ménages moyen, c'est mensuel; le
déboursé est donné sur une base annuelle, sauf le premier
chiffre qui n'était pas tout à fait annuel.
M. Charbonneau: Pour un an, d'accord. Vous n'avez pas
d'indication sur la durée de séjour à l'aide sociale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que les temps de
durée à l'aide sociale sont similaires à ceux de la
clientèle habituelle ou plus traditionnelle du ministère; 50 %
sortent de l'aide sociale dans les neufs premiers mois où ils s'y
inscrivent. Quant aux autres, les statistiques qu'on vous a fournies, quant
à l'ensemble de la population, valent pour ces gens, grosso modo.
Modifications à la
réglementation
M. Charbonneau: L'an dernier, et cela a été un peu
dans le bilan que le ministre nous a présenté hier, il y a eu des
modifications à certains barèmes d'aide sociale de manière
à récupérer environ 11 000 000 $ si on comprend...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réglementation.
M. Charbonneau: C'est cela. Il semble que finalement c'est
à peu près cela qu'on a récupéré.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Autant sur la question de
l'indexation que sur cette question, il s'agissait de compressions
budgétaires décrétées, si je peux utiliser
l'expression, par le Conseil du trésor en début d'année.
On m'informe que ces montants n'ont probablement pas été atteints
à ces chapitres ou identifiés à ces niveaux. Vous
comprendrez que la clientèle ayant baissé en cours
d'année, les répercussions sur ces éléments ont
sans doute dû être moindres. C'est pourquoi, hier, dans le but
d'être le plus correct possible avec la vérité
chiffrée, nous vous avons fourni l'ensemble des compressions
budgétaires et des crédits périmés avec le total
que l'on a rendu public de façon que vous puissiez faire l'arrimage avec
les crédits qui sont déposés à l'Assemblée
nationale et vous assurer que ces chiffres sont conformes à la
vérité. Maintenant, une fois la compression budgétaire
effectuée, il y a plus de vérifications mathématiques de
façon à préciser.
M. Charbonneau: L'an dernier, le ministre prévoyait que
ça affecterait à peu près 41 000 ménages. A-t-on
des statistiques pour savoir combien de ménages ont été
finalement affectés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les changements
réglementaires?
M. Charbonneau: Oui, par les changements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous ne les avons pas ici, mais
nous pouvons vous les fournir.
M. Charbonneau: Je vais vous donner des exemples. Finalement, ce
qu'on a constaté, c'est que ces changements réglementaires
étaient un peu bureaucratiques. À analyser la situation
réelle des gens, on a été sensibilisé à
toute une série de situations qui, dans les faits, ont dramatisé,
ont appauvri tes gens qui ont été obligés... Je vais
donner quelques exemples. J'ai le cas, par exemple, d'un citoyen de mon
comté, de OtterBurn-Park, dont le ministre a refusé de corriger
la situation. Il se trouve à perdre 168 $ par mois parce qu'il
possède une maison qui, même s'il l'a payée 47 000 $, est
évaluée par la ville à 58 400 $, soit 8400 $ en
excédent du montant admissible en vertu des nouveaux
règlements.
Au lieu de payer 1 % de ce montant, il doit payer, depuis le 1er juin, 2
%. La situation réelle de ce bénéficiaire, si le ministre
me permet, c'est un ancien propriétaire d'une entreprise qui, en raison
de la crise économique, a fait faillite. Avec le peu d'argent qu'il a pu
récupérer, il s'est acheté une maison, au coût de 47
000 $. Cet homme reçoit une rente d'invalidité à la suite
de deux infarctus, trois tromboses et onze opérations. Ce qu'il a pour
vivre c'est une rente d'invalidité de 466 $ par mois et une prestation
d'aide sociale de 95 $ par mois, soit un total de 561 $. C'est cela la
situation. Un autre exemple...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux répondre
tout de suite au député de Verchères, si ma mémoire
est fidèle, il
m'avait écrit quant à ce dossier. II n'y avait pas
possibilité d'apporter les modifications à la décision
rendue parce que le règlement de l'aide sociale spécifie que,
lorsque vous demandez à l'ensemble des contribuables du Québec,
finalement, au gouvernement de vous venir en aide, il y a des critères
qui ont été établis, qui n'ont pas été
établis à 48 000 $ ni à 52 000 $, mais qui ont
été établis, en ce qui concerne une maison, à une
valeur de 50 000 $ net. Cela veut dire qu'il n'y a pas d'hypothèque.
Cela veut dire que, si le monsieur avait une maison évaluée
à 58 400 $ et qu'il avait 10 000 $ d'hypothèque, il n'aurait pas
eu une pénalité, si je peux utiliser l'expression, ou une
réduction de ses prestations de 2 % de la valeur supérieure. Il
n'y a pas d'hypothèque, d'après ce que vous me dites, sur sa
maison et il y a 2 % sur 8400 $. Quant à moi, je suis prêt
à m1 asseoir avec le député de Verchères
et à discuter, parce que ça aussi peut faire partie des documents
que nous publions cet été, Est-ce que vous considérez
qu'un bénéficiaire de l'aide sociale qui a une
propriété, une maison d'une valeur nette de 50 000 $... Cela veut
dire qu'il peut avoir une maison de 75 000 $ avec une hypothèque de 25
000 $, valeur nette. Est-ce qu'il serait juste et équitable de donner
libre cours à un programme de dernier recours dans la
société à quelqu'un qui a des biens pour cette valeur?
C'est une question que je suis prêt à discuter avec l'Opposition.
Si vous pensez qu'on devrait inscrire 60 000 $ de valeur nette pour une
résidence, je peux en discuter avec vous. Mais, après qu'on aura
inscrit 60 000 $, on aura le cas de l'individu qui nous arrivera avec une
maison de 68 400 $ avec la même pénalité. Si c'est 75 000
$... Devrait-on laisser cela à l'arbitraire du ministre ou à
l'arbitraire du sou3-ministre? (11 h 30)
M. Charbonneau: La question n'est pas là, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Mïssisquoi): La question est exactement
là...
M. Charbonneau: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...parce que ces décisions,
M. le député de Verchères, sont, sur le plan humain, les
décisions les plus exigeantes qu'un ministère ait à
prendre.
M. Charbonneau: Le problème, c'est que, pour 11 000 000
$... On a mentionné un cas; j'en ai d'autres ici. Une dame,
l'épouse d'un handicapé paraplégique qui nécessite
plusieurs soins, se fait littéralement couper ses prestations d'aide
sociale sous prétexte que son mari paraplégique possède 52
acres de terre ou, tantôt, parce qu'il habite avec son conjoint. Elle se
retrouve donc avec un chèque mensuel de 53 $ par mois pour vivre. C'est
la même chose dans le cas d'une dame de Beloeil, ex-professeur
d'école, qui, en raison d'une amnésie cérébrale,
s'est retrouvée paralysée et n'a pas droit à une rente
d'invalidité, le programme n'étant pas en vigueur au moment
où elle travaillait; donc, elle n'a pu y contribuer. Sa prestation est
réduite de 85 $ par mois en raison de ces nouvelles mesures. Elle
reçoit donc un chèque de 148 $ par mois.
M. Paradis (Brome-Missîsquoi); Écoutezl Je suis
prêt à discuter...
M. Charbonneau: J'ai toute une série de cas. J'en ai un
dossier cela d'épais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, moi,j'en ai
également; j'en fais également du bureau de comté et je
dois tirer...
M. Charbonneau: Juste...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je dois tirer la ligne.
Je suis prêt à m'asseoir avec le député de
Verchères pour qu'on décide ensemble, après discussion,
où la ligne doit être tirée quant à la valeur que
l'on exempte de la première résidence -c'est 50 000 $
présentement, valeur nette -quant à la valeur de la
deuxième automobile de quelqu'un qui a recours à l'État
dans le proqramme que j'appelle de dernier recours, quant à la valeur de
la deuxième résidence de ces gens-là. Je suis prêt
à discuter de cela. Lorsqu'on se sera entendu sur les normes,
j'espère qu'on aura l'honnêteté intellectuelle et politique
de dire, une fois que les normes ont été établies,
qu'elles doivent s'appliquer, et ça même dans des cas...
M. Charbonneau: On ne s'est pas entendu sur les normes.
M. Paradis (Brome-Mïssisquoi): Je vais vous donner des
exemples. Il y a des qens dans la même situation que vous qui habitent
dans le secteur de Bromont. Je vais vous donner des exemples dans mon
comté. Cinquante acres de terre à Bromont, cela n'a pa3
été payé cher il y a 20 ans, mais, aujourd'hui, 50 acres
de terre à Bromont, cela vaut très cher et il y a eu du gain.
Est-ce que cette personne-là, parce qu'aujourd'hui elle est sans autre
revenu... Sa terre vaut peut-être - 50 acres de terre à Bromont,
ouf, en tout cas cela dépend où c'est situé à
Bromont; ce n'est pas en bas de 2000 $ l'acre, et pas draînée, une
terre de roches, comme il faut - 100 000 $. Est-ce que, comme
société, on va se substituer aux autres ressources auxquelles
elle peut avoir recours, dont la vente et la disposition
de sa terre, et payer de l'aide sociale? Je suis prêt à en
discuter. Mais, lorsqu'on aura tiré la ligne à 50 000 $, je
m'attends de la part de l'ensemble des intervenants à suffisamment de
courage politique pour dire: La ligne a été tirée
là. Mais je suis prêt à rediscuter du positionnement de la
ligne.
M. Charbonneau: Le problème, c'est que, l'an dernier,
quand vous avez positionné la ligne, on n'en a pas parlé.
J'espère que, dans votre projet de réforme, il y aura une partie
où on pourra parler de la ligne, d'une part.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous poser la question
autrement. Est-ce que vous trouvez déraisonnable l'endroit où la
ligne a été tirée par le gouvernement l'an passé en
ce qui concerne la réglementation? Est-ce que vous trouvez
déraisonnable de comptabiliser 2 % de la valeur excédentaire
d'une résidence qui a une valeur nette de 50 000 $ pour un
bénéficiaire de l'aide sociale? Si vous me dites oui, moi je vais
vous dire, c'est quoi le chiffre?
M. Charbonneau: Je vais vous dire très franchement, je
trouve que la ligne n'est pas correcte, en particulier pour les personnes
inaptes. Autrement dit, on ne fait pas de distinction entre personnes aptes et
personnes inaptes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Charbonneau: Les situations que les personnes inaptes vivent,
ce sont souvent -ce sont des cas qui nous ont été
rapportés -des gens malades, des handicapés, des gens qui ont eu
des accidents, des gens qui vivent toute une série de situations. Ce
n'est pas vrai que la ligne que vous avez tracée a les mêmes
effets chez les gens aptes et inaptes. Je vous dis - je vous ai soumis des cas
-qu'il faudrait avoir une approche différente pour les gens inaptes.
C'est cela que je vous réponds.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je peux ajouter? Je
suis content que vous précisiez votre argumentation dans ce
sens-là. Je vous préciserai que des députés des
deux côtés de la Chambre, au cours de l'année, m'ont
présenté des cas de personnes inaptes qui se sont vu soustraire
85 $ par mois lorsqu'il y a cohabitation ou lorsqu'elles habitent avec un
membre de la famille, etc. Je suis d'accord avec Ies députés
qu'il s'agit - parce qu'on n'a pas considéré, comme vous l'avez
indiqué, la différence entre aptes et inaptes - de situations
totalement aberrantes. La famille fait des sacrifices, s'impose une discipline
pour garder à la maison quelqu'un qui est inapte et on pénalise
ce dernier de 85 $. La famille peut, si elle n'a pas une conscience sociale
trop élevée ou si elle joue le jeu, comme on dit, se retourner de
bord et placer la personne en centre d'accueil ou en institution, à des
coûts combien faramineux pour la société. Donc, je vous
sais gré de votre intervention en faisant cette différence. Je ne
vous dirai pas que nous visons la perfection, mais c'est un des
éléments dont nous tenons compte au moment où nous nous
parlons.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre serait prêt à
accepter, pour les cas de personnes inaptes qui ont eu à subir des
coupures - je pense que cela vaudrait la peine qu'il y ait une équipe
spéciale pour quelques mois - de réviser et éventuellement
de rembourser ces qens des montants d'argent qui leur ont été
enlevés? Je pense que ce serait correct. L'État ne paierait pas
un coût exorbitant sur les 11 400 000 $ ou les 11 000 000 $ environ que
vous avez économisés. Si vous retournez 3 000 000 $ ou 4 000 000
$ à des gens qui étaient inaptes, ce n'est pas cela qui va faire
mourir le gouvernement. Mais pour ces gens, finalement, ce serait beaucoup et
cela leur permettrait peut-être de rétablir une situation et en
même temps de corriger des problèmes qu'ils ont dû
subir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je dirai au député
qu'il sait sans doute qu'il m'est impossible sur le plan réglementaire
de rétroagir. Un règlement rétroactif, sur le plan
juridique, cela ne se fait pas. Je vous dirai que cette question va
certainement faire l'objet de la politique gouvernementale qui sera rendue
publique dans un document d'orientation à compter de cet
été, mais la situation me préoccupe a un point tel que,
s'il y a moyen, sur le plan pratique, de faire quelque chose avant la
réforme, nous l'analyserons. Je passe les instructions
immédiatement, M. le député.
M. Charbonneau: Écoutez, je suis content de voir que le
ministre, au moins pour cela... Je pense que légalement il doit y avoir
une possibilité de rétroagir d'une façon ou d'une autre
ou, tout au moins, de stopper l'application pour les gens inaptes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Rétroagir? Je suis certain
que c'est non. C'est peut-être ma formation juridique qui me l'indique.
Un règlement rétroactif, par définition, vous le
vérifierez... Je sais que vous avez chez vous des gens qui ont une
formation juridique parmi vos recherchistes. Ils vont vous le dire, et moi, je
vous affirme la même chose. Un rèqlement rétroactif, cela
ne se peut pas. Maintenant...
M. Charbonneau: Non, mais un nouveau règlement qui dirait
que le gouvernement va
prendre tel type de dossier entre telle date et telle date,
réviser les dossiers et voir si.., Je pense que cela peut se faire. Je
ne suis pas avocat, mais je veux dire qu'il y a bien des choses qui se font
quand on le veut, juridiquement. La question, c'est d'avoir la volonté.
Après cela, la loi ou les applications juridiques suivent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La première
prémisse, c'est qu'il y ait entente et, lorsqu'elle est unanime sur le
fond, c'est une prémisse solide. Je pense que je peux dégager
entre l'Opposition et la partie gouvernementale, sur le fond, une
prémisse qui fait en sorte que la base est solide, que te système
actuel n'est pas correct, ni socialement ni autrement.
À partir du moment où un système n'est pas correct,
il faut le modifier. Je vous ai indiqué que des modifications seraient
certainement contenues dans le document d'orientation que nous rendrons public
cet été. Je demanderai aux fonctionnaires du ministère de
vérifier s'il n'y a pas une intervention ponctuelle et factuelle qui
pourrait se faire en faveur de ces personnes qui sont dans des situations
analogues à celles, sans élargir, que nous avons
décrites.
Protection et développement de l'emploi
(suite)
Le rôle actuel et futur des CFP
M. Charbonneau: D'accord. Au sujet du programme Protection et
développement de l'emploi, on a parlé hier du programme des
stages en milieu de travail. On a une rumeur voulant que ce programme soit
transféré aux commissions de formation professionnelle. Est-ce
exact?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme il s'agit d'une question de
gestion administrative comme telle, j'aimerais que le sous-ministre fasse le
point pour tenter d'éclairer votre lanterne. M. Pronovost.
M. Provonost (Jean): La réponse tient en quelques phrases.
Tout d'abord, il faut savoir que le programme des stages en milieu de travail,
actuellement, est géré d'une façon que nos propres
employés et collègues traitent de bicéphale. Les gens qui
travaillent à administrer ce programme chez nous relèvent de la
DGRTQ administrativernent, mais travaillent fonctionnellement sous
l'autorité de la Direction générale de la formation
professionnelle et en relation étroite avec les CFP. C'est l'état
actuel, et on mène des travaux au ministère pour vérifier
l'orientation future des CFP. Dans le cadre de ces travaux-là,
effectivement, on a évoqué la possibilité de rattacher
carrément le programme aux CFP. Mais il y a des comités à
la DGRTQ, au réseau Travail-Québec, qui soutiennent
l'hypothèse contraire. D'où les rumeurs que vous avez sans doute
entendues.
M. Charbonneau: Mais il n'y a pas de conclusion encore, si je
comprends bien. Autrement dit, j'ai non seulement des rumeurs et des documents
mais des documents et des rumeurs... Ce qu'on a appris aussi, c'est que non
seulement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Va-t-il le produire, le
document?
M. Charbonneau: Ha! Ha! Ha! C'est que non seulement le proqramme
de recyclage en milieu de travail faisait l'objet de cette hypothèse,
mais l'ensemble des mesures de développement de l'employabilité,
dans le cadre de ta réforme, semble-t-il qu'on envisageait la
possibilité d'envoyer tout ça en commission de formation
professionnelle.
M. Pronovost: il y a une rumeur et une rumeur pure, cette fois,
qui a circulé chez nous et qui transférait comme ça, tout
de go, tout ce qu'on appelle le développement de l'employabilité
des bénéficiaires d'aide sociale aux CFP. Cette rumeur, je ne
sais pas du tout sur quoi elle s'appuie. Il n'y a jamais eu de proposition en
ce sens-là et nous nous employons à plusieurs depuis plusieurs
semaines déjà, à la démentir carrément.
Au contraire, on a, depuis un an et demi, déployé
énormément d'efforts à la DGRTQ et dans les CTQ pour
développer un module qui s'occupe à mieux asseoir notre expertise
pour appuyer le développement de l'employabilité des
bénéficiaires d'aide sociale et, à nos yeux, ça
doit rester là. Cela fait partie intégrante de leur travail aux
bureaux de Travail-Québec. C'est même leur vocation essentielle
que d'appuyer le développement de l'employabilité des
bénéficiaires de l'aide sociale.
M. Charbonneau: Je vais vous lire un passage d'un document qui
est peut-être la source de la rumeur. On disait: "De plus, dans le cadre
d'une réforme de l'aide sociale et en raison de la solide expertise
développée par les commissions de formation professionnelle dans
les domaines du "counselling", de l'orientation professionnelle et dans la
recherche et l'application de solutions concernées au problème
des personnes ayant des difficultés d'intégration ou de
réintégration au marché du travail, celles-ci pourraient
être des organismes de premier plan pour initier et mettre en oeuvre des
projets de formation visant le développement de l'employabilité
des personnes aptes au travail." C'était plus
qu'un stage en milieu de travail. C'est peut-être ça, la
rumeur.
M. Pronovost: C'est peut-être ça la rumeur.
M. Charbonneau: C'est un document qui est daté de
décembre 1986, "Rôle actuel et futur des commissions de formation
professionnelle de la main-d'oeuvre".
M. Pronovost: Si vous permettez, je peux vous offrir deux
réflexions, la première...
M. Charbonneau: ...document plus récent.
M. Pronovost: C'est que dans une grosse machine comme la
nôtre où il y a 5000 personnes qui travaillent et
réfléchissent, il y a toutes sortes de thèses qui
circulent et il y a toutes sortes d'idées qui sont avancées.
Deuxièmement, c'est que le développement de
l'employabilité, c'est l'affaire d'un tas d'intervenants dont
l'Éducation. L'Éducation a aussi développé une
solide expertise dans le développement de l'employabilité. C'est
même sa vocation première dans la vie.
Les CFP, parce qu'elles s'occupent de formation, s'occupent du
développement de l'employabilité en matière de formation
professionnelle de tous les citoyens donc les bénéficiaires
d'aide sociale. Elles ont un rôle à jouer. Il y a aussi du
développement de l'employabilité qui repose sur l'acquisition de
comportements nouveaux et qui implique peut-être les CLSC, des
psychologues et d'autres intervenants, notamment, les intervenants
privés comme les SEMO, par exemple. (11 h 45)
Le développement de l'employabilité, c'est l'affaire d'un
tas d'organismes et il faut tous les mobiliser, nous, pour les
bénéficiaires d'aide sociale et il ne faut surtout pas
écarter du portrait nos propres commissions de formation professionnelle
qui ont certainement un rôle à jouer et qui ont une solide
expertise. Cela ne veut pas dire qu'on va leur donner tout le gâteau. De
toute façon, il est trop gros pour un seul réseau.
M. Charbonneau: À un moment donné, il avait
été question... Et même, je pense que le caucus
libéral avait parlé d'un mécanisme de
régionalisation. Où est-ce que cela en est?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela aussi, c'est aux
étapes...
M. Charbonneau: C'était dans le cadre...
M. Paradis (Brome-Missîsquoi): ...qui seront contenues dans
le document qui sera rendu public au cours de la période estivale.
M. Charbonneau: Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais comme...
M. Charbonneau: J'aurais bien aimé qu'il y ait un
zoom.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les propositions...
M. Charbonneau: ...sur le visage du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...issues de la Commission
jeunesse du Parti libéral et, encore davantage sinon à un niveau
égal, du caucus libéral du parti reçoivent toujours une
oreille très attentive des instances décisionnelles, il devrait y
avoir un paragraphe là-dessus.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre
pendant qu'on fait, finalement, une bifurcation en formation professionnelle et
qu'on en est à l'organisation des commissions de formation
professionnelle, où on en est dans le processus décisionnel
d'organisation des commissions de formation professionnelle? Je sais qu'au mois
de janvier dernier il y avait un sous-comité composé de M. Paul
Massicotte, Jean-Raynald Côté, Claude Pagé, André
Lavigne, Denis Matte et un certain Benoît Laliberté aussi qui
avait soumis un rapport au ministre. Où en est-on finalement dans le
processus décisionnel et qu'est-ce qu'on s'apprête à
décider? Qu'est-ce que le ministre a fait du rapport de son
sous-comité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre l'a lu. Le ministre
le fait analyser.
M. Charbonneau: Ha! Ha! Ha! Je n'en doute pas.
M. Paradis (Brome-Missîsquoi): Le ministre, lorsqu'il
recevra le résultat des analyses, vous fera part de ses commentaires sur
le résultat des analyses.
M. Charbonneau: Quel est votre échéancier quant
à la réorganisation administrative des commissions de formation
professionnelle? Est-ce que c'est lié à la réforme de
l'aide sociale ou si ce sont deux opérations différentes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Il y a des problèmes.
Nous avons rencontré, en cours d'année, des problèmes de
fonctionne-
ment "pratico-pratiques" qui ont requis, dans certains cas, des
interventions ponctuelles. Nous voulons que les modifications qui seront
apportées fassent en sorte que l'on ne se retrouve pas, dans l'avenir,
un peu forcé d'intervenir de façon ponctuelle, comme nous avons
dû le faire au cours de l'année, entre autres, quant à la
CFP de Trois-Rivières, pour citer cet exemple.
M. Charbonneau: Je comprends. Mais je voudrais savoir si vous
entendez modifier le mode de fonctionnement des commissions de formation
professionnelle, la structure, la composition, le mode de nomination des gens
et, également, leur mandat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, lorsqu'on
s'attaque à un dossier qui porte sur un organisme aussi important, nous
le faisons dans un esprit ouvert. Je vous dirai que les mandats qui ont
été confiés aux comités qui se sont penchés
sur la question ne comportaient pas de restrictions quant aux questions que
vous avancez. Maintenant, on m'indique que je devrais recevoir certaines
hypothèses d'ici quelques semaines. J'attends de recevoir ces
hypothèses avant d'émettre des commentaires plus
précis.
M. Charbonneau: Est-ce qu'on peut donner l'assurance aux gens qui
travaillent dans les commissions de formation professionnelle et aux organismes
intéressés et associés aux CFP qu'ils vont être
associés au processus de réflexion et qu'avant que le ministre
ait fait son lit sur une hypothèse ou sur une avenue d'organisation il y
aura eu une consultation et, idéalement, une consultation publique sur
le rôle, le fonctionnement et l'organisation des commissions de formation
professionnelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que les gens dont vous
parlez trouveraient superflue une assurance du ministre, ayant
déjà été associés depuis plusieurs mois
à toute la démarche que nous avons entreprise.
M. Charbonneau: Je veux dire qu'il y a peut-être des
personnes qui, dans le milieu des commissions de formation professionnelle, ont
été associées. Mais est-ce que le ministre serait
prêt à élargir et à permettre, finalement, à
toute personne qui oeuvre actuellement dans ce réseau et qui aurait des
commentaires ou des opinions à formuler de pouvoir le faire? Autrement
dit, par exemple, est-ce que le document qui circule pourrait être rendu
public pour faire en sorte que... Vous savez, il ne s'agit pas
nécessairement de réclamer une commission parlementaire à
chaque fois, mais que ce document puisse faire l'objet de commentaires,
d'opinions, de réactions de l'opinion publique, des gens
intéressés et même des gens de l'Opposition et de
parlementaires. Il y a des gens chez nous qui...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que le document
auquel vous faites allusion a déjà été
expédié par le sous-ministre de la Main-d'oeuvre et de la
Sécurité du revenu à tous les présidents de CFP,
à tous les directeurs généraux de CFP, etc., et que les
gens ont été invités à nous faire parvenir leurs
commentaires sur ce document. Vous en avez déjà une copie. On
n'aura pas besoin de vous le faire parvenir. Je vous indique
immédiatement...
M. Charbonneau: Mais je ne suis pas sûr d'avoir la
dernière version.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...que vos commentaires sur le
document sont les bienvenus.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, vous n'auriez pas
d'objection à ce que le document soit rendu public''
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien, c'est-à-dire...
Qu'est-ce que vous entendez par rendre public? Il a été...
M. Charbonneau: Je vais vous donner un exemple bien concret.
Permettre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est diffusé
suffisamment, largement...
M. Charbonneau: Sauf dans les médias d'information. Il y a
des gens qui ne sont ni des employés ni des administrateurs des
commissions de formation professionnelle, mais qui connaissent bien le domaine.
Ils sont intéressés. Il peut y avoir des universitaires ou
d'autres qens qui peuvent être préoccupés, concernés
ou intéressés par toute cette question de la formation
professionnelle et de ses structures.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez parfaitement raison. Il
y en a déjà qui apportent leur contribution.
M. Charbonneau: Dans ce cas-là, on verra à faire en
sorte que le plus de monde possible puisse prendre connaissance des intentions
du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous vous en saurions
gré.
M. Charbonneau: Qu'à cela ne tienne!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez
vérifié si vous avez vraiment la dernière version, de
façon que vos commentaires...
M. Charbonneau: Bien oui. Cela m'intéresserait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...portent sur la dernière
version du document et non sur une version préliminaire?
M. Charbonneau: Est-ce qu'il y a moyen de s'entendre pour avoir
la dernière version?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
M. Charbonneau: Si je n'ai pas la dernière version, je
vais faire une entente avec le ministre: Je vais lui laisser le soin de rendre
la dernière version publique.
Ma version, j'ai le rapport du sous-comité sur l'organisation des
CFP datant de janvier 1987. J'ai un document qui date de décembre 1986,
qui s'intitule, comme je vous l'ai indiqué tantôt, "Rôle
actuel et futur des commissions de formation professionnelle de la
main-d'oeuvre. Comité directeur sur la confirmation de la mission des
CFP."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vos versions ne sont pas les
dernières versions.
M. Charbonneau: C'est bien possible. C'est un peu comme pour vos
statistiques. J'ai ça trois mois après.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'où, sans doute, certaines
de vos inquiétudes.
M. Charbonneau: Je ne demande pas mieux que d'être
rassuré.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. On vous fera parvenir la
dernière version.
M. Charbonneau: Je n'en attendais pas moins du ministre. Est-ce
que vous comptez rendre le document public?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me demandez si j'ai une
conférence de presse prévue à mon ordre du jour sur le
sujet, la réponse est non.
M. Charbonneau: Non, non. Il ne s'agit pas nécessairement
de faire un "show" politique, mais seulement de le mettre en circulation
publique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le gouvernement a changé
à Québec. Cela ne se fait plus comme ça.
M. Charbonneau: Ah!. Je ne suis pas sûr de ça. Je
vous regarde aller et je pense que vous avez bien copié les anciens
modèles.
Ventilation des crédits
Au sujet des services externes de main- d'oeuvre... D'abord, avant
d'aller plus loin, on a parlé hier des mesures de développement
de l'employabilité. Pour l'ensemble des programmes de protection et de
développement de l'emploi, l'an dernier, selon les chiffres, il y a eu
plusieurs crédits périmés; au-delà de 16 200 000 $.
Cela dégonfle un peu le "pétage de bretelles" que le ministre
s'était permis à l'occasion de l'étude des crédits.
Il disait: Regardez ce qu'on fait, nous autres. Il y a eu beaucoup de
crédits périmés. Cette année, le ministre
répète le même geste de "pétage de bretelles". Ma
recherchiste me fait remarquer que vous êtes le deuxième des mieux
cotés en matière de crédits périmés. Vous en
avez 126 900 000 $. Et 16 200 000 $ uniquement pour le développement et
la protection de l'emploi. Au-delà de la bonne cote que le
président du Conseil du trésor a dû vous donner, j'aimerais
savoir ce qui explique tant de crédits périmés pour le
développement et la protection de l'emploi, alors qu'on a un taux de
chômage encore...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Précisément, au
développement de l'employabilité, le fait que les
négociations avec le gouvernement fédéral n'ont abouti que
le 19 décembre dernier à une entente de principe nous a
obliqés à laisser périmer des montants beaucoup plus
importants que ceux que nous avions prévus à ce chapitre. Nous
escomptions pouvoir en arriver à une entente négociée
à l'époque, je dirais vers le mois d'avril l'an passé,
mais à cause d'un paquet de facteurs - le remaniement ministériel
du côté fédéral, etc., - j'ai dû reprendre les
négociations que j'avais entreprises avec Mme MacDonald, les reprendre
avec M. Bouchard, etc. Finalement, je pense que, oui, il y a des crédits
périmés, oui, c'est dommage que nous ayons dû laisser
périmer ces crédits, mais, si on regarde le résultat final
de la négociation qui a été conduite, les pertes en temps
sont largement compensées par les gains et financiers et juridictionnels
que le Québec y a acquis.
On m'indique que dans les renseignements qui ont été
fournis à la demande de l'Opposition, à la page 54a, vous avez le
détail comme tel des périmés. Mais, si vous me demandez
s'il y avait une stratégie politique, etc., absolument pas. Nous avons
été placés dans cette situation à cause de
l'élément dont je viens de vous parler, et cette année,
étant donné que l'entente est signée, il ne devrait
normalement pas y avoir beaucoup de crédits périmés
à ce chapitre. Nous faisons les efforts et même nous devrions tout
dépenser cette année.
M. Charbonneau: Pourriez-vous me ventiler les 44 000 000 $
additionnels environ dont vous nous avez parlé hier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, 42 000 000 $.
M. Charbonneau: Cela va vers quelle mesure ou quel programme tout
particulièrement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous les donner de
façon ventilée. D'ailleurs, j'attendais que vous m'en reparliez,
parce que vous avez indiqué à la période de questions,
dans une de vos brèves répliques que vous n'avez pas le droit de
faire en questions additionnelles dans lesquelles vous vous complaisez
souvent...
M. Charbonneau: J'ai appris en vous regardant faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qu'on s'en reparlerait aux
crédits. J'avais mentionné un peu plus de 40 000 000 $ hier.
Peut-être pour faciliter la compréhension des explications,
j'attirerais l'attention du député de Verchères sur la
page 69 du budget 1987-1988, "Renseignements supplémentaires".
M. Charbonneau: Je l'ai laissé è mon bureau.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour comparer honnêtement
les deux années, il faut faire l'exercice à partir de ce
tableau.
M. Charbonneau: Je vais vous donner quelque chose et, quand vous
allez me donner la réponse, cela va peut-être vous permettre de
m'indiquer là où on se trompe ou là où vous
exagérez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Charbonneau: Je regarde la page 19-11...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De quoi? M. Charbonneau: Du
cahier de crédits. M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Charbonneau: Le gros, le cahier de crédits. Il y a, si
je calcule bien, 72 500 $ de plus à l'élément 1:
Concertation, protection et reclassement; 11 600 000 $ à
Développement de l'employabilité et de l'emploi,
élément 2; 2 900 000 $ - je vous fais l'économie des
détails - à l'élément 3, Provision pour augmenter,
avec l'approbation du Conseil du trésor, tout crédit pour la
réalisation de projets favorisant l'employabilité et l'emploi; et
175 000 $... (12 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Verchères, je pense que...
M. Charbonneau: Le total, plus 14 800 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je vais immédiatement
indiquer un de nos points de mésentente ou de discorde qui est à
la base de l'argumentation. Si nous partons de ces prémisses, nous
n'arriverons jamais à concilier nos chiffres. Vous partez des
crédits votés pour faire votre évaluation. C'est pourquoi
je vous référais à la page 69 des renseignements
supplémentaires du budget. Nos estimations sont faites à partir
des dépenses probables de l'année dernière plutôt
qu'à partir des crédits votés. Vous aviez à cet
élément, en crédits périmés, 16 000 000
$.
M. Charbonneau: D'accord. Donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on ne part pas de la même
base, on n'arrivera jamais à...
M. Charbonneau: Vous gardez vos crédits
périmés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais 114 000 000 $ devient 98 000
000 $ pour fin de comparaison.
M. Charbonneau: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les dépenses probables sont
de l'ordre de 98 000 000 $ alors que les crédits votés
étaient de 114 000 000 $ et que nous avons périmé 16 000
000 $ entre les deux.
M. Charbonneau: Je remercie le ministre de cet aveu. Mais dans ce
cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas un aveu, c'est une
réalité.
M. Charbonneau: Non, non, mais cela dégonfle un peu la
baloune, par exemple. On admet que, finalement, vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on vous a dit, c'est qu'il y
avait 40 000 000 $ de plus cette année que l'an passé.
M. Charbonneau: Oui, mais dans les faits, écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans les faits, c'est cela.
M. Charbonneau: Oui, mais là j'ai 31 000 000 $ entre 98
000 000 $ et 129 000 000 $, si je ne me trompe pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous donner un conseil
d'ami. J'ai été pendant cinq ans dans l'Opposition. J'ai eu
à
critiquer les crédits de plusieurs ministères. La
première année, je me suis fait prendre à critiquer
crédits contre crédits et on m'a vite fait comprendre que ce qui
était important pour la population, c'étaient les dépenses
et que l'art consiste à critiquer les dépenses réellement
effectuées contre les nouveaux crédits qui sont votés par
l'Assemblée, mais à être prudent et è
vérifier en cours d'année le pourcentage des crédits
périmés.
M. Charbonneau: Je vais vous dire une chose, M. le ministre. Je
ne suis pas sûr que vous ayez raison parce que...
M. Paradis .(Brome-Missisquoi): Ce sont les péquistes qui,
m'avaient dit cela à l'époque.
M. Charbonneau: Je critique la volonté politique contre la
volonté politique. Le budget de dépenses que vous nous soumettez,
c'est votre volonté politique. Les accidents de parcours, souvent
indépendamment de la volonté politique, font que le
résultat est moindre. Donc, votre volonté politique.»
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est rarement
supérieur.
M. Charbonneau: ...l'an dernier était de 114 000 000 $,
volonté politique intéressante et le résultat pour toutes
sortes de raisons, 98 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour toutes sortes de raisons. Une
minute!
M. Charbonneau: Ce sont peut-être toutes sortes de bonnes
raisons, mais toutes sortes de raisons.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Hal Ha! Ha! Remettez le "bonne"
dans votre...
M. Charbonneau: Nouvelle volonté politique cette
année, 129 000 000 $; total, 14 800 000 $, volonté politique
variante, 14 800 000 $ de plus. Ce n'est pas 44 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. On n'arrête pas
là.
M, Charbonneau: Mais pour la performance, on comparera les
crédits périmés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Charbonneau: ...l'an prochain.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Charbonneau: Le résultat des dépenses effectives
de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais
attendre...
M. Charbonneau: ...cette année avec les dépenses
effectuées l'an passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...qu'on
récupère...
M. Charbonneau: Là, on verra la différence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'on va attendre qu'on
récupère votre budget 1987-1988, renseignements
supplémentaires, pour qu'ensemble nous puissions faire l'exercice
à la page 69. Je vous indique déjà qu'il s'agit de
considérer les éléments des programmes 9 et 10 et de
référer également à la note de la page 71 quant au
programme 10, Protection et développement de l'emploi. Pour faciliter
votre compréhension, j'attire votre attention sur...
M. Charbonneau: ...formation professionnelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...le deuxième paragraphe
qui indique ce qui suit: "La variation des crédits ne peut être
analysée - et je cite - par rapport aux dépenses probables de 38
400 000 $, puisque ce montant exclut toutes les sommes qui, en cours
d'année, ont été transférées dans un autre
programme du ministère ou à un autre ministère. Sur une
base comparable - c'est toujours sur ces bases qu'il faut comparer et non sur
d'autres bases - les dépenses probables 1986-1987 sont plutôt de
l'ordre de 98 900 000 $ alors que les crédits 1987-1988 sont 129 100 000
$, ce qui représente une hausse de 30,5 % en tenant compte du transfert
de crédits du programme Jeunes volontaires au ministère du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche."
M. Charbonneau: Quelle est la différence entre 30,5 % ou
environ 40 % ou 44 %?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons toujours parlé,
lorsque nous avons mentionné ces 40 000 000 $, des programmes 9 et 10 et
nous vous indiquons qu'il y a 15 000 000 $ additionnels dans le programme
9.
M. Charbonneau: D'accord. C'est la formation professionnelle. Je
vous suis. La seule affaire que je ne comprends pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon, je savais que l'exercice vous
amènerait...
M. Charbonneau: La seule chose où je ne vous suis
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vous dirai
sérieusement...
M. Charbonneau: C'est que si vous vous êtes fait avoir par
nos ministres à l'époque où ils vous ont dit: C'est comme
cela que vous devriez procéder dans le temps de l'Opposition, je vais
vous dire que vous ne m'embarquerez pas dans cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tant mieux parce que nous...
M. Charbonneau: Je veux comparer des dépenses
effectives...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...avec cette méthode, on a
réussi à gagner les élections.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: ...réalisées avec d'autres
dépenses réalisées. En attendant, je ne me ferai pas
embarquer dans votre jeu de comparer des intentions politiques cette
année avec des dépenses effectives l'an passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Gardez votre base. Quand on a
compris et qu'on a changé de base, on a finalement gagné les
élections.
M, Charbonneau: Ha! Ha! Ha! Je ne suis pas sûr que c'est
avec cela. Ah! Seigneur! Donc, je comprends que vous avez augmenté les
crédits d'environ 14 000 000 $ pour la protection et le
développement de l'emploi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Nous disons que nou3
dépenserons cette année, selon nos intentions fermes - et nous
n'y voyons pas d'obstacle majeur comme l'an passé, négociations
fédérales-provinciales, à l'horizon - quelque 40 000 000 $
de plus dans ces mesures.
M. Charbonneau: 9 et 10.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans ces mesures.
M. Charbonneau: Ces mesures, cela comprend la formation
professionnelle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je n'avais pas inclus 9 et 10,
j'aurais dit: Dans cette mesure.
M. Charbonneau: Non, je m'excuse, dans ce programme. Il y a bien
des mesures dans ce programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison, dans ces
programmes, plutôt que dans ce programme.
Services externes de main-d'oeuvre
M. Charbonneau: Sur le vocabulaire, vous allez avoir de la
misère à me pogner.
Services externes de main-d'oeuvre. Un autre document, câline!
Document de consultation, Proposition d'orientation du programme Services
externes de main-d'oeuvre, SEMO. C'est utile parfois. L'an passé, le
budget des SEMO est passé de 11 100 000 $ à 10 800 000 $, soit
une baisse d'environ 250 000$, 2,2 %. Combinée aux efforts d'inflation
de 4,7 %, c'est une perte totale de presque trois quarts de million, 693 656 $.
Cette année, le budget des SEMO passe de 10 800 000 $ à 11 000
000 $, soit une augmentation de 175 400 $, à peine 1,5 %. L'an
passé, lors de l'étude des crédits, le ministre disait
avoir demandé au personnel de son ministère d'évaluer la
performance des SEMO. Peut-on savoir quels sont les résultats de cette
évaluation?
Je dirais que, dans le document de consultation, je n'ai pas les
résultats de l'évaluation; j'aimerais bien avoir le
résultat de l'évaluation aussi sur la performance des SEMO. Ce
que j'ai, c'est l'avenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons des données
techniques à cet effet, le nombre de personnes placées, etc., ce
dont vous me parliez un peu hier. Il est important... Ce n'est pas strictement
la quantité qui est importante; il y a également la
qualité. Vous avez insisté hier sur cet
élément.
M. Charbonneau: C'est pour cela que je ne veux pas seulement
avoir des tableaux statistiques sur les SEMO.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Charbonneau: J'aimerais avoir... J'imagine que vous avez un
document qui fait une analyse...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Au moment où nous nous
parlons, nous avons des données. Nous sommes en train d'analyser ces
données.
M. Charbonneau: Écoutez, comment pouvez-vous avoir un
document de consultation pour l'avenir, si vous n'avez même pas de
données ni d'évaluations sur le passé? C'est ce que vous
me dites. Moi, j'ai un document de consultation ici: Proposition
d'orientation du programme Services externes de main-d'oeuvre. Je ne
comprends pas comment vous pouvez faire une proposition sur l'avenir des SEMO
si vous n'avez même pas une évaluation en main,
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'il porte ma
signature?
M. Charbonneau: Non, mais cela vient de votre
ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, mais vous comprendrez
que mes décisions ne sont pas arrêtées - c'est ce que je
vous indique - et que ce document fera partie d'une banque de documents que...
Moi aussi, j'ai ma bibliothèque, comme vous...
M. Charbonneau: Ha! Ha! Ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et je prends mes
décisions à partir des documents qui me sont soumis et
quelquefois d'autres indices qui me proviennent de l'extérieur.
M. Charbonneau: Écoutez, je suis bien content d'apprendre
cela. Ce que je vous demande, M. le ministre, ce n'est pas, à ce
moment-ci, quelle est votre décision. Je ne vous posais pas cela comme
question. C'est parce que le ministre n'a pas compris la question, M. le
Président.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez les données sur
lesquelles vous pourriez plus facilement faire reposer vos critiques.
M. Charbonneau: Ce que je veux, c'est une bonne évaluation
de la situation et les évaluations que le ministre nous a dit avoir
demandées l'an dernier aux crédits. Ce que je voudrais, c'est
l'évaluation qui a permis à ses fonctionnaires de préparer
un document sur l'avenir. Je vous dis que je ne veux pas faire des critiques
inutiles ou déplacées ou à côté de la cible.
Il me semble qu'il serait utile, pour un travail constructif de l'Opposition et
de connaissance de tout ce programme, d'avoir effectivement en main le ou les
documents d'évaluation des SEMO.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que nous avons, ce sont des
documents qui sont à l'interne au ministère et qui analysent la
situation à partir des données que j'ai offert de vous
communiquer. D'accord?
M. Charbonneau: Ce n'est pas correct, mais je vais prendre les
données tant qu'à ne rien avoir.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Je comprends, mais je connais assez comment cela
fonctionne dans l'appareil. Je ne vois pas très bien un sous-ministre,
qui a seulement des tableaux statistiques...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous ne l'avez pas encore, cela
va couler dans pas grand temps.
M. Charbonneau: ...aller voir le ministre, son patron, et lui
dire: Voici comment cela devrait fonctionner à l'avenir. J'imagine que
le sous-ministre a dû demander à ses fonctionnaires: Voici les
tableaux statistiques, vous allez m'expliquer un peu les problèmes. Les
problèmes ne sont pas juste statistiques. Les statistiques, c'est une
série de données factuelles qui permettent d'expliquer et
d'évaluer la chair autour de cela. Il y a des choses qui sont des
comportements de personnes. Il y a des performances meilleures ou moins bonnes
dans certains organismes que dans d'autres pour des raisons qui ont peu
à voir avec les statistiques brutes, mais toutes sortes de
problèmes de comportement, de situations particulières, c'est
cela qu'il serait important de connaître pour pouvoir mieux
évaluer la proposition d'avenir qu'on a en main.
Si on a en main une évaluation, qu'on regarde...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je comprends de votre
intervention...
M. Charbonneau: ...après la proposition et qu'on dit: La
proposition répond à l'évaluation et aux critiques qui ont
été identifiées, aux problèmes qui ont
été identifiés, on est moins porté à faire
des drames. Vous comprendrez qu'on n'a pas le choix. On a la situation
actuelle, ce que les gens vivent, et une proposition d'avenir; entre les deux,
l'évaluation, et on ne l'a pas. C'est sur celle-là que le
ministre nous avait entretenus l'an dernier aux crédits.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme le député s'en
rend compte, et comme je l'avais indiqué l'an dernier aux
crédits, le dossier progresse normalement.
M. Charbonneau: Quand le ministre est poigné, il donne une
réponse sibylline ou laconique. Je vais aller plus loin dans ce cas, que
voulez-vousl
Le document de consultation disait que pour l'avenir, la priorité
maintenant va être la clientèle de l'aide sociale et que la
reconnaissance des organismes se fera toujours sur une base annuelle et que le
mode de financement sera dorénavant sur la base de la notion de clients
admis. Quand on sait, M. le Président, que les SEMO existent
actuellement pour desservir quatre clientèles
particulières qui sont: les personnes handicapées, les
femmes en difficulté, les jeunes en difficulté, les adultes
vivant des problèmes particuliers, tels les ex-détenus ou les
ex-toxicomanes, comment le ministre peut-il accepter qu'on réduise la
mission des SEMO uniquement aux bénéficiaires de l'aide
sociale?
II peut y avoir une corrélation entre ces quatre types de
clientèles et des gens de l'aide sociale. Il peut y avoir des gens qui
sont parmi une de ces quatre catégories et qui sont des
bénéficiaires de l'aide sociale. Il y a des jeunes en
difficulté, par exemple, qui ne sont pas des bénéficiaires
de l'aide sociale, qui ne sont pas des bénéficiaires de
l'assurance-chômage, qui sont, par exemple, des gens sans abri è
Montréal, qui ne se retrouvent nulle part dans les statistiques et qui
n'ont rien. Ils sont peut-être poignés à "pusher" de la
drogue à Montréal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on vous dit, c'est qu'on
souhaite prioriser l'intervention des SEMO envers les clientèles les
plus démunies dans notre société. Nous ne faisons pas
d'exclusion, nous favorisons...
M. Charbonneau: Je sais, je n'ai pas dit que le ministre faisait
d'exclusion...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les plus démunis. Si
vous êtes en faveur d'une autre politique qui privilégierait une
autre clientèle que les plus démunis, dites-nous-le, on analysera
cela.
M. Charbonneau: On ne s'entend peut-être pas sur la
définition des plus démunis. Ce que je vous dis, c'est que les
plus démunis ne sont pas nécessairement et exclusivement des gens
qui sont bénéficiaires de l'aide sociale. Il y a des plus
démunis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous m'avez parlé des sans
abri, entre autres, M. le député de Verchères. À
partir du moment où ils atteignent une ressource qu'on appelle un SEMO,
les SEMO connaissent les programmes d'aide sociale, ils peuvent inviter ces
gens, s'ils se qualifient, à s'inscrire à l'aide sociale,
etc.
Ce que nous indiquons aux SEMO, c'est que nous souhaitons ardemment que
leur action soit privilégiée au maximum vers les
clientèles les plus démunies de notre société. Il y
a des gens qui sont handicapés qui sont bénéficiaires de
l'aide sociale. Il y a des gens qui sont handicapés qui ne sont pas
bénéficiaires de l'aide sociale dans notre société.
C'est sûr qu'un SEMO peut s'occuper, parce que c'est la vocation qu'on
lui a donnée au début, des deux clients sans faire de
distinction.
Ce que nous lui disons, c'est de conserver ses ressources, qui sont
minimes, pour les plus démunis de notre société.
M. Charbonneau: J'ai donné l'exemple des jeunes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Convainquez-moi qu'il s'agirait
que je les conserve pour les moins démunis.
M. Charbonneau: Ce n'est pas cela, arrêtez de faire de la
démaqogie. Je vous donne un exemple; le Bureau de consultation-jeunesse
à Montréal, pour le Montréal métropolitain,
évalue à 50 000 le nombre de jeunes sans abri qui sont
intouchables, qui ne sont pas des bénéficiaires de l'aide sociale
ni de l'assurance-chômage. (12 h 15)
Ces qens-là - comprenez-vous ça? - ils sont plus
démunis que ceux qui ont 170 $ par mois, parce qu'ils n'ont rien. Eux
autres, ils sont poignés à se prostituer à Place
Desjardins à Montréal, à "pusher" de la droque dans des
bars à Montréal, è reculer ou à faire toutes sortes
de choses qui sont inacceptables, à coucher dans des stations de
métro. Il y en a 50 000 à Montréal.
Ce que je vous dis, c'est que... Je comprends que le ministre, et je ne
suis pas contre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que je ne veux pas
faire une guerre de chiffres avec nous, mais ça fait peut-être
quinze mois que vous me répétez le chiffre de 50 000.
M. Charbonneau: C'est le Bureau de consultation-jeunesse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, j'ai vérifié
auprès de ma collègue, Mme la ministre de la Santé et des
Services sociaux, etc. Le type de clientèle que vous décrivez,
quand il y en a un, il y en a un de trop. Je ne veux pas faire une guerre de
chiffres. Mais on parle plutôt de 5000 qui sont dans l'état que
vous décrivez. C'est ce que m'indique le ministère de la
Santé et des Services sociaux.
M. Charbonneau: II y a 5000 sans-abri et 50 000 intouchables.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À divers degrés,
pour différentes considérations; mais est-ce que vous pouvez
l'affirmer - c'est ça que je vous dis - comme vous le faites à
savoir qu'il y a 50 000 personnes dans la ville de Montréal qui n'ont
pas ce que j'appelle les éléments de base pour survivre?
M. Charbonneau: Ils ont les éléments de base, mais
ils n'ont pas les éléments de base que la société
officielle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils se les procurent ailleurs.
M. Charbonneau: Ils se les procurent ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce que je voulais vous dire,
c'est que votre chiffre de 50 000, je le trouvais gros pour...
M. Charbonneau: Écoutez, je ne Pat pas inventé.
C'est le Bureau de consultation-jeunesse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais à ce qu'on me
dit...
M. Charbonneau: Et puis c'est le directeur de ce
bureau-là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...il y a plusieurs
clientèles qui ont des problèmes différents. Quand vous
parlez de 50 000, vous ne parlez pas nécessairement d'une intervention
gouvernementale qui pourrait régler un problème de 50 000
personnes.
M. Charbonneau: Écoutez, en espérant que, lors de
votre consultation sur l'aide sociale, cet organisme soit invité et
vienne. On se reparlera à ce moment et on pourra peut-être
évaluer. Mais ce qui est clair, c'est qu'en mettant un plafond, les gens
ne pourront pas s'occuper de personnes qui ne sont pas des
bénéficiaires de l'aide sociale pour plus que 25 % de leur
clientèle.
Le danger, c'est que, finalement, on change la vocation des SEMO dans
certains cas. Il y a des SEMO qui se sont donné des missions. Ils se
sont développé des créneaux particuliers d'intervention.
Rendons-nous compte que les gens qui vont dans les SEMO, ce n'est pas le fils
du ministre qui reste à Outremont. Ce sont des SEMO qui oeuvrent
auprès de gens qui sont déjà un peu dans des
difficultés considérables; autrement, ils vont dans des services
plus officiels.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je voudrais juste rappeler la
première vocation ou la mission de base des SEMO. Il s'agit de faire du
placement de main-d'oeuvre.
M. Charbonneau: Le Service extérieur de main-d'oeuvre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand il s'agit de faire du
placement, je comprends les problèmes des sans-abri. À l'occasion
de l'année des sans-abri, le gouvernement déploie des efforts
spéciaux, etc.
Je comprends le problème des itinérants aussi et je
constate qu'il y a un problème. Mais c'est une clientèle pour
placer. Trouver un emploi à un itinérant, par définition,
il faut, à la source, corriger les lacunes encore plus importantes. Je
vous dirai tout simplement que l'an passé, à travers les SEMO, en
moyenne, les placements d'individus, il y avait 55 % d'assistés sociaux.
Déjà, c'est pas mal comme bilan.
M. Charbonneau: Ah oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est important. Mais on leur dit
de favoriser davantage ces gens-là...
M. Charbonneau: Favoriser, c'est une chose, mais des quotas,
c'est autre chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais ce que je vous dirai, c'est
que vous me parlez de l'autre bout du tunnel, le bout le plus en
difficulté du tunnel, les itinérants, etc. Faire du placement
avec un itinérant, c'est de ça que vous me parlez. Moi, je vous
dis que les autres 45 % ne sont pas formés en majorité de ces
gens. Loin de là. Je suis en train d'essayer de trouver le pourcentage
et ceux qu'on place sont peut-être des cas qui peuvent être
placés par d'autres organismes dans la société
québécoise qui n'ont pas la mission de s'occuper des cas les plus
difficiles chez les plus démunis.
M. Charbonneau: Écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que je vous dis. On a des
ressources. Utilisons-les au maximum.
M. Charbonneau: Ces gens-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si les
SEMO me placent, moi, quelqu'un, je ne sais pas qui est...
M. Charbonneau: Vous êtes en train de transformer les SEMO
en... Vous avez aboli les services de placement au ministère de la
Main-d'Oeuvre. Ce sont des organismes communautaires et vous êtes en
train de les bureaucratiser, leur donner des normes. Quand on est rendu
à dire à un organisme communautaire: Vous allez avoir 75 % de
votre clientèle dans telle catégorie de personnes et 25 % dans
telle autre, c'est ça, de la bureaucratisation; ce sont des normes. Vous
êtes pour la déréglementation. Vous êtes le parti qui
avez essayé de vous présenter comme les champions de la
déréglementation et de la débureaucratisation. Ce que vous
êtes en train de faire, c'est de bureaucratiser les organismes
communautaires. C'est ce que vous êtes en train de faire. Il ne faut pas
"charrier".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon. Je demanderai au
député de Verchères de tenter de comprendre que ce qu'on
est en train de
faire avec les ressources que l'on a, c'est de les orienter, mais sans
fixer de pourcentage. Je vous donne les résultats et je vous dis qu'il
faut améliorer ces résultats.
M. Charbonneau: Ce n'est pas ce que dit votre document de
consultation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais ce que je suis en train
de vous dire, c'est qu'il faut s'assurer que !es ressources qui sont mises
à la disposition des plus démunis dans la société
servent vraiment aux plus démunis. Si je vous annonçais qu'un
centre de services externes de main-d'oeuvre place des gens qui sont
généralement ou continuellement en emploi, en transit, etc, vous
seriez le premier à vous lever de votre chaise et à critiquer le
gouvernement de ne pas favoriser...
M. Charbonneau: Ce sont les entreprises privées qui font
ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. Vous seriez le
premier à critiquer le gouvernement pour ne pas conserver les ressources
financières et humaines qu'il accorde à la société,
pour les plus démunis. Ce que je vous dis, c'est qu'on insiste
auprès des SEMO, sans fixer un pourcentage, sans tomber dans ce que vous
appelez la normalisation et la bureaucratie. Nous demandons de faire un effort
dans le but de servir davantage les plus démunis de la
société et vous criez. Je me demande quelle orientation il va
nous falloir prendre pour vous empêcher de crier. Mais c'est votre droit
de crier.
Je vous dis que nous pensons avoir pris là une bonne orientation,
que le maximum des ressources serve aux plus démunis de la
société.
M. Charbonneau: Voulez-vous que je vous dise, M. le ministre? Il
y a une différence entre vos paroles et les documents. Selon ce que vous
dites, il n'y a pas de problème à maximiser. Le problème
vient lorsqu'on réglemente. Alors là, vous êtes en train de
réglementer, de normaliser des organismes communautaires, de leur fixer
des quotas. Ce n'est plus de la "priorisation". C'est de l'imposition de
critères et de normes. Ce n'est pas pareil.
En plus de cela, il y a un autre élément... En tout cas,
répondez donc à... En tout cas, je vais vous permettre de
répondre encore une fois, avant de revenir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre que
les SEMO sont financés par le ministère de Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu. En ce qui concerne la sécurité
du revenu comme telle, une clientèle tout à fait spéciale
et bien identifiée dépend du ministère; ce sont les gens
de l'aide sociale. Parmi ces gens qui sont sur l'aide sociale, il y en a qui
ont des besoins spéciaux en matière de placement. Nous demandons
aux SEMO, que nous finançons, de faire des efforts spéciaux en
fonction de cette clientèle qui a des besoins spéciaux.
M. Charbonneau: Mais est-ce que le ministre accepte et endosse le
principe de normaliser et de réglementer? Que le ministre demande aux
SEMO d'établir des priorités, c'est une chose; que le ministre
oblige les SEMO a avoir des quotas d'intervention dans telle ou telle
catégorie, c'est une autre chose. Qu'est-ce que le ministre veut?
Établir des priorités ou établir des normes et des
critères pour des organismes communautaires? On ne parle pas de
fonctionnaires là. On ne parle pas des services gouvernementaux. On
parle d'organismes communautaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous comprends. Ce que je vous
dis, c'est que les SEMO sont financés à partir des crédits
du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu. Ce que nous demandons aux SEMO, c'est dans la mesure du possible de
privilégier cette clientèle qui est la nôtre, celle des
bénéficiaires de l'aide sociale. Â l'intérieur de
cette clientèle, dépendamment des vocations spécifiques
des SEMO, qu'il s'agisse des handicapés, des femmes en
difficulté, etc., de privilégier les bénéficiaires
de l'aide sociale. Je pense que le message est généralement bien
reçu de la part des SEMO.
Je remarque que, dans le passé, sans que le gouvernement insiste
sur cette priorité, 55 % des placements faits par les SEMO
étaient pour des bénéficiaires de l'aide sociale. Je ne
vois pas votre problème. Est-ce que vous êtes contre le fait que
nous ayons demandé aux SEMO de favoriser les clientèles de l'aide
sociale?
M. Charbonneau: Ah! Arrêtez donc de jouer sur les mots!
Cela fait quatre fois que je vous explique qu'il y a une différence
entre établir volontairement des priorités et
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela fait quatre fois que je vous
dis que la position du ministre est de leur demander d'établir des
priorités. Bon. Vous avez des problèmes avec ça?
M. Charbonneau: D'accord, mais dans ce cas-là, je vais
vous donner un exemple qui n'est pas clair. Je veux dire que l'exemple est
clair, mais pas à l'égard de vos intentions...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donnez-moi un exemple pas clair et
je vais tenter de le "déconfusionner".
M. Charbonneau: ...et de ce que vous dites. Comment pouvez-vous
penser que c'est volontaire et que c'est uniquement incitatif -parce que, si je
comprends bien, c'est ce que vous me dites - alors que, maintenant, vous amenez
un élément qui fait que, dans un délai maximal de 90
jours, vous pouvez finalement suspendre la reconnaissance d'un organisme et lui
couper les vivres? Au moins, avant, celui-ci avait un an.
Autrement dit, vous vous gardez la poignée pour dire: Je fais de
l'incitation. Je ne vous donne pas de normes, même si mon document dit
que vous devez en faire au moins 75 %. Puis si vous ne faites pas ce que je
veux, clac! Je tire la "plogue" après trois mois et ça vient de
s'éteindre. Vous avez trois mois pour vivre. C'est cal Ce n'est pas une
philosophie de reconnaissance des organismes communautaires et du
fonctionnement des organismes communautaires. Ce n'est pas ce que Mme
Lavoie-Roux et moi avons produit comme philosophie dans le rapport sur la
protection de la jeunesse, par exemple, quand on parlait de reconnaissance et
de financement des organismes communautaires. Ce que l'on est en train de
faire, c'est de bureaucratiser, de fonctionnariser, finalement, les organismes
communautaires. Après, vous allez avoir l'autre problème qui va
arriver: vous allez avoir le problème des gens qui vont dire: Comme on
nous demande de nous comporter comme des fonctionnaires, on va se comporter
comme des fonctionnaires, puis on va demander des conventions collectives, puis
des normes, puis des critères qui feront que le gouvernement maintenant
va devoir nous donner une subvention de tant pour fonctionner.
Vous ouvrez la porte à de la bureaucratisation avec la
réglementation que vous êtes en train d'établir. C'est ce
que vous êtes en train de faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'apprécie à son
mérite la préoccupation du député de
Verchères, tout en lui indiquant que cette appréciation doit, en
contrepartie, recevoir une appréciation également, à son
mérite, de la fonction de la performance.
M. Charbonneau: J'ai une demande ici. On va en rester là,
M. le Président, de toute façon, chacun a dit ce qu'il a à
dire et il restera aux gens qui ont à évaluer les positions de
faire leur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et la réponse demeure non
seulement dans la recherche, mais si possible le positionnement,
l'équilibre entre les différentes valeurs
évoquées.
M. Charbonneau: Je suis en faveur de l'équilibre et je ne
dis pas que les organismes communautaires ne doivent pas être
amenés à "performer", à avoir une certaine rigueur, moi
qui m'occupais en particulier et qui ai fait en sorte que le réseau des
maisons de jeunes au Québec se développe. C'est évident
que tout le monde ne "performait" pas de la même façon et c'est
évident que l'on ne peut pas contrôler et évaluer, de la
même façon, des organismes communautaires et des gens qui sont
fonctionnaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis complètement
d'accord avec vous. J'ai déjà, dans ma carrière
d'étudiant, occupé un emploi de fonctionnaire pendant une
certaine période. J'avais à superviser et à
évaluer, à partir de nombreux critères, croyez-moi, tout
le développement des projets à l'époque, au début
des années soixante-dix, Perspectives-Jeunesse sur toute la rive sud du
Saint-Laurent. Il s'agissait dans plusieurs cas de programmes communautaires et
les critères d'évaluation étaient nombreux. Je comprends
ce que vous voulez dire quand vous parlez de direction imposée, de
bureaucratisation, etc. Je ne pense pas que ce soit arrivé à
l'époque et ce n'est pas ce que l'on vise présentement.
M. Charbonneau: Mais vous admettrez qu'il y a des interrogations
qui peuvent se poser quand on regarde les documents qui circulent
actuellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Poser des questions fait partie de
la réflexion.
M. Charbonneau: Voilà! Et fait partie des mises en qarde,
éventuellement, des possibilités d'éviter des erreurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez complètement
raison. C'est lorsque l'on arrête de se questionner que l'on commence
à commettre des erreurs.
M. Charbonneau: Avec notre système démocratique qui
n'est pas le meilleur, mais le moins pire, entre autres parce qu'il y a
l'Opposition.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avec votre présence
continue en Chambre et en commission, je suis certain qu'on n'arrêtera
pas d'être questionnés; donc, on n'est pas à la veille de
commettre des erreurs importantes.
M. Charbonneau: Déjà, celles que vous avez
commises, vous, suffiraient à vous lyncher comme ministre à
l'égard de
l'appauvrissement des gens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Seulement au moment où vous
avez manqué de questions.
M. Charbonneau: Ne vous inquiétez pas pour les questions.
Avec les congédiements que vous vous apprêtez à faire, je
vais avoir assez de matières pour questionner encore un bon bout de
temps.
Dans le cas spécifique du SEMO Femmes de Val-d'Or, les groupes de
femmes de l'Abitibi-Témiscamingue ont fait valoir leur consternation
générale à l'égard de ta fermeture de leur SEMO.
J'ai reçu un télégramme: "Consternation
générale des groupes de femmes de l'Abitibi-Témiscamingue
à l'annonce de la fermeture du SEMO Femmes de Val-d'Or alors que toutes
les tables régionales de femmes, Sommet socio-économique de
l'Abitibi-Témiscamingue, avaient priorisé - je parle presque au
nom du président de la commission - de consolider et de
développer les réseaux alternatifs mis sur pied pour les femmes
en régions, de favoriser l'accès des femmes au marché du
travail. Cinq projets furent déposés lors des colloques de zones
de l'Abitibi-Témiscamingue pour les SEMO Femmes: Rouyn, Val-d'Or,
Senneterre, Ville-Marie, La Sarre et Amos." C'est sous la forme du
télégramme. "Réclamons incessamment la révision de
cette décision afin de protéger les acquis des femmes et de
continuer la réintégration des femmes sur le marché du
travail." C'est signé: L'Association monoparentale de Val-d'Or, le Rayon
d'espoir La Sarre, la maison d'hébergement Le Nid de Val-d'Or... (12 h
30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va prendre...
M. Charbonneau: II y en a dix. Je pourrais vous les nommer tous.
Je pourrais fournir le télégramme au ministre, s'il ne l'a pas
reçu. Est-ce que le ministre a l'intention de réviser la
décision?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que le
télégramme est récent, M. le député?
M. Charbonneau: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missîsquoi): Est-ce que le
télégramme est récent? Ce serait le premier document
récent que vous ayez.
M. Charbonneau: J'espère que vous avez normalement plus de
documents que mot, car là je me poserais des questions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est à peu près
égal.
M. Charbonneau: II remonte à quelques mois, à
l'automne dernier, au 3 octobre 1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais prendre avis. On m'indique
que, sur le plan pratique, pour la région, le problème serait
réglé, mais je le dis sous toutes réserves et je prends
avis de votre question.
M. Charbonneau: Et je prends sous toutes réserves la
réponse du ministre en attendant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle est donnée sous toutes
réserves; si vous la prenez comme telle, elle est honnête.
M. Charbonneau: Le ministre a-t-il des statistiques sur le nombre
de placements effectués par les SEMO? Le nombre d'emplois permanents, le
nombre d'emplois temporaires, le nombre de placements?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons les statistiques
concernant le nombre de placements.
M. Charbonneau: Ca fait partie du "kit" qu'on va avoir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Il va vous permettre de baser
votre réflexion.
M. Charbonneau: Merci beaucoup.
Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse
Maintenant, au sujet des qroupes de soutien aux initiatives-jeunesse, je
pourrais faire un long historique, j'ai trois pages de notes ici.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De quand datent-elles?
M. Charbonneau: Je refuse de répondre de peur de
m'incriminer.
Des voix; Hal Hal
M. Charbonneau: Dans le fond, la question que j'ai le qoût
de poser au ministre est simple. Le ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu a-t-il toujours l'intention de
transférer ce programme au ministère de l'Industrie et du
Commerce et, bien sûr, de là aux commissariats industriels?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quel programme?
M. Charbonneau: Groupes de soutien aux initiatives-jeunesse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des discussions et des pourparlers
ont eu lieu avec le ministère de l'Industrie et du Commerce quant
à la possibilité du transfert que vous évoquez. Des
discussions et des pourparlers ont également eu lieu avec le ministre
des Transports et responsable du Développement régional.
M. Charbonneau: Mais il y a le regroupement provincial des
groupes de soutien aux initiatives-jeunesse aussi qui s'est impliqué. Il
semble qu'il y ait eu des rencontres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui, mais sur le plan
ministériel. Quant à la possibilité de transfert et des
programmes et des crédits comme tels, vous me demandez s'il y a eu des
discussions avec le ministère de l'Industrie et du Commerce et je vous
confirme que, oui, il y a eu discussion avec le ministère de l'Industrie
et du Commerce. J'ajoute, pour que votre information soit complète et
actualisée, qu'il y a également eu des discussions avec le
ministre des Transports et responsable du Développement
régional.
M. Charbonneau: Une question. Est-il toujours dans l'intention du
gouvernement ou dans les hypothèses actuellement avancées par le
gouvernement de régionaliser un certain nombre de services aux
entreprises et aux jeunes créateurs d'emplois, entre autres, et, dans ce
cadre-là, de fusionner un peu, si l'on veut, les groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse avec les commissariats industriels et peut-être
même avec les bureaux régionaux du ministère de l'industrie
et du Commerce? Autrement dit, de faire une espèce d'organisme
régional de service aux créateurs d'emplois et de soutien et
donc, finalement, de faire disparaître les groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse et de les intégrer dans une espèce de
nouvelle structure?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la volonté
qouvernementale est de s'assurer, avec un transfert de postes, de
crédits, de programmes, etc., que la mission deviendra une mission
complémentaire au ministère ou là où cette
complémentarité sera le plus bénéfique pour les
participants. C'est pourquoi je vous ai indiqué qu'il y avait eu des
discussions avec le ministre de l'Industrie et du Commerce et,
éqalement, avec le ministre des Transports, responsable du
Développement régional.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre a l'intention de
maintenir, cette année, le budget des groupes de soutien aux
initiatives-jeunesse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On vous demande de voter pour
l'établissement des crédits nécessaires au
fonctionnement.
M. Charbonneau: Est-ce que le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et on espère que votre vote
sera positif.
M. Charbonneau: Le problème est que, si on avait à
voter juste pour ces crédits, d'une façon isolée, ce
serait différent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous isolez chacun des
éléments, le vote va être le même.
M. Charbonneau: Non. Je suis sûr que non.
Formule de financement. Est-ce que le ministre envisage une formule de
financement à long terme pour assurer un peu le fonctionnement des SEMO,
pour qu'ils ne soient pas "poiqnés" chaque année à se
demander s'ils vont vivre ou pas? Pourquoi ne pas avoir un système de
fonctionnement sur une base quinquennale ou triennale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'hypothèse que vous
avancez n'exclut pas des réflexions qui nous animent
présentement.
M. Charbonneau: Est-ce que votre réflexion, actuellement -
là où vous en êtes rendu - vous amènerait à
penser qu'il faut faire disparaître, comme entité distincte. les
groupes de soutien aux initiatives-jeunesse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Attendez un peu! On est
passé de SEMO à GSIJ.
M. Charbonneau: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez dit "SEMO". Ma
dernière réponse s'appliquait aux SEMO parce que la question
portait sur les SEMO. Je ne veux pas...
M. Charbonneau: Non. Écoutez, elle pourrait s'appliquer
aussi aux qroupes de soutien. Je m'excuse, j'avais à l'esprit les
qroupes. Bon. Je repose la même question, comprenant que la
réponse du ministre concernait les SEMO. Est-ce qu'une formule de
financement quinquennale ou triennale... Je sais que les qroupes de soutien ont
demandé au premier ministre un mécanisme de financement
assuré pour quelques années. Est-ce que le ministre est ouvert
à cela?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où nous nous
parlons, en ce qui concerne les GSIJ, notre réflexion porte davantage
sur un transfert, de façon à
assurer une plus grande complémentarité. Quant aux
modalités de fonctionnement futures, il faudra, lorsque le transfert
sera complété, s'il est complété, s'adresser au
ministre qui sera responsable à ce moment-là.
M. Charbonneau: Donc, ce qui est encore dans l'air, c'est que ce
sera transféré.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui est encore certainement en
discussion avec le ministre de l'Industrie et du Commerce et ce que j'ai
également discuté avec le ministre responsable du
Développement régional, c'est le transfert.
M. Charbonneau: Remarquez que, d'une certaine façon, la
loqique pourrait vouloir dire qu'il est évident que ce genre de
services, ce sont plus des services aux créateurs d'emplois que des
services reliés à une politique de main-d'oeuvre. On est sur une
frontière. Au-delà du ministre de tutelle, les gens veulent
s'assurer que, comme entités distinctes, des organismes souples
dirigés par des jeunes gens et s1 adressant à la
clientèle des jeunes créateurs pourront continuer de fonctionner,
étant donné les bons résultats que ces groupes ont
déjà eus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cette orientation est
animée par la souplesse et c'est dans le but d'assurer une
complémentarité plus serrée que nous avons envisagé
le transfert.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez un échéancier?
Pour les groupes de soutien, cela fait déjà plusieurs mois que
l'épée de Damoclès ou, tout au moins, l'incertitude plane
sur eux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aime mieux le mot "incertitude"
que l'expression "épée de Damoclès".
M. Charbonneau: C'est parce que le nuage d'incertitude peut
cacher l'épée de Damoclès.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah!
Comme il peut...
M. Charbonneau: Mais que ce soit un nuage ou un nuage et une
épée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le nuage peut cacher un
horizon...
M. Charbonneau: ...ou une épée parce que le nuage
se serait dissipé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...encore plus
ensoleillé.
M. Charbonneau: Quel est de toute façon
l'échéancier qui ferait que tes gens pourraient savoir à
quoi s'en tenir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la reprise de la session
à l'automne, cela devrait normalement être
complété.
M. Charbonneau: II y a un programme qui est un peu en relation
avec celui-là, c'est le programme des Jeunes promoteurs. Est-ce que vous
envisagez aussi de le transférer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
M. Charbonneau: ...puisqu'il s'adresse à de jeunes
créateurs d'emplois?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par souci de
complémentarité, oui.
M. Charbonneau: Le ministre nous apprend aujourd'hui que le
proqramme Jeunes promoteurs risque de s'en aller au ministère de
l'Industrie et du Commerce aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ou, comme je l'ai
indiqué...
M. Charbonneau: Ou à l'OPDQ ou à un organisme,
à une nouvelle structure quelconque qui est en train d'être
concoctée? Est-ce que le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique que le transfert
devrait normalement se faire sous l'égide d'un protocole d'entente soit
avec le Développement régional ou le ministère de
l'Industrie et du Commerce et que nous ménagerons Le maximum de places
possible pour la clientèle du ministère de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu, clientèle que nous "priorisons"
également à l'intérieur de ce proqramme, soit les
bénéficiaires de l'aide sociale.
M. Charbonneau: Actuellement, est-ce que le ministre
possède une évaluation de la performance des entreprises qui ont
été créées par les jeunes promoteurs? Quel est le
taux de faillite, par exemple, ou le taux de succès? Est-ce qu'elles
survivent...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le proqramme étant encore
très jeune, nous avons des données qui sont préliminaires.
On m'indique qu'on aurait le taux de faillite à l'intérieur de la
période de subvention. On me dit qu'il est en bas de 20 %, ce qui est,
à mon avis, satisfaisant lorsqu'on parle de jeunes, de créations
de nouvelles entreprises, etc.
M. Charbonneau: Est-ce que c'est exact
de dire que les jeunes promoteurs qui ont bénéficié
de ce programme et qui ont bénéficié en plus des services
des groupes de soutien aux iniatives-jeunesse ont un taux de performance encore
meilleur? Le taux d'échec serait de 5 % dans leur cas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On dit que c'est probable, mais
qu'on ne prouvera jamais cela. On me dit que l'affirmation que vous faites est
probable, mais les outils pour le prouver n'existent pas.
Une voix: La majorité d'entre eux ont
bénéficié de ces services-là.
M. Charbonneau: Ce sont les groupes de soutien qui nous ont dit
cela. Il serait intéressant de vérifier. Je...
Le Président (M. Baril): Un instant, M. le
député de Verchères. J'aimerais juste qu'on prenne deux
minutes et qu'on s'entende bien sur notre temps. Je pense qu'on a un
consentement pour terminer à 13 h 5. Alors, j'aimerais bien qu'à
13 heures on ait terminé les remarques et les questions pour qu'on
puisse adopter l'ensemble des crédits. J'aurais au moins besoin de cinq
minutes. Est-ce qu'on est d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On fera l'autre demi-heure
à la télévision ce soir.
M. Charbonneau: Et voilà!
Le Président (M. Baril): Vous pouvez continuer.
M. Charbonneau: On va avoir une meilleure cote
d'écoute.
Des voix: Hal Hal Hal
Le Président (M. Baril): Vous pouvez continuer. (12 h
45)
Aménagement concerté du temps de
travail
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Au sujet de
l'aménagement concerté du temps de travail, lors de
l'étude des crédits de l'an passé, le ministre nous disait
que l'expérience de ce programme n'avait pas du tout été
fructueuse. Les parties qui avaient accordé leur appui au départ
l'ont retiré en cours de route. Le ministre nous disait vouloir
préserver le principe du programme et persévérer dans
cette espèce de recherche de solutions à l'aménagement
concerté du temps de travail. Cette année encore le budget est
limité à 300 000 $. Est-ce qu'on peut savoir à quelle fin
va servir cette somme? Quel suivi a été donné à
l'évaluation critique que le ministre en avait faite, d'une part, et aux
énoncés d'intention disant qu'il était néanmoins
intéressé à trouver une autre formule, et on pourrait
ajouter, aussi, aux engagements électoraux des jeunes" libéraux
lors de la dernière campaqne électorale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous donner l'état
complet du dossier. Le programme est en vigueur depuis le 13 novembre 1985.
À la suite de nombreuses réunions d'information à la
demande des parties, employeurs et travailleurs, une soixantaine d'entreprises
furent visitées, dix à trois reprises - ce sont les dossiers les
plus avancés - vingt à deux reprises et trente une seule fois.
Des dix entreprises visitées plus souvent, trois ont un accord pour
étude et sept ont siqné ou sont sur le point de signer des
protocoles d'entente pour réaliser des plans. Il s'agit en
majorité d'administrations municipales et d'entreprises de taille
moyenne du secteur manufacturier. Les mesures les plus populaires sont la
préretraite et la réduction de la durée de la semaine
normale de travail. Les membres du comité "aviseur" se sont
réunis à quatre reprises. Pour l'année 1987-1988 l'accent
sera mis sur l'expérimentation de différents volets du programme
dans un nombre limité de régions qui seront choisies selon des
caractéristiques de nature à favoriser cet objectif, soit des
parcs d'entreprise, des organismes de support, des événements
déclencheurs tels des sommets socio-économiques, etc. Le budget
est de 300 000 $. L'an passé, on avait un budget similaire et il n'a pas
été complètement dépensé. L'année
d'avant, il y avait 3 000 000 $ qui avaient à peine été
touchés.
M. Charbonneau: Bon, je comprends que c'est un secteur
très difficile à explorer, on y entre comme dans une forêt
vierqe, pleine de difficultés et d'embûches. Est-ce que le
ministre ne trouverait pas plus correct de presser le pas un peu et de mettre
non seulement plus d'argent mais peut-être plus de ressources humaines
pour faire un travail de conviction auprès des entreprises - finalement,
il y a beaucoup de travail de concertation et de conviction à faire - et
faire en sorte aussi qu'on ait un plus grand éventail
d'expériences qui se déroulent pour éventuellement, dans
quelques années, pouvoir s'appuyer sur ces expériences pour
généraliser? Ce serait un peu comme ce qui se fait dans le
domaine de l'environnement en ce qui concerne la récupération.
Après avoir eu une série d'expériences, on commence de
plus en plus à qénéraliser.
Je sais que c'est cela qui se fait. Le problème que je vois,
c'est qu'on n'a pas l'impression ou la conviction qu'on y croit assez et qu'on
y met assez d'efforts pour
intensifier cette action d'exploration et d'expérimentation.
Autrement dit, un laboratoire de recherches peut bien faire des
expériences, mais s'il a un petit budget et s'il n'a pas beaucoup de
monde, il ne fait pas le même genre d'expériences que s'il a plus
de moyens et plus de ressources humaines.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, on a vécu
l'expérience des gros budgets, 3 000 000 $ en une année. On s'est
aperçu que ce n'était peut-être pas là la place
où il fallait donner la priorité. Ce que vous nous indiquez, des
projets pilotes, etc., c'est l'action que nous tentons cette année.
Maintenant, je pense que vous comprenez également les difficultés
lorsque, dans une entreprise, il y a une convention collective librement
négociée entre les parties et que vous tentez d'y amener des
amendements, quelle que soit la valeur du programme que vous tentez d'y amener.
Une fois les négociations de la convention collective terminées
et la convention collective ratifiée par les deux côtés, ce
n'est pas facile de modifier quoi que ce soit dans les ententes intervenues. On
m'indique également qu'on ajoute plus de ressources humaines pour les
projets pilotes cette année. Si les expériences sont heureuses,
il va sans dire que là nous pourrons les étendre.
M. Charbonneau: Plus de ressources humaines du
ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Charbonneau: Du ministère. Combien de plus?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On multiplie par quatre.
M. Charbonneau: Cela fait combien par...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quatre personnes.
M. Charbonneau: J'ai toujours pensé que quatre fois
zéro, cela fait zéro.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il y en avait une. Vous
multipliez par quatre, cela fait quatre. J'aurais pu dire qu'on en ajoute trois
aussi.
M. Charbonneau: Vous allez être bon pour travailler pour
BCP après cela. Ron, on verra le rendement de ce personnel accru et
supplémentaire l'an prochain.
Bon d'emploi plus
Pour ce qui est du programme Bon d'emploi plus, le ministre peut-il nous
dire, d'une part, combien de personnes ont pu, au cours de la dernière
année, bénéficier du programme et, d'autre part, pourquoi
la globalité des sommes n'a pas été utilisée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II a fallu, dans un premier
temps, harmoniser le niveau de subvention avec le gouvernement
fédéral et, si ma mémoire est exacte, nous n'avons pu
démarrer qu'au mois de juillet ou septembre. En tout cas, on n'a pas pu
démarrer en tout début d'année.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez déjà en main
des données et, si vous ne les avez pas, est-ce que vous êtes
équipé pour les avoir éventuellement concernant la
performance de la rétention d'emplois permanents? Autrement dit, une
fois que la subvention...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est épuisée.
M. Charbonneau: Oui, c'est cela, et c'est ce qu'on appelle, dans
le fond... Je cherche une expression, c'est un subside salarial, en fait c'est
la formule des subsides salariaux aux entreprises. Une fois que le subside
salarial est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quel est le pourcentage de
rétention?
M. Charbonneau: C'est cela. Comhien y en a-t-il qui demeurent
à l'emploi malqré la fin de la subvention?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plusieurs éléments
entrent en ligne de compte; la jeunesse du programme fait qu'il est plus
difficile à évaluer. Est-ce que votre question porte sur la
rétention au sein de la même entreprise? Nous avons des indices
qui nous indiquent déjà que cette formation acquise par le
subside au travail sert de tremplin à un emploi dans une autre
entreprise...
M. Charbonneau: C'est la raison pour laquelle on avait mis le
programme Bon d'emploi en place quand on était au gouvernement. Mais le
problème, c'est le danger... C'est clair que la personne qui a
bénéficié d'un bon d'emploi a sur son curriculum une
expérience de travail qu'elle n'avait pas avant. Bon. C'est une
chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui est intéressant.
M. Charbonneau: Donc, l'entreprise qui a cela peut l'utiliser un
peu en rotation. Autrement dit, un pourcentage de sa main-d'oeuvre est toujours
sur le Bon d'emploi plus, ce ne sont jamais les mêmes personnes, mais les
coûts de main-d'oeuvre sont
moindres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'accepte pas de subventionner
un poste laissé vacant par une personne qui bénéficiait
déjà d'un Bon d'emploi plus, pour éviter exactement ce que
vous venez de décrire comme système.
M. Charbonneau: Est-ce complètement ou avez-vous une
espèce de critère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est universel.
M. Charbonneau: Universel ou...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une des nouvelles normes du
programme qui est appliquée.
M. Charbonneau: Ce n'est pas arrêté dans le
temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans quel sens?
M. Charbonneau: Autrement dit, est-ce que, après un an,
l'entreprise peut reprendre...
M. Paradis (Brorne-Missisquoi): II faut que ce soit un emploi
additionnel. Ce que vous me décrivez comme système, je ne vous
dis pas que c'est complètement imperméable, mais je vous dis que
nous y avons ajouté une imperméabilité suffisante pour
éviter qu'une entreprise soit subventionnée ad infinitum en ce
qui concerne son "pay-roll".
M. Charbonneau: Le ministère a-t-il des études
depuis que le programme Bon d'emploi plus existe? Depuis quelques
années, des améliorations successives ont été
apportées -vous en avez apporté et on en avait apporté
également - à ce type de programme. Je me rappelle que
l'économiste Pierre Fortin avait dit que parmi les meilleurs programmes
à envisager, plutôt que des programmes d'emploi temporaires qui
n'existent d'ailleurs plus - parce que les programmes de développement
de l'employabilité ne sont pas des programmes d'emploi, on s'entend - il
était préférable d'avoir par exemple des formules de
subsides salariaux. Est-ce qu'il y a eu une évaluation, depuis les
années qu'existe le bon d'emploi, pour savoir la valeur, ou pour
confirmer ce genre de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous sommes à
l'évaluer, mais, étant donné la jeunesse relative du
programme, nous n'avons rien de...
M. Charbonneau: La jeunesse relative de la nouvelle version.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, de la nouvelle version...
M. Charbonneau: Sauf que le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On fait ce que tout gestionnaire
consciencieux fait quand il s'aperçoit que certaines choses doivent
être rajustées à partir d'une idée qui a
été lancée et nous effectuons des réajustements au
fur et à mesure de façon à bonifier le programme. Si vous
avez des remarques à nous adresser quant à certains
éléments qu'on croit avoir bonifiés mais qui, selon vous,
n'ont pas bonifié le proqramme, je suis prêt à les
recevoir. Maintenant, je pense que les amendements, si je peux utiliser
l'expression, qui ont été amenés l'ont été
dans le sens d'une bonification d'un programme, d'une idée qui
était sur la table et qui demeure bonne.
M. Charbonneau: D'accord. En terminant, à l'égard
du dossier des fermetures d'usines, il existe actuellement deux programmes
visant à la protection de l'emploi dans l'entreprise et le reclassement
des salariés licenciés collectivement. Dans le cas
spécifique de Quebecair, on sait qu'il y a eu un comité de
reclassement des salariés licenciés. Est-ce qu'on peut savoir si
ce comité émane du programme de reclassement des salariés
licenciés de votre ministère? Si oui, quel est le montant
d'argent que vous lui avez accordé? Après un an, est-ce qu'on
peut savoir le nombre d'employés de Quebecair qui ont pu
bénéficier du reclassement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons 54 comités. Vos
questions sont très précises au sujet d'un de ces comités.
Nous prenons bonne note des questions et nous vous fournirons les
réponses.
M. Charbonneau: Est-ce que vous avez un comité qui
concerne Coleco, Electrolux, Simmons Beds et J. et P. Coats?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans certains cas, les
comités ont été demandés et acceptés. Dans
d'autres cas, j'ai des demandes.
M. Charbonneau: Est-ce que je peux avoir la liste?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, ce n'est pas un
problème.
M. Charbonneau: La liste des différents comités des
entreprises. M. le Président...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La liste à jour.
M. Charbonneau: Bien sûr. Autrement, je serais
peut-être pris pour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va vous l'échanger
contre votre vieille liste.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: Je n'ai pas la prétention de les avoir
toutes, M. le ministre. Je voudrais vous rassurer. Cela me
déçoit, cela m'embête même un peu, mais que
voulez-vous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez me faire
parvenir la liste de celles que vous avez?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Charbonneau: M. le Président, cela termine les
questions que j'avais à poser, compte tenu du temps qu'on avait.
Le Président (M. Bélanger): Qui nous était
alloué.
Adoption des crédits
Est-ce que les crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu pour le programme 1 sont
adoptés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Charbonneau: Adopté, M. le Président. Sur
division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
M. Charbonneau: M. le Président, on va vous simplifier la
tâche. Ils sont tous adoptés sur division.
Le Président (M. Bélanger): Ils sont tous
adoptés sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne concourez à
l'adoption d'aucun?
M. Charbonneau: Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va vous suivre. Vous ne
concourez à l'adoption d'aucun? Les ajouts en matière de
formation, d'employabilité...
M. Charbonneau: Sur l'employabilité, je ne vous "trust"
pas. C'est relié à l'aide sociale.
M. Leclerc: Je suggère qu'on donne une minute au
député de Verchères pour y penser. C'est une
décision assez sérieuse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce que cela va vous
suivre. Je ne veux pas... C'est une autre chose qu'on avait apprise dans
l'Opposition, de voter pour certains éléments quand
c'était bon et de les discerner.
M. Charbonneau: M. le Président, les réserves que
j'ai pour le dossier de l'aide sociale et la protection de l'emploi sont
reliées, d'une part, au développement de l'employabilité.
D'autre part, c'est relié au programme SEMO. Le problème, c'est
que le ministre nous a donné beaucoup de réponses au futur. Dans
bien des cas, je n'ai pas été capable d'avoir suffisamment de
clarifications sur les intentions, ce qui fait que je ne veux pas donner un
chèque en blanc au ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais des réponses au
futur à de l'information au passé que vous possédiez, cela
donne un certain équilibre qui vous permet, dans certains cas,
d'acquiescer.
M. Charbonneau: Ce sont les résultats au présent
que j'aimerais bien voir avant de donner au présent une approbation.
M. le Président, je n'empêche pas le ministre de vivre avec
cela. Mais, en ce qui concerne l'aide sociale et les proqrammes de
développement de l'emploi, c'est sur division.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Aide sociale et
développement de l'emploi, sur division. Les autres sont
adoptés...
M. Charbonneau: Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): ...à
l'unanimité.
M. Charbonneau: Dans le cas de la régie des rentes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très bien.
M. Charbonneau: ...j'aurais fait cela sur division, mais comme il
n'y a pas de programme proprement dit...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que
l'ensemble...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qui m'inquiétait, c'est
que vous aviez félicité le président de la Commission des
affaires sociales, félicitations unanimes. Qu'on adopte ces
crédits sur division, je ne pouvais pas suivre cela sur le plan
logique.
M. Charbonneau: Non. L'intention que j'avais était sur
l'aide sociale et la protection et le développement de l'emploi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Cela va.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que l'ensemble
des crédits du ministère de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu est adopté?
M. Charbonneau: Adopté, avec les réserves.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Bélanger): Adopté avec les
réserves. Bien.
M. Charbonneau: M. le Président, si vous permettez*
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Charbonneau: Je voudrais remercier mes collègues qui
ont été très coopératifs et qui m'ont permis de
poser toutes les questions ou presque que je voulais. Nous n'avons pas eu
toutes les réponses que nous voulions malheureusement, on finît
par s'habituer. Je voudrais éqalement remercier les fonctionnaires du
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
mes sources d'information qui ne sont pas ici, bien sûr...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne le sait pas...
M. Charbonneau: ...je ne réponds jamais à des
questions qui pourraient les embêter, et les autres qui, de toute
façon, par leur travail et leur présence ici, ont pu contribuer
à mon éclairage personnel et peut-être, en
l'espérant, à l'éclairage, à travers les questions
que j'ai posées, des autres membres de la commission. Je voudrais
également remercier le personnel de l'Assemblée nationale pour la
collaboration du...
Le Président (M. Bélanger): Je me joins...
M. Charbonneau: Pour le ministre, les remerciements vont avec
beaucoup de réserve, compte tenu des réponses que j'ai eues, M.
le Président.
Le Président (M. Bélanger): Ils viendront
plus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Plus proche des élections,
là le monde va l'oublier.
Le Président (M. Bélanger): M. le ministre, vous et
votre équipe, nous vous remercions pour ce travail. Je remercie
l'ensemble des députés. La commission, ayant acquitté son
mandat, ajourne ses travaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 16 h 35)
Ministère de la Santé et des Services
sociaux
Le Président (M. Bélanqer): La commission des
affaires sociales se réunit afin de procéder à
l'étude des crédits budgétaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux et de la Réqie de
l'assurance-maladie du Québec pour l'année financière
1987-1988. Référence: gouvernement du Québec, budqet
1987-1988 et crédits pour l'année financière se terminant
le 31 mars 1988. Nous avons le quorum. Est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanqer): II n'y a pas de
remplacements.
La Secrétaire: Pas d'autres que ce matin.
Le Président (M. Bélanqer): D'accord. Alors, se
rappeler qu'au départ, en principe, chaque membre a un temps de parole
de 20 minutes pour chaque élément de programme et que la ministre
qui répond des crédits peut intervenir aussi souvent qu'elle le
désire, mais jamais plus de 20 minutes à la fois.
Mme Lavoie-Roux: Pardon, M. le Président, si j'ai une
explication à donner, il ne faut jamais qu'elle prenne plus de cinq
minutes.
Le Président (M. Bélanger): Plus de 20 minutes.
Mme Lavoie-Roux: Ah, 20 minutes.
Le Président (M. Bélanger): Cinq, on vous les
concède, Mme la ministre. Quatre fois, même.
Mme Lavoie-Roux: Quatre fois, quatre fois par mois.
Le Président (M. Bélanger): Et l'enveloppe globale
de temps qui est allouée à l'étude des crédits du
ministère de la Santé et des Services sociaux et de la
Réqie de l'assurance-maladie, selon une entente intervenue entre les
deux leaders, sera de 17 heures. Il est donc à remarquer que la
commission ne peut excéder le temps imparti pour l'étude
des crédits de ce ministère.
J'inviterai Mme la ministre à faire les déclarations
d'ouverture. Mme la ministre, vous avez 20 belles minutes.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Vous me
permettrez, avant de faire ma déclaration, de vous présenter
quelques-uns de mes proches collaborateurs. le sous-ministre en titre, M.
Cantin; M. Carignan, qui est au recouvrement de la santé; M. Paulin
Dumas, qui est aux services communautaires, réadaptation et service de
longue durée; M. D'Astous, directeur, budget et administration - je ne
les vois pas, là il faudrait comme on dit, qu'ils se lèvent, mais
je pense que tout le monde les connaît -M. Munn, aux relations du
travail; M. Lamarche, à la planification et à
l'évaluation, et M. Groleau aux équipements et services. Il y a
également d'autres directeurs de services, on aura l'occasion de les
présenter au fur et à mesure de l'étude des
crédits.
Le Président (M. Bélanger): On vous remercie, Mme
la ministre, et bonjour à tout le monde.
Déclarations d'ouverture
Mme Thérèse Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, depuis presque 18 mois,
le temps m'a été donné, à titre de ministre de la
Santé et des Services sociaux, de faire le tour de ce réseau
complexe où Ies défis sont sûrement aussi grands que le
nombre d'institutions et d'intervenants qui le composent et surtout de
bénéficiaires qu'il dessert. Au cours de ces 18 mois, j'ai pu
constater de l'intérieur à la fois la richesse,
l'efficacité, mais également la fragilité et les lacunes
du système de santé et de services sociaux que nous nous sommes
donné en tant que société, il y a maintenant plus de 15
ans.
On ne redira jamais assez que, grâce à ce système,
le Québec a assuré à tous ses citoyens un accès
universel et sans frais d'utilisation à l'ensemble des soins. Dans la
pratique, quoique s'élèvent encore des barrières de nature
géographique, financière ou socioculturelle, cette
accessibilité demeure une réalité bien vivante et un
fleuron à notre réputation internationale.
Notre système de santé et de services sociaux a donc
atteint un degré élevé de maturité qui le place
à un carrefour important. Nous avons mis en place des structures, des
établissements de santé et de services sociaux dans toutes les
régions, formé des spécialistes et nous disposons d'un
ensemble de ressources humaines de qrande qualité oeuvrant dans le
domaine de la santé et des services sociaux. J'aimerais signifier, en
passant, qu'en dépit du fait que nous retrouvions ces ressources dans
toutes les réqions, elles ne sont pas nécessairement
réparties de façon équitable.
L'an dernier, à l'étude des crédits, je
définissais cinq objectifs auxquels il nous fallait travailler. J'en
ferai un bref rappel: maintenir et travailler à maintenir le principe de
l'accessibilité, ainsi qu'améliorer l'accessibilité et la
qualité du réseau de la santé et des services sociaux;
priviléqier dans toute la mesure du possible le maintien dans le milieu
de vie naturel des différentes personnes auxquelles s'adressent les
services du réseau; valoriser les membres du personnel de tout le
réseau par un plus grand respect de leurs compétences respectives
et de leur autonomie, afin de leur assurer une évolution professionnelle
satisfaisante; investir dans les services plutôt que dans les structures;
redonner au secteur de la santé et des services sociaux une place
prioritaire dans l'allocation des budgets gouvernementaux.
Au cours de la dernière année, je puis affirmer que les
gestes que le gouvernement a posés dans le secteur de la santé et
des services sociaux ont tous été orientés dans ce
sens.
Pour la première fois depuis longtemps, M. le Président,
une entente relative aux négociations avec les secteurs public et
parapublic a été paraphée sans que les
établissements du réseau connaissent de perturbation importante
et sans que la population soit prise en otage comme elle l'avait souvent
été par le passé. Et ceci est majeur, sinon fondamental,
considérant le climat de travail qui depuis plusieurs années se
détériorait toujours davantaqe. La relation d'affrontement qui a
prévalu jusqu'à tout récemment, les coupures de salaires
en 1982, les grèves longues et pénibles qu'ont dû subir les
malades, tout cela a contribué, par le passé, à la
démotivation du personnel et encore davantaqe à sa
dévalorisation, affectant ainsi la qualité des services aux
personnes.
M. le Président, c'est avec grand plaisir que j'ai pu siqner de
nombreuses ententes avec les travailleurs du réseau, des ententes qui se
sont échelonnées, je dirais, de la fin mars jusqu'au mois de mai.
C'était vraiment, peut-être, la plus grande satisfaction que je
pouvais ressentir, le témoiqnage de tous ces travailleurs et
travailleuses du réseau qui se disaient tellement heureux de voir cet
assainissement de climat et ce regain de motivation pour le travail.
Le personnel du réseau est un élément
charnière dans cet ensemble de services et le gouvernement actuel l'a
reconnu.
Le gouvernement a aussi posé des gestes importants en relation
avec l'accessibilité des services. L'Assemblée nationale
adoptait, au printemps 1986, le
projet de loi 75 qui prévoyait la mise sur pied de plans
régionaux d'effectifs médicaux afin de garantir à moyen
terme aux populations des régions éloignées un
accès plus grand aux médecins omnipraticiens et
spécialistes grâce à une meilleure répartition de
ces derniers. Je suis heureuse d'annoncer qu'une très grande
majorité d'établissements ont déjà fait parvenir
aux conseils régionaux leurs plans d'effectifs médicaux. Nous
avons toute raison de croire que les échéanciers prévus
dans la loi seront respectés.
Également, pour la deuxième année
consécutive, 50 postes d'entrée en spécialité
seront réservés à des candidats acceptant de pratiquer
quatre ans en régions éloignées et 30 autres
médecins immigrants se verront -dans ce plan triennal que nous avions
rendu public l'an dernier - accorder un poste d'internat rotatoire et iront,
dès l'an prochain, exercer la médecine dans ces mêmes
régions.
De plus, le projet de loi 142, adopté l'automne dernier par
l'Assemblée nationale veut permettre aux personnes de langue anglaise
d'obtenir dans leur langue les services requis. J'ai, d'ailleurs, chargé
mon adjoint parlementaire, le député de Laurier, de voir à
la mise en application de cette loi.
En ce qui a trait aux communautés culturelles, le groupe de
travail mis sur pied l'an dernier a travaillé activement et ses efforts
porteront fruit très bientôt par la remise de son rapport visant
à favoriser l'accessibilité aux communautés culturelles
des services sociaux et de santé.
Je ne saurais passer sous silence également toutes les sommes
d'argent qui ont été investies au cours de la dernière
année budgétaire dans la santé et les services sociaux
dans le but de redonner à ce secteur la place prioritaire qu'il doit
occuper dans les choix budgétaires du gouvernement. Plus de 800 000 000
$ ont été injectés, ce qui a représenté une
augmentation de 12 %. De ces sommes, 105 000 000 $ de budget de fonctionnement
étalés sur trois ans ont été et seront
consacrés au désengorgement des salles d'urgence. S'il reste
encore des étapes à franchir, les résultats
découlant de l'application de la première phase du plan des
urgences révèlent une nette amélioration sur la situation
d'engorgement chronique que connaissaient les hôpitaux avant la mise sur
pied du plan.
Les hôpitaux, les CLSC, les centres de services sociaux et les
foyers pour personnes âgées ont pu non seulement contribuer au
désengorgement des salles d'urgence, mais également mettre sur
pied soit des services intensifs de maintien à domicile, soit des
hôpitaux de jour et des centres de jour, soit des équipes de
réadaptation à domicile, etc. Ces sommes auront permis et
permettront de créer 1147 places de plus en hébergement pour
personnes âgées.
Le Conseil régional de Montréal annonçait, pour sa
part, le 19 mars dernier, que 296 lits - les chiffres ont été
inversés -avaient pu être récupérés aux fins
de la courte durée. Dans la région de Québec, le
pourcentage de lits de courte durée occupés par des personnes
recevant des soins de longue durée a diminué de 23 % entre les
mois d'octobre 1986 et d'avril 1987, ce qui permet de servir de plus nombreux
cas électifs.
De plus, il ne faut pas oublier que de nouvelles ressources en
santé mentale ont aussi pu être mises sur pied, soit la
création de huit centres de crise.
Il faut également rappeler que, l'an dernier, 133 000 000 $ ont
contribué à augmenter la base budqétaire des centres
hospitaliers et à leur accorder un coût de système. Cette
notion de coûts de système introduite pour la première fois
dans le budget des centres hospitaliers est une mesure que le gouvernement juqe
essentielle pour assurer une meilleure stabilité budgétaire des
hôpitaux et permettre à leurs conseils d'administration de mieux
assumer leurs responsabilités. Jamais, M. le Président, au cours
des dernières années, une telle opération d'assainissement
des finances des hôpitaux n'avait été
complétée. Elle s'est faite avec la collaboration des
administrateurs et sans mettre en danger la qualité des services
à la population. Même si tous les besoins ne sont pas encore
comblés, c'est avec beaucoup d'espoir que l'on peut maintenant envisager
l'avenir. (16 h 45)
Finalement, il faut mentionner qu'à l'intérieur de ces 800
000 000 %, 235 000 000 $ ont été consacrés aux projets
d'immobilisation dans le réseau, 280 000 000 $ ont permis de
résorber le déficit accumulé des centres hospitaliers, 110
000 000 $ supplémentaires, évidemment, ont été
versés à la Régie de l'assurance-maladie du Québec
et, en dernier lieu, d'autres sommes ont été prévues pour
d'autres développements, que ce soit le redressement des bases
budgétaires des centres de services sociaux, qu'il s'aqisse des familles
d'accueil ou encore de la protection de la jeunesse.
L'accent sur les services aux personnes s'est également
concrétisé à partir du dépôt du rapport
Brunet sur les CLSC. Ce dernier met en lumière la
nécessité d'axer davantage l'action des CLSC vers trois
priorités de base, soit la réduction des
inégalités, le maintien en milieu naturel et un minimum de
services partout. L'accent, selon le rapport Brunet, doit être mis sur
les services prioritaires à accorder à la population. C'est,
d'ailleurs, à partir de cette orientation que s'est articulée la
décision de donner suite aux principales recommandations du
comité et, également, de parachever le réseau des
services préférablement au réseau des
structures.
Nous entreprenons donc depuis le 1er avril dernier une nouvelle
année budgétaire qui se veut sous le signe des progrès
réalisés au cours de la dernière année, mais
également sous le signe des nouvelles orientations à prendre face
è la montée de nouveaux problèmes.
Il subsiste, évidemment, encore dans le réseau des
problèmes. Les travaux effectués à ce jour par la
commission Rochon en témoignent fort éloquemment. Ses membres
s'interrogent de façon encore plus pertinente sur les résultats
obtenus. Dans un contexte où les ressources sont rares, il n'est pas
surprenant que nos penseurs du Québec ou nos chercheurs, à
l'instar de ceux d'autres pays, se demandent si le réseau de services
qu'on a mis en place depuis plus de quinze ans répond vraiment aux
problèmes de la population, s'il ne serait pas nécessaire de
définir de façon plus précise les problèmes sociaux
et les problèmes de santé auxquels on entend s'attaquer de
façon prioritaire et réorganiser nos ressources en
conséquence afin d'apporter la réponse la plus adéquate
possible face à la complexité et à la multiplicité
de ceux-ci.
De plus en plus, il apparaît important de se sortir du baril sans
fond des ressources et de se tourner résolument vers une meilleure
appréciation des problèmes actuels et des nouveaux
problèmes, ainsi que vers leurs solutions. Tel est l'un des défis
auxquels mon ministère entend s'attaquer dès cette année
et ce, dans la continuité des travaux amorcés. Pour cela, il nous
faudra développer de meilleurs outils dans la perspective de mieux
définir nos objectifs et de mieux évaluer le chemin parcouru.
Le second défi qu'il nous faudra relever sera, à l'exemple
de la commission Rochon, de "tout mettre en oeuvre afin de centrer le
système des services de santé et des services sociaux sur la
personne". Au cours des dernières années, on a beaucoup
parlé du bénéficiaire, du client, de l'usager. Trop
rarement on a parlé de la primauté des services à la
personne par rapport aux structures. Ces dernières doivent supporter les
services et non pas avoir préséance sur eux en aucun moment. Des
efforts ont, certes, été faits pour actualiser cette approche.
Mais si on se donne encore aujourd'hui comme objectifs des
éléments tels qu'une gamme complète de services, la
continuité des services, l'accès à l'information et la
participation, etc., c'est qu'il y a encore beaucoup de chemin à
parcourir.
C'est pour cette raison que mon ministère s'est doté pour
1987-1988 d'un plan d'action qui privilégie trois niveaux
d'intervention. Le premier niveau d'intervention fait état des
problèmes prioritaires vécus par différents groupes de
personnes, souvent parmi les plus vulnérables, et des objectifs de
résultats que l'on désire atteindre. Ainsi, cette année,
j'entends accorder une attention particulière aux problèmes
suivants: la santé mentale. Depuis 1960, le réseau de la
santé et des services sociaux amorce avec timidité et combien peu
de ressources un processus de réintégration sociale des personnes
aux prises avec un problème psychiatrique. Il est impératif qu'on
agisse enfin de façon cohérente, planifiée et respectueuse
des besoins des individus concernés.
Cette année, il faut, par conséquent, voir à
répondre aux besoins les plus pressants de la clientèle aux
prises avec des problèmes psychiatriques en donnant suite au rapport du
comité Harnois chargé d'élaborer une politique de
santé mentale. Le Conseil du trésor a consenti 3 500 000 $ de
nouveaux crédits afin de commencer à implanter cette
politique.
Abus et violence envers les personnes. Le gouvernement entend contrer
encore plus vigoureusement la violence dont sont victimes autant les enfants,
les femmes que les personnes âgées. Depuis la mise en oeuvre de la
Loi sur la protection de la jeunesse, le nombre de cas signalés ne fait
qu'augmenter d'année en année. Le dossier des enfants battus et
abusés est devenu un problème beaucoup plus visible et
crée ainsi une pression sur le système à laquelle nous
devons faire face.
Un montant de 1 200 000 $ sera ainsi investi afin de réaliser
plus rapidement la prise en charge des cas en attente. L'an dernier,
grâce à un budget de 400 000 $ additionnels, 453 cas avaient
été pris en charge entre septembre 1986 et mars 1987. En ce qui
concerne la liste d'attente des cas à évaluer, des sommes
additionnelles - il y a eu 1 000 000 $ d'ajoutés l'an dernier -devront
être ajoutées cette année en même temps qu'une
réévaluation de nos pratiques sociales dans ce domaine doit
s'entreprendre si l'on veut mettre fin à ce problème
réel.
La violence faite aux femmes toucherait, semble-t-il, une femme sur dix,
soit de 200 000 à 300 000 femmes au Québec. Les maisons
d'hébergement qui viennent en aide aux femmes victimes de violence
verront leur action soutenue. Cette année, 3 000 000 $ permettront
d'accroître les sommes qui leur son actuellement consenties, ce qui
constitue une augmentation de 46 % par rapport au budget de l'an dernier qui
était de 6 300 000 $. Un budget de 200 000 $ permettra également
l'existence de ressources d'aide aux hommes agresseurs et six groupes seront
subventionnés.
Le qouvernement, tel qu'il s'y était engaqé lors de la
campagne électorale, se penchera enfin sur les abus envers les
personnes âgées. Cette violence peut prendre de multiples
formes: mauvais traitements, violence verbale ou psychologique, chantage
financier, etc. Un groupe de personnes où siègent, entre autres,
de nos aînés, travaille présentement à un plan
d'action qui nous permettra de poser les bons gestes pour contrer cette
violence peu connue encore.
L'an dernier, le gouvernement accentuait ses efforts pour
améliorer la qualité des services rendus dans les centres
hospitaliers. Cette année, ces efforts seront poursuivis en stabilisant
davantage les budgets des centres hospitaliers par un ajout de 38 600 000 $
à titre de coût de système, en permettant aux centres
hospitaliers de conserver leur surplus d'opérations budgétaires
et en réalisant la seconde phase du plan de désengorgement des
urgences grâce à l'injection de 36 900 000 $ en 1987-1988, au
chapitre du fonctionnement uniquement.
La vétusté de notre équipement technologique et la
difficulté de suivre son évolution rapide rendent aussi parfois
plus fragile cette accessibilité à des services de
qualité. Voilà pourquoi 20 000 000 $ additionnels seront
consacrés au renouvellement des équipements médicaux, ce
que les centres hospitaliers attendent depuis fort longtemps.
Finalement, l'Outaouais, dans le plan de rapatriement de la
clientèle outaouaise recevant des soins de santé en Ontario,
bénéficiera d'une contribution gouvernementale de 8 900 000 $
afin de mettre l'accent sur la qualité et la quantité des
services dans cette région, sans compter aussi un autre montant de 4 300
000 $ investis dans un plan régional de services en santé
mentale.
Les personnes âgées seront, cette année, une
priorité d'action. Particulièrement, Ies gestes posés
seront axés sur le maintien de leur autonomie. En plus des 9 000 000 $
du plan des urgences prévus pour les services intensifs de maintien
à domicile, 3 000 000 $ seront ajoutés au budget des CLSC pour
accroître leur action au domicile des personnes âgées, ce
qui veut dire un ajout total au budget de 12 000 000 $.
L'alourdissement des clientèles dans les foyers d'accueil est
aussi un problème qui ne peut souffrir d'inaction. L'Association des
centres d'accueil du Québec en a fait valoir la gravité. Le
gouvernement ne pourra pas répondre à la totalité de la
demande de l'association, mais ajoutera cette année 6 000 000 $,
annualisés à 8 000 000 $, au budget des centres d'accueil et des
centres hospitaliers de soins prolongés.
Par ailleurs, dans le but d'offrir aux personnes âgées
vivant dans un centre d'accueil privé toute la sécurité
dont elles ont besoin, un autre montant de 20 000 000 $ sera investi au cours
des trois prochaines années pour améliorer ou remplacer certains
bâtiments vétustes, sans compter le budget de dépense de
266 000 000 $ accordé au programme annuel d'immobilisations pour
1987-1988.
Promotion de la santé. Il est également important de
s'attaquer en priorité, dans ce domaine, à la prévention
des maladies transmises sexuellement et d'en limiter l'incidence. Il existe
déjà des programmes d'action en milieu scolaire. Nous voulons
intensifier ces programmes et en développer d'autres. Tenant compte,
entre autres, d'un rapport qui m'a récemment été soumis
sur l'incidence du SIDA, un plan de communication est également en cours
d'élaboration.
Dans le domaine de l'alcoolisme et de la toxicomanie, on sait que trop
peu de ressources sont actuellement à la disposition des personnes ayant
des problèmes d'alcoolisme et de drogue surtout dans les régions
autres que Québec ou Montréal. Sachant que ce fléau social
touche de plus en plus de personnes et particulièrement de plus en plus
de femmes, le gouvernement se sent concerné et veut aider davantage le
toxicomane et l'alcoolique à s'en sortir et, mieux, à
prévenir ces situations. Des crédits de 2 600 000 $
annualisés à 3 900 000 $ seront consacrés à
l'alcoolisme et à la toxicomanie dans le cadre d'un plan sur quatre ans
visant la consolidation du réseau des services en toxicologie. Ce plan
s'adresse surtout aux jeunes et s'articule autour de la mise sur pied de
mesures préventives, de ressources de réadaptation externe et
interne et de promotion de la recherche évaluative.
Enfin, les personnes handicapées. La réintégration
dans la société est de plus en plus préconisée pour
les déficients intellectuels. Il s'agit, pourtant, d'effectuer ce
processus dans le respect de la qualité de vie et de la quantité
de services nécessaires aux bénéficiaires. On sait tous,
je pense, de part et d'autre de la Chambre, que ceci est un défi
réel, mais aussi très difficile à relever.
Mon ministère soutiendra cette démarche par un plan
d'action qui sera connu en septembre. Celui-ci, tout en favorisant la
désinstitutionnalisation, se veut un outil permettant de rassurer
parents, éducateurs et population sur la façon dont celle-ci
devra se faire, à quel rythme et pour quelle partie de la
clientèle touchée. Quoiqu'une telle opération
soulèvera toujours des craintes, la mise sur pied de ce plan devrait en
lever quelques-unes.
En ce qui a trait au soutien apporté par l'Office des personnes
handicapées du Québec aux personnes atteintes d'un
handicap...
Le Président (M. Leclerc): Mme la
ministre, je m'excuse, à moins qu'on n'ait le consentement de la
commission, je vais vous demander de conclure. Est-ce qu'il a consentement pour
que Mme...
M. Rochefort: Non seulement, M. le Président, cela prend
le consentement de l'Opposition, mais celui de tous les membres de la
commission. Sûrement qu'au nom de l'Opposition je suis prêt
à donner mon consentement.
Le Président (M. Leclerc): Alors, comme il y a
consentement, Mme la ministre, vous pouvez continuer.
Mme Lavoie-Roux: Merci... nous ne pouvions rester
indifférents aux besoins que leur intégration à la
société nécessite. En plus des 4 400 000 $
déjà accordés l'an dernier et qui sont reconduits cette
année, 3 600 000 $ annualisés à 5 400 000 $ sont
attribués au budget de l'Office des personnes handicapées du
Québec, portant ainsi le budget global de l'office à 47 500 000
$.
De plus, nous sommes à examiner la possibilité de
transfert des programmes de l'OPHQ aux différents ministères
concernés et ceci afin que l'office reprenne son rôle initial de
coordonnateur et de promoteur des droits et des intérêts des
personnes handicapées.
Les centres d'accueil de réadaptation bénéficieront
pour leur part d'un coût de système de 4 000 000 $.
Le gouvernement veut aussi soutenir les familles dans le rôle
social qu'elles ont à jouer. Je suis heureuse d'annoncer que les
activités gouvernementales qui devaient avoir lieu ont été
menées à terme et que nous devrions déposer une politique
familiale à l'automne. J'entends soumettre dès le début du
mois de juin è une consultation des principaux organismes, mais sur une
base privée, un énoncé de politique quant aux lignes
directrices que privilégiera le gouvernement, quant aux structures
administratives et quant au premier plan d'action concertée des
ministères.
Beaucoup de jeunes sont aussi aux prises avec un problème
d'adaptation sociale. En cette année des sans-abri, 1 000 000 $ sont
consentis à la fois pour la consolidation du budget des maisons de
jeunes et aussi pour aider les jeunes en besoin d'hébergement.
En tout dernier lieu, j'aimerais ajouter que je dispose d'un budget de
10 000 000 $ au fonds de suppléance qui sera alloué pour les
problèmes les plus prioritaires.
Un second niveau d'intervention nous aidera à mieux organiser le
réseau face aux nouveaux problèmes auxquels nous sommes
confrontés. Ainsi, nous faudra-t-il apporter une réponse aux
recommandations de la commission Rochon qui remettra son rapport à la
fin septembre. Il nous faudra aussi finaliser le dossier de la
réorientation des activités des CLSC, ainsi que celui de la
réorganisation administrative du ministère lui-même qui
s'est avéré un outil fondamental dans la réconciliation
des dimensions sociales et de santé dans le réseau. Le rôle
et la place du secteur communautaire devra également être mieux
défini. Et, finalement, des précisions devront être
apportées relativement aux rôles du secteur privé, des
conseils régionaux, des conseils d'administration des
établissements, des départements de santé communautaire,
etc.
Le dernier niveau d'intervention en sera un de support. II se traduira
par la fabrication d'outils nécessaires au réseau et au
ministère afin de faire face aux problèmes que nous avons
déjà évoqués: travailler à l'application
réelle des plans régionaux d'effectifs médicaux; revoir
les critères d'allocation des ressources en fonction des besoins des
populations à desservir, ainsi que de la performance relative des
établissements; consolider et développer de nouveaux
systèmes d'information et mettre l'emphase sur l'évaluation des
résultats obtenus pour la clientèle, et, finalement, soutenir le
secteur de la recherche afin d'en faire un levier d'action important pour le
ministère et le réseau de la santé et des services
sociaux. (17 heures)
Les choix budqétaires évoqués dans le livre des
crédits 1987-1988 et dans le récent discours sur le budget du
ministre des Finances permettront de concrétiser la majeure partie des
orientations énoncées ci-haut ou d'amorcer pour les autres un pas
dans la bonne direction. Avec un budget qui atteindra cette année
presque 9 000 000 000 $, si on y inclut 1 841 000 000 $ pour la Réqie de
l'assurance-maladie du Québec, les services de santé et les
services sociaux conservent une part de 29,3 % du budget total du gouvernement
du Québec. Ceci représente également une hausse de plus de
525 000 000 $ auxquels s'ajoutent évidemment 98 000 000 $ d'augmentation
pour la Régie de l'assurance-maladie du Québec, soit 10,8 % par
rapport aux crédits de l'an dernier, et peut-être plus près
de 11 % parce que nous n'avions pas inclus l'augmentation de la Régie de
l'assurance-maladie.
J'aimerais ajouter que la part strictement accordée au
réseau de la santé et des services sociaux dans l'ensemble du
budget gouvernemental est passée de 21,91 % en 1985-1986 à 22,48
% en 1986-1987 et a 23,15 % en 1987-1988 ce qui, je pense, est une indication
des efforts véritables que le gouvernement consent è la
santé et aux services sociaux.
Ces sommes considérables contribueront à faire face aux
problèmes les plus majeurs. L'accent sera mis sur les services
plutôt que sur les structures et le travail de tous donnera
priorité au respect et à la qualité de la vie des
personnes. De plus, au-delà des contraintes financières que nous
vivons, ma tâche est de travailler à protéger le
caractère universel du système que nous avons acquis qui, sous la
pression des besoins et des demandes sans cesse croissantes, pourrait
être continuellement menacé à moins que tout l'ensemble des
intervenants, la population et le qouvernement lui-même ne se sentent
solidaires dans la protection de cet acquis si important. Les perspectives de
notre développement en dépendent sûrement autant qu'elles
dépendent des efforts du gouvernement à les assumer. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Merci, Mme la ministre.
Je reconnais le député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Nous voici de
nouveau réunis pour étudier les crédits du
ministère de la Santé et des Services sociaux. C'est l'occasion
pour nous de faire le point sur l'état de santé des services de
santé et des services sociaux qui sont en place pour répondre aux
besoins des Québécois et des Québécoises. C'est
d'autant plus l'occasion de faire le point que cette fois nous pouvons faire un
premier bilan de la gestion de la ministre de la Santé et des Services
sociaux. En effet, en fonction depuis un an et demi, elle nous présente
maintenant des crédits budgétaires qui nous mèneront dans
la deuxième moitié de mandat du présent gouvernement.
C'est largement suffisant pour situer la perspective et les orientations
concrètes du gouvernement libéral dans le domaine de la
santé et des services sociaux.
Au cours de la dernière campagne électorale, le parti
libéral du Québec décidait de rompre avec la tradition et
de faire de la santé un enjeu électoral majeur. On avait
décidé de faire de la politique, de faire de
l'électoralisme, de mettre au coeur de la machine rouge à gagner
des votes la santé et les services sociaux. Pour ce faire, une recette
bien simple. Dans un premier temps, convaincre la population du Québec
que les services de santé et les services sociaux étaient sous
l'ancien gouvernement dans un état pitoyable, que tout allait mal, que
cela craquait de toutes parts. En somme, faire peur aux gens, les
insécuriser à l'extrême.
Deuxième étape du manège, utiliser les vedettes du
parti, notamment M. le premier ministre et Mme la députée de
L'Acadie, pour présenter leurs solutions. Cela va très mal, oui,
mais, Dieu soit loué, nous serons vos sauveursl La valse des promesses
électorales, des millions qui seront investis, des projets et des
solutions déjà prêts, il n'y avait rien de trop beau et de
trop fort. Cela ne traînera pas. On va régler tout cela dans le
temps de le dire. Quant à l'argent, pas de problème! La
santé sera notre priorité. C'était tellement simple et
facile à les entendrel
Immédiatement après l'élection, la campagne de
communications se poursuit. Le premier ministre nomme la députée
de L'Acadie à la tête du ministère de la Santé et
des Services sociaux avec, évidemment -la campagne n'est pas encore
finie - le mandat de mettre de l'ordre dans tout cela au plus vite et avec tous
les crédits requis. La réaction est assurément positive.
Cela a marché, du moins jusque-là. La population
insécurisée - ne l'oublions surtout pas - est maintenant
rassurée. Cela va marcher, on peut dormir en paix. C'est sensiblement le
même état d'esprit qui règne chez les intervenants. Cela
commence donc sur un bon pied.
Mais aujourd'hui, un an et demi plus tard, avec des crédits
budgétaires qui nous mèneront jusqu'au printemps 1988 et trois
budgets du ministre des Finances, où en sommes-nous? Comment vont la
santé et les services sociaux au Québec? Le premier changement,
le plus marquant et sûrement le plus surprenant, c'est le chanqement de
discours. Ce qui était inacceptable et intolérable est devenu pas
si pire; il ne faut pas exagérer, nous avons quand même ici
beaucoup plus et beaucoup mieux que dans plusieurs autres pays. Les millions,
quant à eux, sont plus difficiles à trouver. Tout à coup
on a découvert que les budqets sont limités alors que les besoins
sont illimités. Ce qui était simple est devenu complexe. Ce qui
était promis, décidé, projeté mérite
maintenant réflexion, étude, groupes de travail,
contre-évaluation, analyses, consultations et finalement ce n'est pas si
urgent que cela semblait à première vue à l'époque.
Après tout, on ne peut pas tout faire du jour au lendemain, on fait
notre possible et de toute façon, c'est bien connu, ce n'est pas notre
faute, c'est la faute de l'ancien qouvernement.
Pendant ce temps, qu'en est-il, au juste, de la qualité des
services de santé et des services sociaux au Québec? Non
seulement est-il faux de prétendre qu'il y a eu amélioration,
mais dans certains secteurs il y a eu détérioration quant
à la quantité et à la qualité des services pourtant
si essentiels au maintien et à l'amélioration de notre
qualité de vie. Le plan de désengorgement des salles d'urgence de
la ministre, c'est bien connu, s'est révélé un
échec. La ministre a beau prétendre que cela va bien et
déclarer qu'il n'y a personne dans les
corridors des salles d'urgence, ce sont ses propres collègues
députés qui réfutent, statistiques à l'appui, ses
déclarations. Des records peu enviables sont atteints dans certains
grands centres hospitaliers qui ont vécu des situations pires que jamais
auparavant. Des cas pourtant réglés redeviennent tout à
coup problématiques. Des urgences qui avaient toujours fonctionné
normalement sont maintenant débordées. Rien ne laisse
présager une amélioration de la situation.
Devant cet état de fait la ministre refuse toujours d'ajouter les
crédits promis, et en plus, n'est pas en mesure de réaliser,
selon les échéanciers annoncés, son propre plan. Les
centres hospitaliers, quant à eux, malgré les promesses, se
voient forcés de limiter l'accès de la population aux services:
la fermeture de lits, des coupures de services, l'abolition de postes sont
rendues obligatoires pour atteindre le sacro-saint équilibre
budgétaire, coûte que coûte. Telle est la décision de
la ministre. En plus de tous les problèmes engendrés par ces
coupures, elles ont eu un effet important et direct sur l'engorgement de
plusieurs salles d'urgence. Pour la ministre, la vraie priorité
maintenant, c'est l'équilibre budgétaire. Pour un
équilibre, c'est une contrainte de 40 000 000 $ au budget des
hôpitaux qui est appliquée par la ministre. Cela, même si
elle a été prévenue que les conséquences seraient
encore plus durement subies par la population. Ce seront des fermetures de
lits, des coupures de services encore plus nombreuses qu'en 1986-1987, nous a
avisé l'Association des hôpitaux du Québec. Non seulement
les salles d'urgence en sentiront les conséquences, mais les listes
d'attente s'allongeront, les délais d'examens de diagnostic
s'accroîtront et même des quotas sur le nombre de services pouvant
être dispensés dans l'année seront imposés dans
certains centres hospitaliers.
Du côté des services médicaux, après cette
coupure toujours injustifiée au programme de soins dentaires pour les
enfants, ce sont les femmes qui deviennent la nouvelle cible. L'accès
aux services médicaux de gynécologie et d'obstétrique pour
les femmes enceintes, de même que pour les femmes atteintes de maladies
transmissibles sexuellement, victimes d'un cancer du col de l'utérus ou
de douleurs pelviennes, sera limité. Cette fois, c'est le respect de la
masse salariale, coûte que coûte. L'administratif détermine
maintenant le médical. Quant à eux, les CLSC ont enfin
trouvé la réponse au questionnement gouvernemental dont ils
étaient l'objet depuis 18 mois. Le réseau ne sera pas
parachevé et la ministre ne retient du rapport Brunet que ce qui
constitue une rationalisation, reportant à plus tard la consolidation et
le nouveau départ que proposait le groupe de travail qu'elle avait
pourtant elle-même constitué. Quant à la tarification de
certains services qui est évoquée dans le rapport, la ministre
n'écarte pas cette hypothèse et refuse d'affirmer dès
aujourd'hui que le rôle des CLSC dans le domaine de la prévention
est confirmé. L'incertitude et les hésitations sont donc
maintenues, avec les conséquences que cela comporte pour la
population.
Quant aux personnes âgées qui sont en centre d'accueil,
elles ne sont pas au bout de leurs peines. Hors qu'elles ne reçoivent
plus que le minimum, faute de budget, d'effectif et d'équipement, la
ministre annonce le statu quo ou presque pour les douze prochains mois. Alors
que les centres d'accueil évaluent leurs besoins financiers à 125
000 000 $, la ministre leur accorde pour l'année qui vient 6 000 000 $.
C'est la confirmation que les centres d'accueil deviendront de plus en plus des
lieux où on est placé en attendant la mort, plutôt qu'un
centre où l'on va poursuivre notre vie dans la paix, te bonheur et la
dignité. 7000 personnes attendent toujours une place dans ces centres
d'accueil.
D'autre part, alors que le SIDA retient l'attention de la
communauté internationale, tant au niveau de la recherche
médicale qu'au niveau politique, ici c'est la réduction des
budgets, le démantèlement des équipes multidisciplinaires
et l'annulation de la campagne d'information et de prévention
préparée par les intervenants sur les maladies transmises
sexuellement. C'est ici l'illustration de l'absence d'une volonté
d'investir massivement dans la prévention et la promotion de la
santé. Nous cherchons d'ailleurs ce plan qui devrait être en place
pour permettre à ces Québécois et ces
Québécoises de rattraper ceux qui ont vu leur état de
santé profiter du développement accéléré de
nos services de santé et services sociaux au cours des dernières
décennies. Car, faut-il le rappeler une fois de plus, dans ces grands
succès collectifs que nous avons obtenus quant à l'accroissement
de l'espérance de vie, à la baisse spectaculaire de la
mortalité infantile et des autres éléments permettant
d'identifier nos progrès se cachent un nombre élevé de
Québécois et de Québécoises qui n'ont pas connu ces
proqrès. Ils sont encore aujourd'hui, ici au Québec, aux prises
avec des problèmes de santé dus au maintien d'un environnement
social et économique qui accroît et concentre les facteurs de
risque, rendant ces personnes plus vulnérables, plus fragiles, moins
bien protégées au plan de ta santé.
Comment, devant un tel tableau synthèse aussi sombre, mais
combien réaliste et véridique, prétendre que le
gouvernement libéral a amélioré la qualité des
soins de santé et des services sociaux? C'est malheureusement, encore
une fois, tenter de tromper l'opinion de la population et
détourner son attention quant aux véritables orientations
gouvernementales. Ces orientations, force est de constater qu'un ministre, un
seul, a eu le courage de les afficher franchement et c'est le président
du Conseil du trésor. Rappelons ses déclarations à l'effet
de limiter ses dépenses, de privatiser des services, de
démanteler des constitutions du réseau, de ne pas assurer tous
les services de santé, d'introduire une tarification pour certains
autres services, de dé limiter l'accès à certains actes
médicaux, etc.
La ministre de la Santé et des Services sociaux s'est
réservé le rôle, jusqu'à maintenant, non pas de
définir les orientations, mais bien d'appliquer celles du
président du Conseil du trésor avec les résultats que nous
connaissons et que doivent subir les Québécois et les
Québécoises. C'est malheureusement où nous en sommes
rendus. Non seulement n'y a-t-il pas eu d'améliorations - et, dans
certains cas, on observe une détérioration - mais les
crédits déposés pour 1987-1988 ne contiennent rien qui
soit de nature à corriger les problèmes les plus graves et, donc,
rien nous permettant d'espérer une amélioration de la
qualité de vie de nos concitoyens et de nos concitoyennes aux prises
avec des problèmes sociaux et/ou de santé. Merci.
Le Président (M. Bélanger); Est-ce qu'il y a
d'autres interventions au chapitre des remarques préliminaires? Non.
Alors, j'appelle le programme numéro... M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, peut-être pour
essayer d'organiser nos travaux, je souhaiterais qu'on puisse faire comme on
avait fait l'année dernière, d'abord pouvoir prévoir un
certain nombre de débats, de questions d'ordre un peu plus
général et par la suite - d'autant plus que, cette année,
l'on fait cela sur quatre jours - y aller par blocs, quitte à ce que
l'on s'entende quant à la présence de certains hauts
fonctionnaires ou de dirigeants de certains organismes afin de ne pas leur
imposer de passer quatre jours avec nous s'ils n'en ont pas les
disponibilités.
Le Président (M. Bélanger): Bien.
Concrètement, est-ce que vous avez une proposition?
M. Rochefort: M. le Président, sûrement que, pour le
reste de la séance d'aujourd'hui, on a des questions d'ordre
plutôt général. Quant à demain, nous souhaiterions
aborder un volet de la santé, les urgences, le transport ambulancier, la
situation des hôpitaux. Je pense que cela pourrait faire une bonne
matinée, M. le Président.
Quant au bloc des services sociaux, qui est sous la
responsabilité de ma collègue, la députée de
Marie-Victorin, qui implique notamment la présence de l'OPHQ, compte
tenu des disponibilités aussi de certains collègues qui veulent
intervenir sur certains dossiers, on avait pensé à faire cela
lundi soir.
Quant à la Régie de l'assurance-maladie du Québec,
possiblement lundi matin.
Le Président (M, Bélanger): Mme la ministre, est-ce
que cela vous convient?
Mme Lavoie-Roux: Je suis à la disposition de l'Opposition
et de l'ensemble des membres du gouvernement pour l'examen des crédits.
La seule chose, c'est que je voudrais demander ceci au député de
Gouin, si vous me le permettez, M. le Président: Quand il dît que
le bloc des services sociaux devrait passer lundi soir, entre autres l'Office
des personnes handicapées du Québec, est-ce que je dois
comprendre que de 20 heures à minuit, on passerait l'ensemble des
services sociaux et l'OPHQ''
M. Rochefort: M. le Président, c'est que j'ai fait...
Le Président (M. Bélanger): De 20 heures à
22 heures.
Mme Lavoie-Roux: Non, jusqu'à minuit, M. le
Président, je m'excuse; on sièqe jusqu'à minuit.
M. Rochefort: Oui, c'est ce que...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, vous avez
raison.
Mme Lavoie-Roux: Oui. (17 h 15)
M. Rochefort: C'est ce que j'ai aussi sur l'ordre de la Chambre,
M. le Président. Quand j'ai dit les services sociaux, j'ai bien dit
"quant aux secteurs de la responsabilité de la députée de
Marie-Victorin". Donc, on pense aux organismes bénévoles, aux
centres de services sociaux, à la réadaptation et à
l'OPHQ. C'est cela?
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): D'accord"? D'accord.
Alors, on s'entend donc... On fonctionne le plus librement possible mais on
s'entend pour adopter tous les crédits à la fin, par contre. Dans
la mesure où on me garantit qu'on adoptera tous les crédits, je
suis prêt à accepter toute la souplesse possible.
M. Rochefort: Je vous garantis et j'ai la conviction, M. le
Président, que le
gouvernement a suffisamment de députés pour faire adopter
ses crédits d'ici la fin de la commission.
Le Président (M. Bélanger): À la "gang"
qu'on est, on devrait être correct. Je répète donc: lundi,
de 20 heures à 24 heures, ce sont les programmes 2, 4, 5 et 9 du MSS.
Lundi, dans l'avant-midi, ce seront les programmes de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec...
M. Rochefort: Entre autres, pas exclusivement.
Le Président (M. Bélanger): Entre autres... Oui,
oui, pas exclusivement, mais pour les offices...
M. Rochefort: C'est cela. C'est cela, on s'entend.
Le Président (M. Bélanger): C'est pour se
comprendre, bien. Cela va. On peut donc commencer. Vous aviez des questions
d'ordre général, M. le député.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Allez-y.
M. Rochefort: Une question technique dans un premier temps, M. le
Président. Comme c'est de coutume, l'Opposition a...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, M. le...
M. Rochefort: Pardon. Oui, oui, allez-y, madame.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des centres d'accueil et
des CLSC, ave2-vous une idée quand cela passera?
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Normalement... J'avoue
qu'on a une petite contrainte d'horaire, M. le Président, c'est qu'on ne
sait pas s'il y aura une période de questions ou non lundi. En
conséquence, cela pourrait affecter passablement, en partie, la fin du
bloc...
Mme Lavoie-Roux: Mais ce serait lundi de toute façon?
M. Rochefort: Oui. C'est cela, normalement, ce serait lundi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On sait que ce n'est pas le soir, alors, il faut
que ce soit le matin ou l'après-midi.
M. Rochefort: Vous avez un sens de la déduction...
Parfait!
Des voix: Hal Ha! Ha!
M. Rochefort: M. le Président, un certain nombre de
questions plutôt d'ordre technique. On sait que, selon la coutume,
l'Opposition a fait parvenir une série de questions à la ministre
de la Santé et des Services sociaux il y a déjà plus de
deux mois pour qu'elle nous fournisse un certain nombre de documents pour mieux
nous préparer et mieux comprendre les crédits qui sont devant
nous. Effectivement, j'ai reçu, selon les calendriers du leader, donc,
il y a au plus sept jours, Ies documents. Mais il y a un certain nombre de
questions auxquelles il n'y a pas de réponse et cela, sans aucune
justification. On se demande si cela a été oublié ou quoi.
Deuxièmement, il y a d'autres questions pour lesquelles on a eu des
réponses partielles. Par exemple, à la question 11, la liste des
crédits périmés pour chacun des programmes n'y est pas.
À la question 2, quant au personnel de cabinet, il n'y a aucun salaire
de ventilé. Quant aux voyages hors Québec, M. le
Président, j'ai la conviction qu'il manque un certain nombre de voyaqes,
notamment ceux de la ministre ou des gens du cabinet.
Mme Lavoie-Roux: Voyaqes de la ministre? Ah! Hors Québec,
oui, c'est correct, je pensais que vous disiez hors Canada.
M. Rochefort: Ah! Non, non. C'est très
précis...
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Rochefort: J'ai bien pensé que c'était cela,
mais non, hors Québec. À la question 14, quant aux projets en
suspens à la suite des moratoires sur les immobilisations, pour les
faire cesser, on a une liste de centres, mais on n'a pas de liste de projets.
À la question 16, l'évaluation des crédits pour les CRSSS
1985-1986 par rapport à 1986-1987, il n'y a pas eu de ventilation. Il y
a aussi l'une des premières questions qui m'est revenue tantôt;
à la question 2, on n'a pas eu le nouvel organigramme du
ministère.
Évidemment, pour l'ensemble des crédits de
développement, M. le Président, on n'a pas les projets de
1987-1988, que ce soit pour les CLSC, les CH de courte durée et tout
cela. On n'a rien pour l'année en cours et pour laquelle on est
réuni.
Quant aux taux d'occupation, à la question 12.5, on n'a pas les
taux d'occupation pour 1987, cela s'arrête au 31 mars 1986, selon ce qui
nous a été fourni.
Quant à la question 17 concernant les départements de
santé communautaire, les
projets en cours ne sont pas là. La masse salariale pour
Urgence-santé à Montréal pour 1987-1988 n'y est pas. Quant
à la question des coupures budgétaires, les fermetures de lits et
tout cela dans les établissements de santé, on m'a fourni une
réponse datée du 18 novembre 1986. J'aurais cru, M. le
Président, qu'on pourrait me fournir maintenant, aujourd'hui, la
réponse pour l'année 1986-1987.
Quant aux motifs ou aux raisons justifiant la non-obligation de
l'atteinte de l'équilibre budgétaire, à la question 25, on
n'a pas les motifs ou les raisons qui ont amené une décision de
ne pas appliquer là ce qui a été appliqué
ailleurs.
Quant à la liste des promotions et limitations, question 33, pour
1986-1987, nous n'avons qu'une réponse qui concerne les cadres
supérieurs et je pense qu'il s'est peut-être même produit
des mouvements depuis la préparation de la réponse. Je ne sais
pas comment on va fonctionner, je ne sais pas s'il y a moyen qu'on nous remette
cela...
Mme Lavoie-Roux: Les quelques réponses qu'on a - je ne les
ai pas toutes prises en note parce que vous les avez
énumérées assez rapidement - on peut vous remettre le
tableau des crédits périmés, on l'a ici.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: On peut également vous remettre
l'organigramme du ministère.
M. Rochefort: En date de?
Mme Lavoie-Roux: Du 22 mai. Il devrait être assez frais,
celui-là.
M. Rochefort: C'est pas pire'.
Mme Lavoie-Roux: On peut également vous remettre les mises
à jour des voyages hors Québec.
M. Rochefort: Y compris de la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Sûrement. Je peux vous dire que je suis
allée deux fois à Vancouver, si c'est ce qui vous
intéresse.
M. Rochefort: Non, voyons donc! Vous savez bien, M. le
Président, que je ne veux pas empêcher la ministre de voyager, en
autant qu'elle est en Chambre de temps en temps. Mais, pour cela, elle a une
très bonne présence en Chambre.
Mme Lavoie-Roux: J'espère qu'au moins vous reconnaissez
cela. Il y a d'autres questions, quand même, que vous avez posées.
On va essayer...
M. Rochefort: Les salaires du cabinet, la liste des
projets...
Mme Lavoie-Roux: Les salaires du cabinet, on vous les avait
donnés l'an dernier. Il semble que ce soit une omission involontaire
parce que, l'an dernier, on vous les avait donnés.
M. Rochefort: Effectivement, c'est ce que je m'étais dit,
mais il me semble que ce soit plutôt répandu dans l'ensemble des
ministères. Je ne vous demande pas de répondre de cela pour les
autres. En tout cas, nous, nous sommes intéressés à
connaître ceux de votre cabinet.
M. D'Astous (André): On va vous les fournir.
M. Rochefort: Parfait!
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de problème.
M. Rochefort: D'accord. Quant à la question, par exemple,
des choses qui seraient nécessaires si on veut faire, demain, les
urgences, par exemple, le budget... Non, non, prenez le temps de prendre
connaissance de cela.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, on a été
timide, mais vous ne le demandiez pas précisément. Vous demandiez
l'organigramme, le personnel politique, le personnel de soutien, les
employés contractuels, les dépenses du cabinet...
M. Rochefort: Je reconnais que, pris au sens strict, la ministre
a raison; d'ailleurs, cela m'a frappé par la suite. Compte tenu qu'une
telle question amenait, par les années passées, sous l'ancien
gouvernement comme sous le présent...
Mme Lavoie-Roux: On n'a aucun problème à vous les
donner.
M. Rochefort: C'est cela, j'ai évidemment compris qu'il
n'y avait pas de problème. La question des taux d'occupation dans les
centres hospitaliers.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas disponible pour l'année en
cours.
M. D'Astous: On vous a donné les derniers qui
étaient disponibles.
M. Rochefort: D'accord. Budget 1987-1988
d'Urgences-santé.
M, D'Astous: II n'y a pas de problème. Une voix: On
peut vous le fournir.
M. Rochefort: Est-ce que ce serait possible qu'on l'ait ce
soir?
M. D'Astous: Ce soir?
M. Rochefort: C'est parce qu'on veut parler des urgences
demain.
M. D'Astous: Demain matin, de bonne heure.
M. Rochefort: Oui, ce soir ou demain matin, pour moi, il n'y a
pas de problème, pourvu que je l'aie quinze minutes avant l'ouverture de
la commission.
M. D'Astous: II n'y a pas de problème, demain matin.
M. Rochefort: Au moins quinze minutes avant l'ouverture de la
commission, pour que je puisse au moins le lire une fois.
M. D'Astous: Pas de problème.
M. Rochefort: Â la question 24, fermeture de lits, coupure
de services, abolition de postes, est-ce qu'il y a quelque chose de plus
récent que le 18 novembre 1986?
M. D'Astous: Vous en aurez un demain matin.
Mme Lavoie-Roux: On me dit qu'il n'y a pas beaucoup de variations
par rapport à...
M. Rochefort: II y a au moins deux corrections à apporter
pour novembre 1986, en plus de l'évolution qu'a connue le dossier. Je
parle de Notre-Dame et de Fleury, pour vous aider, à moins que vous n'en
ayez d'autres. Les motifs ou raisons à l'obligation d'atteindre à
l'équilibre budgétaire, on a la liste de cinq ou six centres qui
n'y ont pas été obligés, mais on n'a pas les motifs, les
fondements de la décision qui s'applique à eux.
Mme Lavoie-Roux: Au fur et à mesure de la discussion, on
pourra vous les donner parce que ce sont des raisons variées. Je pense
que, quand on reviendra aux centres hospitaliers, on pourra vous les
donner.
M. Rochefort: Au minimum, je vous informe qu'on sera
intéressé à cela. Quant à la liste des promotions
et des mutations, j'aimerais...
M. D'Astous: Je ne comprends pas votre dernière
question.
M. Rochefort: Les promotions et les mutations?
M. D'Astous: Vous ne voulez pas les professionnels aussi? Parce
qu'il y en a...
M. Rochefort: II y a eu beaucoup de mutations?
M. D'Astous: Cela bouge. On a pensé que la question
s'adressait aux cadres principalement, mais...
M. Rochefort: J'ai été précis, cette
fois-là.
M. D'Astous: Si vous la voulez pour les professionnels, on va
vous la donner.
M. Rochefort: Je l'apprécierais beaucoup.
M. D'Astous: D'accord.
M. .Rochefort: M. le Président, je vous reconnais pour la
première fois dans ce fauteuil. M. le Président, on va y aller
sur un certain nombre de questions, compte tenu du temps qui est à notre
disposition.
Première question, M. le Président, page 23 du discours de
la ministre, dernier paragraphe, à son troisième niveau
d'intervention, la ministre nous dit: "...afin de faire face aux
problèmes que nous avons déjà évoqués."
Critères d'allocation des ressources
Je reviens donc au deuxième paragraphe: "revoir les
critères d'allocation des ressources en fonction des besoins des
populations à desservir ainsi que de la performance relative des
établissements". La ministre pourrait-elle nous éclairer, mettre
un peu de lumière autour de ces trois lignes qui peuvent vouloir dire
beaucoup?
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, j'ai fait très
brièvement allusion - d'ailleurs, ce n'était pas dans mon texte,
c'était même un ajout - j'ai dit qu'en dépit des ressources
qui existaient, il y avait toujours une iniquité ou une
inégalité des ressources entre les régions. Je vais vous
donner un exemple concret. Quand un montant est alloué pour les centres
d'accueil et d'hébergement pour l'alourdissement des clientèles
ou encore dans le cas - il y a un autre exemple concret -des 3 000 000 $ qui
sont ajoutés pour les CLSC - enfin on pourrait prendre d'autres montants
- on ne croit pas avoir d'outils absolument rigoureux pour assurer cette
équité régionale plus grande. On n'a pas d'outils
suffisamment raffinés pour être bien sûr que les
réqions ou que les institutions qui sont plus pauvres en ressources
reçoivent leur quote-part dans cette redistribution des ressources.
C'est un des aspects, justement, de trouver des critères plus
adéquats et plus rigoureux pour faire cette allocation des
ressources, pour que vraiment en profitent ceux qui devraient en
profiter davantage.
M. Rochefort: Est-ce que je vous comprends bien si je dis que
cela pourrait, par exemple, avoir pour objectif de mieux respecter
l'évolution des déplacements de population d'une région
à l'autre qu'on a connus au Québec? Par exemple, la
Montérégie a connu un accroissement.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être une variable qui
entrerait dans la détermination de ce cadre d'allocations. Cela peut
être un des critères qui soient utilisés. Il pourrait y
avoir des critères de richesse et de pauvreté, en termes de
richesse économique, si on veut, mais aussi en termes de ressources
existantes. Cela se fait déjà là où l'on met de
nouveaux lits, qu'on en ajoute ou qu'on en retranche, mais il reste qu'il y a
des régions qui sont plus pauvres au plan des centres d'accueil ou des
places en hébergement, etc. Le vieillissement pourrait être une
autre variable qui soit utilisée dans la détermination de ce
cadre de référence.
M. Rochefort: Vous comptez appliquer cela comment? Arriver
à cela comment? Vous allez mettre en place un groupe de travail?
Mme Lavoie-Roux: Je dois vous dire que je suis très
fière d'une chose. Au cours des ans, je pense que, déjà,
il y a eu au ministère un service d'évaluation et de
programmation ou une direction qui, petit à petit, s'est
amenuisée, au point même où on la retrouvait difficilement
à l'intérieur de toutes les activités du ministère.
Une des choses qui m'a frappée quand je suis arrivée au
ministère, cela a été de voir qu'un bon nombre de mesures,
qui en soi pouvaient être bonnes, étaient de façon
systématique implantées dans une continuité qui ne
semblait pas susciter beaucoup de questionnement ou d'évaluation
à un moment donné ou l'autre. Je vais vous donner un exemple
concret de cela. Quand est venue l'élaboration du plan de
désengorgement des urgences, des recommandations sont arrivées
pour créer tant de centres de jour dans la région de
Québec, tant de centres de jour dans la région de
Montréal. C'était quand même un nombre important. (17 h
30)
Je savais fort bien qu'il existait des centres de jour depuis fort
longtemps, qu'ils avaient crû, et tout cela. J'ai demandé:
Peut-être que c'est une bonne idée d'en ajouter 30 - pour prendre
un chiffre - mais est-ce qu'on a vraiment évalué la performance
des centres de jour? Est-ce qu'ils atteignent vraiment les objectifs qu'on
s'était fixés quand on a les mis en place? Certainement qu'ils en
atteignaient une partie, mais atteignent-ils tous les objectifs qu'on
s'était fixés? Pour réaliser que, finalement, on ne
s'était pas à nouveau interroqé ou qu'on n'avait pas fait
d'évaluation des centres de jour. Alors, c'est dans ce sens que je me
suis dit: C'est un élément important, à l'intérieur
d'un réseau aussi important et qui consomme des sommes aussi importantes
que le réseau de la santé et des services sociaux qu'on ait des
outils d'évaluation qui nous permettent, d'abord, de bien établir
nos priorités, mais surtout de réaliser les objectifs et de
s'assurer que les objectifs sont réalisés. C'est à partir
de cela qu'on a créé toute la section de l'évaluation et
de la programmation pour laquelle M. Paul Lamarche est sous-ministre
adjoint.
M. Rochefort: Une question additionnelle, M. le Président,
dans le même sens. Je m'aperçois que je suis en train de
déborder un peu par rapport à l'horaire que j'avais tenté
de me fixer. Est-ce qu'il y a un lien possible entre cela et la suite logique
de la mise en place du projet de loi 75 sur les plans d'effectifs
médicaux?
Mme Lavoie-Roux: S'il y a une suite logique?
M. Rochefort: Est-ce qu'il y a un lien possible entre les
deux?
Mme Lavoie-Roux: Bien, c'est évident qu'ils vont
travailler à l'élaboration. Ils ont déjà
travaillé à l'élaboration de critères. Je voudrais
savoir à quel moment vous voulez que le lien intervienne. C'est cela que
je n'ai pas compris.
M. Rochefort: Je vais vous dire, je vais être
précis. Je vais prendre deux minutes. Vous savez que je pensais que le
lien aurait dû intervenir au moment où on demandait aux qens de
faire des plans d'effectifs. Finalement, on ne leur a jamais dit combien on
était prêt à payer pour tel ou tel type de
spécialistes dans telle ou telle région et pour quel nombre. On a
demandé aux gens -c'était l'une des critiques qu'on faisait
à l'époque au projet de loi 75 - on disait aux gens: Faites-nous
des plans d'effectifs médicaux, mais nous ne vous disons pas combien
nous pensons que vous devez en avoir. Nous ne vous disons pas combien
l'État est prêt à financer de spécialités
dans telle région par rapport à telle autre, etc. Là, je
me dis: La loi a été adoptée. Les plans devraient
normalement avoir été soumis en ce qui concerne les
établissements et les régions d'ici un mois. Le 1er juillet, je
pense?
Mme Lavoie-Roux: Le 1er septembre. M. Rochefort:
Septembre? Bon. On a
déjà des plans. Par exemple, on en a en ce qui concerne
les établissements. Â quel moment vont intervenir des
révisions des critères d'allocation de ressources qui pourraient
justement donner un pendant budgétaire à ces plans d'effectifs
médicaux? D'ailleurs, quant à moi - si vous me permettez - ce
serait un instrument, disons, préalable avant que vous puissiez
autoriser un plan d'effectifs.
Mme Lavoie-Roux; Écoutez, l'équipe de M. Lamarche
travaille activement sur cela. Je vais lui demander de vous donner quelques
explications justement sur l'établissement de ces critères
reliés à la loi 75 ou à l'établissement des plans
d'effectifs médicaux.
M, Lamarche (Paul A.): Merci, madame.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi, pour le Journal des
débats, c'est M. Paul Lamarche.
M. Lamarche: Je m'excuse. Merci, madame.
Effectivement, comme vous l'avez mentionné, il y a bien sûr
un lien entre ce qu'on appelle l'équité interrégionale ou
les nouveaux critères auxquels madame a fait allusion tantôt et
aussi ce qu'on a développé pour l'application de la loi 75. On a
travaillé de concert avec les CRSSS justement pour tenter de dire quels
sont un peu les paramètres ou les balises en fonction desquels les plans
régionaux d'effectifs médicaux devraient être
détaillés, c'est-à-dire qu'on a pris essentiellement les
effectifs qu'on a actuellement et on a tenté de les répartir le
plus équitablement possible entre les différentes
régions.
M. Rochefort: Me permettez-vous seulement une petite
question?
M. Lamarche: Oui.
M. Rochefort: Je ne veux pas vous faire perdre te fil. Quand vous
dites: On a pris les effectifs qu'on a actuellement, vous voulez dire les
effectifs de tout le Québec ou les effectifs de chacun des
établissements concernés?
M. Lamarche: L'objectif de la loi 75 était effectivement
d'assurer une répartition la plus équitable possible des
effectifs médicaux dont le Québec dispose actuellement. Donc, on
a pris l'ensemble des effectifs du Québec et tenté de
répartir ces effectifs dans chacune des régions en fonction de
certains paramètres que je pourrai détailler si le besoin s'en
fait sentir.
M. Rochefort: Au minimum, M. le Président, si,
effectivement, il existe maintenant des paramètres qui ont
été fournis aux établissements, aux conseils
régionaux et qui seront utilisés par la ministre pour approuver
ou modifier les plans d'effectifs, pas pour maintenant, mais, M. le
Président, je souhaiterais bien qu'on puisse connaître ces
différents paramètres par établissement, par
région.
M. Lamarche: Juste un complément d'information. On a
effectivement fourni les paramètres aux CRSSS, c'est-à-dire au
ministère pour la répartition interrégionale, à
l'intérieur des régions pour la répartition
interprogrammes, pour être capable de tenir compte des centres
hospitaliers de courte durée et de soins prolongés, des centres
d'accueil, de même que des centres d'accueil de réadaptation.
Donc, c'est interproqrammes et, à l'intérieur de chacun des
programmes, il y a aussi des critères de répartition ou d'analyse
înterétablissements, c'est-à-dire pour chacun des types
d'établissement. Je pourrai vous faire part de ces critères.
M. Rochefort: La ministre est-elle prête à nous
fournir cela, M. le Président?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Rochefort: D'accord. Sur ce, pour nous, cela va pour
l'instant.
Commission Rochon
M. le Président, je voudrais aborder la commission Rochon. Merci,
M. Lamarche. M. le Président, on sait que, depuis la mise en place de la
commission Rochon, il s'est produit un certain nombre
d'événements. D'abord, quand la ministre est arrivée au
ministère, il y a eu modification du mandat, modification de
l'échéancier, modification de la composition. Depuis ce temps -
nous ne sommes pas les seuls à observer cela et à conclure une
telle chose, M. le Président - il y a, semble-t-il, des qestes qui sont
posés en parrallèle des travaux de la commission Rochon. Il y a
de plus en plus de comités qui sont institués par la ministre
elle-même, directement, pour toucher à des secteurs de
réflexion qui sont directement compris dans la mandat de la commission
Rochon. Rappelons-nous le comité Brunet sur les CLSC, le comité
Harnois sur la santé mentale, son groupe sur la
désinstitutionnalisation, son nouveau comité d'étude, un
des plus récents, sur les départements de santé
communautaire, son tout récent, celui sur les personnes
âqées. Par ailleurs, il y a aussi des décisions qui se
prennent et qui auront un effet direct sur l'accueil que pourraient avoir ou
qu'auront la ministre et le gouvernement à l'endroit de certaines
recommandations qui pourraient être contenues dans le rapport de la
commission Rochon. Je ne souhaite pas, dans la mesure où la
ministre y consent, qu'on fasse le débat sur les CLSC maintenant. On
pourra le faire... je pense qu'on s'est dit lundi. Par exemple, dans le cas de
la décision qu'elle a annoncée à la suite du rapport
Brunet, il y aura donc des fusions d'établissements possibles, de
territoires, et tout cela. Là aussi, tout cela se déroule sans
que la commission Rochon ait vraiment eu le temps de donner des orientations
qui sont un des éléments importants qu'on retrouve dans ce qui
doit être fait et ce qui, j'imagine, se déroule à la
commission Rochon.
J'aimerais, M. le Président, que la ministre essaie un peu de
nous situer, d'abord, la commission Rochon, d'ici à la fin de son
mandat, par rapport à ses activités à elle et aux
activités de son ministère. Deuxièmement, comment
peut-elle justifier les deux, c'est-à-dire le maintien en place de la
commission Rochon et la multiplication de groupes d'études, d'une part,
et, deuxièmement, un certain nombre de décisions qui entrent
directement dans des champs d'activité et de réflexion que la
commission Rochon fouille actuellement?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me sens tout à
fait à l'aise pour répondre à cette question. D'abord, il
faudrait rappeler au point de départ quel était le mandat de la
commission Rochon. Il y avait deux volets principaux: évaluer le
fonctionnement des différentes parties du système de services de
santé et de services sociaux - je pense que vous l'avez d'ailleurs dans
votre texte - qui était le premier volet, vraiment l'articulation du
réseau, les niveaux de décision, le rôle des
professionnels, les mécanismes de participation, et,
deuxièmement, le financement des services de santé et des
services sociaux. Il ne faut pas oublier que la commission Rochon, au point de
départ, est née, entre autres choses, des problèmes
multiples que rencontrait le réseau au plan financier. Les gens se
disaient: On a un système universel d'accessibilité aux soins de
santé dans l'ensemble du Québec, mais la pression devient de plus
en plus forte. Est-ce qu'on va pouvoir tenir? C'est pour cela qu'on lui a
demandé de se pencher - c'était en fait un volet important - sur
le financement des services de santé et des services sociaux, en tenant
compte des facteurs influençant l'offre et la demande, du
développement technologique, du niveau et des modes possibles de
financement, du processus de décision pour l'allocation des ressources,
des mécanismes d'évaluation et de contrôle et du
fonctionnement des différentes parties du système. Je pense que
ce sont là les deux grands volets du mandat de la commission Rochon.
Cela m'amuse un peu quand on me dit: Écoutez, vous avez mis en
place des comités de travail. D'abord, il ne faudrait pas
exagérer. Je voudrais rappeler que les comités de travail qui ont
été mis en place sont des priorités - on aime souvent nous
le rappeler - électorales. Si on prend la santé mentale,
c'était une priorité électorale pour le gouvernement, dans
un champ d'action précis. Si je mets de côté la question de
la répartition des effectifs médicaux en régions
éloignées, il y avait ce problème. Il y avait le
problème des urgences, il y avait le problème chronique de
financement des hôpitaux, etc. Je mets cela de côté.
Une voix: ...
Mme Lavoie-Roux: Non. De l'autre côté, il y avait le
problème de la santé mentale et il y avait également un
engagement, eu égard aux personnes âgées, touchant aux abus
dont elles sont victimes et dont on ne connaît pas véritablement
l'ampleur. La première partie, je dirais, ou la première action
de ce comité va être justement d'essayer de cerner l'ampleur de ce
problème. Ce sont quand même des problèmes auxquels on
avait décidé d'accorder une priorité.
Si j'avais attendu la commission Rochon, je n'étais intervenue
d'aucune façon... Par exemple, prenons un autre problème, celui
des CLSC Je suis sûre que vous avez lu le rapport Brunet - il n'est pas
très long à lire...
M. Rochefort: Mais, même quand ils sont longs, je les lis,
vous savez.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je n'ai pas voulu insinuer cela.
Celui-là se lisait facilement par rapport à l'autre, par rapport
à celui sur le transport ambulancier, si on veut.
M. Rochefort: Celui-là n'est pas public, c'est difficile
de le lire.
Mme Lavoie-Roux: Pour revenir à la petite histoire du
rapport Brunet, on y note, entre autres, sur le plan historique, que, depuis
1975, 1976 et continuellement à travers les années, on a
vécu - je pense qu'ils le disent eux-mêmes dans le rapport -les
humeurs des différents ministres.
M. Rochefort: C'est aujourd'hui qu'ils nous disent cela.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. Aujourd'hui, on va essayer
d'arriver à une conclusion.
M. Rochefort: À une meilleure humeur.
Mme Lavoie-Roux: Oui, une humeur plus permanente, disons. Je
pense qu'il
s'agissait de saisir vraiment quels étaient les enjeux et ce
qu'on voulait faire avec les CLSC parce qu'ils s'étaient
développés d'une façon cahotique, etc.
Alors, si, sur toutes ces données - je donne cet exemple -
j'avais dit: Écoutez, messieurs, dames, j'attends le rapport Rochon...
Le rapport Rochon va arriver presque à la fin de la deuxième
année, sans vouloir faire de prophétie ni annoncer quoi que ce
soit. Supposons que le gouvernement l'examine, compte tenu de l'envergure des
recommandations qui y sont contenues. Il devra quand même l'examiner
quelques mois avant de repartir des actions qui seraient retenues par le
gouvernement. Je pense que je ne pouvais pas me permettre d'attendre cela parce
que je serais arrivée presque à la quatrième année
de mon mandat en disant: J'attends le rapport Rochon. Les actions qu'on a
prises ne sont pas multiples. Elles sont dans des champs
déterminés qui nécessitaient une action, la plus
immédiate possible. Le gouvernement ou le ministère
n'était pas pour arrêter de fonctionner parce qu'il y avait la
commission Rochon.
Je vous ferai part également qu'en ce qui a trait au mandat des
CLSC, au mandat sur la santé mentale et même sur d'autres plans
que nous avions, par exemple, relativement aux modifications au conseil
d'administration des établissements, qui était une chose dont
j'avais parlé l'an dernier, après rencontre et discussions avec
la commission Rochon, j'ai convenu qu'il serait plus sage, dans ce cas,
étant donné qu'elle étudiait tout le fonctionnement et
l'articulation, d'attendre ses recommandations sur ce point donné, mais,
sur les autres, je ne crois pas que les individus qui ont des besoins urgents,
qui sont dans des situations extrêmement difficiles, si on pense à
la santé mentale ou si on pense à la problématique de la
désinstitutionnalisation, je ne crois pas qu'on devait tarder. On a,
à l'occasion, discuté avec la commission Rochon de notre
approche. Les personnes qui ont travaillé à ces comités se
sont concertées et il y a eu échanges, de part et d'autre, de
documents qui pouvaient - comme on l'explique d'ailleurs dans tout ceci - faire
l'objet d'intérêt pour les uns ou pour les autres. Vous avez tout
cela ici, dans ce grand... C'est la commission Rochon? Vous avez cela, vous
allez le retrouver quelque part. (17 h 45)
M. Rochefort: J'en ai un. Je ne sais pas si c'est le même.
L'étude des crédits de 1987-1988, réponse aux questions...
Je l'ai lu.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Bon. Écoutez, vous avez
toutes les réponses là-dedans.
M. Rochefort: C'est un "toute" au singulier, je pense. Par
rapport au nombre possible, pas par rapport à ce qu'on y trouve!
Mme Lavoie-Roux: Alors, je pense que la commission Rochon ne
s'est pas sentie entravée dans son travail, quoique je ne lui aie pas
posé la question, mais je pense qu'elle a aussi la même
préoccupation des services aux citoyens et que nous avons agi là
où des problèmes requéraient des solutions plus
immédiates. Je pense que personne nous gardera rancune d'avoir fait
cela. Je pense que cela s'imposait, sinon j'aurais été une
ministre totalement irresponsable. Je pense que rien ne vient entraver l'action
de la commission Rochon. Nous recevrons ses recommendations avec le plus grand
intérêt et j'espère qu'il y aura des solutions originales,
des solutions qui nous permettront de résoudre les problèmes qui
lui ont été soumis. Pour ma part, je dois continuer non seulement
d'administrer le ministère, mais surtout de me préoccuper de
donner à la population des services.
Si on prend un autre comité, la désinstitutionnalisation -
je vais en prendre deux autres que vous avez mentionnés - la
désinstitutionnalisation, dis-je, se situait à l'intérieur
de la problématique - je ne vous en fais pas reproche - qui nous avait
été léguée par l'ancien gouvernement au moment
où le moratoire avait été mis sur toute la question de la
désinstitutionnalisation. Je pense que, si vous étiez revenus,
vous auriez dû prendre une action dans le même sens. Les
résistances devenaient de plus en plus grandes à la
désinstitutionnalisation des handicapés intellectuels. Alors,
c'est un travail interne qui s'est fait avec les ressources du réseau.
Si on prend les départements de santé communautaire, il s'agit
d'un mandat interne de travail et il y a des qens de la commission Rochon, me
dit-on, qui travaillent avec eux également là-dessus. Je pense
qu'il n'y a pas de problèmes majeurs, bien au contraire. De part et
d'autre, on remplit les responsabilités qui nous ont été
confiées, tant les gens de la commission Rochon que le
ministère.
M. Rochefort: Quelques commentaires, M. le Président.
D'abord, dans un premier temps, on se comprend bien, loin de moi l'intention de
penser qu'il fallait que vous alliez en vacances jusqu'au 30 septembre
1987.
Mme Lavoie-Roux: Vous ne m'auriez pas donné cette
chance.
M. Rochefort: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: Vous ne m'auriez pas donné cette
chance.
M. Rochefort: J'essaie de faire ma part pour ne pas vous donner
cette chance, mais je pense que je ne suis pas tout seul. Mais, effectivement,
je pense que c'est normal que des décisions se prennent et que des
gestes se posent, d'autant plus qu'il y en avait beaucoup qui étaient
maintenant attendus. Mais je pense qu'il y a quand même un certain nombre
de secteurs de réflexion. Par exemple, prenons l'étude sur les
départements de santé communautaire. Je suis un peu surpris par
la réponse que vous nous faites. Vous nous dites: C'est une étude
interne et on travaille ensemble là-dessus. Cela m'amène à
une question sur la relation qui existe. Je veux bien que vous soyez bien
disposée par rapport à eux et qu'ils aient ce dont ils ont besoin
comme ressources pour exécuter leur mandat, mais je pense que, dans le
mandat et dans le type de commission qui a été mis en place, il
faut faire une nette distinction entre ce qui se passe à la commission
Rochon et ce qui se passe au ministère. Quand vous me dites qu'on est
quasiment en train de faire cela conjointement, qu'on travaille ensemble sur le
mandat et tout cela, j'avoue que cela m'inquiète un peu. Le mandat de la
commission Rochon n'est pas de participer aux réflexions du gouvernement
ou du ministère dans un secteur ou dans un autre, c'est de remplir un
mandat dont elle est redevable en vertu de la Loi sur les commissions
d'enquête, et tout cela, de façon autonome. J'avoue que je suis un
peu surpris de la réponse que vous nous faites là-dessus.
Dans un deuxième temps, je prends l'exemple de la décision
quant aux CLSC de procéder à des fusions. Pour moi, c'est au
minimum de l'ampleur des conséquences que votre projet de réforme
des conseils d'administration pouvait représenter et que vous avez
pourtant suspendu, compte tenu des travaux présentement en cours
à la commission Rochon. Et, inversement, il n'y avait pas pour moi
péril en la demeure, ce n'était pas relié à des
promesses électorales ce n'était pas relié à des
priorités. Il n'y avait pas de conséquences majeures à ce
que cela attende aussi, comme les conseils d'administration, parce que je sais
que vous aviez beaucoup de préoccupations et beaucoup de projets quant
à la réforme des conseils d'administration. Et, pourtant, vous
avez suspendu celle-là jusqu'à ce que le rapport Rochon soit
publié, alors qu'on commence à brasser dans les fusions sans
aucun cadre sur les fusions. Je me souviens d'une intervention de votre
sous-ministre en titre, à une rencontre récente de l'association
des cadres du réseau, où, finalement, il nous disait: On n'a pas
de politique de fusion. Corrigez-moi si je vous cite mal, mais c'est ce que
j'ai retenu du discours que vous avez prononcé et que j'ai lu. Vous n'en
aviez pas et vous disiez, finalement: On va en faire. C'est un peu ce que cela
laissait sous-entendre. J'avoue que je cherche.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je pense qu'il faut faire une
nette différence entre des modifications en profondeur, des
modifications qui auraient été d'une ampleur telle qu'elles
auraient requis une modification à la loi pour la formation des conseils
d'administration et le parachèvement de services à la population
dans le réseau des CLSC. Dans le cas des conseils d'administration,
d'abord, cela touchait à près de 1000 institutions, cela touchait
à la participation de la population, à la représentation
des différents groupes professionnels. Je pense que ce ne sont vraiment
pas deux problèmes du même ordre et c'est tellement vrai que, dans
un cas, il s'agit d'une mesure administrative alors que, dans l'autre cas, il
s'agit d'une mesure législative. Je pense qu'il y a une nette
différence au point de départ.
Maintenant, les fusions. II y a des CLSC qui ont fusionné avec
des centres d'accueil. Personne n'a soulevé ... Il reste une vingtaine
de CLSC qui offre des services dans des territoires donnés et, devant la
nécessité de rationaliser, de faire des expérimentations
de complémentarité et compte tenu qu'ils étaient en grande
majorité situés en milieu urbain, je pense qu'on peut, dans te
cas de ces CLSC, procéder de cette façon sans que la population
n'en soit affectée d'une façon quelconque. Au contraire, je pense
que, si on peut assurer une meilleure utilisation des ressources
financières, et surtout mieux articuler et travailler d'une façon
plus complémentaire entre certains établissements... Il y a
déjà des tentatives qui sont faites dans ce sens-là. Il y
en a une dans la réqion de la Matapédia; je pense qu'il y en a
une ici, pas tout à fait pareille, mais il y a des tentatives analoques
sur la côte de Beaupré ou dans la réqion de Beaupré.
Je pense qu'on pouvait procéder en toute quiétude pour faire ce
genre d'opération.
M. Rochefort: Sur les liens entre les fonctionnaires du
ministère et la commission Rochon?
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, j'allais le dire au point de
départ quand je parlais, lors de votre première question, des
liens entre la commission Rochon et le ministre. Je dois vous dire que j'ai
toujours et d'une façon absolument complète, je pense - cela
pourrait vous être confirmé par la commission Rochon -
respecté l'indépendance de la commission Rochon et je n'ai fait
aucune intervention, sauf consulter sur certains points, et je pense que
c'était normal.
M. Rochefort: Sur cette dernière réponse, M. le
Président, je vais être très précis. Pour moi, qu'il
y ait une relation entre la ministre et le président et quelques ou tous
les commissaires, c'est une chose normale, compte tenu qu'il y a des choses qui
se font concurremment. Sur cela, il n'y a pas de problème. Mais,
lorsqu'on nous a répondu que, pour le comité sur les
départements de santé communautaire, c'était d'abord un
comité interne au ministère... Là, on nous dit: On
travaille ensemble là-dessus. J'avoue qu'au-delà de
l'indépendance et de l'autonomie de la commission, on se prive d'une
réflexion qui est détachée du terrain, du train-train
quotidien et des réflexions qui se font à partir d'autres
préoccupations, sûrement légitimes, mais du
ministère de réfléchir aux départements de
santé communautaire. J'avoue qu'il faut être très prudent
quant à cela. Il y va de la qualité et de la
crédibilité des recommandations de la commission Rochon qui nous
arriveront l'automne prochain.
Mme Lavoie-Roux; Je vais demander au sous-ministre, étant
donné qu'il est plus familier avec le mandat de ce comité interne
du ministère sur les services de santé communautaire, de vous
répondre.
M. Cantin (Réjean): Par rapport aux départements de
santé communautaire, ce que l'on fait, c'est purement un état de
la situation, un bilan des programmes qu'on y retrouve et des effectifs
consacrés à un programme, un bilan des relations
interdépartements de santé communautaire et un bilan pour
connaître l'état de santé de la population d'un territoire
donné et comment elle est associée à un territoire assez
rapproché également. Donc, c'est un bilan qui pourra aussi bien
servir au ministère qu'à la commission Rochon. C'est, dans ce
sens que des gens de la commission Rochon se sont joints à notre groupe,
pour mieux connaître ce qui se passe dans les départements de
santé communautaire.
M. Rochefort: Merci. Sur l'autre élément, quand on
parle des fusions qui découlent de l'application que fait la ministre du
rapport Brunet - elle nous a même parlé, je l'ai noté,
d'expériences de complémentarité; je comprends qu'on
diverge et qu'il n'est peut-être pas utile qu'on fasse un débat
d'une heure autour de cela - mais, pour moi, c'est vraiment quelque chose de
majeur et qui, compte tenu de la préoccupation que la ministre
véhicule, et on aura l'occasion d'en reparler au moment de
l'étude des CLSC et du rapport Brunet.,. Quand la ministre nous dit:
Oui, mais il y a tellement de corporations dans ce réseau, y a-t-il
moyen d'en fusionner quelques-unes? C'est une chose. Ç'en est une autre
que de décider que, ce matin, on commence cela, avec ce qu'il reste
à parachever comme territoires de CLSC et qu'il n'y aura pas de
politique. Parfois, ce seront deux territoires de CLSC fusionnés
ensemble, parfois avec un hôpital, parfois avec un centre d'accueil; pour
moi, c'est une tout autre chose. Entre la préoccupation de départ
et l'application d'une décision, on s'en va vers quelque chose qui peut
avoir un impact majeur dans le réseau et qui peut avoir un impact majeur
aussi sur le moral, sur l'état d'esprit qui va régner à
l'intérieur du réseau parce que cela implique du monde. Cela
implique aussi une orientation. Pour moi, il est un peu de la nature des
responsabilités de la commission Rochon de nous éclairer, avant
toute chose, là-dessus, compte tenu de ses préoccupations de
financement, entre autres. Ils se préoccupent sûrement du nombre
de corporations.
Donc, pour moi, les conseils d'administration, même si l'un est de
nature législative et l'autre, quant au pouvoir de le faire, de nature
administrative, ils sont, à mes yeux, sûrement, au minimum, de la
même importance. Je vois que la ministre veut répondre et que le
temps court. Je vais ajouter une question et peut-être pourra-t-elle
faire le tour.
Depuis le dépôt des premiers documents de la commission
Rochon, il y a eu des réactions de la part de la
Fédération des travailleurs du Québec, de la
Confédération des syndicats nationaux, du Regroupement des
organismes de santé et de services sociaux, etc., disant qu'ils
souhaitaient une plus grande ouverture, une plus grande association des
intervenants, des qroupes intéressés à la deuxième
phase des travaux de la commission Rochon. J'aimerais que la ministre nous dise
quelles sont les représentations qu'elle a faites auprès de la
commission Rochon quant à la réalisation de la deuxième
phase de son mandat à l'égard des représentations qui ont
été faites quant au souhait exprimé par bon nombre
d'intervenants majeurs qui sentaient qu'ils n'auraient peut-être pas une
bien grosse place dans cela.
Mme Lavoie-Roux: Cela fait deux grosses questions pour deux
petites minutes.
M. Rochefort: Je suis d'accord, M. le Président, pour
qu'on prenne trois, quatre minutes...
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Rochefort: ...ou cinq minutes. M. le Président, je
consens à ce que la ministre puisse prendre le temps qu'il faut pour
répondre à cela.
Le Président (M. Leclerc): II n'y a pas
de problème.
M. Rochefort: Je ne serai pas accusé de limiter...
Le Président (M. Lederc): De toute façon, nous
avons jusqu'à 18 h 5, puisque nous avions cinq minutes de retard.
M. Rochefort: Ah! Excellent!
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, en relation...
M. Rochefort: C'est une bonne pratiquel
Mme Lavoie-Roux: Comme commentaire supplémentaire à
la première question que vous avez posée, à votre question
additionnelle, je sais que, là-dessus, on a des visions tout à
fait différentes. Alors, peut-être qu'on pourrait en discuter deux
heures et ainsi de suite. Il reste que je maintiens que l'envergure de la
formation des conseils d'administration... D'abord, la nature n'est pas la
même que celle du parachèvement des CLSC, à partir de
rattachements, de regroupements ou de certaines expériences de fusion.
Je pense que nous sommes à une ère où il faudra
arrêter de se poser des questions comme: Comment pouvons-nous rendre ce
système mieux articulé, plus complémentaire, assurer des
services plus continus, s'intéresser véritablement à tous
les besoins d'une communauté, si on veut continuer éternellement,
toujours, sans faire aucun type d'expérience dans une autre direction.
C'est au point de départ.
Le deuxième point, c'est que je vous ferai remarquer qu'on ne
change pas les territoires de CLSC. Il se pourrait, à un moment
donné, qu'un territoire soit changé. Cela n'a rien à voir
avec le parachèvement. Disons qu'il y a une petite querelle - ce n'est
même pas une querelle, mais appelons-la comme cela parce que je n'ai pas
d'autre mot pour le moment - entre le territoire de Cartierville-Bordeaux et
Saint-Laurent parce qu'on en a pris quelques milliers dans Saint-Laurent et
dans Bordeaux et que...
M. Rochefort: Je pense que la députée
concernée va faire beaucoup de représentations à la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Peut-être qu'ils sont capables de le
régler eux-mêmes aussi de temps à autre parce que c'est un
problème mineur, mais de grosses modifications aux territoires, il n'en
est pas question. Je pense que ce qui est important, c'est que la population
ait des services, qu'elle ait les meilleurs services possible et que, pour une
fois, on arrête les querelles de structures et qu'on s'applique à
donner des services à la population. Voilà pour la
première question.
Pour la deuxième: Non, je n'ai pas fait de représentations
à la commission Rochon dans le sens où vous me posez la question.
La commission Rochon est maîtresse de ses actions, de ses approches dans
l'échéancier qui lui a été donné. Alors, il
lui revient de juger s'il est opportun ou non de faire telle forme de
consultation plutôt que telle autre. Il ne faut pas oublier non plus
qu'elle a fait une très très large consultation après
quelques mois, après le début de ses travaux, et les syndicats en
particulier... Si vous avez lu le rapport d'étapes qu'elle a remis,
c'est même catégorisé à partir de champs
d'intérêt ou de groupes d'intérêt. Alors, je pense
que c'est à la commission Rochon de prendre cette décision et non
pas à moi de lui demander de faire telle ou telle chose.
M. Rochefort: M. le Président, la ministre n'est-elle pas
consciente que c'est un peu en raison de sa décision de modifier le
calendrier des travaux de la commission Rochon que celle-ci se voit dans
l'obligation de restreindre considérablement le type de consultations
qu'elle avait prévu elle-même réaliser dans sa
deuxième phase?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, la commission Rochon a
été annoncée, de mémoire, à peu près
en avril 1985. Les membres ont été nommés en juin 1985, ce
qui lui donne au-delà de deux ans pour accomplir sa mission. Cela nous
semblait raisonnable. Je pense qu'elle prend les moyens de s'acquitter de son
mandat, tel qu'il lui a été demandé.
Le Président (M. Leclerc): M. le député de
Gouin, Mme la ministre, avec votre permission, nous allons ajourner les travaux
de la commission au jeudi 28 mai, à 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 4)