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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit pour
procéder à l'étude des crédits budgétaires
du ministère de la Santé et des Services sociaux et de la
Régie de l'assurance-maladie du Québec pour l'année
financière 1987-1988, et les crédits budgétaires pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1988.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Non, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Aucun. C'est bien.
J'appelle donc le premier programme de ce matin, la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais, d'abord,
déposer, pour le député de Gouin, ce qu'il avait
demandé relativement au projet d'évaluation des urgences. Il
voulait avoir les devis, les soumissions, etc. C'est ceci!
Le Président (M- Bélanger): Bien. Mme la ministre,
oui.
Organisation des travaux
Mme Lavoie-Roux: La semaine dernière, tel qu'il avait
été convenu, il y a eu plutôt des questions d'ordre
général. Il reste qu'aucun programme n'a été
appelé. Je pense qu'il faut une certaine flexibilité. Si
l'Opposition veut que nous adoptions le programme 2 avant le 4 ou le 6 avant le
5, cela peut aller et nous sommes prêts à nous y prêter;
d'ailleurs, cela s'est toujours fait. Mais là, on ne sait plus quel
programme on appelle. Ce matin, il semble qu'on appelle la Régie de
l'assurance-maladie, c'est clair. Mais comment allons-nous procéder pour
le reste? Nous avons, quand même, quatre heures d'écoulées
et il faudrait s'entendre sur certaines dispositions quant aux autres
programmes.
M. Rochefort: M. le Président, tel qu'on l'avait
mentionné à la première séance, donc, j'imagine,
mercredi après-midi, tout d'abord, je veux rassurer la ministre: Pour
nous, il est clair qu'au bout de la période de 17 heures l'ensemble des
programmes devra avoir été vu ou être
considéré comme tel. Deuxièmement, oui, ce matin, pour
nous, tel qu'entendu, il y avait la Régie de l'assurance-maladie du
Québec. Je crois que j'avais annoncé qu'on souhaitait faire les
CLSC et les centres d'accueil et d'hébergement, et qu'on poursuivrait
cet après-midi avec la santé, donc tout ce qui est relié
au monde hospitalier. Il était clairement entendu aussi - et j'ai vu
tantôt dans nos discussions préliminaires, M. le Président,
que vous l'aviez bien retenu -qu'on verrait ce soir l'OPHQ et les
différents programmes sous la responsabilité de la
députée de Marie-Victorin: organismes bénévoles,
CSS, centres d'accueil et de réadaptation. Nous poursuivrons avec ce qui
restera au cours de la journée de demain.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je crois comprendre que
nous ne poursuivons plus, du côté de la santé, la
discussion sur les centres hospitaliers que nous avions ahordée
longuement jeudi. C'est remis à plus tard.
M. Rochefort: Pas à plus tard, à cet
après-midi, compte tenu du fait qu'on s'est entendu pour donner une
période à la Régie de l'assurance-maladie, notamment.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais cela fait, quand même, partie de
la santé et des coûts. Là, vous parlez des centres
d'accueil et on va revenir aux hôpitaux cet après-midi.
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): La liste que j'ai ici
donnerait la séquence suivante: ce matin, la Régie de
l'assurance-maladie; ensuite, les Services des centres d'accueil
d'hébergement et des centres hospitaliers de lonque durée; en
après-midi, on terminerait la discussion sur les centres hospitaliers;
ce soir, le proqramme 2, Soutien des organismes bénévoles, 4, les
centres de services sociaux, 5, les Services des centres de
réadaptation.
Mme Lavoie-Roux: Pour ce soir, il n'y a pas de problème,
M. le Président, on s'était fort bien entendu.
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
Mme Lavoie-Roux: De 20 heures à minuit, c'est la
discussion sur les dossiers de Mme la députée de
Marie-Victorin.
M. Rochefort: Je veux juste attirer... Oui, excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Rochefort: Je veux juste attirer votre attention sur le fait
que j'avais aussi indiqué les CLSC pour ce matin. Je vois que vous
l'avez peut-être sauté dans votre liste. Autre chose. Puisqu'il
s'agit aussi d'un organisme, quant au Conseil des affaires sociales et de la
famille, est-ce que la ministre a un moment privilégié, compte
tenu des disponibilités des représentants du conseil, ou si cela
pourrait être demain ou n'importe quand?
Mme Lavoie-Roux: Si on veut vraiment compléter un certain
nombre de programmes; on va se mettre d'accord pour reporter la fin de la
discussion sur les hôpitaux à cet après-midi et discuter
des CLSC et des centres d'accueil ce matin. Je pense que cela devra aller
à demain.
M. Rochefort: Parfait, pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous voulez que la présidente
soit ici?
M. Rochefort: Oui, s'il vous plaît.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Demain, il restera l'administration.
Ce n'est pas de l'administration, mais cela fait un peu partie des choses qui
se rattachent difficilement aux grandes catégories
d'établissements; alors, on lui demandera d'être présente
demain.
M. Rochefort: Parfait, merci.
Le Président (M. Bélanger): Demain matin, on
commencera avec le Conseil des affaires sociales et de la famille, c'est bien
cela?
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement ce point-là, on
verra.
M. Rochefort: Demain, sûrement.
Mme Lavoie-Roux: Au cours de la journée.
Le Président (M. Bélanger): Je vais le prendre en
note. Nous commençons donc, si j'ai bien compris, avec la Régie
de l'assurance-maladie du Québec. M. le député de
Gouin.
Régie de l'assurance-maladie
La vasectomie
M, Rochefort: M. le Président, vous me permettrez de
souhaiter la bienvenue au Dr Mockle, président-directeur
général de la régie. Je n'ai pas beaucoup de dossiers
à aborder dans le cadre des crédits de la Régie de
l'assurance-maladie du Québec. J'ai trois dossiers. Un premier concerne
la vasectomie. On sait que, le printemps dernier, la ministre a
déposé le projet de loi 74 pour régler un problème
d'ordre juridique quant à l'assurance offerte par la Régie de
l'assurance-maladie du Québec de la vasectomie. Il faut
reconnaître que, même s'il était dans les délais, ce
projet de loi roulait à pleine vapeur. On n'a pas eu de commission
parlementaire entourant ce projet de loi, même s'il y avait d'autres
dispositions qui intéressaient les groupes. C'était écrit
"pressé". La ministre nous disait: II faut se dépêcher pour
adopter le règlement, pour faire en sorte qu'on règle le vide,
l'imbroglio juridique qui pose, dans certains cas, des problèmes de
surfacturation de la part de certains professionnels de la santé.
On se retrouve aujourd'hui, 1er juin, presque un an jour pour jour
après, avec un règlement qui a finalement été
publié à la Gazette officielle du Québec, mais non sous sa
forme définitive, sauf erreur. M. le Président, j'aimerais qu'on
nous explique un peu où l'on s'en va avec le dossier de la vasectomie,
compte tenu des délais qui ont couru depuis le dépôt du
projet de loi qui était marqué "pressé" à
l'époque.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on se souviendra que ce
projet de loi avait été déposé le printemps dernier
et que, pour des circonstances que l'on connaît, il n'a pu être
adopté avant la fin de décembre 1986. Je peux dire au
député ce matin que le règlement modifiant le
règlement d'application de la Loi sur l'assurance-hospitalisation en ce
qui a trait à la vasectomie a été publié le 13 mai
1987 et, pour l'assurance-maladie, en même temps, avec un délai,
évidemment, de 45 jours, ce qui nous mène à la fin de
juin. Il peut par la suite entrer en vigueur incessamment.
M. Rochefort: Oui. Est-ce que l'intention de la ministre, c'est
de faire entrer en viqueur le règlement tel qu'il a été
publié, donc de faire en sorte que les délais soient
ramenés à leur plus court pour l'entrée en viqueur
définitive, ou si déjà la ministre a eu des
représentations qui nécessiteraient une nouvelle rédaction
du règlement?
Mme Lavoie-Roux: Depuis la publication du règlement, je
n'ai pas eu de
représentations. Alors, les 45 jours prévus vont
s'écouler et il est possible qu'il y ait encore des
représentations d'ici à la fin de juin. Enfin, à moins
qu'il n'y ait...
M. Rochefort: Je vais dire l'objectif que je vise par ces
questions à la ministre. Il y a une confusion actuellement,
sûrement dans la population. J'ai moi-même eu un certain nombre
d'appels téléphoniques, au bureau de comté ou ici è
Québec, de personnes qui se demandaient si c'était un acte
défrayé ou non par la RAMQ. Deuxièmement, j'ai
découvert que, étant donné que le règlement dans sa
forme définitive n'a pas été décrété
par le gouvernement, il y a encore des professionnels de la santé qui
fonctionnent de la même façon qu'ils fonctionnaient jusqu'à
l'adoption de la loi à partir du moment où on a découvert
l'imbroglio juridique; ils indiquent clairement que l'acte n'est pas
assuré, et ils sont prêts à le faire pour autant que la
personne s'engage à payer, à même son argent personnel,
l'acte de la vasectomie. On sait que la somme est assez importante étant
donné que cela sort concrètement de tous les paramètres
qui sont fixés par le gouvernement, notamment par la régie,
lorsqu'il s'agit d'un acte assuré. Si j'avais eu un seul cas, bon,
j'aurais peut-être pu penser qu'il s'agissait là d'un acte
isolé, mais un certain nombre de cas m'ont été soumis et
je pense, M. le Président, qu'en conséquence il doit y avoir,
d'une part, une bonne information fournie à la population;
deuxièmement, il faut que des indications claires soient transmises dans
les meilleurs délais aux professionnels concernés et que,
troisièmement, le règlement entre en vigueur dans les meilleurs
délais pour qu'on évite cette situation qui remet en question, au
fond, toutes les raisons qui faisaient que tant le gouvernement que
l'Opposition avaient souscrit à l'adoption d'une telle loi, notamment
pour éviter que les femmes du Québec n'aient la
responsabilité exclusive de supporter la décision des moyens de
contraception dans le couple.
Mme Lavoie-Roux: II reste que des vasectomies peuvent être
remboursées. De fait, le président de la régie m'informe
que 8000 actes ont été remboursés en 1986.
Évidemment, nous n'avons pas les données pour 1987. Tout ce que
je peux dire, c'est qu'il se pourrait que ce soit en vigueur dès le
lendemain du 30 juin. Il reste un mois et je pense que le Dr Mockle pourrait
vous dire quelles représentations ont été faites
auprès des professionnels pour les informer des possibilités de
remboursement par la régie.
M. Mockle (3. Auguste): En 1986, nous avions envoyé un
communiqué à tous les médecins pour leur rappeler
l'orientation prise dans le domaine des vasectomies. D'une part, nous avions
convenu d'un accord administratif avec le ministère qui nous permettait
de rembourser les bénéficiaires pour des vasectomies
reçues entre le 1er janvier et le 1er avril 1986; après cela,
c'était à leurs frais. Cependant, il était prévu
également dans l'accord que les médecins pouvaient nous facturer
et que ce serait considéré comme l'équivalent de services
assurés en vertu de l'assurance-maladie. Donc, un grand nombre de
médecins ont continué à nous facturer durant cette
période et après le 1er avril. Cependant, les
bénéficiaires qui ont reçu des vasectomies après le
1er avril 1986 et qui ont dû en défrayer le coût aux
médecins n'ont pu être remboursés. Ce que Mme la ministre
disait tantôt, c'est que, selon nos statistiques actuelles, en 1986, nous
avons payé aux médecins un peu plus de 8000 vasectomies, ce qui
représente à peu près 50 % des actes des années
antérieures. Donc, sur à peu près 16 000 ou 17 000, on en
a payé un peu plus de 8000. J'espère que ça répond
à la question.
M. Rochefort: Oui, oui, parfait. Je comprends que des
démarches ont été effectivement
répétées et sûrement bien faites par le
ministère et la régie pour que les professionnels qui se
retrouvent devant un cas sachent comment fonctionner et sachent que,
malgré l'imbroglio, la réqie assume les frais. Je veux indiquer
que, compte tenu des délais dans le dossier, il y a des professionnels
qui, malgré cette connaissance j'en suis certain - des informations
transmises par la réqie, refusent de fonctionner dans le système
pour profiter d'une possibilité de surfacturation, ce qui fait qu'on se
retrouve avec les problèmes qu'on connaît. Je suis convaincu que
vous avez eu des représentations au ministère aussi.
Mme Lavoie-Roux: Aucune, M. le Président. D'ailleurs, pas
d'autres...
M. Rochefort: Non, non, je ne parle pas du règlement, je
parle de problèmes qui se sont posés. Je ne peux pas croire que
le bureau des plaintes est rendu exclusivement chez moi. Je vais sûrement
vous demander des ressources pour assumer cette responsabilité.
Mme Lavoie-Roux: Ha! Ha!
M. Rochefort: Non, non, je suis très sérieux.
Mme Lavoie-Roux: On m'informe qu'on aurait reçu quinze
plaintes, au maximum, de personnes qui demandaient des remboursements et qui,
dans les
circonstances, ne pouvaient pas l'être. Je dis qu'il reste un
mois. Ce n'est pas parce que je n'aurais pas voulu que ce projet de loi soit
adopté le printemps dernier, mais l'Opposition se souviendra qu'elle
nous a mis dans une situation où on n'a pas pu l'adopter. On a
été obligé de le reporter à l'automne. Il a
été adopté au mois de décembre. On a maintenant la
publication du règlement. Il sera mis en vigueur le plus rapidement
possible, dès l'expiration des 45 jours prévus.
M. Rochefort: Un seul commentaire, M. le Président. Si la
ministre a des problèmes législatifs, je veux bien, mais non, pas
celui-là. Celui sur la santé dentaire, oui, on vous a mis dans
une telle situation que vous n'avez pas pu l'adopter dans les délais que
vous souhaitiez, mais, comme on vous l'a répété à
plusieurs reprises, on était prêt à donner tous les
consentements requis, sans aucune exception, pour que vous puissiez faire
adopter le projet de loi amendant la Loi sur l'assurance-maladie quant à
la vasectomie dès le moment où l'imbroglio juridique s'est
présenté. Si vous avez choisi de tenter d'utiliser les soins
dentaires pour le faire, c'est une décision fort légitime, mais,
non, ce n'est pas l'Opposition qui a retardé l'adoption d'un projet de
loi donnant la permission au gouvernement d'édicter un règlement
pour permettre que la vasectomie soit un acte défrayé par la RAMQ
au même titre que la ligature des trompes. Je m'excuse, M. le
Président, mais c'est une précision importante.
Soins dentaires aux enfants
Deuxièmement, M. le Président, on va aller à
l'autre beau projet de loi contre lequel on en avait et contre lequel on en a
toujours, le programme de soins dentaires. J'aimerais, M. le Président,
que la ministre nous explique, là aussi, ce qui occasionne les retards
pas tellement quant à la publication dans sa forme définitive, je
pense qu'elle a été faite, mais quant à l'adoption
définitive du règlement permettant au gouvernement d'appliquer sa
coupure au programme de soins dentaires.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le règlement
touchant l'application des mesures qui ont été prises pour
réduire de deux à un les examens, pour les jeunes de, disons, 2
à 15 ans, a été publié le 15 avril 1987 et
c'était un délai de quinze jours. La raison pour laquelle il
n'est pas encore public, c'est que des représentations nous ont
été faites par l'Association des chirurgiens dentistes. Nous les
avons écoutés; ils sont revenus à quelques reprises. Je
demanderais au sous-ministre aux relations du travail de vous en dire un peu
plus sur la nature des représentations qui ont été faites,
mais nous allons certainement aller de l'avant. On conteste, par exemple, que
le gouvernement puisse modifier en cours d'entente... Enfin, c'est le point de
vue de l'Association des chirurgiens-dentistes. Nos experts nous disent qu'il y
a possibilité qu'une désassurance soit adoptée en cours
d'entente et c'est pourquoi nous nous proposons d'aller de l'avant incessamment
avec l'application du projet de règlement.
M. Munn, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Munn (Jean-François): Tout simplement pour
compléter...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous
pourriez vous identifier, s'il vous plaît?
M. Munn: Jean-François Munn, sous-ministre adjoint aux
relations du travail.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie.
M. Munn: On a eu plusieurs rencontres avec l'Association des
chirurgiens-dentistes, dont la dernière en date de jeudi dernier, pour
convenir avec eux des modalités d'application du règlement et des
modifications nécessaires à l'entente. À ces rencontres,
il a été expliqué aux chirurgiens-dentistes qu'on
préférait de beaucoup en arriver à s'entendre sur les
modalités d'application du règlement plutôt que de
simplement promulguer le rèqlement, et on attend des réponses de
leur part.
M. Rochefort: Est-ce qu'il y a un calendrier, M. le
Président, qui semble envisageable pour qu'une décision finale
soit prise, soit effective?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Je pense que ce sera
certainement au cours du mois de juin.
M. Rochefort: Le débat qui a entouré l'adoption de
cette loi, faut-il le rappeler, se faisait dans un cadre où,
prétendument, il y avait un problème budgétaire au
gouvernement. Or, étant donné les crédits qui ont
été déposés cette année et vu que, dans le
budget qui a été déposé cette année, le
ministre des Finances est venu nous annoncer qu'il n'y avait plus de
problème budgétaire, est-ce que la ministre n'accepterait pas, M.
le Président, de laisser tomber l'entrée en vigueur du
règlement pour nous permettre de maintenir les proqrammes existants dans
le domaine de la prévention des soins dentaires pour les enfants? M, le
Président, j'ai peu d'espoir de convaincre la ministre, mais je me dis
que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Le programme
est encore en vie. M. le Président, on parle, selon les chiffres
de la ministre, d'une coupure, sur un budget annuel, d'à peu près
8 000 000 $. Selon nos appréciations, on parle plutôt de 8 000 000
$ à 20 000 000 $ parce qu'il y a des actes curatifs qui sont
dispensés au moment de l'examen qui n'aura pas lieu qui seront
sûrement reportés d'une année, donc qui ne seront pas
faits, avec les conséquences d'ailleurs que cela représente sur
la santé dentaire. (10 h 30)
Au dernier congrès de l'Association dentaire canadienne, il y
avait deux nouvelles, deux éléments importants qui nous
concernent directement. On disait, d'une part, que les jeunes
Québécois n'étaient plus les derniers du peloton quant
à l'état global de leur santé dentaire, au plan canadien.
Comme on avait dit, à l'époque, qu'une des raisons qui avaient
fait en sorte qu'on était passé du dixième au
sixième rang, c'était, notamment, la performance, l'efficience
des programmes qui avaient été mis en place au fil des
années, l'autre conclusion, c'était qu'il fallait continuer,
précisément pour ne pas se satisfaire, comme peuple, d'une
sixième place canadienne et viser l'excellence, compte tenu des
différents impacts sur l'état de santé global des
personnes concernées. Il fallait viser à maintenir nos programmes
pour pouvoir poursuivre cette amélioration très sensible,
très concrète que nous avons connue au cours des dernières
années.
M. le Président, je le répète: On nous a
présenté la coupure à une époque où on
prétendait qu'il y avait des problèmes budgétaires
majeurs. Le ministre des Finances nous a annoncé cette année
qu'il n'y avait plus de problèmes budgétaires. Je me dis: Est-ce
qu'il n'y a pas moyen... Est-ce que la ministre a fait des
représentations auprès du ministre des Finances pour tenter de le
convaincre de ne pas appliquer cette coupure et, en conséquence, de
laisser tomber l'entrée en vigueur du règlement?
Mme Lavoie-Roux: Non, je n'ai pas fait de représentations
et je n'ai pas l'intention d'en faire. Nous croyons fermement, compte tenu des
avis que nous avons reçus, que ce n'est pas la réduction de deux
examens à un seul qui va nuire à la santé dentaire des
enfants du Québec si toutes les autres mesures sont prises. D'ailleurs,
à ce même congrès, on ajoutait que, si la fluoration des
eaux était faite d'une façon plus
généralisée, ce qui a été
arrêté ou à peu près quand l'ancien gouvernement est
arrivé au pouvoir, on se trouverait probablement dans une situation
comparable à celle de l'Ontario, d'une part. D'autre part, il est vrai
que la situation économique du Québec est meilleure, mais il
faudra bien un jour fixer où sont nos priorités et c'est ce que
nous tentons de faire. Nous croyons que cette réduction ne nuit pas
à la santé des enfants, d'une part. D'autre part, il y a des
besoins extrêmement urgents auxquels on ne répond pas encore aussi
bien qu'on souhaiterait pouvoir le faire. Je pense que, si des sommes sont
déqagées, on peut les utiliser à d'autres causes, que l'on
parle de l'enfance en difficulté, que l'on parle des maisons pour femmes
battues, que l'on parle du suicide, que l'on parle de la santé mentale;
l'énumération, on le sait, est fort longue. Je pense
qu'administrer, c'est aussi savoir établir des priorités et les
établir en fonction des besoins les plus pressants de la
société.
M. Rochefort: M. le Président, j'ai un certain nombre de
commentaires. D'abord, le dossier de la fluoration. Si je comprends bien, on va
retourner dans le passé; je suis à l'aise dans cela. Sauf erreur,
M. le Président, d'abord, il est faux de dire que la fluoration a
été arrêtée sous l'ancien gouvernement. Selon les
dernières statistiques que j'ai vues, il y a eu une progression du
nombre des municipalités, au Québec, qui fluoraient l'eau, au
cours des dix dernières années, avec la préoccupation
d'améliorer la santé dentaire. Deuxièmement, M. le
Président, je dirai: Oui, quant à moi, le problème est
bien posé quand on dit: Cela dépend où sont nos
priorités. Je pense que la prévention, dans le domaine de la
santé, devrait être de plus en plus une priorité du
qouvernement, notamment les mesures de prévention qui peuvent être
prises auprès des enfants, étant donné que c'est un
investissement très solide qu'on fait pour longtemps.
Pour nous, cette décision n'a toujours pas sa raison d'être
et on cherche toujours des études. On se rappellera les fragments
d'études auxquels on a eu droit. À la fin des études du
dossier, après un an, M. le Président, finalement, les
chercheurs, notamment ce fameux chercheur anglais, ne concluaient pas dans te
sens qu'on voulait les faire conclure. Nous pensons toujours que le
gouvernement ne devrait pas faire entrer en vigueur un tel règlement,
mais, puisque la ministre nous dit que non seulement il n'y a pas de chanqement
de décision, mais qu'elle-même n'en souhaite pas, je voudrais
savoir comment cela va fonctionner. À partir de l'entrée en
vigueur du rèqlement, qu'est-ce qui va se passer? C'est que
l'année financière est commencée depuis le 1er avril.
Comment cela va-t-il courir? Comment cela va-t-il fonctionner pour les
parents?
Mme Lavoie-Roux: Cela va courir à partir du moment
où le règlement sera en vigueur. On ne pourra pas le rendre
rétroactif, de toute évidence, au 1er avril. S'il entre en
vigueur le 15 juin, pour donner une date, il courra à partir du 15 juin.
Il n'y
aura pas de rétroactivité.
M. Rochefort: Bien, M. le Président, je suis heureux de
savoir qu'il n'y aura pas de rétroactivité, mais comment cela
va-t-il fonctionner? À partir du moment où l'on dit qu'un enfant
a droit à un examen dentaire par année, comment peut-on appliquer
le règlement à partir du 15 juin? Je veux bien admettre que ceux
qui n'y seront pas encore allés n'auront donc pas droit à plus
d'un examen dans l'année puisque, entre le 1er avril et le 15 juin, pour
reprendre l'exemple de la ministre, ils n'auront pas fréquenté un
dentiste. Mais pour l'enfant qui s'est déjà
présenté chez le dentiste pour une visite entre le 1er avril et
le 15 juin prochain, comment cela va-t-il fonctionner s'il retourne chez le
dentiste après le 15 juin?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que celui-là pourra avoir deux
examens, quoique je doute..', Il ne faut pas oublier que les examens d'urgence
sont toujours couverts. Il aurait pu, de toute façon, y retourner pour
d'autres raisons que l'examen général. Dans ce cas-là,
selon ce qu'on m'a toujours dit, quand les gens ont fait leurs
représentations, c'est que deux examens étaient suffisants et il.
aura droit à un examen de plus s'il y retourne d'ici à la fin de
l'année. C'est tout ce que je peux dire. On n'est pas pour refaire des
rattrapages à l'inverse. C'est exactement ce qui va se produire.
M. Rochefort: Il faut qu'on se comprenne, M. le Président.
Je pense que c'est très important, ce qu'on aborde ici. Il faut
être précis dans nos termes. D'abord, je crois comprendre que la
ministre voulait plutôt dire qu'elle considère qu'un examen est
suffisant et non pas deux.
Mme Lavoie-Roux: Exactement.
M. Rochefort: Deuxièmement, M. le Président, je
veux qu'on se comprenne bien. À moins que la ministre n'ait
changé d'opinion, elle nous avait dit à l'époque qu'elle
continuait de croire que c'était souhaitable deux fois par année.
C'est, d'ailleurs, pour cette raison qu'elle continuait de défrayer,
pour les enfants dont les parents sont bénéficiaires de l'aide
sociale, deux examens par année, et non pas un seul, et qu'elle
souhaitait que l'ensemble des parents continue de favoriser deux examens par
année, mais que le deuxième, ils le paient eux-mêmes. Je
reviens à ma question. Je vais être très précis. Je
veux avoir une réponse claire, formelle et définitive de la
ministre. Qu'est-ce qui va se produire pour un enfant qui s'est
déjà présenté pour son premier examen dentaire de
l'année entre le 1er avril et la date définitive d'entrée
en vigueur du règlement si la famille, elle, juge que deux examens,
quelle que soit la situation, sont nécessaires? Qu'est-ce qui va arriver
pour le deuxième examen s'il survient après l'entrée en
vigueur du règlement?
Mme Lavoie-Roux: Dans l'hypothèse où il a subi un
examen et qu'il revient pour un autre examen, je pense qu'on ne calculera pas
à partir du 1er avril, mais à partir de la date d'entrée
en vigueur.
M. Rochefort: M. le Président, la ministre nous dit: Je
pense. Ce que je veux, c'est être bien certain. Il faut informer la
population. Il faut être sûr que la population ne se retrouvera pas
facturée. Il est certain que tout enfant qui a déjà
reçu un examen dentaire ou plus avant l'entrée en vigueur du
règlement et qui retournerait après l'entrée en vigueur du
règlement ne se verra pas facturé pour ce deuxième ou
troisième examen dentaire? C'est clair, ça?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, je veux rassurer le
député de Gouin que nous allons nous assurer que la population
sera bien informée.
M. Rochefort: Pour l'avenir. Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Rochefort: Pour l'avenir. Pour la suite.
Mme Lavoie-Roux: Elle sera bien informée des effets du
règlement.
M. Rochefort: Mais, moi, je voudrais le connaître
aujourd'hui, l'effet du règlement.
Mme Lavoie-Roux: Je vais compléter l'examen de cette
question avec mes fonctionnaires, mais il m'apparaît logique, en tout cas
il m'apparaît plus normal que le règlement ne puisse prendre effet
qu'à partir du moment de sa promulgation.
M. Rochefort: M. le Président, je serais heureux que la
ministre nous tienne au courant des réflexions et surtout des
décisions qu'elle prendra eu égard à une
rétroactivité possible qu'ouvre la dernière réponse
qu'elle vient de nous faire. Pour nous - et cela fait partie de ma
préoccupation - une fois qu'on dit qu'on laisse tomber le morceau et
qu'on applique la décision des coupures, je voudrais être bien
sûr, puisque le règlement permet qu'il y ait un seul examen par
année, que, pour l'enfant qui aurait subi son examen ce matin et dont la
famille considérerait toujours, comme, d'ailleurs, la ministre le
considère pour les enfants de bénéficiaires de l'aide
sociale, que deux examens par année seraient nécessaires et que
la deuxième visite aurait
donc été prévue, disons, en décembre
prochain, à peu près aux six mois, en plus de la visite
après l'entrée en vigueur du règlement, cela ferait deux
visites dans la même année, qu'on ne se retrouvera pas dans une
situation où on va envoyer une facture aux parents pour le
deuxième examen puisque le règlement dira bel et bien: II y a un
seul examen dentaire défrayé par année, et, qui aura
été dispensé avant l'entrée en vigueur du
règlement, mais dans l'année que couvre le règlement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ai rien d'autre
à ajouter. II y a deux interprétations possibles, l'une dans le
sens d'une rétroactivité et l'autre étant l'application ou
le calcul à partir de l'entrée en vigueur du règlement. Je
dois en rediscuter avec mes services et je pense que c'est dans ce
sens-là que cela devrait aller.
M. Rochefort: Mais, M. le Président, je veux bien qu'il y
ait deux interprétations. J'avais pensé à d'autres
dossiers qui sont très d'actualité de ce temps-ci au plan
juridique. Mais au-delà du fait qu'il y ait des interprétations
divergentes et qu'il faille en rediscuter quant à la conséquence
de la lettre du projet de règlement qui est actuellement en
consultation, quelle est la position de la ministre de la Santé et des
Services sociaux? Est-ce que, du point de vue de la ministre de la Santé
et des Services sociaux, il est souhaitable qu'il y ait ou non
rétroactivité dans le règlement dont nous parlons
actuellement quant à l'examen dentaire?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dis au
député de Gouin qu'il y a deux éléments à
considérer et je dois en mesurer toutes les conséquences. Quand
ma décision sera prise, elle sera connue publiquement.
M. Rochefort: Si je comprends bien, M. le Président, il
n'est pas exclu qu'il y ait un effet rétroactif à l'entrée
en vigueur du règlement.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas exclu en tenant compte de la
date du 1er avril, ce qui nous mènerait au 1er avril suivant.
M. Rochefort: M. le Président, je pense qu'il serait
peut-être urgent que la ministre informe la population, les parents qui,
sur un calendrier de deux visites annuelles parce qu'il n'y a rien qui les
empêche actuellement de prévoir deux visites dans l'année,
ont peut-être déjà envoyé leurs enfants pour une
première visite ou le feront dans les prochaines semaines avant
l'entrée en vigueur du règlement, vu qu'ils veulent avoir deux
examens, qu'ils ont prévu qu'ils ont droit actuellement à deux,
qu'ils se retrouveront pour le deuxième examen à une date
où, tout à coup, on les facturerait alors qu'au moment où
ils ont amorcé le programme de santé dentaire de leurs enfants,
deux examens étaient permis. Je pense qu'on ne peut pas laisser la
population entre deux chaises comme cela très longtemps.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que,
déjà, la population est passablement informée qu'il y a
une réduction de deux examens à un examen. Mais, dans
l'hypothèse où certains ne le sauraient pas, ce qui est fort
possible aussi, si on utilise la date du 1er avril, donc l'année
financière, ils auront eu à ce moment-là - le
député nous parle d'enfants qui auraient eu des examens depuis le
1er avril - un examen dans une année. Est-ce qu'on devrait laisser
tomber les trois mois et dire: Cela compte du 1er juin au 1er avril? Je suis
à examiner les répercussions d'une telle décision et je la
ferai connaître dès que possible.
M. Rochefort: M. le Président, je répète mes
points de vue, mais je sens qu'on ne fera pas beaucoup de chemin dans cette
direction-là et même je pense que c'est mettre la population dans
une situation d'incertitude et que c'est, encore une fois, entacher les
dimensions positives du programme de soins dentaires des enfants du
Québec.
Services médicaux aux femmes enceintes
M. le Président, on va poursuivre un peu dans la
rétroactivité et on va parler de l'entente entre la ministre et
l'Association des obstétriciens et gynécologues, mais uniquement,
puisqu'on le fait à l'intérieur du cadre du programme de la RAMQ,
dans le cadre de la directive émise par la RAMQ le 21 mai. Les autres
dimensions, on aura l'occasion de les aborder plus tard. Je veux, quand
même, profiter de la présence du président de la
régie. La fameuse directive dont on a parlé à la
période de questions la semaine dernière, datée du 21 mai
dernier, concerne les visites des femmes enceintes. Je répète, M.
le Président, que je ne vois pas trop comment on peut faire, à
partir d'une approche administrative, pour décider que douze visites, ce
sera suffisant, mais, comme je vous le dis, on reviendra là-dessus. (10
h 45)
La dernière phrase du paragraphe concernant l'obstétrique
se lit comme suit: "Aux fins de l'application des nouvelles règles, on
tiendra compte des consultations, des visites prénatales et des examens
spécifiques antérieurs au 1er juin 1987." Je veux bien qu'on
suive, tout le monde ensemble. Une femme qui est devenue enceinte avant le 1er
juin, qui est allée voir
son médecin, qui a une grossesse tout ce qu'il y a de plus
normal, qui va voir son obstétricien à six ou huit semaines du
début de grossesse, qui suit ce qui, actuellement, s'enseigne dans les
facultés et se pratique par les obstétriciens, par les
gynécologues-obstétriciens et qui, aujourd'hui, serait rendue
à 39 semaines de grossesse, on est conscient, M, le Président,
que ça fait douze. Il en reste trois, peut-être plus si elle se
rend à 42 semaines, comme cela arrive aussi dans des grossesses tout
à fait normales. C'est ce qu'il y a de plus normal que des grossesses se
rendent à 42 semaines. On se comprend bien là, il va manquer
trois ou quatre visites. Vu que le règlement est rétroactif, je
voudrais savoir ce qui arrive aux femmes qui, ce matin, sont à leur 39e
semaine et qui sont peut-être allées voir leur médecin pour
leur visite vendredi dernier, par exemple, qui ont épuisé les 12
examens maintenant payés par la Régie de l'assurance-maladie.
Qu'arrive-t-il pour les trois dernières visites si la grossesse se rend
à 42 semaines ou pour les deux dernières, si on se rend à
41?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'avais pas vu cette
directive que le député de Gouin a soulevée en Chambre il
y a environ une semaine. À sa lecture, j'ai demandé qu'on
révise avec les médecins spécialistes la portée des
mesures transitoires qui avaient été adoptées. On
m'informe qu'il y a eu, de fait, une rencontre avec la Fédération
des médecins spécialistes et qu'on révise, justement,
cette formule transitoire pour que les femmes, dans les circonstances
décrites par le député de Gouin, ne soient pas
pénalisées.
M. Rochefort: Si je comprends bien, il n'y aura pas d'effet
rétroactif dans l'application de la nouvelle entente tarifaire pour les
femmes qui sont présentement en grossesse.
Mme Lavoie-Roux: En est-on arrivé à une
décision? Je ne sais pas s'ils en sont arrivés à une
décision. C'est pour cela que je demande au sous-ministre de vous le
dire. Ils ont eu des rencontres vendredi dernier.
M. Munn: II y a eu une rencontre vendredi matin, il y a eu accord
de principe avec les représentants de la Fédération des
médecins spécialistes du Québec pour que le
règlement n'ait pas de portée rétroactive. Maintenant, il
reste à formaliser l'entente. Est-ce que ce sera pour les cas de
grossesse à partir du 1er juin que cela s'appliquera ou y aura-t-il un
certain nombre de visites selon le nombre de mois qu'il reste à
écouler à la grossesse? On n'a pas formalisé l'entente sur
ce point, mais il y a accord pour que l'entente prévoie que les cas de
grossesses qui sont antérieures au 1er juin puissent avoir des visites
tarifées.
M. Rochefort: C'est cela, la limite?
M. Munn: C'est ce qu'il reste à formaliser parce qu'il
faut préciser une chose, c'est que, quand vous parlez de limite, vous
parlez de visites tarifées. Il est toujours possible qu'il y ait des
visites qui ne soient pas tarifées.
M. Rochefort: Oui, mais vous savez, le bénévolat,
dans ce domaine, à moins que vous ne me disiez que c'est
changé.
M. Munn: On fait affaire avec des professionnels de la
santé qui ont généralement une conscience
professionnelle.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il y a d'autres dispositions dans
l'entente selon lesquelles, par exemple, pour des actes donnés, il y a
des tarifs précis qui pourront vouloir dire, dans certains cas, un
certain nombre de visites - là, je ne parle plus des femmes enceintes -
et dans d'autres cas, un nombre supplémentaire de visites, mais à
partir d'un montant précis. Je pense qu'on peut bien mettre en doute
l'esprit professionnel de tout le monde, sauf le sien, mais il faut
peut-être se dire aussi qu'il y a encore des professionnels de la
santé qui ont une conscience professionnelle.
M. Rochefort: Je suis d'accord, très bien, mais vous
comprendrez qu'entre le discours et les écrits... Ce qui est
écrit, c'est qu'il n'y aura pas une deuxième tarification. Il n'y
aura pas plus que douze examens par année dans le cas des grossesses,
des femmes enceintes. Je maintiens que, si c'est utile de conclure une entente
de tarification, j'imagine que c'est parce que ce monde-là tarifie les
services. Quant à moi, il n'est pas question de mettre en cause la
conscience professionnelle de qui que ce soit. Il s'agit de faire en sorte que
les règles de tarification soient appliquées ou pas. Je voudrais
savoir si cela va être appliqué.
Quant à la' réponse qu'on nous a fournie, d'abord, je
pense que la ministre conviendra avec moi qu'il faut que la décision
finale sait prise dans les prochaines heures parce que c'est à compter
d'aujourd'hui que le règlement ayant trait aux douze visites avec
rétroactivité possible entre en vigueur. Jusqu'à nouvel
ordre, c'est, d'ailleurs, celui-là qui est en vigueur.
Deuxièmement, j'ai cru comprendre, d'après la réponse du
sous-ministre adjoint aux relations du travail, qu'il n'est pas
complètement exclu qu'il y ait encore des éléments de
rétroactivité, au fond qu'on tienne compte de ce qui aurait
déjà été fait
dans un certain nombre de cas.
Là, je veux attirer l'attention de la ministre sur le fait que,
au départ, même s'il ne s'agit pas d'un cas où on serait
rendu à 39 semaines de grossesse, disons qu'on en est rendu à 14
aujourd'hui, soyons conscients et convenons ensemble, je pense, qu'en ce qui
concerne la conscience professionnelle, dès le premier jour où la
patiente et le médecin se sont vus, ce dernier a prévu un plan
pour le suivi de la grossesse de la femme en question. On lui dit que, compte
tenu qu'il y a trois examens de faits sur un calendrier dans lequel il n'y
avait pas de limite, maintenant, il ne reste que neuf examens qui seront
rémunérés pour le reste de la grossesse. Ce qu'on fait,
c'est qu'en cours de suivi de grossesse on change le plan de suivi de grossesse
déterminé par le médecin en fonction de la patiente qu'il
a devant lui, toujours, je le répète, dans le cas d'une grossesse
dite normale.
Je voudrais être sûr que cela se fait sans trop de
problèmes, notamment pour la santé des deux, si on modifie en
cours de route un plan médical de suivi de grossesse.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux assurer le
député de Gouin qu'à partir d'une possibilité,
d'une éventualité qui pourrait se présenter et qui
réduirait d'une façon préjudiciable le nombre de visites
permises durant une grossesse, nous allons nous assurer qu'il n'y ait pas de
telle pénalité. Maintenant, je dois lui dire également
qu'à l'heure actuelle, dans le cas des grossesses normales, la moyenne
des visites prévues se situe aux alentours de sept ou huit, me
dit-on.
Une voix: Les profils de pratique donnent huit.
Mme Lavoie-Roux: Les profils de pratique donnent huit visites, en
moyenne, pour une femme enceinte. J'imagine que ceci doit exclure les cas de
grossesse à risque.
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Et dans ce qui est prévu, c'est au moins
douze. Cela ne veut pas dire que les gynécologues obstétriciens
vont modifier leur profil de pratique. Ce sera peut-être encore huit,
mais ils auront toujours la possibilité, dans le cas d'une grossesse
normale, de se rendre à douze visites par grossesse.
M. Rochefort: M. le Président, je veux bien, cela est
sympathique, jouer sur les moyennes et dire que, compte tenu que la moyenne est
de sept ou huit, sans même modifier le profil de pratique, ils pourront
se rendre à douze, mais je voudrais juste qu'on se comprenne. La
moyenne, c'est une chose; c'est pour des fins de statistiques. La
réalité, c'est que pour qu'il y ait une moyenne de huit, il y a
sûrement des cas qui dépassent douze et qui se verront
réduits. Que la ministre passe les calculs, qu'elle voie quel est
l'enseiqnement universitaire qui est dispensé au Québec dans ces
domaines et quelle est la pratique pour une grossesse, je le
répète, tout ce qu'il y a de plus normal. Si la femme se
présente chez son médecin pour la première visite à
quelque chose comme six ou huit semaines du début de la grossesse,
qu'elle connaît une grossesse qui dure 42 semaines, ce qui est de plus en
plus fréquent, toujours dans des grossesses tout à fait normales,
avec ce qui est enseigné dans les facultés universitaires
actuellement et ce qui se pratique, cela donne quinze à seize visites et
non pas la moyenne de huit ou le plafond maximum de douze qui est maintenant
édicté par la ministre.
C'est évident qu'il y a des cas de grossesses tout à fait
normales, sans risque, où les femmes se présentent chez leur
médecin, d'un commun accord, à peu près à douze ou
quatorze semaines du début de la grossesse et qu'elles ne se rendent pas
à 42 semaines. Il y en a même qui, à l'occasion, accouchent
un peu - je vais le dire dans mon vocabulaire - prématurément,
mais ce n'est pas vraiment une naissance prématurée au sens
médical du terme, qui accouchent donc à 37 ou 38 semaines. C'est
évident qu'on ne se rend même pas à douze visites, j'en
conviens totalement.
Je veux bien qu'on se comprenne: on est en train d'établir une
norme à partir d'une moyenne établie à partir d'un profil
général global de pratique un peu particulier.
Mme Lavoie-Roux: Alors, quatre semaines et demie par mois, cela
nous mène, dans les cas extrêmes dont vous parlez, à 42
semaines.
M. Rochefort: C'est ce que j'ai compris de ce que vous me
dites.
Mme Lavoie-Roux: Cela nous mène à neuf mois.
M. Rochefort: Je n'ai pas compris. Quatre semaines et
demie...
Mme Lavoie-Roux: On calcule environ quatre semaines et demie par
mois, pas strictement 28 jours.
M. Rochefort: Où s'en va-t-on?
Mme Lavoie-Roux: En calculant quatre semaines et demie, cela fait
9,76.
M. Rochefort: M. le Président, je vois, encore une fois,
ce qui nous distingue, ce qui est l'élément de
différenciation entre la
ministre et moi. Je comprends qu'avec les règles à calcul,
les calculatrices, les moyennes, les profils de pratique, on peut
peut-être arriver à des choses comme cela. Mot, je vous dis ce qui
est enseigné dans les facultés universitaires au Québec ce
matin, ce qui est pratiqué par les
gynécologues-obstétriciens ce matin au Québec.
Jusqu'à 32 semaines, ce n'est pas une visite aux quatre semaines et
demie, c'est une visite aux quatre semaines. Faites vos calculs dans le cas de
quelqu'un qui y va à six ou huit semaines du début de la
grossesse: jusqu'à 36 semaines, c'est une aux deux semaines et, à
partir de la 37e semaine de grossesse, c'est une par semaine. Faites votre
calcul sur une grossesse tout à fait normale de 42 semaines avec un
début de relation avec le professionnel de la santé à six
ou huit semaines. Moi, j'arrive à 15 ou 16. C'est très bien, les
calculatrices, les moyennes et les profils de pratique, mais que voulez-vous
que je vous dise? C'est cela, la réalité ce matin de ce qui est
enseigné dans les universités et pratiqué par les
gynécologues-obstétriciens.
Je répète que je comprends qu'il y a des gens qui
commencent cela à trois mois et demi de grossesse et le
bébé naît à 37 semaines, 37 semaines et demie. Je
suis sûr qu'on est dans le mille probablement, peut-être même
moins, des sept, huit ou neuf visites moyennes dans les profils de pratique.
Que voulez-vous, les enfants ne naissent pas tous dans les moyennes des profils
de pratique et les grossesses ne se déroulent même pas toutes
comme cela, même si elles sont tout à fait normales, je le
répète.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je faisais faire un
calcul sur les 42 semaines, parce que j'avais l'impression qu'on était
rendu à des grossesses de dix à onze mois.
M. Rochefort: Vous vous êtes faites jouer un tour?
Mme Lavoie-Roux: C'est ça. En réponse à la
question du député de Gouin, je voudrais lui dire que, concernant
les soins prénataux, parce que j'ai l'impression que le
député de Gouin est devenu un spécialiste en
obstétrique-gynécologie, la limite de douze par grossesse normale
excluant la première visite, parce qu'il y a toujours une
première visite qui est un examen spécifique, rencontre les
standards indiqués dans le dernier traité d'obstétrique
publié par Prichard et MacDonald, traité qui constitue la
référence de base pour l'enseignement de l'obstétrique
pour l'ensemble des facultés de médecine au Canada et aux
États-Unis. Cette règle ne s'applique pas aux grossesses à
risques élevés qui, de toute façon, ne sont soumises
à aucune limitation quant au nombre de visites.
Je dois vous dire que cette opinion qui m'a été remise est
signée par un professeur titulaire et directeur du département
d'obstétrique-gynécologie de la Faculté de médecine
de l'Université de Sherbrooke, par le Dr Gauthier qui est professeur
adjoint de clinique à l'Université de Montréal et qui est
chef du service d'obstétrique et de périnataloqie à
l'hôpital Sainte-Justine de Montréal, par le chef du
département d'obstétrique et de gynécologie de
l'hôpital Saint-François-d'Assise de Québec et
également par le professeur adjoint du département
d'obstétrique-gynécologie et du centre de cancer de
l'Université McGilI.
M. le Président, vous comprendrez que, si les scrupules du
député de Gouin l'honorent, il reste que, peut-être devant
le type d'avancés qu'il fait et l'opinion que j'ai obtenue, je n'ai pas
encore, jusqu'à ce moment, de données sérieuses qui me
permettent de remettre en question le nombre de visites qui seront
désormais allouées, soit douze excluant la première, comme
je le disais toujours, dans le cas d'une grossesse normale et un nombre
illimité dans le cas de grossesses à risques.
M- Rochefort: M. le Président, vous comprendrez que nous
serions intéressés à ce que la ministre dépose le
document qu'elle vient de citer avec la date où il a été
produit et la date où il a été demandé. (11
heures)
Deuxièmement, M. le Président, je vous dirai que,
contrairement à ce que la ministre veut laisser sous-entendre, pour les
raisons qu'elle connaît, je ne prétends pas être un
spécialiste en la matière, sauf que, malgré les avis que
vous venez de nous donner, c'est ce qui est enseigné dans les
facultés universitaires et c'est ce qui se pratique. C'est d'ailleurs
pour cela que vous le limitez, sauf erreur; sinon» je ne vois pas
pourquoi on le limiterait. Je vous répète qu'à partir des
calculs simples de ce qui est enseigné et pratiqué, toujours dans
le cas de grossesses dites normales, je maintiens que cela donne 14 ou 15
visites. Là, ce ne sera plus possible et, donc, cela amène une
modification au profil de pratique. J'espère que vous ajusterez au moins
ce qui sera enseigné en faculté, surtout avec les relations que
vous avez.
Mme Lavoie-Roux: Le témoignage que je vous apporte est
celui de professeurs en gynécologie-obstétrique des
universités du Québec, ils me disent que c'est la base de
l'enseignement dans les facultés de médecine du Québec,
des États-Unis et du Canada, dans l'ensemble. Je ne sais pas quel autre
argument le député de Gouin peut utiliser.
D'ailleurs, M. le Président, je voudrais ajouter un autre
élément. Est-ce que le député de Gouin veut
à tout prix
surmédicaliser la grossesse normale? On sait comment les femmes
réagissent à une surmédicalisation de la grossesse. On
garantit que toutes les mesures de prudence nécessaires sont prises. Il
faudrait, selon le député de Gouin, en ajouter davantage et
surmédicaliser, encore une fois, une grossesse normale, alors que,
depuis maintenant une bonne quinzaine d'années, sinon davantage, les
femmes se défendent de plus en plus contre la surmédicalisation
de ce qui est un processus normal dans leur vie.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre...
M. Rochefort: C'est parce que...
Le Président (M. Bélanger): Juste une brève
question sur le même sujet. Si j'ai bien compris, cela a fait l'objet des
négociations du protocole avec la Fédération des
médecins spécialistes. Quelle a été la
réaction des spécialistes concernés à cette
décision de votre part?
Mme Lavoie-Roux: Une décision de ma part, il faut bien
comprendre comment cela fonctionne.
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui,
excusez-moi.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont les différentes
spécialités à l'intérieur de la
Fédération des médecins spécialistes qui, à
l'occasion de chaque entente, révisent les différents actes
médicaux et chirurgicaux: il y en a environ 4000 à 5000. Ceux-ci
sont revus et modifiés fréquemment. Dans ce cas-ci, ce sont des
règles qui ont été modifiées. Elles ont
été soumises aux membres de l'Association des
obstétriciens et gynécologues qui les ont adoptées en
réunion générale. Il n'y a eu qu'une seule dissidence, la
seule qu'on ait entendue, il y a à peu près dix jours, mais
aucune autre représentation ne m'a été faite. Je
répète que ceci a été adopté par
l'assemblée générale des médecins
spécialisés en gynécologie-obstétrique.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, je comprends qu'il y avait
nécessité, aux yeux de la ministre, de passer à
l'offensive. Je lui dirai d'abord que, non, je ne suis pas un tenant de la
surmédicalisation des suivis de grossesse, mais que ce n'est
sûrement pas, quant à moi, à partir de
préoccupations administratives et de masses salariales qu'on doit
déterminer les types d'actes médicaux qui doivent être
disponibles pour les gens qui en ont besoin dans une société
comme la nôtre. Cela, c'est clair dans mon esprit.
Si la ministre veut aborder la question de la surmédicalisation,
je veux lui dire, immédiatement, qu'avec une décision comme celle
qu'elle vient de prendre, il y aura effectivement une conséquence de
surmédicalisation des grossesses, parce qu'elle sait tout aussi bien que
moi, qu'une décision administrative comme celle-là aura un effet
direct quant au déplacement des profils de pratique. C'est ce qu'on vit
depuis l'entrée en vigueur de l'assurance-maladie au Québec. Je
vous prédis, immédiatement, que, dans les profils de pratique
qu'on suivra à la Régie de l'assurance-maladie l'an prochain, il
y aura, comme par une opération du Saint-Esprit, de plus en plus de
grossesses à risque au Québec. Cela aura un effet de
surmédicalisation, là aussi, non pas à partir de
préoccupations médicales, mais à partir de
préoccupations administratives et de masses salariales.
Je veux bien que la ministre sente utile de passer à l'attaque,
mais, si vous voulez parler de surmédicalisation, je suis bien
prêt. Vous êtes en train de mettre en place un cadre qui va
créer la surmédicalisation des suivis de grossesses pourtant tout
à fait normales et qui ne nécessitaient pas une telle
surmédicalisation.
Deuxièmement, je dirai à la ministre qu'il faudrait qu'on
se comprenne bien. Oui, c'est vrai, je l'ai toujours reconnu, je n'ai jamais
mis cela en doute, que cela a été discuté avec
l'association des médecins, le syndicat. Je veux bien, mais il ne faut
pas que la ministre magasine selon ce qui fait son affaire. Quand c'est le
Syndicat des dentistes qui dit que sa coupure dans les soins dentaires n'est
pas bonne, elle dit: Oui, mais, écoutez, c'est le syndicat. Moi,
évidemment, je dois me préoccuper non pas de la défense
des intérêts personnels des membres de l'association des
dentistes, mais je dois me préoccuper de la santé
générale des gens. Tout à coup, quand c'est un syndicat
qui l'appuie, on s'appuie sur le syndicat comme si c'était devenu le
nouvel office responsable de la défense des intérêts
médicaux des patients du Québec. Je veux juste qu'on soit
cohérent quant à l'utilisation qu'on fait des groupes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'ajouterai rien
d'autre, sauf que le député vient de nous révéler
que cela n'a aucune espèce de conséquence qu'il y ait seulement
douze examens puisque, de toute façon, on va s'en remettre à une
définition de grossesse à risque et dire que, de toute
façon, il n'y aura pas de limite. Il y a un peu d'incohérence
dans le discours du député de Gouin. Il sent que le tapis lui
glisse sous les pieds. Alors, il se lance dans la possibilité que toute
grossesse devienne à risque.
Je voudrais ajouter un deuxième point. Quand il dit que c'est
relié uniquement à des décisions administratives, je pense
qu'on peut, à certaines occasions, faire des reproches à des
professionnels de la santé. Il n'y a aucune profession, d'ailleurs... On
pourrait en faire de même aux professionnels du droit, on pourrait en
faire à toutes les professions, en génie ou ailleurs, mais, de
là à généraliser quand une association qui comprend
x nombre de membres accepte ce type d'entente, je ne peux pas croire qu'aucun
d'entre eux n'a de conscience professionnelle. C'est ce que le
député de Gouin insinue quand il dit: Vous vous fiez à une
association qui est un syndicat. L'association est constituée par ses
membres et, moi, je pense que, dans la majorité des associations ou
syndicats professionnels, il y a quand même des préoccupations
professionnelles qui sont les leurs et je pense qu'on ne peut pas conclure que
cela a été strictement un acte administratif et que personne ne
s'est préoccupé du bien-être des autres, d'autant plus que
parmi l'exécutif de cette association et de ses membres en
général, il y a des professeurs d'université et des chefs
de départements de gynécologie et d'obstétrique des
hôpitaux. Je pense qu'on peut se sentir rassurés.
Je le répète, aucune représentation ne m'a
été faite jusqu'à maintenant, sauf celle du
député de Gouin. Vous me permettrez, dans le choix à faire
entre les opinions médicales du député de Gouin et celles
des spécialistes en la matière, de retenir celle des
spécialistes.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord, je dirai à
la ministre que je suis heureux de voir que des associations professionnelles
de la santé vont remonter un peu dans son estime. J'aurais
souhaité que l'association des dentistes ait au moins les mêmes
lettres de créance auprès d'elle. Je la réfère
à ses propres discours de l'année dernière sur le fait
que, finalement, c'était le syndicat et patati et patata...
Je dirai aussi à la ministre que notre intervention
jusqu'à maintenant aura au moins réussi à faire en sorte
qu'il n'y ait probablement pas de rétroactivité sur ce qui est en
cours. Je pense que cela n'aura pas été inutile. J'attends
toujours que la ministre nous donne son accord, à savoir si elle
déposera ou non le document auquel elle vient de faire
référence, avec la date où il a été
demandé et celle où il a été reçu.
Mme Lavoie-Roux: On va vous le déposer, le document. Je
n'ai aucune espèce de...
M, Rochefort: Les deux dates sont là: la date de demande
du document, comme la date de réception.
Mme Lavoie-Roux: On a demandé de nous donner par
écrit l'opinion qui avait été donnée à la
table de négociation, compte tenu de la question qui avait
été posée. Je l'ai dit en Chambre que cela avait
été... Par écrit, le document a été
demandé jeudi ou vendredi dernier, mais j'avais dit en Chambre que cela
avait été discuté à la table des
négociations, que des opinions médicales avaient
été données et, évidemment, que ceci avait
été vérifié par les experts médicaux du
ministère également qui était d'accord pour que de telles
mesures soient prises. Il nous fera plaisir de vous remettre la lettre qui m'a
été envoyée.
M. Rochefort; M. le Président, seulement pour qu'on se
comprenne bien, ce n'étaient quand même pas tous ces
professeurs-là qui étaient à la table de
négociation. Il y a beaucoup d'intermédiaires dans cela, je
pense, n'est-ce pas? J'imagine que ce ne sont pas les doyens des
facultés qui négocient.
Mme Lavoie-Roux: Oui. On me dit que, des quatre
signataires...
M. Rochefort: Combien y en avait-il à la table?
Mme Lavoie-Roux: À la table, il y en a plus. Cela peut
varier, mais, généralement, ils sont quatre ou cinq au moins. Il
y en a qui peuvent...
Une voix: ...s' interchanger.
M. Rochefort: C'étaient ces quatre ou cinq qui
étaient à la table?
Une voix: C'est-à-dire quand les tarifs...
Mme Lavoie-Roux: Le Dr Gauthier était là, le Dr
Bélisle était là et, possiblement...
M. Rochefort: D'accord, M. le Président. Je pense qu'on va
se comprendre progressivement. Paumez-vous nous fournir les
responsabilités que ces médecins-là avaient dans les
négociations? Pas ce matin, je n'en ai pas besoin ce matin, mais
voulez-vous nous remettre un document nous indiquant quelles étaient les
fonctions de ces médecins dans le cadre des négociations, avec,
évidemment, leur fonction actuelle en dehors de cela, dans les
facultés ou ailleurs? Cela va?
Une voix: Qu'est-ce que vous voulez...
M. Rochefort: Je veux savoir quelles étaient les fonctions
de ces médecins pendant les négociations, les fonctions
syndicales.
Mme Lavoie-Roux: Ce dont je peux vous assurer d'une façon
certaine, c'est que le Dr Bélisle est président de l'Association
des obstétriciens et gynécologues du Québec et qu'il
travaille è la Faculté de médecine de l'Université
de Sherbrooke...
M. Rochefort: Le Dr Gauthier est secrétaire.
Mme Lavoie-Roux: ...et le Dr Gauthier est secrétaire du
comité; il est professeur adjoint de clinique à
l'Université de Montréal et chef du service d'obstétrique
et de périnatalogie de l'hôpital Sainte-Justine de
Montréal. Quant aux deux autres, il faudra faire la vérification.
Je sais qu'un des signataires est représentant au comité de
travail sur la gynécologie oncologique du Conseil régional de la
santé et des services sociaux du Montréal métropolitain et
président du comité d'oncologie de l'Association des
obstétriciens et gynécologues du Québec. Était-il
à la table? Je ne le sais pas, on le vérifiera, et la même
chose pour le chef du département d'obstétrique et de
gynécologie de l'hôpital Saint-François d'Assise. On le
vérifiera, de même qu'on pourra vous faire parvenir les fonctions
officielles des autres qui pouvaient...
M. Rochefort: ...dans l'association. Mme Lavoie-Roux:
...être parties.
M. Rochefort: M. le Président, en conclusion, pour qu'on
se comprenne bien, ce qui nous a été présenté au
début comme étant la position de professionnels qui - moi, je
vous dis comment je l'ai compris - étaient un peu en dehors du dossier
des relations du travail, est en train de devenir finalement... Les
études qu'on a, si je comprends bien, et les avis d'experts qu'on a, ce
sont ceux des négociateurs syndicaux. Il y a quand même une marge,
M. le Président, entre l'avis d'un négociateur syndical et l'avis
de quelqu'un qui n'avait aucun intérêt dans le dossier. Je ne suis
pas en train de dire, M. le Président - et je veux être
très clair là-dessus, compte tenu de ce que la ministre peut
faire de ce que je dis, comme elle le fait à l'occasion -que leur avis
n'a aucune valeur à mes yeux, mais je veux bien qu'on se comprenne. Ce
qui nous était présenté comme étant presque des
avis - je comprends que ce n'était peut-être pas ce que la
ministre a dit, mais moi c'est la compréhension que j'en avais, de la
façon que cela nous a été présenté - de
l'extérieur, et, là, tout à coup, ce sont des avis...
Mme Lavoie-Roux: Non, cela venait de l'Association des
obstétriciens et gynécologues.
M. Rochefort: Au départ, j'ai...
Mme Lavoie-Roux: J'ai pris soin de le signaler au point de
départ, mais cela se peut que cela vous ait...
M. Rochefort: Cela m'a échappé. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui, cela est possible.
M. Rochefort: Mais là on change de registres et on se
retrouve avec l'avis des négociateurs syndicaux. Je veux seulement
regarder les fonctions de tout le monde dans le syndicat, cela va
m'intéresser, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Gouin est libre
de...
M. Rochefort: C'est cela, c'est cela.
Mme Lavoie-Roux: ...réduire la valeur des opinions
d'experts, mais...
M, Rochefort: Ah! Je n'essaie pas de réduire, je veux
seulement que ce soit à sa juste valeur.
Mme Lavoie-Roux: C'est...
M. Rochefort: Pas moins, mais pas plus.
Mme Lavoie-Roux: ...son droit.
M. Rochefort: C'est ça. M. le Président, en ce qui
me concerne, cela termine l'étude des crédits budgétaires
de la Régie de l'assurance-maladie, en espérant
qu'évidemment on nous fournira les réponses, notamment quant
à la décision finale sur la directive du 21 mai 1987 sur la
rétroactivité des examens en cours de suivi de grossesse. (11 h
15)
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions sur la Régie de l'assurance-maladie? Cela va. Doit-on
considérer les crédits de l'assurance-maladie comme
adoptés?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division, merci.
J'appelle donc le programme suivant, le programme 6, celui des centres
de...
M. Rochefort: Non, non, M. le Président. Nous avions
recorrigé pour les CLSC tantôt.
Crédits du ministère de la Santé
et des Services sociaux
Le Président (M. Bélanger): Les CLSC.
Alors, on passe au programme des CLSC, le programme...
M. Rochefort: Un, je pense.
Le Président (M. Bélanger): ...numéro...
M. Rochefort: Un ou 2.
Mme Lavoie-Roux: Le programme 2, ce sont les
bénévoles.
M. Rochefort: Bon, c'est un.
Mme Lavoie-Roux: On commence par les CLSC ou les centres
d'accueil?
M. Rochefort: Les CLSC.
Services communautaires (CLSC)
Le Président (M. Bélanger): Nous allons donc aux
CLSC.
M. Rochefort: M. le Président, en guise d'introduction, il
faut se rappeler qu'au dernier congrès annuel de la
Fédération des centres locaux de services communautaires, le
président de la fédération, M. Leguerrier, avait un peu
lancé un cri d'alerte au gouvernement, et particulièrement
à la ministre de la Santé et des Services sociaux, en disant:
Écoutez, depuis un an et demi, on se sent l'objet d'un questionnement
tous azimuts eu égard à nos activités. On se sent dans une
situation d'incertitude totale quant à notre mission, quant à
l'appréciation par le gouvernement du travail qui se fait dans les CLSC
et on se demande, finalement, quel est notre avenir dans l'esprit du
présent gouvernement et qu'est-ce qui se passe. Il avait conclu son
intervention par une déclaration de manifestation de leur impatience -
il parlait au nom de ses groupes - et il souhaitait, qu'une fois pour toutes,
premièrement, on précise quelle était la nature du
questionnement gouvernemental à l'endroit des centres locaux de services
communautaires et que, deuxièmement, on mette fin une fois pour toutes
au questionnement dont ils étaient l'objet depuis l'arrivée du
nouveau gouvernement.
M. le Président, on pourrait rappeler facilement le rapport
Gobeil, en cette matière, et les déclarations d'un certain nombre
de membres de la députation libérale. La première fois que
la ministre a soulevé l'hypothèse qu'il y ait une imposition de
frais modérateurs dans les services de santé et les services
sociaux, cela s'est fait à l'occasion d'un colloque de la
fédération des CLSC sur les soins à domicile. Il y a une
longue liste d'événements, comme cela, qui ont culminé au
congrès de la fédération des CLSC qui a dit: D'abord, on
veut savoir sur quoi cela porte réellement, on veut que vous nous
fassiez une liste fermée des éléments de questionnement
et, ensuite, que vous nous annonciez qu'on va y mettre fin au plus vite. La
ministre - j'étais là, je me souviens de ses propos - nous avait,
pour l'essentiel, d'abord, précisé le sens de son questionnement,
dans une certaine mesure. Ensuite, elle nous avait dit, avec le comité
Brunet qu'elle avait mis en place et qu'elle avait mandaté dans le
dossier des CLSC, que l'aboutissement de la période de questionnement
serait effectivement le dépôt du rapport du comité Brunet
sur les CLSC. On se rappellera qu'à la suite du comité Brunet, la
ministre a pris un certain nombre de décisions dans le dossier des CLSC
qui, selon nous, maintiennent totalement l'incertitude qui règne quant
à la vocation des CLSC, à leur rôle et à leur place
dans le réseau. Alors que le comité Brunet y allait d'une analyse
positive de l'action des CLSC, jusqu'à maintenant, avec un message
d'optimisme et d'entrain quant au rôle et à l'avenir des CLSC dans
le réseau, finalement, le comité nous conviait pratiquement - ce
sont mes mots - à un nouveau départ, sur des bases encore plus
solides, dans l'action des CLSC auprès de l'ensemble de nos concitoyens
et de nos concitoyennes et dans une approche parfaitement
intégrée à l'ensemble des autres constituantes du
réseau de la santé et des services sociaux.
Pour l'essentiel, je dirai que ce que la ministre nous a annoncé,
lorsqu'elle nous a fait connaître ses réactions au comité
Brunet, c'est, d'une part, qu'il n'y aurait pas de parachèvement du
réseau des centres locaux de services communautaires et que les CLSC qui
restaient à implanter le seraient dans le cadre de fusions, à
partir d'un plan de fusions qui, semble-t-il, n'existe pas au ministère
- on en a discuté la semaine dernière - tantôt avec un
centre d'accueil, tantôt avec un centre hospitalier, tantôt entre
deux territoires de CLSC. Il a même été question, dans
l'ouest de Montréal, qu'il y ait fusion d'un éventuel CLSC avec
un centre de services sociaux. On se retrouve, finalement, M. le
Président, avec un développement du réseau des CLSC qui va
se faire de façon un peu anarchique et qui ne sera pas dans un cadre qui
nous permettra de maintenir la dimension locale du CLSC et la dimension
branchée sur son milieu, qui est, d'ailleurs, omniprésente dans
le rapport Brunet.
Le rapport Brunet nous dit qu'il faut plutôt y aller avec des
groupes cibles. Le rapport Brunet nous dit que dans les quatre groupes cibles
de chaque CLSC du Québec, le quatrième sera choisi par le CLSC en
question qu'il pourra bien centrer sur la population qu'il a pour mission de
desservir et de représenter. A partir du moment où ça
devient un conseil d'administration d'hôpital qui gère ça,
on voit combien ça va être
compliqué d'aller chercher l'adaptation au milieu de la part d'un
nouveau CLSC, dans la mesure où l'on se retrouvera avec des territoires
immenses qui n'auront pas été au fil de l'évolution
démographique d'un territoire concerné. Là, je pense
plutôt à Montréal-Nord parce que je sais que c'est un
exemple que la ministre nous servira peut-être, Montréal-Nord ou
Rivière-des-Prairies. Mais, tout à coup, on se retrouvera avec un
territoire deux ou trois fois plus important que celui que le CLSC a
déjà. On va se retrouver, finalement, dans une situation
où les CLSC vont être un peu incapables de remplir cette dimension
locale, cette responsabilité locale qui est bien présente,
pourtant, dans le rapport Brunet.
Deuxièmement, M. le Président, pour l'essentiel quant au
reste, ma compréhension du communiqué de presse de la ministre et
de la déclaration qu'elle a faite, c'est qu'elle a retenu l'ensemble des
éléments de rationalisation des activités des CLSC, mais
que l'ensemble des éléments qui appelaient justement un
développement, une consolidation de ce que, moi, j'appelle le nouveau
départ des CLSC, est resté lettre morte. On nous dit! On va y
repenser; on va revoir ça; on va en reparler; on va créer un
petit groupe pour l'évaluer; on n'est pas sûr, il faut attendre la
commission Rochon pour voir tout cela.
Donc, tous les éléments dynamiques de
développement, de consolidation ou d'avenir positif et donc
d'élimination définitive d'incertitudes ont été
laissés en plan par la ministre de la Santé et des Services
sociaux. Les recommandations bien précises qu'on retrouve dans le
document du comité Brunet sont évacuées du document de
réaction de la ministre, notamment cette recommandation on ne peut plus
précise de procéder au transfert des ressources des centres de
services sociaux de Montréal vers les CLSC de la région de
Montréal. Pas un mot de la ministre là-dessus et pas un mot non
plus de la ministre quant à l'évocation qui est faite dans le
document du comité Brunet de la possibilité d'instaurer une
tarification de certains services, notamment pour les cours
prénatals.
On revient un peu à notre sujet de tantôt. Moi, j'aurais
souhaité, M. le Président, compte tenu des engagements
électoraux de la ministre, qu'elle nous dise d'entrée de jeu
qu'il n'est pas question qu'elle retienne cette possibilité de
tarification qui est évoquée dans le rapport Brunet, ce qu'elle
n'a pas fait.
Finalement, on sait que dans le rapport Brunet, on remet en question un
peu le rôle de prévention qui est joué actuellement par les
centres locaux de services communautaires. Notamment, on fait allusion aux
services préventifs dans le domaine des soins dentaires par la
présence et le rôle très actif des hygiénistes
dentaires dans les écoles du Québec, un programme
administré par les centres locaux de services communautaires. On dit que
cela n'a pas tellement sa place là, la prévention; cela devrait
aller ailleurs et tout ça.
Là aussi, M. le Président, on aurait souhaité que
la ministre y aille d'une déclaration très claire selon laquelle
elle confirmait la vocation des centres locaux de services communautaires dans
le domaine de la prévention. Tout ça pour dire que, quant
à nous, on se retrouve encore Gros-Jean comme devant, avec le maintien
d'incertitudes, le maintien, quant à nous, des questions à
l'endroit des CLSC à partir des décisions qui ont
été annoncées par la ministre et des silences de la
ministre quant au contenu du rapport Brunet.
En conséquence, M. le Président, nous aimerions que la
ministre nous explique un peu comment elle peut concilier les décisions
qu'elle a annoncées de même que ses silences avec l'engagement
très clair qu'elle avait pris au congrès de la
fédération des CLSC selon lequel le rapport Brunet marquerait la
fin de l'incertitude gouvernementale à l'endroit des CLSC et,
deuxièmement, comment elle peut aussi concilier l'ensemble des
décisions ou des silences avec, notamment, ses orientations qui ont
été évoquées en campagne électorale ou
à l'étude des crédits.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense qu'il serait
utile de refaire un peu l'historique de l'établissement des CLSC. On se
souviendra qu'il y en a environ 80. Malheureusement, j'ai oublié le
rapport Brunet. Je ne pense pas faire d'erreurs de chiffres...
M. Rochefort: Je peux vous prêter le mien, mais avec mes
annotations personnelles.
Mme Lavoie-Roux: Cela serait bien gentil.
M. Rochefort: Bon. Regardez-le tout de suite.
Mme Lavoie-Roux: Je vais essayer par coeur et vous pourrez
corriger mes erreurs de chiffres. Mais j'ai une assez bonne mémoire. Il
y en a 80 qui ont vu le jour avant 1975-1976; 15 se sont ajoutés en
1976-1977 dans la foulée de la planification qui avait été
faite. Après, on a vu... C'est ce que je trouve vraiment amusant, M. le
Président. Amusant, je ne devrais peut-être pas dire amusant, mais
étrange. Je pense que ce serait plutôt cela. Je trouve
étrange de voir le député de Gouin revenir avec une telle
ardeur pour critiquer les décisions que le gouvernement actuel prend
à l'endroit des
CLSC.
Je retourne maintenant à l'historique. Nous étions rendus
à peu près à 95 quand ce gouvernement, finalement, a pris
la décision d'imposer un moratoire pendant trois ans. Rien n'a
bougé pendant trois ans. En 1980-1981, six centres de santé ont
été créés. Évidemment, les centres de
santé venaient consolider dans des endroits plus éloignés,
je pense, d'une façon générale, là où il y
avait des services d'urgence, des services hospitaliers et aussi l'implantation
d'un CLSC. On a senti le besoin de les regrouper. Par la suite, cela a
été à la miette qu'on les a mis, quand, tout à
coup, dans un regain de vie un peu figé, on a dit: On les
complète. On a décidé de les compléter à
partir du transfert de personnel des centres de services sociaux vers les CLSC
et de personnel de départements de santé communautaire vers les
CLSC. Là, on pouvait assurer le ministre des Finances du temps que cela
ne coûterait rien. Il s'agissait tout simplement de transférer du
personnel et le tour était joué. Comme résultat, on se
retrouve dans les CLSC avec des disparités considérables quant au
budget qui est accordé au prorata de la population, selon qu'on est un
CLSC qui est apparu avant 1977 ou qu'on est un CLSC qui est apparu à
partir de 1982 ou 1983. Finalement, cela a connu son apothéose sous
l'ancien gouvernement par des déclarations au cours de la campagne
électorale sur la création de CLSC. Entre-temps, il en restait 19
pour lesquels on n'avait rien fait et qui devaient, eux aussi,
éventuellement voir le jour. Les conseils régionaux de
Québec et de Montréal avaient pris l'initiative de leur dire: On
va vous payer un coordonnateur et allez de l'avant avec un conseil provisoire.
C'est un peu l'histoire rapide de l'action que l'ancien gouvernement a prise
à l'endroit des CLSC.
Mais, parallèlement, se développait depuis 1976-1977 et
même sous l'ancien gouvernement libéral, je n'ai aucune
réticence à le dire, une remise en question importante du
rôle que jouaient les CLSC. D'une part, on disait: Us font de la bonne
besogne dans tel ou tel domaine. D'autre part, les gens saisissaient mal quelle
était leur vocation. Il y avait aussi - c'est reconnu dans le rapport
Brunet - un éparpillement, comme le dit si bien le rapport Brunet,
d'activités à l'intérieur des CLSC. Cela faisait que, dans
le public, ils étaient souvent la cible de critiques fort dures, qui,
dans la plupart des cas, je pense, étaient absolument
injustifiées. Mais il me paraissait important que l'on reparte et
surtout qu'aux yeux de la population les CLSC se sentent assis sur des bases
solides, que l'on clarifie leur mission auprès de la population pour
qu'ils puissent vraiment remplir la mission pour laquelle ils sont
créés ou établis. (11 h 30)
C'est dans ce sens que j'ai demandé a un comité qui a
fonctionné quand même relativement très rapidement - en
fait, je pense que cela s'est étendu sur une période de quatre ou
cinq mois - de tenter justement de clarifier ces points. Compte tenu des
besoins les plus urgents de la population, ne devait-on pas tenter de cibler
les clientèles des CLSC pour qu'elles répondent davantage aux
besoins de la population? N'y avait-il pas lieu de faire une révision
des différents programmes et activités qu'ils remplissaient et
qui faisaient l'objet de nombreuses critiques, encore une fois, fondées
ou non dans la population et même par d'autres organismes?
M. le Président, le rapport Brunet s'est assis et a fait la
révision des programmes et des activités des CLSC. Il a
examiné leur mission en fonction d'autres missions. Il a quand
même dit: C'est important que l'on cerne mieux les activités des
CLSC en termes de clientèles cibles qu'ils doivent servir, en termes de
programmes qu'ils doivent offrir et d'activités qu'ils doivent
avoir.
M. le Président, la majorité des recommandations du
rapport Brunet, je les ai endossées, et, par le fait même,
j'endossais ce qui était d'ailleurs dans le programme électoral
de notre formation politique, à savoir que les CLSC avaient un
rôle important à jouer, une mission particulière dans les
services de première ligne. C'est dans cet esprit que j'ai
endossé une grande partie des recommandations du rapport Brunet.
Il est vrai qu'il y a des questions sur lesquelles je ne me suis pas
prononcée, à savoir la question... J'en relève une couple
que le député a mentionnées, celles des hygiénistes
dentaires, parce que je pense que, même s'il y avait une recommandation
selon laquelle leur rôle n'était plus aussi nécessaire - je
n'ai pas la formulation exacte du rapport Brunet - je trouvais qu'il
était prématuré, avant que l'on ne fasse une analyse plus
poussée des répercussions, d'adopter une telle mesure, et le
même raisonnement s'est appliqué dans le cas des honoraires ou des
salaires à verser aux médecins. On ne peut pas partir sans faire
une étude plus poussée. Ils proposent différentes formes
de rémunération. Il faut aller un peu plus loin avant de statuer
là-dessus. Enfin, ce sont là des exemples.
Du côté de la possiblité d'examiner, dans les soins
à domicile, si tout est essentiel et si l'on devrait réviser
certaines mesures, j'ai répondu à cet effet qu'un comité
à l'intérieur du ministère révisait toute la
politique du maintien à domicile. Enfin, je pense qu'il était
normal que ce comité me faisant des rapports, il y en avait dont je
pouvais endosser plus rapidement, plus facilement les principes; il y en
avait
d'autres, je pense, qui devaient faire l'objet d'études et
d'analyses un peu plus approfondies avant de dire: C'est oui, c'est non. Dans
ce sens-là, il y a des questions auxquelles je n'ai pas
répondu.
En ce qui a trait à la question du parachèvement, nous en
avons discuté assez longuement au moment des questions
préliminaires que le député de Gouin m'a posées la
semaine dernière et je n'essaierai certainement pas de le convaincre.
J'ai dit, je maintiens et je vais continuer de maintenir que ce qui est
important pour la population, c'est d'avoir des services et non pas d'ajouter
des structures et que, dans le cas des CLSC touchés quant au
parachèvement, la quasi-totalité se retrouve dans les centres
urbains où il y a possibilité de faire des regroupements et de
faire certaines expériences de fusion. Je n'ai pas dit: Aller faire 19
fusions avec d'autres institutions, j'ai dit: Que l'on fasse certaines
expériences de fusion.
Un jour, M. le Président, il faudra bien se poser la question:
Est-ce que le réseau de la santé et des services sociaux doit
rester toujours absolument statique ou doit-on viser à faire de
nouvelles expériences ayant comme but ou comme objectif, d'abord, de
mieux servir la population, deuxièmement, d'assurer cette
complémentarité dont on parle année après
année et, finalement, de permettre une meilleure utilisation des
ressources par une plus grande rationalisation des ressources mises à la
disposition de la population?
M. le Président, grosso modo, je dois dire que je suis
très heureuse du rapport Brunet. Je voudrais rappeler au
député de Gouin que tant la fédération des CLSC que
son président, M. Leguerrier, ont été mis à
contribution dans tout ce processus et qu'ils sont heureux que, finalement, on
ne remette pas continuellement en question, les CLSC comme l'ancien
gouvernement l'a fait: est-ce qu'on finit, est-ce qu'on commence, est-ce qu'on
arrête, est-ce qu'ils sont aussi importants ou pas? Au fur et à
mesure des disponibilités financières du gouvernement, on pourra
de mieux en mieux savoir, non seulement ce que les CLSC font ou ce que nous
voulons faire, mais surtout - et c'est là le message qui
m'apparaît le plus important -on pourra communiquer à la
population le rôle véritable des CLSC, de telle sorte qu'ils ne
soient pas utilisés strictement par un groupe restreint de citoyens
à l'intérieur des territoires des CLSC, mais de plus en plus par
l'ensemble de la population qui, au cours des années, pour les raisons
que j'ai évoquées tout à l'heure, n'a pas encore
globalement consenti, d'une certaine façon, à reconnaître
que les CLSC sont un type d'établissement qui, en
complémentarité avec les autres, ont une vocation importante
à jouer dans la livraison des services de santé et des services
sociaux.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député.
M. Rochefort: M. le Président, quelques commentaires. Dans
un premier temps, comme c'est l'habitude, on va revenir un peu sur le
passé. Après, cela nous permettra de mieux repartir dans le
présent et peut-être dans l'avenir.
M. le Président, j'ai bien apprécié que la ministre
nous dise: J'ai fait un tour d'horizon rapide sur ce qui est arrivé dans
le passé. J'ai bien apprécié le "rapide", M. le
Président, parce que cela était pas mal vite effectivement.
Je lui dirai, M. le Président, dans un premier temps, que, oui,
il est vrai qu'il y a eu un moratoire. Il est vrai qu'il y a eu une progression
peu rapide, par la suite, du développement des CLSC. Mais je dirai
à la ministre, M. le Président, que, quand on est aux prises avec
la gestion d'une crise économique et qu'on tente, au cours de cette
crise, de sauver les acquis du système de santé et de services
sociaux, c'est évident qu'on ne consacre pas l'absence de sommes qui ne
sont plus à notre disposition à développer de nouvelles
constitutions du réseau, mais au moins à essayer, un tant soit
peu, de tenir les murs de ce qui existe encore. Oui, cela a eu un effet
direct.
Je veux au moins attirer l'attention de la ministre sur deux choses
quant au passé. Non, ce n'est pas en campagne électorale qu'on a
promis de compléter le réseau des CLSC. L'annonce
gouvernementale, de parachever de façon définitive le
réseau des centres locaux de services communautaires s'est faite deux
ans avant la campagne électorale. Or, réduire cela à une
promesse électorale, je pense que c'est réduire
allègrement une donnée qui n'est pas telle qu'elle nous a
été présentée.
Deuxièmement, sûrement, M. le Président, que ta
constitution d'équipes de secteur, était une approche qui
n'était pas l'idéal et qui n'implantait pas, du jour au
lendemain, un CLSC dans un territoire donné. Mais je dirai que
c'était un bon premier pas de franchi et que ces premiers pas, dans bon
nombre de cas... Je parlerai d'un CLSC que la ministre connaît un peu,
maintenant, et qui est le CLSC des Chenaux. M. le Président, ce CLSC a
connu ses premiers jours par des transferts d'autres constitutions du
réseau vers cette nouvelle équipe de secteur, vers ce nouveau
CLSC. Aujourd'hui, nous avons un CLSC qui est administré par des gens du
quartier, ajusté de plus en plus aux besoins des gens du milieu et qui
se développe au fur et à mesure des disponibilités
budgétaires et qui, pourtant, a vu le jour à partir de transferts
et à partir de la mise en place d'équipes de secteur. M.
le Président, je considère que ce sont des pas importants
qui ont été franchis et qui étaient très
utiles.
M. le Président, quant au programme électoral, je dirai
à la ministre qu'il faudra qu'elle se rappelle que, dans son programme
électoral, il est bien mentionné que le Parti libérai
s'engageait à compléter le réseau des CLSC. Je dois
comprendre, aujourd'hui, que la prochaine fois, on devra lire que
"compléter" ne veut pas dire exactement ce qu'on pensait et n'a pas
exactement le sens qu'on lui a donné.
M. le Président, s'il y a une chose qui est claire, c'est que,
dans le programme électoral du Parti libéral, il est clairement
dit - c'est le premier engagement électoral -qu'il faut maintenir
l'accessibilité, l'universalité et ne pas imposer de frais
modérateurs. Or, M. le Président, je pense que la ministre
pourrait être claire tout de suite là-dessus. Il me semble qu'il
n'y a pas besoin d'études. Les études ont dû être
faites avant la campagne électorale. Il me semble que la ministre
devrait être claire tout de suite et nous annoncer qu'il n'y aura pas de
tarification de services en CLSC, notamment la tarification des services pour
les cours prénatals qui sont actuellement dispensés dans les
CLSC, tarification évoquée dans le rapport Brunet. Compte tenu de
l'engagement, compte tenu du programme électoral, il me semble que cela
devrait être clair tout de suite. Il me semble qu'on n'a pas à
maintenir une incertitude et à laisser planer cette possibilité
dans le décor. C'est clair dans votre programme. Dites-le donc tout de
suite qu'il n'en est pas question, que cette évocation - parce que ce
n'est pas une recommandation formelle - ne connaîtra pas de suite
positive, à la suite du rapport Brunet, et qu'il n'est pas question que
vous le fassiez.
D'autre part, je ne vois pas pourquoi on maintiendrait aussi de
l'incertitude - on a vu toute l'incertitude que le rapport Brunet à cet
égard a créée - au chapitre de la prévention. Je ne
vois pas au nom de quoi on amorcerait une nouvelle réflexion, donc qu'on
relancerait les interrogations sur des plans précis, sur des plans
particuliers du rôle des CLSC, notamment sur tout le volet de la
prévention en milieu scolaire pour la santé dentaire. Il me
semble que là aussi on devrait être clair et annoncer qu'on
confirme le rôle et la vocation des centres locaux de services
communautaires dans le domaine de la prévention, notamment par le
programme de santé dentaire. Il me semble que c'est facile et que c'est
clair, compte tenu du passé, des engagements électoraux et de ce
qui s'est fait jusqu'à maintenant. Il me semble qu'on va maintenir
encore une fois l'incertitude et la confusion. Donc, on ralentit le dynamisme
des centres locaux de services communautaires et notamment leur rôle en
matière de prévention. On a vu la réaction de tous les
groupes reliés à la prévention, notamment dans le domaine
de la santé dentaire et combien ils ont manifesté leur
appréhension, leur inquiétude et l'état d'incertitude dans
lequel ils doivent maintenant dispenser leurs services.
C'est un peu la même chose quant à la recommandation
pourtant très claire du comité Brunet quant à la
présence de médecins dans les CLSC. La ministre ne nous dit pas
qu'elle donne suite à cela. La ministre nous dit qu'il faut
étudier, regarder les formes de rémunération, voir cela,
qu'on tiendra compte des ressources médicales disponibles ailleurs sur
le territoire, etc. Qu'est-ce que cela a comme conséquence? On maintient
l'incertitude dans laquelle se retrouvent les médecins dans les CLSC,
avec les conséquences qu'on connaît, c'est-à-dire qu'il y a
de moins en moins de médecins qui sont attirés par la pratique en
CLSC parce qu'ils se disent: Est-ce que je m'en vais là pour deux mois?
Vais-je me faire annoncer au bout de deux mois qu'il n'y en a plus?
Deuxièmement, on sait qu'il y a le problème de la
rémunération que la ministre n'a pas abordé dans le cadre
des CLSC, au point qu'on sait que les CLSC ont de la difficulté,
notamment en milieu urbain où ils ont un rôle pourtant si
important dans le désenqorgement des salles d'urgence, non seulement
à recruter, mais à garder les médecins qui sont
déjà présents dans leurs effectifs.
Quant à la question du parachèvement, un seul commentaire
de ma part. Où sont les appuis de la ministre pour y aller par fusion?
Où sont les appuis de la ministre? Dans le dossier du
parachèvement du réseau, la méthode retenue par la
ministre, c'est d'y aller par fusion. On ne sait pas trop comment et avec qui,
selon le cas, et à partir d'une absence de critères
évoqués jusqu'à maintenant. On a le sentiment que c'est un
peu comme le dossier des urgences. Tout le monde a tort, seule la ministre a le
pas dans le dossier du parachèvement. Tous ceux qui s'opposent à
sa formule de parachèvement n'ont pas le pas, mais elle a le pas. Le
problème, c'est qu'elle est seule là aussi à avoir le
pas.
Prenons le dossier du CLSC de Lévis. Il y a une quarantaine
d'organismes municipaux, scolaires, du secteur communautaire qui sont
opposés formellement à la fusion de ce territoire de CLSC avec
quelque autre constituante du réseau que ce soit. Dans la région
de Montréal, le parachèvement se fait sur la base actuelle des
territoires du réseau, avec l'appui du comité exécutif de
la ville de Montréal, de La Salle, de Montréal-Ouest, de Verdun,
de Mont-Royal, de Baie d'Urfé, Sainte-Anne de Bellevue, Pointe-Claire,
Dollard-des-Ormeaux, Beaconsfield, Saint-Léonard, Senneville, Kirkland.
Je parle, pour
l'essentiel, de municipalités dans l'ouest de Montréal
parce que c'est là, mis à part un certain nombre de cas dans
l'est de Montréal» qu'elles retrouvent leur voix, par le
comité exécutif de Montréal. Pour les autres
municipalités, ce sont des municipalités directement
concernées par les territoires dont il est question. J'attire votre
attention sur le fait que c'est quand même un changement de cap majeur de
la part de ces municipalités. Je me souviens, il y a quatre ou cinq ans,
que ces mêmes municipalités, en partie - pas toutes, en partie -
s'opposaient au fait que des CLSC soient implantés sur leur territoire.
(11 h 45)
Des pétitions importantes: 7800 personnes dans le cas du CLSC
prévu à Ahuntsic, pétition remise au député
de Crémazie; dans le cas de Dollard-des-Ormeaux, 600
pétionnaires, pétition remise à la ministre, dans le cas
du CLSC prévu à Outremont: pétition de 1780
pétitionnaires déposées à l'Assemblée
nationale; CLSC Saint-Michel, 4200; Snowdon, 750; Ville-Émard et
Côte-Saint-Paul, 4150; Verdun, 500; Olivier-Guimond, 500; La Salle, 8280
pétitionnaires; Verdun, 2000 pétitionnaires. Des appuis
d'établissements hospitaliers comme le Royal Vic, le General du
Lakeshore, le CSSMM, le YMCA de Montréal, la table sectorielle des
établissements de santé et de services sociaux situés sur
le territoire du DSC Sacré-Coeur. M. le Président, je pourrais
poursuivre la liste de tous les conseillers municipaux de la ville de
Montréal qui appuient les différents CLSC, qui étaient,
jusqu'à la décision de la ministre, en attente d'une
décision de parachèvement.
M. le Président, des groupements de la région de
Québec, des groupements communautaires engagés dans le domaine de
la santé et des services sociaux, des élus municipaux à
Québec s'opposent à la méthode de parachèvement du
réseau retenue par la ministre, qui n'est pas un parachèvement,
mais bien une procédure de fusion de territoires et de fusion
d'organismes.
M. le Président, je le répète, j'ai l'impression
que le dossier du parachèvement, c'est comme le dossier des urgences. Il
y a une personne au Québec qui a le pas, c'est la ministre de la
Santé et des Services sociaux. Rappelons les commentaires faits par les
éditorialistes, par les commentateurs et par les journalistes de la
presse spécialisée dans le domaine de la santé et des
services sociaux, M. le Président. On cherche les appuis que la ministre
aurait obtenus pour y aller à sa façon dans le domaine du
parachèvement du réseau et on n'en trouve pas.
J'espère que la ministre révisera sa décision et
qu'elle parachèvera le réseau tel que prévu, ce qui irait
en ligne directe avec un des éléments qui est au coeur du
comité Brunet. Comment voulez-vous qu'un territoire de CLSC,
mêlé avec un hôpital ou rendu deux ou trois fois de la
taille de celle qu'on connaît initialement, puisse bien déterminer
et bien adapter ses programmes à la population et au milieu qu'il doit
desservir et, notamment, choisir ce fameux quatrième programme cible qui
doit être ad hoc, CLSC par CLSC, en fonction des clientèles qu'il
doit desservir?
J'avoue que là-dessus, comme sur d'autres affaires, on ne suit
pas. Je pense qu'il s'agît là d'une mauvaise décision. Dans
sa réponse, la ministre semble nous dire: Coudon, finalement, c'est une
bonne décision qui va dans le bon sens, et tout cela. La ministre
pourrait-elle nous dire où sont les budgets nécessaires à
la mise en application du rapport Brunet que le gouvernement a retenus
jusqu'à maintenant? Il n'y en a pas, M. le Président. Comment
pouvons-nous dire qu'on va développer un réseau, qu'on va le
consolider et aller de l'avant s'il n'y a pas de budgets pour appliquer le
rapport qui nous dit qu'il faut aller de l'avant, développer et
consolider? J'aimerais que la ministre nous indique comment, en l'absence de
budgets, on pourra aller de l'avant.
Mme Lavoie-Roux; M. le Président, je ne sais pas si je
vais être capable de relever toutes les affirmations du discours du
député de Gouin. Je voudrais quand même lui rappeler que la
population a compris ce qu'était un réseau de services et non pas
des structures. L'objectif du gouvernement est d'assurer, dans tout le
territoire du Québec et à toutes les populations, des services
équivalents et adaptés.
Évidemment, si l'ancien gouvernement ou le député
de Gouin adorent les structures, cela les regarde, mais je pense que cela ne
sert à rien d'ajouter, alors que vous avez, par exemple, des directeurs
généraux qui vont administrer des budgets de X millions de
dollars et que vous retrouvez des structures extrêmement nombreuses pour
des budgets beaucoup moindres. Et je pense qu'il y a moyen de joindre les
efforts des uns et des autres et d'assurer que l'argent, au lieu d'aller dans
des structures, aille à des services. Il n'y a rien de nouveau
là-dedans, M. le Président. Cela a toujours été
l'objectif de notre formation politique, et vous retrouverez cela dans notre
programme: mettre l'argent dans les services et non pas dans les structures.
Compte tenu de la petitesse du territoire, dans le cas de Montréal et de
Québec, je pense que c'est un endroit où cela peut
s'appliquer.
Le député a soulevé la question de la
gratuité et de la non-gratuité des services. Je dois vous dire
qu'un des principaux volets de la commission Rochon, c'est justement d'examiner
le financement des services de
santé et des services sociaux et de nous faire des
recommandations. Nous verrons, à ce moment, ce qu'il en est. Je pense
que la commission Rochon s'achemine dans le sens que - c'est ce qu'on a pu
comprendre des données préliminaires qu'elle a
déposées il y a maintenant trois semaines ou un mois - il y a
peut-être lieu de faire une différence entre ce qu'on appellerait
des services essentiels et d'autres qui le seraient moins. Je ne veux pas
présumer de sa conclusion, mais elle a au moins laissé poindre
cette possibilité. Je pense que d'attendre trois mois de plus pour se
prononcer sur une question aussi importante que celle-là, c'est
simplement de la prudence, M. le Président.
En ce qui a trait au budget, je voudrais faire remarquer au
député qu'il y a 3 000 000 $ d'ajoutés en budget
supplémentaire pour les services à domicile, sans compter les 9
000 000 $ qui s'ajouteront à partir des programmes pour les urgences qui
vont être aussi des services dispensés par les CLSC. Il y a
également, si le besoin s'en fait sentir, la possibilité d'aller
chercher des sommes dans le fonds de suppléance où on a
accordé au ministère une dizaine de millions. Je pense qu'on a
des éléments en main pour poursuivre le parachèvement des
CLSC, les mettre sur la bonne vûie et, surtout, encore une fois,
communiquer à la population le rôle véritable qu'ils
remplissent ou qu'ils devraient remplir. Je pense que c'est ce à quoi la
population est en droit de s'attendre.
M. Rochefort: M. le Président, je dirai, en
réaction aux propos que vient de tenir la ministre...
Le Président (M. Bélanger): Un instant, M. le
député de Gouin! M. le député de Laurier, oui.
M. Sirros: Je veux juste prendre la parole un peu. J'aimerais
relever au moins une petite chose. Comme la ministre l'a dit, je crois que
relever toutes les choses que le député de Gouin a
affirmées serait très long.
Sur au moins un point concernant ce qui a été dit sur le
rapport préliminaire et le rôle des CLSC en ce qui concerne la
prévention, je pense que le député de Gouin a encore fait
ce qu'il a souvent l'habitude de faire, c'est-à-dire qu'il a
généralisé à partir d'un exemple spécifique.
Il a pris l'exemple, des hygiénistes dentaires pour en déduire
que le rapport préliminaire aurait commandé que la
prévention n'ait pas vraiment de rôle véritable à
jouer dans les CLSC, tandis que le rapport faisait une distinction entre
l'aspect promotion de la santé et prévention.
Je pense qu'il serait important de souligner que le rapport a
été assez clair en ce qui concerne ce qu'on a identifié
comme les activités de promotion de la santé, le style à
encourager, la bonne nutrition ou la marche, l'activité physique pour
une meilleure santé, ce qu'on ne met pas en doute. On a estimé,
au sein du comité, que ce serait peut-être à un organisme
d'une autre nature à assumer ce genre d'activités et que les CLSC
pourraient se concentrer sur l'aspect curatif et sur l'aspect préventif
de façon à améliorer la santé physique et mentale
des personnes qui habitent leur territoire de façon plus directe que les
activités de promotion.
Je voulais simplement faire une clarification pour éviter la
confusion que les paroles du député de Gouin auraient pu semer
dans la tête des gens, car ceux-ci auraient pu croire que le rapport
réduisait l'aspect préventif des CLSC, mais tel n'est pas le cas,
M. le Président. C'est strictement une mauvaise habitude qu'a prise le
député de Gouin de généraliser à partir
d'exemples spécifiques.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord, je suis heureux
d'entendre pour la première fois un des membres du comité Brunet,
même s'il n'a pas daigné signer le rapport du comité, ni le
commenter.
M. Sirros: M. le Président, si le rapport du
député n'est pas signé, je pourrais le signer; ce doit
être une erreur. S'il le veut, je lui donnerai mon autoqraphe
gracieusement.
M. Rocheforts M. le Président, dans la liste, il y a deux
signatures absentes, celle de Mme Cormier et celle de M. Christos Sirros. Je
suis heureux de prendre note qu'à partir de maintenant il y a un nouveau
signataire au document Brunet.
M. Sirros: Si vous voulez me le passer, je vais le signer, M. le
député...
M. Rochefort: Ce n'est pas nécessaire que vous signiez ma
copie personnelle, l'important ce sont vos paroles.
M. Sirros: ...de ma propre main.
M. Rochefort: Vous savez que j'aime mieux ce qui est
enregistré au Journal des débats, c'est maintenant
clairement écrit. Donc, je suis heureux d'entendre que le
député de Laurier, membre du comité Brunet, n'est pas du
tout en désaccord avec le contenu du rapport; j'aurais souhaité
qu'il le dise à sa ministre, peut-être cela aurait-il donné
des résultats.
Sur la question de la prévention, je dirai au
député qu'il est clair que dans le rapport il y a une remise en
question des activités de prévention et de promotion de la
santé qui sont pratiquées dans les CLSC. Je comprends que,
même s'il nous annonce maintenant qu'il est prêt à signer le
rapport,
il y a des bouts qu'il a peut-être regardés un peu vite,
car on parle aussi de prévention, M. le député.
M. le Président, je conclurai là-dessus, parce qu'il y a
des collègues qui veulent soulever des cas particuliers, importants dans
leur région, des problèmes que vivent leur CL5C. Quand la
ministre dit que le Parti québécois adore les structures, je lui
dirai, je le lui répète, qu'on n'est pas tout seuls dans la
"gang", c'est plutôt la ministre qui n'a pas reçu d'appui dans sa
façon de faire le parachèvement du réseau par fusion. Tout
le monde reconnaît que ces structures devraient être mises en place
tel que prévu et que, si on se préoccupe du trop grand nombre de
structures dans le réseau, on peut amorcer une réflexion autour
de cela; j'imagine que la commission Brunet va nous en parler. Ce n'est pas
évident qu'il faut passer par les CLSC, surtout pas par les quelque 20
ou 22 CLSC qu'il reste à compléter, dans une approche aussi ad
hoc que celle-là - dans certains cas, soit un C5S, soit un hôpital
-pour procéder dans le dossier de la diminution des structures.
D'autre part, je veux qu'on se comprenne bien, la ministre n'a pas
répondu à la question sur les budgets ou, en tout cas, a
donné une réponse que je ne peux pas accepter. La ministre nous
dit qu'il y a 3 000 000 $ de plus pour le maintien à domicile dans le
budget. Bien oui, pour le maintien à domicile qui existe, on va mettre 3
000 000 $ de plus pour qu'on en fasse un peu plus. Ce ne sont pas des budgets
qui donnent suite au rapport Brunet. D'ailleurs, je pense qu'il faut être
clair là-dessus. Quand la ministre nous dit qu'il y a 9 000 000 $ de
plus pour le plan de désengorgement des urgences, ce n'est pas de
l'argent neuf à la suite du rapport Brunet, c'est prévu depuis un
an et demi qu'il va y avoir 9 000 000 $ cette année dans les CLSC quant
au volet de leur responsabilité dans le plan de désengorgement
des urgences. Je parle d'argent neuf depuis que le rapport Brunet existe. Quel
est l'argent neuf que la ministre nous a indiqué? Tout ce qu'elle nous
dit, c'est: Écoutez, il reste une dizaine de millions de dollars au
fonds de suppléance, peut-être qu'on pourra regarder de ce
côté. Moi, je maintiens que, pour donner suite à un rapport
qui dit qu'il faut développer, consolider, aller de l'avant, cela prend
de l'argent et on n'en a pas jusqu'à ce jour. Moi, je prends note que ce
n'est pas vrai qu'on va donner suite aux éléments de
développement du réseau des CLSC que contient le rapport Brunet
jusqu'à maintenant.
Je termine là-dessus. Si la ministre a des commentaires... Par la
suite, mes collègues de Dubuc et de Laviolette auront des cas
particuliers à soulever dans le programme des CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même me
référer d'une façon plus particulière, et cela
rejoint les explications que le député de Laurier a
données au député sur la promotion et la
prévention, à la page 67 du rapport Brunet. Je pense qu'il
trouvera là une réponse à ses questions. Je lirai
simplement une phrase: "Quant à la prévention, elle fait partie
d'office de tous les programmes proposés, l'accent devant être mis
sur le dépistage précoce, sur l'intervention auprès des
individus à risque." Quand on parle de services sociaux courants et de
services médicaux courants de première ligne, je pense qu'un des
éléments est justement le travail de prévention.
En ce qui a trait au budget, on sait que le rapport Brunet nous a
été remis à la fin de mars, je pense, que,
déjà, les budgets avaient été
préparés, mais je veux encore rassurer le député de
Gouin et lui dire que, si nous avons besoin d'argent, et c'est ce que nous
prévoyons d'ailleurs, pour donner au moins un certain appui aux CLSC qui
seront terminés, nous irons le chercher dans le budget de
suppléance.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Dubuc. (12 heures)
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Je crois que la
ministre sait que ma question va porter sur le CLSC du Fjord, au Saguenay. Ma
préoccupation, quant au CLSC du Fjord, porte sur les immobilisations,
évidemment, le fonctionnement et les locaux qui sont utilisés
présentement par ce CLSC. Vous avez sans doute pu avoir une information
plus précise ces derniers jours. Le projet de localisation qui
était en cours au CLSC du Fjord a été évidemment
court-circuité par les décisions de votre gouvernement. Pour
l'avenir du CLSC, pour la localisation du CLSC, tout dépend
évidemment du plan d'immobilisations du ministère. Est-ce qu'une
décision a été prise par la ministre ou par le
qouvernement en ce qui concerne les immobilisations pour la location de
locaux...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois dire que le
député de Dubuc m'a d'ailleurs saisie de ce problème
è plusieurs reprises. Si bien que j'ai même envoyé
quelqu'un sur place pour examiner ce qu'il en était. Les nouvelles que
je peux lui donner aujourd'hui, c'est qu'ils ont suffisamment d'espace; le
problème en est un d'insonorisation, ce qui est un problème
considérable ou réel, en tout cas. Je peux lui dire qu'il y aura
60 000 $ injectés cette année pour permettre de corriger un tant
soit peu ce problème.
Je voudrais revenir sur la question des immobilisations.
Évidemment, je pense que
tout le monde est au courant des plans annuels d'immobilisations du
ministère dans lesquels des priorités doivent être
établies. J'avais l'occasion de dire, jeudi dernier, que pour cette
première année de notre mandat, 1986-1987, il y a eu 215 000 000
$ injectés et que c'était pratiquement un précédent
quant à l'importance des sommes injectées. Evidemment, ce sont
des décisions difficiles parce que vous avez des hôpitaux et des
centres d'accueil qui sont désuets et qui ont des problèmes de
vétusté et de sécurité surtout. Pour l'année
qui vient, en 1988-1989, le plan annuel d'immobilisations comportera des
dépenses de l'ordre de 266 000 000 $.
Vous comprenez que, quand on fait face à des problèmes
comme ceux, par exemple, de l'hôpital des îles-de-la-Madeleine,
l'hôpital de la Basse-Côte-Nord, l'hôpital de Shawville dans
Pontiac, pour ne nommer que ceux-là, où les gens sont
hébergés et demeurent - je fais abstraction d'un certain nombre
de centres d'accueil qui nécessitent, au plan de la
sécurité, des injections immédiates - c'est évident
que dans la liste, on a été obligé de faire des choix qui
ne sont pas faciles, mais qui ne veulent pas dire que lors d'une autre
année ou à plus long terme, c'est complètement
rejeté. Ce n'est pas cela, le point. Je pense qu'éventuellement,
dans ie cas du CLSC du Fjord, il faudra qu'il soit relocalisé.
Entre-temps, nous tentons de corriger un tant soit peu la situation en y
injectant 60 000 $ pour le réaménagement ou une
correction»
M. Desbiens: L'assurance que veut la population dans le cas du
CLSC du Fjord... Comme la ministre le mentionne, il y a des immobilisations qui
vont corriger de façon très partielle le problème majeur
d'insonorisation qui existe. Quand un CLSC est, comme le CLSC du Fjord,
logé dans un sous-sol d'église, on sait quel problème cela
peut poser pour les patients en termes de confidentialité. C'est
déjà une chose assez difficile à vivre. Évidemment,
le montant annoncé par la ministre permettra un minimum, mais cela
restera un strict minimum même pas suffisant. C'est pour cela que la
population, les personnes et les groupes intéressés dans la
région veulent bien avoir l'assurance, en plus du cas particulier que
pose la participation de la municipalité et dont vous êtes
consciente également, que ces investissements partiels ne viennent pas
retarder indûment une relocalisation de ce CLSC.
Mme Lavoie-Roux: Dans le cas des CLSC, particulièrement
les derniers qui sont nés - ce n'est peut-être pas le cas du Fjord
- il y en a qui n'ont même pas les espaces requis. Par exemple, en 1985,
on autorisait le CLSC de Coaticook à voir le jour et, sans
exagération, cela ferait quoi? cela ne ferait même pas le quart de
cette salle-ci. Je ne parle pas en hauteur, strictement le plancher, juste le
coin là-bas. Alors, il y a aussi de ce côté-là des
priorités à établir. Je peux vous dire que cela
n'écarte pas éventuellement le fait de les relocaliser, mais je
ne serais pas en mesure de vous dire aujourd'hui à quel moment on
pourrait le faire. Je pense que la demande est fondée, mais même
devant les demandes fondées, et cela vaut pour les hôpitaux et les
centres d'accueil, il y a encore des priorités à
établir.
M. Desbiens: Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Merci, M. le Président, Étant
donné que je représente une région qui comporte à
la fois un secteur urbain, un secteur rural, un secteur semi-urbain et un
secteur semi-rural, la ministre m'ayant déjà dit qu'elle avait
une préférence positive pour les capacités des CLSC
à donner ces services en milieu rural plutôt qu'urbain, je tiens
à vous dire que la région 04, que ce soit en Haute-Mauricie
où ils ont présentement les mêmes problèmes que tous
les autres CLSC qui ont été implantés et qui demandent
à la ministre l'argent nécessaire pour continuer leur
implantation convenablement en Haute-Mauricie, avec tout le secteur de Clova,
Parent, La Tuque, Lac-Édouard et autres... Ce sont des gens qui se
posent des questions pour savoir quelles sont les intentions de la ministre
pour permettre justement une implantation qui soit définitive avec tous
les moyens nécessaires de fonctionnement.
Dans un autre secteur, le CLSC Valentine-Lupien lançait, en date
du 27 mai dernier, un cri d'alarme à Mme Lavoie-Roux. C'est dans un
secteur rural, en particulier à Saint-Paulin, où il est
implanté, avec Saint-Alexis et autres. Le CLSC demandait d'avoir des
points de services qui soient convenables. Et on allait même
jusqu'à dire que les appuis étaient nombreux, à la fois
ceux de la population et de l'ensemble des municipalités, incluant le
député-ministre Picotte de la région de même que la
MRC de Maskinongé.
Je ne parlerai pas non plus - la ministre pourra m'en donner des
détails - du CLSC Les Forges qui est à la recherche de locaux
convenables, dans des conditions difficiles de travail. J'ai rencontré
des gens lors de la réunion annuelle du conseil régional des
services sociaux et de la santé jeudi dernier à
Trois-Rivières. Je vous parlerai aussi du dossier Cap-de-la-Madeleine
où on en arrive avec un autre problème, celui de la fusion avec
un centre hospitalier. Les gens, là-bas, disaient que c'était
quelque chose d'impossible à envisager dans le contexte où il y
a, dans ce secteur, de la
place pour l'implantation d'un CLSC qui soit convenable et qui
réponde aux besoins, non pas d'un centre hospitalier, mais vraiment d'un
centre local de services communautaires. On a l'impression souvent, dans la
mentalité des gens, qu'un CLSC - je l'ai vécu de façon
plus précise chez moi -c'est un lieu où on donne des services
médicaux alors qu'en réalité c'est beaucoup plus que cela.
J'ai été à même de le constater lors de
l'implantation, en 1974, du CLSC Normandie dont j'ai été
président à ce moment.
Le dossier primordial - je suis heureux que votre collègue de
Saint-Maurice soit présent à cette discussion - c'est le CLSC du
Centre de la Mauricie. Vous n'êtes pas sans savoir que, lors de
l'implantation de ce CLSC, il y a eu un comité regroupant des gens de
Grand-Mère, de Shawinigan, de Shawinigan-Sud, de l'ensemble du secteur
rural de ce vaste territoire et une décision avait été
prise par l'ensemble des membres du conseil d'administration, qui avaient
été unanimes à l'époque, selon laquelle
l'implantation du siège social se faisait à Grand-Mère
avec des points de services importants à Shawinigan et Shawinigan-Sud.
D'un autre côté, on avait un avis favorable, unanime encore une
fois, du Conseil régional de la santé et des services sociaux de
la zone 04.
Or, depuis l'élection du Parti libéral, toute la carte a
été changée. Des pressions sont faites par le
député de Saint-Maurice a l'effet de tout transférer
à Shawinigan. Il est évident que je comprendrai très bien
que, pour des raisons que j'ignore encore, puisque je ne peux pas sonder les
reins et les coeurs de toutes les personnes qui prennent les décisions,
le conseil d'administration, à la suite d'une nouvelle décision,
a renversé de façon encore unanime, incluant deux personnes qui
viennent de Grand-Mère, comme avant, tout le reste venant de
Saint-Maurice... Tout dernièrement, les nouvelles nous indiquaient que
le Conseil régional de la santé et des services sociaux de la
zone 04 a aussi pris une décision unanime, encore une fois, avec les
données qui existaient à l'époque, de tout
transférer dans un seul lieu qui est à Shawinigan.
Je dois vous dire que beaucoup de pressions ont été faites
à l'inverse, qui n'ont même pas été
écoutées. Même quelqu'un du CRSSS est allé à
la Chambre de commerce de Grand-Mère, dernièrement, disant que,
même si on avait reçu la pétition venant de
Grand-Mère, on n'en aurait pas tenu compte parce qu'il y a plus de
population dans l'autre secteur. On oublie souvent que Grand-Mère est un
secteur, mais qu'il y a aussi Saint-Georges de Champlain,
Lac-à-la-Tortue, Grandes-Piles, Saint-Jean-des-Piles, qui
représentent un secteur aussi important qui est sur le qui-vive
actuellement, à moins qu'on ne réussisse à régler
le problème du Centre hospitalier Laflèche et ceux de certains
soins de santé potentiels à être donnés dans le
service d'urgence à l'hôpital de Grand-Mère.
Dans ce contexte-là, les gens demandent qu'on révise la
position et que la ministre ne prenne pas la position de son collègue de
Saint-Maurice à l'effet de transférer tout le service à
Shawinigan sans aucun point de services à Grand-Mère. Je dois
vous dire que cela a toujours été dans la tête des gens que
le siège social était è Grand-Mère, mais que le
gros point de services - personne ne l'a contredit, même à
l'époque - était à Shawinigan. On s'aperçoit qu'au
lieu d'avoir un siège social à Grand-Mère avec deux points
de services dont le plus important est à Shawtnigan, nous allons nous
retrouver, si la ministre accepte les positions qui ont été
prises dernièrement, à un seul lieu qui est Shawtnigan. Cela
devient impossible dans notre milieu, Mme la ministre. Je vous le dis, les
libéraux du secteur de Laviolette l'ont dit ouvertement et continuent de
dire que la ministre va les fâcher en essayant de sauveqarder le
député de Saint-Maurice qui fait une "job de bras" dans ce
dossier-là.
Dans ce contexte-là, je dois vous dire, Mme la ministre, qu'avant
de prendre une décision vous m'avez répondu que vous étiez
prête à rencontrer les gens de la chambre de commerce en
particulier. Je conviens qu'au moment où on se parle c'est difficile,
mais j'espère que, d'ici la fin de juin, vous écouterez ces gens
et que la décision telle que proposée actuellement ne sera pas
mise en vigueur, mais que Grand-Mère conservera un point de service
important, sinon le siège social, tout en sachant que le gros du CLSC
est à Shawinigan. C'est évident, pour nous, et personne ne le
contredit: Mais que Grand-Mère ait une partie de ces services.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre, est-ce
que vous voulez répondre?
Mme Lavoie-Roux: Je peux répondre très très
brièvement. Je pense bien que le député de...
Le Président (M. Bélanger): Je vais
reconnaître le député après si vous voulez.
M. Lemire: D'accord. (12 h 15)
Mme Lavoie-Roux: Le député de Laviolette m'a
souvent entretenue de ce dossier-là. Je dois vous dire qu'à ce
moment-ci aucune décision n'est prise. On est encore à examiner
ce problème qui, de toute évidence, n'apparaît pas comme un
problème simple. Je peux quand même dire qu'il faut s'assurer que
les populations aient les services dont elles ont besoin. Quand je
parlais tout à l'heure de services équivalents pour
l'ensemble des territoires du Québec, encore une fois il n'y a pas de
décision prise sur cette question. Je demeure toujours disponible, tel
qu'on en a convenu, pour rencontrer des gens.
Maintenant, que les gens aient changé de décision ou non,
vous comprenez que ce sont là des décisions qui sont tout
à fait hors de mon contrôle. Le député de
Saint-Maurice a peut-être quelque chose à ajouter.
M. Jolivet: Juste avant, je dois dire à Mme la ministre
qu'actuellement il y a deux secteurs à Grand-Mère, soit l'ancien
département de santé communautaire, qui donne des services de
CLSC et le centre hospitalier Laflèche-Grand-Mère, où il y
avait l'ancien centre de bien-être social qui actuellement donne des
services, cela à Grand-Mère, alors qu'à Shawinigan il y a
d'autres lieux où se donnent des services. Je comprends la demande de
centraliser l'ensemble des activités, mais de là à enlever
tous les services qui existent à Grand-Mère, il y a une marge que
la ministre ne doit pas franchir. Je lui donne un conseil, en personne
habituée à vivre dans le milieu depuis nombre d'années et
ayant été directement impliqué dans l'implantation d'un
CLSC, à l'époque, qui devait s'appeler le CLSC
Grand-Mère-Normandie et qui, pour certaines raisons, en 1974, est devenu
le CLSC Normandie, tout en sachant qu'un jour ou l'autre arriverait le CLSC du
Centre de la Mauricie. Je vous donne ce que j'en connais depuis près de
quinze ans maintenant.
Le Président (M. Bélanger)? M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Je voudrais juste faire une mise au point, parce que
je suis un peu surpris de voir que M. le député de Laviolette
amène cette discussion ici. Ce matin, je n'étais pas
préparé pour en discuter, mais, comme je connais le dossier
à fond, parce qu'on en parle dans notre région depuis un an et
demi, je réalise qu'on a passé complètement à
côté des analyses des experts.
Dans les services de la santé, je pense qu'il faut se fier un peu
à tout ce personnel des CRSSS, à tous ces gens experts qui ont
des analyses très précises. Je pense que c'est nécessaire
que la population bénéficie des services, oui de soins de
santé des CLSC et des différents services qui dépassent
même la santé: on va souvent remettre sur les rails des familles
qui sont dans le besoin. D'après les analyses, les trois points qui
étaient dans la conclusion de ces analyses du CRSSS étaient bel
et bien Shawinigan, Haut-de-la-Ville et Centre-Mauricie, parce que le fort
pourcentage de la population est là et c'est la population qui en a le
plus besoin.
Maintenant, c'est certain que, dans les régions, il y a souvent
de petites chicanes d'esprit de clocher, entre les chambres de commerce, les
conseils de ville et tout cela. Quand je suis arrivé au pouvoir en tant
que député, je me suis fait un devoir de faire parvenir à
tous les conseils de .ville, qui étaient impliqués dans la
décision de centraliser ou d'amener un CLSC au Centre-Mauricie, un
rapport dont ils n'avaient jamais entendu parler.
À la suite de cela, à la suite de discussions, le conseil
d'administration du CLSC a pris une décision à l'unanimité
parce qu'il faut se rappeler que le CLSC du Centre de la Mauricie a
été implanté en 1985 à la hâte parce que le
gouvernement du temps s'en allait en élection. On a implanté le
CLSC dans des locaux désaffectés et inadéquats pour donner
les services à une population qui en a besoin. Après un an et
demi de services à la population, nous constatons, avec le CRSSS et avec
tous les experts, que 75 % à 80 % de la clientèle vient de
Shawinigan, Shawinigan-Sud et de l'autre côté du comté,
c'est-à-dire la partie où les gens n'ont pas à prendre
l'autobus ou l'auto pour se rendre au CLSC. Je pense qu'on a, à l'heure
actuelle, des précisions qui nous permettent de croire qu'il y a une
décision qui a été prise à ta hâte et qui ne
rend pas service à la population.
Maintenant, avec la décision du CRSSS qui choisit à
l'unanimité de centraliser le CLSC du Centre de la Mauricie, à
Shawinigan plus précisément, Mme la ministre, la décision
que vous prendrez sera la bonne. Vous déciderez avec vos experts de
l'endroit et j'espère que le député de Laviolette viendra
nous appuyer dans la décision que vous prendrez. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laviolette... Mme la ministre, voulez-vous
réagir auparavant?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, j'ai un peu l'impression
d'être comme un arbitre.
Le Président (M. Bélanger): Un témoin.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Mme Lavoie-Roux: J'écoute cela attentivement, M. le
Président, et je dois dire que les deux députés m'ont fait
des représentations à plusieurs reprises dans le passé. On
peut voir que c'est une question fort délicate. Encore une fois, je
pense que ce à quoi il nous faut penser, c'est à la population,
dans un débat comme celui-là.
M, Jolivet: C'est dans ce sens, Mme la ministre, que j'ai
l'intention d'intervenir. Cela a toujours été mon but,
d'ailleurs. Ce n'est pas la première fois que j'ai des discussions
en ce sens avec vous. Vous le savez très bien. Ce que je vise,
c'est de préserver les services qui sont déjà
donnés avec des services qui doivent être donnés dans les
cas où il n'y en a pas. Quand on vient me dire que c'est dans des locaux
désaffectés, je m'excuse, Mme la ministre, mais le
département de santé communautaire était dans une
bâtisse qui était non utilisée à l'époque de
mon arrivée en 1976. Elle a été utilisée par le
centre hospitalier régional pour donner des soins au niveau de la
prévention et autres, ce qu'était le département de
santé communautaire.
Je dois vous dire, Mme la ministre, qu'un des arguments qui a
été apporté par des gens, c'est l'éparpillement.
Cela me frappe car te siège social du département de santé
communautaire se trouve au Centre hospitalier régional de la Mauricie et
donne des services à Shawinigan, Shawinigan-Sud, à
Grand-Mère dans un local, à Parent dans un local, à La
Tuque dans un local et à Clova. Quand on vient me dire qu'il faut avoir
une même centralisation dans une seule et même bâtisse pour
les besoins de transport du personnel et du directeur général,
pour cela, je marche moins. Actuellement, vous avez un CLSC. Le
député me dit que c'est à la hâte; je m'excuse. Il
n'a peut-être pas suivi le dossier comme il le devait, mais le dossier a
été présenté de la même façon que tous
les autres dossiers. Quelqu'un a été dégagé par le
CSS et le CRSSS pour mettre en place, avec le comité de
bénévoles dans la région, l'implantation du CLSC du Centre
de la Mauricie qui était demandé par tout le monde.
Ce CLSC qui est, c'est évident, dans sa phase de
préimplantation et d'implantation, doit avoir des locaux, dans la mesure
où l'on ne sait pas encore où va être la bâtisse
principale, si jamais on en a besoin. Ce ne sera pas nécessairement un
besoin si ce sont vraiment des services à la population. Or, le
département de santé communautaire est ouvert depuis 1977. C'est
dans ces locaux que le personnel a été réaffecté
selon Ies places d'où il venait, soit du département de
santé communautaire ou du CSS. Dans un autre dossier, quand le
député dit que c'est désaffecté, je voudrais bien
voir le président de la commission scolaire qui est un des très
bons organisateurs libéraux dans le coin réagir à cela en
disant que l'école Laflèche est une école
désaffectée.
Je pense qu'il faut faire attention à ce qu'on dit. C'est un
local qui était utilisé par le centre Travail-Québec qui a
déménagé. Dans ces circonstances, ces locaux ont
été utilisés pour mettre la deuxième partie du CLSC
à Grand-Mère. Â Shawinigan, c'est dans le CSS, à ma
connaissance, avec des locaux, peut-être, dans son coin. Une chose est
certaine, personne ne va disconvenir dans la ville de Grand-Mère que le
gros de l'ensemble du personnel doit être à Shawinigan,
peut-être dans une bâtisse neuve, cela ne me dérange pas du
tout, ou peut-être dans une bâtisse actuellement utilisée
à d'autres fins, comme le veut la rumeur qui circule. Cela ne me
dérange pas du tout. Mais venir me dire qu'on va transférer
à Shawinigan tout ce qui se donne actuellement à
Grand-Mère, là, par exemple, Mme la ministre, je ne marche pas et
pour des raisons bien simples. Le Centre hospitalier Laflèche a ses
problèmes de recrutement de médecins qu'on appelle, dans notre
langage, des "urgentologues" ou autres.
Si jamais, pour des raisons diverses, le Centre hospitalier
Laflèche ne donne plus aucune urgence... Lorsque j'étais au
pouvoir, et j'avais rencontré les médecins et la population en
1983 et en 1984 et je leur avais dit: Si jamais vous ne leur donnez pas les
services, quelqu'un d'autre va donner ces services d'urgence. Grand-Mère
ne doit pas les perdre. Ils ont compris depuis ce temps. Cela fonctionne, plus
ou moins à certains moments, mais cela fonctionne. Dans ce sens, les
gens de Grand-Mère ont des choses à dire. Ils veulent être
entendus parce que si, demain matin, tous les services du CLSC devaient
être donnés à partir de Shawinigan, sans tenir compte de ce
qu'ils donnent actuellement à Grand-Mère, là, la
population de Grand-Mère va réagir et ce sera malsain pour bien
du monde.
C'est dans ce sens que j'interviens aujourd'hui parce que le CLSC du
Centre de la Mauricie doit être quelque chose qui permette l'union
plutôt que la désunion. Or, au moment où les
décisions avaient été prises, il avait été
entendu que le sièqe social serait è Grand-Mère et que la
majorité des services, en termes de grosseur, serait a Shawinigan avec
un point de service à Shawinigan-Sud et tout le monde semblait
satisfait. C'est depuis le 2 décembre 1985, avec l'arrivée d'un
nouveau député dans Saint-Maurice, que toute la question a
été mise en place et rediscutée sur la place publique avec
les résultats que les libéraux de Laviolette se sont tous
ligués contre le député de Saint-Maurice pour dire: Cela
n'a pas de sens. C'est dans ce sens que j'interviens auprès de vous, Mme
la ministre, pour les gens de mon comté.
M. Lemire: C'est un peu malheureux qu'on embarque sur ce terrain,
M. le député de Laviolette, parce que, moi, en tout cas, je ne
veux pas et je ne voudrais pas qu'on en fasse une décision
politique.
M. Jolivet: Cela va être cela.
M. Lemire; Bien, cela a déjà été une
décision politique...
M. Jolivet: Non, non.
M. Lemire: ...parce que vous avez barguiné le CLSC...
M. Jolivet: Non, non.
M. Lemire: ...avec M. le député de Saint-Maurice du
temps.
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Lemire: Je ne voudrais pas m'en aller là-dessus, mais
il y a une chose que je veux vous dire, c'est... J'espère, en tout cas,
que sous notre gouvernement il n'y aura pas de "bargaining" et qu'on ne
barguinera pas la santé des gens. Et, dans te haut de la ville de
Shawinigan, il n'y a pas d'hôpital, et, vous autres, vous en avez un.
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse!
M. Jolivet: II ne comprend pas ce qu'est un CLSC.
M. Lemire: Donc, je pense que...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Lemire: ...vous allez un peu loin, M. le
député...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député!
M. Lemire: ...de Lavioiette.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député, je voudrais que le débat se fasse par l'entremise
du président à Mme la ministre.
M. Jolivet: C'est ce que je faisais tout à l'heure.
Le Président (M. Bélanger): C'est comme cela qu'est
prévu le déroulement des travaux à la commission...
M. Lemire: D'accord.
Le Président (M. Bélanger):
...particulièrement lorsqu'on étudie les crédits.
M. Lemire: C'est bien, M. le Président. Le
Président (M. Bélanger): Alors...
M. Lemire: M. le Président et Mme la ministre, ce que je
souhaite, c'est que la prochaine décision qui sera prise, avant de
dépenser des montants d'argent pour une école
désaffectée qui est inadéquate pour les personnes
handicapées, écote que j'ai visitée personnellement avec
vos attachés politiques. Nous avons constaté, pour être un
ancien expert de la construction, que cette bâtisse est
inadéquate, que, si le ministère du Travail allait là pour
y faire une inspection, elle serait immédiatement...
M. Jolivet: C'est à Shawinigan?
M, Lemire: ...fermée pour plusieurs détails
inadéquats. Avant de dépenser de l'argent, Mme la ministre,
j'espère qu'on va décider du centre et du lieu dans lesquels tous
les employés et dirigeants du CLSC seront heureux de travailler.
À ce moment-là, on pourra donner un meilleur service à
toute notre population et éviter que cette population du comté ne
se déplace pour se rendre dans un CLSC qui est mal situé.
M. Jolivet: M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Pour compléter, je ne pourrai
certainement pas dire que je n'ai pas été sensibilisée
à la question quand ta décision arrivera, tant d'un
côté que de l'autre. On va essayer de prendre la meilleure
décision possible, comme je le dis encore une fois, en tenant compte de
la population. Je pense que c'est le désir des deux
députés qui viennent de s'exprimer.
M. Jolivet: Juste un petit point, M. le Président...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Lavioiette.
M. Jolivet: ...en terminant, en disant qu'effectivement ce n'est
pas juste une question de soins de santé. Â ma connaissance, un
CLSC fournit d'autres services que celui-là, j'espère. C'est dans
ce sens que le problème a toujours porté - j'en faisais mention
au départ - sur une question de soins de santé. Pourquoi le CLSC
Grand-Mère - Normandie n'a pas vu le jour, c'est parce que tout le monde
avait peur de perdre l'hôpital Laflèche à l'époque.
Mais il reste quand même que les besoins essentiels étaient dans
le secteur rural. Les gens ont démontré, à ta face de tout
le monde, à l'époque où on voulait implanter le CLSC
à Grand-Mère, que c'était plutôt Saint-Tite. Quand
on vient me dire qu'en phase d'implantation on est dans des locaux
désaffectés, je dois vous dire qu'on était dans le
presbytère à Sainte -Thècle et c'était effectif que
c'était cela, sauf que c'était une phase d'implantation pour en
arriver aujourd'hui à une bâtisse où on a
intégré un service de qarderie publique. Je pense qu'il y a eu
des choses qui ont évolué dans le temps
et c'est dans ce sens-là que, dans le secteur
Grand-Mère-Shawinigan, je dis que ce n'est pas une question de clocher
du tout. Ce que je défends, c'est qu'il y a des services qui sont
donnés actuellement et qu'ils doivent continuer. Le problème,
c'est qu'on en est venu à une décision. On pourra faire les
accusations qu'on voudra, je ne les porterai pas dans ce sens-là. Je
vous dirai que les membres du comité d'implantation de l'époque
venant de tous les secteurs de toute la région - deux seuls
étaient de Grand-Mère ont proposé unanimement
Grand-Mère comme siège social, un point de service majeur
à Shawinigan et un point de service quand même important, mais non
majeur à Shawinigan-Sud, peu importe ce que le CRSSS, à
l'époque, faisait comme proposition de départ dans un document
d'étude. Quand est arrivée la décision du comité
d'implantation, le CRSSS a pris une décision aussi unanime dans le
même sens que celle du comité d'implantation. Ce qui a
été décidé, effectivement, à la suite de
discussions qui ont eu lieu et qui ont finalement abouti à la
décision selon laquelle les lettres patentes ont été
accordées à Grand-Mère. Vous savez, Mme la ministre, j'ai
eu à travailler dans cela au moment où je m'occupais de syndicat,
et changer des lettres patentes quant à son siège social, cela
prend de maudites bonnes raisons aux Institutions financières. Cela veut
dire que c'est justement là le danger d'en arriver à une
décision qui soit politique si jamais le siège social
était déménagé ailleurs. Mais il y a toujours moyen
de s'entendre pour permettre ce changement, dans la mesure où des
services donnés à Grand-Mère ne sont pas perdus. C'est
dans ce sens que j'interviens aujourd'hui.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
Mme la ministre, compte tenu de l'heure, je souhaiterais que nous adoptions le
programme 1, Services communautaires, c'est-à-dire le programme touchant
les CLSC.
M. Rochefort: Oui, M. le Président. Sur division
toutefois.
Le Président (M. Bélanger): Sur division. Mme la
ministre...
Mme Lavoie-Roux: En conclusion, vous me permettrez de rapporter
les propos du président de la Fédération des centres
locaux de services communautaires, M. Leguerrier, à la suite de ma prise
de position sur les CLSC et compte tenu de toutes les interventions que le
député de Gouin a faites. M. Leguerrier se dit content que les
CLSC puissent maintenant travailler davantage sur l'aspect des services
plutôt que de toujours s'interroger sur des structures. Selon lui, on
pourra désormais discuter de services concrets - et il s'en disait
très heureux - ce qui est important pour lui; cela veut aussi dire la
fin de la période de questions. Cela met au clair la
légitimité des CLSC et précise ses rôles et ses
fonctions. Je peux assurer les députés de cette Chambre que, dans
les suites à donner au rapport Brunet et à la réaction de
la Fédération des CLSC au rapport Brunet, j'ai eu, jusqu'à
maintenant, la collaboration de la fédération et je n'ai pas de
raison de douter que je ne l'aurai pas dans l'avenir. Je vous remercie, M. le
Président.
M. Rochefort: M. le Président, compte tenu du fait...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Vous comprendrez qu'on me permettra au moins un
commentaire. Dans un premier temps, moi aussi, je suis d'accord avec ce que
vous nous annoncez de nouveau ce matin: la fin des interrogations sur les
structures. Vous avez décidé que cela se ferait par fusion. Cela
ne veut pas dire que les gens sont contents parce qu'ils constatent que les
interrogations sur les structures sont terminées.
Deuxièmement, j'aimerais que la ministre fasse aussi allusion
à la dernière déclaration du président de la
fédération dans le dossier. Je pense qu'il y a là des
éléments sur lesquels elle pourra sûrement poursuivre sa
réflexion, notamment sur le fait qu'il nous rappelait que, pour lui, le
rapport Brunet devait être un tout en soi et qu'on y donne suite
globalement et non pas en y prenant les éléments sur lesquels on
s'entend en laissant tomber les autres.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je pense que, quand un
ministre reçoit un rapport, il lui est quand même permis
d'implanter des recommandations. Dans le cas du rapport Brunet, c'est la grande
partie ou la majorité des recommandations qui m'ont été
remises. Je pense que la décision que je prends, eu égard au
parachèvement des structures auxquelles certains tiennent tellement, est
aussi appuyée dans le sens de donner la priorité aux services
plutôt qu'aux structures pour la population.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Est-ce que les
crédits sont adoptés pour le programme 1?
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
Merci.
La commission ajourne ses travaux sine
die. En réalité, nous reviendrons après les
affaires courantes, c'est-à-dire vers 15 h 30. On aura les nouveaux
ordres de la Chambre.
(Suspension de la séance à 12 h 33)
(Reprise à 15 h 31)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous allons reprendre Ies travaux de la commission et procéder
cet après-midi à l'étude du programme 6 sur les Services
des centres d'accueil d'hébergement et des centres hospitaliers de soins
de longue durée. M. le député de Gouin, je vous
cède la parole.
Services des centres d'accueil
d'hébergement
et des centres hospitaliers
de soins de longue durée
Sous-budgétisation des centres
d'accueil
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
En ce qui a trait aux centres d'accueil d'hébergement plus
particulièrement, on connaît l'état alarmant des budgets
des centres d'accueil d'hébergement pour personnes retraitées et
les conséquences que cet état de sous-budgétisation que
connaît ce réseau a, d'une part, sur les
bénéficiaires qui y sont actuellement hébergés et,
d'autre part, sur l'admission d'éventuels
bénéficiaires.
Récemment, au début du printemps, l'Association des
centres d'accueil du Québec a rendu public un document très
important traitant des conséquences qu'ont eues les dernières
obligations faites au cours de la dernière année
financière quant au respect des plans d'équilibre
budgétaire et quant aux contraintes qui leur ont été
imposées dans le cadre de la dernière année
financière. Ils ont rendu public un document très
détaillé et bien soutenu dans lequel ils nous disent qu'ils ne
sont plus capables, qu'ils sont absolument incapables d'absorber quelque
nouvelle contrainte budgétaire que ce soit et que cette situation de
sous-budgétisation de l'ensemble du réseau d'hébergement
pour les personnes du troisième âge fait en sorte que c'est de
plus en plus le strict minimum qu'on retrouve dans ces établissements de
services dispensés aux hommes et aux femmes qui habitent ces centres
d'accueil. On a eu des cas où on s'est fait dire qu'on avait à
peine un préposé aux bénéficiaires, à
l'occasion, pour surveiller deux ailes d'un même centre d'accueil durant
la nuit, qu'on manquait de personnel pour donner les bains, à une
fréquence dite humaine de service, que requièrent ces personnes.
On a même des situations où on nous dit qu'on est forcé de
diminuer les services comme la nourriture, finalement dans les
éléments de base d'un minimum vital qui doit être
dispensé à toute personne humaine.
Devant cette situation, le ministre des Finances a ajouté un
maigre montant de 6 000 000 $ à la suite de cette demande de 125 000 000
$ additionnels pour le financement du réseau d'hébergement des
personnes âgées au Québec. Il est évident, M. le
Président, que je cherche un peu ce qu'on va pouvoir faire avec 6 000
000 $. D'ailleurs,, je ne suis pas le seul. Les dirigeants de l'ensemble de ces
centres d'accueil cherchent ce qu'ils pourront faire avec cette somme. On sait
qu'ayant atteint un degré plus qu'élevé
d'exaspération les dirigeants des centres d'accueil du Québec,
dans un certain nombre de régions, ont décidé de limiter
l'accès aux centres d'accueil aux personnes qui nécessitent moins
de deux heures ou deux heures et quelques minutes de soins. Ils jugent
être incapables de donner les services requis par des personnes qui
nécessiteraient plus de deux heures de soins par jour. C'est le moyen
qu'ils ont retenu jusqu'à maintenant pour faire pression sur le
gouvernement du Québec pour qu'il débloque les budgets
nécessaires à un rétablissement des bases
budgétaires, ce qui permettrait à ces établissements de
donner des services plus humains, de meilleure qualité et qui
correspondent mieux à la mission première des centres d'accueil
d'hébergement. Ceux-ci, faut-il le rappeler, ne sont pas et n'ont jamais
été conçus comme des lieux où on s'en va en
attendant la mort mais des lieux où on doit aller poursuivre notre vie
dans un cadre où on peut continuer de se développer comme
personne humaine, malgré la nécessité de soins importants,
d'encadrement important, et vivre dans une qualité de vie relativement
bonne et positive.
On sait, M. le Président, même si on peut débattre
longuement des moyens envisagés par les centres d'accueil en question,
que c'est un choix qu'ils ont fait. Déjà, avant même qu'ils
aient effectué un tel choix, on retrouve, nous dit-on, environ 7000
personnes en attente d'héberqement en centre d'accueil au Québec
qui ont déjà franchi l'ensemble des critères d'admission.
On ne parle pas simplement de qens qui se sont inscrits parce qu'un jour ils
prévoyaient que peut-être ils auraient besoin d'être
hébergés en centre d'accueil. Déjà, 7000 personnes
figureraient sur les listes d'attente une fois la procédure
d'évaluation complétée. Il faut voir vers quelle situation
on s'en va du côté de l'héberqement des personnes
âgées. Force nous est de constater, M. le Président,
qu'avec un maigre, très très maigre 6 000 000 $ d'argent neuf
dans ce secteur où on nous dit avoir besoin de 125 000 000 $ rapidement,
finalement, à moins que quelqu'un n'ait l'imagination pas mal plus
fertile que moi, je ne vois pas trop comment on pourra ne serait-ce que
mettre
un frein à la dégradation de la situation qui se vit
présentement dans ces établissements et au cours de
l'année qui vient. J'appréhende, M. le Président,
qu'à la fin de cette année on se retrouve avec une situation
encore pire que celle que nous connaissons actuellement et qui n'est
déjà absolument pas enviable par quiconque. Vous me croirez, M.
le Président, j'en suis certain.
M. le Président, ma première question d'ordre un peu
général à la ministre, c'est que j'aimerais savoir quelles
sont ses intentions quant à la situation qui prévaut actuellement
dans les centres d'accueil du Québec en termes de qualité et de
quantité de services qui sont disponibles pour les personnes qui sont
déjà hébergées. J'aimerais que la ministre nous
indique si elle a un plan pour corriger la situation et rétablir des
services de santé et des services sociaux qui correspondent aux besoins
de ces personnes et à la qualité de services que leur état
nécessite pour, je le répète, que ce ne soit pas des lieux
où on attend paisiblement la mort mais plutôt des lieux où
on puisse vivre dans un cadre de qualité et dans un cadre où on
peut se développer malgré les handicaps qu'on connaît
compte tenu de l'âge.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, le problème de
sous-budgétisation des centres d'accueil remonte à 1978-1979
alors que les centres d'accueil avaient adressé au ministre de
l'époque, le Dr Lazure, des représentations pour que des sommes
additionnelles de l'ordre de 225 000 000 $ soient ajoutées, compte tenu
de problèmes qu'ils avaient à bien servir leur clientèle.
De 1980 - je vais donner les années exactes - à 1985, en termes
d'ajout d'argent, on a mis 31 000 000 $ pour l'alourdissement des
clientèles. L'an dernier, nous avons mis 11 000 000 $, si l'on tient
compte de l'annualisation. Cette année, nous ajoutons 6 000 000 $
annualisés à 8 000 000 $.
M. le Président, loin de moi de tenter de faire croire que c'est
suffisant, compte tenu de l'alourdissement de ta clientèle. D'ailleurs,
j'ai eu des rencontres avec l'Association des centres d'accueil. Nous en avons
discuté longuement. Je pense qu'il y a un consensus sur la
nécessité, pas nécessairement pour tous les centres
d'accueil... Il y a des centres d'accueil qui sont dans un meilleur état
que d'autres. C'est ainsi, par exemple, qu'on peut voir qu'en 1986-1987 il y a
un surplus de 4 447 000 $ pour les centres d'accueil et, par contre, un
déficit de 2 553 000 $. Il est fort évident que lorsqu'on parle
de difficultés il faut d'abord commencer par établir là
où elles sont. Ce ne serait pas suffisant de dire simplement: On fait un
ajout. Dans l'exercice que nous faisons présentement, pour la
distribution de ces 6 000 000 $ annualisés à 8 000 000 $, on
tient compte de différents facteurs et de différentes variables
pour, justement, donner l'argent là où vraiment les besoins sont
les plus grands. Encore une fois, je le répète, M. le
Président, je suis convaincue, moi-même, que ce ne sera pas
suffisant pour combler les 125 000 000 $ que maintenant, en 1987, l'Association
des centres d'accueil... Et nous parlons toujours des centres d'accueil
d'hébergement, parce qu'il y a aussi de l'argent qui est ajouté,
dans les centres d'accueil de réadaptation, pour un montant de 4 000 000
$, je pense. C'est vraiment A 000 000 $ supplémentaires, mais
tenons-nous-en - c'est ce que le député de Gouin a apporté
- aux centres d'accueil d'hébergement.
Par contre, quand j'ai eu l'occasion de rencontrer les gens de
l'association, je leur ai dit que les données que nous avons pour
établir les besoins réels et les études rigoureuses ne
nous semblent pas encore satisfaisantes. Est-ce la responsabilité des
centres d'accueil ou la nôtre? En tout cas, cela devra au moins
être la responsabilité commune des deux, établir quel est
vraiment le manque à gagner et permettre de corriger une situation.
C'est dans ce sens que nous avons présentement des échanges avec
l'Association des centres d'accueil. Je ne sais pas s'il y en a eu avec le
nouveau président, je sais qu'il y en a eu avec l'ancien. il y en a eu
avec le nouveau aussi, pour justement établir des études
rigoureuses qui nous permettront de défendre un dossier avec tout
l'acharnement qui est déjà là et pour que les demandes que
nous ferons ne soient pas réfutées à cause d'un manque de
rigueur, quant aux besoins réels vécus dans les centres d'accueil
d'hébergement. Â cet effet, j'ai trouvé intéressant
de voir que le nouveau directeur général de l'Association des
centres d'accueil du Québec, l'ex-ministre Clair, disait: "Je ne suis
pas assez bête - je le cite dans le texte - pour m'envoyer dans une
bataille politique. Je sais cependant que, si l'on veut vendre la cause des
centres d'accueil au Conseil du trésor, il faudra des données
irréprochables. Soyez certain que je ferai en sorte qu'on ne me renvoie
pas faire mes devoirs", ajoute l'ex-ministre. (15 h 45)
Ce que je peux dire en ce moment, on se met à l'oeuvre justement
pour arriver à ne pas... En 1979, on a demandé 250 000 000 $. On
y répond dans une proportion, si l'on compte jusqu'à aujourd'hui,
de quelque 40 000 000 $. En 1987, alors que la population s'est alourdie, tout
à coup les besoins sont de 125 000 000 $. Je devrais peut-être me
réjouir que ce soit 125 000 000 $ au lieu de 225 000 000 $ ou 250 000
000 $, mais ce que je veux dire, c'est qu'il nous faut des données
beaucoup plus précises et rigoureuses que celles que nous
possédons présentement. C'est cet
exercice et ces efforts que nous déploierons dans l'année
pour tenter de corriger particulièrement là où les
situations sont les plus difficiles. En admettant qu'on arriverait à un
constat d'un manque à gagner, mon chiffre est absolument arbitraire, de
100 000 000 $ ou de 125 000 000 $, il faudrait aussi quand même
réaliser que cela n'est pas en une seule année qu'on pourrait
combler cette différence, mais au moins on aurait la certitude de
travailler sur un terrain plus solide et on pourrait faire accepter un plan
triennal ou quinquennal pour arriver à combler les déficits dans
les centres d'accueil d'hébergement.
M. Rochefort: M, le Président, je comprends en partie la
réponse que la ministre nous donne selon laquelle il faut faire une
nouvelle évaluation plus rigoureuse et plus serrée de
l'état réel des problèmes budgétaires qu'on
retrouve dans les centres d'accueil d'hébergement. Elle nous cite
même une déclaration du nouveau directeur général de
l'association, mais je voudrais savoir, M. le Président, notamment par
la citation que la ministre fait et par l'évocation qu'elle avait faite
un peu plus tôt de la nécessité de revoir toute cette
question, quelle part de responsabilité la ministre va assumer dans le
dossier de cette évaluation qui devrait être faite au plus
sacrant. Le fardeau de la preuve de l'évaluation revient-il uniquement
à l'Association des centres d'accueil ou est-ce que la ministre a mis en
place une structure, une équipe de travail pour faire aussi avancer le
dossier et faire en sorte qu'on finisse par débloquer des sommes qui
correspondent à l'évolution des clientèles?
Mme Lavoie-Roux: Tout à l'heure, je croyais avoir
indiqué qu'il s'agissait, à mon point de vue, d'une
responsabilité commune, incluant par là la
nécessité pour le ministère de la Santé et des
Services sociaux de s'impliquer. D'une part, il nous faut obtenir des centres
d'accueil eux-mêmes des données qui soient pertinentes et aussi
les données quant aux besoins. C'est d'ailleurs dans ce sens-là
que, avec le développement grandissant des services à domicile,
quand on dit qu'il y a environ... Je ne sais pas si le chiffre que vous avez
avancé quant au nombre de personnes en liste d'attente est exact. Quel
chiffre avez-vous avancé''
M. Rochefort:
Mme Lavoie-Roux: Je peux vous dire qu'ils étaient 7367, en
avril 1985, et ils sont 6538; ce nombre ne doit pas être
considéré comme le nombre global de personnes attendant
d'être admises en centres d'accueil parce que, de plus en plus, il y a
une gamme de services qui est offerte, même si elle n'est pas encore
terminée, mais qui donne des solutions de rechanqe à
l'hébergement ou au placement institutionnel. On estime, si on tient
compte de ces autres variables, que ce serait une liste d'attente de l'ordre de
4987; on va concéder 5000, pour arrondir le chiffre. Il reste que c'est
un chiffre important. Maintenant, il y a peut-être des ressources en
maintien à domicile qui donnent des services à des
clientèles plus lourdes et qui permettraient possiblement aussi de faire
diminuer ce chiffre. De fait, quand le ministère établit
théoriquement les demandes pour des places en centres d'accueil, on
estime le manque de places à 2190, compte tenu de la gamme totale des
services offerts aux personnes qui sont en perte d'autonomie. Ces
places-là se retrouvent surtout dans les régions de
Québec, de Montréal, la rive sud et la rive nord, 6B et 6C.
Alors, en conclusion, ce que je veux dire au député de
Gouin, c'est que des efforts sont faits pour travailler avec des données
rigoureuses qui nous permettront de présenter un dossier qui soit
vraiment à l'épreuve de tout questionnement qui risquerait de le
faire rejeter. J'ai la conviction que l'Association des centres d'accueil nous
accordera sa collaboration dans cet exercice.
M. Rochefort: Est-ce que la ministre pourrait nous donner, M. le
Président, l'échéancier qu'elle s'est fixé pour
arriver à une conclusion quant aux besoins réels?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je ne me suis pas fixé
d'échéancier, mais j'imagine que ceci pourrait requérir...
J'oserais espérer -c'est un choix que j'exprime - qu'on soit dans une
meilleure position, dans la préparation des budgets de l'an prochain,
pour avoir une évaluation plus viqoureuse, pour arriver vraiment avec
quelque chose de plus structuré plutôt que de dire: Chaque
année, on ajoute 8 000 000 $, on ajoute 6 000 000 $, on ajoute 10 000
000 $.
Mais il m'apparaît qu'on devrait déployer tous les efforts
pour l'avoir pour la préparation des nouveaux budgets, mais, encore une
fois, avec les réserves que ceci peut comporter, compte tenu qu'on est
rendu au mois de juin. On commence déjà à élaborer
les budgets à la fin août, septembre. On sait qu'on aura besoin
d'une somme d'argent, mais il faut la préciser davantage. Je souhaite
l'avoir pour la finalisation des budqets de l'an prochain, mais avec certaines
réserves. On va faire tous les efforts nécessaires pour le
produire.
M. Rochefort: M. le Président, il n'y a rien
d'envisagé dans le cadre, par exemple, d'un budget
supplémentaire?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Rochefort: II n'y a rien qui est envisagé pour tenter
d'obtenir des fonds dès la présentation, par exemple, d'un budget
supplémentaire, ce qui arrive fréquemment à la fin de
l'automne?
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, à moins que l'on ait des
données plus précises, ce n'est pas dans mes intentions. Je suis
déjà allée chercher, en budget de développement, un
montant de 6 000 000 $ annualisés à 8 000 000 $.
M. Rochefort: M. le Président, on revient un peu aux
mêmes problèmes. Je pense qu'il faut aller vite pour avoir les
données. Mais, d'autre part, est-ce qu'au minimum la ministre est en
mesure de donner l'assurance aux centres d'accueil que, cette année, il
n'y aura pas de mesures de la nature de celles qui sont décrites dans le
document de l'association ou si on va exercer encore une pression
financière additionnelle sur les centres d'accueil par les plans
d'équilibre budgétaire et les contraintes accompagnant ces
plans?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais au moins
souligner qu'il y a des sommes supplémentaires qui sont disponibles et
que, surtout, il n'y a pas de coupures, ce qu'ils avaient déjà
connu dans le passé. Alors, c'est déjà un
progrès.
Vous dites: des pressions très difficiles. Je pense que certains
centres d'accueil ont subi des pressions, puisqu'ils se retrouvent avec des
déficits. Il faut quand même rappeler qu'il y a des surplus,
également, qui sont à peu près le double - peut-être
pas le double, mais presque - pas loin du double des déficits. Je
voudrais ajouter que, contrairement à d'autres années, les
dépenses supplémentaires qui sont intervenues et qui n'avaient
pas été prévues - qu'on pense à la
sécurité de la CSST, la Régie des rentes du Québec,
l'assurance-chômage - et qui, la plupart du temps, historiquement,
n'étaient pas comblées, ces dépenses ont été
comblées cette année. Sans compter que l'indexation... Il y a
même une récupération, du point de vue de l'indexation, du
manque à gagner qui avait été prévu pour 1986-1987,
ce qui est aussi une première, me dit-on, dans le réseau de la
santé et des services sociaux.
Alors, tout ceci, non pas pour vous dire que les besoins sont
comblés, mais pour vous dire que tous les efforts qu'il nous
était possible de faire, nous les avons faits.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que, dans ses
réflexions, la ministre va intégrer une analyse comparative des
besoins et des sources de financement des budgets des centres hospitaliers de
soins prolongés par rapport aux centres d'accueil d'hébergement?
On sait que, de plus en plus, on se retrouve avec des clientèles qui se
ressemblent beaucoup, mais avec des budgets fort différents dans les
deux types d'établissements.
Est-ce que la ministre, au moins, va étudier toute cette
évolution qu'a connue la clientèle des centres d'accueil qui fait
qu'ils sont, en termes de cas lourds, de plus en plus comparables aux centres
hospitaliers de soins prolongés? Mais les budgets ne suivent pas.
Mme Lavoie-Roux: On sait que les CHSLD ont beaucoup moins de
difficultés financières. De fait, ils se retrouvent avec des
surplus de 4 000 000 $ comparativement à 724 000 $ de déficit. Je
peux dire au député de Gouin que nous allons utiliser un
même outil d'analyse pour les CHSLD sur une base territoriale, pour
vraiment évaluer les besoins, qu'il s'agisse des CHSLD ou des centres
d'hébergement.
M. Rochefort: Je veux revenir à une réponse que
nous donnait tantôt Mme la ministre. Elle disait: II n'y a pas eu de
coupure, etc. Je veux simplement la référer au communiqué
de presse de l'Association des centres d'accueil, émis le printemps
dernier. On dit au bas de la page 2: "Le ministère obliqe, en effet, les
centres d'accueil à ne pas dépasser la limite permise des
dépenses mais il ne leur accorde pas les montants nécessaires
pour couvrir l'augmentation normale des coûts de fonctionnement. Devant
cette contrainte, les établissements n'ont pas d'autre choix que de
couper ou de réduire considérablement les services et faire plus
avec moins de ressources".
Je reviens donc à ma question. Est-ce que la ministre peut au
moins nous assurer que, cette année, il n'y aura pas de contraintes
budgétaires qui seront imposées aux centres d'accueil au point de
les forcer à y aller de contraintes additionnelles puisqu'ils nous
disent qu'il n'y a plus de jus dans le citron, pour prendre une image? Est-ce
que la ministre peut au moins s'engager à ce qu'il n'y ait pas de
contraintes additionnelles qui leur soient imposées pour atteindre
l'équilibre budgétaire?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les difficultés qu'ont les
centres d'accueil à faire face à leurs responsabilités
proviennent de l'alourdissement de leur clientèle. Ils n'ont pas de
contraintes budgétaires directes qui leur ont été
imposées sous forme de coupures. Je tiens à le dire. Le seul
bémol que j'y mettrais, c'est que les suppléments, dont j'ai
parlé tout à l'heure, pour compenser les dépenses
imprévues qui étaient celles de la CSST, la responsabilité
de l'employeur, l'assurance-chômage, les assurances, etc., ont
peut-être été versés un
peu tard.
Quand on parle de ne pas ajouter de contraintes en impliquant
peut-être par là des coupures, je veux rassurer le
député de Gouin qu'il n'y en a pas eu l'an dernier et qu'il n'y
en aura pas cette année. Évidemment, l'alourdissement des
clientèles crée des problèmes auxquels on n'apporte pas
nécessairement toutes les ressources nécessaires pour les
résoudre.
M. Rochefort: Je veux bien que la ministre tente de me convaincre
mais je souhaiterais surtout qu'elle convainque les centres d'accueil. Je le
répète, ce n'est pas mon texte, c'est signé par M.
Pedneault, président, M. Langelier, directeur général par
intérim et des services professionnels, M. Grenier, président de
l'Association des centres d'accueil d'hébergement. Ils nous disent
clairement: "Le ministère oblige - on parle de 1986-1987 - en effet, les
centres d'accueil à ne pas dépasser la limite permise des
dépenses mais il ne leur accorde pas les montants nécessaires
pour couvrir l'augmentation normale des coût3 de fonctionnement. Devant
cette contrainte, les établissements n'ont pas d'autre choix que de
couper ou de réduire considérablement leurs services et faire
plus avec moins de ressources".
Je veux bien qu'on me parle de l'alourdissement de la clientèle.
Je suis convaincu qu'il y a un phénomène d'alourdissement de la
clientèle considérable actuellement dans les centres d'accueil.
Là-dessus, nous nous entendons parfaitement. Mais ce que les centres
d'accueil nous disent, c'est qu'au-delà des problèmes
budgétaires qu'ils connaissent à cause de l'alourdissement de
leur clientèle ils ont des contraintes budgétaires parce que les
budgets qui leur sont accordés ne couvrent même pas l'augmentation
normale des coûts de fonctionnement des établissements. (16
heures)
Mme Lavoie-Roux: Si le député de Gouin m'avait
écoutée, j'ai pris soin tout à l'heure de noter que je
mettais un bémol aux "non-contraintes". C'est que les crédits
supplémentaires qui ont été accordés, qu'il
s'agisse de la CSST ou de la Régie des rentes, etc., avaient
été versés tardivement. J'ajouterai - je pensais que cela
aurait suffi, mais peut-être que ce n'était pas assez clair - que
les affirmations que fait l'Association des centres d'accueil du Québec
sont antérieures aux crédits supplémentaires qui sont
venus combler ces dépenses additionnelles ou imprévues au moment
de la préparation du budget 1986-1987.
M. Rochefort: II y a 50 % où je suis capable de suivre la
ministre. C'est vrai que les représentations de l'Association des
centres d'accueil sont intervenues avant que 6 000 000 $ d'argent neuf
n'arrivent dans le réseau.
Mme Lavoie-Roux: Non, ce n'est pas de cela que je parle. C'est
antérieur aux crédits supplémentaires de l'ordre... On va
vous le donner exactement si on est capables- Les crédits
budgétaires qui ont été injectés pour combler la
différence entre les budgets annoncés, on me dit que c'est 2 800
000 $.
M. Rochefort: C'est arrivé quand ces 2 800 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Fin mars. C'est pour cela que j'ai dit tout
à l'heure que c'est arrivé tard. Les 6 000 000 $, c'est pour
1987-1988. C'est une autre chose,
M. Rochefort: D'accord. On va bien se comprendre. M. le
Président, je veux bien fin mars, mais le communiqué est
daté du 1er avril 1987. Je veux bien vous suivre, mais aidez-moi un
peu.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les établissements n'avaient
pas tous reçu leur lettre.
M. Rochefort: On ne parle pas des établissements un
à un, mais de l'association.
Mme Lavoie-Roux: Ce qui ne leur permettait pas d'avoir le portait
budgétaire complet des centres d'accueil. Mais ce que je vous dis, c'est
qu'ils auraient pu parler de contraintes si nous n'étions pas venus
combler ces dépenses imprévues qui sont intervenues en cours
d'année, reliées aux rubriques que j'ai
énumérées tout à l'heure.
M. Rochefort: Si je comprends bien la réponse de la
ministre, M. le Président, c'est que, le 1er avril 1988, on n'aura pas
droit à un communiqué de presse qui nous dira que, compte tenu de
l'équilibre budgétaire à atteindre, on a dû diminuer
des services, couper des services, réduire des activités, parce
qu'on n'a pas eu les budgets qui correspondaient à l'augmentation.
Mme Lavoie-Roux: Une minute! II faut faire une différence.
Ce que vous nous avez lu la première fois c'est que vous avez dit...
M. Rochefort: J'ai lu deux fois la même chose.
Mme Lavoie-Roux: ...qu'il y avait eu des contraintes
budgétaires qui leur avaient été imposées.
M. Rochefort: Oui.
Mme Lavoie-Roux: J'ai relié cela à un manque de
budget attribuable aux dépenses
administratives auxquelles ils avaient à faire face.
Là-dessus, je vous dis à la fin de mars et on me donne la date du
CT général. C'est le 24 mars 1987 quand on leur a dit: On vient
combler...
M. Rochefort: Les dépenses administratives.
Mme Lavoie-Roux: ...touchant les rubriques CSST, assurances,
etc., les rentes du Québec et que ces dépenses ont
été comblées pour 2 800 000 $. Dans ce sens-là, il
n'y a pas eu de coupures de budget ou de contraintes budgétaires. Par
contre, ils sont toujours dans une position difficile pour répondre aux
besoins de l'alourdissement de leur clientèle, qui, à mon point
de vue, est un autre volet.
M. Rochefort: M. le Président, le texte que j'ai devant
moi et que j'ai lu deux fois, je ne le relirai pas une troisième fois,
fait allusion à l'augmentation normale des coûts de fonctionnement
qui, et la ministre en conviendra avec moi, dépassent l'augmentation des
coûts administratifs que je connais bien et auxquels elle a fait
référence. M. le Président, compte tenu que la ministre
semble nous dire qu'il y a peu de chance qu'on retouche à ce
dossier-là avant le prochain budget, j'espère au moins
qu'à ta fin de l'année financière on ne se fera pas dire
qu'on a imposé encore une fois, dans le cadre des plans
d'équilibre budgétaire, des contraintes financières aux
établissements qui ont fait qu'ils ont dû réduire encore
plus leurs activités, compte tenu des besoins très grands qu'ils
ont.
Motion d'ajournement des travaux
M. le Président, cela dit, compte tenu de l'heure, j'aurais une
motion à présenter qui se lirait comme ceci: Que la commission,
conformément aux dispositions de l'article 165 des règles de
procédure, ajourne ses travaux de façon à permettre
à Mme la ministre de la Santé et des Services sociaux de
participer à la séance de travail du Conseil des ministres de cet
après-midi, portant sur l'entente du lac Meech.
Le Président (M. Bélanger): Je consulte un instant,
si vous me permettez.
M. Rochefort: Je peux vous faire la lecture de l'article 165, si
vous voulez.
Le Président (M. Bélanger): Je suis en train de le
faire. Cela va. Donc, je lis l'article 165 au profit de tout le monde. Il dit
ceci: "Un membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux. "Cette
motion est mise aux voix sans amendement et elle ne peut être faite
qu'une seule fois au cours d'une séance, sauf par le président ou
un ministre membre de la commission. Elle ne peut être débattue,
sauf qu'un représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un
discours de dix minutes chacun."
Un représentant de chaque côté a dix minutes. Je
peux accepter des interventions de dix minutes de chaque côté, sur
la recevabilité et, ensuite, on la mettra aux voix...
M. Rochefort: Non, non, ce n'est pas sur la recevabilité,
c'est sur le fond.
Le Président (M. Bélanger): C'est sur le fond, vous
avez raison. Excusez-moi.
Sur la recevabilité, j'entendrai donc une intervention de chaque
côté, s'il y a lieu. S'il n'y en a pas... Donc, une intervention
de dix minutes de chaque côté et, ensuite, on procédera au
vote tel que prévu.
Sur la recevabilité de la motion, est-ce que quelqu'un
désire s'exprimer? Non. D'accord. La motion est donc recevable. Est-ce
que vous désirez intervenir, M. le député de Gouin?
M. Jacques Rochefort
M, Rochefort: Oui, M. le Président. Vous connaissez tout
autant que moi l'importance que j'accorde à l'étude des
crédits en général et particulièrement au dossier
dont j'ai la responsabilité pour l'Opposition qui est celui de la
Santé et des Services sociaux. D'ailleurs, ce n'est pas par l'effet du
hasard qu'on se retrouve avec l'enveloppe de temps la plus importante, soit 17
heures, consacrée au même ministère compte tenu de
l'importance des budgets et de l'importance de l'activité de ce
ministère sur la vie quotidienne de l'ensemble des
Québécois et des Québécoises. En ce sens, je pense
que, comme moi, vous reconnaîtrez le sérieux et l'importance qu'on
a toujours accordés à cet exercice et qu'on continue et qu'on
continuera d'accorder à l'exercice de l'étude des
crédits.
Cela étant dit, il se déroulera dans une autre salle, pas
très loin, juste en face de l'autre côté de la rue, dans
les prochaines minutes, une réunion spéciale, extraordinaire, du
Conseil des ministres, convoquée par le premier ministre, pour, nou3
disait-il en fin de semaine, que l'ensemble du Conseil des ministres, donc
l'ensemble des membres du gouvernement du Québec puisse, un nouvelle et
une dernière fois, se réunir autour de la table, en
présence du premier ministre, pour débattre de l'ensemble des
textes juridiques traduisant l'entente de principe intervenue au lac Meech dans
le dossier constitutionnel. Le premier ministre nous disait qu'il ne voulait
pas se rendre à Ottawa, dans la capitale fédérale, pour la
deuxième ronde de
négociations, mais là, cette fois, toujours sur le
même sujet, tant et aussi longtemps qu'il n'aurait pas reçu un
mandat clair, fort et sans nuance des membres de son Conseil des ministres,
donc de chacun des hommes et des femmes qui constituent le gouvernement du
Québec, pour qu'il puisse arriver là avec l'appui solide de son
Conseil des ministres. Pour nous, pour que cette réunion puisse avoir
lieu et pour qu'elle puisse atteindre l'ensemble des objectifs qu'a
évoqués le premier ministre, il faut qu'à nos yeux tous
les ministres du gouvernement soient présents à cette
réunion. Si jamais une sélection de ministres devait être
faite - d'abord, je dirai que ce n'est pas l'Opposition qui va la faire - pour
nous il est évident, M. le Président, que la ministre de la
Santé et des Services sociaux, qui gère un budget annuel de
près de 9 000 000 000 $, doit absolument être présente aux
discussions pour l'ensemble des questions que l'on retrouve dans l'entente du
lac Meech. Je dirais aussi, M. le Président, qu'elle aura sûrement
une attention particulière eu égard aux dispositions touchant le
pouvoir de dépenser, compte tenu de toute l'implication du pouvoir de
dépenser dans l'ensemble de nos politiques sociales et de santé,
compte tenu aussi de l'historique très récent que nous avons
connu rappelons-nous le projet de loi C-3 - M. le Président, et que,
sauf erreur, jusqu'à nouvel ordre, le gouvernement du Québec n'a
jamais reconnu encore. On sait donc l'ensemble des implications qu'ont les
différents volets de l'entente du lac Meech sur les activités
qu'aura le Québec, les relations avec les activités de la
ministre de la Santé et des Services sociaux.
Je pense qu'il est absolument essentiel que cette ministre, comme tous
les autres ministres du gouvernement, participe pleinement à ce travail,
d'autant plus que, compte tenu du refus systématique, pour employer un
terme presque médical, chronique du premier ministre de rendre publics
les textes juridiques jusqu'à ce jour, sachant que ces textes existent
maintenant, même si le premier ministre a refusé cet
après-midi qu'ils soient rendus disponibles à l'ensemble des
membres de l'Assemblée nationale... Nous savons, M. le Président,
que les membres du Conseil des ministres auront cet après-midi
l'occasion de se pencher sur ces textes juridiques et je pense que
l'étude de ces textes, quant à la portée juridique de
l'entente du lac Meech... Peut-être que la ministre pourrait convaincre
le premier ministre de ne pas donner suite à l'entente du lac Meech,
compte tenu des problèmes causés par la traduction juridique, et,
au-delà de la traduction juridique, M. le Président, vu qu'il
s'agit là d'une entente qui ne va pas assez loin, mais vraiment pas
assez loin quant aux pouvoirs dont le Québec doit disposer pour faire
face à son avenir. M. le Président, je pense qu'il serait tout
à fait normal que nous suspendions nos travaux pour la durée du
Conseil des ministres pour permettre à cette ministre de participer
pleinement à ces travaux, et qu'après la réunion du
Conseil des ministres nous puissions poursuivre l'étude des
crédits, étude importante, je le reconnais, mais pas aussi
importante à nos yeux que celle qui sera faite à la salle du
Conseil des ministres au sujet de l'entente du lac Meech et de la traduction
juridique du texte de l'entente.
M. le Président, en conclusion, évidemment, vous
comprendrez que j'espère que la personne qui prendra la parole au nom de
la majorité ministérielle sera la ministre de la Santé et
des Services sociaux, parce que nous voulons savoir ce qu'elle pense de cette
offre que nous lui faisons de suspendre nos travaux pour qu'elle puisse
participer à ces travaux. Elle est la seule personne autour de la table
qui soit membre du Conseil des ministres. Elle peut donc, M. le
Président, nous indiquer pourquoi elle irait ou elle n'irait pas
à la réunion du Conseil des ministres et quelles sont les
motivations de sa décision de se rendre ou de ne pas se rendre à
cette réunion majeure pour l'avenir du Québec, très
importante, fondamentale pour l'avenir du Québec, cette réunion
extraordinaire du Conseil des ministres qui a été
convoquée par le premier ministre.
J'espère, M. le Président, que je n'ai pas bien compris
que la ministre semble indiquer à son adjoint parlementaire que ce sera
lui qui aura à répondre pour elle. J'avoue, M. le
Président, que je serais pour le moins surpris que la ministre n'accepte
pas...
M. Sirros: Question de règlement, M. le
Président.
M. Rochefort: ...de prendre elle-même la parole...
M. Sirros: Question de règlement sur l'article 165, M. le
Président.
M. Rochefort: ...et de nous indiquer elle-même...
Le Président (M. Bélanger): Question de
règlement, M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, je pense que l'article que
vous avez lu tout à l'heure était très clair. De part et
d'autre, il y a un membre de la commmission qui intervient. Je pense qu'aux
fins de l'étude des crédits la ministre n'est pas membre de la
commission, M. le Président. Alors, je ne crois pas que le
député de Gouin...
Le Président (M. Bélanger): La ministre n'est pas
membre de la commission.
M. Sirros: ...devrait s'étonner de quoi que ce soit
à ce moment-ci et faire, comme je le disais l'autre jour, ses exercices
d'art dramatique, M. le Président.
M. Rochefort: M. le Président, vous aurez reconnu que, sur
la question de règlement, les derniers commentaires du
député de Laurier, comme toujours, ne sont pas pertinents.
M. le Président, sur la question de règlement, je dois
vous rappeler le mot-à-mot du texte de l'article 165, ce qu'aurait
peut-être dû faire le député. Il se lit comme suit:
"Un membre peut proposer que la commission ajourne ses travaux. "Cette motion
est mise aux voix sans amendement et elle ne peut être faite qu'une fois
au cours d'une séance, sauf par le président ou un ministre
membre de la commission. Elle ne peut être débattue, sauf qu'un
représentant de chaque groupe parlementaire peut prononcer un discours
de dix minutes chacun." On ne parle pas d'un membre, mais d'un
représentant de chaque groupe parlementaire. Sauf erreur, la ministre
est toujours membre de la majorité parlementaire à
l'Assemblée nationale et donc d'une des deux formations politiques, d'un
des groupes parlementaires qui sont réunis ici. Et si jamais, M. le
Président, ultimement, le député de Laurier avait un
problème d'interprétation d'une règle qui pourtant est
très claire à nos yeux, je lui indique tout de suite' que nous
allons donner tous les consentements requis pour que ce soit la ministre qui
réponde, au nom de son groupe parlementaire et aussi en son nom
personnel, à la motion que nous avons présentée, parce
qu'on ne parle pas de la présence ou de l'absence de l'adjoint
parlementaire de la ministre, on parle de la présence de la ministre de
la Santé et des Services sociaux qui est celle, je le
répète, qui gère le plus important budget de l'État
et qui a donc sûrement un mot à dire dans ce qui va lier le
Québec pour des décennies.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a une
intervention du côté parlementaire? M. le député de
Laurier.
M. Christos Sirros
M. Sirros: M. le Président, je dois vous avouer que, d'une
part, je suis un peu, pas étonné, je pense que c'est de bonne
guerre, mais je me permets de mettre en doute un peu le récent
désir de l'Opposition que tous les membres du Conseil des ministres se
fassent entendre sur ce dossier qui, nous en convenons, M. le Président,
est extrêmement important. Il y a une certaine petite contradiction avec
leur position antérieure qui était de bloquer la participation du
ministre de l'Éducation aux travaux de la commission parlementaire sur
l'entente du lac Meech qui a siégé pendant 55 heures.
C'était au moins une personne qui avait longuement parlé de la
question, avait des opinions et avait même, je dirais, le respect de
l'Opposition dans ce dossier en particulier, sauf que l'Opposition, pour des
raisons qui lui sont propres, j'en suis certain, avait décidé de
bloquer cette participation du ministre de l'Éducation à la
commission parlementaire. (16 h 15)
Tout d'un coup, l'Opposition décide de présenter des
motions dans toutes les commissions, invite les commissions à suspendre
leurs travaux sur l'étude des crédits et invite les ministres qui
sont devant ces commissions è aller aux réunions du Conseil des
ministres pour participer à ces discussions. Le Conseil des ministres,
que je sache, avait prévu cette séance en sachant fort bien qu'il
y avait des commissions parlementaires. Il y a 22 ministres sur 27. C'est un
ensemble, le cabinet. Je suis certain que la ministre de la Santé et des
Services sociaux a déjà fait valoir ce qu'elle avait à
faire valoir sur l'accord du lac Meech à d'autres séances du
Conseil des ministres, au premier ministre, à ses collègues, et
je suis certain qu'elle a défendu les intérêts du
Québec avec la passion et l'intégrité qu'on lui
connaît.
En ce sens, je ne peux que conclure que la motion de l'Opposition,
à l'heure actuelle, n'est qu'un petit peu de théâtre
qu'elle veut jouer sur un dossier qui doit, j'imagine, lui faire mal.
Effectivement, c'est un dossier très important. C'est un dossier qui
affectera l'avenir, mais d'une façon positive. Je pense qu'il est
reconnu de plus en plus que des qains importants ont été
réalisés avec l'entente du lac Meech. Je comprends qu'une
Opposition qui a une certaine difficulté à définir une
position constitutionnelle se sente quelque peu déchirée. Â
quelques semaines d'un congrès où le chef de cette formation veut
faire adopter une position qui ressemble étrangement aux principes
contenus dans l'entente du lac Meech, je comprends très bien le
désir enflammé - dirais-je - de l'Opposition d'en bloquer la
signature à tout prix.
M. le Président, je ne peux que conclure que c'est une motion
qui, quoique recevable selon les règles parlementaires, sera
rejetée du côté gouvernemental.
M. Rochefort: Je pense qu'il y a un autre intervenant, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): II y en a un de chaque
côté, selon le règlement. Il ne peut pas y en avoir
d'autres.
M. Rochefort: Je vous ai dit que nous étions prêt
à donner le consentement requis
pour que la ministre s'exprime.
M. Sirros: Question de règlement, M. le Président.
Je pense que le règlement est clair. II y a un intervenant de chaque
côté et le vote est immédiatement appelé.
Le Président (M. Bélanger); Et Mme la ministre ne
peut intervenir, n'étant pas membre de la commission. On sait que, sauf
une disposition particulière, la ministre ne peut être membre de
la commission. En l'occurrence, jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu un
tel ordre du leader en Chambre. Donc, Mme la ministre n'est pas membre de la
commission. Je dois donc obtenir le consentement des deux côtés
pour donner la parole à Mme la ministre sur la motion.
M. Rochefort: M. le Président, d'abord, je ferai remarquer
au député de Laurier...
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre...
M. Rochefort: ...que, s'il ne voulait pas que la ministre puisse
parler, elle est en train de demander de pouvoir prendre la parole.
J'espère que cela se passe mieux que cela entre les deux au
ministère. M. le Président, j'ai dit...
M. Sirros: M. le Président, on peut se passer...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
S'il vous plaît!
M. Sirros: ...des commentaires du député de
Gouin.
Le Président (M. Bélanger): Pas de débat
inutile!
M. Sirros: Si la ministre veut parler...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Sirros: ...et que l'Opposition veut donner son consentement,
on ne...
M. Rochefort: M. le Président, nous avons dit depuis le
début que nous étions prêts à donner les
consentements requis pour que la ministre parle. D'ailleurs, au début,
c'est elle que nous souhaitions entendre et non pas son adjoint parlementaire.
Donc, nous sommes toujours prêts à l'entendre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse, je sais que
c'est un privilège que je demande à ce moment-ci. Je voulais
demander au député de Gouin de me permettre d'y aller
jusqu'à 17 h 15, 17 h 20, mais que ceci compte dans l'ensemble des
travaux parlementaires sur les crédits. C'est à lui de
décider.
Le Président (M. Bélanger): Le temps que vous
prendriez pour aller au Conseil des ministres serait déduit de
l'enveloppe globale de l'étude des crédits.
Mme Lavoie-Roux: Non. Il serait inclus dans l'enveloppe.
Le Président (M. Bélanger): II serait inclus, c'est
cela. Alors, cela veut dire que le temps continuera à "marcher pareil",
si on peut prendre une expression sportive»
M. Rochefort: M. le Président, on a tellement à
coeur ce qui va se passer pour l'avenir du Québec, malgré
l'importance considérable que nous accordons à l'étude des
crédits - finalement, 17 heures par année pour faire le point sur
9 000 000 000 $ de dépenses, ce n'est pas exagéré - que
nous allons consentir à ce que la ministre puisse participer à
cette séance extraordinaire du Conseil des ministres, sur le temps de ta
commission parce que c'est à notre demande qu'elle y participera.
J'aurais apprécié, évidemment, que la ministre ne fasse
pas une telle contrainte à notre demande parce que je pense qu'on aurait
pu reprendre ce temps à un autre moment, d'autant plus qu'il y a peu de
lois d'ici à la fin de la session. Mais compte tenu du fait qu'elle
choisit pour la première fois - en ce qui la concerne, sûrement -
d'opposer l'étude des crédits de son ministère à
l'étude du texte juridique de l'entente du lac Meech, pour nous, entre
les deux, il n'y a pas d'hésitation quant à savoir où
l'importance doit être.
Le Président (M. Bélanger): Bien, alors, ceux qui
sont pour la motion... Est-ce que la motion est acceptée?
M, Sirros: M. le Président, est-ce qu'on pourrait, avec la
motion, faire l'amendement que le temps de suspension serait ...
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas
d'amendement possible ou recevable sur la motion, je regrette.
M. Rochefort: II n'y a pas d'amendement, il y a une entente.
Le Président (M. Bélanger): Or, il y aura une
entente qu'on pourra faire par la suite, mais il n'y a pas d'amendement.
M. Sirros: Oui, si l'entente est acceptée dans ces
conditions-là, M. le Président, nous serons d'accord.
Le Président (M. Bélanger): Alors, la motion est
recevable.
Une voix: Elle est acceptée.
Le Président (M. Bélanger): C'est-à-dire
qu'elle était recevable et qu'elle est adoptée. Bien, maintenant,
on suspend les travaux jusqu'à...
Une voix: Au retour de la ministre.
M. Rochefort: M. le Président, voici ce que je
souhaiterais. La ministre nous a demandé une heure. Moi, je vais
être à mon bureau, comme vous, j'imagine. Si la ministre
communique à nouveau avec moi à 17 h 10 ou 17 h 15 pour me dire
qu'on en a encore pour trois quarts d'heure, j'aimerais cela qu'on puisse
réévaluer cela ensemble. La ministre sera au Conseil des
ministres et elle nous dira qu'elle est l'allure, sans nous
révéler les discussions qui s'y déroulent. Elle nous dira
si elle souhaite y rester ou pas.
M. le Président, on sera ouvert à ce qu'on discute
à nouveau de ce délai. Elle n'aura qu'à communiquer avec
moi, je serai à mon bureau.
M. Sirros; M. le Président, je suggérerais que la
ministre, quand elle sera prête à revenir, contacte le
président de la commission ou la secrétaire de la commission, qui
contactera les membres. Ce serait, je pense, un peu plus à propos.
M. Rochefort: Je pense, M. le Président, que le
député de Laurier a manqué la coche là encore. Je
pense qu'il faut qu'on se comprenne bien là. Le consentement d'utiliser
le temps de l'Opposition n'est pas donné par le député de
Laurier, il est donné par l'Opposition.
M. Sirros: Ce n'est pas le temps de l'Opposition, c'est le temps
de la commission.
M. Rochefort: Alors, M. le Président, compte tenu de ce
consentement que la ministre nous demande, qu'on lui donne gentiment et sur
notre enveloppe, ce que je dis c'est que je suis ouvert au nom de l'Opposition
à ce qu'on puisse prolonger cette période de temps, pour autant
que la ministre communique à nouveau avec moi vers 17 h 10. Je ne veux
pas organiser les travaux à votre place, c'est évident qu'une
communication téléphonique avec vous sera aussi
nécessaire, mais j'indique immédiatement ma disponibilité
pour qu'elle puisse communiquer à nouveau avec moi vers 17 h 10 ou 17 h
15 pour nous informer si elle veut que cette période se prolonge et on
avisera en conséquence devant l'appel qu'elle nous fera.
Le Président (M. Bélanger): Bon, afin
d'éviter que l'on se rende à 18 heures, si vous me le permettez,
nous allons trancher le débat dès maintenant. La motion est
acceptée. Donc, je comprends qu'il y a une entente pour qu'on suspende
les travaux jusqu'à ce que Mme la ministre revienne. On s'entend: vers
17 h 15, vous me donnez, Mme la ministre, un avis selon lequel vous revenez ou
vous ne revenez pas, le cas échéant, et j'avertirai les personnes
de ce qu'on va faire. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Et je comprends bien
aussi que cela fait partie de l'enveloppe globale des 17 heures de
l'étude des crédits de votre ministère.
Donc, la commission suspend ses travaux jusqu'au retour de Mme la
ministre.
(Suspension de la séance à 16 h 23)
(Reprise à 17 h 29)
Le Président (M. Bélanger): La commission des
affaires sociales reprend ses travaux.
Je voudrais, au départ, apporter une petite précision sur
la motion d'ajournement des travaux qui a été
présentée par le député de Gouin
conformément à l'article 165 du règlement et qui a
été jugée recevable, dans un premier temps. Elle est
devenue, avec la discussion, caduque, comme on a pu le constater, parce qu'en
cours de débat la commission a unanimement convenu de suspendre ses
travaux, le temps de permettre à Mme la ministre de prendre part
à la séance de travail du Conseil des ministres portant sur
l'entente du lac Meech. Donc, comme il y avait entente pour suspendre les
travaux pour procéder, on n'avait plus à avoir la motion. C'est
une précision que je tenais à faire pour le Journal des
débats.
Nous en étions donc à l'étude des centres d'accueil
et je cède la parole au député de Terrebonne.
Services des centres d'accueil
d'hébergement et des centres
hospitaliers de soins de
longue durée (suite)
M. Blais: Merci beaucoup, M. le Président. Mme la
ministre, j'ai une question qu'on appelle une question de comté à
vous poser. Vous êtes au courant de ce dossier parce que je vous en parle
à peu près 23 fois par mois. Cependant, je dirais, en
introduction, qu'il semblerait que ce ne sont pas seulement les centres
d'accueil pour les personnes en perte d'autonomie qui seraient compromis; il y
avait au-delà de 1100 lits à Montréal, dont 400
étaient censés ouvrir en
septembre 1987, qui semblent compromis aussi. Alors, j'avais une
première question à poser...
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas compris la deuxième
partie.
M. Blais: Sur l'île de Montréal, il y avait à
peu près - j'ai entendu cela vendredi passé - 1147 lits dont
à peu près 400 auraient dû ouvrir en septembre 1987, mais
ils ont été retardés d'un an et demi, ou quelque chose du
genre, enfin, retardés passablement. Donc, je ne suis pas seul.
Cependant, j'aimerais dire que mon comté attend et la MRC des Moulins
aussi. Nous, cela fait sept ans que nous sommes en attente. En juin 1985, dans
une lettre du ministre d'alors nous disant que, vu que la MRC des Moulins
était la seule MRC dans tout le Québec qui n'avait pas son centre
d'accueil pour personnes en perte d'autonomie, il y avait 2 500 000 $
d'approbation de départ qui avait été votés pour ce
centre d'accueil de 64 lits. Le CRSSS-LL de l'époque le recommandait
depuis sept ans, depuis le temps de M. Fallu et de M. Parizeau, et il y a des
gens autour de vous qui sont très bien au courant du dossier.
Premièrement, je ne vois pas poindre pour l'année en cours ce
centre d'accueil pour personnes en perte d'autonomie. Première question:
Est-ce qu'on pourrait savoir si, dans le plan triennal d'immobilisation du
ministère, le Conseil du trésor a accepté que ce point, le
centre d'accueil La Chenaie pour personnes en perte d'autonomie, soit dans le
plan triennal?
Mme Lavoie-Roux: Je viens de recevoir mes..., mais je peux
répondre quand même. M. le Président, je regrette de dire
au député de Terrebonne que, malheureusement, ce projet n'est pas
retenu dans le plan triennal d'immobilisation. La raison, c'est qu'après
avoir établi les priorités du point de vue de la construction,
dans certains cas de réfection de centres d'accueil, le centre d'accueil
de Terrebonne n'est pas dans les priorités retenues. Finalement, il est
au dernier rang des déficits de lits dans toutes les régions.
M. Biais: C'est une première réponse. Vous avez des
gens autour de vous qui connaissent très bien la région. On sait
que nous sommes au sud de la région de Lanaudière, dont nous
ferons partie par décret bientôt. La région de
Laurentides-Lanaudière, de façon générale à
travers le Québec, après la Gaspésie, est
extrêmement défavorisée du côté lits.
Premièrement, il n'y a aucun hôpital dans ma MRC, il n'y a aucun
centre d'accueil pour personnes en perte d'autonomie. Le seul service que nous
ayons, et encore là à budget réduit comparativement aux
autres, c'est notre CLSC, un budget complètement éteint où
il n'y a aucune initiative permise. Je ne peux pas comprendre comment il se
fait qu'on ne retienne pas, même dans le plan triennal, ce centre
d'accueil, alors que le CRSSS en fait sa première priorité,
depuis des années, dans la région, et qu'encore tout
dernièrement on nous disait qu'on aurait besoin non pas de 64 lits, mais
de 128,
Est-ce que la réponse ne serait pas la suivante: Nous sommes la
dernière MRC à travers le Québec qui n'ait pas encore de
centre d'accueil public. Vu qu'on envisage à votre ministère
d'accorder des permis pour des centres d'accueil pour personnes en perte
d'autonomie du côté privé, est-ce que ce serait cela qui
supplée au fait de l'entrer dans le plan triennal, après que le
CRSSS en ait fait une priorité depuis des années, sachant
deuxièmement, que nous sommes la seule MRC qui n'ait pas encore de
centre d'accueil public? Troisièmement, en pensant à la
privatisation, j'aimerais connaître les raisons qui vous permettent de
dire que c'est la dernière priorité à travers le
Québec, alors que c'est la seule qui n'a aucun lit.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, quand on me donne la
liste des DSC par ordre de priorité, quant aux besoins en place
d'hébergement, Sainte-Justine occupe le premier rang, le DSC
Sainte-Justine, j'entends, le DSC Lakeshore, le deuxième rang, le DSC de
l'Hôtel-Dieu de Saint-Jérôme, le troisième,
Valleyfield, le quatrième, Charles-Lemoyne, le cinquième, et le
DSC-CH régional de Lanaudière, le sixième. Alors, vous
comprendrez, M. le Président, qu'il y a des besoins urgents auxquels il
nous faut répondre pour le DSC Sainte-Justine, etc. - enfin, je ne suis
pas pour tous les nommer. Si j'ai dît le dernier, c'est que je n'avais
pas la liste devant moi, mais je savais qu'il n'était pas au
début des priorités comme DSC, il se situe en fait au
sixième rang. Dans le contexte des plans annuels d'immobilisation, qui
sont plus généreux qu'ils n'ont été depuis fort
longtemps, j'ai indiqué, ce matin, qu'en 1986-1987 nous avions
dépensé 215 000 000 $, qu'en 1987-1988 nous dépenserions
275 000 000 $ et qu'en 1988-1989 ce sera environ 300 000 000 $. On me dit que
je fais une erreur, 1987-1988, c'est 266 000 000 $, et, 1988-1989, c'est 289
000 000 $. Il me faut respecter des priorités là où les
besoins sont les plus criants.
M. Blais: Les priorités régionales ne sont pas
incluses dans vos priorités?
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement. C'est là
où il y a le plus grand déficit en lits d'hébergement que
se trouvent les
priorités.
M. Blais: La MRC des Moulins qui fait partie du comté de
Terrebonne a zéro lit. Est-ce qu'il y a quelqu'un qui est
compétitif à la baisse à zéro lit?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aimerais dire au
député de Terrebonne que l'on n'a jamais fait la planification
à partir des MRC pour les centres d'accueil et d'hébergement. On
fait les planifications à partir de données régionales et
de l'ensemble des lits que vous retrouvez dans une région. Si on
commence maintenant à mettre un centre d'accueil par MRC, ce n'est pas
une régie, que je sache, qui est appliquée de façon
régulière. Il peut arriver qu'un bon nombre de MRC se retrouvent
avec des centres d'accueil, sans aucun doute, mais cela n'est pas une
règle pour établir les besoins ou les priorités.
M. Biais: La réponse, c'est non. Je vous remercie d'avoir
été aussi franche. Cela fait déjà un an et demi que
je tricotais autour de cette question et vous me laissiez toujours de vagues
réponses. Vous avez même permis à la ville d'acheter un
terrain pour cela. Vous savez qu'une petite ville de 10 000 habitants qui
dépense 66 000 $ pour s'acheter un terrain parce que le CRSSS lui a dit
que c'était en priorité et qu'il y a une lettre d'un ministre en
juin 1985 pour dire que 2 500 000 $ seraient mis là, je vous jure que
c'est un coup bas à porter à toute une population.
Espérons que votre décision n'est pas partisane et qu'elle est
intellectuellement défendable. Je vous remercie, M. le
Président,
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, compte tenu des
insinuations du député de Terrebonne, s'il est vrai qu'il y a eu
une lettre en juin - à quel moment? au mois d'avril 1985? - du ministre
Chevrette... Non? À quel moment avez-vous dit que le ministre Chevrette
avait fait connaître cette décision?
M. Blais: Juin 1985.
Mme Lavoie-Roux: Juin 1985. Je dois vous dire qu'en juin 1984 le
ministre des Affaires sociales du temps, le Dr Camille Laurin, vous avait aussi
informé que la demande qui lui avait été formulée
concernant le développement de nouveaux lits d'hébergement dans
la région de Terrebonne avait été refusée.
M. Blais: C'était un an avant.
Mme Lavoie-Roux: Bien écoutez...
M. Blais: Elle a été refusée en 1984,
acceptée en 1985 et on est en 1987. La réponse, c'est non.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même continuer, M. le
Président. Cela est un point. Le deuxième point, il dit:
J'espère que cela ne fait pas partie de considérations
politiques. Je vous ferai remarquer que les trois projets - en fait, les quatre
même -prioritaires que j'ai retenus quand je suis arrivée au
ministère - et je voudrais que d'autres ministres puissent en dire
autant -ce sont trois hôpitaux dans des régions qui avaient
été extrêmement négligées, soit ceux des
îles-de-la-Madeleine, de la Basse-Côte-Nord, qui, par hasard, est
dans le territoire, si l'on veut, du député de Duplessis, et de
Shawville, dans le comté de Pontiac. L'autre priorité a
été le centre d'accueil de Saint-Bruno qui se situe dans une
région où se trouvent, moins la région du Saquenay,
presque en majorité des députés de l'Opposition. Ce qui
est fort correct, c'est qu'on doit répondre aux besoins et non pas aux
besoins des députés.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Chicoutimi.
Mme Blackburn: Merci, M. le Président. Je vais être
brève parce que je sais que j'ai des collègues qui veulent
intervenir. J'ai deux questions. Une porte sur les pavillons au sur l'absence
de pavillons dans la région du Saquenay, c'est-à-dire La Baie,
Chicoutimi et Jonquière, et l'autre question touche !e centre d'accueil
Beaumanoir. On peut commencer par les pavillons. Dans les ressources pour
maintenir les personnes à domicile, il y a l'aide aux organismes
bénévoles, il y a les services qui sont offerts par les CLSC, il
y a les centres de jour et il y a Ies pavillons. À Chicoutimi, il n'y a
aucun pavillon. Cela a pour effet de venir grossir les clientèles du
centre d'accueil et des hôpitaux. Parce qu'une personne est en perte
d'autonomie, on se voit obligé de la maintenir à l'hôpital
à la suite d'une intervention chirurgicale et d'une hospitalisation,
faute d'avoir des pavillons qui lui permettraient de faire une sorte de
transition entre l'hôpital et son retour à domicile. La même
chose pour les personnes qui exigent des soins un peu plus importants que ce
qui est offert dans les centres d'accueil, mais entre l'hôpital et le
centre d'accueil. On n'a pas ce genre de service. Je voudrais savoir de la
ministre si, dans sa planification, elle a prévu de doter la
réqion du Saguenay - parce que le Lac-Saint-Jean a déjà un
certain nombre de pavillons de cette nature - de pavillons qui permettraient de
répondre aux besoins croissants des personnes en perte d'autonomie
temporaire, par exemple.
Mme Lavoie-Roux: La députée a parlé de deux
types de ressources. La première à laquelle elle a fait allusion
serait une sorte de maison de transition entre l'hôpital et le retour
à domicile.
Mme Blackburn: Ce qu'on appelle les pavillons. C'est le terme
qu'on utilise chez nous et, de façon générale, dans la
région. Ce n'est pas le centre de jour, c'est pour un séjour
temporaire è la suite d'une perte d'autonomie.
Mme Lavoie-Roux: Le pavillon, dans l'esprit du ministère,
est une ressource un peu plus légère que le centre d'accueil et
d'hébergement, qui est généralement reliée à
un tel centre. Le cas que vous avez décrit de la personne qui se
retrouve entre l'hôpital et son domicile me paraît beaucoup plus
apparenté à une maison comme la maison Plouffe - j'oublie l'autre
nom - de la région de l'Outaouais, qui appartient à un organisme
bénévole, ou encore comme il s'en trouve une semblable à
Magog, dont j'oublie le nom également. Ce sont des maisons qui ont
été constituées sur des bases bénévoles pour
faciliter la transition entre l'hôpital et la maison. À
Montréal, et peut-être qu'il y en a à Québec, vous
retrouveriez peut-être plus ce qu'on appelle des maisons de
convalescents, quoiqu'elles ne portent plus ce nom, mais c'est vraiment ce
à quoi vous faites allusion. En ce qui a trait à d'autres types
de ressources, je vous ferai remarquer également que, quand on examine
les places requises en 1991, sur le territoire du CLSC du Saguenay-Nord, il y a
un surplus de 68 places au CLSC du Fjord; dans le cas du Saguenay, il y a un
déficit de 32; dans la région de Jonquière, c'est
zéro; Arvida a un déficit de douze; et Descoteaux a un surplus de
23 places. Le total du DSC de l'hôpital de Chicoutimi est un surplus de
47 places. (17 h 45)
Mme Blackburn: Je voudrais savoir de la ministre s'il y a un plan
de développement pour ce genre d'établissements dans la
région du Saguenay, Jonquière, Chicoutimi et La Baie, où
on ne connaît pas ce type de ressources, alors qu'il y a une liste
d'attente importante par rapport aux centres d'accueil. Et je pense que vous le
savez aussi. Je me demandais si la ministre avait un plan de
développement des pavillons pour la région du Saguenay.
Mme Lavoie-Roux: Au moment où je vous parle, il n'y a pas
de tels plans. Dans le cas de la région de Chicoutimi, on me dit qu'il y
a 158 cas prioritaires, soit pour un centre d'accueil d'hébergement, un
centre hospitalier de longue durée; pour un pavillon, il y aurait une
demande pour trois personnes.
Mme Blackburn: II y a quelque 150 personnes, comme vous le
soulignez bien, qui sont en attente pour être soit dans un centre
d'accueil d'hébergement ou dans un centre hospitalier. Il y a
également, au foyer Beaumanoir, 16 unités de logement qui avaient
été construites selon les anciens modèles où on
avait des logements, au centre d'accueil Beaumanoir, et on attend
déjà depuis... On avait fait des demandes au cours de l'an
passé pour modifier ces unités de logement et en faire des
chambres pour accueillir précisément ces personnes qui sont en
attente. Je voudrais savoir si, dans le budget de cette année, il est
prévu que le centre d'accueil Beaumanoir aura les montants pour
transformer les 16 unités de logement en chambres.
Mme Lavoie-Roux: Non, il n'y a pas de montants de
développement à cette fin.
Mme Blackburn: Ce que vous me dites, c'est que, même s'il
manque 150 places et qu'il y a des places qui coûteraient relativement
peu cher à ouvrir, on n'a pas l'argent pour ouvrir ces chambres.
Mme Lavoie-Roux: Non. Je pense qu'il s'agit de privilégier
des projets et cela n'est pas l'endroit où il nous semble opportun de
privilégier des services. Il semble de toute évidence que ce sont
des personnes en perte plus légère d'autonomie. Il y a quand
même dans la région un certain nombre de centres de jour, de CLSC.
Il faudrait peut-être regarder d'autres formules. Je dois vous dire que
j'ai eu des demandes un peu analogues qui m'ont été faites dans
d'autres régions du Québec et auxquelles on ne peut
accéder. Je vous dirai que nous tentons le plus possible de ne pas
diriger les gens vers des institutions, mais davantage de les qarder dans leur
milieu naturel avec des services d'appoint et de soutien.
Mme Blackburn: ...il n'y a pas de pavillons, donc, vous nous
dites qu'il n'y a pas de développement pour ce genre de ressource
alternative.
Mme Lavoie-Roux: Pas à l'endroit dont vous me parlez.
Mme Blackburn: En plus, il y a un manque d'espace pour quelque
150 personnes. Les espaces existent, mais on refuse de les modifier; on ne
donne pas les montants pour les modifier.
Mme Lavoie-Roux: Les 158 cas dont je vous ai parlé, ce
sont des cas qui requièrent des services beaucoup plus lourds que ceux
que l'on pourrait retrouver dans une formule pavillon ou dans le type de
ressource dont vous parlez et qui semble être pour des cas en
légère perte d'autonomie.
Mme Blackburn: Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député d'Anjou et chef de l'Opposition. M. le
député de Gouin, oui?
M. Rochefort: M. le Président, auparavant, en ce qui nous
concerne, cela met fin à l'étude du programme des centres
d'accueil d'hébergement et des CHSP. On pourrait disposer de ce
programme.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que les
crédits du programme 6 sont adoptés?
M. Rochefort: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Sur division.
M. Rochefort: M. le Président, tel que je vous en ai fait
part, le chef de l'Opposition est présent parmi nous pour aborder un
dossier de santé. Je vous demanderais de le reconnaître.
Le Président (M. Bélanger): Bien, M. le
député d'Anjou et chef de l'Opposition.
Maladies transmissibles sexuellement (SIDA)
M. Johnson (Anjou): Merci, M. le Président. Mme la
ministre, je vaudrais vous entretenir quelques minutes - je pense qu'on a
à peu près dix minutes ou un quart d'heure du problème des
maladies transmises sexuellement, notamment du SIDA. Je présume que le
Dr Pelletier va s'approcher. On sait que les maladies transmissibles
sexuellement ont des effets considérables. D'abord, elles sont
présentes de façon presque endémique au Québec, que
ce soit la chlamydia, la gonorrhée et, évidemment, non pas sur
une base endémique mais le Québec doit s'inquiéter de ce
qui se passera dans le cas du SIDA, comme partout dans le reste du monde on
doit s'en inquiéter. Les conséquences des maladies transmises
sexuellement sont de différents ordres. D'abord, au niveau personnel,
les personnes qui sont victimes de ces maladies vivent des situations souvent
extrêmement difficiles, particulièrement dans le cas de ces
maladies qui ne sont pas évidentes pour le porteur, qui est
touché par la maladie et qui ne le sait pas. Dès qu'il le sait,
les conséquences personnelles, l'inquiétude et la perturbation de
la relation avec le partenaire, s'il y en a, au avec la partenaire, deviennent
importantes.
Par ailleurs, ces maladies ont aussi des conséquences
collectives, notamment sur le plan social. L'effet d'isolement, l'effet encore,
je dirais, d'être presque pointé du doigt ou de se sentir
pointé du doigt. Ce n'est pas pour rien qu'historiquement on a
appelé ces maladies honteuses, parce qu'elles étaient moralement
reliées à des pratiques condamnées par les
autorités morales ou religieuses. Cela a laissé une espèce
d'imprégnation assez profonde dans notre société. Les
conséquences collectives sont aussi évidentes au niveau de la
fécondité des femmes, quand on regarde cela presque froidement,
je dirais. On sait maintenant qu'au Québec, pour les femmes nées
entre 1970 et 1979, une sur deux connaîtra une salpingite, une sur huit
connaîtra des problèmes de fertilité, une sur dix
connaîtra vraisemblement une grossesse ectopique, c'est-à-dire une
grossesse en dehors de l'utérus, et la grossesse ectopique amène
parfois des situations d'intervention en catastrophe, d'urgence.
Les conséquences collectives sont aussi financières. Je ne
donnerai pas beaucoup de chiffres à la ministre. J'ai l'impression
qu'elle les connaît ou que ses fonctionnaires les connaissent, je dois
dire, probablement mieux que quiconque autour de cette table. Mais, quand on
pense, par exemple, au traitement d'une salpingite hospitalisée, on fait
le calcul que c'est entre 28 000 $ et 32 000 $, si je me souviens bien, en
frais d'hospitalisation, de médicaments, que paie la Régie de
l'assurance-maladie pour les traitements médicaux et chirurgicaux que
cela entraîne, ce qui est considérable.
II est évident que, en ce qui concerne le domaine des maladies
transmissibles sexuellement, s'il y a un domaine où s'impose la
prévention, c'est bien celui-là, lequel, dans le cas du SIDA,
doit être traité d'une façon bien particulière. Dans
le cas du SIDA, je sais que la ministre a sûrement eu l'occasion d'y
regarder d'un peu plus près, depuis qu'on la questionne, mais elle n'est
pas sans savoir qu'il y aura entre 50 000 000 et 100 000 000 de personnes sur
la terre, d'ici à la fin de 1991, qui seront porteuses du virus ou qui
auront été en contact avec le virus. On parle d'un
problème à l'échelle mondiale absolument gigantesque. Elle
n'est sûrement pas sans savoir non plus qu'au Québec il y a en ce
moment des milliers de personnes qui ont été en contact avec le
virus, que 300 de ces personnes ont été diagnostiquées
comme l'ayant contracté et que la moitié d'entre elles sont
déjà mortes. Le tout représente, plus ou moins, un peu
plus que notre proportion relative de citoyens au Canada, en gros à peu
près un tiers des 900 cas au Canada. Enlevez 3 % ou 4 %, on n'est pas
à ce niveau-là.
On sait qu'aux États-Unis il y a 35 000 cas et on prévoit
qu'il y en aura 275 000 d'ici à 1992, si je me souviens bien. On sait
que, sur les 35 000 cas aux États-Unis, la moitié sont
décédés. On sait qu'il y a environ 1 500 000 porteurs du
virus ou qui ont été en contact avec le virus aux
États-
Unis et que, de loin, c'est sur le continent nord-américain que
cette maladie a fait le plus de ravages, au moins recensés. Voilà
donc, dans le cas du SIDA, maladie mortelle pour laquelle il n'existe pas en ce
moment de cure, un cas - la ministre me permettra de le lui dire - où il
faut traiter la question de la prévention exactement comme on traite une
urgence. Je m'explique. Quand on a affaire à une maladie mortelle
à transmission rapide, notamment par le comportement des personnes, il
faut réagir rapidement. Je dirais que le SIDA, pour le Québec,
est à la prévention ce qu'un tremblement de terre ou un incendie
majeur serait à l'établissement d'une unité d'urgence et
de l'arrivée d'Urgences-santé sur les lieux. Je me permets de
dire à la ministre que, jusqu'à maintenant - j'espère
qu'elle aura la chance de nous en entretenir et qu'elle aura de bonnes
nouvelles pour nous - avec ce que je lis en ce moment, ce que j'entends, ce que
je vois, alors qu'il y a 5000 spécialistes qui vont se réunir
è Washington d'ici à quelques semaines, que ces mêmes
personnes seront au Québec pour leur congrès l'an prochain,
grâce à un certain nombre de personnes qui avaient eu une vision
de ces choses il y a déjà quelques années et qui ont
été les premières financées au Canada par le
gouvernement du Québec - je m'en souviens parce que j'étais
ministre à l'époque - je dirai à la ministre que j'ai
l'impression que le Québec n'a pas sa place en ce moment. Le
Québec a toujours été considéré dans le
système de santé nord-américain comme étant un des
endroits d'avant-garde. À l'intérieur du système de
santé canadien, le Québec a toujours été
considéré comme - on me passera l'expression de la "distinct
society" - un "trendsetter", un faiseur de marques, un poseur de jalons. J'ai
l'impression avec ce que je lis en ce moment que le Québec est à
la remorque à l'heure actuelle. On pourrait toujours dire: On ne peut
pas être parfait dans tout et être les meilleurs dans tout, ce
n'est pas ce que je demande à la ministre. Mais je dis: Bon Dieu! Dans
le cas du SIDA, s'il y a un endroit où on devrait faire valoir
l'excellence de notre système de santé et les qualités
remarquables de nos professionnels, des fonctionnaires qu'il y a au
ministère et dans les réseaux, s'il y avait une volonté
politique de prendre au sérieux - je ne doute pas que la ministre prenne
cela au sérieux - mais vite, plus vite, les conséquences
possibles de cette maladie redoutable qui va toucher le monde entier, il me
semble que, si le Québec avait cette volonté, il serait en mesure
de fournir l'excellence dont il est capable dans un secteur comme
celui-là.
Je veux simplement dire à la ministre que je suis un peu inquiet*
Peut-être que cette intervention lui permettra de nous expliquer que les
choses vont mieux du côté de l'action qu'elle ou le
ministère a entreprise que les apparences nous permettent de le croire.
Merci.
Le Président (M. Bélanger); Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suis un peu
étonnée de l'apparition soudaine du chef de l'Opposition à
la commission des affaires sociales qui vient avec son ton de professeur nous
exhorter à une action ou à une volonté politique dans le
domaine des maladies transmises sexuellement et avec un accent plus
prononcé en ce qui a trait au SIDA.
J'aimerais rappeler au chef de l'Opposition que, quand je suis
arrivée au ministère, en ce qui a trait au domaine de la
santé publique, on avait laissé péricliter les choses
depuis quelques années. C'est avec vigueur que le gouvernement actuel
l'a repris en main et y a ajouté le personnel requis pour que,
justement, ces questions reliées aux maladies infectieuses soient
reprises en main d'une manière efficace» (18 heures)
En ce qui a trait au SIDA, je voudrais, avant de parler de cela, dire au
chef de l'Opposition que déjà cet effort que nous avons fait
à l'intérieur du ministère depuis que nous y sommes est
une première indication d'une volonté politique.
En ce qui a trait au SIDA, si je regarde les dispositions qui avaient
été prises sous l'ancien gouvernement, à ce
moment-là, je m'étais même adressée au chef de
l'Opposition qui était ministre en 1981 ou 1982 pour lui signaler le
problème. On pourrait facilement retrouver les lettres à ce
sujet; à ce moment-là, on parlait surtout des Haïtiens. Je
vous assure que les réponses avaient été lentes à
venir. Je pourrais retrouver les dates exactes.
Mais, de toute façon, je peux vous dire que, par exemple, dans
les priorités du ministère de la Santé concernant la lutte
contre le SIDA, vous retrouvez les suivantes: mettre en oeuvre des mesures
d'éducation du public, d'information professionnelle, de
prévention, de dépistage et de diagnostic précoce.. C'est
dans ce sens que, à la suite de la demande de SIDA-Québec, nous
avons transformé ce comité en un comité consultatif pour
conseiller la ministre plus particulièrement, ou le gouvernement, sur
les gestes à poser pour, justement, non seulement prévenir mais
dépister, procéder à des diagnostics précoces et
surtout assurer que les personnes qui sont atteintes du SIDA et qui doivent
être traitées dans nos hôpitaux le soient en toute
quiétude et dans le plus grand respect. De là la
nécessité de faire un travail de sensibilisation
considérable, ce qui reste encore à faire auprès des
personnes qui interviennent à titre de thérapeutes ou
auprès des personnes atteintes du SIDA.
Nous avons transformé ce comité, mais nous avons
également demandé aux DSC de prendre la responsabilité,
chacun dans son DSC respectif, de ces mesures d'éducation,
d'information, de prévention et de dépistage, et un suivi
rigoureux se fait auprès des différents DSC. Peut-être que
le docteur Pelletier voudrait ajouter quelque chose là-dessus parce
qu'il en est la personne responsable.
Quant aux initiatives communautaires, c'est-à-dire les organismes
bénévoles qui se préoccupent de cette question, il y avait
10 000 $ à leur disposition. Cela me fait plaisir d'annoncer aujourd'hui
que cette année c'est un montant de 160 000 $ qui sera mis à la
disposition des organismes bénévoles qui s'intéressent
à la prévention et qui appuient également les personnes
atteintes du SIDA dans les difficultés qu'elles traversent.
Du côté de la recherche épi-démiologique,
c'est un budget de 1 135 000 $ en 1986-1987 qui a été
accordé à la Croix-Rouge canadienne pour qu'elle puisse soumettre
les unités de sang au test de détection des anticorps en vue
d'assurer la sécurité des transfusions. Également, un
montant de 320 000 $ a été alloué pour le fonctionnement
de huit centres de dépistage dans autant d'hôpitaux, et on les
connaît. Ce sont le Centre hospitalier de l'Université Laval, le
Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, l'Hôtel-Dieu de
Montréal, l'Hôpital général de Montréal,
l'hôpital Royal Victoria, le Centre hospitalier Maisonneuve-Rosemont, le
centre hospitalier Sainte-Justine et l'hôpital Saint-Luc.
On sait que le Laboratoire de santé publique du Québec a
aussi un budget qui lui est alloué pour faire des épreuves de
confirmation de diganostics.
Je voudrais également ajouter que, du côté de
l'information et de l'éducation, pour le SIDA mais aussi pour les
maladies transmises sexuellement, nous sommes à parachever une campagne
d'information et d'éducation importante qui se fera à la fois
dans les écoles, les cégeps et les universités, et
auprès du grand public. Évidemment, nous avons également
saisi le FRSQ de la possibilité, dans les sommes d'argent qui lui sont
allouées, que des fonds soient vraisemblablement prévus dans le
domaine de la recherche, plus particulièrement sur le SIDA. Je dois vous
dire - je demanderais au Dr Pelletier de parler là-dessus - qu'il y a
des échanges fréquents avec le gouvernement
fédéral, lequel a rendu certaines sommes disponibles, justement,
pour la recherche, pour le soutien aux organismes bénévoles et
aussi pour l'éducation populaire... Pardon?
Le Président (M, Bélanger): Brièvement, Mme
la ministre, il est 18 h 5.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais, quand j'ai commencé à
parler, il était déjà 18 heures, et vous m'avez
laissée faire, M. le Président. ...et qui, dans le domaine de la
prévention et de l'éducation, veut prendre des mesures ou
soutenir des actions qui pourraient être prises par les gouvernements des
provinces.
Je ne reviendrai pas sur les propos du chef de l'Opposition. Je pense
que tout le monde sait fort bien que, de toutes les maladies transmises
sexuellement, le SIDA est une maladie beaucoup plus dramatique, compte tenu des
répercussions mortelles - si je puis dire - pour ceux chez qui le SIDA
est diagnostiqué. Je peux assurer le chef de l'Opposition que, tant au
niveau de l'éducation que du dépistage, dans la mesure de nos
ressources sur le plan de la recherche et, surtout, sur le plan des ressources
alternatives, dans les périodes de rémission qui vont aller en
s'allongeant avec l'arrivée de médicaments qui ne
guérissent pas, mais qui permettent de plus longues périodes de
rémission, cela va se traduire par un soutien à ces individus,
soutien qui devra être prolongé et qui sera probablement
différent de ce que nous avions jusqu'à aujourd'hui. En fait,
c'est dans tous ces domaines que le gouvernement a l'intention d'agir.
On peut avoir deux attitudes, et je ne veux pas insinuer par là
que c'est l'attitude du chef de l'Opposition, mais je pense qu'on peut aussi
surdramatiser les choses. Je ne voudrais pas que ceci ait les effets contraires
auprès des personnes qui sont atteintes du SIDA. Je pense que, si l'on
veut qu'elles soient traitées avec respect, si l'on veut que les
familles soient capables de les accepter, de les soutenir, ce qui est difficile
pour un grand nombre d'entre elles au moment où l'on se parle, il est
important de tenter, dans cette éducation du public, de remettre les
choses dans leur contexte véritable, dans leur contexte réel,
quant aux dangers de contagion, etc. C'est cette deuxième attitude, qui
n'est pas une attitude de passivité, bien au contraire, mais une
attitude mesurée, qui assurera à la fois la protection du public
en général et aussi la protection des individus et des familles
touchés par une telle maladie.
Je demanderais au Dr Pelletier, s'il le veut, d'ajouter quelques mots
sur le travail des DSC et sur... Apparemment, on a consentement. Je ne sais pas
si le chef de l'Opposition va revenir après le souper. On peut continuer
après le souper, c'est à votre goût.
Le Président (M. Bélanger): La formation
ministérielle a un caucus à 18 heures. Il est 18 h 10 et le
problème est là. Maintenant, la commission est souveraine de ses
travaux. S'il y a consentement, on peut...
Mme Lavoie-Roux: On peut arrêter et on pourra terminer les
réponses après le souper.
Le Président (M. Bélanger): M. le chef de
l'Opposition ne peut pas revenir après le souper.
Mme Lavoie-Roux: Je veux bien, et oui, et non, mais...
M. Johnson (Anjou): Est-ce qu'on peut prendre dix minutes? Je
voudrais juste cerner une ou deux choses très précises.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Johnson (Anjou): Si la ministre me le permet et si mes
collègues veulent bien.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on a
consentement?
M. Joly: On ne l'a pas eu la semaine passée, M. le
Président.
M. Sirros: Pour une fois, M. le Président, qu'on a un vrai
docteur du côté de l'Opposition, on consentirait à
l'écouter.
M. Rochefort: ...congé pour quelques minutes.
Mme Lavoie-Roux: On me dit également, M. le
Président, que j'ai un caucus auquel je dois assister; j'ai une
présentation à faire, ce que j'avais oublié.
Le Président (M. Bélanger): Consentement pour cinq
minutes, c'est ce que je comprends? D'accord. On ne perdra plus de temps.
Brièvement, docteur, vous pouvez vous identifier.
M. Pelletier (Michel): Michel Pelletier, directeur de la
prévention et de la protection de la santé publique. Je voulais
ajouter qu'en ce qui concerne les départements de santé
communautaire, nous sommes à mettre sur pied une campagne
d'éducation et d'information qui va toucher au départ la
clientèle des jeunes dès l'été, et, par la suite,
la population en général. Â la suite de l'évaluation
de ces campagnes, nous allons diriger l'information et la prévention
vers des clientèles cibles toujours de plus en plus précises,
afin de modifier les comportements qui ont une grande importance dans la
transmission du SIDA. On a aussi des campagnes qui vont commencer au cours de
l'automne prochain dans le milieu scolaire avec la collaboration du
ministère de l'Éducation, avec des documents qui sont
préparés déjà depuis plusieurs mois à ce
sujet.
En ce qui concerne le fédéral, nous avons des
échanges fréquents par rapport à la situation
épidémioloqique, particulièrement sur la question du
nombre de personnes qui sont infectées, qui ont donc de3 tests
séropositifs, pour suivre l'évolution, particulièrement en
ce qui a trait aux résultats qu'on reçoit de la Croix-Rouqe qui
teste les gens qui se présentent volontairement pour donner du sang. II
y a des études épidémiologiques qui, à la suite du
constat que nous faisons de la situation présente, pourront être
commencées afin de vérifier si la situation au Québec et
au Canada est différente de la situation aux États-Unis et afin
de voir si l'augmentation que nous avions connue au cours des dernières
années du nombre d'individus infectés et du nombre de personnes
malades du SIDA va continuer à évoluer dans le même sens
afin de mieux planifier les services.
M. Johnson (Anjou): Je ferais une remarque à la ministre
ou au Dr Pelletier* D'abord, la ministre dit: Bien, il y a deux attitudes, une
qui peut menée inutilement à un sentiment de panique chez les
gens et une autre qui vise à être extrêmement respectueuse
des gens, et elle comprend très bien que je suis préoccupé
par la deuxième. Ce n'est pas moi qui dis qu'il va y avoir 100 000 000
de personnes infectées par le HIV, c'est l'OMS, 100 000 000 de personnes
qui vont être touchées et qui vont être en contact avec ce
virus. On ne sait pas encore l'ampleur que cela va prendre dans le monde, dans
l'univers, en nombre de personnes qui développeront la maladie. Je pense
qu'il y a lieu d'être préoccupé et que, tout en
étant conscient qu'il ne faut pas perdre ses moyens, devant des
réalités comme cela, je dois dire que, quant à moi, il me
semble que cela devrait créer un certain niveau de tension chez les
pouvoirs publics.
Deuxièmement, moi, j'ai été frappé par
quelques statistiques, notamment en Europe où on se rend compte que de
60 % à 70 % des gens - vous me corrigerez, docteur - qui ont
développé la maladie, par opposition à ceux qui sont
simplement porteurs des anticorps ou enfin qui sont séropositifs aux
anticorps HIV, des gens qui, dans une proportion de 50 % à 95 %
décéderont, on se rend compte que près de 70 % de ceux qui
ont contracté la maladie l'ont fait dans un contexte où il y a eu
échange sanguin direct, c'est-à-dire qu'en général
ils l'ont obtenu dans un milieu de cocaïnomanes,
d'héroïnomanes, etc., où il y a eu un échange de sang
à sang direct, par apposition à un échange qui vient d'une
relation sexuelle, de quelque nature qu'elle soit. (18 h 15)
Or, au Québec et au Canada, ce n'est qu'une fraction de ceux dont
la maladie a été déclarée comme nécessitant
l'hospitalisation et les préoccupations qu'on a
quant à l'avenir de ces personnes... Je pense qu'on a
établie à 0,7 % le pourcentage de ces gens malades qui ont
contracté le virus par échange sanguin. Conclusion: Non, le monde
ne se pique pas au Québec et au Canada et, pour une raison ou pour une
autre, j'ai l'impression que ce n'est pas vrai. Ou bien encore, en termes de
santé publique, on dit: II y a peut-être quelque chose de
particulier, ici, qui n'existe pas ailleurs en termes de comportement chez ceux
qui utilisent des drogues; peut-être qu'ils prennent des seringues
propres qui n'ont pas servi à d'autres. Ou bien on a affaire à ce
qu'on appelle un sous-marin: c'est-à-dire qu'à un moment
donné cela va nous arriver en pleine face, d'ici deux, trois, quatre,
cinq ans, et qu'effectivement il y a une transmission qui se fait en ce moment
par contact sanguin direct chez les gens qui prennent de la drogue et qui
utilisent des seringues, mais qu'on n'a pas encore vu l'épidémie
se manifester dans ces milieux et qu'on va la voir se manifester n'importe
quand, entre deux et sept ans.
Devant un phénomène comme celui-là, tout en
étant conscient que les campagnes de publicité dirigées
notamment vers des clientèles de plus en plus cibles - je parle des
jeunes compte tenu de leurs relations multiples et des études
récentes là-dessus dans les cégeps - je suis curieux de
savoir ce qui se fait dans les milieux qui utilisent la drogue. Est-ce qu'il y
a des mesures opérationnelles spécifiques qui sont prises?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si on me permet encore
cinq minutes, je voudrais donner par catégorie de risque les cas de SIDA
au Québec. Sur un total de 315 cas diagnostiqués, 210 sont
reliés à l'homosexualité ou à la
bisexualité; dans un nombre inférieur, aux drogues
intraveineuses: 2 cas sur les 315; les hémophiles: 4 cas - je ne
reviendrai pas là-dessus, mais c'est encore ce qu'il y a de plus
tragique - 67 cas viennent de personnes originaires d'une région
endémique; partenaires hétérosexuels d'une personne
à risque élevé: 17; transfusés: 4; aucun facteur de
risque identifié: 11, pour un total de 315.
C'est même plus bas que le 0,7 % du chef de l'Opposition, c'est
très bas, ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas s'en soucier. Je
dois dire qu'il y a certaines recommandations qui nous sont venues du
Comité SIDA-Québec traitant de la question du SIDA transmis par
les gens qui s'injectent de la drogue, à savoir si on ne devrait pas
agir tout de suite avant que cela ne prenne un caractère beaucoup plus
endémique que celui que l'on connaît présentement dans ce
domaine. Dans le moment, on regarde ce qu'on peut faire. Il y a des
suggestions, par exemple, selon lesquelles les seringues devraient être
distribuées gratuitement partout, mais il y a la contrepartie de cela
aussi qui peut être dangereuse.
Deuxièmement, je voudrais dire que, du côté
carcéral, qui est aussi un endroit qui peut être propice,
particulièrement du côté des drogues et pour d'autres
raisons, nous travaillons avec le Solliciteur général ou ses
représentants; nous nous intéressons à cette dimension
particulière de cette réalité.
Je voudrais également rappeler en passant que, depuis novembre
1986, le SIDA est une maladie à déclaration obligatoire. Je pense
que c'est aussi une chose importante. Évidemment, on a des
recommandations pour que les gens porteurs du virus soient aussi à
déclaration obligatoire, mais on sait que tout cela... Hier soir,
après les déclarations de Reagan, on a entendu des
déclarations sur la nécessité de l'examen
prénuptial, et sur la question des droits de l'homme que cela
soulève. Mais je dois dire que toutes les recommandations qui nous sont
venues du Comité SIDA-Québec et qui touchent à la question
de la transmission par les serinques ou par le sang, ainsi que des
représentations de la Croix-Rouge, etc., sont tous des dossiers que l'on
suit de très près et sur lesquels on aura à se prononcer
assez rapidement quant aux mesures qui devront être prises dans ces cas
particuliers.
M. Johnson (Anjou): Je remercie la ministre et en conclusion, je
lui réitère ma préoccupation. Je suis sur qu'elle aussi
est préoccupée. Ce n'est pas exactement comme la rougeole, et je
pense qu'elle en est consciente. Devant des événements de cette
ampleur, il faut être conscient que les convictions morales de certaines
personnes, devant les campagnes de publicité ou autres, peuvent les
amener à avoir des timidités ou des retenues que d'autres
n'auraient pas. Je lui dirai que, compte tenu de l'ampleur de cette maladie
dans le monde et, deuxièmement, du fait que c'est une maladie qui,
jusqu'à maintenant, s'est révélée sans cure et
mortelle pour la plupart de ceux et celles qui en ont été
touchés, il y a de quoi s'inquiéter et qu'il y a de quoi avoir un
ministère et un réseau qui sont en état de tension
permanente autour d'un tel enjeu, étant donné qu'en pratique ce
n'est que dans cinq, six ou dix ans que nous en connaîtrons les effets
les plus dramatiques.
Le Président (M. Bélanger): La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 22)
(Reprise à 20 h 8)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît! Si chacun veut reprendre sa
place. La commission des affaires sociales reprend ses travaux et nous
procédons à l'examen du programme 2, Soutien des organismes
bénévoles. Alors, Mme la députée de Marie-Victorin,
je vous cède la parole.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. En ce qui concerne
le programme 5, c'est tout le volet de la réadaptation et de
l'adaptation, dans quelques cas. Alors, c'est un volet assez important
puisqu'il comporte toujours ce qui touche les jeunes les plus démunis de
notre société, finalement. Ce sont des personnes qui ont besoin
de support, ce sont des personnes qui ont besoin aussi d'encadrement et tout
cela toujours à la mesure de leur handicap et aussi de leur
déficience, qu'elle soit intellectuelle ou physique, que ce soient aussi
des...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas plutôt le programme 5, M. le
Président?
Une voix: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est parce qu'on nous a dit le programme 2,
les organismes bénévoles.
Le Président (M. Bélanger): Ah! Les
Services des centres de réadaptation, oui.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas d'objection, mais c'est juste pour
qu'il n'y ait pas de confusion.
Le Président (M. Bélanger): II n'y a pas de
problème? c'est parce que j'avais pris le premier au bord, excusez-moi,
c'est mon erreur.
Mme Vermette: Ah! non, on avait convenu à la fin de la...
ce soir...
Le Président (M. Bélanger): Oui, oui, c'est mon
erreur, madame, il n'y a pas de problème.
Services des centres de réadaptation
Mme Vermette: Parfait. Alors, si on revient au programme 5, au
niveau de la réadaptation, en fin de compte, c'est un volet qui touche,
je pense, beaucoup de personnes de notre société qui ont besoin
de mesures d'appui et de soutien par le milieu, d'une part et d'autre part, par
des organismes qu'on appelle des centres de réadaptation, des centres
d'accueil. Ce qui fait l'originalité, finalement, des services de
réadaptation, c'est qu'on ne peut jamais juger de la réponse d'un
cas, parce qu'on doit vraiment travailler cas par cas dans plusieurs
situations. Que ce soit au niveau de la délinquance, que ce soit au
niveau de la toxicomanie, de l'alcoolisme, de la déficience
intellectuelle, de la déficience physique, je pense qu'il y aura
toujours une relation intime qui s'instaure entre l'intervenant et le
bénéficiaire et qui devient une situation d'entraide et où
on privilégie la personne, puisque c'est de par cette relation que la
personne pourra développer cette autonomie et cette confiance qu'elle
doit avoir en elle.
Et je pense que, de plus en plus, on parle de
désinstitutionnalisation et je me souviens que, déjà
l'année dernière aux crédits, Mme la ministre nous disait
que la désinstitutionnalisation ne s'improvise pas et qu'il fallait
consulter toutes les personnes concernées, finalement, avant d'arriver
à mettre en oeuvre et en place des mesures de
désinstitutionnalisation et surtout qu'il fallait avoir des ressources
légères, alternatives, dans le milieu, pour donner une
réponse adéquate aux ressources du moment pour ces
bénéficiaires. Il semble en tout cas que, pour des raisons
économiques ou d'ordre budgétaire, nous voudrions entreprendre le
processus de désinstitutionnalisation d'une façon assez rapide et
sans tenir compte des éléments qui étaient ressortis du
rapport Harnois en ce qui concerne les prises en considération lorsqu'on
fait de la désinstitutionnalisation. Il y a certains cas, comme à
l'Institut Dorea où, à l'heure actuelle, il y a un
problème de taille qui n'est pas résolu et pour lequel on essaie
de trouver des solutions, ainsi que pour tous les autres établissements.
D'autant plus quand on voit que le nombre - parce que tout est en
interrelation, on se posera des questions et on y revindra un peu plus tard -
de familles d'accueil spécialisées est de plus en plus restreint.
Je pense qu'il faudrait y aller d'une façon beaucoup plus circonspecte
dans le cas de la désinstitutionnalisation tant qu'on n'aura pas
trouvé toutes les solutions de ressources légères à
l'intérieur du milieu. Finalement, il y aura toujours ce nombre de plus
en plus faramineux de jeunes itinérants, et nous aurons toujours
appliqué des politiques de bout de ligne en ce qui concerne la
réadaptation et la réintégration sociale.
Je pense qu'il y a des efforts substantiels è faire qui
dépendent d'une volonté politique. Si on n'a pas cette
volonté politique, nous en arriverons de plus, en plus à une
désagrégation du tissu social. Je pense que nous en ferons tous
les frais. C'est notre jeunesse qui écope les coûts à
l'heure actuelle. Ce sont les jeunes qui paient la facture par leur
fragilité, la situation qu'ils ont à vivre et des
expériences de vie pénibles dans bien des cas. Je pense que nous
ne pouvons nous offrir le luxe de perdre une jeunesse et une bonne partie d'une
clientèle, que ce soit en réadaptation physique ou
intellectuelle. Je pense que, dans la mesure de leurs moyens, on peut
bénéficier de la capacité de ces gens, s'ils
sont bien utilisés. Il y va d'une volonté politique, je le
répète, de faire en sorte que des crédits ou des montants
d'argent soient affectés à l'ensemble des services visant
à favoriser la réadaptation et la réinsertion sociale.
Mme la ministre, en ce qui concerne les crédits, on voit qu'il y
a une majoration et qu'une bonne partie de cette majoration est beaucoup plus
faite en fonction du rajustement des bases budgétaires parce que,
finalement, il y a eu des déficits dans une bonne partie des centres de
réadaptation. Est-ce que vos révisions de bases
budgétaires seront dorénavant un acquis pour l'ensemble des
centres de services sociaux et de réadaptation? Est-ce qu'ils auront
à faire des redressements budgétaires dans le cas de
déficits?
Mme Lavoie-Roux: J'ai de la difficulté à saisir
votre question.
M. Rochefort: Dans le budget, il y a des révisions de
bases budgétaires de l'ordre de 3 000 000 $; est-ce que c'est parce
qu'il y avait des déficits dans les centres d'accueil? (20 h 15)
Mme Lavoie-Roux: C'est pour compenser, par exemple, l'impact de
la Loi sur les jeunes contrevenants dan3 le cas des MSA, des centres d'accueil
pour mésadaptés socio-affectifs. Dans l'autre cas, 1 000 000 $
ont été ajoutés pour les centres d'accueil pour les
handicapés intellectuels.
Dans le cas des mésadaptés socio-affectifs, l'injection de
3 000 000 $, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vise à
compenser l'alourdissement de certaines clientèles et l'ajout de
certaines ressources. Évidemment, c'est pour compenser un déficit
prévu dans la plupart de ces cas-là, mais le déficit
étendu à l'alourdissement ou à la nécessité
de personnel qui a été rajouté. Je puis vous donner un
exemple, dans le cas de la Maison Rouyn-Noranda, où nous avons
compensé un déficit prévu de 400 000 $. Je pourrais vous
les donner pour les différentes institutions: Accueil Vert-Pré
d'Huberdeau, l'Institut Saint-Georges, Pavillon Saint-Dominique, Pavillon
Laforest, Villa Notre-Dame-de-Grâce, Centre Rosalie-Jetté,
Bois-Joly, l'Étape de Val-D'Or, Habitat Soleil. C'est pour aider ces
différentes maisons d'accueil.
Mme Vermette: Vous avez dit tantôt que, à cause de
la DPJ, comme les cas se judiciarisent de plus en plus, ces gens doivent y
répondre en priorité. Est-ce maintenant la politique de
répondre en priorité aux cas de la DPJ qui ont été
judiciarisés et qui demandent de mettre en application le jugement du
tribunal et, finalement, c'est eux qui ont la priorité dans les centres
d'accueil à l'heure actuelle"?
Mme Lavoie-Roux: À la DPJ, il y a, je dirais, deux volets.
Il y a le volet des personnes qui ont besoin de garde fermée ou de garde
ouverte et qui sont reliées à l'application de la Loi sur les
jeunes contrevenants qui est la partie qu'on appelait autrefois... l'article 40
de la loi sur les DPJ. Dans les autres cas, ce sont évidemment des cas
de protection d'enfants victimes, pour un bon nombre de cas, on le sait, d'abus
sexuels ou autres et qui peuvent demander d'être accueillis soit dans une
famille d'accueil ou dans un centre d'accueil.
Mme Vermette: Actuellement, il y a de plus en plus d'ordonnances
de la cour, de sorte que les enfants qui demandent un placement en centre
d'accueil, c'est de plus en plus difficile, car on doit répondre en
priorité aux ordonnances de la cour pour les placements des jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Il faut répondre aux ordonnances de la
cour, il n'y a aucun doute là-dessus. Mais je pense que cela ne nous
empêche pas non plus de nous occuper des cas de protection
strictement.
Mme Vermette: Est-ce que, selon vous, ce ne serait pas une des
raisons pour lesquelles les listes d'attente sont de plus en plus importantes
et imposantes à la DPJ?
Mme Lavoie-Roux: Sur la question des listes d'attente, il faut
bien se dire que cela fait plusieurs années qu'elles existent. Ces
listes ont toujours été assez longues, mais elles deviennent de
plus en plus intolérables. Quels en sont les facteurs? Ce n'est pas
nécessairement du côté du nombre des jeunes contrevenants,
parce qu'il n'y aurait pas d'augmentation significative de la
délinquance juvénile, alors qu'il semble qu'il y a beaucoup plus
de signalements, du côté de la protection, dus à tous les
facteurs qu'on connaît, soit la sensibilisation de la population, soit
les difficultés plus grandes auxquelles les familles ont à faire
face. Peut-être aussi est-ce - je ne veux pas me prononcer d'une
façon absolue, parce que je pense qu'on n'a pas de données
rigoureuses là-dessus - le résultat d'une plus qrande violence de
toutes sources envers les jeunes ou envers les enfants? Je pense que c'est une
foule de facteurs qui font qu'il y a augmentation des listes d'attente en
protection de la jeunesse.
Mme Vermette: Mme la ministre, je suis d'accord avec vous, mais
ma question visait surtout les listes d'attente dans les centres de
réadaptation. De plus en plus, on ne peut pas y recevoir les cas qui ont
été signalés, parce qu'on doit répondre en
priorité aux ordonnances de cour, de sorte que des jeunes restent
dans leur milieu familial ou dans un milieu qui n'est pas recommandable pour
eux parce qu'il y a un manque de places a l'heure actuelle. Ou encore, ils
doivent vivre des transferts d'une région à l'autre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux bien revenir sur
cette question à laquelle je pense avoir déjà
répondu à l'Assemblée nationale à quelques
reprises. Le problème des enfants qui doivent aller d'une région
à l'autre est un problème qui date -cela, je peux l'affirmer
d'une façon absolue -de plusieurs années, au point où la
situation était devenue particulièrement tragique du
côté de la rive sud, parce qu'il y avait un manque de places en
centre d'accueil. Dès le printemps 1986, nous avons investi certains
montants d'argent pour prévenir, pour ne pas que ces enfants soient
placés un peu partout. Des fois même, ils se retrouvaient, comme
on l'a vu dans le passé, dans des motels, chez la police. C'est une
situation qui remontait à plusieurs, plusieurs années et qui
perdurait. Nous avons essayé de la corriger par l'injection de certains
fonds, le printemps dernier, dans le but de corriger les situations les plus
déplorables. Nous avons établi comme priorité - je pense
l'avoir dit au moins cinq fois - la construction d'un centre d'accueil sur la
rive sud. Vous étiez là, Mme la députée de
Marie-Victorin, hier ou avant-hier, et comme ce centre d'accueil ne pourra
ouvrir ses portes qu'en 1989 ou 1990, nous avons décidé
d'investir dans Anne-LeSeigneur dont une bonne partie est maintenant disponible
pour pouvoir accueillir, d'ici septembre, cinq unités d'enfants qui ont
besoin de protection, ce qui équivaudra à peu près
à 60 enfants. Je pense que c'est peut-être la première fois
qu'on s'attaque directement et aussi radicalement à ce problème
de places pour les jeunes, en grande partie de la rive sud, qui se promenaient
de droite à gauche, en passant par Rimouski et quelque part dans
Lanaudière ou même Montréal, pour essayer de mieux les
servir chez eux.
Mme Vermette: Je comprends, Mme la ministre, que cela fait un bon
bout de temps que le problème perdure, mais vous savez que Saint-Bruno,
ce n'est pas une nouvelle ressource. Il a toujours été dans le
paysage. Tout le monde, encore aujourd'hui, se pose de sérieuses
questions. Est-ce que la première pelletée de terre aura lieu,
d'une part? D'autre part, je vous dirai que, dans la région de la
Montérégie, il y a 427 transferts qui ont eu lieu. Donc, ceci
démontre que vous faites un effort qui semble louable, mais qui ne
répondra sûrement pas à l'ensemble des attentes et de la
problématique qui existe, d'autant plus que la Montérégie
est une région en pleine expansion à l'heure actuelle, avec de
plus en plus de jeunes ménages, et les problèmes de
délinquance augmentent à un rythme assez effarant. Je pense que
c'est vous-même qui m'aviez dit: On essaie de répondre aux listes
d'attente, mais une autre se crée à côté. C'est la
problématique actuelle et c'est pourquoi je vous dis qu'il faut
réellement une volonté de faire en sorte qu'on attaque le
problème de front et qu'on lui apporte les ressources nécessaires
pour faire une intervention qui, hors de tout doute, pourra apporter des
solutions significatives pour les jeunes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement
dire à la députée de Marie-Victorin que, quand elle parle
du transfert de 427 jeunes vers d'autres réqions, il s'agit de
l'année 1985. Et en 1986, on parle de 182 transferts. En 1987, c'est
évidemment seulement pour les premiers mois de l'année, on parle
de 32 transferts. Je pense que ce n'est pas significatif pour 1987 compte tenu
que l'année commence à peine. Quand on parlait de 427 en 1985 ou
de 290 en 1984 - et je n'ai pas les statistiques antérieures - il s'agit
d'un problème qui nécessitait une attention immédiate.
Quand vous dites que Saint-Bruno était dans le paysage depuis longtemps,
vous avez tout à fait raison, mais l'important était que le
Conseil du trésor autorise la construction d'un centre d'accueil sur la
rive sud, ce qui n'avait pas été fait jusqu'au moment où
le décret a été accordé. À quel moment
exactement? Ils ne le savent pas! Mais en tout cas, c'était dans les
derniers mois, je dirais que cela fait à peu près six mois. Je
pense qu'il y a une différence entre le passé et le
présent.
Maintenant, pour terminer la construction du centre d'accueil, comme je
vous le disais tout à l'heure, l'ouverture est prévue pour
1989-1990. On pourrait vous donner les dates exactes du décret. C'est
prévu pour 1989, me dit-on. Attendez une minute, on va vous dire la date
du décret. C'est la situation dont il s'agit. Je reviendrai sur la date
de la liste d'attente. Ce que la députée de Marie-Victorin dit
est exact, soit qu'il y a une liste d'attente parallèle qui s'est
reconstituée en dépit du fait qu'au mois d'octobre ou novembre
nous investissions 1 000 000 $ pour essayer d'éponger la liste d'attente
en même temps que nous injections 1 200 000 $ pour la prise en charqe des
cas. De fait, on est passé à travers la liste d'attente et 80 %
des cas qui ont été évalués ont été
fermés, c'est-à-dire qu'on a pu en disposer et que,
parallèlement, il s'est créé une liste d'attente qui, au
moment où l'on se parle, est d'environ 2400. Elle est à peu
près de 1000 inférieure à celle qu'on avait tenté
de résoudre l'automne dernier. Cela veut dire que, présentement,
il y a une
liste d'attente au 31 mars 1987 de 1954. Cela a démontré
que le fait d'ajouter 80 personnes additionnelles que nous avions mises
à la disposition des centres de services sociaux pour, justement,
résoudre ce problème ne s'est pas avéré
véritablement aussi efficace qu'on l'aurait souhaité.
C'est dans ce sens qu'on a prolongé les sommes accordées
jusqu'à la fin de mai et maintenant nous allons probablement devoir les
prolonger pour un an et nous sommes en demande au Conseil du trésor pour
obtenir les crédits supplémentaires, parce qu'on ne peut pas
laisser aller ces listes d'attente. Si elles sont à 1954 au moment
où nous nous parlons, elles risquent fort d'être de nouveau
à 3500 à l'automne. Ce sont les mesures que nous prenons. Nous
demandons également que l'on se penche sur l'évaluation des
approches qui sont retenues pour les cas en attente. Il nous semble que,
parallèlement, il y a deux opérations qui doivent se mener, soit
d'une part, les ressources humaines nécessaires et d'autre part,
l'examen du fonctionnement de la protection de la jeunesse. Je dois vous dire
que, là-dessus, les directeurs, je ne dirai pas tous les directeurs
parce que je ne les ai pas tous vus, mais un bon nombre de directeurs de la
protection de la jeunesse sentent la nécessité d'examiner la
situation dans son ensemble, non seulement quant aux services aux enfants, mais
aussi quant aux façons de fonctionner pour permettre de résoudre
le problème d'une façon plus permamente, plutôt que juste
temporaire de six mois en six mois. (20 h 30)
Dans le début de votre allocution, Mme la députée
de Marie-Victorin, vous avez dit que la désinstitutionnalisation ne
devait pas se faire d'une façon... Vous n'avez pas utilisé le
terme sauvage, mais c'est souvent celui qu'on entend dans ce domaine. Et je
suis tout à fait d'accord avec vous. Je dois vous dire que, par contre,
quand nous sommes arrivés au gouvernement l'an dernier, il y avait des
problèmes assez importants reliés à la
désinstitutionnaiisation. Il y avait énormément de
résistance de la part de quelques institutions. C'est pour cela que nous
avons décidé de procéder avec prudence.
Présentement, il y a... Je pense que vous avez pu lire, dans les
demandes que vous avez adressées pour l'étude des crédits,
en page 340, sur le comité d'études sur l'intégration et
la réintégration des personnes présentant une
déficience intellectuelle, que les travaux de ce comité examinent
les conditions et moyens favorisant l'intégration sociale,
l'infrastructure des services intégrés, la formation des
intervenants, l'information et la sensibilisation des parents et de la
communauté, les aspects légaux sur la protection des adultes en
milieu communautaire, le développement d'un outil d'évaluation
informatisé à la clientèle pour justement assurer que, si
on désinstitutionnalise, on désinstitutionnalise les bonnes
personnes, pour assurer que la communauté soit prête, que le
travail soit fait avec les parents et que les intervenants qui ont besoin
d'être recyclés soient recyclés. C'est à la fin du
mois de septembre que ce cadre de référence sera en consultation
auprès des différents groupes intéressés à
la désinstitutionnaiisation. Je pense que vous pouvez prendre
connaissance de ceci à la page 340, comme je le disais tout à
l'heure.
Par contre, il y avait des institutions où déjà une
bonne partie de désinstitutionnaiisation avait été faite,
où de jeunes adultes étaient prêts à aller vivre
dans la communauté, où leurs familles, s'ils en avaient,
étaient également réceptives et où les conditions
d'une bonne désinstitutionnaiisation étaient en place. Nous ne
pouvions pas nous permettre de retarder la désinstitutionnaiisation de
ces jeunes adultes sous prétexte qu'il nous fallait mettre à jour
des outils plus précis, plus adéquats pour la
désinstitutionnaiisation. Il nous semblait opportun de continuer avec
ces jeunes qui étaient prêts à aller vivre dans la
communauté avec le soutien nécessaire.
Je dois vous dire que, dans le cas de la déficience
intellectuelle, les désinstitutionnalisations qui se sont faites l'ont
été d'une façon satisfaisante. Sans doute pourrons-nous
trouver des exceptions, mais je pense que du côté...
Mme Vermette: Notamment, on pourrait peut-être essayer
de... Mais avant de tomber tout de suite dans la
désinstitutionnaiisation, ou en tout cas, dans certains cas qui ont
été vécus ou qui sont en train de se vivre, j'aimerais
revenir à certains éléments dont on parlait tantôt,
au sujet des centres de réadaptation, notamment, lorsque vous avez
parlé du décret de Saint-Bruno. J'aimerais qu'on puisse faire le
dépôt du décret, si c'est possible, pour qu'on puisse en
prendre connaissance et pour avoir la date et... Je vous demande le
dépôt du décret pour la construction du centre de
réadaptation de Saint-Bruno.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Mme Vermette: Ce serait peut-être intéressant qu'on
puisse s'arrêter dessus et le regarder, d'une part. D'autre part, quand
on parlait tantôt de l'ensemble des centres de réadaptation, ces
centres comportent plusieurs volets. Il y a les centres de réadaptation
pour les mésadaptés socio-affectifs, où il y a un
problème de taille. Il y a aussi un nouveau volet, parce que, lorsqu'on
en parle, on ne voit actuellement que la pointe de l'iceberg et plus on ira
dans la société, à cause de l'éclatement des
modèles, de l'éclatement des sociétés aussi,
je pense qu'on aura à faire face à des problèmes de
plus en plus profonds et on aura à subir, en tout cas, les soubresauts
d'une société plus permissive aussi. En fait, ce sont les enfants
qui vivent et qui doivent finalement être un petit peu... Comme ils sont
plus fragiles, eh bien! il y a différents enfants qui répondent
d'une façon plus agressive que d'autres, qui ont de la difficulté
à s'adapter dans la société» Donc, on aura de plus
en plus besoin de ressources dans ce milieu et on aura de plus en plus besoin
aussi, je le répète, d'un effort et d'une volonté
politique afin que ce soit plus que des solutions de bout de liqne qu'on
choisisse, mais vraiment des solutions qui apportent à long terme une
aide appréciable, parce que, finalement, ces personnes, si on ne leur
donne pas le soutien, deviendront des abonnés du système de
santé qui devient de plus en plus coûteux - vous en savez quelque
chose - et deviendront aussi des personnes très dépendantes,
alors qu'on essaie de parler de désinstitutionnalisation. Je pense que
la prévention est très importante dans le volet, et la
réadaptation et la réinsertion sociale font partie de la
prévention. Il faut avoir les outils nécessaires pour, justement,
apporter l'aide substantielle afin que cette adaptation soit bien
planifiée et donne les résultats escomptés pour ne pas
qu'il y ait de récidive. Mme la ministre, je regarde actuellement et je
pense que ce ne sont pas les montants d'argent qui sont actuellement mis
à la disposition de l'ensemble des ressources, que ce soient les
ressources communautaires ou les ressources des centres de réadaptation,
qui vont faire en sorte, même pour les familles d'accueil, qu'on pourra
apporter l'aide substantielle à ces gens qui demandent un peu plus
d'appui, d'encadrement pour faire leur réinsertion sociale.
Il y a aussi, en ce qui concerne les toxicomanies et l'alcoolisme, des
centres de réadaptation, et on y voit de plus en plus de jeunes, ce qui
était rare avant. Il y a de plus en plus d'enfants qui sont violents,
qui demandent justement à être pris en charge dans des maisons
sécuritaires aussi pour eux-mêmes, d'une part, et pour la
société, d'autre part. Il y a aussi les ressources pour les
jeunes mères célibataires, l'assistance pour les mères
célibataires, qui sont des maisons de réadaptation. Je pense que
ce sont des volets très importants et, moi, j'aimerais savoir, à
ce moment, si vous avez ajouté un budget de 2 000 000 $ pour les centres
de réadaptation pour les toxicomanes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'avoue que Mme la
députée de Marie-Victorin a touché à tellement de
choses que je ne sais plus où me retrouver. Je vais essayer de...
D'abord, elle a l'air de dire...
Mme Vermette: II y a tellement de choses où, Mme la
ministre, il faut que vous injectiez beaucoup d'argent, justement, parce que le
volet de la réadaptation est très vaste et très qrand. Il
y a plusieurs aspects et, justement, c'est l'ensemble de ces aspects au sujet
desquels on essaie de vérifier et de voir où est la
volonté politique afin que les gens en réadaptation et en
réinsertion sociale en aient pour leur compte et puissent avoir un
service de qualité eux aussi. C'est l'urqence sociale en ce qui
concerne, Mme la ministre, justement ce volet.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce que je veux dire
à la députée de Marie-Victorin, c'est qu'il faut y mettre
les sommes suffisantes et qu'il ne faudrait quand même pas laisser
penser, laisser croire qu'il n'y a pas d'argent d'investi dans le domaine de la
réadaptation. Si vous regardez votre étude des crédits -
vous avez eu le cahier vous aussi - pour les services des centres de
réadaptation, il y a une augmentation de 7,53 % pour un budget global de
281 000 000 $ et une augmentation par rapport è l'an dernier de 19 728
000 $, pratiquement 20 000 000 $. On ne peut quand même pas dire qu'il
n'y a rien là.
Si vous regardez du côté des services des centres de
réadaptation pour les personnes handicapées, vous avez une
augmentation de 7,56 %, soit un montant de 23 053 000 $ sur un budqet global de
327 976 000 $. Si vous ajoutez cela aux 281 000 000 $, cela fait 600 000 000 $
en réadaptation. Il ne faudrait donc pas créer l'impression qu'il
n'y a à peu près rien en réadaptation. Si vous regardez du
côté des centres de services sociaux où la très
grande partie des activités vise à offrir des services de
consultation et des services destinés à assurer la protection
d'enfants et d'adolescents - je comprends qu'il y a aussi la protection des
adultes handicapés ou âgés, mais pour une partie beaucoup
moindre des programmes - vous retrouvez là une autre augmentation de 16
000 000 $ sur un budqet global de 291 000 000 $, Je ne suis pas capable de
faire la part de pourcentage de l'un et de l'autre, mais c'est la
majorité des sommes qui vont à la protection de la jeunesse.
Alors, on se retrouve pratiquement vis-à-vis de budgets de 700 000 000 $
à 800 000 000 $; si on prend chacune de ces trois rubriques - 20 plus 20
égale 40 plus 16 il y a à peu près 55 000 000 $
d'augmentation. Je veux bien qu'on dise qu'il n'y a pas d'efforts qui sont
faits, mais je pense que ce sont des efforts considérables. Et je n'ai
pas parlé du tout de la question des immobilisations.
Je pense que votre dernière question portait sur le programme de
lutte contre les toxicomanies. C'est la première fois, M. le
Président, qu'on va finalement mettre en place - et
j'espère que j'aurai l'occasion de l'expliquer plus longuement en public
- un plan structuré pour lutter contre l'alcoolisme et les toxicomanies
qui prévoit pour cette année un budget de 2 600 000 $
annualisé à 3 900 000 $, c'est-à-dire 4 000 000 $, et ceci
pour une période d'au moins quatre ans. Ce sont des montants qui vont
s'ajouter année après année pour un montant global,
après quatre ans... Ce sont 3 900 000 $ qui s'ajoutent à chaque
année.
M. le Président, c'est une première dont je suis
très fière. Cela faisait également partie, comme on aime
à me le rappeler souvent, de nos engagements en tant que formation
politique. Évidemment, sur quatre ans, un montant grosso modo de 8 000
000 $, 11 000 000 $, 12 000 000 $ ou 15 000 000 $, cela ne paraît
peut-être pas considérable, mais c'est une indication fort claire
de la volonté du gouvernement d'agir dans ce domaine.
Mme Vermette: Mme la ministre, croyez-vous qu'avec les nouvelles
sommes d'argent qui viennent d'être injectées dans le plan
provincial les régions atteindront l' autosuffisance?
Mme Lavoie-Roux; Excusez-moi, madame.
Mme Vermette: Pour les centres de réadaptation, avec les
sommes qui viennent d'être investies, croyez-vous qu'au niveau du plan
provincial les régions seront autosuffisantes en ce qui concerne les
places dans les centres de réadaptation?
Mme Lavoie-Roux: Parlez-vous des mésadaptés
socio-affectifs?
Mme Vermette: Oui, dans les centres de réadaptation.
Mme Lavoie-Roux: Lesquels?
Mme Vermette: Pour les mésadaptés
socio-affectifs.
Mme Lavoie-Roux: Les mésadaptés socio-affectifs. Il
reste des besoins à combler du côté de l'Outaouais et il y
a aussi des réfections qui s'imposeraient dans un certain nombre de
centres d'accueil, un dans la région de Québec et probablement un
dans le bout de Drummondville, si ma mémoire est bonne. Il y a encore
des ajouts à faire au plan des immobilisations pour certaines de ces
maisons. Maintenant, il faut bien réaliser qu'une fois ces
besoins-là comblés là où ils sont le plus aigus, il
ne faut pas non plus multiplier inutilement les places dans les centres
d'accueil. Je devrais peut-être rappeler à la
députée de Marie-Victorin - je comprends qu'elle ne s'en
souvienne pas -qu'à la suite du rapport Batshaw dans les
premières années d'administration de l'ancien gouvernement, on a
fermé quelques milliers de places en centres d'accueil pour
mésadaptés socio-affectifs. Je ne me réjouis pas
nécessairement qu'on en reconstruise, mais je m'inquiète qu'on
soit obligé d'en reconstruire. J'espère que ce souci qu'on avait,
non pas d'institutionnaliser, mais de garder les gens dans la communauté
ne se perde pas. On va faire un suivi rigoureux, conjointement avec les centres
de réadaptation, pour être bien sûr que se trouvent
là des clientèles qui doivent y être et non pas des
clientèles qui pourraient être servies par des ressources plus
légères ou réintégrées à leur propre
famille. Je pense que c'est un objectif, à moyen et à long
termes, qu'on ne doit jamais perdre de vue dans la réadaptation des
mésadaptés socio-affectifs. (20 h 45)
Mme Vermette: Justement, Mme la ministre, c'est pourquoi je vous
pose la question suivante: Est-ce que le recalibrage qui est si
nécessaire, le recalibrage que tout le monde demande, le rapport des
affaires sociales... Peut-être que, pour certaines raisons, on croyait
que la désinstitutionnalisation pouvait se faire et on avait
oublié de mettre certaines ressources dans le milieu, surtout les
ressources légères et communautaires. C'est pour cela
qu'actuellement il y va de votre volonté politique de prendre les
bouchées doubles en ce qui concerne... Il y a un problème de
taille. Ce sont des jeunes, c'est la relève, ce sont les citoyens de
demain. Puisque vous avez fait la promesse de prendre en charqe la jeunesse
québécoise et d'apporter des solutions pour qu'elle puisse, quel
que soit le milieu, trouver les ressources favorisant son intégration
sociale, comme la parité de l'aide sociale qui permettrait aux jeunes,
non plus d'être des citoyens de seconde zone, mais vraiment des citoyens
à part entière, je ne vois pas pourquoi vous trouvez que tout ce
que vous faites est tellement substantiel et, de plus, vous vous comparez
à l'ancien gouvernement. Je pense que votre volonté serait
beaucoup plus déterminante si elle était faite par rapport
à vos objectifs personnels d'apporter des solutions plus
adéquates à l'ensemble de la jeunesse
québécoise.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je ne sais pas ce que je peux
ajouter de plus pour convaincre la députée de Marie-Victorin. Je
pense qu'il y a un terrain où l'on peut s'entendre: s'il y avait
davantage d'argent, on pourrait peut-être en mettre davantaqe. Par
contre, il ne faut pas perdre de vue que des ressources - comme je vous le
disais tout à l'heure - en centre d'accueil - il y a
quand même un point de saturation où il ne faut pas en
ajouter davantage - demandent qu'on tente d'en ajouter et on va confiner
à tenter d'en ajouter et de réaménager là où
cela ne s'avère pas fonctionnel ou adéquat pour les jeunes.
Je voudrais également ajouter qu'on est à
développer un programme-cadre de probation qui est une mesure qui avait
été peu utilisée, ou peut-être avait-elle
été utilisée pendant un certain temps et était-elle
tombée en défaveur, mais que la commission Charbonneau avait
demandé de reprendre comme une mesure alternative aux centres d'accueil
ou à l'institutionnalisation que l'on veut favoriser. Justement,
vendredi soir, j'assistais à l'assemblée annuelle de
l'Association des centres de services sociaux du Québec, qui a
décerné des prix pour couronner les efforts d'initiatives
nouvelles. Entre autres, un prix a été décerné
à une expérience de probation qui avait été faite
à Laurentides-Lanaudière et qui se révèle un
succès. C'est dans ce sens que le ministère veut
déterminer ce programme de probation afin que les enfants soient
traités en milieu naturel et non pas envoyés trop automatiquement
ou d'une façon inutile en institution.
Mme Vermette: Vous parliez de nouvelles ressources. Est-ce que
vous en avez évalué qui pourraient être mises à
l'épreuve, dans tout le réseau, et qui pourraient répondre
plus facilement aux besoins de l'heure et de façon ponctuelle en
fonction des demandes qui sont de plus en plus croissantes?
Mme Lavoie-Roux: II y a un bon nombre d'organismes communautaires
- on y reviendra peut-être tout à l'heure - où plusieurs
initiatives sont prises pour donner du soutien aux jeunes qui ont besoin de
protection ou qui sont victimes d'abus, ou encore pour aider, par le truchement
de la Loi sur les jeunes contrevenants, à les garder et à mieux
les intégrer dans la communauté. Il y en a d'autres qui
s'intéressent à des mesures préventives. Je pense qu'un
appui leur est accordé et je voudrais répéter, M. le
Président, que, cette année, pour la réadaptation des
jeunes, on ajoute 4 000 000 $ dans les centres d'accueil et de
réadaptation. On ajoute en toxicomanie pratiquement 3 500 000 $ ou 3 900
000 $ annualisés dont une partie va être pour les jeunes. On
ajoute 2 000 000 $ pour la liste des jeunes en attente à la DPJ et 1 200
000 $ pour les prises en charge, sans compter l'argent que nous avons
ajouté cette année pour les familles d'accueil, les familles
spéciales et les familles de réadaptation. Je pense que ce sont
là des efforts significatifs. Sans vouloir prétendre que les
besoins sont tous comblés, loin de là ma prétention, je
pense que ce sont des efforts nouveaux, significatifs qui sont faits dans ce
domaine-là.
Mme Vermette: De toute façon, Mme la ministre, les
familles d'accueil, on y reviendra tantôt dans un autre volet. Je
voudrais savoir si présentement il y a construction de nouveaux centres
de réadaptation pour jeunes. En dehors de la Montérégie ou
de ce qui pouvait être prévisible, est-ce qu'il y a des
régions où il y a eu de nouvelles ressources ou de nouvelles
immobilisations?
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai indiqué tout à l'heure. Il
y avait des besoins à combler du côté de la rive sud,
alors, vous avez le centre d'accueil dont je vous ai parlé. Et, en
passant, je voudrais rectifier une chose: le décret n'est pas
adopté, les études ont été faites, les plans et
devis sont en préparation et ensuite il faudra aller chercher le
décret. Je ne peux pas à ce moment-ci le déposer. Je vous
ai parlé de ce qui arrive à Anne-LeSeigneur. Je vous ai
parlé de la nécessité d'en ajouter - et la décision
est prise, mais elle n'est pas aussi avancée que celle concernant la
rive sud - dans le cas de i'Outaouais. Pour le reste, on n'ajoutera pas des
places en centres d'accueil pour dire qu'on construit des places en centres
d'accueil.
Mme Vermette: Ce sont des prévisions...
Mme Lavoie-Roux: II y a d'autres besoins. On n'est pas pour
ajouter des places pour dire... On va à l'externe, on va dans la
communauté, un peu comme on le fait même pour les personnes
âgées. La politique gouvernementale est vraiment de garder le plus
possible les gens dans leur milieu naturel. On n'est pas pour créer des
lits là où l'on n'en a pas besoin.
Mme Vermette: Non, je suis tout à fait d'accord parce
qu'effectivement il y a des surplus dans certaines régions. Est-ce que
vous avez l'intention de mettre sur pied un comité provincial de
coordination des admissions pour mettre à jour un système
informatisé sur les taux d'occupation?
Mme Lavoie-Roux: II existe, me dit-on.
Mme Vermette: Le comité existe, oui. Quelles sont les
suites que vous avez apportées à ses demandes? Est-ce que les
demandes de ce comité ont été prises en
considération?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît. Je vais
demander au sous-ministre de vous répondre puisqu'il s'agit
d'éléments plus
techniques quant à la compilation de ces données.
M. Dumas (Paulin): Oui, mon nom est Paulin Dumas. Tout ce qu'il
faut améliorer par rapport au comité provincial des admissions,
c'est le système d'information lui-même. Mais, actuellement, nous
appuyons le comité avec les ressources que nous avons pour pouvoir
répondre aux besoins de transfert quand il y a des augmentations
significatives de places et qu'on doit transférer les jeunes d'une
région à l'autre, malheureusement. Tant et aussi longtemps que
certaines régions n'auront pas le maximum de ressources,
particulièrement la Montérégie qui est celle qui participe
davantage aux transferts interrégionaux...
Mme Vermette: En ce qui concerne les centres de
réadaptation, oui, c'est vrai, la région la plus
pénalisée à l'heure actuelle est la
Montérégie, où l'on fait de la planification pour pouvoir
mettre en place des ressources additionnelles. Mais il y a eu d'autres
régions. Dans la région de Roberval, il n'y a pas un centre de
réadaptation qui a été mis sur pied? Un de mes
collègues pourrait facilement en parler, pour avoir vécu
l'expérience dans son comté.
M. Gauthier: Oui, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux; Un centre de réadaptation pour les
mésadaptés socio-affectifs?
M. Gauthier: C'est pour...
Le Président (M. Bélanger); M. le
député de Roberval.
M. Gauthier: Peut-être que je peux l'expliquer un peu plus
clairement, Mme la ministre. Ce dossier chevauche deux aspects,
c'est-à-dire la santé mentale... Il s'agit d'un centre qui a
été...
Mme Lavoie-Roux: Ah! Excusez-moi, M. le Président.
Là, on ne parle plus de la même chose.
M. Gauthier: Non, non, mais on parle d'un centre d'accueil et de
réadaptation.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Centre psychiatrique de Roberval
M. Gauthier: Sauf qu'il serait peut-être pertinent qu'on
aborde à ce moment-ci le dossier, puisque vous venez, Mme la ministre,
par une lettre du 16 avril, de donner une vocation nouvelle de centre d'accueil
et de réadaptation pour une clientèle en déficience
mentale à Roberval.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez raison.
M. Gauthier: Or, Mme la ministre, le problème qui se pose,
c'est que cela ne fait pas que des heureux dans le milieu, puisque ceci se
fait, vous le savez, au détriment d'un centre psychiatrique qui
était, jusqu'à ce jour, un des deux centres psychiatriques de la
région du Saguenay--Lac-Saint-Jean et, bien sûr, le plus vieux des
centres psychiatriques chez nous.
Si vous le permettez, Mme la ministre, je vais poser mes questions
immédiatement. J'aimerais que vous nous expliquiez le plus
brièvement, mais le plus clairement possible, votre décision de
transformer ainsi un centre hospitalier psychiatrique en centre d'accueil et de
réadaptation à Roberval.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, il me fait plaisir de
répondre à la question du député de Roberval. Il
s'agît en fait d'un hôpital à vocation psychiatrique qui,
à une époque donnée, hébergeait... Au moment
où il y avait le plus de personnes hébergées
-peut-être le savez-vous, M. le député de Roberval, on est
incapable de me donner les chiffres exacts - je pense qu'on y a
déjà hébergé jusqu'à 400 ou 500
personnes.
M. Gauthier: On pourrait peut-être le demander au directeur
général. Il est dans la salle, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais je pense qu'on ne lui...
M. Gauthier: De toute façon, je pense que c'est aux
environs...
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, c'est la
ministre qui répond à ses crédits. On ne peut pas
interroger d'autres personnes dans la salle.
M. Gauthier: Non, mais la ministre me questionne, M. le
Président. J'ai mes ressources aussi.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Je ne pouvais pas lui donner de
chiffres précis.
M. Gauthier: D'accord, c'est au-delà de ce
chiffre-là, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je le sais. C'était très
élevé. Comme il existait, à ce moment-là, au
Québec d'autres hôpitaux qu'on appelait des hôpitaux de
soins prolongés psychiatriques - je pense que tout le monde a pris
connaissance de la situation de l'hôpital de l'Annonciation qui
hébergeait également un grand nombre de patients psychiatriques -
avec les nouvelles orientations prises dans le domaine de la psychiatrie, il
est évident qu'un certain
nombre de ces personnes ont déjà été
Intégrées dans la communauté. Il y a également le
fait qu'on institutionnalise de moins en moins, dans une maison de soins,,
prolongés, des malades psychiatriques. On tente le plus possible de les
garder dans la communauté.
Historiquement, se sont retrouvées è l'intérieur
des murs de cette institution, comme à l'intérieur des murs
d'autres institutions de même type, ce que j'appellerais des populations
différenciées. Comme, par exemple, un bon nombre de personnes
handicapées intellectuellement qui y étaient entrées quand
elles étaient jeunes, qui y ont vieilli et pour lesquelles une autre
formule de vie est maintenant requise. C'est pour cela qu'on parle maintenant
de centres de réadaptation, parce qu'un certain nombre de ces personnes
peuvent être réadaptées, voire même mener une vie
beaucoup plus active que celle menée dans une institution
traditionnelle. (21 heures)
Dans le cas du Centre psychiatrique de Roberval, évidemment, on
se retrouve avec le regroupement de trois types de clientèle, je dirais:
une qui est une clientèle handicapée intellectuellement, une
autre qui est une clientèle de personnes âgées qui,
d'après les diagnostics, sont entrées comme déficients,
qui ont maintenant des comportements un peu particuliers à la suite
d'une longue institutionnalisation. Ils constituent, quand même, une
population de personnes âgées, sans être strictement des
patients handicapés. Vous retrouvez également une population de
malades psychiatriques dits chroniques.
Dans la perspective de traitement ou de réadaptation que l'on
envisage maintenant pour les personnes qui habitent ces institutions,
déjà, en décembre 1983, te sous-ministre adjoint à
la Direction générale de la santé du temps - probablement
que c'était le chef de l'Opposition qui était alors ministre de
la Santé - faisait part au président du conseil d'administration
du conseil régional de la région du Saguenay Lac-Saint-Jean des
intentions du ministère d'étudier des alternatives à la
rénovation complète du centre psychiatrique, j'imagine pour tenir
compte de ses nouvelles orientations eu égard à ces
différents types de patients. Le problème a été en
discussion pendant un bon nombre d'années, au moins depuis 1983, et nous
sommes rendus à 1987. Il devenait important qu'une décison soit
prise et c'est ce que je pense que la population désirait. Cela veut
dire qu'une partie des personnes handicapées intellectuellement devra
être aidée maintenant par un centre de réadaptation. Les
personnes âgées qui peuvent sortir de l'institution, comme on le
fait ailleurs, peuvent aussi être intégrées à la
communauté. En ce qui a trait aux patients psychiatriques de longue
durée, ils restent au Centre psychiatrique de Roberval. Cela veut dire
que normalement le Centre psychiatrique de Roberval conserve deux vocations,
une de centre d'accueil et de réadaptation, et une deuxième qui
est l'hébergement des malades psychiatriques chroniques qui y sont
déjà hébergés.
M. Gauthier: Mme la ministre, si vous me le permettez, j'aimerais
savoir la raison de votre décision au sujet de la double vocation, pour
bien la situer. Je sais bien que ce n'est pas un dossier avec lequel vous avez
dîné à midi. La double vocation, celle de centre de soins
psychiatriques, psychiatrie active et psychiatrie de longue durée, de
même que la vocation de centre d'accueil et de réadaptation,
était une des hypothèses qui étaient
privilégiées dans le milieu comme devant être l'avenir du
Centre psychiatrique de Roberval. Là où le bât blesse, Mme
la ministre, c'est que la vocation de psychiatrie active, de psychiatrie de
courte durée, de même que la psychiatrie de longue durée
pour l'avenir, tel que c'est écrit dans votre lettre, se retrouve
maintenant au centre hospitalier de Roberval où - on pourra certainement
en glisser un mot tout à l'heure - les ressources ne pleuvent pas, d'une
part, où la place, non plus, n'est pas très disponible, en tout
cas à moyen terme, d'autre part. Il ne nous apparaît pas opportun
dans le milieu et ce n'est pas accepté par la population que cette
vocation d'hôpital psychiatrique spécialisé disparaisse du
Centre psychiatrique de Roberval. J'aimerais connaître, Mme la ministre,
l'explication de votre décision qui remet tes services au centre
hospitalier alors que le centre psychiatrique a toutes les ressources
actuellement - personnel, professionnels, médecins, etc. - pour faire
non seulement l'encadrement, mais de la psychiatrie active, tel qu'il en fait
présentement.
Mme Lavoîe-Roux: M. le Président, je dois d'abord
dire que, peut-être dans l'immédiat, il y a suffisamment de
bénéficiaires pour occuper le Centre psychiatrique de Roberval,
encore une fois, dans une perspective de non-institutionnalisation, de
réadaptation d'une partie de la clientèle et de ressources plus
légères pour un certain nombre de personnes âqées.
Si l'on tient compte des normes qui sont maintenant acceptées pour
déterminer le nombre de lits en psychiatrie, soit cinq dixièmes
de lit par 1000 habitants, en ce qui a trait au DSC de Roberval, ceci voudrait
dire un besoin - je ne parle pas de ceux qui y sont, je parle pour l'avenir -
en lits de longue durée pour des patients psychiatriques de 35 lits.
Comme je vous le dis, ce n'est pas pour demain matin, mais on parle dans cinq
ans, dans huit ans, dans dix ans et c'est
évident qu'il ne s'agit pa3 d'une institution aussi
considérable que celle que l'on connaît aujourd'hui. De plus,
l'orientation est de diriger les patients psychiatriques vers des
hôpitaux de courte durée pour le court terme. Comme je vous le
dis, les besoins de ceux qui pourraient être hospitalisés
éventuellement d'une façon chronique, si on veut, à
l'Hôtel-Dieu de Roberval, seraient de l'ordre, si on tient compte des
ratios de population, d'environ 35.
Je sais que la population a des inquiétudes et que le personnel a
des inquiétudes, particulièrement en ce qui a trait à son
avenir. Est-ce qu'ils seront mis à pied? Quand je leur ai écrit,
je leur ai donné l'assurance que cette réorganisation ne voudrait
pas dire de mise à pied pour le personnel permanent, qui n'est pas un
personnel occasionnel. J'ai pris la peine d'aller moi-même à
Roberval, de visiter les deux institutions, de rencontrer les autorités
municipales. C'est évident que le Centre psychiatrique de Roberval
représente une institution importante pour la ville de Roberval. Il est
là, j'imagine, depuis un bon nombre d'années. Je ne connais pas
la petite histoire...
M. Gauthier: Depuis les années cinquante.
Mme Lavoie-Roux: Depuis les années cinquante. Pour les
gens, c'est un choc de voir que le Centre psychiatrique de Roberval pourrait
avoir une vocation différente et que la population qui y réside
diminue. Mais, tout en tenant compte des réactions de la population et,
des inquiétudes du personnel, je pense que nos institutions doivent,
d'abord et avant, tout être au service des bénéficiaires et
satisfaire les intérêts des bénéficiaires. Cette
décision, qui avait été mise en marche en 1983, qui a
cheminé, qui a ralenti, n'a pas été facile à
prendre. Par contre, nous sentions fort bien qu'on ne pouvait pas garder les
institutions dans une espèce d'incertitude indéfinie. Je pense
que, dans l'intérêt des bénéficiaires, la
décision que j'ai rendue le 14 avril m'apparaît celle qui va le
plus bénéficier aux patients qui ont recours aux services
à la fois de l'Hôtel-Dieu et du Centre psychiatrique de
Roberval.
M. Gauthier: Mme la ministre, dans quelle mesure pensez-vous que
cette décision peut être dans l'intérêt des
bénéficiaires? Les malades psychiatriques de longue durée
qui seront hospitalisés à l'Hôtel-Dieu de Roberval devront,
j'imagine, d'abord profiter de services de rééducation, de
réadaptation puisque les efforts se font pour venir en aide à ces
personnes d'une part.
Mme Lavoie-Roux: Ils peuvent collaborer entre eux.
M. Gauthier: Or, ces services existent actuellement au Centre
psychiatrique de Roberval et n'existent pas a l'Hôtel-Dieu de Roberval.
C'est le premier volet de ma question. Deuxièmement, quel est
l'intérêt des bénéficiaires de l'Hôtel-Dieu de
Roberval et du Centre psychiatrique de Roberval qui, une fois
hébergés dans la même institution, devront cohabiter? On
sait que ce sont des clientèles assez particulières dans les
soins psychiatriques de longue durée qui ont besoin d'un espace à
l'extérieur pour profiter du plein air, qui ont besoin d'une certaine
liberté à l'intérieur parce qu'il s'agit de leur maison
alors que, dans les départements de l'Hôtel-Dieu de Roberval,
quand même on mettrait dix-sept lits affectés à cela, j'ai
l'impression que ces patients ne se contenteront pas de se promener dans leur
chambre dorénavant. J'aimerais savoir sous quel angle vous pouvez voir
l'intérêt de la clientèle de l'Hôtel-Dieu de
Roberval, des malades physiques et des malades psychiatriques à long
terme dans ce regroupement, autant du côté des services de
réadaptation que du côté de l'aménagement physique.
J'aimerais que vous m'expliquiez cela.
Mme Lavoie-Roux: Du côté des patients
eux-mêmes, il faut bien réaliser que même la
clientèle dite chronique qui serait en nombre réduit, de toute
façon, éventuellement, hébergée à
l'Hôtel-Dieu de Roberval va, quand même, être assez
différente à bien des égards de celle que l'on retrouve
d'une façon "chronicisée" depuis X années au Centre
psychiatrique de Roberval.
L'autre point de vue que je ferai valoir, c'est que - je pense que cela
a débuté à la suite du rapport Bédard sur la
psychiatrie au début des années soixante -alors qu'on avait
toujours eu tendance à isoler la clientèle psychiatrique dans des
hôpitaux qui lui étaient réservés, nous avons voulu,
justement, nous éloigner de cette orientation et ramener cette
clientèle vers des hôpitaux de courte durée où on a
développé des services de psychiatrie de courte durée, ce
qui n'existait pas autrefois. On entrait dans les grandes institutions.
Maintenant, rien ne s'opposera, parce que le Centre psychiatrique de
Roberval doit conserver sa vocation de centre de réadaptation, à
ce qu'il y ait une collaboration étroite entre l'Hôtel-Dieu
où seraient hébergés des patients et un centre de
réadaptation qui serait disponible dans la même
localité.
Vous faites valoir la question des grands espaces, etc. Je suis
allée à Roberval quelques fois dans ma vie et encore assez
récemment. Je pense que des grands espaces, cela ne fait pas
défaut quel que soit l'endroit où l'on est à Roberval et,
quand on parle de réadapter les personnes, on veut, justement,
qu'elles soient dans la communauté et ainsi de suite. Alors, que
ces personnes-là, cohabitent avec la clientèle
régulière à l'Hôtel-Dieu de Roberval ou encore qu'on
en retrouve à Roberval un certain nombre de courte durée et,
également, un certain nombre de longue durée, je pense qu'il n'y
a rien d'irréconciliable là-dedans.
M. Gauthier: Mme la ministre, est-ce que j'ai bien compris tout
à l'heure? Il me semble que vous avez dit que les malades qui seront
hospitalisés à court et à long terme à
l'Hôtel-Dieu de Roberval... D'abord, vous avez dit que la
clientèle serait différente de celle du centre psychiatrique.
Mme Lavoie-Roux: Bien, ce n'est pas une clientèle aussi
"chronieisée" qu'une partie des personnes que vous retrouvez au Centre
psychiatrique de Roberval, qui ont connu l'institutionnalisation pendant 25 et
30 ans ou peut-être même davantage.
M. Gauthier: Mais, est-ce que vous croyez que la clientèle
de soins psychiatriques de longue durée, qui sera hospitalisée au
Centre psychiatrique de Roberval est une clientèle qui pourra cohabiter?
Vous avez parlé d'intégration, de ne pas les isoler. Donc, je
comprends par là que ce sera une clientèle qui pourra cohabiter
avec les malades physiques que l'on retrouve dans les différents
départements, parce qu'il s'agit juste d'un petit nombre de lits. Il ne
s'agit pas d'une aile complète de l'hôpital, il s'agit d'un nombre
de lits dans un département. Croyez-vous que cette
cohabitation-là est possible et bénéfique pour les deux
types de clientèles?
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous dire pour les patients de courte
durée?
M. Gauthier: Oui, pour les patients, parce que l'Hôtel-Dieu
de Roberval soigne des maladies physiques d'abord et avant tout, comme les
infarctus. Il y a des accouchements, des maladies de différentes
natures.
Mme Lavoie-Roux: Oui, oui. Bien, écoutez. On retrouve cela
dans un bon nombre de nos hôpitaux généraux,
présentement... Tous les hôpitaux généraux devraient
avoir un département de psychiatrie de courte durée.
M. Gauthier: D'accord. Et il y a, actuellement, un peu de
psychiatrie de courte durée qui se fait à l'Hôtel-Dieu de
Roberval. Je ne voudrais pas prendre tout le temps qui est imparti à la
commission, mais votre lettre en quelque sorte ne parlait pas de fermeture de
lits, sauf que vous avez évoqué, tout à l'heure, un
surplus de lits à Roberval. D'après les statistiques, remarquez-
le bien, sauf le Dr Voisine qui était venu nous le dire chez nous, c'est
la première fois qu'on en entend parler vraiment. Votre lettre dit aux
responsables du centre psychiatrique: Vous devenez un centre d'accueil et de
réadaptation. D'abord, là, je comprends qu'ils vont
réadapter pour le moment une clientèle qui est là et,
après cela, la clientèle du centre hospitalier, si j'ai bien
saisi. Vous allez vous occuper de celle qui est là, actuellement; pour
l'avenir, courte et longue durée, cela s'en va à
l'Hôtel-Dîeu. (21 h 15)
En quelque sorte, Mme la ministre, n'est-ce pas, ni plus ni moins
à très brève échéance la fermeture
complète et totale du Centre psychiatrique de Roberval, parce que c'est
la seule vocation qui lui reste, à part l'héberqement de ceux qui
sont déjà là et qui, inévitablement, s'acheminent,
puisqu'il y a des patients, quand même, assez âgés -vers
d'autres ressources ou encore inévitablement à disparaître
comme clientèle? Est-ce que ce n'est pas envisageable d'ici cinq ou six
ans, peut-être sept ans? Puisque les services de réadaptation
serviront à l'Hôtel-Dieu, j'imagine qu'un jour on va souhaiter au
ministère les transférer à l'Hôtel-Dieu. Autrement
dit, c'est la fermeture que vous nous annoncez.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que la région de Roberval aura
toujours besoin d'un centre de réadaptation. Enfin, dans la mesure
où on peut être prophète, dans l'ordre des choses,
normalement, on peut prévoir qu'il y aura toujours un centre de
réadaptation. Il faut bien se dire également que l'hôpital
psychiatrique de Roberval, tel qu'il existe, avec des grandes salles où
des patients sont... Dans certains cas, je sais qu'ils s'intéressent
déjà à la réadaptation et qu'ils ont
déjà travaillé à réinsérer des gens
socialement dans la communauté. Cela, je le sais fort bien. Il y a aussi
des grandes salles où vous retrouvez un certain nombre de patients, je
vous dirais de mémoire - je ne sais pas si c'est cela - 25 ou 40. Je
pense que cela doit être converti de toute façon pour pouvoir
offrir une réadaptation plus active à ceux qui peuvent être
réadaptés. Il y en a peut-être qui, jusqu'à la fin,
auront besoin strictement d'un soutien plus général. Je pense que
l'institution telle qu'elle est, de toute façon, ne se prête pas
facilement à du travail de réadaptation active.
M. Gauthier: Inévitablement, il va y avoir, Mme la
ministre, des immobilisations qui devront être faites à
l'Hôtel-Dieu et qui devront être faites au centre psychiatrique
s'il a un rôle à jouer avant de disparaître. J'aimerais
savoir, Mme la ministre, pourquoi le Centre psychiatrique de Roberval est sujet
à perdre sa vocation et perd sa vocation, finalement, sauf pour ce qui
est de
l'hébergement de patients à long terme qui y sont
déjà et qui s'en vont en diminuant inévitablement.
Pourquoi est-ce le cas dans le dossier du Centre psychiatrique de Roberval et
n'est-ce pas le cas pour d'autres de centres psychiatriques qui voient des
ajouts de lits et qui voient leur vocation se maintenir et se développer
dans le sens de la réadaptation? Pourquoi le Centre psychiatrique de
Roberval, lui, doit-il disparaître pour ne garder dans la région
qu'un seul centre psychiatrique qui est celui de Chicoutimi, l'Institut
Roland-Saucier? II est beaucoup plus jeune, comme institution, et il se voit
accorder une espèce de statut suprarégional au-delà des
sous-régions et qui fera qu'inévitablement il donnera les seuls
soins spécialisés, en psychiatrie dans toute la région du
SaguenayLac-Saint-Jean. Pourquoi Roberval disparaît-il? Si on
sentait, Mme la ministre, que, dans l'ensemble des institutions psychiatriques
au Québec, il y avait des fermetures, un changement de vocation, de
l'hébergement de malades à long terme et qu'on les envoyait dans
les hôpitaux généraux, mais là, cela se passe
à Roberval et cela ne se passe pas à Chicoutimi. Cela ne se passe
pas beaucoup dans d'autres endroits où on ajoute des lits.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je sais,
évidemment, que le député de Roberval est bien
attaché au milieu de Roberval...
M. Gauthier: Si vous saviez.
Mme Lavoie-Roux: ...mais je vais l'amener avec moi en voir
d'autres.
M. Gauthier: Cela me fera plaisir, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Bon, cela me fera plaisir. Mais quand vous dites
qu'il y a seulement Roberval, je mentionnais au point de départ le cas
de L'Annonciation qui - je donne les chiffres sous réserve - a aussi
connu à un moment donné une population de 700 à 800
personnes au moins et qui se retrouve présentement avec 400, je pense;
éventuellement, on prévoit que ce sera 200. Alors, il y a une
régression continuelle. Encore une fois, ceci est dû aux nouvelles
orientations qu'on donne aux hôpitaux psychiatriques. Je pourrais vous
parler de l'hôpital de Lanaudière, le CHRDL, le Centre hospitalier
régional de Lanaudière, où on procède
également à un réaménagement. C'est ce qui se
produit dans les grands hôpitaux, que ce soit Louis-Hippolyte-Lafontaine,
Robert-Giffard ou... Il me semble qu'il y en a un autre, peut-être
même Baie-Saint-Paul, je pense. Enfin, ce sont tous des hôpitaux
où, justement, les vocations changent parce que les orientations, les
approches thérapeutiques se modifient.
Maintenant, pour revenir à Roland-Saucier, je vous disais tout
à l'heure que les besoins qu'on prévoyait pour des malades
psychiatriques chroniques dans le DSC de Roberval, excluant Alma - il faudrait
ajouter 30 000 si on inclut Alma - sont de 71 000, ce qui nous donnait une
projection de 35 lits pour des personnes psychiatrisées chroniques.
Si vous regardez le DSC de Chicoutimi, où il y a une population
de 223 000 habitants et si vous faites la même opération pour
trouver le nombre de lits requis, selon la norme de cinq dixièmes par
1000 habitants, vous vous retrouvez avec un besoin en lits, pour des chroniques
psychiatriques, aigus et chroniques, de 111. J'ai fait une erreur, les 35 lits
sont aussi pour les aigus et chroniques. J'avais parlé uniquement des
chroniques et on me dit que les 111 lits sont aussi pour les aigus et
chroniques. Au centre Roland-Saucier, on retrouve actuellement 104 lits et le
besoin que l'on prévoit est de 111.
M. Gauthier: II manque sept lits. Mme Lavoie-Roux:
Enfin!
M. Gauthier: Et vous en fermez chez nous une quantité
assez impressionnante.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais c'est, quand même, fait en
fonction des projections de besoins.
M. Gauthier: Mme la ministre, je ne voudrais pas être trop
long, non plus, mais vous donnez certaines garanties, semble-t-il, aux
employés du centre qu'il y aura du recyclage et que des qens garderont
leur emploi. Au Centre psychiatrique de Roberval, Mme la ministre, 189
personnes n'ont pas la sécurité d'emploi. Ce sont des temps
partiel occasionnels ou des qens qui ont moins de deux ans de service. 189
personnes, c'est une quantité assez appréciable. J'aimerais
savoir si votre garantie d'emploi touche aussi ces 189 personnes ou si elles
doivent penser qu'elles seront éventuellement mises à pied.
Mme Lavoie-Roux: Vous me dites que 189 personnes sur...
M. Gauthier: Sur 446.
Mme Lavoie-Roux: Oui, qui sont des occasionnels.
M. Gauthier: Oui, des TPO et des gens qui ont moins de deux ans;
cela prend deux ans, selon la convention, pour obtenir une permanence
d'emploi.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que, dans le cas des occasionnels, ce
sont des gens qui, après un an, sont prioritaires, c'est-à-dire
qu'ils ont une priorité d'emploi et qu'on les
choisit de préférence à d'autres. J'ai dît
également, dans ma lettre, que, sur réception de votre plan de
réorganisation contenant les programmes à dispenser, les
objectifs poursuivis, les clientèles à desservir, les
rénovations et les réparations à effectuer, les ressources
internes et externes requises, nous serons en mesure de poursuivre les
démarches en vue de la réalisation complète de la
réorganisation de votre établissement. En d'autres termes, ceci
veut également dire qu'en ce qui concerne le personnel
présentement en place, qu'il soit permanent - pour les permanents, le
problème se pose peut-être d'une façon moins
évidente, mais, même pour lui, il y aura des besoins de recyclage
-au occasionnel, nous devons, au ministère, nous entendre, je pense,
avec le conseil régional et l'institution pour voir de quelle
façon les besoins en personnel seront établis et quels seront les
besoins exacts en personnel.
À ce moment-ci, je serais dans l'impossibilité de vous
donner une réponse définitive, à savoir où chacun
va se retrouver, mais je pense que l'effort qui sera fait touche,
évidemment, non seulement le personnel permanent, mais également
le reste du personnel qui n'a pas la même sécurité d'emploi
- je n'en disconviens pas, au contraire - que le personnel permanent.
La réadaptation va demander du personnel. Il y a encore de la
clientèle chronique qui s'y trouve et dont on continuera à
s'occuper demain. En fait, la même clientèle est là pour un
bout de temps. Ceci nous permet, justement, de faire une planification du
personnel, laquelle permettra de pénaliser les gens le moins possible
dans cette opération,
M. Gauthier: Mme la ministre, sur les lits qu'on identifie en
surplus, le docteur Voisine, quand il est venu chez nous, a identifié,
semble-t-il, 150 lits de plus que prévus dans le secteur de Roberval qui
est probablement le seul dans le secteur des lits de longue durée qui
est bien servi. Mme la ministre, si l'on suit la logique de ce qui a
été annoncé, on apprend, et vou3 nous le confirmez ce
soir, qu'il y a trop de lits à Roberval, que c'est en quelque sorte une
fermeture de lits, qu'il y a une transformation de vocation pour maintenir
quelque chose là. On apprend aussi que le Centre psychiatrique de
Roberval n'accueillera plus de nouveaux patients et qu'il aura à faire
de la réadaptation pour les malades de l'hôpital de Roberval qui,
par ailleurs, aura tantôt de graves problèmes de
disponibilité de lits pour les spécialités puisque les
malades chroniques s'accroissent inévitablement et qu'à un moment
donné cela engorge les hôpitaux dans à peu près tous
les secteurs du Québec, II va y avoir un problème avant longtemps
à l'hôpital de
Roberval.
Mais en attendant ce changement de vocation et cette fermeture de lits,
même si on fait de la magie avec les chiffres, Mme la ministre, dans les
146 employés, il va certainement y en avoir un nombre impressionnant qui
vont perdre leur emploi. Même si on dit qu'on va se concerter, entre vous
et moi, le CRSSS, l'hôpital de Roberval, le centre psychiatrique, le
ministère de la Santé et des Services sociaux, en
définitive, quand on ferme des lits, quand on coupe des services, sauf
erreur, on coupe des emplois. Autant sur le plan économique que sur le
plan social, Mme la ministre, cette décision, qui vient avant le
dépôt de votre politique en santé mentale, qui vient
rapidement, qui s'inscrit mal dans la réalité régionale
chez nous, vient détruire une institution qui avait acquis ses lettres
de noblesse et qui fournissait un travail de qualité, je pense,
principalement au cours des dernières années où l'on avait
amélioré nettement les méthodes de réadaptation et
de réactivation des soins apportés à ces
gens-là.
L'hôpital de Roberval s'enrichit d'une vocation qui ne saurait,
à mon avis, faire l'unanimité dans la population et chez les
autres patients qui vont l'utiliser. Je ne pense pas que les gen3 seront
très heureux de la décision. Je vous demande en terminant
là-dessus... Je sais que vous avez déjà exprimé vos
intentions dans cette lettre-là. Il ne m'apparaît pas, Mme la
ministre, que ce soit la meilleure des solutions. Au contraire, la double
vocation du centre psychiatrique qui était proposée dans les
plans au ministère aurait pu s'inscrire dans les objectifs de
réduction de lits, peut-être, dans les objectifs de
réduction de personnel à long terme; on aurait pu discuter
là-dessus, toutes les hypothèses étaient ouvertes. Mais la
décision que vous avez rendue me semble beaucoup trop directe, avoir un
impact extrêmement néqatif dans mon milieu. Je peux vous dire que,
comme député, évidemment, je ne saurais l'accepter
même si je la respecte d'une certaine façon, et les gens du milieu
ne sauront l'accepter, non plus. J'aimerais que vous puissiez la
reconsidérer. Je sais que vous l'avez fait sous bien des aspects, mais
je ne suis pas sûr que les conseillers qui ont eu le plus d'influence
auprès de vous, Mme la ministre, sont nécessairement ceux qui
étaient tout à fait désintéressés
objectivement du dossier. Peut-être aurait-il été important
qu'on puisse davantage prendre en compte tous les éléments que je
vous donne et principalement les problèmes que connaîtra
l'Hôtel-Dieu de Roberval dans quelques années.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je dois vous dire que
cette décision n'était pas facile à prendre. Je ne veux
pas revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure parce que,
comme vous l'indiquiez vous-même, il y avait plusieurs facteurs en
jeu, d'ordre social, économique, etc. Mais je tiens à
réitérer qu'il ne s'agit pas de fermeture de lits, sauf que 26
lits de soins prolongés se retrouveront à l'Hôtel-Dieu de
Roberval. Je pense que l'Hôtel-Dieu de Roberval devra se concerter avec
les autres agents aussi. Il y a certainement des employés qui pourraient
s'y retrouver. De toute façon, le centre d'accueil et de
réadaptation va aussi vouloir dire des ressources et, évidemment,
du recyclage de personnel. (21 h 30)
Vous dites qu'il ne faudrait pas que la décision arrive trop
brusquement, mais je pense que la décision n'arrive pas brusquement dans
le sens où vous la voyez. Le cheminement a commencé en 1983; cela
fait au moins quatre ans. Autre chose: demain matin, ce n'est pas une fermeture
comme la fermeture d'une entreprise lorsqu'il n'y a plus d'emploi et que tout
le monde s'en va. Demain matin, l'institution continue son même travail,
mais on met en place les éléments pour l'amener à modifier
sa vocation afin de mieux répondre à la clientèle qu'elle
dessert présentement et qu'elle devrait desservir dans l'avenir en terme
de réadaptation. Vous dites qu'il n'y entrera plus de nouveaux patients.
H ne faut pas penser que le centre de réadaptation qui sera
créé le sera uniquement pour les patients qui sont là. Le
centre de réadaptation sera pour des patients psychiatriques qui
pourront venir de l'Hôtel-Dieu, mais également pour d'autres
patients de la communauté qui n'iront plus ni à
l'Hôtel-Dieu ni au Centre psychiatrique de Roberval parce qu'on les
traitera dans leur milieu en faisant appel à des ressources de
réadaptation qui existent dans le milieu.
Alors, c'est dans ce contexte d'une nouvelle orientation, qui n'est pas
instantanée, mais qui comporte un cheminement et un
échéancier qui doivent être planifiés soigneusement
pour éviter, justement, les ruptures brusques ou les coupures brutales
que vous craignez et qui, de fait, pourraient survenir si cela ne
s'intégrait pas à un processus général de
modification de la vocation de l'institution. Le fait que cela soit un
cheminement qui devra s'étendre sur quelques années avant que le
cycle soit complété, permettra, selon moi, d'absorber les chocs
dont vou3 parlez, que cela soit en terme de personnel ou de changement de
vocation de l'institution.
M. Gauthier; Juste une précision, en terminant, Mme la
ministre. Vous avez dit qu'il ne s'agit pas d'une fermeture de lits. J'aimerais
savoir si on ferme des lits ou si on n'en ferme pas. Tantôt, vous
êtes arrivée avec des statistiques selon lesquelles il y avait
trop de lits dans Roberval. Le docteur
Voisine dit qu'il y en a 150 de trop. Vous me dites qu'on change de
vocation et qu'on ouvre un certain nombre de lits, 16 ou 17, qui sont
nécessaires à l'Hôtel-Dieu de Roberval et, là, vous
me dites qu'on ne ferme pas de lits. Est-ce qu'on en ferme ou si on n'en ferme
pas?
Mme Lavoie-Roux; En termes de lits à la disposition de la
population, il y aura 26 lits de courte durée qui seront à
l'Hôtel-Dieu de Roberval. C'est cela.
M. Gauthier: Avec l'attrition de la clientèle au centre
psychiatrique, on ferme les lits au fur et à mesure, c'est cela?
Mme Lavoie-Roux: II y aura, de toute évidence, des lits
qui seront fermés...
M. Gauthier: Au centre psychiatrique?
Mme Lavoie-Roux: ...au centre psychiatrique, parce que, de toute
évidence, ce type d'institution, en dépit des efforts
énormes qui sont consentis par le personnel pour tenter de
réintégrer cette population... Je pense qu'eux-mêmes sont
très conscients qu'il existe encore chez eux des regroupements de
bénéficiaires et que, de par l'histoire, par la force des choses
ou quelles que soient les circonstances, les services qu'on leur offre ne sont
plus adaptés aux besoins ou aux approches d'aujourd'hui. Eux mêmes
avaient demandé des modifications à l'institution même
parce qu'ils sentaient les carences de ce type d'institution dans les approches
thérapeu-thiques qu'on a aujourd'hui avec ces clientèles.
M. Gauthier: La seule chose, Mme la ministre, est que le CRSSS va
devoir être mis au courant puisque c'est eux qui font pression pour vider
des lits et les remplir immédiatement avec des clientèles. Le
Centre psychiatrique de Roberval est plein actuellement, Mme la ministre, et le
CRSSS, avec le comité régional d'admission, force dès
qu'il y a une place de libre et il y en a eu quatre depuis quelques mois. Le
CRSSS remplit ces places au fur et à mesure et fait une pression
très grande sur l'institution. Il faudrait peut-être regarder cela
avec le CRSSS aussi. Il ne m'apparaît pas que cela soit une bonne
décision, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Mme la
députée de Marie-Victorin.
L'Institut Dorea
Mme Vermette: J'ai une dernière question sur le proqramme
des centres de
réadaptation, puisqu'on en était aux centres de
réadaptation pour les déficients intellectuels. Mme la ministre,
l'Institut Dorea attendait de vous une réponse à savoir si, oui
ou non, il devait fermer en date du 1er juin. Est-ce que vous avez
déjà arrêté votre décision face à
l'Institut Dorea? Est-ce qu'il devra fermer?
Mme Lavoie-Roux: J'ai rencontré les gens de l'Institut
Dorea, ils m'ont exposé leur problème. J'ai demandé
à des personnes de mon ministère de se rendre à Dorea, ce
qu'elles ont fait vendredi dernier. Je peux vous dire qu'au moment où
nous nous parlons la décision qui devait être mise en application
le 1er juin sera retardée quelque temps pour permettre que les choses
soient complétées en bonne et due forme. Je voulais, d'une part,
m'assurer, selon les représentations que les employés de Dorea
m'avaient faites, que les évaluations des bénéficiaires
avaient été bien faites et que l'orientation des
clientèles était également satisfaisante. Pour
répondre à votre question plus immédiate, cette date du
1er juin a été remise, mais je ne pourrais pas vous dire
exactement à quel moment. Elle a été remise au moins de
quelques semaines, au 15 juillet, me dit-on.
Mme Vermette: Les gens que vous avez rencontrés
évaluaient le déficit à 350 000 $, alors que vos
hypothèses de solution par rapport au déficit se tiennent autour
de 750 000 $. Est-ce que vous êtes arrivée à faire la
lumière entre leur affirmation disant que le déficit réel
serait de 350 000 $ et le déficit prévu selon vos
hypothèses de 750 000 $?
Mme Lavoie-Roux: Sur ce détail - ce n'est pas un
détail, 700 000 $ - sur les implications de ce gros détail, je
vais demander au sous-ministre de vous répondre.
M. Cantin (Réjean): II faut faire la différence
entre la part du déficit qui doit être interprétée
comme étant le déficit accumulé et le déficit qui
serait encouru si l'établissement continuait à fonctionner comme
il le fait présentement. Notre prévision est qu'une somme de 200
000 $, si elle était injectée, permettrait de stabiliser la
situation financière pour la présente année, mais ne
régulariserait pas pour autant le déficit accumulé qui,
lui, se situe aux alentours de 377 000 $ actuellement.
Mme Vermette: Actuellement, le déficit accumulé
serait de 377 000 $?
M. Cantin: Aux alentours.
Mme Vermette: D'accord. En 1985-1986, vous avez
épongé un premier déficit qui était de 273 000
$.
M. Cantin: Environ.
Mme Vermette: C'est cela. Et, en 1986-1987, on prévoyait
un déficit de 487 000 $. De 387 000 $, c'est rendu à...
M. Cantin: 370 000 $, environ.
Mme Vermette: 370 000 $, d'accord, cela va. Les hypothèses
de solution devraient tenir compte du déficit accumulé d'environ
370 000 $ et non pas de 700 000 $.
M. Cantin: C'est cela.
Mme Vermette: Parfait, en ce qui concerne les centres de
réadaptation et d'accueil, M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): Donc, on peut conclure
que le programme 5 est adopté?
Mme Vermette: Adopté sur division.
Le Président (M. Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle le programme 2, Soutien des organismes
bénévoles.
Soutien des organismes bénévoles
Mme Vermette: Mme la ministre, les organismes
bénévoles, vous savez, sont considérés comme
étant une des ressources les plus importantes et les plus
précieuses du réseau. Étant une ressource alternative, il
ne faut pas qu'ils soient considérés comme un luxe que l'on
finance simplement à même les fonds de tiroirs. Je pense que les
organismes bénévoles ont besoin d'un financement qui leur assure
une continuité et qui ne remette pas en question d'année en
année leur survivance et leurs activités. Mme la ministre, je
pense que les groupes bénévoles ont fait énormément
de pression pour avoir une reconnaissance financière. Il y va de leur
survie, parce que, quoi qu'on en dise, même si on leur demande de faire
leur part d'autofinancement et de se tourner vers les entreprises
privées pour trouver une certaine source de financement, il n'en demeure
pas moins qu'ils sont de plus en plus asphyxiés par une
responsabilité accrue par le réseau et aussi par l'alourdissement
de leur clientèle. De plus en plus, on leur demande de donner des
services beaucoup plus que de faire de la promotion.
J'aimerais savoir, Mme la ministre, quelles sont vos orientations en ce
qui concerne les organismes bénévoles, pour ce qui est des
critères d'admissibilité quant aux organismes de promotion et de
services. Il y a beaucoup d'organismes qui se trouvent dans certaines zones
grises et pour lesquels il est
difficile d'obtenir du financement. Est-ce qu'il est dans vos intentions
de donner une reconnaissance aux demandes des groupes bénévoles
communautaires d'avoir un financement sur une base triennale?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en réponse aux
remarques de la députée de Marie-Victorin, sur le plan des
crédits eux-mêmes, je voudrais, d'abord, lui dire que cette
année il y a une augmentation de 9,13 % par rapport aux crédits
de 1986-1987. Si on y ajoute les 4 000 000 $ qui ont été
ajoutés au moment du dépôt du budget, il s'agit d'une
augmentation globale de 24 % par rapport à l'an dernier. Je pense que
c'est, quand même, un effort important qui est consenti. De ces 4 000 000
$ supplémentaires, 3 000 000 $ sont réservés pour les
organismes reliés aux femmes et 1 000 000 $ pour les organismes
reliés aux jeunes. En ce qui a trait à votre question plus
particulière... Pouve2-vous répéter votre dernière
question? Je m'excuse.
Mme Vermette: Oui. Avez-vous l'intention de répondre aux
demandes de reconnaissance d'une base de financement triennal?
Mme Lavoie-Roux: C'est une demande qui est adressée depuis
des années par les organismes bénévoles aux
différents gouvernements. Ce que je répondrais, c'est qu'au
moment où nous nous parlons il ne nous semble pas possible de nous
engager de façon absolument formelle sur une base de trois ans, compte
tenu des imprévus, de ce qu'on ne peut pas connaître. Mais je
pense que la tradition veut qu'à moins qu'il n'y ait des avis tout
à fait contraires, soit que cela soit dû à une mauvaise
gestion ou qu'un organisme discontinue ses services, les budgets sont presque
automatiquement reconduits d'année en année. Mais le principe des
organismes bénévoles, c'est que, jusqu'à ce moment-ci, les
budgets sont accordés sur une base non récurrente, bien que,
comme je le disais tout à l'heure, la tradition ait voulu qu'à
moins d'un avis contraire, pour des raisons de gestion ou autres, ils ont
été presque toujours automatiquement reconduits les années
suivantes.
Mme Vermette: Donc, actuellement, il n'est pas dans vos
intentions de donner une certaine stabilité à ces organismes par
la reconnaissance financière de trois ans. Vous dites qu'ils sont
assurés, à moins d'une mauvaise gestion, d'avoir les budgets de
fonctionnement. Mais, d'année en année - et cela va de plus en
plus en s'accentuant - les organismes bénévoles lancent leur cri
d'alarme parce que, d'une part, les budgets arrivent toujours trop tard. C'est
difficile, pour eux, de planifier et de plus en plus ils doivent pratiquement
passer la plus grande partie de leurs activités à trouver des
fonds de financement plutôt qu'à donner les services par lesquels,
justement, ils voulaient apporter leur contribution à la
société. (21 h 45)
Mme Lavoie-Roux: D'une part, quant à ce budget triennal
dont vous parlez, je pense qu'il serait difficile pour le gouvernement de
s'engager sur une telle base, vu que, des fois, même pour nos
établissements, on se souviendra que, dans les années 1982-1983,
il y en a qui ont dû subir des coupures réelles. On ne parle pas
de contraintes ou quoi que ce soit. On a coupé, dans les budqets, pour
des raisons économiques ou autres. Je ne porte pas de jugement. Je pense
que, pour des organismes bénévoles qui ne sont pas des
établissements au sens de la loi, les gouvernements n'ont pas fait un
engagement de cette nature, alors qu'il pourrait survenir des circonstances
imprévisibles.
Mme Vermette: En fait, si j'ai bien compris, ce n'est pas pour
demain que, finalement, les organismes bénévoles auront leur
réponse. Mais, indépendamment de cela, il y a l'autre aspect de
la question que je vous ai posée, à savoir les critères
d'admissibilité en ce qui concerne les subventions, parce que, dans
certains cas, cela devient de plus en plus difficile. Il semble que le choix va
davantage vers les organismes qui donnent des services que vers les organismes
de promotion, en ce qui concerne les bénévoles à l'heure
actuelle. Quelles sont les orientations en ce qui a trait aux critères
d'admissibilité pour les subventions?
Mme Lavoie-Roux: II y a des critères
d'admissibilité qui sont établis. Je pense qu'on pourrait
peut-être vous les remettre. Je pourrais vous les apporter demain. Il y
a, quand même, une liste de critères pour qu'un organisme puisse
présenter une demande ou pour que sa demande puisse être
considérée. Cela ne veut pas nécessairement dire qu'on va
le lui accorder, on tient compte des disponibilités, mais il y a, quand
même, des critères généraux qui sont reliés
à cela.
Mme Vermette: Indépendamment des critères
généraux, est-ce vous les révisez d'année en
année, parce qu'il semble que certains organismes, qui avaient une
reconnaissance pour une subvention, se voient refuser actuellement des
subventions parce que ce ne sont pas des orqanismes de services, mais beaucoup
plus des organismes de promotion?
Mme Lavoie-Roux: On me dit que cela ne semble pas être une
raison majeure. Ceux qui sont refusés, il semble que ce soit davantage
parce qu'il n'y a pas de
disponibilité ou encore parce qu'ils ne fonctionnent pas dans le
domaine de la santé et des services sociaux, ou encore parce qu'ils
changent d'orientation d'une année à l'autre. Je me souviens que,
cette année, il y en a quelques-uns.
Mme Vermette: Je peux vous donner un exemple à
l'intérieur de mon comté. Il y a la Maison d'intégration
du Côteau Rouge pour personnes handicapées qui est un
mélange de promotion et de services et qui s'est vu refuser une
subvention. C'est le CRSSS qui a dû, par le biais de certains programmes,
trouver un moyen de la subventionner.
Mme Lavoie-Roux: Je ne peux pas vous donner d'information sur ce
qui s'est passé dans ce cas précis. Je peux vous l'apporter
demain. J'en prends note et je vous apporterai la réponse demain.
Mme Vermette: Est-ce que vous avez l'intention de réviser,
finalement, les critères d'admissibilité et d'axer davantage les
subventions vers les organismes qui donnent des services?
Mme Lavoie-Roux: Nous sommes à les préciser. Je
dois vous dire que, personnellement, je serais encline à favoriser
davantage les organismes qui donnent des services directs. Maintenant, des
organismes de promotion, on en retrouve dans le domaine de la famille, on en
retrouve dans le domaine des personnes handicapées et dans le domaine de
la jeunesse également. Il m'apparaît que la priorité
devrait être accordée aux organismes qui donnent des services
directs à la population.
Mme Vermette: Vu votre orientation, en tout cas, il semble que,
si les organismes veulent donner des services, les budgets devront suivre en
conséquence, puisque, finalement, les services deviennent de plus en
plus lourds, les responsabilités de plus en plus accrues. Si les gens
doivent, justement, être considérés comme une ressource
alternative du réseau ou presque, il faudrait peut-être
réviser aussi les bases budgétaires à ce moment et leur
permettre de donner un service qui est un petit peu en parallèle avec le
réseau et d'avoir les budgets en conséquence. On les
considère plus maintenant comme étant intégrés au
réseau, comme une ressource de bénévoles à l'heure
actuelle.
Mme Lavoie-Roux: Là, écoutez, il faudrait
être prudent, M. le Président. Je comprends que si l'enthousiasme
emporte la députée de Marie-Victorin, c'est sans doute parce
qu'elle considère, et avec raison, que des organismes
bénévoles font souvent du travail extrêmement important,
même du travail lourd. Mais je pense qu'on ne peut pas partir de son
point de comparaison: vu qu'ils donnent un service qui est presque comme le
service du réseau, alors, conséquemment, il faudrait leur donner
le financement du réseau. Je pense que ce ne sont pas des organismes
comparables aux établissements du réseau et ils tiennent,
d'ailleurs, à leur autonomie. Notre pouvoir d'intervenir - et ce n'est
peut-être pas une mauvaise chose en soi - est extrêmement
limité, justement, à cause de la nature même du
bénévolat de ces organismes. Je ne pense pas qu'on puisse, dans
un réseau d'organismes bénévoles, penser que les
mêmes budgets leur seront accordés, alors qu'il y a une gestion
beaucoup plus suivie ou un contrôle beaucoup plus rigoureux des
organismes du réseau, ce que jamais on ne pourrait faire des organismes
bénévoles et ce que les organismes bénévoles ne
veulent pas. Je pense, d'ailleurs, moi-même que, si nous devions exercer
le même type de contrôle, on viendrait aussi trahir et modifier,
peut-être sans mauvaise volonté, les objectifs que se fixent ces
organismes bénévoles ou l'initiative et le dynamisme dont ils
font preuve. Alors, je pense que ce serait peut-être prudent de les
garder séparément.
Mme Vermette: Tout en les qardant parallèles au
réseau, je pense qu'actuellement ils font preuve de mesures de
contrôle lorsqu'on leur accorde une subvention, ils doivent montrer leurs
livres. Très souvent, justement, cela fait partie de leurs
doléances, parce qu'ils se sentent, en tout cas, passés au peigne
fin pour leurs états financiers parfois de modiques sommes de 60 000 $
à 65 000 $. Ce sont des tracasseries administratives de remplir des
formules à n'en plus finir. Et cela fait partie, justement, de leurs
doléances à l'heure actuelle. Indépendamment de ce volet
de contrôle qui s'exerce déjà, finalement -et même
cela va aussi loin que cela - dans la nature même de leurs services,
parce que, de plus en plus, on a tendance, en tout cas, à orienter leurs
actions et leurs services par les responsabilités qu'on leur impose, je
voudrais savoir maintenant, si on veut favoriser leur autofinancement afin
qu'ils puissent aller chercher des sources de financement via les entreprises
privées ou par des levées de fonds. Si on va faciliter pour eux
l'émission de permis, parce qu'il devient de plus en plus difficile pour
les organismes communautaires de pouvoir émettre des permis à des
fins de déductions d'impôt.
Mme Lavoie-Roux: Nous avons dit que nous n'émettions aucun
permis. Alors, est-ce que cela provient du ministère du Revenu? Ce sont
les institutions financières. Je pense
que cela provient des institutions financières. En ce qui a trait
à votre première remarque sur le contrôle ou les exigences
qu'on a de rapports financiers, ce sont des exigences prévues par la loi
pour tout organisme subventionné qui dispose d'un montant de 25 000 $ et
plus. Ils doivent se conformer aux exigences de la loi. Alors, ce n'est pas
pour être tatillon ou pour exercer un contrôle indu. Je pense
qu'ils sont obligés de le faire en vertu de la Loi sur l'administration
financière.
Mme Vermette: En ce qui concerne le deuxième volet de ma
question, vous vous renseignerez auprès des Institutions
financières, parce qu'effectivement ils ont énormément de
difficultés à l'heure actuelle. Je pense que, si on veut que ces
gens puissent faire des levées de fonds pour arriver à un certain
autofinancement, ce serait important, en tout cas, qu'on s'attarde à
cela.
Mme Lavoie-Roux: Je prends note de cette question. Je comprends
que vous voudriez que les dons soient déductibles d'impôt et, pour
ce faire, il faut qu'ils soient reconnus comme organismes charitables. Je ne
connais pas exactement les modalités, mais je peux m'en informer pour la
députée.
Mme Vermette: En ce qui concerne certains organismes
bénévoles tel Suicide-Action, vous savez qu'actuellement, le
nombre de suicides est très élevé chez les jeunes et de
plus en plus chez les jeunes de moins de 12 ans; on voit de jeunes victimes de
8 ans ou même de 5 ans. La demande de subvention de cet organisme, pour
1987-1988, était de 400 000 $. Est-ce que l'organisme a reçu ce
montant?
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez savoir si nous allons accepter la
demande...
Mme Vermette: La demande qui était de 400 000 $.
Mme Lavoie-Roux: ...de 400 000 $. Parlez-vous de Suicide-Action
Montréal?
Mme Vermette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Suicide-Action Montréal a reçu,
l'an dernier, une subvention de 200 000 $... Ils ont eu deux subventions: une
du conseil régional à même les ressources en santé
mentale et une autre des organismes bénévoles, qui est beaucoup
moindre, de l'ordre d'à peu près 30 000 $. Cette année, on
demande le double du montant, soit 400 000 $. Quant à savoir dans quelle
mesure les ressources disponibles au conseil régional seront suffisantes
pour répondre a ce besoin vous comprendrez que je ne peux pas m'engager,
ce soir, et dire qu'on leur accorde le double du montant qui leur était
versé l'an dernier. Alors, c'est cela, la réponse.
Mme Vermette: Cela va. C'est parce que cela n'est pas
déterminé encore. Alors, Mme la ministre, voyez-vous quel genre
de problèmes ont ces organismes? C'est toujours leur survie qui en
dépend. Comment pensez-vous qu'ils peuvent planifier une année
financière s'ils ne savent même pas le montant de leur subvention?
C'est le triste sort des organismes bénévoles actuellement et
c'est pourquoi ils font une demande expresse à la ministre pour la
reconnaissance d'un plan triennal de financement.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, deux choses que je
voudrais dire à la députée. Premièrement, elle a
dit que les subventions sont versées tardivement et que les organismes
ne savent pas comment arriver, etc. Moi, je veux lui dire que, dès le
1er avril, à peu de jours près, les différents organismes,
particulièrement les organismes qui font de l'hébergement, qu'il
s'agisse de maisons de jeunes ou de maisons pour femmes violentées,
avaient été avisés d'une première tranche de
subvention qui leur est versée pour les trois premiers mois, 25%. Par la
suite, les montants sont ajoutés progressivement. Cela, c'est le
début de l'année budgétaire.
En ce qui a trait à la question de Suicide-Action
Montréal, on est, comme je le disais tout à l'heure, à
faire la répartition, en santé mentale, des sommes à
être allouées cette année et cette répartition n'est
pas encore arrêtée au moment où nous nous parlons. Mais,
lorsqu'un organisme qui a reçu 200 000 $, l'an dernier, et qui demande
400 000 $, cette année, soit une augmentation de 100 %, il
m'apparaît assez difficile, compte tenu du développement des
ressources en santé mentale et de ressources alternatives de toutes
sortes, que nous puissions accéder à une demande d'augmentation
aussi importante que celle-là en un an. (22 heures)
Mme Vermette: De toute façon, Mme la ministre, tous ces
organismes-là sont des organismes de prévention. Je pense que
leur action est drôlement importante, puisqu'ils peuvent sauver une vie
et qu'une vie peut dépendre de leur action. En tout cas, le nombre de
suicides augmente de plus en plus chez les personnes âgées et chez
les jeunes aussi. Je pense que c'est à prendre en considération,
compte tenu de l'évolution sociale et du climat, du tissu social qui se
détériore de plus en plus actuellement-Dans un autre ordre
d'idées, qu'en est-il du projet d'Intervention prostitution au
Québec Inc. Dans la région de Québec, il y a
beaucoup de jeunes, cela a fait la manchette des journaux, dans Le Soleil,
à un moment donné, on a montré à quel point des
jeunes de 12 à 20 ans se livraient à la prostitution, ici, dans
le centre-ville de Québec. Mme la ministre, cet organisme a fait une
demande de l'ordre de 86 000 $ sur deux ans. Je voudrais savoir si vous avez
répondu à cette demande et, comme c'est la seule ressource dans
la région de Québec - il n'y en a pas d'autres, il est le seul
pour la région 03 -est-ce que vous allez remplir cette exigence de 86
000 $? Je pense qu'il y a un très grand territoire à couvrir.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais dire
à Mme la députée de Marie-Victorin que, dans le cas de
l'organisme dont elle nous parle, il a reçu l'an dernier 30 000 $ et,
cette année, il nous fait une demande de 86 000 $. Cela veut dire,
à toutes fins utiles, le triple du montant de leur demande 1986-1987.
Tout à l'heure, j'ai indiqué que nous avions des augmentations de
9,13 % et, si on y ajoutait les sommes prévues pour Ies jeunes et pour
les femmes, nous avions une augmentation de 24 %. Si on se limite aux
organismes qui se situent à l'extérieur des groupes de jeunes et
de femmes, les 9,13 %, vous comprendrez que cela ne nous permet pas de tripler
une demande de subvention dans une année. Si cela avait
été 1000 $ et qu'on avait augmenté le montant à
3000 $, peut-être. Mais, quand c'est 30 000 $ et qu'on passe à 86
000 $, vous comprendrez qu'il nous est impossible financièrement
d'accéder à une telle demande. Il y en a de nouvelles qui
s'ajoutent chaque année, il y en a qui attendent depuis deux ou trois
ans et qui sont aussi des organismes extrêmement intéressants; il
y a toujours de nouveaux besoins qui se dessinent. Encore une fois, la
décision n'est pas prise dans le cas de cet organisme, mais je
n'aimerais pas non plus faire miroiter qu'on pourrait tripler leur subvention
cette année. Je voudrais dire également à Mme la
députée de Marie-Victorin que, dans le cas de tous les autres
organismes bénévoles, les décisions finales quant à
la répartition de ces 9,13 % ne sont pas encore prises.
Le Président (M. Leclerc): Si Mme la députée
de Marie-Victorin me le permet. Pour la rassurer, je peux lui dire qu'un
certain nombre des jeunes dont elle parle sont des jeunes itinérants et
sans-abri. Je sais que cet organisme de mon comté a placé ou
compte placer une demande dans le cadre des budgets spéciaux de 13 500
000 $ que le gouvernement a dégagés pour l'année des
sans-abri. Cela devrait pouvoir leur fournir un supplément de
financement.
Mme Vermette: C'est parfait. Cela m'amène à poser
une autre question. Je voudrais demander è Mme la ministre, avant de
passer au plan d'intervention du ministre Bourbeau, dans quelle proportion elle
entend mettre à exécution le plan Bourbeau? Jusqu'où
est-elle prête à aller? Qu'est-ce qu'on peut espérer,
finalement, Mme la ministre, comme gestes concrets de la part de votre
ministère pour cette année?
Mme Lavoie-Roux: II y a d'abord une partie de l'argent - c'est
pour les sans-abri; c'est en dehors du plan du ministre de l'Habitation.
Mme Vermette: Cela fait partie des organismes
bénévoles.
Mme Lavoie-Roux: Dans le montant de 1 000 000 $ qui a
été prévu pour les jeunes, la grande partie ira pour le
financement, l'augmentation de la contribution aux maisons des jeunes et un
certain montant sera conservé pour les maisons des jeunes dans le cadre
des sans-abri.
Quant aux autres montants qui pourraient être rendus disponibles
pour les sans-abri dans le cadre du plan de M. Bourbeau, il est difficile de
fixer à ce moment-ci quel montant exact sera versé. Je pense que
c'est un montant qui pourrait varier, entre 600 000 $ ou 700 000 %. Encore une
fois, il faut tenir compte des groupes qui seront impliqués dans ces
maisons qui recevront les sans-abri parce qu'elles seront rattachées
à des groupes bénévoles, d'une part. Mais il y aura un
certain montant qui sera mis à leur disposition. 11 est encore trop
tôt parce que le plan est à se dessiner. On fait les approches
avec les organismes bénévoles qui sont intéressés.
C'est à partir de ces données qu'on pourra arrêter d'une
façon plus précise les montants.
Mme Vermette: Donc, actuellement, il n'y a rien
d'arrêté, rien de défini. Il y a avait une nouvelle voie
qui était mise de l'avant, c'est-à-dire les travailleurs de rue.
Est-ce qu'il y a un montant qui a été arrêté
justement pour cette ressource assez novatrice, en fin de compte, pour avoir
une intervention plus directe?
Mme Lavoie-Roux: II y a déjà, dans les organismes
communautaires, des initiatives de travailleurs de rue. Ce sont des organismes
qui sont déjà subventionnés. Il y a également un
projet de recherche au CLSC centre-ville de Montréal sur les
travailleurs de rue à l'occasion de l'année des sans-abri.
Mme Vermette: Actuellement, qu'est-ce qu'il y a
d'arrêté pour l'année des sans-abri par rapport à
votre ministère? Quelle est
votre participation financière dans ce cadre?
Mme Lavoie-Roux: II y a d'abord différentes initiatives.
Il y a le prolongement de la Maison Préfontaine à Montréal
pour les femmes alcooliques et droguées qui font partie très
souvent de ces sans-abri, une augmentation de la subvention de 400 000 $ pour
l'année à venir. Il y a, ce que je vous disais tout à
l'heure, un montant probablement de l'ordre de 200 000 $ aux organismes
bénévoles pour les sans-abri chez les jeunes. Il y a
également, et c'est celui-là dont je ne peux pas vous
préciser la façon dont il sera distribué, un montant qui
sera de l'ordre d'environ 700 000 $ qui sera rattaché aux maisons qui
recevront des sans-abri. Je pense qu'il ne faudrait pas oublier non plus les 3
000 000 $ supplémentaires qui sont accordés aux maisons pour
femmes victimes de violence qui hébergent des personnes qui, autrement,
se trouveraient aussi sans-abri.
Mme Vermette: Oui. Si vous voulez, on pourrait peut-être
passer à ce volet. Mais, avant, il y avait un autre organisme en ce qui
concerne l'alcoolisme et les drogues, l'organisme PRAD.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Vermette: Un organisme du nom de PRAD qui s'occupe
d'alcoolisme et de drogues.
Une voix: C'est à Montréal, cela? Mme Vermette:
Oui, c'est à Montréal.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que l'an dernier ils ont eu 15 000 $.
Écoutez, que voulez-vous savoir exactement sur eux?
Mme Vermette: Le montant de la subvention qui leur sera
accordée cette année. Est-ce que c'est le même montant,
est-ce que ce sera encore de l'ordre de 15 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je viens de vous dire, c'est que les
montants ne sont pas encore arrêtés pour l'année qui vient.
Il s'agit de refaire la distribution de l'augmentation de 9,13 % entre les 1500
organismes qui reçoivent des subventions.
Si vous voulez que je vous dise comment cela se divise, je peux vous
donner les chiffres de l'an dernier.
Mme Vermette: Non. Cela va. Vous pouvez peut-être me les
faire parvenir.
Mme Lavoie-Roux: Dans les organismes communautaires, on a
accordé l'an dernier 4 647 000 $; dans les organismes pour femmes, nous
avons accordé 7 519 000 $; aux organismes pour jeunes, nous avons
accordé 9 099 000 $; et, pour les organismes de maintien à
domicile, il y a eu 4 885 000 $ de versés aux conseils régionaux
qui les redistribuent. Je vais regarder s'il y a d'autres secteurs. C'est
tout.
Mme Vermette: J'aimerais revenir, Mme la ministre, sur les
maisons de femmes battues. Justement, vous avez fait l'annonce de 3 000 000 $
qui s'ajoutaient déjà à leur budget. Elles avaient fait
une demande de 14 000 000 $ pour répondre vraiment à l'ensemble
des besoins d'aujourd'hui. Elles se sentent un peu déçues
finalement, même si on considère qu'elles ont eu un budget de 3
000 000 $ supplémentaires. Il n'en demeure pas moins qu'à partir
de ce budget qui s'ajoute aux 6 300 000 $ il reste la question de la
répartition de ces 3 000 000 $. Est-ce que ce sera un montant
égal pour toutes ou un montant versé selon les subventions
actuelles qui sont consenties? Selon quelle proportion se fera la distribution
de ces 3 000 000 $?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, c'est une augmentation
de 46 % qu'obtiennent les maisons d'hébergement pour femmes
violentées. La répartition de ces sommes n'est pas encore faite.
J'ai dit à l'Assemblée nationale, l'autre jour, qu'il s'agit d'un
plan qui devrait s'étendre sur une période de trois ans. Pas
nécessairement avec un montant de 3 000 000 $ par année, mais ce
projet est présentement devant le Conseil du trésor. Quant
à la répartition pour cette année, elle n'est pas
faite.
Mme Vermette: Cela veut dire qu'actuellement il n'y a pas de
décision d'arrêtée en ce qui concerne ce plan. II y a 3 000
000 $ pour répondre à une demande expresse qui a
été faite, mais il n'y a pas de plan à long terme quant au
devenir des maisons pour femmes violentées.
Mme Lavoie-Roux: Le plan de la distribution des 3 000 000 $ n'est
pas fait. Ces 3 000 000 $ nous ont été accordés dans le
discours sur le budget qui a eu lieu, je ne sais plus si c'est le 30 avril ou
le 7 mai...
Une voix: Le 30 avril.
Mme Lavoie-Roux: Le 30 avril. Nous travaillons à le
préciser.
Mme Vermette: Est-ce que, par ce programme, la ministre va
pouvoir accréditer de nouvelles maisons d'hébergement pour femmes
battues?
Mme Lavoie-Roux: Nous n'écartons pas
la possibilité d'accréditer un certain nombre de nouvelles
maisons et d'aider également les maisons dont les revenus sont les plus
faibles. Il reste que nous avons une marge de manoeuvre quand même
suffisamment intéressante pour parler aussi de consolidation des maisons
en général.
Mme Vermette: Est-ce que cela veut dire que les maisons qui n'ont
pas été accréditées l'année dernière
seront accréditées cette année?
Mme Lavoie-Roux: Pas nécessairement. Je pense que nous
avons une demande pour quelque 23 ou 26 maisons nouvelles. Excusez-moi, je me
trompe avec les maisons de jeunes.
Il y a treize maisons - je confondais le chiffre que je vous donnais
avec les maisons de jeunes - qui ont fait des demandes auxquelles on n'a pas
répondu, dans les trois dernières années. Excusez-moi, je
fais une erreur. Je vais vérifier. Donnez donc l'information. (22 h
15)
Mme Laurin-Côté (Josette): Je suis Josette
Laurin-Côté. On prévoit le développement de treize
nouvelles maisons pour les trois prochaines années et, pour
l'année 1987-1988, on a des demandes pour cinq nouvelles maisons dans le
programme de soutien aux organismes communautaires.
Mme Vermette: 1987-1988, cinq nouvelles maisons?
Mme Laurin-Côté: Cinq nouvelles maisons,,
Mme Vermette: Cinq nouvelles maisons. Est-ce que ces cinq
nouvelles maisons font partie des maisons qui avaient demandé une
accréditation l'an dernier ou est-ce que ce sont de nouveaux
projets?
Mme Laurin-Côté: Ce sont de nouveaux projets.
Mme Vermette: Complètement de nouveaux projets. Et les
maisons qui avaient demandé...
Mme Laurin-CÔté: Ce sont des projets qui n'ont
jamais été subventionnés par le ministère.
Mme Vermette: Subventionnés d'aucune façon.
Mme Laurin-Côté: C'est cela.
Mme Vermette: Est-ce qu'elles vont recevoir une subvention de
démarrage?
Mme Laurin-Côté: On est en train de préciser
la distribution des 3 000 000 $ additionnels qu'on a reçus lors du
discours du budget. Les plans définitifs ne sont pas encore
arrêtés.
Mme Vermette: Alors, il n'y a rien de prévu en ce qui
concerne le démarrage pour la première année? Un montant
peut-être substantiel puisque c'est pour du démarrage?
Mme Lavoie-Roux: La façon dont les sommes seront
distribuées... Évidemment, il y aura un montant de
démarrage, si les maisons partent. De quel ordre sera-t-il?Nous ne sommes pas capables de vous l'indiquer ce soir.
Mme Vermette: Mme la ministre, une dernière question,
est-ce que vous prévoyez augmenter le per diem par personne
accordé actuellement aux maisons?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'ai parlé tout
à l'heure d'un plan triennal. Je ne voudrais pas, avant que ce plan
triennal n'ait été arrêté - même si j'ai des
indications sur la direction dans laquelle nous nous en allons -
préciser ce soir. C'est une possiblité que nous envisageons. Mais
de quel ordre pourrait être cette augmentation? Est-ce que c'est cette
formule que nous favoriserons par rapport à l'ouverture d'un plus grand
nombre de maisons ou à une plus grande consolidation des maisons
à plus faible revenu? Ce sont autant d'hypothèses qui sont
envisagées, aucune d'entre elles n'étant exclue.
Mme Vermette: Donc finalement, le per diem fait partie aussi du
plan de financement pour les maisons...
Mme Lavoie-Roux: Cela fait partie d'hypothèses qui sont
envisagées.
Mme Vermette: Est-ce qu'une réponse sera donnée
rapidement?
Mme Lavoie-Roux: Dès que la décision sera
arrêtée - j'ose croire que ce sera prochainement - cela me fera
plaisir de l'annoncer.
Mme Vermette: C'est parce qu'il y a des cas en détresse
à l'heure actuelle. Il y a des maisons et il y a des gens qui ont besoin
de faire une planification. Je sais, je reviens régulièrement en
ce qui concerne la planification, mais ces gens-là doivent planifier
leur budget, doivent connaître le nombre de personnes qu'ils peuvent
héberger et jusqu'où ils pourront développer de nouveaux
services et donner de nouvelles avenues aussi quant au développement de
leurs maisons.
Mme Lavoie-Roux: Je réalise que c'est urgent pour tous les
organismes, quant à cela, de connaître le plus rapidement
possible, même si le montant global ne leur est pas versé dans
l'immédiat, de connaître comme tout autre type
d'établissement ce que sera leur budget annuel. Je dois vous dire que,
et l'année dernière et cette année, nous nous sommes
exercés et je pense que nous avons accompli des progrès
considérables par rapport à des années antérieures
justement dans cet effort de faire connaître les budgets le plus
rapidement possible. Dans le cas particulièrement des maisons
d'hébergement pour femmes battues qui ont des obligations importantes
à respecter, nous nous efforçons de leur faire connaître
notre décision le plus rapidement possible.
Mme Vermette: Mme la ministre, on pourrait peut-être passer
à un autre sujet toujours dans le programme 2, mais aux maisons de
jeunes. En ce qui concerne les maisons de jeunes, est-ce que vous croyez que la
politique que vous êtes en train de mettre de l'avant pour le financement
des maisons de femmes violentées pourrait s'appliquer dans le cas des
maisons de jeunes actuellement?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que nous sommes en face de deux
problématiques fort différentes. Dans le cas des maisons de
femmes, ce sont des maisons d'hébergement, tandis que dans le cas des
maisons de jeunes, il s'agit de maisons d'activités orientées,
évidemment, vers les jeunes. Quant au financement, je peux vous dire
que, pour les maisons de jeunes, avec l'argent disponible cette année,
d'une part, nous allons mettre l'accent sur les maisons qui reçoivent le
moins de financement. Nous allons également permettre l'ouverture de
nouvelles maisons et conserver une partie, comme je l'ai dît tout
à l'heure, pour les sans-abri, des projets de sans-abri reliés
aux jeunes.
Mme Vermette: Mme la ministre, je conviens que vous avez une
somme disponible, mais en attendant que vous en fassiez la répartition
est-ce que vous êtes au courant qu'il y a des maisons de jeunes qui sont
obligées de fermer leurs portes parce que, justement, ils n'ont plus de
subvention, ne peuvent plus survivre et ils ont des salaires de famine? La
plupart du temps, ce sont des jeunes qui ont une spécialité et
qui ont décidé de mettre leurs ressources au profit d'autres
jeunes pour les aider à passer la période de l'adolescence, qui
n'est pas la plus facile.
Mme Lavoie-Roux: Déjà, les maisons de jeunes, au
tout début de l'année financière, ont eu une avance de 25
% du budget de l'an dernier, ce qui, habituellement, leur permet de fonctionner
durant les trois premiers mois.
Mme Vermette: Mme la ministre, c'est surtout l'été
qui semble être leur période creuse. En Mauricie, il y a trois
maisons de jeunes sur cinq qui ont été obligées de
réduire leur horaire. Au Lac-Saint-Jean, il y en a cinq sur dix.
Actuellement, dans Montréal-Centre, je pourrais vous dire qu'on a eu
énormément de problèmes. Trente-deux animateurs ont
été mis à pied, quatre ont mis la maison dans la
clé, trois sont menacées d'une façon permanente
là!
Le Président (M. Bélanger): Ils ont mis la
clé dans la maison!
Mme Vermette: J'ai mis la maison dans la clé? Ah bon!
Le Président (M, Bélanger): Mais on avait bien
compris quand même, il n'y avait pas de problème.
Mme Vermette: Ils ont mis la clé dans la maison et il y en
a d'autres qui sont obligés de réduire de plus en plus leurs
activités. Donc, je pense qu'il y a un problème assez important
qui demande qu'on le règle assez vite parce que, si cela continue, on
n'ajoutera pas de nouvelles maisons, mais on sera tout simplement obligé
de combler un vide parce qu'on aura eu un manque au niveau du financement.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, c'est le même
problème que la députée soulève à
l'égard des maisons de jeunes que celui qu'elle a soulevé, tout
à l'heure, pour les maisons d'hébergement pour femmes
violentées. Nous sommes dans le processus, et je pense que cela pourra
aller plus vite pour les maisons de jeunes parce qu'il n'y a pas ce projet
triennal qu'on veut faire adopter pour les maisons d'hébergement pour
femmes battues. Je suppose que, dès la semaine prochaine, les montants
seront arrêtés et les maisons seront avisées des sommes
dont elles pourront disposer. Cela va aller plus vite.
Mme Vermette: Et vous prévoyez l'ouverture de combien de
nouvelles maisons de jeunes?
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, comme je l'ai dit tout à
l'heure, il y a environ 20 ou 25 maisons de jeunes qui ont fait des demandes.
On me dit qu'il y en a 23 auxquelles on n'avait pas répondu, l'an
dernier ou l'année antérieure, et il s'y
ajoute, cette année, 26 maisons, pour un total de 49 maisons.
Mme Vermette: Mme la ministre, il y a des problèmes de
consolidation pour certaines maisons de jeunes. Est-ce que cela fera aussi
partie de votre plan?
Mme Lavoie-Roux: À propos de la consolidation des maisons
de jeunes, je croyais y avoir répondu tout à l'heure. J'ai dit
que les sommes seraient versées - elles ne sont pas encore
arrêtées - pour ouvrir certaines maisons de jeunes dont la demande
date de trois ans, pour rehausser le budget des maisons dont les revenus sont
les plus faibles, et une partie serait conservée pour des projets
reliés aux sans-abri.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laporte avait une question. Est-ce que vous
permettez?
M. Laporte: De Sainte-Marie.
Le Président (M. Bélanger): De Sainte-Marie,
excusez. M. Laporte, de Sainte-Marie, et non pas M. Sainte-Marie.
M. Laporte: Laporte, c'est sur la rive sud.
Mme Lavoie-Roux: Laporte, de Sainte-Marie.
Une voix: Ce n'était pourtant pas la clé!
Excusez]
M. Laporte: Pour revenir un peu au sujet qui avait
été abordé, soit aux sans-abri - on reviendra aux maisons
de jeunes vers la fin - comme je me plais à le souligner à
plusieurs reprises, l'année 1986 a vu apparaître un des premiers
projets pour femmes ayant des problèmes de toxicomanie, par le biais du
centre Préfontaine, lequel jouit à Montréal d'une
expertise en ce domaine et où on a déployé beaucoup
d'énergie. Il est installé à un endroit
stratégique, sur la rue Papineau, où on retrouve plusieurs cas
similaires à celui-là.
J'ai eu l'occasion, dans le cadre de l'Année internationale du
logement des sans-abri, Mme la ministre, d'aller passer une journée avec
certains responsables qu'on appelle habituellement des travailleurs de rue; ils
sont sous la supervision du centre d'accueil Préfontaine. J'aurais
aimé entendre la ministre sur sa méthode de fonctionnement ou,
à tout le moins, de coordination en rapport avec le programme qui a
été mis sur pied au ministère de l'Habitation. Car, les
premières observations qui m'ont été faites par les gens
qui sont impliqués directement et continuellement avec les
itinérants, avec les gens en toxicomanie, c'était de dire que ce
n'est pas nécessairement en faisant des constructions de logements, bien
que ce soit nécessaire et essentiel, ou des maisons de chambres que l'on
va régler le problème ou qu'on apportera une certaine
atténuation à ce problème. Ce qu'ils apportaient un peu
comme argumentation, c'était de dire: Peut-être donner une
possibilité - je sais qu'il y a 1,6 travailleur, pour prendre les
chiffres qu'ils possèdent, bien que chacun des deux intervenants de la
maison Préfontaine, qui sont incorporés à un organisme qui
s'appelle la Villa exprès pour toi, se partagent 50 heures par semaine.
Ils disaient de donner la possibilité de la gérance à
trois ou quatre, mais pas en nombre considérable, types d'intervenants
comme ceux-là afin de pouvoir, tranquillement, réintégrer,
ne serait-ce que dans la gestion des maisons de chambres et dans tout le
processus de désintoxication, différentes personnes
concernées, entre autres, les sans-abri... C'était plutôt
d'y aller avec ce type de ressources et de le faire graduellement.
Ce sur quoi je voulais peut-être entendre la ministre, c'est par
rapport au plan de cette année et aussi possiblement, bien que c'est
difficile de prévoir l'avenir, comment cette coordination, ne serait-ce
qu'entre le ministre des Affaires municipales et responsable de l'Habitation et
la ministre de la Santé et des Services sociaux, comment ils entendent
coordonner leurs efforts, les concerter pour trouver, dans l'enracinement du
problème, une 'solution qui est à plus long terme.
Mme Lavoie-Roux: Je me demande si je n'étais pas avec le
député de Sainte-Marie quand les travailleurs de rue de la maison
Préfontaine nous ont parlé de cette expérience.
M. Laporte: Ah, c'est ultérieurement. J'ai pris le
bénéfice d'aller passer une journée avec les
itinérants...
Mme Lavoie-Roux: Ah!
M. Laporte: ...en janvier, parce que c'était plus
froid.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Laporte: Je voulais voir de quoi cela avait l'air.
Mme Lavoie-Roux: Quand nous sommes allés ensemble, vous
vous souviendrez qu'il y avait justement un travailleur de rue, peut-être
plus d'un, qui nous avait parlé du genre d'expérience qu'ils
faisaient, qui était axée non pas auprès des
itinérants, pas nécessairement pour leur procurer un gîte,
mais d'essayer de les rejoindre là où ils vivent; souvent, c'est
dans des maisons de chambres
où soit l'atmosphère soit les ressources sont quasi
inexistantes. C'était d'aller les chercher chez eux pour justement les
empêcher, à cause des problèmes qu'ils rencontrent dans les
maisons de chambres, de se retrouver dans la rue. Enfin, c'était une
façon préventive et qui pouvait avoir aussi d'autres aspects
"thérapeutiques" - entre guillemets - auprès de ces personnes qui
sont souvent instables. (22 h 30)
En ce qui a trait à notre collaboration avec le ministère
des Affaires municipales, je dois vous dire que nous sommes très peu
avancés dans cette direction. Je pense, par contre, que
l'expérience que nous allons vivre et qui est déjà
amorcée avec cette collaboration à l'occasion de l'année
des sans-abri pour créer des chambres ou des appartements pour les
sans-abri, où nous serons probablement mis à contribution et
où quelqu'un du ministère doit siéger à ce
comité interministériel, ceci nous amènera dans la
direction dont parle le député de Sainte-Marie qui sera
probablement une collaboration interministérielle qui, è moyen et
à long terme, sera peut-être plus rentable que les gestes
isolés que nous posons de part et d'autre.
M. Laporte: C'est un peu le sens de ma curiosité. Cela me
fait penser un peu aux efforts considérables qui ont été
faits, comme je le soulignais, l'année dernière pour justement
donner des lits aux organismes de femmes. C'est sept lits, si ma mémoire
est bonne. Cette année, en ce qui a trait à l'Année
internationale des sans-abri, on a fait un effort supplémentaire.
Comment cela fonctionnait-il auparavant si on fait abstraction de ces diverses
mesures? Je n'en ai pas une connaissance particulière. Est-ce qu'il y
avait quelque chose de précis qui amenait cela et qui venait en aide
à cette clientèle particulière?
Mme Lavoie-Roux: Parlez-vous de la clientèle des sans-abri
en générai?
M. Laporte: Oui, en général.
Mme Lavoie-Roux: On me dit qu'en ce qui concerne les organismes
bénévoles, l'an dernier, on donnait à quinze organismes
d'hébergement et de dépannage un montant de 718 000 $,
C'était une façon d'intervenir. Quand nous sommes intervenus pour
les femmes dans le plan des urgences pour la maison Préfontaine:
Même avant que je sois au ministère, la maison Préfontaine
existait déjà pour Ies hommes. Il n'y avait pas de ressources
équivalentes pour les femmes et la maison Préfontaine le
demandait depuis longtemps. C'est à l'occasion du plan de
désengorgement qu'on a décidé d'aller de l'avant.
M. Laporte: En ce qui concerne les maisons de jeunes, on a eu
l'occasion, nous, les députés de Montréal, d'assister
à une rencontre avec les divers responsables des maisons de jeunes de la
région de Montréal. Certes, il y a eu plusieurs revendications
qui ont été portées à notre attention. Vous avez pu
en résumer plusieurs éléments tantôt en parlant du
plan que vous comptez mettre sur pied dans la répartition des divers
montants. Moi, je vais peut-être un peu insister, parce qu'il y a de mes
collèques qui n'avaient même pas de maison de jeunes et qui
semblaient avoir certaines difficultés à ce sujet. Il y avait
beaucoup d'interrogations, ne serait-ce qu'à propos de ce que notre
gouvernement voulait faire avec les maisons de jeunes. Ils ont
été rassurés à ce sujet. D'un autre
côté, il y a une maison de jeunes dans mon comté qui
bénéficie, je crois, de la subvention maximale accordée
à ces maisons de jeunes. Il y a une maison de jeunes au coin de la
rue...
Mme Lavoie-Roux: ...je pense. M. Laporte: 70.
Mme Lavoie-Roux: II y en a qui ont 80.
C'est peut-être 70 dans le cas de la vôtre.
M. Laporte: Ah! Je suis heureux de l'apprendre. Ce dont on me
faisait part lors de la réunion, c'est que, oui, il y a des
problèmes chez ceux qui n'en ont pas. Il y a certaines
difficultés aussi en ce qui concerne une forme de consolidation. Mais
ils sont pris dans le jeu qu'ils ont provoqué, une certaine forme de
demande, si je puis m'exprimer ainsi. La difficulté non seulement
budgétaire les force à ne pas accomplir l'ensemble des actions
qu'ils souhaiteraient entreprendre, ne serait-ce qu'à ce niveau. Dans
cette espèce de consolidation ou de développement - je ne sais
quel qualificatif lui donner précisément -est-ce que ces types de
demandes ou de recommandations - celle de mon comté, je la cite plus
particulièrement puisque c'est arrivé à deux ou trois
reprises - ne vont pas être prises en considération, dans
l'ensemble du plan et des objectifs que vous vous êtes fixés?
Mme Lavoie-Roux: Je ne pourrais répondre à votre
question. C'est un élément qui peut être
considéré. Ce sur quoi je vaudrais revenir, c'est que,
malheureusement, encore cette année, je regrette que ce soit ainsi, on
n'est pas encore suffisamment avancé dans toute notre réflexion
sur la politique touchant les maisons de jeunes. Je pense que dans la
distribution des sommes ou des montants alloués, on va
éventuellement faire intervenir d'autres variables dont on n'a
peut-être pas tenu compte jusqu'à maintenant quant au montant qui
sera alloué: par
exemple, la richesse relative des différents secteurs, compte
tenu que pour certaines maisons de jeunes c'est plus facile d'aller se chercher
du financement à l'extérieur, compte tenu aus3Î du
pourcentage de la population de jeunes. Il y a un bon nombre de variables dont
on n'a pas tenu compte jusqu'à maintenant. On s'est peut-être plus
basé sur une espèce de plan triennal - on a commencé
à 15 000 $, 30 000 $, 40 000 $ - qui était peut-être trop
automatique et qui ne tenait pas assez compte, justement, d'autres variables
importantes.
Il y a aussi la nécessité d'examiner la vocation des
maisons de jeunes pour délimiter celles qui devraient relever
véritablement du ministère de la Santé et des Services
sociaux, compte tenu qu'elles offrent des mesures de soutien qui seront dans le
prolongement des autres actions de travail auprès des jeunes dans le
réseau, que ce soit dans le domaine de la protection de la jeunesse, des
jeunes qui sortent de centres d'accueil pour mésadaptés
socio-affectifs et qui se retrouvent sans suffisamment de soutien une fois
sortis.
Il y a une foule de considérations que nous sommes en train de
faire et que nous espérons compléter. Je suppose que, l'an
prochain, les maisons de jeunes vont rester, mais peut-être qu'il y aura
des orientations différentes quant au type de services qui devraient
relever de nous et quant aux montants qui leur seraient alloués.
M. Laporte: Je crois que vous avez raison de mentionner que
beaucoup d'efforts sont faits par les maisons de jeunes et par les organismes
communautaires au niveau de la sollicitation ou des campagnes
d'autofinancement. Il y a de petites statistiques qui ressortent. En 1985, les
commerçants d'un même secteur ont été
sollicités 125 % de plus que l'année précédente et,
en 1986, ils ont été sollicités 275 % de plus que l'autre
année. Je pense que c'est important de le souligner et qu'on puisse le
prendre en considération.
Si on me permet, en tout dernier lieu, je représente un
comté où la vie communautaire est fort active. De cette vie
communautaire ressort un esprit d'entraide fort intéressant. On a eu
raison de souligner tantôt que plusieurs de ces organismes veulent
conserver leur identité et leur indépendance et ne pas être
freinés dans leur liberté de mouvement, si je puis m'exprimer
ainsi, par un cadre et par un réseau. Je pense que c'est fort louable.
Ils consacrent des énergies considérables pour pouvoir donner
à la population des services encore plus adéquats.
Cependant, on m'a transmis diverses observations. La formule de
subvention aux organismes communautaires bénévoles est
intéressante, mais, un peu dans les mêmes critères que ceux
que vous évoquiez tantôt pour les maisons de jeunes, je ne sais
pas dans quelle mesure cette espèce d'indice de richesse ou de
possibilité de richesse ne pourrait pas être prise en
considération. Pour plusieurs, c'est pratiquement une question de
survie, ne serait-ce que de maintenir quelqu'un pour répondre aux
appels... On parlait un peu de statistiques tantôt. Un organisme me
faisait part qu'il recevait 375 % de plus d'appels en deux ans, pas en termes
de soins à domicile, mais en termes de services à domicile, que
ce soit l'accompagnement ou diverses choses. Il y avait un certain
problème de coordination, donc cela devenait une forme de permanence, ce
qui ne permet pas toujours aux gens, malgré toutes leurs énergies
et tout leur bon vouloir, de régler ce problème. Je suis
persuadé, après avoir entendu la ministre tantôt, que c'est
une observation qui a aussi été portée à son
attention.
Mme Lavoie-Roux: Je remercie le député de
Sainte-Marie. Je voudrais simplement lui donner les précisions qu'on
m'apportait sur la question des femmes itinérantes reliées
à la maison Préfontaine et sur l'ensemble des itinérants.
Le budqet global pour les hommes itinérants, à la maison
Préfontaine, est de 1 400 000 $ et, pour les femmes itinérantes,
de 800 000 $. Il y a 40 lits pour les hommes itinérants et 18 lits pour
les femmes itinérantes, dont huit ont été ouverts en
1986-1987 et dix qui vont s'y ajouter. J'en profite pour faire une correction.
Tout à l'heure, j'ai parlé de 800 000 $ auxquels s'ajoutaient 400
000 $. C'est une erreur, je le donnais de mémoire. C'est 600 000 $
auxquels s'ajouteront 200 000 $ pour un total annualisé de 800 000
$.
Même avec les huit lits à l'interne, c'est
intéressant de voir qu'en quatre mois lesdits services ont admis 128
femmes itinérantes pour un séjour moyen de sept jours, soit un
taux d'occupation de 93 %. On prévoit que, sur une base annuelle, tes 18
lits vont permettre de 800 à 900 admissions sur une base annuelle pour
les femmes. Je pense que ce sont des statistiques intéressantes.
Mme Vermette: ...en ce qui concerne le programme 2 sur les
organismes bénévoles. On peut passer...
Le Président (M. Bélanger): On peut
considérer que les crédits sont adoptés pour le programme
2?
Mme Vermette: Sur division.
Le Président (M. Bélanger): Sur division? Bien.
J'appelle le programme 9, soit celui de
l'Office des personnes handicapées du Québec.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'il n'y en a pas d'autres avant cela
qui relèvent de Mme la députée?
Mme Vermette: Oui, oui, il y a encore les CSS.
Mme Lavoie-Roux: Pourquoi ne le passe-t-on pas avant les...
Mme Vermette: Parce qu'on m'a dit que les gens étaient
venus de l'extérieur, de Montréal et qu'on ne voulait pas trop
retarder. Mars cela ne me dérange pas, on peut...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Mme Vermette: C'est avec une entente que j'ai fait cela, ce
n'était pas...
Mme Lavoie-Roux: D'accord, allons au programme 9.
Le Président (M. Bélanger): Nous irons au programme
5 par la suite, plutôt au programme 4.
Mme Vermette: Le programme 4.
Le Président (M. Bélanger): Excellent! J'appelle
donc le programme 9.
Office des personnes handicapées du
Québec
Mme Lavoie-Roux: Il me fait plaisir de vous présenter le
nouveau président de l'Office des personnes handicapées, M.
Mercure, qui est entré en fonction, j'allais dire le 6 janvier, mais il
paraît que c'est le 5.
Le Président (M. Bélanger): Que la commission a
d'ailleurs déjà rencontré avec beaucoup de plaisir.
Bonsoir, M. Mercure.
Mme Lavoie-Roux: II y a également M. Landry, de l'Office
des personnes handicapées, qui a la responsabilité des finances
à l'office.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je reconnais donc
le député de Taschereau.
M. Leclerc: Merci, M, le Président. L'alternance, cela
n'indique pas qu'il faille toujours commencer du côté de
l'Opposition. Si vous en faites un cas grave, je peux vous laisser
commencer.
Le Président (M. Bélanger): Non, allez-y, allez-y,
pour une question ou deux!
Mme Vermette: ...pour acquis que j'avais demandé qu'on
commence le programme... Je tenais pour acquis qu'on me donnait la parole
puisque j'avais demandé qu'on commence par le programme 9.
Le Président (M. Bélanger): La première main
qui s'est levée. Ce n'est pas plus grave que cela.
M. Leclerc: Écoutez, si vous prenez cela comme cela,
allez-y, madamel Je ne veux absolument pas...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, on vous a reconnu. Allez-y!
Mme Vermette: M. le Président, c'est l'occasion pour
l'ensemble des parlementaires, mais surtout pour l'Opposition de pouvoir
vérifier les crédits.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, ils
n'ont quand même pas abusé. Il y a eu deux questions.
M. Leclerc: Vous me mettez vraiment mal à l'aise, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Taschereau, je vous en prie! Vas-y, vas-y, vas-y!
Mme Vermette: Non, ça va. Je pensais que cela allait de
soi, que la reconnaissance était là, parce que...
Le Président (M. Bélanger): Cela n'allait pas de
soi, madame, et je reconnais le député de Taschereau. M. le
député de Taschereau, si vous voulez procéder à vos
questions, s'il vous plaît!
M. Leclerc: Je vais le faire rapidement de sorte que Mme la
députée de Marie-Victarin puisse reprendre la parole.
Ma question s'adresse au président et fait suite aux
crédits, évidemment, mais aussi à la commission
parlementaire que nous avons eue ensemble. Il y a un organisme de mon
comté que vous connaissez sans doute et qui est Carrefour Adaptation, un
orqanisme fort représentatif. Je voudrais savoir s'il y a eu depuis le
temps des développements quant à sa demande de subvention et
quant au petit imbroglio, pour savoir si c'est un orqanisme national,
régional, local, etc.
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Leclerc: J'avais posé ma question au président
de l'office.
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi. Allez-
y, M. le président!
Le Président (M. Bélanger): La question doit
s'adresser à Mme la ministre qui pourra déléguer le soin
de répondre à M. le président, mais c'est la ministre qui
défend ses crédits.
(22 h 45)
M. Leclerc: J'en conviens, mais comme c'était très
technique...
M. Mercure (Paul): II y a eu échange de correspondance
avec l'organisme et une rencontre est prévue plus tard au mois de juin.
Je ne suis pas en mesure d'en préciser la date, mais il y aura une
rencontre avec le conseil d'administration, rencontre qui donnera
peut-être suite a une demande de subvention, mais il n'y a pas eu
transmission de demande jusqu'à maintenant.
M. Leclerc: S'il y a une demande de subvention, ce sera pour les
programmes de cette année, pour les crédits de cette
année. Si je comprends bien, vous êtes en train de discuter de
l'à-propos que cet organisme puisse, avec une certaine chance de
succès, présenter une subvention, parce que, s'il ne l'a pas
déjà fait, c'est que, dans les années antérieures,
cela ne pouvait pas fonctionner pour toutes sortes de...
M. Mercure: La rencontre est beaucoup plus large que la question
des subventions. L'organisme nous a transmis un ordre du jour qui comprend
plusieurs points et la question des subventions n'est qu'un des points qui vont
être discutés Iors de la rencontre. Je comprends que la rencontre
aura lieu avec le conseil d'administration de l'organisme,
M. Leclerc: Je vous remercie.
Mme Vermette: M. le Président, dans le fond, c'est
parfait. Il m'a ouvert la porte et, en ce qui concerne la promotion des
groupes, des organismes, c'est parfait. En ce qui concerne la promotion des
organismes, depuis trois ans, l'augmentation des budgets n'a été
que de 1 %, ce qui fait une moyenne de 50 000 $ pour 350 organismes. Mme la
ministre, avez-vous l'intention d'augmenter? Prévoyez-vous des fonds
supplémentaires pour les organismes faisant de la promotion, qui
favorisent des services d'intégration et qui, dans beaucoup de cas,
assurent certainement la relève de l'État?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si j'ai bien compris la
question, il y a, cette année, une augmentation de 50 000 $ pour la
promotion des organismes bénévoles, soit une augmentation de 3
%.
Mme Vermette: 3 % cette année, mais, les autres
années, ils n'ont eu qu'une augmentation de 1 %. Cela ne fait pas,
rétroactivement, beaucoup d'augmentation pour l'ensemble de ces
organismes qui jouent un rôle tout de même assez important,
puisqu'ils sont considérés comme une ressource alternative du
milieu et, quelquefois, la seule ressource pour l'ensemble de ces personnes
handicapées physiques ou intellectuelles.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez! Je comprends que, pendant
plusieurs années, ils n'ont pas eu d'augmentation. L'an dernier, c'est
une augmentation de 1 %, je pense. Cette année, c'est une augmentation
de 3 %. C'est l'augmentation que nous leur consentons cette année.
Mme Vermette: En ce qui concerne le matériel, Mme la
ministre, au tout début de l'année, lors de l'audition de
l'office en commission parlementaire, on a dévoilé le contenu
d'un CT. Est-ce qu'une décision a été arrêtée
au Conseil du trésor d'instaurer, en collaboration avec l'OPHQ, des
barèmes en ce qui concerne l'aide matérielle par rapport aux
revenus des individus?
Mme Lavoie-Roux: Actuellement, tel que j'ai eu l'occasion de le
dire à l'Assemblée nationale, sous la présidence du
président de l'Office des personnes handicapées, il y a un
comité qui examine toute la question de la révision des normes
touchant l'aide matérielle. Il s'applique principalement à trois
domaines particuliers: l'aide à domicile, l'adaptation des domiciles et
des véhicules.
Mme Vermettes Est-ce que ce comité...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il doit faire rapport -
c'était prévu en tout cas - à la fin de juin.
Mme Vermette: Est-ce que ce comité s'est penché ou
se penchera sur ce CT pour voir s'il y a justement un barème concernant
les revenus familiaux?
Mme Lavoie-Roux: De fait, cela avait été inclus
dans un CT du Conseil du trésor, mais l'étude faite
présentement ne porte pas sur la considération du revenu.
Mme Vermette: Donc, cela veut dire que le CT ne s'appliquera
pas.
Mme Lavoie-Roux: L'entente prise avec le Conseil du trésor
est que, pour le moment, la considération du revenu ne sera pas prise en
compte. Le problème s'était posé particulièrement
en ce qui a trait aux critères d'admission à l'aide
matérielle dans les trois domaines que j'ai
énumérés. Est-ce que l'application ou l'obtention de
subventions, par exemple, pour l'adaptation de domiciles et de
véhicules tenait compte d'autres ressources comme le transport
adapté ou de la nécessité d'imposer certaines obligations
face à un déménagement peut-être trop rapide
après qu'un domicile a été transformé ou
adapté? De même, dans le cas de l'adaptation des véhicules,
est-ce qu'on pouvait changer trop rapidement de véhicule? On voulait
s'assurer que, quand des sommes relativement importantes sont
dépensées, il y ait certains critères qui en assurent la
stabilité d'application, si je puis dire, pour être bien sûr
que toutes les mesures sont prises pour que les sommes affectées le
soient à l'intérieur d'un cadre qui assure -entre guillemets -
une certaine rentabilité des investissements consentis.
Mme Vermette: Le temps passe et on manque de temps pour aller
plus en profondeur. À l'intérieur du projet PARCQ, il y avait
justement des barèmes. Est-ce que cela fait partie de votre
comité? Est-ce que vous vous êtes penchés là-dessus?
Est-ce que ces barèmes imposés par le projet PARCQ seront
toujours maintenus?
Mme Lavoie-Roux: Le projet PARCQ est une entente
fédérale-provinciale. Il ne fait pas l'objet d'étude par
le comité. C'est en relation avec d'autres critères qu'on
étudie l'application ou l'admissibilité à l'adaptation du
domicile.
Mme Vermette: II n'y a aucune compatibilité entre ces
critères et d'autres qui pourraient être appliqués dans les
volets sur lesquels se penche actuellement le comité en ce qui
concerne les revenus? Dans le fond, ce sont des barèmes par rapport aux
revenus d'une part ou de l'autre. Je suis d'accord avec vous que PARCQ fait
partie d'une entente provinciale-fédérale, mais, par contre, il y
a encore, comme exigences, certains barèmes auxquels doivent satisfaire
les personnes handicapées, ce qui n'existait pas auparavant.
D'autre part, les recommandations du CT constituent un autre volet.
Est-ce qu'il y a compatibilité entre ce qui concerne les revenus
familiaux et les barèmes, à l'intérieur du projet PARCQ?
On reconnaît déjà qu'on fait l'allocation de la subvention
en fonction du revenu et qu'on fait le décalage entre les deux. Est-ce
que ce sera applicable à d'autres niveaux? Est-ce que ça pourrait
devenir la règle?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à M. Mercure de
répondre à cette question-là.
M. Mercure: Le programme PARCQ s'applique aussi à d'autres
clientèles et tient compte des revenus. Dans l'état actuel et
dans la pratique, étant donné une décision
subséquente du Conseil du trésor, l'office peut actuellement
"supplémenter" le programme PARCQ sans tenir compte des revenus.
Toutefois, cette question sera réétudiée quand sera
déposé le rapport sur les normes, à la fin de juin.
Mme Vermette: De toute façon, rien n'est
arrêté actuellement en ce qui concerne un plafond exigé
pour les personnes... Il y aura un genre de prise en considération.
Est-ce qu'il y aura un genre de ticket modérateur pour
l'accessibilité aux services, jusqu'à un certain point?
M. Mercure: Le comité sur les normes n'a pas
terminé ses études. Il y a certains barèmes, certains
maximums qui vont être introduits, mais, comme je le disais tout à
l'heure, jusqu'à maintenant, ce n'est pas l'intention du comité
de proposer qu'on tienne compte des revenus.
Mme Vermette: Donc, ce sera une décision
ministérielle. Vous en faites abstraction complètement. Vous
mettez toujours en application la politique d'À part égale
à l'heure actuelle, telle que prescrite à l'intérieur de
ce cadre.
M. Mercure: C'est bien cela.
Mme Vermette: D'accord. Maintenant, Mme Lavoie-Roux, il y avait
des problèmes concernant une augmentation de budget pour les CTA, les
centres de travail adapté. Est-ce que vous avez vu à la
création de plus de centres de travail adapté? D'où
provient cette augmentation, puisqu'on dit que la plupart des centres de
travail adapté vont très bien? Depuis deux ans, c'était le
statu quo, on n'en a pas eu de nouveaux. Habituellement, ils tendent tous
à l'autofinancement et à un seuil de rentabilité plus
qu'honorable.
Mme Lavoie-Roux: En 1986-1987, l'office a autorisé
l'accréditation de deux nouveaux CTA pour en porter le nombre total
à 40. Il y avait 1580 travailleurs handicapés
subventionnés qui étaient employés par les CTA le 31 mars
1987, Ce nombre représente 85 % de la main-d'oeuvre affectée
à la production, à l'emploi des CTA. La subvention moyenne par
personne-année a été de 12 083 $.
Mme Vermette: II y a une augmentation de 970 000 $ pour le
programme des CTA. Donc, combien de CTA de plus actuellement? Combien de
personnes de plus est-ce que cela va viser?
Mme Lavoie-Roux: On prévoit qu'on pourrait ajouter environ
150 postes dans les CTA.
Mme Vermette: 150 postes de plus dans les CTA, mais il n'y a pas
d'augmentation de CTA.
Mme Lavoie-Roux: Non.
Mme Vermette: Ce sont des postes de quelle nature?
Mme Lavoie-Roux: Les CTA ne sont pas créés par
l'Office des personnes handicapées. Ce sont des entreprises qui prennent
l'initiative de cette action à l'endroit des personnes
handicapées.
Mme Vermette: Ce sont des genres de PME.
Mme Lavoie-Roux: C'est dans ce sens que les sommes disponibles
permettent l'ajout de 150 postes. S'il y avait une nouvelle initiative de
prise, est-ce que les 150 postes pourraient être là ou est-ce que
les 150 postes pourraient être répartis entre ceux qui existent?
Enfin...
Mme Vermette: II n'y a pas de planification. Vous dites que vous
avez dégagé des sommes d'argent sans planification,
c'est-à-dire qu'il n'y avait pas de besoins réels. C'est à
peu près ce que vous êtes en train de me dire. Il y a 970 000 $,
mais, finalement, cela pourrait être 150 postes comme cela pourrait
être la réponse à une initiative du milieu, parce que les
CTA sont des genres de PME, mais pour plus adaptés.
M. Mercure: Effectivement, on a la possibilité
d'encourager l'augmentation de postes dans certains CTA, mais on n'a pas le
contrôle parce que ce sont vraiment des entreprises autonomes.
Jusqu'à maintenant, on a quand même suffisamment bien
évalué la croissance des CTA. On a pu utiliser la presque
totalité du budget à ce poste d'année en année.
Mme Vermette: Cela fait bizarre que, tout à coup, alors
que la plupart des CTA fonctionnent très bien, tendent vers
l'autofinancement... Généralement, on injecte de l'argent pour
lancer de nouveaux projets. C'est plus là l'intention de dégager
des sommes d'argent à cet élément. (23 heures)
Mme la ministre, en ce qui concerne l'intégration des SAHT par
rapport aux CTA, est-ce que la ministre a l'intention de faire en sorte que les
critères soient moins étanches et permettent une facilité
de transfert des jeunes des SAHT vers les CTA?
Mme Lavoie-Roux: Vous voulez dire le transfert des
clientèles des SAHT vers les CTA?
Mme Vermette: Pour que des clientèles qui sont dans les
SAHT puissent passer dans un CTA.
Mme Lavoie-Roux: Je demande à M. Mercure de vous
répondre.
M. Mercure: Oui. Disons que, là encore, les SAHT cherchent
à réadapter les adultes handicapés et, dans la mesure du
possible, à les introduire sur le marché régulier du
travail.
Mme Lavoie-Roux: C'est ça.
M. Mercure: Les centres de travail adapté sont des
entreprises autonomes. Il y a quand même un comité réqional
qui identifie les personnes, qui qualifie les personnes qui peuvent recevoir
une subvention dans un CTA. Mais il n'y a pas de mouvement planifié
à ce moment-ci pour introduire dans les CTA des gens qui sont dans les
SAHT, la raison étant que les CTA sont des entreprises dont le nombre
d'employés fluctue au fur et à mesure de l'obtention de contrats
et selon les règles du marché dans le domaine de la production
où ils se trouvent. Il n'y a pas de planification en vue de
transférer des clientèles des SAHT vers les CTA. Mais les SAHT
travaillent à introduire les gens les mieux préparés au
marché régulier du travail.
Mme Vermette: Finalement, les gens qui sont dans un SAHT, ce sont
parfois des gens avec une déficience un peu plus lourde, plus profonde
que les gens qui peuvent aller dans un CTA. On disait, à un moment
donné, qu'ils sont comme dans une situation de non-retour. Il n'y a plus
de possibilité pour ces gens, mais il y en a qui, à force de
rééducation, parviennent à faire des gestes plus
automatiques qui pourraient répondre aux critères d'exigence d'un
CTA. Il y a une lacune actuellement. On demandait,, si je me souviens bien, que
cela puisse être comblé. Est-ce que cela aussi fait partie des
orientations à envisager et à développer?
M. Mercure: Dans des situations comme celles-là, il est
très avantageux que les hommes d'affaires d'une région
donnée ouvrent un CTA et ça peut, à un moment
donné, occasionner un certain nombre de transferts. Mais ce n'est pas
non plus le seul endroit où les CTA recrutent leurs
clientèles.
Mme Vermette: Non, mais là aussi. Est-ce qu'il y a une
campagne d'information, de sensibilisation qui sera entreprise auprès
des jeunes promoteurs? Cela peut être des programmes d'initiation aux
entreprises, je ne sais pas, pour sensibiliser, justement, les gens de ce genre
de PME à utiliser ces clientèles sur place.
M. Mercure: Les CTA sont regroupés dans un organisme
provincial qui s'occupe de développer différents modes de travail
adapté. Je pense que c'est une association dynamique qui voit à
encourager différents modes de travail adapté, parce que les CTA
ne sont pas nécessairement sous leur forme actuelle la réponse la
plus normalisante.
Mme Vermette: Je suis d'accord avec vous. On parle
d'intégration scolaire des étudiants, mais, quand ils arrivent
à un certain âge, je pense que c'est important qu'ils puissent se
trouver un travail qui soit à la mesure de leurs moyens, qui soit
valorisant pour eux et qui leur apporte aussi une subsistance, ce qui est
à mon avis plus intéressant que d'être aux crochets des
autres. Ce qui m'amène à vous dire qu'il y a des besoins.
Là, on parle de désinstitutionnalisation. À un moment
donné, il faut occuper ce monde. On va être obligé de
trouver des ressources à l'intérieur du milieu. Tout cela va
ensemble. Cela fait partie aussi de la politique de
désinstitutionnalisation, à mon avis. J'espère que votre
comité va se pencher un peu sur ces différents aspects.
Mme Lavoie-Roux: On peut ajouter, si vous me permettez, pour la
députée, qu'il y a aussi les plans d'embauché qui
contribuent à faire entrer des gens sur le marché du travail,
comme les contrats d'intégration au travail dont peuvent
bénéficier certaines personnes. Ce sont deux autres mesures qui
ajoutent aux possibilités d'emploi et d'occupation de ces personnes.
Mme Vermette; En ce qui concerne l'intégration scolaire,
récemment, on a vu que M. Mercure disait qu'il y avait un sérieux
retard là-dedans. Je me souviens très bien aussi, lorsqu'on a eu
les auditions en commission, que cela était ressorti; on parlait surtout
de la situation précaire de ces jeunes parce qu'il y a des plafonds de
15 000 $ là aussi. Quand l'étudiant a atteint ce plafond, son
programme risque d'être terminé, son année scolaire
aussi.
Est-ce que, concernant ce point, la ministre a eu des échanges
avec le ministère de l'Éducation et comment envisage-t-elle
l'intégration scolaire des jeunes? Quels sont les budgets qui seront
consacrés à ce secteur?
Mme Lavoie-Roux: II y a des échanges réguliers
entre le ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère de l'Éducation pour faciliter cette intégration
des enfants au monde scolaire. Le monde scolaire n'a peut-être pas eu les
ressources suffisantes, d'une part, pour accélérer cette
intégration. Il faut aussi reconnaître qu'il y a des
résistances à cette intégration de la part des enseignants
qui ne se sentent pas suffisamment appuyés, ou encore de la part de
certaines familles d'enfants réguliers, si je peux les appeler ainsi,
par rapport aux enfants qui arrivent avec un handicap, particulièrement
un handicap intellectuel lourd.
Alors, il y a plusieurs facteurs qui font que cette intégration
est loin d'être aussi satisfaisante qu'on le souhaiterait. Je dois dire
que mon collègue de l'Éducation est conscient de cette
réalité et que nous travaillons pour tenter de
l'améliorer. Je pense que M. Mercure voulait ajouter un mot sur le
comité d'intégration.
M. Mercure: Effectivement, dans le processus de transfert, il y a
aussi de prévu un comité entre l'Office des personnes
handicapées et le ministère de l'Éducation. Le
comité doit travailler pendant la prochaine année pour voir
à l'implication plus grande du ministère ou des directions
régionales dans le secteur de l'intégration. Mais vous savez que
les commissions scolaires, en définitive, jouissent d'une grande
autonomie.
Mme Vermette: Je suis tout à fait d'accord avec cela. Mais
ce qui m'alarme un peu, c'est de voir qu'on fait affaire avec des personnes qui
doivent avoir une certaine pédagogie, qui sont habituées à
vivre certaines intégrations. Cela a été dur, cela a
été lent et c'est pratiquement un échec dans certains cas.
Alors, quand on parle de désinstitutionnalisation, cela me fait
très peur, surtout que c'était un milieu très particulier.
S'il y avait une place où on aurait pu commencer, justement, c'est bien
dans ce milieu. Si, déjà, on est réfractaire et que c'est
aussi difficile, lorsqu'on va vouloir intégrer socialement tous ces
jeunes à l'intérieur de nos différents services, dans la
société, j'ai l'impression que là aussi il va falloir y
aller avec beaucoup de prudence, même si on peut avoir, à un
moment donné, des resserrements économiques. Si on veut faire la
désinstitutionnalisation au profit d'impératifs
économiques, je pense qu'on risque de passer à
côté.
Je me demande, Mme la ministre, étant donné qu'une forte
clientèle, c'est-à-dire de 90 % à 95 % des
élèves qui ont une déficience intellectuelle sont
actuellement dans des classes spéciales, s'il n'y a pas un effort
à faire de ce côté. Si on devait commencer quelque part,
c'est bien à ce niveau, et on devrait vraiment y mettre toutes les
pressions nécessaires. Vous, en tant que ministre, vous avez une
responsabilité face à cela auprès de vos collègues,
surtout du ministre... On sait bien que vous êtes proches l'un de l'autre
à l'Assemblée nationale. Je pense qu'il est assez facile pour
vous de vous parler, de
faire les pressions nécessaires pour que des sommes d'argent
soient dégagées au moins à ce niveau. Si les jeunes
apprennent à se côtoyer déjà sur les bancs de
l'école, c'est beaucoup plus facile de le faire à d'autres
niveaux, au cours des différents stades de leur évolution.
Mme Lavoie-Roux: La députée parle d'exercer des
pressions pour accélérer le processus. Tout ce que je peux lui
dire, c'est que je suis constamment en contact avec mon collègue de
l'Éducation, qui est conscient de cette réalité. Mais je
pense qu'on ne peut pas non plus, autant que je pourrais le souhaiter, faire de
telles pressions, car, au lieu d'amoindrir les résistances, on les
augmenterait. Il y a quand même un certain cheminement que l'on doit
faire avec te milieu et ceci ne doit pas se traduire par une apathie de la part
des responsables, que ce soit moi, à titre de titulaire de la
Santé ou le ministre de l'Éducation, à titre de titulaire
de l'Éducation. Des efforts ont été faits et il y a eu des
réussites, mais il y a aussi des rejets. Il y a ce qui peut
paraître des reculs à certains égards.
Il faut bien se dire qu'il n'y a pas si longtemps, il n'y a pas dix ans,
aucun enfant ayant une déficience intellectuelle, même
légère, n'était intégré dans une classe
régulière. Les activités à l'intérieur des
écoles étaient tout à fait séparées, alors
qu'aujourd'hui je pense qu'il y a quand même un mouvement significatif
dans le sens d'une meilleure intégration. Mais on est loin - je suis
d'accord avec la députée de Marie-Victorin - des objectifs qu'on
s'était fixés au point de départ. Ou peut-être
étions-nous trop ambitieux, au départ, croyant que les choses
seraient plus rapides qu'elles ne le sont? Je conviens également que
c'est relié à un manque de ressources et que, peut-être -
et là, je ne veux pas faire d'accusation -les commissions scolaires
n'accordent pas autant d'argent à cette priorité qu'elles
devraient le faire.
Mme Vermette: Mme la ministre, ce qui me fait un peu peur, c'est
qu'on a tendance actuellement, à l'intérieur du réseau
scolaire et à d'autres niveaux, notamment au niveau des loisirs,
à développer l'élitisme à outrance. Plus on ira
vers le développement de la notion d'élitisme, plus j'ai
l'impression qu'il sera difficile d'intégrer ces personnes à
l'intérieur du réseau de l'éducation, parce qu'elles
seront toujours, face à cette forme d'élitisme, un peu plus
marginales et qu'on n'aura jamais suffisamment de temps à leur accorder,
puisque toutes les énergies seront concentrées sur ceux qui ont
le plus de chances de réussir, alors que les autres demandent un peu
plus de temps et beaucoup plus de ressources, autant sur le plan financier
que...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je me permets de ne pas
être tout à fait d'accord avec la députée de
Marie-Victorin. Je pense, par exemple, au domaine du sport et des loisirs,
à l'intérieur des écoles, où on a justement
tenté de répondre à la moyenne des intérêts
et des besoins des enfants, et non pas d'y développer le sport
d'élite. Je m'étonne que vous ayez cette perception.
Mme Vermette: Non, peut-être que je n'ai pas suffisamment
scindé ma question. Je disais que mes craintes portent actuellement sur
le niveau scolaire, ne serait-ce que pour le rendement scolaire, c'est
l'élitisme qui prime à l'heure actuelle, parce que...
Mme Lavoie-Roux: Oh!
Mme Vermette: ....écoutez, je pense qu'on met l'accent
davantage sur la réussite que sur toute autre forme
d'appréciation. Dans ce contexte où, de plus en plus, on tend
à favoriser bien plus l'élitisme que n'importe quelle autre
catégorie, cela me fait peur et, si on n'a pas une volonté ferme
et déterminée de prendre en considération tous les besoins
et tous les autres aspects des individus, on risque que cela ne se
réalise jamais, car il n'y aura jamais assez de ressources et de temps
accordés à cette clientèle. Et Dieu sait que c'est
important, parce que la stimulation précoce permet à des jeunes
de pouvoir très rapidement acquérir certaines habitudes et
connaissances, ce qui fait qu'ils s'adaptent beaucoup plus facilement et
rapidement et qu'ils coûtent beaucoup moins cher à la
société parce qu'ils sont capables de développer des
habiletés. (23 h 15)
Alors, c'est une mise en qarde que je fais à la ministre et je
lui dis que c'est important. Je sais, Mme la ministre, que vous êtes
respectueuse des ministères de vos collègues, mais, en tant que
responsable, vous avez un rôle à jouer aux plans de la promotion
et de l'intégration des personnes handicapées, de sorte que la
politique À part égale puisse être applicable et
appliquée.
La dernière question que j'aurais à vous poser...
Mme Lavoie-Roux: Excusez-moi! Je vais interrompre la
députée. Le président de l'office l'a mentionné en
passant tout à l'heure, je pense que la meilleure formule, c'est celle
que nous tentons, soit de permettre que chacun prenne les
responsabilités qui lui sont propres, eu égard aux personnes
handicapées. C'est justement cette grande opération, que
j'appelle opération décentralisation ou remise des
responsabilités aux ministères concernés, qui
est une opération de plus longue haleine, qui va faire que chaque
ministère va devoir prendre conscience de ses responsabilités.
Évidemment, comme le disait M. Mercure, cela touchera l'éducation
comme d'autres domaines. Cela m'apparaît encore la meilleure formule que
de permettre cette plus grande réceptivité et cette meilleure
communication avec les personnes handicapées.
Mme Vermette: Mme ta ministre, on en est rendu au deuxième
budget et, encore là, je n'ai pas de réponse; je ne sais pas
quand le règlement concernant l'accès aux édifices publics
sera mis en vigueur, à quelle date et si on est avancé
là-dedans. C'est la deuxième fois que je pose la question, au
deuxième budget.
M. Mercure: Effectivement, on a posé la question au
ministère et, à ce moment-ci, on n'a pas de précision,
mais l'office a l'intention de continuer à suivre ce dossier qui, comme
vous le savez, demande une attention particulière.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Simplement une indication. Lorsque le président
de l'office dit qu'il a posé la question au ministère, je pense
qu'il se réfère au ministère du Travail, si je ne
m'abuse.
M. Mercure: Oui, effectivement. C'est cela, le ministère
du Travail, dont c'est la responsabilité.
M. Sirros: Qui est en train, je pense, de réviser...
M. Mercure: Oui. Il y a un groupe qui travaille la question au
ministère du Travail. Quant à la date précise d'un futur
règlement, je ne suis pas en mesure de donner de précision.
M. Sirros: Ce serait une question que la députée
pourrait poser à la commission...
Mme Vermette: Oui, M. le Président...
M. Sirros: ...qui étudiera tes crédits du
ministère du Travail.
Mme Vermette: ...si ma mémoire est bonne, je me souviens
très bien qu'au premier budget, les premières fois que j'ai
assisté à l'étude des crédits et que j'ai
posé des questions, j'avais posé la même question. Si je me
souviens bien aussi, cela faisait partie de l'office d'habitation et, ma
mémoire est bonne, il y avait eu un plan de développement et
l'ensemble des intervenants étaient tous d'accord. La politique
était établie. Il s'agissait, parce qu'il y a eu un changement de
gouvernement, de reprendre cette politique ou de la remettre en application.
Là, on est au deuxième budget et on me dit qu'il n'y a pas encore
de réponse. Je ne blâme pas M. Mercure, mais je vous dis que,
quelque part, il y a un ministre qui devra faire les pressions qu'il faut pour
qu'on défende les droits et qu'on reconnaisse la politique à part
égale auprès de différents ministères. Cela devient
la responsabilité du titulaire ou du titre tout simplement. C'est ce que
j'ai voulu dire.
Mme Lavoie-Roux: II me faut admettre, M. le Président, que
je suis un peu déçue que les choses ne soient pas allées
plus rapidement. Je comprends - je ne sais pas si je peux qualifier cela
d'impatience - les interrogations de la députée de
Marie-Victorin. II semble que la question de toute cette réglementation
qui touche les personnes handicapées... Il y a également d'autres
réglementations qui sont remises en question, toute la
réglementation touchant le bâtiment à l'intérieur du
ministère du Travail, et cela semble être la cause de ce retard
qui fait qu'on stagne un peu au point où nous nous trouvons.
M. Sirros: Pour l'information de la députée...
Mme Lavoie-Roux: Peut-être que le député de
Laurier, qui est quand même l'adjoint parlementaire et qui a un
intérêt et des responsabilités plus immédiates
auprès de l'office, pourrait ajouter quelque chose là-dessus.
M. Sirros: Pour l'information des membres de la commission, je
pense que le ministère du Travail est en train de réviser le Code
du bâtiment. C'est à l'intérieur du Code du bâtiment
que les règlements sur l'accessibilité des édifices pour
les personnes handicapées seraient intégrés. Je pense que
le choix qui a été fait, c'est de réviser le tout en
même temps. Selon les dernières nouvelles, on achevait un projet
de code pour la fin de l'été, si ma mémoire est bonne. Sur
cela, peut-être que M. Mercure pourrait m'aider.
M. Mercure: Je ne suis pas en mesure de préciser une date.
On suit la question.
M. Sirros: C'est dans l'ensemble du Code du bâtiment que la
question sera réglée, je pense.
Mme Vermette: Le seul commentaire que j'ai à faire est le
suivant: Moi, je me suis promenée avec des personnes handicapées
et je peux vous dire qu'il doit
être très frustrant pour une personne handicapée de
voir qu'elle n'a pas accès à certains lieux tout simplement parce
qu'on n'a pas prévu cela ou à cause d'un manque de
décision politique. C'est dans leur vie de tous les jours,
quotidiennement, que ces personnes se heurtent à cette
impossibilité d'accès à différents
établissements et bâtisses, ne serait-ce que pour aller au
théâtre ou dans un restaurant de leur choix. Compte tenu de cela,
on aurait pu y aller avec beaucoup plus de diligence dans ce dossier.
Ma dernière question concerne le stationnement. Les gens se sont
beaucoup plaints, il y a beaucoup de manifestations en ce qui concerne la
vignette de stationnement qui n'est attribuée qu'à la personne
handicapée, et c'est un grand inconvénient. Je voudrais savoir si
votre comité s'est penché là-dessus afin d'apporter les
modifications qui s'imposent dans ce cas. C'est plus nuisible qu'autrement pour
la personne handicapée.
M. Mercure: Actuellement, la Régie de l'assurance
automobile est à préparer le règlement qui doit entrer en
vigueur à l'automne. D'ici à l'automne, la situation
antérieure à la loi adoptée en décembre se trouve
à perdurer. La situation est exactement celle qui existait
antérieurement au projet de loi dont l'effet n'entrera en vigueur que
lorsque le règlement aura été adopté; et c'est
prévu pour l'automne. Ce règlement pourra permettre de compenser,
sur certains points, des lacunes que l'office avait soulignées en ce qui
concerne le projet de loi. Je sais aussi que le ministère des Transports
réfléchit à différentes questions, entre autres,
à des comparaisons avec l'Ontario qui, lui-même, est à
modifier son approche. Je pense que c'est une question sur laquelle il va
falloir continuer à travailler. Le projet de loi et la
réglementation vont quand même apporter beaucoup d'ordre et
améliorer considérablement la situation qui existait selon
laquelle chaque municipalité pouvait réglementer à loisir
mais ne pouvait pas obliger les autres municipalités à le
faire.
Mme Vermette: M. le Président, je suis en train de me
demander si c'est une coutume de faire des lots pour en faire d'autres et ne
jamais prendre en considération les recommandations des groupes
communautaires ou des groupes du milieu, pour s'apercevoir que, tout compte
fait, si on les avait écoutés, cela nous aurait pris moins de
temps et moins d'énergie et qu'on n'aurait pas été
obligé de faire des lois pour recommencer.
M. Leclerc: Parlez-vous de Carrefour Adaptation?
Mme Vermette: Non. C'est en ce qui concerne les recommandations
pour les vignettes de stationnement. On va voir si, dans d'autres cas, la
même chose a été faite.
M. Leclerc: Pour les autres cas, j'en conviens, mais les
vignettes de stationnement, à mon sens...
Mme Vermette: Il y avait eu des...
M. Leclerc: ...il y a eu des consultations. Les groupes de mon
comté ont été consultés. Alors, je ne vois pas
pourquoi vous dites qu'on ne tient pas compte des consultations ou que la
ministre ne tient pas compte des consultations.
Mme Vermette: En ce qui me concerne, pour le volet Office des
personnes handicapées, j'ai terminé. Je voudrais remercier M.
Mercure de s'être prêté à nos questions. Je souhaite
bonne chance à votre comité et j'espère que les lois vont
être adoptées le plus rapidement possible pour l'ensemble des
personnes handicapées.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Laurier.
M. Sirros: Merci. Sur le même volet, si je regarde certains
chiffres, il me semble qu'il serait bon de les souligner ou, en tout cas, de
poser la question. C'est une augmentation très substantielle. Par
exemple, concernant les contrats d'intégration au travail, c'est une
augmentation de 36 % du budget qui est alloué pour ces contrats.
J'imagine que je dois en tirer la conclusion que l'outil contrat
d'intégration au travail s'est révélé positif pour
l'intégration sur le marché du travail des personnes
handicapées et que l'office ainsi que le qouvernement ont
décidé de donner un coup de barre, du côté des
contrats d'intégration au travail, en ajoutant un montant qui
représente 36 % du budget initial.
Est-ce que la ministre ou le président pourrait nous parler un
peu des contrats d'intégration au travail qui sont un
élément important, je pense, de toute la question de la
normalisation?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, en 1986-1987, l'office
octroyait 671 contrats d'intégration au travail en faveur de 552
individus. Du 1er avril 1980 au 30 septembre 1986, 3094 contrats ont
été signé3 avec 1145 employeurs différents au
bénéfice de 2400 personnes handicapées. Les rapports
d'évaluation du programme nous donnent un taux de réussite -
c'est intéressant - de 52,75 %, soit le pourcentage des personnes qui
conservent leur emploi au moins six mois après la fin de la
subvention.
M. Leclerc: La question sur les CTA. Une voix: Oui.
M. Leclerc: M. Mercure, avant que la ministre... Lors de notre
commission parlementaire, on s'était aperçu que les CTA ne
pouvaient pas vendre au gouvernement et que, par conséquent, il y avait
peut-être des entrées de fonds qui n'étaient pas possibles.
Il me semble, si mes souvenirs sont exacts, que vous aviez dit que vous
regarderiez la situation pour voir s'il n'y aurait pas possibilité de
changer cela.
M. Mercure: Oui, je pense que c'était la liste des
fournisseurs qui ne comprenait pas les CTA.
M. Leclerc: Effectivement, c'était le problème. Je
me demande si vous avez pu faire des représentations, depuis ce temps,
de votre côté. Je me souviens très bien du problème
et de la discussion qu'on avait eue. Je veux savoir si vous avez pu vous
pencher sur la question. Je comprends très bien que ce n'est pas la
priorité de votre organisme.
M. Mercure: Non. Malheureusement, je ne peux pas donner de
précisions à ce moment-ci. Je pense que la situation n'a pas
changé, parce que c'est une situation qui ne peut pas changer aussi
rapidement. Mais je ne peux pas préciser où en sont les
démarches sur cette question.
Une voix: Bien.
M. Sirros: Juste pour informer le député ainsi que
les autres collègues sur cette question. Le ministre des
Approvisionnements et Services a répondu à une lettre qu'on lui
avait adressée sur cette question en disant qu'il y avait
possibilité, pour chaque ministère, que les organismes
bénévoles ou sans but lucratif, tels les CTA, puissent
être, non pas mis sur ce qu'on appelle communément Rosalie, mais
sur la liste des fournisseurs des ministères concernés pour des
projets particuliers. On est en train de préparer une lettre avisant,
encourageant ou incitant les divers ministères à le faire.
M. Leclerc: J'imagine que vous allez faire parvenir cette
information à...
M. Sirros: C'est tout récent. Je n'ai pas encore eu
l'occasion d'en parler avec M. Mercure. Cela va être distribué
à l'ensemble des ministères pour les inciter à encourager
les CTA.
M. Leclerc: On a des éléments positifs à la
suite de la commission parlementaire.
M. Sirros: Oui.
M. Leclerc: Vous êtes d'accord, Mme la
députée de Marie-Vjctorin?
Mme Vermette: Tout à fait. Je suis même très
heureuse de voir que vous avez posé cette question.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
considérer... S'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
considérer les crédits du Programme 9, c'est-à-dire
l'Office des personnes handicapées du Québec, comme
adoptés?
Mme Lavoie-Roux: Adopté. Mme Vermette:
Adopté.
Services des centres de services sociaux
Le Président (M. Bélanger): Adopté. Merci.
J'appelle donc le Programme 4 sur les Services sociaux. Mme la
députée de Marie-Victorin. (23 h 30)
Mme Vermette: M. le Président, en ce qui concerne les
services sociaux, Mme la ministre nous a dit qu'au 31 mars 1986, le
déficit des CSS était de 4 000 000 $. On a rétabli les
bases budgétaires des CSS de 4 000 000 $ et la prévision
budgétaire des CSS montrait un déficit de 4 000 000 $ au 31 mars
1987, de sorte qu'ils ont eu à subir, si vous voulez, des compressions
budqétaires, en fin de compte, de l'ordre de 2 200 000 $ au niveau
administratif et aussi des compressions de 2 000 000 $ pour des postes
surnuméraires. Ces coupures ont eu aussi un impact direct sur les
services à la clientèle. Notamment, certains services ont
été obligés de fermer leurs portes.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je m'excuse
d'interrompre la députée de Marie-Victorin, mais l'an dernier, en
1985-1986, la dernière année du mandat du gouvernement
précédent, il y avait un déficit ' de 4 205 000 $. Nous
avons injecté 4 000 000 $ dans les bases budgétaires. Nous nous
retrouvons à la fin de l'année 1986-1987 avec un déficit
de 836 000 $ par rapport à un surplus de 1 975 000 $ dans les centres de
services sociaux. Je veux bien qu'on dise qu'on les a soumis à la
torture, mais je voudrais quand même qu'on replace les choses dans un
contexte un peu plus conforme à la réalité.
Mme Vermette: Oui, Mme la ministre,
je veux bien vous croire et, jusqu'à un certain point, vous avez
investi et je le reconnais. J'ai même dit que vous aviez investi 4 000
000 $ parce qu'il y avait un déficit prévu au 31 mars 1986 de 4
000 000 $. Mais, pour Tannée 1987, au 31 mars, on prévoyait un
autre déficit de 4 000 000 $, et les centres des services sociaux ont
dû avoir un redressement budgétaire.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas où la
députée prend ses chiffres. Alors qu'en 1985-1986 le surplus
était de zéro, en 1986-1987, on arrive avec un surplus de 1 975
000 $, pratiquement 2 000 000 $, avec un déficit de 836 000 $.
Mme Vermette: Je voudrais bien, Mme la ministre, mais si je
regarde l'article qui a été... Je fais référence
à l'article que Mme Huguette Roberge a écrit dans le journal. Si
je me souviens bien, sa source de référence était
auprès des CSS. Effectivement, ils ont eu... Même, vous nous avez
fourni, Mme la ministre, l'impact sur les services directs à la
clientèle, les plans d'équilibre budgétaire de 1986-1987.
Donc, il y a sûrement eu un redressement budgétaire pour les CSS
puisque la liste d'impacts sur les services du plan d'équilibre
budgétaire pour 1986-1987 a été fournie par votre
ministère.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je peux donner les
déficits par CSS. Au 31 mars 1987, pour les CSS de la Gaspésie et
des îles-de-la-Madeleine, il y a un déficit de 221 000 $; au CSS
du Bas-du-Fleuve, il y a un surplus de 28 000 $; au CSS de l'Estrie, il y a un
surplus de 33 000 $; aux Services sociaux juifs à la famille de
Montréal, il y a un surplus de 30 000 $; au CSS du Montréal
métropolitain, il y a un déficit de 492 607 $ relié
à l'hébergement des réfugiés - ce qui veut dire
que, pour le déficit global de 836 000 $ dont je vous parlais, il y en a
pratiquement 500 000 $ qui sont reliés à ce problème des
réfugiés et qui, éventuellement, devront probablement
être comblés - au CSS Laurentides, un surplus de 60 000 $; au CSS
Richelieu, un déficit de 37 000 $; au CSS de l'Outaouais, un surplus de
260 000 $| au CSS de l'Abitibi-Témiscamingue, il y a des
problèmes. Il reste 100 000 $ à résorber, parce qu'on leur
a permis un redressement de l'ordre de 200 000 $, que je leur ai envoyés
ces jours derniers. Le CSS de la Côte-Nord a un déficit de 352 000
$.
Alors, les deux gros déficits sont reliés aux CSS de la
Côte-Nord et du Montréal métropolitain, constituant les
deux plus forts déficits, alors que la majorité des autres ont
des surplus.
Mme Vermette: Mme la ministre, il y a eu dans certains CSS des
fermetures. Là, vous me dites qu'il y a eu un équilibre
budgétaire. Effectivement, il y a eu équilibre budgétaire,
il peut y avoir eu même surplus. Mais, dans certains comme celui de
l'Estrie, il y a eu des coupures de postes, notamment, pour le Mouvement
Retrouvailles où on a été obligé de couper des
postes et, même pour l'adoption internationale, on a coupé des
postes. On en a fait état lors de la commission parlementaire sur
l'adoption internationale.
Mme Lavoie-Roux: Quelle est votre question précise? Vous
me demandez quoi, Mme la députée?
Mme Vermette: Je disais que les CSS ont été
obligés d'arriver à un équilibre et que, pour arriver
à un équilibre budgétaire, ils ont dû, dans certains
postes surnuméraires, couper pour 2 000 000 $ à peu près
et cela a eu un impact direct sur les services à la clientèle.
C'est ce dont je parlais.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, ce qu'il faut bien
comprendre, c'est qu'il est exact qu'ils ont des mesures de redressement
à faire au-dessus des 4 000 000 $ qui ont été investis et
qui sont reliés à des décisions de développement
que Ies CSS avaient prises sans que les postes aient été
autorisés.
Alors, la même mesure s'adresse à eux comme aux autres
établissements du réseau. Si on fait du développement non
autorisé, il n'y a aucune garantie que ce développement soit
assumé par le ministère. Alors, c'est pour ça que, en
dépit de ce redressement de bases budgétaires pour 4 000 000 $
qui aurait dû compenser le déficit de l'année 1985-1986 qui
était de l'ordre de 4 000 000 $, on aurait dû, sans trop de
difficultés, arriver à l'équilibre budgétaire, ce
qui a surtout voulu dire des redressements ou plutôt des coupures de
certains postes là où il y avait eu du développement non
autorisé.
Mme Vermette: En tout cas, de toute façon, probablement
que cette année ils seront pris avec un certain problème encore,
parce que, s'ils veulent répondre à certains services et à
certaines clientèles, notamment dans l'Outaouais, avec tous les
programmes ou certains autres programmes, là où les postes
surnuméraires ont été coupés, ils devront
probablement faire, encore une fois, du développement sans autorisation.
Une fois encore, on reviendra à la révision des bases
budgétaires probablement.
Mme Lavoie-Roux: Il faudrait quand même constater, M. le
Président, qu'il y a eu des ajouts de personnel dans les CSS. Par
exemple, pour les familles d'accueil, il y a eu un ajout de 60 postes pour un
montant de
2 270 000 $. Pour l'aide aux réfugiés à
Montréal, il y a eu dix postes d'ajoutés pour un montant de 324
000 $; à la Direction de la protection de la jeunesse, il y a eu
I 254 000 $ d'ajoutés pour la prise en charge; celui-là
étant... Non, ce n'est pas juste dans les CSS. Pour la prise en charge,
c'est remis au conseil régional qui le redistribue soit aux centres
d'accueil, soit aux CLSC, soit aux CSS.
Mais, encore une fois, il y a eu 80 postes d'ajoutés d'une
façon temporaire pour la protection de la jeunesse. Ce sont 80 postes
qui doivent être reconduits, étant donné que les objectifs
visés n'ont pas été atteints. Je pense que ceci devrait
les aider à faire face à leurs responsabilités.
Familles d'accueil
Mme Vermette: M. le Président, j'aimerais demander
à la ministre, actuellement, en ce qui concerne les familles d'accueil,
si elle peut nous expliquer le budget. J'ai de la difficulté à
croire... On dit qu'il y a une augmentation. En 1986-1987, c'était un
montant de 74 245 900 $; cette année, c'est un montant de 74 640 200 $.
On parle ici d'une augmentation de 9 400 000 $ pour la majoration des
barèmes et l'encadrement des familles d'accueil. Est-ce que vous
pourriez m'expliquer ce montant de 9 400 000 $? Où sera-t-il pris?
Mme Lavoie-Roux: On se souvient qu'il y avait eu une
catégorisation des familles d'accueil qui prévoyait des montants
différents ou des rémunérations différentes ou un
per diem différent selon qu'il s'aqissait de familles d'accueil
régulières, spéciales ou de réadaptation.
Dans le cas des familles d'accueil spéciales, cela pouvait
être un montant de 5 $ pour les enfants et de 3 $ pour les adultes. Dans
le cas des familles d'accueil de réadaptation, il s'agissait d'un
montant de
II $ pour les enfants ou les adultes. Compte tenu des projections qu'on
avait faites, il apparaissait que les familles d'accueil
régulières constitueraient 64 % du total des familles d'accueil;
les familles d'accueil spéciales, 31 % - je parle des enfants: 64 % pour
les enfants - et 5 % pour les familles de réadaptation. Dans le cas des
adultes, 60 % de familles d'accueil régulières, 35 % de familles
spéciales et 5 % de familles de réadaptation. Le montant de 10
000 000 $ qui avait été accordé pour ces nouvelles
catégorisations de familles d'accueil devait tenir compte de cette
proportion de 5 %, 35 % et 60 % chez les adultes.
Mme Vermette: Mais cela n'explique pas, quant à la lecture
qu'on peut faire des chiffres ici, je veux dire... Effectivement, je comprends
ce que vous nous dites, soit que le montant de 9 400 000 $ va pour la
catégorisation des familles d'accueil. Mais, quand on regarde les
colonnes de chiffres, cela ne correspond pas à 9 400 000 $. On parle de
74 245 000 $ à 74 640 000 $. Est-ce que cela veut dire qu'il y a moins
de places pour les familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: Un instant, s'il vous plaît! Il est
évident que, dans le cas des enfants, il y a moins de familles d'accueil
qu'il n'y en avait. Mais ceci a été une décroissance
progressive depuis 1980: on est passé de 16 777 familles d'accueil pour
enfants à 11 358 en 1986. Pour 1987-1988, ce sont 11 500 familles
d'accueil de base pour les enfants. En contrepartie, les familles d'accueil
pour adultes et personnes âgées ont crû depuis 1980, si on
se replace entre 1980 et 1987, de 7067 à 12 457. Le nombre prévu
pour 1987 est de 13 500.
Quand on dit que les familles d'accueil diminuent, les nombres qui sont
établis sont la réalité. Ils sont fondés sur les
chiffres de 1986-1987, avec une légère marge de manoeuvre qui est
d'à peu près 1000 pour les personnes âgées et de 200
pour les enfants. (23 h 45)
Mme Vermette: M. le Président, je veux bien que la
ministre me dise qu'il y a eu une décroissance depuis 1980 du nombre des
familles d'accueil, mais je voudrais lui dire que finalement, les montants, par
rapport aux catégorisations, n'ont pratiquement jamais été
respectés. On a limité les familles spéciales et les
familles de réadaptation pour en faire des familles simples et
l'association des familles d'accueil l'a dénoncé, parce qu'on dit
que, de plus en plus, on demande aux familles d'accueil de prendre des cas de
plus en plus lourds. Par contre, on ne leur donne que la prime de 3 $ et
même, c'est allé jusqu'à 2 $, dans certains cas. En ce qui
concerne les enfants, comme les cas s'alourdissent de plus en plus, ce sont des
cas de mésadaptés socio-affectifs, à cause de la
désinstitutionnalisation, on leur demande très souvent de prendre
en charge des cas de plus en plus lourds, mais on ne leur donne pas la
compensation financière en conséquence. Donc, il y a un
désistement des familles d'accueil en ce qui concerne justement les
jeunes.
Mme Lavoie-Roux: Évidemment, la catégorisation des
familles d'accueil était une disposition qui était contenue dans
la loi 27 qui a été sanctionnée en 1981, mais la
catégorisation s'est faite en 1983-1984 et l'application, cette
année, à la fin de 1986. Le danqer de la catégorisation
était, de toute évidence, que l'on qlisse d'une catégorie
vers l'autre. Compte tenu des critères ou de la grille qui avait
été
préparée par le ministère et l'Association des
centres de services sociaux, on était quand même arrivés
à une répartition ou une distribution, comme je l'ai dit tout
à l'heure, des différents types de familles.
Ce que l'on observe, à ce moment-ci, après environ cinq ou
six mois d'application, c'est que les pourcentages qui avaient
été mis de l'avant ont été respectés d'une
façon bien différente d'une région à l'autre. Par
exemple, dans les cas des familles spéciales pour adultes et personnes
âgées, vous vous retrouvez avec 40 % de familles spéciales
dans une région et dont la suivante, 26 % -on ne s'est même pas
rendus à 35 % - dans la troisième, 47 %; la quatrième, 28
% -encore en bas des 35 % - une autre, 53 %; une autre, 44 %; une autre, 24 %;
une autre, 31 %; une autre, 34 %; 20 %, 37 % et, par la suite, 50 %, 48 % et 73
%, dans une région qui est évidemment celle qui a atteint le
sommet, si on peut parler de sommet dans les circonstances. Ce qui veut dire
que les règles n'ont pas été interprétées de
la même façon ou n'ont pas été appliquées de
la même façon dans les différentes régions. Ce qui
nous amène à examiner ce phénomène et à se
dire qu'une proportion de 35 % apparaît sans doute une règle
raisonnable puisque au moins la moitié de3 régions se sont tenues
en bas des 35 % et les autres, au-delà des 35 %.
Nous sommes présentement à réviser, en
collaboration avec l'Association des centres de services sociaux et avec les
centres de services sociaux eux-même3, quelles mesures peuvent être
prises pour, peut-être, augmenter légèrement la
répartition, mais certainement pas pour nous rendre à des
répartitions de 73 %: ce qui veut dire qu'à peu près trois
familles sur quatre sont des familles spéciales. Ceci ne correspond pas
à la réalité des besoins des adultes qui leur sont
confiés.
Mme Vermette: M. le Président, je veux bien croire que,
peut-être, trois familles sur quatre soient des familles
spéciales, mais il semble qu'avant l'application du décret,
c'est-à-dire lorsque l'association des familles d'accueil avait
travaillé avec l'ancien gouvernement pour établir
l'échelle de primes, ce n'était pas du tout la même qui
avait été appliquée. L'association des familles
d'accueil...
Mme Lavoie-Roux: Ce n'était pas appliqué, je dois
vous dire, sous l'ancien gouvernement.
Mme Vermettes C'était en voie d'application et les
élections ont fait que cela a été retardé. On avait
fait un bon travail avec l'association des centres d'accueil, et cette grille
était de 2 $, 4 $, 7 $, 10 $ et 14 $. Cela avait été bien
mesuré. Je pense que la plupart des familles d'accueil étaient
satisfaites quant à cette évaluation de la grille par rapport
à l'alourdissement des clientèles pour elles aussi.
C'est l'application du décret de juin 1986 qui a fait qu'il y a
eu des plafonds pour ce qui est des familles d'accueil et qu'il y a eu
également des plafonds pour les primes, de sorte qu'on n'a pas
respecté la grille qui avait été mise de l'avant et cela,
sans consulter les familles d'accueil.
Je pense que c'est ce qui fait que cela devient de plus en plus
difficile actuellement. D'autre part, il n'y avait pas de ressource dans les
CSS pour faire l'évaluation des familles d'accueil. Tout cela mis
ensemble, les familles d'accueil se sentent prises au dépourvu parce
qu'elles voient leur clientèle s'alourdir de plus en plus, qu'elles
n'ont pas de soutien. II arrive même que, dans certains cas, le
travailleur social ne fait que téléphoner à la famille
d'accueil sans même aller vérifier le foyer parce que, de plus en
plus, il faut répondre à des cas urgents.
On ne donne aucun appui à ces familles d'accueil, ce qui,
à mon avis, est essentiel parce qu'on ne peut pas improviser quand ce
sont des jeunes, des cas très lourds de mésadaptés
socio-affectifs de plus en plus fréquents.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
rappeler à la députée qu'on avait peut-être
idéalement fixé des taux de, je ne sais pas, 2 $, 4 $, 6 $ 8 $,
14 $, je ne répète pas les chiffres exacts de la
députée, mais ce fut un exercice futile parce qu'ils n'ont jamais
pu obtenir de décret du gouvernement pour l'application. Cela n'a jamais
été accepté par le Conseil du trésor. Je ne sais
pas dans quelle mesure les chiffres sont plus modestes, mais ils nous ont
permis d'aller de l'avant.
Maintenant, quand la députée nous parle de personnes qui
font des représentations sur l'alourdissement des clientèles et
nous dit que cela nécessiterait toujours des taux plus
élevés, je dois vous dire qu'il est de mon intention que nous
fassions une évaluation rigoureuse des personnes qui sont
hébergées en familles d'accueil comparativement à des
personnes qui sont hébergées en pavillons ou dans d'autres types
de ressources pour vraiment en avoir le coeur net, si on parle vraiment de
même lourdeur de clientèles dans un cas comme dans les autres.
Certains vont même jusqu'à dire que ce serait plus lourd dans les
familles d'accueil que dans d'autres types d'hébergement. C'est
l'évaluation que l'on veut faire pour avoir une situation plus claire
sur ce problème.
Je dois vous dire également que, quand nous avons obtenu ce
décret, nous l'avons annoncé, et que tout le monde semblait
fort
heureux et considérait que c'était une grande victoire
qu'on obtenait. C'est dommage qu'à l'usage les choses soient un peu
différentes. Je pense que, d'après les chiffres que j'ai
indiqués tout à l'heure, il y a des CSS qui semblent être
capables de rester à l'intérieur de la grille ou des normes qu'on
a fixées, alors que d'autres semblent avoir beaucoup de
difficultées. Il faudrait peut-être aller un peu plus loin dans
les causes pour savoir pourquoi cela fonctionne avec les uns et pas avec les
autres. Il y a peut-être des raisons objectives, mais on ne les
connaît pas au moment où l'on se parle.
Mme Vermette: M. le Président, d'après le directeur
général de la corporation des familles d'accueil, il semble que
c'est l'application du décret, en tout cas, qui est une des bonnes
causes, qui fait qu'il y a une baisse dans les familles d'accueil, un
alourdissement des clientèles et un manque de soutien qui fait qu'il y a
de moins en moins de clientèles. Si Mme la ministre dit qu'au mois de
juin ces gens étaient fort heureux, cela me surprend, parce qu'ils sont
venus manifester ici. Je pense que, tout dernièrement, cela date du mois
de mai 1987, ils ont fait état de leur situation et de leur
mécontentement. ils demandent à la ministre de repenser ces
considérations parce qu'il y a un accroissement des familles d'accueil
de seulement 10 % environ au cours des cinq dernières années.
Présentement, on commence à avoir des difficultés à
avoir des familles d'accueil à cause de l'alourdissement des
clientèles. On parle de désinstitutionnalisation et on
préserve des clientèles au détriment d'autres.
Malgré un handicap qui devient de plus en plus lourd, on essaie de
maintenir ces gens dans des familles ordinaires plutôt que de les
reconnaître comme une famille spéciale, et tout cela.
Mme la ministre, avez-vous l'intention, pour l'année 1987-1988,
d'appliquer le même décret et les mêmes règles pour
les familles d'accueil?
Mme Lavoie-Roux: D'abord, M. le Président, il me semblait
l'avoir dit au début, mais je vais recommencer. Je comprends qu'il est
un peu tard et on est peut-être tous un peu fatigués. La
députée reprend à son compte le fait que les familles
d'accueil diminuent, et c'est inexact. Il y a eu une diminution chez les
enfants, mais une diminution progressive depuis 1980. On peut la voir: 16 000,
16 000, 15 000, 15 000, 15 000, 13 000 en 1985, 12 000 en décembre 1985,
12 000, 11 000 du côté des enfants. Cela n'avait rien à
voir avec l'existence d'un décret ou pas. Il y avait un prix uniforme
pour les familles d'accueil et, pourtant, il y avait cette baisse progressive
du côté des enfants. On a eu une hausse progressive du
côté des familles d'accueil pour les personnes adultes. Je n'ai
pas eu le temps de faire la comparaison, mais si je prends la première
en 1980, en dépit de ce renversement, il y avait 23 844 familles
d'accueil en 1980 et on se retrouve, en mars 1987, avec 25 000 familles
d'accueil passibles pour l'année 1987-1988.
Je pense qu'il faut arrêter de dire que le nombre de familles
d'accueil baisse. Je n'ai pas de calculs pour chacune des autres années.
On reste toujours à 24 000 - je vais sauter les centaines - cela tourne
autour de 24 000, 25 000, il semblerait, en dépit de ce renversement.
Est-ce que le décret va rester tel quel, M. le Président? Il y a
une chose certaine et je l'ai dit tout à l'heure: nous sommes en
pourparlers avec les centres de services sociaux. Nous réexaminons toute
cette question de catégorisation des familles d'accueil, pas pour
enlever la catégorisation, mais pour voir s'il y a certains ajustements
dans les pourcentaqes qui seraient nécessaires, peut-être une
légère retouche qui correspondrait davantage à la
réalité. Encore une fois, avant d'en arriver là, il y a
plusieurs autres questions à élucider. Comment se fait-il que des
réqions données, qui sont des réqions importantes,
Montréal, Québec, pour n'en nommer que deux parce que je les cite
de mémoire, ou Laurentides, Lanaudière et ainsi de suite,
réussissent-elles à fonctionner avec des pourcentages qui sont
même en bas des pourcentages autorisés par le décret, alors
que d'autres s'en vont vers des pourcentages extrêmement
élevés, le plus élevé étant de 73 %, suivi
par un autre de 50 %? Je pense qu'il faut étudier le problème
sérieusement avant de dire: Est-ce qu'on enlève le décret?
Est-ce qu'on qarde le décret? Je pense que les familles d'accueil sont
quand même heureuses de voir qu'il y a eu une décision de prise
dans le sens de reconnaître les services particuliers que certaines
d'entre elles posaient. On va au moins conserver cela. Quant au reste, l'avenir
le dira.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
est-ce que vous aviez terminé sur ces crédits?
Mme Vermette: Non, je n'avais pas tout à fait
terminé.
Le Président (M. Bélanger): On devra continuer
demain puisqu'il est minuit et que l'ordre de la Chambre...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, s'il reste cinq minutes,
peut-être qu'on pourrait terminer ce programme parce qu'il reste beaucoup
de programmes pour demain.
Le Président (M. Bélanger): Je veux juste rappeler
aux gens que nous siégeons
demain aussi de 10 heures à 24 heures.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, demain nous arrêtons è
18 heures. Les 17 heures seront épuisées, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Madame, il y a la
Condition féminine, demain soir, et nous siégeons jusqu'à
24 heures.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui.
Le Président (M. Bélanger): Et mercredi...
Mme Vermette: Peut-être quinze minutes au maximum.
Le Président (M. Bélanger): Non, écoutez, je
ne suis pas d'accord... (minuit)
Mme Vermette: Peut-être quinze minutes, au maximum.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, moi, en
tout cas, je ne suis pas...
Mme Vermette: Dix minutes, au maximum.
Mme Lavoie-Roux: C'est à la commission de décider,
M. le Président. C'était une suggestion de ma part.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Pour quinze
minutes, je ne suis pas d'accord, j'en ai assez, là. Ce ne sera pas le
sujet, mais c'est moi qu'on va épuiser. J'en ai ras le bol.
Alors, il y a une proposition pour dix minutes.
M. Joly: Ne pensez-vous pas que vous en avez assez de dix minutes
pour terminer votre sujet, madame? Autrement, on est aussi bien de faire cela
demain soir.
Le Président (M. Bélanger): Demain matin.
M. Leclerc: Mme la ministre aura terminé demain soir.
Mme Vermette: Dix minutes, cela va aller. Si vous me donnez dix
minutes, je vais m'en tenir à ce cadre de dix minutes.
Le Président (M. Bélanger): Avec des questions plus
courtes, on va être correct.
Mme Vermette: Oui. Je vais faire des questions très
courtes. J'allais tout simplement dire à Mme ta ministre qu'actuellement
les listes d'attente en ce qui concerne les placements sont très longues
et que, par contre, ce qui manque, ce sont des familles.
Au mois de mars 1986, 1324 adultes attendaient une place dans des
familles d'accueil spéciales, et cela depuis le 30 novembre 1986.
Une voix: Quelle est votre question?
Mme Vermette: Mais non. C'est parce qu'on disait qu'il y avait
beaucoup de places dans les familles d'accueil avant que le décret
arrive. Je disais que le décret a un impact parce que, finalement, il y
a moins de familles et il y a des listes d'attente, ce qui ne s'est jamais vu.
Mme la ministre, c'est la première fois qu'il y a des listes
d'attente.
Mme Lavoie-Roux: On a fini l'année 1986, si on parle des
familles pour adultes, avec - je vais les sortir encore une fois -12 457
familles. C'est ce dont on avait besoin, il est prévu 1000 places de
plus, l'an prochain, pour les familles pour adultes.
Mme Vermette: On peut passer au personnel. J'aurais juste deux
questions en ce qui concerne le personnel affecté à l'adoption et
aux retrouvailles. Quand on a eu la commission parlementaire sur l'adoption
internationale, on disait qu'on manquait de ressources pour répondre aux
besoins. Compte tenu du projet de loi qui va dans le sens d'amnistier les
familles et pour y faire suite, est-ce que la ministre a l'intention
d'augmenter le personnel affecté à l'adoption internationale?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, au moment où nous
nous parlons, les centres de services sociaux connaissent leur budget. On n'a
pas prévu de personnel additionnel spécialement pour les deux
dossiers dont vient de faire mention la députée de
Marie-Victorin. Je pense que les centres de services sociaux ont aussi la
responsabilité de décider, à l'intérieur de leur
budget, à quels volets ils veulent donner priorité. En
réponse à cette question, à ce moment-ci, il n'y a pas
d'argent supplémentaire directement affecté à l'ajout de
personnel pour ces deux secteurs.
Mme Vermette: D'accord, mais, Mme la ministre, vous êtes au
courant qu'au moins une dizaine de CSS ont des difficultés de marge de
manoeuvre. Qu'est-ce qui va arriver pour ces gens? Ils ne donneront plus ce
service?
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas une dizaine de centres de services
sociaux qui ont des difficultés de marge de manoeuvre; il y en a
quelques-uns qui sont à la marge. On pourrait parler de celui de
l'Abitibi pour lequel j'ai déjà apporté un correctif de
200 000 $, il y a une dizaine de jours. Il y
a également celui de la Côte-Nord et nous l'examinons comme
nous avons examiné celui de l'Abitibi pour voir s'il y a vraiment des
raisons particulières.
Quant aux autres, je comprends qu'ils n'ont pas une marge de manoeuvre
pour faire des extravagances, mais ils fonctionnent quand même à
l'intérieur d'un budget qui nous apparaît normal. Cela reste une
responsabilité des centres de services sociaux de décider comment
ils veulent affecter leur personnel.
Mme Vermette: Je ne sais pas si je dois considérer que le
projet de loi 21 est une extravagance, mais comment vont-ils faire pour
répondre aux exigences de projet de loi? Comment pourront-ils mettre en
application cette nouvelle responsabilité qui leur est donnée par
cette loi? Ce n'est pas une responsabilité des services sociaux; c'est
une responsabilité qui leur est donnée par la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est une responsabilité qui leur est
aussi donnée par la Loi sur la protection de la jeunesse.
Mme Vermette: Oui, mais pour la Loi sur la protection de la
jeunesse, leurs budgets sont pris à l'intérieur des CSS.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Le Président (M. Bélanger): Ils le font
déjà.
Mme Vermette: Non. Parce qu'avec la nouvelle loi 21, si on
l'applique intégralement, il va y avoir l'amnistie, l'analyse des cas.
Ils ont d'autres responsabilités. Mme la ministre a
réellement...
Le Président (M. Bélanger): C'est 250 dossiers.
Mme Lavoie-Roux: II y a environ 125 cas.
Le Président (M. Bélanger): C'est 125 cas dans
toute la province.
Mme Vermette: Mais il faut le personnel à certains
endroits. En Estrie, il n'y a même plus de personnel pour faire
l'évaluation des cas.
Le Président (M. Bélanger): Oui, mais c'est
à la DPJ que cela s'en va maintenant et elle n'a pas besoin de personnel
de plus pour faire cela. C'est 125 cas dans toute la province, c'est 10 cas par
CSS. Il n'y a rien là.
Mme Vermette: Ils ont besoin de personnel additionnel...
Le Président (M. Bélanger): C'est deux jours de
travail.
Mme Vermette: ...parce que c'était des transferts de
postes. On a coupé de postes pour les mettre ailleurs. À un
moment donné, il va manquer de personnel pour mettre en application les
nouvelles exigences qui sont dues à la loi, d'autant plus que la
ministre s'était engagée à répondre rapidement aux
demandes et à faire en sorte que les délais soient de moins en
moins longs.
Le Président (M. Bélanger): Ce sont des ordres du
tribunal. Cela va à la DPJ. II n'y a pas de délai là. Il
n'y a pas de problème là. C'est à la section adoption que
le personnel qui était réservé pour faire les
évaluations sur les demandes d'adoption a été
enlevé. C'est le problème du CSS. Ce n'est pas le problème
de la ministre. Est-ce clair? Je m'excuse.
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Parfait.
Le Président (M. Bélanger): J'ai tellement
joué là-dedans.
Mme Lavoie-Roux: Rendu à minuit et cinq, M. le
Président, on peut vous excuser.
M. Leclerc: De toute façon, la commission apprécie
toujours votre éclairage, M. le Président.
Mme Vermette: Je me demandais s'il n'avait pas des aspirations
à un moment donné.
Le Président (M. Bélanger): Comme tout le monde.
Vous aussi, j'espère.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais quand même ajouter une chose
en ce qui a trait à l'adoption internationale. Par exemple, le CSS de
l'Estrie est le cas qui nous a été apporté en commission
parlementaire. On avait aboli le poste - c'était un demi-poste ou un
poste, peu importe - qui touchait l'adoption internationale. Par contre, ce que
je me suis fait dire par les autorités de ce centre de services sociaux,
c'est que ceci ne voulait pas dire que les services étaient totalement
disparus, mais que les évaluations pour l'adoption étaient
réparties entre un certain nombre d'intervenants comme faisant partie de
leur "case load". Alors, ce n'était pas nécessairement qu'il n'y
avait plus de services à la disponibilité des parents adoptifs
éventuels. Mais au lieu d'être concentrés dans un poste ou
un demi-poste, ils étaient redistribués à
l'intérieur du personnel.
Le Président (M. Bélanger): D'autres questions,
madame?
Mme Vermette: Non, cela va.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres questions?
Est-ce que le programme 4, Services des centres de services sociaux, est
adopté?
Mme Vermette: Sur division.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander si le programme des services d'accueil de soins de longue durée
est aussi adopté?
Le Président (M. Bélanger): Oui. Une voix:
Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que pour les hôpitaux de courte
durée, c'est adopté?
Le Président (M. Bélanger): Non. Le programme 3?
Non.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): II reste le programme 3
et le programme 8.
Mme Lavoie-Roux: Le programme 8. Une voix: Le programme
7.
Mme Lavoie-Roux: Le programme 7 aussi.
Le Président (M. Bélanger): Le programme 3. Le
programme 4 vient d'être adopté. Il y a les programmes 3, 7 et
8.
Mme Lavoie-Roux: C'est pénible.
Une voix: Le programme 3 n'a pas été fait.
Le Président (M. Bélanger): Donc, compte tenu de
l'heure, la commission ajourne ses travaux à demain, le mardi 2 juin, de
11 h 30 à 13 heures. On se rappelle que la période de questions
est à 10 heures. Nous siégerons à la salle 101 de
l'édifice Pamphile-Le May. D'accord?
(Fin de la séance à 0 h 11)