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(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Je déclare la séance de la commission maintenant ouverte.
Je vais rappeler le mandat de celle-ci. La commission des affaires sociales se
réunit afin de procéder à l'étude
détaillée du projet de loi 21, Loi concernant l'adoption et
modifiant la Loi sur la protection de la jeunesse, le Code civil du
Québec et le Code de procédure civile.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Joly
(Fabre) sera remplacé par M. Audet (Beauce-Nord), M. Laporte
(Sainte-Marie) par M. Richard (Nicolet), M. Leclerc (Taschereau) par Mme
Dougherty (Jacques-Cartier).
Le Président (M. Richard): Merci, madame.
Une voix: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est
remplacé le député...
La Secrétaire: D'Arthabaska.
Le Président (M. Richard): II me fait plaisir de vous
accueillir M. le député d'Arthabaska.
Maintenant, est-ce qu'il y a des motions préliminaires? Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président et je n'ai pas non
plus de déclaration préliminaire parce que nous venons de
terminer le débat en deuxième lecture. Nous avons fait des
déclarations à l'occasion de la commission parlementaire. Je suis
prête à procéder immédiatement, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Merci, Mme la ministre. Motion
préliminaire, Mme la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: M. le Président, nous sommes heureux de voir
que nous avons eu des amendements au projet de loi 21 tel qu'il avait
été présenté. Nous sommes heureux de pouvoir les
étudier en cette commission parlementaire. Nous allons apporter notre
concours et faire en sorte que nous ayons un projet de loi acceptable pour
l'ensemble des parents adoptants du Québec.
Le Président (M. Richard): Merci, c'est parmi les
meilleures motions préliminaires que j'aie entendues.
Modifications au Code civil du Québec
J'appelle donc l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: Cela restera dans l'histoire, M. le
Président.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
De conditions particulières à l'adoption
d'un enfant domicilié hors du Québec
Le Président (M. Richard): L'article 1, Mme la ministre.
Est-ce que vous avez des commentaires?
Mme Lavoie-Roux: Oui. "Le Code civil du Québec est
modifié par l'addition, après l'article 614, de ce qui suit: 5.-
De conditions particulières à l'adoption d'un enfant
domicilié hors du Québec."
Cet article ajoute une sous-section 5 de conditions particulières
à l'adoption d'un enfant domicilié hors du Québec à
la section 2 du chapitre 2 du Code civil du Québec relatif à
l'adoption, pour éviter la confusion sur la portée des
dispositions qui y sont contenues.
M. Bélanger: M. le Président, est-ce qu'on peut
demander à Mme la ministre la nature... En quoi l'ajout de ce
cinquième élément à l'article 1 du Code civil du
Québec bonifie-t-il le projet de loi?
Le Président (M. Richard): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: C'est qu'on veut spécifier d'une
façon particulière que cela s'adresse aux problèmes de
l'adoption internationale. II s'agit de conditions particulières
à des enfants domiciliés hors du Québec et qui sont
finalement les cas d'adoption internationale.
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela répond
à votre question, M. le député?
M. Bélanger: Excellent. Merci.
Le Président (M. Richard): Certains
commentaires, d'autres questions?
Mme Vermette: Non, en ce qui concerne la bonification de
l'article 1. En ce qui concerne l'article 614.1 ou...
Mme Lavoie-Roux: On n'est pas encore rendu è cela.
Mme Vermette: D'accord. Cela va pour l'article 1.
M. Bélanger: Je propose l'adoption de l'article 1, M. le
Président.
Le Président (M. Bélanger): Donc l'article est
adopté. J'appelle l'article 2.
Mme Lavoie-Roux: "L'adoption d'un enfant domicilié hors du
Québec par un adoptant domicilié au Québec ne peut avoir
lieu, à moins que l'adoptant ne présente sa demande d'adoption au
directeur de la protection de la jeunesse, que celui-ci ne l'examine et que
l'adoptant n'agisse par l'entremise du ministre de la Santé et des
Services sociaux."
En fait cet article édicté les conditions
générales de l'adoption d'un enfant domicilié hors du
Québec relatives aux adoptants. Cet article reprend en un seul endroit
et en les clarifiant les conditions actuelles prévues aux articles 617.1
et 622.1 du Code civil du Québec et l'article 72.3 de la Loi sur la
protection de la jeunesse. C'est de reprendre ou de centraliser en un seul
endroit les diverses dispositions prévues à la fois au Code civil
et à la Loi sur la protection de la jeunesse.
Mme Vermette: M. le Président, pour bien suivre, est-ce
que nous sommes rendus à l'article 614.1?
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
Mme Vermette: Nous sommes rendus à l'article 614.1. Donc,
M. le Président, à l'article 614.1 nous aurions une
recommandation concernant une modification. Nous aimerions qu'à la fin
de l'alinéa, c'est-à-dire après "l'entremise du ministre
de la Santé et des Services sociaux" soit ajouté: "ou d'un
organisme reconnu". Je pense que ceci fait suite à une demande
importante des groupes pour que ceux qui sont reconnus comme étant
admissibles à aller dans des pays pour faire de l'adoption
internationale et travailler avec les différents organismes de ces pays
puissent avoir les pleins droits et qu'on les reconnaisse comme étant
des intermédiaires avec tous les pleins pouvoirs que cela veut dire et
non pas, tout simplement des organismes au service du ministère de la
Santé et des Services sociaux. Je pense que ces gens ont acquis une
expertise des plus honorables. Ils ont une réputation hors de tout
doute. Au cours des débats, nous nous sommes fait dire que les pays
préfèrent travailler avec les organismes plutôt que tout
autre organisme officiel d'un gouvernement. Dans de nombreux pays, cela
fonctionne d'organisme à "organisme et c'est une reconnaissance beaucoup
plus facile. Je sais qu'un peu plus loin la ministre parle de toute
façon d'un contrat type qui pourra faire l'objet... Cela permet à
un - plus grand éventail d'organismes de fonctionner, en ce qui concerne
l'adoption internationale, et d'aller dans un plus grand nombre de pays. Je
pense qu'on pourrait élargir, parce qu'on n'a que quelques pays à
l'heure actuelle, et on pourrait aller plus loin. La reconnaissance de pleins
pouvoirs à ces organismes serait importante. C'est une reconnaissance
pour tout ce qu'ils ont fait depuis qu'ils existent et pour l'expertise qu'ils
ont acquise, qu'ils ont développée. Si on établit un bon
contrat type, on peut faire confiance à ces organismes, d'autant plus
que ce sont des organismes bénévoles.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Avant votre
question, M. le député...
Mme Lavoie-Roux: II faut déposer l'amendement.
Le Président (M. Richard): ...j'aimerais avoir, si c'est
possible, l'amendement par écrit. Je voudrais aussi vous rappeler que
l'article 1 actuellement vient introduire des éléments d'article.
Vou3 ave2 quatre éléments nouveaux qui sont 614.1, 614.2, 614.3
et 614.4. On y va par élément.
Mme Vermette: C'était 614.1.
Le Président (M. Richard): Donc vous êtes à
614.1. Avez-vous votre amendement par écrit, Mme. la
députée?
Mme Vermette: Oui, M. le Président. L'article 614.1 tel
qu'édicté par l'article 1 de cette loi est modifié par
l'addition à la fin de la cinquième ligne des mots "ou d'un
organisme reconnu".
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Bélanger: M. le Président, il m'est apparu,
lorsque Mme la ministre a fait la lecture de son projet de loi, en
deuxième lecture en Chambre, qu'elle avait l'intention de
réaffirmer ou de reconnaître le rôle des organismes reconnus
quelque part ailleurs dans la loi. Est-ce que Mme la ministre pourrait nous
donner une précision là-dessus avant qu'on discute de la
recevabilité de
l'amendement?
Le Président (M. Richard): Oui, sûrement. Mme la
ministre.
Mme Lavoie-Roux: Un instant, c'est un papillon. C'est à
l'article 9, les modifications à Particle 72.3 auquel on apporte un
papillon qui se lit comme suit: On remplace au deuxième alinéa,
"être assisté par un organisme qu'il reconnaît dans ce but
et", par "aux fins du premier alinéa, reconnaître un organisme".
Ce que les organismes plaidaient c'est que d'être assisté
était quelque chose de trop large, pas assez précis, qui ne les
reconfirmait pas dans le rôle qu'ils avaient joué jusqu'ici. C'est
pour cela que nous remplaçons "être assisté" par aux fins
du premier alinéa, "reconnaître un organisme". "L'adoptant
domicilié au Québec au moment de l'adoption ne peut adopter un
enfant domicilié hors du Québec que par l'entremise du ministre
de la Santé et des Services sociaux" et la ministre aux fins du premier
alinéa peut reconnaître un organisme qui a pour mission de
défendre les droits de l'enfant, de promouvoir ses
intérêts, d'améliorer ses conditions de vie.
M. Bélanger: Donc, M. le Président, sur la
recevabilité.
Le Président (M. Richard): Oui.
M. Bélanger: Je pense que la motion de la
députée dans ce sens-là est prématurée,
puisque c'est prévu dans un autre article qui est exactement l'article
afférent à cette demande, un organisme que le ministre
"reconnaît dans ce but et qui a pour mission de défendre les
droits de l'enfant de promouvoir ses intérêts, d'améliorer
ses conditions de vie". Il me semble que c'est très explicite,
très précis. Je ne vois pas pourquoi, dès l'article 1 on
le mettrait là. Il m'apparaît qu'il y aurait une redondance
absolument néfaste à l'économie de la loi. Je propose que
l'on rejette cet amendement pour ces raisons, puisque c'est déjà
mentionné ailleurs et que la correction est apportée.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laval-des-Rapides, par contre je constate que Mme la ministre a fait
référence à un amendement éventuel à
l'article 9. Ce que Mme la ministre a sous-entendu, je pense, c'est pour
sensibiliser Mme la députée de Marie-Victorin au fait que l'effet
de cet amendement va exister, s'il est accepté dans l'article 9 tel que
présenté en amendement par Mme la ministre. Est-ce que le fait
que cela fasse éventuellement partie d'un amendement à l'article
9 vous convient et permettrait de ne pas apporter cet amendement à
l'article 614.1? Est-ce que cela vous satisfait que ce soit à l'article
9 éventuellement.
Mme Vermette: Non, parce que, en fin de compte, je n'ai pas assez
d'explications pour admettre quel sera le sens de la reconnaissance qu'on
donnera aux organismes. C'est ce qui est important. Est-ce que les organismes
vont agir au nom de la ministre ou est-ce qu'on va leur reconnaître les
pleins pouvoirs? C'est très différent. Quand on parle de
reconnaissance, est-ce que c'est une reconnaissance avec les pleins pouvoirs ou
une reconnaissance sous la tutelle de la ministre? Généralement
les organismes sont des organismes autonomes, qui fonctionnent avec un contrat
type avec le ministère de la Santé et des Services sociaux, ils
s'engagent à respecter les conventions à l'intérieur du
contrat type. Par contre, ces gens-là ont leurs structures, leur
organisation et je pense qu'on peut les reconnaître comme une
entité autonome...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, question de
règlement, il ne faudrait pas argumenter sur le fond.
Le Président (M. Richard): Madame, je pense que dans un
premier temps l'amendement est recevable. Donc, s'il y a des commentaires sur
l'amendement et je pense que c'est ce qu'on avait amorcé, chacun y va de
ses commentaires. Mme la députée de Marie-Victorin, je m'excuse
si je vous ai interrompue.
Mme Vermette: J'expliquais qu'il faudrait peut-être
considérer les organismes comme des entités autonomes, capables
de se structurer, capables de fonctionnement et capables aussi, de leur propre
initiative, d'aller dans les pays, de contracter avec les pays, avec
différents orphelinats ou avec différents autres organismes. Que
ceux-ci puissent agir d'une façon autonome et qu'on leur donne tous les
pouvoirs qu'on donne habituellement à une entité autonome.
Actuellement ce n'est pas clair. Est-ce que, seule, la ministre pourra choisir
les organismes qui pourront faire de l'adoption internationale?
Une voix: ...
Mme Vermette: Oui, mais il faut toujours tenir compte qu'une fois
qu'il y a une convention type, je pense que chaque organisme est prêt...
Si du jour au lendemain, M. le député de Laval-des-Rapides, vous
avez comme hobby ou vous sentez une vocation nouvelle, vous voulez être
reconnu comme un intermédiaire dans un pays, comme la Thaïlande, et
vous voulez vous consacrer à trouver des enfants pour les parents du
Québec. Vous en faites une
demande. Vous signez une convention type et si vous rentrez à
l'intérieur des critères de la convention, vous faites l'objet
d'une autorisation. À ce moment-là vous pouvez, en fin de compte,
exercer de plein droit votre rôle d'intermédiaire. Vous pouvez
allez dans les pays - la Thaïlande parce que c'est l'endroit où
vous voulez travailler - et vous êtes reconnu comme un
intermédiaire» Par cet ajout, c'est ce qu'on dit, c'est qu'on
reconnaît aussi aux organismes, les privilèges d'une entité
autonome.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laurier, vous aviez un commentaire?
M. Sirros: Merci, M. le Président. Nous ne pourrons
malheureusement pas souscrire à la thèse de la
députée. Ce n'est pas par méchanceté ou quoi que ce
soit, mais juste pour clarifier. Ce que nous disons, c'est que les organismes
reconnus sont effectivement des organismes autonomes qui ont une charte, sont
sans but lucratif, etc., ils sont appelés à signer une convention
avec le ministère. À l'intérieur de ces conventions on va
établir les règles du jeu qui régissent les deux. À
l'article ici, il s'agit de jalons d'une intervention étatique si vous
voulez. C'est-à-dire qu'on va déléguer par la suite, aux
organismes de promotion des pouvoirs en matière d'adoption
internationale. On ne peut pas faire en sorte que les organismes reconnus
remplacent le ministère. L'amendement que vous proposez dit "ou les gens
s'adressent au ministère ou aux organismes reconnus". S'ils s'adressent
aux organismes reconnus, à ce moment-là le rôle du
gouvernement ou de l'État n'a aucun sens là-dedans. Ce qu'on
propose dans le projet de loi, c'est qu'on déléguera des pouvoirs
aux organismes reconnus. Dans ce sens-là, on ne pourra pas accepter
l'amendement tel que proposé, M. le Président.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Richard): Oui, M. le
député.
Une voix: La règle de l'alternance, je voudrais par la
suite...
Mme Vermette: Je ne comprends pas l'explication que vient de me
donner le député de Laurier. Antérieurement on
reconnaissait en effet des organismes comme étant des
intermédiaires. On leur retranche cette reconnaissance. Le
mémoire présenté par le Barreau sur l'adoption
internationale en mai 1987 soulevait cette particularité. Je me repose
là-dessus. À la page 16 du mémoire du Barreau du
Québec on disait que l'un des effets majeurs du projet de loi 21 par sa
modification proposée par l'article 72.3 de la Loi sur la protection de
la jeunesse tel que modifié par l'article 1 du chapitre 104 des lois de
1986 est la disparition des organismes jusqu'ici reconnus en vertu de la Loi
sur la protection de la jeunesse à titre d'intermédiaires. Voici
la question que je vais poser à Mme la ministre: Est-ce que les
organismes seront reconnus comme des intermédiaires ou simplement
reconnus comme des organismes qui agissent au nom de la ministre?
M.Bélanger: M. le Président.
Le Président (M, Richard): Je m'excuse. Par la suite, je
reviendrai à vous, M. le député de Laval-des-Rapides. Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président. Les organismes seront
reconnus, non pas comme des intermédiaires, mais comme des personnes
pouvant agir au nom et à la place du ministre. Je comprends les
intentions de la députée de Marie-Victorin de dire: II faut leur
assurer une place la plus large possible. Il faudrait peut-être se
rappeler ce que les organismes eux-mêmes sont venus nous demander. Les
organismes ont dit: Vous avez modifié le texte, et, finalement nous
jouerons un rôle d'assistance qui n'a pas toute la valeur d'une
reconnaissance. Si on souscrivait à l'amendement de la
députée de Marie-Victorin, cela voudrait dire que les gens
pourraient s'adresser soit à la ministre qui, elle, dans les cas
où il n'y a pas d'organisme reconnu, va devoir agir par le
Secrétariat de l'adoption, et les gens arriveraient à des portes.
Si bien que s'il y avait des problèmes, les organismes reconnus auraient
les mêmes pouvoirs que la ministre. Je pense que la députée
de Marie-Victorin le reconnaît, on l'a décidé au point de
départ, c'est une intervention étatique. Il y a une intervention
étatique, pas pour le plaisir de la chose, mais parce qu'on dit: II faut
encadrer cette démarche importante. (11 h 45)
La ministre délègue. Quand elle déléguera
è un organisme reconnu qui, lui, ira dans un pays, le fait qu'il sera
cautionné par la ministre, si des problèmes surgissent, qui va
répondre? Est-ce que ces organismes vont agir avec les mêmes
pouvoirs que la ministre? Dans le fond, ce que vous dites c'est: Ils vont
à la ministre ou ils vont à l'organisme, alors, qui va devoir
répondre? C'est la ministre qui va devoir répondre en cas de...
ou le ministre, on va laisser le "la" pour un bout de temps - C'est le ministre
qui devra répondre des problèmes qui seront soulevés,
comme dans le moment je suis obligée de répondre des
difficultés éprouvées. Si cela était réparti
entre une dizaine d'organismes, pour vous donner un exemple, aux portes
desquels on serait allé frapper, écoutez, on serait aussi bien de
dire que
l'État se retire de cela.
Sans mettre en doute la qualité des organismes qui vont devoir
intervenir, la qualité de ceux qui sont déjà reconnus, je
pense qu'on ne peut pas accepter votre amendement. À mon point de vue,
il sape le principe même de la loi. La ministre a délaissé
des obligations qui avaient été contestées en les
remettant au Tribunal de la jeunesse. Mais il reste que si l'État veut
encadrer, il faut, au minimum, que quelqu'un coordonne. Et, c'est uniquement le
râle qu'il reste au ministre de coordonner, au plan administratif, les
différentes opérations de l'adoption internationale. C'est pour
cela que, malheureusement, on ne peut pas souscrire à l'amendement de la
députée de Marie-Victorin.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez, juste un
commentaire, M. le député de Laval-des-Rapides. Allez!
M. Bélanger: ...ne tient pas compte quand c'est la
ministre. Alors, à l'instar de Mme la ministre, il faut regarder comme
il le faut l'article 72.3 qui spécifie très bien l'objectif que
vous visez et qui correspond, en ce qui me concerne en tout cas, parfaitement
aux attentes des différents organismes. Quand je dis parfaitement,
relisez tous les mémoires présentés en commission,
regardez les galées. Les gens l'ont très bien affirmé, on
n'a pas objection à ce que la ministre joue son rôle, bien au
contraire. Ce qu'on veut, c'est que le rôle des organismes soit reconnu.
Lisez toutes les choses, relisez les galées, vous allez voir, c'est tout
à fait conforme. Alors, on dit que l'adoptant domicilié au
Québec, au moment de l'adoption, ne peut adopter un enfant
domicilié hors du Québec que par l'entremise de la ministre de la
Santé. Dans ce but, la ministre peut reconnaître un organisme, qui
a pour mission de défendre les droits de l'enfant, de promouvoir ses
intérêts et d'améliorer ses conditions de vie. Et elle dit
très bien: L'organisme reconnu n'intervient que selon les conditions et
les modalités déterminées par règlement.
De plus, cette intervention doit être conforme aux engagements que
l'organisme a pris envers la ministre. Dans le fond, ce dont il s'agit ici,
c'est se donner des structures pour éviter que n'importe qui s'improvise
agence d'adoption et qu'on revienne à l'anarchie qu'on a connue et aux
problèmes qu'on a connus avec d'autres pays. Ce qu'on se donne, ce sont
des garanties que tout sera conforme. Cela ne veut pas dire que la ministre va
aller parrainer chacun des pas de ces organismes; elle reconnaît leur
légitimité. Il faut d'abord qu'il y ait cette reconnaissance et
que cela se fasse à travers des balises bien précises, pas d'une
façon anarchique ou n'importe comment pour nous créer des
problèmes avec d'autres pays. II faut éviter de se fermer les
portes et se ramasser à un moment donné où on ne pourra
plus faire d'adoption internationale, pas parce qu'on ne voudra pas, parce
qu'on ne pourra pas.
Dans ce sens, M. le Président, moi je pense que nous devrions
rejeter cette motion de Mme la députée de Marie-Victorin, parce
que les objectifs de fond poursuivis sont dans l'article 72. Je pense que cela
serait aller tout à fait contre l'esprit qu'on veut donner a l'adoption
internationale en enlevant tout rôle au ministre. Il n'y a plus de
répondant nulle part. Les organismes ne sont pas des organismes
élus et imputables au sens de la loi comme l'est le ministre. Dans ce
sens, je pense que cela est irrecevable.
Le Président (M. Richard): Mme la
députée.
Mme Vermette: M. le Président, je voudrais tout simplement
faire remarquer à mon collègue de Laval-des-Rapides
qu'antérieurement, dans la Loi de la protection de la jeunesse, à
l'article 72.3... Je vais lui répéter et lui lire: "Que
l'adoption ait lieu au Québec ou ailleurs, l'adoptant domicilié
au Québec au moment de l'adoption ne peut adopter un enfant
domicilié hors du Québec que par l'intermédiaire du
ministre de la Santé et des Services sociaux, du directeur ou d'un
organisme reconnu." Alors, actuellement par la nouvelle loi que nous sommes en
train...
M. Bélanger: Lisez la suite. On ne peut pas lire un
article sans lire tout l'article.
Mme Vermette: Doit faire l'objet d'une demande par le directeur.
Maintenant, le directeur est changé par le Tribunal de la jeunesse.
Donc, actuellement, les organismes qui étaient reconnus comme des
intermédiaires ne sont plus des intermédiaires. C'est cela qu'il
faut retenir actuellement avec le nouveau libellé de la loi 72.3. C'est
de cette façon qu'il faut l'inscrire. Je ne crois pas, M. le
Président, que nous répondions aux souhaits et aux voeux
finalement, parce qu'il y avait plus d'un intermédiaire. On
reconnaissait les organismes comme étant des intermédiaires.
Effectivement, c'est exactement l'inverse. Les gens pouvaient s'adresser au
DPJ, mais la DPJ n'a jamais joué ce râle, parce que,
évidemment, elle n'avait pas les ressources, le temps et les moyens pour
le faire. À ce moment-lè, c'étaient les
intermédiaires, les organismes qui jouaient le rôle
d'intermédiaires. Actuellement, on modifie les règles du jeu en
ce qui concerne les organismes. Dorénavant, les organismes ne pourront
plus jouer le rôle d'intermédiaires qu'on leur reconnaissait
antérieurement dans
la loi, à l'article 72.3.
M. Bélanger: Elle a bien dit, M. le Président,
l'article 72.3, et la suite, parce qu'il faut tout le lire. On ne peut pas
prendre un morceau de l'article et dire: C'est cela. Il faut prendre l'article
au complet ou "pantoute". C'est bien dit dans un deuxième alinéa:
La ministre peut reconnaître un organisme "dans ce but et qui a pour
mission de défendre les droits d'un enfant, de promouvoir ses
intérêts et d'améliorer..." Donc, ce but, c'est de
favoriser l'adoption des enfants domiciliés hors du Québec. C'est
très explicite, je ne comprends pas votre argumentation. M. le
Président, moi je demanderais qu'on passe au vote sur la motion.
Le Président (M. Richard): Alors, cela va pour les
commentaires. Est-ce que Mme la députée de Marie-Victorin, nous
sommes... Vous avez un autre commentaire, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Un quart de minute. Je voudrais simplement dire
- je ne l'ai peut-être pas assez précisé tout à
l'heure -que l'organisme d'adoption internationale reconnu n'est pas un
intermédiaire mais, dans les pays où il va, il est
l'intermédiaire de la ministre. Je voulais préciser cela pour
qu'il n'y ait pas confusion.
Le Président (M. Richard): Alors à
l'élément 614.1, est-ce que le nouvel article...
c'est-à-dire l'amendement à 614.1 est accepté?
Mme Lavoie-Roux: Rejeté.
Mme Vermette: Moi, voter contre... Ah! Ah! Ah!
Le Président (M. Richard): J'avais l'impression que vous
étiez pour perdre cet amendement-là, sûrement. Alors,
l'amendement est donc rejeté. Est-ce que l'article 614.1 est
adopté tel qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Mme Vermette: II n'y a pas d'amendement.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
Mme Vermette: L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Richard): Et donc, adopté sur
division. Alors, j'appelle donc l'élément 614.2, toujours de
l'article 1.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais
présenter un papillon. "L'article 614.2 introduit au Code civil du
Québec par l'article 1 du présent projet, est modifié par
le remplacement, dans les deuxième et troisième lignes, des mots
"vérifier la régularité de" par le mot "approuver"."
Le Président (M. Richard): Donc, c'est recevable.
Mme Lavoie-Roux: Alors, très brièvement, M. le
Président. Quand le Barreau s'est présenté devant nous et
peut-être d'autres, mais en tout cas certainement le Barreau, ils ont
fait valoir que le mot "vérifier" ne leur semblait pas approprié,
compte tenu qu'il n'y aurait aucun jugement de valeur ou d'appréciation
qu'ils pourraient porter quant à l'adoption elle-même, quant au
projet d'adoption. Ils n'auraient fait que vérifier si des règles
avaient été suivies. C'est dans ce but que nous utilisons le mot
"approuver" afin de clarifier sans abigu?té que seul le tribunal a la
discrétion pour autoriser ou non le projet d'adoption. Je pense que cela
évite la confusion qui avait été créée dans
le passé.
Mme Vermette: Oui, M. le Président. Nous sommes d'accord
pour donner des pouvoirs discrétionnaires finalement aux tribunaux. Je
pense que c'est souhaitable et c'était souhaité aussi de la part
du Barreau. Maintenant, M. le Président, j'aurais tout simplement moi,
ce n'est pas... c'est tout simplement une question de formulation ou de... de
scinder l'article en deux. Je pourrais peut-être vous le lire, c'est: "Le
tribunal appelé à prononcer l'ordonnance de placement s'assure
que les règles relatives au consentement à l'adoption de l'enfant
soient respectées, que la demande ait fait l'objet d'un examen par le
directeur de la protection de la jeunesse et que l'adoptant ait agi par
l'entremise du ministre de la Santé et des Services sociaux ou d'un
intermédiaire reconnu. "Si le placement est fait en vertu d'un accord
conclu, conformément à la Loi sur la protection de la jeunesse
avec un gouvernement étranger ou un de ses ministères ou
organismes, le tribunal - ce n'est plus "ne vérifie" mais "approuve" -
approuve la conformité de la procédure suivie avec celle que
prévoit l'accord."
Le Président (M. Richard): Alors, ce que vous
suggérez, madame, c'est que l'article 614.2 devienne ce que vous venez
de faire lecture?
Mme Vermette: Oui, mais d'en faire deux paragraphes.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on pourrait avoir le
texte, s'il vous plaît?
M. Bélanger: Est-ce qu'il y a des copies pour tout le
monde?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Laval-des-Rapides, on va voir si on peut faire des photocopies d'une
façon Xerox, rapide.
M. Bélanger: Ils n'ont pas de machine.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce qu'on pourrait le lire, M. le
Président?
Le Président (M. Richard); Oui. On va... Excusez! On va en
faire des copies pour tout le monde. Alors, si vous me permettez de suspendre
quelques minutes, on va procéder à la reproduction de documents?
Alors, suspension pour quatre minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 56)
(Reprise à 12 h 3)
Le Président (M. Richard): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission poursuit ses travaux. Alors, Mme la
députée de Marie-Victorin a déposé un
sous-amendement à l'article 614.2. Vous en prenez connaissance.
Mme Vermette: Enfin, c'est pour scinder le râle du tribunal
comme les placements et... Excusez-moi.
Le Président (M. Richard): Je pense même que vous
donnez, en fait, toute la démarche par écrit.
Mme Vermette: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Richard): Est-ce que c'est recevable
comme sous-amendement?
Mme Vermette: Oui, oui. La seule chose, c'est qu'en vertu de
l'amendement qui a été apporté, on donne des pouvoirs
discrétionnaires aux tribunaux, c'est-à-dire qu'au lieu de
"vérifier", on met "approuvé". Je pense que c'est plus conforme
aussi au rôle des tribunaux.
Le Président (M. Richard): Donc, vous êtes d'accord
avec l'amendement de Mme la ministre, sauf que vous voulez y ajouter en
sous-amendement ces détails additionnels.
Mme Vermette: Oui, oui. En fait, on scinde tout en tenant compte
du mot "approuver". C'est peut-être scinder, finalement, les deux...
Mme Lavoie-Roux: Mais, je pense, M. le Président, qu'il
faudrait d'abord adopter mon amendement parce qu'il pourrait y avoir de la
confusion si on fait les deux en même temps.
Le Président (M. Richard): Puisqu'on est d'accord avec
l'amendement proposé...
Mme Vermette: II n'y a aucun problème.
Une voix: On propose que l'amendement de Mme la ministre soit
adopté.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Richard): Alors, l'amendement est donc
adopté unanimement.
Mme Lavoie-Roux: Là, on passe à la discussion.
Le Président (M. Richard): Là, on passe à la
discussion...
Une voix: Du nouvel amendement.
Le Président (M. Richard): ...du nouvel amendement, en
fait, que vous apportez.
Mme Vermette: Oui. En fait, c'est tout simplement pour rendre
cela beaucoup plus clair et explicite pour que les gens puissent savoir
exactement à quoi s'en tenir lorsqu'ils lisent la loi. Il n'y a pas
vraiment de débat à faire là-dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je l'ai interprété comme cela, M.
le Président. C'est un amendement de forme mais nous croyons que tel que
l'article est rédigé, présentement, cela nous
apparaît tout à fait clair sans ajouter inutilement au Code civil.
Je pense que c'est bien divisé. C'est: L'adoptant qui entend adopter
l'enfant hors du Québec doit, au préalable, s'adresser au
tribunal afin de faire approuver la régularité de son projet.
Celui qui entend adopter l'enfant au Québec doit s'adresser au tribunal
pour obtenir une ordonnance de placement.
Nous pensons que les deux actions qui, en fait, sont différentes,
sont très claires et allons à 614.3 juste pour faire le lien et
non pas pour en discuter. On dit: Le tribunal, appelé à approuver
la régularité du projet d'adoption ou à prononcer
l'ordonnance de placement de l'enfant... Je pense qu'il s'agit de deux
opérations bien séparées et il ne me semble pas qu'il y
ait ambiguïté là-dessus.
Le Président (M, Richard): Est-ce que cela vous satisfait,
Mme la députée?
Mme Vermette: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Est-ce que vous retirez votre
amendement?
Mme Vermette: D'accord, on peut le retirer.
Le Président (M. Richard): Donc, 614.2 tel
qu'amendé est adopté.
Mme Vermette: Oui, tel qu'amendé. Le Président
(M. Richard): Cela va? Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
J'appelle donc l'élément 614.3. Avez-vous des commentaires, Mme
la ministre?
Mme Lavoie-Roux: II y a certainement un papillon qui est toujours
te même: Remplacer les mots "vérifier la régularité
du..." Mais il faudrait quand même vous le déposer d'une
façon formelle, M. le Président. Pour l'article 614.3, est-ce que
je l'ai?
Une voix: Vous l'avez ici.
Le Président (M. Richard): Je n'y tiens pas
nécessairement, Mme la ministre, mais si cela vous fait plaisir, on va
le recevoir.
Mme Lavoie-Roux: Oui, vous pouvez le lire, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): Alors, l'article 614.3
introduit au Code civil du Québec par l'article 1 du présent
projet, est modifié, premièrement, par le remplacement, dans la
deuxième ligne du premier alinéa, des mots "vérifier la
régularité du" par les mots "approuver le" et
deuxièmement, par la suppression du second alinéa.
Mme Lavoie-Roux: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Richard): Est-ce que cela vous
convient?
Mme Vermette: Oui, cela nous convient très bien.
Le Président (M. Richard): Donc, l'amendement à
614.3 est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Mme Vermette: Oh! Un instant!
Le Président (M. Richard): Pardon? Allez-y.
Mme Vermette: C'est l'amendement qui est adopté et sur
l'amendement, il n'y a pas de problème.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je comprends que tout
le monde l'ait adopté, mais je voudrais quand même donner
l'explication de la suppression de l'alinéa 2.
Mme Vermette: Oui, l'alinéa 2 du projet.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que c'est quand même la
modification principale. Alors, je pense qu'il faut au moins donner
l'indication pour le Journal des débats.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre, allez-y.
Mme Lavoie-Roux: Alors, le premier, c'est une concordance avec le
papillon précédent ou l'amendement précédent. Quant
au deuxième, la suppression du second alinéa, il a pour but de
supprimer l'exigence du consentement de l'État étranger. Cette
modification est rendue nécessaire afin de limiter les risques de
conflits de lois dans les cas où le système juridique de
l'État étranger est différent du nôtre.
Conséquemment, un jugement étranqer pourra être
reconnu au Québec avec les effets d'un jugement rendu au Québec
pour autant que soit respectées d'une part la loi du domicile de
l'enfant quant au consentement à l'adoption et à son
adoptabtlité et, d'autre part, les conditions des lois du Québec
selon lesquelles l'adoptant, présente sa demande au directeur de la
protection de la jeunesse, que celui-ci l'examine, que l'adoptant agisse par
l'entremise du ministre et que son projet d'adoption soit approuvé, au
préalable, par le tribunal.
Alors, cette modification vise à respecter l'État
étranger et à reconnaître sa compétence et sa
responsabilité. Elle vise aussi à faciliter l'adoption d'enfants
domiciliés hors du Québec en permettant l'adoption d'enfants qui
ne sont pas adaptables en vertu de notre droit actuel car, le Code civil,
encore une fois, ne prévoyait que l'adoption plénière.
Alors, je pense que c'est la modification principale.
M. Bélanger: M. le Président, si je comprends bien,
en page 4 le paragraphe commençant par: "En outre, il s'assure..."
jusqu'à "de cet enfant par l'adoptant" est rayé.
Mme Lavoie-Roux: Oui, le deuxième paragraphe saute.
M. Bélanger: Le deuxième alinéa,
d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Le deuxième alinéa, pardon.
M. Bélanger: Parfait.
Mme Lavoie-Roux: Alors, c'est juste parce que je pense que c'est
important que ce soit enregistré au Journal des débats, c'est
tout.
Le Président (M. Richard): L'amendement est
adopté...
Mme Vermette: Oui, M. le Président, je peux vous dire en
tant que... Dans ce dossier-ci, je me réjouis énormément,
en fin de compte, de l'ouverture dont on vient de faire preuve en ce qui
concerne cet article parce que je pense que c'est au coeur du débat.
Finalement, à cause de la non-reconnaissance de l'adoption simple dans
les pays qui demandaient le consentement, nous avons dû fermer certains
pays à l'adoption. Je pense qu'il est heureux maintenant que ceci
disparaisse et favorise davantage l'ouverture de différents pays pour
l'adoption internationale.
Je m'en réjouis, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous me permettrez
d'ajouter que la loi 21 prévoyait non seulement l'adoption
plénière mais prévoyait également l'adoption simple
ce qui était un élargissement par rapport au Code civil. Mais il
le prévoyait après l'obtention d'un consentement de
l'État, ce qui nous semblait une difficulté que nous ne pourrions
pas toujours surmonter dans bon nombre de pays.
Il faut bien réaliser que - et cela, je pense qu'il faut que ce
soit clair - le Code civil et l'interprétation du Code civil visaient
l'adoption plénière et que la loi 21 ouvrait des
possibilités d'adoption simple. À ce moment-ci, il n'y a plus de
limites à l'adoption simple, sauf évidemment toutes les
règles qui entourent l'adoption elle-même.
Le Président (M. Richard): L'article 614.3 tel
qu'amendé est adopté.
Mme Vermette: Oui, je vous ai fait adopter tantôt un
amendement à l'article 3 mais je pense que c'est à peu
près dans le même contexte que l'article 614.2 tantôt et je
pense que dans les circonstances je vais retirer cet amendement.
Le Président (M. Richard): On l'élimine? Parfait.
Alors, c'était seulement un document qui avait circulé, on n'en
fait pas mention, à ce moment-là.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Mme Vermette: M. le Président, je ne voudrais pas
recommencer le débat en ce qui concerne l'adoption simple, l'adoption
plénière et les orientations du Code civil, mais je pense que
cela n'a jamais été le Code civil qui a empêché
l'adoption simple dans les différents pays. ît faut faire
attention. C'est l'interprétation de nos lois qui reconnaît
l'adoption plénière ici au Québec, en vertu de notre Code
civil, alors que d'autres pays fonctionnent avec l'adoption simple. Il ne
faudrait pas tout mêler et dire que c'est l'interprétation de
notre code qui empêchait l'adoption simple dans les autres pays parce
qu'il y avait une possibilité d'harmonisation des lois et elle se
faisait par le Tribunal de la jeunesse. Il faudrait lire les jugements du juge
Dorion à cet effet.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais simplement,
sur cette remarque, dire à la députée de Marie-Victorin
que je pense qu'elle est la preuve vivante qu'il y avait confusion du point de
vue de l'interprétation juridique qui pouvait survenir dans le cas de
l'adoption internationale. Il y a des juges qui l'ont interprété
dans le sens où la députée l'a indiqué et il y en a
d'autres qui ont eu une autre interprétation. L'interprétation du
ministre ou du ministère de la Justice quant aux articles du Code civil
touchant l'adoption internationale, c'était qu'il s'agissait d'adoption
plénière. Et c'est pour cela que, dans certains cas, on l'a
contesté et dans d'autres cas, non. Mais c'était
véritablement un obstacle. C'est pour cela que... Bien, écoutez,
peut-être que la députée est meilleure que le
ministère de la Justice, cela la reqarde. Mais on sait
déjà que même les juges ne s'entendaient pas sur cette
question. C'est ce qui a donné lieu à tout l'imbroglio que l'on a
connu parce qu'on s'exposait, à chaque fois qu'il y avait un nouveau
jugement de prononcé, à ce qu'il y ait une interprétation
différente. Il ne faut pas oublier non plus que l'adoption interne
prévoit l'adoption plénière et que notre Code civil, dans
un autre article - je ne parle plus du même article - prévoit que
tous les enfants doivent être égaux devant la loi. Et on sait que
l'adoption simple conserve certaines obligations des enfants vis-à-vis
leurs parents. Dans la pratique, peut-être que le cas n'arrivera jamais
ou que ce sera des cas absolument exceptionnels où, dans les pays
étrangers où il y a adoption simple, on pourrait faire valoir ces
choses. Mais c'était vraiment aussi l'objectif, soit que l'article du
Code civil qui prévoit l'égalité de tous les enfants
devant la loi soit un principe fondamental pour le Québec. Il fallait
trouver les moyens et c'est uniquement à partir de transformations de
jugements d'adoption simple en jugements d'adoption plénière que
nous contrerons cette difficulté. Alors, je pense que le ministre de la
Justice ne se serait pas amusé à modifier le Code civil qui est
très rarement modifié - le moins possible - si cette
difficulté n'avait pas existé.
Le Président (M. Richard): Merci. Si vous permettez, on va
revenir à l'article 614.4. Est-ce qu'il y a des commentaires sur
l'article 614.4? Il y a un papillon.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si vous me permettez, je
voudrais également que la députée de Marie-Victorin se
réfère au Journal des débats de 1982 et elle verra que
l'intention du législateur, à ce moment-là... (12 h
15)
Mme Vermette: ...était d'établir la reconnaissance
du plein droit des enfants hors Québec au même titre que les
enfants ici, au Québec. Il s'agissait de l'égalité des
enfants.
Mme Lavoie-Roux: À la condition que ce soit de l'adoption
plénière...
Mme Vermette: Bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: ...dans le pays d'adoption.
Mme Vermette: Cela, c'était moins clair.
Mme Lavoie-Roux: Bien, en tout cas, c'était clair.
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'on parle toujours de
l'article 614.4?
Mme Lavoie-Roux: Oui, il y a un papillon, M. le
Président.
Une voix: II vole.
Mme Lavoie-Roux: Voulez-vous le lire?
Le Président (M. Richard): Alors nous l'attrapons.
L'article 614.4, introduit au Code civil du Québec par l'article 1, est
modifié: 1° par l'insertion, dans la première ligne,
après le mot "enfant", des mots "ou l'adoption hors du Québec". 2
par l'insertion, à la fin, de la phrase suivante: "Dans ce cas
l'adoption hors du Québec n'est pas soumise à l'approbation
préalable du tribunal."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'objectif de ce
papillon, c'est d'étendre la règle dans le cas où
l'adoption s'effectue hors du Québec. Cette modification permettra, de
concert avec l'État étranger, d'assurer que l'adoption se fasse
avec toutes les garanties nécessaires et de faciliter aux adoptants
québécois leurs démarches. Elle a aussi pour avantage
d'éviter l'étape de la vérification préalable par
le tribunal, puisqu'il y a eu un tel accord. La deuxième modification
précise clairement cet accord puisqu'on indique, dans ce cas,
l'adoption... Enfin, c'est pour reconnaître sans approbation
préalable du tribunal l'adoption d'enfants hors Québec.
Le Président (M. Richard): Cela va bien, Mme la
députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Oui, M. le Président, parce que c'est un
article de concordance et je pense qu'il n'y a rien à redire
là-dessus.
Le Président (M. Richard): Donc l'amendement, tel que
présenté, est adopté. L'élément 614.4 est-il
adopté tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais donner une
explication supplémentaire. Cela s'applique dans les cas où il y
a une entente d'État à État - ce n'est pas seulement une
concordance - et à ce moment-là, nous n'irons devant le tribunal
qu'une seule fois au lieu de deux.
Le Président (M. Richard): Aviez-vous un commentaire, Mme
la députée de Marie-Victorin?
Mme Vermette: Oui, c'est cela. Je me demandais ce que cela veut
dire, des lois relatives. Je voulais avoir l'explication. On dit: "sous
l'autorité des lois relatives à la protection...", y a-t-iI plus
d'une loi qui est relative à la protection?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à...
Une voix: C'est purement technique. C'est qu'au Code civil, quand
on fait des références à des lois particulières,
généralement, on parle des lois relatives à un domaine
plutôt qu'à telle loi en particulier parce que le Code civil
change moins que les lois particulières. C'est une application du
principe qu'on respecte dans toute la réforme du Code civil.
Mme Lavoie-Roux: Pourriez-vous vous identifier pour le Journal
des débats?
Le Président (M. Richard): Je m'excuse. Quel est votre
nom?
M. Frenette (Aldée): Aldée Frenette.
Le Président (M. Richard): Aldée Frenette. Ah! II
est certain qu'il travaille pour nous autres, lui. Merci, M. Frenette.
Mme Vermette: Qu'est-ce que cela veut dire, cela? Est-ce qu'il
travaille pour l'Assemblée nationale ou s'il travaille pour un parti en
particulier?
Le Président (M. Richard): Alors, M. Frenette, cela veut
dire quoi ce que vous avez dit?
Mme Lavoie-Roux: Il travaille pour bonifier le projet de loi.
M. Frenette: Je m'excuse. Cela veut dire que cela a exactement le
même sens que si on avait parlé de la Loi sur la protection de la
jeunesse. Cela ne veut rien dire d'autre que cela parce que actuellement, les
conditions sont dans la Loi sur la protection de la jeunesse.
Mme Vermette: Mais Mme la ministre, vous m'avez parlé
d'une entente d'État à État, est-ce que c'est dans le cas
de l'entente d'État à État?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
Mme Vermette: Vous avez donné comme explication... Je
croyais que cela n'était qu'une concordance et vous m'avez dit que
c'était plus que cela; en fin de compte, c'était dans le cas
où il y aurait des ententes d'État à État.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
Mme Vermette: Actuellement, y a-t-il des ententes d'État
à État?
Mme Lavoie-Roux: II y aurait la Corée et il y en a
d'autres qui, on l'espère, sont sur le point d'aboutir. Je voudrais dire
une chose à la députée de Marie-Victorin. Si on s'en
souvient, pour élargir le bassin d'enfants, on avait prévu que
des ententes faciliteraient cette chose et on en faisait une condition.
Aujourd'hui, on ne décide plus de signer une entente avec chaque
État, mais on pense que là où on pourrait signer des
ententes, comme c'est le cas pour la Corée, cela facilerait d'autant la
disponibilité des enfants parce que c'est une relation de confiance
évidemment qui s'établit avec un autre État. Alors, on
poursuit quand même cet effort de signer des ententes dans une
perspective d'élargir encore davantage le bassin d'enfants.
Mme Vermette: M. le Président...
Le Président (M. Richard): Madame la
députée.
Mme Vermette: ...je suis très surprise d'entendre les
propos de la ministre parce que lors de la commission parlementaire, c'est tout
à fait l'inverse qui a été dit. Et M. Opertti Badan,
notamment, disait que les États n'aiment pas signer des ententes
d'État à État, cela donne un caractère trop
officiel à la démarche d'adoption internationale. Il
préférait que ce soit par l'intermédiaire des orphelinats
ou avec des gens reconnus par le pays plutôt que d'État à
État parce que, justement, l'entente deviendrait une marchandise
monnayable et c'est ce qu'il faut éviter.
Mme Lavoie-Roux: Oui. M. le Président, il se peut que des
États puissent être réticents pour les motifs que la
députée de Marie-Victorin évoque, mais il reste qu'il a
indiqué que c'était quand même la meilleure façon de
procéder là où cela pouvait être obtenu. On en a, au
plan administratif, avec la Corée et il n'est pas impossible qu'on
puisse le faire - j'aime autant ne pas nommer les pays à ce moment-ci -
avec quelques autres pays de l'Amérique centrale. Si on pouvait
éventuellement le faire avec beaucoup d'autres pays, je pense que ce
serait souhaitable, toujours dans cette perspective de faciliter d'abord la
présence de nos organismes d'adoption internationale dans ces pays.
Quand il y a une entente et qu'ils sont l'intermédiaire du ministre en
ce qui a trait à l'adoption internationale, cela ne peut que leur
faciliter la tâche et cela ne peut que faciliter l'ouverture des pays
vis-à-vis le Québec quant à la disponibilité des
enfants pour adoption.
Mme Vermette: Oui. M. le Président, je ne sais pas, mais
jusqu'à maintenant, en tout cas, ce qui nous a semblé très
difficile surtout pour le secrétariat, c'était justement de faire
signer des ententes d'État à État. Il était
incapable de faire signer des ententes d'État à Etat. Tout compte
fait, cela ferme beaucoup plus de pays que cela en ouvre. La preuve, c'est
qu'on en a une seulement, avec la Corée et que, actuellement, il est
très difficile de faire de l'adoption en Corée pour X nombre de
raisons et justement parce que jamais les pays ne voudront signer. C'est une
reconnaissance officielle et jamais les pays ne voudront signer des ententes
d'État à État. C'était très clair, Mme la
ministre.
Je me souviens du grand préambule où M. Opertti Badan nous
disait: Écoutez, sur le plan international, il faudrait peut-être
qu'on finisse par s'entendre et avoir une loi qui régisse l'ensemble des
pays. Mais actuellement, il revient à chaque pays de faire les lois
qu'il considère être les meilleures pour l'adoption internationale
tout en respectant les conflits de droit et en essayant d'harmoniser les lois.
Je pense que c'était le point de vue de M. Opertti Badan. Je pense que
ceci a été expliqué aussi par différentes
associations et par différents groupes qui agissaient comme
intermédiaires. Il était beaucoup plus facile pour eux de
créer des liens avec les différents organismes dans les pays
étrangers et, à ce moment-là, cela voudrait dire encore
une fois qu'on retombe dans la même problématique. Cela voudrait
dire, tout compte fait, que le processus va se compliquer parce que le
secrétariat va toujours vouloir jouer le rôle de mandataire de la
ministre et aller signer des ententes
avec l'État plutôt que de faire de l'adoption
internationale. Cela veut dire aussi que les organismes ne pourront jamais
vraiment pouvoir jouer leur rôle.
Je pense que ce n'était pas le but visé par le projet de
loi, mais que c'était, au contraire, d'avoir une plus grande ouverture
d'esprit, de favoriser la collaboration de tout le monde et de permettre enfin
que les tribunaux des pays étrangers puissent jouer réellement
leur rôle. D'ailleurs, c'est ce que nous a dit M. Opertti Badan,
finalement: Reconnaissez les pouvoirs administratifs et légistatifs des
autres pays et des tribunaux, c'est suffisant pour la reconnaissance d'un
projet d'adoption.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si la
députée de Marie-Victorin me le permet, on ne fait pas d'un
accord possible ou d'une entente possible une condition è la
possibilité pour des Québécois d'adopter des enfants en
pays étrangers parce que là vous auriez raison, il y a des pays
qui ne voudront pas. Et d'ailleurs, on a même fait éliminer le
consentement de l'État tel qu'il était formulé dans la loi
21 et qui exigeait des ententes d'État à État.
Mais nous croyons que, dans le cas de la Corée où il y a
eu une entente en dehors de tout le débat qu'on a présentement ou
qu'on a depuis trois ou quatre mois, cela a facilité des choses. Et je
voudrais quand même citer M. Badan qui a dit, en parlant de l'adoption
internationale: C'est la raison pour laquelle je pense que ce type de
problèmes n'aura une solution idéale qu'au moment où les
pays trouveront un accord international multilatéral ou
bilatéral, mais en définitive, un accord.
Nous, ce qu'on dit, c'est que si la république Dominicaine...
Mme Vermette: Ce n'est pas tout à fait le même
contexte.
Mme Lavoie-Roux: ...pour donner un exemple, voulait demain matin
signer un accord ou une entente, je trouve qu'on serait bien malvenu de
refuser. Â ce moment-là, cela facilite la circulation de toutes
les personnes autorisées par le Québec pour faire leur travail
dans ces pays-là. Je pense que cela leur facilite d'autant la
tâche. En tout cas...
Mme Vermette: Monsieur...
Mme Lavoie-Roux: ...on n'introduit pas - je voudrais bien que la
députée comprenne - dans la loi cette nécessité ou
cette condition d'une entente avec le pays étranger. Ce qu'on a voulu
dire ici, c'est que là où il y a un accord, on va même
exempter les parents d'une démarche supplémentaire. Ils n'auront
qu'une démarche à faire et ce sera au retour parce que, à
ce moment-là, on sera sûr que toutes les conditions auront
été remplies et que la loi a automatiquement été
observée là-bas, c'est-à-dire la loi du pays
étranger. Je pense que c'est strictement pour simplifier les choses.
Mme Vermette: Oui, tout simplement, M. le Président, je
voudrais dire que, effectivement, j'ai bien entendu les paroles de M. Opertti
Badan, qu'on a ressorties en exergue, sauf qu'il fallait les mettre dans leur
contexte. Lorsqu'il parlait d'entente, c'était sur le plan
international. Je pense qu'on disait: II faudrait à un moment
donné...
Mme Lavoie-Roux: ...bilatérale, ce n'est pas...
Mme Vermette: ...que l'ensemble des pays arrive à une
convention...
Mme Lavoie-Roux: Oui, sûrement.
Mme Vermette: ...qui fait que tous les pays pratiquent tous la
même chose, c'est-à-dire qu'il y ait un accord unilatéral
et bilatéral. Nous aussi actuellement, on essaie de se donner un
modèle type, je pense, pour l'ensemble des autres pays, alors qu'on sait
très bien que les ententes qui nous ont été
proposées par M. Opertti Badan ne sont pas encore signées parce
qu'il n'est pas facile de signer des ententes entre les pays. C'est l'une des
choses les plus difficiles. Je voudrais avoir l'assurance, quand on parle
d'accords, que ce ne seront pas des accords d'État à État
mais tout simplement une reconnaissance qu'on donne aux organismes, aux
intermédiaires qu'on avait antérieurement et qui pouvaient faire,
dans le pays, de l'adoption internationale via les organismes qui sont
déjà en place, comme cela s'est produit dans le passé.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, on est un peu à
côté du sujet. On a introduit cette disposition pour simplifier.
On s'est tellement fait dire: Tâchez de simplifier les procédures
et les délais que vos procédures occasionnent. On voit ici
l'occasion d'en éliminer une. Il existe un accord dans un pays - et s'il
n'en existe pas, cela ne s'appliquera pas - et on dit à ce
moment-là aux gens: Vous aurez une démarche de moins à
faire, cela simplifiera d'autant. C'est uniquement l'objectif de ceci et les
ententes pourront exister ou ne pas exister. On n'est pas sur le fond de la
loi, on veut éviter une démarche supplémentaire tout
simplement.
Mme Vermette: Je veux bien préciser que quand on parle
d'accord, c'est une reconnaissance par un pays de pouvoir aller y faire de
l'adoption par l'entremise des organismes qui existent dans les pays.
Mme Lavoie-Roux: Ce que je crois saisir, c'est que la
députée de Marie-Victorin est inquiète du fait que s'il y
avait une entente ou un accord entre le Québec et un pays donné,
cela réduirait le rôle des organismes internationaux d'adoption.
Au contraire, cela ne les empêchera absolument pas de fonctionner. Ils
continueront d'être l'Intermédiaire du ministre dans ce
pays-là et je pense qu'ils y gagneront car on facilite les
procédures qu'ils doivent entreprendre dans ces pays-là. Comme je
le disais tout à l'heure, ce serait à ce moment-là
basé sur un climat de confiance absolument réciproque. Ils
continueront là où ils oeuvrent, dans les pays où ils
oeuvrent, d'être l'intermédiaire du ministre. Cela n'a rien
à voir avec une diminution de leur rôle. Je pense que cela peut
être une possibilité de faciliter leur rôle.
(12 h 30)
Mme Vermette: Oui, la seule chose, Mme la ministre, c'est que
vous avez dit au sujet des accords que cela pourrait être des accords
d'État à État et que cela faciliterait la tâche.
Actuellement, très peu de pays ont signé des accords
d'État à État. Les accords, c'est une reconnaissance qui a
été donnée à des organismes qui travaillaient comme
intermédiaires dans les pays. C'est de cette façon qu'on
procède actuellement. Je vous demande, quand on parle d'accord, ici, en
vertu d'un accord conclu, est-ce que ce sera ce genre d'accord qui
prévaudra toujours et qui favorisera l'adoption internationale?
Mme Lavoie-Roux: Supposons qu'il y a un accord entre le
Québec et un pays, c'est évident...
Mme Vermette: II y en a des accords à l'heure actuelle,
mais ce ne sont pas des ententes signées d'État à
État.
Mme Lavoie-Roux: Si des accords se signent, je vous assure que
les organismes en place vont continuer d'oeuvrer comme avant. Cela ne touche
d'aucune façon à leur responsabilité. Je ne vois vraiment
pas ta difficulté.
Le Président (M. Richard): Si vous me permettez,
l'élément 614.4, tel qu'amendé, est-il adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Est-ce que l'article 1, avec
tous ses amendements, est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté.
L'élément 614.4, on a terminé, Mme la
députée de Marie-Victorin, le dernier élément
614.4.
Mme Vermette: Adopté sur division.
Le Président (M. Richard): L'amendement a
été adopté sur division pour l'élément
614.4. Maintenant, est-ce que l'ensemble de l'article 1, tel qu'amendé,
est adopté? Évidemment, ce sera sur division parce qu'un
élément a été adopté sur division. Cela
va?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 2. Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: "Ce code est modifié par l'abrogation de
l'article 617.1." Il abroge l'article 617.1 du Code civil du Québec
compte tenu que sa disposition a été reprise au premier
alinéa de l'article 614.3 et à l'article 614.4 du présent
projet.
Le Président (M. Richard): Avez-vous des commentaires, Mme
la députée de Marie-Victorin?
Mme Lavoie-Roux: L'article 617.1, voulez-vou3 que je vous le
lise?
Mme Vermette: Oui, s'il vous plaît!
Mme Lavoie-Roux: "Avant de prononcer l'ordonnance de placement
d'un enfant domicilié hors du Québec, le tribunal s'assure que
les règles relatives au consentement à l'adoption et à
l'adoptabilité de l'enfant ont été suivies. Il s'assure en
outre que la demande a fait l'objet d'un examen par le directeur de la
protection de la jeunesse et que l'adoptant a agi par l'intermédiaire du
ministre des Affaires sociales, du directeur de la protection de la jeunesse ou
d'un organisme reconnu par le ministre à cette fin. Si le placement est
fait en vertu d'un accord conclu conformément à la Loi sur la
protection de la jeunesse avec un gouvernement étranger ou un de ses
ministères ou organismes, le tribunal ne vérifie que la
conformité de la procédure suivie avec celle que prévoit
l'accord."
Mme Vermette: Parfait. Mme Lavoie-Roux: Cela va?
Le Président (M. Richard): Donc, l'article 2 est-il
adopté?
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M- Richard): Adopté. J'appelle donc
l'article 3. Je m'excuse, il y a une petite erreur technique. On me signale
l'article 2.1 et avec raison. C'est un nouvel
article qui est le suivants "Le présent projet est modifié
par l'insertion, après l'article 2, du suivant: 2.1 L'article 618 de ce
code est modifié par l'ajout, à la fin du premier alinéa,
après le mot "adoptant" de ce qui * suit: "; elle permet à
l'enfant, pendant la durée de l'ordonnance de placement, d'exercer ses
droits civils sous les prénom et nom choisis par l'adoptant et
constatés dans l'ordonnance."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, cet article
n'était pas dans la loi 21. Son objectif c'est de prévoir que
l'enfant puisse exercer ses droits civils pendant la durée de
l'ordonnance du placement sous les prénom et nom choisis par l'adoptant.
Il y a eu des problèmes: parfois des enfants avec des noms difficiles
à prononcer ou avec une consonnance particulière. C'est un
élément. Des enfants ont été parfois,
peut-être pas fréquemment, l'objet de risée, comme cela se
fait à l'école.
Ces prénom et nom sont constatés dans l'ordonnance, afin
de permettre de répondre à certains problèmes pratiques
tels que la carte de la Régie de l'assurance-maladie, l'inscription
à l'école. Nous croyons également que ceci permettrait une
meilleure intégration de l'enfant avec les personnes qui seront
légalement parents au moment du jugement de l'adoption. C'est vraiment
pour créer un climat plus facile pour l'enfant et pour les parents.
Le Président (M. Richard): Est-ce que le nouvel article
est adopté?
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 2.1 est
adopté. J'appelle donc l'article 3.
Mme Lavoie-Roux: On me dit que c'est particulièrement la
situation des enfants coréens qui ont des noms un peu plus
difficiles.
Mme Vermette: Ne vous en faites pas, les petits amis de mon fils,
ce sont trois petits Vietnamiens. Il y en a un qui s'appelle
Le Président (M. Richard): II n'y a pas de juristes qui
ont joué là-dedans. C'est un nom de baptême. C'est
très bien.
 l'article 3, un amendement, dont vous avez pris connaissance,
est apporté par Mme la ministre. Y a-t-il des commentaires, Mme la
ministre?
Mme Lavoie-Roux: Pour le Journal des débats, ne faut-il
pas que vous le lisiez?
Le Président (M. Richard): Oui, je peux le lire, il n'y a
aucun problème.
L'article 3 est modifié par le remplacement, dans les
deuxième et troisième lignes de l'article 622.1 proposé,
des mots "les conditions applicables à l'adoption d'un enfant
domicilié hors du Québec ont été respectées"
par les mots "ce jugement correspond au projet d'adoption qu'il a
préalablement approuvé ou, le cas échéant, que la
procédure suivie est conforme avec celle que prévoit l'accord
conclu sous l'autorité des lois relatives à la protection de la
jeunesse".
M. Bélanger: Est-ce que Mme la ministre pourrait nous
commenter un peu les effets de ce changement?
Mme Lavoie-Roux: C'est, d'abord, pour préciser clairement
le rôle du tribunal lors de la reconnaissance d'un jugement d'adoption
rendu au Québec. Cela porte éqalement sur le respect des
conditions d'adoption. Au moment de la reconnaissance de jugement, le projet
d'adoption a été réalisé; il importe donc de
s'assurer si la réalisation du projet correspond au projet
préalablement approuvé ou si la procédure suivie est
conforme avec celle que prévoit un accord. Ce dont on a parlé
tout à l'heure lorsque l'adoption hors du Québec est faite en
fonction d'un accord. Alors, c'est vraiment pour clarifier.
Le Président (M. Richard): Y a-t-il des questions sur le
nouvel article 3, en fait, sur l'amendement à l'article 3? Mme la
députée de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Sur l'amendement à l'article 3...
C'était une demande.
Mme Lavoie-Roux: De façon plus pratique, le tribunal va
devoir juger s'il s'agit des mêmes parents, du même enfant et si
les jugements des pays étrangers sont conformes.
Mme Vermette: Cela va pour l'adoption.
Le Président (M. Richard): L'amendement de l'article 3 est
adopté. L'article 3 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Mme Vermette: À la suite de la reconnaissance des
jugements en ce qui concerne l'adoption simple, y a-t-il quelque chose dans la
présente loi qui reconnaît l'adoption simple comme étant
vraiment acceptable à l'intérieur de la loi? Y a-t-il un article
très clair stipulant la reconnaissance de l'adoption simple? Sinon, on
va revenir è la même problématique au sujet de
l'interprétation des tribunaux.
Mme Lavoie-Roux: En fait, c'est la reconnaissance de la
transformation des jugements d'adoption simple en adoption
plénière au Québec, avec les mêmes effets que
l'article...
Mme Vermette: Est-ce que l'article 626 est modifié?
Mme Lavoie-Roux: On me fait remarquer que dans le Code civil
l'article 622.1 exigeait la création d'un lien de filiation et dans la
mesure où il disparaît, le tribunal appelé à
reconnaître un jugement d'adoption rendu hors du Québec s'assure
que ce jugement a pour effet, en vertu de la loi étrangère -
c'est ce que cela disait - de créer un lien de filiation. Alors, comme
c'était au sens de notre loi, et même pour l'adoption interne,
notre Code civil prévoit l'adoption plénière.
C'était interprété comme cela.
Le Président (M. Richard): Mme la ministre, y a-t-il
d'autres commentaires?
Mme Lavoie-Roux: Je vais demander à M. Frenette
d'expliquer.
M. Frenette: Ce n'est pas plus compliqué que cela. Les
conditions de reconnaissance de jugement sont modifiées. Les seules
conditions que l'on va exiger maintenant ce sont les conditions applicables
à l'adoptant, c'est-à-dire l'évaluation du DPJ et
l'intermédiaire du ministre. Les conditions de fond de la loi
étrangère sur l'adoptabilité et le consentement à
l'adoption ont fait disparaître la condition sur le lien de filiation qui
exigeait une adoption plénière à l'extérieur, au
sens de notre loi.
Donc, en enlevant cela, on a enlevé l'article 614.3,
deuxième alinéa, l'article 622.1 est modifié et si on
joint à cela l'article 626.1 sur les effets des jugements, on vient
dire: Si vous avez respecté les conditions que je viens de mentionner,
à ce moment-là on va reconnaître votre jugement et cela
aura le plein effet, peu importe que ce soit un jugement d'adoption simple
à l'extérieur.
Mme Vermette: Comme on sait que les lois sont souvent sujettes
à interprétation, pourquoi ne pas l'inscrire d'une façon
beaucoup plus claire à l'intérieur de la loi, parce qu'on y
revient aussi à l'article 12, si on parle de l'adoption?
M. Frenette: Parce qu'on n'a pas cette notion dans le code. Notre
système est un...
Mme Vermette: Pourquoi ne pas écrire: II y a la
reconnaissance de l'adoption simple et plénière et la
reconnaissance ici au Québec des deux, plutôt que faire l'objet
d'une interprétation juridique qui risquerait de nous ramener à
la case zéro de départ avec tous ces mêmes problèmes
que l'on a connus antérieurement?
M. Frenette: Dans le fond, c'est parce qu'il n'y a pas de risque
et dans notre système interne l'adoption simple n'existe pas. Depuis la
réforme du droit de la famille, ce concept n'est pas entré dans
notre Code civil. On a seulement une sorte d'adoption qui donne les pleins
effets et qui rompt le lien antérieur. En permettant de
reconnaître des jugements d'adoption simple, on n'introduit pas au Code
civil le concept dans notre droit d'adoption simple. On fait seulement
permettre que le jugement étranger ait les mêmes effets que les
nôtres.
Mme Lavoie-Roux: Qu'il soit transformé en jugement
d'adoption plénière, qui est le nôtre.
M. Frenette: Mais on ne modifie pas notre droit interne, on
n'entre pas ce concept. D'ailleurs, on est peut-être mieux de ne pas
l'entrer, parce qu'il y en a d'autres. Je sais que les Français ont des
problèmes avec cela parce qu'à un moment donné ils l'ont
réintroduit, puis...
Mme Vermette: En fait, j'aurais aimé... On est toujours
à l'article 3, n'est-ce pas?
Le Président {M. Richard): On a accepté seulement
l'amendement à l'article 3. Nous n'avons pas adopté l'article 3
tel qu'amendé.
Mme Vermette: Alors, cela va. Je ferai une proposition à
l'article 3.1.
Modifications au Code de procédure civile
Le Président (M. Richard): Donc, l'article 3, tel
qu'amendé, est adopté. Nous avons un nouvel article 3.1: Le
présent projet de loi est modifié par l'insertion après
l'article 3 du suivant: "3.1. L'article 813.3 du Code de procédure
civile (L.R.Q., chapitre C-25) est modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne, après le mot "adoption" de ce qui suit: ", en
approbation d'un projet d'adoption".
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, l'objectif de ce
papillon est de modifier l'article 813.3 du Code de procédure civile,
afin de prévoir que la demande en vérification du projet
d'adoption soit faite par requête au même titre que la
reconnaissance du jugement d'adoption se fait par requête. On me dit
qu'il s'agit d'une procédure plus souple quand on procède par
requête, de cette façon-là.
Le Président (M. Richard): Donc, le nouvel article 3.1
est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Le nouvel article 3.1 est
adopté. J'appelle l'article 4.
Une voix: Adopté tel qu'amendé?
Le Président (M. Richard): Non, c'est un nouvel article.
J'appelle l'article 4. (12 h 45)
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas de modification par rapport au
projet de loi 21. C'est un article qui reprend en substance l'article 823 du
Code de procédure civile du Québec. Il ajoute le lieu où
est domicilié l'adoptant, afin de permettre la signification au
Directeur de la protection de la jeunesse de la demande visant à faire
approuver la régularité d'un projet d'adoption, puisqu'à
ce moment-là, l'enfant est encore domicilié à
l'étranger.
Le Président (Mo Richard): L'article est donc
adopté?
Mme Vermette: Adopté. Une voix: Adopté.
Des demandes de placement, d'approbation d'un projet
d'adoption et d'adoption
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 5 avec
un amendement qui se lit comme suit: "L'article 5 est modifié par le
remplacement, dans la première ligne du titre proposé des mots
"de vérification" par les mots "d'approbation"."
Mme Lavoie-Roux: C'est une question de concordance.
Mme Vermette: Oui. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté?
Mme Vermette: Adopté.
Le Président (M. Richard): J'appelle donc l'article 6. Je
m'excuse. L'amendement de l'article 5 est-il adopté? Oui.
Mme Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 5 tel
qu'amendé est-il adopté? Oui. Merci. J'appelle donc l'article
6.
Mme Lavoie-Roux: II y a un papillon. Celui-ci touche "la
régularité" par le mot "approuver", c'est-à-dire le
remplacement des mots "vérifier la régularité d'" par le
mot "approuver". L'article lui-même, au complet, fait en sorte que le
Procureur général puisse intervenir à la demande en
approbation d'un projet d'adoption. Le délai est de cinq jours -avant la
date de la présentation, afin de ne pas retarder la présentation
du projet.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
6 est-il adopté?
Mme Vermette: Oui.
Le Président (M. Richard): L'article 6 tel
qu'amendé est-il adopté?
Mme Vermette: Oui. Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Un nouvel article maintenant
que j'appelle, soit l'article 6.1. Il se lit comme suit: "Le présent
projet est modifié par l'insertion, après l'article 825.6 de ce
code, du suivant: "825.6.1 La demande en reconnaissance d'un jugement
d'adoption rendu hors du Québec est présentée au juge qui
a approuvé le projet d'adoption. Si le juge ne peut agir, pour cause
d'absence ou d'incapacité, la demande est présentée devant
un autre juge du tribunal. "Lorsque l'adoptant ne demeure plus dans le district
où la décision a été rendue, la demande peut
être portée devant le tribunal de son domicile ou de sa
résidence."
Est-ce que cela convient.
Mme Vermette: Oui, mais peut-être que je....
Le Président (M. Richard): Est-ce qu'il y a des
commentaires additionnels, Mme la ministre?
Mme Lavoie-Roux: Mes commentaires, c'est que, lors de la
reconnaissance, le rôle du juge est de s'assurer que la
réalisation du projet correspond à celui qui a été
préalablement approuvé. C'est évident qu'on tente des
efforts pour que la deuxième procédure soit faite par le
même juge, celui-ci connaissant le projet, on pense que cela devrait
faciliter les choses. D'ailleurs, c'est une appréhension qui avait
été exprimée vis-à-vis des juges, des... C'est une
effort de tenter de répondre à cette requête.
Le Président (M. Richard): Oui, madame.
Mme Vermette: Simplement une petite question parce qu'on touche
l'aspect des juges. Mme la ministre, croyez-vous que, par la nouvelle loi, il y
aura lieu de nommer plus de juges au Tribunal de la jeunesse pour
répondre avec célérité aux demandes?
Actuellement, le nombre de juges est-il suffisant?
Mme Lavoie-Roux: Je pense que je suis incapable de
répondre à une telle question. Je crois néanmoins que cela
devrait être l'occasion d'un suivi et que si, par hasard, il arrivait un
tel nombre de demandes que les procédures seraient retardées
vraiment indûment, à ce moment-là, il faudra qu'on en
discute avec le ministre de la Justice ou qu'il en discute avec nous. Mais il
ne faut pas oublier que le ministre de la Justice est impliqué de
très près dans toute l'interprétation et l'application de
cette loi.
Le Président (M. Richard): Cela convient-il? Le nouvel
article 6.1 est-il adopté?
Mme Vermette: Oui.
Une voix: Adopté.
Modifications à la Loi sur la protection de la
jeunesse
Le Président (M. Richard): C'est donc adopté.
J'appelle donc l'article 7. Il y a un amendement. "L'article 7 est
modifié par l'ajout, après le premier alinéa, du suivant:
"Â cette fin, le ministre peut publier des documents, ayant donné
avis à la Gazette officielle. L'avis doit indiquer la nature et
l'endroit où ils sont accessibles."
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, d'abord, sur le
papillon. C'est pour répondre aux demandes publiques qui nous ont
été faites quant à faciliter les démarches des
adoptions et des intervenants par plus d'informations. Nous prévoyons
même, à cet égard, donner avis à la Gazette
officielle. En ce qui a trait à l'article en général,
je pense qu'on précise ici une des responsabilités
premières de la ministre de la Santé et des Services sociaux qui
est de coordonner les démarches des adoptants et les activités
des personnes qui interviennent lors de l'adoption des enfants
domiciliés hors du Québec. C'est-à-dire que la loi
prévoit - je l'ai expliqué hier soir - que la ministre demeure le
pivot de la coordination de toutes les interventions qui doivent être
faites par les différents intervenants. Alors, c'est ceci.
Le Président (M. Richard): Des commentaires, Mme la
députée de Marie-Victorin ou si cela convient?
Mme Vermette: Oui, M. le Président. J'aurais à
ajouter certaines remarques. Lors de l'audition du Barreau du Québec,
celui-ci ne voyait pas la nécessité que cela soit inscrit ici,
dans cette loi, mais plutôt dans la Loi sur les services de santé
et les services sociaux. Ma question est de savoir si ce sera finalement, comme
cela appartient à la responsabilité de la ministre qui est
ministre de la Santé et des Services sociaux, inclus aussi dans le
code.
Mme Lavoie-Roux: Ce qu'on me fait remarquer, c'est que chaque
fois que la ministre écope un petit rôle au plan
législatif, si c'était introduit dans la loi du ministère,
cela deviendrait extrêmement lourd. Dans le fond, le ministre est
censé connaître ses responsabilités à l'endroit des
différentes lois où il se retrouve... Cela ne nous semble pas...
C'est que tous les pouvoirs généraux se retrouvent dans la loi du
ministère, les pouvoirs plus particuliers se retrouvent à
l'intérieur des lois particulières.
Mme Vermette: Mme la ministre, cet article a des effets et
notamment, ces effets empêcheraient tout projet d'adoption de nature
privée, en tout cas, d'un caractère privé qui est prescrit
à l'intérieur de nos lois et respectueux des lois des pays
étrangers. Est-ce que je peux savoir, Mme la ministre, quels sont vos
points d'argumentation pour justifier justement cette approche? D'autant
plus qu'on sait que 30 % environ des projets d'adoption ont été
conclus par le biais de ce genre d'adoption privée? Je ne parle pas
d'une adoption privée qui est non respectueuse, soit que je m'en vais
directement dans le pays, je vais chercher le bébé et je reviens,
mais vraiment des gens qui respectent la procédure établie ici et
qui ont une reconnaissance de jugement dans le pays étranger. Par
contre, ils peuvent connaître quelqu'un dans un pays étranger qui
leur permette d'avoir un enfant et qui les connaisse très bien. Je pense
que 30 % des adoptions ici, au Québec, sont faites par ce moyen.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si 30 % des
adoptions...
Mme Vermette: Ou identifier l'enfant.
Mme Lavoie-Roux: ...je ne conteste pas le chiffre de la
députée - se font de cette façon, il faudrait
peut-être examiner les raisons pour lesquelles elles se sont faites de
cette façon. On sait que depuis 1979, au moment de l'introduction des
premières dispositions législatives touchant l'adoption
internationale, on a connu de graves difficultés. C'est pour cela qu'en
1982, il y a eu la création du Secrétariat à l'adoption et
je pense que ceci a eu comme effet, concernant les délais, etc., tous
les problèmes qui ont été décrits, le fait qu'on
recoure à l'adoption privée... L'esprit de la loi est de s'y
conformer, pour une part, et qu'on
n'encourage pas le jumelage privé. De toute façon, Us
doivent passer par le ministre de la Santé et des Services sociaux, au
moins au point de départ. Mais, ce que vous voulez dire, c'est
qu'après coup, ils s'en vont chercher un enfant ou faire un jumellage
direct. Cela soulève toute la question de l'équité,
à ce moment-là, aussi.
Je pense que la question de la députée est pertinente,
dans le sens que c'est une préoccupation que les gens ont, mais je pense
que, si on la cautionne, cela devient extrêmement difficile d'exercer ou
de faire respecter les principes que l'on veut à la base de notre
philosophie touchant l'adoption internationale.
Alors, pour le moment...
Mme Vermette: Oui, mais, Mme la ministre, je comprends votre
réponse, mais je m'explique mal les craintes, parce que, c'est vrai, en
1982, il y a eu trois personnes qui ont éprouvé certains
problèmes dans un pays et qui, finalement, ont eu une reconnaissance. On
n'a porté aucune accusation, par rapport au Québec, toujours. Par
la suite, il ne semble pas qu'il y ait eu de problèmes majeurs de ce qui
pourrait être taxé de trafic d'enfants ou de quelque nature que ce
soit.
Généralement, il peut arriver très facilement
qu'à cause des contacts privilégiés qu'on peut avoir dans
un pays, les parents puissent finalement bénéficier d'une source
de renseignements pour dire: Dans tel endroit, on peut facilement trouver un
enfant. Je ne vois pas pourquoi, à ce moment-là, lorsque ces
parents sont prêts à passer par les règles de
procédure légales reconnues ici, au Québec, on ne leur
reconnaîtrait pas ce projet d'adoption justement parce qu'on ne passe pas
par l'intermédiaire de la ministre, mais parce que ces gens...
D'ailleurs, cela a été réclamé par les
différentes communautés culturelles parce que, pour elles,
c'était un principe, la réunification des familles. Très
souvent, dans certains cas, c'était un genre de famille élargie
finalement et c'était pour elles une solution importante de pouvoir
être sanctionnées dans une démarche d'un projet d'adoption
qui a, ma foi, un caractère privé tout en tenant compte des
règles et procédures du Québec et des pays
étrangers.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que nous avions répondu, au
moment de la commission parlementaire, à cette remarque. C'était
le Conseil consultatif des communautés culturelles et de l'immigration
qui était venu devant nous. Il disait que, dans le cas de
réunification de la familles, d'élargissement de familles dans le
sens où ils peuvent l'entendre, cela relevait du ministère de
l'Immigration et qu'à ce moment-là, cela ne faisait pas l'objet
de la loi, qui était devant nous, touchant l'adoption internationale. Je
pense que si ces gens veulent aller chercher quelqu'un de leur famille et
l'adopter, à ce moment-là, ils auront probablement l'approbation
du ministère de l'Immigration. Si, par la suite, ils veulent en faire
une adoption formelle au Québec, ils procéderont par l'adoption
interne, à ce moment-là.
Mme Vermette: Oui, mais il y a les autres cas où
finalement... On peut donner l'exemple... Je ne me citerai pas en
modèle, parce que je n'ai pas l'intention d'adopter des enfants. Je
considère que ma famille est élevée. Supposons que
quelqu'un a le privilège de voir dans un pays étranger des gens,
qui sont en contact avec un orphelinat ou une association ou un DPJ et qu'on
lui dise? Tu pourrais facilement avoir un enfant. Cela correspond, finalement.
La personne est prête à passer son évaluation. Elle est
prête à passer même par le secrétariat. Mais ce que
la personne veut, c'est qu'on reconnaisse son projet. Les tribunaux ne
pourraient-ils pas jouer ce rôle, puisqu'on demande maintenant aux
tribunaux d'approuver un projet?
Mme Lavoie-Roux: Comme je vous le dis, il y a deux
problèmes, à mon point de vue, qui se soulèvent. Il y a
celui de l'équité. Vous dites: II y a des gens qui ont le
privilège de connaître telle personne. On nous a sauvent
cité l'exemple d'enfants qui avaient été obtenus parce
qu'on connaissait un reliqieux ou une religieuse dans un pays étranger.
C'est ce dont on nous a parlé le plus souvent. Ces gens auront à
adresser une demande au ministre. Ils seront inscrits sur une liste et, parce
qu'ils ont des contacts privilégiés, ils vont passer en haut de
la liste. Il y a une question d'équité dont on doit tenir compte.
(13 heures)
La deuxième, c'est que, dans l'esprit de la loi qui veut contrer
le plus possible les adoptions qui pourraient être fautives, je pense
qu'à ce moment-là, on ouvre peut-être une porte dans des
cas exceptionels où il nous est beaucoup plus difficile d'être
sûr que toutes les conditions ont été remplies dans le pays
étranger. Pour le moment, M. le Président, je n'ai pas d'autre
chose à ajouter.
Le Président (M. Richard): Je m'excuse...
Mme Vermette: Simplement pour terminer...
Le Président (M. Richard): ...Mme la ministre.
Mme Vermette: ...cette question, peut-on demander trois
minutes?
Le Président (M. Richard): D'accord, s'il y a
consentement, parce que l'ordre de la Chambre est de terminer à 13
heures. Il est 13 heures actuellement. S'il y a consentement, on peut continuer
quelques minutes. Est-ce qu'on termine l'article 7 ou si l'amendement...
Mme Vermette: Pour deux ou trois minutes.
Le Président (M. Richard): ...est un peu en
discussion?
Mme Vermette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a pas d'amendement. Je pense que ce
n'était pas sur le fond. C'est une discussion
générale.
Mme Vermette: II n'y a pas d'amendement ici.
Le Président (M. Richard): Cela va. Mais le vote n'a pas
eu lieu, à ce moment-là, sur l'article 7?
Mme Vermette: Mme la ministre, vous avez soulevé le fait
de l'équité. Il a été soulevé plus d'une
fois qu'il y aurait 3 000 000 d'enfants, à la fin de la décennie,
qui seront abandonnés. Ce n'est pas parce qu'il manque des enfants, mais
je pense qu'aucun parent, aucune association n'a dénoncé le fait
qu'il y aurait discrimination due à cette façon de faire
l'adoption. Au contraire, on se réjouissait parce qu'on disait que cela
permettait à un plus grand nombre d'enfants de trouver un foyer. C'est
ce qui est souhaitable, à l'heure actuelle, compte tenu des
circonstances que l'on connaît dans les pays en voie de
développement ou du tiers monde.
Je pense que les temps ont changé. Il y a une évolution
qui se produit à l'intérieur de nos sociétés. Je
pense qu'on en arrive à une maturité des couples. On pourrait
être moins suspect par rapport à ces couples et faire preuve d'une
ouverture d'esprit parce que j'ai l'impression que la plupart des cas que vous
aurez à amnistier, Mme la ministre, seront des cas qui se seront
prévalus de cette façon de faire. Encore une fois, s'il y a des
délais de plus en plus, je pense que nous aurons encore une fois...
Vous avez été avertie plus d'une fois, à la
commission parlementaire, qu'on serait appelé encore une fois à
s'asseoir et à trouver des solutions parce que, finalement, le plus gros
des problèmes est celui des délais. Lorsque des parents ont la
chance ou l'opportunité de favoriser un enfant j'appelle cela ainsi,
après ce que j'ai entendu dire, c'est beaucoup plus favoriser un enfant
- ce serait peut-être le temps de se pencher sur le problème avec
une ouverture d'esprit et une générosité, à cause
de l'évolution actuelle de nos sociétés et de cette
capacité à accepter des responsabilités. Je pense que les
parents nous ont demandé de suivre la procédure normale. Ils
voulaient être vraiment respectueux des lois autant du Québec que
des pays étrangers, mais qu'on reconnaisse leur projet.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai rien à ajouter, M. le
Président. Je comprends les préoccupations de la
députée. Je les partage jusqu'à un certain point. Mais je
pense que, dans l'esprit de la loi qui est devant nous, et, devant les
objectifs que le législateur poursuit, non pas uniquement le
législateur de 1987, mais le législateur depuis 1979, c'est un
problème réel que la députée soulève. Mais,
pour le moment, je pense que les choses doivent rester comme elles sont.
Le Président (M. Richard): L'amendement à l'article
7 est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): L'article 7, tel
qu'amendé, est-il adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Richard): Je vous remercie. Nous
ajournons sine die. Bonne fin de semaine!
(Fin de la séance à 13 h 4)