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(Quinze heures neuf minutes)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission des affaires sociales se réunit afin de
procéder à des consultations particulières dans le cadre
de l'étude du projet de loi 97, Lot modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Nous avons quorum. Comme je le rappelais
tout à l'heure, notre mandat est d'étudier le projet de loi 97.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Joly
(Fabre) sera remplacé par M. Hétu (Labelle).
Le Président (M. Bélanger): Bien, par M.
Hétu (Labelle). À l'ordre du jour, nous aurons d'abord la
présentation des remarques préliminaires sur le projet de loi.
Par la suite, nous entendrons, à 16 heures, l'Association des
hôpitaux du Québec; à 17 heures, la Conférence des
conseils régionaux de santé et de services sociaux; à 20
heures, l'Association des centres d'accueil du Québec; à 21
heures, l'Association des administrateurs des services de santé et des
services sociaux du Québec; à 22 heures, l'Association des
directeurs généraux des services de santé et des services
sociaux du Québec, et, à 23 heures, le Regroupement des
fondations hospitalières anglophones. Évidemment, II y aura
d'autres consultations demain et lundi.
M. Chevrette: M. le Président, me permettez-vous de poser
une question à Mme la ministre? On nous annonce que, lundi
après-midi, l'association des comptables ne viendra pas.
Le Président (M. Bélanger): C'est cela. Mme
Lavoie-Roux: Oui, c'est cela.
M. Chevrette: Est-ce qu'il y a possibilité de substituer
un groupe? Je vais vous dire pourquoi. Je proposerais, si cela vous va,
l'association des étudiants en médecine, qui a une position
concernant l'article 1. Comme II y a un seul groupe qui se présentera en
ce qui regarde l'article 1 du projet de loi et étant donné que
cela touchera tous les futurs médecins, on pourrait leur donner
l'occasion de venir à la place des comptables qui se sont
désistés.
M. Rochefort: M. le Président.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Justement, je voulais aussi aborder cela, mais sous
un angle différent de celui retenu par le député de
Joliette. Il faut se rappeler - je pense que la ministre et son directeur de
cabinet peuvent en témoigner - que, lorsqu'on avait demandé
l'ajout de l'ordre des comptables agréés à la liste
initialement soumise par le ministère, je souhaitais, compte tenu de
l'impact sur la vérification, qu'on ait l'occasion d'entendre des gens
dont c'est le métier de faire la vérification interne et externe
des choses dont on doit discuter entourant le projet de loi 97. À
l'époque, j'avais soumis la proposition de l'ordre des comptables comme
ayant un certain nombre de firmes réputées pour oeuvrer
particulièrement ou, en tout cas, pour avoir du personnel qui oeuvre de
façon intense dans le domaine de la vérification interne et
externe - particulièrement externe - dans le domaine de la santé
et des services sociaux, dans les établissements.
Étant donné que la ministre avait décidé de
ne retenir que l'ordre des comptables agréés, mais qu'on se
retrouve dans la situation que ceux-ci déclinent, si je comprends
bien... D'abord, M. le Président, moi, j'aimerais qu'on nous
précise exactement quelle est la nature de la réponse de l'ordre
des comptables, et, deuxièmement, étant donné qu'on ne les
entendra vraisemblablement pas, ce que j'allais offrir à la ministre,
c'était plutôt d'essayer de voir, dans les firmes de comptables
où il y a des gens qui ont développé une expertise
très réelle de ces choses-là, s'il n'y aurait pas un
certain nombre de personnes disposées à venir nous donner un peu
leurs réactions à partir de l'expertise qu'elles possèdent
et des dispositions de la loi.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me
permettez...
M. Rochefort: Oui.
Le Président (M. Bélanger): ...avant que Mme la
ministre donne sa réponse, à moins qu'il n'y ait aucun
problème, il serait souhaitable qu'on puisse, à 18 heures au
moment de l'ajournement, prendre quelques minutes pour régler ces
problèmes entre nous sous forme de séance de travail, si vous
voulez, pour éviter d'avoir à prendre des décisions
rapidement...
M. Chevrette: Pour ne pas étirer le temps.
Le Président (M. Bélanger): Alors, vous êtes
d'accord avec cela, Mme la ministre?
M. Chevrette: Cela va.
Mme Lavoie-Roux: On l'examinera à 18 heures.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Seulement un
rappel de procédure. Le temps alloué aux déclarations
d'ouverture est de 60 minutes: 20
minutes à Mme la ministre, 20 minutes au porte-parole de
l'Opposition officielle et 20 minutes pour les remarques préliminaires
qui pourraient être formulées par les autres membres de la
commission. La durée de chacune des auditions sera d'une heure ainsi
répartie: 20 minutes pour la présentation du mémoire et 40
pour les échanges avec la commission, soit 20 minutes pour le groupe
ministériel et 20 minutes pour l'Opposition officielle. Sous
réserve de l'alternance, chaque député peut parler aussi
souvent qu'il le désire sans excéder dix minutes
consécutives - l'article 173 des règlements. M. le
député de Gouin,
M. Rochefort: Je voudrais simplement qu'on rende les faits
conformes aux ententes qui sont intervenues avec le bureau du leader.
Étant donné qu'on se retrouve avec plus que le groupe
ministériel, il y a le groupe de l'Opposition officielle autour de la
table, en conséquence, il faut respecter les droits de parole de tout le
monde, y compris les miens. Alors, M. le Président, je disponible pour
que je puisse aussi Interroger à l'occasion les groupes qui vont
comparaître devant nous.
Le Président (M. Bélanger): Votre droit de parole
de député vous donne au moins dix minutes d'intervention
et...
M. Rochefort Parfait! Je voulais simplement que ce soit bien
précisé.
Mme Lavoie-Roux: Sur cela, M. le Président, une
question...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Avec tout le respect que j'ai pour le
député Indépendant, tout de même, il faut bien
comprendre ce projet de lof. D'abord, c'est un très beau projet de loi.
Je suis très fier d'avoir parlé là-dessus et d'avoir
participé à ce travail. Mais, nous, ici, on a 20 minutes et on
veut se prévaloir de nos 20 minutes. Je pense que, proportionnellement
à votre importance dans l'Opposition, une couple de minutes ici et
là, j'Imagine, vont dans le bloc de l'Opposition. Je pense que c'est
plus raisonnable. Autrement, on va faire quoi? On ne peut pas créer une
autre classe de députés. Il faudrait demander au chef de
l'Opposition ce qu'il en pense. Avant de vous réintégrer. Le
Président (M. Bélanger): M. le député de Gouin,
s'il vous plaît!
M. Rochefort: M. le Président, je veux simplement
m'assurer que le règlement sera appliqué et, comme vous le
disiez, j'ai des droits de parole qui doivent être respectés.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez un droit de
parole de dix minutes. Maintenant, ce temps est normalement Imputé
à l'Opposition officielle, d'après ce que peux trouver dans les
règlements, sous réserve de renseignements plus complets que
j'irai chercher.
M. Rochefort: Parfait!
Le Président (M. Bélanger): C'est un temps
d'intervention, comme tout parlementaire, de dix minutes à la fois.
M. Rochefort : C'est bien ce que je croyais, merci.
Le Président (M. Bélanger): De toute façon,
je suggère qu'on procède. Si, en cours de route, un
problème se pose, on prendra les décisions qui s'Imposent.
D'accord?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je trouve que c'est
toujours plus prudent, si vous me permettez, de régler ces
problèmes avant. Ce que je comprends et la façon dont on a
toujours procédé, c'était 20-20-20. Je crois
Interpréter vos paroles comme étant cela. Maintenant, s'il reste
trois minutes, on ne sera pas pour dire: Vous avez pris vos 20 minutes. Je
pense qu'on n'a pas là-dessus à faire preuve de mauvaise
volonté. Il faut assurer au parti ministériel ses 20 minutes et
les 20 minutes à l'Opposition.
Le Président (M. Bélanger): Je pense que tout le
monde est de bonne foi. M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Un Instant, s'il vous plaît! Je comprends
que, normalement, il y a une négociation parce que le règlement
n'a pas été conçu nécessairement pour trois
formations politiques. Je m'excuse, J'ai beaucoup de respect pour le
député de Gouin, mais II n'est pas de notre formation politique;
au moment où l'on se parle, il est député
indépendant, et, que je sache, l'Opposition officielle a un temps
égal, dans nos règlements, à la partie
ministérielle. C'est bien marqué "l'Opposition officielle". C'est
une négociation que peut faire un député
Indépendant, je pense, avec le leader et les différentes
formations politiques, mais je vous certifie que je ne commencerai pas à
accepter que la formation politique de l'Opposition officielle partage à
50-50 avec un député Indépendant. Je n'accepte pas cela.
Si vous prenez cela comme mesure, vous allez déchanter. Vous allez voir
une moyenne crise ici qui va vous tenir longtemps, c'est clair et net. Ce n'est
pas l'esprit du règlement et je ne me laisserai pas plumer ici
certain.
M. Rochefort: M. le Président, pour compléter ce
que vient de dire le député de Joliette
et la ministre de la Santé et des Services sociaux, mon intention
n'est pas de partager l'enveloppe de quiconque, mais simplement de faire
respecter le droit de parole qu'a tout membre de l'Assemblée nationale
du Québec, membre d'une commission parlementaire. Je pense, M. le
Président, qu'il faut trouver une façon d'appliquer cela. Ce
n'est pas une première dans notre Institution. Je pars de ce que vous
avez déclaré au début qui me semble être très
clair et tout aussi réel que tout le reste, soit que chaque
député a droit à dix minutes consécutives dans
n'importe quelle discussion.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez
une seconde, je vais me consulter.
Des voix:...
Le Président (M. Bélanger): Ma décision tout
à l'heure reposait sur le fait suivant: on ne peut pas reconnaître
un député Indépendant comme une formation politique, cela
n'en est pas une, mais, comme parlementaire, il a droit à dix minutes.
Je m'étais fié là-dessus, mais c'est évident que si
on fait le calcul... Ce que je suggère, c'est qu'on procède
à l'heure prévue avec chaque groupe et, si vous avez des
interventions à faire qui débordent, on comptabilisera votre
temps à part et on prendra une heure dix pour chaque audition
plutôt qu'une heure, s'il y a lieu.
Mme Lavoie-Roux: Ça dépend. Nos horaires ont
été faits en fonction d'une heure.
Le Président (M. Bélanger): Écoutez, je ne
vols pas comment on peut trancher le débat autrement.
Mme Lavoie-Roux: Bon, écoutez, M. le
Président...
Le Président (M. Bélanger): Ou je prends cinq
minutes de chaque côté et je les lui donne.
Mme Lavoie-Roux: Non, M. le Président, je pense-Le
Président (M. Bélanger): Ce ne serait pas plus
acceptable.
Mme Lavoie-Roux: Je pense, M. le Président, que ce
problème-là aurait du être discuté avec le leader
avant.
Le Président (M. Bélanger): Absolument!
M. Rochefort: Cela a été fait en ce qui me
concerne, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Cela a été fait?
M. Rochefort: En ce qui me concerne, j'ai discuté avec le
leader du gouvernement pour lui rappeler que je serais membre de la commission
et que je me prévaudrais de mes droits de parlementaire. J'avais compris
de nos conversations qu'il avait vu à ce que tout le monde en tienne
compte, mais...
Le Président (M. Bélanger): C'est que, dans le
mandat que j'ai du leader, il n'y a rien de précisé.
M. Rochefort: On s'était parlé à
l'époque et on s'était dit que ça fonctionnerait dans la
souplesse et le respect de tout le monde. Moi, je suis prêt à
prendre la formule que vous voudrez. Je n'ai pas l'intention d'enlever de temps
à personne, mais j'ai un mandat et je pense que ça me donne des
droits dans le Parlement, ce que vous avez reconnu.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez des droits de
parlementaire.
M. Rochefort: ...avec beaucoup de pertinence.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres Interventions là-dessus?
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je suggérerais
qu'on commence-Le Président (M. Bélanger): Oui.
Mme Lavoie-Roux: ...parce qu'on va finir par manquer de dix
minutes, de toute façon. Si l'on voit que cela crée un
problème et qu'on dépasse une heure, à l'heure du
dîner, on pourra parler aux leaders. Je pense que c'est ce qui va nous
faire économiser le plus de temps pour le moment.
M. Polak: Sans préjudice, sous réserve.
M. Rochefort: On comprend bien que j'ai mon droit de dix
minutes.
Le Président (M. Bélanger): Alors, on s'entend
donc, de façon formelle, pour procéder. S'il y a un
problème, au moment de l'ajournement de 18 heures, on fera le point avec
les leaders des deux formations pour voir comment on procédera pour le
reste des auditions. D'accord?
Alors, j'invite donc madame... Incidemment, Mme la ministre, pour ce
mandat d'auditions particulières, est membre de la commission de plein
droit. Mme la ministre, on vous invite donc à vos 20 minutes sur les
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires
Mme Thérèse
Lavoie-Roux
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je n'en
prendrai pas 20; il y aura déjà une économie de
temps.
Je voudrais simplement rappeler aux membres de ta commission et à
nos invités qui sont ici que nous sommes rassemblés aujourd'hui
pour des consultations particulières qui portent sur certaines
modifications à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux, le projet de loi 97. Je voudrais simplement rappeler très
brièvement le contexte dans lequel ce projet de loi a été
déposé et déjà discuté en deuxième
lecture à l'Assemblée nationale. On se souviendra que la Lot sur
les services de santé et les services sociaux confie au conseil
d'administration - je tiens à le rappeler - la responsabilité
première de la gestion des établissements et, au ministre, les
pouvoirs d'encadrer le fonctionnement et l'organisation de ceux-ci dans un
objectif de saine gestion des fonds publics et de meilleures garanties de
services à l'ensemble de la population. Nous croyions, à bon
droit, que nous possédions dans nos lois et règlements les
dispositions nécessaires pour ne pas avoir à intervenir de
nouveau et à modifier la loi sur les points particuliers où nous
nous proposons de le faire. On avait mis en place des outils comme, entre
autres, les vérificateurs externes qui, normalement, auraient dû -
en tout cas, à certains égards - détecter des lacunes, ou
même les conseils d'administration dans les cas où il y a eu des
lacunes. Mais la réalité est telle qu'on s'aperçoit que la
loi, telle qu'elle existe, ne semble pas assez précise et qu'il y a des
choses à corriger soit dans la loi, soit dans les règlements. Ce
sont certains événements qui ont été portés
à la connaissance du public et certaines pratiques, bien qu'elles soient
différentes, qui ont fait l'objet de dénonciations importantes et
répétées qui nous amènent aujourd'hui à
modifier un projet de loi que, personnellement, J'aurais souhaité ne pas
avoir à modifier. Je vais très brièvement, simplement pour
cadrer les choses, en énumérer quelques-uns: abus de certains
administrateurs qui ont été dénoncés et dont
quelques-uns font l'objet d'une enquête policière; dépenses
personnelles jugées excessives, payées par des
établissements; dépenses de fonctions qui paraissent aller
au-delà d'une moyenne raisonnable; octrois d'avantages divers dont on a
fait largement état et sur lequels je ne reviendrai pas; remboursement
de frais de toutes sortes non habituellement prévus dans les
remboursements de dépenses de représentation de fonctions;
création par certains directeurs généraux
d'établissement et, également - parce qu'on a toujours beaucoup
parlé des directeurs généraux - par certains cadres de
firmes de consultation privée bénéficiant de contrats
d'autres établissements du réseau de la santé et des
services sociaux; utilisation de l'argent des fondations pour procurer à
des administrateurs des avantages particuliers, situation qui semble
s'être développée devant l'absence de règles
précises. Évidemment, ce dernier problème a
créé, d'une certaine façon, peut-être autant de
réactions que les premiers cas que j'ai signalés, même si,
pour moi, ils apparaissent de nature différente, parce que l'argent des
fondations était recueilli auprès du public. Dans certains cas,
il a servi à payer des boni substantiels à des directeurs
généraux ou à des cadres. Ces situations, je le
répète, et je l'ai dit en deuxième lecture, à mes
yeux - d'autres peuvent différer d'opinions, et c'est ce que j'ai cru
comprendre lors du débat de deuxième lecture - ces deux
situations ne me paraissent pas identiques, les premières remarques que
j'ai faites devant être associées à l'apparence - ce n'est
pas à moi de juger - de malversation ou de fraude et dans le second cas
s'étant développées devant l'absence de règles
précises des pratiques qui ont permis à certains administrateurs
de passer outre aux règles applicables en matière salariale et
administrative décrétées par le gouvernement et que les
conseils d'administration des hôpitaux sont censés respecter.
Ces différentes situations que j'ai signalées donnent
ouverture à de possibles conflits d'intérêts ou à
des privilèges inclus à même les fonds publics, et nous
croyons, comme gouvernement, qu'ils ne sauraient être
tolérés. Évidemment, ces abus ne sont pas
généralisés. D'ailleurs, à d'autres moments,
lorsque tes gouvernements sont intervenus pour réglementer à la
suite d'incidents un peu analogues, c'était pour corriger des situations
et combler des lacunes que la loi ou les règlements semblaient
présenter. Ces corrections pour une saine gestion du réseau
public nous paraissent importantes. Il nous parait également important
de clarifier les règles applicables en ces matières et de
signifier clairement qu'il est de notre intention que ces règles soient
respectées.
Nous espérons que les amendements proposés, en plus de
clarifier les règles applicables, auront pour effet de rétablir
auprès du public la crédibilité du réseau. C'est ce
qui me paraît l'opération la plus importante devant
résulter de cet exercice que nous faisons aujourd'hui et que nous
continuerons à l'étude détaillée du projet de loi
et en troisième lecture. Nous croyons qu'il est important que cette
crédibilité, qui a pu être entachée, soit
rétablie. Nous le devons à tous les administrateurs
bénévoles et dévoués qui composent l'ensemble des
conseils d'administration des établissements du réseau et qui
s'acquittent de leurs tâches de façon responsable.
Je voudrais néanmoins revenir sur un point qui semble avoir
créé des ambiguïtés, l'article 1 du projet de loi,
pour en expliquer la portée encore une fois. Il semble y avoir eu une
certaine ambiguïté.Si l'Opposition ou d'autres pensent que cela
peut être amélioré, nous accueillerons leurs suggestions
d'une façon très positive. Tout le monde sait que le gouvernement
a, depuis quelques années, établi une politique vis-à-vis
des résidents et internes afin d'assurer, notamment, la présence
d'un plus grand nombre
de médecins en région. À cet effet, le gouvernement
avait pris certaines mesures, particulièrement tout récemment,
à l'endroit des médecins immigrants qui s'étalent
engagés à aller pratiquer en régions
éloignées, lorsqu'ils obtenaient un poste d'internat rotatoire.
Ces deux dernières années, le gouvernement avait également
accordé, en sus du nombre de postes de résidents habituellement
prévu, 50 postes - en 1986-1987 et 1987-1988. il exigeait, en retour de
ces postes additionnels, que ces spécialistes, une fois leur formation
terminée, aillent pratiquer en régions éloignées.
Or, bien avant cela, un médecin immigrant qui tentait d'obtenir un poste
d'internat rotatoire était allé présenter son cas devant
les tribunaux disant qu'il y avait discrimination quand le gouvernement
exigeait que des immigrants soient obligés d'aller pratiquer en
régions éloignées. (15 h 30)
Dans les faits, la Cour d'appel jugeait, le 9 octobre dernier, que cette
politique gouvernementale n'avait pas de base Juridique valide concernant
principalement les postes d'internat rotatoire et que cette décision ne
pouvait être assise uniquement sur une décision du Conseil des
ministres, mais qu'au contraire elle devait avoir une assise juridique dans la
loi. C'est dans cet esprit que nous présentons cet amendement, parce
que, quand nous avons décidé d'accorder 50 postes de
résidence en surplus, en 1986-1987 et 1987-1988, ce sont
évidemment des sacrifices supplémentaires ou des dépenses
supplémentaires que, comme société, nous avons
accepté de faire pour arriver à une distribution plus
équitable de la main-d'oeuvre médicale en régions
éloignées. Ces efforts-là se trouvent, par le fait du
jugement de la Cour d'appel, annulés et c'est pour corriger cette
situation que cet article a été présenté. Il ne
vise nullement l'enrôlement obligatoire et coercitif, tout ce qu'on
voudra, de tous les étudiants en médecine, résidents et
internes du Québec. Je pense que cela s'applique strictement à
ces postes dont je viens de faire mention.
En terminant, je voudrais dire, M. le Président, que certains
vont trouver que les amendements que nous faisons sont trop
sévères; d'autres vont nous signaler qu'ils ne le sont pas assez.
Notre objectif est vraiment de clarifier dans la loi ce qui est ambigu
relativement aux situations de conflit d'intérêts et
d'exclusivité d'emploi, tout en y prévoyant des sanctions plus
sévères pour ceux qui la violeraient.
Quant aux fondations, nous avons voulu respecter leur autonomie,
puisqu'elles constituent des corporations à but non lucratif relevant
des institutions financières et non du réseau de la santé
et des services sociaux et je pense qu'il est bien qu'il en soit ainsi. Si le
contraire devait arriver, je pense que nous enlèverions aux fondations
leur dynamisme et presque leur raison d'être, car elles se retrouveraient
embrigadées dans l'ensemble du réseau, et on sait qu'à
cer- tains égards il a ses contraintes. C'est pourquoi, dans le projet
de loi, la responsabilité est remise aux individus, et non pas aux
fondations, qui se voient interdits de retirer quelque avantage personnel que
ce soit des fondations sous peine de sanctions.
Ce sont les remarques que Je voulais faire pour essayer d'encadrer la
discussion que nous aurons dans les heures qui vont suivre.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, Mme
la ministre. J'invite le représentant de l'Opposition, M. le
député de Joliette.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Merci, M. le Président Dans un premier
temps, Je vous dirai que je trouve, personnellement, que cette loi n'est pas
correcte, qu'elle ne devrait pas être présentée par la
ministre de la Santé et des Services sociaux, pas du tout. Elle devrait
être la volonté d'un gouvernement, non pas en regard d'un secteur,
mais en regard de l'ensemble des organismes publics et parapubllcs. A mon point
de vue, on se sert de la ministre de la Santé. Je le
répète et, sans le vouloir - pauvre elle! - elle sera
responsable, d'une certaine façon, du "focus" qui sera mis sur un
débat exclusivement dans un secteur, qui est le domaine de la
santé et des services sociaux, ce qui contribuera peut-être
à ternir davantage la réputation de certains professionnels. Ce
n'est pas tout le monde, dans le domaine de la santé et des services
sociaux, qui a mal agi, mais, comme on se sert de cet exemple passager, qu'on
focalise sur ce secteur particulier par un projet de loi, alors qu'on aurait pu
pertinemment, comme gouvernement - et ce n'est pas à la ministre que
s'adresse le blâme, c'est au gouvernement - profiter de ces circonstances
pour déposer un projet de loi concernant les conflits
d'intérêts, mais pour l'ensemble des réseaux
gouvernementaux. Je connais des gens, mol, qui ne sont pas assis devant nous,
et qui ne le seront pas pendant ces deux ou trois jours, qui sont sacrement
plus en conflit d'intérêts ou en position de conflit
d'Intérêts que tout le réseau de la santé mis
ensemble. Ils vont continuer à oeuvrer comme ils oeuvraient. Pas de
loi-cadre pour eux!
Moi, personnellement, je l'ai dit à la ministre au cours de la
deuxième lecture, Je sais que sa solidarité ministérielle
l'empêchera sans doute de me donner raison, mais je suis convaincu d'une
chose: c'est que ce n'est pas à la ministre de la Santé de
présenter un tel projet de loi, loin de là. Il me semble qu'un
gouvernement qui ne gouverne pas à la pièce, qui a une vision
globale des choses, qui a une vision globale de son administration,
présente un projet de loi qui voit à l'ensemble. Je pense, par
exemple, aux employés de la SDI, aux employés de la SAQ, aux
employés d'Hydro-Québec qui donnent je ne sais combien de
contrats par année, qui ne s'enfargent pas dans des normes et des
carcans. Il n'y
a pas un ministère aussi normé que celui de la
Santé et des Services sociaux, et on règle le cas par une loi
tout à fait spéciale et Inattendue. Vite, vite, il y a eu trois
scandales dans les journaux, paniquons et arrêtons cela! Ce matin, on
apprend que REXFOR vient d'avoir un cadre... C'est une société
d'État, cela est sorti en Chambre, à la période des
questions. Albert Côté, le ministre, n'a pas déposé
de projet de loi pour enlever les conflits d'intérêts dans le
domaine de la forêt ou à REXFOR.
Je vous avoue que c'est une erreur monumentale que l'on fait
présentement, une erreur politique, une erreur d'administrateur à
courte vue, qui se fait ballotter ou qui gouverne en coup de vent.
Personnellement, je n'accepte pas cela. Je l'ai dit à Mme la ministre,
et mes critiques ne s'adressent pas à elle, mais je pense que cela
n'aurait pas dû se faire. C'est la première remarque globale que
j'ai à faire sur le projet de loi comme tel.
Deuxièmement, je vais le répéter, je trouve
drôle qu'on profite d'une toi sur les conflits d'intérêt
pour essayer de régler le sort des médecins en régions
éloignées; c'est un autre sujet Ce gouvernement-là ne
devait pas légiférer sous forme de bill omnibus. Là, on
retrouve n'importe quoi dans les projets de loi. Ce sont deux choses
distinctes, on va permettre à un seul groupe de venir s'exprimer sur
l'article 1 de la loi au sujet des résidents internes. À mon
point de vue, si on voulait régler le problème des
médecins en régions éloignées, on aurait dû
asseoir dans une même salle, comme on avait commencé à le
faire H y a deux ans, l'Association des hôpitaux du Québec, la
FMOQ, la FMSQ et la FMRIQ. On avait commencé à bâtir un
programme d'action qui nous aurait conduits à une entente globale pour
nous assurer que la médecine en régions éloignées
soit un problème à envisager et à régler
globalement par tous les intéressés, y compris tes
universités, et non par une assise légale comme on le fait
présentement. On risque d'avoir, à moyen terme, des
réactions dans le milieu hospitalier, dans le milieu de la santé
parce qu'on aura, encore une fois, légiféré à la
hâte, qu'on n'aura pas pris le temps d'asseoir le monde, de concerter le
monde. On part toujours de très haut sans s'assurer des réactions
de la base; c'est très dangereux de légiférer de cette
façon.
Sur le projet de loi lui-même, j'aurai peu de remarques cet
après-midi; je me contenterai plutôt, au cours des
mémoires, de donner mon opinion sur quelques articles, mais il y en a au
moins un qui saute aux yeux. iI y a une remarque que je veux faire, un point en
particulier qui me saute aux yeux, c'est l'article où l'Individu voit
tout arrêter le processus de déchéance, il
démissionne. N'importe quel petit fou peut s'amuser d'une journée
à l'autre. Tu commets une gaffe à une place, tu
démissionnes et, le lendemain matin, tu peux te réinstaller
n'importe où. Drôle de façon de régler des conflits
d'inté- rêts et de voir à éliminer les poireaux du
système! SI on veut apeurer le système, on n'arrête pas le
processus de déchéance ou, en tout cas, on prévoit quelque
chose qui ne ramène pas l'individu le lendemain dans nos plates-bandes.
Je vous avoue que c'est une loi préparée à la hâte,
pas trop de réflexion, parce que des trous béants comme cela,
cela ne prend même pas un avocat pour comprendre cela. Un simple type qui
sait lire et comprendre s'aperçoit qu'il y a un trou magistral dans la
loi au niveau, en tout cas, du processus de déchéance. C'est un
point qui m'a sauté aux yeux.
La deuxième chose, je vous avoue que, si j'étais membre
d'un conseil d'administration, je me sentirais mis en tutelle. C'est le conseil
d'administration qui a des responsabilités vis-à-vis des cadres
de son réseau. Est-ce que ce sont les corporations qu'on veut mettre en
tutelle, oui ou non? C'est une question de fond qu'il faut se poser. SI l'on
veut légiférer sur tes conflits d'intérêts, on peut
fixer des règles minimales au niveau national, qu'on peut transmettre
comme directives au conseil d'administration, mais c'est au conseil
d'administration... Ou bien on les fait disparaître de la "map"... On ne
donne pas l'Impression qu'ils vont gérer quelque chose à partir
d'aujourd'hui. En plus de cela, comme Mme la ministre le disait, ces pauvres
gens bénvoles, ils sont contraints plus que les ministres du
gouvernement, ils sont obligés de se faire valoir jusqu'aux
sous-vêtements, alors que les ministres ont des tuteurs pour se cacher.
Je ne comprends pas trop cette histoire-là. C'est deux poids, deux
mesures. Regardez les ministres qui ont le droit de se prendre un "front" pour
administrer leur enveloppe financière, et le gars qui accepte d'aller
siéger au conseil d'administration d'un centre hospitalier, il se
déculotte devant le CRSSS au complet C'est de cette façon que je
comprends sa loi. Peut-être que j'exagère, mais je veux être
assez caricatural pour être sûr d'être bien compris par le
dernier de la classe, l'autre bord.
Donc, je veux tout simplement que ce projet de loi soit amendable. Il
est amendable de a à z comme il est là. C'est un projet de loi
qui, à mon point de vue, devrait être retiré. Comme chef de
l'Opposition, je vais aller plus loin, Je vais répéter ce que
J'ai dit en Chambre: Je suis même prêt à donner tous les
consentements possibles, à brûler toutes les étapes qu'on
voudra, si on veut présenter un projet de loi global touchant à
l'ensemble des secteurs gouvernementaux, pour ne pas qu'on focalise sur un
secteur qui est peut-être, entre vous et moi, celui qui est le mieux
encadré par la réglementation et les programmes normes. Je serais
prêt, comme chef de l'Opposition, à accorder tous les
consentements nécessaires pour que le gouvernement, pour une fois, pose
un geste globalisant et éclairé au lieu de répondre en
coup de vent. Je vais m'arrêter là.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Jacques Rochefort
M. Rochefort: Oui, M. le Président, quelques mots pour
redire l'importance que j'accorde au projet de loi qui est présentement
devant nous. M. le Président, je dirai que, quant à mol, Je pense
qu'il est absolument essentiel et urgent que nous nous retrouvions en
présence d'un projet de loi de cette nature et qui vise les objectifs
qu'on sait, parce que, d'une part, il faut reconnaître qu'un certain
nombre d'abus qui ont été commis et qui ont été
rendus publics l'ont été en partie à cause de
l'imprécision ou de l'absence d'un certain nombre de règles
juridiques pour que ce type de comportement ne soit pas possible ou ne soit pas
possible aussi facilement que ce qu'il était jusqu'à
maintenant
D'autre part, M. le Président, Je pense que ce projet de loi, par
rapport aux objectifs qu'il vise, est aussi très important, essentiel,
parce que l'absence de règle juridique pour faire face à ce type
de situation a donné lieu, jusqu'à maintenant, à un
chassé-croisé marqué par l'arbitraire, le
discrétionnaire, la justice expéditive d'une façon
absolument inadmissible dans une société comme la nôtre. Je
pense, M. le Président, que, là aussi, c'est l'absence de
règle juridique qui a permis à des gens du ministère de
traiter les cas, cas par cas, de façon, Je le répète,
aussi discrétionnaire, arbitraire et expéditive que cela a
été fait jusqu'à maintenant.
Je suis convaincu, M. le Président, que, si quelqu'un est en
mesure de prendre tous tes cas qui ont été soumis à
l'attention du ministère jusqu'à maintenant et qu'il les compare
quant à la façon dont Ils ont été traités
jusqu'à maintenant, pour des choses comparables, on s'apercevra, M. le
Président, qu'il était grand temps qu'on se retrouve avec des
règles pour encadrer ceux qui veulent régir. Je le
répète, M. le Président, l'absence de règle
juridique a donné lieu à deux types d'abus et deux types de
comportement tout aussi inadmissibles tes uns que les autres, quant à
moi, et qui doivent être rapidement resitués dans un cadre
conforme au cadre qui doit réglementer la vie en société
dans ce type d'activité.
Je pense, M. le Président, que par les conclusions que - je le
souhaite - nous pourrons tirer de l'étude de ce projet de loi, nous
pourrons, d'une part, - comme le disait la ministre, et je partage son objectif
de ce point de vue, même si, pour moi, cela ne fait pas partie de
l'opération, comme elfe le disait - avoir un cadre qui redonne confiance
à la population à l'endroit des administrateurs et des
gestionnaires du réseau de la santé et des services sociaux,
parce qu'ils la méritent, M. le Président, et, d'autre part,
lever les doutes qui règnent maintenant dans l'opinion publique sur tous
les cadres, sur tous tes gestionnaires et tous les membres des conseils
d'administration du réseau. Dans ce secteur comme dans n'importe quel
autre, il s'agit que trois, quatre ou cinq cas, comme ceux qu'on connaît,
soient soulevés pour que dans l'esprit populaire tout le monde soit dans
le même sac et que des doutes Injustifiés pèsent sur
l'ensemble des hommes et des femmes du réseau qui oeuvrent
bénévolement dans un conseil d'administration ou de façon
rémunérée, et c'est juste qu'il en soit ainsi. Des cadres,
des gestionnaires du réseau se sont vus pointés du doigt à
l'occasion et ont vu leur réputation ou leur crédibilité
entachée de façon absolument Injuste. Je pense que la loi et le
débat qui va l'entourer devrait - et Je souhaite qu'il en soit ainsi -
redonner cette crédibilité et lever le doute qui peut
régner à l'endroit de certains administrateurs qui ne
méritent pas que des doutes comme ceux-là les touchent. (15 h
45)
J'ajoute, M. le Président, que j'aurai bon nombre de commentaires
et surtout des amendements à suggérer aux dispositions actuelles
du projet de loi parce que certaines dispositions ne me semblent pas
suffisamment précises. Dans d'autres cas, M. le Président, je
pense qu'on ne retrouve pas de dispositions dans le projet de loi sur des
situations qui ont posé problème et qui, dans le fond, font
partie des objectifs officiellement visés par le projet de loi. Donc,
à certains égards, pour moi, c'est un projet de loi incomplet qui
méritera d'être complété à
l'éclairage, d'une part, des situations connues et des
présentations qui nous seront faites par les groupes invités par
la commission et, aussi, à partir des points de vue qu'apporteront les
membres de la commission au cours de l'étude article par article.
Je termine mon Intervention, M. le Président, avec une question
que je souhaiterais poser à la ministre et qui, je pense, ne demande pas
une très longue réponse, puisqu'on sait que la ministre est
probablement la seule personne à avoir un portrait assez complet de ce
qui s'est passé ou de ce qui a été porté à
sa connaissance jusqu'à maintenant. J'aimerais simplement poser la
question suivante: Est-ce que la ministre est en mesure de nous dire si,
à partir de tous les cas dont elle a eu connaissance jusqu'à
maintenant et qui ont été soumis à son attention, comme il
est normal que ce soft, si, pour elle, à partir de tout ce qu'elle
connaît, le projet de loi 97 est en mesure de faire face à toutes
les situations qui ont été rencontrées et qui Impliquaient
que des gestes soient posés?
Mme Lavole-Roux: C'est évident que je souhaite que le
projet de loi 97... Et je le dis en passant, le projet de loi peut être
amendé. SI quelqu'un peut l'améliorer, je pense que j'ai
signifié dès te début mon ouverture d'esprit
là-dessus. J'ose croire que, particulièrement pour le
député de Gouin qui a déjà vécu à
l'Intérieur du ministère de la Santé et des Services
sociaux,
la même remarque vaut pour l'ex-ministre... Il arrive des
surprises de temps à autre ou des problèmes qui ne se
présentent pas nécessairement comme des choses déjà
vues et déjà connues. Je pense qu'il n'y a personne qui... Et Je
vous donnerai l'exemple suivant: il y a une couple d'années ou il y a
deux ou trois ans, le gouvernement qui nous a précédés a
tenté de régler la question des prîmes de séparation
pour essayer justement.. Je pourrais vous dire immédiatement que cela
n'a pas eu l'effet escompté puisqu'on se retrouve encore avec des
problèmes qui n'ont pas été signalés dans les
journaux, je pense, mais c'est pour donner un exemple concret.
Alors, je ne voudrais pas être présomptueuse au point de
dire: II ne se présentera plus jamais de problème ou on a
pensé à toutes les éventualités. Il semble que,
toujours, il y a des gens qui ont plus d'imagination qu'on peut le penser.
M. Rochefort: M. le Président, pour être plus
précis, je comprends très bien la réponse de la ministre
et je suis à l'aise avec la réponse qu'elle fournit, sauf que je
ne parle pas de situations Inconnues ou Imprévisibles, je parle de
situations que vous connaissez et qui ont été portées
à votre attention à ce jour Pour vous, la loi 97 répond
à ces situations?
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu des faits que je connais
présentement, la loi 97 devrait répondre aux problèmes que
nous avons notés.
M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres commentaires? M. le député de Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: Juste deux minutes. M. le Président, en
réponse au chef de l'Opposition parce qu'il ne faut pas qu'il ait
toujours le champ complètement à lui. Je vais simplement
répéter que je ne suis pas du tout d'accord avec son
raisonnement. J'ai été surpris parce que j'avais toujours cru que
c'était un homme qui croyait beaucoup dans la responsabilité de
l'administration publique et cette loi n'est pas une loi pour punir, c'est une
loi pour prévenir.
Je suis un de ceux qui ont été très très
fiers de Mme la ministre quand elle a présenté ce projet de loi.
Elle était appuyée à 100 % par notre formation politique.
Le point qu'on a soulevé tout à l'heure: Pourquoi dans ce
secteur, pourquoi pas ailleurs? Peut-être que c'est un point qui a une
certaine validité. On va vivre avec cette loi-là, on va voir
comment ça marche en pratique. Je pense qu'elle peut devenir un
très bon exemple pour d'autres sphères d'activité.
Le fait qu'on a ici des intervenants.. Je viens de lire cet
après-midi les mémoires qu'on a reçus et je vois que,
même de la part de ceux qui sont affectés, cela a
été bien reçu généralement. Ils ont
certaines critiques, des amendements, des changements, je comprends, et la
raison pour laquelle on les reçoit, c'est justement pour consulter ces
gens-là. Quant à moi, je pense que le chef de l'Opposition vient
de parler pour la galerie. D'ailleurs, depuis quelques jours iI te fait
très bien dans sa formation politique. Mais, là, je pense, au
point de vue du projet de loi, qu'il devrait être un peu plus positif.
Cela aurait été une occasion en or pour lui d'appuyer une mesure
qui va améliorer l'administration.
Dernière remarque. J'ai trouvé cela très
intéressant, quand, moi, j'ai pris connaissance de ce problème
dans le secteur anglophone, dans La Gazette, et on a vu dans nos comtés
la réaction des citoyens. Je suis certain que chez vous aussi cela a
été très bien reçu, qu'elle était
prête la loi. Ce n'est pas une loi qui a été faite en
réaction à quelque chose qui est arrivé en septembre ou
octobre. Elle a déjà travaillé là-dessus auparavant
et, quand le moment est venu de la présenter, elle l'a
présentée Immédiatement.
Donc, moi, j'ai dit en deuxième lecture que la ministre a
montré ses dents. Je suis très fier et on va montrer nos dents
avec elle.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Jollette.
M. Chevrette: M. le Président...
Des voix:...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous
plaît!
M. Chevrette: Vous me permettrez, M. le Président, de
faire quelques remarques, cela n'a pas de bon sens. On peut se réjouir
d'une loi, mais on peut avoir de petites et de grandes jouissances. La grande
jouissance, cela aurait été que vous compreniez que cela
s'adressait à tous ceux et celles qui sont en position de conflit
d'Intérêts dans l'ensemble de l'appareil gouvernemental. Votre
petite jouissance peut aller jusqu'à ternir la réputation de
grands professionnels parce qu'on fait d'une loi pratiquement d'exception pour
un secteur d'activité gouvernementale une loi sur les conflits
d'intérêts. Il me semble qu'on peut avoir une courte vue et on
peut voir également à longue portée. C'est la
différence qu'il y a entre nous deux. Quand je parle pour la galerie,
vous comprendrez que je m'adresse à ceux qui comprennent. Donc,
là-dessus, c'est une question de point de vue, purement et simplement,
mais vous ne m'empêcherez sûrement pas de m'adresser à ceux
qui auront à juger vos gestes parce que c'est mon rôle de les
influencer.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je n'ai pas eu le temps de répliquer. Ma
réplique va être très brève, J'ai déjà
répondu à la question du député de Gouin. Je pense
qu'il ne faudrait quand même pas exagérer la portée de la
loi. C'est comme si, tout à coup, on créait une loi dans laquelle
on parlait de conflit d'Intérêts et d'exclusivité d'emploi.
Ces deux notions existaient dans la loi depuis 1970, j'imagine, et la loi a
été révisée - en tout cas, moi, de mémoire,
je m'en souviens - au moment de la loi 27. Ces notions sont revenues. On les a
rendues peut-être un peu plus contraignantes, mais on ne parle pas de
notions nouvelles et on n'introduit pas tout à coup, pour le
réseau de la santé et des services sociaux, la notion de conflit
d'intérêts ou la notion d'exclusivité d'emploi.
Je pense qu'on vient pallier des carences qui ont permis de contourner
la loi ou, très souvent de l'Interpréter de façon telle
qu'elle a laissé une porte ouverte à ce qui, dans certains cas,
est devenu des abus. Mais penser que, tout à coup, on statue sur le
conflit d'intérêts et sur l'exclusivité d'emploi pour le
réseau de la santé et des services sociaux, je pense que c'est
créer une fausse Impression parce que c'était là, mais
cela ne semble pas satisfaisant.
La deuxième remarque que je voudrais faire - ce sera la
dernière - c'est relativement aux internes et résidents ou
à la question de la main-d'oeuvre en régions
éloignées. Le chef de l'Opposition dit: Bien, écoutez, si
vous aviez continué la table qu'on avait commencée... Je pense
qu'il fait référence à la commission parlementaire qui
s'est tenue au printemps... Non, à la table de concertation...
M. Chevrette:...
Mme Lavoie-Roux: ...qui. avait été
créée, la fameuse table de concertation, par le ministre Laurin
du temps, et qui n'a siégé qu'une seule fois et qui, maintenant,
siège d'une façon régulière avec tous les
intéressés. Il y a au moins dix participants à cette
table: les universités, l'Association des hôpitaux, les
fédérations de médecins. En tout cas, nommez-les... La
Conférence des CRSSS - elle m'échappe. Je pense qu'il y a de 8
à 10 participants à cette commission ou à cette table de
concertation, qui fait un travail très difficile, mais qui le fait d'une
façon persévérante et qui vise d'abord à
établir quels sont nos besoins en main-d'uvre, comment elle
devrait être distribuée, etc.
Alors, je pense que - je pourrais vérifier pour vous, M. le
député de Joliette - les internes et les résidents y sont
peut-être à titre d'observateurs. Je ne suis pas convaincue. Oui,
Ils y sont à ce titre, on me fait signe. Cette table s'est réunie
au moins six ou sept fois dans l'année, dans les deux dernières
années - la deuxième n'est pas terminée - et travaille
ardu- ment à réaliser les objectifs qui sont partagés par
tout le monde, en termes de planification de main-d'oeuwe médicale qui
sert à déterminer les plans d'effectifs d'Internes, de
résidents, etc., pour chaque année. SI l'article 1 n'est pas
assez précis ou dépasse, à vos yeux, les Intentions du
législateur, on verra de quelle façon on veut le corriger. Il n'a
pas du tout les intentions qu'on voudrait lui prêter, de dire: à
partir de cela on détermine à droite et à gauche ce qui va
là ou là. Ce n'est pas du tout l'Intention. C'est vraiment de
permettre que ne soient pas rendues caduques des dispositions qui avaient
été prises par le gouvernement, auxquelles vous souscriviez,
d'avoir des postes, en sus des postes réguliers de résidences
pour permettre la meilleure distribution des effectifs, etc. M. le
Président, ce sont les remarques que je voulais faire au chef de
l'Opposition.
Auditions
Le Président (M. Bélanger): Bien. Alors, en
conformité avec l'horaire, j'invite donc le premier groupe à se
présenter. Ce sera l'Association des hôpitaux du
Québec.
L'Association des hôpitaux du Québec est
représentée par M. Jacques Nadeau, vice-président
exécutif et directeur général à l'association et
qui sera le porte-parole; par M. André Brous-seau, qui est
président sortant du conseil d'administration de l'association et
président du conseil d'administration du Centre hospitalier Sainte-Marie
de Trois-Rivières; M. Gilles Fortin, membre du conseil d'administration
de l'association et vice-président du conseil d'administration de
l'hôpital Hôtel-Dieu de Lévis; M. Claude Boutin, directeur
des ressources humaines à l'association; Me Ghislaine Gosselin, adjointe
au directeur général, affaires juridiques, à
l'association. J'ai fait le tour. Je demanderai donc au porte-parole de
l'association, M. Jacques Nadeau, de vouloir procéder à la
présentation de son mémoire.
Association des hôpitaux du Québec
M. Nadeau (Jacques A.): M. le Président, Mme la ministre,
M. le chef de l'Opposition, membres de la commission. L'Association des
hôpitaux du Québec, au nom de l'ensemble des centres hospitaliers
qu'elle représente, a déjà exprimé publiquement son
point de vue relativement à des pratiques douteuses et des comportements
injustifiés qui ont eu cours dans certains établissements de
santé et de services sociaux et qui ont été
constatés et largement publiés par les médias
d'information.
Étant tout de même persuadée que ces situations
constituaient des cas isolés et que la crédibilité des
administrateurs et des directeurs responsables de la gestion des fonds publics
pour la dispensation des services de santé demeure
méritée, l'Association des hôpitaux a souscrit
aux enquêtes déjà entreprises par le
ministère de la Santé et des Services sociaux afin de lui
permettre de dresser un juste portrait de la réalité.
Outre ces enquêtes, la ministre de la Santé et des Services
sociaux a par ailleurs Jugé opportun de présenter à
l'Assemblée nationale le projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, afin d'y introduire des
dispositions visant principalement à prévenir le renouvellement
des situations qui ont été dénoncées.
Partageant également cet objectif, l'association remercie la
ministre de lui permettre, sur Invitation, d'être entendue sur ce projet
de loi. il faut souligner que l'Association des hôpitaux
représente les conseils d'administration des 200 centres hospitaliers
publics au Québec. C'est à ce titre qu'elle a
Intérêt au projet de loi 97.
À cet effet, le présent mémoire vous est soumis en
deux parties. La première exprime le point de vue de nos membres quant
aux mesures relatives au conflit d'intérêts, à
l'exclusivité d'emploi et aux fondations. Le deuxième partie
propose des modifications aux dispositions du projet de loi, eu égard
aux commentaires et recommandations formulés dans la première
partie.
Toutefois, afin de respecter le temps de présentation qui nous
est alloué, nous vous exposerons un résumé de la
première partie du mémoire qui vous a été transmis,
sachant que vous référerez à ce dernier pour
connaître l'ensemble des positions de l'association. (16 heures)
Le conflit d'Intérêts. Nous ne pourrions tolérer
qu'un intérêt personnel compromette l'intérêt public,
lequel commande aux centres hospitaliers de gérer en toute
légalité, efficacité et efficience tes sommes
destinées à assurer les services de santé et tes services
sociaux à la population.
C'est pourquoi, une personne qui se place dans une situation de conflit
d'intérêts doit s'attendre à subir une sanction. Toutefois,
la détermination de cette sanction doit respecter le fait qu'il s'agit,
soit d'un membre du conseil d'administration, soit d'un employé de
l'établissement.
Pour un membre de conseil d'administration. Depuis l'adoption, en 1971,
de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, tout membre
du conseil d'administration est sujet à une déchéance de
charge s'il "a un intérêt direct ou indirect dans une entreprise
qui met en conflit son Intérêt personnel et celui de
l'établissement." Depuis l'an dernier, un membre du conseil
d'administration, autre que le directeur général, peut toutefois
éviter une déchéance de sa charge' (en
dénonçant) par écrit son Intérêt au conseil
et (en s'abstenant de siéger) et de participer à toute
délibération ou décision lorsqu'une question portant sur
l'entreprise dans laquelle il a cet intérêt est
débattue.
Pour des raisons d'équité, nous estimons que le- directeur
général devrait avoir accès à cette
procédure. Dans le même esprit, il serait juste de permettre
à tout membre du conseil d'administration, et non seulement au directeur
général, d'être actionnaire minoritaire d'une corporation
qui exploite une entreprise dont les actions se transigent dans une Bourse
reconnue, suivant les modalités proposées par l'article 6 du
projet de loi.
Plus fondamentalement, cedit article 6 introduit des sanctions
particulières pour un directeur général qui, en sa
qualité de membre du conseil d'administration, s'est placé en
conflit d'intérêts avec l'établissement. Soit le directeur
général bénéficie d'un statut particulier, en
étant d'office, eu égard au poste qu'il occupe, membre du conseil
d'administration et à ce double titre, on s'attend qu'il soit
responsable. Mais ne lui applique-t-on pas un châtiment draconien?
En plus de sa déchéance de charge, il devient inhabile
à occuper une charge ou un emploi dans tout établissement public
ou conseil régional pour une période de trois ans à partir
de la date de sa déchéance; en plus, il perd tout recours aux cas
de congédiement, de non-réengagement ou de résiliation
d'engagement. De telles sanctions lut sont imposées, sans tenir compte
du genre de conflit d'intérêts dans lequel H s'est placé
et, pourtant, comme le souligne le professeur Patrice Garant: "II y aurait,
croyons-nous, deux formes d'immoralité administrative, une forme
grossière, la corruption administrative sous toutes ses formes, qu'il
s'agisse de fraude, de trafic d'influence, de sollicitation et d'acceptation de
faveur, et une forme que nous qualifierons de raffinée, le conflit
d'intérêts. Celle-ci n'implique pas nécessairement qu'il y
a ou qu'il y aura de la corruption, mais elle crée une situation telle
que, la faiblesse humaine étant ce qu'elle est, l'Intérêt
privé risque d'être préféré à
l'intérêt public."
Ne serait-il pas, en conséquence, plus adéquat de
pondérer les sanctions envisagées pour le directeur
général, par le projet de loi 97, afin de tenir compte du genre
de conflit, comme c'est le cas dans d'autres lois?
À titre d'exemple, aux plans municipal et scolaire, une personne
ne peut devenir inhabile à remplir une charge durant une certaine
période - cinq ans dans le domaine scolaire - que si elle s'est rendue
coupable de fraude ou de corruption. Si le directeur général, en
tant que membre du conseil d'administration, s'est rendu coupable de fraude ou
de corruption, nous croyons que les sanctions proposées sont
fondées - les fraudeurs, les exploiteurs n'ont pas de place dans notre
réseau - mais, pour les autres cas de conflit d'intérêts,
de telles sanctions nous semblent exagérées quant à leur
caractère automatique et disproportionné quant à leurs
conséquences.
Comme le projet de loi n'apporte aucune nuance au genre de conflit
d'intérêts, nous suggérons que le tribunal qui doit
procéder à la déchéance de charge du directeur
général en tant que membre du conseil d'administration et, par
conséquent, à son congédiement comme employé,
puisse de plus juger de l'application des autres sanctions prévues
à l'article 95 de la loi, en tenant compte de la nature et de la
gravité de sa faute. Ici, je pense à l'Interdiction d'occuper une
charge pour une période de trois ans.
Pour un employé. Et ce qu'on vise quand on parle d'un
employé, c'est le directeur général, qui agit à
certains égards comme employé, et les autres cadres,
supérieurs et intermédiaires qui, par règlement, pourront
être affectés par cette loi-là. Il est nécessaire de
distinguer les prérogatives que ta loi reconnaît à un
établissement, suivant qu'il s'agisse d'un conflit
d'intérêts commis par un membre du conseil d'administration, par
opposition à celui commis par une personne qui exerce une occupation
dans ledit établissement. Dans le dernier cas, la jurisprudence
démontre qu'un établissement ne peut, même par
résolution de son conseil d'administration, décider d'une
déchéance de charge, d'où l'obligation d'intenter un
recours devant un tribunal compétent. Dans le deuxième cas, le
centre hospitalier peut imposer toute mesure, compte tenu de son pouvoir de
gérance en tant qu'employeur. incidemment, soulignons entre autres le
pouvoir qui lui est dévolu en vertu de l'article 15 du Règlement
sur l'organisation et l'administration des établissements qui
énonce que: "Une personne qui exerce une occupation dans un
établissement pubtic ou un conseil régional et qui joue un
rôle dans l'attribution des contrats de services, de travail ou
d'approvisionnement doit dénoncer son Intérêt au conseil
d'administration. Celui-ci doit décider des mesures à
adopter."
Retirer ces prérogatives à l'établissement irait
d'une part à l'encontre du principe que "le pouvoir de nommer comporte
celui de destituer et d'autre part compromettrait ta possibilité pour un
établissement d'assumer adéquatement ses
responsabilités."
En d'autres termes, référer Indûment à une
déchéance de charge pour le directeur général en
tant qu'employé ou éventuellement pour un cadre supérieur
ou intermédiaire pourrait empêcher un établissement de le
congédier tant et aussi longtemps que le jugement requis pour une dite
déchéance de charge ne serait pas prononcé et
exécutoire. Une telle situation serait absurde, il est donc
Impératif de ne retenir la déchéance de charge que pour un
membre de conseil d'administration.
Exclusivité d'emploi. Il nous apparaît indéfendable
et inacceptable qu'un directeur général, ou même un cadre
supérieur, puisse de sa propre initiative et à l'insu de son
employeur consacrer une partie de sa semaine régulière de travail
à une entreprise commerciale dans le seul but d'accroître sa
rémunération personnelle.
Par ailleurs, l'utilisation limitée et occasionnelle de
gestionnaires à titre de conseillers en gestion auprès d'autres
établissements de santé ou à titre d'enseignant pour des
matières reliées à l'administration des services de
santé ou des services sociaux peut s'avérer une pratique tout
à fait saine, dans la mesure où cette démarche
s'insère dans un processus très rigoureux, comportant une
autorisation préalable et un contrôle de la part du conseil
d'administration. Dans beaucoup de cas qui ont été
soulevés dans tes journaux, cela se faisait sans autorisation
préalable et sans contrôle de la part du conseil d'administration.
Dans ce domaine, comme dans bien d'autres, la transparence est de rigueur.
Concrètement, cela signifie que le conseil d'administration doit
connaître de façon préalable la nature de la mission
conseil ou d'enseignement envisagée, son origine, sa durée
approximative, les autres conditions afférentes et décider, le
cas échéant, de son actualisation par une résolution
formelle.
Nous avons cependant été surpris de constater que les
dispositions prévues à l'article 7 du projet de loi obligent
à obtenir dans tous les cas, sauf un, l'autorisation du ministre avant
d'autoriser un directeur général à occuper une charge,
à fournir des services ou à assumer des fonctions additionnelles.
Dans un système décentralisé où les conseils
d'administration sont responsables de l'administration des
établissements, l'introduction d'une telle condition
supplémentaire est perçue par nos membres comme une marque de non
confiance et une forme de tutelle déguisée, et ce, dans un
contexte où la ministre préconise l'imputabilité et la
responsabilisation accrues des conseils d'administration. Cela dit, nous
demeurons des plus sceptiques sur la nécessité d'imposer
l'exclusivité d'emploi aux directeurs généraux et, par
voie réglementaire, à d'autres cadres oeuvrant dans le secteur de
la santé.
Cette mesure limite la liberté d'un Individu d'exercer en dehors
de ses heures normales de travail une occupation rémunératrice,
même si celle-ci ne génère aucun conflit
d'intérêts potentiel. À cet effet, pourquoi un directeur
général ne pourrait-il pas être membre d'un conseil
d'administration d'une PME, même s'il reçoit pour cela un jeton de
présence, étant par ailleurs compris qu'il continue d'assumer 24
heures par Jour, 7 jours par semaine, les responsabilités reliées
à son poste de directeur général du centre
hospitalier?
L'exclusivité d'emploi est exceptionnellement Imposée
à un président-directeur général de
société d'État qui dispose de pouvoirs
considérables dans l'exercice de ses fonctions ou .l'exclusivité
de fonctions à "un fonctionnaire qui appartient à un groupement
professionnel dont les membres se voient conférer par la loi le droit
exclusif d'exercer une profession."
Il n'en demeure pas moins que les administrateurs d'État,
comprenant entre autres les
sous-ministres ou les sous-ministres adjoints, ne sont pas tenus, en
vertu de la loi, à l'exclusivité de fonctions et nous ne mettons
pas pour autant en doute leur impartialité. Cette exclusivité
n'est d'ailleurs pas plus exigée du directeur général d'un
collège d'enseignement général et professionnel, d'un
directeur d'école ou d'un directeur d'une commission scolaire.
Au même titre que ces derniers, nous pensons que la mesure de
temps plein est suffisante pour un directeur général, fort du
fait qu'il a déjà l'obligation de ne pas se placer dans une
situation conflictuelle et que, s'il dérogeait à cette
obligation, II serait passible de sanctions en tant que membre du conseil
d'administration et en tant qu'employé de l'établissement.
Toutefois, soucieux d'éviter toute source potentielle de conflit
d'Intérêts, nous estimons que le conseil d'administration d'un
établissement devrait, lorsqu'il engage un directeur
général, obtenir de lui la liste de tout emploi, charge, fonction
ou service qu'il fournit et pour lequel une rémunération lui est
accordée, ainsi que le nom de toute entreprise dans laquelle il
détient un intérêt, afin de pouvoir décider par
résolution des mesures à prendre. Des dispositions pourraient
être Incluses en conséquence dans le Règlement sur la
sélection, la nomination, les mesures de fin d'engagement et de
stabilité d'emploi applicables aux directeurs généraux des
conseils régionaux et des établissements publics.
Dans le même esprit, un directeur général qui, en
dehors de ses heures normales de travail, désire occuper un emploi, une
charge, une fonction ou fournir des services, si une rémunération
lui était accordée, devrait le faire en accord avec son conseil
d'administration.
Fondations. Les suppléments versés à certains
directeurs généraux et cadres supérieurs à
même les revenus générés par les fondations
hospitalières ont constitué un sujet très discuté
ces derniers temps. En ce qui nous concerne, nous croyons que l'utilisation,
même minime, de revenus émanant de fondations hospitalières
pour combler les carences du système officiel de
rémunération des cadres, affecte l'essor et la
crédibilité même desdites fondations et ce, en raison d'une
perception négative grandissante du public en général.
Les sommes d'argent recueillies auprès du grand public et de
l'entreprise privée par les fondations hospitalières doivent
être utilisées aux fins auxquelles elles sont destinées,
à savoir, l'achat d'équipements, le financement de projets
d'immobilisation, la recherche ou toute autre priorité fixée par
le conseil d'administration. (16 h 15)
Cependant, il faut aussi réaliser qu'il devient de plus en plus
difficile de susciter la candidature de gestionnaires
expérimentés, intéressés à relever le
défi que constitue te poste de directeur général,
notamment dans le cas des établissements hospitaliers d'envergure
majeure et ce, en raison des normes actuelles de
rémunération.
Il est évidemment loisible au gouvernement de prétendre
que le malaise que nous avons évoqué précédemment
n'existe tout simplement pas et de légiférer en
conséquence. Bien que politiquement attrayante à très
court terme en raison du présent contexte, il s'agit là, à
notre avis, d'une solution qui n'en est pas une et dont les retombées
négatives s'accentueront au fil des années. Le temps est
maintenant venu d'examiner froidement et objectivement le caractère
compétitif ou non des conditions de travail, y compris la
rémunération, offertes aux cadres supérieurs et notamment
aux directeurs généraux du réseau hospitalier
québécois.
Il est nécessaire que le système de santé du
Québec continue de fonctionner efficacement et, à cet effet,
toute violation au principe d'une simple gestion doit faire l'objet de mesures
appropriées. C'est pourquoi, nous reconnaissons la
nécessité de prévoir des dispositions dans la loi
garantissant l'impartialité des gestionnaires et obligeant la
transmission de tous renseignements relatifs aux états financiers des
centres hospitaliers à la population. Nous vous soulignons toutefois que
nous référons aux états financiers de
l'établissement et non aux états financiers de chacun des membres
du conseil d'administration, comme semble le laisser croire l'article 126
proposé par l'article 8 du projet de loi.
Enfin, n'oublions pas que, parmi la population, plus de 3000 personnes
agissent de façon bénévole, à titre de membres de
conseils d'administration dans la gestion des quelque 200 centres hospitaliers
représentés par l'Association des hôpitaux du
Québec. Elles ont besoin, non pas de voir leurs responsabilités
diminuées, mais plutôt d'être assurées de la
confiance du gouvernement pour assumer adéquatement leurs mandats.
Le Président (M. Bélanger): Merci, M. Nadeau. Je
passe la parole à Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je veux remercier M. Nadeau et l'Association des
hôpitaux du Québec d'être venus présenter ce
mémoire, dans lequel vous nous faites part de vos préoccupations,
dont certaines sont sans doute fondées et que nous allons examiner
soigneusement. Je voudrais profiter de l'occasion pour vous remercier aussi de
l'initiative que vous avez prise, dès que ces problèmes ont fait
l'objet d'une publicité plus grande et à la suite, aussi, des
rencontres que nous avions eues, même avant que ces choses apparaissent
dans les journaux - la mémoire me revient - et de la collaboration ou de
l'initiative que vous avez prise de dire immédiatement: Qu'est-ce qu'on
peut faire en tant qu'association pour aider nos membres? C'est dans ce
contexte que vous vous êtes placés et avez constitué un
comité qui, d'ailleurs, répondait - même au point de
départ - à nos Intentions de ne pas statuer, entre autres, sur
les dépenses de fonctions ou
les frais de représentation. Nous croyons que les
différences sont tellement grandes, les catégories sont
multiples, les contraintes locales ou les spécificités locales
font que cela aurait été... Au point de départ, comme
principe, II revenait aux conseils d'administration de prendre leurs
responsabilités à cet égard. Si par hasard on ne tes avait
pas prises - non pas par mauvaise volonté, mais seulement parce que cela
ne semblait pas opportun - ceci a sonné une clochette d'alarme pour
l'ensemble des établissements et non seulement les hôpitaux. Dans
ce sens, je pense que vous avez apporté une collaboration qui va
s'avérer extrêmement Importante.
Je voudrais revenir sur quelques-unes de vos remarques touchant les
conflits d'Intérêts. Vous souhaitez, en page 5, que votre
situation de directeur général soit traitée de
façon Identique ou que les conditions soient les mêmes que celles
d'un membre d'un conseil d'administration. J'aimerais vous demander si vous
croyez que la situation d'un directeur général est exactement la
même que celle d'un membre d'un conseil d'administration, pour qui on
avait d'ailleurs apporté une légère modification parce
qu'on les mettait dans des situations intenables. S'ils étaient
actionnaires de quelque chose, ils pouvaient se retrouver en conflit Tout ce
qu'on leur a demandé, c'était de dénoncer leur situation
de conflit d'intérêts et de ne pas siéger à ce
moment-là. Vous demandez, dans le fond, que le directeur
général qui, lui, a un poste clé payé par
l'établissement et qui est pratiquement responsable du plus grand nombre
de décisions qui se prennent à l'Intérieur d'un
établissement et dont les occasions, justement, de se trouver en conflit
d'Intérêts, mineur ou plus Important, sont beaucoup plus grandes
que celles d'un membre d'un conseil d'administration... Vous dites: Comme on
est membre du conseil d'administration, on participe même au vote, etc.
Est-ce que vous prévoyez, pour les membres des conseils
d'administration, que cela ne devrait pas être la même règle
pour le directeur général? J'ai de la difficulté à
saisir ce rapprochement que vous voulez faire, alors que les situations sont
quand même passablement différentes.
M. Nadeau: Voici, Mme la ministre. D'abord, je pense qu'une des
notions importantes de votre projet de loi, c'est la notion de
déchéance de charge. Notre point de vue, c'est qu'une
déchéance de charge peut s'exercer à l'endroit d'une
personne qui est élue, une personne qui est nommée à un
conseil d'administration, mais une déchéance de charge ne peut
pas s'exercer, à notre point de vue, sur une personne qui est un
employé de l'établissement. Or, le directeur
général a un rôle un peu bâtard dans notre
système. Que voulez-vous? Il est membre du conseil d'administration et
est en même temps l'officier principal, l'exécutant principal du
conseil d'administration. On nous dit: Par équité, il faut
traiter le directeur général de la même façon qu'on
traite des membres de conseil d'administration quand il agit comme membre de
conseil d'administration. Si, comme membre de conseil d'administration, un
directeur général participe à l'octroi d'un contrat en
conflit d'Intérêts sans dénoncer son conflit
d'intérêts, on dit qu'il doit être déchu de sa
charge. Si, dans l'exécution de ses tâches de directeur
général, et non comme membre de conseil d'administration, par
exempte le conseil d'administration dit par règlement qu'à
l'Intérieur d'un centre hospitalier tout contrat en bas de 5000 $ se
règle à l'Interne et que ce n'est pas le conseil d'administration
qui le décide, le directeur général, lui, décide de
donner un contrat à quelqu'un de sa famille, où il a une
responsabilité, une partie d'actions dans cette entreprise, ce qu'on dit
c'est qu'à ce moment-là c'est au conseil d'administration d'agir
comme employeur. Pas de lui donner une déchéance de charge ou, de
le faire comme cela se fait dans la fonction publique ou comme cela se fait
dans d'autres milieux, soit de le suspendre, soit de le réprimander,
soit de le congédier.
C'est une situation qui est difficile, mais le directeur
général joue dans un centre hospitalier sur les deux
tableaux.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites: Dans le fond, on a vraiment deux
chapeaux. Une fois, on agit comme un membre d'un conseil d'administration, dans
une autre occasion on est vraiment le directeur et l'administrateur principal
d'un établissement...
M. Nadeau: Un exécutant
Mme Lavoie-Roux: Oui, un exécutant des volontés du
conseil d'administration dans un établissement Si vous n'aviez pas le
droit de vote, si vous pouviez participer aux débats du conseil
d'administration sans en être membre et sans avoir le droit de vote,
comme II est présentement prévu dans la loi, est-ce que ceci
changerait la situation?
M. Nadeau: II faut évidemment dire une chose, Mme
Lavole-Roux, c'est qu'on arrive avec un projet de loi 97 qui est dans un
état bien particulier de conseil d'administration auquel vous avez dit
vous-même à plusieurs reprises, et on sait que vous vous
apprêtez à le faire, à le modifier... Vous vous
apprêtez à modifier les conseils d'administration. SI le directeur
général n'était pas un membre du conseil d'administration,
j'imagine à ce moment qu'il n'y aurait peut-être pas d'autre
employé d'établissement non plus, on n'aurait pas besoin d'avoir
une déchéance de charge pour un directeur général,
parce qu'il ne serait que l'employé et à ce moment ce serait au
conseil d'administration d'exercer ses responsabilités d'employeur.
Donc, à ce moment-là, il pourrait suspendre, congédier, ou
réprimander, comme cela existe partout ailleurs. Le problème
fondamental, c'est le double
rôle que Joue le directeur général dans le contexte
actuel de la loi. Si on veut être équitable, quand il agit comme
membre d'un conseil d'administration, il faut le traiter comme tous les autres.
Où cela n'aurait pas de sens, par exemple, un directeur
général qui, dans l'exercice de ses fonctions, est en conflit
d'intérêts, donne un contrat à une compagnie dont il est
participant. S'il fallait absolument aller vers une déchéance de
charge, cela prend un recours au tribunal compétent à la Cour
supérieure. Ce recours, pouvez-vous vous imaginer comment cela va
prendre de temps pour le régler? Cela prendra peut-être un an,
deux ans, II va peut-être en appeler, il va peut-être aller
à la Cour suprême. Pendant ces trois ans, que fait-on avec notre
gars? On le suspend et on ne le paie pas. Puis, si on perd au bout de trois
ans, on le paie rétroactivement pendant trois ans. Si on perd, il a le
droit de réintégrer son emploi après. Qu'est-ce qu'on va
faire avec? On va rester trois ans sans directeur général ou avec
un directeur général par Intérim. C'est pour cela que l'on
vous dit, Mme Lavoie-Roux, qu'une déchéance de charge pour un
directeur général dans l'exercice de ses fonctions, cela n'a pas
d'allure. Pour un cadre supérieur non plus si éventuellement par
règlement, parce qu'on sait que vous vous donnez le pouvoir d'y aller
par règlement pour les cadres Intermédiaires et tes cadres
supérieurs... On dit: Cela conduit vers une situation absurde dans ce
sens-là.
Mme Lavoie-Roux: Immédiatement sur les cadres
Intermédiaires, c'est relié à ce que certains types de
postes peuvent être occupés par...
M. Nadeau: Peut-être.
Mme Lavoie-Roux: ...et non pas à l'ensemble des cadres.
Vous avez des gens à temps partiel. Il y a toutes sortes de conditions.
C'est dans un sens très restreint, mais véritablement là
où les postes risquent peut-être dans certains cas de créer
plus d'occasions de conflits d'intérêts.
Je vous ferai remarquer, M. Nadeau, que Ea question de la
déchéance est dans la loi depuis 1971.
M. Nadeau: Oui, oui.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites qu'à votre connaissance il
n'existe qu'une seule fois où le tribunal s'est prononcé deux
fois.
M. Nadeau: Oui. C'est à la lumière de ces
décisions de tribunal qu'on vous Impose qu'on vous demande cette
modification.
Mme Lavoie-Roux: La question que je veux vous poser: Pensez-vous
que c'est parce qu'il n'y a jamais eu plus de conflits d'Intérêts
qu'en deux seules occasions ou si c'est parce que les conseils d'administration
ont peut-être procédé d'une façon différente?
Quelles seraient ces façons-là? Je souhaiterais bien qu'il n'y
ait eu conflit d'intérêts que deux fois dans toute l'histoire
depuis 1970. Il y a probablement eu d'autres occasions où la situation a
été traitée d'une façon différente et
à votre connaissance pourriez-vous nous...
M. Nadeau: Dans les autres situations, j'imagine que tes gens
ont déclaré leur conflit d'intérêts, puis à
ce moment-là il n'y a plus de problème.
Mme Lavoie-Roux: J'ai un appel urgent. Je vais demander si
l'Opposition peut parler tout de suite, puis je vais revenir. Je m'excuse.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je suis un peu embêté du fait que la
ministre vient de dire que ce ne sont pas tous les cadres
intermédiaires. J'ai hâte de voir lesquels. Il faudrait au moins
les définir. Je suis d'accord avec vous que ce n'est pas pareil. Il y a
une différence fondamentale entre un employé qui est redevable
d'un autre par rapport à celui qui a un statut égal de temps
à autre. Il faudrait faire une nette distinction dans la loi, c'est
clair.
Sur l'exclusivité d'emploi, je vous suis d'une certaine
façon, sauf qu'en ce qui concerne un directeur générai je
me demande comment vous pourriez justifier qu'il puisse être porteur de
plusieurs chapeaux de travailleurs. On sait la lourdeur de la tâche, on
sait la responsabilité quotidienne, elle est même hebdomadaire et
annuelle. Je suppose que vous avez des exemples qui font en sorte que les
individus peuvent avoir un emploi qui pourrait être
rémunérateur. Je suppose que cela concerne l'enseignement en
particulier ou des commissions d'enquêtes ou autre chose. J'aimerais en
connaître quelques-unes.
M. Nadeau: Peut-être. Ce qui nous fatigue, M. le ministre -
pas M. le ministre, je m'excuse, c'est un lapsus - ...
M. Chevrette: Non, je ne hais pas cela, appelez-moi l'ex-
futur.
M. Nadeau: Ce qui nous fatigue là-dedans, c'est que
l'exclusivité d'emploi, c'est une mesure exceptionnelle. Cela existe
très peu, cela n'existe pas dans le domaine de l'éducation, cela
n'existe pas dans le domaine des commissions scolaires. Pourquoi donnerait-on
une exclusivité d'emploi à un directeur général
d'un hôpital? C'est vraiment une mesure exceptionnelle et cela n'a pas
d'allure. Si c'est vrai, cela doit être vrai pour tout le monde ou ce
n'est vrai pour personne. (16 h 30)
Dans certains cas - il y en a eu - il y a
des recteurs d'université qui en ont. Il y a des
présidents de grosses sociétés qui ont cela. Je peux
peut-être comprendre cela parce qu'ils ont des postes extrêmement
importants et des intérêts majeurs sont impliqués. Le
directeur général d'un centre hospitalier, c'est ce qu'on vous
dit, vous n'avez pas besoin de l'exclusivité de l'emploi. On vous dit:
Si, sur le temps normal du travail, un directeur général... Vous
savez, on s'en sert des directeurs généraux ou des cadres
supérieurs du réseau pour aller aider les établissements
en difficulté; on n'a pas besoin que la ministre nous appelle pour dire:
Écoutez, il y a un hôpital en difficulté à telle
place. On est capable de s'autodiscipliner comme réseau, d'y aller et
d'aider les gens en difficulté avant qu'on se ramasse avec une
enquête ou une tutelle. On utilise les gens et ces gens-là y vont.
On dit que, si cela se fait sur les heures normales de travail, cela doit se
faire avec l'accord du conseil d'administration selon une résolution
officielle pour que cela soit très clair. On va même plus loin. On
vous dit en plus: Si le directeur général veut avoir des
occupations en dehors de ses heures normales de travail, un vendredi soir, ou
s'il a un commerce dans lequel il donne un coup de main à sa femme ou
à sa famille, un commerce familial, il ne peut le faire qu'avec l'accord
du conseil d'administration.
Dans tous les cas, le conseil d'administration sera Impliqué.
Dans un tel contexte, vous n'avez pas besoin d'une exclusivité d'emploi
et c'est là une mesure excessive. Je pense que M. Brousseau, comme
président d'un conseil d'administration, peut vous parler de la
réaction d'un président de conseil d'administration quand il voit
la ministre décider pour lui ce qu'il va faire de son directeur
général ou de son cadre supérieur.
M. Brousseau (André): Lors du recrutement des directeurs
généraux, un bon nombre d'ententes sont conclues. Il faut
convenir que, dans certaines régions, le problème de la
qualité de recrutement est sérieux. Pourquoi imposer une
exclusivité à un directeur général qui, le
dimanche-matin, pourra faire la comptabilité d'une petite entreprise
dans la place? On est en train d'Imposer à l'ensemble des directeurs
généraux d'établissements de santé des conditions
qu'on n'a pas pour l'ensemble des autres employés des secteurs public et
parapublic. Là-dessus, je rejoindrais un peu la position
présentée au début par le député de Joliette
et chef de l'Opposition, à savoir qu'on sectorise, qu'on favorise un
secteur et qu'on n'a pas de politique d'ensemble pour les gens qui ont à
peu près les mêmes problèmes. Il serait extrêmement
difficile d'avoir un recrutement intéressant et de trouver des personnes
intéressées de ce côté-là.
M. Chevrette: La porte qu'on ouvre présentement à
un d.g. à la déchéance, est-ce qu'on ne risque pas que ce
soit tout de suite le processus de démission qui soit enclenché
à ce moment-là et qu'on puisse, par le fait même,
éviter d'épurer le système par la suite? Ma question
pourrait peut-être s'adresser à Me Gosselin, si j'ai bien compris.
À l'article 6, ou peu importe le numéro, il est dit: Tout
processus de déchéance est arrêté lorsqu'il y a
démission. Interprétez-vous cela comme je l'ai
Interprété d'une façon caricaturale au début,
disant que l'individu arrête tout procédé de
déchéance et recouvre automatiquement tous ses droits sans aucune
pénalité pour entrer dans le réseau, dans quelque autre
établissement que ce soit?
Mme Gosselin (Ghislaine): Permettez-moi de vous dire, d'une part,
que le processus de déchéance de charge qu'on ne retiendrait que
pour un membre de conseil, Incluant le d.g. à titre de membre de
conseil, se fait dès qu'il y a conflit d'intérêts. On dit:
Le conseil d'administration doit procéder à un recours de
déchéance de charge. C'est une obligation formelle. Le directeur
général, en tant que membre du conseil d'administration, se voit
Ipso facto, tel qu'on le lit dans le projet de loi 97, assortir d'autres
sanctions. Alors, sans évaluer le type de conflit
d'intérêts, automatiquement durant trois ans, impossibilité
d'occuper une charge ou un emploi dans quelque établissement que ce soit
du réseau de la santé. C'est énorme quand on ne balise pas
du tout le type de conflit d'Intérêts.
M. Chevrette: La notion.
Mme Gosselin: II y a quand même cet article où on
n'a pas fait de commentaire, à savoir qu'il a la possibilité de
démissionner pour éviter sa déchéance de charge. On
a maintenu dans nos recommandations cette possibilité de
démissionner, forts des arguments suivants: les délais à
la cour pour aller chercher une déchéance de charge sont longs.
Les deux exemples qu'on a vus, les deux cas sont allés en appel. Cela
veut dire qu'il y a tous les délais requis pour une
déchéance de charge. La possibilité de démissionner
permet de régler cela une fois pour toutes. Outre le délai, il y
a les coûts. Comme avocate, je peux vous dire que les honoraires sont
assez bien proportionnés. Ce qui fait que, pour le centre hospitalier,
plus c'est long, plus cela coûte cher. Ce sont toujours les fonds publics
qu'on a à examiner. Donc, possibilité de démission du
directeur général ou même de tout autre membre du conseil
parce que le recours à la déchéance de charge s'exerce
contre tout membre du conseil d'administration. Cela évite effectivement
des coûts, tous les frais juridiques, les honoraires d'avocats, etc.
Il va sans dire que le directeur général - si on prend
celui-là parce que je suis certaine que c'est peut-être celui qui
vous préoccupe te plus - qui donnerait sa démission alors qu'il
se voit poursuivi à la cour pour déchéance de charge, il
ne pourra pas donner sa démission avec une
négociation pour être Indemnisé. Le conseil
d'administration va dire: Nous recevons votre démission. Merci. Point
à la ligne. Mais il n'y aura aucune Indemnité accrochée
à cela. Finalement, compte tenu des avantages d'une démission par
rapport aux inconvénients d'un recours, on trouvait qu'il était
Intéressant de maintenir cet article. Gagner du temps. C'est donc une
meilleure gestion. Une fois que le directeur général est parti,
on peut recommencer un processus intéressant dans le centre hospitalier.
Economiser de l'argent, éviter, de toute façon, d'indemniser
indûment le directeur général, s'il ne le mérite
pas. En gros, c'étaient nos arguments.
M. Chevrette: Je vais reprendre la question sous un autre angle.
Le d.g. qui démissionne se trouve-M! soustrait du délai de trois
ans que prévoit la loi?
Mme Gosselin: D'accord.
M. Chevrette: Celui qui démissionne se trouve-t-il soumis
à la déqualification pour trois ans?
Mme Gosselin: Si je l'Interprète, effectivement, je vous
dirais oui, sauf cette possibilité, parce que, contrairement à ce
qu'on retrouve dans les lois municipales et scolaires qui, de toute
façon, font référence aux lois sur les fraudes et
corruptions au niveau municipal, dans les autres lois, c'est une Infraction qui
emporte comme sanction une déchéance de charge ou d'emploi pour
trois ans.
Dans le projet de loi 97, nous ne traitons pas cette sanction comme
étant le résultat d'une infraction. Ainsi, il faut la regarder
tel que vous la comprenez. Etant donné que c'est une Infraction dans les
autres lois, pour qu'une telle sanction soit donnée, cela prend un
jugement de la cour. C'est-à-dire qu'un conseil d'administration ne
pourrait pas l'Imposer. Effectivement, il éviterait cela. Mais vous
savez que, ne serait-ce que par ce qu'on a entendu par les médias
d'information ces derniers temps, si un d.g. devait donner sa démission
parce qu'une action a déjà été prise, cela se sait
très vite dans le réseau. Cela se sait même tout de suite
au gouvernement. Si vraiment il y a eu fraude ou corruption, il a de la
difficulté à se replacer dans le réseau.
M. Chevrette: Ouais! Permettez-moi d'en douter, madame. J'ai
été ministre pendant un an. J'en ai vu circuler dans le
réseau. Je vous dirai juste cela.
M. Nadeau: Vous auriez dû les arrêter.
M. Chevrette: Oui, mais savez-vous qu'on est souvent les derniers
Informés.
M. Nadeau: Cela arrive, oui.
M. Chevrette: Cela arrive aussi. Vous demanderez à Mme la
ministre. Parfois on découvre que cela fait quatorze mois qu'on a un
dossier sur notre bureau. J'arrête là parce que cela va
s'envenimer. Je parlais du CSSMM. Non, blague à part, je suis
sérieux.
Concernant les cadres Intermédiaires qui seraient soumis à
cette déchéance de charge, si je vous comprends bien, ce que vous
voulez, c'est que le conseil d'administration puisse exercer sa
discrétion quant à la peine ou à la sanction. Mais vous
dites aussi quant au d.g., pour la partie ne siégeant pas au conseil
d'administration, qu'il devrait être considéré au
même titre qu'un cadre intermédiaire ou qu'un cadre
supérieur.
M. Nadeau: Supérieur.
M. Chevrette: Est-ce que je saisis bien votre raisonnement?
M. Nadeau: Oui, c'est cela. C'est-à-dire que c'est
l'employeur qui doit régler sa situation...
M. Brousseau: ...étant un employé du conseil
d'administration.
M. Chevrette: Mais comment justifiez-vous qu'un d.g. - Je vais
revenir au d.g. parce que vous avez fait signe que c'était bien cela, je
n'ai plus besoin de poser des questions là-dessus; Je vais plutôt
continuer sur te d.g. - s'il est soumis à une déchéance
comme membre du conseil d'administration... Vous savez que, comme membre du
conseil, il pourrait y avoir un très petit "conflit
d'Intérêts8, entre guillemets. Comme cela n'est pas
défini, il serait donc déchu. Il pourrait être
potentiellement déchu. Comme d.g. dans l'exercice de ses fonctions, il
pourrait exercer un moyen conflit d'intérêts, un peu plus gros que
son petit conflit d'intérêts, et vous décidez de le
suspendre sans solde pour un mois. Trouvez-vous que cela a de l'allure?
M. Nadeau: Quand II est en conflit d'Intérêts et
qu'il est déchu comme membre du conseil d'administration, le directeur
général est un membre du conseil d'administration d'office. Comme
II ne peut plus siéger au conseil d'administration, II perd son emploi;
cela devient automatique; il n'est plus d.g., donc, il perd sa "Job*. S'il en
fait un à l'intérieur et que c'est un petit conflit
d'intérêts, alors, comme cela existe dans la fonction publique,
peut-être qu'il sera suspendu pour six mois ou peut-être qu'il sera
congédié. Mais, à ce moment-là, le conseil
d'administration exerce ses responsabilités d'employeur. C'est lui qui
doit régler ces situations parce que c'est lui qui l'engage, c'est lui
qui est le patron. En fait, c'est le principe de celui qui nomme qui peut
dénommer.
M. Chevrette: N'y aurait-il pas lieu de baliser, d'abord, de
définir un peu ce qu'on entend par "acte méritant une
déchéance", parce que jusqu'à maintenant on n'a pas de
définition?
M. Nadeau: On a...
M. Chevrette: Comme II n'y a pas de règlement qui
accompagne le projet de loi, il est difficile pour nous de discuter sur
la...
Mme Lavoie-Roux: C'est la notion de conflit
d'Intérêts. On ne peut pas dire qu'on a un petit conflit, un moyen
conflit ou un grand conflit, on est en conflit d'intérêts.
M. Nadeau: Non, mais...
M. Chevrette: Ah oui! On le sait, mais il y a des juges qui,
devant certains conflits d'intérêts, donnent dix ans de prison et
qui, pour d'autre chose, vont dire: C'est tellement niaiseux, va-t'en chez
vous. Il y a une mesure...
Mme Lavoie-Roux: On ne peut pas se substituer à la
justice.
M. Chevrette: ...dans l'administration qui doit... Je pense qu'on
nomme des conseils d'administration justement pour qu'ils soupèsent les
gestes, qu'ils puissent évaluer. C'est pour cela que je disais au niveau
de l'analyse de départ que c'était une mise en tutelle des
conseils d'administration. C'est clair et net. C'est une mise en tutelle,
à toutes fins utiles, parce qu'on ne permet pas d'exercer pleinement
leurs responsabilités, et cela fait partie... À moins que vous
n'ayez eu un cadre global pour tout te monde, vous êtes en train de faire
des catégories de personnel différentes des autres; les
administrateurs du monde hospitalier ou du réseau des affaires sociales
sont des administrateurs qui n'auront même plus les pouvoirs que vous
allez retrouver dans des petits secteurs, plus petits que celui de la
santé et des services sociaux. Dans des secteurs plus gros que celui de
la santé et des services sociaux, vous avez deux portraits
différents et on n'aurait même pas la même capacité
de réaction ou d'action des conseils d'administration. C'est un principe
fondamental que la capacité d'agir d'un conseil d'administration, ce
n'est plus une question de pinottes ou de virgules dans la loi, c'est une
question de principe. Est-ce qu'on reconnaît, oui ou non, le pouvoir d'un
conseil d'administration vis-à-vis des gestes de ses employés? Je
comprends qu'on peut régir par législation - là-dessus je
serais d'accord avec Mme la ministre - tout l'encadrement de la qualité
élective à un conseil d'administration. Je suis d'accord avec
cela. Même si vous n'étiez pas d'accord, je dirais à la
ministre: vous avez raison. Mais, dès qu'on a
légiféré sur la qualité élective d'un
conseil d'administration, on ne se substitue pas à son rôle
d'administra- teur pour juger précisément de la valeur de ses
employés. C'est un processus administratif simple comme bonjour. On
apprend cela en 12e année commerciale. Vous pouvez y aller.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Vous avez soulevé tout à l'heure
la rigidité - enfin, ce qui vous apparaît comme cela - de toute la
question de l'exclusivité d'emploi, en disant: sauf probablement dans le
cas de fonction pédagogique et de charge élective, II faut alter
chercher... Vous avez soulevé deux notions, deux problèmes: le
premier est relié, je dirais, à l'autonomie des conseils
d'administration et le deuxième relié à
l'exclusivité d'emploi que vous trouvez trop rigide, trop difficile.
Dans le premier cas, vous dites: II y a seulement un endroit où la
ministre n'intervient pas, c'est dans le cas des fonctions pédagogiques,
ni le conseil d'administration, d'ailleurs, ni la ministre n'interviennent dans
te cas d'une charge élective. C'est un droit fondamental des citoyens de
pouvoir se faire élire au conseil municipal, à la commission
scolaire, où on voudra. C'est pour cela qu'on ne l'a mis ni sous
l'autorité du conseil d'administration ni sous celle de la ministre. (16
h 45)
Dans le premier cas, vous dites: C'est le conseil d'administration qui
pourrait demander à ces gens s'ils occupent un emploi ou encore leur
permettre d'occuper un autre emploi. On ne voit pas pourquoi la ministre
intervient là-dedans, parce que cela vous semble être une
dérogation au principe de l'autonomie des conseils d'administration. Je
pense que vous avez probablement un point là-dessus; par contre,
auriez-vous objection à prendre ta décision de dire à tel
Individu... Parce qu'il y a quand même plus de marge de manoeuvre
aujourd'hui qu'il n'y en avait hier avec te projet de foi. Hier, quand vous
vous référiez à la loi et aux notes explicatives de la
loi, c'était vraiment l'exclusivité d'emploi. Même si on
disait: En tout temps, si vous regardez les notes afférentes à la
loi, c'est l'exclusivité d'emploi. C'est d'ailleurs ce qui a
créé un problème parce qu'est-ce qu'était le temps
plein? Toutefois, la seule marge qui était donnée, c'était
que vous puissiez occuper, à la demande de la ministre ou du
ministère, une autre charge dans le réseau de ta santé et
des services sociaux. Comme des fois des personnes sont appelées comme
conseillers en gestion par le ministère dans tel ou tel
établissement ou encore d'assumer la direction générale
par Intérim pendant un certain temps. C'était la seule exception
qui existait dans la loi. Aujourd'hui on dit: II est possible que vous
puissiez, avec l'assentiment du conseil d'administration et de la ministre,
occuper une fonction additionnelle. Je n'ai pas le texte devant mol exactement,
"...peut toutefois avec l'autorisation du minstre... du conseil
régional, occuper une charge, fournir
des services ou assumer des fonctions additionnelles". Est-ce que vous
auriez objection à ce que la ministre en soit Informée, que toute
fa décision soit prise? Dans le fond, cela soulagerait la ministre de ne
pas être obligée de statuer sur des conditions locales parce que
vous pouvez mieux juger, par exemple, pour tel ou tel emploi localement si
c'est justifié ou si cela ne l'est pas ou si le conseil d'administration
veut l'accorder ou pas. Ce qui s'est produit à ce moment c'est que, dans
certains cas, ni le conseil d'administration, ni la ministre n'ont
été informés ou, dans d'autres cas, le conseil
d'administration en a été informé et a jugé bon,
probablement de bonne foi, je ne veux mettre personne en doute, qu'il n'y avait
rien là. Finalement, en fouillant un peu plus loin, il y avait
peut-être quelque chose là. C'est un peu dans ce sens. Est-ce que
vous auriez objection à ce que la ministre en soit Informée?
M. Nadeau: La question de l'exclusivité, Mme la ministre,
on vous dit ceci: C'est excessif quand on la compare aux autres réseaux
et à ceux qui ont l'exclusivité et qui sont très rares
dans notre société. Nous vous disons: Le directeur
général doit être à temps plein. Il doit être
responsable sept jours par semaine, 24 heures par jour. S'il veut exercer
d'autres fonctions, à l'intérieur de son temps normal de travail,
il doit le demander au conseil d'administration, il doit en obtenir une
autorisation et par voie de résolution, et cela, uniquement dans le
réseau de la santé et des services sociaux. Bon, cela c'est sur
son temps normal de travail. On dit en plus de cela: On vous donne encore ta
ceinture et les bretelles. On dit: En plus, en dehors de son temps de travail,
s'il veut faire quelque chose, il ne doit pas se placer en conflit
d'intérêts et deuxièmement, il doit le faire en accord avec
son conseil d'administration. Si vous voulez être Informée, je
pense bien que le conseil d'administration n'a pas d'objection à vous
informer, mais vous allez peut-être recevoir des papiers et vous allez
trouver cela fatigant. Il me semble que peut-être vous pourriez vous
informer à la fin de l'année dans le rapport annuel pour savoir
s'ils ont libéré leur directeur général un certain
nombre de fois et pourquoi. SI vous vouliez le savoir quand un conseil
d'administration décide de libérer son... Je vais vous donner un
exemple et vous allez comprendre cela assez facilement. Il y a des directeurs
généraux qui se rendent utiles à la société
québécoise et qui vont faire de l'agrément de centres
hospitaliers et on est "mautaditement" fiers quand les gars y vont parce que ce
sont des gens qui connaissent le réseau et cela permet de corriger des
situations dans certains centres pour faire en sorte qu'on ait une meilleure
qualité de soins et de services possible dans un établissement.
Un bonhomme qui s'en va une journée là, vous voulez être
Informée de cela?
Une voix: Puis It est rémunéré.
M. Nadeau: Je ne suis pas sûr que c'est... Il est
rémunéré, ils vont lui donner un per diem de 150 $.
Êtes-vous sûre que vous voulez savoir cela? Si son conseil
d'administration a eu la demande en bonne et due forme, il a adopté une
résolution, il l'autorise à le faire. Je ne sais pas si vous
êtes Intéressée à avoir cette information, je ne le
sais pas.
Mme Lavoie-Roux: En tout cas, Je pense que ce point, sans arriver
à une réponse définitive cet après-midi, je suis
prête à l'examiner du point de vue de l'autonomie des conseils
d'administration.
M. Nadeau: On vous donne la ceinture et les bretelles.
Mme Lavoie-Roux: Mais je pense qu'avec la flexibilité
qu'il y a dans le projet de loi nous élargissons par rapport à ce
qui existe présentement
Une voix:...
Mme Lavoie-Roux: C'est parce que vous l'avez
interprété différemment. SI on lit l'article... Attendez
une minute, je vais vous le trouver, vous devez l'avoir vous aussi. On lit
l'article 104: "Le directeur général d'un établissement
doit se consacrer à temps plein à l'accomplissement de ses
fonctions." C'est Indiqué dans l'analyse: Service exclusif, dans
l'annotation de la loi. Par la suite, c'est, je dirais, la seule
dérogation, cela peut être interprété comme cela:
"II peut toutefois, à la demande du ministre et avec l'autorisation du
conseil d'administration de l'établissement, assumer des fonctions
additionnelles reliées à l'administration de services de
santé et de services sociaux" et exclusivement à la santé
et aux services sociaux dans la loi actuelle, alors que, selon des
représentations qui nous ont été faites, on a dit: On va
le rendre un peu plus flexible et on va dire D'autres fonctions additionnelles,
mais à condition qu'il ait l'autorisation de son conseil
d'administration.
Évidemment, ce qui a créé des problèmes,
c'est que la loi n'était pas claire et on essaie de la clarifier. On
n'essaie pas de la rendre plus compliquée. Mais, selon votre
Interprétation, non, il n'y avait pas de service exclusif, il n'y avait
pas d'exclusivité d'emploi. Pourtant, c'est écrit.
Mme Gosselin: Si vous me le permettez, Je vais répondre.
Effectivement, Mme la ministre, sont bien annotés en marge, parce que
vous avez une codification administrative, parce que j'ai une codification
administrative, les mots "services exclusifs". C'est tout simplement un point
de repérage donné dans des codifications administratives pour
qu'on comprenne un peu le
résumé de l'article, mais cela ne fait pas partie de la
loi.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'était l'esprit, en tout
cas.
Mme Gosselin: La loi dit bien: temps plein. Effectivement, quand
on la compare avec d'autres lois, je pense entre autres à la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, la présidente est
effectivement tenue - c'est un exemple, |e peux vous référer
à ce moment-là au texte - à l'exclusivité de ses
fonctions, exclusivité de sa tâche. Exclusivité de
fonctions n'est même pas un temps plein, même pas une
exclusivité d'emploi. Cela veut dire que, comme avocat, si un avocat
travaille pour votre ministère, II ne peut faire de la pratique
privée et agir comme avocat, mais il peut quand même être
administrateur ailleurs et faire autre chose. Ce n'est pas une
exclusivité de ne rien faire d'autre. Il ne peut pas, en dehors du
gouvernement, agir comme avocat - c'est une exclusivité de fonction -
mais il peut faire autre chose. L'exclusivité d'emploi pour dire: Vous
ne pouvez être que directeur général, c'est très
très très limité et je ne l'ai revue que dans quelques
lois lorsqu'il s'agit vraiment de présidents-directeurs
généraux ayant des pouvoirs considérables. Pour le reste,
ici, on parlait de temps plein. On n'a vraiment pas retenu cette notion de
service exclusif en marge.
Par ailleurs, Je dois reconnaître que vous avez raison lorsque
vous dites que le projet de loi 97 élargit la possibilité, outre
le temps plein, de rendre service. Il était effectivement bien dit que,
outre le temps plein, seule la ministre pouvait autoriser, alors, durant le
temps de travail, à exercer d'autres tâches ou fonctions. Quand
vous lisez les textes expédiés par l'association, et dont vous
avez sûrement reçu copie, relativement aux dépenses de
fonctions et aux services exclusifs, autant on a dit: Non, ce n'est pas
services exclusifs, c'est temps plein, autant on a effectivement
respecté le fait que vous étiez la seule à pouvoir
autoriser une intervention durant le temps d'emploi.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que votre conseiller juridique avait
relevé tous les endroits où il y a exclusivité de fonction
et exclusivité d'emploi. Il y a la Communauté urbaine de
Québec, la recherche industrielle, le Protecteur du citoyen, le
président du Conseil des universités qui est nommé pour
cinq ans, les recteurs, l'aide juridique, la loi sur la commission de la...
Vous n'êtes pas les seuls. On n'innove pas dans ce sens-là.
D'ailleurs, on a innové en 1970. Mais je vais arrêter ici parce
que j'ai pris plus que mon temps. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président Je voudrais, dans un
premier temps, demander aux représentants de l'Association des
hôpitaux du Québec, à qui je souhaite la bienvenue parmi
nous, comment ils réagissent au fait qu'on ne retrouve rien dans le
projet de loi 97 concernant deux éléments très importants
de ce qui a créé ce qui nous réunit aujourd'hui,
c'est-à-dire les questions de comptes de dépenses et de frais de
représentation.
M. Nadeau: Voici, je pense qu'on est très heureux de voir
que, dans un projet de loi, on ne retrouve pas une question de compte de
dépenses et de frais de représentation. C'est une
responsabilité des conseils d'administration. Les conseils
d'administration doivent régler sur place leurs dépenses de
fonction, c'est-à-dire les frais de déplacement et les frais de
représentation, en tenant compte de leur environnement, de leur
situation et de leur nécessité de s'intégrer dans la
communauté.
Personne ne peut arriver à Québec et dire qu'à
Chibougamau, à Montréal et à Trois-Rivières vous
allez avoir le même niveau de dépenses; ce n'est pas possible. On
a des comités, à l'association, et on reçoit des gens de
partout dans la province. Il y a des gens qui viennent de Trois*
Rivières à nos comités et des gens qui viennent de
Sept-îles, on regarde leurs comptes de dépenses et je vous dis que
ce n'est pas la même chose. On ne peut pas, dans le cadre d'une loi,
régler ces choses.
En plus, II faut que les conseils d'administration... Cela fait partie
du budget, c'est le conseil d'administration qui est chargé de
gérer son budget. C'est à lui, localement, d'avoir un
contrôle sur la dépense de fonction. À certains endroits,
II y a eu des exagérations; on l'a vu, c'est sorti dans les
médias. On considère qu'on ne doit pas avoir plus de
dépenses de fonction qu'ailleurs et qu'on doit être aussi
rigoureux et aussi transparent là qu'on l'est pour les autres
dépenses.
Comme association, nous avons pris nos responsabilités. Nous
avons mis un comité sur pied. Ce comité remet son rapport
vendredi de cette semaine. La semaine prochaine, II sera disponible. Nous
envoyons, a chaque conseil d'administration, un guide qui va lui permettre de
s'appuyer sur un certain nombre de critères dans l'établissement
de ces dépenses. Encore une fois, je vous le dis, il n'y a pas une loi,
il n'y a pas un guide, il n'y a pas un règlement qui remplacera le bon
jugement des gens dans l'appréciation des dépenses de fonction.
C'est d'abord et avant tout une question de bon jugement.
M. Rochefort: D'accord. Ceci dit, comment cela va-t-il
fonctionner, l'absence de règles, dans le cadre que vous décrivez
- et je suis prêt à vous suivre un bon bout de chemin - dans
l'encadrement que le ministère, lui, veut donner à partir de
questionnaires, le fameux question-
naire du 6 novembre et le reste? Je m'explique. Vous nous dites: Pas de
règles, ce n'est pas vrai que tout le monde peut être mis sur un
pied d'égalité, cela dépend du milieu où vous
évoluez et dans quelle mesure il y a des responsabilités
additionnelles à l'Intérieur d'une association ou d'autres types
de mandats qui sont donnés; et je vous suis là-dessus. Mais, en
même temps, reconnaissez avec moi que, par exemple, dans
l'opération questionnaire à tous les établissements, un
matin, quelqu'un recevra cela à Québec - et, d'ailleurs, il doit
l'avoir reçu - le prendra et dira: Oh! Ici, c'est bien; là, c'est
moins bien; là, ce n'est pas admissible; là, cela pourrait
être discuté. À partir de quoi cet encadrement va-t-il
être fait? J'y vais un peu par l'absurde. Mais est-ce que le fait de ne
pas avoir de règles et de s'exposer au type de processus qui est
enclenché actuellement au ministère n'est pas pire parce que,
finalement, vous allez vous retrouver avec une analyse totalement
discrétionnaire et arbitraire du cas par cas qui sera faite par
quelqu'un au ministère?
M. Nadeau: Je pense qu'il ne faut pas aller vers le cas par cas.
Moi, ce que j'ai compris de la démarche que la ministre a faite, c'est
qu'elle a vu qu'un certain nombre de choses étaient relevées dans
les journaux et, là. elle a dû se demander: Combien y a-t-il de
situations semblables dans les hôpitaux? Je voudrais bien savoir s'il y a
de telles choses qui se passent. Donc, elle a envoyé un questionnaire
et, nous, on a Incité nos gens à y répondre pour qu'on
puisse regarder la situation. Ce que je comprends, c'est que la ministre va
vouloir - je pense que c'est Important et on est d'accord avec cela - dans le
cadre du rapport annuel fourni par l'établissement, contrôler les
montants qui sont consacrés à rétablissement pour les
dépenses de fonction. J'ai bien l'impression que, si elle trouve que
c'est exagéré par rapport à l'ensemble des dépenses
- si un établissement sort beaucoup par rapport à un autre -
j'imagine qu'elle va vouloir lui poser des questions. Elle va lui dire: Y
a-t-il quelque chose de spécial? Qu'est-ce qui, dans votre contexte
particulier, fait que vous dépensez trois fois plus que les autres? Ce
serait très malheureux si la ministre remplissait ce questionnaire pour
s'établir des barèmes; je ne pense pas que ce soit son intention.
Donc, il faut sensibiliser nos gestionnaires, nos membres des conseils
d'administration à cette responsabilité des dépenses de
fonction. On doit leur demander de gérer ces dépenses autant
qu'ils gèrent tes autres dépenses dans l'établissement. On
doit leur demander de faire rapport à la population. Et si cela se fait,
faire rapport à la ministre et faire rapport, globalement, à la
population, je pense que vous avez les garanties que toute les mesures de
rigueur seront prises en ce qui concerne les dépenses de fonctions, et
c'est cela qu'il faut viser. (17 heures)
M. Brousseau: SI vous me le permettez, j'ajouterai qu'au bout de
sept ans on aura peut-être globalement, non pas des règles, mais
des normes qui découleront de ces rapports. Il faut vraiment tenir
compte de la vocation des établissements. Un département de
santé communautaire qui loge dans un établissement, dans un
hôpital, a des dépenses d'un type différant d'un
hôpital de soins prolongés. Les problèmes que rencontre
l'établissement ou le développement de l'établissement
peuvent engendrer aussi des dépenses différentes. Si vous
êtes en Instance de construction, vous avez beaucoup plus de
déplacements, beaucoup plus de rencontres à effectuer au
ministère. En fait, c'est pour cela qu'il faut tenir compte de chacun.
On ne peut pas sortir de règle comme telle. J'ai siégé
moi-même à un comité mis sur pied par l'Association des
hôpitaux, comité de dépenses de fonctions, et
c'étaient uniquement des bénévoles, ce qu'on appelle des
laïcs comme mol qui ne sommes pas payés dans le réseau, et
ensemble on a passé cinq ou six séances, beaucoup d'heures le
mercredi et on était incapables - et on met au défi n'importe
quelle personne - d'établir des règles. On peut le faire, mais
cela ne tiendrait vraiment pas compte des personnalités des
établissements et on pense qu'après cinq ou sept ans
découleront certaines balises qui seraient considérées
comme normales, mais ce ne sera pas juste une année, cela dépend
des vocations.
M. Rochefort: Je vous suis très bien, M. Brousseau, dans
votre raisonnement et j'en partage l'essentiel. Cela dit, je veux juste me
faire l'avocat du diable quelques minutes parce que je suis un peu
préoccupé de ce qui se passe actuellement en attendant que tout
cela soit fait. Ne considérez-vous pas, finalement, qu'à
maintenir cette situation 'de pas de norme" pour reprendre votre
dernière expression, on risque la semaine prochaine, dans six mois, dans
un an, dans deux ans, de voir quelqu'un du ministère, un directeur
général, arriver un bon matin et dire: Sais-tu, on a
regardé cela et c'est trop? Et de vivre ce qui s'est vécu
dernièrement dans certains établissements, on ne se racontera pas
d'histoires tout le monde autour de la table. Est-ce que te fait de "pas de
norme' compte tenu que cela crée des situations totalement arbitraires,
discrétionnaires et de justice expéditive, comme on en a connu
dans les dernières semaines, ne risque pas de se reproduire à
l'avenir?
M. Brousseau: Il y a un risque que quelqu'un quelque part dans sa
sagesse pense à des normes. Cela doit faire une adéquation, mais
on pense que le guide sur les dépenses de fonction que le comité
exécutif de l'AHQ devrait adopter la semaine prochaine, à partir
du rapport de notre comité, les définitions qui y apparaissent,
les grandes règles de jugement qui sous-tendent toute la démarche
devraient conduire à des
normes pour chaque établissement et chaque établissement
va établir ses propres normes. Lorsque les états financiers
paraîtront, il y a quelqu'un quelque part qui peut poser des questions et
dire: Cela n'a pas de sens les normes locales que vous vous êtes
données. Il faut quand même donner la responsabilité
à chaque conseil d'administration; autrement, on est en train
d'évacuer toutes les responsabilités que normalement doit assumer
un conseil d'administration. On parle de déréglementation,
d'imputabilité, d'avoir une Implication plus grande des
bénévoles dans le réseau et en même temps on nous
arriverait avec des tas de règles et on nous enlèverait le peu
d'autonomie qui reste. Les seules autonomies qu'on a eues depuis cinq ou six
ans dans le réseau, c'était de comprimer; peut-être moins
dans les dernières années, mais cela a été le cas.
Je ne veux pas faire de politique là-dessus. Cela a été
une réalité, je l'ai vécue durement
M. Rochefort: Une dernière chose, M. le Président.
Je voudrais signaler aux représentants de l'Association des
hôpitaux qu'en ce qui me concerne sûrement, puis probablement pour
les autres membres de la commission, il serait peut-être
Intéressant que l'on reçoive le guide que vous allez fournir aux
établissements.
M. Nadeau: Ouf. M. Rochefort: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Très
brièvement, si vous avez un dernier commentaire, M. député
de Joliette, par la suite et Mme la ministre, très brièvement
puisqu'on a un peu de retard sur l'horaire.
M. Nadeau: Mme la ministre, ce projet de loi est capital, majeur.
S'il était adopté tel quel, je peux vous assurer qu'il va y avoir
un Impact important sur la démotivation des bénévoles et
des gestionnaires du réseau hospitalier. Vous croyez en la
responsabilisation des conseils d'administration, vous croyez à
l'imputabilité, vous l'avez dit à maintes reprises, je pense que
vous avez l'occasion de le démontrer clairement là par une
modification au projet de loi 97. Merci.
M. Brousseau: J'ajouterais, si vous me le permettez, M. le
Président, qu'il ne faut pas prendre une 303 pour tuer une mouche. S'il
vous plaît, pas de pointure unique pour l'ensemble des gestionnaires et
surtout soyons raisonnables dans nos approches.
M. Nadeau: J'aurais presque envie de dire, comme le chef de
l'Opposition, que les conseils d'administration ne veulent pas se faire
éplucher.
Une voix:...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Chevrette: Vous avez compris? Je n'ai quasiment rien à
dire. Je voudrais vous remercier. Nous essaierons, lors de l'étude des
amendements à des articles, de corriger certaines aberrations du projet
de loi. Je répète que, normalement, la plus grande
compréhension qu'on a d'un système doit se transposer dans les
projets de loi qu'on présente. Quand on affirme qu'on a foi en quelque
chose, on le démontre; on n'est pas obligés de corriger.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais remercier l'Association des
hôpitaux du Québec. Comme je l'ai dit au début, s'il y a
des correctifs qu'on peut apporter, on va le faire. Mais il ne faut pas oublier
non plus que tout ceci n'est pas l'effet du hasard et je ne voudrais pas qu'on
perde cela de vue. La dernière chose qu'un ministre veut faire, c'est
intervenir dans ce genre d'opération ou dans ce que j'appellerais ce
resserrement des règles ou ce resserrement des lois. Quand il y a un
début de maladie quelque part, on essaie de corriger le plus rapidement
possible. Je pense que...
M. Chevrette: On ne momifie pas un cadavre quand il n'a qu'un
bras de malade.
Mme Lavoie-Roux: Ca, c'est votre point de vue.
Une voix: J'espère...
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il est important que tout le monde
ici vienne faire valoir qu'il ne faut pas parler de déchéance de
tâche - ce n'est pas ce que vous avez dit d'ailleurs; c'est
l'Interprétation - que l'exclusivité d'emploi, il faut être
prudent là-dessus. Il reste qu'il y a des symptômes qu'on a
dénotés et pas seulement depuis trois mois. Il y a des choses qui
se sont passées, comme il s'en passe dans le réseau depuis un bon
bout de temps, d'ailleurs, la plupart des bobos qu'on a relevés,
c'étaient des situations qui perduraient depuis plusieurs années.
A ce moment-ci, c'est de trouver le juste équilibre entre la confiance
qu'il faut recréer autour du réseau... Je ne pense pas qu'elle
soit toute partie, mais il faut au moins atténuer ce climat de
méfiance. Je pense que ce qui peut assurer cela, c'est, au premier chef,
ta transparence. Ce qui a fait l'effet de bombe, c'est qu'il se passait des
choses que personne ne soupçonnait et, à ce moment-là,
vous avez eu un effet bien au-delà de ce qui, dans d'autres
circonstances, aurait pu être différent si, au cours des
années, au cours des rapports annuels, on avait vu davantage ce qui se
passait. Je pense que cela n'a pas été fait de mauvaise foi par
les gens, mais II y a aussi, comme vous l'avez mentionné tout à
l'heure, M. Nadeau, des difficultés qui sont reliées au
fonctionnement des
conseils d'administration, lesquelles on va toucher
éventuellement. Je ne pouvais pas attendre, compte tenu de ce qui se
passe présentement et de ce qui se passait depuis fort longtemps, et
dire: Écoutez, attendons encore six mois et peut-être une autre
année avant que tout le casse-tête de la commission Rochon se
mette en place.
M. Nadeau: Vous ne dites pas que cela va prendre un an pour
corriger cela.
Une voix:...
Mme Lavoie-Roux: Je vous remercie et nous allons essayer de
bonifier le projet de loi.
Des voix: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Normalement, c'est la
ministre qui a la dernière réplique. Si je vous donne la parole,
on ne finira plus, Guy.
M. Chevrette: M. le Président, excusez-moi.
Le Président (M. Bélanger): Normalement, c'est
cela, Guy.
M. Chevrette: Normalement, ce n'est pas cela.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, je vous en prie.
M. Chevrette: Vous avez dit qu'on avait...
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, donnez-lui donc trois
minutes.
Le Président (M. Bélanger): On vous donne deux
minutes.
M. Chevrette: J'ai droit à quatre minutes et quelque.
Donc, vous ne me donnez rien du tout. Je prends mes droits.
Mme Lavoie-Roux: Bien, prenez vos droits. M. Chevrette:
C'est juste cela.
Le Président (M. Bélanger): II est agressif.
Allez-y, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: Je ne suis pas agressif. Je dis que je prends mes
droits. Un point c'est tout.
Le Président (M. Bélanger): Je vous en prie. On y
va tout de suite.
M. Chevrette: Je ne veux pas avoir de petit sermon, à
chaque fois, sur la fin. Si madame épuise ses 20 minutes et qu'on a le
droit à 20 minutes chacun, je pense que vous devez faire respecter les
règles. Est-ce que c'est clair? Si on a dépassé l'heure,
c'est parce que vous avez donné quelques minutes au député
de Gouin...
Le Président (M. Bélanger): C'est tout simplement,
M. le député...
M. Chevrette: ...et vous avez donné au moins 25 minutes
à Mme la ministre.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, j'aurais pensé, étant
donné votre grande expérience...
M. Chevrette: J'ai 15 minutes et 27 secondes de prises. Je
m'Informe moi aussi de mes droits.
Le Président (M. Bélanger): ...que vous auriez
compris que l'organisme suivant a droit à une heure et que, dans les
conditions actuelles, on devra faire revenir ses représentants
après souper, ce que je voulais leur éviter tout simplement Je
vous remercie. Procédez.
M. Chevrette: Je suis prêt à donner mon consentement
pour qu'ils puissent terminer avant te souper. Vous n'avez qu'à demander
et vous recevrez.
Je voudrais faire une dernière remarque sur les remarques de la
ministre. Cela me lait un peu sourire de voir que Mme la ministre dit de bonne
foi: II se passait des événements, il fallait que j'agisse. Bonne
mère du ciel! Il se passe quelque chose. Un cas lui a été
soumis et cela fait quatorze mois qu'il est sur son bureau. Ce n'était
pas à la dépêche d'une fin de session que cela arrange plus
les choses. Il me semble que, de bonne foi, la ministre aurait pu convaincre
son gouvernement et non pas l'Inverse, que son gouvernement convainque la
ministre, de déposer un projet de loi exclusivement pour la santé
et les services sociaux. Si la bonne foi y est... Je sais que vous êtes
mal prise avec cette patate chaude, vous ne l'aimez pas, cela vous paraît
dans la face. Cela ne vous plaît pas de défendre ce projet de loi
qui aurait dû être plus global, pour l'ensemble du secteur public
et parapublic. Je vous comprends, Mme la ministre. Ne cherchez pas à
vous excuser, cela paraît, cela transpire.
Le Président (M. Bélanger): Bien, messieurs de
l'Association des hôpitaux, on vous remercie infiniment. Vous avez
défendu avec conviction et compétence vos points de vue. Cela va
sûrement aider ta suite des travaux de la commission.
J'appelle la Conférence des conseils régionaux de
santé et de services sociaux. On va suspendre deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 12)
(Reprise à 17 h 15)
Le Président (M. Bélanger): Nous reprenons nos
travaux. Nous en sommes donc à la Conférence des conseils
régionaux de la santé et des services sociaux, qui est
représentée par Mme Denise Lalancette, qui en est
présidente; M. Michel Léger, qui est le vice-président;
Mme Hélène Morals, qui est la directrice générale,
et Me Jacques Tremblay, qui est conseiller et ex-président de la
Conférence des conseils régionaux et du Conseil régional
de Québec, si j'ai bien lu les notes qu'on m'a données.
Alors, est-ce qu'on peut d'abord identifier votre porte-parole? On vous
demandera ensuite de procéder selon les règles. Je pense que vous
avez vu...
Conférence des CRSSS du Québec
Mme Lalancette (Denise): M. le Président, je suis Denise
Lalancette, la présidente de la conférence. A ma gauche, M.
Léger, qui est le premier vice-président; à ma droite
immédiate, Mme Morais, qui est la directrice générale, et,
à mon extrême-droite, M. Tremblay, qui est conseiller en cette
matière.
M. le Président, Mme la ministre, M. le chef de l'Opposition, MM.
et Mmes tes membres de la commission, la conférence vous remercie de lui
donner l'occasion de faire connaître sa réaction à
l'égard des modifications proposées à la Loi sur les
services de santé et les services sociaux, et ce, par le projet de loi
97. Les conseils régionaux de la santé et des services sociaux,
de par leur rôle de coordonnateur d'un réseau
Intégré de services à la population de leur territoire, se
sont sentis directement concernés par les articles du projet de loi 97,
notamment ceux affectant les directeurs généraux et les cadres
supérieurs tant des conseils régionaux que des
établissements publics de la province.
La Conférence des conseils régionaux de la santé et
des services sociaux souscrit entièrement aux objectifs qui sont
sous-jacents au projet de loi 97, soit l'exercice d'un contrôle rigoureux
de l'utilisation des fonds publics, l'exigence de probité chez tous les
membres d'un conseil d'administration et les cadres des établissements,
et ce, tant d'un conseil régional que d'un établissement public
et, également, l'absence de conflits d'intérêts chez tes
membres d'un conseil d'administration et les cadres supérieurs, tant
d'un conseil régional que d'un établissement public.
Cependant, alors que nous nous sommes largement réjouis de voir
que des dispositions législatives seraient prises quant à la
répartition équitable des effectifs médicaux, de
même que quant à la flexibilité des dates des
assemblées publiques, la lecture des dispositions du projet de loi 97
nous amène à craindre l'effet démobilisateur de certaines
des modifications législatives, et ce, en raison de leur
caractère partiel, hautement punitif et du fait qu'elles comportent des
restrictions d'ordre général ne laissant aucune place à
des expériences novatrices.
Nous craignons que l'adoption du projet de loi 97, tel que
présenté, ait des effets indésirables a l'égard
d'initiatives de complémentarité et de multisectorialité
entre établissements, mais aussi à l'égard du secteur
économique privé. Les conseils régionaux sont fort
conscients des faits qui justifient le gouvernement à proposer des
modifications à la Loi sur les services de santé et les services
sociaux. Cependant, nous croyons que la réaction du gouvernement et de
la population face à ces événements doit nous amener
plutôt à une réflexion plus approfondie sur les besoins
d'expertise du réseau de ta santé et des services sociaux. C'est
pour ces raisons que la Conférence des conseils régionaux de la
santé et des services sociaux du Québec demande au gouvernement
du Québec de reporter à une date ultérieure l'adoption de
certaines dispositions du projet de loi 97 ou bien, au moins, d'y apporter des
amendements substantiels.
La Conférence des conseils régionaux de la santé et
des services sociaux souscrit entièrement à la
nécessité que la loi assure que les détenteurs des postes
d'Instance décisionnelle du réseau de la santé et des
services sociaux fassent preuve de probité et garantissent
l'exécution de leurs fonctions sans que leurs intérêts
personnels viennent entacher leurs décisions.
La conférence estime également injustifié que tous
les membres du conseil d'administration n'aient pas à respecter les
mêmes exigences de probité dans l'exercice de leurs fonctions. La
conférence croit que la question des conflits d'Intérêts
est indissociable des questions concernant la composition des conseils
d'administration et les rôles des conseils régionaux et des
établissements publics, et souhaite que toute révision
législative s'inspire des recommandations que la commission Rochon
s'apprête à déposer.
La conférence croit que le projet de loi 97 peut avoir un effet
démobilisateur à l'égard des acteurs importants et
novateurs du réseau intégré de services que cherchent
à implanter les conseils régionaux de santé et de services
sociaux.
La conférence croit que ce projet de loi dépasse, par ses
exigences, ce qui est demandé à l'égard de fonctions
comparables dans le domaine municipal. Elle croit qu'il comporte des aspects
constituant des limites importantes à des droits garantis de la personne
et que ces limites ne sont pas nécessairement justifiées par le
caractère public de la fonction de directeur générai d'un
conseil régional ou d'un établissement public. La
conférence croit que la responsabilité première du
contrôle des activités du directeur général
relève du conseil d'administration et que l'exercice de cette
responsabilité ne doit pas se situer dans un contexte pénal
comportant une
déchéance de charges et l'Inhabilité d'exercer une
fonction dans le réseau pendant trois ans.
La conférence croit que l'application des articles 3 et 6 du
projet de loi 97 risque de créer des conséquences
organisationnelles et humaines néfastes, vu leur caractère
Indéterminé et l'absence d'encadrement procédural guidant
l'analyse des situations par les conseils d'administration. De plus, la loi
actuelle et les règlements comportent déjà des normes
quant à l'exercice des fonctions à l'intérieur des
conseils régionaux et des établissements, et ce, en
évitant les conflits d'intérêts.
Enfin, les nombreuses Interventions de la ministre de la Santé et
des Services sociaux et le projet de loi 97 ont accru la sensibilité des
conseils d'administration des conseils régionaux et ceux des
établissements à leur responsabilité dans le
contrôle des activités des premiers officiers et des cadres
supérieurs de leur organisation.
Pour ces motifs, la Conférence des conseils régionaux de
la santé et des services sociaux recommande au gouvernement de
différer l'adoption des articles 3. 4, 6, 7, 9 à 12 et 14 du
projet de loi 97, et ce, afin que leur adoption soit éventuellement
faite à la lumière des recommandations de la commission Rochon
qui, très certainement, redéfinira les rôles des
différentes instances du réseau de la santé et des
services sociaux Si, toutefois, le gouvernement, pour quelque raison,
maintenait sa volonté de légiférer dès maintenant,
la conférence demande tout d'abord que les articles 31 et 95 de la
présente Loi sur la santé et les services sociaux interdise
à tous les membres d'un conseil d'administration d'avoir un contrat
d'affaires avec l'organisme où ils siègent - Ici, nous voulons
distinguer, par exemple, le contrat d'embauché du directeur
générai.
On demande également qu'en aucun moment, un directeur
général ne soit déclaré Inhabile à exercer
toute fonction pendant trois ans à l'intérieur du réseau
pour te non-respect des articles 31, 37, 95 et 104 de la loi; que l'exigence
d'exclusivité de fonction n'entraîne pas la
déchéance automatique et qu'une possibilité de
réhabilitation soit prévue; qu'un encadrement du processus
décisionnel des conseils d'administration en cette matière soit
clairement défini; que l'autorisation d'exercer des fonctions
additionnelles, pour un directeur général, relève du
conseil d'administration Intéressé, avec avis subséquent
au ministre et au conseil régional qui, eux, peuvent s'y opposer; que
l'article 134.1 s'applique à tous les membres d'un conseil
d'administration d'un établissement public; que l'article 162.1 soit
modifié pour que les recours soient Intentés par
l'établissement public Intéressé, par le conseil
régional ou par le ministre.
La Conférence des conseils régionaux de la santé et
des services sociaux réitère le besoin que des mesures soient
prises pour maintenir et accroître la motivation des acteurs du
réseau de la santé et des services sociaux à offrir des
services compétents, novateurs et complémentaires. Nous
souhaitons que le gouvernement reconnaisse que le problème du respect et
de la surveillance des lois et des règles pour garantir une saine
gestion des fonds publics doit être considéré globalement
pour l'ensemble des secteurs et des professionnels, incluant les professionnels
régis par l'assurance-maladie. La surveillance des règles doit
faire l'objet d'une attention rigoureuse par des objectifs et des
responsabilités claires exercées de façon continue et le
plus près possible de l'action.
Les conseils de la santé et des services sociaux sont conscients
de cette problématique et ils sont disposés à contribuer
activement en régions aux objectifs de saine gestion. La commission
Rochon devrait sûrement apporter un éclairage sur ces questions de
responsabilité.
D'autre part, nous considérons essentiel que le gouvernement soit
très sensible à la réalité du réseau de la
santé et des services sociaux lequel devra faire face à des
défis majeurs au cours des prochaines années pour assurer une
réponse adéquate aux besoins grandissants de santé et de
services sociaux de la population et pour utiliser de façon optimale les
ressources humaines et financières disponibles.
Le réseau devra réaliser des plans d'organisation de
services en fonction des besoins des populations et non pas des
établissements. Le réseau devra réaliser des
complémentarités, des mises en commun, des regroupements, des
fusions, des fermetures de services, de réorientations des ressources
humaines et des réallocations des ressources financières. Il
devra de plus impliquer la population et oeuvrer avec différents
secteurs de la vie sociale et économique.
Ces actions nécessaires des conseils d'administration, des
directeurs généraux ou directrices générales, des
cadres exigeront l'engagement et la disponibilité de personnes
compétentes, ouvertes, capables de se fixer des objectifs nouveaux, de
réaliser avec courage les changements nécessaires pour atteindre
ces objectifs et, enfin, de gérer adéquatement les ressources. En
conséquence, il est impératif que le gouvernement et les
instances responsables consacrent aussi des énergies accrues à
valoriser ces défis et ces exigences, à réinventer et
à mettre en oeuvre des conditions incitant tes personnes
compétentes à contribuer à la réalisation de ces
changements courageux et essentiels. Les conseils régionaux s'engagent
aussi à poursuivre dans cette vole.
Nous remercions la commission de nous avoir entendus.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous remercie,
madame. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président.
Je veux remercier la Conférence des CRSSS de son mémoire.
Je dois vous dire que c'était assez difficile, parce qu'on venait de
l'avoir, de suivre en même temps; vous nous avez donné un
résumé. Alors, je vais aller... SI me trompe, je voudrais bien
que vous corrigiez l'impression que j'ai eue de votre mémoire. D'une
part, si on suivait vos recommandations, on retirerait le projet de loi. C'est
bien ce que j'ai compris?
Mme Lalancette: À peu près.
Mme Lavoie-Roux: Bon.
Mme Lalancette: En bonne partie.
Mme Lavoie-Roux: Alors, je suis obligée d'aller un petit
peu en résumé. Il se peut que mes perceptions soient..
M. Tremblay (Jacques): Ou on le laisse en suspens jusqu'à
la commission Rochon.
Mme Lavole-Roux: Oui. Vous êtes quand même conscients
qu'il y a des problèmes.
Mme Lalancette: Nous sommes conscients qu'il y a des
problèmes. Cependant...
Mme Lavoie-Roux: II y en a peut-être aussi à
l'intérieur des conseils régionaux.
Mme Lalancette: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: II y en a peut-être aussi à
l'intérieur des conseils régionaux.
Mme Lalancette: Je ne pense pas qu'on exclue cette
possibilité-là, encore qu'on n'en a pas encore fait la
vérification. Cependant, quant à nous, il ne nous apparaît
pas que ce soit une loi nouvelle qui change la situation, mais bien une chose
sur laquelle nous avons mis un accent, soit plutôt des mécanismes
de contrôle qui soient le plus près possible de l'action, ce qui
veut dire le contrôle des actions d'un directeur général au
niveau de son conseil d'administration et le contrôle des actions d'un
établissement, donc incluant le conseil d'administration, au niveau
d'une instance régionale qui est actuellement le conseil
régional. Enfin, là où cette instance serait insuffisante,
à ce moment-là qu'il y ait des recours ministériels, je
pense que cela irait de soi. Mais des contrôles le plus près
possible de l'action, ce qui, selon nous est un principe
élémentaire de gestion. (17 h 30)
Mme Lavoie-Roux: Un autre élément que vous avez
abordé, et vous me corrigerez encore une fois, c'est que la ministre se
donne trop de pouvoirs d'Intervention. Vous ne l'avez pas dit comme cela, mais
qu'il y avait trop d'actions qui devenaient sous l'autorité de la
ministre. Je voudrais vous dire là-dessus que - laissons de
côté pour le moment les internes-résidents, mais parlons
strictement de l'exclusivité et du conflit d'intérêt - il
faut bien comprendre l'objet de ta loi. L'objet de la loi, c'est, à
certains égards, de donner aux établissements et. tes conseils
régionaux sont aussi un type d'établissements, des outils qui
assurent la meilleure gestion possible des fonds publics. On fait intervenir
deux notions principales, soit la question du conflit d'intérêts
et la question de l'exclusivité d'emploi pour les directeurs
généraux et, par règlement, certaines mesures à
l'endroit de certaines catégories de cadres intermédiaires
peut-être.
Je comprends difficilement vos objections à ce que ces choses
soient précisées puisque l'expérience nous a
démontré qu'il y avait eu des carences dans le système et
qu'il fallait justement agir pour corriger ce qui est apparu - je ne pense pas
que la population se soit trompée - aux yeux de la population comme des
carences qui nécessitaient une intervention. J'ai de la misère
à saisir... Je suis bien d'accord avec tout ce que vous dites à
la fin, les défis que les CRSSS vont devoir relever avec la commission
Rochon et le rôle que vous jouez, je n'ai pas de problème avec
cela. Mais cela m'apparaît un peu à côté du projet de
loi lui-même. Dans le projet de loi lui-même, c'est qu'on dit aux
CRSSS que les règles qui s'appliquent aux établissements en ce
qui a trait aux conflits d'Intérêts et à
l'exclusivité d'emploi vont s'appliquer aussi aux conseils
régionaux dans ces cas-là.
L'autre chose que vous venez de dire, c'est que vous voudriez qu'on
donne aux conseils régionaux la responsabilité de... Je n'ai pas
saisi votre message, probablement parce que je n'ai pas lu le
mémoire.
Mme Lalancette: Je crois qu'il y a quelques personnes qui peuvent
réagir, mais, dans un premier temps, notre question est: Est-ce qu'une
loi qui est faite à la suite de certains scandales qui touchent quelques
établissements peut... Je suis membre d'un conseil d'administration et
je me place comme quelqu'un du public. La loi donne l'idée que la
majorité des administrateurs ou des conseils d'administration ne sont
pas honnêtes. De l'extérieur, cela donne cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est justement ce qu'on veut corriger.
Mme Lalancette: Ce qu'on croit, c'est qu'il y a une bonne partie
de la correction qui ne viendrait pas d'une loi nouvelle ou, en tout cas, pas
d'une loi faite d'ici à ce que la commission Rochon précise ou
recommande des choses. Qu'on ait au moins cette couleur pour donner des
pouvoirs à quelque instance que ce soit. Donc, c'est plutôt une
notion de contrôle de l'application des lois et règlements
actuels.
M. Léger.
M. Léger (Michel): Je pense qu'il faudrait peut-être
bien préciser la position de ta conférence quant au double choix
que l'on recommande au gouvernement Nous pensons qu'effectivement les conseils
d'administration sont pris un peu à partie dans certaines de leurs
responsabilités. Dans ce sens-là, compte tenu qu'on croit savoir
que ta commission Rochon va toucher à certains aspects des conseils
d'administration, puisque c'était dans son mandat, et qu'on pense
qu'elle devrait sous peu déposer son rapport, on dit: À moins
qu'il y ait une urgence nationale à quelques semaines près, nous
pourrions attendre de voir comment y seront traités les conseils
d'administration, leur formation. Est-ce que cela va être des
élus, etc.? S'il y a des modifications dans ce sens, on pourrait
peut-être attendre quelques semaines et, pendant ce temps, il ne va pas
se passer des scandales énormes. Si, par contre, II y avait un
Intérêt national tel qu'il appartient au gouvernement de
légiférer immédiatement, dans ce cas, la Conférence
des CRSSS vous recommande un certain nombre d'amendements sur l'ensemble des
articles, que vous retrouverez tout à fait à la fin de votre
document - cela vous sera plus facile pour le suivre - à fa page 24
où, là, vous allez reprendre quasiment article par article les
points sur lesquels on intervient, soit sur les conflits
d'intérêts, soit sur l'aspect des fondations, soit sur l'aspect
des déchéances, où on reprend tous ces articles-là,
si le gouvernement veut légiférer Immédiatement. Dans ce
sens, il faut bien préciser ce bout-là.
Également, dans notre intervention, je pense qu'il faut
comprendre qu'on ne nie pas du tout l'importance des conflits
d'Intérêts, de les éliminer, et également les
aspects des fondations ou autres, que l'argent, de façon très
claire, ne serve pas à donner des bonis, que ce soit à des
membres des conseils d'administration, que ce soit à des directeurs
généraux. Dans ce sens-là, il y a des similitudes de
pensée. Je comprenais mal votre Inquiétude, Mme Lavoie-Roux, par
rapport à ce que les CRSSS pensent sur les conflits
d'intérêts ou sur le problème d'utiliser des fonds de
fondation, par exempte.
Mme Lavoie-Roux: M. Léger, si vous me le permettez
l'argument que Mme la présidente a utilisé qu'on attende la
commission Rochon qui doit se pencher sur les conseils d'administration, leur
formation, leur composition, leurs responsabilités, etc., cela ne
changera rien au problème de fond qu'on veut corriger ici. S'il n'existe
pas, bravo, et je suis convaincue qu'il n'existe pas dans la majorité
des institutions, mais il existe dans suffisamment d'Institutions pour qu'on
sente le besoin d'agir. La population nous accorde également son appui
dans cette nécessité de redresser une situation qui a
été déficiente dans X cas, heureusement minoritaires. Mais
la commission Rochon n'apportera pas cela. Ce qu'on veut corriger ici, c'est
d'abord assurer une plus grande transparence du point de vue des comptes
publics - on en a discuté avec le groupe qui vous a
précédé - également mettre nos
établissements à l'abri des conflits d'Intérêts et
assurer l'exclusivité d'emplois; la non-exclusivité, souvent, a
été une occasion de création de conflits
d'intérêts. Alors, je veux bien attendre la commission Rochon qui,
de toute façon, ne sortira pas son rapport, selon les dernières
nouvelles, publiquement avant le 20 janvier, en tout cas autour du 20 ou du 15
janvier. Comme je vous le dis, il y a de fortes chances que cela n'ait aucune
relation avec le problème qu'on veut corriger aujourd'hui.
Mme Lalancette: Je demanderais à M. Tremblay une
Intervention à ce sujet, s'il vous plaît.
M. Tremblay (Jacques): Oui, Mme la présidente. Mme la
ministre, Je comprends votre interrogation. La réponse que j'ai à
vous fournir, c'est qu'on cherche à ajouter des peines à des
principes qui, pour la plupart, existent déjà dans la foi. SI on
parle de conflits d'intérêts, tous les membres du conseil
d'administration d'un conseil régional sont actuellement limités
exactement comme vous voulez fe faire maintenant pour seulement le directeur
général. Le problème majeur, c'est que le directeur
général est un membre de conseil d'administration et, en
conséquence, le conseil d'administration se trouve à juger un de
ses pairs lors d'une de ses séances. Les principes que vous poursuivez
et avec lesquels nous sommes d'accord, c'est-à-dire l'absence de conflit
d'Intérêts, devraient tout d'abord, à notre point de vue...
Si on a un conseil d'administration qui a une imputabilité, une
autonomie et qui doit répondre de certaines exigences de probité
face au public en général, tous les membres du conseil
d'administration devraient satisfaire à ces mêmes exigences. Or.
on les assouplit dans le cas des membres d'un conseil d'administration. On dit:
Vous n'aurez qu'à dénoncer votre Intérêt, vous
abstenir de siéger et vous pourrez, par la suite, avoir des contrats ou
des liens d'Intérêts avec l'organisme. Le directeur
général, lui, est susceptible d'être déchu de sa
fonction. Or, la question de la déchéance de fonctions, si on
prend une fonction comparable au niveau municipal, c'est-à-dire celle
d'un officier public, du directeur général d'une ville qui a des
budgets à administrer tout comme un directeur général d'un
établissement, il a actuellement strictement à ne pas avoir de
contrat ou de lien économique avec son entreprise ou avec l'organisme au
sein duquel il siège. C'est pour cela qu'il nous est apparu tout d'abord
évident qu'il y avait un traitement distinct par rapport aux membres
à l'intérieur d'un même conseil d'administration en ce qui
concerne les exigences de probité qui, normalement, sont à
l'égard d'élus, et le directeur général a le
problème, lui, d'être à la fois un élu
et un employé de la corporation. Cela fait que, lorsqu'on parlera
par la suite des exigences d'exclusivité de services, il nous semble
qu'il n'est pas sage ou opportun de lier la déchéance de charges
à une question qui devrait se limiter à des relations entre
l'employeur et son employé ou son premier officier d'organisme. Donc,
à partir du moment où le directeur général est un
membre du conseil d'administration, que ces règles ne sont pas
appliquées ou ne sont pas les mêmes pour tous les membres d'un
conseil d'administration, il nous apparaît important que l'ensemble de la
question soit soumis à l'éclairage de la commission Rochon. C'est
pour cela que pour nous et compte tenu... Les règles de base existent et
tout ce que vous ajoutez en principe ou à peu près ce sont des
peines plus sévères, la déchéance et
l'inhabilité pendant trois ans. En conséquence, nous vous
recommandions de plutôt reporter ou suspendre le projet de loi jusqu'au
printemps. Cependant, nous avons quand même eu le temps et le loisir de
vous faire parvenir une analyse de ce projet de loi et de vous faire certaines
recommandations pour l'améliorer dans le sens des recommandations que
nous vous faisons. C'est pour cela que, pour nous, on aimerait qu'on
n'assouplisse pas les règles face au conseil d'administration. Les
membres du conseil d'administration devraient tous ne pas avoir de contrat avec
leur établissement ou avec le conseil régional au sein duquel ils
siègent On ne devrait pas seulement leur exiger de dénoncer cet
intérêt, on devrait les encadrer un peu dans la décision.
Je pense que la déchéance et l'inhabilité pendant trois
ans c'est une mesure pénale de très grande envergure. À
toutes fins utiles, c'est la perte de l'emploi dans le réseau des
affaires sociales pour l'individu en question et on laisserait cette situation
venir sanctionner des questions d'exclusivité de fonctions qui, à
mon point de vue, appartiennent plutôt au cadre du contrôle d'un
employeur sur son employé. C'est la raison pour laquelle, Mme la
ministre, il nous a paru opportun que la commission Rochon puisse nous
éclairer à ce propos, sur le rôle d'un conseil
d'administration, sur sa composition. Est-ce que te directeur
général devra encore y être? Est-ce que des directeurs
généraux d'établissement devront être aux conseils
régionaux? Est-ce que ce sera des élus en bonne proportion? Et,
lorsqu'on aura des élus en bonne proportion, là les règles
qu'on vous a produites en annexe à notre mémoire s'appliqueraient
comme en matière municipale. Elles ont été tout
récemment révisées parce qu'en juin 1987 votre
gouvernement a révisé la loi qui régit les conflits
d'intérêts en matière municipale à l'égard
des élus. On n'a pas assisté à un resserrement mais
plutôt à un certain nombre d'exceptions qui ont été
encadrées dans la loi. L'article 116 de la Loi sur les cités et
villes, qu'on vous a également produit en annexe, fait en sorte que le
directeur général d'une ville doit tout simplement ne pas avoir
de contrat. Il peut, par ailleurs, avoir des conflits d'Intérêts
qui ne sont pas financiers avec son établissement et cela ne le rend pas
"déqualifiable" pour autant.
Mme Lavoie-Roux: Je vous ferai remarquer que, dans te cas d'un
directeur général, que ce soit d'un établissement ou d'un
conseil régional, même s'il siège au conseil
d'administration, ce n'est pas un élu dans le même sens que les
membres d'un conseil d'administration qui sont élus par des groupes, si
on veut. Vous n'êtes quand même pas un élu, Je pense que la
question de conflit d'intérêts ne se pose peut-être pas de
la même façon non plus que dans le cas des élus. Quoique
les élus, il y a des règles très strictes aussi pour les
ministres quant à cela, en ce qui a trait aux conflits
d'intérêts. Dans le fond, ce que vous nous dites, c'est qu'on
n'est pas assez strict en ce qui touche les conflits d'intérêts
pour les membres, nommés ou élus, du conseil
d'administration.
M. Tremblay (Jacques): C'est une facette des remarques que je
vous ai faites, effectivement Vous avez un traitement qui est distinct. Par le
projet de loi 97, vous assouplissez l'exigence qui est requise jusqu'à
maintenant, avec la loi telle qu'elle est, à l'égard des autres
membres de conseil d'administration par rapport au directeur
général. Quant au directeur général, vous rendez la
chose encore plus forte, c'est-à-dire que vous le rendez passible de
déchéance de charge et de trois ans d'inhabilité, ce qui
est nouveau. C'est soumis à la décision d'un conseil
d'administration qui n'a pas d'encadrements procéduraux comme vous avez
jugé opportun d'en donner quand II a été question de
congédiements. Le règlement qui traite des conditions d'emploi
des directeurs généraux du réseau et des conseils
régionaux a prévu, aux articles 25 et suivants qu'on vous a mis
en annexe également à notre mémoire, des normes strictes,
en ce sens qu'on doit convoquer une assemblée spéciale, on doit
aviser le directeur général au préalable, etc. Il peut
énoncer son point de vue. (17 h 45)
C'est d'autant plus Important que la notion de conflit
d'intérêts - je pense que le groupe qui nous ont
précédés vous l'a mentionné - qui existe à
l'article 31 n'est pas une notion circonscrite, comme le serait, par exemple,
le fait d'avoir un contrat avec son établissement. Là, on serait
en matière d'un conflit d'intérêts qui soulève
déjà beaucoup de questions d'interprétation, mais qui est
au moins circonscrit. On sait ce qu'est un contrat, une compagnie ou une
société. Une entreprise et un conflit d'intérêts
avec une entreprise, c'est beaucoup plus vague. Cela sera à l'examen de
chaque situation par le conseil d'administration en séance que seront
enclenchés les recours, dans un premier temps. Dans un deuxième
temps, on se rendra devant les tribunaux, peut-être pour plusieurs
années, avec des frais évidents.
En conséquence, nous vous recommandions, tout au moins à
l'égard des conflits d'Intérêts généraux, de
limiter cela à des questions contractuelles. Dans ce contexte, la
déchéance pourrait être reconnue, sur
l'élément du conflit d'Intérêts, pour avoir eu un
contrat. Cela pourrait être une sanction acceptable pour un officier
premier; cela l'est d'ailleurs pour les directeurs généraux de
ville. Cela est acceptable dans... Mais aller plus loin que cela... il y a
aussi tous les éléments des droits et libertés qu'on vous
a énoncés dans notre mémoire, sans vouloir trancher
là- dessus.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais que vous développiez cela,
sur la question... Parce que vous faites des liens avec la Charte des droits et
libertés. Je voudrais quand même que vous m'expliquiez comment on
peut laisser des gens en conflit d'Intérêts - parce que vous
dites: N'agissez pas tout de suite, attendez - que vous ayez des gens qui...
Généralement, ce qui est arrivé avec la
non-exclusivité d'emploi, cela a été souvent de se mettre
en conflit d'intérêts. Présentement, vous faites allusion
au fait qu'on va démotiver le réseau parce qu'on est
appelé à |ouer des rôles complémentaires davantage
les uns envers les autres, et vous faites allusion aux fusions, etc. Mais les
cas qui sont présentés et les cas de conflit
d'intérêts ont souvent été, à
l'intérieur du réseau, des contrats de consultation qu'on s'est
donnés les uns avec les autres. Je ne nie pas ce que vous dites, tous
les rôles qui peuvent être joués et tout ce que vous serez
appelés à faire, mais c'est comme si j'avais l'impression que ces
choses-là n'existaient pas pour vous... Par exemple, des firmes
privées qui se sont formées à partir de personnels ou,
dans certains cas, de directeurs généraux pour vendre des
services à d'autres établissements du réseau. Pourtant,
personne ne le savait, il a fallu... Et ce n'est pas un cas isolé.
Ce que je comprends pas, au plan juridique, sur la question des
responsabilités des membres du conseil d'administration versus le
directeur générai ou enfin les obligations qui sont faites
à l'un par rapport à l'autre - on va l'examiner pour être
bien sur qu'on ne fait pas d'injustice ou quoi que ce soit - ce que j'ai de la
difficulté à comprendre, c'est que vous pensez qu'il n'y a pas de
nécessité d'apporter les correctifs. D'ailleurs, ce n'est pas ce
que vous avez dit, mais vous demandez qu'on les apporte quand la commission
Rochon se sera prononcée là-dessus, alors que je doute que la
commission Rochon entre dans ce type de détails parce que c'est une
responsabilité de la ministre, je pense, que de permettre d'encadrer les
établissements pour qu'ils puissent assurer une saine gestion.
Quant à l'intervention de la ministre, je pense que j'ai
apporté des nuances tout à l'heure. On pourrait peut-être
regarder et, là où il y en a trop, en enlever; je pense qu'il y a
moyen d'examiner cela de plus près. Je pense à l'autonomie autant
des conseils régionaux que des établissements et il faut la
conserver le plus possible. Je pense qu'on n'a pas d'objection de principe
là-dessus, bien au contraire.
Je vais arrêter ici mes remarques. Il y a probablement de mes
collègues qui veulent poser des questions, il semble qu'il n'en reste
plus.
Le Président (M. Bélanger): il n'en reste plus. Je
cède la parole au député de Joliette.
M. Chevrette: Mon premier réflexe a été moi
aussi de dire: Bien coudonl lis ne veulent pas de loi. A lire les pages 24 et
suivantes et même à entendre les commentaires, à toutes
fins pratiques, la loi serait diminuée, vous en conviendrez, il ne
resterait plus grand-chose. Sauf que j'ai essayé de comprendre votre
cheminement, et je viens juste de comprendre, c'est la ministre qui m'a fait
comprendre avec ses commentaires sur la référence à la
commission Rochon. Après l'avoir entendue, effectivement, la commission
Rochon pourrait bien décréter que, demain matin, les
hôpitaux du Québec sont gérés par des directions
régionales et qu'il n'y aura plus de conseil des corporations
hospitalières unique. Cela pourrait très bien être le cas.
Est-ce concevable, par exemple, que le Reddy Memorial peut arrêter un
plan d'organisation de santé à la ville de Montréal et
qu'un ministre de la Santé, qui est censé être
l'autorité ultime, n'est même pas capable de décider une
corporation hospitalière à organiser son plan de santé? Il
est sûr que je serais peut-être ouvert à des recommandations
du genre de la commission Rochon qui feraient qu'on n'aurait peut-être
plus à statuer comme tel sur les conflits d'intérêts des
conseils d'administration. Je viens de comprendre un petit peu leur point de
vue et je ne suis pas loin de le partager.
Deuxièmement, je pense que le message qui se dégage des
recommandations, ou en tout cas te message que je capte, est le suivant. Vous
avez probablement raison d'essayer d'éviter les conflits
d'Intérêts sauf que - je voudrais savoir si j'ai bien compris -
vous ne devez pas nous enlever l'autorité. Si vous nous enlevez une
certaine autorité ou une autorité certaine, quelle motivation
nous reste-t-il pour continuer à travailler? En d'autres mots, si on
encadre tout, que reste-t-il à faire? Je suis d'accord avec Mme la
ministre quand elle dit, par exemple, que si des gens se forment une compagnie
de services - je sais à quoi elle fait référence parce que
j'avais eu les mêmes rumeurs à l'époque - et vendent leurs
services à qui mieux mieux dans le réseau, travaillent-ils pour
l'Institution ou s'ils ne sont pas plutôt des vendeurs payés par
une institution et qui requièrent en plus des contrats comme compagnie?
Quant à mol, cela ne marche pas. Quand bien même vous essaieriez
de défendre cela, je ne marcherais pas avec vous autres
là-dessus, jamais de la vie! II est clair que ça n'a pas de
maudit bon sens. Sauf qu'il y a une
marge entre l'exagération et les gestes qui peuvent être
posés quand on parle de l'exclusivité de services.
Je vous donne l'exemple d'une petite région
éloignée où il y a une petite fondation de 1000 $
seulement, parce qu'ils ont un petit hôpital. Il n'est pas Incompatible
qu'on demande à un directeur général de superviser cette
fondation parce qu'ils n'ont pas les ressources nécessaires sur place.
On lui demande de s'occuper, par exemple, de toute l'administration de la
fondation. Tel que libellé, mon goriot ne peut rien faire
là-dedans. Il faut aller à l'extérieur parce qu'il y a une
exclusivité de services au centre hospitalier. Là-dessus, je
pense qu'il faudrait au moins ouvrir un tant soit peu nos oreilles pour tenir
compte du pragmatisme et du vécu quotidien. C'est un peu ce que je sens
comme message.
Je vous avoue que, personnellement, je ne suis pas rébarbatif
à cela. On n'essaiera d'endormir personne ici avec toutes les grosses
bebelles... Par exemple, si c'étaient des gros gadgets payants... Mais
on sait que dans certains milieux il y a des accommodements entre un
hôpital et un CLSC, bien souvent, entre un hôpital et un CSS, entre
un hôpital et d'autres organismes comme un centre d'accueil. Pour cette
partie, if ne faudrait pas que l'on tue dans l'oeuf toute initiative de
rapprochement ou d'interéchange parce qu'on signe des contrats
d'exclusivité de services. Je pense qu'il faut être très
réceptif, très ouvert. Oui. Mais on "complexifie" au point qu'on
enlève l'Initiative au conseil d'administration, Mme la ministre. C'est
ainsi que je comprends votre projet de loi.
Dans votre projet de loi, au moins si vous vous donniez le pouvoir
d'entériner, je dirais que, comme elle a le dernier mot, elle va
s'amuser avec plusieurs papiers. Mais, si au moins elle laisse au départ
l'initiative au conseil d'administration et qu'elle soit souple, cela pourrait
être d'abord supervisé par les régions, entre vous et mol,
si nous croyons à la structure régionale. Je ne vois pas ce
dossier s'accumuler sur le bureau du ministre. Pour l'avoir été,
je vous garantis qu'elle ne saura que deux ans après être partie
que tout ce qu'elle a signé et tout ce qui est lui est parvenu... Ne
nous leurrons pas. Je suis pour une décentralisation certaine dans le
domaine de la santé et des services sociaux et non pas pour une certaine
décentralisation. Je ' crois donc à l'initiative locale. Je n'ai
plus de question à vous poser.
Le Président (M. Bélanger): Madame.
Mme Lalancette: D'abord, si vous permettez, je voudrais rassurer
les membres de la commission parlementaire. En aucune façon nous ne
cautionnons des entreprises comme celles dont il a été question.
Cependant, au cours de nos discussions pour préparer le mémoire
et la rencontre avec vous, nous donnions des exemples qui nous ont fait rire au
cours de ce travail. Par exemple, la personne qui est directeur ou directrice
générale d'un établissement de petite grosseur. Il faut
bien dire que nous, aux conseils régionaux, nous voyons des
établissements qui sont, par exemple, un hôpital de près de
1000 Iits et aussi un autre établissement qui peut avoir 42 lits. C'est
une différence d'exigence. La responsabilité est encore
vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours semaine, mais l'exigence est
différente. L'exemple qu'on se donnait c'est, par exemple, le conjoint
ou la conjointe du directeur général qui possède un
dépanneur. Selon notre lecture du projet de loi, le dimanche
après-midi il ne pourrait pas aller travailler dans le dépanneur
parce qu'il a une exclusivité de services. Je pense qu'on en
était à des choses de ce genre-là. Mais en aucune
façon on n'a voulu cautionner des entreprises privées
composées de personnes payées par le réseau et qui, par la
suite, vendraient des services à leur réseau, et ça, en
aucune façon.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Une question, M. le Président. À la
page 25 de votre mémoire, vous nous dites: "que l'exigence
d'exclusivité de fonction n'entraîne pas ta
déchéance automatique et qu'une possibilité de se
réhabiliter soit prévue." Pouvez-vous me donner quelques exemples
de possibilités de se réhabiliter?
M. Tremblay (Jacques): Ecoutez, s'il est constaté que,
effectivement, le directeur général occupe une fonction qui n'a
pas été autorisée au préalable par son conseil
d'administration, tout comme la règle existe actuellement, le conseil
d'administration peut le sommer de se réhabiliter, c'est-à-dire
d'abandonner son emploi sur un certain délai et puis iI doit à ce
moment-là se conformer à un ordre ou à une demande
légitime de son employeur qui se rattache à l'exclusivité.
On le paie pour un service qu'il doit nous rendre et si on considère que
des activités qui font partie de sa vie privée... Parce qu'il
reste que, même si on occupe une charge publique, on peut avoir une vie
privée et, dans cette vie privée, avoir des activités
économiques intéressantes et rentables. En conséquence,
ça peut ne pas nuire du tout au rendement de l'employé à
l'intérieur du conseil régional ou de l'établissement et
le conseil d'administration peut même voir ça d'un très bon
oeil. C'est pour ça qu'on dit: Pourquoi, tout d'abord, sanctionner
ça par une déchéance automatique à caractère
tout à fait pénal? Laissons ça dans le domaine des
relations du travail et, en second lieu, donnons au moins l'occasion au
directeur général ou au cadre de se conformer à la demande
de son conseil d'administration si, éventuellement, il exerce des
fonctions qui sont incompatibles avec l'exercice normal de ses fonctions.
M. Rochefort: ...réhabilitation...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin, si vous permettez, une seconde. Compte tenu de
l'heure, est-ce que j'ai le consentement pour qu'on poursuive les travaux
quelques minutes pour ne pas avoir à faire revenir ce groupe
après souper?
M. Rochefort: J'en ai pour trente secondes, M. le
Président
Le Président (M. Bélanger): Consentement.
Merci.
Vous pouvez continuer, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: On va même finir avant six heures.
Donc, si je comprends bien, au-delà de la réhabilitation,
de se replacer dans une situation dite normale, compatible, vous n'avez pas
envisagé d'autres possibilités de réhabilitation. C'est
seulement à cette fin-là que vous faites allusion à cette
formule.
M. Tremblay (Jacques): Disons qu'on a prévu
également que l'autorisation soit valorisée, qu'on fonctionne en
privilégiant l'autonomie du conseil d'administration, qu'on donne avis
au ministre et...
M. Rochefort: Je comprends. Mais c'est parce que vous opposez
finalement à la déchéance automatique une
possibilité de se réhabiliter. J'essayais de voir à quoi
vous faisiez allusion. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Alors, en conclusion,
M. le député de Joliette, est-ce que vous avez d'autres
commentaires à rajouter?
M. Chevrette: Je vous remercie infiniment. On va se permettre de
lire votre mémoire, plus reposés, et avec beaucoup plus
d'attention parce qu'on l'a eu simplement avant Soyez assurés qu'on
essaiera de dégager les meilleures pistes pour préparer tes
meilleurs amendements aussi.
Le Président (M. Bélanger): Est-ce que vous avez
quelques commentaires en conclusion, peut-être?
Mme Morais (Hélène): J'aimerais donner un
commentaire et l'assurance que nos préoccupations et celles des conseils
régionaux sont celles d'une saine gestion.
D'autre part, quand nous avons lu ce projet de loi, nous avions en
tête cette préoccupation, mais nous avons vu, à la plupart
des articles, des questions non pas de règles nouvelles à ajouter
mais des questions de surveillance, des problèmes de surveillance de
règles et de con- trôle. Et, en conséquence, ça
faisait appel pour nous à des responsabilités. Oui est
responsable de quoi? Qui doit faire quoi? Qui doit rendre compte à qui?
De quoi? C'est dans ce sens-là-- non pas parce que nous nous
défilons devant le problème ou les responsabilités - que
nous disons: Nous devrions attendre la commission Rochon qui, elle,
d'après nous, a le mandat de revoir l'ensemble du fonctionnement et du
financement du réseau et, en conséquence les
responsabilités. Et si, Mme la ministre, dans les conseils
régionaux comme ailleurs, vous avez des évidences qu'il y a des
comportements "questionnables", il nous apparaît extrêmement
important que les correctifs soient apportés, dans
l'intérêt de l'ensemble des conseils régionaux, du
réseau et de la population.
Dans ce sens-là - je regrette que nous n'ayons pu vous
transmettre le mémoire à l'avance - vous pourrez trouver des
réponses afin que le projet de loi qui est sur la table puisse
être modifié, si vous tenez à le faire adopter dans le sens
de le rendre applicable par rapport aux objectifs que vous avez.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je veux simplement
remercier encore une fois la Conférence des CRSSS. Il est évident
que Je ne vous fais pas reproche de nous l'avoir apporté simplement cet
après-midi, ce sont des consultations particulières, mais comme
il était quand même assez intense... On va en prendre connaissance
avec beaucoup d'intérêt. Je voudrais quand même en dernier
lieu vous dire que nous n'empêchons pas - c'est peut-être davantage
le député de Joliette qui l'a soulevé - par exemple, qu'il
y ait collaboration entre un CLSC et un autre type d'Institution. D'ailleurs,
avec le consentement du conseil d'administration, du CRSSS, etc., quelqu'un
peut être à ta fois directeur d'une institution et d'une autre. Je
pense que c'est prévu dans la loi. Il n'y a pas de difficulté,
mais c'est toujours avec l'assentiment du conseil d'administration et du
conseil régional aussi, je pense, dans ce cas-là.
Je pense que ce n'est pas l'objet du projet de loi. Encore une fois, il
faut bien comprendre qu'il y a des situations à corriger. Nous jugeons
qu'il est important de les corriger et qu'il faut les corriger maintenant que
nous avons suffisamment de faits pour savoir comment Intervenir et tenter
d'intervenir le mieux possible. J'ai déjà indiqué qu'il y
avait des assouplissements que j'étais prête à faire. Je
pense que nous allons examiner vos représentations dans le même
sens.
Le Président (M. Bélanger): On vous remercie de
votre présentation à notre commission. La commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
(Reprise à 20 h 10)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Je demanderais à chacun de reprendre sa place afin que la
commission reprenne ses travaux pour procéder à des consultations
particulières et tenir des auditions publiques dans le cadre de
l'étude du projet de loi 97, Loi modifiant la Loi sur les services de
santé et les services sociaux.
Nous entendrons l'Association des centres d'accueil du Québec,
représentée par M. Jean-Marie Girard, président, par M.
Michel Clair, directeur général, et par M. Gilles Martel,
président du conseil d'administration du foyer de Loretteville et membre
du conseil d'administration de l'Association des centres d'accueil du
Québec.
Messieurs, votre porte-parole est M. Girard?
Association des centres d'accueil du Québec
M. Clair (Michel): M. le Président, Mme la ministre, MM.
les députés, nous nous partagerons la parole pour faire notre
présentation mon président, M. Jean-Marie Girard, et
moi-même, dans le temps convenu.
Le Président (M. Bélanger): M. Clair, vous avez 20
minutes pour nous présenter votre mémoire.
M. Girard (Jean-Marie): M. le Président, Mme la ministre,
MM. tes députés, mesdames, messieurs, je voudrais, d'abord,
remercier la ministre et les députés de nous avoir invités
afin de nous entendre. Nous voulons vous rappeler, tout d'abord, que
l'Association des centres d'accueil du Québec représente 375
conseils d'administration. C'est, donc, la plus Importante association, sur le
plan du nombre, représentant des établissements de tailles
variées.
Vous savez que tous nos administrateurs d'établissements ont
été ébranlés par les abus Inadmissibles de
certains, par la vague de démobilisation qui a touché tous les
conseils d'administration et les directeurs généraux et,
également, par la sévérité du traitement uniforme
du questionnaire du ministère de la Santé et des Services
sociaux.
Notre association n'a pas, pour autant, cédé à la
panique. Nous maintenons notre appui au gouvernement pour une gestion
honnête des fonds publics. Cependant, nous refusons de nous lancer dans
une grande opération d'autoflagellation. Notre association a
développé des guides pour nos conseils et a élaboré
les 24 règlements demandés aux établissements et qui
devaient être adoptés par les conseils d'administration. Nous
n'avons pas créé de comités d'étude, ni de
comités de penseurs. Nous n'avons pas mis en place un comité de
sages. Nous avons préféré faire appel à une grande
firme comptable professionnelle Indépendante, évitant ainsi, il
va sans dire, le conflit d'intérêts, pour élaborer une
politique de dépenses et de fonctions de nos établissements.
D'ailleurs, nos établissements recevront ce guide d'ici une dizaine de
jours.
Nous avons préparé un mémoire qui tient compte de
valeurs et de principes fondamentaux auxquels notre association est très
attachée. Ces valeurs et ces principes sont les suivants: probité
et honnêteté dans la gestion des fonds publics, éthique et
disponibilité des cadres du réseau, autonomie des conseils
d'administration dans leur gestion, justice et équité pour nos
établissements par rapport aux autres réseaux. Voilà les
principaux points qui feront l'objet d'une intervention plus
détaillée de la part de M. Clair.
M. Clair: Merci. M. le Président, notre mémoire
peut se résumer en trois grands points. Nous abordons, dans un premier
temps, à la page 4, toute la question de l'exclusivité de
fonctions. Dans un deuxième temps, nous parlerons de la notion de
conflit d'intérêts. Finalement, sous une troisième
rubrique, nous ferons un certain nombre de commentaires de portée plus
limitée en ce qui concerne d'autres sujets contenus dans le projet de
loi 97.
Traitons, d'abord, de la notion d'exclusivité de fonctions. Je ne
vous apprendrai rien en vous rappelant que l'article 104 de la Loi sur les
services de santé et les services sociaux fait déjà
obligation au directeur général d'un établissement de se
consacrer à temps plein à l'accomplissement de ses fonctions. Ce
sont les mots mêmes de la loi. À notre avis et pour avoir entendu
les discussions cet après-midi - nous différons sans doute
d'opinion avec les avocats du ministère - l'expression utilisée
actuellement par le législateur permet une certaine souplesse de bon
aloi dans l'interprétation des situations, ce que ne ferait, à
notre avis, absolument pas le nouveau texte de loi s'il devait être
adopté, notamment l'article 7. Il nous semble, en effet, que l'article 7
énonce un principe général d'exclusivité qui frise
l'absolutisme complet.
Je rappelle le mot à mot de cet article 7 qui modifierait
l'article 104. On y dit bien: "Le directeur général d'un
établissement public doit, sous peine de déchéance de sa
charge, s'occuper exclusivement du travail de l'établissement et des
devoirs de sa fonction." En dehors des notes qu'on peut trouver en marge des
codifications administratives, c'est la première fois qu'on voit
apparaître le mot "exclusivité". Par la suite, c'est encore plus
restrictif et très très étanche. On y lit, en effet: "II
ne peut occuper, hors de l'établissement, aucun autre emploi, charge ou
fonction, ni fournir aucun autre service si une rémunération -
mais pas seulement une rémunération - ou un avantage quelconque,
direct ou indirect, lui est accordé de ce fait." Le texte que je viens
de lire nous paraît Isoler le directeur général et,
éventuellement, d'autres cadres sous
une véritable cloche de verre et l'empêcherait de jouer des
rôles normaux et, à notre avis, acceptés dans notre
société.
Pour atténuer ce principe, le législateur a voulu
permettre trois exceptions soumises, évidemment, à certaines
conditions. En premier lieu, un directeur général pourra occuper
une charge, fournir des services ou assumer des fonctions additionnelles avec
l'autorisation du ministre et celle du conseil d'administration. Signalons en
passant que, quand on porte attention au texte de loi, encore une fois au
cinquième alinéa de l'article 7 - je m'excuse d'être aussi
détaillé - le projet de lot ne précise aucunement si de
telles autorisations sont requises dans les seuls cas de charges, services ou
fonctions Impliquant rémunération ou si elles le sont
également dans les autres cas de charges qui n'impliquent pas comme
telles une rémunération. Tenant compte du caractère
restrictif de cette loi, on pourrait facilement être porté
à conclure que, même dans ce cas-là, dans le cas d'une
charge non rémunérée, II faudrait obtenir la permission du
ministre. En second lieu, le projet de loi prévoit la
nécessité de l'autorisation du ministre pour qu'un directeur
général puisse agir en tant que tel dans deux
établissements. Enfin, on y prévoit des dispositions relatives
à l'exercice de fonctions pédagogiques et de charges publiques
électives.
Nous croyons que, dans son ensemble, l'article 7 est excessif et
inacceptable parce que ses effets débordent largement les objectifs
légitimes poursuivis. Voici des cas tirés de notre
réalité. Le président Indiquait tantôt que nous
représentons 375 établissements de tailles très variables,
des petits établissements qui sont nombreux à ne posséder,
par exemple, que deux cadres - il y en a, en fait, près d'une centaine -
et des établissements de grande taille également. Les exemples
que je cite sont les suivants. Il faudrait obtenir la permission du ministre
pour être président d'une petite compagnie familiale administrant
deux petits duplex ou un dépanneur, pour être commissaire aux
libérations conditionnelles ou, encore, pour être président
ou secrétaire d'un club social ou même marguillier, si on en tire
le moindre avantage direct ou indirect.
Le législateur semble oublier que les cadres du réseau,
comme les autres citoyens, conservent le droit à une vie personnelle,
sociale et, j'ajouterais même, économique distincte de leurs
activités professionnelles et qu'en plus l'exercice de la fonction de
directeur général dans un établissement entraîne
fréquemment un engagement souhaitable et souhaité dans son
milieu, et dont dépendent le rayonnement du centre d'accueil et l'Image
même du réseau public.
Pour compléter la liste de ces exemples et à titre
d'association d'établissements, permettez-nous de vous souligner que
nous sommes particulièrement préoccupés du fait qu'il
faudrait dorénavant, selon nous, la permission du ministre pour
être président d'association d'établissements.
C'est une façon bien particulière, croyons-nous,
d'appliquer la liberté d'association.
Notre compréhension des dispositions de l'article 7,
appuyée sur la liste des exemples fournis et sur d'autres qui pourraient
l'être, nous amène à demander le retrait de cet article 7.
Nous faisons également valoir d'autres arguments. À notre avis,
il est possible que les dispositions de cet article entrent en conflit avec
l'article 5 de la Charte des droits et libertés de la personne en ce qui
concerne le respect de la vie privée, toujours sous l'angle de
l'exclusivité de fonctions, et le législateur, à notre
avis, aurait avantage à obtenir un avis de la commission à cet
effet avant d'adopter un tel article de loi si tel devait être le
cas.
Deuxièmement, la mesure envisagée apparaît nettement
injuste et inéquitable par rapport aux conditions applicables aux cadres
des autres réseaux public et parapublic. Bien sûr qu'ici et
là dans notre loi on peut trouver des cas d'exclusivité de
services quasi aussi étanche que celle-ci, mais pour aucune
catégorie de cadres dans les secteurs public ou parapublic ou pour
d'autres directeurs généraux d'un réseau important Les
cadres du réseau seraient donc, dans ce cas-ci, les seuls à
être assujettis à une telle loi. Nous signalons également
au passage qu'on n'en demande pas tant même aux membres de
l'Assemblée nationale eux-mêmes.
Troisièmement, les dispositions de l'article 7 font fi des
responsabilités des membres de conseils d'administration. Elles
déresponsabilisent des personnes à qui on a, soi-disant,
confié l'autorité de gérer les établissements au
profit d'une centralisation des décisions entre les mains de la
ministre. Nous ne voyons pas comment cela peut conduire à un meilleur
contrôle de la qualité et de la quantité de la prestation
de travail d'un directeur général ou d'un cadre dans un
établissement.
Quatrièmement, le législateur place la ministre, à
notre avis, dans une position très inconfortable puisque celle-ci aurait
à exercer des jugements, à prendre des décisions
discrétionnaires, puisqu'elle aurait à accorder des
autorisations, qui risqueraient fort d'être perçues rapidement par
certains comme arbitraires. En effet, sur quels critères la ministre
s'appuierait-elle dans ses décisions? Comment pourrait-elle garantir
l'équité de traitement de toutes les demandes d'autorisation,
qu'elle serait susceptible de recevoir? Comment éliminer le danger du
favoritisme. Sans jouer politiquement au prophète de malheur, il est
assez évident que, si des cas semblables à ceux qu'on a
malheureusement connus dans les mois récents avaient à se
produire à nouveau après qu'une autorisation de la ministre a eu
lieu en toute bonne foi par celle-ci, dans quels mauvais draps se retrouverait
la ministre après avoir donné une telle autorisation?
Aussi, tenant compte du caractère excessif et extrêmement
étanche de la définition de
l'exclusivité de fonctions, la requête en
déchéance de charge prévue à l'article 7 pourrait,
croyons-nous, facilement donner lieu à des opérations de lynchage
sur la place publique qui seraient sûrement au désavantage des
personnes concernées et de l'image du réseau des services de
santé et des services sociaux. En effet, comme il n'y a aucune gradation
dans la nature du manquement à la notion d'exclusivité de
fonctions et que le recours prévu est celui de la
déchéance de fonctions, on voit tout de suite à quelles
exagérations cela pourrait conduire si quelques membres d'un conseil
d'administration décidaient de tirer avantage d'un manquement mineur
pour forcer la démission de leur directeur général.
Traitons maintenant de la situation de conflit d'intérêts.
À notre avis, nous pensons modestement - après avoir entendu la
ministre cet après-midi, cela ne fait que nous renforcer dans nos
convictions - que c'est ici qu'il faudrait agir puisqu'il ne s'agit pas tant
d'empêcher les gestionnaires du réseau de vivre en dehors du cadre
de leurs fonctions et responsabilités, mais bien d'éliminer les
possibilités de conflit d'intérêts en faisant en sorte
qu'ils ne puissent pas tirer de leur statut de cadre et des fonctions qu'ils
exercent une rémunération directe ou Indirecte autre que celle
prévue à la politique de rémunération. À
notre avis, la probité et l'honnêteté des cadres comme
gestionnaires de fonds publics comptent infiniment plus que le fait de savoir
non pas qu'ils sont responsables, ça, ils le sont, de leur
établissement 24 heures par jour, sept jours par semaine, mais qu'ils
sont exclusivement et absolument 24 heures sur 24, sept jours sur sept, au
seul, unique et entier service de leur établissement.
Nous proposons donc de redéfinir la notion de conflit
d'intérêts de façon à y inclure toute situation
plaçant le cadre en position de tirer avantage de son statut et cela,
non seulement vis-à-vis de son établissement, comme c'est le cas
dans la loi actuelle où la notion de conflit d'intérêts
s'applique uniquement pour un directeur général par rapport
à son établissement, mais en l'étendant à
l'ensemble du réseau des services de santé et de services
sociaux. Il serait également possible de préciser les principales
formes possibles de conflit d'intérêts sans en faire une
énumération exhaustive et complète. Finalement, le conseil
d'administration devrait constituer le premier responsable de l'administration
de cette notion.
À notre avis, cette façon de cibler l'objectif permettrait
facilement d'éviter tes excès et les Incohérences auxquels
on ouvre la porte en utilisant, pour éliminer ce genre de situations, la
notion d'exclusivité de fonctions plutôt que celle de conflit
d'intérêts.
Quelques autres commentaires, à la page 8 et aux suivantes. Les
articles 6 et 7 du projet de loi créent aux conseils d'administration
l'obligation d'enclencher un recours en déchéance de charge
dès qu'ils constatent une situation de conflit d'intérêts.
Nous tenons pour acquis qu'il s'agit là de la procédure
prévue au Code de procédure civile puisque, s'il devait s'agir
d'une autre procédure, cela ne garantirait pas le recours au processus
normal d'une défense pleine et entière de la part d'un cadre. Les
articles 6 et 7 prévoient également que la démission du
directeur général ou du cadre concerné met fin au recours
en déchéance de charge Intenté contre lut; c'est
prévu à la fin de l'article. Ces dispositions prévoient
qu'on élimine la possibilité d'avoir recours au processus qu'on
pourrait appeler d'arbitrage qui existe actuellement dans le règlement
régissant les conditions de travail des cadres. Cependant, la
démission, selon l'interprétation que nous faisons du projet de
loi, permettrait, quand même, l'application des dispositions des
décrets 883-85 et 412-58 qui permettraient d'offrir une prime de
séparation pouvant aller jusqu'à dix mois.
De plus, à partir du libellé tel qu'il est
présentement: "Un directeur général déchu de sa
charge devient inhabile à occuper une charge ou un emploi dans tout
établissement public ou conseil régional pour une période
de trois ans" - un peu plus loin, on voit que, s'il démissionne, ce
processus est arrêté - nous trouvons pour le moins surprenant que,
si un directeur général démissionne, à ce moment,
il pourrait se représenter, être à nouveau admissible dans
le réseau, ne pas être sujet à la pénalité de
trois ans et avoir droit à une prime de séparation. Alors, nous
pensons que c'est là un instrument, une possibilité de chantage
très grande à l'égard d'un directeur général
qui, devant un reproche mineur, pourrait fort bien choisir de
démissionner pour, d'une part recueillir ta prime de séparation
et, d'autre part, conserver ses chances d'être réembauché
dans le réseau.
En ce qui concerne les dispositions pour les fondations, de façon
générale nous supportons ces dispositions, mais nous attirons
l'attention du législateur sur le fait que, dans le cas de très
petites fondations, il peut s'avérer utile que peut-être pas le
directeur général, mais tout au moins un cadre puisse, pour une
très petite rémunération ou compensation, s'occuper de la
gestion de cette fondation, sans, pour autant, que cela mette en cause, je
dirais, le côté honnête et probe d'un cadre du
réseau. C'est difficile, cependant, de légiférer
l'exception dans un cas comme celui-ci, nous te reconnaissons, mais nous
désirions, quand même, faire part de cette préoccupation
aux membres de la commission.
Je vois que mon temps s'achève. M. le Président, avant de
conclure, nous tenons à resituer tout ce débat dans un certain
contexte qui est celui des cadres et des directeurs généraux des
centres d'accueil du Québec. (20 h 30)
Nous tenons à vous rappeler qu'une étude récente,
en 1986, du Conseil du trésor, qui fait
état de la comparaison de la rémunération des
cadres du réseau de la santé et des services sociaux avec ceux du
secteur privé, dénote un écart Important,
défavorable aux cadres du secteur public.
Nous rappelons également que, depuis au-delà de trois ans,
tous les partenaires du réseau ont reconnu l'urgente
nécessité de modifier en profondeur le système
d'évaluation des fonctions d'encadrement en vigueur depuis de nombreuses
années et qui défavorisent - c'est reconnu - les
établissements autres que les établissements hospitaliers.
Nous rappelons également - on le voit à pleines pages tous
les samedis dans la section Carrières et professions des journaux de fin
de semaine comme La Presse et Le Devoir qui font sûrement des revenus
intéressants avec cela - qu'il n'y a pas de politique gouvernementale de
planification des carrières pour les cadres et les dirigeants des
centres d'accueil comme des autres établissements du réseau de la
santé et des services sociaux.
Ces carences ne justifient, dans notre esprit, en aucune façon
les abus dénoncés récemment et ceux de même nature
qui pourraient exister. Mais nous répétons que, dans son analyse,
à notre avis, ce sont là des éléments dont le
législateur serait très Justifié de tenir compte.
En résumé, à la lumière de ces
considérations, M. le Président, l'Association des centres
d'accueil du Québec demande le retrait de l'article 7 du projet de loi
qui apparaît, à notre avis, inapproprié et excessif; des
modifications plutôt à la notion de conflit
d'intérêts, qui iraient dans le sens indiqué, cependant, au
niveau de la notion d'exclusivité. Nous souhaitons le respect de
l'autonomie des conseils d'administration dans l'approche retenue en cette
matière.
Si, finalement, le gouvernement décidait, quand même,
d'aller de l'avant avec une notion aussi étanche d'exclusivité de
services pour les directeurs généraux, la prudence et
l'équité imposent, à notre avis, au gouvernement ce qui
suit. Premièrement, la loi devrait, dans un premier temps, faire
obligation de divulguer aux conseils d'administration concernés les
situations qui tomberaient sous le coup de la notion d'exclusivité qui
est prévue dans le texte de loi, si elle était adoptée. Le
gouvernement pourrait se donner une année ou deux pour bien
évaluer la situation, connaître la situation réelle
plutôt que celle qui est appréhendée et agir une autre
année en conséquence quant à l'exclusivité de
fonctions. Deuxièmement, il nous paraîtrait illogique et
inéquitable que les directeurs généraux des 375
établissements de notre association et les autres du réseau de la
santé et des services sociaux vivent un régime d'exception.
M. le Président, l'Association des centres d'accueil du
Québec a déjà assuré et tient à redire
à la ministre que notre association a toujours préconisé
une gestion honnête, saine et efficace des fonds publics et que nous ne
cautionnons aucun comportement dérogatoire illégal ou immoral
à cet égard, non plus qu'en ce qui concerne le travail et
l'éthique des cadres de notre réseau. Nous appuyons donc le
gouvernement dans toute mesure qui vise cet objectif. Mais dans le cas qui nous
préoccupe, en ce qui concerne spécifiquement la notion
d'exclusivité de fonctions, nous le mettons en garde puisqu'il nous
semble que le remède est Inapproprié. Merci.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
l'ACAQ pour son mémoire. Je vois qu'elle a choisi une autre voie pour
examiner les dépenses de fonctions que l'Association des hôpitaux
du Québec, je pense que cela revient à l'initiative des
associations de juger de la meilleure façon de le faire. Je pense que ce
sera le résultat qui va compter là-dedans.
Je voudrais simplement - parce que je vais me discipliner pour laisser
la chance à mes collègues de poser des questions - faire quelques
remarques sur toute la question de l'exclusivité des emplois qui, au
fond, est l'article qui vous préoccupe le plus, si je peux dire. Je vais
revenir sur une partie des explications que j'ai données cet
après-midi. Cette fameuse exclusivité d'emploi, dans le fond,
nous l'interprétions... Vous dites que c'est un avis juridique du
ministère, mais cela en vaut peut-être un autre. Là n'est
pas tellement ta question. Les abus ou les problèmes qu'ont pu
créer l'ambiguïté ou la façon différente dont
les gens t'ont interprété, c'est cela qu'on doit, quand
même, essayer de corriger. Comme je le disais cet après-midi, ce
qui est prévu à l'article 7, c'est ceci: "Un directeur
général peut, toutefois, avec l'autorisation du ministre et celle
du conseil d'administration de rétablissement, occuper une charge,
fournir des services ou assumer des fonctions additionnelles". Je reviens
à ce que j'ai dit cet après-midi. Je pense que je suis
prête à examiner cela pour que cela demeure une
responsabilité du conseil d'administration d'abord et en premier lieu.
Je pense que j'aurai l'occasion de le dire à d'autres qui ne nous ont
pas entendus. Pour le reste, je pense que ceci vous donne la marge
nécessaire pour permettre au conseil d'administration de juger si la
fonction supplémentaire ou additionnelle qu'un directeur
général voudrait occuper peut se concilier, d'abord, avec son
travail et, ensuite, prendre un temps qui ne nuit pas à son travail. En
tout cas, je pense qu'il y a là une porte de sortie qui, dans le fond,
si on s'en tient à l'Interprétation que nous faisons, donne
ouverture à plus de souplesse que celle qui existe dans te moment.
Quant à votre question sur la rémunération pour le
travail bénévole, c'est toujours une
occupation reliée à une fonction
rémunérée. En ce qui a trait à du travail
bénévole, je pense que c'est l'Interprétation que vous
faites, mais je peux vous assurer qu'il n'est pas question d'empêcher le
travail bénévole.
Juste un autre point, parce que j'ai dit que je me disciplinerais, sur
la question du directeur général qui ne pourrait pas devenir
président de son association. J'Ignore si le président d'une
association, qui est un directeur général, est
rémunéré pour son poste de président ou s'il est
rémunéré pour tes dépenses de représentation
ou de fonction qu'il peut encourir. Mais dans un cas comme dans l'autre, encore
une fois, je pense que quelqu'un qui devient président d'une
association, normalement, doit en discuter avec son conseil d'administration,
j'imagine, et obtenir l'autorisation. Je n'y vois pas de difficulté. Je
pense que vous donnez une interprétation beaucoup trop stricte. Je pense
que cela a été une réaction naturelle des
différentes associations qui vont se présenter devant nous de
penser qu'on voulait tous "encarcaner" les gens pour qu'ils ne puissent plus
bouger. Je pense qu'il y a une flexibilité qui est introduite qui,
justement, donne une réponse à cette ambiguïté qui
existait dans la loi avant. J'arrête ici mes remarques à moins que
vous n'ayez quelques commentaires à faire.
Le Président (M. Bélanger): Vous avez des
commentaires, M. le directeur général?
M, Clair: Oui. Mme la ministre, nous sommes très
préoccupés de faire en sorte que, par le projet de loi que vous
déposez, quant à l'esprit de ce que vous poursuivez, vous
atteigniez votre objectif. Il est certain que, si l'autorisation ne devait plus
être donnée par le ministre, mais simplement par le conseil
d'administration, ce serait déjà un grand pas de franchi. Mais je
vous entendais dire cet après-midi, et combien vous aviez raison, que ce
n'est pas en soi parce que quelqu'un reçoit une
rémunération autre que celle qui lui provient de son
établissement, à titre de directeur général, qu'il
est nécessairement en conflit d'Intérêts, que souvent cela
provient d'une rémunération additionnelle, oui, qu'il se trouve
en situation de conflit d'intérêts. Mais je vous dirais quasiment
que c'est plus sur le plan de la technique législative, même si
l'autorisation devait venir du conseil d'administration plutôt que de la
ministre. Ce serait une amélioration très substantielle, mais il
n'en demeure pas moins qu'on est dans du droit très restrictif avec les
mots: "II ne peut occuper, hors de l'établissement, aucun autre emploi,
charge ou fonction, ni fournir aucun autre service si une
rémunération ou un avantage quelconque, direct ou Indirect, lui
est accordé de ce fait." Je ne voudrais pas discuter devant vous de cas
récents, mais les cas récents dont on a parlé, pour au
moins deux d'entre eux, sont à proprement parler des cas - pour le sens
com- mun - de conflit d'Intérêts avec le réseau et non pas
tant d'exclusivité de fonctions.
Je donne un exemple simple. Si je suis directeur général
d'un établissement et que je siège au conseil d'administration
d'un autre établissement, tel que la notion de conflit
d'intérêts existe actuellement dans nos lois, si je profite de ma
présence à ce deuxième conseil d'administration comme
membre pour envoyer à ma petite firme un petit contrat, cela ne tombe
pas actuellement, techniquement, sous ta notion de conflit
d'intérêts. Or, avec les dispositions que vous avez, on
attraperait cet individu, si on veut, par le biais de l'exclusivité de
fonctions. Mais c'est un peu par ricochet qu'on l'accroche.
Nous pensons sincèrement, Mme la ministre, qu'on pourrait
atteindre les cas que vous visez plus facilement en renforçant la notion
de conflit d'intérêts pour que cette notion ne s'applique pas
seulement à l'égard d'un directeur général ou d'un
cadre dans son établissement, mais dans le réseau pour que le
petit jeu de se renvoyer l'ascenseur réciproquement ne soit pas
possible. Egalement, si on veut énumérer des situations de
conflit d'intérêts, un président de conseil, M. Martel, qui
m'accompagne ici - cela fait seize ans qu'il est dans le réseau -
pourrait peut-être vous dire en quelques mots, à sa façon,
pourquoi nous pensons que c'est vraiment plus par le biais du conflit
d'intérêts que par le biais de l'exclusivité de fonctions
qu'on peut davantage atteindre l'objectif que vous souhaitez.
M. Martel (Gilles): Mme la ministre, depuis seize ans, je cumule
les fonctions de vice-président et de président de conseil
d'administration. Au cours des années, on a vécu des
problèmes assez graves au niveau des conflits d'intérêts.
Ce quf se produit assez souvent, c'est que vous avez un directeur
général qui est ami avec un entrepreneur, avec un architecte ou
un Ingénieur. Et, à un moment donné, dans les
constructions, il se produit des déficiences qu'on peut difficilement
régler parce qu'en fin de compte il y a des conflits quf surgissent. Il
y a de l'amitié ou peut-être des liens de parenté entre le
directeur général et l'entrepreneur. On les découvre
après que les travaux ont été réalisés. En
dernier ressort, qui paie les frais? C'est le gouvernement.
Dans mon cas, à Loretteville, cela s'est produit. La toiture
coulait, à un moment donné. On a découvert que le
directeur général était un grand ami de l'entrepreneur Et,
lorsqu'on est venu pour prendre des poursuites, le directeur
général n'a jamais voulu le faire. On a découvert,
après les délais légaux, qu'il n'avait pas pris de
poursuite contre l'entrepreneur. Ce sont des exemples qui se produisent.
C'est pour cela qu'on attache une importance plus spéciale aux
conflits d'intérêts qu'à l'exclusivité de fonctions.
Il est certain que c'est à ce niveau que vous allez régler bien
des problèmes. On irait même jusqu'à vous
suggérer
et à vous recommander d'exiger, dans la loi, que fe directeur
général fasse une déclaration d'intérêts,
qu'à chaque année il déclare ses intérêts.
S'il a des actions dans des compagnies, s'il a des placements, on aimerait le
savoir. A ce moment-là, cela servirait les Intérêts du
réseau et du conseil d'administration.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Le Président (M. Bélanger): Il reste huit
minutes.
Mme Lavoie-Roux: Je pense qu'il faut faire l'alternance.
Le Président (M. Bélanger): En vertu de la
règle de l'alternance, je vais, d'abord, donner fa parole au
député de Juliette. On reviendra à M. le
député de Sainte-Anne.
M. Chevrette: Je veux absolument passer avant M. le
député de Sainte-Anne. Je suis persuadé que cela lui
donnera des idées pour poser ses questions.
Avant de souper, le député de Sainte-Anne disait
qu'à toutes fins utiles tous les mémoires étaient
très positifs, qu'il n'y avait quasiment rien à changer. On en a
entendu trois jusqu'à maintenant et ce sont des amendements majeurs qui
sont proposés. C'est la perception même des principes fondamentaux
du projet de loi qui est remise en discussion; Il ne faut pas se leurrer
là-dessus. Quand on parle d'enlever la notion d'exclusivité,
alors que le projet de loi parle d'Introduire cette notion
d'exclusivité, c'est fondamental, ce n'est pas en l'air, ce ne sont pas
de petites divergences mineures. Il faudrait peut-être regarder cela de
près et réfléchir un peu sur ce qu'on entend.
Cela ne vous paraît pas curieux - celui des trois qui le voudra
répondra - qu'un gouvernement présente un projet de toi pour un
secteur seulement?
M. Clair: C'est l'un des commentaires que nous faisons. Nous
avons pris contact avec les autres associations d'établissements
d'autres secteurs, notamment dans le domaine de l'éducation. Et,
à l'analyse des textes réglementaires et des lois, pour le
réseau de la santé et des services sociaux, en ce qui concerne
les directeurs généraux et les cadres, si on compare les
principaux réseaux que nous connaissons, à savoir le
réseau municipal, le réseau des cégeps, le réseau
des commissions scolaires et le réseau de la santé et des
services sociaux, comme on l'a Indiqué dans notre mémoire, ce
serait un peu un régime d'exception. On ne dit pas qu'il n'y a pas
d'autres fonctions assez particulières déjà
encadrées par une définition très étroite
d'exclusivité de fonctions, mais c'est l'exception. À cet
égard, encore une fois, nous pensons que ce qu'il y a de
répréhensible, c'est que quelqu'un, dans un établissement
de santé et de services sociaux, se serve de son poste de directeur
général ou de cadre pour s'envoyer des contrats, à lui ou
à ses proches, d'une façon ou d'une autre, ou pour tirer de son
établissement ou d'un autre établissement du réseau une
rémunération que le simple citoyen considère comme
étant profiter de la situation. (20 h 45)
Remarquez que nous représentons beaucoup moins de très
gros établissements que ce qu'on voit dans le réseau hospitalier.
Des budgets de 50 000 000 $, 60 000 000 $, il n'y en a pas beaucoup dans le
réseau des centres d'accueil. On a beaucoup plus, cependant,
d'établissements où il y a deux cadres; il y en a une centaine.
Les possibilités de conflit d'intérêts sont beaucoup plus
grandes quand on est directeur général d'un établissement
dans le village Untel ou dans fa petite ville Unetelle. Je dois vous dire que
la question de qui pose te tapis dans la place, de qui va faire la
réparation de la toiture, la plomberie et tout ça, ce sont des
situations de conflit d'Intérêts qui, à notre avis, mettent
bien plus en danger une saine gestion des fonds publics que le fait de
savoir...
Je donne l'exemple de mon président qui est directeur
général du centre de services gérontologiques Beaumanoir.
Parce que M. Girard est Impliqué dans son milieu et croyait, lui,
à l'époque aux sentences exemplaires pour les personnes qui sont
condamnées pour actes criminels, dans son établissement il voyait
la possibiité d'avoir du travail bénévole de la part ces
personnes-là condamnées à une sentence communautaire.
Alors, n fait son petit bonhomme de chemin dans ce réseau. Il parvient
à se faire nommer commissaire communautaire pour tes libérations
conditionnelles. Cela lui rapporte la jolie somme, probablement, de 1000 $ par
année parce que ça fait une dizaine de présences. Il
attire dans son établissement des gens qui ont des sentences
communautaires par le tribunal. Mais, maintenant, techniquement pour faire
ça, ça va lui prendre la permission, soit de son conseil
d'administration ou la permission de la ministre.
Nous on dit: On ne pense pas qu'il peut procéder par le biais
d'un resserrement sur le plan très technique, encore une fois, parce que
les objectifs de la ministre, on les partage entièrement. C'est assez
désagréable comme association d'établissements de vivre
des événements qu'on a vécus que nous aussi, on souhaite
que ces choses-là ne se reproduisent plus. Mais on dit: La meilleure
façon d'en sortir, c'est par le biais du conflit d'intérêts
qu'il faut resserrer beaucoup plus que par la notion d'exclusivité de
fonctions.
C'est vrai qu'il y a des gens qui, dans le réseau, ont d'autres
activités de nature commerciale ou économique ou
financière. Mais nous pensons que, dans ta mesure où ce n'est pas
incompatible avec leur travail, ce n'est pas ça
qui est le problème. C'est la notion de conflit
d'intérêts.
Et, encore une fois, pour répondre plus spécifiquement
à votre question, on dit dans notre mémoire: Oui, on serait dans
une situation d'exception. Et pour peut-être un nombre que...
M. Chevrette: Vous avez habilement contourné ma question
par une habile réponse. Parce que je vous ai posé...
M. Clair: Je vais tenter d'y répondre.
M. Chevrette: ...comme question: Êtes-vous d'accord pour
que ce soit limité exclusivement aux services de santé et aux
services sociaux? Je comprends que vous avez répondu habilement en
disant sur quoi devait porter l'intérêt de la ministre.
Peut-être que vous n'étiez pas là au début des
remarques préliminaires des formations politiques. Ne croyez-vous pas
qu'un tel programme-cadre visant à légiférer sur les
conflits d'intérêts devrait être une approche beaucoup plus
globale, beaucoup plus gouvernementale portant sur l'ensemble des secteurs du
gouvernement plutôt qu'uniquement celui de la santé?
M. Clair: C'est la conclusion de notre mémoire. À
la toute fin du mémoire, une fois qu'on a fait les recommandations qu'on
croit justifiées et opportunes, nous disons à Mme la ministre: SI
le gouvernement décide, quand même, d'aller dans cette
direction-là, nous pensons qu'il y aurait lieu de procéder en
trois temps. Dans un premier temps, d'avoir une disposition
générale à l'égard de tous les cadres, de tous les
directeurs d'établissements publics, peu importe le réseau, de
divulguer les intérêts, ceux qu'on couvrirait par l'article 7.
Dans une première année, juste de faire l'obligation de les
divulguer et là, pendant une année, le gouvernement pourra
accumuler l'information qui lui sera transmise et, à la lumière
de l'analyse détaillée de ça, décider, dans un
deuxième temps, s'il décide d'aller vers la notion
d'exclusivité de fonctions sous peine de déchéance de
charge. Nous, on ne peut qu'Invoquer le sens de l'équité du
gouvernement, dans le fond, pour dire: Ne faites pas de notre réseau un
cas d'exception. Et ça, c'est très clair dans notre
mémoire que c'est le cri du coeur, si vous voulez, de nos 375
établissements de dire: Pourquoi nous?
M. Chevrette: Dans votre mémoire, également, M.
Clair, vous vous interrogez beaucoup sur la possibilité qui est
donnée par la loi au directeur général poursuivi de
démissionner. Est-ce à dire que vous Interprétez que la
législation, telle que présentée, peut devenir la porte de
sortie la plus facile pour empêcher d'être jugé correctement
et pour empêcher de te réinsérer dans te réseau le
lendemain matin, puisque l'article dit que, dès que tu
démissionnes, cela arrête le processus de déchéance.
Est-ce que vous pourriez commenter cet aspect-là?
M. Clair Prenons un cas concret de non-exclusivité de fonctions
qui serait à la marge. Les cas vont rarement, à notre avis,
être tout noirs ou tout blancs. Les cas litigieux auraient des chances
d'être Interprétables. Imaginons que le directeur
général d'un établissement n'ait pas dévoilé
un revenu de quelques milliers de dollars, de 4000 $ ou 5000 $, quelque chose
de substantiel, mais qui, en même temps, n'est pas vraiment un cas de
conflit d'Intérêts. Le directeur général de
l'établissement est en mauvais termes avec son conseil d'administration
quant à savoir, si on prend un centre d'accueil d'hébergement, si
on doit ou non développer un centre de jour dans notre
établissement plutôt que dans l'établissement d'une
municipalité voisine. Le directeur général est
fidèle et loyal aux indications du CRSSS et du gouvernement et il
semble, malheureusement, que cela va tomber dans le village voisin. Mal lui en
prend de se rendre aux arguments du conseil régional de ta santé
et aux orientations de la ministre; il résiste un peu à son
conseil. Là, on commence à le tasser un peu au pied du mur quant
à cette non-exclusivité de fonctions très
étanche.
Le danger, à ce moment-là, si on interprète bien le
projet de loi, c'est que, s'il démissionne, cela arrête toute
l'affaire. La tentation a des chances d'être grande pour cette personne,
vu qu'il n'y a pas là, comme le disait une association avant nous
aujourd'hui, de gradation... Ce n'est pas un petit manquement à
l'exclusivité de services, une petite punition, un moyen manquement, une
moyenne punition. Un manquement existe ou n'existe pas et, s'il existe, le
président du conseil doit enclencher la requête en
déchéance de charge. À ce moment-la, la tentation du
directeur général, s'il lit la loi ou s'il consulte un avocat,
sera vite de dire ce qu'on a souligné dans le mémoire:
Peut-être que tu devrais démissionner parce que tu vas pouvoir
aller chercher ta prime de séparation, ta rupture de contrat et,
deuxièmement, tu ne te barreras pas dans le réseau pour trois
ans.
Cela nous semble dangereux. Encore une fois, si la punition, si je peux
employer l'expression, était graduée en termes d'Importance du
manquement, il y aurait de la place à de la souplesse. Mais, dans la
mesure où cette souplesse n'existe pas dans le projet de loi, je
m'imagine, moi, directeur général d'un établissement; bien
que je considère que je n'ai pas commis de crime Important, on menace de
me poursuivre en quo warranta devant la Cour supérieure du district, de
me déchoir de ma charge. J'ai le choix entre me défendre devant
la Cour supérieure ou prendre une prime de séparation d'un an
avec la chance de me relocaliser dans le réseau; il me semble que le
choix va être vite fait. Mais j'avoue que, si le gouvernement
décidait d'aller dans la même direction, ce serait
corrigeable facilement, cependant. Cela n'a pas la même importance
ou le même poids que l'argument qu'on essaie de faire valoir sur le fait
de choisir le véhicule du conflit d'Intérêts pour resserrer
cela plus que * celui de l'exclusivité de fonctions.
M. Chevrette: M. le Président, étant donné
que Je viens de voir arriver le président du Conseil du trésor,
je voudrais en profiter pour redire que c'est lui qui aurait dû
présenter cette loi-cadre pour l'ensemble des secteurs de
l'activité gouvernementale. Je suis convaincu que Mme la ministre de la
Santé serait beaucoup plus à l'aise de voir son secteur
englobé dans l'ensemble des secteurs gouvernementaux et ce ne serait pas
deux poids, deux mesures. Ce ne serait pas ternir éventuellement la
réputation des professionnels de la- santé et des services
sociaux. Ce serait véritablement une volonté politique
exprimée pour l'ensemble des professionnels, pour l'ensemble des cadres
supérieurs et Intermédiaires, pour l'ensemble des conseils
d'administration qui, dans plusieurs cas, sont beaucoup plus en conflit
d'intérêts ou en possibilité de conflit
d'intérêts que le secteur de la santé et des services
sociaux. C'eût été une vision globale, c'eût
été administré non pas au gré du vent; parce qu'il
y a deux ou trois scandales en santé, on se "garroche" et on
présente une loi. Est-ce qu'on va attendre qu'il y en ait quatre
à la SAQ pour légiférer sur les cadres de la SAQ,
supérieurs, Intermédiaires ou légers? Est-ce qu'on va
attendre qu'Hydro-Québec fasse de même pour
légiférer sur les possibilités de conflit
d'intérêts à Hydro-Québec? Est-ce qu'on va attendre
qu'il y ait des possibilités de conflit d'intérêts - je ne
sais pas, moi - à la Caisse de dépôt, dans les
cégeps, dans les universités, dans le domaine de
l'éducation en générai, dans les commissions
scolaires?
Il me semble qu'on aurait pu profiter de l'occasion rêvée
pour montrer qu'on avait une vision globale en administration, qu'on voulait
juger les gens sur un pied d'égalité. Je voudrais
répéter au président du Conseil du trésor - que je
ne vols pas souvent, mais que je vois, présentement, derrière
vous, M. Clair - que je suis prêt à donner tous les consentements
pour qu'il devienne le parrain de cette loi, mais étendue à
l'ensemble des secteurs, et que cela puisse être adopté pour
Noël.
Personne ne veut de fraudeurs, c'est clair, je suis d'accord avec vous,
mais identifier et pointer du doigt un secteur aussi encadré, aussi
normé que celui de la santé en évitant de toucher aux
autres m'apparaît une faiblesse gouvernementale épouvantable.
Merci.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, très rapidement, M. te Président
D'abord, M. Clair, je suis très heureux de vous voir, parce que la
dernière fois, |e me le rappelle, vous étiez ministre et moi,
j'étais un simple membre de l'Opposition. Je tentais d'être
raisonnable. J'avais des suggestions, comme vous en avez maintenant. Je me le
rappelle très bien, vous aviez Le Devoir devant vous fermé et
vous n'écoutiez même pas. Donc, cela m'a un peu choqué dans
le temps. Mais je ne peux pas me reprendre et je suis prêt à vous
écouter.
Une voix: II n'est pas de l'Opposition maintenant.
M. Polak: Cela ne fait rien. Il n'est pas de l'Opposition, mais
il est tout de même ici. Savez-vous, dans la vie, c'est
Intéressant de voir comme cela peut changer. Peut-être que moi,
à un moment donné, je serai...
Le Président (M. Bélanger): Est-ce qu'on peut
revenir à la pertinence des débats, s'il vous plaît?
M. Polak: ...directeur général de l'Association des
centres d'accueil du Québec et je vous félicite pour votre
carrière.
Le Président (M. Bélanger): Cela ne
l'arrêtera pas.
M. Polak: M. Clair, j'ai lu votre mémoire cet
après-midi et je l'ai trouvé très Intéressant. Une
chose m'a frappé, tout de même, parce que la remarque a
été faite auparavant. Vous avez parlé à la page 9
des "petites fondations, tant au moment de leur mise en place que pour leur
fonctionnement". Le projet de loi interdit à tout directeur
général ou cadre d'accepter une somme ou quelque avantage que ce
soit d'une fondation. Je suis tout à fait d'accord avec cette
idée concernant les grandes fondations. Je voudrais peut-être
soulever un point concernant les petites fondations dans des régions un
peu plus éloignées. Quelle serait votre suggestion positive afin
de régler cela? Comment est-ce qu'on pourrait faire une distinction?
Là, je pose la question sans avoir consulté la ministre.
Voyez-vous, c'est de mon propre chef. Que pourrait-on faire pour que les
petites fondations soient capables de continuer à fonctionner?
M. Clair. D'abord, M. le député, je tiens à
préciser le contexte dans lequel les petites fondations fonctionnent,
encore une fois. Dans les très grands établissements, il y a
souvent des très grandes fondations qui sont dirigées par une
équipe avec un permanent, parfois même quelqu'un d'autre, bien
sûr, que le directeur général ou un cadre. Mais pour votre
compréhension, on a, dans l'Association des centres d'accueil du
Québec, très exactement 99 établissements qui comptent
deux cadres et moins. Donc, la plupart du temps, il s'agit du directeur
général et d'un directeur ou d'une directrice des soins
infirmiers,
du côté des centres d'accueil d'hébergement, avec
quelques autres en réadaptation.
Alors, se crée autour du conseil d'administration et des
bénévoles, une dynamique dans laquelle on veut créer une
fondation, mais de très modeste taille pour recueillir parfois les
donations des bénéficiaires à leur décès,
qui peuvent laisser quelques centaines de dollars, tout au plus, parce qu'il
s'agit rarement de personnes fortunées, pour recueillir les dons de
fournisseurs du centre d'accueil dans un village. Alors, on crée une
petite fondation pour le bénéfice des
bénéficiaires, cela va de soi. Vu qu'il n'y a que deux cadres et
que la réceptionniste est également la secrétaire du
directeur générai, la plupart du temps, bien souvent, qui va
prendre en charge la gestion de ces fonds? Cela va être la directrice des
soins ou le directeur général, il n'y en a que deux. Le conseil
d'administration de cette fondation va être en partie formé de
gens du conseil des bénéficiaires, des bénévoles et
des membres du conseil d'administration. Et, pour s'en occuper en quelque
sorte, en fin d'année on va peut-être laisser un petit quelque
chose à la directrice des soins ou au directeur général
pour les services rendus. Alors, nous, on dit, encore là: Techniquement,
te projet de loi est très étanche et, dans le cas des grandes
fondations - II n'y en pas seulement du côté hospitalier, il y en
a également du côté des centres d'accueil - on est d'accord
avec le texte de loi, à cet égard. (21 heures)
Maintenant, comment - pour répondre de façon plus
précise à votre question - pourrait-on libeller le projet de loi
de façon à continuer à permettre cela? En tout cas,
certainement, si on conservait cette possibilité pour un cadre en
plafonnant le montant par un pourcentage pour rendre vraiment symbolique la
"récompense", entre guillemets, d'un directeur général ou
d'une directrice de soins, nous, on pense que cela serait - comment vous
dirais-je - possible de le faire.
Maintenant, sur le plan de la technique législative, je dois vous
avouer que nous n'avions pas les ressources, ni le temps pour travailler
là-dessus, mais on voulait attirer votre attention. On sait qu'au
Comité de législation il y a tous les avocats qu'il faut pour
vous aider à préciser cela, si c'était la volonté
du gouvernement d'aller dans ce sens.
M. Polak: Deuxième et dernière question, quant
à moi. Là, on parie de conflit d'intérêts. La loi
devrait aussi préciser différentes formes possibles de conflits
d'intérêts, sans en faire une énumération
exhaustive. Je comprends l'idée qu'il y a des crimes plus graves et
qu'il y en a qui sont, disons, "borderline", comme le chef de l'Opposition les
a qualifiés. Disons, si le législateur pensait à
catégoriser cela, avez-vous des suggestions sur la manière de
délimiter cela?
M. Clair Je pense que ce que M. Martel indiquait tantôt serait une
excellente piste. Dans un premier temps, étant donné la
consanguinité ou, en tout cas, la promiscuité des conseils
d'administration des établissements - une problématique que Mme
Lavoie-Roux connaît très bien, où l'on retrouve tes
directeurs généraux au conseil d'administration d'une autre
administration; il y a un côté positif à cela, mais il y a
un côté dangereux, aussi, qui est celui du conflit
d'Intérêts - nous, on dit: il suffirait de remplacer les mots "de
l'établissement"... J'ai devant moi l'article 95 sur les conflits
d'intérêts où on dit: Un directeur général
d'un établissement public ne peut, sous peine de déchéance
de sa charge, avoir un intérêt direct ou indirect dans une
entreprise qui met en conflit son intérêt personnel et celui de
l'établissement. Alors, on pourrait dire son intérêt
personnel, celui de l'établissement et celui du réseau de la
santé et des services sociaux. Alors, cela viendrait couvrir le cas de
quelqu'un qui profite du fait d'être membre d'un conseil d'administration
d'un établissement pour faire donner un contrat à sa firme
privée de consultants de je ne sais plus combien de centaines de
milliers de dollars.
En ce qui concerne, maintenant, la façon de préciser les
formes possibles, le gouvernement pourrait fort bien se donner un pouvoir
réglementaire lui permettant de formuler la déclaration
d'intérêts que devrait déposer annuellement au conseil
d'administration le directeur général ou un cadre pour
dévoiler ses intérêts. Ainsi, si j'ai une firme qui
s'appelle Clair Michel inc. dont je suis l'actionnaire minoritaire, mais dont
je suis le seul employé, le conseil d'administration va l'avoir, le
renseignement.
Et, si c'est le chemin qu'on prenait pour couvrir ces cas, on est
convaincu que cela ne demanderait pas un effort d'imagination terrible pour
énumérer dans ce règlement les situations possibles de
conflits d'intérêts et pour prévoir l'obligation de
déclarer ses intérêts annuellement.
Le Président (M. Bélanger): Alors, le temps est
écoulé. En conclusion, M. le député de Joliette...
Ah, M. le député de Gouin.
M. Rochefort: Une courte question, M. le Président.
Concernant la divulgation de certaines Informations sur les états
financiers des établissements, on retrouve, à la page 10 du
mémoire, le paragraphe suivant: "SI nous n'avons pas d'objection de
principe, nous croyons qu'il sera important de tenir compte des contextes
sociaux dans lesquels oeuvrent les centres d'accueil, de la pertinence de la
publication de certaines Informations et de la protection des renseignements
nominatifs au sens de la loi sur l'accès à l'information."
Je crois comprendre ce que vous voulez dire, mais j'aimerais cela que
vous développiez un peu plus précisément ce à quoi
vous pensez
comme situations qui pourraient poser des problèmes quant
à la divulgation de certaines Informations sur les états
financiers, que vous distinguiez entre les objectifs visés et les
conséquences prévisibles de problèmes particuliers que
cela pourrait poser à certains établissements.
M. Clair: Très brièvement, c'est l'article 8,
à la page 9 du projet de loi, où on dit: Les membres du conseil
d'administration doivent présenter à la population "les
renseignements prescrits quant à leurs états financiers. Ils
doivent en outre répondre aux questions qui leur sont adressées
relativement à ces états financiers." C'est en bonne partie la
nouvelle dimension.
Au centre d'accueil Émilie-Gamelin, à Montréal,
où il y a plusieurs centaines de bénéficiaires et
plusieurs centaines d'employés, si quelqu'un se présente à
l'assemblée et dit: M. le président, j'aimerais savoir le prix de
chacun des repas que notre directeur général a pris à
l'extérieur - cela a peu de chances de se produire, mais si cela se
produisait - de toute façon, même si les journalistes
étaient présents en grand nombre, à moins qu'il n'y ait
pour 1200 $ de vin pour les amis, cela a peu de chances de faire du ramdam.
Sauf que, dans un petit établissement en milieu rural, par
exemple - et c'est surtout à ceux-là que nous pensions en faisant
ce commentaire - il y a une confrontation entre la protection des
renseignements nominatifs pour les quelques cadres qu'il peut y avoir dans
l'établissement Souvent, dans le milieu rural, notre
établissement est le plus gros employeur et le directeur
général a des chances d'être ta personne qui occupe la plus
haute fonction dans son milieu local, excepté le maire. C'est sujet
jusqu'à un certain point à un certain voyeurisme de la part de
quelqu'un qui voudrait venir faire du trouble, parce que le directeur
général pense être candidat à la mairie du village
Untel. Là, où s'arrête l'obligation de répondre aux
questions par rapport à ta protection des renseignements nominatifs dans
les petits milieux? C'est ce sur quoi on attire l'attention, mais nous n'avions
pas de solution à proposer.
M. Rochefort: Ah, bon, d'accord. Parce que le dernier
élément de votre réponse soulevait justement une question:
Où faut-il arrêter? Merci.
Le Président (M. Bélanger): Bien. En conclusion, M.
le député de Joiiette.
M. Chevrette: Je tiens à vous remercier, messieurs. Je
peux vous assurer qu'il y a quelques idées que je trouve fort
intéressantes et qui nous permettront de rédiger des amendements.
Comme fa ministre a dit à plusieurs reprises sa grande foi aux
administrateurs publics, son désir de responsabiliser les membres des
conseils d'administration, on présentera des amendements en ce sens lui
permettant d'être cohérente avec son discours.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je veux juste clarifier quelques points avant
que vous quittiez, parce qu'ils ont été soulevés à
plusieurs reprises. Il n'y a pas d'autorisation à obtenir pour les
emplois non rémunérés, le bénévolat, etc.
J'espère que c'est clair et compris.
M. Clair : Oui, madame.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Les emplois additionnels ou les occupations
additionnelles peuvent être exercés avec autorisation. Là,
on a convenu qu'il fallait peut-être laisser cela aux conseils
d'administration. En tout cas, on verra les modalités.
Justement un autre point Quand vous dites que les directeurs
généraux pourraient être l'objet d'opérations de
lynchage parce que le conseil d'administration va les égorger s'ils ont
été en conflit d'intérêts, je vous ferai remarquer
que ce n'est pas le conseil d'administration qui va faire cela, c'est
véritablement la Cour supérieure. Il y a la possibilité de
démission et, dans l'autre cas, c'est la Cour supérieure, selon
le Code de procédure civile. Je pense qu'il ne s'agit pas pour les
conseils d'administration de décider de lyncher leurs gens sans qu'il y
ait possibilité de se faire entendre.
Mais, à tout événement, je veux vous remercier en
vous faisant remarquer - cela ne fait pas longtemps qu'on l'a augmenté,
peut-être pour la troisième fois - que nous n'avons pas Introduit
de notions nouvelles pour la santé et les services sociaux. Qu'on vienne
resserrer, oui. Mais depuis que la première loi a été
adoptée en 1971, la question de conflit d'intérêts, la
question d'exclusivité d'emploi, qui, à ce moment-là,
était davantage l'emploi a plein temps, existaient Nous n'innovons pas
dans ce sens-là. On vient plutôt resserrer les règles, si
vous voulez. Dire que c'est comme si on créait tout à coup des
choses absolument nouvelles, je pense que c'est peut-être un petit peu
exagéré. Je vous remercie.
Le Président (M. Bélanger): Un dernier commentaire
très bref, avant la fin...
M. Clair: Oui, très brièvement, M. le
Président. Je voudrais remercier les membres de la commission de nous
avoir Invités et reçus. Je voudrais remercier Mme la ministre
pour son ouverture en ce qui concerne les amendements qu'elle semble envisager
à l'article 7 et lui réitérer une dernière fois, en
tout cas, quant à nous, notre profonde conviction qu'il serait
préférable d'utiliser le véhicule du conflit
d'intérêts pour atteindre les objectifs légitimes
qu'elle souhaite plutôt que celui de l'exclusivité de
services.
Mme Lavoie-Roux: J'ai vraiment eu l'impression que l'accent
était mis là-dessus dans votre mémoire.
Le Président (M. Bélanger): M. le directeur
général de l'Association des centres d'accueil et tes autres
membres de votre équipe, nous vous remercions pour la qualité de
votre mémoire et de votre présence ici, à notre
commission.
J'Inviterais maintenant l'Association des administrateurs des services
de santé et des services sociaux du Québec à se
présenter. Cette association est représentée par le Dr
Benoît Dumais, le vice-président du conseil, par Mme Marielle
Lavallée, officier du conseil, par Mme Marie-Hélène
Ouellette, secrétaire du conseil, et M. Robert Savard, directeur
général de D'association.
M. Savard, il n'y a pas eu de mémoire écrit qui a
été déposé, n'est-ce pas?
Association des administrateurs des services de santé et des
services sociaux du Québec
M. Savard (Robert): M. le Président, je voudrais,
derechef, offrir mes excuses à la commission pour les
inconvénients que le problème que nous avons eu peut causer aux
membres de la commission. Une de mes proches parentes est
décédée mercredi et l'état de la forme de notre
mémoire ne me paraissait pas convenable pour le remettre à la
commission. Dans la mesure où c'est utile, nous allons faire diligence
et nous pourrions remettre un texte dans les prochains jours. À tout
événement, le contenu, quant à lui, pourra quand
même être compris.
Le Président (M. Bélanger): D'abord, je veux
souhaiter la bienvenue à votre association et je vais vous expliquer que
vous avez 20 minutes au maximum pour présenter votre mémoire et
que chaque formation a 20 minutes pour vous questionner, pour la partie
d'échanges. Je vous invite donc à présenter votre...
M. Savard: Merci, M. le Président. Les membres de notre
association désirent d'abord remercier la commission parlementaire des
affaires sociales pour nous avoir transmis cette invitation. Nous avons
décidé, évidemment, étant donné certains
aspects du projet de loi, qu'il était important de participer et
d'accepter cette invitation.
Nos représentations vont comporter essentiellement deux parties.
D'une part, nous voudrions, dans la première partie, rappeler,
décrire le contexte dans lequel vont s'ajouter la loi 97 et les
règlements qu'elle prévoit. Dans une deuxième partie, nous
voudrions faire des commentaires sur certaines dispositions du projet de loi
lui-même et, bien entendu, non seulement faire des commentaires mais
tenter de proposer des solutions aux problèmes que nous aurions
décelés.
Dans la première partie, le contexte... Il ne s'agit
évidemment pas dans les circonstances, pour nous, de refaire une
description globale des lourds défis que doit assumer, maintenant et
dans l'avenir, l'État québécois au titre de sa mission
sociosanitaire. Tout le monde, et très certainement les membres de cette
commission, sont très familiers avec le phénomène de ta
demande grandissante de services de la part de la population, ou en tout cas de
certains de ses éléments, de plus en plus lourdement
handicapée, entre autres par l'âge.
Il y a évidemment tous les défis nouveaux auxquels il faut
répondre dans un contexte de ressources qui n'ont pas l'air de vouloir
s'ajuster à la demande. Ce contexte concerne toute notre
société, mais il concerne au premier rang les cadres du
réseau de la santé et des services sociaux qui oeuvrent dans les
établissements. Ce sont les cadres qui se retrouvent au premier rang
pendant les assemblées publiques d'Information, par exemple, qui doivent
répondre aux interrogations poussées des médias et qui
doivent supporter les aléas d'un management de plus en plus difficile
quand ce n'est pas, pour parler d'un passé récent, mais combien
douloureux, de remplacer les gens qui font des grèves
illégales.
Qui sont ces cadres qui maintenant et plus tard, comme je le disais,
vont devoir continuer à relever des défis d'une ampleur que - je
le dirais en toute modestie - les autres réseaux n'auront pas à
relever puisque, au lieu d'une augmentation de la demande, Ils devront faire
face au problème inverse de la réduction des clientèles?
D'abord, ce ne sont pas des gens qui touchent tous les 97 000 $ ou les 105 000
$ par année dont on a parlé il y a quelque temps dans certains
milieux. En réalité, les dernières statistiques
officielles disponibles, celtes publiées le 22 avril de cette
année, indiquent que le groupe des cadres supérieurs et des
cadres intermédiaires du réseau recevaient au 31 mars 1986 un
salaire annuel moyen de 38 985 $. On est donc loin des chiffres faramineux qui
ont été lancés. Cela fait d'ailleurs partie du contexte,
cette espèce de surenchère à la chasse aux
sorcières que certains médias ont faite par rapport au
problème actuel. (21 h 15)
D'autre part, tes cadres supérieurs intermédiaires du
réseau de la santé et des services sociaux, c'est environ 15 000
personnes qui occupent des postes, la plupart à temps plein, mais aussi,
et c'est une des caractéristiques de ce réseau, un bon nombre le
font à temps partiel dans les établissements du réseau.
C'est un chiffre important surtout si l'on considère que les deux autres
principaux secteurs, soit la fonction publique et l'éducation, ensemble,
n'atteignent pas tout à fait le même nombre. Donc, les cadres de
la santé et des services
sociaux, au total, cela constitue un groupe aussi important que les
cadres et hors cadres des autres secteurs.
Ce n'est pas le seul élément qui est
caractéristique de notre réseau. On ne m'en voudra certainement
pas de continuer à décrire le contexte en comparant notre
réseau et les cadres qui y oeuvrent en particulier avec le réseau
de la fonction publique. Je suis rassuré par rapport aux
Inquiétudes que je pourrais avoir là-dessus puisque les journaux
nous ont appris, dans les derniers jours, que c'est précisément
le style de comparaison que te comité de l'Assemblée nationale
Lavoie-Fréchette a suivi pour déterminer, pour trouver des
solutions à certains problèmes qui lui avaient été
soumis. Ce comité, vous le savez, a fait des comparaisons avec le
réseau de la fonction publique.
Cette comparaison, quand on la fait pour les cadres du réseau des
affaires sociales avec les cadres de la fonction publique, est
particulièrement significative si l'on veut bien comprendre le contexte
de travail dans lequel ont à oeuvrer les cadres de notre réseau.
Une conclusion s'en dégage avec beaucoup de points d'appui. Les
conditions normatives de travail que l'État québécois a
fixées pour tes cadres de la santé et des services sociaux sont,
en général, substantiellement Inférieures à celles
que le même État a déterminées pour les cadres de la
fonction publique. C'est étrange parce que c'est le même
décideur et c'est le même payeur. Cette discrimination se
manifeste, entre autres, sur un certain nombre d'exemples que je voudrais vous
donner brièvement.
Concernant le droit de recours, par exemple, vous savez certainement
qu'un cadre de la fonction publique a un droit de recours exécutoire
complet en ce qui concerne l'ensemble de ses conditions de travail, à
quelques exceptions près. Il peut ainsi demander à un tiers
indépendant non seulement d'annuler, mais même de remplacer une
décision le concernant sur l'application des règles concernant sa
rémunération, la détermination de son expérience,
le congédiement, la rétrogradation, la suspension, le refus d'une
promotion, les frais de déplacement, les frais de repas, de
déménagement, et j'ai marqué et caetera, parce qu'il y a
encore beaucoup d'autres choses.
Les cadres du réseau de la santé et des services sociaux,
en 1987, ne bénéficient toujours pas d'un tel mécanisme
pour résoudre les problèmes qui se posent. À l'exception
de la rupture du lien d'emploi pour juste cause, les cadres du réseau
n'ont aucun recours comparable à ce qui existe depuis longtemps pour les
cadres au service de l'État. C'est pire en raison des limites fort
restrictives à la notion de congédiement et aux pouvoirs de
l'arbitre contenus dans le décret s'appliquant aux cadres de notre
réseau, parce qu'il y a un décret. Le simple citoyen qui a
accès à la Loi sur les normes du travail est mieux
protégé par cette loi que les cadres du réseau de la
santé et des services sociaux ne le sont par un décret
spécifique qui, Ironie du sort, leur bloque l'accès à la
Loi sur les normes du travail. Dans cette optique, c'est avec grande
satisfaction que nous avons reçu l'annonce par Mme la ministre,
récemment, qu'elle croyait bon d'examiner la possibilité de
mettre en place certains mécanismes de recours pour résoudre les
problèmes d'Interprétation et d'application relatives aux
conditions de travail des cadres du secteur de la santé et des services
sociaux.
Autre élément du contexte qui est fort Important, tes
cadres du réseau de la santé ne bénéficient
généralement pas de moyens de se prévenir contre les abus,
contre l'arbitraire, contre ce dont le gouvernement a lui-même
jugé nécessaire de protéger ses propres cadres.
Conclusion: dans le réseau de la santé et des services sociaux,
quoiqu'il arrive, dans presque tous les cas, dans presque toutes les
décisions qu'un cadre a à prendre, y compris celles qui
contribuent à une saine gestion, le cadre du réseau le fait
à la force de ses poignets et, je dirais, sans filet. Il y en a qui
l'expérimentent... Il y a des cadres du réseau, au moment
où je vous parle, qui ont tenté de dénoncer les situations
inacceptables et ils ne sont plus à l'emploi des établissements
de la santé et des services sociaux. Cette insécurité
omniprésente, |e pourrais donner d'autres exemples, ne devrait pas
normalement paralyser les cadres qui sont vigoureux, forts et capables de
résister à des pressions, et on devrait penser que leur
compétence constitue leur meilleure protection. Ce serait oublier, si on
en arrivait à cette conclusion, que les mesures disciplinaires sans
droit de recours et les congédiements pour cause ne sont pas les seules
sources de l'Insécurité des cadres. En effet, c'est par centaines
qu'on compte les cadres qui ont perdu, durant les dernières
années, leur emploi, non pas pour cause, non pas par
Incompétence, mais parce qu'on a refait l'organigramme de leur
établissement. D'ailleurs, le phénomène a malheureusement
l'air de connaître de l'ampleur récemment; cette ampleur est
peut-être appuyée par les trouvailles de ce qui semble être
les nouveaux messies de la gestion du réseau, les boîtes de
consultants externes, qui, Inévitablement et à grands frais,
aboutissent très souvent à proposer des modèles
standardisés à peu près dans tous les
établissements où ils passent.
Ces modifications d'organigrammes aboutissent surtout en pratique
à mettre un cadre en disponibilité. Or, moins de la moitié
des cadres mis en disponibilité depuis le début du système
en 1983 ont pu être replacés, moins de la moitié. Par
contre,qu'arrive-t-il aux cadres de la fonction publique que l'Office des
ressources humaines n'arrive pas à replacer? La Loi sur la fonction
publique et les CT pertinents y pourvoient. Ce cadre peut se voir attribuer un
nouveau classement et, dans ce cas, ce nouveau classement ne peut
entraîner une diminution du
traitement annuel auquel II a droit avant de se voir attribuer un
nouveau classement. Dans le réseau de la santé et des services
sociaux, le décret 412-85 s'occupe aussi de régler, si on veut me
permettre l'expression, le cas du cadre qui n'a pu être replacé.
L'article 59 du décret 412-85 dit: "Un cadre non replacé est mis
à pied pas son employeur et cesse de recevoir des services de
replacement du comité directeur. L'employeur lui verse une
Indemnité égale à un mois de salaire." Voilà!
Donc, Je pense qu'il y a assez d'exemples éloquents pour conclure
que les cadres du réseau de la santé et des services sociaux
oeuvrent dans un contexte de conditions très génératrices
d'insécurité. Il n'y a rien d'autre à côté
qui compense pour cela, surtout pas les conditions salariales qui sont les
mêmes dans tous les réseaux.
Les besoins de sécurité, c'est fondamental, mais ce n'est
pas tout. Sur plusieurs autres aspects, l'État traite beaucoup moins
bien les cadres de son secteur santé et services sociaux que les cadres
de la fonction publique. Ainsi, par exemple, le perfectionnement des cadres.
Dans le secteur de la fonction publique, le gouvernement accordait, de 1982
à 1986, un budget de perfectionnement en moyenne de 300 $ per capita;
dans l'éducation, 250 $; dans les affaires sociales, 23 $. Ces
conditions, ces disparités, puisqu'il faut les appeler par leur nom,
nous les trouvons tout simplement Inconcevables et inacceptables. Ces mots
paraissent tout à fait appropriés pour décrire le contexte
d'insécurité et de disparité dans lequel doivent oeuvrer
les femmes et les hommes cadres du réseau de la santé et des
services sociaux.
Au moment où on reconnaît enfin l'existence de ces
disparités, le projet de loi 97 s'apprête non pas à
profiter de l'occasion pour corriger les disparités, mais il pourrait,
s'il était adopté tel qu'il est présenté en
première lecture, créer de nouvelles disparités et il
pourrait créer, pour les cadres, des conditions plus exigeantes qui
n'ont pas de correspondance ailleurs. Je dis "pourrait", M. le
Président, parce que, à vrai dire, pour les cadres, le projet de
loi lui-même, si on le lit à la lettre, Indique que le
gouvernement pourra faire des règlements qui établiront les
normes relatives à l'exclusivité et aux conflits
d'Intérêts, de sorte qu'on retrouve... Ce règlement n'est
évidemment pas l'objet de consultation dans cette commission
parlementaire pour l'instant. D'ailleurs, nous souhaiterions, lorsqu'il sera
élaboré, qu'il fasse l'objet d'un même examen de
façon que les cadres supérieurs et les cadres
intermédiaires puissent aussi venir faire des représentations sur
ce sujet.
On trouve, dans le projet de loi 97, des dispositions qui s'adressent
à tout l'encadrement, directeurs généraux, cadres
supérieurs et cadres intermédiaires. Par exemple, les avantages
reçus d'une fondation et la prohibition d'avantages concernent tout
l'encadrement. Il y a des dispositions qui concernent seulement les directeurs
généraux, de façon stricte, mais qui seront
éventuellement étendues aux cadres, ce sont celles concernant les
conflits d'intérêts et l'exclusivité de services.
Dans cette deuxième partie, Je vais vous faire part des
commentaires de l'association sur les points que j'ai mentionnés.
Généralement, l'association n'a pas un point de vue
négatif sur les objectifs poursuivis par le projet de loi. Ainsi, par
exemple, en ce qui regarde les conflits d'Intérêts, notre
association avait déjà Indiqué d'ailleurs, à cette
même commission, en 1985, lors de l'étude du projet de
règlement découlant de la loi 27, qu'il fallait vraisemblablement
aller plus loin dans les mesures devant être décrites pour
prévenir les conflits d'intérêts. Là-dessus, notre
association a d'ailleurs largement communiqué avec ses membres pour leur
manifester qu'elle soutient entièrement les mesures visant à une
plus grande rigueur administrative.
Cependant, en ce qui regarde les mesures prévues dans le projet
de lof 97, nous trouvons que les sanctions qui y sont manquent de mesure. Il
n'est pas impossible, effectivement, qu'à un moment donné un cas
très grave doive être sanctionné par la
déchéance de charge. Mais, comme dans la fonction publique, les
mesures disciplinaires - réprimandes, suspensions, congédiements
- selon la gravité du conflit d'intérêts, devraient
être des possibilités pour sanctionner un manquement aux
règles concernant les conflits d'Intérêts.
D'autre part, pour ce qui est de la sanction additionnelle dont on ne
parle pas assez, suivant la déchéance, II y aura le bannissement,
c'est-à-dire l'impossibilité d'exercer un autre recours. Je pense
aussi que cette sanction particulière pourrait, dans certains cas,
être excessive et qu'il faudrait, là-dessus, non pas être
indulgent à l'égard du conflit d'intérêts - pas du
tout, il faut être rigoureux à l'égard du conflit
d'Intérêts - mais être nuancé quant aux mesures
à prendre pour le réprimer.
Une autre chose que nous ajouterions également et que nous avons
déjà proposée a d'autres moments, il ne s'agit pas
simplement de réprimer les conflits d'intérêts, il
faudrait, d'une certaine façon, s'organiser pour les prévenir.
Là-dessus, notre association a déjà proposé - je
reviens sur cette recommandation - que la ministre ou le gouvernement, dans ce
projet de loi, après l'avoir élaboré en concertation avec
les partenaires du réseau, employeur et cadres, se donne le pouvoir de
décréter par règlement un code de déontologie qui
ajouterait à ce que la loi fait au chapitre du fonctionnement. De sorte
qu'on serait tout à fait capable, de façon pratique, d'arriver
non seulement à sanctionner et à réprimer les conflits
d'intérêts, mais également à les
prévenir.
Une autre disposition du projet de loi 97 concerne les avantages
reçus des fondations. Brièvement là-dessus, nous sommes
tout à fait
d'accord que les fonds perçus par les fondations ne devraient en
aucun cas servir à compenser des rémunérations
jugées Insuffisantes pour les cadres, quelle que soit la situation.
Cependant, d'après nous, le nombre réduit de cadres qui
recevaient de telles compensations nous fait hésiter sur le
caractère général des dispositions contenues dans le
projet de loi. Le message qui est passé n'est pas nécessairement
compris parce que l'ensemble des cadres se sent peu concerné par une
telle prohibition, puisque peu de cadres sont dans cette situation. (21 h
30)
D'autre part, le problème que nous voyons également, c'est
celui des fondations qui vont devoir remplacer les cadres à qui elles
demandent des services pour leur gestion et pour l'organisation et
l'encadrement de leur campagne. Bien sur, les cadres, pour cela, peuvent faire
du bénévolat; et c'est une chose à encourager. Mais tout
ne peut pas nécessairement être satisfait par le
bénévolat et nous craignons que les fondations, ne pouvant plus
avoir recours aux services rémunérés de cadres
compétents dans l'établissement avec lequel ils font affaire,
doivent avoir recours, dans certains cas, à des ressources
extérieures. Peut-être qu'elles seront moins
expérimentées, peut-être qu'elles seront plus
coûteuses. Ce qui nous paraîtrait être la limite des actions
des cadres, la sanction des cadres à cet égard, cela devrait
être le conflit d'Intérêts. Par rapport à cela, un
cadre devrait, dans les faits et les apparences, éviter de se mettre en
situation de conflit d'Intérêts; par ailleurs, une fois ces
limites respectées, il faudrait laisser les parties libres de convenir
des arrangements qui sont conformes à la lof.
Pour ce qui est de l'exclusivité des services, il nous
apparaîtrait, M. le Président, que le texte de l'article 4 de la
Loi sur la fonction publique serait bien suffisant pour établir la
norme. Cette loi dit que le fonctionnaire exerce habituellement et
principalement les charges de sa fonction. Il faut quand même se rendre
compte que le contrat d'un cadre, même le contrat de travail d'un cadre
supérieur ou d'un directeur général, c'est un contrat de
travail, ce n'est pas un contrat de propriété. Nous sommes en
désaccord complet; une fois remplies leurs obligations contractuelles et
une fois mis à l'abri, ayant pris les précautions
nécessaires pour éviter d'être en conflit
d'Intérêts réel ou apparent, les cadres devraient
conserver, comme tous les citoyens, comme les cadres des autres secteurs, la
possibilité d'avoir les engagements, de remplir les fonctions qu'ils
veulent
Le Président (M. Laporte): Je vous rappelle que votre
temps est présentement écoulé.
M. Savard: Je conclurai, M. le Président, en indiquant
qu'on devrait profiter de l'occasion de ce projet de lot pour se donner des
dispositions législatives, qui, sans régler tous les
problèmes, habiliteraient le gouvernement ou la ministre à passer
des règlements qui lui donneraient une marge de manoeuvre que l'article
154 actuel de la loi ne lui donne pas. Un certain nombre de choses devraient
être corrigées, j'en ai mentionné plusieurs.
Je voudrais faire une dernière remarque. Certaines des
dispositions concernant les conditions de travail me semblent étranges.
Je pense à l'article 154.1 créé par l'article 11 du projet
de loi et à l'article 134.1 qui est créé par l'article 9.
Le premier concerne les normes d'exclusivité, de conflits
d'intérêts; l'autre concerne la prohibition de recevoir des
avantages d'une fondation. Ils ne s'appliquent qu'aux cadres travaillant dans
les établissements publics. A moins que je fasse erreur, beaucoup
d'établissements privés fonctionnent à même tes
fonds publics, littéralement. Nous ne voyons pas pourquoi les
établissements qui sont concernés par les articles 176 et 177 et
qui sont donc couverts par les règlements sur les autres conditions de
travail des cadres ne seraient pas aussi couverts en ce qui regarde les
règlements touchant les normes relatives aux conflits
d'Intérêts et les normes relatives à l'exclusivité.
Si on lit bien l'article 9 et l'article 11 du projet de loi, on parte des
établissements publics. À l'article 154.1, le vocabulaire est un
petit peu différent, ce ne sont pas les mêmes
établissements qui sont couverts que par 154. Étant donné
que tout le temps est écoulé pour l'exposé, M. le
Président, je conclus là-dessus sans faire ta synthèse des
propos que j'ai tenus.
Le Président (M. Laporte): On vous remercie beaucoup, M.
Savard. De toute manière nous allons avoir l'occasion d'approfondir avec
les questions. Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
l'association des cadres intermédiaires, qui m'avait d'ailleurs
assurée, par télégramme préliminaire, leur
acquiescement à ce que des mesures soient prises par le gouvernement
pour contrer les abus qui pouvaient résulter de conflits
d'Intérêts. Vous aviez signalé votre accord, au chapitre
des principes, en tout cas, avec la nécessité pour le
gouvernement d'Intervenir et vos objectifs d'une saine gestion des fonds
publics. Je pense que c'est exact. Vous avez présenté votre
mémoire en deux parties. La première touche largement les
préoccupations que vous entretenez comme cadres intermédiaires et
dont nous avions d'ailleurs eu l'occasion de nous entretenir alors que vous
m'aviez fait part de ce qui vous paraissait être des disparités
entre les cadres des affaires sociales et les cadres d'autres ministères
de la fonction publique. Je ne reviendrai pas là-dessus. Je pense qu'il
était tout à fait légitime de profiter d'une commission
parlementaire pour sensibiliser les membres à ces problèmes
particuliers.
M. Chevrette: C'est la ministre qui est...
Mme Lavoie-Roux: Ah! C'est la ministre. Oui, mais il y a eu aussi
d'autres ministres...
M. Chevrette: Ah! Mais je vais vous en parler, vous allez
voir.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Bon. Mais en ce qui a trait au projet de
loi 97, je voudrais vous rassurer. C'est d'ailleurs par voie
réglementaire que nous allons spécifier à qui des
règles d'exclusivité ou des règles sur les conflits
d'intérêts pourraient s'appliquer. C'est-à-dire que
personne ne doit être en conflit d'intérêts mais, quant aux
règles d'exclusivité, on sait fort bien, pour donner quelques
exemples, que dans le cas des cadres Intermédiaires, comme les gens qui
travaillent à temps partiel, les gens qui sont en congé sans
traitement ou d'autres catégories de cadres... C'est vraiment dans le
but de couvrir ceux qui pourraient être en conflit
d'Intérêts. On a eu des exemples de cadres Intermédiaires
qui se trouvaient en conflit d'intérêts. Il ne s'agit pas de dire
s'il y en avait plusieurs ou peu, mais je pense qu'on veut corriger cette
anomalie. Dans ce sens, je veux vous rassurer, il ne s'agit pas -
peut-être sur le fond - d'avoir les mêmes règles quant
à couvrir tous les directeurs généraux; il ne s'agit pas
de la même chose dans le cas des cadres Intermédiaires.
Une chose m'étonne un peu en ce qui a trait aux fondations. Si
les cadres Intermédiaires ne peuvent pas recevoir de
rémunération à cause du travail qu'ils peuvent être
appelés à faire pour les fondations, je pense qu'il y aura
toujours loisir, pour un conseil d'administration d'un établissement qui
juge que la participation d'un cadre Intermédiaire à
l'organisation d'une fondation ou de quelque chose comme cela, finalement, est
utile à l'établissement... Je pense que le conseil
d'administration peut vous demander de participer à l'organisation de la
campagne, mais sans rémunération parce que le principe est qu'on
ne veut pas que l'argent recueilli auprès du public serve à
rémunérer tes personnes. Vous direz peut-être qu'il y aura
des frais de représentation parce qu'on sera peut-être
obligés de se déplacer ou quelque chose comme cela; je pense
qu'il appartiendra au conseil d'administration de rétablissement d'en
décider, parce qu'ils en retirent des Intérêts. S'il y a
des frais de déplacement - je ne sais pas comment cela pourrait se
présenter, je donne cela comme exemple - je ne pense pas qu'il
appartienne à la fondation de rémunérer. Si vous faites du
travail pour la fondation, vous le ferez d'une façon
bénévole. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent plus
pour vous que pour d'autres. Les abus qu'on a dénoncés, en grande
partie, concernaient précisément le fait que les fondations
rémunéraient des directeurs généraux et des cadres
supérieurs de différentes façons. Pour certains,
c'était peut-être pour leur travail à ta fondation; pour
d'autres, c'était pour des rétributions
supplémentaires.
Je pense qu'il y a possibilité, si vous voulez faire du travail
bénévole pour une fondation, de continuer de le faire.
Normalement, si une fondation doit engager quelqu'un, il faudra qu'elle
l'engage en dehors des membres de rétablissement et avec
rémunération.
Le Président (M. Bélanger): Bien. Je vous en
prie.
M. Savard: D'abord, une petite mise au point Nous ne sommes
absolument pas vexés, par une espèce de malentendu, que nous
soyons assimilés aux cadres intermédiaires mais, comme tes cadres
Intermédiaires vont venir en commission parlementaire, peut-être
qu'eux ne seraient pas d'accord avec nous.
Mme Lavoie-Roux: ...des administrateurs, je m'excuse.
M. Savard: Oui, ce n'est pas grave. Mais je pense que je dois
dire que les cadres intermédiaires ne sont pas Ici. Ils vont faire leurs
propres représentations.
En ce qui regarde le travail bénévole, Mme la ministre, je
peux vous assurer que, effectivement, nous connaissons de nombreux exemples de
cadres qui travaillent bénévolement à la réussite
des activités des fondations. Cependant, nous craignons que la pratique
qui existe actuellement ne sera plus possible. Bien entendu, il ne s'agit pas
que les cadres, lorsqu'ils font du travail pour une fondation et même qui
nécessite de la rémunération, se mettent dans une
situation de conflit d'Intérêts. Mais les établissements,
parfois, peuvent demander aux fondations de rembourser certaines
dépenses qu'ils encourent pour appuyer les activités des
fondations. Et peut-être qu'à l'intérieur de ces
dépenses il y a des remboursements de dépenses ou des portions de
rémunération.
Le projet de loi 97, tel qu'il est, empêcherait les
établissements, les conseils d'administration de demander aux fondations
de rembourser les dépenses qu'ils ont encourues pour les fins de la
fondation. Je pense qu'en pratique le projet de loi, tel qu'il est, fait en
sorte que lorsque les fondations auront besoin d'avoir accès à
des ressources rémunérées, et cela est possible... Il y a
d'ailleurs des firmes qui sont actuellement sur le marché qui se
spécialisent dans le développement des campagnes. Ce sont
carrément des ressources extérieures au réseau qui vont
fournir cette expertise, désormais, si le projet de loi est
adopté tel quel.
Bien sûr, les cadres font du bénévolat mais il y a
des choses auxquelles on ne peut pas entièrement satisfaire par le
bénévolat. Il y a des établissements, par exemple, qui
peuvent mettre à la disposition de fondations les services de cadres
pendant une période X et naturellement les établissements, dont
vous connaissez les contraintes budgétaires, pensent que ces
activités
doivent être autofinancées, je suppose. Ils ne pourront
plus le faire, de sorte que les fondations devront avoir recours à des
ressources externes, qui ne sont pas forcément mauvaises mais qui n'ont
peut-être pas l'expertise qui se trouve actuellement dans le
réseau.
Nous pensons que peut-être, là-dessus, les dispositions
concernant la répression et la prévention des conflits
d'intérêts devraient être suffisantes pour empêcher,
comme l'a dit un Intervenant tout è l'heure, que le simple citoyen pense
qu'il y a quelqu'un qui se sert quelque part Je pense qu'il s'agit
évidemment de sauver les faits et les apparences à la fois.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais être bien sûre de vous
comprendre, M. Savard. Parce que je pense qu'on ne se comprend peut-être
pas ni l'un ni l'autre. Ce que vous dites, c'est que vous voulez que les
fondations aient le loisir de rémunérer, s'il y a lieu...
M. Savard: Et publiquement
Mme Lavoie-Roux: ...et publiquement, des cadres
d'établissements ou des administrateurs d'établissements qui
contribueraient ou qui travailleraient à atteindre des objectifs que la
fondation se fixe.
M. Savard: Soit directement, soit par l'intermédiaire du
remboursement aux établissements employeurs de ces cadres des salaires
qui ont été payés à ces cadres pendant qu'ils
étaient au service de la fondation. Je pense que c'est une mesure de
liberté, de souplesse qui n'empêcherait pas d'atteindre l'objectif
qui est d'empêcher qu'il y ait des surplus injustifiés qui soient
versés.
Il ne s'agit pas du tout de donner de suppléments de salaires
pour des gens qui n'ont pas ta bonne classe salariale, etc.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que vous croyez que nous pourrions,
enfin, que ce serait possible de faire la distinction entre tes deux? De
contrôler s'il ne s'agit pas finalement de bonis déguisés
ou si c'est véritablement, disons, des frais de représentation
qui seraient versés parce que quelqu'un est obligé de se
déplacer dans une autre ville pour faire sa sollicitation? Je ne sais
pas ce qui peut se présenter. Moi, ça m'apparaît assez
périlleux comme... Si on veut vraiment corriger...
M. Savard: Mais nous, nous pensions que ...
Mme Lavoie-Roux: Vous savez, je vais donner des exemples.
J'essaie d'en donner le moins possible parce que je trouve que ce n'est
peut-être pas absolument nécessaire mais... Il y a des fondations
qui ont donné des bonis, des suppléments de salaires,
appelons-les comme cela. (21 h 45)
M. Savard: Nous ne sommes pas favorables à cela.
Mme Lavoie-Roux: II y a eu d'autres choses aussi. Il y a des
fondations qui ont constitué des régimes de retraite pour des
administrateurs du réseau, "administrateur* pris dans te sens le plus
large; cela peut être un directeur général, cela peut
être un autre. Là, évidemment tout le monde a aidé,
les grandes fondations dont on a entendu parler, mais il y a eu, moi, ce que je
considère une mauvaise utilisation. Je ne veux pas parler d'abus, je
n'ai pas à juger, mais une mauvaise utilisation, souvent, de plus
petites fondations pour accorder des privilèges indus à des
personnes qui oeuvrent à l'intérieur de rétablissement. Ne
qualifions pas qui Us sont. Quand vous me dites: Bien oui, II faut laisser la
porte ouverte pour permettre... C'est que cela va devenir très difficile
de savoir quel type de rémunération, non pas la valeur de la
rémunération mais à quelle fin la
rémunération va être accordée à quelqu'un
à l'Intérieur de l'établissement. S'il n'y avait pas eu
d'abus et si tout ce qu'on avait eu c'était ce qu'on a entendu
publiquement, mais il y a eu différentes formes d'utilisation des
fondations...
M. Savard: Je penserais que les établissements employeurs,
dans la très grande majorité, peuvent agir de façon
responsable sur cela. Les relations assez intimes qui existent entre une
fondation et un établissement qui l'appuie devraient permettre à
cet établissement, pour une fin particulière et à court
terme, de prêter les services de l'un de ses employés, des membres
de son personnel; que ce soit des cadres ou quelqu'un d'autre, il ne s'agit pas
de défendre les droits de cadre.
Mme Lavoie-Roux: II n'y a personne qui empêche un conseil
d'administration de prêter, si vous voulez, disons une
demi-journée par semaine pour donner un exemple, peut-être pour
une période donnée mais sans rémunération
additionnelle.
M. Savard: Je pense que si le prêt est substantiel, M. le
Président, les établissements vont tout naturellement penser
qu'ils ont besoin que le salaire qu'ils ont payé soit remboursé
ainsi que les dépenses encourues; peut-être même doivent-Ils
remplacer cette ressource.
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, mais à ce moment c'est au
conseil d'administration, je pense, de juger s'il a le loisir de prêter
une personne. Si prêter une personne veut dire la remplacer, disons
qu'elle fait un salaire de 30 000 $, là c'est...
M. Savard: Vous savez, pour nous ce n'est pas vraiment une
question fondamentale quant aux conditions de travail des cadres. À vrai
dire,
nous signalions cela en passant pour indiquer que les relations libres,
normales, correctes entre une fondation et un établissement pourraient
connaître un empêchement, qui n'est peut-être pas absolu...
Nous ne voyons pas que c'est nécessairement un avantage que les
fondations doivent avoir recours à des expertises
extérieures.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, est-ce que la fondation pourrait
peut-être remettre l'équivalent? D'abord, il faut que le conseil
d'administration juge s'il peut disposer de cette personne pour une
période donnée, etc., sans nuire à son propre
fonctionnement. Dans l'hypothèse, pourquoi la fondation ne pourrait-elle
pas le remettre en termes d'équipement, en termes de fins qui sont
reconnues comme c'est défini dans les règlements
présentement? Les fonds des fondations peuvent être
utilisés pour la recherche, les équipements - quel est la
troisième? - même la rénovation, ou des choses comme cela.
Je dois vous dire que sur ce côté je trouve très difficile
de justifier, parce que vous ouvrez un peu et vous ouvrez beaucoup. En tout
cas, ce sont les remarques relatives à...
Le Président (M. Bélanger): Si vous me permettez,
juste un commentaire. Si je comprends bien de votre position, vous êtes
en désaccord avec ceux qui se servent des fonds qui sont
prélevés par les fondations pour des compléments de
rémunérations dans un poste qui n'est pas directement en relation
avec la fondation. Et il y a ceux qui servent à prélever des
fonds pour la fondation. Ceux-là, on dit, ils devraient être
rémunérés pour le travail qu'ils font à la
fondation. C'est ce que je comprends. D'accord. M. le député de
Joliette.
M. Chevrette: Oui, je vais parler des deux dimensions de votre
exposé. D'abord, la première en ce qui regarde votre statut. Je
comprends un peu votre long exposé sur votre structure.
Une voix: Un long préambule.
M. Chevrette: Je me souviens pourquoi un peu, je me souviens de
vous avoir rencontrés il y a environ deux ans et demi, ou près de
trois ans plutôt, et on avait discuté précisément du
statut des administrateurs des services de santé et des services
sociaux, en comparaison avec les autres cadres de la fonction publique. Je me
souviens même qu'on avait mis sur pied un comité. Avez-vous eu un
rapport de cela, après que je fus parti?
M. Savard: Une étude a été effectivement
publiée et elle faisait état d'une comparaison entre les
conditions de travail des cadres des affaires sociales et ceux des autres
réseaux: éducation et fonction publique.
M. Chevrette: Est-ce qu'elle a été rendue
publique?
M. Savard: Nous l'avons rendue publique à nos membres.
M. Chevrette: La ministre peut-elle s'engager à
déposer ce rapport?
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse, mais J'ai... M. Chevrette:
Ah! Je vais vous répéter cela. Mme Lavoie-Roux: Oui,
d'accord.
M. Chevrette: Votre prédécesseur comme ministre de
la Santé et des Services sociaux...
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Chevrette: ...avait commandé une étude interne
pour faire la comparaison entre les administrateurs des services de
santé et des services sociaux et d'autres cadres de la fonction
publique. Il y a eu un rapport; ils ont une copie; pourriez-vous m'en envoyer
une?
Mme Lavoie-Roux: Cela me fera plaisir.
M. Chevrette: Bon! Cela permettra de jaser sur quelque chose de
solide.
Deuxième chose. Quand vous parlez de la comparaison de votre
statut avec cette loi par rapport aux autres cadres, je comprends votre
appréhension. Tantôt, on aura deux catégories de personnel.
Une catégorie de personnel qui pourra - vous me direz si j'ai bien
compris parce qu'on n'a pas eu le texte avant, donc je veux vérifier si
j'ai bien compris... J'ai compris qu'avec le projet de loi on faisait une
catégorie bien spécifique où le seul jugement qui sera
porté, ce sera la déchéance, alors qu'un cadre de la
fonction publique, de même catégorie, de même niveau, lui,
selon la gravité, pourra se voir imposer, en vertu des normes existantes
dans la fonction publique par exemple, une suspension de six mois ou
peut-être de deux mois ou peut-être même pas de suspension ou
une suspension avec solde à part cela, pendant l'enquête. Est-ce
que J'ai bien compris que c'était cela que vous appréhendiez?
M. Savard: Ce que nous appréhendons, c'est que... Mais,
avant d'avoir de l'appréhension, nous sommes très
désolés que l'intervention législative du gouvernement, la
première qui nous concerne depuis un certain temps, cela consiste
à créer des conditions particulières qui visent, bien
sûr, à régler des problèmes qui ont existé ou
qui existent mais qui peuvent difficilement être des avantages pour
l'ensemble des cadres. L'ensemble des cadres se sent humilié par ce
genre de disposition. L'ensemble des cadres n'est pas en
conflit d'intérêts; Ils travaillent pendant 40, 50 ou 60
heures, et la notion d'exclusivité de services pour des cadres qui font
déjà... Ce que les gens se demandent, c'est: Où est-ce
qu'ils pourraient faire autre chose? Il y a des gens, évidemment, qui
sont moins occupés, mais beaucoup de cadres ont ce
problème-là. Avant notre appréhension, nous sommes
très désolés que la première intervention
concernant les conditions de travail des cadres en soit une de cette nature.
Quant à l'appréhension que nous avons, oui, effectivement, je
l'ai dit, nous avons une appréhension. Il y a des disparités qui
sont là et on les reconnaît. Conflit d'intérêts,
exclusivité de services ou, en tout cas, se consacrer de façon
normale à ses fonctions, nous voyons que ces problèmes existent
ailleurs, que ces questions se posent ailleurs, mais que ce sont des mesures
différentes et carrément plus acceptables qui existent. Bien
sûr que nous avons des appréhensions! Si le projet de loi reste
comme tel, nos appréhensions existent. Par contre, nous spéculons
- Il faut bien l'avouer - puisque nos conditions de travail seront
déterminées par un règlement qui n'est pas contenu dans
cette loi. La seule chose qui est contenue dans ce projet de loi et qui touche
les règlements, c'est la sanction. Quelle que soit la norme de conflit
d'intérêts, quelle que soit la norme d'exclusivité de
services qui sera violée dans le règlement, la sanction sera la
déchéance. L'article 154.1 qui est créé par
l'article 11 du projet de loi le prévoit expressément
M. Chevrette: Mais...
M. Savard: Et c'est bien fort.
M. Chevrette: Oui, je me rends compte effectivement que là
où on reconnaît un syndicalisme de fait, pas nécessairement
un syndicalisme défini en vertu de la loi, les trois quarts du temps
c'est un arbitre qui a à trancher dans les conflits, les litiges. Il
tranche selon la formule traditionnelle, en équité et bonne
conscience. C'est à peu près la formule qu'on retrouve, alors
que, sur le plan législatif, il n'y a plus d'équité
possible. Qu'on soit pris par erreur ou d'une façon mineure, on a le
même jugement apporté en vertu de la loi que celui qui serait
carrément, délibérément, et pour des sommes
astronomiques, Impliqué dans un conflit d'Intérêts. Je
comprends votre raisonnement.
Une voix: ...Cour supérieure.
M. Chevrette: Cour supérieure, mon oeil. Je sais ce que
c'est, une loi. Quand une loi provoque une déchéance, ils
n'analysent pas le fond. C'est clair. Ils analysent l'acte et ils disent:
Est-ce que c'est un conflit d'intérêts? Oui.
Déchéance. Salut! Alors que d'autres cadres de la fonction
publique - et c'est cela qu'on a expliqué, si on avait
écouté - pour le même geste, le même fait, peuvent
recevoir une suspension sans solde, peuvent recevoir même une suspension
avec solde, peuvent être, purement et simplement, démis
temporairement de leurs fonctions. Il y a une foule de formules, parce que
t'arbitre qui a le pouvoir au bout, lui, a agi selon l'équité et
la bonne conscience. C'est très différent. C'est une question
d'approche en relations du travail. Les administrateurs ne sont pas
nécessairement des gens en autorité ultime, Ils sont sous le DG.
Ils ont un emploi. Il est peut-être temps au Québec qu'on pense
à reconnaître le syndicalisme de cadres, il est peut-être
temps qu'on commence à réfléchir là-dessus, pour
donner une équité à tout le monde. Autrement, on peut se
ramasser avec des gens qui n'ont à peu près aucun moyen de se
défendre comme groupe, à qui on impose, par le biais de la
législation, des responsabilités ou des encadrements accrus. Je
vous suis dans ce raisonnement et je serais prêt à faire une mosus
de bonne discussion, si jamais la ministre ouvrait le débat
là-dessus.
Quant au conflit d'intérêts, votre point de vue m'est
apparu ambigu. Pour être franc, parce que mon ami de Sainte-Anne parlait
plus fort que vous un bout de temps, j'en ai échappé des bouts.
Sur le conflit d'Intérêts, vous dites que vous êtes d'accord
qu'il ne doit pas y en avoir. Cela ne doit pas exister. Je vous ai perdu sur le
traitement à réserver au conflit d'intérêts. Est-ce
que j'ai bien compris que vous vouliez te soustraire de la loi et le confier
plutôt au conseil d'administration ou à une autre structure? Cela
ne m'a pas paru clair. J'aimerais vous le faire préciser.
M. Savard: Sur la prohibition du conflit d'intérêts,
nous trouvons que c'est normal que la Loi sur les services de santé et
les services sociaux prohibent, établisse cette norme. Mais II ne s'agit
pas seulement de réprimer les conflits d'Intérêts, il
s'agit aussi de les prévenir. La loi établit un principe. Ce
qu'il faudrait faire, c'est, peut-être par règlement, comme le
font les corporations professionnelles, établir un code de
déontologie, une fois que les consultations auront été
faites, de telle sorte que les cadres, les employeurs, l'administration
publique auront des barèmes pour examiner de façon claire ce qui
constitue un conflit d'intérêts, comment une situation ayant
l'apparence d'un conflit d'intérêts n'en est pas une et comment on
peut faire quelque chose avant d'arriver à la Cour supérieure
pour un recours en déchéance.
Evidemment, on pourrait bien nous dire: Qu'est-ce que vous attendez pour
proposer un code de déontologie? Bien sur que nous pourrions proposer un
code de déontologie. Le problème pour nous, ce n'est pas
d'écrire et de faire un code de déontologie, même rigoureux
- nous le voulons rigoureux - c'est que les autres parties le
reconnaissent.
M. Chevrette: II n'y a pas d'assise juridique.
M. Savard: Nous aurions un code de déontologie excellent,
s'il n'y a pas d'assise Juridique, personne ne peut s'y référer.
Même les gens qui auront examiné préalablement leur
conduite avant d'avoir posé un geste en fonction de ces conflits
d'intérêts, la réponse qu'ils arriveraient à avoir
ne leur garantirait absolument rien. En d'autres mots, il faut que le code de
déontologie soit une mesure quant à une situation, pour
prévenir le conflit d'Intérêts. {22 heures)
M. Chevrette: II pourrait y avoir une mesure législative
disant, par exemple, qu'il est probibé d'être en situation de
conflit d'Intérêts, peu importe le libellé juridique. Mais,
au lieu d'assujettir cela à une réglementation
ministérielle, on ouvrirait la porte avec un échéancier et
un délai bien précis pour la confection d'un code de
déontologie, lequel, pour trouver son assise juridique, devrait
être sanctionné ou par décret ou par une clause qui le
reconnaîtrait a priori, ce qui m'embêterait, mais peut-être
par un décret après qu'on se serait assuré qu'il y a un
pourcentage évident et marquant de gens qui l'ont accepté.
M. Savard: Sur cela, nous sommes prêts, comme association
de cadres supérieurs, à renouveler l'offre que nous avons
déjà exprimée. Vous savez que les associations de cadres
sont reconnues par le gouvernement. Nous sommes prêts à accepter
qu'au prix de notre reconnaissance nous ayons l'obligation de proposer, de
contribuer à l'élaboration d'un tel code.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Si le chef de l'Opposition me le permet. Cela
m'apparait bizarre de penser que, même si vous collaboriez, c'est nous
qui imposerions un code de déontologie. Il me semble que cela revient
aux associations, comme cela revient à une corporation professionnelle,
comme cela revient à une association quelconque, si elle le
désire, de s'astreindre à un code de déontologie. On nous
fait le reproche de vouloir trop s'ingérer. Je pense que c'est justement
un endroit où on n'a pas à... Nous serions heureux,
évidemment, avec tout cela, il n'y aurait pas de problème avec
cela, mais je pense que cela vous revient.
M. Savard: Mme la ministre, nous pourrions effectivement prendre
l'initiative de proposer un tel code. La différence avec les
corporations professionnelles c'est que la loi oblige les corporations
professionnelles à préparer un code de déontologie pour
régir la conduite de leurs membres. D'autre part, ce code de
déontologie n'a d'effet que lorsqu'il est publié à la
Gazette officielle. Il y a donc une sanction. Le problème pour nous ce
n'est pas de préparer un code de déontologie, c'est de lui donner
une assise juridique. Nous ne pouvons pas faire cela proprio motu.
M. Chevrette: Je pense que cela se fait pareil et je vais vous
dire pourquoi. Vous pourriez préparer un code de déontologie, le
présenter au gouvernement. Si ce dernier veut vraiment que vous
procédiez, là c'est à lui de faire la preuve qu'il veut
que vous vous sanctionniez et automatiquement ce serait par décret que
la ministre se donnerait un pouvoir en vertu de la Loi sur les services de
santé et les services sociaux pour lui donner une assise. SI elle ne se
donne pas un pouvoir de sanction ou de promulgation du code de
déontologie, c'est zéro, contrairement à une corporation
professionnelle qui, elle, en vertu de sa loi est obligée d'avoir un
code de déontologie et de juger selon une procédure. Donc, c'est
évident que cela vous prendrait un pouvoir juridique. Je reviendrai.
Allez-y, il reste quelques minutes.
Le Président (M. Bélanger): Y a-t-il d'autres
questions, Mme la ministre, que vous voulez poser?
Mme Lavoie-Roux: Non, non. Un seul autre commentaire pour que ce
soit bien clair. Tout à l'heure, je m'en excuse encore, je me suis
méprise en disant que... Alors, les remarques que j'ai faites pour les
cadres Intermédiaires quant au pouvoir réglementaire,
évidemment dans le cas de conflits d'intérêts, un conflit
d'Intérêts c'est pour tout le monde la même chose et je
pense que tout le monde comprend cela.
Dans le cas de l'exclusivité d'emploi, c'est évidemment
relié à des tâches particulières. Comme Je vous dis,
cela ne s'appliquera pas à tous les cadres. On va les déterminer
par règlement. À ce moment, comme tout projet de
règlement, à moins que cette commission décide de
l'examiner parce qu'il est toujours loisible maintenant à une commission
parlementaire de prendre l'Initiative d'examiner un projet de règlement,
II sera soumis pour consultation dans un avis. Vous pourrez faire vos
représentations. De toute façon, les chances sont assez
plausibles que vous soyez consultés informellement sur un projet de
règlement qui vous toucherait. J'Imagine que c'est comme cela qu'on
procède.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Je vais parler deux minutes... Le
Président (M. Bélanger): Je vous en prie.
M. Chevrette: ...sur l'exclusivité d'emploi. C'est un
sujet que j'avais noté et je n'en al pas parlé. Ce n'est pas une
question, c'est vraiment
un commentaire. Je m'interroge et je vais essayer de
réfléchir tout haut L'exclusivité d'emploi, si on n'est
pas capable de donner un statut égal à l'ensemble du public et du
parapublic, on risque de manquer le bateau. On va permettre possiblement, c'est
cela ma crainte, Mme la ministre - c'est un commentaire que je veux faire en
tout cas... Je crains qu'il s'organise des réseaux, à plus forte
raison là où il n'y a pas de lof. Ils vont comprendre qu'ils ont
le champ ouvert. Vous allez avoir une affluence de cadres, d'ad' ministrateurs
d'autres réseaux du gouvernement à l'Intérieur du
réseau, qui lui fait des échanges entre eux présentement.
Moi ]e crains beaucoup cela parce qu'il y a des gens qui sont habitués
de penser dans ça et qui sont habitués d'être vifs. Il y en
a qui ont déjà démontré... Vous avez dit
vous-même lors de la présentation de votre loi, Mme la ministre,
qu'il y avait des spécialistes du contournement des lois.
Mme Lavoie-Roux: C'est l'humanité.
M. Chevrette: À plus forte raison si on fait une lof
sectaire. imaginez-vous dans ce réseau du public, parapubilc,
pérlpubic. Où se ramasse-t-on? On se ramasse avec des dindons qui
ont un cadre législatif, qui ont les deux genoux serrés pour ne
pas dire autre chose de plus, et puis ils regardent aller tout le monde autour
et eux Ils ont le droit à la non-exclusivité de l'emploi. Moi,
personnellement, là-dessus, je suis fortement ébranlé. On
a sûrement des amendements pour essayer au moins d'avoir - je le
répète - une cohérence à travers l'ensemble des
secteurs public et parapublic là-dessus. On ne peut pas avoir deux
poids, deux mesures vis-à-vis des mêmes catégories de
personnel. Cela n'a pas de bon sens. C'est inacceptable. C'est vraiment un
manque de vision administrative correcte de l'ensemble du gouvernement
Ça, ce n'est pas correct
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je voudrais juste...
J'ai peut-être un peu une réponse pour le chef de l'Opposition
mais aussi pour le public qui est ici. Je vous ferai remarquer que le
réseau de la santé et des services sociaux s'est
administré, si on veut parler d'exclusivité d'emploi, avec cette
notion-là pendant treize ans, quinze ans. Elle était là la
notion d'exclusivité d'emploi dans la Loi sur les services de
santé et les services sociaux. Alors, il ne faut pas penser que tout
à coup c'est nous qui créons...
M. Chevrette: Moi, je regarde les faits.
Mme Lavoie-Roux: ...une classe à part. Et,
également, je voudrais vous rappeler, comme Je l'ai rappelé aux
autres, quand vous examinez la loi sur le Centre de recherche industrielle du
Québec, la Communauté urbaine de Québec, le Protecteur du
citoyen, le Conseil des universités, le président de
l'Administration régionale Kativik, la Loi sur la Commission des
affaires sociales, la Loi sur la Régie de l'électricité et
du gaz, sur l'aide juridique, vous avez là aussi des gens qui doivent
opérer en exclusivité d'emploi. Alors, ce n'est quand même
pas une notion tout à fait... Je pense que ce qui tracasse le
député de Jolfette, c'est qu'il dit - c'est un peu le
thème que vous avez développé depuis le début:
C'est une loi générale que ça prendrait et non pas une
loi...
M. Chevrette: J'essaie d'être cohérent. Mme
Lavoie-Roux: Out.
M. Chevrette: Cela, j'en conviens et Je suis fier que vous vous
en rendiez compte. Parce...
Mme Lavoie-Roux: Bien, c'est votre point de vue en tout cas.
M. Chevrette: ...mol, ça me parait aberrant de voir, par
exemple, des gens d'Hydro-Québec, des gens de la SAQ - ce sont de
grosses sociétés d'État qui brassent des millions et des
milliards - qui sont en position de conflit d'intérêts autrement
plus que certains cadres ou certains administrateurs du secteur de la
santé et des services sociaux. Moi ça me répugne d'avoir
à légiférer pour un secteur qui n'est pas le pius en
position de conflit d'intérêts. C'est cela que je n'admets pas
personnellement et je suis convaincu, Mme la ministre, que, si vous n'aviez pas
la solidarité ministérielle à défendre, vous
achèteriez ma formule tout de suite. Vous savez que ça n'a pas de
bon sens de faire ça.
Mme Lavoie-Roux: ...à ça là.
M. Chevrette: Je suis convaincu - vous êtes remplie de bon
sens - cela n'a pas d'allure que vous acceptiez une affaire de même. Cela
ne s'accepte pas. Il y a des journalistes qui pensent que je suis contre la
loi. Je ne suis pas contre la loi. Vous savez toujours bien que je ne me
prononcerai pas contre une loi qui veut empêcher les voleurs. Ce n'est
pas ça. Je suis contre le fait que le gouvernement ne profite pas d'une
occasion en or pour être cohérent et démontrer une vision
globale face à l'administration publique, parapublique. C'est ça
que je dis. Ce n'est pas plus malin que ça. Et je suis convaincu, je
suis prêt à vous affronter, Mme la ministre, n'importe quel temps
sur la place publique, temps illimité, devant les caméras de
télévision, pour défendre ça. Vous allez voir ce
que les citoyens vont dire.
M. Polak: ...public ici.
M. Chevrette: Ti-Jos Connaissant, qui nous écoute
là et qui nous juge, II se demande bien pourquoi un administrateur de la
santé, lui, El est en danger de conflit d'intérêts, une
loi! Ils vont dire: Le gars qui brasse des millions à
Hydro-Québec là et qui joue avec les grandes lignes de
transmission et qui donne des contrats de 2 000 000 000 $, 3 000 000 000 $, il
est pas mal plus large dans ses relations, il est pas mal plus près des
conflits d'intérêts qu'un administrateur d'un centre d'accueil
d'à peu près 200 personnes avec des normes épouvantables
sur le financement. C'est ça que Je dis. Je n'accepte pas ça. Je
le répète de temps en temps, ça en réveille
quelques-uns. Cela fait du bien de se faire dire des choses.
Le Président (M. Bélanger): Si vous me le
permettez, il y a d'abord le Dr Dumais et, ensuite, on passera aux
conclusions.
M. Dumais (Benoît): J'aimerais faire un témoignage.
Ce ne sera pas très long. Je veux Juste vous décrire la saveur
qu'un tel projet de loi peut avoir auprès de nos membres. Moi, j'ai
laissé la pratique médicale depuis cinq ans et je me suis
associé aux cadres supérieurs de ce réseau. J'ai
côtoyé des gens - ce n'est pas pour vous faire pleurer - vraiment
extraordinaires. J'ai vraiment apprécié ces cinq années
passées avec des DG qui font leur job et avec des conseils
d'administration locaux responsables. L'impression que cela laisse,
actuellement, même s'il y aura sans doute des correctifs apportés
à ce projet de loi, c'est vraiment qu'on ne nous fait pas confiance,
tout simplement. Je trouve cela un peu désastreux. On a donné des
détails dans cette approche, sur le plan de la disparité. Ce
n'était pas par hasard, en passant, en profitant de l'occasion. C'est
que, vraiment, on sent déjà que cette disparité ne fera
que se creuser si un tel projet de loi est sectorisé - comme le dit M.
Chevrette - dans notre réseau. On a la vive impression que la plaie ne
fait que s'agrandir, tout simplement, sur le plan de la disparité, et
cela, c'est un peu blessant, même si tes objectifs du gouvernement
là-dessus sont très nobles. On voudrait faire appel à ta
sagesse de la commission parlementaire pour essayer de mettre un peu de baume
sur la plaie dont je parte.
M. Chevrette: Merci beaucoup de vous être
déplacés.
Le Président (M. Bélanger): En conclusion, M. le
député de Joliette.
M. Chevrette: Ajournement de cinq minutes, s'il vous
plaît.
Le Président (M. Bélanger): Oui. Auparavant, on va
remercier. Mme la ministre, est-ce que vous avez un dernier commentaire?
Une voix: ...accusation.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas une accusation qu'il fait. Il
poursuit un objectif et je le respecte. Il reste que j'imagine - il faudrait le
vérifier pour parler avec une certitude absolue - qu'il y a aussi, dans
les autres services publics, des règles de conflits
d'intérêts, pour des raisons que je ne connais pas, ou on ne les a
pas transgressées, alors que...
M. Chevrette: ...23 chefs d'accusation et je vous dirai
où. Si vous en voulez d'autres, je vous en donnerai.
Mme Lavoie-Roux: Bon. Alors, j'ai la responsabilité de
l'administration du réseau de la santé et des services sociaux et
je pense que je dois prendre mes responsabilités dans ce réseau.
Or Dumais, autant que vous, je regrette que nous soyons obligés de
prendre des mesures qui viennent contrer des pratiques qui ne sont pas,
heureusement, les pratiques de la majorité, bien au contraire.
Tout à l'heure, on s'interrogeait sur les questionnaires que j'ai
envoyés dans les établissements. Justement, je pense que cela va
nous permettre de dire que, dans X établissements, la règle est
une règle d'intégrité, une règle de
responsabilité, etc. Mais je pense qu'on ne pouvait pas non plus, non
pas devant uniquement une, deux ou trois, mais un peu plus de situations que
celle-là, ne pas intervenir, comme, sporadiquement, les gouvernements
ont dû intervenir pour corriger d'autres distortions, si l'on veut, dans
les pratiques. Je pense que personne ne le souhaitait, et moi la
dernière. Je pense que cette opération, même si elle est
difficile pour nous tous - je me sens participante avec vous autres dans ce
sens - est une opération qui va finalement, et c'est ce que tout le
monde souhaite, recréer, si elle doit être
recréée... Je ne pense pas que des gens se sentent
démoralisés. Cela a été un dur coup pour le
réseau et je ne l'ai pas provoqué, je pense. C'est le cours des
choses et je pense qu'il faut prendre nos responsabilités.
Le Président (M. Bélanger): Le temps pour cette
audition est écoulé. Un dernier commentaire, mais très
bref.
M. Savard: M. le Président, je veux dire merci aux membres
de la commission des affaires sociales de nous avoir founi l'occasion de donner
notre point de vue. Je souhaiterais que nous ayons rendez-vous lorsque le
règlement prévu à l'article 11 de la loi sera
préparé afin que nous puissions venir faire ici les
représentations.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie, M. le
directeur général de l'Association des administrateurs des
services de santé et des services sociaux du Québec, ainsi que
votre équipe.
Nous allons suspendre nos travaux quelques minutes, histoire
d'aller...
(Suspension de la séance à 22 h 15)
(Reprise à 22 h 24)
Le Président (M. Bélanger): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Association des directeurs généraux des services de
santé et des Services sociaux du Québec
Nous recevons l'Association des directeurs généraux des
services de santé et des services sociaux du Québec
représentée ce soir par M. Maurice Boisvert, président de
l'association et directeur général du Centre de services sociaux
du Centre du Québec; M. Hubert Gauthier, premier vice-président
et directeur général du Conseil régional de la
santé et des services sociaux de la Montérégie; Me
Gisèle Gratton, vice-présidente executive et directrice
.générale de l'association des directeurs généraux;
M. Rénald Turcotte, directeur général du Centre local de
services communautaires du Centre de la Mauricie, et M. Hendlisz...
Une voix: Nicolas Steinmetz.
Le Président (M. Bélanger): Non, non, ce n'est pas
l'hôpital des enfants, c'est l'hôpital de réadaptation de
Laval. Je m'excuse, c'est Jacques Hendlisz.
Une voix: Nicolas Steinmetz.
Le Président (M. Bélanger): Nicolas Steinmetz,
excusez-moi, qui est directeur général de l'hôpital de
Montréal pour enfants. Donc, nous avons là l'équipe de
l'Association des directeurs généraux des services de
santé et des services sociaux.
Vous connaissez les règles du jeu. Vous avez 20 minutes au
maximum pour faire la présentation de votre point de vue et il y aura 20
minutes pour chacune des formations, pour entrer en Interaction avec vous et
mieux comprendre votre point de vue et les choses que vous défendez. Je
vous Invite donc à procéder, si vous le permettez tous. M. le
président.
M. Bolsvert (Maurice): M. te Président, Mme la ministre,
Mmes et MM. les députés, en 1970, l'Association des directeurs
généraux des services de santé et des services sociaux du
Québec fut constituée en corporation, en vertu de la Lof sur les
syndicats professionnels. Par la suite, le décret 1723-83 a reconnu
notre association relativement aux relations de travail des directeurs
généraux, lesquels ont d'ailleurs à cette occasion
été définis comme des hors cadres.
L'article 4 de ce décret stipule ceci: "Le ministre des Affaires
sociales ou ses représentants consultent obligatoirement l'association
préalablement à la détermination ou à ta
modification des conditions de travail des hors cadres
représentés par cette dernière." Notons que le
décret 883-83, article 23, permet au directeur général,
dans certaines circonstances, d'être entendu et de faire des
représentations auprès du conseil d'administration par
l'intermédiaire de notre association. De plus, nos règlements
généraux précisent que notre association a exclusivement
pour objet l'étude, la défense et le développement des
intérêts économiques, sociaux et moraux de ses membres. Les
références aux divers décrets et règlements ci-haut
mentionnés démontrent clairement les responsabilités de
notre association quant aux conditions de travail de nos membres.
Récemment, nous avons publiquement affirmé que notre association
déplorait l'Impact négatif créé par la
publiclsation d'incidents isolés, d'autant plus que la majorité
de ces situations sont encore sous diverses enquêtes. À cette
même occasion, nous avons déclaré notre ferme
volonté de collaborer pour que nos membres continuent d'assurer une
saine gestion des établissements du réseau, tout en étant
soumis à des mesures visant à un meilleur contrôle des
fonds publics. Nos commentaires concernant le projet de toi 97 constitueront
donc une suite logique aux positions antérieurement adoptées.
L'association vous remercie, Mme la ministre, de lui permettre, sur
Invitation, d'être entendue. Nous ne traiterons que de la mesure relative
à l'exclusivité d'emploi, soit les articles 4 et 7 de ce projet
de loi. Nos commentaires sur ces articles ont évidemment des incidences
sur d'autres dispositions et II Importe donc de tenir compte des
Inévitables concordances. Ceci ne veut pas dire que nous ne soyons pas
d'accord avec les autres articles, notamment ceux qui concernent les conflits
d'Intérêts où nous entérinons la position contenue
dans le projet de loi. Cependant, ce qui nous préoccupe davantage, ce
sont les articles concernant l'exclusivité.
Donc, avant de transmettre nos commentaires et nos suggestions
concernant le projet de loi 97, nous tenons à rappeler que, depuis plus
de deux ans, notre association collabore avec le ministère de la
Santé et des Services sociaux à la révision du
décret 883-83, c'est-à-dire le règlement sur la
sélection, la nomination et les mesures de fin d'engagement et de
stabilité d'emploi applicables aux directeurs généraux des
conseils régionaux et des établissements publics. La consultation
fut régulière et la participation à l'exercice d'une
activité qui peut être qualifiée de réglementaire
fut, de part et d'autre, établie de bonne foi et en l'absence
d'attitudes discriminatoires et arbitraires.
Au début de l'été, soit en Juin, l'étape des
micro-concessions se réalisait et le dépôt de la
révision du décret constituait pour nous tous une
réalité immédiate. Malgré les résultats de
cette concertation, te projet de loi 97 fut non seulement
élaboré, mais déposé. Il demeure pertinent de se
demander si un projet de loi similaire concernant d'autres salariés
soumis au Code du travail aurait ainsi été déposé
si ces derniers avaient été en phase finale de
négociation
collective. En d'autres termes, se faire Imposer un projet de loi, alors
que toutes les étapes de la consultation rattachée à la
révision du décret ci-haut mentionné sont
terminées, constitue une violation du processus de partenariat
jusqu'alors respecté. N'aurait-il pas été plus profitable
à tout point de vue de consacrer un certain temps à une
consultation quant à l'orientation du projet de loi 97, puisque la
réalité complexe d'un milieu de travail ne peut être
pleinement connue que par les personnes qui la vivent quotidiennement?
En ce qui concerne la seconde partie, je demanderais à M.
Steinmetz de compléter.
M. Steinmetz (Nicolas): M. le Président, Mme la ministre,
mesdames et messieurs les députés de la commission, le
décret 883-83 exige que le directeur général signe un
contrat de travail avec l'établissement. L'Introduction de la notion
d'exclusivité constitue une limite importante au principe de la
liberté contractuelle. En effet, l'accord des volontés est
réduit à sa plus simple expression puisque tes conditions
d'engagement du directeur général sont préétablies.
Le choix du directeur général se trouve réduit à
celui de contracter ou de ne pas contracter pour une période
n'excédant pas quatre ans. L'effet de l'exclusivité rend donc
difficilement applicable le principe de la liberté contractuelle. Il est
impossible de tenir compte de l'Individu, de la compétence
particulière et de l'expérience qu'un individu peut avoir.
L'exclusivité du travail, telle que libellée au sein du
projet de loi, n'est pas comparable à celle contenue dans d'autres lois
et règlements québécois. Il est possible de retracer des
situations où l'État est intervenu en exigeant
l'exclusivité des fonctions de certains professionnels. Qu'il suffise de
se référer, notamment, à la Loi sur l'aide juridique ou,
encore, à la Loi sur la fonction publique. Pour éviter des
situations conflictuelles, ces gens du secteur parapublic et ces fonctionnaires
appartenant à un groupe professionnel se voient conférer par la
loi le droit exclusif d'exercer leur profession. Bien que cette mesure
s'applique aussi aux personnes bénéficiant d'une
sécurité complète d'emploi, elle ne limite pas pour autant
d'autres occupations lucratives en dehors des heures de travail et constitue
davantage une norme d'éthique. En étant exorbitante du sens
habituellement consacré dans plusieurs textes législatifs, cette
notion d'exclusivité ne contribuera-t-elle pas à favoriser une
forme d'incohérence législative?
Si te but est d'éviter les conflits d'intérêts et
des problèmes d'éthique, notre association a
élaboré un programme d'éthique de la direction
générale. C'est difficile de croire qu'une loi peut vraiment
régler une fois pour toutes et dans toutes les situations des
problèmes d'éthique sur lesquels plusieurs éthiciens,
même si on les prend tous dans le même groupe, vont avoir des
opinions différentes et peut-être tout aussi valables.
La dernière phrase du premier alinéa de l'article 7 du
projet de toi ne porte pas à équivoque et met en relief une
vision pour le moins étroite des fonctions du directeur
général. Cette situation a aussi des répercussions sur
l'établissement qui fait appel à la polyvalence du directeur
général afin d'assurer diverses formes de rayonnement à
l'extérieur de l'établissement et hors du réseau.
Réduire autant le champ d'épanouissement professionnel du
directeur général aura aussi un Impact sur le personnel et sur le
fonctionnement de l'établissement. Ce cloisonnement est tel qu'il est
difficile de saisir le pourquoi de cette mesure. Ce questionnement est ardu car
il met en cause de façon directe l'objectivité d'Interventions
législatives en une situation de tension. Il semble que, sans être
vraiment basé sur des données objectives ni même
scientifiques - cela semble plutôt une réaction
démesurée à quelques informations fragmentaires et
partielles - le projet de loi devra être un peu repensé en tenant
compte de cette réalité.
De l'application de l'article 7 découleraient des situations pour
le moins étonnantes. Telles que libellées, ces dispositions
interdiraient, par exemple, à un directeur général
d'administrer les biens de quelqu'un qui en serait incapable, car la succession
aurait prévu une rémunération annuelle pour ledit service.
On donne ici plusieurs autres exemples, mais un exemple qui est très
Important, c'est celui d'un directeur général qui ne pourrait
collaborer au conseil d'agrément puisque ce service est
rémunéré. La collaboration des directeurs
généraux à cette activité est esentielle pour
maintenir la qualité des établissements.
Il serait simpliste de taire ces interrogations en les assimilant
à des activités pédagogiques, lesquelles seraient
permises. L'application de pareille exclusivité entraîne des
conséquences dans la vie privée du directeur
général. En effet, elle limite la liberté de ce dernier
d'exercer toute activité lucrative, même si cette activité
ne génère aucun conflit d'intérêts et même si
elle s'actualise après que les fonctions du directeur
général aient été dûment accomplies au sein
de l'établissement. N'est-il pas exagéré que le directeur
général doive, pour être exempté de cette
prohibition, obtenir l'autorisation du ministre à qui le projet de loi
entend conférer une discrétion totale, puisque aucune condition
ou critère n'est prévu? Ce pouvoir ne relève-t-il pas de
l'employeur, c'est-à-dire du conseil d'administration? Ne doit-on pas
vraiment habiliter et responsabiliser les conseils d'administration des
différents établissements qui sont en mesure de connaître
intimement les besoins de la communauté de l'établissement et de
la culture qui l'entoure? Il est difficile, dans ce projet de loi, de tenir
compte des variables Individuelles. Il risque de se produire un alourdissement
administratif qu'on ne sera pas capable d'assumer ni de vraiment faire
marcher.
II appert que l'extension accordée à l'exclusivité
irait à l'encontre de la logique des choses, ne serait pas fonctionnelle
et causerait, dans la réalité, plus de tort que de bien. N'est-il
pas trop limitatif d'exiger qu'un directeur générai puisse, avec
l'autorisation du conseil d'administration, faire valoir ses talents et
profiter d'une quelconque rémunération particulièrement
lors d'activités pédagogiques? D'ailleurs, le terme
"académique" serait beaucoup plus adéquat.
Quelles sont donc ces statistiques qui ont permis de déduire que
les directeurs généraux n'avalent des qualités que dans
ces deux champs d'activité et que la société n'avait
besoin de compétences que dans ces secteurs déterminés?
Lorsque les fonctions du directeur général sont dûment
accomplies et qu'il y a absence de conflit d'intérêts, pourquoi
contrôler hors du milieu du travail l'utilisation de ces
compétences? Où allons-nous? Telle est l'Interrogation
provoquée par l'application de cette exclusivité.
La justice québécoise Impose une sanction pour un seul et
même manquement, il s'agit d'un principe élémentaire
d'équité. En effet, la prohibition de ta double sanction
protège le citoyen contre une double pénalité, une double
punition pour un même acte. La notion de progressivité dans la
sanction est aussi reconnue en relations de travail; selon la nature et la
gravité de la faute, il y a pondération quant aux mesures
retenues. Le deuxième alinéa de l'article 7 du projet de loi
paraît non concordant avec certains principes du droit
québécois. Le directeur général fautif,
c'est-à-dire n'ayant pas respecté les prescriptions de
l'exclusivité, serait non seulement déchu, mais aussi inhabile
à réintégrer en deçà de trois ans te
réseau de la santé et des services sociaux. La double sanction
pour un même acte et l'utilisation du terme "déchéance"
plutôt que "destitution" cristallisent le caractère punitif de
cette mesure. D'ailleurs, au sein du conseil d'une municipalité, d'une
cité ou d'une ville, une personne qui est reconnue coupable de fraude ou
de corruption peut devenir inhabile pour une période de cinq ans. Cette
sanction sévère met en évidence le caractère
pénal de l'Infraction. Aussi, saisissons-nous difficilement comment la
déchéance et le retrait du réseau pour trois ans peuvent
être proposés comme une mesure adéquate, puisque la nature
et la gravité de la faute reliées au non-respect de
l'exclusivité n'auraient pas été au préalable
qualifiées du tout On semble, dans un certain sens, faire un pas en
arrière d'un siècle et vouloir punir toutes sortes de crimes par
la même sanction. Il n'y a pas très longtemps que le vol d'un pain
et le meurtre d'une personne recevaient la même punition. Je pense que
cela procède de ce temps-là.
Nous devons souligner qu'à notre connaissance l'ensemble des
conventions collectives et des lois dans le domaine de l'éducation ne
prévoient pas de mesures aussi radicales, draconniennes, voire
répressives. Dans les faits, cette approche draconienne revêt des
conséquences des plus importantes car, après avoir
été exclu du milieu de la santé et des services sociaux
pendant trois années, est-il réaliste de croire à une
réintégration? L'expiation de la faute ne serait plus
déterminée dans le temps objectif et constituerait donc un accroc
de taille au plan de carrière du directeur général. Tel
est le caractère démesuré de cette double sanction.
En conclusion, les quelques considérations portées
à votre attention ont mis en évidence le caractère
excessif de certaines dispositions du projet de loi. L'application de ces
dispositions place le directeur général dans des positions
invivables, car incompatibles avec une approche valorisant l'initiative et
l'autonomie. Les directeurs généraux sont plus que des
exécutants devant appliquer des lois, des décrets, des
règlements, des directives ou des notes venant du ministère. Nous
avons maintes fois souligné que le contenu de l'article 7 n'a pas
d'équivalent, à notre connaissance, dans d'autres lois
québécoises. Même la Loi sur les tribunaux judiciaires
n'est pas aussi exigeante face aux juges, lesquels d'ailleurs ont en
compensation une carrière absolument garantie. Ils ne sont jamais mis
à pied. Si jamais il y a un regroupement administratif, il y a d'autres
dispositions.
Pour éviter les conséquences malheureuses de l'application
du principe de l'exclusivité suggéré par le projet de loi,
notre association recommande de retenir le principe du temps plein de l'actuel
article 104 de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.
Bien que d'accord avec ce principe, nous croyons que certaines remarques
s'imposent concernant la nécessité d'établir des
distinctions, lesquelles doivent avoir comme dénominateur commun une
rigoureuse transparence. Le conseil d'administration, employeur du directeur
général et responsable de l'administration de
l'établissement, doit être informé et doit au besoin
autoriser les activités susceptibles d'entacher directement ou
indirectement le principe du temps plein. Ce processus de contrôle
relève du champ de compétence du conseil d'administration, ainsi
que de son imputabilité. À notre avis, II appartient au conseil
d'administration de déterminer les modalités d'encadrement pour
éliminer toute ambiguïté au niveau des mandats, de la
disponibilité, de la rémunération, etc. Ces
critères et ces paramètres, différents selon les
établissements, assurent cependant la prépondérance de
l'intérêt public tout en respectant les particularités des
missions de chaque établissement et en mettant en évidence la
responsabilisation du conseil d'administration. Ceci est
particulièrement Important, comme je l'ai déjà dit, pour
respecter les différences entre les établissements et les
milieux.
Pour ces motifs, notre association soutient que les parties ont avantage
à maintenir un système laissant au directeur
général la possibilité de gérer efficacement un
établissement du
réseau tout en accordant au conseil d'administration les
véritables rôles et fonctions. Notre association demeure
consciente que l'État doit garder le pouvoir de contrôler le jeu
des Intérêts particuliers qui pourraient porter atteinte à
l'intérêt public. Nous sommes aussi conscients que le
législateur doit orienter et coordonner ces intérêts
souvent opposés. Cependant, assurer un meilleur équilibre se
réalise davantage en se référant au concept du bon
père de famille - un bon père de famille, dans une situation, ne
sera pas nécessairement un bon père de famille dans une autre -
et en respectant l'autonomie plutôt qu'en imposant des normes rigides. Un
texte, comme des mentalités, peut être repensé,
corrigé et réorienté. Tout est lié à
l'intelligence, l'esprit de créativité et l'originalité
plutôt qu'à la norme, ta sanction et la punition. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Bélanger): Je vous remercie. Mme
la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je veux remercier
l'Association des directeurs généraux des services de
santé et des services sociaux du Québec d'avoir accepté de
venir en commission parlementaire nous faire part de ses remarques.
Une remarque générale, et l'appel qu'on sent surtout
à la fin du mémoire. En conclusion, vous dites que la
responsabilité de tout ceci doit relever du conseil d'administration.
Quant aux principes, je ne pourrais être plus d'accord avec vous
là-dessus. J'aurais souhaité que l'on puisse continuer à
fonctionner comme il est prévu dans la loi actuelle, c'est-à-dire
qu'on laisse le plus de marge de manoeuvre possible au conseil
d'administration. Mais les événements que nous avons connus et
que, comme association de directeurs généraux, vous avez du
connaître d'une façon particulièrement aiguë,
j'imagine, ne nous laissaient pas le loisir de laisser aller les choses et de
dire que les conseils d'administration vont remplir leurs
responsabilités. Je pense qu'ils les remplissent; on veut simplement
leur donner des outils supplémentaires pour leur faciliter la
tâche. De toute évidence, II semble que, dans des circonstances
sur lesquelles je ne veux pas revenir, on n'ait pu fonctionner ou que certains
conseils d'administration, non pas par manque de bonne volonté de la
majorité de leurs membres et même de l'ensemble de leurs membres,
n'aient pu empêcher que des directeurs généraux se trouvent
en conflit d'intérêts, ou même n'accomplissent pas leur
tâche à temps plein puisqu'une partie de leur temps allait
à l'accomplissement d'autres tâches - on ne parle pas des fins de
semaine, on parle de la semaine - dans plus d'un cas, et je pense que vous le
savez autant que moi. (22 h 45)
Alors, je suis un petit peu étonnée que, d'une part, vous
disiez: Oui, c'est vrai, on comprend que le législateur veuille
Intervenir, que le gouvernement ait la responsabilité de s'assurer de la
bonne gestion des fonds publics, etc. En ce qui a trait aux principes, vous
êtes d'accord. Mais, après ça, c'est comme si vous disiez
que, même s'il y a des lacunes et des carences - que, d'une part, vous
nous demandez de corriger puisque vous dites que l'État doit prendre ses
responsabilités - d'autre part, on a l'impression que vous voulez le
statu quo et cela me gêne un petit peu.
Je voudrais quand même revenir sur une couple de questions;
peut-être que vous pourrez répondre en totalité. Vous
parlez de la liberté de contracter; à l'heure actuelle, vous
contractez à l'Intérieur de certaines règles. Je ne vois
pas de quelle façon nous allons diminuer votre liberté de
contracter puisqu'il y aura peut-être des règles additionnelles.
Supposons qu'au lieu du temps plein, qui, d'ailleurs reçoit
différentes interprétations qui ont créé les
problèmes dans lesquels nous nous trouvons, ça devient
l'exclusivité d'emploi. Je ne vois pas ce qui vient limiter votre
liberté de contracter quand vous prenez un engagement ou que vous
contractez avec un établissement ou un employeur pour un travail
quelconque. J'ai de la misère à comprendre comment ceci vient
limiter votre liberté de contracter.
Je pense qu'il y a une partie de vos questions qui ont reçu une
réponse. Quand vous dites: On a des compétences uniquement comme
directeurs généraux ou dans des activités
pédagogiques, on a aussi d'autres compétences, je pense que la
porte reste ouverte pour les exercer ces autres compétences. Mais, si
vous voulez permettre au conseil d'administration de pouvoir, justement,
contrer les problèmes qu'on a décelés, bien, on vous dit:
Faites part au conseil d'administration des autres tâches que vous voulez
accomplir ou des autres fonctions que vous voulez... Je vais prendre le premier
exemple: Par succession vous échoit la fonction d'exécuteur
testamentaire et on vous dit: On vous versera tant d'argent. Vous craignez de
ne plus pouvoir faire ça. Je pense que vous avez tout le loisir d'en
faire part à votre conseil d'administration qui, selon le sens commun et
ce que vous appelez le jugement du bon père ou...
M. Polak: Le bon père de famille.
Mme Lavoie-Roux: Le bon père de famille va dire: Bien,
écoutez, c'est une responsabilité qui lui est échue par
succession. C'est une responsabilité sociale dans une large mesure.
À moins de raisons majeures, qu'il devra vous expliquer et lui aussi
montrer qu'il est intelligent et bon père de famille, je pense qu'il n'y
a rien qui vous empêche de faire ça.
Maintenant, la question de l'Intervention de la ministre. Je pense qu'on
en a discuté. Je ne sais pas si vous étiez ici en début de
soirée... Pas l'Intervention, mais l'autorisation de la ministre. Je
pense avoir dit, dès le début, cet
après-midi, que Je ne tenais pas plus que cela à recevoir
toutes vos demandes et à les autoriser ou pas. Il y a moyen d'arriver
à quelque chose qui soit plus... Je pense que cela fait
disparaître une partie de vos problèmes.
Alors, je vais vous laisser faire des commentaires parce que mon
collègue veut également vous poser des questions. Je parle
toujours un peu trop longtemps. Pardon?
Une voix...
M. Steinmetz: M. le Président, merci de l'occasion...
Des voix...
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
On écoute notre invité, M. Steinmetz.
M. Steinmetz: Merci, M. le Président En ce qui concerne le
problème des conseils d'administration, j'aimerais souligner qu'il est
intéressant de noter qu'à ce jour on n'a pas vraiment eu - pas
que je sache ou que cela ait été publiquement divulgué -
d'Investigation complète des problèmes de certains centres. Les
faits n'ont pas été vraiment établis et on n'a pas
vraiment trouvé de fautes de façon régulière, comme
nous en avons l'habitude dans notre société, Jusqu'à
maintenant, ce sont seulement quelques histoires dans les journaux, d'une part,
qui sont Incomplètes, qui sont partielles, et, d'autre part,
probablement, et je l'espère bien, certains résultats des
vérificateurs. SI nous avons des renseignements sur des fautes,
peut-être que le décret qui définit les relations entre le
ministère et cette association... Peut-être y a-t-il lieu d'avoir
une consultation afin de discuter des problèmes, voir quels sont-ils
vraiment et comment on peut les régler de la façon la plus
adéquate.
Un deuxième point. Les moyens existent déjà pour
solutionner les problèmes. On a, chaque année, une
vérification. Elle est dans les lois. Il faut un vérificateur qui
regarde les livres et tout cela. Que font les gens? Ne font-ils pas leurs
devoirs? Ne font-ils pas les bons rapports au ministère ou aux
établissements? Est-ce que c'est par une autre loi qu'on va corriger le
fait que les règles déjà établies ne fonctionnent
pas? J'imagine que beaucoup de problèmes, s'il y en a beaucoup... Je ne
connais pas le nombre de problèmes qui ont été
trouvés dans le réseau en conséquence de cette
vérification qui est en train de se faire. Pourquoi ne se sert-on pas de
cet outil qui est là? On trouve souhaitable d'ajouter une certaine
transparence dans le système de divulgation des activités.
Mme Lavoie-Roux: Vous trouvez cela dans la loi.
M. Steinmetz: Oui. C'est très bien d'avoir une
divulgation, c'est très bien d'avoir des activités transparentes,
si ce n'était pas dans les lois avant. C'est très bien. Et la
question de la vérification existe déjà. On ne s'est pas
servi, apparemment, très utilement de cette modalité.
En ce qui a trait aux contrats, chaque établissement est vraiment
différent, nous le savons tous. Les différentes villes, la
taille, l'implication de la communauté, les tâches que les
directeurs généraux doivent accomplir en relation avec cette
communauté et cette culture demandent des activités
différentes, et ce sont des activités qui ont le droit
d'être traitées de façon différente.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Juliette.
M. Chevrette: Oui, moi, j'aimerais vous entendre dire quelques
mots sur la déchéance de charge. Vous avez remarqué
l'article, cela met fin au processus. Je suppose que, dans votre cas, vous n'en
parlez pas parce que cela fait votre affaire comme association ou purement et
simplement parce que vous vous êtes dit: Bon, pour les conflits
d'intérêts, le processus, on accepte cela, et salut, Luc! C'est un
peu ce que vous avez dit au début. J'aimerais vous entendre sur la
déchéance de charge et la démission qui fait qu'on
arrête le processus.
M. Boisvert: Je pense qu'on parle dans le document de la question
de la gradation des mesures. Un peu comme l'expliquait M. Steinmetz
tantôt, nous ne sommes pas à l'époque où l'on
donnait la même sentence pour le vol d'une bouchée de pain et pour
un meurtre. Dans le cas d'un accroc à la présente loi, c'est une
déchéance quasi automatique qui s'ensuit, sans
considération de la gravité ou non des situations.
M. Chevrette: Je me suis mal exprimé. Dans l'article de la
loi je ne me souviens plus quel numéro - il est dit que ta
démission arrête automatiquement le processus de
déchéance. Mol, cela m'apparaît gros dans un texte de loi,
parce que ce n'est pas une petite bouchée de pain qui peut provoquer une
démission. Ce sont beaucoup plus les grosses bouchées, entre vous
et moi, qui vont provoquer une démission rapide. Vous ne me ferez pas
croire que c'est une petite bouchée, parce que le gars va se battre
à mort et probablement que les tribunaux vont dire que cela n'a pas
d'allure, si c'est tout petit.
Mais, ordinairement, quand tu as un gros bloc et que les pressions se
font de tous bords, tous côtés, c'est là que tu t'empresses
de signer ta démission au bas d'une feuille. Cela arrête le
processus de déchéance et, le lendemain matin, vous l'avez
à nouveau, potentiellement, dans le réseau, parce qu'il n'y aura
pas eu, publiquement... Cela ne marche pas, cela? Vous ne croyez pas cela?
Expliquez-moi votre avis, alors!
M. Steinmetz: Je ne le sais pas. M. le Président, je ne
trouve pas cela nécessairement juste, mais je ne suis pas avocat. Me
Gratton peut certainement mieux répondre que moi, mais II me semble que
les punitions doivent avoir une gradation en relation avec le crime.
M. Chevrette: Je vous réfère à l'article 3 -
l'article 31 - l'avant-dernier paragraphe: "La démission d'un directeur
général pour cause de conflit d'intérêts met fin
à tout recours en déchéance de charge intenté
contre lui pour ce motif." Si cela met fin à tout recours en
déchéance de charge, cela veut donc dire qu'il n'y a pas de
jugement. S'il n'y a pas de jugement, II n'y a pas de suspension de trois ans.
C'est ce que cela veut dire. Je ne suis pas avocat moi non plus, mais j'ai lu
cela.
M. Steinmetz: Oui, mais on est contre la notion de
déchéance. Pour prendre un autre exemple, parce que cela ne me
vient pas assez vite à l'esprit mais, si l'on doit se défendre en
se retirant complètement, cela n'a pas d'allure. On doit avoir au moins
la possibilité de se défendre ou d'établir quels sont les
faits. S'il y a une infraction mineure, il doit y avoir une punition mineure et
non une punition plus grande.
M. Chevrette: Je comprends, mais vous dites que vous achetez la
notion de conflit d'intérêts. Vous trouvez que cela a de l'allure
qu'on mette cela dans la loi. J'ai essayé de suivre votre cheminement.
C'est peut-être moi qui saisis mal à 22 h 55 le soir. Si vous
êtes d'accord avec la notion de conflit d'Intérêts et qu'il
y a un véritable conflit d'intérêts, là, vous dites:
Comme on n'achète pas la déchéance, on veut une gradation
dans les punitions ou dans les sanctions. Cela explique pourquoi vous ne vous
prononcez pas sur la déchéance de charge. À supposer que
Mme la ministre veuille maintenir la notion de déchéance de
charge, est-ce que vous convenez - ce peut être à Me Gratton que
je pose la question - est-ce que vous considérez que le paragraphe, tel
que libellé, a un certain sens pour vous? Cela ne pourrait pas inciter
à démissionner vite, puis bonjour, Luc, on n'en entend pas parler
et, le lendemain matin, on se garde une porte ouverte dans le
réseau?
Mme Gratton (Gisèle): Je vais être très
honnête avec vous, II est évident qu'on ne pourra pas commenter
beaucoup parce qu'on n'a pas suffisamment réfléchi à cet
article. On a vraiment mis l'accent de notre réflexion...
M. Chevrette: De l'exclusivité.
Mme Gratton: ...sur l'impact de l'exclusivité et de
l'effet excessif de la déchéance. Il est évident que, si
on s'attarde à cela, la démission devient une façon rapide
d'éviter la déchéance, c'est clair. Je pense qu'on n'a
vraiment pas - je suis très honnête avec vous pris le temps
d'en analyser tous les Impacts.
M. Chevrette: Vous ne parlez pas des fondations. Est-ce parce que
vous n'avez pas pris le temps d'étudier cet aspect?
M. Boisvert: ...Cela va dans le même sens que...
M. Chevrette: Cela va dans le même sens que l'autre?
M. Boisvert: On a mis l'accent...
M. Chevrette: Vous ne partez pas non plus des dépenses de
fonctions qui ont fait l'objet, à toutes fins utiles, de...
M. Boisvert: Cela n'est pas dans la loi.
M. Chevrette: Non, je sais que cela n'est pas dans la loi. Vous
savez que tout ce qui a amené la loi, ce sont bien souvent des
dépenses rattachées à des fonctions. Pensez-vous que cela
devrait être réglementé?
M. Boisvert: On pense qu'il doit y avoir des paramètres
d'établis qui tiennent compte des lieux, des situations. Tout cela doit
être établi, à notre avis, par les conseils
d'administration et non par règlement. Je pense que des travaux sont
faits présentement dans ce sens-là par les différents
établissements, les différentes associations
d'établissements. On pense que c'est là que cela doit se
régler. Cela prend, quand on gère des fonds publics, un maximum
de transparence et à ce chapitre comme ailleurs cela doit se manifester.
On ne pense pas que ce soit par une réglementation ou par une loi qu'on
doive aborder cette question. (23 heures)
M. Chevrette: Sur l'exclusivité de tâche, je
m'aperçois que, jusqu'à présent, pas un groupe n'en a pas
parlé. Je pense que vous êtes le quatrième ou le
cinquième organisme en ligne à avoir surtout Insisté sur
ce point précis. Comment justifiez-vous, d'autre part, que le d.g. d'un
grand centre hospitalier... Par exemple, à Montréal, prenons
l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, c'est gros. Un d.g. peut-il
véritablement penser avoir une occupation autre que celle de d.g. d'un
aussi grand centre hospitalier? Est-ce parce que vous avez crainte que la loi
ne soit appliquée avec sévérité au point que, si on
va faire une émission à Radio-Canada et qu'on a pour 100 $ de
jetons et... Je ne pense pas que l'esprit de la loi soit d'enlever ce type
d'activité. Vous ne pensez pas que cela a l'air joliment
exagéré, par exemple, qu'un type qui a 100 000 $ de salaire et
qui se ramasse avec une autre tâche de consultant de 25 000 $ ou 30 000
$... Vous allez me dire, avec raison, que les profes-
seurs d'université font presque autant d'argent en consultation
qu'ils en font comme profs, je vais vous donner raison tout de suite. C'est
pour cela que je me bats depuis te début pour que ce soft une loi-cadre
complète ou rien, et que ce ne soit pas relié à un seul
secteur. Vous avez sans doute entendu mes remarques dans ce sens-là.
Mais, entre vous et mol, comment peut-on justifier devant l'opinion publique,
rendu à des responsabilités d'une telle envergure, dans
d'immenses boîtes, qu'on puisse accepter, par exemple, de l'emploi
différé - je ne sais pas comment on peut appeler cela? Comment
justifiez-vous cela?
M. Boisvert: M, le député de Joliette, dans les
règles mêmes du ministère, on reconnaît qu'un
directeur général peut assumer la direction de deux
établissements...
M. Chevrette: C'est vrai.
M. Boisvert: ...Il peut même assumer des tutelles.
M. Chevrette: C'est vrai.
M. Boisvert: Alors, c'est reconnu, c'est balisé...
M. Chevrette: D'ailleurs, on les choisit surtout là.
M. Boisvert: ...c'est clair, c'est transparent. Ces
règles-là, pour autant qu'elles sont transparentes, qu'elles sont
acceptées, que les règles du jeu sont claires pour tout le monde,
autant pour le conseil d'administration que pour le directeur
général... Pourquoi, parce que je suis directeur
général d'un établissement public dans le secteur de ta
santé et des services sociaux, je ne pourrais pas te faire? On le
reconnaît d'un côté, mais, lorsqu'il s'agit d'autre chose,
cela ne vaut plus, c'est suspect
M. Chevrette: Je reconnais cela, moi.
Mme la ministre, j'aurais une question pour vous: Comment se fait-il que
vous présentiez un projet de loi réglementant les conflits
d'intérêts dans toutes les boites publiques de votre réseau
et que vous subventionniez à 100 % certaines boîtes
privées? Tous tes hôpitaux, les CHSP, par exempte, sont
subventionnés à 100 %, ou presque; un centre d'accueil
privé conventionné est subventionné à 100 %. ils ne
sont pas couverts par cela. Comment expliquez-vous cela?
M. Polak: Elle n'a pas présenté de mémoire
encore, n'est-ce pas?
M. Chevrette: Non, je parle à madame. M. Polak: Oui, mais
ce n'est pas un témoin.
M. Chevrette: Non, mais je parle à madame. Elle peut me
répondre, c'est son affaire.
Mme Lavoie-Roux: À cause de leur statut... D'abord, ils ne
sont pas subventionnés à 100 %, première des choses...
M. Chevrette: Lits conventionnés!
Mme Lavoie-Roux: ...ou conventionnés, si vousvoulez,
à100 %.
M. Chevrette: Vous demanderez à vos administrateurs ce
qu'ils pensent du mode de subvention d'un lit conventionné. Quand on
parle de bail à long terme et de tant par lit, vous demanderez quelle
est la somme donnée par rapport à... On contribue au même
pourcentage pour une personne qui est dans un lit conventionné que pour
une personne du secteur public et parapublic. Vous savez cela, madame; en tout
cas, vous devriez le savoir parce que c'est exactement le même mode de
financement de l'individu. Donc, à ce moment-là, que ça
coûte moins cher dans le secteur privé que dans le secteur
public...
Mme Lavoie-Roux: Oui, je pense que le...
M. Chevrette: ...ce n'est pas cela que je veux savoir. Si c'est
subventionné de la même façon, ce que je veux savoir, c'est
pourquoi ils ne sont pas touchés, eux. Ce sont les deniers de Ti-Jos
Populo comme dans le secteur public.
Mme Lavoie-Roux: D'abord, première des choses, c'est un
établissement privé. Ici, on s'attaque aux établissements
publics; c'est ce dont on se préoccupe. Ensuite, est-ce que les
conditions d'engagement d'un directeur général d'une institution
privée sont les mêmes que celles d'un directeur
général d'institution publique?
M. Chevrette: II y a d'autres cadres administratifs. Il y a les
soins Infirmiers, il y a la qualité des soins, il y a de l'argent qui.,.
Il y a des gens, par exemple, qui pourraient se trouver en faute
quotidiennement autant dans ces centres conventionnés que dans les
centres publics.
Mme Lavole-Roux: En tout cas, on n'a pas cru bon pour le moment
de les Inscrire parce qu'il s'agit d'institutions privées.
M. Chevrette: Cela veut donc dire que vous n'avez pas cru bon de
le faire même si ce sont les deniers publics exactement comme dans le
secteur public. Qu'est-ce qu'on vise? Est-ce qu'on vise les personnes dans ce
cas-là ou si on vise l'administration ou la gestion des finances
publiques? Il y a une question fondamentale là. C'est rendu que ce sont
les personnes... Ce sont les personnes potentiellement placées en
conflit
d'intérêts dans l'administration des deniers publics qui
deviennent vulnérables et punissables. Les personnes qui, elles,
reçoivent les mêmes deniers publics ne sont pas punisables.
Je vous avoue que cette loi aurait dû être pensée un
peu plus avant d'arriver avec un dépôt comme cela. Il me semble
que cela n'a pas de bon sens.
Le Président (M. Bélanger): M. Steinmetz?
Allez!
M. Steinmetz: On a posé la question pourquoi l'association
ne parle pas de la question des fondations. Ce n'est pas parce que nous n'avons
pas un Intérêt ou une opinion, c'est parce que le projet de loi
est assez complexe. On a mis toutes nos énergies pour parler
plutôt d'un problème et essayer d'être aussi clairs que
possible. Nous savons qu'il y a d'autres représentants qui parleront sur
le sujet. II suffit de dire qu'on pense que les fondations, qui ont une longue
tradition dans la plupart des cas, des participations dans la construction et
la gérance des établissements dans le réseau, ont un
intérêt dans l'épanouissement de ces établissements,
y compris la participation dans l'administration et l'aide aux autres
personnels. Il faut savoir que dans certains réseaux les hôpitaux
font partie Intégrante d'une communauté et que les
responsabilités de cet établissement sont plus grandes que la
seule distribution de soins à la population. La seule chose qu'on pense
devoir être faite, c'est qu'il doit y avoir vraiment une transparence,
une "disclosure" des activités en ce qui concerne l'utilisation des
fonds parce qu'on ne doit pas préjuger le fait qu'il y a des gens, dans
le public, qui aimeront bien donner de leurs ressources pour participer
à la subvention de l'administration ou d'autres personnels dans les
établissements. Ce n'est pas nécessairement bien de
défendre toute cette activité, c'est plus important que ce soit
transparent et, si la population sait exactement pourquoi l'argent de quelque
fonds est utilisé, elle peut ou non participer. Ce devra être au
libre choix de la population. Je crois que c'est le principe qu'on voudra
sûrement diffuser ici, mais on laisse la défense de ce dossier
à d'autres.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais quand même si vous me
permettez, poser une question là-dessus. En tant qu'association des
directeurs généraux, est-ce que vous êtes d'accord pour que
de l'argent des fondations soit utilisé pour modifier, en quelque sorte,
les politiques salariales qui sont contraignantes, qu'on aime cela ou non,
parce que c'est un décret du gouvernement, qui sont contraignantes pour
les conseils d'administration?
M. Steinmetz: De la même façon, comme les fondations
aident le public et le gouvernement dans la fourniture d'équipements...
Nous savons tous qu'à peu près 41 % des équipements des
hôpitaux du Québec sont fournis par des fondations privées.
On veut que cela continue et on veut même que cela puisse augmenter. De
la même façon, cette autre aide financière doit être
bienvenue, mais il devra être très clair pour le public qu'il y a
dans certaines fondations un fonds qui est destiné à cela. SI
vous voulez donner votre argent dans ce but, cela va.
Mme Lavoie-Roux: M. Steinmetz, je regrette, mais nos
règlements permettent que l'argent des fondations aille à la
recherche, à l'équipement, à la rénovation et
à des mesures pour les bénéficiaires. Je pense qu'on
mêle deux ordres de problèmes, vous dites: Oui, je pense que c'est
mieux la transparence que la non-transparence quant à l'utilisation des
fonds qu'on sollicite du public. Je suis d'accord avec vous, mais la question
que je vous ai posée et que je pose à l'association des
administrateurs est la suivante: Est-ce que vous croyez - je ne discute pas si
les salaires sont assez élevés, c'est un autre problème -
que l'argent des fondations doit être utilisé à une
rémunération supplémentaire pour des personnes, des cadres
ou des administrateurs qui sont régis par les politiques salariales et
administratives du gouvernement?
M. Bolsvert: Mme la ministre, comme a eu l'occasion de le dire M.
Steinmetz au début de son intervention, l'association n'a pas
fouillé cette question à fond et on n'a pas de position
officielle concernant cela.
Mme Lavoie-Roux: Vous n'avez pas de position sur cela?
M. Boisvert: Non, non. Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce et ensuite le
député de Gouin. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Merci, M. le Président. On a
déjà entendu plusieurs groupes qui ne sont pas tout à fait
d'accord avec la loi, en ce sens qu'il y a pas mal de
sévérité dedans. Vous avez mentionné la
vérification annuelle. Comment peut-on éviter des
problèmes comme ceux que nous avons vécus dernièrement et
quel rôle une association comme la vôtre et d'autres qui sont
venues peuvent-elles jouer pour justement faire une certaine prévention
dans cette affaire?
M. Gauthier (Hubert): Si vous me permettez, M. le
Président, je pense que l'association s'est engagée depuis
plusieurs années à travailler sur ce qu'on appelle des
règles d'éthique que nous avons préparées - nous
l'avons mentionné tantôt - et que nous avons promues à
l'intérieur de l'association auprès de nos membres. À
l'association, nous nous disons que, finalement il n'y a pas beaucoup de
règles qui vont nous protéger contre, entre guillemets, des
voleurs et des bandits et que, par ailleurs, il y a un esprit qui doit nous
guider. Une association comme la nôtre doit promouvoir toute l'importance
du travail que nous avons à faire en ce qui a trait à la gestion
des fonds publics - nous l'avons dit au début de notre mémoire -
et Je pense que notre association peut Jouer un rôle dans cela.
Il est bon de revenir à l'esprit dans lequel nous voulons
travailler. Nous consacrons la majorité de notre temps... La notion de
temps plein est très Importante pour nous. Il s'agit de la rendre
très explicite auprès de notre employeur qu'est le conseil
d'administration pour que ce soit limpide. S'il y a lieu de faire plus de
règlements pour que cela devienne plus clair, que cela devienne plus
clair. C'est dans cet esprit qu'on doit constater que la perception à
l'heure actuelle, c'est que la lot viendrait Justement empêcher cette
limpidité par des règles soi-disant très précises
qui éviteraient le jugement du bon père de famille à la
fin, qu'il n'y aurait plus besoin de cela, qu'il n'y aurait plus cette
discussion. La perception, à l'heure actuelle, des directeurs
généraux est dans ce sens. On pense que, effectivement, un
directeur général doit se consacrer à temps plein à
son travail. Par ailleurs, on sait aussi, ce que vient de dire notre
président, que ta complémentarité est encouragée
dans le réseau et que cela doit continuer. Je pense que c'est l'avenir
du réseau des affaires sociales. Or, notre association a un rôle
à jouer en encourageant d'abord les questions d'éthique, en
encourageant ses membres à être limpides, de sorte que les choses
se jouent très clairement avec le conseil d'administration. C'est le
rôle d'une association comme la nôtre.
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que Je pourrais vous poser une question,
M. Gauthier? Vous dites: On voudrait que les conseils d'administration
continuent d'exercer leur rôle de bon père de famille. Ne nous
chicanons pas sur le mot "exclusivité". Est-ce qu'il n'est pas
prévu dans la loi, justement, que le conseil d'administration puisse
assurer aux yeux du public une transparence, puisqu'il saura quels sont vos
autres types d'activité et que c'est lui qui vous dira: Oui, il n'y a
pas d'objection à ce que vous administriez les biens de la succession ou
que vous accomplissiez telle tâche? Vous allez lui permettre d'exercer...
La ministre, à ce moment-ci, pense qu'elle peut se retirer de cela, Je
l'ai signalé. Est-ce qu'à ce moment vous ne lui donnez pas
justement ces deux éléments, la transparence parce qu'on saura si
les gens se consacrent véritablement à leur emploi à temps
plein et si, d'autre part, il y a des activités supplémentaires
qui peuvent être en contradiction, entrer en conflit
d'Intérêts ou être accomplies au détriment de leur
emploi? (23 h 15)
Ça ne permettra pas au conseil d'administration de porter un
Jugement là-dessus, parce que c'est ça qu'il y a dans la loi. On
ouvre par rapport à ce qui existe présentement.
M. Gauthier (Hubert): En fait, la réaction que je pourrais
vous donner là-dessus, Mme la ministre, c'est que, quand on voit le
premier ou te deuxième alinéa de l'article 7, il nous
apparaît,. Même si on a le dernier alinéa, on cherche
l'esprit. Je vous parle plus d'un esprit que des aspects... Je ne suis pas
avocat moi non plus.
Quand on regarde le deuxième alinéa, il est d'une
sévérité telle qu'on a l'Impression qu'il n'y a pas
d'appel, que, par ailleurs, il peut y avoir quelques petites exceptions en fin
de course. C'est ce qu'on a de la difficulté à comprendre par
rapport à ces deux éléments: le deuxième
alinéa et le sixième auquel vous faites allusion.
Pour nous, la compréhension de bien des gens, c'est que, au
deuxième alinéa, dans le fond, la hache tombe. C'est un peu la
perception qu'on a à l'heure actuelle, indépendamment du fait
qu'un petit peu plus loin on voit... Et c'est là la difficulté de
compréhension qu'on peut avoir par rapport à ça.
Mme Lavoie-Roux: Mais, sauf pour le dernier alinéa qui
vient adoucir, est-ce que vous reconnaissez au point de départ que des
gens qui retirent un salaire quelque part entre 40 000 $ et 100 000 $ doivent,
comme activité principale, en tous les cas, avoir la charge, remplir les
fonctions de directeur général? Quand vous dites: Ça vient
adoucir...
M. Gauthier (Hubert): Dit comme cela, c'est oui.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que les fonctions
supplémentaires devraient quand même être minimales ou, en
tout cas, modulées selon le cas, mais je pense que ça vous laisse
cette latitude.
M. Gauthier (Hubert): Dit comme vous venez de le dire, Mme la
ministre, c'est oui.
Une voix: On est d'accord avec cela.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela l'interprétation de la loi. Il
y a le mot "exclusivité" qui vous fatigue, mais je vous ferai remarquer
que je ne l'ai pas inventé. De 1970 jusqu'à 1983, dans la Loi sur
les services de santé et les services sociaux, Je vous lis l'article: Le
directeur général est nommé par le conseil
d'administration. Je vais vous lire le dernier paragraphe: Les
règlements déterminent les classes d'établissements-il y a
des classes d'établissements, c'est différent - dans lesquelles
le directeur général doit s'occuper exclusivement du travail de
l'établissement et des devoirs de sa fonction. C'était par
catégorie d'établissements à ce
moment-là que c'était fixé. Ça s'adressait
à l'hôpital. Dans le cas de l'hôpital, c'était
exclusivement du travail de l'établissement et des devoirs de sa
fonction. Alors, ce n'est pas un nouveau tyran qui vient d'arriver, si vous
considérez que c'est comme ça.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Gouin.
M. Rochefort: Une question au président de l'association
à partir d'une réponse qu'il a fournie tantôt sur un sujet
que Je considère comme très important et qui est relié
à toute cette question des dépenses de fonction et des frais de
représentation. J'ai entendu, comme les autres membres de la commission,
la position que vous avez développée, qui est identique,
finalement, à celle qu'a développée avant vous
l'Association des hôpitaux du Québec qui dit: On ne
réglementera tout de même pas ça de Québec. Il y a
900 établissements et ce n'est pas vrai que c'est pareil partout. Moi,
je vous dis que par ce biais je suis assez à l'aise avec votre
raisonnement Cela a du bon sens, mais je veux profiter de votre présence
et de l'Intervention que vous avez faite pour pousser cela un peu plus loin
cette logique par rapport à des cas précis qui se sont
passés.
Dans la mesure où on dit: II n'y a pas de règles, sauf
celles que le conseil d'administration de l'établissement fixe - on se
suit jusque-là? - qu'est-ce qui arrive dans un établissement
où le conseil d'administration - ce n'est pas un exemple en l'air, on a
des cas précis - devant les révélations qu'on
connaît tous, nous dit: Nous autres, on trouve ça correct et
normal, alors qu'aux yeux de tout le monde, c'est abusif et immoral. Mais,
à partir du schème que vous développez, qui est le
même que l'Association des hôpitaux du Québec qui dit: Ce
n'est pas à Québec que vous allez réglementer tout cela,
c'est au conseil d'administration de l'établissement à
réglementer ça, le conseil d'administration de
l'établissement dit: Non, je ne réglemente pas, je trouve cela
correct et normal. Vous réagissez comment, vous, comme citoyen, comme
directeur général d'un établissement?
M. Boisvert: Je pense qu'il y a des règles de
contrôle, il y a des moyens d'intervention de la part du ministère
quand cela parait abusif. Qu'il les utilise. De là à tout
réglementer, à tout mettre dans le même carcan sans tenir
compte des particularités, je pense qu'il y a une marge, mais II y a
toujours possibilité de la part de la ministre ou de son
ministère d'intervenir dans certains cas.
M. Steinmetz: Si vous me permettez, M. le Président. Dans
le cas auquel vous faites allusion, qu'est-il arrivé jusqu'à
maintenant? On n'a pas encore la loi.
M. Rochefort: Oui, qu'est-il arrivé?
M. Steinmetz: Est-ce qu'il va y avoir des enquêtes, des
discussions, des poursuites? Non?
M. Rochefort: Écoutez, ce n'est pas mol qui peux
répondre à la question, mais...
M. Steinmetz: Non, mais est-ce que les moyens...
M. Rochefort: ...j'avoue que jusqu'à maintenant cela s'est
bien déroulé.
M. Steinmetz: Mais les moyens sont là... Attention! Ne
parlez pas si vite, hein?
M. Rochefort: Ah non! Je ne parle pas si vite. Je vous dis que,
jusqu'à maintenant, cela s'est bien dérouté.
M. Steinmetz: Les moyens prennent un peu de temps, mais j'imagine
qu'il y a assez de pouvoirs en ce moment pour régler un cas semblable...
standard deviations outside.
M. Rochefort: D'accord, mais comprenons-nous bien! M. le
Président, je ne veux pas abuser du temps de la commission, mais ce dont
on parle est Important. Je vous répète qu'à vue d'oeil -
Je ne suis pas avocat non plus - Je pense qu'il n'y a à peu près
rien d'illégal dans le cas auquel je fais allusion. Deuxièmement,
le conseil d'administration, à partir du raisonnement que vous
développez et qui s'applique ce matin, dit: Non, c'est correct, c'est
normal et nous entérinons cela. Troisièmement, vous nous dites:
Le ministère regardera cela. Je vous pose une deuxième question
reliée à celle-là: Ne trouvez-vous pas qu'ils ont
regardé beaucoup de choses de façon fort discrétionnaire
récemment, avec des décisions fort arbitraires qui
relèvent plutôt d'une justice expéditive dans certains cas
qu'on ne peut comparer, même dans des cas comparables? Le fait qu'il y
ait une absence de règles... Vous nous dites: Oui, mais, si cela devient
trop gros, le ministère Interviendra. Mais à partir de quoi
interviendra-t-il, puisque lui non plus n'a pas de règle pour
déterminer ce qui est raisonnable de ce qui ne l'est pas, ce qui est
abusif de ce qui ne l'est pas, ce qui est moral de ce qui ne l'est pas?
M. Steinmetz: Mais est-ce qu'on peut vraiment réglementer
la moralité?
M. Rochefort: Non, c'est ce que je pense. M. Steinmetz:
D'accord.
M. Rochefort: Auquel cas, donc, qu'est-ce qu'on fait?
M. Steinmetz: On va toujours rester avec le
problème et le défi de définir la moralité
dans notre société, à l'époque dans laquelle on
vit. Dans ce cas-là, sf on a une vérification annuelle, on
regarde le résultat de la vérification et on dit: Dans cet
établissement, quelque chose semble anormal et non acceptable. Tous les
autres, disons, ont des dépenses de 5 $ par année et
celui-là en a pour 50 $. Quelque chose ne fonctionne pas
là-dedans, allons voir. On fait une investigation et on prend les moyens
pour régler le problème.
M. Rochefort: Une dernière question, M. le
Président, et je m'arrêterai là; on aura l'occasion d'en
reparler. Je poursuis votre raisonnement. Vous dites que la moyenne
observée je garde votre exemple - serait de 5 $ partout et,
là, on aurait un cas tout à coup de 50 $. Je vous dis que le
conseil d'administration de l'établissement dit oui à cela...
M. Steinmetz: Oui, mais le ministère a un pouvoir à
la fin.
M. Rochefort: Lequel? D'entrer dans le bureau et de dire: Si tu
ne démissionnes pas, on va faire une enquête ou on va publier cela
dans les journaux? Ce n'est pas illégal, là. Les gens en question
respecteraient à 100 % les règles définies par leur
conseil d'administration. Qui pourrait, un jour, faire quoi que ce soit contre
ce directeur général qui aurait respecté à 100 %
les règles de son établissement? Aussi important et fort que soit
le ministre ou le premier ministre concerné, à partir de quelle
règle, à partir de quoi vous, comme directeur, vous
accepteriez...
M. Steinmetz: D'accord.
M. Rochefort: Je vous renvoie la question...
M. Steinmetz: Non, non.
M. Rochefort: Vous, comme directeur, accepteriez-vous que le
ministre ou son sous-ministre entre dans votre bureau demain matin et vous
dise: Vous savez, il n'y a pas de règle qui existe, on a observé
que ce qui se faisait un peu partout, ce sont des dépenses d'environ 5 $
ou 6 $ et, vous vous avez dépensé 12 $ ou 13 $? Qu'est-ce qu'on
va faire avec cela? Vous dites: Oui, mais, écoutez, je respecte la
décision de mon conseil d'administration. Voici le procès-verbal,
M. le sous-ministre, de mon conseil d'administration qui dit que c'est correct
Mais eux vous disent non. Comment allez-vous vous défendre contre le
ministère à partir de votre raisonnement quand vous dites:
J'accepte que le ministère puisse intervenir sans règle, sans
cadre?
M. Steinmetz: Oui, mais on a dit qu'il y avait des choses qu'il
était difficile de réglemen- ter. D'accord?
M. Rochefort: Oui.
M. Steinmetz: Si on trouve qu'il y a une situation vraiment
anormale, on en discute. On a parlé avant des divulgations, de la
transparence, on a dit que tout le monde devait connaître les choses qui
se passent Sf c'est quelque chose qui n'est pas considéré comme
moral dans notre société, qu'est-ce que vous pensez qui va
arriver? Est-ce qu'il n'y aura pas une discussion publique disant: On est
d'accord que cela n'est pas normal? Dans le moment, n'ayant pas de
règle, est-ce que la personne à laquelle, Je pense, vous faites
allusion est encore en fonction?
M. Rochefort: Poser la question, c'est peut-être y
répondre.
M. Boisvert: Au fond, n'est-ce pas un problème, à
travers tout cela, de conseils d'administration ou de la capacité
d'intervenir d'un conseil d'administration, un problème de composition?
On tente de régler des problèmes en mettant des règles, en
Juxtaposant, si vous voulez, des pièces les unes par-dessus les autres.
Souvent, l'Incapacité d'agir d'un conseil d'administration... À
notre avis, c'est là que cela doit jouer. SI on pense qu'il y a des
problèmes de contrôle à l'intérieur des
établissements, c'est là qu'on doit d'abord voir à
régler le problème et non pas en juxtaposant des pièces de
contrôle qui viennent d'en haut
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
brève question, M. le député de Sainte-Anne, puisque le
temps est écoulé.
M. Polak: Rapidement J'ai noté que dans votre
mémoire vous ne pariez pas du problème des fondations. Vous
n'avez pas pris position. Je connais très bien le Dr Steinmetz. Je sais
qu'au point de vue de l'exclusivité il n'y a pas de problème. Je
pense qu'il n'y a pas un directeur général qui travaille plus
exclusivement et plus fort que lui dans le domaine.
M. Chevrette: Vous êtes-vous rencontrés avant?
M. Polak: Excusez?
M. Chevrette: Vous êtes-vous rencontrés avant?
M. Polak: Non, Je le connais très bien.
M. Chevrette: II peut être en conflit
d'intérêts...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Polak: Je ne suis pas en conflit d'intérêts. Tout
de même, c'est le Dr Steinmetz qui a dit, et je cite The Gazette - il a
dit tout à l'heure que le public décide à qui il veut
donner, à quelle fondation: That the public who gives the money decide
how the money should be spent"
Comment est-ce que vous voyez cela? Est-ce que vous faites un fund
raising" à votre hôpital? Le Jewish General Hospital va dire:
Voici. Donnez-nous de l'argent. N'oubliez pas, si vous donnez, que cela va
peut-être prendre une partie de votre argent pour payer davantage le
directeur général. On ne veut pas finir avec... Another quotation
from Mr. Brownsteln: We will end up with second-rate directors general. Le
nôtre va coûter plus cher. Je trouve que c'est un raisonnement
très difficile à accepter. Comment expliquez-vous cela?
M. Stelnmetz: Par exemple, l'Université McGill cherche des
fonds. Je viens de recevoir le dernier appel de fonds. Cela revient souvent. Je
viens d'en recevoir un autre. Il y a quelques boîtes. Je peux choisir:
Est-ce que je veux que mon argent aille à la bibliothèque, aux
équipements, aux immobilisations, aux 'scholarships' pour les
étudiants, au soutien à la faculté ou à la
"définition" de l'université? Alors, je fais un choix. On va
utiliser l'argent où je veux. Si je ne dis pas où, on va utiliser
l'argent où on veut. Je donne le choix.
M. Polak: On peut choisir à quelle rubrique l'argent va
aller?
M. Steinmetz: Bien oui!
Le Président (M. Bélanger): Malheureusement, c'est
tout le temps. En conclusion, M. le député de Joliette.
M. Chevrette: En conclusion, je déplore que votre
processus de négociation ait été bafoué. Ce n'est
pas le cas dans d'autres secteurs. Je prends les cadres scolaires, par exemple,
qui ont pu négocier leur processus de sanction à
l'Intérieur du... C'est un décret par la suite. D'ailleurs, j'ai
senti que la ministre était un peu mal à l'aise de
répondre à cette partie parce que vous portez un jugement
très sévère: violation du processus de partenariat. Je
vous avoue que, personnellement, je vous comprends parce que, dès qu'on
fait une reconnaissance par décret, ordinairement, on respecte notre
décret.
Mme Lavoie-Roux: C'est que le règlement..
M. Chevrette: Je me rappelle - je n'ai pas fini, madame - qu'il y
a eu des changements unilatéraux dans le passé. Je me souviens
qu'il y avait du monde. Il y avait 42 personnes de l'autre côté
qui nous appelaient traîtres, qui nous accusaient de manquer de respect
à notre parole. Aujourd'hui, on se rend compte que c'est plus fort,
c'est par loi qu'on brise le processus de reconnaissance juridique par
décret. Sur cela, je vous comprends. Si je l'avais su avant, j'aurais
peut-être payé une traite à la ministre parce que j'ai
été distrait au début de votre mémoire, je viens de
me rattraper, là. (23 h 30)
Je voudrais vous dire que, sur l'exclusivité, cela s'Inscrit dans
le cadre de ce que les autres ont dit; donc, c'est pour cela qu'on n'a pas
tellement questionné. SI on vous a questionnés sur autre chose,
ce n'était pas pour vous harceler, mais bien pour voir si vous aviez des
idées. D'accord?
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Encore une fois, je veux remercier l'association
des directeurs généraux. Cela me ferait plaisir de vous remettre
un petit document sur la différence entre académique et
pédagogique. J'ai fait la vérification moi-même parce que
j'avais pensé mettre académique, mais on m'a dit que ce
n'était pas français et j'ai toute la démonstration ici.
Juste pour votre information, parfois, c'est Intéressant.
Écoutez, je retiens dans votre cas, comme dans celui de la
très grande majorité des autres qui sont venus, la question de
l'article 7 qu'on va essayer d'examiner pour voir s'il y aurait
possibilité de le formuler autrement. Mais une chose est certaine,
l'objectif qu'on poursuit, c'est de donner aux conseils d'administration, qui
n'ont pas pu, dans les circonstances actuelles, pour un certain nombre d'entre
eux, avoir en main les outils qui leur permettent non seulement de contrer la
question des conflits d'intérêts, mais aussi d'appliquer la
fameuse notion de temps plein, si on veut s'en tenir à la notion de
temps plein... C'est même devant l'utilisation de ce temps plein que
plusieurs problèmes sont survenus.
Alors, on est ouvert, et c'est pour cela qu'on a une commission
parlementaire. Je ne suis pas certaine de savoir quels compromis faire, mais,
au moins, je pense que vous pouvez partir avec l'idée qu'on ne veut pas
tenir les gens en cage du point de vue de l'occupation de leur temps.
Évidemment, la première activité à laquelle on a
pensé le plus naturellement pour les directeurs généraux,
ce sont tes activités pédagogiques, parce que je pense que
plusieurs d'entre vous peuvent être appelés à donner des
conférences ou même des cours à l'université ou dans
un collège. Alors, on va essayer d'examiner si on peut rendre cet
article plus flexible, tout en ne perdant pas de vue l'objectif qu'on a
été obligé de se fixer malgré nous. J'aurais
été ta dernière à vouloir intervenir dans ce genre
de problème, mais on n'a pas eu le choix.
M. Chevrette: Donc, on vient de comprendre que vous y avez
été forcée, madame.
Mme Lavoie-Roux: Non, non!
Le Président (M. Bélanger): S'il vous plaît!
M. le président de l'association des directeurs
généraux.
M. Boisvert: Une dernière Intervention, M. le
Président. D'abord, je dois vous dire que je suis content d'entendre la
ministre dire que ce qui apparaît Important pour elle, c'est d'abord la
notion de temps plein. Par rapport à notre objectif majeur qui
concernait la question de l'exclusivité, je dois dire que ce qui se
passe actuellement est extrêmement Important pour les d.g., pour
l'ensemble des directeurs généraux, et on doit dire que tout ce
qui se passe a une espèce d'effet de démotivation, est
très démotivant pour les membres de notre association. On risque,
avec tout ce qui se passe, de perdre des éléments importants et
d'être appauvris, si vous voulez, par des départs. On souhaiterait
qu'il y ait des gestes concrets qui soient posés pour relancer cette
motivation de travailler à un réseau auquel on croit
énormément.
Ceci dit, je pense qu'on a affirmé notre volonté ou notre
accord sur la notion ou la nécessité de baliser davantage la
question des conflits d'intérêts, tout en passant rapidement, bien
sûr, sur ta question de déchéance, comme on l'a dit
tantôt, mais c'était davantage une question de temps et d'avoir pu
l'étudier à fond. Ce qui est important pour nous, c'est vraiment
cette notion d'exclusivité qui nous apparaît tout à fait
excessive. On garde le message que vous voulez, je pense, le regarder et on va
attendre de façon très attentive les résultats.
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je suis prête à
examiner la question pour voir si on va arriver à des résultats
qui vont nous permettre d'atteindre les objectifs qu'on se fixe. Je pense que
j'ai saisi vos préoccupations, mais je ne prends pas d'engagement ici en
disant: Écoutez, c'est un autre terme qu'on étudiera, mais je
pense que, si on est obligé de conserver ce terme, iI y aura moyen de
trouver dans l'article encore plus de flexibilité que celle qu'on a
tenté d'y apporter. Ce que je veux vous dire, c'est que l'article 7 a
été soulevé par tout le monde et qu'on va devoir
l'examiner très sérieusement
Le Président (M. Bélanger): Je voudrais vous
remercier de votre présentation. Je ne ferai pas de commentaire, je ne
voudrais pas être en conflit d'intérêts, eu égard
à votre groupe, étant un d.g. en congé sans traitement et
l'ancien président de cette association. Alors, je vous remercie
beaucoup, bonsoir]
J'appelle donc le Regroupement des fondations hospitalières
anglophones. Le groupe est représenté par M. Morton Brownsteln,
président du conseil d'administration de l'Hôpital
Général Juif; par M. Donald S. Wells, président de la
fondation de l'Hôpital Général de Montréal; par M.
Larry Stein, membre de la fondation de l'hôpital Royal Victoria et par M.
Alex Paterson, avocat des fondations. Messieurs, si vous voulez prendre
place.
Si vous le permettez, c'est donc le Regroupement des fondations
hospitalières anglophones. J'ai cité le nom des
représentants tout à l'heure; malheureusement, je n'ai pas le nom
de votre porte-parole ici. Est-ce que le porte-parole du groupe pourrait
s'Identifier et nous présenter les autres membres de son équipe,
s'il vous plaît?
Regroupement des fondations hospitalières anglophones
M. Paterson (Alex): Je vais présenter le groupe, mais M.
Brownstein va commencer avec le mémoire. À ma gauche, le Or Larry
Stein, de la fondation de l'hôpital Royal Victoria; à ma gauche,
M. Brownsteln, l'ancien président de la fondation de l'Hôpital
Général Juif Sir Mortimer B. Davis; à ma droite, M. Donald
Wells, président de la fondation de l'Hôpital
Général de Montréal. Je suis Alex Paterson, avocat des
fondations. Je vais demander à M. Brownsteln de présenter le
mémoire.
M. Brownstein (Morton): M. le Président, Mme la ministre,
messieurs les députés, ce mémoire est
présenté au nom des fondations de nos trois centres hospitaliers,
soit l'hôpital Royal Victoria, l'Hôpital Général de
Montréal et l'Hôpital Général Juif Sir Mortimer B.
Davis, afin de soumettre leurs vues et leurs recommandations touchant certains
aspects du projet de loi 97.
Les questions qui ont entraîné la présentation du
projet de loi 97 découlent de problèmes qui ont trait à
l'insuffisance des fonds destinés au système de santé. Ces
questions ne sont pas les seuls symptômes du problème; on n'a
qu'à mentionner les récentes coupures budgétaires qui ont
entraîné la fermeture de lits d'hôpitaux, accru les
délais pour être admis à l'hôpital, les patients
admis à l'urgence devant attendre dans les corridors. On pourrait
également faire état de la pénurie de personnel dans les
hôpitaux, notamment du personnel Infirmier.
Par ailleurs, le secteur de la santé ne fonctionne pas en vase,
clos. Il doit faire face à la concurrence venant du secteur privé
et il est placé dans un contexte nord-américain plus vaste, dans
lequel il doit aussi se montrer concurrentiel. Étant donné les
demandes croissantes auxquelles le système de santé est
confronté et la disponibilité décroissante des fonds
publics, il faut sérieusement se mettre à la recherche de
solutions réelles aux défis qui s'annoncent.
Il se peut que les éléments de solution se trouvent dans
une implication et une participation plus grandes de la communauté,
conjuguées
avec un système qui permet une plus grande flexibilité et
plus d'initiative au niveau local.
Tous les organismes de bienfaisance dans le secteur de la santé
utilisent les dons de charité de la même façon. Quelle
portion des dons reçus par Centraide, par les groupes de recherche sur
le cancer, par la Croix-Rouge, est affectée au paiement des salaires des
directeurs généraux et des autres employés, des loyers et
des dépenses d'exploitation? Évidemment, ces dépenses
doivent être payées par les dons de charité.
Les fonds des fondations, jusqu'à concurrence du revenu qui en
provient, sont affectés à l'achat et à l'entretien
d'équipement, au personnel compétent ou à toute autre
priorité fixée. Les fonds des fondations sont affectés
à tout ce qui pourrait améliorer nos hôpitaux lorsque ces
fonds ne sont pas disponibles des gouvernements.
Lorsque le donateur précise qu'un don doit être
affecté à la cardiologie, à l'oncologie, à
l'orthopédie ou encore au financement de projets d'immobilisation,
chaque cent est affecté à cette fin. Tous les fonds
désignés sont dépensés conformément aux
directives du donateur.
Il y a également des fonds généraux qui sont
affectés à l'entretien, à l'amélioration et
à fa conservation des principales installations des soins de
santé. Les conseils d'administration assument la responsabilité
d'affecter ces dons au fonds général de façon à
remplir leur mandat et à atteindre leurs objectifs.
Les conseils d'administration de ces fondations sont d'avis que tout
professionnel et tout technicien compétent faisant preuve d'un talent
exceptionnel constituent un atout pour l'hôpital. Dans ce contexte,
dépenser les fonds généraux d'une fondation à ces
spécialistes respecte tout à fait les désirs du donateur.
Ces personnes exceptionnelles représentent le dynamisme de nos
institutions.
Ce mémoire appuie toute tentative dans la législation pour
éviter ta confusion possible dans l'esprit d'un donateur concernant les
fins auxquelles sa donation serait affectée. Cependant, H Incite la
commission à appuyer le principe de liberté du donateur de
déterminer l'utilisation à laquelle il désire que sa
donation soit affectée. C'est exactement de cette façon que les
deniers ont été et sont utilisés.
En dépit de ces contraintes de tout ordre, il y a lieu de
souligner que nos Institutions ont réussi à maintenir et
même à améliorer, dans certains cas, leurs centres
d'excellence qui ont une réputation canadienne et parfois mondiale. Il
est bien sûr que les performances de ces hôpitaux et leur
renommée d'excellence profitent à la population du Québec
dans son ensemble.
Les fondations également considèrent que c'est leur
rôle de fournir une structure aux individus, aux corporations et aux
fondations du secteur privé qui désirent contribuer à
l'amélioration du système de santé au Québec sous
la forme de dons de charité. Pour qu'elles puissent jouer ce rôle,
les fondations doivent, selon nous, pouvoir tenir compte de la volonté
des donateurs concernant l'utilisation qui doit être faite de leurs dons,
ce qui, par conséquent, ne devrait pas faire l'objet de restrictions
excessives de la part du législateur.
Rôle des cadres supérieurs. Il faut bien faire ressortir
que, tandis que nos centres hospitaliers en tant que tels se préoccupent
surtout d'améliorer leur productivité et de réduire leurs
coûts d'opération de façon à maintenir les services
à la clientèle, le rôle des fondations a pris une
importance encore plus grande dans le but de sauvegarder des acquis dans
certains domaines qui ne faisaient pas l'objet d'un financement public
adéquat. Nous faisons ici allusion non seulement à la
modernisation des équipements et des installations, mais
également à l'avancement dans les domaines de l'enseignement et
de la recherche.
L'atteinte de ces objectifs considérés par nos fondations
d'une importance cruciale pour la survivance de nos Institutions n'aurait pas
été possible sans le leadership et les efforts soutenus des
équipes de gestionnaires de haut calibre dont nous avons la chance de
disposer dans nos centres hospitaliers. (23 h 45)
II faut, en effet, prendre conscience du rôle déterminant
de nos directeurs généraux et de leurs collègues
Immédiats dans la conception, l'animation et la supervision des
campagnes de souscription et de levée de fonds, de même que dans
la gestion de ces fonds eux-mêmes pour en assurer à la fois une
sécurité et un rendement adéquats et également dans
la constante réévaluation des priorités touchant les
projets d'investissement.
Nous nous sommes rendu compte, il y a un certain nombre d'années,
que le système de rémunération mis en place par le
ministère ne semblait pas prendre en considération cette
composante importante des responsabilités confiées aux cadres
supérieurs de nos institutions, non plus que d'autres
responsabilités connexes telles que l'enseignement universitaire et les
programmes de recherche. Nous avons donc décidé d'aider
financièrement les hôpitaux dans leurs efforts pour attirer et
retenir des gestionnaires de haut calibre de façon à assurer au
sein de nos établissements un leadership et des compétences de
gestion adéquats. Nous sommes en mesure d'affirmer qu'il s'agissait
là d'une très bonne politique qui, comme nous l'avons
indiqué précédemment, a fait en sorte que nous puissions
atteindre d'excellents résultats.
Nous avons eu l'occasion de prendre connaissance du mémoire de
l'Association des hôpitaux du Québec et nous avons noté,
à la page 19, que le problème d'attirer des directeurs
généraux et des cadres supérieurs à des salaires
concurrentiels y est bien posé. Ce mémoire, toutefois, traite
dans l'ensemble des cas de directeurs généraux qui ne font pas
partie de la profession médicale. Bien que nous appuyions la
recommandation de l'AHQ d'entreprendre une étude à
l'échelle du Canada dans le but de comparer la
rémunération et les conditions de travail des directeurs
généraux et des cadres supérieurs dans les centres
hospitaliers, nous tenons à souligner qu'il existe plusieurs cas dans
notre réseau qui ne nécessitent pas d'étude. Dans ces
centres hospitaliers, les directeurs généraux recevraient, en
vertu des normes actuelles, une rémunération moindre comme
gestionnaires que celle qu'ils recevraient à titre de médecins,
si l'on tient compte des revenus moyens négociés avec le
gouvernement pour leurs spécialités.
Le fait que des suppléments de salaire soient versés
à des directeurs généraux et à des cadres
supérieurs a fait l'objet d'un débat public au cours des derniers
mois. Selon nous, nous ne pouvons céder à tout argument qui nous
forcerait à se satisfaire de moins que ce qu'il y a de meilleur, parce
que nous serions dans l'obligation de verser à un médecin
gestionnaire un salaire moindre que celui versé en moyenne à ses
collègues dans cette spécialité ou d'accorder à un
gestionnaire formé en administration une rémunération
inférieure à celle que des institutions concurrentielles du
secteur privé verseraient à quelqu'un possédant des
qualifications similaires.
Bien qu'un ajustement à la hausse des échelles actuelles
des salaires contribuerait à résoudre le problème, il nous
semble que le projet de loi, selon toute apparence, essaie non seulement
d'empêcher toute sollicitation de fonds dans le but d'accorder des
suppléments de salaire, mais aussi d'empêcher une fondation qui
sollicite des fonds, pour quelque raison que ce soit, d'accorder des
suppléments de salaire ou tout autre bénéfice à des
cadres supérieurs.
Nous sommes d'accord avec l'affirmation suivante contenue à la
page 18 du mémoire de l'AHO: "Les sommes d'argent recueillies
auprès du grand public et de l'entreprise privée par les
fondations hospitalières doivent être utilisées aux fins
auxquelles elles sont destinées."
Si les fonds sont sollicités seulement pour l'achat
d'équipement, le financement de projets d'immobilisation ou la recherche
par le conseil d'administration, dans ce cas, il est clair qu'ils ne devraient
être utilisés qu'à cette fin. Mais, si les fonds sont
sollicités à d'autres fins ou reçus comme legs de
charité ou dons non sollicités, alors, il est normal et
approprié qu'on respecte les désirs des donateurs et que les
fonds soient utilisés aux fins prévues.
Comme un certain nombre parmi ceux qui, dans le passé, ont
contribué financièrement à nos fondations ont
indiqué publiquement dans la presse et par lettre aux centres
hospitaliers qu'ils désirent faire un don dans le but spécifique
d'attirer le meilleur personnel possible, nous nous demandons pourquoi ce droit
leur serait refusé. Bien que, par conséquent, nous soyons
d'accord qu'il faille clairement laisser savoir au donateur l'utilisation qui
est faite de son don, nous sommes d'avis que ceci peut être fait sans
refuser à un donateur la liberté de spécifier que son don
doit être utilisé pour attirer et retenir des administrateurs de
haut calibre.
Par conséquent, nous recommandons d'introduire un amendement au
projet de loi de façon à permettre des sollicitations
spécifiques pour répondre à des besoins
spécifiques, tout en précisant que ces fonds ne pourront
être utilisés qu'aux fins auxquelles ils sont destinés.
La recommandation no 1: Que le premier paragraphe de l'article 134.1,
proposé dans l'article 9 du projet de loi, soit amendé en
ajoutant: "Sauf et excepté les sommes directement sollicitées
dans le but de verser de tels bénéfices et données dans ce
but."
La recommandation no 2: Que le ministre s'engage à entreprendre
une étude en profondeur du système actuel de
rémunération des cadres supérieurs des centres
hospitaliers québécois en tenant compte de toute l'étendue
des responsabilités assumées par ces cadres et des conditions du
marché.
La dernière présentation parle des conseils
d'administration. C'est Inclus dans le mémoire et je ne vols pas la
nécessité de le lire maintenant. C'est terminé, M. le
Président
Le Président (M, Bélanger): Je vous remercie.
Alors, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. Je remercie les
fondations du centre hospitalier Royal Victoria, de l'Hôpital
Général de Montréal et de l'Hôpital
Général Juif d'être venues présenter leur point de
vue devant la commission. Il y a des choses dans votre mémoire qui
m'étonnent un peu. Je vais prendre la première page, au bas de la
page. Il s'agit de ceci: "Les questions qui ont entraîné la
présentation du projet de loi 97 découlent de problèmes
qui ont trait à l'insuffisance de fonds destinés au
système de santé." Je vais y arriver. Je pense que c'est parce
que vous avez regardé uniquement la partie du projet de loi touchant les
fondations. La raison fondamentale, également, pour laquelle on
Intervient, c'est véritablement dû en partie aux fondations, mais
aussi à ce que j'appelle une apparence de malversations puisqu'il y a
même enquête policière dans un cas. Alors, ce n'est pas un
manque de fonds, c'est une autre affaire.
Je comprends difficilement la façon dont vous avez formulé
cela: On n'a qu'à mentionner les récentes coupures
budgétaires. Je voudrais que vous nous prouviez les coupures
budgétaires que vous avez eues depuis 1986, alors, que dans cfnq
hôpitaux anglophones de Montréal on a versé 19 000 000 $ de
redressement budgétaire, sans compter les déficits qu'on a
épongés ou résorbés, comme on voudra. Je trouve
assez étonnant que vous veniez parler ici de coupures budgétaires
alors que vous avez normalement, si vous avez eu votre équilibre
budgétaire, reçu un coût de système pour 1987-1988
et vous en
recevrez un pour 1988-1989. Vous avez eu une indexation de 5 %, ce qui
ne s'était jamais fait parce qu'on a comblé le 1 % de
l'année précédente qui n'avait pas été bien
estimé. Que vous ayez des efforts à faire pour l'équilibre
budgétaire, j'en suis, mais que vous veniez Ici parler de coupures
budgétaires dans une situation comme celle-là, je dois vous dire
que cela m'étonne pour le moins.
À la page 3, au deuxième paragraphe, dans votre
argumentation...
M. Rochefort: Vous n'êtes pas rendue aux urgences, par
exemple?
Mme Lavoie-Roux: Pardon?
M. Rochefort: Vous n'êtes pas rendue aux urgences, par
exemple?
Mme Lavoie-Roux: Bien oui, cela découle du raisonnement
qu'ils ont fait avant Je ne sache pas que l'Hôpital Général
de Montréal ait l'urgence où il y a le plus de problèmes
et l'hôpital Royal Victoria non plus. D'ailleurs, s'ils ont des
problèmes au Royal Victoria, c'est relié à un autre
problème qui est celui de l'organisation physique. L'Hôpital
Général Juif avait des problèmes auxquels nous nous
attaquons, lesquels problèmes sont à être
réglés. Je veux bien qu'on dise ce qu'on veut dans les
mémoires mais, à un moment donné, là...
À la page 3, pour développer votre argumentation au
deuxième paragraphe, vous dites: Tous les organismes de bienfaisance
dans le secteur de la santé utilisent les dons de charité de la
même façon. Quelle portion des sommes reçues par
Centraide... par la Croix-Rouge, est affectée au paiement des salaires
des directeurs généraux?" Je pense qu'on parie de deux types
d'institutions différents. Dans un cas, on parle d'institutions
publiques, où les directeurs généraux sont payés
par le gouvernement, alors que, dans le cas de Centraide, c'est évident
qu'ils doivent prélever une partie ou un certain pourcentage pour payer
leurs frais d'administration. Alors, Je ne suis pas sûre que votre
argumentation soit absolument fondée.
Maintenant, venons-en au coeur du sujet.
Le Président (M. Bélanger): SI vous me permettez
seulement une question de procédure.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Bélanger): Compte tenu de l'heure,
puisque normalement on devrait ajourner, est-ce que j'ai l'autorisation des
membres de la commission pour que l'on continue?
M. Chevrette: Bien oui. Moi, je vous avoue que je
commençais à avoir peur, c'est la première fois que je
vois la ministre sortir de ses gonds. Elle m'a réveillé
complètement. Donc, je suis prêt et je suis encore bon pour une
demi-heure.
Le Président (M. Bélanger): Alors, consentement
unanime, d'accord. Mme la ministre, vous pouvez continuer.
Mme Lavoie-Roux: Arrivons au coeur du sujet Dans le fond, c'est
celui qui est le plus Important Je pense que j'ai eu l'occasion de le dire et
je le répète aujourd'hui, j'ai toujours tenté de faire la
différence entre les deux objets principaux - on n'a pas jusqu'à
maintenant traité des médecins Internes, c'est une autre chose -
de la loi 97 qui, à mon point de vue, n'étaient pas identiques.
Oans un cas, je le répète, ce sont des gestes qui ont
été posés et qui m'apparaissaient ou qui sont
apparentés - je fais toujours attention à mon langage pour ne pas
me faire accuser de porter des fausses accusations - ou qui ont apparence de
malversations ou de fraude, etc.
Dans le cas des fondations, je pense que les gestes qui ont
été posés l'ont été absolument de bonne foi,
avec des objectifs légitimes que vous poursuiviez. Sur cela, je pense
qu'il n'y a jamais eu de doute dans mon esprit et je tiens à le
réitérer ce soir. Maintenant, la seule question, dans le fond,
que je voudrais vous poser - c'est vrai que les hôpitaux anglophones et
la communauté anglophone ont une longue tradition de fondations et que
votre participation, que ce soit à la recherche, ou à la
rénovation ou à l'équipement, etc., a été et
est toujours considérable... C'est pour cela, d'ailleurs, que nous avons
tenté dans le projet de loi de ne pas toucher aux fondations ou
intervenir ou s'insérer dans le processus d'administration des
fondations. Nous avons demandé plutôt aux individus qui
recevraient des montants de faire porter, enfin, que ce serait eux qui
devraient faire les déclarations, etc. (minuit)
La question fondamentale que je veux vous poser est la suivante. Je sais
que c'est pour maintenir la qualité de vos services. Vous dites: C'est
pour s'assurer des administrateurs qui, à notre point de vue, sont les
meilleurs, de quelque niveau qu'ils soient, pour nos établissements.
Mais comment pouvez-vous réconcilier ce désir, qui peut
être légitime en soi, avec l'obligation qui vous est faite par le
règlement 826-87, à l'article 33, qui dit: Aucune forme de
rémunération n'est autorisée à l'exception du
redressement des salaires individuels, de la progression salariale pour
rendement satisfaisant et, le cas échéant, les montants
budgétaires versés pour contribution exceptionnelle, qui peuvent
varier entre 4 % et 10 % du salaire que la personne reçoit. Et la
rémunération est fixée par décret gouvernemental.
Vous y êtes soumis et j'ai de la difficulté à voir comment
vous pouvez réconcilier cela avec ta demande que vous nous adressez, en
disant: Pour des objectifs qui, en soi... Je ne peux pas
dire qu'ils ne sont pas bons, au contraire, mais comment peut-on
réconcilier les deux, dans un système qui se veut quand
même le plus équitable possible et qui fait déjà
place à une modulation, si je peux l'appeler ainsi, des
rémunérations différentes selon le type, la grandeur de
l'établissement, enfin, différentes variables. C'est mon
problème de fond. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec Me Paterson. Si
vous êtes capables de me trouver un moyen de réconcilier cela, on
verra.
M. Paterson: Ma réponse est très facile. C'est une
question de changement de la loi. Je suis d'accord, et je sais bien qu'il y a
beaucoup de gens qui n'acceptent pas cela, mais, si on accepte qu'il y a un
problème, c'est te même que celui qui est souligné dans le
mémoire de l'Association des hôpitaux du Québec. S'il y a
un problème au niveau des salaires, il y a deux manières de le
régler: l'une, c'est, selon leur recommandation, de faire une
étude, etc., et être certain que quelque chose doit être
changé. L'autre, c'est d'aller chercher de l'argent par voie d'une
campagne de financement directement pour ce but.
M. Brownstein: Mme la ministre, quand vous avez parlé de
la comparaison que nous avons faite avec Centraide et la Croix-Rouge, nous
avons le même problème. Si le directeur général de
Centraide est payé 100 000 $ par année et qu'il a l'occasion
d'aller ailleurs, dans une autre industrie, pour gagner 125 000 $ ou 150 000 $,
il va y aller et l'organisme Centraide sera obligé de prendre un autre
directeur général et de le payer 110 000 $, 115 000 $ ou 120 000
$. Nous avons le même problème avec nos directeurs
généraux qui sont très connus non seulement dans le
secteur hospitalier en dehors du Québec, mais aussi dans d'autres
industries.
Comme nous avons essayé de le suggérer dans ce
mémoire, nous avons depuis très longtemps des personnes et des
successions qui ont laissé beaucoup d'argent aux hôpitaux
seulement pour maintenir les standards. L'argent est là et on a le
mandat de garder les standards, d'améliorer l'hôpital et de le
diriger dans le meilleur sens possible. Nous trouvons difficile à
comprendre pourquoi nous avons la permission du gouvernement d'acheter, avec
les sommes des fondations, de l'équipement de la dernière
technologie et, quelquefois, d'engager une technicienne, de la payer avec nos
fonds et, s'il y a lieu, de faire venir un médecin possédant une
technique des plus modernes pour suivre tout ce qui va avec le dernier
équipement, nous pouvons engager tous ces professionnels et ces
spécialistes, payer le taux nécessaire, mais pas le directeur
général.
Mme Lavoie-Roux: Ce que vous me dites, c'est qu'il y a d'autres
personnes qui, dans les établissements, reçoivent...
M. Brownstein: Non, je vous présente... Mme
Lavoie-Roux: ...une rémunération.
M. Brownstein: Non. Ce que Je dis, c'est que si nous demandons,
par exemple, une machine qui est très nouvelle et qui n'existe pas
à Montréal, disons que nous voulons l'acheter à même
nos fonds et que nous payons tous les suppléments avec notre argent,
vous ne pourrez pas refuser. Aujourd'hui, on a besoin de spécialistes
dans tous les domaines de l'hôpital.
M. Chevrette: Si vous me permettez, là-dessus, quand le
gouvernement autorise l'achat d'équipement
spécialisé...
M. Brownstein: Oui.
M. Chevrette: ...cela peut être payé par une
fondation. Il n'y a pas de problème. Automatiquement, je pense que la
ministre sait très bien que, lorsqu'on accorde un équipement
spécialisé, le gouvernement est pris pour donner de facto les
sommes ou les crédits récurrents pour que cela fonctionne. C'est
automatique. Même si on n'a pas un budget d'Immobilisation dans les cas
précis où on autorise l'achat, les budgets de fonctionnement sont
récurrents et sont octroyés automatiquement.
Cela m'amène à vous poser une question. Si jamais Mme la
ministre amendait son projet de loi, ne craignez-vous pas je vous pose la
question - que toutes les fondations ne demandent un amendement par la suite
pour pouvoir verser un montant afin de rendre légal ce qui était
Illégal en vertu des lois et des règlements existants? Ne
pensez-vous pas que n'importe quelle fondation va rendre son champ
d'activités le plus large possible pour pouvoir répondre aux
besoins auxquels on voudra bien répondre?
Je voudrais vous dire que, pour avoir travaillé pendant un an
comme ministre titulaire de ce ministère et pour avoir discuté
d'ailleurs avec certains d'entre vous, il est vrai que pour vous cette histoire
est un peu révolutionnaire parce que votre tradition est
complètement différente de celle du milieu francophone. Je me
souviens de t'embauche du directeur général de l'Hôpital
Général Juif de Montréal. On avait discuté
longuement pour savoir si le gouvernement ne pouvait pas faire quelque chose
pour attirer cette compétence à l'époque. Je dois vous
dire que je comprends que vous soyez mal placés. C'est sûrement
vous que l'on débalance le plus au chapitre des fondations
Ce ne sont pas seulement les sollicitations publiques, mais ce
vsont aussi des dons de familles et des dons très
élevés de compagnies. Ainsi, il peut y avoir des dons sur
testament, comprenant des règlements de succession, avec des objectifs
très précis qui peuvent aller, dans leur testament ou dans leur
succession - appelons cela comme on voudra - à des objectifs
spécifi-
ques, mais ils peuvent aussi être larges. Comme il y a un respect
des mémoires par la fondation, Je vous avoue que cela a besoin
d'être approfondi. Personnellement, je n'ai pas la recette, mais je
saisis cependant, parce que j'en al eu des exemples et il y a un
problème qu'on ne retrouve pas dans les fondations mises sur pied
dernièrement et qui font appel au public. Il y a effectivement quelque
chose à gratter.
Je demanderais à Mme la ministre que l'on puisse revenir sur le
sujet parce que, sur le plan juridique, je ne sais pas ce qui arriverait avec
une fondation - je ne suis pas avocat mais peut-être que nos procureurs
pourraient nous le dire - qui se verrait avec de l'argent qu'elle ne peut
dépenser à cause des volontés du légataire, de la
personne qui a donné ou de la famille qui a donné. Sur le plan
juridique, c'est un "mosus" de beau cas à étudier, en tout cas.
Je ne suis pas certain qu'une loi... Peut-être est-ce facile? Je ne le
sais pas. Mais II me semble, en tout cas, difficile...
Mme Lavoie-Roux: Remarquez bien...
M. Paterson: Vous avez absolument raison parce que j'ai ici un
cas spectaculaire. À l'Université Bishop, on a reçu un
montant important dans un testament pour la formation des prêtres. Il n'y
a plus de département de théologie depuis 25 ans à
l'Université Bishop. On a tout de suite un problème parce que
l'évêque anglican...
Mme Lavoie-Roux: Vous devrez faire modifier le testament..
M. Paterson: ...de Québec a dit: C'est mon argent
M. Chevrette: II faudra faire un projet de loi privé,
à ce moment-là.
M. Paterson: L'université a dit: Non, c'est le
nôtre. Oui, le projet de loi privé est la seule façon de
régler la question...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Lavoie-Roux: Mais je voudrais quand même donner un
exemple. Je lance cela comme cela.
Le Président (M. Bélanger): Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Supposons que M. Campbell lègue ou donne
25 000 $ privément au directeur général de l'hôpital
Y. Je pose cela comme question. Je pense que c'est un don et qu'il aurait le
droit de le recevoir.
M. Chevrette: C'est un don.
Mme Lavoie-Roux: Mais d'un privé.
M. Chevrette: ...je ne suis pas avantagé sur mon
testament..
M. Paterson: Sauf que si c'est de l'argent qui n'a pas
été sollicité, c'est peut-être mieux de ne pas poser
de question.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Thuringer: Merci, M. le Président. I would like, first
of all, to acknowledge the tremendous contribution the foundations have made
not only to the Health and Social Services field, the hospital field, but to
others as well. It seems to me that what you are asking for Is basically a
status quo In that the law pull back. And I guess I am concerned about that
because you mentioned the area of Centralde and the Red Cross. Having worked
there, we were very conscious about a 15 % limit and, in fact, we got a lot of
heat from the companies, foundations and other associations because of the
salaries or the high cost of administration. So, I think, while I would accept
that there is a similarity, this is a very great bone of contention and remains
in all united ways across North America. I would like to know, however, how do
we tackle this issue? If It is not by legislation, what kinds of things - I
come back to what I said earlier about the associations - what can foundations
do to insure that the public, because there has been an outcry - certainly, we
did not move on this legislation just by whim; God knows, we have enough
legislation... How do you see some control being put there? It Is still too
vague for me.
M. Paterson: May I just answer the first part? I want to be very
clear. We are not asking for the status quo. We recognize that one of the
problems that has clearly risen is a confusion, a lack of clarity in the minds
of the public as to what they are giving the money for. And that should stop.
There should be no doubt and there is no doubt In our brief that, if somebody
thinks they are giving for equipment, they should not be giving to supplement
for the salaries.
Having said that, the reverse, I think, Is true too. if there are people
In the public who believe that there should be higher salaries for the "cadres
supérieurs" and they are prepared to make those donations, then why
should they be denied their right? And I always come back with this example,
because t think It is the simpler one, that we have In our "réseau" -
not these three foundation hospitals but one of them - at least three directors
general, one of whom Is a psychiatrist at the Douglas, one an Internist at the
General and one who is a pediatrician at
the Children's. By the Government negotiated salary scales, they would
all be making substantially more than they would be under the Government
maximum for their present jobs. There Is just no... I cannot see any moral, I
cannot see any logical, I cannot see any ethical argument why, if these people
decide to become administrators and It is considered that that additional
expertise they have as specialists makes them very qualified to do that job,
why should they do it at a loss? And if the Government has not got the money to
make up for the difference, why should not the public if the public wants to,
designate their gift for that purpose?
M. Brownstein: What I would like to add, Insofar as your concern
is that the Health Foundations can control it, I would like to suggest that i
have been active on the corporate, the foundation and the centre board for the
past ten years and associated with the others in the anglophone hospitals In
Montreal for the same period. I have yet to meet a foundation president who Is
happy doling out funds out of the foundation. The aim of the foundation is to
build a future for the hospital and to protect it In days of need and provide
equipment and whatever else might be required. I think that every board
treasures its foundation income jealously. And we hardly ever get a chance to
spend it in the way we want to because almost everthing is prioritized. The
demand is always two or three times the amount that the foundation generates.
And so ft comes down to a prioritized minimum level. So, the spending is done
so meticulously, It is done with such great care that the only time we would
dote out money to a director general, the only time we would supplement is when
we know we must do it to keep them In the system, and that Is the protection we
have out of the foundation funds. (0h 15)
M. Thuringer: Une autre question brève...
Le Président (M. Bélanger): D'accord.
M. Thuringer: ...sur les normes. Qui doit déterminer les
nonnes de fonctionnement?
Mme Lavoie-Roux: Salariales. M. Thuringer: Salariales.
Une voix: it is the market Une voix: Let Donald. Une voix:
Sure.
M. Wells (Donald S.): I can only speak of the one case where I
have been involved for the last ten years, last year as the president of the
foundation, but previously as the president of the hospital centre. It Is a
very difficult problem to establish a norm or the proper compensation for these
top people. What we have done, through a small group of presidents of the four
constituencies In our hospital, Is to meet to discuss the matter. We have
consulted with executive search personnel. In two of the four cases where we
pay supplements in the Montreal General, the people have come from the
marketplace, both acquired in the marketplace with the assistance of executive
search personnel who advised on the salaries we would have to pay. I have also
called across the country to find salaries that are being paid to people In
positions in hospitals across Canada. It is not easy, the way I was doing ft,
to get professionally prepared information where you have a complete picture.
But, through those kinds of conversations, one got a feeling for where it ought
to be. You make the best decision you can, based on that information.
Le President (M. Bélanger): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. D'abord, je veux
remercier les représentants des fondations des établissements
hospitaliers du milieu anglophone de leur présence parmi nous. Je pense
que la ministre reconnaîtra que, s'ils sont ici, c'est un peu à ma
demande. Je considérais qu'il était important que nous ayons
l'occasion d'entendre aussi des fondations sur le projet de loi 97, quant
à son contenu, quant à ses objectifs et quant à ses points
de départ.
Je vous dirai que je ne partage pas beaucoup l'opinion qui semble
vouloir se dégager quant à la possibilité d'utiliser des
sommes recueillies par les fondations pour aller au-delà de ce que la
société toute entière a décidé d'attribuer,
d'affecter pour être en santé. Je m'explique. Il ne faut pas
parler de ces choses théoriquement. Ce n'est pas un reproche que je fais
à la ministre, c'est vrai pour tous les gouvernements, tous les
ministres qui se sont succédé tes uns aux autres à ce
ministère. Ce n'est pas vrai qu'il n'y a pas de limitation à ce
qu'on est prêt à se payer, comme société, pour
être en santé et vivre le plus tard possible. Tous les jours,
partout, dans tous les hôpitaux du Québec, il y a des limitations
à ce qu'on est prêt à payer, comme société,
pour faire en sorte que Mme X soit encore mieux soignée. On limite cela
par toutes sortes de façons: par le nombre de personnel qu'on va trouver
dans l'établissement, par le nombre de lits ouverts dans
l'établissement, par la rémunération qu'on est prêt
à donner aux professionnels de la santé, à tous les
travailleurs de l'établissement et aussi aux directeurs
généraux.
Il est évident que, si on allait dans le sens de la logique qui
dit: puisqu'on peut en avoir un encore meilleur, mais qui coûte un peu
plus
cher, il faut pouvoir le payer, parce qu'on ne veut pas qu'il y ait de
plafond, on ne veut pas qu'il y ait de limite... Avant de l'appliquer aux
directeurs généraux - je m'excuse, j'ai beaucoup d'estime et
d'admiration pour les directeurs généraux - on va l'appliquer aux
docteurs. On va l'appliquer à ceux qui interviennent encore plus
directement dans la santé et dans le prolongement de la vie en
santé. Mais on ne le fait pas comme société.
Une voix: On devrait
M. Rochefort: J'ai envie de vous dire que, si vous donnez des
sommes additionnelles à des médecins - on va s'expliquer cela
législativement - d'après moi, ce n'est pas permis par la loi,
par les cadres de rémunération. J'aimerais qu'on regarde cela
ensemble. Je vais arriver à un deuxième niveau. J'ai des doutes
sur la légalité de cela. Même si vous me dites que vous le
faites dans certains de vos établissements - mettez cet
élément de côté - vous devez reconnaître que,
oui, II y a des limitations partout à ce qu'on est prêt à
mettre comme société pour vivre et prolonger la vie en
santé sans problème.
Deuxièmement, si, effectivement, comme vous le dites, vous le
faites pour certains médecins dans certains établissements ou si,
par exemple, on acceptait de le faire pour certains directeurs
généraux d'établissement, ]e pense que, là, H
faudrait tenir compte aussi des principes fondamentaux du système qu'on
s'est donné comme société toute entière qui est
l'universalité et l'accessibilité. En ce sens-là, il
faudrait assurer à chaque citoyen du Québec, quelle que soit sa
langue, quel que soft son milieu d'appartenance, quelle que soit sa
région, qu'il puisse avoir accès à un hôpital
où on a les moyens de lui payer un directeur général qui
est du calibre de ce que le marché commande partout en Amérique
du Nord ou même dans le monde occidental, parce qu'on ne peut pas,
toujours à l'intérieur de ce qu'on s'est donné comme
système tous ensemble, permettre que des citoyens d'une région,
d'un milieu, d'un groupe XYZ aient accès à mieux et plus que ceux
d'ailleurs ou ceux d'autres groupes. Je pense qu'il faut reconnaître
cela.
Pour résumer mon point de vue relativement à cela, je
pense que le développement que vous nous présentez, le
raisonnement qui se tient en soi, omet de tenir compte du fait que, oui, on
limite ce qu'on est prêt à consacrer à la santé et
si on limite dans bon nombre d'éléments, de secteurs
d'activité du monde de la santé et des services sociaux,
j'Imagine que cela doit aussi s'appliquer aux directeurs
généraux. D'autre part, si on veut effectivement aller dans le
sens de dire oui, mais il faut lever cela et il faut avoir des moyens
additionnels d'aller plus loin, là, je veux qu'on le fasse dans le
respect total, sans nuance de l'universalité et de
l'accessibilité.
Il faut être sûr que tous les citoyens du Québec, de
toutes les régions du Québec, de tous les milieux puissent avoir
accès à un hôpital où il y aura un directeur
général mieux payé, un docteur mieux payé, des
équipements supérieurs et tout cela. La seule faille concernant
les grands principes fondamentaux du régime de l'universalité et
de l'accessibilité, c'est justement le mandat qu'ont actuellement les
fondations, recherche, Immobilisation, équipement, mais c'est la seule
faille parce que c'est vrai...
Mme Lavoie-Roux: Bénéficiaire...
M. Rochefort: C'est la seule faille parce qu'il y a
sûrement des hôpitaux au Québec qui n'ont pas de fondation,
qui ne rapportent pas les mêmes revenus. Donc, cela crée des
iniquités en soi, théoriquement En ce qui concerne le reste, non,
II faut que cela soit ainsi partout. Je pense qu'il faut qu'on accepte de
cheminer dans ce sens-là; sinon, c'est évident qu'il n'y aura
jamais de compatibilité possible entre vos préoccupations fort
légitimes et celles des législateurs pour toute la
société québécoise.
Cela dit, je suppose que vous avez peut-être le goût de
faire un commentaire. C'est parce que j'ai deux ou trois questions
précises, par ailleurs...
Une voix: Une après l'autre... M. Rochefort:
Pardon? Une voix: Non, non, allez-y.
M. Rochefort: Maintenant, j'ai deux ou trois questions, M. le
Président, et j'arrête avec cela, je ne veux pas abuser du temps
de la commission. Elles sont très précises, par ailleurs, mais je
sens juste une évolution. On se rappellera quand il y a eu au Royal
Victoria, pendant quelques jours, des Interventions pour dire: Non, on veut
pouvoir maintenir notre droit d'utiliser les fondations pour
rémunérer de façon additionnelle et supérieure nos
directeurs généraux. À la suite, je pense, de la demande
de la ministre, on a vu une déclaration comme quoi, d'accord, vous
acceptiez de ne plus le faire. Là, aujourd'hui, finalement, ce que je
comprends de votre mémoire, c'est que vous avez le goût de
recommencer ou de continuer à le faire.
Alors, ma question précise: Est-ce qu'à l'heure où
on se parte, depuis les événements qu'on connaît ayant
entouré le Royal Victoria, les fondations concernées ont
cessé les pratiques dont on parle?
Deuxième question ce sera ma dernière...
M. Paterson: Excusez-moi, la pratique des suppléments?
M. Rochefort: Oui.
M. Paterson: C'est juste cela?
M. Rochefort: Oui.
Deuxième question, et j'arrête là-dessus: Est-ce que
vous ne pensez pas - on s'en reparlera à l'occasion de l'étude
détaillée du projet de loi - qu'une des choses qui devraient
être faites au sujet des fondations... Je veux bien qu'on se comprenne,
Je suis très sympatisant des fondations, très favorable à
cela, mais, raison de plus: Est-ce que vous ne croyez pas que la meilleure des
choses qu'on puisse faire pour les fondations, pour tout le monde et
particulièrement pour les fondations, ce serait que chaque fondation
doive rendre publique la provenance de ses revenus de fonctionnement Là,
je m'explique. Il y a des fondations qui fonctionnent à partir du
personnel de l'établissement au Québec - peut-être pas les
vôtres - peut-être une demi-journée de temps en temps. Il y
a des fondations où ce n'est pas cela, au point où on se demande
si les gens ont le temps de travailler pour l'établissement. Il n'y a
pas de retour direct réel de la fondation à
l'établissement. On se demande si la fondation ne devrait pas s'engager
du monde et ne pas avoir besoin de ce personnel dans l'établissement. Je
caricature un peu, mais cela existe. Donc, rendre public comment on finance
l'organisation de la fondation.
Deuxièmement, à quoi servent 100 % des revenus de la
fondation? Je pense que ce serait un pas important pour l'enracinement et la
crédibilité qu'ont et que devraient avoir les fondations encore
plus, en disant: Chaque année, une fondation doit rendre publiques ses
dépenses de fonctionnement; donc, comment elle finance son
fonctionnement annuel et à quoi ont servi 100 % des sommes recueillies
et ce, de façon assez détaillée. Je pense que cela serait
un élément de transparence très Important pour donner
confiance et ajouter à l'engouement que doivent avoir les fondations
dans le monde de la santé et des services sociaux.
Le Président (M. Bélanger): Vous voulez
répondre?
M. Brownstein: Je suis un peu gêné de
répondre pour les coûts de fondation. Actuellement, en principe,
c'est notre directeur général qui dirige les fondations. Nous
avons moins de 1 % des revenus comme coûts pour administrer annuellement
les fondations. En 1983, nous avons réussi à obtenir 27 000 000 $
de dons et les coûts d'administration étaient de 250 000 $; c'est
moins de 1 %. Pour les dépenses annuelles, on a un professionnel qui
travaille sous la direction du directeur général, mais les
dépenses des fondations sont de moins de 1 %. Elles sont minimes.
M. Rochefort: Permettez-moi d'être un peu plus
précis, M. le Président. Je comprends votre réponse et je
suis convaincu que ce que vous dites est juste. Est-ce que vous incluez, dans
ces coûts de fonctionnement, le personnel que l'établissement
fournit à la fondation? Il n'y a pas juste un professionnel et fe
directeur général.
M. Brownstein: Nous avons quatre secrétaires et un
directeur général.
M. Rochefort: Tout cela est assumé par la fondation?
M. Brownstein: Oui, tous assumés par la fondation.
M. Rochefort: L'établissement ne fournit aucun service
à la fondation? Tant mieux, mais reconnaissons que ce n'est pas vrai
partout dans le monde de la santé et des services sociaux. Disons-nous
les choses telles qu'elles sont Tant mieux en ce qui vous concerne.
M. Paterson: Sauf que, dans les campagnes de financement, le
directeur général, normalement, est le leader.
M. Rochefort: Le directeur général. C'est
convenable.
Mme Lavoie-Roux: Pour solliciter des fonds.
M. Chevrette: Est-ce que je comprends bien?
M. Rochefort: J'ai deux autres questions. Est-ce que vous vous
êtes conformés aux demandes de la ministre?
Le Président (M. Bélanger): Je m'excuse, M. le
député de Gouin, vos dix minutes sont écoulées.
M. Rochefort: Oui, mais, M. le Président, |e pense qu'on
va avoir une réponse. Est-ce que vous vous êtes conformés
aux directives de la ministre quant à l'utilisation des fondations pour
la rémunération additionnelle?
Une voix: Mais ce n'est pas une loi.
M. Rochefort: II y a une déclaration, notamment du Royal
Vie, disant: Oui, on va te faire. Je l'ai entendue à la radio.
M. Stein (Larry): Notwithstanding, there was no demand by the
Minister as I understand it, but the hospital board, on November 18th, issued
the statement that the hospital will use neither foundation nor corporation
moneys to pay salary supplements to Its senior administrative staff.
M. Rochefort: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de
Joliette et, ensuite, on va conclure.
M. Chevrette: Je vous ai trouvé très franc. Vous
avez affirmé les choses très clairement. Je vous félicite,
d'ailleurs. J'ai l'impression que vous venez plaider - vous me direz si je suis
dans les patates ou dans les carottes, vous choisirez le légume que vous
voulez - pour ne pas être dans l'Illégalité quant à
vos coutumes. Est-ce que je saisis bien? Dans le fond, le mémoire est
très court. Vous essayez d'argumenter en fonction de dire: On fait telle
chose et, si vous me mettez un carcan, je tombe dans
l'Illégalité. C'est un peu ce que je comprends de votre
mémoire. Est-ce que c'est une Interprétation qui a du sens? (0 h
30)
M. Brownstein: Non, on ne peut pas travailler dans
l'illégalité, mais on vous demande de nous laisser continuer tel
quel.
M. Paterson: Sauf que, comme nous l'avons dit, la question de
clarté entre la sollicitation et la donation...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne.
M. Chevrette: Juste un instant
Le Président (M. Bélanger): Ah! je vous en prie!
Excusez.
M. Chevrette: C'est parce que j'ai écouté la
réponse attentivement et j'ai un petit commentaire. Vous comprendrez
que... Aïe! j'en ai pris moins que vous!
M. Rochefort: Pas moins que moi.
Le Président (M. Bélanger): Tu vas avoir besoin de
plus que des excuses pour revenir...
M. Polak:...
Le Président (M. Bélanger): Excusez, c'est un
"Inside joke"!
M. Polak:...
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Joliette, s'il vous plaît, on continue.
M. Chevrette: Le problème fondamental... Jacques y a
touché tantôt; le député de Gouin, dis-je, excusez.
C'est tout un problème que vous nous créez d'une certaine
façon, parce que vous demandez aux législateurs on est
tous des législateurs, même si on n'est pas du même parti -
une exception à la règle, à toutes fins utiles. Sur le
plan législatif, je ne vols pas comment on pourrait arriver à
adopter une loi et à y mettre des exceptions pour un type de fondation,
peut-être même pas l'autre, peut-être pas votre pendant du
côté francophone. Je ne sais pas comment on pourrait arriver
à adopter une loi cohérente.
II me paraît que la seule façon de ne pas brimer à
court terme, si jamais on allait dans la recherche d'hypothèses de
solution, c'est de mettre une clause de portée générale
avec une sanction ministérielle, une autorisation ministérielle
de fonctionner. Sinon, je ne vois pas comment on pourrait se rendre à
vos demandes. Je ne vois pas, sur le plan législatif, comment on
pourrait torturer une loi au point de dire: Les fondations francophones, vous
continuerez à faire ce que vous faites, parce que c'est maintenant
Interdit, et les fondations anglophones, vous autres, vous pourrez payer
plus.
Sur le plan juridique... À part cela, Je pense que ce ne serait
pas correct de faire ça comme tel. Mais il y a peut-être ta
possibilité, par exemple, de cas exceptionnels, pour ne pas vous placer
dans l'illégalité à court terme, parce que le
législateur ne doit pas légiférer en fonction de placer du
monde dans l'illégalité non plus.
Il faut absolument...
Une voix: Trois mois.
M. Chevrette: Je m'excuse, les trois mois, on pourrait en parier
longuement J'ai vu les trois mois. Les trois mois, cela peut être le
temps pour placer les livres qui ne sont pas à l'ordre, comme ça
peut être du temps pour se placer correctement. Donc, tes trois mois,
n'argumentez pas avec cela. Trois mois, ça peut être un
échappatoire pour certains centres... Je ne parie pas des fondations
uniquement. Vous me pariez de délai. Le délai de trois mois peut
être le temps d'arranger les livres. Donc, on ne m'Impressionnera pas
avec l'argument des trois mois. Pour certains articles, je serais d'accord
qu'ils soient en vigueur le lendemain matin pour ne pas laisser trop de chances
à du monde de se replacer trop. Disons qu'on va en parier, mais quand
arrivera le temps de discuter article par article.
C'est parce que je cherche une solution pour ne pas que, par exemple, le
législateur, nous autres, on place du monde en situation
d'illégalité purement et simplement parce qu'on
légifère. Il y a peut-être une notion de délai, H y
a peut-être une notion de contrat à regarder également.
S'il y a des contrats dûment signés, est-ce que le
législateur peut... Au-delà de tout sentiment qu'on peut avoir
dans ça, il y a des situations de fait que le législateur doit
considérer.
Si j'ai signé un contrat avec Maximilien Polak, avocat, et si,
dans mon contrat, c'est prévu qu'il y a des sommes qui s'en viennent de
même, le lendemain matin, je place en situation de poursuite des
institutions. Il faudrait au moins regarder cela avec les procureurs, parce que
je ne pense pas que ce soit l'objectif de la loi non plus.
Tout ce que je veux dire, c'est qu'il y a des faits qu'on doit regarder
avant de se lancer dans des amendements ou des lois qui placeraient des
associations, des fondations ou des regroupements en état
d'illégalité, parce qu'on a refusé à court terme de
regarder peut-être l'ensemble des aspects ou des facteurs.
Personnellement, j'ai toujours aimé, sur la plan législatif, que
lorsqu'on pose un geste on soit conscient de toutes les dimensions, de toute la
portée de notre législation.
M. Brownstein: Je suis d'accord parce que la période de
trois mois ne règle rien pour les personnes qui ont signé un
contrat depuis quelques années. Tout à coup, elles trouvent,
à cause de la loi, que c'est le tiers ou 20 % de leur salaire qui
part.
Mme Lavoie-Roux: On est prêt à examiner cela. On
avait mis les trois mois avec l'Idée de prévoyance parce qu'on
savait justement que cela ne pouvait pas être instantané. Mais,
s'il faut le regarder et prévoir selon les contrats, on verra.
Le Président (M. Bélanger): M. le
député de Sainte-Anne, c'est votre dernière
Intervention.
M. Polak: D'accord. Juste une question. I will put it in English.
The point, I think, that Mr. Paterson has made is that there is a sort of going
rate, you know, and that in order to pay that, well, the Government says: We
pay X dollars, let us say 100 000 $ In the case of the Royal Victoria to this
particular individual, but we think that the going rate Is worth more, so we
are going to go to the foundation to make up the difference. But, let us say
Mr. Paterson tomorrow wants to become director general of such an Institution.
You know, In advance...
M. Paterson: I would solve a lot of problems.
M. Polak: No, it would be a problem because I assume, as a
lawyer, you are making more than 100 000 $, especially a lawyer of your
caliber, of your price, you know.
M. Paterson: You keep me here much longer and then I...
M. Polak: That Is right. But, if you apply for a job like that,
you know in advance what the rate Is. The Government has a rate set out. When I
came here as an MNA, I knew what the rate was. I make less as an MNA than I
made as a lawyer. So, I accepted it voluntarily because I knew. The argument of
saying: Well, we have to bring him up to the level of what he was used to In
his other capacity, to me, that Is not a very strong argument because I really
think that.. Then let them not apply for a job like that. I want to ask to the
gentlemen of the...
There is someone here, i think, from the Royal Victoria. It says: membre
de la fondation, Mr. Larry Stein.
What Is so special about the Individual there that the Government says
100 000 $, you add on another 70 000 $ from the foundation plus 100 000 $ on a
loan on his house. I am telling you one thing, In my riding which may be made
up of a lot of simple people In the "sud-est" of Montreal, they were very
shocked about it because they could not believe it. They dit not buy It and
they said: Whenever people give money, nobody has ever given money to a
foundation knowing that part of the money, be it only one percent or whatever
percentage you say you have, will be used... People have always been under the
impression that it will be used for no other purpose but the equipment,
services, etc., but not for salaries or additional salaries. So, tell me what
is so special...
M. Paterson: Excuse me. If I can interrupt. That is no correct to
say nobody.
M. Polak: Well have you...
M. Paterson: I agree with you that the problem has been a lack of
clarity with the public but do not say, because it is not true, nobody. There
are large corporations and foundations prepared to give money to Improve that
level of the hospital. That Is historical. That is traditional and it Is false
to say nobody.
M. Polak: Okay, but In your fund raising activities, in the
brochures that we receive... Look, I am giving to the Queen Mary Hospital, for
instance, and I get the literature and I see it and I read it and I give and
there is nothing to Indicate - give with pleasure - and I am convinced that I
give to put it on cancer research, for instance, In a particular case. So, what
I am saying is that there Is nothing to indicate to the public that you reserve
yourselves the right to use It for other purposes. But what is so special about
your man at the Royal Victoria that he cannot live on 100 000 $? I would like
to know that
M. Brownstein: If I may say something to start with. When you
place your present position on the line and compare it to the Royal Victoria,
there is nobody competing for your job. There is nobody who can get your job
for more money or less money. The director general of the Royal Victoria can
get more money outside of the Royal Victoria Hospital. There is a competitive
price. There is a market price. The difference is that we have to meet market
price in the anglophone sector whether it Is In Montreal or Ontario or
Vancouver. The only reason that we will supplement is to keep him. I mean, it
Is as simple as that.
Secondly, on the donation, I want to be
very, very clear because The Gazette newspaper did really, flagrantly,
misinterpret donations. If you give to the Queen Mary Hospital, to cancer, it
can only be used for cancer, for nothing else. If you give it for research, if
you give it for orthopedics, anywhere you make a donation In our hospital
system with a dedicated cause, the dollars, to the last cent, are spent In that
facility. But if we get a satisfied patient who leaves the hospital and wants
to make 'a 500 $ donation to the hospital itself, without dedication, then it
becomes general funds.
M. Polak: D'accord.
Le Président (M. Bélanger): Une dernière
question, Mme la ministre.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais demander à Me Paterson ou
à qui que ce soft pourquoi votre recommandation... Je voudrais vous dire
que la recommandation 2, on est prêt à l'examiner, mais que cela
apporte un remède demain matin, je ne sais pas. Quant à votre
recommandation 4, dans toute la révision de la formation des conseils
d'administration et de leur composition, etc., ]e souhaite bien qu'on puisse
l'examiner. Est-ce qu'on peut déréglementer? On s'attaque
à un problème particulier.
Votre recommandation 3: Quelle est votre motivation pour nous demander
de biffer le paragraphe 2 de la section 134.1 proposé à l'article
9 du projet qui demande simplement à l'établissement public qui
reçoit une somme ou un avantage direct d'en faire mention dans une
annexe faisant partie de ses états financiers en indiquant l'objet pour
lequel cette somme ou cet avantage a été conféré.
On ne demande pas de nous dire que c'est pour acheter tel type
d'équipement ou tel type d'ameublement. Mais, on dit simplement, selon
les termes généraux qui sont prévus au règlement:
équipement, recherche, services aux bénéficiaires, et je
ne sais pas quel est l'autre. C'est strictement cela qu'on veut savoir.
M. Paterson: C'est une réponse que j'aimerais donner, sauf
qu'il est 12 h 45, nous ne sommes pas tellement insistants sur la
recommandation. J'ai discuté cela rapidement avec mes collègues.
Je pense qu'on peut vivre avec ce paragraphe.
Mme Lavoie-Roux: Vous pouvez vivre avec celui-là.
M. Chevrette: C'est parce que...
Mme Lavoie-Roux: Bon. Je pense que tout le monde a
terminé. Je voudrais simplement vous remercier. C'est presque un
problème existentiel que vous nous apportez. Existentiel du point de vue
de vos fondations, du travail que vous faites. Je comprends que c'est
relié largement à la transparence, c'est relié aussi
à une question d'équité vis-à-vis d'autres types de
personnel, comme les Infirmières - si on prend les infirmières -
qui ont aussi des disparités avec l'Ontario. C'est du personnel
très important. Je voudrais une. solution. Ce que j'ai essayé de
protéger, c'est toute l'autonomie, la plus grande possible, des
fondations quant à leur fonctionnement, ce qu'elles veulent rendre
public. De toute façon, cela ne relève pas de notre
ministère. Comme je le dis toujours: Tant mieux! Cela relève des
Institutions financières. Ce sont ces règles qui doivent
s'appliquer. Je voulais toucher le moins possible à cela, mais c'est
vraiment en relation avec l'action reliée à notre personnel dans
nos établissements, compte tenu des contraintes qu'on a, que ce soit au
plan administratif ou budgétaire. Je vous remercie.
M. Brownstein: Je veux seulement remercier le comité pour
la grande considération que vous nous avez offerte ce soir.
Le Président (M. Bélanger): Malgré l'heure
tardive, on vous remercie Infiniment, d'abord, de votre patience et de votre
bonne collaboration. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 24)